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Full text of "Dictionnaire de la langue française"

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DICTIONNAIRE 


DE  LA 


LANGUE    FRANÇAISE 


PARIS. -TYPOGRAPHIE    LAHURl 

Rue    de   Fleurus,  9 


DICTIONNAIRE 


DE   LA 


LANGUE  FRANÇAISE 


CONTENANT 

!•    FOUa    LA    MOMENCI.ATUaE  t 

Tous  les  mots  qui  se  trouvent  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie  française 
et   tous  les  termes  usuels   des  sciences,  des  arts,  des  métiers  et  de  la  vie  pratique; 

2°   POVii    ZéA.    OaAMDIAiaE  : 

La  prononciation  de  chaque  mot  figurée  et,  quand  il  y  a  lieu,  discutée; 

l'examen   des  locutions,  des  idiotismes,  des  exceptions  et,  en  certains  cas,  de  l'orthographe  actuelle, 

avec  des  remarques  critiques  sur  les  difficultés  et  les  irrégularités  de  la  langue; 

3°    FOUB   X.A    SIGNIFICATION    DES    MOTS: 

Les  définitions;  les  diverses  acceptions  rangées  dans  leur  ordre  logique, 

avec  de  nombreux  exemples  tirés  des  auteurs  classiques  et  autres; 

les  synonymes  principalement  considérés  dans  leurs  relations  avec  les  définition?; 

«•    FOUR    X.A    FA&TIE    HISTORIQUE  : 

Une  collection  de  phrases  appartenant  aux  anciens  écrivains 

depuis  les  premiers  temps  de  la  langue  française  jusqu'au  seizième  siècle, 

et  disposées  dans  l'ordre  chronologique  à  la  suite  des  mots  auxquels  elles  se  rapportent; 

5»    FOUa    I.'£T-rBIOI.OOIE  : 

La  détermination  ou  du  moins  la  discussion  de  l'origine  de  chaque  mot  établie  par  la  comparaison  des  mêmes  formes 
dans  le  français,  dans  les  patois  et  dans  l'espagnol,  l'italien  et  le  provençal  ou  langue  d'oc; 


PAR  Ê.   LITTRÉ 

DB   L<ACAUÉMIB  FRANÇAISE 


TOME  DEUXIÈME 
D  — H 


LIBRAIRIE    HACHETTE    ET    C 

PARIS,  79,  BOULEVARD  SAIIVT-GERMAliy 

LONDRES,     18,    KING     WILLIAM     STREET,     STRAND    (w.     C.) 


1874 

Tous  droits  réservés 


Ut, 


DA 


DAC 


DAD 


D  (lié,  et,  dans  l'épellation  moderne,  de),  s.  m. 
La  quatrième  lettre  de  l'alphabet  et  la  troisième 
des  consonnes.  Le  d  appartient  aux  consonnes  nom- 
mées dentales.  Dans  la  plupart  des  livres  que  l'on 
imprime  aujourd'hui  [xvii'  siècle],  on  ôte  le  d  de 
tous  les  mots  où  il  ne  doit  point  se  faire  sentir;  ainsi, 
comme  on  trouve  écrit  avenir,  avis,  ajourner,  aju- 
ger,  ajuster,  on  ne  saurait  point  se  tromper  à  la 
prononciation  de  ces  mots;  plusieurs  fontencore  sen- 
tir led  dans  adversité,  mais  tout  le  monde  prononce 
aversaire,  vaugel.  Item,  noies  Th.  Corn.  t.  ii,  p. 
746 ,  dans  fouGENS.  La  prononciation  a  changé  ;  voy. 
ces  mots.  ||  X  la  fin  des  mots  et  après  une  nasale, 
il  est  ordinairement  muet  :  grand,  il  rend;  et  s'il 
sonne  sur  la  voyelle  suivante,  il  sonne  comme  un  (  ; 
grand  homme,  prononcez  grant  homme.  ||  Dans  la 
musiiine,  D  ou  D-la-ré  (pour  ré-fa-la-ré)  indique  le 
ton  de  ré.  D  écrit  au-dessus  de  la  portée  signifie 
doux  {  d'JÎcc).  Qnelquefois,  en  tête  d'une  partie,  il 
marque  que  c'est  celle  du  dessus.  ||  En  chiffres 
romains,  D  signifie  500,  et,  quand  il  est  surmonté 
d'un  trait,  6000.  ||D,  Sur  les  anciennes  monnaies 
de  France,  indique  qu'elles  ont  été  frappées  à  Lyon. 
Il  D  M  P  après  une  signature  signifie  docteur  en  mé- 
ilecine  de  la  faculté  de  Paris.  ||  D  est  l'abréviation  de 
don,  titre  donnéaux  seigneurs  italiens  et  espagnols; 
D.  Pedro.  Il  est  aussi  l'abréviation  de  dom,  titre 
donné  aux  moines  bénédictins:  D.  Rainard.  |j  N.  D. 
signifie  Notre-Dame,  la  vierge  Marie.  ||  D.  0.  M.  e.st 
dans  les  inscriptions,  l'abréviation  de  Deo  optimo 
maximo  [à  Dieu  très-bon,  très-grand  ].  ||  Dans 
l'ancien  alphabet  chimique,  D  indiquait  le  sulfate 
rie  fer. 

—  HIST.  xm*  s.  D  [D  signifie  ici  Dieu]  jeta  ceux 
de  l'aigre  feu  Oui  touztems  fussent  en  enfer;  D  fu 
en  fust,  D  fu  en  fer,  D  eut  au  C  [croix]  angoisse  et 
soif,  Senefiance  de  l'A  II  C,  jubin.  t.  ii,  p.  270. 

—  ÉTYM.  I)  de  l'alphabet  latin,  qui  est  le  délia 
de  l'alphabet  grec,  lequel,  à  sou  tour,  est  le  daleth 
de  l'alphabet  phénicien. 

4.  DA  (da).  particule  qui  se  joint  à  l'adverbe  oui, 
&  l'adverbe  non,  et  à  l'expression  négative  nenni, 
et  donne  plus  de  force  à  l'affirmation  ou  à  la  né- 
gation. Oui-da.  Nenni-da.  Crémante  :  Et  l'on  n'est 
pas  si  vieux  encore  à  soixante  ans.  —  Le  marquis  : 
Non-da,  vous  êtes  sain,  quinault.  Mère  coquette, 
I,  4.  Il  Isolément.  En  amour  da,  non  en  guerre,  la 
FONT.  Fér.  Et  pourtant  papa  Dit  que  je  suis  bête; 
Est-ce  ma  faute,  da  !  S'il  m'a  faite  comme  ça,scBiBE 
et  poiRsoN,   le  Nouveau  Pourceaugnac,  se.  4. 

—  HIST.  XIII'  s.  Diva!  dont  [donc]  nel  recognis- 
tront  Cil  qui  la  félonie  font,  Psaumes  en  vers,  dans 
Liber  psa'm.  p.  269.  Diva,  Kloires;  après  mangier 
Te  doit  tes  ostes  [ton  hôte]  consillier,  Ft.  et  Blan- 
chefl.  y.  <705.  Diva!  fait  il,  lesse  m'ester;  Diex  ne 
me  lesse  avant  aler,  Ren.  229.  Ans  Sarasins  [il]  pa- 
role, bien  fu  sa  vois  oï6  :  Diva!  entendes  çà,  oies  ma 
comandie,  Ch.  d'Anl.v,  <038.  ||  xv"  s.  Vous  faites  là 
la  tourne  boule;  À  quel  pié  dea  va  cette  dan.se? l/i- 
rede  de  Ste  Geneviève.  Dea,  beaulx  amis,  ce  dict 
Amours,  Celui  qui  à  servir  se  met....  en.  d'orl.  Com- 
plainte, l'amant  etl'amour.  \\  xvV  s.  Dea,  mon  frère, 
hé  pourquoi  ne  me  l'aviez-vous  dit?GARNiER,  Bra- 
damante.  Mort?  cedist-elle,enda,  je  n'en  crois  rien  ; 
Je  l'ay  veu  vif  depuis  ne  sçais  combien  ,  marot,ih, 
p.  184.  Pourquoi  non  deaTSocraies  estoit  homme  et 
ne  vouloit  uy  estre  ny  sembler  aultre  chose,  mont. 
III,  380.  Oui  dea,  respondit  l'aullre,  pourveu  que 
ce  ne  soit  pas  d'une  beauté  parée  et  sophistiquée 
comme  la  tienne,  id.  m,  385. 

—  ÊTYM.  La  forme  ancienne  est  dea  ,  mono- 
syllabe, une  autre  encore  plus  ancienne  est  dita. 
D'après  Diez,  dtïo  est  composé  des  deux  impératifs, 
di  (dis)  et  fo.  Il  montre  qu'on  s'est  servi  du  simple 
va  de  la  même  façon  :  Va,  car  me  di,  Chev.  au 
iion,  éd.  Ouest,  p.  138;  Lesse ,  va .  tost  les  chiens  aler, 
Ren.  I,  47;  Oui  es-tu,  va?  ruteb.  ii,  toi  ;  Or  va,  de 
par  Dieu  va,  Cheval,  au  cygne,  v.  6242;  et  qu'on 
renforça  ce  petit  mot  en  y  ajoutant  l'impératif  di 
(dédire)  qui  a  également  un  sens  d'excitation,  et 
qui  même  .se  trouve  répété  :  Et  tu,  diva  di,  faz 
noienz,  ruteb.  i,  335.  Cette  explication  est  satisfai- 
sante. Dica  fut  contracté  en  dea,  puis  en  da. 

t  2.  DA(da),s.  m.  Dans  la  musique  militaire,  coup 

DICT.   DE    LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


frappé  faiblement  sur  la  peau  du  tambour  avec  la 
baguette  de  gauche. 

D'ABONDANT  (da-bon-dan),  loc.  adv.  Voy.  abon- 
dant. 

D'ABORD  (da-bor),  loc.  adv.  Voy.  abord. 

t  DA-CAPO  (daka-po),  (oc.  adv.  Terme  de  musi- 
que, signifiant  qu'il  faut  reprendre  au  commence- 
ment du  morceau  pour  aller  jusqu'au  point  final. 
Il  Da-capo  al  segno,  signifie  qu'il  faut  reprendre  à 
un  endroit  marqué. 

—  ÉTYM.  Ital.  da.de,  eapo,  commencement,  chef 
(voy.  chef)  ,  et  ai!  segno,  au  signe. 

t  DACRYADÉMTE  (da-kri-a-dé-ni-f),  J.  f.  Terme 
de  médecine.  Inllammation  de  la  glande  lacrymale. 

—  ÉTYM.  Adxpu,  larme,  ài->\i,  glande,  et  le  suf- 
fixe médical  ile,  signifiant  inflammation. 

t  DACRYOCYSTE  (da-kri-o-si-st'),  s.  m.  Terme 
d'anatomie.  Sac  lacrymal. 

—  ÊTYM.  Aâxpu,  larme,  etxûimi;,  sac. 
tDACRYOCYSTITE  (da-kri-o-si-sti-t'),s.  f.  Terme 

de  médecine.  Inflammation  du  sac  lacrymal. 

—  ÉTYM.  Dacri/ocyste,  et  le  suffixe  médical  ite. 

t  DACRYOÏDÉ  (da-kri-o-i-d'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Oui  est  en  forme  de  larme,  de  poire. 

—  ÉTYM.  Aixpu.  larme,  et  e'iSo;,   forme. 

t  DACRYOLINE  (da-kri-0-li-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Substance  organique  des  larmes. 

—  ÉTYM.  Aàxpu,  larme. 

t  DACRYOLITIIE  (da-kri-o-li-f) ,  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Calcul  lacrymal. 

—  ÉTYM.  Aâxpu,  larme,  et  XîOoç,  pierre. 

t  DACRYOLITHIASE  (da-kri-0-li-ti-a-z'),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Production  de  calculs  dans  les 
voies  lacrymales. 

—  ÉTYM.  Aâxpu,  larme,  et  y^U^xan;,  production 
de  pierres. 

t  DACRYOPÉ,  ÉE  (da-kri-o-pé,  pée),  ndj.  Terme 
de  médecine.  Qui  détermine  le  larmoiement. 

—  ÉTYM.  Aàxpu,  larme,  etwoiEiv,  faire. 

i.  DACTYLE  (da-kii-1'),  s.  m.  Terme  de  poésie 
grecque  et  latine.  Pied  de  vers  formé  d'une  syllabe 
longue  suivie  de  deux  brèves.  Il  y  a  un  daclylique 
irimètre  composé  de  trois  dactyles,  quiciierat,  Fer- 
sif.  lai.  ch.  35.  Il  [le  vers  alcmanien]  renferme  les 
quatre  premiers  pieds  de  l'hexamètre;  le  dernier 
est  toujours  un  dactyle,  m,  ib.  Loin  de  ces  ignobles 
Zoïles.  De  ces  enfileursde  dactyles,  Coiffés  de  phra- 
ses imbéciles  Et  de  classiques  préjugés,  gbesset,/o 
Chartreuse.  \\  L'opinion  est  d'ordinaire  que  le  dac- 
tyle marque  la  joie,  la  légèreté:  Les  dactyles  sont 
propres  à  exprimer  la  légèreté,  rollin.  Traité  des 
Et.  II,  ch.  2;  La  joie  étant  la  vie,  la  santé,  le  bon- 
heur de  l'âme,  elle  doit  inspirer  des  sentiments  vifs, 
précipités,  rapides,  qui  exigent  ]a  rapidiié  des  dac- 
tyles, ID.  ib.;  mais  cette  opinion  est  une  idée  pré- 
conçue et  que  ne  justifie  en  rien  ce  que  nous  voyons 
dans  Virgile  et  les  autres  poètes. 

—  ÉTYM.  AàvLnXoi,  doigt,  dactyle.  Le  doigt  est 
composé  de  trois  parties  ou  phalanges,  dont  les  pe- 
tites sont  moitié  de  la  grande;  d'où  le  docty/c, pied' 
de  vers,  où  la  longue  est  double  de  chacune  des 
deux  brèves. 

t  2.  DACTYLE  (da-kti-l') ,  s.  m.  Terme  d'antiquité. 
Prêtre  de  Cybèle. 

t  3.  DACTYLE  (da-kti-l'),  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Dactyle  pelotonné,  graminée  commune  dans 
les  prés  et  le  long  des  chemins. 

—  ÉTYM.  Aeixm),oi;,  doigt,  à  cause  de  la  forme, 
t  DACTYLE,  ÉE  (da-kti-lé,  lée),  ady.Termed'his- 

toire  naturelle.  Qui  a  la  forme  d'un  doigt.  J|  Qui  est 
muni  de  doigts. 

—  ÉTYM.  AixTuXoi;,  doigt. 

t  DACTYLIKÈRE  (da-kli-Ii-fê-r') ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  porle  ou  produit  des  dattes. 

—  ÊTYM.  Lat.  daclylus,  de  SdxxuXo;,  datte,  doigt, 
et  fer,  qui  porte. 

t  DACTYLIN,  INE  (da-kti-lin,  li-n'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  un  ou  plusieurs  doigts  remar- 
quables par  quelque  caractère.  ||  Qui  a  la  forme 
d'un  doigt. 

—  ETYM.  Aâx™).oi;,  doigt. 

t  DACTYLIOCLYPUE  (da-kti-li-o-gli-f),  t.  m. 
Terme  d'art  ancien.  Ouvrier  qui  grave  sur  pierres 
précieuses. 


—  ÉTYM.  AaxTÛXtoc,  anneau,  do  SatxiuXoç,  doigt, 
et  YWïeiv ,  graver. 

t  DACTYLIOGLYPHIE  (  da-kti-li-o-gli-fie),  s.  f. 
Art  de  graver  sur  pierres  précieuses. 

t  DACTYLIOGRAPHIE  (da-kti-li-o-gra-fio) ,  S.  f. 
Terme  d'aniiquiié.  Description  d'une  collection  de 
pierres  précieuses  gravées. 

—  ÉTYM.  AaxtOiio;,  anneau,  et  ypâçEiv,  décrire, 
t  DACTYLIOGRAPHIQUE  (da-kti-li-o-gra-fi-k) , 

adj.  Oui  a  rapport  à  la  daclyliographie. 

t  DACTYLIOLOGlE(da-kti-li-o-lo-jie),  s.  /.  Par- 
tie de  l'archéologie  qui  traite  des  pierres  gravées. 

—  ÊTYM.  AîxTÛXio;.  anneau,  et  '/ô-j'Ji,  traité. 

t  DACTYLIOLOGIQUE  (da-kli-li-o-lo-ji-k'),  ad}. 
Qui  a  rapport  à  la  dactyliologie. 

t  DACTYLIOIMANCIE  (da-kli-Ii-0-man-sie) ,  s  f 
Prétenduedivinationau  moyen  d'anneaux  constellés. 

—  ÉTYM.  AaxTÛÀior,  anneau,  et  le  suffixe  mande. 
t  DACTYLIOMANCIEN,  ENNE  (da-kti-li-o-man- 

siin,  siè-ii'),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  pratique  la 
dactyliomanrie. 

t  DACTYLION  (da-kti-li-on),  s.  m.  Terme  de 
musique.  Petit  instrument  qui,  adapté  à  un  piano, 
sert  à  exercer  et  surtout  à  foriifler  les  doigts. 

—  ÉTYM.  AixTuVoç,  doigt. 

t  DACTYLIOTUÈQUE  (da-kti-li-o-tè-k'),  s.  m. 
Terme  d'antiquités.  Armoire  contenant  une  collection 
de  bagues  et  de  pierres  travaillées. 

—  ÉTYM.  AaxTij>io;,  anneau,  et  Oi^xTi,  armoire. 

f  DACTYLIQCE  (da-kti-li-k'),  odj.  Termede  poé- 
sie ancienne.  Qui  tient  du  dactyle  ou  en  dépend. 
Il  Vers  dactylique,  ou,  substantivement,  le  dacty- 
lique,  vers  he.^amètre  composé  uniquement  de  dac- 
tyles, sauf  le  dernier  pied  qui  est  un  spondée,  ou 
vers  hexamètre  qui  au  contraire  a  pour  dernier  pied 
un  dactyle  au  lieu  d'un  spondée.  ||  Dans  un  sens  plus 
général^  vers  dactylique,  vers  où  le  dactyle  domine. 
Vers  dactyliques  ou  dérivés  de  l'hexamètre,  qui- 
CHERAT,  Versif.  latine,  ch.  35. 

—  ÉTYM.  Dactyle. 

f  t.  DACTYLITE  (da-kti-li-f),  s.  m.  Terme  de  mi- 
néralogie. Corps  organisé  fossile  ayant  la  forme  d'un 
doigt. 

—  ÉTYM,  Aây.Tu>oç,  doigt,  et  le  suffixe  ite,  qui,  en 
minéralogie,  se  donne  à  diverses  pierres  fossiles. 

1 2.  DACTYLITE  (da-kti  -li-t') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Inflammation  du  doigt,  panaris. 

—  ÉTYM.  Aàv.Tu>oi;,  doigt,  et  le  suffixe  médical 
ite,  signifiiint  inflammation. 

t  DACTYLOGRAPHE  (da-kti-Io-gra-f),  s.  m.  In- 
trument  à  clavier,  qu'on  a  desliné  à  établir  des  com- 
munications entre  les  aveugles  et  les  sourds-muets. 

—  ÉTYM.  Aix-ruXo;,  doigt,  eiypâiftiv,  écrire. 

t  DACTYLOGRAPHIE  (da-kti-lo-gra-fie) ,  s.  /'.Art 
de  converser  au  moyen  de  signes  faitsavecles  doigts. 

—  ÉTYM.   Voy.   DACTYLOGRAPHE. 

t  DACTYLOGRAPHIQUE  (da-kti-lo-gra-fi-k') ,adj. 
Qui  a  rapport  à  la  dactylographie. 

f  DACTYLOÏDE  (da-kti-lo-i-d") ,  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  l'apparence  d'un  doigt. 

—  ÉTYM.  AixTuXo;,  doigt,  et  eî5o;,  forme. 

t  DACTY'LOLALIE  (da-kti-lo-la-lie),  s.  f.  Art  de 
parler  avec  les  doigts,  à  l'aide  de  signes  déterminés, 
comme  font  les  sourds- muets. 

—  ÉTYM.  AixTuioç,  doigt,  et),o>eîv,  parler. 

t  DACTYLOXOMIE  (da-kti-lo-iio-mie),  s.  f.  Art 
de  compter  par  les  doigts,  de  figurer  les  nombres 
par  les  doigts. 

—  ÉTYM.  AôxTuîo?,  doigt,  et  v6|jio;,  règle. 
IDACTYLOPERE  fda-kti-lo-pê-r'),  «.  m.  Terme 

de  zoologie.  Sous-genre  de  reptiles. 

—  ÉTYM.  AixTy)o;,  doigt,  et  7iï)p6ç,  mutilé. 

t  DACTYLOPTËKE  (da-kti-lo-ptô-r').  H  1"  Adf. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  les  ailes  ou  les  nageoires 
munies  de  rayons  libres  que  l'on  compare  à  des 
doigts.  Ii  2''  S.  m.  Nom  de  genre  des  poissons  acan- 
thoptérygiens,  voisins  des  rougets,  et  appelés  pois- 
sons volants. 

—  ÉTYM.  AixTu).o;,  doigt,  et  TtxEpov,  aile. 

t  DACTYLOTHliQL'E  (da-kti-lo-tè-k') ,  s.  f.  Terme 
de  zoologie.  Portion  de  peau  enfermant  chaque 
doigt  chez  les  mammifères. 

—  ÉTYM.  AixTuXoç,  doigt,  etÔTiXii,  loge. 
DADA  (da-da),  s.  m.  ||  1°  Cheval,  dans  le  langage 

I.  —  119 


O'iO 


DAG 


dej  enfinU.  Aller  à  dada.  L«  délivreur  d'Andromeda 
MonlA  «ur  un  ailé  dada,  vorruBi,  dans  biciielet. 
Ohl  ai  voin  faites  la  rêlive,  Je  tous  niela  à  d»da, 
TOUS,  maman  Valoiitin,  oancourt,  U  Curieux,  Î2. 
Il  Son  d.ida  demeura  court  à  l.éiitla,  fragment  d'une 
chanson  satirique,  faite  contre  le  prince  de  Condé 
qui  avait  échoué  au  siège  de  Urida;  on  l'employa 
au  xvii*  sitcle  pour  signifier.d'une  façon  voilée  mais 
lihre.une  déconvenue  dans  le  comtiat  amoureui.des 
aiguillettes  nouées.  J'admire  dedans  votre  lettre  Ce- 
lui qui  dit  que  son  dn'la  Demeura  court  il  Lérida, 
TOIT.  Riponxe  pour  Urne  d'  Unnlauiicr.  Il  avait 
trouvi*  ui.o  occasion  favonililo  |auiu'6s  de  la  Champ- 
meslé],  et  cependant  oserais-jc  le  dire T  Son  dada 
demeura  court  k  lérida,  sf.v.  Lett.  8  avril  1671 ,  éd. 
«aoi,  l.  11,  p.  140.  Il  2'  li.llon  sur  lequel  un  enfant 
se  met  à  cheval.  ||  8'  Kig.  ot  familiôrement.  C'est 
«on  dada,  c'est  son  idée  favorite,  le  désir  auquel  il 
revient  sans  cesse.  Le  voilà  qui  enfourche  son 
dada. 

—  f.TVM.  Mot  enfantin. 

DADAIS  (da-dê;  l'isclle:  un  da-di-z  ennuyeux), 
I.  m.  Jeune  garçon,  homme  qui  est  à  la  fois  niais 
d'esprit  et  gauche  de  maintien.  Un  grand  dailais. 
Nous  avons  le  fils  du  gentilhomme  de  notre  village 
qui  est  le  plus  grand  malilorne  et  le  plus  sot  dadais 
que  j'aie  j^imais  vu,  mol.  Itourg.  gent.  m,  i2.  Si 
Marcel  rencontrait  un  homme  placé  comme  l'Anti- 
nous, lui  portant  une  main  sous  le  menton  et  l'au- 
tre sur  les  épaules:  Allons  dune,  grand  dadais,  lui 
dirait-il,  est-ce  qu'on  .se  tient  comme  cela?  dider. 
Essai  sur  la  peint,  ch.  ♦. 

—  HIST.  xvi'  s.  Dadais,  oddw. 

—  r.rVM.  Génev.  dddou;  Uerry,  jageais.  Ce  pa- 
rait être  une  exiiression  suggérée  par  l'objet  même 
et  faite  sur  le  modèle  de  riaila. 

t  DAOYI.E(da-di-r),s.  f.  Terme  do  chimie.  L'une 
des  deux  huiles  qui  constituent  l'huile  de  térében- 
thine. 

—  ÊTYM.  Aâ:,  Îqiî4{,  branche  do  pin. 

]  DAGAIID  iila-gar) ,  j.  m.  Terme  de  vénerie.  Voy. 

BAOUKT. 

t  DAGON  (da-gon),i.  m.  Nom  de  l'idole  des  Phi- 
listins, qui  avait  en  haut  une  forme  humaine  et  en 
bas  une  forme  de  [>oisson. 

t  DAGOIINK  (da-gor-n"),  s.  f.  Vache  à  qui  il  ne 
resie  qu'une  corne.  ||  Fig.  Une  vieille  femme  laide 
et  chagrine.  ||  Mot  vieilli. 

—  ETVM.  Dague  et  corne:  la  corne  unique  étant 
compart'e  à  une  dague. 

DAGl'E  (da-gh'),j.^.  ||  l'Espèce  de  poignard,  qui 
se  porte  dans  plusieurs  pays,  pendu  à  la  ceinture  du 
cflté  droit.  Aod  se  fit  faire  une  dague  à  deux  tran- 
chants,quiavaitune  garde  delà  longueurde  la  paume 
de  la  main,  SACT,Bib/«,J»ses, 111,18.  Je  la  vis  (Cléo- 
patre]  l'autre  jour  aiguiser  une  dague,  la  font.  Ita- 
gntin,  iv,  D.  Cambyse  tiresadague,  dont  lui  voulant 
donner  dans  le  ventre  [au  bœuf  Apis],  il  l'atteint  à 
la  cuisse,  p.  L.  cour,  ii,  H2.  ||  Fig.  U  est  fin  comme 
une  dague  de  plomli,sedil  d'un  homme  qui,  ayant 
l'espn:  groisier,  veut  faire  le  fin.  1|  i*  Terme  de 
vénerie.  Les  dagues  du  cerf  sont  la  prcmitre  tête 
qu'il  porte  à  sa  seconde  année,  où,  élant  encore 
■ans  andouillers  et  sans  chcvillures,  il  n'a  que 
deux  petites  cornes  pointues.  ||  S.  f.  pi.  Se  dit  quel- 
quefois des  défenses  du  sanglier.  ||  8*  Lame  de  fer 
garnied'un  manche  qui  sert,  dansia reliure,  àralisser 
les  peaux  de  veau.  ||  4°  Ancien  terme  de  marine.  Bout 
de  cordage  avec  lequel  on  frappait  les  matelots  con- 
damnéi  au  fouet. 

—  IIIST.  xiii*  s.  Un  de  nos  gendarmes  gecta  sa 
dague  à  un  de  ces  Turcs,  joiNV.  dans  laclbne. 
Il  xiv*  s.  Les  coustgaulx  que  on  porte  maintenant, 
que  on  nomme  dagues,  Modus,  ^  LXiv,  tervo.  Et 
pour  ce  qu'il  sembla  au  dit  Touse  qu'il  deist  ce 
par  manière  de  raiïarde  ou  moquerie,  lui  dist  :  Je  te 
prie,  ne  me  baille  point  de  dague  [raillerie],  j'en  ai 
a.ssez  d'une  [poignard  à  mon  côté],  ducange,  dag- 
ger.  Se  icello  dague  n'eust  encontre  une  armiole 
pleine  de  vin,  ID.  armitium.  ||  xv«  s.  Kn  ce  temps 
U  roi  fit  casser  etabalre  tous  les  francs  archiersdu 
roytulme  de  France,  et  en  leur  place  y  vouli  estre 
•l  demuurer,  pour  servir  en  ses  guerres,  les  Souis- 
Hs  et  picquiers,  et  fit  faire  par  tous  cousteliers  grani 
quantité  de  picques,  hallebardes  et  grans  dagues  à 
larges  rouelles,  C/iron.  scandai,  de  Louis  II,  an 
1480,  p.  31»,  dans  LACURNE.  Il  ivi- s.  Avec  leurs 
belles  halebardcs  à  longues  dagues  et  de  nouvelle 
façon,  CARL.  VI,  î.  X  leur  coslé  l'espée  longue  et 
large,  La  courte  dague  pour  son  homme  aborder 
OCTAVIEN  DR  gT-OELAis,  dans  DU  CANOR,  dojjcr.  Il 
i'esl  trouvé  qu'à  la  descente  du  sel,  qui  se  faisoil  en 
no»  greniers,  les  mesureurs  ont  fait....  les  mesures 


DM 

plus  grandes  qu'à  la  Tente...,  tant  au  moyen  de  da- 
gues et  basions  qu'ils  mestoient  sur  le  minol  à  la 
descente,  et  rasoyenl  S'.ir  iceluy,  en  façon  qu'il  y 
avoit  grande  et  excessive  quantité  de  sel  plus  receii 
que  vendu;  car  à  la  vente  estoit  délivré  au  peuple 
le  grain  sur  le  bord  sans  dague  ne  basion....  Or- 
donn.  H  nov.  4  608.  Panurge....  fin  à  dorer  comme 
une  dague  de  plomb,  bien  galant  homme  de  sa  per- 
sonne, RAS.  Pant.  II,  («. 

—  ÊTYM.  F.spagn.daj/o;  porfug.  daja  et  adaffo  ; 
ital.  daga;  angl.  dagger  ;  bas-bret.  dag,  dager;  bas- 
lat.  daca  dans  la  ritilippide  de  Guillaume  Breton 
(Xlll*  siècle).  D'après  Diez,  l'allemand  Degen,  épée, 
est  un  mol  introduit  au  xv  siècle  et  formé  de  da- 
gue, dont  l'origine  reste  douteuse.  Dans  le  celtique 
vient-il  du  français;  ou  le  mot  français  vient-il  du 
celtique?  La  forme  portugaise  a-daga  pourrait  indi- 
quer une  origine  arabe. 

DAGUE,  ÉE(da-ghé,  gbée) ,  part,  passé.  Percé 
do  coups  de  dague.  ||  Terme  de  vénerie.  Biche  da- 
guée,  liicho  saillie  par  le  cerf. 

DAGUEK  (da-ghé),  V.  a.  ||  1*  Frapper  à  coups  de 
dague.  Gobrias  aussitôt  repart  :  Dague,  dusses-tu 
tueries  deux  [moi  et  Smerdis],  p.  L.  cour,  ii,  19I. 
Il  2°  Terme  de  vénerie.  S'accoupler  avec  sa  femelle, 
en  parlant  du  cerf.  H  3°  Terme  de  fauconnerie.  Voler 
à  lire-d'ailes  et  de  toute  sa  force,  en  parlant  de  l'oi- 
seau de  chasse.  Il  4"  Se  dit  des  coups  de  lête  que  don- 
nent les  chèvres.  Prends  garde,  ce  biquet  te  daguera. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  honneste  homme  do  ma  co- 
gnoissance,  e-tant  tombé  en  combattant  en  esiacade, 
et  se  sentant  daguer  à  terre  par  son  ennemyde  neuf 

ou  dix  coups,   MONT.  III,  297. 

—  ÉTVM.  Dague:  génev.  daguer, pester,  enrager, 
t  DAGUEItREOTYPAGE  (da-ghé-ré-0-li-pa-j'), s. 

m.  Action  de  daguerréolyper. 

t  DAGCERUÊOTVPE  (ila-ghé-ré-o-ti-p'),  s.  m. 
Aride  fixer  les  images  de  la  chambre  obscure  sur 
une  plaque  de  métal  prép:irée.|l  L'instrumenlemployé 
pour  ces  sortes  de  reproductions. 

—  ETVM.  Daguerre,  nom  do  celui  qui,  avec 
Nicéphore  Niepro,  fut  l'inventeur  do  la  daguer- 
réolypie  en  I8:i9,  et  Iripe. 

t  DAGUERUÉOTYPÉ,  ÉE  (da-ghé-ré-0-ti-pé, 
p6o),  part,  pa^si!.  Reproduit  par  le  daguerréotype. 

t  DAGUEUnf.OTYPER  (da-ghé-ré-o-ti-pé) ,  v.  a. 
Reproduire  une  image  au  moyen  du  daguerréotype. 
Il  On  dit  aujourd'hui  plutôt  photographier. 

—  ETVM.  Daguerréotype. 

t  DAGUERRÊOTVPIE  (da-ghé-ré-oti-piel,  ».  f. 
Art  dedaguerréolyper.  |{  Atelieroù  l'on  confectionne 
des  daguerréotypes.  ||  On  dit  aujourd'hui  plutôt 
photographie. 

tDAGUERRIEN,  lENTTE  (da-ghé-riin ,  ri5-n'), 
adj.  Oui  est  obtenu  par  le  daguerréotype. 

—  ETYW.  Daguerre  (voy.  dacuerrèottpe). 
DAGUES,  t.  f.  plur.  Voy.  dague. 

DAGUET  (da-ghè;  le  (  ne  salie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  l'j  se  lie:  les  da-ghè-z  agiles; 
daguels  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.) ,  s.  m. 
Terme  de  chasse.  Nom  du  jeune  cerf  depuis  un  an 
jusqu'à  dix-huit  mois. 

—  ÊTYM.  Dague,  à  cause  de  la  ressemblance  du 
premier  bois  avec  une  dague. 

t  DAGUETTE  (da-ghè-f),  s.  f.  Dague  de  la  plus 
petite  dimension. 

—  ETYM.  Diminutif  de  dague. 

DAULIA  (da-li-a),».  m.  Plante  qui  porte  de  très- 
belles  fieiirs,  et  qui  est  recherchée  comme  plante 
d'ornement  (dah(ia  rariabilis,  L.).  Les  plantes  à 
fleurs  sont  sans  nombre  [en  Amérique];  l'achillée 
rose ,  le  dahlia ,  l'hellénie  d'automne ,  etc.  cbateaub. 
Amer.  2«. 

—  ÊTYM.  Dahl,  botaniste  suédois,  qui  l'apporta 
du  Mexique  en  Europe,  en  178». 

t  DAIIMNE(da-li-n'),  t.  /'.Terme  dechimie.  Inu- 
line  extraite  des  tubercules  du  dahlia. 

t  DAl  (de),  t.  m.  Titre  honorifique  au  Japon. 

1  DAIGNCE  (dé-Knée),  s.  f.  Veine  de  charbon  de 
terre  de  quatie  pieds  d'épaisseur. 

DAIGNER  (dé-gné),  v.  n.  Condescendre  à,  en  re- 
gardant la  chose  comme  digne  de  soi  ou  comme 
n'étant  pas  indigne.  Roi,  je  ne  puis;  prince,  je  ne 
daigne;  Rohan  suis.  Devise  des  llohan.  C'est  beau- 
coup qu'il  sorte  quelquefois  de  ses  méditations  et  de 
sa  taciturnilé  el  que,  même  pour  critiquer,  il  dai- 
gne une  fois  le  jour  avoir  de  l'esprit,  la  brut.  v. 
Calliope  jamais  ne  daigna  leur  parler,  boil.  Disc, 
an  roi.  Daigne-t-elle  sur  nous  au  moins  tourner  les 
yeux?  Quel  orgueill  rac.  Androm.  m,  s.  Heureux 
que  sa  bonté  daign.1t  tout  oublier,  lo.  Brit.  iv,  4. 
Daigne,  daigne,  mon  Dieu,  sur  Mathan  et  sur  elle 
Répandre  cet  esprit  d'imprudence  et  d'erreur.  Delà 


DAI 

ehute  des  roisfuneste  avant-coureur,  id.  Alh<U.i,3. 
Hélène  fut  la  seule  de  son  sexe,  parmi  tant  d'en- 
fants de  Jupiter,  dont  ce  dieu  daigna  se  déclarer 
le  père,  p.  l.  cour,  i,  24.  |lCe  verbe  est  d'un  fré- 
quent usage  à  la  fin  des  lettres,  quand  on  écrit  à 
un  supérieur,  à  une  personne  beaucoup  plus  élevée 
en  dignité.  Daignez  agréer  mes  respectueux  hom- 
mages. Daignez  croire  à  ma  sincère  et  cordiale  afltc- 
tion. 

—  HIST.  X*  S.  Tuit  oram  [prions]  que  por  nos 
[elle]  degnet  preier,  Eulalie.  ||  xi'  s.  Vosire  olifant 
soner  vous  nedeignasles,  Ch.  de  Roi.  lxxxv.||  xii's. 
Se  [vous]  ne  la  faites  douloir.  Tant  que  [elle]  des- 
gnastde  moi  avoir  merci....  Couci,iv.  Puisquemerci 
ne  m'i  daigne  valoir,  [je]  Ne  sai  où  nul  confort  [je] 
pregne,  ib.  ix.  Aumosne  aurez,  se'l  [si  vous  le]  [mon 
cœur]daigniez  retenir, tb.  Dame, comment  qu'il  m'en 
preingne,  |jej  Mercie  amour  de  cequ'elemedeingne 
Tenir  à  sien....  tb.  Se  vous  daigniez  ma  prière  escou- 
ler,  ib.  xiii.  Je  doi  avoir  granljoieen  mon  courage, 
S'ele  me  doigne  à  son  oes  [service]  retenir,  ib.  xix. 
Certes,  nenil;  ne  me  vint  en  penser  Ou'onque»  nul 
jour  je  TOUS  deignasse  aimer,  quesnes.  Romancero, 
p.  <08.  Il  XIII' s.  Et  Ii  rois  lui  otrie.  nel  [ne  le]  dai- 
gna refuser,  Berle,  xcvii.  |1  xiv  s.  El  afin  que  il  fasse 
les  gens  rire,  il  dit  teles  choses  que  un  home  gra- 
cieux et  vertueux  ne  daigneroit  dire,  oresme,  Elh. 
178.  Quant  le  chevalier  01  [  ouit]  Beriran  qu'ainsi 
parla.  Il  ne  dist  o  ue  non,  ne  parler  ne  daigna, 
Ouescl.  4  782. 

—  ETVM.  Bourguig.  dotjnai;  provenç.  denhar, 
deingnar,  deinar;  espagn.  dignar  ;  ital.  degnart; 
du  laiin  dignari,  de  dignus,  digne. 

t  DAIL  (dall',  U  mouillées),  s.  m.  ||  1°  Ancien  nom 
de  la  faux,  encore  usité  dans  certaines  province». 
Pierres  à  faucheur,  pierres  à  affiler  el  pierres  de 
faux  ou  dail,  Tarif,  )8  sept.  1064.  |1  4°  Terme  de 
zoologie.  Nom  de  la  pholade,  sorte  de  :oquillage. 

—  HIST.  XV'  s.  Il  venoit  d'un  sien  pré  avec  un 
dail  à  son  col,  du  cange,  dalha.  Le  su,ipliant  d'une 
faux  ou  daille  frappa  icellui  Pierre  erviron  le  ge- 
noil,  iD.  t!>.  Il  XVI'  s.  La  mort  avec  son  dïiireust  fau- 
ché et  cerclé  de  ce  monde,  Rabelais,  iv,  Afoureau 
prol.  Les  huîtres,  les  moucles,  les  dailles  [phola- 
des],  PALissY,  118.  Les  daiUes  sont  longs  comme 
manche  de  couteaux,  armez  de  deux  coquilles,  lo. 
:C6. 

—  ÉTYM.  Génev.  dnille,  faux;  provenç.  dalh, 
dayll;  caial.  daila;  espagn.  da//e;  du  germanique: 
island.  dcila;  danois,  deele;  allem.  iheilen,  parta- 
ger, séparer. 

D'AILLEURS  (da-lleur,  U  mouillées),  loc.  adt. 

Voy.  AILLKURS. 

t  DAILLOT  (da-Uo,  U  mouillées),  *.  m.  Terme 
de  marine.  Anneau  pour  enverguer  des  voiles.  On 
dit  aussi  andaillot. 

DAIM  (din),  s.  m.  Bête  fauve  plus  petite  que  le 
cerf.  Il  La  peau  du  daim.  Des  gants  de  daim. 

—  HIST.  XV'  s.  Ecervelez  comme  beaulx  dains, 
coQuiLLART,  dans  LACURNE.  |1  XVI'  S.  Par  leur  agilil 
■sembloienl  un  beau  troupeau  de  dames,  l'cregrxMr 
(l'on  d'amour,  f"  35,  dans  lacurne. 

—  ETVM.  Provenç.  dam;  espagn.  dama;  ital. 
damma  ;  du  latin  dama. 

DAINE  (dè-n'),  s.  f.  La  femelle  d'un  daim.  1|  Le» 
chasseurs  disent  dine. 

—  ETYM.  Daim. 

t  DAINFIERS  (din-tié),  t.m.plur.  Terme  de 
vénerie.  Les  testicules  du  cerf. 

—  HIST.  xiu'  s.  Lors  Ii  a  el  giron  boutée  :  Tenei, 
fet-il,  el  si  mengiez;  Char  de  vilain  si  est  dainliez; 
Ele  vaut  plus  que  je  n'apel,  Ben.  4684.  Il  fait  si  bien 
que  c'est  dainliez;  Mais  Partenopex  le  tait  miell, 
Parlonopex,  dans  lacurne.  Il  fut  norriz  en  Lombar- 
dio.  Où  l'an  en  fait  dainliez  et  seignorie.  Roman 
d'Audigier,  dans  lacurne.  Poons  pevrôs  et  capons 
et  daintiés,  aubri,  dans  le  Closs.  français  de  du 
cange.  X  tant  vindrenl  riche  deinliez;  Lardez  de 
cerf  et  de  sangler  Ot  U  chevaliers  au  soper,  Renart, 
t.  m,  p.  87,  V.  22138.  Ijxivs.  La  nuit  [il]  les  au- 
bergea,  et  leur  donna  pain  d'orge;  N'urenl  autres 
dûincies  [friandises],  burent  de  l'aiguë  froide,  Ci- 
rori  de  Ilots,  y.  2283.  C'estoient  leur  doincie».  c'es- 
toient  leur  espices,  ib.  v.  2328.  Les  deytiés  ce  sont 
les  couillons,  Uénagier,  ii,  6. 

—  ETVM.  Angl.  dainty;  du  celtique  :  pays  de  Galles, 
dantaeth,  morceau  de  choix  :  morceau  de  choix, 
chose  délicate  à  manger,  est  en  effet  le  principal  sens 
de  ce  mot  dans  nos  textes  français. 

t  DAÏRI  (da-i-ri)  ou  DAÏRo'(da-i-ro),  x.  m.  Titre 
du  souverain  spiriluel  au  Japon.  Les  daïris  étaient 
des  personne»  sacrées,  les  descendants,  les  repré- 
sentant» de»  dieu.'ï,  ratnal,  llisl.  phil.  i,  ïï.  Ce» 


DAL 

souverains,  nommé»  daîris,  itaieat  à  la  fois  les  rois,  | 
I0.5  pontifes  da  la  nation,  lo.  ib.  . 

DAIS  (de;  l'j se  lie  :  undé-i  élégant) ,  t.  m.\\  1°  Ou- 
»rage  dans  la  forme  des  anciens  ciels  de  ht  et  qui 
sert  de  couronnement  à  un  autel,  à  un  trône,  etc. 
Près  de  lui  [le  légat] ,  pour  Mayenne  un  dais  est 
préparé,  volt.  Ilenr.  via.  ||  Poétiquement  sous  e 
dais,  sur  le  trône,  au  sein  des  grandeurs.  Elle  seule 
fia  satire] ,  bravant  lorgueil  et  l'injustice.  Va  jusque 
sous  le  dais  faire  pâlir  le  vice,  boil.  Sat.  ii.  De 
l'homme  Inculte  il  adoucit  la  vie,  Et  sous  le  dais 
montre  au  doigt  les  tyrans,  bérang.  Ange  exilé. 
Il  Pig  Les  llammes  du  bûcher  se  divisent  et  forment 
un  dais  sur  sa  tête  sans  le  toucher,  volt.  Mœurs, 
t  Le  ciel  était  sur  sa  tète  [de  René]  comme  le  dais 
de  sa  couche,  chateaub.  Nalch.  u,  (05.  La  Heur 
dort  sur  sa  tige,  et  la  nature  même  Sous  le  dais  de 
la  nuit  se  recueille  et  s'endort,  lamaht.  Méd.  11,  2. 
Il  2*  Toute  espèce  de  voûte  da  verdure.  Un  dais  de 
feuillage.  Amis  reposons-nous  sur  ce  siège  sauvage, 
!<ous  ce  dais  qu'ont  formé  la  mousse  et  le  feuillage, 
VOLT.  Scyihes,  i,  3.  ||  3°  Poule  soutenu  de  deux  ou 
quatre  petites  colonnes,  sous  lequel  on  porte  le  saint 
sacrement,  surtout  dans  les  processions,  et  sous  le- 
quel on  reçoit  les  rois,  les  princes,  lorsqu'ils  font 
une  entrée  'solennelle.  ||  4-  Estrade,  lieu  élevé.  ||  Haut 
dais,  estradeoù  le  roi  et  la  reine  étaient  assis  dans  les 
assemblées  publiques,  soit  qu'il  y  eût  un  dais,  soit 
qu'il  n'y  en  eût  pas.  (Dans  la  description  de  la  salle 
des  machines  du  château  des  Tuileries,  après  le 
parterre)  On  monte  ensuite  sur  un  haut  dais  con- 
servé pour  les  places  des  personnes  royales  et  de  ce 
qu'il  y  a  de  plus  considérable  à  la  cour,  Hùl.  du 
thédlre  fr.  t.  xi,  p.  as.  ||  B°  Arbrisseau  du  Cap. 
Il  Arbrisseau  de  l'Inde. 

—  HiST.  xii'  s.  Dune  fu  apresté  lur  mangiers, 
Si  s'i  asistrent  volentiers;  N'i  orent  tables  n'autres 

eis  Fors  la  vert  herbe  e  le  junc  freis,  henoît,  ii, 
8557.  Quant  fu  la  cort  des  chevaliers  de  pris,  U 
mangiers  -fu  aprestez  et  garnis;  L'eve  demandent, 
au  mangier  sont  assis;  Au  plus  haut  dois  sist  li  rois 
Anseïs,  Garin  le  Loheraiu,  dans  du  cange,  dagus. 
El  à  curt  esteras,  et  à  mun  deis  tuz  juis  mange- 
ras. Rois.  1E.0.  Par  l'uis  qu'il  ont  trové  overt,  En- 
trent enz  et  voient  covert  Un  dois  [table]  d'un  tablier 
grant  et  lé,  la  Charnue,  083.  ||  xill'  s.  El  plus 
haut  liu  del  dois  [il]  s'asiet,  Partonop.  v.  887.  De 
princes  est  nés  et  de  rois.  Bien  doit  aseïr  à  haut 
dois,  tb.  V.  »oi.  Al  maistre  dois  li  esoançon  Ne  mis- 
rent'boivre  s'en  or  non,  ib.  v.  loiô.  Puis  est  ens  el 
palais  entrés,  U  li  disners  est  apresiés.  Et  beaus 
et  rices  et  cortois.  Et  il  se  vait  seïr  al  dois  [table] , 
tb.  T.  «599.  U  rois  a  son  leu  [son  loup]  regardé, 
Josie  le  dois  l'a  apelé.  Lai  de  Uelion.  Anus  s'en  est 
del  dois  tornés.  De  ci  al  leu  [loup]  en  est  aies,  ib. 
Si  cum  manger  deveit  li  reis,  Jà  ert  asis  sur  le  haut 
deis,  Lai  dd  désiré.  ||  xvi*  s.  Contre  la  cheminée  de 
la  dite  chambre,  y  avoit  un  riche  ders,  tout  cou- 
vert, pentes,  fonds  et  dossier,  de  broderies  à  per- 
sonnages, l'Ordre  du  roi  Henri  U,  p.  321,  dans 
DU  CANGE,  dagus. 

—  ETYM.  Provenç.  deis.  Le  sens  primitif  est  table 
à  manger,  comme  le  prouvent  les  anciens  exem- 
ples et  cette  phrase  de  Mathieu  Paris:  Priore  pran- 
dente  ad  magnam  mensam  quam  dais  vocamus.  11 
vient  donc  de  discus  (voy.  disque),  table  à  manger. 
Comme  la  place  où  l'on  posait  le  dais  était  élevée 
quand  il  .s'agissait  de  grands  personnages,  dais  a 
pris  le  sens  d'estrade;  enfin,  l'estrade  étant  gar- 
nie de  tentures,  on  en  est  venu  au  sens  d'aujourd'hui. 

■j-  DALAl-LAMA  (da-lé-la-ma)  ou  DALAÏ-LAMA 
(da-la-i-la-ma) ,  s.  m.  Un  des  deux  chefs  suprêmes  de 
l'église  bouddhiste  du  Tibet,  lequel  réside  àLhassa. 

—  ÊTVM.  Terme  com  posé  d'un  mot  mongol,  dala'i  ou 
talé,  mer,  océan,  et  d'un  mot  tibétain, iamo,  prêtre, 
religieux  :  mot  à  mot,  religieux  grand  comme  la  mer. 

f  DALBERGIE  (dal-b&r-jie),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  la  famille  des  papilionacées,  arbres 
ou  arbrisseaux  souvent  grimpants ,  indigènes  de  l'A- 
sie tropicale. 

—  ÉTYM.  Dalberg,  botaniste  suédois. 

t  DALEAU  (da-lô),  s.  m.  Ouverture  faite  aune 
cuve  d'indigo  pour  l'écoulement  de  l'eau. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  dalot. 

IDALÈME  (da-lê-m'),  s.  f.  Appareil  destiné  à 
empêcher  la  fumée  de  se  répandre  dans  les  appar- 
tements. 

DALER  (da-lèr) ,  s.  m.  Voy.  thaler. 

t  DALLAOE  (da-la-j'),  s.  m.  Pavé  en  dalles.  Il 
faut  qu'un  vieux  dallage  ondule  sous  les  portes.  Que 
le  lierre  vivant  grimpe  aux  acanthes  mortes,  v.  HUGO, 
Voix,  4.  Il  Action  de  paver  avec  des  dalles. 

—  ÉTYM.  Daller. 


DAIil 

t.  I)ALL£  (da-l'),  s.  f.  Tablette  de  pierre,  de  peu 
d'épaisseur,  qui  sert  il  paver  les  salles  à  manger,  les 
églises,  les  vestibules,  les  paliers,  et  les  voies  ré- 
servées aux  piétons.  ||  Par  extension.  Chacun  des 
plus  grands  monts  à  ses  flancs  de  granit  [de  liabel] 
N'avait  pu  fournir  qu'une  dalle,  v.  hugo,  OrieiU. 
I.  Oh  I  lorsqu'un  lourd  soleil  chauiïait  les  grandes 
dalles  Dos  i>ont3  et  de  nos  quais  déserts,  Que  les 
cloches  hurlaient,  que  la  grêle  des  balles  Sifllait 
et  pleuvait  par  les  airs,  barbier,  ïambes.  Curée. 
Il  Dans  les  constructions,  toute  substance  employée 
en  grandes  lames  peu  épaisses. 

—  ÉTYM.  Bas-breton,  dar,  dalle  et  évier. 

U.  DALLE  (da-l'),  s.  f.  Tranche  de  gros  poisson. 
Il  En  ce  sens,  darne  est  plus  usité. 

—  HIST.  XIV*  s.  Despeoiez  saumon  frais  par  dales 
cuites  en  eaue,  ilénagier,  u,  B. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue,  à  moins  qu'on  n'y 
voie  une  altération  de  darne, 

f  8.  DALLE  (da-l'),  s.  f.  Pierre  dure  qui  sert  à 
aiguiser  les  faux.  On  dit  aussi  dail  ou  daille. 

—  ÉTYM.  Peut-être  dail,  faux  (voy.  dail). 

i  4.  DALLE  (da-l'),  s.  f.  \\  i'  Terme  de  marine. 
Pièce  de  bois  creusée  pour  servir  de  conduite  ou 
pour  couvrir  des  tuyaux.  ||  Petit  auget  qui  porte  la 
poudre,  à  bord  d'un  brûlot.  ||  2°  Terme  de  métiers. 
Tuyau  de  cuivre  conduisant  le  sucre  de  la  chau- 
dière à  clarifier  dans  la  chaudière  à  cuire.  ||  Gout- 
tière de  fer  où  les  barres  se  rendent,  dans  une  tré- 
filerie,  à  mesure  que  l'ouvrier  les  a  travaillées  sous 
le  martinet.  ||  3'  Petite  auge  de  métal  qui,  bordant 
la  toiture  des  édifices  et  recevant  les  eaux  pluviales, 
les  conduit  par  des  tuyaux  jusqu'à  terre.  On  dit  aussi 
dallot. 

—  ÉTYM.  Picard,  doîe,  évier;  espagn.  dala  et 
adala;  portug.  et  ital.  dala,  gouttière.  Origine  in- 
certaine. Frisch  le  tire  de  l'ancien  haut-allemand 
dola,  tuyau,  gouttière;  mais  Diez  objecte  le  chan- 
gement d'o  en  a,  qu'il  faudrait  admettre.  Hemarquant 
qu'une  forme  espagnole  a-dala  oiïre  une  trace  de 
dérivation  arabe,  il  signale,  dans  l'arabe,  dalla, 
conduire,  et  daldlah,  conduite;  mots  qui  ont  pu 
prendre  le  sens  de  conduite  d'eau. 

DALLÉ,  ÉE  (da-lé,  lée),  part,  passé.  Corridor 
dallé. 

DALLER  (da-lé),  V.  o.  Paver  avec  des  dalles; 
couvrir  de  dalles. 

—  ÉTYM.  Dalle  t. 

DALMATIQUE  (dal-ma-ti-k' ) ,  «.  f.  ||  1°  Terme 
d'antiquité.  Tunique  biatiche  et  bordée  de  pourpre 
que  l'on  fabriquait  en  Dalmatie.  ||  2°  Vêtement  que 
les  diacres  et  les  sous-diucres  portent  par-dessus 
l'aube,  dans  les  fonctions  de  leur  ministère. 

—  HlST.  XIII'  s.  Et  puis  après  la  daumike,  en 
quoi  on  list  l'évangile,  qui  doit  iestre  blanche,  et 
senefie  droiture,  Clir.  de  llains,  p.  104.  ||  xv  s.  En 
lieu  de  miire,  il  portoit  un  bassinet  en  sa  teste, 
pour  dalmatique  portoit  un  haubergeon,  monstrel. 
I,  ch.  85.  Il  xvi"  s.  Ainsi  ils  [les  diacres]  n'avoient 
que  faire  de  tuniques,  ni  dalmatiques,  ni  autres 
habits  de  fols  pour  se  déguiser,  calv.  Instit.  (73. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ilal.  dalmalica;  du 
latin  dalmatica,  sorte  de  vêtement  en  usage  chez 
les  Romains  du  temps  de  l'empire,  et  qui  a  passé 
dans  le  costume  ecclésiastique.  U  leur  venait  de  la 
Dalmatie. 

t  DALOÏDE  (da-lo-i-d'),  adj.  Terme  de  minéra- 
logie. Houille  daloïde,  bouille  ressemblant  à  un  ti- 
son éteint. 

—  ÉTYM.  AaXà;,  tison,  et  e'iôo;,  forme. 

DALOT  (da-lo),  s.  m.  Terme  de  marine.  Ouver- 
ture pratiquée  dans  la  muraille  d'un  navire  et  ser- 
vant L  l'écoulement  des  eaux  d'un  navire.  ||  Conduite 
à  feu  sur  un  brûlot. 

—  ÉTYM.  Dale  4;  picard,  dalot,  ruisseau,  égout. 
t  DALTONISME  (dal-to-ni-sm'),  s.  m.  Terme  de 

médecine.  Vice  de  la  vue  qui  empêche  de  distinguer 
les  couleurs. 

—  ÉTYM.  Dalton,  célèbre  physicien  anglais  de  la 
fin  du  xvm"  siècle  et  du  commencement  du  xix", 
qui  était  affecté  de  ce  vice  de  la  vue. 

DAM  (dan),  j.  m.  ||  1"  Dommage,  préjudice.  Il 
n'est  guère  usité  que  dans  celte  locution  :  à  son  dam, 
à  votre  dam,  i.  mon  dam.  Serait-il  bien  possible? 
—  X  mon  dam  tu  le  vois,  riîgnif.r,  Dial.  Ha  !  pour- 
quoi m'êtes-vous,  à  mon  dam,  si  fidèles?  id.  Elég.  2. 
Toujours  à  nouveaux  maux  naissent  nouvelles  pei- 
nes. Et  ne  m'ont  les  destins,  à  mon  dam  trop  con- 
stants, Jamais  après  la  pluie  envoyé  le  beau  temps, 
ID.  Sat.  XI.  Aimant  mieux  étouffer  leurs  méconten- 
lements  Que  d'en  fai  re  à  son  dam  des  éclai  rcissements, 
Tristan,  Panthée,  ni,  l.  De  l'argent  dites-vous? 
ah!  voilà  l'enclouurel  C'est  là  le  noeud  secret  de  toute 


DAM 


9 '.7 


l'aventure;  Â  votre  dam...,  mol.  l'Ét.  11,  6.  U  y  [au 
patibulaire]  viendra  le  drôle  I  il  y  vint  à  son  d.im, 
LA  font.  Fab.  xii,  23.  C'est  marché  fait;  il  est  fol  i 
son  dam,  ID.  l/as»!/.  Tu  as  perdu  Cyrus  qui  te  crut 
alors,  mais  à  ton  dam,  p.  L.  cour,  n,  lis.  ||  2* Terme 
de  théologie.  Peine  des  damnés,  privation  de  la  vus 
de  Dieu.  La  peine  du  dam.  Co  délaissement  et  cet 
abandon  de  Dieu  est  en  quelque  sorte  la  peine  du 
dam,  qu'il  fallait  que  Jésus-Christ  éprouvât  pour 
nous  tous,  BOURD.  ilyst.  Pass.  de  J.  C.  p.  (66. 

—  HIST.  IX*  s.  Nul  plaid  qui  cist  meon  fradro 
Karle  in  damno  sit.  Serment.  ||  ivi*  s.  Ne  celui  don 
n'est  don  d'aucune  chose.  Mais  plustost  dam  [tour- 
ment], si  ce  motdire  j'ose,  mabot,  ui,  3)6.  Ce  seta 
l'homme  bien  tenant,  Fust  à  son  dam,  la  foy  promise, 
iD. IV,  252.  Le  bien  des  bons,  le  dam  des  inhumains, 
FOURQUÉ,  Vie  de  J.  C.  t°  li7,  dans  baynouard.  Qui 
vont  au  dam  d'autrui  conquérir  des  lauriers,  DE 
LANDUN,  la  Franciade,  p.  27u,  dans  raynouard. 
Faisons  nous  sages  à  leur  dam,  mais  regrettons  leur 
naufrage,  CAMUS  DE  BELLEY,  Diversités,  t.  i,f°430, 
dans  RAYNOUARD.  S'il  [mon  héritier]  n'a  assez  de 
ce  de  quoy  j'ay  eu  si  plantureusement  assez,  à  son 
dam,  MONT.  IV,  70. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dam;  espagn.  dam;  portug. 
damno,  dano;  ital.  danno;  du  latin  damnum,  dom- 
mage. 

f  DAMAGE  (da-ma-j') ,  s.  m.  Action  de  damer  les 
terres  avec  le  bloc  de  bois  appelé  dame. 

—  ÉTYM.  Damer. 

t  DAMAN  (da-man),  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Nom  de  genre  de  pachydermes,  dont  une  espèce 
{hyrax  capensis)  est  appelée  aussi  blaireau  des  ro- 
chers et  marmotte  du  Cap. 

f  DAMARAS  (da-ma-rS) ,  ».  m.  Sorte  de  taffetas 
des  Indes. 

DAMAS  (da-mâ;  Ys  se  lie  :  un  da-mâ-z  affilé),  s. 
m.  Il  1°  Étoffe  de  soie  à  (leurs  ou  à  dessins  en  relief 
où  le  satin  et  le  taffetas  sont  mêlés  ensemble  et  qui 
se  fabriquait  originairement  à  Damas,  en  Syrie;  les 
fleurs  sont  en  salin  à  l'endroit  et  forment  le  taffetas 
et  le  fond  de  l'envers,  elle  taffetas  qui  faille  fond 
à  l'endroit  est  le  satin  de  l'envers.  Des  damas  d'un 
blanc  satiné,  d'autres  d'un  vert  de  prairie,  d'autres 
d'un  rouge  à  éblouir,  bern.  de  s. -p.  Paul  et  Virg. 
p.  102,  dans  pouGENS.  Souventsurle  velours  et  le  da- 
mas soyeux  On  voit  les  plushâtifsdes  convives  joyeux 
S'asseoir  au  banquet  avant  l'iieure,  v.  hugo.  Odes, 
V,  20.  Qu'à  son  gré  l'opulence,  injuste  et  vile 
amante.  Berce  sur  le  damas  ce  parvenu  grossier. 
Et  laisse  le  poète  à  l'ombre  d'un  laurier  Charmer 
par  ses  concerts  le  sort  qui  le  tourmente,  Gilbert, 
le  Poite  malheureux.  \\  2°  Damas  de  table,  linge  ou- 
vré pour  service  de  table.  ||  3*  Par  extension,  étoffe 
de  laine,  de  coton  ou  de  fil  de  lin  damassée  qui  se 
fabrique  surtout  en  Basse  Normandie.  Serviettes  pe- 
tit damas  ou  petit  Caen,  Tableau  annexé  aux  iett. 
pat.  10  fév.  4781 ,  Caen.  ||  4°  Sabre  fabriqué  à  Da- 
mas et  qui  est  une  lame  de  fer  recouverte,  sur  tout 
le  fil,  d'un  tranchant  d'acier.  Le  vois-tu  bien  [le 
bonheur]  là-bas,  là-bas.  Là-bas,  là-bas,  c'est  en 
Asie?  Roi,  pour  sceptre  il  porte  un  damas  Dont  il 
use  à  sa  fantaisie,  dérano.  Bonh.  Le  vieux  Onier.... 
Pour  elle  [Lazzara]  eût  tout  donné.  ..  Et  ses  sonori;s 
espingoles.  Et  son  courbe  damas,  v.  hugo.  Orient. 
21.  Il  B°  Acier  damassé.  ||  6°  Nom  d'une  prune 
d'assez  bonne  espèce.  Mangez  ce  damas.  ||  Rai- 
sin de  Damas,  ou  ,  simplement,  damas,  sorte  de 
raisin.  ||  Du  temps  de  Ménage  on  prononçait  sou- 
vent damarre,  prononciation  qu'il  condamne. 

—  HIST.  XIV*  s.  Couverture  de  drap  de  damas  ynde 
à  queue.  Inventaire  des  licres  de  Charles  V,  dans 
lacurne.  Il  XV*  s.  Les  chevaliers  estoient  veslus  de 
drap  de  damas,  les  escuyers  de  satin,  les  varlets  de 
drap  de  laine,  math,  de  coucy,  Hist.  de  Ch.  Vil, 
p.  667,  dans  LACURNE.  Il  XVI*  s.  Ils  auront  la  semeur 
de  certains  damas,  violettes,  marjolaines,  basilics, 
et  autres  telles  espèces  d'herbes,  qui  seront  sur  lo 
dit  accotouer,PALissY,  75.  Le  rozier  de  damas  blanc, 
0.  DE  SERRES,  562.  Le  roy  lequel  vous  trouvastes  ré- 
veillé se  promenant  dans  un  jardin,  et  venant  de 
hocher  un  prunier  de  damas  blanc  qui  portoit  les 
plus  belles  et  meilleures  prunes,  sullï,  Hém.l.  u, 
p.  136,  dans  lacurne,  au  mot  hocher. 

—  ÉTYM.  Damas,  ville  de  Syrie. 

t  DAMASQUETTE  (da-ma-skè-f),  s.  f.  Étoffe  fa- 
briquée à  Venise,  qui  se  débite  dans  l'Orient. 

—ÉTYM.  Damas. 

■f  DAMASQUINAGE  (da-ma-ski-na-j') ,  s.  m.  Action 
de  damasquiner. 

—  ÉTYM.  Damasquiner. 

DAMASQUINÉ ,  ÉE  (da-ma-ski-né,  née) ,  part, 
passé.  Pistolets  damasquinés.  Amazan  s'arme  d'uiiB 


■ 


9/.  8 


DAiM 


DAM 


DA.M 


cuirasse  d'acier  damasquiné  d'or,  volt.  Babyl.  U. 
Son  coutelas  damasquiné,  D'une  peau  d'anguille  cn- 
gaîné,  Avait  de  jaspe  la  poignée ,  scarron,  Virg. 
trav.  IV. 

DA.MASQCINER  (da-ma-ski-né),  t).  o.  Incruster 
de  l'or  ou  de  l'argent  dans  de  l'acier.  Damasquiner 
une  épée.  On  damasquinait  [sous  Cliarlemagne]  le 
fer,  on  fahriquail  le  verre,  volt.  Uœurs,  <9.  [Le 
vieux  Orner  eût  donné]  Tout,  jusqu'au  cheval  blanc 
qu'il  élève  au  sérail.  Jusqu'au  (rein  que  l'or  damas- 
quine, V.  HUGO,  Orient.  21. 

—  Hisr.  xvi"  s.  Une  robbe  à  la  mode  de  Perse, 
longue,  damasquinée  et  parfumée,  mont,  ii,  34«. 
Le  bois  d'eialile  est  plus  madré,  figuré  et  damas- 
quiné que  nul  autre  bois,  palissy,  28.  Couvrez  la 
tendre  chair  de  vos  grèves  divines  Du  cuir  damas- 
quiné de  vos  courtes  bottines,  bons.  937.  Les  Turcs 
aymenl  à  avoir  leurs  espées  qu'ils  nomment  cime- 
terres, non  pas  aussi  luisantes  comme  les  nôtres, 
mais  damasquinées,  c'est  à  dire  ternies  de  cosié  et 
d'autre  :  par  quoy  les  armuriers  si;avent  détremper 
du  sel  armonniac  et  verd  avec  du  vinaigre  dedens 
quelque  escuelle,  oil  ils  mettent  la  poinie  du  cime- 
terre :  lequel  estant  tenu  debout,  laissent  couler  de 
la'licle  mixture  tout  le  long  du  jour  par  dessus;  car 
cela  mange  un  pou  le  fer  ou  acier,  suivant  la  veine 
qu'il  trouve  en  loiigiieur.qui  luy  donne  bonne  grâce, 
d'autant  qu'on  le  brunist  par  après  pour  estre  plus 
plaisant  à  la  vue,  de  laborue,  Émaux,  p.  344. 

—  ÊTYM.  Damasquin,  adjectif  formé  de  Damas, 
et  damasquine ,  s.  f.  formé  de  damasquin  et  usité 
dans  le  xvi' siècle  ".  Incrustations  industrieusement 
entaillées  et  enrichies  d'une  singuliers  peinture  et 
enluminure,  dont  le  vernis  à  la  damasquine  faisoit 
sembler  les  parois  estre  de  verre,  yver,  p.  522.  Ils 
chercheront  le  raccord  de  la  damasquine  [du  moiré 
du  placage]  tellement  qu'il  semblera  que  toutes  ies- 
dites  tables  jointes  ensemble,  ne  sont  qu'une  mesme 
pièce,  PAMssY,  28.  L'eau  teinte  tombant  sur  la  blan- 
che, a  l'ait  plusieurs  figures,  idées,  ou  damasqui- 
nées en  ladite  pierre  de  jaspe,  ID.  61. 

DAMASQUINEUIE  (da-ma-ski-ne-rie) ,  s.  f.  L'art 
de  damasquiner. 

—  ÉTYM.  Damasquiner. 

UAMASOUIXKIIR  (da-ma-ski-neur),  s.  m.  Ou- 
vrier qui  dama.si|uine. 

—  Ktym.  Damasquiner. 
DAMASyuiNlIHI';  (dama-ski-nu-r'),  s.  f.  Travail 

dama.sqiiiiié.  Une  belle  damasquinure. 

—  KTVU.  Dntttasquitier, 

tDAMASSADE  {da-mâ-sa-d') ,  j.  f.  Éiofl'e  damas- 
sée, soie  et  m. 

—  lîTY.M.  Damasser. 

DAMASSÉ,  EE  (da-mâ-sé,  sée)  ,  part,  passé. 
Il  1"  Se  dit  d'une  sorte  de  linge  de  table  fabriqué  en 
façon  de  damas.  Un  service  dama.s.sé.  Linge  damassé. 
Nappedamassée.  ]|  S. m.  Lingedamassé.Unseivicede 
damassé.  ||  Kig.  et  familièrement.  C'estun  limier  boi- 
teux de  gales  damassé,  Régnier,  Sat.  x.  ||  2"  Acier 
damassé,  acier  d'ailiago  employé  en  Orient  et  sur- 
tout à  Damas,  pour  la  fabrication  des  armes  blan- 
ches; dit  aussi  acier  wootz  ou  indien  ;  il  a  pour  ca- 
racière  principal  de  présenter  un  beau  moiré 
métallique,  lors(|U'on  en  décape  la  surface  avec  de 
l'eau  acidulée,  les  métaux  alliés  devenant  visibles 
et  formant,  par  la  diiïéience  de  leur  éclat  et  de  leur 
couleur,  des  dessins  variés. 

DAMASSER  (da-mâ-sé),  t>.  a.  ||  1°  Fabriquer  une 
étoffe  de  linge  ouvréàlaf.içon  de  Damas.  1|  Terme  de 
vannerie.  Faire  des  ornements  figurés  semblables  à 
ceux  qu'on  volt  sur  le  linge  damassé.  ||  2°  Préparer 
de  l'acier  à  la  façon  de  Damas. 

—  ÊTYM.  Damas. 

t  RAMASSERIE  (da-mà-se-rie) ,  s.  f.  Fabrique 
de  linge  damassé. 

—  ETYM.  Damasser. 

t  DAMASSEDR  (da-m4-seur) ,  s.  m.  Ouvrier  qui 
fabrique  du  linge  damassé. 

—  ÉTYM.  Damasser. 

t  UAMASSIN  (damâ-sin),  s.  m.  Étoffe  moins 
forte  que  le  damas  ordinaire. 

—  ÊTYM.  Pâmas. 

DAMASSUUK  (da-mS-su-r"),  ».  f.  \\  1°  Travail  qu'a 
subi  la  toile  damassée  dans  le  tissage.  |{  2'  Dessin 
sur  toile  damassée. 

—  ETYM.  Damasser. 

*.  DAME  (da-m'),  s.  f.  ||  f  Titre  qu'on  donnait  à 
la  femme  d'un  seigneur,  d'un  châtelain,  d'un  che- 
valier,d'un  gentilhomme,  par  opposition  aux  femmes 
mariées  de  la  bourgeoisie  qui  ont  porté  pendant 
longtemps  le  nomdedemoùselles.  ||  Fig.  Le  hiliou  fut 
trop  heureux  do  se  cacher  dans  son  trou  et  d'épou- 
ser la  chouette  qui  fut  une  digue  dame  du  lieu,KÊN. 


t.  XIX, p.  45.  Il  litre  qu'on  donnait  à  lafemme qui  pos- 
sédait une  seigneurie.  Il  Celle  qui  a  la  seigneurie, 
l'autorité.  Surtout  soyez  de  vous  la  maltres.se  et  la 
dame,  RÉGNIER,  Sat.  xiii.  ||  brevet  de  dame,  brevet 
par  lequel  le  roi  conférait  à  une  fille  de  qualité,  non 
mariée,  le  titre  de  dame.  ||  Notre-Dame,  nom  donné 
par  les  chrétiens  à  la  sainte  Vierge.  ||  2*  La  femme 
noble  à  laquelle  un  chevalier  consacrait  ses  soins, 
(combattre,  mourir  pour  sa  dame.  La  daine  de  ses 
pensées.  C«s  hommes  qui  prêtaient  foi  et  hommage 
à  leur  Dieu,  leur  dame  et  leur  roi,  chateal'B.  Génie, 
1,  II,  2.  Ah!  si  ma  dame  me  voyait,  disait  Fleu- 
ranges  en  montant  le  premier  à  l'a.ssaul,  saint-foix, 
Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  jv,  p.  ("3,  dans  pougens. 
Il  I..a  feiume  à  qui  l'on  rend  d'assidus  hommages. 
Être  dévoué,  fidèle  à  sa  dame.  Quand  on  aime  une 
dame  sans  égalité  de  condition....  pasc.  Amour. 
Il  3°  Aujourd'hui,  titre  donné  à  toute  femme  mariée 
qui  n'ast  pas  de  la  dernière  classe.  C'est  une  dame 
fort  estimable.  ||  Devenir  dame,  se  marier.  ||  4*  Par 
civilité  et  polite.sse,  dame  se  dit  de  toutes  les  fem- 
mes, qu'elles  soient  mariées  ou  non.  Être  poli  avec  les 
dames.  Dans  ce  bal,  les  toilettes  des  dames  étaient 
fort  élégantes.  Rien  ne  pèse  tant  qu'un  secret;  Le 
porter  loin  est  difficile  aux  dames;  Et  je  sais  même 
sur  ce  fait  Bon  nombre  d'hommes  qui  sont  femmes, 
la  font.  Fahl.  vm,  6.  ||  Grande  dame,  dame  ap- 
partenant à  la  haute  société.  C'est  une  grande  dame. 
Faire  la  grande  dame,  affecter  un  luxe  et  des  airs 
au-dessus  de  sa  condition.  ||  Dame  galante,  femme 
d'une  conduite  légère.  ]{  En  courant  la  bague,  en 
jouant  à  la  paume,  on  disait  que  la  première  course, 
le  premier  coup  étaient  pour  les  dames,  c'est-à-dire 
pour  faire  honneur  aux  dames,  sans  que  le  coup 
fût  compté  pour  la  course  du  prix  ou  pour  le  gain 
de  la  partie.  Cela  s'appelait  à  la  paume  Les  dames, 
et  à  la  dague  La  course  pour  les  dames.  ]|  Ce  mot 
s'est  employé  souvent  quand  ou  parle  des  femmes 
de  l'antiquité.  Les  dames  carthaginoises  coupèrent 
leurs  cheveux  en  une  nécessité  publique  pour 
faire  des  cordages  aux  navires.  Répondez-moi  , 
seigneur,  comme  dame  romaine,  corn.  Sertar.  il, 

2 Qu'on  l'honore  ici,  mais  en  dame  romaine, 

C'est-i-dire  un  peu  plus  qu'on  n'honore  la  reine, 
lu.  Pomp.  m,  4.  Etant  fille  de  Scipion  l'Africain 
et  veuve  de  Tibérius  Gracchus,  qui  avait  été  deux 
fois  consul  et  censeur,  elle  rejeta  ses  offres,  et 
crut  qu'il  était  plus  honorable  pour  elle  d'être 
une  des  premières  dames  de  Rome,  que  d'être  reine 
de  Libye  avec  Phycon,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  IX,  p.  296,  dans  pougens.  Son  avidité,  par  des 
lois  inhumaines,  Impose  des  tributs  jusqu'aux  dames 
romaines,  volt.  Triumv.  iv,  2.  ||  5°  Titre  d'honneur 
ou  d'office  donné  à  certaines  femmes.  Les  dames  de 
France,  les  filles  du  roi.  ||  6' Titre  donné  à  certaines 
religieuses  et  aux  chanoinesses.  Les  dames  du  Sacré- 
Cœur.  Les  dames  de  Longchamp.  Les  dames  chanoi- 
nesses de  Remiremont.  Les  dames  du  chœur,  les 
mères  qui  siègent  au  chœur,  par  opposition  aux 
sœurs  converses  et  aux  novices.  ||  Dames  de  charité, 
dames  qui,  dans  l'étendue  d'une  paroisse,  d'un 
quartier,  forment  une  association  chargée  de  recueil- 
lir et  de  distribuer  les  aumônes.  Nos  compliments 
à  vos  dames  de  la  charité  ;  elles  m'ont  bien  remercié 
dece  que  vous  avez  fait  pour  elles,  maintenon,  Lett. 
d'Aubigné,  <  6  oct.  1 682.||  Dame  du  lit,  dame  du  palais, 
dame  d'honneur,  damed'atour,  dame  de  compagnie, 
femmes  de  qualité  qui  remplissent  diverses  fonctions 
auprès  des  reines  et  des  princesses.  ||  Fig.  Plus  l'ob- 
stacle est  puissant, plus  on  reçoit  de  gloire.  Et  les 
difficultés  dont  on  est  combattu ,  Sont  les  dames  d'a- 
toiir  qui  parent  la  vertu, mol.  l'Étour.  v,(l.  ||  Dame 
de  compagnie,  se  dit  aussi  d'une  dame  qui  demeure 
dans  une  maison  pour  y  tenir  compagnie  à  une  au- 
tre dame  ou  pour  faire  les  honneurs  de  la  maison 
d'un  homme  âgé,  et  qui,  bien  que  payée  pour  cela, 
est  dans  une  sorte  d'tgalité  avec  les  maîtres  de  la 
maison.  ||  7°  On  se  servait, et  on  se  sert  encore,  mais 
rarement,  de  ce  mot  par  civilité  en  parlant  aux  fem- 
mes du  petit  peuple,  et  en  y  ajoutant  leur  nom  pro- 
pre :  Dame  Barbe,  faites-moi  ce  plaisir,  je  vous  prie; 
de  là  il  est  passé  dans  le  langage  familier  et  le  style 
badin.  Car  la  dame  Indignation  Est  une  foi  le  passion, 
BÊGNiEH,  Ép.m.  Du  palais  d'un  jeune  lapin  Dame  be- 
lette, un  beau  matin,  S'i'mpara  :  c'est  une  rusée,  la 
FONT.  Fabl.  vu,  (6.  Il  Les  dames  de  la  halle, la  cor- 
poration des  marchandes  de  fruits,  de  légumes  ou 
de  poissons.  ||  Terme  de  pratique.  La  dame  une  telle. 
La  susdite  dame.  118°  Dames  blanches,  êtres  surna- 
turels dans  les  anciennes  croyances  des  Écossais  et 
des  Allemands.  ||  9°  Figure  du  jeu  de  cartes.  La  dame 
de  coeur.  La  dame  de  pique.  Un  brelan  de  dames. 
il  10°  Aux  échecs,  la  pièce  la  pluscousidérable  aprè.s 


le  roi,  et  qui  réunit  les  deux  marches  du  fou  ut  de 
la  tour,  c'est-à-dire  qu'elle  peut  parcourir  tout  l'é- 
chiquier,  soit  carrément,  soit  en  diagonale,  à  moins 
qu'une  autre  pièce  ne  l'arrête.  On  dit  igalement  la 
reine.  Parbleu  !  Dorval  a  perdu  sa  dame  ;  il  joue  son 
roi,  je  prends  sa  dame,  coldoni,  Bourru  bien- 
fais,  i,  7.  Il  Aller  à  dame,  se  dit,  aux  échecs,  d'un 
pion  qui,  poussé  jusqu'au  dernier  rang  des  cases  de 
l'adversaire,  devient  dame  et  remplace  la  dame  qui 
avait  été  perdue  auparavant  dans  le  cours  de  U 
partie.  Chez  les  unes  [nations],  le  roi  [aux  échecsj 
peut  faire  deux  pas,  chez  d'autres  il  n'en  fait  qu'un; 
ici  on  va  à  dame,  là  on  n'y  va  pas,  volt.  Sing.  3i. 
Il  11*  Jeu  de  dames,  jeu  qui  se  joue  sur  l'éclnquier 
avec  24  petites  rondelles  toutes  semblables,  les  unes 
blanches,  les  autres  noires.  Chaque  joueur  en  a 
douze.  Le  jeu  de  dames  à  la  polonaise,  beaucoup 
plus  usité  aujourd'hui,  se  joue  sur  un  damier  ou 
échiquier  de  luu  cases;  il  y  a  alors  40  rondelles,  et 
chaque  joueur  en  a  20.  Ces  rondelles  s'appellent  eu 
général  des  dames,  mais  plus  exactement  des  pions. 
La  dame  est  le  pion  mené  sur  une  des  cases  de  la 
rangée  qui  e.it  du  côté  de  l'adversaire;  on  le  cou- 
vre d'un  autre  pion  d'entre  ceux  qui  ont  été  déjà 
pris,  et  alors  il  peut  parcourir  tout  le  damier  en 
diagonale  comme  la  reine  ou  dame  des  échecs,  au 
lieu  de  faire  un  pas  seulement  comme  les  pions 
oïdinaires.  Cette  circonstance,  empruntée  au  jeu 
des  échecs,  est  probablement  l'origine  du  nom 
de  jeu  de  dames,  jeu  que  l'on  prétend  avoir  été  in- 
venté à  Paris,  vers  l'époque  de  la  régence,  par  un 
Polonais  qui  s'y  trouvait  alors.  ||  Aller  à  dame, 
mener  un  pion  à  dame,  conduire  un  de  ses  pions 
sur  une  des  cases  de  la  dernière  rangée  du  côté  de 
l'adversaire;  on  dit  alors  que  le  pion  devient  dame 
damée,  ou,  simplement,  dame.  Prendre  une  dame. 
Battre  une  dame,  la  mettre  en  prise.  ||  Aux  échecs ot 
aux  dames,  dame  touchée,  dame  jouée,  c'est-à-dire 
que,  dés  qu'on  a  touché  une  pièce,  on  est  obligé  de 
la  jouer.  ||  12°  Au  jeu  de  trictrac,  nom  des  rondelles 
avec  lesquelles  on  joue.  Dame  découverte,  dame 
placée  seule  sur  une  llèche.  Dame  surnuméraire, 
la  3°  dame  placée  sur  une  case  dcjà  faite.  Dame 
passée,  celle  qui  ne  peut  plus  servir  à  faire  le  plein. 
Il  Dames  rabattues,  sorte  de  jeu  différent  du  tric- 
trac, mais  qui  se  joue  avec  les  mêmes  pièces. 
Il  13°  Nom  vulgaire  de  différents  oiseaux  :  le  grèbe 
huppé, l'effraye,  la  hulotte,  la  mésange.  ||  Belle -dame 
ou  bonne-dame,  nom  d'un  papillon.  ||  14°  Terme  de 
botanique.  Dame  d'onze  heures,  plante  liliacée  à 
fleurs  blanches  qui  ont  l'extérieur  des  pétales  vert. 
Il  Belle-dame  ou  bonne-dame,  l'arroche  des  jardins. 
Il  15°  Masse  dont  se  servent  les  paveurs  et  autres 
ouvriers  pour  battre  et  enfoncer.  Ou  dit  plutôt  de- 
moiselle; le  nom  propre  est  hie.  Il  Pièce  de  fonte  qui 
ferme  la  porte  du  creuset  dans  les  grosses  forges. 
Il  16°Terme  de  marine.  Nom  de  deux  chevilles  de 
fer  plantées  sur  l'arrière  d'une  embarcation  di' chaque 
côté  d'un  grelin  pour  le  fixer.  ||  Doubles  toleis  plats 
servant  à  retenir  les  avirons  qui  n'ont  pas  d'estropes. 
f|17°Terme  d'astrologie  judiciaire.  On  dit  d'une  pla- 
nète qui  domine  dans  un  thème  céleste,  qu'elle  est 
dame  de  l'ascendant.  ||  18°  En  langage  de  matrones, 
chargées  jadis  de  faire  des  rapports,  dame  signifiait 
la  partie  moyenne  de  la  membrane  hymen. 

—  HlST.  XI*  s.  Pur  sa  bealté  dames  lui  sont  amies, 
Ch.  de  Itol.  Lxxv.  ||  xii*  s.  Et  tantes  dames  veuves 
de  lor  maris,  Itoiic.  p.  72.  Mais  à  dame  de  valor  Doit 
on  penser  nuit  et  jor,  Couct,  i.  Et  se  je  truis 
[trouve]  ma  dame  o  ledouz  nom  Pleine  d'orgueil  et 
dame  sans  guerdon,  ib.  ii.  Bêle  dame  me  prie  de 
chanter,  ib.  x.  Aussi  comme  en  la  mer  est  puissanz 
la  baleine.  Sur  tous  autres  poissons  est  dame  et 
chaslelaine,  Sax.  xxx.  Les  geniix  dame,  chascune 
ot  son  sautier,  Et  si  faisoient  le  dame  Dieu  mestier 
[le  service  du  Seigneur  Dieu],  Haoul  de  Cambrai, 
52.  ||xiii's.  Dame,  ce  dist  Pépins,  on  ne  doit  pas 
douter,  Berle,  iii.  [La  serve]  En  la  chambre  s'en 
va  [à]  Berte  sa  dame  dire,  ib.  iiv.  De  tel  geu,  com 
l'on  fait  des  mains,  Estoit-ele  dame  et  il  mestre, 
Lai  de  l'ombre.  Et  n'est  de  nulle  riens  certaine,  Ains 
mettes  amans  en  grant  paine.  Et  se  fait  d'aus  [d'eux] 
dame  et  mestresse.  Mains  en  déçoit  par  sa  promesse, 
la  Rose,  4083.  Se  Ii  empereres  de  Homme,  Sous  qui 
doivent  estre  tuit  homme.  Me  daignoit  voloir  pren- 
dre à  famé,  Et  faire  moi  du  mor.de  dame....  ib. 
8800.  Se  elle  est  dame,  qu'ele  y  cnvoit  chevalier, 
et  s'ele  est  demoiselle,  que  elle  y  eiivoit  esciiier, 
BEAUM.  XXIX,  I».  Et  lor  disoit  que  les  autres  bones 
viles  s'estoient  accordées  privéement,  qu'eles  nevo- 
loient  plus  estre  en  obéissance  du  seigneur,  et  seroit 
cascune  vile  dame  de  soi,  id.  xxx,  63.  i  vous  toz  faiz-je 
ma  clamor  D'ypocrisie,  Cousine  gernwine  Hérésie, 


DAM 

Oui  bien  à  la  terre  saisie;  Tant  est  grant  dame, 
Oii'ele  en  enfer  metra  mainte  ame,  rtjteb.  203. 
Wide  chambre  fait  foie  dame,  leroiix  dk  lincy, 
Prov.  t.  I,  p.  213.  On  sert  le  chien  por  le  seignor; 
fit  por  l'amor  le  chevalier  Baise  la  dame  l'escuier, 
IIEBBERS.  Dolopalhns,  dans  leboux  te  lincy,  t.  ii, 
p.  48».  Il  XV  s.  Kt  [les  Gantois  à  Dam]  mirent  fem- 
mes et  enfiints  prisonniers  dedans  le  moustier,  et 
proprement  ils  firent  enirer  les  dames  chevaleresses, 
FBOlss.  II,  II.  232.  Sa  dame  de  mère   lui  acordoit 

tout  ce  qu'il  disoit....  ID.  i,  i,  <"« Et  obeirO)ent  à 

li  comme  àleurdame,  et  à  son  fils  comme  à  leur  sei 
(,'neur,  ID.  1, 1,  9.  A  ce  propos  raconte  Valere  de  Sci- 
pion  que  il  fit  Rome  dame  de  Carthage  et  du  pays  d'A- 
frique, Bnuciq.  m,  ch.  <3.  ||  xvi-  s-  Dame  qui  moult 
sa  mire  peu  file,  ler.  de  lincy,  Prov.  1. 1,  p.  213. 

—  ËTYM.  Bourgnig.  daime;  provenç.  dama,  et 
plus  habituellement  dompna,  dnmna,  dona  et  par 
abréviation na,  etencore  doHS;  espagn.  doi'iaeldue- 
)'ia;  ital  donna;  du  latin  domina.  Le  changement 
del'o  enon'estpas  très-rare  dans  l'ancien  français  : 
en  pour  on,  dam  pour  dom,  etc.  On  trouve  quelque- 
lois  dôme  :  xiu*  s.  L'aumône  que  ma  dorae  Teeiine 
aveit  fait  à  De  [Dieu]  e  aus  hospitaulers,  Bibl.  des 
Ch.  3«  .série,  t.  v,  p.  87. 

2.  DAME  (da-m'),  interj.  expUlive  qui  est  une 
formule  d'affirmation,  comme  hsrcJe  en  latin.  Mais, 
dame,  oui.  Oh!  dame,  non.  Ah  !  dame,  vous  m'en 
direz  tant!  Oh!  dame,  interrompe/.  -  moi  donc! 
MOL./).  Juan,  m,  4.  Damel  quand  on  est  belle, 
on  ne  l'est  pas  pour  rien,  hautehoche.  Bourg,  de 
qualité,  I,  *.  Damel  je  ne  sais  pas  si  bien  mentir 
que  vous,  boursault,  Merc.  gai.  i,  3.  Si  elle  est 
devenue  si  glorieuse,  dame,  je  ne  saurais  que  faire, 
MARIVAUX,  UaTianne,b'  part.  t.  u,  p.  234.  Dame! 
oui,  je  lui  dis  tout....  hors  ce  qu'il  faut  lui  taire, 
BEAUM.  i/or.  deFig.ui,  9.  Oh  I  damel  c'est  une 
Française,  cela  se  vend  bien,  tout  le  monde  m'en 
demande,  champfort.  Marchand  de  Srnyrne,  se.  8. 
Enfin  te  tairas-tu?  —  Dame  I  on  défend  ses  droits, 
COL.  d'harlev.  Malice  pour  malice,  i,  8. 

—  ÉTYM.  Dame  s'est  dit  au  masculin  (voy.  l'his- 
toriquede  dom)  pour  seigneur;  daine  Dieu  est  conti- 
nuellement dans  les  anciens  texles;  et  dame  Dieu 
ou,  simplement,  dame,  est  devenu  une  interjection 
comme  seigneur  Dieu  ou  seigneur;  c'est  cet  emploi 
fréquent  de  dame  Dieu  qui  fait  penser  que  dame, 
interjection,  vient  de  dame  masculin  et  non  de  dame 
féminin  (iVofre-ilanie, la  sainte  vierge). /)o.me,  s.  m. 
vient  de  dominus,  comme  dame,  s.  f.  vient  de 
domina. 

3.  DAME  (da-m'),  t.  f.  Terme  d'architecture  hy- 
draulique. Nom  qu'on  donne,  en  creusant  les  terres, 
particulirTement  pour  un  canal,  à  de  petites  digues 
qu'on  laisse  d'espace  en  espace  pour  arrêter  l'eau 
qui  s'y  trouve,  ou  à  de  petites  langues  de  terre  qu'on 
conserve  dans  d'autres  vues.  ||  Terme  de  ponts  et 
chaussées.  Petits  cônes  de  terre  laissés  dans  les 
fouilles  pour  servir  de  témoins  lors  du  métré  des 
déblais.  Il  Terme  d'art  militaire.  Dame  de  mine, 
masse  de  terre  qui  est  restée  debout  après  une  ex- 
plosion. Dame  de  fortification,  petite  tour  à  centre 
plein,  en  maçonnerie,  qui  surmonte  le  milieu  d'un 
bilardeau  de  fossé  inondé. 

—  ETYM.  Allem.  Damm,  digue. 

DAME,  EE(da-mé,  mée),  part,  passé.  Terme  du 
jeu  de  dames.  Une  dame  damée  peut  aller  en  tous 
sens.  Il  Fig.  et  familièrement,  femme  damée, 
femme  qui  est  mariée. 

t  DAME-ArBEKT(da-m6-bèr),  s.  f.  Prune  jaune 
d'un  goût  médiocre.  Il /lu  plur.  Des  dame-aubert. 

DAME-JEANNE  (da-me-jà-n'),  ».  f.  Sorte  de  très- 
grosse  bouteille  en  terre  ou  en  verre  qui  sert  à  gar- 
der et  à  transporter  du  vin  ou  des  liqueurs  et  qui 
est  ordinairement  de  la  contenance  de  50  à  6o  li- 
tres. Il  Dans  la  marine,  grosse  bouteille  de  verre, de 
la  contenance  de  (7  à  <8  litres,  garnie  de  natte  et 
servant  à  la  distribution  de  la  boisson  de  l'équipage. 
Il  Au  plur.  Des  dames-jeannes.  Quelques  gram- 
mairiens veulent  qu'on  écrive  des  dame-jeanne  (le 
pluriel  tombant  sur  boutnUe  sous-entendu),  mais 
la  première  orthographe  est  plus  naturelle. 

—  ÊTYM.  Dame,  et  Jeanne. 

t  DAMELOT  (da-me-lo),  s.  m.  Variété  de  pomme. 

t.  DAMER  (da-mé),i;.  a.  ]\  l'  Au  jeu  d'échecs, 
d»mer  un  pion,  mener  un  pion  dans  une  des  cases 
de  la  dernière  rangée  de  l'échiquier  :  il  a  alors  la 
même  valeur  et  les  mêmes  propriétés  que  la  reine 
ou  dame;  et,  pour  marquer  que  c'est  une  nouvelle 
dame,  on  lui  adjoint  un  autre  pion  qu'on  met  avec 
lui  sur  la  même  case,  c'est  là  proprement  damer  un 
pion.  Il  Au  jeu  de  dames,  damer  un  pion,  et  moins 
exactement  damer  une  dtme,  c'est  mener  aussi  un 


DAM 

de  ses  pions  sur  la  rangée  qui  est  la  plus  près  de 
l'adversaire;  alors  au  lieu  de  faire  un  seul  pas  k  cha- 
que coup,  il  peut,  comme  la  dame  des  échecs,  par- 
courir la  ligne  entière  et  prendre  à  distance  les 
pions  qui  sont  en  prise.  Pour  faire  reconnaître  le 
pion  ainsi  augmenté  ,  on  met  une  seconde  dame 
sur  la  première,  et  l'on  dit  qu'on  a  damé  cette 
dame.  ||  Familièrement.  Damer  le  pion  à  quel- 
qu'un, le  supplanter,  avoir  l'avantage  sur  lui; 
locution  qui  vient  de  ce  que  le  pion  damé  montre 
ou  détermine  une  grande  supériorité  chez  le  joueur 
qui  va  à  dame.  Il  [Voltaire]  a  pris  ce  jésuite  pour 
lui  dire  la  messe  et  pour  jouer  avec  lui  aux  échecs; 
je  crains  toujours  que  le  prêtre  ne  joue  quelque 
mauvais  tour  au  philosophe  et  ne  finisse  par  lui 
damer  le  pion  et  peut-être  le  faire  échec  et  mat, 
d'alemb-  Lettre  au  roi  de  Prusse,  20  juin  <768. 
Il  2°  Anciennement,  accorder  à  une  demoiselle  le 
titre  de  dame,  titre  qui  ne  se  donnait  qu'aux  fem- 
mes de  nobles  ou  d'écuyers.  ||  3°  Battre  les  terres  et 
les  pavés  avec  le  bloc  de  bois  appelé  dame.  ||  Terme 
d'artillerie.  Fouler  également  la  charge  d'un  mortier. 

—  HIST.  xin'  s.  C'est  une  dame  de  haut  prix,  Qui 
est  tant  digne  d'estre  amée,  Qu'ele  doit,  rose,  estre 
damée  [recevoir  un  titre],  la  Rose,  dans  bichelet. 
Il  XVI"  s.  Je  dameray  ce  conte  [je  dirai  un  conte  pa- 
reil], dist  Panurge,  vous  racontant  ce  que  Breton 
Villandry  respondist  ung  jour  on  seigneur  duc  de 
Guise,  BAB.  Pant.  iv,  4(, 

—  ÉTYM.  Dame  l . 

.  f  2.  DAMER(da-mé),  V.  o.  Terme  d'architecture. 
Donner  à  quelque  chose  un  demi -pied  de  pente. 
DAMERET  (da-me-rè;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire:  au  pluriel,  \'s  se  lie:  des  da-me- 
rè-z  efféminés;  damerets  rime  avec  traits,  succès, 
paix,  etc.),  s.  m.  Homme  dont  la  toilette  et  la  ga- 
lanterie ont  de  l'affectation.  Oue  certain  dameret  qui 
veut  me  supplanter  Se  sentira  du  don  que  j'ai  de 
bien  frotter,  scarron,  Jodelet  duelliste,  dans  le- 
boux, Dict.  comique.  Ils  font  les  damerets,  sont  de 
tous  les  plaisirs,  halter.  Appar.  tromp.  i,  2.  Un 
vieillard  insensé  Oui  fait  le  dameret  dans  un  corps 
tout  cassé,  MOL.  Éc.  des  mar.  i,  4.  ||  Adjectivement. 
Gardez  donc  de  donner,  ainsi  que  dans  délie,  L'air 
ni  l'esprit  français  à  l'antique  Italie,  Et,  sous  des 
noms  romains  fai.sant  notre  portrait.  Peindre  Caton 
galant  et  Brutus  dameret,  boil.  Art  p.  m.  Que  nos 
auteurs  damerets,  que  nos  tyrans  philosophes  con- 
naissent enfin  leur  petitesse,  gilb.  le  Carnaval  des 
auteurs.  ||  Chariot  dameret,  nom  primitif  des  car- 
rosses suspendus. 

—  HiST.  XVI'  s.  Comme  sont  protonotaires  dame- 
raux,  ou  autres  muguets  et  mignons  de  cour,  calv. 
134.  Il  faisoit  plus  grande  profession  de  courtisan 
et  dameret  à  se  curieusement  ve.stir,  que  des  armes 
et  de  guerrier,  cabl.  ii,  I2.  Il  estuit  fort  dameret, 
s'habillant  toujours  fort  bien,  branï.  Gouast.  Que 
ce  ne  soit  pas  un  beau  garson  et  dameret,  mais  un 
garson  vert  et  vigoreux  ,  mont,  i,  (83.  Ce  sont 
deux  occupations  [la  table  et  l'amour]  qui  s'en- 
tr'empeschent  en  leur  vigueur:  elle  [la  paillardise] 
a  alToibli  nostre  eslomacli,  d'une  part;  et,  d'autre 
part,  la  sobriété  sert  à  nous  rendre  plus  coints,  plus 
damerets,  pour  l'exercice  de  l'amour,  id.  u,  te. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dame,  exprimant  le  goilt 
de  se  parer  comme  une  petite  dame. 

t  DAMERETTE  (da-me-rè-f),  s.  f.  Espèce  da  pa- 
pillon de  nuit. 

t  DAMEïTE  (da-mè-f),  s.  f.  Bergeronnette  à 
collier. 

t  DAMIANES  (da-mi-a-n') ,  s.  f.  plur.  Religieu- 
ses de  Ste-Claire. 

—  ÉTYM.  Pglise  de  St-Damian  d'Assises,  où 
sainte  Claire  prit  l'habit  de  religion. 

t  DAMICORNE  (da-mi-kor-n'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Oui  a  la  forme  d'une  corne  de  daim. 

—  ÉTYM.  Lat.  dama,  daim,  et  corne. 
DAMIER  (da-mié;  rrne.se  lie  jamais;  au  pluriel, 

l's  se  lie  :  lesdamié-z-et  les  dames),  s.  m.  ||  l°Tableau 
divisé  en  loo  cases  sur  lequel  on  joue  aux  dames, 
tandis  que  l'échiquier  sur  lequel  on  joue  aux  échecs 
n'en  a  que  64.  L'ancien  damier  français  n'avait  que 
64  cases  comme  l'échiquier.  ||  Exploitation  en  da- 
mier, d'une  mine,  d'une  houillère,  exploitation 
par  galeries  et  piliers.  ||  2»  Nom  vulgaire  du  pétrel 
tacheté.  i|  Nom  de  quelques  papillons  diurnes.  ||  Es- 
pèce de  coquillage  marqueté  de  différentes  couleurs 
comme  un  damier.  1|  3°  Terme  d'architecture.  Mou- 
lure romane  composée  de  petits  carrés  alternative- 
ment saillants  et  creux. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  damier  dont  les  carrez  sont  de 
cristal,  soubz  lesquels  y  a  des  petites  ileurs  esmail- 
lées,  DE  laborde.  Émaux,  p,  244. 


DAM 


949 


—  ÉTYM.  Dame  1.  D'après  de  Laborde,  ce  mol 
date  du  xvi*  siècle. 

t  DAMMAR  (da-mmar),  j.  m.  Terme  de  chimie. 
Sorte  de  résine  fournie  par  le  dammara  orienlaliS) 
arbre  de  la  Malaisie. 

DAMNABLE(dfl-na-bl'),adj.  lU'Oui  mérite,  qui 
attire  la  damnation,  en  parlant  des  choses.  Une 
opinion,  une  doctrine  damnable.  Or  elles  [des  opi- 
nions] ne  sont  pas  damnables.  si  ellesse  sont  trou- 
vées dans  les  martyrs,  si  l'Église  les  y  a  vues  et 
les  y  a  tolérées,  hoss.  Var.  >••  arerl.  §  23.  ||  Qui 
mérite  d'être  damné,  en  parlant  des  personnes.  Les 
faire  damnables  de  cette  sorte,  c'est  .sans  doute  les 
faire  pécheurs,  et  Luther  l'enseigne  aussi  en  termes 
formels.  Boss.  Var.  2'  aven.  §  (i.||2"0ui  mérite 
la  réprobation,  abominable.  Celse  dit  avec  les  Juifs 
que  Jésus-Christ  avait  appris  les  secrets  des  Égyp- 
tiens, c'est  à-dire  la  magie,  et  qu'il  voulut  s'attri- 
buer la  divinité  par  les  merveilles  qu'il  fit  en  vertu 
de  cet  art  damnable,  boss.  Ilist.  ii,  t2.  Ces  dam- 
nables exemples,  id.  ib.  u,  t.  La  passion  dominante 
fut  une  damnable  ambition,  bouud.  Myst  Épiph. 
t.  I,  p.  (23  Porte,  porte  aux  tyrans  tes  damnables 
maximes,  corn.  Perihar.  u,  3.  Je  ne  recherche 
plus  la  damnable  origine  De  cet  aveugle  amour  oit 
Placide  s'obstine,  id.  ib.  ii,  6.  Va,  dangereux  ami, 
que  l'enfer  me  suscite,  Ton  damnablearlifice  en  vain 
mesoUicite,  id.  Théodore,  v,  3.  Ah!  mon  fils,  étouf- 
fez ce  damnable  dessein,  botr.  Aniig.  i,  8.  Ces 
damnables  complots  sont  des  gens  de  la  cour,  id. 
liélis.  Il,  9. 

—  HIST.  XV*  s.  Disant  que  oncques  u'avoit  failly, 
mais  soustendroit  que  le  duc  de  Clocestre  avoit  mal- 
vaise  querelle  et  dampnable,  fenin,  i425.  |]  xvi' s. 
Ceste  surprise  n'estoit  pas  moins  damnable  ny  moins 
meschanle,  que  celle  de  la  Cadmée  à  Thebes,  amïot, 
Agésil.  4). 

—  ÉTYM.  Provenç.  dampnable;  anc.  espagn.  dana- 
ble,  damnable;  Ua.i.dannabile;du  latin  da/nnofcii'i, 
digne  d'être  condamné,  de  damnare  (voy.  damner). 

DAMNABLEMENT  (dâ-na-ble-man),  adi).  D'une 
manière  damnable.  [Cromwel  disait]  Charles  II  est 
trop  damnablement  débauché  pour  me  pardonner 
la  mort  de  son  père,  chateaub.  Stuarts,  276. 

—  ETYM.  Damt^ble,  et  le  suffixe  ment. 
DAMNATION   (dâ-na-sion;   eu   vers,   dfi  quatre 

syllabes),  s.  f.  ||  1°  Condamnation.  En  matière  de 
crime,  il  n'y  a  nulle  justice,  nulle  damnation  par- 
.faito,  sans  défense  contradictoire,  pellisson,  ii.  I»7.,. 
Vieux  en  ce  .sens.  |1  2° Condamnation  aux  peines  dei 
l'enfer  après  la  mort  et  dans  une  autre  vie.  Il  serait 
en  état  de  damnation,  pasc.  Prou.  6.  Que,  bien  loin 
de  former  en  secret  des  désirs  de  leur  salut  [des 
jansénistes],  vous  avez  fait  en  public  des  vœux  pour 
leur  damnation, id.  ib.  u.  Des  gens  qui  sont  en  état 
de  damnation,  boss.  l'ar.  xv.  La  certitude  de  votre 
damnation  a  pour  fondement  la  plus  commune  da 
toutes  les  règles,  mass.  Car.  Fausse  confîahce.  Que 
tout  homme  soit  obligé  de  la  suivre  sous  peine  de 
damnation,  j.  j.  Eouss.  ^m.  iv.  Aucun  n'a  vu  de  si 
funestes  suites  de  ses  péchés  que  celles  qu'ils  [Adam 
et  Eve]  ont  vues  de  leur  désobéissance,  puisque 
tous  les  maux  qui  sont  arrivés  à  tous  les  hommes 
ensemble,  tous  les  péchés  qui  se  sont  commis  dans 
le  monde,  et  la  damnation  de  ce  nombre  innom- 
brable de  réprouvés  sont  des  suites  de  leur  crime, 
NICOLE,  Ess.  de  moT.  2'  traité,  ch.  5.  ||  Soried'im- 
précation  arrachée  par  la  colère  ou  le  désespoir  que 
l'on  prononce  contre  soi  ou  les  autres.  Mort  et  dam- 
nation! Enfer  et  damnation  !  ||  Jurer  sur  sa  damna- 
tion, jurer  en  disant  qu'on  veut  être  damné  si.... 
Il  promit  plus  que  Léandre  ne  voulut,  et  jura  sur  sa 
damnation  éternelle  de  tenir  tout  ce  qu'il  promet- 
tait ,  SCAHBON  ,   Ron\.    com.    2'  part.  ch.  9. 

—  HIST.  xii*  s  Li  muititudine  de  la  mercit  c'en 
lor  a  mostreit  lor  turne,  à  la  parsorame,  en  accom- 
blement  de  droituriere  dampnasion,  ST  Bernard, 
6.^9.  Maintes  fois  est  nostre  oevre  occaisons  de 
dampnation,  et  si  quidons  [pensons]  ke  ele  seit  creis- 
semeiis  de  vertu.  Job,  469.  ||  xiii'  s.  U  (les  Juifs]  ne 
peurent  droiture  avoir  ,  Ne  droiture  ne  acboison. 
Par  quoy  [Jésus]  fusl  en  dampnation,  St-Graal,  T. 
403.  Tu  tenis  la  moie  main  destre,  ne  me  consentis 
mie  du  tout  choir  en  dampnation.  Psautier,  f  87. 
Diex  i  sofri  pournousmorteldamnation,  QuanlJudas, 
ses  disciples,  i  fist  la  traïson,  Ch.  d'Anl.  i,  842.  Et 
lor  promet,  en  ses  idées.  Des  euvres  qu'il  auront 
ovrées,  Sauvement  ou  dampnacion,  la  Rose,  (7685. 
(I  XV'  s.  Ne  nulle  part  ne  porcion  N'y  aura,  et,  pour 
mieulx  valoir.  Le  jure  en  madampnacion,CH.  d'ohl. 
Bail.  79.  Ages  de  plour,  d'envie  et  de  tourment, 
Temps  de  langour  et  de  dampnacion,  E.  DEscii 
Du  temps  2}resent, 


950 


DAM 


—  <TYM.  Prorenç.  dampnalin;  anc.  cspaRn.da- 
iacion.  damnacùm;  poriug.  damnafân;  ilal.  dan- 
nattone;  du  lalin  damnalionem,  de  damnnre  (  voy. 
DAMNKii).  Dans  l'ancien  français  on  liisail  lieaucoup 
plus  aouTcnt  damjtnement  ou  damnemfnl  que  damna- 
tion. On  remarc]uera  le  p  parasite  qui  s'était  intro- 
duit dans  ce  mot,  oomma  dans  dompter,  du  latin 
dotnarê. 

DAMNÉ,  t.K  (dâ-né,  née),  part,  passé.  Qui  est 
frappé  des  peines  do  l'enfer.  Ces  théoloRieiis  se 
Toient  contraint»  par  leurs  principes  erronés  à  re- 
connaître d'un  côté  que  las  fidèles  ainsi  plongés 
dans  le  crime  seraient  damnés  s'ils  mouraient  alors; 
(t  de  l'autre,  qu'ils  ne  décliéent  pas  de  l'état  de 
la  justification,  noss.  Var.  xiv,  $  no.  Il  faut  que  je 
vous  reprenne  l'Ame  damnée  de  la  Voisin  [célèbre 
empoisonneuse];  on  assure  au  contraire  que  son 
confesseur  «  dit  qu'elle  avait  prononcé  Jésus  Maria 
au  milieu  du  feu;  c'est  peut-être  une  sainte,  sév. 
Letl.  »  mars  (8»o.  {|  Familièrement.  C'est  son  9me 
damnée,  se  dit  d'une  personne  aveuglément  dévouée 
aui  senlimeiils,  aux  vuluntés  d'une  autre.  Ils  [les 
Chavigny)  devinrent  les  instruments  de  l'abbi  Du- 
bois, puis  ses  confidents  et  ce  que,  en  langage  com- 
mun ,  on  appellerait  ses  âmes  damnées ,  st-sim. 
a«o,  234.  Il  Familièrement,  et  comme  expression 
d'impatience,  de  mécontentement.  Cette  damnée 
âiïaire.  Je  me  trouvai  hier  chez  Mlle  Stwart,  après 
l'audience  de  ces  damnés  moscovites,  n*uiLT. Cramm. 
t.  Il  faut  que  ce  damné  cerf  nous  ait  fait  faire  un 
chemin....  coi.lR,  l'art,  de  chasse  de  Henri  IV,  ii, 
t.  Il  Substantivement,  les  démons  et  ceux  dos  hom- 
mes qui  ont  mérité  lus  peines  éternelles.  C'est  par 
ee  sentiment  (désir  de  fuir  Dieu  qu'on  a  ofl'ensé] 
que  les  damnés  se  précipiteront  eux-mêmes  dans 
l'enfer,  comme  au  lieu  le  plus  ténébreux,  le  plus 
éloigné  de  Dieu,  et  où  ils  seront  moins  percés  dos 
rayons  pénétrants  de  sa  justice,  Nicole,  Ess.  mor. 
f  traité,  chap.  10.  Byron,  viens  en  tirer  [  de  ta 
lyre]  des  torrents  d'harmonie;  C'est  pour  la  vérité 
que  Dieu  fit  le  génie;  Jette  un  cri  vers  le  ciel,  6 
ehantre  des  enfers;  Le  ciel  mùme  aux  damnés  en- 
viera tes  conci  rts,  lamaht.  Iliid.  i,  2.  ||  Souffrir 
comme  un  damné,  ou  comme  une  flme  damnée, 
souiïrir  d'une  manière  excessive, Jiorrible. 

I  D.XMNEMK.NT  (dâ-ne-man),  s.  m.  L'état  de 
ceux  qui  sont  damnés. 

—  HIST.  XII'  s.  Mais  je  n'es  [ne  les]  cslis  mio  pour 
le  lor  dampnement,  Sasc.  xxi.  ||  xiu'  s.  Car  la  lelre 
neïs  [même]  tesmoigne  Ou  sisiesme  livre  Virgile, 
Par  l'auctorilé  île  Sebik».  Que  nus  qui  vive  chaste- 
ment Ne  puet  venir  K  dampnement,  la  llnse,  ouôO. 
Il  XV»  s.  Et  ont  procuré  son  déshonneur  et  damne- 
ment  de  sa  bonne  mémoire  et  renommée  et  de  sa 
postérité  et  génération,  monstrel.  i,  I8i.||xvi"s. 
Je  dy  qu'il  n'est  desplaisir  que  plaisance,  Veu  que 
la  fin  n'en  est  que  <lampnement,   marot,  m.  280. 

—  ÊTYM.  Damner;  [irovenç.  dampnamen ;  anc. 
espagn.  daiiamicnlo ;  iliii.  dannammto. 

DAMNEH  (ilà-né),  u.  a.  {|  !•  Condamner  aux  pei- 
nes de  l'enfer.  Dieu  damnera  les  méchants.  C'est 
une  assez  plai.sante  chose  d'être  hérétique  pourcela; 
je  croyais  bien  qu'on  fût  damné  pour  n'avoir  pas  de 
bonnes  pensées,  mais  (|u'on  le  soit  pour  ne  pas  croire 
que  tout  le  monde  en  a,  vraiment  je  ne  le  pensais  pas, 
PASC.  l'riiv.  ♦.  Il  Dieu  medamnel  Uicut.inlerjecl.  Ahi, 
ahi,  doucement;  Dieu  me  damne,  mesdames,  c'est 
fort  mal  en  u.ser,  mol.  les  Prie.  tu.  ||  2"  Causer  la 
damnation.  Les  plaisirs  innocents  le  deviennent  bien 

{péchés  mortels]  par  l'excès  de  l'attachement,  se- 
on  la  doctrine  des  saints,  et  seuls  ils  ont  pu  dam- 
ner le  mauvais  riche  pour  avoir  été  trop  goûiés, 
Boss.  harie-Thir.  On  peut  dire  que  l'ignorance 
damne  plus  de  princes  et  de  grands  que  de  per- 
sonnes de  la  condition  la  plus  vile  ,  mass.  A\>. 
tpiph.  Au  lieu  de  ces  mœurs  molles  et  mondaines 
qui  aussi  bien  vous  damneront,  ne  refusez  rien  à 
TOs  passions,  ID.  Car.  Salut.  Au  lieu  de  ce  con- 
fesseur indulgent  qui  vous  damne,  mettez-vous  au 
large,  n'en  ayez  point  du  tout,  id.  l'b.  Ce  n'est  pas 
rendurcisscment  qui  vous  damnera;  c'est  une  sen- 
sibilité de  conscience  qui  vous  amuse  et  ne  vous 
corrige  point,  m.  Car.  Sur  la  rechute.  \\  3*  Héputer 
digne  de  la  damnation.  Vous  damnez  les  gens  de 
bien,  parce  qu'ils  ajoutent  à  leur  piété  quelques 
endroits  qui  vous  res.semblent,  mass.  Car.  Injusi. 
du  TFKinde.  Vous  damnez  le  juste  sur  les  marques 
les  plus  êgères  et  les  plus  excusables  de  l'huma- 
nité et  de  la  faible.sse,  m.  ib.  On  ne  sait  k  qui  en 
croire,  nous  dit-on  tous  les  jours;  les  uns  vous 
damnent,  les  aitres  vous  sauvent,  id.  Carême, Sa- 
maritains. Ce  rêveur  fanatique  Damnant  la  genre 
humain  qu'il  prétend  convertir,  volt.  Dise.  s.  Ami , 


DAM 

ne  préviens  point  le  jugement  céleste;  Respecte 
ces  mortels,  pardonne  à  leur  vertu  :  Ils  no  t'ont 
point  damné;  pourquoi  les  damnes-tu'?  voi.T.  Loi 
nalur.  3«  part.  ||  4'  Fig.  Faire  damner  (]uelqu'un, 
le  Iniirmenler  ou  l'impatienter  à  l'excès.  Lauziin  le 
fit  damner  [Tessé],  et  se  fit  prier  longtemps,  en  lui 
faisant  accroire  qu'il  savait  mieux  qu'il  ne  disait, 
sTsisi.  00,  7.  Vous  me  feriez  damner,  ma  mère; 
je  TOUS  di  Que  j'ai  vu  ,  de  mes  yuux,  un  crime  si 
hardi,  mol.  Titrt.  v,  3.  ||  5*  Se  damner,  v.  rc/l.  At- 
tirer sur  soi  les  peines  de  l'enfer.  Quoi  I  disent- 
ils,  si  ces  choses-là  n'étaient,  des  religieux  les  pu- 
blieraient-ils ,  et  voudraient-ils  renoncer  à  leur 
conscience  et  se  damner  par  ces  calomniesT  pasc. 
Prnv.  <i.  11  y  a  des  gens  qui  se  damnent  si  sot- 
tement, ID.  Canv.  3.  L'un  se  damne  comme  un 
désespéré;  l'autre  comme  un  indolent  qui  se  laisse 
tranquillement  entraîner  par  les  flots;  mass.  Car. 
Viriti  de  la  religion.  On  sait  en  général  que  le 
grand  nombre  se  damne,  id.  th.  Petit  nombre.  On 
l'autorise  [le  pénitent]  dans  son  erreur,  on  l'entre- 
tient dans  son  libertinage,  on  le  damne  et  on  se 
damne  avec  lui,  bourhal.  Carême,  Sur  les  tenta- 
tions. Il  Fig.  Se  damner,  s'impatienter,  faire  du 
mauvais  sang,  au  point  de  jurer,  de  sacrer.  F.t  j'en- 
tends dire  chaque  jour  De  la  fenêtre  où  je  me  damne  : 
La  maison  de  Monsieur  Vautour  Est  celle  où  vous 
voyez  un  ine,  dêsaugikrs,  M.  Vautour,  se.  4. 

—  IIIST.  XII'  s.  Li  clerc  deivont  les  lais  [laïques] 
e  luranemes  [,1mes]  guarder;  Nuls  ne  deit  sun  pré- 
lat ,  na  clerc  ne  lai  dampner ,  Th.  le  mart.  30. 
Il  xiii*  s.  Miex  [je]  voudroie  estre  morte,  se  ne  soie 
ilampnée,  Berte,  cxv.  Cil  sens  [seul]  pechié»  le 
dampne  plus  Que  nus  péchiez  qu'il  peûst  faire,  la» 
du  consnl.  Mais  aucuns  qui  ce  m'orroit  dire,  Por 
mon  dit  dampner  ou  despire.  Des  rois  me  porroit 
oposer.  Oui....  la  Uose,  6284.  Heqiiirent  moi  que 
leur  jujasse.  Et  je  à  la  mort  le  dampnasse,  saint- 
0HAAL,v.  4311.  Il  xV  s.  11  n'estoit  pas  à  croira  que 
tant  de  preud'hommes  se  voulsissent  damner  pour 
la  faveur  d'un  tout  seul  homme,  Bouciq.  m,  ch.  4. 
Il  XVI*  s.  Le  pauvre  Adam  damné  très  justement  II  a 
sauvé  et  sa  posieriié,  uahot,  iv,  346.  Soit  qu'il 
eust  en  haine  et  abomination  Fimbria  comme  per- 
sonne damnée  [scélérate],  AMYOT,  Lucull.  s. 

—  ÊTYM.  l'roveiiç.  dampnar  ;  anc.  espagn.  daûar, 
damnar  ;  porlug.  damnar;  ital.  damnare;  du  latin 
damnnre,  condamner. 

t  DAMOCLÈS  (da-mo-klès'),  *.  m.  Nom  propre, 
employé  dans  celte  locution  ;  l'épée  de  Damoclès, 
pour  dire  un  danger  présent,  et  qui  nous  menace 
toujours.  Chercher  un  ami  sûr  à  qui  je  pusse  con- 
fier celte  épée  de  Damoclès  [des  lettres  de  change 
non  payées  et  pouvant  faire  mettre  immédiatement 
en  prison] ,  n'éiait-ce  pas  penser  à  vous?  cil.  de  bkr- 
NARD,  la  Cinijuanlaine ,  §  6.  De  Damoclès  l'épée  est 
bien  connue;  En  songe,  à  table, il  m'a  semblé  lavoir; 
Sous  cette  épée  et  menaçante  et  nue  Denys  l'ancien 
me  forçait  à  m'asseoir,  iiêrano.  VÉpée  de  Dam. 

—  ÊTYM.  Damoclès,  courtisan  qui,  vantant  le 
bonheur  de  Denys  le  tyran,  à  Syracuse,  fut  mis  par 
ce  prince  en  possession  do  toutes  lesdélices,  à  la  condi- 
tion d'avoir  sur  la  tête  une  épôe  suspendue  par  un  crin 
de  cheval,  et  qui  renonça  vite  &  un  pareil  bonheur. 

DAMOl.SEAU  (da-moi-zô),  s.  m.  ||  1'  Titre  donné 
autrefois  &  un  jeune  gentilhomme  qui  n'était  pas 
encore  reçu  chevalier.  On  dit  aussi  damoisel.  Ils  [les 
Vaudemont]  avaient  donné  cette  seigneurie  [Com- 
mercyl  en  fiel  à  des  seigneurs,  sous  la  nom  de  da- 
moiseaux, ST-siM.  478,  t2i.  Je  VOUS  ferai  voir  qu'A- 
madis  de  Gaule,  sous  le  titre  de  damoisel  de  la  mer, 
mit  fin  à  ses  plus  belles  aventures,  et  qu'Amadis 
de  Grèce,  lorsqu'il  était  appelé  le  damoisel  de  l'ar- 
dente épée,  occit  un  grand  lion  et  délivra  le  roi 
.Uagadan,  voit.  Utt.  48.  Bientôt  on  passait  à  l'of- 
fice de  page  ou  de  damoiseau  dans  le  chiVteau  de 
quelque  baron,  ciiateaud.  Génie,  iv,  v,  4.  ||  ï"  Jeune 
homme  empressé  et  galant  auprès  des  femmes.  Je 
prétends  qu'on  soit  sourde  à  tous  les  damoiseaux . 
mol.  le  Dép.  V,  ».  El,  voyant  arriver  chez  lui  le 
damoiseau  ,  Prend  fort  honnêtement  ses  gants  et 
son  manteau,  in.  École  des  femmes,  i,  t.  Nous  sa- 
vons toute  l'inlrigiie  du  rendez-vous  et  du  damoi- 
seau, iD.  G.  Dandin,  m,  8 Je  ne  suis  pas  homme 

à  gober  le  morceau.  Et  laisser  le  champ  libre  aux 
yeux  d'un  damoiseau,  id.  Ec.  des  femmes,  il,  4. 
Voilà  de  mes  damoiseaux  fluets  qui  n'ont  pas  plus 
de  vigueur  que  des  poules,  id.  l'Arart,  l,  «.  La 
fleurette  et  ce  badinage  Dont  un  damoiseau  vous 
combat.  Ne  donnent  pas  un  éijuipage  Comme  les 
pistoles  d'un  fat,  sedrais,  Stances  à  une  fille  qui 
faisait  des  avances  d  t4n  sot  pour  l'ipoustr.  ||  S"  Es- 
pèce d'antilope. 


DAN 

—  HIST.  XII*  g.  Lors  dist  tu  damisel  i  Venez  avant, 
Tierri ,  Itonc.  p.  4  B2.  Tierris  11  damoisals  vers  le  citi 
esgarda,  ib.  ||  xiii*  s.  Deus  damoisiaus  [il]  a  mon 
[tués]  estrais  [nés]  de  Lnmbardio,  Iterle,  II.  Trois 
fil  en  sont  remè»  moult  bel.  Qui  sont  moult  cointe 
damoisel,  lien.  4  2684.  Est-ce  pour  ce  qu'il  vous  re- 
çut. Kl  nous  et  11  por  vous  déçut,  Et  vous  offri  li 
damoisiaus  Tanlost  ses  chiens  et  ses  oisiaust  la 
llnse,  4  6421.  Savei  que  fet  li  damoisiaus;  En  terre 
rouge  se  toueille.  Le  mort  fet  et  la  sorle  oreille, 
RUTEB.  488.  F.t  Haimons  do  saint  Cille  et  Robera  li 
Mansiaiis,  Godefrois  de  Duillun,  Ustatses  li  dan.siaus, 
Et  liauduinsses  freresqui  encor  ust  lousiaus  [jeune], 
Ch.  d'Ant.  I,  774.  Il  XV*  s.  La  sire  de  Cliçon  avoit  un 
fils,  jeune  damoisel  qui  s'appdoit  Olivier  ainsi  que 
son  pere,FR0iss.  I,  i,  ïiï.  ||  xvi*  s.  Avez-vous  donc 
les  coeurs  moins  damoyseaux  Qu'aspics,  ne  loups, 
et  tels  gentils  oyseauxT  marot,  ii,  60.  Il  s'abilla 
des  habits  d'une  femme.  Et  d'un  héros  devenu  da- 
moiseau, Guidoit  l'esguille  et  tournoit  le  fi'seau, 
BONS.  4 17.  Là  sont  d'a^e  pareils  cent  jeunes  jouven- 
ceaux, Ueaux,  vermeils,  crespelus,  aux  menton»  da- 
moiseaux, ID.  890. 

—  ÊTYM.  Anc.  liégeois,  dameheal;  provenç.  don- 
zel;  anc.  calai.  don:cIi;  espagn.  doncel;  ital.  doii- 
sello;  du  bas-latin  duminicellus ,  diminutif  de  do- 
minus,  seigneur  (voy.  dom).  Dans  l'ancien  français 
damoisels  ou  damoisaus  au  nominatif  singulier, 
damoisel  au  régime;  damoisel  au  nominatif  pluriel, 
damoisels  ou  domotjinuj  au  régime.  Le  mot  s'était 
contracté  en  douzel,  doncel,  et  aussi,  par  le  chan- 
gement assez  fréquent  de  l'o  en  o,  dancel. 

DA.MOISEL  (da-moi-zM),  s.  m.  Voy.  DAMOlSKAt). 

DAÏIOISELLF,  (da-moi-zè-l"),  s.  f.  Titre  qu'on 
donnait  autrefois  dans  les  actes  aux  tilles  nobles. 
En  honneur  les  avance  et  les  fait  damoiselles,  b4- 
ONiER,  Soi.  III.  Il  Fig.  et  familièrement.  Damoiselle 
belette  au  corps  long  et  fluet....  la  font.  fabl. 
m,  47. 

—  HIST.  xni*  s.  Une  fois  ierent  en  dosnoi  [dos- 
noi  ou  mieux  donoi,  la  cour  faite  aux  dames]  Entre 
dames  et  damoiselles,  Fabl.  et  contes  anciens,  t.  I, 
p.  4  04.  En  celle  amour  la  damoisele  ont  prise  Si  pa- 
rent, et  donné  seigneur  Contre  son  gré  un  vavas- 
seiir,  audekr.  le  bast.  Romancero,  p.  t.  La  damoi- 
selle devant  lui  [elle]  vient  ester;  L»  moie  daroo 
[ma  dame],  qu'avez  ci  à  plorer'?  ib.  70.  Aiant  prW 
deux  damoisiellesàtoutdeux  coffres  bien  garnis  d'or 
et  d'argent,  Chron.  de  llains.  p.  6.  Moult  fu  bien 
veslue  Franchise;  Car  nule  robe  n'est  si  bêle  Que 
.sorquanie  à  damoisele,  la  Rose,  1224.  ||  x;v«  s.  la- 
dit  maistre  Girart  pour  la  façon  de  iiij  damoiselles 
de  fust,  nettement  ouvrées  et  painles.à  lion  or  bruni, 
à  tenir  les  miroirs  des  dictes  dames,  i  cause  de  leur 
dicl  atour,  UE  laborde.  Émaux,  p.  S44.  Une  desvi- 
douere,une  damoisellaet  un°s  tables  et  un  estui,  ID. 
ib.  Il  XV'  s.  la  propre  nuit  que  la  maladie  le  prit,  il 
avoit  soupe  en  grant  revel  aveci|ues  damoiselle»  de 
la  ville,  FROiss.  n,  ii,  &«.  ||  xvi*  s.  0  vous,  dames 
et  damoiselles.  Que  Dieu  flst  pour  estre  son  temple, 
MAROT,  II,  204. 

—  RTY^m.  Féminin  de  damoisel  ou  damoiseau; 
wallon,  damehèle;  liégeois,  damesèlt;  namurois, 
damejèle  ;  provenç.  damisela  et  domella;  espagn. 
damisela  et  doncella;  ilal.  damiyella  et  domella. 
Aux  xiir  et  XIV'  .siècles,  dnnwixetle  s'est  dit  d'un 
ustensile  qui  portait  les  miroirsde»  damei. 

t  DANAÏDE  (ila-na-i-<r),  ».  f.  Terme  de  mytho- 
logie. Nom  dos  cinquante  filles  de  DaiiaQ»  qui,  sauf 
une  nommée  Hypermneslre,  assassinèrent  leurs  ni.a- 
ris  la  première  nuit  des  noces  par  l'ordre  de  leur 
père,  et  qui  étaient  condamnées  dans  l'enferà  *ni- 
plir  un  tonneau  pei-cé.  |{  Fig.  Le  tonneau  des  Da- 
naides,  cho.se  qu'on  ne  peut  remplir,  homme  aux 
dépen.ses  de  qui  on  ne  peut  suffire,  jj  Terme  de 
mécanique.  Sorte  de  roue  hydrauUque  récemment 
inventée. 

i  DANCIIÊ,  ÉK  (dan-ché,  chée),  adj.  Terme  de 
blason.  Il  sedit  des  pièces,  lellesque  le  pal,  le  chef, 
la  fasce,  lorsqu'elles  sont  terminées  par  de»  pointes 
en  forme  de  dents. 

—  ETYM.  Probablement  un»  forme  singulière  et 
altérée  de  denté. 

DANDIN  (dan-din),  s.  m.  Homme  niais  et  sans 
contenance.  I)  Perrin  Dandin,  personnification  d'un 
juge  ridicule  et  rapace.  Perrin  Dandin  arrive,  ils  le 
prennent  pour  juge,  la  font.  Fabl.  ix,  ».  ||  George 
Dandin,  paysan  enrichi  qu'un  sot  orgueil  a  porté 
à  s'allier  à  la  noblesse  et  qui  en  est  puni  par  l'inli- 
délilé  de  sa  femme.  Vous  l'avez  voulu;  vous  l'avez 
voulu,  George  Dandin,  vous  l'avez  voulu;  cela  vous 
sied  fort  bien  et  vous  voilà  ajusté  comme  il  faut, 
mol.  g.  Dand.ii,  ». 


DAN 

—  HIST.  XIV*  S.  Desquelles  bestes  Maine  en  avoit 
uns  qui  avoit  un  dandin  ou  clochette  pendue  au 
cou,  nu  CANGE,  sonailla. 

—  ÊTVM.  Anglais,  lodandle,  bercer,  auquel  Diez 
rattache  l'allemund  Tdndelii,  balivernes.  Le  sens  pri- 
mitif de  dandin  est  qui  se  balance,  qui  va  et  Tient, 
sens  conservé  en  dandiner. 

t  DANDINANT,  ANTE  (dan-di-nan,  nan-t'),  adj. 
Oui  dandine.  Un  air  excessif  de  naïveté,  avec  une 
démarche  dandinante,  lui  avait  fait  grand  tort  [à 
Chamillart],et  fait  nierson  esprit,  st-sim.  237,  (48. 
S'il  me  l'avait  proposé  [un  carrosse],  je  n«  me  se- 
rais pas  emboîté  comme  un  sot  dans  celte  caisse  dan- 
dinante, HAnMONT.  Uém.  1. 1,  liv.  ii,  p.  ^^^,  dans 

POL'GF.NS. 

DANDINEMENT  (dan-di-ne-man), î.  m.  Balance- 
ment gauche  et  nonchalant  du  corps. 

—  ÉTYM.  Dandiner. 

DANDINER  (dan-di-né),  V.  n.\\l'  Balancer  son 
corps  d'une  manière  nonchalante  et  gauche.  C'était 
[Chamillart]  un  grand  homme  qui  marchait  en 
dandinant,  st-sim.  "O,  ne.  Les  historiettes  vont  à 
nierveilledans  la  houched'un  homme  qui  semble  mar- 
cher en  dandinant  et  nigaudant.niDER.  Vie/!,  s.  i'esprtl. 
Lesoiseaiix  s'avancenten  dandinant  vers  le  fûté  qua- 
drupède [renard],  CHATEAtiB.  Amer.  18.  Il  2°  Se  dandi- 
ner,», réil.  Se  porter  sur  son  corps  de  côté  et  d'autre.  Se 
dandiner,  fri.ser  un  pied,  faire  un  saut,  palapiiat. 
Ballet  extravagant.  C'est  pour  parler  tout  à  son  aise. 
Se  dandiner  dans  une  chaise.  Et  se  donner  des  ren- 
dez-vous,   DESUOULIÈnES,   dans  RICHELET. 

—  HlST.  XVI*  s.  Il  alloit  chancelant,  dandinant, 
trébuchant,  desper.  Contes,  lxxix. 

—  ÉTYM.  Dandin. 

i  DANDY  (dan-(li),  s.  m.  Homme  recherché  dans 
sa  toilette  et  exagérant  les  modes  jusqu'au  ridicule. 
À  l'incroyable,  au  merveilleux,  à  l'élégant,  ces  trois 
héritiers  des  petits-maîtres,  ont  succédé  le  dandy, 
puis  le  lion,noNonÉ  de  balzac,  dansit!  Z)ic(.  de  poi- 
tevin. Si  l'un  d'eux  pouvait  nourrir  la  prétention  de 
mettre  une  femme  au  tombeau  [par  désespoir  amou- 
reux], c'était,  à  coup  sûr  l'élégant  parisien  et  non 
le  gros  dandy  à  graines  d'épinard  [un  commandant], 
CH.  DE  BERNARD,  la  Femme  de  quarante  ans,  §  4. 
Ses  habits  usés  et  flétris  étaient  taillés  selon  la  mode 
la  plus  élégante  et  annonçaient  un  de  ces  dandys 
furieuxl  tombés  rapidement  d'un  luxe  dissipateur 
dans  une  extrême  misère,  F.  soulié,  les  Forgerons , 

§8. 

—  REM,  On  écrit  au  pluriel  dandys  ou  encore, 
comme  en  anglais,  dandits  (qu'on  prononce dan-di). 

—  ÏTYM.  Angl.  dandy. 

t  DANDYSME  (dan-di-sm') ,  s.  m.  Manières  et  ha- 
bitudes du  dandy. 

—  ËTYM.  Dandy. 

DANGER  (dan-jé;  l'r  ne  se  prononce  et  ne  se 
lie  jamais;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  dan-jé-z  im- 
,  roinents),î.  m.  ||  1°  Terme  de  droit  féodal,  et  d'eaux 
et  forêts.  Droit  qu'avait  le  seigneur  et  plus  tard  le 
roi  sur  les  forêts  de  Normandie,  consistant  en  ce 
que  les  propriétaires  ne  pouvaient  les  vendre  ni  les 
exploiter  sans  sa  permission  et  sans  lui  payer  le 
dixième,  sous  peine  de  confiscation.  ||  Bois  sujet  au 
tiers  et  au  danger,  c'est-à-dire  qui  paye  un  droit 
consistant  dans  le  tiers  de  la  vente,  et  dans  le  tiers 
prélevé  au  profit  du  roi.  ||  Danger  seigneurie,  défen- 
ses, douanes,  exactions,  confiscations,  etc.  que  les 
sqigneurs  des  lieux  exercent  sur  les  marchands  et  sur 
les  vaisseaux  qui  font  naufrage  sur  leurs  côtes.  ||  Fief 
de  danger,  celui  dont  on  ne  peut  prendre  possession 
sans  avoir  fait  hommage  et  payé  les  droits  au  sei- 
gneur, à  peine  de  confiscation.  ||  Ces  termes  du  droit 
féodal  s'expliquent  parle  sens  primitif  de  danger,  qui 
est  domination, puissance.  ||  2°  Par  extension  du  sens 
de  domination  et  de  puissance,  situation,  conjonc- 
ture, circonstance  qui  compromettent  la  sûreté, 
l'existence  d'une  personne  ou  d'une  chose.  Il  y  a  du 
danger  à  suivre  cette  entreprise.  Je  demeure  en 
danger  que  l'àme,  qui  est  née  Pour  ne  mourir  ja- 
mais, meure  éternellement,  malh.  i,  ♦.  Plus  j'y  vois 
de  hasard,  plus  j'y  trouve  d'amour;  Où  le  danger 
est  grand,  c'est  là  que  je  m'efforce,  id.  v,  4.  Et  tan- 
dis que  moi  seul  j'en  courrai  le  danger,  corn.  Pomp. 
II,  2.  ...Vos  seuls  intérêts  me  mettent  en  danger, 
ID.  Nicom,  V,  8.  Blésus  était  en  danger  de  sa  vie, 
PERBOT  d'abl.  Tac.  21.  Alexandre .  fut  cent  fois 
en  danger  manifeste  de  sa  vie,  st-évrem.  h,  h34. 
Hé!  mon  ami,  tire-moi  du  danger,  Tu  feras  après 
ta  harangue,  la  font.  Fabl.  i,  I9.  Un  orateur  voyant 
sa  patrie  en  danger  Courut  à  la  tribune...,  id. 
ib.  Tiu ,  4.  La  vraie  épreuve  du  courage  N'est  que 
dans  le  danger  que  l'on  touche  du  doigt,  id.  ib. 
VI ,  î.  Le  trop    d'attention  qu'on   a  pour  le  dan- 


DAN 

ger  Fait  le  plus  souvent  qti'on  y  tombe,  m.  ib.  xn, 
iS.  Si  ces  personnes  étaient  e.-^  danger  d'être  assas- 
sinées, PASC.  Prov.  u.  lu  goilte  se  rejeta  sur  les 
genoux  et  sur  les  pieds,  et  le  voilà  hors  de  danger, 
sr'.v.  I.ett.  du  9  fév.  >em.  Monsieur,  où  courez-vous? 
c'est  vous  mettre  en  danger,  rac.  Plaid,  ii,  <3.  La 
guerre  met  un  Ëlat  en  danger  de  périr,  fén.  Tél. 
XIV,  Il  n'y  avait  point  de  Tyi'ien  qui  ne  fût  en  danger 
d'être  l'objet  de  ses  défiances,  id.  ib.  viii.  Ta  gloire 
est  en  danger,  ta  tombe  est  entr'ouverte,  volt. 
Fanât,  iv,  ).  Il  [Napoléon]  donne  ordre  qu'on  laisse 
toujours  sur  sa  table  le  résumé  qui  l'éclairé  sur  les 
dangers  de  sa  position,  séour,  Ilist.  de  Napol.  il, 
4.  Il  Terme  de  mer.  Toute  roche,  tout  écueil,  tout 
bas-fond,  tout  haut-fond,  à  l'approche  ou  au  contact 
duquel  un  navire  peut  courir  un  danger.  ||  3°  Au  sens 
actif,  en  parlant  des  choses,  le  jiéril  qu'elles  pro- 
duisent. Le  danger  des  mauvaises  doctrines.  ||  4' Fa- 
milièrement, inconvénient.  Il  n'y  a  pas  de  ilanger  d'en- 
trer, vous  ne  les  dérangerez  pas.  ||  Populairement 
et  ironiquement.  Il  n'y  a  pas  de  danger,  c'est-à-dire 
soyez  sûr-  que  je  n'en  ferai  rien.  Certes  je  ne  lui  prê- 
terai plirs  rl'argent,  il  n'y  a  pas  de  danger. 

—  SYN.  DANGER,  PÉRIL,  RISQUE.  RisquB  se  dis- 
tingue nettement  et  facilement  des  deux  premiers;  il 
contient  moins  l'idée  de  péril  que  celle  de  chance 
aléatoire,  mais  considérée  de  son  mauvais  côté; 
quand  un  homme  joue  à  la  bourse,  il  fait  courir  des 
risques,  un  risque  à  sa  fortune;  mais  si,  ayant  joué 
à  la  baisse,  la  hausse  survient,  sa  fortune  n'est  plus 
seulement  en  risque,  elle  est  en  péril.  Il  est  plus 
difficile  d'établir  la  distinction  entre  danger  et  péril. 
Ceux  qui  ont  dit  que  danger  impliquait  l'idée  de 
dommage  se  sont  fondés  sur  une  fausse  étymologie  ; 
le  fait  est  que  le  sens  primitif  en  est  pouvoir,  auto- 
rité. Aussi  en  a-t-il  conservé  quelque  chose  et  c'est 
même  par  là  surtout  qu'il  se  dislingue  de  péril;  car, 
dans  son  acheminement  vers  le  sens  de  péril,  il  s'e;i 
est  tant  approché  qu'il  s'y  est  presque  confondu.  Ce 
sens  d'aulorilé,  de  pouvoir,  qui  lui  est  primitif, 
tandis  qu'il  ne  l'est  pas  à  péril,  fait  qu'il  peut  être 
employé  au  sens  actif,  tandis  que  péril  ne  le  peut 
pas.  Le  danger  de  cet  homme,  le  péril  de  cet  homme, 
signifiant  le  danger,  le  péril  que  court  cet  homme, 
sont  absolument  synonymes;  là,  danger  et  péril  ont 
un  sens  passif  et  expriment  la  situation  orj  cet  homme 
est  mis.  Mais, au  sens  actif, au  sens  de  mettre  en  dan- 
ger, c'est  non  pas  péril,  mais  danger  qui  se  dit  :  le 
danger  des  mauvaises  doctrines  signifie  non  pas  que 
les  mauvaises  doctrines  sont  en  péril,  mais  qu'elles 
causent  du  péril.  Cela  se  prolonge  dans  les  adjectifs 
dangereux  et  périlleux  :  une  navigation  dangereuse, 
une  navigation  périlleuse  sont  synonymes  et  expri- 
ment qu'il  y  a  du  danger,  du  péril  dans  une  navi- 
gation; mais  un  homme  périlleux  ne  se  dit  pas  et, 
ne  peut  se  dire;  au  contraire  un  homme  dangereux 
se  dit  et  signifie  un  homme  qui,  d'une  façon  quel- 
conque, fait  courir  du  danger  aux  autres.  On  doit 
ajouter  que,  dans  l'usage,  péril  emporte  souvent 
l'idée  d'un  danger  plus  grand. 

—  HlST.  XII'  s.  Desor  tous  autres  rois  [vous]  au- 
riez le  dangier  [domination],  Sax.  vi.  Nuls  ne  nous 
faisoit  guerre  ne  ne  menoit  dongier,  ib.  xvi. 
Il  xui*  s.  Enciez  [avant]  qu'il  [l'Amour]  vint,  si 
m'escria  :  Vassal,  pris  les  [tu  es],  noient  n'i  a  Du 
contredire,  ne  du  défendre;  Ne  fai  pas  dangier 
[résistance]  de  toi  rendre,  laliose,  (896.  Chascuns 
ot  quatre  tours  desousiui  àbaillier,Liunsd'aus[eux] 
en  ot  sis,  plus  ot  à  justicier,  Et  desous  Garsions  ot 
cil  tout  le  dangier  [pouvoir],  Ch.  d'Ant.  vi,  270.  Si' 
li  respondirent  iriéement  corne  cil  qui  gaires  ne 
prisoient  son  dongier,  Merlin,  f"  30.  Les  tables  mi- 
ses, grans  et  hautes;  De  mes  [mets]  n'i  a  dangier 
[défense]  ne  fautes,  Partonop.  v.  907.  ||  xv*  s.  La  ri- 
vière qui  queurt  parmi  la  ville  de  Caen,  qui  porte 
grosse  navire,  eslûit  si  basse  et  si  morte,  qu'ils  la 
passoient  et  repassoient  à  leur  aise,  sans  danger  du 
pont,  FROiss.  i,  I,  272.  Quant  Hue  le  despensier  vit 
qu'il  ne  pouvoit  retraire  la  roine  en  Angleterre  et 
[la]  remettre  en  sou  danger  [pouvoir  de  lui  Hue]  et 
du  roi  son  mari,  ju.  i,  i,  <  I.  Les  cardinaux,  qui  se 
veoient  au  danger  [pouvoir]  des  Romains....  id.  h, 
II,  20.  Luxurieux  ort,  sale  et  aveugle  Ne  voit  pas  le 
dangier  où  il  plonge,  leroux  DELiNCY,Prot>.  t.  ii,  p. 
34).  En  son  dangier  [pouvoir]  bouter  ne  m'oseroye; 
Car  ses  tourmens  endurer  ne  pourroye,  en.  d'orl.  I. 
Elle  escouta  voulentiers,  mais  pour  la  présence  du 
Dangier  [personnage  du  roman  de  la  Rose  qui  tient 
la  belle  en  captivité]  qui  trop  près  estoit,  guère  ne 
respondit,  louis  xi,  JVomu.  xxxvii.  ||  xvi'  s.  Combien 
que  la  peste  y  fust  par  la  plus  grande  part  des  mai- 
sons, nul  n'en  print  dangier  [mal],  hab.  Car.  i,  27. 
Sans  plus  penser  au   danger  des  calumniateurs. 


DAN 


951 


AMYOT,  Aie.  3«.  Et  en  parlant,  par  gestes  monstrolt 
bien.  Que  ses  advers  il  ne  doubtoit  de  rien.  Ne  leur 
danger  [puissance]....  j.MAROT,  v,  (Co.  Bonne  honto 
sort  de  danger,  baîf.  Mimes,  f°  (B,  dans  lf.houx 
de  LiNCY,7'rot).  t.  Il,  p.  263.  En  trop  fier  pit  le  dan- 
gier, ib.  t.  11,  p.  295,  GABR.  MEURiKR,  Trésor  des  sen- 
tences. Sans  danger  on  ne  vient  jamais  au  dessus  du 
danger,  in.  ib.  t.  ii,  p,  4)4. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  dangi,  nécessité,  danger; 
bourguig.  daingé;  normand,  dangitr,  puissance;  Bre- 
tagne, danger,  répugnance;  provenç.  donyicr,  diffi- 
culté. Raynouardet  Diez  tirent  ce  mot  de  damnum, 
dommage;  mais  cela  n'explique  ni  le  sens  ni  la  forme: 
le  sens,  car  dangier  signifie  le  plus  souvent  pouvoir, 
autorité;  la  forme,  car  damnum  ne  peut  produire 
l'o,  qui  est  dans  dongier,  aussi  autorisé  que  dangier. 
Il  faut  donc  trouver  un  mot  qui  puisse  fournir  éga- 
lement l'a  et  l'o;  or  c'est  ce  qu'on  trouve  dans  do- 
miniarium  (on  trouve  dominiaria,  au  pluriel  neutre 
dans  Du  Gange)  dérivé  de  dominium;  car  dominus 
donne  à  la  fois  dom  et  dam,  et  domina,  dôme  et 
dame.  Dominiarium  satisfait  à  l'autre  comlition, 
puisqu'il  signifie  possession  et  pouvoir.  Maintenant 
comment,  de  ce  sens,  le  mot  a-t-il  passé  à  celui  de 
péril?  On  le  comprendra  en  examinant,  par  exemple, 
ce  texte  de  Froissart  où  il  est  dit  que  les  cardinaux 
étaient  au  danger  des  Romains;  s'ils  étaient  au  dan- 
ger c'est-à-dire  au  pouvoir  des  Romains,  ils  étaient 
aussi  par  là  en  péril;  là  est  la  transition.  Le  sens, 
aujourd'hui  perdu,  de  résistance,  dedilficulté,  s'ex- 
plique de  même.  Pour  que  damnum  fût  intervenu 
dans  la  signification,  il  faudrait  qu'à  un  point  de 
l'historique  le  sens  de  dommage  .se  montrât  avant 
celui  de  péril  :  or  il  n'en  est  rien;  la  trame  de  l'his- 
torique est  serrée  ;  elle  va  du  sens  de  dominatioi, 
de  résistance,  de  difficulté,  à  celui  de  péril.  Pals- 
grave,  p.  60,  au  XVI*  siècle,  dit  expressément  que 
l'i  se  prononçait  dans  dangier. 

DANGEREUSEMENT  (dan-je-reû-ze-man;  quel- 
ques personnes  disent  dan-jé-reil-?e-man  ;  c'est  une 
faute),  adv.  D'une  manière  dangereuse.  Il  est  dan- 
gereusement blessé.  Il  est  malade  dangereusement. 
Tous  [les  hérétiques]  errent  d'autant  plus  dangereu- 
sement qu'ils  suivent  chacun  une  vérité;  leur  faute 
n'est  pas  de  suivre  une  fausseté,  mais  de  ne  pas 
suivre  une  autre  vérité,  pasc.  Pensées,  art.  xxiv, 
)3.  Mon  Dieu,  ma  fille,  quevousavez  été  vivement  et 
dangereusement  malade!  sÉv.  )6  sept.  (677.  Le 
consiU,  blessé  dangereusement,  se  retira  en  bon 
ordre,  et  fut  conduit  dans  son  camp  par  un  gros  de 
cavaliers  qui  le  couvraient  de  leurs  armes  et  de  leurs 
corps, BOLLiN,  Ilist.anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  406, dans 

P0UGENS. 

—  ÉTYM.  Dangereuse ,  et  le  suffixe  ment. 

DANGEREUX,  EUSE  (dan-je-reù,  reû-z';  quel- 
ques-uns disent  dan-jô-reux;  c'est  une  faute),  adj. 
Il  1°  Oui  expose  à  un  danger.  De  dangereuses  liai- 
sons. Il  est  dangereux  de  trop  faire  voir  à  l'homme 
combien  il  est  égal  aux  bêtes  sans  lui  montrer  sa 
grandeur;  il  est  encore  dangereux  de  lui  faire 
trop  voir  sa  grandeur  sans  sa  bassesse;  il  est  encore 
plus  dangereux  de  lui  laisser  ignorer  l'un  et  l'autre, 
PASC.  Pensées,  art.  i,  7,  Tous  les  grands  diver- 
tissements sont  dangereux  pour  la  vie  chrétienne; 
mais,  entre  tous  ceux  que  le  monde  a  inventés, 
il  n'y  en  a  point  qui  soit  plus  à  craindre  que  la 
comédie,  id.  ib.  art.  xxiv,  65.  Rien  n'est  si  dan- 
gereux qu'un  ignorant  ami;  Mieux  vaudrait  un  sage 
ennemi,  la  font.  Fabl.  viii,  )0.  Ne  valait-il  pas 
mieux  vous  perdre  dans  les  nues  Que  d'aller  sans 
raison,  d'un  style  peu  chrétien.  Faire  insulte  en 
rimant  à  qui  ne  vous  dit  rien.  Et  du  bruit  dange- 
reux d'un  livre  téméraire  A  vos  propres  dépens  en- 
richir le  libraire?  boil.  Sat.  ix.  Il  murmurait  contre 
le  temps  présont,  convenant  en  son  cœur  que  le 
mérite  est  dangereux  dans  les  cours  à  qui  veut 
s'avancer,  la  bruy.  vin.  Et  ne  prolongez  point  do 
dangereux  adieux,  rac.  Baj.  il,  6.  Et  repou.ssant 
lestraits  d'un  amour  dangereux,  id.  Uilhr.»,b.  Mon 
père  paya  cher  ce  dangereux  honneur,  id.  ib. 
1,  3.  Le  roi  toujours  fertile  en  dangereux  détours, 
id.  ib.  I,  B.  Dangereux  secrets,  volt.  Catil.  ii,  ). 
Rien  n'est  si  dangereux  dans  un  État  naissant  Que 
ces  hommes  de  bien  que  le  public  admire,  id. 
Triumv.  ll,  l.  Pendant  que  Davout  jouissait  peut- 
être  du  dangereux  plaisir  d'avoir  humilié  son  en- 
nemi [Berthier],  l'empereur  se  rendait  à  Dantzick, 
et  Berthier,  plein  de  vengeance,  l'y  suivait,  ségur, 
llist.  de  Napol.  m,  2.  ||  Il  est  dangereux  que....  avec 
le  subjonctif.  Qu'il  est  dangereux  qu'on  ne  mêle 
quelques  grains  de  son  propre  encens  à  celui  qu'on 
reçoit  des  autres I  fléch.  Panég.  ii,  ))3.  |{  2"  Qui 
met  en  danger  la  religion,  les  moeurs,  l'organisation 


o:.^2 


PAN 


sociale.  tJn  livro  ilangereiix.  Cet  ouvruge  n'est  ni 
mauvais  ni  dangereux  à  publier.  ||  3°  Qui  a  pouvoir 
de  nuire,  en  qui  on  ne  peul  se  fier,  en  parlant  des 
personnes.  Il\oit  la  servilmie  où  lo  roi  s'est  sou- 
mis, El  connaît  d'autant  mieux  les  dangereux  amis, 
conN.  Nie.  III,  2.  Pourquoi  mes-tu  donné,  ô  corps 
mortel,  fardeau  acoaWant,  soutien  nécessaire,  en- 
nemi (lalteur,  ami  dangereux,  avec  lequel  je  ne  puis 
avoir  ni  guerre  ni  paix,  parce  qu'à  cliaque  moment 
il  faut  s'accorder  et  à  chaque  moment  il  faut  rom- 
pre? Doss.  llourgoing.  Les  gens  sans  bruit  sont 
dangereux;  Il  n  en  est  pas  ainsi  des  autres,  la 
FONT,  l-'alil.  vm,  23.  Dangereu.se  marâtre,  à  peine 
elle  vous  vit  Oue  votre  exil  d'abord  signala  son  cré- 
dit, RAC.  Phèd.  1,  I.  Dangereux  à  lui-même,  à  ses 
voisins  terrible,  VOLT.  Ilenr.  ch.  i.  Ce  sexe  dange- 
reux qui  veut  tout  asservir.  S'il  règne  dans  l'Ku- 
rope,  ici  doit  obéir,  ID.  Zaïre,  m,  6.  {j  Homme 
dangereux,  femme  dangereuse,  celui,  celle  que  l'on 
croit  propre  à  inspirer  de  l'amour,  sans  en  ressentir, 
et  à  se  jouer  ainsi  de  la  créilul.té  d'une  affeciion 
sincère.' Il  4"  Terme  d'ancienne  législation.  Sergent 
dangereux  ,  signifiait  Cfclui  qui  veillait  à  la  con- 
servation des  terres  en  défens,  et  des  bois  sur  les- 
quels le  roi  avait  le  droit  de  danger.  ||  6°  Terme  de 
fauconnerie.  Oiseau  dangereux  à  dérober  les  son- 
nettes, oiseau  sujet  à  s'écarter. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  se  tu  l'autre  refusoies.  Qui 
n'est  mie  mains  doucereus,  Tu  seroies  moult  dan- 
gereus[difficultueux],  (a  /tosc,  2G82.  Carlileus  [lieuj 
d'oisiaus  herbergier  N'estoit  ne  dangereus  ne  cbi- 
ches,  One  mes  ne  fu  nus  leus  si  riches  D'arbres  ne 
d'oisillons  chanlans,  ib.  47;i.  ||  xv*  s.  Mais  lors  sera 
ma  grâce  de  toyloing;  Caràbondroit  tefauldrayau 
besoing.  Et  si  feray  vers  toy  le  dangereux.  Comme 
tu  f.iis  d'estre  vray  amoureux,  eu.  d'okl.  i.  ||  xvi*  s. 
Il  faict  dangereux  assaillir  un  homme  à  qui  vous 
avez  esté  tout  moyen  d'eschapper  par  les  armes, 
MONT.  I,  352.  Cest  une  dangereuse  invention  que 
celle  des  géhennes,  ID.  il,  47.  Les  sireines,  pour 
attirer  Ulysse  dans  leurs  dangereux  et  ruyneux 
laqs....  iD.  II,  208.  À  cela  peult  on  voir  combien  il 
faict  dangereux  encourir  la  malveillance  d'une  ville 
qui  sçait  bien  parler,  amyot,  Thésée,  18.  Cognois- 
sans  de  quelle  conséquence  est  en  ce  temps  dange- 
reux, qu'il  n'y  ait  qu'un  seul  chef,  id.  Cam.  3i.Le 
chemin  estoit  bien  dangereux  à  raison  des  voleurs, 
ID.  Thésée,  6.  Il  tumba  en  une  maladie,  laquelle  du 
commencement  .sembla  bien  dangereuse,  id.  P. 
Mm.  62.  Un  si  dangereux  voisin  et  si  malaisé  à 
manier,  id.  Pyrrh.  i».  Et  n'en  demouroit  sinon  la 
re|iutalion  de  malignité  et  de  dangereuse  et  mau- 
vaise langue  àceulxqui  lesdisoient,  in.  Comm.disc. 
leflatt.  47.  Les  poissons  porlans  coquilles,  sontdan- 
gereux  d'engendrer  la  pierre,  palissy,  50.  Ces  terres 
sont  fort  humides  ou  longues  à  seicher,  dangereu- 
ses [sujettes]  à  brusler,  id.  60.  Les  femmes  fort 
maigres  et  seiches  sont  dangereuses  [exposées|  à 
advorter,  pabê,  L  ii,  p.  625.  Le  col  estans  la  partie 
de  son  corps  la  plus  dangereuse,  et  en  laquelle  le 
loup  .s'attache  premièrement,  o.  de  serbes,  340. 

—  ÈTVM.  Diinger. 

DANOIS  (da-not;  \'s  se  lie:  un  da-noî-z  agile), 
».  m.  Il  1°  Chien  de  chasse  à  poil  ras,  ordmairement 
lilanc,  tacheté  de  noir, d'origine  danoise,  dit  aussi 
arlequin.  ||  Grand  danois,  chien  élancé  comme  le 
lévrier,  gros  comme  le  mAiin  et  fort  comme  le  do- 
gue. Petit  danois,  plus  effilé  que  le  précéilent  et  de 
la  taille  du  doguin.  Le  grand  danois,  iranspurté  en 
Irlande,  est  devenu  chien  d'Irlande,  et  c'est  le  plus 
grand  de  tous  les  chiens,  bufp.  Chien.  ||  2»  Cheval 
danois,  cheval  qui  vient  du  Danemark  et  qui  est 
produit  surtout  dans  l'île  de  Seeland. 

DANS  (dan;  l'iselie:  dan-z  un  lieu),  prc'p. ||  1°  Â 
l'intérieur  d'un  lieu  ou  de  ce  qui  peut  êlre  comparé 
à  un  lieu.  Il  vit  dans  Paris.  L'ennemi  est  dans 
nos  murs.  J'ai  trouvé  dans  ce  livre  un  beau  passage. 
La  phrase  dont  vous  parlez  n'est  pas  dans  Bossuel. 
Bientôt  dans  des  vaisseaux  sur  l'Euxin  préparés  J'ai 
rejoint  de  mon  camp  les  restes  séparés,  bac.  Milhr. 
II,  3.  Peut-être  en  ce  moment  je  serais  dans  Ostie, 
S'il  ne  m'eût  de  sa  cour  défendu  la  sortie,  id.  Bé- 
rén.  m,  3.  L'autre,  en  vain  se  lassant  à  polir  une 
rime.  Et  reprenant  vingt  fois  le  rabot  et  la  lime. 
Dans  la  fin  d'un  sonnet  te  compare  au  soleil,  boil. 
Duc.  au  roi.  Cambyse  avait  régné  sept  ans  et  cinq 
mois;  il  est  appelé  dans  l'Écriture  Assuérus,  rollin, 
Ui't.  anc.  Œuvres,  t.  ii,  p.  835,  dans  polge.ns. 
Il  Au  sein  de.  Ou  couché  sans  honneur  dans  une 
foule  obscure,  bac.  MUhr.  i.  3.  ||  Kig.  Il  y  a  de 
grands  travers  dans  son  esprit,  f.xre  habile  dans  un 
art.  S'illustrer  dans  les  combats.  Et  mal  sûr  dans 
nn  trône  où  tu  crains  l'avenir,  corn.  Hiracl.  i,  2. 


D.\N 

Un  prince  est  dans  ."îon  trône  ,\  Jamais  affermi,  m. 
Sicom.  m,  2.  Aujourd'hui  dans  le  trône  et  demain 
dans  la  bouc,  id.  Pohj.  iv,  3.  Je  serais  dans  le  trône 
où  le  ciel  m'a  fait  naître,  m.  Pomp.  iv,  (.  On  m'as- 
.sassine  dans  le  bien,  on  m'assassine  dans  l'honneur, 
MOL.  l'An,  v,  5.  Ne  l'examinons  point  dans  la  grande 
rigueur,  id.  Mis.  i,  t.  Dans  vos  brusques  chagrins 
je  ne  puis  rien  comprendre,  id.  ib.  Four  moi  je  ne 
le  cèle  point,  je  souhaite  que  les  choses  aillent 
dans  la  douceur,  id.  Festin,  v,  3.  Je  m'approche 
toutefois,  Et  de  l'enfant  je  prends  les  doigts.  Les 
réchauffe,  et  dans moi-mêmeJedis:  pourquoi  crain- 
dre tant?  Que  peut-il?  c'est  un  enfant,  la  fon- 
taine, l'Amour  mouillé.  Ces  secrets  étaient  cachés 
dans  le  Seigneur  notre  Dieu,  et  maintenant  il  nous 
les  a  découverts,  à  nous  et  à  nos  enfants  pour  ja- 
mais, SACY,  Bible,  Deuléron.  xxix,29.  lisseront  tous 
dans  les  plaintes  et  les  hurlements,  id.  Bible,  Isaie, 
XVI,  7.  Il  raffermit  dans  le  trône,  uoss.  Ilist.  I,  6. 
Nous  vîmes  alors,  dans  cette  princesse,  au  milieu 
des  alarmes  d'une  mère,  la  foi  d'une  chrétienne,  id. 
Marie-Thérèse.  C'est  pourquoi  tout  tombe  en  ruine 
dans  vos  mœurs  ;  et  vos  sens  trop  décisifs  emportent 
votre  raison  incertaine  et  irrésolue,  id.  ib.  Ce  que 
peut  dans  les  maisons  la  prudence  d'une  femme 
sage  pour  les  soutenir,  pour  y  faire  fleurir  dans  la 
piété  la  véritable  sagesse,  id.  ib.  Dans  les  maximes 
du  .salut,  c'est  un  mal  sans  comparaison  plus  grand 
de  tromper  que  d'être  trompé,  bourdal.  Sermons, 
22' dim.  après  la  Pent.  Domin.  t.  iv,  p.  3H.  !1  n'y 
a  rien  de  plus  dangereux  ni  de  plus  formidable  que 
la  paix  dans  le  péché ,  in.  9"  dim.  après  la  Pent. 
Dominic.  t.  m,  p.  tc6.  Ils  seraient  baptisés  dans  le 
Saint-Esprit,  id.  Myst.  Pentecôte,  t.  I,  p.  451.  C'é- 
tait pour  eux  un  devoir  de  secourir  les  pauvres  dans 
leurs  maladies,  de  les  retirer  de  la  mendicité,  id. 
Eihort.  char.  env.  les  nouv.  cath.  t.  i,  p.  I20.  Il  est 
né  dans  l'éclat  et  dans  la  pompe,  dans  la  fortune, 
dans  l'abondance,  dans  les  aises  et  les  plaisirs  de 
la  vie,  ID.  JVod'ti.  de  J.  C.  2"  avent,  p.  B25.  Con- 
templez mon  devoir  dans  toute  sa  rigueur,  rac. 
Bérén.iv,  5.  Sa  reconnaissance  Ne  peut-elle  éclater 
que  dans  sa  dépendance?  bac.  Bri'..  l,  2.  Ils  voient 
leurs  fautes  dans  toute  leurénormité,  fén.  Tél.  xviii. 
Madame  de  Montespan  est  bien  aimable  dans  les  lar- 
mes, M'""  DE  MAiNTENON,  Lctt.  à  Mme  de  Frontenac, 
t08O.  N'abandonnez  pas,  ô  mon  Dieu,  ceux  qui  veu- 
lent vous  servir  et  Vuus  glorifier  dans  vosdon.s.MASS. 
Car.  Prière  2.  C'est  qu'on  ne  s'examine  quedans  ses 
propres  préjugés,  id.  Car.  Confess.  L'instruction  et 
le  zèle  des  ministres  de  la  pénitence  qui  lui  parlent 
au  tribunal  dans  toute  la  sincérité  de  Dieu,  id.  Car. 
Dang.  des  prosp.  temp.  Mais  vous  tenez  le  jour  d'un 
roi  que  je  révère.  Et  dans  le  fils  cncor  je  respecte 
le  père,  Aihenais,  iv,  B.  Dans  un  sang  odieux  elle 
a  reçu  la  vie,  voi.t.  Soph.  iv,  2.  J'ai  vieilli  dans  la 
misère  et  dans  l'opprobre,  id.  Candide,  t2.  Qui  est- 
ce  qui,  dans  l'état  oii  l'on  m'a  mis,  a  le  droit  d'exi- 
ger davantage?  i.  j.  Eouss.  Confess.  vm.  Loin  de 
s'ensevelir  dans  un  mari,  c'est  celui  de  tous  les 
hommes  qu'elles  voient  le  moins  d'allainval, 
École  des  bourgeois,  1, 1 3.  Te  voilà  nu  dans  ma  pré- 
sence. Siècle  innocent  ou  criminel,  v.  hugo,  Odes, 
I,  )0.  I|  Il  est  dans,  se  dit  parfois  pour  signifier  : 
il  appartient  à,  c'e.st  le  propre  de.  11  est  dans  son 
caractère  de  faire  de.s  imprudences.  Il  était  dans  sa 
destinée  définir  misérablement.  11  est  dans  la  jalou- 
sie de  l'ambition  de  détruire  pour  posséder,  baynal, 
Ilist.  phil.  xvii,  t3.  Il  Dans  le  besoin,  c'est-à-dire  si 
la  chose  est  nécessaire.  Tous  les  chiens  de  ses  basses- 
cours  composaient  une  meute  dans  le  besoin,  volt. 
Candide,  t.\\2'  Dans  sert  encore  à  marquer  l'état,  la 
disposition  physique  ou  morale,  l^tre  dans  une  pos- 
ture contrainte.  Être  dans  la  joie,  dans  la  douleur, 
dans  la  misère.  Vivre  dans  l'attente,  dans  l'espé- 
rance, dans  la  crainte.  Dans  le  doute  abstiens-toi. 
J'envoyai  quérir  les  principaux  du  chapitre  qui  étaient 
tous  dans  ma  disposition,  retz,  ii,  80.  Vous  êtes 
aujourd'hui  dans  une  humeur  désobligeante,  mol. 
Sicil.  7.  S'imagina  qu'il  ferait  bien  De  se  pendre.... 
Dans  cette  intention,  une  vieille  masure  Fut  la 
scène  où  devait  se  passer  l'aventure,  la  font.  Fabl. 
IX,  ts.  Dans  l'espérance  que  quelque  charitable  per- 
sonne vous  en  empêcherait,  eév.  27.  Alger,  tes  mai- 
sons ne  sont  plus  qu'un  amas  de  pierres  ;  dans  ta  bru- 
tale fureur,  tu  te  tournes  contre  toi-même,  et  tu  ne 
sais  comment  a.s.souvir  ta  rage  impuissante, Boss.  Ma- 
rie-Thér.  Dans  le  doute  mortel  dont  je  suis  agité, 
bac.  Phèd.l,  I.  Dans  leur  dépit,  ils  brûlent  Gibraltar; 
Maracaibo  aurait  subi  le  même  sort,  s'il  n'eût  été 
racheié,  raynal,  Ilist.  phil.x,  (0.  ||  8'  Dans,  ex- 
primant un  rapport  de  lieu,  avec  l'idée  qu'on  va 
dans  le  lieu.  11  allait  dans  la  forêt  chercher  du  bois. 


n.\N 

Il  entra  dans  l'appartement.  Entrez  dans  cette  porte, 
MOL.  Éc.  des  maris,  ni,  5.  Nous  allâmes,  le  leodC' 
main  qui  était  jeudi,  dans  nn  lieu  qu'on  appelle 
l'Orient,  à  une  lieue  dans  la  mer,  sÉv.  (3  août 
t889.  Oui  je  viens  dans  son  temple  adorer  l'Éter- 
nel, rac.  Athal.  I,  t.  L'un  d'eux,  condamné  à  mort 
par  le  tyran,  demanda  par  grâce  qu'il  lui  fût  per- 
mis de  faire  un  voyage  dans  sa  patrie  pour  y  ré- 
gler ses  affaires,  avec  promesse  de  revenir  dans  un 
certain  temps,  hollin  ,  Hist.  anc.  Oh'uvres,  t.  v, 
p.  235,  dans  pouGENS.  Il  Par  extension.  Alors  que 
dans  sou  trône  il  rétablit  mon  père,  corn.  Toii.  I,  I. 
Voici  de  mes  deux  fils  celui  qu'un  droit  d'aînesse 
Élève  dans  le  trône  et  donne  à  la  princesse,  id  flo- 
dog.  v,  3.  Il  fut  résolu  d'un  consentement  unanime 
qu'on  déclarerait  la  guerre  à  Nabis,  tyran  de  Sparte, 
s'il  refusait  de  rétablir  Argos  dans  sm  ancienne  li- 
berté, ROLLIN,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  vm,  p.  807, 
dans  pouGHNS.  ||  Fig.  Il  se  précipita  dans  les  désor- 
dres les  plus  criminels.  Non,  ne  descendez  point 
dans  ces  humilités,  mol.  Mélic.  1,  5.  N'allez  pas  pous- 
ser les  choses  dans  les  dernières  violences  du  pou- 
voir paternel,  id,  l'Av.  v,  4.  Et  pour  nous  élever, 
descendons  dans  nous-mêmes,  volt.  Loi  ruit.  Exorde. 
Il  4°  Kig.  Dans,  indiquant  une  direction  vers....  Faire 
une  chose  dans  l'intention  d'être  utile,  dans  la  pen- 
sée d'être  agréable.  Tout  impôt  levé  dans  une  autre 
vue  que  celle  du  bien  public  est  un  violement  des 
droits  essentiels  de  l'humanilé,FÉN.t.xxii,p.  389.  Il 
est  vrai  que  je  n'eniends  point  votre  livre;  il  n'importe 
pas  que  j'aie  démêlé  bien  ou  mal  l'objet  dans  lequel 
il  a  été  écrit,  mais  je  connais  à  fond  toutes  vos 
pensées,  montesq.  Esp.  Défense,  2»  part.  Idée  géné- 
rale. |l  5»  Dans, indiquant  un  rapport  de  temps.  Dans 
le  temps  et  dans  l'éiernité.  Soyez  prêt  dans  une 
heure.  Il  a  subi  bien  des  traverses  dans  le  cours  de 
sa  vie.  Nous  sommes  dans  l'hiver.  Je  vous  fais  toutes 
ces  questions  agréablement  dans  mon  loisir,  et  vous 
m'y  répondrez  dans  le  vôtre,  sEv.  25  sept.  taso. 
Il  a  voulu  Qu'elle  eût  dans  son  absence  un  pou- 
voir absolu,  RAC.  Biij.  I,  t.  Après  la  mort  de  Ferdi- 
nand je  fus  régent  dans  l'absence  du  jeune  prince 
Charles,  fén.  Diat.  des  morts  mod.  diat.  17.  C'est 
dans  ce  saint  loisir  que,  repassant  dans  la  lumière  de 
la  foi,  sur  tout  le  cours  de  notre  minislère....  mass. 
Confér.  Retraite  pour  des  curés.  H  [Stilpon]  aima 
dans  sa  jeunesse  les  femmes  et  le  vin,  dider.  Opin. 
des  anc.  phil.  Secte  mégnriqne.  ||  Molière  a  dit  :  dans 
demain.  Oui.  je  veux  terminer  la  chose  dans  de- 
main, mol.  Éc.  des  f.i,  t.  ||  6°  Selon.  Cela  est  vrai 
dans  les  principes  d'Aristote.  Ce  mot  est  employé 
dans  telle  accepiion.  Dans  le  sens  où  vous  prenez  ce 
passage.  Les  évoques  qui  n'ont  pas  été  ordonnés  par 
et  dans  celte  succession ,  boss.  Projet. 

—  REM.  1.  Eu  et  doHsse  distinguent  parce  qu'en 
ne  prend  que  dans  des  cas  exceptionnels  l'article  le, 
la,  les  après  soi ,  et  que  dans  le  prend.  ||  2.  En  deux 
jours,  dans  deux  jours  :  en...,  exprime  le  temps 
qu'on  mettra  à  faire  une  chose  :  j'ai  fait  cela,  je 
ferai  cela  en  deux  jours;  dans....  exprime  l'inter- 
valle de  temps  au  bout  duquel  on  se  mettra  à  l'ou- 
vrage :  je  ferai  cela  dans  deux  jours,  c'est-à-dire  je 
commencerai  l'ouvrage  au  bout  de  deux  jours,  après 
deux  jours.  {|  3.  On  ne  dit  pas  :  vous  ferez  cela  dans 
deux  fois;  il  gagna  la  partie  dans  trois  coups;  on 
dit  :  en  deux  fois;  en  trois  coups.  ||  4.  Dans  le  but, 
voy.  BUT. 

—  HIST.  XII*  s.  Li  rois  estoit  dans  une  (çrant  vs- 
lée,  lionc.  p.  70.  ||  xui'  s.  Denz  ces  chambres  l'en 
mena,  Nouv.  ree.  de  fables  et  contes  anciens,  t.  n, 
p.  193.  ||xv'  s.  Car  dens  la  ville  les  meltroient.  Vi- 
giles de  Charles  VU,  t.  ii,  p.  B3,dans  baynouabd. 
Et  la  tierce  est  quant  ceuls  de  dens  et  ceuls  de  hors, 
se  combalent  aux  murs.cnaisT.  de  pisan,  Chari«»F, 
II.  chap.  34.  Il  XVI'  s.  Dans  un  an  sa  traficqiie  rap- 
porta.... MONT.  I,  142.  Tant  de  vies  avoient  à  des- 
faillir  au  plus  loin  dans  un  siècle,  id.  i,  271.  Il 
se  laissoit  choir  dedans  la  chaire,  et  puis  debout 
tiroit  de  dessous  sa  robbe  une  teste  de  mort  em- 
manchée dans  un  baston,  d'aub.  Fœn.  iv ,  (O.  L'es- 
trier  lui  demeura  dans  le  pied,  id.  tb.  m,  7.  Deux 
goujats,  qui  en  faisant  rostir  une  oye  dans  une  bro- 
che de  bois  chantoient  des  villenies  contre  la  roine, 
ID.  Ili.it.  i,  142.  Le  prince,  n'ayant  point  d'ordre  à 
lui  donner,  luy  mit  dans  le  col  à  la  teste  de  l'armée 
une  chaisne  de  deux  cens  escus,  ID.  ib.  m,  2e(-262. 

—  ÈTYM.  Picard,  da.  dos.  dé;  provenç.  dtnd, 
din.ï,de  d«-in  lut. composé  de  la  préposition  latine  de, 
et  mlus  (voy.  en,  préposition). 

t  DANSABLK  (dansa-bl') ,  adj.  Qu'on  peut  dan- 
ser   Air  ilansable.  Cette  valse  n'est  pas  dansable. 

t  DA.VSANT,  ANTE  (dan-san,  san-t'),  ad}.  Qui 
danse;  qui  aime  à  danser.   .Tamais  je  n'ai  vu  une 


DAN 


DAN 


DAR 


953 


petilB  flllesidansanle  naturellement,  sÉv. -247.  ||  Pro- 
pre à  faire  flanspr.  Mii«iqne  dansante.  Airs  liansnnts. 
Ii^s  chansons,  les  festins,  les  vi'nilanpe.s  bruyantes, 
Et  h  flOle  et  la  lyre  et  les  noies  dansanies.  a.  ciiRn. 
IdillUs,  l'Aveugle-W  Consacré  à  la  dai)>e.  Une  soirée 
dansante. 

D.\XSE  (dans'),  s.  f.  ||l°Sititede  sauts  et  île  pas 
réglés  par  une  cadence  et  lialiitiiellement  dirigés  par 
la  musique.  D'un  esaim  de  beautés  la  d.'.tise  en- 
chanteresse. DF.LAV.  Paria.  1.  I.  La  danse  française, 
si  remarqnaMe  pil^^élé^'ance  et  la  difficulté  des  pas, 
STAËL,  Connue,  vi,  i.  \\  Danse  basse,  ternie  an- 
cien, aujourd'hui  remplacé  par  danse  noble,  celle 
où  l'on  ne  quittait  [las  terre,  comme  la  courante, 
et  en  dernier  lieu  le  menuet,  qui  consistait  en  pas 
tranquilles  et  en  belles  attitudes.  Klle  éiait  opposée 
à  la  danse  par  haut,  nommée  aussi  baladinage.  au- 
jourd'hui danse  lé^'ère.  celle  où  l'on  fait  ries  sauts 
et  des  pirouettes,  par  exemple  la  gavotte.  ||  Manière 
de  danser.  Il  a  une  danse  noble,  libre,  aisée.  |{  2*  Ac- 
tion de  [ilusieurs  personnes  qui  dansent.  Commen- 
cer la  danse.  Kutrer  en  ilanse  Vraiment  vous  n'avez 
garde  en  l'étal  où  vous  êtes  De  songer  de  festins,  de 
danses  et  île  fêles. mairet,  Sophnn.  ii.  3.  CeslSches 
Lydiens,  nourris  dans  l'ahomlance,  l'armi  les  jeux, 
l'amour,  les  festins  et  la  danse,  Tristan,  Paiilh. 
IV.  2.  Moménée  lui  ordonna  de  men"r  les  danses 
desjeunesCréioises,  FÉN  Tél.xxn.  Tout  était  en  joie 
et  en  danse  ch"7.  cet  abbé,  sêv,  304.  ||  lintier  en 
danse,  se  mettre  du  nombre  de  ceux  qui  dan- 
sent. Il  Fig.  et  familièrement.  Entrer  en  danse, 
se  mettre  d'une  enlie|irise,  d'une  affaire,  d'une 
guerre,  etc.  ilont  on  était  jusque-là  simple  speca- 
tew.  Pour  prendre  au  bond  l'.,ccasion  de  se  remet- 
tre en  ilanse,  siîv.  611.  Albéroni  espérait  il'oblitter 
les  plus  ind  (Téients  à  entrer  en  danse  [guerre], 
et  de  faire  venir  à  chacun  l'envie  de  ilanser  par  les 
bons  instrumeiitsqu'on  accorderait  à  Ma  Iriil,  st-sim. 
478,  179.  Il  En  danse,  à  l'œuvre.  Puis,  bistouris 
en  danse;  enfin  la  fièvre  prend  ;  Tout  le  corps  y  suc- 
combe, et  le  voilà  mourant,  la  motte,  Fabl.  m,  I8. 
H  Commencer  la  danse,  mener  la  danse,  être  le 
premier  à  faire  ou  à  souffrir  quelcpie  chose  de  fâ- 
cheux. C'est  vous  qui  commencerez  la  danse.  Un 
violon  qui  avait  commencé  la  ilanseet  la  pillerie  du 
papier  timbré,  sÉv.  229.  ||  Familièrement.  Avoir  l'air 
à  )a danse,  être  en  disposition  de  beaucoup  danser; 
et  fig.  êire  lout  disposé  à  la  circonstance,  ou  avoir 
l'air  vif,  éveillé,  l'uissions-nous  marier  ainsi  une 
fille  de  Sirven!  mais  la  pauvre  diablesse  n'a  pas 
l'air  à  la  danse,  volt.  Lfti.  Iiami:aville,2  févr.  1767. 
Il  Avoir  le  cœur  à  la  danse,  être  dispos,  de  bonne 
humeur.  N'avoir  pas  le  cœur  à  la  danse,  être  triste. 
Il  Kigj'et  populairement.  Donner  une  danse  à  quel- 
qu'un, le  bien  battre.  Ahl  mon  ami  I  —  Oui,  votre 
ami  qui  va  recevoir  une  danse,  iiAYABn,  Ut  Ganis 
jaunes,  se.  I2.  |1  3"  Air  de  danse.  Jouer  toutes  sortes 
de  danses.  ||  Terme  de  musiipie.  Danse  d'ours, 
composition  dans  laquelle  on  cherclieà  imiter  les 
airs  de  raiisetle.  ||  4*  l'opula.rement.  le  lieu  où  l'on 
llanse.  Aller  à  la  danse.  ||  5°  Danse  se  [irend  en- 
core en  il'autres  sens,  et  pour  des  arts  tout  autres 
que  la  danse  proprement  dite.  Danse  d'expression, 
t'est  proprement  une  sorte  de  pantomime,  comme 
la  pyrrhique  des  Grecs.  Leurs  dan>es  [des  sauvages) 
sont  presque  l  ujours  une  image  de  la  guerre  et 
communéirenl  exécutées  les  armes  à  la  main;  elles 
tont  si  vraies,  si  rapides,  si  terriliies.  (]u'uu  Eu- 
ropéen qui  les  voit  pour  la  première  fuis  ne  peut 
s'empêcher  de  frémir,  raynal,  //«(.  //Ai/,  xv,  4. 
N"est-il  pas  singulier  que,  dans  les  premiers  ;1ges 
du  monde  et  chez  les  sauvages,  la  danse  soit  un 
art  d'imitation,  et  qu'elle  ait  penlu  ce  caractère 
dans  les  pays  policés?  ID.  ib.  \\  Danse  d'imitation 
en  charge  ou  danse  comicpie  :  c'est  moins  une  danse 
qu'un  jeu  de  physionomie  ou  de  geste,  par  lei|uel 
on  imite  enridculedes  personnes  connues  ou  celles 
qu'on  vient  de  voir.  ||  6'  Danse  sur  la  corde  :  c'est 
tine  sorte  de  voltige  ou  de  tours  d'adresse  et  d'équi- 
libre. Quelquefois  aussi  on  y  fait  des  jetés,  des 
pi  es,  des  assemblés,  des  entrechats  et  autres  pas 
de  danse.  ||  Danse  sur  les  clievaux  :  c'est  encore  une 
voltige  plutôt  qu'une  danse.  ||  7°  Danse  macabre 
(voy.  MACABRE).  Il  8°  Terme  de  physique.  Danse  des 
pantins,  expérience  pour  manifester  les  attractions 
et  les  répulsions  éiectriiiues.  ||  9°  ferme  de  méde- 
cine. Danse  de  St  Guy.  nom  vulgaire  de  la  cliorée, 
dite  aussi  danse  de  St  'Witt,  parce  que,  pour  la 
guérir,  on  s'adressait  à  St  Guy  ou  'Wili.  ||  Pro- 
verbe. Après  la  panse  vient  la  danse,  après  avoir  fait 
bonne  chère  on  ne  songe  qu'à  se  divertir. 

—  HIST.  xin's.  Dances,  baus  et  caroles  [vous] 
fe'issiez  commencer,  herte,  xi.  Bel  Acueil  se  taist 

DICT.   DE   LA   LANGXJ-E  FlUNÇAISE. 


et  escoute  Por  la  vielle  que  il  redoute.  Et  n'est  si 
hardis  qu'il  se  moeve.  Que  la  vielle  en  li  n'aperçoeve 
Aucune  Me  contenance.  0"'el  scel  toute  la  vielle 
dance.  la  Rnse,  3ii4«.  [Elle]  ira  à  danses  et  à  veilles. 
Au  sermon,  au  pèlerinage.  Conlenaitres dex  femmes. 
Il  xv  s.  Et  estoienl  ensemble  à  la  fois  en  dances  et 
en  caroles  et  en  esbatemenis.  fhoiss.  n.  ii,  46.  Mon 
amy.  il  n'y  a  que  faire  d'entrer  en  la  dance;  mais 
la  façon  est  de  s'en  sail'ir  à  honneur,  Jeh.  de  SaiH- 
tre,  ch.  12.  Dieu  parduint  aux  trespassez.  Par  là 
fault  que  vous  passez,  C'est  nostre  commune  dance, 
ALAIN  ciiART.  Le  lai  de  paix.  Et  de  voler  [chasser  au 
vol],  et  de  tournoiement.  De  dame  avoir  et  de  me- 
ner la  dance.  E.  descii.  Pliiis.  de  l'élude.  Au  fort, 
puisque  suis  en  la  danse.  Bon  gré  ma'jgré,  m'y  fault 

I  fournir.  Et  n'y  sçay  de  quel  pié  saillir,  en.  d'orl. 
Chans.   4.'!.   Celiiy....  qui   maistre  estoit  de  mener 

!  telles  danses  [guerre,  batadle,  danger]  etqui  peu  les 
craignoit,  Bnuciq.  m,  ch.  2.  L'autre  se  elTerve  et  se 
trouble;  Et  de  faict,  quant  la  dance  ce-se.  Il  de- 
meure sur  un  pas  double,  coquillart,  Droi'(v  ?iou- 
veaiix.  Au  fort,  quelqu'un  s'en  recompense.  Qui  est 
remply  sur  les  chantiers;  Car  de  la  panse  vient  la 
danse,  vii.lon,  Gr.  tesiam.  25. 

—  ETYM.  Voy.  danser;  proveno  et  catal.  dansa; 
espngn.  dama    pnrtug.  dança;  ital.  dama. 

DANSE.  ÉE  (dan-sé,  sée),  pari,  passé.  Un  ballet 
bien  d.msé. 

DANSER  (dan-sé).  ||  1°  Y.  n.  Mouvoir  le  corps  sui- 
vant les  règles  de  la  danse.  Vous  chantiez;  j'en 
suis  f(jrt  ai.se;  Eh  bien  !  dansez  maintenant,  la  kont. 
Fa'ol.  I,  t.  Nul  héros  n'a  plus  illustré  la  Grèce 
qu'Epaminondas  ;  on  comptait  au  nombre  de  ses 
belles  qualités  d'avoir  su  danser  avec  grAce  et  tou- 
cher les  Instruments  avec  habileté,  roi.lin.  llist. 
anc.  Œnvres,  l.  xi.  ("partie,  p.  212.  dans  pou- 
OENS.  Ouand  Louis  XIV  et  toute  sa  cour  dansèrent 
sur  le  théâtre,  quand  Louis  XV  dansa  avec  tant  de 
jeunes  seigneurs  dans  la  salle  des  Tuileries,  volt. 
Dinl.  2t.  Heureux  villageois,  dansons,  bEhang. 
/,oui.ç  XI.  Tandis  qu'à  mes  yeux  la  belle  Chante  et 
danse  à  ses  chansons,  id.  Double  ivr.  Chers  en- 
fants, chantez,  dansez,  Votre  â?e  Échappe  à  l'o- 
rage, ID.  Orage.  \\  Impersonnellement,  au  passif. 
Il  fut  dansé,  sauté,  balle,  la  font.  Joc.  \\  Fig.  et 
familièrement.  Ne  savoir  sur  quel  pied  danser,  être 
iniertain  du  parti  à  prendre,  de  la  conduite  à 
tenir.  ||  Fig.  Son  cœur  danse  de  joie,  il  est  dans  une 
joie  extrême.  ||  Fig  Faire  danser  quelqu'un,  le  faire 
danser  sans  violon,  lui  susciter  des  embarras,  des 
désagréments;  se  venger  de  lui,  et  au.ssi  s'amuser 
de  lui.  La  première  femme  de  chambre  de  madame 
la  duchesse  d'Orléans,  transportée  de  joie  de  cette 
lecture  [d'un  livre  de  messe  à  l'église],  lui  en  fit  com- 
pliment; M.  le  duc  d'Orléans  se  plut  quelque  temps 
à  la  faire  danser,  puis  lui  dit  :  c'était  Kabelais  que 
j'avais  porté  de  peur  de  m'ennuyer,  st-sim.  3;io, 
20.  Il  Fig.  Du  vin  à  faire  danser  les  chèvres-,  du  vin 
très-aigre.  Il  Faire  danser  les  écns,  dépenser  beau- 
coup. Il  Faire  danser  l'anse  du  panier,  se  dit  d'une 
cuisinière,  d'une  domestique  qui,  allant  au  marché, 
compte  les  objets  plus  cher  qu'elle  ne  les  a  payés  et 
s'adjuge  la  dilVérence  entre  le  prix  réel  et  le  prix 
qu'elle  dit.  {|  Danser  sur  la  corde,  exécuter  des  pas 
cadencés,  des  .sauts  sur  la  corde  tendue;  et  fig.  élre 
engagé  dans  une  affaire  très-scabrense,  et  au.ssi  agir 
en  homme  de  peu  de  consistance  et  qui  clieri:he  à 
éblouir.  Il  Ternie  de  chasse.  On  dit  qu'un  chien  danse 
sur  la  voie,  ou  dans  la  voie,  quand,  n'étant  pas  juste 
dans  la  voie,  il  chasse  tantôt  à  droile,  laiiiôià  gauche. 
112°  V.a.  Exécuter  une  danse.  D..nser  une  contre- 
danse, une  valse.  Les  amours....Seiiiblenl  danser  les 
matassiiis,  Régnier,  Mac.  .le  n'ai  point  vu  d'homme 
danser  comme  Locraaria  cetie  .soi  te  de  danse^  sév.  73. 
Ils  dansèrent  les  danses  de  leur  pays,  fên.  Tél.  viii. 
Pour  danser  d'antres  bals  elle  [la  jeune  fille]  était 
encor  prèle,  v.  hugo.  Oririu.  M.  \\  Fig.  et  po|iulai- 
reinent.  la  danser,  recevoir  une  furie  correction,  être 
bien  baitu.  Oui  la  dansa,  mais  lout  du  long,  vauê. 
Pipe  cassée,  ch.  3.  ||  3"  Terme  de  boulangerie.  Tra- 
vadler  la  pâle  à  biscuit  jusqu'à  ce  qu'elle  soii  bien 
ferme.  Danser  la  pâte.  ||  4"  Se  danser,  v.  réft.  Être 
dansé.  La  valse  se  dan.se  à  deux  et  à  trois  temps. 
Que  si  tu  veux  te  prêter  à  moi  pour  quelques  heures 
et  reIScher  un  peu  de  ta  gravité,  je  m'assure  de  te 
rendre  ce  plaisir  [la  danse]  si  familier  qu'il  ne  se 
dansera  point  de  ballets  que  tu  n'ailles  longtemps 
auparavant  retenir  place  pour  les  voir  plus  à  ton 
aise,  d'ablancourt,  Lucien,  Danse.  \\  Proverbe.  Tou- 
jours va  qui  danse,  se  dit  de  celui  qui,  sans  faire  très- 
bien  ce  qu'il  fait,  s'évertue  pourtant  de  son  mieux. 

—  HIST.  xit's.  Les  dames  faites  danser  et  caroler, 
Rone.  p.  166.  Il  xiv  s.  C«ulx  qui  carolent  et  dancent 


ou  chantent  ensemble  nu  qui  jouent  eiisemble  de» 
instrumens,  oresmr.  Elh  245.  ||xv*  s.  Fut  le  sou- 
per liel  et  gent,  bien  dansé  et  continué  toute  la 
nnict  jusques  auprès  du  jour,  froiss.  liv.  iv.  p.  r.3, 
dan<  laci:rnk.  Tous  s'en  vindreut  deve'*s  le.>  dames 
qui  les  atlendiiient  pour  estre  dansées  et  carollées; 
carfeste  de  fenimp  sans  hummes  et  d'hnnimes  sans 
femmes  est  de  nulle  plaisance,  Perrrfuresi .  t.  iv, 
l^i.^K,  dans  L.VCIRNE.  Il  XVI"  s.  Au  s  ir  danse  Oui 
matin  hanse  [venil],  i.kroux  de  i  incy,  Priir.  t.  tl, 
p.  70,  Oui  danse  bien  sans  nienestrier  peut  bien  che- 
vaucher sans  estrier.  m.  tb.  p.  387.  J'ay  ven.  dicl 
Arnus,  autres  fois  un  eleidiant  ayant  à  chascuiie 
cuisse  un  cymba'e  pendu  et  uii  aiiltre  aliaclié  à  sa 
trompe,  au  son  desquels  touts  lesaullres  daii-snient 
en  rond,  s'e-levanlset  s'iiiclinants  à  certaines  caden- 
ces, selon  que  rinslnimeiil  les  guidnit.  MONr.ll.  174. 

—  f.TYM.  Provenç.  danxar  ;  espagn.  duiiznr  ;  por- 
tuR.  daiiçar;  ital.  dansare ;  i\on  pas  de  l'alleiii  nid 
(onxpn, danser,  qiii.d  après  les  gerraaiustes,  est  venu 
des  langues  nunanes  dans  la  langue  allemande,  mais 
de  l'ancien  haut-allemand  damôn.  tirer,  étendre. 

DANSEl'R.  EUSK  (dan-seur.  seù-z')  ,  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Celui  .celle  qui  ilanse.  Quelle  est  \o're  danseuse? 
il  n'y  avait  pas  S  ce  bal  as.sez  de  d  insensés.  ||  Celui 
qui  aime  à  danser.  Un  infatigable  danseur.  |!  2°  Ce- 
lui, celle  qui  fait  profession  de  danser.  Danseur, 
danseuse  de  l'opéra.  Danseur  de  corde.  T. mon  le 
Phliasien  fut  d.anseiir,  avant  que  d'être  scepticpie, 
DlOKR.  Opin.  lies  anc.  phil.  Pyrrhcmisme.  Dans  le 
ballet  duTriomphe  de  l'Amoiir,  en  luHi,  on  vit  (lour 
la  première  fuis  des  dan.seuses  sur  le  théâtre  de  l'o- 
péra ;  auparavant  c'élaient  deux,  quatre,  six  ou  huit 
danseurs  qu'on  habillait  en  femmes,  st-foix,  F.ss, 
Paris,  OEurres,  t.  m,  p.  4ni),  dans  pougens. 
Il  3°  Adi.  Terme  de  vénerie.  Chien  danseur,  et, 
substantivement,  un  danseur,  chien  qui,  courant 
rie  çi'i  et  de  là,  ne  suit  pas  la  voie  de  l'animal  i|u'il 
chasse.  |{  Proverbe.  Jamais  danseur  ne  fut  bon  clerc, 
c'est-à-dire  celui  qui  se  livre  aux  amusements  du 
monde  n'avance  pas  dans  son  étude,  dans  sou  métier. 

—  IliST.  xv  s.  Les  oyseaulx  duviennenl  d.inseurs 
Dessus  mainte  branche  lleurie,  ch.  d'oul.  liondeau. 

—  KTYM.  Panser. 

t  DAN.SOTTElt  (ilan-so-té),  v.  n.  Terme  familier. 
Danser  un  peu    Ou  a  dansotté  hier  soir. 

—  ÉTYM.  Panser. 

t  DANTESQUE  (dan-tè-sk'),  adj.  Qui  imile  le  ca- 
ractère sombre  et  sublime  que  Dante  a  imprimé  S 
ses  poèmes. 

—  ÈTYM.  Dante,  poète  italien  du  xiu*  et  du 
xiV  siècle. 

f  DANZÊ  (dan-zé),  I.  m.  Masse  de  fer  sur  laquelle 
le  glacier,  puisant  le  veire  mou  sur  l'âtre,  fixe  le 
manche  de  son  outil. 

D.APIINÊ  (da-fné),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Arbuste  dont  les  tiges  servent  à  faire  les  cliapeaui 
dits  de  paille  blanche;  on  le  nomme  aussi  lanréule 
mâle  {daphne  laurenla,  /,.).  11  y  a  d'auires  ila|.hir's  : 
le  dnplme  mezereum,  dit  vulgairement  laiiréule  fe- 
melle, bois  gentil,  garou  des  bois;  le  daphne  gni- 
diiim,  du  garou  et  sainbuis;  le  da/iliné  odorant,  dit 
lauiéule  odorante,  et  le  dapliné  alpin. 

—  ETYM.  Aiifvn,  laurier. 

tDAPHNÊlNE  (da-fiié-i-n)  ou  DAPIININE  (daf- 
ni-n').  s.  f  Terme  de  chimie.  Principe  trouvé  dans 
l'écorce  du  dnphne  alpina,  L. 

t  DAPIINITE  (dafiii-f),  s.  f.  Pierre  figurée  qui 
imite  les  feuilles  de  laurier. 

—  ETYM.  Aîmvï).  laurier. 

t  DAPirNOÏDE  (da-fno-i-d'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  ressemble  à  un  (lapliué. 

—  ETYM.  Paphiié,  el  s'iôo;,  loriue. 

f  DAPIINOJIANCIE  (ila-fiio-man-sie),  s.  f.  Terme 
d'aniiipulB.  Divination  au  mojen  de  feuilles  de  lau- 
rier brûlées  ou  avalées. 

—  ETYM.  .iàçvr,,  laurier,  et  le  suffixe  mande. 

t  DAPIKER  (da-pi-fér'),  s.  m.  Tenue  d'hisloirp. 
Tilre  d'un  ile«  grands  officiers  de  l'euipire  germa- 
nique, qui  servait  à  table.  On  trouve  la  signature, 
c'est-à-dire  le  scuau  el  la  présence  [Ju  grand  bou- 
teiUerJ  cités  dans  les  aiicieniies  charies  de  nos  rois 
avec  le  ilapifer,  qui  est  le  grand  maiire  ou  le  sou- 
verain maître  d'hôlel,  st-sim.  24a,  o». 

—  ÉTYM.  Lat.  dapifer,  de  dapes,  mets,  et  fer, 
qui  porte. 

iDAPIFÉRAT(ila-pi-fé-ra),î.m.  Dignitédedapifer, 

D'APRÈS  (da-prê),  loc.  adv.  Voy.  après. 

t  DARADE  (da-ra-d'),  s.  f.  ou  DAKAUEL  (da- 
ra-dèl),  s.  m.  Terme  de  botanique,  un  des  nomi 
de  l'alaterne. 

t  DARAISE  (da-rê-z'},  s.  f.  Terme  d'eaux  et  fo- 
!  rets.  Déchargeoir  d'un  étang. 

I.  —  120 


954 


DAR 


1;ABCE  (dar-s"),  ».  f.  Voy.  nAnSE. 

DAIU)  (liai;  le  dnese  prononce  jamais  et  ne  se  lie 
pas  :  un  ilaraiRu;  au  pluriel,  Vs  ne  se  lie  pas:  îles 
dar  aJKus;  cepenilani  plusieurs  font  la  liaison  :  des 
dar-7.ai(,'"s),i.  m.  ||  1°  Sorte  iFarme  qui  pst  un  billon 
garni  d'une  pointe  île  fer  et  se  lance  avec  la  main.  Au 
pouviiir  lie  ipsil.irils  je  rcmeis ma  vengeance,  coiin. 
Uéiiée,  IV, 0.  Ils  ont  lie  toutes pa:ls  Fait  briller  à  nos 
yeux  là  poinledeloursilanls.RAC./p/iii;.  v,  l.Oupré- 
senienl  leurs  darils  aux  yeux  ilesmalelols,  in.  Hilhr. 
IV.  6.  Voyez  si  vous  rumpri'Z  ces  dards  liés  ensem- 
ble; Je  vous  e.\|,li<|uerai  le  nœud  qui  les  rassemble, 
LA  FONT.  Fahl.  IV,  (8.  ||Ki(.'.  l'^l  lonles  les  raisons 
dont  s'appuyailsa  Mamme.  Étaient  autant  de  dards 
qui  me  traversaient  l'rtme,  coiin.  Puickér.  ii,  i. 
Vous  avez  ouï  dire  i|uelles  fli^ches  et  quels  dards  le 
di.ible  déccclia  conlre  Job,  sans  le  pouvoir  ébranler, 
MAiiciioix,  lloniél.  viii,  dans  iii.jiixkt.  |1  2"  l'aitie 
essenliflle  de  l'aifiuillon  des  insectes  lijménoptères, 
COinposi^e  de  deux  slylels  cannelcs,  qui  par  leur 
adosscment  foiinent  un  canal  servant  d'issue  au 
venin.  I.e  dard  d'une  abeille. ||  Kxtréniité  de  la  queue 
des  scorpions.  ||  Par  abus  et  par  la  fausse  croyance 
que  le  venin  éiait  dans  la  langue,  le  nom  de  dard  a 
été  donné  à  la  langue  des  serpents.  ||  Kig.  Trait  vif 
et  mordant.  Il  décoche  un  dard  qui  porte  coup. 
Il  3°  Terme  de  jardinier.  Nom  du  pistil.  ||  Petit  ra- 
meau du  jioirier  d'un  centimètre  à  cinq  ou  huit  de 
longueur,  terminé  par  un  œd  conique  qui  finit  par 
s'arrondir  et  devenir  bouton  à  fruits. ||  4°  Nom  d'une 
espiUe  de  faux  étroite  emiloyée  dans  les  jardins. 
Il  5°  Terme  d'arpeniage.  Petite  pointe,  à  l'aide  de 
laquelle  l'arpenteur  fixe  le  trou  oculaire  de  la  vi- 
sière dans  la  direction  de  l'objet.  ||  6°  Garniture  de 
fer  qui  renforce  le  b;iut  du  fourreau  de  sahie,  pour 
qu'il  ne  s'use  pas  en  traînant  à  terre.  ||  7°  Terme 
d'archit'-cture.  Ornement  en  forme  de  fer  de  dard 
qui  sépare  les  oves.  ||  8°  Terme  d'artillerie.  Ma- 
chine de  quatre  à  cinq  pieds  de  long,  sur  laquelle 
on  bi\lit  un  feu  d'artilice,  et  qu'on  j-^tle,  après  y 
avoir  mis  le  feu,  pour  emliraser  les  choses  aux- 
quelles elle  s'attache,  et  pour  éclairer  les  travaux  de 
l'ennemi  dans  un  siège.  ||  Terme  de  manne.  Sorte 
de  baguette  d'artifice,  antérieure  aux  fusées  à  la 
congiéie.  ||  9°  Nom  d'une  espèce  de  carpe,  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  s'élance  avec  beaucoup  de  vi- 
te.sse,  dite  aussi  vaudoise  ou  vandoise  (  IcKCiscus 
tulgaris).  ||  Nom  de  quelques  serpents.  ||  10°  Terme 
d'astronomie.  Petite  cousiellaliou  boréale,  dite  or- 
dinairement Javelot. 

—  msT.  XI'  s.  Wigres  [tr.aits]  etdarz,  Ch.  de  Roi. 
CLli.  Il  xii'  S.  Et  tint  un  dart,  Honc.  p.  23.  [Ils|  lan 
cent  lordars  pour  lor cors  dammaigier,  il),  p.  04.  El 
il  si  font  dars  agus  et  pennés,  tb.  p.  80.  Et  nous  lui 
mostrerons  tant  espié  et  tant  dart,  Sax.  xxix.  Dun 
ne  seusies  que  1  um  lance  legieremenl  les  darz  del 
mur  e  des  kernels?  Rois,  I66.  ||  xiii's.  Amis,  vo 
grant  liiautés,  vos  sens,  vostre  prouesse  M'ont  si 
féru  d'un  dart  d'amour....  auuekr.  lk  bast.  Rnman- 
tern,  p.  13.  Cresliensde  Troies  dit  raiex  Du  cuer  na- 
vré du  dart  des  iex  [yeux] ,  Oue  je  ne  vos  porroiediie, 

BfON    DE  MICRY,    dans    IIOLLA.ND,    p.  267.  ||  XlV  S.    Ou 

se  aucun  vouloit  mon  trer  à  un  aiitie  que  l'en  don 
traire,  et  jetlast  un  dart  sans  qu'il  cuidast  aucun 
ferir....  oresme,  I:th.  02.  Que  nul  ne  prengne  dars 
[sorte  de  poisson],  durant  le  dit  temps,  Onlonn. 
des  rois  de  Irancf,  t.  vu,  p.  "79.  Et  en  sa  dsxlre 
main  tenoit  un  dart  qui  bien  estoil  ferré  de  fer  tran- 
chant el  acéré,  maciiault,  p.  )5.  ||xv's.  Une  pe- 
tite courte  darde  es[)aignole  à  un  large  fer,  froiss. 
11,  II,  30.  Vien  çà,  dit-il,  mon  fils,  que  penses- 
tu?  Fus-'u  onques  de  ma  darde  feiu,  cil.  D  orl.  i. 
Quant  Bsaulté  vil  que  je  la  regardoye,  Tost  par  mes 
yeiilx  ung  <lard  au  cueur  m'envoye,  id.  i6.  ||  xvi"  s. 
Heureuse  mort,  ton  dard  n'est  que  la  clef  Pour  aller 
veoir  -lesus-Christ  nostre  chef,  marot,  i,  274.  Kt 
Cupido  de  sa  darde,  qui  point,  A  tous  humains 
fait  la  guerre  mortelle,  ID.  I,  (111.  Gardons,  perche-s, 
dars,  loches..  .  pabR,  xxiv,  22.  Les  mamelus  se 
vantent  d'avoir  les  plus  adroicls  chevaulx  de  gen- 
darmes du  monde;  et  dict  on  que  par  nature  et  par 
coustume  ils  sont  faicls  à  cognoistre  et  distinguer 
l'ennemi  sur  qui  il  faut  qu'ils  se  ruent  de  dents  et 
de  |iieils,  selon  la  voix  ou  signe  qu'on  leur  faict;  et 
pareillement  à  relever,  de  la  bouch-',  les  lances  et 
darls  emmy  la  place  et  les  offrir  au  maistre  selon 
qu'il  le  commande,  mont,  i,  3,-i9. 

—  ÉTY.M.  Pnivenç.  liort ;  espagn.  et  ital.  dardo; 
»ngl.  darl;  de  rangl.-^axon,  diiradli,  daroilh;  anc. 
Scandinave,  darradhr;  anc.  haut  allem.  turl.  Ce 
mut  se  trouve  aussi  dans  le  celtique:  bas-breion, 
dord;  gaél.  dan,  dairt. 

t  DAKDANIQUE  (dar-da-ni-k'),  adj.  Terme  de 


DAR 

géologie.  Système  dardanique  terrain  placé  entre  la 
période  tertiaire  moyenne  et  la  péiiode  tertiaire  su- 
périeure. 

DAllDfi,  ÉE  (dardé,  dée),  par(.  pass^.  Une  ja- 
veline dardée  avec  beaucoup  de  force.  L'eau  dardée 
par  le  tuyau. 

DAItDKK  (dar-dé),».  a.  ||  1" Frapper  avec  un  dard. 
Cambyse,  ne  pouvant  darder  Crésus,  dit  à  ses  ser- 
\ileiirs  de  le  prendre  et  le  tuer,  P.  L.  cour.  II.  t.'>8. 
Êlma,  jedardurai  pour  toi  la  baleine!  ciiateaubr. 
,\'alch.  vin,  330.  ||  2°  Lancer  comme  un  dard.  Dar- 
der un  javelot.  Darder  un  poignard.  Je  lance  une 
pique  plus  loin  qu'un  autre  ne  daide  une  llèche, 
EÉN.  t. XXI,  p.  378.  Il  Poétiquement.  Frappe  ce  hlche 
sein  du  trait  de  ton  tonnerre  Le  plus  fort  que  jamais 
lu  dardes  sur  la  terre,  rotrou.  Hercule  mniiriinl, 
111,5.  Il  Par  extension.  L'abeille  darde  .son  niguillon. 
Le  serpent  darde  sa  langue.  Uneguépe  partagée  par 
le  milieu  du  corps  continue  à  m. i relier,  el  son  ventre 
darde  l'aiguillon  comme  le  ferait  la  guêpe  elle- 
même,  BONNET,  Consid.  Corps  organ.  Œuvres,  t.  v, 
p.  303,  dans  polgens.  |1  U  se  du  aussi  des  rayons, 
des  flammes  lancées  comme  des  dards.  Un  antiquaire, 
nommé  d'Ouvrier,  imagina  pour  LouisXIV  l'emblème 
d'un  soleil  dardant  ses  rayons  sur  un  globe,  avec  ces 
mots;  Nec  -pluribvs  impar,  volt.  Louis XIV,  2B.  Ces 
champs  où  le  soleil  daiile  ses  premiers  feux,  ancelot, 
Louis  IX,  II,  1.  C'était  l'instant  où  ces  llammes  fu- 
rieuses étaient  dardées  de  toutes  parts  et  avec  le  plus 
de  violence  sur  le  Kremlin  ;  car  le  vent,  sans  doute 
attiré  par  cette  grande  combustion  ,  aiiguieiitait  d'im- 
pétuosité, SÉOUR.  Hist.  de  Napnl.  viii,  o.  ||  Absolu- 
ment. Le  soleil  dardait  sur  noire  tête.  |1  Fig.  Dardur 
un  regard,  lancer  un  coup  d'uiil  vif  d'amour,  de 
colère,  de  ressentiment.  Daider  un  sarcasme, lancer 
un  mot  piquant.  Tu  vas  dardant  Dessus  moi  ton 
courroux  ardent,  Régnier.  Stances.  ||  3° Terme  d'hor- 
ticulture. Un  arbre  darde  ses  branches  quand  il 
pousse  des  branches  hoiizontales  comme  des  dards. 

—  HIST.  xV  s.  Le  chevalier  lui  darda  sa  lance  au 
corps,  l'ercrforcsl ,  t.  iv,  f»  I27,  dans  lacurne. 
!!  xvi"  s.  Sa  dextre  main  jecte  et  darde  un  brandon 
Qui  briisle  et  anl.sans  merci  ne  pardon,  marot,  ii, 
280.  Aussi  soudain  que  la  première  beauté  a  d^rdé 
dans  leurs  cnr'urs  le  moindre  de  ses  rayons,  lanûue, 
140.  Los  Carlh:iginois  ne  sçavoient  point  jetler  ny 
darder  les  leurs  [javelots],  ains  comliattoient  de  ja- 
velots courts  à  coups  de  main  seulement,  amvot, 
Slarcell.  (7.  Il  eut  les  deux  cuisses  percées  de  part 
en  part  d'un  coup  dejavelot  qui  se  darde  avec  une 
courroye  attachée  au  milieu,  m.  Pliilop.  0.  Les  Es- 
jiagnols  content  d'un  soldat  qui,  aiaiil  une  lance  à 
travers  le  corps,  larracha  et  la  darda  à  celui  qui  la 
lui  avait  mise,  u'acb.  //i.v(.  il,  08.  M.  de  VieiUeviUe 
luy  darda  à  cette  parole  sa  dague,  carl.  vi,  40.  Ils 
dardoieiit  leurs  piles  [javelots]  de  telle  roideur,  que 
souvent. ils  en  enfiloientdeux  boucliers  et  deux  hom- 
mes armés  et  les  cousoient,  mont,  i,  363. 

—  ÊTYJl.  flard;  wallon, ddrer;  namurois,  daurer. 
f  DAUDIÈUE  (dar-dié-r'),  s.   f.  Sorte  de  piége. 

—  IIIST.  XV  s.  Illec  doit  tendre  sa  dardieie,  selon 
que  la  besle  sera  ;  c'est  une  perche  qui  soit  tendue 
bien  tirant,  et  un  fer  d'espieu  bien  laillant  ei  bien 
agu  et  bien  lié,  à  l'un  des  bouts  de  la  perche  d'un 
couile  de  long,  et  demi  pié  de  large,  et  une  petiie 
cordelette  qui  soit  sus  le  pertuisoù  la  beste  viendra, 
et  un  cliquet  tout  ainsi  que  un  ralier  pour  prendre 
laz,  el  quant  la  beste  cuidera  entrer,  il  y  touclieia 
el  le  destendra,  et  la  perche  viendra  de  si  grant 
roideur  qu'il  li  percera  les  costez,  Caslon  PtièOus , 
ms.  p.  313,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  /'uni. 
t  DAUDILLE  (dar-dl-ll',  ii mouillées) ,  *.  /.  Queue 

d'un  oedlet. 

—  ÉTVM.  Diminutif  de  dard. 
f  DAUDILLER    (dar-di-llé.  Il   mouillées),   v.    n. 

Terme  d'horticulture.  Pousser  sa  daiditle,  en  parlant 
d'un  œillet  et  de  quelques  autres  lleurs. 

—  HIST.  xvi'  s Mille  lleches.  Mille  amoureuses 

flameches,  Au  cœur  du  dieu  dardillant....  baïf  , 
Œuvres,  f"  28,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dardille. 
i  DAKDILLON  (dar-di-Uon ,  Il  mouillées),  s.  m. 

Terme  de  pêche.  Languette  pointue  d'un  hameçon. 

—  ÉTV.M.  Diirdille. 
tDAUDlLLONNER  (dar-dil'o-né,  Il  mouillées), 

V.  a.  Lancer  des  paroles  pii|uantes.  Je  ne  pouvais 
m'empècher  de  d.irdillonner  tout  ce  beau  monde, 
Soiirenirs  de  la  viarquise  de  Créqui,  dans  le  Dict. 
de  1)01. itEz. 

—  ETYM.  Dardillon. 
t  BAUE  (dar'),  interjection  populaire  signifiant 

il  la  hâte,  Date,  dare,  dare,  voilà  un  homme  qui 


DAR 

vient  en  cabriolet,  comme  si  le  diable  l'emportait, 
DIDEROT,  dans  le  Pict.  de  poitevin. 

f  DARIX  (da-rin),  j.  m.  Ancien  nom  d'une  esp^cc 
de  toile.  Toiles  de  chanvre,  blanches  ou  écrues, 
grosses,  moyennes,  compris  celles  de  Champa;;r.ï, 
dites  darin.  brins  et  mèlins,  ouvrées  et  non  ouvrées, 
Tarif,  18  sept.  1004. 

DARIOI.E  (da-ri-o-1'),  s.  f.  Petite  pièce  de  pâtis- 
serie, conienant  de  la  crème. 

—  HIST.  xiv's.  biquelle  servante  trouva  qu'il  lui 
defailloit  une  dariole,  du  cange,  mnrrilin.  ||  xv*  s. 
Darioles,  tartes  entières,  villon,  Repues  franches. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue 

t  OARIOLET,  ETFE  (da-ri-0-lè,  lè-t'j,  t.  m.  et  f. 
Domestique  ou  ^ervallte  qui  .s'entiemet  des  galante- 
ries de  sou  maîiie  ou  de  sa  maïlres.se.  De  vertueux 
qu'il  fut  le  rend  dariolet,  eêgnier,  Sat.  v.  |{  11  n'est 
plus  usité. 

—  HIST.  xvi' s.  En  ces  difficultés  ici,  ces  amou- 
reux et  amoureuses  ne  manquent  point  de  subtiles 
darioletles  lanoue,  (4o  II  délibéra  de  s'aider  de 
quelque  dariolette  d'amour  qu'ils  a|)pellenl,  sauf  la 
révérence  de  la  compagnie,  une  maquerelle,  ïver, 
p.  B69. 

—  ÉTYM.  Darioleite,  nom,  dans  l'Amadis,  d'une 
confidente  qui  avait  favorisé  les  amours  de  !'•  non, 
roi  des  Gaules,  et  d'Ëlisène.  DarioleUe  dérive  de 
dariole. 

DARIQUE  (da  ri-k'),  s.  f.  Monnaie  d'or  des  an- 
ciens Perses,  portant  l'effigie  d'un  archer,  et  qui  pa- 
rait avoir  valu  28  fr.  50  c.  Les  Chinois  ont  eu  des 
monnaies  longtemps  avant  que  les  dariques  fussent 
fabriquées  en  Perse,  volt.  Ilœurs,  t. 

—  HEM.  Hollin  donne  à  ce  mol  le  genre  masculin: 
t.edarique  est  appelé  quelquefois s(a(fr  aureusdam 
les  auteurs,  parce  que,  comme  le  staler  attique,  il 
e.stdu  poids  des  deux  dragmes  d'or.qui  valaientvingl 
dragmesd  argent, ///.ï(. anc.  Ofiîirrcî,  t.  ii,p.389.dans 
polgens.  Ce  fut  peut-être  aussi  dans  le  même  temps 
que  furent  frappées  ces  fameuses  [liècesd'orappelées 
dariques,  du  nom  de  Dar, us  Medus.  lesiiuelles  pour 
leur  beauté  et  leur  finesse,  furent  préférées  pendant 
plusieurs  siècles  à  toutes  les  autres  monnaies  dans 
tout  riJrienl,  id.  il),  p.  278. 

—  ÉTY.M.  Aapsixà;,  de  Aâpeioçr  Darius,  roi  de 
Perse. 

t  UARIVETTE  (da-ri-vè-f)  ou  D  ART  VOTE  (da-ri- 
vo-!') ,  J.  f.  Perche  qui  sert  à  la  conslrucliou  d'un 
train  de  bois  fioité. 

t  DARNAGASSE  (dar-na-ga-s') ,  ».  f.  Un  des  nom» 
de  la  pie  giièche  grise. 

DARNE  (dar-n'),  s.  f.  Tranche  de  saumon  ou  d'a- 
lose. Il  Par  extension.  Et  peut-être  que  quelque  darne 
De  son  corps  il  y  laissera,  scarron,  Virg.  irar.  it. 

—  ÉTVM.  Norm.  darne,  poition;  du  celtique  : 
kymri  etbas-bret.  dam  .sanscrit,  da:ana,  portion. 

f  DARON  (da-ron),  s.  m.  Le  maître  de  la  maison. 
Le  daron  à  pas  lenis  parcourt  du  même  jour  La 
ville,,  les  faubourgs  et  jardins  tour  à  tour,  l'oHe  ano- 
nyme, da^ns  richelet.  Il  Mol  vieilli  qui  estreslé  dans 
l'argot. 

—  HIST.  XIII"  S.  Othe  vint  avant  qui  estoit  fils  de 
Pierre  et  requist  la  saisine  du  daron  [manoir  sei- 
gneurial] comme  le  pliisdroit  heirapparantde  Pierre 
qui  fu  signor  dou  daron,  el  derainemenlen  fusais! 
et  tenant  com  de  son  fié,  Ass  deJérus.p.  B3,  dans 
laclrniî. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

D.*RSE(dar-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Abri,  bas- 
sin pratiqué  dans  un  port;  ce  mot  n'esl  pas  usité  sur 
rOcéan.  On  voit  encore  une  darse  à  moitié  comblée 
qui  pourrait  bien  avoir  été  l'Aphrodise,  cuateaubh. 
/(in.  219. 

—  ÉTYM.  Espagn.  et  ilal.  darsena;  de  l'arabe  ddr 
çanah,  maison  de  travail. 

f  DART  (dar),  î.  m.  Terme  de  commerce.  Sorte 
de  papier  de  p.1te  grise. 

f  DARTOS  (dar-tiis'),  t.  m.  Terme  d'analomie. 
Enveloppe  des  testicules  située  au -dessous  de  la  peau 
du  scrotum,  à  laquelle  elle  adhère  intimement. 

—  HIST.  xvr  s.  La  seconde  tunique  propre  des  tes- 
ticules est  l'epididymis  ou  dartos,  prenant  son  ori- 
gine de  la  membrane  des  vaisseaux  spermaliques, 
PARÉ,  1,   28. 

—  ÉTYM.  XiTMv  îupTi; ,  membrane  qu'il  faut  dé- 
pouiller; 6ntpt6;  vient  de6ic.«iv,  écorclier. 

DARTRE  (dar-tr),  s.  f.  Maladie  généralement 
chronique  île  la  peau.  Dartre  vive.  Dartre  farineuse. 
Il  Le  mot  daine  est  un  mol  vulgaire,  qui  n'a  plu» 
pour  les  médecins  de  sens  pr.-cis  el  spécial. 

— -  HIST.  xiv  s.  Hos-siUons  puet  bien  esire  diz  pour 
la  grant  rousée  Dont  la  douce  monleigne  est  soveiK 
arousée;  Quarla  terre  du  val  et  du  mont  et  du  tertre 


DAT 


DAT 


DAT 


955 


Kst  plus  douce  des  autres;  n'y  ha  roiche  ne  dertre, 
Girarl  de  /lo.vs.  v.  637.  ||  xvi's.  Autres  ont  des  dar- 
tres squameuses  aux  pieds  et  aux  mains,  paré,  xvi, 
t.  A  quelques  uns  surviennent  des  dertres  et  feule;, 
aux  niains  et  aux  pieds,  m.  xvi,  5. 

—  KTVM.  Génev.  darde,  dairde,  darle  ;  Berry, 
tndarde,  endnrcc.  Diez  ii.dique,  louten  montrant  les 
diflicidlés,  l'anglo-saxon  Mer,  dartre  ;  anglais .  ((  tier; 
mais  il  jufre  encore  plus  difficile  la  dérivation  du 
celtique;  kymri.  laruden,  dartre;  bas-lireton,  diir- 
l'oédfn,  damuéden;  cependant  si  on  fait  attention 
que  ces  mois  paraissent  avoir  pour  radical  tarz, 
éruption,  on  trouvera  la  dérivation  celtique  moins 
im|inibalile:  le  cellicpie  parait  se  rattacher  au  sanscrit 
dard™, daiire.  MiJnageremarqueque  de  son  temps 
la  province  prononçiiit  derire. 

DAItTlIKL'X,  KUSE  (dar-treû,  treû-z'),  adj. 
Il  l°Oui  est  de  la  nalure  des  dartres,  qui  tient  dfl 
la  dartre.  Aiïection  darlreuse.  ||  2°  Qui  a  des  d.irtres. 
yn  enfant  dartreux;  et,  subslantivemeut,  un  dar- 
treux,  une  dartreuse, 

—  ETVM.  Parlre. 

f  DARTKIEK  (dar-tri-é),  s.  m.  Nom  de  quelques 
plantes  qu'on  em|iloie  contre  les  dartres. 

—  ETYM.  Dartre. 

•)■  DASVANTUE  (da-zi-an-f),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  a  des  fleurs  garnies  de  poils. 

—  ÉTY».  Aifi;,   garni  de  poils,  et  iiv6o;,  fleur. 
t  DASYCAltPE   (da-zi-kar-p'),  adj.  Terme   de 

botanii|ue,  Qui  porte  des  fruits  garnis  de  poils. 

—  ËTYM.  AaiTÙ;,  velu,  et -.lapTio;,  fruit. 

t  DASYCAULE  (da-zi-kô-l'),  adj.  ferme  de  bota- 
nique. Oui  a  la  tige  hérissée  de  poils. 

—  ETYM.  Aoid-j;,  velu,  et  nouXo;,  tige. 

t  DASYCÉl'IlALE  (da-zi-sé-fa-l'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  a  la  tête  velue. 

—  ETYM.  liiT'J;,  velu,  et -.<£?»).:?)  ,  tête. 

t  nASY(;A.>;TKE  (da-zi-ga-str'),  adj.  TermeUe 
zoologie.  Oui  a  le  ventre  velu. 

—  ETYM.  iid-j;,  velu,  et  yaaxrp,  ventre. 

t  DASY.MALLE  (da-zi-ma-T),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  est  couvert  d  une  toison  longue  et  laineuse, 

—  ÊTYM.  AetTÙ;,  velu,  et  |jia).),o;,  toison. 
fDASYI'E  (ila-zi-p"),  adj.  ferme  de  zoologie.  Qui 

a  les  jamiies  hérissées  de  poils. 

—  ETYM.  Aîtru;,  velu,  et  Ttoû:,  pied. 

+  DASYIMIVLLE  (da-zi-fi-l'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  a  des  feuilles  velues. 

—  ETYM.  Aauù;,  velu,  et  cpO>,Xov,  feuille. 

t  UASYI'LEUKE  (da-zi-plim-r'),  adj.  Terme  de 
loolog».  Oui  a  les  lianes  ou  les  côtés  velus  (insectes). 

—  ETYM.  AaiTu;,  lelu    et  nÀEupov,  côté. 

t  DASYSTACUYÊ,  EE  (da-zi-sta-kié,  ée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  les  Heurs  disposées  en 
épis  velus. 

—  EI'YM.  Aar7'j;,  velu,  el<yriyy(;,  épi. 

t  DASYSTÉ.VIOXE  (da-zi-sté-"mo-n'),  adj.  Terme 
de  botanique,  uui  a  les  étamines  velues. 

—  ETYM.  AiTÙ;,  velu,  et  iitr,ij.ujv,  étamine. 

t  DASYSTYLE  (ila-zi-sti-1'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  a  le  style  velu. 

—  ETYM.  Aaçiu;,  velu,  et  ot'j>,o;,  .style. 
|-1)A.SYUHE  (da-zi-u-r'),  adj.  Terme  d'histoire 

naturelle.  Qui  a  la  queue  velue;  qui  ailes  épis  velus 
imiiant  une  queue.  ||  S.  m.  Genre  de  mammifèies  à 
bourse,  de  l'ordre  des  marsupiaux. 

—  ETYM.  AdiTÙ:,  velu,  et  oùpi,  queue. 

t  D.\TA  (da-ta).  *.  m.  p/"r.  Faits  donnés,  connus 
d'eux-mêmes  ou  par  la  science.  ||  Peu  usité,  et  seu- 
lement dans  cette  locution  :  les  data  et  les  deside- 
rata. Ailleurs  on  dit  donnée. 

— -  ETYM.  l.at.  part,  passif  dofus,  au  plur.  neutre: 
les  choses  données. 

DATAlllE|da-tê-r'),  s.  m.  Titre  d'office  à  la  chan- 
cellerie do  Home  et  qui  vient  de  ce  qu'autrefois  le 
dataire  marquait  la  date  de  toutes  les  suppliques. 
J'ai  lu  une  lettre  de  Jean-.Matbieu  (jilierli,  éve(|ue 
de  Vérone,  et  d.ntaire  du  pape  Clément  Vil,  balz. 
i' Duc.  sur  In  cour,  lioniface  [V'ill]  et  son  dalaiie  ne 
songeaient  pas  que  la  puissance  pajiale  éiail  fort  inu- 
tile, VOLT.  iUeurs,  65.  ||  Adjectivement.  Il  me  païaît 
meilleur  d'écrire  au  cardinal  daiaire,  isoss.  Lett.  iso. 

—  HlST.  x\i'  s  Le  pape  despecha  le  seigneur 
Malhec  son  dattairo  pour  couUrmer  ladite  alliaice, 
M    DU  IIELL.   !U8. 

—  ETYM.  Voy.  DATERIE. 

DATE  (da-i'),  j.  /■.  ||  1°  fipoque  précise  oii  une 
chose  a  été  fatte.  U  met  la  date  du  concile  par  er- 
reur Cil  nu.;,  nus:,,  lur.  II.  i:elt' dnte  [celle  où  la 
loi  écrile  fut  donné  il  Moïse]  est  reinarquiiule,  parce 
qu'on  s'en  sert  pour  désigner  tout  le  temps  qui 
s'écoule  depuis  Moïse  jusqu'à  Jésus-Christ,  id.  Ilist. 
1,  ♦.  N'y  observer  [dans  l'histoire]  que  les  faits  et 


les  dates,  sans  porter  plus  loin  sa  curiosité  ni  ses 
vues,  ce  serait  imiter  l'imprudence  d'un  voyageur 
qui.  en  p;ucourant  beaucoup  de  pays,  se  roiiienle- 
rait  d'en  cor  naître  exactement  la  distance,  boi.un, 
///.ï(,  atic.  CSCmres,  t.  ii,  p.  4,  dans  poigkns.  Le 
commencement  de  la  seconde  guerre  punique,  à  ne 
considérer  que  li  date  des  temps,  fut  la  prise  de 
Siigonte  par  Annibal,  i».  rrailf'  des  El.  3- part.  ch.  I. 
Quelquefois  seulement  le  pas.sant  arrêté.  Lisant  l'âge 
et  la  date  en  écartant  les  herbes.  Et  sentant  dans 
ses  yeux  quelque  larme  courir,  Dit  :  KUe  avait  seize 
ans,  c'est  bien  tôt  pour  mourir,  lamart.  Ilnrm.  iv, 
10.  Il  Aride  vérifier  les  dates,  litre  d'un  oiivragechro- 
nologiqiie  très-renommé,  i|Ui  est  l'rpuvre  des  liéné- 
diciins.  li  Une  lettre  de  change  à  vingt  jours  dédale, 
à  un  mois  de  date,  lettre  de  change  dont  le  paye- 
ment est  exigible  vingt  jours,  un  mois  après  le  jour 
de  sa  date.  ||  Kig.  Sans  date,  non  daté,  et,  par  une 
extension  inéla|ihorique ,  imnéinorial  ,  qui  re- 
monleft  une  antiquité  oubliée.  [Rspritde  Thomme] 
Quel  charme  nu(|uelle  horreur  à  la  fin  t'arrôia?  Ce 
furent  ces  forêts,  ces  ténèbres,  cette  onde.  Et  ces 
arbres  sans  date,  et  ces  rocs  immortels,  lamart. 
Ilarm.  i,  1 1.  ||  De  nouvelle,  de  fraîche  date,  se  dit 
de  tout  ce  qui  est  récent.  Une  amitié,  une  noblesse 
de  fraîche  date.  Il  me  dit  que  de  fraîche  date....  il 
avait  été  tout  droit  au  bien  de  l'État,  balz.  B'  Disc. 
■viir  lacoiir.  \\  Dans  un  sens  opposé.  Une  amitié,  une 
noblesse  d'ancienne, de  vieille  date.  ||  Faire  date, 
commencer  une  ère,  une  période.  La  liste  des  au- 
torités pour  la  langue  poétique  n'est  pas  moins  su- 
rannée; hormis  Malherbe  et  Itégnier,  il  ne  s'y  ren- 
contrait pas  un  nom  qui  ptït  faire  date  pour  celte 
poésie  sage,  ornée,  naturelle,  où  devait  atteindre 
notre  langue,  villemain,  Del  de  CAcad.  Préface, 
p.  XIII.  I|  2°  En  matières  bénéficiales,  date,  jour  de 
l'enregislri'inent  d'une  supplique  pour  obtenir  un 
bénéfice  en  cour  de  Home.  Prendre  date,  prendre 
une  date  de  tel  jour.  ||  Par  extension,  prendre  date, 
retenir  date,  consigner,  constater  l'époque  où  une 
chose  doit  se  faire.  Il  faut  ipie  je  prenne  date  avec 
vowi.mov.^.  l.cH.àU.  Le  Breton.  \\  Prendre  date, se 
dit  aussi  des  choses  qui  fixent  un  point.  M.  de  Loiig- 
périer  en  résululquelques-iines  (desdifficullés d'écri- 
ture assyrienne]  dans  des  études  qui  méritent  de  pren- 
dre diite,  VIVIEN  DE  sT-MAi(TiN,  ilec.  germ.  t.  xix, 
p.  600.  Il  Retenir  une  date  chez  un  notaire,  retenir  un 
jour  déterminé  pour  passer  un  contrat.  ||  Fig.  Être  le 
premier  en  date,  avoir,  par  une  sorte  d'ancienneté, 
droit  sur  quelqu'un  ou  sur  quelque  chose.  Comment, 
pendard  !  tu  as  l'audace  d'aller  sur  mes  brisées?  — 
C'est  vous  qui  allez  sur  les  miennes,  et  je  suis  le 
premier  en  date,  mol.  l'Avare,  m,  3.  N'en  déplaise 
à  l'espoir  dont  votre  esprit  se  flatte.  Vous  venez  un 
peu  lard,  je  suis  première  en  date,  boissy,  Dehors 
trompeurs,  m,  5. 

—  illST.  xm'  s.  Il  ne  devoit  pas  estre  oïs  en  alli- 
guier  paiement  devant  le  [la]  dalte  de  letlres  es 
queles  il  esloil  obligiés,  beal'm.  xxxv,  8.  Et  puis 
doit  estre  mise  le  [la]  date  pour  savoir  le  tans  que 
ce  fu  fet,  ID.  xxxv,  23,  ||  xV  s.  Faict  au  temps  de  la 
dicte  date.  Par  le  bon  renommé  Villon,  Qui  ne 
mange  figue  n»  date,  villon.  Petit  tei^taiii.  ||  xvi's. 
Ceux-là  alleguoient  qu'une  requeste  envoiée  d'une 
si  bonne  ville,  trouveroit  que  le  date  est  eflicacieux, 
d'aub.  Ifist.  m,  4.i5. 

—  ETY.M.  Provenç.  data,  dada;  espagn.  portiig. 
et  ilal.  data;  du  latin  data,  choses  données,  pluriel 
neutre  de  dalu.v,  participe  passé  du  verbe  dare ;  on 
a  dit  aussi  U  date,  au  masculin,  de  datuni,  chose 
donnée. 

DATÉ,  ÊE  (da-lé,  tée),  part,  passé.  Qui  a  une 
d.ite.  Lettre  datée  du  mois  d'avril.  Pièce  non  datée. 
Quoique  ma  lellre  soil  datée  du  dimanche,  je  l'écris 
aujmirdhui  samedi  snir,  sEv.  i"oct.  ICH-I. 

DATER  (da-lé),  v.  a.  ||  1°  Mettre  la  date.  Dater 
une  lettre,  un  contrat.  Diderot  ne  datait  jamais  ses 
litircs:  Mme  d'Epinay,  Mmed'Houdetol  ne  dataient 
guère  les  leurs  ijue  du  jour  de  la  semaine,  J.  J.  Rouss. 
Confess.  ix.  ||  Absolument.  C  est  pour  vous  appren- 
dre a  dati'r;  car  la  plupart  des  femmes  datent  fort 
mal.  M""  i)E  MAiNTENON,  Lctt.  à  U  me  de  /!....  U 
ûct.  1093.  Il  Par  extension.  C'est  depuis  ce  diner 
que  je  puis  dater  sa  connaissance,  j.  J.  rol'ss. 
Conf.  IV.  Nous  datons,  nous  autres,  notre  philoso- 
phie de  cent  quinze  mille  six  cent  cinquante-deux 
ans,  VOLT.  Amabed,T  lettre.  ||  2"  V.  n.  Avoir  eu 
son  commencement  h....  Notre  amitié  date  de  ce 
jour.  Appréciant  toute  la  force  qu'il  jl'empereurj  tire 
du  presline  de  son  inraiUibililé,  il  frémit  d'y  porter 
une  première  aiteiiile;  quelle  effrayante  suite  de 
guerres  périlleuses  dateront  de  son  premier  pas  ré- 
trograde I  SÉQUR,  Hitt.  de  Napol.  vm,  (o.  De  ce  dé- 


part fatal  date  tout  mon  malheur,  lemeboier,  J, 
Shore,  :,  2.  ||  Familièrement.  Cet  homme  ne  date 
pas  d'hier,  il  date  de  loin,  c'est  à-dire  il  y  a  très- 
longtemps  qu'il  est  né,  il  est  très-âgé;  et  aussi  c'est 
une  personne  âgée  qui  parle  d'urie  chose  arrivée 
dans  sa  jeunesse,  dans  son  enfance.  ||  Commencer 
à  compter  d'une  certaine  épocpie.  X  dater  de  ce 
jour.  Vos  appointements  daieront  d'aujourd  nui.  Il 
y  a  longtemps,  à  dater  du  ministère  du  cardinal 
de  Fleury  etmôme de  |ilus loin,  qu'elles  [les  lettres] 
sont  en  France  sans  encouragement  et  sans  consi- 
dération, d'alkmb.  Leit.  au  roi  de  Prusse,  -22  août 
177-2.  Il  3°  Dater  se  dit,  en  parlant  de  la  toiletie  îles 
femmes,  d'une  robe,  d'un  châle,  d'un  vêtement 
quelconque  dont  les  dispositions,  les  couleurs  ou  la 
forme  attirent  les  yeux  et  l'attention,  et  font  que 
l'ancienneté  du  vêtement  se  reconnaît  facilement. 
Ne  prenez  pas  cette  étoffe;  elle  datera.  ||  i°  Se  dater, 
V.  re'fl.  Être  diité.  De  telles  pièces  se  datent  toujours, 

—  ETYM.  Date. 

DATERIE  (d;i-le-rie),  s.f.  ||  !•  Chancellerie  à  Rome 
où  l'on  date  les  expéilitioiis  des  bénéfices,  les  res- 
crits  et  autres  choses  qu'on  expédie.  ||  i'  Oflice  de 
da taire. 

—  ÉTVM.  Daiaire. 

t.  D.ATIP  (datif),  s.  m.  Terme  âe  grammaire.  Un 
des  cas  des  nomse'  des  adjectifs  grecs  et  latins,  ce- 
lui qui  sert  à  marquer  le  rapport  d'attribution. 

—  HiST.  XV*  s  11  avoit  mis  six  ducats  en  datif, 
Pour  mieux  avoir  s'amie  vocaiive,  en.  d'ohl.  llon- 
del,  68.. 

—  ÉTVM.  Provenç.  daitu  ;  espagn.  et  ital.  daltuo; 
du  latin  dalirus.  de  dare,  donner,  attribuer. 

2.  DATIF,  IVE  (da-tif,  ti-v'),  adj.  Terme  de  droit. 
Donné,  élaldi  par  le  juge  ou  par  testament,  par 
(>|iposition  à  légal,  établi  par  la  loi.  Tuteur  datif. 
Curatelle  dative. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  tuteles  sont  datives,  loysel, 

181. 

—  ÉTYM.  Lat.  dativiis,  de  dare,  donner. 

D.ATION  (da-sion),  s.  f.  Terme  de  pratique.  Ac- 
tion de  donner.  La  dation  du  mandat  au  mandiitaire 
par  le  mandant.  Dation  de  tuteur.  |{  Dation  en  paye- 
ment, action  de  donner  en  payement  d'une  dette 
une  chose  antre  que  la  chose  due. 

—  ETYM.  Provenç.  dacto;  espagn.  daci'on;  ital.  da- 
zione;  du  latin  dadonnn,  de  dure,  donner;  giec,5oû- 
vai;  sanscrit,  da,  donner. 

t  DATISCA  (d-i-ti-ska),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  appartenant  au  centre  de  l'Asie  et 
au  NépaiiU 

t  DATISCACÉE  (da-ti-ska-sée  )  ou  DATISCINÉE 
(da-li-ssi-iiée),  s. /'.  Terme  de  bolanii|ue.  Nom  d'une 
famille  de  plantes  ([ui  a  pour  type  le  genre  datisca. 

f  DATISCI.VE  (da-ti-ssin'),  s  /".Terme  de  chimie. 
Principe  extrait  delà  datisca. 

DATISME  (ila-ti-sm'),  s.  m.  Miiniére  de  parler 
ennuyeuse,  dans  laquelle  on  entasse  plusieurs  syno- 
nymes pour  exiirimer  la  même  chose.  ]iar  exemple: 
je  suis  aise,  content,  satisfait,  ravi  de  vous  voir. 

—  ÉTYM.  AatidjAci;,  de  Laits,  personnage  perse 
qu'Aristophane  introduit  dans  une  de  ses  comédies 
et  qu'il  fait  parler  d'une  manière  tauiologique. 

DATTE  (da-l'),s.  f.  ||  1°  Fruit  du  dattier.  ||  2- Sorte 
de  coquillage  dit  plus  .souvent  dactyle.  Malheur  aux 
dattes  qui  viennent  à  être  rencontrées  par  d'autres 
dattes;  car  celles-ci  ne  m.iniiuenl  pas  de  les  percer 
pour  se  nourrir  de  leur  sulistance,  bonnet,  Con- 
templ.  nat.  12'parl.  ch.  27. 

—  lllST.  XIII'  s.  Et  toute  autre  manière  d'aigrun, 
dates,  figues,  et  toule  manière  de  reisins,  Liv.  des 
met.  32.  Dalle,  Ass.  Jérus.  ii,  170,  ||  xvi-  s.  Les 
fruits  soient  raisins,  pruneaux,  amandes,  ilactes, 
PARÉ,  XX,  25.  Aulre  viande  (pie  prunes,  ne  sont  les 
dattes  et  mirabolans,  et  toulesl'ois  pour  merveille 
l'on  nous  les  apporte  des  païs  orientHUX  et  méridio- 
naux, 0.  DE  SERBES,  083.  Le  palmier  produit  lex- 
ipiise  prune  datte,  qu'on  nous  envoie  de  la  Barla- 
rie,  ID.  7(5.  Figues,  prunes,  datils ,  pignolats, 
noiseiles....  id.  842. 

—  ETYM.  Provenç,  datil,  daclil  ;  portug.  dalile; 
ital.  dudiro;  du  latin  daclylux.  de  ôixtuào;,  doigt, 
et,  à  cause  de  la  forme  allongée  du  fruit,  datte. 

D.ATTIER  ida-tié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  les  da-tié-z  et  les  dalles),  s.  m.  ||  1°  Pal- 
mier qui  produit  les  dattes.  |1  2"  Oiseau  commun  en 
Barbarie. 

—  ÉTYM.  Datte. 

DATL'RA  (ila-tu-ra),  ».  m.  Terme  de  botanique. 
Genrede  |ilaiilessolanées,  dont  l'espèce  daturastra- 
monium,L.  dite  aussi  pomme  épineuse  et  stramone, 
est  narcotique  et  vénéneuse. 

—  tiVM.  Arabe,  datora,;  du  persan,  tatiila,  du  ra- 


9ÔG 


DAlr 


dical  ial,  piquer,  par  allusion  à  lenveloppo  épineuse 
du  fruit.  Dans  le  dict.  d'Iiiat.  nat.  de  dOrbigny, 
ou  dii  avec  raison  que  c'eat  une  corruption  u'un 
mot  arabe. 

t  DATIUIÎK.S  (da-tu-rée),  t.  f.  plur.  Terme  de 
b-itaiiiiu".  Tribu  de  plantes  ayant  p.ur  type  le 
genre  il.iiu'a. 

\  D.\Tl"IIINE(d/i-tu-ri-n'),i.  f.  Terme  de  chimie. 
Al'viloi'li-  découvert  dans  les  semences  du  datura 
Stra'i>finiurn.   L 

DAI'KK  ('lrt-li')i  «•  f-  Terme  de  cuisine.  Mani^re 
dp  cuire  l'.erliiines  viamli'S  avec  un  a.'.saisonnenieul 
particulier,  k  irès-petit  feu  et  il  l'étoufTée.  Meltie 
un  t'it-'ol  en  ilaul>e Sans  daube,  entremets,  bis- 
que, A  l'entendre  parler,  mitre  amnur  court  grand 
risriue,  HAUTKtiociiK,  II'  Sinipir  mal  aijtri'lé,  se.  6 
F'ieiii'l  fit  appiirler  une  ireiUaiuu  de  poulardes  4  la 
daulie,  VOLT.  Jenni,  7.  ||  Le  ragoût  de  ce  nom.  Une 
bonne  d.i'ilie.  Une  daube  froiile. 

—  Rtym.  Voy.  DAi'iiKiun  rin.  daube,  chute. 
T>AVnF..ÈV.{i\ôht. bée),  part,  passif.  Daubé  à  coups 

de  poings.  Il  Kitr.  Daubé  el  moqué  par  ses  camarades. 
Il  Terme  de  cuisine.  Mis  eu  daube,  &  lu  daube.  Gigot 
daubé.  Volailledaiibée, 

■f  D.AUHKNTONIK  ( dôban-to-nie ),  s.  f.  Terme 
de  bulaiiii{ue.  tien're  île  la  famille  des  papilionacées. 
comprenant  ipiel|ues  plantes  qui  croissent  dans 
i'Aniériipie  ti'n|)icale. 

—  ETYM.  Ddubeiilon,  célèbre  naturaliste  français 
de  la  fin  du  xviii'  siècle. 

DAL'ItEll  (ilA-bô),  r.  a.  ||  1*  Frapper  à  coups  de 
poii'H  II  a  ilanlié  vigoiireusenien:celui  qui  l'avait  in- 
sulié.  112"  Fig.  el  fainilieremeni,  railler  quelqu'un, 
mal  parler  de  lui.  l'injuner.  Je  les  dauberai  lanl  en 
toutes  rencontres,  qu'i"!  la  lin  ils  se  rendront  sages. 
«01..  Crîl.  de  l'Éc.  des  f.  6.  On  m'a  dit  qu'on  va  le 
dauber,  lui  el  toutes  ses  comédies,  de  la  plus  belle 
manière,  m.  /»i;)roiiK'(u,  3.  Dans  les  visites  qui  soiU 
faites  Le  renard  se  dispense  et  se  lient  clos  et  coi; 
Le  loup  en  fait  sa  cour,  daube  au  coucher  du  roi  Son 
camarade  absent....  la  KONr.  faftJ.  vin,  3.  À  ce  i|ue 
je  puis  voir,  vous  daubez  ma  méthode,  MuNTFLEuny, 
femme  juge  el  partie,  m,  2.  I\idicule  jamais  ne  fut 
si  liien  ilaubù,  piiio.N,  i/e(rom.  Il,l.  ||  Neuiralement. 
Comme  sur  les  maris  accusés  de  soull'raiice  Voire 
langue  en  tout  tem|is  a  daulié  d'importance,  moi.. 
Éc.  lies  f.  \,  I .  Il  3°  Mettre  en  daube,  faire  une  daube. 
Il  i'  Se  dauber,  v.  réfl.  Se  baure.  Ces  écoliers  se 
sont  bien  daubés. 

—  HIST.  xui-  s.  Papelart  guilent  moult  de  gent 
Por  ce  que  iLiubé  [garni]  sont  d'argent,  llUt.  de  S. 
Lencnde,  ms.  f*;!! ,  dans  lacikne.  ||  xvi's.  l'reru.laii 
le  d.iubba  tant  el  tieslanl  que  je  le  cujiloys  mort, 
BAB.  Gary  IV,  m.  L'un  ne  cherche  que  la  paix;  l'autre 
daube,  es|ioii.sselte  el  esinlle  en  louies  façons,  ciio- 
UtHts.  Contes,  t.  i,  Hatinée».  ||xvii«s.  In  cavalier 
suédois,  apics  qu'il  lui  eut  [à  Tillyl  deschargé  un 
coujiile  pis>olei,  lui  ilobbala  tesie  du  cauon  et  fail- 
lit de  l'assommer,  le  Suidai  suéd'is,  p.  «u  (iiiaa;. 

—  ËTYM.  Norm.  dau-lier.  prêter  à  usure  ;  génev. 
daiiher,  duper,  tromper;  wallon,  danbiuer,  tau- 
piner.  rosser;  an^-'l.  lo  dauh,  enduire,  barbouiller; 
de  l'anc.  allem.  duhhun,  fia|iper,  sens  qui  va  avec 
toutes.es  signihcaiions,  mfme  celle  dégarnir, d'en- 
duire; car  dubbaii  est  dans  a-doiiber,  qui,  expri- 
mant le  coup  donné  au  chevalier  en  l'armant,  avail 
aussi  pris  le  sens  de  munir,  pourvoir.  Dans  les  en- 
virons de  i'aris,  on  dit  cela  me  daube,  euparlani 
d'une  ilou'.eur  en  un  point  du  corps. 

UAUliËUlt  (dô-beur),  s.  m.  Celui  qui  raille  les 
gens,  qui  en  p.irle  mal.  Mes  ieurs  les  courtisans, 
cessez  de  vous  détruire  ;  Fait' s,  si  vous  pouvez,  vuire 
cour,  sans  vous  nuire;  Le  mal  se  rend  chez  vous  au 
quadruple  du  bien;  Les  daubeurs  ont  leur  lour, 
d'une  ou  d'autre  manltre,  la  font,  f  oOi.  vui,3. 

—  EIY.M.  liaubcr. 

tDALBlÈUE  (dô-biê-r'),  s.  /".Terme  de  cuisine. 
Vase  dans  lequel  on  cuit  une  daube. 

—  ETYM.  Daube. 

t  DAUCIKOKMK  ,dô-si-ror-m'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanuiue  Oui  a  la  forme  de  la  racine  de  la  carotte 
(dauim  carota,  L.). 

—  Etym.  1j>i.  daucus,  carotte,  et /'orme. 

t  DAUCLNÊES  (dù-si-néc),  s.  f.  plur.  Terme  de 
bolaiiique  Famille  de  plantes  dont  le  daxiau,  ca- 
rotte, est  le  lype. 

j  DAL'COÏDE  (dô-lioi-d'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Uui  re>semble  ^  la  caroite. 

—  ËTY.M.  Ax^xo;.  carotte,  el  eîSo?,  forme. 

t  DAL'DKXr  (dC-danj,  s.  m.   Variété  de  iiomme. 
t  DAULIK  (dô-liu),  t.  m.  Un  des  noms  de  la  bé- 
rofsiue. 
DAIII'ULV  (dô-fin),  s.  m.  \\  !•  Terme  d'histoire 


n.Au 

naturelle.  Gros  poisson  de  mer  de  la  famille  des  céta- 
cés, Carnivore,  et  dont  U  graisse  fouroit  une  bulle 
(delphinut  delphis).  Les  récits  de  l'antiquité  faisaient 
de  ce  poisson  un  ami  de  l'homme,  et  l'on  racontait 
(pi'Arion,  jeté  à  la  mer,  fut  sauvé  par  un  dauphin. 
Un  navire  en  cet  équipage  Non  loin  d'Athènes  fit 
naufrage;  Sans  les  dauphins  tout  eût  péri;  Cet  ani- 
mal esl  fort  ami  De  notre  espèce;  en  son  histoire 
Pline  le  dit;  il  le  faut  croire,  i.a  font.  Fabl.  iv,  7. 
Le  dauphin  appartient  au  genre  des  baleines;  mais 
sa  taille  est  bien  inférieure  à  celle  des  grandes  ba- 
leines; il  n'a  que  six  à  sept  pieds  de  long  sur  une 
grosseur  proportionnée,  bonnet,  Cnntempl.  nal. 
10'  part.  ch.  25.  Les  dauphins  émigreni  par  troupes 
d'une  mer  dans  une  antie,  ID.  ib.  \\2'  Constellaiion 
de  l'hémisphère  septentrional.  ||  3"  Te- me  de  bla- 
.son.  Daupliin  vif,  celui  qui  a  la  gueule  close.  Dau- 
phin p9mé,  celui  qui  a  la  nueule  bé.nnte.  Dauphins 
couchés,  ceux  qui  ont  la  tète  et  la  queue  tournées 
vers  la  poinie  de  lécu.  n  4°  Terme  de  commerce. 
F.spèce  de  papier. ||  Sorte  d'étoffe  de  laine. ||  5"  lerme 
de  construction.  Pierre  creiLsée  d'un  trou  recourbé 
pour  le  passage  de  l'eau.  Kxtrémite  coudée  et  infé- 
rieure d'un  tuyau  rie  de.scente.  ||  Terme  de  marine. 
Pièces  de  bois  courbes  qui  servent  à  lier  l'éperon  et 
la  giiibre  d'un  bi\timent,  avec  l'étrave,  les  aiguilles 
et  le  corps.  ||  6°  Macliine  qui  sert  à  plonger.  ||  Sorte 
lie  |iièce  d'artifice  qui  entre  dans  l'eau  et  en  sort. 
Il  7"  Terme  île  guerre  navale  dans  l'antiquité.  Masse 
de  plomb  suspendue  aux  antennes  des  vaisseaux 
qu'on  laissait  tomber  sur  le  vaisseau  ennemi  pour 
l'enfoncer.  ||  8"  Nom  du  cormoran.  ||  Nom  d'une  co 
quille  iinivalve.  ||  9°  Titre  attaché  à  cerlaims  sei- 
gneuries. Dauphin  d'Auvergne.  Dauphin  du  Vien- 
nois. Il  Titre  qui  fut  donné,  K  partir  de  Philippe  de 
Valois,  au  fils  aîné  des  rois  de  France,  après  la 
réunion  du  Dauphiné  à  la  couronne,  le  dernier  sei- 
gneur du  Dauphiné,  Humb  rt  111,  en  1313,  ayant 
mis  pour  condition  de  la  cession  de  sa  seigneurie 
que  le  (ils  aîné  serait  ainsi  nommé.  M.  le  dauphin 
[le  fils  de  Louis  XIV]  entre  dans  tous  les  conseils; 
n'approuvez-vnus  pas  encore  cette  conduite?  c'est 
proprement  l'associer  à  l'empire,  sÉv.  14  avril 
1091.  Il  Grand  dauphin,  titre  donné  quelquefois  au 
daiqihin  lils  de  Louis  XIV,  et  père  du  duc  de  Bour- 
gogne. Le  petit  ilau|diin,  le  duc  de  Bourgogne.  ||  On 
nommait,  dans  les  familles,  dauphin  le  fils  unique 
lie  la  maison  ou  celui  de  qui  on  avait  grand  soin 
Vous  me  parlez  de  votre  dauphin,  je  vous  plains 
de  l'aimer  si  tendremeni,  SEv.  dans  le  Dict.  de  uo- 
citEZ.  Il  On  appela  dauphins  tous  les  livres  faits  par 
l'oiilre  de  Louis  XIV  pour  l'éducation  du  ilauphin. 
son  fils  et  élève  de  Bossuet.  Je  ne  dois  pas  oubLer 
ici  le  service  qu'il  rendu  aux  lettres,  en  nous  procu- 
rant cette  suite  de  commentaires  qui  se  nom.nent 
communément  les  dauphins,  quoique  la  première 
idée  en  fut  venue  à  M.  de  Montausier;  on  est  rede- 
vable à  M.  Fenet  d'en  avoir  tracé  le  plan  et  dirigé 
l'exécution,  d'olivet,  llisi.  Acad.l.  ii,  p.  .■i94,dans 
poucENS.  Il  Adjectivement.  Édition  dauphiné,  édi- 
tion de  ces  auteurs.  Critique  dauphiné.  lescommeu- 
lalres  dout  on  a  accompagné  l'édition  de  ces  au- 
teurs. 

—  IlIST.  XV'  s.  Quant  le  duc  Jehan  fut  venu  à 
Paris,   le  roy  Charles  el  le  doffîn  luy  firent  graut 

joie,   FF.NIN,    1411. 

—  ETYM.  Provenç.  dalfin;  catal.  delfi;  espagn. 
d('//i«  ;  (lortug.  di'lfim;  ital.  delftno;  du  latin  de/phi- 
nus,  du  grec  ôeXçc;,  dauphin,  le  même  que  {Se/- 
siv  et  pouvant  de  la  sorte  eue  rapproché  du  laiin 
bcllua,  grosse  bêle.  Ouaiit  au  dauphin,  fils  aîné  du 
roi  de  France,  ce  nom,  porté  par  le.-,  seigneurs  du 
Viennois  et  transmis  à  la  famille  royale  lors  de  la 
cession  du  Dauphiné  à  la  couronne  de  France,  était 
un  nom  propre,  Delphinus .  le  même  <|ue  le  nom  du 
poisson;  Uuuplitné,  nom  de  province,  dérive  du 
nom  de  ces  seigneurs,  qui  avaient  pris  pour  leurs 
armes  trois  dauphins. 

).  DAUPIILNE  (dô-fi-n'),  ».  f.  Nom  de  la  femme 
du  dauphin  de  France.  Mme  la  daufilnne.  Mme  la 
dauphiné  est  une  merveille  d'esprit,  de  raison  el  de 
bonne  éducation,  sEv.  12  avril  I6»u. 

i'i.  DAL'HUINE  (dô-fi-n'),  s. /■.  Nom  d'un  petit 
droguet  de  laine,  jaspé  de  diverses  couleurs. 

t  3.  DAL'FIII.NE  (dô-fi-n'),  s.  (.  Variété  de  laitue. 

t  <.  DAL'PIll.NELLE  (dô-fine-l'),  s.  f.  Terme  de 
botaniipie.  Nom  de  quelques  plantes  d'orneuient 
(renonculacées) ,  noiamiiient  du  pied  d'alouelte. 

t  2.  DAtPllI.NELLE  (ilô-fi  nè-i'),  ».  m.  Terme  de 
dentiste.  Lspece  de  pinces  très  fortes,  à  serres  cour- 
tes et  garnies  de  dentelures,  et  servant  à  extraire  les 
dents  qui  n'ont  qu'une  racine. 

t  DAUPUIAERIE   (dô-fi-ne-rie),  8.  f.    Mot  forgé 


D.W 

par  Scarron  pour  exprimer  les  jeux  des  dauphins 
entre  eux.  [les  dauphins]  font  entre  eux  mille  sin- 
geries. Ou  plutôt  des  dauphineries,  Virg.  trav.  v. 
DAURADE  (dô-ra-il),  i.  /.  Poisson  de  la  famill» 
des  sparoïcles  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la 
dorade  ou  cyprin  doré;  on  le  trouve  dans  la  Médi- 
lerranée,  il  passe  dans  les  étants,  et,  s'y  engrais- 
sant, il  devient  ex^  client  à  manger. 

—  ETYM.  bit.  deaurala,  dorée,  de  la  préposition 
de,  el  aurum,  cr. 

t  DAl'KAT  (dô-ra),  t.  m.  Carpe  dorée  de  la  Chin». 

—  ETYM.   Voy.  n*LBADE. 

D  Al'TANT  (ilô-un).  Voy.  AUTANT. 

+  DAl'W.  ».  wi.  Voy.  OAW. 

DAVANTAGE  (da-van-ta-j').  adv.  ||  !•  Plus.  Veut 
avez  de  l'argent,  mais  il  en  a  davaniage.  Vous  pro- 
mettez beaucoup  et  donnez  davanla^'e.  cobn.  Poly. 
IV,  3.  Adieu,  madame,  adieu,  je  n'ai  pu  davan- 
lace,  ID.  Iléract.  m,  2.  Ou  perd  souvent  l'acquis  i 
vouloir  davantage,  ID.  Tois.  d'or,  iv,  4.  S'il  eût 
voulu  mourir  plus  tard.  Il  aurait  vécu  davantage, 
sc.«RB0N.  Virg.  trav.  m.  Et  si  j'en  savais  plus,  j'en 
dirais  davaniage,  hautebociie,  les  Appar.  Iromp. 
111,  7.  11  m'en  souvient  bien  davantage,  La  font 
l'nbl.  m,  16.  Celui  qui  s'était  vu  Coridon  ou  Tircis 
Fut  Pierrot,  et  rien  davan  âge.  tu  ib.  iv,  î.  Ce  pe- 
tit animal  T'en  avait-il  fait  davantage  (île  mal]?  ID 
ih.  VI,  15.  Tu  n'as  point  l'air  d  un  donneur  de  breu- 
vage; Je  n'en  dis  |ioinl  là-dessus  davantage,  ID.  ib 
vui,  )8.  Je  rendrais  mon  ouvrage  Capabede  s«n- 
lir,  juger,  rien  davantage,  Kt  juger  im|iarfallement. 
in.  ib.  x,  t.  Ce  qui  existe  moins  est  moins  bon  el 
moins  un;  ce  qui  existe  davaniage  esl  davantage  lioi 
et  un,FÊN.  Exist.  292.  Si  les  fautes  îles  Anglais  furent 
énonnes,  celles  des  F.spagnols  le  furent  encoreila- 
vantage,  raynal,  WisI.  phil.  x,  lO.  ||  Davantage 
avec  de  el  un  substantif.  (;eux  qui  te  veulent  mal 
sont  ceux  que  lu  conserves;  Tu  vas  à  qui  le  fuit,  et 
toujours  les  réserves  X  souffrir  en  vi\antdavantage 
d'ennuis,  malh.  i,  4.  S'il  demande  à  ses  jour»  da- 
vantage de  terme,  id.  ib.  S'il  veut  davantige  de 
palmes.  Qu'il  les  acquière  en  votre  sein,  id.  m,  4. 
Sans  m'obliger  à  déclarer  davaniage  de  mes  prin- 
cipes, DESC.  Uith.  6.  Il  Cette  tournure  vieillit;  toute- 
fois on  ne  voit  aucune  raison  pour  ne  pas  l'em- 
ployer.||  N'en  pouvoir  davantage,  n'en  pouvoir  mais, 
n'être  pas  la  cause  de  ce  (|ui  arrive.  On  renversa  la 
table,  oncoifla  d'un  potage  le  pauvre  Vineville,  qui 
n'en  pouvait  pas  davantage,  retz,  m,  <î.||2''  Plus 
longiemps.  Ne  me  rompez  pas  davaniage  la  lête, 
MOL.  Uis.  IV,  3.  Or  bien,  sa  IIS  crier  ilavanlaKe,  Rappor- 
tons-nous, dit-elle,  à  Raminagiobis,  la  font.  ^'a6J. 
vil,  16.  Qu'il  éloign.ll  renfant  jusijues  à  cerlain  ige, 
Jusqu'à  vingt  ans,  point  davantage.  ID.  t".  vili,  l«. 
Gardes,  ob  issez  sms  larder  davaniage.  bac.  Brit. 
m,  8.  Les  crimes  de  Jugurtha  avaient  fait  trop  d'é- 
clat pour  que  le  sénat  pi)t  les  dissimuler  ilavautage, 
vebtot,  Rémi.  rom.  ix,  p.  37u.  ||  3°  Bien  plus.  En 
ce  sens  il  tomlie  en  désuétuile.  Davantage,  je  ne  les 
vois  pa>  dans  les  grandes  places,  Hoss.  Serm.  quitiq. 
II.  DavaniaKe,  peut-on  nier  que  la  messe  ne  lui  le 
service  public  de  lÊ^-dise?  id.  Uvfnt.  Les  mages  ré- 
solurent de  .se  rendre  ami  Poréxarpe,  parce  qu'il 
avail  tout  sujet  de  haïr  Cambyse,  davantage  était 
homme  grandement  estimé  des  Perses,  p.  L.  cour, 

11,    188. 

—  REM.  1.  Les  grammairiens  modernes  ont  dé- 
cidé que  davaniage  ne  pouvait  être  suivi  de  que. 
Toutefois  celle  décision  est  en  coniradiction  avec 
l'usage  des  meilleurs  écrivains:  Ils  peuvent  avancer 
beaucoup  davaniage  quo  ceux  qui  courent,  desC. 
iléih.  U  ne  puut  davantage  Que  soupirer  tout  bas, 
MALH.  I,  4.  Oui,  vous  ne  pourriez  pas  lui  dire  da- 
vanta^ie  Que  ce  que  je  lui  dis  pour  le  faire  être  sage, 
MOL.  l'Étour.  I,  9.  11  n  y  a  rien  assurément  qui  cha- 
touille davantage  que  les  approbations  que  vous  di- 
tes; mais  cet  encens  ne  fait  pas  vivre,  ID.  Bourg. 
I,  <.  Il  est  impossible  que  cette  surprise  ne  fasse 
rire,  parce  que  rien  n'y  porte  davantage  qu'une 
disproportion  surprenante  entre  ce  qu'un  atteod  et 
ce  qu'on  voit,  pasc.  Pror.  4t.  Je  puis  dire  devant 
Dieu  qu'il  n'y  a  rien  que  je  déleste  davaniage  que 
de  blesser  la  vérité,  id.  ib.  L'une  en  prisant  davan- 
tage le  temporel  que  le  spirituel,  id.  ib.  li.  Quel 
as  re  brille  davaniage  dans  le  firmament  que  le 
prince  de  Coudé  n'a  fait  en  Europe?  boss.  Louis  le 
Bourbon.  Voulez-vous  être  rare?  Heiidez  service  à 
ceux  qui  dépendent  de  vous:  vous  ie  serez  davan- 
iage par  cetie  conduite  que  par  ne  pas  vous  laisser 
voir,  LA  uBuy.vi.  Dieu  ii'aime  donc  pas  davantage  la 
vertu, la  pudeur....  quel'impudicilé?  i/\ss. Car.  Ate- 
nir.Ces  excès  ne  vousbonuraienl  pas  davaniage  que 
tous  les  rafinements  de  notre  siècle,  lo.  Car.  Culte. 


DAV 


im 


DE 


957 


Une  tuile  qui  tombe  d'un  toit  peut  nous  blesser  da 
vantiige,  mais  n»  nou»  navra  pas  tant  qu'une  pierre 
lancée  à  dessein  par  une  main  malveillante,  J.  i. 
BOL'ss.  8*  Fromen.  \\  2.  En  recherchant  historique- 
ment, on  voit  que  davanlage  est  venu  en  usape  ai.x 
ïiv  et  XV*  siècles  et  q'i'alnrs  il  n  "était  pas  suivi  de 
que;  il  est  viai  qu'il  paraît  si;;nifier  :  san-  ressource, 
inévitaldement.  C'est  dans  le  xvi' siècle  qu'on  lui 
donne  le  sens  de  plus,  qu'on  en  fait  un  véritable 
comnaratir,  ce  qui  entraîna  l'emploi  de  que;  usage 
qui  fut  suivi  dans  tout  le  cours  du  xvii-  siècle  et 
que  les  j;rammairiens  de  la  fin  du  xviu"  siècle  ojit 
réussi  à  abolir,  sous  prétexte  «lue  ce  nétait  pas  un 
■vérifable  adverbe  et  qu'il  ne  devait  pas  être  suivi 
de  que. 

—  SYN.  plus,  davantage.  La  difTérence  entre  ces 
deux  mots,  c'est  que  davantage,  s'empl  lyant  abso- 
lument, inillc|U6  une  comparaison  avec  un  terme 
iSnoncé  d'abord:  tandis  que  plus,  ne  s'employanl 
guère  absolument,  indique  la  com|iaraison  avec  un 
terme  qui  ^'énonce  ensuite.  Celte  femme  est  belle; 
son  amie  l'est  davantage.  Mais  on  dira  cette  femme 
est  plus  belle  que  son  amie. 

—  HIST.  XV'  s.  Seigneurs,  le  fuir  ne  nous  vaut 
rien;  et  si  nous  fuyons,  nous  sommes  perdus  d'a- 
vantage, Fiioiss.  1,  1,  3-27.  Et  les  Aiiglois  ne  pou- 
voieiit  aller  jusipies  à  eux  (les  Escots),  qu'ils  ne  fus- 
sent tous  morts  et  tous  perdus  d'avani.age,  ou  pris 
à  grand  meschef,  m.  i,  i,  42.  Adonc  descendirent 
les  seigneurs  et  les  gens  d'armes  de  leurs  navires, 
et  vinrent  devant  la  ville  de  Carenten,  et  l'a^sailli- 
renl  vitenient  et  fortement;  quand  les  bourgeois 
virent  ce,  ils  eurent  grand  peur  de  perdre  corps  et 
avoir;  si  se  rendirent  saufs  leurs  corps,  leurs  fem- 
mes et  leurs  enfants,  malgré  les  gens  d'armes  et  les 
sou<loyers  qui  aveceux  estoient;  et  mirent  leur  avoir 
à  volonté,  car  ils  savoient  bien  qu'il  estoit  perdu 
d'avantage,  i».  I,  I,  2G7.  [Un  grand  tourment  les 
prit  en  mer  qui  les  mit  si  hors  de  leur  cliemin. 
qu'ils  ne  surent  dedans  deux  jours,  là  où  ils  estoieat; 
de  quoi  Dieu  leur  fit  grand  grâce  et  leur  envoya 
belle  aventure]  s'ils  se  fussent  comlialus  en  icelui 
port  (pi'ils  a  voient  choisi ,  ou  aucipies  [un  peu]  près,  ils 
est  'ient  perdus  davantage  et  chus  es  mains  île  leurs 
ennemis,  iD.  i,  i,  18.  Le  mi  de  France  avoil  fait 
est  blir  si  bonnes  gens  d'armes  et  forteresses  que 
les  Anglois  qui  vouloierit  issir  liois,  à  cheval  ou  à 
pied,  pour  aller  fourrer  ou  aventurer,  ne  l'avoieiit 
m'B  d'avantage,  mais  trouvoieiil  souvent  des  ren- 
contres dures  et  fortes,  id.  i,  l,  309.  Vous  povez 
veoir  en  dsant  ces  choses  (avec  ce  que  vous  en  sa- 
vez davantage)  que,  de  ces  mauvais  princes,  nuls  ou 
peu  en  demenreut  impunis,  comm.  m.  4.  Jns(jues 
environ  en  l'aage  qu'ils  sont  de  cinquante  ans  tous 
deux:  combien  que  la  roine  avoit  deux  ans  davan- 
tage, m.  vm,  i/.jjxvi's.  Je  fnys,  disl  le  moyne, 
bien  d'advantaigc.  car....  bab.  Car.  i,  4o.  Puys  ad- 
visa....  d'advantaige  [en  outre]  sillogisoyl,  disant.... 
ID.  ib.  1,  44.  Il  vaull  mieulx  plourer  moins  et  hoyre 
d'advantaige,  ID.  l'nnt.  ii,  3.  Il  n'entrepreml  rien 
d'avantage  sur  les  autres,  qu'il  leur  permet  sur  soy, 
CALVIN,  Inslii.  906.  [Après  divers  arguments]  Da- 
vantage, jiauvre  fol  que  tu  es,  qui  l'a  est.ibiy  les 
termes  de  ta  vie?  mont.  i.  73.  Tout  ce  que  vous  y 
recognoissez  d'avantage  [le  plus]  c'est....  id.  i,  (45. 
Voyià  cinq  esclaves,  mange  les  et  nous  t'en  amer- 
rons  davantage,  ID.  i,  229.  Pour  en  renger  davan- 
tage, je  n'en  entasse  <|ue  les  testas,  ID.  i,  2U0.  Il 
estoit  impossible  de  leur  en  faire  tirer  un  tour  da- 
vantage, iD  II,  174.  Un  bien  tuit  clair,  je  l'aymc 
davantage  Que  je  ne  fay  un  grand  bien  en  partage, 
LA  BO'iTl".,  l'oé.<.  div.  p.  174.  En  faisant  deux  lieues 
davantage  que  par  le  droit  chemin,  lanole.  604. 
Phereciiles  dit  davantage  (de  plus],  qu'il  brisa  et 
gasta  les  quilles  et  les  carènes  de  tous  les  vaisseaux 
de  Candie,  amïot,  Thésée,  22.  Cesie  res[ionse  l'en- 
couragea encore  d'avantage,  ID.  Lyc.  8.  De  manière 
que  l'un  n'pusl  en  biens  rien  d'avantage  que  l'autre, 
II).  ib.  12.  Hz  avoient  reienu  l'office  d'avantage  que 
le  terme  qui  leur  e-lnil  prcfix,  quatre  mois  entiers, 
ID.  l'élop.  43.  De  peur  qu'il  ne  leur  commandasl 
d'apprester  quelque  chose  d'avantage  que  pour  lui 
seul.  II)   LuruU.  82. 

—  ÊTYM.  D'  (voy.  DE),  et  aranlafje. 

t  DAVIUIQUE   (da-vi-di-k').   adj.    Dont  le  style 
est  inspiré,  comme  celui  des  psaumes  de  David. 
ETYM    Daviii,  roi  de  Judée. 

DAVIEK  (da-vié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel. 
\'$  «e  lie  ;  lesila-vié-z  et  autres  instruments) ,  s.  m. 
Pince  recourbée  dont  les  dentistes  se  servent  pour 
arracher  les  dents.  ||  Instrument  de  menuiserie, 
composé  d'une  barre  de  ter  qui  se  termine  par  un 
crochet,  avec  une  main  qui  se  meut  d'un  bout  à 


l'autre  pour  assembler  et  serrer  les  pièces.  (|  Petite 
patte  insérée  entre  les  deux  couplets  de  la  presse 
typographique  pour  maintenir  le  petit  tympan  dans 
l'enchiUsiire  du  grand.  (|  Barre  de  1er  qui,  attachée 
par  des  crampons  à  la  pièce  qu'on  veut  forger,  per- 
met de  la  transporter  sur  l'enclume.  ||  Outil  servant 
à  faire  entrer  les  cerceaux  d'un  tonneau. 

—  HIST.  XVI'  s.  Si  on  connoist  que  la  dent  ne 
puisse  estre  arrachée  par  le  poussoir,  on  preut  un 
daviet,  lequel  est  propre  à  rompre  la  dent  qu'on 
vent  qnasser,  paré.  Un  davied,  un  pélican,  un  cro- 
chet, et  (|uel'iues  autres  ferrements,  dont  il  n'y  avoil 
porte    ni   coffre  qu'il  ne  crochelast,   rab.  Paul. 

II,  18. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue;  à  moins  qu'on  n'y 
voye  un  diminutif  daricl  de  David,  qui  a  été  le  num 
d'un  outil  de  menuisier;  des  noms  propres  et  des 
noms  d'animaux  étant  parfois  dcmnés   à  des  outils. 

t  D.AW  (dô),  s.  m.  Terme  d'Iiisloire  naturelle. 
Nom  sous  le(|uel  nn  désigne  au  ca|i  de  Bonne  Espé- 
rance le  cheval  quacchaou  couagga  (voy.cou^GCA). 

t  DAVYNE  (da-vi-n',  ou  plutôt,  à  l'anglaise, 
dè-vi-n').  s.  f.  Lampe  de  sûreté  pour  les  mineurs. 
On  dit  pinlôt  l.impe  de  Davy. 

—  ETYM.  Davy,  célèbre  chimiste  anglais  qui  en 
est  l'inventeur. 

DE  ((\e).prépns.  Suivi  de  l'article  Je,  de  se  contracte 
en  du  avanl  un  nom  qui  commence  par  une  con- 
sonne ou  une  ft  aspirée;  suivi  de  l'article  les,  il  se 
eontracleendcs.devanlune  voyelle  ou  une/i  muette, 
l'ede  des'élide.  Lessensdela  préposilion  de.  comme 
ceux  de  la  préposilion  d.  sont  très- nombreux  et 
passent  par  des  nuances  que  l'on  saisit  mieux  en 
laconsidéranldanssesconslructionsavec  les  espèces 
de  mots  qu'en  essayant  de  les  rendre  par  des  péri- 
phrases. En  cons^'cpience  ces  consiructions  seroni 
rangées  en  dix  classes,  ainsi  qu'il  suit  .  A.  De 
entre  un  substantif  et  un  autre  mol;  B.  de  entre  un 
adjectif  et  un  antre  mot;  G.  de  construit  avec  un 
pronom  personnel;  D.  de  construit  avec  un-pronom 
Inlerrogalif;  de  construit  avec  le  pronom  démon- 
stratif celui;  K.  de  entre  un  nom  de  nombre  et  un 
autre  mot:  F.  de  entre  un  verbe  et  un  verbe  ou  un 
autre  mni;  G.  de  avec  un  adverbe,  H.  de  avec  une 
préposition  ;  I.  de  constiuil  avec  une  conjonction;  J. 
conjonction  composée  avec  de.  j|  A.  De  entre  un  sub- 
stantif et  un  autre  subsianlil'.  1°  11  marque  un  rap- 
port d'appaitenance.  Le  livre  de  Pierre.  Les  fables 
de  la  Kon  aine.  Les  malheurs  de  la  guerre.  J'ai 
suivi  en  cela  l'avis  de  tous  les  jurisconsultes  et  de 
la  plupart  des  easuistes.  Pour  vous  voir  renoncer 
par  l'hymen  d'une  reine  À  la  pan  qu'ils  avaient 
à  la  grandeur  romaine,  corn.  Mcnm.  I,  2.  Lui- 
même  en  diverses  formes  Range  les  ironcs  cou- 
pés des  chêne^  et  des  ormes,  rotr.  llrrc.  mnur 
V,  t.  Jusqu'ici  de  l'amour  dédaignant  la  jiuis- 
sance.  Je  n'ai  connu  d'ardeur  que  celle  des  Com- 
bats, ID.  Bi-lis.  1,6.  Le  cardinal  Charles  de 
Lorraine,  ar'-hevêque  de  Heims....  grand  génie, 
grand  homme  d'Kiat,  d'une  vive  et  agréable  élo- 
quence, savant  même  pmr  un  homme  de  sa  qua- 
lité et  de  ses  emplois,  uoss.  Var.  ix,  §  91.  Il  parait 
que  Ouiniilien  est  né  la  seconde  année  de  l'em- 
pereur Claude,  qui  est  la  quarante-deuxième  de 
Jésus-Christ,  BOLLiN,  llist.  anc.  Œuvres,  t.  XI,  2' 
part.  p.  706, dans  pougens.  Ù  muses,  accourez,  soli- 
taires divines.  Amantes  des  ruis.seaux,  A.  chen. 
liléq.  xiv.  |(  11  exprime  le  sentiment  qu'on  a  pour 
ijiielqu'un  ou  i|uel(|ue  chose.  Antoine  sur  sa  lêle  al- 
tiia  notre  haine  En  se  déslionoranl  par  l'amourd'une 
reine,  corn.  Cinna,  m,  4.  L'horreur  que  lu  fais 
voir  d'un  mari  vertueux....  m.  Ilor  v,  3.  Quelle 
reconnaissance,  ingrate,  tu  me  rends  Des  bien  faits.... 
in.  Iléracl.  iv,  5.  (irâce  à  ce  conquérant,  à  ce  pre- 
neur de  ville I  Grâce....  —  De  ciuoi,  madame?  est- 
ce  d'avoir  concpiis  Trois  sceptres....  id.  Nicom.  iv, 
2.  Le  res|iect  des  autels,  la  présence  desdienx,  id. 
Tkécdiire,  il,  4.  C'est  elle  [la  roi(  iiui  a  produit  d:ins 
les  patriarches  l'amour  de  Dieu,  la  confiance  en  ses 
bontés,  le  zèle  de  sa  religion,  l'espérance  de  ses 
promesses,  flEch.  l'anég.  ;i,  473.  Sans  respect  des 
aïeux  dont  elle  est  descendue,  boil.  Sal.  v.  Du  zèle 
de  ma  loi  que  sert  de  se  parer'?  rac.  Alhat.  i,  t. 
Est-ce  que  de  Baal  le  zèle  vous  transporte'?  in.  ib. 

III,  3.  A  l'amour  de  l'iiarnace  on  impute  mes  pleurs, 
10.  ilitlir.  Il,  (i.  (I  11  exprime  un  rapport  d'origine, 
de  dérivation.  Le  ventdu  nord.  Les  peuples  du  midi. 
Les  productions  des  colonies.  ||  Il  marque  l'objet, 
le  but,  la  fin,  la  nature,  la  qualité;  dans  ce  sens  il 
forme  avec  le  terme  qui  le  suit  une  expression  ad- 
jeclive.  Acte  de  vente.  Un  homme  de  génie.  Un 
homme  de  rien.  Il  est  certain  que  les  œuvres  de 
miséricorde  ne  sont  pas  seulement  de  conseil, mais 


de  précepte  dans  le  christianisme,  bouhd.  Exhort. 
char.  env.  les  nouv.  cath.  1. 1,  p.  134.  Des  conseillera 
d'iniquité,  des  ministres  de  la  volupté,  m.\ss.  Car. 
Dang.  desprosp.  temp.  Pour  aller  consulter  l'homme 
de  Dieu,  id.  ib.  Inconstance.  Tout  pécheur  est  donc 
un  enfant  de  mort  et  de  colère,  id.  ib.  Empl.  du 
temps.  Hélas!  il-  sont  des  enfants  de  lumière  pouf 
les  alfaires  du  siècle,  m.  ib.  PH.  novilire  des  élus. 
Dieu  à  qui  il  n'est  pas  plus  difficile  de  faire  naître 
l'enfant  de  la  promesse  d'une  vieillesse  stérile  que 
d'un  Age  plus  fécond,  m.  ib.  Fausse  confiance,  l.e 
crime,  cet  enfant  de  ténèbres,  ne  craint  pas  la  lu- 
mière, ID.  ib.  Hesp.hum.  Lorsque  nous  vous  exhor- 
tons S  fuir  les  spectacles  lul)rii|ues,  lesassemb'ées  de 
péstié,  m.  ih.  fausse  cunf.  La  malignité  de  l'en- 
nemi, dit  saint  Augustin,  dresse  depuis  longtemps 
deux  pièges  dangereux  à  la  faiblesse  des  hommes; 
un  piège  de  séduction  et  un  piége  de  terreur,  id. 
ib.  Ite,sp.  hum.  Des  entreliens  dange;eux  et  des 
commeices  de  passion  remplissent  le  reste  de  ses 
journées,  m.  ib.  ilauv.  riche.  Ce  n'est  pas  ici  une 
chaire  de  contention. c'est  le  lieu  de  la  vérité,  id.  tb. 
Par.  de  Dieu.  Plus  Jésus-Christ  diminue  dans  voire 
cœur,  plus  l'homme  de  |iéché  augmente  et  se  for- 
tifie, ID.  ib  Commun.  Celte  eau  de  jalousie  dont 
il  est  parlé  dans  le  Léviliqiie,  id.  ib.  Commun.  2. 
Dans  (es  mai.sons  de  relraiie,  de  prière,  d'auslériié, 
où  il  semble  que  le  Seigneur  devrait  trouver  celte  foi 
qui  n'est  plus  dans  le  reste  de  la  terre,  id.  ib.  t'o- 
ration.  Cet  homme  de  péché  que  nous  portons  dans 
notre  fonds,  lo.  Pané;/  Si  ISrrnard.  Ne  faisons  pas 
de  la  profession  sainte  de  la  piété  une  vie  d'humeur 
et  de  caprice,  m.  Car.  Injusi.  du  monde.  Celle  voix 
de  vertu  qui  se  fait  entendre  dans  l'abîme  où  l'âme 
est  ensevelie,  ID.  ib.  Lazare.  Après  bien  des  an- 
nées de  vertu,  ID.  ib.  Ou'il  est  difficile  de  regar- 
der comme  un  exil  une  lerre  de  délices!  iD.  ib. 
Vang.  des  prosp.  lemp.  Vous  placez  dan-  le  sanc- 
tuaire des  vases  de  rebut  et  d'ignominie,  ID.  ib. 
On  ne  passe  pas  en  un  instant  d'un  état  de  justice 
à  un  état  de  péché,  lo.  tb.  Inciinst.  L'éducation 
chrétienne  est  une  éducation  de  retraite,  de  pudeur, 
de  modestie,  de  haine  du  mnnde,  id.  ib.  Petit  nombre 
des  élus.  Une  vie  entière  de  prière  et  de  vigilance, 
ID.  ib.  Tiédeur.  \\  11  ex|)riine  rinstruraent.  Un  C3u^ 
de  fusil.  Un  signe  d"  tète.  Un  serrement  de  main 
Ij  11  exprime  la  desiination.  Une  salle  de  spectacle. 
Un  habit  de  ville.  Couverture  de  mulet.  Couvertures 
de  chevaux.  Des  souliers  de  chasse.  j|  La  |irol'e.ssion. 
Un  homme  de  guerre.  Une  femme  de  ménage.  Un 
garçon  de  magasin.  Un  marchand  de  vin.  Un  mar- 
chand de  vins  fins.  Un  marchand  de  paille,  de  foin. 
Un  marchand  de  plumes  à  écrire.  Un  marchand  do 
plumes  pour  faire  des  lits  ||  La  matière.  Une  tabla 
de  marine.  Une  tabatière  d'or.  Pâle  d'amandes.  Du 
sucre  <le  pomme.  Une  marmelade  de  pommes.  Sirop 
de  groseille.  De  la  fécule  de  pomme  de  terre.  Un 
ragoût  de  pommes  de  lerre  |'  Le  contenu.  Une  pièce 
de  vin.  Une  tasse  de  lait.  Un  baril  d'olives.  Une  as- 
siette de  poires.  Une  pension  de  femmes,  jj  La  durée. 
Une  guerre  de  vingt  ans.  Un  tiavail  de  dix  années. 
Il  II  exprime  la  date.  Un  lièvre  de  trois  jours  [un 
lièvre  tué  depuis  trois  jours].  Les  démons  chassés, 
les  aveugles  nés  guéris,  les  morts  de  quatre  jours 
ressuscites,  bourd.  Hg-'it.  Hésurr.  de  J.-C.  t.  1, 
p.  320.  Il  La  dimension.  Un  voile  de  deux  aunes.  Un 
homme  de  six  pieds.  ||  La  valeur.  Une  pièce  de  cent 
sous.  Une  maison  de  cent  mille  francs.  ||  La  quan- 
tité. Une  armée  de  cent  mille  hommes.  Une  popula- 
tion de  quinze  cents  Ames.  112"  De  seri  à  unir  le 
nom  commun  d'One  chose  avec  le  mot  particulier 
qui  la  distingue  de  toutes  les  autres  choses  sem- 
blables. La  ville  de  Paris.  Le  mois  de  mat.  Le  mot 
de  langue.  Ils  ont  exclu  l'unité  de  la  signification 
du  mot  de  nombre,  pasc.  Pens.  i,  2.  On  entend  co 
que  l'on  conçoit  par  le  terme  de  temps;  c'est  ca 
mouvement  supposé,  id.  ib.  i,  2.  Il  ne  s'ensuivra 
pas  de  là  que  la  chose  qu'on  enlend  naturellement 
par  le  mot  de  temps  son  en  effet  le  mouvement 
d'une  chose  ciéée,  id  ib.  Par  suite  de  cette  défi- 
nition il  y  aura  deux  choses  qu'on  appellera  du  nom 
de  temps,  id.  ib.  Cet  usage  du  mot  de  sceptre 
se  trouve  à  toutes  les  pages  de  rEcriiure,  Boss. 
Ilisl.  II,  2.  Tous  les  termes  de  la  prophétie  sont 
clairs:  il  n'y  a  que  le  mol  de  sceptre  que  l'usage  de 
notre  langue  nous  pinirra  t  faire  prendre  pour  U 
seule  royauté,  in.  ib.  ||  On  di.sait  dj  même  dans  la 
XVII' siècle:  l'année  de  I6i)l.  et  ainsi  de  suite.  Au- 
jourd'hui on  supprime  de  préférence  le  de:  l'année 
1802.  Il  3°  Construction  de  de  entre  un  subsiantif 
ou  un  adjeclil  pris  substantivement  elunauire  sub- 
stantif, laquelle  est  analogue  à  celle  de  :  la  ville  de 
Paris,    et  dans  laquelle  le  no/n  construit  avec  de 


Î)5S 


DE 


ne  fait  quo  déterminer  le  nom  pri5c6(Ien'  comme 
Paris  (lélorroitie  tUle:  un  fiipon  d'enfiiiit,  c'est  un 
fripon  qui  est  un  enfant:  mon  bourreau  de  miiltre, 
c'esi  mon  Iwiirrrau  qui  est  mon  nuiltre,  et  ainsi  de 
suile  Héglez-vous,  reKaidfZ  l'IionnCte  homme 
de  pire  Que  vous  avez  du  ciell  c^UiHie  on  le  con- 
sidrro!  MOL.  l'Élour.  i,  u.  ô  traître!  (j  bourreau 
d'homme,  ID.  «h.  Il,  9.  lîh  bien,  ne  voilà  pas  mon 
enragé  de  maître,  ID.  16.  v,  7.  Et  ce  jaloux  maudit, 
ce  traître  de  Sicilien,  me  fermera  toujours  tnut  accC's 
auprès  d'elle,  ID.  Sicil.  6.  Vous  devez  rendre  gr.ttes 
au  ciel  de  l'honnête  homme  de  pure  qu'il  vous  a 
donné,  ID.  Avare,  1,  10.  Volro  coquine  do  ïoinette 
est  devenue  plus  insolente  que  jamais,  ID.  Ual. 
im'ig.  I,  0.  Un  saint  liomme  de  chat  l)ien  fourri', 
pros  et  (,'ras,  i.a  font,  l-abl.  vu,  10.  Mais  un  fripon 
d'enfant  (cet  âge  est  sans  pitié)  Prit  sa  fronde,  et 
du  coup  tua  plus  d'à  m»ttié  La  volatile  malheu- 
reuse, ID.  ib.  IX,  2.  Il  tardait  à  la  dame  D'y 
rencontrer  son  perfide  d'époux,  id.  Uichard.  Sa 
chienne  de  face,  mol.  Écuk  des  F.  iv,  2  Si  mon 
traître  d'époux  par  bonheur  était  mort,  hegnard, 
Oémncr.  amour.  11,  8.  Quel  chien  de  train! 
quel'e  chienne  de  vie!  j.  B.  nouss.  iv,  lipig.  6. 
Un  diable  de  nevei'  Me  fait  par  ses  écarts  mourir 
a  petit  feu,  pinON,  Uélromanie ,  11,  t.  J'ai  une  drôle 
d'idée  dans  la  tète,  volt.  Corresp.  génér.  20  janv. 
4740.  Mes  bourreaux  de  symphonistes  raclaient  à 
percer  le  tympan  d'un  quinze- vingts,  j.  J.  nouss. 
Conf.  IV.  Tiens!  va  dire  à  ton  sot  de  précepteur  qu'il 
te  donne  d'autres  thèmes,  iîrukvs,  Grondeur,  i,  ». 
Depuis,  dis-je,  qu'il  a  perdu,  par  une  querelle  de 
jeu, son  libertin  de  fils  aîné, tu  sais  comment  touta 
chanKé  pour  nous,  beaumabcii.  Uère  coup,  i,  2. 
Il  4°  Pe, placé  entre  les  titres  et  les  noms  pro|)resile 
famille,  s'emploie  comme  signe  de  noblesse.  Ma- 
dame de  Sévigné.  Le  duc  de  la  Uochefoucauld.  ||  De, 
qualification  nobiliaire  pris  substantivement.  11  a 
ajouté  un  de  à  son  nom.  Il  a  pris  le  de.  Le  de  s'usurpait 
aussi  par  qui  voulait  depuis  longtemps,  st-sim.  )06, 
421.  Il  n'est  vilain  qui  faute  de  mieux  ne  mette  au 
moins  un  de  à  son  nom,  p.  l.  coun.  1,11 8.  C'est  sa 
nouvelle  fantaisie  de  mettre  un  de  avec  son  nom,  de- 
puis qu'il  est  éligible  et  maire  de  la  commune,  id. 
2"  lettre  fiarliculière.  Eh  quoi  !  j'ajiprends  que  l'on 
critique  Le  de  qui  précède  mon  nom,  bérang.  Vilain. 
Il  6°  De  placé  entre  un  mot  et  ce  même  mot  répété 
exprime  l'excellence;  usage  qui,  provenant  de  la 
langue  hébraïque,  ne  s'étend  guère  au  delà  des  lo- 
cutions bibliques  ou  de  locutions  formées  sur  ce 
modèle.  Le  saint  des  saints,  le  lieu  le  plus  saint 
dans  le  temple  de  Jérusalem.  Le  cantique  des  can- 
tiques, titre  d'un  cantique  qui  est  dans  la  Bible. 
L'être  des  êtres,  Dieu.  Vanité  des  vanités,  et  tout 
est  vanité;  c'est  la  seule  parole  qui  me  reste;  c'est 
la  seule  réflexion  que  me  permet,  dans  un  accident 
si  étrange,  une  si  juste  et  si  sensible  douleur,  BO.'iS. 
Duch.  d'Orl.  Humble,  et  du  saint  des  saints  respec- 
tant les  mystères.  J'héritai  l'innocence  et  le  Dieu 
de  mes  pères,  lamabt.  ilédit.  i,  20.  ||  6°  Ce  entre  un 
substantif  et  un  verbe  à  l'infinitif,  ce  qui  est  une 
espèce  de  substantif.  L'art  de  bien  dire.  La  faculté 
de  prévoir.  Aura-t-il  la  force  d'achever  un  tel 
travail?  ||  Entre  un  substantif  et  quelques  mots 
considérés  habituellement  comme  des  adverbes.  La 
journée  de  demain.  ||  Entre  un  substantif  et  une  pré- 
position. Le  pays  d'au  delà  la  Loire.  Notre  esprit  la 
reijoil  [la  foi]  à  son  premier  réveil.  Comme  les  dons 
d'en  haut,  la  vie  et  le  soleil,  lamaht.  ilédil.  i,  18. 
Il  7"  Depris  pariitivement;  cequi  d'ailleurs,  au  fond, 
n'est  encore  que  le  cas  de  de  entre  un  .substantif 
et  un  autre  substantif,  puisque,  dans  la  construc- 
tion partitive,  un  substantif  est  sous-entendu.  Des 
hommes  m'ont  dit,  c'est-à-dire  un  certain  nombre 
d'hommes.  De  bous  livres,  c'esl-à-dire  un  certain 
nombre  de  bons  livres.  Nous  ne  pouvions  jeter  les 
yeux  sur  les  deux  rivages  sans  apercevoir  des  villes 
oiiulentes,  des  maisons  de  campagne  agréablement 
situées,  des  terres  qui  se  couvraient  tous  les  ans 
d'une  moisson  dorée,  des  prairies  pleines  de  trou- 
peaux, FÊN.  Tél.  11.  La  corruption  qui  tous  les  jours 
peut  produire  de  nouveaux  fruits  de  mort,  mass. 
Car.  Fausse,  confiance.  Là,  Vénus,  me  dictant  de 
faciles  chansons.  M'a  nommé  son  poêle  entre  ses 
nourrissons,  a.  ciién.  ÉIi'Q.  viii.  ||  De  pris  pariiti- 
vement  devant  un  nom  singulier  :  je  n'ai  point  d'ar- 
gent; il  n'a  pas  eu  de  contentement;  je  n'ai  jamais 
nu  de  ville  plus  jolie;  en  ce  cas  le  substantif  est  un 
nom  qui  admet  la  division,  ou  qui,  ne  l'admettant 
pas  de  sa  nature,  est  considéré  comme  une  sorte  de 
nom  collectif  divisible  :  je  n'ai  point  portion  d'argent: 
11  n'x  pas  eu  portion  de  contentement;  je  n'ai  jamais 
vu  (ville)  plus  jolie  (dans  le  genre)  de  ville.  Et  qiioiT 


DE 

dit  le  père,  que  pourrait-il  y  avoir  de  manque  après 
que  tant  d'habiles  gens  y  ont  passé?  pasc.  /'rôti.  6. 
David  ne  donna  jamais  de  plus  beau  combat,  noss. 
HarieTMr.  Vous  ne  faites  rien  de  cela  dans  la  vie 
que  vous  menez,  Bouiin.  Instr.  prudence  du  salut, 
exlinrt.  t.  11,  p.  405.  ||  De  se  prend  partiiivem  nt 
aussi  devant  un  nom  de  nombre.  Nous  voyons  que 
les  [ireiniers  hommes,  lorstpie  le  monde  plus  inno- 
cent élait  encore  dans  son  enfance,  remplissaient 
des  neuf  cents  ans  par  leur  vie,  Boss.  Vol.  de  J/on- 
terhy.  Voit-on  fleurir  chez  eux  des  quatre  facultés? 
BoiL.  Sat.  vm.  Je  n'aime  point  ces  rois  qui  ont  des 
trois  cents  femmes,  volt.  Dial.  xv,  B.  Je  suis  un 
paresseux,  mon  cher  philosophe;  je  crois  que  c'est 
une  mauvaise  qualité  attachée  au  peu  de  santé  que 
j'ai;  je  passe  des  six  mois  sans  écrire  à  mes  amis, 
in.  Lell.  Vital,  (!)  juin  t74l.  ||  De  pris  partitive- 
ment  dans  une  phrase  négative  avec  que,  con- 
struction djnt  le  sens  est  pas  autre.  Nous  n'avons 
point  de  roi  que  Cé.sar,  Boss.  Ilist.  Il,  tO.  ||  De 
pris  partilivemeiit  devant  certain.  Nous  bûmes  de 
certain  vin.  De  certains  hommes  vinrent  à  nous 
Ceux  [les  principes]  de  la  volonté  sont  de  certains 
désirs  naturels  et  communs  à  tous  les  hommes, 
comme  le  désir  d'être  heureux,  pasc.  Pensées,  1,  3. 
Et  cela  pourrait  expliquer  de  certaines  bizarreries, 
VAtJVF.N.  Virac.  ||  Aujourd'hui  on  supprime  souvent 
le  de  devant  certain.  ||  De  employé  partitivement 
devant  aucuns,  aucunes  dans  le  xvii"  siècle  et  signi- 
fiant quelipies-uns,  de  certaines  pi^rsonnes.  Il  y  en 
a  d'aucunes  qui  prennent  des  maris  seulement  pour 
se  tirer  de  la  contrainte  de  leurs  parents,  mol.  Slal. 
imag.  11,  7.  Cette  tournure  n'est  plus  usitée.  ||  De, 
dans  une  construction  où  au  fond  il  est  explétif,  de- 
vant des  adjectifs  ou  des  participes  pris  partitive- 
ment d'après  l'analyse  grammaticale.  Il  y  eut  cent 
hommes  de  tués.  Kst-il  (|uelqu'un  d'assez  osé?  Je 
n'y  vois  rien  d'étonnant.  Sa  conduite  n'a  rien  de  gé- 
néreux. Payez;  sinon,  rien  de  fait  [rien  qui  soit 
fait,  arrêté,  conclu].  Ces  phrases  se  résolvent  en  : 
de  tués.il  y  eutcenthommes;  d'assez  osé,  d'homme 
assez  osé,  est-il  quelqu'un?  etc.  toutes  construc- 
tions qui  grammaticalement  sont  partitives.  Sans 
doute  ils  n'ont  aucun  dessein  d'arrêté,  pasc.  Prov.  6. 
Est-il  rien  de  plus  noir  que  ta  lâche  action?  mol. 
Sganar.  ta.  Mais  ce  qui  me  paraît  encore  de  plus 
honorable  à  la  vertu,  c'est  que....  mass.  Car.  Iksp. 
hum.  Il  est  vrai  qu'il  n'y  en  avait  eu  que  trois 
mille  cinq  cents  de  vendus  en  quatre  ou  cinq  jours, 
d'alemb.  Lett.  à  Voit.  22  sept.  (707.  ||  Des  grammai- 
riens modernes  ont  prétendu  qu'il  n'était  pas  cor- 
rect de  dire:  il  y  a  eu  cent  hoiûmes  de  tués,  et  que 
le  de  devait  être  su|iprimé.  La  question  avait  été 
agitée  déjà  du  temps  de  Vaugelas  qui  déclare  que  le 
de  est  appuyé  par  de  bons  auteurs.  Aujourd'hui  l'u- 
sage l'a  consacré,  usage  qui  d'ailleurs  n'a  rien  d'in- 
explicolile  grammaticalement.  ||  11  n'y  a  rien  qui  pa- 
raisse de  plus  insensé  à  ceux  qui  ne  sont  pas  éclairés 
d'en  haut,  boss.  Ilist.  il,  tt.  On  remarquera  cette 
tournure  :  Bnssuet  ayant  ."i  construire  rien  de  plus 
insensé  avec  paraître,  a  mis  le  verbe  au  milieu; 
conslructiim  qui  peut  sembler  insolite,  mais  qui  est 
bonne  et  à  imiter.  ||  Il  n'y  a  rinn  de  tel  que  l'adver- 
sité pourmlîrir  un  liomme.  On  dit  aussi  sans  le  de  : 
il  n'y  a  rien  tel  que....  ||  De  se  construit  de  môme 
partitivement  etexplétiveinent.avec  les  motsmi>wi, 
pis,  piiis,  moins.  Vous  n'aurez  rien  de  plus.  Quoi 
de  pis  que  de  se  déshonorer?  Étranger  que  j'étais, 
je  n'avais  rien  de  mieux  à  faire  que  d'étudier  cette 
foule  de  gens  qui  y  abordaient  sans  cesse,  montesq. 
Leit.  pers.  48.  |{  8°  De  pris  absolument  devant  un 
substantif,  exprime  la  manière,  la  disposition  .l'état, 
la  situation.  De  gaieté  de  cœur.  De  colère  il  rompu 
l'entretien.  De  peur  d'un  plus  grand  mal  il  céda.  De 
cûté  et  d'autre.  Du  côté  des  ennemis.  Je  les  suivis 
de  rage  et  m'y  rangeai  comme  eux,  couN.  Sertor. 
I,  3.  De  bonlieur  pour  ce  loup  qui  ne  pouvait  crier. 
Près  de  là  passe  une  cigogne,  la  font.  Fabi.  m, 
9.  De  bonheur  pour  elle  ces  gens  partirent  tout 
aussitôt,  ID.  Psyché,  11,  p.  us.  Que  ne  l'émon- 
dait-on  sans  prendre  la  cognée?  De  son  tempé- 
rament il  eût  eucor  vécu,  m.  Fabl.  x,  2.  Mille 
gens  le  sont  bien,  sans  vous  faire  bravade.  Oui  de 
mine,  de  cirur,  de  biens  et  de  maison  iNe  feraient 
avec  vous  nulle  comparai.son,  mol.  lie.  des  f.  iv,  8. 
Elles  étaient,  de  leur  fond  et  par  leurs  penchants, 
douces,  patientes,  équitables,  droites,  régulières, 
D0VtiVKt..2'dim.  après  l'Épiph.  Dominic.  t  I,  p.  lo4. 
Soit  d'imprudence,  soit  de  générosité,  la  suivante 
crie  du  milieu  des  fiots  :  Sauvez-moi,  je  suis  la  mère 
de  l'ompeieur,  didf.r.  Ess.  s.  Claude.  De  lassitude, 
Messaline  se  jette  dans  un  de  ces  tombereaux  qui 
transportent  les  immondices  des  jardins,  id.  ib.  Lors- 


DE 

que  Vénus,  du  haut  des  célestes  lambris,  San»  ar- 
mes, sans  carquois  vint  m'amener  son  fils,  k.  CH£n, 
itlég.  n.  Il  Eu  cet  emploi,  de  signifie  parfois  :  en  fait 
de.  N'avoir  du  pouvoir  que  l'apparence.  Vivre  avec 
des  hommes  qui  n'ont  presfjue  de  riiomme  que  i« 
figure.  BOUBD.  Eihorl.  char.  cnv.  i/n  sémin.  t.  I, 
p.  *57.  Il  U'iioniipur,  d'homme  d'honneur,  sorte 
d'affirmation  interjective  signifiant  sur  mon  hon- 
neur, sur  la  parole  d'un  homme  d'honneur.  Boni 
voilà  l'autre  encor,  digne  maître  D'un  «eml>!able  va- 
let! ô  les  menteurs  hardis!  —D'homme  d'honneur, 
il  est  ainsi  que  je  le  dis,  mol.  Di'p.  am.  m,  8  ||  De 
exprimant  qu'il  est  question,  qu'il  est  traité  d'une 
matière.  De  la  chasse.  De  la  tragédie  grecque.  De» 
peintres  italiens  du  xvi*  siècle.  Il  y  a  de  sous-en- 
tendu :  livre,  chapitre  qui  traite  de  la  chasSe,  etc. 
Il  Pendant.  De  nuit.  De  jour,  la  clioiieito  se  cache 
(laiisles  trous,  et  de  nuit  elle  va  cherclier  sa  pâture. 
Ils  ne  me  mettront  d'aujourd'hui  eu  colère,  sSv. 
420.  Sans  que  de  tout  le  jour  je  puisse  voir  Titus, 
RAC.  Bérén.  iv,  B.  Ce  chasseur  perce  donc  un  gros 
de  courtisans.  Plein  de  zèle,  écliaufl'é,  s'il  le  fut  de 
sa  vie,  LA  FONT.  Fabl.  xii,  t2.  Il  [JosèpheJ  avoue 
qu'il  ne  put  jamais  la  bien  prononcer  |la  langue 
grecque],  parce  qu'il  ne  l'avait  pas  apprise  île  jeu- 
nesse, les  Juifs  estim.ant  peu  l'étude  des  langues, 
BOLLiN,  llisl.  ane.  liv.  xxv,  ch.  2,  arL  (•',  §2. 
Et  je  suis  |)lus  heureux  dans  ma  captivité  Que  je 
ne  le  fus  de  ma  vie  Dans  le  triste  bonheur  dont  j'étais 
enchanté,  J.B.BOuss.  Cantate,  Triomphe  de  l'auiour. 
Heureux  si,  de  son  temps,  pour  cent  l'oniies  rai- 
sons, La  Macédoine  eût  eu  des  Petites  Maisons,  boii. 
Sdt.  vin.  Ne  l'ai-je  pas  trouvéde  nuit  tuant  un  luoutonT 
BKUVEis,  Aroc.  Pat.  i,  8.  ||  X  partir  de.  Du  moment 
(lu'il  l'a  vue.  Les  troubles  ont  cessé,  sa  joie  est  re- 
venue, CORN.  Soph.  II,  >.  Je  n'avais  ni  dormi,  ni 
mangé  de  vingt-quatre  heures,  sêv.  21 8.  Je  suis  ici 
de  jeudi,  ID.  287.  Ce  n'est  pas  d'aujourd'hui  qu'Us 
méditent  ce  dessein,  pasc.  Prov.  t».  De  ce  jour  tu 
verras  Thyeste  dans  mes  chaînes,  créb.  Atrée,  i,  s. 
Il  De,  con.struit  de  celte  façon,  indique  le  change- 
ment d'état,  de  condition  :  de  commis  il  de>int  di- 
recteur. Ordre  lui  vient  d'aller  au  fond  de  la  Nor- 
vège, Prendre  le  soin  d'une  mai.son  En  tout  temps 
couverte  de  neige;  Et  d'Indou  qu'il  était  on  vous  le 
fait  Lapon,  la  fomt.  Fabl.  vu,  a.  Ils  forgeront  de 
leurs  épées  des  socs  de  charrue  et  de  leurs  lances 
des  faux,  SACY,  Bible,  Isaie,  11,  4.  Et  que  le  sort 
burlesque,  en  ce  siècle  de  fer.  D'un  pédant ,  quand 
il  veut,  sait  faire  un  duc  et  pair,  boil.  Sat.  1.  ||  Celte 
construction  s'emploie  aussi  avec  les  adjectifs.  De 
pauvre  il  devint  riche.  De  chrétien  qu'on  était,  on 
devient  peu  à  peu  tout  mondain  et  presque  piîen, 
BOURD.  Sur  lu  fausse  consc.  )•'  oient,  p.  loo.  ||  De.... 
en....  exprime  que  l'on  va  d'un  lieu,  d'un  objet  en  un 
autre.  Errer,  un  livre  en  main,  de  bocage  en  bocage, 
A.CHF.N.  Élég.  xiv.  Il  Be....  à... .exprime,  au  physique 
ou  figurément,  l'intervalle,  le  pa.ssage  d'une  chose 
à  un  autre.  De  l'Elbe  à  la  mer  Balti  |ue  ou  jusqu'à 
la  mer  Baltique.  De  la  créature  nous  devons  nous 
élever  au  créateur,  boubd.  Respect  hum.  V  avrnt, 
p.  414.  Du  crime  au  repentir  un  long  chemin  nous 
mène.  Du  repentir  au  crime  un  moment  nous  en- 
traine, coLABD.  £p.  d'Iléloise  à  Ab.  ||  Ils  éiaieni  do 
trente  à  quarante,  leur  nombre  et  .it  entre  trente  et 
quarante.  Je  serai  chez  moi  de  cinq  heures  à  six, 
entre  cinq  heures  et  six  heures.  ||  De....  à....  D'homme 
à  homme,  c'est-à-ilire  entre  deux  hommes,  quand 
il  s'agit  de  deux  hommes.  D'homme  à  homme,  cela 
peut  .se  dire  et  se  faire.  ||  De  vous  à  moi.  c'esi-à-dire 
entre  vous  et  moi,  et  de  manière  que  ce  qui  sepa.sse 
entre  vous  et  moi  ne  soit  pas  répété.  Ceci  est  de  vous 
à  moi;  vous  n'en  parlerez  pas.  ||  De  ...  en....  De  point 
en  point,  c'est-à-dire  d'un  point  jusqu'à  l'autre,  tout 
à  fait,  complètement.  Il  a  exécuté  ses  ordres  de  |Kiint 
en  pi  int.  De  bout  en  bout,  c'est-à-dire  d'un  lioul 
jusqu  à  l'autre.  De  jour  en  jour,  c'esi-à  dire  un  jour 
après  l'antre,  chaque  jour,  incessamment.  Le  danger 
devient  plus  grand  de  jour  en  jour. 

B.  9°  De  entre  un  adjectifetun  siibslantifou  un  pro- 
nom personnel.  Digne  d'estime.  Avide  de  gloire.  Al- 
lèré  de  sang.  Je  suis  mécontent  de  moi.  laible  d'es- 
prit et  de  corps.  Allons,  unis  d'esprit,  sans  commerce 
du  corps,  Achever  notre  hymen  dans  l'empire  des 
morts,  BOTR.  Antig.  v,  ».  Elles  sont  vides  de  senti- 
ments,qui  n'ont  régné  que  depuis  leur  temps,  LA 
BRUY.  I.  Combien  était  ennemie  la  pieuse  reine  de 
ces  reganls  dédaigneux!  boss.  Marie  Thér.  Leur  pa- 
tience m'étonne,  et  d'autant  plus  qu'elle  ne  peut 
m'ètrc  suspecte  ni  de  timidité  ni  d'impuissance, 
PASC.  Prov.  t».  Jelaisse  inones|)rit.  libre  d'imiuié- 
tude.  D'un  facile  bonheur  faisant  sa  seule  étude,  la- 
MART.If('dir.i,ïO.  Il  De  se  conflruit  avec  le  superlatif. 


Dii; 

Lfl  meilleur  des  hommes.  Unpoëte  à  la  cour  fut  jadis 
à  la  mode;  Mais  des  fnus  aujourd'hui  c'est  le  plus 
incommode,  boil.  Sat.  i.  Elle  tomba  premièrement 
sur  une  pointe  de  rocher,  et  puis  sur  une  autre,  de 
roc  en  roc:  chacun  il'eux  emporta  sa  pièce;  de  ma- 
nière qu'elle  arriva  le  plus  joliment  du  monde  au 
royaume  de  Proseroine.  la  font.  Psyché,  il,  p.  t6^- 
Il  De  entre  un  adjectitet  un  verhe.  Dùsireux  de  voir. 
ias  de  perdre  en  rirniiut  et  sa  peine  et  son  hien. 
Boit.  Snl.  t.  Il  était  aisé  à  la  reine  de  faire  sentir 
une  grandeur  qui  lui  était  naturelle,  Boss.  Uiirie- 
Thér  II  fleentre  un  adjectifel  un  iufiniiif,  aveclescns 
de  à  cause  que,  vu  que.  Ohl  trop  heureux  d'avoir 
une  si  lielle  femme  I  Malheureux  bien  plutôt  de 
l'avoir,  celle  infâuie!  mol.  Sqniiar.  to.  Mon  révérend 
père,  lui  dis-je,  que  le  niunile  est  heureux  de  vous 
avoir  pour  m.iîtres!  pasc.  I'tov.  8.  Ils  ne  sont  pas 
adroits  d'avoir  ainsi  averti  tout  le  monde  de  leur 
intnnlion,  in.  t'ft.  lO.  Ils  .sont  admirables  de  vouloir 
prendre  le  parlement  pourdupe,  ID.  t/i.  Mais  nesuis- 
je  pas  bien  fou  de  vouloir  r;iisonner...?  mol.  Sjan.  I. 
Sottes  de  ne  pus  voir  que  le  plus  grand  des  soins.... 
LA  FONT,  h'abl.  m,  6.  Il  De  ou  que  de  entre  un 
idjeitif  Construit  avec  si  et  un  verbe,  et  signi- 
fiant a.ssez....  pour....  Un  agneau  se  désaltérait  Dans 
le  courant....  Qui  te  rend  si  hardi  de  troubler  mon 
breuvage?  la  font.  Fabl.  1,  (0.  Je  n'aurais  pas 
été  si  hardi  que  d'entre|irendre....  voit.  Leit.  ou. 

C.  10"  De  construit  avec  un  pronom  personnel. 
On  n'agit  pas  loujours  de  soi-même.  Il  est  venu 
de  lui-même  s'excuser.  Choisissez  de  vous-même 
et  je  ferme  les  yeux,  cobn.  Otiion,  m,  3.  Je  ne 
fais  rien  de  moi-môme,  sacy,  Hible,  Évang.  St. 
Jean,  vm,  2h.  lia  fait  de  lui-même  ce  que  vous 
auriez  tôt  ou  tard  exigé,  dider.  Père  de  fum.  i,  5. 
Il  De  soi,  par  sa  propre  vertu,  naturellement.  De 
soi,  rien  n'est  permanent  sur  la  terre.  Cela  va  de  soi. 
Cela  s'entend  de  soi.  Rien,  suivant  la  raison,  n'est 
jusie  de  soi ,  pasc.  Pensives,  I,  6.  Tout  cela  n'a  rien, 
de  soi-même,  qui  soit  contraire  à  la  véritable  .sa- 
ges.se,  BOiiBUAL.  Instr.  Prudence  du  salul,  Exhort. 
t.  Il,  p.  407.  Il  De  moi,  c'est-à-dire  quant  à  moi, 
pour  ce  qui  me  concerne;  ancienne  locution  qui  re- 
présente ;  quant  à  ce  qui  est  de  moi;  elle  est  tombée 
en  désuétude,  et  on  dit  :  pour  moi.  De  moi,  tontes 
les  fois  que  j'arrèle  les  yeux  À  voir....  malii.  i,  t .  De 
moi,  plus  je  suis  combattu,  Plus  ma  résistance  Mon- 
tre sa  vertu,  ID.  Chanson,  v,27.  De  moi,  je  fus 
touché  de  voir  tant  de  valeur,  tbistan,  Hort  de 
Chrispe,  i,  3.  ||  De  devant  un  pronom  démonstratif. 
De  celui-ci  allons  à  celui-là.  ||  De  cela  même, il  cause 
de  cela  même.  Ces  tableaux  admirables  dont  parle 
Pline  et  qui ,  selon  ce  savant  connaisseur,  n'en  étaient 
que  plus  admirés,  de  cela  même  qu'ils  étaient  de- 
meurés imparfaits,  mairan,  Éloges,  le  card.  de 
Poliynac. 

D.  11°  De  entre  un  pronom  conjonctif  et  un  au- 
tre mot.  Oui  lies  deux  l'emportera'?  Lequel  de  vous 
ou  de  votre  ami  est  venujuwiu'ici'?Or  il  est  temps, 
ma  sœur,  de  montrer  qui  nous  sommes.  Et  qui  peut 
plus  sur  nous,  ou  des  dieux  ou  des  hommes,  botr. 
Antig.  lu,  '"  O'i'ils  jugent  en  partant  qui  méiitait 
le  mieux,  De*  r-ii.çais  ou  de  mui ,  l'empire  de  ces 
lieux,  volt.  Zaïre,  i,  4.  ||  Des  grammairiens  ont 
blAmé  cette  tournure,  assurant  qu'il  fallait  dire  non; 
lequel  des  deux  était  le  plus  ébqiient,  de  César  ou 
de  f'.icémn;  mais  lequel  des  deux.  César  ou  Cicé- 
ron.  était  le  plus  éloquent, ou  bien  ;  le(piel,de  Cicé- 
ron  et  César,  était  le  plus  éloquent?  De  ces  deux 
tournures  la  première  est  correcte  et  peut  s'em- 
ployer; la  seconde  est  peu  usitée.  Dans  tous  les  cas, 
l'ancienne  tournure,  qui  est  dans  Uotrou,  est  justi- 
fiée par  l'usage  et  impliiiue  seulement  un  pléonasme 
dans  le  de  [ilacé  devant  chaque  nom.  ||  De  construit 
dans  le  même  sens  avec  le  pronom  déaioiLstratif 
celui,  celle,  ceux,  celles.  Quoi!  de  deux  personnes 
qui  fout  les  mêmes  clioses.  celui  qui  ne  sait  pas 
leur  doctrine  pèche;  celui  qui  la  sait  ne  pèche  pas! 
PASC.   l'ror.  6. 

E.  12°  De  entre  un  nom  de  nombre  et  un  autre 
mot.  L'un  des  deux.  Deux  des  quatre.  Daniel,  un 
des  enfants  de  la  captivité,  mass.  Car.  liesp.  hum. 
Il  De  avec  ellipse  de  un.  Il  vint  des  derniers,  c'est- 
à-dire    un   des  derniers Kt   quoiijue    des   jikis 

lins,  11  n'avait  pu  donner  d'atteinte  à  la  volaille, 
LK  FONT.  Fabl.  Xi  ,  3.  iMa  femme  m'a  dit  que 
vous  étiez  fort  honnête  homme  et  tout  à  fait  de  ses 
amis,  et  je  l'ai  chargée  devons  parler  [lour  un  tes- 
tament que  je  veux  faire,  mol.  Mal.  imag.  i,  9. 
Peut-être  étes-vous  de  ces  hommes  qui  n'aiment 
qu'eux-mêmes  et  qui  n'ont  égard  qu'à  leur  inté- 
rêt propre,  boubd.  Commémor.  des  morts,  ilijsl. 
t.  Il,  p.  520,  J'ai  vu  le  fer  en  main  Eléocle  lui-même; 


DE 

11  marche  des  premiers,  BAC.  Tlutb.l,  I.  ||  Et  de, 
pris  absolument  devant  un  nom  de  nombre,  exprime 
que.comptant  i|uelquc  cliose,  on  signale  particuliè- 
rement le  nombre  indiiiué.  Kt  de  trois  [bourses]  ; 
celle-ci  fut  rude  à  arracher,  deaum.  Mar.  de  Fiy. 

V,   19. 

F.  13*  De  entre  un  verbe  et  un  nom,  construc- 
tion où  il  exprime  les  compléments  des  différenls 
verbes  de  la  phrase.  Que  pensez-vous  de  cela?  Trai- 
ter de  la  paix.  Diiïérer  d'avis.  Médire  de  quel- 
qu'un. Il  se  mêle  d'affaires  qui  ne  le  regardent  pas. 
On  l'accusa  de  ce  malheur.  Vous  le  taxiez  de  folie. 
Vivre  de  légumes.  Son  esprit  manque  de  justesse. 
Tirer  avantage  de  ses  talents.  Le  vrai  ne  dépend  point 
du  temps  ni  de  la  mode.  Issu  d'une  bonne  famille.  Et 
du  sacré  bandeau  qu'il  vous  mit  sur  la  tête  [il]  Acheta 
de  vos  vœux  la  superbe  conquête,  botr.  Bel.  iv,  2. 
Tu  [amour]  m'obligeras  plus  d'un  trait  de  ta  pitié 
Qu'elle  [la  fortune]  de  son  crédit  ou  de  son  ami- 
tié, ID.  ib.  11,  7.  Si  nous  sommes  ob.igés  à  user 
de  cette  sage  réserve....  boss.  Libre  arb.  4.  C'est 
une  dame  Qui  de  quelque  espérance  avait  flatté  ma 
flamme,  mol.  Mis.  l,  2.  [Agnès|  N"aplus  voulu  son- 
gera retourner  chez  soi.  Et  de  tout  son  destin  s'est 
commise  à  ma  foi,  id  Éc.  des  f.  iv,  8.  Elle  [la 
perdrix]  fait  la  blessée  et  va  traînant  de  l'aile,  la 
FONT.  f(ii*i.  X,  I.  Contemplant  d'un  lieu  tranquille 
leur  embarras,  leurs  afiliciions,  leurs  malheurs,  ni 
plus  ni  moins  que  les  dieux  considèretit  de  l'Olympe 
les  misérables  mortels,  m.  Psyché,  i,  p.  tut.  Je 
devais  par  la  royauté  Avoir  commencé  mon  ouvrage  : 
A  la  voir  d'un  certain  côté,  Messer  Gaster  [l'esto- 
mac] on  est  l'image,  in.  Fabl.  m,  2.  Il  me  fau- 
drait des  journées  entières  pour  me  bien  expli- 
quer à  vous  de  tout  ce  que  je  sens,  mol.  G.  D.  m, 
6.  Choisissez  de  César,  d'Achille  ou  d'Alexandre, 
BûiL.  Sat.  V.  Prosternée  aux  pieds  de  Jésus-Christ, 
elle  les  arrosa  de  ses  larmes,  elle  les  essuya  de 
ses  cheveux  ,  boubdal.  llespect  hum.  2'  aient,  p. 
403.  Il  a  fort  vu  M.  d'U/.ès,  «lui  ne  peut  se  taire  de 
vos  perfections,  sév.  28  oct.  t67i.  Volage  muse, 
aimable  enchanteresse,  Qui,  m'égarant  dans  de 
douces  erreurs,  Viens  tour  à  tour  parsemer  ma 
jeunesse  De  jeux,  d'ennuis,  d'épines  et  de  Meurs, 
GRESSET,  Épitre  à  ma  Muse.  Il  ne  vous  eût  pas 
été  permis  de  vivre  d'humeur,  de  tempérament,  et 
de  ne  prendre  que  ce  qui  vous  plaît  pour  la  règle 
de  ce  que  vous  devez  faire,  mass.  Or.  (un.  Prof. 
rel.  s.  De  celte  autre  entreprise  honorez  mon  au- 
dace, RAC.  Hlithr.  m,  t.  Sans  me  faire  payer  son 
salut  de  mon  cœur,  m.  Andr.  i,  4.  Le  seul  Aga- 
memiion,  refusant  tant  de  gloire,  N'ose  d'un  peu 
de  sang  acheter  la  victoire,  id.  Iphig.  I,  3.  Laissez 
à  iMénélas  racheter  d'un  tel  prix  Sa  coupable  moi- 
tié dont  il  est  trop  épris,  id.  ib.  iv,  4.  Mais  d'un 
soin  si  cruel  la  fortune  me  joue,  id.  Bérén.  v,  2. 
....D'un  regard  a  daigné  maveitir,  lu.  ib.  i,  3. 
....D'un  ordre  constant  gouvernant  ses  provinces, 
m.  Théb.  i,  b.  Venez,  de  l'huile  sainte  il  faut  vous 
consacrer,  m.  Ath.  iv,  3.  Tous  les  jours  je  l'invoque, 
et  d'un  soin  paternel  11  me  nourrit  des  dons  offeits 
sur  son  autel,  m.  ib.  ii,  7.  De  quelle  noble  ardeur 
pensez-vous  qu'ils  se  rangent  Sous  les  drapeaux 
d'un  roi  longtemps  victoiieux?iD.  Slilkr.  m,  t.  Les 
prudents  du  siècle  eurent  beau  lui  représenter.... 
qu'il  fallait  éblouir  les  âmes  grossières  de  quelque 
apparence  de  gloire,  flèch.  Punég.  ii,  p.  357. 
Son  fils  Ferdinand  III  qui  hérita  de  sa  politique  et  fit 
comme  lui  la  guerre  de  son  cabinet,  volt.  Louis XI  K, 
2.  Toi  qui  prétenilais  me  défendre,  tu  ne  m'as  servi  de 
rien,  m.  Le  blanc  et  le  noir.  Il  [Heraclite]  avait 
écrit  de  la  matière,  de  l'univers,  de  la  république  et 
de  la  théologie,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  Ilérocli- 
lisme.  Les  anachorètes  écrivirent  de  la  douceur  du 
rocher  et  des  délices  de  la  contemplation,  chatealb. 
Génie,  II,  V,  3.  La  muse  t'enivra  de  précoces  fa- 
veurs, LAWART.  J/c'di(,  I,  14.  Silencieux  abîme  où 
je  vais  redescendre.  Pourquoi  laissas-tu  l'Iiomme 
échapper  de  ta  mainl  De  quel  sommeil  proloud 
je  dormais  dans  ton  sein?  in.  ib.  i,  18.  ||  li'  De  entre 
un  verbe  et  un  sukslantif  et  composant  avec  ce 
substantif  une  sorte  de  locution  adverbiale  (|ui 
mO'lifie  le  sens  du  verbe  à  la  façon  des  adverbes. 
Il  me  parla  d  un  ton  munaçanl.  Il  alla  de  son  pro- 
[ire  mouvement  le  trouver.  Non,  je  n'en  ferai  rien, 
la  chose  est  résolue,  Ou  l'on  m'y  contraindra  de 
jiuissaiice  absolue,  ma.'r.  Soplion.  iv,  6.  Si  vous 
ne  consolez  d'un  traitement  plus  doux  Celui  qui 
désormais  ne  peut  vivre  sans  vous,  id.  ib.  m, 
4.  Anéaiitisse/.-vous  de  honte  et  de  respect,  coun. 
Prol.  de  la  Toison,  4.  Et  même  à  ses  Itomains  ne 
daigne  repartir  -Que  d'un  regard  farouche  et  d'un 
profond  soupir,  tD.  Pomp.  m,  i.  S'il  ne  vous  traite 


DE 


959 


ici  d'entière  confidence,  in.  Poiy.  i,  3.  [11]  Les  trai- 
tait malgré  lui  d'entière  égalité,  id.  Attila,  ii,  4. 
Et  de  quelque  rigueur  que  le  destin  me  traite,  Je 
perds  moins  &  mourir  qu'à  vivre  leur  sujette,  ID. 
/lodoj.  v,  (.Et  pour  vous  témoigner  de  quelle  indif- 
férence J'abandonne  un  plaisir  que  j'ai  tant  pour- 
suivi. RoTnou,  Vencesl.  m,  4.  ô  folle  p  été  qui  d'une 
même  audace  Fit  la  rébellion  et  reçoit  la  menace  ! 
tu.  Aniig.  iv,  3.  Nous  volons  sur  ses  pas  d'une  ar- 
deur unanime,  id.  Bélis.  v,  7.  Car  Lucile  soutient 
que  c'est  une  chanson.  Et  m'a  parlé  d'un  air  à  m'ô- 
ter  tout  soupçon ,  mol.  Dépit  am.  m.  8.  Et  traitant 
de  mépris  les  sens  et  la  matière, X  l'esprit,  comme 
nous,  donnez  vous  tout  entière,  id.  Femmes  s  ai'. 
1,  I.  Où,  de  droit  absolu,  j'ai  pouvoir  d'ordonner, 
iD.  Sgan.  t.  Et  Ulclions  d'ébranler,  de  force  ou  d'in- 
dustrie, Ce  malheureux  dessein  qui  nous  a  tous 
troublés,  ID.  Tart.  iv,  2.  Vous  les  voulez  traiter 
d'un  semblable  langage?  iD.  ib.  i,  6.  Et  traitent  de 
même  air  l'honnête  homme  et  le  fat,  id.  JUis,  i,  t. 
Nous  faisons  maintenant  de  la  médecine  d'une  façon 
toute  nouvelle,  ID.  Uéd.  m.  lui,  ii,  8. Vous  agiriez  de 
mauvais  sens,  pasc.  dans  cousin.  Ils  l'aimaient  seu- 
lement de  bouche,  et  ils  lui  rendaient  de  la  langue 
des  soumissions  trompeuses,  sacy,  Bible,  psaiiv\e' 

77,  v.  36 (i  jour  heureux  pour  moi  1  De  quelle 

ardeur  j'irai  reconnaître  mon  roi!  rac.  Alhul.  i, 
I.  Il  1B°  De  entre  un  verbe  passif  ou  un  participe  pas- 
sif ou  une  consiruclion  à  sens  passif  et  un  substan- 
tif ou  un  pronom  personnel  et  faisant  fonction  de 
complément  passif.  Je  suis  vaincu  du  temps,  je  cède 
à  ses  outrages,  malh.  il,  <2.  Tantôt  je  me  la  vois 
d'un  pirate  ravie,  id.  v,  21.  Le  soldat  qui  ne  s'é- 
tait jamais  vu  tromper  des  [par  les]  promesses  du 
roi.VAHGEL.  Q.  C.  499.  L'agrément  est  institué  de  la 
nature  pour  représenter  la  jouissance,  desc.  Pass. 
ou.  Il  a  voulu  dire  seulement  avec  saint  Paul 
que  toute  puissance  est  établie  de  Dieu,  pelliss. 
Uém.  pour  les  gens  die  lettres,  p.  75.  J'ai  connu  un 
homme  qui  prouvait  par  bonnes  raisons  qu'il  ne 
faut  jamais  dire,  une  telle  personne  est  morte  d'une 
fièvre  et  d'une  fluxion  de  poitrine,  mais  elle  est 
morte  de  quatre  médecins  et  de  deux  apothicaires, 
MOL.  l'Amour  méd.  ii,  t.  Jésus  Christ  est-il  mort 
pour  des  impies  dans  le  temps  destiné  de  Dieu?  sacy, 
Bible,  St  Paul,  Ép.  aux  Rom.  v,  8.  Animé  d'un 
regard,  je  puislout  entreprendre,  rag.  Jndr.i,  4.  Et 
de  mille  remords  son  esprit  combattu,  id.  t'ft.v,  2.  Ex- 
cité d'un  désir  curieux,  iD.  iJn'(.  II,  2.  Quoi  I  toujours 
enchaîné  de  ma  gloire  passée....  m.  lO.  iv,3.  Vaincu 
du  pouvoir  de  vos  charmes,  id.  Alex.  Il,  l.  ô  ciel  ! 
si  notre  amour  est  condamné  de  toi,  w.  Daj.  1,4. 
Jadis  Priam  vaincu  fut  respecté  d'Achille,  tu.  Andr. 
111,6.  Aux  larmes,  au  travail  le  peuple  est  condamné, 
El  d'un  sceptre  de  fer  veut  être  gouverné,  iD.  Ath. 
IV,  3.  Ignace  suscité  de  Dieu  pour  venir  au  secours 
de  son  Église  affligée,  flecu.  Panég.  ii,  p.  2U9.  Ap- 
pelé de  Dieu  au  ministère  de  sa  parole,  id.  ib. 
p.  108. 11  seregardadonccommeunouvrierenvoyé  du 
père  de  famille  pour  défricher  cette  terre  inculte, 
ID.  i6.  p.  209.  Une  àme  rachetée  du  sang  de  Jésus- 
Clirisl,  ID.  ib.  p.  309.  L'autorité  des  proiihètes,  ries 
apôtres,  des  hommes  inspirés  de  Dieu,  mass.  Car. 
Doutes  s.  ta  rel.  Woise  son  cadet  est  établi  du  ciel 
chef  des  armées  du  Seigneur,  id.  ib.  Vocation.  Un 
ver  secret  et  dévorant  placé  de  la  main  de  Dieu  au 
milieu  de  son  cœur,  in.  ib.  Uouv.  riche.  Un  impie 
peut  être  frappé  de  Dieu,  et  sentir  le  poids  de  la 
majesté  qu'il  avait  blasphémée,  ID.  ib.  Inconstance, 
Quoil  vous  auriez  honte  d'être  choisi  de  Dieu  comme 
un  vase  de  miséricorde!  m.  ib.  Ilesp.  hum.  Être  né  le 
premier  dans  une  famille,  c'est  être  choisi  du  ciel 
pour  succéder  aux  titres  et  aux  dignités  de  nos  an- 
cêtres, ID.  ib.  \'ocat.  Plus  occupé  des  nouveaux  ti- 
tres dont  il  est  revêtu  qu'in-truit  des  derniers  avis 
d'un  père  mourant,  id.  ib.Mort.  Si  vous  croyez  que 
l'iîvangile  est  une  loi  ilonnée  de  Dieu,  id.  ib.  Sa- 
maritaine. En  rendant  l'honneur  et  le  tribut  aux 
iniissances  éiablies  de  Dieu,  id.  ib.  Aumône.  L'esprit 
de  curiosité  donné  de  Dieu  à  l'homme  ,  volt. 
Louis  XIV,  37.  Votre  Majesté  a  fait,  depuis  qua- 
rante ans  de  règne,  tout  ce  qu'il  faut  pour  se  faire 
respecter  de  ses  amis  et  de  .ses  ennemis,  d'alemd. 
Lett.  au  roi  de  Prusse,  8  juin,  t/80.  Les  Français 
sont  ma  proie  :  ils  n'affranchiront  pas  Les  humbles 
pavillons  que  mon  mépris  leur  laisse.  Déjà  vaincus 
de  leur  mollesse  Et  du  seul  souvenir  de  nos  derniers 
combats,  GiLB.  Ode  sur  la  guerre.  N'attends  pas  que 
ton  cœur,  de  mollesse  abatlu....  DUcis,  Abuj.  ii,  7. 
Ô  jours  de  mon  printemps,  jour»  ccumnnésde  rose, 
A  votre  lui  le  en  vain  un  long  regret  s'oppose,  a.chê.v. 
Élcg.  XVI.  Il  16° /)e  entre  un  verbe  et  un  substantif, et 
signifiant  :  pour,  à  cause  de,  avec.  Mais  je  hai»  vos 


960 


DE 


menisipurs  de  leurs  honteux  délais,  moi..  Àmph.  m, 
».  J'adore  le  t>on  aMié  de  tout  ce  qu'il  me  mande  lA- 
dessus.  el  de  l'envie  qu'il  a  de  me  voir  recevoir 
une  .si  ohfcrc  el  si  aimalile  compaf.'nie .  sr-v.  i 
juin  IB78.  F.n  vain  suis-jo  .séparé  du  monde  d'ha- 
bil.  d'étal,  de  demeure,  de  rcjnciionet  de  conversa- 
tion, si  mon  rspnl  et  mon  cnuir  y  sont  attachés, 
fiotinn.  Se'^m.  I"'  dim.  aprit  la  l'fnl.  Poinin.  t.  iv. 
D.  70.  DéjA  Troie  en  alarmes  Bedoute  mon  bilclier 
et  Wmil  de  vos  l.irmes.  n/c.  Iphig.  v,  2.  Au  moins 
console/-moi  de  quelque  heure  de  paix,  m.  Thi'h. 
I,  3.  Je  ne  s^iis  point  ...  De  mes  sonnets  flâneurs 
lasser  tnut  l'univers,  lOt  vendre  a:i  plus  oITranl  irion 
encpns  et  mes  vers,  aoiL.  Sal.  i.  D'un  soin  officieux 
j'irriiais  sa  blessure,  dkuav.  IVp.  sicl.  1,  t.  |,  17"  De 
entre  un  verbe  et  un  adjectif.  Il  s'est  l;iis.sé  trailer 
de  lîlche.  c'e<t  à  dire  il  s'esi  laissé  appeler  lâche. 
C'était  s'exposer  h  être  irailé  de  séditieux  par  les 
Hérodiens  ,  bol'ro  Si-rm.  22'  dim.  après  la  l'en 
tec.  Ilnin.  t.  iv,  p.  317.  |{  Môme  em|iloi  avec  un  sub- 
stantif. On  le  traita  publiquement  d'homme  sans 
foi.  I.a  voix  publique  le  i|U.ili(iail  de  traîne,  c'est- 
à-dire  elle  le  disait  traître.  Se  iiualifier  de  prince 
Il  18°  De  entre  un  verbe  et  un  autre  verbe  qui 
sert  de  complément  au  premier.  On  l'aicusa  d'avnii 
cons|>iré.  Vous  êtes  charî,'é  de  lui  écrire.  Il  dés- 
espérait de  réussir.  On  lui  coiiseilie  de  p^irlir.  Choi- 
sis de  leur  donner  ton  sanp  ou  de  l'encens,  corn. 
Pnlij.  V,  2.  Il  lui  (cliappa  d'écrire  :  Ou'a  de  com- 
mun la  censure  de  Rome  avec  celle  de  France?  fasc. 
frni.  «.Il  veut  aller  au  delà  et  nous  im|iu.ser  de  croire 
ce  qu'il  a  ilécidé  seul,  id.  ih.  )9.  Les  papes  oni 
souvent  entrepris  de  traiter  comme  hérétiques  ceux 
qui  appelleraienKt'eux  a  :x  cunci,es,  in.  ib.  Ah  !  Sei- 
gneur, je  n'ai  pas  eu  ce  dédain  qui  empêche  de  jeter 
les  yeux  .sur  les  nioriels  trop  rampants,  boss.  ita- 
rie-Thérhe.  Cessez  de  vous  laisser  conduire  au  pre 
mier  veni.  mol  l'hUour  i.  9.  Hoiigis  plutôt,  routris 
d'envier  au  vulgaire  Le  stérile  repos  iloni  son  cœur 
est  jaloux,  i.amabt.  Médit. \,  14  ||  Dans  luxvn'siècle 
de  elait  employé  dans  des  cas  où  présentement  on 
met  à.  Il  exhorta  le  poiiie  de  ne  plus  faire  de  vrs 
la  nuit....  scAim.  /io/n.  corn,  i,  ch.  I2.  Une  galùie 
turque oi'i  l'on  nous  avait  invités  d'entrer,  mol  .S'ctt- 
pi'n,  III,  :'.  La  crainte  fait  en  moi  l'office  du  zèle... 
et  me  réduit  d'a|iplaiidir  bien  souvent  à  ce  que  mon 
Sme  déleste,  m.  D.Junn,  i,  I.  Ah!  je  vous  appren- 
drai de  me  traiter  ainsi,  id.  Amph.  m.  4.  ||  19"  Oe 
enlre  deux  verbes,  avec  un  sens  équivalent  à  :  de 
ce  que,  vu  que,  puisque,  quand,  comme  si.  Que 
veut-elle  dire  De  ne  vpnir  pas?  malh.  vi,  7.  Je 
mérite  la  mort  de  méiiter  sa  haine,  coa.N.  Cid, 
III,  1.  X  toute  autorilé  je  fermerais  les  yeux,  Kt  je 
ferais  boancoup  de  respecter  les  ilieux,  rotr.  Anitg 
I,  4.  Je  croyais  tout  perdu  de  crier  de  la  .sorte,  mol. 
Sgan.  3.  Ah!  vnilà  qui  me  plaîi  de  parler  de  la  sorte! 
ID.  ib.  18.  Ksi-ce  pour  rire  ou  si  tous  deux  vous  ex- 
Iravaguez  de  vouloir  que  je  sois  médecin?  m.  ,yUd. 
m.  lui ,  i.  6.  Si  je  SUIS  afllif-'é,  ce  n'est  pas  pour  de.- 
prunes.  Et  je  le  donnerais  à  bien  d'autres  qu'à  moi. 
De  se  voir  sans  clia^'riu  au  point  où  je  me  voi,  id. 
Sganar.  I6.  Quel  sort  ont  nos  yeux  en  partage.  Kl 
qu'est-ce  i|u'ils  ont  fait  aux  dieux.  De  ne  jouir  d'au- 
cun iiommage?  m.  /'sycW,  i,  i.  [Il]  s'imagina  (|u'il 
ferait  bien  De  se  pendre  ei  finir  lui-même  sa  misère, 
LA  FONT.  Fabl.  IX,  II),  l'uisipie  je  voi-  que  je  vous 
ferai  plaisir  de  vous  parler...  pelliss.  Cmitvrs.  de 
h.  XI  y  deiant  Lille,  p.  45.  Un  bon  prince  est  tou- 
jours assez  loué  d'être  aimé,  mass.  Or.  fiin.  Daiipli. 
Vous  vcuis  trompez  de  regarder  comme  des  inclina- 
tions inalliables  avec  la  pi'  lé  ces  penchants...  lu. 
Car.  Pi'clieirsse.  Je  me  croirais  bai  d  êire  aimé  f.ii- 
bleinent,  volt. ^nire,  i,  2.  ||  /)e entre  un  verbe  pris 
imper-onneilenienl,  et  un  infiiiilif.  Il  est  bon  de 
s'amuser.  Il  convient  de  travailler.  ||  20°  De  devant 
un  inlinitifet  pris  abscluineiit.  c'est-à-dire  sans  nom 
ou  verlie  dont  il  soit  le  complément,  on  les  appela; 
eux.  de  courir,  c'est-à-ilire,  .sous-entemlu,  ils  com- 
mencèrent, ils  se  hiUèrent  de  courir.  Grenouilles 
aussilAt  de  sauter  dans  les  ondes,  Gienoinlles  de 
reiurer  en  leurs  grottes  prubuides,  la  font,  l-'ubl. 
II,  14.  Les  médiocres  gens  Vinreni  se  mutire  sur  les 
ran;;s;  Llle,  de  se  moquer,  ID.  /aW  vu,  5.  L'épouse 
indiscrète  et  peu  fine  Sort  du  lit  quand  le  jour  fut 
à  peine  levé,  Kt  de  courir  chez  sa  voisine,  id.  ib. 
vin,  6.  Mais  j'ofîie  ce  que  j'ai;  l'ours  l'accepte;  et 
d'aller;  Les  Voilà  biins  amis  avant  que  d'arriver,  tu. 
xb.  vin,  lu.  Le  muiianpie  des  dieux  leur  envoie  une 
grue.  Oui  les  croque,  qui  les  tue.  Oui  les  gobe  à 
son  plaisir;  lit  grenouilles  de  se  plaindre,  Et  Jupin 
deleurdire....  ID.  ib.iii,  4.  Ce  portier  du  logis  élan 
un  chien  énorme,  Expédiant  les  loups  en  forme; 
Celui-ci  s'en  douta  :  serviteur  &u  portier,  Dit-il,  et 


DE 

de  courir;  il  était  fort  agile....  in.  ib.  lï,  <o.  Jevisaisi  1 
juste  que  je  lui  fis  tomber  un  bouquet  dans  le  sein; 
et  de  rire.  i.  t.  nniiss.  Cnnf.  iv  ||  îl°  De  devant  un 
infinitif  et  pris  absolument  comme  le  précédent, 
mais  servant,  dans  cette  construction,  soit  de  sujet 
co'iiplexe  au  verbe  de  la  phrase,  soit  d'annonce  île 
ce  qui  va  suivre.  Mais  de  soulTrir  ma  gloire  en  la 
lnuche  des  miens.  C'est  en  fiter  le  prix  au  ciel  dont 
je  la  tiens,  botr.  Hélis.  I,  l.  Car,  de  m'imagi- 
ner  que  vous  me  méprisiez  ,  j'avoue  franchement 
que  je  n'ai  pas  si  mauvaise  opinion  de  moi,  balz. 
lir.  1,  lelt.  12.  Carde  m'imaginer  que  vous  m'ayez 
gardé  quelque  place,...  j'ai  trop  bonne  opinion  de 
voire  esprit  pour  m'en  persuader  celte  bassesse, 
VOIT.  Lelt.  I.  Je  sais  quel  est  leur  prix;  mais  de  les 
accepter.  Je  ne  puis , et  voudrais  vous  pouvoir  étouter, 
LA  FONT.  Files  de  Mirve.  De  dire  si  la  compagnie 
l'rii  g'iût  .^  la  plaisanterie,  J'en  iloute,  id.  ib.  vin, 
H.  Or  d'aller  lui  dire  non.  Sans  quelque  valable  ex- 
cuse. Ce  n'est  pascommeon  en  use,  m.  Fab.  vin, 
13.  Comme  si  d  occuper  ou  [dus  ou  moins  de  place 
Nous  rendait,  disait-il,  plus  ou  moins  importanis, 
m  ib.  viii,  (5.  De  raconter  quel  sort  les  avait  as- 
.somblés.  Ouoiipie  smis  divers  points  tous  quatre  ils 
fus.sent  nés.  C'est  un  récit  de  longue  h;ileine,  id. 
ib.  X.  26.  Puisque  dobsorver  sa  loi,  c'est  la  moindre 
de  nos  pensées,  boss.  Bimié  el  rigueur  de  Dieu. 
D'expliquer  ce  qui  s'y  passe,  ce  n'eu  est  pas  ici  le 
lieu.  m.  Or.  7.  Car  de  croire  que  voire  conduiie 
leur  soit  inconnue,  et  qu'elle  demeure  secr'ie  pour 
eux,  abus,  chrétiens,  uouRn.  Sur  le  scandale, 
I"  oient,  p.  t26.  De  les  vouloir  parcourir  toutes, 
ce  serait  une  matière  infime,  id.  «'  dim.  après 
VÉpiph.Dnminic.  t.i,p.  279.  Carde  mépriser  la  règle 
et  d'en  resseniir  l'oiiciion,  c'est  ce  qui  ne  fut  jamais 
et  ce  qui  ne  peut  être,  id.  Exhnrl.  sur  l'ahsirv.  dis 
règlfs,  t.  1,  p.  2)8.  De  vous  en  faire  aimer,  n'est 
que.  le  dernier  de  vos  soins,  hamilt.  Gramm.  8.  Je 
l'ai  vu  quelque  part:  de  savoir  où.  il  est  difficile, 
LA  BRUT.  vil.  De  savoir  quelles  sont  leurs  limites,  ce 
n'est  pas  une  chose  facile,  ID.  ib.  De  .servir  un  amant, 
je  n'en  ai  pas  l'adresse,  doil.  Sol.  I.  Carde  penser 
alors  qu'un  Dieu  louine  le  monde  Et  règle  les  ressorts 
de  la  macliine  ronde.  C'est  là.  loui  haiitdu  luo-ns, 
ce  qu'il  n'avouera  pas,  id.  l'f).  Thaïes  répétait  souvent 
que  de  pu  lier  beaucoup  n'était  p.asuiie  niarijue  d'es- 
prit, FÊN.  Thaïes.  De  la  voT  ne  servirait  qu'à  aug- 
menter l'aversion,  mass.  Car.  Pardon.  Carde  vous 
le  dépeindre  en  général,  vous  ne  vous  reconnaîtriez 
pas,  in.  Car.  tiédis.  Vous  n'en  demeurerez  pas  à  être 
simple  speciateur,  vous  y  applaudirez;  carde  s'aller 
mêler  parmi  les  mondains  pour  être  leur  censeur 
éternel,  les  avis  ne  seraient  pas  là  à  leur  place,  id. 
Coiifér.  Fuite  du  mmide.  Comme  si  de  coopérer  à 
l'ouvrage  de  la  rédemplion  des  .hommes  était  une 
œuvre  mercenaire,  in.  ii<.  Zélecnniie  les  sctindales. 
Mais,  direz-vous,  de  louloir  toujours  reprendre, 
corriger,  exhorter,  ce  serait  se  rendre  odieux  et 
importun,  id.  ib.  Cond.  des  clercs  dans  te  monde. 
De  préférer  la  raison  à  la  félicité,  c'est  être  ires- 
insensé,  volt.  Bramin.  De  s. voir  si  Constantin  fut 
cause  de  la  ruine  de  rKni|iiie,  c'est  une  recherche 
digne  de  votre  esprit,  volt.  Uœur.i,  lo.  De  vousdire 
précisément  s'il  y  a  plus  de  gens  à  lier  dans  un  pays 
que  dans  un  autre,  c'est  ceque  mes  faibles  lumières 
ne  me  permetient  pas,  id.  Cand.  23.  Et  que  de 
supposer  qu'un  animal  est  composé  de  petits  animaux 
esi  à  peu  près  la  même  chuse  que  de  dire  que.... 
ULFF.  ^mmaiii,  ch.  H.  De  lui  copiercegiiiïonnage, 
ce  sérail  pour  en  mourir, P  L.  couk  Leli.  ii,  I8.  Les 
Calabrais  en  veulent  surtout  aux  Français;  de  vous 
dire  pourquoi,  cela  serait  trop  long,  m.  Hi.  i,  2i  i. 
Il  Celle  tournure  est  perpétuelle  dans  le  xvii*  siècle, 
et  on  ne  parle  guère  auireiuent;  aujouid'hui  on 
supprime  souvent,  .-ut tout  quand  l'inlinitif  est  sujet 
conqilexe,  ce  de  qui  n'est  ni  sans  utilité  ni  sans 
grâce  ,  et  qui  d'ailleurs  peut  être  reiiris  ,  quand 
on  veut,  d'après  les  meilleures  et  les  plus  siires  au- 
torités Il  Cette  tOLrnure  rend  compte  de  phrases 
Comme  celle-ci  :  ^a  force  était  de  céder  à  propos;  il 
faut  entendre  que  de  céder  est  un  sujet  complexe,  et 
consliuire  :  de  céder  à  propos  était  sa  force.  Son 
cara  tèreparlicdier  était  de  concilier  les  intérêtsop- 
posés,  et,  en  s'élevant  au-dessus,  de  trouver  le  secret 
enJroit  et  comme  le  nœud  par  oii  on  peut  les  réu- 
nir, BOSS.  .4n«e  de  Goni.  Ses  principaux  sotns  sont 
de  travailler  pour  la  grandeur  de  son  maître,  la  font. 
l'syclié,  I,  p.  (05.  Hichelieu,  ce  prélat  de  qui  toute 
l'envie  Est  de  voir  ta  grandeur  aux  Indes  s  borner, 
malh.  Il ,  1 2.  Il  22°  C'est  par  une  même  analogie  d'em- 
ploi et  pour  un  certain  besoin  de  l'oreille  que  l'on  met 
de  ou  que  de  devant  des  verbes  où  ces  mots  sont 
explétifs.  C'est  faire  injure  au  maître  d'une  maison , 


DE 

d'y  entier  par  la  fenêtre,  pasc.  Prou.  «.  Son  père 
Antonin  lui  avait  appris  qu'il  valait  mieux  sauvât 
un  seul  citoyen  que  de  déf.iire  mille  ennemis,  Boss. 
Ilisl.  1.  10.  Oue  le  ciel  la  préserve  à  jamais  de  dan- 
ger! Voyez qu« lie  bonté  île  vouloir  me  venger!  moi- 
Si/anar.  17.  Je  m'en  rapporte  à  T>ius-mCme  el  vous 
demande  si  c'est  une  chose  louable  que  de  rtre;  as- 
surément ce  n'en  est  pas  une,  non  plus  que  de  boire 
et  de  manger,  la  font.  PsycM,  i,  p.  ici.  C'est 
déshonorer  la  religion,  de  croire  que....  mass.  Peti'l 
car.  Éiueils.  Ce  serait  dégrader  l'fivangile,  de  le 
regarder  comme  la  religion  du  peuple,  id.  Petit 
car.  Respect.  F.st  ce  aimer  Dieu  que  de  croire  faible- 
ment sa  vérité?  que  d'entendre  indifféremment  sa 
parole?  flécii.  Pauig.  i,  p.  3i3.  Il  aima  mieux 
abandonner  le  butin  à  son  armée  que  de  se  l'appro- 
prier, VF.RTOT,  IKvdl.  mm.  i,  p.  1 13.  ||  23"  fle  entre 
le  verlie  être  ou  tout  autre  verbe  exprimant  un  état, 
et  un  substantif,  construction  où  il  indique  que  la 
chose  dont  il  s'agit  devient  nôtre.  La  lecture  est 
d'une  t'iande  faligiie  pour  mes  yeux  affaiblis.  .Nous 
sommes  de  la  mai>on.  11  est  de  voue  .Ige.  J'ai  lou- 
lours  marché  depuis  par  leplus  lieau  temps,  le  plus 
beau  pays  et  le  plus  beau  chemin  du  monde;  vous 
me  disiez  qu'il  était  d  hiver  i|uand  vous  y  passâtes; 
il  est  rievenii  d'été,  etd'unété  le  plus  tempéré  i|u'un 
puisse  imaginer,  sEv.  348.  Jésus-Christ  leur  avait 
fait  expressément  eiitenilre  que  son  royaume  ne 
serait  pas  de  ce  monde,  boubd.  Iruitr.  pour  la 
2°  fête  d''  Pâques,  Exhorl.  t.  il.  p.  2C3.  La  prière 
est  pour  vous  d'un  dégoût  et  d'un  ennui  que  vous 
ne  pouvez  sup  orter,  mass.  Car.  Prière,  (.11  se 
vit  bientôt  des  plai-irs  du  roi,  sans  que  l'envie 
lies  courtisans  en  parût  révoltée,  hamilt.  Gramm. 
5 Mon  voyage  dépeint  Vous  sera  d'un  plai-ir  ex- 
trême, la  FONT.  Fabl.  IX,  2.  Il  n'a  pas  été  de  ce 
passage,  sKv.  <48.  D'Hacquevillc  est  de  ce  voyage, 
m.  280.  Je  ne  pouvais  me  persuader  que  cette  lettre 
fût  de  Philoclés  (eut  été  écrite  par  lut],  fen.  Tel, 
XIII.  Hélas  !  tout  ce  qu'elle  aimait  dexail  être  de  peu 
lie  durée,  hoss.  ilnne  de  Gon%.  ||  Le  verbe  peut  êlre 
sons-entendu.  Henriette,  d'un  si  grand  cu-ur,  est 
contrainte  de  demander  du  secours;  Anne,  d  un  si 
grand  cœur\  ne  peut  en  donner  assez,  boss.  Iteinc 
d'Anglei.  ||  Il  est  de....  c'est  le  propre  de,  le  carac- 
tère de  II  est  de  la  foi,  que  ce  que  vous  donnez 
aux  pauvres,  vous  le  ilonnez  à  Jésus-Christ,  bolr- 
DAL.  Kativ.  de  J.  C.  i'avtnt,  p.  54o.  ||  /(  est  de.... 
comme....  impersonnellement,  avec  un  substantif 
ou  un  pronom,  signifiant  qu'une  chose  se  comporte 
comme  une  autre.  Il  est  de  ceci  comme  d'une 
beauté  excellente  et  d'une  aulre  qui  a  des  grâces  : 
celle-ci  plaît,  mais  l'aulre  ravit,  la  font.  Ptyché, 
I,  p.  102.  Il  Qu'est-ce...  avec  de  ou  que  de.  Qu'est- 
ce  de  ce  langage-là?  c'est-à-dire  que  faut-il  penser 
de  ce  langage-là?  ô  Dieu!  qu'est-ce  que  de  nous? 
BOSS.  Uorl.  I.  Hélas!  si  l'on  n'aimait  pas,  que  se- 
rait-ce de  la  vie?  mol.  Pourc.  lii,"io.  ||  Familiè- 
rement. Ce  que  c'est  que  de  nousl  c'est-à-dire, 
vnyez  la  niisérahle  condition  humaine.  ||  Dans  une 
phrase  affirmative.  Nous  ne  savons  ce  que  c'est  que 
de  troin|ierie,  ou  de  Iromper.  Au  lemn»  de  Pa- 
nirius,  on  ne  savait  pour  ains'  dire  ce  que  c'était 
cjue  de  cavalerie,  st-évrkm.  Il,  <».  ||  Mallierhe  (iv, 
10)  a  dit  d'une  façon  analogue,  m.iis  qui  a  vieild: 
Ce  ne  m'est  plus  de  nouveauté  [cela  ne  me  surprend 
plus)  Qu'elle  soit  parfaite  en  l)eauté  ||  Si  j'étais  de 
vous  ou  que  de  vous,  si  j'étais  à  votre  place.  Non, 
SI  j'étais  de  vous,  je  le  planterais  là,  hëgnier,  Sat. 
xiii.  Dans  le  fond  rien  n'est  plus  misérable;  et  si 
j'étais  de  vous....  iMbERT,  Ja/ouj  ifl/.»o«iOur,  iv,  4. 
G.  24° /)e  placé  entre  un  adverbe  et  un  nom;  il 
s'agit  ici  des  adverbes  loin,  piés,  tant,  trop,  eic. 
qui  appoilent  à  l'esiirit  l'idée  de  choses  et  non, 
comme  ladverbe  proprement  du,  l'idée  d'une  qualité 
abstraite  Loin  de  la  patrie.  Près  du  tombeau,  lloins 
d'argent.  Tant  de  belles  actions.  Je  suis  confondu  de 
lant  de  Imnié.  Trop  ou  trop  peu  d'exercice  nuit  à  la 
santé.  Et.  bien  loin  des  sergents,  des  clercsct  du  pa- 
lais. Va  chercher  un  re|K>s  qu'il  ne  trouva  jamais,  uou.. 
.Sal.  1.  Pendant  i|ue  tant  de  naissance,  lani  de  biens, 
taut  de  gr.'tces,  qui  l'a.compagnaient,  lui  altiraient 
les  regards  de  toute  l'Europe,  boss.  Anne  de  Coni. 
Combien  de  fois  ainsi,  trompé  par  l'existence,  D« 
mon  sein  pour  jamais  j'ai  banni  lespérance!  lamàkt 
Ufdil.  18.  Il  Koici,  voilà  avec  de.  Voilà  de  quel  ton  il 
a  parlé.  Qu'est  ce  ilonc  |l'animal]?  Une  montre.  Et 
nous?  C'cstaulre  chose.  Voici  de  la  façon  que  Des- 
caries l'expose,  la  font.  Fabl.  x,  t.  Ahl  voilà  jus- 
tement de  mes  religieuses.  Lorsqu'un  père  combat 
leurs  flammes  amoureuses,  mol.  Tari,  iv,  i.  Voilà, 
ce  me  semble,  de  ces  cas  où  il  est  doux  d'avouer 
qu'on  a  tort,  volt.  Lett.    Maupertuis,    l"  juillet 


DE 

1741  II  Diantre  de....  au  diable  soit....  Diantre  soit 
de  la  folle  aïec  ses  visions!  A-t-on  rien  vu  d'égal 
à  ses  préventions?  mol.  F.  sav.  i,  5.  ||  De  placé  en- 
tre un  adverbe  et  un  verbe.  Bien  loin  de  céder.  Près 
de  partir.  Il  De  construit  avec  un  adverbe,  en  tant 
que  nom  abstrait  de  lieu,  de  temps,  de  quantité,  etc. 
De  là,  d'ici.  De  près,  de  loin.  De  trop.  C'est  de 
là  que  nous  vient  cet  art  ingénieux  De  peindre  la 
parole  et  de  parler  aux  yeux,  bbéb.  Phars.  ch.  ii. 
Ô  mon  père,  d'où  Molina  a-t-il  pu  être  éclairé  pour 
déterminer  une  cbose  de  cette  importance  sans  au- 
cun secours  de  l'Écriture?  pasc.  Prov.  7.  D'où  vous 
peuvent  venir  ces  douleurs  non  communes?  mol. 
Sganar.  (6.  D'ici  je  vois  la  vie,  à  travers  un  nuage. 
S'évanouir  pour  moi  dans  l'ombre  du  passé,  lamart. 
Médit.  VI.  Il  De  construit  avec  plus  ou  moins,  au  sens 
de  que.  11  ne  s'y  trouva  pas  moins  de  trente  person- 
nes, c'est-à-dire  pas  moins  que  trente  personnes. 
Ce  cep  portait  plus  de  vingt  grappes,  c'est-à-dire 
plus  que  vingt  grappes.  Cet  emploi  est  un  reste  de  la 
vieille  langue  qui  exprimait  le  complément  du  com- 
paratif non  par  que,  mais  par  de  (exemple  :  plus 
fort  de  moi),  comme  l'Italien  l'exprime  par  di;  de 
ou  di  rendant  l'ablatif  latin  usité  en  ce  cas. 

H.  25°  De  construit  avec  une  préposition.  Distin- 
guer l'ami  d'avec  le  flatteur.  Lajustice  et  la  charité 
ont  disparu  d'au  milieu  d'eux.  Je  suis  sorti  d'avec  lui 
très-satisfait.  Vous  m'avez  chassé  de  chez  moi. D'ou- 
tre en  outre.  'Vous,  homme  vain,  qui  à  peine  échappé 
de  parmi  le  peuple....  mass.  Villeroy.  Il  [Mahomet 
enfant]  ne  sera  point  ôté  d'entre  les  mains  des  mor- 
tels,parcequ'beureuses  les  mamelles  qui  l'allaiteront 
elles  mainsqui  le  toucheront,  montksq.  Leit.  pers.  39. 
Aussi  a-t-il  fallu  les  aller  quérir  bien  loin  et  les  faire 
venir  de  delà  la  mer,  voit.  Lett.  7o.  ||  De  par  le  roi, 
en  vertu  de  l'autorité  du  roi.  Et  familièrement,  cela 
s'est  fait  de  par  ma  volonté  (voy.  par).  En  cette  lo- 
cution se  sont  confondues  la  constructioij  des  deux 
prépositions  de  par,  et  l'ancienne  forme  de  part  le 
roi,  c'est-à-dire  de  la  part  du  roi. 

1. 26°  De  construit  avec  la  conjonction  quand.  De 
quaud  est  celte  lettre?  Effets  qui  diffèrent  quand  la 
lune  est  pleine  de  quand  elle  est  nouvelle,  lesc. 
Uonde.  <2. 

J.  27°  De  ce  que,  conjonction  composée  qui  signi- 
fie parce  que,  à  cause  que.  De  ce  que  je  n''en  parle 
pas,  cela  ne  veut  pas  dire  que  je  n'y  songe  plus. 
Voulez-vous  d'autres  nullités?  Quedirez-vous  (le  ce 
que  le  pape  ne  se  contente  pas  de  dél'endred'écrire, 
de  prêcher  et  de  rien  dire  de  contraire  à  ses  déci- 
sions? PASC.  Prov.  (9.  Ce  n'est  pas  tant  la  peur  de 
la  mort  qui  me  fait  fuir  que  de  ce  qu'il  est  fâcheux 
à  un  gentilhomme  d'être  pendu,  mol.  Pourc.  m,  2. 

—  REM.  1.  La  préposition  de  est  prise  tantôt  dans 
le  sens  passif,  tantôt  dans  le  sens  actif  :  quand 
vous  dites  Vamour  de  Rome,  cela  peut  vouloir  dire 
l'amour  (|ue  Rome  a  pour  vous  ou  l'amour  que  vous 
avez  pour  Rome;  Rome  peut  être  celle  qui  aime  ou 
celle  qui  est  aimée.  Il  faut  donc  que  les  mots  qui 
entourent  de  en  déterminent  bien  le  sens.  ||  2.  De, 
pris  partitivement,  veut  l'article  défini  le,  la,  les 
quand  le  substantif  n'est  pas  précédé  d'un  adjectif: 
des  pa.ssants  l'avertirent;  de  l'argent  est  nécessaire. 
Mais  cet  article  se  supprime  i|uand  un  adjectif  pré- 
cède le  substantif:  d'honnêtes  gens;  de  belles  et 
bonnes  terres;  de  bon  vin.  Ces  deux  constructions 
s'expliquent  naturellement;  la  première  s'explique 
par  :  un  certain  nombre  des  passants;  l'autre  par:  un 
certain  nombre  d'honnêtes  gens;  suivant  que  l'on 
considère,  dans  le  premier  cas,  /es  paisan/s  comme 
déterminés  par  l'article,  et  dans  le  second  cas,  lion- 
néles  gens  comme  indéterminés  par  l'absence  d'ar- 
ticle. C'est  ensuite  l'oreille  qui  a  fait  le  choix  et  qui 
a  voulu,  par  exemple,  que  l'on  dit  dn  hommes  et 
non  pas  d'hommes,  qui  n'a  pas  semblé  assez  plein; 

es  lors  l'usage  s'est  fixé  et  les  règles  sont  interve- 
nues. Avec  les  adverbes  de  quantité,  c'est  de  sans 
article  qu'on  emploie:  beaucoup  d'hommes;  trop 
d'argent,  etc.;  bien  fait  exception  (voy.  bien  ad- 
verbe): bien  des  gens  m'ont  dit.||  3.  Quand  la  phrase 
es^  affirmative,  de,  pris  parlitivement,  veut  toujours 
l'article  aprè»  soi.  Je  verse  de  l'eau.  Je  demande  du 
pain.  Voulez-vmis  de  l'eau?  Si  la  phrase  est  néga- 
tive, de  prend  l'article  ou  ne  le  prend  pas;  mais  le 
sens  est  différent  :  je  ne  demande  pas  de  pain;  je 
ne  demande  pas  du  pain.  Dans  le  premier  cas,  je  ne 
demande  rien,  pas  plus  du  pain  qu'autre  chose.  Dans 
le  second  cas,  ce  n'est  pas  du  pain  que  je  demande; 
mais  je  désire  autre  chose.  Je  ne  mange  pas  de 
moules,  veut  dire  que  je  ne  les  aime  pas  ou  n'en 
veux  pas;  je  ne  mange  pas  des  moules,  veut  dire 
que  ce  ne  :.ont  pas  des  moules  que  je  mange  actuel- 
lement. Il  4.  En  certaines  locutions,  où  l'adjectif  fait 

UICT.    DE   LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


DE 

corps  avec  son  substantif,  on  met  desplutôt  que  de; 
des  jeunes  gens;  des  mauvais  sujets;  des  bons  mots; 
des  premiers  ministres.  Il  est  très-rare  que  des  pre- 
miers ministres  s'abaissent  à  de  si  honteuses  hlche- 
téSjdécouvertes  tôt  ou  tard  par  ceux  qui  ont  donné 
l'argent  ou  par  les  registres  qui  ont  fait  foi,  volt. 
Russie,  II,  t.  Pourtant  il  n'est  pas  interdit  de 
suivre  la  règle  ordinaire  et  de  dire:  déjeunes  gens; 
de  mauvais  sujets;  de  bons  mots.  Malherbe  a  dit, 
II,  )2:  Ceux  à  qui  la  chaleur  ne  bout  plus  dans 
les  veines.  En  vain  dans  les  com'oats  ont  des  soins 
diligents;  Mars  est  comme  l'Amour;  ses  travaux  et 
ses  peines  Veulent  de  jeunes  gens.  Et  Molière:  Et 
dans  tous  ses  propos  On  voit  qu'il  se  travaille  à  dire 
de  bons  mots,  Mis.  ii,  5.  ||  6.  Lorsqu'un  nombre 
cardinal  est  précédé  de  en,  l'adjectif  qui  suit  ce  nom- 
bre prend  ordinairement  la  préposition  de:  sur  cent 
habitants,  il  y  en  a  deux  de  riches.  Comme  en  de- 
vant un  nom  de  nombre  ne  permet  pas  de  mettre 
un  substantif  après,  cette  remarque  ne  concerne 
que  les  adjectifs,  et  avec  les  substantifs  l'on  prend 
un  autre  tour  :  sur  mille  halntants,  il  y  en  a  trois 
qui  sont  cabaretiers.  ||  6.  Voltaire,  Oresle,  ii,  I, 
a  dit  :  De  deuil  et  de  grandeur  tout  offre  ici  l'i- 
mage. Il  y  a  une  faute  de  langage  dans  ce  vers; 
en  effet,  l'image  exprime  une  idée  définie  à  cause 
de  l'article;  et  la  préposition  de,  placée  comme  elle 
est,  exprime  une  idée  indéfinie.  Il  aurait  fallu  dire: 
une  image  de  deuil  et  de  grandeur,  ou  bien  l'image 
du  deuil  et  de  la  grandeur.  ||  7.  La  remarque  précé- 
dente touche  à  un  précepte  analogue  qui  est  qu'un 
mot  pris  indéterminément,  c'est-à-dire  sans  l'article 
défini  le,  la,  les,  ne  peut  plus  être  représenté  par 
un  pronom  dans  une  phrase  suivante.  Ainsi  il  se- 
rait incorrect  de  dire:  vous  m'avez  fait  justice,  et 
je  l'aime;  le  pronom  la  ne  peut  représenter  jusd'ce 
pris  indéterminément.  C'est  une  faute  semblable 
qu'a  commise  la  Bruyère,  ch.  xi,  en  disant  :  On  l'a 
vu  une  fois  heurter  de  front  contre  celui  d'un  aveu- 
gle. Cependant  cette  prescription  n'est  pas  telle- 
ment rigoureuse  qu'en  certaines  circonstances  Jsien 
choisies,  et  quand  le  sens  n'offre  aucune  ambiguïté, 
on  ne  puisse  s'en  dispenser.  Ainsi  il  serait  trop  ri- 
goureux de  condamner  cette  phrase-ci  :  comme  il 
est  de  bonne  compagnie,  il  est  juste  qu'il  l'aime. 
Il  8.  Faut-il  dire  :  je  me  suis  entretenu  avec  de  bons 
et  de  sages  personnages  ou  avec  de  bons  et  sages 
personnages.  La  première  forme  se  trouve  dans  les 
passages  suivants  :  Avoir  ensemble  d'oisifs  et  de  longs 
entretiens,  bourd.  Pensées,  t.  m,  p.  )00;  D'impi- 
toyables et  de  faux  réformateurs,  ID.  ib.  p.  167;  Vous 
jugerez  que  le  critique  a  de  profondes  et  de  singu- 
lières connaissances  de  noire  histoire,  volt.  LeIt. 
Ilénault,  31  oct.  (768;  Ces  machines  qui  nous  ont 
fourni  de  grands  et  d'éternels  moyens  de  vaincre  et 
de  régner,  buff.  Chien.  Lorsqu'on  voulait  se  nour- 
rir de  sérieuses  et  d'utiles  pensées,  ciiatealb.  dé- 
nie, IV,  II,  8.  La  seconde  forme  se  trouve  dans  ces 
passages-ci  :  Revenue  d'une  si  longue  et  si  étrange 
défaillance,  Boss.  Anne  de  Gonî.;  La  louange  de  .sage 
et  vigilant  père  de  famille,  ID.  le  Tellier.  Il  est  donc 
loisible  en  ceci  de  prendre  l'une  ou  l'autre  tournure. 
Cependant  cela  ne  s'apiilique  qu'au  cas  où  les  adjec- 
tifs n'expriment  pas  des  qualités  inconciliables;  ainsi 
il  ne  faudrait  pas  dire  :  il  cède  à  de  bonnes  et  mau- 
vaises pensées;  mais  à  de  bonnes  et  de  mauvaises 
pensées;  ou  aussi  :  à  de  bonnes  et  à  de  mauvaises 
pensées.  Il  9.  La  règle  est,  quand  de  est  suivi  de  deux 
ou  plusieurs  noms  ou  verbes,  de  le  répéter  à  chaque 
nom  et  à  chaque  verbe  :  le  temps  de  l'action  et  de  la 
parole,  et  non  le  temps  de  l'action  et  la  parole:  le 
temps  de  parler  et  d'agir,  et  non  le  temps  de  parler 
et  agir.  Mais  cette  règle  n'existait  pas  au  xvr  siècle, 
et  l'écrivain  n'avait  alors  qu'à  consulter  là-dessus 
son  goùl  et  son  oreille.  Une  portion  de  cette  liberté 
durait  encore  dans  le  xvii'  siècle  ;  témoin  ces  exem- 
ples :  La  puissance  de  bien  iuger  et  distinguer  le 
vrai  d'avec  le  faux,  deso.  iléth.;  Le  remèue  plus 
prompt  où  j'ai  su  recourir.  C'est  de  pousser  ma 
pointe  et  dire  en  diligence  A  notre  vieux  patron 
toute  la  manigance,  mol.  Dép.  am.  m,  t;  Trouves- 
tu  beau,  dis-moi,  de  diOamer  ma  fille  Et  faire  un 
tel  scandale  à  toute  une  famille?lD.  ib.  m,  8;  Il  me 
prend  des  tentations  d'accommoder  son  visage  à  la 
compote  et  le  mettre  en  état  de  ne  plaire,  de  sa 
vie,  aux  diseurs  de  fleurettes,  ID.  G.  D.  ii,  4;  Ésope, 
pour  toute  punition,  lui  recommanda  d'honorer  les 
dieux  et  son  prince;  se  rendre  terrible  à  ses  enne- 
mis, facile  et  commode  aux  autres,  bien  traiter  sa 
femme,  sans  pourtant  lui  confier  son  secret;  parler 
peu  et  chasser  de  chez  soi  les  babillards;  ne  se  point 
laisser  abattre  au  malheur;  avoir  .soin  du  lende- 
main.... surtout  n'être  point  envieux  du  bonheur 


DE 


96i 


ni  de  la  vertu  d'autrui,  la  font.  Vie  d'Ésope.  Avec 
la  règle  actuelle  et  l'usage  ancien,  on  peut  dire  que 
le  de  doit  toujours  se  répéter,  quand  il  s'a^iit  de 
substantifs,  et  qu'aujourd'hui  on  rejettera  une  phrase 
comme  celle-ci  de  Molière  :  La  peste  soit  de  l'bomme 
et  sa  chienne  de  f.ice  I  Éc.  des  f.  iv,  3  ;  mais  qu'avec 
les  verbes  on  distinguera  :  qu'en  général  il  faut  ré- 
péter le  de;  qu'on  ^eut  pourtant  l'omettre  quand  le^ 
deux  verbes  expriment  une  action  simultanée  (par 
exemple  :  il  importe  de  bien  mâcher  et  broyer  le;- 
aliments) ,  et  dans  une  longue  énumération ,  en  poé- 
sie surtout,  si  le  sens  n'en  souffre  pas.  Il  10.  Aujour- 
d'hui, dans  les  dates  où  figure  le  nom  du  mois,  on 
dit,  par  abréviation,  le  to  mars,  le  )2  juin,  etc 
Autrefois  on  mettait  le  de:  le  to  de  mars,  le  t2  de 
juin,  etc.  Voltaire  n'y  manque  jamais  dans  sa  lon- 
gue correspondance.  Mme  de  Sévigné  datait  autre- 
ment ,  sans  de  et  avec  le  nombre  ordinal  :  à  Paris, 
ce  dimanche  26°  avril;  aux  Rochers,  mercredi  19" 
avril.  Il  11.  Dans  le  xvi'  siècle  et  dans  le  xvii°, 
on  ne  se  faisait  pas  scrupule,  dans  les  construc- 
tions avec  c'est..  .  que,  de  répéter,  par  pléonas- 
me, la  préposition  de.  Ce  n'est  pas  de  ces  sortes 
de  respects  dont  je  vous  parle,  mol.  G.  D.  ii,  3.  Ce 
n'est  pas  de  vous,  madame,  dont  il  est  amoureux, 
ID.  Amants  mayn.  ii,  3.  Ces  pléonasmes  sont  con- 
damnés aujourd'liui,  et  il  faudrait  dire:  ce  n'est 
pas  de  vous,  madame,  qu'il  est  amoureux;  ou  co 
n'est  pas  vous,  madame,  dont  il  est  amoureux. 
Il  12.  Le  dictionnaire  de  l'Académie  écrit  :  couver- 
ture de  mulet  et  couverture  de  chevaux,  gelée  de 
pomme  et  gelée  de  coings.  Des  grammairiens  se 
sont  plaints  de  ces  disparates,  et  que  l'Académie 
n'eût  donné  aucune  règle.  Le  fait  est  que  la  chose 
est  indifférente  et  dépend  du  point  de  vue,  suivant 
que  l'on  considère  le  mot  comme  singulier  et  col- 
lectif ou  comme  pluriel  et  individuel.  Ainsi  on  dira 
de  l'huile  d'olive  ou  d'olives;  mais  on  dira  un  baril 
d'olives,  parce  qu'ici  on  ne  peut  considérer  l'olive 
comme  collective;  de  la  gelée  de  pomme  ou  de  pom- 
mes, mais  un  panier  de  pommes;  des  capiices  de 
femme  ou  de  femmes,  mais  une  pension  de  femmes. 
Il  13.  D'après  Vaugelas,  de  veut  toujours  être  joint 
immédiatement  à  son  nom ,  sans  qu'-'  v  ait  rien  d'é 
franger  entre  deux,  de  sorte  qu'il  y  aurau  une  lautt 
dans  cette  phrase-ci  :  j'ai  suivi  l'avis  de  tous  les  ju- 
risconsultes et  de  presque  tous  les  casui.ste.';;  il  faul 
dire  :  et  presque  de  tous  les  casuistes.  Ces  scrupule.^ 
n'ont  pas  été  confirmés  par  l'usage;  et  la  tournure 
blâmée  se  dit  et  s'écrit  aujourd'hui  sans  conteste. 
Il  14.  L'usage  s'est  introduit  de  dire:  il  a  extrême- 
ment d'esprit,  il  a  infiniment  d'esprit;  dans  ce  cas 
on  traite  ertrémement,  infiniment  comme  beaucoup. 
On  dit  aussi,  et  beaucoup  moins  souvent,  bien  que 
plus  exactement  :  il  a  de  l'esprit  extrêmement  ou 
infiniment.  ||  15.  Est-il  correct  dédire  avec  ellipse  de 
la  préposition  de  ;  on  perditquinzeà  vingt  hommes; 
dix  à  quinze  dames  étaient  présentes?  Cette  ellipse, 
très-employée  dans  le  parler  vulgaire  ,  et  indi(iuéc 
dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie  au  mot  à,  est 
maintenant  entrée  dans  l'usage,  bien  que  la  gram- 
maire ne  puisse  la  justifier;  que  penserait-on  en 
effet,  en  changeant  les  termes,  de  cette  locution- 
ci  :  il  y  a,  Paris  à  Lyon  trente  lieues?  Il  s'entend  de 
soi  qu'on  pourra  dire  grammaticalement,  en  réta- 
blissant la  préposition  de  :  on  perdit  de  quinze  à  vingt 
hommes;  de  dix  à  quinze  dames  étaient  présentes 
(1 16.  De  employé  dans  les  noms  propies  a  deux  ori- 
gines. Tantôt  il  sert  à  désigner  un  nom  de  lieu. 
avec  qualificalion  nobiliaire  ou  non  :  M.  de  la 
Rochefoucaut  (La  Rocliefoucaut  est  un  nom  de  lieu)  ; 
Pierre  du  Krène  (du  Frêne  désignant  un  frêne  re- 
marquable dans  la  localité);  tantôt  de  exprime  m: 
rapport  de  filiation  :  dans  le  moyen  âge  où  les  noms 
de  famille  n'étaient  pas  établis  et  où  le  nom  de 
baptême  était  le  vrai  nom,  on  distinguait  les  indi- 
vidus par  le  nom  de  leur  père  :  Peirus  Johannis, 
Pierre  fils  de  Jean;  cela  se  disait,  dans  la  langue 
vulgaire,  Pierre  de  Jean:  usage  d'où  sont  venus  une 
multitude  de  noms  propres  actuels. 

—  HlST.  IX'  s.  D'ist  di  [de  ce  jour]  in  avant,  Ser 
ment.  De  suo  part  [de  sa  part] ,  ib. 

—  X*  s.  In  figure  de  colomb  [elle]  voIat  à  ciel. 
Eulalie.  De  cest  péril,  h'ragm.  de  Valenciennrs. 
p.  468.  E  si  penteiet  [si  pœniteret]  de  cel  mel  [xa', 
que  fait  habebant,  ib.  p.  4a9.  Preietz  [priezj  Ii  qui. 
de  cest  periculo  nos  libérât,  ib. 

—  XI'  s.  Environ  lui  plus  de  vint  mille  homes, 
Ch.  de  Roi.  II.  D'or  et  d'argent  quatre  cenz  muls 
chargez,  ib.  m.  Enveions  i  les  filz  de  nos  moillers, 
ib.  Et  dist  au  rei  :  Salvez  seiez  de  Deu,  ib.  ix.  [11; 
Conquerrai  [à]  lui  d'ici  qu'en  Orient,  ib.  xxix.  N'a- 
vez baron  qui  mieuz  de  lui  la  face  [l'avant-ganjo], 

V  -  lai 


0G2 


DE 


cil.  de  Roi.  Lvii.  De  quinze  lieues  en  ot  [  ouil  ) 
liom  la  rumur,  ib.  lxiii.  Il  n'onl  de  blanc  ne  mais 
que  sul  les  denz,  ib.  cxlii.  Saiut  Gabriel  de  sa 
main  l'en  a  pris,  ib.  clxxiii.  Qui  de  pitié  moût 
durement  ne  plure,  ib.  clxxiv.  Veez  avant  de  deus 
lieues  de  nous,  ib.  Conquis  [il]  l'aurat  d'hoi  cest 
jour  en  deus  meis,  ib.  cxcni.  Franc  et  p?,yen  i 
fereu  [  frappent  )  des  espées,  ib.  ccuc.  Morz  est 
de  duel  [deuil],  ib.  ccLXvi. 

—  xii*  s.  La  disme  eschelle  [le  to*  escadron]  est 
des  barons  de  France,  Honc.  p.  434.  Ja  plus  genlis 
de  lui,  td.  p.  8.  Tant  fu  blasmédesesmeillors  amis, 
ib.  p.  24.  Sire  est  en  mer  de  quatre  cent  dromons, 
ib.  29.  Puis  fait  mander  de  ses  barons  esiiz,  ib.  p.  '■>. 
Aprts  lui  vont  de  ses  amis  prisés,  ib.  p.  >T.  Mieu- 
dres  [meilleur]  de  [que]  lui,  ib  p.  27.  Dient  Fran- 
zois,  de  cui  il  est  amez,  ib.  p.  30.  Bon  [ils]  sont  à 
vaincre,  de  verte  le  sachez,  ib.  p.  70.  Itex  paroles 
ressemblent  bien  [paroles]  d'enfans,  ib.  p.  8*.  En 
vieille  geste  est  escriz  île  Ions  ans,  ib.  p.  se.  De  [pour] 
Durandart  fu  forment  eiïrayé,  Que  Sarazin  n'en  aient 
poesté,  ib.  p.  ta*.  [Il]  Manda  sa  gent  de  par  tout 
son  reigné,  ib.  p.  H  7.  Faisons  des  bierres de  verges 
et  de  peaux,  ib.  p.  <60.  D'armes  porter  [en  portant 
lesarraes]  [il]  ressembla  bien  baron, ib.  p.  (82.  Mais 
de  ce  [je]  sui  en  error ,  Qu'onques  n'amai  sans 
poor  [pear],  Couci,  i.  Nule  chançon  ne  m'agrée, 
S'el  ne  vient  de  fine  amor,  ib.  En  lui  [elle]  [il  y]  a 
tant  de  vigor  Qu'el  liée  [hait]  sa  deshonor,  ib.  i. 
J'alasse  à  Dieu  grâces  et  merciz  rendre  De  ce  que 
ainz  [auparavant]  soufrites  à  nul  jour  Que  je  fusse 
beanz  à  vostre  amour,  ib.  xxiv.  De  ce  [je]  sui  au 
cueur  dolente  Oue  cil  n'est  en  cest  pals.  Dame  de 
faiele,  dans  Coud.  Et  maugré  tout  mon  lignage 
[je]  Ne  quier  ochoison  trouver;  D'autre  fasse  ma- 
riage; Folz  est  qui  j'en  oi  [ouis]  parler,  ib.  De  cest 
Jour  en  un  mois,  sans  plus  de  delaier,  Sax.  vi.  Sire, 
fait-il,  laenz  sunt  quatre  bacheler.  Des  chevaliers 
le  rei  ;  mais  nés  volt  pas  numer;  De  par  le  rei  Henri 
volent  à  vus  parler,  Th.  le  mart.  U8.  Et  lut  11  po- 
ples  oïd  cume  li  reis  flst  Sun  cumandememeiit  de 
Absalon,  liais,  p.  186. 

—  xui"  s.  Et  por  ce,  envola  li  quenset  Henris  ses 
frères  de  lor  nés  [navires]  chargies  de  dras  et  de 
viandes  et  autres  belles  choses,  villeh.  xxx.  Onques 
de  si  poi  de  gent  tant  de  pueple  ne  fu  assegié  en  une 
vile,  lu.  Lxxiv.  Qui  l'ont  de  lieus  en  lieus  ça  et  là 
conqueilli,  Berte,  i.  L'un  ot  nom  Carloman,  qui  fu 
de  bonne  vie,  ib.  ii et  sonniaistrequi  fu  de  Picar- 
die, ib.  One  plus  bêle  de  [que]  vous  ne  vit  rois  n'em- 
perere,  ib.  iv.  À  une  fenestrele  qui  ert  [était]  faite 
de  pierre,  ib.  xii.  Ainsi  fu  de  [par]  la  serve  liemenl 
respoiidus,  ib.  xxiv.  De  Dieu  et  de  sa  mère  soiez 
vous  maleoilel  ib.  xxix.  It  l'ermite  lui  a  de  .son  pain 
présenté,  ib.  XLV.  Si  luirons  de  Bertain,  que  Jhesus 
beiieie,  ib.  LX.  De  Pépin  vous  dirons  à  la  chère  har- 
die, ib.  Fille,  il  le  faisoit  bien  [il  se  portait  bien] 
quant  de  lui  [je]  dui  partir,  ib.  Lxxxvii.  Sachiez  que 
moullfiljles  hait  de  cuer  entièrement,  ib.  xcv.  Sire, 
ce  a  dit  Berle,  de  Dieu  et  de  sa  mère  [je]  Vous  de- 
fens  qu'envers  moi  n'aiez  pensée  amere,  ib.  cxiii. 
Li  rois  de  [sur]  son  afaire  lui  a  moût  demandé,  ib. 
cxiv.  Se  fié  [fief]  esclieil  àhome  ou  à  feme  de  par  autre 
que  son  père  ou  sa  mère,  et  celui  ou  celle  de  par 
qui  il  li  est  escheu,  en  morut  saisi,  Ass.  de  Jérus. 
I,  232.  Kt  il  ala  tout  chancelant  pour  la  llebesce  de 
sa  maladie,  et  prist  les  dez  et  les  tables  et  les  getii 
en  la  mer,  joinv.  2B3.  Si  leur  aporterent  lettres  de 
leurpraiil  roy  au  roy  de  France,  qui  disoient  ainsi: 
bone  chose  est  de  pez  [paix],  id.  2ob. 

—  tv-  s Par  quoi   les   preux  aient  exemple 

d'eux  encourager  en  bien  faisant,  FHOiss.i'roi.  Quand 
il  aperçut  qu'il  estuit  mal  de  la  roine  et  du  comte 
de  Kent,  id.  i,  i,  8.  Fut  conseillé  au  roi  que  il  se  lei- 
gnit  lie  cette  emprise  ;  car  d'esmouvoir  guerre  au  roi 
d'Angleterre,  et  de....  ce  n'estoil  pas  chose  qui  fusl 
appartenante,  id.  1,  1,  8.  Si  nesluit  pas  de  mur- 
veille  si  ceux  du  pays  estoient  effrayés  et  esliahis; 
car  avant  ce  ils  n'avoient  oncques  vu  homme  d'ar- 
mes, et  ne  savoient  que  c'e.stoit  de  guerre  ni  de  ha- 
Uille,  iD.  I,  I,  270.  Mais  tous  les  passoit,  de  bien 
combiillre  et  vaillamment,  messire  buslache  de  Hi- 
beumm.t,  ID.  I,  I,  328.  Si  estoit  ce  messire  Robert 
d^ Artois  si  bien  du  roi  qu'il  vouloit,  id.  i,  i,  I2.  tt 
ainsi  le  vint-il  dire  de  nuit  à  la  roine  d'Angleterre, 
ID.  i,  i,  12.  Et  se  voulut  agenouiller  de  la  grand 
joie  qu'elle  avoit,  ID.  i,  i,  u.  Je  cuide  et  crois  de 
vérité  (]iie  par  puché,  à  tort  nu  par  envie,  ou  a  cette 
roiue  ileciiassée,  et  son  Ris  hors  d'Angleterre,  m.  i, 
1,  17.  Par  quoi  ce  n'est  point  de  merveille  s'ils  font 
plus  graiis  journées  que  autres  gens,  id.  i,  i,  34 
Or  revinrent  da  l'enipsreur  monseigneur  Louis  de 
Bavière,.,,  id,  i,  i,  7».  Et  le  roi  mesme  ne  se  put 


DE 

tenir  de  la  regarder  ;  et  bien  lui  estoit  avis  qu'onques 
n'avoit  vu  si  noble,  .si  fri.s(|ue  ni  si  belle  de  [que]  li, 
ID.  I,  I,  )6B.  [Les  murs  du  châlel]  estoient  hauts  mate- 
rnent et  de  pierre  dure,  et  ouvrés  jadis  de  mains  de 
Sarrasins,  qui  faisoient  les  soudures  si  fortes  «t  les 
ouvrages  si  estranges  que  ce  n'est  point  de  compa- 
raison à  ceux  de  maintenant,  id.  i,  i,239.  Ainsi  que 
Jacques  d'Artevelle  cnevauchoit  par  la  rue,  il  s'aper- 
çut tantost  qu'il  y  avoit  aucune  chose  de  nouvel 
contre  lui,  id.  i,  241.  Grand  foison  de  seigneurs  de 
France  revenoientde  jour  en  jour  du  roi  d'Espaigne 
qui  faisait  guerre  adonc  au  roi  de  Grenade, id.  i,  i, 
186.  Cil  [Kobert  d'Artois]  la  conseilloit  et  confortoit 
de  ce  qu'il  pouvoit,  id.  i,  i,  <2.  Kl  la  festerent  de 
ce  qu'ils  purent,  car  bien  le  savoient  faire,  id.  i, 
i,  <b.  Avec  lui  estoient  de  chevaliers  messire  Jac- 
ques.... et  des  escuyers,  GiUe  et  Thierri....  id.  i, 

I,  40 Et  ne  voulut  oncques  reculer,  mais  s'en 

vint  de  grand  courage  assembler  aux  Allemands,  id, 
I,  I,  440.  Lor  fit  le  roi  de  rechef  une  semonce  très 
especiale  et  envoya  jusques  à  douze  cents  lances  de 
bonnes  gens  d'armes  en  l'ost  [de]  son  fils,  id.  i,  i, 
4  17.  Ceux  de  dedans  se  défendirent  très  durement 
de  traire  et  jeter  pierres,  feu  et  pots  pleinsde  chaux, 
jusques  environ  midi,  id.  i,  i,  449.  De  la  mort  Jean 
Lyon  fut  le  comte  grandement  resjoui,  id.  u,  ii,  67. 
Vous  lui  ressemblez  devisaige,  Patelin.  Messire 
Olivier  de  la  Marche  estoit  ney  de  la  conté  de  Bour- 
goniine,  comm.  i,  4.  Et  fut  cause  ce  bon  logis  et 
le  séjour  que  l'on  y  fist,  de  saulver  la  vie  à  beaucoup 
de  ses  gens,  id.  i,  5.  Et  fut  mis  en  délibération  ce 
qui  estoit  de  faire, id.  ib.  La  maison  de  Lanclastre  dont 
il  estoit  yssu  de  par  sa  mere,iD.  i,  6.  Qu'ils  appor- 
loient  aucunes  choses  bonnes  par  escript  de  par  le 
seigneur  de  Hymbercourt,  id.  ii,  3.  De  ce  que  les 
Bourguignons  s'estoient  mis  à  pied  et  puis  remon- 
tez à  cheval,  leur  porta  grand  perte  de  temps,  iD. 
1,  3.  Se  douloit  de  quoi  il  luy  avoit  ainsi  couru  sus 
à  l'appétit  d'autruy,  id.  m,  3.  Et  que  de  ses  intelli- 
gencesqu'on  luydisoitavoir  aupaysduditducn'estoit 
point  vray,  mais  toute  mensonge  ou  peu  s'en  falloil, 
id.  III,  2.  En  la  ville  y  avoit  bien  quatorze  cens 
hommes  d'armes  de  par  le  roy  et  quatre  mil  francs 
archiers,  ID.  m,  3.  Ce  n'est  pas  chose  trop  seure  de 
tant  d'allées  ne  de  venues  d'ambassades;  car  bien 
souvent  se  traiclent  de  mauvaises  choses,  ID.  m,  8. 
Et  est  de  croire  que  ung  sage  prince  met  toujours.... 
ID,  m,  8,  Et  de  ce  faire  [ce  qu'il  promettait]  luy 
bailleroit  son  scellé,  id.  iv,  4.  Fut  prins  ung  varlet 
des  Angloys  [par  les  Anglais],  et  fut  inconlinent 
amené  devant  le  roy  d'Angleterre,  id.  iv,  7.  Et  ces 
raisons  ont  esté  cause  de  faire  paour  à  beaucoup  de 
gens  de  bien,  id.  iv,  4).  Le  roy  noslre  maislre,qui 
estoit  bien  sage,  enlendoit  bien  que  c'estoit  que  de 
Flandres  et  que  ung  conte  dudit  pays  de  Flandres 
estoit  peu  de  cas  sans  avoir  ledit  pays  d'Artois  (qui 
est  assis  entre  le  roy  de  France  et  eux,  leur  estant 
comme  une  bride),  id,  vi,  o.  Et  s'adressoitde  toutes 
choses  h  cet  Estienne  de  Vers,  id.  vu,  2.  Je  ne  veux 
point  dire  que  le  roy  ne  fust  sage  de  son  aage,  mais 
il  n'avoit  que  ving  et  deux  ans  et  ne  faisoit  que  sail- 
lir du  nid,  ID.  VII,  4.  Et  du  matin,  devant  le  jour, 
partismes,  id.  viii,  7.  El  luy  senibloit  bien  que  ledit 
de  Clirieux  avoit  creu  trop  de  léger,  id.  viii,  40.  Fu 
couper  la  teste  au  père  de  sa  femme  et  tua  le  frère 
d'elle,  ID,  viii,  47.  Disant  les  causes  estre  justes  et 
raisonnables  de  sa  prinse,  id.  i,  (.  Et  que  de  de- 
meurer là  sans  vivres  entre  Paris  et  le  roy  n'esloit 
possible,  ID.  I,  4.  Le  conte  de  Richemont,  de  pré- 
sent roy,  ID.  I,  7.  Ces  trois  avis  ne  sont  pas  d'ou- 
blier [à  oublier],  lolis  xi,  Aouk.  lu. 

—  xvi*  s Qu'onc  ne  souffris  hommede  [que] 

moi  plus  grand,  marot,  iv,  124 Àhomme  plein 

d'outrage  N'est  de  besoing  tenir  aucun  langage,  lu. 
IV,  128,  C'est  de  toy,  Dieu  très  haut.  De  qui  aten- 

dre  faut  Vray  secours  et  défense,  id,  iv,  23» Et 

qu'est-ce  que  de  l'homme?  D'avoir  daigné  de  luy  le 
souvenir,  ID,  iv ,  24o.  Lors  i  Dieu  chanleray  louange; 
Car  de  chauler  j'aurai  de  quoy  [sujet],  id,  iv,  250. 
,...  Et  vaincras  ceux  qui  dironi  du  conlraire,  id,  iv, 
295.  Vrai  est  qu'il  leur  est  à  pardonner,  vu  que  ce 
n'esl  pas  leur  gibier  que  de  la  sainte  Escriture,  calv. 
Itulit.  1 26,  Us  ne  savent  que  c'est  de  Dieu ,  ni  de  reli- 
gion, non  plus  que  besies,  ID.  ib.  127.  C'est  une esch,i|i- 
paloire  frivole  de  ce  qu'ils  babillent,  que  Jésus  Chrisi 
est  nommé  fils  de  l'homme,  id.  ib,303,  Cn  serf  délivré 
de  [par]  sonmaislre,  id.  ib.  823.  Et  comme  arbres, 
ils  sunt  jugés  de  leurs  fruits,  in,  ib.  «27.  .Ne.savoil-il 
pas  quel  crime  c'esloii  d'adullere  et  d'homicide? 
ID,  ib.  833,  Des  asnesde  prestres,  qui  ne  savent  n  al- 
ler ne  parler,  in.  ib.  1)69.  Cest  bien  autre  chose  d'abs- 
tinence de  mariage  que  de  virginité,  id.  ib.  4040. 
Conseille  moi  ce  qu'est  de  [à]  faire,  rab.  Garg.i,  28. 


DE 

Allons  y  de  ce  pas  de  paour  que  mort  ne  le  previ<  - 
gne,  iD.  Pant.  m,  24.  Lors  sonna  une  cloche  si» 
coups  seullement,  etmonagaux  d'accourir  et  mori^i- 

gaiix  déchanter,  id.  ib.v,  3 Que  je  croy  qu'il  e>l 

en  nature  Moins  des  bons  hommes  qu'en  peincture. 
ST-GELAis,  4(4.  La  philosophie  est  un  fais  d'autre 
espaules  que  de  celles  de  nostre  langue,  dubeli.. 
I,  44,  recto.  Hz  trouveront  mauvais  de  ce  qui 
j'ose  si  librement  parler,  id,  i,  22,  recto.  Si  j'estuy 
enquis  de  ce  qu'il  me  semble  de  noz  medleurs  poè- 
tes françoys,  id,  ib.Pour  monstrercequiest  desem- 
blable  en  ces  deux  Et  ce  qui  est  aussi  de  différence 
entre  eux,  id,  ii,  7»,  rectn.  Mais  si  mes  vcs  sont 
de  quelque  mérite.  C'est  pour  l'honneur  qu'ils  ont 
de  vous  chanter,  id,  m,  46,  recto.  11  me  semble  de 
voir  cette  troppe  légère  En  un  rond  assemblée  au- 
tour de  vostre  pere,iD.  ni,61, verso.  Il  fait  du  bon  chres- 
tien,  et  n'a  ny  foy,  ny  loy,  id,  vi,  2(,  verso.  Ce 
n'estoit  qu'un  cœur,  une  maison,  un  lit,  une  table 
et  une  bourse  d'eux  deux,  marg,  Nouv.  xlvi.  Si 
Dieu  ne  donne  mieulx  au  roy  de  Navarre,  j'ay  peur 
quede  (Bjours  il  ne  soitprest  à  partird'icy,  id.  Lett. 
4  36.  Les  cris  du  peuple  et  des  femmes  et  enfants 
abandonnez  à  la  boucherie,  mont,  i,  t.  U  ajifierçut 
trois  gentilshommes  qui  d'une  hardiesse  incroyable 
soutenoient  seuls  l'effort  de  son  armée,  id.  i,  2. 
Ellesd'uucœurmagnanimes'adviserentde....  id.  ib. 
J'ay  veu  un  genlilhomme  de  bonne  maison  aveugle 
nay,au  moins  aveugle  de  tel  âge  qu'il  ne  savoit  que 
c'est  de  veue,  id.  n,  4  2.  D'un  visage  ferme,  Phy- 
ton,...  ID.  I,  3.  Perdre  [tuer]  d'un  plomb  malheu- 
reux, ID.  I,  22.  De  dueil  s'arracher  les  poils,  id,  ib. 
Decholere,  dedesespoir,  in.i,  23.  Unroydenos  voy- 
sins,  ID.  I,  22.  Ordonnant  que  de  dix  ans  on  ne.... 
id.i,  22,  Ayant  reçu  de  Dieu,iD,  ib.  La  nation  de  quoy 
estqjt  le  conte,  id.  i,  22.  De  troupe  à  troupe,  lu, 
I,  24.  Il  y  a  des  petites  bestes  qui....  ro.  i,  84.  De 
dessus  un  bastion,  id.  i,  28,  Des  principaux  bien- 
faicts  de  la  vertu  est  le  mespris  de  lamort,  id.  i,70, 
La  première  nuict  d'après  ses  oblations,  id.  i,  9«. 
Si  ce  sot  de  roy  de  France  eust  sceu....  id.  i,  4  7» 
Ce  n'est  rien  que  de  nous,  id.  n,  224.  Escrire  de 
[sur]  la  religion,  id.i,  40 1.  En  toutes  autres  choses, 
s'il  y  a  de  bel  et  bon  en  la  maison,  c'est  l'ueil  du 
maistre  qui  le  fait,  la  boetie,  2I4.  De  moi  [quant 
à  moi],  si  je  pensois....  desper.  Conles,  xcil.  Il  y  a 
de  deux  sortes  de  pièges,  dont  le  diable  se  sert  eu 
ceci,  LANOUE,  9.  Dieu  pour  semblables  iniquitez  a 
anciennement  exterminé  des  peuples  entiers  de  de- 
vant sa  face,  id.  45.  La  peste  s'attachera  en  toy,  jus- 
ques à  ce  qu'elle  t'aura  consumé  de  dessus  la  terre, 
ID.  4  9,  Quand  lesestrangersont  plus  de  faveur  et  au- 
ctorité  que  les  naturels,  ID,  21,  Celui  qui  persécute 
est  du  diable,  et  celui  qui  est  persécuté  est  de  Dieu, 
ID,  36,  C'estoit  bien  peu  de  chose  des  villes  des 
Acheïens,  ID,  49.  C'est  toy-mesmes  qui  as  abondance 
de  maladies  et  très-dangereu-ses,  ID.  70.  Ce  mot  da 
prochain  s'eilend  indifféremment  à  tous  les  hom- 
mes, ID.  72,  Ce  sera  beaucoup  si  de  six  il  s'en  trouve 
deux,  iD,  4(8.  Un  gentilhomme  de  trois  ou  quatre 
mille  livres  de  rente,  id,  (48.  Il  n'est  richesse  que 
de  santé,  id.  i64.  Aussi  eux  ne  les  tiennent  pas  en 
autre  estime  que  de  bestes  brutes,  id.  385.  Minu- 
tius,  ardent  du  désir  de  combattre  sans  propos,  et  fai- 
sant de  l'audacieux,  alloil  gaignant  la  bonne  grâce 
des  soudards,  amyot,  Fctb.  I3,  Et  y  eut  bien  huit 
cents  de  tuez,  id.  ib.  (5.  Quelqu'un  pensant  faire  du 
plaisant,  id.  Ximol.  22.  Ce  n'estoit  encore  rien  de  ce 
que  l'on  ostoit,  au  prix  de  ce  qui  revenoit,  id.  Sylla, 
73,  Elles  [figues]  estoient  toutes  vertes  et  cueillies  de 
frais,  m.  Lucull.  72,  Le  peuple  .se  deffioit  de  leur 
suffisance,  et  s'en  donnoit  de  garde,  id.  Mcias,  (0. 
U  vint  au  degré  de  commander,  ayant  appris  àolKiïr, 
ID.  Agés.  (.  Son  vieillard  de  père  s'en  alla  en  sa 
maison  tout  fasché,  id.  Potnp.  B4.  Cestuy  Onesicn- 
tus  a>oil  esté  des  disciples  de  Diog^nes  le  cyniijue, 
id.  Alex.  IU8,  Le  muscle  teiiar,  pksgroset  cras  do 
tous  les  autres....  paré,  iv,  29.  Tes  pieds  de  trop 
courir  sonija  foibles  et  las.  bons.  2»7,  Ta  coulewr 
est  d'un  mort  qu'on  devalleen  la  fo.s.se,  id.  68 1.  Elle 
e^t  pleurante  au  cabinet  enirée.  Ou  tout  le  bien  que 
plus  cher  elle  avoit.  D'un  soin  de  femme  en  garde 
reservoit,  ID.  632  Si  j'avois  de  puissance  autant  que 
j'ay  d'oser,  lo.  808.  Tout  ce  qui  e.st  de  beau  ne  se 
garde  longtemps,  lu.  926,  Environ  le  quatorziemo 
dedecembre,  i4/(C(or,roma;i,  p,  75,  dansLACiiKNE. 

—  ETYM,  Provenç.  espagn.  et  portug.  de;  ital.  di; 
du  latin  de. 

(.  DÉ  (dé),  I.  m.  jj  1'  Petit  morceau  d'os  ou  d'i- 
voire, de  figure  cubique,  marqué  sur  chaque  face 
d'un  différent  nombre  de  points,  et  serviuii  ioucr. 
Jeter  les  dés.  Dés  pipés,  dés  qu'on  a  préparés  pour 
tricher  au  jeu.  Dés  chargés,  dés  qui,  garnis  d'un 


DÉ 

petit  poids  dans  leur  intérieur,  tombent  de  préfé- 
rence sur  un  côté  déterminé.  Je  dis  que  l'on  doit 
faire  ainsi  qu'au  jeu  de  ilés.  Où,  s'il  ne  vous  vient 
pas  ce  que  vous  demajidez,  Il  faut  jouer  d'iidresse 
etd'une  âme  réduite  Corriger  le  hasard  parla  bonne 
eondu.te,  mol.  Éc.  drs  f.  iv,  8.  Un  fatal  jeu  de  dés 
dont  la  fureur  les  po.s.sédait,  noircissait  leur  esprit 
etabsorliait  leur  âme,  marmont.  iléin.  liv.  vi;,  t.  ii. 
p.  208,  dans  PûUGKNS.  Chacun  après  le  dé  vous  mon- 
tre comment  il  fallait  jouer,  p.  L.  cour.  Leil.  i,  'M. 
Voyons  si  la  vertu  n'est  qu'une  sainte  erreur,  L'es- 
pérance un  dé  faux  qui  trompe  la  douleur,  lamart. 
llarm.  iv ,  H .  ||  Coup  de  dé  ou  coup  de  dés,  le  nom- 
bre de  points  qu'on  amùne  en  jetant  une  fois  les 
dés;  et,  Kgurément,  coup  de  hasard.  Ma  fille,  il  ne 
s'en  faut  qu'une  lêie  qu'elle  [une  terre]  soit  à  vous; 
ce  serait  un  lieau  coup  de  dé,  SÉv.  349.  Elle  peut 
vous  valoir  beaucoup,  elle  peut  vous  valoir  très-|ieii; 
tout  est  coup  de  dé  ilansce  monde,  volt.  Li'lt.  Thi- 
rinl,  4  mais,  l'a».  |{  Avoir  le  dé,  être  le  premier  à 
jouer.  A  vousledé,  c'est  à  vous  de  jouer;  et,  licuré- 
ment,  à  vous  le  dé,  c'est  à  vous  de  jjarler,  d'agir.  À 
vous  le  dé,  monsieur  [c'est de  vous  qu'il  s'agit],  mol. 
Jfi'i.  V,  4.  Fauteuil  vacant  à  la  deuxième  classe.  On 
meurt  souvent  parmi  ces  immortels,  A  vous  le  dé.... 
MiLLEv.  Épigr.  Faulexiil  acad.||  Tenir  le  dé,  avoir 
les  dés  en  main  pour  jouer;  et,  figurément,  tenir 
le  dé  dans  la  conversation,  s'en  rendre  maître,  la  di- 
riger  L'on  est  chez  vous  contrainte  de  se  taire  : 

Car  madame,  à  ja.ser,  tient  le  dé  tout  le  jour,  mol. 
Tart.  I,  t.  Silly  tenait  le  dé  du  raisonnement  et  de 
la  politique,  st-sim.  t30,  262.  ||  Quitter  le  dé,  aban- 
donner les  désqu'on  tientàlamain;  et,  figurément, 
ne  vouloir  pas  tenir  ce  qu'un  autre  veut  jouer. 
Il  Faire  quitter  le  dé,  faire  abandonner  les  di^ar 
le  joueur  qui  les  tient  pour  qu'ils  passent  à  unTKre, 
et,  figurément,  faire  quitter  le  dé  à  quelqu'un,  obli- 
ger quelqu'un  à  renoncera  une  entreprise.  ||  Rompre 
le  dé,  c'est  brouiller  le  dé  avant  qu'on  ait  vu  ce 
qu'il  porte;  et,  figurément,  rompre  le  dé  à  quel- 
qu'un, faire  avorter  ses  desseins,  ses  entreprises. 
Il  Flatter  le  dé,  jeter  doucement  les  dés  dans  l'espoir 
de  n'amener  qu'un  petit  nombre  de  points;  et,  fi- 
"urément,  ne  pas  parler  franchement  et  librement 
dequelque  chose,  adoucir  quelque  chose  de  fâcheux. 
Il  Le  dé  en  est  jeté,  la  résolution  en  est  prise.  |]  Fig. 
et  familièrement.  Je  jetterais  cela  à  trois  dés,  je 
jouerais  cela  à  trois  dés,  c'est-à-dire  le  choix  entre 
ceci  ou  cela  m'e.st  tout  à  fait  indifférent,  et  je  m'en  re- 
mettrais volontiers  au  hasard  pour  choisir.  \\A%tplur. 
Dés,  jeu  de  dé.  Pierre  le  bon  enfant  aux  dés  a  tout 
perdu,  RÉGNIER,  Sat.  xii.  ||  2°  Synonyme  de  domino, 
au  jeu  qui  porte  ce  nom;  synonymie  qui  vient  de 
ce  qu'il  y  a  une  grande  analogie  entre  les  dés  et  les 
dominos  qui  sont  en  quelque  sorte  des  dés  éten- 
dus. Je  n'ai  plus  que  deux  dés.  Couvrir,  boucher, 
fermer  un  dé,  mettre,  par  exemple,  du  six  contre  du 
six.  Ouvrir  un  dé,  le  faire  paraître  pour  la  première 
fois.  Jouer  à  dé  forcé.  Rendre  le  dé,  remettre  à  son 
partner  du  six,  par  exemple,  s'il  a  dcjà  ouvert  le 
six.  Il  3°  Terme  d'architecture.  La  partie  cubique  d'un 
piédestal.  ||  Petits  cubes  de  pierre  qu'on  place  sous 
des  poteaux,  des  colonnes,  des  vases  pour  les  iso- 
ler de  terre.  ||  4"  Dé  de  drapeau,  garniture  en  métal 
à  l'exlrémité  inférieure  delà  hampe  d'une  enseigne. 
Il  5°  Plaque  de  cuivre  percée  d'un  trou  circulaire, 
qu'on  adapte  aux  rouets  des  bois  des  poulies  pour  re- 
cevoir l'axe.  Il  Morceau  de  bois  percé  de  trous  dans 
lesquels  l'orfèvre  enfonce  au  marteau  les  pièces  d'ar- 
gent qu'il  veut  rétreindre.  ||  Terme  de  vitrier.  Espèce 
de  compartiment  de  panneau.  ||  Terme  de  marine. 
Plaque  percée  pour  exécuter  les  coutures  des  voiles. 
Il  Diverses  chevilles  ou  tampons.  ||  Terme  de  typo- 
graphie. Morceau  d'acier  qui  se  place  dans  la  gre- 
nouille d'une  presse  et  reçoit  le  pivot  de  la  vis. 

—  REM.  Delille  a  écrit  drî,  comme-  on  faisait  dans 
le xvii*  siècle  :  Dans  le  cornet  fatal  le  dez  a  retenti, 
delille,  Imag.  u. 

—  HIST.  XII'  S.  Quant  cil  denier  serunt  despendu 
e  aie,  E  en  malvaises  genz  et  en  guerre  guasté,  Mal- 
■vaisement  conquis,  malenient  alué,  Li  dé  serunt 
mult  tost  sur  ambes  as  turné,  Qui  unt  esté  sovent 
sur  sines  [le  six]  ruelé,  Th.  le  v\art.  157.  ||  xm*  s.  Je 
cuit  et  croi  vos  dites  voir;  Jà  por  ce  n'ert  b  dez 
changiez,  Ren.  3229.  Bien  me  seront  lidéchangié. 
Quant  por  ce  que  j'aurai  mangié,  M'aura  Diex  issi 
estrangié  De  sa  meson,  Fab.mss.  n°  7:i)8,  f"  299, 
dans  lacubne.  ||  xiv  s.  Etdient  les  expositeurs  que 
tetragoneestuncorpsquarré  comme  undey,  oresme, 
Eth.  24.  Sire,  cedit  Bertran,  qu'avez-vous  empensé? 
Visez-vous  à  l'avoir?  je  n'y  acompte  un  dé,  Guesd. 
46930.  J'ai  dez  du  plus,  j'ai  dez  du  mains  [moinsj. 
De  rtiris,  de  Chartres,  de  Rains;  Si  en  ai  deuz,  ce 


DÉB 

n'est  pas  gas  [plaisanlerie].  Qui  au  hocher  chieent 
[tombent] sor as,  Dict.  du  mercier,  dans  de  laborde. 
Émaux,  p.  247.  Il  xv's.  [Le  prndhomme]  s'en  vint  à 
la  porte  de  Garni,  où  les  gardes  veiiloient,  et  là  les 
trouva  jouant  aux  dés,  froiss.  ii,  II,  213.  Fortune 
fait  souvent  tourner  Les  dez  contre  moi  malement, 
cil.  n'oRL.  Bail.  46.  1|  xvi-  s.  Que  n'entreprendroit-il 
[l'homme] ,  puis  que  la  hrefveté  qui  luy  coupe  le  che- 
min et  liiy  rompt  le  dé,  comme  l'on  dict,  et  l'incer- 
titude d'icelle  [la  vie]  qui  oste  tout  courage,  ne  le 
peiist  arrester,  vivant  comme  s'il  avoit  tousjours  à 
vivre?  charuon.  Sagesse,  l,  36. 

—  ETVM.  Provenç.  diil ,  diilz ;  catal.  dau;  espagn. 
portug.  et  ital.  dado  ;d'a|irès  Ménage,  du  latin  dore, 
diins  le  sens  de  jeter:  datum,  ce  (lui  est  jeté  sur  la 
table;  d'après  Goiius,  de  l'arabe  dadd,  jeu.  De  ces 
deux  étymologies,  la  première  est  de  beaucoup  la 
plus  vraisemblable. 

2.  DÉ  (dé),  s.  m.  ||  1"  Petit  cylindre  de  métal  ou  d'i- 
voire, qu'on  met  au  bout  du  troisième  doigt  pour 
pousser  l'aiguille.  Un  dé  d'argent.  |1  2°  Terme  de  bo- 
tanique. Dé  à  coudre,  agaric  campanule. 

—  HIST.  XIV' s.  Dans  un  lexique  :  lh.eca,  gallice 
deis  et  deaul,  id  quud  mulier  habet  in  digito,  du 
CANGE,  digitarium.  Sa  ceinture  et  sa  tasse  en  la 
quelle  avoit  un  del  à  cueuldre,  id.  ib.  Deel  à  mettre 
ou  doi  pour  queudre,  id.  digilabulum.  ||xv's.  Plus 
becquetez  d'oyseaulx  que  dez  à  couldre,  villon, 
Épitaphe  en  bail. 

—  ETYM.  Berry,  dtaw  ;  espagn.  dedaJ;  ital.  dtfoje; 
romagnole,  didpt;da  latin  digitale, iiedigitus  (voy. 
DOIGT).  L'ancienne  forme  française  est  deel,  con- 
tracté en  del,  et  confondu  par  assimilation  avec  dé 
à  jouer.  Quand  on  rapproche  les  formes  romanes  de 
dé  à  coudre  et  dé  à  jouer,  d'une  part  dat,  dado,  et 
d'autre  part  dedal,  ditale,  deel,  on  voit  tout  de 
suite  combien  elles  divergent. 

f  3.  DE....  préfixe  qui  signifie  l'action  d'flter,  de 
défaire,  de  sortir,  de  descendre,  etc.  comme  :  ban- 
der, dé-bander,  faire,  dé-faire,  et  qui  est  le  repré- 
sentant de  la  préposition  de.  Et  l'on  me  désosie  enfin 
Comme  on  vous  désamphitryonne,  mol.  ^mpft.  m,  8. 
Dé  préfixe  a  aussi  un  sens  d'extension,  d'augmenta- 
tion, comme  dans  défaillir. 

j  DÉALBATION  (dé-al-ba-sion),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Action  de  blanchir,  surtout  en  parlant  des 
os  préparés  pour  les  besoins  de  l'anatomie. 

—  ETYM.  Lat.  dealbatio,  de  la  préposition  de,  et 
albtis,  blanc  (voy.  aube). 

t  DÉAMBULATION  (dé-an-bu-la-sion),  s.  f.  Terme 
didactique.  Action  de  marcher,  de  prendre  de  l'exer- 
cice. Ce  mot  est  quelquefois  employé  dans  les  Uvres 
médicaux. 

—  HIST.  XVI'  s.  Après  la  sueur  diligemment  net- 
toyée, faut  faire  ou  frictions  légères  ou  deambula- 

tions,    PARÉ,    XXV,   42. 

—  ETYM.  hat.  deambulatio ,  de  la  préposition  de, 
elamhulare,  se  promener  (voy.  amble). 

f  DÉAMBULATOIRE  (dé-an-bu-la-toi-r'),  adj. 
Qui  a  rapport  à  la  déambulation. 

—  HIST.  xvi*  s.  Quand  la  colique  ou  iliaque  pas- 
sion est  cause  de  ventosité,  le  mal  est  déambula- 
toire, ne  s'arrestant  en  un  seul  endroit,  ains  vague 
parle  ventre,  o.  de  serres,  924. 

—  ÈTYM.  Voy.    DÉAMBULATION. 

t  UÉ.\CRAT10N'  (dé-ô-ra-sion),  s.  f.  Tenue  di- 
dactique. Action  de  dorer,  de  donner  la  couleur  de 
l'or,  surtoutàdes  métaux  que  l'on  associe  à  d'autres. 

—  ÉTYM.  Dé,  et  le  latin  aurum,  or. 

t  DÉBÂCHER  (dé-ba-ché),  ».  a.  Ôter  la  bâche. 
Débâcher  une  voiture. 

—  ÉTYM.  Dé,  et  bâche. 

DÉbACLAGE  (dé-bâ-kla-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
bàcler,  de  débarrasser  un  port,  une  rivière. 

—  ÉTYM.  Débdcler. 

DÉBÂCLE  (dé-bà-kl'),  s.  ^.  1|  1°  Débâclage.  Peu 
usité  en  ce  sens.  Faire  la  débâcle,  rendre  un  port 
ou  une  rivière  libres.  ||  2°  Rupture  subite  des  glaces 
qui,  couvrant  une  rivière,  en  interrompaient  le 
cours.  La  débâcle  de  la  Seine.  Les  premiers  qui 
s'éloignent  du  bord  avertissent  que  la  glace  plie 
sous  eux,  qu'elle  s'enfonce  ,  qu'ils  marchent  dans 
l'eau  jusqu'aux  genoux  ;  et  bientôt  on  entend  ce  frêle 
appui  se  fendre  avec  des  craquements  effroyables 
qui  se  prolongent  au  loin  comme  dans  une  débâcle, 
sÉGUR,  Hist.  de  Napol.  x,  9.  ||  Fig.  et  familière- 
ment, changement  fâcheux  qui  emporte  la  fortune 
d'un  particulier,  la  prospérité  d'un  gouvernement, 
les  opinions, les  mœurs,  comme  la  débâcle  emporte 
les  glaces  de  la  rivière.  Cet  accident  commença 
la  débâcle  de  sa  fortune.  Quel  que  fût  l'intérieur  du 
roi ,  il  est  certain  que  sa  décence  contenait  quelque 
peu  la  débâcle  des  mœurs,  à  la  cour,  dans  l'église. 


DER 


963 


MiCHELET,    Louis  XIV   et   le   duc  de   Bourgogne, 

p.  151. 

—  ÉTYM.  Voy.  débAcler. 
DÉBÂCLÉ,  ÉE  (dé-bà-klé,  klée),  part,  pasié.  L 

port  étant  débâcle. 

DÉBÂCLE.VIEXT  (dé-bâ  kle-man) ,  s.  m.  ||  1°  L'ac- 
tion de  déliâcler  un  port,  des  navires,  des  bateaux. 
Il  2°  Le  iiiiirnentile  la  débâcle  des  glaces. 

—  ETYM.  Débdcler. 
DÉBÂCLEU  (dé-bâ-klé),  V.  a.||l°Faire  retirer 

d'un  pori  les  navires  vides,  pour  que  l'accès  soil  libre 
aux  navires  chargés  qui  arrivent  ||  2°  Ouvrir  ce  qui 
était  bâilé.  Débâcler  une  porte.  113°  V.  n.  Il  se  dit 
d'une  rivière  dont  les  glaces  se  rompent.  La  rivière 
a  débâclé.  Il  4"ôler  et  déménager  les  maichandi-es, 
en  parlant  des  maichands  qui  sont  venus  à  une 
foire.  La  foire  est  finie  aujourd'hui,  tous  les  mar- 
chands déhâclent. 

—  IlEM.  Débâcler,  v.  n.  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire ni'oir.  quand  il  s'agit  de  l'action  ;  la  rivière  a 
dt  bâclé  aujoupl'bui  ;  et  avec  l'auxiliaire  être  (luand 
il  s'agit  de  l'état  :  la  rivière  est  débàclée  depuis  ce 
matin. 

—  ÉTYM.  Dé.  et.  bâcler. 
DÉBÂCLEUR  (dé-bâ-kleur1 ,  s.  m.  Officier  préposé 

au  débâclage  d'un  port.  Ordonne  que  les  dits  me- 
sureurs.... boueurs,  debâcleurs,  gardes  de  nuit.... 
seront  tenus....  de  représenter  leurs  lettres  de  pro- 
visions, Arrél  du  conseil,  2i  mars  I074. 

—  ÉTYM.  Débdcler. 
t  DÉBA DINER  (dé-ba-di-né),  V.  n.  Terme  du  jeu 

de  l'impériale  et  de  quelques  autres  jeux.  Démarquer 
les  points  que  l'on  a  déjà  gagnés  quaiid  l'adversaire 
olitieiit  certains  avantages. 

DÉBAGOULER  (dé-ba-gou-lé).  ||  1°  Y.  n.  Terme 
bas.  Vomir.  A  peine  sorti  de  table,  il  a  débagoulé. 
Il  2°  V.  a.  Fig.  Débagoulerun  torrent  d'injures.  En- 
suite de  cela,  il  dit  tant  de  tripes  de  latin,  que  je 
pense  qu'il  débagoula  tout  ce  qui  était  dedans  le  pot 
pourri  de  ses  lieux  communs  sous  le  titre  de  de 
amore,  Frnncion.  liv.  iv,  p.  148.  N'ai-je  pas  ouï 
Homère  là-bas  débagouler  s"s  rapsodies?  d'ablan- 
COUBT,  Lucien,  Dial.  Caron,  Mercure.  Quand  ils 
seront  retournés  chez  eux,  comme  ils  débagouleront 
tout  ça  dans  leur  voisinage,  dancourt,  Cur.  de 
Comp.  se.  6. 

—  HIST.  xvi"  s.  Elle  vient  à  débagouler  mille  in- 
jures contre  le  roy,  bbantome.  Dames  galantes. 
Nos  modernes,  qui,  pour  le  moindre  axiome  qui  se 
présente,  debagoulent  dix  ou  douze  authoritez,  des 
ACCORi'S,  Préface. 

—  ÉTYM.  Dans  ce  mot  se  trouve  san3  doute  goule 
ou  gueule;  mais  le  préfixe  déba  n'e.st  pas  expliqué; 
à  moins  qu'on  n'y  voie  ba,  ba-goule,  comme  dans 
ba-lèrre,  et  la  préposition  de  qui  indique  sortie, 
émission,  c'est-à-dire  émettre  hors  de  la  ba-goule. 

DÉBAGOL'LEUU  (dé-ba-gou-leur) ,  s.  m.  Terme 
bas.  Celui  qui  vomit  tous  les  mauvais  propos  qui  lui 
viennent  à  la  bouche. 

—  ETYM.  Débagouler. 
t  DÉBAlGNÉE'(dé-bè-gnée),  s.  f.  Nom,  àBarèges, 

du  deuxième  degré  des  bains. 

t  DÊBAIL  (dé-ball,  U  mouillées),  s.  m.  Terme 
d'anciennes  coutumes.  Cessation  de  bail. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bail. 
f  DÉBÂILLONNER  (dé-bâ-llo-né,  Z!  mouillées) , 

V.  a.  Ôter  un  bâillon.  |j  Fig.  Débâillonner  la  pressa. 

—  ÉTYM.  Dé,  et  bâillonner. 

DÉBALLAGE  (dé-ba -la-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
baller. Il  La  marchandise  déballée  par  des  mar- 
chands de  passage  dans  une  ville. 

—  ÉTYM.  Déballer. 

DÉBALLÉ,  ÉE  (dé-ba-lé,  lée) ,  part,  passé.  Mar- 
chandises déballées. 

DÉBALLER  (dé-ba-Ié),  «.  a.  Défaire  une  balle, 
tirer  des  marchandises  de  l'emballage.  Déballer  des 
marchandises.  Mon  petit  équipage  dont  j'eus  le  plai- 
sir de  ne  rien  déballer,  j.  i.  bouss.  Prom.  v.  ||  Ab- 
solument. [Le  lion  redemandant  son  paquet  dit:] 
Rendez-moi  mon  argent,  j'en  puis  avoir  affaire;  On 
déballe....  la  font.  Fabl.  iv,  12.  ||  Absolument. 
Étaler  des  marchandises. 

—  ÉTYM.  Dé,  et  balle,  paqueL 
DÉBANDADE  (dé-ban-da-d'),  s.  f.  i'  Action  de 

se  débander,  de  rompre  les  rangs.  Le  huit,  la  dé- 
bandade fut  générale,  quelque  chose  qu'on  pût  faire; 
tout  courut  fourrager  celte  plaine,  st-sim.  47,  48. 
Il  S  la  débandade,  loc.  adr.  Sans  ordre,  confusé- 
ment. Il  Familièrement.  Mettre  tout  à  la  débandade, 
mettre  tout  en  désordre,  en  confusion.  Laisser  tout 
à  la  débandade,  abandonner  tout  au  hasard.  Tout 
va  à  la  débandade,  tout  va  mal  et  en  confusion.  ||  A 
la  débandade,  sans  rétlexion ,  tête  baissée.  Et  je  vas 


964 


DEB 


à  la  (léhandade,  moi..  Don  Juan,  ii,  *.  ||  Vivre  à  la 
rtétianilarte,  ne  mettre  aucune  règle,  aucune  suite 
dans  sa  conduite. 

—  HIST,  XVI'  s.  Sur  toutes  ces  misères,  ce  pnpce 
aima  mieux  voir  une  reiraile  qu'une  desb.indade, 
d'aub.  //i.v(.  m,  241.  Serlorius  se  retira  à  la  deslian- 
(lée.  AMVOT,  l'nmp  27.  Ils  faisnienl  mine  de  vouloir 
jouer  il  la  débandade,  ciiolieiies.  Contes,  t.  Il,  après- 
dinéf.  4.  Il  y  f'Ui,  lout  aveuglé  el  sans  aucune  no- 
table form-iliié  on  considération,  conclure  vistement 
et  donner  à  la  desbandade  la  teste  baissée,  comme 
en  un  baiaillun  de  (jens  de  pied,  noel  du  fail,  Con- 
tes d'Kutriiji.  cil.  29. 

—  f.rvM.  M'ander  2. 

4.  DfiltAN'DÉ.  f.E  (dé-ban-iié,  dée),  pnr(.  passi 
de  di'diander  I.  |l  l"  A  i|ui  on  a  ôlé  un  bandeau.  I.e 
parlementairi!  ayant  étédébandé.  |l  2°  Qui  n'est  plus 
bandé  on  tendu.  L'arc  étant  débiindé. 

2.  Df.llANDC;.  ÉK  (dé-ban-dé,  dée),  part,  passi 
de  débander  2.  Uni  a  quitté  la  bande,  dispersé.  Des 
troupes  débandées.  1,'n  reste  de  barbares  errants 
el  débandés  qui  le  pillaient  [l'empire]  impunément, 
FI.ECH.  //i.s(.  de  Théod.  I,  26.  Lus  mercenaires,  qui 
s'étaient  retirés  sur  une  hauteur  voisine  couverte  de 
bois,  ayant  appris  ce  qui  se  passait,  survinrent  lout 
d'un  coup,  lioiiv.'rent  les  soldats  débandés  çà  et  là, 
prirent  el  pillèrent  le  camp,  rollin,  Hist.  anc.  t.  i, 
p.  353.  Depuis  la  vedle,  quatre  mdle  Iralneurs  et 
trois  mille  soldats  étaient  morts  ou  égarés,  les  ca- 
nons et  tous  les  bagafies  penlus;  à  peine  restait-il  à 
Ney  trois  mille  combaiianls  et  autant  d  hommes 
flébaiidés.  sF.r.un,  llist.  de  Napol.  x,  u. 

DKRANDK.MKNT  (dé-ban-de-maii),  s.  m.  Action 
des  troupes  qui  se  débandent.  Nous  entendîmes  un 
vacarme  épouvantable;  c'était  un  débandpment  de 
l'armée  qui,  cherchant  de  l'eau,  avait  trouvé  ce  vil- 
lage, sTsiM.  29,  «7.  Ce  fut  le  dernier  moment  du 
peu  d'ordre  qu'il  y  eut  en  cette  bataille  [de  Turin]; 
tout  ce  qui  suivit  ne  fui  que  trouble,  confusion,  dê- 
bandement,  fuite,  m.  163,  ta. 

—  ETYM.  Débander  2. 

<.  DRBANDKK  (débandé).  V.  a.  \\  l'  ôter  une 
bande  ..■ehander  une  plaie.  ||  Ôler  un  bandeau.  On 
déh..iida  les  yeux  du  parlementaire.  ||  Ôter  des  ban- 
deaux qui  orneni  ou  couvrent  la  tête.  Quand  les 
filles  se  sont  déb.iiidé  la  tête  deux  heures  par  jour, 
elles  ne  sonl  [i;is  pressées  de  cliercher  d'autres  dé- 
lassements, MAiNTKN'ON.  Lett.  à  lime  de  la  Vief- 
vHle,  2'.)  février  I7iin.  ||  2°  Détendre.  Kt  prenant  en 
main  un  arc  qu'un  Perse  eut  â  peine  soutenu,  loin 
de  le  pouvoir  tirer,  il  le  banda  en  présence  des  am- 
bas,s;ideurs  el  dit....  cela  dit,  il  débanda  l'arc... 
Boss.  llist.  m,  3.  Il  Kig.  Se  débander  l'esprit,  don- 
ner à  son  esprit  fatigué  quelque  relâche.  ||  3°  V.  n. 
S'emporter  contre.  Le  maréchal  de  Joyeuse  débanda 
sur  Goberl,  excellent  brigadier  de  dragons,  st-sim. 
29,  86,  Peu  usité  en  ce  sens.  ||  4°  Se  débander, 
1'.  réf..  ôier  le  bandeau  qu'on  a  sur  les  yeux.  Le 
colin-maillard  triche,  il  se  débande.  ||Se  détendre, 
en  parlant  des  armes.  Son  arc  se  débanda.  ||  Fig.  Le 
temps  se  débande,  la  température  qui  était  comme 
tendue  par  le  froid  se  relâche,  devient  moins  froide. 

—  HlST.  XII'  s.  Et  ses  deux  mains  derriers  vet  de- 
liant,  Kt  ses  biax  eiiz  [yeuxj  li  vet  lot  desbandant. 
Bataille  d'Aieschans,  v.  5C60.  ||  xill'  s.  Atant  le 
firent  desbeiider;  Li  rois  le  fist  à  lui  aler;  El  il  i 
vient  joianz  et  liez.  Les  menuz  sauz,  toz  eslessiez, 
Hen.  iih;ib.  Il  xv's.  Icelui  prit  l'arbrier  | le  manche] 
de  l'arbalesie  et  la  fil  desbender,  du  ca.nge,  arbo- 
reta.  ||  xvi'  s.  Or  est  ainsi  qu'envie  et  ignorance 
Ensemble  font  volontiers  demoiirance,  l^ur  des- 
bander [décocher]  contre  les  vertueux,  harot,  i, 
282.  Et  [l'Amour]  si  avoit,  atin  que  l'enlemlez,  Son 
arc  alors  et  ses  yeux  deshandez,  id.  i,  344,  Des- 
bander l'arc,  ne  guérit  point  la  playe,  iD,  ii,  298, 
Il  ne  s'aperçut  de  son  bras,  qui  se  deslianda;  et  la 
playe,,.,  marg.  Nour.  l.  El  celuy  qu'on  desbandoit 
pourluy  lire  sa  grâce,  mont,  i,  91.  Sa  pensée  des- 
brouillée el  dcsbandée  (détendue],  id.  i,  94,  S'ap- 
prochant  luy  mesme  tout  pacifiquement,  son  arc 
desbandé,  amyot,  Crass.  67,  Ils  sortirent  mèche 
este. nie,  la  caisse  desbandée,  d'aub,  llist.  ii,  370, 
Qui  ne  ticnl  pour  tout  certain  l'ire  de  Dieu  se  dé- 
bander sur  nous,  pour  punir  les  fautes...,  paré,  ix, 
2'  dise.  Ainsi  J'esprit  :  si  l'on  ne  l'occupe  à  certain 
subject,  il  se  desbande  et  se  jelle  dedans  le  vague 
des  imaginations. .„  charron,  Sagesse,  1,  45. 

—  Etym.  Dé,  et  bander. 

5.  DEBANDER  (dé-ban-dé),  v.  a.  ||  1°  Mettre  en 
désordre,  disperser,  en  parlant  il'une  troupe.  Le  27 
décembre,  i  la  fin  d'une  marche  de  dix  heures, ces 
Prussiens  aperçurent  la  brigade  russe:  sans  repren- 
dre haleine,  ils  la  chargent,  la  débandent  et  lui  ar- 


DÉIJ 

rachcnt  deux  bataillons,  ségor,  Hiit.  de  Sapol. 
xii,  8. 112°  Se  débander,  v.  r^fl.  Se  disperser  con- 
fusément, en  parlant  d'une  troupe.  Toute  l'armée  se 
débanda.  Il  apprit  en  même  temps  que  leurs  meil- 
leurs soldats  s'étaient  débandés,  flêch.  llist.  de 
Théod.  1,  80.  Cette  journée  pouvait  être  fatale  à 
l'empire,  si  les  Golhs  eussent  su  profiter  de  leur 
victoire,  mais  ils  se  débandèrent  incontinent,  m. 
ib.  Il,  15.  Il  Avec  ellipse  du  pronom  rélléchi.  Le 
déf.iut  d'argent  en  Italie  dicrédiierail  enlièrement 
vos  aiïiires  et  pourrait  faire  débander  une  armée 
éloignée,  fén.  I.  xxii,  p.  491.  ||  3°  Se  .séparer  J'un 
corps  dont  cm  fait  partie,  en  parlant  des  individus. 
Quelques  soldais  se  débandèrent  pour  courir  à  la 
maraude. 

—  liiST.  XVI'  s.  Mes  discours,  pour  s'estre  desban- 
dezen  aulciinesch  isesde  la  route  commune....  mont. 
Il,  124.  Toute  leur  force  venoit  à  se  perdre,  si  une 
fois  ilz  se  debandoient  el  se  departoient  d'avec  eulx, 
AMYOT,  Rom.  13.  Si  desbendez  qu'ilz  ne  se  pou- 
voient  plus  r'allier,  m.  Lyc.  49.  Metlans  en  pièces 
tousceulxquisedesbnndiiient  pour  fouir,  id.  Fab.  24. 
Les  voilà  bien  empeschez;  carde  quitter  le  chemin, 
c'esloit  desbander  [faite  courir]  après  eux,  d'aub. 
//iv(,  II,  I9i.  Il  partagea  ses  gens  de  pied  à  ses  deux 
inains,  etàchaquecosté  desbanda  ïuobarquebuziers 
et  plus,  ID.  ib.  II,  454. 

—  ETYM.  Dé.  et  bande  2. 

t  DÊBA.NOL'É,  fiE  (dé-ban-ké,  kée),  part,  passé. 
L'homme  qui  tenait  le  jeu  étant  débanqué, 

2.  DÉBANQUÉ  (dé-ban-ké),  s.  rri^.  Terme  de  ma- 
rine. Vaisseau  qui  revient  du  banc  de  Terre-Neuve. 

—  ÉTVM.  Dé.  et   banc  de  Terre-Neuve. 

t.  DÉBANQUEU  (dé-ban-ké),  r.  a.  Au  pharaon 
et  dans  d'autres  jeux,  gagner  tout  l'argent  de  celui 
qui  tient  le  jeu  et  qui  se  nomme  banquier. 

—  ÉTVM.  Dé,  et  banque. 

t  DÉBANQUER  (dé-ban-ké).  ||  1°  Y.  n.  Terme  de 
marine.  Quitter  un  banc  et  en  particulier  le  banc  de 
Terre-Neuve  lorsque  la  [lécbe  est  achevée.  ||  2°  V.  a. 
Démonter  les  bancs  d'une  embarcation  à  rames, 

—  Etym,  Dé,  et  liane. 

DÉBAPTISÉ,  ÉE  (dé-ba-ti-zé,  zée),  part,  passé. 
Ce  jeune  homme  débaptisé  par  ses  camarades,  c'est- 
à-dire  à  i|ui  ses  camarades  ont  donné  un  autre  nom 
(jue  le  sien. 

DÉBAPTISER  (dé-ba-ti-zé),  ».  a.  ||  1°  Changer  le 
nom  de  quelqu'un.  ||  2°  V.  réfl.  Se  débaptiser,  se 
donner  un  nouveau  nom.  Qui  diable  vous  a  fait 
aussi  vous  aviser  A  (|uaiant8-deux  ans  de  vous  débap- 
tiser? mol.  Éc.  de  I.  i,  I.  Il  Henoncerà  .son  baptême. 
Si  l'on  me  prive  de  la  belle  Saint-Yves,  sous  prétexte 
de  mon  baptême,  je  vous  avertis  que  je  l'enlève  et 
que  je  me  déliaplise,  volt.  Ingénu,  6.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Se  faire  débaptiser,  renoncer  à  son 
baptême,  c'esl-à-dire  accepter  toutes  les  extrémités. 
Je  me  ferais  plutôt  débaplise'r  que  de  consentir  à  eela, 

—  ETYJI.  Dé,  et  baptiser. 

t  DÊBARBARISÉ,  ÉE  (dé-bar-ba-ri-zé,  zée), 
part,  passé.  Tiré  de  la  barbarie.  11  faut  que  nous  lui 
ayons  obligation  d'être  débarbarisés,  volt.  Letlr. 
d'Argenlal,   18  août  1763. 

■f  DÊBAUBARISER  (dé-bar-ba-ri-zé),  ç.  o.  ôler 
la  barbarie,  polir.  Nos  W'elches  du  parterre,  qu'on 
a  eu  tant  de  peine  à  débarbariser,  se  doutent  irès- 
rarement  si  une  pièce  est  bien  écrite,  volt.  l/:tt. 
St-Lambert,  7  mars  1769. 

—  ÉTYM.  Dé,  et  barbariser. 

t  DÉBABBER  (dé-barbé),  v.  a.  Couper  les  petites 
racines  de  la  vigne  qui  tracent  à  la  superficie  du  ter- 
rain. 

—  HIST.  xvr  s On  le  desbarba  de  sa  barbe 

barbue,  molinet,  p.  (7i ,  dans  lacurne. 

—  etym.  Dé....  préfixe,  et  barbe. 
DÉBARBOUILLE,    ÉE    (dé-bar-bou-llé,    liée.    Il 

mouillées),  part,  passé.  Un  enfant  débarbouillé. 

DÉBARBOUILLER  (dé-bui-bou-llé.  Il  mouillées, 
et  non  dé-bàr-bou-yé),  v.  a.  \\  1"  Ôter  ce  qui  bar- 
bouille, nettoyer,  laver  le  visage.  Débarbouiller  un 
enfant.  ||  2°  Fig.  et  familièrement.  Tirer  quelqu'un 
d'affaire,  le  dégager  d'un  mauvais  pas.  ||  3°  K.  rr/l. 
Se  débarbouiller,  se  nettoyer  le  visage.  Allez  vous 
débarbouiller.  Je  suis  las  de  porter  un  visage  si 
laid,  El  je  m'en  vais  au  ciel  avec  de  l'ambroisie 
M'en  déb.irbouiller  loul  à  fait,  mol.  Amph.  m,  lO. 
Il  Fig.  De  pygmées  ils  [les  secrétaires  d'Étal]  étaient 
devenus  géants,  et  s'étaient  enfin  débarbouillés  de 
l'étude  de  notaire,  st-sim.  342,  231,  Elle  [la  nation] 
commence  à  se  débarbouiller;  presque  tout  le  mi- 
nistère est  composé  de  philosophes,  volt,  i<!((.  roi 
de  l'r.  277,  Il  Populairement,  Débarbouille-toi  comme 
lu  pourras,  lire-toi  seul  de  cette  affaire.  laissez-le 
se  débarbouiller. 


DEB 

—  HIST.  XVI'  g.  Tant  y  a,  qu'estant  débarbouillé 
il  fut  agréable  à  son  maistre,  avancé  depuis,  et 
nommé  le  cardinal  délia  Simia,  d'aub.  Conf.  i,  8. 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  et  barbouiller. 

t  DÉBARBOUlLI.OIIt  (ilé-bar-boii-lloir,  U  mouil- 
lées), s.  m.  ou  DÉHARBOUILLOIRE  (dé-bar-bou- 
lloi-r',  //  mouillées).  4-.  f.  ServielLe  à  débarbouiller. 

—  ETYM.  Dé' arboiiiller. 

DÉBARCADÈRE  (dé-bar-ka-dê-r*),!.  m.  ||1' Terme 
de  manne.  Endroit dUne  côte  ou  du  quai  d'un  port 
qu'on  peut  accoster  pou:  y  débarquer  hommes,  ani- 
maux ou  marchandises.  Il  2°  Sur  les  chemins  de  fer, 
lieu  de  départ  et  d'arrivée.  On  dit  aussi  embarcadère. 

—  ETVM.  Voy.  débarourr. 

DÉBARDAGE  (dé-bar-da-j') ,  s.  m.  Action  de  dé- 
barder. 

—  ETYM.  Débarder. 

DÉBARDÉ,  ÉE  (dé-bar-dé,  dée),  part,  passé.  Du 
bois  débardé. 

DÉBARDER  (dé-bar-dé),  «  o.  Ilf  Tirer  du  bois 
hors  des  bateaux  ou  des  trains  de  flottage,  et  le 
porter  sur  le  bord.||2°  Par  extension,  débarquer 
I  toutes  sortes  de  raarchandi.ses.  |{  3"  l'erme  de  forêts. 
Transporter  des  bois  hors  du  taillis  où  ils  ont  été 
coupés,  afin  que  les  voitures  n'y  entrent  pas.  ||  4'  Dé- 
chirer des  bateaux  hors  de  service. 

—  HIST.  xvr  s.  Lors  eussiez  veu  grans  courciers 
desbarder,  Haulx  appareilz  getler  pour  mieulx  s'ay- 

der,  J.  MAROT,  v,   433. 

—  Etym.  Dans  l'exemple  de  J.  Marot,  l'étymolo- 
gie  est  évi.lemment  de,  et  barder;  il  est  probible 
que  les  autres  sens  en  proviennent,  le  sens  de  dé- 
border (ôler  la  barde)  s'élant  étendu  à  ôler  toute 
antre  chose;  cependant,  pour  ces  autres  sens,  on 
polluait  aussi  conjecturer  de  et  bard,  sorte  de 
civwre. 

DÉBARDEUR  (dé -bar-deur),  ».  m.  Ouvrier  qui 
riébarde.  ||  Se  dit,  en  carnaval,  d'un  costume  sem- 
blable à  celui  des  débardeurs  de  bois,  et  de  celui 
qui  porte  ce  cosiume. 

—  ErvM.  Déborder. 

DÉBARQUÉ,  ÉE  (dé-bar-ké,  kée),  part,  passé. 
Il  l'Mis  hors  d'un  vaisseau  et  à  t-rie.  L'artillerie 
débanpiée  rapidement.  ||  2° Par  extension,  nouveau 
débaniué,  sedil  d'un  homme  qui  arrive  récemment 
d'un  lieu.  Je  me  suis  avisé  de  me  servir  de  toi,  à 
cause  que  lu  es  nouveau  débaniué  de  Sicile,  hhuevs, 
ifiiet,  l,  2.  Il  On  dit  dans  le  même  sens,  fraîchement 
débarqué,  jj  Substantivement.  t:récy  était  un  hom- 
me s^ige  el  mesuré,  sous  des  manières  qui  se  /talent 
pins  l'élrang?rel  le  nouveau  débaicpjé  que  le  Fran- 
çais, STSiM.  2"  ,50.  On  dit  que  les  femmes  coquettes, 
Pour  faire  réussir  leurs  pratiques  secrètes.  Des  nou- 
veaux débarqués  s'informent  avec  soin  Pour  leur 
dresser  exprès  quelque  piège  au  besoin,  begnaed, 
j  Uénechmes.  H,  4. 

I      DÉBABQUE.MENT  (dé-bar-ke-man),  s.  m.  \\  1»  Ac- 
I  lion  de  débarquer,  de  mettre  à  terre  des  passagers, 
1  des  marchandises.  On  jelle  l'ancre  toutes  les  nuits, 
et  le  débarquement  se  fail  où  l'on  est  le  moins  al- 
;  tendu,  raynal,  llisl.  phil.  v,  22.  || Troupes  de  dé- 
I  barquemenl,   troupes   mises  à  bord   des  vaisseaux 
'  pour  être  débarquées  sur  un  point  el  y  agir.  Une 
flotte  nombreuse,  destinée  coiiiie  Québec  et  qui 
portait  cinq  ou  six  mille  hommes  de  débarquement, 
entre  l'année  suivante  dans  le  fleuve  Sl-l^urent, 
raynal,  lli.it.  phil.  XV.  H.  Il  2"  L'action  d'une  per- 
sonne qui  débarque.  II  futarrètéà  son  débarquement. 

—  ETYM.  Débarquer. 

DÉBARQUER  (dé-bar-ké).  Il  1'  V.  a.  Faire  sortir 
d'un  navire,  d  un  bateau,  mettre  à  terre  des  pas- 
sagers, des  troupes,  des  marchandises.  Les  équi' 
pages  débarquèrent  rapidement  sur  la  côte  d'Afrique 
l'armée  qui  fil  la  comiuête  de  l'Algérie.  M.  de  i.liâ- 
teau-Henaud  a  déliarqué  heureusement  en  Irlande 
ses  troupes,  ses  armes  el  son  argent,  sÉv.  25  mai 
1889.  Il  2°  I'.  n.  Quitter  un  navire,  descendre 
à  terre.  Les  passagers  débarquèrenl  heureusement, 
malgré  une  grosse  mer.  ||  Par  extension,  arriver. 
On  ne  pouvait  comprendre  qu'une  jeune  créature, 
débarquant  de  la  campagne  droit  à  la  cour,  en  de- 
vînt sitôt  l'ornement  par  ses  allraiis  el  l'exemple  par 
sa  conduite,  iiamilt.  Gramtn.  9.  À  peine  es-tu  dé- 
baïqué  que  tu  tournes  la  tète  à  de  jolies  filles,  mari- 
vaux.  Pays.  parv.  L  I,  i"  part.  p.  «7,  dans  pou- 
GENS.  En  Bourgogne  je  débarquai.  Pour  la  chanson 
climat  propice;  Nous  trouvons,  buvant  sur  le  quai, 
Le  vieux  mari  de  ma  noirrice,  bErang.  Nourrice. 
Il  Subslantivement.  Au  Jtbaïqner,  dans  le  temps 
même  du  débarquement,  de  l'arrivée.  ||  3*  Se  débar- 
quer, V.  réfl.  Un  se  débarqua,  on  nous  couvrit  le  vi- 
sage d'un  voile,  scarron,  Rom.  com.  n,  44.  Inusité 
aujourd'hui  sous  cette  forme. 


DEB 


DE» 


DEH 


965 


—  HIST.  XVI* S.  Ils  se  firent  passer  le  bras  de  mer 
pour  venir  joindre  leurs  compajinons  qui  se  desem- 
barquoient  à  SI  Michel,  d'aub.  Uist.  ii,  274.  Trois 
filles  de  la  reine  ...  le  refîardanl  comme  un  nouveau 
débarqué,  voulurent  le  turlupiner  sur  ses  liahille- 
ments,  m.  Ilist,  secrète  de  sa  vie,  t.  i,  p.  30,  Co- 
logne, (729. 

—  f.TVM.  Dé...  préfixe,  eXharque.  Désemharquer 
est  tombé  en  dés\iétude:  «  Débarquer  est  plus  doux 
9t  plus  en  usage  c|ue  de'icmfcari/wer,»  dit  VAUGELAS. 

Df.B.XRRAS  (dé-ba-rA;  l'i  se  lie),  s.  m.  Terme 
familier.  Délivrance  de  ce  qui  embarrassait.  Les  voilà 
partis,  c'i'si  un  grand  débarras.  Si  je  m'étais  noyé, 
le  bon  débarras  pour  moi  et  pour  les  autres,  cha- 
TEAUB.   Voy.  Amer.  sue. 

—  BF.M.  Débarras  est  quelquefois  employé  pour 
lieu  do  décharge;  c'est  une  mauvaise  locution. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fcarre,  par  l'intermé- 
diaire d'un  au^mentalif  barras. 

DÊBAKRASSÊ,  ÉK  (ilé-ba-ra-sé,  sée),  part,  passé. 
Oui  n'est  plus  embarrassé  de.  Débarrassé  de  ses 
liens.  11  n'est  rien  de  plus  beau  que  ces  tendres  pen- 
sées, Du  commerce  des  sens  si  bien  débarrassées, 
MOL.  Femm.  sav.  IV ,  H.  Un  cœur  débarrassé  des  soins 
de  l'avenir, CUÊBILLON.  lerxès,  i,t.  ||  Être  débarrassé 
de  quelqu'un,  n'avoir  |)lus  autour  de  soi  qutlqu'un 
qui  était  à  charge  ou  qui  gênait.  Mais  il  n'est  rien  d'é- 
gal au  fâcheux  d'aujourd'hui;  J'ai  cru  n'être  jamais 
débarrassé  de  lui,  mol.  Fdch.  i,  1.  Si  j'avais  refusé 
le  baron,  ma  mère,  qui  voudrait  être  débarrassée 
de  moi,  ne  me  l'aurait  jamais  [lardonné,  Marivaux, 
.Marianne,  9' part.  t.  m,  p.  366,  dans  pouge.ns.  Que 
tout  l'or  du  monde  périsse  et  que  je  sois  débarrassé 
de  lui,  BEALMABCH.  Ilèrecoup.  v,  4. 

t  DÊBARRASSK.MENT  (dé-ba-ra-se-man) ,  s.  m. 
Action  de  déiiarrasser. 

—  ETYM.  liéborrnsser. 

DËilARRASSER  (dé-ba-ra-sé),e.  a.  ||  1°  ôterce  qui 
embarrasse,  au  propre  et  au  figuré.  Débarrasser  la 
voie  publique.  Cette  nouvelle  Ta  débarrassé  d'une 
grande  inquiétude.  Mais  je  veux  de  mon  doute  être 
débarrassée,  BAC.  Alhal.\i,6.  11  ne  fallait  sans  doute 
que  l'embarras  d'un  défilé,  quelques  marches  forcées 
ou  une  boutade  de  cosaques,  peur  nous  débarrasser 
de  tout  cet  atliiail  [les  bagages  de  l'armée  sortant 
de  Moscou]  ;  mais  le  sort  ou  l'ennemi  avaient  seuls 
le  droit  de  nous  alléger  ainsi,  sêgub,  Ilist.  de  Nap. 
IX,  I.  Il  Par  plaisanterie.  Des  voleurs  le  débarrassè- 
rent de  son  argent.  Considérez  i|ue  nos  guerres  ci- 
viles avaient  fait  verser  en  France  les  trésors  du 
Mexique,  lorsque  Philippe  11  voulaitacheter  la  France, 
et  que  depuis  ce  temps-là  les  guerres  étrangères  nous 
ont  débarrassés  de  la  moitié  de  notre  argent,  volt. 
l'H.  aux  40  écu.'^.  Préambule.  |l  Débarrasser  de  quel- 
qu'un, délivrer  de  quelqu'un  enl'écartant,  l'éloignant 
ou  même  le  faisant  mourir.  ||  2°  Se  débarrasser, 
».  réft.  Se  délivrer  de  ce  qui  embarrasse.  Se  débar- 
ra.sser  de  ses  créanciers.  lit  se  débarrasser  du  fatal 
vêtement,  lemerc.  Electre,  n,  4.  Heureuse  donc  et 
infiniment  heureuse  la  puissance  qui,  la  première, 
se  débarrassera  des  entraves,  des  taxes,  des  prohi- 
bitions qui  arrêtent  et  oppriment  partout  le  com- 
merce, HAYNAL,  Hist.  phil.  XIX,  6.  Il  Se  débarrasser 
de  quelqu'un,  éloigner  de  soi  quelqu'un  qui  gène  ou 
est  à  charge,  et  aus.si  le  faire  mourir. 

—  f.TYiM.  Débr.rras. 

DËBARRË,  ÉE  (dé-ba-ré,  rée),  part,  passé.  Les 
portes  ayant  été  débarrées. 

DÉBARRER,  (dé-ba-ré),  v.  a.  ||  1°  ôter  la  barre. 
Débarrer  une  porte.  ||  2°  Terme  de  musique.  Débar- 
rer un  violon,  en  ôter  l'âme,  qui  est  une  petite 
pièce  de  bois  dont  la  table  est  soutenue,  ||  3°  Terme 
d'ancienne  praticjue.  Lorsque  les  juges  d'une  cham- 
bre étaient  barrés,  c'est-à-dire  lorsipie  les  avis  s'é- 
taient également  partagés,  le  procès  était  porté  dans 
une  autre  chambre,  qui  sur  l'exposé  des  raisons  don- 
nai', l'arrêt;  cela  s'appelait  débarrer. 

—  HIST.  xh*  s.  Les  uis  ad  il  meesmes  overtedes- 
barez,  Buia  le  pueple  ariere,  qui  i  ert  asemblez  Pur 
veer  l'aventure....  Th.  le  mart.  t47.  ||  xvi'  s.  Incon- 
tinent que  l'aube  jour-apporte  Du  grand  Olympe  eut 
desbarré  la  porte,  bons.  617. 

—  ËTYM.  Dé....  préfixe,  et  barre. 

t  DÉBAURICADER  (dé-ba-ri-ca-dé),  D.  o.  Ôter 
les  barricades. 

—  KTYM.  Dé...  préfixe,  et  barricader. 

t  DÉUASSAIUE  (dé-ba-sè-r') ,  s.  f.  Nom  d'une 
sorte  de  mésange. 

DÉBAT  (dé-ba;  le  (  se  lie  ;  un  dé-ba-t  éloquent; 
au  pluriel,  i's  se  lie  ;  des  dé-ba-z  éloquents;  débals 
rime  avec  pas,  appâts,  etc.),  s.  m.  \\  l"  Différend 
dans  lequel  de  part  et  d'autre  on  allègue  des  paroles 
ou  des  raisons.  Le  débat  fut  violent.  Du  crime  glo- 


rieux qui  cause  nos  débats,  corn.  Cid,   ii,   9.  Afin 
d'être  témoin  comme,  après  nos  débats,  Je  chéris 
sa  mémoire  et  venge  son  trépas,  id.  Pomp.  m,  4. 
Il  veut  sur  nos  débats  conférer  avec  moi.  id.  Sn-lor. 
I,  t.  Mais  il  est  temps  qu'un  mot  termine  ces  débats, 
ID.  ib.  m,  4.  Petits  princes,  videz  vos  débats  entre 
vous;  De  recourir  aux   rois  vous  seriez  de  grands 
fous;  Il  ne  les  faut  jamais  engager  dans  vos  guerres, 
Ni  les  faire   entrer  sur  vos  terres,  i.A   font    Fabl. 
IV,  4.  Vous  avez  bien  d'autres  affaires  A  démêler, 
que  les  débals  Du  lapin  et  de  la  beletie;   Li.sez-les, 
ne  les    lisez   pas;    Mais   empêchez  qu'on   ne   nous 
mette  Toute  l'Kurope  sur  les  bras,  id.  Fab.  viii,  4. 
N'enlends-lu    point  comme   ils  sont  en  débat?  id. 
Berc.  Vainqueurs  de   nos  débats,   nous    marchons 
réunis,  volt,  lirulus.  ii,  2.  VA  cpiand  ces  longs  dé- 
bats qui  troublèrent  nos  jours....  id.  Tancr.  i,  3.  Je 
m'attendais  à  des  débats,  à  des  objections  sans  nom- 
bre; et  je  la  trouvejusie.  bonne,  généreuse,  beaum. 
Hère  coup,  m,  8.  ||  Fig.  Â  eux,  entre  eux  le  débat, 
c'est  à-dire  je  ne  me  mêle  pas  de  leur  contestation, 
j  qu'ils  s'arrangent  entre  eux.  Je  laisse  entre  vous  ce 
i  débat.  SÊV.  9  août  (87).  ||  2°  Action  de  débattre,  de 
'  discuter.  Le  peuiile  en  corps  avait  le  débat  des  affai- 
res, MONTESQ.  Espr.  II,  6.  Il  Débat  de  compte,  discus- 
J  sion  entre  deux  intéressés  sur  un  article  de  compte. 
i  II  3°  Au  plur.  Discussions  des  assemblées  politiques. 
Les  débats  du  parlement   anglais.  Gel  orateur  était 
I  l'aigle  de  nos  débats.  ||  Terme  de  palais.  La  partie 
I  de  l'inslruction  judiciaire  qui  est  publique,  y  com- 
;  pris  les  plaidoiries.  Ouvrir,  fermer  les   débats.  Le 
président  a  résumé  les  débats  avec   beaucoup  d'im- 
'  partialité.  ||  Au  sing.  Consultez-vous;  demain,  si  le 
I  débat  commence....  Moi-même  du  forfait  j'établirai 
la  preuve,  m.  j.  chên.  Tibère,  m,  3.  ||  Ce  mot  est  em- 
ployé comme  titre  de  journaux.  Le  Journaldes  Débats 
I  politiques  et  littéraires,  ou.  simplement,  les  Débats. 
I     —  HIST.  xiii*  s.  Noz  avons  veu  plusors  debas  ^e 
!  cix  [ceux]  qui  estoient  ajoriié,   par  devant  lor  se- 
igneur, à   requeste  d'autrui,  beaum.   54.  Koz  avons 
I  veu  moult  de  debas,  es  boues  viles,  des  uns  contre 
I  les  autres,  si  comme  des  povres   contre  les  rices, 
I  id.  l,  15.  Quant  nous  feumes  là  et  les  Turs  s'en  fu- 
rent partis,  les  Sarrazins  qui  e.sfoient  en  la  cité,  se 
!  desconfirent  et  lesserent  la  ville  à  nostre  gent  sans 
débat,  jomv.  278.  ||  xiv  s.  Le  jour  que  li  mesquiés 
[niéchef]  fu  pour  vous  aparans.  Ou  palais  à  Nimaie, 
'  où  li  debas  fu  gians,  Je  me  mis  en  la  mer....  Ba.d. 
I  deSeb.  iv,  015.  ||  xV  s.  Au  commaiidemenidu  comte 
'  [de  Flandre)  couvertemenl  Jean   Lyon   prit  paroles 
etdebatàlui  [un  homme  de  Gand  ennemi  du  comte] 

et  l'occit,  FROiss.  II,  II,  52.    ||   XVI'  s Là  où  on 

oit,  par  manière  d'esbat,  Sur  les  beautez  chacun  jour 
maint  débat,  mabot,  iv,  Iu7.  Qui  cherche  argent 
cherche  débat,  La  farce  du  poulier,  dans  le  rolx 
DE  LiNCY,  t.  II,  p.  489.  Il  leur  semble  faire  bien  les 
modérez  et  les  entendus,  quand  ils  quittent  aux  ad- 
versaires aulcuns  articles  de  ceulx  qui  sont  en  débat, 
mont,  i,  2U4. 

—  ETYM.  Voy. débattre;  provenç.  débat;  espagn. 
et  portug.  debate;  ital.  dibatto. 

DÉBÂTÉ, ÉE  (dé-bà- té,  tée),  part,  passé.  Xqui  on 
aôtéson  bât.  Un  àne débâté.  ||  Fig.  C'est  un  âne  debâté, 
c'est  un  homme  très-porté  aux  plaisirs  de  l'amour. 

t  DÉBATELAGE  (dé-ba-te-la-j') ,  s.  m.  Décharge 
des  bateaux,  des  navires. 

—  ËTYM.  Débaleler. 

•f  DÉBATELER  (dé-ba-te-lé.  La  syllabe  tel  double 
ri,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  débar 
telle),  V.  a.  Faire  le  uébatelage. 

—  KTYM.  Dé....  préfixe  ,  et  bateau. 
DÉBÂTER  (dé-bâ-lé),  ».  o.  ôter  le  bât. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ce  bon  frère  estoit  tousjours  joyeux 
et  brusque  comme  un  peiit  asne  debasté,  langue, 
537.  Comme  un  grand  asne  desbaté,MAROT,  m,  229. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  bâter. 

f  t.  DÉBÂTIR  (dé-bà  tir),  ».  a.  Démolir  ce  qu'on 
a  bâti.  Quelle  rage  est  la  sienne  de  bâtir  et  de  débà- 
tir?  SÉV.  BI8. 

—  HIST.  XVI'  s.  Lors  l'unique  remède  gist  au  re- 
faire, à  quoi  l'adresse  desserves  [regards d'aqueduc] 
vous  servira  à  ce  que,  ne  desbastissant  de  l'aque- 
duct  que  ce  qu'il  sera  force,  la  réparation  nécessaire 
en  sera  de  moindre  despense,  o.  de  serras,  769. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bâtir  t. 

f  2.  UÉBÂTIR  (dé-bà-tir),  ».  a.  ôter  les  bâtis  d'un 
corsage.  Corsage  débâti. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  elbdtiri. 

t  DÊBATTABLE  (dé-ba-ta- bl'),  odj.  Qui  peut  être 
débattu. 

—  HIST.  XVI'  s.  Des  erreurs  contestées  et  debat- 
tables,  MONT,  i,  122. 

—  ÉTYM.  Débattre. 


DÉBATTRE  (dé-ba-tr'),  je  débats,  tu  débats,  il 
débat,  nous  liébattons,  vous  débattpz.  Ils  débat- 
tent; je  débattais;  je  débattis;  je  débattrai;  je  dé- 
battrais; débats,  qu'il  débatte,  débattons;  que  ja 
débatte,  que  nous  débattions;  que  je  débattisse;  dé- 
battant; débattu.  Il  1°  Se  débattre,  ».  réf!.  S'agiter 
vivement,  faire  do  grands  efforts  pour  résister,  pour 
se  dégager.  Quoique  la  victime  se  débatte  devan;  les 
autels,  boss.  ii,  Annnnc.  3.  Je  l'ai  vu  dans  leurs 
mains  quelque  temps  se  débattre,  bac.  And  oin.  v, 
3.  Le  poisson  commença  à  faire  quelques  mouve- 
ments et  à  se  débattre  à  ses  pieds,  sacy.  Bible, 
Tobie,  VI,  4.  ||  Fig.  Les  papes  se  sont  débattus  con- 
tre l'authenticité  de  ce  canon,  volt.  l'hil.  m,  377 
Les  sauvages  .se  débattent  fort  peu  contre  la  mort, 
J.  J.  Rouss.  Ém.  II.  On  ne  lui  répondit  pas  [à  l'em- 
pereur]; il  était  évident  qu'il  ne  cherchait  ])as  de 
conseils;  on  voyait  qu'il  s'était  tout  dit  à  lui-même, 
qu'il  se  débattait  contre  ses  propres  réflexions,  et 
que,  parce  torrent  de  conjectures,  il  cherchait  h 
s'en  imposer  et  s'efforçait  d'entraîner  ainsi  dans  ses 
illusions  les  autres  et  lui-même,  ségub,  Ilist,  de 
Napnl.  VI,  5.  Il  2°  Se  débattre,  avoir  un  débat  avec 
quelqu'un,  lisse  sont  longtemps  débattus  entre  eux. 
Il  Fig.  Se  débattre  de  la  chape  à  l'évêque,  dispu- 
ter à  qui  appartiendra  une  chose  que  n'a  ou  n'aura 
aucun  de  ceux  qui  se  la  disputent.  ||  3°  V.  a.  Lutter 
pour,  disputer,  contester.  Il  faut  débattre  encore 
une  palme  gagnée,  tbistan.  l^ort  de  Chrispe.  m, 
2.  Cet  heur  injustement  lui  serait  débattu,  Et  le 
grade  éminent  est  peu  pour  sa  vertu,  rotbou,  Bé- 
lis.  Il,  7.  Le  Thermodon  a  vu  seoir  autrefois  Des  rei- 
nes au  trône  des  rois;  Mais  que  vit-il  par  qui  soit 
débattu  Le  prix  à  ta. vertu?  malh.  m,  4.  Ce  titre 
[d'hommes  pieux]  par  aucun  ne  leur  est  débattu, 
MOL.  Tart.  I,  6.  Il  Se  dit  de  deux  ou  plusieurs  per- 
sonnes qui  soumettent  une  chose,  un  point  à  une 
contestation.  Débattre  le  prix  d'un  objet.  Débattons 
d'abord  ce  point.  Il  faut  débattre  les  faits.  Les  autres 
peuples  intéressés  y  envoyèrent  aussi  leurs  députés, 
et  l'affaire  fui  débattue  devant  le  peuple,  hollin, 
llisl.  anc.  Œuvres,  t.  v,  p.  602,  dans  pougens. 
....Avant  que  de  nous  battre.  Messieurs,  il  est  un 
point  qu'il  est  bon  de  débattre,  collin  d'hablev. 
il.  de  Crac,  se.  22.  ||  Absolument.  Avoir  une  con- 
testation. Kt  bien  qu'avec  les  dieux  on  ne  doive  dé- 
battre.... RÉGNIER.  Élég.  t.  Je  l'empêche,  on  débat, 
et  je  fais  tellement  Qu'enfin  il  se  réduit  à  son  ban- 
nissement, CORN.  Ilvdée,i,  i.  Amusez-le  du  moins 
à  débattre  avec  vous,  id.  Nicnm.  v,  5.  ||  Se  dé- 
battre ,  ».  réft.  Être  débattu.  Cette  question  .se  dé- 
bat en  ce  moment.  |l  Proverbe.  Il  se  débat  comme  un 
procureur  qui  se  meurt  [qui  a  peur  d'être  damné]. 

—  UEM.  Le  sens  propre,  ne  s'étant  conservé  que 
dans  la  forme  réfléchie ,  a  obligé  de  mettre  cette 
forme  la  première  ;  puis  de  faire  suivre  la  forme  ac- 
tive qui  est  un  sens  dérivé  et  figuré. 

—  SYN.  débattre,  discuter.  Comme  débattre  est 
composé  de  battre,  il  implique  quelque  chose  de 
violent  qui  n'est  pas  dans  discuter.  Débattre  suppose 
plus  de  chaleur  et  d'emportement;  discuter  plus  de 
réflexion.  Aussi  débattre  ne  se  dira  guère  des  cho- 
ses générales,  des  causes  théoriques  qui  émeuvent 
peu;  c'est  discuter  qui  y  convient.  Mais  11  .se  dira 
des  questions  et  des  causes  qui  louchent  et  qui  pas- 
sionnent. Un"  discussion  peut  être  froide  ou  languis- 
sante; des  débals  sont  toujours  animés. 

—  HIST.  XIII'  s.  Li  faucon  qui  ont  tout  enduit  Se 
débattent  pour  la  rivière,  l'Escnufle.  Neis  Tulles,  qui 
mist  si  grant  cure  En  cercbier  secrés  d'escriiiture. 
Ne  [lOt  tant  son  engin  debatre  Qu'onc  [dus  de  trois 
père  [paires]  ou  de  quatre....  la  llose,  5423.  Quant 
j'oi  [j'eus]  Raison  bien  entendue  Qui  pour  noient 
s'est  debalue :  Dame,  fis-ge....  tf).  4374.  Et  por  ce 
ne  doit  nus  estre  oys  en  debatre  testament,  s'il  ne 
sont  damacié  par  le  fet  du  testament,  leaum.  xii, 
to.  Debatre  [ils]  poent  le  [la]  justice,  et  convient 
qu'autres  juges  lor  soit  bailliés,  id.  xxxiv,  34.  Et 
adont,  se  le  [la]  partie  qui  fist  ajorner  veut  debatre 
tantosi  et  dire...  id.  U6.  La  sisime  (sixième]  manière 
de  proeve,  si  est  quant  aucunes  raisons  sont  propo- 
sées en  cort,  et  eles  ne  sont  niées  ne  debatues  de 
parties,  id.  xxxiv,  9.  Devant  c|u'il  fet  cel  serement, 
il  n'est  pas  à  rechevoir,  se  partie  le  débat,  id.  v,  a. 
Li  chevaliers  debati  que  li  escuiers  n'eust  pas  tel 
capel,  ne  glaive,  ne  escu,  id.  lxi,  63.  Et  tant  que 
une  chance  fu  un  jour  debatue.  Le  sénateur  lui  dit 
que  il  l'avoit  perdue,  jubinal,  Jeudedeî,  t.  Il, 
233.  Il  xiv  s.  Qui  plus  demandera,  nous  le  debatte- 
rons;  Et  qui  nous  assaudra  nous  nous  defendeions, 
Guescl.  21451.  Vostre  conseil  pas  [je]  ne  débat,  Ains 
le  vueil  du  tout  acomplir,  br-.'yant,  dans  Héna- 
gier,  1. 11,  p.  34.  ||  xv'  s.  Quoi  que  je  die  ni  monstre 


966 


DÉB 


en  ca  parlement,  quand  touilles  navieurs  seront 
vencs  et  Jean  Lyon  fera  sailemanile,  si  la  debalez, 
et  je  me  feindrai,  funiss.  ii.  il,  !>i-  Et  se  delialoit 
k  8<iy-mesmes  s'il  j-ioil  ou  non,  comm.  i,  3.  ||  xvi"  s. 
[Jupiter]  De  son  grand  clief  fit  bransler  et  debatre 
L'Iiorrihle  pod.  duquel,  par  son  pouvoir.  Fait  terre 
et  mer  et  estoilles  mouvoir,  mahot,  iv,  ï>.  Mon 
cueiir.  pourquoi  l'csbahis  ores?  l'ourquoi  le  desbals 

di'daiismoi?iD.  iv,  288 qui  me  fil  la  supplier  niel- 

ti-e  la  main  sur  mon  cœur,  pour  voir  comme  il  se 
desbalioit....  il  se  priiit  à  dcsballre  et  touriiienler 
si  flirt,  qu'elle  senioit  (jne  je  disins  veriié,  mabg. 
JVotw;.  Lvii.  Nous  voyons  les  clievaux  hennir  et  se 
desbailre  en  sonne,  mont,  i,  lui.  11  amusa  ainsi 
tout  un  jour  ce  sol  à  desbattre,  ID.  I,  M6.  Sur  la 
jalousie  île  leur  apprentissage,  ils  [les  rossignols!  se 
desbaltent  à  l'envy,  d'une  contention  si  courageuse 
que  par  fois  le  vaincu  demeure  mort,  m.  ii,  !"♦.  Un 
musicien  contre  lequel  il  desbalioit  de  son  art,  ic. 
1,  Ï89.  C'est  religion  de  débattre  des  ordonnances 
d'Arislole,  ID.  u,  ■iH4.  On  veoid  jusi|ues  aujourd'huy 
les  dieux  de  la  médecine  se  débattre  de  nostre  ana- 
tomie,  ID.  H,  317.  Il  falloit  que  l'on  recourusl  tous- 
jours  aux  juges,  et  que  presque  toutes  questions 
fussent  debatues  devant  eulx,  amyot,  Solon,  31. 
Mais  quand  le  sentiment  du  feu  fut  passé  jiisques  à 
la  chair  vifve,  «donc  commencèrent  les  bœufs  à  se 
debalre,  et  à  secouer  leurs  testes,  :d.  Fab.  47.  Ils 
apperceurent  sur  le  rivage  le  roy  liejotarus,  qui  se 
debaioil  à  leur  faire  signe  qu'ilz  le  receussent  aussi, 
ID.  l'omp.  t04.  l'ersonne  ne  débat  que  le  vice  soit 
à  eviier  et  à  haïr  sur  toutes  choses,  chabbon.  Sa- 
gesse, II,  3.  Puisque  j'ay  ce  [loint,  qui  ne  me  peut 
estre  debalu,  ciiouebes.  Contes,  t.  i,  Ualinée  8. 
Tout  bien  debalu,  se  trouvera  qu'il  n'y  a  rien  dis- 
semblable pour  ce  regard,  noel  du  fail  ,  Contes 
d'Eutrap.  ch.  22. 

—  Etym.  Dé...  préfixe,  etî)a«re;provenç.  desha- 
tre,  debatre;  espagn.  debatir;  porlug.  debater;  ilal. 
dihattere.  Le  sens  propre  est  battre  de  {à  et  de  là, 
sens  conservé  uniquement  dans  le  verbe  réfléchi. 

DÉBATTU,  lIE(dé-ba-tu,  tue),  part. passé  de  dé- 
battre. Livré  à  contestation.  Une  question  vivement 
débattue.  Quels  sont  les  points  débattus  entre  les  deux 
partis?  PASC.  Prnv.  4.  L'abbé  de  Foucaid,  qui  futpré- 
sent  à  la  conférence,  a  rédigé  par  écrit  avec  beau- 
coup de  netteté  et  de  jugement  les  points  débattus  et 
les  passages  qu'on  employa  de  part  et  d'autre,  Boss. 
Var.  XI,  §  78.  Il  Fig.  'Tout  débattu,  après  avoir  exa- 
miné la  chose  de  tous  les  côtés.Tout  débattu ,  tout  bien 
pesé,  Les  flmes  des  souris  et  les  âmes  des  belles  Sont 
très-différentes  entre  elles,    la  font.  Fabl.  ix,  7. 

DÉBAUCHE  (dé-bô-ch'),  s.  f.  \\  1°  Excès  condam- 
nable dans  le  boire  et  le  manger.  Verville  fut  un 
grand  quart  d'heure  à  réveiller  son  valet  breton,  qui 
avait  fait  la  débauche,  scarron.  Roman  com.  4"  part, 
cb.  4  6.  Et  tu  prétends,  ivrogne,  que  les  choses  ail- 
lent toujours  de  même?...  que  j'endure  éternelle- 
ment tes  insolences  et  tes  débauches  1  mol.  Médecin 
malgré  lui,  i,  4.  11  ne  manque  à  leur  débauche 
que  de  boire  de  l'eau  forte,  la  bruy.  viii.  ||  1°  Excès 
inaccoutumé  de  table,  partie  de  table.  Ils  aiment  à 
faire  de  temps  en  temps  une  petite  débauche.  La 
Voisin  [célèbre  empoisonneuse]  eut  la  question  or- 
dinaire et  extraordinaire....  elle  soupa  le  soir  et  re- 
commehça,  toute  brisée  qu'elle  était,  à  faire  la  dé- 
bauche avec  scandale....  Le  mercredi  se  passa  de 
même  en  confrontations  et  débauche  et  chan.sons, 
sEv.  407.  Il  Être  en  débauche,  se  livrer  à  quelques 
excès  ou  parties  de  table;  et  fig.  Une  raison  ma- 
lade et  toujours  en  débauche  [c'e.st-à-dire  qui  n'est 
jamais  réglée],  mol.  l'Ëtour.  ii,  4  4.  ||  Fig.  Excès. 
Vous  n'y  ferez  pas  débauche  de  sincérité,  sÉv.  18I. 
Il  3°  Dérèglement  de  moeurs.  Quand  la  débauche  et 
le  dévergondement  sont  poussés  à  un  certain  point 
de  scandale,  je  suis  persuadée  que  cet  excès  fait 
plu.s  de  tort  aux  hommes  qu'aux  femmes,  sÉv. 
4B  octobre  4  077.  Alexis  [fils  du  czar  Pierre],  âgé  de 
vingt-lieux  ans,  se  livra  à  toutes  les  débauches  de 
la  jeunesse  et  à  toute  la  grossièreté  des  anciennes 
mœurs  qui  lui  étaient  si  chères,  volt.  Russie,  ii,  4  0. 
La  débauche  au  teint  pâle,  aux  regards  elTrontés, 
Enflamme  tous  les  coeurs  vers  le  crime  emportés, 
GILBERT,  iS'  siècle.  Ces  gens  qui  pa.ssent  leur  vie 
dans  la  mollesse  et  les  débauches,  vertot,  Héiol. 
rom.  I,  p.  400.  \H'  Fig.  Débauche  d'esprit,  d'ima- 
gination ,  usage  déréglé,  mauvais,  de  son  esprit,  de 
son  imagination. 

—  HIST.  XVI'  s.  Us  pouvoient  bien  vivre  ailleurs 
en  débauche,  calvin,  /mii(.  2R3.  Païquoy  s'oppose 
à  la  sagesse,  non  seulement  la  folie,  qui  est  un 
desregleme.il  et  desbauche....  charron,  Sagesse, 
Préface  de  la  teconde  édition. 


DÉB 

—  ÉTYM.  Voy.  débaocher;  Berry,  débau,  inter- 
ruption de  travail. 

llÉBAUCIIfi,  f,K  (<lé-bfl-ché,  chée),  port,  passé. 
Il  1°  Altiré  à  la  débauche.  Débauche  par  des  cama- 
rades dissolus.  Il  i"  Qui  vit  dans  la  débauche.  Ce 
jeune  homme  est  dissipateur  et  débauché.  Us  en- 
trèrent dans  la  maison  d'une  femme  débauchée, 
nommée  Kaliab,  et  se  reposèrent  chez  elle,  sacy, 
Ilible,  Jmué,  ii,  t.  ||  Substantivement.  C'est  un 
parfait  débauché.  Le  débauché  se  rit  des  di.scours 
de  son  père.  Et,  dans  vingt  et  cinq  ans  venant  à  se 
changer,  Helenii,  vigilant,  soigneux  et  ménager, 
De  ces  mêmes  discours  ses  fils  il  admonêle,  Qui  ne 
font  que  s'en  rire  el  que  hocher  la  tête,  bRgsier, 
Sat.  V Ilientôt  son  hôlesse  nouvelle.  Le  prê- 
chant, lui  fit  voir  qu'il  était  auprès  d'elle  Un  vrai 
disisipateiir,  un  parfait  débauché,  BOiL.  Sal.  x. 
Il  i;n  agréable  débauché,  homme  agréable  dans  la 
débauche  de  table.  Polimon  fut  un  de  ces  agréa- 
bles débauchés,  dont  la  ville  d'Athènes  fourmillait, 
niiiER.  Opin.  ries  anc.  pln'l.  Platonisme.  \\  3°  Dé- 
tourné du  travail,  du  drapeau.  Des  ouvriers  débau- 
chés de  l'atelier  par  l'appât  d'un  salaire  plus  élevé. 
Les  soldats  étrangers  ,  débauchés  par  des  émis- 
.saires,  quittaient  en  foule  son  service.  ||  En  bonne 
part,  entraîné  en  quelque  partie  de  plaisir,  en 
quelque  distraction.  Mme  de  Coulanges  me  presse 
[d'yaller]  d'un  si  bon  ton,  que  me  voilà  débauchée, 

SËV.   342. 

t  BÉBAUCnÉE  (dé-bô-chée),  s.  f.  Mot  employé 
quelquefois  pour  désigner  l'heure  de  la  cessation  jour- 
nalière du  travail  des  ouvriers  des  arsenaux. 

—  ÉTYM.  Di'bavcher. 

t  DÉBAUCIIEMENT  (dé-bô-che-man),  *.  m.  Ac- 
tion de  débaucher. 

—  HIST.  xvr  s.  Pour  remédier  à  toutes  occasions 
de  desbauchement,  et  avoir  une  conduite  certaine, 
il  regarde  à  ce  que  Dieu  lui  montre,  Calvin,  2C5. 
Quelque  part  qu'on  soit ,  on  rencontrera  des  occasions 
de  malfaire  et  déhanchement  tant  et  plus,  m.  274. 

—  ÉTYM.  Débaucher. 

DÉBAUCHER  (dé-bô-ché),  V.  a.  \\  i'  Jeter  dans  la 
débauche.  Les  mauvaises  compagnies  l'ont  débauché. 
Il  2°  Détourner  une  femme,  un  mari  de  ses  devoirs, 
une  femme  libre,  fille  ou  veuve,  de  la  bonne  con- 
duite. Photin  dont  il  avait  débauché  la  femme, 
BOSS.  Ilist.  I,  4  4.  Si  un  maître  débauche  la  femme 
de  son  esclave,  ceux-ci  sont  tous  deux  libres  , 
MONïESQ.  Esp.  XV,  4  2.  Je  n'ai  débauché  le  mari 
d'aucune  femme,  je  n'ai  jamais  attiré  dans  mes 
filets  aucun  jeune  homme,  raynal,  Ilist.  phil. 
xvii,  21.  Il  Se  dit  aussi  d'une  personne  qui,  dé- 
tachant d'un  commerce  de  galanterie  une  autre 
personne,  l'attire  à  soi.  Il  venait  de  lui  débaucher 
la  comédienne,  hamilt.  Gramm.  xi.  'lu  m'as  dé- 
bauché de  Timante,  brueys,  Muet,  i,  7.  ||  3°  Dé- 
tourner d'un  travail,  d'une  occupation.  Débaucher 
un  ouvrier,  un  domestique.  Il  y  a  quelque  autre 
chose  qui  vous  débauche  tous  de  mon  service ,  vau- 
GEL.  Q.  C.  668.  Cela  n'est  ni  beau  ni  honnête  de 
nous  débaucher  nos  laquais,  mol.  Préc.  46.  Faisons 
défense  à  tous  fabricants,  contre-maîtres  de  fabri- 
que.... de  débaucher  directement  ou  indirectement 
aucun  ouvrier  forain  ou  domicilié,  et  même  de  lui 
donner  de  l'ouvrage,  qu'il  n'ait....  Leit.  patent,  du 
42  sept.  4781,  art.  6.  ||  Fig.  Son  irrégularité  me  dé- 
bauche; je  la  condamne  et  je  l'imite,  sÉv.  446. 
Il  4°  Provoquera  la  défection.  II  débauchaitparpro- 
messes  et  par  argent  les  troupes  mêmes  de  l'empire, 
FLÉcii.  i/wt.  de  Théod.  I,  l7.Ptolémée  vint  par  mer 
sur  les  côtes  de  la  Cilicie,  et  employa  toutes  sortes 
de  moyens  pour  lui  débaucher  les  Argyraspides 
[troupes  d'élite  dans  l'armée  macédonienne],  rollin, 
Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  vu,  p.  4  22,  dans  pougens.  Chaque 
parti  tâchait  de  débaucher  les  alliés  de  l'autre,  ver- 
TOT,  Révol.  rom.  xi,  p.  98.  Des  vaisseaux  qu'il  en- 
voyait pour  débaucher  une  partie  de  la  flotte,  sÉv. 
470.  Il  Par  extension.  Dépenses  [de  Fouquet]  qui  al- 
laient à  se  fortifier  contre  lui  [le  roi]  et  à  lui  dé- 
baucher ses  sujets  et  ses  domestiques,  chapelain, 
Lett.  à  Mme  de  Sévigné,  dans  l'édition  de  sévigné, 
donnée  par  Adolphe  Régnier,  t.  i,  p.  428.  |{  6°  En 
bonne  part,  faire  quitter  un  moment  le  fravail 
pour  le  plaisir.  Un  de  ces  jours  j'irai  vous  débau- 
cher. M.  de  Termes  nous  mène  dans  son  carrosse,  et 
j'ai  aussi  débauché  M.  Hessein  pour  faire  le  qua- 
trième, BAC.  Lett.  à  i?ot;eau,26juillet  1687.  lie'Se 
débaucher,»,  ré/î.  Se  jeter  dans  la  débauche.  On  se 
débauche,  et  la  jeunesse  Ne  songe  plus  à  s'exercer. 
Et  ne  fait  que  son  temps  passer,  scahron,  Virg,  Irav. 
IV.  117°  Quitter  ses  occupations.  Étant  jeune,  je  me 
débauchai  de  mes  études  avec  quelques-uns  de  mes 
camarades;  nous  fîmes  dessein  de  nous  en  aller  en 


DÉB 

pèlerinage  à  St-Jacqiies  en  Galice,  secrais,  lie  ima- 
(jiruiire.  t.  11,  p.  4  80.  ||  En  Jxinne  part,  te  délasser  par 
qurlque  plaisir,  par  quelque  distraction. 

—  HIST.  xiv  s.  Graiis  gens  aveuc  lui  se  débau- 
chent,  Droit  vers   Lille  en    Flandres  chevauchent, 

0.  GUIART.  ms.  f"  273,  dans  lacubne.  ||  xV  s.  Quant 
cnmpaignons  sont  desbauche/..  Us  ne  cerchent  que 
compaignie ,  villon  ,  la  Repue  de  Monlfnucon. 
Comme  par  delà  [à  Gênes]  ils  soyent  moult  jalouce 
geni,  ny  n'ont  derir  que  on  leur  aille  desbaiicher 
leurs  femmes,  de  cesluy  leur  est  bien  advenu,  Hnu- 
ciii.  IV,  ch.  7,  Il  XVI'  s.  Il  y  a  partout  de>  scaml'iles 
et  tentations  à  se  desbauclier.  cai.vin,  271.  Il  fol- 
lastrera,   il  se  desbaucliera  avec  son  prince,  mont. 

1,  486.  Ils  les  ont  pnnses  |les  passions]  comme  tem- 
pestes  qui   desbauchenl  honteusement  l'ame  de  sa 

tranquillité,  m.  11,    32b Les  organes  et  instru- 

mens,  lesquels  estant  détraqués  et  desbauchés,  l'ame 
ne  peut  bien  et  reigUmunt  agir....  chabko.n,  i'a 
gesse,  i,  1*. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  un  ancien  mot  bau- 
che,  qui  a  le  sens  de  lieu  de  travail,  atelier  :  noim. 
se  débauclier ,  se  désoler  ;  wallon,  di.^bdchi.  L'ori- 
gine de  bauche  esi  inconnue;  comparez  bauge,  em- 
baucher.^ et  aussi  ébaucher. 

DEBa'uCHEUR,  EUSE  (dé-bfl-cheur,  cheûz*), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  excite  à  la  débauche. 

—  HIST.  xvi*  s.  Loui^,  duc  d'Orléans,  grand  de- 
baucheur  des  dames  d»la  cour,  bbant.  dans  ieDicl. 
de  DociiEZ. 

—  ÉTYM.  Débaucher. 

t  DÉBELLEK  (dé-bèl-lé),  V.  a.  Vaincre,  réduire. 
Je  vous  assure  qu'elle  est  débellée,  commedit  M.  de 
Coulanges,  sÉv.  3o.  Tout  le  monde  applaudit,  et  la 
maréchale  encore  débellée  [c'est-à-dire  nouvelle 
défaite  de  la  maréchale], «m.  620.  La  nullité  d'une 
cour  entièrement  débellée  et  asservie,  st-sim.  203, 4  4. 
Avec  tous  ces  vices  sans  mélange  d'aucun  vestige  de 
vertu,  il  [le  duc  de  Crammonl]  avait  débellé  la  cour 
et  la  tenait  en  respect,  id.  468,  203.  ||  Terme  vieiUi. 

—  HlST.  XIV"  s.  Remembre  toi  que  tu  dois  savoir 
ces  peuples  gouverner,  espargneraux  subjects  etde- 
beller  les  orgueilleux,  oresme,  Prol.  ||  xv  s.  Pour 
debeller  tous  ceux  qui  voudroient  le  contraire,  mons- 
trel.  I,  "0. 

—  ÉTYM.  Lat.  debellare,  de  de  marquant  la  fin, 
et  bellum,  guerre  (voy.  belliqueux). 

t  DEBENTUR  (dé-bin-tur),  s.  m.  Terme  de  l'an- 
cienne administration  financière.  Quittance  donnés 
par  les  officiers  des  cours  souveraines  quand  ils  re- 
cevaient leurs  honoraires. 

—  ETYM.  Celle  quittance  était  ainsi  nommée 
parce  qu'elle  commençait  par  ces  mots  latins  :  de- 
bentur  mihi,  me  sont  dus....  de  dtbere,  devoir. 

DÉBET  (dé-bè),  s.  m.  Terme  de  finance.  Ce  qui 
reste  dû  après  un  arrêté  de  compte.  Voici  le  débet 
de  votre  compte.  Un  arrêté  de  nos  débets  récipro- 
ques. Être  en  débet,  n'avoir  pas  pu  solder  un  compte 
complètement.  Déclaration  et  commission  sur  les 
débets  de  quittances,  débets  de  clairs  et  autres  par- 
ties. Commission  du  roi,  3  avril  1669.  ||  Payer  une 
charge  en  débet,  la  payer  en  acquittant  les  dettes 
du  vendeur.  ||  Acte  enregistré  en  débet,  enregistré 
sans  payement  immédiat  des  droits. 

—  REM.  Ce  mot  est  tout  à  fait  francisé  même  par 
la  prononciation. 

—  ÉTYM.  Mot  latin,  débet,  il  doit;  de  debcre  (voy. 
DEVOIR ,  rerbe ) . 

DÉBIFFÉ,  ÉE(dé-bi-fé,  fée),  part,  passé.  Visage 
débiflé.  Traits  débifTés.  Il  est  tout  débiffé.  Estomac 
débilTé. 

DÉBIFFER  (dé-bi-fé),  r.  a.  Terme  très-familier. 
Mettre  en  mauvais  état. 

—  HIST.  xvi*  s.  Au  reste  sont  plus  esgrilTées,  Plus 
usées  et  desbiffées.  Que  les  vieilles  chausses  d'ung 
poste,  ].  HAR.  v,  246.  En  laissant  ces  deux  articles, 
tout  ce  qu'on  pourra  prescher  ou  disputer  de  la  foy, 
sera  bien  maigre  etdesbifé,  voire  du  tout  inutile, 
CALV.  Instit.  4  69.  Laissant  en  aller  cette  armée  de- 
liitTée  à  la  Charité,  où  les  trouppes  se  refaisoient, 
h'aub.  Hist.  1,326.  L'armée ,  tormentée  des  eaux,  des 
mauvais  chemins  et  de  la  faim,  commença  à  se  debi- 
fer,  iD.  ib.  ni,  69.  Une  armée  ainsi  desbilTée  entre- 
prend de  courre  après  une  autre  fraische,  gaillarde, 
reposée,  id.  iv,  26.  Les  fermiers  vous  rendront  vos 
maisons  debilîées,  o.  de  serbes,  63.  Le  charpentier 
ne  joignit  pas  bien  ces  ais  au  commencement;  re- 
gardez comment  ilz  se  debiffent  maintenant,  pai.s- 
grave,  p.  662.  Je  TOUS  trouve  depuis  peu  de  joun 
changé,  hâve,  deffait,  dibiffé,  cuolières,  Contts, 
t.  I,  Matinée  9. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  biffer. 

DËBILE  (dé-bi-l'),  adj.   Qui  manque  de   force. 


DËB 

nu  physique  et  au  moral,  ô  débile  raison,  où  est 
ores  ta  bride? Où  ce  flambeau  qui  sert  aux  personnes 
de  guide?  bégnieh,  Sat.  ix.  Contre  ce  double  effort 
débile  est  ma  vertu ,  id.  Dial.  Débile  et  mal  remis 
encor  de  la  faiblesse  Où  ma  perte  de  sang  et  ma  chute 
me  laisse,  botrou,  Yenced.  iv,  2.  Ses  altrails, 
oon  esprit,  sa  politique  habile,  Du  prince  ont  sub- 
jugué la  volonté  débile,  rotrou,  Béiis.  i,  t.  Vil  es- 
clave de  femme,  esprit  Uclie  et  débile,  m.  Antig. 
nr,  6.  Débile  secours,  tristan,  Pantliée,  11,  3.  Son 
coup  [de  la  tentation]  est  pour  les  uns  rude,  ferme, 
pressant,  Pour  les  autres  débile  et  mol  et  languis- 
sant, corn.  [mit.  I,  (3.  Son  courage  sans  force  est 
un  débile  appui,  id.  Jlor.  iv,  2.  Sire,  ne  donnez 
rien  à  mes  débiles  ans,  id.  ib.  y,  3.  Débile  vail- 
lance, in.  Médée,  v,  7.  Je  vous  remets,  mon  fils,  ces 
honneurs  souverains  Que  la  vieillesse  arrache  à  mes 
débiles  mains,  VOLT.  Alx.  i,  1.  Dans  mon  âge  débile 
Les  dieux  ne  m'ont  donné  qu'un  courage  inutile, 
ID.  Brutus,  IV,  6.  Débile  audace,  id.  Triumv.  iv,  (. 
Aucun  ne  se  présente  à  ma  débile  vue,  m.  Mérope, 
m,  >.  C'est  pour  vous-même  ici  que  ma  débile  voix 
Vous  implore  aujourd'hui  pour  la  première  fois,  id. 
Fanât,  iv,  4.  Il  fait  bâtir  une  maison  de  pierre  de 
taille....  dont  il  assure  en  toussant  et  avec  une  voix 
faibleetdébdequ'onneverrajamaislafin.LABRUY.xi. 
Le  débile  et  dernier  effort  qu'il  [Voltaire]  faisait  pour 
lui  plaire  [au  public],  Irène,  fut  applaudie  comme 
l'avait  été  Zaïre,  marmont.  Mém.  liv.  x,  t.  m, 
p.  208.  Sois  heureux,  et  surtout  aime  un  ami  qui 
t'aime  ;  Ris  de  son  cœur  débile  aux  désirs  condamné, 
De  l'étude  aux  amours  sans  cesse  promené,  A.  ciiÉN. 
Élég.  2).  Son  bras  maigre  cherchait  le  mien,  Et 
mon  verre,  en  touchant  le  sien.  Se  brisa  dans  ma 
main  débile,  a.  de  musset,  Poésies  nouv.  Nuit  de 
ddc.  Il  Terme  de  botanique.  Dont  la  tige  est  trop  grêle, 
trop  faible  pour  se  soutenir  seule  ei  sans  appui. 

—  IIIST.  XV'  s.  Nostre  misérable  chair  est  toute 
malade  et  toute  paresseuse  et  somnolente  et  débile 
à  te  prier,  gerson,  dans  le  Dict.  de  dûchez.  ||  xvi*  s. 
D'autant  que  tu  es  plus  débile  en  toy.  Dieu  te  reçoit 
tant  mieux,  calvin,  Inslit.  (oo.  Dieu  aide  et  sub- 
vient à  notre  volonté  débile,  id.  ib.  2)3.  Les  lianes 
des  bastions  se  peuvent  emboucher  ou  briser,  quand 
les  espaules  sont  débiles,  langue,  337.  Ouoyqii'il  fust 
de  nature  débile,  et  de  petite  et  foible  complexion, 
ai  ne  laissa  il  pas  pourtant  d'estre  vaillant  homme, 
AMYOT,  Catim,  4  2.  Et  si  avoit  d'avantage  la  voix  foi- 
ble et  clebile,  ID.  Di'mosth.  9.  11  y  en  a  qui  prennent 
la  différence  des  fièvres,  de  l'intension  de  leur  clia- 
leur,  appellant  les  unes  brusiantes,  et  les  autres  tie- 
des  et  débiles,  paré,  xx,  6.  Leurs  femelles  [des  al- 
cyons] ne  recognoissent  autre  masie  que  le  leur 
propre....  s'il  vient  à  esire  débile  et  cassé,  elles  le 
chargent  sur  leurs  espaules,  le  portent  partout,  et 
le  servent  jusques  à  la  mort,  mont,  ii,  107. 

—  ÉïYM.  Dourguig.  débille,  Il  mouillées;  du  la- 
lin  àel/iit's, faible.  Cefct/e  a  été  refait  postérieurement 
sur  le  latin;  dehilis  ayant  l'accent  sur  de,  la  forme 
ancienne  serait  diehle  ou  dcble,  comme  fieble,  fe- 
ble  (faible), de  fli'bilis;e{  en  effet  le  mot  se  trouve, 
mais  en  composition  avec  la  préposition  en  : 
[Ceux]....  ki  feble  Sunt  par  lur  veillesce  e  ende- 
ble,  marie.  Purgatoire,  39i.  Le  latin  debilis  est 
dans  le  même  rapport  avec  dc!<eo  (voy.  devoir),  que 
/ia(;i7iî  avec  habeo,  et  signifie  proprement:  celui 
qui  n'a  pas,  qui  manque  de.... 

Uf.DlLEJlENT  (dé-bi-le-man) ,  adv.  D'une  manière 
débile. 

—  KTYM.  Débile,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉIllLITANT,  ANTK  (dé-bi-li-tan,  tan-t'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Oui  est  propre  à  débiliter,  à 
diminuer  l'énergie  des  organes  et  particulièrement 
celle  des  muscles.  Remède  débililanl.  Diète  débili- 
tante. Il  S.  m.  Les  antiphlogistiques  sont  des  débib- 
tants. 

_  DKniLlTATIO\  (dé-bi-li-ta-sion),  s.  f.  Action 
ù'ôter  les  forces;  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  XV"  s.  Iji  debilitaiioM  du  corps  et  du  cer- 
veau, GERSON,  dans  le  Uict.  de  uochez.  ||  xvi*  s.  De- 
bililatiouH  de  membres,  gouttes,  véroles,  langue, 
62».  Un  cognijist  une  delnliiation  de  forces,  tou- 
chant le  poulx,  PARE,  lulrod.  23.  U  y  en  a  qui  ont 
jugé  la  goutte  estre  une  fioidpur  et  congélation  de 
sans,  qui  cause  et  nourristladebililatioii  et  foiblesse 
des  membres,  noël  du  fail.  Contes  d'Eulrap.  ch.  ft. 

—  KTYM.  l'rovBiiç.  debililaiio;  espagn.  debilita- 
cwti;  liai,  debilitaiione i  du  latin  de6titlo(tone/rt,de 
debililnre,  débiliter. 

t.  IIKBILITÉ  (dé-bi-li-té),  s.  (.  Êlat  débile,  man- 
que de  force.  Une  extrême  débilité.  La  débilité  du 
corps.  La  débilité  de  la  vieillesse.  ||Kig.  La  débilité 
lie  1'e.sprit.  La  débilité  du  pouvoir. 


DÉB 

—  HlST.  XIV'  S.  Semblablement  est-il  de  toute  fe- 
blesce  ,  débilité  ou  laidure  ou  perdicion  d'aucun 
sens  ou  d'aucun  membre,  oresme,  Eth.  74.  Et  des 
espèces  de  incontinence  une  est  appellée  prevola- 
cion  et  l'autre  débilité  ou  feblesce,  id.  16.  210.  La 
faulseté  et  la  débilité  des  principes,  id.  r/ièsc  de  meu- 
nier. Il  XVI'  s.  Ce  nom  luy  fut  donné  par  les  autres 
enfans  ses  compagnons  pour  la  débilité  de  sa  per- 
sonne, AMYOT,  Démosth.  0.  Quand  je  me  treuve  con- 
vaincu,par  la  raison  d'aultruy,  d'une  opinion  fausse, 
je  n'apprends  pas  tant  ce  qu'il  m'a  dict  de  nouveau 
et  cette  ignorance  particulière  (ce  seroit  peu  d'ac- 
quest) ,  comme  en  gênerai  j'apprends  ma  débilité  et 
la  trahison  de  mon  entendement,  mont,  iv,  24s. 

—  Etym.  Provenç.  de6iii(a(;  espagn.  debilidad; 
ital.  debîittd;  du  latin  debilitatem ,  de  debilis ,  débile. 

2.  DÉBILITÉ,  ÉK  (dé-bi-U-té,  tée),  part,  passé. 
Débilité  par  ses  austérités.  0  cieuxl  déjà  ma  vue  en 
est  débilitée,  tristan.  Mort  deChrispe,  v,  4. 

DÉBILITER  (dé-bi-li-té),  v.  a.  Rendre  débile.  Dé- 
biliter l'estomac.  ||  Se  débiliter,  v.  réjl.  Être,  deve- 
nir débile.  Son  estomac  s'est  débilité. 

—  HIST.  xiv  s.  C'est  affoiblir  et  débiliter  la  vertu 
de  la  loy,  oresme.  Thèse  de  meunier.  ||  xv«  s.  J'ai 
l'estomac  débilité  Si  bien  qu'à  grant  peine  il  digère, 
basselin,  xii.  Il  xvi*  s.  Us  s'efforcent  bien  d'aller  : 
mais  la  chair  en  partie  débilite  leur  vertu,  en  par- 
tie l'applique  à  soy,  calv.  Instit.  660.  Parquoy  plus 
grand  capitaine,  comme  meilleur  lucteur,  doibt es- 
tre réputé  celuy  qui  laisse  son  adversaire  plus  débi- 
lité, AMYOT,  Cimon  et  Lundi.  6.  Il  print  une  grosse 
maladie  à  Demetrius,  qui  luy  affoiblit  et  débilita 
grandement  la  force  et  vigueur  de  son  corps,  ID. 
Démétr.  69. 

—  ÉTYM.  Lat.  debililare,  de  debilis,  débile;  pro- 
venç. debilitar,  debelitar;  espagn.  debilitar;  ital. 
debilitare. 

+  DÉBILLARDEMENT  (dé-bi-Uar-de -man,  U 
mouillées) ,  s.  m.  Terme  de  charpente.  Action  de  dé- 
billarder. 

t  DÉBILLARDER  (dé-bi-llar-dé,  U  mouillées), 
V.  a.  Terme  de  charpente.  Couper  une  pièce  de  bois 
diagonalement;  en  retrancher  une  partie  qui  a  la 
forme  courbe  ou  triangulaire. 

—  ÉTYM  Dé,  et  billard,  dans  le  sens  de  pièce  de 
bois,  bille. 

f  DÉBILLER  (dé-bi-llé.  Il  mouillées),  v.a.  Déta- 
cher les  chevaux  auxquels  on  fait  tirer  les  bateaux 
sur  les  rivières. 

—  ÉTYM.  Dé,  et  bille,  pièce  de  bois. 

■j-  DÉBIXE  (dé-bi-n'),  s.  f.  Terme  populaire.  État 
d'une  personne  qui  fait  mal  ses  affaires.  Il  est  tombé 
dans  la  débine. 

—  ÉTYM.  Débiner. 

t  DÉBINER  (dé-bi-né),  ».  a.  Terme  populaire. 
Mettre  en  débine  ou,  en  général,  dans  un  désar- 
roi quelconque.  {|  Dire  du  mal  de  quelqu'un. 

—  ÉTYM.  Wallon,  dibiner,  dépérir,  dibène,  dé- 
périssement; rouchi,  débiner,  s'enfuir,  qui  vient 
du  rouchi  ou  wallon  biner,  fuir. 

DÉBIT  (dé-bi;  le  t  se  lie:  un  dé-bi-t  achalandé; 
au  "pluriel,  1'*  se  be  :  des  dé-bi-z  achalandés),  s.  m. 
Il  1°  Vente  continue  qui  se  fait  dans  une  boutique,  dans 
un  magasin.  Il  y  a  du  débit  dans  cette  boutique.  Le 
débit  des  marcbanilises.  Ces  étoffes  sont  hors  de 
mode,  elles  n'ont  plus  de  débit.  Il  fait  difficulté  de 
l'imprimer  parce  qu'elle  n'aura  nul  débit  ici,  boss. 
Leil.  quiet.  371.  Nous  voulons  faire  un  livre  qui  aura 
pour  titre  les  peines  légères  et  salutaires  de  l'amitié; 
nous  le  ferions  imjirimer,  sans  que  nous  craignions 
de  ruiner  le  libraire  par  le  peu  de  débit;  tant  il  est 
vrai  que  peu  de  gens  sont  persuadés  de  cette  vérité, 
sÊv.  Letl.  16  mars  1689.  1|  Fig.  L'homme  est  si 
proche  de  soi-même  qu'il  ne  peut  trouver  d'entre 
deux  ni  d'espace  libre  pour  le  débit  du  conseil 
qu'il  se  veut  donner ,  balz.  Premier  dise.  s.  la  cour. 
Il  2°  Commerce  en  détail  et  eu  boutique  des  bois- 
sons, vin,  bière,  cidre,  eau-de-vie,  etc.  Débit  de 
vin.  Il  Boutique  d'un  débitant,  lieu  où  l'on  débite. 
Il  3'  Droit  de  vendre  certaines  marchandises  mono- 
polisées par  le  gouvernement.  Tenir  un  débit  de  ta- 
bac, un  débit  de  poudre.  ||  4°  Terme  de  commerce. 
Partie  d'un  compte  ou  l'on  porte  ce  qui  a  été  fourni 
à  quelqu'un  ou  payé  à  quelqu'un  (voy.  crédit). 
Il  5"  Coupe  de  bois  selon  ses  diverses  destinations, 
par  exemple  en  poutres,  planches,  échalas,  eic. 
Il  6°  Action  de  raconter,  de  réciter.  Le  récit  des 
fausses  nouvelles,  les  vagues  réilexions  sur  le  gou- 
vernement présent,  le  débit  des  beaux  sentiments, 
LA  BHUY.  V.  Il  Manière  de  parler,  de  raconter,  de  ré- 
citer. Il  a  un  débit  )>éiiible,  froid.  Cet  orateur  a  une 
grande  netteté  de  débit.  Leurs  discours  ingénieux 
et  fleuris,  à  l'aide  d'un  débit  imposant,  soutenaient 


DEB 


967 


l'attention  d  une  assemblée  indulgente  et  disposée 
à  l'approbation,  ST-POix,  Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  m, 
p.  445,  dans  pouGENS.  Il  Terme  de  musique.  Réci- 
tation qui  se  modifie  suivant  le  sens  des  paroles. 
Un  débit  chaleureux.  ||  7°  Terme  d'hydraulique. 
Débit  d'une  fontaine,  d'une  conduite  d'eau,  de  gaz, 
la  quantité  qu'elle  fournit  dans  une  certaine  unité 
de  temps.  L'examen  attentif  des  plis  de  la  courbe 
fiuviométrique  fail  découvrir  de  petits  ressauts  qui, 
correspondant  à  des  augmentations  du  débit  [du 
Rhône],  indiquent  sans  doute  l'apport  des  plaines 
durantlesvicissitudesdecettepba.se,  fournet,  Ob- 
serv.  sur  le  lihône,  Comptes  rendus,  Ac.  des  se. 
t.  Li,  p.  968.  L'auteur  s'est  proposé  de  déterminer 
les  hauteurs  d'eau  et  les  déhits  qui  ont  lieu  suc- 
cessivement, par  suite  des  oscillations  de  la  marée 
dans  une  série  de  profils  en  travers  de  la  Loire,  id. 

«6.  t.  LIV,  p.  693.  ' 

—  HIST.  XVI'  3.  Cet  article  sera  pour  le  débit  de 
fruictset  denrées,  dont  le  père  de  famille  désire 
tirer  argent,  o.  de  serres,  <38.La  cognoissancedu 
bestail,  sa  nourriture  et  sa  débile  [vente] ,  seront 
toute  son  estude,  id.  (5.  Dont  la  débite  estd'autant 
plus  avilée,  que  moins  l'on  tire  d'argent  des  choses  lé- 
gères que  des  pesantes  se  vendans  au  poids,  ID.  681. 

—  ETYM.  Génev.  débite,  vente.  On  le  tire  de  de- 
bitum,  chose  due;  on  trouve  en  effet  débile  au 
xiir  s.  avec  ce  sens,  Voy.  du  cance,  debiium. 
Mais  cliosè  due  et  débit  ne  sont  pas  même  chose  ;  il 
faudrait  un  intermédiaire.  On  pense  le  trouver  dans 
de'biter.qui,  du  sens  de  créditer,  aurait  passé  à  celui 
de  vendre  en  détail;  mais  à  l'historique  il  n'a  que 
ce  dernier  sens.  Un  doute  reste  donc;  alors  se  pré- 
sente le  latin  depulare,  débiter  :  vinum  deputandum 
vénale,  probus,  Scol.  sur  les  Géorg.  servius,  GôU., 
t.  II,  p.  3C4;  il  mérite  attention. 

t  DÉBITABLE  (dé-bi-ta-W) ,  adj.  Qui  peut  être 
débité,  coupé  suivant  certains  procédés.  Pour  cha- 
cun de  ces  t02  bœufs  j'ai  constaté  le  poids  vivant 
au  moment  de  l'abattage,  le  rendement  en  parties 
débitables  par  le  boucher....  bai'dement,  Comptes 
rendus,  Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  236. 

—  ÉTYM.  Dc'biter. 

t  DÉBITAGE  (dé-bi-ta-j') ,  s.  m.  Action  de  débi- 
ter les  bois  suivant  les  formes  exigées. 

—  ÉTYM.  Débiter. 

DÉBITANT,  ANTE  (dé-bi-tan,  tan-t'),  s.m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  vend  des  marchandises  en  détail. 
Il  Particulièrement,  celui,  celle  qui  vend  des  bois- 
sons. Une  débitante  de  vin,  de  cidre.  Les  débi- 
tants sont  soumis  à  l'exercice.  Il  Plus  particuUère- 
ment,  celui,  celle  qui  vend  une  des  marchandises 
monopolisées  par  l'État.  Débitant  de  tabac,  de  pou- 
dre de  chasse. 

DÉBITÉ,  ÉE  (dé-bi-té,  tée),  part.  passe.||  1°  Vendu 
d'une  façon  continue.  Marchandise  débitée.  |{  Fig. 
Car  puisque  la  fortune  aveuglément  dispose  De  tout, 
peut-être  enfin  aurons-nous  quelque  chose  Oui  pourra 
ilétourner  l'ingrate  adversité  Par  un  bien  incer- 
tain à  tâtons  débité,  réomer,  Sat.  IV.  Il  2°  Inscrit 
en  qualité  de  débiteur.  Vous  êtes  débité  de  mille 
francs  sur  mon  grand  livre.  ||  3'  Coupé  suivant  les 
besoins.  Bois,  marbre  débité.  ||  4°  Récité.  Un  conte 
débité  avec  aplomb.  ||  5°  Versé,  en  parlant  de  l'eau. 
L'eau  débitée  par  ce  tuyau  en  une  demi-heure. 

DÉBITER  (dé-bi-té),  V.  0.  ||  1°  Vendre  en  détail 
ou  fréqui'mment.  Débiier  des  denrées.  La  lettre  que 
vous  débitâtes  par  tout  Paris  pour  faire  croire  que  le 
livre  de  la  fréquente  communion....  pasc.  Prov.  IB. 
Ai-jf  un  lit  de  plume  après  vingt  ans  qu'on  me 
débite  sur  place?  la  bruy.  xii.  Les  libraires  ne  m'ont 
ni  envoyé  le  livre,  ni  averti  qu'ils  le  débitaient, 
VOLT.  Lelt.  Prusse,  62.  ||  Fig.  Débiter  sa  m^irchan- 
dise,  avuir  du  succès,  réussir.  Pour  débiter  notre 
marchandise,  il  faudrait  faire  revenir  les  Augustes 
et  les  Anlonins,  halz.  iii\  vi,  lett.  a.  ||  Il  débite  bien 
sa  marchandise,  il  .sait  faire  valoir  ce  qu'il  dit.  ||  Ab- 
solument, détailler.  On  ne  débite  pas  dans  celle 
maison.  ||  Fig.  La  louange  est  à  prix,  le  hasard  la 
débile,  RÉGNIER,  Sat.  xv.  ||  2°  Terme  de  commerce. 
liLscrire  quelqu'un  comme  débiteur  d'un  article  ou 
d'une  somme.  Je  vous  ai  débité  de  mille  francs. 
Il  3°  Terme  de  métier.  Débiter  le  bois,  le  couper  de 
longueur,  après  avoir  refendu  les  pièces.  |{  Mesurer 
les  pièces  avec  la  règle  et  le  compas,  mirqiier 
les  grandeurs  avec  la  craie  et  les  approprier  aux 
difl'éreiiles  destinations  dont  on  a  besoin.  Débi- 
ter le  bois  en  planches,  en  poutres,  en  cerceaux. 
Il  Débiter  la  pierre,  la  scier  pour  en  faire  du  car- 
reau. Débiter  le  marbre,  le  scier  suivant  les  besoins. 
Il  Débiter  un  bœuf,  le  couper  en  pièces  de  bouche- 
rie. Il  4°  Populairement,  débiter  de  l'ouvrage,  en 
exécuter  beaucoup.  ||  5°  Réciter  Débiter  des  vers.  Cet 


968 


DEB 


enfant  débita  très-bien  soncompliment.  Un  comédien 
qui  débile  son  rôle.  Ces  discours  iju'il  débile  avec  tant 
d'emphase,  mass.  Carême,  J.  de  l'dq.  ||  Dire, 
oiposer,  mais  avec  un  sniis  péjoratif  d'ironie  ou  de 
Wâme.  Débiter  une  morale  pernicieuse.  Un  homme 
de  mon  â(;e  a  cru  légèrement  Ce  qu'un  homme  du 
tien  débile  impudemment,  corn.  Ment,  v,  3.  C'est 
un  secret  d'amour  et  bien  grand  et  bien  rare;  Mais 
il  faut  de  l'adresse  à  le  bien  débiter,  id.  ib.  i,  t. 
Tous  ces  blondins  sont  agréables  et  débitent  fort 
bien  leur  fait,  mol.  Avare,  m,  8.  Débiter  dans  une 
chaire  chrétienne  de  pareilles  propositions  et  s'ap- 
puyer sur  de  semblables  preuves  pour  conclure  pré- 
cisément de  là  que  très-[ieu  entreront  dans  l'héri- 
tage céleste....  bouhd.  Pensées,  t.  i,  p.  430.  Chacun 
a  débité  ses  maximes  frivoles,  boil.  Sat.  m.  Ils  ne 
disent  point  la  vérité;  car  ils  ont  instruit  leurs  lan- 
gues à  délxter  le  mensonge,  sacy,  llible,  Jérémie, 
IX,  B.  Cydias,  après  avoir  toussé,  relevé  sa  man- 
chette, étendu  la  main  cl  ouvert  les  doigts,  débile 
gravement  ses  pensées  qiiintessenciées,  la  bruy.  v. 
Enfin  nous  qui  débiterons  peut-être  encore  des  rê- 
veries, FONTEN.  les  Mondes,  i"  soir.  Elle  a  été  vous 
débiter  mille  impostures  pour  se  venger,  lesaue, 
Turcar.  ii,  3.  Ce  que  l'on  a  débité  sur  la  longue  vie 
des  cerfs  n'est  appuyé  sur  aucun  fondement,  buff. 
Cerf.  Kuslatlie,  disciple  de  Jamblique  et  d'Édedius, 
l'ut  un  homme  éloquent  et  doux,  sur  le  compte  du- 
quel on  a  débité  beaucoup  de  sottises,  dider.  Opin, 
des  anc.  phil.  Éclectisme.  ||  Absolument.  Vertu  de 
ma  vie!  comme  vous  débitez I  il  semble  que  vous 
ayez  appris  cela  par  cœur,  et  vous  parlez  tout  comme 
un  livre,  mol.  D.  Juan,  i,  2.  Il  [M.  Lémery]  avait 
une  facilité  merveilleuse  h  débiter  et  à  mettre  en 
œuvre  son  savoir,  mairan.  Éloges,  Lémery.\\  6°ïerme 
de  musique.  Exécuter  un  passage  de  chant,  en  le 
modifiant  suivant  le  sens  des  paroles.  ||  7»  Terme 
d'hydraulique.  Fournir  une  certaine  quantité  d'eau 
en  un  temps  donné,  en  parlant  d'une  fontaine  ou 
d'un  cours  d'eau.  Cette  fontaine  débite  tant  de 
litres  par  jour.  ||8"  Se  débiter,  u.  réfl.  Être  vendu. 
Cette  marchandise  se  débite  très-bien.  Quand  ce 
recueil  se  débitera,  sFv.  74.  Quand  un  livre  au 
palais  se  vend  et  se  débile,  bOiL.  Sut.  ix.  Desden- 
rées qui  sont  à  très-grand  marché  [à  vil  prix]  sur 
le  lieu  et  se  débiteraient  très-bien  à  dix,  vingt  et 
trente  lieues  de  là,  vauuan,  Dime,  p.  32.  |{  Être 
dit  et  répandu.  Celte  nouvelle  se  débite  de  tous 
côtés.  Le  blilme  et  la  louange  au  hasard  se  débite, 
BÊGNiER,  Sat.  V.  Il  Être  coupé,  taillé.  Ce  bois  se  débite 
I  facilement. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Des  gelées  si  aspres  que  le  vin  de 
la  munition  se  coupoit  à  coups  de  hache,  se  debi- 
loit  aux  soldats  par  poids,  etc....  mont,  i,  261.  Ils 
[les  rois]  leur  permirent  [aux  nobles]  de  donner  et 
débiter  de  leurs  terres  à  des  païsiins  à  droits  de  rente 
et  de  censive,  lanoue,  220.  Pourveu  que  ses  répa- 
rations soient  raisonnablement  inventées,  mieux  ne 
pourroit-il  ilebiier  son  revenu,  o.  de  serres,  35. 
Gardant  le  reste  de  ses  bleds  pour  débiter  petit  à 
petit  jii.sques  à  la  cueillette,  id.  137. 

—  ËTYM.  Débit;  wallon,  dibiter. 

t.  DKIIITEUU,  EUSE  (ilé-bi-teur,  teû-z'),  s.  m. 
et/'.  Celui,  celle  qui  débite,  répand  des  nouvelles,  des 
contes,  etc.  [Le  duc  de  la  Keuillade  était]  fort  avanta- 
geux, fort  hardi,  grand  débiteur  de  maximes  et  de 
morale,  ST-siM.  91),  55.  |{  Il  se  prend  en  mauvaise  part. 

—  ETVM    Débiter. 

2.  DEBITEUR,  TKICE  (débiteur,  Iri-s'),  s.  m.  et 
/■.[11"  Celui,  celle  qui  doit.  Un  débiteur  insolvable. 
11  y  a  (les  âmes  saies,  uniquement  occupées  de  'eurs 
débiteurs,  enfoncées  et  comme  abîmées  dans  les 
contrats,  les  titres  et  les  parchemins,  la  bruy.  vi. 
Pour  me  rendre  maître  de  Kome,  je  ['>ésar]  tia- 
vaillai  à  être  le  débiteur  universel  de  toute  la  ville, 
FÉN.  Dialogues  des  moris,  42,  Pompée,  César. 
Il  Terme  de  droit.  Celui  qui  est  tenu  d'une  obliga- 
tion. Débiteur  bypotl.écaire.  ||  2°  yldj.  Compte  dé- 
biteur, compte  qui  est  mis  à  la  page  dite  débit. 

—  HIST.  xiii*  s.  Li  hoirs  s'en  pot  deffendre  envers 
les  deteurs,  qu'il  n'est  tenus  envers  eus  que  de  sa 
partie,  beaum.  xiii,  ».  ||  xiv"  s.  Donques  il  demeure 
tousjuurs  dehieur,  obesme,  Eth.  :!58.  Tu  es  mes  de- 
bitors.  Cirart  de  Hoss.  v.  2085.  ||  xvi*  s.  I.a  vessie 
ne  voudra  eslre  débitrice  aux  roigiions;  l'urine  sera 
supprimée,  rab.  l'aitl.  m,  S.  Kepresenlez  vous  ung 
monde  aultre,  auquel  ung  chascun  preste,  ung 
cha.scun  doibve;  tous  soyt-nt  debteurs,  tous  soyeiit 
presieurs,  id.  ib.  ni,  4.  Le  facquin  disoyt  en  rien 
ne  luy  e.stre  débiteur,  m.  ib.  m,  37.  Hz  ne  ren- 
doyent  ny  le  serf  fugitif  à  son  maistte,  ny  le  deb- 
tuur  à  son  créancier,  ny  l'homicide  au  justicier, 
AHïoT,  Kom.  (3. 


DEB 

—  ÉTYM.  Lat.  débitât,  de  debere,  devoir.  Débi- 
teur a  été  refait  sur  le  latin;  l'ancienne  forme  était 
drieur;  au  xvu'  siècle  les  <leux  formes  étaient  en 
présence;  et  les  puristes  recommandaient  do  ne  dire 
que  débiteur. 

t  DÉUITIF,  IVE  (dé-bi-tif,  ti-v'),  adj.  Terme  de 
commerce.  Compte  débitif,  compte  qui  est  au  débit. 

—  ÊTYM.  Débit. 

t  DÉnirrER  (dé-bi-tè),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Détourner  le  cfthle  de  la  liitte. 

—  ÉTYM.  /V....  [iréfixe,  et  bi((e. 

t  DÉBITUMIM.SER  (dé- bi-tu-mi-ni -zé),  V.  a. 
Terme  de  chimie,  ôter,  enlever  le  bitume. 

—  ETYM.  Dé ...  préfixe,  et  bitume. 

r£l)L.\I  (déblè),  s.  m.  |i  1°  Les  terres,  lesdécom- 
bres  qu'on  retire  d'un  endroit  quand  on  fait  un  dé- 
blayement.  Le  blaireau  a  plus  de  facilité  qu'un  autre 
pour  jeter  derrière  lui  les  déblais  de  son  excavation, 
buffon,  B/aiVcau.  Il  2°  l.e  résultat  produit  par  l'enlè- 
vement des  déblais.  Cet  endroit  de  la  route  est  en 
déblai,  se  dit  de  l'endroit  d'une  roule  où  il  a  fallu 
faire  un  déblai.  ||  3°  Action  de  déblayer.  Le  déblai 
du  terrain.  t|  Kig.  Débarras.  Voilà  ces  importuns  par- 
tis; c'est  un  bon  déblai.  ||  Très -familier  en  ce  der- 
nier sens. 

— ÉTYM.Voy.bÉBLAYER;  picard,  d^btove, débarras. 

t  DÉBLAIEMENT  (dé-blê-man; ,  s.  m.  Voy.  DÉ- 

BLAYEMENT. 

t  DEBLANCm  (dé-blan-chi),  s.  m.  Opération  qui 
consiste  à  épuiser  une  cuve  d'indigo  de  toute  la 
couleur  bleue  qu'elle  peut  fournir. 

t  DÉBLANCUIR  (dé-blan-chir),  v.  a.  Enlever  la 
croûte  qui  se  forme  à  la  surface  des  métaux  en  fu- 
sion. Il  ôter  la  croûte  d'étain  des  tables  de  plomb. 
Il  Détacher  le  flan  de  dedans  une  pièce  de  monnaie 
à  l'aide  du  coupoir. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  blanchir. 

t  DÉBLATÉRATION  (dé-bla-té-ra-sion) ,  s.  f.  Néo- 
logisme. Action  de  déblatérer. 

—  ÊTYM.  Déblatérer. 

BEBLATÉRER  (dé-bla-té-ré.  La  syllabe  M  prend 
un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
je  déblatère,  excepié  au  futur  et  au  conditionnel), 
t!.  n.  Parler  longtemps  et  avec  violence  contre  quel- 
qu'un   Il  déblatérera  contre  ses  confrères. 

—  ÉTYM.  Lat.  deblaterare,  de  de,  et  blaterare, 
crier,  débiter,  de  blatire,  dire. 

DÉBLAYÉ,  ÉE  (dé-  blè-ié,  iée),  part,  passé.  La 
voie  ayant  été  déblayée. 

t  DÉBLAYEMENT  ou  DÉBLAIEMENT  (dé-blê- 
man),  s.  m.  Action  de  déblayer,  d'enlever  des  terres 
pour  faire  un  nivellement,  d'enlever  des  décombres 
pour  dégager  quelque  chose.  On  opère  un  déblaye- 
ment  et  on  en  transporte  le  déblai. 

—  HtST.  xiv's.  Tout  ce  qui  sera  trouvé  au  desbla- 
vement  des  chemins,  du  cange,  debladire. 

—  f.TYM.  Déblayer. 

DÉBLAYER  (dé-blè-ié),  je  déblaye,  tu  déblayes, 
il  déblaye  ou  déblaie,  nous  déblayons,  vous  déblayez, 
ils  déblayent  ou  déblaient;  je  déblayais,  nous  dé- 
blayion-i,  vous  déblayiez;  je  déblayai;  je  déblayerai, 
ou  déblaierai,  ou  déblaîrai;  je  déblayerais,  ou  dé- 
blaierais, ou  déblaîrais;  déblaye,  déblayez;  que  je 
déblaye,  que  nous  déblayions,  que  vous  déblayiez, 
qu'ils  déblayent;  que  je  déblayasse;  déblayant; 
déblayé,  v.  a.  \\  1"  Ôter,  enlever  des  terres,  des 
décombres.  C'est  lord  Elgin  qui  a  fait  ouvrir  ce  mo- 
nument et  déblayer  les  terres,  chateaub.  /(in.  233. 
Il  2°  Débarrasser  un  lieu  des  objets  qui  l'encombrent. 
Déblayer  une  maison,  unecour.  ||  Kig.  Déblayer  le  ter- 
rain ,  aplanir  les  difficultés.  ||  3"  Se  déblayer,  t>.  rc'/I. 
Être  déblayé.  Ces  décombres  se  déblayeront  peu  à  peu. 

—  msT.  xiv's.  Le  droit  que  nous  avons,  et  iioons 
avoir  de  desMaver  et  de  ester  tous  les  empeschemens 
qui  se  feroient  tant  es  voieries  comme  es  chemins.... 
DU  CANGE,  debladire.  Ichils  chevaliers  a  promis  à 
tcelle  rente  warandir,  délivrer,  défendre  etdesblaer 
envers  tous,  id.  ib.  Le  suplianl,  pour  icelles  terres 
desblaveretdespoillier  en  la  messon  [moisson], ayant 
envoyé  faussiUeurs  pour  faussillier  son  bief,  id.  «6. 

—  ETYM.  Picard,  dcb'aier,  ôter  les  blés  coupés 
et  dél)arra.sser;  du  bas-latin  debladire  ou  dibladare, 
de  de,  et  bladtim,  blé  (voy.  blé)  ;  proprement  ôter 
le  blé  coupé,  puis  déharrasscr. 

t  DÉBLÉL'UE  (dé-blé-u-r'),  s.  f.  Blé  coupé  et  en- 
core sur  le  champ.  Faire  défenses  Irès-expresses 
d'enlever  les  débiéUres  de  dessus  la  terre,  vaub. 
Dtme,  p.  (38. 

—  lliST.  XIV*  s.  Le  suppliant  gouverna  et  exploita 
les  diz  héritages,  et  la  desbleure  de  ceste  présente 
année  'eva  et  exploita  à  son  profit,  du  cange, 
debladalio. 

—  ETYM.  /)etioyéT,propr9ment,  enlever  les  blés. 


DEB 

DÉBLOCAGE  (dé-blo-ka-j'),  s.  m.  Terme  d'impri- 
merie.  Action  do  débloquer,  de  remplacer  les  lettres 
bloquées  ou  renversées. 

—  ÉTYM.  Débloquer. 

t  DÉBLOCUS  (dé-blo-kus'),  ».  m.  Terme  militaire. 
Action  de  lever  ou  de  faire  lever  un  blocus. 

—  ETYM.  D^....  préfixe,  et  blocus. 
DÉBLOQUÉ,  ÉE  (déblo-ké,  kée),  part,  patte. 

Il  1"  La  ville  débloquée  par  l'armée  de  secouri. 
Il  2°  Terme  d'imprimerie.  Des  lettres  débloquées. 

1  DÊBLOQUEMENT  (dé-blo-ke-man),  I.  m.  Action 
de  débloquer  une  ville;  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Débloquer. 

DÉBLOQUER  (dô-blo-ké),  V.  a.  \\  1"  Terme  de 
guerre.  Oliliger  l'ennemi  à  lever  un  blocus.  Déblo- 
quer une  place.  |{  2''Terme  d'imprimerie.  Remplacer 
(les  lettres  bloquées  par  celles  qui  conviennent. 
Il  3"  Se  débloquer,  v.  réft.  Faire  lever  soi-même  le 
blocus.  La  garnison  battit  le  corps  assiégeant  et  so 
débloqua.  ||  Terme  de  jeu  de  billard.  Se  débloquer, 
ressortir  d'une  blouse  après  y  avoir  été  bloquée,  en 
parlant  d'une  bille. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  bloquer. 
DÉBOIRE  (dé-boi-r').  s.  m.  ||  1°  Goût  désagréable 

qu'une  boi.sson  laisse  dans  la  bouche.  (Un  vin  qui]  N'a- 
vait rien  qu'un  goût  plat  et  qu'un  déboire  affreux, 
boil.  Sat.  111.  En  couvrant  d'un  aromate  le  déboire 
d'une  médecine,  j.j.  rouss.  ^m.  h.  Convaincu  que  ces 
drogues  ne  pouvaient  me  sauver,  il  m'en  épargna  le 
délioire,  id.  Conf.  vi.  ||  2°  Fig.  Regret,  dégoût,  mor- 
tification. Il  lui  laissa  sentir  toute  l'amertume  et  tout 
le  déboire  de  mille  événements  fâcheux,  bourdal. 
Pensées,  t.  ii,  p.  463. 

—  HiST.  XVI*  s Ce  prince  eut  un  grand  déboire 

quand  il  s'apperçut  qu'on  jeloit  son  enseigne  par 
terre....  Mém.  s.  Du  G.  ch.  5. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  boire:  un  boire  qui  6le 
l'envie  de  boire. 

t  DÉBOISÉ,  ÉE  (dé-boi-zé,  zée) ,  part,  passé.  Dont 
on  a  détruit  les  bois.  .Montagnes  déboisées. 

t  DÉBOISEMENT  (dé-boi-ze-man),  *.  m.  Action 
de  déboiser;  résultat  de  cette  action.  Le  déboise- 
ment de  la  France,  des  montagnes. 

—  ETYM.  Déboiser. 

+  DÉBOISER  (dé-boi-zé) ,  v.  a.  Détruire  les  bois 
ou  les  forêts  qui  couvrent  le  sol.  ||  Se  uéboiser,  v, 
réfl.  Devenir  déboisé.  L'Amérique  du  Nord  se  «14- 
boise  rapidement 

—  ETYM.  W....  préfixe,  elbois. 

DÉBOÎTÉ,  ÉE  (dé-boi-té,  tée),  part,  passé.  Sorti 
de  sa  boîte,  de  son  articulation,  de  l'endroit  où  quel- 
que chose  est  ajusté.  Os  déboîté.  Pièce  de  menul-e- 
rie  déboîtée. 

DÉBOÎTEMENT  (dé-boi-te-man) ,  s.  m.  Déplace- 
ment d'un  os  sorti  de  son  articulation.  Le  déboîte- 
ment de  l'os  du  bras. 

—  HIST.  xvi*  s.  Luxations,  c'est  à  dire  deloueures 
et  desboetures  d'os,  paré,  xiv,  i. 

—  ÉTYM.  Déboiter. 

DÉBOÎTER  (dé-bol-té),  V.  a.  ||  1°  Faire  sortir  un 
os  de  son  articulation.  11  tomba  de  cheval  et  so  dé- 
boîta le  bras.  ||  2°  Démonter,  déjoindre.  Déboîter 
une  porte,  une  cloison.  1|  Terme  d'hydraulique.  Sé- 
parer des  tuyaux  entrés  l'un  dans  l'autre.  ||  3°  Se  dé- 
boîter, V.  réfl.  Sortir  de  son  articulation,  de  son 
agencement  Les  os  ne  se  déboîtent  pas  sans  beau- 
coup de  douleur.  Cette  table  so  déboîte.  Il  arriva 
quehiue  temps  après  que  Darius,  étant  t.mbé  de  son 
cheval  à  la  chasse,  se  donna  une  violente  enlorse  un 
pied,  et  que  son  talon  se  déboîta,  hollin  ,  Uist, 
anc.   Œtivres,  t.  m,  p.  60,  dans  pougens. 

—  lllST.  xvi*  s.  Par  le  chemin  on  voyoit  ordinai- 
rement valets  portez  par  terre,  chevaux  esboitez  el 
recreus,  malles  renversées,  lanole,  555.  Ceux  qui 
sont  bien  cl.arnus  el  gras ,  leurs  os  ne  se  deboëttenl  pas 
si  aisément,  paré,  âiv,  6.  Henietlre  en  leur  naturel 
les  joi  notes  des  membres  dénouez  et  déboîtez,  amïot, 
Cimon  et  LucuU.  6. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bolleiu  sens  d'articu- 
lation. 

DÉBONDÉ,  ÉE  (dé-bon-dé,  dée),  part,  passé.  Dont 
on  a  Ole  la  bonde.  Un  étang  débondé.  Tonneau  dé- 
bondé. 

DÉBONDER  (dé-bon-dé),  v.  a.\\l'  Ôter  la  bonde. 
Déboniler  un  tonneau,  une  pièce  d'eau.  ||  Fig.  Dé- 
bonder .son  cœur,  décharger  son  ctrur,  s'épancher 
sans  réserve.  Je  voulus  par  dépit  écouter  à  la  porte; 
J'ai  l'oreille  un  peu  fine,  elle  avait  le  cœur  gros, 
Elle  le  débonda  d'abord  par  ses  sangloU,  quinault, 
Mère  coquette,  i,  ».  ||  2"  K.  n.  S'écouler  abondam- 
ment et  rapidement.  L'eau  a  débondé  cette  nuit  par 
une  ouverture.  ||  Fig.  et  familièrement,  s'épancher 
tout  à  coup  et  sans  réserve.  Tout  à  coup  d  i  le  duc 


DEB 

l'Orléans]  débonda  et  nous  dit  ce  que  nous  eussions 
voulu  ne  point  entendre,  st  sim.  252,  133.  ||  3°  Ëva- 
vaciier  par  bas.  La  médecine  le  fit  débonder.  ||  4°  Se 
débonder,  t'.  réft.  Se  vider  par  un  écoulement  ra- 
pide. L'étanff  s'est  débomlé. 

■  —  HIST.  XVI*  s.  Le  ïui  faict  desbonder  les  plus  in- 
times .secrets  à  ceulx....   MONT,  n,  <2 Kt  pkis- 

tosl  desbonder  [faire  sortir,  mettre  en  campagne] 
toute  la  ville  de  Paris,  que  de  faillir  à  l'exécution 
de  celte  entreprise, cahl.  ix,  *i.  Il  fun  fort]  me  ser- 
viroil  de  courline  pour  la  ville  de  Metz,  si  l'Empire 
.se  vniiloit  desbonder  pour  la  recouvrer,  ID.  vi,  34. 
L'eau  de  ces  rivières  ne  s'engendre  pas  petit  à  petit, 
ains  se  desbonde  loutà  coup,  amyot,  P.  Aim.  23.  La 
dcliberalion  feut  courte  :  voicy  desbonder  un  second 
orage    autant  animé  que  l'aultre,  mo!*t.  m,  2g3. 

—  Rtvm.  W préfixe,  et  bonde. 

nP.HOXDONXfi,  ÉE   (dé-bon-do-né,  née),   part. 

passé.  Kuiaille  débondonnée. 

t  DÉBONDONNKMK.NT  (dé-bon-do-ne-man) ,  s. 
m.  Action  de  déhondijnner. 

—  ETVM.  Pi'bfndnnner. 

DfiBONDONNER  (débon-do-né),  V.  a.  Ôter  le  bon- 
don  d'un  tonneau. 

—  ETVM.  Dé....  préfixe,  et  bnndon. 
DÉBONNAIRE  (dé-bo-nê-r'),  ndj.  ||   1°  Qui  joint 

douceur  et  bonté.  Une  humeur  débonnaire Votre 

courtoisie,  ô  vainqueur  débonnaire,  mairet,  So- 
phon.m,  *.  L'autre,  toutdebonnaire.au  milieu  du 
sénat  A  vutrancherses  jours  par  un  a.ssassinat,  corn. 
Cinna,  ii,  I.  Il  devait  vous  suffire  Que  votre  pre- 
mier roi  fiU  débonnaire  et  doux,  la  fo.nt.  Fab.m,  4. 
Jésus,  le  débonnaire  Jésus,  il  plaint  nos  misères, 
mais....  Boss.  Serm.  Quinq.  2.  Autres  sont  mes  plai- 
sirs [que  ceux  de  la  satire]  ;  soit,  comme  je  le  crois. 
Que  d'une  débonnaire  et  généreuse  argile  On  ait  pé- 
tri mon  âme  innocente  et  facile....  a.  chén.  Ép.  ii. 
Il  Par  ironie.  On  n'est  pas  plus  débonnaire  que  cet 
homme.  ||  Mari  débonnaire,  celui  qui  ferme  les  yeux 
sur  l'inconduite  de  sa  femme.  |{  2°  S.  m.  Ils  ont 
nommé  le  débonnaire  celui  qu'ils  n'ont  osé  nommer 
le  sot.  nALiî.  dans  bouhours,  Nouv.  rem. 

—  HlST.  XI'  s.  Eh!  genlilz  hom,  chevalier  de  bon 
aire,  Ch.  de  Roi.  clxiv.  ||  xii'  s.  [Amour]  Me  fait 
chanter  de  la  plus  debonaire  Qu'on  puist  au  mont 
[monde]  ne  vouer  ne  trouver,  Couci,  ii.  Debonere 
prison  Avez  doné  [à]  mon  fin  cuer  qui  vous  prie,  ib. 
J'aira  [aime]  mieus  ainsi  souffrir  et  endurer;  Ce  sa- 
chez bien,  debonere  au  douz  nom,  ib.  x.  Gentis 
cuens  debonaires,  dist  Lambert  de  Berif....  Sax. 
XXIV.  Il  xiii'  s.  Berte  la  débonnaire,  ainsi  [je]  l'ouï 
nommer,  Berte,  m.  Gentis  homs  deboneres,  pour 
Dieu  car  la  m'aprent  [apprends-la-moi],  ib.  XLVii.  Si 
vous  dirai  par  quel  reson  Le  debonere  [faucon]  tient- 
on  cras  Et  le  félon  tient-on  si  bas,  Lai  du  conseil. 
Le  cuer  ot  [Franchise]  dous  et  débonnaire,  la  Rose, 
1208.  Si  te  dirai  que  tu  dois  faire  Por  l'amour  de 
la  débonnaire  De  qui  tu  ne  poes  avoir  aise,  ib.  ibis. 
Il  xiv  s.  Soies  courtois  et  débonnaire,  Comme  uns 
homs  estrait  de  bonne  aire,  j.  bruyant,  dans  Ména- 
gier,  t.  il,  p.  H.||xv"s.  Jeune,  gente,  plaisant  et 
débonnaire,  Chargié  m'avez  d'une  balade  faire;  Or 
la  vueiiliez  recevoir  doulcement,  cH.  d'obl.  Bal.  20. 
Il  XVI'  s.  Une  contenance  contente  et  débonnaire, 
MONT.  I,  (76.  Si  tu  es  un  dieu  débonnaire,  voylà  de 
l'encens,  id.  i,  229.  L'agriculture  est  un  art  si  hu- 
main et  si  débonnaire,  qu'en  voyant  et  oyant  seule- 
ment ,  il  fait  aussitost  les  gens  sçavans,  la  boétie, 
247.  D'un  naturel  humain  et  débonnaire,  id.  ssb. 
Et  cependant  ta  plume  de  bonne  aire  Nous  veuille 
escripre  ung  petit  mot  ou  deux,  crétin,  p.  t7î),dans 

BAYNOUARD. 

—  ËTYM.  Provenç.  de  bon  aire;  ital.  dibonaire; 
mot  composé  de  de,  bon,  et  aire  (voy.  aire),  qui  a 
signifié  place,  extraction,  et  qui  était  tantôt  mascu- 
lin et  tantôt  féminin.  Quand  J.  Bruyant  dit  qu'un 
homme  débonnaire  est  un  homme  issu  de  bonne 
aire,  il  donne  l'étymologie  et  le  .sens  du  mot,  qui, 
signifiant  d'abord  de  bonne  race,  s'est  particularisé 
dans  celui  de  doux,  bienveillant. 

DÉBONNAIREMENT  (dé-bo-nê-re-man ),  adv. 
D'une  façon  débonnaire. 

—  HIST.  XII*  s.  Souffrir  m'esteut  si  debonairement, 
Couei,  y.  ||  xiu'  s.  Ensi  corne  il  fu  devisé,  si  fu  fait, 
et  l'otroierent  ambedui  li  baron  moût  debonnaire- 
ment,  villeh.  cix.  Mes  ren-toi  pris,  car  ge  le  vueil, 
En  pez,  et  debonnerement,  la  Rose,  t903.  Quant 
l'abbe  s'enfu  parti,  je  vinz  au  roi  et  li  diz  :  je  vous 
weil  demander,  se  il  vous  plet,  se  vous  avez  oy 
■lus  debonnerement  l'abbé  de  Clygny,  pource  que 
El  vuis  donna  hyer  ces  deux  palefrois,  joinv.  288. 
J,n  ce  point  que  le  roy  sejournoit  en  Cypre,  envola 

T  grant  roy  des  Tartarins  ses  messages  à  li.  et  li 

1)ICT.    DE    LA   LANGUE   FRANÇAISE, 


DÉD 

manda  moult  debonnairement  paroles,  m.  2il. 
Il  XV*  s.  Pour  rendre  au  grand  prieur  d'Aquitaine 
trente  mille  florins,  lesquels  il  avoit  prestes  debon- 
nairementenl'islede  Rhodes,  FROiss.  iii.  iv.69,  [Un 
éciiyerdii  cnmtedeMonl-Ventadourlivrant  lechateau 
pour  1)000  fr.  à  Geffroy  Tète-Noire]  il  mit  en  ^on  mar- 
ché que  son  raaislre  n'auroit  jà  mal.etle  mettroit-on 
hors  du  chasiel  debonnairement,  ID.  Il,  il,  47. 

—  Etym.  Débonnaire,  et  le  suffixe  ment;  ital. 
dibonarinme^ite. 

DÉBONNAIRETÉ  (dé-bo-nê-re-té),  s.  f.  Qualité  du 
débonnaire.  Sa  débonnaireté  va  jusqu'à  la  faiblesse. 

—  KEM.  Bouhours  dit  qu'il  y  a  des  gens  délicats 
qui  ne  peuvent  souffrir  ni  débonnaire  ni  débonnai- 
reté; pour  lui,  il  ne  les  admet  guère  qu'en  parlant 
de  la  douceur  qui  ap])arlienl  au  chrétien.  Aujour- 
d'hui ces  mots,  sans  être  fort  employés,  gardent 
pourtant  leur  place. 

—  HIST.  xiii*  s.  Tant  [elle]  ot  tousjours  etl  de 
debonaireté,  Berte,  cm.  Nous  devons  apeler  le  bien- 
fet  le  roi,  celui  bieiifet  qui  ist  de  sa  deboneretié, 
Liv.  de  jusl.  lO.  Si  que  noz  avons  veu  en  aucuns 
liex,  là  il  il  a  esté  soufert  par  debonereté,  que  ele 
|la  femme]  empnrtoit  bien  autant  de  muebles  ou 
plus  comme  il  demoioil  as  hoirs  ou  as  exécuteurs, 
HEAUM.  xiii,  21.  Tout  soit  ce  que  le  [la]  deboneretés 
du  segheur  ait  soufert  qu'il  ne  soit  pasjusticiés  du 
fut,  ID.  Lxvii,  49.  Le  [la]  deboneretés  du  bailli  ne 
se  doit  pas  estendre  vers  les  malvès,  id.  ib.  Ne  por- 
quant  en  cas  de  crieme  ne  doit  avoir  point  debonne- 
reté,  ID.  ïb.  83.  En  ce  point  me  fist  un  mien  chevalier 
une  grande  débonnaireté,  qui  fut  tele....  ioinv.  283. 
Il  xiv's.  Et  la  vertu  moienne,  nous  l'appelions  man- 
suétude ou  débonnaireté,  oresme,  Eth.  49.  ||  xv*  s. 
Tout  en  la  manière  qu'il  est  escriptde  la  grande  dé- 
bonnaireté de  l'empereur  Octavian  qui  seigneuria 
tout  le  monde,  Bouciq.  iv,  ch.  9.  ||  xvi"  s.  C'est 
l'effect  de  la  débonnaireté  et  mollesse,  mont,  i,  3. 
La  débonnaireté  et  facilité  de  complexion,  id.  i,  (97. 
Or  conte  doncques  à  ceste  heure  la  débonnaireté 
de  ceste  science  [l'agriculture],  la  boétie,  223. 
Grand  débonnaireté  a  maints  hommes  grevé,  le 
noux  DK  LiNCY,  frov.  t.  II,  p.  303. 

—  ÉTYM.  Débonnaire;  ital.  dibonarietà. 

f  DÉBONNETER  (dé-bo-ne-té.  Le  t  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  débonnette,  débon- 
neltera).  ||  1°  V.  n.  Terme  d'horticulture.  Proprement 
quitter  le  bonnet,  se  dit  en  parlant  des  fruits  qui 
ont  grossi  assez  pour  faire  tomber  l'espèce  de  bon- 
net que  leur  forme  la  corolle  desséchée.  Le  raisin 
n'a  pas  encore  débonneté,  ou  n'est  pas  encore  dé- 
bonneté,  suivant  qu'on  veut  marquer  l'action  ou 
l'état.  Il  2°  V.  a.  Crever  avec  l'ongle  le  papier  qui 
couvre  l'amorce  d'une  fusée. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  bonnet. 

t  DÉBOQUETER  (  dé-bo-ke-té.  Le  (  se  double 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  déboquelte, 
jedéboquetlerai),  v.  a.  Terme  de  ponts  et  chaussées, 
ôter  les  planches  qui  environnent  les  pilotis. 

DËBORU  (dé-bor;  le  d  ne  se  lie  jamais) ,  s.  m. 
Il  l'Terme  de  monnaie.  La  partie  d'une  pièce  qui 
passe  les  bords  du  fianc.  ||  Partie  d'une  roule  qui 
borde  le  pavé.  ||  La  partie  de  la  doublure  qui  excède 
l'étoffe,  en  forme  de  passe-poil.  ||  2"  Se  dit,  dans 
quelques  provinces,  pour  la  crue  des  eaux  au-dessus 
de  leurs  bords.  Le  débord  du  Beuvron.  ||  3°  Par  ex- 
tension, éruption,  en  parlant  des  humeurs,  de  la 
bile.  Un  débord  de  bile. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ny  le  debord  de  ce  dieu  tortueux 
Qui  tant  de  fois  t'a  couvert  de  son  onde,  dubell. 
VI,  56,  verso.  Les  quels,  après  s'estre  enivrez,  se 
sont  battus  et  tuez,  et,  par  un  desbord  désespéré, 
ont  entré   aux  églises  et  ravagé.,.,  carl.  viii,  tt. 

—  ETYM.  Dé.  ..  préfixe,  et  bord. 

DÉBORDÉ,  ÉE  (dé-bor-dé,  dée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  est  sorti  hors  de  ses  bords.  Un  fleuve  dé- 
bordé. Toutes  les  rivières  sont  débordées,  sÉv.  13. 
Il  Fig.  Ces  Scythes  vagabonds,  débordés  dans  nos 
champs,  volt.  Irène,  i,  <.||Fig.  Sortir  de  ses  li- 
mites. Il  n'y  a  qu'une  révolution  soudaine  et  violente 
qui  puisse  ramener  dans  son  cours  naturel  cette 
puissance  débordée  [le  pouvoir  absolu  des  rois],  fén. 
Tél.  xxii.  Il  2°  Dissolu.  Vie,  conduite  débordée.  Il 
mène  une  vie  débordée,  vauoel.  Q.  C.  i,  10.  Cette 
lettre  [de  Gervaise  ]  était  un  tissu  d'ordures,  avec 
de  basses  mignardises  de  moine  raffolé  et  débordé, 
à  faire  trembler  les  plus  abandonnés,  st-sim.  fll, 
31.  Jenni,  dans  sa  vie  débordée,  avait  un  profond 
respect  pour  son  père  et  même  de  la  tendresse, 
VOLT.  Jinni,  B.  ||  Substantivement.  Vous  retenez 
dans  l'Eglise  les  plus  débordés,  pasc.  P.  Pape,  19. 
Un  neveu  [le  duc  d'Orléans]  qui  tremblait  devant  lui 
[le  roi],  en  qui  son  esprit,  ses  talents,  ses  velléités 


DÉB 


969 


légères,  et  les  fous  propos  de  queljues  débordés 
qu'il  ramassait,  disparaissaient  au  moindre  mot, 
souvent  même  au  moindre  regard,  st-sim.  409,  iib. 
Il  3* Une  robe  débordée,  une  robe  dont  le  lacet  qui 
forme  le  bord  de  la  robe  est  décousu.  ||  Un  lit  dé- 
bordé, un  lit  dont  le  bord  de  la  couverture  n'tst  plus 
replié  sous  le  matelas.  ||  Éciisdébordf  s  [écus  rognés], 
MALH.  Instr.  à  son  jils.  ||  4°  Une  ligne  de  troupes 
débordée,  une  ligne  de  troupes  au  ("elà  du  lauc  de 
laquelle  l'ennemi  s'est  avancé.  |l  V\g.  Dépassé  dans 
les  idées,  devancé  dans  les  opinions.  Le  ministère 
débordé  par  le  parti  qui  l'avait  porté  au  pouvoir 

DÉBORDEMENT  (dé-bor-de-man),  s.  m.  ||  1°  État 
d'un  fleuve,  d'une  rivière  qui  fianchit  les  bords 
de  son  lit  Les  ravages  d'un  fleuve  en  son  déborde- 
ment, ROTB.  Relis.  1,  8.  S'rabon  remarque  que.  sous 
Pétrone  gouverneur  d'Egypte,  lorsipie  le  déborde- 
ment du  Nil  montait  à  douze  coudées,  la  fertilité 
était  fort  grande,  rollin,  lli.st.  anc.  CEmres,  t.  i, 
p.  28,  dans  poiJGENS.  Il  Par  extension,  évacuation 
prompte  et  copieuse  de  quelque  matière  excrémen- 
tielle. M.  Levasseiir,  qui  mangeait  beaucoup  et  avec 
une  extrême  voracité,  était  sujet  à  des  débordements 
de  bile  et  à  de  fortes  diarrhées  qui  lui  duraient 
quelques  jours  et  lui  servaient  de  remède,  j.i.rouss. 
Conf  IX.  ||2"Fig.  Irruption  de  multitudes.  Le  dé- 
bordement des  barbares  dans  l'empire  romain.  L'Eu- 
rope courait  risque,  si  Charles  Marlel  ne  se  fût  op- 
posé à  ce  débordement  d'infiilèles.MAUCiioix,  Schisme, 
t.  I,  dans  bichelet.  ||  S"  Excès  des  passions,  des 
crimes.  Les  fleuves  teints  de  sang....  Par  le  déborde- 
ment de  tant  de  parricides,  corn.  Potnp.  i,  t.  En 
reprochant  à  ceux  qui  la  composent  [une  cour]  leurs 
mœurs  corrompues  et  leurs  débordements,  bolrd. 
Ilomél.  sur  l'aveygle-né,  Dominic.  t.  iv,  p.  608. 
Elle  a  souillé  toute  la  terre  par  le  débordement  de 
sa  passion,  sacy.  Bible,  Jéréinie,  m,  9.  De  ces 
écoles  publiques  de  lubricité  naissait,  comme  il  ar- 
rive toujours,  un  débordement  de  vices,  mass. 
l'anéq.  St  Louis.\\  Dissolution  de  mœurs.  Vivre  dans 
le  débordement.  Pour  ses  débordements  j'en  ai  chassé 
Julie,  CORN.  Cinna,  v,  2.  ||  4°  Effusion.  Déborde- 
ment de  paroles.  Vient-on  de  placer  quelqu'un  dan» 
un  nouveau  poste,  c'est  un  débordement  de  louanges 
en  sa  faveur,  la  bbuy.  viii.  Quand  tu  auras  es,suyé 
ce  débordement  de  ma  philosophie,  montesq.  Leit. 
pers.  69.  Il  Débordement  d'écrits,  de  pamphlets,  etc. 
se  dit  d'écrits,  de  pamphlets,  etc.  qui  se  multiplient 
et  se  répandent. 

—  HIST.  XVI*  S.  La  nature  s'oublie  tellement  qu'au 
lieu  d'une  crise  elle  fait  une  hypercrisie,  et,  au  lieu 
d'une  évacuation  juste  et  modérée,  fait  un  desbor- 
dement  desreglé  et  pernicieux,  paré,  xx,  tl. 

—  ETYM.  Déborder. 

i  DÉBORDEMENT  (dé-bor-dé-man) ,  adv.  Néolo- 
gisme. D'une  façon  débordée,  immorale. 

—  ÉTYM.  Débordé,  et  le  suffixe  ment. 
DÉBORDER  (dé-bor-dé),  f.  n.  |H°  Dépasser  les 

bords,  sortir  de  son  lit.  La  Seine  avait  débordé  et 

inondait  les  prairies Le  Tibre  en  rougit  [de  sang 

romain]  et  déborda  des  pleurs  Qu'ils  nous  faisaient 
verser  au  fort  de  nos  malheurs,  mair.  Mort  d'Asdr. 
1,1.  Pourquoi  croyez- vous  plutôt  que  je  suis  ma- 
lade, que  de  comprendre  que  toutes  les  rivières 
sont  débordées?  SÉV.  Lett.  12  février  18 90.  ||  Parexten- 
sion,  faire  éruption  hors  du  corps.  Les  humeurs  dé- 
bordent. La  bile  déborde.  ||  Fig.  La  colère  déborde 
de  son  cœur.  Son  creur  est  plein,  il  faut  qu'il  dé- 
borde. Les  mauvaises  mœurs  débordent  et  menacent 
de  tout  envahir.  ||  2°  Accourir  en  foule,  en  multi- 
tude. De  là  vient  que  Paris  voit  chez  lui  [le  libraire] 
de  tous  temps  Les  auteurs  à  grands  flots  déborder 
tous  les  ans,  boil.  Sat.  ix.  Pour  l'étouffer  |Ia  liberté] 
en  vain  la  tyrannie  Fait  signe  au  nord  de  déborder 
sur  nous,  bérang.  Malade.  \\  3°  Dépasser  le  bord 
d'une  autre  chose.  La  plante  du  pied  de  l'éléphant 
est  revêtue  d'une  semelle  de  cuir  dur  comme  la 
corne  et  qui  déborde  tout  autour,  bukf.  Éléphant. 
Il  4°  Terme  de  marine.  Quitter  le  bord  d'un  navire, 
en  parlant  des  embarcations.  Les  chaloupes  débor- 
dèrent, dés  qu'elles  virent  le  feu  au  brûlot.  ||  Dé- 
borde, terme  de  commandement  pour  ordonner  à 
la  chaloupe  de  s'éloigner  du  vaisseau.  ||  5°  V.  a. 
Pousser  hors  du  lit,  en  parlant  des  eaux.  C'est  la 
Seine  en  fureur  qui  déborde  son  onde  Sur  les  quais 
de  Paris,  malh.  vi,  12.  ||Peu  usité  aujourd'hui  en 
ce  sens.  ||  6°  Dépasser  par  le  bord  une  cho^e.  Cett9 
pierre  déborde  lautre  de  trois  centimètres.  Les  eaux 
du  Gange  qui  détordaient  déjà  leurs  rivages,  bkrn. 
DE  st-piebhe,  C  laiim.  ind.  ||  7°  Terme  militaire. 
Dépasser  le  flarc  d'un  corps  de  troupes.  L'avant- 
garde  de  notre 'lotte  débordant  celle  de  l'ennemi. 
Mais  César,  accouru  des  champs  de  ia  Mésie,  De 

I.  ~   122 


970 


DIÎB 


votre  propre  nrmée  a  débordé  le  flanc,  rotbod,  Bi- 
lii.  m.  «.  Déj»,  à  sa  fim\che  et  &  sa  droite,  il  [Na- 
polAnnl  voyait  le  prince  EiiR'ne  et  Poniatowski  dé- 
honter  la  ville  ennemie  (Moscou],  sRouh,  llht.  de 
Napol.  Tlil,  4.  Il  8"  KiR.  Dépasser,  aller  au  delà.  Si 
vous  soulevez  le  flot  populaire, il  vous  débordera.  Les 
chefs  de  l'assemblée  constituante  furent  débordés 
par  lea  sociétés  des  Jacobins.  ||  9°  Oler  la  bordure. 
Déborder  une  robe,  des  souliers.  ||  Déborder  un  lit, 
faire  sortir  le  bord  de  la  couverture  repliée  sous  les 
matelas  ou  au  de.laiis  du  bois  du  lit.  ||  10"  Etendre 
ou  étaler  les  bords  d'une  peau  destinée  il  faire  des 
gants.  Il  11'  Les  plombiers  disent  déborder  une  table 
de  plomb,  pour  dire  la  dresser  en  la  coupant  des 
deux  côtés.  ||  12*  Terme  de  marine.  Déborder  les 
avirons,  les  ôter  des  tolets.  ||  Déborder  les  voiles, 
en  iHrguer  les  écoutes.  ||  Déborder  un  vaisseau,  en 
enlever  le  borilage.  ||  Déborder  une  embarcation,  la 
pousser  au  large.  ||  IS"  Se  déborder,  v.  réft.  Monter 
au-dessus  de  ses  bords.  La  mer  a  beau  se  remplir 
de  fleuves,  elle  ne  se  déborde  point,  malcboix  , 
Homélies,  dans  richrlet.  Le  Rhin  s'était  débordé 
tout  à  coup,  RAC.  Lettre  à  BnUeau,  28  sept.  <694. 
Quand  il  [Sardanapale]  vit  que  le  Tigre,  en  se  dé- 
bordant avec  violence,  avait  abattu  vingt  stades  du 
mur  et  ouvert  un  passafie  aux  ennemis,  il  comprit 
le  sens  de  l'oracle  et  se  crut  perdu,  bollin,  llist. 
ane.  Œuvres,  t.  li,  p.  6) ,  dans  pougens.  ||  Par  ex- 
tension, faire  éruption  hors  du  corps.  La  bile  se  dé- 
borde. Il  Fig.  Cet  amour-propre  s'est  étendu  et  dé- 
bordé dans  le  vide  que  l'amour  de  Dieu  a  quitté, 
PASO,  dans  cousin.  Le  socinianisme  s'y  déborde 
comme  un  torrent  sous  le  nom  de  tolérance,  Boss. 
Àvert.  6.  Pour  arrêter  la  malice  qui  se  déborde, 
FLÉCH.  Tur.  Voilà  de  quelle  source  ont  dérivé  tous 
nos  malheurs;  nous  allons  les  voir  se  grossir  et  se 
déborder  par  torrents,  jusqu'à  nous  entraîner  dans 
la  plus  profonde  ruine,  marmont.  Mém.  liv.  xii, 
t.  m,  p.  318,  dans  pougens.  ||  14"  Faire  irruption, 
en  parlant  des  multitudes.  Ils  savent  que,  sur  eux 
prêt  à  se  déborder.  Ce  torrent,  s'il  m'entraîne,  ira 
tout  inonder,  pac.  Uilhr.  m,  i.  Il  ne  put  d'abord 
arrêter  le  torrent  qui  se  débordait  sur  sa  patrie, 
VOLT.  Louis  XIV,  10.  C'est  de  la  Suède  que  se  débor- 
dèrent ces  multitudes  de  Goths  qui  inondèrent  l'Eu- 
rope, ID.  Charles  XI  f,  <.  ||  15°  Se  laisser  aller  à  l'ex- 
pansion, à  des  effusions.  Je  me  déborde  quand  il 
est  question  de  parler  de  vous,  balz.  liv.  vu,  lett.  32. 
Il  Se  déborder  en  injures  contre  quelqu'un,  l'en  ac- 
cabler. Se  déborder  en  paroles  impures  et  licencieu- 
ses, MAUCROix,  Homélie  viii,  dans  bichelet.  Leur 
éloquence  s'est  débordée  en  invectives,  BOSS.  Dern. 
2.  Tant  qu'ils  [les  comédiens  italiens]  n'avaient  fait 
que  se  déborder  en  ordures  sur  leur  théftlre,  on 
n'avait  fait  qu'en  rire,  st-sim.  46,  30.  ||  16°  Faire 
sortir,  en  se  remuant  dans  son  lit,  le  bord  de  la 
couverture  de  dessous  les  matelas.  Cet  enfant  se  dé- 
borde toujours.  Il  Terme  de  marine.  Se  détacher, 
en  parlant  d'un  vaisseau,  du  bord  d'un  autre  qui 
l'avait  abordé  ou  du  bord  d'un  brûlot.  Voyant  le  dan- 
ger où  il  était,  il  se  déborda  vigoureusement. 

—  REM.  Déborder,  v.  n.,  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire oroir,  quand  il  exprime  l'action  :  la  rivière  a 
débordé  aujourd'hui;  avec  l'auxiliaire  être,  quand 
il  exprime  l'état:  la  rivière  est  déliordée  depuis  hier. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  les  autres  jamais  ne  furent  si 
desbnrdez,  car  ceulx  que  je  pensoye  des  meilleurs 
pour  le  roy  estoient  ceulx  qui  plus  le  menassoient, 
COMM.  m.  «.  Il  xvi's.  Nous  les  voyons  quasi  touts 
desbordez  en  licence  d'opinions  et  de  mœurs,  mont. 
II,  3t3,  La  rivière,  estint  fort  enflée  par  ce  grand 
ravage  de  pluyes,  se  desbordoit  et  regorgeoit  en  la 
plaine  d'alentour,  amyot,  Timol.  38.  Il  se  desborda 
de  telle  furie  en  ses  massacres  de  Rome,  que  ses 
amis  mesmes....  ID.  Marins  et  Pyrrh.  13.  Le  Mêlas 
croisl  et  desborde  ùs  plus  grands  jours  d'esté,  m. 
Sylla,  46.  Il  se  desborda  de  rechef  à  vivre  volup- 
t'jeuscment  et  desordonéement  comme  devant,  id. 
4n(on.  24.  Il  se  doubla  bien  que  les  Parthes  leur 
avoient  ainsi  desbordé  ceste  rivière  pour  les  arres- 
ter,  ID.  i6.  53.  Quelque  fois  aussi  l'instinct  se  laisse 
aller  à  la  débordée,  estant  dissolu  et  desordonné, 
ID.  De  la  vertu  morale,  lo.  Comme  un  torrent  dé- 
bordé qui  emmeine  Tects  et  troupeaux,  contreval 
par  ta  plaine,  du  bei.lav,  m,  8,  verso.  Caligula  es- 
toit  un  homme  rtesbordé  à  toute  vilanie  ,  u.  est. 
Apol.  pour  llérod.  l'r-^f.  p.  xvii.  dans  laci'RNE. 

—  f.TYM.  W.... préfixe, etbord.bourguig.dc'fcod^. 
t  DEBORDKUR    (dé-bor-deur),   j.   m.  Terme  de 

mégissier.  DéUonleuses  de  peaux  d'agneaux,    ou- 
vrières qui.  tenant  la  peau  de  la  main  droite,  cou- 
pent avec  des  forces  la  laine  sur  la  main  droite. 
+  DÊBOKDOIR  (dé-bor-doir),  *.  m.  Outil  dont  les 


DÉB 

plombiers  se  servent  pour  déborder.  ||  Bass'n  dans 
lequel  l'opticien  travaill»  les  verres  de  lunettes. 

t  DP.BDS.SKLKR  (dé-bo-selé.  L'I  se  double  quand 
la  sylhibe  qui  suit  est  muette  :  je  débosselle,  je  dé- 
bossellerai),», o.  Terme  de  métiers.  Détruire  ou  effa- 
cer des  bo.sses. 

—  Rtym.  Dé....  préfixe,  etbosse  (bosselure). 

t  DÉBOSSER  (dé-bo-sé) .  V.  a.  Terme  de  mer.  Dé- 
marrer la  bosse  qui  tient  le  câble. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lio.i.ie. 

DÉBOTTÉ,  EE (dé-bo-té,  tée) ,  part,  passé.  X  peine 
débotté.  Us  ne  sont  pas  encore  débottés  [ils  arrivent], 
SÉV.  (79.  Il  Substantivement.  Le  moment  où  l'un 
quitte  ses  l)Ottes,  et,  particulièrement,  le  moment 
où  le  prince  quitte  ses  l»iiies.  Au  vrai,  je  vois  que 
la  grande  affaire  de  ce  sirèle-ci ,  c'est  le  débotté  et 
le  petit  coucher,  p.  L.  cocR.  lelt.  Il,  48.  Comme  il 
permettait  qu'on  l'entretînt  librement  au  débotté, 
les  harangues  du  matin  y  furent  toutes  ressassées 
l'une  après  l'autre,  olivet,  Hist.Acad.  t.  ii,  p.  <2, 
dans  POUGENS.  ||  Pris  substantivement,  on  écrit 
débotter  et  débotté. 

DÉBOTTER  (dé-bo-té),  v.  o.  ||1*  Tirer  les  bottes 
à  quelqu'un.  Son  valet  l'a  débotté.  ||  Substantive- 
ment. Le  moment  de  l'arrivée,  l'instant  où  l'on  fita 
ses  bottes.  Le  débotter  du  roi.  La  nature,  pour  les 
courtisans,  se  borne  à  l'œil-de-bœuf;  la  faveur,  la 
disgrâce,  le  lever,  le  débotter,  voilà  les  phénomè- 
nes, p.  L.  COUR.  I,  200.  Il  2°  Se  débotter,  v.  réfl. 
Quitter  ses  bottes.  Encore  tout  poudreux  et  sans  me 
déboîter,  boil.  Épit.  vi.  U  fallut  se  débotter  (que 
Porlland  se  débottât]  et  revenir  tout  de  suite  à  l'a- 
ris,  ST-siM.  B4,  4  60.  S'il  se  trouve  chez  le  duc  ï^u- 
gène,  lorsque  celui-ci  se  débotte,  Thersite  fait  un 
mouvement  pour  lui  présenter  ses  souliers,  vauven. 
Thersite.  Ce  héros  [Bonaparte]  gouvernait  à  cheval, 
organisait  en  poste,  et  fonda  en  se  débottant  un  em- 
pire qui  dure  encore,  p.  L.  cour,  i,  )  73.  Il  m'a  conté  qu'il 
passa  une  fois  à  Langeron,  et  qu'il  ne  voulait  pas 
s'y  débotter  seulement;  il  y  fut  six  semaines,  sÉv. 
20  juillet  1679. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  botte. 

1 .  DÉBOUCHÉ,  ÉE  (dé-bou-ché,chée) ,  part,  passé 
de  déboucher  i.  Dont  on  a  ôté  le  bouchon.  Une  bou- 
teille débouchée.  Il  Fig.  Son  esprit....  commençant  à 
s'ouvrir,  n'était  point  débouché,  volt.  Éducation 
d'un  prince. 

2.  DÉBOUCHÉ, ÉE  (dé-bouché ,  chée) ,  part. passé 
de  déboucher  2.  Qui  s'est  avancé  hors  d'un  débou- 
ché, en  parlant  de  troupes.  Deux  régiments  anglais 
ne  purent  faire  perdre  un  pouce  de  terrain  aux  che- 
vau-légers,  peut-être  plus  heureusement  débouchés 
dans  la  plaine  et  mieux  placés,  st-sim.  )2,  <38. 

3.  DÉBOUCHÉ  (dé-bouché),  s.  m.  ||  1°  Extrémité 
d'un  défilé,  d'une  gorge,  d'une  vallée,  etc.  On  tend 
les  trappes  pour  les  loupsàl'enlréedes passes,  au  dé- 
bouché d'un  fourré,  chateaub.  Amer.  <2B.  Des  tor- 
rentsd'eau  s'écoulaient  en  tourbillonnant  comme  au 
débouché  d'une  écluse,  ID.  Natch.  7,  32,i.  X  vingt- 
quatre  lieues  de  la  mer,  au  débouché  des  monta- 
gnes, dans  une  plaine  que  rien  ne  domine,  furent 
jetés  en  (770  les  fondements  de  la  magnifique  cita- 
delle de  Perote,  baynal,  Hist.  phil.  vi,  25.  Napo- 
léon, avec  environ  six  mille  gardes  et  le  corps  de 
Ney  réduit  à  six  cents  hommes,  passait  la  Bérézina, 
vers  deux  heures  de  l'après-midi  ;  il  se  plaçait  en 
réserve  d'Oudinot  et  assurait  contre  les  efforts  à 
venir  de  Tchilchakof  le  débouché  des  ponts,  ségur, 
Hist.  de  Napol.  xi,  7.  ||  Fig.  Expédient  pour  sor- 
tir de  difficulté,  d'embarras.  Chercher  un  débou- 
ché pour  se  tirer  d'affaire.  ||  2°  Endroit,  point  d'ex- 
portation pour  les  marchandises.  L'Amérique  est 
un  de  nos  meilleurs  débouchés.  Les  Açores,  Ma- 
dère, les  Canaries,  l'ICspagne,  le  Portugal  offrent 
un  (lél>ouché  avantageux  aux  grains  et  aux  bois 
de  la  Pensilvanie,  qu'ils  achètent  avec  des  vins  et 
des  piastres,  baynal,  Hist.  phil.  xvni,  B.  Si  la  com- 
pagnie n'avait  trouvé  un  débouché  d'environ  trois 
millions  en  Asie  parla  route  du  cap  de  Bonne-Espé- 
rance ou  par  celle  des  Philippines,  id.  ib.  v,  33. 
Si  des  événements  imprévus  empêchaient  la  compa- 
gnie de  faire  les  armements  ordi  naires,  ces  marchands 
n'auraient  nuls  débauchés  pour  leurs  toiles,  id.  ib. 
M,  24.  Il  Fig.  Moyen  de  placement,  d'écoulement  de 
marchandises.  Les  denrées  y  sont  abondantes  sans 
aucun  débouché  au  dehors,  j.  j.  rouss.  Ilél.  i,  23. 
Les  vins  avaient  trouvé  plus  de  débouchés  que  leur 
gortt  et  leur  qualité  ne  permettaient  de  l'espérer, 
kaynal,  llisl.phit.  ix,  28.  Il  faut  qu'ils  [les  produc- 
teurs] trouvent  ce  qu'en  termes  de  commerce  on 
appelle  des  débouchés,  des  moyens  d'effectuer  l'é- 
change des  produits  qu'ils  ont  créés  contre  ceux 
dont  ils  ont  besoin,  ;.  b.  say.  Cours,  t840,  t.  i. 


DÉR 

p.  340.  L'ennui  les  tuait  [des  n'gres]  parvinirtaine  ; 
Peste,  dil-il  [le  négrier],  quel  délwiiiché!  bi!rang. 
Ségret.  ||  3°  Issue,  perspeclive  qu'oni  les  gens  pour 
faire  ou  fournir  leur  carrière.  Il  s'informe  de  leurs  dé- 
bouchés, de  leurs  ficultés.J.j.  rouss.  ^m.  v.  M.  Pel- 
letier devint  conseiller  d'État,  qui  est  le  débouché 
ordinaire  des  prévôts  des  marchands,  st-sim.  60,  87. 

—  ETYM.  Déboucher  2. 

t.  DÉBOUCHEMENT  (dé-bou-che-man),».  m.  Ac- 
tion d'ôler  ce  qui  bouche.  Le  débouchement  d'un 
conduit,  d'une  bouteille. 

—  ÉTYM.  Déboucher  4. 

2.  DÊBOUCHEMKNT  (dé-bou-che-man),  s.  m. 
Il  1"  Point  de  communication  d'un  endroit  resserré 
avec  un  lieu  plus  ouvert,  .'.'armée  fut  attaquée  au 
débouchement  de  la  vallée.  ||  2°  Moyen  d'écoule- 
ment, de  placement  de  marchandises.  En  ce  sens  il 
n'est  guère  usité;  on  dit  débouché. 

—  ÉTYM.  Déboucher  2. 

4.  DÉBOUCHKR  (dé-l>ou-ché) ,  e.  a.||  l°Oter  ce  qui 
bouche.  Déboucher  une  bouteille.  ||  Enlever  ce  qui 
obstrue.  Déboucher  un  passage.  X  déboucher  la  porte 
il  irait  trop  du  vôtre.  Faites  qu'aucun  n'y  puisse  pé- 
nétrer. Et  qu'on  soit  obligé  de  vous  laisser  entrer, 
Pour  faire  entrer  quelque  autre,  mol.  Remerd- 
ment  aurai,  <6«3.  ||  Fig.  La  comparaison  de  ces 
deux  musiques,  entendues  le  même  jour  sur  le 
même  théâtre,  déboucha  les  oreilles  françaises,  i. 

3.  Bouss.  Conf.  viii.  Il  2"  Par  extension.  Les  san- 
glots à  la  fin  débouchent  le  passage,  rKgnier, 
Ëlég.  6.  Il  3°  Se  déboucher,  v.  réfl.  Cesser  d'être  bou- 
ché. Le  conduit  se  déboucha. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  visage  couvert  et  la  teste  af- 
fublée.... alors  Martius  se  desboucha  et  luy  dit, 
AMYOT,  Cor.  3B.  Les  endroits  de  terre,  où  l'on  ne 
fouille  point,  à  faulte  d'estre  de.sbouchez  et  remuez, 
demeurent  inhabiles  à  engendrer  eau,  m.  P.  /Em.  22. 
Je  metlois  le  doigt  en  la  playe  pour  desbouscher  la 
dite  playe  du   sang  coagulé,  paré,  viii,  32. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  boucher,  v.  a. 

2.  DÉBOUCHER  (dé-bou-ché),  v.  n.  ||  1° Sortir  il'un 
endroit  resserré.  L'armée  déboucha  au  point  dujour. 
L'infanterie  russiennedébouchanlde  ses  lignes  venait 
attaquer  celles  de  Charles  [XII],  volt.  Charles  Xll, 

4.  Il  St-Simon  s'en  est  servi  activement  en  ce  sens: 
Le  premier  des  pairs  débouche  la  lanterne  [espèce  de 
loge  ou  de  cabinet,  dans  la  grand'chambre  du  par- 
lement!, en  même  temps  que  le  premier  président 
débouche  celle  de  la  buvette,  374,  8.  Cela  ne  se  dit 
plus.  Il  2°  Avoir  son  embouchure.  Le  Rhône  débou- 
che dans  la  Méditerranée.  La  Loire  débouche  dans 
l'Océan.  ||  Par  extension  ,  on  dit  qu'une  rue,  un 
boulevard,  débouche  sur  telle  place. 

—  ÊTYJl.  Dé....  préfixe,  et  bouche  dans  le  sens 
d'orifice;  comparez  débouquer,  qui  en  est  une 
autre  forme,  et  l'italien  s-boccare. 

t  DÉBOUCHOIR  (dé-bou-choir).  s.  m.  Outil  de 
lapidaire,  servantà  repousser  la  queue  de  la  coquille 
quand  elle  est  cassée. 

—  ÉTYM.  Déboucher  4. 

DÉBOUCLÉ,  ÉE  (dé-boii-klé,  klée),  part,  passé. 
Dont  on  a  ôté  la  boucle.  Des  souliers  débouclés. 

DÉBOUCLER  (dé-bou-klé),  v.  a.  ||  1"  Dégager,  dé- 
tacher l'ardillon  d'une  boucle.  Déboucler  une  cein- 
ture. ||(5ter  une  boucle,  di  faire  des  boucles.  ||  Dé- 
boucler une  jument.  Ôter  les  boucles  qui  empêchent 
qu'elle  ne  soit  saillie  ||  Déboucler  un  prisonnier, 
lui  ôter  ses  fers.  ||  Terme  de  marine.  Déboucler  un 
port,  en  dégager  l'entrée.  ||  2°  Déranger  les  boucles 
d'une  chevelure,  défriser.  Déboucler  des  cheveux. 
Il  3° Se  déboucler,  v.  réfl.  Être  débouclé.  Vos  sou- 
liers se  débouclent.  Certains  cheveux  se  débouclent 
par  l'humidité. 

—  HIST.  xv[«s.  Le  peuple  avoit  espéré  sur  vostra 
parole  que  vous  del>oucleriez  la  rivière,  et  rendriez 
les  chemins  et  le  commerce  libre.  Sat.  Uén.  p.  94. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  boucle;  bourguig.  de- 
blouké;  picard,  débtouker. 

I.DÉUOUILLI,  lE  (dé-hou-lti,  llie,  {{mouillées), 
par(.  pnss(' de  débouillir.  Etoffe  délwuillie. 

2.  DÉBOUILLI  (dé-lwu-lli,  |{  mouillées,  et  non 
dé-bou-yi),  ».  m.  Terme  de  teinturier.  Action  de  dé- 
bouillir une  étoffe.  I.e  débouilli  fait  reprendre  aux 
étoffes  de  soie  leur  première  blancheur.  Ordonnons 
aux  gardes-jurés  de  faire  de  fréquents  débouillis 
pour  reconnaître  la  qualité  des  teintures,  Lelt.  pat. 
22  juillet  1790,  art.  14,  C/inmpojne.  ||  Par  exten- 
sion. Les  Chinois  ont  substitué  aux  l.iines  teintes 
dont  l'air,  ce  terrible  déhouilli,  ne  tarde  pas  à  man- 
ger les  couleurs,  les  plumes  des  oiseaux  qui  sont 
plus  éclatantes,  plus  durables,  dider.  ^ufon  dt 
4765,  Œuvres,  t.  XIII,  p.  387,  dans  pougehs. 

—  tTm.  Débouilli  t. 


DÉB 


DEB 


DÉB 


91\ 


OËBOUILLIR  (dé-bou-Uir,  Il  mouillées,  et  non 
dé-bou-yir),  je  débous,  tu  débous,  il  débout,  nous 
débouillons,  vous  débouillez,  ils  débouillent;  je 
débouillais;  je  déboiiiUis;  je  débouillirai  ;  je  dé- 
bouillirais; débous;  que  je  débouille;  que  je  dé- 
bouillisse; débouillanl,  déliouilli,  v.  a.  ||  Terme  de 
teinturier.  Mettre  à  l'épreuve  la  bouté  d'une  teinture, 
en  faisant  bouillir  quelque  échantillon  dans  un  mé- 
lange de  plusieurs  drogues.  |l  On  fait  aus.si  débouillir 
les  étoffes  de  soie  pour  les  reteindre.  Us  font,  comme 
nous,  déliouiUir  la  chaîne  à  fond,  mais  ils  ne  cui- 
sent la  trame  qu'à  demi,  raynal,  llist.  phil.  v,  28. 

—  ËTYM.  né....  préfixe,  et  boviUir. 

t  DEBOI'II.LISSAGE  (ilé-bou-Ui-sa-j',  Il  mouil- 
lées), s.  m.  Terme  de  teinturier.  Action  de  débouillir. 

DfinOL'Ol'É,  ÉE  (dé-liou-ké,  kée),  part,  passé. 
L'escadre  déhouquée,  c'est-à-dire  sortie  d'un  débou- 
quement.  d'un  détroit. 

DÊBOrOUEMENT  (dé-bou-ke-man) ,  J.  m.  ||  1°  Ac- 
tion de  débouquer.  {|  2" Canal,  détroit,  passage  entre 
des  tics. 

—  ETYM.  Débouquer. 

DÊBOrQUER  (dé-bou-ké),  v.  n.  Terme  de  marine. 
Sortir  des  houclies  ou  des  canaux  qui  séparent  les 
ties.  La  saison  qui  nous  contraignait  de  regagner  le 
Petit  Goave  pour  débouquer  avant  le  <o  septembre 
à  causa  du  mauvais  temps,  le  comte  d'estrées, 
dans  JAL.  Quatre  vaisseaux  marchands  ont  débouqué 
avec  nous  et  me  donnent  moyen  d'avoir  l'honneur 
de  vous  écrire,  id.  ib. 

—  REM.  Débouquer  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir,  quand  il  exprime  une  action  :  l'escadre  a  dé- 
bouqué aujourd'hui  ;  et  avec  l'auxiliaire  cice,  quand  il 
exprime  un  état  :  l'escadre  est  débouquée  depuis  hier. 

—  ËTYM.  Dé....  préfixe,  et  bouque  pour  bouche; 
c'est  une  autre  forme  de  déboucher  3. 

i  DÉBOURBAGE  (dé-bour-ba-j'),  s.  m.  Terme  de 
métallurgie.  Action  d'ôler  la  bourbe,  la  gangue. rtidé- 
bourbage  mécanique  ou  lavage  des  minerais  dans  des 
cylindres  en  forme  de  troncs  de  cônes  horizontaui. 

—  ÉTYM.  Débourber. 

DÊBOURBÊ,  ÊE  (dé-bour-bé,  bée),  part,  passé. 
Une  voiture  débourbée. 

DÉBOURSER  (dé-bour-bé),  v.  a.  \]  1°  ôter  la 
bourbe.  Débourber  un  étang.  ||  Tirer  de  la  bourbe. 
Débourber  une  charrette,  une  voiture.  ||  Débourber 
et  aussi  faire  débourber  le  poisson,  le  mettre  dans 
l'eau  claire  pour  qu'il  perde  le  goût  de  bourbe. ||  Sou- 
tirer le  vin  après  que  la  fermentation  a  cessé. ||  lJ''Fig. 
Tirer  d'une  position  inférieure.  Ce  fut  ainsi  que  l'en- 
nemi de  Pont-Chartrain  [Colbert]  débourba  son  fils 
par  une  sorte  de  nécessité,  st-sim.  C9,  43».  ||  3°  Se 
débourber,  v.  réft.  Sortir  de  la  bourbe.  La  voilure 
se  débourba  à  grand'peine.  (i  Fig.  Sortir  d'une  posi- 
tion embarrassante.  La  grossièreté  de  la  variation 
[des  discours  de  Villars]  sautait  aux  yeux,  mais  l'em- 
barras de  choisir  un  autre  général  sautait  à  la  gorge, 
et  l'heureux  Villars  se  débourba,  id.  277,  236. 

— HIST.  XVI' s.  Us  en  ont  dans  les  bottes  bien  avant, 
et  sera  prou  di  fficile  de  les  desbourber,  Sat.Mén.p.  1 06. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bourbe. 

t  DÉBOURBOXNER  (dé-bour-bo-né) ,  V.  a.  Terme 
d'histoire  de  France.  Chasser  les  Bourbons  pour 
mettre  à  leur  place  les  Guises. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  n'estoit  jà  besoin  que  nos  curez 
nous  preschassent  qu'il  falloit  nous  desbourber  et 
desbourlionner,  Sat.  Mén.  Harangue  d'Aubray. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  Bourbon. 

t  DÉBOURGEOISÉ,  ÉE  (dé-bour-joi-zé,  zée), 
pari,  passé.  Qui  a  perdu  les  manières  bourgeoises. 
Ce  jeune  homme  est  tout  à  fait  débourgeoisé. 

t  DÉBOURGEOISER  (dé-bour-joi-zé),  v.  a.  Faire 
perdre  à  quelqu'un  les  manières  bourgeoises.  Il  est 
vrai  que  je  n'ai  pas  mon  pareil  pour  débourgeoiser 
un  enfant  de  famille,  regnard.  Retour  imprévu, 
se.  6.  Il  Se  débourgeoiser,  v.  réfl.  Quitter  les  ma- 
nières bourgeoises. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bourgeois. 
DÉBOURRÉ,  ÉE  (dé-bou-ré,  rée),   part,  passé. 

Dont  on  a  ôté  la  bourre.  Un  fusil  débourré.  Une  pipe 
débourrée.  ||  Fig.  Qui  a  perdu  son  ignorance,  sa  ru- 
desse première.  Un  paysan  débourré. 

DÉBOURRER  (dé-bou-ré),  v.  o.||  1°  ôler  la  bourre. 
Novion  fil  débourrer  le  banc  des  pairs  à  huit  pieds 
de  long  près  le  coin  du  roi,  st-sim.  374,  30.  ||  Dé- 
bourrer une  pipe,  ôter  le  tabac  qu'elle  contient. 
Il  Débourrer  un  fusil,  ôter  la  bourre  qui  retient  la 
charge.  Il  2°  Fig.  Débourrer  un  jeune  homme,  lui 
donner  les  manières,  les  habitudes  du  monde.  Aussi, 
pour  débourrer  mon  esprit  et  mon  cœur,  de  bièvre, 
Séducteur,  m,  ».  jj  Terme  de  manège.  Débourrer  un 
cheval,  assouplir  ses  mouvements.  ||  3°  Fig.  Se  dé- 
bourrer, V.  réft.  Perdre  des  manières  incultes  et  se 


façonner  à  celles  du  monde.  ||  Débourrer  sa  pipe. 
Attendez  que  je  me  débourre. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  bourre. 
DÉBOURS  (dé-bour  ;  l's  ne  se  prononce  pas  et  ne 

se  lie  pas:  des  dé-bour  excessifs),*,  m.  Argent  avancé 
pour  le  compte  d'un  autre.  le  ne  suis  pas  rentré 
dans  mes  débours.  ||  On  dit  plus  souvent  aujourd'hui 
déboursés. 

—  HIST.  xvi's.  Les  fruicts  sont  acquis  au  retrayant 
dujourdel'ailjournement.desboursou  garnissement 
qu'il  aura  fait  desdeniers  du  prix  principal  du  conlract 
et  loyans  coûts,    Coulumier  génér.  t.  i,  p.   IU24. 

—  ETYM.  Voy.  DÉBOURSER. 

DÉBOURSÉ,  ÉE  (dé-bour-sé,  sée),  part,  passé. 
Argent  déboursé.  ||  S.  m.  plur.  Argent  dépensé  pour 
frais,  pour  avances.  Ses  déboursés  ont  monté  très- 
haut.  I)  Dans  les  frais  des  officiers  ministériels,  on 
distingue  les  honoraires  et  les  déboursés. 

DÉBOURSEMENT  (dé-bour-se-man),  s.  m.  Action 
de  débourser. 

—  HIST.  XVI' s.  Déboursement,  marot,  ii,  98. 

—  ÉTYM.  Débourser. 

DÉBOURSER  (dé-bour-sé),  v.  a.  Tirer  de  l'argent 
de  sa  bourse,  de  sa  caisse  pour  un  payement.  Les 
soixante  pistoles  qu'il  a  déboursées  pour  moi,  fioss. 
Lett.  »*.  Il  Absolument.  Car  aux  faveurs  d'une  belle 
il  eut  part  Sans  débourser,  la  font.  F.  avare. 

—  HIST.  xvi*  s.  J'aurois  honte  de  desbourser  [dé- 
penser] avec  vous  et  ne  rembourser  pas  ce  que  je 
dois  à  cestui-ci,  amyot.  De  la  mauvaise  honte,  <3. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bourse. 

DEBOUT  (de-bou  ;  le  t  se  lie  :  de-bou-t  ou  cou- 
ché), adv.  Il  I'  Il  se  dit  de  ce  qui  est  dressé  et  posé 
sur  un  de  ses  bouts.  Mettre  une  colonne,  un  ton- 
neau, une  table  debout.  Il  Pièce  de  bois  placée  debout, 
pièce  placée  de  manière  à  résister  suivant  le  sens 
des  fibres  du  bois.  ||  Être  debout,  être  encore  de- 
bout, se  dit  des  choses  qui  ont  échappé  à  une  des- 
truction presque  inévitable.  Us  vivent  cependant  et 
leur  temple  est  debout,  bac.  Athal.  ii,  5.  Nos  cosa- 
ques n'auraient  pas  laissé  une  chaumière  debout, 
BERK.  DE  ST-p.  Voy.  cti  Silésic.  Il  Fig.  Ce  vieU  em- 
pire était  encore  debout.  Ce  marchand,  en  dépit 
des  perles  qu'il  a  faites,  est  encore  debout.  ||  2"  Être 
droit  sur  ses  pieds,  en  parlant  d'une  personne.  Se 
tenir  debout.  Debout  ou  assis,  on  peut  donner  un 
mauvais  jugement,  mol.  Critique,  6.  Le  roi  et  la 
reine  mangent  tristement;  Mme  de  Richelieu  est 
assise,  et  puis  les  dames,  selon  leurs  dignités,  les 
unes  assises,  les  autres  debout,  SËV.  IjCtt.  22  janv. 
1674.  Debout  à  ses  côtés  le  jeune  Ëliacin  Comme 
moi  le  servait  en  long  habit  de  lin,  bac.  Athal.  ii, 
2.  Alors,  la  femme  se  tenant  debout  devant  le  sei- 
gneur, le  prêtre  lui  découvrira  la  tête,  sacy.  Bible, 
Nombr.  v,  )8.  Entrons  ;  d'être  debout  à  la  fin  on  se 
lasse,  boursault,  Uerc.  gai.  li,  8.  Nous  avons  dîné 
debout,  remettant  de  manger  mieux  et  plus  à  notre 
aise  au  soupe  dans  notre  nouveau  gîte,  Marivaux, 
Paysan  parv.  t.  i,  2'  part.  p.  66,  dans  pougens. 
Tout  un  peuple  debout  sur  le  seuil  les  attend,  c.  de- 
lav.  la  Popularité,  iv,  6.  ||  Debout,  loc.  interj. 
Lève-toi,  levez-vous.  Le  sommeil  sur  ses  yeux  com- 
mence à  s'épancher;  DeboutI  dit  l'Avarice,  il  est 
temps  de  marcher,  boil.  Sat.  viii.  Debout  [à  une 
fille  qui  était  à  genoux]  I  Plus  votre  coeur  répugne 
à  l'accepter.  Plus  ce  sera  pour  vous  matière  à  mé- 
riter, MOL.  Tart.  IV,  3.  Il  était  botté  jusqu'à  la 
ceinture,  et,  faisant  claquer  un  maudit  fouet  qu'il 
tenait  à  la  main  :  debout,  monsieur  le  chevalier,  s'é- 
cria-t-il  en  ouvrant  mes  rideaux,  hamilt.  Gramm.  3. 
Il  Laisser  quelqu'un  debout,  ne  pas  le  faire  asseoir. 
Il  me  laissa  debout  tout  le  temps  que  je  restai  avec 
lui.  Il  Fig.  et  familièrement.  Il  ne  peut  que  tomber 
debout,  se  dit  d'un  homme  qui  a  des  ressources  pour 
se  soutenir  en  dépit  des  disgrâces  qui  arrivent  ou 
peuvent  arriver.  On  dit  dans  le  même  sens  tomber 
sur  ses  pieds.  ||  3°  Être  debout,  se  tenir  sur  les  pieds 
de  derrière,  en  parlant  des  animaux.  La  marmotte 
mange  debout  comme  l'écureuil,  buff.  Marmotte. 
Il  Terme  de  blason.  Debout,  se  dit  des  animaux  qui 
sont  représentés  droits  et  posés  sur  les  pieds  de  der- 
rière. Il  4"  Être  debout,  être  levé,  hors  de  son  lit. 
Tout  le  monde  était  debout  dès  le  matin.  Les  soldats 
d'Alexandre  couchent  sur  la  terre,  et  jamais  le  jour 
ne  les  trouve  que  debout,  yaugfl.  Q.  C.  m,  2.f|  Fig. 
Il  crut  qu'un  évêque  plus  qu'un  empereur  devait 
mourir  debout  et  dans  l'exercice  de  sa  charge, 
FLÊcii.  Panég.  i,  p.  312.  Nous  sommes  condamnés 
l'un  et  l'autre  à  mourir  debout,  maintenon,  Lett. 
Card.  de  Noailles,  2  nov.  )703.  L'ange  extermina- 
teur est  debout  avec  nous,  bac.  Athal.  v,  4.  ||  Terme 
de  vénerie.  Mettre  un  animal  debout,  le  lancer. 
Il  6*  Dormir  debout,  éprouver  un  extrême  besoin 


de  sommeil.  ||  Conte  à  dormir  debout,  récit  en- 
nuyeux; promesses  en  l'air.  Je  dis  que  ce  sont  des 
contes  à  dormir  debout,  mol.  G.  Dand.  i,  «.  Les 
contes  à  dormir  debout,  dont  vous  me  régalâtes 
l'année  passée,  volt.  Préf.  de  Cath.  Vadé.  ||6*  On 
dit  que  du  bétail  passe  debout  dans  une  ville,  quand 
il  n'y  couche  point,  n'y  est  point  vendu  et  n'y  doit 
point  les  droits  d'entrée;  et,  par  extension,  passer 
debout  se  dit  des  marchandises  qui,  traversant  une 
ville  ou  un  pays,  y  passent  sans  payer  de  droit  ou 
sans  être  visitées.  H?"  Terme  de  marine.  Avoir  vent 
debout,  ou  de  bout,  suivant  l'orthographe  de  quel- 
ques-uns (ce  qui  n'est  autre  que  résoudre  le  root  en 
ses  éléments),  avoir  vent  contraire,  c'est-à-dire 
vent  soufllant  sur  la  proue  du  vaisseau.  ||  Être  debout 
au  vent,  à  la  lame,  au  courant,  y  présenter  l'avant 
du  vaisseau.  ||  Aborder  un  bâtiment  debout  au 
corps,  lui  mettre  l'éperon  dans  le  tlanc.  ||  Debout 
les  avirons!  signal  de  lever  en  l'air  les  avirons,  ce 
qui  est  un  salut  d'honneur.  ||  8"  Terme  de  menuise- 
rie. Boisdebout,  bois  coupé,  scié,  travaillé  perpen- 
diculairement au  fil.  Le  bois  debout  ne  peut  pas  se 
bien  raboter  ni  polir.  ||  Proverbe.  On  est  plus  cou- 
ché que  debout,  c'est-à-dire  la  vie  est  bien  courte  en 
regard  de  l'éternité. 

—  HIST.  XII'  s  Tut  de  but  [à  côté]  se  teneient  cil 
trei  [ces  trois]  partut  al  rei.  Ne  il  ne  voleient  faire 
pur  Deu  ne  ço  ne  quel.  Th.  le  mart.  69.  ||  xiii"  s.  Li 
pors  [le  porc]  qui  tantcuru  [couru]  avoit.  En  l'espié 
se  feri  debot,  Ren.  225(4.  Non  pas  pour  ce,  mon 
escient,  Â  moi  [le  juge]  se  tiendra  tout  debout  [pour 
cela  le  juge  ne  sera  pas  de  mon  côté] ,  le  comte  de 
BRETAGNE,  Romancero ,  p.  (63.  Aucunes  fois  avient 
que  li  barons  [mari]  est  trouvés  mors  debout  [à  côté] 
se  [sa]  famé,  et  le  [la]  famé  debout  son  baron;  et 
quant  il  avient,  l'en  doit  penre  garde  au  mort,  se 
il  pert  [apparaît]  l'en  li  ait  che  fet;  et  se  il  li  pert, 
che  est  grant  présomption  contre  le  vivant  se  il  ne 
cria,  BEAUMANOIR,  dans  LACUHNE.  Car  Haibers  vot 
[voulut]  avoir  debout  [absolument]  Partiedeiroiaume 
ou  tout,  PH.  MOusKES,  ms.  p.  38,  dans  lacurne.  La 
langue  li  prent  à  frémir  De  lecberie  et  de  corroz; 
En  la  fosse  sailli  deboz.  Por  ce  qu'il  en  voloit  avoir, 
Ren.  24640.  Il  XV  s.  Dieu,  prevoiant  leurs  faultes 
futures,  leur  a  souffert  de  longue  main  préparer  à 
deux  debouts  de  leur  clos  deux  verges,  Bordeaux  et 
Calais,  chastel.  Chron.  du  duc  Philippe,  Proesme. 
Il  XVI*  s.  Puys  furent  introduictz  les  empoisonnez; 
elle  leur  sonna  une  aultre  chanson,  et  gens  debout, 
CAB.  Pant.  v,  20.  L'empereur  Vespasien  estant  ma-, 
lade  de  la  maladie  dont  il  mourut....  et  dans  son 
Uct  mesme  depeschoit  plusieurs  affaires  de  consé- 
quence; et  son  médecin  l'en  tansant  comme  de  chose 
nuisible  à  sa  santé:  il  faut,  disoit-il,  qu'un  empe- 
reur meure  debout,  mont,  m,  8«. 

—  ÉTYM.  De  et  bout,  comme  le  prouvent  les  an- 
ciens exemples:  un  soliveau  est  de  bout,  parce  qu'il 
est  fur  le  bout,  et,  par  assimilation,  un  homme  est 
de  bout.  Cependant  des  étymologistes  ont  voulu  voir, 
dans  debout,  terme  de  marine  (vent  debout),  un 
composé  hybride  avec  la  préposition  de  et  l'anglo- 
saxon  bail),  danois  buj,  anglais  tou),  qui  signifient 
l'avant  d'un  vaisseau;  mais  il  n'y  a  aucune  raison 
pour  aller  chercher  si  loin  une  étymologie,  et  bout 
suffit  bien  à  ce  sens  particulier,  car  l'avant  est  le 
bout  du  vaisseau. 

DÉBOUTÉ,  ÊE  (dé-bou-té,  tée),  part,  passé. 
Débouté  de  sa  demande  par  le  tribunal.  Débouté  de 
cette  défense  par  la  raison  de  la  justice  de  Dieu,  à 
qui  tout  le  mal  déplaît....  boss.  Pensées  chrét.  7.  Vous 
demandiez  20  000  livres,  vous  en  êtes  débouté  par  ma 
faute,  c'est  à  moi  à  vous  les  payer,  st-sim.  70,153. 

t  DÉBOUTEMENT  (dé-bou-te-man) ,  s.  i».  Action 
de  débouter. 

—  HIST.  XV'  s.  Duquel  deboutement  et  bannisse- 
ment plusieurs  Parisiens  furent  très  joyeux,  car 
moult  le  doutoient,  monstrel.  i,  248.  Parmy  tous 
les  pesans  coups  qu'on  luy  donnoit  et  les  durs  de- 
boutemens  qu'on  luy  faisoit,  il  fendit  la  presse  à 
force  de  bras  par  les  grans  coups  qu'il  donnoit  au- 
tour de  luy,  Pereeforest,  t.  i,  f°)4),  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Débouter;  provenç.  debolamen;  ital. 
dibottamento. 

DÉBOUTER  (dé-bou-té),  V.  a.  Terme  de  procédure. 
Déclarer  par  arrêt  une  personne  déchue  d'une  de- 
mande. Le  tribunal  l'a  débouté  de  sa  demande. 

—  HIST.  XII* s.  Mielz  valt  fiz  à  vilain  qui  est  prouz 
e  senez.  Que  ne  fait  gentilz  huem  failliz  e  débutez. 
Th.  le  mart.  6ï.  jj  xiii*  s.  Et  si  porroit  estre  delxjutés 
par  l'autre  partie  de  l'office  du  juge  en  celé  querele, 
BEAUM.  36.  Tout  chll  qui  poent  estre  débouté  por 
vilain  cas  de  crieme  de  tesmongnage  porter,  poent 
et  doivent  estre  débouté  d'avocations,  id.  v,  I3.  Se 


072 


DÊH 


DEB 


DEB 


li  pères  esloit  chevaliers  et  il  espousoit  une  serve, 
si  seroient  tiiil  li  enfant  serf  qu'il  aroit  de  li,  et  se- 
roient  li  enfant  di;l)Oiité  (le  gentillece,  beauh.  xlv, 
«s.  Or  veons  comment  cil  contre  qui  on  veut  prover, 
ae  pot  deffendre  et  débouler  Te  [la]  proeve  par  le 
,'!aj  quele  on  veut  prover  contre  li,  ID.  xxxix,  22.  Il 
rfisoient  que,  pas  nul  droit,  il  n'en  dévoient  estre 
débouté  qu'il  ne  qartissent  [partageassent]  comme 
cousin  IB.  XIV,  2».  Cels  qui  ont  les  cuers  purs  et 
mont  Doivent  tuit  déguerpir  le  mont  [le  monde]  lit 
débouter;  Car  trop  covient  à  redouter  Les  ordures  à 
raconter  Que  chascuns  conte,  huteb.  h,  1. 1|  xiV  s. 
Oui  monstre  bonne  chiere.à  moiliet  est  sauvez;  Et 
li  cbetis  couars  est  adès  déboutez.  Bond,  de  Seb.vni, 
438.  Il  XV*  s.  Celle  noble  dame  [Isabelle  d'Angleterre] 
qui  dechassée  et  déboutée  estoit  bors  de  son  pays, 
FHOiss.  I,  I,  )6.  Donc  quand  iceluy  seigneur  se  vil 
ainsi  débouter  de  son  heritaige  par  ses  mauvais 
subjects,  Bouciq.  m,  ch.  6.  Laquelle  fille  la  royne 
Ysabele,  seur  dndit  roi  Henry,  deboutoit  de  la  suc- 
cession de  Castillo,  disant  que  la  mère  l'avoit  con- 
ceue  en  adultère,  comm.  v,  7.  ||xvfs.  Craignant 
que  sa  fille  n'eust  des  enfans  qui  le  peussent  un  jour 
débouter  du  royaume,  il  la  rendit  religieuse  à  Vesla, 
AMYOT,  Rom.  4.  La  nouvelle  n'estoyt  pas  vraye, 
mais  M.  Valerius  l'avoit  controuvée  pour  le  culder 
deboutterdecestededicalion,iD.  Publ.^l.  Porsenna 
feit  assaillir  le  mont  de  Janiculum  si  vivement 
que  les  gardes  que  l'on  y  avoit  mis  en  furent  dé- 
boutés, ID.  i6.  32.  Hz  avoieut  l'authorité  de  débou- 
ter et  priver  un  sénateur  du  sénat,  ID.  Calon,  32. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bouter;  provenç.  de- 
botar;  ital.  dibotlare.  Débouter,  c'est  proprement 
bouler  de....  jeter  hors. 

DÉBOUTONNÉ,  ÉE  (dé-bou-to-né,  née),  part, 
passé.  Oui  a  les  boutons  de  son  vêtement  défaits.  Le 
roi,  tout  déboutonné,  se  leva  de  son  prie-Dieu  et 
descendit  chez  Monseigneur,  st-sim.  »i  ,  )9B.|i  Fa- 
milièrement. Rire,  manger  à  ventre  déboutonné, 
c'est-à-dire  avec  excès.  ||  Fleuret  déboutonné,  fleu- 
ret dont  on  a  ôté  le  bouton. 

DÉBOUTONNER  (dé-tou-to-né),  V.  a.  ||l°Faire 
sortir  les  boutons  hors  de  la  boutonnière.  Le  petit 
suisse  déboutonna  son  haut -de -chausses,  hamilt. 
Gramm.  m.  Elle  s'approche,  elle  le  déboutonne, 
LAFONT.  Court.  I!  2*  Déboutonner  un  fleuret,  en  ôter 
le  bouton,  de  manière  qu'il  puisse  servir  d'épée.  Se 
battre  avec  des  fleurets  qu'on  a  déboutonnés.  ||  3°  Se 
déboulonner,  v.  réfl.  Défaire  ses  boutons.  Le  cardi- 
nal de  Bouillon,  en  se  déboutonnant,  en  montra  uu 
[cordon  bleu]  qu'il  portait  par-dessous,  st-sim.  200, 
470.  Ce  beau  seigneur,  tantôt  qu'on  a  dîné,  A  mangé 
comme  un  diable  et  s'est  déboutonné,  scabbon, 
Jodelet,  III,  .2.  Il  On  le  dit  aussi  en  parlant  des  vête- 
ments. Mon  habit  s'est  délioutonné.  ||  Fig.  Dire  sans 
réserve  ou  réticence  ce  qu'on  pense.  Suivit  un  aune 
tèle-à-tête  où  le  duc  se  déboutonna  sur  tous  ceu.v 
qui  avaient  part  aux  affaires,  st-sim.  30b,  224. 

—  HIST.  xV  s.  Tout  déboutonné  en  une  simple 
cote  et  sa  chemise,  affublé  d'un  manlel,  fboiss. 
H,  II,  30.  ||xvi*s.  Croyez  qu'ils  beurent  à  ventre 
deb  Mitonné,  car  en  ce  lemps-là  on  fermoit  les  ventres 
à  boulons,  bab.  dans  le  Dict.  de  dociiez.  El  cela  se 
de.slachera  de  suite  comme  les  derniers  boulons  après 
le  premier  desboulonné,  d'aub.  Ilisl.  m,  491.  J'en- 
gagerai le  duc  à  mettre  toute  confiance  en  la  bonté 
du  roy  et  à  se  déboulonner,  sully,  dans  le  Dict.  de 
DociiF.z.  Comme  je  ne  puis  souffrir  d'estre  desbou- 
tonné et  destaché,  les  laboureurs  de  mon  voisinage 
se  senti roient  entravez  de  re.->ire,  mont,  i,  200. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  /;ot«(on. 
DÉBHAILLÉ,  ÉE  dé-brl-llé,  liée,  iJ  mouillées,  et 

non  dé-bra-yé),  part,  passé  il  i° boni  la  mise  présente 
du  désordre,  du  moins  dans  les  vêtements  qui  cou- 
vrent le  corps.  X  son  cri,  Junon  éveillée  Vint  à  lui 
toute  débraillée,  SCABBON,  CtganfomacWe,  ch.  vin. 
Leurs  perruques  d'étoupes,  leurs  hauts-de-chausses 
tombants,  et  leurs  estomacs  débraillésl  mol.  l'Av. 
H,  B.  Ne  verrai -je  jamais  les  femmes  détrompées 
Do  ces  colifichets,  de  ces  fades  poupées  Qui  n'ont 
pour  imposer  qu'un  grand  air  débraillé?  begnard, 
le  Joueur,  i,  2.  .le  vis  Fagon  tout  débraillé,  assis 
la  bouche  ouverte,  dans  l'état  d'un  homme  qui  se 
meurt,  st-sim.  87,  135.  Toujiurs  débraillée  et  dé- 
coiffée, J.  3.  ROtiss.  Conf.  II.  Il  2°  Kig.  Négligé  et 
trop  libre,  en  parlant  des  personnes  et  des  manières. 
C'est  un  jeune  homme  débraillé.  Des  manières  dé- 
braillées. Il  Suh.itantivement.  11  ne  faut  pas  aller 
jusqu'au  débraillé. 

DÉBRAILLKR  (SE)  (dé-brâ-Ilé,  U  mouillées,  et 
non  dé-brft-yé),  f.  r^/î  ||  1  Déranger  d'une  manière 
pou  convenable  les  vêlements  qui  couvrent  la  poi- 
trine et  le  ventre.  Use  débraille  à  chaque  instant. 


Il  2*  T.  a.  Rendre  débraillé,  déranger  la  mise.  Pour- 
quoi ne  pas  déhrailler  ce  .saint?  Pourquoi  n'en  vois-je 
ni  la  poitrine  ni  le  cou?  nioEB.  Salon  de  (785,  (JICu- 
vres,  t.  xiii,  p.  89,  dans  pougkns. 

—  HIST.  xvi's.  Tout  esbraillê  et  destaché  comme 
s'il  venoit  de  la  garderobbe,  mont,  i,  338. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  braies  :  débraillé  ou 
esbraillê,  c'est  proprement  avoir  ses  braies  miil 
attachées.  Le  changement  de  te  en  U  mouillées 
peut  faire  naître  quelque  doute;  mais  il  était  facilité 
par  l'ancien  mot  braiel,  ceinture  qu'on  mettait  au- 
dessus  des  braies. 

t  DÉBRAISAGE   (dé-brê-za-j'),  s.  m.  Voy.   Dit- 

BBAISEMENT. 

t  DÉBRAISEMENT{dé-brê-ze-man),  i.  m.  Action 
de  débraiser  un  four. 

j  DÉBRAISER  (dé-brê-zé),  v.a.  Enlever  la  braise 
d'un  four  qu'on  a  chauffé. 

—  ÉTYM.  Di!....  préfixe,  etbraise. 
■[DEBRAYAGE  (dé-brè-ia-j'),  s.  m.  Action  d'en- 
lever un  enduit  de  brai. 

—  Rtym.  Dé....  préfixe,  et  brai. 
DÉBREDOniLLÊ,  ËE    (dé-bre-dou-llé,    liée,    U 

mouillées,  et  non  dé-bre-dou-yé),  part,  passé.  Me 
voilà  débredouillé. 

DÊBREDOUILLER  (dé-iire-dou-llé.  Il  mouillées, 
et  non  dé-bre-dou-yé),  v.  a.  ||  1°  Terme  de  jeu  de 
trictrac,  ôter  la  bredouille  à  son  adversaire.  |{  Fig. 
et  familièrement,  changer  en  bien  une  chance  long- 
temps contraire.  Ces  trois  jours  ont  débredouillé  le 
chevalier;  c'est  le  premier  bien  qu'il  ait  reçu,  sÉv. 
454.  Il  2"Se  débredouiller, i).r^/!.  S'ôter  la  bredouille. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bredouille. 
DÉBRIDÉ,  ÉE  (dé-bri-dé,  dée),  part,  passé.  Les 

chevaux  débridés  et  dessellés. 

f  DÉBRIDÉE  (dé-bridée),  s.  f.  Ce  qu'on  paye 
dans  une  auberge  pour  son  cheval,  quand  on  ne 
s'y  arrête  que  pour  le  faire  manger. 

—  ETYM.  Débridé. 

t  DÉBRIDEMENT  (dé-bri-de-man) ,  s.  m.  \\  1°  Ac- 
tion de  débrider,  d'ôter  la  bride  à  un  cheval. 
Il  2°  Terme  de  chirurgie.  Opération  consistant  à  en- 
lever les  brides  ou  filaments  dont  la  présence  dans 
une  plaie  met  obstacle  à  la  libre  sortie  du  pus. 
Il  Opération  consistant  à  diviser  un  tissu  membra- 
neux ou  aponévroiique  qui  comprime  les  plaies,  ou 
à  agrandir  une  solution  de  continuité  pour  donner 
issue  à  la  suppuration. 

—  ÉTYM.  Débrider. 

DÉBRIDER  (dé-bri-dé),  v.  a.  \\  1"  ôter  la  bride  à 
un  cheval,  à  une  bêle  de  somme.  ||  Absolument.  Ôter 
la  bride  avec  l'idée  de  balte.  Nous  débriderons  à 
deux  lieues  d'ici.  ||  Fig.  et  familièrement.  Sans  dé- 
brider, sans  interruption.  Il  a  travaillé,  il  a  dormi 
sept  heures  sans  débrider.  |{  Débrider,  faire  une 
chose  avec  précipitation.  Il  a  bientôt  débridé  son 
bréviaire.  Je  ne  joue  plus,  la  bassette  ne  m'est  plus 
de  rien:  je  songe  un  peu  à  l'autre  vie;  je  ne  tuais 
personne;  mais  à  grand' peine  disais-je  mon  bré- 
viaire, et  plus  d'une  fois  j'ai  quitté  le  jeu  pour  aller 
débrider  vêpres,  et  puis  retourner  quêter  un  sonica, 
Journal  ou  Suite  du  voi/age  de  Siam  des  pères  jé- 
suites, 9  juillet  1085,  t.  III,  p.  90.  Il  Populairement, 
manger  gouhiinent.  Il  eut  bientôt  débridé  ce  qui 
était  sur  la  table.  I  3°  Teruie  de  carrier.  Détacher  le 
Cilble  de  la  pierre,  lorsqu'elle  est  arrivée  au  haut  de 
la  carrière.  |1  4°  Terme  de  chirurgie.  Pratiquer  l'opé- 
ration du  débridement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nous  voyons  les  tyrans  débridés  : 
sur  cela  il  nous  semnle  que  Dieu  n'a  plus  moyen  de 
nous  sauver,  Calvin,  245.  Nous  reprouvons  seule- 
ment les  appétits  desbridez  et  desordonnez,  ID.  In- 
s(i(.  468.  Licence  desbridée,  ID.  ib.  927.  Ne  débridez 
pas  si  viste,  seigneur  Pastorelli,  va  dire  le  seigneur 
Alphonse,  je  vous  vays  renvoyer  chez  vos  parents, 
ciiOLiÊRES,  Coules,  t.  Il,  après  dinée  8.  Un  cheval 
desbridé,  amyot,  P.  Aim.  29.  Leur  langue  estant 
ords  ou  aspre  et  desbridée  à  proférer  paroles  indi- 
gnes, ID.  Comm.  réfréner  la  colère,  43. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bride. 

t  DËBRIDEUR  (dé-bri-deur),  s.  m.  Terme  de  car- 
rier. Ouviierqui  débride.  ||  Fig.  et  familièrement, 
celui  qui  débride  l'ouvrage,  qui  l'expédie  rondement. 

—  ÉTYM.  Débrider. 

t  DÉBRILLANTER  (dé-bri-Uan-té,  Il  mouillées), 
V.  a.  ôter  le  brillant. 

—  ETYM.  W....  préfixe,  elbrillant. 

DÉBRIS  (dé  bri:  \'s  se  lie  :  un  dé-bri-z  affreux), 
s.  m.  Il  1"  Reste  d'une  chose  brisée.  Du  débris  d'un 
vieux  vase,  autre  injure  des  ans,  la  font.  Phil.  et 
Biiucis.  Tout  à  coup  elle  aperçut  les  débris  d'un  na- 
vire qui  venait  de  faire  naufrage,  des  bancs  de  ra- 
meurs mis  eu  pièces,  des  rames  écartées  çà  et  là  sur 


le  sable,  FÉN.  Tél.  i.  Aussitôt  sous  leurs  pieds  les  ta- 
bles renversées  Font  voir  un  long  débris  de  bouteil- 
les cassées,  boil.  Sat.  m.  Quel  débris  parle  ici  du 
votre  résistance?  bac.  Iphig.  iv,  4.  Les  (lilotes  qui 
se  formèrent  sous  ses  yeux,  découvrirent  en   (4iii 
Madère,  que  quelques  savanis  ont  voulu  regarder 
comme  un  faible  débris  de  l'Atlantide,  bavnal,  Ilisl. 
phil.  I,  t.  Sur  un  débris  épars  d'armes  étincelantes, 
LF.BBiiN,  Odes,i,  6.  Quoi!  ces  monuments  chéris. 
Histoire  De  notre  gloire.  S'écrouleraient  en  débris? 
BÉBANO.  Gaul.  Il  2"  Fig.  Ce  qui  reste  de  ce  qui  a  été 
détruit.  Et  cet  asile  ouvert  aux  illustres  proscrits 
Réunit  du  sénat  le  précieux   débris,  corn.  Sertor. 
I,  4.  Il  règne  sur  le  débris  et  sur  les  ruines  de  si 
fortune,  flBch.  ii,  48.  Le  triste  débris  d'une  répu- 
tation que  vous  lui  avez  arrachée,  m.  Serm.  i,  33k. 
Vous,  réduit  à  vivre  tristement  du  débris  de  l'héri- 
tage de  vos  pères,  id.  Serm.  it,  2U2.  Il  avait  re- 
cueilli trois  cents  écus  d'or  du  débris  de  son  patri- 
moine, ID.   Vie  de  Cnmmendon,  i,  B.  Non,  je  ne 
prétends  point,  cher  Arbate,  à  ce  prix.  D'un  mal- 
heureux empire  acheter  le  débris,  bac.  Mithr.  i,  '. 
[Il]  Fondait  sur  trente  Etals  son  trône  florissant  Dont 
le  débris  même  est  un  empire  puissant,  id.  tb.  m,  <. 
Une  vieillesse  endurcie  qui,  dans  le  débris   d'un 
corps  usé  et  à  demi  mort,  nourrit  des  passions  encore 
toutes  vivantes,  mass.  Or.  fun.  M.  de  Villars.  L'in- 
sensibilité s'y  élève  sur  les  débris  de  votre  culte, 
ID..    Car.   Mélanqes.   Ce  prince  [Valerius],   après 
avoir  mis  le  feu  à  ses  vaisseaux,  retourna  par  terre 
en  Macédoine,  menant  avec  lui  les  tristes  débris  de 
ses  troupes  presque  entièrement  désarmées  et  dé- 
pouillées, EOLLiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  vin.  p.  i»9, 
dans  pouGENS.  J'ai  forcé  le  débris  de  leurs  armées 
de  s'enfermer  dans  leurs  places,  vebtot,  Hérnl.  rom. 
liv.  III,  p.  251.  J'ai  resté  plus  d'un  an  en  Italie,  où 
je  n'ai  vu  que  les  débris  de  cette  ancienne  Italie  si 
familhse  autrefois,  montesq.  Lettr.  pers.  112.  Misé- 
rables débris  delagrandeur  humaine,  volt.  Triumv, 
I,  ).  Déïphobe  soudain  frappa  ses  yeux  surpris.  De 
la  race  des  rois  misérable  débris,  delille.  Enéide,  si. 
Les  Vestales  traînèrent  encore  quelque  temps  dans 
l'indigence  et  dans  la  douleur  le  débris  de  leur  con- 
sidération,  llist.   des   Vest.  dans  desfontaines.  X 
cela  Davoust  répliquait  par  son  horreur  naturelle 
pour  toute  espèce  de  désordre  :  elle  l'avait  d'abord 
porté  à  vouloir  régulariser  cette  fuite;  il  s'était  ef- 
forcé d'en  couvrir  les  débris,  craignant  la  honte  et 
le  danger  de  laisser  à  l'ennemi  ces  témoins  de  no- 
tre désastre,  ségub,  llist.  de  Hap.  ix,  9.  ||  Absolu- 
ment. S'il  eût  fallu  périr  sous  un  fameux  débris.  Je 
l'eusse  appris  de  vous,  ou  je  vous  l'eusse  appris, 
CORN.  Sophon.  m,  8.  Et  pour  lui  la  grandeur  n'est 
pas  d'as.sez  haut  prix,  S'il  ne  s'y  voit  monter  par  un 
fameux  débris,  bbéreup,  Phars.  1.   ||   3*  Les  restes 
d'une   chose   consommée.   Les    débris  d'un  repas, 
d'un  pâté.  Au  moment  où  sa  bouche.  Comme  un 
gouffre  profond,  revomit  sur  sa  couche  Parmi  des 
flots  de  sang  la  chair  des  malheureux.  Effroyable 
débris  de  son  festin  affreux,  delille,   Enéide,  m. 
Il  4°  Action  de  briser,  perte,  destruction,  ruine j  en 
ce  sens  il  ne  s'emploie  qu'au  singulier.  Si  peu,  que 
la  moindre  chose  De  son  débris  serait  cause  [serait 
cause  que  lui,  pot  de  terre,  serait  briséj,  la  font. 
Fabl.  v,  2.  Qui  de  la  créature  embrasse  les  appas 
Trébuchera  comme  elle  et  suivra  pas  à  pas  D'un  si 
fragile  appui  le  débrir  infaillible,  corn.  Imil.  11,  7. 
f't  sauve  ma  maison  du  débris  de  Carthage,  uaibet, 
M.  d'Asdrub.  Il,  t.  Ni  le  commun  débris  de  loiile  la 
nature  Ne  m'étunnerail  pas  comme  celle  aventure, 
rotb.  Bélis.  IV,  8.  Hélas!    souhaitez-vous  le  débris 
de  l'empire.  Et,  .s'il  sepeutencor,  quehjue  chose  de 
pire?  ID.  ib.  iv,  6.  Qm  pourrait  sans  fiémir  voir  le 
j  débris  du  monde,  Voir  la  confusion  de  la  terre  et 
t  d-f  l'onde?  bbébkl'f,   t'harsale,  u.  Bientôt  de  notre 
fourbe  on  verra  le  débris.  Si  vous  continuez  dessol- 
'  lises  si  grandes,  MOL.  l'Étour.  iv,  6.  Il  donne  comme 
dans  un  écueil  dans  les  erreurs  .sociniennes,  il  s'en 
retire  avec  peine  tout  brisé  pour   ainsi  dire,  et  ne 
se  remet  jamais  de  ce  débris,  noss.  dans  le  Dict.  de 
DOCHEz.  Les  royaumes  sortis  du  débris  de  ce  pre- 
mier empire,  Boss.  His(.  III,  4.  C'est  [l'état  monas- 
tique] un  moyen  de  faire  fortune,  de  vivre  dans  une 
honorable  oisiveté,  de  se  sauver  du  débris  de  sa  fa- 
mille,  FLÉCH.  I,  p.  119.  On    verra  les  abus  par  ta 
main  réformés,  La  licence  et  l'orgueil  en  tous  lieux 
réprimés.  Du  débris  des  traitants  ton  épargne  gros- 
sie, boil.  Ép.  I.  Je  fondais  mon  bonheur  sur  le  dé- 
bris des  lois,  BAC.  Hérén.  tl,  2.  U  n'a  |ioint  détourné 
ses  regards  d'une  fille.  Seul  reste  du  débris  d'une  il- 
lustre famille,  id.  Bril.  u,  3.  Convenons  qu'au  mi- 
lieu de  la  dépravation  et  de  la  décadence  des  mœurs 
publiques,  le  monde  a  encore  sauvé  du  débris,  des 


DEB 

restes  d'honiiaur  et  de  droitiire,  mass.  Petit  car. 
Gloire.  Il  est  resté  à  l'homme,  du  débris  de  son  in- 
nocence, certains  penchants  de  gloire,  de  plaisirs, 
de  vérité,  qui  sont  comme  les  espérances  de  son  réta- 
blissement, ID.  SI  Thomas  d'Aquin.  Nous  nous  hâ- 
tons de  profiter  du  débris  les  uns  des  autres,  mass. 
Car.  Mort.  Au  milieu  du  débris  de  tout  ce  qui  nous 
environne,  nous  nous  sauvons  encore  dans  l'a- 
venir, ID.  Or.  fun.  Dauphin.  Sa  gloire  seule  [de  Dieu] 
s'élèvera  sur  le  débris  de  toutes  les  grandeurs  hu- 
maines, ID.  Prof.  rel.  3.  Cet  enfant  sauvé  du  débris, 
qui  lui  rappelle  [à  Louis XIV]  la  perte  encore  récente 
de  tant  de  princes,  id.  Or.  fun.  Louis  le  Grand.  Sur 
tout  ce  qui  regarde  cette  passion  chérie  que  nous 
avons  comme  sauvée  du  débris  de  toutes  les  autres, 
ID.  Awnt,  Épiph.  Établir  sur  le  débris  des  idoles  la 
connaissance  du  Dieu  véritable,  id.  Avent,  Le  jour 
de  Noël.  Il  5°  Poétiquement,  les  restes  mortels  de 
l'homme  Là  reposent  les  débris  de  nos  aïeux.  Ce 
potentat  jadis  si  grand,  si  vénérable.  N'est  plus 
qu'un  tronc  sanglant,  qu'un  débris  déplorable,  de- 
LHoi-E,  £n«de,  II.  Il  6°  Anciennement,  dommage,  ce 
qui  se  casse  et  se  brise  en  une  maison  où  beaucoup 
de  monde  aborde.  Quand  le  roi  logeait  quelque  part, 
il  faisait  payer  tant  pour  le  débris. 

—  REM.  Lamartine  a  écrit  débri  pour  la  rime  :  Et 
les  peuples,  poussant  un  cri.  Comme  un  avide  es- 
saim d'enclaves  Dont  on  a  brisé  les  entraves,  Se  sau- 
vent avec  un  débri ,  Ilarm.  iv,  tt .  C'est  une  faute  ; 
débris  venant  de  briser  ne  peut  perdre  l's. 

HlST.  xvi'  S.  Le  but  de  tant  que  nous  sommes 

qui  voulons  avoir  part  au  débris  du  roiaume,  est.... 
d'aub  Ilist.  III,  44.  Le  butin  fut  grand,  pource  que, 
sur  le  débris  de  l'armée, plusieurs  qui  voioient  plier 
leurs  drapeaux....  id.  tb.  45. 

—  KTYM.  Dé....  préfixe,  et  bris. 

t  DÉBROCHAGE(dé-bro-cha-j'),  s.  m.  Action  de 
ilébrocher. 

t  DÉCROCHÉ:,  ÉE  (dé-bro-ché,chée),par(.  passé. 
Les  volailles  débrochées. 

f  DÉBROCHER  (dé-bro-ché) ,  V.  a.  Retirer  de  la 
broche.  ||  Ôter  les  mèches  ou  les  chandelles  de  des- 
sus les  broches.  1|  Enlever  la  couverture  d'un  livre 
broché. 

—  HlST.  XVI'  S.  [Ils  ont]  Embroché  l'autre  [par- 
tie] et  cuite  peu  à  peu  De  tous  costés  à  la  chaleur 
du  feu.  L'ont  desbrochée,  en  des  paniers l'ontmise.... 

BONS.  604. 

—  ÉTVM.  Dé....  préfixe,  et  broche. 

t  UÉBROUILLABLE  (  dé-brou-lla-bl',  Il  mouil- 
lées), adj.  Qui  peut  être  débrouillé,  éclairci. 

—  ÉTVM.  Débrouiller. 

DÉBROUILLÉ,  ÉE  (dé-brou-Ué ,  liée.  Il  mouil- 
lées, et  non  dé-brou-yé),  part,  passé.  Qui  n'est  plus 
brouillé,  emmêlé.  Un  écheveau  débrouillé.  ||  Qui 
n'est  plus  confondu,  en  désordre.  Des  papiers  dé- 
brouillés. Il  Qui  est  éclaiici.  Une  affaire  débrouillée. 
Il  Oui  a  acquis  des  lumières,  qui  sait  discerner.  Son 
esprit  est  tellement  débrouillé  qu'elle  n'est  ignorante 
sur  rien,  sÊv.  4:i8. 

DÉBROUILLE.MENT  (dé-brou-Ue-man ,  Il  mouil- 
lées, et  non  dé-brou-ye-man) ,  s.  m.  Action  de  dé- 
mêler une  chose  embroudiée.  J'attends  de  votre  gé- 
nie le  détirouillement  de  tout  ce  chaos,  volt.  Lett. 
àCalh.  t26.  X  ces  causes  particulières  [de  variations 
dans  la  langue  française]  se  joindraient  les  causes 
générales,  qui,  chez  toutes  les  nations,  ont  amené 
une  sensible  différence  entre  la  changeante  rapidité 
des  épnqiies  de  formation  et  de  débniuillemeiit,  et 
la  durée  de  l'époque  dernière,  où  une  langue  qui 
semble  fixée  se  développe  encore  sans  s'altérer  et 
acquiert  sans  rien  perdre, villemain,Z)î(;(.  de  l'Acad. 
Préface,  p.  viii. 

—  KTVM.  Débrouiller. 

DÉBROUILLER 'dé-lirou-llé,  H  mouillées,  et  non 
dé-brou-yé),  D.  a.  \\  1°  Démêler  ce  qui  o.st  embrouillé. 
Débrouiller  du  fil,  de  la  soie.  ||  2°  Mettre  en  ordre 
ce  qui  était  en  confusion.  Débroudler  des  papiers, 
des  pièces.  ||  3°  Fig.  Tirer  hors  de  la  confusion.  Dé- 
brouillons ce  mystère  et  sachons  notre  sort,  mol. 
Amph.  III,  4.  Rien  ne  lui  put  débrouiller  le  mys- 
tère, LA  FONT.  Conf.  Pour  moi,  je  suis  persuadée 
que  le  roi,  c'est-à-dire  Dieu  par  lui  surmontera  tous 
ses  ennemis,  et  débrouillera  tous  les  nuages  qui 
paraissaient  si  noirs  el  si  prêts  à  fondre  sur  nous, 
SÉV.  30  mars  <689.  Il  débrouillera  tout  ce  mé- 
lanee  de  passion  et  de  raison,  il  séparera  l'une  d'a- 
vec l'autre,  B0UH?AL.  Jugem.  dern.  )"  avent,  p.  80. 
Il  n'y  a  donc  qu'à  débrouiller  le  revenu  de  chacun, 
Lafin  de  voir  comment  il  doit  être  taxé,  vai;b.  Dime, 
p.  67.  Villon  sut  1"!  premier,  dans  ces  siècles  gros- 
[liers,  Débrouiller  l'^rt  confus  de  nos  vieux  roman- 
liers,  BOIL.  Art  p.  i  U  est  instruit  de  la  guerre  des 


DÉB 

géants,  il  débrouille  même  l'horrible  chaosdes  deux 
empires,  le  babylonien  et  l'assyrien;  il  connaît  à 
fond  les  Égyptiens  et  leurs  dynasties,  LA  bruy.  v. 
Tout  s'arrange,  et  l'Être  suprême  D'un  mot  débrouille 
ce  chaos,  lamotte,  Odes,  t.  i,  p.  129,  dans  pou- 
gens.  Les  notions  et  les  principes  qu'un  dictionnaire 
ne  peut  débrouiller  à  chaque  mot,  d'oliv.  Préface. 
S'il  veut  débrouiller  l'antiquité  de  sa  noblesse  qui 
remonte  aux  temps  les  plus  reculés,  il  enverra  cher- 
cher un  bénédictin,  volt.  Jeannot  et  Colin.\\  4°  Ôter 
ce  qui  brouille,  ce  qui  rend  terne  ou  trouble.  Pour 
animer  ses  yeux  et  débrouiller  ses  traits,  il  fallait 
qu'il  parlât,  mabmont.  Hem.  liv.  vi,  t.  li,  p.  <<3, 
dans  pouGENS.  Il  5°  Se  débrouiller,  v.  réfl.  Devenir 
moins  confus,  plus  facile  à  comprendre.  Le  sens  de 
cette  phrase  se  débrouille.  Les  affaires  se  débrouil- 
leront. Un  embarras  qui  a  continué  et  qui  ne  s'est 
pu  débrouiller,  pasc.  dans  cousin.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Se  débrouiller,  se  dit  du  temps  qui  s'embellit. 
Le  ciel  commença  à  se  débrouiller  et  nous  fit  voir 
de  plus  belles  apparences  que  jamais,  voit.  Lett. 
61. Il  Familièrement.  Laissons-le  se  débrouiller,  lais- 
sons-le se  tirer  comme  il  pourra  de  l'embarras  où  il 
est.  Il  Se  débrouiller,  se  dit  aussi  de  l'intelligence 
qui  vient  à  mesure  que  l'on  s'instruit  ou  que  l'on 
gagne  de  l'expérience.  Cet  enfant  se  débrouille  peu 
à  peu.  Les  hommes  regardent  les  lumières  involon- 
taires [de  ceux  qui  leur  rendent  un  service]  comme 
une  injure,  et  le  tout  de  bonne  foi,  sans  connaître 
leur  injustice;  car  ils  ne  se  débrouillent  pas  jusque- 
là,  MARIVAUX,  Marianne,  5"  partie.  1]  Avec  suppres- 
sion du  pronom  personnel.  Je  crois  que  vous  vous 
divertissez  à  voir  débrouiller  leur  petite  raison, 
SÉV.  42  juin  (675. 

—  HIST.  xv;*  s.  Sa  pensée  desbrouillée  et  desban- 
dée [libre,  à  l'aise],  mont,  i,  94.  [Dieu]  Débrouilla 
ce  caos,  où  d'une  horrible  guerre  Ensemble  com- 
battoient  le  feu,  l'onde,  la  terre,  du  bellay,  m, 
64,  verso. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  brouiller. 

t  DÉBROUILLEUR  (dé-brou-Ueur  ,  Il  mouillées , 
et  non  dé-brou-yeur),  s.  m.  Celui  qui  débrouille. 
Grand  débrouilleur  d'un  cas  obscur,  Et  grand  de- 
vineur  du  futur,  scarron,  Virg.  trav.  v.  Le  Rump 
[le  croupion, le  long  parlement  d'Angleterre]  ne  son- 
geait qu'à  se  perpétuer  en  attendant  les  événements, 
grands  débrouilleurs  de  la  politique ,  chateaub. 
Stuarts,  250. 

—  ÊTYM.  Débrouiller. 

t  DÉBRÛLÉ,  ÉE  (dé- bru-lé,  lée),  odj.  Ancien  sy- 
nonyme de  désoxygéné. 

1  DÉBRÛLER  (dé-bru-lé),  v.  a.  Terme  de  chi- 
mie. Ancien  synonyme  de  désoxygéner,  quand  brû- 
ler l'était  d'oxygéner. 

—  étym.  DJ....  préfixe,  et  brûler. 

]  DÉBRUTALISER  (dé-bru-ta-li-zé),  v.  a.  Ôter 
la  grossièreté,  l'impolitesse.  C'est  Mme  la  marquise 
de  Rambouillet  qui  a  fait  débrutaliser,  vaugel.  Rem. 
Not.  Th.  Corneille,  t.  ii,  p.  838,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  brutal. 
DÊBRUTI,  lE  (dé-bru-ti,  tie),  part,  passé  de  dé- 

brutir.  Uu  diamant  débruti. 

DÉBRUTIR  (dé-bru-tir),  v.  a.  ôter  la  partie  brute, 
commencer  à  la  polir.  Débrutir  une  glace. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  brut. 
DÉBRUTISSEMEXT  (dé-bru-ti-se-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  débrutir;  le  résultat  de  celle  action. 

—  ÉTYM,  Débrutir. 

DÉBUCHER  (dé-bu-ché).  ||  1°  F.  n.  Sortir  du  bois 
ou  du  buisson,  en  parlant  du  gros  gibier.  Le  cerf 
a  débuché.  Voilà  d'abord  Le  cerf  donné  aux  chiens; 
j'appuie  et  sonne  fort;  Mon  cerf  débuche  el  passe 
une  assez  longue  plaine.  Et  mes  chiens  après  lui.... 
mol.  Fdch.  II,  7.||  Substantivement,  sortie  de  la  bêle 
de  son  fort.  Sonner  le  débucher.  ||  Fig.  D'Efliat  ne 
voyait  que  des  gens  obscurs,  fort  particulier,  obscur 
à  Paris;  avec  des  créatures  de  même  espèce,  débu- 
chant parfois  en  bonne  compagnie  courtement,  car 
il  n'était  bien  qu'avec  ses  grisettes  et  ses  complai- 
sants, ST-siM.  398,  86.  l|î°  V.  a.  Faire  sortir  une 
bête  fauve  de  son  fort. 

— HEM.  1.  L'Académie  écrit  embûcher  et  débucher, 
mots  qui,  de  même  radical,  devraient  s'orthogra- 
phier de  même.  ||  2.  Ce  verbe  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  avoir,  quand  il  exprime  l'action  :  le  cerf 
a  débuché;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  il  exprime 
l'état:  le  cerf  est  débuché  depuis  longtemps. 

—  HlST.  XIII"  s.  Fors  del  bois  estoit  desbuchiez 
Et  s'en  fuit  vers  l'eve  corant,  Ben.  22410. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  bûche  (voy.  ce  mot), 
dit  pour  bois,  ou  plutôt  tiusche,  autre  forme  de  bois 
(bosc  dans  bosiiiiel);  picard,  débuquer,  courir,  s'en- 
fuir. 


DEC 


973 


t  DÉBUSCABLE  (dé-bu-ska-bP),  adj.  Qui  peut 
être  débusqué. 

—  ÉTYM.  Débusquer. 

DÉBUSQUÉ,  ÉE  (dé-bu-ské,  skée),  part,  passé. 
L'ennemi  débusqué  du  poste  qu'il  occupait. 

DÉBUSQUEMENT  (dé-bu-ske-man) ,  s.  m.  Action 
de  débusquer.  ||  Fig.  Tout  le  monde  paraît  content 
dudébusquemenl  [renvoi  d'une  place]  de  M....  volt. 
Lett.  Tabareau,  octobre  (768. 

—  ÊTYM.  Débusquer  < . 

t.  DÉBUSQUER  (dé-bu-ské).  ||  1°  V.  a.  Chasser 
d'un  poste  avantageux.  ||  Fig.  Déposséder  quel- 
qu'un d'un  emploi,  le  chasser  d'un  poste.  ||  2°  V. 
n.  Terme  de  chasse.  Sortir  du  bois,  en  parlant  du 
loup. 

—  HIST.  XIII*  s.  Maté  fussent  et  recréant  Cil  delà, 
n'en  eschapast  pié,  Quant  d'un  val  se  sont  dcsbiichié 
Plus  de  dis  mile  escorpions,  lien.  24486  ||  xvi»  s. 
Bruyans  el  bourdonnans  comme  trompes  et  labours 
pour  annoncer  qu'il  faut  debu.squer  pour  aller  aux 
champs,  paré,  Animaux,  a.  Le  comte  Roquendolf, 
de  ce  irrité,  débusqua  avec  toute  sa  Irouppe,  M.  du 

BELL.    639. 

—  ÉTYM.  Autre  prononciation  de  débucher  (dé- 
bwscher)  ;  picard,  déboker;  génev.  déboquer  quel- 
qu'un, le  déplacer. 

t  2.  DÉBUSQUER  (dé-bu-ské),  V.  a.  Diminuer 
ou  supprimer  le  buscage  d'une  jupe. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  buse. 

DÉBUT  (dé-bu;  le  I  se  lie  :  un  dé-bu-t-heureux; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  dé-bu-z  heureux),  s.  m. 
Il  1°  Premier  coup  àcertainsjeux,  comme  au  mail,  à 
la  boule,  au  billard,  pour  savoir  qui  jouera  le  pre- 
mier. Faire  un  beau  début.  ||  Fig.  Les  voilà  seuls,  et, 
pour  le  faire  court.  En  beau  début,  la  font.  Orais. 
IJAu  jeu  de  boule,  être  en  beau  début,  se  dit  d'une 
boule  qui,  étant  au  but  ou  près  du  but,  peut  en 
être  facilement  écartée  par  un  adroit  coup  de  boule. 
Cette  boule  est  en  beau  début.  ||  2°  Fig.  Commence- 
ment d'une  affaire,  d'un  ouvrage,  d'un  discours.  La 
début  fut  heureux,  mais  l'affaire  a  mal  tourné.  Que 
le  début  [du  poëme]  soil  simple  et  n'ait  rien  d'affecté, 
boil.  Art  poét.  III.  Il  Terme  de  diplomatique.  Formula 
initiale  d'une  charte,  d'un  diplôme,  d'une  bulle,  d'un 
acte  ecclésiastique.  ||  3°  Entrée  dans  une  carrière.  On 
réussit  rarement  dès  le  début.  ||  4°  Premier  ouvrage 
d'un  auteur.  Œdipe  estledébut  tragique  de  Voltaire. 
Il  5°  Premiers  essais  d'un  acteur  sur  le  théiltre.  Pour 
le  théâtre  ayant  quitté  l'aiguille,  X  mon  début  Crai- 
gnant quelque  rebut,  bérano.  B.  fille. 

—  ÊTYM.  Dé...  préfixe,  el  but.  Le  début,  c'est 
au  jeu  de  boule  l'action  de  tirer  de  but,  du  lieu  où  est 
le  but;  de  là  le  sens  de  commencement,  le  début 
étant  un  commencement  pour  le  joueur  de  boule. 

DÉBUTANT,  ANTE  (ilé-bu-tan,  tan-t'),  s.  m  eif. 
Celui,  celle  qui  débute  sur  un  théâtre.  i|  Familière- 
ment. C'est  un  débutant,  un  homme  sansexpérieice. 
Il  Se  dit  aussi,  en  général,  de  tous  ceux  qui  entrent 
dans  une  carrière,  qui  font  pour  la  première  fois 
un  travail.  Un  débutant  dans  la  carrière  des  lettres. 

DÉBUTÉ.  ÉE  (dé-bu-té,  tée),  part,  passé.  Boule 
débutée,  chassée  du  but,  d'auprès  du  but. 

DÉBUTER  dé-bu-té),  V.  n.  111°  Jouer  le  premier 
coup  au  mail,  4  la  boule,  au  billard,  etc.  Mal  dé- 
buter. Celte  fois,  c'est  à  moi  à  débuter.  ||  2°  Fig. 
Commencer.  11  débuta  par  tins  invectives.  Ce  poème 
débute  par  une  invocation.  La  belle  galanterie  ([ue 
la  leurl  quoi!  débuter  par  le  mariage?  mol.  Préc.  5. 
Par  où  lui  débuter?  mol.  Dép.  am.  lu,  4.  ||  3°  Faire 
ses  premiers  pas  dans  une  carrière,  dans  une  entre- 
prise, etc.  Débuter  dans  les  sciences,  dans  les  lettres. 
Dans  le  crime  il  suffit  qu'une  fois  on  débute;  Une 
chute  toujours  entraîne  une  autre  chute,  iioiL.  Sat. 
X.  Il  Débuter  dans  le  monde,  y  paraître  pour  la  pre- 
mière fois.  U  a  été  mal  élevé,  et  il  a  le  malheur 
de  débuter  seul  et  sans  guide  dans  le  monde,  m""  de 
GENLis,  Ad.  et  Théod.  t.  m,  lett.  H.  ||  4»  Au  passif 
et  impersonnellement.  C'est  bien,  c'est  mal  débuté, 
le  commencement,  le  début  est  .heureux,  malheu- 
reux, se  dit  au  propre  et  au  figuré.  Achève, Petit- 
Jean  ,  c'est  fort  bien  débuté,  bac.  Plaid,  m,  3. 
Il  5°  Absolument.  Jouer  pour  la  première  fois  sur  un 
théâtre.  Elle  aspire  à  débuter  dans  le  tragique,  et 
elle  vaut  la  peine  que  vous  lui  donniez  des  leçons, 
marmont.  Mém.  iv.  ||  Donner  son  premier  ouvrage. 
Il  6°  V.  a.  Éloigner  du  but.  Débuter  une  boule. 

—  ÊTYM.  Début. 

t  DEÇA  (dii-ka).  Préflxequi,  joint  au  nom  des  me- 
sures du  sy.stème  métrique,  désigne  une  unité  dix 
fois  plus  grande  que  l'unité  génératrice  :  décalitre, 
decastère,  décagramme,  décamètre,  dix  litres,  dis 
stères,  dix  grammes,  dix  mètres. 

—  ÉTYM.  Aéno,  dix  (voy.  dix). 


974 


DEC 


DEÇX(de-8a),  loc.  prép.Wi-Do  ce  cftié-ci,  par 
opposition  h  di'ld,  qui  signifie  de  ce  côlé-là.  Deçà 
et  ilelà  la  rivière,  les  lialirludes  et  le  langage  dif- 
fèrent Ijciiiicoiin.  La  Provence  est  deçà  les  Alpes. 
\]  Loc.  adterl)  Etre  assis  jambe  deçà,  jamlie  delà, 
une  jambe  d'un  côté,  une  jambe  le  l'aiUre,  à  ca- 
lifourclioii.  Il  2' Deçà  et  delà,  loc.  ado.  De  côlé  et 
d'auire.  l'eii|iles  qui  erraient  deçà  et  delà  sur  des 
chariots,  buss.  //iï(.  ii,  7.  Des  chiens  courants  l'a- 
boyante famille  Deçà  delà  parmi  le  chanme  brille, 
PERBAiiiT,  Crùelidis  \\Z°  De  deçà,  par  deçà,  loc. 
prép.  De  ce  côlé-ci.  De  deçà,  par  deçà  la  montagne. 
Il  De  deçà,  par  deçà,  loc.adv.  Hester  de  deçà.  Venez 
par  deçà.  Il  n'y  a  point  de  conquOle  delà  le  Khin 
ni  delà  le  Danube  qui  vous  dût  pleinement  satis- 
faire, et  toute  l'Allemagne  ne  vaul  pas  un  faubourg 
de  deçà,  VOIT.  Leit.  67.  Excellents  ministres  des 
hautes  puissances  étrangères,  ne  vous  fiez  point  trop 
à  vos  amis  de  deçà,  p.  l.  couii.  Letl.  x.  ||  4°  Kn  deçà 
de,  toc.  prép.  De  ce  côté-ci  de.  Il  demeure  en  deçà 
du  pont.  Il  Kig.  Accoutumez  votre  fille  à  se  réjouir  en 
deçà  du  p6ché,  et  à  mettre  son  plaisir  loin  des  di- 
vertissements contagieux,  fén.  t.  xtii,  p.  <26.||En 
deçà,  loc.  adv.  Éire  situé  en  deçà. 

—  RE.M.  Au  deçà  dans  le  sens  de  :  au  delà  :  S'il  ne 
la  dépeint  belle  et  sage  Au  deçà  de  la  vérité,  malh. 

III,  3 Qu'on  passe  deux  fois  Au  deçà  du  rivage 

blême,  ID.  VI,  il.  Au  deçà  ne  s'emploie  plus  en  ce 
sens,  et  avec  raison;  car  c'est  pécher  contre  le  sens 
propre  de  çà. 

—  HIST.  XII*  s.  Quant  il  vous  a  deçà  les  pors 
[portes,  passages]  laissez,  7(onc.  p.  89.  ||xiii*s.  Il 
n'  [y]  a  si  bêle  femme  deçà  ne  delà  mer,  Ilerle,  m. 
Car  s'ele  ne  fust  morte,  deçà  [elle]  fust  retournée, 
ib.  civ.  Il  xiv  s.  El  l'une  partie  de  l'ame  le  trait  de 
sa  et  l'autre  de  là,  oresme,  Eth.  268.  Des  anemis 
avés  par  dechà  par  delà  :  Se  en  aquerés  plus,  grant 
folie  sera,  Baud.  de  Seb.  x,  <oio.  ||  xV  s.  Lors  Gui- 
dèrent bien  les  cardinaux  estre  tous  morts,  et  s'en- 
fuirent pour  sauver  leurs  vies  l'un  deçà, l'autre  de- 
là, pnoiss.  II,  II,  20.  Et  qu'il  y  avoit  plusieurs  gens 
en  Angleterre  qui  desiroient  la  guerre  par  deçà 
[contre  la  France],  comm.  iv,  7.  Si  ceulx-ci  qui  viii- 
drent  faire  l'allyance  du  roy  de  Portugal  de  par 
deçà,  ID.  V,  7.||xvi*s.  Les  abeilles  pillolent  deçà 
delà  les  fleurs,  mont,  i,  182.  St  Hilaire,  estant  en 
Syrie,  fut  adverti  que  sa  fille,  qu'il  avoit  laissée  par 
deçàavecques  sa  mère....  ID.  i,25l.Ceulx  ci  sont,  par 
manière  de  dire,  au  deçà  des  accidents;  les  aullres 
(ludelà,  ID.  I,  388.  Dedans  toutes  ces  provinces, 
qui  sont  au  deçà  de  Constantinople,  qui  toutes  en- 
semble sont  aujourd'hui  appellées  la  Romauie,  il  y 
a  beaucoup  plus  de  chrestiens  que  de  l'urcs,  langue, 
436.  Nos  petites  armées  de  par  deçà  [de  nos  pays], 

ID.  441. 

—  ÉTYM.  De,  et  fd;  bourguig  deçai. 
tDÉCABRACUIUE  (Jé-ka-bra-chi-U'),  adj.  Terme 

de  zoologie.  Qui  porte  dix  appendices  en  forme  de 
petits  bras  (les  céphalopodes). 

—  ÉTYM.  Aéxa,  dix,  et  Ppay_î<ov,  bras. 
tDÉCACANTIIE  (dé-ka-kan-f),  adj.  Terme  de 

botanique.  Pourvu  de  dix  épines. 

—  ETYM.  AÉxa,  dix,  et  àxaMBa,  épine. 

\  DÉCACÈRE  (dé-ka-sê-r'),  adj.  Terme  de  zoolo- 
f  e.  Qui  a  dix  cornes  ou  tentacules. 

—  ÊTYM.  Aéxa,  dix,  et  xép«;,  corne. 

+  DÊCACUETABLE  (dé-ka-che-ta-W),  adj.  Qui 
peut  être  décacheté. 

—  ÉTYM,  Décacheter. 

f  DÉCACUETAGE  (dé-ka-che-ta-j') ,  s.  m.  Action 
de  décacheter. 

—  ÉTYM.  Décacheter. 

DÉCACHETÉ,  ÉE  (dé-ka-che-té,  tée),  part,  passé. 
Lettre  décachetée. 

t  «ÊCACllÈTEMENr  (dé-ka-chè-to-man),  s.  m. 
Action  de  décacheter. 

—  ÉTYM.  Décacheter. 

DÉCACUETER  (dé-ka-che-té.  Le  (  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  décachette;  je  dé- 
cachetterai; il  faut  prendre  garde  à  la  prononciation 
du  présent,  je  décach'te,  il  décach'te;  prononcia- 
tion très-vicieuse  et  très-commune),  v.  o.  Rompre 
un  cachet,  ouvrir  ce  qui  était  cacheté.  Décacheter 
une  lettre.  Jamais  amant  n'a  fait  taiit  de  trouble  écla- 
ter Au  poulet  renvoyé  sans  le  décacheter,  mol.  Éc. 
des  maris,  n,  u.  Les  prêtres  [païens]  n'étaient 
pas  scrupuleux  jusqu'au  point  de  n'oser  décacheter 
les  bdleis  qu'on  leur  apportait;  il  fallait  qu'on  les 
laissât  sur  l'autel,  fonten.  Oracl.  i,  44.  ||So  déca- 
cheter, t).  réfl.  Perdre  le  cachet,  s'ouYiir.  Votre 
lettre  s'est  décachetée  en  route. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cacheter. 

t  UÉCACHORDE  (dé-ka-kor-d'),  s.  m.  Terme 


DEC 

d'antiquité.  Instrument  de  musique  à  dix  cordes, 
dit  aussi  harpe  de  David. 

—  ÉTYM.  àé-'.a,  dix,  et  yocSrt,  corde. 

+  I»ÉC  A  DACTYLE  (dé-ka-<ia-kti-r),  ad/.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  dix  doigts 

—  ÉTYM.  AÉ/a,  dix,  et  îàzTuXo;,  doigt. 

t  DÉCADAIRE  (dé-ka-dê-r') ,  adj.  Qui  se  rapporte 
aux  décailes  du  calendrier  répubUcain. 

—  ÉTYM.  Décade. 

DÉCADE  (dé-ka-d'),  ».  f.  \\  !•  Dizaine.  Les  racines 
grecques  ont  étA  divi.sées  par  décades,  c'est-à-dire 
par  groupes  de  lix  vers.  ||  Les  Décades  de  Tite-Livo, 
litre  de  l'hisioire  de  Rome  composée  par  Tite-l.ive, 
et  ainsi  nommées,  parce  qu'elles  contenaient  cha- 
cune dix  livres.  Je  travaillai  sur  la  langue  grecque 
et  sur  la  neuvième  décade  de  Tite-Live,  betz,  iv, 
286.  Il  2"  Espace  de  dix  jours.  Les  mois  grecs  étaient 
divisés  en  décades.  La  décade  républicaine,  période 
qui  dans  l'ancienne  république  française  avait  rem- 
placé la  semaine.  ||  3°  La  Décade  philosophique, 
journal  politique  et  littéraire  commencé  le  *o  flo- 
réal an  11,  et  continué  jusqu'en  )807,  ainsi  nommé 
parce  qu'il  paraissait  chaque  décade. 

—  HIST.  xiv's.  Vous  me  commendastes  que  les 
trois  décades  de  Titus  Livius  ge  translatasse  de  latin 
en  françois,  bercheure,  S'i, 

—  ÉTYM  AExà;,  dixaine. 

t  DÉCADENASSER  (dé-ka-de-na-sé),  «.  O.  Enle- 
ver un  cadenas.  Décadenasser  une  porte. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cadenas. 
DÉCADENCE   (dé-ka-dan-s") ,  s.  f.  ||  1°  État  de  ce 

qui  commence  à  choir,  à  tomber.  Cette  maison  tombe 
en  décadence.  Que  j'aime  à  voir  la  décadence  De 
ces  vieux  palais  ruinés.  Contre  qui  les  ans  mu- 
tinés Ont  déployé  leur  insolence,  st-amand,  Ode 
sur  la  solitude.  Les  plus  fermes  bâtiments  tombent 
enfin  en  décadence,  desc.  Monde,  3.  ||Cet  emploi, 
au  propre,  est  maintenant  peu  usité.  ||  2°  État  de  ce 
qui  déchoit,  au  propre.  Rimeurs  en  état  si  piteux 
Ne  doivent  rompre  le  silence;  Car  d'un  corps  faible 
et  langoureux  L'esprit  ressent  la  décadence,  chaul. 
À  Courlin  et  à  Volt.  Le  soleil,  comme  nous,  mar- 
che à  sa  décadence,  lamart.  Méd.  i,  5  ||  3°  Fig.  En 
parlant  des  choses  abstraites.  Toutes  les  institutions 
étaient  allées  en  décadence,  Boss.  Ré  fut.  Depuis  ce 
malheureux  moment,  tout  alla  visiblement  en  dé- 
cadence, et  les  afl"aires  furent  sans  retour,  m.  Berne 
d'Anglet.  Les  églises  d'Orient  sont  dans  une  grande 
décadence,  m.  Àvert.  3.  Les  affaires  vont  en  déca- 
dence, ID.  Ilist.  II,  4.  Après  plusieurs  raisons  de  la 
décadence  des  esprits  qu'apportait  ce  philosophe  in- 
troduit ici  par  Longin,  boil.  Longin,  Sublime,  Rem. 
sur  le  chap.  35.  La  santé  ruinée,  des  affaires  en  dé- 
cadence, MASS.  Car.  Élus.  La  décadence  de  nos  for- 
ces entraîne  celle  de  notre  jugement,  volt.  Dial. 
VII,  2.  César  pour  rétablir  l'Etat  en  décadence,  id. 
Triumv.  ii,  i.  Ce  n'était  pas  un  État  qui  fût  dans 
la  décadence,  qu'il  entreprit  de  renverser,  mais  un 
empire  naissant,  montesq.  Esp.  x,  t3.  Et  le  destin 
jaloux  des  suprêmes  puissances  Dans  leurs  plus 
hauts  progrès  trouve  leurs  décadences,  brébeuf, 
Pharsale,  1. 1|  Décadence  se  dit  quelquefois  absolu- 
ment de  l'abaissement  des  choses  littéraires,  intel- 
lectuelles, scientifiques.  La  décadence  fut  produite 
par  la  facilité  de  faire  et  par  la  paresse  de  bien  faire, 
par  la  satiété  du  beau  et  par  le  goût  du  bizarre. 
N'espérez  pas  rétablir  le  bon  goût;  nous  sommes  en 
tout  sens  dans  le  temps  de  la  plus  horrible  déca- 
dence, VOLT.  Lett.  la  Har/ie,  23  avril  (770.  ||  Abso- 
lument. La  décadence,  l'époque  de  la  littérature 
latine  qui  comprend  les  derniers  siècles  de  l'empire 
romain.  Les  poètes  de  la  décadence. 

—  SYN.  1"  décadence,  DÉCLIN.  La  décadence  est 
l'état  de  ce  qui  va  tombant;  le  déclin,  létat  de  ce 
qui  va  baissant.  La  décadence  amène  la  chute  et  la 
ruine;  le  déclin  mène  à  l'expiration  et  à  la  fin  :  la 
décadence  des  empires,  le  décUn  de  la  vie.  Si  on 
dit:  l'empire  romain  était  en  décadence,  cela  ex- 
prime qu'il  se  ruinait  et  tombait  peu  à  peu,  on  le 
compare  à  un  bâtiment  qui  s'écroule;  si  l'on  dit: 
l'empire  romain étailàson déclin,  cela  exprime  qu'il 
approchait  du  terme  de  son  existence;  on  le  com- 
pare à  un  corps  organi.se  qui  finit  de  vivre.  ||  2*  dé- 
cadencb,  ruinb.  Ces  deux  mots  diffèrent  en  ce  que 
le  premier  prépare  le  second,  qui  en  est  ordinaire- 
ment l'elTet.  La  décadence  de  l'empire  depuis  Tbéo- 
dose  annonçait  sa  ruine  totale. 

—  HIST.  XVI»  s.  Ils  ne  sont  pas  tresbuchez  du  pre- 
mier coup  en  extrémité,  mais  sont  allez  en  déca- 
dence par  certains  degrcz,  calv.  Instit.  841.  Trait- 
tant.de  l'origine  des  royaumes,  pour  quelles  causes 
ils  diminuent,  et  qui  leur  apporte  finale  décadence 
et  totale  ruiue,   auyot,  Moral.  Épit.  p.   lu.  Voytà 


DEC 

un  pas  en  arrière;  je  reculeray  d'un  aultre....  si 
cnyement  qu'il  me  fauldra  estre  aveugle,  avant  que 
je  sente  la  décadence  de  ma  veue,  mont,  iv,  2»l. 
Je  ne  leur  ai  tesmoigné  de  mon  afl'ection  |  à  des 
maîtresses]  que  ce  que  j'en  sentois,  et  leur  en  ay 
représenté  naifvement  la  décadence,  la  vigui  ur  et 
la  nais.sance,  les  accez  et  les  remises,  id.  m,  376. 

—  ETYM.  Ëas-lat.  decadentia,  qui  a  donné  dans 
les  temps  modernes  décadence,  et,  à  l'origine  de  la 
langue,  riéciiéance  (voy.  ce  mot). 

I      DÉCADI  (dé-ka-di),  t.  m.  Le  dixième  et  dernier 
I  jour  de  la  décade    dans  le  calendrier  républicain, 
I  jour  de  repos  qui  répondait  à  notre  dimanche. 
I      —ETYM.  Déca  (Séxa),  dix,  et  di,  du  Lilin  dt>/, 
I  jour. 

t  DÉCADISER  (dé-ka-di-zé) ,  t).  a.  Fêter  le  décadi. 
I      —  ÉTYM.  Décadi. 

t  DÉCAÈDRE  (dé-ka-è-dr).  adj.  Terme  de  géo- 
métrie. Qui  a  dix  faces.  ||  Substantivement.  Un  dé- 
caèdre, un  solide  de  dix  faces. 

—  ETYM.  Aéxa,  dix,  et  êôp»,  face,  siège  (comp. 
tedere,  seoir). 

•(  DÉCAKIUE  (dé-ka-fi-d'),  adj  Mot  hybride, formé 
du  grec  {e'xst,  dix,  et  du  latin  jindere,  fendre  (Toy. 

DÉCEMFIIIE). 

t  DÉCAOONAL,  ALE  (dé-ka-go-nal,  na-1'),  adj. 
Terme  de  géométrie.  Qui  a  dix  angles.  Figure  déca- 
gonale.  ||  Dont  la  base  est  un  décagone.  Pyramide 
décagonale.  Prismes  décagonaux. 

—  ÉTYM.  Décagone. 

DÉCAGONE  (dé-ka-go-n'),  i.  m.  ||  1°  Terme  de 
géométrie.  Figure  qui  a  dix  angles  et  dix  côtés. 
Il  Adjectivement.  Un  bassin  décagone.  ||  2°  Terme  de 
fortification.  Place  munie  de  dix  bastions. 

—  ETYM.  AexàYwvoç,  de  ôÉxa,  dix,  et  ifûvoç, 
angle. 

DÉCAGRAHME  (dé-ka-gra-m'),  s.  m.  Poids  de 
dix  grammes. 

—  ÉTYM.  AÉxa,  dix,  et  gramme. 

t  DÉCAGYNE  (dé-ka-ji-n'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  a  dix  pistils.  Fleur  décagyne. 

—  ETYM.  iiexa,  dix,  eifj^i],  femelle,  pisliL 

t  DÉCAGYNIE  (dé-ka-ji-nie),  s.  f.  Terme  de  lio- 
tanique.  Ordre  de  la  première  classe,  dans  le  sys- 
tème de  Linné,  comprenant  les  plantes  qui  ont  dix 
pistils. 

—  ÉTYM.  Décagyne. 

t  DÉCAILLER  (dé-ka-llé  ,  Il  mouillées,  et  non 
dé-ka-yé),  v.  a.  Rendre  fluide  ce  qui  est  caillé. 

—  HIST.  xvi'  s.  Faudra  en  outre  lui  broier  le  ven- 
tre [à  une  bête  tuée]  avec  un  gros  baston  rond,  que 
deux  hommes  tiendront,  de  chascun  costé,  pour  lui 
faire  amollir  la  peau,  et  que  le  sang  se  descaille  pour 
sortir,  o.  de  serbes,  979. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cailler. 
DÉCAISSÉ,  ÉE  (dé-kè-sé,  sée),  part,  posté.  Des 

orangers  décaissés. 

DÉCAISSER  (dé-kè-sé) ,  v.  a.  Tirer  d'une  caisse. 
Il  Enlever  im  arbuste  de  sa  caisse  pour  le  trans- 
planter. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  caisse. 

t  DÉCALAGE  (dé-ka-la-j')  ,  s.  m.  Action  de  dé- 
caler, 
t  DÉCALER  (dé-ka-Ié) ,  v.  a.  Ôter  les  cales. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cale  2. 
DÉCALITRE  (dé-ka-li-tr'^ ,  s.  m.   Mesure  de  dix 

litres. 

—  ÉTYM.  Ai/.x,  dix,  et  litre. 

t  DÉCALOBÉ,  ÉE  (dé-ka-lo-bé,  bée),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  est  partagé  en  dix  lobes. 

—  ÉTYM.  Aéxa,  dix,  et  Xoêo;,  lobe. 

DÉCALOGUE  (dé-ka-lo-gh'),  s.  m.  Les  dix  com- 
mandements que  Moïse  rapporta  du  mont  Sinaï, 
gravés  sur  des  tables.  Les  préceptes  du  Décalogue. 
Ce  commandement  [ne  pas  tuer]  a  été  imposé  aux 
hommes  dans  tous  les  temps;  IT.vangile  a  confirmé 
celui  de  la  loi  ;  et  le  Décalogue  n'a  fait  que  renouve- 
ler celui  que  les  hommes  avaient  reçu  de  Dieu,  avant 
la  loi,  dans  la  personne  de  Noé,  pasc.  Prnv.  M. 

—  ÊTYM.  AtxàXofo;,  de  8é>ia,  dix,  et  Xôyo;,  pa- 
role. 

t  DÉCALOTTER  (dé-ka-lo-té) ,  c.  a.  Terme  de 
métier.  Ôter  le  dessus  d'une  chose.  ||  Se  décalotter, 
V.  réfl.  Perdre  le  dessus,  la  calotte. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  calotte. 

t  DÉCALQUE  (dé-kal-k'),  s.  m.  Action  de  décal- 
quer. 

DÉCALQUÉ,  ÉE  (dé-kal-ké,  kée),  part,  passé. 
Un  dessin  calqué,  puis  décalqué. 

DÉCALQUER  (dé-kal-ké),  v.  a.  Reporter  les  traits 
d'un  dessin  calqué  sur  un  autre  papier,  sur  une 
autre  toile. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  coii^uer. 


DEC 

f  DÉCAMÈRE  (dé-ka-mê-r') ,  ».  m.  Terme  de  zoo- 
logie. Genre  de  coléoptères  lauiellicornes,  ayant  dix 
articles  aux  antennes. 

—  ÊTYM.  Aixa.  dix,  et  piipoî,  partie. 

t  «P-CAMÉUIDE  (dé-ka-mé-ri-d'),  s.  f.  Terme dV 
coustiqiie.  La  ;)oin«  partie  de  l'octave  partagée  d'a- 
bord en  4S  parties,  cliacuoe  de  celles-ci  en  7,  et 
chacune  de  ces  7  en  (O, 

—  ETYM.  A»i,  dix,  et  (upo;,  partie. 

DÉCAMÊKON  (dé-ka-mé-ron),  s.  m.  Ouvrage  con- 
tenant une  suite  de  récits  faits  en  dix  jours.  Le  Déca- 
méron  de  Boccace. 

'  —  ETYM.  liai,  decamerone ,  de  Séxa,  dix ,  et  ^i|x£pa, 
jour. 

,  DÉCAMÈTRE  (dé-ka-mè-tr'),  *.  m.  Mesure  de  dix 
mètres.  Il  Terme  d'arpentage.  Mesure  de  (O  mètres 
de  longueur.  En  arpentage,  on  nomme  spécialement 
décamètre  une  chaîne  de  io  mètres  de  longueur; 
celte  chaîne  est  ordinairement  formée  de  60  chaî- 
nons de  -20  centimètres  de  longueur  chacun,  y  com- 
pris les  deux  poignées.  Le  double  décamtitre  a  20  mè- 
tres de  longueur;  il  est  assez  souvent  formé  de 
40  chaînons  de  o-,BO  de  longueur  chacun. 

ÊTYM.  Hi<ca,el  mètre. 

t  DÉCAMÉTRIQCE  (dé-ka-mé-tri-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  au  décamètre. 

—  ETYM.  Décamètre. 

t  nfiCAMI'É,  ÊE  (dé-kan-pé,pée),  part,  patte.  Qui 
a  levé  son  camp.  L'armée  décampée  pendant  la  nuit. 
Il  Oui  est  parti  à  la  hftte.  On  alla  avertir  la  garde; 
mais  elle  trouva  en  arrivant  les  tapageurs  décampés. 

—  REM.  Ce  participe  n'est  pas  donné  par  le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie;  mais  il  est  dans  l'usage, 
et  conforme  à  plusieurs  autres  participes  passés  de 
verbes  neutres. 

DÉCAMPEMENT  (dé-kan-pe-man),  s.  m.  Action 
de  décamper,  de  lever  le  camp. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ils  tuèrent  sur  le  decampement 
plus  de  400  hommes,  d'aub.  Hist.  i,  276. 

—  ETYM.  Décamper. 

DÉCAMPER  (dé-kan-pé),  V.  n.  ||  1°  Lever  le  camp. 
Le  Parthe  a  décampé,  pressé  par  d'autres  guerres 
Contre  l'Arménien  qui  ravage  ses  terres,  corn.  Bo- 
dog.i,^.  Le  soir  on  tmt  un  conseil  parmi  les  Grecs, 
où  il  fut  résolu  qu'on  décamperait  et  qu'on  irait 
'chercher  un  lieu  commode  pour  les  eaux,  hollin", 
^lUsl.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  262,  dans  pougens. 
Villars  eut  au  moins  l'honneur  de  faire  décamper 
'Marlborough,  c'était  beaucoup  alors;  le  duc  de  Marl- 
borongh  lui  écrivit  en  décampant,  volt.  L.  XI  V,I9. 
Il  8°  Par  extension,  se  retirer  précipitamment.  Dé- 
campons; il  est  temps.  Il  voulait  rester,  mais  on  le 
fit  décamper.  Décampez  au  plus  vite,  il  nous  vient 
compagnie,  lachausôée,  Goitvern.  m,  3.  Je  n'y  de- 
vais rien  que  le  bonsoir  à  mon  hôtesse,  et  puis  je 
n'avais  qu'à  décamper  avec  mon  paquet,  mabivaux, 
Paysanparv.  t.  i,  part.  (",  p.  )08,  dans  pougens. 
Cette  maison  des  champs  me  paraît  un  bon  gîte;  Je 
voudrais  bien  ne  pas  en  décamper  si  vite,  pihon, 
Métrom.  I,  < L'heure  presse,  et  tous  ont  dé- 
campé, Comptant  se  retrouver  ici  pour  le  soupe,  IB. 
ib.  IV,  6. 

—  RF.M.  Décamper  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
auotr,  quand  il  exprime  l'action  :  les  troupes  ont 
décampé  à  la  hâte;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  il 
exprime  l'état  :  les  troupes  sont  décampées. 

—  HIST.  xvi's.  Remède  n'y  a  que  descamper  d'icy, 
BAB.  Pant.  v,  7.  Les  conjurateurs  scamperent  jour 
et  nuict, qui  par  la  Seine, qui  à  cheval,  qui  à  pied, 
pour  se  saulver,  carl.  ix,  25. 

—  ETYM.  W....  préfixe,  ei  camp. 

t  DÉCAN  (dé-kan),  ,?.  m.  Terme  d'astronomie. 
Nom  que  l'on  adonné  à  chaque  dizaine  de  degrés  ou 
au  tiers  de  chaque  signe  du  zodiaque. 

—  ETVM.  Latin,  decanus,  génie  qui  préside  à  dix 
degrés  du  zodiaque,  du  radical  dec,  qui  est  dans  de- 
cem,  dix. 

t  DÉCANAILLER  (dé-ca-nâ-Ué,  U  mouillées),  v. 
a.  Tirer  hors  de  la  canaille.  Ma  tante  et  lui  ont  éié 
irous.sés  [sont  morts]  en  moins  de  trois  semaines,  et 
j'hérite  de  tout  cela;  ne  suis-je  pas  bien  heureux? 
—  Oh  !  pour  cela  oui,  vousavez  été  décanaillé  en  bien 
peu  de  temps, DANCOLRT,ieil/oi/im  de  Javelle,  se.  22. 

—  ETYM   Dé....  préfixe,  et  canaille. 

t  DfiCANAL,  ALE  (dé-ka-nal,  ua-l'),  ad).  Qui  ap- 
partient au  doyen,  au  décanat.  Juridiction  déca- 
nale.  Districts  décanaux. 

—  ETYM.    Voy.  DÉCANAT. 

DÉCA.VAT  (dé-ka-na;  le  (  ne  se  lie  pas),  t.  m. 
Il  l"  Dignité  de  doyen  soit  dans  un  corps  ecclésias- 
tique, soit  dans  une  faculté  de  lettres,  de  droit,  de 
médecnie.  Dans  l'attente  du  aécanat  du  sacré  col- 
lège, BOSS.  L*n.  quiét.  8».  Il  fallait  être  à  Rome  à  la 


DEC 

mort  du  doyen  pour  recueillir  le  décanat  du  sacré 
collège,  ST-siM.  45,  18.  Il  2"  Exercice  des  fonctions 
de  doyen.  Pendant  son  décanat. 

—  KEM.  Au  xvir  s.  dnyenné  se  disait  plutôt  que 
décanat  pour  les  compagnies  ecclésiastiques,  à  l'ex- 
ception néanmoins  du  collège  des  cardinaux. 

—  ETYM.  Voy.  DOYEN. 

t  DÉCANDRE  (dé-kan-dr') ,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  a  dix  étamines. 

—  ETYM.  AÉxa,  dix,  et  àvfip,  mâle,  étamine. 

DÉCANDRIE  (dé-kan-drie),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  de  plusieurs  classes  du  système  de  Linné 
qui  renferment  les  plantes  dont  la  fleur  a  dix  éta- 
mines. 

—  ETYM.  Décandre. 

IDÉCANILLER  (dé-ka-ni-llé,  Il  mouillées),  v.  n. 
Terme  populaire.  S'en  aller  malgré  soi,  avec  quel- 
que rebuffade.  Il  a  eu  beau  dire,  on  l'a  fait  déca- 
niller. 

—  ÊTYM.  Décaniller  parait  être  le  même  que  dé- 
cheniller,  ôter  les  chenilles,  d'oi^i,  figurèment,  s'en 
aller  comme  une  chenille  que  l'on  ôte.  Le  fait  est 
qu'on  trouve  chanilles  pour  chenilles  dans  Journal 
de  Paris,  an  1446,  p.  200,  dans  lacurne,  au  mot 
chanille.  Il  y  a  aussi  un  verbe  populaire  caner,  dans 
le  sens  de  s'en  aller  (d'origine  d'ailleurs  inconnue), 
qui  a  pu,  par  dérivation,  donner  décaniller. 

\  DÉCANISER  (dé-ka-ri-zé),  v.  n.  Ancien  terme. 
Remplir  les  fonctions  de  doyen. 

—  ÉTYM.  Lat.  dfcanus,  doyen  (voy.  ce  mot). 

t  DÉCANONISER  (dé-ka-no-ni-zé),v.  a.  Rayer  du 
canon  des  saints. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  canon. 

t  DÉCANTAGE  (dé-kan-ta-j') ,  s.  m.  Action  de  dé- 
canter. 

DÉCANTATION  (dé-kan-ta-sion),  s.  f.  Opération 
par  laquelle,  après  avoir  laissé  déposer  une  liqueur, 
on  la  verse  doucement  en  penchant  le  vase  et  sépa- 
rant ainsi  la  partie  claire,  qui  est  au-dessus,  de 
celle  qui  s'est  précipitée. 

—  ÉTYM.  Décanter. 

DÉCANTÉ,  ÉE  (dé-kan-té,  tée),  part,  passé.  Une 
liqueur  décantée. 

DÉCANTER  (dé-kan-té),  v.  a.  Opérer  la  décanta- 
tion. On  décantera  la  partie  suspendue,  et  l'on 
étendra  la  partie  déposée  dans  la  nouvelle  eau,  dider. 
Peinture  en  cire,  Œuvres,  t.  xv,  p.  362,  dans 
LACURNE.  Il  Se  décanter,  v.  réft.  Être  décanté.  Cette 
liqueur  se  décante  ordinairement. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  canihus,  l'angle  d'une 
cruche;  espagn.  decantar;  ital.  decanlare. 

\  DÉCANTIIÈRE  (dé-kan-tê-r'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  dix  anthères. 

—  ÉTYM.  Aéxa,  dix,  et  anthère. 

\  DÉCAPAGE  (dé-ka-pa-j'),  s.m.  Opération  consis- 
tant dans  l'enlèvement,  au  moyen  d'un  dissolvant 
ordinairement  de  nature  acide,  des  impuretés  qui 
recouvrent  une  surface  métallique,  de  manière  à  la 
rendre  nette  et  brillante. 

—  ETYM.  Décaper. 

t  DÉCAPARTl,  lE  (dé-ka-par-ti,  tie)  ou  DÉCA- 
PARTITE  (dé-ka-par-ti-f) ,  adj.  Mot  hybride,  com- 
posé, du  grec  Séxa,  dix,  et  du  latin  partiiuî,  par- 
tagé,divisé.  Voy.  decemparti. 

DÉCAPÉ,  ÉE  (dé-ka-pé,  pée) ,  parf.  pass^  de  dé- 
caper 1.  Lame  de  fer  décapée. 

t  DEÇA  PELAGE  (dé-ka-pe-la-j')  ou  DÉCAPÈLE- 
MENT  (dé-ka-pè-le-man),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Action  de  décapeler. 

t  DÉCAPELER  (dé-ka-pe-lé.  Vl  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  décapelle;  je  dé- 
capellerai),  v.  a.  Terme  de  marine.  Ôier  de  la  tête 
d'un  mât  ou  du  bout  d'une  vergue  tous  les  cordages 
qu'on  y  avait  capelés. 

—  ÉTYM.  Capel  dit  pour  chapel  ou  chapeau. 

•(.DÉCAPER  (dé-ca-pé),  v.a.  ||  i°Pr;itlquer  l'opé- 
ration du  décapage.  1|  2°  ôier  la  superficie,  la  croûte 
de  quelque  chose.  Le  plus  souvent,  l'exploitation  du 
guano  a  lieu  à  ciel  ouvert,  après  avoir  déca[ié  le  gîle 
en  enlevant  la  croûte,  Acad.  des  se.  Comptes rtndus, 
t.  Li,  p.  845.  Il  Terme  de  ponts  et  chaussées.  Déca- 
per un  accosiement ,  mettre  de  niveau  avec  la 
chaussée  d'une  roule  les  contre-allées  qui  se  trouvent 
plus  hautes. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe, et  cape  ou  chape  :  ôter  la 
rouille  comparée  à  une  chape  qui  recouvre. 

2.  DEÇA  PEU  (dé-ka-pé),  t'.  n.  Terme  de  marine. 
Déliasser  les  caps  <|ui  s'avancent  le  plus  au  large; 
prendre  la  haute  mer.  Nous  avons  décapé. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  cap. 

f  DÉCAPÉTALEldé-ka-pé-ta-l'),  a-fj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  dix  pétales.  Corolle  décapétale. 

—  ÉTYM.  Aéxa,  dix,  et  pétale. 


DEC 


975 


t  DfiCAPEUR  (dé-ka-peur) ,  t.  m.  Ouvrier  qui  dé- 
cape les  métaux. 

—  ETYM.  Déraper  t . 

t  DÉCAPHYLLE  (dé-ka-fi-1'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  a  dix  feuilles  ou  dix  folioles. 

—  ÉTYM.  A:-x»,  dix,  et  çOUov,  feuille. 
DÉCAPITATION  (dé-ca-pi-la-sion;  en  poésie,  de 

six  syllabes),  ».  f.  Action  de  décapiter. 

— HIST.  xv's Bartolomieu,helis,Fuescorchiez; 

de  St  Andrieu  Usons  Qu'en  croix  mouru;  décapita- 
tions Fu  à  Jacques....  E.  desch.  Poéties  mss.  f°  1 24  , 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Décapiter. 

DÉCAPITÉ,  ÉE  (dé-ka-pi-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°A  qui  on  a  coupé  la  tête  après  condamnation. 
Le  roi  Charles  I" condamné  et  décapité.  ||  2° Par  ex- 
tension, dont  on  a  coupé  la  tète.  Tous  les  limaçons 
décapités  no  produisent  pas  des  opercules;  mais  le 
nombre  de  ceux  dont  la  coquille  reste  ouverte  est 
pour  l'ordinaire  fort  petit,  bonnet,  <"mém.  Heprad. 
limaçons.  \\  3°  Fig.  et  néologisme.  Privé  de  ce  qui 
formé  la  tête,  le  chef.  La  république  décapitée  de 
ses  plus  habiles  et  de  ses  plus  vertueux  citoyens. 

DÉCAPITER  (dé-ca-pi-lé),  v.  a.  Hl"  Terme  de  ju- 
risprudence criminelle.  Trancher  la  tête  à  un  con- 
damné. Courage,  ma  fille  [Clothon,  la  parque],  pends 
les  uns,  décapite  les  autres,  pour  leur  apprendre 
qu'ils  sont  hommes,  et  ne  les  élève  que  pour  les 
précipiter  de  plus  haut,  d'ablancoi  HT, /.MCtcn,  Coron. 
On  bandait  les  yeux  de  ceux  qu'on  décapitait  pour 
crimes  de  trahison  envers  le  roi  et  l'État....  ceux 
qu'on  ne  décapitait  point  pour  crimes  de  trahison, 
étaient  les  maîtres  d'avoir  ou  de  n'avoir  pas  les  yeux 
bandés,  saint-foix.  Est.  hist.  Paris,  Œuvres,  t.  iv, 
p.  217,  dans  pouGENS.  Combien  de  gouverneurs  son 
maître  avait  fait  décapiter,  depuis  qu'il  avait  intro- 
duit sa  domination  dans  les  Indes,  baynal,  Hist. 
phil.  II,  6.  Il  Fig.  Dans  la  guerre  que  le  despotisme 
fait  aux  supériorités  sociales,  il  ne  recule  pas  plus 
que  la  démagogie  devant  les  attentats  qui  décapitent 
la  société  même,  v.  iiugo,  cité  dans  le  Dict.  de 
POITEVIN.  112"  ôter  la  tête,  le  bout  supérieur  de 
qdelque  chose.  Les  rivets  [dans  les  chemins  de  fer] 
sont  soumis  à  des  efforts  de  cisaillement  qui  en  dé- 
capitent un  grand  nombre  qu'il  faut  remplacer  au 
fur  et  à  mesure.  Presse  scientifique,  <86i,  t.  m, 
p.  232. 

—  HIST.  XIV*  S.  Premièrement  batuz  de  verge  et 
puis  descapitez,  bercheuue,  f''e9,  recto.  |jxv'  s.  Et 
tantost  feurent  interroguez,  et  confessèrent  le  cas, 
et  feurent  décapitez,  ainsi  que  raison  vouloit,  lu- 
VÉNAL  DES  URSiNS,  Charles  VI,  1404.  Et  fit  décapiter 
un  sien  secrétaire,  comm.  vu,  2.  ||xvi's.  Nostre 
justice  ne  peult  espérer  que  celuy  que  la  crainte  de 
mourir  et  d'estre  décapité  ou  pendu  ne  gardera  de 
faillir,  en  soit  empesché  par  l'imagination  d'un  feu 
languissant  ou  des  tenailles  ou  de  la  roue,  mont. 
III,  (20.  Pour  toute  aullre  chose  [dans  une  armée 
turque]  tant  legiere  soit  elle,  non  nécessaire  à  la 
nourriture,  on  les  empale  ou  décapite  sans  déport, 

ID.  IV,    200. 

—  ETYM.  W.... préfixe, et  le  latin  caput,  capitit, 
tête;  provenç.  descapitar,  decapitar;  ital.  decapi- 
tare.  • 

■fDÉCAPODE  (dé-ka-po-d*),  s.  m.  Terme  de  zoolo- 
gie. Premier  ordre  des  crustacés,  caractérisé  par 
cinq  paires  de  pattes  (écrevisses,  homards,  crabes). 

—  ÉTYM.  AÉ-<a,  dix,  et  itoO;,  7to5o;,  pied. 

f  DÊCAPOLE(dé-ka-po-r),s.  (.  Terme  d'antiquité. 
Contrée  où  il  y  a  dix  villes  principales,  nom  d'une 
partie  de  la  Judée. 

—  ÉTYM.  Aexâitoî.ii;,  de  8Éxa,  dix,  etitô/i;,  ville, 
t  DÉCAPTÉKVGIEN,   lENNE  (dé-ka-pté-ri-jiin, 

jiè-n'),  adj.  Terme  de  zoologie.  Qui  a  dix  nageoires. 

—  ÉTYM.  Aéxa,  dix,  et  TtTépyJ,  iiT£puTf°«i  "^" 
geoire. 

t  DÉCAPTIVER  (dé-ka-pti-vé),  v.  a.  Mettre  en 
liberté. 

—  HIST.  xvi's.  Mais  toy,  seigneur,  de  qui  le  bras 
puissant  Decaptiva  ton  peuple  languissant,  dubell. 
OEuvres,  f"2l4,  dans  laci  rne. 

—  ETYM.  Dé...  préfixe,  et  captif. 

\  DÉCAPUCIION.NER  (dé-ka-pu-cho-né),  v.  a. 
Enlever  le  capuchon. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  capuchon. 

]  DÉCAUBONATÉ.ÉE  (dé-kar-bo-n.i-té,  tée),  part, 
passé.  Qui  a  penlu  l'aciile  carbonique  de  combinai- 
son. Clianx  décarlioiialée. 

t  DÉCAKB( i.V ATKR  (ilé-kar-bo-na-té) .  v.  a.  Terme 
de  chimie.  Retirer  l'acide  carbonique  de  combinai- 
son. Il  Se  décarbonaler,  v.  réft.  Devenir  décarbo» 
naté. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  tt  carbonate. 


976 


DEC 


t  DÈCARBOMSER  (dé  Sar-bo-ni-zé),  V.  a.  Terme 
lie  cm  mie.  ôler  d'une  substance  le  carbone  qu'elle 
contient. 

—  ETYM.  /)(!....  pri^flxe,  et  carbone. 

t  DÊCARBURATION  (dékar-bii-ra-sion),  i.  f. 
Terme  de  chimie.  Destriiclion  de  l'état  de  carbura- 
lion  d'une  suhstnnce.  La  décarbnration  de  la  fonte 
de  fer  se  fait  par  une  opération  appelée  le  mazéage. 

—  Ktym.  Ix'enTbKm. 

t  DCCAItm'HER  (dé-kar-bu-ré),  v.a.  Terme  de 
chimie.  Kiduver  le  carbone  mêlé  à  d'autres  su b.slances. 
Il  Séparer  \a  carbone  de  la  fonle  par  l'affinage.  ||  ôler 
à  l'acier  une  partie  de  son  carbone  sous  une  haute 
température.  ||  Se  décarburer,  V.  réfl.  L'acier  se  dé- 
carbure,  c'est-à-dire  |ierd  une  partie  de  son  carbone, 
quand  on  l'expose  à  une  haute  température. 

—  Ktym.  Dé.....  préfixe,  et  carbure. 

t  DECAnilIN'Al.lSEn  (dé  kar-di-na-li-zé) ,  V.  a. 
Rayer  de  la  liste  des  caritinaux. 

—  f.TVM.  Dé....  préfixe,  ei  cardinal. 

+  DfXAItR.MER  (SE)  (dé-ka-ré-mé),  r.  réfl.  Se 
dédommaj-'er  par  un  boa  repas  de  l'abstinence  du 
carême,  ou,  en  général,  d'une  abstinence  quel- 
coni)ue. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  carême. 

t  lifICAItItELAGE  (dé-ka-re-la-j'),  *.  m.  Action 
de  (lécarreler. 

«ECARRELfi,  ÉE  (dé-ka-re-Ié,  lée),  ■pari,  passé. 
Un  corrulor  décarrelé. 

DfXARRELER  (ilé-ka-re-lé.  VI  se  double,  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muelte  :  je  décarrelle:  jo  dé- 
carreller.iil,  t).  a.  ôler  les  caneaux  qui  recouvrent 
le  sol  d'une  cliambre,  d'un  corridor. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  carrel  ou  carreau. 
fm-XAUVER  (dé-kar-vé),  v.  a.  Terme  de  marine. 

Croiser  les  écarts,  pour  fortifier  la  jonction  de  deux 
pièces  de  bois. 

•fDECASER  (dé-ka-zé),  b.  a.  Déranger  un  papier, 
une  piîce,  de  la  case  où  ils  étaient.  Papiers  déoasés. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  case. 

t  DÉCASPERME  (dé-ka-spèr-m').  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  renferme  dix  semences. 

. —  Etym.  Afxsc,  dix,  et  OTtépud,  graine. 

t  DÊCASTER  (dé-ka-sié),  v.  a.  Néologisme.  Faire 
sortird'une  ca-^te, d'une  classe  sociale.!! Se décaster, 
V.  rffl.  Sortir  de  la  ca^^ie,  de  la  classe  où  l'on  était. 

—  ETYM.  Dé...,  préfixe,  et  caste. 

\  KP.CASTERE  (dé-ka-stè-r'),  s.  m.  Mesure  de  la 
valeur  de  dix  stères. 

—  ETYM.  Déca,  et  stère. 

BÉCASTYI.E  (dé-ka-sti-n,  s.  m.  Terme  d'arcbi- 
tecluie.  Edifice  à  dix  colonnes  de  face. 

—  ETYM.  AsviàfftuÀo;,  de  8Éxa,  dix,  et  <jtO).o;, 
colonne. 

DÉCASYLLABE  (dé-ka-sil-la-b').  ||  1°  Adj.  Qui  a 
dix  syllabes.  Tbesauroclirysonicocrisides  de  Plante 
est  un  mot  décasyllabe.  ||  Vers  décasyllabe,  celui 
qui  a  dix  syllabes.  ||  2"  S.  m.  Vers  de  dix  syllabes. 
Les  anciennes  gestes  sont  écrites  en  décasyllabes. 

—  ETYM.  Aey.a,  dix,  ei  syllabe. 

t  UP.CASYLLABIQUE  (dé-ka-sil-la-bi-k'),  adj.  Qui 
ust  de  dix  syllabes. 

—  ETYM.  Décasyllabe. 

DÉCATI,  lE  (dé-ka-ti,  tie),  par(.  passé.  Du  drap 
décati. 

DÉCATIR  (dé-ka-tir) ,  V.  a.  ôter  le  cati ,  l'apprêt 
que  le  fabricant  a  donné  à  une  élofle  de  laine.  ||  Sé- 
parer les  brins  d'un  écheveau  collés  ensemble. 
Il  Terme  de  chapellerie.  Démêler  le  poil  d'une  peau. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  catir. 
DÉCATISSAGE   (déka-ti-sa-j'),  s.  m.  Action  de 

décatir;  résultat  de  cette  action. 

—  ETYM.  Décatir. 

DÉCATISSEUR  (dé-ka-ti-seur) ,  s.  m.  Celui  qui  fait 
le  décalissage. 

—  ETYM.  Décatir. 

t  DÉCA  TOME  (dé-ka-to-m') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  est  partagé  en  dix  parties. 

—  ETYM.  Aéxa,  dix,  et  TO|jtiri,  section. 
DÉCAVÉ,  ÉE  (dé-ka-vé,  vée),  part,  passé.  Un 

joueur  décavé. 

DÉCAVER  (dé-ka-vé),  0.  a.  Terme  de  jeu.  Gagner 
toute  la  cave  d'un  joueur,  tout  l'argent  qu'il  a  devant 
lui.  Il  m'a  décavé  en  deux  coups.  ||  Se  décaver,  v. 
réfl.  Perdre  sa  cave. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  etcace,  terme  de  jeu. 
DÉCÉDÉ.  ÉE  (ilé-cé-dé,  dée),  part,  passé.  Mort 

de  mort  naturelle.  Un  homme  décédé.  ||  Substanti- 
vement. Ces  basili'jues  toutes  moussues,  remplies 
des  générations  des  ilécédés,cHArEAi'ii.  Gén.  ni,  i,  8. 
DÉCÉDER  (dé-sé-dé.  La  syllabe  ce  prend  un  ac- 
cent grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  il 
décède,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel,  où  sans 


DEC 

raison  suffisante  on  écrit  :  décédera, décéderait), e.n. 
Mourir  de  mort  naturelle,  en  parlantdcs  personnes. 
Cet  homme  est  décéilé.  Honore  la  mémoire  des  gens 
de  bien  qui  sont  décédés,  fl£ch.  iam. 

—  REM.  Il  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  être. 

—  HfST.  XVI'  s.  Le  seigneur  reserve  à  salut  d'au- 
cuns les((uels  dece<lent  petis  enfans  de  ce  monde, 
CALVIN,  Ituitit.  )07»-<080.  41  y  eu  a  de  ceux  qui  dé- 
cèdent petits  enfans,  qui  .sont  héritiers  du  royaume 
de  Dieu,  m.  i6.  )08&.  Il  deceda  si  pauvre,  que  l'on  ne 
trouva  pas  chez  luidequoy  le  faire  inhumer,  ahyot, 
Arist   e«. 

—  ETYM.  Latin,  decedere,  mourir,  proprement, 
s'en  aller,  de  de,  et  cedere,  aller  (voy.  céueb). 

t  DÉCEINDRË  (dé-sin-dr') ,  v.  a.  Défaire  ce  qui 
est  ceint.  Déceindre  son  épée. 

—  HtST.  XII*  s.  Là  le  désarment  li  baron  qui  l'ont 
chier;  Ils  lui  deslacent  son  vertelme  à  or  mier(purl  ; 
Puis  li  desçaignent  son  bon  branc  qu'est  d'acier,/!. de 
Cambrai,  ei.  \\  xiii*  s.  S'en  i  ot  de  teles  [dames]  as- 
sez,  Oui  orent  estrains  les  costés  De  çai ntures  ;  s'en  i  ot 
maintes  Oui  por  le  chant  erent  [étaient]  desçaintes. 
Lai  du  Irnl.  ||  xv  s.  lit  avoit  la  cuyrasse  suub/,  une 
robe  desceinte,  comm.  m,  n.  ||  xvi' s.  Adonc  Dren- 
nus  deceignit  son  es|iée,  et  la  mit,  ceinture  et  tout, 
dans  la  balance,  amyot,  Cam.  49. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ceindre. 

DÉCELÉ,  ÉE  (dé-se-lé,  lée).  part,  passé.  Cet 
homme  décelé  par  son  complice.  Son  dessein  impru- 
demment décrié. 

DÉCÈLEMENT  (dé-sè-Ie-man) ,  s.  m.  Action  de 
déceler. 

—  HlST.  xvi's.  I.a  cause  de  ce  decelement  [de  cer- 
tains mystères  aux  païens],  c.  du  perhon,  dans  le 
Dict.  de  nociiEZ. 

—  ÉTYM.  Déceler. 

DÉCELER  (dé-se-lé.  La  syllabe  ce  prend  un  accent 
grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette:  je  dé- 
cèle, je  décèlerai),  v.  a.  ||1°  Découvrir  la  personne 
ou  la  chose  qui  était  celée,  cachée.  Ils  confessent 
leur  crime  et  n'osent  déceler  le  sien,  vaugel.  Q  C. 
liv.  VI,  ch.  «.  Mes  frères,  leur  dit-il  [le  cerf  aux 
bnpufs],  ne  me  décelez  pas;  Je  vous  enseignerai  les 
pfllis  les  plus  gras,  la  font.  Fabt.  iv,  2i.  Us  pro- 
mirent abolition  de  tout  crime  à  celui  qui  aurait  dé- 
celé un  prêtre,  maucroix,  ScAi'.çme  d'Angleterre  , 
liv.  m,  dans  richelet.  Heureux  si  je  pouvais,  avant 
que  m'immoler.  Percer  le  traître  cœur  qui  m'a  pu 
déceler,  bac!  Ùithr.  iv,  2 Ciell  si  quelque  in- 
fidèle. Écoulant  nos  discours,  nous  allait  déceler! 
ID.  Esth.  li,  9.  Je  me  suis  douté  de  quelque  chose  et 
je  suis....  ne  me  décelez  pas  au  moins,  bhuevs,  l'Im- 
pnst.  II,  40.  Il  2°  Faire  connaître,  être  l'indice  de. 
Sa  colère  me  plaît  et  décèle  une  amante,  A.  chén. 
t39.  Oui,  son  œil  le  décèle;  C'est  lui-même;  sans 
doute  il  médite  un  libelle,  gilb.  Apolog.  Jusqu'ici 
la  comète  d'Encke  était  le  seul  astre  dont  les  mouve- 
ments bien  connus  décelassent  dans  le  ciel  une  in- 
fluence autre  que  celle  de  l'attraction  newtonienne, 
FAYE,  Comptes  rendus,  Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  370. 
Il  3°  Se  déceler,  v.  réfl.  Se  faire  connaître,  se  tra- 
hir. Il  se  décela  par  une  parole  imprudente.  Son  élo- 
quence était  déjà  formée  et  .=ie  décelait  par  mille 
traits,  MAiBAN,  Éloges,  Polignac.  11  est  temps  qu'à 
ses  yeux  ma  flamme  se  décèle,  delav.  Vêpres  Sicil. 
I,  2.  Il  Se  ilénoncer  l'un  l'autre.  Si  l'on  partage  la  vie 
des  partisans  en  deux  portions  égales,  la  première, 
vive  et  agissante,  est  tout  occupée  à  affliger  le  peu- 
ple; et  la  seconde,  voisine  de  la  mort,  à  se  déceler 
et  à  se  ruiner  les  uns  les  autres,  la  bruy.  vi.  ||  Terme 
de  vénerie.  Un  cerf  se  décèle,  quand  il  quitte  le 
buisson  où  il  s'était  retiré  pour  refaire  sa  tête. 

^  HEM.  L'Académie,  qui  écrit  celer  el  déceler, 
avec  un  e  muet,  écrit  cependant  receler  avec  un  é 
accentué. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  secret  que  j'ay  juré  ne  déceler 
à  nul  autre,  mont  i,  2I7  Alcibiades,  les cognoissant 
très  bien  par  leur  nom,  les  décela  à  ceulx  qui  te- 
noient  le  party  des  Syracusains,  amyot.  Aie.  40.  Ils 
avoient  grande  peur  que  leurs  armes  reluisantes  aux 
rayons  delà  lune,  ne  les  décelassent,  ID.  Aratus,  24. 

—  ÉTYM.  De  ...  préfixe,  et  eeler;  provenç.  desce- 
lar;  catal.  decelar. 

t  DÊCELEUR  (dé-se-Ieur),  î.  m.  Celui  qui  décèle. 

—  HIST.  Le  prix  d'argent  p.omis  au  deceleur, 

AMYOT,   Aie.  36. 

—  ETYM.  Déceler. 

DÉCEMBRE  (dé-san-br"),  s.  m.  Le  douzième  el 
dernier  mois  de  noire  année.  Quand  on  est  une  fois 
rangé  à  la  campagne,  les  mois  de  novembre  et  de 
décembre  n'y  sont  point  difficiles    à  passer,  sév. 

7  déc.  tOHV Compare  prix  pour  prix  Les  élrennes 

d'un  juge  à  celles  d'un  marquis;  Attends  que  nous 


Dï:c 

soyons  à  la  fin  de  décembre,  rac.  l'iaid.  i,  4. 
Il  Poétiquement ,  les  années.  Le  centième  décembre 
a  les  plaines  ternies.  Et  le  centième  avril  les  a 
peintes  de  fleurs.  Depuis  que  parmi  nous  leurs 
bruwles  manies  Ne  causent  que  des  pleurs,  iCAin. 
II,  12.  Il  Poétiquement  encore,  la  mauvaise  saison. 
Mais  qui  fait  enfler  la  Sambre,  Sous  les  Gémeaux 
efl'rayés?  Des  froids  torrents  (Je  décembre  Les 
champs  partout  sont  noyés,  boil.  Ode  sur  la  prise 
de  .\amur  (Cette  prise  eut  lieu  en  juin  comme 
l'expriment  les  Gémeaux.  Décembre  indique  ici  les 
grandes  pluies  qui  tombèrent  alors). 

—  ÉTYM.  bourguig.  décambe;  du  latin  december, 
ainsi  dit  de  decem,  dix,  parce  que,  dans  l'ancienne 
année  latine,  qui ,  commençant  au  mois  de  mars, 
n'avait  que  dix  mois,  décembre  était  k  dixième  et 
dernier. 

t  DÉCEMDENTÊ,  ÉE  (dé-sèm'-dan-té,  tée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Oui  est  terminé  par  dix  dents. 

—  ETYM.  Lat.  decem,  dix,  et  dent. 

t  DÉCE.MF1DE  (ilé-sèm'-fi-d"),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  est  découpé  en  dix  parties. 

—  Etym.  Lat.  di-cem.  d  x,  et  findere,  fendre. 

t  DÉCEMLOCULAIRE  (dé  sèm  -lo-ku-lé-r'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  est  divisé  en  dix  loges. 

—  Etym.  lat.  decem.  dix,  el  loculns,  loge. 

DÉCE.MMENT  (dé-sa-nian),  actt.||l°  D'une  ma- 
nière décente.  11  est  vêtu  décemment.  11  fut  décem- 
ment enterré.  |{  D'une  manière  morale.  Elle  [une 
actrice]  est  votre  voisine,  elle  est  sage,  elle  vit  dé- 
cemment avec  sa  mère  et  avec  sa  sœur,  marmont. 
Hém.  IV.  Il  2°  Convenablement.  Décemment,  nous 
ne  pouvons  pas  nous  dispenser  de  lui  faire  visite. 

—  HIST.  XVI' s.  Combien  leurs  classes  seroieiit  plus 
décemment  jonchées  de  Heurs  que  de  tronçons  d'o- 
sier sanglants,  mont.  I,  (83,  Platon  me  semble  avoir 
aimé  celte  forme  de  philosophie  par  dialogues,  à 
escient,  pour  loger  plus  décemment  en  diverses 
bouches  la  diversité  et  variation  de  ses  propres  fan- 
taisies, ID.  Il,  240.  L'apostre  enseigne  que  toute» 
choses  se  doivent  faire  decentement  et  par  ordre 
entre  nous  [régulièrement],  calv.  Instit.  297. 

—  Etym.  Décente,  et  le  suffixe  ment.  Décintement 
est  un  ellort  de  la  langue  du  xvi*  siècle  pour  con- 
former la  nouvelle  syntaxe  des  adjectifs  en  ent  à 
l'ancienne  syntaxe  des  adverbes. 

t  DÉCEMNOVAL  (dé-s.Jm'-no-val),  adj.  m.  Terme 
de  chronologie.  Cycle  décemnoval,  cycle  lunaire  de 
dix-neuf  ans. 

—  ETYM.  Lat.  decem,  dix,  etnorem,  neuf. 

t  DÊCE.MPARTl,  lE  idé-sèm'-par-ti,  tie),  adj. 
Terme  de  buLinique.  Qui  est  divisé,  jusqu'à  la  base, 
en  dix  parties.  Calice  décemparli. 

—  ETYM.  Lat.  decem,  dix,  et  partilus,  divisé 
(voy.  partir). 

t  DÉCE.'UPEDE  (dé-sèm'-pè-d'),  odj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  dix  pattes. 

—  ÉTYM.  Lat.  decem,  dix,  et  pes,  pedit,  pied, 

t  DÉCEMPONCTUÉ,  ÉE  (dé-sèm'-ponktu-é,  ée), 
adj.  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est  marqué  de 
dix  points. 

—  ETYM.  Lat.  decem,  dix,  et  ponctué. 
DÉCEMVIR  (dé-sèm'-vir),  s.  m.  Terme  d'histoire 

romaine.  Nom  de  magistrats  chargés,  l'an  304  de 
Home,  de  rédiger  un  code  de  lois,  dit  lois  des  douze 
tables.  Il  Magistrat  chargé  d'administrer  la  justice 
en  l'absence  du  préteur.  ||  Membre  de  toute  espèce 
de  commission  composée  de  dix  personnes  nommés 
légalement. 

—  ETYM.  Lat.  deccmitr,  de  decem,  dix,  et  vir, 
homme. 

DÉCE.MVIRAL,  ALE  (dé-sèm'-vi-ral,  ra-l'),  ad}. 
Qui  appartient  aux  décemvirs.  Les  pouvoirs  décem- 
viraux.  lx)is  décemvirale?. 

—  ÉTYM.  Lat.  decemviralis .  de  decemrir. 
DÉCEMVIRAT  (dé-sem'-vj-ra  :  le  t  ne  se  lie  pas), 

s.  m.  Office  de  décemvir.  ||  Durée  du  déceravirat.  On 
lui  continua  le  décemvirat. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ceux  qui  avoient  requis  le  décem- 
virat, BERCIIELRB,  f"  64,  reclO. 

—  ETYM.  Ut.  decemviralus,  de  décemvir. 
DÉCENCE  (dé-san-s'),  s.  f.l\  i'  Honnêteté  qu'on  doit 

garder  dans  les  actions,  les  discours,  les  habits,  la 
contenance ,  etc.  et  dont  la  règle  est  prise  non- 
seulement  des  préceptes  de  la  morale,  mais  encoro 
de  l'Age,  de  la  condition,  du  caractère  dont  on  est, 
du  temps  et  du  lieu  où  l'on  se  trouve,  des  person- 
nes avec  le.squelles  on  vit.  La  décence,  dont  on  fut 
redevable  principalement  aux  femmes  qui  rassem 
blèrent  la  société  chez  elles,  rendit  les  esprits  plus 
agréables,  et  la  lecture  les  rendit  à  la  longue  plu» 
solides.  VOLT.  Louis  llf,  29.  |l  Décence  oratoire, 
accord  de  la  contenance,  des  gestes  et  de  la  voix  <le 


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977 


l'orateur  nvec  la  nature  de  son  discours,  dans  le 
genre  tempéré.  ||  2"  Honnêteté  dans  le  langage,  les 
manières,  en  ce  qui  concerne  la  pudeur.  Il  a  une 
grande  décence  dans  ses  expressions  et  dans  son 
extérieur.  ||  3°  Façon  convenable.  Il  voulait  que  tous 
les  curés  eussent  un  nombre  de  quarante  écus  suf- 
fisant pour  les  faire  vivre  avec  décence,  volt. 
e Homme  aux  40  écus,  Impôts  payés  à  l'étranger. 

—  SYN.     DÉCENCE,    BIENSÉANCE,    CONVENANCE.    La 

décence  désigne  ce  qui  est  honorable  ;  la  bienséance, 
ce  qui  sied  bien  ;  la  convenance,  ce  qui  convient. 
Quand  on  pi'-che  contre  la  décence,  on  commet  une 
action  qui  mérite  un  blâme  moral;  quand  on  pèche 
contre  la  bie/iséance  ou  la  convenance,  on  commet 
une  action  qui  mérite  un  blftme  moins  grave  et  qui- 
ne  porte  pas  sur  la  moralité.  La  distinction  entre  la 
bienséance  et  la  convenance  est  plus  subtile  ;  pour- 
tant elle  est  indiquée  par  l'étymologie.  Bienséance 
dit  plus  que  convenance;  s'il  est  bienséant  de  faire 
une  chose,  cela  implique  qu'il  est  convenable  de  la 
faire;  mais  s'il  est  convenable  de  faire  une  chose, 
cela  n'implique  pas  qu'elle  soit  bienséante;  il  y  a 
dans  bienséant  le  mot  bien  qui  n'est  pas  dans  conve- 
nable. Les  convenances  n'exigent  pas  tout  ce  qu'exi- 
gent les  bienséances.  Une  femme  est  habillée  avec 
dééence  quand  elle  l'est  sans  immoaestie;  avec  bien- 
séance, lorsqu'elle  l'est  comme  l'exige  la  circonstance 
oil  elle  doit  figurer;  avec  convenance,  lorsqu'il  n'y 
a  rien  qui  choque  dans  son  habillement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Je  me  contente  de  gémir  sans 
brailler,  non  pourtant  que  je  me  mette  en  peine 
pour  maintenir  cette  décence  extérieure,  mont,  dans 
le  Dict.  de  DOcnEZ.  Utile  décence,  si  elle  pouvait 
interdire  à  Dieu  la  descouverte  de  nos  vices,  mont. 

m,   374. 

—  ÉTYM.  Décent. 

t  DÊCENNAIRE  (dé-sè-nnè-r') ,  adj.  Qui  procède 
par  dix.  Arithmétique  décennaire. 

—  ÉTYM.  Dérivation  irrégulière  du  latin  decem, 
dix,  et  mauvais  mot  qu'on  ne  doit  pas  employer. 
C'est  décimal  qui  est  seul  bon  et  usité. 

DÉCENNAL,  ALE  (dé-sè-nnal,  nna-1'),  adj. 
Il  1°  Qui  dure  dix  ans.  1|  Terme  de  droit.  Prescrip- 
tion décennale,  prescription  qui  se  fait  par  dix  ans. 
Ij  2°  Qui  revient  tous  les  dix  ans.  Jeu  décennal.  Prix 
décennaux.  Les  empereurs  romains  instituèrent  des 
fêtes  nommées  décennales  pour  célébrer  chaque 
dixième  année  de  leur  règne  par  des  jeux,  des  sa- 
crifices et  des  libéralités  publiques. 

—  ETYM.  Lat.  decennalis,  de  decem,  dii,  et  an- 
nus,  année. 

DÉCENT,  ENTE  (dé-san,  san-t'),  adj.  ||  I»  Qui  est 
conforme  à  la  décence.  Costume  décent.  Mise  dé- 
cente. Ce  n'est  point  assez  que  les  mœurs  du  théâ- 
tre ne  soient  point  mauvaises,  il  faut  encore  qu'elles 
soient  décentes  et  instructives,  la  bruy.  i.  Soyez 
décents,  parce  que  vous  n'êtes  point  des  animaux 
et  que  vous  vivez  dans  les  villes  et  non  dan^  le  fond 
des  forêts,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  Épicuréisme. 
Il  2°  Qui  est  conforme  à  une  réserve  pudique.  Pro- 
pos décent.  Conduite  décente.  Des  manières  décentes. 
Mais  les  douces  vertus  et  les  grâces  décentes  N'in- 
spirent aux  cœurs  purs  que  des  flammes  constantes, 
A.  CHÉN.  Élég.  30.  Il  S.  m.  Le  décent,  ce  qui  est  dé- 
cent. La  différence  du  décent  et  de  l'indécent,  c'est 
la  différence  d'une  femme  qu'on  voit  et  d'une  femme 
qui  se  montre,  Diderot,  Salon  de  t767,  (jMvres, 
t.  xiv ,  p.  <9*,  dans  pouoens. 

—  HlST.  xvi'  3.  La  raison  humaine  plaideroit  vo- 
lontiers contre  Dieu,  comme  si  bastir  le  monde  de 
jour  à  autre  ne  fust  pas  chose  décente  à  sa  puis- 
sance, CALV.  Instit,  (02.  Si  je  me  plains,  ma  raison 
est  descente,  Tant  qu'il  suffit,  J.  marot,  p.  24B, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  decens,  de  decere,  convenir. 

tDÉCENTOlR  (dé-san-toir),  S.  m.  Outil  de  carre- 
leur pour  préparer  l'aire  destinée  à  recevoir  les 
carreaux. 

t  DÉCENTRA  LIS  A  BLE  (dé-san-tra-li-za-bl') ,  adj. 
Néologisme.  Qui  peut,  qui  doit  être  décentralisé. 

t  bÉCËNTRALISATlON  (dé-san-tra-li-za-sion) , 
I.  f.  Néologisme.  Action  de  détruire  la  centralisation. 
La  décentralisation  des  pouvoirs,  des  affaires.  ||  État 
de  choses  opposé  à  la  centralisation. 

—  ÊTYM.  Décentraliser. 

t  DÉCENTRALISER  (dé-san-tra-li-zé) ,  V.  a.  Néo- 
logisme. Opérer  la  décentralisation.  Décentraliser 
Tailministration.  ||  Se  décentraliser,  v.rt/!.  Cesser 
d'être  centralisé. 

—  Rtym.  Z>rf.....préfixe,  et  centraliser. 

t  DÉCENTRATION  (dé-san-tra-sion) ,  .5.  f.  Terme 
d'arts.  Action  de  décentrer.  |1  Terme  d'optique.  Ac- 
tion, état  par  lequel  les  centres  de  lentilles  ne  con- 

DtCT.   DE   LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


courent  pas.  On  produit  aisément  cet  effet  [de 
présenter  aux  deux  yeux  les  rayons  sous  une  conver- 
gence déterminée]  parladécentration  des  oculaires, 
c'est-à-dire  dans  le  cas  d'oculaires  concaves,  en 
rapprochant  l'un  de  l'autre  les  centres  de  ces  oculai- 
res sur  la  ligne  qui  les  unit,  giraud-teulon.  Comptes 
rendus,  Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  23. 

—  ETYM.  Décentrer. 
\  DÉCENTRER  (dé-san-tré)  ,v.a.\\i°  Terme  d'arts. 

Déplacer  parallèlement  les  deux  bouts  d'un  tube, 
après  qu'il  a  été  ramolli  vers  son  milieu.  ||  2°  Terme 
d'optique.  Opérer,  produire  la  décentration.  ||  Se 
décentrer,  u.  réfl.  Être  décentré.  Dès  que  l'objet 
est  rapproché  ou  le  sujet  myope,  il  survient  entre 
l'accommodation  et  la  convergence  dissociation 
d'harmonie....  il  faut  que  les  cristallins  se  décen- 
trent par  un  effort  spontané,  giraud-teulon,  Compfej 
rendus,  Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  23. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  centre. 
t  DÉCEPTEUR  (dé-sè-pteur) ,  s.  m.  Celui  qui  dé- 
çoit. 

—  HIST.  xiii'  s.  Si  sachiés  que  cis  [ceux-là]  font 
boneuevre,  Qui  les  deceveors  déçoivent,  la  Rose, lis  t. 

—  ÉTYM.  Lat.  deceplum,  supin  de  dccipere, trom- 
per (voy.  décevoir). 

j  DÉCEPTIF,  IVE  (dé-sè-ptif,  pti-v'),  adj.  Qui 
est  propre  à  décevoir.  Éloquence  déceptive.  Moyens 
déceptil's.  Ce  présent  déceptif  [d'une  robe  empoi- 
sonnée] a  bu  toute  leur  force  [des  poisons].  Et, 
bien  mieux  que  mon  bras,  vengera  mon  divorce, 
CORN,  ilédée,  iv,  2. 

—  HIST.  XV'  s.  Nostre  dit  cousin  de  Bourgogne  a 
pris  son  chemin  par  voies  deceptives  et  frauduleuses, 
monstrel.  i,  <22.  ||xvi's.  Avecqucs  leurs  paroles 
deceptives  et  pleines  de  vent,  les  flateurs  enflent  une 
ame  ainsi  qu'un  ballon,  langue,  330.  Mais  pas  ne 
suis  assez  vindicatif  Pour  un  tel  cueur  si  faux  et  dé- 
ceptif, MAROT,  I,  360. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deceptiu,  du  latin  deceptivus, 
de  decipere  {\oy .  décevoir). 

DÉCEPTION  (dé-sè-psion;  en  poésie,  de  quatre 
syllabes),  s.  /'.||  l'Action  de  décevoir,  tromperie. 
Il  s'indignade  tant  de  déceptions.  {|  2°  Erreur,  fausse 
attente.  Il  a  éprouvé  de  grandes  déceptions. 

—  HIST.  XIII*  s.  Par  foi  ci  ne  sai-je  respondre,  Fors 
tant  que  tel  déception  Vient  de  la  foie  vision  Des  iex 
qui  parées  les  voient,  la  Rose,  8960.  ||  xiv  s.  Telles 
gens  sont  larrons  à  Dieu,  qui  quierent  leurs  vies  par 
telles  malices  et  déceptions,  Modus,  f'LXVii.  Et  ainsi 
est  déception,  car  ils  déçoivent  les  gens,  et  font 
faulx  seremens,  tténagier,  i,  3.  ||  xV  s.  Force  m'est 
que  si  je  veux  parvenir  à  mes  fins,  que  par  cautelle 
et  déception  je  la  gagne,  louis  xi,  Nouv.  xcv. 
Il  xvi's.  Au  lieu  desquels  entrèrent  flaterie,  Décep- 
tion, trahison,  menterie,  marot,  iv,  18. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deceptio;  anc.  espagn.  decep- 
cion;  du  latin  deceptionem,  de  decipere  (voy.  déce- 
voir). 

t  DÊCEPTIVEMENT  (dé-sè-pti- ve-man),  adt;. 
D'une  manière  déceptive,  frauduleuse. 

—  ÉTYM.  Déceptive,  et  le  suffixe  ment. 
f  DÉCERCLER  (dé-sèr-klé),  v.  a.  Ôter  les  cercles. 

—  HIST.  xiii'  s.  Et  le  clavain  del  helme  desrompre 
et  decercler,  Ch.  d'Antioche,  iv,  643.  Maint  hiaume 
i  avoit  desserclé.  Et  maint  chevalier  abattu,  la  Rose, 
H  94.  Il  xvr  s.  J'approche  et  la  découpe  [la  bête] ,  et 
comme  je  m'arreste  X  vouloir  decercler  les  tripes  de 
la  besle.  Je  vi  trembler  un  fan  le  quel  me  sembla 
beau,  BONS.  746. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cercle. 
DÉCERNÉ,  ÉE  (dé-sèr-né,  née),  part,  passé. 

\\  1°  Décrété  par  une  autorité  judiciaire.  Un  mandat 
d'amener  est  décerné  contre  vous.  11  est  rare  que  la 
pitié  des  juges  ou  la  corruption  des  courtisans  ne 
les  garantissent  des  peines  décernées  par  la  loi  contre 
eux,  RAYNAL,  Hist.  phil.  v,  22.  Les  galères  sont  dé- 
cernées contre  l'artisan  et  le  matelot  fugitif,  id.  ib. 
XVI,  9.  Il  2°  Accordé  comme  récompense  ou  faveur 
par  une  autorité  compétente.  Prix  décerné.  Cou- 
ronne décernée. 

f  DÉCERNEMENT  (dé-sèr-ne-man),  s.  m.  Néolo- 
gisme. Action  de  décerner. 

—  ÉTYM.  Décerner. 
DÉCERNER  (dé-sèr-né),  v.  a.  ||  1» Prononcer  une 

peine,  en  parlant  de  la  loi.  Les  lois  ne  décernent 
aucune  peine  contre  ce  méfait.  Pourquoi  leur  [aux 
prêtres  fainéants]  décernerait-il  [le  concile  de  Trente] 
des  censures  et  des  privations  et  retranchements  de 
leurs  revenus?  fléch.  Serm.  ii,  276.  Le  parlement 
décernaque,  si  quelqu'un  entreprenait  de  le  délivrer, 
Richard  II  serait  digne  de  mort,  volt.  Mœurs,  78. 
Il  Enjoindre,  par  un  acte  juridique,  certaines  me- 
sures. Décerner  une  contrainte.  ||  2°  Accorder  cer- 


taines récompenses,  certaines  distinctions  hono- 
rifiques, en  parlant  de  l'autorité  publique.  El  comme 
un  défenseur  de  l'État  et  des  siens,  Il  lui  fait  décer- 
ner les  honneurs  des  anciens,  botr.  Antig.  m,  6. 
Ce  même  peuple  [les  Athéniens],  dans  les  siècles 
postérieurs,  devenu  plus  puissant,  et  corrompu  par 
les  fiatteries  de  ses  orateurs,  décerna  trois  cents 
statues  à  Démétrius  de  Phalère,  rollin,  Ilist.  anc. 
Œuvres,  t.  m,  p.  154,  dans  pougens.  les  organes 
des  lois,  les  ministres  des  dieux  Vont,  libres  dans 
leur  choix,  décerner  la  couronne,  volt.  Mérope., 
I,  t.  Il  Par  extension,  accorder  un  prix,  en  parlant 
de  certaines  compagnies.  Les  prix  que  l'Académie 
décerne  tous  les  ans  à  de  belles  actions.  ||  Il  se  dit 
aussi  des  prix  des  collèges.  On  décerne  les  prix  à. 
la  fin  de  l'année  scolaire.  ||  Fig.  Décerner  la  palme 
à  quelqu'un,  déclarer  sa  supériorité  sur  ses  ri- 
vaux. Il  3°  Se  décerner, «.  réfl.  Être  décerné.  Les  ré- 
compenses qui  se  décernent  à  ceux  qui  les  méritent. 

—  HEM.  Décerner,  qui  fut  d'abord,  comme  en 
latin,  un  terme  juridique,  passa,  par  extension,  dans 
le  courant  du  xvi' siècle,  au  sens  de  accorder;  et 
clans  le  xvii"  siècle  on  contestait  encore  quelquefois 
la  légitimité  de  cet  emploi  :  «  Ce  n'est  guère  qu'au 
palais  que  l'on  dit  décerner  une  prise  de  corps  contre 
quelqu'un  ;  cependant  je  crois  qu'on  peut  employer 
décerner  les  honneurs  divins,  dans  un  style  relevé 
et  pompeux,  vaugel.  JVouv.  rem.  observ.  de  II***, 
p.  <33,  dans  POUGENS.  »  Aujourd'hui  la  seconde  ac- 
ception de  décerner  est  admise  sans  conteste. 

—  HIST.  XIV*  s.  Et  par  ce  il  décernera  et  jugera 
droiturierement  la  quelle  chose  est  bien,  oresme, 
Eth.  76.  Servius  se  est  assis  en  la  sée  royal,  et  au- 
cuns jugemens  a  décerné  et  déterminé,  iiercheure, 
f°  2f  ,reclo.  De  l'assentement  de  tous,  le  delet  [en  la- 
im  delectus,  levée]  a  esté  décerné,  id.  1^74.  hxvi* 
s.  Il  y  aura  deux  volontez contraires  en  lui,  en  tant 
qu'il  decerneroit en  son  conseil  estroitles  choses  qu'il 
a  manifestement  défendues  par  sa  loy,  calv.  Instit. 
t63.  Il  ne  leur  permet  point  seulement  de  dire  leur 
opinion,  mais  d'ordonner  et  décerner  ce  qu'il  leur- 
semble  ;  quand  ils  ont  décrété  quelque  chose ,  il  suit 
et  obtempère, ID.  ib.  887.  Le  conseil  des  Amph  étions, 
emeu  par  ses  remonstrances  et  raisons,  décerna  la 
guerre  contre  les  Cyrrheiens,  amyot,  Solon,  I7.  Les 
consulz  décernèrent  la  cessation  de  la  justice  et  sur- 
seance  de  tous  affaires  publiques,  id.  Sylla,  ^«. 
....quand  ilzluy  auroient  procuré  e'tfait  décerner  un 
tel  gouvernement,  id.  Crassus,  26.  L'on  luy  décerna 
les  plus  grands  honneurs  qui  jamais  eussent  aupara- 
vant esté  décrottez  et  ottroyez  à  personne  du  monde , 
ID.  Cicéron,  27. 

—  ÉTYM.  Provenç.  decernir;  du  latir  'ifcernere, 
de  de,  et  cernere,  résoudre,  le  même  que  xpiveiv 
(voy.  crise). 

DÉCÈS  (dé-sê;  l's  se  lie:  un  dé-cê-z  inattendu), 
ï.  m.  Mort  naturelle  d'une  personne,  surtout  en 
termes  de  jurisprudence.  Les  médecins  chargés  de 
constater  les  décès.  Pour  recoudre  à  fond  mes  gous- 
sets. J'aurais  dû  prendre  à  son  décès  Les  aiguilles  de 
mon  grand-père  [un  tailleur],  bërang.  Refus.  ||  Acte 
de  décès,  acte  qui  constate  la  mort  d'une  personne. 

—  HIST.  XI'  s.  0  filz,  cui  erent  [à  qui  serontj  mes 
granz  créditez.  Mes  granz  paleis  de  Rome  la  citet'? 
Puis  mun  décès  en  fusses  enoret  [  honoré  ]  ,  St 
Alexis,  Lxxx.  Ilxu's.  Sire,  sire,  as  tu  comanded 
que  Adonias  règne  e  siesced  [siège]  en  tun  trône 
cume  reis  après  tun  decet?  iîot's,  223.  ||  xiir  s.  Si  les 
consentiréàalerà  nient,  quejà,  puis  leur  décès,  ne 
seront  rame  m  bré  enterre,  Psautier,  f°l88.  Et  Guil- 
laumes  qui  fu  de  mon  signeur  Guillaume  de  Dam- 
piere,  averoit  le  [la]  contet  de  Flandres  apriès  le 
deciès  de  sa  mère,  Chr.  de  Rains,  213.  Et  les  biens 
de  celui  et  de  ses  hoirs  en  sont  tenus  après  son  dé- 
cès, Ass.  de  J.  1,  203.  Après  les  décès  des  pères  et 
des  mères,  beaum.  xxx,  87.  Or  a  la  dame  ainsinc 
vescu.  Que  de  sa  vie  a  fet  escu  Por  s'ame  desfendre 
et  covrir  Et  por  saint  paradis  ovrir  Envers  li  après 
son  décès,  euteb.  ii,  (83.  ||  xv's.  Après  le  décès  de 
si  grans  et  puissans  princes,  comm.  Prol. 

—  ÉTYM.  Latm,  decessus,  de  decedere,  décéder, 
f  DÉCESSER  (dé-sè-sé).  Barbarisme  populaire  qui 

se  dit  au  lieu  de  cesser  et  qui  est  une  grosse  faute. 
DÉCEVAHLE  (dè-se-va-bl"),  adj.  Facile  à  décevoir, 
sujet  à  être  déçu. 

—  HIST.  xii°  s.  Decevables  chavals  à  salut  [un 
cheval  qui  déçoit  pour  le  salut].  Liber  psalm.  p.  40. 
Ilxiv's.  Par  les.fausses  et  decevables  paroles  du  dit 
Pierre,  Bibl.  des  Chartes,  2'  série,  t.  m,  p.  424. 
||xvi"  s.  Mais  en  voyant  cet  amour  decevable.  Le 
temps  m'a  fait  voir  l'amour  véritable,  maro.  Nour. 

XXIX. 

—  ÉTYM.  Décevoir. 

I.  —  123 


078 


DEC 


+  DÊCEVAjrCB  (dè-se-\an-s'),  ».  f.  Action  da  dé- 
cevoir. 

—  HIST.  XII*  8.  Se  m'ociez  ainsi  par  decevance, 

Couei,  XVI.  Ilxiii*  8 Afl"orm«rent  et  recognurent 

par  devant  nous  que  eus,  pour  le  commun  profit,  et 
pour  ester  les  fraudes,  les  decevences  et  les  mespren- 
sures(leleurmestier....itt).  dcsm^f.  374.  Il  so  traïsl 
ausi  à  noz,  et  noz  monstra  le  [la]  dechevance  que  ses 
compains  li  avoit  fet,  beaum.  xxi,  29.  Bien  se  Rarl 
cil  qui  a  esté  sous-aagiés  et  il  s'aperclioit  qu'on  li  ait 
fet  tort  ou  decevance  el  tans  qu'il  fu  sous  aafçe.... 
JD.  XVI,  t.  Ce  qu'ele  estoit  si  belle  famé  Kesoit  à  Dieu 
perdre  mainte  ame,  Qu'ele  estoit  laz  de  decevance, 
BDTEB.  Il,  (  1 4 .  Il  XV'  S.  Je  pensoie  bien  que  toutes  ces 
douces  paroles  que  Gisebrest  Mahieu  nous  rapporta 
l'autre  jour,  ce  n'estoit  que  decevance,  fboiss.  ii, 
II,  B*.  Il  xvi*  s.  Ne  faisons  pas  tant  des  plaisans; 
Partout  il  y  a  decevance,  marot,  i,  Ht. 

—  ÉTYM.  Décevant. 

DÉCEVANT,  ANTE  (dè-se-van,  van-l*),  adj.  Oui 
déçoit,  qui  abu.se.  Des  promesses  décevantes.  Qu'il 
ne  se  flatte  point  d'un  espoir  décevant, CORN. /'er(/»ar. 
I,  <.  Seigneur,  nos  passions  nous  font  prendre  sou- 
vent Pour  cbose  véritable  un  olijel  décevant,  mol. 
D.  Gare,  iv,  7.  Toute  fumme  qui  veut  à  l'honneur 
se  vouer  Doit  se  défendre  de  jouer  Comme  d'une 
chose  funeste  :  Car  le  jeu,  fort  décevant.  Pousse  une 
femme  souvent  X  jouer  de  tout  son  reste,  id.  hc. 
des  f.  m,  ».  [L'imagination]  c'est  cette  partie  déce- 
vante dans  l'homme,  pasc.  Imag.  \.  C'est  le  tableau 
le  plus  décevant  qu'on  puisse  voir,  sÉv.  <ci.  Ai-je 
pu  résister  au  charme  décevant....  bac.  Phèd.  ii,  2. 

—  HIST.  XII*  s.  Laissez  de  cest  siècle  les  vanitez, 
ki  profiter  ne  vos  purront;  kar  décevantes  et  vaines 
sunt,  /(ois,  41,  Il  XIII'  s.  Renart,  fet-il,  se  Diex  vos 
garl.  Sages  estes  et  décevant  Et  de  toz  max  [maux] 
apercevant ,  Ren.  578).  ||  xvi'  s.  L'amour  Qui  fut 
pour  mol  trop  doux  et  décevant,  marg.  JVouw.  xxix. 

DÉCEVOIR  (dé-se-voir),  je  déçois,  tu  déçois,  il 
déçoit,  nous  décevons,  vous  décevez,  ils  déçoivent; 
-je  décevais;  je  déçus;  je  décevrai;  je  décevrais;  dé- 
çois, qu'il  déçoive,  décevons,  décevez,  qu'ils  déçoi- 
vent: que  je  déçoive,  que  tu  déçoives,  qu'il  déçoive, 
que  nous  décevions,  que  vous  déceviez,  qu'ils  dé- 
çoivent; que  je  déçusse;  décevant;  déçu,  v.  a. 
Il  1°  Abuser  par  quelque  chose  d'apparent,  de  spé- 
cieux ou  d'engageant.  Sire,  un  peu  trop  d'ardeur 
malgré  moi  l'a  déçue,  corn.  Cid,  v,  7.  11  n'a  point 
déçu  Le  généreux  espoir  que  j'en  avais  conçu,  id. 

ïoly.  Il,  2 Je  ne  puis  concevoir  Qu'un  esprit 

jusque-là  se  laisse  décevoir,  m.  Médée,  i,  <.  Notre 
raison  est  toujours  déçue  par  l'inconstance  des  ap- 
parences, pasc.  dans  COUSIN Que  vois-je,  justes 

dieux  !  Cette  bague  eu  son  doigt  déçoit-elle  mes  yeux  ? 
BOT».  Bélis.  m,  2.  Madame,  c'est  Araspe,  ou  mon 
œil  me  déçoit,  tbistan,  Panthie,  i\,  2.  Mais  l'ou- 
vrier vous  a  déçus;  11  avait  liberté  de  feindre;  Avec 
plus  de  raison  nous  aurions  le  dessus.  Si  mes  con- 
flTrres  [les  lions]  savaient  peindre,  la  font.  Fahl. 
m,  10.  Par  quelle  trahison  le  cruel  m'a  déçue!  bac. 
/phij.v,3.  Cruelle,  quand  ma  foi  vous  a-t-elle  dé- 
çue? ID.  Phèd.  I,  3.  Il  2°  Se  décevoir,  v.  réfl.  S'a- 
buser soi-même.  Si  je  ne  me  déçois,  ce  mal  te  vient 
d'aimer,  bêgnier,  Dial.  Plusieurs  de  sorte  se  dé- 
çoivent En  l'examen  de  ce  qu'ils  sont.  Qu'ils  se 
cherchent  en  ce  qu'ils  font.  Sans  même  qu'ils  s'en 
aperçoivent,  corn.  Imit.  I,  (♦.  Oui,  mon  esprit  s'é- 
tait déçu,  ID.  Cid,  1,9. 

—  UEM.  Dans  décevoir  et  les  autres  mots  de  cette 
famille ,  la  prononciation  met  plutôt  un  accent  grave 
qu'un  aigu. 

—  HIST.  XII'  s.  N'est  pas  amours  dont  on  se  peut 
mouvoir.  Ne  cil  amis  qui  en  nule  manière  La  [l'a- 
mour] bée  à  décevoir.  Coud,  xviii.  Ou  cil  qui  prie 
adès  pour  décevoir,  ib.  xx.  Dedenz  quart  jur  après 
vint  h.  Senz  saint  Thomas;  X  l'ostel  s'en  ala  :  car  de 
l'errer  ert  las;  X  ses  clers  prist  conseil,  qui  nel  dé- 
çurent pas.  Th.  le  mari.  67.  'WiUames  de  Pavie  e  Jo- 
celins  i  fu  De  Naples,  qui  al  rei  se  sunt  del  tut  tenu, 
E  l'arcevesque  eussent  volentiers  deçeQ,  ib.  (04. 
Hais  Deus  ne  li  a  pas  dune  si  grant  poveir.  Que  ses 
péchiez  nel  pusse  cum  hummo  deceveir,  ib.  30.  Ire 
e  malveis  conseil  unt  le  rei  deceO,  Qui  l'unt  vers  le 
saint  humme  issi  fort  commeQ,  ib.  39.  Guardez  que 
Ezechias  ne  vus  deceive,  kar  il  ne  vus  purrad  pas 
défendre  vers  mei.  Ruts,  409.  Dun  ne  sez  que  pur 
ço  i  vint,qu'd  tedeceust  et  seust  tcsprivetezequan- 
ques  tu  fais,  «6.  (71.  Il  xni' s.  Comment  Berte.as 
grans  pies  a  esté  deceQe,  Bcrl«,cil.  Ignaurès,  nous 
as  bien  déchûtes.  Tant  com  en  sommes  aperchntes. 
Lai  dignaur.  Par  le  trop  aller  [il]  fut  déchus  , 
Et  angigniés  etperchetts  [aperçu],  ib.  Tretout  au- 
einc  TOUS  dis  pour  voir  fvrai],  Que  li  cristal,  sans 


DEC 

décevoir.  Tout  l'estre  du  vergier  accusent  X  ceus qui 
dedens  l'iaue  musent,  la  Rose,  (608.  Cis  mireors 
m'a  deceû  ;  Se  j'eusse  avant  cogneQ  Quex  sa  force 
ert  et  .sa  vertu.  Ne  m'i  fusse  jà  embatu  [précipité], 
ib.  (817.  Ci,st  portier,  c'est  chose  seûre,  Sunt  de  si 
piteuse  nature  Que  se  vos  dons  daignent  reçoivre. 
Il  ne  vous  vodront  p.is  deçoivre,  ib.  7554.  Li  tiers 
est  dolor  du  lessier.  Si  cum  ge  t'ai  dit  ci-devant, 
Malement  se  vont  dicevant,  ib.  6220.  Si  sachiésque 
cis  font  bone  uevre,  Qui  les  deceveors  déçoivent,  ib. 
738).  Et  il  me  dit  que  il  me  decevoient,  joinv.  (94. 
Il  xiV  s.  En  ces  icy  pourroient  estre  plusieurs  deceus 
et  es  autres  nul  ou  pou,  oresme,  Elh.  nii.  Les  mal- 
vés,qui  sont  plusieurs,  sont  deceus  en  jugeant  quelle 
chose  est  bien  à  faire  ou  malvaise  et  h  lessier,  id.  ib. 
7i.||xv'  s.  Adoncse  tint  pour  déçu  messire  Hue  de 
Cavrelée,  fhoiss.  ii,  ii,  212.  Et  quand  on  avoit  ainsi 
couru  demie  lieue  ou  plus  et  on  venoit  au  lieu  dont 
ce  hutin  ou  cri  naissoit,  on  se  trouvoit  déçu;  car  ce 
avoient  esté  cerfs  ou  biches  qui  s'esmouvoient  et 
fuyoient....  id.  i,  i,  37.  Kt  quand  les  Anglois  en- 
tendirent ce,  ils  eurent  conseil,  et  virent  bien  qu'ils 
estoient  déçus  en  leurs  cuiders ,  m.  i,  1 ,  44.  Plusieurs 
seigneurs....  sont  enclins  à  leur  profit  et  ne  regar- 
dent mie  loyaument....  fors  à  avoir  la  mise,  et  ce 
les  déçoit,  id.  ii,  ii,  62.  Je  périra  y;  c'est  ce  pour 
quoi  je  crie.  Quant  nulz  ne  veut  fors  l'autre  déce- 
voir, E.  DESCH.  Complainte  de  la  France.  Lors  se 
tint  à  deçeu  du  mariage  de  sa  fille,  qu'il  faisoit  ap- 
peller  madame  la  daulphine,  comm.  v,  (8.  ||xvi'  s. 
Brief  ce  monde  est  une  déception.  Qui  nous  déçoit 
sous  un  très-plaisant  masque,  marot,  i,  304.  Il 
s'eniîuit  qu'ils  ont  esté  deceus  en  erreur,  calv,  /«- 
stit.  24.  Celui  qui  considère  tels  faits  légèrement,  et 
les  applique  sans  jugement,  se  déçoit,  langue,  89. 
Mais  ce  n'est  mie  à  l'homme  grand  trofée.  De  déce- 
voir un  cœur  desjà  deceu,  bons.  947.  Ainsin,  estant 
toutes  choses  subjectes  à  passer  d'un  changement 
en  aultre,  la  raison,  y  cherchant  une  réelle  subsi- 
stance, se  trouve  deceue,  mont,  ii,  376. 

—  ËTIfM.  Provenç.  decebre  ;  a.nc.  espagn.  decebir; 
dulatindecipcre,de  de,  elcapere,  prendre  (voy. cap- 
tif). L'ancien  français  a  deux  formes  pour  ce  verbe, 
deçoivre  et  décevoir;  la  première,  ainsi  que  le  pro- 
vençal decebre,  est  régulièrement  tirée  du  latin  de- 
cipere,  qui  a  l'accent  sur  ci;  la  seconde  est  irrégu- 
lière, supposant  un  verbe  deciplre ,  ou,  comme 
l'espagnol  decebir,  decipîre. 

t  DÉCUAGRINER  (dé-cha-gri-né),  v.  a.  Oter  le 
chagrin.  Ce  berger  enjoué,  ce  doux  magicien,  Qui 
connaît  tous  les  morts  des  vieux  temps  et  du  sien. 
S'en  va  jusqu'aux  enfers  déchagriner  les  ombres, 
Églogue  de  M.  henault,  au  Furetierana ,  rapportée 
dans  Trdvoux. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  chagrin. 
DÉCHAÎNÉ,  ÉE  (dé-chê-né,  née),  part,  passé. 

Il  1°  Dont  les  chaînes  sont  ôtées.  Un  chien  déchaîné. 
Le  diable  est  déchaîné,  mon  cher  ami;  et,  quand 
on  n'est  pas  aussi  fort  que  l'archange  Michel,  qui 
le  battit  si  bien,  il  faut  faire  une  honnête  retraite, 
volt.  Lett.  Christine,  (4  mars  (787.  ||  Fig.  et  fami-' 
liérement.  Le  diable  est  déchaîné,  se  dit  de  quelque 
chose  qui  cause  trouble,  tumulte,  confusion.  Le  dia- 
ble est  déchaîné  en  cette  ville;  de  mémoire  d'homme 
on  n'a  point  vu  de  temps  si  affreux,  sÉv.  (57.  Je  crois 
que  tous  les  diables  sont  déchaînés  contre  la  dot, 
LESAGE,  Crisp.  rival  de  son  maître,  se.  (8.  ||  C'est 
un  diable  déchaîné,  se  dit  d'un  méchant  homme  qui 
se  permet  tout,  d'un  enfant  mutin  qui  est  rebelle  à 
toute  remontrance.  Les  ennemis  sont  dans  la  ville. 
Qui fontlesdiables déchaînés,  scarron,  Virg.lrav. 11. 
Il  2°  Par  extension.  11  semble,  dit  saint  Chryso- 
stome,  que  tout  l'enfer  en  cette  triste  journée  fût 
déchaîné,  bourd.  Exhort.  sur  le  couronnement  de 
J.  C.  t.  II,  p.  (04.  Que  les  morts  déchaînés  du  sé- 
jour ténébreux....  volt.  Sémiramis,  iv,  4.  |{  3°  Fig. 
Le  bruit  des  vents  déchaînés.  Un  fleuve  déchaîné. 
Des  passions  déchaînées.  Il  me  paraît  qu'on  est  plus 
déchaîné  que  jamais  contre  la  chambre  de  justice, 
MAiNTENON,  Lctt.  Umc  de  Caylus,  2(  juillet  (7(6. 
Contre  son  propre  sang  aujourd'hui  déchaînée,  [elle] 
Aspire  à  l'épuiser  dans  sa  rage  effrénée,  lemebc. 
Bruneh.  m,  8. 

DÉCUAÎNEMENT  (dé-chê-ne-man),  s.  m.  \\  1"  Ac- 
tion de  déchaîner;  l'état  de  ce  qui  est  déchaîné.  Le 
déchaînement  des  chiens  de  garde  pendant  la  nuit. 
Il  Par  extension.  Le  déchaînement  des  vents,  des 
tempêtes.  ||  2°  Fig.  Emportement  rompant  les 
chaînes  qui  le  retenaient  et  s'exhalant  d'une  façon 
générale  ou  individuelle  contre  quelqu'un  ou  quel- 
que chose.  Le  déchaînement  de  l'envie  contre  le 
mérite.  Et  ce  déchaînement  aujourd'hui  me  convie 
X  faire  une  action  qui  confonde  l'envie,  moi..  F.  sav. 


DEC 

T7,  t.  Dans  un  déchaînement  si  général  et  si  in- 
juste contre  le  Sauveur,  bourd.  tfyst.  Pats,  de  J.  C. 
t.  I,  p.  283.  Je  n'ai  point  encore  vu  le  déchaîne- 
ment de  l'envie  contre  vous;  mais  patience,  cela 
viendra,  maintenon.  Lettre  au  duc  de  Noailles, 
26  janv.  (7(1.  Son  déchaînement  contre  tous  les 
plaisirs,  bkrov  ,  Coquette  el  fausse  prude,  i,  4.  Irez- 
vous  vous  bpposer  au  déchaînement  public?  mass. 
Car.  Médis.  Votre  Majesté  n'a  point  d'idée  du  dé- 
chaînement général  des  hypocrites  et  des  fanatiques 
contre  la  malheureuse  philosophie,  d'alemb,  Letlre 
auroi  de  Prusse,  (4  mai  1773. 

—  f.TVM.  Déchaîner. 

DÉCHAÎNER  (déxhè-né),  v.  a.\\  1*  ôter  la  chaîne; 
détacher  de  la  chaîne.  Déchaîner  des  captifs.  Dé- 
chaîner un  chien.  Il  2°  Fig.  Exciter,  irriter,  soule- 
ver. Il  déchaîne  toute  sa  cabale  contre  vous.  C'est 
un  lion  tout  prêt  à  déchaîner  sur  moi,  corn.  Nicom. 
v,  (.  Tu  peux  faire  trembler  la  terre  sous  tes  pas, 
Des  enfers  allumés  déchaîner  la  colùre,  j.  b.  rouss. 
Cantate,  Circé.  Les  esprits  de  ténèbres  déchaînent 
dans  Rome  même  les  passions  des  chefs  et  des  mi- 
nistres de  l'empire,  ciiatf.aub.  Jfar(.  392.  ||  8'  Se 
déchaîner,  v.  réfl.  Se  dégager  de  sa  chaîne.  Les 
chiens  se  sont  déchaînés.  ||  Par  extension.  Les  vents 
se  déchaînèrent  avec  furie.  La  tempête  qui  s'était 
déchaînée  s'apaisa  à  la  fin.  ||  4'  Fig.  S'emporter 
avec  violence,  parler  contre  quelqu'un  ou  quelque 
chose  d'une  manière  violente.  On  vous  voit  en  tous 
lieux  vous  déchaîner  sur  moi,  mol.  Mis.  m,  6.  Qu'ils 
feraient  tout  leur  possible  pour  élever  leur  famille 
et  pour  la  laisser  puissante  eu  biens  et  en  charges; 
qu'ils  mourraient  en  tel  temps;  qu'en.suite  toutes  les 
langues  et  tous  les  écrivains  se  déchaîneraient  con- 
tre eux,  NICOLE,  Ess.  demor.  l"  traité,  ch.  4.  Elle 
prit  la  liberté  de  se  déchaîner  contre  sa  rivale,  iia- 
MiLT.  Gramm.  8.  De  quoi  vous  avisez-vous  de  vous 
déchaîner  contre  milord  Rochester?  id.  ib.  (O.  Toute 
son  éloquence  se  déchaîna  contre  Mme  de  Shrews- 
bury,  ID.  ib.  ((.Je  n'ai  jamais  aimé  à  me  déchaîner 
contre  personne,  et  à  présent  moins  que  jamais, 
MAINTENON,  Lett.  O  d'Aubtgné,  ("-mars  (784.  s'il 
attaque  les  spectacles,  tous  ceux  qui  les  aiment  se 
déchaîneront,  id.  Lett.  au  card.  de  Noailles,  (7(6, 
t.  IV,  p.  365,  dans  pougens.  Tu  vas  te  déchaîner 
contre  moi,  Marine,  lesage,  Turcaret,  1,  3.  Quand 
il  s'était  bien  déchaîné,  bien  récrié,  je  renvoyais 
par  une  petite  citation  toutes  ses  injures  à  Virgile, 
dider.  Lelt.  à  Galiani.  Tantôt  il  se  déchaîne  contre 
sa  femme ,  tantôt  il  s'attendrit  sur  ses  enfants, 
ID.  Règne  de  Claude  el  Néron,  i,  §  25.  Zoile  contra 
Homère  en  vain  se  déchaîna,  piron,  Mélrom.  m,  9. 

—  HIST.  XII'  s.  Vers  les  prisons  [prisonniers]  com- 
mence à  galoper.  L'un  après  l'autre  va  toz  deschae- 
ner.  Bat.  d'Aleschans,  v.  (958.  ||  xV  s.  Faire  ester 
et  deschainer  toutes  les  chaînes  des  rues,  monstrei. 
vol.  I,  f°  200,  dans  lacurne. 

— -  ÉTVM.  Dé....  préfixe,  et  chaine;  picard,  dé- 
cainé;  provenç.  de^cadenar;  ital.  scatenare. 

f  DÉCUAL.\NDER  (dé-cha-lan-dé) ,  v.  a.  Faire 
perdre  les  chalands. 

—  REM.  Ce  mot  était  dans  le  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie de  (7)8. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  chaland. 

■j-  DÉCUALASSER  (dé-cha-la-sé),  t).  a.  ôter  les 
échalas. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  échalas. 
tDÉCHALEMENT(dô-cha-le-man),  s.  m.  Terme  de 

marine.  Action,  dite  plus  souvent  jusant,  de  la  mer, 
qui,  en  se  retirant,  laisse  un  espace  à  découvert. 

f  DÉCHALER  (dé-cha-lé),  v.n.  Terme  de  ma- 
rine. Être  à  découvert,  en  parlant  de  la  carène  d'un 
bâtiment  échoué.  ||  La  mer  déchale  beaucoup,  elU 
descend  trè.s-bas. 

f  DÉCHANGER  (dé-chan-gé) ,  ».  n.  Changer  pour 
revenir  à  l'état  qu'on  avait  changé.  On  rappelle  la 
règle  de  ne  changer  point  et  de  n'avoir  jamais  be- 
soin de  déchanger,  boss.  Instr.  2. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  changer. 

f  DÉCHANT  (dé-chan),  s.  m.  Ancien  terme  de 
musique.  Sorte  de  broderies  très-longues  et  de  mau- 
vais goût,  et  presque  toujours  discordantes  entre  elles, 
que  les  chantres  exécutaient  sur  les  notes  du  pl.ain- 
chant  servant  de  pédale,  lorsque  les  régies  de  l'har- 
monie n'étaient  pas  encore  connues.  Les  intonations, 
les  versets  du  graduel  et  les  Benedicamus  étaient  la 
thème  ordinaire  de  ces  aberrations  qui  prirent  le 
nom  de  déchant,  parce  qu'il  s'agissait  de  mélodies 
nouvelles  tirées  du  chant  primitif  {de  caniu  sump- 
tus),  LA  page.  Cours  complet  de  plain-chani , 
n'  794.  Il  On  a  dit  aussi  discant. 

—  HIST.  xiii*  S.  Atant  a  Renart  envaî  Un  benedi- 
camus farsi  X  orgue,  à  table  «t  à  descbant,  lien 


DEC 


DEC 


Dl^C 


97  0 


»i  376.  Comme  dévotement  il  fit  chanter  la  messe  et 
solempnement  glorieuses  vespres  et  matines  et  tout 
le  service  à  chant  etàdeclianl,DUCANGE,  discunlus. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chant;  provenç.  des- 
chans,  criti(|ue,  parodie. 

DÉCHANTER  (ilé-chan-té),  V.  n.  ]\  i°  Terme  d'an- 
cienne musique.  Chanter  en  partie;  exécuter  le  dé- 
chant. Il  2°  Fig.  Changer  de  ton,  rabattre  de' ses 
prétentions,  de  ses  espérances.  Il  trouvera  bien  à 
déchanter.  Traversé,  sans  repos,  par  ce  démon  con- 
traire, Tu  vois  qu'à  chaque  instant  il  te  fait  déchan- 
ter, MOL.  lÉtour.  m,  t.  Marceline:  Il  n'arrive  ja- 
mais que  pour  nuire.  —  Figaro  :  Je  m'en  vais  le  faire 
déclianler,  beaum.  Mar.  de  Figaro,  iv,  8. 

—  HIST.  XIII"  s.  Ki  donc  oïst  canter  archangles, 
Descanter  puceles  et  angles  [anges] ,  du  cange,  dis- 
eanlus.  ||  xv"  s.  Deschanter  par  figures  de  notes, 
EUST.  DEscH.  dans  raynouard.  ||  xvi=  s.  L'artillerie 
adonc  ne  faillit  point  X  deschanter  un  si  hault  con- 
trepoint, J.  MAROT,  V,  35. 

—  ÉTïM.  Déchant;  provenç.  deschantar.  On  voit 
ici  un  exemple  qui  montre  que  les  mots  perdent  sou- 
vent leur  signification  primitive  pour  en  prendre 
une  d'accord  avec  leur  composition  apparente  ac- 
tuelle. Déchanter  a  été  certainement  d'abord  exécu- 
ter le  dechant,  et  en  ce  sens  il  vient  de  dédiant  ; 
mais  il  est  certain  qu'aujourd'hui  déchanter  c'est 
faire  le  contraire  de  chanter,  c'est-à-dire  éprouver 
une  mortification,  un  déplaisir,  être  dans  le  cha- 
grin, et,  en  ce  sens,  il  vient  de  dé....  préfixe,  et 
chanter. 

t  DÉCHAPER  (dé-cha-pé),  1).  o.  Terme  de  fon- 
deur. Retirer  le  modt'le  de  la  chemise. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chape. 
DÉCU.^PEKONNÉ,  ÊE    (dé-cha-pe-ro-né,  née), 

part,  passé.  Faucon  déchaperonné.  ||  Terme  de  ma- 
çonnerie. Mur  déchaperonné,  mur  dont  le  chaperon 
est  ruiné. 

DÉCUAPERONNER  (dé-cha-pe-ro-né),  v.  a.  Terme 
de  fauconnerie.  Oter  à  un  oiseau  dressé  pour  le  vol 
le  chaperon  mis  sur  ses  yeux.  ||  Ternie  de  maçonne- 
rie. Déchaperonner  un  mur,  en  ôter  le  chaperon. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chaperon. 

DÉCUARGE  (dé-char-j'),  s.  f.  \\  1°  Action  de  dé- 
charger des  marchandises,  des  ballots,  etc.  placés 
sur  une  voiture,  un  bateau,  une  béte  de  somme. 
Faire  la  décharge  des  marchandises,  des  balles,  des 
colis.  Il  2°  Action  de  diminuer  la  charge,  le  faix.  La 
décharge  d'un  plancher.  ||  Terme  d'archilecture. 
Pièce  de  bois  posée  obliquement  dans  une  cloison 
ou  dans  un  cintre  pour  diminuer  la  charge  du  point 
d'appui.  Il  Terme  de  serrurerie.  Barre  de  fer  posée 
obliquement  dans  l'assemblage  d'une  grille ,  ou  placée 
carrément  dans  son  châssis.  ||  3°  Action  de  tirer  à 
la  fois  plusieurs  armes  à  feu.  Décharge  de  mousque- 
terie,  d'artillerie.  Pendant  qu'avec  un  air  assuré  il 
s'avance  pour  recevoir  la  parole  de  ces  braves  gens, 
ceux-ci,  toujours  en  garde,  craignent  la  surprise 
de  quelque  nouvelle  attaque;  leur  effroyable  dé- 
charge met  les  nôtres  en  furie,  Boss.  Louis  de  lîour- 
ion.  L'infanterie  espngnole  qui  s'ouvrait  pour  lais- 
ser partir  la  décharge  de  <  8  canons,  volt.  Louis  XIV, 
3.  [Les  soldats]  ébranlent  la  solitude  par  de  pesan- 
tes décharges,  chateaub.  Natch.  1,  98.  Cependant 
l'empereur  écoute  encore;  le  bruit  augmente:  Est- 
ce  donc  une  bataille?  s'écrie-t-il;  chaque  décharge 
le  déchire,  car  il  ne  s'agissait  plus  pour  lui  de  con- 
quérir, mais  de  conserver,  ségur,  Ilist.  de  Nap. 
IX,  2.  Il  Familièrement.  Une  décharge  de  coups  de 
bâton,  une  bastonnade.  ||  4°  Ouverture  par  laquelle 
on  donne  issue  aux  eaux  d'un  étang,  d'un  bassin. 
Pratiquer  une  décharge.||  Tuyau  de  décharge,  tuyau 
par  lequel  s'écoulent  les  eaux  d'un  bassin,  d'un  ca- 
nal. Il  5°  Réservoir  destiné  à  recevoir  le  trop-plein 
d'une  rivière,  d'une  fontaine,  d'une  citerne.  Les 
lacs  avaient  leurs  décharges  préparées,  aoss.  Hist. 
Iii,  3.  Il  Fig.  Décharge  d'humeurs,  écoulement  des 
humeurs  du  corps.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Evacua- 
tion d'un  héron  qui,  fuyant,  vomit  pour  s'alléger. 
Il  S"  Lieu  d'une  maison  où  l'on  serre  ce  qui  n'est 
pas  d'un  usage  ordinaire.  Nous  avons  prts  du  cel- 
lier une  décharge  très-spacieuse.  Rien  ne  convenait 
mieux  à  M.  le  duc  que  d'avoir  la  maison  de  la  Touanne 
pour  en  faire  une  décharge  à  son  château  de  St-Maur, 
quand  il  y  était  avec  Mme  la  duchesse  et  bien  du 
monde,  st-sim.  89,  B4.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
pièce  de  décharge.  ||  7°  Déblais  extraits  d'un  puits  ou 
d'une  tranchée.  ||  Terme  de  construction.  Lieu  où 
l'on  décharge  les  décombres.  ||  Trou  dans  lequel  on 
met  les  déblais  provenus  du  ratissage  d'un  jardin. 
Il  Décharge  pubhque,  lieu  où  tout  le  monde  peut 
porter  des  déblais.  ||  8°  Terme  de  jurisprudence. 
Acte  de  quittance  en  libération  d'une  dette.  Obtenir 


quittance  et  décharge.  Je  vous  donne  décharge  de 
ce  que  vous  me  deviez.  [  Fouquet  ]  a  dit  des  mer- 
veilles, et  comme  le  chancelier  lui  disait:  «  Avez- 
vous  eu  votre  décharge  de  l'emploi  de  cette  somme  ?  » 
Il  a  dit:  a  Oui,  monsieur,  mais  c'a  été  conjointe- 
ment avec  d'autres  affaires,  »  qu'il  a  marquées  et 
qui  viendront  en  leur  temps.  »  Mais,  a  dit  M.  le 
chancelier,  quand  vous  avez  eu  vos  décharges,  vous 
n'aviez  pas  encore  fait  la  dépense?  —  Il  est  vrai, 
a-t-il  dit,  mais  les 'sommes  étaient  destinées,  » 
SÉV.  à  Pompone,  28  nov.  <664.  ||  Terme  de  com- 
merce. Porter  une  somme  en  décharge,  l'inscrire 
comme  reçue.  {|  Payer  tant  à  la  décharge  de  quel- 
qu'un, à  la  décharge  d'un  compte,  payer  sur  ce 
qui  est  dû  par  quelqu'un,  sur  ce  qui  est  porté  en 
compte.  On  impute  à  un  débiteur  le  payement  que 
sa  caution  fait  à  sa  décharge,  boss.  Far.  <2.  ||  Terme 
d'orfèvre.  Poinçon  qui,  appliqué  sur  une  pièce  d'ar- 
genterie, montre  que  les  droits  ont  été  acquittés. 
Il  9°  Soulagement,  allégement.  C'est  une  décharge 
considérable  pour  l'Ëtat.  Le  roi  notre  maître  pourrait 
en  partie  payer  secrètement  la  solde,  à  la  décharge 
de  S.  M.  Catholique,  si  l'Espagne  n'en  pouvait  porter 
la  dépense,  FÊN.  t.  xxii,  p.  480.  Ilnefaut  paspourcela 
demander  votre  décharge  [demander  d'être  déchargé 
de  vos  fonctions],  boss.  Lettr.  abb.  9i.  C'est  autre 
chose  de  parler  de  ses  peines  par  pure  décharge,  m. 
Leitr.  Corn.  <06.  Il  faut  craindre  de  faire  de  la  con- 
fession une  décharge  de  coeur  sans  se  corriger,  fén. 
t.  XVII,  p.  B33.  Ces  maux  présents  sont  à  la  décharge  de 
l'avenir,  j.  j.  rouss.  Ëm.  ii.  ||  La  décharge  de  la  con- 
science, l'acquit,  le  soulagement  de  la  conscience. 
Je  dois  avouer  pour  la  décharge  de  ma  conscience 
que....  Il  10°  Terme  de  jurisprudence  criminelle.  Té- 
moignages, preuves  favorables  à  un  accusé.  Il  n'a 
riçji  dit  à  la  décharge  de  l'accusé.  Témoins  à  dé- 
charge. Pour  s'écrier  d'un  triste  et  pitoyable  accent: 
Qu'on  sauve  Bélisaire  et  qu'il  est  innocent.  Qu'elle 
doit  sa  décharge  au  remords  qui  la  presse,  rotrou, 
Bétis.  V,  7.  Il  11°  Terme  d'imprimerie.  Feuille  de  pa- 
pier qu'on  presse  sur  une  forme  pour  en  sécher  les 
caractères. 

—  HlST.  XVI'  s.  De  leur  excréments  mesmes  et  de 
leur  descharge  nous  tirons  nos  plus  riches  ornements 
et  parfums,  mont,  ii  ,  204.  Je  suis  le  but,  la  des- 
charge commune  De  tous  les  coups  de  ton  bras  fu- 
rieux, LA  BOÉTIE,  617....  Aultres  douze,  qui  dudit 
lieu,  portoient  leur  descharge  [la  charge  apportée 
parles  douze  premiers  chevaux]  à  Bouloigne,  carl. 
m,  28.  Selon  appella  l'abolition  des  debles,  seis- 
achtheion,  qui  vault  autant  à  dire  comme  des- 
charge, AMYOT,  Solon,  23.  Sylla  respondit  pour  sa 
descharge,  que....  m.  Sylla,  B).  Concluoit  que  cela 
se  devroit  faire  pour  la  descharge  de  la  conscience 
du  magistrat  et  des  gens  d'église,  noel  du  fail, 
Contes  d'Eutrap.  ch.  ix. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉCHARGER. 

DÉCHARGÉ,  £E  (dé-char-jé,  jée),  par(.  passé. 
Il  1°  Qu'on  a  ôté  du  chargement.  Â  la  fin,  les  tré- 
sors déchargés  sur  la  plage  Le  tentèrent  si  bien  qu'il 
vendit  son  troupeau,  Trafiqua  de  l'argent,  le  mil 
entier  sur  l'eau ,  la  font.  Fabl.  iv,  2.  ||  Dont  on  a  ôté 
la  charge.  Cet  homme  déchargé  de  son  fardeau. 
Il  Fig.  La  conscience  déchargée  par  un  plein  aveu, 
il  Terme  de  chasse.  Déchargé  d'épaule,  dont  les 
épaules  ne  sont  pas  lourdes.  Chiens  pour  le  loup 
doivent  être  déchargés  d'épaules,  salnove.  Vénerie, 
p.  25< ,  dans  lacurne.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
cheval  déchargé  d'encolure,  et,  simplement,  dé- 
chargé. Il  Terme  de  blason.  Armes  déchargées, 
armes  diffamées.  ||  2°  En  faveur  de  qui  des  témoi- 
gnages ont  été  rendus.  L'accusé  déchargé  par  les 
témoins.  ||  3°  Quitte.  Déchargé  de  la  dette  qu'il  avait 
contractée. Il  4°  Dont  on  a  retiré  la  charge.  Un  fusil 
déchargé.  ||  Qui  a  fait  feu.  Les  canons  déchargés  à 
la  hâte  ne  firent  pas  grand  mal  à  l'ennemi. 

DÉCHARGEMENT  (dé-char-je-man),  s.  m.  Action 
de  décharger  des  bâtiments,  des  voitures  de  trans- 
port, etc.  Le  déchargement  d'un  navire.  Ces  con- 
trariétés retardaient  le  déchargement  du  vaisseau 
et  prolongeaient  le  temps  de  son  chargement,  ray- 
nal,  Ilist.  phil.  XIII,  22.  Il  Déchargement  d'un  ca- 
non, action  d'en  retirer  la  charge. 

—  ÉTYM.  Décharger. 

t  DÊCHAHGEOIR  (dé-char-joir),  s.  m.  \\  1°  Cylin- 
dre autour  duquel  le  tisserand  roule  la  toile  à  me- 
sure qu'il  la  fait.  ||  Terme  de  construction  hydrau- 
lique. Ouverture  de  décharge.  ||  Écluse  composée 
d'une  ou  de  plusieurs  vannes  qui  tire  de  fond  pour 
vider  un  bief. 

—  ÉTYM.  Décharger. 

DÉCHARGER  {dé-char-jé.  Le  g  prend  un  «devant 
a  eto:  déchargeant,  déchargeons),  ti.  a.  \\  1°  Ôler 


la  charge ,  enleverdes  marchandises,  des  denrées,  etc . 
d'un  navire  ou  d'une  voiture.  Décharger  des  mar- 
chandises, des  ballots,  des  pierres,  du  blé.  Son  des- 
sein était  d'approcher  d'Êryx  avant  que  d'être  aperçu 
des  Romains,  pour  y  décharger  ses  vivres,  y  pren- 
dre un   renfort  do  troupes  et  faire  monter  Barca 
sur  sa  flotte,  rollin,  Hist.   anc.   Œuvres,  t.   i, 
p.  338,  dans  pouGENB.  Il    Par  extension.  Décharger 
un  navire,  une  voiture.  Décharger  un  portefaix.  Dé- 
charger un  cheval.  Esope  prit  le  panier  au  pain  . 
c'était  le  fardeau  le  plus  pesant;  chacun  crut  qu'il 
l'avait  fait  par  bêtise  ;  mais  dès  la  dlnée  le  panier  fut 
entamé,  et  le  Phrygien  déchargé  d'autant,  la  font. 
Vie  d'Ésope.  On  se  préparait  à  décharger  l'éléphant 
qui  portait  le  dîner  et  le  service,  volt.  Le  blanc  et 
U  noir.  \\   Absolument.   Les   voitures  déchargent 
à  la  barrière.  Un  bateau  qui  arrivait  à  une  ville  de- 
vait payer  un  droit  pour  son  entrée....  un  droit  d'an- 
crage, un  droit  pour  la  liberté  de  décharger,  raï- 
nal,  Hist.  phil.  m,  39.  ||  2°  Ôier  un  poids,  un  fardeau 
qui  surcharge.  Décharger  une  poutre  qui  fléchit.  Et 
déchargez  vos  mains  de  ce  faix  inutile,  eotr.  Àn- 
tig.  II,  4.  Il  Fig.  Décharger  le  plancher,  sortir  de  la 
chambre,  de  l'appartement.  ||  Décharger  un  arbre, 
lui  ôter  des  rameaux  inutiles,  des  fruits  en  excès. 
Il  Décharger  le  cerveau,  le  débarrasser  de  ce  qui  l'in- 
commode. (I  Décharger  son  estomac,  son  ventre,  le 
soulager  par  quelque  évacuation.  ||  Terme  de  marine. 
Décharger  la  mâture,  faire  donner  dans  les  voiles 
le  vent  qui  était  dessus.  Décharger  la  poupe,  vider 
l'eau  qu'elle  contient.  Décharger  une  voile,  la  mettre 
dételle  façon  que  lèvent  n'ait  plus  d'action  sur  l'une 
ou  sur  l'autre  de  ses  surfaces.  ||  3°  Fig.  Soulager  d'une 
charge,  débarrasser, dispenser.  Déchargez  mon  cœur 
de  l'ennui  que  vous  lui  donnez,  voit.  Lett.  M.  Pa- 
ris.... Se  déchargeait  le  col  de  son  joug  inhumain, 
RÉGNIER,  tpU.  I.   De  mes  chaînes  pour  lui  je  serai 
déchargé,  rotr.  St  Gen.  v,  4.  Ils  déchargèrent  le 
menu  peuple  de  tout  impôt,  boss.  Hist.  m,  6.  Après 
avoir  congédié  les  sénateurs,  il  [Théodose]  fit  son 
testament,  dans  lequel  il  ordonna  qu'on  déchargeât 
le  peuple  des  augmentations  de  tributs  que  la  né- 
cessité des  affaires  passées  avait  fait  imposer,  fléch 
Théodose,  iv,  73.  Les  marchandises  destinées  poui 
les  colonies  furent  déchargées  de  toute  imposition, 
RAYNAL,  Hist.  phil.  xni,  6.   Il  Décharger  sa  con- 
science, mettre  sa  responsabilité  morale  à  couvert. 
Enfin  la  peur  sur  lui  remportant  la  victoire,   Aux 
pieds  d'un  prêtre  il  court  décharger  sa  mémoire, 
boil.  Éptt.  XII.  Il  Décharger  son  cœur,  découvrir  les 
sentiments   qu'on   retenait  ou   renfermait  en  soi- 
même.  Et  qu'au  moins  une  fois  je  décharge  mon 
coeur,  hauteroche.   Deuil,  se.   9.   Faites-moi  tout 
ce  qu'il  vous  plaira,  battez-moi,  assommez-moi  de 
coups,  tuez-moi,  si  vous  voulez,  il  faut  que  je  dé- 
charge mon  cœur,   mol.  Don  Juan,  v,  2.  Je  dé- 
charge mon  coeur  devant  Dieu  sur  le  sujet  de  cette 
paix  bienheureuse,  boss.  ii.  Démons,  3.  ||  Famihè- 
rement,  dans  le  même  sens.  Il  faut  qu'enfin  j'éclate. 
Que  je  lève  le  masque,  et  décharge  ma  rate,  mol. 
F.  sav.  II,  7.  Il  Décharger  sa  bile,  sa  colère,  donner 
issue  à  sa  mauvaise  humeur,  faire  sentir  les  effets 
de  sa  colère.  Quel  plaisir  j'aurais  à  lui  décharger  ma 
bile!  d'allainval,  Éc. des  bourg,  ii,  42.  ||  Par  une 
autre  extension.  Dans  cette  pensée,  il  résolut  de  dé- 
charger son  désespoir  sur  vous,  et  de  vous  ôter  la 
vie  pour  venger  son  honneur,  mol.  Scapin,  m,  2. 
Il  4°  Décharger  un  accusé,  porter  un  témoignage  en 
sa    faveur.    Une    attestation    où    je    déchargeais 
Mme  Guyon  de  toutes  choses,  boss.  Lett.  quiet,  il. 
J'ai  relevé  toutes  vos  bonnes  qualités  ;  je  vous  ai  dé- 
chargé de  toutes  les  choses  odieuses;  que  pouvais- 
je  faire  de  mieux?  fénel.   Dial.   des  morts  mod. 
Louis   XI,   Commines.  ||  Décharger   d'accusation, 
prononcer  par  un  jugement  qu'un  accusé  est  inno- 
cent. Tels  arrêts  nous  déchargent. et  nous  renvoient 
absous,  qui  sont  infirmés  par  la  voix  du  peuple,  la 
BRUY.  XII.  Il  5°  Décharger  quelqu'un  d'une  dette ,  l'en 
déclarer  quitte.  Plusieurs  casuistes  ont  trouvé  moyen 
de  décharger  les  personnes  les  plus  riches  de  l'obli- 
gation de  donner  l'aumône,  pasc.  Prov.  e.  Le  ma- 
gistrat décharge  le  prince  du  soin  de  juger  les  peu- 
ples, LA  BRUY.  IX.  Toute  dispense  ne  vous  décharge 
pas  devant  Dieu,  mass.   Car.  Jeûne.  ||  Absolument. 
Cette  opinion  qui  décharge  de  l'obligation  de  res- 
tituer, PASC.  Prov.  5.  Il  6°  Décharger  un  compte,  en 
rayerles  sommes  qui  ont  été  payées.  J'ai  votre  ar- 
gent à  madame  rendu,. ...Déchargez-en  votre  livre,LA 
FONT.  F.  avare.  \\  On  dit  de  même  décharger  un  re- 
gistre, un  contrat,  une  minute.  ||  Déchargerla  feuille 
d'un  messager,  y  mettre  le  récépiasé  des  objets  re- 
çus. Il  7°  Faire  partir  le  coup  d'une  arme  à  feu.  Ram- 
hure  a  été  tué  par  un  3e  ses  soldats  qui  déchargeait 


980 


DEC 


IrÈs-innoeemmcnt  son  mousquet,  sf.v.  209.  ||  Ko- 
lirer  la  charge  avec  un  tire-bourre.  Il  est  prudent 
(le  décharger  les  armes  dont  la  charge  est  an- 
cienne. Il  8"  Décharger  un  coup,  l'asséner.  Mer- 
cure, au  lieu  de  donner  celle-là  [cognée],  Leur 
en  décharge  un  grand  coup  sur  la  tête,  la  font. 
Fab.  V,  4.  Il  nous  fait  entemlre  que  ce  sont  les  pé- 
cheurs qui  ont  déchargé  sur  lui  leurs  coups,  liOURn. 
ilyst.  Passion  deJ.-C.  t.  i,  p.  293.  ||  8°  Terme  de 
typographie.  Décharger  les  balles,  une  forme,  ûter 
l'encre  qui  se  trouve  dessus.  ||  Absolument.  Des 
balles  déchargent,  lorsque  les  cuirs  lâchent  sur  la 
forme  des  masses  d'encre  ou  des  ordures.  ||  10°  V. 
n.  Maculer,  faire  des  taches.  Celte  encre  décharge. 
Il  Terme  de  teinturier.  Une  couleur  décharge  quand 
elle  déteint.  ||  11"  Se  décharger,  v.  réfl.  Se  débarras- 
ser. Se  décharger  d'un  fardeau.  Comment,  dis-je, 
mon  pîsre,  accablé  dotant  d'âge,  Nesedécharge-t-il, 
avant  qu'y  succomber,  D'un  pénible  fardeau  qui  le 
fera  tomber?  botr.  Yencesl.  i,  4.  ||  Fig.  11  brûle  de 
parler  bien  plus  que  nous  d'entendre;  Sa  nouvelle  lui 

fiîisc,  il  veut  s'en  décharger,  mol.  Ùélic.  i,  3.  Il  al- 
ail  se  décharger  du  poids  de  sa  dignité,  fléch.  Lam. 
Les  Hollandais  se  sont  déchargés  de  cette  négo- 
ciation, SÉV.  0  août  4078.  Il  est  vrai  qu'elles  se 
déchargeront  d'une  partie  de  cette  règle;  mais, 
quoi  qu'elles  fassent,  il  y  aura  toujours  mille  exer- 
cices dont  elles  ne  pourront  se  dispenser,  bourdal. 
Xxhort.  sur  Vobserv.  des  règles,l.  i,  p.  234.  ||  12"  Se 
décharger  sur  queliiu'un  d'une  affaire,  lui  en  aban- 
donner le  soin,  la  direction.  Tibère,  déjà  vieux,  se  dé- 
chargeait sur  Séjan  dessoins  de  l'empire,  d'ablanc. 
Tac.  Ann.  1.  iv ,  ch.  8.  Vous  vous  déchargez  sur  nous  de 
tout  ce  qui  vous  concerne ,  Boss.  Visite,  2.  Sur  qui  ils 
puissenlsedéchargerd'une  partie  de  leur  ministère, 
bass.  Panég.  St  Etienne.  11  se  décharge  sur  eux  du 
goin  des  faibles  et  des  petits,  ID.  Pet.  car.  Human. 
des  gr.  Ce  besoin  de  fuir  la  solitude  et  de  se  dé- 
charger sur  autrui  du  fardeau  de  sa  vie,  était  in- 
connu à  ce  peuple  content  de  la  nature  et  de  sa 
doitinée,HAVNAL,  llist.  phil.  xv,  4.  Déchargez- vous 
sur  moi  du  fardeau  de  l'empire,  chateaub.  ilart. 
II,  472.  Il  Se  décharger  d'une  faute  sur  un  autre, 
la  lui  imputer.  ||  13°  Se  décharger,  se  dit  de  l'élec- 
tricité qui  s'échappe,  d'un  orage  qui  éclate,  d'une 
nuée  qui  lance  la  foudre.  Etait-ce  là  de  ces  tempêtes 
par  où  le  ciel  a  besoin  de  se  décharger  quelquefois? 
et  le  calme  profond  de  nos  jours  devait-il  être  pré- 
cidé  de  tels  orages?  BOSS.  le  Teilier.  \\  14°  S'écouler, 
se  jeter,  on  parlant  des  eaux.  Les  eaux  de  ce  réser- 
voir se  déchargent  par  cette  ouverture.  Pour  facili- 
ter la  communication  des  deux  villes,  on  creusa 
un  canal  qui  partait  d'un  des  bras  du  Nil  et  qui  al- 
lait se  décharger  dans  le  golfe  arabique,  raynal, 
Hist.  phil.  I,  4  4.  Il  Par  extension.  L'un  de  ces  abî- 
mes [le  passé  et  l'avenir]  s'écoule  continuellement 
dans  l'autre,  l'avenir  se  décharge  dans  le  passé  en 
coulant  par  le  présent,  NICOLE,  Ess.  demor.  2"  traité, 
ch.  3.  Il  15°  Déteindre,  en  parlant  des  couleurs.  Celte 
couleur  se  décharge. 

—  HlST.  XII'  s.  Â  mont  [il]  s'en  vait  dreit  el  pa- 
laiz;  Uuec  a  deschargié  son  faiz,  Grégoire  le  Grand, 
p.  64.  Il  xiii*  s.  Qanl  il  fu  erai  la  foresl,  Là  a  sa  proie 
deschargié  ;  Isnelement  l'a  despecie.  Qu'il  n'i  laissa 
ne  pel  ne  os,iicn.  4  9903.  Jeporroie  descarquier  les 
homes  du  jugement  qui  seroil  soraus  [eux],  beaum. 
vu,  6.  Costume  erl  en  la  cité  de  Roan,  que  nus  ne 
pset  deschargier  avoir  en  la  vile,  se  par  le  grié  as 
borjoisne  le  faisoit,  tt».  dejxist.  a.  Je  demandai  au 
mestre  combien  il  y  avoit  trop  de  gens;  et  si  li  de- 
mandai se  il  mcnroit  [mènerait]  bien  nostre  gent  à 
terre,  se  je  le  deschargoie  de  tant  gent,  joiny.  2|4. 
Il  xiv°  s.  Mais  François  à  tous  lez  si  fort  les  apres- 
soieiit,  Et  de  haches  puissans  si  grans  cops  des- 
chargeoient,  Qu'à  terre  ont  Irebuchiélout  quanqu'il 
ateignoicnt,  Guescl.  22412.  X  la  porte  s'en  vint  la 
busche  deschargier,  ib.  942.  ||  xv*  s.  Après  ce  propos 
[le  ccmte  de  Charolois]  commença  à  descharger  le 
duc  de  Bretagne,  disant  que....  comh.  i,  4 .  ||  xvi°  s. 
Descharger  ses  passions  sur....  mont,  i,  20.  Deschar- 
ger [quelqu'un]  de  sa  foy  donnée,  id.  i,  30.  Là  où 
du  Nil  l'un  des  bras  creux  et  large  Près  de  Canobe 
en  la  mer  se  descharge,  amyot,  Solon,  54.  11  pria 
les  eiecuteura  qu'on  luy  donnast  un  peu  de  temps 
et  de  lieu  pour  descharger  son  ventre  qui  le  pres- 
soit,  ID.  Pomp.  4  8.  Pauvre  homme  que  lu  es,  com- 
ment vas-tu  ainsi  deschargeant  la  fortune  de  ce  dont 
tu  la  pouvois  charger  el  accuser  à  ta  deschargeîiD. 
J».  jEm.  44. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el  chorffcr;  picard,  dé- 
ker/Tfr;  wallon,  diViiergt;  provenç.  el  uspagu.  des- 
cargar;  ital.  scaricare. 

l>CCUAR(iKlJn  (dé-char-jcur),  1.  m.  ||  i'  Celui  qui 


DEC 

décharge  une  voilure  ou  toute  autre  chose.  t|  Celui 
qui  décharge  les  marchandises.  La  décharge  du 
poisson  de  mer  frais  se  fera  en  la  place  des  halles 
par  les  compteurs-déchargeiirs  de  la  dite  marchan- 
dise, Itèglem.  de  la  cour  de  Parlement,  20fév.  40(0. 
Il  2°  Se  disait  autrefois,  dans  l'artillerie,  d'un  offi- 
cier préAsé  au  soin  de  faire  décharger  les  pou- 
dres et  les  autres  munitions.  ||  3°  Officier  qui,  sur 
les  ports  de  Paris,  veille  à  la  décharge  des  mar- 
chandises. Il  4°  Déchargeur  do  vin,  tonnelier  qui 
marque  avec  de  la  craie  le  vin  qu'on  achète  et  qui 
en  fait  la  décharge. 

—  IIIST.  XIII'  s.  Des  deskierkeurs  des  vins,  tail- 
LIAR,  Recueil,  p.  248.  Il  xvi*  s.  Onze  conducteurs  de 
charroy,  deschargeurs,  charpentiers,  charrons  et 
forgeurs,  M.  nu  Dell.  260. 

—  ÊTYM.  Décharger. 

t  DÉCUAKMER  (dé-char-mé),  V.  a.  Ôter  l'en- 
chantement, le  charme. 

—  niST.  xv  s.  Quant  la  pucelle  se  sentisl  deschar- 
mée de  ses  amours,  Perceforest,  t.  v,  P'33.  ||  xvi's. 
....Et  que  je  voy  Henry  l'Apollon  qui  m'inspire. 
Soudain  je  me  descharme,  el  ma  langue  veut  dire 
Les  honneurs  d'un  tel  prince....  bons.  784.  Moy  je 
mets  simplement  le  plaisir  en  avant,  El  l'heureux 
paradis  de  cesle  jouissance  Qui  vous  dusl  decliarmer 
de  la  feinle  apparance  De  ces  ombres  d'honneur 
qui  vous  vont  décevant,  desportes,  Œuvres,  p.  6  M , 
dans  LACtiRNE. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  charme. 
DÉCHARNÉ,  ÉE  (dé-char-né,  née),  part,  passé. 

Il  l'Dépouillé  de  chair.  Des  os  décharnés  ||2°Amaigri. 
Visage  décharné.  Mains  décharnées.  L'Etat  est  flo- 
rissant, mais  les  peuplesgémissent,  Leurs  membres 
décharnés  courbent  sous  mes  hauts  faits,  corn. 
Prol.  de  la  Toison,  i.  Il  [Sénèque]  était  maigr»  et 
décharné,  dider.  Règne  de  Claude  et  Néron,  i, 
§4.  L'espagnol,  décharné,  demi-nu,  nonchalamment 
assis  à  terre,  regarde  avec  pitié  ses  voisins,  qui, 
bien  nourris,  bien  vêtus,  travaillent  et  rient  de  sa 
folie,  RAYNAL,  Hist.  phil.  viii,  34.  Son  coursier  dé- 
charné De  loin  chez  nous  l'a  ramené,  bérang. 
Carabas.  ||  Terme  de  vétérinaire.  La  tête  du  cheval 
est  dite  décharnée,  quand,  péchant  par  excès  de 
longueur,  elle  présente  en  outre  peu  de  développe- 
ment dans  les  parties  molles  qui  entourent  les  os. 
Il  3°  Fig.  Qui  n'a  ni  l'ampleur  ni  les  développements 
ni  les  ornements  nécessaires,  en  parlant  des  choses 
littéraires.  Un  style  décharné.  Combien  les  faits  y 
sont-ils  décharnés  [dans  les  histoires],  c'est-à-dire 
séparés  tant  des  mouvements  secrets  qui  les  ont 
produits  que  des  circonstances  qui  ont  contribué  à 
les  faire  réussir!  nicole,  Ess.  de  mor.  4"  traité, 
ch,  8,  Je  ne  prétends  pas  faire  un  récit  sec  et  dé- 
charné des  variations  de  nos  Réformés ,  boss.  Var. 
préf.  Il  y  a  des  ouvrages  que  la  nature  doit  produire 
toute  seule  :  la  contrainte  des  préceptes  ne  fait  que 
les  affaiblir  et  leur  donner  une  certaine  sécheresse 
qui  les  rend  maigres  et  décharnés,  boil.  Longin, 
sublime,  2,  C'est  [M.  Bouillon]  un  traducteur  maigre 
et  décharné;  les  plus  belles  fleurs  que  l'Arioste  lui 
fournitdeviennentsèchesentresesmains,  id. Dissert, 
sur  Joconde.  Peut-être  s'est -on  déjà  aperçu  que 
les  faits  rapportés  jusqu'ici  ont  été  assez  dénués  de 
circonstances,  assez  décharnés,  fonten.  llerij.  Sans 
les  circonstances,  les  faits  demeurent  comme  dé- 
charnés :  ce  n'est  que  le  squelette  d'une  histoire, 
FÉN.  t.  XXI,  p.  229,  Les  étrangers  se  plaignent  que  le 
dictionnaire  de  notre  Académie  est  sec  el  décharné, 
VOLT.  Lett.  Damilaville,  28  mai  4762,  ||  4°  Sol  dé- 
charné, sol  stérile,  ||  Arbre  décharné,  arbre  auquel 
on  a  été  trop  de  bois. 

t  DÉCHARNEMENT  (dé-char-ne-man),  s.  m.  Étal 
de  ce  qui  est  décharné. 

DËCIIARNER  (dé-char-né),  t).  o.  ||  1° Dépouiller 
'.es  os  de  la  chair.  ||  2°  Amaigrir,  ôler  l'embonpoint. 
La  maladie  l'a  tout  décharné.  Ce  visage  si  grave 
N'a  sauvé  toutefois  des  ravages  du  temps  Qu'un  peu 
d'os  et  de  nerfs  qu'ont  décharné  cent  ans,  corn. 
Illusion  comique,!,  4,  ||  3° Fig,  Décharner  son  style, 
le  dépouiller  d'agréments,  d'ornements.  Il  savait 
que  les  préceptes ,  quand  on  les  traite  d'u  ne  manière 
si  nue  et  si  subtile,  ne  sont  propres  qu'à  dessécher 
l'esprit  et  qu'à  décharner,  pour  ainsi  dire,  le  dis- 
cours, en  lui  étant  toute  grâce  et  toute  beauté, 
ROLLiN,  Uisl.  anc.  t.  xi,  ï'part.  p.  728,  dans  pou- 
gens.  Il  4°  Ôter  aux  arbres  trop  de  bois.  ||  6°  Terme 
de  fauconnerie.  Décharner  un  leurre,  flter  le  mor- 
ceau de  chair  dont  il  est  garni.  ||  6»  Se  décharner, 
V.  réfl.  Devenir  décharné.  Ce  cheval  se  décharné. 

—  lilST.  xiii"  s.  Che  estoienl  Tapins  qu'avions  en- 
contre, Treslout  maigre  el  caitif  et  de  fain  descar- 
iié,  Ch.  d'Ànt.  v,  880.  Et  il  qui  me  vit  mogre  cl  des- 


DEC 

charné  de  la  maladie,  cl  en  l'abil  que  je  avoi»  esté 
en  prison,  dit  que  il  ne  m'en  bailleroit  nulles,  joinv. 
250.  Il  xiv's.  Tu  l'abcscheras  [donneras  au  faucon  la 
becquée]  sur  le  loirre,  puis  le  descharneras  [tu  ne 
le  laisseras  pas  achever  la  chair],  Uodus,  ^I.xxxII, 
verso.  Il  xvi's.  El  pour  ce  que  la  tuerie  et  la  piilcrie 
duroient  sans  fin,  les  plus  advisez  pour  descharncr 
[désacharner]  leurs  gens,  trouvèrent  invention  de 
les  faire  passer  à  Limoux,  d'aub.  Hist.  i,  438,  Les 
dents  [des  ladres]  sont  descharnées,  parE,  xxii,  4o, 
Amuser  la  curiosité  de  nostre  esprit,  luy  donnant 
où  se  paistre,  à  ronger  cet  os  creux  el  deschamé, 
MONT,  II,  238.  Mendiants  aux  portes,  descbarnez  de 
faim  elde  pauvreté,  id,  i,  246. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  c/wt'r,  anciennement 
char  el  charn;  provenç,  et  espagn,  descarnar. 

•j-DÉCUlRPIR  (dé-char-pir),  v.  a.  Séparer  des 
gens  qui  se  battent,  Andrès  clTrufaldin,  à  l'éclat 
du  murmure,  Ainsi  que  force  monde  accourus  d'aven- 
ture, Ont  à  les  décharpir  eu  de  la  peine  assez,  Tant 
leurs  esprits  étaient  par  la  fureur  poussés,  mol.  FE- 
.tour.  v,  4  4. 

—  HIST.  xui's.  Ire,  qui  est  maie  et  vilaine.  Ne 
sait  pas  tant  descharpir  laine.  Comme  ele  sait  des 
cheveus  rompre,  ruteb.  ii,  32.  ||xv's.  Si  porte,  en 
lieu  de  cueur  tapie.  Pensée  qui  m'est  dure  erpie 
[harpie] ,  Et  n'en  puis  estre  descDerpie,  A.  chari.  le 
Livre  des  4  dames. 

—  ÉTY.M.  Dé....  préfixe,  el  charpir,  à'oà  charpie 
(voy  ce  mot). 

t  DÉCUASSÊ  (dé-cha-sé) ,  s.  m.  l'as  de  danse  que 
l'on  fait  vers  la  gauche,  par  opposition  au  chaste 
qui  se  fait  vers  la  droite. 

DÉCUASSEU  (dé-cha-sé).  ||  1°  F.  n.  Terme  do 
danse.  Faire  un  chassé  à  gauche,  après  en  avoir 
fait  un  à  droite.  X  la  monaco  l'on  chasse  el  l'on 
dédiasse,  Chanson.  ||  Il  se  conjugue  avec  le  verbe 
avoir.  ||  2°  V.  o.  Terme  d'arts.  Les  tourneurs  di- 
sent déchasser  une  cheville  de  bois  pour  dire  la  faire 
sortir. 

—  HIST.  xii'  S.  Deus  t'a  eslit,  ço  dient  e  li  haut  â 
li  bas;  Pur  les  biens  que  t'a  fait,  pur  tuzque  li  ren- 
dras? Deslruiras  ses  iglises,  ses  clers  deschacerasî 
Th.  le  mart.  74.  Los  nos  [nôtres]  [ils]  vont  decha- 
çant,  n'es  ont  cure  d'eslire  ;  Mais  ainsi  come  il  sunt, 
les  prenent  tire  et  tire,  iai,  x.  ||  xv's.  Il  avoit  la 
roine  el  son  ains-né  fils  dcchassé  hors  d'Angleterre, 
FROiss,  I,  I,  9.  Et  [les  Flamands]  dechasserent  [de 
Cambrai]  et  mirent  dehors  les  gens  de  guerre  qui 
estoienl  dedens  le  chasleau  de  la  dite  ville  de  par  le 
roy,  JEAN  DE  TROYES,  Chr.  4479,  ||xvi'  s.  Ils  vin- 
drent  se  saisir  de  la  Gaule  et  eu  deschasser  les  pre- 
miers habitants,  mont,  m,  98,  ||  xvii's.  Mais  si  tosl 
que  le  fils  le  père  dechassa,,,,  rêgxier,  Sal.  vi, 

—  ÉTYM,  Dé....  préfixe,  el  chasser;  provenç,  de- 
cassar;  ital,  scacciare.  Dans  déchasser,  terme  de 
danse,  c'est  faire  le  contraire  de  chasser;  mais  dans 
déchasser,  faire  sortir,  ce  n'est  plus  le  même  sens, 
c'est  celui  de  l'historique  ,  où  dé....  exprime  aug- 
mentation ,  expulsion  :  chasser  au  loin,  chasser 
hors. 

t  DÉCHAUMAGE  (dé-chô-ma-j') ,  t.  m.  Action  de 
déchaumer  une  terre.  ||  Sorte  de  labour.  Le  déchau- 
mage  est  une  opération  agricole  dont  la  pratique 
suppose  des  connaissances  agronomiques. 

—  ÉTYM.  Déchaumer. 

DÉCHAUMÉ,  ÉE  (dé-chû-mé,  mée),  pari,  posté, 
Un  champ  dichaumé. 

DÉCHAUMER  (dé-chô-mé),  «.  a.  Enlever  le 
chaume  qu'on  a  laissé  en  moissonnant  des  céréales. 
Il  Donner  un  premier  labour  après  la  récolte  des  cé- 
réales; plus  spécialement,  labourer  superficiellement 
la  terre,  après  les  récoltes  du  froment,  de  l'avoine, 
des  graines  oléagineuses,  etc.  à  l'effet  de  provo- 
quer la  germination  des  mauvaises  plantes,  pour  les 
détruire  sûrement  dans  un  labour  subséquent. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chaume. 

t  DÉCHAUSSAGE  (dé-chô-sa-j') ,  î.  m.  Synonyme 
de  déchaus.semenl. 

DÉCHAUSSÉ,  ÉE  (dé-chô-sé,  sée),  port.  paué. 
Il  l'Qui  a  flté  ses  souliers.  Un  pied  déchaussé.  Il  Moines 
déchaussés,  moines  qui  portent  des  sandales  sans 
bas.  Dès  qu'on  m'eut  appris  que  ce  palais  était  le 
couvent  des  révérends  pères  Carmes  déchaussés,  je 
conçus  de  grandes  espérances,  volt.  l'Il.  aux  iO  écus, 
Aveitture  avec  un  carme.  ||  2°  Terme  de  maçonne- 
rie. Mur  déchaussé,  mur  dont  les  fondations  sont 
dégradées.  Les  murs  de  ce  quai  sont  tout  déchaus- 
sés. Il  3°Termede  dentiste.  On  dit  qu'une  dent  est 
déchaussée,  lorsqu'une  portion  de  sa  racine  n'esl 
plus  couverte  par  la  gencive,  ||4°  Dont  on  a  mis  à 
découvert  le  collet  et  les  racines,  en  parlant  des  vé- 
gétaux. De  gros  caieux  de  lis,  déchaussés  par  lef 


DEC 

pluies,  paraissaient  ÎL  la  surface  de  la  terre,  cha- 
lïAUB.  Itin.  33. 

DÉCHAUSSEMENT  (déchô-se-man),  s.  m.  ||  l'Ac- 
tion d'ôter  les  souliers.  ||  2°  Ëlat  d'une  construction 
qui  est  déchaussée,  et  action  de  la  déchausser. 
Il  3°  Action  de  détacher  du  coUet  d'une  dent  qu'on 
veut  arracher,  la  gencive  quiy  est  adhérente.  ||  Etat 
des  dents  dont  les  gencives  n'enveloppent  plus  la 
base.  Il  4°Terme  d'agriculture.  Action  de  déchausser, 
c'est-à-dire  d'enlever  la  terre  qui  protège  le  pied  d'un 
arbre,  d'une  plante  quelconque.  La  gelée  en  sou- 
levant les  terres  légères,  calcaires  ou  tourbeuses,  et 
les  lais.sant  retomber  ensuite,  est  souvent  une  cause 
du  déchau-ssement  des  céréales.  ||  Kaçon  donnée  aux 
arbres,  aui  vignes  en  les  labourant  au  pied,  et 
en  recouvrant  les  racines  avec  du  terreau  ou  du 
fumier. 

—  ÉTYM.  Déchausser. 

DÉCHAUSSER  (dé-chô-sé),  V.  a.  ||  1°  Tirer  à  quel- 
qu'un sa  chaussure.  Il  se  soumit  à  tout  ce  qu'on 
voulut;  les  demoiselles  firent  la  couverture  et  se  re- 
tirèrent; le  nain  le  déchaussa  ou  déboîta,  et  puis  le 
déshabilla,  scabron.  Roman  corn,  i"  part.  ch.  o. 
Il  Fig.  N'être  pas  digne  de  déchausser  quelqu'un, 
ne  pouvoir  se  comparer  à  lui.  Les  Moustapha  ne  sont 
pas  dignes  de  vous  déchausser,  volt.  Lell.  à  Ca- 
(her.  26.  Cela  n'est  pas  digne  de  déchausser  votre 
histoire  amoureuse,  sÉv.  Ii2.  ||  2°  Déchausser  un 
mur,  enlever  la  terre  qui  est  autour  de  ses  fonda- 
lions.  A  mesure  que  l'on  déchausse  quelque  édifice 
à  l'ompéi,  on  enlève  ce  que  donne  la  fouille,  cha- 
TEAUB.  Italie,  68.  Il  3°  Déchausser  une  dent,  en  dé- 
tacher la  gencive.  ||  4"  Déchausser  un  arbre,  en 
mettre  à  découvert  le  pied  et  les  racines.  ||  5°  Se  dé- 
chausser, V.  réfl.  Ôter  ses  chaussures.  Il  ne  peut  se 
déchausser  lui-même.  La  mère  a  obtenu  une  femme 
pour  là  servir,  mais  M.  le  duc  se  déchausse  lui- 
même,  SÉV.  )4  oct.  467B.  Il  Celte  dent  se  déchausse, 
elle  se  décolle  de  la  gencive. 

—  HIST.  xii°  s.  E  saint  Thomas  le  r'a  de  ço  fort 
chalengié,  Que  il  sun  parenté  aveit  tut  eissillié,  Nis 
des  petiz  enfanz  qui  erent  dechalcié.  Th.  le  mart. 
<tB.  ||xiu"  s.  11  apela  son  escuier.  Si  se  commande 
à  deschaucier,  I.ai  de  llelion.  Maintenant  se  fist 
deschaucier  Li  chevalier ,  et  si  se  couche ,  Ren. 
22174.  Mis  ele  i  aloit  autrement;  Quar  ele  i  aloit 
povrement  Veslue  et  toute  deschaucie,  ruted.  ii, 
<78.  Et  [ils]  vindrent  as  deus  pieres,  si  les  deschau- 
cierent,  ilerlin,  1-38,  recro.  ||  xvi«  s.  Il  fault  des- 
chausser ses  souliers  quand  on  entre  au  logis  du 
roy,  MONT.  I,  (12.  Or  s'il  s'en  courrouce,  qu'il  s'en 
deschausse,  desper.  Cymbal.  t2;i.  Là  tous  les  au- 
tres se  seans  en  terre  deschausserent  leurs  souliers, 
AMYOT,  Aralus,  24.  X  la  fin  les  Gaulois  commen- 
çoient  jà  à  descbausser  [déterrer]  les  roues  de  ces 
chariots  et  à  les  tirer  dans  la  rivière,  ID.  Pyrrhus, 
03.  Sans  oublier  de  luy  faire  changer  de  cheval, 
et  deschausser  les  esprons,  caiil.  viii,  38.  II  faudra 
deschausser  La  dent  qui  devoit  tomber,  puis  l'arra- 
cher, PARÉ,  XV,  27. 

—  ËTY.M.  De'....  préfixe,  et  chausser;  picard,  de- 
caucher;  provenç.  descaussar;  catal.  descalsar ;  es- 
pagn.  descalzar;  ital.  discalsare. 

t  DÉCHAUSSIÈKE  (dé-chô-siê-r'),  s.  /".  Terme  de 
vénerie.  Lieu  où  le  loupa  gratté  et  où  il  gîte. On  dit 
aussi  déchaussure. 

—  ÉTYM.  Déchausser. 

DÉCHAUSSOIR  (dé-chô-sair)  ,s.  m.Terme  de  den- 
tiste. Lame  d'acier  qui  sert  à  déchausser  les  dents. 

—  HIST.  XVI"  s.  Je  faisois  petites  scarifications  avec 
un  dechaussoir  de  dents,  paré,  xv,  28. 

—  ÉTYM.  Déchausser. 

fDËCHAUSSURE  (dé-chô-su-r'),  s.  f.  Yoy.  DÉ- 

CIIAUSSIÊRE. 

DÉCUAUX  (dé-chô) ,  adj.  m.  Qui  porte  des  san- 
dales sans  bas.  Déchaux  ne  se  dit  que  des  carmes; 
on  dit  carmes  déchaux  et  augustins  déchaussés. 

—  HIST.  XIII' s.  Cascune  sans  eslrief  [étrier]  seoit, 
Et  si  n'orent  solliers  ne  chances,  Ains  estoient  totes 
deschauces.  Lai  du  trot.  Il  les  fist  prendre,  et  leur 
fist  lolir  leur  avoirs,  et  les  fist  mener  en  Salenique, 
nus  et  deschaus  à  pié,  villeh.  cliii.  Le  roi  sailli  de 
son  lit  tout  deschaus,  joinv.  <9(i.  Et  lors  je  me  parti 
de  Joinvilie  sans  rentrer  au  chastel  jusques  à  ma 
revenue,  à  pié  deschaus  et  en  langes,  id.  209.  ||  xV  s. 
11  lui  vint  soudainement  un  homme  en  pur  le  chef 
et  tout  deschaulx  et  vestu  d'une  povre  cotte  de  burel 
blanc,  FROiss.  m,  iv,  29.  Six  des  plus  notables  bour- 
geois, tous  deschaux,  les  bars  au  col,  id.  i,  i,  320. 
Il  xvr  s.  On  leur  rasoit  les  cheveux,  on  les  faisoit 
aller  deschaux,  amyot,  Lyc.  34. 

—  ÉTY.M.  Picard,  décaus;  wallon,  dihd;  namu- 
tois.  déchaui  rouclii,  dccaux;  du  bas- lati n  dùcai- 


DEC 

dus,  qui  est  dans  la  loi  salique;  de  dis  (voy.  des.... 
préfixe),  et  calceus,  soulier  (voy.  chausser). 

DÉCHÉANCE  (dé-ché-an-s'),  s.  f.\\i°  Action  de 
déchoir,  dégénération.  Aimer  une  chose,  c'est  se 
complaire  dans  .sa  possession,  sa  grâce,  son  ac- 
croissement, craindre  sa  privation,  ses  déchéan- 
ces.... VAUVEN.  De  l'espr.  hum.  24.  ||2°  Terme  de 
jurisprudence.  Perte  d'un  droit,  pour  déi.iut  d'ac- 
complissement d'une  formalité  dans  un  délai  dé- 
terminé. ||  3°  Perte  de  la  couronne,  du  trône.  La 
déchéance  de  Louis  XVI  prononcée  par  l'assemblée. 

—  HIST.  XII*  s.  Mais  jo  quit  [pense]  dire  veir  de 
cele  decaance;  Petit  à  petit  est  venuz  à  repeiitance, 
Th.  le  mart.  toi, 

—  ETYM.  Déchoir;  provenç.  dechazensa,  desca- 
sensa  ;  espagn.  decadencia;  ital.  scadenza. 

DÉCHET  (déchè;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie:  des  dé-chè-z  inat- 
tendus; déchets  rime  avec  traits,  accès,  paix,  etc.), 
s.  m.  Il  1°  Perte  qu'une  chose  éprouve  dans  sa  quan- 
tité, sa  qualité,  sa  valeur.  L'hôte  parlait  de  leur 
faire  payer  le  déchet  de  son  avoine,  scarr.  Jiom. 
com.  ch.  17.  Ceux  qui  font  les  voitures,  chemin  fai- 
sant, font  le  faux  saunage  tout  de  leur  mieux  aux 
dépens  de  la  voiture  même,  où  le  déchet  est  souvent 
remplacé  par  du  sable  et  par  d'autres  ordures,  vaub. 
Dîme,  p.  t04.  Il  Terme  d'orfèvre  et  de  monnayeur. 
Perte  qui  se  trouve  sur  l'or  et  sur  l'argent  qui  ont 
été  fondus.  ||  Terme  d'hydraulique.  Ce  qui  manque 
à  une  .source,  à  un  jet,  par  rapport  à  ce  qu'ils  de- 
vraient fournir.  Il  2°  î'ig.  Diminution,  discrédit.  Je 
viens  faire  celte  visite  pour  réparer  tout  ce  qu'il  y 
aurait  de  déchet  en  la  perfection  religieuse,  Boss. 
Visite,  1.  Heureux  le  fidèle  qui  met  toute  son  élude 
et  toute  son  application  à  se  pourvoir  pour  le  salut; 
qui  ne  peut  soufi'rir  sur  cela  le  moindre  déchet, 
BOURD.  Pensées,  1. 1,  p.  t?.5.  On  veut  avoir  un  compte 
exact  des  moindres  dépenses  que  font  les  domesti- 
ques, et  on  ne  prend  nullement  garde  au  déchet  de 
leur  piété  et  à  la  ruine  entière  de  leur  religion,  id. 
Serai.  Dim.  t.  11,  p.  33.  ||  Proverbe.  Il  y  a  bien  du 
déchet  sur  la  filasse,  se  dit  pour  exprimer  qu'un 
profit,  une  succession  ont  beaucoup  moins  produit 
qu'on  ne  comptait,  et  aussi  qu'une  personne  a  fait 
de  grosses  pertes  d'argent. 

—  HIST.  xV  s Fut  la  dicte  vaisselle  mise  en 

feu  et  fondue,  puis  fut  refaicte  et  rendue,  et  pour 
façon  et  dechiet  en  eut  LacroisiUe  la  somme  de  ... 
Comptes  de  l'hôtel  de  ville  de  Tours,  Bibl.  des  Cliart. 
4' série,  t.  I,  p.  IC8.  ||xvi°s.  [La  divination]  vient 
en  mespris  et  deschet  de  réputation,  amyot,  Sylla, 
ie.  Il  est  malaysé  de  ramener  les  choses  divines  à 
nostre  balance,  qu'elles  n'y  souffrent  du  deschet, 
MONT,  i,  249.  Cette  infinie  beauté,  puissance  et  bonté 
[de  Dieu],  comment  peut-elle  soufi'rir  quelque  cor- 
respondance et  similitude  à  chose  si  abjecte  que 
nous  sommes,  sans  un  extrême  interest  et  deschet 
de  la  divine  grandeur?  id.  ii,  2C0. 

—  ÉTYM.  Déchoit  ou,  suivant  la  prononciation 
normande,  déchet,  ancien  participe  du  verbe  dé- 
choir :  ce  qui  est  tombé,  perdu. 

DÉCHEVELÉ,  ÉE  (dé-cheu-ve-lé,  lée),  part,  passé. 
Dont  les  cheveux  sont  épars.  Mainte  veuve  pourtant 
fait  la  déchevelée,  Qui....  la  font.  DIalr.  Vous 
faisiez  [Henri  III]  mille  grimaces  :  courir  la  ba- 
gue en  femme,  faire  des  repas  avec  vos  mignons, 
où  vous  étiez  servi  par  des  femmes  nues  et  déche- 
velées;  puis  faire  le  dévot,  fEn.  Dial.  des  morts 
mod.  13. 

DÉCUEVELER  (dé-cheu-ve-lé  ;  la  syllabe  che  prend 
le  son  cheu,  c'est-à-dire  se  renforce,  quand  la  syl- 
labe qui  suit  reste  muette.  L'i  se  double  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette:  je  déchevelle,  je  dé- 
cheveHerai),  v.  a.  Mettre  en  désordre  la  chevelure 
de  quelqu'un.  Les  nymphes  des  lieux  en  hurlèrent. 
Et  leurs  tètes  déchevelèrent,  scarron,  Virg.  trav. 
IV.  Il  Se  décheveler,  v.  réfl.  Mettre  ses  cheveux  en 
désordre.  Ces  deux  femmes,  en  se  battant,  se  sont 
toutes  deux  déchevelées. 

—  HIST.  xiir  s.  Le  roy,  qui  estoit  en  croiz  sur  le 
pont  de  la  nef,  tout  dechaus,  en  pure  cote  et  tout 
deschevelé  devant  le  cors  Nostre  seigneur  qui  estoit 
en  la  nef,  joinv.  283.  ||  xv*  s.  Après  veindrent  les 
dames  et  damoiselles  toutes  deschevelées,  lesquelles 
en  plorant ,  pareille  requeste  feirent ,  juvenal, 
Charles  VI,  <382.  Et  là  supplia  au  peuple  les  lar- 
mes aux  yeulx  et  toute  deschevelée,  qu'il  leur  pleust 
avoir  pytié  de....  comm.  v,  17. 

—  ÉTV.M.  Dé....  préfixe,  et  cheveu;  provenç.  des- 
cabelhar;  espagn.  descabellar. 

tDÉCUEVËTRER  (dé-che-vê-tré),  v.  a.  Ôter  le 
chevètre  d'une  bête  de  somme. 

—  HIST.  xvi*  s.  Dès  lors  il  est  pris  aux  rets,  sans 


DEC 


981 


qu'il  s'en  puisse  dechevestrer,  tout  le  demeurant  de 
sa  vie,  pasquier,  Recherches,  p.  293,  dans  lacub.ne. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chevètre. 

t  DÉCHEVILLER  (dé-che-vi-llé.  Il  mouillées),  i). 
a.  Ôter  les  chevilles.  ||  Se  décheviller,  v.  réfl.  Perdra 
ses  chevilles. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  Piètre  du  Bois  s'en  vint  à  Com- 
mines,  et  là  entendit  aux  besognes,  et  fit  tous  les 
aisdu  pont  descheviller,  froiss.  ii,  ii,  170. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cheville. 
DÉCHIFFRABLE   (dé-chi-fra-W),  adj.  Oui  peut 

être  déchifi'ré.  Cette  écriture  n'est  pas  déchiffrable. 
De  sorte  qu'une  langue  inconnue  est  déchiffrable, 
PAsc.  Éloq.  27.  M.  de  Thibouville  m'écrit  une  leltro 
peu  déchiffrable,  VOLT.  ie((.d'4rjen(aJ,  I0juin(707. 

—  ÉTYM.  Déchiffrer. 

DÉCHIFFRÉ,  ÉE  (dé-chi-fré,  frée),  part,  passé. 
Dont  on  lit  le  chiffre.  Je  vous  envoie  la  lettre  de 
mon  neveu  déchiffrée,  boss.  Lett.  quiét.  3U3.  ||  Mu- 
sique déchiffrée  à  première  vue. 

DÉCHIFFREMENT  (dé-chi-fre-man) ,  s.  m.  Action 
de  déchiffrer;  résultat  de  cette  action.  Il  y  reçut  les 
déchiffrements  [des  dépêches]  le  soir,  sév.  392.  M.  de 
Pontchartrain  crut  qu'il  fallait  déposer  le  chiffre  et 
le  déchiffrement  de  la  lettre  [de  Gervaise]  à  M.  de 
Paris,  ST-siM.  6) ,  3(.  Il  Par  extension,  action  de  dé- 
chiffrer des  écritures  en  caractères  et  en  langues 
inconnues.  Le  déchiffrement  des  inscriptions  cu- 
néiformes. Il  Terme  de  musique.  Le  déchiffrement 
d'une  sonate. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  harangue  du  tiers  estât  com- 
mença par  les  louanges  du  roy  et  de  son  conseil; 
de  là  se  mit  sur  le  blasme  des  prestres  et  déchiffre- 
ment de  leur  vie,  d'aub.  llist.  1,  108. 

—  ÉTYM.  Déchiffrer. 

DÉCHIFFRER  (dé-chi-fré),  v.  a.  \\  1» Expliquer  ce 
qui  est  écrit  en  chiffres.  Un  courrier  était  attendu; 
M.  de  Pomponne  donne  tout  à  déchiffrer,  sév.  392. 
En  moins  de  huit  jours  j'eus  déchiffré  le  tout,  qui 
assurément  n'en  valait  pas  la  peine,  j.  j.  houss. 
Conf.  VII.  Il  Par  extension,  déterminer  la  valeur  des 
lettres  et  des  mots  dans  des  écritures  inconnues.  Dé- 
chiffrer les  inscriptions  cunéiformes.  ||  2»  Par  exten- 
sion, lire  une  écriture  mauvaise,  un  texte  presque 
illisible.  Une  écriture  difficile  à  déchiffrer,  sÉv.  557 
La  force  de  l'amitié  me  déchiffrerait-elle  votre  écri- 
ture? ID.  05.  Je  n'ai  pu  déchifiVer  le  mot  essentiel, 
et  il  n'en  est  aucun  que  je  voulusse  perdre,  mainte- 
non.  Lettre  à  Mme  de  Dangcau,  t.  vu,  p.  tio,  dans 
pouGENS.  Cela  vaut-il  le  soin  de  vous  tant  préparer? 
Donnez-moi  le  billet,  je  vais  le  déchiffrer,  regnard. 
Légat.  11,  6.  Quittez  la  lyre,  ô  ma  muse  1  Et  déchif- 
frez ce  mandat,  béhang.  Muse  en  fuite.  Qu'imporlc 
à  moi  que  mon  nom  sur  la  pierre  Soit  déchiffré  par 
un  futur  savant?  id.  Mon  tombeau.  \\  3°  Fig.  Dé- 
mêler, pénétrer  ce  qu'il  y  a  de  comphqué  et  d'obs- 
cur dans  une  chose.  Amour....  Me  déchiffre  aussitôt 
son  discours  indiscret,  Régnier,  Élég.u.  Déchiffrez 
les  secrets  de  la  terre  et  des  cieux ,  id.  Sat.  ix.  Il  lui 
serait  très-malaisé  d'en  déchiffrer  la  vérité,  desc. 
ilélh.  0.  Je  ne  sais  si  je  pourrai  déchiffrer  cela,  voit. 
Lett.  23.  Comment  pourra-t-il  soutenir  [un  nouvel 
anobli  ]  ces  odieuses  pancartes  [  billets  d'enterre- 
ment] qui  déchifl'rent  les  conditions  et  qui  souvent 
font  rougir  la  veuve  et  les  héritiers?  la  bruy.  vi. 
L'avis  à  déchiffrer  est  si  fort  difficile,  tristan,  Ma- 
riane,  i,  3.  Je  me  suis  proposé  de  reconnaître  à 
quels  animaux  appartiennent  les  débris  osseux  dont 
les  couches  superficielles  sont  remplies....  anti- 
quaire d'une  nouvelle  espèce,  il  me  fallut  appren- 
dre à  la  fois  à  restaurer  ces  monuments  des  révolu- 
tions passées  et  à  en  déchiffrer  le  sens,  cuvier, 
Révol.  p.  8.  Il  Familièrement.  Déchiffrer  quelqu'un, 
se  rendre  compte  de  son  caractère.  J'avais  un  voisin 
à  déchiffrera  ma  droite,  diderot.  Sur  les  caract. 
Comme  il  déchiffre  un  cœuri  comme  il  connaît  les 
femmes!  DORAT,  Feinte  par  amour,  11,  3.  ||  4°  Terme 
de  musique.  Lire  de  la  musique  à  première  vue.  Elle 
ne  saitDoint  déchiffrer  un  air  sur  la  note,  j.  j. 
Ronss.  Èm.  v.  Me  voilà  maître  à  chanter  sans  savoir 
déchiffrer  un  air,  id.  Conf.  iv.  Il  ne  faut  que  savoir 
parler  pour  déchiffrer  le  chant,  id.  Hél.  i,  52.  1|  Lire 
une  musique  assez  compbquée.  ||  Absolument.  Ce 
musicien  déchiffre  bien.  ||  5°  Se  déchiffrer,  v.  réfl. 
Être  déchiffré.  Des  écritures  qui  ne  se  déchiffrent  pas. 

—  HIST.  xvi*s Fait  déchiffrer  tel  noisif  aller- 
cas  Par  ces  crieurs,  dont  l'un  soustient  tout  droict, 
Droict  contre  tort,  l'autre  tort  contre  droict,  marot, 
I,  248.  Il  m'a  dechifré  une  différence  d'appetils;  ce- 
luy  qu'on  a  à  jeun....  mont,  i,  381.  Quand  Platon 
nous  deschiffre  le  vergier  de  Pluton,  et  les  commo- 
ditez  ou  peines  corporelles  qui....  id.  ii,  251.  De 
m'eslendre  et  deschiffrer  par  le  menu  l'excelleuco 


982 


me 


de  ce  festin,  seroit  une  superduilé  sulijecto  à  moc- 
querie,  cabl.  ivJ3.  S'en  ira  à  l'assemblée  faire  son 
Mport  doschilTrer  la  teste  du  cerf,  kouilloux,  Vé- 
nerie, fac,  dans  LACUBNE. 

—  f.TYM.  Dé....  prétiie,  et  chiffrer. 
DÉCUIKFREOR  (dé-clii-freur) , *.  m.  \\i'  Celui  qui 

a  la  clef  d'un  chiffre.  ||  Celui  qui  a  le  talent  d'expli- 
quer ce  qui  est  écrit  en  chiffres.  Son  pJre[deKossi- 
gnol]  avait  été  le  plus  habile  déchiffreur do  l'Europe, 
ST-siM.  <6(,  206.  Il  2°  Par  extension  et  familière- 
ment, celui  qui  sait  lire  les  mauvaises  écritures. 
Vous  êtes,  à  dire  le  vrai,  un  admirable  déchiffreur 
de  lettres,  dalz.  liv.  v,  lett.  22.  ||  8°  Déchiffreur, 
déchiffreuse,  celui,  celle  qui  lit  couramment  la  mu- 
siipie;  ne  se  dit  guère  qu'avec  une  épithète.  Un  ha- 
bile, un  mauvais  déchiffreur. 

—  IllST.  XVI*  s.  Ce  fut  &  chercher  de  toutes  parts 
interprètes,  dochifrreiir3,desnoueurs  d'esKuillettes, 
et  autres  gens  de  l'autre  monde,  qui  y  eussent  rien 
entendu,  noél  du  pail.  Contes  d'Ëutrap.  ch.  XV. 

—  ETYM.  Déchiffrer. 

DÉCHIQUETÉ,  ÉE  (dé-chi-ke-té,  tée),por(.pa«^. 
Un  drapeau  tout  déchiqueté  par  les  balles  de  l'en- 
nemi. Il  Terme  de  botanique.  Feuille  déchiquetée, 
feuille  découpée  dont  les  découpures  sont  elles-mêmes 
partagées  plus  ou  moins  profondément  en  segments 
de  forme  irrégulière.  ||  Fig.  On  aime  un  tissu  de  pe- 
tites phrases  isolées,  décousues,  hachées,  déchique- 
tées, D'otivET,  Prosnd.  franc,  art.  v,  §  2. 

DÉCUIQUETEU  (dé-chi-ke-té.  Le  (  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  déchiquette,  tu  dé- 
chiquetteras), v.a.  Il  1"  Découper  en  chiquettes,  en 
faisant  diverses  taillades.  Déchiqueter  une  feuille  de 
papier.  Déchiqueter  une  volaille.  ||  Faire  des  trous  à 
une  pièce  de  poterie,  dans  l'endroit  où  l'on  veut  ap- 
pliquer un  mancheou  une  oreille.  Il  Kig.  Leslibraires, 
les  censeurs  et  tout  ce  qui  s'attache  à  la  peau  des 
malheureux  gens  de  lettres,  achevaientde  déchique- 
ter et  sucer  le  peu  de  substance  qui  leur  restait, 
BEAUM.  Barb.  de  Siv.  i,  2.  ||  2°  Se  déchiqueter,  v. 
réfl.  Se  faire  des  entailles.  Ce  fou,  dans  un  trans- 
port, se  déchiqueta  à  coups  de  couteau.  ||  Fig.  Elles 
voudraient  pour  ainsi  dire  se  déchiqueter  par  des 
austérités,  Doss.  Lett.  Corn.  7. 

—  llisr.  xv  s.  Dieu  scet  s'ilz  auront  froit  aux 
bras  Par  leur  manche  déchiquetée,  en.  d'orl.  7{on- 
deou.  Il  XVI'  s.  Ornez,  vestus  en  extrême  richesse. 
Drap  d'or,  velours eschiqueté  sans  cesse,  J.  marot, 
V,  <37.La  bonne  femme,  toute  maudolente,  lui  dit: 
Au  diable  soit  le  déchiqueté,  desper.  Contes,  Lxix. 
Ce  qui  faict  veoir  tant  de  cruautez  inouies  aux 
guerres  populaires,, c'est  que  cette  canaille  de  vul- 
gaire s'aguerrit  et  se  gendarme  à  s'ensanglanter  jus- 
ques  aux  coudes  et  deschiquetter  un  corps  à  ses 
pieds,  n'ayant  ressentiment  d'aultre  vaillance,  mont. 
m,  400. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chiqueter,  composition 
où  dé  a  le  sens  augmentatif;  wallon,  diciketer;  na- 
murois,  dichiketer;  génev.  déchicoter. 

t  BÉCHIQUETEUR  (dé-chi-ke-teur),  s.  m.  Néolo- 
gisme. Celui  qui  déchiquette. 

DÊCUIQUETURE  (déchi-ke-tu-r') ,  s.  f.  Taillade 
faite  dans  une  étoffe. 

—  IllST.  XVI*  s.  Pensez  quel  beau  spectacle,  et 
comme  il  fit  bon  voir  Ce  prince  [Henri  IH]  avec  un 
buse,  un  cdrps  de  satin  noir  Coupé  à  l'espaignole, 
où  des  dechiquetures  Sortoient  des  passemens.... 
d'aub.  Tragiques,  u. 

—  f.TYM.  Déchiqueter. 

DÊCIIIRAGE  (dé-chi-ra-j') ,  s.  m.  Action  de  dé- 
faire un  train  de  bois  flotté,  ou  de  désassembler  les 
planches  des  vieux  bateaux.  ||  Bois  de  déchirage  ou, 
simplement,  déchirage,  le  bois  qui  provient  de  la 
démolition  d'un  bateau. 

—  ETYM.  Déchirer. 

DÉCHIRANT,.  ANTE  (dé-chi-ràn,  ran-t'),  adj.  Qui 
déchire  l'ime,  qui  émeut  fortement.  Situation  dé- 
chirante. J'entends  encor  sa  voix  pénible  et  déchi- 
rante, M.  J.  CHÉN.  Calas,  V,  fl. 

DÉCHIRÉ,  ÉE  (dé-chi-ré,  rée), part. passé.  ||  1°  Mis 
en  lambeaux,  en  piftces.  Un  vêlement  déchiré.  Lais- 
sez-moi loin  de  vous  et  loin  de  ce  rivage  De  mon 
fils  déchiré  fuir  la  sanglante  image,  hac.  Fhèd.  v, 
7.  Vous  le  verrez  venir  déchiré  de  coups,  si  néan- 
moins il  en  revient,  kollin,  Ilist.  anc.  (ItAitres, 
t.  viii,  p.B88,  dans  pougens.  El  peut-être  demain  je 
meurs  chargé  de  honte,  Traîné  sur  l'échafaud,  lente- 
ment déchiré,  c.  delav.  Vêpres  sicil.  Il,  o.  ||  Bateau 
déchiré,  bateau  mis  en  pièces,  ne  pouvant  plus  ser- 
vir.||Étre déchiré,  tout  déchiré,  avoir  ses  vêtements 
en  lambeaux.  ||  Fig.  et  familièrement.  Cette  femme, 
cette  fille  n'est  pas  tant,  n'est  pas  si  déchirée,  elle 
n'est  pas  laide,  elle  est  ossex  jolie.  Vous  y  verrez 


DEC 

ma  femme  Margot,  qui  n'est  pas  encore  si  déchi- 
rée, COLLÉ,  Partie  de  chasse  de  Henri  IV,  ii,  )l. 
Il  11  se  dit  aussi  de  terrains  qui  présentent  comme 
des  déchirures.  Des  montagnes  arides  et  déchirées. 
Il  2°  Fig.  Un  cœur  déchiré  par  les  remonls.  Toujours 
déchiré  entre  l'envie  de  vous  voir  et  la  crainte 
d'être  ridicule,  s6v.  133.  Entre  Zamoreet  vous  mon 
âme  déchirée  Succombe  au  repentir  dont  elle  estdé- 
vorée,  volt.  Ali.  v,  7.  Ses  remord.s,  ma  pitié,  son 
aspect,  son  absence,  A  mes  sens  déchirésfont  tropde 
violence,  ID.  Fanal,  m,  <o.  Ce  n'e.st  point  là  non  plus 
l'écrit  d'un  méchant  homme  ;  un  malheureux  égare- 
ment.... je  me  sens  déchiré,  beaumahch.  Mèrecoup. 
Il ,  ) .  Il  8°  En  proie  aux  déchirements,  aux  divisions. 
Ne  pouvant  plus  reconnaître  la  majesté  de  la  religion 
déchirée  par  tant  de  sectes,  boss.  Reine  d'Anglet. 
Home  était  déchirée  par  les  guerres  civiles,  rollin, 
Ilist.  anc.  Œuvres,  1. 1,  p.  1 32,  dans  pougens.  Peut- 
être  la  plus  noble,  la  plus  grande  des  entreprises 
coûterait-elle  moins  de  sang  et  de  trésors  à  l'Europe, 
que  la  moindre  des  querelles  dont  elle  est  conti- 
nuellement déchirée,  haynal,  Ilist.  phil.  xi,  ». 
Il  4°  En  butte  aux  propos  de  la  haine.  Calomnié,  dé- 
chiré par  ses  ennemis.  ||5°Terme  d'anatomie.  Trou 
déchiré,  nom  donné  à  l'hiatus  occipito-sphéno-tem- 
poral,  à  cause  de  l'irrégularité  de  son  pourtour. 
Il  Terme  de  zoologie.  Ailes  déchirées,  ailes  des  in- 
sectes, sur  les  bords  desquelles  se  voient  des  dechi- 
quetures irrégulières.  ||  Terme  de  botanique  qui  se 
dit  de  toute  partie  dont  les  bords  présentent  des 
découpures  inégales  et  comme  difformes.  ||  Proverbe. 
Chien  hargneux  a  toujours  l'oreille  déchirée,  c'est- 
à-dire  il  arrive  toujours  quelque  accident  aux  gens 
querelleurs. 

DÉCHIREMENT  (dé-chi-re-man),  s.  m.  ||  l'Action 
de  déchirer,  résultat  de  cette  action.  Le  déchirement 
des  habits  était  une  marque  de  douleur  et  d'indi- 
gnation parmi  les  Juifs.  ||  2"  Kig.  Déchirement  de 
cœur,  violente  douleur.  Ce  qui  s'est  passé  me  cause 
un  déchirement  dont  vous  savez  les  raisons,  sBv. 
(60.  On  ne  perd  pas  en  un  moment....  ce  qui  était 
le  prix  des  larmes,  des  violences,  des  confusions, 
des  déchirements  de  tout  le  cœur,  mass.  Car. 
Inconst.  Pour  m'épargner  de  continuels  déchire- 
ments, je  m'enfermais  avec  mes  livres,  ou  bien 
j'allais  soupirer  et  pleurer  à  mon  aise  au  milieu  des 
bois,  J.  J.  Bouss.  Conf.  vi.  En  passant  devant  Vin- 
cennes,  je  sentis  à  la  vue  du  donjon  un  déchirement 
de  cœur  dont  le  baron  remarqua  l'effet  sur  mon  vi- 
sage, ID.  ib.  VIII.  Il  3°  Déchirement  d'entrailles,  co- 
lique violente.  Ma  mère  me  mit  au  monde  avec  de 
grands  déchirements  d'entrailles,  chateaub.  Alala, 
278.114*5.  plur.  Troubles,  discordes  que  causent 
les  factions,  les  guerres.  L'Europe  est  en  proie  à 
de  grands  déchirements. 

—  HIST.  XII*  s.  Et  cil  depanent  lor  vestures,  ki  ne 
soi  espargnent  mie  el  deschirement  de  la  defo- 
rienne  [extérieure]  bealteit,  Job,  446. 

—  ÊTYM.  Déchirer. 

DÉCHIRER  (dé-chi-ré),  v.  a.  ||  l'Meltre  en  pièces 
sans  se  servir  d'un  instrument  tranchant.  Déchirer 
ses  vêtements  en  signe  d'affliction.  Ou  si  par  mes 
taureaux  il  se  fait  déchirer.  Voulez -vous  que  je 
l'aime  afin  de  le  pleurer?  corn.  Toison  d'or,  iv,  t. 
U  [le  peuple]  vient  de  déchirer  Métrobate  et  Zenon, 
ID.  Nicom.  V,  4.  Arrachons,  déchirons  tous  ces  vains 
ornements,  rac.  Esth.  i,  6.  Ayant  déchiré  ses  vê- 
tements, il  [Jacob]  se  couvrit  d'un  cilice ,  sacy, 
liible,  genèse,  37,  34.  L'esprit  du  Seigneur  se  saisit 
de  Samson,  qui  déchira  le  lion  comme  il  aurait  fait 
un  chevreau,  w.  Bible,  juges,  xiv,  6.  Solon,  à  ce 
mot,  déchirant  ses  habits,  frappant  sa  poitrine,  et 
ne  s'expliquent  que  par  des  larmes  et  des  sanglots, 
s'abandonna  à  la  plus  vive  douleur,  bollin',  Hist. 
anc.  Of-urres,  t.  u,  p.  508,  dans  pougens.  Il  n'est 
plus?  Quelles  mains  ont  déchiré  son  flanc?  volt. 
Slérope,  ii,  6.  Mais  tant  que  je  verrai  des  tigres  en 
furie  Déchirer  les  enfants  de  ma  triste  patrie,  id. 
Triumv.  iv,  4.  Le  tonnerre  et  les  vents  déchirent 
les  nuages,  st-lamdemt.  Saisons,  été.  ||  Par  exten- 
sion. Cependant  les  trois  cents  Français  que  déchire 
la  mitraille,  persévèrent;  déjà  ils  atteignaient  la 
position  ennemie....  sêgur,  Hist.  de  Napol.  i,  4. 
Il  Déchirer  un  acte,  un  contrat,  le  mettre  en  piè- 
ces; et  fig.  Déchirer  un  contrat,  un  acte,  une  con- 
stitution, les  anéantir.  ||  Poétiquement.  Déchirer  les 
entrailles  de  la  terre,  la  fouiller  soit  pour  y  cher- 
cher les  métaux,  soit  seulement  pour  la  labourer. 
Plus  on  déchire  les  entrailles  de  la  terre,  plus  elle 
est  libérale.  ||  Déchirer  un  bateau,  en  débiter  les  par- 
ties, les  planches.  ||  Déchirer  de  coups,  donner  tant 
de  coups  ou  des  coups  si  violents  que  la  peau  s'en- 
lève. Ils  sont  armés  de  fouets  et  ils  se  disposent  à 


Dtr. 

le  déchirer  de  coups,  boubd.  Exhort.  sur  la  flagell. 
de  J.  C.  t.  Il,  p.  71.  Il  Déchirer  une  blessure,  la 
rouvrir,  la  rendre  plus  grande;  et  fig.  renouveler 
une  douleur.  Pourquoi,  renouvelant  ma  honte  et  ton 
injure,  De  tes  funestes  mains  déchirer  ma  blessure? 
volt.  Scythes,  m,  4.  || Terme  militaire.  Dech'rer  la 
cartouche,  déchirer  avec  les  dents  l'extrémité  paT_ 
laquelle  on  l'introduit  dans  le  fusil.  ||  Fig.  Terme  mi-" 
litaire.  Déchirer  la  toile,  exécuter  sans  ensemble 
des  feux  d'infanterie.  ||  Déchirer  se  dit,  en  un  sens 
plus  restreint,  pour  faire  une  déchirure.  Elle  a  dé- 
chiré sa  robe.  ||  On  dit  aussi  déchirer  pour  sépa. 
rer,  diviser,  sans  qu'il  y  ait  une  idée  d'irrégularité. 
Déchirer  une  feuille  de  papier  en  deux,  jj  2*  Fig. 
Troubler  par  des  déchirements,  par  des  divisions. 
Déchirer  la  société  en  partis  opposés.  Pour  ne  pas 
partager  vos  biens,  et  pour  soutenir  le  vain  hon- 
neur de  votre  nom,  vous  déchirez  et  vous  désho- 
norez l'héritage  de  Jésus-Christ,  mass.  Car.  Dang. 
des  prosp.  temp.  Moi,  j'irais  de  mon  fila,  le  seul 
bien  qui  me  reste,  Déchirer  avec  vous  l'héritage 
funeste  I  volt.  Mérope ,  i,  3.  Jérusalem  était  dé- 
chirée par  trois  factions,  boss.  Ilist.  ii,  8.  Ce  prince 
du  plus  noble  sang  qu'il  y  ait  dans  le  monde  et 
qui  travaille  à  déchirer  de  ses  propres  mains  sa 
patrie  et  le  royaume  de  ses  ancêtres,  fên.  Dial. 
des  morts  mod.  ».  La  France  allait  encor  se  dé- 
chirer le  sein,  lemerc.  Bruneh.  J,  t.  \\  3°  Causer 
une  vive  douleur  physique.  Un  mal  cuisant  déchire 
ma  poitrine,  bérang.  Malade.  ||  Fig.  Déchirer  le 
cœur,  l'âme,  causer  une  vive,  une  profonde  afflic- 
tion. Qu'il  déchire  mon  âme  et  ne  l'ébranlé  pas, 
CORN.  Poly.  11.  2.  Vous  parlerai-jedeses  perles  et  de 
la  mort  de  ses  chers  enfants?  ils  lui  ont  tous  déchiré 
le  cœur,  boss.  Marie-Thér.  Portant  partout  le  trait 
dont  je  su  is  déchiré ,  rac.  Phèd.  ii ,  2.  C'est  de  déchi- 
rer vos  cœurs  el  non  vos  vêtements,  mass.  Car.  Culte. 
Il  Elliptiquement  et  en  sous-enlendant  le  cœur, 
l'âme Hélas!  que  vous  me  déchirez,  rac.  Bérén. 

IV,  6.  Un  trouble  assez  cruel  m'agite  et  me  dévore, 
Sans  que  des  pleurs  si  chers  me  déchirent  encore, 
m.  ib.  IV,  6.  Mille  soupçons  encor  viennent  me  dé- 
chirer, ID.  Siihr.  IV,  <.  Quoi  I  de  quelque  remords 
êtes-vous  déchirée?  id.  Phèd.  i,  3.  Tant  de  ména- 
gement me  déchire  el  m'irrite,  volt.  Sajlhes,  v,  3. 
De  quel  ressouvenir  mon  âme  est  déchirée?  id.  Zaïre, 
11,  3.  Mon  épouse,  mon  fils  me  déchirent  le  cœur, 
ID.  Orphel.  I,  7.  De  quelque  grand  remords  lu  sem- 
blés déchiré,  ID.  Fanât,  m,  8.  Les  douleurs  de  cette 
pauvre  femme  me  déchiraient,  j.  j.  bouss.  Conf.  ii. 
C'est  trop  gémir  et  soupirer.  Ah  I  calmez  ces  regrets 
profanes;  Vos  maux  viendraient  me  déchirer  Jus- 
qu'au fond  du  séjour  des  mânes,  gilb.  Ode  à  la 
reine.  Les  jalouses  fureurs  dont  vous  me  déchirez, 
c.  DELAV.  Vêpres  sicil.  iv,  <.  Pourquoi  nous  déchirer 
de  regrets  superflus?  id.  tb.  iv,  4.  ||  4*  Déchirer 
quelqu'un  à  belles  dents,  en  médire  outrageuse- 
ment. Il  Absolument.  Diffamer.  Sa  mémoire  fut  dé- 
chirée, BOSS.  Ilist.  i,  iU  Vous  devez  cette  grâce  à 
votre  propre  gloire;  En  m'arrachant  la  mienne  on  la 
va  déchirer,  corn.  Théod.  m,  3.  Je  vais  composer 
contre  eux  une  satire  du  style  de  Juvénal  qui  les  dé- 
chirera de  la  belle  façon,  mol.  Bourg,  gent.  :i,  «. 
11  déchire  l'innocence  de  ces  filles,  pasc.  Prov.  H 
Par  quelles  injures  on  déchire  l'Église  romaine, 
BOSS.  Réfut.  Ils  déchirent  par  leurs  railleries  et  mêm» 
par  leurs  médisances  tout  ce  que  les  serviteurs  de 
Dieu  font  de  plus  édifiant,  bourd.  Sainteté,  2*  avent, 
p.  289.  Vous  avez  déchiré  la  réputation  de  votre 
frère,  in.  Pénitence,  2*  oten».  p.  485.  On  me  dé- 
chire de  tous  côtés,  vous  ne  m'apprenez  rien  de  nou- 
veau ,  MAINTENON,  Lett.  à  Mme  de  St  Géran,  *  "  nov. 
(682.  De  la  même  bouche  dont  on  vient  de  bénir  le 
Seigneur,  on  déchire  ses  frères,  mass.  Car.  Culte. 
Les  sots,  qui  déchireraient  Corneille  s'il  n'était  pas 
mort,  et  qui  seront  bien  aises  de  vous  déchirer, 
parce  que  vous  êtes  vivant,  d'alemb.  Utt.  à  Volt. 
27  janv.  1762.  Que  font  ici,  dis-moi,  les  vertus  do 
nos  pires?  En  déchirant  ton  siècle,  où  prétends-tu 
venir?  mar.  j.  chén.  Gracques,  il,  3.  ||  Absolument. 
Une  duplicité  indigne  qui  loue  en  face  et  déchire  en 
secret,  mass.  Car.  Midis.  ||  6*  Déchirer  la  main  qui 
nous  protège,  rendre  le  mal  pour  le  bien.  Un  infi- 
dèle ami  que  j'avais  mal  jugé.  Qui  déchire  la  main 
dont  il  fut  protégé,  c.  delav.  Vêpres  sicil.  ii,  4. 
Il  6*  Fig.  et  familièrement.  Déchirer  l'oreille,  les 
oreilles,  affecter  le  sens  de  l'ouïe  d'une  manière 
dés.igréable.  ||  7*  V.  n.  Terme  du  commerce  de  la 
broderie.  Déchirer,  couper  les  pièces  de  mousse- 
line, etc.  sur  lesquelles  on  doit  broder  (parce  qu'en 
effet  on  déchire).  Ainsi  l'on  dit  :  c'est  aujourd'hui 
qu'on  déchire  dans  telle  maison.  ||8*  Se  déchirer, 

V.  réfl.  Se  mettre  en  pièces.  Le  malheureux  lion  se 


DEC 

décliire  lui-même,  la  font.  Fabl.  ii,  9.  ||Être  dé- 
chiré. En  même  temps  le  voile  du  temple  se  déchira 
en  deux  depuis  le  haut  jusqu'en  bas,  sacy,  BMe, 
Évang.  St  Mathieu,  xxvu,5i.  ||  Se  diviser  régulière- 
ment. En  ce  sens  on  dit  que  le  calicot  se  déchire,  à 
la  différence  d'autres  tissus  qui,  àdéfaut  deciseaux, 
te  déchirent,  c'est-à-dire  se  divisent  irrégulièrement. 
Il  Terme  d'hydraulique.  Se  séparer  avant  de  tomber 
dans  le  bassin  inférieur,  en  parlant  d'une  nappe 
d'eau.  Il  9°  Médire  les  uns  des  autres.  Les  hommes  do 
parti  se  calomnient  et  se  déchirent.  Eh  !  sans  sor- 
tir de  la  cour,  n'a-t-il  pas  encore  vingt  caractères 
de  gens  oii  il  n'a  point  touché?  n'a-t-il  pas,  par 
exemple,  ceux  qui  se  font  les  plus  grandes  amitiés 
du  monde  et  qui,  le  dos  tourné,  font  galanterie  de 
se  déchirer  l'un  l'autre?  mol.  Imprompt.  3.  Est-il 
rien  de  plus  commun  dans  le  commerce  des  hom- 
mes que  de  se  déchirer  mutuellement  par  de  cruelles 
et  injurieuses  méilisances?  bourd\l.  fo/»or(.  Faux 
tém.  contre  J.  C.  t.  ii,  p.  6.  Vous  avez  des  domes- 
tiques qui  se  déchirent  les  uns  les  autres,  m.  2e  dim. 
après  Pâques,  Dominic.  t.  ii,  p.  67.  Les  chrétiens, 
partagés  en  Monophysiles  ou  Jacohites  et  orthodoxes, 
se  déchiraient,  dider.  Opm.  des  anc.  phil.  Sarra- 
sins. Il  Proverbe.  Il  ne  s'est  pas  fait  déchirer  le  man- 
teau, son  manteau  pour  cela,  c'est-à-dire  il  n'a  pas 
fallu  lui  faire  violence  pour  lui  faire  accepter....  pour 
le  décider  à....  Dicton  tiré  de  l'histoire  de  Joseph 
qui  laissa  son  manteau  entre  les  mains  de  la  femme 
de  Putiphar. 

—  HIST.  XII"  s.  Qui  si  lui  ot  son  grenon  dessiré, 
Ronc.  p.  iOi.  Sa  tendre  face  as  ongles  descirer,  ib. 
p.  <7(.  Guiteclinsle  fiert  si  que  l'aubert  lui  descire, 
Sax  X.  Quant  li  reis  Tout  tut  sul  enmi  le  champ 
mené,  Fait-il:  Sirearcevesque,  mult  m'avez  deciré; 
Car  altre  conseil  m'unt  à  grant  damage  esté,  Th.  le 
mart.  lU.  Descired  out  ses  drapels,  puis  puldre 
sur  le  chief.  Rois,  te.  Si  que  [il]  ne  deschiret  par 
alcune  m.alvaise  desturbance  la  pense  [la  pensée]  ki 
tote  s'estent  en  l'amur  de  Deu,  Job,  408.  ||  xiii'  s. 
Par  le  mantel  [il]  l'enmeno,  si  qu'il  l'a  deschiré, 
Berte,  xv.  Des  ronces  qui  l'avoient  [la  robe]  eus  au 
bois  descirée,  ib.  xlvi.  Ysengrin  remest  en  la  briche 
[piège] ,  Oui  mouU  s'esforce  et  sache  et  tire ,  X  poi  la 
pel  ne  li  descire,  Ren.  t202.  Encore  ne  vaut  le  [la] 
lettre  riens,  qu'on  trueve  deschirée  toute  ou  en  par- 
tie, BEAUM.  XXXV,  )0.  Et  de  ce  coup  que  nostre  nef 
prist,  furent  li  notonnier  si  desperez  que  il  dessi- 
rolent  leur  robes  et  leur  barbes,  joinv.  t9e.  \\  xv  s. 
Quand  les  gens  du  comte  virent  la  bannière  du  comte 
toute  descirée,  ils  furent  tous  esbahis,  froiss.  ii,  ii, 
5*.  Il  XVI"  s.  Monstrans  leurs  bonnetz  foupyz,  leurs 
robbes  descirées,  bab.  Gar.  i,  2fl.  Il  n'est  point  bi- 
guot,  il  n'est  point  dessiré,  id.  ib.  i,  40.  Mesmes 
de  verge  il  le  blesse  et  dessire,  marot,  ii,  200.  Sa 
force  fond  ainsi  qu'au  feu  la  cyre,  Dont  tout  bon 
cueur  barbe  et  cheveux  descire,  id.  ii,  271.  Quant 
au  texte  de  Moïse,  ils  le  déchirent  en  le  voulant  es- 
tendre  jusqu'à  leur  folle  fantaisie,  calvin,  <23.  On 
n'en  sauroit  faire  deux  ni  trois  [églises]  sans  desci- 
rer Jésus  Christ,  id.  Instit.  8)2.  Ces  tresses  blondes 
que  tu  deschires,  mont,  i,  22.  Ces  divisions  et  sub- 
divisions qui  nous  deschirent  aujourd'huy,  id.  m, 
237.  Injurieusement  nous  dessirons  un  homme  tout 
vif,  id.  m,  38).  Il  s'en  fouit  un  jour  à  Athènes,  là 
où  comme  il  fust  tous  les  jours  harassé  et  desciré 
par  les  crieries  ordinaires  des  calomniateurs,  amyot, 
Cimon,  )7.  Mahomet  fit  déchirer  l'aga  des  Janis- 
saires, pour  avoir  souffert  qu'on  violast  sa  foi,  d'aub. 
llisl.  m,  428.  J'en  vis  plusieurs  qui  entrèrent,  beau- 
coup plus  mal  en  poin.,  ?t  plus  deschirez  que  moy, 
dont  je  receus  un  peu  de  plaisir,  Sat.  Mén.  )  93. 

—  ÉTYM.  Génev.  échirer;  picard,  dékirer;  wal- 
lon, dichurer  et  hirer;  namurois,  churer,  hirer  et 
churer,  qui  sont  radicaux  de  dé-chirer;  provenç.  es- 
quirar;  mot  hybride  composé  de  dé....  préfixe,  et 
l'ancien  haut-allemand  skerran,  déchirer. 

j  DÉCHIBEUR  (dé-chi-reur) ,  s.  m.  Ouvrier  qui 
dépèce  les  bateaux  hors  de  service. 

—  ÉTYM.  Déchirer. 

BÉCUIRURE  (dé-chi-ru-r'),  s.  f.  Rupture  faite  en 
déchirant.  Elle  a  fait  une  déchirure  à  sa  robe.  La 
déchirure  d'une  plaie.  • 

—  HlSï.  XIII"  s.  Encore  ne  vaut  le  [la]  letre  riens, 
qu'on  trueve  deschirée  toute  ou  en  partie,  puisque 
le  [la]  deschirure  passe  point  de  le  [la]  lettre,  beaum. 
XXXV,  )0. 

—  ÉTYM.  Déchirer;  génev.  échirure. 
DÉCHOIR  (dé-choir) ,  je  déchois,   tu  déchois,   il 

déchoit,  et  aussi,  il  déchet,  nous  déchoyons,  vous 
déchoyez,  ils  déchoient;  je  déchus;  je  décherrai; 
je  décherrais  (on  dit  aussi,  régulièrement  :  je  dé- 
choirai, je  déchoirais);  déchois,  déchovons;  que  je 


DEC 

déchoie,  que  nous  déchoyions,  que  jo  déchusse; 
point  de  participe  présent;  déchu,  déchue,  v.  n. 
Il  1°  Tomber  dans  un  état  inférieur  à  celui  où  l'on 
était.  L'âge  la  fit  déchoir,  adieu  tous  les  amants,  la 
FONT.  fabi.  vu,  r,.  Et  comme  celle-ci  [aventure] 
déchet  dans  la  peinture  [perd  à  être  peinte],  La  pein- 
ture déchet  dans  ma  description,  m.  Tabl.  Du  rang 
où  notre  esprit  une  fois  s'est  fait  voir.  Sans  un  fâ- 
cheux éclat  nous  ne  saurions  déchoir,  boiu  EpUre  vi. 
Voilà  ce  qui  fit  déchoir  un  roi  d'ailleurs  si  juste, fén. 
M.  XIX.  Ma  foi,  quand  un  ouvrage  a  passé  l'ordi- 
naire. Si  l'on  ne  veut  déchoir,  il  ne  faut  plus  rien 
faire,  montreuil.  Lettre  avec  des  vers  parodiés 
d'//oracc.  Il  Déchoir  de,  ne  pas  conserver.  Je  vous 
parlerai  peut-être  quelque  jour,  mes  pères,  de  ce 
mélange  confus  d'opinions;  et  on  sera  surpris  de 
voir  combien  vous  êtes  déchus  du  premier  esprit 
de  votre  institut,  pasc.  Prnv.  )3.  [Vertu]  Sans  la- 
quelle ils  sont  en  danger  de  déchoir  de  leur  justice, 
ID.  Prière.  La  perfidie  du  disciple  qui  déchoit  de  son 
apostolat,  MASS.  Pass.  2.  On  pouvait  hardiment  le  con- 
tredire, on  aurait  pu  le  convaincre  sans  déchoir  un 
moment  de  sa  familiarité  et  de  sa  bienveillance, 
MAKKji, Éloges,  Card.  dePolignac.  Après cesarrêts, 
achetés  à  très-haut  prix,  il  n'en  sera  que  plus  sûre- 
ment déchu  de  l'espoir  de  rien  sauver  de  ce  qui  lui 
était  dû,  RAYNAL,  Ilist.  phil.  V,  22.  ||  Terme  de  théo- 
logie. Déchoir  del'état  de  grâce,  perdre  la  grâce. Vous 
imposez  à  vos  ennemis  des  crimes  dont  vous  savez 
qu'ils  sont  innocents,  parce  que  vous  croyez  le  pou- 
voir faire  sans  déchoir  de  l'état  de  grâce,  pasc.  Prov. 
)B.  La  question  est  non  pas  de  savoir  si  on  aura  un 
jour  cette  grâce,  mais  si  on  peut  déchoir  un  seul 
moment  après  l'avoir  eue,  Boss.  Variât,  xiv,  §  4G. 
Ne  permettez  pas  que  nous  venions  jamais  à  en  dé- 
choir, bourdal.  Annonc.  de  la  Vierge,  Myst.  t.  11, 
p.  )49.  Il  2°  Diminuer,  s'affaiblir.  Son  crédit  com- 
mence à  déchoir.  Je  crois  que  l'école  a  beaucoup 
déchu  et  qu'elle  déchoira  davantage,  dider.  Salon 
de  )787,  Œuvres,  t.  xv,  p.  36,  dans  pougens. 
Il  Commencer  à  déchoir,  avancer  en  âge.  ||  3°  Dé- 
choir s'est  dit  autrefois  en  termes  de  marine  pour 
dériver,  sortir  de  la  route. 

—  UEM.  1.  Déchoir  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir  quand  il  exprime  une  action  :  depuis  ce  mo- 
ment il  a  déchu  de  jour  en  jour;  et  avec  l'auxi- 
liaire être,  quand  il  exprime  un  état  :  il  y  a  long- 
temps qu'ils  sont  déchus  de  ces  privilèges.  ||  2.  X  la 
3"personnedu  pluriel  du  présentde  l'indicatif,  ondit 
aujourd'hui  déchoient  seulement,  bien  qu'au  singu- 
lier on  dise  encore  déchet.  Bossuet  a  dit  déchéent  : 
Ils  ne  déchéent  pas  de  l'état  de  justification,  Var. 
xiv,  §  GO.  Il  3.  Les  formes  en  e  sont  une  intru- 
sion de  la  prononciation  normande  entre  les  formes 
en  ui. 

—  HIST.  XI"  S.  Dient  Franceis  :  moût  déchéent  li 
nostre,  Ch.  de  Roi.  cxxi.  Com  decarrat  ma  force  et 

ma  baudur!  ib.  cciv.  ||  xiii"  s Si  ques  il  avient  à 

le  [la]  fois  que  Ii  héritage  en  empirent  et  dequieent, 
BEAUM.  XXII,  ).  Ces  arcevesques  et  ces  evesques  qui 
ci  sont,  m'ont  chargé  que  je  vous  die  que  la  cres- 
tienté  dechiet  et  font  entre  vos  mains,  joinv.  290. 
Et  pour  ce  je  vous  demant  S'amie  prent  son  amant, 
Et  il  li  par  mariage,  S'amours  en  va  decheant,  Bibl. 
des  Chartes,  4"  série,  t.  v,  p.  322.  ||  xv"  s.  [Chacun 
était  ému  de  pitié  à  la  vue  des  six  bourgeois  de  Ca- 
lais agenouillés  aux  pieds  d'Edouard]  Et  vraiement 
ce  n'estoit  pas  merveille;  car  c'est  grand  pitié  de 
voir  hommes  descheoir  et  estre  en  tel  estât  et  dan- 
ger, FROISS.  I,  1,  32).  Nonobstant  ce  jeune  âge,  ne 
descheut  pas  en  luy  l'homme  de  si  noble  estât,  Bou- 
ciq.1,  ch.  )8.  Il  XVI" s.L'hommedechetet périt,  si  le 
seigneur  este  de  lui  sa  miséricorde,  calv.  93.  Nul 
n'est  admis  à  recevoir  les  bénédictions  de  Dieu,  si- 
non celui  qui  déchet  et  défaut  par  le  sentiment  de 
sa  pouretè,  id.  Instit.  )89.  Ce  désir  tel  quel,  avant 

•que  se  mettre  en  train,  défaut,  pour  ce  qu'il  déchoit 
en  vanité,  id.  ib.  )9).  La  nature  de  l'homme,  com- 
bien qu'eue  soit  decheute  de  son  intégrité,  et  fort 
corrompue-...  id.  ib.  )94.  111a  conforme  et  fortifie 
par  la  vertu  de  son  esprit,  à  ce  qu'elle  ne  va- 
cille ou  dechée,  id.  ib.  244.  Si  plusieurs  ne  des- 
cheoyent  de  la  foy  commune,  Jésus  Christ  n'eust 
point  dit....  ID.  i6.  429.  Nous  nions  que  jamais 
ils  tombent  ou  dechoyent  de  la  fiance  qu'ils  ont 
une  fois  conceue,  n>.  ib.  433.  Elle  a  esté  confor- 
mée par  succession  perpétuelle  des  evesques,  à  ce 
qu'elle  ne  descheust  pas,  id.  ib.  838.  Selon  que 
les  choses  deschoyent  journellement  de  mal  en  pis, 
ID.  ib.  909.  Se  voyant  descheu  de  son  espérance, 
MONT.  I,  298.  Il  est  descheu  de  la  maistrise  comme 
un  enfant,  id.  ii,  80.  Il  remplist  le  sénat,  qui  estoit 
''ort  descheut  et  diminué  d'hommes,  amyot,  Publ. 


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983 


20.  Comme  il  se  fust  présenté  l  demander  l'office 
de  tribun  du  peuple,  Û  en  fut  débouté  et  en  des- 
cheut par  les  menées  de  Sylla,  id.  Sertor.  B.  Aux 
ulcères  qui  ont  tin  an  ou  davantage,  l'os  nécessai- 
rement se  pourrit  et  déchet,  paré,  t.  m,  p.  C45. 
Que  l'on  face  son  compte,  le  bien  se  descheoir  entre 
les  mains  des  fermiers,  0.  DE  serres,  63.  Secourir 
les  vignes  langoureuses,  descheantes  et  pleurantes, 
ID.  (99.  Le  naturel  des  amandes  est  de  se  descheoir 
[diminuer]  en  confissant,  id.  868. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  choir;  provenç.  de- 
chaier,  descaser;  espagn.  decaer;  portug.  detahir; 
ilal.  decadere.  Le  latin  n'a  pas  decadere. 

DÉCIIOCÉ,  ÉE  (dé-chou-é,  ée),  part,  passé.  Bâ- 
timent déchoué. 

t  DÉCUOUEMENT(dé-chou-man),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Action  de  déchouer. 

DÉCIIOUER  (dé-chou-é),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Remettre  à  flot  un  bâtiment  échoué. 

—  lîTYM.  Dé....  préfixe,  et  échouer. 

t  DÉCHRISTIANISER  (dé-kri-sti-a-ni-zé),  v.  a. 
Faire  cesser  d'être  chrétien.  ||  Se  déchristianiser,  v. 
réfl.  Perdre  le  caractère  de  chrétien. 

—  IIIST.  xii"  s.  Ce  que  Deus  a  sacré  ne  puet  nuls 
dessacrer,  Ne  nul  crislien  humme  nuls  descristia- 
ner,  St  Thom.  3). 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  chrétien. 

DÉCHU ,  UE  (dé-chu ,  chue) ,  part,  passé  de  dé- 
choir.  Il  1°  Tombé  lias,  mis  moins  hnut  qu'on  n'était. 
Cet  homme  est  bien  déchu.  Bientôt  cet  Etat,  que  vous 
croyez  déchu,  sera  la  merveille  de  l'Hespéne,  fén. 
Tél.  XXII.  Quoique,  à  dire  vrai,  je  ne  sois  pas  tombé 
de  bien  haut,  je  me  sens  déchu  et  tout  prêt  à 
déchoir  encore,  d'alemb.  Lett.  au  roi  dePr.  24  juil- 
let )780.  Il  Qui  a  perdu  la  dignité  qu'il  possédait.  Roi 
déchu.  Les  princes  déchus.  Héros  déchu  ,  delav. 
Paria,  v,  7.  ||  2°  Fig.  Qui  est  tombé,  comme  d'une 
hauteur,  de  ce  qui  lui  était  précieux,  pouvoir,  es- 
pérance, etc.  Se  voyant  si  ridiculement  déchu  de 
ses  espérances,  hamilt.  Gramm.  )0.  Déchu  du  doux 
espoir  d'être  aimé  de  Sylvie,  J'abandonne  ma  vie 
Aux  plus  vives  douleurs  qu'  un  cœur  puisse  souffrir, 
SEGRAis,  Chansons,  47.  Vos  ennemis  déchus  de  leur 
vaine  espérance,  rac.  Brit.  11,  2.  Les  Trente  [tyrans 
à  Athènes],  déchus  de  leur  pouvoir  et  de  leurs  es- 
pérances, députèrent  à  Lacédémone  pour  demander 
du  secours,  rollin,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p 
)  22,  dans  pougens.  Il  alui-même  abdiqué  son  gou- 
vernement dans  les  provinces  américaines,  en  nous 
déclarant  déchus  de  sa  protection  et  en  nous  faisant 

la  guerre,  raynal,  Hist.  phil.  xviii,  45 L'amour 

est  déchu  de  son  autorité  Dès  qu'il  veut  de  l'hon- 
neur blesser  la  dignité,  volt.  Catilina,  i„3. 1|  Terme 
de  théologie.  Déchu  de  la  grâce ,  qui  a  perdu  la  grâce 
divine.  Ceux  qui  sont  déchus  de  la  grâce  de  Dieu, 
BOSS.  Ilist.  II,  7.  Il  Absolument.  L'homme  déchu, 
l'homme  qui  est  déchu  de  l'état  d'innocence  par  le 
péché  d'Adam.  Qui  de  nous  ignore  que, du  sem  de 
son  obscurité,  les  regards  de  l'homme  déchu  se 
tournent  involontairement  vers  l'éclat  de  son  exis- 
tence passée?  ségur,  Ilist.  de  Napol.  Préface.  \\  Les 
anges  déchus,  les  anges  rebelles  à  Dieu,  qui  furent 
expulsés  du  paradis  et  relégués  dans  l'enfer. 

f  DÊCI....  préfixe  employé  dans  les  noms  des  me- 
sures du  système  métrique  et  qui  exprime  les  subdi- 
visions. Ce  préfixe  n'a  pas  été  bien  choisi  ou  bien 
formé;  car,  en  latin,  deci  multiplie  et  ne  divise  pas. 

f  DÉCIARE  dé-si-a-r'),  s.  m.  La  dixième  partie 
d'un  are. 

—  ÉTYM.  Déci....  préfixe,  et  are. 

DÉCIDÉ,  ÉE  (dé-si-dé,  à&e), part. passé.  \\  fDont 
la  solution  est  donnée.  Cette  question  va  être  déci- 
dée. Il  2°  Qui  n'a  rien  de  vague,  d'incertain.  Le  mi- 
nistère louvoie,  il  n'a  pas  de  marche  décidée.  Cette 
musique  n'a  point  un  caractère  décidé.  ||  Signalé.  Il 
lui  accorde  une  préférence  décidée.  ||  3»  Arrêté,  ré- 
solu. C'est  une  chose  décidée.  ||  4°  Qui  a  pris  sa  réso- 
lution. Ce  n'était  pas  qu'il  fût  décidé,  mais  il  ne 
s'occupait  pas  de  l'être,  staél,  Corinne,  xi,  ).  Il 
laissa  Mortier  et  la  jeune  garde  à  une  lieue  derrière 
lui,  tendant  ainsi  de  trop  loin  une  main  trop  faible 
à  son  armée,  et  décidé  à  l'attendre,  ségur,  Hùt. 
de  Napol.  x,  3.  ||  5°  Plein  de  résolution.  Homme  dé- 
cidé. Il  lui  tint  un  langage  décidé.  Un  airvif,  étourdi, 
décidé,  favart,  Soliman  II,  n,  <). 

DÉCIDÉMENT  (dé-si-dé-man),  adv.  D'une  ma- 
nière décidée,  ferme.  Prendre  décidément  son  parti. 
Il  En  tête  d'un  membre  de  phrase,  décidément  ex- 
prime une  ferme  résolution.  Décidément,  je  n'en  fe- 
rai rien.  Décidément,  j'y  renonce. 

—  ÉTYM.  Décidé,  et  le  suffixe  ment. 
DÉCIDER  (dé-si-dé),  v.  a.   \\  1°  Porter  un  juge- 

ment  sur  une  chose  douteuse  ou  contestée.  L'Église 


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a  décidé  ce  poinl.  Il  y  en  a  beaucoup  que  le  trop  d'es- 
prit gltc...,  et  qui  sei  aient  bien  fâchés  d'être  de  l'avis 
des  autres,  pour  avoir  la  gloire  de  tout  décider, 
MOL.  Critique,  se.  7.  ||  f  Mener  à  conclusion.  Déci- 
der une  affaire.  Le  courage  joint  à  l'habileté  décide 
tout  dans  les  batailles.  Les  deux  rivaux  décidèrent 
leur  querelle  à  Pharsale.uoss.  Uist.  I,  9.  Kt  par  dos 
droits  secrets  que  le  ciel  avait  décidés,  la  princesse 
du  momie  la  plus  parfaite  appartenait  déji  au  plus 
(çrand  des  rois,  flêch.  Harie-Thér.  Knfin  les  deux 
rois,  résolus  de  décider  leur  querelle,  rangèrent 
leurs  armées  en  bataille,  hollin,  Uisl.  anc.  (Eu- 
rres,  t.  viii,  p.  30,  dans  fol'Gf.ns.  Les  Français  fu- 
rent éblouis  de  quelques  succès  qui  ne  décidaient 
rien,  baynal,  Ilist.  phil.  x,  t6.  ||  3°  Détermi- 
ner à.  Cette  raison  l'a  décidé  .1  ne  rien  entrepren- 
dre. Trois  cents  soldats,  formés  en  trois  troupes, 
furent  les  seuls  qu'on  put  décider  à  monter  à  cet 
assaut;  on  vit  ces  hommes  dévoués  s'avancer  ré- 
solument contre  des  mllliersd'ennemis,  sur  une  po- 
sition formidal)le,  séguh,  Ilisl  de  Napol.  x,  4.  ||  Ab- 
solument. Kutusof  le  joue,  il  [Napoléon]  le  sent, 
mais  il  se  trouve  engagé  si  avant  qu'd  ne  peut  plus 
ni  avancer,  ni  rester,  ni  reculer,  ni  combattre  avec 
honneur  et  succès;  ainsi,  tour  à  tour  poussé  par 
tout  ce  qui  décide  ou  détourne,  il  demeure  sur 
ces  cendres  [de  Moscou],  espérant  à  peine,  désirant 
toujours,  SÉGIJR,  Uist.  de  Napol.ym,  <0.||  Décider 
se  dit  aussi,  par  extension,  pour  faire  prendre  à 
quelque  chose  une  direction,  une  sorte  de  détermi- 
nation. Là  sont  les  .sources  des  rivières  qui  versent 
leurs  eaux  dans  les  mers  Noire  et  Baltique;  mais  le 
sol  y  est  lent  à  décider  leur  pente  et  leur  courant;  de 
sorte  que  les  eaux  y  séjournent  et  inondent  au  loin 
le  pays,  sKgur,  Ilisl.  de  Napol.  iv,  6.  ||  4»  Déci- 
der une  chose,  en  prendre  la  résolution.  Ils  avaient 
pour  orateurs  plutôt  que  pour  chefs,  des  vieillards 
qui  décidaient  les  hostilités,  qui  donnaient  le  si- 
gnal du  départ,  raynal,  Ilisl.  phil.  ix,  6.  \\h°V.  n. 
Porterdesjugements.  Ne  décidonsjamaisàla  légère. 
Ces  gens  qui  décident  toujours,  et  parlent  hardi- 
ment de  toutes  choses  sans  s'y  connaître,  mol.  Cri- 
tique, se.  c.  On  croit  qu'il  y  a  de  la  honto  à  douter  et 
à  ignorer;  et  l'on  aime  mieux  parler  et  décider  au  ha- 
sard que  de  reconnaître  qu'on  n'est  pas  assez  informé 
des  choses  pour  en  porter  jugement,  rollin.  Traité 
des  Etudes,  v,  art.  2.  Dans  ce  siècle  hardi....  Soit  que 
l'on  blâme  ou  qu'on  approuve,  On  décide  plus  qu'on 
n'entend,  lamotte,  Fabl.  v,  B.  |j  C'est  un  homme 
qui  aime  à  décider,  qui  décide  trop  hardiment, 
c'est-à-dire  qui  aime  à  prononcer  des  jugements, 
qui  prononce  des  jugements  sans  être  suffisamment 
informé,  instruit.  ||  6°  Décider  de,  ordonner,  dispo- 
ser de.  Je  vous  croirai  Bunhus,  lorsque  dans  les 
alarmes  II  faudra  soutenir  la  gloire  do  nos  armes, 
Ou  lorsque,  plus  tranquille,  assis  dans  le  sénat.  Il 
faudra  décider  du  destin  de  l'État,  hac.  Bril.iii, 
t.  Du  Troyen  et  du  Grec  faites-le  décider;  Qu'il 
songe  qiii  des  deux  il  veut  rendre  ou  garder,  id. 
Andr.  n,  2.  Il  faut  de  nos  destins  que  Bajazet  dé- 
cide, ID.  Baj.  I,  3.  Les  dieux  décident  de  tout, 
FÉN.  Te'l.  VI.  Il  Décider  de,  donner  une  solution, 
une  conclusion  à  un  événement,  à  une  intention ,  etc. 
Ces  événements  qui  décident  de  la  fortune  des 
empires,  Boss.  Ilist.  m,  2.  Nos  penchants  déci- 
dent toujours  de  nos  lumières,  mass.  Av.  Disp.  Le 
temps  et  les  coutumes  décident  de  nos  mœurs,  id. 
Car.  Immut.  Ahisi  mes  penchants  décidaient  de 
ma  destinée,  id.  ib.  Respect  hum.  Les  exemples  des 
grands  décident  presque  toujours  des  mœurs  publi- 
ques, iD.  Panég.  St  Louis.  Cette  batai.'le  [de  Thym- 
brée]  est  un  des  plus  considérables  événements  de 
l'antiquité,  puisqu'elle  décida  de  l'empire  d'Asie  en- 
tre les  Assyriens  de  Babylone  et  les  Perses,  rolli^j, 
Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  u,  p.  2oo,  dans  pougens.  Eh 
bien,  puisqu'on  le  veut,  que  la  guerre  en  décide, 
cnÉn.  Ilhckdam.  ii,  2.  ||  Décider  sur,  décider  de, 
porter  un  jugement  sur.  Décider  sur  tout,  de  tout. 
Il  croit  avoir  droit  de  décider  sur  mes  sentiments, 
Boss.  Avert.  2.  Décider  du  mérite  et  du  prix  des 
auteurs,  boil.  Sat.  vu.  Les  manières,  qua  l'on  né- 
glige comme  de  petites  choses,  sont  souvent  ce  qui 
fait  4)116  les  hommes  décident  de  vous  en  bien  ou  en 
mal,  LA  bruy.  v.  La  règle  de  Descartes  qui  ne  veut 
pas  que  l'on  décide  sur  les  moindres  vérités  avant 
qu'elles  soient  connues  clairement  et  distinctement, 
est  assez  belle  et  assez  juste  pour  devoir  s'étendre 
au  jugement  que  l'on  fait  des  personnes,  id.  xu. 
Il  7"  Décider  de,  avec  un  infinitif,  prendre  la  résolu- 
tion de.  Il  a  décidé  de  renvoyer  son  domestique. 
Il  S"  Se  décider,  ».  réfl.  Hecevoir  une  solution,  une 
conclusion.  La  difficullé  qui  reste  se  décidera  dans 
une  discussion  en   règle.  La  bataille  ne   se   déci- 


dait pas.  Il  touche  au  moment  où  son  sort  se  dé- 
cide. Il  suffit  d'établir  la  règle;  les  cas  particuliers 
se  décident  ensuite  d'eux-mêmes,  mass.  Coiifér. 
Us.  des  rev.  ecclés.  Tout  .se  décidait  par  l'intérêt 
et  par  la  force,  boss.  Ilist.  m,  7.  ||  Se  décider, 
prendre  uno  résolution.  Je  me  décide  à  rester,  h  par- 
tir. Clotaire  en  mon  palais  se  décide  &  paraître,  le- 
MERC.  Bruneh.  m,  2.  ||Se  décider  pour  quelqu'un, 
pour  quelque  chose,  donner  la  préférence,  se  pro- 
noncer pour.  Les  électeurs  se  décidèrent  pour  son 
compétiteur.  La  victoire  se  décida  pour  César  dans 
les  plaines  de  Pharsale. 

—  HiST.  XVI'  s.  i  cesie  fin,  chascun  membre,  du 
plus  précieux  de  son  nourrissement,  décide  et  ron- 
gne  une  portion,  et  la  renvoyé  en  bas,  rab.  Panl. 
m,  4.  Jamais  on  ne  peult  appeller  des  jugemcns  dé- 
cidez par  sort  et  fortune,  id.  ib.  m,  t2.  C'est  un 
conllict  qui  se  décide  par  les  armes  de  la  mémoire, 
MONT.  I,  249.  Quand  ils  vinrent  à  décider  [à  qui  re- 
venait l'honneur  de  la  journée],  id.  i,  203.  Ils  esli- 
sent  quelqu'un  d'entr'eulx  qui  sur  le  champ  décide 
leurs  [irocez,  id.  iv,  233. 

—  ÉTYM.  Latin,  decidere,  décider,  proprement 
couper,  de  de,  et  cœdere,  couper.  De  l'idée  de  tran- 
cher on  passe  à  celle  de  décider,  une  décision  étant 
ce  qui  tranche  une  question. 

t  UKCIDECU  (dé-si-deur),s.  m.  Celui  qui  décide. 
M.  de  Vendôme  répondit  à  Roquelaure  qu'il  était 
un  mauvais  décideur  [au  jeu]  et  qu'il  se  mêlait 
toujours  de  ce  qu'iln'avait  que  faire,  st-sim.  27,  53. 

—  ÉTYM.  Décider. 

■j-  DÊCIDU,  UE  (dé-si-du,  due),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  se  détache  et  tombe  quelque  temps 
après  son  développement. 

—  ÉTYBl.  Lat.  dcciduus,  sujet  à  tomber,  de  deci- 
dere, tomber,  déchoir. 

t  DËCIGRAMME  (dé-si-gra-m') ,  s.  m.  Mesure 
légale  depoidsqui  vaut  ladixième  partie  du  gramme. 

—  ETYM.  Déci....  préfixe  (voy.  déci)  ,  et  gramme, 
t  DÉCIL  (dé-sd),  s.  m.  Terme  d'astrologie.  Position 

de  deux  planètes  éloignées  l'une  de  l'autre  de  la 
dixième  partie  du  zodiaque,  c'est-à-dire  30  degrés. 
On  trouve  aussi  dextil. 

—  ÉTYM.  Lat.  decem,  dix. 

DÉCILITRE  (dé-si-li-tr") ,  s.  m.  Mesure  légale  de 
capacité  qui  vaut  la  dixième  partie  du  litre. 

—  ÉTYU.  Déci....  préfixe  (voy.  déci),  et  litre. 
DÉCILLER  (dé-si-Ué,   U  mouillées),  v.  a.  Voy. 

dessiller. 
DÉCIMABLE  (dé-si-ma-bP),  adj.  Sujet  à  la  dlme. 

—  ÉTYM.  Décime,  forme  latine  pour  dime  (voy. 
dIme). 

t  DÉCIMAIRE  (dé-si-mê-r'),  adj.  Terme  didacti- 
que. Qui  procède  par  dix. 

—  ÉTYM.  Lat.  dccimus,  dixième. 

DÉCL-MAL,  ALE  {dé-si-mal,  ma-1'),  odj.  ||  1°  Qui 
regarde  les  dîmes.  Une  matière  décimale.  ||  2°  Terme 
d'arithmétique.  Qui  procède  par  dix.  Calcul  déci- 
mal. Nombres  décimaux.  On  peut  croire  qu'à  la  lon- 
gue la  division  décimale  du  jour  remplacera  sa  di- 
vision actuelle  qui  contraste  trop  avec  les  divisions 
des  autres  mesures  pour  n'être  pas  abandonnée,  la- 
place.  Expos.  1,  t4.  Il  Arithmétique  décimale  ou 
dîme,  nom  donné  par  Stovin  à  la  division  de  dix  en 
dix  :  par  exemple  on  divisait  une  perche,  une  toise, 
un  pied  en  dix  parties  qu'on  nommait  primes,  cha- 
que prime  en  dix  parties  qu'on  nommait  secondes  et 
ainsi  de  suite.  ||  Système  décimal,  le  nouveau  sys- 
tème de  poids  et  mesures  établi  par  la  Convention, 
dit  aussi  système  métrique,  et  dans  lequel  toutes 
les  divisions  sont  de  dix  en  dix.  ||  Fraction  décimale, 
fraction  qui  est  composée  de  dixièmes,  centièmes, 
millièmes,  etc.  d'unités.  ||  3°  5.  f.  Décimale,  nom 
donné  à  chacun  dos  chiffres  qui,  dans  un  nombre 
décimal,  se  place  à  la  droite  des  entiers,  ou,  dans 
une  fraction  décimale,  à  la  droite  du  zéro  rempla- 
çant les  entiers.  La  première  décimale  est  le  pre- 
mier chiffre  à  la  droite  de  la  virgule  ou  du  point 
qui  remplace  quelquefois  la  virgule;  la  seconde 
décimale  est  le  second  chiffre  après  la  virgule,  et 
ainsi  de  suite.  Pousser  une  division  jusqu'à  la  4",  jus- 
qu'à la  6'  décimale.  Évaluer  en  décimales  une  quan- 
tité plus  petite  que  l'unité,  la  mettre  sous  forme  de 
fraction  décimale. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  juges  royaux  seuls  connois- 
sent  des  matières  possessoires  décimales  [des  procès 
sur  la  possession  des  dîmes],  loysel,  <2.  Terres  et 
choses  décimales  [décimables]  tenues  en  fief,  ne 
sont  pas  plus  affranchies  de  dismcs  spirituelles,  que 
sont  les  autres  domaines,  id.  2«8. 

—  ÉTYM.  Lat.  decimxts,  dixième,  de  decem,  dix. 
DÊCI.MATEUR  (dé-si-ma-teur),  s.  m.  Celui  qui 

avait  le  droit  de  le\er  la  dlme.  Un  moine,  gros  dé- 


DEC 

cimafeur,  avait  intenté  un  procès  à  des  citoyens 
qu'il  appelait  ses  paysans,  volt.  Vh.  aux  io  écus, 
audience. 

—  ÉTYM.  Décime,  forme  latine  de  dime  (voy-BÎME). 
DÉCI.MATION  (dé-si-ma-sion),  ».  f.  Châtiment 

militaiie,  en  usage  chez  les  Romains,  qui  consistait 
à  punir  de  mort  un  soldat  sur  dix,  lorsqu'il  y  en 
avait  un  grand  nombre  qui  avaient  commis  quelque 
lâcheté  ou  manqué  à  l'obéissance  ;  on  les  faisait  tirer 
au  sort.  On  voit  dans  Tite-Live  un  exemple  de  ladé- 
cimation  dès  les  commencements  delà  républii|ue, 
bollin,    Ilist.  anc.  t.   xi,  2'  part.  p.   477,   dans 

POUGENS. 

—  HIST.  XVI*  S.  Antonius  fut  si  courroucé  qu'il 
usa  de  celle  ancienne  punition  militaire  que  l'on 
nomme  decimation,  car  il  les  divisa  par  dizaines, 
et  puis  en  feit  mourir  de  dix  l'un  sur  lequel  tumba 
le  sort,  AMVOT,  Anton.  49. 

—  ÉTYM.  I-at.  decimatio,  de  decimare,  décimer. 
*.  DÉCIME  (dé-si-m'),  j.  f.  Il  l-Taxe  que  le  roi 

levait  ordinairement  ou  extraordinaircment  sur  \i 
clergé  du  royaume.  Clément  IV  accordait  à  saint 
Louis  une  décime  sur  le  clergé,  volt.  Mœurs,  58. 
Il  2"  S.  f.  plur.  Ce  que  les  bénéficicrs  payaient  an- 
nuellement au  roi  sur  leur  revenu.  Il  n'était  point 
permis  de  manger  ailleurs  les  décimes,  pasc.  Fig. 
21.  Un  curé,  en  comptant  .son  argent  à  M.  de  Hiandé, 
receveur  des  décimes,  pour  ce  qu'il  devait  de  décimes, 
lui  disait,  en  se  plaignant,  que  les  sergents  qu'il  lui 
avait  envoyés,  lui  avaient  fait  beaucoup  de  maux, 
SEGRAIS,  Mémoires,  t.  ii,  p.  <08. 

—  SYN.  DÉCIME,  DÉCIMES,  DÎME.  Décime  au  sin- 
gulier c'est  une  taxe  qui  était  levée  extraordinaire- 
mont  sur  les  revenus  ecclésiastiques  pour  quelque 
affaire  jugée  importante.  Décimes  au  plupiel  est  ce 
que  les  bénéfices  payaient  annuellement  à  l'Etal  sur 
leurs  revenus.  Dîme  est  la  portion  des  fruits  des 
biens  laïcs  donnée  annuellement  à  l'Église  par  les 
fidèles  ou  aux  seigneurs  parleurs  vassaux.  Ces  trois 
mots  avaient  originairement  signifié  un  dixième; 
mais  depuis  longtemps  ils  avaient  perdu  ce  sens  fixe, 
et  ils  désignaient  différentes  parties  allquotes  du 
revenu. 

—  HIST.  XVI*  S.  Il  jeusne  deux  fois  la  sepmaine, 
ei  donne  les  décimes  de  tous  ses  biens,  calv.  Inslit. 
B97.  Ils  imposèrent  les  décimes  de  tout  le  revenu 
de  to  ou  12  provinces,  d'aub.  Ilist.  i,  34.  Les  daces, 
gabelles,  traictes,  dohannes,  subsides,  impositions, 
décimes,  subventions,  emprunts  et  tant  d'autres 
termes  exactaires,  des  quels  pour  le  jour  d'hui  la 
France  abonde,  n'estoient  encore  en  usage,  carl. 

I,   45. 

—  ÉTYM.  Lat.  décima,  sous-entendu  part,  la 
dixième  partie  (voy.  dîme). 

2.  DÉCIME  (dé-si-m'),  s.  m.  Valeur  monétaire 
qui  est  la  dixième  partie  du  franc.  ||  Décime  pour 
franc,  le  dixième  en  sus  du  prix  principal  d'une 
chose.  Il  Décime  de  guerre,  subvention  extraor- 
dinaire d'un  décime  pour  franc  en  sus  de  cerlains 
droits.  On  a  établi  un  second  décime  sur  les  impôts 
indirects. 

—  ÉTYM.  Lat.  deci'mu;,  dixième. 

DÉCIMÉ,  ÉE,  (dé-si-mé,  mée).  part,  passé.  Une 
légion  décimée  par  l'ordre  du  général.  Il  y  a  des 
monstres  qui  mériteraient  d'être  décimés,  volt. 
Leit.  Florian,  3  avril  (767.  |{  Par  extension.  tJn  régi- 
ment décimé  par  le  feu  de  l'artillerie. 

DÉCIMER  (dé-si-mé),  v.  a.  ||  1» Terme  d'antiquité 
romaine.  Iniliger  la  peine  de  la  decimation.  Décimer 
une  armée,  les  habitants  d'une  ville.  Comme  il 
n'était  pas  possible  de  faire  mourir  tous  les  coupa- 
bles, on  les  décimait  par  le  sort,  et  celui  dont  le 
nom  était  tiré  le  dixième  était  mis  à  mort,  rollin, 
Uist.  anc.  t.  xi,  2*  part.  p.  477,  dans  poiîgens. 
Il  2° Fig.  Faire  périruue  partie,  un  certain  nombre 
de  personnes.  Le  feu  de  l'ennemi  décimait  ce  régi- 
ment, qui  restait  inébranlable.  L'infortune  et  l'eid, 
et  la  mort  et  le  temps,  Ont  en  vain  décimé  tes  amis 
de  vingt  ans,  lamart.  Ilarm.  iii,  4.  Si  du  moins 
au  hasard  il  [le  sort]  décimait  les  hommes,  lo.  Méd. 
i,  7. 

—  HIST.  XVI*  S.  Les  autres  pour  se  purger  s'offri- 
rent vouluntairement  à  estre  décimez,  si  bon  luy 
sembloit,  amyot,  Anton.  56.  Le  peuple  di.soit  qu'il 
avoit  lors  voué  d'offrir  aux  dieux  la  dixme  des  biens 
des  ennemis,  et  que  maintenant  il  vouloit  décimer 
[soumettre  à  la  dlme]  ses  propres  citoyens,  lo. 
Cam.  ).'.. 

—  ÉTYM.  Lat.  dfcimare,  de  decimus,  dixième. 

DËCI.MËTRE  (dé-si-mè-tr'),  s.  m.  Mesure  lé- 
gale de  longueur  qui  vaut  la  dixième  partie  du 
mètre. 

—  ETYM.  Dcci....  préfixe  (voy.  DÉa),  et  mètre. 


DEC 


DEC 


DEC 


085 


t  DÉCIMÊTRIQUE  (dé-si-mé-tri-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  au  décimètre. 

t  DÊCIMO  (dé-si-mo),  adv.  Dixièraement.  ||  Il 
s'écrit  ordinairement  lO»,  dans  une  série  d'articles 
qu'on  note  par  )°ou  primo,  etc. 

—  ÉTYM.  Lat.  decimo,  sous-entendu  loco,  au 
dixième  lieu,  ablatif  de  decimits. 

t  DÉCINTRAGE  (dé-sin-tra-j'),  s.  m.  Action  de 
décintrer.  Le  décintrage  d'une  voûte. 

DÉCINTRÊ,  ÉK  (dé-sin-tré,  trée),  part,  passé. 
Une  voûte  décintrée. 

l>ÉCINTREMENT(dé-sin-tre-nian),  s.  m.  Terme 
d'architecture.  Action  de  décintror.  Le  décintrement 
d'une  voûte. 

—  lïTVM.  Décintrer. 

DÉCINÏRER  (dé-sin-tré),  r.  o.  Terme  d'architec- 
ture, ôter  les  cintres  qu'on  avait  placés  pour  la 
construction  d'une  voûte,  d'une  arche. 

—  ETVM.  Dé....  préfixe,  et  cintre. 

t  DÉCINTROIR  (dé-sin-troir),  s.  m.  Terme  de 
maçon.  Sorte  de  marteau  à  deux  taillants,  pour 
écarter  les  joints  dans  les  démolitions  et  pouréquar- 
rir  les  trous  ébauchés. 

—  ËTYM.  Décintrer. 

I  DÉCIRCONCIRE  (dé-sir-kon-si-r') ,  V.  a.  Faire 
renoncer  à  une  religion  qui  consacre  la  circoncision 
(judaïsme  ou  islamisme). 

—  KEM.  Comme  la  circoncision  est  quelque  chose 
de  physique  qui  ne  peut  être  défait,  décirconcire 
et  décirconcision  ne  sont  pas  de  bons  mots,  ne  pou- 
vant se  prendre  qu'en  un  sens  figuré. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  turcs  acceptoient  plus  tost  la 
mort  très  aspre  que  de  se  descirconcire  pour  se  bap- 
tiser, MONT.  I,   298. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  circoncire. 

t  DÉCIRCONCISION  (dé-sir-kon-si-zion),  s.  f. 
Action  de  renoncer  à  la  religion  qui  prescrit  la  cir- 
concision. 

—  ÉTYM.  Décirconcire. 

t  DÉCIRER  (dé-si-ré),  V.  a.  Enlever  la  cire  qui 
touvre  un  objet. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cire. 

DÉCISIF,  IVE  (dé-si-zif,  zi-v'),  adj.  Hl'Oui  dé- 
cide, qui  fait  cesser  toute  indécision.  Il  portait  une 
lettre  du  roi  que  j'ai  vue,  toute  remplie  de  ce  qui 
lait  obéir,  et  courir,  et  faire  l'impossible;  nous  re- 
connûmes le  style  et  l'esprit  décisif  de  M.  de  Lou- 
vois,  sÉv.  Lelt.  17  août  1689.  Tout  tombe  en  ruine 
dans  vos  mœurs;  et  vos  sens  trop  décisifs  emportent 
facilement  votre  raison  incertaine  et  irrésolue,  Boss. 
lUarie-Thér.  Est-ce  une  raison  décisive  D'ôterun  bon 
mets  d'un  repas.  Parce  qu'il  s'y  trouve  un  convive 
Qui  par  malheur  ne  l'aime  pas?  Perrault,  dans 
RICHELET.  Titre  décisif,  patru.  Plaidoyer.  B,  dans 
RiCHELEï.  Et  l'épreuve  la  plus  décisive  de  notre  sin- 
cérité,  c'est  l'éloignement  des  occasions,  mass. 
Car.  Laxare.  Saisissant  dans  les  affaires  le  point  dé- 
cisif, ROLLiN,  llisl.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  24a, 
dans  POUGENS.  ||  2°  Qui  résoud,  qui  donne  la  solution. 
Cette  expérience  est  décisive  de  la  question,  pasc. 
Expér.  du  Puy-de-Dôme,  p.  172.  Consulté  de  toutes 
parts,  il  donne  des  réponses  courtes,  mais  décisives, 
au.ssi  pleines  de  sagesse  que  de  dignité,  boss.  le 
Tcllier.  11  coupait,  par  une  équité  décisive,  sans 
préoccupation  et  sans  intérêt,  les  racines  des  haines 
et  des  procès,  et  portait  partout  la  modération  et  la 
paix  qui  est  le  fruit  de  la  justice,  flEch.  Duc  de 
Montausier.  ||  3° Qui  termine  une  querelle,  un  débat, 
une  guerre.  Un  arrêt  aussi  favorable  et  aussi  décisif 
que  celui-ci,  bourd.  Hyst.  passion  de  J.  C.  t.  i, 
p.  247.  Ce  fut  le  17  juillet  i/cio  que  se  donna  cette 
bataille  décisive  de  Pultawa  entre  les  deux  plus  sin- 
guliers monarques  qui  fussent  alors  dans  le  monde, 
yoLT.  Charles  XI {,  IV.  \\  Le  moment  décisif,  le  mo- 
ment dans  lequel  les  choses  se  décident ,  se  ter- 
minent. Le  comte  :  Gardez-vous  bien  de  lui  parler  de 
la  lettre.  —  Bartholo  :  Avant  l'instant  décisif?  elle 
perdrait  tout  son  effet,  beaumarch.  Barb.  de  Sév. 
m,  2.  Il  4»  Qui  aimonce  la  décision,  la  résolution. 

Des  manières  décisives Et  vous  me  ravissez  Par 

ce  ton  décisif  dont  vous  me  l'annoncez,  langue, 
Coquette  corr.  i,  1.  ||  5°  En  parlant  des  hommes, 
qui  décide  hardiment,  avec  autorité,  avec  un  air 
d'importance.  Rien  n'est  si  décisif  que  l'ignorance. 
Muets  et  embarrassés  avec  les  savants,  vifs,  hardis 
et  décisifs  avec  ceux  qui  ne  savent  rien ,  la  bruy. 
IX.  Quand  la  jeunesse  saurait  autant  qu'elle  peut, 
elle  ne  serait  pas  plus  décisive,  id.  via.  Vous  le 
rendrez  décisif  et  prompt  à  juger,  j.  j.  rouss. 
Jim.  IV. 

—  ÉTYM.  Décider,  par  le  supin  decisum  du  verbe 
latin  decidere. 

DÉCISION  (dé-si-zion;  en  poésie,  de  quatre  syl- 

mCT.    DE   I,A    LANGUE   ?RAKÇAISE. 


labes),  s.  f.  ||  l'Action  de  décider;  résultat  de  celle 
action;  jugexent  prononcé;  opinion  exprimée.  Une 
décision  judiciaire.  Une  décision  administrative,  mi- 
nistérielle. Le  temps  pourra  donner  quelque  décision 
Si  la  pensée  est  belle  ou  si  c'est  vision, corn.  Nicortx. 
Il,  3.  Je  ne  vois  aucune  chose  qui  puisse  être  à  cou- 
vert delà  souveraineté  de  tes  décisions,  mol.  Criti- 
que, se.  7.  Des  chicanes  sont  alléguées  comme  faisant 
la  décision  de  l'affaire,  boss.  Hixt.  ii,  I3.  Laissez-en 
la  décision  aux  Ëtru riens,  fén.  Tél.  xxui.Vous  verrez, 
dans  ce  silence  universel,  dans  cette  attente  terrible 
où  chacun  sera  de  la  décision  de  sa  destinée,  le  fils 
de  l'homme  s'avancer  dans  les  airs,  mass.  Avent, 
Jug.  Ne  voulant  d'autre  règle  de  la  foi  que  les  dé- 
cisions du  concile  de  Nicée,  fléch.  Théodose,  m, 
50.  N'est-ce  pas  le  comble  de  l'orgueil  et  de  la  témé- 
rité à  un  particulier  de  craindre  que  l'Église  ne  se 
soit  trompée  dans  sa  décision,  et  de  ne  craindre  pas 
de  se  tromper  soi-même  en  décidant  contre  elle?FÉN. 
Éduc.  des  filles,  ch.  7.  Cette  présomption  Qui  prétend 
tout  ranger  à  sa  décision,  gresset.  Méchant,  iv,  4. 
Daru,  comme  ses  autres  officiers,  s'étonne  de  ne 
point  retrouver  en  lui  [Napoléon]  cette  décision  vive, 
mobile  et  rapide  comme  les  circonstances,  ségur, 
Ilist.  de  Napol.  yni,  io.  \\  Terme  de  droit  romain. 
Décisions  de  Justinien,  les  cinquante  constilutions 
rendues  par  cet  empereur,  après  la  publication  du 
premier  code.  I|  2°  Parti  que  l'on  prend  ,  réso- 
lution. Prendre  ou  former  une  décision.  Toutefois 
ce  n'était  qu'entre  soi  qu'on  s'épanchait  ainsi  ;  car 
on  sentait  que,  la  décision  prise,  tous  devaient 
concourir  à  son  exécution,  que  plus  la  position  de- 
venait périlleuse,  plus  il  y  fallait  décourage,  ségcr, 
Hist.  de  Napol.  vi,  2.  ||  3° Fermeté  avec  laquelle  on 
prend  un  parti.  Il  y  a  de  la  décision  dans  son  esprit, 
dans  sa  conduite,  dans  son  langage.  M.  delà  Ro- 
chefoucauld était  doux  ,  complaisant,  agréable  , 
insinuant;  et  il  n'avait  pas  cet  air  de  décision 
et  d'autorité  qu'avait  M.  de  Montausier,  segrais, 
Me'moires,  t.  ii,  p.  49. 

— SYN.  1°  DÉCISION,  RÉSOLUTION.  La  décision  est  un 
acte  de  l'esprit  et  suppose  l'examen.  La  résolution 
est  un  acte  de  la  volonté  et  suppose  la  délibération. 
La  première  attaque  le  doute  et  fait  qu'on  se  déclare. 
La  seconde  attaque  l'incertitude  et  fait  qu'on  se  dé- 
termine. 11  semble  que  la  résolution  emporte  la  dé- 
cision et  que  celle-ci  puisse  être  abandonnée  de 
l'autre,  girard.  ||  2°  décisions  des  conciles,  canons, 
décrets.  Tous  les  articles  déterminés  par  les  con- 
ciles, dans  les  matières  qui  sont  de  leur  juridiction, 
sont  des  décisions;  et  c'est  un  terme  général  qui 
renferme  sous  soi  deux  espèces,  les  canons  et  les 
décrets.  Les  canons  sont  les  décisions  qui  concer- 
nent le  dogme  et  la  foi;  les  décrets  sont  les  déci- 
sions qui  règlent  la  discipline  ecclésiastique,  Encycl. 

IV,  706. 

—  HIST.  XVI' S.  La  fortune  voulut  que  Pompeius 
eust  encore  part  à  la  décision  [achèvement]  de  ceste 
guerre,  auyot,  Pomp.  3o.  L'incertitude  de  mon 
jugement  est  si  egualement  balancée  en  la  pluspart 
des  occurrences,  que  je  compromettrois  volontiers 
à  la  décision  du  sort  et  des  dez,  mont,  m,  62. 

—  ÉTYM.  Provenç.  decisio ;  espagn.  décision;  ital. 
decisione;  du  latin  decisionem,  de  decidere,  dé- 
cider. 

t  DÉCISIONNAIRE  (dé-si-zi-0-nê-r'),  s.  m.  Celui 
qui  décide  rapidement  et  avec  assurance.  Je  me 
trouvai  l'autre  jour  dans  une  campagne  où  je  vis  un 
homme  bien  content  de  lui....  dans  un  quart  d'heure 
il  décida  trois  questions  de  morale,  quatre  problèmes 
historiques,  et  cinq  points  de  physique;  je  n'ai  ja- 
mais vu  un  décisioniiaire  si  universel,  montesq.  ieM. 
pers.  7-2.  Mot  hasardé  par  Montesquieu. 

—  ÉTYM.  Décision. 

DÊCISIVEMENT  (  dé-si-zi-ve-man  ) ,  adv.  D'une 
manière  décisive.  Les  Calixtins  l'excusaient  en  ré- 
pondant que  ce  qu'il  avait  dit  contre  ce  dogme, 
il  ne  l'avait  pas  dit  décisivement,  boss.  Variât. 
XI,  §  171.  L'Église  a  parlé  décisivement  sur  les 
matières  dont  il  s'agit,  id.  E.ip.  Avert.  Que  l'auteur 
[Malebranche]  s'explique  décisivement  sur  la  liberté 
de  Dieu,  fén.  t.  m,  p.  262. 

—  ÉTYM.  Décisive,  et  le  suffixe  ment. 

DÉCISOIRE  (dé-si-zoi-r') ,  adj.  Terme  de  jurispru- 
dence. Qui  a  la  vertu  de  décider;  se  dit  d'un  fait 
qui  seul  amène  la  décision  d'un  procès.  Serment 
décisoire.  On  posa  comme  règle  décisoire  le  témoi- 
gnage sur  lequel  reposait  l'autorité  des  textes  sa- 
crés, c'est-à-dire  celui  de  la  tradition  de  l'Eglise, 
nefftzer,  Travaux  de  Baur ,   Rev.  germ.  t.   xiii, 

p.  119. 

—  ÉTYM.  Lat.  decisum,  supin  de  decidere,  dé- 
cider. 


\  DÉCISTÈRE  (dé-.si-stô-r'),  s.  m.  La  dixième  par- 
tie  du  stère  ou  du  mètre  cube. 

—  ÉTYM.  Déci....  préfixe  (voy.  DÉci),  et  stère. 

i-  DÉCIVILISER  (dé-si-vi-li-zé),  v.  a.  Néologisme. 
Détruire  la  civilisation,  y  porter  atteinte. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  civilisi'r. 
DÉCLAMATEUU  (dô-kla-ma-teur) ,  s.  m.  |[  1"  Celui 

qui  déclame.  C'est  un  bon,  c'est  un  mauvais  décla- 
mateur.  Il  fallut  bien  enfin  dire  un  mot  des  acteurs 
et  des  actrices,  sujet  éternel  des  entretiens  de  table 
de  Versailles  et  de  Paris;  on  convint  qu'un  bon 
déclamateur  est  aussi  rare  qu'un  bon  poète,  volt. 
l'H.  aux  40  écus,  d'un  bon  souper.  \\  2°  Ancienne- 
ment, rhéteur  qui  faisait  des  exercices  d'élo(|uence 
dans  une  école.  Quand  on  parcourt  l'histoire  de  la 
poésie,  on  a  quelquefois  le  regret  de  trouver  les  plus 
belles  maximes  en  contradiction  avec  la  vie  de  leur 
déclamateur,  gresset,  Disc,  de  réception  à  l'Acad. 
Les  noms  de  déctamateurs  et  de  sophistes  n'avaient 
point  alors  l'acception  défavorable  qu'on  y  attacha 
depuis,  WDER.  liègne  de  Claude  et  Néron,  i,  §  i- 
Il  3°  Orateur,  écrivain  boursoufié,  emphatique, 
faible  de  pensée  et  bruyant  d'expression.  Je  ne 
pense  pas  que  personne  m'accuse  de  vouloir  fairj 
le  déclamateur  et  de  vouloir  agrandir  de  petites 
choses,  balz.  le  Prince,  B.  Ainsi  parla  le  bœuf; 
l'homme  dit  :  faisons  taire  Cet  ennuyeux  déclama- 
teur, LA  FONT.  Fabl.  X,  2.  St  Paul  n'outrait  pas  les 
choses  et  n'était  pas  un  déclamateur,  boss.  Avert.  B. 
Tous  ces  pompeux  amas  d'expressions  frivoles  Sont 
d'un  déclamateur  amoureux  de  paroles,  boil.  Art  p, 
III.  Un  clerc  mondain  ou  irréligieux ,  s'il  monte  en 
chaire,  est  déclamateur,  la  bruy.  xv.  Un  style  do 
déclamateur  qui  arrête  l'action  et  la  fait  languir, 
ID.  I.  Il  Adjectivement.  Un  style  déclamateur.  Un 
ton  déclamateur.  Leurs  sermons  sont  moins  compas- 
sés ,  moins  affectés ,  moins  déclamaleurs  qu'en 
France, VOLT.  Louis  XIV,  34. 

—  REM.  Excepté  au  sens  de  celui  qui  déclame, 
déclamateur,  soît  substantif,  soit  adjectif,  a  tou- 
jours une  acception  défavorable. 

—  ÉTYM.  Lat.  declamator,  de  declamare,  dé- 
clamer. 

DÉCLAMATION  (dé-kla-ma-sion  ;  en  poésie,  de  cinq 
syllabes) ,  s.  f.\\i°  L'art  de  la  prononciation  dans  les 
discours  publics,  avec  les  accompagnements  de  la 
contenance  et  des  gestes.  ||  La  déclamation  des  ac- 
teurs sur  le  théâtre  [chez  les  anciens]  était  composée 
et  écrite  en  notes  qui  délerminaienr.  le  ion  qu'il  fallait 
prendre,  rollin,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  xi,  i"  part, 
p.  263,  dans  POUGENS  (Cette  assertion  de  Rollin  re- 
pose sur  une  erreur;  il  ne  paraît  pas  que  les  anciens 
aient  pu  jamais  noter  les  paroles  comme  nous  no- 
tons un  récitatif).  ||  L'art  de  la  déclamation.  Il  a  du 
talent  pour  la  déclamation.  ||  2°  Chez  les  Romains, 
exercice  qu'on  faisait  faire  aux  jeunes  gens,  pour 
les  disposer  à  l'éloquence  du  barreau.  Déclama- 
tion est  un  mot  connu  dans  Horace  et  encore  plus 
dans  Juvénal;  il  ne  le  fut  point  à  Rome  avant  Cicé- 
ron  et  Calvus;  on  appelait  ainsi  des  compositions 
par  lesquelles  on  s'exerçait  à  l'éloquence,  rollin, 
Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  xi,  2»  part.  p.  092,  dans  pou- 
gens.  Le  grand  Pompée  s'appliqua  très-sérieusement 
à  la  déclamation  peu  avant  les  guerres  civiles,  pour  se 
mettre  en  état  de  répondre  à  Curion,  id.  ib.  p.  094. 
Il  Dans  l'ancienne  université,  composition  dont  le 
régent  était  auteur  et  qu'il  faisait  réciter,  à  un  cer- 
tain jour,  à  ses  écoliers  en  présence  des  camarades 
et  des  parents.  ||  3°  Emploi  vicieux  d'expressions  et 
de  phrases  pompeuses.  Tomber  dans  la  déclamation. 
Vous  trouverez,  à  la  fin  de'l'ariicle  Goût,  des  ré- 
flexions sur  l'application  de  l'esprit  philosophique 
aux  matières  de  goût,  où  j'ai  tâché  de  mettre  de  la 
vérité  sans  déclamation;  car  je  déteste  la  déclama- 
tion, d'alemb.  ie((.  tt  Volt.  28  janv.  1757.  ||  Dis- 
cours, écrit  plein  de  recherche  et  d'affectation  et 
vide  de  choses.  Ce  discours  n'est  qu'une  ennuyeuse 
déclamation.  11  faudrait  remplir  l'action  [d'une  tra- 
gédie] d'une  infinité  de  déclamations  où  l'on  ferait 
dire  aux  acteurs  tout  le  contraire  de  ce  qu'ils  de- 
vraient dire,  rac.  Brit.  i"  préface.  ||  Di.scours  in- 
jurieux, violent.  Son  plaidoyer  ne  contient  que  des 
déclamations  contre  sa  partie.  Les  déclamations  de 
la  place  publique.  ||  4°  Terme  de  musique.  Art  de  ren- 
dre, par  les  inflexions  de  la  voix  et  le  nombre  de  la 
mélodie,  l'accent  grammatical  et  l'accent  oratoire 
convenables  aux  paroles. 

—  SYN.   DÉCLAMATION,    DÉBIT,    RÉCITATIF.    Le  mOt 

déclamation  pris  dans  un  sens  restreint,  signifie  le 
ton  et  les  inflexions  de  voix  de  celui  qui  déclame. 
En  ce  sens  il  ne  s'applique  guère  qu'aux  passages 
élevés  et  passionnés  en  prose  et  en  vers.  On  dit  plutôt 
le  débit  quand  il  s'agit  de  morceaux  d'un  caractère 

•  l.  —  124 


98r» 


DEC 


simple  et  aisê,  et  le  récitatif  si  renonciation  se 
fait  suivant  In»  degrés  de  l'échelle  musicale.  La  dé- 
clamation diffère  du  simple  débit  en  ce  que  l'on 
appuie  d,ivanla(?c  sur  les  syllabes  sonorfs  ou  muet- 
tes, sur  les  liaisons,  sur  les  accents  toniques,  et 
que  psrconséquent  l'on  fait  mieux  sentir  le  rhylhme 
du  discours. 

— KTYM.  Lat.  (iedamatio,  de  dedamare,  déclamer. 

DÉCLAMATOIRK  (dé-kla-ma-toi-r"),  adj.  |l  1'  Oui 
appartient  h  la  déclamation.  Art  déclamatoire. 
Il  2"  Heinpli  de  déclamations.   Style  déclamatoire. 

—  ÉTYM.  Lat.  dectamatorius,  de  dedamare,  décla- 
mer. 

DRCLAMlî,  P.E  f.lé-kla-mé,  mée) ,  part,  passé. 
Discours  déclamé.  Vers  déclamés. 

UËCLAMER  (dé-kla-mé).  ||  1"  K.  a.  Réciter  A  haute 
voix  en  donnant  aux  mots  et  aux  phrases  toutes  les 
intonations  exif^ées  par  l'accent  gramnialical  et  l'ac- 
cent oratoire.  Déclamer  un  discours.  Il  a  déclamé 
son  rôle  avec  flme.  ||  Absolument.  Qu'il  déclame  à 
son  gré  jusqu'à  sa  dernière  heure,  Qu'il  triomphe 
en  parlant,  qu'on  l'admire  et  qu'il  meure,  volt. 
Catil.  II,  t.  N'allez  pas  lui  apprendre,  comme  on 
dit,  à  déclamer,  j.  j.  rouss.  Ém.  ii.  ||  2°  V.  n.  l'ar- 
ler  avec  violence  contre  quelqu'un,  contre  quelque 
chose.  Je  ne  prétends  pas  déclamer  contre  un  ordre 
que  je  révère,  patru,  Plaidoyer  &,  dans  ricuelet. 
Après  avoir  cent  fois  déclamé  contre  le  monde,  ils 
en  sont  toujours  épris,  bol'rd.  Pensées,  t.  i,  p.  28o. 
Pour  déclamer  en  plein  parlement  contre  les  griefs 
do  l'État,  HAMiLT.  Gramm.  7.  Les  périls  contre  les- 
quels nous  déclamons  tant,  mass.  Carême,  J.  de 
Pdq.  Nous  croyons  être  en  droit  de  déclamer  con- 
tre leurs  mauvasies  intentions,  m.  Mijst.  Purif.  de 
la  .Sie  Vierge,  1. 11  3°  Se  déclamer,  v.  réfl.  Être  dé- 
clamé. Morceau  qui  se  déclame  très-bien. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  ce  qu'il  déclame  contre  le  con- 
cile, n'est-ce  pas  pour  faire  perdre  toute  patience? 
c.  nu  PEiiiiON,  dans  le  Dict.  de  docuez.  11  voulut  ouyr 
harengutT  et  déclamer  tous  les  maistres  de  rhéto- 
rique, AMYOT,  Pompée,  eo. 

—  ÉTYM.  Lat.  dedamare,  de  de,  et  clamare, 
crier  (voy.  clameur). 

t  DÊCLARAHLE  (dé-kla-ra-bl') ,  adj.  Qui  peut  ou 
doit  êlre  déclaré. 

—  ETYM.  Drdnrer. 

t  DECLARATEUR  (dé-kla-ra-teur),  s.  m.  Celui  qui 
déclare.  Les  théologiens,  déclarateurs  des  comman- 
dements céleste»,  voi.T.  dans  laveaux.  Il  n'est  que 
le  déclaraleur  de  l'opinion,  j.  j.  nouss.  Contr.  iv, 
7.  Saint  l'aulfut  choisi  pour  être  le  déclarateur  des 
mysiéres  d'en  haut,  l'abbé  iiouteville,  dans  des- 

FO.NTAINES. 

—  ÉTYM.  Lat.  dedarafor,  de  dedarare.  déclarer. 
DÉCLARATIF,  IVE   (dé-kla-ra-tif ,    ti-v'),    adj. 

Terme  de  jurisprudence.  Qui  porte  déclaration.  Tilri", 
acte  déclaratif.  On  oppose  déclaratif  à  altrilnitif  :  le 
partage  entre  héritiers  est  déclaratif  de  propriété, 
c'est-à-di  re  que  le  droit  de  chaque  copartageant  ne  dé- 
rive pas  de  l'acte  départage,  mais  lui  est  antérieur. 

—  HIST.  xvi'  s.  Le  roy  fist  publier  un  nouvel  edict 
dcclaraiir  et  limitatif  de  l'edict  de  janvier,  castel- 
NAU.  91.  Après  les  propos....  aucunement  déclara- 
tifs de  .sa  précédente  protestation,  DtiBELLAY,  f°  tB8, 
dans  LACiHNE. 

—  Rtym  Lat.  dedarativus,  de  dedarare,  déclarer. 
DÉCLARATION  (dé-kla-ra-sion;  en  poésie, decinq 

syllabes),  s.  f.  ||  1-  Action  de  déclarer;  discours, 
acte  écrit,  par  lequel  on  déclare.  Déclaration  pu- 
blique, solennelle,  authentique.  Je  lui  ai  fait  ma 
déclaration  que  je  ne  pouvais  être  son  ami,  la- 
ROCHEi^.  Mémoires,  dans  riciieliît.  La  déclaration 
que  Dieu  nous  fait  de  sa  volonté  sur  ce  point  e.st 
générale,  quand  il  nous  dit:  la  volonté  dt  Dieu  est 
que  vous  soyez  saints  et  purs,  nicolb,  Ess.  mor. 
2'  traité,  ch.  s.  La  célèbre  déclaration  de  Constan- 
tin arriva  l'an  312  de  notre  Seigneur,  lioss.  Uist.  i. 
<  I.  C'est  une  déclaration  que  je  fais  avec  joie,  pasc 
Prov.  ti.  Seigneur,  je  vous  demande  la  licence  de 
prévenir,  par  deux  paroles,  la  déclaration  des  pen- 
sées que  vous  pouvez  avoir,  mol.  Princ.  d'Él.  ii,  4. 
Il  Déclaralinn  des  droils,  manifeste  où  la  Consti- 
tuante exposa  en  i7h9  les  droits  généraux  de  l'homme 
et  du  citoyen.  ||  Déclaration  de  guerre,  acte  par  le- 
quel une  puissance  déclare  la  guerre  à  une  autre. 
Il  Déclaralion  du  roi .  acte  de  la  puissance  royale  qui 
explicjuait,  réformait,  révoquait  un  édit  ou  une  or- 
donnance. Il  Mesure  de  police  sanitaire  qui  a  pour 
but  de  porter  à  la  connaissance  des  autorités  l'exis- 
tence d'une  maladie  contagieuse  sur  les  bestiaux. 
Il  Déclaration  de  naissance,  de  décès,  déclaralion 
faite  h  la  municipalité  d'une  naissance,  d'un  décès. 
IJEn  matière  fiscale,  déclaration  de  la  valeur  sur  la- 


DEC 

quelle  se  règle  la  perception  des  droits.  ||  Terme  do 
contributions  indirectes.  Énoncé  que  fait  un  dé- 
bitant de  l'étal  de  sa  vente.  ||  Terme  d'administration. 
Déclaration  de  cessation  de  fonctions,  déclaration 
faite  pnuroblenir  le  remboursoment  d'un  caution- 
nement. Il  2"  Terme  de  jurisprudence.  Manifestalion, 
faite  par  une  personne,  de  la  manière  réglée  par  la  loi, 
de  sa  volonté  ou  d'un  fait  qui  est  il  sa  connaissance, 
ou,  en  général,  constatation  d'un  fait  par  le  juge. 
Il  Ce  qui  est  déclaré  dans  un  acte  soit  judiciaire,  soit 
cxtia-judiciaire.  Déclaration  de  changement  de  do- 
micile, dn  dettes  dans  un  inventaire.  Déclaralion  de 
faillite,  de  succession  vacante,  d'absence,  d'hypo- 
thèque. Il  Terme  de  droit  criminel.  Témoignage 
porté  devant  l'officier  de  police  ou  le  juge  d'insiruc- 
tion.  Il  Déclaration  du  jury,  réponse  aux  questions 
qui  lui  sont  posées.  ||  3°  Ênonciation ,  état  e.\act, 
éiuimération.  Donner  une  déclaration  de  son  bitn. 
Déclaration  de  frais  et  de  dépens.  ||  Terme  de  prati- 
que. Mémoire.  Produire  une  déclaration.  ||  Déclara- 
tion affirmative,  celle  qui  est  faite,  en  cas  de  saisie- 
arrêt,  par  le  tiers  saisi  des  sommes  qu'il  doit  au 
débiteur  saisi.  ||  Déclaration  censuelle,  acte  par  le- 
quel le  tenancier  reconnaissait  les  droits  qu'il  tenait 
du  seigneur.  Déclaration  seigneuriale,  acte  réco- 
gnitif que  le  seigneur  était  en  droit  d'exiger  en  cette 
qualité.  ||  4"  Aveu  de  l'amour  qu'un  homme  éprouve. 
Le  jour  de  la  déclaration  arrive  qui  se  doit  faire  or- 
dinairement dans  une  allée  de  quelque  jardin,  tan- 
dis que  la  compagnie  s'e.st  un  peu  éloignée,  mol. 
Préc.  se.  B.  La  déclaration  est  tout  à  fait  galante, 
ID.  Tart.  m,  3.  Il  lui  fit  sa  déclaration  de  cette 
manière,  hamilt.  Gramm.  8.  Le  vieillard  fit  en  bé- 
gayant une  déclaration  tendre,  volt.  Zadig,  t7. 

—  IIIST.  XV*  s.  l'cmr  revenir  à  la  déclaration  de 
cest  article,  comm.  i,  3. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dedaratio;  espagn.  dedara- 
Ci'on;  ital.  di'cfetnrazt'one;  du  latin  dedarationem , 
de  dedarare,  déclarer. 

DÉCLARATOIRE  (dé-kla-ra-toi-r'),  adj.  Terme  de 
pratique.  Qui  porte  déclara tionjuridiqued'une  chose. 
Acte,  sentence  déolaraioire. 

—  ÉTYM.  Déclarer. 

DÉCLARÉ,  ÉE  (dé-kla-ré,  rée),  part,  passé. 
Il  1"  Dont  la  déclaralion  est  faite.  Les  naissances  dé- 
clarées à  la  municipalité.  La  guerre  est  déclarée. 
Après  mille  anset  plus  de  guerre  déclarée,  Les  loups 
firent  la  paix  avecque  les  brebis,  la  font.  Fabl. 

III,  <3.  Vous  médites  :  lit  le  moyen  d'avoir  un  congé 
pufsque  la  guerre  est  déclarée?  Je  vous  répondrai 
aujourd'hui  qu'elle  est  plus  déclarée  dans  les  gazet- 
tes qu'ici,  sÉv.  Lett.  tu  nov.  (073.  ||  Kig.  Quelle 
guerre  plus  ouverte  et  plus  déclarée  peut-elle  [la  re- 
ligion] faire  à  nos  passions,  que  de  nous  obliger, 
comme  elle  nous  y  oblige,  à  en  arrêter  jusqu'aux 
premiers  mouvements?  bourdal.  3"  dim.  après  la 
Pintcc  Dominic.  t.  I,  p.  373.  ||  2°  Avoué,  connu. 
Ennemi,  ami  déclaré.  Jalousies  tantôt  couvertes, 
tantôt  déclarées,  Boss.  Ilist.  m,  o.  Combien  d'âmes 
saintes  et  prédestinées  ont  souffert  là-dessus  les 
mêmes  attaques  que  les  plus  déclarés  impies  I  BOtiR - 
nAL.  tB'dtm.  après  la  Pent.  Dom.i.m  .p.at.Lcur 
haine  d's  longtemps  contre  moi  déclarée,  rac.  lier. 

IV,  li.  De  ses  amants  le  moins  déclaré  était  le  duc 
d'York.  HAMILT.  Gramm.  7.  Un  pécheur  déclaré,  sans 
ménagement,  pour  le  vice,  MASS.  Av.  Conc.  Les  coupa- 
bles soutiens  de  ces  complots  atroces  Sont  tous  vos 
partisans  déclarés  ou  secrets,  volt.  Catilina,  i,  B. 
Il  Dans  l'ancienne  cour,  maîtresse  déclarée,  maî- 
tresse en  tilre  du  roi.  Lorsque  Mme  d'Etiolés,  depuis 
marquise  de  Pompadour,  fut  annoncée  pour  maî- 
tresse du  roi,  et  avant  môme  qu'elle  fût  déclarée, 
il  s'empressa  de  lui  faire  sa  cour,  mar.mont.  Mém. 
liv.  IV.  Il  Qui  s'est  déclaré,  qii  .s'est  prononcé.  Des 
que  nos  aventuriers  furent  déclarés  [eurent  déclaré 
leur  amour],  hamilt.  Gramm.  4.  La  cause  pour  la- 
quelle Votre  F.minence  est  si  déclarée,  BOSS.  Lett. 
255.  Et  le  ciel  déclaré  contre  la  tyrannie,  bbébf.uf, 
l'hars.  V.  Il  y  a  eu,  dans  le  paganisme,  comme 
parmi  nous,  des  juges  intègres,  déclarés,  sans  ac- 
ception de  personne,  en  faveur  du  bon  droit,  bourd. 
Pensées,  t.  i,  p.  213.  En  public,  en  secret,  contre 
vous  déclarée.  J'ai  voulu  par  des  mers  en  Êlre  sépa- 
rée, rac.  Plièd.  V,  5. 

DÉCLARER  (dé-kla-ré),  t'.  a.  ||  1"  Faire  connaî- 
tre par  des  paroles  expresses  ou  par  quelque  chose 
de  significatif.  Déclarer  ses  intentions.  S'il  était  si 
hardi  que  de  me  déclarer  son  amour,  il  perdrait 
pour  jamais  ma  nrésence  et  mon  estime,  mol.  Am. 
magn.  n,  3.  Moi,  voire  ami!  ...  Je  vous  déclare  nei 
que  je  ne  le  suis  plus,  id.  Uis.  i,  l.  C'est  ce  qui 
me  fait  croire  qu'ils  en  ont  bien  trouvé  quelque 
moyen  que  l'admire  sans  le  connaître  el  que  je  vouf  ' 


DEC 

prie  de  ne  déclarer,  pasc.  Prov.  7.  Divers  articlet 
que  je  reprends  et  sur  lesquels  je  vais  vous  déclarer 
quelques-unes  de  mes  pensées,  BOnanAL  Dim.  Oct. 
du  Si-Sacr.  Dnminic.  t.  ii,  p.  301.  Je  leur  déclare- 
rai l'héritier  de  leurs  maîtres,  rac.  Athal.  i,  i. 
Qu'est-ce  donc  qu'on  prépare?  -  Il  est  juste,  mon 
fils,  que  je  vous  le  déclare,  in.  ib.  iv.  2.  Il  n'est 
plus  temps;  il  sait  mes  ardeurs  insensées;  De 
l'austère  pudeur  les  bornes  sont  passées;  J'ai  déclaré 
ma  honte  aux  yeux  de  mon  vainqueur,  id.  Plièd. 
m,  t.  Le  mariage  secret  de  Pierre  et  de  Caiherinefut 
déclaré  le  jour  même  que  le  czar  partit  avec  elle 
pour  aller  éprouver  .sa  fortune  contre  l'empire  otto- 
man, volt.  Russie,  il,  t.  Il  le  fit  proclamer  Auguste, 
sans  l'avoir  auparavant  déclaré  César,  ce  qui  ne  s'é- 
tait pas  encore  pratiqué,  flF,ch.  Théodose,  i,  6 Il 

a  déclaré,  se  voyant  sur  sa  fin ,  Quelque  enfant  pro- 
venu d'un  hymen  clandestin?  regnard,  Distrait, 

II,  t.  Il  Déclarer  des  marchandises  à  l'octroi,  à  la 
douane,  dire  qu'on  a  avec  .soi  des  marchandises  su- 
jettes aux  droits.  Les  employés  de  la  douane,  de 
l'octroi  demandent  aux  voyageurs:  nV.vez-vous  rien 
à  déclarer?  ||  Dé'larer  un  décès,  une  naissance, 
faire  à  la  municipalité  l'annonce,  exigée  par  la  loi, 
d'un  décès,  d'une  naissance.  ||  2°  Prononcer  par 
acte  public  ou  autrement.  Déclarer  un  acte,  un  ma- 
riage nul.  Déclarer  rebelle,  volt.  Tancr.  i,3.  Jésus 
déclare  heureux  ceux  qui  participent  à  son  igno- 
minie; et  le  diable  déclare  malheureux  ceux  qui 
sont  dans  l'ignominie,  PASC.  Prot;.  (4.  |{  Être  cause 
qu'on  déclare.  Il  faut  qu'un  fils  naissant  la  déclare 
sultane,  rac.  lloj.  n,  3.  ||  3°  Déclarer  la  guerre, 
annoncer  par  acle  public  que  la  guerre  va  com- 
mencer. Va-t'en,  chélif  insecte,  excrément  de  la 
terre  I  C'est  en  ces  mots  que  le  lion  Parlait  un 
jour  au  moucheron;  L'autre  lui  déclara  la  guerre, 
LA  FONT.  Fabl.  u,  9.  Il  Fig.  Déclarer  la  guerre  à 
quelqu'un  ou  à  quelque  chose,  l'attaquer.  Bossuet 
avait  déclaré  la  guerre  à  Fénelon  pour  le  quié- 
tisme.  Ce  moraliste  déclare  la  guerre  aux  vices  de 
son  temps.  ||  4*  Dénoncer.  Déclarer  un  complot. 
Déclarant  les  complices,  volt.  Bnitus,u\,  7.115°  Se 
déclarer,  v.  réfl.  Être  manifesté.  La  colère  de  Dieu 
se  déclare,  boes.  Ilist.  u,  4.  Le  jeune  prince  parut 
un  autre  homme;  touché  d'un  si  digne  objet  [le  pé- 
ril de  l'État]  ,  sa  grande  âme  se  déclara  tout  en- 
tière; son  courage  croissait  avec  les  périls,  et  ses 
lumières  avec  son  ardeur,  id.  Louis  de  llourbon. 
Je  le  vois,  je  lui  parle;  et  mon  coeur....  je  m'égare; 
Seigneur,  ma  folle  ardeur  malgré  moi  se  déclare, 
RAC.  Phèd.  n,  5.  Il  Apparaître,  survenir.  Le  len- 
demain cela  se  déclara  par  un  rhumatisme,  sKv. 
249.  L'orage  se  déclare,  bac  Ath.  m,  6.  A  peine 
fus-je  vendue  que  celte  peste,  qui  a  fait  le  tour  de 
l'Afrique,  de  l'Asie  et  de  l'Europe,  se  déclara  dans 
Alger  avec  fureur,  volt.  Candide,  ch.  -12.  ||  6"  S'ex- 
pliquer, énoncer  son  intention.  Il  [Oreste]  a  parlé, 
madame,  et  Pyrrhus   se    déclare,   rac   Androm. 

III,  3.  Oui,  vous  serez  content,  je  vais  me  décla- 
rer, ID.  Baj.  IV,  6.  Il  n'y  a  qu'à  l'entendre  s'en 
déclarer  [s'en  expliquer]  à  son  peuple  par  la  bouche 
du  roi  prophète,  dans  les  termes  les  plus  éner- 
giques et  les  plus  formels,  bourd.  Pensées,  t.  u,  p. 
421.  Voilà  l'opinion  où  nous  .sommes;  et  si  la  pu- 
deur nous  empêche  de  nous  en  déclarer  ouverte- 
ment.... ID.  th.  p.  117.  Napoléon  satisfait  se  déclare: 
Soldats,  dit-il,  la  seconde  guerre  de  Pologne  est 
commencée,  sêgur,  Ilist.  de  Napnl.  vi,  (.||Fig.  Se 
dit  des  choses  dont  la  nature  devient  manifeste. 
L'hiver  se  déclare.  Le  6  novembre,  le  ciel  se  déclare; 
son  azur  disparaît;  l'armée  marche  enveloppée  do 
vapeurs  froides;  ces  vapeurs  s'épaississent;  bientdt 
c'est  un  nuage  immense  qui  s'abaisse  et  fond  sur 
elle  en  gros  llocons  de  neige,  sêgur,  Hist.  de-Napol. 
IX,  tl.||  Se  déclarer,  avec  un  nom  ou  un  adjectif, 
se  donner  la  qualité  de.  Ils  annoncent  devant  les 
prêtres  et  les  docteurs  ce  Jésus  dont  ils  n'o.saient 
auparavant  se  déclarer  les  disciples,  mass.  Myst. 
Pentecôte.  |{  Déclarer  son  amour.  J'allais  me  dé- 
clarer sans  l'ofi'ie  d'Aristie,  corn.  Sertor.  iv,  2. 
L'amour  par  un  soupir  quelquefois  se  déclare,  ID. 
ib.  IV,  t.  Il  7°  Se  prononcer,  prendre  parti  pour 
ou  contre  quelqu'un.  Que  Rome  se  déclare  ou  pour 
ou  contre  nous,  ccnN.  Cinna,i,  3.  Il  se  serait  déclaré 
ouvertement  contre  Genève,  pasc.  y'roti.  4«.  Elle 
ne  comprend  pas  que  la  belle  sœur  se  déclare  pour 
vos  ennemis,  après  toutes  vos  civilités  pour  elle, 
sÊv.  Lett.  28  déc.  1073.  Hippias  pour  qui  Darius  se 
déclara,  boss.  Hist.  i,  8.  .Maxence  se  déclara  contre 
Con.stantin,  ID.  ib.  ii,  <<>.  Sainte  I  hérèse  s'est  décla- 
rée contre  la  durée  de  ces  suspensions,  id.  Or.  «.  Je 
sentis  contre  moi  mon  cœur  se  déclarer,  KAClphig. 
n,  t.  L'armée  à  haute  voix  se  déclare  contra   elle. 


DEC 

«AC.  Iphig.  V,  8.  Le  ciel  s'est  déclaré  contre  mon  ar- 
tifice, m.  Baj.  I,  4.  La  mère  de  Néron  se  déclare 
pour  nous,  m.  Brit.  ii,  6.  Vous  vous  êtes  déclarés 
contre  Idoménée,  fën.  Tél.  xi.  Il  faut  entre  nous 
deux  que  Vous  vous  déclarioz,  volt.  Olympe,  v,  6. 
Il  Se  déclarer  de,  avec  un  infinitif.  H.  le  duc  d'Or- 
léans se  déclara  ouvertement  de  vouloir  la  liberté 
des  princes,  LABOCHEF.  Uém.  p.  Ul  ||  Absolument. 
C'est  à  VOUS  d'opter  et  de  vous  déclarer.  Le  destin 
so  déclare,  et  nous  venons  d'entendre  Ce  qu'il  a  ré- 
solu du  beau-père  et  du  gendre,  cobn.  Pompée,  i, 
i.  On  attenilait  que  les  chefs  de  l'armée  se  déclaras- 
sent, FÉN.  Tél.  XX.  On  prit  de  si  bonnes  mesures 
qu'aucun  de  ses  partisans  n'osa  se  déclarer,  saint- 
roix,  t'is.  Paris,  Œuvres,  t.  v,  p.  IC9. 

—  SYN.   nÈCLARER,     MANIFESTER,    RÉVÉLER.     Faire 

connaître  ce  qui  était  ipnoré  est  la  signification  com- 
mune de  ces  mots.  Êtymologiquement,  déclarer 
c'est  rendre  clair;  manifester,  c'est  rendre  manifeste  ; 
révéler,  c'est  tirer  de  dessous  le  voile.  Quand  on  dé- 
clare ses  intentions,  on  les  fait  connaître  d'une  ma- 
nière expresse,  de  sorte  que  la  personne  à  qui  on 
les  déclare  soit  bien  avertie;  quand  on  manifeste 
ses  intentions,  on  les  fait  voir,  on  les  montre,  de 
manière  qu'elles  seront  aperçues;  quand  on  révèle 
ses  intentions,  on  les  fait  connaître,  en  indiquant 
qu'elles  étaient  jusqu'alors  un  secret,  ce  qui  n'est 
pas  impliqué  dans  déclarer. 

—  HIST.  xiir'  s.  Ci  raconte  l'amant  et  dit  Des  sept 
ymaiges  que  il  vit  Pourtraites  el  mur  du  vergier. 
Dont  il  li  plost  à  ûesclairinr  Les  semblances  et  les 
façons,  la  Rose,  132.  Soutien  la  querelle  <lu  poure 
jeusques  à  tant  que  la  vérité  soit  desclairiée,  joinv. 
301.  Les'iueles  choses  offrent  à  montrer  el  àdeclae- 
rer  la  dite  abbaesse  et  le  convent,  Bibl.  des  Chartes, 
■*•  série,  t.  iv,  p.  7a.  ||  xiv  s.  Or  convient  il  templer 
à  declairer  ceste  chose  plus  plenement,  ores.me, 
Elh.vni[ii].  Il  s'en  ala  aus  consuls,  et  leur  a  des- 
cleré  toute  la  besogne,  bERciiEURE,  f  28,  verso. 
Il  XV*  s.  Les  manières  des  assauts,  comment  et  de 
quoi,  je  le  vous  veux  déclarer  et  pleinement  deviser, 
FROiss.  I,  I,  257.  Et  vous  commande  que  les  dix 
commandemens  de  la  loy  à  vostre  povoir,  vous  ac- 
complissez et  gardez;  si  vous  le  declareray,  Jeh.  de 
Saintré,  ch.  8.  Sagece,  el  quel  terme  ou  seul  mot 
peut  estre  compris  sapience,  science  et  prudence, 
si  comme  cy  après  j'espoir  à  desclairier,  chbist.  de 
PISAN,  Charles  V,  m,  ch.  4.  Et  quant  j'eus  entendu 
nature.  Oui  de  parler  plus  n'avoit  cure  Pour  ses  ou- 
vrages déclarer.  Moult  tendrement  prins  à  pleurer, 
LA  FONT.  KOI.  Et  mainte  telle  œuvre  se  fait  en  ce 
monde  par  imagination,  comme  celle  que  j'ay  des- 
sus declairée,  comm.  i,  5.  ||  xvi"  s.  H  fui  déclaré  ro- 
turier, taiUable  et  incapable  de  porter  armes,  mont. 
I,  60.  Le  dernier  pas  ne  faict  pas  la  lassitu<le;  il  la 
déclare,  id.  i,  89.  Depuis  cela  ilz  l'eurent  ennemis 
déclarez,  amtot,  Marins,  H.  Martius  déclara  qu'il 
estoit  très  aise  que  son  capitaine  se  contentast  si  am- 
plement de  kiy,  mais....  m.  Cor.  (3.  Si  fut  esleu 
sans  contradiction  quelconque,  et,  aussi  tost  qu'il  eust 
esté  déclaré,  commencea  incontinent  à  lever  gens 
de  guerre,  id.  ilurius,  (2.  Les  choses  qui  ensuivi- 
rent depuis,  déclarèrent  que  ceste  suspicion  estoit 
entièrement  véritable,  m.  Agésil.  39.  Différer  en- 
cores  quelque  temps  jusques  à  ce  que  les  effets  con- 
traires à  ses  propos  le  déclarassent  estre  invaseur, 

M.  DU  liELLAY,  299. 

—  ÉTY.M.  lîerry,  declairer,  cl  mouillés,  sorte  d'ar- 
ticulation propre  au  Berry;  bourg,  declairai;  pro- 
venç.  et  espagn.  declarar;  ital.  dichiarare;  du  la- 
tin declarare,  de  de,  elclarus,  clair  (voy.  clair). 
L'ancienne  forme  était  declairer,  conformément  à 
clair. 

t  DfiCLASSÉ,  ÉE  (dé-klâ-sé,  sée),  part,  passé. 
Ole  hors  de  sa  classe, 

t  DÉCLASSEMENT  (dé-klâ-se-man),  s.  m.  Action 
de  déclasser,  de  défaire  un  classement.  ||  Mutation 
dans  les  classes  sociales.  ||  Etat  des  choses  ou  des 
personnes  déclassées.  ||  Déclassement  d'inscriptions 
de  renie,  d'actions,  de  valeurs  industrielles,  se  dit 
quand,  ces  inscriptions  de  rente,  ces  actions,  ces 
valeurs  ayant  été  classées,  c'est-à-dire  ayant  été 
(layées  intégralement  et  étant  entrées  comme  pla- 
cement sérieux  dans  le  portefeuille  des  acquéreurs, 
il  survient,  par  l'effet  de  quelque  événement  poli- 
tique ou  financier,  des  ventes  nombreuses  qui  les 
font  sortir  des  portefeuilles  el  venir  sur  le  marché. 

—  ETVM.  Déclasser. 

t  DÉCLASSER  (dé-klâ-sé),  V.  a.  ||  1°  Déranger  ce 
qui  est  classé.  ||  Faire  sortir  un  individu  ou  un 
grou|ie  d'uidnidus  de  la  classe  sociale  à  laquelle  ils 
appartiennent.  ||  Terme  de  marine.  Rayer  un  ma- 
ria du  legistre  des  classes.  112°  Se  déclasser,  i'.  réfl. 


DEC 

Sortir  de  sa  classe.  ||  Subir  le   déclassement.  Les 
rentes  se  déclassent. 

—  Ktym.  Dé....  préfixe,  el  classer. 

f  DÊCLENCUEMENT  (dé-klan-che-man),  s.  m. 
Dépari  auiomati  |iie  d'un  mécanisme. 

I  DÉCLEN'CIIEU,  (déklan-ché),  v.  a.  Lever  la 
clenche  d'une  porte  pour  l'ouvrir. 

—  ÊTVM.  Dé....  préfixe,  et  clenche. 

f  DÉCLIC  (dé-klik) ,  s.  m.  Terme  de  mécanique. 
Ressort  ou  crochet  qui ,  étant  retiré,  fait  qu'une  ma- 
chine entre  en  mouvement,  ||  Pièce  à  ressort  pour 
laisser  tomber  un  mouton  à  battre  les  pieux, 

—  C.TYM.  Dé....  préfive,  el  cliquer  ou  claquer. 

t  DECH.MATEU  (dé-kli-ma-té),  î!.  a.  Terme  d'his- 
toire naturelle,  ôler  i\  un  animal,  à. une  plante,  à  un 
homme  la  manière  d'être  qui  provient  du  pays  natal. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  climat. 

DÉCLIN  (dé-klin),  s.  m.  ||  l°Etat  d'une  chose  qui 
penche  vers  sa  lin,  qui  perd  de  sa  force,  de  son 
éclat.  Favorisez  celui  de  tous  vos  courtisans  Qui 
raillera  le  mieux  le  déclin  de  mes  ans,  corn.  Médée, 
II,  7.  Je  me  vois,  Ladislas,  au  déclin  de  ma  vie, 
rotrou,  Vencesl.  iv,  4.  Sur  le  déclin  de  ces  royaumes, 
PASC.  l'roph.  26.  Tout  à  coup  on  se  sent  plongé  dans 
l'abîme,  sans  avoir  pu  remarquer  le  moment  d'un 
insensible  déclin,  boss.  le  Tellier.  Ce|iendant  Clau- 
dius  penchait  vers  son  déclin  [mort],  rac.  Brit.  iv, 
2.  Les  femmes  du  pays  précipitent  le  déclin  de  leur 
beauté  par  des  artifices  qu'elles  croient  servir  à  les 
rendre  belles,  la  bruy.  viii.  Le  commencement  et 
le  déclin  de  l'amour  se  font  sentir  par  l'embarras  où 
l'on  est  de  se  trouver  seuls,  id.  iv.  Nestor  dans  le 
déclin  de  l'âge  se  plaisait  trop  à  raconter,  fen.  Tél. 
XVI.  Cet  astre  si  brillant,  si  longtemps  respecté, 
Penche  vers  son  déclin,  sans  force  et  sans  clarté, 
VOLT.  Scmiram.  ii,  2.  Par  égard  au  déclin  de  mes 
ans,  ID.  Tancr.  i,  t.  Qu'il  est  doux  d'employer  le  dé- 
clin de  son  âge  Comme  le  grand  Virgile  occupa  son 
printemps!  id.  Ép.  lxxxiii.  L'un  à  la  fieur  des  ans, 
l'autre  vers  son  déclin,  id.  Uérope,  ii,  2.  Mais  les 
dieux  tout-puissants  gardaient  à  mon  déclin  Les 
ténèbres,  l'exil,  l'indigence  et  la  faim,  a.  chén.  22. 
La  mort  ne  semble  alors  qu'un  événement  peut-être 
glorieux,  subit  au  moins  el  que  le  déchn  n'a  point 
précédé,  staël,  Corinne,  i,  l .  La  princesse  avait  une 
dame.  Dame  d'honneur,  fleur  au  déclin,  bérang. 
Prov.  Soleil  si  doux  au  déclin  de  l'automne!  id. 
A  dieux  d  la  camp.  Des  déclins  imperceptibles,  mais 
qui  allaient  toujours  en  croissant,  rollin,  llist.  ane. 
fJEuvres,  t.  xi,  2° part.  p.  668,  dans  pougens.  Telle 
autrefois  dans  son  brillant  déclin  J'ai  vu  la  célèbre 
Geotfrin,  delille,  Convers.  m.  L'altération  du  lan- 
gage s'est  rencontrée  même  sans  les  causes  qui  hâ- 
tent la  barbarie  et  le  déclin  social,  villemain,  Dici. 
de  l'Acad.  Préface,  p.  xi.  ||  2°  Terme  d'astronomie. 
Déclin  de  la  lune,  décroissement  de  la  lune,  après 
qu'elle  a  pris  son  plein,  [j  3"  Terme  d'arquebusier. 
Le  ressort  par  lequel  le  chien  d'un  pistolet,  d'un 
fusil,  s'abat  sur  le  bassinet.  Le  déclin  vient  à  se  lâ- 
cher, à  se  débander.  Avec  mon  pistolet,  le  cordon 
s'embarrasse,  Fait  marcher  le  déclin,  le  feu. prend, 
le  coup  part,  corn.  Ment,  ii,  5. 

—  Hisr.  xi'  s.  La  meie  honur  est  tournée  en  de- 
clin,  Ch.dellol.  cciii.  ||  xii*  s.  Que  cristien  ne  tour- 
nent à  déclin,  Ronc.  p.  155.  Li  jour  vait  à  déclin, 
et  la  nuit  vint  série,  ib.  19».  ||  xiii"  s.  Hée  chevale- 
rie, corne  ore  iras  à  déclin!  Chr.  de  Bains,  80.  [La 
dame]  Passe  tant  vespre  et  tant  malin  Que  sa  biauté 
va  à  déclin,  Lai  du  conseil.  ||  xv's.  S'il  vous  estoit 
failli,  je  me  double  que  vostre  gloire  iroit  au  déclin, 
Bouciq.  IV,  ch.  8.  ||  xvi»  s.  Au  déclin  de  son  accès 
[de  fièvre),  d'aub.  Hist.  i,  t08.  Il  fault....  Boire  son 
saoul  quand  le  tonneau  est  plein.  Et  tout  autant 
quand  il  vient  au  déclin,  amyot,  Galba,  2i.  Il  esloit 
jà  fort  avant  au  déclin  de  son  aage.  ID.  Caton.  -le. 
Le  déclin  [pente]  de  la  colline,  sully,  Uém.  t.  i, 
p.  390,  dans  lacurne.  La  nijrt  se  mesle  et  confond 
partout  à  nostre  vie  :  le  déclin  préoccupe  son  heure 
et  s'ingère  au  cours  de  notre  advancement  mesme, 

MONT.  IV,  287. 

—  liTVM.  Voy.  décliner;  provenç.  decli ;  ital, 
dichino. 

t DÉCLINABILITÉ  (dé-kli-na-bi-li-té),  s./.  Terme 
de  grammaire.  Qualité  d'un  mol  déclinable. 

—  ÉTYM.  Dt'cUnable. 

DÉCLLN.ABLE  (dé-kli-na-bl'),  ad).  Terme  de  gram- 
maire. Qui  peut  être  décliné.  Nom,  adjectif  décli- 
nable. Un  mot  est  déclinable,  lorscpi'il  peut  et  doit 
varier  sa  terminaison  ;  c'est  ce  qui  n'arrive  en  notre 
langue  que  lorsqu'un  nom  passe  du  singulier  au 
pluriel  ou  ilu  masculin  au  féminin,  d'olivet,  ëss. 
yramm.  ch.  i,  §  2.  ||  Déclinable  se  dit  aussi  des 
verbes  passant  par  les  formes  de  leur  conjugaison. 


DEC 


987 


—  HIST.  XV' .s.  Déclinable  sans  declinacion.  Ap- 
proprié par  appellacion,  en.  d'ohl.  Bal.  iH.  jj  xvi's. 
Qui  eust  gariié  nos  ancesires  de  varier  toutes  las 
parties  déclinables....  dubell.  i,  12,  reclo. 

—  ËTYM.  Lat.  declinabilis,  de  declinare,  dé- 
cliner; provenç.  el  espagn.  déclinable;  ital,  decli- 
nabil". 

DÉCLINAISON  (dé-kli-nè-zon),  s.  /".  ||l°Terma 
de  philosophie.  Déclinaison  des  atomes,  mouvement 
oblique  qu'Epicure  leur  attribuait  pour  expliquer 
comment  ils  se  rencontrent,  et  pour  obvier  à  la  diffi- 
culté qu'offre  le  mouvement  rectiligne  supposé  par 
Démocrite.  ||  2°  ferme  d'astronomie.  Arc  d'un  grand 
cercle  de  la  S|ihère,  compris  entre  l'astre  qu'on  ob- 
serve et  l'équateur.  Ptolémée  avait  fixé  la  plusgrande 
déclinaison  du  soleil  trop  au  septentrion  ,  volt. 
Mœurs,  t.  ||  3° Terme  de  physique.  Déclinaison  da 
l'aiguille  aimantée,  mesure  de  l'angle  qui  est  formé 
entre  la  direction  du  méridien  et  celle  d'une  aiguille 
aimantée.  ||  4°  Terme  de  gnomonique.  La  déclinaison 
d'uii  cadran  vertical  est  ce  qui  lui  manque  de  degrés 
pour  regarder  dir'ectement  un  des  points  carilinaux. 
Il  5°  Terme  de  grammaire.  Dans  les  langues  qui  ont 
des  cas,  les  désinences  propres  aux  noms,  aux  pro- 
noms et  aux  adjectifs  dans  leurs  différents  cas.  La 
déclinaison  de  rosa,  de  dominus.  \\  Classes  ou  di- 
visions établies  parmi  les  noms  et  adjectifs  d'une 
langue,  d'après  les  séries  des  terminaisons.  Les  cinq 
déclinaisons  laiines.  On  ne  compte  en  grec  au- 
jourd'hui que  trois  déclinaisons.  L'ancien  français 
avait  une  déclinaison  formée  de  doux  cas,  le  nomi- 
natif et  le  régime.  ||  Dans  le  français  moderne, 
changements  qu'éprouvent  les  noms  en  passant  du 
singulier  au  pluriel,  et  du  masculin  au  féminin. 
I]  Les  Latins  ont  dit  décliner  un  verbe,  déclinaison 
d'un  verbe,  pour  exprimer  la  suite  des  flexions,  el 
conjugaison  dans  le  sens  de  réunir  en  une  même 
classe  tous  les  verbes  qui  se  déclinent  de  même.  En 
français  on  ne  fait  pas  cette  distinction,  et  on  ne 
dit  jamais  la  déclinaison  d'un  verbe. 

—  HlST.  xurs.  Articles  el  declinoiscms.  Bat.  des 
sept  or((.  Il  xV  s.  Déclinable,  sans  declinacion,  en. 
d'orl.  Bail.  H I .  Il  xvi"  s.  Ces  mutations  et  déclinai- 
sons que  nous  souffrons  nous  desrobent  la  veue  de 
nostre  perte,  mont,  i,  82.  Nous  pelotions  nos  décli- 
naisons [grecques],  m.  l,  195.  Ces  termes  là  sont 
déclinaisons,  passages  ou  vicissitudes  de  ce  qui  no 
peult  durer,  id.  ii,  379.  Nous  aurons  hasié  sa  dé- 
clinaison et  sa  ruyne  [du  nouveau  monde]  par  nos- 
tre contagion,  id.  iv,  17.  Et  combien  qu'il  y  ait 
eu  d'autres  causes  qui  l'ont  amené  à  ceste  déclinai- 
son, toutesfois  plusieurs  estiment  que  ceste-ci —  la- 
ngue, 375.  Quand  il  vint  à  la  déclinaison  [déclin|  de 
sa  vie,  CARL,  I,  25.  La  déclinaison  du  jour  les  y 
appelloit,  ID.  VIII,  24.  Nostre  hmgiie  n'a  ses  decli- 
nations.  ses  pieds  et  ses  nombres,  comme  ces  deux 
autres,  dubell.  i,  il,  rerso.  Déclinaison  est  ung  sé- 
parément que  le  solleil  faict  par  son  propre  mouve- 
ment hors  de  la  ligne  sequinoctiale;  c'est  assavoir 
six  mois  de  l'an  en  la  pariie  du  non,  et  six  aultres 
mois  en  la  partie  du  su.  Premières  œucres  de  J. 
Devaulx,  pilloie,  Havre  1583,  dans  jal. 

—  éty.\I.  Provenç.  declinalio,  declinaso ;  eapaga, 
declinacion;  ital.  declinazione ;  du  latin  dfclina- 
lionem,  de  declinare,  décliner.  Dans  déclinaison, 
la  finale  aison  est  la  transformation  régulière  de  la 
finale  latine  atio,  suivant  l'ancienne  euphonie  de 
la  langue. 

DÉCLINANT,  ANTE  (dé-kli-nan,  nan-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  décline  vers.  Un  espalier  de  pêchers  à  l'ex- 
position du  couchant,  un  peu  déclinante  au  nord, 
BDFFON,  Kxp.  sur  les  végét.  i'mém.  \\  Cadran  décli- 
nant, tout  cadran  qui  ne  reganle  pas  directement 
un  des  points  cardinaux.  ||  Plan  déclinant,  plan  qui 
fait  angle  avec  leméridien^  l|2°Fig-  Oui  penche  vers 
son  déclin.  Je  pensais  comme  lui  el  comme  beaucoup 
d'autres  que  la  constitution  déclinante  menaçait  la 
France  d'un  prompt  délabrement,  j.j.rouss.  Conf. 

XI. 

t  DÉCLINATEUR  (dé-kli-na-teur),  s.  m.  Terme 
de  physique.  Sorte  de  boussole  de  forme  de  parallé- 
logramme dont  le  côté  le  idus  long  sert  soit  pour 
mener  des  lignes  parallèles  à  la  ilireclion  nord  et 
sud,  soit  pour  faire  connaître  de  combien  un  plan 
vertical  sur  lequel  on  l'applique  horizontalement , 
est  incliné  au  [ilan  du  méridien. 

—  RTYM.  Décliner. 

t  DÉCLIN ATION  (dé-kli-na-sion),  s.  f.  Action  de 
décliner,  d'aller  vers  son  déclin, 

—  HIST,  xvi"  s.  Sa  maturité,  et  puis  sa  declina- 
tion  et  sa  vieillesse,  el  enfin  sa  decrepiludo,  mjnt. 
II,  299.  Maintenant  nous  sommes  au  temps  de  ss 
declinalion,  auquel  c'est  beaucoup  fait  de  la  bien 


988 


DEC 


conserver  [la  France],  wnouf.,  366.  Es  maladies 
faut  avoir  esgard  k  la  declination  do  leur  accez, 
PABÉ,  Introd.  XIV,  22. 

—  ÊTYM.  Pécliner. 

DÉCLINATOIRE  (dé-kli-na-toi-r'),  adj.  \\  1°  Terme 
de  procédure.  Oui  est  allégué  pour  décliner  une 
juridiction.  Moyen  déclinaloire.  ||  S.  m.  [exception 
par  laquelle  le  défendeur  demande  son  renvoi  de- 
vant ur.e  autre  juridiction.  Élever  un  déclinaloire. 
Le  tribunal  a  accueilli  le  déclinaloire.  Ces  bons  théo- 
logiens n'auraient  rien  eu  à  opposer  au  déclinaloire 
des  arminiens,  s'ils  avaient  rompu  avec  les  églises 
de  Hollande  et  qu'ils  les  eussent  haïes  et  méprisées 
ouvertement,  Boss.  Var.  iv,  g  73.  ||  2°  Terme  de 
physique.  Synonyme  de  déclinateur. 

—  HlST.  XVI*  s.  Oui  de  barres  se  veut  aider,  doit 
commencer  aux  declinaloires,  pour  venir  aux  di- 
latoires, et  finalement  aux  peremptoires;  et  si  la 
dernière  met  devant ,  ne  s'aidera  dos  premières, 

LOYSEL,  702. 

—  ÈTYM.  Décliner;  provenç.  decUnatori;  ital. 
decUnaInrio. 

DÉCLINÉ,  ÉE  (dé-kli-né,  née),  part,  passé. 
Il  l»  Fléchi  suivant  les  règles  de  la  déclinaison.  Un 
mot  décliné.  ||  2°  Terme  de  proct'dure.  Dont  on  n'ac- 
cepte pas  la  compétence.  Cette  juridiction  déclinée 
par  les  parties.  ||  Par  extension,  refusé.  Une  offre 
déclinée.  ||  3"  Terme  de  zoologie.  Nageoire  déclinée, 
nageoire  dont  les  osselets  vont  en  décroissant. 
Il  Terme  de  botanique  qui  se  dit  d'un  organe  qui 
retombe  en  se  courbant  en  arc. 

t  DÉCUNEMENT  (dé-kli-ne-man),  s.  m.  Action 
de  décliner. 

—  SYN.  DÉcuN  et  niîcuNEMENT.  Il  y  a  entre  eux 
cette  différence  que  déclin  exprime  surtout  l'état  de 
décadence,  et  déclinement  lacheminement  vers  la 
décadence. 

—  HlST.xvrs.  Ce  n'est  point  par  un  déclinement 
de  la  vigueur  corporelle  qui  se  passe,  que  tacholere 
se  soit  passée  et  finée,  amyot,  Comm.  refréner  la 
col.  2. 

—  ÉTYM.  Décliner;  .provenç.  declinamen ;  ilal. 
declinamento. 

DÉCLINER  (dé-kli-né),  V.  n.  ||  1° S'écarter  en  un 
sens  ou  un  autre  d'un  point  fixe,  d'une  ligne  fixe. 
Plusieurs  causes  peuvent  faire  décliner  vers  le  sud 
ou  vers  l'est  un  courant  d'air,  ravnal,  Uist.  phil.v, 
*0.  Il  Terme  d'astronomie.  S'éloigner  de  l'équateur, 
en  parlant  d'un  astre.  H  Terme  de  physique.  S'écarter 
du  nord  vrai,  en  parlant  de  l'aiguille  aimantée. 
||2''Fig.  Pencher  vers  son  déclin,  vers  sa  fin.  Après 
avoir  fait  ce  chemin,  on  décline  misérablement, 
PASC.  dans  coksin.  Mais  enfin  à  son  tour  leur  puis- 
sance décline,  rac.  Brit.  v,  3.  Gênes  déclina  de 
jour  en  jour  et  Venise  s'éleva,  volt.  Mœurs,  74. 
Depuis  qu'ayant  passé  l'Sge  mûr,  je  décline  vers  la 
vieillesse,  J.  j.  Rouss.  Conf.  i.  Mon  bonheur,  grâce 
à  vous,  est  à  son  comble;  puisse-t-il  ne  jamais  dé- 
cliner 1  ID.  i6.  VI.  M.  de  Lagrange  est  jeune,  et  je 
suis  presque  vieux;  son  ardeur  est  naissante,  et  la 
mienne  décline,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Prusse, 
))  juillat  (706.  Tes  jours,  sombres  et  courts  comme 
les  jours  d'automne.  Déclinent....  lamart.  Médit. 
I,  0.  Il  3°  V.  a.  Terme  de  procédure.  Ne  pas  recon- 
naître. Décliner  une  juridiction.  Charles  I"  déclina 
la  compétence  de  la  cour,  et,  la  tête  couverte,  parla 
en  roi,  ciiateauh.  Stuarts,  221 .  Les  mœurs  exercent 
une  espèce  dejustice  que  personne  ne  peutdécliner, 
BAYNAL,  Hist.  phil.  XIII,  57.  ||  Kig.  Écarter,  éloi- 
gner, éviter.  Il  déclina  l'honneur  qu'on  voulait  lui 
faire.  ||  4°  Terme  de  grammaire.  Faire  passer  un 
nom,  un  pronom,  un  adjectif  par  tous  ses  cas  et 
flexions.  Il  Fig.  Décliner  son  nom,  dire  qui  l'on  est. 
J'aimerais  mieux  encor  qu'il  déclinât  son  nom,  Et 
dit:  je  suis  Oresle  ou  bien  Agameninon,  boil.  Art 
p.  111.  Il  Fig.  Décliner  son  nom,  s'est  dit  autrefois 
pour  se  faire  respecter,  en  imposer.  Elle  [la  Thrace] 
fut  autrefois  régie  ParLycurgue,  homme  de  renom. 
Qui  savait  décliner  son  nom,  scarron,  Virg.  trav. 
m.  Il  Les  anciens  ont  dit,  et  D.  de  Tracy  a  proposé 
de  dire  décliner  un  verbe  pour  le  faire  passer  |>ar 
toutes  les  formes  rangées  dans  l'ordre  des  temps  ou 
des  modes.  ||  6°  Se  décliner,  «.  réft.  Être  écarté,  évité. 
De  pareilles  propositions  se  déclinent  difficilement. 
Il  Subir  les  flexions  de  la  déclinaison.  Kn  latin,  les 
noms  de  la  première  déclinaison  se  déclinent  sur 
rota.  Dans  l'ancien  français  roi,  homme,  empereur 
te  déclinaient  ainsi  :  nominatif  singulier,  /«  rois, 
U  hom,  li  emperere  ;  régime  singulier,  le  r«t, 
l'homme,  l'empereor  ;  nominatif  pluriel,  K  roi,  li 
homme,  li  empereor  ;  régime  pluriel,  lesroii,  les 
hommes,  les  empereors.  \\  Dans  le  françai.?  actuel ,  se 
décliner  s'est  dit  souvent,  mais  abusivement,  puisque 


DEC 

les  cas  n'y  existent  pas,  des  prépositions  d  et  de 
placées  devant  les  noms,  soit  seules,  .soit  en  combi- 
naison avec  l'article.  Voilà  qui  se  décline  :  ma  rente, 
de  ma  rente,  à  ma  rente,  moi..  F.  sav.  m,  2. 

—  IIIST.  xrs.  Quand  voit  li  reis  le  vespre  décliner, 
Ch.  de  Uni.  ci.xxv.  Ci  faut  la  geste  que  Turoldus 
décline  [récite],  ib.  ccxciii.  ||  xii*  s.  Li  jors  prist 
à  décliner,  Rone.  p.  8.  No  desturner  tu  ta  face  de 
mei,  e  ne  décliner  tu  en  ire  de  tun  serf.  Liber 
psalm.  p.  32.  Quant  li  dous  estes  décline.  Que  [je] 
voi  faillir  foille  et  flour,  crestien  de  tboies,  dans 
iioi-LAND.  Il  xiir  s.  Lor  raeslier  défaut  et  décline; 
Li  plusor  vivent  de  rapine,  ruted.  ii,  244. 11  ne  su- 
rent dont  il  [ce  mot]  venoit.  Ne  comment  il  se  dc- 
clinoit.  Pat.  des  sept  arts.  Mamlit  sunt  cil  qui  dé- 
clinent de  les  comendemenz,  Psautier,  f  (40. 
I]  xiv"  s.  Et  quant  vient  au  fait,  il  n'ensuit  pas  ce 
bon  jugement,  mais  décline  et  ensuit  ses  malvès  de- 
siries,  oresme,  Élh.  32.  Et  pour  ce  s'ensuit  que  eulx 
déclinent  à  vivre  selon  deleltacions  corporelles,  m. 
76.  100.  Et  ceulzqui  déclinent  plus  à  mal,  il  senties 
pires,  m.  ib.  2118.  Car  un  secours  s'en  va  aux  païens 
empietrer  Tel  que  se  Dieux  n'en  pense  qui  se  laissa 
pener,  Que  la  chrestienté  en  fera  ilecliner,  Gucscl. 
(6209  Là  veïst-on  forment  ceulx  de  çà  décliner,  La 
bataille  eslongier  et  eulx  desordener,  ib.  62i7. 
Il  XV' s.  Car  en  pluisours  lieux  on  décline  [répète], 
Que  toute  joie  et  toute  honneurs  Viennent  et  d'armes 
et  d'amours,  froiss.  Espinetle  amour.  Ne  déclinez 
pas  aux  enchanteurs,  et  n'enquerez  aucunes  choses 
aux  devins,  monstrel.  liv.  1,  ch.  47.  Discrétion  tient 
le  droict  chemin  royal,  sans  décliner  à  dexlre  de 
dissimulation  ou  à  senestre  de  sédition,  gerson, 
llarengue  au  rni  Charles  VI,  p.  19.  ||  xvi*  s.  Le  coup 
déclina  à  droict  par  la  brusque  hastivelé  de  Panta- 
gruel, RAB.  Pant.  Il,  29.  Pantagruel,  qui  esloyt 
soubdain  au  remuement,  declinoyt  tous  ses  coups, 
II),  ib.  II,  29.  Déclinez  de  leur  voye,  ne  soyez  à  eulx 
semblables,  id.  ib.m,  21.  Quant  en  la  France  une 
dame  décline,  ICUe  résigne  aux  jeunes  le  deduyt: 
Se  retirer  e.st  bon  quand  il  est  nuyct,  3.  marot,  v, 
210.  Nostre  langue  se  décline,  si  non  par  les  noms, 
etc.  pour  le  moins  par  les  verbes,  dubell.  1,  <), 
verso.  L'esprit  humain  est  facile  à  décliner  en  toutes 
espèces  d'erreurs,  Calvin,  Inslit.  29.  Tous  ont  dé- 
cliné, et  ont  esté  faits  quasi  comme  pourris,  m.  ib. 
2118.  Un  bon  mari,  d'autant  qu'il  est  plus  fidèle  et 
loyal,  est  d'autant  plus  courroucé  s'il  voit  sa  femme  dé- 
cliner à  quelque  paillard,  m.  16.  280.  Décliner  quelque 
nom  vulgaire,  ou  conjuguer  un  verbe,  id.  ib.  872.  Les 
juges  ne  doivent  décliner  en  une  partie  ni  en  l'autre, 
ID.  ib.  H98.  En  la  conduite  de  Dieu  on  ne  décline  ja- 
mais de  la  droite  voye,iD.  li).  1 199.  Prévoyant  que  ce 
commencement  de  maladie  declineroit  ayséement  en 
un  exsecrable  athéisme,  mont,  u,  )37.  Cette  liberté 
décline  vers  l'indiscrétion,  ID.  m,  54.  Mais  quelque 
jour  viendra  ce  dernier  jugement.  Que  roy,  ny 
magistrat,  ny  juge  aucunement  Ne  pourront  décli- 
ner, DUBELL.  VIII,  36,  recto.  Et  alloit  ainsi  gaignant 
le  temps  pour  attendre  que  le  soleil  declinast  après 
midy,  amyot,  Jf.  jEm.  29.  La  force  des  maladies 
décline  à  mesure  que  la  vigueur  naturelle  des  corps 
malades  va  décroissant,  m.  Philop.  30.  Philopœmen 
se  feit  renommer  par  ses  faicts  Iq-s  que  la  Grèce 
commenceoit  à  décliner  et  déchoir,  iD.  Flamin.  et 
Philop.  3.  Sertorius,  en  déclinant  la  bataille  et 
fuyant  devant  luy,  avoit  sur  luy  tous  les  avantages 
qu'ont  ceulx  qui  chassent  leurs  ennemis  après  les 
avoir  rompus,  ID.  Scrfor.  (7.  Dubourg,  ayant  décliné 
de  ses  commissaires  par  le  privilège  des  conseillers 
de  la  Cour,  et  depuis  par  celuyde  conseiller  d'Eglise, 
fut  débouté  de  l'un  et  de  l'autre,  d'aub.  Uist.  l,  84. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  declinar  ;  ital.  de- 
clinare ;  du  latin  declinare,  de  de,  et  clinare,  faire 
pencher  (voy.  clin). 

t  DÉCLINQUER  (dé-klin-ké),  v.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Enlever  le  bordage  d'un  bateau  à  clin. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  clin. 

t  DÉCLIQUER  (dé-kli-ké),  V.  o.  Terme  de  méca- 
nique. Lâcher  un  déclic. 

—  HIST.  XV*  s.  Il  luy  vint  sur  le  costé  et  luy  des- 
cliqua un  coup  entre  le  col  et  les  espaules,  si  granl 
qu'il  le  renversa  tout  à  dens  sur  le  col  de  son  che- 
val, FROISS.  liv.  I,  p.  401 ,  dans  laccrne.  Tou.sjours 
est  le  martiaux  tout  prest  Qui  fiert  sur  la  cloche  et 
desclique,  e.  descuamps,  Poésies  mss.  ^  425,  dans 
lacurne.  On  faisoit  trompettes  bondir,  Canons, 
bombardes  descliquoient.  Et  les  gens  d'armes  y  fiap- 
poient.  Bataille  de  Liège,  p.  370,  dans  lacurne. 

—  KTYM.  Déclic. 

t  DÊCLIQUETER  (dé-kli-ke-té),  t.  a.  Terme  d'hor- 
logerie. Dégager  le  cliquet  des  dents  de  son  rochet. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  cliquet. 


DEC 

DÉCLIVE  (dé-kli-v'),  adj.  Qui  est  en  ])ente.  Un 
terrain  déclive.  1|  Terme  de  chirurgie.  Partie  décliïj, 
la  partie  la  plus  basse  d'une  plaie  ou  d'un  foyei  d<' 
pus. 

—  HIST.  XVI'  s.  Délaissant  un  petit  orifice  en  la 
partie  plus  déclive,  pour  donner  issue  à  la  sanie, 

PARIÎ,  VIII,  35. 

—  f.TYM.  Lat.  decliris,  de  de,  et  eliius,  pente. 
DÉCLIVITÉ  (dé-kli-vi-té),  î. /•.  Situation  d'une 

chose  qui  est  en  pente.  I.cs  déclivités  des  monta 
gnes.  La  moindre  décliviié  du  terrain  fait  couler  les 
eaux.  Les  parties  supérieures  de  l'eau  d'une  rivière, 
et  éloignées  des  bords,  peuvent  couler  par  la  seule 
cause  do  la  déclivité,  quelque  petite  qu'elle  soit; 
car,  n'étant  arrêtées  par  aucun  obstacle,  elles  peu- 
vent sentir  avec  délicatesse  pour  ainsi  dire  la  moin- 
dre différence  de  niveau,  fonten.  Guglielmini. 

—  f.TYM.  Lat.  dectivitas,  de  decli\:is,  déclive. 

t  DÊCLOÎTRER  (dé-kloi-tré),  v.  a.  Tirer  du  cloî- 
tre. Un  moine  décloîtré.  |1  Se  décloltrer,  t'.  réft.  Sor- 
tir du  cloître.  S'il  est  ainsi,  je  me  décloitre;  ô  ciel  I 
Faut-il  rentrer  dans  mon  état  cruel?  volt,  /'autre 
diable. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cloiirer. 
DÉCLORE  (dé-klo-r*.   Verbe  défeclif  n'ayant  que 

les  temps  et  les  personnes  qui  suivent  :  je  déclos, 
tu  déclos,  il  déclôt,  sans  pluriel;  je  déclorai;  je 
déclorais;  que  je  déclose,  que  tu  décloses,  qu'il  dé- 
close ,  que  nous  déclosions,  que  vous  déclosiez, 
qu'ils  déclosent;  déclore;  déclos),  v.  a.  ôter  la  clô- 
ture. Déclore  un  jardin.  ||  Droit  de  déclore,  droit 
d'ôter  la  clôture,  à  l'efl'et  de  passer  lorsque  le  che- 
min est  impraticable.  ||  Terme  de  pêche.  Déclore 
une  bourdigue,  ôter,  pour  laisser  un  libre  passage 
aux  poissons,  les  roseaux  mis  à  l'entrée  des  filets. 
Il  Fig.  Peut-être  n'avais-je  plus  cette  innocence  qui 
nous  fait  un  charme  de  tout;  le  temps  commençait 
à  la  déclore,  chatealb.  Mém.  t.  i,  p   (71. 

—  HIST.  XI'  s.  L'escut  [il]  lui  freint,  et  l'haubert 
lui  desclot,  Ch.  de  Bol.  xci.  Après  [il]  lui  a  sa  bro- 
nie  desclose,  ib.  cxxi.  E  la  veie  desclo.se  e  l'ire  Deii 
mustrée.  Th.  le  mort  <53.  E  tut  dcstruierai  jesque 
al  chien,  e  l'enclos  e  le  desclos  e  le  très  petit  e  le 
granl.  Bois,  292.  ||  xiii'  s.  Mais  puis  leur  fait-il  si 
desclore  leur  aumaire  [armoire]....  Berte,  LXix.  Jà 
por  nomer  vilaine  chose  Ne  doit  ta  bouche  estre 
desclose,  la  Base,  2222.  Et  s'il  à  autre  chose  tenl. 
Ne  m'en  desclot  il  mie  tant.  Mes  bien  vous  i  poés 
fier,  16.  (2840.  Quant  j'aurai  les  lices  descloses,  ib. 
2094S.  X  li  m'en  vinsgrant  aleûre  [train],  Si  li  des- 
c!os  l'encloeOre  [embarras],  Dont  ge  me  sentoieen- 
cloé,  tb.  3122.  Et  se  il  avient  que  la  carelle  [que- 
relle] seit  de  héritage  dedenz  ville  close  ou  desclose, 
A.is.  de  J.  03.  Vos  créez  miex  en  juerie  [juiverie], 
Qui  la  vérité  dire  en  ose,  Qu'en  celui  qui  par  sei- 
gnorie  A  la  porte  d'enfer  desclose,  ruteb.  210. 
Il  XVI'  s.  Mignonne,  allons  voirsi  la  rose  Qui  ce  ma- 
tin avoit  desclose  Sa  robe  de  pourpre  au  soleil,  A 
point  perdu  ceste  vesprée  Les  plis  de  sa  robe  pour- 
prée, BONS.  383. 

—  ÉTY.M.  Dé....  préfixe,  et  clore;  provenç.  def- 
claure;  ital.  dischiudere. 

DÉCLOS,  OSE  (dé-klô,  klô-z'),  part,  passé  de 
déclore.  Qui  n'a  pas  de  clôture.  Ce  parc  est  déclos 
en  plusieurs  endmits.  ||  Par  extension.  jJe]  sentis  à 
son  nez.  à  ses  lèvres  décloses.  Qu'il  fleuraitbien  plus 
fort,  mais  non  pas  mieux  que  roses,  Régnier,  Sat.  x. 

t  DÉCLÔrURE  (déklôtu-r'),  s.  f.  Action  de  dé- 
clore. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  clôture. 
DÉCLOUÉ,  ÉE  (dé-klou  é,  ée),  part,  passé.  La 

toile  que  je  croyais  déclouée,  sÉv.  toi. 

DÉCLOUER  (dé-klou-é),  v.  a.  \\  1°  Défaire  ce  qui 
était  cloué.  Déclouer  des  planches,  des  tapis.  ||  2°  Se 
déclouer,  e  réft.  N'être  plus  cloué.  Cette  planche 
se  décloue. 

—  HIST.  xiii'  s.  Si  amoureusement  que  mais  [elle] 
ne  l'en  descloe  [ne  décloue  mon  âme  de  son  amour], 
Berte,  xxxiii.  |{  xvi*  s.  Platon  craint  nostre  engage- 
ment aspre  à  la  douleur  et  à  la  volupté,  d'autant 
qu'il  oblige  et  attache  trop  l'ame  au  corps;  moy 
plustost,  au  rebours,  d'autant  qu'il  l'en  desprend  et 
descloue,  mont,  i,  305. 

—  ÉTY'M.  Dé....  préfixe,  et  clouer  ;  Berry,  déclou- 
ter ;  espagn.  desclarar;  portug.  descrarar, 

t  DÉCOAGULER  (dé-ko-a-gu-lé),  v.  a.  Faire  ces- 
ser un  étal  de  coagulation. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  coaguler. 
DÉCOCHÉ,  ÉE   (dé-ko-ché,  chée),   part,  passé. 

Lancé  par  un  arc.  Et  d'un  trait  décoché  j'en  ai  vengé 
la  perte,  tbistan,  Mort  de  Chrispe.  m,  4.  Maître 
>lîneas  en  choisit  quatre  Qui  devaient  essayer  d'a- 
battre Par  un  coup  de  trait  décoché  L'oiseau  »up  le 


I 


DEC 

mât  attaché,  scarhon,  Yirg.  trav.  v,  (|  Fig.  Des 
traits  malicieux,  décochés  par  une  bouche  adroite. 
Décent  sotscompliments.sansy  compter  les  vôtres. 
Contre  moi  décochés....  scAnnoN,  D.  Japhet,m,  *. 
DÊCOCHEMENT  (dé-ko-che-man) ,  s.  m.  Action 
de  décoclier  une  flèche.  |1  Fig.  Le  décochement 
d'une  épigramme. 

—  ËTYM.  Décocher. 

DECOCHER  (dé-ko-ché),  V.  a.  ||  1°  Tirer  une  flèche 
à  l'aide  d'un  arc,  d'une  arbalète.  On  décocha  con- 
tre lui  une  flèche  de  deux  coudées,  vaugel.  Q.  C. 
liv.  IX,  ch.  5.  Et  des  traits  infinis  qu'ils  ont  pu  dé- 
cocher. Ce  n'est  que  par  hasard  qu'ils  ont  blessé  des 
nôtres,  TRISTAN,  Panthée,  i,  t.  Ils  ont  caché  le  ciel 
dos  trails  qu'ils  décochaient,  kotrou,  Bélis.  i,  o. 
Un  cœur  de  roche  Impénétrable  aux  traits  que  l'a- 
mour nous  décoche,  mair.  Sophon.  iv,  5.  Que  son 
œil  fendu  grand  et  bleu  Décoche  de  matras  [sorte  de 
dard]  de  feu  !  scabron,  Virg.  trav.  iv.  ||  On  dit  au.ssi 
que  l'arc  décoche  une  flèche.  U  en  est  de  noire 
corps  dans  les  passions,  par  exemple  dans  une  faim 
ou  dans  une  colère  violente,  comme  d'un  arc  bandé 
dont  toute  la  disposition  tend  à  décocher  le  trait, 
Boss.  Connaiss.  m,  1 1.  ||  2°  Fig.  Décocher  un  trait 
de  satire,  une  épigramme,  lancer  un  trait  mordant, 
faire  une  épigramme.  On  a  vu  en  son  lieu  ce  qu'il 
[le  maréchal  de  Duras]  décocha  au  maréchal  de  vil- 
leroy,  lorsqu'il  passa  de  Flandre  en  Italie,  st-sim. 
UO,  49.  Aux  moindres  traits  que  sur  toi  l'on  déco- 
che.... J.  B.  Rouss.  Épitr.  1,1,  aux  Muse^.  Ils  [les 
athées]  décocheront  contre  nous  tous  les  arguments 
des  Stratons,  volt.  Ame,  5.  ||  Ou  dit  aussi  déco- 
cher un  compliment,  une  œillade.  ||  3°  V.  n.  Terme 
de  chasse.  L'oiseau  de  proie  décoche,  quand  il  fond 
comme  un  trait  sur  le  gibier.  ||  4"  Se  décocher,  v. 
réfl.  Être  décoché.  Les  traits  malins  qui  se  décochè- 
rent dans  ce  salon  sur  les  absents. 

—  mST.  xni°  s.  Atant  estes  vos  un  archier  Qui  une 
flece  a  encochiée  ;  Envers  le  cerf  a  descochiée;  Que 
il  l'avoit  bien  avisé,  lien.  t235e.  Avant  en  va  desus 
le  pont;  Li  sergent  qui  furent  amont  Descochent 
carriax  enpenez,  ib.  18969.  ||  xiv  s.  Caillons  et  vi- 
retons  assez  on  descocha,  Guescl.  20027.  ||  xvi"  s. 
Plustost  que  la  flèche  ailée  Ne  s'en  vole  au  desco- 
cher, Nostre  verdeur  escoulée  Voit  son  printemps 
desseicher,  dubell.  v,  Bi,  verso.  Laquelle  [flèche] 
lors,  pour  me  rendre  confus,  Il  descocha  sur  mon 
cœur  rudement,  marot,  i,  too.  U  prend  son  arc  et 
sa  flèche,  et  vous  décoche  rasibus  l'image  du  saint, 
DESPEn.  Contes,  cxxiv.  Lequel  lui  coupoit  l'herbe 
sous  le  pied,  et  le  decochoit  des  bonnes  grâces  où 
il  se  croyoit  si  bien  ancré,  yver,  p.  688.  II  com- 
mence à  crier:  charge!  charge!  et  puis  descocbe  à 
toutes  brides,  la  lance  en  l'arrest,  carl.  vi,  25.  Ce- 
pendant l'embuscade  de.scoche,  et  prennent  chacun 
un  chemin,  et  luy  couppent  la  gorge,  et  le  man- 
gent, PARÉ,  Animaux,  xvi.  Voulant  son  arc  contre 
moy  descocher.  Trouva  l'escu  aussi  fort  qu'un  ro- 
cher, RONS.  768.  Les  barbares  descocherent  en  si 
grande  fureur,  qu'ilz  escarterent  ceux  qui  besoi- 
gnoient  aux  trenchées,  amyot,  Sylla,  46. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  le  verbe  hypothétique 
cocher,  mettre  d;ins  la  coche,  de  coche  4. 

f  DÉCOCO.\NEU  (dé-ko-ko-né),  v.  a.  Enlever  les 
bruyères  et  en  détacher  le  cocon  du  ver  h  soie. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixé',  et  cocon. 

\  DÉCOCTÉ  (dé-ko-kté),  s.  m.  Terme  de  pharma- 
cie. Produit  d'une  décoction. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉCOCTION. 

DÉCOCTION  (dé-ko-ksion ;  en  poésie,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  Terme  de  pharmacie.  Opération  qui 
consiste  à  faire  bouillir,  dans  un  liquide,  des  sub- 
stances médicamenteuses  dont  on  veut  extraire  les 
principes  solubles.  ||  Le  produit  liquide  de  cette  opé- 
ration. Boire  une  décoction. 

—  HIST,  xni°  s.  Et  quant  li  décoctions  sera  faite 
et  coulée,  alebrant,  f°  t8.  |{  xv  s.  De  décoction 
de  vendange  [vin]  Recipé  trois  voltes  [fois]  et  plus: 
Ne  songe  tant  à  tes  escus,  basselin,  xii.  jj  xvi"  s.  U 
y  a  deux  causes  qui  donnent  la  dureté  aux  pierres, 
l'une  est  abondance  d'eau,  l'autre  est  la  longue  dé- 
coction, PALissY,  293.  Décoction,  s'entend  des  mé- 
taux parvenus  à  leur  perfection,  m.  378. 

—  ÉTYM.  Provenç.  decoccio  ;  espagn.  decoccion; 
ital.  decozione;  du  latin  decoctionetn,  dedecoquere , 
cuire,  de  de,  et  cnquere  (voy.  cuire). 

t  DÊCOGNOIR  (dé-ko-gnoir),  s.  m.  Coin  de  buis 
pour  serrir  ou  desserrer  les  formes  tvpographiques. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  coin. 

DÉCOIFFÉ,  ÉE  (dé-koi-fé,  fée),  part,  passé.  Une 
emme  toute  décoiiïée.  Une  bouteille  décoifiée. 

DI'XOIFFER  (dé-koi-fé),  v.  a.  ||  1»  Ôter  ce  qui 
coiffe.  U  faut  me  décoiffer  avec  beaucoup  de  soin. 


DEC 

Il  Déranger  la  coifl"ure,  les  cheveux,  les  mettre  en 
désordre.  Le  rent  l'a  toute  décoiffée.  ||  Fig.  Faire 
sortir  de  la  tCte  ou  du  cœur.  C'est  une  idée  extrava- 
gante, une  passion  ridicule  dont  je  voudrais  bien  le 
décoiffer.  ||  2°  Décoiffer  une  bouteille,  ôter  l'enve- 
loppe qui  entoure  le  bouchon;  la  déboucher.  De 
cette  sorte ,  ayant  dérobé  sa  bouteille  sans  qu'il  l'eût 
vu.  je  l'allai  décoiffer  en  mon  étude,  où  j'avalai  de 
bonnes  gorgées,  Frawct'on,  liv.  iv,  p.  t50.  ||  Décoiffer 
une  fusée,  déchirer  la  garniture  qui  la  préserve 
contre  les  accidents  du  feu.  ||  3°  Se  décoiffer,  v. 
réfl.  Déranger  sa  coiffure.  Cet  enfant  se  décoiffe 
toujours.  Il  Se  décoiffer,  déranger  la  coiffure  l'un 
de  l'autre.  X  force  de  s'irriter,  de  s'injurier,  de  se 
battre,  de  crier,  de  se  décoiffer  pour  un  liard,  ils 
avaient  contracté,  pour  toute  leur  vie,  l'air  de  l'in- 
térêt sordide,  de  l'impudence  et  de  la  colère,  Dide- 
rot, Essaisur  la  peint,  ch.  4. 

—  HIST.  xui'  s.  Ore  se  coife,oro  se  lie,  Or  se  de.s- 
coife,  or  se  deslie,  Contenance  des  femmes.  Hxvi's. 
Mainte  gentille  nymphe  et  mainte  belle  fée.  L'une 
aux  cheveux  plies,  et  l'autre  descoifée,  rons.  736. 
Elle,  marchant  à  tresses  descoiffées,  Apparoissoit  la 
princesse  des  fées,  id.  740.  Mais  je  ne  m'en  puis 
descoifl'er  [de  cet  amour]  ;  Je  pense  que  c'est  un  en- 
fer Dont  jamais  je  ne  sortiray,  marot,  i,  20i. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  coiffer. 

t  DÉCOINCER  (dé-koin-sé.  Le  c  prend  une  cé- 
dille devant  a  et  o  :  nous  décoinçons,  je  décoinçai) , 
V.  a.  ôter  un  objet  de  dessus  le  coin  qui  le  sup- 
porte. Il  Se  décoincer,  v.  réfl.  Être  décoincé.  Les 
rails  tendent  constamment  à  se  décoincer;  cela 
résulte  de  l'élasticité  du  bois,  de  la  forme  des  coins 
et  des  trépidations  de  la  voie,  Presse  scientifique, 

t86t  ,  t.  III,  p.  229. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  com. 

f  DÉCOLÉRER  (dé-ko-lé-ré.  La  syllabe  U  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
je  décolère;  exceiité,  suivant  la  règle  non  justifiée 
que  suit  l'Académie,  au  futur  et  au  conditionnel  : 
je  décolérerai,  je  décolérerais),  v.  n.  Cesser  d'être 
en  colère.  Il  n'a  pas  décoléré  de  toute  U  journée.  Il 
ne  décolère  pas  depuis  qu'il  a  appris  cette  nouvelle. 
Il  Terme  vulgaire. 

-^Étvm.  Dé....  préfixe,  et  colère. 

DÉCOLLATION  (dé-ko-la-sion;  l'Académie  dit 
qu'on  prononce  les  deux  U;  mais  cette  prononcia- 
tion, qui  n'est  pas  en  rapport  avec  celle  de  décoller, 
n'est  pas  non  plus  de  l'usage  le  plus  fréquent) ,  s.  f. 
Action  de  décoller,  de  couper  le  cou.  Icare  auda- 
cieux, téméraire  Ixion,  Je  te  juge  et  condamne  à 
décollation,  scarron,  D.Japhet,  m,  4.  ||  U  sert  à 
désigner  le  martyre  de  saint  Jean-Bapti.ste.  Une  ta- 
pisserie de  la  décollation  de  saint  Jean-Baptiste, 
sÉv.  687.  Il  Terme  de  chirurgie.  Séparation  de  la 
tête  du  fœtus  d'avec  le  tronc  qui  reste  engagé  dans 
la  matrice. 

—  HIST.  XV'  s.  II  fut  jugé  à  estre  decolé;  et  ce- 
pendant qu'on  le  menoit  à  sa  decolation  sur  une 
charrette  et  séant  sur  une  planche....  froiss.  liv.  ii, 

p.  233,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  decollalio,  de  decollare  (voy.  dé- 
coller t). 

(.DÉCOLLÉ,  ÉE  (dé-ko-lé,  lée),  part,  passé  de 
décoller  t.  Qui  a  eu  le  cou  coupé.  Nicéphore  pris 
par  les  Bulgares  fut  décollé,  volt.  .Jfrewfi-,  28. 

2.  DÉCOLLÉ,  ÉE  (dé-ko-lé,  lée),  part,  passé  do 
décoller  2.  Qui  n'est  plus  collé. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  coller. 

1.  DÉCOLLEMENT  (dé-ko-le-man),  s.  m.  Terme 
d'arts.  Action  de  couper  une  partie  de  quelque 
chose.  Les  charpentiers  disent  faire  un  décollement 
à  un  tenon. 

—  ÉTYM.  Décoller  t . 

2.  DÉCOLLEMENT  (dé-ko-le-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  décoller,  de  défaire  ce  qui  est  collé;  état 
de  ce  qui  est  décolle.  Le  décollement  du  papier  dans 
cette  pièce.  ||  Terme  de  chirurgie.  État  d'un  organe 
séparé,  par  la  destruction  du  tissu  lamineux,  des 
parties  auxquelles  il  adhérait  naturellement.  Dé- 
collement du  placenta. 

—  ÉTYM.  Décoller  2. 

I .  DÉCOLLER  (dé-ko-lé),  v.  a.  Couper  le  cou  à 
quelqu'un.  Lamberti  rapporte  que  le  czar  Pierre  avait 
décollé  de  sa  propre  main  son  fils  aîné,  volt.  Itus- 
sie,  II,  10.  Il  Terme  de  pèche.  Couper  la  tête  d'une 
morue. 

—  HIST.  xir  s.  Venu  sunt  al  quint. jur  de  la  na- 
tivité Eu  l'endemain  que  furent  innocent  decolé. 
Que  Herodes  ocist  ])ar  sa  grant  cruelté,  th.  le  mart. 
t37.  Il  xiii"  s.  Je  voudroie,  parm'ame,  qu'ele  fust 
decolée,  Derte,  xvi.  Et  fu  sacrés  à  roi,  et  fu  li  pi- 
res rois  qui  onques  feust,  puis  le  roi  Herodes  qui 


DEC 


989 


fist  les  enfans  décoller,  Chron.  de  îîat'ns,  t20.  La 
nuis  est  revenue  et  li  jors  trespassés,  Desous  le  Ci- 
vclot  fut  li  vaus  [le  vallon]  grans  et  lés  :  L?i  ot  de 
neutre  gent  trente  mil  décotes,  Chans.  d'Ant.  i  649. 
Il  xv  s.  Le  roi  fit  prendre  tous  ces  seigneurs  et  en 
fitdecoler  sans  délai  et  sans  connoissance  de  cause 
jusquesà  vingtdeux  des  plus  grands  barons,  fhoiss. 

I,  i,  6.  Il  xvi°  s.  Elle  pour  obéir  prend  le  pied  do  la 
beste;  Lors  en  lieu  de  l'hostie  il  décolla  la  teste  Do 
la  femme  perfide,  rons.  (172. 

—  ÉTYM.  Lat.  decollare,  de  de,  et  collum,  cou 
(voy.  cou). 

2.  DÉCOLLER  (dé-ko-lé),  11.  a.  \\  1°  Détacher  une 
chose  qui  était  collée.  Décoller  du  papier.  Le  matin 
du  mariage,  chez  les  Juifs  en  Égypie,  on  colle  les 
paupières  de  la  mariée  avec  de  la  gomme,  et,  quand 
le  moment  de  se  coucher  est  venu,  le  mari  les  dé- 
colle, ST-FOix,  Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  iv,  p,  346. 
Il  2°  Terme  du  jeu  de  billard.  Décoller  une  bille,  la 
détacher  de  la  bande.  ||  3"  Se  décoller,  v,  réfl.  Cesser 
d'être  collé.  Ce  papier  se  décolle.  |!  Terme  de  jardi- 
nage. Se  détacher  du  sujet  en  parlant  des  greffes 
et  des  jeunes  bourgeons,  La  greffe  s'est  décollée. 
Il  Terme  de  jeu  de  billard.  Écarter  sa  bille  de  la 
bande.  Décollez-vous,  si  vous  pouvez, 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  colle. 

t  DÉCOLLETAGE  (dé-ko-le-ta-j') ,  s.  m.  Action  de 
couper  le  collet  des  betteraves. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  collet. 
DÉCOLLETÉ,  ÉE  (dé-ko-Ie-té,  lée),  part,  passé. 

Dont  on  a  rabattu,  diminué  le  colIeL  Habit  décol- 
leté. Il  Par  extension,  femme  décolletée,  femme  ha- 
billée de  manière  à  découvrir  le  cou,  les  éjiaules, 
le  haut  de  la  poitrine.  Sa  femme  [de  Shrewsbury] 
avait  été  belle  et  prétendait  l'être  encore,  toute  dé- 
colletée, coiffée  derrière  l'oreille,  st-sim.  340,  208. 
Il  Fig.  Propos  décolletés,  propos  trop  libres. 

DÉCOLLETER  (dé-ko-le-té.  Le  t  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette:  je  décollette,  je  dé- 
colletterai; il  faut  se  garder  d'une  prononciation 
très-répandue  parmi  les  femmes  :  je  décolle,  il  dé- 
colle, et  ainsi  de  suite  partout  où  sont  les  deux  tt), 
V.  a.  Couper  un  vêtement  de  manière  qu'il  dégage 
le  cou.  Décolleter  une  robe.  ||  Kabattre  le  vêtement 
de  manière  à  découvrir  le  cou.  ||  Se  décolleter, 
V.  réfl.  Se  découvrir  le  cou,  les  épaules.  Cette 
femme  se  décollette  trop. 

—  HIST.  xm"  s.  S'ele  a  biau  col  et  gorge  blanche, 
Gart  que  cil  qui  sa  robe  tranche  [taille] ,  Si  très  bien 
la  li  escolete,  Que  sa  char  père  [paraisse]  blanche  et 
nete  Demi  pié  darierset  devant,  la  Rose,  (35(9. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  collet. 

t  DÉCOLLEUR  (dé-ko-leur) ,  s.  m.  Terme  de  pê- 
che. Celui  qui  coupe  la  tète  et  arrache  les  entrailles 
de  la  morue.  À  mesure  qu'ils  prennent  une  morue, 
ils  lui  coupent  la  langue,  ensuite  ils  la  livrent  à 
un  mousse,  pour  la  porter  au  décolleur,  raynal, 
Hist.  phil.  XVII,  t3. 

—  ÉTYM.  Décoller  ^. 

DÉCOLORATION  (dé-ko-lo-ra-sion;  en  poésie,  de 
six  syllabes),  s.  /'.  ||  1°  Opération  qui  a  pour  but  d'en- 
lever à  un  corps  sa  couleur.  ||  Perle  de  la  couleur 
naturelle.  M.  Génebrier,  bibliothécaire denotre répu- 
blique, a  poussé  beaucoup  plus  loin  que  moi  les  re- 
cherches sur  la  décoloration  des  corps  par  la  lumière, 
BONNET,  Décolor.  corps  lum.  \\  2°  Fig.  Décoloration 
du  style.  La  décoloration  de  la  nature  aux  yeux  de 
celui  dont  l'àme  est  flétrie  par  de  cruels  chagrins. 

—  HIST.  xvi"  s.  Décoloration  et  amaigrissement, 
enfleures  aux  jambes,  paré,  xvin,  65. 

—  ÉTYM.  Provenç.  descoloracio ;  du  latin  decolo- 
ratinnem,  de  decolorare. 

DÉCOLORÉ,  ÉE  (dé-ko-lo-ré,  rée),  part,  passé. 
Oui  a  perdu  sa  couleur.  Des  roses  décolorées.  Un  ta- 
bleau décoloré.  L'œil  abattu,  triste,  désespérée.  Lan- 
guissante et  décolorée.  De  quoi  puis-je  me  préva- 
loir? mol.  Psyc/i.v,  3.  Le  nouveau  Cicéron  tremblant, 
décoloré,  boil.  iu(r.  vi.  Ce  frontdécoloré,  ces  adieux 
menaçants,  lemerc.  Agamemn.  i,  <.  Ce  fut  le  il 
novembre  que  la  colonne  impériale  sortit  enfin  de 
Smolensk;  sa  marche  était  encore  décidée,  mais 
morne  et  taciturne  comme  la  nuit,  comme  celte  na- 
ture muette  et  décolorée  au  milieu  de  laquelle  elle 
s'avançait,  ségur,  Hist.  de  Napol.  x,  3.  ||  Fig.  Un 
style  décoloré,  un  style  qui  est  terne  et  sans  éclat. 

DÉCOLORER  (dé-ko-lo-ré) ,  v.  a.  \\  1°  ôta-,  altérer 
la  couleur.  La  mort  décolorait  son  front  sans  dia- 
dème, volt.  OICdipe,v,  l.\\  y'ig.  Il  était  souffrant, 
et  la  souffrance  décolorait  pour  lui  la  nature.  ||  2*  Se 
décolorer,  v.  réfl.  Perdre  sa  couleur.  Son  teint  sa 
décolore.  Un  lis  penche  et  se  décolore,  delav.  Paria, 

II,  6.  Il  Fig.  Son  style  s'est  décoloré.  [Après  le  cri 
dePlutonjLes  expressions  d'Homère  se  décolorent, 


990 


DEC 


«lies  deviennent  froides,  muettes  et  sourdes,  et  une 
multitude  d'jsifdanifB  imite  le  uiiirmiire  de  la  voix 
iniirticulée  des  oml)ies,  ciiateaub.  C(<ni'e,  ii,  v,  5. 
Les  an»  font-ils  neiger  sur  nous,  X  nos  jeux  tout 
se  décolore,  bérang.  Donne  maman. 

—  IIIST.  XI'  S.  Teini  [il]  fut  cl  pers,  desculuretet 
pale.  Ch.  de  llol.  cxlvi.  En  son  visage  |il|  fut  moût 
desculuret ,  ib.  clxii.  ||  xn*  s.  Et  ses  viaires  [  vi- 
sage] teinz  et  descolorcz,  Ronc.  p.  23.  Li  chevaliers 
ja  (dame)  regarda  au  vis  [visage],  Si  la  vil,mouU 
paleeldescolnrée,  quksnes.  Romancero ,  p.  (07.II  lur 
bailla  le  lirief:  quant  il  i  unt  trové  Qu'il  esteiont  einsi 
do  lur  mestier  sevré,  De  duel  jdeuil]  e  rie  coruz  fu- 
rent de>coluré,  ï/i.  le  mart.  tu.  E  quant  li  reis  le 
vit,  mult  oui  le  quer  irié.  Ses  mains  feri  ensemble, 
e  se  plaint  senzfainlié,  En  sachamiireen  entra  d'ire 
desculurez,  Rit  qu'il  ad  malveisMiommes  nurris  et 
alevez,  ib.  )33,  ||  xni*  s.  Et  Renart,  qui  l'avoit  veQ 
Pensis  et  si  de.scoloré,  Tien.  45iJ9.  Tant  par  estoit 
desoolorée  Qu'ol  semWoit  estre  enlangorùe,  la  Rose, 
SOI.  Del  sano  qu'il  ot  perdu  fut  tout  descolorés, 
Chan.i.  d'Anl.  iv,  l(io.  ||xvi'  s.  Tous  ayans  les  visa- 
ges riescoulourez  etdesfaits,  amyot,  P.  Mm.  50.  La 
volupté  n'en  est  en  soy  ni  pasle  ni  descoulourée, 
pour  estre  apperceue  par  des  yeulx  chassieux  et  trou- 
bles, MONT,  in,  273. 

—  ÉTYM.  Berry,  décnulewer ,  démulourer ;  pro- 
venç.  et  espagn.  descolorar;  portug.  descorar ;  ital. 
discoliirare;  du  latin  decolorare,  de  de,  et  color, 
couleur 

t  DÉCOLORIMÈTRE  (  dé-ko  lo-ri-mè-tr'),  s.  m. 
Instrument  qui  sert  à  mesurer,  soit  la  force  décolo- 
rante de  certaines  substances,  soit  le  degré  de  dé- 
coloration que  les  substances  ont  subi. 

—  F.TYM.  D'colorcr,  et  mètre,  mesure. 

f  DÉCOLOUIS  (dé-ko-lo-ri),  s.  m.  Terme  didac- 
tique. Perle  du  coloris. 

—  ÊTYJI.  Dé....  préfixe,  et  coloris. 

t  DfXO.VlBANT,  ANTE  (dé-kon-ban,  ban-t'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Oui,  s'élevanl  d'abord,  retombe 
ensuite  vers  la  terre.  Tige  décombanle. 

—  ÊTVM  Lat.  decumbens,  de  de,  et  cumbere, 
dérivé  inusité  de  cubare,  lire  couché  (voy.  cûuviîr). 
Cumbere  est  aussi  dans  incumbere,  recumbere. 

t  DÉCOMBLER  (dé-kon-bié),  V.  o.  ôter  ce  qui 
comble. 

—  HIST.  XV»  s.  Espaignolet  donna  conseil  de  jeter 
bois  au  pertuis  de  la  croûte  [grotte]  pour  ensonnier 
tellement  l'entrée  qu'on  ne  la  pust  descombler, 
FHOISS.  Il,  in,  2:i. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  combler;  namurois, 
dic/iO(n/(rrr;  wallon,  sidihombrer,  se  dépêcher. 

DÊCOMBRÉ,  ÊE  (dé-kon-bré,  brée),  part,  passé. 
Dont  on  a  ôté  les  décombres.    Un  égout  décembre. 

DECOMHREU  (dé-kon-bré),  v.  a.  Ôter  les  décom- 
bres, enlever  les  débris,  les  plâtras,  les  orduies. 
Il  Décomlirer  une  carrtiire,  ôter  de  dessus  une  car- 
rière la  terre  et  les  gravois. 

—  HIST.  xiir  s.  Croire  lor  fait  qu'il  ont  d'amis 
Tant  qu'il  ne  les  sevent  nombrer,  N'il  ne  s'en  puent 
[peuvent]  descombrer  Qu'il  n'aillent  entor  eus  et 
viongnent,  la  Rose,  4884.  El  puisque  vos  l'avez  en- 
combré sanz  esgarl  et  sanz  conoi-sance  de  corl,  vos 
le  devez  descombrer  por  totes  les  raisons  que  je  ai 
dites,  Àss.  de  J.  I,  251.  El  puis  qu'un  seul  pe- 
chié  mortel  si  nous  encombre,  Que  feront  cil  et 
celles  ipii  en  ont  fait  sans  nombre.  Qui  vivent  en  ténè- 
bres et  en  mort  et  en  ombre  V  Certes  trop  ont  à  faire, 
se  Diex  ne  les  descombre,  j.  de  meu.ng,  Test.  <4«u. 

—  ÉTYM.  Décombres. 

DÉCOMBRES  (dé-kon-br'),  s.  m.  p!ur.  Matériaux 
brisés  qui  demeurejit  après  qu'un  bâtiment  est  dé- 
moli. Us  [les  Musses]  ne  nous  ont  laissé  que  des  dé- 
combres (à  Moscou],  mais  nous  y  sommes  tran- 
quilles, sÉGUB,  Ilist.  de  Sapol.  vin,  n.  Ce  sont  [les 
Bionlagnes]  les  monuments  qu'a  laissés  la  nature. 
D'un  monde  qui  n'est  plus  décomljres  orgueilleux, 
MAssoN,  llehét.  II.  Il  Terres  et  graviers  qu'on  tire  de 
dessus  une  carrière  pour  aller  jusqu'à  la  bonne 
couche.  Il  Fig.  Les  décombres  qu'une  révolution  laisse 
après  elle. 

—  SYN.  DÉCOMBRES,  RUINES.  Lcs  décembres  sont 
l'amas  des  matériaux  d'un  édifice  qu'on  a  démoli  ou 
qui  s'est  écroulé;  amas  toujours  destiné  à  être  en- 
levé. Les  ruines  sont  les  restes  d'un  édifice  que  le 
temps  a  endommagé;  restes  abandonnés  à  eux- 
mêmes  ou  respectés  comme  un  monument. 

—  ÉTYM.  Dé....  prùfixe,  et  combre,  qui  vient  de 
tumiiin.ï,  tas;  portug.  combro ;  bas-'aL  eowbnts. 

i  DfXOMBUSTION  (dé-kon  hu-sltoii),  s.  f.  Terme 
de  cliiinie.  Mol  emploNé  pour  signifier  désoxygéna- 
tion,  qui  est  seul  usité  aujourd'bui. 

—  ÉTYM.  Dé...,  préfixe,  et  çombuition. 


DEC 

t  nCCOMMANDER  (ilé-ko-man-dé) ,  V.  a.  Contre- 

mandur  une  demande.  ||  Annuler  un  ordre,  une 
invitation,  par  un  ordre,  une  invitation  contraire. 
Le  dîner,  le  bal  fut  décommandé. 

—  HIST.  xiii'  s.  Mais  li  rois  en  fu  moult  blasmés 
[de  l'assassinat  du  duc  de  .N'ormandiel,  Li  quensEr- 
nous    fl'assiLssin]  descommandés   [désavoué]  ,   pu. 

MOL'SKES,  ils.  p.  37U,  dans  LACURNK. 

—  ETYM.  né  ...  préfixe,  et  commander. 

t  DlîCOiM.METTRE  (dé-ko-mé-tr'),  v.  a.  Terme 
do  marine.  Détordre  un  cordage. 

—.ÉTYM.  Oé...  préfixe,  et  commettre. 

t  DE  COMMODO  ET  l.VCO.M.MOUO  (ilé-ko-mmo- 
do-é-tin-ko-mmo-do).  Terme  d'administration.  En- 
quête rfe  cotmnotlu  et  incommoiln ,  enquête  qui 
recherche  quels  avanla;,'e3  ou  (juels  inconvénients 
peut  entraîner  pour  le  public  telle  ou  telle  opération. 

—  ÉTYM.  Lat.  de,  sur,  commodo,  ce  (|ui  est  utile, 
et  incommodo,  et  ce  qui  est  nuisible;  locution  em- 
pruntée au  droit  romain. 

t  DÉCOMPLÉTER  (dé-kon-plé-té.  L'accent  aigu  de 
plé  se  change  en  grave  quand  la  syllabe  qui  suil  est 
muette  :  je  décomplète,  excepté  au  futur  et  au  con- 
ditionnel :  je  décompléterai,  je  décompléterais),  «. 
a.   Rendre  incomplet.  Décompléter  une  collection. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  complet. 

t  DÉCOMPLIQUER  (dé-kon-pli-ké),  v.  a.  ôter  les 
complications,  les  difficultés. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  el  compliquer. 

t  DÉCOMPOSABLE  (dé-kon-pô-za-bl'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  peut  être  décomposé. 

—  ÉTYM.  Décomposer. 

t  DÉCOMPOSANT,  ANTE  (dé-kon-pô-zan,  zan-t'), 
adj.  Qui  décompose,  qui  aiuène  la  décomposition. 
Les  forces  décomposantes. 

DÉCOMPOSÉ,  ÉE  (dé-kon-pô-zé,  zée),  pari,  passé. 
Il  1"  Dont  la  composition  est  détruite.  L'eau  décom- 
posée par  les  chimistes  en  oxygène  et  hydrogène. 
Il  2"  Terme  de  botanique.  Feuilles  décomposées, 
feuilles  qui  sont  partagées  en  nombreuses  divisions 
irrégulières.  ]]  Profondément  altéré,  en  parlant  des 
traits  du  visage.  Son  beau  visage,  décomposé  par 
les  approches  de  la  mort.  Kace  décom]iosée. 

DÉCO.MPOSER  (dékon-pô-zé),  «.  o.  ]|  I»  Séparer 
un  corps  en  ses  parties  simples.  La  chimie  a  décom- 
posé la  potasse  en  oxygène  et  poiassii.m.  C'est  là 
[dans  les  mines],  c'est  encor  là  que,  cachant  sa 
puissance,  L'éternel  ouvrier,  dans  un  profond  si- 
lence, Compose  lentement  et  décompose  tout,  ue- 
LiLLE,  Troisrègnes,  v.  ||  Par  extension.  Décomposer 
la  lumière,  y  faire  apparaître,  par  le  moyen  du 
prisme,  les  sept  couleurs  fondamentales  qui  la  com- 
posent. Il  Absolument.  ÎSos  sciences  décomposent  el 
recomposent,  mais  elles  ne  peuvent  compo.ser,  cha- 
TEAUB.  Génie,  m,  n,  2.  ||  2°  Terme  de  matliémalique. 
Décomposer  un  polygone  en  triangles,  le  partager 
en  triangles,  pour  en  évaluer  la  surface.  Décompo- 
ser une  équation,  en  faire  plusieurs  équations  par- 
tielles pour  la  résoudre,  j!  Décomposer  un  produit  en 
ses  facteurs,  en  extraire  tous  les  facteurs.  |]  Décom- 
poser une  force,  la  partager  en  deux  forces  équiva- 
lentes à  la  force  totale.  Décomposer  un  mouvement, 
le  ramener  aux  mouvements  élémentaires  qui  le 
constituent.  ]|  3"  Réduire  en  parties  simples.  On  dé- 
composa le  consulat  et  on  en  forma  plusieurs  ma- 
gistratures, MO.NTKSQ.  E.vpr.  XI,  14.  Tout  le  monde 
sent  bien  qu'il  a  une  inlulligonce,  qu'il  reçoit  des 
idées,  qu'il  en  assemble,  qu'il  en  décompose,  volt. 
les  Oreilles,  4.  Mon  idée  serait  de  décomposer  un 
homme,  pour  ainsi  dire,  et  de  considérer  ce  iju'il 
lient  de  chacun  des  sens  qu'il  possèile,  dider.  LcII. 
sur  les  sourds  et  muets.  Ils  achètent  de  prainis  biens 
pour  les  reveniire  en  détail,  et,  de  profe.ssion,  dé- 
composent les  grandes  propriétés,  p.  L.  COUR.  Lettre 
v.  Il  Décomposer  un  discours,  une  phrase,  une  i  ée, 
les  résoudre  en  leurs  éléments.  ||  4"  Altérer  profondé- 
mentunesubslance.  La  chaleur  décompose  les  matiè- 
res animales.  Certaines maladiesdécomposentles  hu- 
meurs, le  sang.  ]|  Se  dit  aussi  en  parlant  des  traits  du 
visage.  Le  choléra  décompose  la  face.  La  douleur  qu'il 
ressentait  l'avait  tout  décomposé.  H  5"  Se  décompo- 
ser, v.  réfl.  Se  partager  en  ses  partiessimples.  L'oxy- 
gène, l'hydrogène  et  les  corps  dits  éléments  ne  se 
décomposent  pas.  Le  plus  fort  de  ces  grands  maîtres 
Se  sert  de  tout  son  esprit  X  soutenir  que  des  êtres 
La  seule  forme  périt;  Que  le  corps  se  ilécompose. 
Qu'il  .se  fait  de  chaque  chose  Des  arrangements  divers, 
M~"  nEsnouLiÈBES,  dans  bichelet.  jj  Se  corrom- 
pre. Celte  liqueur  se  décompose.  ]|  S'altérer,  en 
parlant  de  la  face.  Ses  traits  se  décomposèrent  ra- 
pidement. 

—  HIST.  xvi*  s.  Nous  en  voyons  aujourd'hui  plu- 
sieurs qui  se  décomposent  [perdent  la  tête],  voyant 


DEC 

l'Eglise  ainsi  désolée  qu'elle  est,  comme  si  elle  de- 
voit  du  tout  périr  bientost,  Calvin,  213 

—  KrvM.  Dé.  ..  préfixe,  et  composer. 
DÉCOMPOSITION  (dé-kon-pô-zi-sion;  en  poésie, 

de  six  syllalies),  s.  f.  ||  1»  Terme  de  chimie.  Résolu- 
tion d'un  corps  en  ses  principes  ou  parties  simples, 
Décomposition  chimique,  j]  Double  déojrnposillon, 
décomposition  de  deux  sels  qui  échangent  mutuel- 
lement leurs  bases.  ]|  Terme  de  mathématique.  Dé- 
composition des  forces,  sub-ititulion  de  forces  par- 
tiellps  dont  le  total  équivaut  à  une  force  donnée. 
Décomposition  d'un  polygone  en  triangles,  d'un 
produit  en  facteurs.  ]|  2"  Kig.  Réduction  à  des  parties 
plus  simples.  Décomposition  d'une  idée  ,  d'une 
phrase.  La  décomposition  d'un  mot  en  ses  éléments. 
I]  3°  Corruption.  La  décomposition  des  substances 
animales,  du  sang,  des  humeurs.  Mouvement  de 
décomposition.  ]|  Fig.  Ainsi,  au  milieu  de  ces  alter- 
natives, de  ces  flux  et  refiux  de  l'usage,  le  déclin, 
ou,  si  l'on  veut,  la  décomposition  des  idiomes,  de 
temps  en  temps  suspendue,  reprend  son  cours  et 
s'achève,  villemain,  X^i'cl.  de  l'Acad.  Préface,  p.  xi. 
I]  4°  Altération  profonde.  La  décomposition  du  vi- 
sage, des  traits. 

—  SYN.  DECOMPOSITION,  ANALYSE.  Ces  deux  mots 
diffèrent  comme  presque  tous  les  synonymes  qui  sont 
tirés  du  grec  et  du  latin.  Lemoldoriginelatineaun 
sens  général;  le  mot  d'origine  grecque  a  un  sens  res- 
treint, et  par  conséi(uenl  plus  technique.  Toute  ana- 
lyse est  une  décomposition;  mais  une  décomposition 
fortuite  ou  déiéglée  n'est  pas  une  analyse.  De  là 
vient  aussi  qu'on  dislingue  autant  d'analyses  diver- 
ses qu'il  y  a  d'objets  spéciaux  à  étudier  :  l'analyse 
mathématique,  l'analyse  chimique,  l'analyse  gram- 
maticale, l'analyse  logique,  etc.;  on  ne  dit  pas  la 
décomposition  logique,  la  décomposition  gramma 
ticale,  etc.  La  décompo-^ition  chimique  se  borne  à 
détruire  l'associaiion  qui  forma  le  compo.sé;  l'ana- 
ly.se,  séparantles  principes  d'un  composé,  détermine 
la  nature  de  ces  principes  et  leurs  proportions. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  compoît'lion. 
DÉCOMPTE  (dé-kon-f),  s.  m.    ||   Ce  qu'il  y   a  à 

rabattre,  à  réduire  sur  la  somme  qu'on  paye.  Faire 
le  décompte.  Le  président  lui  a  fait  son  décompte, 
et  lui  a  prouvé  qu'en  vivant  sobrement  il  en  aurait 
encore  de  reste  [de  son  argent]  a  son  arrivée,  volt. 
Utt.  d'Argental,  9  mars  (763.  ]]  Retenue  qu'on  fait 
à  des  gens,  en  leur  payant  le  dû  jiour  leur  solde, 
travail  ou  journées,  et  qui  est  l'équivalent  de  cer- 
taines fournitures.  ]]  Décompte  militaire,  comparai- 
sons trimestrielles  des  délivrances  de  solde  et  des 
perceptions  de  vivres.  ||  Payer  le  décompte,  payer 
ce  qui  reste  dû,  en  retenant  les  avances  qu'on  a 
failes.  Il  Kig.  Déception.  Trouver  du  décompte  dans 
une  aflaire,  n'y  pas  trouver  l'a  van  lage  espéré. 

—  IllST.  xiii's.  Trestous  sans  nul  décompte,  JOiNV. 
dans  le  Dicl.  de  Docniiz. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  compte. 
DÉCOMPTÉ,  ÉE  (dé-kon-té,  tée),  part,  passé. 

Relrancliô  d'un  compte.  Cette  somme  étant  décomp- 
tée, il  vous  revii,'nt  tant. 

DÉCO.MPTER  (dé-kon-té),  v.  a.  ]]  I» Déduire,  ra- 
battre. Décomiiler  une  somme.  1|  2"  Fig.  el  ab.solu- 
ment,  rabattre  de  l'opinion  qu'on  avait,  ne  pas 
trouver  l'avantage  qu'on  espérait.  Outre  qu'on  trou- 
verait beaucoup  à  décompter  des  espérances  qu'on  au- 
rait conçues....  liOURD.  Pensées,  t.  ii,  p.  sot.  si  vous 
avez  imaginé  que....  je  vous  conseille  de  décompter, 
VOLT.  Lett.  Urne  du  Deffant,  I8  aoat  t76«.  ||  Terme 
de  jeu.  Perdre  ses  points,  les  démarquer.  ||  Terme 
de  musique.  Faire  passer  la  voix  par  tous  les  degrés 
d'un  intervalle,  pour  mieux  saisir  cet  intervalle. 

—  HIST.  XIII' s.  Plus  de  sept  mille  morz  en  gisent. 
Sans  les  piétons  que  je  desconte,  g.  gliaht,  dans 
le  Dict.  de  docuez.  ||  xv's.  Il  chut  à  la  renverse  par 
telle  manière  qu'il  descompta  ne  sais  quans  degrés, 
si  très-roidement,  qu'à  peu  qu'il  ne  se  rompist  la 
col,  LOUIS  XI,  tiouv.  xu. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  compter. 
IDÉCONCEliT  (dé-kon-sèr),  s.  m.  Perte  du  con- 
cert, de  l'entente  qui  existait  avant. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  concert. 
DÉCONCERTÉ,  ÉE  (dé-kon -sèr-té,  tée),  port. 

passé.  Il  1°  Dont  le  concert  est  troublé.  Des  voix  dé- 
concertées. Le  concert  étant  ainsi  décûncerté,  l'hûte 
fit  ouvrir  la  porte,  ecarr.  itom.  corn.  ch.  )6.  ||  S* Dont 
le  mécanisme  est  dérangé.  Montrez-moi  que  ce  qui 
pense  en  l'homme  n'est  point  le  corps,  et  subsiste 
toujours  après  que  celte  machine  grossière  est  dé- 
concertée, t  en.  t.  xix,  p.  145.  Ne  priant  plus,  toute 
l'harmonieiie  la  viecbrélieiine  est  en  moi  déconcer- 
tée, BOURU.  '>•  dim.  après  Pdq.  Domimc.  t.  il,  p.  (ko. 
Il  3°'froubl),  empêché, en  parlant  des  personnes  ou 


DEC 

dos  choses.  Des  projets  dôconcertés  par  la  fortune. 
Ceux-ci,  déconcertés  par  cet  acte  de  vigueur  inat- 
tendu, et  ne  doutant  pas  que  tant  de  fierté  ne  fût 
soutenue  par  des  forces  plus  nombreuses  qu'elles  ne 
l'étaient,   évacuî^rent   l'île  pour    n'y  plus  revenir,  | 
RAYNAL,  llist.phil.xm,  34.  Home  fut  étonnée,  mais 
non  déconcertée,  rollin,  llist.  anc.  OKiitTcs,  t.  i,  , 
p.  451 ,  dans  PoUGENS.  ||  i"  Qui  a  perdu  contenance.  | 
Tout  déconcerté  par  le  mauvais  acctieil  de   sa  pro-  i 
position.  Il  se  lève  déconcerté  et  cliagrin,  et  va  dire 
ailleurs  qu'il  veut  se  remarier,  I.A  bruy.  v.  Le  pos-  | 
sédé,  fort  déconcerté  de  voir  cela  [une  montre  au  j 
lieu  d'un  reliquaire],  faisant  mine  de  se  jeter  sur 
lui,  M.  le  prince,  qui  avait  une  canne  à  la  main,  | 
lui   dit....   SEGRAis,  Uémnires,    t.  li,  p.    H3.  L'air  , 
déconcerté  qu'elle  avait  en  l'écoutant,  acheva  sans 
doute  de  lui  confirmer  ce  mariage,  Marivaux,  Ma- 
rianne, 0*  part. 

t  DfXO.NCRRTEMENT  (dé  kon-sèr-te-man),  s.  m. 
Action  de  déconcerter.  Le  déconcertement  des  me- 
sures qu'il  avait  prises.  ||  Pertedecontenaiice.  Je  re- 
marquai une  espèce  de  déconcertement, d'oijje  com- 
pris que  c'était  l'instant  favorable  de  profiter  de  son 
trouble,  ST-siM.  2û3,  <44.  Sur  le  visage  du  duc  de 
Noailles  l'excès  de  l'embarras,  du  dépit,  du  décon- 
certement était  peint,  in.  404,  8.  Le  cardinal, 
voyant  qu'il  avait  à  faire  à  un  contradicteur  peu 
complaisant,  balbutia;  car  il  passait  quelquefois  de 
l'audace  du  brigand  au  déconcertement  du  fripon- 
neau,  duclos,  Mém.  règ.  Œuvres,  t.  vi,  p.  <00, 
dans  pouoiiNS. 

—  RTYM.  Décnncerler. 

DÉCONCEIITEU  (dé-kon-sèr-té),  V.  a.  Hl"  Trou- 
bler un  concert  de  voix  ou  d'instruments.  Il  ne  faut 
qu'une  voix  discordante  pour  déconcerter  toutes  les 
autres.  Il  2°  Déranger,  disjoindre,  décomposer.  Dé- 
concertez tout  cet  appareil  éludré  qui  trompe  les 
hommes,  mass.  Car.  Conf.  Tantôt  il  donnait  des  re- 
mèdes qui  faisaient  suer,  et  il  montrait,  par  le  succès 
des  sueurs,  combien  la  transpiration,  diminuée  ou 
facilitée,  déconcerte  ou  rétablit  toute  la  machine  du 
corps,  PÉN.  Tél.  XVII.  Il  3°  Kig.  Rompre  les  mesures, 
les  projets  de  quelqu'un.  Cette  victoire  déconcerta 
les  alliés.  Il  déconcerte  leurs  desseins.  Un  moment 
de  séjour  peut  tout  déconcerter,  corn.  Othon,  iv, 
2.  La  plus  légère  douleur  déconcerte  leur  félicité 
[des  graiuls]  et  leur  est  insupportable,  mass.  Petit 
car.  serm.  dtt  3'  dim.  Une  telle  fermeté,  ajoute 
Polybe,  et  une  telle  grandeur  d'Ame  déconcertèrent 
'Annibal,  pollin.  Traité  des  Et.  3'  part.  ch.  4.  Sa 
perfidie  imprévue  ne  déconcerta  point  Phocion,  id. 
llist.  anc.  Œuires,  t.  vi,  p.  8S,  dans  pougens 
....Allez,  son  gros  bon  sens  Saura  déconcerter  tous 
ces  mauvais  plaisants,  collin  d'harlev.  J/aiice  pour 
malicr,  1,  13.  ||4°Troubler,  interdire  quelqu'un,  lui 
faire  perdre  contenance.  Il  faut  peu  de  chose  pour 
le  déconcerter.  Si  ma  présence  dut  déconcerter  ces 
messieurs,  je  n'eus  pas  lieu  de  m'en  apercevoir, 
MARIVAUX,  Paysan  parv.  t.  m,  6' part.  p.  (lo,  dans 
pouGENS.  Il  5° Se  déconcerter,  v.  réfl.  Perdre  le  con- 
cert. Des  voix  qui  se  déconcertent.  ||  Se  déranger,  en 
parlant  d'un  mécanisme.  Tant  que  nous  regarderons 
l'homme  par  les  yeux  du  corps....  que  verrons-nous 
dans  notre  mort  qu'une  vapeur  qui  s'exhale,  que  des 
esprits  qui  s'épuisent,  que  des  ressorts  qui  se  dé- 
montent et  se  déconcertent?  Boss.  Duch.  d'Orléans. 
Il  Kig.  Il  [Santeuil]  se  déconcerte,  il  s'étourdit, 
c'est  une  courte  aliénation,  la  bruy.  viii.  ||  Perdre 
contenance.  Feliciane  rougit  à  ces  dernières  paroles 
et  Dorothée  se  déconcerta  extrêmement,  scarr. 
Kom.  cnm.  ii,  ch.  <9.  Elle  a  un  maintien  sérieux, 
mais  naturel,  qui  ne  se  déconcerte  point,  st-évrem. 
dans  RICHEI.ET. 

—  Ctym.  Dé....  préfixe,  et  concerter. 

t  DÊCONCLU,  UE  (dé-kon-klu,  klue),  adj.  Dont 
ia  conclusion,  déjà  faite,  se  rompt.  Affaire  décon- 
clue. Il  Néologisme. 

—  f.TYM.  Dé...  préfixe,  cl  conclu. 
tDÉCONFËS,  ES.SE   (dé-kon-fê,  fé-s'),  adj.  Sans 

confession.  Il  mourut  déconfès.  ||  Dans  un  sens  par- 
ticulier. Tout  homme  qui  mourait  sans  donner  une 
partie  de  ses  biens  à  l'église,  ce  qui  s'appelait 
mourir  déconfès,  montesq.  Espr.  xxviii,  4|. 

—  HiST.  XII' s.  Outre,  fet  il,  fels,  traître,  cuivers, 
Vostre  lignage  morra  hui  desconfès,  du  cange,  in- 
((■«(flh'o.  Il  xni's.  Se  aucuns  bons  ou  aucune  famé 
avoit  geû  malade  huit  jours,  et  il  ne  se  volust  con- 
fesser, et  il  morust  desconfès,  tuit  li  mueble  seroienl 
au  baron,  Établ.  de  saint  Louis,  ch.  80. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  l'ancien  mot  confès, 
qui  s'est  confessé,  du  latin  confessus  (voy.  confes- 
ser); provenç.  descofes. 
IiECONFIRB  (dé-kon-fi-r') ,  je  déconfis,  nous  dé- 


DËC 

confisons;  je  déconfisais;  je  déconfis,  nous  décon- 
fîmes; je  déconfirai;  je  déconfirais;  déconfis,  décon- 
fisons; que  je  déconfise,  que  nous  déconfisions;  que 
je  déconfisse;  déconfisanl;  déconfit,  v.  a.  Défaire  | 
complètement  l'ennemi.  N'étant....  soldat....  Quelle 
n'ait  déconfit,  Régnier,  Sat.  xiii.  Et  combien  les  en-  . 
fers  qu'il  avait  déconfits.  Ont  respecté  le  père  à  cause  i 
de  son  fils,  rotbou.  Hercule  mourant,  v,  2.  La  bote 
noire  vêtue  d'écarlale  que  le  seigneur  déconfira, 
BOSS.  Var.  (3.  Un  dieu  du  ciel  vient  de  me  dire 
Qu'on  s'apprête  à  nous  décoiifire,  .scarron,  lïrg. 
trav.  IV.  Comme  Hercule  le  brutal  fit.  Qui,  dites- 
vous,  vousdécunfit,  ID.  ib.  VI.  On  vous  avait  trompé 
sur  les  quatre  cents  hommes  pris  en  débarquant  en 
Corse;  c'est  bien,  par  tous  les  diables,  au  milieu  de 
la  terre  ferme  qu'ils  ont  été  déconfits,  volt.  Lett. 
Yernes,  <3  nov.  t70H.  ||  Familièrement.  Déconfire 
quelqu'un,  l'embarrasser,  le  réduire  au  silence. 

—  KEM.  Déconfire,  qui  appartenait  autrefois  aussi 
bien  au  style  élevé  qu'au  style  ordinaire,  a  perdu 
de  sa  dignité,  et  ne  se  dit  plus  guère  qu'avec  un 
sens  de  moquerie  ou  de  plaisanterie. 

—  HIST.  XI" s.  L'escu  [il]  lui  freint,  l'aubert  lui 
descumfist,  Ch.  de  Roi.  xciii.  ||  xii's.  Il  n'est  pas 
droit  que  l'on  me  desconfise  [perde  de  réputation], 
QUESNEs,  Ilomancero,  p.  89.  Loewis,  reis  de  France, 
si  cnm  j'ai  o'i  dire.  Ad  sonuins  tute  s'ost  par  trestut 
son  empire.  Volt  aler  en  Auverne  pur  ma  gent  des- 
confire, Th.  le  mart.  )2(.  Si  famine  vient  en  la 
terre,  ucorrompuzseitliairs,  e  pesiilence  descunfise 
e  destruie  les  blez.  Rois,  262.  ||  xiii's.  À  laie  de 
Dieu  fu  de.sconfis  li  empereres  Morchufies,  et  il 
meïsmes  i  dut  estre  pris,  vii.leh.  xcix.  Par  eus  puis 
fut  maintTuro  et  mors  et  deconfis,  Rerte,  v.  Berte, 
ce  dist  Constance,  ne  soiez  desconfile,  ib.  liv.  Et 
je  ne  sais  que  faire,  près  sui  de  desconfire  [d'être 
déconfite] ,  ib.  lxxxviii.  Celé  chose  que  vos  veïsies 
El  soumeillier  que  vos  feïstes.  Qui  le  rous  peliçon 
portoit,  Qui  einsi  vos  desconfisoit,  C'est  li  gorpiex 
[renard],  jel  sai  de  voir,  Rcn.  4  474.  Compains,  au 
chastel  desconfire,  Puet  l'eu  bien  plus  brief  voie 
eslire,  la  Rose,  7925.  Por  jalousie  desconfire,  Qui 
nos  amans  met  à  martire,  ib.  10525.  Quant  les  An- 
glois  virent  le  roy,  ils  se  desconfirent  et  mistrent 
dedens  la  cité  de  Saintes,  joiNV.  206.  ||  xV  s.  Après 
la  desconfiture  du  champ  Saint  Gilles,  les  coureurs 
[anglais]  trouvèrent  de  leurs  gens  qui  fuyoient  ainsi 
que  gens  desconfits,  froiss.  Il,  II,  <9.  ||  xvi*  s.  Mon 
ennemi  s'en  fuit  battu.  Desconfit  de  corps  et  courage, 
MAROT,  IV,  24).  Notre  armée  a  esté  desconfitte  et 
desfaitte  tout  à  plat,  amyot,  Fab.  7. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  confire,  du  latin  confi- 
cere,  qui,  proprement,  signifie  achever,  parfaire; 
provenç.  desconfir,  descofir;  liai,  sconpggere. 

DÉCONFIT,  ITE  (dé-kon-fi,  fi-t'),  part,  passé 
de  déconfire.  |1  1°  Qui  a  été  défait  en  bataille.  Les 
ennemis  déconfits.  Par  sa  fatale  main  qui  vengera 
nos  pertes ,  L'Espagne  pleurera  ses  campagnes 
désertes,  Ses  châteaux  abattus  et  ses  camps  décon- 
fits, malh.  II,  1.  Et  tant  de  rois  païens  sous  la  croix 
déconfits,  RÉGNIER,  Ép.  1.  Qu'une  jeune  elTrontée, 
une  in.solente  esclave  Dont  le  père  a  suivi  ses  peu- 
ples déconfits.  Vienne  en  ce  lieu  donner  des  frères  à 
mes  fils,  BOTROU,  Hercule  mourant,  n,  2.  ||  Substan- 
tivement. Le  matin  nous  autres  déconfits  [battus], 
nous  sortîmes  par  cette  porte  [de  Scigliane]  à  la 
pointe  du  jour,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  (37.  112°  Qui  a 
éprouvé  quelque  grande  déconvenue.  Le  pauvre 
homme  est  resté  tout  déconfit.  Mon  âme  déconfite 
au  pillage  e^t  donnée,  régn.  Elég.  i.  Messieurs  les 
Rouques  sont  déconfits  pour  le  coup ,  hamilt. 
Gramm.  tl.  ||  3°  En  parlant  des  choses,  détruit,  mis 
hors  d'usage.  C'était  à  un  voyage  de  la  cour  :  la  voi- 
ture de  Rose  avait  été  je  ne  sais  comment  décon- 
fite; il  avait  pris  un  cheval,  st-sim.  85,  m.  ||  Rare 
en  cet  emploi. 

—  REM.  La  remarque  faite  à  déconfire  s'applique 
aussi  au  participe. 

DÉCONFITURE  (dé-kon-fi-tu-r'),  s.  /".  ||  1°  Défaite 
entière,  complète.  Une  grande,  une  sanglante  dé- 
confiture. X  propos  de  guerre,  que  pense  votre 
majesté  de  notre  déconfiture  aux  Antilles  [défaite 
de  l'amiral  de  Grasse]?  d'alemb.  Lelt.  au  roi  de 
Prusse,  21  juin  (782.  |{  Faire  déconfiture  de, 
détruire  ,  exterminer.  Les  chasseurs  firent  une 
grande  déconfiture  de  gibier.  Un  chat....  Fai.sait  de 
rats  telle  déconfiture  Que  l'on  n'en  voyait  presque 
plus,  LA  FONT.  l'abl.  II,  2.  Il  Fig.  et  familièrement, 
grande  consommation.  Il  y  avait  à  ce  repas  force 
pâtés  excellents  efforce  viande;  on  en  fit  une  grande 
déconfiture.  ||  2°  Ruine,  insolvabilité  d'un  débi- 
teur. Sa  déconfiture  est  complète.  ||  Terme  de  droit. 
Etat  du  débiteur  non  commerçant  dans  l'impossi- 


DEC 


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bilité  de  payer  ses  dettes.  Tomber  en  déconfiture. 
Il  Par  extension,  ruine  d'une  affaire.  Le  librairs 
Panckoucke,  qui  voit  toujours  ses  cent  mille  écuj 
en  l'air  par  la  déconfiture  de  l'Encyclopédie,  se 
propose  d'aller  incessamment  vous  rendre  ses  hom- 
mages, d'alemb.  Lelt.  Voltaire,  <2  avril  4  770, 
Il  3»  Délabrement,  mauvaise  condition.  Quand  il 
aperçut  Palinure  En  très-grande  déconfi';ure,  sCARr,. 
Virg.  traxj.  vi. 

—  HIST.  XII*  s.  De  vostre  gent  est  grans  la  descon- 
fie, Ronc.  p.  28.  Toute  la  gens  del  pais  s'aseûre  Por 
la  grant  guère  dont  il  sont  en  ardure;  Kt  li  rO'' 
tient  à  grant  desconfiture  Qu'en  la  cité  li  ont  fait  tel 
laidure,  Raoul  de  C.  215.  ||  xiii's.  l'.nsi  s'en  alerent 
après  la  desconfiture,  le  jeudi  de  Pasques  au  soir, 
viLLEH.  cxlv.  Ne  doit  mourir  qui  de  tout  pris  so 
rent  [qui,  pris,  se  rend  sans  réserve];  Non  voir, 
par  droit;  mais  tele  est  m'aventure.  Pour  loiauté 
[je]  sui  à  desconfiture,  eust.  le  peintre, dans  Coud. 
Pour  conforter  ma  cruel  aventure  Qui  m'est  tournée 
à  grant  desconfiture,  ib.  p.  125.  Geste  desconfiture 
fut  faite  en  l'an  de  l'incarnation  MCC  et  XIII,.  C/ir. 
de  Rains,  (53.  ||  xiv's.  Si  encontrerent  4cas  d'aven- 
ture larrons  qui  les  mistrent. \ desconfiture  bien  tost, 
OBESME,  Elh.  89.  Tant  en  mirent  h  mort,  couvert 
en  sont  li  champ;  Ains  tel  desconfiture  ne  vit  nuls 
apparaiit,  Guescl.  (C3i3.  ||  xv  s.  Il  y  avoit  aucuns 
Anglois  et  Gascons  qui  là  s'esfoient  retraits  de  la 
desconfitjre  de  Ymet,  qui  tenoient  la  ville  assez 
vaillamment,  froiss.  ii.ii,  8.  ||xvi*s.  Desconfiture 
est  quand  le  detteur  fatt  rupture  et  faiUiie,  ou  qu'il 
y  a  apparence  notoire  que  ses  biens,  tant  meubles 
qu'immeubles,  ne  suffiront  au  paiement  de  ses  dettes, 
loysel,  687.  Phitippus  s'en  alla  sur  la  place  où 
gisoit  la  desconfiture  [les  morts  de  la  bataille  de 
Chéronée],  et  là  se  prit  à  chanter,  par  mocquerie, 
AMVOT,  Démosth.  28.  Ny  ces  quatre  victoires  sœurs, 
les  plus  belles  que  le  soleil  aye  oncques  veii  de  ses 
yeulx,  de  Salamine,  de  Platée,  de  Mycale  et  de 
Sicile,  n'osèrent  oncques  opposer  toute  leur  gloire 
ensemble  à  la  gloire  de  la  desconfiture  du  roy  Leo- 
nidas  et  des  siens  au  pays  des  Thtrmopyles,  mont. 

i,   243. 

—  Et'VM.  Déconfire;  provenç.  descofttura ;  anc. 
ital.  sconfiltura. 

DfiCONFORT  (dé-kon-for;  le  (  ne  se  lie  pas;  au 
pluriel,  Vs  ne  se  lie  pas:  des  dé-kon-for  affligeants, 
quelques-uns  la  lient:  des  dé-kon-for-z  afiligeanis), 
s.  m.  Perle  de  confort,  de  courage,  de  secours. 

—  HIST.  xir  s.  Et  mi  desconfori  greignor.  Coud,  1. 
Il  xm"  s.  Li  desconforsm'a  si  désespéré.  Que  je  ne 
sai  que  puisse  devenir,  le  comte  d'an'jou.  Ro- 
mancero, p.  (24.  Moult  fu  grans  desconfors  aus  pè- 
lerins qui  dévoient  aler  au  servise  Nostre  Seigneur, 
de  la  mort  au  conte  Thieba-jt  de  Champaigne,  vil- 
leii.  XXV.  Il  XV*  s.  Quant  je  le  sceu,  je  dis  par  des-i 
confort,  Jehémavie,  etdesirema  mort,  cii.  d'orl.  (. 
Les  princes  se  plaignent  aucunelïois  comme  par 
desconfort,  quant  ilz  ont  fait  bien  ou  plaisir  à  quel- 
cun,  disant  que  '■"la  leur  procède  de  malheur,  et 
que,  le  temps  advenu,  .  seroientsi  legiers  à  par 
donner  ou  faire  quelque  i.-J.V'''.  comm.  ", ''■ 
Il  xvi°  s.  Supplians  à  Dieu  les  vouloir  reguarù'|-'  "^ 
son  oeil  de  clémence  en  tel  desconfort,  rab.  i-i?"'- 
II,    2. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  ei  "onfort. 
DECONFORTfi,   ÉE    (dé-kon-for-té ,   tée),    î/"""^- 

passé.  Qui  est  en  déconfort.  Elle  n'est  nullemei''  ^^' 
confortée,  sÉv.  316.  La  veuve  dit,  toute  déc""'^'"'" 
tée....  LA  FONT.  Ilerm.  Je  viens  à  vous  bic'"  décon- 
fortée, VISE,  Devineresse,  v,  2. 

DÉCONFORTER  (dé-kon-for-té),  v.  a.    a^"  (Jter  le 
confort,  le  courage,  abattre,  affliger.   ||  2'  Jia-wiiju 
conforter,  v.  réfl.  Se  désoler,  perdre  courage.  Les 
autres  [Égyptiens]  assis  autour  de  lui  [Psamménite] 
pleuraient,  se  déconfortaient,  P.  L.  couR.il,    l4o. 

—  HIST.  XII*  s.  En  long  délai  [ils]  m'ont  si  des- 
conforté, Coiicf,  XIV.  ||xiii*s.  Tropestdestroisqui  est 
deconforté  De  celle  en  qui  il  a  tout  son  cuer  mis,  le 
COMTE  d'anjou  ,  Romancero ,  p.  1 23.  Et  cil  de  la  vile  en 
furent  moult  durementdesconforté.viLLEii.LXXii.  Lors 
pristrent  conseil  entreiis  et  distrent  qu'il  avoient 
moult  grant  peor  de  cens  de  Constantinoble,  qu'il 
ne  se  desconfortassent  trop,  ID.  CXLVI.  S'est  moult 
fox  qui  s'en  descoiiforte,  la  Rose,  5932.  Il  est  mes- 
tiersque  lorfemesqui  demeurent  esbahieset  descon- 
fortées, soient  gardées  que  force  ne  leur  soit  fête, 
BEAUM.  XIII,  (.  Il  XV'  s.  Si  est  aumône  et  gloire  à 
Dieu  et  au  monde  de  adresser  et  réconforter  les  de- 
confortés  et  déconseillés....  froiss.  i,  i,  i7.  Bien 
dolente  et  desconfortée,  comm.  v,  (7.  |{  xvi'  s.  Il  ne 
faut  plus  que  je  me  descoiiforle.  Si  j'ai  du  mal,  ma- 
BOT,  II,  389.  Nous  n'y  voyons  [au  dedans  de  nous- 


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mêmesj  que  misero  et  vanité;  pour  nenousdescon- 
forlei-,  niiliiro  a  rejoclé  bien  à  propos  l'action  de 
nostre  voue  au  dehors,  mont,  iv,  h 5. 

—  ÉTYM.  Déconfort;  provcnç.  detconfortar,  dcs- 
eofortar;  ilal.  disconforlare. 

t  UÉCOXNAlsSàNCE  (dé-ko-nô-san-s'),  t.  f.  Ac- 
tion de  <léconnaître 

—  lllST.  xiu*  s.  Et  la  desconnoissance  [lo  désa- 
veu que  Berle  a  fait  de  son  nom]  n'i  a  pas  oUiée, 
Verte,  cxv.  |{  xv"  s.  En  racomi)lant  le  fait  qu'ils 
coiiKiioissciit,  ilz  deoneurent  en  dcscongnois^iauce 
do  la  cause,  A.  chartikb,  dans  raynouaro. 

—  Êl'YM.  Déconnaiire;  provcnç.  dcscotioissertsa ; 
anc.  calai,  descnnexença ;  ital.  disconoscenza. 

+  DÊCONNAITKK  (ilé-co-nô-tr') ,  V.  a.  No  pas  con- 
naître, ne  pas  reconnaître. 

—  lllST.  l'oise  lui  [elle  est  fâchée]  que  du  nom 
ne  s'est  desconeUe,  Berle,  lu.  ||  xvr  s.  Uessemblaiit 
plus  à  un  mort  qu'à  un  vif,  en  sorte  qu'on  le  deco- 
gnoist,  PAKE,  Introd.  <8. 

—  ÉÏY.VI.  Dé....  préfixe,  et  connattre;  provenç. 
desconoscer,  desconoisser ;  catal.  dcsconexer;  es- 
pagn.  desconocer;  portug.  desconhecer ;  ital.  disco- 
noscere. 

t  OÉCONND,  UE  (dé-ko-nu,  nue),  part,  passé 
de  déconnijîlre.  Qui  n'est  pas  connu.  Jamais  votre  Es- 
pagnol n'avait  une  personne  de  meilleure  mine  que 
celte  Urgaiale  la  déconnue,  scabh.  Uoin.  com.  ». 

—  HIST.  xin*  s.  Si  m'avésvous  rameiiteUe  Une  au- 
tre amor  descongneûe,  la  Rose,  loso.  ||  xV  s.  Si  fut 
aucune  renommée  que  le  duc  Louis  d'Orléans  avoit 
esté  à  cesle  journée  en  habit  desconnu,  monsthel. 
I,  23.  Et  si  serai  en  habit  si  desconnu  que  votre 
vieille  ne  ame  du  monde  n'aura  de  moi  connois- 
sance,  LOUIS  xi,  A'oud.  37.  ||  xvi*  s.  Quant  k  son 
Uigande  la  descoiiue,  il  dit  qu'elle  s'est  instruite 
par  les  admirables  préceptes  du  grand  Apollidon 
qu'il  feint  avoir  esté  comme  un  autre  Zoroastes, 

LANOIIK,  <37. 

t  DÉCONSACUER  (dé-kon-sa-kré),  t'.  a.  ôter  l'é- 
tat de  consécralion  d'une  chose,  d'une  personne. 

—  f.TVM.  Dé....  préfixe,  et  consacrer. 

DÉCONSElLLfi,  ÉE  (dé-kon-sè-llé,  liée.  Il  mouil- 
lées), part,  passé.  Qui  a  été  dissuadé.  Déconseillé 
d'agir  ainsi.  ||  Contre  quoi' on  donne  conseil.  Une 
entreprise  déconseillée  par  la  prudence. 

I  DÉCONSEILLER  (dé-kon-.sè-llé.  Il  mouillées,  et 
non  dé-kon-sè-yé),  ».  a.  Détourner  par  conseil. 
'Vous  ferez  ce  que  vous  voudrez,  je  ne  vous  con- 
seille ni  ne  vous  déconseille.  ||  Conseiller  de  iie  pas 
faire  quelque  chose.  Je  ne  lui  conseille  ni  ne  lui 
desconseille  cette  entreprise. 

—  llIST.  xu'  s.  Ne  m'i  laissez  ainsi  desconseillé, 
Couci,  VII.  De  poi  vus  crut  en  liait  [il  vous  éleva  de 
Las  très-haut]  et  mull  vus  honura.  Tut  encontre  sa 
mère  quili  desconseilla,  TH.  le  mart.  83.  Jo  e  Salo- 
mun  tes  fizserums  chailifs  e  descunseillez,/Joi's,  223. 

">>._     (Ixiifs.  Kostresires  [Dieu],  qui  les  desconseillés  con- 
^,    seiUe,  ne  le  voult  mie  ensi  souffrir,  villeh.  xxxvii. 
\Por  ce  que  desconseillie  '  ,    .,..ioi{  Raison  faire  sa 
■  iere,  (o  Uose    """";  ,",'a  es  rosier  qui  porte  rose 
l'nni'lia  i'.  .cuneifle;  Tu  as  en  ton  saint  chief  lo- 
^'■\%Qui  les  desconseilliez  conseille  Et  met  i  voie, 
■"ei^i.  II,  5.  Il  XIV'  s.  Mais  li  pluseur  lui  vont  .;e  lait 
■"-"•ionseillant,  Guescl.  68U4.  ||  xv»  s.  Si  est  aumône 
''ssiloire  à  Dieu  et  au  monde  de  adresser  et  re- 
6'  (-brter  les  descoufortés  et  desconseillés,   froiss. 
<:on(\)7.  Ilxvi"  s.  Milhridatesluy  desconseilloit  fort 
''  ''\i(;Jer  la  lialaille,  amïot,  tucui/.  ■18.  Qui  des- 
•^e  liazTviaux  dames  la  pudeur,  il  les  trahit,  mont. 
conseille  Viine  de  Levé,  voyant  l'empereur  [Cliarlos- 
1",  6.  Anicjolu  de  ce  voyage  [l'exiiédition  en  Pro- 
Ouint'_^-  opinoit  toutes  fois  le  contraire  et  le  descon- 
seilloit, ID. I,  321. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  conieiHcr;  provenç. 
descosselliar  ;  ano.  espagu.  desconsejar  ;  ital.  sconsi- 
gliare. 

■t  DÉCONSIUÉRATIOX  (dé-kon-si-dé-ra-sion),  s.  f. 
Néologisme.  Perle  de  l'estime  el  de  la  considération 
publi(iiie.  Déonsidéiation  générale,  publiquo. 

—  ETYM.  Déconsidérer. 

«ÉCONSIDÉHÊ,  ÉE  (dé-kon-si-dé-ré,  rée),  adj. 
Qui  a  perdu  considération  et  estime.  Un  homme  dé- 
considéré   Un  corps  déconsidéré. 

t  DÉCONSIDEher  (dé-kon-si-dé-ié.  La  syllabe 
dé  prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette  :  je  déconsidère,  excepté  au  futur  et  au 
conditionnel  :  je  déconsidérerai),  v.  a.  ôler  la  consi- 
dération, l'eslime.  Celte  action  l'a  déconsidéré.  ||  Ab- 
«olumer.t.  Puis  il  s'écrie  qu'en  politique  il  ne  faut 
jamais  reculer,  ne  jamais  revenir  sur  ses  pas;  se 
bien  garder  de  convenir  d'une  erreur;  que  cela  dé- 
considère; que,  lorsqv/on  s'est  trompé,  il  faut  persé- 


vérer ;  que  cola  donne  raison,  si!ol'r,  Jlist.  d''  fiapol. 
viii,  40.  Il  Se  déconsidérer,  perdre  la  considération. 

—  ETYM.  Dé...  préfixe,  ei  coiuidérer, 

+  DÉCO.\SOLÊ,  ÉK  (dé-kon-so-lé,  lée),  adj.  Qui 
est  sans  consolation. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ixis!  la  pauvrette  Toute  seulelte, 
Sans  parler  longtemps  sera  Echevelée,  déconsolée, 
L'rtrnnge  cas  pensera,  mabg.  Uouv.  xix.  Une  con- 
solation commune  me   desconsole  et  m'attendrit, 

MONT,  m,   301. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  consoler. 

I  Df.CONSrnUCTIO:?  (dé-kon-siru-ksion),«.  A  Ac- 
tion de  décoiistruire.  ||  Terme  de  grammaire.  Dé- 
rangement de  la  construction  des  mots  dans  une 
plirase.  De  la  déconstruction,  vulgairement  dite 
construction,  lemabe,  De  la  rnan.  d'appr.  les  lan- 
gues, ch.  (7,  dans  Cours  de  langue  lat. 

—  ÈTVM.  Déconstruire. 

t  DECONSTRUIRE  (dé-kon-strui-r") ,  v.  a.  ||  1'  Dés- 
assembler  les  parties  d'un  tout.  Déconstriiire  une 
machine  pour  la  transporter  ailleurs.  ||  2°  Terme  de 
grammaire.  Faire  la  déconstruction.  Déconstruire 
des  vers,  les  rendre,  par  la  suppression  de  la  me- 
sure, semblables  à  la  prose.  ||  Absolument.  Dans  la 
méthode  des  phrases  prénotionnelles,  on  commence 
aussi  par  la  traduction,  et  l'un  de  ses  avant;iges, 
c'est  de  n'avoir  jamais  besoin  de  déconstruire,  le- 
MARE,  De  la  man.  d'appr.  les  langues,  ch.  17, 
(I  3°  Se  déconstruire,  v.  réfl.  Perdre  sa  construction. 
L'érudition  moderne  nous  atteste  que,  dans  une 
contrée  de  l'immobile  Orient,  une  langue  parvenue 
à  sa  perfection  s'est  déconstruite  et  altérée  d'elle- 
même,  par  la  seule  loi  de  changement,  naturelle 
à  l'esprit  humain,  villemain,  Fré[.  du,  Dicl.  de 
l'Acad. 

—  IiF.M.  Déconstruire,  qui  n'est  pas  dans  la  der- 
nière édition  du  Dictionnaire  de  l'Académie,  était 
dans  la  5':  et,  comme  on  voit,  M.  Villemain,  dans 
la  préface  de  la  6',  s'est  servi,  avec  toute  raison, 
d'un  mot  qui  n'est  pas  dans  cette  édition. 

—  Rtym.  Dé....  préfixe,   et  construire. 

t  Df:CO!VSTRUIT,lTE{dé-kon-strui,  strui-f),  porj. 
passé  de  dtconstruire.  Dont  la  forme,  la  construc- 
tion est  changée.  Une  machine  déoonstruite.  ||  Terme 
de  grammaire.  Vers  déconstruils. 

t  DÉCONTENANCE  (dé-kon-te-nan-s'),  s.  f.  Dé- 
faut ou  perle  de  contenance. 

—  HIST.  xiv  s.  Et  que  [je]  vous  ramenteQ.s3e  les 
descontenances  ou  simplesses  de  la  journée  passée 
et  vous  chastiasse  [fisse  la  leçon] ,  Uénagier,  Pro- 
logue. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  <i\. contenance. 
DÉCONTEN.\NCÉ,  ÉE   (  dékon-le-nan-sé,   sée) , 

part,  passé.  Qui  a  perdu  contenance.  Je  suis  toute 
décontenancée  d'être  à  Paris  dans  cette  saison,  sèv. 
403.  Comme  je  n'ai  point  reçu  de  vos  lettres  cet  or- 
dinaire ,  je  n'ai  point  laissé  d'être  toute  triste  et  toute 
décontenancée;  car  le  moyen  de  se  passer  de  cette 
chère  consolation?  id.  Lett.  M  févr.  tcsô.  Le  roi  La- 
tin, pensif  et  morne.  Comme  à  qui  survient  une 
corne.  Demeura  décontenancé,  scarron,  Virg.  trav.  ' 
VII.-  Si  l'on  me  regarde,  je  suis  décontenancé,  j.  i.  > 
ROUSS.  fonf.  I.  ; 

t    DÉCONTENANCEMENT    (  dé-kon-te-nan-se- ! 
man),  s.  m.  Action  de  décontenancer.  ||  Eiat  d'une  ! 
personne  décontenancée.  Son  décontenancement  me 
fait  suer,  et  lui  aussi,  j'en  suis  assurée,  SËV.  65. 

—  ÉTYM.  Décontenancer. 
DÉCONTENANCER    { dé-kon-te-nan  -  se.   Le  c 

prend  une  cédille  devant  o  et  o  ;  je  décontenan- 
çais, nous  décontenançons),  v.  a.  ||  1°  Faire  perdre 
contenance  à  quelqu'un.  S'il  n'eût  eu  de  l'esprit,  il 
se  fût  mis  en  colère,  et  l'ignorance  eût  déconte- 
nancé !a  pliilosophie,  balz.  Défense  de  la  poésie. 
Cette  créature  décontenance  la  D'**,  sÉv.  2io.  j|  Par 
extension.  Il  devait  lui  dire  [à  l'empereur]  que,  dès 
Malo-Iaroslavetz,  le  premier  mouvement  de  retraite, 
pour  des  soldats  qui  n'avaient  jamais  reculé,  avait 
décontenancé  l'armée,  ségi'r,  llist.  de  Sapol.  ix, 
(2.  Il  2°  Se  décontenancer, t'.  réfl.  Perdre  contenance. 
F'armi  ces  valets  il  y  en  avait  quelques-uns  qui  ré- 
citaient déjà  sans  se  décontenancer,  scarron, /(«m. 
coni.  ch.  8.  Elle  se  décontenança  si  fort  qu'elle  ne 
put  soutenir  cette  attaque,  si'v.  44. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  qui  les  rend  ainsi  desbauchées  ] 
et  descontenancées,  tant  pour  ce  que  leur  sang  est  i 
corrompu  par  suppression,  que  pour  ce  qu'elles  se  ' 
nourrissent  mal,  hahé,  xviii,  74. 

—  ÉTY.M.  Dec  nlenance. 

DÉCONVENUE  (dé-kon-ve-nue),  t.  f.  Mauvais 
succès  qui  fa  t  (]ue  notre  attente  ne  s'accomplit  pas. 
....Sans  me  plaindre  en  ma  déconvenue,  regnier. 
Sut.  II.  11  fflouiait  d'envie  de  me  conter  sa  déconve- 


nue, SÉV.  37.  Voyez,  s'il  vous  plaît,  quelle  estma 
déconvenue  fcar  ce  terme  est  très-lion),  volt.  Pj-éf. 
deCalh.  Kad^.  Oubliez-vous  votre  déconvenue?  Dans 
notre  lutte  au  pied  du  mont  Ida  Je  vous  vainquis, 
et  pourtant  j'étais  nue,  millev.  la  Défaite. 

—  HIST.  XII'  S.  Kar  grevus  lui  semblad  à  mus- 
trer  âl.t  pulcelenuledescuvenue./tr/is,  i02.  ||xiii's, 
Diex!  font-il,  corne  a  [il  y]  ci  laide  disconvenue, 
Berle,  eu.  Sa  garison  [provisions]  a  despendue.  Ce 
fu  mortel  desconvenue,  Uen.  752.  Puis  dist  en  bas 
tôt  coiement  :  X  droit  ai-je  desconvenue;  Trop  vos  ai 
loiauté  tenue,  Ben.  3823.  Sire,  or  poez  vos  savoir 
que  madame  est  sage  et  leiaus,  quant  do  si  grant 
desconvenue  ne  vous  osa  mentir,  Merlin  t"  07, 
recto.  Il  XVI'  s.  Quand  Son  Allesie  en  sceut  la  dès- 
convenue,  elle  en  cuyda  mourir  de  raige  et  de  dcs- 
pit,  CAiiL.  V,  )6.  .Sans  attendre  qu'il  lepriast  ne  qu'il 
luy  parlasl  de  sa  desconvenue,  il  le  recueillit  en  sa 
navire,  amïot,  l'omp.  (04. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  corivenir  :  ce  qui  no 
convient  pas,  mauvaise  aventure. 

DÉCOR  (dé-kor),  ï.  m.  [{ 1'  Ce  qui  décore,  en  par- 
lant du  papier,  de  la  peinture,  des  glaces  des  ap- 
partemenis.  Un  joli  décor.  Peintre  en  décor.  ||  i°  Dé- 
coration d'une  pièce  de  IhéiUre.  Le  décor  n'est  pas 
encore  prêt.  i|  Au  plur.  L'ensemble  des  décoralions 
d'un  théâtre.  Les  décors  de  cet  opéra  sont  splen- 
dides. 

—  HIST.  xvt'  s.  Francs  et  loyaux  autour  d'elle  vac- 
quons.  C'est  son  décore  [il  s'agit  de  Kenée  de 
France]....  MAROT,  it,  318. 

—  ÉTYM.  Voy.  décorer. 

tDÉCOKABLE  (dé-ko-ra-bl'},  adj.  Qui  peut  être 
décoré. 

—  ÉTYM.  Décorer. 

DÉCORATEUR  (dé-ko-ra-teur),  s.  m.  Celui  dont 
la  profession  est  d'orner  l'intérieur  dos  apparte- 
ments, ou  celui  qui  fait  des  décorations  pour  les 
théâtres,  pour  les  fêtes.  Un  habile  décorateur.  Grand 
machiniste,  grand  architecte,  bon  peintre,  sublime 
décorateur,  il  n'y  a  aucun  de  ces  talents  qui  ne  lui 
ait  valu  [à  Servandoni]  des  sommes  immenses,  Di- 
herot.  Salon  de  (705,  ûKuirci,  t.  xiii,  p.  (28,  dans 
rouGENS.  Il  Adj.  Peintre  décorateur.  ||  S.  f.  Décora- 
trice, celle  qui  décore.  La  folie  est  la  décoratrice, 
l'enchanteresse  et  la  reine  du  monde,  de  ségur, 
dans  LEGOARANT. 

—  ÉTYM.  Lat.  decorator,  de  decorare,  décorer. 

+  DÉC0KAT1E,  IVE  (dé-ko-ra-tif,  û-\').ailj.  Qui 
sert  à  décorer;  qui  décore  bien.  Les  fontaines  déco- 
ratives d'une  place  publique.  La  fri.se  de  Phigaiic 
me  paraît  avoir,  à  un  haut  degré,  lo  eaiactèie  dé- 
coratif, BONCUAUD,  Phidias,  p.  3ii4.  ||  Les  arts  dé- 
coratifs; sous  ce  nom  on  comprend  la  sculpture 
d'ornementation,  les  tapisseries,  rébéuisterie  de 
luxe,  etc. 

—  ÊTYM.  Décorer;  provenç.  decoratiu. 
DÉC0R.\T10N  (dé-ko-ra-sion;  en  poésie,  de  cinq 

syllabes),  s.f.  ||  1" Action  de  décorer;  résullatde  cette 
action.  Les  rois  doivent,  pour  le  repos,  autant  que 
pour  la  décoration  de  l'univers,  soutenir  une  ma- 
jesté qui  n'est  qu'un  rayon  de  celle  de  Dieu,  Ross. 
Marie- Thérèse.  Et  maintenant,  devenue,  malgré  ses 
souhaits,  la  principale  décoration  d'une  cour  dont 
unsi^irand  roi  fait  le  soutien,  elle  est  la  consola- 
tion de  tout"  la  Fiance,  ID.  ib.  L'ordre,  la  décora- 
tion, les  efléts  de  la  nature  sont  populaires:  les 
causes,  les  principes  ne  le  sont  point,  labruy.xvi. 
La  philosophie  n'était  point  en  lui  une  teinture  légère 
ni  une  >lé"oration  superficielle;  c'était  un  sentiment 
profond  et  une  seconde  nature  dillicile  à  distinguer 
d'avec  la  première,  fonten.  Carré.  ||  l'ig. L'affreuse 
décoration  d'incrédulité  dont  ils  se  parent,  uass. 
Care'pnc,  Doutes.  \<,  1°  Ornemenis  d'architecture,  de 
peinture,  de  sculpture,  ou  autres  ornemenis  qu'on 
emploie  dans  les  appartements  et  les  jardins.  Déco- 
ration extérieure,  intérieure.  La  décoration  d'un 
salon,  d'un  édifice.  La  tragédie  qu'Aristote  estime 
plus  que  le  poëme  épique,  en  ce  qu'elle  a  de  plus  la 
décoration  extérieure  et  la  musiiiue  qui  délectent 
puissamment,  cokn.  i"  dise,  du  poëme  drainât,  p.  4. 
Je  fus  hier  à  un  service  de  M.  le  chancelier  [Séguier] 
à  l'Oraloire;  ce  sont  les  peintres,  les  sculpieurs, 
les  musiciens  et  les  orateurs  qui  en  ont  fait  la  dé- 
pense, en  un  mot  les  quatre  arts  libéraux;  c'était  la 
plus  belle  décoration  qu'on  puisse  imaginer....  Ma-  1 
dame  de  Verneuil  voulait  acheter  toute  celle  dé- 
coration uif  prix  excessif,  sBv.  (37.  On  changeait 
[chez  le  roi  Crésus]  la  décoration  des  jardins  comme 
on  change  une  décoration  de  scène,  kén.  t.  xix,  p. 
32.  Il  Fig.  Les  ténèbres  et  la  lumière,  les  saisons, 
la  marche  des  astres....  varient  les  décorations  du 
monde,  chatealii.  Génie,  i,  v,  a.  1|  3'  lerme  de 


DEC 


DEC 


DEC 


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théaire.  La  représentation  des  lieux  où  l'aclion  est 
supposée  se  passer.  Il  y  a  un  changement  ilo  déco- 
ralion  à  chaque  acte  de  cette  pièce.  I|  Au  plur.  Les 
toiles  peintes  qui  forment  l'ensemble  d'une  dùcora- 
lion.  Le  feu  prit  aux  décorations.  ||  4°  Marque 
d'honneur,  insigne  de  dignité.  Les  décorations  n'a- 
joutent pas  au  mérite  des  hommes.  La  décoration 
de  la  Légion  d'honneur.  11  fut  magnifique  dans  ses 
récompenses;  les  12%  2(",  27*  de  ligne,  et  le  7°  lé- 
Kor  reçurent  quatre-vingt-sept  décorations  et  des 
grades'  sKour,  Hist.  de  Napol.  vi,  8.  ||  Absolument. 
La  croix  d'honneur.  11  obtint  la  décoration. 

—  lllST.  XVI"  s.  Le  roy  aymant  la  décoration  De 
son  Paris,  entr'autres  biens  ordonne  Qu'on  y  bas- 
tisse  avec  proportion,  marot,  m,  62. 

—  liTYM.  Décorer. 
DÉCOUDÉ,  ÉE  (dé-tor-dé,  dée),  part,  passe.  Un 

cilile  décordé. 

DÉCOUDER  (dé-kor-dé) ,  ».  o.  Séparer  les  petites 
cordes  dont  une  corde  est  composée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Mais  si  l'un  des  cordons  de  ta 
corde  decorde.  Le  cordon  decordant  fait  decorder 
la  corde,  anciens  vers  cités  dans  hurtaut,  Jfanuaie 
rhetorices,  comme  exemple  de  notation  du  nom. 

—  ÉïYM.  Dé....  préfixe,  etcoi'iie. 
I  DÉCOllDONNAGE  (dé-kor-do-na-j'),  s.  m.  Terme 

d'artillerie.  Opération  qui  consiste  à  enlever  la  ma- 
tière attachée  aux  pilons  d'un  moulin  à  poudre. 
'  —  ÈTYM.  Décordonner. 

t  DÉCORDONNER  (dé-kor-do-né),  V.  a.  Terme 
d'artillerie.  Exécuter  le  décordonnage. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  èXcordon. 

DÉCORÉ,  ÊE  (dé-ko-ré,  rée),  part.  passé.\\  1°  Orné, 
paré.  Cet  appartement  est  richement  décoré.  C'est 
dans  ces  lieux  sacrés.  Décorés  avec  faste,  au  fond 
peu  révérés,  volt.  Calil.  m,  <.  Décorés  de  la  pour- 
pre et  du  sceptre  du  maître,  ID.  Irène,  il,  i.\\  2°  Dis- 
simulé par.  La  timidité  décorée  du  nom  de  prudence. 
Il  3°  Qui  a  reçu  la  décoration  d'un  ordre  de  cheva- 
lerie. Cet  homme  décoré  de  plusieurs  ordres.  ||  Abso- 
lument. Un  homme  décoré  est  celui  qui  a  la  Légion 
d'honneur.  Il  S.  ni.  Un  décoré,  les  décorés,  celui, 
ceux  qui  portent  une  décoration. 

t  DÉCOREMENT  (dé-ko-re-man),  s.  m.  Action 
de  décorer;  état  de  ce  qui  est  décoré. 

—  HIST.  xvi°  s.  Que  pour  le  decorement  de  son 
lieu  il  dresse  les  avenues  de  la  maison  de  tant  loin 
qu'il  pourra,  par  longues  et  larges  allées,  o.  de  ser- 
res, ^6. 

—  ÉTYM.  Décorer. 

DECORER  (dé-ko-ré),  V.  a.  \\  1°  Orner,  parer. 
Décorer  un  édifice,  un  théâtre.  |i  Fig.  Cette  multi- 
tude d'étoiles  qui  décorent  le  firmament.  Les  génies 
qui  ont  décoré  le  siècle  de  Louis  XIV.  Le  cygne  dé- 
core, embellit  tous  les  lieux  qu'il  fréquente,  buff. 
Cygne.  Les  dons  les  plus  heureux  décorent  ce  guer- 
rier, LEMEBC.  Bruneh.  Il,  2.  La  grâce  décorait  son 
front  et  ses  discours,  a.  chénier,  la  Jeune  captive. 
Si  je  ne  voyais  pas  ton  céleste  regard,  je  perdrais 
ici  jusqu'au  souvenir  des  œuvres  de  la  divinité  qui 
décorent  le  monde,  staël,  Corintie,  xui,  t.  De  tant 
de  monuments  des  arts  et  de  l'industrie  qui  déco- 
raient ces  cités  et  qui  passaient  pour  les  merveilles 
du  monde,  il  ne  reste  plus  qu'une  tradition  confuse 
et  quelques  débris  épars  dont  l'origine  est  le  plus 
souvent  incertaine,  mais  dont  la  grandeur  atteste  la 
puissance  des  peuples  qui  ont  élevé  ces  monuments, 
LAPLAKE,  Expos.  V,  I .  Il  2°  Cacher  sous  des  dehors  trom- 
peurs. Ils  ont  décoré  du  nom  de  sagesse  leur  insensibi- 
lité. Et  les  flatteurs  tremblants,  sur  un  tas  de  victi- 
mes, Déjà  du  nom  d'Auguste  ont  décoré  tes  crimes, 
VOLT.  Triumv^ni,  l.||  3°Donner  l'honneur  de.  11  ne  se 
trouva  que  le  Languedoc  à  lui  donner  [à  Villars],  pour 
le  décorer  au  moins  de  finir  cette  petite  guerre  [des 
Cévennes],  st-sim.  130,  <90.||4''  Donner  une  déco- 
ration, l'insigne  d'un  ordre  de  chevalerie.  Décorer 
quelqu'un  de  l'ordre  du  St-Esprit.  ||  Absolument. 
Donner  la  Légion  d'honneur.  Il  fut  décoré  sur  le 
champ  de  bataille.  ||5°  Se  décorer,  v.  réfl.  Devenir 
orné.  Quelle  est  cette  vierge  sacrée  Qui  sort  sur  un 
char  lumineux?  Des  éclairs  de  son  front  l'univers 
se  décore.  Et  la  nuit  se  revêt  des  couleurs  de  l'au- 
rore, GiLB.  Ode  à  la  reine.  Nommé  membre  de  ce 
comité  [pour  le  perfectionnement  de  la  mouture] 
qui  voulait  se  décorer  d'un  nom  si  célèbre,  CON- 
dorcet,  Duhamel.  De  nouveaux  noms  la  France  se 
décore;  X  l'aigle  éteint  nous  redevons  des  pleurs, 
^-  BÉRANG.  Malade.  \\  Prendre  pour  soi  un  honneur.  Il 
^b  se  décora  d'un  titre  qu'il  n'avait  pas  mérité. 
^K  —  HIST.  XIV  s.  Parce  que  sa  félicité  est  de  tielx 
^|ft  biens  de  fortane  décorée,  parée  et  aoruée,  obesme, 
^^■£(/i.  34.  Je  regarde,  o  dame  honorée,  Que  Dieu 
^^B'TOUS  a  tant  aecorée  Qu'il  a  mis  pour  tous  les  hu- 

I 


mains  Ce  qu  il  leur  fault  entre  les  mains,  l'AlcUim. 
à  nat.  68.  il  XVI*  s.  Encores  moins  veux  je  que  l'on 
me  donne  Le  mol  rameau  en  Cypre  décoré  [honoré], 
DUBELL.  II,  8,  recto.  Le  ciel  en  rid,  et  le  soleil  en- 
core De  nouveaux  rays  ses  blons  cheveux  décore, 
ID.  III,  3,  'cerso.  Villon,  Crétin  ont  Paris  décoré 
[illustré],  MAROT,  III,  tco.  Fais  donc,  seigneur,  que 
son  nom  décoré  [illustré]  En  soit  chanté  par  tous 
les  coings  du  monde,  amyot,  Flamin.  25.  Antonius 
Musa  fut  décoré  et  honoré  d'une  statue  d'or  par  Au- 
guste, PARÉ,  Préf.  Et  quant  aux  jeunes  hommes  qui 
y  estoient  entrez  pour  leur  plaisir,  et  honneur  ac- 
quérir, les  décora  selon  leur  qualité,  M.  du  bell. 
652.  Cestuy-là  [le  soleil]  de  ses  yeux  Enlustre,  en- 
flamme, enlumine  les  cieux.  Et  cestuy-ci  nostre 
Franco  décore,  bons.  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  decorare,  de  decus,  ornement, 
même  radical  que  decere  (voy.  décent);  provenç. 
et  espagn.  decorar  ;  ital.  decorare. 

t  DÉCORNER  (dé-kor-né),  v.  a.  \]  1°  Faire  tomber 
les  cornes.  Une  vache  décornée.  Â  ces  mots,  Chou- 
dieu  posa  négligemment  sur  ses  genoux  deux  larges 
mains  hâlées  par  le  travail  champêtre,  dont  les 
doigts  noueux  semblaient  de  force  à  décorner  un 
bœuf,  CH.  de  BERNARD,  le  Gendre,  §  viii.  ||  Il  vente 
à  décorner  les  bœufs,  locution  des  marins  pour  dire 
que  le  vent  est  très-violent.  ||  2°  Défaire  les  cornes 
faites  aux  pages  d'un  livre.  ||  Abattre  la  marque  ou  la 
corne  faite  à  une  carte  à  jouer.  Chaque  joueur  cor- 
nait ses  cartes  et  les  faisait  décornor  avec  une  at- 
tention sévère,  volt.  Cand.  22. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  corne. 

t  DÉCORPORATION  (  dé-kor-po-ra-sion  ) ,  s.  f. 
Terme  militaire.  Action  de  dissoudre  un  corps  mi- 
litaire. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  le  verbe  hypothétique 
corporer,  formé  du  latin  corpus,  corporis,  corps. 

t  DÉCORTICANT,  ANTE  (dé-kor-ti-kan,  kan-t'), 
adj.  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  détache  l'écorce 
des  arbres. 

—  ÉTYM.  Décortiquer. 

DÉCORTICATION  (dé-kor-ti-ka-sion),  s.  f.  \\  1°  Sé- 
paration naturelle  ou  artificielle  de  l'écorce  de  la  tige 
ou  des  racines  des  arbres.  ||  2°  Terme  de  pharmacie 
et  d'industrie.  Opération  qui  consiste  à  enlever  l'é- 
corce, première  enveloppe  d'une  branche,  d'une 
racine,  d'un  fruit,  d'une  semence  ou  de  toute  autre 
substance  végétale-  La  décortic«tion  des  légumes. 

—  ÉTYM.  Décortiquer. 

t  DÉCORTIQUÉ,  ÉE  (dé-kor-ti-ké,  kée),  part, 
passé.  Dont  on  a  ôté  l'écorce.  Légumes  décortiqués. 

t  DÉCORTIQUER  (dé-kor-ti-ké),  v.  a.  Ôter  l'é- 
corce des  végétaux,  des  graines,  etc.  ||  Se  décorti- 
quer, V.  réfl.  Perdre  son  écorce. 

—  ÉTYM.  Lat.  decorticare,  de  de,  et  cortex,  cor- 
ticis,  écorce  (voy.  cortical). 

DÉCORUM  (dé-ko-rom'),  s.  m.  Ce  qui  convient 
et  décore.  Observer  le  décorum.  Il  faut  garder  le 
décorum  pour  la  province,  sÉv.  <84.  Non,  mais 
il  faut  sans  cesse  Garder  le  décorum  de  la  divinité, 
mol.  Amph.  Prol.  Vous  éprouvez  l'attendrissement 
comme  nous;  mais  vous  gardez  votre  décorum, 
VOLT.  Roi  de  Pr.  216.  Exhortez-le  à  garder  le  déco- 
rum philosophique,  3.  1.  Eouss.  Hél.  1,  46.  J'ai, 
sans  m'intimider,  en  traitant  cette  affaire,  Gardé  le 
décorum  et  parlé  hautement,  dufréxy.  Mariage 
fait  et  rompu,  ii,  9.  ||  U  n'a  pas  de  pluriel. 

—  HIST.  xvi"  s.  Pour  contenter  ceste  docte  assem- 
blée et  garder  le  décorum  et  la  dignité  du  rang  que 
je  tiens  eu  l'église,  Sat.  Mén.  Harangue  de  Pelvé. 

— 'ÉTYM.  Lat.  décorum,  neutre  de  decorus,  ce 
qui  orne,  ce  qui  sied  (voy.  décorer). 

t  DÉCOTTAGE  (dé-ko-ta-j'),  s.  m.  Terme  do  mé- 
tallurgie. Mouvement  de  va-et-vient  donné  au  moule 
pour  détacher  le  modèle. 

f  DÉCOUCIIÉ,  ÉE  (dé-kou-ché,  chée),  part,  passé. 
Obligé  de  céder  son  lit.  Le  jeune  homme  découché 
à  cause  des  personnes  qui  survinrent. 

DÉCOUCHER  (dé-kou-ché),  v.  n.  ||  1"  Coucher 
hors  de  son  lit.  il  ne  découche  pas  d'avec  Rhéa, 
d'ablanc.  Lucien,  t.  i,  dans  richelet.  {{  Coucher 
hors  de  chez  soi.  Découcher  de  la  maison.  Lui-même 
se  marie  le  matin,  l'oublie  le  soir,  et  découche  la 
nuit  de  ses  noces,  la  bruy.  xi.  Il  va,  il  vient,  il 
sort,  il  rentre,  il  découche  sans  qu'on  lui  demande 
ce  qu'il  a  fait,  ce  qu'il  est  devenu,  raynal,  Hist. 
phil.  VI,  23.  Il  2°  V.  a.  Obliger  quelqu'un  à  céder  le 
lit  où  il  couche.  Dans  un  hôtel  on  ne  découche  per- 
sonne. Il  3'  Se  découcher,  v.  réfl.  Se  lever.  Car  en 
chasseur  fameux  j'étais  enharnaché.  Et,  dès  le 
point  du  jour,  je  m'étais  découché,  siol.  la  Princ. 
1,2,  N'est  plus  usité  en  ce  sens.  ||  Se  dit  encore  dans 
les   provinces,  comme   découcher,  verbe  neutre. 


DICT.    DE   LA    langue    FKANÇAISE. 


pour  coucher  hors  de  son  lit,  hors  de  chez  soi,  mais 
il  n'est  plus  du  bon  usage. 

—  HIST.  xn's.  Les  ténèbres  de  ceste  nuit  ki,  par 
vraie  repentance,  descolchent  etdespitent  la  lumière 
de  la  prosperiteit  del  siècle,  Joh,  462.  ||  xv  s.  X 
cette  heure,  que  l'estourmi  monta  et  le  haro,  il  es- 
toit  en  son  hostel  et  se  commençoit  à  découcher 
[lever],  khoiss.  ii,  m,  08.  Il  est  loujours  des  pre- 
miers descoucliés  [levés]  et  premier  prest  et  de- 
vant au  chemin,  louis  xi,  Nouv.  xvi.  |{  xvi'  s 
Puis  quand  l'aube  se  descouche  De  sa  jaunissante 
couche  Pour  nous  esclerer  le  jour....  dubkll.  m, 
79,  verso.  Les  médecins  lui  conseilleront  de  descou- 
cher d'avec  sa  femme  [de  faire  lit  à  part],  marg. 
iVoiiv.  Liv.  Sa  majesté  s'estoit  descouchée  de  sa 
chambre  [avait  couché  ailleurs]  pour  parler  à  luy  à 
part,  CARL.  IV,  4. 

—  ÉTYM.   Dé....  préfixe,  et  coucher. 
DÉCOUDRE  (dé-kou-dr'),  je  découds, tu  découds, 

il  découd,  nous  décousons,  vous  décousez,  ils  dé- 
cousent; je  décousais;  je  décousis;  je  découdrai;  je 
découdrais;  découds,  qu'il  découse,  décousons, 
décousez,  qu'ils  décousent;  que  je  découse,  que 
nous  décousions;  que  je  décousisse;  décousant; 
décousu,  V.  a.  \\  1°  Défaire  une  couture,  ce  qui  est 
cousu.  Découdre  une  doublure,  un  habit.  ||  Absolu- 
ment. Ayant  passé  la  plus  grande  partie  de  la  nuit 
à  coudre  et  à  découdre,  il  se  coucha  dans  le  lit  où 
dormaient  Ragûtin  et  la  Rancune,  scarr.  liom.  com. 
2*  part.  ch.  9.  Il  Terme  de  marine.  Déclouer  quelque 
partie  du  bordage  qu'on  lève  pour  en  visiter  les  dé- 
fauts. Découdre  un  bordage.  ||  2°  Terme  de  chassa. 
Déchirer,  lorsqu'il  est  question  des  plaies  qu'un 
sanglier  fait  au  ventre  d'un  chien  ou  d'un  homme 
avec  ses  défenses.  Le  sanglier,  rappelant  les  restes 
de  sa  vie.  Vient  à  lui  [archer],  le  découd,  meurt 
vengé  sur  son  corps,  la  font.  Fahl.  vjii,  27.  ||  3°K.  n. 
Familièrement,  en  découdre,  se  battre,  lutter,  con- 
tester, disputer.  Voyez,  l'ennemi  s'avance,  nous 
aurons  à  en  découdre.  11  veut  plaider,  il  faut  en  dé- 
coudre. Encore  qu'il  eût  fait  mine  d'en  vouloir  dé- 
coudre, SÉV.  277.  Il  lui  a  fallu  [à  M.  de  Vendôme] 
se  rendre  au  sentiment  de  ceux  qui  opinaient  à 
passer  l'Escaut  pour  éviter  de  combattre;  et  c'est 
alors  qu'ils  y  ont  été  obligés,  comme  Son  Allesse  le 
leur  avait  prédit,  leur  disant  que,  toutes  les  fois 
qu'ils  marqueront  à  M.  le  prince  Eugène  d'éviter 
d'en  découdre,  il  les  y  obligera  malgré  eux,  st-sim. 
204,  224.  Il  4°  Se  découdre,  v.  réfl.  Se  détacher  par 
les  coutures.  Cette  doublure  se  découd.  ||  Fig.  Leur 
amitié  se  découdra  bientôt,  ils  se  brouilleront.  Les 
affaires  se  décousent,  commencent  à  se  découdre, 
elles  vont  mal. 

—  HIST.  xi"  s.  Le  blanc  haubert  [il]  lui  ad  descust 
au  corps,  Ch.  de  Roi.  cxliii.  Ne  valt  la  coifl"e  un 
viez  gant  descosu.  Que  la  cervele  n'en  ait  jus  c-s- 
pandu.  Bat.  d'Aleschans,  v.  (27i.  ||  xiv  s.  Les 
aguilles  [ayant  été  avalées  par  les  loups]  descoude- 
ront et  percheront  [perceront]  lesboyaulx,  et  seront 
treuvez  les  leus  [loups]  tous  mors,  tout  parmy  le 
bois,  Modus,  Plxx.  Ilxvs.  Si  ne  dois,  tant  pour 

j  ton  bien  propre  que  pouraultrui  paix,  tant  te  des- 
'  coudre,  quand  indignacion  des  princes  fait  moult  à 
craindre,  G.  chastel,  Expos,  sur  rerité  mal  prise. 
Il  XVI'  s.  Cestuy  Gylippus  descousut,  par  dessoubz,  les 
coustures  des  sacs  où  l'argent  estoit,  et  en  tira  une 
bonne  somme,  amyot,  Lysand.  31.  Un  parler  des- 
reglé,  descousu  et  hardy,  mont,  i,  t9l.  L'unique  et 
principale  amitié  descout  toutes  aultres  obligations, 
ID.  I,  217.  Platon  n'est  qu'un  poète  descousu,  id. 
II,  280.  Le  peuple  estoit  descousu  [divisé,  désuni] , 
ID.  III,  84.  Le  premier  serment  de  son  sacre  fut  de 
n'espouser  aucun  estranger,  bien  que,  à  cause  des 
debtes  et  divisions  du  roiaume,  elle  entreteint  quel- 
que traitté  avec  le  roi  d'Espagne,  pour  descoudre 
sans  deschirer,  d'aub.  Hist.  i,  <82,  Ceux  qui  ve- 
noient  à  pièces  descousues,  nouveaux  soldats,  fu- 
rent aisément  enfoncez  par  les  gardes  de  Martigues, 
ID.  ib.  1 ,  266.  Quand  ils  sceurent  que  cet  accord  des- 
coudroit  la  ligue  des  chrestiens,  id.  ib.  ii,  20).  Le 
sentiment  de  cette  trame  descousit  (sans  déchirer) 
l'amitié  de  ce  prince  vers  lui,  id.  ib.  ii,  233.  S'aller 
frotter  avec  des  trouppes  descousues  à  une  armée 
fraîche  et  gaillarde,  id.  ib.  n,  292.  Le  fort,  se  voiant 
décousu  [isolé]  de  son  secours,  après  quelque  batne 
se  rendit,  id.  tb.iii,  32).  J'espère  quevous  estes  res- 
tabli  de  la  blessure  que  vous  receutes  à  Coutras, 
combattant  si  vaillamment  k  mon  costé;  et  si  ce  est, 
comme  je  l'espère,  ne  faites  faulte  (car.  Dieu  ay- 
dant,  dans  peu  nous  aurons  à  découdre,  et  ainsy 
grand  besoin  de  vos  services)  de  partir  aussi  tost, 
Lett.  (le  UEXRV  iv,  Bulletin  du  Comité  de  la  langue, 
t.  m',  n»  8,  p.  420.  Le  caste  le  plaignit,  voyantque 
I,  —  125 


904 


DEC 


toute»  ses  afTaires  se  tlescousoient  ainsi,  Mém.  sur 
du  Guesclin,  ch.  m. 

—  ÊTYM.  Di!....  préfixe,  et  coudre;  picard,  de- 
tuudre;  provenç.  et  espagn.  descoser;  portug.  des- 
toxer;  itni.  seucire. 

tDfiCOOKNNAGB  (dé-koua-na-j"),  J.  m.  Action 
de  (iécouenner. 

—  r.TYM.  Dfrnuenner. 

+  DP,(;oi;k>'NKK  (dô-koua-n6),  v.  a.  ôter  la 
couenne  d'un  porc. 

_  ETYM.  W....  préfixe,  et  couenne. 

\  DÉCOULANT,  ANTE  (dé-kou-lan,  lan-t'),  adj. 
Oui  n'e.<l  cil  usatre  qu'au  féminin,  et  dans  celle 
phrase  de  l'Ei:ritHro  sainte  :  La  terre  de  proinission 
était  une  terre  découlante  de  lait  et  de  miel. 

t  DfiCOl'LÉ,  ÉK  (d(i   kou-lé,  lée),  part,  passé. 

Oui  a  coulé  de Les  fçoultes  des  fleurs,  sur  leurs 

seins  (des)eunes  fillcsjd('coulées,Y  roulaient  comme 
amant  de  perles  défilées,  lamart.  Joc.  i,  34.  ||  Qui 
a  découlé,  qui  provient  de.  Cela  serait  véritable,  si 
la  liberté  de  l'Iiomme  était  une  liberté  première  et 
indépendante,  et  non  une  liberté  découlée  d'ailleurs, 
Boss.  Libre  arb.  a.  On  ne  les  aurait  pas  aisément 
rédiiils  [des  textes]  à  des  ombres  et  à  des  figures  ni 
à  une  simple  vertu  découlée  de  ce  corps  et  de  ce 
sang  fde  Jésus-Christ],  id.  Tar.  xii,  §  t2. 

DIÎCOULKMENT  (ilé-koule-man  ),  s.  m.  Action 
dedécoulL'r;  mouvement  île  ce  qui  découle  lentement. 
Le  découlement  de  certains  sucs  végétaux  par  des 
incisions  faites  à  l'écorce. 

—  Hisr.  XVI' 3.  Strangiirie,  qui  est  un  découle- 
ment d'urine,  PARÉ,  XI,  24.11  y  aura  douleur,  cha- 
leur et  découlement  de  larmes,  ID.  xv,  <3. 

—  RTYM.  Découler. 

UÉCOCLER  (dé-kou-lé),  1).  n.  ||  l'Couler  peu  à 
peu,  goutte  à  goutte.  Le  sang  découle  de  sa  blessure. 
La  .sueur  découle  de  son  front.  Le  peuple  y  étant 
entré  vit  paraître  ce  miel  qui  découlait,  et  personne 
n'osa  en  prendre  ni  le  porter  à  sa  bouche,  parce 
qu'ils  craignaient  tous  le  sertaent  du  roi,  sacy, 
Bible,  Ilots,  l,  U,  37.  ||  Fig.  Lespremiers  bienfaits 
i|ni  nous  sont  découlés  de  la  croix,  mass.  Car. 
Temps.  La  raillerie,  l'injure,  l'insulte  leur  découlent 
des  lèvres,  la  bruy.  v.  ||  Découler  se  dit  aussi  des 

choses  qui  lai.ssent  découler Mon  front  à  large 

gouite  Découlait  de  sueur....  lamart.  Joc.  ix,  338. 
Celte  locution  peut  se  justifier  par  l'expression  bi- 
blique :  terre  découlante  de  miel.  ||  2°  Dériver,  pro- 
céder. Une  conséquence  découle  des  principes.  Par 
la  connaissance  du  bien  ou  du  mal  moral  qui  dé- 
coule naturellement  du  bon  ou  du  mauvais  usage 
que  riiomme  fait  de  ses  facultés,  l'âme  parviendra 
îî  la  notion  de  la  régie  des  actions  humaines,  bon- 
WET,  Ess.  psychol.  ch.  (S. 

—  REM.  Découler  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir,  pour  marquer  l'acte;  avec  l'auxiliaire  élre, 
pour  marquer  l'état  :  l'eau  a  découlé  peu  à  peu  hors 
du  bassin;  l'eau  est  découlée,  il  n'y  en  a  plus  dans 
le  bassin. 

—  HlST.  XVI*  s.  La  folie  de  nostre  entendement 
ne  se  peut  tenir  qu'elle  ne  décline  et  descoule  comme 
nau  à  sottes  dévotions  et  superstitieuses,  calvin, 
Instil.  03. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  couler. 

t  DÉCOUPAGE  (dé-koii-pa-j'),  s.  m.  Action  de 
découper.  |{  Ternie  de  coutellerie.  Découpage  à  l'em- 
porte-pièce,  opération  par  laquelle  on  débite  méca- 
niquement en  lames  de  couteaux,  de  rasoirs,  de 
canifs,  de  ciseaux,  etc.  des  tôles  d'acier  fondu 
sl'épaisseur  convenable.  ||  Terme  de  verrier.  Opéra- 
tion qui  consiste  à  découper,  d'après  un  patron,  les 
globes  soufflés  provenant  do  la  cristallerie. 

—  RTYM.  Découper. 

DPXOUPÉ,  ÉE(dé-kou-pé,  pée),  part,  passé. 
,|l°Coupé  par  morceaux.  Volaille  découpée.  ||  2*Cou- 
pé  avec  art,  à  petites  taillades.  Un  fichu  découpé. 
Il  3°  Coupé  de  manière  à  avoir  une  figure  déterminée, 
bu  carton  découpé.  Un  oiseau  découpé  dans  du 
papier.  ||  4°  Enlevé  d'un  fond  par  des  coupures.  Une 
estampe  découpée  avec  un  caniL  ||  6"  Terme  de  pein- 
ture. Qui  tranche  trop  sur  le  fond;  dont  les  contours 
sont  trop  arrêtés.  Les  ligures  de  ce  tableau  semblent 
découpées.  IIS'Terme  de  blason.  Se  dit  des  pièces 
qui  sont  découpées  en  feuilles  d'acanthe.  ||  7°  Terme 
do  botanique.  Feuilles  découpées,  feuilles  dont  le 
bor  J  semble  avoir  été  rogné  en  divers  sens.  ||  g'Terme 
d'horticulture.  Parterre  bien  découpé,  parterre  bien 
dessiné.  ||  Substantivement.  Un  beau  découpé. 

DÉCOUPER  (dé-kou-pé),  v.  a.  ||  1»  Couper  par 
morceaux,  diviser  par  membres.  Découper  un  mor- 
ceau de  IxEuf,  une  perdrix.  ||  Faire  des  entailles.  Les 
deux  [larties  contractantes,  après  s'être  découpé  les 
bras  avec  un  couteau,  y  faisaient  couler  leur  sang 


DIÎC 

[dans  une  liqueur],  y  teignaient  leurs  armes,  et 
buvaient  de  cette  liqueur,  eux  et  tous  les  assistants, 
ROLiiN,  Uist.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  76.  ||  a*  Cou- 
per avec  art,  à  petites  taillades,  des  étoffes,  enle- 
vant ou  n'enlevant  pas  la  pièce  coupée.  Découper 
du  taffetas.  Découper  une  jupe,  un  fichu.  ||  Décou- 
per une  broderie,  couper,  une  fois  la  broderie  faite, 
le  jaconas,  le  tulle  ou  la  mousseline  qui  est  de  trop. 
Il  3'  Couper  du  carton,  du  papier  de  manière  que  ce 
qui  reste  ait  une  forme  déterminée.  ||  On  dit  dans  le 
même  sens  découper  une.  figure,  c'est-à-dire  faire 
dans  le  carton  ou  le  papier  des  coupures  telles  que 
la  figure  dont-il  s'agit  soit  représentée.  Les  mains 
derrière  le  dos  il  découpait  en  profil  un  portrait 
aussi  ressemblant  et  plus  ressemblant  qu'il  ne  l'au- 
rait fait  au  crayon,  marmont.  Uém.  liv.  vu,  t.  ii, 
p.  24) ,  dans  pouGENS.  Chez  le  petit  marquis  décou- 
per des  oiseaux,  floissY,  Deh.  iromp.u,  (O. 'l'andis 
que  d'une  main  savante  Vaucanson  construit  son 
canard  artificiel,  et  que,  saisisde  surprise  etd'éton- 
nement,  nous  admirons  cette  imitation  hardie  des 
ouvrages  du  Créateur,  les  esprits  célestes  sourient  et 
ne  voient  qu'un  enfant  qui  découpe  un  oiseau,  bon- 
net, Consid.  corps  organ.  Œurres,  t.  v,  p.  <5S, 
danspouGKNS.  Les  ciseaux  d'une  jeune  fille  qui  dé- 
coupe d'ingénieux  ouvrages,  chateaob.  Naick.  i, 
07.  Il  Absolument.  Découper  à  l'emporte-pièce.  Il 
découpe  avec  beaucoup  de  goût.  |j  4»  Enlever,  en 
coupant  tout  autour,  les  figures  qui  sont  représen- 
tées sur  une  toile,  sur  du  papier.  Découper  des 
Heurs  pour  les  appliquer  sur  un  autre  fond.  Des 
images  que  le  comte  me  faisait  découper,  j.  j.  rouss. 
Cimf.  m.  ]|  Fig.  La  lune,...  Des  édifices  dentelés  Dé- 
coupait en  noir  les  aiguilles,  v.  hugo.  Orient.  3i. 
Il  6°  Terme  de  typographie.  Découper  la  frisquette  , 
mettre  à  jour  chacune  des  parties  de  la  forme  où 
la  lettre  doit  marquer  sur  la  feuille.  ||  6°  Se  décou- 
per,)), r^/î.  Être  découpé.  Cette  volaille  est  tendre; 
elle  se  découpe  facilement.  ||  Présenter  des  apparen- 
ces semblables  à  des  dessins  découpés.  Les  galeries 
suspendues  en  l'air  se  découpaient  sur  les  fonds 
du  ciel,  CHATEAUB.  Génie,  m,  v,  4. 

—  lllST.  xu'  s.  Car  en  cel  jur  meesmes  qu'il  fu  si 
decolpez,OutestésaintThomaslreis  feiz  disciplinez. 
Th.  lemart.  156.  Dune  comencent  as  uis  durement 
à  buter  :  Car  il  quidouent  [pensaient]  prendre  le 
saintu  decolper,  ib.  Hi.  ||  xin^s-Tostorentun  grant 
cerf  trové,  Tost  J'orent  pris  et  descopé.  Lai  de  ilé- 
lion.  Maint  haume  découpé,  mainte  large  percie, 
Uerte,  cxliv.  Et  i  ot  nioull  de  Sarrasins  tués  et  de- 
copés,  Chron.  deltains,  39.  Taneur  qui  découpent 
doivent  chascuns,  cliascun  an,  neuf  sols  de  hauban 
à  palier  au  Koy,  Liv.  des  met.  298.  Et  ot  un  Sarra- 
sin, quant  il  furent  arrivez,  qui  se  vint  ferir  entre 
eulz;  mais  il  fu  tout  decopé,  joinv.  2I6.  Encore  fi- 
rent passer  un  chien  entre  nos  gens  et  la  leur,  et 
descoperent  le  chien  de  leur  espées,  et  nostre  gent 
aussi;  et  dislrenl  que  ainsi  feussent  il  decopé  se  il 
failloient  l'un  à  l'autre,  id.  266.  Moult  iert  sa  robe 
desguisiée  [ornée],  Et  fu  moult  riche  et  encisée.  Et 
decopée  par  cointise,  la  Rose,  828.  ||  xv  s.  Et  puis 
fut  découpé  en  quatre  quartiers  [Hue le  Dépensier], 
FBOiss.  1,1,  24.  Leur  est  permis  de  faire  l'amour, 
d'estre  brave,  emplumés,  desguysés,  descouppés, 
masqués,  musqués,  parfumés  et  en  bon  ordre,  Ar- 
rest.  amor.  p.  4I0,  dans  lacorne.  ||  xvi'  s.  Se  des- 
couper le  front  pour  lesmoignage  de  dueil,  mont. 
I,  4  4.  Ils  avoient  raison  de  rejecter  ce  gênerai  mes- 
tier  de  médecin,  et  descouper  [diviser]  cette  pro- 
fession, ID.  m,  21».  En  icelle  oraison  illedescouppa 
de  toutes  les  sortes  d'opprobres  et  conviées  qu'il  est 
possible,  le  blasonnant  et  appellant  violateur  de  foy, 
M.  dubell.  317. 

—ÉTYM.  Dé....  préfixe,  avec  le  sens  distributif, 
et  couper;  picard,  d^coper. 

«ÊCOUPEUR,  EUSE  (  dé-kou-peur,  peû-z'),  s. 
m.  et  f.  Celui,  celle  qui  découpe.  Découpeur  de  bois 
de  placage. 

—  REM.  Découpeur  a  eu  un  sens  particulier  ainsi 
expliqué  par  Segrais,  Uémoires,  t.  u,  p.  <28  :  On 
se  sert  dans  le  Dauphinô  du  mot  découper  pour  si- 
gnifier médire,  et  c'était  un  défaut  que  l'on  repro- 
chait à  Mme  de  Lesdiguières.  M.  de  Boissac  lui  ayant 
un  jour  fait  présent  d'une  paire  de  ciseaux,  en  lui 
disant  qu'elle  lui  convenait  parco  qu'elle  était  une 
grande  découpeuse,  elle  fut  si  outrée  qu'elle  s'en 
plaignit  hautement  à  M.  de  Lesdiguières ,  qui  la 
vengea  en  faisant  donner  des.  coups  de  b&toa  à 
M.  de  Boissac. 

DECOUPLE  (dé-kou-pl")  ou  DÉCOCPLER  (dé-kou- 
plé) ,  s.  m.  Terme  de  vénerie.  Action  de  détacher  les 
chiens  pour  qu'ils  courent  après  la  bête. 

—  f.TYM.  Vov.   DÉCOUPLKR. 


DIÏC 

nfiCOCPLlî,  ÊE  (dé-kou-plé  plée),  part,  passé 
Il  1°  Qu'on  a  débarrassé  de  la  couple.  Des  chiens  dé- 
couplés parle  veneur.  ||  Fig.  Lâché  après.  Les  limiers 
de  police  découplés  après  lui  l'eurent  bieutét  dé- 
terré. Il  2°  Fig.  Etre  bien  découplé,  avoir  un  corps 
libre  et  agile  en  ses  mouvements  et  de  belle  taille. 
Toinon,  a-t-il  bien  des  laquais?  —  U  en  a,  je  crois, 
douze,  enfin  un  si  grand  nombre.  Bien  faits,  bien 
découplés,  nAUTEROCHE,  Ilourg.  de  qualité,  u,  3. 
C'était  [d'Aubigné]  un  beau  et  grand  drôle,  très- 
bien  fait  et  très-découplé  de  corps  et  d'esprit,  st-sim. 
123,  t03.  Bien  n'est  plus  commun  que  de  voir  des 
enfants  adroits  et  découplés,  j.  i.  rouss.  Ém.  ii. 

—  REM.  Celui  qui  est  débarrassé  de  son  lien  est 
à  l'aise,  libre  dans  ses  mouvements;  de  là  le  sens 
figuré,  donné  à  découplé,  d'un  corps  taillé  de  ma- 
nière à  avoir  aisance  et  agilité. 

t .  DÉCOUPLER  (dé-kou-plé),  P.  o.  ||1°  Détacherdes 
chiens  couplés,  attachés  deux  à  deux.  Quand  le  cerf 
est  lancé,  le  veneur  doit  découpler  les  chiens.  ||  Ab- 
solument. Dès  qu'on  fut  arrivé,  on  découpla.  ||2°Fig. 
et  familièrement,  découpler  des  gens  après  quel- 
qu'un, les  mettre,  les  lancer  à  la  poursuite  de  quel- 
qu'un, pour  le  maltraiter,  pour  le  solliciter,   etc. 

—  HlST.  XII*  s.  Une  grant  pierre  fud  en  la  place, 
e  vindrent  cil,  et  decolperent  le  char,  et  des  vaches 
firent  sacrefice  à  Deu,  Rois,  22.  ||xiii*  s.  Li  biaco- 
nierles  chiens  descopient,  El  li  brachet  auloups'a- 
coplent,  Et  Ysengrin  moult  se  herice ,  Ren.  1 221 ,  Ainz 
que  se  fussent  regardé.  Sept  gaingnon  [chiens]  vie- 
nent  descopié;  En  après  vienent  veneor,  Arbales- 
tieret  chaceor,  16,  8084.  Trop  par  sera  hardie  beste, 
S'il  contre  si  fais  chiens  s'areste,  Com  j'ai  descou- 
plés ci  aval,  Guill.  de  Païenne.  ||  xvi*  s,  Pialei  leur 
de.scoupla  quelques  galleres  oui  en  combattirent 
deux  des  Vénitiennes  et  en  prirent  une,  d'aub.//isî. 
I,  345,  Qu'on  ilescouple  mesme  de  nos  mouches 
après  [un  général  d'armée],  elles  auront  la  force  et 
le  courage  de  le  dissiper,  mont,  ii,  <»o. 

—  ÉTYM.  W....préfixe,et  couple;  provenç.  dracoWar. 
2.  DÉCOUPLER  (dé-kou-plé) ,  s.  m.  Voy.  décodplé. 
f  DÉCOUPOIR   (dé-kou-poir),  t.  m.  Instrument 

qui  sert  à  faire  des  découpures.  "H  Terme  de  métal- 
lurgie. Disques  de  fer  qui,  formant  les  taillants d'u n 
appareil  de  fonderie,  divisent  le  fer. 

1>ÉC0UPUUE  (dé-kou-pu-r'),  s.  f.  Il  I"  Action  do 
découper  une  élofl'e,  de  la  toile,  du  papier.  11  y  a 
loin  de  cette  sage  économie  d'ornements  à  notio 
profusion  de  découpures  en  carré,  en  long,  en  rond, 
CHATEAUB.  Itin.  t!)6.  ||  2°  Petit  amusement  qui  a  été 
jadis  fort  à  la  mode  et  qui  consistait  à  découper, 
avec  des  ciseaux,  des  figures  en  papier,  ou  en  vélin, 
en  suivant  tous  les  traits  de  la  peinture  ou  de  la 
gravure.  Dans  le  xviii"  siècle  les  femmes  s'amu- 
saient beaucoup  à  la  découpure.  J'ai  vu  de  lui  des 
paysages  en  découpure  sur  des  feuilles  de  papier 
blanc  où  la  perspective  était  observée  avec  un  art 
prodigieux,  marm.  Mém.  liv.  vu,  t.  ii,  p.  342,  dans 
POUGENS.  L'art  des  colifichets  et  de  la  découpure 
Est  l'âme  du  vrai  govll  et  fait  mon  premier  soin, 
LE  p.  BRUMOY,  la  lloite  de  Pandore,  u,  )3.  ||  Es- 
tampe enluminée  faite  exprès  pour  être  découpée. 
Il  La  chose  découpée.  Celte  découpure  représente  des 
enfants  qui  jouent.  ||  3°  Terme  de  botanique.  Divi- 
sion des  bords  d'une  feuille  ou  foliole.  La  grandeur, 
les  découpures,  les  nervures  des  feuilles,  bern.  de 
s.-p.  Étude  première.  ||  4*  Petites  fentes  transver- 
sales qui  sont  un  défaut  dans  les  barres  de  fer. 

—  HlST.  xvi*  s.  Antoine,  prenant  la  robbe  de  Cje- 
sar  toute  ensanglantée,  la  desploya  devant  toute 
l'assistence,  monstrant  les  découpeures  d'icelle  et 
le  grand  nombre  de  coups  qu'il  avoit  receus ,  amyot, 
Brutus,  24. 

—  ÊTYM.  Découper. 

DÉCOURAGÉ,  ÉE(dé-kou-ra-jé,  jée),  part,  passù 
Une  armée  découragiSe.  Je  suis  découragé.  [U]  Ras- 
sura S'in  parti  déjà  découragé,  corn.  Poly.  i,  4. 
N'est-il  pas  vrai  que  vous  en  reportez  toujours  un  es- 
prit découragé  et  qui  ne  regarde  plus  le  travail  qu'a- 
vec horreur?  mass.  Confér.  Gond,  des  clercs  dans 
le  monde. 

t  DÉCOUR AGEAHLE  (dé-kou-ra-ja-W),  adj.  Qui 
se  laisse  docouratrer. 

DÉCOURAGEANT,  ANTE (dé-kou-ra-jan,  jan-f), 
adj.  Qui  est  de  nature  à  décourager.  Une  nouvelle 
décourageante. 

DÉCOURAGEMENT  (dé-kou-ra-je-man) ,  s.  m. 
Perte  de  courage.  Être,  tomber,  rester  dans  le  dé- 
couragement Selai.sser  aller  au  découragement.  Une 
sorte  de  découragement  qui  doit  nuire  à  l'énergie 
des  résolutions,  staël,  Corinne,  iv,  t.  Ce  n'est  pas 
le  lionheur  qui  m'a  détaché  de  ces  vains  plaisirs , 
c'est  un  profond  découragement,  id.  ib.  xv,  ». 


DEC 

—  HIST.  XIV'  S.  Le  lart  jaune  est  trop  reprouchié, 
et  donne  descouiagement  [ôte  l'appétit]  quant  l'en 
le  voit,  ilt'nagier,  ii,  5.  ||  xvi'  s.  'rimoleon  voulant 
leur  ester  ce  descouragement,  amyot,  Timol.  35. 
Ils  ne  pensoient  qu'à  fleschir  sous  l'esclavage,  du- 
quel découragement  ils  commencèrent  à  se  relever 
sur  une  telle  occasion,  sullï,  dans  le  Dict.  de  uo- 

CHJiZ. 

—  ÉTYM.  Décourager. 

DÉCOURAGER  (dé-kou-ra-jé.  Le  g  devant  a  ou  0 
prend  un  e.'nous  d6coHrageons,  je  décourageais),  v. 
a.  Il  1°  ôterle  courage, l'énergie  morale.  Décourager 
quelqu'un.  ||  2°  ôterl'envie,le  désir  de  faire  quelque 
clio.se.  Ils  découragent  par  mille  contradictions  les  poë- 
leset  les  musiciens,  i-a  bhuy.  i.  ||  En  ce  sens  il  prend 
la  préposition  de.  On  l'a  découragé  de  solliciter  les 
suffrages  des  électeurs.  Ses  amis  le  décourageront 
d'une  entreprise  si  hasardeuse.  ||  3°  Se  décourager, 
V.  réfl.  Perdre  courage.  U  se  décourage  au  premier 
obstacle  qu'il  rencontre.  Il  s'est  découragé  de  cette 
entreprise. 

—  HlST.  xin*  s.  Mais  ne  me  chaut  de  celé  plaie  ; 
Je  croi  qu'autre  maladie  aie;  Car  trestous  descora- 
giés  sui.  Blonde  et  Jeh.  59(.  Onques  pour  çou  n'en 
fUi  descoragiés  De  li  amer  [de  l'aimer],  ne  n'ere  [ni 
ne  serai],  ce  saciés,  Bibl.  des  Chartes,  4"  série,  t.  v, 
p.  260.  Il  XIV'  s.  L'esprevier  qui  vole  après,  se  lasse 
et  descourage,  ilénagier,  m,  2.  ||  xv  s.  Un  mau- 
vais cœur  en  descourage  deux  douzaines  de  bons, 
FROiss.ii,  m,  10.  ||xvi"s.  Les  voyant  tous  descoura- 
gez,  il  di  ffera  de  donner  la  bataille ,  amyot.F iamin.  1 1 . 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  courage. 

t  DÉCOURANT,  ANTE  (dé-kou-ran ,  ran-V) ,  adj. 
Ternie  de  botanique.  Se  dit  quelquefois  pour  dé- 
current,  beaucoup  plus  usité,  et  qui  est  le  même. 

Voy.  DÉCI.'RBENT. 

t  DÉCOURBER  (dé-kour-bé) ,  V.  a.  Redresser  une 
chose  courbe. 

—  ÉTYM.  Di'....  préfixe,  et  courber. 

i  DÉCOURONNÉ,  ÉE  (dé-kou-ro-né,  née),  part, 
passé.  Oui  a  perdu  sa  couronne.  Lorsque  les  com- 
missaires du  parlement  furent  introduits  au  château 
de  Carisbrook,  ils  demeurèrent  frappés  de  respect  à 
la  vue  de  cette  tête  blanchie  et  découronnée  [de 
Charles I"J ,  chateaub. Smart*,  2<6.  Je  crois  voir,  à 
l'autel,  mon  front  découronné  Sous  un  voile  hon- 
teux à  jamais  profané,  lemerc.  Fréd.  et  Bruneh.i,  i. 

t  DÉCOURONNEMENT  (dé-kou-ro-ne-man) ,  s.  m. 
L'action  de  découronner,  d'enlever  la  couronne. 

—  HlST.  XVI'  s.  Decouronnement,  monet,  Dict. 

—  ÉTYM.  Découronner. 
tDÉCOUKONNER  (dé-kou-ro-né),  v.  a.  ||  1°  Ôter 

la  couronne.  ||  Fig.  De  quel  droit  viennent-ils  décou- 
ronner ma  gloire?  v.  hugo.  Odes,  m,  7.  ||  2° Terme 
militaire.  Chasser  les  troupes,  prendre  les  fortifica- 
tions qui  couronnent  une  hauteur. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  couronne. 
DÉCOURS    (dé-kour;   \'s  ne   se   lie    pas),  s.    m. 

Il  i°  Décroissement  de  la  lune;  le  temps  qui  s'écoule 
de  la  pleine  lune  à  la  nouvelle.  C'est  un  préjugé 
dans  les  campagnes  qu'il  y  a  des  plantes  qu'il  faut 
semer  ou  cuedlir,  les  unes  pendant  le  croissant,  les 
autres  pendant  le  décoiirs  de  la  lune.  Alors  aussi 
les  parties  delà  lune  qui  ont  la  nuit,  commencent 
à  ne  jdus  voir  la  moitié  de  la  terre  qui  a  le  jour, 
et  nous  sommes  en  décours  pour  elles,  font.  Us 
Mondes,  2°  soir.  Il  y  a  de  petits  dieux  qui  font  de.s- 
cendre  la  lune  dans  le  décours,  volt.  Dial.  xv,  4. 
Il  2°  Se  dit  aussi  quelquefois  du  déclin  des  maladies. 
Sa  pneumonie  est  dans  le  décours. 

—  HlST.  XII'  s.  La  processiun  vait,  li  munz  [le 
inonde]  est  en  decurs  [cours];  Li  plus  i  vuntà  pié  : 
car  poi  béent  aillurs;  Saint  Thomas  li  martyrs  nus 
face  veir  [vrai]  sueurs,  Th.  le  mart.  t6B.  Certes  ensi 
cesset  li  décors  de  la  grâce,  lai  [là]  où  U  recors  n'en 
est,  sï-BERN.  663.  Il  xiii'  s.  Bien  fustes  fondei  en 
decours.  Quant  teil  seigneur  aveiz  perdu,  Bien  en 
deveiz  estre  esperdu,  huteb.  42.  Ce  est  la  nuit  et 
c'est  li  jors,  Qui  nos  vies  met  en  decours,  Unicorne 
et  serpenl.U  fit  la  lune  en  ses  tens  ,  en  croissant  et 
en  décors.  Psautier,  t'  124.  i]  xiv  s.  L'en  doit  plan- 
ter avant  l'ardeur  du  soleii  et  en  decours,  iléna- 
gier, II,  2.  Il  XVI'  s  Puys  briefvement  recapituloyt 
tout  ce  qu'il  avoyt  leu,  veu,  faict  et  entendu  on  de- 
cour»  de  toute  la  journée,  rab.  Carg.  I,  23.  Cette 
l'rerogatifve  par  laquelle  peut  l'humaine  nature,  en 
decours  de  vie  transitoyre.  perpétuer  son  nom  et  sa 
semence,  lu.  l'ant.  ii,  8.  Et  feut  cette  salutation  de 
tous,  des  marchans  observée  en  tout  le  decours  du 
bal,  ID.  li).  V,  25.  Et  nous  sembloyent  les  arbres  se 
mouvoir;  toutesfoys  ils  ne  se  meuvent,  mais  nous, 
parle  decours  du  basteau,  id.  ib.  v,  26. Le  commen- 
cement de  corruption  a  tellement  esté  en  Adam, 


DEC 

qu'elle  estespandue  comme  par  un  perpétuel  decours 
des  pères  auxenfans,  calv.  Inslit.  475.  Jusques  au 
decours  desavieillesse,AMïOT,yln's(.ctCa(.(;omp.  4. 
Il  faut  choisir  le  temps  propre,  sçavnir  le  decours 
de  la  lune,  paré,  xviii,  63.  Je  la  [la  vie]  trouve  et 
prisable  et  commode,  voire  en  son  dernier  decours, 
où  je  la  tiens,  uont.  iv,  3ot. 

—  ÉTYM.  Provenç.  décors;  catal.  decurs;  espagn. 
decurso;  ital.  discorso;  du  latin  decursus,  de  de,  et 
currere,  courir. 

DÉCOUSU,  UE  (dé-kou-zu,  zue),  part,  passé 
de  découdre.  ||  1°  Dontla couture  a  été  défaite. Habit 
décousu.  Il  2°  Fig.  Qui  est  sans  suite,  sans  liaison. 
Style  décousu.  Paroles  décousues.  Propos  décousus. 
On  me  reprochera  d'être  décousu,  dideh.  Ess.  sur 
Claude,V{v.  u.  Une  nous  reste  [de  la  philosophie  éléa- 
tique]  que  des  lambeaux  si  décousus  qu'on  n'en  peut 
former  aucun  ensemble  systématique,  lo.  Opin.  des 
anc.  phil.  Secte  éléatique.  Certains  rêves  où  tout  est 
si  décousu,  si  peu  suivi,  si  peu  ordonné,  buffon. 
Morceaux  choisis,  p.  74.  On  voyait  l'empreinte  de 
l'esprit  an  peu  décousu  et  de  l'imagination  souvent 
gigantesque  deDupleix,  raynal,  Hist.  phil.  iv,  23. 
En  vain  l'écho  léger....  A  porté  jusqu'à  moi  quel- 
ques lambeaux  de  vers.  Quelques  sons  décousus  de 
tes  brillants  concerts,  lamart.  Ép.  à  C.  Delav. 
Il  Substantivement.  Rien  n'égale  le  décousu  de  son 
style.  Il  3°  Terme  de  chasse.  Chien  décousu,  chien 
blessé  d'un  coup  d'andouiller  de  cerf  ou  de  défense 
de  sanglier.  Il  4°  Terme  de  haras.  Animaux  décousus, 
animaux  dont  les  différentes  parties  ne  sont  pas  ré- 
gulièrement proportionnées  entre  elles.  ||  La  tête  du 
cheval  est  dite  décousue  lorsqu'un  sillon  trop  pro- 
fond, marquant  l'attache  à  l'encolure,  semble  la  dé- 
tacher du  reste  du  corps. 

DÊCOUSURE  (dé-kou-su-r'),  s.  f.  ||  1°  Partie  dé- 
cousue. Il  2°  Terme  de  chasse.  Plaie  faite  au  chien 
par  les  défenses  du  sanglier. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  chiens  qui  chassent  le  san- 
glier sont  très  subjects  à  estre  blessez;  il  est  donc 
très  nécessaire  de  les  sçavoir  panser  promptement; 
ils  sontordinairement  blessez  au  ventre;  mais  pour- 
veu  que  ce  ne  soient  que  decousures,  encore  que 
les  boyaux  leur  sortent  n'estant  offensés,  ils  se  gua- 
rissent  facilement,  salnove,  Yen.  p.  333,  dans  la- 

CURNE. 

—  ÉTYM.  Décousu. 

DÉCOUVERT,  ERTE  (dé-kou-vêr,  vèr-t'),  part, 
passé  de  découvrir.  ||  1°  Qui  n'est  pas  couvert.  Ils  ont 
toujours  la  tête  découverte.  Une  maison  encore  dé- 
couverte. La  cuisinière  trouva  le  pot-au-feu  découvert. 
Ils  ne  savent  pas  que  c'est  une  femme  découverte  et 
non  une  femme  nue  qui  est  indécente,  niDEBOT,Sa(on 
de  1766,  CEuvres,  t.  xiii,p.  is,  danspouGENS.  ||  uni 
a  la  tête  découverte.  Vous  ne  vous  contentiez  pas  que 
je  me  tinsse  découvert  devant  vous,  pasc.  Conv.  2. 
En  même  temps  Foucault  s'est  couvert  et  a  lu  l'arrêt; 
M.  Fouquet  l'a  entendu  découvert,  sÉv.  Lett.  22déc. 
(664.  Il  Allée  découverte,  allée  dont  les  arbres  ne  se 
joignent  pas  par  en  haut.  ||  Â  visage  découvert,  sans 
masque,  sans  voile.  Dans  ce  pays  les  femmes  vont 
toutes  à  visage  découvert.  Il  ose  se  montrer  pres- 
que à  visage  découvert,  mass.  Carême,  Doutes. 
Il  Fig.  Sans  détour.  Agir,  se  montrer  à  visage  dé- 
couvert. Une  prudence  qui  marche  à  visage  dé- 
couvert, corn.  Ex.  de  Nicom.  Elles  [les  obscénités] 
y  sont  à  visage  découvert  [évidentes  ] ,  mol.  Cri- 
tique, 3.  Il  Deniers  découverts,  argent  comptant. 
Il  'Terme  de  marine.  Bateau  découvert,  bateau  non 
ponté.  Batterie  découverte,  batterie  à  feu  placée 
sur  le  pont  supérieur.  ||  Laissé  à  sec.  Des  rochers  dé- 
couverts par  la  mer  à  marée  basse.  ||  Terme  de  zoo- 
logie. Ailes  découvertes,  ailes  des  insectes  qui  dé- 
pa.ssent  les  élytres.  ||  Terme  de  botanique.  Fruits 
découverts ,  fruits  entièrement  nus.  ||  2°  Peu  boi- 
sé, en  parlant  des  lieux.  La  marte  fuit  les  pays 
habités  et  les  lieux  découverts  ,  buffon.  Marte. 
Il  3°  Exposé.  Nous  sommes  trop  découverts  aux  at- 
taques de  la  fortune,  Boss.  Am.  des  plais.  2.  ||  Terme 
de  guerre.  Exposé  aux  attaques,  non  défendu. 
Cette  ville  est  découverte  du  côté  du  levant.  Le 
flanc  de  ce  régiment,  découvert  par  la  fuite  de  la 
cavalerie.  ||  4°  Dont  la  connaissance  est  trouvée 
pour  la  première  fois.  L'Amérique  découverte  par 
Christophe  Colomb.  La  géométrie  générale  décou- 
verte par  Descartes.  ||  5°  Aperçu.  Trois  voiles  décou- 
vertes à  l'horizon.  L'ennemi  découvert  de  loin.  Ce 
billet  découvert  suffit  pour  vous  confondre,  mol.  Mis. 
IV,  3.  La  vérité  y  est  découverte,  pasc.  dans  cousin. 
De  peur  d'être  découvert,  i  I  évitait  les  grandes  routes 
et  marchait  dans  les  chemins  détournés,  raynal, 
llist.phil.y!V,'2i.  Il  6°A'.m.Découvert,absencedetnut 
souci  de  se  cacher.  Sa  table  [de  Pierre  le  Grand] 


DEC 


995 


était  souvent  peu  décente,  souvent  aussi  avec  un  dé- 
couvert d'audace  et  d'un  roi  partout  chez  soi,  st- 
siM.  467,138.  Il  Terme  de  finances.  Ce  que  l'on  a  à 
payer,  sans  avoir  en  cai.sse  les  fonds  nécessaires. 
Les  découverts  du  trésor,  les  dépenses  décrétées 
par  le  gouvernement  et  qui  ne  sont  couvertes  par 
aucun  ciédit.  ||7"  A  découvert,  loc.  adv.  Sans  être 
couvert.  Il  n'y  avait  ni  portes  ni  fenêtres,  nous 
étions  à  découvert.  ||  Sans  être  garanti.  Ils  allèrent 
à  découvert  attaquer  la  demi-lune.  |1  Sans  rien  qui 
cache.  Ordonnez  que  d'un  fer  le  sein  me  soit  ouvert, 
Exposez  à  vos  yeux  mon  cœur  à  découvert,  rotb. 
Bélis.  IV,  6.  Il  Fig.  Clairement,  sans  ambiguïté.  Sei- 
gneur, à  découvert  toute  ftme  généreuse  D'avoir 
votre  amitié  doit  se  trouver  heureu.se,  corn.  Nicom. 
v,  to.  Puisqu'il  marque  votre  sentiment  si  à  dé- 
couvert.... PASC.  Prov.  13.  Ils  y  verront  Dieu  à 
découvert ,  m.  dans  cousin.  J'ai  vu  son  cœur  à 
découvert  dans  cette  aventure,  sÉv.  148.  Cette 
grande  lumière  devait  paraître  à  découvert,  boss. 
Uist.  II,  6.  Un  homme  tel  que  lui  doit-il  à  décou- 
vert Se  montrer  sans  prudence  au  grand  jour  qui  le 
perd?  volt.  Catil.  ii,  1.  {|  Terme  de  commerce. 
Être  à  découvert,  être  en  avance,  n'avoir  aucune 
garantiedes  avances  faites.  ||  Terme  de  bourse.  Opé- 
rer, vendre  à  découvert,  opérer,  vendre,  sans  pos- 
séder les  valeurs. 

DÉCOUVERTE  (dé-kou-vèr-f) ,  s.  f.  ||  1°  Action 
de  découvrir,  de  trouver,  de  faire  connaître  ce  qui 
n'était  pas  connu.  La  découverte  d'un  trésor,  d'un 
pays.  Faire  une  découverte.  La  découverte  de  la 
vaccine  par  l'anglais  Jenner.  La  découverte  de 
l'Amérique,  des  satellites  de  Jupiter.  La  feinte  est 
un  pays  plein  de  terres  désertes;  Tous  les  jours  nos 
auteurs  y  font  des  découvertes,  la  font.  Fabl. 
m,  1.  Ces  merveilleuses  découvertes  qu'a  faites  la 
science,  boss.  Mort,  2.  Ceux  qui  ont  le  mauvais  goût 
de  n'estimer  d'une  découverte  que  la  peine  et  le 
temps  qu'elle  a  coûté,  buef.  Expér.  sur  les  végi't. 
2'  mém.  Les  découvertes  des  savants  sont  les  con- 
quêtes du  genre  humain ,  mairan  ,  Eloges,  Lé- 
mery.  Deux  découvertes  qui  se  touchent  dans  l'es- 
prit humain  sont  quelquefois  séparées  par  des  siè- 
cles,dider.  Salon  de  1785,  Œuvres, t.  xiii,p.  364, 
dans  P0UGENS.  Les  découvertes  ne  me  paraissent  en 
valeur  et  en  sûreté  que  quand  elles  sont  rentrées 
dans  la  masse  commune ,  id.  Peinture  en  cire, 
Œuvres,  t.  xv,  p.  372.  II  n'y  a  point  eu  d'événe- 
ment aussi  intéressant  pour  l'esjièce  humaine  en  gé- 
néral et  pour  les  peuples  do  l'Europe  en  particulier, 
que  la  découverte  du  nouveau  monde  et  le  passage 
aux  Indes  par  le  cap  de  Bonne-Espérance,  haynal, 
llist.  phil.  I,  Introd.  La  découverte  de  Terre-Neuve 
fut  faite  en  1497  par  le  Vénitien  Jean  Cabot,  m. 
ib.  XVII,  12.  On  ne  fait  pas  une  découverte  parce 
qu'on  en  a  besoin ,  mais  parce  qu'elle  est  liée 
avec  des  vérités  déjà  connues,  et  ()ue  nos  force» 
peuvent  enfin  franchir  l'espace  qui  nous  en  sé- 
pare, coNDoncET,  Duhamel.  \\  Fig.  Chose  nouvelle 
qu'on  aperçoit  dans  un  sujet  i|uelcoii(iue.  On  fait  en 
tout  genre  des  découvertes  subites  dans  le  caractère 
des  Italiens,  staël,  Corinne,  ix,  1.  ||  Voyage  de  dé- 
couvertes, navigation  dont  le  but  est  de  trouver  des 
terres, des  îles,  des  baies,  des  roches,  ou,  en  géné- 
ral, des  objets  qui  étaient  ignorés  des  navigateurs, 
des  géographes  ,  des  naturalistes.  |{  2°  Ternie  de 
guerre  et  de  mer.  Aller  à  la  découverte,  aller  en 
avant  d'une  armée  navale  ou  de  terre  pour  trou- 
ver l'ennemi,  reconnaître  ses  forces  et  savoir  la 
route  qu'il  tient.  ||  Par  extension  ,  aller  ob-erver  ce 
qui  se  passe.  Il  leur  fallait  tous  les  jours  des  voitures 
pour  aller  à  la  découverte,  et  ils  ne  découvraient 
rien,  volt.  l'Ingénu,  13.  ||  Être  à  la  découverte, 
être  à  la  recherche.  ||  Terme  de  marine.  Mtiment 
léger  envoyé  en  avant  ou  sur  les  ailes  d'une  escadre, 
pour  observer  les  mouvements  de  l'ennemi.  ||  Mate- 
lot en  vigie  au  haut  d'un  mât.  ||  3°  Terme  d'escrime. 
Action  de  se  découvrir,  de  donner  du  jour  à  l'arme 
de  son  adversaire. 

—  REM.  J.  J.  Rousseau  a  dit  découverte  pour  l'ou- 
verture des  portes  d'une  ville  :  i  l'heure  de  la  dé- 
couverte ils  rentrèrent  en  ville,  Conf.  I.  Cet  emploi 
n'est  pas  admis  et  avec  raison. 

—  SYN.  dEoouverte,  i.nvention.  La  découverte 
montre  ce  qui  n'était  pas  connu;  l'invention,  com- 
bine des  conditions  connues,  d'une  façon  nouvelle. 
On  dit  la  découverte  de  l'Amérique  et  non  l'inven- 
tion; et  au  contraii-H  l'inveniion  de  la  poudre  à  ca- 
non beaucoup  mieux  que  la  découverte.  Toutefois, 
dans  un  sens  général,  ces  deux  mots  se  prennent 
très-bien  l'un  pour  l'autre. 

—  HlST.  XVI'  s.  Le  voylà  à  faire  l'amour  à  la  dès- 
couverte    [  ouvenemetU  ] ,   mont,   m,   360.   Utile 


OOG 


DEC 


décence, si  elle  pouvoilinlerdireàDieuladeseouvcrle 
de  nos  vices,  mont,  m,  «74.  Encore  l'injuria  il  bien 
plus  oullrageusement,  et  plus  à  la  descouverte; 
et  ce  en  une  chanson,  qui  se  commence  ....  amyot, 
TItém.  4).  C'est  le  plus  court,  et  c'est  hors  de  la 
descouverte  [vue]  de  deux  petits  chasteaux  qui.... 
cahl.  VI,  44.  Il  y  avoit  cinquante  arquebusiers  à 
cheval  qui  servoient  à  faire  les  descouvertes,  et  es- 
carmoucher  çàetlà,  tn.  vit,  17. 

ÉTYM.  Découvert;  espagn.  discohierta. 

f  DÉCOUVERTUBE  (dé-kou-vèr-tu-r') ,  s.  f.  Action 
de  découvrir  une  toiture. 

—  HIST.  XV*  s.  Elle  fut  avertie  et  informée  du 
long  et  du  large  do  la  descouverture  des  amours  de 
Girard  et  d'elle,  louis  xi,  Nouv.  xxvi. 

—  ÈTYM.  Découvrir. 

t  DÉCOUVRANT,  ANTE  (dékou-vran ,  vran-t'), 
adj.  Qui  découvre.  Vous  savez  que  je  suis  décou- 
vrante quand  je  suis  en  quelque  soupçon,  la  com- 
tesse DF.  MAUBE,  Lettre  à  Mme  de  Sablé,  Sill.  de 
l'école  des  Chartes,  3*  série,  t.  v,  p.  403. 

t  DÉCOin^IlEMKNT  (dé-kou-vre-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  découvrir.  J'ai  fait  prier  quelques  personnes 
intelligentes  de  vouloir  bien  changer  mon  mot  de 
découverte....  on  s'excusa  sur  la  disette  de  notre 
langue  qui  ne  s'accommode  ni  de  découvrement 
comme  au  siècle  passé,  ni  de  révélation,  ni  d'a- 
pocalypse, termes  qu'elle  a  empruntés  des  latins 
pour  d'autres  usages,  Auteurs  déguisés,  Préface. 

—  f.TYM.  Découvrir. 

t  DÉCOUVREUR  (dé-kou-vreur) ,  s.  m.  Celui  qui 
fait  des  découvertes.  Quel  fut  le  prix  des  services 
inouïs  de  Corlez?  Celui  qu'eut  Colomb  :  il  fut  per- 
sécuté; et  le  même  évêque  Foiiseca,  qui  avait  con- 
tribué à  faire  renvoyer  le  découvreur  de  l'Amérique 
chargé  de  fers,  voulut  faire  traiter  de  même  celui 
qui  en  était  le  vainqueur,  volt.  Mœurs,  147. 

—  UEM.  Découvreur,  qui  ne  se  trouve  plus  dans 
le  Dictionnaire  de  l'Académie,  était  dans  la  5«  édition. 

—  HIST.  XV»  s.  Et  avoient  les  François  leurs  des- 
couvreurs [espions], et  les  Hongres  les  leurs,  froiss. 
nr,  IV,  62.  Il  xvi"  s.  Les  capitaines,  qui  avoient  mis 
des  descouvreurs  sur  les  champs,  eurent  tantostad- 
vis  que....  M.  un  dell.  385. 

— ÉTYM.  Découvrir. 
■  DÉCOUVRIR  (dé-kou-vrir) ,  je  découvre ,  tu  décou- 
vres, il  découvre,  nous  découvrons,  vous  décou- 
vrez, ils  découvrent;  je  découvrais;  je  découvris; 
je  découvrirai;  je  découvrirais;  découvre,  décou- 
vrons; que  je  découvre,  que  nous  découvrions;  que 
je  découvrisse  ;  découvrant  ;  découvert ,  t).  a. 
Il  l'ôter  ce  qui  couvrait  une  chose  ou  une  personne. 
Découvrir  un  plat,  un  vase,  un  panier.  Découvrir 
une  maison.  Découvrir  un  malade.  Vos  femmes  dont 
le  soin  à  l'envi  la  soulage.  Ont  découvert  son  .sein 
pour  leur  doimer  passage  [aux  soupirs],  rac.  Ilaj. 
IV,  6.  S'il  s'assied,  vous  le  voyez  s'enfoncer  dans  un 
fauteuil,  croiser  les  jambes  l'une  sur  l'autre,  fron- 
cer le  sourcil,  abais,ser  son  chapeau  sur  ses  yeux 
pour  ne  voir  personne,  ou  le  relever  ensuite  et  dé- 
couvrir son  front  par  fierté  ou  par  audace ,  la  bru  y.  vi. 
Il  Fig.  Découvrir  le  pot  aux  roses,  découvrir  ce  qu'il 
y  a  de  secret  dans  quelque  intrigue.  ||  Nettoyer  un 
outil  trempé  en  le  fichant  à  plusieurs  reprises  dans 
un  morceau  de  pierre  ponce.  ||  Terme  de  gravure. 
Dépouiller  la  planche  de  son  vernis  lorsque  l'eau- 
forte  a  suffi.sarament  mordu.  |{  Terme  de  jeu  de 
cartes.  Découvrir  son  jeu,  le  montrer;  et  au  fig. 
laisser  pénétrer  ses  desseins.  ||  Découvrir,  se  dit  de 
la  mer  qui  laisse  à  sec.  Sera  réputé  bord  et  rivage 
de  la  mer,  tout  ce  qu'elle  couvre  et  découvre  pen- 
dant les  nouvelle  et  pleine  lune,  Ordonn.  août  IC8I. 
Il  2°  Dégarnir  de  ce  qui  protégeait.  Découvrir  la 
frontière.  ||  Fig.  Cette  vanité  vous  découvre  à  l'en- 
nemi, Boss.  WoFin.  »,  Les  larmes  découvrent  les 
malheureux  à  tous  les  traits  de  leurs  ennemis,  Exil 
de  Cicér.  dans  desfontaines.  ||  Terme  de  jeu  d  é- 
checs.  Découvrir  une  pièce,  ôter  de  devant  elle  une 
autre  moins  importante  qui  la  défendait.  Je  ne  puis 
pas  jouer  ce  pion,  je  découvrirais  mon  roi.  ||  Terme 
de  trictrac.  Découvrir  une  dame,  la  laisser  seule 
dans  une  case  exposée  à  être  battue.  ||  3°  Trouver 
ce  qui  n'était  pas  connu,  ce  qui  était  resté  ignoré. 
Découvrir  un  trésor,  une  source.  Doctrine  suspecte 
de  simonie  et  punie  en  justice  quand  la  pratique 
en  est  découverte,  pasc.  J'roi;.  ta.  ||  Parvenir  à 
connaître  ce  qui  était  caché.  On  a  découvert  le 
myslèie.  Jacques  I"  découvrit  la  conspiration  des 
poudres.  Oui  sans  peine  au  travers  des  sophismes 
de  Claude,  Arnauld,  des  novateurs  tu  découvres 
la  fraude,  doil.  Épit.  m.  D'autres  ne  disent  pas 
précisément  une  chose  qui  leur  a  été  confiée;  mais 
il.i  parlent  et  agissent  de  manière  qu'on  la  décou- 


DEC 

vre  de  soi-même,  la  bruy.  v.  |{  i'  Paire  une  décou- 
verte dans  les  sciences,  les  arts.  On  ignore  qui  a 
découvert  la  boussole.  Newton  découvrit  la  loi  de 
la  gravitation.  ||  Absolument.  L'art  de  découvrir 
en  mathématique  est  plus  précieux  que  la  plupart 
des  choses  qu'on  découvre,  fonten.  Leibnitî.  Uni- 
quement occupé  à  découvrir,  et  avare  du  temps  qu'il 
y  employait,  il  [Newton]  ne  se  hâtait  nullement  de 
rédiger  SCS  découvertes,  encore  moinsde  les  publier, 
MAiRAN,  Éloges,  llalley.  ||  6°  Reconnaître  un  pays 
nouveau.  Colomb  a  découvert  l'Amérique.  La  pla- 
nète Uranus  fut  découverte  par  Herschel.  Il  décou- 
vre en  entrant  à  la  cour  comme  un  nouveau  monde 
qui  lui  était  inconnu,  la  bruy.  viu.  Toi  qui  nous  dé- 
couvris ces  immenses  contrées,  volt.  Alt.  i,  *. 
Il  6°  Manifester,  montrer,  en  parlant  des  personnes 
qui  font  connaître.  En  vain  do  mon  regard  l'ingé- 
nieux langage  Pour  découvrir  mon  cœur  a  tout  mis 
en  usage,  corn.  Sertor.  n,  2.  Ce  sont  des  bergers 
amoureux  qui  se  découvrent  l'un  à  l'autre  la  cruauté 
de  leurs  maîtresses,  mol.  Sicil.  4.  C'est  sur  cela 
qu'il  me  découvrit  l'esprit  de  la  Société  [des  jésui- 
tes], qui  n'est  pas  connu  de  tout  le  monde,  pAsc. 
J'rov.  B.  Il  nous  découvre  sa  volonté,  iD.  dans 
cousm.  Mes  premières  prédictions  ont  été  accom- 
plies, j'en  fais  encore  de  nouvelles,  et  je  vous  dé- 
couvre l'aveniravantqu'il arrive,  sacy,  Bible,  Isa'ie, 
xLii,  9.  Ne  dites  vos  pensées  ni  à  votre  ami  ni  à  vo- 
tre ennemi,  et,  si  vous  avez  commis  un  péché,  ne 
le  leur  découvrez  point,  :d.  Bible,  Ecclésiastique, 
XIX,  8.  Enfin,  Burrhus,  Néron  découvre  son  génie, 
rac.  Brit.  m,  2.  Mais  puisqu'à  votre  reine  il  faut  le 
découvrir  [un  trésor],  id.  Athal.  v,  2.  Le  roi.  fei- 
gnait! et  moi,  découvrant  ma  pensée....  id.  Mithr. 
IV,  t.  Il  Manifester,  montrer,  en  parlant  des  choses 
qui  font  connaître.  Ces  indignes  frayeurs  vous  ont 
trop  découvert,  corn.  Héracl.  v,  2.  Tous  les  hom- 
mes sont  semblables  pour  les  paroles;  ce  n'est  que 
les  actions  qui  les  découvrent  différents,  mol.  l'Av. 
1,  t.  Enfin  avec  des  yeux  qui  découvraient  mon 
âme,  RAC  Baj.  nr,  2.  Il  n'y  a  rien  qui  nous  décou- 
vre plus  d'actions  de  vertu  i  exercer,  que  cette  at- 
tention continuelle  à  la  loi  de  Dieu, parce  qu'il  n'y  a 
rien  qui  nous  les  cache  davantage  que  de  s'abandonner 
a  ses  inclinations,  mcoLE,  Ess.  mor.  2' traité,  ch.8. 
La  nature, féconde  en  bizarres  portraits,  Dans  cha- 
que âme  est  marquée  à  de  différents  traits  ;  Ijn  geste 
la  découvre,  un  rien  la  fait  paraître,  boil.  Art  p. 
III. Il  7°  Révéler,  dénoncer.  Il  découvrit  au  gouverne- 
ment la  conspiration.  Qui  vous  a  contre  moi  sa  fourbe 
découverte?  corn.  Plicom,  iv,  2.  Pour  perdre  mon 

rival  j'ai  découvert  sa  trame,  id.  Cinna,  v,  3 A 

Calchas  je  vais  tout  découvrir,  rac.  Iphig.  iv,  <*. 
Il  8°  Voir,  apercevoir;  signification  qui  dérive  de 
ce  que  apercevoir,  c'est  comme  ôter  ce  qui  couvre 
quelque  chose.  On  découvrait  les  vaisseaux  de  la 
flotte  ennemie.  Découvrir  d'une  seule  vue  la  moitié 
de  la  terre  ,  voit.  Lett.  <o.  Nous  découvrîmes 
dans  une  niche  une  Diane,  id.  ib.  Déjà  je  décou- 
vrais cette  fameuse  ville....  corn.  Sertor.  ii,  5. 
Cependant  de  nos  murs  on  découvre  Pompée,  id. 
ibid.  De  ses  retranchements  il  découvre  les  vô- 
tres, EAC.  Alex.  II,  t.  Je  prétends  que  l'aurore  Dé- 
couvre mes  vaisseaux  déji  loin  du  Bosphore,  id. 
Mithr.  m,).  Nous  découvrîmes  l'Ile  de  Chypre,  que 
nous  laissâmes  à  gauche,  sacy  ,  Bible,  Actes  des  Ap. 
xxi,3.  Ce  que  l'on  peut  faire  de  mieux,  d'aussi  loin 
qu'on  les  découvre,  est  de  les  fuir  de  toute  sa  force 
et  sans  regarder  derrière  soi ,  la  bruy.  v.  Le  lende- 
main ils  arrivèrent  à  Notre-Dame  de  Lorette,  qui 
est  placée  sur  le  haut  de  la  montagne,  et  d'où  Ion 
découvre  la  mer  Adriatique,  staél,  Corinne,  xv,  B. 
Il  Absolument.  Nous  serions  au  logis  beaucoap  moins 
sûrement;  Ici  de  tous  côtés  on  découvre  aisément, 
Et  nous  pouvons  parler  avec  toute  assurance,  mol. 
Dépit  am.  ii,  t.  ||  Fig.  Apercevoir  des  yeux  de  l'es- 
prit. D'où  vient  qu'on  pousse  taiitd'imprécations  qui 
se  trouvent  dans  cette  censure,  pour  combattre 
une  hérésie  imperceptible,  et  encore  sans  la  décou- 
vrir? PASC.  Prov.  3.  Parmi  les  erreurs  et  les  faux 
jugements  du  monde,  elle  s'appliqua  à  découvrir 
ce  point  de  vérité  qui  fait  regarder  la  vanité  des 
choses  humaines,  fléch.  Mme  de  Montausier.  C'est 
alors  que  chacun  rappelant  le  passé  Découvrit  mon 
dessein  déjà  trop  avancé,  rac.  Brit.  iv,  2.  Ce  n'est 
pas  là  le  moyen  de  terminer  ma  dispute  et  de  dé- 
couvrir qui  a  tort  ou  qui  a  raison,  la  font.  Psyché, 
I,  p.  III.  Il  croyait  qu'il  pouvait  découvrir  sur  son 
visage  [du  médecin]  quelque  marque  de  ce  qu'il  avait 
dans  l'âme,  vaugel.  Q.  C.  liv.  m,  dans  richelet. 
Les  yeux  d'une  mère  sage,  tendre  et  chrétienne  dé- 
couvrent sans  doute  ce  que  d'autres  ne  peuvent  dé- 
couvrir, FÉN.  i'duc.  filles,  ch.  u.  Dangeau  est  ravi 


DEC 

'  de  tout  ce  caquet;  il  découvre  le  je;i,il  tire  ses  con- 
séquences, il  voit  à  qui  il  a  affaire;  enfin  j'étais 
fort  aise  de  voir  cet  excès  d'habileté,  sÉv.  Lett, 
29  juillet  <fi76.  Oui,  je  découvre  en  vous,  et  je  m'en 
sens  frappé,  Mille  dons  enchanteurs  qui  m'avaient 
échappé,  COLLIN  d'harleville.  Vieux  eélib.  m,  4. 
Il  9"  Trouver  quelqu'un  qui  se  cache  ou  dont  on 
a  perdu  la  trace.  Vous  avez  beau  chercher,  vous 
ne  le  découvrirez  pas....  Héraclius  vient  d'être  dé- 
couvert, CORN.  Héracl.  li,  b.  Je  viens,  dit  Jésus- 
Christ,  comme  un  voleur....  comme  un  voleur,  direi- 
vous,  indigne  comparaison!  n'importe  qu'elle  soit 
indignedelui  pourvu  qu'elle  nous  effraye....  trem- 
blons donc,  chrétiens,  tremblons  devant  lui  à  cha- 
que moment;  car  qui  pourrait  ou  l'éviter  quand  il 
éclate,  ou  le  découvrir  quand  il  se  cache?  boss. 
Marie-Thér.  Eh!  comment  avez-vous  fait  pour  me 
découvrir?  lui  dis-je,  en  ne  cessant  de  rembras.ser , 
MARIVAUX,  Paysan  pare.  6'  part.  t.  m,  p.  loo,  dans 
pouGENS.  Il  10°  Découvrir  quelqu'un,  le  faire  con- 
naître. Il  ne  m'a  jamais  vu,  ne  me  découvrez  pas, 
CORN.  Nicom.  1,  <.  Retire-toi....  surtout  ne  me  dé- 
couvre pas,  volt.  Tancr.  m,  3.  ||  11»  V.  n.  Terme  de 
marine.  Être  laissé  à  découvert  par  la  mer  en  se  re- 
tirant. Ce  rocher  découvre  beaucoup.  1112°  Se  décou- 
vrir, t>.  re'/î.  Oter  ce  qui  nous  couvre.  Ce  malade 
s'est  découvert  en  s'agitant  dans  son  lit.  ||  ôter  son 
chapeau,  son  bonnet  en  signe  de  respect.  Ils  se  dé- 
couvrent dès  son  antichambre  [du  prince  d'Orange], 
LA  BRUY.  xti.  Le  grand  écuyer  ne  répondit  rien;  il 
ne  se  retira  pas;  seulement  il  se  découvrit  à  demi 
pour  remercier  et  refuser,  ségur,  Ilist.  de  Napol. 
vii,tt.  Il  Cette  femme  se  découvre  trop,  elle  est  trop 
décolletée,  elle  montre  trop- ses  épaules  et  sa  gorge. 
Il  Se  découvrir  se  dit  aussi  pour  indiquer  que  l'on 
montre  d'une  manière  indécente  les  parties  qui  ne 
doivent  pas  être  vues.  ||  13°  Terme  d'escrime.  Ne  pas 
se  mettre  bien  en  garde.  Il  se  découvrit  et  il  reçut 
un  coupd'épée  dans  la  poitrine.  {|  Terme  de  guerre. 
S'exposer.  Ce  soldat  se  découvre  trop.  ||  14°  Se  mani- 
fester. L'inégalité  que  l'on  remarque  dans  le  courage 
d'un  nombre  infini  de  vaillants  hommes,  vient  de  ce 
que  la  mort  se  découvre  différemment  à  leur  imagi- 
nation, et  y  parait  plus  présente  en  un  temps  qu'en 
un  autre,  la  rochep.  Réil.  mor.  n°  B04.  Ces  beaux 
talents  se  découvrent  en  eux  du  premier  coup  d'ojil, 
la  BRUY.  IX.  Et  les  siècles  obscurs  devant  moi  se  dé- 
couvrent, RAC.  Athal.  III,  7.  J'aime  un  esprit  aisé 
qui  se  montre  et  qui  s'ouvre.  Et  qui  plaît  d'autant 
plus  que  plus  il  se  découvre,  boil.  ÈpU.  ix.  ||  15°  Fig. 
Être  vu,  être  aperçu.  Les  Pyramides  d'Egypte  se 
découvrent  de  très-loin.  Leur  aspect  souhaité  se 
découvre  à  mes  yeux,  rac.  Iph.  ii,  3.  Deux  [assas- 
sins] s'y  sont  découverts,  que  j'amène  avec  moi, 
corn.  Aïcom.  I,  <.  Il  16°  Être  trouvé  comme  dé- 
couverte. Si  une  fatale  invention  [pour  la  destruc- 
tion des  hommes  dans  la  guerre]  venait  à  se  décou- 
vrir, elle  serait  bientôt  prohibée  par  le  droit  des 
gens,  et  le  consentement  unanime  des  nations  en- 
sevelirait cette  découverte,  montesq.  Lett.  pers.  <06. 
Il  17°  Se  faire  connaître,  s'expliquer.  Si  Dieu  se  dé- 
couvrait continuellement  aux  hommes....  il  se  dé- 
couvre rarement  à  eux,  pasc.  dans  cousm.  Le  Sei- 
gneur continue  à  paraître  dans  Silo;  car  ce  fut  à 
Silo  qu'il  se  découvrit  à  Samuel,  et  qu'il  lui  fit  con- 
naître sa  parole,  sacy,  Bible,  Rois,  i,  m,  2).  Reti- 
rons-nous, sortons,  et,  sans  nous  découvrir.  Allons 
loin  de  ses  yeux  l'oublier  et  mourir,  bac  Bérén. 
1,  2.  Souffrez  pour  vous  parler,  madame,  qu'un 
amant  Prenne  l'occasion  de  cet  heureux  moment,  Et 
se  découvre  à  vous  de  la  sincère  flamme....  mol.  Fem- 
mes sav.  i,  4.  Laissez-moi  faire,  vous  dis-je,  peut- 
être  qu'elle  se  découvrira  plus  librement  à  moi  qu'à 
vous,  ID.  l'Am.  méd.  i,  3.  Je  n'accepte  la  main 
qu'elle  m'a  présentée  Que  pour  m'armer  contre  elle 
et,  sans  me  découvrir,  Traverser  son  bonheur  que 
je  ne  puis  souffrir,  rac.  Iphig.  ii,  <.  Hélas!  s'il  est 
ainsi, pourquoi  me  découvrir?  volt.  Mérope,  m,  2. 
—  syn.  découvrir,  trouver.  On  dira  également  : 
Newton  découvrit  ou  trouva  la  loi  de  la  gravitation 
universelle.  Mais  il  y  a  cette  différence  indiquée  par 
l'étymologie,  que  découvrir  signifie  ôter  ce  qui  cou- 
vrait; par  conséquent  il  implique  toujours  qu'il  a 
fallu  faire  un  effort.  Trouver  n'implique  rien  de  pa- 
reil; il  n'indique  aucun  effort,  aucune  recherche; 
car  on  trouve  souvent  sans  chercher.  Dire  de  New- 
ton qu'il  trouva  cette  loi,  c'est  énoncer  seulement 
le  fait  que  la  première  connaissance  lui  en  est  due; 
dire  qu'il  la  découvrit,  c'est  faire  allusion  aux  ef- 
forts intellectuels  qu'elle  lui  a  coûté.  Ce  fut,  dit-on, 
en  faisant  des  expériences  d'alchimie  qu'on  trouv» 
la  poudre  à  canon  ;  ce  fut  en  poursuivant  ses  recher- 
ches que  Lavoisier  découvrit  la  composition  de  l'eau . 


DEC 

■—  HIST.  XII*  S.  Lors  Tut  m'amours  descouvorte  et 
nonstrée,  Cnuci,  vi.  Je  ne  lui  os  [osej  mon  penser 
descouvrir,  «!).  xix.  La  mère  [de]  la  pucele  [il]  treuve 
À  cui  son  courage  [il]  descuevre,  Romancero,  p.  60. 
Pur  ço  que  non  dignement  veOd  ourent  l'arche  en 
descuvert.  Rois,  23.  Hai  I  come  as  ested  hui  glorius, 
qui  tei  descuveris  e  esnuas  des  vestemens  reals  de- 
vant les  anceles  de  tes  serfs,  si  come  ço  fust  uns  sail- 
leur  [danseur],  t'b.  (42.  Descuevre  al  seignur  la  tue 
veie,  et  espeire  en  lui,  Liberpsalm.  p.  40.  Il  un  pe- 
tit baissa  sa  main,  Xdescovert  desoz  l'escu  L'a  de  la 
destre  part  féru,  Grégoire  le  Grand,  p.  82.  ||  xni'  s. 
Si  la  sacha  [elle  tira  la  couverture]  que  toute  la  serve 
[elle]  descouvri,  Bcrte,  lxxxix.  Et  que  leur  fausseté 
[trahison]  est  toute  descouverte,  t'ft.xciv.  Diex  m'en 
doint  tel  vengeance,  qu'encor  [cela]  soit  descouvert, 
ib.  XXXIV.  Si  mist  un  quariel  en  coclie  et  traïst  au 
roi,  et  le  feri  à  descouviert  au  tournant  do  la  drete 
espaule.  et  le  navra  durement,  Chron.  de  Itains,  79. 
Kiconques  le  [sa  maison]  feroit  autrement  covrir,  il 
seroit  à  dix  livres  [d'amende],  et  si  11  couvenroit 
descovrir,  tailliar.  Recueil,  p.  225.  X  covert  ne  à 
descovert,  ./lis.  de  Jér.  i,  <92.  Sens  est  perdus  ki  est 
couvers;  Cis  k'est  moustrés  et  descouvers  Puet  en 
aucun  liu  semenchier.  Lai  d'Ignaurès.  Puis  li  por- 
rés  tôt  descovrir  Le  mal  qui  si  vous  fait  languir, 
FI.  et  Bl.  2185.  Lors  s'acropi  devant  la  porte ,  Et  vit 
le  guichet  aovert  Et  le  pertuis  à  descovert,  Ben.  652. 
Or  te  lo  [je  conseille],  et  veil  que  tu  quieres  Ung 
compaignon  sage  et  celant,  X  qui  tu  dies  ton  talent. 
Et  desqueuvres  tout  ton  courage,  la  Rose,  2701.  Je 
voi  que  qui  cheval  acheté,  N'iert  jà  si  fox  que  riens 
i  mete.  Comment  que  l'en  l'ait  bien  couvert.  Se  tout 
nel  voit  h  descouvert,  ib.  8710.  Et  s'il  avient  que 
le  [la]  meson  voille  soudainement  cheoir,  ou  ele  se 
desquevre  si  que  il  pluet  dedens....  beaum.  xxxviii  ,  20. 
I!  XIV*  s.  Et  m'esperance  est  morte  sans  retour, 
Quant  souvenirs  me  monstre  à  descouvert  Qu'en  lieu 
de  bleu,  dame,  vous  vestez  vert,  maciiault,  p.  66. 
|]  XV*  s.  Le  dit  messire  GefTroyde  Chargny  s'en  des- 
couvrit bien  secrètement  à  aucuns  chevaliers  de  Pi- 
cardie qui  tous  furent  de  son  accord,  froiss.i,  i,  326. 
Sa  maison  descouvroit  sur  plusieurs  rues,  louis  xi, 
Nouv.  1.  Il  XVI"  s.  Et  cestui-là,  qui  sa  teste  descoeu- 
vre,  En  plaiderie  a  fait  un  grand  chef-d'œuvre,  ma- 
ROT,  i,-249.  Descouvrir  [montrer]  l'injustice  d'une 
condemnation,  mont,  i,  <9.  Descouvrir  un  secret 
[qui  a  été  confié],  id.  i,  3o.  Et  l'a  [ma  pensée]  l'es- 
trangier  descouverte  parfois  avant  moy,  id.  i,  42. 
L'effect  en  descouvrit  la  fourbe,  id.  i,  toc.  En  ces 
nouvelles  terres  descouvertes  en  notre  aage,  id.  i, 
229.  La  plus  délicate  partie  de  nous  [le  visage]  est 
celle  qui  se  tient  tousjours  descouverte,  id.  i,  269. 
Nous  nous  tenons  descouverts  [nu-tête]  bien  loing 
autour  d'eux,  id.  i,  338.  Ayant  descouvert  qu'il 
avoit  e.sventé  son  secret,  id.  ii,  36.  Les  uns  descou- 
vrent le  pays,  les  autres  chevalent  les  voyageurs, 
LA  BOKTiE,  64.  Qu'on  descouvre  toutes  les  anciennes 
histoires,  qu'on  regarde  toutes  celles  de  nostre  sou- 
venance, ID.  68.  Elle  monta  mille  fois  les  degrés 
D'une'  grand  tour  qui  descouvroit  la  plaine,  id.  486. 
Que  trente  chevaux  légers,  de  part  et  d'autre,  six 
heures  devant  que  s'aboucher,  descouvriroyent  la 
campagne  laquelle  est  en  cest  endroit  raze  comme 
la  mer,  langue,  667.  Sa  Majesté  le  tenoit  en  répu- 
tation d'yvroignerie ,  comme,  à  la  vérité,  il  en 
est  fort  descouvert  [convaincu],  carl.  viii,  2;J.  11 
commencea  à  s'en  descouvrir[deson  dessein]  à  quel- 
ques-uns des  principaux  de  la  ville,  amyot,  Lyc.  8 
Valerius  habitoit  en  une  maison  bastie  au  pendant 
du  mont  Velia,  et  descouvroit,  pour  estre  en  as- 
siette haulte,  toute  la  place,  m.  Publ.  18.  Et  que 
cela  fust  son  desseing,  il  fut  descouvert  et  avéré 
bien  tost  après,  id.  Timol.  2.  Cela  fut  une  descou- 
verture de  malignité  cachée,  qui  vint  à  se  descou- 
vrir quand  elle  eut  moyen  et  licence  de  le  faire,  id. 
Sijlla,  64. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  couvrir;  bourguig.  de- 
couBar,  découvert;  wallon ,  dt/tourt ,  découvrir;  pro- 
venç.  descobrir,  descubrir;  espagn.  descubrir;  ital. 
scoprire. 

t  DÉCRAMPILLER  (dé-kran-pi-llé,  «mouaiées), 
V.  a.  Démêler  la  soie  après  qu'elle  a  été  teinte. 

tDÉCRAMPONNER(de-kran-po-né),D.a.  ||  l°Faire 
que  deux  objets  ne  soient  plus  cramponnés.  Ses  pi- 
rouettements  [d'un  insecte]  n'ont  pas  proprement 
un  but;  ils  ne  tendent  pas  à  décramponner  la  dé- 
pouille; mais  ils  décramponnent  la  dépouille,  parce 
que  la  chrysalide  se  heurte  en  pirouettant  ;  et 
elle  pirouette  ,  parce  que  la  pyramide  la  blesse 
ou  l'irrite,  bonnet,  Insectes,  Observ.  )3«.  ||  Fig. 
Faire  lâcher  prise  à  quelqu'un  qui  s'est  cramponné. 
!|  2°  Se  décramponner,  t'.  rèfl.  Cesser  de  se  crampon- 


DÉC 

ner.  Destin  était  au  milieu  de  sept  personnes  en  che- 
mise, qui  se  décramponnèrent  d'elles-mêmes  aussitôt 
que  la  lumii're  parut,  scabron.  Boni.  com.  i,  12. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  deux  navires  apporteront  en 
mesme  temps  leur  voilée,  les  crampons  et  telle  es- 
coupeterie  qu'il  leur  fallut  quitter  le  tiUac...  Cha- 
cun fut  bien  aise  de  .se  descramponner  et  de  pren- 
dre sa  route,  d'aub. //ts(.  11,  179. 

—  ÉTYM.   Dé....  préfixe,  et  crampon. 
DÉCRASSÉ,  ÊE  (dé-kra-sé,  sée),  part.  pa.isé.  Dont 

on  a  ôté  la  crasse.  Une  tête  décrassée.  Une  arme  à 
feu  décrassée.  Et  quoiqu'il  [un  homme  dans  les 
champs  Élysées]  ait  son  corps  laissé,  Il  n'est  pour- 
tant pas  décrassé  De  cette  crasse....  scarbon,  Yirg. 
Irav.  VI.  Il  Fig.  Qui  est  tiré  de  la  roture  ou  de  l'igno- 
rance du  monde.  Un  vilain  décrassé. 

tDÉCRASSEMENT(dé-kra-.se-man),s.m.  I|  1°  Ac- 
tion de  décrasser.  Le  décrassement  d'un  fusil. 
Il  2°  Fig.  Ce  qui  relève  ,  et  particulièrement  ce  qui 
fait  passer  de  la  roture  à  la  noblesse.  Dreux  n'avait 
garde  de  n'être  pas  pour  le  parlement,  où  la  charge 
de  son  père  était,  avant  la  sienne  ,  le  premier  dé- 
crassement de  sa  bassesse,  ST-SIM.  427,   <72. 

—  ÉTYM.  Décrasser. 

DÉCRASSER  (dé-kra-sé),  v.  a.  \\  1°  ôter  la  crasse. 
Décrasser  la  tête,  les  mains  d'un  enfant.  Ce  monde, 
fortmauvai.se  machine  qui  a  besoin  d'être  décrassée, 
VOLT.  Newton,  i,  6.  ||  Décrasser  du  linge,  en  ôter  la 
partie  la  plus  sale  avec  une  première  eau.  ||  Res- 
taurer un  tableau.  Il  2°  Fig.  Donner  à  quelqu'un  une 
certaine  instruction  dont  il  ne  peut  manquer  sans 
honte.  On  le  mit  quelque  temps  au  collège  pour  le 
décrasser.  ||  Former  aux  habitudes  du  monde.  Il  faut 
bien  un  peu  décrasser  un  pédant.  ||  Revêtir  d'une 
charge,  d'un  titre  une  personne  de  basse  condition. 
César  Alexandre  Patin  est  un  financier  fort  bon  à 
décrasser,  madame,  dancourt.  Été  des  coquettes, 
se.  3.  Saint-Laurent  fit  prendre  le  petit  collet  à  Du- 
bois pour  le  décrasser,  .st-sim.  2,  42.  Il  est  généa- 
logiste :  ces  nouveaux  riches  auront  besoin  de  lui 
pour  décrasser  leurs  ancêtres,  montesquieo,  lett. 
persanes,  132.  u  M.  Marmontel,  me  dit-il,  le  roi  me 
décrasse;  »  je  répondis,  comme  je  le  pensais,  que 
sa  noblesse  ï  lui  était  dans  l'âme,  et  valait  bien  celle 
du  sang,  marmont.  3[e'm.  liv.  v.  J'avais  cru  qu'en 
épousant  une  fille  de  condition  comme  il  a  fait,  cela 
le  décra.sserait;  mais  point  du  tout,  d'allainval, 
Éc.  des  bourg,  i,  2.  Il  n'est  vilain  qui,  pour  se  faire 
un  peu  décras.ser,  n'aille  du  roi  à  l'usurpateur  et 
de  l'usurpateur  au  roi,  p.  l.  cour,  i,  ti8.  ||  3°  Se 
décrasser,  v.  réfl.  Ôter  la  crasse  dont  on  est  couvert. 
Il  passa  le  reste  de  la  journée  à  se  décrasser,  ha- 
milt.  Gramm.  9.  ||  Fig.  Se  former,  se  faire  aux  ma- 
nières du  monde.  11  commence  à  se  décrasser  un  peu. 
N'allez-vous  pas  dans  le  temple  du  goût  vous  dé- 
crasser? VOLT.  Goût.  Nous  étions  de  grands  igno- 
rants et  de  misérables  barbares  quand  les  Arabes  se 
décrassaient,  id.  Lett.  Paulet,  21  avril  1768.  Bien- 
tôt, changeant  de  mœurs  et  de  langage.  Je  me  dé- 
crasse; et  m'étant  dérobé  X  cette  fange  où  j'étais  em- 
bourbé. Je  prends  mon  vol....  id.  Pauvre  diable. 
Il  Sortir  de  la  roture. 

—  IIIST.  XIV"  s.  Mais  d'entreprendre  à  refondre 
une  si  grande  masse  [la  France]  et  à  changer  les 
fondements  d'un  si  grand  bastiment,  c'est  à  faire  à 
ceulxqui  pour  décrasser  effacent,  qui  veulent  amen- 
der les  defaults  particuliers  par  une  confusion  uni- 
verselle et  guarir  les  maladies  par  la  mort,  mont. 
IV,  82. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  crasse. 

t  DÉCRAVATER  (dé-kra-va-té) ,  t'.  o.  Ôter  la  cra- 
vate. Il  Se  décravater,  v.  réft.ùlersn  cravate.  Décra- 
vatez-vous,  vous  étouffez. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cravate. 
DÉCRÉDITÊ,ÉE  (dé-kré-di-té,  tée),  part,  passé. 

Qui  a  perdu  le  crédit.  Un  homme  décrédité.  Une 
opinion  décréditée.  Et  que  par  tes  présents  mon  vers 
décrédité  N'ait  moins  de  poids  pour  toi  dans  la  pos- 
térité, BOIL.  Éplt.  VIII. 

DÉCRÉDITEMENT  (dé-kré-di-te-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  décréditer;  élat  de  ce  qui  est  décrédité.  La 
manière  dont  on  se  récrie  sur  quelques-uns  qui  se 
distinguent  par  la  bonne  foi,  le  désintéressement 
et  la  probité,  n'est  pas  tant  leur  éloge  que  le  décré- 
ditement  du  genre  humain,  la  bruy.  xii. 

—  SYN.  DÉCRÉDITEMENT,  DISCRÉDIT.  Le  décrédito- 
ment  exprime  l'action  de  décréditer;  le  discrédit 
exprime  l'état  d'une  personne,  d'une  chose  discré- 
ditée. Mais,  quand.décréditement  signifie  le  résultat 
de  l'action,  il  se  confond  avec  discrédit. 

—  ÉTYM.  Décréditer. 

DÉCRÉDITER  (dé-kré-di-té),  v.  a.\\  i'  Faire  per- 
dre le  rrédit.  La  mauvaise  foi  décrédite  un  négo- 


DEC 


997 


ciant.  Il  y  a  des  personnes  fort  habiles  qui  craignent 
que,  si  on  imposait  la  dlme  sur  les  renies  de  l'hôtel 
de  ville,  cela  pourrait  les  décréditer  et  leur  faire  du 
tort,  VAUDAN,  Dtme,  p.  79.  ||  2°  Fig.  Faire  perdra 
l'autorité,  la  considération.  11  vaut  mieux  décrédi- 
ter le  vice  par  le  mépris,  balz.  liv.  vi,  lett.  5.  On 
prétend  décréditer  la  réfiexion  en  l'exprimant  par 
ces  odieuses  paroles  ...  boss.  Or.  5.  Ni  que  Kra-Paolo 
qu'il  [M.  Burnet]  a  imité  acquière  le  droit  de  faire 
croire  tout  ce  qu'il  voudra  de  notre  religion,  à  cause 
que,  sous  un  froc,  il  cachait  un  cœur  calviniste, 
et  qu'il  travaillait  sourdement  à  décréditer  la  messe 
qu'il  disait  tous  les  jours,  id.  Yar.yu,  §1io.  Mille 
fautes  qui  la  décréditent  dans  une  maison  dont  elle 
croyait  devoir  être  l'oracle  et  ladireclrice ,  bourd.  Pen- 
sées, t.  Il,  p.  46.1.  Non  pour  décrédiler  la  piété,  à 
Dieu  ne  plaise;  mais  pour  condamner  hautement  les 
abus  qui  s'y  peuvent  glisser,  id.  5'  dim.  après  la 
Pentec.  Dominic.  t.  11,  p.  462.  Je  soupçonne  que 
des  gens  qui  avaient  un  autre  système  à  débiteront 
voulu  décréditer  les  œufs  [le  système  de  la  généra- 
tion par  des  œufs],  volt.  T//.  aux  40  écxis.  Mariage. 
En  me  protestant  que,  si  je  faisais  le  moindre  bruit, 
il  me  décréditerait  à  jamais,  Marivaux,  Paijsan 
parv.  6"  part.  t.  m,  p.i23,  danspouoENS.  Il  est  vrai 
que  presque  tousles  officiers  de  cette  armée  en  ontétô 
longtemps  persuadés  [que  La  FouiUade,  assiégeant 
Turin,  avait  promis  à  la  duchesse  de  Bourgogne 
de  respecter  la  capitale  du  duc  de  Savoie,  son  père]; 
mais  c'était  un  de  ces  bruits  populaires  qui  déoré- 
ditent  le  jugement  des  nouvellistes  et  qui  déshono- 
rent les  histoires,  volt.  Louis  JfK,  20.  Il  Absolu- 
ment. L'inconsistance  décrédite,  il  3°  Se  décréditer, 
V.  réfl.  Perdre  le  crédit,  la  considération.  Il  s'est  dé- 
crédité par  sa  mauvaise  conduite.  Cette  maison  de 
commerce  se  déorédite  de  jour  en  jour. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  quelles  [propositions]  le  de- 
croditerent  terriblement  auprès  de  ceux  de  la  reli^ 
gion,  d'aub.  dans  le  l)ict.  de  dociiez. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  crédit. 
DÉCRÉPIT,  ITE  (dé-kré-pi,  pi-t'),   adj.  Qui  est 

dans  la  décrépitude.  Vieillard  décrépit.  Vieillesse 
décrépite.  Un  lion  décrépit,  goutteux, n'en  pouvant 
plus,  Voulait  que  l'on  trouvlt  remède  à  la  vieillesse, 
LA  FONT.  Fabl.  VIII,  3.  Les  enfants  [peu  après  le 
déluge] ,  indociles  ou  mal  appris,  n'en  voulaient  plus 
croire  leurs  grands-pères  décrépits,  qu'ils  ne  con- 
naissaient qu'à  peine  après  tant  de  générations ,  boss. 
IHst.  II,  2.  Voyez-vous  pas  de  tous  côtés  De  très- 
décrépites  beautés?  volt.  i?p.  xxxi.  Il  Âge  décrépit, 
âge  de  la  décrépitude.  11  faut  convenir  que  la  plu- 
part de  ceux  mômes  [des  vers]  qu'il  fit  dans  un 
âge  décrépit,  devaient  le  faire  trouver  jeune  dans 
sa  façon  de  penser,  olivet,  Uist.  Acad.  t.  11,  p.  142, 
dans  pouGENS.  ||  Substantivement.  Un  décrépit.  Une 
décrépile.  L'objet  de  la  terre  le  plus  hideux  est  une 
décrépite,  volt.  Dict.  phil.  Homme. 

—  HIST.  XV"  S.  Les  gens  d'armes  mouroient  de  fain, 
Etestoitchascun  descrepy.  Car  ilz  ne  mengoientque 
le  grain  De  blé  qui  croissoit  en  l'espy,  martial  de 
PARIS,  Vig.  de  Ch.  VII,  1. 1,  p.  )04,  dans  lacurne. 
Il  XVI"  s.  Joinct  qu'il  n'est  homme  si  décrépite,  qui 
ne  pense....  mont.  1,  73.  César,  regardant  .son  main- 
tien décrépite,  respondit....  i,  82.  Des  vieillards  de- 
crepitez  qui  de  longtemps  ne  quiltoient  plus  le  lict, 
d'aub.  Hist.  I,  146.  Quanta  l'aage  caduque  et  decre- 
pitée,  qui  dure  jusques  à  80  ans....  paré,  Introd.  5. 

—  ÉTYM.  Provenç.  décrépit;  espagn.  et  ital.  de- 
crepito;  du  latin  decrepitus,  sur  l'origine  duquel  les 
étymologistes  latins  n'ont  que  des  conjectures  sans 
fondement. 

DÉCRÉPITATION  (dé-kré-pi-ta-sion),  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Pétillement  que  font  entendre  quelques 
sels  quand  on  les  jette  dans  le  feu. 

—  ÉTYM.  Décrépiter. 

DÉCRÉPITE,  ÉE  (dé-kré-pi-té,  tée),  part,  passé. 
Qui  a  pelillé  au  feu.  Du  sel  décrépité. 

DÉCRÉPITER  (dé-kré-pi-té),  v.  n.  Pétiller  par 
suite  de  l'action  du  feu. 

—  ÉTYM.  Mot  formé  par  les  modernes  de  de,  et 
crepitare,  faire  du  bruit  (voy.  crépitation). 

DÉCRÉPITUDE  (  dé-kré-pi-tu-d' )  ,  s. /•.  Dernier 
terme  de  la  vieillesse,  période  de  la  vie  humaine 
qui,  dans  la  classification  physiologique  des  âges, 
commence  vers  quatre-vingts  ans  et  qui,  commen- 
çant un  peu  plus  tôt  ou  un  peu  plus  taril,  se  carac- 
térise par  une  altération  profonde  de  la  forme  hu- 
maine. Mes  sentiments  pour  vous  ne  se  ressentent 
point  de  ma  décrépitude,  volt.  Lett.  Chabanon,  s 
janv.  1 776.  La  caducité  commence  à  l'âge  de  soixante 
et  dix  ans;  elle  va  toujours  en  augmentant,  la  dé- 
crépitude suit,  BUFF.  De  la  vieillesse  et  de  la  mort. 
Parmi   ces  êtres  éphémères   se   doivent   voir  dus 


998 


DEC 


jeunesses  d'un  matin  et  des  décrépitudes  d'un  jour, 
BERN.  DE  sT-p.  <"  Étude.  . 

HiST.  XV'  s.  De  ma  joesnece  jusques  à  la  vieil- 

I«f5e  et  k  la  decrepitcide  ne  me  vuoillcs  mie  faillir, 
Chasse  de  Gaston  Phehus,  ms.  p.  404,  dans  lacuhnk. 
Il  XVI*  s.  En  décrépitude  le  corps  est  fort  appesanti, 
PAHiî,  Introd.  6.  IJ  philosophie  a  des  discours  pour 
la  naissance  des  hommes  comme  pour  la  décrépi- 
tude, MONT.  I,  <80. 

—  SYN.  DÉCBÈPITUDE,  CADUCITÉ,    VIEILLESSE.    La 

vieillesse  n'indique  que  l'âge.  De  là  vient  qu'on  dit 
un  beau  vieillard.  Maynard  a  fait  une  très-lielle  élé- 
gie, intitulée  la  Belle  Vieille,  et  Scribe  a  fait  une 
comédie  intitulée  ta '.'ranfi'inére,  qui  roulent. «ur  l'a- 
iiiour  des  jeunes  (lens  pour  des  vieilles.  Caducité 
est  un  terme  général  qui  n'indique  que  la  déca- 
dence, l'abais-sement  des  facultés  ou  de  la  beauté 
au  moment  oii  ilsdevieiment  sensibles.  La  décrépi- 
tude en  est  le  terme;  c'est  ce  qui  justifie  "le  mot  de 
Voltaire  ci-dessus  à  la  lin  de  l'article  décrépit. 

—  ÊTYM.  Décrépit;  provenç.  decrepitut;  espagn. 
decrepilud. 

t  DECRESCENDO  (dé-kre-chin-do,  ce  qui  est  la 
prononciation  italienne;  mais  les  musiciens  disent 
communément  dé-krfc-ssin-do),  adv.  Terme  de  mu- 
sique. En  diminuant  l'intensité  des  sons.  ||  Substan- 
tivement. Un  decrescendo.  )|  Dans  le  langage  fami- 
lier, en  décroissant.  Sa  réputation  va  decrescendo. 

—  ÊTYM.  Ital.  decrescendo,  de  decrescere,  dé- 
croître (voy.  décroître). 

DÊCUET  (dé-krè  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  ïs  se  lie  :  des  dé-krè-z  insen- 
sés ;  décrets  rime  avec  procès,  traits,  jamais, 
paix,  etc.  Palsgrave,  p.  24,  remarque  que  le  É  se 
prononce  devant  une  voyelle),  s.  m.  ||  1°  Décision, 
par  laquelle  on  ordonne  ou  règle  quelque  chose.... 
Loin  de  murmurer  d'un  injuste  décret.  Mourant 
fans  déshonneur,  je  mourrai  sans  regret,  corn.  Cid, 
H,  ».  Il  est  par  un  décret  chassé  de  nos  remparts, 
YOLT.  Tancr.  i,  4.  ||  2"  Décision  du  chef  de  l'État, 
plus  spécialement  comme  chef  du  pouvoir  exécutif, 
surtout  lorsqu'il  porte  le  titre  d'empereur.  On  dit 
aussi  en  certains  pays,  l'Espagne  par  exemple,  un 
décret  royal.  Des  assemblées  rendent  également  des 
décrets,  ainsi  la  Convention,  la  Constituante  de 
(848.  Il  3°  Acte  de  l'autorité  ecclésiastique.  Les  dé- 
crets des  conciles.  Ce  pape  fit  un  décret  qui  sem- 
blait favoriser  les  hérétiques,  pasc.  l'rov.  <7. 
Il  Uecueil  d'anciens  canons  ,  de  constitutions  des 
papes  et  de  sentences  des  Pères  de  l'Eglise.  Les  com- 
taentateurs  du  Décret.  En  ce  sens  il  prend  un  grand 
D.  Il  Anciennement,  décision  rendue  par  les  théo- 
logiens de  la  Sorbonne.  Les  théologiens  ne  donnent 
des  décrets  ni  en  Angleterre  ni  en  Prusse;  aussi  les 
Anglais  et  les  Prussiens  nous  ont  bien  battus,  volt. 
Lclt.  llarmontel,  i"  janv.  1768.  ||  4°  Fig.  Les  dé- 
crets du  destin,  du  sort.  Il  s'était  soumis  aux  dé- 
crets (le  la  Providence,  iiamilt.  Gramm.  6.  Lorsque 
vous  dites:  j'ai  du  bien,  donc  je  ne  dois  point  tra- 
vailler, vous  raisonnez  aussi  mal  que  si  vous  disiez: 
donc  je  ne  dois  point  mourir;  car  l'obligation  du 
travail  et  la  nécessité  de  la  mort  tiennent  le  même 
rang  dans  les  divins  décrets,  bourdal.  Dim.  de  la 
septuagés.  Dominie.  t.  i,  p.  352.  Aussitôt  qu'une 
4me  est  séparée  de  son  corps,  elle  va  droit  au  lieu 
qui  lui  est  propre;  et  si,  étant  morte,  elle  ne  trou- 
vait ce  lieu  que  le  décret  de  la  justice  de  Dieu  a  pré- 
paré pour  elle,  elle  serait  dans  un  enfer  mille  fois 
plus  grand,  parce  qu'elle  se  verrait  hors  de  l'ordre 
et  de  la  disposition  de  Dieu,  Nicole,  Ess.  mor, 
8*  traité,  ch.  40.  ||  6°  Anciennement,  ordonnance 
portant  saisie  ou  prise  do  corps.  Ces  jours,  le  bien 
do  Jean  par  décret  fut  vendu,  Régnier,  Sat.  xii. 
Il  y  avait  contre  lui  un  décret  de  prise  de  corps , 
SÉV.  40).  Son  mari  dont  les  terres  sont  en  décret, 
ID.  435.  Une  triste  famille....  Voit  ses  biens  en  dé- 
cret sur  tous  les  murs  écrits,  iioiL.  Sat.  x.  Louis  XIII 
uvait  voulu  que  mon  père  achet&t  cette  terre  [la 
Ferlé-vidame]  depuis  longtemps  en  décret  [  sai- 
sie!, ST-siM.  <6,  4  77.  Je  le  déterminerai  avenir 
purger  son  décret  [  de  prise  de  corps  au  parlement 
de  Toulouse],  et  à  voir,  sans  mourir  de  peur,  la 
place  où  Calas  est  mort,  volt.  Lett.  Audra,  3  jan- 
vier 1769.  Il  l'erme  d'ancienne  jurisprudence.  Décret 
d'immeubles,  décret  volontaire  par  iei[uel  l'acqué- 
reur faisait  vendre  un  immeuble,  à  l'elfet  de  payer 
les  hypothèques.  Décret  forcé,  décret  par  lequel  les 
créanciers  faisaient  vendre  aux  enchères. 

—  SYN.  décret,  loi.  Ces  deux  mots  expriment 
une  décision  rendue  par  une  autorité  souveraine, 
mais  le  décret  qui,  suivant  son  étymologie,  est  une 
chose  décrétée,  a  conservé  un  sens  de  particularité 
qui  n'est  pas  dans  loi;  la  loi  statue  sur  une  matière 


DEC 

générale;  le  décret,  sur  des  choses  particulières. 
Dans  la  pratique,  on  a  plutôt  égard  à  l'autorité  dont 
l'acte  émane;  mais  la  qualification  dérive  originai- 
rement des  considérations  précédentes.  Dans  le  lan- 
gage général,  le  décret  suppose  une  autorité  per- 
sonnelle qui  exprime  précisément  sa  pensée.  On  dit 
les  lois  de  la  nature,  de  la  morale;  on  ne  dirait  pas 
les  décrets;  tandis  ()u'on  dit  les  décrets  de  Dieu, 
parce  que  Dieu  est  un  être  qui  veut  et  qui  ordonne. 

—  niST.  XII*  s.  L'arcevesque  respunt:  ja  ensi  ne 
sera;  Mais  sulunc  Deu  partut  à  dreit  les  mainten- 
(Ira,  E  sulunc  les  âecrez  bien  les  justisera,  Th.  le 
inart.  27.  E  quant  à  saint  iglise  e  à  Deu  s'umilie, 
N'i  ad  lei  no  decré  ne  rien  qui  l'entredie  [l'inter- 
dise], ib.  84.  Ennui  liu  ne  deit  estre  evesques 
ordenez,  Tant  n'i  aura  evesques  venuz  no  asem- 
lilez,  Senz  conseil del  primat;  ço  rove  [exige]  li  de- 
crez,  ib.  I27.  ||  xiti*  s.  Et  ce  est  manière  de  lei,  et 
est  tenu  ou  reiaume  de  Jérusalem  et  en  celui  de 
Chipre  miaux  [mieux]  que  leis  ne  decrés  ne  decre- 
talles,  Ass.  de  J.  i,  183.  ||  xiv*  s.  Si  comme  l'en 
pourroit  monstrer  par  plusieurs  auttorités  qui  sont 
es  decrès  ^t  ailleurs,  oeesme,  Eth.  463.  ||  xv*  s.  Sire 
chevalier,  dit  la  royne,  je  vous  reçois  à  mercy  parmy 
l'amende.  Dame,  dit  Norgal,  la  vostre  bonne  merci, 
et  je  feray  l'amende  à  vostre  décret,  Percc/'oresl, 
t.  V,  f°  73,  dans  lacurne.  |{  xvi*  s.  Un  décret  [vente 
judiciaire]  nettoie  toutes  les  hypothèques  et  droits, 
fors  les  censuels  et  feudaux,  loïsel,  oo4.  L'aucto- 
risation  et  décret  d'icelles  [coustumes]  avons  ré- 
servé au  roy  nostre  sire,  Couslumier  génér.  t.  ii, 

p.  420. 

—  ÉTYM.  Provenç.  décret;  espagn.  et  ital.  décréta; 
du  latin  dccretum,'A\x  participe  passé  decrefus,  ré- 
solu, de  decernere  (voy.  décerner). 

DÉCRÉTALE  (dé-kré-ta-l') ,  s.  {.  Lettre  et  consti- 
tution des  anciens  papes  en  réponse  à  des  consulta- 
lions  qui  leur  étaient  adressées.  Il  [Luther]  fit  brû- 
ler à  Wittemburg  les  décrélales,  Boss.  Yar.  4.  11  est 
fait  mention  de  la  publication  des  bans  dans  une 
décrétale  du  pape  Innocent  III,  chateaub.  Génie, 
I,  I,  10.  Il^u  plur.  Recueil  de  ces  lettres  et  consti- 
tutions. Il  Fausses  décrétales,  recueil  de  décrélales 
forgées  au  viii*  siècle  pour  favoriser  les  prétentions 
de  la  papauté  au  pouvoir  temporel. 

—  HIST.  XIII*  s.  L'en  dit  en  ceste  decretalle  que 
se  leau  [loyal]  consentement  de  mariage  vient  entre 
home  et  femme....  Liv.  de  just.  485.  ||  xiv  s.  Quar- 
tement  il  est  dit  en  une  decretale  qui  se  commence  : 
Si  sacerdos....  ohesme,  Eth.  4  «2. 

—  ÊTYM.  Lat.  dccretalis,  de  decretum,  décret; 
provenç.  et  espagn.  décrétai;  ital.  decretale. 

t  DÉCRÉTA  LISTE  (dé-kré-ta-li-sf),  s.  m.  Juris- 
consulte expert  dans  la  connaissance  des  décrétales  ; 
docteur  eu  droit  canon. 

—  HIST.  xv*  s.  Car  li  maistre  en  théologie,  Li 
juriste,  li  clerc  lettré.  Logicien,  decretalistre,  eust. 
DEScii.  Poésies  mss.  f°  626,  dans  lacurne.  |]  xvi*  s. 
Decretiste,  non,  non,  je  dis  ung  decretaliste ,  rab. 
t.  IV,  p.  229,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Décrétale;  provenç.  espagn.  et  ital.  de- 
cretalista. 

DÉCRÉTÉ,  ÉE  (dé-kré-té,  tée),  part,  passé.  Les 
mesures  décrétées  par  le  gouvernement.  ||  Accusé  et 
décrété  de  prise  de  corps. 

DÉCRÉTER  (dé-kré-té.  La  syllabe  cré  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette; 
l'Académie  ne  conjugue  pas  ce  verbe,  mais,  suivant 
son  habitude  qui  n'est  pas  analogique  ,  on  garde 
l'accent  aigu  au  futur  et  au  conditionnel  :  je  décré- 
terai, je  décréterais),  ».  a.  \\  1°  Ordonner  par  un 
décret.  Décréter  une  levée  en  masse.  ||  2°  Lancer  un 
décret  contre  quelqu'un.  Ils  ont  décrété  d'ajourne- 
ment personnel  M.  Rnblin,Boss.  Lettr.  quiét.68.  Ainsi 
en  décrétant  le  cardinal  de  Bouillon  et  en  donnant 
ordre  qu'on  le  mît  dans  les  prisons  de  la  concier- 
gerie.... VOLT.  iouisXtV,  33.  La  duchesse  de  Bouil- 
lon ne  fut  décrétée  que  d'ajournement  personnel, 
iD.  ib.  20.  Quand  on  décrète  un  homme  de  prise  de 
corps,  l'usage  est  de  saisir  ses  papiers,  de  mettre 
le  scellé  sur  ses  effets  ou  d'en  faire  l'inventaire, 
J.  J.  R0U3S.  Confess.  xi.  Ces  cours  décrétèrent  le 
nonce  lui-môme  d'ajournement  personnel  et  ensuite 
de  prise  de  corps,  anquét.  Ligue,  m,  p.  )78.  Si 
vous  songez,  messieurs,  quel  rang  occupait  la  litté- 
rature au  xviii*  siècle ,  combien  on  ménageait  Vol- 
taire, mémo  en  décrétant  ses  livres....  villemain, 
Lilt.  fr.  xvm' siècle,  s*  paru  2*  leçon.  {|  Absolument. 
Décréter  contre  quelqu'un.  On  pourrait  bien  punir 
ces  paroles  iiifftmes.  Ma  mie;  et  l'on  décrète  aussi 
contre  les  femmes,  mol.  Tort,  v,  4.  L'affaire  des 
deux  mille  écus  va  mal,  monsieur,  on  décrète, 
dancourt,  llourg.  à  la  mode,  u,  2.  Ij  Rendre  des 


DEC 

décrets.  Lui  seul  des  tribunaux  fait  pencher  la  ba- 
lance, Le  sénat  le  contemple  et  décrète  en  silence, 
M.  J.  CIIÊN.  Tibère,  l,  <■  ||  4"  Anciennement,  faire 
vendre  par  arrêt  de  justice.  Décréter  une  propriété, 
une  maison. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  se  feirent  décréter  par  les  voix 
du  peu|ile  les  provinces  de  la  Syrie  et  des  Hespa- 
gnes,  amyot,  Crass.  29. 

—  ÊTYM.  Décret. 

t  dF.CRÉTISTE  (dé-kré-ti-sf),  s.  m.  Synonyme 
de  décrétalisle.  {|  Terme  d'ancienne  pratique.  Celui 
qui  poursuit  la  vente  par  décret  d'un  bien  réelle- 
ment saisi. 

—  HlST.  XIII*  s.  Tout  plaideeur,  tout  discretislre. 
Tout  avocat  et  tout  legistre,  du  cange,  décréta. 
Hé!  arcien  [gens  qui  étudiez  les  quatre  arts],  De- 
cretiste, fisicien,  Et  vous  la  gent  Justinien,  ruteb. 
78.  Il  XVI*  s.  Maistres  es  arts  decretistes,  bab.  Pro- 
nostication,  ch.  5. 

—  ÊTYM.  Décret  (au  sens  ancien  de  droit  canon)  ; 
provenç.  et  espagn.  decretista. 

t  DÉCRP.TOIRE  (dé-kré-toi-r'),  adj.  Année  décré- 
toire,  nom  qu'on  donna  à  l'année  4  024,  dans  laquelle, 
d'après  le  traité  de  Westphalie,  l'établissement  re- 
ligieux, en  Allemagne,  fut  remis  sur  le  pied  où  il 
était  au  4"  janvier  de  cette  année.  ||  Terme  de  mé- 
decine, employé  anciennement  au  lieu  de  critique. 

—  ÊTYM.  Décret. 

t  DÉCREUSAGE  (dé-kreu-za-j'),  ».  m.  Voy.  DÉ- 

CRUSAGE. 

t  DÉCREUSEMENT  (dé-kreu-ze-man),  s.  m.  Voy. 

DÉCKUSEMENT. 

t  DÉCREUSER  (dé-kreu-zé) ,  v.  a.  Voy.  décrcskr. 

DÉCRI  (dé-kri),  s.  m.  ||  1°  Action  décrier  en 
rabaissant,  perte  de  réputation,  d'estime.  Dans  ce 
grand  décri  de  l'idolâtrie,  que  commençaient  à 
causer  dans  toute  l'Asie  les  prédications  de  saint 
Paul,  bOss.  Hist.  univ.  Il,  12.  Le  décri  où  tombe 
un  homme  dont  j'avais  cru  faire  le  meilleur  de  mes 
amis,  ID.  Lett.  quiét.  104.  Être  de  leurs  adhérents, 
c'est  le  souverain  mérite;  n'en  être  pas,  c'est  le 
souverain  décri,  bourd.  Uomél.  sur  l'aveugle-nd, 
Domin.  t.  iv,  p.  483.  Ceux-là  qui  brillent  dans  une 
haute  réputation  et  ceux-ci  qui  tombent  dans  le  décri 
et  la  confusion,  id.  Pensées,  t.  u,  p.  493.  Ils  semblent 
leur  vouloir  imputer  le  décri  universel  où  tombe 
nécessairement  tout  ce  qu'ils  exposent  au  grand  jour 
de  l'impression,  la  bruï.  Préface  de  son  dise,  à 
VAcad.  Quel  décri  et  quel  avilissement  pour  le 
prince  dans  l'opinion  des  cours  étrangères!  mass. 
Petit  car.  Exemples  des  Grands.  Savez-vous  où  le 
Seigneur  trouve  sa  gloire?  Vous  croyez  que  c'est.... 
dans  la  confusion  et  dans  le  décri  d'un  ennemi  de 
la  vertu,  id.  Myst.  Purifie.  2.  Les  soupçons  d'infi- 
délité dans  le  lien  sacré  du  mariage,  ne  sont  plus 
un  décri  formel  et  une  flétrissure  essentielle,  ID. 
Car.  ilédis.  X  présent  que  ces  sortes  d'accusations 
sont  tombées  dans  le  décri,  on  a  pris  un  autre 
tour,  montesq.  Lett.  pers.  145.  C'est  moins  à  leurs 
vexations  qu'à  l'insolence  de  quelques-un.ï  d'entre 
eux  que  les  financiers  doivent  rapporter  le  décri  où 
ils  sontencore,  duclos.  Considérations  surles  mœurs, 
ch.  IX.  Il  2°  Proclamation  concernant  la  suppres- 
sion ou  la  réduction  d'une  monnaie.  Il  y  a  des 
âmes....  uniquement  occupées  de  leurs  débiteurs, 
toujours  inquiètes  sur  le  rabais  ou  sur  le  décri  des 
monnaies,  la  bruy.  vi.  On  croit  tous  les  jours  ici 
être  à  ia  veille  d'un  décri  [de  monnaie]  ,  et  cela 
cause  le  plus  grand  désordre  du  monde,  les  mar- 
chands ne  voulant  presque  rien  vendre  ou  vendant 
extrêmement  cher,  bac  Lett.  àsonfils,  26.  ||8*  Au- 
trefois ordonnance  faite  pour  défendre  de  fabri- 
quer, vendre  ou  porter  certaines  étoffes.  Ahl  que 
je  sais  au  roi  bon  gré  de  ces  décris  I  itoL.  Éc.  det 
mar.  ii,  9. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  sire  de  Clisson,  qui  estoit  alors 
le  plus  especial  de  son  conseil  et  le  mieux  cru  de 
tous,  y  mettoit  grand  descry  [opposition],  froiss. 
liv.  I,  p.  400,  dans  lacurne.  Ce  fut  honte  et  descry 
au  roy  de  Castille,  comm.  viii,  46.  ||  xvi*  s.  Que 
cette  desloyauté,quoyqu'elle  eust  quelque  apparence 
d'utilité  présente,  luy  apporteroit  pour  l'advenir  un 
descri  et  une  desfiance  d'infini  préjudice,  mont,  m, 
53.  Ce  qui  n'est  pas  au  deshonneur  ny  descry  de  la 
science,  comme  l'on  pourroit  penser,  mais  plustot  à 
son  honneur,  charron,  Sagesse,  Préf.  de  lai'vdit. 

—  ÊTYM.  Voy.  décrier.  On  a  dit  aussi  descrie- 
mcnt  au  xvi*  siècle  ;  Parce  que  c'est  un  descriement 
et  rabaissement  de  mon  honneur,  je  mis  en  pièces 
entièrement  le  total  de  ladite  fournée,  paussy,  sis. 

DÉCRIÉ,  ÉE  (dé-kri-é.  ée),  part,  passé.  ||  1°  Con- 
duite décriée.  Notre  marchandise  est  décriée  il  y  a 
longtemps,  ualz.  liv.  vi,  lett.  3.  A  la  ville  M.  du 


DEC 

Cambrai  esl  souverainement  décrié ,  Boss.  Lett. 
<juiél.  2(13.  Des  auteurs  décriés  il  prend  en  main  la 
cause ,  BOIL.  /;p.  ix.  Tu  as  été  beau ,  mais  décrié  pour 
avoir  fait  de  honteux  usages  de  ta  beauté,  fén.  Dial. 
des  morts  aiie.  Sacrale,  Alcibiade.  Un  orateur  dé- 
criédansl'esiiritdesjugesou  même  suspect  esl  un  fA- 
cheux  préjugé  pour  la  cause,  rollin.  Traité  des 
El.  IV,  (.  Des  hommes  décriés,  sans  talent,  sans 
honneur,  gresset,  Héchant,  v,  *.  Ce  nouveau  ré- 
dacteur fit  si  mal  sa  besogne,  que  le  Mercure,  dé- 
crié, tombait  et  n'allait  plus  être  en  état  de  payer 
les  pensions  dont  il  était  chargé,  marmont.  Mé- 
moires, VI.  Il  2°  Monnaie  décriée. 

DÉCRIKR  (dé-kri-é),  je  décriais,  nous  décriions, 
vous  décriiez;  que  je  décrie,  que  nous  décriions, 
que  vous  décriiez,  v.  a.  ||  1°  Raliaisser  en  criant, 
ôler  par  des  paroles  l'estime,  la  considération  des 
personnes,  le  crédit  des  choses.  Décriez  devant  moi 
le  joiigdenotre  empire.  J'y  consens,  etdirai  qu'il  est 
encore  pire,  mair.  Sop/ion.  v,  2.  Exposer  l'erreur  à 
la  vue  de  tous  lus  peuples,  dans  l'esprit  desquels  on 
veut  déirier  M.  Arnauld,  pasc.  Prov.  m.  J'avais 
songé  en  moi-même  que  c'aurait  été  une  bonne  affaire 
de|iouvoir  introduire  ici  un  médecin  à  notre  poste, 
pour  le  dégoûter  de  son  monsieur  Purgon  et  lui 
décrier  sa  conduite,  mol.  Mal.  imag.  m,  <.  Balzac 
et  messieurs  de  Port-Royal  ont  fait  ce  qu'ils  ont  pu 
pour  décrier  Montaigne,  à  quoi  ils  n'ont  pas  réussi; 
Montaigne  sera  toujours  agréable  et  toujours  lu, 
SF.GjiK\s,  Mémoires,  t.  n  ,  p.  I06.  Nous  sommes  ravis 
de  son  absence,  afin  qu'il  ne  g9te  point  ses  affaires 
en  décriant  lui-même  sa  marchandise,  sÉv.  405. 
Mais,  je  lui  demande,  pourquoi  décrier  sa  pauvre 
tête,  qui  avait  si  bien  fait  dans  les  commencements? 
!D.  384.  Toujours  prêt  dans  la  concurrence  à  trahir 
l'un,  à  supplanter  l'autre,  à  décrier  celui-ci,  à  perdre 
celui-là,  BOUHD.  Myst.  Épiph.  t.  i,  p.  <33.  Quelque 
soin  que  j'aie  pris  pour  travailler  cette  tragédie,  il 
semble  qu'autant  que  je  me  suis  efforcé  de  la  rendre 
bonne,  autant  de  certaines  gens  se  sont  efforcés  de 
la  décrier,  bac.  Brit.  i"préface.  On  dit  que  voilà 
comme  il  faudrait  vivre  dans  le  monde,  et  non  pas 
comme  tels  et  telles  à  qui  la  dévotion  a  gftté  l'esprit 
et  qui  décrient  la  véritable  piété  par  des  façons  sau- 
vages et  des  singularités  indiscrètes,  mass.  Car. 
Hativ.  riche.  Votre  ennemi  vous  a  décrié  en  secret, 
lu.  i6.  Pardon.  Pensez-vous  affaiblir  ma  gloire  et 
ma  puissance  En  décriant  mes  soins,  mon  état,  ma 
naissance?  voi,t.  Catil.  i,  B.  Un  pauvre  particulier 
doit  se  défendre,  il  doit  décrier  au  moins  le  témoi- 
gnage de  son  ennemi,  ID.  Lett.  Damilaviile,  a 
août  1767.  11  m'ôtait  même,  autant  qu'il  était  en 
lui,  la  ressource  du  métier  que  je  m'étais  choisi, 
en  medécriant  comme  un  mauvaiscopisle,j.  j.bouss. 
Conf.  IX.  Il  Causer  le  décri,  en  parlant  des  choses. 
Il  faut  confesser  que  toutes  ces  contestations  [entre 
médecins]  nous  ont  décriés  depuis  peu  d'étrange 
manière,  mol.  l'Am.  méd.  m,  <.  Ne  m'avouerez-vous 
pas  que  ce  serait  assez  d'un  de  ces  noms  pour  dé- 
crier le  plus  beau  roman  du  monde?  id.  les  Préc. 
6.  Une  conduite  opposée  décria  entièrement  Tissa- 
pherne  dans  leur  esprit,  rollin,  Ilist.  anc.  Cf.uvres, 
t.  IV,  p.  245.  Il  2"  Supprimer  ou  réduire  une  mon- 
naie. On  a  décrié  les  pièces  de  troiset  de  six  livres. 
Il  [Lycurgue]  décria  toutes  les  monnaies  d'or  et  d'ar- 
gent, et  ordonna  qu'on  ne  se  servirait  que  de  mon- 
naies de  fer,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  ii ,  p.  B 1 8 , 
dans  pouGENS.  ||  Être  décrié  comme  de  la  vieille 
monnaie,  n'avoir  ni  crédit  ni  estime  dans  le  monde. 
Surtout  changeons  de  nom  et  de  quartier;  nous 
sommes  décriés  dans  celui-ci  comme  la  fausse  mon- 
naie, baron.  Homme  abonnes  fort,  v,  9.  ||  3°  An- 
ciennement, défendre  la  vente,  le  cours,  l'usage  de 
quelque  chose.  Il  4°  Se  décrier,  v.  réfl.  S'attirer  le 
décri.  Il  s'est  décrié  lui-même.  Il  s'était  décrié  par- 
tout où  il  avait  voulu  s'établir,  flécii.  Uist.  de 
Théodose,  ii,  ^^.  ||  Se  décrier,  attirer  l'un  sur  l'autre 
le  décri.  Us  se  sont  longtemps  décriés. 

—  SYN.  DÉCRIER,  DÉCRÉDiTER.  Décrier,  c'est  don- 
ner un  mauvais  cri,  une  mauvaise  réputation;  dé- 
créditer, c'est  ôter  le  crédit.  On  décrie  une  femme 
en  di.sant  d'elle  des  choses  qui  font  penser  que  sa 
conduite  n'est  pas  régulière;  on  décrédite  un  mar- 
chand en  disant  que  ses  affaires  sont  embarrassées. 
On  décrie  les  gens  pour  les  décréditer;  le  discrédit 
est  le  résultat  du  décri. 

—  HIST.  xv  s.  X  ceste  heure  d'alors  estoit  le  nom 
de  Bourgogne  tellement  descrié....  g.  chastellain, 
dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Se  descrier  envers  les  gents 
d'entendement  [par  ses  sottises],  mont,  i,  \f>l.  Ces 
introductions  nouvelles  et  vicieuses  se  verront  in- 
continent esvanouies  et  descriées,  m.  i  338.  Il 
descria  toute  sorte  de  monnoie  dur  et  d'argent,  et 


DEC 

ordonna  que  l'on  useroit  de  monnoye  de  fer  seule- 
ment, AMYOT,  Lyc.  13. 

—  ÊTY51.  Dé....  préfixe,  et  crier,  c'est-à-dire  ra- 
baisser en  criant. 

DÉCRIRE  (dé-kri-r'),  je  décris,  nous  décrivons, 
vous  décrivez,  ils  décrivent;  je  décrivais;  je  décri- 
vis; je  décrirai;  je  décrirais;  décris,  décrivons; 
que  je  décrive,  que  nous  décrivions;  que  je  décri- 
visse; décrivant;  décrit,  v.  a.  ||  1°  Représenter, 
dépeindre  par  le  discours.  Décrire  une  plante,  une 
tempête.  Il  y  a  certaines  choses  qvi'on  ne  définit  pas 
aisément,  on  se  contente  de  les  décrire.  Je  crois 
que  je  ne  serai  pas  si  malheureux  que  je  ne  voie 
quelque  tempête  que  j'aie  quelque  jour  à  vous  dé- 
crire, VOIT.  Leit.  B3.  Que  ne  puis-je  vous  décrire 
cet  air  de  grandeur  et  cette  majesté  accompagnée 
de  tant  de  grflces?  flécii.  Madame  de  Monlausier. 
Je  me  renferme  seulement  dans  cette  science  qui 
décrit  les  mœurs,  qui  examine  les  hommes,  labruy. 
Bise,  sur  Théophraste.  Il  décrit  les  fruits  d'or,  dont 
l'éclat  enchanteur  Sut  soumettre  Atalante  à  ce  jeune 
vainqueur,  gresset,  Églogue  vi.  Un  tableau  que 
je  décris  n'est  pas  toujours  un  bon  tableau;  celui 
que  je  ne  décris  pas  en  est,  à  coup  sûr,  un  mauvais, 
DIDEROT,  Salon  de  1767,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  286, 
dans  POUGENS.  ||  2°  Terme  de  géométrie.  Tracer.  Dé- 
crire une  courbe,  une  ellipse.  Il  fait  le  plan  des  bâ- 
timents, en  décril  '\  situation,  la  brut.  v.  ||  Par 
extension.  L'orbite  qu'une  planète  décrit  autour  du 
soleil.  Il  3° Se  décrire,  v.  rcfl.  Être  décrit.  Ce  spec- 
tacle ne  peut  se  décrire.  Le  vrai  bonheur  ne  se  dé- 
crit pas;  il  se  sent  et  se  sent  d'autant  mieux  qu'il 
peut  le  moins  se  décrire,  J.  i.bouss.  Conf.  vi.  ||  Faire 
la  description,  la  peinture  de  soi-même.  Ces  élo- 
quents et  graves  discours  dans  lesquels,  formant 
l'idée  d'un  homme  de  bien,  il  se  décrivait  lui-même 
sans  y  penser,  fléch.  Lamoignon. 

—  HIST.  xn'  s.  Coustume  suelt  estre  des  recon- 
teors,  ke,  kant  il  descrient  la  batailhe  de  la  palestre, 
premiers  descrient  les  membres  des  luiteors.  Job, 
442.  Il  xiTi*  s.  Qui  bien  velt  amors  descrivre,  Amors 
est  et  maie  et  boine,  Poés.  mss.  t.  i,  p.  t(66,  dans 
lacurne.  Tant  avons  fait  pour  vous  [que]  nuls  nel 
pourroitdescrire,  Berle,  xiv.  Mes  jamès  n'orrez  miex 
descrivre  La  vérité  de  la  matere,  Cum  je  la  vous  vo- 
dréretrere,  laliose,  1808.  Mais  or  ne  me  loit  [je  n'ai 
loisir]  à  entendre  X  descrivre  .sa  face  tendre,  le 
Homan  de  la  Poire.  Hxivs.  Et  tant  de  nobles  faiz 
descripzet  recitez,  bercheure,  f°f.  ||  xv's.  Plusieurs 
subtiles  voies  qui  ci  ne  peuvent  mie  estre  toutes 
descrites,  froiss.  i,  i,  il.  En  descrisant,  selon  les 
auteurs  et  mon  petit  engin,  ses  mouvements,  pas- 
sions et  operacions  diverses,  christ,  de  pisan, 
Charles  V,  i,  ch.  9.  Les  poètes  descripvent  la  ma- 
nière comment  fut  trouvé  la  couleur  de  pourpre, 
SIGILLE,  le  Blason  des  couleurs,  p.  BO.  ||xvi«s.  X 
l'entour  de  ceste  fosse  ilz  tracèrent  le  pourpris  de 
la  ville,  ny  plus  ne  moins  que  qui  descriroit  un 
cercle  à  l'entour  d'un  centre,  amyot,  Uom.  <6. 
Thucydides  descrit  le  gouvernement  de  la  chose 
publique  soubs  Pericles,  comme  un  gouvernement 
de  la  noblesse,  id.  Péric.  IB.  Quand  ilz  gaignerent 
à  Mantinée  celle  grande  bataille,  que  Thucidides  a 
descripte,  id.  Agés.  66. 

—  ÉTYM.  Provenç.  descriure;  catal.  descriuer; 
espagn.  describir;  portug.  descrever;  ital.  descrivere; 
du  latin  describere,  de  de,  et  scribere,  écrire. 

DKCRIT,  ITE  (dé-kri,  kri-t'),  part,  passé  de  dé- 
crire. La  bataille  d'Arbèles  décrite  par  Quinte  Curce. 
Le  fond  des  caractères  qui  y  sont  décrits  est  pris  de 
la  même  source,  la  bruy.  Disc,  sur  Théophr.  ||  Le 
cercle  décrit  par  la  pointe  d'un  compas. 

t  DÉCRIVANT,  ANTK(dé-kri-van,  van-t'),  adj. 
Terme  de  géométrie.  Qui,  par  son  mouvement,  dé- 
crit une  ligne  courbe.  Point  décrivant. 

DÉCROCHÉ,  ÉE  (dé-kro-ché,  chée),  part,  passé. 
Une  tapisserie  décrochée. 

I  DÉCROCHEMENT  (dé-kro-che-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  décrocher.  Un  pied  accroché  par  son  éperon 
à  la  selle ,  et  l'autre  pied  et  le  reste  du  corps  atten- 
dant le  décrochement  de  ce  pied  accroché,  scarr. 
Rom.  com.  I,  20. 

—  ÉTYM.  Décrocher. 

DÉCROCHER  (dé-kro-ché),  e.  a.  Détacher  une 
cho.se  qui  était  accrochée.  Décrocher  un  tableau.  ||  Se 
décrocher,u.r^/Î.Sedétacher.Lerideaus'est  décroché. 

—  HIST.  xiv's.  Li  uns  traioit  de  l'arc,  li  autres  i 
lança;  Caillons  et  viretons  assez  on  descocha;  Ton- 
naux  pleins  de  caillons  assez  on  descrocha,  Guescl. 
20026.  Il  xvi«s.  Mont-gommery  rompit  en  la  visière 
si  rudement  que  la  morne  descrocha  de  la  haute- 
pièce,  d'aub.  Ilist.  I,  8B. 

—  ÉT^M.  Dé....  préfixe,  et  croc. 


dBc 


999 


t  DÉCROCnOIR  (dé-kro-choir) ,  s.  m.  Instrument 

pour  détacher  une  chose  accrochée. 

—  ÉTYM.  Décrocher. 

t. DÉCROIRE  (dé-kroi-r'),  ».  n.  Ne  pas  croire.  Il 
n'est  guère  usité  qu'absolument  et  dans  cette  phrase 
familiîre  :  Je  ne  crois  ni  ne  décrois. 

—  HIST.  XIV*  s.  Chose  tyrannique  ou  de  tyrant 
est  discroire  ou  non  croire  ses  amis,  oresme,  TItèse 
de  MEUNIER.  Il  XVI'  s.  Si  me  semble  il  qu'ilz  [ces  ré- 
cits] ne  sont  pas  à  rejetler,  ny  à  descroire  du  tout, 
AMYOT,  Jiom.  12.  Quant  à  ces  lettres  là,  il  est  mal 
aisé  de  résoudre,  si  l'on  doibt  croire  ou  decroire 
qu'elles  soient  de  luy,  ID.  Lyc.  41.  Je  ne  décrois 
point  le  fait  qu'il  recite,  cholières,  Contes,  Après- 
dinée,  8.  Cette  plaisante  foy  qui  ne  croit  ce  qu'elle 
croit  que  pour  n'avoir  pas  le  courage  de  le  decroire, 
MONT.  II,  12.  Si  l'on  entendoit  bien  la  différence 
qu'il  y  a  entre  l'impossible  et  l'inusité,  et  entre  ce 
qui  est  contre  l'ordre  du  cours  de  nature  et  contre 
la  commune  opinion  des  hommes,  en  ne  croyant  pas 
temerairementnyaussi  ne  descroyant  pas  facilement, 
on  observeroit  la  règle  de  rien  trop,  commandée  par 
Chilon,  ID.  I,  202. 

—  ÉTYM.  W....  préfixe,  et  croire. 

f  2.  DÉCROIRE  (dé-kroi-r') ,  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Synonyme  de  ducroire,  qui  est  aujourd'hui 
seul  usité. 

t  DÉCROISEMENT  (dé-kroi-ze-man),  s.  m.  Action 
de  décroiser. 

—  ÉTYM.  Décroiser. 

t  DÉCROISER  (dé-kroi-zé) ,  v.  a.  ||  1»  Faire  cesser 
le  croisement.  ||  Terme  militaire.  Décroisçr  les  éche- 
lons, redresser  les  échelons  obliques  de  l'infanterie 
et  les  remettre  en  bataille  perpendiculairement. 
Il  Terme  de  chapelier.  Changer  le  pli  des  capades. 
il  2''Se  décroiser,  v.  re'/I.  Cesser  d'être  croisé.  Que 
ceux  [les  rayons]  qui  viendront  ne  '  se  décroisent 
point  à  la   sortie,   desc.  Dioptr.  7. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  croiser. 

t  DÉCROISSANCE  (dé-kroî-san-s'),  s.  f.  État  de 
ce  qui  est  décroissant.  Ils  réi)ètent  entre  eux,  en 
voyant  ce  génie  opiniâtre  et  inflexible  lutter  con- 
tre l'impossibilité,  que,  parvenu  au  faîte  de  sa  gloire 
.sans  doute,  il  pressent  que  de  son  premier  mou- 
vement rétrograde  datera  sa  décroissance,  ségur, 
Hist.  de  Napol.  viii,  H. 

—  ÉTYM.  Décroissant. 

t  DÉCROISSANT,  ANTE  (dé-krot-san,  san-t'), 
adj.  Qui  décroît.  Le  bruit  décroissant  des  vagues. 
Toutes  les  générations  renfermées  dans  le  premier 
germe  sont  autant  de  parties  décroissantes  de  ce 
germe,  et  celui-ci  est  une  partie  constituante  de 
l'ancien  membre,  bonnet,  2"  mém.  licprod.  sala- 
mandres. 

DÉCROISSEMENT  (dé-kroî-se-man),  s.  m.  Action 
de  décroître.  Le  décroissement  des  jours,  de  la  ri- 
vière. Le  décroissement  de  la  température.  Près  du 
déluge  se  range  le  décroissement  de  la  vie  humaine, 
le  changement  dans  le  vivre  et  une  nouvelle  nour- 
riture substituée  aux  fruits  de  la  terre,  boss.  Ilist. 
I,  2. 

—  SYN.  DÉCROISSEMENT,  DÉCROISSANCE.  La  dé- 
croissance ,  étant  précisément  le  contraire  de  la  crois- 
sance, s'applique  particulièrement  aux  êtres  vivants 
ou  à  ce  qui  leur  est  comparé  :  la  décroissance  d'un 
empire.  Décroissement,  n'impliquant  pas  en  soi 
cette  particularité,  se  dit  de  tout  ce  qui  diminue  : 
le  décroissement  de  la  rivièra,  des  jours,  de  la  vie 
humaine. 

—  HIST.  XIII»  s.  Moult  fu  grant  descroissement  k 
l'ost  de  cens  qui  en  Veni.se  aloient,  villeh.  xxxiii. 

—  ÉTYM.  Décroître  ;  provenç.  decreysshement. 

t  DÉCROÎT  (dé-kroî) ,  s.  m.  Terme  d'agriculture. 
Il  1°  Diminution  du  capital  en  bestiaux,  dans  les 
baux  à  cheptel.  ||  2°  Terme  d'astronomie.  Décroisse- 
ment de  la  lune,  lorsqu'elle  entre  dans  son  dernier 
quartier.  La  lune  est  dans  son  décroît  ou  sur  son 
décroît. 

—  HIST.  xn"  s.  Del  tut  esteit  turnée  sainte  iglise 
en  decreis.  Th.  le  mart.  1B7.  {|  xvi'  s.  Jà  la  cam- 
pagne par  ledescroistdes  eaux....  du  bartas,  p.  97, 
dans  RAYNOUARD.  L'homme  marche  entier  ver.s  son 
croist  et  vers  son  decroist,  mont,  m,  274. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  croît. 
DÉCROÎTRE  (dé-kroî-tr'),  je  décroîs,  tu  décrois, 

il  décroît,  nous  décroissons,  vous  décroi.ssez,  ils 
décroissent;  je  décroissais;  je  décrus;  je  décroîtrai; 
je  décroîtrais;  décroîs,  qu'il  décroisse,  décroissons; 
que  je  décroisse,  que  lio~us  décroissions;  que  je  dé- 
crusse; décroissant;  décru,  v.n.  Devenir  moindre. 
Les  jours  décroissent.  Et  que  c'est  lui  dont  l'épéo. 
Au  sang  barhare  trempée,  Quelque  jour  apparais- 
sant X  la  Grèce  qui  soupire.  Fera  décroître  l'empire 


1000 


DÉG 


De  l'infldèle  croissant,  malu.  ii,  2.  Le  pain  bis, 
renfermé,  d'une  moitié  décrut,  doil.  Sat.  x.  La  ser- 
Titude,  qui  est,  pour  me  servir  des  termes  do  Lon- 
gin,  une  espèce  de  prison  où  l'ûmo  décroît  et  se 
rapetisse  en  quelque  sorte ,  noi-LiN,  llisl.  anc.  (ICu- 
tret,  t.  II,  p.  468,  dans  pougens.  Ils  pensent  que 
la  beauté  de  ces  corps  va  toujours  en  décroissant 
jusqu'à  la  pyramide  régulière,  wdeh.  Iteclierchet 
philot.  sur  le  beau,  t.  ii,   p.  424,  dans  pougens. 

—  REM.  Décroître  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir,  quand  il  exprime  l'action  :  la  rivière  a  décru 
rapidement;  avec  l'auxiliaire  élre,  quand  il  marque 
l'état:  la  rivière  est  beaucoup  décrue. 

—  IIIST.  XII*  s.  Lai  [laisse]  saint  iglise  aveir  ses 
decrez  e  ses  leis;  Ele  e.st  espuso  Deu,  qui  est  sire 
des  reis;  11  s'en  corecera,  se  de  rien  la  descreis, 
Th.  le  mart.  29.  ||  xiii«  s.  Quant  li  diluves  fu  passés 
Et  descreijtes  les  gians  ondes,  ebnoul  le  viel,  dans 
l'Ilist.  litlér.  de  la  Fr.  t.  xxrii,  p.  669.  Et  la  vérité 
de  la  gent  Amenuise  et  decroist  forment.  Psaumes 
en  vers,  dans  Liber  psalm.  p.  268.  ||  xv*  s.  Un  bien 
gracieux  cas,  dont  je  fournirai  une  petite  nouvelle, 
sans  y  descroistre  ni  ajouter  autre  chose  que  ce  qui 
sert  au  propos,  louis  xi,  Nouv.  lxxvi.  ||  xvr  s.  Les 
vieilles  [femmes  plus  âgées]  ont  leurs  mois  en  pleine 
lune  au  décroissant,  paré,  xviii,  68.  La  force  des  ma- 
ladies décline  à  mesure  que  la  vigueur  naturelle  des 
corps  malades  va  descroissant,  amyot,  Philop.  3). 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  croître;  provenç.  rfcî- 
creisser  ;  calai,  descrexer  ;  espagn.  descrecer;  ital. 
disrrescere. 

t  «ÉCROTTAGE  (dé-kro-ta-j'),  s.  m.  Action  de 
décrotter. 

—  ETYM.  Décrotter. 

DÉCROTTÉ,  ÊE  (dé-kroté,  tée),  part,  passé. 
Des  chaussures  bien  décrottées. 

DÉCROTTER  (dé-kro-té),  t>.  o.  ||  l"  ôter  la  crotte. 
Décrotter  des  .souliers,  un  manteau.  ||  Populaire- 
ment. Décrotter  un  dindon,  une  volaille,  un  gi- 
got, les  manger  d'un  bon  appétit;  locution  qui  vient 
de  ce  que  la  viande  est  considérée  comme  une  es- 
pèce de  crotte  qu'on  enlève  de  dessus  les  os  ou  la 
carcasse.  ||  On  dit,  dans  le  parler  libre,  d'une  femme 
assez  jolie,  mais  mal  mise  ou  malpropre,  qu'elle 
mériterait  bien  d'être  décrottée.  ||  Fig.  et  très-fa- 
milièrement, décrasser,  ôter  ce  qui  est  le  résultat 
du  défaut  de  manières  ou  d'instruction.  ||  2°  ôter , 
avec  la  truelle,  le  plfttre  ou  le  mortier  des  vieux 
carreaux.  ||  3°  Se  décrotter,  v.  réfi.  Ôter  la  crotte 
dont  on  est  couvert.  Il  s'est  décrotté  dans  l'anti- 
chambre. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  crotte. 
DÊCROTTE0R  (dé-kro-tour),  s.  m.  Celui  qui  fait 

métier  de  décrotter,  de  cirer  les  souliers  et  les  bot- 
tes. Ce  tribunal  respectable  qui  ne  s'embarrasse  guère 
que  le  peuple  ait  du  pain,  pourvu  qu'il  ait  les  sa- 
crements, est  un  décrotteur  d'Orléans,  appelé  Chau- 
meix,  qui  est  venu  à  Paris  il  y  a  six  mois  avec  des 
sabots,  d'alkmb.  Lelt.  à  Volt.  24  février  t769. 
Il  Kig.  et  par  plaisanterie,  celui  qui  corrige  et  ar- 
range les  écrits  d'un  autre.  Ce  petit  maraud,  en  ar- 
rivant a  Paris,  est  entré  en  qualité  de  décrotteur 
brl  esprit  chez  un  comte  de  Lautrec,  qui  avait  des 
procès,  iD.  il).  26  déc.  (772. 

—  HIST.  xvi'  s.  Descroteur  de  vigiles  [moine  qui 
expédie  les  vigiles],  iubel.  t.  i,  p.  tac,  dans  la- 

CUIINE. 

DÉCROTTOIR  (dé-kro-toir),  s.  m.  Lame  de  fer 
ou  boite  garnie  de  brosses,  sur  laquelle  les  person- 
nes qui  entrent  dans  une  maison,  peuvent  décrotter 
leur  chaussure. 

DÉOROTTOIRE  (dé-kro-toi-r') ,  s.f.  Brosse  pour 
décrotter  les  souliers.  Dez ,  décrottoires,  derai- 
ceinls  de  plomb  ou  estain....  comme  mercerie,  Ta- 
rif, 18  sept.  <6n4. 

—  HlST.  XV*  s.  Non  contentes  de  la  beauté  que 
leuï  a  donnée  nature,  si  elles  n'y  adjoustent  aucu- 
nes paintures,  pour  ce  leur  faut  miroirs,  peignes, 
descrotouers  [sorte  d'objet  de  toilette],  bouquelz  de 
fleurs....  la  Nef  des  fols,  f  72.  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Décrotter. 

t  DÉCUOCTER  (dé-kroû-té),  V.  a.  Terme  de  vé- 
nerie. Les  cerfs  décroaient  leur  tête,  quand  ils  vont 
au  frayoir  la  nettoyer  après  la  chute  de  leur  bois. 

—  HlST.  XVI*  s.  X  bras  de  puissans  hommes  [vous] 
ferés  decruster  le  dessus  de  vostre  pré,  du  quel  ils 
enlèveront  des  gazons  autant  grantb  et  larges  qu'il 
sera  possible,  o.  deserres,  76. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  croule. 

DÉCRU,  VE  (dé-kru,  krue),  part,  possède  dé- 
croître. Oui  a  éprouvé  un  décroissement.  La  rivière, 
décrue,  laissait  i  découvert  les  prairies  qu'elle  avait 
'.uoniiîe. 


DÉC 

t  DÊCRUAGE  (dé-kru-a-j") ,  s.  m.  Action  Je  Jé- 
cruer. 

DÉCRUE  (dé-krue),  ».  f.  Quantité  dont  une  chose 
a  décru.  I.a  décrue  des  eaux  est  considérable. 

—  ETV.M.  Décru. 

DÉCRUE,  ÊE  (dé-kru-é,  ée),  part,  passé.  Fil  dé- 
crue. 

DÉCRUER  (dé-kru-é),  r.  a.  Lessiver  le  fil  cru 
avec  de  bonnes  cendres  et  le  laver  en  eau  claire 
avant  que  de  le  teindre. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cru,  adj. 
DÉCUÛMENT  (dé-kru-man),     s.  m.  Action  de 

décruer  le  fil,  c'est-4-dire  de  lui  ôler  par  la  lessive, 
avant  que  de  le  teindre,  une  certaineodeurde  chan- 
vre, qui  se  nomme  cru. 

—  ETYM.  Décruer. 

t  DÉCRUSAGE  (dé-kru-za-j'),  *.  m.  Voy.  décru- 

SEMENT. 

—  ÉTYM.  Décruser  ;  génev.  discreusage. 
DÉCRUSÉ,  ÉE  (dé-kru-zé,  zée),  part,  passé.  Soie 

décrusée. 

DÉCRUSEMENT  (dé-kru-ze-man),  s.  m.  Action 
de  décruser. 

—  ÉTYM.  Décruser. 

DÉCRUSER  (dé-kru-zé),  v.  a.  Lessiver  la  soie 
écrue  pour  lui  enlever  la  gomme  qu'elle  contient, 
lui  donner  de  la  flexibilité  et  de  l'éclat,  et  la  dis- 
poser à  recevoir  plus  facilement  la  matière  colo- 
rante ;  ou  lessiver  les  cocons  de  soie  pour  dissoudre  la 
gomme  qui  s'oppose  à  un  dévidage  facile. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cru,  adj.;  génev.  dis- 
creuser. Évidemment,  décruer  et  décruser  ou  dé- 
creuser sont  le  même  mot  dans  lequel  la  bouche  des 
ouvriers  a  altéré  le  passage  de  décru  au  verbe. 

DÉÇU,  UE  (dé-su,  sue),  part,  passé  de  décevoir. 
Il  1°  Qui  a  éprouvé  une  déception.  Que  feront  nos 
amis,  si  vous  êtes  déçue?  corn.  Cinna,  i,  4.  Quel- 
que chose  le  trouble,  ou  je  suis  fort  déçu,  mol.  le 
Dép.  II,  7.  Ceux  que  les  armes  n'avaient  pu  vain- 
cre niles  conseils  ramener,  sont  revenus  tout  à  coup 
d'eux-mêmes;  déçus  par  leur  liberté,  ils  en  ont  à 
la  fin  détesté  l'excès,  honteux  d'avoir  eu  tant  de 
pouvoir,  et  leurs  propres  succès  leur  faisant  hor- 
reur, Boss.  Heine  d'Anglet.  Malgré  mes  vœux,  sei- 
gneur, honteusement  déçus,  rac.  Àndr.  iv,  3.  Âme 
lâche  et  trop  digne  enfin  d'être  déçue,  m.  Saj.  iv, 
3.  Madame,  je  vois  bien  que  vous  êtes  déçue,  in. 
Bérén.  m,  3.  Mais  sans  cfhercher  au  fond  si  notre 
esprit  déçu  Sait  rien  de  ce  qu'il  sait,  s'il  a  jamais 
rien  su,  boil.  Sat.  viii.  Mais  combien  d'écrivains, 
d'abord  si  bien  reçus,  Sont  de  ce  fol  espoir  honteu- 
sement déçus!  ID.  Sat.  ix.  {[  2°  Au  déçu,  loc.  adv.  En 
décevant.  Proche  de  la  tour  on  me  vint  avertir  Que 
pour  voir  les  Homaios  vous  en  alliez  sortir,  Et  qu'à 
notre  déçu,  de  puissance  absolue,  Vous  aviez  avec 
eux  une  trêve  conclue,  mair.  M.  d'Asdrub.  iv,  3. 
Ma  mère,  à  mon  déçu,  par  Éphite  avertie,  Avec 
tous  ses  elforts  empêchait  ma  sortie,  rotrou,  Ait- 
tig.  m,  2.  Apprends....  qu'au  sort  de  Babet  les 
nœuds  de  l'hyménée.  Au  déçu  de  mon  père,  ont 
joint  ma  destinée,  hauteroche,  le  Deuil,  se.  4. 
Il  Cette  locution  vieillit;  cependant  elle  est  bonne. 

t  DÉCUBITUS  (dé-ku-bi-tus') ,  s.  m.  Terme  de 
physiologie.  L'attitude  dans  laquelle  le  corps  repose, 
lorsqu'on  est  couché  sur  un  plan  plus  ou  moins  ho- 
rizontal. 

—  Ety'M.  Lat.  decubittis,  de  de,  et  cubare,  être 
couché  (voy.  couver). 

t  DÉCUIRASSER  (dé-kui-ra-sé  ),  v,  a.  ôter  la 
cuirasse.  Son  cœur  décuirassé  Ouvre  aux  poignards 
vengeurs  un  chemin  plus  aisé,  v.  buqo,  dians  le 
Dict.  de  DOCHEZ. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  etcuiraue. 
DÉCUIRE (dé-kui-r') ,  je  décuis,  nous  décuisons; 

je  décuisais;  je  décuisis;  je  décuirai;  je  décuirais; 
que  je  décuise;  que  je  décuisisse;  décuisant,  v.  a. 
Il  1"  Corriger  l'excès  de  cuisson  des  sirops  et  des 
confitures  en  y  mettant  de  l'eau  pour  les  rendre 
plus  liquides.  ||  2"  Se  déouire,  v.  réfl.  Se  liquéfier, 
en  parlant  des  confitures,  faute  d'avoir  été  assez 
cuites. 

—  HIST.  xm*  s.  S'en  va  tant  que  fu  près  de  nuit; 
Un  chapon  manga  tout  descuit.. ..jRfn.  23) 08. Il  XVI* s 
Lors  remettrez  vostre  saumeure  sur  le  feu;  car,  par 
l'humidité  de  la  chair,  la  saumure  se  descuit,  o.  de 
SERRES,  837.  Faut  noter  que  le  syrop  se  descuit,  à 
toutes  les  fois  qu'il  est  jette  sur  le  fruit,  id.  653. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  ctiire.  Dans  l'exemple 
du  Renart,  des,...  a  le  sens  augmentatif,  et  descuit 
y  signifie   très-cuit. 

DÉCDIT,  UlTE  (dé-kui,  kui-t'),  port,  posté  de 
décuire.  Sirop  décuit  sirop  qui  a  perdu  son  degré 
de  cuisson,  qui  a  subi  une  altération     telle,  qu'il 


DEC 

semble  n'être  pas  assez  cuit.  ||  S.  m.  Le  décuit  d'un 
sirop,  l'état  d'un  sirop  décuit. 

t  DÉCULASSEMENT  (dé-ku-la-se-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  dévisser  la  culasse  d'une  arme  à  feu. 

—  ÉTYM.  Ddculasser. 

t  DÉCULASSER  (ilé-ku-la-sé) ,  v.  a.  ôter  la  cu- 
lasse d'une  arme  >l  feu. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  culasse. 

t  DÉCULOTTER  (dé-ku-lo-té),  f.  O.  Ôler  la  cu- 
lotte. On  l'avait  -Jéculolté.  ||  Se  déculotter,  t'.  re/l. 
ôter  sa  culotte.  On  le  força  de  se  déculotter. 

DfiCUI'LE  (Jé-ku-pl'),  ad;'.  ||1°  Qui  vaut  dix  fois 
autant.  Nombre  décuple.  La  distance  de  la  terre  à 
Saturne  est  au  moins  décuple  de  celle  de  la  terre 
au  soleil,  LA  DRUY.  XVI.  Il  Terme  d'arilhmétique. 
Raison  décuple  indique  que  le  rapport  de  deux  quan- 
tités est  celui  de  -lu  à  4 .  Il  2°  S.  m.  11  a  gagué  le 
décuple  de  ses  avances. 

—  HIST.  XVI*  s.  S'ils  sont  vertueux,  sçauroyent- 
ils  mieux  semer  si  bonnes  semences  qu'es  terres 
voisines?  et  telle  se  pourra  rencontrer  qui  rendra 
fruit  au  décuple,  lanoue,  <24. 

—  ÉTYM.  Lat.  decuplus,  de  decem,  dix  (voy.  dix). 
DÉCUPLÉ,   ÉE   (déku-plé,   plée),   part,  patte. 

Une  somme  d'argent  décuplée. 

DÉCUPLER  (dé-ku-plé) ,  t).  a.  Rendre  dix  fois 
au.ssi  grand.  Il  a  décuplé  son  bien.  ||  Se  décupler, 
t).  réfl.  Devenir  décuple.  En  tant  de  temps  la  somme 
se  décuplerait. 

—  ÉTYM.  Lat.  decuplare,  de  decuplut,  décuple. 

DÉCURIE  (ilé-ku-rie),  s.  f.  Terme  d'antiquité  ro- 
maine. Troupe  composée  de  dix  soldats.  1|  Division 
de  certaines  classes,  contenant  d'abord  dix  person- 
nes, puis  un  nombre  indéterminé.  Antoine  fit  des 
décuries  de  sénateurs,  de  chevaliers,  mo.ntesq.  i'jpr. 

VUI,    (2. 

—  ÉTYM.  Lat.  decuria,  de  decem,  dix,  et  uri'a, 
de  vir,  homme  (voy.  centurie  et  viril). 

DÉCURION  (dé-ku-ri-on),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité romaine.  Le  chef  d'une  décurie  civile  ou  mi- 
litaire. Il  Nom  des  magistrats  des  cités  de  l'empire, 
tirés  de  la  classe  des  curiales.  ||  Dans  des  inscrip- 
tions latines,  nom  de  médecins  placés  hiérarchique- 
ment au-dessus  d'autres  médecins  dans  le  service 
des  grandes  maisons  à  Rome. 

—  ÉTYM.  Lat.  decurio,  de  decuria,  décurie. 

t  DÉCURIONAT  (dé-ku-ri-0-na) ,  s.  m.  Charge, 
dignité  de  décurion. 

t  DÊCURRENXE  (dé-ku-rran-s"),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  État  de  ce  qui  est  décurrent. 

—  ÉTYM.  Décurrent. 

+  DÉCURRENT,  ENTE  (dé-ku-rran,  ran-t'),  ad}. 
Terme  de  botanique. Feuilles  décurrentes.feuillesdont 
le  limbe,  se  prolongeant  le  long  de  la  tige,  y  adhère. 

—  ÉTYM.  Lat.  decurrere,  courir  le  long,  de  de, 
et  cnrrcre,  courir. 

t  DÉCURSIF,  IVE  (dé-kur-sif,  si-v'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Feuille  décursive,  feuille  dont  le  pé- 
tiole est  collé  à  la  tige,  sur  laquelle  il  produit  une 
ligne  saillante.  ||  Style  décursif,  style  dont  la  base 
descend  en  rampant  sur  un  des  côtés  de  l'ovaire. 

—  ÉTYM.    Lat.   decursum  ,   supin  de  decurrere 

(voy.   DF.CUBRF.NT). 

fDÉCURTATION  (dé-kur-ta-sion),  ï.  ^.  Maladie 
des  arbres,  qui  en  fait  périr  la  tête.  Sa  couleur  était 
un  vert  jaunâtre;  sa  sommité  était  noire,  et  elle 
avait  souffert  une  décurtation  d'un  pouce  et  demi, 
BONNET,    Us.  feuilt.  plantes,  Supplém.  2*. 

—  ÉTY.M.  Lat.  decur(are,écourter,  de  de,  et  cur- 
tus,  court. 

t  DÉCUSSATIF,  IVE  (dé-ku-ssa-tif,  ti-v'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  est  disposé  en  décussa- 
tion;  opposé  par  paire  et  à  angle  droit. 

—  ÉTYM.  'Voy.  DÉCUSSATION. 

t  DÉCUSSATION  (dé-ku-ssa-sion),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Croisement  en  manière  d'X.  La  décussa- 
tion  des  nerfs  optiques.  ||  Point  de  décussation,  s'est 
dit,  dans  l'optique,  pour  foyer. 

—  ÉTYM.  Lat.  decussatio. 

t  DÉCUSSOIRE  (dé-ku-ssoi-r'),  i.  m.  Instrumenl 
de  chirurgie  dont  les  anciens  se  servaient  après  ln- 
pération  du  trépan,  pour  déprimer  la  dure-mère  e. 
faciliter  la  sortie  du  pus  épanché  entre  cette  mem- 
brane et  le  crâne. 

—  ÉTYM.  Lat.  decussum,  supin  de  decutere,  ea- 
foncer.  , 

t  DÉCUVAISON  (dé-ku-vê-zon),  s.f.  Action  do 
transvaser  le  vin  d'une  cuve  dans  des  tonneaux.  0  i 
dit  aussi  décuvage. 

—  ÉTYM.  Décuver. 

t  DÉCUVER  (dé-ku-vé) ,  i'.  a.  Mettre  U  yendang  e. 
le  vin  hors  de  la  cuve. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  cuve. 


DED 


DED 


DED 


100» 


f  DÉDAIGNADLE  (dé-dè-gna-bl'),  adj.  Qui  mérite 
d'être  dédaigné. 

—  HlST.  xiii'  s.|  Et  se  avient  aucune  fois  que  li 
soit  honorable  et  proufilable.  et  na  soit  mie  cruel 
ne  desdaignable  [dédaigneux],  Ass.  de  Jérusalem, 
(03.  Il  XVI' s.  Ils  estoient,  à  l'attouchement,  petits 
et  desdaignables,  mont,  ii,  373. 

—  ÉTYM,  Pédaigner, 

DÉDAIGNÉ,  ÉE  (dé-dè-gné,  gnée),  part,  passé. 
Le  prince  Kugène  dédaigné  par  Louis  XIV,  lorsqu'il 
vint  lui  offrir  ses  services.  Un  amour  dédaigné  cesse 
d'être  invincible,  telav.  Vêpres  sicil.  n,i.  Charles, 
abandonné  par  le  grand  vizir,  vaincu  par  l'argent 
du  czar  en  Turquie  après  l'avoir  été  par  ses  armes 
dans  l'Ukraine,  se  voyait  trompé,  dédaigné  parla 
Porte,  presque  prisonnier  parmi  des  Tartares,  volt. 
Charlfs  XII,  6. 

DÉDAIGNER  (dé-dè-gné),  t).  a.  Marquer  du  dé- 
dain pour  quelqu'un  ou  quelque  chose.  Celte  fierté 
d'âme  qui  dédaigne  les  serviles  bienséances.  Vous 
n'êtes  point  pour  elle  un  homme  à  dédaigner,  coim. 
Cinna,  II,  *■  Gardez-vous  de  rien  dédaigner,  Sur- 
tout quand  vous  avez  à  peu  près  votre  compte;  Bien 
des  gens  y  sont  pris....  la  font.  Fabl.  vu,  4.  La 
maison  d'Israiil  n'a  eu  que  du  mépris  pour  moi,  dit 
le  Seigneur,  comme  une  femme  qui  dédaigne  un 
homme  qui  l'aime,  sacy.  Bible,  Jérémie,  m,  20. 
Les  grands  dédaignent  les  gens  d'esprit  qui  n'ont 
que  de  l'esprit,  la  bbuy.  ix.  J'ai  dédaigné  pour  toi 
les  vœux  de  tous  nos  princes,  hac.  ^ndr.  iv,  B. 
Elle  me  dédaignait,  un  autre  l'abandonne,  in.  An- 
drom.  II,  1.  On  dédaignait  un  Scythe;  et  la  honte 
et  l'outrage  De  mes  vœux  mal  conçus  devinrent  le 
partage,  volt.  Orphel.  ii,  6.  ||  Avec  de  et  un  infi- 
nitif. D'un  des  pans  de  sa  robe  il  couvre  son  vLsage, 
X  son  mauvais  destin  en  aveugle  obéit.  Et  dédaigne 
de  voir  le  ciel  qui  le  trahit,  De  peur  que  d'un  coup 
d'oeil,  contre  une  telle  offense  II  ne  semble  implorer 
son  aide  ou  sa  vengeance,  corn.  Pomp.  u,  2.  11  ne 
dédaignait  pas  d'en  être  l'arbitre,  mass.  Pel.  car. 
Écueils.  Et  pour  tout  autre  objet  ton  âme  indiffé- 
rente Dédaignait  de  brûler  d'une  (lamme  innocente, 
BAC.  l'hèd.  IV,  2.  Le  pavillon  d'Antoine  est  auprès 
du  rivage:  Passez  et  dédaignez  de  venger  mon  ou- 
trage, VOLT.  Triumv.  iv,  3.  Napoléon  dédaigna  d'at- 
tribuer ce  mécompte  à  l'habileté  du  général  ennemi; 
il  s'en  prit  aux  siens  ;  déjà  il  sentait  que  sa  présence 
était  partout  nécessaire,  ce  qui  la  rendait  partout 
impossible,  sSgur,  Hist.  de  Nap.  iv,  6. 

—  REM.  1.  Malherbe  a  dit  se  dédaigner;  11  ne  s'est 
lassé  ni  dédaigné  d'aucun  service,  le  Traité  des 
bienf.  de  Sénèque,  vi,  (6.  C'est  un  archaïsme. 
Il  2.  Le  même  Malherbe  a  dit  je  dédagne,  qui  était 
une  ancienne  forme,  aujouid'hui  tombée  en  désué- 
tude: Puisque  tu  m'as  esté  si  mauvaise  compagne. 
Ton  infidèle  foi  maintenant  je  dédagne,  Poés.  i,  4. 

—  HIST.  xii'  s.  Si  tu  veis  qu'il  se  desdeigne  e  en- 
quierge  pur  quel  nus  si  apruchames  al  mur,  Rois, 
(50.  E  nostre  sire  s'en  desdeignad  forment,  si  ocist 
plusors  del  pople,  ib.  304.  ||  xiii'  s.  En  doivent 
bien  avoir  bon  guerredon  Cil  qui  lui  ont  enseigné 
et  apris  S  eslogner  cens  de  ci  environ;  Et  ele  [la 
reine  Blanche]  a  bien  fermée  [retenu]  sa  leçon;  Car 
tous  [elle]  les  hait  et  desdaigne,  hues  de  la  ferté, 
Romancero,  p.  (84.  Cil  n'ont  le  coiimant  desdain- 
gné,  Ainz  s'entornent  sanz  plusatendre,  Ren.  30222. 
Car  s'il  desdaingnoit  l'assolution,  et  desobeissoit  au 
commandement  de  sainte  Eglise,  adont  seroit  il  es- 
commeniés  à  Dieu  et  au  siècle,  beaum.  xlvi,  (I. 
Il  XVI*  s.  0  viateur,  ne  te  desdaigne  mye  Veoir  cest 
escript  et  piteuse  oraelie,  marot,  v,  354.  Le  père 
de  miséricorde  ne  desdaignant  point  condescendre 
en  cet  endroit  à  notre  infirmité,  calvin,  (83.  Ainsi 
les  desdaignoit  le  vulgaire  comme  ignorant  les  pre- 
mières choses  et  communes,  et  comme  présomp- 
tueux et  insolents,  mont,  i,  (40.  Cette  généreuse 
jeunesse  desdaignant  tout  aultre  joug  que  de  la  vertu, 
ID.  1,  IBI.  Hz  en  devindrent  si  glorieux  qu'ilz  ne 
vouloient  point  et  desdaignoient  qu'on  les  meslast 
avec  les  autres  soudards  qui  s'estoient  laissé  baitre 
par  plusieurs  fois,  amyot,  AU.  59.  Celuy  qui  des- 
daigne de  caresser  le  peuple  pour  en  avoir  faveur, 
doibt  aussi  mpins  que  tout  autre  chercher  à  s'en 
venger  a'il  en  est  rebuté,  id.  Aie.  et  Cor.  comp.  7. 
Des  Teilles  choisi  pour  les  vivres,  Baronniere  ne  se 
desdaigna  pas  de  l'artillerie  et  des  munitions  de 
guerre,  d'aub.  Iliit.u,  (48.  Je  me  desdaignai  [je 
pris  en  mépris]  bien  fort  de  son  ingratitude,  cabl. 
VI,  34.  Sa  majesté  estublit  M.  le  mareschal  de  Vieille- 
ville  son  lieutenant  gênerai  au  dict  siège  d'Angely, 
se  desdaignant  d'y  estre  en  personne,  lu.  ix,  44. 
Qu'on  se  donne  bien  garde  de  les  desdaigner  [dé- 
?oaterJ  de  manger  par  trop  de  viandes  [aliments] , 

DICT.    DR    LA    LANGUE    FRAN5AISE 


comme  cela  avient  quand  desordonnément  on  les 
afl'ourrage,  o.  de  .serp.es,  282. 

—  liTVM.  Lat.  dediynari,  de  de,  et  dignari,  dai- 
gner (voy.  DAIGNER);  provenç.  desdegnnr  ;  catal. 
desdenyar;  espagn.  dedenar;  porlug.  dcsdenhar ; 
ital.  disdegnare. 

t  DÊDAIGNECR  (dé-dè-gneur),  i.  m.  Celui  qui 
dédaigne. 

—  HIST.  XVI' s.  L'on  n'eust  sceu  dire  s'il  estoit  de 
sa  nature  plus  arrogant  desdaigneur  ou  plus  vil 
flatteur,  amyot,  Syila,  (3. 

—  ÉTYM.  Dédaigner. 
DÉDAIGNEUSEMENT  (dé-dè-gneû-ze-man) ,  adv. 

D'une  manière  dédaigneuse.  Il  m'a  répondu  dédai- 
gneusement. 

—  ÉTYM.  Dédaigneuse,  et  le  suffixe  ment. 
DÉDAIGNEUX,  EUSE  (dé-dè-gneû,  gneû-z'),  adj. 

Il  l°Oui«i  du  dédain.  Dédaigneuse  princesse,  kac. 
Phèd.  I.  (.  Cet  homme  est  abstrait,  dédaigneux, 
et  semble  toujours  rire  en  lui-même  de  ceux  qu'il 
croit  ne  le  valoir  pas,  la  bruy.  i.  D'un  peuple  in- 
dustrieux les  talents  mercenaires  De  mon  goût  dé- 
daigneux ne  sont  plus  tributaires,  volt.  Scythes,  ii, 
(.  Et  notre  langue  même,  à  tout  esprit  vulgaire  De 
nos  vers  dédaigneux  fermant  le  sanctuaire,  L'aver- 
tit tout  d'abord  que,  s'il  y  veut  monter.  Il  doit  sa- 
voir tout  craindre  et  savoir  tout  tenter,  a.  chén. 
l'Invention.  ||  Substantivement.  C'était  par  faiblesse 
qu'il  faisait  le  dédaigneux,  Boss.  Avcrt.  6.  ||  2°  Se  dit, 
en  parlant  des  femmes,  decellesqui  n'ont  aucun  re- 
gard pour  les  hommages  des  adorateurs.  11  se  trom- 
pait pourtant  sur  le  caractère  de  Formosante,  elle 
n'était  pas  si  dédaigneuse  qu'elle  le  paraissait,  volt. 
Princ.deBabyl.i.  \\  Substantivement.  Elles  aiment 
ailleurs,  ces  belles  dédaigneuses,  corn.  Agésil.  i, 
4.  C'était  ceci,  c'était  cela;  C'était  tout;  caries  pré- 
cieuses Font  dessus  tout  les  dédaigneuses,  la  font. 
Fahl.  VII,  6.  Il  3°  Oui  exprime  le  dédain.  Une  réponse 
dédaigneuse.  Mais  tu  sais  bien  aussi  de  quel  œil  dé- 
daigneux Je  regarilais  ce  soin  d'un  vainqueur  soup- 
çonneux, HAC.  Phèd.  II,  (.  Cela  lui  sied  fort  bien, 
et  cet  air  dédaigneux  Qu'elle  a  pris  à  la  cour,  lui 
sied  encore  mieux,  begnard,  Démocr.  iv,  2.  Silence 
dédaigneux,  volt.  Triumv.  il,  4.  Courroux  dédai- 
gneux, ID.  Tanc.  IV,  5.  Le  portier,  qu'on  aurait  pris 
pour  un  grand  seigneur,  les  introduisit  avec  une 
espèce  de  bonté  dédaigneuse  ,  id.  Zadig,  20.  Il 
se  retira  en  me  jetant  un  coup  d'œil  dédaigneux 
accompagné  d'un  souris  moqueur  "Vrivaux,  Pays. 
parv.  6«part.  t.  m,  p.  90,  dansi.„.jvj««s.  Acquérez 
le  droit  d'être  dédaigneux,  et  ne  le  soyez  pas, 
DiDER.  Salon  de  (767,  (iCuvres,  t.  xiv,  p.  3i3.  J'y 
insérai  une  petite  note  assez  dédaigneuse  qui  mit 
Vernes  en  fureur,  j.  J.  Rouss.  Conf.  xii.  C'est  la 
sévérité  despotique,  c'est  la  dédaigneuse  médiocrité 
de  ma  belle-mère,  staël,  Corinne,  xvi,  3.  ||  4°  Dé- 
daigneux de,  qui  dédaignn,  qui  néglige.  Tout  mo- 
narque indolent,  dédaigneux  de  s'instruire.  Est 
le  jouet  honteux  de  qui  veut  le  séduire,  volt.  Ép. 
XLVi,  45.  Je  me  flattai  longtempsque,  fidèle  à  sa 
gloire,  Dédaigneux  de  sa  vie  et  regardant  l'histoire, 
Fiesque....  Vengerait  Gêne  esclave  et  nos  droits 
envahis,  angelot,  Fiesque,  i,  4.  De  ces  riches  atours 
une  autre  [plante]  dédaigneuse  Laisse  à  ses  sœurs 
l'azur,  la  pourpre,  le  saphir,  Et  se  livre  sans  voile 
aux  baisers  du  zéphyr,  delille.  Trois  règnes,  vi. 
On  était  si  préoccupé  des  affaires  politiques,  si  dé- 
daigneux de  la  poésie,  que  les  vers  admirables  de 
Thompson  restèrent  d'abord  ignorés  du  public  et  du 
protecteur  que  le  poète  avait  invoqué,  villemain, 
Litt.  fr.  xvui' siècle,  2' part.  2'  leçon.  ||  5'  Terme 
d'anatomie.  Le  muscle  dédaigneux,  et,  substanti- 
vement, le  dédaigneux,  le  muscle  droit  externe  de 
l'œil;  ancien  nom  de  ce  muscle  qui  tire  l'œil  en  de- 
hors et  de  c4té. 

—  HIST.  xni's.  [Dame]  Et  si  fiere  et  si  orgilleuse 
Vers  tous  hommessi  desdaigneuse,  Amad.et  Ydoine, 
mss.  0987,  Bibl.  imp.  El  ne  fu  pas  envers  moi  fiere. 
Ne  de  respondre  de.sdaigneuse ,  la  Rose,  681.  Iriez 
[tu]  avoies  esté  et  desdeignos  vers  eus  por  leur  pé- 
chiez, Psautier,  f^tos.  ||  xvi' s.  Une  fierté  desdai- 
gneuse de  ces  parements  estrangiers,  mont,  i,  (92. 
Ils  [les  écrivains  français  de  ce  temps]  sont  assez 
hardis  et  desdaigneux  pour  ne  suyvre  la  roule  com- 
mune; mais  faulte  d'invention  et  de  discrétion  les 
perd:  il  ne  s'y  veoid  qu'une  misérable  affectation 
d'estrangeté,  id.  m,   354. 

—  ÉTYM.  Dédaigner;  provenç.  desdi'nhos;  espagn. 
desdenoso  ;  portug.  desdenhoso  ;  ital.  disdegnoso. 

DÉDAIN  (dé-din),  i.  m.  Sorte  de  mépris  qu'on 
exprime  par  l'air,  le  ton  et  les  manières....  Et  par 
moi  Don  Rodrigue  a  vaincu  son  dédain,  corn.  Cid. 
1,3.  Ah!  sei.«neur,  je  n'ai  pas  eu  ce  dédain  qui  em- 


pêche de  jeter  les  yeux  sur  les  mortels  trop  rampants 
et  qui  fait  dire  à  l'âme  arrogante  :  il  n'y  a  que  moi 
sur  la  terre,  boss.  Marie-Thér.  Ils  regardèrent  les 
gentils  avec  un  insupportable  dédain,  ID.  llist.u, 
6.  L'orgueil  et  le  dédain  sont  peints  sur  son  vi- 
sage, RAC.  F.slh.  III,  3.  Je  vois  que  mon  silence  ir- 
rite vos  déilains,  m.  Rril.  m,  3.  Le  dédain  et  le 
rengorgemeiit  dans  la  société  attirent  précisément 
le  contraire  de  ce  qu'on  cherche,  si  c'est  à  se  faire 
estimer,  la  briy.  v.  Ils  avaient  ce  dédain  fastueux 
qui,  chez  un  peuple  comme  dans  un  particulier, 
marque  ordinairement  peu  de  lumière,  ravnal, 
llist.  phil.  I.  /fitrnd.  Il  Prendre  en  dédain,  conce- 
voir du  dédain  pourquelqu'un  ou  pourquelque chose. 

—  HIST.  XIII' s.  Mes  cis  [Narcisse]  fu  por  sa  grant 
biauté  Pleins  de  de.sdaing  et  de  fierté,  la  Rose,  (458. 
Vous  ne  devez  mie  avoir  en  desdaing  ce  que  Dieu 
fist  pour  nostre  enseignement,  joinv.  I94.  ||  xv*  s. 
Si  ne  fut  mie  courroucé  quand  il  ouit  dire  et  recor- 
der le  grand  dephiisir  que  on  avoitfait  à  son  neveu, 
et  aussi  en  quel  desdaing  [déplaisir]  il  l'avoit  pris, 
FROiss.  I,  I,  (nO.  Il  ne  sçavoit  si  le  seigneur  de 
Lescandelour  rassembloit  sa  gent  pour  lui  revenir 
courir  sus  par  grand  ire  et  desdaing,  Bouciq.  n, 
ch.  (7.  Il  XVI'  s.  Dequoy  les  gentilshommes  françois 
qui  vous  accompagnoient,  avoient  dépit  et  desdain, 
Sat.  IHén.\>.  (53.  Toutesfois  ma  curiosité  me  fit  pas- 
ser mon  desdain  [honte],  ib.  p.  193.  X  fin  que  plus 
longuement  et  sans  dédain  [dégoût]  ils  puissent 
estre  tenus  en  la  bouche,  paré,  xxv,  3o. 

—  ÉTYM.  Dédaigner;  provenç.  desdaing,  desdenh; 
catal.  desdeny ;  espagn.  desdeno;  portug.  desdem; 
ital.  disdegno. 

DÉDALE  (dé-da-l'),s.  m.  ||  l°Lieu  où  l'on  s'égare, 
à  cause  de  la  complication  des  voies  et  des  détours. 
Dans  les  dédales  verts  que  formaient  les  halliers, 
la  font.  Captivité  de  St  Malc.  l.à,  dans  leur  course 
fugitive.  Des  ruisseaux  semblent  plus  beaux  Que 
des  ondes  que  l'art  captive  Dans  un  dédale  de  ca- 
naux, gresset.  Ode  xi.  ||  2°Fig.  Embarras,  com- 
plication, confusion.  Bref,  peniez  tout  à  fait  mon 
âme  épouvantée,  Ou  l'ôtez  du  dédale  où  vous  l'avei 
jetée,  MAiR.  Soliman,  iv,  4.  Le  malheur  de  ta  fille 
au  tombeau  descendue  Par  un  commun  trépas. 
Est-ce  quelque  dédale  où  ta  raison  perdue  Ne  se 
retrouve  pas?  malii.  vi,  (8.  Et  sur  moins  que  cela 
le  poids  d'une  cabale  Embarrasse  les  gens  dans  un 
fâcheux  dédale,  mol.  Tart.  v,  4.  Vouloir  tromper 
le  ciel,  c'est  folie  à  la  terre;  Le  dédale  des  cœurs 
en  ses  détours  n'enserre  Rien  qui  ne  soit  d'abord 
éclairé  par  les  dieux,  la  font.  Fabl.  iv,  (9.  On  y 
voit  tous  les  jours  l'innocence  aux  abois  Errer  dans 
les  détours  d'un  dédale  de  lois,  uoil.  Sat  i.  Du 
digeste  et  du  code  ouvre-nous  le  dédale,  id.  Lut.  v. 
Au  lieu  d'entrer  dans  ce  dédale  de  difficullés. ... 
MIRABEAU,  Collection,  t.  II,  p.  333.  J'ai  trop  bravé 
nos  tribunaux;  Dans  leurs  dédales  infernaux.  J'en- 
tends Cerbère  et  ne  vois  point  Minos,  bérang.  Adinu 
à  la  gloire.  [Nos  songes]  Égaraient  nos  molles  pen- 
sées Dans  les  dédales  de  l'amour,  lamart.  iléd. 
II,  t. 

—  HIST.  XIII'  s.  C'est  la  maison  Dedalu,  A  sa 
devise  Set  cascun  entrer.  Et  tout  i  sont  détenu,  Ane. 
poésies  fr.  ms.  du  Vatic.  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  AaiSaXo;,  Dédale,  nom  d'un  artiste  my- 
thologique, constructeur  du  labyrinthe  de  Crète,  et 
dont  le  nom  a  passé  à  toute  espèce  de  labyrinthe. 

t  DÉDALÉEN,  KNNE  (dé-da-lé-in,  è-n'),  adj. 
Néologisme.  Qui  tient  du  dédale.  Le  réseau  déda- 
léen  des  rues  de  Paris. 

—  ÉTYM.  Dédale. 

t  DÉDALLER  (dé-da-lé) ,  V.  a.  Enlever  les  dalles 
d'une  salle,  d'un  trottoir. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  dalle. 

DÉDAMER  (dé-da-mé).  ||  1°  V.  n.  Terme  de  jeu  de 
dame.  Déplacer  une  des  dames  qui  occupent  le  der- 
nier rang,  c'est-à-dire  le  rang  le  plus  proche  de 
celui  qui  joue  actuellement.  ||  2°  V.  a.  ôter  une  des 
deux  dames  qui  font  la  dame  damée,  si  elle  a  ét« 
damée  à  tort. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  dame  (. 

DEDANS  (de-dan  ;  l's  se  lie  :  de-dan-z  et  dehors) , 
adv.  de  lieu.  ||  1°  Dans  l'intérieur,  files-vous  hors 
du  cabinet?  —  Je  suis  dedans.  Quand  vous  serez 
dedans,  vous  ferez  à  partie....  Régnier,  Sat.  viii. 
Gardez-vous,  leur  dit-il,  de  vendre  l'héritage  Que 
nous  ont  laissé  nos  parents,  Un  trésor  est  caché  de- 
dans, LA  font.  Fabl.  V,  9.  Et  nouvel  Empéilocle, 
aux  flammescondamnéPar  sa  propre  et  pure  folie.  Il 
[le  cierge]  se  lança  dedans,  id.  ib.  ix,  I2.  Uncoffre 
et  rien  dedans.  Eh  gai  c'est  la  richesse  Du  gros 
Roger  Bontemps,  bérang.  Rog.  B.  ||  Donner  dedans, 
aller  se  jeter  dans,  se  heurter  contre.  Voulant- fuir 

T.  —  12f. 


i002 


DED 


les  rochers,  ils  vont  donner  dedans,  iamotte,  Fabl. 
II,  «.||Fifç.  et  familièrement.  Donner  dedans,  se 
laisser  sottement  tromper.  ||  Famili<TPment.  Mettre 
qtieli|u'un  dedans,  l'emprisonner;  et  fÎR.  le  tromper. 
Kfttro  dedans,  être  en  prison.  ||  Mettre  dedans, 
enivrer.  Une  bouteille  do  Champagne  l'a  mis  de- 
dans. Être  dedans,  être  ivre.  ||  Terme  de  trictrac. 
Mettre  dedans,  mettre  une  dame  sur  une  flèche  qui 
reste  à  remplir.  ||  Terme  de  manège.  Mettre  la 
tête,  l'épaule  ou  la  hanche  dedans,  obliger  l'animal  à 
'pnus.ser  ces  parties  du  côté  où  il  doit  tourner.  Mettre 
.dedans,  bien  mettre  l'animal  dans  la  main  et  dans 
'les  talons.  {|  Terme  de  vénerie.  On  dit  que  les  chiens 
I  font  bien  dedans,  quand  ils  sont  bien  dans  la  voie 
de  leur  animal.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Mettre  un 
oiseau  dedans,  commencer  à  l'appliquer  à  la  chasse. 
Il  Terme  de  marine.  Un  navire  est  vent  dessus,  vent 
dedans,  lorsque,  quelques-unes  des  voiles  étant 
masqufios,  d'autres  sont  confiées  par  le  vent.  ||  Fig. 
il  faut  être  dedans  ou  dehors,  il  faut  avoir  une  si- 
tuation nette,  savoir  positivement  ce  qu'on  veut.  Il 
me  proposa,  pour  prévenir  le  scandale,  un  tempé- 
rament que  je  refusai  net;  je  hii  dis  quo  je  ne  vou- 
lais point  d'un  état  intermédiaire;  que  je  voulais 
être  dedans  ou  dehors,  en  paix  ou  en  guerre,  brebis 
ou  loup,  J.  J.  Bouss.  Lett.  Meuron,  9  mars  t7C5. 
Il  Dans  le  même  sens,  ne  pas  savoir  si  l'on  est 
dedans  ou  dehors ,  être  incertain  de  l'état  de  ses 
affaires,  do  sa  situation  à  l'égard  de  certaines  per- 
sonnes. Il  Ne  pas  savoir  si  une  personne  est  de- 
dans ou  dehors,  ne  pas  connaître  ses  opinions,  ses 
intentions.  ||  Par  extension,  dedans,  dans  l'âme. 
Tant  que  rSme  soutient  le  corps,  Nous  avons  à  com- 
battre et  dedans  et  dehors  Les  tentations  et  les  pei- 
nes, corn. /mt(.  i,t3.  Il  2° Là  dedans,  loc.  odu.  Dans 
ce  lieu.  Kntrez  là  dedans.  11  est  là  dedans.  ||  Kig.  Je 
veux  lui  faire  voir  là  dedans  un  abîme  nouveau, 
PAsc.  dans  COUSIN.  |1  3°  En  dedans,  loc.  ad».  Dans  l'in- 
térieur, par  opposition  aux  limites  mêmes.  On  fait 
sentinelle  en  dedans.  ||  Fig.  Que  je  souffre  en  dedans 
et  qu'il  me  morlifiel  bkgnabd,  Démocr.  i,  4.  ||  En 
dedans,  vers  le  côté  intérieur.  Porter  la  pointe  du 
pied  en  dedans.  Avoir  les  pieds  en  dedans.  ||  Terme 
de  danse.  Un  danseur  est  en  dedans,  quand  ses 
hanches  et  ses  genoux  restent  mal  posés,  quoique 
les  pieds  se  tournent.  ||  Endeilans,  enfoncé.  C'é- 
tait [la  maréchale  d'Estrées]  une  grande  femme, 
assez  grosse  et  de  bonne  mine,  quoique  avec  des 
yeux  un  peu  en  dedans,  st-sim.  367,  200.  ||  Fig. 
Avoir  l'esprit  en  dedans,  être  timide  à  montrer  ce 
qu'on  vaut.  ||Être  fout  en  dedans,  avoir  peu  d'ex- 
pansion, être  peu  communicalif.  |1  En  dedans  de, 
loc.  prép.  En  dedans  et  en  dehors  de  la  ville.  La 
garnison  se  tenait  en  dedans  des  murailles.  ||  4°  Au 
dedans,  loc.  adv.  X  l'intérieur,  par  opposition  au 
dehors.  Le  pays  est  en  paix  au  dedans  et  au  dehors. 
Il  Fig.  Au  dedans,  au  fond  de  l'âme.  11  y  a  au  de- 
dans quelque  chose  qui  nous  avertit.  C'est  là  ce  qui 
fait  peur  aux  esprits  de  ce  temps  Qui,  tout  blancs 
au  dehors,  sont  tout  noirs  au  dedans,  boil.  Disc, 
au  roi.  Trop  sinc&re  avec  moi,  trop  fier  en  dedans 
pour  vouloir  démentir  mes  principes  par  mes  œu- 
vres, J.  3.  Rouss.  Conf.  vin.  Un  instinct  muet  au 
dehors,  mais  qui  lui  parle  au  dedans,  préside  à  ses 
travaux,  r*ynal,  Ilist.  phil.  xv,  0.  ||  Au  dedans  de, 
loc.  pHp.  Sa  gloire  était  afl'ermie  au  dedans  et  au 
dehors  du  royaume.  Le  témoignage  invisible  dont 
nous  ressentons  au  dedans  de  nous  l'impression, 
BOUHD.  Dim.  ocl.  de  VAscrns.  Dominic.  t. ii,p.  232. 
Mon  cœur  s'est  échauffé  au  dedans  de  moi,  sacy. 
Bible,  Ps.  xxxviii,  4.  ||  5°  Pardeilans,  loc. adv.  Salo- 
mon  le  fit  tout  dorer  par  dedans  d'un  or  très-fin  et 
trt''s-pur,s*CY,  Bibic,  Parai,  ii,  3.  ||  Par  dedans,  loc. 
prép.  Par  l'intérieur  de.  Il  pa.ssa  par  dedans  la  ville. 
Il  6"  Do  dedans,  de  l'intérieur.  11  vient  de  dedans.  De 
dedans  en  dehors.  ||  7"  Dedans,  s.  m.  L'intérieur 
d'une  chose.  Le  dedans  d'une  maison.  Les  dedans 
d'un  royaume.  Socrate  un  jour  faisant  bâtir.  Chacun 
censurait  son  ouvrage;  L'un  trouvait  les  dedans, 
pour  ne  lui  point  mentir,  Indignes  d'un  tel  per- 
sonnage, LA  FONT.  Fabl.  IV,  16.  Lcs  dedans  de 
la  main  sont  fortenfiés,  sÊv.  280.  Ouvrez,  ouvrez 
[un  écrinl,  je  réserve  mon  admiration  pour  le  de- 
dans; le  cœur  me  dit  que  nous  en  serons  plus 
charmées  que  du  dehors,  le  sage.  Turc,  i,  4.  ||  l'ar 
extension,  l'intérieur  en  parlant  du  pays  auquel 
on  appartient,  par  opposition  aux  pays  étran- 
gers. Je  crains  le  dedans  et  non  pas  lo  dehors,  di- 
sait M.  Guizot  peu  de  temps  avant  la  révolution  de 
Février.  Le  dedans  n'est  que  trouble  et  que  sédition, 
CORN.  Poly.  II,  2.  Il  L'intérieur,  en  parlant  d'une 
maison,  du  ménage.  La  femme,  au  contraire,  in- 
habile à  tous  <«s  mmistères,  est  réservée  pour  les 


DED 

affaires  du  dedans,  bollin,  Hist.  ane.  Œuvres, 
t.  X,  p.  4«5,  dans  potJOENS.  Il  Fig.  F,t  laissons  le  de- 
dans [le  cœur]  à  pénétrer  aux  dieux,  corn.  Sertor. 
III,  2.  Une  conduite  si  trompeuse  attaque  par  le  de- 
dans votre  ligue,  pi!n.  Tél.  XX.  C'est  du  dedans  du 
cœur  des  hommes  que  sortent  les  mauvaises  pensées , 
les  adultères,  les  fornications,  les  homicides,  sacv, 
mble,  Évang.  St  Marc,  vu,  21.  Par  l'agitation  du 
dedans,  la  disposition  du  dehors  est  toute  changée  : 
selon  que  le  sang  accourt  au  visace  ou  .s'en  retire, 
il  y  paraît  rougeur  ou  pâleur,  eoss.  Coun.  n,  i2. 
C'est  à  vous  à  changer  le  dedans,  à  ramoner  les 
cœurs,  MASS.  Car.  Cuite.  118°  Galerie  d'un  jeu  de 
paume.  ||  Terme  de  manège.  Côté  sur  lequel  le  che- 
val tourne.  La  jambe  du  dedans,  la  rêne  du  dedans, 
la  jambe,  la  rêne  qui  .sont  du  côté  de  l'intérieur 
du  manège,  par  opposition  à  la  jambe,  à  la  rêne 
qui  sont  du  côté  du  mur.  H  Terme  de  jeu  de  bague. 
Avoirdeiix,  trois  dedans, avoir  remporté  deux,  trois 
fois  la  bague.  ||  Terme  de  vénerie.  Faire  le  dedans 
d'une  quête,  en  battre  les  routes  et  les  taillis  par 
l'intérieur. 

—  REM.  Dans  le  xvii'  siftcle,  dedans  était  employé 
comme  préposition  ainsi  que  le  montrent  les  exemples 
suivants;  et  il  est  fâcheux  qu'on  ait  établi  la  règle 
contraire;  car  cela  frappe,  pour  le  lecteur  actuel, 
d'incorrection  des  passages  corrects  et  élégants  dans 
nos  classiques.  Voulez-vous  demeurer  dedans  la  rê- 
verie? CORN.  Cid,  I,  B.  Dedans  mon  ennemi  je 
trouve  mon  amant,  m.  ib.  in,  3.  Va  dedans  les 
enfers  plaindre  ton  Curiace,  m.  Ilor.  iv,  5.  Il  faut 
le  recevoir  ou  hâter  son  supplice.  Le  suivre  ou  le 
pousser  dedans  le  précipice,  m.  Pomp.  i,  i.  [Qu'ils] 
puissent  ne  laisser  dedans  votre  pensée  Que  l'image 
des  traits  dont  mon  âme  est  blessée,  m.  ib.  v,  B. 
Je  ne  veux  plus  que  moi  dedans  ma  confidence,  m. 
Rodog.  IV,  5.  Et  je  crois  que  le  ciel  dedans  un  rang 
si  bas  Cache  son  origine  et  ne  l'en  tire  pas,  mol. 
l'Étonr.  I,  2.  Il  est  vrai,  c'est  tomber  d'un  mal  dedans 
un  pire,  id.  ib.  Et  ses  vœux,  rejetés  de  l'objet 
qui  l'enflamme.  Étaient  comme  vainqueurs  reçus 
dedans  mon  âme,  m.  Dép.  am.  ii,  t.  Je  lis  dedans 
son  âme  et  vois  ce  qui  le  presse,  id.  ib.  m,  B.  Et 
je  tremble  à  présent  dedans  la  canicule,  ID.  Sgan. 
2.  Le  sultan  dormait  lors,  et  dedans  son  domaine 
Chacun  dormait  aussi,  la  font.  Fabl.  xi,  <.  Tant 
il  [chat]  en  avait  mis  dedans  la  sépulture,  id.  ib. 
II,  2.  Pour  secourir  les  siens  dedans  l'occasion,  id. 
ib.  m,  6.  L'oracle  était  logé  dedans  un  galetas,  ID. 
ib.  vu,  4  5.  De  tous  les  animaux,  l'homme  a  le  plus 
de  pente  A  se  porter  dedans  l'excès,  id.  ib.  ix,  >t. 
On  1'  [le  trésor]  avait  enterré  dedans  telle  bourgade, 
ID.  ib.  IX,  t3.  On  nous  veut  attraper  dedans  cette 
écriture  ;  Ce  sera  quelque  énigme  à  tromper  un  en- 
fant, ID.  ib.  X,  t4.  Ceux  qui  ont  la  foi  vive  dedans 
le  cœur  voient....  pasc.  Pensées.  J'en  voyais  et  de- 
hors et  dedans  nos  murailles,  bac.  Théb.  ii,  i. 
X  parler  dignement  de  Dieu,  il  n'est  ni  dedans  ni 
dehors  le  monde,  fén.  Kxist.  347. 

—  HIST.  XII'  s.  Dedens  le  cors  son  espié  [il]  a 
baigné,  Jlonc.  p.  89.  [La  grant  amour]  Dont  je  l'ai 
tant  dedens  mon  cuer  amée  [aimée],  Couct,  xvii. 
Cil  dedans  se  défendent  corn  nobile  baron,  Sax.  viii. 
Dedens  une  chapelle  [ils]  trouvèrent  Helissant,  ib. 
XII.  Dedans  quatorze  jourz  viendront  li  plus  tardif, 
t6.  XXIV.  Il  XIII' s.  Là  fu  li  estours  dedens  la  porte 
moult  grans  et  moult  merveilleus,  villeh.  lkxu. 
Dedens  ces  huit  jors  furent  venu  tuit  li  vaissiel  et 
li  baron,  id.  lxi.  Et  puis  [il]  se  rendit  moine  dedens 
une  abeïe,  Berte,  n.  Par  dedens  le  manoir  [ils]  sont 
tout  ensemble  entré,  ib.  cxxv.  Et  li  fist  li  rois  lire, 
et  avoit  devens  que  h  porteres  estoit  cousins  le 
soudanc,  Chr.  de  Itains,  96.  Nuz  ne  puet  estre  ta- 
lemeliers  [houlan-j^er]  de  dans  la  banliue  de  Paris, 
se  il  n'acliate  le  mestier  du  roi,  Li».  des  met.  4. 
Quant  commandemens  est  fes  à  aucun,  qu'il  face 
gré  à  son  créancier  de  ce  qu'il  li  doit,  dedens  les 
nuis,  c'est  à  savoir  .sept  jors  et  sept  nuis  à  l'omme 
de  poestô,  beaum.  liv,  k.  11  doit  aller  à  l'ommage 
dedens  les  quarente  jors  qu'il  est  entrés  en  le  [la] 
saizine,  id.  vi,  4.  Quant  semonse  est  fête  à  jor,  sans 
nommer  hore,  li  semons  doit  entendre  que  c'est  au 
matin,  dedens  hore  de  miedi,  id.  6i.  Le  chevalier 
s'en  vint  au  roy  et  dit  que  il  avoit  esté  dedans  les 
mesons  au  soudanc  et  que  c'estoit  voir  [vrai],  joinv. 
216.  Or  sus,  que  vez  ci  [voici]  les  Sarrazins  qui  sont 
venus  à  pié  et  à  cheval,  et  ont  desconfit  lesserjans 
le  roy  qui  gardoient  les  engins,  et  les  ont  mis  de- 
dans les  cordes  de  nos  paveillons  [les  ont  poussés 
jusque  dans  notre  camp],  id.  230.  Ce  fu  celi  qui 
plus  noblement  arriva,  car  sa  galie  a\iva  toute  peinte 
dedens  mer  et  dehors,  à  escussiaus  de  ses  armes, 
ID.  2(5.  Il  xiv  s.  Telz  monstroit Bonne  chiere  d'à- 


DED 

tendre  un  horion,  Qu'enfremez  vausist estre  par  de 
dens  sa  maison, Baud.  de  Seb.  vu,  ns.  ||  xv*  s,  Lan- 
castre  et  le  comte  de  Cantebruge  desiroient  trop 
grandement  à  aller  dedans  l'an  en  Portingal ,  frciss. 
II,  II,  2(9.  Et  devoit  estre  à  cette  feste  une  joute 
de  quarante  chevaliers  de  par  dedans,  attei:dans  tous 
autres,  et  de  quarante  escuyers  aussi,  id.  i,  i,  2(3. 
Un  grand  tourment  les  prit  en  mer  qui  les  mit  si 
hors  de  leur  chemin,  qu'ils  ne  surent,  dedans  deux 
jours,  là  où  ils  estoient,  id.  i,  i,  <8.  Dedans  celle 
trêve  advint  que....  id.  i,  i,  47.  Aller,  dedans  l'an, 
en  Portingal,  id.  ii,  ii,  2i9.  Et  entra  dedans  la 
ville,  tout  premièrement,  messire  Jean  de  Hainaut, 
ID.  I,  i,  t03.  Nous  vous  voudrions  prier  que  nous 
puissions  demeurer  en  composition,  que  vous  ne 
nous  fissiez  point  de  guerre,  ni  nous  à  vous,  le 
terme  d'un  mois;  et  si,  là  en  dedans,  le  roi  de 
France  ou  le  duc  de  Normandie  son  fils  venoient  en 
ce  pays  si  forts  que  pour  vous  combattre,  nous  se- 
rions quittes  et  absous  de  nos  convenances,  id.  i,  i , 
234.  Incontinent  la  pucelle  dist  :  dedens,  enfans,  en 
nom  Dé  ils  sontnostres  [les  remparts],  Chr.  du  siège 
d'Orléans,  (429,  Bibl.drs  Charles,  2» série,  t.  m,  p. 
B08.  Ils  sont  dedans  [Paris  assiégé]  [ilsy  sont  entrés], 
COMM.1,2.  Etmisrentles  Bourguignons  dedans  Mou- 
lins, ID.  I,  2.  Venez  anuit  heurter  à  ma  chambre,  je 
vous  ferai  mettre  dedans  [entrer],  louis  xi,  Nouv. 
XXVII.  Il  XVI' s.  U  feit  pendre  tout  ce  qui  estoit  de- 
dans, MONT.  1,  B3.  Pensant  tirer  vers  le  dedans  de  la 
ville,  iD.  I,  6(.  Conceptions  qu'ils  ne  peuvent  es- 
claircir  au  dedans,  ni  parconsequent  produire  au  de- 
hors,id.  I,  (88.  Bouillir  dedans  une  marmite,  id.  ii, 
48.  U  se  tenoit  tousjours  enfermé  par  le  deilans  de 
sa  chambre,  id.  ii,  78.  Les  stoïciens  mettent  l'ame 
autour  et  dedans  le  cœur,  id.  ii,  290.  Encroustez 
de  marbres  au  dehors,  le  dedans  reluisant  de  rares 
enrichissements,  id.  iv,  12.  Il  estoit  romain,  et 
nay  dedans  Home,  mais  dans  la  vraye  Home,  id. 
IV,  303.  Il  les  meit  dedans  une  auge,  et  s'en  alla 
vers  la  rivière  en  intention  de  les  jetter  dedans, 
amyot,  iîom.  IV.  Il  bout  d'une  sorte  de  poison  qui 
tue  l'homme  dedans  vingt  quatre  heures,  in.  Thém. 
26.  Finablement  il  luy  monstra  premier  le  dedans, 
et  puis  après  le  dehors  de  la  main,  et  le  menaça 
que  sa  ville  seroit  ainsi  reversée  sans  dessus  dessoubs, 
ID.  Timol.  (B.  Les  meurtriers  arrivèrent,  et,  estant 
les  portes  du  logis  fermées,  les  meirent  à  force  de- 
dans, JD.  Ciccron,  60.  Ils  demandoient  bien  souvent 
les  biens  de  ceulx  quivivoient,  comme  s'ilz  eussent 
esté  morts,  et  se  mettoient  dedans  par  force,  id. 
Anton.  27.  Il  esperoit,  dedans  Parques  [avant  Pas- 
ques],  en  rendre  bon  compte  à  Sa  .Majesté,  carl.  i, 
40.  Il  luy  met  un  assez  riche  rubys  dedans  le  doigt, 
qu'il  tira  du  sien,  m.  vi,  43.  Page,  verse  à  longs 
traits  du  vin  dedans  mon  verre,  rons.  273.  C'est  toi 
belle  fontelette.  Où  ma  douce  mignonnette  A  miré 
ses  yeux  dedans,  id.  65).  Je  vis  en  elle,  elle  vit  de- 
dans moy;  Ce  n'est  qu'un  cœur,  qu'une  ame  et 
qu'une  foy,  id.  765.  Maint  huis  y  fut  rompu  et  maint 
coffre  effondré,  Et  le  dedens  exposé  à  pillaige,  pals- 
grave,  p.  847. 

—  ÉTYM.  De,  et  dans;  picard,  dedins;  wallon, 
divint;  rouchi,  dedcn;  provenç.  drdinti ,  dedins, 
dédis.  La  forme  deveni,  analogue  à  diri'nt  du  wallon, 
se  trouve  dans  un  texte  ancien,  écrit  il  est  vrai  au 
nord  de  la  France. 

DÉDICACE  (dé-di-ka-s*),  s.  f.  |1 1*  Consécration 
du  temple  de  Jérusalem  chez  les  Juifs.  Il  célébra 
la  dédicace  du  temple  avec  piété,  Boss.  Hist.  i,  6. 
Voici  donc  tout  ce  qui  fut  offert  par  les  princes  d'Is- 
raël à  la  dédicace  de  l'autel,  au  jour  qu'il  fut  con- 
sacré :  douze  plats  d'argent;  douze  va.ses  d'.irgent 
et  douze  petits  vases  d'or,  sacy.  Bible,  Nombres, 
VII,  84.  Il  Fêle  des  dédicaces,  fête  des  Juifs  célébrée 
en  mémoire  de  la  restauration  et  de  la  nouvelle  dé- 
dicace du  temple  par  les  soins  de  Judas  Machabée. 
Il  2"  Consécration  d'une  église  ou  d'une  chapelle, 
qu'on  dédie  à  quelque  saint,  c'est-à-dire  qu'on  met 
particulièrement  sous  sa  protection.  Faire  la  dédi- 
cace d'une  église.  ||  Dédicace  de  l'église,  fête  qui  se 
célèbre  tous  les  ans  le  même  jour  en  mémoire  de  sa 
consécration  et  qui  est  marquée  par  des  cierges  mis 
sur  tous  les  piliers.  ||  3*  Fig.  Hommage  qu'on  fait 
d'un  livre  à  quelqu'un,  par  une  épitre  imprimée  en 
tête  de  l'ouvrage.  Votre  Majesté  n'a  que  faire  de 
toutes  nos  dédiicaces,  mol.  Ép.  dédicntoire  de  la 
Critique  de  l'École  des  femmes.  Aussitôt  tu  verras 
poètes,  orateurs....  Dégrader  les  héros  pour  te  met-  : 
tre  en  leur  place,  De  tes  titres  pompeux  enfler  leur 
dédicace,  boil.  Sat.  vin.  Je  dédiai  une  pièce  à  M.  Du- 
clos,  et  je  déclarai  que  ce  serait  ma  seule  dédicace; 
j'en  ai  pourtant  fait  une  seconde,  avec  .son  consen- 
tement, J.  J.  ROUSS.  Confess.  viii.  Que  vraisembla- 


DED 

blement  mon  livre  serait  censuré,  et  que,  pour  cela 
seul,  il  n'osait  proposer  au  roi  d'en  accepter  la  dé- 
dicace, MABMONT.  Uém.  liv.  VIII.  On  lit  dans  une 
dédicace  Qu'en  lalin  il  citait  Horace,  bérang.  iV^o- 
buchodonosor. 

—  HIST.  XIV' S.  Comme,  le  jour  de  la  feste  Nostre 
Dame  my  aoust,  l'exposant  feust  asez  esbatu  en  la 
ville  d'Enquery  à  une  feste  que  l'en  appelle  au  pays 
[Boulognel  ququerroesse  ou  dedicasse,  du  cange, 
dedicntio.  L'exposant,  qui  demouroit  lors  en  la  ville 
de  Valenciennes,  s'aloit  eslmtre  ou  moustier  où  es- 
toit  laducasse  ou  fesle  appellée  saiiitVast,  m.  tb.||  xv' 
s.  Ils  vinrent  arriver  au  village,  où  se  faisait  la  dédi- 
cace et  la  générale  feste  du  lieu  [fi'te  patronale], 
LOUIS  XI,  JVouv.  xcviii.  Il  xvi*  s.  La  dedicasse  d'un 
temple,  amyot,  TMm.  42. 

— ËTYM.  Lat.  ficliî dedicacia,  de  dedicare,  dédier 
(voy.  DÉDIER);  wallon  ,  di'ctîce;  namurois,  dtcauci! ; 
rouclii,  ducasse,  trois  mots  qui  signilient  fêle  pa- 
tronale. 

DÉDICATOIRE  (dé-di-ka-toi-r'),  adj.  Qui  contient 
la  dédicace  d'un  livre,  d'une  statue,  d'un  monu- 
ment. Il  faut  que  celui  à  qui  s'adresse  l'épître  dédi- 
catoire  paye  ou  protège,  fonten.  Jugement  de  Plu- 
Ion.  Les  gens  de  lettres  ont  renoncé  à  ces  épîlres 
dédicatoires  qui  avilissaient  l'auteur,  même  lorsque 
l'ouvrage  pouvait  inspirer  l'estime  ou  le  respect, 
CONDORCET,  d'Alembert. 

—  ÉTYM.  Lat.  dedicatorius ,  de  dedicare,  dédier. 

DÉDIÉ,  ÉE  (dé-di-é,  ée),  part,  passé.  Eglise  dé- 
diée à  la  Sle  Vierge.  ||  Une  pièce  de  vers  dédiée  à 
un  prince. 

DÉDIER  (dé-di-é),  je  dédiais,  nous  dédiions,  vous 
dédiiez;  que  je  dédie,  que  nous  dédiions,  que  vous 
dédiiez,  v.  a.  ||  1°  Consacrer  au  culte  divin,  mettre 
sous  la  protection  de  Dieu,  sous  l'invocation  d'un 
saint.  Dédier  une  église,  une  chapelle,  un  autel. 
Il  2°  Kaire  à  quelqu'un  hommage  d'un  ouvrage  ou 
par  une  épltre  ou  par  une  simple  suscription.  Ce 
n'est  que  maroquin  perdu  Que  les  livres  que  l'on 
dédie,  SCARBON,  dans  richelet. 

—  HIST.  XII'  s.  Quant  la  chapele  fu  beneoite  à  Es 
[Aix-la-Chapelle],  Et  li  mostiers  fu  dédiez  et  fez, 
Li  coronemens  Looys,  v.  28.  E  en  ccl  setme  [sep- 
tième] meis  fud  dédiez  11  temples  e  tute  la  vaissele, 
liais,  257.  E  puis  dédièrent  le  temple,  e  firent  ves- 
seaus  sainz  toz  noveaux,  Machabées,  i,  4.  ||  xiir  s. 
Hors  de  sains  liex  qui  sont  dédié,  eeadm.  xxv,  2). 
Lequel  moustier  estoit  fait  en  la  mahommerie  des 
Sarrazins,  et  l'avait  le  légat  dédié  en  l'onneur  de  la 
mère  Dieu,  joinv.  208.  |]  xiv  s.  En  temps  duquel 
consul  fu  dédiée  la  maison  de  Saturne,  bercheure, 
f°  36.  Il  xv  s.  Hé  Dieu!  se  j'eusse  estudié  Au  temps 
de  ma  jeunesse  folle.  Et  à  bonnes  meurs  dédié. 
J'eusse  maison  et  couche  molle,  villon.  Grand 
testam.  ||  xvi'  s.  Qui  est-ce  qui  inférera  de  là  qu'il 
faille  refuser  le  baptesme  aux  petis  enfans,  lesquels 
Dieu  se  dédie  par  son  adoption  gratuite?  Calvin, 
Instit.  1090.  Tarquinius  édifia  ce  temple;  mais  il  ne 
le  dédia  pas,  amyot,  Publ.  27.  L'arbre  proprement 
dédié  et  consacré  à  Jupiter,  id.  Cor.  4.  Il  choisit 
entre  tous  les  anciens  sénateurs  romains  Q.  Fabius 
Maximus,  auquel  il  se  voua  et  dédia  du  tout,  id. 
Cat.  7.  Geste  charge  luy  sembloit  trop  vile  et  mal 
séante  à  luy  qui  estoit  jeune  et  dédié  à  l'estudo,  id. 
lirutus,  3.  Lequel  [cheval]  ne  peut  estre  monté  ny 
dressé  que  par  César,  qui  dédia  son  image  aprez  sa 
mort  à  la  déesse  Venus,  mont,  i,  360. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  dedicar;  ital.  de- 
dicare; dii  latin  dedtcore,  de  de,  et  dicare,  con- 
sacrer. 

t  DÉDIEDR  (dé-di-eur),  s.  m.  Terme  de  plaisan- 
terie. Celui  qui  dédie  un  livre.  Ils  ont  grand  tort, 
ces  méchants  dédieurs  de  livres,  d'aller  faire  peur 
jusque  dans  leurs  chambres  à  ces  nobles  seigneurs, 
ËCABRON,  Éptt.  dédie.   Œuvres,  1. 1,  p.  t69,  dans 

POUGENS. 

—  ÉTYM.  Dédier. 

DÉDIRE  (dé-di-r'),  V.  a.  se  conjugue  comme  dire, 
excepté  à  la  2"  personne  du  pluriel  du  présent  de  l'in- 
dicatif et  de  l'impératif:  vous  dédisez,  dédisez,  et 
non:  vous  dédites,  dédites.  ||  1°  Désavouer  quel- 
qu'un de  ce  qu'il  a  dit  ou  fait.  Croyez  qu'il  me  dé- 
plaît, et  trés-sensiblement.  De  vous  devoir  dédire 
une  fois  seulement,  botrou,  Antig.  ii,  2.  Mon  cœur 
vous  en  dédit,  un  secret  mouvement  Qui  le  penche 
vers  vous  malgré  moi  vous  dément,  cobn.  D.  San. 
IV,  3.  Les  rois  impunément  dédisent  leurs  sujets, 
ID.  Perlhar.  ii,  3.  Que  sert  la  volonté  d'un  chef 
qu'on  peut  dédire?  m.  Sophon.  i,  3.  H  m'a  donnée 
à  vous,  et  nul  autre  que  moi  N'a  droit  de  l'en  dé- 
dire, et  me  choisir  un  roi,  id.  Nicovi.  i,  l.  M.  le 
chevalier  no  m'en  dédira  pas,  sKv.  686.  il  no  m'a 


DED 

jamais  dédite  de  rien,  id.  3G9.  Et  moi  je  n'f.i  pas 
osé  l'en  dédire,  m'a  dit  Dorante,  parce  (|iu>  j'aurais 
indisposé  contre  moi  cette  fille,  qui  a  du  crédit  au- 
près de  sa  maltresse,  Marivaux,  Fauss.  confid.  ii, 
< 2.  Il  Par  extension,  dédire  quelque  chose,  ne  pas 
se  conformer  à  ce  que  cette  chose  exige.  Oui,  le 
religieux  qui  hait  la  discipline.  Qu'importune  la 
règle,  à  qui  pèse  l'habit.  Qui  par  ses  actions  chaque 
jour  les  dédit....  corn.  Imit.  i,  25.  ||  2°  Se  dédire, 

V.  réjl.  Désavouer  ce  qu'on  a  dit Tu  n'es  donc 

point  mon  fils.  Puisque  si  lâchement  toujours  tu 
t'en  dédis,  cobn.  Iléracl.  li,  3.  Je  m'en  dédis,  sei- 
gneur, il  n'est  point  criminel,  id.  Nicom.  iv,  2. 
Mais  s'il  se  dédisait  d'un  outrage  forcé,  id.  Scrtor. 
I,  3.  Mon  amour  a  paru;  je  no  m'en  puis  dédire, 
ID.  Cid,  v,  8.  Je  vous  en  ai  trop  dit  pour  m'en  pou- 
voir dédire,  ID.  ib.  v,  7.  De  tout  ce  que  j'ai  dit,  je 
me  dédis  ici,  mol.  Uis.  ii,  t.  C'est  l'opinion  [ne  pas 
croire  en  Dieu]  d'un  favori  qui  se  dédira  à  l'agonie, 
LA  BHiiY.  X.  Toutefois,  s'il  le  faut,  je  veux  bien  m'en 
dédire,  boil.  Sat.  ix.  Également  impartial,  quand 
je  loue  et  que  je  me  dédis  d'un  éloge,  quand  je 
blâme  et  que  je  me  dépars  de  ma  critique,  dider. 
Salon  de  1707,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  610,  dans  pou- 
gens.  Il  Ne  pas  tenir  sa  parole,  revenir  sur  un  en- 
gagement pris.  Il  n'y  a  point  moyen  de  vous  en  dé- 
dire, BALZ.  liv.  VII,  lett.  6.  Mais  quand  ce  choix  est 
fait,  on  ne  s'en  dédit  plus,  corn.  Sertor.  m,  2. 
Souvent  on  se  dédit  de  tant  de  complaisance,  m. 
Tite  et  B.  v,  6,  Ainsi  des  bons  propos  la  céleste  vi- 
gueur Aisément  dégénère  en  honteuse  langueur;  Tu 
semblés  n'en  former  qu'afin  de  t'en  dédire  ,  iD. 
Imit.  III,  0.  Il  est  tard  après  tout  de  vouloir  m'en 
dédire,  id.  Cinna,  i,  2.  Vous  ne  sauriez  ce  coup 
vous  en  dédire,  la  font,  ilandr.  Comment,  vous 
avez  cru  que  j'irais  me  dédire  i  cause  du  revers  qui 
vous  est  survenu,  collin  d'harlev.  Optimiste,  iv, 
8.  Il  Familièrement.  11  n'y  a  pas  à  s'en  dédire,  c'est- 
à-dire  la  chose  est  trop  avancée  pour  reculer.  11  n'y 
avait  pas  moyen  de  s'en  dédire,  iiamilt.  Gramm.  6. 
Hélas!  madame,  repris-je,  je  n'ai  suivi  que  vos  con- 
seils, il  n'est  plus  temps  de  se  dédire,  Marivaux, 
illari'anne,9«  partie,  t.  m,  p.  372,  dans pougens.  ||  Se 
dédire,  protester  qu'on  n'a  pas  fait  une  chose  qui 
est  imputée.  Ce  sens  vieillit.  L'on  n'a  nul  droit  de 
se  plaindre  de  tout  homme  qui  se  dédit,  mol.  Georg» 
Dand.  i,  8.  Si  bien  donc  que,  si  je  le  trouvais  cou- 
ché avecma  femme,  il  en  serait  quitte  pour  se  dé- 
dire, id.  ib.  Il  Avec  ellipse  du  pronom  se.  Pensez- 
vous  qu'il  se  laisse  aisément  détromper.  Et  qu'au 
premier  moment  qu'il  vous  verra  dédire.  Aux  mains 
de  son  vrai  maître  il  remettra  l'empire?  cobn.  Hé- 
racl.  Il,  8.  Je  fais  ce  que  je  puis  à  le  faire  dédire, 
ID.  Perthar.  v,  2. 

—  REM.  Dans  le  xvii"  siècle  on  hésitait  entre  dé- 
disez et  dédites.  Puisque  je  l'ai  promis,  ne  m'en 
dédisez  pas,  mol.  Mis.  m,  4.  Mais  dans  l'édition 
originale  de  <669  il  y  a  :  ne  m'en  desdites  pas. 

—  SYN.  se  dédire,  se  rétracter.  Ces  deux  verbes 
signifient  désavouer  ce  qu'on  avait  dit,  avancé.  Dé- 
dire est  plus  général;  c'est  désavouer  une  chose  dite, 
quelle  qu'elle  soit;  on  se  dédit  aussi  bien  des  pa- 
roles bonnes  que  de  paroles  indifférentes  ou  agres- 
sives. Mais  rétracter  implique  qu'il  y  avait,  dans  ce 
que  nous  avions  avancé,  quelque  chose  qui  blesse, 
offense  ou  mérite  du  blâme.  Je  lui  avais  attribué 
cet  acte  de  générosité;  la  chose  est  fausse;  je  m'en 
dédis.  Je  lui  avais  imputé  cette  mauvaise  action; 
j'étais  mal  informé,  je  me  rétracte. 

—  HIST.  XII"  s.  Quanque  tu  as  et  dit  et  devisé, 
Desdi  je  tôt  en  l'enor  dam  le  Dé  [en  l'honneur  du 
seigneur  Dieu],  Bat.  d'Aleschans,  v.  4  398.  N'[y]  a 
baron  en  la  court  qui  de  rien  l'en  desdie,  Sax.  xxxii. 
Johans  de  Salesbire  li  aveit  dunches  dit:  Sire,  tuz 
jurs  avez  nostre  conseil  desdit.  Th.  le  mart.  (43. 
Pur  ço  qu'or  desdiseit  ço  qu'ainz  otgraanté,  ib.  43. 
Desdire  les  voleit  li  bers  del  jugement:  Mais  mult  li 
unt  prié  trestuit  communément  Qu'il  laist  cele  ire 
ester,  nel  [ni  le]  desdie  neent;  Face  la  volenté  le 
rei  e  sun  talent,  ib.  32.  ||  xiii'  s.  De  riens  que  com- 
mandez, ne  serez  jà  desdite,  Berte,  liv.  De  lui  au- 
ron  ore  tel  pès.  Que  jamès  mal  ne  nos  fera.  Ne 
chose  ne  nos  desdira  Que  nis  un  de  nos  fere  voille, 
Ben.  6020.  Si  vos  pri,  seignor  amoreus,  Que  se  vous 
i  trovés  paroles  Semblans  trop  baudes  ou  trop  foies, 
Por  quoi  saillent  li  médisant  Qui  de  nous  aille  mcs- 
disantDes  choses  à  dire  ou  des  dites.  Que  cortoise- 
ment  les  desdites,  la  Hose,  453C8.  Adonques,  se 
nus  ne  le  desdit  [contredit],  cil  qui  sont  nommé 
devant  demorent  procureur,  beaum.  si.  Et  qui  dit 
parole  por  sei  en  court,  ou  que  il  otreie  ce  que  .son 
conseil  a  dit,  il  ne  le  peut  puis  desdire  ne  neer 
[nier],  Ast.  de  J.  52.  ||  xiV  s.  Si  fist  Kareulouct, 


DED 


1003 


qui  dit  :  alons  avant!  Et  Guillaume  Boitel  ne  les  va 
desdisanlj  dliescl.  ((i328.  Mais  quant  vos  cuers  m'es- 
condit,  Vos  dous  regars  s'i  mesle  et  l'en  desdit  Si 
doucement  que  plus  en  gré»reçoy  Vostre  refus  que 
d'une  autre  l'oltroy,  machault,  p.  02.  ||  xv  s.  Ce 
sont  trois  personnes  ensamble  Et  un  seul  Dieu  :  dy, 
qu'il  t'en  sanble?  Oserois-tu  ceci  desdire?  la  Pass. 
de  N.  S.  J.  C.  Et  n'est  nul  en  Angleterre,  tant  soit 
noble  ni  de  grand  alTaire,  qui  l'ose  courroucer  ni 
desdire  de  tout  ce  qu'il  veut  faire,  FROiss.  I,  I,  7. 
Le  trailé  plut  assez  bien  au  roi  de  France,  pour 
mieux  complaire  au  roi  d'Escosse,  et  ne  desdit  de 
rien  le  traité,  id.  i,  i,  io9.  Pour  ceste  cause  fut 
desdicte  la  trefve,  comm.  m,  9.  ||  xvr  s.  Se  desdire 
de  .sa  parole,  mont,  m,  78.  Ne  voulant  desilire  [con- 
tredire] Platon,  qui  estime....  id.  iv,  78.  Cette  mis- 
sive m'est  un  petit  suspecte,  car  elle  parle  comme 
si  le  livre  estoit  dédié  à  Trajan,  ce(|ui  est  manifes- 
tement dedict  par  le  commencement  du  livre,  amyot, 
Préf.  xxi,  49.  Aristœnetus,  qui  s'esloit  tousjours 
monstre  fort  affectionné  aux  Komains,  dit  qu'il  ne 
les  falloit  desdire  en  chose  quelconque,  ny  se  mon- 
trer ingrats  envers  eulx,  id.  PJnlop.  M.  Hz  desdi- 
rent [refusèrent]  fort  et  ferme  Alexandre,  quand  il 
les  cuida  à  toute  force  faire  encore  passer  la  rivière 
de  Ganges,  id.  Alex.  <04.  Ils  avoient  appelé  impu- 
dence la  hardiesse  d'un  jeune  homme,  qui  avoit  osé, 
premier  que  d'estre  au  lieu,  desdire  les  asseurances 
d'un  tel  homme  que  Segur  PardaiUan,  d'aud.  Uist. 
II,  270. 

—  ÉTYltf.  Dé....  préfixe,  et  dire;  provenç.  desdire; 
catal.  desdir;  espagn.  disdecir ;  portug.  desdiser; 
ital.  disdire. 

i.  DÉDIT,  ITE  (dé-di,  di-t'),  part,  passé  de  dé- 
dire. Qui  a  été  désavoué.  Dédit  par  ceux  qui  l'a- 
vaient chargé  de  parler.  De  peur  d'en  être  dédit,  il 
n'osa  nommer  son  successeur,  boss.  Hist,  m,  5. 

2.  DÉDIT  (dé-di  ;  le  t  ne  se  prononce  pas  et  ne  se 
lie  pas  dans  le  parler  ordinaire;  au  pluriel,  l's  se 
lie:  des  dé-di-z  obligatoires),  s.  m.  ||  1°  Révocation 
d'une  parole  donnée.  ||  Fig.  Cet  homme  a  son  dit 
et  son  dédit,  c'est-à-dire  il  est  inconstant,  on  ne 
peut  se  fier  à  sa  parole.  Allez,  mademoiselle,  en  fait 
de  mariage,  une  fille  a  son  dit  et  son  dédit, 
brueys.  Grondeur,  ii,  3.  ||2°  Somme  stipulée  et 
due  par  celui  qui  ne  remplit  pas  les  termes  d'une 
convention.  Mais  songez  au  dédit,  il  faut  surtout  le 
mettre,  hauteroche,  Bourg,  de  quai,  iv,  5.  ||  Acte 
qui  garantit  cette  stipulation.  Le  dédit  fut  déposé 
chez  un  notaire.  Qu'avec  un  grand  plaisir,  dédit, 
je  te  déchire,  dufrény.  Dédit,  i,  it. 

—  HIST.  xiv  s.  Mais  les  deux  spermes  dessus  dicts 
Sont  composez;  c'est  sans  desdicts.  Des  quatre  élé- 
ments seulement,  Traité  d'alch.  3o.||xv"s.  Fut  con- 
clue une  trefve  à  deux  mois  de  desdit,  comm.  viii, 
)6.||xvi's.  Le  repentir  n'est  qu'une  desdioto  de 
nostre  volonté,  mont,  m,  26). 

.  —  ÉTYM.  Dédit  I  ;  génev.  dédite,  s.  f. 
t  DÉDOLATION  (dé-do-la-sion) ,  s.  f.  Terme  do 
chirurgie.  Action  d'un  instrument  tranchant  qui, 
portant  obliquement,    enlève  une  portion  superfi- 
cielle de  la  peau  et  des  tissus  sous-jacents. 

—  ÉTYM.  Dédoler. 

tDÉDOLER  (dé-do-lé),  v.  n.  Terme  de  chirurgie. 
Opérer  une  dédolation.  Couper  en  dédolant. 

—  ÉTYM.  Lat.  dedolare,  de  de,  et  doiore,  tra- 
vailler à  la  doloire. 

DÉDOMMAGÉ,  ÉE (dé-do-ma-jé ,  jée) ,  pari. poss^ 
Qui  a  reçu  réparation  d'un  dommage.  Dédommagé 
de  la  perte  qu'il  avait  faite.  On  est  bien  dédommagé 
de  cette  dépense  par  les  avantages  qu'elle  assure , 
raynal,  Hist.  phil.  ii,  11». 

DÉDOMMAGEMENT  (dé-do-ma-je-man),  s.  m. 
Il  1°  Réparation  d'un  dommage.  Il  a  obtenu  mille 
francs  de  dédommagement.  Le  moindre  dédomma- 
gement ne  lui  a  pas  été  accordé,  raynai., //ùt.  phil. 
xiii,  48.  ||2°Fig.  Compensation.  Nous  trouvons  mille 
dédommagements  humains  à  nos  malheurs,  mass. 
Avent,  Afjlict.  Cette  ville  où  ses  soldats  devaient 
enfin  trouver  un  abri,  des  vivres,  une  riche  proie, 
dédommagements  promis  à  tant  de  maui,  séour, 
Uist.  de  Napol.  vi,  6. 

—  ÉTYM.  Dédommager. 

DÉDOMMAGER  (dé-do-ma-jé.  Le  ff  prend  un  e  de- 
vant a  ou  0  ;  nous  dédommageons  ;  je  dédomma- 
geais), V,  a.  Il  1°  Indemniser  d'un  dommage  souffert. 
On  l'a  dédommagé  de  toutes  ses  pertes.  Mélanch- 
thon  ne  sait  comment  excuser  les  exactions  énor- 
mes que  fit  le  landgrave,  toujours  peu  scrupuleux 
pour  se  faire  dédommager  d'un  armement  constam- 
ment et  de  son  aveu  fait  mal  à  propos  et  sur  de 
faux  rajiports,  boss.  Var.  déf.  i"disc.§  44.  Indé- 
pendamuicnt  de  l'importance  do  cotte  conquête  en 


4004 


DÉD 


DÊD 


DÉD 


elle-mAme,  le  vainqueur  trouva  dans  la  Havane  pour 
environ  »6  millions  d'argent  ou  d'autres  eiïets  pré- 
cieux qui  le  dédommageront  amplement  des  frais  de 
«on  expédition,  baynal,  //«(.  phU.  x,  ta.  ||  Fig. 
Les  bon  tés  dont  Votre  Majestii  me  comble  me  dédom- 
magent ue  celte  injustice,  d'alemb.  Lettre  au  roi  de 
Prusse,  7  déo.  I77B.  Vous,  demeurez,  et  que  votre 
présence  M»  dédommage  un  peu  d'une-aussi  longue 
absence.  M.  J.  chkn.  Féuelon,  m,  2.  ||  2° Se  dédom- 
mager, V.  ré/l.  Être  dédommagé.  11  se  dédomma- 
j-'ea,  par  un  bon  repas,  de  l'abstinence  qu'il  avait 
supportée.  L'orgueil  se  dédommage  toujours  et  ne 
perd  rien,  lors  même  qu'il  renonce  à  la  vanité,  la 
ROcuËFouCAULD,  dans  bichelet.  11  se  dédomma- 
gera avec  usuie  de  la  satisfaction  volontaire  qu'il  at- 
tendait de  leur  part  et  qu'ils  lui  auront  refusée, 
BOUHD.  Serm.  24'  dim.  après  Pentec.  Dominic.  Si 
tous  mes  soupirants  pouvaient  me  uégliger.  Je  ne 
vous  prendrais  pas  pour  m'en  dédommager, regnard, 
le  Joueur,  iv,  7. 

—  HIST.  xm"  s.  Et  si  requeroit  qu'il  fust  desda- 
maciés  des  journées  des  ouvriers  qu'il  avoit  loués 
pour  le  blé  soier  [scier],  beaum.  xuv,  42.  Nus  pièges 
nedoitenriquirde  ce  dont  il  est  pièges,  el  damacede 
celi  qui  en  pièges  le  mist,  mes  tant  solement  es- 
tre  desdamaciés  et  estre  mis  el  point  là  ù  il  estoit 
quant  il  advint  pièges,  ID.  xxxiil,  2.  Et  se  vous  pre- 
nés  du  nostre,  nous  avons  bien  tant  du  voslre  en 
Acre,  que  vous  nous  desdomagerés  bien,  joinv.  25o. 
Il  XV*  s.  Le  dommaige  sera  usité  par  les  maisti'es; 
et  se  ils  rapportent  par  serment  que  lesdits  babiz 
soient  empirez  par  le  default  du  tailleur,  il  desdom- 
magera  cellui  à  qui  ledit  habit  sera,  Ordonn.  févr. 

4485. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  dommage. 
DÉDORÉ,  ÉE  (dé-do-ré,   rée),  part,  passé.  Un 

carrosse  dédoré. 

DÉDORER  (dé-do-ré),  v.  a.  Enlever  la  dorure. 
Il  Se  dédorer,  v.  rtfl.  Perdre  sa  dorure. 

—  UIST.  xvi'  s.  Si  l'or  enst  esté  aussi  nutritif  que 
vous  le  publiez,  Mydas  se  fust  bien  erigardé  de  re- 
quérir d'estre  dedoré,  cnoLiÈnES,  dans  le  Dict.  de 
DOCHEZ.  Tout  le  malheur  qui  nostre  âge  dedore,  du 

BELLAY,    VI,  57,  reclo. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  dorer. 

I  DÉDORMIR  (dé-dor-mir),  v.  n.  Cesser  de  dor- 
mir. 

—  HIST.  xm"  s.  L'encantement  [il]  a  fait  fenir  Et 
lés  chevaliers  desdormir,  FI.  et  lilancheft.  v.  966. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  dormir. 

t  DÊDORURE  (dé-do-ru-r) ,  s.  f.  Action  de  dédo- 
rer ou  de  se  dédorer. 

—  ÉTYM.  Dédorer. 

t  DÉDOSSEMENT  (dé-dô-se-man) ,  s.  m.  Action 
de  dédosserune  pièce  de  bois;  résultat  de  cette  ac- 
tion. 

—  ÉTYM.  Dédosser. 

t  DÉDOS.SER  (dé-dô-sé),  v.  a.  Dresser  à  la  scie 
una  pièce  de  bois  pour  la  mettre  à  vive  arête.  ||  Terme 
de  jardinage.  Diviser  une  grosse  touffe  de  racines 
Tivaces  en  plusieurs  petites  touffes. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  dos,  dans  le  premier 
sens,  parce  que  la  pièce  à  dresser  forme  une  espèce 
de  dos;  dans  le  second,  parce  qu'on  fait  que  les 
touffes  ne  soient  plus  adossées. 

t  DÊDOUBLAGE  (dé-duu-bla-j'),  s.m.  Dédoublage 
de  l'alcool,  action  de  le. couper,  de  l'atténuer  par 
un  mélange  d'eau.  ||  Terme  de  marine.  Action  de  dé- 
doubler. 

—  ÉTYAI.  Dédoubler.  • 

t  DÉDOUBLANT,  ANTE  (dé-dou-blan,  blan-t'), 
adj.  Terme  de  chimie.  Qui  dédouble.  Catalyse  dé- 
doublante, celle  qui,  dans  les  fermentations,  sépare 
une  substan;e  composée  en  deux  substances  plus 
simples. 

t .  DÉDOUBLÉ,  ÉE  (dé-dou-blé ,  blée) ,  part,  passé. 
Il  Dont  on  a  ôté  la  doublure.  Un  habit  dédoublé.  ||  Qui 
n'est  plus  double.  Les  rangs  étant  dédoublés,  la 
troupe  occupa  toute  la  place.  ||  Partagé  en  deux.  Une 
substance  dédoublée  par  la  catalyse. 

t  2.  DÉDOUBLÉ  (dé-dou-blé),  s.  m.  Nom  qu'on 
donne  aux  eaux-de-vie  préparées  par  mixtion  d'al- 
cool à  un  degré  élevé  avec  de  l'eau  simple.  On  dit 
aussi  recoupe. 

—  ÉTYM.  Dédoublé  I. 

t  DÉDOUBLEMENT  (dé-double-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  dédoubler.  On  avait  opéré  pour  la  guerre  le 
doublement  de  l'impôt,  et  l'on  va  s'occuper  de  son 
dédoublement.  Le  dédoublement  <les  rangs,  en  par- 
lant de  soldats  qui,  rangés  sur  doux  rangs,  se  met- 
tent sur  un  seul.  Peu  content  d'un  si  monstrueux 
orgueil,  le  cardinal  de  liouillon  revient  au  dédou- 
blement do  ton  cardinalat  pour  en  multiplier  la  gran- 


deur, ST-siM.  279,  32.  |{  Terme  de  chimie.  Réduc- 
tion d'une  substance  composée  en  deux  autres 
substances  moins  composées.  ||  Terme  de  botanique. 
Nom  donné  à  la  production  d'appendices  que  pré- 
sentent des  feuilles,  des  pétales  et  des  étamines, 
d'après  l'hypothèse,  reconnue  fausse  aujourd'hui, 
que  l'organe,  naissant  simple,  se  partageait. 

—  ÉTYM.  Dédoubler. 

DÉDOUBLER  (dé-dou-blé),  V.  a.  \\  1°  Défaire  le 
doulde.  Cette  serviette  est  pliée  en  double;  dédou- 
blez-la. Il  2°  Terme  de  marine.  Enlever  le  doublage 
d'un  bâtiment.  ||  Défaire  plusieurs  tours  des  rabans 
qui  tiennent  les  voiles  fermées.  1]  3°  Terme  de 
guerre.  Dédoubler  les  rangs,  faire  mettre  sur  un 
seul  rang  des  soldats  placés  sur  deux  rangs.  Cyrus 
dédoubla  les  files  de  son  infanterie,  et  la  mit  sur 
douze  de  hauteur  seulement,  rollin,  flist.  anc.  Ofîu- 
rres,  t.  ii,  p.  206,  dans  pougens.  ||  4°  Partager  en 
deux.  Dédoubler  un  bataillon,  une  classe  de  collège. 
Il  Terme  de  chimie.  Dédoubler  une  substance,  la  ré- 
soudre en  deux  autres  par  la  catalyse.  ||  Terme  de 
maçon.  Dédoubler  une  pierre,  la  partager  en  deux 
dans  toute  sa  longueur.  ||  5°  Ôter  la  doublure.  Dé- 
doubler un  habit.  ||6"  Se  dédoubler,  v.  réft.  Perdre 
sa  doublure.  Cette  garniture  s'est  dédoublée.  ||  De- 
venir moindre  de  moitié.  Tous  les  régiments  s'é- 
taient dédoublés.  ||  Se  partager  en  deux  substances 
par  la  catalyse.  ||  Se  dédoubler,  en  parlant  d'une 
pierre,  être  partagée  en  deux. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  doubler. 

t  DÊDUCTIF,  IVE  (dé-du-ktif,  kti-v'),  adj.  Terme 
de  philosophie.  Qui  tient  à  la  déduction.  Méthode  dé- 
ductive,  voy.  DÉDUCTION. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉDUCTION. 

DÉDUCTION  (dô-du-ksion;  en  poésie,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Soustraction,  retranchement. 
Faire,  demander  une  déduction.  Il  redoit  tant,  dé- 
duction faite  des  à-compte  qu'il  a  payés.  ||  2"  Ré- 
cit détaillé,  exposition  minutieuse.  Faire  une  longue 
déduction  de  ses  plaintes.  ||  3°  Terme  didactique. 
Conséquence  tirée  d'un  raisonnement.  Une  déduc- 
tion claire.  Une  déduction  fausse.  ||  Sorte  de  syn- 
thèse où  l'on  va  de  la  cause  aux  effets,  du  principe 
aux  conséquences,  du  général  au  particulier  (voy. 
SYNTHÈSE),  par  une  suite  de  propositions  dépendant 
les  unes  des  autres,  qui  s'enchaînent  et  se  soutien- 
nent mutuellement.  La  déduction  est  opposée  à  l'in- 
duction. Il  4°  Terme  de  musique.  Suite,  dans  le 
plain-chant,  de  notes  montant  diatoniquement  ou  par 
degrés  conjoints. 

—  HIST.  XIV  s.  Si  comme  il  est  dit  devant  en  la 
déduction  de  la  quarte  raison,  oresme,  Eth.  463. 
Il  XV"  s.  Sur  et  en  deducion  et  rabat  de  la  somme  de 
six  mille  nobles  d'or,  cent  marcs  d'argent,  Bibl.  des 
Chartes,  4'  série,  t.  iv  ,  p.  80.  ||  xvi"  s.  Les  déduc- 
tions [récits]  des  exploits  où  ils  se  sont  trouvez  en 
personne,  mont,  i,  68.  C'est  [le  livre  de  Tacite]  plus- 
tost  un  jugement  que  déduction  d'histoire;  il  y  a 
plus  de  préceptes  que  de  contes;  ce  n'est  pas  un 
livre  à  lire,  c'est  un  livre  à  estudier  et  apprendre, 
ID.  IV,  6t. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deductio;  espagn.  deduccion  ; 
ital.  deduzione;  du  latin  deductionem,  de  deditcere 
(voy.  déduire). 

DÉDUIRE  (dô-dui-r'),  je  déduis,  nous  déduisons; 
je  déduisais;  je  déduisis;  je  déduirai:  je  déduirais; 
que  je  déduisisse;  déduisant;  déduit.  t;.o.||  1°  Sous- 
traire, retrancher  une  somme  d'une  autre.  Il  y  a 
plus  de  moitié  à  déduire  sur  ce  comnte.  ||  2°  Énu- 
mérer,  exposer  en  déiail.  On  tira  Lvncestès  de  pri- 
son, et  on  lui  ordonna  de  déduire  ses  défenses, 
VAUGEL.  Q.  C.  liv.  vu,  ch.  >.  Si  le  voulais  entre- 
prendre de  déduire  ce  qui  s'est  na.ssê  en  Grèce,  il 
faudrait  interrompre  le  fil  des  affaires  de  r.\sie,  id. 
ib.  liv.  V,  dansRiCHELET.  Les  puissantes  raisons  qu'on 
vient  de  me  déduire  Vont  ranger  mes  soupçons  au 
pointdese détruire, MAiRET,So/iman. II, 7.  Dom  Ber- 
trand [le  singe]  gagnerait  près  de  certains  esprits; 
Les  raisons  en  seraient  trop  longues  a  déduire,  la 
FONT.  Fabl.  XII,  3.  Chacun  se  mit  à  déduire  par  le  i 
menu  ce  qu'il  savait,  hamilt.  Gramm.  «.  Ce  dernier 
écrit  peut  répondre  de  la  beauté  ae  ceux  que  l'on 
vient  de  déduire,  la  bruy.  Disc.  s.  Théophr.  Ayant 
été  introduits  dans  le  sénat,  ils  déduisirent  leurs  j 
plaintes  et  firent  leurs  demandes,  rollin,  Ilist.  anc.  ' 
CËuvres,  t. m, p.  603,  danspouGENs.  Il  déduisait  ses 
preuves,  il  exposait  ses  objections  avec  ses  preuves, 
MAiRAN,  Éloges,  Card.  de  J'olignac.  ]\  3°  Inférer, 
tirer  comme  conséquence.  Ventes  fort  différentes 
des  principes  dont  elles  sont  déduites,  RoiutLT, 
Physique,  dans  bichelet.  J'en  déauirai  plus  au  long 
les  conséquences,  Boss.  Somm.  de  ta  doctr.  On  doit 
à  Huyghens.  sinon  la  première  invention  des  hor- 


loges à  pendule,  du  moins  les  vrais  principes  de  I» 
régularité  de  leurs  mouvements,  principes  qu'il  dé- 
duisit d'une  géométrie  sublime,  volt.  Louis  IIV, 
31.  Il  4°  Se  déduire,  v.  réfl.  Être  déduit,  être  tiré 
comme  conséquence.  Cela  se  déduit  clairement  des 
prémisses. 

—  HIST.  XI*  s.  X  tel  dolur  et  à  si  grant  poverte 
[pauvreté],  Filz,  fies  déduit  par  aliènes  terres,  S( 
Alexis,  Lxxxiv.  ||  xm*  s.  Dedens  ceste  forest  [je]  sui 
povrement  déduite  [amusée],  Berle,  xxxvii.  Et  si 
lonc  sont  [ses  cheveux],  qu'en  déduisant  Li  vont 
deux  tours  entor  la  teste,  /Ji.  et  Jeh.  254.  Mes  au 
plus  bel  te  dois  déduire  [amuser].  Que  tu  porras, 
sans  toi  détruire,  la  Rose,  2I09.  ||  xv*  s.  Quand  j'eus 
séjourné  en  la  cité  de  Pammiers,  laquelle  cité  est 
moult  déduisant,  car  elle  sied  en  beaux  vignobles, 
FROiss.  II,  III,  6.  Si  veulx  que  vous  saichez  que  Sal- 
phar  ayme  ma  dame  par  amour,  de  quoy  je  suis  en 
une  très  grande  jalousie,  si  ne  m'en  sçay  commeat 
déduire  [tirer],  Perccforest,  t.  vi,  f"  4;i.  ||  xvi*  s. 
Frères,  oyez,  je  vous  pry,  ma  semonce.  Et  retenez 
ce  que  j'ay  cy  déduit,  marot,  i,  304.  Tant  plus  avant 
ceste  lettre  lisoye,  Kn  aise  grand  tant  plus  me  de- 
duisoye,  id.  i,  372.  Quand  ils  vinrent  à  luy  déduire 
comme  Bacchus  et  Hercules  estoyent  aussi  en  ce 
registre,  mont,  iv,  149.  Platon  ayant  voulu  déduire 
au  long,  et  enrichir  ce  subject  de  la  fable  Atlanti- 
que, AMYOT,  Solon,  66.  Après  que  les  uns  et  les 
autres  eurent  déduit  leurs  raisons,  id.  Marcell.  38. 
Hz  les  revendoieni  au  bout  de  l'an,  et  Caton  en  re- 
tenoit  plusieurs  jiour  soy  mesme,  leur  en  donnant 
et  déduisant  [de  l'argent  qu'il  leur  avait  prêté]  au- 
tant comme  on  leur  en  avoit  le  plus  présenté,  id. 
Caton,  45.  J'ai  plusieurs  points  que  je  pourrois  in- 
duire X  ce  propos,  si  je  voulois  déduire  Ce  fait  au 
long....  DU  BELL,  vil,  31,  verso. 

—  ÉTYM.  Provenç.  desduire ,  desdure;  du  latin 
deducere,  tirer,  faire  sortir  (de  de,  et  ducere,  con- 
duire, voy.  duc),  qui  avait  pris  le  sens  de  divertir, 
détourner,  amuser,  exactement  comme  divertir  lui- 
même. 

t.  DÉDUIT,  ITE  (dé-dui,  dui-t'),  part,  passé 
de  déduire.  Retranché.  Somme  déduite.  Ce  gou- 
vernement, les  petits  profits  déduits,  coûte  par  an 
à  la  Compagnie  t640oo  livres,  haynal,  Ilist.  phil. 
II,  8.  Il  Exposé.  Faits  déduits.  Un  long  récit  déduit 
à  loisir.  Il  Inféré.  Conséquences  déduites. 

2.  DÉDUIT  (dé-dui  ;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire;  au  pluriel,  l'sselie:  les  dé-dui-z  amou- 
reux), s.  rr..  Il  1'  Terme  du  style  badin.  Divertisse- 
ment, occupation  agréable.  Il  avait  dans  la  terre 
une  somme  enfouie,  Son  coeur  avec,  n'ayant  autre 
déduit  Que  d'y  ruminer  jour  et  nuit,  la  font.  Fabl. 
IV,  20.  Il  Déduit  de  vénerie,  de  fauconnerie,  tout  le 
train  et  équipage  qui  sert  à  prendre  le  déduit  de  la 
chasse,  les  veneurs,  les  chiens,  les  oiseaux,  les  va- 
lets. Il  2°  Dans  le  langage  des  poètes  erotiques,  plai- 
sir de  l'amour. 

—  HIST.  xii*  s.  [Il]  Donna  deduiz,  donna  balez. 
Donna  lévriers,  donna  brachez  [des  chiens  bra- 
ques], Brw(,  dans  lacurne.  Mais  si  je  chant,  li  de.s- 
duisen  est  mien,  quesnes.  Romancero,  p.  85.  ||  xm* 
s.  Jamais  [je]  ne  cuit  [pense]  vivre  fors  en  tourment; 
Joie  et  déduit  tout  outréement  [je]  lais,  anonyme, 
dansCoMCJ.  Sachiez  que  [elle]  n'i  otguere  ne  joiene 
déduit, Bcr/e,  xxxvi.  Li  singes  au  marchant  doit  qua- 
tre deniers,  se  il  pour  vendre  le  porte  ;  et  se  li  singes 
esta  home  qui  l'aitachetéporson  déduit, si  estquites, 
/.»r.  des  met.  287.  Et  il  démenèrent  toute  la  nuit 
dedans  le  castiel  grant  joie  et  grant  déduit,  n.  de 
VALENC.  XV.  Pomes  i  ot  et  autre  fruit;  Renart  i  va 
por  son  déduit,  Ren.  I288.  Or  oez,  si  ne  vosanuit, 
Je  vos  conteré  par  déduit  Comment  il  vindrent  en 
avant,  ib.  26.  Querre  doit  d'amors  le  déduit,  Tant 
cum  jonesce  la  déduit,  la  Rose,  t3683.  Car  tel  joie 
ne  tel  déduit  Ne  vit  nus  bons,  si  cum  ge  cuit  [je 
pense],  Cum  il  avoit  en  ce  vergier,  ib.  474.  ||xvs. 
s'ils  furent  celle  nuit  ensemble  [Charles  VI  et  Isa- 
belle] en  grant  déduit,  ce  pouvez-vous  bien  croire, 
FROiss.  II,  II,  231.  Le  roi  de  France,  quoique  il  se 
tint  à  Paris  ou  en  ses  déduits,  m.  n,  ii,  43.  Avez 
donné  à  nostre  très  redoublée  dame  maints  diners 
et  sDupers  et  aultres  déduits,  J.  de  Saintré,  p.  638, 
dans  LACUHNE.  ||  xvi*s.  Si  le  promets  que  bien  m'es- 
toit  advis.  Que  tout  le  bien  du  monde  et  le  déduit 
N'estoit  que  dueil,  marot,  ii,  2.  C'e>toient  aultrefois 
mystères  [les  Saintes  Écritures],  ce  sont  à  présent 
desduits  et  esbats,  mont,  i,  398.  Paysage,  emlielli 
de  mille  fontaines,  bocages,  prairies  et  autres  dé- 
duits champe.stres,  vvek,  p.  523.  Et  ne  vécurent 
guère  en  ce  déduit  amoureux,  tant  y  a  d'incon- 
stance aux  choses  de  ce  monde,  lo.  p.  644.  Dami' 
Venus  est  ores  mon  déduit,  ahtot,  Selon,  M. 


DEF 

-  ÉTYM.  Déduit  i;  provenç.  desdug,  dcsdach, 
deidui  (voy.  déduire  à  l'étymologie,  pour  l'expli- 
cation de  ce  sens  détourné). 

t  DÉDUPLICATION  (dé-du-pU-ka-sion),  s.f.  Terme 
de  botanique.  Dédoulilement. 

—  f.TYM.  I)é....  préfixe,  et  duplication. 
t  DÉDURCIR  (dé-dur-sir),  v.  a.  Terme  didactique. 

Faire  cesser  la  dureté. 

—  ET  Y  M   Dé....  préfixe,  et  durcir. 
DÉESSK  (dé-é-s'),  s.  f.  ||  1°  Divinité  mythologique 

représentée  sous  les  traits  d'une  femme.  Junon, 
Minerve,  Latone  étaient  des  déesses.  Pour  une 
jeune  déesse,  Vou.s  êtes  bien  du  bon  temps,  mol. 
Amph.  Prologue.  Voudrais-je,  de  la  terre  inutile 
fardeau.  Trop  avare  du  sang  reçu  d'une  déesse ,  At- 
tendre chez  mon  père  une  obscure  vieillesse?  rac. 
Iph.  I,  2.  Oubhait-on  qu'ici  les  déesses  des  morts 
Sont  du  dieu  des  banquets  les  compagnes  cruelles? 
LiîMi-nc.  Agamemnon,  iv,  B.  Est-il  vrai  qu'on  a  vu 
des  déesses  livides  Dans  nos  sombres  forêts  cacher 
leurs  pas  perfides?  Dt;cis,  Macbeth,  ii,  3.  ||  Bonne 
Dées.se,  nom  d'une  divinité  ancienne,  fort  honorée 
par  les  dames  romaines.  I|  La  déesse  aux  cent  voix, 
la  renommée  personnifiée.  La  déesse  à  cent  voix 
qui  du  sein  d'Alropos  Sauve  les  noms  fameux  et 
les  faits  des  héros,  La  renommée....  boursault. 
Fables  d'Ésope,  i,  6.  |{  La  déesse  du  matin,  l'au- 
rore. Déjà  l'amante  du  Zépliire  Et  la  déesse  du  ma- 
tin, LA  FONT.  (Jiurres  poslh.  ||  Déesse  se  dit  des 
êtres  féminins  abstraits  que  l'on  personnifie.  La 
déesse  de  la  raison  ou  la  déesse  Raison.  ||  Déesse  de 
la  liberté,  femme  qui,  choisie  pour  sa  belle  ap- 
parence, figurait,  dans  certaines  fêtes  de  la  pre- 
mière révolution,  comme  la  représentation  de  la 
liberté.  Est-ce  bien  vous,  vous  que  je  vis  si  belle 
Quand  tout  un  peuple,  entourant  votre  char....  De 
nos  respects,  de  nos  cris  d'allégresse.  De  votre 
gloire  et  de  votre  beauté,  Vous  marchiez  fière;  oui, 
70US  étiez  dée.sse.  Déesse  de  la  liberté,  béhang. 
Déesse. \\2°  Elle  a  l'air  et  le  port  d'une  déesse,  se 
dit  d'une  femme  qui  dans  sa  taille  et  sa  démarche  a 
de  la  majesté  et  de  la  noblesse.  Il  Eig.  et  absolument. 
;'est  une  déesse,  c'est  une  femme  d'une  grande 
beauté.  ||  3°  Familièrement  et  avec  les  adjectifs 
possessifs  ,  déesse  signifie  une  amante.  11  suivit 
l'espace  de  quatre  lieues  le  char  de  sa  déesse,  volt. 
Crocheteur. 

—  iilST.  xiii*  s.  Car  en  tex  leus  tient  ses  escoles 
Et  chante  à  ses  disciples  messes  Li  diex  d'amors  et 
la  déesse,  la  Rose,  <373i.  Venus  dieuesse  d'amur, 
MARIE,  Gugemer.  \\  xiv  s.  Ivorine  est  clamée  la 
dieuesse  gentis,  Baud.  de  Srb.  xi,  B22.  ||  xv  s.  Elle 
semble  mieulx  que  femme  Déesse....  Elle  n'a  per 
[égale],  en.  d'orl.  Bal.  9.  Quant  madame  et  ma 
déesse....  e.  descu.  Poésies  ms.  f°<oo,  dansLACuRNE. 
Ma  déesse  estes  que  j'aour  Et  veil  amer,  i6..f°  108. 

—  ÈTYM.  Provenç.  deuessa,  diuessa  ;  espagn. 
diosa;  poriug.  deosa  ;  de  Dieu  ou  Dios  (voy.  dieu). 

DÊFÂCHÉ,  ÉE  (dé-fà-ché,  chée),  part  passé.  Fà- 
ohé.  puis  défiché. 

DÉFACHER  (SE)  (dé-fâ-ché),  v.  réft.  S'apaiser 
après  s'être  mis  en  colère.  S'il  est  fAché,  il  se  dé- 
fichera. Benjamine  :  Je  suis  au  désespoir  de  me  voir 
brouillée  avec  lui.  — Mme  Abraham:  Boni  bon! 
oh  I  qu'il  se  défâchera  bientôt  !  il  t'aime,  d'allainval, 
^c.  des  Bourg,  i,  4.  ||  Y.  a.  ôter  la  ficherie.  Il  le 
défâcha  par  une  réponse  pleine  d'à-propos.. 

—  HIST.  XVI' .s.  Et  si  je  suis  fasché  d'un  fascheur 
serviteur,  Dessus  les  vers  [en  faisant  des  vers], 
Boucher,  soudain  je  me  desfasche,  du  bell.  vi,  7, 
verso.  Quelquefois  il  te  plaist  pour  l'esprit  desfacher, 
Du  luth  au  ventre  creux  les  languettes  toucher, 

RONS.  866. 

--  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fâcher. 
I  t  DÉFAÇONNER  (SE)  (dé-fa-so-nè) ,  V.  réfl.  Perdre 

la  façon,  les  bonnes  façons. 

—  HlST.  XVI"  s.  Les  mauvais  exemples  avec  le  temps 
les  entraînent  à  dissolution,  et,  au  lieu  de  se  façon- 
ner, ils  se  desfaçonnent  du  tout,  lanoue,  119. 

—  ÉTYM.  Dé..'.,  préfixe,   et  façon. 
DÉFAILLANCE  (dé-fa-llan-s','H  mouillées,  et  non 

dé-fa-yan-s'),  s.  f.  ||l°Etat  de  ce  qui  fait  défaut. 
Si  la  défaillance  de  la  race  masculine  d'Aaron  eût 
dû  arriver.  Dieu  l'aurait  prévue,  fén.  t.  n,  p.  124. 
Il  Terme  de  jurisprudence.  Défaut  d'accomplisse- 
ment d'une  clause  au  temps  fixé.  ||  Ancien  terme 
d'astronomie.  Uéfaillance  d'un  a>tre,  éclipse.  Aga- 
thocle  rassura  ses  soldats,  en  leur  faisant  entendre 
([ue  ces  sortes  de  défaillances  des  astres  marquaient 
toujours  un  changement  dans  l'élat  présent,  rollin, 
Ilial.  anc.  Oliuvres,  t.  i,  p.  285,  dans  pougens. 
Il 2°  Défaillance  de  nature,  état  d'une  personne  en 
'jui  rage,  les  fatigues,  les  maladies  ont  usé  les  forces 


DÊF 

vitales.  Cette  suite  de  changements,  en  nos  corps 
par  la  défaillance  de  la  nature,  en  nos  âmes  par 
l'instabilité  de  nos  désirs,  fléciiier,  Dduphine.  Son 
zèle  la  soutint  dans  les  défaillances  de  la  nature, 
iD.  Mme  de  Mont.  Seigneur,  soutenez  mon  cœur, 
malgré  les  défaillances  de  la  nature,  fén.  t.  xviii, 
p.  160.  La  nécessité  où  les  hommes  sont  de  soutenir 
tous  les  jours  la  défaillance  de  leur  corps  par  le  boire 
et  par  le  manger,  nicole,  Ess.  de  mor.  \"  traité, 
ch.  B.  Il  3°  Évanouissement,  ou,  plus  précisément, 
diminution  soudaine  et  plus  ou  moins  marquée  de 
l'action  du  cœur,  qui  constitue  le  premier  degré  de 
la  syncope.  Il  lui  prit  une  défaillance,  vaugel.  Q.  C. 
liv.  iv,  ch.  6.  Le  sang  qu'on  perd  en  abondance  Fait 
ordinairement  tomber  en  défaillance,  tbistan, 
Panthée ,  v,  ).  Astarté  but  sans  crainte,  se  fiant 
au  contre-poison;  Pygmalion  but  aussi  et  peu  de 
temps  après  il  tomba  dans  une  défaillance,  fén. 
Tél.  viii.  Le  chancelier  Bacon  tombait  en  défaillance 
toutes  les  fois  qu'il  y  avait  une  éclipse  de  lune, 
saint-foix,  Ess.  Paris,  CEuvrcs,  t.  iv,  p.  400,  dans 
pougens.  Son  trépas  ne  fut  qu'une  dernière  défail- 
lance, marmontel,  Mém.  Viy.vm.  ||4''Fig.  Mon  coeur 
tombait  en  défaillance;  je  ne  pouvais  plus  rappeler 
ma  raison,  fén.  Tél.  iv.  Avoir,  dans  les  défaillances 
de  l'âge,  le  même  goût  pour  le  monde,  mass.  Car. 
Prosp.  Comme  ses  disciples  étaient  encore  faibles, 
il  veutleur  épargner  le  spectacle  de  ses  défaillances 
et  de  son  agonie,  id.  Car.  Passion.  Il  souffrira,  par 
les  raisons  que  je  viens  de  dire,  une  défaillance  de 
cœur  très-grande,  montesq.  £«p.  xiv,  2.  Jamais  je 
n'y  suis  entré,  sans  sentir  une  certaine  défaillance 
de  cœur  qui  venait  d'un  excès  d'attendrissement, 
j  j.Rouss.  Conf.  IV.  Il  B° Terme  de  chimie  ancienne. 
Déliquescence.  Huile  de  tartre  par  défaillance,  mé- 
lange de  pota.sse  et  de  carbonate  de  potasse  devenu 
liquide  par  l'effet  de  son  exposition  à  l'air. 

—  HIST.  XII' s.  Et  s'en  tel  point  leur  faisiez  défail- 
lance. Saint  et  martir,  apostre  et  inocent  Se  plain- 
deroient  de  vous  au  jugement,  quesnes.  Romancero, 
p.  102.  Ijxiii's.  Mes  si  cum  li  ombre  ne  pose.  En 
i'airoscurci,  nule  chose  Fors  défaillance  de  lumière, 
la  Rose,  0339.  ||  xiv's.  Les  vertuz  sont  superhabun- 
dances  ou  regart  des  vices  qui  sont  défaillances,  et 
ces  vertus  meismes  ce  sont  défaillances  ou  deffautes 
ou  regart  des  vices  qui  sunt  en  superhabundance, 
ORESME,  Élh.  B2.  Ilxvi's.  Mémoire  monstrueuse  en 
défaillance,  mont,  i,  33.  [Teigneux  ou  bossu,  un 
père  avoue  son  fils]  non  qu'il  ne  s'aperçoive  de  sa 
défaillance,  id.  i,  <54.  Qu'il  feust  buict  jours  sans 
prendre  aulcun  aliment,  quelque  défaillance  qu'il 
sentist  en  soy,  id.  ii,  32.  Les  assiégez  ne  perdoient 
plus  de  coups  au  loin,  sentans  la  deffaillance  de 
leurs  poudres,  d'aub.  Ilist.  ii,  50.  Elles  ont  un  bat- 
tement et  défaillance  de  cœur,  paré,  xviii,  64. 

—  ÉTYM.  Défaillant;  provenç.  defaillensa,  defa- 
lensa. 

DÉFAILLANT,  ANTE  (dé-fa-llan,  llan-t'.  Il 
mouillées,  et  non  dé-fa- yan),  adj.  ||  1°  Qui  fait  dé- 
faut, qui  manque.  Ligne  défaillante,  ligne  qui  n'a 
plus  d'héritiers.  ||  Qui  fait  défaut  en  justice.  Le 
défendeur  défaillant.  Un  témoin  défaillant.  I]  S.  m. 
et  f.  Terme  de  pratique.  Celui,  celle  qui  n'a  pas 
comparu  en  justicL.  ||  2°  Qui  s'afi'aiblit.  Le  secret  sans 
doute  en  est  beau  Pour  la  nature  défaillante,  la 
font.  Fabl.  VIII,  3.  J'ai  vu  sa  main  défaillante 
chercher  encore  en  tombant  de  nouvelles  forces  pour 
appliquer  sur  ses  lèvres  le  bienheureux  signe  de 
notre  rédemption,  boss.  Duchesse  d'Orl.  C'est  ainsi 
que  parlait  autrefois  un  roi  selon  le  cœur  de  Dieu, 
quand  ses  jours  défaillants  et  ses  infirmités  mor- 
telles l'approchaient  du  tombeau,  fléchier,  Dau- 
phine.  Toi-même  rappelant  ma  force  défaillante, 
RAC.  Phèd.  m,  t.  Je  souhaite  qu'un  souvenir  riant 
de  vos  traits  puisse  encore  se  retracer  dans  mon  âme 
défaillante,  staël,  Corinne,xx,  3.  Par  l'ordre  d'O- 
masis,  une  escorte  brillante  Guide  vers  ce  palais  sa 
marche  défaillante,  baour  lormian,  Omasis,  m,  7. 

—  HIST.  XII"  s.  Li  chaitif  fil  d'Adam  nen  ont  cure 
de  veriteit  ne  de  celés  choses  k'à  lor  salveteit  apar- 
tiennent,  anz  quierent  icil  les  choses  defaillans  et 
trespassavles,  Jo6,  52 1 .  ||  xm' s.  11  fu  jugié  que  li 
defalans  ne  perdroit  pas  saizine,  beaum.  xxxix,  70. 
Et  se  c'est  li  sires  qui  ait  porsivi  por  soi,  il  doit 
monstrer  les  deffautes  à  ses  homes,  qui  sent  envers 
le  defalant,  id.  49. 

—  ÉTYM.  Défaillir. 

t  DÉFAILLEMENT  (dé-fa-Ue-man,  Il  mouillées), 
s.  m.  Action  de  défaillir. 

—  HIST.  xvi'  s.  11  lui  prenoit  quelquefois  defaille- 
ment  de  cœur,  avec  tels  autres  accidents  qui  pren- 
nent aux  femmes  enceintes,  desper.  Contes,  xi. 

—  ÉTYM.  Défaillir. 


DEF 


lOOi 


+  DÉFAILLI,  lE  (dé-fa-Ili,  llie  ,  Il  mouillées,  et 
non  pas  dé-fa-yi),  part,  passé  de  défaillir.  Qui  a  fait 
défaut,  qui  a  manqué.  On  leur  vit  envahir  le  royau- 
me de  Babylone,  où  la  famille  royale  était  défaillie, 
Boss.  Ilist. 111,  4.  Il  Qui  est  tomlié  en  défaillance,  qui 
s'est  affaibli.  Un  prêtre  vient  rendre  à  un  cœur  intré- 
pide la  force  défaillie,  ciiateadb.  dans  le  Dict.  de  do- 

CHEZ. 

t  DÉFAILLIBLE  (dé-fa-lli-bl',  ii  mouillées) ,  adj. 
Qui  peut  défaillir. 

—  HIST.  xv  s.  Laissons  ces  choses  et  disons  que 
la  première  vie  est  defaillable,  gerson  ,  Harengue  au 
roi  Charles  VI,  p.  8. 

—  ÉTYM.  Défaillir. 

DÉFAILLIR  (dé-fa-Uir,  Il  mouillées,  et  non  pas 
dé-fa- yir),  v.  n.  L'Académie  dit  qu'il  n'est  guère 
usité  qu'au  pluriel  du  présent  de  l'indicatif:  nous  dé- 
faillons, vous  défaillez,  ils  défaillent;  â  l'imparfait, 
je  défaillais;  au  prétérit,  je  défaillis,  j'ai  défailli,  et 
à  l'infinitif  défaillir.  Il  faut  y  ajouter  le  présent  sin- 
gulier de  l'indicatif  :  je  défaus,  tu  défaus,  il  dé- 
faut, donné  par  de  bons  auteurs;  le  futur  :  je  dé- 
faudrai ,  et  le  conditionnel  j  je  défaudrais  (et  quand 
M.  Cousin,  fra^mertfî  pfti/os.  2' éd.  1833,  p.  200, 
a  dit  :  où  manquerait  l'action  intérieure,  défail- 
lerait la  perception;  il  s'est  mépris  sur  la  conju- 
gaison, et  l'on  dira  ;  défaudrait  la  perception);  il 
faut  y  ajouter  encore  le  subjonctif;  que  je  défaille, 
que  nous  défaillions,  que  je  défaillisse;  le  parti- 
cipe présent:  défaillant,  et  le  participe  passé:  dé- 
failli, donné  par  Bossuet.  ||  1°  Être  en  moins,  faire 
défaut,  manquer.  Toutes  choses  commençaient  à 
leur  défaillir.  Cours  la  Flandre  où  jamais  la  guerre 
ne  défaut,  Régnier,  Éptt.  1.  Leur  âge  défaudra  plu- 
tôt que  la  matière,  id.  Sat.  ix.  A  qui  le  désir  man- 
que aucun  bien  ne  défaut,  rotrou,  St  Gen.  v,  2. 
La  force  lui  défaut  et  le  teint  lui  pâlit,  tristaîi, 
Marianne,  v,  3.  ||  Se  défaillir  à  soi-même,  se  man- 
quer à  soi-même.  Je  ne  veux  pas  me  défaillir  tant  à 
moi-même  que  de  donner  sujet  à  ceux  qui  me  sur- 
vivront de  me  reprocher....  desg.  Méth.  6.112°  S'af- 
faiblir. Il  voit  défaillir  son  corps  avant  son  esprit. 
Que  si  la  frayeur  nous  saisit  de  sorte  que  le  .sang  se 
glace  si  fort  que  tout  le  corps  tombe  en  défaillance, 
l'âme  défaut  en  même  temps,  uoss.  Conn.  de  Dieu. 
m.  Il  (l'édition  de  Lebel  porte:  le  courage  tombe 
avec  les  forces).  J'ai  senti  défaillir  ma  force  et  mes 
esprits,  rac.  Baj.  v,  1.  Le  courage  de  Corinne  dé- 
faillit, STAÈL,  Corinne,  xvii,  9.  Il  n'y  a  vol  si  haut 
et  si  fort  qui  ne  défaille  dans  l'immensité  des  cieux, 
chateaub.  dans  le  Dict.  de  dochez.  Et  la  moitié  du 
ciel  pâlissait,  et  la  brise  Défaillait  dans  la  voile,  im- 
mobile et  sans  voix,  lamart.  llarm.  11,  2.  ||  3°  Tom- 
ber en  faiblesse,  s'évanouir.  Elle  se  sent  défaillir. 
Je  l'ai  vue  défaillir  dans  les  bras  de  sa  raéi-e. 

—  HIST.  xi'  s.  Hoi  nous  défait  la  leials  compai- 
gnie,  Ch.  de  Roi.  cxxix.  Bolans  rais  niez  [mon  ne- 
veu] hoi  cest  jour  nous  défait,  16.  cliv.  ||  xii'  s.  Pur 
ço  ne  defaldrad  jà  ocisiun  de  ta  maisun,  ço  que  tu 
as  mei  en  despit,  e  pris  as  la  femme  Une  à  ton  oes 
[à  ta  volonté]  à  tort.  Rois,  IB9.  Et  [je]  lor  prie  pour 
Dieu  qu'il  délivrent  les  dons  et  aumosnes  que  j'ai 
aumosnées,  se  de  mi  défaut  [si  je  viens  à  mourir], 
TAILLIAR,  Recueil,  p.  9.  ||xiii'  s.  Il  voloient  miels 
[mieux]  ilec  mètre  tout  leur  avoir,  et  aler  povre  en 
l'ost  nostre  Seigneur,  que  li  ost  se  departist  et  de- 
fallist,  viLLEH.  xxxvi.  Lombart  défaillirent  du  par- 
lement, que  il  n'i  vinrent  point ,  H.  dk  valenc. 
xxxiii.  Et  quant  vint  au  jour,  si  contremanda  encore 
jusques  à  quarante  jours,  et  à  celui  jour  defali  dou 
tout,  Chr.  de  Rains,  p.  133.  Et  se  il  estoit  ainsint 
que  li  mestre  à  l'aprentis  delîausist  ainz  son  terme 
acompli,  iti'.  des  met.  93.  H  [les  payons]  lor  vont 
seure,  ses  [si  les]  assalent.  Et  li  pèlerin  se  defalent 
De  combatre  tôt  li  pluisor,  FI.  et  Bl.  89.  Il  en  porra 
avoir  tel  droit  de  lui  come  de  défailli  de  servise, 
Âss.  de  J.  73.  Autrement  iroit,  se  je  n'avoie  ne  père 
ne  mère  ne  hoir  qui  fust  issus  de  mon  cors,  et  je 
avoie  aiol  ou  aiole,  et  après  defaloit  de  moi,  beaum. 
xiv,  23.  Et  tout  ainsi  s'il  defalent  de  venir  as  jours 
as  quix  [auxquels]  il  sont  ajornés  de  lor  segneurs, 
ID.  XXX,  31.  Et  s'il  le  porsuit  et  li  ajornés  le  défaut, 
ildoit  estrejusticiés  perles  defautes,  id.  6b.  ||xiv«s. 
Et  chascun  qui  scet  aucun  art  et  s'i  exercite,  il  y 
doit  adjouster  se  aucune  chose  y  deffault,  oresme, 
Elh.  X,  16.  Défaillir  de  aide  à  son  frère  est  plus  dure 
chose  que  faillir  à  un  estrange,  id.  ib.  245  ||xv'  s. 
Toutes  choses  nécessaires  à  une  si  grande  entre- 
prise leur  defailloient,  comm.  Prol.  ||  xvr  s.  Et  plus- 
toust  defauldroyent  de  vie  corporelle  que  de  ceste 
subjection  naturellement  deiie  â  leur  prince,  rab. 
Pant.  m,  <.  Suppléant  à  ce  que  defailloyt,  ce  qua 
abundoyt  ravallant,  et  pardonnant  tout  le  passé,  ib. 


1006 


DÉF 


li).  Si  l'esprit  humain  s'efTorco  de  monter  si  haut,  il 
ilefaudra  cent  foisaucliemin,  calv.  Inslit.  (ni. Com- 
bien que  plusieurs  aides  de  ceste  vie  nous  défaillent, 
Dieu  ne  nous  defaudra  jamais,  m.  ib.  444.  liref  en 
re  que  nous  avons,  ils  défaillent,  et,  en  ce  que  nous 
n'avons,  ils  abondent,  MAno.  Nouv.  xxix.  C'est  de 
mettre  la  main  à  l'espée  et  â  la  bourse,  quy  n'a  en- 
coreseslé  offert  de  nul  serviteur,  combien  qu'il  y  en 
ait  à  qui  ne  deffault  que  le  bon  vouloir,  ID.  Lett. 
121.  Se  sentant  défaillir,  mont,  i,  46.  L'ame  des- 
cliarge  ses  passions  sur  des  objecls  fauls,  quand  les 
vrays  luy  défaillent,  id.  i,  20.  Au  cas  que  l'un  d'euli 
vienne  à  défaillir  [mourir],  je  substitue  en  sa  part 
celuy  qui  survivra,  in.  i,  2i6.  Tes  bourreaux,  les 
voylï  défaillis  de  cœur,  ils  n'en  peuvent  plus,  id. 
Il,  22.  Je  ne  sais  comme  nature  default  aux  hommes 
pour  désirer  la  liberté,  m.  iv,  351.  Les  uns  disent 
qu'estant  maladif  de  sa  complexion,  il  défaillit  et 
mourut  soudainement,  amyot,  Itom.  43.  11  mourut 
en  défaillant  petit  à  petit,  jd.  fiuma,  34.  Toute  ma- 
tière, quand  la  chaleur  luy  default,  demeure  oisive 
et  immobile,  id.  Cam.  sa.  Faites  vous  un  thresor 
es  cieux  qui   ne   défaille  jamais,    bèze,  St  Luc, 

XU,  Ï3. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  faillir;  wallon,  defali; 
provenç.  defalhir ,  defaylhir;  anc.  catal.  defallir; 
espapn.  desfallecer;  ital.  sfaltire. 

UÉKAIRE  (dé-fC-r"),  je  défais,  tu  défais,  il  défait, 
nous  défaisons,  vous  défaites,  ils  défont;  je  défai- 
sais; je  défis;  je  déferai;  je  déferais;  défais,  qu'il 
défasse,  défaisons,  défaites,  qu'ils  défassent;  que  je 
défasse,  que  nous  défassions;  que  je  défisse;  défai- 
sant, défait,  V.  a.  \\  1°  Changer  l'état  d'une  chose, 
de  manière  qu'elle  ne  soit  plus  ce  qu'elle  était.  Dé- 
faire un  portemanteau.  Cette  couture  est  mal  faite, 
il  faut  la  défaire.  Défaire  un  lit,  en  déranger  les 
couvertures,  les  draps.  Ayant  fait  plusieurs  efforts 
pour  défaire  les  nœuds,  il  les  coupa,  vaugel.  Q.  C. 
îiv.  III,  ch.  1.  Il  a  droit  de  régner  sur  les  âmes  com- 
munes, Non  sur  celles  qui  font  et  défont  les  fortunes, 
COHN.  Attila,  m,  4.  Lubin  :  Mais,  monsieur,  j'ai 
fait  mon  paquetv  —  Le  chevalier:  Eh  bieni  tu  n'as 
(ju'i  le  défaire,  marivaux,  Surpr.  de  l'amour,  i,  9. 
Moi,  te  voyant  en  peine,  je  défais  ton  lacet,  favart, 
Annelte  et  Lubin,  se.  vu.  ]|  Par  extension.  Défaire 
un  mariage ,  un  marché,  le  rompre.  Un  prêtre  au- 
dacieux fait  et  défait  les  rois,  M.  J.  chén.  Charles  IX, 
lit,  2.  Il  Absolument.  Us  ne  songent  pas,  les  bon- 
nes gens  qui  veulent  maintenir  toutes  choses  in- 
tactes, qu'à  Dieu  seul  appartient  de  créer;  qu'on 
ne  fait  point  sans  défaire;  que  ne  jamais  détruire, 
c'est  ne  jamais  renouveler,  p.  l.  cour.  Lellre  v. 
Il  2°  Abattre,  affaiblir,  amaigrir.  La  maladie  a 
bien  défait  cet  homme.  ||  3°  Mettre  en  déroute, 
tailler  en  pièces,  vaincre.  César  défit  Pompée  à 
Pharsale.  Il  défit  trois  préteurs,  il  gagna  dix  ba- 
tailles, CORN.  Serlor.  n,  <.  11  n'a  délait  Tryphon 
que  pour  prendre  sa  place,  m.  liodog.  u,  3.  \\  4°  Ef- 
facer par  plus  d'éclat  :  en  ce  sens  il  vieillit.  Quand 
elle  arrive  au  bal,  elle  défait  toutes  les  autres  femmes. 
Une  fille  à  seize  ans  défait  bien  une  mère,  J'ai 
beau  par  mille  soins  tâcher  de  rétablir  Ce  que  de 
mes  appas  l'âge  peut  affaiblir,  quinault,  Hère  co- 
quette, II,  t.  Le  rebut  de  la  cour  est  reçu  à  la  ville, 
où  il  défait  le  magistrat,  la  bruy.  m.  ||  5°  Faire 
mourir.  Cette  malheureuse  a  défait  son  fruit,  son 
enfant.  ||  6°  Débarrasser  de  personnes  qui  gênent. 
Défaites-moi  de  cet  importun.  On  le  défit  de  son  ad- 
versaire qui  fut  mis  à  la  liastillo.  Ne  voulez-vous  pas 
me  défaire  de  votre  marquis  extravagant?  mol.  Cri- 
tique, r  J'attends  M.  Remy,  que  j'ai  envoyé  cher- 
cher, et,  s'il  ne  nous  défait  pas  de  cet  homme-là, 
ma  fille  saura  qu'il  ose  l'aimer,  marivaux.  Fausses 
conjid.  m,  4.  Il  Plus  particulièrement,  débarrasser 
par  la  mort  ou  le  meurtre.  Je  t'ai  défait  d'un  père, 
et  d'un  frère  et  de  moi,  corn.  Rodog.  v,  4.  Et 
le  premier  arrêt  qu'ib  lui  feront  donner  Les  défera 
d'Othon  qui  les  peut  détrôner,  id.  Othon,  ni,  t. 
Le  lendemain  Constantin  gagna  cette  célèbre  ba- 
taille qui  défit  Rome  d'un  tyran,  et  l'Ëglise  d'un 
persécuteur,  boss.  Jlist.  i,  n.  Il  ne  faut  pas  s'é- 
tonner que,  parmi  tant  de  gens  d'exécution  dont 
le  parti  était  plein,  il  se  soit  trouvé  des  hommes  qui 
crussent  rendre  service  à  Dieu,  en  défaisant  la 
Réforme  d'un  tel  ennemi,  id.  Var.  x,  §  64.  La 
guerre  m'a  défait  d'un  frère  heureusement,  hkgnarb, 
Méneehm.  u,  2.  Ce  jeune  inconnu....  Me  répondez- 
vous  bien  qu'il  m'aitdéfait  d'Êgislhe?  volt. Ifer.  iv ,  l . 
Il  Débarrasser  de  choses  qui  gênent.  Si  vous  en  con- 
•ultiez  des  personnes  sensées.  Elles  vous  déferaient 
de  ces  belles  pensées,  corn.  Nicoin.  ii,  3.  Elle  est 
ravie  que  je  la  défasse  d'un  tel  embarras,  sÉv.  445. 
Le  dévot  politique  P....  a  condamné  au  carcan  et 


DÉF 

aux  galères  un  pauvre  diable ,  qui  est  mort  de  déses- 
poir le  lendemain  de  l'exécution,  pour  avoir  prié  un 
libraire  de  le  défaire  de  quelques  volumes  qu'il  ne 
connaissait  pas  et  qu'on  lui  avait  donnés  en  paye- 
ment, d'alembeht,  Lett.  à  Voltaire,  22  ocl.  tG78. 
117-86  défaire,  v.  réfl.  Être  défait,  en  parlant  de  ce 
qui  était  fait,  arrangé.  Ma  coiffure  s'est  défaite.  Ce 
nœud  s'est  défait.  Sa  cravate  s'est  défaite.  Le  ma- 
riage s'est  défait.  ||  8°  Se  décomposer,  s'affaiblir. 
Ce  vin  se  défait  aisément.  ||  9°  Se  déconcerter,  per- 
dre contenance.  Courage,  seigneur....  ne  vous  dé- 
faites pas,  mol.  7'rmc.  d'Él.  iv,  >.  ||  10"  Se  défaire 
de,  se  tirer  de  ce  qui  serre,  enlace.  Il  s'est  défait 
de  ses  liens.  Ragotin  se  défit  de  ceux  qui  le  te- 
naient, et  s'alla  jeter,  regardant  derrière  lui  d'un 
œil  égaré,  dans  une  grosse  touffe  de  rosiers,  scarh. 
Itnm.  com.  u,  7.  ||  11»  Se  désaccoutumer,  se  corriger 
d'une  chose.  De  ces  chimères-là  vous  devez  vous 
défaire,  mol.  Fem.  sav.  u,  3  Ceux-là  se  défont  des 
fausses  religions  et  môme  de  la  vraie  s'ils  ne  trou- 
vent pas  de  discours  solides,  pasc.  dans  COUSIN.  Qu'ils 
se  défassent  de  cette  pitoyable  maxime,  Boss.  Or.  8. 
Il  n'est  pas  possible  que  j'entre  jamais  dans  la  voie  de 
Dieu  ou  que  je  m'y  étabhsse,  si  je  ne  me  défais  de 
cette  honte  mondaine,  bourd.  Exhort.  sur  la  flagel. 
de  J.  C,  Voilà  de  tous  les  vices  le  dernier  dont  nous 
travaillons  à  nous  défaire  et  dont  nous  croyons 
devoir  nous  défaire ,  id.  Exhort.  sur  le  soufflet 
donné  à  J.  C.  J'ai  été  théologien,  et  on  ne  se  défait 
pas  tout  d'un  coup  de  ses  habitudes,  volt.  Oreilles 
de  Chest.  2.  ||  Se  défaire  de,  avec  un  infinitif.  Défai- 
sons-nous de  croire  que....  sÉv.  (60.  ||  12°  Se  dé- 
faire d'une  chose,  s'en  débarrasser.  Ne  demandez 
point  à  vous  défaire  des  charges  que  vous  avez, 
BOSS.  Lett.  Corn.  e.  Ceux  qui  n'avaient  pas  voulu 
se  défaire  de  leur  argent  comptant  en  faveur  des 
frères  Hiéronymites,  volt.  Voy.  de  Scarmentado. 
J'ai  brûlé  depuis  quelques  jours  la  lettre  des  Car- 
mélites de  Rome;  je  ne  prévoyais  pas  qu'elle  put 
me  servir;  et  j'aime  à  me  défaire  des  papiers, 
maintenon,  Lett.  card.  de  Noailles,  t70),  t.  iv, 
p.  232,  dans  pougens.  On  se  défait  des  idées  tristes 
le  plus  tôt  qu'on  peut,  id.  ib.  22  août  tC89.  Le 
germe  de  l'insecte  qui  se  métamorphose  contient 
actuellement  toutes  les  enveloppes  dont  cet  insecte 
doit  se  défaire  et  tous  les  organes  qui  l'accempagnont, 
BONNET,  Consid.  corps  org.  Œuvres,  t.  v,  p.  (40, 
dans  POUGENS.  Il  Se  défaire  d'une  personne,  faire 
qu'elle  nous  quitte,  et  aussi  rompre  les  rapports 
habituels  qu'on  avait  avec  elle,  je  me  défais  de 
toi,  j'y  cours,  je  le  rejoins,  corn,  le  Ment,  iv,  t.  Il 
y  a  deux  manières  de  congédier  son  monde  et  de  se 
défaire  des  gens  :  se  fâcher  contre  eux  ou  faire  si 
bien  qu'ils  se  fâchent  contre  vous,  la  bruy.  viii. 
Aussitôt  qu'on  est  parvenu  à  rendre  les  favoris 
suspects,  les  princes  ne  cherchent  plus  qu'à  s'en 
défaire,  FÉN.  Tél.  xiv.  Le  divan  résolut  de  le  renvoyer, 
non  plus  comme  un  roi  qu'on  voulait  secourir,  mais 
comme  un  hôte  dont  on  voulait  se  défaire,  volt. 
Charles  XII,  6.  ||  Se  défaire  d'un  domestique,  le 
mettre  dehors,  le  congédier.  Un  seul  valet  restait.... 
il  fallut  s'en  défaire,  boil.  Sat.  x.  Je  n'avais  que 
trop  d'envie  de  m'en  défaire  [d'une  femme  de  cham- 
bre], maisjesuis  femme  d'habitude  et  je  n'aime  point 
les  nouveaux  visages,  lesage.  Turc,  i,  to.  ||  13°  Re- 
nonceràlapossessiond'une  chose  par  vente,  échange 
ou  autrement.  Vous  êtes  orfèvre,  monsieur  Josse,  et 
votre  conseil  sent  son  homme  qui  a  envie  de  se  défaire 
de  sa  marchandise,  mol.  Am.  méd.  i,  \.  Le  berger 
s'en  défait  [du  bon  chien],  il  prend  trois  chiens  de 
taille  X  lui  dépenser  moins,  mais  à  fuir  la  bataille, 
la  font.  Foti.  vui,  48.  L'envie  qu'il  avait  de  se  dé- 
faire de  sa  charge,  sêv.  446.  Ma  fille,  je  vais  bien 
vous  surprendre  et  vous  fâcher  :  M.  de  Pompone 
est  disgracié;  il  eut  ordre  samedi  au  .soir,  comme  il 
revenait  de  Pompone,  de  se  défaire  de  sa  charge, 
SÉV.  386.  Mon  père  eut  les  capitaineries  de  St-Ger- 
main  et  de  Versailles,  dont  il  se  défit  au  président 
de  Maisons,  ST-siM.  o,  48.  11  eut  peine  à  se  défaire 
de  son  tableau  à  un  prix  modique,  diderot,  Pein- 
ture en  cire,  OF.uvres,  t.  xv,  p.  332,  dans  pougens. 
Il  14°  Abandonner,  renoncer  à.  Croyez-vous  que  ces 
hommes  ambitieux,  qui  ont  usurpé  un  pouvoir  ty- 
rannique,  et  qui,  au  préjudice  de  nos  lois,  refusent 
si  opiniâtiémentde  se  défaire  des  faisceaux,  mettent 
facilement  les  armes  bas?  vertot,  Hévol.  rom.  Iiv. 
V,  p.  39.  U  le  [l'empire]  peut  à  son  choix  garder 
ou  s'en  défaire,  corn.  Cinna,  il,  t.  Vous  vous  dé- 
faites bien  de  quelques  droits  d'aînesse;  Mais  vous 
défaites-vous  du  cœur  de  la  princesse?  m.  Aïcom.iii, 
0.  Il  15°  Écarter,  faire  disparaître.  U  l'a  marié  à  une 
riche  veuve  et  s'est  ainsi  défait  de  son  rival.  On  se 
!  défit  de  lui  en  le  mettant  à  la  Bastille.  ||  Plus  parti- 


DKF 

culièrement,  faire  mourir.  Depuis  on  fit  courir  lu 
bruit  qu'il  avait  fait  mourir  les  deux  consuls,  afin 
qu'ayant  défait  Antoine  et  s'étant  défait  d'eux,  il 
eût  seul  les  armes  victorieuses  en  sa  puissance, 
coEFFETEAU,  dans  VAUGELAS,  Allusion  de  mots. 
Si  tu  prétends  régner,  défais-toi  de  nous  deux, 
CORN.  Iléracl.  m,  3.  Ceux-ci  voulurent  se  défaire 
de  moi,  fén.  Tél.  iv.  Vous  vous  étiez  défait  des 
deux  Guises  à  Blois,  mais  vous  ne  pouviez  jamais 
vous  défaire  de  tous  ceux  qui  avaient  horreur  de 
vos  fourberies,  id.  Dial.  des  morts  mod.  Henri  III, 
Henri  IV.  On  l'accusait  [Persée,  roi  de  Macédoine] 
d'avoir  tué  sa  femme  de  sa  propre  main  depuis  la 
mort  de  son  père,  de  s'être  défait  secrètement  d'A- 
pelle,  du  ministère  duquel  il  s'était  servi  pour 
faire   périr  son   frère,  rollin,  llist.  anc.  t.  ix,  p. 

10,  dans  pougens.  Il  16*  Se  donner  la  mort.  Mon 
père  dans  l'excès  de  sa  douleur  me  dit  :  ne  va  pas 
répandre  le  bruit  que  ton  frère  s'est  défait  lui-même; 
sauve  au  moins  l'iionneur  de  ta  misérable  famille, 
volt.  Leit.  Damilaville,  oct.  (7(i2  Dire  qu'il  était 
mort  d'apoplexie,  lorsqu'il  était  évident  qu'il  s'était 
défait  lui-même,  id.  Lett.  Audra,  4  sept.  1789. 
Pourquoi  le  désespoir  les  porte-t-il  [les  nègres  es- 
claves] à  se  défaire  ou  à  vous  empoisonner?  raynal, 
Ilist.  phil.  XI,  24.  Tandis  qu'il  fait  courir  le  bruit 
que  sa  mère,  convaincue  d'un  attentat  sur  sa  per- 
sonne sacrée,  s'est  défaite  elle-même,  il  voit  son 
image,  il  en  est  poursuivi,  mtiER.  Claude  et  Néron, 
I,  §  98.  Plusieurs  de  ses  disciples  se  défirent  au  ser- 
tir de  son  école,  m.  Opin.  des  anc.  phil.  Secte  c\f 
rén.  Jean  Choinart  trouve  sa  récolte  trop  belle  [li 
avait  spéculé  sur  la  hausse  des  grains],  rentre  chez 
lui  et  se  défait,  p.  L.  cour,  n,  286.  On  sait  de  son 
esprit  se  servir  à  propos.  Revenir,  s'apaiser,  se 
remettre  en  colère.  Faire  bien  le  jaloux  et  vouloir  se 
défaire,  REGNARD,  D^mocr.ii,  7.  ||  U  est  fâcheux  que 
ce  sens  du  verbe  défaire  vieillisse,  et  qu'on  y  ait  sub- 
stitué ou  bien  se  tuer  qui  est  plus  vague,  puisqu'on 
peut  se  tuer  par  accident,  ou  bien  se  suicider  <{\ix  est 
un  mot  suspect  et  d'un  alloi  douteux. 

—  REM.  J.  J.  Rousseau  a  dit  :  Epée  que  j'ai  por- 
tée jusqu'à  Turin,  où  le  besoin  m'en  fit  défaire, 
Conf.  I.  Il  serait  plus  correct  de  dire  :  me  fit  m'en 
défaire.  Cependant  on  peut  considérer  que  défaire 
est  pris,  par  ellipse,  pour  me  défaire,  comme  cela 
arrive  bien  souvent  avec  les  verbes  réfiéchis. 

—  HIST.  XI*  s.  L'ost  des  Franceis  verrez  sempres 
deffere,  Ch.  de  Roi.  iv,  Dient  paien  :  desfaimes 
[nous  défaisons,  empêchons]  la  meslée,  ib.  xxxiii. 
En  Roncevaus  irai  l'orguel  desfaire,  ib.  Lxxiii. 

—  xii°  s.  Ainz  me  convient  otroier  et  gréer  Les 
volontés  de  mon  cuer  sans  desfaire,  Couct,  n.  Car 
[elle]  ce  me  fait  que  nuls  ne  peut  deffaire,  Fors  ses 
fins  cuers  dont  vers  moi  [elle]  est  trop  dure.  ib. 
p.  t26.  E  saillanz  sur  l'autier  [l'autel] ,  si  defist  l'au- 
tier,  Machabées,  i,  2.  Pur  ço  s'est  mult  li  reis  de 
s'ire  refrénez,  E  desfaiz  11  malices  qui  dune  ert 
aprestez.  Th.  le  mart.  43.  Al  tens  à  son  aioel  es- 
teient  il  desfait,  Li  clerc  qui  erent  pris  à  si  vilain 
mesfait.ib.  27.  Si  tu  l'fais,  dune  desfras  bien  le  cun- 
seil  Architopel,  flow,  t77. 

—  XIII*  s.  Que,  s'en  l'avoit  juré,  nel  (ne  le]  [l'im- 
pôt] desferoit-on  mie,  Bcrte,  Lx.  Li  rois  a  sa  fille 
amenée.  Al  roi  Arlus  l'a  présentée,  X  tôle  sa  volenté 
faire,  Voille  l'ardoir,  voiUe  desfaire  [tuer].  Lai  de 
j/eiïon.  Et  en  plorant  merci  li  crient.  Que  par  li 
descouvert  ne  soient;  Car  mort  ou  deffait  en  se- 
roient,  FI.  et  Bl.  2442.  Dieux  est  poesteïs  de  fere  et 
desfere,  Psautier,  (°  36.  Lors  ot  Ysengrin  moult 
grant  honte,  Qant  Tybert  ot  deffet  son  conte,  lien. 
18080.  Et  die  [qu'il  dise]  totes  les  raisons  à  une  vois 
qu'il  cuidera  qui  bones  li  semblent  à  desfaire  le  dit 
de  son  aversaire,  Ass.  de  Jérus.  78.  Ceste  honeur 
et  ceste  offre  que  vous  me  faites  ne  preuré  je  pas, 
se  Dieu  plet;  car  je  desferoie  les  bones  coustumes 
de  la  sainte  terre,  joinv.  2)6.  Tandis  que  je  parloie 
à  eulz,  je  vi  que  nos  serjans  à  pié  defcsoient  les 
murs,  m.  276.  Les  bons  exécuteurs  desfont  [répa- 
rent] premièrement  les  torz  faiz  au  mort  [  faits  par 
le  défunt],  ID.  <95.  Or  venez  avant;  se  je  vous  ai 
de  riens  mesfait,  je  le  vous  deflferai  l'un  par  l'autre, 
id.  208.  Je  leur  ei  distque  morz  estoit,  Que  tous  de'' 
feire  le  felstes,  Saint-Graal,  v,  t426. 

—  XIV*  s.  L'aprentis  demande  comme  on  deffaict 
[taille  par  quartiers]  le  cerf,  ilodus,  f"  xxii. 

—  XV*  s.  Eve  m'amie,  ce  m'as-tu  fait;  Or  ne  puis 
aler  au  deffait;  Ainssy  peine  nous  fault  avoir,  Rc- 
4urr.'c(.  de  N.  S.  Si  se  défit  cette  chevauchée,  fboiss. 

11,  u,  t.  Et  faisoit  les  femmes,  dames,  damoiselles 
et  autres,  défaire  les  chaussées  et  porter  les  pierres 
aux  crenaux  pour  jeter  aux  ennemis,  ID.  1,  i,  n:i. 
Puisqu'il  est  fiit.  il  ne  se  peut  défaire,».  u,il,  30. 


DEF 

Tous  les  quelï  seigneurs  le  roy  avoit  desappoincfezet 
delTaitz  de  leurs  estatz,  comm.  i,  6.  Et  vouloit  lais- 
ser reposer  son  armée  qui  estoit  l'ort  deffaicle,  in. 
V,  <.  Se  aucun  apprentif  du  dit  mestier  se  défiait 
dé  son  maistre  sans  cause  durant  le  temps  de  son 
apprentissaige....  Ordonn.  sept.  <484. 

—  XVI*  s.  Lors  le  moyne  se  delTeit  de  tout  son 
harnoys,  bab.  Garg.  i,  42.  Ils  conclurent  que  sa 
puissance  estovt  telle  que  il  pourroyt  deflaire  tous 
les  dyables  d'enfer,  s'ilz  y  venoyent,  iD.tb.  i,  43.  On 
mettoyt  en  religion  les  femmes  borgnes,  bossues, 
deffaictes,  folles,  tarées,  m. ib.i,  62. 11  .se defeit,  des 
liens  qui  le  tenoyent  on  berceau,  ung  des  bras, 
m.  Pant.  n,  *.  La  neige  au  soir  voyant  apertenient 
Vostre  beau  teint  sa  grand  blancheur  deffaire.  Se 
fist  glissante,  et  vous  sceut  tant  meffairo  Qu'onques 
depuis  ne  peu'stesapparoistre,  ST  gel.  <80.  Parquoy 
voyant  Testât  de  ton  affaire,  Que  veux-tu  plus?  te 
pendre  ou  te  deffaire?  m.  2H.  Beauté  aussi  qui  si 
tost  se  deffait,  ID.  <02.  Comment  est-il  possible  qu'on 
se  puisse  desfaire  du  pensement  de  la  mort?  mont. 

I  74.  II  y  feut  veu  des  pères  et  mères  se  desfaisants 
euh  mesmes,  m.  i,  299.  Que  lui  [Socrate],  par  le 
tiltre  de  sage  homme  que  les  dieux  luy  ont  déféré, 
s'est  desfaict,  en  son  amour  virile  et  mentale,  de  la 
faculté  d'enfanter  et  se  contente  d'ayder  et  favori- 
ser de  son  secours  les  engendrants,  ID.  ii,  240.  Quand 
il  voulut  desfaire  l'emplastre,  id.  m,  105.  Quant  à 
Pirithous,  il  le  feit  incontinent  desfaire  [tuer]  par 
son  chien,  et  feit  serrer  Theseus  en  estroite  prison, 
AMYOT,  Thés.  39.  La  nuict,  d'autres  defaisoient  tout 
ce  qu'elles  avoientfaict  et  tissu  le  jour,  id.  Rom.  3. 
Romulus  leur  alla  incontinent  au  devant  avec  son 
armée,  et  les  desfeit  en  bataille,  iD.ift.  38.11  luy  man- 
da, que  lors  il  trouveroit  assez  moyen  de  se  desfaire 
de  Penfant  qui  serait  né,  m.  Lyc.  2.  Encore  que  par 
edict  il  n'eust  point  chassé  les  mestiers  superflus,  si 
s'en  fussent-ilz  tous  allez  d'eulx  mesmes,  quand  ilz 
n'eussent  plus  trouvé  à  qui  se  desfaire  de  leurs  ou- 
vrages, pource  que  leur  monnoye  de  fer  n'avoit 
point  decoiirsauxautresvillesde  la  Grèce, lo.ib.  14. 
Tous  ayans  les  visages  descoulourez  et  desfaits,  m. 
I'.  jKm.  66.  Combien  q\i'ileust  aussi  bonne  grâce  et 
rencontrast  aussi  dextrement  à  se  deffaire  de  tels 
importuns  que  feit  oncquesroy  ny  prince,  id.  Mau- 
vaise honte  j  9. 

—  f.TVM.  Dé....  préfixe,  et  faire;  ital.  disfare. 

f  DÊFAISE0K,  KUSE  (dé-fè-zeur,  zeû-z'),  s.  m. 
et  f.  Celui ,  celle  qui  défait.  Le  faiseur  et  le  défaiseur 
de  rois  Ricimer  remit  le  diadème  à  Libius  Sévère, 
CHATEAUB.  Éludes  historiques. 

—  ÉTYM.  Défaire. 

DÉFAIT,  AITE  (dé-fè,  fè-t'),por(.pass^dedéfaire. 

II  l°Oui  n'est  plus  fait,  qui  a  été  fait  et  qui  ne  l'est 
plus.  Un  lit  tout  défait.  Un  nœud  défait.  Une  coif- 
fure toute  défaite.  J'ai  vu  sa  parure  enfantine  Plaire 
par  ce  qui  lui  manquait.  Ruban  perdu,  boucle  défaite; 
Elle  était  bien,  la  voilà  mieux,  bérang.  Sylphide. 
Il  Manqué.  Un  marché  défait.  ||  2°  Abattu,  amaigri. 
Défait  par  les  maladies  et  les  fatigues.  Son  visage 
était  un  peu  défait  parle  commencement  d'une  gros- 
sesse, HAMiLT.  Gramm.  H.  Mais  le  jour  qu'il  partit, 
plus  défait  et  plus  blême.  Que  n'est  un  pénitent  sur 
la  fin  du  carême,  boil.  Sat.  i.  ||  3°  Oui  a  perdu  .sa 
contenance  et  sa  bonne  façon.  Les  gens  fier.?  et  super- 
bes sont  les  plus  défaits  [en  la  présence  du  prince], 
car  ils  perdent  plus  du  leur,  la  bruy.  viii.  Vous  rou- 
gissiez, vous  pleuriez,  votre  visage  était  dùfait.... 
d'honneur,  il  l'est  encore,  beaum.  Mariage  de  Fig. 
II,  )  9.  Il  Terme  de  manège.  Cheval  défait,  cheval  qui  a 
perdu  son  embonpoint.  ||  4°  Vaincu,  mis  en  déroute. 
Il  va  recueillir  au  delà  du  Rhin  les  débris  d'une  ar- 
mée défaite  ,  Boss.  Louis  de  Bourbon.  Merci  voit  sa 
perte  assurée;  ses  meilleurs  régiments  sont  défaits; 
la  nuit  sauve  le  reste  de  son  armée,  ID.  Louis  de 
Bourbon.  Nos  ennemis  vaincus  attendent  avec  joie 
Ou'un  des  partis  défaits  leur  donne  l'autre  en  proie, 
CORN.  Wor.  I,  4.  Rome  est  sujette  d'Albe  et  vos  fils 
sont  défaits,  id.  ib.  m,  6.  Ce  grand  roi  fut  défait,  il 
en  perditla  vie,  id.  Sert,  ii,  i.  Le  seul  Flaminius, 
trop  piqué  de  l'affront  Que  son  p're  défait  lui  laisse 
sur  le  front,  id.  JVtcom.  i,  6.  Carthage  étant  dé- 
truite, Antiochus  défait....  ID.  ib.iu,  2.  L'adversaire 
en  désordre  est  à  moitié  défait,  rotrou,  Bélis.  iv,  2. 
I]  5°  Débarrassé.  Puisque  vous  n'aspirez  qu'à  vous 
en  voir  défaite,  cobn.  D.  Sanch.  m,  o.  [Un  serpent] 
Restauré  du  soleil  nouveau,  Et  défait  de  sa  vieille  peau, 
scARRON,  Virg.  irav.  ii.  Théodose,  averti  le  matin 
qu'un  bataillon  de  barbares  avait  déserté,  fut  bien  aise 
d'être  défait  de  ces  soldats  infidèles,  fléch.  Hist.  de 
Théodose,  m,  92.  On  n'a  pas  plus  tôt  fait  emplette 
de  cette  marchandise  qu'on  voudrait  en  être  délàit, 
REONARD.  Sérénade,  1.  Ceux  qui  sont  destinés  aux 


DEF 

grandes  places  sont  défaits  des  préjugés  qui  avilis- 
sent une  nation,  volt.  Leit.  Uclrétius,  16  sept. 
(763.  Il  Plus  particulièrement,  débarrassé  par  la 
mort  et  le  meurtre.  Guillaume  fut  bientôt  défait 
du  duc  d'Anjou  comme  de  l'archiduc  Mathias,  id. 
Maurs,  164. 

DÉFAITE  (dé-fé-f) ,  s.  f.  \\  l»  Perte  d'une  bataille. 
Pour  moi,  bien  que  vaincu,  je  me  répute  heureux; 
Et  malgré  l'intérêt  de  mon  cœur  amoureux,  Per- 
dant infiniment,  j'aime  encor  ma  défaite  Qui  fait  le 
beau  succès  d'une  amour  si  parfaite,  cobn.  Cid, 
V,  7.  Combien  en  a  versé  [de  sang]  la  défaite  d'An- 
toine, ID.  Cinna,  iv,  3.  N'eût-il  que  d'un  moment 
reculé  sa  défaite,  m.  Ilor.  m,  6.  Encore  une  dé- 
faite, et  dans  Alexandrie  Je  veux  que  cette  ingrate 
en  ma  faveur  vous  prie,  m.  Pomp.  iv,  3.  Naupacte, 
maintenant  Lépante,  connu  parla  défaite  des  Turcs 
en  1571,  BOLLIN,  Hist.anc.  (Jiuvres,  t.  ii,  p.  482. 
Quand  les  Scythes  vaincus,  réparant  leurs  défaites, 
S'élancèrent  sur  nous  de  leurs  vastes  retraites,  volt. 
Sémiram.  ii,l.  Non,  ma  défaite,  ami,  ne  fait  point 
mon  malheur,  id.  Adélaïde,  m,  1.  ||  2°  En  termes 
de  galanterie,  sujétion  d'un  cœur.  Et  qui  saitsi  l'in- 
grate, en  sa  longue  retraite,  N'apointde  l'empereur 
médité  la  défaite?  bac.  Brit.  m,  a.  ||  3°  Débit  d'une 
marchandise,  facilité  de  placement.  Des  marchan- 
dises de  prompte,  de  difficile  défaite.  La  bonne  mar- 
chandise est  de  défaite  en  ce  pays-ci,  dancourt. 
Foire  de  Besons,  se.  6.  ||  Familièrement.  Cette  fille 
est  de  défaite,  elle  est  belle,  ou  riche,  ou  instruite, 
et  on  peut  aisément  la  marier.  ||  4°  Excuse,  échap- 
patoire, prétexte.  Mais  enfin  si  c'était  quelque  sotte 
défaite....  iiauteroche  ,  le  Souper  mal  apprêté, 
se.  3.  Or  çà,  voyons  si  ce  que  je  projette  Peut  être 
apparemment  une  honnête  défaite,  id.  ib.  se.  4. 
C'est  un  vieux  importun  qui  n'a  pas  l'esprit  sain. 
Et  pour  qui  j'ai  toujours  quelque  défaite  en  main, 
MOL.  Fâch.  m ,  3.  Vous  n'osiez  résister  en  face; 
c'est  ce  qui  vous  faùsait  promettre  trop  facilement, 
et  éluder  ensuite  toutes  vos  paroles  par  cent  dé- 
faites captieuses ,  fén.  Dial.  des  morts  mod.  Ri- 
chel.  Mazarin.  Ne  doutant  pas  que  ce  ne  fût  une 
défaite,  hamilt.  Gramm.  9.    Il  ne  reste  qu'une  dé 

faite  avix  nouveaux  mystiques,  boss.  Or.  3 Fort 

bien!  la  réponse  est  honnête,  Et  vous  avez  toujours 
quelque  défaite  prête,  eegnabd,  Distr.  i,  i.  Que 
l'amour-propre  abonde  en  mauvaises  défaites!  la 
CHAUSSÉE,  l'réj.  d  la  mode,  v,  2.  Il  crut  que  je 
cherchais  une  défaite,  J.  i.  rouss.  Conf  v.  Va,  mon 
pauvre  Figaro,  n'use  pas  ton  éloquence  en  défaites; 
nous  avons  tout  dit,  beaum.  Mar.  de  Figaro,  u,  20. 

—  SYN.  DftFAiTE,  DÉROUTE.  Ces  mots  désignent  la 
perte  d'une  bataille,  faite  par  une  armée,  avec  cette 
différence  que  déroute  ajoute  à  défaite  et  désigne 
une  armée  qui  fuit  en  désordre,  Encycl.  iv,  731. 

—  HiST.  XVI'  s.  Ceux  qui  accompaignerent  Cn. 
Fulvius  en  sa  desfaicte ,  mont,  i  ,  66.  Donner 
une  desfaicte  en  payement,  id.  i,  12S.  La  phi- 
losophie a  armé  l'homme  de  patience ,  ou ,  si 
elle  couste  trop  à  trouver,  d'une  de.sfaicte  infaillible 
[le  suicide],  id.  ii,  30l.  Il  se  fait  amener  cette 
mule,  et  baille  la  sienne  vieille  à  Didier  pour  en 
trouver  la  desfaite,  desper.  Contes,  xxvni.  Tatius 
le  remettoit  de  jour  à  autre  et  lui  usoit  tousjours  de 
quelque  desfaicte,  amyot,  Rom.  36.  En  mémoire  de 
ceste  desfaitte  ilz  soUennisent  encore  ceste  festeque 
l'on  appelle  les  Nones  Capratines,  id.  i7i.  49.  Hz  n'usè- 
rent plus  de  desguisementnyne  controuverent  plus 
de  desfaittes  pour  la  révérence  de  Caton,  id.  C.  d'U- 
tiq.  80. 

—  ÉTYM.  Défaire. 

DÉFALCATION  (dé-fal-ka-sion) ,  s.  f.  Action  de 
défalquer. 

—  ÉTYM.  Défalquer. 

DÉFALQUÉ,  ÉE  (dé-fal-ké,  kée),  part,  passé.  Les 
à-compte  défalqués,  reste  tant  à  jiayer. 

DÉFALQUER  (dé-fal-ké),  v.  a.  ||  1°  Retrancher 
d'une  somme,  d'une  quantité.  On  réduisit  Madame 
à  toucher  de  l'électeur  palatin  sooooo  écus  romains, 
en  défalquant  même  ce  qu'elle  pouvait  avoir  déjà 
reçu  de  ce  prince,  st-sim.  105,  122.  L'impôt  qu'il 
n'a  pu  défalquer  sur  le  prix  de  la  vente,  J.  J.  rouss. 
Écon.  3.  À  mesure  que  l'on  prend  des  points  [au 
jeu  d'osselets],  on  en  défalque  autant  sur  la  partie 
de  l'adversaire,  chateaub.  Amer.  86.  ||  2°  Terme  de 
fonderie.  Rabattre  l'humidité.  ||3°  Se  défalquer,  v. 
réfl.  Être  défalqué.  Cela  se  défalquera  quand  nous 
réglerons  le  comfte. 

—  REM.  Au  XV!'  siècle,  défalquer  était  un  mot 
mal  reçu:  «Défait  uer,  pour  dire  rabattre  ou  déduire 
en  raatièi-e  de  c  jmpte,  est  un  mot  italien  qui  est 
barbare  parmi  no  is,  »  vaugel.  Nouv.  rem.  p.  82, 
dans  poL'GENS. 


DEF 


100T 


—  HIST.  XIV'  S.  Avoir  vendu  à  leur  profit  le  dit 
sel  ainsi  défalqué  [privé  de  son  humidité  ?]  sans  ga- 
beler,  nu  cange,  gablum.  \\  xvi'  s.  Le  temps  de 
l'enfance,  vieillesse,  dormir,  maladies  d'esprit  ou 
de  corps,  et  tant  d'autre  inutile  et  impuissant  à  faire 
chose  qui  vaille,  estant  défalqué  [de  la  vie  humaine] 
et  rabattu,   le   reste  est  peu,  charron,   Sagesse, 

I,  36. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  un  verbe  latin  hypo- 
thétique/'afcare,  tiré  de  faix,  faux  (voy.  faux,  s. 
f.) ,  mot  à  mot  •  "-etrancher  avec  la  faux;  provenç. 
defalquar;  e.spagn.  defalcar;  porlug.  desfalcar; 
ital.  diffalcare. 

t  DÉFARDELER  (défar-de-lé),  v.  a.  Ancien  terme 
de  commerce.  Défaire  un  ballot. 

—  HIST.  xiv  s.  Et  en  seront  creuz  les  marchands 
ou  les  conduiseurs,  de  dire  par  leur  serment  ce  qui 
sera  ez  balles  sans  defardeler,  Lettres  du  13  déo. 
1324,  Avis  de  la  Chambre  des  comptes. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fardeau. 

t  DÉFARDER  (dé-far-dé),  v.  a.  ôter  le  fard.  ||  Se 
défarder,  v.  réfl.  S'ôter  le  fard. 

—  HIST.  XVI"  s.  Le  prince,  défardé  du  lustre  de 
son  vent.  Trouvera  tant  de  honte  et  d'ire,  en  se  trou- 
vant Tyran,  laschoj  ignorant,  indigne  de  louange.... 
d'aub.  Tragiques,  II. 

—  ÉTYM.  Dé...  préfixe,  et  farder. 

+  DÉFATIGUER  (dé-fa -ti-ghé) ,  v.  a.  Oter  la  fa- 
tigue. Les  bains  de  pieds  défatiguent.  ||  Se  défati- 
guer, V.  réfl.  Cesser  d'être  fatigué.  On  se  défatigue 
parfois  en  changeant  d'occupation. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fatigue. 

t  DÉFAUFILER  (dé-fô-fi-lé),  V.  a.  Défaire  une 
faufilure. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  faufiler. 

■j-  DÉFAUSSER  (dé-fô-sé),  ti.  a.  ||  1°  Redresser  ce 
qui  a  été  faussé.  ||  2°  Se  défausser,  11.  réfl.  Terme  rie 
jeu.  Se  débarrasser  de  ses  fausses  cartes,  c'est-à-dire, 
quand  on  n'a  pas  des  cartes  de  la  couleur  qui  se 
joue,  jeter  les  cartes  qu'on  croit  être  les  moins  uti- 
les. Il  faut  savoir  se  défausser  à  propos. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  elfaux,  adj. 

DÉFAUT  (dé-fô;  le  (se  lie:  un  dé-fau-t  incorri- 
gible; au  pluriel,  l's  se  lie:  des  dé-fô-z  incorrigi- 
bles), s.  m.  Il  1°  Action  de  défaillir,  privation  de 
quelque  chose.  Le  défaut  de  subsistances  a  forcé  la 
garnison  à  se  rendre.  Défaut  d'esprit,  d'expérience, 
de  courage.  Rome  vous  permet  cette  haute  alliance 
Dont  vous  aurait  exclu  le  défaut  de  naissance,  corn. 
Nicom.  i;  2.  Ils  n'ont  commis  aucun  péché  parle 
défaut  de  charité  et  de  pénitence,  pasc.  Prov.  5. 
Ô  ciel!  il  paraît  bien  que  la  prudence  humaine.  Qui 
fait  gloire  ici-bas  des  efforts  les  plus 'hauts,  Tombe, 
quand  il  te  plaît,  en  d'insignes  défauts,  rotrou, 
Bélis.  V,  8.  La  véritable  cause  de  la  chute  des  af- 
faires d'Annibal,  c'est  le  défaut  de  recrues  et  de  se- 
cours de  la  part  de  sa  patrie,  bollin,  Hist.  ane. 
Œuvres,  t.  i,  p.  447,  dans  pougens.  ||  Terme  d'a- 
natomie.  Monstruosité  par  défaut,  monstruosité  cau- 
sée par  l'absence  de  quelque  partie.  ||  Â  défaut  de, 
au  défaut  de,  loc.  prép.  Faute  de,  dans  le  cas  où 
la  chose  en  question  manquerait.  A  défaut  de  vin, 
nous  boirons  de  l'eau.  Et  mérite  mes  pleurs  au 
défaut  de  mon  coeur,  corn.  Cinna,  iv,  6.  X  ce  dé- 
faut vous  aurez  mon  estime,  id.  Nicnm.  v,  10.  Moi- 
même,  à  leur  défaut  je  serai  la  conquête  De  qui- 
conque à  mes  pieds  apportera  ta  tête,  id.  Iléracl, 
m,  3.  Sévère,  à  mon  défaut,  fera  ta  récompense, 
ID.  Poly.  IV,  1.  Mon  guide,  qu'à  ce  soin  à  mon  dé- 
faut j'emploie,  S'écrie  épouvanté  qu'il  n'y  voit  point 
de  foie  [en  une  victime  immolée,  ce  qui  était  un 
signe  funeste],  rotrou,  Antig.  v,  5.  Peut-être  au 
défaut  de  la  fortune,  les  qualités  do  l'esprit,  les 
grands  desseins,  les  vastes  pensées  pourront  nous 
distinguer  du  reste  des  hommes,  boss.  Duchesse 
d'Orl.  Au  défaut  de  ton  bras,  prête-Tnoi  ton  épée, 
BAC.  Phèd.  II,  6.  Cet  humble  adorateur  Captive  ma 
personne  au  défaut  de  mon  cœur,  id.  Alex,  m,  1. 
Les  Portugais,  au  défaut  de  vertus  plus  éclatantes, 
forment  son  éloge  [de  Philippe  IV]  de  sa  piété  et  de 
sa  modération,  vebtot,  Révol.  de  Portug.  p.  149. 
Faut-il  qu'au  défaut  des  tyrans  et  des  supplices,  l'Ê- 
vangile  trouve  encore  en  vous  seuls  son  écueil  et  son 
scandale?  mass.  /(d.  ^pipA.  Le  même  testament  qui, 
au  défaut  des  puînés  du  sang  de  Louis  XIV,  rappe- 
lait l'archiduc  Charles,  VOLT.  Louis  Xir,  17.  Il  2°  La 
défaut  des  côtes,  l'endroit  où  elles  se  terminent,  ou 
l'espace  entre  deux  côtes.  ||  Le  défaut  de  la  cuirasse, 
Pintervalle  entre  les  deux  pièces  d'une  cuirasse.  Il 
rappela  ses  esprits,  et,  tâtant  son  ennemi  au  défaut 
des  armes,  il  lui  plongea  le  poignard  dans  le  fianc, 
VAUGEL.  Q.  C.  liv.  IX,  ch.  h  Mais  il  tombe  et  l'on 
trouve  au  défaut  de  l'armur  Tout  le  fer  d'une  lance 


1008 


DÉ  F 


encor  dans  la  blessure,  pb  bblloi,  Gaston  et  B. 
lï,  2.  Il  n'y  a  point  de  guerrier  si  bien  armé  qu'on 
ne  puisse  percer  au  défaut  de  la  cuirasse,  volt. 
Utt.  en  vers  et  en  prose,  2».  ||  Fig.  Le  côté  faiUe, 
dcnsible  d'une  personne.  Blesser  quelqu'un  au  dé- 
faut de  la  cuirasse.  ||Dans  le  même  sens.  Fuyez  un 
ennemi  qui  sait  votre  défaut,  coim.  Poly.  i,  t. 
Il  3°  Terme  de  procédure.  Manquement  à  une  assi- 
gnation donnée,  refus  de  comparaître.  Il  a  fait  dé- 
faut. Jugement  par  défaut,  décision  rendue  contre 
une  partie  non  comparante  ou  n'ayant  personne 
qui  comparaisse  pour  elle.  ||  Donner  défaut,  donner 
acte  de  la  non-comparution.  ||  Défaut  contre  partie 
ou  faute  de  comparaître,  jugement  rendu  contre 
une  partie,  faute  par  elle  d'avoir  constitué  avoué 
dans  les  délais  de  l'ajournement.  {|  Défaut  contre 
avoué  ou  faute  de  conclure,  jugement  rendu  contre 
une  partie  dont  l'avoué  n'a  pas  déposé  de  conclu- 
sions. ||  Défaut-congé,  lorsque  le  demandeur  ne  se 
présente  pas.  ||  Profit  du  défaut,  avantage  résultant, 
pour  celui  qui  se  présente,  de  l'alisence  de  son  ad- 
versaire. Adjuger  le  profit  du  défaut,  statuer  par 
suite  du  défaut  d'une  partie  en  faveur  de  l'autre  qui 
a  comp.Tru.  ||  Défaut  profit-joint,  c'est  lorsque  de 
deui  défendeurs  l'un  comparaît,  l'autre  fait  défaut; 
enjoint  le  profit  du  défaut,  c'est-à-dire  qu'au  lieu 
do  l'adjuger,  on  surseoit  à  statuer  ju.squ'à  ce  que 
le  non-comparant  ait  été  jugé  ou  tenu  pour  jugé 
contradi'cloirement.  ||  4°  Terme  de  chasse.  Le  mo- 
ment même  où  les  chiens,  perdant  la  voie,  ces- 
sent de  chasser.  Les  chiens  sont  en  défaut.  L'autre 
[le  renard]  fit  cent  tours  inutiles.  Entra  dans  cent 
terriers,  mit  cent  fois  en  défaut  Tous  les  confrères 
de  Brifaut,  la  font,  f obi.  ix,  15.  L'animal  rusé, 
qui  les  voit  passer  et  s'éloigner,  sort  de  sa  retraite, 
rentre  dans  le  sentier,  confond  ses  traces  et  met 
la  meute  en  défaut,  honnet,  Contempl.nat.  <2«  part, 
ch.  44.  Il  Relever  le  défaut,  se  dit  des  chiens  qui 
se  remettent  sur  la  voie.  ||  Fig.  Être  en  défaut, 
faillir.  Voilii  mes  guichetiers  en  défaut,  dieu  merci, 
nAC.  Plaid.  I,  •>.  ||  Mettre,  prendre,  trouver  quel- 
qu'un en  défaut,  le  mettre,  le  ti'ouver,  le  prendre 
en  un  manquement  quelconque.  Les  fautes  des  sols 
sont  (|uelquefois  si  lourdes  et  si  difficiles  à  pré- 
voir qu'elles  mettent  les  sages  en  défaut  et  ne  sont 
utiles  qu'à  ceux  qui  les  font,  la  bruy.  xi.  ||  Mettre 
en  défaut,  rendre  inutile,  déjouer.  Lindor  par  son 
audace  Met  la  ruse  en  défaut,  bérang.  Inf.  de  Li- 
sette. Il  5°  Imperfection  physique.  Les  défauts  du 
corps.  Il  n'y  a  nuls  vices  extérieurs  et  nuls  défauts 
du  corps  qui  ne  soient  aperçus  par  les  enfants,  la 
BRUY.  XI.  Il  Kn  parlant  des  animaux  domestiques, 
défaut  exprime  les  imperfections  du  corps  et  les  ir- 
régularités de  proportion,  jj  6°  Imperfection  morale. 
Prenez  ainsi  que  moi  des  .sentiments  plus  hauts,  Et 
suivez  mes  vertus  ainsi  que  mes  défauts,  coiin.  At- 
tila, m,  4,  L'agréable  défaut,  seigneur,  que  la  jeu- 
nesse I  ID.  Pulch.  m,  4.  De  ce  triste  séjour,  où  tout 
n'est  que  défaut,  Jusqu'aux  pieds  du  Très-Haut  Sache 
relever  ta  pensée,  ID.  Itnit.  ii,  1.  Nous  n'avouons 
de  petits  défauts  que  pour  persuader  que  nous  n'en 
avons  point  de  grands,  labociief.  lUfl.mor.  n''327. 
Ceux-là  sur  une  erreur,  ceux-là  sur  un  défaut,  la 
FONT.  Fabl.  IV,  M.  Le  fabricateur  souverain  Nous 
créa  besaciers  tous  de  même  manière.  Tant  ceux  du 
temps  passé  que  du  temps  d'aujourd'hui;  11  fit  pour 
nos  défauts  la  poche  de  derrière,  Et  celle  de  devant 
pour  les  défauts  d'autrui,  m.  ib.  i,  7.  Chacun  a  son 
défaut  où  toujours  il  revient;  Honte  ni  peur  n'y  re- 
médie, ID.  ib.  III,  7.  Elle  étuduiit  ses  défauts;  elle 
aimait  qu'on  lui  en  fît  des  leçons  sincères;  marque 
assurée  d'une  àme  forte  que  ses  fautes  ne  dominent 
point,  Boss.  Duchesse  d'Orl.  Il  faut  aimer  ses  amis 
avec  leurs  défauts;  c'en  est  un  grand  que  d'être  ma- 
lade, sÉv.  Lett.  tb  oct.  )6i)5.  Ohl  que  de  mon  es- 
prit triste  et -mal  ordonné.  Ainsi  que  de  ce  champ 
par  toi  si  bien  orné.  Ne  puis-je  faire  ôter  les  ronces, 
les  épines.  Et  des  défauts  sans  nomlire  arracher  les 
racines?  BOIL.  Épiire  xi.  Il  y  a  de  petits  défauts  qu'on 
abandonne  volontiers  à  la  censure;  ce  sont  de  pa- 
reils défauts  que  nous  devons  choisir  pour  railler  les 
autres,  LA  BKuv.  v.  L'on  ne  voit,  en  amour,  de  dé- 
fauts dans  ceux  qu'on  aime  que  ceux  dont  on  souffre 
soi-même,  id.  iv.  Où  trouverez-vous  un  homme  sans 
défautT  FÉN.  Tél.  xi.  Un  défaut  avoué  et  déjà  re- 
connu est  à  demi  corrigé,  ROLLIN,  Traité  des  Et. 
VI.  2*  part.  ch.  t ,  art.  4.  Celui  qui  t'entretient  des 
défauts  d'autrui  entretient  les  autres  des  tiens,  Di- 
DEB.  Opin.  desanc.phil.  {Sarrasins).  Ses  défauts 
semblaient  u'êl'e  |ue  ses  vertus  mêmes  portées  jus- 
qu'à l'excès;  on  ne  pouvait  s'empêcher  de  les  lui 
pardonner,  et  on  eût  à  peine  osé  désirer  qu'il  ne 
les  eût  pas,  oonuobcet,  Duhamel.  Eh!  mon  Dieu, 


DÉF 

monseigneur,  c'est  qu'on  veut  que  le  pauvre  soit 
sans  défaut,  beaumabch.  Barb.  de  Sév.  i,  2.  Je  ne 
.savais  pas  qu'il  existe  des  défauts  qui  peuvent  ac- 
croître l'amour  même  par  l'inquiétude  qu'ils  lui  cau- 
.sent,  STAliL,  Corinne,  xiv,  4.  Cette  imagination 
était  son  charme,  et  quelquefois  son  défaut,  ID.  ib. 
XV,  5.  Il  En  parlant  des  animaux  domestiques  et 
particulièrement  du  cheval,  vice  de  leur  carac- 
tère, comme  la  rétivité,  la  méchanceté.  ||  7°  Ce  qui 
est  contraire  aux  règles  de  l'art,  au  goût,  aux  sai- 
nes doctrines.  Vous  dirai -je  qu'elle  pénétrait  dès  son 
enfance  les  défauts  les  jilus  cachés  des  ouvrages 
d'esprit  et  qu'elle  en  discernait  les  traits  les  plus  dé- 
licats? FLÉcii.  Mme  de  Hnniausier.  Un  sonnet  sans 
défaut  vaut  seul  un  long  poème,  noiL.  Art  p.  ii.  Il 
ne  faut  pas  regarder  ces  éloges  de  Clément  XI  [au 
sujet  du  livre  du  P.  Quesnel]  et  les  censures  qui 
suivirent  comme  une  contradiction;  on  peut  être 
très-tonché,  dans  une  lecture,  des  beautés  frap- 
pantes d'un  ouvrage,  et  en  condamner  ensuite  les 
défauts  cachés,  volt.  Louis  XIV,  37.  ||  Terme  de 
rhétorique.  Les  défauts  du  style,  vices  opposés  aux 
qualités  qu'on  désire  y  trouver.  Le  défaut  de  clarté 
fait  que  le  style  est  obscur,  etc.  ||  8°  Dans  les  arts  et 
métiers,  parties  faibles  en  une  matière,  et,  par  ex- 
tension, en  un  ouvrage  quelconque.  Il  9"  Terme  de 
grammaire  ancienne,  par  lequel  on  désignait  le  re- 
tranchement de  quelque  chose,  par  exemple  la 
syncope,  c'est-à-dire  le  retranchement  de  lettres 
dans  un  mot,  et  l'ellipse,  c'est-à-dire  le  retranche- 
ment d'un  ou  plusieurs  mots  dans  une  phrase. 

—  REM.  Des  grammairiens  ont  voulu  distinguer 
au  défaut  de  et  à  défaut  de,  disant  que  le  premier 
signifie  à  la  place  de,  et  le  .second  faute  de,  mais 
cette  distinction  n'est  pas  justifiée  par  l'usage;  et  en 
soi  elle  n'est  pas  fondée. 

—  SYN.  DÉFAUT,  DÉFECTUOSITÉ.  Ces  deux  mots  ne 
sont  synonymes  que  quand  il  s'agit  des  imperfec- 
tions qui  déparenf  un  produit  de  la  nature  ou  de 
l'art.  Défaut,  venant  de  faillir,  exprime  ce  qui  faut, 
manque,  esten  faute.  Défectuosité,  venant  du  latin 
defectus,  renferme  l'idée  de  ce  qui  est  défait,  mal 
fait.  Ainsi  défaut  se  dira  plutôt  quand  on  voudra 
simplement  exprimer  l'état  d'imperfection,  et  dé- 
fectuosité quand  on  portera  son  esprit  sur  le  mode 
de  production  :  les  défauts  d'un  diamant,  les  défec- 
tuosités d'une  piène  de  drap.  .Mais  il  faut  dire  que 
très-souvent  les  nuances  se  confondent. 

—  HIST.  xur  s.  Nous  serions  trop  blasmé,  se  vous 
chaiens  [céans]  moriés  par  defaute,  Chron.  de  Uains, 
•108.  Dont  dist  l'apostoles  as  messages  que,  par  la 
defaute  de  cens  qui  alerent  as  autres  pors,  savoit-il 
bien  qu'il  lor  convenoitgranlmeschief  faire,  villeii. 
Lv.  Ne  porquant  li  segneur  les  voloient  mètre  en 
defaute  par  le  [la]  reson  de  l'ajornement,  beaum. 
54.  Et  s'il  ne  le  veut  jurer,  il  sera  tornés  en  defaute, 
ID.  46. .Et  s'il  en  ont  trop  poi,  il  doivent  retrere  le 
defaute  [répartir  le  déficit  entre]  à  chascun,  selon 
ce  qu'il  doit  penre  en  l'execu.ssion,  id.  xii,  31. 
Il  xiv  s.  Se  dix  estoit  le  plus  grant  excès  en  aucune 
matière  et  deux  estoit  la  plus  grant  deffauto,  le 
moien  selon  nature  de  la  chose  ce  seroit  six,  oresme, 
Eth.  44.  Il  xv  s.  Si  le  pria  en  amitié  et  requit  par 
lignage  qu'il  se  voulust  sur  ce  aviser,  par  quoi  au- 
cune deffaute  ne  fust  trouvée  en  lui,  froiss.  i,  i, 
72.  La  comtesse  pria  à  ces  seigneurs  do  Bretagne, 
pour  l'amour  de  Dieu,  qu'ils  ne  fissent  nule  defaute, 
et  qlie  elle  auroit  grand  secours  dedans  trois  jours, 
ID.  I,  I,  )7G.  Mais  quant  ce  Vint  au  fait  de  la  des- 
pense. Il  restreignit  eufs,  chandelle  et  moustarde. 
Et  oublia  pain,  vin,  char  et  finance;  Tout  se  des- 
triut,  et  par  default  de  garde,  eust.  deschamps, 
Àdministr.  de  l'hostel  du  prince.  En  fut  mal  recom- 
pensé plus  par  la  poursuyte  de  ses  ennemys  que  par 
le  deffault  du  roy,  comm.  i,  2.  Il  avoit  honte  de  re- 
tourner en  CastiUe  ne  en  Portugal  avi'cques  ceste 
deffaulte,  et  de  n'avoir  rien  faict  deçà,  id.  v,  7. 
Il  XVI"  s.  Il  renvoya  les  plus  jeunes,  et  avecques 
ceulx  desquels  le  default  estoit  moindre  [qui  feraient 
moins  faute),  mo.nt.  i,  243.  Il  pensa  que  le  plus  sur 
estoit  de  fuir,  et  qu'un  bon  défaut  valoit  mieux 
qu'une  mauvaise  comparution,  yver,  p.  647.  Défaut 
ne  se  donne  contre  le  procureur  de  roi,  loysel,  863. 
On  appeloit  (faisait  appel]  de  defaute  de  droit,  quand 
on  refusoit  de  rendre  la  justice  aux  parties,  mo.n- 
TESQ.  Espr.  XXVIII,  28. 

—  ÉTVM.  Dé....  préfixe,  et  faillir;  provenç.  défaut, 
et,beaucoupplussouvent,df/ouw,df/7'au/(a;auc.  ca- 
tal.  défait.  Le  féminin  defaute  est,  dans  les  premiers 
temps,  le  seul  que  les  textes  ofl'reiit  couramment. 

DÉFAVEUR  (dé-fa-veur),  s.  f.  \\  1°  Perte  de  la  fa- 
veur. Courtisan  morfondu,  frénétique  et  rêveur.  Por- 
trait  de   la   disgrùc*  ut  do  la   défaveur,  régnieb. 


DEF 

Sat.  m.  La  défaveur  et  U  pauvreté  ne  lui  .sont  point 
fâcheuses,  quand  il  les  souffre,  bai.z.  t*  Dise,  sur  la 

cour Dans   la  défaveur  et  l'abandonnement, 

TRISTAN,  Mariane.  iv,  5.  Une  société  qui  n'était  pas 
de  celles  que  la  faveur  attire  et  que  la  défaveur  éloi- 
gne, MARMO.NTEL,  Hém.  liv.  X.  Il  2°  Discrédit.  La  dé- 
faveur des  effets  publics. 

—  SYN.  défaveur,  disgrAce.  Disgrâce  dit  plus 
que  défaveur.  La  défaveur  c'est  simplement  la  perte 
de  la  faveur;  mais  la  disgrâce  est  quelque  chose  de 
plus;  elle  implique  non-seulement  la  perte  de  la  fa- 
veur, mais  aussi  la  perte  des  grâces,  des  choses  gra- 
cieu.ses  qui  étaient  possédées,  telles  que  fortune, 
emplois,  position  sociale.  La  défaveur  où  était  Fé- 
nelon  ne  l'empêchait  pas  d'être  archevêque  de  Cam- 
brai; la  disgrâce  où  tomba  Fouquet  amena  sa  ruine 
et  son  emprisonnement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  comme  M.  de  la  Fleor,  avec 
une  mine  fort  dédaigneuse,  en  tournant  l'escbine, 
montrait  au  frater  toutes  sortes  de  deffaveurs,  d'aub. 
Foen.  m,  12.  Désertion  qui  fut  telle  défaveur  [dom- 
mage] pour  le  roy  que  vous  pouvez  estimer,  veu 
mesmement  que  le  camp  de  l'ennemy  n'estoit  logé 
qu'à  demy  mille  de  nous,  u.  du  bell.  ne.  Il  me  suf- 
fit, soubz  la  faveur  de  la  fortune,  me  préparer  à  sa 
desfaveur,  MONT,  i,  28(.  Les  Athéniens,  pour  appa- 
rier la  desfaveur  de  ces  deux  actions  [enfanter  et 
mettre  à  mort],  ayants  à  mundifier  l'isle  de  Delos 
et  se  justifier  envers  ApoUo,  deflendirent  aux  pour- 
pris  d'icelle  tout  enterrement  et  tout  enfantement 
ensemble,  id.  m,  3oi. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  faveur. 
DÉFAVORABLE  (dé-fa-vo-ra-bl'),  adj.  Qui  n'est 

pas  favorable.  Opinion  défavorable.  Événement  défa- 
vorable aux  espérances  conçues. 

—  HIST.  XVI'  s.  Eslevé  aux  pieds  des  Valois,  qui 
tenoient  sur  sa  teste  un  sceptre  défavorable,  d'aub. 
Uist.  préf  6. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  favorable. 
DÉFAVOllABLEME.NT  (dé-fa-vo-ra-ble-man)  ,adr. 

D'une  manière  défavorable,  fâcheuse.  U  l'a  jugé  dé- 
favorablement. On  l'a  défavorablement  traité. 

—  ÊTYM.  Défavorable. 

t DÉFAVORISER  (dé-fa-vo-ri-zé),  t).  a.  Mettre  en 
défaveur.  Jacques  [Sobieski]  l'aîné  était  fort  mal 
avec  elle  [la  reine],  mais  il  était  né  avant  rélectiou 
de  son  père,  ce  qui  le  défavorisait  fort,  st-sim.  42. 
244.  Les  idées  si  fausses,  mais  si  fort  reçues,  qui  dé- 
favorisaient celui  à  qui,  de  droit  et  de  nécessité  in* 
vitable,  les  rênes  de  l'État  se  trouveraient  déviA- 

lues....,   ID.  364,    67. 

—  HIST.  XVI' s.  Ceux  desquels  la  cause  n'est  guère 
bonne,  plus  de  besoin  ont-ils  d'artificieux  langage 
pour  pallier  ce  qui,  estant  doscouverl,  la  rendroit 
desfavorisée,  lanoue,  656.  Que  ce  seroit  un  acte 
qui  porterait  quelque  tesmoignage  de  laschelé,  et 
qui  defTavoriseroit  grandement  les  aflfaires  de  ceux 
de  la  religion,  id.  559.  Villegagnon ,  défavorisé  en 
France  par  la  querelle  qu'il  eut  avec  le  capitaine  de 
Breu,  d'aub.  Uist.  l,  4).  Tout  cela  défavorisant  cette 
beauté  par  laquelle  elle  plaidoit  mieux  sa  cause  aux 
yeux  qu'aux  aureiUes,  in.  ib.  i,  259.  Les  harquebu- 
siers  de  la  courtine  defavorisoient  les  liguez  en  (juel- 
que  façon,  id.  ib.  m,  269.  X  ces  pensées  j'adjouste 
la  fascheuse  mort  de  Sponde,  desfavorisé  du  roy 
aussilost  qu'il  fut  converty,  id.  Sancy,  ix.  Par 
terre,  il  n'y  avoit  ordre  de  le  retirer,  pour estre  nos 
affaires  en  Italie  trop  desfavorisées,  M.  nu  bellay, 
(21.  La  fortune  joue  son  jeu,  comme  il  lui  plaist  fa- 
voriser et  défavoriser  les  gens,  brant.  Mandruszo. 
Nos  courtisans,  deux  jours  après  qu'ils  sont  delavo- 
risés,  des  accohiis,  Bigarr.  Contrepèteries.  Que  mes- 
sieurs de  Guise  n'ayent  pas  cest  honneur  d'estre  au- 
près du  roi  et  de  vous,  pour  desfavoriser  ma  cause, 
GONDÊ,  llémoires,  p.  5U4. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  favoriser. 
DÉFÉCATION  (dé-fé-ka-sion),  s.  f.  \\  1°  Terme  de 

chimie  et  de  pharmacie.  Dépuration  d'une  liqueur 
qui,  soumise  à  l'évaporation ,  laisse  se  précipiter  les 
parties  qui  la  rendent  trouble.  ||  2°  Terme  de  physio- 
logie. Expulsion  des  matières  fécales  hors  du  corps 
par  la  voie  naturelle. 

—  ÊTYM.  Lat.  defecatio,  de  de,  hors,  et  un  verbe 
hypothétique  f.rcare,  tiré  de  fxx,  lie  (voy.  fécal). 

t  DÊFECTIBILITÉ  (dé-fè-kU-bi-li-té),  s.  f.  Qua- 
lité de  ce  qui  est  défectible. 

—  ETYM.  Défectible. 

t  DÉFECTIBLE  (dé-fè-kti-bl') ,  adj.  Terme  didac- 
tique. Imparfait,  incomplet. 

—  ÊTYM.  Lat.  dcficere,  manquer  (voy.  DÉFBCTiri. 
t   DÉFECT1BI.EMENT   (dé-fè-kli-ble-man),   adv. 

D'une  manière  défectible. 

—  HIST.  wfs,  Nous  no  pouvons  trouver  pcrfoc^tou 


DEF 


DÉF 


DEF 


100^ 


lie  es  hommes  n»  es  clioses  créées,  si  non  en 
tant  qu'elles  participent  plus  ou  moins  de  la  divine 
perfection  et  bonté,  et  pourtant  que  desfectiblemeni 
ia  participent,  Hist.  de  la  toison  d'or,  t.  ii,  f°  oo, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dc'fectible,  et  le  suffixe  ment. 
DÉFECTIF,  IVE  (dé-fè-ktif,  kii-v'), adj.  ||  l'Termc 

de  grammaire.  Qui  n'a  pas  tous  ses  temps,  tous  ses 
modes  ou  toutes  ses  personnes,  en  parlant  d'un 
verbe.  Choir  est  un  verbe  défectif.  La  conjugaison 
de  di'faillir  est  défective.  ||  On  dit  aussi .  mais  moins 
bien,  défectueux  ||  Se  dit  aussi  des  noms  et  adjec- 
tifs qui  n'ont  pas  tous  les  cas,  tous  les  nombres  ou 
tous  les  genres.  Ténibres  e-t  défeciif  du  singulier; 
fat  est  un  adjectif  défectif,  parce  qu'il  n'a  pas  de  fé- 
minin. Il  2»  Terme  de  géométrie.  Hyperbole  dé- 
fective, courbe  du  3"  degré  qui  n'a  qu'une  asymp- 
tote. 

—  HIST.  xiV  s.  Et  aussi  ait  icellui  Raoulin  navré 
etdecoppé  Jaquemart  d'Amerval  escuier  telement  et 
si  inhumainement  qu'il  en  est  défectif  d'o^e,  du 
CANGE,  defectivxis. 

—  ÉTYM.  Provenç.  defectiu;  espagn.  defectiro; 
ital.  difrttivo ;  du  latin  defectivus,  de  deficere,  man- 
quer, de  de,  et  ficerc  pour /acere,  faire  :  proprement, 
défaire. 

DÉFECTION  (dé-l'è-ksion;  en  poésie,  de  quatre 
syllabes),  s.  /".  ||  1°  Action  d'abandonner  un  parti 
»uc|uel  on  appartient.  La  défection  est  générale.  La 
défection  des  alliés  était  à  craindre.  La  défection  des 
Caraïlies  rouges  qui  ne  voulurent  donner  contre 
leurs  rivaux  aucun  des  secours  qu'ils  avaient  promis 
i  des  alliés  trop  dangereux....  raynal,  Ilisl.  phil. 
XIV,  37.  Quand  Napoléon  apprit  celte  nouvelle  [la 
capitulation  du  général  Partouneaux] ,  saisi  de  dou- 
leur, il  s'écria:  Faut-il  donc,  lorsque  tout  semblait 
sauvé  comme  par  miracle,  que  cette  défection  vienne 
tout  gâter?  L'expression  était  impropre,  mais  la 
douleur  la  lui  arracha,  ségur,  Hist.  de  Napnl.  xi, 
7.  Il  Par  extension.  Hélas!  que  l'âme  s'est  trompée 
et  que  sa  chute  a  été  funeste!  elle  e.st  tombée  de 
Dieu  sur  soi-même;  que  fera  Dieu  pour  la  punir  de 
sa  défection'?  Boss.  la  Vallière.  ||  2°  Terme  d'astro- 
logie. Éclipse. 

—  HIST.  xii*  s.  Pur  ço  voleit  li  reis,  e  il  e  si 
barun,  Que,  se  nuls  ordenez  [prêtre]  fust  pris  à 
mesprisun,  Cumme  de  larrecin  u  murdreu  traïsun, 
Dune  fust  desordenez  par  itele  raison,  E  puis  livré 
à  mon  0  à  des.factiun,  Th.  le  mart.  26.  ||  xv  s.  Hz 
estoient  en  dangier  d'estre  prins  par  force,  veu  ia 
deffection  de  leur  seigneur  [la  défaite  et  la  mort  de 
Charles  de  Bourgogne],  comm.  v,  (I. 

—  ÉTYM.  Lat.  del'ectionem,  de  deficere  (voy.  dé- 
fectif). 

t  DÊFECTIONNAIRE  (dé-fè-ksio-nê-r'),  s.  m. 
Celui  qui  abandonne  un  parti,  une  opinion.  11  y  a 
eu  de  nombreux  défectionnaires. 

—  ETYM.  Défection. 

I  «ÊFECTIONNER  (dé-fé-ksio-né),  V.  n.  Néolo- 
gisme. Faire  défection. 

—  ÉTYM.  Défection. 

f  DÉreCTIVITÉ  (dé-fè-kti-vi-té) ,  s.  f.  Terme  de 
grammaire.  Qualité  des  noms  ou  des  verbes  dé- 
fectifs. 

—  ÉTYM.  Défectif. 
DÉFECTDECSEMENT  (dé-fè-ktu-eû-ze-man),  adv. 

D'une  manière  défectueuse. 

—  ÉTYM.  Défectueuse,  elle  suffixe  ment. 
DfiFECTCECX,  EUSE  (dé-fè-ktu-eû,  eû-z'),  adj. 

Il  1"  Qui  est  entaché  de  quelque  imperfection.  Phrase 
défectueuse,  phrase  où  il  y  a  des  fautes.  Vers  défec- 
tueux, vers  mal  fait.  11  sera  temps  de  vous  fâcher, 
si  ma  preuve  vous  paraît  défectueuse,  noss.  Var. 
5'avert.  §2.  Le  grand  artifice  de  l'esprit  de  ténèbres 
est  de  nous  inspirer  cette  pénitence  défectueuse, 
BOURD.  Exhort.  sur  la  trahison  de  Judas.  La  vérité 
qui  nous  reprend  et  qui  nous  fait  voir  en  nous-mêmes 
ce  qu'il  y  a  de  défectueux  et  de  vicieux,  m.  i'  Dim. 
après  l'dq.  Dominic.  t.  ii,  p.  tie.  Ce  livre  très- 
défectueux  [l'Esprit  des  lois]  est  plein  de  choses 
admirables  dont  on  a  fait  de  détestables  copies, 
VOLT.  Dial.  XXIV,  i.  Le  corps  d'Anacréon  est  bien 
modelé;  le  bras'qui  tient  la  coupe,  fin  de  touche, 
quoique  défectueux  de  dessin,  dideh.  Salon  de  1787, 
aCuvres,  t.  xv.  p.  26,  dans  pougens.  ||  2°  Qui  man- 
que des  formalités  requises.  Acte  défectut-ux. 
Il  3°  Terme  de  grammaire.  Se  dit,  en  parlant  d'un 
verbe  qui  n'a  pas  tous  ses  temps,  tous  ses  moiles  ou 
toutes  ses  personnes.  Les  grammairiens  s'accordent 
aujourd'hui  pour  ôler  ce  sens  à  défectueux  et  pour 
l'attribuer  exclusivement  à  défectif. 

HlST.  XIII*  s.  Quand  vous  aimez  aucune  chose 
Vile  en  soi  et  défectueuse,  Vous  voulez  son  défaut 

DICT.    DE    LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


couvrir,  r.  ns  loukns,  dans  le  Dicl.  de  dochez. 
Il  xv  s.  Tu  vois  les  royaumes  et  diverses  régions 
souffrir  sous  princes  défectueux,  g.  chastellain, 
dans  \e  Dict.  de  dochez.  i|  xvi' s.  Son  devin  avoit 
trouvé,  en  sacrifiant,  le  foye  défectueux  de  l'hostie 
immolée,  amyot,  Pyrrh.  70.  Qu'il  piiivse  rendre 
son  œuvre  de  tout  poinct  accomplie,  et  non  défec- 
tueuse de  plusieurs  choses  y  nece'-saires,  id.  Démoslh. 
n.  La  doctrine  sans  nature  est  défectueuse,  id. 
Cnmtn.  nourrir  les  enfants,  4.  Les  fantaisies  que 
vous  avez  que  vostre  condition  est  défectueuse  et 
imparfaite,  langue,  i62.  Voiant  donc  en  mesme 
temps  les  Suisses  defiectueux  [faisant  défection],  le 
reste  divisé,  d'aub.  Hist.  m,  6B.  Ces  millors  maul- 
dissoient  l'intemperature  de  leur  climat  d'estre  si 
deffectueuse  en  lelles  raretez,  carloix,  m,  28.  Tout 
estant  exactement  fourriy  «illeurs  de  filet  et  d'aiguille 
pour  maintenir  son  e.^tre,  il  est  mescreable  que 
nous  soyons  seuls  produicts  en  estât  défectueux  et 
indigent,  et  en  estât  qui  ne  se  puisse  maintenir 
sans  secours  estrangier,  mont,  i,  2B8. 

—  ÉTYM.  Wallon,  difiiutieûs;  provenç.  defectuos; 
espagn.  defectuoso;  ital.  difettuoso;  An  \3.l\a  defec- 
tus,  manque,  de  deficere  (voy.  défectif). 

DÉFECTUOSITÉ  (dé-fè-ktu-ô-zi-té),  s.  f.  Condition 
défectueuse.  Voilà  l'oiigine  de  l'horreur  de  la  mort 
et  la  cau.se  de  sa  défectuosité  ;  éclairons  donc  l'erreur 
de  la  nature  par  la  lumière  de  la  foi,  pasc.  Lett. 
(7  oct.  1661.  On  ne  recevra  aucune  fille  qui  ait  de 
notables  défectuosités  de  corps,  boss.  liègl.  On  allé- 
guait la  défectuosité  de  sa  naissance,  fléch.  Vie  de 
Commendon,  Préface.  Buys  reprit  que  ce  manque 
de  pouvoir  était  une  défectuosité;  qu'en  vain  nous 
traiterions  ici  sur  les  autres  conditions  si  nous  n'étions 
pas  autorisés  sur  la  principale,  torcy,  mémoires, 
t.  II,  p.  B3.  Il  Chez  les  animaux  domestiques,  défaut 
de  formes,  de  conformation,  diminuant  la  valeur 
(le  la  bête. 

—  HIST.  XVI"  s.  S'il  y  a  défectuosité  en  aucune 
de  ces  trois  parties,  il  est  force  que  la  vertu  soit  en 
cela  defe(:tueu^e  et  diminuée,  langue,  hi.  De  ne 
penser  aussi  en  tout  et  par  tout  qu'à  soy,  c'est  une 
défectuosité  qui  n'est  pas  petite,  id.  (74.  Quant  à 
l'imperfection  de  sa  jambe....  cela  couvroit  grande- 
ment ceste  défectuosité,  amyot,  Agésil.  2.  La  défec- 
tuosité, corruption  et  dépravation  misérable  du 
texte  original  grec,  id.  Moral.  Épit.p.iCt.  Coulpable 
des  defectuositez  plus  basses  et  po]iulaires,  mais 
non  de>advouées,  non  excusées,  je  ne  me  prise 
seulement  que  de  ce  que  je  sçais  mon  prix,  mont. 
m,  .■i3. 

—  ÉTYM.  Défectueux;  provenç.  defectuositat  ;  ital. 
difettuosilà. 

t  DÉFÉMIMSER (SE)  (dé-fé-mi-ni-zé),t).rt/î. Pren- 
dre les  allures  d'un  homme,  en  parlant  des  femmes. 
Une  femme  qui  veut  se  déféminiser. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  un  verbe  hypothétique 
féminiser,  tiré  de  féminin. 

DÉFENDABLE  (dé-fan-da-bl') ,  adj.  Qui  peut  être 
défendu.  Ce  poste  n'était  pas  défendable. 

—  IllST.  xm's.  Quant  li  rois  ot  regardé  le  casiiel 
et  le  siège  qui  tant  estoit  fors  et  defîendables,  Chr. 
de  Rains,  1 38.  Tous  ceux  que  il  trouvèrent  en  armes 
deffendables,  occistrent  tous,  joinv.  263.  ||  xv"  s.  Il 
[ceux  de  Gandj  se  trouvoient  quatre  vingt  mille 
hommes  tous  défendables  [capables  de  se  défendre] 
et  aidables,  froiss.  ii,  ii,  91. 

—  ÉTYM.  Défendre. 

DÉFENDEUR,  ERESSE  (dé-fan-deur,  de-rè-s'),  s. 
m.  et  f.  Terme  de  procédure.  Celui,  celle  qui  se  défend 
contre  une  demande  judiciaire.  Défendeur  est  op- 
posé à  demandeur.  Vous,  maître  Petit-Jean,  serez 
le  demandeur;  Vous,  maître  l'Intimé,  serez  le  dé- 
fendeur, rac.  Plaid.n,  <4. 

—  HlST.  xii"s.  [Un  roi]  juz  [juste],  avocaz  de  sainte 
église,  Defendere,  garde  ejustise,  benoît,  ii,  )6B9. 

Il  xm'  s.  Puis  vint  en  Acre  et  ne  trouva  qui  li  def- 
fendist;  car  tout  li  deffendeour  estoient  pris  et 
mort,  Chr.  de  Rains,  28.  Se  li  demanderes  est  em- 
peeschiez  par  la  tricherie  au  deffendeeur,  et  li  def- 
fenderes  par  celé  au  demandeeur,  que  il  ne  vienent 
en  jugement,  li  prevolz  ne  doit  secorre  à  nuld'els, 
Digest.  f°22.  Et  pur  ce  doit  il  avoir  deffendeur,  car 
on  ne  set  le  certain  jor  de  sa  garison,  beaum.  69. 
Et  par  cet  establissement  doit  estre  enseigné  li  de- 
manderres  et  li  deffendieres  à  soy  deffendre,  Ord. 
des  rois  de  l'r.  t.  i,  p.  107.  ||xvi"s.  C'est  une  très 
meschante  place  et  digne  d'iionorer  nn  défendeur, 
langue,  681.  Suivant  le  titre  qu'elle  disoit  porter 
de  défenderesse  de  la  foy,  castelnad,  15B.  i  toi 
mon  défendeur.  Sauveur  et  amandeur  De  ma  vie 
mauvaise,  marot,  iv,  269.  Mon  frère  sieur  de  Mate- 
couiom  feut  convié  à  Rome  à  seconder  [dans  un 


duel]  un  gentilhomme  qu'il  ne  cognoissoit  guère, 
lequel  estoit  delîendeur  et  appelle  par  un  aultre 
MONT.  m.  <)3. 

—  ÉTYM.  Défendre;  provenç.  defendaire.  d-fn: 
dedor;  anc.  espagn.  et  porlug.  defi-ndednt  ;  \T<i. 
difendiiore.  Dans  le  vieux  français  et  le  provenial, 
au  singulier,  nominatif  defendere,  defendairr.  ré 
gime  difcndeor.  de fendfdor  ;  au  p]\ir\e\,  noniinalil 
defendeor.  defendedor,  régime  defendeors.  defi'n- 
dedors.  Défendeur  n'était  pas  alors  tiorné  au  seul 
emploi  comme  terme  de  procédure,  et  il  avait  le 
sens  de  défenseur. 

DÉFENDRE  (dé-fa n-dr') ,  je  défends,  tu  défends, 
il  défend,  nous  défendons,  vous  défendez,  ils  dé- 
fendent; je  défendais;  je  défen.lis;  défends,  qu'il 
défende:  que  je  défende;  que  je  défendisse;  défen- 
dant; défei  /il,  V.  a.  \\  1°  Venir  au  secours,  en  aida 
de  ce  qui  est  attaqué,  personnes  ou  choses.  Je  dé- 
fendrai ta  mémoire  Du  trépas  injurieux,  malh.  u,  a. 
Enfin,  chevalier,  tu  crois  défendre  ta  comédie,  en 
faisant  la  satire  de  ceux  qui  la  condamnent,  mol. 
Critiqi'C,  7.  Il  n'y  a  qu'à  détourner  son  intention 
du  désir  de  vengeance  qui  est  criminel,  pour  la  por- 
ter au  désir  de  défendre  son  honneur  qui  est  per- 
mis selon  nos  pères,  pasc.  Prov.  7.  Je  vous  défen- 
drais de  l'orage,  la  font.  Fabl.  i,  22.  Défendez-moi 
des  fureurs  de  Pharnace,  rac.  Mithr.  i,  2.  Et  son- 
geons bien  plutôt,  quelque  amour  qui  nous  flatte, 
X  défendre  du  joug  et  nous  et  nos  Eiats.iD.  ib.i,  3. 
Et  subisse  des  lois  Dont  il  a  quaranle  ans  défendu 
tous  les  rois,  id.  ib.  m,  t.  Prince  aimable,  dis-nons 
si  quelque  ange  au  berceau,  Contre  tes  assassins  prit 
soin  de  te  défendre,  m.  Ath.  iv,  6.  Pour  défenire 
vos  jours  de  leurs  mains  meurtrières,  m.  Iphig. 
IV,  4.  Je  défendrai  mes  droits  fondés  sur  vos  ser- 
ments, ID.  ib.  IV,  6.  Ciel!  qui  nous  défendra  si 
tu  ne  nous  défends?  id.  Esth.  i,  3.  La  gloire  les  dé- 
fend [les  grands  du  monde]  de  quelques  faiblesses; 
mais  la  gloire  les  défend-elle  de  la  gloire  même? 
BOSS.  Duchesse  d'Orl.  X  quoi  la  force  doit-elle  servir 
qu'à  défendre  la  raison?  id.  Reine  d'Anglet.  Aussi  nul 
chevalier  ne  cherche  à  la  défendre,  volt.  Tancr.  m, 
I.  Le  fameux  Arnauld  défendait  le  jansénisme  avec 
rimpéliiosité  de  son  éloquence,  id.  Louis  XIV,  37. 
Il  II  se  dit  aussi  des  animaux.  La  poule  défend  ses 
poussins.  Il  Absolument.  Et  qu'au  lieu  d'attai|uer  il  a 
peine  à  défendre,  corn.  Serlor.  I,  i.  La  peut  régnait 
partout  :  plus  de  cœurs,  plus  d'ami;  Le  Erançaisdu 
Français  paraissait  l'ennemi,  Chacun  savait  mourir, 
nul  ne  savait  défendre,  legouvé.  Mérite  des  f.  Peu 
usité  de  cette  façon.  ||  À  son  corps  défendant,  loe. 
adv.  En  se  défendant  contre  une  attaque.  Il  a  tué 
l'agresseur  à  son  corps  défendant.  ||  Fig.  et  familiè- 
rement, à  conire-cœur,  avec  répugnance.  J'ai  fait 
cela  à  mon  corps  défendant.  Je  vous  jure,  encor 
est-ce  à  mon  corps  défendant,  p^gnier,  Sat.  xv.  Et 
l'on  sait  qu'elle  est  prude  à  son  corps  défendant, 
MOL.  Tart.  I,  (.  Il  2°  En  parlant  d'un  accusé,  exposer 
ses  moyens  de  défense.  Qui  défend  le  prévenu?  Cet 
avocat  nous  a  très-bien  défendus.  |{  Défendre  son 
pain,  soutenir  un  procès  dans  lequel  tous  les  moyens 
d'existence  sont  engagés.  ||  Dans  un  sens  assez  ana- 
logue, intercéder  pour  quelqu'un.  ||  3°  Empêcher 
que  l'ennemi  ne  puisse  entrer  dans  un  lieu  ou  en 
approcher.  Horatius  Codés  défendit  un  pont  contre 
les  Etrusques,  pendant  qu'on  le  coupait  derrière  lui. 
L'officier  qui  défendit  cette  place  à  toute  extrémité. 
L'ennemi  retranché  dans  son  camp  comme  dans  un 
fort,  mille  foudres,  qui  portent  la  mort  partout,  en 
défendent  l'approche,  mass.  Or.  funèbre  du  prince 
de  Conty.  Que  si  Barclay  l'a  prévenu  dans  cette  capi- 
tale [Vitepsk],  sans  doute  il  voudra  la  défendre;  là 
peut-être  l'attendait  cette  victoire  tant  désirée,  qui 
vient  de  lui  échapper  sur  la  Vilia,  ségur,  Hist.  de 
Napol.iv,  7.  Il  4°  Protéger,  garantir.  La  montagne 
défend  cette  maison  des  vents  du  nord.  ||  Terme  de 
marine.  Défendre  un  canot,  éviter  de  le  faire  cho- 
quer contre  un  bâtiment  ou  un  quai.  ||  6"  Interdire, 
prohiber.  Défendre  le  vin  à  un  malade.  Ahl  mon- 
sieur, qu'est  ceci?  je  défends  la  surprise!  mol.  Dép. 
am.  m,  7.  Vos  règles  vous  défendent  de  rien  im- 
primer sans  l'aveu  de  vos  supérieurs  qui  sont  ren- 
dus responsables  des  erreurs  de  tous  les  particuliers, 
PASC.  Prov.  n.  C'est  des  ministres  saints  la  de- 
meure sacrée;  Les  lois  à  tout  profane  en  défendent 

l'entrée,  rac.  Ath.  m,  2 Puisqu'un  son  jaloux 

Lui  défend  de  jouir  d'un  speclacle  si  doux  ,  la. 
Alex.  IV,  3.  Le  ciel  protège  Troie;  et  par  trop  de  pré- 
sages Son  courroux  nous  défend  d'en  chercher  les 
passages,  id.  Iiihig.  i,  2.  ||  Défendre  av.:c  un  ré- 
gime direct,  puis  avec  de  et  un  veibe  à  l'infinitif. 
Je  vous  défends  tout  retour  et  toute  inquiétude  sur 
cela,  et  de  vous  en   confesser  de    nouveau  ui   A 

I.  —  127 


1010 


mv 


moi  ni  à  d'autres,  Doss.  Lett.  abb.  60.  ||  Défendre 
ga  iJorteSqiieliiu'un,  faire  défendre  sa  porte  à  quel- 
qu'un, dire  au  portier,  aux  domestiques  de  ne 
pas  la  laisser  entrer  s'il  se  présente.  J'étais  si  af- 
flilJéo  de  cette  perte,  de  la  mort  de  mon  mari,  du 
départ  précipité  de  mon  fils,  que  j'avais  fait  défen- 
dre ma  porte,  volt.  Princesse  de  liahjl.  t.  \\  Se 
défendre,  défendre  à  soi-même,  s'interdire,  s'em- 
péchiT  de.  Ils  se  .sont  défend»  les  excès,  mass.  P. 
larime.  ffalli.  des  grands.  \\  Enjoindre  de  ne  pas 
fa  re.  Mais  il  me  somlde,  Agnfes,  si  ma  mémoire 
est  bonne,  Que  j'avais  di'fendu  que  vous  vissiez 
personne,  mol.  h*c.  des  f.  ii.  e.  Le  désolé  vieillard, 
qui  hiitla  raillerie.  Lui  défend  de  parler,  sort  du 
lit  en  furie,  boil.  Lutr.  iv.  Mais  mon  père  défend  que 
le  roi  se  hasarde,  bac.  Àth.  v,  t.  Pour  plus  de  sû- 
reté, il  fit  mettre  des  gardes  aux  portes  de  tous  les 
prélats,  et  défendit  qu'aucun  étranger  entrSt  dans 
la  ville,  VOLT,  riinrles  XII.  liv.  m.  \\  6°  V.  n.  Terme 
de  procédure.  Fournir  des  d(''fcnses  aux  demandes 
de  la  partie  adverse.  Condamné  faute  de  défendre. 
Il  Avoir  le  rôle  de  défendeur  dans  un  procès.  Défendre 
à  tme  action  en  payement.  ||  7»  Se  défendre,  v.  rifl. 
Repousser  la  force  par  la  force.  J'eus  lieau  crier  et 
me  défendre  :  la  couverture  fut  apportée  [où  l'on  me 

berna],  voit.  Lett.  9 Gardez-vous  de  prétendre 

Oue  dotant  d'ennemis  vous  puissiez  vous  défendre, 
BAC.  i/i/hr.  v,  6.  Les  nations  s'appellent  les  unes  les 
autres,  se  liguentensemble  pour  se  défendre  et  pour 

l'arrêter,  LA  nnuY.  X Avec  ce  fer  tu  m'as  fait 

chevalier.  Tiens,  prends,  prends,  défends-toi  ; 
meurs  du  moins  en  guerrier,  c.  delav.  Vêp.  Sicil. 
IV,  0.  On  s'y  défendit  comme  des  vainqueurs  se 
défendent,  en  attaquant,  sêguh,  Ilist.  de  Napol. 
IV,  7.  Il  Terme  de  manège.  Un  cheval  se  défend 
quand  il  refuse  d'obéir,  soit  en  sautant,  soit  en  re- 
culant; il  se  défend  des  lèvres,  quand  il  résiste  au 
mors.  On  dit  encore  i|u'il  se  défend,  quand  il  se  sert 
de  ses  pieds  et  de  sss  dents  contre  les  personnes  qui 
l'entourent  et  veulent  le  contenir.  ||  Cette  place  se 
défend  d'elle-même,  elle  est  facile  à  défendre;  elle 
n'est  pas  en  état  de  se  défendre,  elle  ne  peut  résis- 
ter à  une  attaque  sérieuse.  ||  Terme  de  marine.  Se 
défendre  bien  à  la  mer,  recevoir  peu  d'eau  à  bord 
par  un  gros  temps.  ||  8"  Se  justifier,  repousser  les  ac- 
cusations, les  reproches,  les  critiques.  J'ai  voulu  me 
défendre  avec  civilité,  corn,  lléracl.  i,  2.  Qu'on 
rappelle  mon  fils,  qu'il  vienne  se  défendre,  rac. 
Phèd.  V,  6.  Défendez-vous,  madame,  et  ne  l'accu- 
sez pas,iD.  Brit.  IV,  t.  Ils  ne  se  défendent  pas  con- 
tre cette  accusation,  mass.  Av.  Cire.  Si  mes  livres 
ne  savent  pas  .se  défendre,  je  ne  les  défendrais  pas 
mieux,  bonnet,  Lett.  div.  Œuvres,  t.  xii,  p.  (28. 
Il  9"  Se  garantir,  se  préserver.  Leur  nombre  était 
assez  grand  pour  se  défendre  d'une  surprise,  patiiu, 
Plaidoy.  t ,  dans  biciielet.  Je  cherche  à  te  rejoin- 
dre et  non  à  m'en  défendre  [de  la  mort] ,  coun.  Ito- 
dog.  V,  4.  De  cette  opinion  j'aime  mieux  me  défen- 
dre. Pour  mettre  en  votre  choix  celle  que  je  dois 
prendre,  La  régler  par  votre  ordre,  et  croire  avec 
respect  Tout  ce  qu'il  vous  plaira  d'un  entretien  sus- 
pect,  m.  Perihar.  i,  2.  Défendez-vous  [de  la 
mort]  par  la  grandeur,  Alléguez  la  beauté,  la  vertu, 
la  jeunesse,  la  font.  Fabl.  vm,  t.  Vous  n'aurez 
plus  qu'à  vous  défendre  de  la  vanité,  sÉv.  Lettres, 
«  janv.  t672.  Contre  tant  de  soupirs  peut-on  bien  se 
défendre?  bac.  Alex,  ii,  6.  Contre  tous  les  [)oisons 
soigneux  de  me  défendre,  iv.  Mithr.y,  4.  Quel  phi- 
losophe pourrait  se  défendre  de  la  flatterie?  fén. 
Tél.  XII.  On  a  besoin  de  force  pour  se  défendre  des 
exemples  qu'on  a  devant  les  yeui:,  mass.  Car.  Mé- 
lange. Vous  dites  que,  rompre  tout  d'un  coup,  ce 
serait  un  éclat....  qui  donnerait  lieu  h  des  soupçons 
dont  jusqu'ici  vous  avez  su  vous  défendre,  ID.  ib. 
Pdques.  La  vertu  même  des  saints  ne  suffit  pas  pour 
se  défendre  des  occa.sions  qui  nous  cherchent,  ID. 
ib.  Dang.  dis  prcspdr.  Les  Scythes  ne  connaissent 
point  l'usage  de  la  laine  et  des  étolTes,  et,  pour  se 
défendre  des  froids  violents  et  continuels  de  leur 
climat,  ils  n'emploient  que  dos  peaux  de  bêtes,  rol- 
UN,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  79,  dans  pou- 
gens.  D'un  noir  pressentiment  je  ne  puis  me  défen- 
dre, volt.  Fanal,  m,  3.  On  meurt  ainsi  par  degrés, 
jusqu'à  ce  que,  n'aimant  enfin  que  soi-même,  on 
ait  cessé  de  sentir  et  de  vivre  avant  de  cesser  d'exis- 
ter; mais  un  cœur  sensible  se  défend  de  toute  sa 
force  contre  cette  mort  anticipée,  j.  J.  bouss.  Hél. 
IV,  t.  Il  Cette  étoffe  est  bonne,  il  n'y  a  qu'.'t  se  dé- 
fendre du  prix,  c'est  à-dire  on  peut  l'acheter,  il  ne 
g'agit  plus  que  de  ne  pas  la  payer  trop  cher.  ||  10°  He- 
pousser,  refuser,  se  dispenser  de.  S'il  n'en  cill  aimé 
l'offr»,  il  eût  su  s'en  défendre,  cohn.  Pomp.  m ,  2.  Il 
s'est  de  mes  bontés  jusqu'au  bout  défendu,  id,  ib.  v, 


DEF 

6.  Elle  se  défend  du  nom,  mais  non  pas  de  la  chose, 
MOL.  Critique,  2.  Jusques  ici  je  me  suis  défendu  de 
m'expliquer,  m.  Am.  magn.  ii,  t.  Il  se  défend  fort 
de  se  mêler  de  l'affaire,  doss,  Lett.  quiét.  <7l.  Il 
s'en  défendit  comme  d'un  crime,  m.  Hisl.  ii,  6. 
Prince,  de  ce  devoir  je  ne  puis  me  défendre,  rac. 
Uérén.  IV,  8.  Il  s'en  déren<lit  [d'être  élu  roi]  sans  s'é- 
mouvoir, FÉN.  Tél.  VI.  Et  nous,  mes  frères,  nous 
nous  défendons  de  la  réputation  d'homme  juste  et 
craignant  Dieu,  comme  d'un  titre  de  honte  et  d'in- 
famie, MASS.  Car.  Injust.  du  monde.  Les  deux  con- 
suls.... se  défendirent  d'abord  de  prendre  connais- 
sance d'une  affaire  qui  s'était  passée  longtemps 
avant  leur  consulat,  vertot,  Révol.  rom.  liv.  iii, 
p.  2.')3.  Elle  est  femme  samaritaine,  et  par  là  elle  se 
défend  d'accorder  au  Sauveur  ce  que  sa  bonté  de- 
mande d'elle,  MASS.  Car.  Samaritaine.  \\  11°  Se 
cacher  d'une  chose,  la  nier.  Vous  ne  vous  rendez 
pas  encore,  et  vous  vous  défendez  d'être  médecin, 
MOL.  Méd.  m.  lui,  i,  0.  Elle  se  défend  fort  d'ap- 
prendre la  philo.sophie ,  sev.  438.  Quelques-uns 
se  défendent  de  faire  des  vers,  la  bruy.  iv.  Je  ne 
m'en  défends  point:  mes  pleurs,  belle  Ëriphile,  Ne 
tiendraient  pas  longtemps  contre  les  soins  d'Achille, 
RAC.  Iphig.  II,  3.  Un  homme,  se  trouvant  là  sans 
fonctions  apparentes,  m'aborda  familièrement,  me 
demanda  confiderament  si  je  n'étais  point  auteur  de 
certaines  brochures,  je  m'en  défendis  fort,  p.  L. 
COUR.  Pamphl.  des  pamphl.  \\  12°  S'excuser.  Je  m'en 
suis  défendu  le  moins  brutalement  qu'il  m'a  été  pos- 
sible, HAMiLT.  Gramm.  7.||13°  S'empêcher  de.  J'ai 
cru  honteux  d'aimer  quand  on  n'est  plus  aimable; 
J'ai  voulu  m'en  défendre,  à  voir  mes  cheveux  gris, 
CORN.  Sertor.  iv,  2.  Il  ne  peut  se  défendre  d'aimer 
cette  vertu  douce,  fén.  Tél.  xv. 

—  REM.  1.  Défendre,  au  sens  de  prohilier,  veut 
de  devant  un  infinitif  ou  que  et  le  subjonctif:  Il  dé- 
fend d'aller,  il  défend  qu'on  aille.  ||  2.  Défendre, 
dans  le  sens  de  prohiber,  suivi  d'un  verbe,  ne  veut 
pas  que  ce  verbe  prenne  la  particule  ne;  Je  défends 
que  vous  fassiez  cela,  et  non  je  défends  que  vous  ne 
fassiez  cela;  cette  dernière  tournure,  c'est-à-dire 
l'emploi  de  ne  expléiif  avec  défendre,  était  tr's- 
usuelle  au  xvi"  siècle  et  auparavant.  |{  3.  Si  le  verbe 
est  à  l'infinitif,  la  particule  ne  ne  se  met  jamais: 
Je  vous  défends  d'y  aller  (au  contraire,  le  xvi"  siè- 
cle mettait  volontiers  la  négation  :  Je  vous  défends 
de  n'y  pas  aller).  Pourtant,  si  le  verbe  est  à  l'infi- 
nitif et  construit  avec  plus,  jamais,  quelques  écri- 
vains ont  employé  le  ne:  Il  leur  déclara  qu'il  leur 
défendait  de  ne  plus  songer  à  ce  mariage,  sÉv.  lett. 
todéo.  t670  (l'édition  de  M.  Régiiier,qui  doit  faire 
autorité,  n'a  pas  ce  ne).  Il  lui  défendit  avec  dureté  de 
ne  jamais  se  présenter  devant  lui,  vertot.  On  sait 
combien,  avec  les  verbes  exprimant  doute,  crainte, 
empêchement,  etc.  le  ne  explétif  est  fréquent.  On 
ne  peut  donc  dire  que  ici  ce  soit  une  vraie  faute; 
seulement  on  doit  savoir  que  l'usage  s'est  prononcé 
contre  cet  emploi,  et  l'on  dira  :  Il  leur  défendait  de 
songer  davantage  à  ce  mariage;  il  lui  défendit  de  se 
présenter  jamais  devant  lui. 

—  SYN.    DÉFENDRE,    SOUTENIH,    PBOTÉCER.     Mettre 

quelqu'un  ou  quelque  chose  à  couvert  du  mal  qui 
lui  arrive  ou  qui  peut  lui  arriver.  On  défend  ce  qui 
est  attaqué;  on  soutient  ce  qui  ne  se  tient  pas  de- 
bout par  soi-même;  on  protège  ce  qui  a  besoin  d'ê- 
tre couvert  et  garanti.  On  défend  une  cause;  on 
soutient  une  entreprise;  on  protège  les  sciences. 
Défendre  les  sciences,  ce  serait  prendre  en  main 
leur  cause,  si  on  leur  attribuait,  comme  Rousseau 
par  exemple,  des  infiuences  funestes;  protéger  les 
sciences,  c'est  en  favoriser  la  culture  et  le  progrès. 
On  défend  un  homme  contre  ses  ennemis,  on  le 
soutient  dans  les  démarches  qu'il  fait,  et,  si  on  oc- 
cupe une  position  supérieure  à  la  .sienne,  on  le  pro- 
tège, c'est-à-dire  on  le  sert  auprès  des  personnes 
de  qui  son  succès  dépend  :  la  principale  différence 
entre  protéger  et  les  deux  autres  verbes  étant  que 
protéger  entraîne  en  général  l'idée  de  la  supériorité 
de  celui  qui  protège,  ce  que  ne  font  pas  défendre 
et  soutenir. 

—  IllST.  XI*  s.  F.t  si  avoir  nés  pot  [s'il  ne  peut  les 
avoir],  si  se  défende  par  juise  [jugement],  /,.  de 
Guillaume,  (6.  Et  nous  defendun  que  l'om  chris- 
tien  fors  de  la  terre  ne  vende,  th.  4).  Fièrent  li  un, 
li  autre  se  défendent,  C/i.  de  [toi.  cvii.  Je  vous  dé- 
fend que  n'i  adeist  [approche]  nus  hom,  ib.  clxxiv. 
Puis  [qu'il]  la  défende  [l'Espagne]  encontre  li  Fran- 
çois, ib.  cxciii.  Il  XII*  s.  Deffeiidez  moi  de  honte, 
Ronc  p.  2.  Se  li  ert  [était]  défendus,  ib.  p.  22.  liien 
se  défendent  à  ce^t  estroit  passage,  ib.  p.  66.  Par 
tantes  fois  [j']ai  esté  assailliz  Que  je  n'ai  mais  pooir 
de  moi  deffendre,  Couci,  v.  Douce  dame,  d'orgueil 


DEF 

vous  deffendez,  ib.  xiv.  Mais  je  ne  puis  moi  ne  mon 
cuer  deffendre  De  plus  aimer....  th.  xxi.  Fins  cuers 
qui  bée  à  haute  honor  Ne  se  porroit  de  tel  chose  des- 
fendre, i6.  XXIV.  François  se  deffandirent  corn  no- 
bile  guerrier,  Sax.  iv.  Fous,  fait-il,  tuz  dis  fus- 
tes,  e  estes  e  serez:  Quant  vus  l'espée  traite  de  sur 
le  rei  venez;  S'il  trait  sur  vus  la  sue,  coment  vus 
défendrez?  Th.  le  mari.  39.  ||  xiii*  s.  Tel  chose  [le 
comte  Thibaut]  a  faite  en  sa  vie  Dont  [il]  deOst  estre 
apelés  [en  champ  clos] ;  Il  ne  se  deffendist  mie;  Car 
il  se  sent  encoupés  [inculpé,  criminel],  hi;es  ue 
LA  FERTÉ,  ifomoncero,  p.  187.  Quel  cose  que  le 
hom  fâche  sur  sen  corps  delTendant,  nul  fourfait  il 
ne  fait,  tailliar,  Recueil,  p.  3».  [Je]  vous  defens 
qu'envers  moi  n'aiez pensée  amere,  Derte,  cxiii.  Vez 
cum  fortune  le  servi.  Qu'il  ne  se  pot  onqiies  deffen- 
dre Qu'el  nel  feist  au  gibet  pendre,  la  Rose,  CU46. 
Por  ce  se  ge  deffens  ivrece,  Ne  voil  ge  pas  deffen- 
dre à  boivre,  ib.  )78!i.  Sire,  tel  née  [nie]  et  desfent 
le  miirtre  que  tel  li  met  sus,  yl.ss.  de  J.  <40.  Com- 
ment il  se  deffendront  de  cii  [ceux],  qui,  à  tort  et 
par  malvese  cause,  les  assaudront  de  plet,  beaum. 
XI.  Ou  se  je  me  deffent  par  longue  tenure  et  paisible, 
ID.  vit,  4.  Or  disons  donc  que  grant  grâce  nous  fist 
Dieu  le  tout  puissant,  quant  il  nousdeffendi  de  mort 
et  de  péril,  joinv.  2I6.  Et  toute  la  puissance  du 
Soudan  se  logèrent  sur  le  fleuve  de  Hexi  d'autre 
part  devant  nostre  ost,  pour  nous  deffendre  [inter- 
dire] le  ])assage,  iD.  220.  Et  un  viens  baûs  Ocist 
quatre  dus  [duc?],  Son  cors  défendant,  jubinal, 
Fatrasies,  t.  ii,  p.  2i6.  ||  xiv  s.  Sur  ton  corps  de- 
fendant,  met  lui  jour  de  bataille  Par  droite  detiance, 
Girart  de  Ross.  v.  3425.  ||  xv*s.  Par  lequel  trait  il  y 
en  eut  moult  de  blessés  des  assaillans  et  des  defen- 

dans,   FROlss.  I,  l,  tC2 Dévoient  demeurer  au 

pont  et  garder  le  passage,  pour  le  défendre  aux  aven- 
tures des  survenans,  id.  i,  i,  139.  Comment  se  petit 
ung  povre  cueur  deffendre  Quand  deux  beaulx  yeui 
le  viennent  assaillir?  cii.  d'orl.  Bail.  iv.  Et  à  luy 
fut  deffendu  ne  partir  de  son  hostellerie,  comm.  iv, 
12.  Il  xvr  s.  Dieu  a  défendu  en  la  Loy  qu'on  n'ado- 
rast  point  autre  que  lui ,  calv.  [nsiit.  94.  Jésus  Christ 
se  défend  de  ne  vouloir  point  destruire  ne  dissi- 
per la  Loy,  iD.i'b.  207.  Je  vousdefen  de  ne  jurer  du 
tout,  m.  tb.  29(.  Les  canons  défendent  estroilement" 
aux  chanoines  de  n'abuser  point  de  leur  puissance 
au  détriment  de  l'Eglise,  ID.  ib.  870.  Jésus  Christ  en 
défendant  de  jurerdu  tout,  id.  ib.  292.  Il  ne  défend 
point  qu'il  [le  péché]  n'y  soit,  mais  qu'il  n'y  règne 
point,  in.j'b.  409.  Pourautant  il  [le  vin]  m'est  défendu, 
Dont  tous  les  jours  m'en  croist  envie,  mahot,  vi,26t. 
Et  pour  cette  raison ,  defendoient  les  Hébreux,  que, 
l'année  que  l'homme  seroit  marié ,  n'allast  point  à 
la  guerre,  marg.  Nouv.  lxx.  Elle  lui  défendit  de  ne 
s'y  trouver  plus,  id.  ih.  xxi.  Lepidus  deffendit  à  ses 
héritiers  de....  mont,  i,  )7,  Deffendre  une  place  con- 
tre l'ennemi,  id.  i,  25.  La  prouesse  des  habitans  à 
se  bien  deffendre,  id.  i,  27.  Je  me  .suis  deffendu  d'o- 
ser altérer  jusques  aux  plus  legieres  et  inutiles  cir- 
constances, id.  i,  103.  Ils  deffendoient,  sur  peine 
de  la  hart,  que  nul  eust  à  dire  que....  ID.  Il,  25). 
Ces  dernières  villes  se  sont  mieux  défendues,  encores 
qu'elles  ayent  esté  a.ssailbes  avecques  plus  d'art, 
LANGUE,  336.  Deffendus  de  leur  .simplicité  et  à  l'om- 
bre de  leur  pauvreté,  lis  vesquirent  sans  persécu- 
tion, d'aub.  Hist.  I.  68.  Le  comte  Ludovic  avoit  def- 
fendu à  .lanlis  qu'il  ne  vint  point  droit  à  Monts,  et 
qu'il  allast  cercher  les  troupes  du  prince  d'Oranges, 
!  ID.  l'b.  II,  08.  Numa  leur  défendit  entièrement  le  vin, 
!  AMYOT,  Lyc.  et  Num.  7.  Les  devins  leur  promettoient 
!  la  victoire,  pourveu  qu'ilz  ne  feissent  que  se  défen- 
dre seulement,  ID.  Arist.  35.  Il  alloit  souvent  plai- 
der des  causes,  et  di fendre  en  jugement  ceulx  qui 
l'en  requeroient,  ID.  Caton,  2.  Il  défendit  que  l'on 
n'allast  plus  devers  Lucullus;  et  que  l'on  n'obeîst 
point  à  chose  qu'il  manderoit,  id.  Lucull.  71.  Nicias 
alloit  blasmant  la  témérité  de  Demosthenes;  et  luy 
s'en  défendant  comme  il  pouvoit....  id.  Nicias,  40. 

—  ÉTYM.  Provenç.  défendre;  espagn.  defender; 
ital.  difendere;  du  latin  defendere,  de  de,  et  fen- 
dere,  exciter,  pousser. 

DÉFE.\DS  ou  DÉPENS  (dé-fau),  ».  tn.  Terme 
d'eaux  et  forêts.  Bois  en  défons,  se  dit  d'un  bois 
dont,  à  cause  de  sa  jeunesse,  l'entrée  est  détendue 
aux  bestiaux. 

—  msT.  xii«  s.  Mais  n'amors  li  est  aux  deffans, 
Que  por  rien  amer  nel  porroie,  la  Charrette,  (522. 
Il  XIII*  s.  Defès,  DU  CANOE,  defesium.  ||  xvi'  s.  Bois 
de  deffens,  du  cange,  defensa. 

—  ËTVM.  Lat.  defensus,  part,  passif  de  defendere 

(VOy.    DF.FKNDRE). 

DÉFENDU,  CE,  (  dé-fan-du,  due),  part,  passé 
de  défendre.  ||  1°  Mis  à  couvert  contre  ce  qui  attaque. 


DËF 

La  tortue  défendue  par  sa  carapace.  La  forteresse  vail- 
lanjmentdL'fendue.  Ceries  une  ennemie  à  qui  je  dois 
l'honneur....  Devrait  trouver  une  ilme  un  peu  moins 
défendue,  CORN.  Théod.  iv,3.  Et  d'un  si  fol  espoir  mon 
cœur  mal  défendu  Vole  aprùs  un  amant  que  Chimène 
a  perdu,  id.  Cid,  il,  5.  Ces  couleurs  étant  défen- 
dues de  toute  impression  étrangère  et  nuisilde,  Di- 
DER.  Peinture  en  cire,  UEurres,  t.  xv,  p.  385.  Da- 
ïoust  choisit  un  terrain  haut,  défendu  par  un  ravin 
et  resserré  entre  deux  bois,  ségur,  Hiit.  de  A'np. 
IV.  6.  Il  Terme  de  blason.  On  dit  qu'un  sanglier  est 
défendu  d'une  telle  couleur  ou  d'un  tel  métal,  quand 
ses  défenses  .sont  d'un  autre  émail  que  son  corps. 
Il  Proverbe.  Bien  attaqué,  bien  défendu,  c'est-à- 
dire,  dans  une  lutte,  dans  une  discussion,  la  dé- 
fense et  l'attaque  ont  été  aussi  bien  conduites  l'une 
que  l'autre.  ||  2°  Oui  n'est  pas  permis.  Un  livre  dé- 
fendu. Il  est  défendu  de  bâtir  en  cet  endroit.  Et  le 
moindre  entrelien  de  la  beauté  qu'on  aime.  Quand 
il  est  défendu, devientgrâce  suprême,  mol.  l'dchmx, 
m,  t.  Il  est  défendu  de  scandaliser  son  prochain, 
ID.  Pourc.  II,  4.  On  voudrait  que  ce  qu'on  aima 
ne  fût  pas  défendu  de  Dieu,  bourdal.  Pénitence, 
i'  avenl.  ||  Fruit  défendu,  le  fruit  de  l'arbre  dans 
le  paradis  terrestre,  auquel  Adam  et  Eve,  par  le 
commandement  de  Dieu,  ne  devaient  pas  toucher; 
et  fig.  tout  ce  qui  excite  vivement  le  désir  sans  qu'il 
soit  permis  ou  convenable  de  s'y  laisser  aller. 

—  SYN.  DÉFENDU,  PROHIBÉ.  Ces  deux  mots  dési- 
gnent quelque  chose  qu'il  n'est  pas  permis  de  faire. 
Mais  défendu  est  un  terme  général  qui  s'applique  à 
tout,  tandis  que  prohibé  est  un  terme  du  langage 
spécial  qui  ne  s'applique  qu'aux  défenses  faites  par 
une  loi  ou  un  règlement.  La  calomnie  est  défendue 
par  la  morale;  la  contrebande  est  prohibée. 

t  DÉFENDURES  {dé-fan-dii-r') ,  s.  f.  plur.  Bâ- 
tons garnis  de  paille,  dressés  en  un  champ  et  indi- 
quant que  les  bestiaux  n'y  peuvent  aller  paître. 

—  ETVH.  Défendu. 

t  DÉFENESTRATIOX  (dé-fe-nè-stra-sion  ),  s.  f. 
Action  de  jeter  par  la  fenêtre.  Mot  employé  unique- 
ment dans  cette  locution  :  la  défenestration  de  Pra- 
gue, l'action  par  laquelle  les  protestants  de  Bohême, 
s'insurgeant,  précipitèrent  par  les  fenêtres  de  la 
salle  du  conseil  deux  des  quatre  gouverneurs;  ce 
qui  fut  le  prélude  de  la  guerre  de  Trente  ans. 
—  ÉTYM.  Dé....  hors.  &l  fenêtre. 

f  DÉFENÈTRER  { dé-fe-nê-tré  )  ,  V.  a.  Ôter  les 
fenêtres. 

—  HlST.  XVI'  s.  Une  tempeste  qui  tomba  par  terre 
toutes  les  maisons  prochaines,  qui  descouvrit  et  de- 
fene.stra  celles  qui  estoient  plus  à  l'escart  de  sa  fu- 
rie, parK,  IX,  2'  discours. 

—  ÈTYM.  Dii..  .  préfixe,  et  fenêtre. 
tDlîFENSAHILITÊ(dé-fan-sa-bi-li-té),s.  f.  Terme 

d'eaux  et  forêts.  État  d'un  bois  pouvant  se  défendre 
de  la  dent  ou  du  pied  des  bestiaux,  ou  dont  les 
taillis  sont  a.sspz  âgés  pour  que  les  droits  usagers 
puissent  y  être  exercés  sans  dommage. 

—  ETYM.  IJéfnsable. 

t  DÉFENS.ABLE  (dé- fan -sa-bl'),  adj.  Terme 
d'eaux  et  forêts^  Oui  est  en  état  de  défensabilité. 

—  HIST.  XIII'  s.  Des  engins  des  poissons  delTen- 
sables  [qu'il  est  défendu  de  pêcher]  en  a  cil  Guerins 
les  amendes,  Liv.  des  met.  p.  t4.  Ja  nel  garra 
[protégera]  ne  clef  ne  serre.  Ne  mur  ne  fossédeiïen- 
sable  [(|ui  est  de  défense],  Ren.  9943.  ||  xv's.  Armés, 
et  portant  espée  ou  basions  defensables,  froiss.  ii, 
III,  36.  Le  lieu  n'est  pas  defensable,  car  la  motte 
est  de  main  d'homme  faite  et  petite,  comm.  t2. 
Il  XVI'  s.  L'homme  s'oublie  es  choses  qu'il  doit  tenir 
pour  les  plus  defensables  [prohibées],  despeh.  Contes, 
XCII.  Des  manières  de  fortifier  les  places,  très  utiles 
pour  leur  petit  coust,  et  non  moins  defensables  que 
celles  tant  superbes  que  les  ingénieurs  avoyent  au- 
paravant inventées,  lanoue,  336.  Terres  qui  sont 
aux  issues  des  villes,  bourgs  et  villages,  ne  sont 
defensables  [interdites  au  libre  parcours  et  vaine 
pâture],  si  elles  ne  sont  bouchées,  loysel,  24) .  Bois 
defensables,  du  cange,  defensa. 

—  ÈTYM.  Défense. 

DÉFENSE  (dé-fans*),  s.  /".  ||  1»  Action  de  défendre 
queltiu'un  ou  quelque  chose  ou  de  se  défendre.  Sa 
défense  contre  ceux  qui  l'assiiillaient  donna  le  temps 
de  venir  à  son  secours.  Jamais  on  n'a  fait  la  guerre 
avec  une  force  plus  inévitable,  puisqu'on  méprisant 
les  saisons,  il  a  fité  jusqu'à  la  défense  à  ses  enne- 
mis, Boss.  Marie-Thér.  J'aime  un  amour  facile  et  de 
peu  de  défense,  Régnier,  Éjt.  ii.  Elle  n'avait  rien 
fait  qu'en  sa  juste  défense,  corn.  Kodog.  ni,  i.  Il 
n'a  pour  sa  défense  Que  les  pleurs  de  sa  mère  et  que 
son  innocence,  rac.  Andr.  i,  4.  11  prend  l'humble 
sous  sa  défense,  id.  Eslh.  i,  6,  La  veuve  en  sa  dé- 


DRF 

fense  [la  protection  de  Dieu]  espère,  id.  ib.  m,  3, 
Elle  a  senti  d'abord  un  peu  de  répugnance;  Mais, 
vous  voyant,  son  cœur  n'a  plus  fait  de  défense, 
regnard,  Ménechmes,  m,  8.  L'Egypte .nimait la  paix 
parce  qu'elle  aimait  la  justice,  et  n'avait  de  soldats 
que  pour  sa  défense,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  i,  p.  91.  Aussi  le  reçoit-il  [le  coup  mortel]  peu 
s'en  faut  sans  défense,  de  bi;lloy,  Gaston  et  B.  i,  ). 
La  cavalerie  française  eut  l'honneur  de  cette  jour- 
née; l'attaque  y  fut  aussi  acharnée  que  la  défense 
opiniâtre;  elle  eut  plusde  mérite,  n'ayant  à  em[iloyer 
que  le  fer  contre  le  fer  et  le  feu,  ségur,  Hist.  de 
Napol.  VI,  2.  Il  Se  mettre  en  défense,  se  mettre  en 
état  de  se  défendre.  Être  en  défense,  être  en  état 
de  se  défendre.  Menacé,  il  se  mit  en  défense.  C'est 
en  vain  qu'on  se  met  en  défense,  corn.  Poly.  iv,  3. 
Ceux  qui  se  mirent  en  défense,  et  il  y  en  eut  peu, 
furent  taillés  en  pièces,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  VI,  p.  378,  dans  pougens.  Eh  bien!  ferme  Caton, 
Rome  est-elle  en  défense?  volt.  Catil.  i,  o.  ||  Être 
horsde  défense,  n'être  plus  en  état  de  se  défendre. 
Il  Embrasser  la  défense  de,  se  déclarer  le  défenseur 
de.  Lisez.  Jugez  après  cette  insolence  Si  nous  de- 
vons d'un  traître  embrasser  la  défense,  rac.  Baj.  iv, 
6.  Il  Terme  de  manège.  Action  d'un  cheval  qui  se 
défend.  Il  Terme  de  blason.  Un  hérisson  roulé  est 
un  hérisson  en  défense.  ||  Terme  d'eaux  et  forêts.  Ce 
bois  est  en  défense,  il  est  assez  crû  pour  qu'on 
puisse  sans  dommage  y  laisser  aller  les  bestiaux. 
Il  2°  Ce  qui  sert  à  la  défense.  Rome  .sans  défense  .du 
côté  de  ses  empereurs,  BOSS.  Hist.  m,  7.  Sans  gardes, 
sans  défense,  il  marche  à  cette  fête,  rac.  Andr.  iv, 
3.  Sa  beauté  pouvait  tout;  mon  âme  sans  défense 
N'a  point  contre  ses  yeux  cherché  de  résistance,  a. 
cuÉN.  Élég.  35.  Il  Longue  dent  qui  sort  de  la  bouche 
de  quelques  animaux,  et  qui  leur  sert  de  moyen  de 
défense  ou  d'attaque.  Les  défenses  d'un  sanglier, 
d'un  éléphant.  Ce  vieux  sanglier  n'a  plus  qu'une 
défense.  On  connaît  les  défenses  de  l'élépiiant;  elles 
grossissent  quelquefois  au  point  d'acquérir  chacune 
un  poids  d'environ  cent  vingt  livres,  bonnet, 
Contempl.  nat.  )  2' part.  ch.  48.  ||  Corde  à  laquelle 
le  couvreur  s'attache  pour  travailler  sur  un  toit  dan- 
gereux. Il  S.  f.  plur.  Terme  d'histoire  naturelle.  En- 
semble des  moyens  de  se  protéger  dont  sont  pour- 
vus les  végétaux  ou  les  animaux.  ||  Moyens  employés 
pour  protéger  les  jeunes  plants  contre  tout  ce  qui 
pourrait  les  blesser,  ou  leur  nuire  de  quelque  façon. 
Il  Terme  de  marine.  Bouts  de  mâts  et  câbles  qu'on 
laisse  pendre  au  côté  des  vaisseaux,  pour  empêcher 
qu'ils  ne  se  touchent  lorsqu'ils  sont  trop  près  l'un 
de  l'autre;  et  longues  perches  qui  servent  à  repousser 
les  brûlots  dans  un  combat.  ||  3°  Action  de  défendre 
«ne  place.  Ce  général  a  fait  une  belle  défense.  Il 
brûle  ses  faubourgs  pour  faire  une  belle  défense, 
iiAMiLT.  Gramm.  8.  Lesim[iéri:iux  ne  pourront  jamais 
oublier  cette  vigoureuse  défense  de  Mé/.ières  contre 
eux,  FÉN.  Dial.  des  morts  mod.  Bourbon,  Boyard. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Faire  une  belle  défense, 
résister  longtempsà  des  propositions  tentantes, àdes 
sollicitations  pressantes.  Il  lit  la  plus  belle  défense; 
mais,  de  mon  côté,  je  m'obstinai  si  fort  qu'il  fallut 
me  céder  et  recevoir  mes  cent  écus,  marmont.  Mém. 
liv.  I.  Il  ['lace  en  ét.at  de  défense,  place  bien  forti- 
fiée. Il  Cette  place  est  de  défense,  elle  peut  soutenir 
un  siège.  ||  S.  f.  pi.  Nom  donné  à  tous  les  ouvrages 
d'une  place  de  guerre,  qui  servent  à  couvrir  ou  à 
défendre  les  postes.  Ruiner  les  défenses  d'une  (ilace. 
On  avait  abattu  avec  les  béliers  les  principales  dé- 
fenses, VAUGEL.  Q.  C.  liv.  IV,  ch.  4.  Il  4°  Ensemble 
des  moyens  par  lesquels  on  repousse  une  accus:ition 
ou  une  demande  en  justice.  i|  Au  plur.  Terme  de 
procédure.  Ce  qu'on  répond,  par  écrit  et  par  minis- 
tère d'avoué,  à  la  demande  de  sa  partie.  Faire  si- 
gnifier ses  défenses.  Donner  ses  défenses,  patru, 
Plaidoy.  0,  dans  richelet.  ||  Défenses  est  quelque- 
fois synonyme'de  conclusion,  il  Au  sing.  Exposition 
et  développement  des  mojens  qu'une  partie  emploie 
pour  ap|iuyer  sa  cause.  La  défense  est  présentée 
par  un  avocat.  Sa  défense  de  M.  de  Portes  est  digne 
de  Démostliène,  J.  J.  kouss.  Conf  x.  ||  La  situation 
de  celui  qui  se  défend  ou  qui  défend  un  autre.  On 
oppose  la  défense  à  l'accusation.  \\5°  Par  extension  , 
justification,  excuse.  Et  l'Etat  défendu  me  parle  en  ta 
défense,  corn.  Cid,  iv,  3.  Contre  ces  charges, 
prince,  avez-vous desdéfenses?  rotr.  Vencesl.  iv,  8. 
Il  6°  Injonction  de  ne  pas  faire  une  chose.  Avec  dé- 
fense de  plus  enseigner  une  telle  doctrine,  pasc. 
Prov.  6.  Les  défenses  que  Dieu  a  faites  de  l'homi- 
cide, ID.  ib.  13.  La  défense,  j'ai  peur,  sera  trop 
tard  venue,  mol.  Mélic.  i,  5.  Il  y  eut  défense  de 
sacrifier  ailleurs,  boss.  Hist.  ii,  4.  Et  malgré  vos 
défenses  Je  n'ai  pu  résister  à  ses  justes  instances, 


DÉF 


1011 


BRiFAUT,  Ninus  II,  l,  3.  Il  Jugement,  arrêt  do  dé- 
fense, de  défenses,  ou,  simplement,  défenses,  juge- 
ment qui  défend  de  passer  outre  à  l'exécution  de 
quelque  chose.  Faire  signifier  des  défenses.  ||  7°  Latte 
croisée  que  l'on  suspend  avec  une  corde  à  une  mai- 
son, pour  avertir  les  passants  qu'il  ne  faut  pas  pas- 
ser auprès,  de  peur  de  recevoir  quelque  débris  qui 
tombe.  Il  8°  Terme  de  vénerie.  Rangée  d'hommes 
pour  empêcher  les  loups  de  passer,  et  les  forcer  do 
se  précipiter  dans  les  filets. 

—  HIST.  XI'  s.  Défense  de  plaid,  Loisde  Guill.m. 
il  XIII'  s.  Se  vus  plest,  à  vus  parlerai,  Jà  défense  ne 
garderai.  Lai  del  désiré.  Se  nous  fessons  nos  def- 
fenses  que  l'en  nous  a  baillées  à  garder,  nous  som- 
mes honnis,  JoiNV.  222.  Les  Sarrazins  se  ferirent  en 
la  ville,  là  où  il  ne  trouvèrent  nulle  deffense;  car 
elle  n'estoit  pas  toute  close,  id.  277.  Et  quant  sa 
gent  virent  que  le  roy  metoit  defl'ense  en  h,  il  pris- 
trent  cuer,  id.  227.  i|  xv'  s.  Ces  chevaliers  et  leurs 
gens  estoient  tous  rangés  devant  la  porte  et  mon- 
troient  bonne  défense,  froiss.  ii,  11,  57.  Il  fit  as- 
saillir ceux  qui  defendoient,  et  traire  si  ouniement 
[.sans  interruption]  que  à  peine  n'osoit  nul  apparoir 
aux  défenses  pour  la  défendre,  id.  i,  i,  207.  ||  xvi'  s. 
C'est  de  toy.  Dieu  très  haut,  De  qui  attendre  faut 
Vray  secours  et  défense,  ma  rot,  iv,  23i.0uyrdes  ac- 
cusés en  leurs  deffenses,  mont.i,  19.  llsfeirent  def- 
fense expresse,  sur  peine  de  mort, que....  id.  i,  233, 
Tuer  une  beste  innocente  et  sans  deffense,  id.  ii, 
t3l.  On  ne  peut  tenir  rivière  en  garenne  ou  défense, 
s'il  n'y  a  titre  ou  prescription,  lovsel,  237.  La  ga- 
renne est  de  défense,  tant  pour  la  chasse  que  pour 
la  pescbc  et  le  pascage,  id.  238.  Il  feit  planter  au 
dessus  dî  son  pont  des  défenses  de  grosses  pièces  de 
bois  que  l'on  ficha  à  force  au  fond  de  la  rivière, 
amyot.  César,  30.  Mourir  pour  la  défense  de  son 
pa'is.iD.  Solon,  66.  Se  mettre  en  défense,  iD.Pufcî.  35. 
Ils  en  faisoient  assés  pour  offense,  non  pourdefense, 
d'adb.  Conf  II,  6.  Les  sangliers  aiguisent  pareille- 
ment leurs  défenses,  paré.  Animaux,  t6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  defensa;  ital.  di- 
fensa;  du  latin  defensa,  du  supin  defcnsum,  de  dc- 
fendere,  défendre.  On  trouve,  en  outre,  dans  les 
anciens  textes,  defension  et  defcndement. 

DÉFENSEUR  (dé-fan-seur) ,  s.  m.  |i  1°  Celui  qui 
défend.  (|ui  protège.  U  est  le  défenseur  de  l'orphe- 
lin timide,  RAC.  Aih.  II,  7.  De  puissants  défeil^ellrs 
prendront  notre  querelle,  id.  l'hèd.  v,  t.  Rhodes, 
des  Ottomans  ce  redoutable  écueil.  De  tous  ses  dé- 
fenseurs devenu  le  cercueil....  id.  Baj  n,  l.  Ve- 
nez, cher  rejeton  d'une  vaillante  race,  (emplir  vos 
défenseurs  d'une  nouvelle  audace;  Vf  ,iez  du  dia- 
dème à  leurs  yeux  vous  couvrir,  id.  ilhal.  iv,  5. 
Il  Défenseur  de  la  foi,  titre  dbonneur  porté  par  les 
rois  d'Angleterre,  depuis  Henri  VIII  à  qui  il  fut 
accordé  par  le  pape  Léon  X,  pour  av  ;  r  écrit  contre 
Luther,  en  faveur  de  l'Église  romair  '..  \\  Défenseur 
de  la  patrie,  nom  donné  pendant  I;  Révolution  au 
citoyen  appelé  .sous  les  drapeaux.  |i  2°  Par  exten- 
tension,  celui  qui  soutient  la  ciaise  c  «quelqu'un  ou 
d'une  doctrine.  Le  philosophe  Thémislius  et  Sym- 
maque  même,  ce  grand  défenseur  du  paganisme, 
avouent  que  les  vertus  de  ce  prince  [Théodose]  sont 
au-dessus  de  toutes  les  louanges  qu'on  lui  adonnéps, 
FLÊCH.  Hist.  de  Thénd.  iv ,  80.  Les  Indiens  «-ouvè- 
rent  en  I66I  dans  Las  Casas  un  défenseur  plus  vif, 
plus  intrépide  et  plus  actif  que  ceux  qui  l'avaient 
précédé,  raynal,  Hist.  phil.  viil,  23.  |i  S»  Avocat.  Il 
a  choisi  un  bon  défenseur.  ||  Défenseur  officieux, 
nom  substitué  à  celui  d'avocat  pendant  la  Révo- 
lution. Il  Défenseur  officieux  ,  celui  qui  défend  un 
accusé  devant  les  conseils  de  guerre.  ||  Défenseur 
d'office,  celui  que  le  président  désigne  pour  défendre 
un  accusé  qui  n'a  pas  fait  choix  d'un  défenseur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Car  tu  es  mon  très  seur  Bouclier 
et  défenseur,  mabot,  iv,  230.  Les  reitres  devroyent 
plus  que  nuls  autres  estre  défenseurs  de  ceci,  pource 
que  leur  réputation  y  consi.ste,  lanoue,  308.  La 
cause  des  loix  et  Jefi'ense  de  l'ancien  estât  a  tous- 
jours  cela  que  ceulx  mesme  qui  pour  leur  aesseing 
particulier  le  troublent,  en  excusent  les  deffenseurs, 
s'ils  ne  les  honorent,  mont,  ni,  240. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  defensor;  ital.  dt- 
fensore;  du  latin  defensorem,  du  supin  defensum, 
de  defendere,  défendre. 

DÉFENSIF,  l'VE  (ilé-fan-sif,  si-v'),  od;'.  ||l°Fait 
pour  la  défense.  Ligue  défensive.  Armes  défensives. 
Quelques-uns  virent  dans  ces  proclamations  [de  l'em- 
pereur Alexandre  et  de  l'empereur  Napoléon]  la 
différence  des  deux  peuples,  des  deux  souverains  et 
de  leur  position  mutuelle;  en  effet,  l'une,  défen- 
sive, fut  simple  et  modérée;  l'autre,  ofi'ensive, 
pleine  d'audace  et  respirant  la  victoire,  ségur,  Hist, 


1012 


DÉF 


de  Napol.  ry  ,  «.  ||  Pojition  défensive,  position  dans 
laquelle  on  ne  fait  que  se  défendre.  X  Vitepsk ,  c'est 
l'ennui,  c'est  toute  la  dépense,  ce  sont  tous  les 
inconvénients,  toutes  les  inquiétudes  d'une  position 
défensive  qu'il  considère;  à  Moscou,  c'est  la  paix, 
l'abondanco,  les  frais  de  la  guerre  et  une  (tloire  im- 
morielle,  sèour,  Hùt.  de  Napol.  v,  <.(|  Terme  de 
chirurgie.  Se  dit  de  certain,  bandages,  de  certains 
emplâtres,  destinés  à  protéger,  à  garantir  les  par- 
ties qu'on  en  couvre.  |f  %"  S.  Ç.  Ensemble  de  la 
défense.  On  a  proportionné  les  moyens  de  défen- 
sive aux  armes  de  ceux  qui  attaquent,  kên.  t.  xix, 
p.  <B4.  Il  Attitude  de  défen.se;  disposition  à  ne  faire 
que  se  défendre.  Si  l'ennemi,  devenu  maître  des 
tôles  qu'on  no  lui  disputerait  pas,  voulait  en  recueil- 
lir les  productions,  il  lui  faudrait  des  armées  pour 
soutenir  la  défensive,  raynai.  ,  llist.  phil.  xiii,  49. 
Il  fllre,  se  tenir  sur  la  dé'ensive,  être  prêt,  sans  at- 
taquer, à  se  défendre.  Il  (M.  le  prince]  est  un  peu 
étonné  d'ôlre  sur  la  défensive  et  de  se  retrancher 
vers  Selestad  [Schelesladl] ,  sèv.  2<3.  Nous  n'assié- 
gerons point  de  places,  nous  le  voulons  point  de  ba- 
taille, nous  sommes  sur  la  défensive  et  d'une  ma- 
nière si  puissante  qu'elle  fait  trembler,  m.  6'iU.  On 
demeurera  sur  la  défensive  sans  livrer  le  combat,  la 
Bnuv.  X.  Il  Par  extension.  Être  sur  la  défensive,  se 
défendre  cnntie  quel(|u'un  qui  attaque,  empièle. 
I,a  Grande  Mademoiselle  était  toujours  sur  la  défen- 
sive pour  le  reste  de  ses  biens  que  le  roi  lui  voulait 
arracher,  st-sim.  v,  72.  S'il  faut  que  l'amour  soit 
une  espèce  de  combat,  j'aimerais  mi"ux  qu'on  eût 
obligé  les  hommes  à  se  tenir  sur  la  défensive,  pon- 
TEN.  Sapho,  Lnure. 

—  msT.  xvr  s.  La  pislole  pouvant  donc  fausser 
les  armes  défensives  et  la  lance  non,  il  faut  conclure 
que  le  reiire  a  l'avantage  aux  oITeusives,  et  esgalité 
aux  défensives,  langue,  309.  Ce  dernier  remède 
leur  ayant  esié  très-dommageable,  ils  n'auroyent 
plus  autre  recour»  qu'à  la  simple  défensive,  in.  4[i2. 
Se  mettre  sur  la  défensive,  ID.  610.  Ligue  oiïensive 
et  dcfen.'''ve,  amvot.  Ah.  22.  On  appliquera  autour 
de  la  parue  des  defensifs  et  lenitifs,  lesquels  auront 
vertu  de  répercuter  les  humeurs,  pariî,  vu,  8. 

—  f.TVM.  Provenç.  defensiu;  espagn.  defensixo; 
it.nl.  difensivo  ;  du  supin  defensuiit,  de  dcfendere, 
défendre. 

t  Df.KKNSIVKMENT  (dé -fan-si-ve-man),  adv. 
En  se  dérfUHblnt. 

—  f.TYM.  Di'ffnsive,  et  le  suffixe  ment. 
DP.FÉOI'Ê,  ÉK  (dé-fé-ké,  kée),  part,  passé.  Li- 
queur déféquée. 

DÉKf.QL'KR  (dé-fé-ké.  La  syllabe  fé  prend  un  ac- 
cent grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je 
défèque;  excepté,  ce  qui  est  l'usage  de  l'Académie, 
bien  que  conire  l'analogie,  au  futur  et  au  condi- 
tionnel; je  déféquerai,  je  déféquerais),  v.  a.  Terme 
de  cliimie.  Clarifier,  sé|iai'er  les  parties  subtiles 
d'avec  les  grossières,  par  les  distillations  ou  autres 
opérations.  Déféquer  des  sucs. 

—  HlST.  XVI'  s.  Ce  jus  est  mis  reposer,  afin  de 
lui  donner  loisir  de  se  purger  et  defequer  en  bouil- 
lant, 0.  DE  SHRRES,  240. 

—  ETYM.  Lut.  defœcare,  de  de,  et  faix,  fsscis, 
le  (vny.  KÊCAI,). 

Kf.FfiKANT,  ANTE(dé-fé-ran,  rant'),  adj.  Qui 
d<fere,  cède,  condescend.  Esprit  déférant.  Humeur 
dliire  et  déférante. 

Of.KERÊ.  ÉE  (dé-i"é-ré,  rée),  part.  pas.':é.  ||  1°  Ac- 
■I  iilé.  Des  honneurs  déférés.  {|  2°  Traduit  comme 
''■usé.  l'n  accusé  déféré  devant  un  tnbunal. 

l>I-;Ff,nE\CE  (dé-fé-ran-s'),  s.  f.  Condescendance 

■lée  d  égards  et  d;ctée  par  un   motif  de  respect. 

1  s,.ii  par  déférence  ou  par  un  prompt  scrupule, 

•  •B>    Hnr.  m,  i.  Mais  ce  qui  me  surprend.  C'est  de 
or  .|iie  l'iimpée  ait  pris  le  nom  de  grand.  Pour 

\iin   "ncore  au  vôtre  entière  déférence,  id.  Sertor. 

1.  2 Je  me  dirai  votre  cousin,  lit  vous  ne  me 

rcndreii.  aucune  déférence,  la  font.  Joc.  Le  marquis: 
Sau^  votre  respect,  je  lui  aurais  ajipris  [au  laquais] 
à  coiinalire  les  gens  de  qualité.  —  Élise:  Ma  cou- 
sine vdus  est  fort  obligée  de  cette  déférence,  mol. 
Critique,  4.  Tant  d'honneurs,  disaient-ils,  et  tant  de 
déférences  Sonl-ce  de  ses  bienfaits  de  faibles  récom- 
penses'rac  Itril.  IV,  2.  J'ai  recouru  dans  ces  pre- 
mier» cnoiiiunis  X  .'art  de  plaire,  aux  égards  sédui- 
.;miIs,  Aux  doux  propos,  à  cette  délerence  Qui  fait 

•  .iiviii  p,irdoiii,er  la  licfnre,  volt.  Droit  du  Sei- 
gitni'.  m.  II,  l.'esiril  dunion,  de  délerence  et  de 
ïf.ieié.  i:ar,cièrB  si  essentiel  à  la  république  litté- 
ra  re  ut  .loiil  vous  donnerez  toujours  le  modèle, 
6»ïsshT,  llùc.  de  récepliori  à  l'Acad.  Accoutumé  à 
une  déférence  obséquieuse  pour  ses  idées  systéma- 
ii(ju«8,  il  était  quelquefois  désagréablement  sur- 


DEF 

I  pris  do  trouver  parmi  nous  moins  de  révérence 
et  de  docilité,  makmontbl,  Hém.  Iiv.  vii.  ||  Acte  de 
déférence.  Le  parti  le  plus  sur  pour  Talbot  était  la 
soumission  et  les  déférences,  iiamilt.  Gramm.  ix. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  courtoise  déférence  qu'il  luy 
vouloit  faire  de  sa  charge,  cakl.  x,  )7. 

—  ÊTYM.  Déférer. 

DKKÊHENT  (dé-fé-ran),  adj.  m.  ||  1°  Terme  d'as- 
tronomie. Cercle  déférent,  ou,  substantivement,  le 
déférent,  cercle  imaginé  par  les  anciens  astronomes 
pour  expliquer  certainesinégalités  des  planètes,  vues 
de  la  terre  suppo.sée  immobile  au  centre  du  monde. 
Il  2°  Terme  d'anatomie.  Canal  déférent,  le  conduit 
excréteur  du  testicule.  |1  3°  S.  m.  Terme  de  mon- 
nayeur.  Le  déférent,  la  marque  qui  indique  le  lieu 
de  la  fabrication  d'une  monnaie,  le  nom  du  direc- 
teur et  du  graveur. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Quatre  preparans  et  deux  ejacu- 
latoires  ou  déferons,  c'est  à  dire  jetans,  paré,  i,  27. 

—  ÊTYM.  Lat.  di'ferens,  de  déferre,  porter  de 
haut  en  bas  (voy.  déférer). 

t  DfÎFÉRENTIEL,  lELLE  (dé-fé-ran-sièl,  siè-I), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Artère  déférentielle,  artère 
qui  accompagne  le  canal  déférent. 

—  ËTYM.  Déférent. 

DÉFÉRER  (dé-fé-ré.  La  syllabe  fé  prend  un  ac- 
cent grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je 
défère,  excepté,  suivant  la  règle  anomale  de  l'Aca- 
démie, au  futur  et  au  conditionnel  :je  déférerai,  je 
déférerais),  v.  a.  ||  1°  Accorder,  en  parlant  d'hon- 
neurs, de  dignités Pour  le  peu  de  temps  qu'il 

[ce  grade]  pourra  vous  durer,  11  me  coûtera  peu  de 
vous  le  déférer,  coRN.  Sertor.  v,  4.  Et  l'honneur 
souverain  qu'ici  je  vous  défère,  id.  Nicom.  u,  3. 
Quelques  titres  nouveaux  que  Rome  lui  défère,  Né- 
ron n'en  reçoit  point  qu'il  ne  donne  à  sa  mère,  rac. 
bril.  I,  t.  Il  défère  le  commandement  de  l'armée 
à  Polymène,  fên.  Tél.  xiii.  Viens,  tu  vois  des  in- 
grats, mais  Rome  te  défère  Les  noms,  les  sacrés 
noms  de  père  et  de  vengeur,  volt.  Calil.  v ,  2.  ||  2°  Por- 
ter devant  une  juridiction.  Les  rois  déféraient  au 
peuple  le  jugement  souverain,  uoss.  Ilist.  m,  e. 
Il  3°  Traduire  devant  un  tribunal,  devant  un  juge. 

II  était  arrêté  prisonnier,  parce  que  deux  témoins 
l'avaient  déféré,  vaugel.  Q.  C.  liv.  i,  ch.  t.  U  dé- 
fère son  ennomi  en  évitant  le  nom  odieux  d'accusa- 
teur, BAi.z.  D'  Disc,  sur  la  cour.  Vous  êtes  obligés 
(le  déférer  cet  Impie  au  parlement,  pasc.  l'rov.  to. 
L'Église  procédant  au  ju;;ement  de  ceux  qui  lui 
étaient  déférés,  noss.  L£tt.  B3.  Pourquoi  donc  au 
sénat  ne  pas  me  déférer?  volt.  Calil.  ii,  3.  Allons, 
dites  moi  sans  façon  tout  ce  que  vous  pensez;  je 
vous  promets  de  ne  vous  point  battre  et  de  ne  vous 
point  déférer  au  sacnticateur  de  Cérès,  ID.  Dial.  29. 
Amant  il  faut  de  soins,  d'égards  et  de  prudence 
Pour  ne  point  accuser  l'honneur  et  l'innocence.  Au- 
tant il  faut  d'ardeur,  d'inllexibilité  Pour  déférer 
un  traître  à  la  société,  gbesset,  Uéckant,  v,  4. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  déférer  un  acte,  un  li- 
vre, etc.  Ce  décret  [du  pape  Honorius]  y  fut  déféré 
[au  6'  concile  général],  et,  après  avoir  été  lu  et  exa- 
miné, il  fut  condamné  comme  contenant  l'hérésie 
des  Monothélites,  pasc.  J'roi\  il.  J'ai  été  un  peu 
émerveilé  que  M.  Séguier,  ci-devant  avocat  géné- 
ral, fût  venu  me  voir  à  Kerney  pour  me  dire  qu'il 
serait  obligé  de  déférer  VUisloire  du  parlement  et 
que  Messieurs  le  pressaient  fort,  volt.  Lett.  Mme  du 
Deffanl,  12  mai  t772.  ||  Déférer  le  serme..t  à  quel- 
qu'un, s'en  ra|iporter  à  ce  qu'il  témoigne  sous  ser- 
ment. Le  serment  bu  futdéféré,  pathu,  l'Uiidoyert'i, 
dans  RiciiELET.  Platon  dit  que  Rhadaïuanle  expé- 
diait les  procès,  déférant  seulement  le  serment  sur 
chaque  chef,  montesq.  Espr.xn,  22.  ||  i"  Déférer 
quelque  chose  àqueh|u'un,  le  lui  céder  p.ar  condes- 
cendance. Sire,  voyezCésar, forcez-vousà  lui  plaire. 
Et,  lui  déférant  tout,  veuillez  vous  souvenir  Que 
les  événements  régleront  l'avenir,  cor.n.  Pomp.  ii,  4. 
Il  Vieilli  en  cet  emploi.  ||  B°  Y.  n.  Condescendre, 
céder  par  respect.  Déférez  à  l'ardeur  de  mon  mal 
furieux,  RÊG.NiER,  Élég.  2.  Je  défère  tant  à  votre 
jugement  que  je  ne  veux  plus  avoir  mauvaise  opinion 
de  moi,  balz.  liv.  i,  lett.  4.  Ces  personnes  à  qui  je 
défère,  desc.  Méth.  6.  Que  d'un  si  grand  coup  mon 
esprit  abattu  Défère  à  ses  malheurs  plus  qu'à  votre 
vertu,  CORN.  Théod.  m,  3.  À  vous  moins  déférer  je 
croirais  faire  un  crime,  id.  Agcsil.  v,  3.  Je  vousdé- 
fre  assez  pour  n'en  vouloir  rien  lire,  id.  ib.  v,  7. 
Encore  à  la  nature  Éléocle  défère,  11  se  laisse  gagner 

aux  plaintes  de  ma  meie,  botr.  Antig.  ii,  2 mes 

desseins  pour  elle,  aux  vôtres  préférés,  Sontces  puis- 
sants respects  à  qui  vous  déférez,  id.  i'encesl.  m.  2. 
Ce  ne  sont  point  ici  des  choses  où  les  enfants  soient 
obligés  de  déférer  aux  pères,  mol.  Avare,  iv,  ».  Ce  | 


nt'F 

n'est  pas  à  mon  cœur  qu'il  faut  que  je  défère  Pour 
entrer  sous  de  tels  liens,  id.  Psyché,  i,3.  Ne  do- 
vrait-il  pas  déférer  aux  anciennes  lois  de  l'Égli.->ef 
PASC.  Prov.  6.  Quelqu'un  se  distingue  ou  par  une 
plus  grande  vivacité,  ou  par  une  raeiUeu'  disposi- 
tion du  corps.... les  autreslui  défèren*  »  brut.xi. 
C'est  enfin  (le  la  même  manière  que  jo  Juge  des  fa- 
cultés et  des  actions  de  mes  semblables  et  que  je 
défère  au  témoignage  qu'ils  me  rendent  en  tel  ou 
tel  cas  particulier,  honnet,  Œuvres,  Uil.  t.  xviii, 
p.  36),  dans  pouGENS.  ||6°  Se  déférer,  être  déféré, 
accordé.  Les  récompenses  qui  se  défèrent  à  ceux 
qui  les  méritent. 

—  HlST.  xvi'  s.  La  loy  défère  aux  preslres  leviti- 
ques  le  jugement  de  lèpre,  calv.  Inslit.  4088.  Ils 
lui  deferoyent  volontiers  autant  d'honneur  qu'ils  pou- 
voyent,  id.  ib.  8»».  L'on  jetta  en  prison  tous  ceulx 
qui  furent  en  sorte  quelconque  déferez  ou  souspeçon- 
nez,  kK\or,Alc.  3.  Thessalus  a  déféré  et  défère  Al- 
cibiades,  d'avoir  forfaict  contre  Cerès,iD.  t'b.  41.  Pla- 
ton luy  défère  tant,  que,  de  tous  ceulx  qui  ont  esté 
beaucoup  estimez  et  renommez  à  Athènes,  il  ne  fait 
compte  que  de  luy  seul,  in.  Arist.  63.  Et  comme 
Luciusle  niast,  Caton  luy  défera  le  si^rment  qu'il  ju- 
rast  publiquement,  ce  dont  il  le  chargeoit  n'estre 
pas  véritable,  id.  Caton,  34.  Mithridales  marchoit 
après  luy  et  se  demettoit  volontairement  au  second 
lieu,  en  luy  déférant,  comme  à  son  supérieur,  id. 
Sertor.  36.  Les  Lacedemoniens  croyent  et  défèrent 
beaucoup  à  leurs  femmes,  id.  Agis  et  Cléom.  ».  Je 
luy  eusse  déféré  et  remis  ma  charge  entre  les  mains, 
cahl.  X,  )0. 

—  ÊTYM.  Lat.  déferre,  transporter,  décerner,  ac- 
corder, et,  de  là,  dans  le  français,  le  verbe  étant 
pris  absolument,  le  sens  d'avoir  de  la  déférence. 

t  DÉFERLAOF  (dé-fèr-la-j'),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Action  de  déferler;  résultat  de  celle  action.  Le 
déferlage  des  voiles. 

—  ETYM.  Déferler. 

DÉFERLÉ,  ÉE  (dé-fèr-lé,  lée),  part,  passé.  Terme 
de  marine.  Déployé.  Quand  il  fut  à  une  portée  de 
canon  de  moi  et  qu'il  vit  tous  mes  canons  débou- 
chés et  que  j'étais  à  pic  avec  toutes  mes  voiles  dé- 
ferlées prêt  à  appareiller,  Mémoires  de  villette, 
an  1686,  p.  83,  dans  JAL.  Son  pavillon  [de  la  fré- 
gate] flottait  au  grand  mât;  ses  voiles  étaientàdemi 
déferlées,  ciiateaub.  Natch.  ii,  24). 

DÉFERLER  (dé-fèr-lé).  ||  1°  V.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Déployer,  en  parlant  des  voiles.  Déferler  les 
voiles.  Il  2°  V.  n.  La  mer  déferle,  quand  elle  déplie 
ses  lames  sur  les  rivages  et  s'y  liri.se  avec  force  en 
jetant  son  écume.  La  vague  déferlait  au  bas  de  la 
falaise.  ||  3°  Se  déferler,  v.  réft.  Même  sens  que  dé- 
ferler, V.  n.  Les  vagues  se  déferlaient  en  énormes 
voûtes  qui  se  roulaient  sur  elles-mêmes  en  mugis- 
sant et  en  écumant,  bern.  de  st-pierre,  Paul  et 
Yirg. 

—  HIST.  XVI'  S.  Le  capitaine  Arnaud  avec  sept 
hommes,  en  un  vaisseau  de  35  tonneaux,  contrefit 
le  pescheur,  n'aiant  que  son  haut  bourcet,  et  la 
misene  defrelée,  d'aub.  Hist.  ii,  BO. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  ferler. 

f  DÉFERMER  (dé-fèr-mé),  v.  a'  Mettre  hors  ou 
en  liberté  ce  qui  était  fermé.  Défermer  un  chien, 
bichelet.  Il  Se  défermer,  i'.  réfl.  Cesser  d'être  fermé. 
Je  crois  par  les  efforts  qie  vos  bontés  feront.  Si  mes 
yeux  sont  fermés,  qu'ils  se  défermeroni,  BOtiaSAULT, 
Ésope  à  la  cour,  m,  s. 

—  HIST.  XII'  s.  Et  del  mostier  tous  les  huis  [il] 
desferma,  llonc.  p.  (74.  La  porte  jil]  desferma,  n'i 
apela portier,  77».  le  mart.  47.  ||  xiif  s.  En  sa  cham- 
bre [il]  les  mené,  qui  estoit  desfermée.  Birl<!,  cxxvi. 
Et  Tybert  defferma  sa  maie,  Ren.  t8oo4.  Quant  ain- 
sinc  m'ot  l'uis  defl'remé  La  puceie  au  cors  acesmé, 
la  Rose,  B75.  i|  xv  s.  U  avoit  couvertemeiit  demandé 
au  portier  laquelle  clef  defernioit  la  grand  porte, 
FROiss.  i,  I,  (31.  ||xvi'  s.  De  celé  [verga,  caducée] 
il  est  defermant  L'œil  de  l'homme  qui  sommeille, 

RONS.  663. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  fermer;  provenç.  det- 
fermar;  ital.  differmare. 

t  DÉFERRE  (dé-fê-r),  s.  f  Vieux  fers  de  cheval. 

—  HlST.  XIII'  s.  Mareschaus  qui  auront  en  toute 
chose  autant  comme  les  escuiers....  et  la  defferre 
sera  le  roy,  du  cange,  defferratus.  ||  xV  s.  L'expo- 
sant trouva  en  son  chemin  un  sac  où  il  avoit  envi- 
ron neuf  francs....  et  quant  Pierre  Benon,  qui  estoit 
avec  lui,  lui  demanda  que  c'esloil,  le  dit  exposant 
respondi  que  c'esioit  une  defferre,  id.  ib.  Des  vieilles 
defîerres  d'amours  Je  suis  à  présent  Dieu  mtrcy 
Vieillesse  me  gouverne  aussi,  ch.  d'orl.  Rundeau 
Il  xvi's.  Mais  quant  voulut  marcher  et  prendre  terr». 
Tous  ses  souldars  estoient  à  la  defferre  [pillage]  Du 


DÉF 


DI^.F 


DIÎF 


1013 


(lict  Trevy....  J.  mabot,  v,  )0|.  L'ung  y  est  prins, 
l'autre  est  froissé  (les  os,  El  l'autre  y  perd  vie,  corps 
et  defferre,  id.  v,  108. 

—  ETYM.     Voy.  DÉFEBRER. 

DÉFERRÉ,  ÉE  (déféré,  rée),  part,  paisé.  Un 
cheval  déferré  des  deux  pieds  de  devant.  ||  Fig.  et 
familiferement,  décontenancé.  Le  candidat  déferré 
far  cette  question.  ||  Fig.  et  populairement.  Être 
!iéferré  d'un  rpil,  avoir  un  œil  de  moins.  Par  trop 
bien  boire  un  curé  de  Bourgogne  De  son  pauvre  œil 
se  trouvait  déferré,  J.  B.  Rouss.  liv.  ii,  ép.  7. 

t  DÉFERREMENT  (dé-fê-re-man),  $.  m.  Action 
de  déferrer;  résultat  de  cette  action. 

—  ÊTYM.  Déferrer. 

DÉFERRER  (dé  fê-ré),  v.  a.  \\  1°  ôter  une  fer- 
rure, le  fer  appliqué  sur  un  objet.  Déferrer  une 
caisse,  un  lacet.  ||Oter  le  fer  du  pied  d'un  cheval, 
d'un  mulet.  Il  donna  ordre  de  déferrer  quelques-uns 
des  chevaux,  hamilt.  Gramm.  i\.\\  Fig.  et  familiè- 
rement, déconcerter,  interdire.  C'est  un  homme 
qu'on  déferre  aisément.  Il  se  fit  une  huée  qui  dé- 
ferra le  témoin,  d'ablanc.  Apophth.  dans  richelet. 
Il  2"  Terme  de  marine.  Laisser  le  fer  ou  les  fers  du 
navire  [l'ancre  ou  les  ancres],  les  abandonner  ou 
en  coupant  les  cSbles  ou  en  les  filant  par  le  bout, 
JAL.  Il  3°  V.  n.  Dégainer,  tirer  l'épée.  Quand  il  faut 
déferrer,  vous  avez  belle  peur,  hauteroche.  Deuil, 
se.  9.  Il  II  n'est  plus  usité  en  ce  sens.  On  dit  dégai- 
ner. Il  4°  Se  déferrer,  d.  r»'/!.  Perdre  son  fer.  Ce 
ckeval  s'est  déterré.  Ce  lacet  se  déferre.  ||  Fig.  Se 
déconcerter.  Quoi  que  l'on  fasse  enfin  pour  l'em- 
pêcher d'entrer.  Il  monte  effrontément  et,  sans 
se  déferrer,  Entre  en  marquis,  montfl.  Fem.  juge 
et  part,  i,  2. 

—  HIST.  xu*  s.  Sun  mautalent  e  s'ire  li  reis  mus- 
tre  [montre]  e  desferre.  Th.  le  mart.  63.  ||  xiii"  s. 
Il  deit  faire  dire  par  son  conseil  ou  seignor,  se  il  est 
en  fers  ou  en  liens,  que  il  le  face  desferer  ou  des- 
lier, Ass.  de  J.  (61.  Il  xiv"  s.  Mais  s'il  advient  qu'il 
[mon  cheval]  se  defferre,  Dix  hommes  faut  quant  on 
le  ferre,  macrault,  p.  8l  .||  xV  s.  Le  sire  de  Hangest 
se  déferra  du  glaive  [qui  l'avait  blessé] ,  et  entra  de- 
dans les  fossés,  FROiss.  ii,  ii,  06.  Le  roy  le  fist  def- 
ferrei  |sortir  de  prison],  comm.  iv,  7.  ||  xvi"  s.  Ils  se 
déferreront  aussi  peu  aux  règles  de  leur  langage, 
que  le  meilleur  maistre  ez  arts  de  France,  mont. 
1,  (88.  Un  cheval  enciouéou  déferré  par  leschemii>s, 
ou  qui  se  fait  piquer  à  tous  les  pas,  et  cent  mille 
autres  malheurs  qui  arrivent,  pesper.  Contes,  lxxi. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  /'er;  provenç.  desfer- 
rar;  espagn.  desherrar;  ital.  disferrare. 

t  DÉFERRURE  (dé-fê-ru-r'),  s.  {.  Action  de  dé- 
ferrer ou  de  se  déferrer. 

—  HiST.  XVI»  s.  Le  la'ooureur  préviendra  les  bles- 
sures et  deferreuresde  sesbestes,o.  nE  serres,  84. 

—  Rtvm.  Déferrer. 

DÉFET  (dé-fè),  s.  m.  Terme  de  librairie.  Feuilles 
d'un  livre  qui  ne  se  suivent  pas  et  qui  servent  à 
compléter  des  exemplaires  défectueux.  Il  faut  voir 
dans  les  défets  si  on  ne  trouvera  pas  la  feuille  qui 
vous  manque.  On  conserve  les  défets  pour  remplacer 
les  feuilles  qui  viennent  à  se  gâter  dans  les  volumes. 

—  ÉTYM.  Latin  defectus,  de  deficere,  manquer, 
de  la  préposition  de,  et  facere,  faire  (voy.  ce  mot). 

t  DÉFEUILLAISON  (dé-feu-Uê-zon,  Il  mouillées). 
s.  f.  Chute  des  feuilles  d'un  arbre,  époque  à  laquelle 
elle  arrive 

—  ÉTYM.  DéfeviUer. 

t  DÉFEUILLÉ,  ÉE(dé-feu-llé,  liée,  Il  mouillées), 
par),  passé.  Oui  a  perdu  ses  feuilles.  La  campagne, 
encore  verte  et  riante,  mais  défeuiUée  en  partie  et 
déjà  presque  déserte,  offrait  partout  l'image  de  la 
solitude  et  des  approches  de  l'hiver,  j.  j.  rouss. 
Vromen.  2. 

t  DÉFEUILLER  (dé-feu-Ué,  Il  mouillées,  et  non 
dé-feu-yé),  v.  o.  Enlever  les  feuilles  d'un  arbre. 
Il  Se  défeuiller,  v.  réfl.  Perdre  ses  feuilles. 

—  msT.  xiii*  s.  Contre  le  tens  qu'arbre  deffueille, 
Qu'il  ne  remaint  en  branche  fueille  Qui  n'aut  [n'aille] 
à  terre....  huteb.  24.  ||  xvi's.  Ce  treiUage  servira  en 
esté  par  son  ombrage,  et  ne  nuira  en  hiver,  par 
lors  n'y  en  avoir  aucun  ou  bien  petit,  pour  le  natu- 
rel de  telles  matières  se  defueillant  en  automne, 

0.  DE  SERRES,   413. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  feuille. 

DÉFI  (dé-fi),  s.  m.  ||  1°  Provocation  à  un  combat 
singulier.  Porter  un  défi.  Et  depuis  le  défi  que  mes 
traits  t'ont  porté.  Chaque  instant  qui  se  perd  marque 
ta  lâcheté,  rotbou,  Aiitig.  ii,  4.  Quand  je  suis  seul, 
je  fais  au  plus  brave  un  défi;  Je  m'écarte,  je  vais 
détrôner  le  Sophi,  la  font.  Fabl.  vu,  to.  Mars  en- 
fin comble  nos  misères  ;  Des  rois  nous  payons  les 
défis,  BÉHANG   Afature.  Il  Toute  provocation.  Accep- 


ter, relever  un  défi Vous  en  avez  menti.  Répond 

le  campagnard,  et,  sans  plus  de  langage.  Lui  jette 
pour  défi  son  assiette  au  visage ,  boil.  Sat.  m. 
Il  2°  Déclaration  provocatrice,  par  laquelle  on  ex- 
prime à  quelqu'un  qu'on  le  juge  hors  d'état  de  faire 
quelque  chose.  On  le  mit  au  défi  do  passer  la  rivière 
à  la  nage.  Il  a  fallu  que  les  moindres  apparences  de 
crime  vous  aient  manqué  contre  lui,  puisque  vous 
n'avez  point  répondu  à  un  tel  défi,  pasc.  Prov.  I5. 
Il  Se  porter  défi,  en  parlant  des  choses,  se  valoir, 
être  de  même  grosseur,  grandeur,  etc.  ||  Béranger 
a  dit  dans  le  même  sers  se  porter  un  défi  :  Et  je 
m'assieds  entre  Des  grands  dont  le  ventre  Se  porte 
un  défi,  BfiRANG.  Cocaqne.  Dans  cette  phrase  il  fau- 
drait les  rentres,  puisque  se  porter  défi  ou  un  défi 
est  ici  réciproque.  Cependant  la  pluralité  étant  déjà 
marquée  par  des  grands,  on  ne  doit  voir  là  qu'une 
licence  poétique. 

—  HIST.  XV' s Alors  je  vous  affy  Que  j'heu 

bien  peur  et  ung'très  grant  deffy  De  perdre  hon- 
neur par  ma  grant  noiichallance,  faifeu,  p.  15, 
dans  LACURNE.  ||  xvi' s.  Se  battre  en  deffy,  brant. 
Cap.  fr.  t.  I,  p.  84,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Voy.  défier.  DéH  est  un  mot  récent  ;  on 
ne  trouve  dans  les  anciens  textes  que  dejiement  ou 
difiance, 

DÉFIANCE  (dé-fi-an-s'),  s.  f.  Crainte,  doute 
qui  fait  qu'on  ne  se  confie  qu'après  examen  et  ré- 
flexion. Je  l'avoue,  il  est  vrai,  j'étais  sans  défiance, 
RÉGNIER,  Élég.B.  [Il]  ....donne lieu d'entreren  quel- 
que défiance  Des  secrètes  raisons  de  tint  d'impa- 
tience, CORN.  Nicom.  II,  t.  Dieux!  que  vous  me  gê- 
nez par  cette  défiance  I  —  Pour  subsister  en  cour 
c'est  la  haute  science,  id.  Poly.  v,  I .  L'excès  de  ce 
bonheur  me  met  en  défiance,  id.  Cid,  i,  2.  Ceux 
dont  on  craint  les  justes  défiances,  id.  Rodog.  iv,  6. 
Ellealieu de  douter  etd'ètre  en  défiance,  id.  le  Ment. _ 
IV,  7.  Sans  montrer  aucune  défiance  d'une  personne 
qu'il  aimait,  il  prit  le  breuvage,  d'ablanc.  Arrien, 
liv.  II,  ch.  3,  dans  richelet.  Se  tenir  sur  la  défiance, 
MAUCROix,  Homélie  15,  dans  richelet.  Il  se  faut 
garantir  de  tous  les  hommes  par  une  défiance  géné- 
rale, ST-ÉVREM0ND.  dans  RICHELET.  Ces  personnes 
n'entrent  pas  en  défiance  de  votre  bonne  foi,  pasc. 

Prov.  13 Cette  défiance  Est  toujours  d'un  grand 

cœur  la  dernière  science,  rac.  Brit.  i,  4.  Dans  un 
temps  plus  heureux  ma  juste  impatience  Vous  fe- 
rait repentir  de  votre  défiance,  id.  ib.  m,  7.  N'é- 
tait-il pas  plus  noble....  de  me  rassurer,  en  flat- 
tant ma  douleur.  Contre  la  défiance  attachée  au 
malheur?  id.  Millir.  ii,  4.  L'esprit  de  défiance  nous 
fait  croire  que  tout  le  monde  est  capable  de  nous 
tromper,  la  bri'Y.  Théophr.  18.  Il  n'oublia  rien  pour 
jeter  quelque  défiance  dans  mon  esprit,  fénel.  Tél. 
xiu.  Tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  à  craindre  dans  nos 
maux,  c'est  la  défiance  du  remède,  mass.  Car.  Enf. 
prad.  Les  sujets  de  défiance  augmentaient  tous  les 
jours  entre  les  Grecs  et  les  Barbares,  rollin,  Ilist. 
anc  Œmres,  t.  iv,  p.  180,  dans  pougens.  Tout 
m'importe  et  de  tout  je  suis  en  défiance,  volt.  Ué- 
rope,w,  1.  Venise  ne  fonda  sa  fière  autorité  une  sur 
la  défiance  et  la  sévérité,  id.  Tancr.  i,  1.  Conçois- 
tu  quel  état  c'est  pour  une  femme  de  porter  la  dé- 
fiance, le  mensonge  et  la  crainie  jusque  dans  les 
bras  d'un  époux,  de  n'oser  ouvrir  son  cœur  à  celui 
qui  le  possède...'?  J.  J.  ROUss.  Hél.  IV,  1.  Si  vous 
portez  les  défiances  du  moment  dans  l'avenir,  prenez, 
garde  qu'à  force  d'exagérer  les  craintes,  nous  ne 
rendions  les  préservatifs  pires  que  les  maux,  mira- 
beau.  Collection,  t.  m,  p.  334.  ||  Défiance  de  soi- 
même,  manque  de  confiance  en  soi.  Il  fil  paraître 
une  juste  défiance  de  ses  propres  forces.  Au  juge- 
ment que  je  fais  de  moi-même,  je  tâche  de  tou- 
jours pencher  vers  le  côté  de  la  défiance  plutôt  que 
vers  celui  de  la  présomption,  desc.  Uéth.  i,  3.  Ce 
qu'il  commençait  à  sentir  le  mit  dans  une  juste  dé- 
fiance de  lui-m'ême,  fén.  Tél.  xxiii.  Louis  XVI,  élevé 
au  trône  à  l'âge  de  vingt  ans,  y  apportait  un  senti- 
ment bien  précieux  lorsqu'il  est  modéré,  bien  dan- 
gereux quand  il  est  excessif,  la  défiance  de  soi-même, 
marmontel,  ilf^m.  liv.  xii.  |j  Proverbe.  La  défiance  est 
mère  de  sûreté. 

—  SYN.  défiance,  méfiance.  La  méfiance  fait  qu'on 
ne  se  fie  pas  du  tout;  la  défiance  fait  qu'on  ne  se  fie 
qu'avec  précaution.  Le  défiant  craint  d'être  trompé  ; 
le  méfiant  croit  qu'il  sera  trompé.  La  méfiance  ne 
permettrait  pas  à  un  homme  de  confier  ses  affaires 
à  qui  que  ce  soit;  la  défiance  peut  lui  faire  faire  un 
bon  choix. 

—  HIST.  XII*  s.  De  ses  beaux  ieuz  [elle]  me  vint 
sans  desfiance  [défi]  Ferir  au  cuer,  que  n'i  ot  autre 
effort,  Couci,  xvi.  ||  xiii"  s.  Et  bien  vous  mandent 
que ,  sans  défiance  [sans  dégager  leur  foi] ,  il  ne  fe- 


roientmal  ne  à  vous  no  à  altrui,  villeh.  xciv.  Moût 
tindrent  li  Grieu  à  grant  merveille  et  à  grant  ou- 
trage ceste  deffiance  [défi],  id.  ib.  Sire,  li  rois  Ri- 
chars  d'Engleterre  vous  mande  deffianehe  [défi],  et 
dist  qu'il  vous  venra  veoir  prochainement  emmi  liu 
de  vostre  tere,  Chron.  de  Rains,  p.  5».  Et  encore 
se  deffiances  [défis]  sunt  mandées  à  aucun,  on  les 
doit  mander  par  tex  gens  qui  les  puissent  tesmon- 
gnier,  beaum.  lix,  9,  j|  xV  s.  X  Paris  où  le  roi  Phi 
lippe  se  tenoit  pour  le  temps,  attendant  tous  les 
jours  que  défiances  [défis]  lui  vinssent  du  roi  an- 
glois,  FROISS.  i,  I,  75.  Vous  avez  bien  ci-dessus  oui 
recorder  comment  le  duo  de  Guéries  avoit  défié  le 
roi  de  France  par  défiances  impétueuses,  id.  il,  m, 
103.11  [un  envoyé d'Édouard]apporta  au  roy  [Louis XI] 
une  lettre  de  deffiance  de  par  le  roy  d'Angleterre 
....  Il  requeroitau  roy  qu'il  luy  rendist  le  royaulme 
de  France....  comm.  iv,  5.||xvi°  s.  De  luy  [je]  n'aj 
en  response  que  de  volontaire  derfiance  [défi],  rab. 
Car.  I,  29.  Ce  que  je  ne  dy  par  deffiance  que  j'aye 
de  ta  vertu,  mais  pour....  id.  Pant.  ii,  8.  Pour  sous- 
peçon  que  la  deffiance  luy  avoit  engendré,  M.  du 
BELLAY,  146.  Si  lancca  son  cheval  droit  à  luy,  en 
lui  criant  un  cry  de  desfiance  [défi],  amyot,  ifar- 
cell.  8.  Marins  les  reconfnrtoit,  en  leur  remonslranl 
qu'd  n'avoit  aucune  deffiance  de  leur  vertu,  id. 
ilar.  29. 

—  ÉTYM.  Défiant;  provenç.  desfiansa;  anc.  es- 
pagn. desfiama;  ital.  disfidanza ,  diffidi'nza.  Dans 
l'ancien  français,  défiance  veut  dire  défi,  sens  qui 
est  resté  dans  l'anglais. 

t  DÉFIANCER  (dé-fi-an-sé.  Le  c  prend  une  cé- 
dille devant  a  et  o:  je  défiauçais,  nous  défiançons), 
v.a.  Rompre  des  fiançailles.  ||  Se  défiancer,  v.  rrfl. 
Rompre  ses  fiançailles.  Elle  se  défiancera  si  vous 
voulez,  dancourt,  Cnr.  Compiègne,  se.  4. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fiancer. 
DÉFIANT,  ANTE  (dé-fi-an,  an-t'),  adj.  Qui  a  de 

la  défiance.  Un  homme  défiant.  Insensé  [  Pygma- 
lion]  qui  ne  voit  pas  que  sa  cruauté  le  fera  périr; 
quelqu'un  de  sesdome.stiques,  aussi  défiant  que  lui, 
se  hiitera  de  délivrer  le  monde  de  ce  monstre,  fén. 
Tél.  m.  Parmi  des  ennemis  défiants,  furieux,  ché- 
BILLON,  Electre,  ii,  1.  Tout  défiant  qu'il  est,  Ca- 
ton  ne  l'ose  croire,  volt.  Caiil.  ii,  3.  ||  En  parlant 
des  choses.  Un  caractère  défiant.  Des  dispositions 
défiantes.  Chassez  de  votre  esprit  ce  défiant  souci , 
BOTR.  Antig.  Il,  4. 

—  HIST.  XVI'  s.  Homme  de  sa  nature  craintif  et 
deffiant,  amvot,  Nicias,  3. 

I  DÉFIBRIXÉ,  ÉE  (dé-fi  b-i-né.  née),  adj.  Terme 
d'analomie.  iiui  n'a  plus  do  fibrine.  Sang  déflbnné. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fibrine. 

t  DÉFICELER  (dé-fi-se-Ié.  La  syllabe  ccl  double 
l'!, quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  déficelle, 
je  déficellerai),  v.  a.  ôter  la  ficelle.  Déficeler  un 
paquet. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ficelle. 

t  DÉFICIENT,  ENTE  ('lé-fi-sian,  an-t'),  adj. 
Terme  d'arithmétique.  Nombre  déficient,  ou,  sub- 
stantivement, un  déficient,  nombre  dont  les  parties 
aliquotes  ou  facteurs  font  une  somme  moimlre  que 
le  nombre  lui-même.  io  est  un  nombre  iléficicnt,  la 
somme  de  ses  parties  aliquotes,  1 ,  2,5,  ne  faisant 
que  8. 

—  ÉTYM.  Latin  deficiens,  de  deficere,  manquer. 
DÉFICIT  (dé-fi-sit'),s.  m.  \\  1°  Autrefois  mot  qui, 

signifiant  il  manque,  se  mettait  dans  un  inventaire 
à  côté  des  articles,  pour  noter  (|u'une  pièce  dont  on 
faisait  mention  ne  s'y  trouvait  pas.  ||  2°  Ce  qui  est 
en  moins  dans  un  compte,  dans  une  recette,  etc. 
Il  y  a  un  déficit  dans  les  finanres.  Être  en  déficit. 
Combler  un  déficit.  Je  vis  ce])endant  au  premier 
coup  d'œil  qu'il  ne  serait  pas  difficile  de  balancer 
ce  déficit  entre  la  recette  et  la  dépense  ordinaire.... 
le  dernier  état....  annonçait  un  déficit  de  24  mil- 
lions de  la  recette  à  la  dépense  ordinaire,  necker. 
Compte  rendu  au  /ioi.  janvier,  1781, p.  6.  ||  Situation 
financière  dans  laquelle  les  dépenses  excèdent  les  re- 
cettes. Il  Par  extension. LesaversescompensentlaTge- 
ment  le  déficit  occasionné  par  les  gelées  [dans  ra- 
limentation  du  Rhône],  fournet.  Comptes  rendus, 
Acad.  des  se.  p.  6i ,  p.  959.  ||  Au  plur.  Des  déficit. 
Telle  est  l'orthographe  de  l'Académie;  mais  au  mot 
accessit,  elle  dit  :  «  Quelques-uns  écrivent  au  plu- 
riel des  accessits.  »  Il  n'y  a  aucune  raison  pour  ne 
pas  étendre  cette  remarque  à  déficit  et  pour  ne  pas 
écrire  des  déficits. 

—  ÊTYM.  Lat.  déficit,  il  manque,  de  deficere, 
manquer  (voy.  défectif). 

DÉFIÉ,   ÉE  (dé-fi-é,  ée),  part,  passé.  Défié  au 
combat.  Défié  de  sauter  un  aussi  large  fossé. 
DÉi'IER  (dé-fi-é),  je  défiais,  nous  défiions,  vous 


1014 


13ÉF 


déliiez;  que  je  défie,  que  nous  défiions,  que  vous 
déSicz,  t!.  o.  Il  1°  Provoquer  à  un  combat,  à  une 
lutte.  Défiant  leurs  noralireuses  cohortes,  bac.  Ili- 
thr.  V,  *.  Toi,  superbe  Orbassan,  c'est  toi  que  je 
défie,  VOLT.  Tancr.  m,  o.  ||  l'ar  extension.  Délier 
quelqu'un  à  la  course,  à  la  paume,  aux  échecs.  Dé- 
fier quelqu'un  à  boire.  Défier  aux  chansons  les  oi- 
seaux dans  les  bois,  boil.  Sat.  viii.  ||  Kig.  Son  teint 
peut  défier  la  rose.  Il  2°  Déclarer  à  quelqu'un  qu'on 
ne  le  croit  pas  en  état  de  faire  une  chose.  Vous  me 
menacez  de  me  battre,  je  vous  on  défie.  Je  vous  dé- 
fie de  deviner  celte  énigme.  J'ose  le  défier  de  me 
pouvoir  surprendre,  mol.  Éc.  des  maris,  ii,  2.  Je 
défie  la  calomnie,  et  je  la  mets  à  pis  faire,  d'a- 
i.EMB.  un.  à  VoUaire,  20  oct.  (702.  ||  Familière- 
ment. Je  le  défie  d'être  plus  votre  serviteur  que  moi. 
Je  n'aime  point,  ma  fille,  que  vous  disiez  que  vos 
lettres  .sont  insipides  et  sottes;  voilà  deux  mots  qui 
n'ont  jamais  été  faits  pour  vous;  vous  n'avez  qu'à 
penser  et  à  dire;  je  vous  défie  de  ne  pas  bien  faire, 
SÉV.  442.  Il  Poétiquement.  Je  défiais  ses  yeux  de 
me  troubler  jamais,  hac.  Androm.  i,  1. 1|  Proverbe. 
n  ne  faut  jamais  défier  un  fou,  se  dit  quand  un 
homme  se  propose  de  faire  quelque  folie  ou  quelque 
extravagance,  et  qu'il  demande  si  on  l'en  délie. 
Il  3°  AITronter,  braver.  Je  m'en  vais  défier  les  vents 
au  milieu  de  l'Océan,  voit.  Lett.  42.  Sa  bonne  con- 
duite défie  la  fortune,  sÈv.  299.  Ce  qui  devait  tenir 
contre  les  vents  et  défier  la  durée  môme  des  siècles, 
MASS.  Car.  Ijuonst.  Instruite  à  délier  le  péril  et  la 
mort,  VOLT.  Scythes,  i,  1.  Le  brave  la  défie  [la 
mort]  et  marche  au-devant  d'elle,  id.  Orphcl.  I,  6. 
Vous  croyez  à  l'abri  de  votre  caractère  Pouvoir  im- 
piméuientdéfiermacolère,in.  Catil.  ii,  t .  ||  4''Terme 
de  marine.  On  défie  une  emliarcation  d'un  choc,  en 
en  modérant  la  vitesse,  ou  en  l'éloignantau  moyen 
d'une  gaffe;  on  défie  le  navire  de  la  lame,  en  ma- 
nœuvrant de  façon  à  empêcher  le  choc  violent  que 
la  lame  peut  lui  donner;  on  le  défie  du  vent  en 
gouvernant  de  manière  à  empêcher  qu'il  ne  vienne 
trop  au  vent,  jal.  ||  Défie  de  l'arrière!  commande- 
ment adressé  au  timonier,  lorsqu'un  bâtiment  na- 
vigue au  plus  près.  |i  Défie  du  vent!  commandement 
de  mettre  la  barre  au  vent.  ||  Défie  tout!  ordre  de 
faire  agir  vivement  le  gouvernail  sous  le  plus  grand 
Oiigle  possible,  pour  éviter  que  le  vent  ne  masque 
les  voiles.  ||  Dans  ces  termes  de  marine,  défier  a  le 
sens  de  se  défier  (ne  pas  se  fier),  en  changeant  le 
pronom  réfléchi  en  un  nom  ou  pronom  direct.  Dé- 
fier un  navire  de  la  lame,  c'est  se  défier  de  la  lame 
(le  navire  au  lien  de  se),  ne  pas  le  fier  à  la  lame. 
Il  6°  Se  défier,  v.  réfl.  Se  provoquer.  Ces  deux  en- 
nemis se  défiaient  l'un  l'autre.  ||  6°  Avoir  de  la 
défiance,  être  en  garde  contre.  11  est  plus  honteux 
de  se  défier  de  ses  amis  que  d'en  être  trompé.  Si 
c'est  te  faire  tort  que  de  m'en  défier....  corn. 
Ciniin,  IV,  6.  De  tous  ses  mouvements  mon  esprit 
se  défie,  id.  Héracl.  v,  2.  Et  je  me  défierais  d'un 
trop  prompt  changement,  m.  Théod.  m,  5.  Quand 
on  tue  celui  qui  ne  s'en  défie  en  aucune  manière, 
PASc.  Prov.  7.  Je  me  défie  des  allures  des  gens, 
SÉV.  302.  Roxane,  qui  depuis,  loin  de  s'en  défier, 
X  ses  desseins  secrets  voulut  m'associer,  rac.  Baj. 
1,  4.  Et  quand  de  toi  peut-être  un  père  se  défie.... 
ID.  Uilhr.  IV,  I.  Us  commençaient  à  se  défier  de 
tous  les  Grecs,  fén.  Tél.  xi.  Tous  les  animaux  se 
défient  de  l'homme  et  n'ont  pas  tort;  mais  sont-ils 
sûrs  une  fois  qu'il  ne  leur  veut  pas  nuire,  leur  con- 
fiance devient  si  grande  qu'il  faudrait  être  plus  que 
barbare  pour  en  abuser,  j.  j.  rouss.  Conf.  vi.  1|  Ab- 
solument. Non,  mais  il  fut  surpris  et  Créon  se  dé- 
fie, CORM.  Medée,  i,  5.  ||  Défiez-vous,  soyez  sur  vos 
gardes,  se  dit  souvent  entre  ouvriers  qui  soulèvent 
un  lourd  fardeau  ou  font  toute  autre  manœuvre  qui 
peut  avoir  du  dangers!  on  se  néglige.  ||  7°  Avoir 
peu  de  confiance  dans.  De  mes  faibles  efforts  ma 
rertuse  défie,  bac.  ilithr.  ii,  6.  Vous,  favori I  vous, 
grand!  dèfiez-vous  des  rois;  Leur  faveur  est  glis- 
sante, on  s'y  trompe,  et  le  pire  C'est  qu'il  en  coate 
cher....  LA  FONT.  Fabi.  x,  to.  Celui  qui  sollicite  son 
juge  ne  lui  fait  pas  honneur;  car  il  se  défie  de  ses 
lumii'res  et  même  de  sa  probité,  la  bruy.  xiv.  ||  Se 
défier  de  soi-même,  de  ses  forces,  etc.  avoir  peu 
de  confiance  en  soi,  en  ses  forces.  Le  silence  est  le 
parti  le  plus  sûr  pour  celui  qui  se  défie  de  soi-même. 
Si.  avant  que  d'agir  et  de  décider  sur  des  choses  es- 
sentielles, vous  vous  étiez  défié  do  vous-mêmes, 
BOUBDAL.  Sur  (o  fausse  consc.  i"  Avent.  ||  En  ce  sens 
)lse  construit  aussi  avec  que.  Ouebiue  ardeur  qu'un 
chrétien  fa,sse  paraître  pour  la  cause  de  son  Dieu, 
je  me  défierai  toujours,  ou  plutôt  je  désespérerai 
toujours,  que  de  la  délicatesse  des  repas,  deshabiU, 
de  1  équipage  et  du  train,  il  accepte  de  passer  à  la 


DEF 

rigueur  des  prisons,  das  roues  et  des  chevalets, 
BOURD.  Car.  t.  i,  p.  232.  Il  Se  douter,  soupçonner, 
prévoir.  Une  chose  vous  manque,  à  vous  et  à  vos 
semblables,  vous  ne  vous  en  défiez  pas  :  et  je  vais 
vous  jeter  dans  l'élonnement;  une  chose  vous  man- 
que, c'est  l'esprit,  la  bruy.  v.  Ils  commencent  à  se 
défier  du  contraire,  pasc.  Prov.  t.  ||  Kn  ce  sens  il 
se  construit  aussi  avec  que.  Et,  ma  foi,  je  m'étais 
toujours  bien  défié  Que  ce  jeunegala.it  cajolait  Isa- 
belle, SCARRON,  Jod.  ou  le  Maître  valet,  iv,  7.  Qu'il 
est  difficile,  quand  on  peut  tout,  de  se  défier  qu'on 
peut  aussi  trop  entreprendre  !  mass.  Louis  le  Grand.  Il 
ne  s'était  même  jamais  avisé  de  se  défier  que  la  voie 
où  il  marchait....  pût  le  conduire  à  la  perdition, 
ID.  Car.  Mauv.  riche.  Qui  se  serait  jamais  défié 
que  Maiiassès,  qdi  avait  introduit  l'abomination  dans 
le  lieu  saint....  dût  devenir  un  jour  le  restaurateur 
du  temple  et  des  sacrifices?  id.  Carême,  Mélange. 
11  [l'impie]  se  défie  seulement  qu'il  n'y  a  rien  après 
cette  vie,  et  là-dessus  il  le  croit,. id.  Carême,  Vér. 
d'un  avenir.  Vous  n'en  avez  pas  usé  de  même,  et 
c'est  sur  quoi  je  commençai  à  me  défier  que  vous 
agissiez  avec  passion,  pasc.  Prov.  t7. 

—  REM.  Défier,  dans  le  sens  de  provoquer,  faire  un 
un  défi,  veut  à:  défier  quelqu'un  à  boire.  Dans  le 
sens  de  mettre  à  pis  faire,  de  déclarer  impossible,  il 
veut  de  :  je  le  défie  d'y  aller. 

—  HIST.  XI"  s.  [Je]  Desfi  les  en,  sire,  vostre 
veiant,  Ch.  deRol.xxiv.  Par  mile  guise  ne  m'aviez 
desfiet,  ib.  cxlvii.  Je  desfiai  Rolantle  poigneor,  ib. 
cclxxiv.  Il  XII'  s.  Et  di.st  à  Pinabel  :  Je  vous  desû, 
vassal,  Ronc.  p.  1 93.  Et  Gilemers  l'Escot  dit  outrage 
et  folie,  Quant  de  ceste  besogne  devant  tous  vous 
desfie,  Sax.  xx.  Ils  vous  ont  desfié  de  [à]  guerre 
moult  prochaine,  ib.  xxx.  Richarz  li  respundi  par 
ire  e  par  buffei  :  m  Quant  ne  volez  venir  ensemble 
od  mei  al  rei,  Or  vus  desfi-ge  dune  e  des  miens  et 
de  mei  j>.  Th.  le  mart.  51.  Coment,  fait  saint  Tho- 
mas, avez  me  desfié?  Nenal,  fait  Jocelins,  mais  ço 
vus  ad  mandé  Li  reis  ....  ib.  tso.  ||  xiii"  s.  Et  dis- 
trent  que  bon  seroit  que  il  envolassent  à  lui  bons 
messages  pour  demander  leur  covenances,  et  si  il  le 
vouloit  l'aire,  il  le  preissent,  et  se  ce  non,  si  le  dé- 
fiassent de  par  els,  villeh.  xciii.  Et  manda  li  queus 
Ferrans  au  roi  Phelippe  qu'il  li  rendist  les  chastiaus 
et  les  cités  que  vous  avez  oï,  ou  se  çou  non,  il  le 
deffioit  et  bien  seUst  qu'il  enterroit  en  sa  terre  en 
brief  tans,  Chron.  de  Bains,  t44.  L'en  demain  par 
matin  quant  l'aube  fu  crevée,  Bauduin  de  Reliais 
[les  Turcs]  ont  parole  mandée,  Par  un  lor  latinier 
qui  lui  a  bien  contée.  Que  il  deviegne  turc,  s'ait  sa 
loi  défiée,  Trois  cos  [queue.s]  se  face  faire  à  l'us  de 
lor  contrée,  Ch.  d'Ant.  vi,  o.  Se  l'amiral  eust  esté 
refusé,  il  eust  présenté  au  roy  ces  trois  coutiaus 
pour  le  deffier,  joinv.  269.  ||  xvi"  s.  Tu  me  semblés 
aulcunement  doubler,  voyre  deffier  de  ma  pater- 
nité, RAB.  Pant.  m,  27.  César  se  print  à  desfier  le 
Dieu  Neptunus,  mont,  i,  22.  Il  de.sfia  le  roy  de  le 
combaltre  en  chemise  avec  l'espée,  lo.  i,  69.  Il  es- 
toit  garni  des  biens  et  des  thresors  qui  desfient  la 
fortune,  lu.  iv,  3(6.  Il  cassa  la  compagnie  de  trois 
cents  satellites  de  Romulus,  disant  qu'il  ne  se  vou- 
loit point  desfier  de  ceulx  qui  se  fioient  en  luy, 
AMYOT,  Numa,  12.  Il  deflia  au  combat  d'homme  à 
homme  le  plus  vaillant  des  Gaulois,  id.  ib.  22.  Il  se 
partit  pour  aller  au  devant  de  luy,  ne  se  deffiant 
pas  que  Caesar  ne  fust  pour  luy  pardonner ,  ains.... 
ID.  Cicéron,  49. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ^er,  v.  o.;  provenç. 
desfiar,  desfizar;  ital.  disfidare,  diffidare.  La  série 
des  sens  est  :  démentir  la  foi  de  queliju'un  {de'-fier, 
dé  fiance) ,  puis,  de  là,  provoquer,  et,  avec  le  pro- 
nom réfiéchi,  n'avoir  pas  foi,  confiance. 

f  DÉFIGER  (dé-fi-jé.  Le  y  prend  un  e  devant  un  a 
ou  un  o;  je  dèfigeais,  nous  déflgeons,  défigeant), 
V.  a.  Rendre  li(|iiide  ce  qui  était  figé.  ||  Se  défiger, 
V.  réfl.  Ces.ser  d'être  figé. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  figer. 
DÉFIGUKÉ,  ÉE   (dé-fi-gu-ré,   rée) ,   part,  passé. 

Dont  la  forme  est  altérée.  Visage  défiguré.  Alors 
qu'une  autre  vieille  a.ssez  défigurée.  L'ayant  de  près 
au  nez  longtemps  considérée,  mol.  l'Élour.  v,  14. 
Ce  héros  expiré  N'a  laissé  dans  mes  bras  qu'un  corps 
défiguré,  BAC.  Phéd.  v,  6.  La  mort  dans  les  regards, 
pâle,  défigurée,  volt.  Tancr.  v,  (.  Eh  bien,  mon 
frère  ;  eh  bien  I  m'en  a-ton  fait  le  guide?  Et  frappé 
de  terreur,  confus,  défiguré....  gilb.  Mort  d'Abel, 
ch.  viu.  Il  avait  un  très-beau  front,  de  grands  yeux 
bleus  remplis  de  douceur,  un  nez  bien  formé,  mais 
le  bas  du  visage  désagréable,  trop  souvent  défiguré 
par  un  rire  fréquent  qui  ne  partait  que  des  lèvres, 
VOLT.  Charles  XII,  viu.  ||  Fig.  La  vérité  est  souvent 
défigurée. 


DEF 

t  UËFIGDREMENT  (dé-fi-gu-re-man),  j.  m.  Ac- 
tion de  défigurer;  état  de  ce  qui  est  défiguré.  Je 
voudrais  bien  ménager  de  ne  pas  aller  plus  loin,  de 
ne  point  avancer  dans  ce  chemin  des  infirmilés,  des 
douleurs,  des  pertes  de  mémoire,  des  défigurements 
qui  sont  près  de  m'nutrager,  sÉv.  602. 

—  HtST.  xv*  S.  Fust  homme  bossu  ou  vieux,  con- 
trefait,  ou  autre  quelque  deffigurance,  louis  xi, 
Nouv.  xci. 

—  f.TYM.  Défigurer. 

DÉFIGURER  (dé-fi-gu-ré),  v.  a.  \\i'  Gâter  la  fi- 
gure. L'amour  que  la  seule  beauté  d'une  femme  aura 
excité  sera  éteint  par  une  maladie  qui  la  défigure 
tout  à  coup,  Boss.  Libre  arb.  7.  La  m^me  parure 
qui  a  autrefois  embelli  sa  jeunesse  défigure  enfin 
sa  personne,  éclaire  le»  défauts  de  sa  vieillesse,  la 
BRUY.  m.  Us  défiguraient  leur  visage  pour  faire 
connaître  qu'ils  jeûnaient,  mass.  Carême,  Jeûne. 
Il  Fig.  [U  voulut]  faire  voyager  dan.3  quelques  villes 
principales  d'Allemagne  lesjeunes  demoiselles  mos- 
covites, afin  qu'ellesprissentune  politesse  et  des  ma- 
nières dont  la  privation  les  défigurait  entièrement, 
FONTEN.  Cîor  Pierre.  ||  Défigurer  quelqu'un, lui  attri- 
buer en  mal  un  caractère  qu'il  n'a  pas.  Si  les  traîtres 
qui  m'ont  ôté  toutes  les  consolations  de  la  vie,  n'eus- 
sent profité  de  mon  éloignement  pour  abuser  sa  vieil- 
lesse et  me  défi^'urerà  sesyeux,  J.  J.  rouss.  Confess. 
XII.  Je  leur  demande  si  Despréaux  et  Lamotte  n'ont 
pas  défiguré  l'Ajax  d'Homère,  Diderot,  Lett.  sur 
les  sourds  elmuels.  \\  2°  Gâter  la  forme  d'une  chose. 
Défigurer  un  tableau  en  le  retouchant.  On  n'a  rien 
défiguré  dans  le  parc,  il  est  le  plus  beau  du  monde; 
une  rivière  qui  passe  au  milieu  fait  des  étangs  et  des 
beautés  admirables,  sÉv.  41  o.  ||  Altérer,  dénaturer. 
On  tient  qu'il  va,  ce  scrupule,  jusques  à  défigurer 
notre  langue, et  qu'il  n'y  a  point  presque  de  mots 
dont  la  sévérité  de  cette  dame  ne  veuille  retrancher 
la  tête  ou  la  queue  pour  les  syllabes  déshonnêtes 
qu'elle  y  trouve,  mol.  Critique,  se.  6.  Ils  ont  défi- 
guré l'histoire  du  monde  par  un  chaos  de  siècles 
innombrables  et  imaginaires,  dont  il  n'est  resté 
aucun  événement  à  la  postérité  et  que  l'hisioire 
du  monde  n'a  jamais  connus,  mass.  Car.  Vérité  de 
la  relig.  Les  vices  qui  défigurent  en  elles  son  image, 
ID.  Carême,  Avenir.  De  nos  propres  couleurs  nous 
chargeons  leurs  portraits  Et  les  défigurons  en  leur 
prêtant  nos  traits,  saurin,  Spartacus,  ii,  t.  Apr^s 
cinq  jours  de  marche,  il  se  trouve  sur  le  rivage 
du  fleuve  Hypanis,  aujourd'hui  nommé  le  Bogh  par 
les  barbares,  qui  ont  défiguré  jusqu'au  nom  de  ces 
pays  que  des  colonies  grecques  firent  lleurir  au- 
trefois, VOLT.  Charles  XII,  *.\\3°  Se  défigurer,  v. 
réfl.  Se  gâter  la  figure.  Cette  femme  s'est  défigurée. 
Il  Perdre  sa  première  forme.  Ce  visage  si  tendre  se 
défigura,  fén.  Tél.  xx.  • 

—  IIIST.  XII'  s.  U  défigurent,  dist-il,  lor  fazons 
[faces],  st  bern.  664.  ||  xiii'  s.  Mais  or  voil  [je  veux] 
que  tu  le  congnoisses.  Qui  tant  en  as  eu  d'angois- 
ses. Que  tout  en  es  deffigurés,  la  Rose,  427».  La 
beste  desfigurée  [le  démon]   Par  cui  li  monde  des- 

chay,  RUTEB.  ii,  lo Jliex  ameroit  Estre  enmu- 

rez.  Ou  desfez  ou  desfigurez,  in.  84.  Porroit  ce  donc 
estre  voirs  que  nus  hom  mortex  se  poïst  si  deffigu- 
rer  [changer  de  figure]?  Merlin,  fsi,  verso.  Cis 
maus  [ce  mal]  qui  si  me  deffigure.  Qui  si  me  vait 
anieniant,  Guillaume  de  Pa/erme.  ||  xvi' s.  Elle  se 
alla  getler  toute  nue  en  chemise  à  ses  pieds,  estant 
merveilleusement  desfigurée,  tant  pour  ses  cheveux 
qu'elle  avoit  arrachez....  amyot,  Anton,  toe.  Celle 
maladie  est  la  plus  mauvaise  et  la  plus  dangereusa 
qui  défigure  le  vis.ige  de  l'homme  et  le  rend  dissem 
blable  à  soy  mesrae,  ID.  Comment  refréner  la  colère, 
10.  Elle  desfiguroit  sa  face  [Marthe  la  démoniaque], 
Fai soit  grimace  sur  grimace,  d'à  ub.  Fœn.  u,  6. 11  en  dé- 
terra quinze  ou  seize,  si  deffigurez  de  fange  etde  sang, 
qu'il  ne  put  connoistre  son  maistre,  ID  Hist.  i,  (69. 
Sun  pais  estant  desfiguré  de  troubles,  id.  ib.  u,  133. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  figure;  provenç.  et 
espagn.  desfigurar ;  ilal.  disfigurare. 

t  DÉFILADE  (dé-fi-la-d') ,  s.  f.  \\  1°  Terme  de  ma- 
rine. Aciion  de  défiler.  Feu  de  défilade,  feu  de  vais- 
seaux qui  tirent  à  mesure  qu'ils  dénient.  ||  2°  Fig.  et 
familièrement,  il  se  dit  de  morts  arrivant  coup  sur  coup 
dans  une  compagnie.  La  défilade  commence. 

—  KTYM.  Défiler. 

\  DÉFILAGE  (dé-fi-la-j'),  s.  m.  Action  d'éter  le 
fil,  les  fils.  Il  Terme  de  papeterie.  Défilage  des  chif- 
fons, trituration  par  laquelle  les  chiffons  sont  réduits 
en  une  sorte  de  pâle.  ||  Masse  de  chiffons  défilés. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  fil. 

f  1.  DÊFlL£(dé-fi-lé),  s.  m.  Masse  de  chiffons  qui 
ont  subi  l'opération  du  défihage 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fil. 


DÉF 

2.  DÉFILÉ  (dé-fi-lé),  t.  m.  Terme  militaire.  Mar- 
che en  colonne  d'une  troupe  qui  défile  devant  un  chef. 
Mouvement  qui  consisie  en  ce  que,  à  la  fin  d'une 
revue,  toutes  les  troupes  s'en  allant  défilent  devant 
le  chef  qui  passe  la  revue.  Il  y  eut  un  beau  défilé. 

3.  DÉFILÉ  (dé-fi-lé),  s.  m.  1|  1°  Passage  étroit  par 
où  il  faut  aller  à  la  file.  Et  lorsque  l'ennemi,  s'avan- 
çant  au  trépas,  Dans  ses  longs  défilés  aura  porté  ses 
pas....  BOTROU,  Bélis.  m,  l.  All)ert  ne  peut  percer 
jusque  dans  nos  montagnes  Que  par  les  défilés  qui 
serrent  nos  vallons,  lemierre,  G.  Tell,  v,  B.  Qu'ils 
missent  des  corps  de  garde  dans  les  défi  lés  par  où  on 
pourrait  passer  entre  les  montagnes,  sacy.  Bible, 
Judith,  IV,  ».  Les  Thermopyles  sont  un  défilé  ou 
passage  du  mont  Œta  entre  la  Thessalie  et  la  Pho- 
cide,  qui  n'avait  que  vingt-cinq  pieds  de  largeur,  BOL- 
LIN.  llUt.anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  212,  dans  pouûens. 
La  position  qu'il  occupe  en  avant  d'un  défilé  est 
dangereuse  et  nécessite  un  mouvement  rétrograde, 
SÉGUR,  Hist.  de  Xapnl.  vin,  1 1.  Sur  cette  chaussée, 
tantôt  étroite,  timtôt  montueuse,  on  s'écrasait  à  tous 
les  défilés  pour  se  disperser  ensuite  partout  où  l'on 
espérait  trouver  un  asile  ou  quelques  aliments,  m. 
ib.  XI,  H.||2''Fig.  Situation  embarrassante.  On  les 
fait  passer  par  un  défilé  liien  étroit,  je  veux  dire 
entre  la  vie  et  leur  argent,  montesq.  Lett.  pers.  98. 

—  ÉTYM.  Défiler  3. 

4.  DÉFILÉ,  ÉE  (dé-fi-lé,  lée),  part,  passé  de  dé- 
filer 1.  Oui  n'est  plus  enfilé.  Les  gouttes  des  fleurs, 
sur  leurs  seins  [des  jeunes  filles]  découlées,  Y  rou- 
laient comme  autant  de  perles  défilées,  lamart.  Joc. 

1,34. 

B.  DÉFILÉ,  ÉE  (dé-fi-lé,  lée),  part,  passé  de  dé- 
filer 2.  Terme  de  fortification.  Un  ouvrage  bien 
défilé. 

t.  DÉFILEMENT  (dé-fi-le-man),  s.  m.  Terme  de 
fortification.  Opération  ,  tracé  ou  construction  pour 
parvenir  à  ce  que  dans  tous  les  points  essentiels  de 
l'intérieur  d'un  ouvrage  de  fortification  le  défenseur 
se  trouve  à  l'abri  des  projectiles  de  l'assaillant;  ré- 
sultat de  cette  opération.  Avec  de  grandes  demi- 
lunes,  des  fronts  en  ligne  droite  et  un  hou  défile- 
ment, on  doit  tenir  un  certain  temps,  p.  L.  cour. 

1,    278. 

—  ÉTYM.  Défiler  2. 

t  2.  DÉFILEMENT  (dé-fl-le-man),  s.  m.  Terme 
militaire.  Voy.  défilé  2,  qui  est  plus  usité. 

—  KTYM.  Défiler  3. 

t.  DÉFILER  (dé-fi-lé),  V.  a.  ||  1°  ôter  le  fil  passé 
dans  quelque  chose.  Défiler  des  perles.  ||  Lever  les 
chandelles  de  dessus  les  broches  quand  elles  sont 
finies.  Il  Défiler  son  chapelet,  dire  ses  prières  sur  les 
grains  du  chapelet.  ||  Fig.  Défiler  son  chapelet,  dire 
tout  ce  qu'on  sait  d'injures  en  se  fâchant  contre  quel- 
qu'un, et  aussi  dire  tout  ce  qu'on  a  appris.  ||  2°  Se 
défiler,  v.  réfl.  Les  perles  de  son  collier  se  sont  dé- 
filées. Il  Fig.  Le  chapelet  se  défile,  commence  à  se 
défiler,  c'est-à-dire  les  personnes  de  cette  famille, 
les  membres  de  cette  corporation  commencent  à 
mourir  les  uns  après  les  autres. 

—  REM.  Défiler,  effiler  ne  sont  pas  synonymes  : 
on  défile  ce  qui  est  enfilé;  on  effile  ce  qui  est  tissu 
avec  du  fil  :  défiler  des  perles;  effiler  du  linge. 

—  HIST.  xiii'  s.  Nulles  mestresses  ne  ouvrières  ne 
pueent  [peuvent]  ne  ne  doivent  faire  euvre  de 
Boye  deffilée,  dites  ausmonieres  sarrazi noises,  pour 
te  que  la  soye  n'est  pas  filée  ne  relor.se,  Liv.  des 
mél,  385.  Il  XVI" s.  Pour  bien  faire  l'oiseau  au  leurre, 
il  ne  le  faut  point  deffiler,  jusqu'à  ce  qu'il  reviendra 
l)ien  sur  le  poing....  lors  deslie  le  sur  le  soir,  afin 
qu'il  ne  s'enfuye,  fouilloux,  Fauconner.  f°  70, 
dans  lacubne.  Comme  l'oiseau  enretté,  plus  il  tas- 
che  en  frétillant  se  défiler,  et  plus  il  s'empietre, 

ÏVER,    p.    581. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fil;  provenç.  et  anc. 
espagn.  desfilar  ;  espagn.  mod.  deshilar;  portug. 
desfiar. 

2.  DÉFILER  (dé-fi-lé) ,  1).  a.  Terme  de  fortifica- 
tion. Défiler  un  ouvrage,  le  giirantir  d'enfilade,  em- 
pêcher que  les  feux  de  l'ennemi  ne  l'enfilent. 

—  ÉTYM.  Défiler,  ôter  du  fil,  de  la  direction  du 
feu  de  l'ennemi. 

3.  DÉFILER  (dé-fi-lé),  V.  n.  P"  Aller  l'un  après 
l'autre  à  la  file.  Défiler  un  à  un,  deux  à  deux.  [À  la 
fète-Dieu]  Le  signal  est  donné,  tout  s'ébranle,  et  la 
pompe  commence  à  défiler,  chateaub.  Génie,  iv, 
< ,  7.  Il  Terme  de  marine.  Des  vaisseaux  défilent, 
quand,  se  suivant  à  la  file,  ils  laissent  porter  sur 
une  ligne  de  vaisseaux  ennemis  dont  ils  doublent 
une  partie  en  les  canonnant.  ||  2"  Marcher  par  pelo- 
tons dans  une  revue.  Les  troupes  ont  défilé  devant 
le  général.  Après  que  les  troupes  eurent  défilé,  on 
vit  sur  un  char  fait  exprès  paraître  le  brancard  de 


DEF 

Charles  XII,  trouvé  sur  le  champ  de  bataille  de  Pul- 
tava  tout  brisé  de  deux  coups  de  canon,  volt.  Char- 
les XU,  B.  Il  Défiler  la  parade,  défiler  après  la  pa- 
rade. Il  Fig.  Dans  le  langage  tout  à  fait  vulgaire, 
défiler  la  parade,  mourir.  ||  Substantivement.  L'ac- 
tion des  troupes  qui  défilent.  Un  beau  défiler.  Le 
défiler  a  duré  deux  heures.  On  écrit  aussi  défilé. 
Il  3°  Familièrement.  Mourir  à  peu  d'intervalle  les 
uns  des  autres.  Notre  académie  défile,  volt,  dans 
le  Dicl.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  file. 

t  DÉFILEUSE  (dé-fi-leû-z'),  s.  {.  La  première  pile 
de  moulins  dans  laquelle  on  jette  les  chiffons  desti- 
nés à  faire  du  papier. 

DÉFINI,  lE  (dé-fi-ni,  nie),  part,  passé  ie  définir. 
Il  1°  Déterminé  par  une  définition.  Ce  qu'a  dit  saint 
Augustin  est  défini  dans  le  second  concile, boss.  Or.  6. 
Il  S. m.  La  chose  définie.  Vous  voulez  que  je  substitue 
la  définition  à  la  place  du  défini  ;  cela  ne  change  ja- 
mais le  sens  du  discours,  PASC.Prov.4.  ||  2° Terme  de 
grammaire.  Déterminé.  Sens  défini.  ||  Article  défini, 
celui  qui  donne  aux  noms  un  sens  précis;  le,  la,  les 
est  un  article  défini,  par  opposition  à  un,  une,  qu'on 
nomme  article  indéfini.  ||  Modes  définis,  les  modes 
personnels,  c'est-à-dire  où  il  y  a  des  personnes, 
l'indicatif,  le  subjonctif,  l'impératif,  le  condition- 
nel, paropposition  à  l'infinitif  et  au  participe,  qu'on 
nomme  modes  impersonnels  ou  indéfinis.  ||  Passé 
ou  prétérit  défini,  temps  qui  exprime  un  passé  déter- 
miné :  j'allai  hier  à  Paris.  ||  3"  Terme  de  chimie. 
Composés  définis,  ceux  qui  sont  formés  d'éléments 
unis  en  proportions  fixes  et  invariables.  ||  Propor- 
tions définies,  celles  qui  offrent  des  rapports  simples 
d'un  atome  à  un,  deux,  trois, quaire,  etc.  ||  4°  Terme 
de  botanique.  Déterminé,  en  parlant  du  nombre  de 
certains  organes.  Le  nombre  des  étamines  n'est 
rigoureusement  défini  que  jusqu'à  dix;  au  delà  il 
est  indéterminé.  Lorsque,  dans  un  verticille  fioral, 
le  nombre  des  folioles  dépasse  dix,  il  n'est  plus 
défini.  Il  Inflorescence  définie,  celle  où  l'axe  floral 
terminé  par  une  fleur  ne  peut  prendre  aucun  allon- 
gement. 

DÉFINIR  (dé-fi-nir),  t>.  o.  ||  1°  Déterminer,  fixer. 
On  ne  peut  définir  le  temps  et  le  lieu  auquel  cela 
arriva.  ||  2°  Expliquer  une  chose  par  des  attributs 
qui  la  distinguent.  Ils  définissaient  la  vertu  par  le 
plaisir,  boss.  llist.  i,  8.  Il  [Sénèque]  commence  par 
définir  la  chose,  peine  que  les  anciens  se  donnent 
rarement,  mDEB.  Claude  et  Sc'ron,  ii,  10.  ||  Absolu- 
ment. Pour  raisonner  juste,  il  faut  bien  définir. 
Il  3°  Définir  un  mot,  une  expression,  en  expliquer 
le  véritable  sens.  ||  Définir  une  personne,  la  faire 
connaître  par  les  qualités  qui  la  distinguent.  On  ne 
sait  comment  définir  le  comte;  il  est  jaloux  et  liber- 
tin, BEAUM.  mar.  de  Fig.  I,  4.  ||  4°  En  style  dogma- 
tique, décider.  Les  conciles  ont  défini  que....  Il  est 
vrai  qu'on  ne  définit  expressément  à  Nicée  que  ce 
qui  était  expressément  révoqué' en  doute,  qui  était 
la  divinité  de  Fils  de  Dieu,  Eoss.  Var.  t"  avert.  §  30. 
Il  5°  Se  définir,  v.  réfi.  Être  défini.  Cela  se  définit 
de  soi-même.  ||  Se  rendre  compte  de  soi-même.  Tel 
homme  au  fond  et  en  lui-môme  ne  se  peut  définir; 
trup  de  choses  qui  sont  hors  de  lui  l'altèrent,  le 
changent,  la  bbuy.  xi.  Laissez-les  un  peu  se  défi- 
nir eux-mêmes,  ID.  XII. 

—  IiEM.  Au  xvii"  siècle,  dire  difinir  et  difinition 
était  encore  assez  accrédité  pour  (lue  Marguer.  Buflet 
prémunisse  là-contre  [Observ.  p.  14t,  IC08). 

—  HIST.  XI"  s.  Pour  grant  bataille  juster  et  defe- 
nir,  Ch.  de  Itol.  cciii.  ||  xir  s.  Ceste  bataille  fust 
pieça  définie,  llonc.  p.  82.  ||  xiii*  s.  Quant  li  chape- 
lains ot  la  parole  definée,  chascun  endroit  soi,  lance 
baissie,  hurte  cheval,  h.  de  valenc.  ix.  Mes  puis- 
qu'Amors  m'avés  descrite.  Et  tant  blasmée  et  tant 
despite.  Prier  vous  voil  dou  defenir.  Si  iiu'il  m'en 
puist  miex  sovenir;  Car  ne  l'oï  defenir  onques,  la 
Itose,  4387.  Et  dist  li  livres  anciens.  Que  en  Néron 
fu  définie  Des  Cesariens  la  lignie,  ib.  6487.  Pense- 
il,  espoir,  et  s'i  soliice.  Que,  quant  plus  tost  defi- 
nera  [mourra],  Plus  tost  en  paradis  ira,  ib.  BU37. 
Ici  define  Philippe  de  Biaumaiioir  son  livre,  lequel 
il  fist  des  costumes  de  liiauvaisins  en  l'an  de  l'Incar- 
nation mil  deus  cens  quatre  vins  et  trois,  beaum. 
Ciincl.  Il  XV'  s.  De  le  gloser  et  commenter.  De  le  dif- 
finir  ou  jirescripre.  Diminuer  ou  augmenter,  Vil- 
lon, Test.  Il  XVI»  s.  11  faut  donc  qu'ils  diffinissent 
autrement  la  forme  de  l'Eglise;  ou,  tant  qu'ils  sont, 
selon  leur  doctrine  mesme,  -seront  reputez  de  nous 
schismatiques,  calv.  Instit.  Dédie.  D'où  viendra 
donc  ceste  autlionlé  aux  hommes  mortels,  de  dé- 
finir selon  leur  advis  d'une  chose  qui  surmonte  tout 
le  monde?  m.  ib.  26.  II  y  en  a  qui  définissent  en 
un  mot,  que  manger  la  chair  du  Christ  et  boire 


DEF 


1015 


son  sang   n'est  autre  chose  que  croire  en  lui,  m. 

ib.  1097. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  finir;  provenç.  défi- 
nir, defenir,  diffinir,  definar ;  espagn.  définir;  ital. 
definire.  Dans  l'ancien  français  définir  signifiait 
finir,  terminer,  et  il  se  conjuguait  d'ordinaire  sur 
la  t"  conjugaison:  definer. 

+  DÉFINISSABLE  (dé-fi-ni-sa-W),  adj.  Que  l'on 
peut  définir. 

—  ÉTYM.  Définir. 

t  DÉFINISSE0R  (dé-fi-ni-seur),  t.  m.  Celui  qui 
définit.  I.ocke  le  définisseur,  volt,  dans  la  veaux. 

—  ÉTYM.  Définir. 

DÉFINITEUR  (ilé-fi-ni-teur),  S.  m.  Titre  d'officier 
dans  les  couvents.  Le  définiteur  est  un  conseiller  du 
général  ou  d'un  provincial. 

—  ÉTYM.  Définir. 

DÉFINITIF,  IVE  (dé-fi-ni-tif,  ti-v"),  adj.  ||  l"  Qui 
termine  une  chose,  une  afi'aire.  Règlement,  résultat 
définitif.  ||  2°  Terme  de  palais.  Jugement  définitif, 
jugement  qui  statue  sur  le  fond,  soit  par  défaut  soit 
contradictoirement,  par  opposition  à  la  qualification 
de  jugement  préparatoire  ou  Inlerlocutoire.  ||  En  dé- 
finitive, loc.  adv.  Terme  de  palais  Par  jugement  dé- 
finitif. Il  a  gagné  son  procès  en  définitive  (sous-en- 
tendu sentence).  ||  Par  extension,  finalement, 
décidément.  En  définitive,  que  ferez-vous? 

—  KEM.  Girault-Duvivier,  qui  demande  si  l'on 
peut  dire  en  définitif  et  qui  noie  que  plusieurs  gram- 
mairiens le  préfèrent  à  en  définitive,  elle  ces  phra- 
ses-ci où  en  définitif  est  employé  :  En  définitif, 
après  des  années  entières  d'amertume,  de  douleurs, 
de  tourments  de  toute  espèce,  vous  vous  trouvez 
avec  votre  innocence  qui  ne  sert  à  rien,  et  la  répu- 
tation d'un  tracassier,  qui  éloigne  de  tout,  linguet; 
Souvent  on  se  donne  bien  de  la  peine  pour  n'être, 
en  définitif,  que  ridicule,  malhesherbes.  Mais  le 
fait  est  que  en  définitive,  qui  est  ancien  et  s'expli- 
que sans  [leine  (en  sentence  définitive),doit  être  em- 
ployé de  préférence  :en  définitif,  bien  que  correct 
grammaticalement  (témoin  les  adjectifs  construits 
avec  en  :  en  beau,  en  laid,  etc.),  n'ayant  pas  pour 
soi  l'usage. 

—  HIST.  xiii"  s.  Il  estoit  condempnés  de  tiere  par 
sentence  définitive,  Cliron.  de  Rains,  p.  (27.  Et  par 
tex  paroles  commence  La  deffinitive  sentence,  la 
Rose,  19705.  Et  santance  donnée  de  barre  mise 
avant,  et  passée  par  l'espace  de  huit  jorz  en  auto- 
rité de  chose  jugée,  ert  [sera]  ausint  comme  sen- 
tance  difinitive  ,  Liv.  de  just.  4).  Et  le  jugement 
qui  est  du  principal,  il  l'apelent  sentence  diffini- 
tive,  beaum.  lxvii,  26.  ||  xv"  s.  Et  y  séjournèrent 
tout  l'yver,  et  ne  povoient  avoir  nulle  response  dif- 
finitive,  FHoiss.  i,  i,  B3.  ||  xvi*  s.  Si  y  eut  en  ce 
procès  plusieurs  plaidoyers  avant  la  sentence  dif- 
fiiiitive,  AMYOT,  Pomp.  7.  Par  sentence  diffinitive 
du  concile  de  Basie,  Eugenius  Pape  de  Rome  fut 
déposé,  CALV.  Instit.  Dédie. 

—  ÉTYM.  Provenç.  diffinitiu;  catal.  definitiu; 
ilal.  definilivo;  du  latin  definitivus,  de  definire, 
définir. 

DÉFINITION  (dé-fî-ni-sion;  en  poésie,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Énonciation  des  attributs  qui  dis- 
tinguent une  chose,  qui  lui  appartiennent  à  l'exclu- 
sion de  toute  autre.  On  ne  reconnaît  en  géométrie 
que  les  seules  définitions  que  les  logiciens  appellent 
définitions  de  nom,  c'est-à-dire  que  les  seules  im- 
positions de  nom  aux  choses  qu'on  a  clairement  dé- 
signées en  termes  parfaitementconnus,  pasc.  Esprit 
géométrique,  sect.  ).  Il  pose  des  définitions  exactes 
qui  le  privent  de  l'agréable  liberté  d'abuser  des  ter- 
mes dans  les  occasions,  fonten.  Leibnitz.  Une  dé- 
finition sèche  est  souvent  plus  capable  d'embrouiller 
que  d'éclaircir  les  idées  qui  tiennent  imméiiate- 
ment  au  goût  et  au  sentiment,  d'olivet,  Prosod. 
franc,  art.  v,  §  2.  Il  y  a  deux  sortes  de  définitions, 
les  unes  des  choses  qui  sont,  les  autres  des  choses 
que  nous  concevons;  il  y  a  des  définitions  partielles, 
il  y  en  a  de  totales,  didebot,  Opin.  des  anc.  phil. 
Stoïcisme.  ||  Définition  d'un  mot,  explication  de  son 
véritable  sens.  ||  Définition,  figure  de  rhétorique, 
sorte  d'exposition  des  divers  aspects  par  lesquels  on 
peut  considérer  une  chose  et  qui  la  fait  connaître  au 
moins  en  partie.  ||  2"  Terme  dogmatique.  Décision. 
Les  définitions  des  conciles  font  autorité  dans  l'É- 
glise. Il  3°  Chez  les  capucins,  synonyme  de  défi 
nitoire  (voy.  ce  mot). 

—  HIST.  xvr  s.  Ou  bien  si  quelcun  aime  mieux, 
nous  mettrons  ceste  diffinition,  que  le  vieux  Testa- 
ment a  esté....  CALV.  Instit.  344.  Ne  l'un  ne  l'autre 
ne  fait  expressément  et  à  certes  mention,  que  ce 
procès  soit  venu  jusques  à  diffinition  de  jugement, 
AMïOT,  Démosth.  22.  Le  propre  de  diffinition  est 


101 G 


PEF 


(le  decinrer  son  siiliject  avec  sa  matière  cl  forme,  et 
la  but  (ie  description  est  seulement  de  déclarer  les 
qualitez  du  suljjet  et  souvent  parenigmo,  Poétique 
(le  lloissii're,  p.  255,  dans  lacu"Ne. 

—  ÉrvM.  l'rovenç.  diffinitin  ,  deffiniein;  espagn. 
dffinicion  ;  liai,  (/r/iniiion'';  du  latin  definilionern, 
de  d'^f.ire.  délinir.  Ou  a  dit  dans  le  xiii*  siècle  de- 
firti ssement  :  De  l'amor  dont  je  liens  ci  conte,  Se  tu 
veux  que  je  te  raconte  Ouex  est  li  dofinisseuiens, 
C'est  naturel  enclitiumens  Devoloir  garder  son  sem- 
blahle.  In  Hnsp,  5793. 

DrîFINlTIVKMKNT  (dé-fi-ni-ti-ve- man),  adv. 
Il  1°  IJ'iine  manière  di-finitive.  112°  Par  jugement  d6- 
finitif.  [.'affaire  a  élé  ju;;ée  définitivement. 

—  IllsT.  XVI*  s.  Il  y  envoya  trois  députez,  pour 
endccideret  ju(;er  'lefmitiiement,  amyot,  Pomi>.  5«. 
....  One  Perez  estant  prisonnier  dans  Sarragoce,  il 
faut  qu'il  y  soit  diffinitivement  absous  ou  condamné, 

D'aUB.  tlitt.  III.  3H. 

—  f.TYM.  Dé/inilive,  et  le  suffixe  ment;  Berry, 
diffinitivement, 

t  DÉKIiVITOrRE  (dé-fi-ni-toi-r'),  s.  m.  Dans  quel- 
ques ordres  relijjieux,  lieu  où  s'assemblent  les  prin- 
ci]<aux  officiers  d'un  cliapilre. 

—  ETVM.  Di'fmir. 

t  Df:i'"LAGK.\TKUn  (dé-fla-gra-teur),  s.  m.  Terme 
de  physique.  A|ipareil  qui.  excitant  énergiquement 
la  puissance  électro-magnétique,  produit  des  effets 
surprenants  de  combustion  et  de  déflagration.  ||  Ap- 
pareil propre  à  mettre  le  feu  à  des  matières  explo- 
sives, ."i  l'aide  de  l'éleciricité. 

—  ÈTYM.   Voy.  l'l!l-'LAGnATION. 

DfiFLAGRATION  (dé-lla-gra-sion;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  Kxplosion  de  llanimes qui  consu- 
ment tout.  Que  llunivers  finirait  par  une  déllagration 
générale,  diuehot,  Opin.  des  anc.  phil.  l'ythago- 
risme.  Après  la  déflagration  générale  et  le  renou- 
vellement des  clioses,  les  âmes  retourneront  dans  les 
corps  qu  elles  ont  animés,  ID.  ib.  Sloicisme.  ||  Terme 
de  chimie.  Comliustion  très-active  avec  projection 
en  tous  sens  de  vives  étincelles,  qui  se  produit  quand 
(les  corps  réagissent   fortement  l'un  sur  l'autre. 

—  ETVM.  I.at.  deflagratio,  de  deflagrare,  brûler 
(voy.  flagrant). 

t  DÉFLÉCIir,  lE  fdé-flé-chi,  chie),  part,  passé 
de  délléchir.  Qui  a  changé  de  direction,  qui  aété  dé- 
tourné de  sa  direction.  ||  Terme  de  botanique.  Tige 
défléchie,  tige  qui,  après  s'être  élevée  à  une  cer- 
taine hauteur,  retombe  vers  la  terre  en  décrivant 
un  arc. 

i  pftFLÉCHIR  (dé-flé-chir) ,  v.  o.  H  1°  Détourner  de 
la  direction.  Tous  les  premiers  mouvements  de  la 
nature  sont  bons  et  droits;  mais  bientôt,  manquant 
de  force  pour  suivre  à  travers  tant  de  résistance  leur 
première  direction,  ils  se  laissent  défléchiriiar  mille 
obstacles  qui  les  détournent  de  leur  vrai  but,  j.  i. 
Bouss.  dans  laveaux.  ||  2°  V.  n.  Changer  de  direc- 
tion, se  détourner  de  sa  direction  naturelle.  Sou- 
vent on  défléchit  du  but.  ||  Terme  de  physique.  Chan- 
ger de  direction,  en  parlant  des  rayons  lumineux. 
Il  Terme  de  botanique.  Retomber  en  décrivant  un 
arc  après  s'être  élevé  un  peu. 

—  ÊTYM.  Dé préfixe,  el  fléchir. 

DÉFLEGMATION  (ilé-llè-gma-sion) ,  s.   f.  Terme 

de  chimie.  Nouvelle  distillation  à  laquelle  on  sou- 
met une  liqueur  obtenue  à  l'aide  du  feu,  dans  la  vue 
d'en  séparer  les  parties  les  plus  aqueuses  qui  distil- 
lent les  premières. 

—  ETVM.  Défleqmer. 

DÉFLEG.MÊ,  Ée  (dé-flè-gmé,  mée),  part,  passé. 
Liqueur  déllegmée. 

I)ÉFLEG.MER  (dé-fiè-gmé),  V.  a.  Terme  de  chi- 
mie. Enlever  la  partie  aqueuse  d'une  substance. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  flegme,  parce  que  les 
anciens  chimistes  croyaient  trouver  dans  tous  les 
corps  quatre  ou  cinq  éléments  toujours  les  mêmes,  I 
entre  lesquels  était  l'eau  dite  par  eux  phlegme  ou 
flegme.  I 

t  DÉFLEURAISON  (dé-fleu-rêzon) ,  i.   f.  Chute! 
des  fieiirs  d'une  plante.  I 

—  ETVM.  Voy.  DÉFLEUIUR.  ! 

DÉFLEURI,  lE  (dé-lleu-ri,  rie),  part,  passé  de  1 
défleurir.  Qui  a  perdu  ses  fleurs.  Des  arbres  ou  des  ] 
arbrisseaux  délleuris.  Des  tiges  défleuries.  Des  prés 
défleuris.  | 

DÉFLECRIR  (dé-fleu-rir).  ||  i'  F.  n.  Perdre  ses  ' 
fleurs.  Les  lilas  fleurissent  et  défieurissent  proraple- 
ment.  ||  2"  V.  a.  Abattre  les  fleurs.  La  grêle  a  dé- 
fleuri  tous  les  arbnu  fruitiers.  Défleurir  les  champs. 
Il  Oter  le  velouté  decortains  fruits  en  les  touchant.  En 
cueillant  ces  pêches  prenez  garde  de  les  défleurir. 
I|  Fig.  Détruire  la  fleur,  la  fraîcheur  d'une  chose. 
m*  Se  déflourir ,  ».  réfl.  Perdre  ses  fleurs  ou  sa  fleur. 


—  MIST.  XVI*  S.  Tout  ainsi  qu'elle  [la  rose]  de- 
fleurit  Fanie  en  une  matinée,  Ainsi  nostre  âge  se 
flestrit,  H0N8.  811.  Où  tu  os,  la  maladie  Ne  defleure 
la  santé,  lo.  630.  ^ 

—  ETYM.  Dé...,  préfixe,  el  fleurir. 

t  DÉFLEXION  (dé-flè-ksion),  s.  f.  Terme  de  phy- 
sique. Mouvement  progressif  par  lequel  un  corps 
abandonne  la  ligne  qu'il  décrivait  pour  en  suivre 
une  autre.  La  défiexion  des  rayons  de  la  lumière. 

—  ETYM.  Voy.  DÉ.'LÉCIIIB. 

t  DÉFLORAISON  (dé-flo-rê-zon),  s.  f.  Le  même 
que  défleuraison. 

t  DÉFLORATECR  f  dé-flo-ra-teur),  s.  m.  Celui 
qui  défiore.  Un  grand  (iédorateur  de  filles,  Un  grand 
mineur  de  familles,  scabbon,  dans  le  Dict.  de  bes- 

CHEKIÎLI.E. 

—  ÊTYM.  Déflorer. 

DÉFI.GRATiON  (dé-flo-ra-sion) ,  s.  f.  Action  d'en- 
lever la  virginité. 

—  lllST.  xvi*  s.  Par  la  violente  défloration  de  la 
fille  pucelle  trop  jeune,  pahé,  xi,  20. 

—  ETVM.  Déflorer. 

DÉFLORÉ,  ÉE  (dé-flo-ré,  rée),  part,  passé.  Une 
fille  déflorée.  ||  Se  dit  d'une  plante  dont  les  fleurs 
.sont  tombées,  d'une  anthère  vide  de  pollen  après  la 
fécondation.  ||  Kig.  Sujet  défloré,  sujet  qui  a  perdu 
la  fraîcheur  de  la  nouveauté. 

t  DÉFLOREMENT  (dé-flo-re-man) ,  s.  m.  Syno- 
nyme de  délloration.  ||  Terme  d'anciennes  coutumes 
féodales.  Droit  de  défiorement,  synonyme  de  droit 
de  cuissage. 

—  ETYM.  Déflorer. 

DÉFLORER  (dé-flo-ré) ,  V.  a.  ||  1°  ôter  la  virginité. 
En  attendant  que  le  conquérant  barbare  déflore  la  fille 
du  bon  homme  dont  il  dévore  la  subsistance,  volt. 
Dial.  XXIX,  (2.  Il  2°Terme  de  littérature.  Ôter  à  un 
sujet  sa  fraîcheur,  sa  nouveauté. 

—  HIST.  XV*  s.  Tout  defflora  Baochus  Erigone, 
CH.  d'orl.  Bal.  tie.  \\  xvi'  s.  Là  où  elle  est,  n'y  a 
rien  défloré  [flétri,  fané],  marot,  m,  301. 

—  ETVM.  Provenç.  deflorar;  espagn.  desflorar  ; 
ilal.  dcflorare;  du  latin  deflorare,  de  de,  et  flos, 
fleur. 

t  DÊFLUXION  {dé-flu-ksion),  s.  f.  Fluxion  sur, 
écoulement  d'un  liquide,  ou,  fig.  d'une  force,  d'une 
vertu,  de  haut  en  bas.  ||  Particulièrement,  catarrhe. 
11  ne  craint  ni  les  dents  ni  les  défiuxions,  béonikb, 
Sal.  XIV.  Puisque  de  l'écoulement  des  eaux  dé- 
pend celui  de  votre  défluxion,  je  consens  de  bon 
cœur  qu'elles  se  retirent,  balz.  liv.  vu,  lett.  39. 
Il  Vieilli. 

—  HIST.  XVI*  S.  Puisque  l'essence  de  Dieu  est  sim- 
ple et  ne  reçoit  aucun  partage,  celui  qui  l'a  en  soy 
et  non  point  par  défluxion  ou  portion,  mais  d'une 
perfection  entière,  seroitdit  improprement  charac- 
tere  et  image  de  ce  qu'il  est,  calv.  Instit.  70.  Adam 
en  son  origine  a  esté  conforme  à  Dieu,  non  point 
par  défluxion  de  substance,  mais  par  la  grâce  et 

vertu  du  St  Esprit,  id.  ib.   (27 Dont  peut  s'en 

suivre  perpétuelle  défluxion  de  nouvelle  matière  en 
ceste  partie,  pauiS,  liUend.  (7. 

—  ETYM.  Lat.  defluxio,  de  defluere,  de  de,  et 
fluere.  couler. 

t  DÉFOLIATION  (dé-fo-li-a-sion),  s.  f.  Chute  des 
feuilles  d'un  arbre,  avant  la  saison. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  le  latin /'olium,  feuille, 
f  DÉFONÇAGE  (dé-fon-sa-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
foncer un  terrain. 

—  ETYM.  Défoncer. 

f  DÉFONCE  (dé-fon-s'),  s.  f.  Terme  d'agriculture. 
Action  de  défoncer  le  terrain. 

—  ETYM.   Voy.  DÉFONCER. 

DÉFONCÉ,  ÉK  (dé-fon-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Dont  le  fond  est  enlevé.  Une  barrique  défoncée. 
Un  baril  défoncé,  deux  bouteilles  sur  cul,  bègnier, 
Sat.  XI.  Pouffant  de  rire  à  voir  couler  sa  vie  Comme 
le  vin  d'un  tonneau  défoncé,  bérang.  Ém.  de  Oraux. 
Il  2*  Chemin  défoncé,  chemin  rendu  presque  im- 
praticable par  de  profondes  ornières  et  par  des  creux. 
Il  Terrain  défoncé,  terrain  fouillé  profondément  en 
vue  de  la  culture. 

DÉFONCEMENT  (dé-fon-se-man) ,  s.  m.  Action  de 
défoncer.  Le  défoncement  d'un  tonneau.  ||  Action  de 
creuser  méthodiquement  un  terrain  plus  profondé- 
ment que  ne  le  font  les  labours  ordinaires  pour  ra- 
mener vers  la  surface  les  parties  profondes,  les  di- 
viser ou  les  mêler. 

—  ÊTYM.  Défoncer. 

DÉFONCER  (dé-fonsé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vant un  a  ou  un  o;  je  défonçai,  nous  défonçons), 
V.  a.  Il  1°  Enlever  lu  fond  d'une  futaille,  d'un  ton- 
neau, etc.  Elle  fit  défoncer  trois  muids  devin,  siîv. 
201.  [Il]  Défonça  trois  tonnes  de  bierre,  Et,  pour 


DTÎIF 

leur  faire  chère  entière,  Fit  égorger  trois  jeunes 
bœufs,  SCABBON,  Virg.  (rot;.  V.  ||  Terme  de  marine. 
Crever  le  fond  d'une  voile,  en  parlant  du  »ent. 
Il  2°  Défoncer  une  route,  y  faire  des  trous  qui  la 
rendent  impraticable.  Les  voitures  trop  chargées 
défoncent  les  routes  les  plus  solides.  ||  8°  Terme 
d'agriculture.  Défoncer  un  terrain,  en  opérer  le 
défoncement.  ||  4°  Terme  de  tanneur.  Défoncer  un 
cuir  de  vache,  le  fouler  avec  les  pieds  après  l'avoir 
mouillé.  Il  5°  Terme  militaire.  Rompre  et  mettre  en 
désordre.  Ney  accourut;  il  lança  tout  sar  le  flanc 
de  cette  colonne  russe;  Doumerc  et  sa  cavalerie, 
qui  la  défoncèrent,  lui  prirent  deux  mille  hommes, 
SÉGUB,  Ilist.  de  Napol.  xi,  8.  ||  6°  V.  u.  De  peur.... 
Que  son  lit  ne  défonce  il  dort  dessus  la  dure,  rê- 
gnieb,  Sat.  xiv.  Il  7°  Se  défoncer,  v.  réfl.  Être  dé- 
foncé. Le  tonneau  se  défonça  tout  à  coup. 

—  HIST.  XIV*  s.  [Il]  Kist  dresser  les  vaisseaux  de 
vin  en  lor  estant,  El  le  fust  defunsser;  et  vous  [voilà] 
le  vin  puisant  Les  famés,  les  variés,  qui  no  gent 
vont  servant,  Cuescl.  20i36.  ||  xvi*  s.  Ce  concile  et 
synode  de  nostre  nnblesse,  après  avoir  défoncé  toute 
la  plus  fine  théologie,  vidèrent  enfin  ce  procès, 
yver,  p.  670.  L'empereur  se  vid  assisté  de  toutes  les 
parts  (ie  la  chrestienté;  le  duc  de  Savoye  y  envoya 
quatre  cent  harquebusiers....  la  Pologne  défonça 
[fournit  de  l'argent],  d'aub.  Hist.  i,  237.  L'Angle- 
terre vouloit  défoncer  pour  lui;  la  roine  Eliza- 
beih  se  condamnoit  à  faire  de  grandes  avances  de 
deniers,  id.  ib.  li,  439.  Bois-verd  lui  défonça  la 
teste  d'un  coup  de  pistolet,  id.  ib.  i,  287.  Toute  la 
cour  deffonça  [alla]  au  devant  d'eux,  menée  par 
les  princes  du  sang  el  de  la  maison  de  Guise,  m. 
ib.  10*.  Ils  tuent  le  feu  avec  une  pipe  de  vin-aigre 
défoncée,  id.  ib.  ui,  )i.  Brusler  les  bleds  et  fourra- 
ges, et  defonsser  les  vins,  m.  du  bell.  350. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  fond. 

t  DÉFONCEUSE  (  dé-fon-seQ-z' ) ,  s.  f.  Sorte  de 
charrue  sans  versoir. 

—  ETYM.  Défoncer. 

t  DÊFORMATEUR,  TRICE  (dé-for-ma-teur,  tri-s"), 
adj.  Néologisme.  Qui  déforme  ou  corrompt. 

—  ETYM.  Déformer. 

DÉFORMATION  (dé-for-ma-sion  ;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  Altération  de  la  forme.  ||  Kn  ana- 
tomie,  altération  de  la  forme  des  organes.  ||  En  bo- 
tanique, monstruosité  végétale,  caractérisée  par  un 
changement  de  forme  d'un  organe  ou  d'un  ensem- 
ble d'organes. 

—  ÉTVM.  Provenç.  deformacio ;  e.spagn.  déforma- 
don;  ital.  deformaiione ;  du  latin  deformattonem , 
dedeformare,  déformer. 

DÉFORMÉ,  ÉE  (dé-for-mé,  mée),  part,  patsi. 
Oui  a  perdu  sa  forme.  Des  pieds  déformés  par  des 
chaussures  trop  étroites.  Je  suis  un  peu  déformé  de- 
puis ce  temps-là  [depuis  ma  première  jeunessej, 
BEAUMABCH.  Barb.  de  Sév.  m,  5. 

DÉFORMER  (dé-for-mé),  v.  a.\\  l*  Altérer  la  forme. 
Un  corset  déforme  la  taille.  Mais  eux  [les  morts],  si 
tu  savais  de  quel  sommeil  iis  dorment;  Leurs  lits 
sont  froids  et  lourds  à  leurs  os  qu'ils  déforment, 
V.  HUGO,  /'".  d'aiit.  37.  Il  Déformer  un  chapeau,  des 
souliers.  112°  Se  déformer,  t'.  réfl.  Perdre  sa  forme. 
Les  dents  tombent,  le  visage  se  déforme,  le  corps 
se  courbe,  buff.  Morceaux  choisis,  p.  57.  De  peur 
que  les  corps  ne  se  déforment  par  des  mouvements 
libres,  j.  j.  Houss.  Ém.  l. 

—  HIST.  XIV*  s.  La  paix  estoit  si  defTormée  qu'il 
ne  la  iieut  [put]  reformer,  Chr.  de  St  Denis,  t.  ii, 

f*  26,  dans  LACURNE 

—  ÉTYM.  Provenç.  deformar;  espagn.  desformar; 
ital.  deformare;  du  latin  deformare,  de  de,  et  for- 
ma, forme. 

t  DÉFORTIFIER  (dé-for-ti-fi-él.  v.  a.  Démolir 
des  fortifications. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  mienne  [maison]  estoit  forte 
selon  le  temps  qu'elle  fut  faite;  je  n'y  ai  rien  ajouté 
de  ce  costé-là,  et  craindrois  que  sa  force  se  lournast 
contre  moy  mesme,  joint  qu'un  temps  paisible  re- 
querra qu'on  les  defortifie,  mont.  t.  ii,  p.  625,  dans 

LACUBNE. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  fortifier. 

t  DÉFORTUNE  (dé-for-tu-n) ,  s.  f.  Mauvaise  for- 
tune. Il  Terme  vieilli,  mais  qui  serait  bon  à  re- 
prendre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Quand  ils  viennent  après  à  excu- 
ser leurs  desforlunes  de  Montcontour  et  de  Janiac 
sur  ce  que....  hont.  i,  24»  L'honneur  de  tant  de 
victoires,  lequel  une  seule  desfortune  luy  pourroil 
faire  perdre,  id.  m,  (74. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  fortune. 

t  DÊFORTUNÉ  (dé-for-tu-né) ,  adj.  Qui  est  dans 
la  défortuae. 


nÉT' 


DÉF 


IJÉF 


1017 


^  HIST.  XY'  S.  Ils  signoyent  les  jours  tristes  et 
desforlunez  de  pierres  noires,  rab.  Garg  i,  (O.  Lasse 
et  desfortunt'e,  pourquoi  mon  cruel  mallieur  me 
conserve  si  longtemps  la  vie  ?  yver,  p.  693.  Us  [les 
dogmatiques  qui  ne  peuvent  rien  prouver]  sont  si 
desfortunez  (puis-je  autrement  nommer  cela  que  des- 
rortune?),si  misérables  que....  MONT,  II,  31*. 

—  ETYM.  Déforhtne. 

t  DÊFOUETTKR  (dé-foi-té),  V.  a.  En  termes  de 
relieur,  ôter  la  ficelle  dont  on  s'est  servi  pour  ser- 
rer un  livre  et  pour  en  marquer  les  nerfs. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  (ouet. 

t  DftFOUIR  (dé-fou-ir),  V.  a.  Tirer,  enfouissant, 
hors  de  terre. 

—  IIIST.  XIII'  s.  Seigneur,  dist  Garsions,  mauvais 
conseil  avés.  Oui  nos  gens  escorcliiés  et  les  mors 
defToés,  CU.  d'Ant.  v,  73.  Car  li  rois  des  Tafurs  nos- 
trc  mort  deforra,  ib.  V,  <49.  ||  xv"  s.  Et  estoit  l'iu- 
tention  de  la  ducliesse  qu'elle  feroil  juste  enqueste 
là  où  le  corps  son  père  fut  enseveli,  et  feroil  les  os 
defouir,  fboiss.  h,  m,  >3e. 

—  KTYM.  Dé....  préfixe,  et  fouir. 
OÊFOURNÉ,  ÉE   (dé-four-né,  née),  part,  passé. 

Tains  défournés  trop  tôt. 

t  DÉKOl'RNEMENT  (dé-four-ne-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  détourner,  de  tirer  du  four. 

—  ETYM.  Dé  fourrier. 

UÉKOUKNER  (dé-four-né),  v.  a.  Tirer  d'un  four. 
Défourner  du  pain.  ||  Absolument.  Des  gens  enfour- 
nent; D'autres  défournent;  Aux  brocbes  tournent 
Veau,  bœuf  et  mouton,  bérang.  Cocagne. 

—  HIST.  xiii"  s.  Finant  s'en  vont  an  desfourner 
[ils  finissent  par  se  retirer],  g.  guiart,  t.  ii,  p.  is2, 
v.  4692  (13670).  Mes  à  la  parfln  se  desfournent  [ils 
se  retirent],  m.  p.  278,  v.  72H  (16291). 

—  ÉTYM.  Dé.:,  préfixe,  et  four. 

t  DÉFOURNIR  (dé-four-nir),  v.  a.  ôter  ce  qui 
fournissait,  ce  qui  garnissait. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  luiremonstroitonque,  s'il  se  de- 
fournissoit  de  ses  Picards,  et  ses  ennemis  le  savoient, 
ils  lui  pourroient  porter  un  très  grand  préjudice, 
MONSTREL.  i,  407.  Et  ne  suis  si  ancien  ne  tant  de- 
fourni  de  puissance  naturelle,  louis  xi,  Nouv.  c. 
Il  xvi*  s.  Ce  qui  feroit  proposer  aux  Turcs  de  jetter 
vingt  mille  hommes  sur  les  bras  des  noslres  pour  les 
tailler  en  pièces,  ou  donner  avec  cent  cinquante  ga- 
lères dediins  nostre  armée,  pour  faire  le  mesme,  veu 
qu'elle  seroit  desfournie,  langue,  446. 

—  ÉTYM.  Dé....  i)réfixe,  et  fournir. 

t  DÊFOURNIS  (dé-four-ni),  s.  m.  plur.  Terme  de 
marine.  Vides,  défauts  qui  allèrent  les  dimensions 
d'une  pièce  de  bois. 

—  ÉTYM.  Défournir. 

t  DÉFOURRER  (dé-fou-ré),  v.  a.  ôter  la  fourrure. 
Il  'l'urme  de  marine,  ôter  la  fourrure  d'une  manœu- 
vre dormante.  ||  Chez  les  batteurs  d'or,  retirer  les 
feuillets  de  vélin  de  leur  enveloppe. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  fourrer. 

t  DÉFRAI  (dé-frè),  s.  m.  Action  de  défrayer.  Le 
défrai  de  ce  prince  [Pierre  le  Grand]  coûtait  600  écus 
par  jour,  st-sim.  467,  146. 

—  HIST.  xv  s.  Trouver  argent  pour  son  deffroi, 
COMM.  v,  6.  Il  xvi'  s.  Il  lui  donna  au  déloger,  outre 
tout  cela  et  son  deffray....  carl.  m,  t2. 

—  ÉTYM.  Voy.  dépraver. 

t  DÉFRAÎCHIR  (dé-frè-chir),  v.  a.  ôter  la  fraî- 
cheur, le  brillant  de  quelque  chose  qui  n'a  encore 
été  ni  manié  ni  porté.  Défraîchir  une  étoffe.  Une 
robe  défraîchie.  ||  Se  défraîchir,  t).  réfl.  Être  défraî- 
chi. Ce  chapeau  se  déiraîchira  vite. 

—ÉTYM  Dé....  préfixe,  et  frais. 

t  DÉFRANCISER  (dé-fran-si-zé),  v.  a.  Faire  per- 
dre les  mœurs,  le  caractère  français. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el  français. 

t  DÉFRAUDATION  (dé-fiô-da-s'ion),  s.  f  Action 
de  dépouiller  [lar  fraude.  ||  Vieilli. 

—  ÉTYM.  Défrauder.  Défraudation  a  été  employé 
par  Frédéric  II,  roi  de  Prusse. 

t  DÉFRAUDER  (dé-frô-dé),  v.  a.  Priver  par 
fraude.  ||  Vieilli. 

—  HIST.  xtv  s.  Ne  le  defraude  pas  de  liberté,  et 
ne  le  laisse  pas  en  povreté,  oresmh.  Thèse  de  meu- 
MER.  Pour  defrauder  le  dit  seigneur  desadepte, 
Bibl,  des  Chartes,  4"  série,  t.  ii,  p.  61. 

—  ÉTYM.  Dé...  préfixe,  et  frauder;  provenç.  et 
espagn.  defraudar ;  iial.  defraudare. 

DÉFRAYÉ,  ÉE  (dé-frè-ié,  iée) ,  part,  passé.  Dont 
on  a  payé  la  dépense.  Défrayé  de  tout  durant  son 
voyage.  ||  Amusé.  La  société  défrayée  par  ce  plaisant 
personnage. 

+  DÉFRAYEMENT  (dé-frê-man) ,  s.  m.  L'action 
de  défrayer. 

—  uisT.  xv  s.  Et  si  laissent,  en  plusieurs  lieux, 

DICT.    DE   LA    LANQUE   FRANÇAISE. 


Des  larmes  par  engagement.  Pour  paier  leur  def- 
frayement  En  jectant  soupirs.  Dieu  scet  quieulx 
[quels],  CH.  ii'oRL.  Rondeau. 

—  ÉTYM.  Défrayer. 

DÉFRAYER  (dé-frè-ié.  Au  temps  de  Chifllet  on 
prononçait  dé-fra-ié),  je  défraye,  tu  défrayes,  il  dé- 
fraye ou  il  défraie,  nous  défrayons,  vous  défrayez, 
ils  défrayent  ou  ils  défraient;  je  défrayais,  nous  dé- 
frayions, vous  défrayiez,  ils  défrayaient;  je  défrayai; 
je  défrayerai  ou  défr.iierai  ou  défralrai  ;  je  défraye- 
rais ou  défraierais  ou  défraîrais;  défraye,  défrayez; 
que  je  défraye,  que  nous  défrayions,  que  vous  dé- 
frayiez, qu'ils  défrayent;  que  je  défrayasse;  dé- 
frayant, V.  o.  ||1°  Payer  la  dépense  de  quelqu'un. 
Us  voulurent  défrayer  tout  le  train,  sÉv.  2)i.  Le  roi 
et  la  reine  de  Danemark  vont  voir  ce  comte  d'Ol- 
denbourg dans  sa  comté;  il  défraye  toute  cette  cour, 
et  sa  magnificence  surpasse  toute  principauté,  m. 
442.  Monsieur,  mettez-vous  à  table,  nous  vous  dé- 
frayerons, VOLT.  Cand.  n.  Mme  André,  prenant  la 
parole,  dit  au  savant  que,  s'il  voulait  défrayer  sa 
table  pour  dix  fois  autant,  U  lui  ferait  grand  plaisir, 
ID.  VU.  aux  40  écus,  Un  bon  souper.  ||  Fournir  ce 
qu'il  faut  pour  repas  ou  entretien.  Je  veux  qu'à  mon 
souper  celle-ci  [la  tortue]  me  défraie,  la  font.  Fabl. 
XII,  15.  Ils  étaient  obligés  de  défrayer  leur  tyran, 
lorsqu'il  arrivait;  leurs  vivres,  leurs  meubles,  leurs 
troupeaux,  tout  était  alors  au  pillage,  raynal,  llist. 
pliil.  XI,  24.  Il  2»  Fig.  Défrayer  de  bons  mots,  de 
plaisanteries,  amuser,  faire  rire  par  de  bons  mots, 
des  plaisanteries.  Ils  pensaient  tous  qu'il  était  là 
pour  défrayer  la  compagnie  de  bons  mots,  mol.  Cri- 
tique, 2.  Il  Absolument,  défrayer  la  compagnie, 
amuser,  faire  rire,  pourvu  toutefois  que  quelque 
chose  détermine  le  sens;  autrementdéfrayer  la  com- 
pagnie signifierait  payer  la  dépense  faite  par  une 
compagnie.  ||  Défrayer  la  compagnie,  se  dit  aussi 
pour  faire  rire  à  ses  dépens.  ||  Défrayer  la  conversa- 
tion, parler  le  plus  dans  une  conversation,  y  tenir 
le  dé.  Par  son  esprit  il  défrayait  les  conversations. 
Défrayer  la  conversation  signifie  aussi  être  l'objet 
d'une  conversation.  Ce  fut  lui  et  sa  mésaventure  qui 
défrayèrent  la  conversation.  ||  3°  Se  défrayer,  v. 
réjl.  Payer  les  frais  que  l'on  fait.  Je  serais  bien  allé 
à  l'hôtel,  mais  je  n'avais  pas  de  quoi  me  défrayer. 

—  REM.  Dé frairai ,  défraîrais ,  ne  s'orthographient 
ainsi  qu'en  poésie,  et  encore  y  renonce-t-on. 

—  HIST.  XV'  s.  Il  donna  plusieurs  robbes,  et  def- 
froya  tout  jusques  en  la  Haye  en  Hollande,  comm. 
III,  b.  Il  XVI'  s.  D'un  client  vous  avez  les  sacs.  Qui 
vous  défraye  Et  l*e  vin  paye  Qu'il  ne  boit  pas,  J.  le 
HOUX,  VII.  Hz  acceptèrent  la  charge  de  faire  les  frais 
de  jeux  qui  n'estoient  pas  de  petite  despense,  ayant 
l'un  desfrayé  à  Thebes  les  joueurs  de  fluste,  et  l'au- 
tre à  Athènes  la  danse  des  enfans  qui  balloient  en 
rond,  AMYOT,  Arist.  2.  Il  emporta  par  plusieurs  fois 
le  prix  ès-jeux  qu'il  desfrayoit,  ID.  Nicias,  4.  Il  n'est 
jà  besoing  de  faire  tant  affaire,  on  vous  deffroyera 
cela,  PALSGR.  p.  450. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  l'ancien  verbe /'roj/er, 
dépenser  (voy.  frais,  s.  m.  plur.). 

t  DÉFRAYEUR  (dé-frè-ieur),  s.  m.  Celui  qui  dé- 
fraye. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'avocat  lui  respondit,  que  à  des- 
jeuner  il  trouveroit  assez,  mais  qu'il  eust  un  des- 
frayeur, MARO.  Nouv  LU.  La  lignée  Antiochide  em- 
porta le  pain,  Aristide  fut  le  desfrayeur  des  jeux,  et 
Archestratus  le  poêle  qui  fit  jouer  ses  comédies, 
AMYOT,  Arist.  i. 

—  ÉTYM.  Défrayer. 

]  DÉFltlCHAGÉ  (dé-fri-cha-j'},  s.  m.  Action  do 
défricher  un  terrain. 

—  ÉTYM.  Défricher. 

DÉFRICHÉ,  ÉE  (ilé-fri-ché,  chée),  part,  passé. 
Un  champ  bien  défriché.  ||  Substantivement.  Je  le 
tenais  sans  ces^e  en  action,  marchant  avec  lui  au 
soleil  et  à  la  pluie,  de  jour  et  de  nuit,  l'égarant  ex- 
près dans  les  bois,  les  défrichés,  les  champs,  bern. 
DE  ST-p.  Poul  et  Virg. 

DÉFRICHEMENT  (dé-fri-che-man),  s.  m.  Opéra- 
tion qui  a  pour  but  de  mettre  en  culture  réglée  les 
landes,  bruyères,  bois,  terres  incultes,  etc.  Ces  bar- 
bares eux-mêmes,  nés  dans  un  climat  tempéré,  ne 
pouvaient  soutenir  les  travaux  pénibles  d'un  défri- 
chement sous  un  ciel  brûlant  et  malsain,  raynal, 
Ilist.pliil.x],t.  Il  Le  terrain  même  qui  a  été  défriché. 

—  ÉTYM.  Défricher. 

DÉFRICHER  (dé-fri-ché) ,  v.  a.  ||  1°  Mettre  en  cul- 
ture ce  qui  était  en  friche.  X  condition  qu'ils  y  pren- 
draient des  terres  à  défricher,  fén.  Tél.  xii.  Défri- 
chez cette  terre  sauvage,  id.  ib.  i.  Malheureusement 
on  ignorait  encore  que  défricher  des  terres  en  Amé- 
rique était  l'unique  moyen  de  les  rendre  utiles,  et 


que  ce  succès  ne  pouvait  être  que  l'ouvrage  du  com- 
merce ouvert  à  tous  les  citoyens  sous  la  protection 
du  gouvernement,  raynal,  llist.  phil.ix,  10.  Leur 
main  défrichera,  laborieuse  et  pure.  Ces  landes, 
ces  déserts  qui  dorment  sans  culture,  lemerc.  llru- 
neh.  1,  2.  Il  Fig.  Le  royaume  de  Dieu  est  un  champ 
qu'il  faut  défricher,  mass.  Arent.  Affl.  Et  ceux 
qui,  de  nos  arts  utiles  inventeurs.  Ont  défriché  la 
vie  et  cultivé  les  mœurs,  dkullk , Enéide, ,\i.  ||  2°  Fig. 
Éclaircir  une  chose  embrouillée,  difficile;  commen- 
cer à  cultiver,  expliquer,  rendre  plus  facile.  Les 
premiers  qui  défrichèrent  la  littérature  sanscrite. 
Ils  [ceux  qui  sont  chargés  des  recherches  de  no- 
blesse] dépêchent  besogne,  leurs  secrétaires  la  dé- 
frichent, ST-siM.  <43,  82.  Revenez-donc  nous  dé- 
fricher le  poêle  le  plus  intéressant  de  l'antiquité, 
DIDER.  Letl.  à  Galiani. 

—  HIST.  xv  S.  Aussi  venoient  courir  à  Manie 
chascun  jour,  et  eulx  embuscher  sur  les  chemins 
bien  vingt  ou  trente,  pour  les  Francoys  là  desIVi- 
cher  [dévaliser],  martial  de  paris,  Vig.  de  Char- 
les VII,  t.  I,  p.  Va,  dans  lacupne.  Sont  tenus  les 
dits  preneurs  de  deffricher  et  lalwurer  toutes  les 
dites  terres',  et,  icelles  deffrichées,  les  tenir  delà  en 
avant  en  bon  et  suffisant  labour,  du  cange,  dero- 
dcre.  Il  xvi'  s.  Je  pense  avoir  esté  le  premier  des  nos- 
lres qui  ait  défriché  plusieurs  anciennetés  obscures 
de  cette  France,  pasquier,  dans  le  Dict.  de  eociiez. 

—  ÉTYM.  De'....  préfixe,  et  friche;  Berry,  défreû- 
cher. 

DÉFRICHEUR  (dé-fri-cheur) ,  s.  m.  Celui  qui  dé- 
friche une  terre. 

—  ÉTYM.  Défricher. 

DÉFRISÉ,  ÉE  (dé-fri-zé,  zée),  part,  passé.  Oui 
n'est  plus  frisé.  Cheveux  défrisés.  ||  Populairement, 
désappointé    Tout  défrisé  par  un  tel  contre-temps. 

t  DÉFRISEMEÎJT  (dé-fri-ze-man),  s.  m.  Action  de 
défriser.  ||  Populairement,  désappointement. 

DÉFRISER  (dé-fri-zé),  v.  a.  ||  1°  Défaire  la  frisure. 
Défriser  une  perruque.  Il  y  a  [dans  une  certaine 
coiffure  alors  à  la  mode]  une  certaine  médiocrité 
qui  m'a  charmée  et  qu'il  faut  vous  apprendre,  afin 
que  vous  ne  vous  amusiez  plus  à  faire  cent  petites 
boucles  sur  vos  oreilles,  qui  sont  défrisées  en  un 
moment,  qui  vont  mal  et  qui  ne  sont  non  plus  à  la 
mode  présentement  que  la  coiffure  de  la  reine  Ca- 
therine de  Médicis,  SÉV.  36.  Il  2°  Fig.  et  populaire- 
ment, désappointer,  déconcerter.  Voilà  qui  vous  dé- 
frise. ||  3' Terme  de  relieur.  Défriser  les  feuilles, 
n'y  pas  laisser  de  corne.  ||  4»  Se  défriser,  t'.  réfl. 
Perdre  la  frisure.  Les  cheveux  se  défri^ent  par  un 
temps  humide.  ||  Fig.  Être  désappointé.  Il  ne  faut 
pas  vous  défriser  pour  si  peu. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  friser. 
DÉFRONCÉ,   ÉE   (dé-fron-sé,   sée),   part,  passé. 

Une  robe  défroncée. 

t  DÉFRONCEMENT  (dé-fron-se-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  défroncer;  état  de  ce  qui  est  défroncé. 

—  ÉTYM.  Défroncer. 

DÉFRONCïlR  (dé-fron-sé.  Le  c  prend  une  cédillo 
devant  a  et  o;  je  défronçai,  nous  défronçons),  v.  a. 
Il  1°  Défaire  les  plis  d'une  étoffe  froncée.  ||  Défron- 
cer  le  sourcil,  effacer  les  plis  du  sourcil;  et  fig.  se 
dérider,  prendre  un  air  serein.  ||  2°  Se  défroncer, 
V.  réjl.  Être  défroncé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Tant  soit  son  gros  sourcil  grave- 
ment renfrongné,  Que  d'un  riche  présent  bien  tost 
ne  soitgaigné.  Et  qu'il  ne  parle  bas  et  defronce  sa 
ride,  RONS.  904. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  froncer. 

DÉFROQUE  (dé-fro-k'),  s.  f.  ||  1°  Le  peu  de  meu- 
bles et  d'argent  qu'un  religieux  laisse  en  mourant. 
La  défroque  d'un  moine  appartenait  à  l'abbé.  ||  2°  Par 
extension,  meubles,  effets,  que  quelqu'un  aban- 
donne, surtout  avec  le  sens  de  très-peu  de  valeur. 
U  nous  a  laissé  sa  défroque.  ||  3°  Vêtement  hors  d'u- 
sage. Fripier,  vite  que  l'on  me  donne  La  défroque 
d'un  chambellan,  bérang.  Habit  de  cour. 

—  HIST.  xvi"  S Qu'il  l'abattit  [le  serpent],  et 

lui  cassa  le  suc;  Garde  n'avoit  de  dire  en  ce  defroo 
[désastre,  désordre]  :  Chantons  Nuel  tant  au  soir 
qu'on  desjuc  [le  moment  où  les  poules  descendent 
(iujuchoir,  le  matin],  marot,ii,  266. 

—  ÉTYM.  Défroquer. 

DÉFROQUÉ,  ÉE  (dé-fro-ké,  kée),  part,  passé.  Qui 
n'a  plus  son  froc.  Moine  défroqué.  |{  Fig.  et  en 
mauvaise  part,  prêtre  défroqué,  prêtre  qui  a  renoncé 
à  l'état  ecclésiastique,  qui  ne  l'exerce  plus.  C'est  un 
prêtre  défroqué.  ||  Substantivement.  Bon,  répond 
mon  défroqué,  mettez-les  [un  gigot  et  un  chapon] 
à  la  broche,  st-sim.  <00,  63. 

DÉFROQUER  (dé-fro-ké),  v.  a.\\i°  ôter  la  froo 
à  quelqu'un,  faire  sortir  do  l'état  monastique.  U 

I.  -   1-28 


1018 


DËG 


semble  que  la  réforme  aboutisse  à  ddfroquc-r  quel- 
ques moines,  boss.  Var.  2.  Moyennant  une  dispens" 
du  pape  lionl  il  se  chargea  iiour  la  iléfroquer  [la  reli- 
gieuse], ellecoiisentil  à  tout,  st-sim,  (6,  (89.  |j  î"  Se 
défroquer,  V.  rr'ft.  Quitier  l'habit  de  moine,  l'état 
monastique.  C'est  un  ancien  moine  qui  s'est  dério- 
qué.  If  Plus  giiiéralement  et  en  mauvaise  part, 
quitter  l'état  ecclésiastii|ue. 

—  JllST.  XV'  s.  X  tant  furent  assailly.i  les  vingt 
chevaliers  de  tous  costez;  mais  tant  bien  .se  gardè- 
rent qu'on  ne  les  |)ovoit  deffroquer,  l'trccforest, 
t.  IV,  ^  83.  Il  XVI'  s.  11  y  eut  des  huguenots  qui  se 
deffroquerent  [changèrent  de  religion],  langue, 
p,  664,  dans  lacuunk. 

—  ÊTYM.  Dd....  préfixe,  et  froc. 

t  DÉFRUITER  (dé-frui-té),  1).  a.  Cueillir  les  fruits 
d'un  arbre. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  fruit. 

t  DÊFUIH.ER  (dé-fu-blé),  V.  a.  ôter  un  aiïnble- 
ment.  ||  Se  défubler,  r.  réft.  Quitter  son  afTublement. 

—  HlST.  un' s.  Puis  se  riefuble  par  grant  ire, 
Ben.  746&.  I|  xv  s.  Adont  le  baisa,  et  l'empereur  du 
tout  se  deiïula,  et  le  mercia,  christ,  de  pisan,  IHst. 
de  Chartes  V,  m,  38.  Adonc  leurs  maris  les  firent 
défubler  [décoiffer],  louis  xi,  Nouv.  l\.  \\  xvi*  s. 
Quant  aux  maintiens  et  façons  extérieures  i|u'on  a 
coustiime  d'observer,  comme  de  s'agenouiller  et  de 
se  deffuler  [découvrir  la  tète],  ce  sont  exercices  pa-r 
le.squels  nous  nous  efforçons  de  nous  appareiller  à 
plus  grande  révérence  de  Dieu,  calv.  Instit.  712. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  un  radical  fubler,  pour 
lequel  voy.  affubler. 

+  DÉKUNER  (dé-fu-né),  V.  a.  Terme  de  marine. 
Dégarnir  un  mit  de  ses  cordages. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  le  latin  frmis,  corde. 
DÉFUNT,  UNTE  (dé-fun,  fun-l'J,  adj.  Mort.  Je 

tous  le  garantis  défunt  avant  qu'il  soit  peu,   mol. 

Mar.  forcé,  se    (2 Quand  je  songe  à  la  femme 

Dont  j'étais  le  mari.  Dieu  veuille  avoir  sou  âme.  Je 
la  crois  bien  défunie....  REONARD,  Démocrite,  i,  l. 
Vierge  défunie,  une  sœur  grise  Aux  portes  des  cieux 
rencontra  Une  beauté  leste  et  bien  mise,  bêrang. 
Deux  sœurs  de  char.  ||  Kig.  Qui  a  perdu  une  qualité, 
un  titre  qu'il  possédait.  Donc  à  l'enlour  de  celte  mé- 
tairie Défunt  marquis  [l'ex-marquis]  s'en  allait  sans 
valets,  la  font.  Faucon.  \\  Substantivement.  De 
Yous,  qui  renversez  les  lois  de  la  nature,  Qui,  bar- 
bare, aux  défunts  niez  la  sépulture,  rotrou,  Ânlig. 
V,  5.  Il  [un  prédicateur]  a  si  bien  établi  son  dis- 
cours, il  a  donné  au  défunt  des  louanges  si  mesu- 
rées.... sÉv.  137.  Depuis  la  mort  de  la  défunte ,  uan- 
COUrt,  les  Vacances,  se.  6. 

—  REM.  Mon  pèie  serait  défunt  si  nous  avions  cru 
le  médecin  ;  le  pauvre  défunt;  façons  de  parler  bour- 
geoises, DE  CAILLIÈRES,  (090.  Cos  locutious  et  au- 
tres où  défunt  est  employé,  sans  mériter  d'être 
qualifiées  de  bourgeoises  ,  ont  quelque  chose  du 
langage  de  la  pratique,  ou  quelque  chose  du  style 
familier. 

—  HIST.  XV  s.  Défunt,  Perccforest,  t.  iv,  f"  20. 

—  ETYM.  Berry,  defeu,  au  féminin,  defeue;  pio- 
ven(;.  defanct,  deffunt;  espagn.  difunto;  ital.  rfe- 
funto  ;  du  latm  dffitnclus ,  mort,  proprement  qui  s'est 
acquitté,  de  defmigi,  de  de,  et  fungi  (voy.  fonc- 
tion). 

DÉGAGÉ, ÉE  (dé-ga-jé,  jée),  part,  passé.  ||  l'Qui 
n'est  plus  en  gage.  Montre  dégagée  et  retirée  du 
inont-de-piélé.  Soyez  persuadée  que  vous  lui  rever- 
rez bientôt  toutes  ses  belles  terres  dégagées,  toutes 
tes  dettes  payées,  et  que  le  voilà  hors  de  l'hôpiial, 
où  il  était  assurément,  sEv.  Lelt.  2)  juin  (680. 
Il  i°  Débarrassé,  délivré.  Plus  l'esprit  se  fait  sim- 
ple et  plus  il  se  ramène  Dans  un  intérieur  dégagé 
des  objets,  corn.  Imilalion,  i,  3.  Qui  n'est  point 
tout  à  fait  dégagé  de  soi-même.  Qui  se  regarde  en- 
core  et  s'aime   Voit  peu  d'occasions  sans  en  êire 

tenté,  ID.  ib.  I,  8 Kt  vous  porter  après  Un  cœur 

tout  dégagé  de  ses  trompeurs  attraits,  mol.  ilis. 
IV,  2.  Des  esprits  dégagés  de  toute  matière,  BOSs. 
Damons,  4.  On  met  on  question  s'il  peut  y  avoir 
en  cette  vie  un  pur  acte  d'intelligence  dégagé  de 
toute  image  sensible,  ID.  Connaiss.  m,  <4.  Ln  es- 
prit dégagé  de  ses  préjugés  et  par  li  prêlàrecevo.ir 
toutes  les  impressions  de  la  divine  lumière,  m.  Var. 
XIII,  j>  M.  Quand  vous  seriez  libre  d'embarras  et  dé- 
gagé de  ces  soins  extérieurs  qui  vous  détournent 
aujourd'hui  de  votre  salut,  votre  cœur  sera-t-il  li- 
bre des  passions?  mass.  Car.  Salut.  Libre  de  pas- 
sions, dégagé  de  faiblesse.  Votre  cœur,  je  lo  sais, 
se  ferme  à  la  tendresse,  regnaru,  Démocr.  m,  4. 
Do  vos  indignes  fers  à  jamais  dégagée...,  volt,  fa- 
nât. V,  2.  De  ces  chagrins  mortels  son  esprit  dé- 
gage, U).  Sémiram.  i,  t.  Mais  enfin  dégagé  d'une 


DÉG 

épouse  perfide,  lemerc.  Aynmem.m,  7.  ||  Absolu- 
ment. Que  notre  cœur  se  trouve  tout  à  coup  dégagé, 
libre,  tranquille!  hourdal.  Fi'le  des  saints,  Hy\t. 
Il  3°  Tiré  d'une  position  difficile.  C'est-à-dire  ()ue 
cette  armée  s'est  trouvée  incommodée  et  que  voilà 
celle  de  Luxembourg  dégagée,  SÉV.  («2.  {|  4°  Dont 
l'accès  est  débarrassé  de  tout  obstacle.  La  voie  pu- 
blique dégagée  et  rendue  libre.  L'infirmerie  sera 
disposée  au  lieu  le  plus  tranquille  et  le  plus  dégagé 
de  la  maison,  boss.  Ilégl.  Que  les  logements  fu.ssent 
dégagés  les  uns  des  autres,  fén.  Tél.  xii.  ||  Chambre 
dégagée,  chambre  qui  a  un  dégagement.  Degré  dé- 
gagé, petit  degré  qui  sert  d'issue  secrète  à  un  ap- 
partement. Il  5°  Qui  a  de  l'aisance.  Une  taille  svelte 
et  dégagée.  Voilà  un  corps  taillé,  libre  et  dégagé 
comme  il  faut,  mol.  Avare,  ii,  6.  ||  Qui  n'éi^rouve 
pas  d'embarras.  Adieu,  mous,  ^ur,  vous  parlez  d'un 
air  bien  dégagé  et  presque  offensant,  mariv.  Surpr. 
de  l'amour,  ii ,  7.  Je  tenais  mon  chapeau  à  la  main 
de  l'air  le  p' js  dégagé  qu'il  m'éiait  possible ,  ID. 
l'aysan  parv.  t.  i,  2*  part.  p.  us,  dans  pougens. 
Il  Qui  se  donne  trop  d'aisance.  Des  propos  libres, 
des  airs  dégagés,  ;.  j.  Rouss.  Ém.  iv.  {|  Avoir  des 
airs  dégagés,  avoir  des  manières  un  peu  trop  libres, 
snnsgêne.  ||  Tonne  de  peinture.  Attitudes  dégagées, 
attitudes  naturelles  et  aisées.  {|  Terme  de  gravure. 
Burin  dégagé,  burin  dont  les  tailles  sont  nettes 
et  point  lioiieiisos.  ||  6°  S.  m.  Terme  d'escrime.  Syno- 
nyme de  dégagement. 

DÉriAGE.MEiNT(dé-ga-je-man),  s.  m.  j]  1°  Action 
de  dégager,,  de  tirer  de  gage;  résultat  de  celte  ac- 
tion. Au  mont-de-piéié,  la  somme  des  engagements 
est  double  de  celle  des  dégagements.  I|  Le  dégage- 
ment d'une  parole,  d'une  promesse,  l'action  de  -te- 
nir une  parole,  d'accomplir  une  pr^r:'csse  ou  d'ob- 
tenir que  la  parole,  la  promesse  soient  rendues. 
Il  2°  Kig.  Pour  former  de  grands  desseins,  il  faut 
avoir  l'esprit  libre  et  repù.sé;  il  faut  penser  à  son 
aise,  dans  un  entier  dégagement  de  toutes  les  ex- 
péditionsd'affaires  épineuses,  fén.  Tél.  xxii.  ||  3"  Ton 
dégagé,  airdég;igé.  Jel'exhortai  [Chamillart]  à  n'en 
pas  dire  davantage  [au  roi  pour  s'excuser]  et  sur  ce 
Ion  et  avec  cette  force  et  ce  dégagement,  st-sim. 
(99,  t5U.  Il  4°  Terme  d'escrime.  Action  de  dégager 
le  fer.  Faire  un  dégagement.  ||  Terme  de  danse.  Ac- 
tion de  tirer  un  pied  engagé  derrière  l'autre,  pour  le 
faire  pa.s.ser  devant  ou  àcôté.  ||  5°Ter:iie  d'architec- 
ture. Sorte  de  moulure  qui  forme  des  gr.iins  d'orge 
détachés.  ||  Terme  de  menuiserie.  Êiégissement  [ac- 
tion de  dégrossir]  qui  déiache  une  moulure  de  son 
champ.  Il  6°  Partie  d'un  ap|iartement  qui  sert  de  pas- 
sage, de  communication  d'uiie  pièce  à  une  autre. 
Pratiquer  un  dégagement.  Escalier  de  dégagement. 
Galerie  qui  conduisait,  par  un  dégagement,  du  cald- 
netduroiàceuxdesesmaItresses,HAMiLT.  Cramm.  1 1. 
Le  comte  de  Fiesque  régla  les  dégagements,  les  com- 
modités et  jusqu'aux  ornements  de  sa  maison,  st- 
sim.  75,  229.  Il  Pièce  de  dégagement,  pièce  qui  sert 
à  dégager  les  appartements,  en  sorte  qu'on  peut  y 
entrer  et  en  sortir,  sans  passer  par  la  porto  ordi- 
naire. Il  7°  Terme  de  chimie.  Sortie  des  -gaz  et  des 
vapeurs  hors  des  corps  (]ui  les  contiennent.  Le  dé- 
gagement de  gaz  fut  abondant.  ||  8°  Terme  de  gra- 
vure. Action  de  repa.sser  la  pointe  autour  des  traits 
gravés  déjà,  pour  ôter  plus  facilement  l'acier  ou  le 
bois  des  vides. 

—  ETYM.  Dégager. 

DÉGAGER  (de-ga-jé.  Le  g  prend  un  e  quand  il 
est  suivi  d'un  o  ou  d'un  o  :  nous  dégageons,  dé- 
gageant), V.  a.  Il  1°  Retirer  ce  qui  avait  été  engagé, 
donné  en  hypoliiéciuc,  en  nantissement.  Dégager  sa 

vaisselle,  ses  pierreries Nousdevions  tantôt  le 

dégager  [un  bijou].  Et  contre  mon  avis  vous  avez 
fait  la  chose,  reonard,  Joueur, v,  7.  ||  2°  Par  exten- 
sion, dégager  sa  parole,  la  retirer  quand  elle  a  été 
donnée  sous  des  conditions  non  remplies,  ou  bien 
la  tenir.  Anne....  dégage  envers  nous  la  promesse  <les 
cieux,  MALii.  Il,  8.  Dem.indoiis-lui  [à  Dieu]  qu'il 
nous  console,  Qu'il  nous  secoure  en  cet  ennui, 
Saint  Paul  nous  l'a  promis  pour  lui  ;  U  déga- 
gera sa  parole,  corn.  Imit.  i.  (3 Qu'il  achève 

et  dégage  sa  foi ,  Et  qu'il  choisisse  après  de  la  mort 
ou  de  moi,  id.  Cinna,  m,  6.  Dégage  ton  serment, 
je  tiendrai  ma  parole,  ID.  Pertliar.  m,  3.  Mon  de- 
voir m'intéresse.  Mon  père,  à  dégager  vers  lui  vo- 
tre promesse,  mol.  Sgan.  23.  Je  ne  prétends  pas 
qu'un  impuissant  courroux  Dégage  ma  parole  et 

m'acquitte  envers   vous,  rac.  Urit.    1,  3 J'ai 

couru  partout  où  ma  perte  certaine  Dégageait  mes 
serments  et  finissait  ma  peine,  id.  Androm.  Il,  2. 
Vous-même  dégagez  la  foi  de  vos  oracles,  ID.  !phig. 
V,  2.  Je  reviens  dégager  mes  serments  et  les  tiens, 
VOLT.  Za'tre,  i,  4.  ||  Dégager  quelqu'un  de  sapa- 


DÊG 

rôle,  la  lui  rendre,  l'en  affranchir.  D'un  serment 
solennel  qui  peut  nous  dégager?  cORN.  //or.  i,  *. 
Il  3°  Déliarras.ser,  délivrer.  Je  ne  suis  point  d'avis 
De  dégager  mes  jours  pour  les  rendre  asservis,  Ré- 
gnier, 5a(.  m.  Jusqu'à  ce  que  ma  main  de  ses 
fers  le  dégage,  cobn.  Nicom.  v,  7.  C'est  assez  di- 
gnement répondre  à  tes  bienfaits  Que  d'avoir  dé- 
gagé ton  fils  de  tes  forfaits.  ID.  Iléracl.  iv,  5.  D'un 
choix  abject  son  bras  l'a  dégagée,  id.  Sertor.  v,  4. 
....  Vos  intérêts  seuls  me  mettent  en  danger,  Je  vais 
périr,  madame,  ou  vous  en  dégager,  id.  Nicom. 
V,  0.  Othon  près  d'un  tel  maître  a  su  se  ménager, 
Jusqu'à  ce  que  le  temps  ait  pu  l'en  dégager,  id. 
Othon,  III,  3.  Tous  s'accordèrent  à  le  plaindre,  les 
uns  d'une  faute  qu'il  a  faite  par  une  véritable  néces- 
sité, les  autres  de  ce  qu'il  a  dégagé  ses  devoirs  p<ir 
une  faute,  la  bociief.  Mém.  207.  De  son  trop  de  vertu 
sachons  le  dégager,  corn,  l'erthar.  m,  6.  Qui  l'a 
mieux  dégagé  de  ses  deslins  contraires?  to.  Nicom. 
IV,  2.  De  ce  pelil  chagrin  le  ciel  m'a  dégagée,  in.^gsi- 
sil.  II,  7.  Elle  les  dégagedes  intérôtsdu  monde. pasc. 
Prov.  2.  Pour  dégager  l'àme  do  l'amour  du  monde, 
pour  la  retirer  de  ce  qu'elle  a  de  plus  cher,  id. 
Prov.  5.  Trop  de  reconnaissance  est  un  fardeau  peut- 
être;  Mon  cœur  vous  en  dég.ige....  volt.  Tancr. 
IV,  4.  Va,  de  ce  vain  respect  ma  fureur  te  dégage, 
DUCis,  Abufar,  m,  4.  ||  Fig.  Dégager  son  cœur, 
rompre  un  engagement  d'honneur  ou  de  galante- 
rie. Il  4°  Dégager  un  soldat,  lui  faire  obtenir,  lui 
donner  son  congé.  Je  vendrai  tout  le  peu  que  j'ai 
pour  dégager  mon  fils,  MARMONTEL,i/dm.  11.  ||  5'  Dé- 
barrasser un  lieu  qui  était  olistrué.  Dégager  la  voie 
publi(iue,  un  passage.  ||  Terme  militaire.  Dégager 
une  province,  en  chasser  les  ennemis,  les  bandes 
qui  l'occupaient.  Après  avoir  dégagé  les  côies  par 
(ieiix  victoires,  Luciille  tourne  ses  armes  vers  le 
continent,  roixin.  IHst.  anc.  fJEurres,  t.  X,  p.  (90, 
dans  poiîGENS.  |l  Dégager  les  appartemenis,  dispo- 
ser les  chambres  de  telle  sorte  qu'elles  ne  soient  pas 
sujettes  les  unes  desautres.  ||  6"  Terme  de  médecine. 
Dégager  les  organes,  les  débarrasser  de  ce  qui  les 
gêne.  Un  bain  de  pied  lui  a  dégagé  la  tête.  ||  7°  Ti- 
rer d'entre  des  gens  qui  pressent  ou  qui  attaquent. 
La  cavalerie  ennemie  l'avait  entouré;  un  retour  de 
ses  gens  le  dégagea.  Il  remonta  bien  vile,  tout 
mouillé  [au  passage  du  Uliin],  sur  un  autre  cheval, 
et  s'en  alla  assez  joliment  charger  les  ennemis  et 
dégager  M.  le  Prince,  qui  venait  d'êire  blessé,  sév. 
5S3.  On  dégagea  Philoclès  des  mains  de  ces  trois 
hommes,  fén.  Tél.  xiii.  ||  Terme  militaire.  Tirer  un 
corps  de  troupe  d'une  position  difficile,  dangereuse. 
Ce  grand  voyage  de  M.  le  Prince  et  de  M.  de  Turenne 
pour  aller  dégager  M.  de  Luxembourg  est  devenu  à 
rien,  SÉV.  282.  ||  Terme  de  manne.  Dégager  un 
vaisseau,  le  délivrer  de  la  poursuite  des  vaisseaux 
ennemis.  ||  8°  Terme  d'e.scrime.  Dégager  le  fer,  ou, 
ab.solument,  dégager,  détacher  son  arme  de  celle 
de  son  adversaire  et  la  passer  à  droite  ou  à  gauche 
de  celle  ci.  ||  9°  Donner  de  l'aisance.  Cet  habit  dé- 
gage bien  la  taille.  L'habit  de  cour,  si  favorable  aux 
!  jeunes  personnes,  marquait  sa  jolie  taille,  dégageait 
:  sa  poitrine  et  ses  épaules,  j.  J.  Bouss.  Confess.  m. 
Il  10°  Terme  de  gravure.  Repasser  la  pointe  autour 
des  traits  déjà  gravés,  pour  enlever  plus  facilement 
le  bois  des  vide.s.  ||  Terme  de  maçon.  Dégager  une 
pierre,  lui  ôter  ce  qui  est  superflu.  ||  11"  Terme  de 
I  chimie.  Séparer  une  substance  d'une  autre.  Davy  est 
le  premier  qui  parvint  à  dégager  le  potassium  et  le 
sodium  de  leurs  oxydes,  qu'on  regardait  comme  des 
corps  simples.  La  chaleurdégage  certainsgazde  leuis 
combinaisons.  ||  Produire  une  émanation.  Cette  sub- 
stance dégage  une  odeur  sulfureuse.  ||  12°  Terme 
I  de  mathématiques.  Dégager  une  inconnue,  faire  les 
opérations  nécessaires  pour  que  celte  inconnue  se 
trouve  seule  dans  un  membre  de  1  é(iuation,  tandis 
que  l'autre  membre  en  contient  la  valeur  en  quan- 
tités, soit  connues,  soit  inconnues  ou  composées 
des  unes  et  des  autres.  ||  13°  Terme  de  danse.  Dé- 
gager le  pied,  le  délacher  de  l'autre.  ||  Absolument. 
Dégager,  faire  un  pas  en  déiacliant  vivement  un 
pied  ou  une  jambe  de  l'aulre.  ||  14°  Se  dégager,  r. 
réft.  Rompre  un  engagement,  se  déliarrasser.  Mon 
père  m'a  dit,  monsieur,  que  vous  étiez  venu  vous 
dégager  de  la  parole  que  vous  aviez  donnée,  mol. 
Jfar.  forcé,  se.  te.  Dans  une  peine  si  cruelle  Le  plus 
stlr  serait  de  changer;  Mais  tant  qu'on  vous  verra 
'  si  belle,  Le  moyen  de  se  dégager?  lasablièhe,  dans 
I  EiciiELET.  La  foi  ne  fut  jamais  dans  Rome  un  escla- 
!  vage,  t^hacun  comme  il  lui  plait  s'engage  et.sedé-age, 
PÉCHANTBÊ.  Jtf.  de  Néron,  n,  5.  Dégagez-vous  dos 
soins  dont  vous  êtes  chargé,  rac.  Androm,  u,  2. 
Heureux  si  je  pouvais  en  ce  désordre  uxlrème  Du 
I  parti  que  je  hais  me  dégager   moi-nJoie,  voli. 


DÉG 

Catil.  m,  1.  Je  venx  me  dépaper  du  poids  de  mes 
soupçons,  DKLAV.  Véprps  sicil.  m,  5.  ||  15°  Se  tirer 
de  gens  qui  pressent  ou  qui  assaillent.  U  se  dégagea 
àcoupsd'épéedes  ennemis  qui  déjà  le  saisissaient.  Il 
ne  s'échappa  de  la  flolte  romaine  que  trente  vais- 
.•■■eaux,  qui,  éiant  auprès  du  consul,  prirent  la  fuite 
avec  lui  en  se  dégageant  le  mieux  qu'ils  purent  le 
long  du  rivage,  bollin,  Hist.  ane.  Œuvres,  t.  i, 
p.  33.'i.  Napoléon  se  dégagea  en  silence  de  l'immense 
attirail  qu'il  entraînait  après  lui,  et  s'avança  sur  la 
vieille  roule  de  Kalouglia,  séglu,  llisl.  de  !lapnl. 
IX,  I.  Il  Se  dégager  de  queUiu'un,  se  tirer  de  son 
étreinte.  Corinne  comprit  sa  pensée,  et,  l'interrom- 
pant aussitôt  en  se  dégageant  doucement  de  ses 
hras....  STAËL,  Corinne,  viil,  t.  |1  Se  dégager  de 
quelqu'un,  le  quitter.  Ils  ne  songent  qu'à  se  déga- 
ger de  vous,  LA  BBUY.  V.  Il  Se  dégager  de  quelqu'un, 
retirer  la  promesse  qu'on  lui  avait  faite  de  répondre 
à  son  invitation,  pour  un  dîner,  une  soiiée,  un 
bal,  etc.  On  m'attendait  ailleurs,  je  me  suis  dégagé 
pour  avoir  le  plaisir  de  souper  avec  vous,  iiaute- 
RocuK,  Snup.  mal  appr.  se.  (2.  C'est  justement 
notre  amphitryon,  je  vais  me  dégager,  uoissY, 
Franc,  à  Londres,  se.  t3.  ||  16°  Être  dégagé.  Plus 
elle  avance,  plus  les  voies  se  dégagent,  mass.  Car. 
Prnd.  Il  Terme  de  médecine.  Être  débarrassé  de  ce 
qui  engorgeait.  La  tète  se  dégage.  ||  Sortir,  en  par- 
lant de  gaz,  d'exhalaisons.  Le  gaz,  la  mauvaise 
odeur  qui  s'en  dégage. 

—  HIST.  XII'  s.  Pur  co  s'ala  à  Turs  [Tours]  celé 
nuit  herhergier,  Esaveir  se  li  reisle  voldreit  là  bai- 
sier;  Mais  il  ne  porta  là  ne  maille  ne  denier;  Ses 
guages  U  covint  rachater  u  laissier;  Ne  li  reis  nel 
baisa,  n'il  nés  fist  desguagier,  Th.  le  mart.  m. 
Il  xili*  s.  Ce  sont  li  franc  jour  que  on  ne  respont 
mie  à  clains,  ne  qu'on  ne  va  mie  deswagier  [faire 
une  saisie],  tailliar,  iiccueiV,  p.  463.  ||  xvrs.  Voianl 
son  infanterie  qui  ne  se  pouvoit  plus  desgager  sans 
combat,  il  s'y  résout,  d'acb.  il,  181.  Ce  m'est  plai- 
sir d'estre  désintéressé  des  affaires  d'aultruy  et  des- 
gagé de  leur  gariement,  mont,  m,  271. 

—  Etym.  D^....  préfixe,  et  gage. 

DÉGAINE  (dé-ghê-n'),  s.  f.  Terme  familier.  Tour- 
nure ridicule  ,  façon  maladroite.  Quelle  dégaine  ! 
Mais  le  voilà;  voyez  la  belle  dégaine,  vaué,  Nicaise, 
se.  4.  Il  Fig.  Oui,  tu  m'aimes  d'une  belle  dégaine, 
iiOL.  Don  Juan,  n,  l. 

—  REM.    Voy.  nÉGAINER. 

—  ÈTYM.  Voy.  Di  Gainer.  Un  homme  empêché 
dans  ses  habits  et  ne  se  remuant  pas  est  comparé  à 
un  objet  dans  sa  gaine,  et,  quand  il  se  meut,  il  a 
l'air  de  se  dégainer;  d'oil  l'emploi  figuré  de  dégaine. 

DÉGAINÉ,  ÉE  (dé-ghê-né,  née),  part,  passé.  Une 
épée  dégainée. 

DÉGAINER  (dé-ghê-né),  v.  a.  \\  1°  Tirer  une  arme 
iranchante  de  sa  gaine.  Il  ne  fallait  les  premiers 
dégainer  l'épée,  noss.  Var.  <o.  \\  Kig.  Je  n'ai  rien. 
—  Et  Morgue,  dégainez  vos  écus,  hauterociie,  le 
Deuil,  se.  14.  Il  2°  Absolument.  U  fallut  dégainer, 
on  l'a  forcé  à  dégainer,  c'est-à-dire  il  fallut  mettre 
l'épée  à  la  main,  on  l'a  forcé  de  mettre  l'épée  à  la  main. 
....Mais  si,  par  aventure.  Comme  les  hommes  sont 
souvenlimpatients.  Il  voulait  dégainer  avant  qu'être 
céans,  scarron,  Jodelet,  iv,  7.  Vous  êtes  de  l'hu- 
meur de  ces  hommes  d'épée  Que  l'on  trouve  tou- 
jours plus  prompts  à  dégainer  Qu'à  tirer  un  lésion 
s'il  le  fallait  donner,  mol.  l'Étour.  m,  5.  Mais  lui, 
sourd  aux  raisons  qu'il  a  pu  lui  donner,  A  voulu  sur 
le  champ  le  faire  dégainer,  regnard,  Ménechm.  iv, 
8.  Il  Familièrement.  Brave  jusqu'au  dégainer,  se 
dit  d'un  fanfaron,  et  aussi  de  quiconque  promet 
beaucoup  et  ne  tient  rien.  C'est  ce  qui  s'appelle  brave 
jusqu'au  dégainer,  sÉv.  231 .  ||  Proverbe.  Il  ne  frappe 
pas  comme  il  dégaine,  il  est  plus  terrible  eu  me- 
naces qu'en  effets. 

—  IIEM.  L'Académie,  qui  met  un  accent  circon- 
flexe à  (lalne,  n'en  met  pas  au  composé  dégainer. 
C'est  une  anomalie  inutile. 

—  msT.  xv  s.  Tellement  leva  à  chacun  la  colère, 
qu'ils  se  levèrent  en  piez,  et  mirent  chacun  la  main 
à  la  dague,  et  vouloient  deguainer  l'un  sus  l'autre 
furieusement,  i/^m.  d'OL.  de  la  marche,  p.  33,  dans 
LACURNE.  Les  paroles  qu'elle  décocha  ne  furent  pas 
moins  tranchantes  que  rasoirs  dégainant  bien  affilés, 
LOUIS  XI,  A'out).  1.  Il  xvi"  s.  Leur  vraye  justice  est  de 
persécuter  les  meschans  à  glaive  desgainé,  calv. 
Jnslil.  1200.  si  aucun  desguainnoit  l'espée  ou  bais- 
Boit  la  pique,  il  ne  pouvoit  plus  renguainner  ni  re- 
lever la  piijiie,  AMVOT,  Pijrrkus,  76, 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  gaine. 
fDÉGAINEUR   (  dé-ghê-neur ),    s.  m.    Bretteur, 

ferrailleur.  Tous  ces  grands  dégaineurs  sont  gens  que 
l'on  évite  ;  Et  le  solide  honneur  dont  on  doit  faire 


DKG 

cas  Ne  consiste  jamais  à  faire  du  fracas,  iiadterociie, 
Nobles  de  prov.  i,  l. 

—  F.TYM.  Dégainer. 

t  DÉCALAGE  (dé-ga-la-j') ,  s.  m.  Action  de  dé- 
galer. 

—  ÉTYM.  Dégaler. 

]  DftGALEU  (dé-ga-lé),  V.  a.  Terme  de  chapelier. 
Débarrasser  les  peaux  de  ce  qu'elles  ont  d'inutile  ou 
de  nuisible.  Peaux  dégalées. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  gale  dans  le  sens  d'or- 
dure. 

t  DÉGALONNER  (dé-ga-lo-né),  v.  a.  Oter  les  ga- 
lons. Tous,  dégalonnant  leurs  costumes.  Vont  au 
nouveau  chef  de  l'État  De  l'aigle  mort  vendre  les 
plumes,  liÊRANO.  Deux  grenadiers. 

—  lllST.  xiV  s.  De  sa  couronne  Son  chef  [tête] 
blond  doré  [elle]  desgalonne;  Tout  le  hrueil  et  le 
gaut  [bois]  resonne  De  son  clair  ton,  Lande  dorée, 

dans  JUBINAL. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  el  galon. 
DÉGANTÉ,  ÉE  (dé-gan-té,  tée),  part,  passé.  Une 

main  déganlée. 

DÉGANTER  (ilé-gan-té),  v.  a.  ôter  les  gants. 
Mme  de  Gêvres  dégante  sa  main  gauche,  sÉv.  27. 
Il  Se  déganter,  v.  réft.  ôter  ses  gants.  Quand  tu  te 
dégantais  pour  la  collation,  i.  J.  nouss.  Hél.  i,  34. 

—  ËTYM.  Dé....  préfixe,  et  gant. 

DÉG.\RNI,  lE  (dé-gar-ni,  nie),  part,  passé  de 
dégarnir.  Une  table  dégarnie.  Un  pays  dégarni  de 
troupes.  Une  tête  dégarnie  de  cheveux.  Il  me  reçut 
les  larmes  aux  yeux,  que  sa  joie  de  me  revoir  ou  le 
chagrin  de  me  recevoir  dans  une  salle  dégarnie  pou- 
vait également  faire  couler,  Marivaux,  l'ays,  parv. 
t.  iv,  7"  part.  p.  41 ,  dans  pougens. 

DÉGARNIR  (dé-gar-nir),  r.  a.  Il  1'  ôter  ce  qui 
garnit.  Dégarnir  un  appartement,  une  cheminée, 
une  robe.  ||  Dégarnir  une  |dace,  lui  retirer  une  par- 
tie de  sa  garnison,  de  ses  armes.  S'ils  s'engagent  à 
défendre  le  défilé,  ils  seront  obligés  àdégarnir  leurs 
quartiers,  lielation  de  la  campagne  de  liocroi,  dans 
RiciiELET.  Il  Dégarnir  un  arbre,  en  couper  les  bran- 
ches inutiles.  ||  Terme  de  marine.  Dégarnir  un  vais- 
seau, en  ôter  les  agrès.  ||  2"  Se  dégarnir,  v.  réfl. 
Cesser  d'être  garni,  fourni,  pourvu.  La  salle  se  dé- 
garnit de  spectateurs.  Les  banquettes  se  dégarnis- 
sent, ceux  qui  les  occupaient  s'en  vont.  Cet  arbre  se 
dégarnit,  il  perd  ses  feuilles.  Sa  tête  s'est  prompte- 
ment  dégarnie,  ses  cheveux  sont  tombés  do  bonne 
heure.  Chaque  malin  il  fallait  que  nos  soldats  al- 
lassent au  loin  chercher  la  nourriture  du  sot  el 
du  lendemain;  et,  comme  les  environs  de  Moscou  se 
dégarnissaient  de  plus  en  plus,  on  s'écartait  tous  les 
jours  davantage,  eégcr,  llisl.  de  Napnl.  viii,  10. 
Il  Diminuer  les  vêtements  dont  on  est  couvert.  Il 
s'est  enrhumé  pour  s'être  dégarni  trop  tôt.  Le  temps 
est  encore  froid,  il  serait  dangereux  de  se  trop  dé- 
garnir. Il  Se  dessaisir  de  son  argent  comptant.  En 
ce  temps  il  est  bon  de  ne  pas  trop  se  dégarnir. 

—  HIST.  XI' s.  Ehl  Saragoce,  corne  es  hui  des- 
guarnie,  Ch.  de  Itol.  clxxxiv.  ||  xiii'  s.  Vo  cor  [vo- 
tre personne]  [vous]  me  presentastes,  où  onc  n'ot 
vilenie;  Mais  jà  ère  [j'étais]  pour  vous  de  mon  cuer 
desgarnie,  audekh.  le  bast.  liomancero,  p.  12.  U 
ne  le  trouva  pas  esbahi  ne  desgarni,  ains  se  defifen- 
dirent  les  gens  le  roi  bien  et  vigheureusement, 
Chron.  de  llains,  p.  42.  l'renons  denier  et  autre 
avoir,  Si  que  nous  vivons  à  honor  Là  où  nous  se- 
rons à  sejor;  Quar  la  gent  qui  va  desgarnie  En  es- 
trange  leu  est  honie,  ruteb.  3|3.  Renarl  fait  com- 
mun ban  crier.  Tout  soient  d'armes  desgarni,  Ren. 
t.  IV,  p.  219.  Il  xiv  s.  De  liex  harnois  là  prendre 
seulent  [ont  coutume]  Li  desgarni,  qui  prendre  veu- 
lent, g.  guiart,  dans  du  cange,  artilleria.  Lieux 
desgarniz  de  deffenses,  eercheube,  f°  62,  verso.  Il 
ont  dit  un  parler  en  commune  raison.  Que  chasiel 
desgarni  ne  vaut  pas  un  bouton,  Guescl.  164B2. 
Il  XV*  s.  Le  royaume  de  France  est  si  grand,  et  tant 
y  a  de  bonne  et  noble  chevalerie  et  escuyerie,  qu'il 
n'en  peut  estre  desgarni,  froiss.  i,  i,  3I5.  Excep- 
tez des  desgarnis  de  foi   et    vuidez  d'espérance, 

A.  CHART1ER,      Œuvres,     p.   219,     dans    HAYNOUARD. 

Il  xvi's.  La  republique  insidiée  d'ennemis,  desgar- 
nie d'amis,  m.  du  bellay,  502.  H  escrivil  au  senal 
en  leur  faveur,  priant  qu'on  lui  permist  de  remplir 
les  bandes  de  son  armée,  à  mesure  qu'elles  vien- 
droieM  à  se  desgarnir,  de  ces  pauvres  hommes-là, 
amyot,  Marcellus,  18.  Que  je  suis  desgarni  de  force 
et  de  vertu  !  bebtaut,  p.  R,  dans  RAyNOUARD. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  garnir;  provenc.  des- 
gnrnir ,  desijuarnir;  espagn.  desguarnecer ;  ital. 
sguerniro. 

t  DÉGARNISSEMENT  (  dé-gar-ni-se-man  ) ,  s.  m. 
Action  de  dégarnir;  état  de  ce  qui  est  dégarni.  U 


DKG 


1019 


s'agissait  du  dégarnissement  des  places  et  du  mau- 
vais élat  des  troupes,  st-sim.  232    99. 

—  Etym.  Déqarnir. 

I  DÉGASCONNER  (dé-ga-sko-né) ,  v.  a.  Faire  per- 
dre l'accent  gascon,  les  manières  gasconnes.  Ce  doc- 
teur en  langue  vulgaire  avait  accoutumé  de  dire  que 
depuis  tant  d'années  il  travaillait  à  dégasconner  la 
cour  et  qu'il  n'en  pouvait  venir  à  bout,  bai.z.  Socr. 
chrét.  Disc.  to.  ||  Se  dégasconner,  t;.  réjl.  Perdre 
l'air,  l'accent  gascon. 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  et  gascon. 

DÉGÂT  (dé-gâ;  le  (  se  lie:  un  dé-gâ-t  affreux;  au 
pluriel,  Vs  se  lie:  des  dé-gâ-z  affreux),  s  m.[\  1°  Dom- 
mage causé  par  une  cause  violente.  La  grêle,  l'orago 
a  fait  de  grands  dégills.  Le  passage  d'une  armée 
cause  toujours  des  dég.lis  considérables.  la  guerre 
en  quatre  jours,  au  pied  de  vos  murailles.  Ferait 
plu.s  de  dégùtqiie  cinquante  ansde  tailles,  boursaut, 
Fables  d'Ësope,  u,  5.  [Les  paysans]  Forcés  de  souf- 
frir le  dégât  que  le  gibier  fait  dans  leurs  champs 
sans  oser  .se  défendre,  j.  j.  bouss.  Cunfess.  xi.  ||  Terme 
de  guerre.  Faire  le  dégit,  ravager.  Faire  le  dégât 
d'une  province,  vaugel.  Ç.  C.  108.  Il  [CorbulonJ  y 
marcha  avec  son  armée  sans  faire  le  dégât  aux  lieux 
par  où  il  passait,  Ij'ablanc.  Tac.  460.  M.  d'Humières 
a  fait  un  très-grand  dégât  partout,  sév.  287.  Deux 
cents  barques  normandes  s'approchèrent  de  la  Ro- 
chelle et  tâchèrent  de  surprendre  celte  ville,  pen- 
dant que  les  armateurs  de  Bayonne  faisaient  le  dé- 
gât aux  environs,  st-foix,  Fss.  l'aris,  t.  v,  p.  C2, 
dans  pougens.  ||  Dommage  causé  par  les  personnes 
aux  propriétés  d'autrui,  par  les  bestiaux  dans  les 
terres  d'autrui.  (i  2°  Consommation  excessive  et  pro- 
digue de  denrées.  On  fait  un  grand  dégât  de  bois, 
de  vin  dans  celte  maison. 

—  HIST.  xv  s.  Cils  de  Toulouse  s'en  plaignoient 
trop  grandement  pour  les  degais  et  le  grand  dom- 
mage qu'ils  [ceux  de  Lourdes]  leur  faisoient,  froiss. 
II,  m,  8.  Il  xvi'  s.  Vous  semez  ces  fruicls,  afin  qu'il 
en  face  le  degast,  mont,  iv,  353.  N'ayant  reçeu  au- 
tre profil  de  ces  grandes  guerres,  sinon  degast  d'ar- 
gent et  consommalion  d'hommes,  langue,  353.  Les 
estrangers  fesoient  en  France  des  degats  incroya- 
bles, Mém.  s.  du  G.  ch.  7. 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  avec  le  sens  augmenta- 
tif, et  l'ancien  français  gast,  qui  avait  le  même  sens 
qu'aujourd'hui  dégdt  (voy. gâter);  provenç.  dcguais. 

DÉGAUCHI,  lE  (dé-gô-chi.  chie),  part,  passé 
de  dégauchir.  Une  planche  dégauchie. 

DÉGAUCUIR  (dé-gô-chir),  v.  a.  \\  1°  Terme  de  mé- 
tier. Dresser  un  ouvrage,  soit  en  bois,  soit  en  pierre, 
le  rendre  uni,  droit,  en  retranchant  ce  qu'il  a  de 
trop  ou  d'irrégulier.  ||  Terme  de  charpentier  de  ma- 
rine. Commencer  à  donner  à  une  pièce  de  bois  la 
courbure  qu'elle  devra  avoir  quand  elle  sera  tout  à 
fait  travaillée.  ||  2°  Fig.  et  familièrement,  corriger 
la  gaucherie.  Dégauchir  un  jeune  homme.  ||  3°  Fig. 
Se  dégauchir,  v.  réfl.  Devenir  moins  gauche.  Ce 
jeune  homme  commence  à  se  dégauchir. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  sera  bon  sur  l'aage  de  dix  huit 
ans,  quand  ils  auront  le  jugement  ferme,  leur  faire 
desgaiichir  la  pluspart  de  ce  qu'ils  liront,  pour  ser- 
vir à  la  science  de  laquelle  ils  voudront  faire  prin- 
cipalement profession,  des  accords,  Bigarr.  f°  10, 
■cerso,  dans  lacubne. 

—  Etym.  Dé ...  préfixe,  et  gauche. 

t  DÉGAUCUISSAGE  (dé-gû-chi-sa-j'),  t.  m.  Voy 
déoauchissement. 

—  ÉTYM.  Dégauchir. 
DÉGAUCUISSEMENT   (dé-gô-chi-se-man),  s.  w. 

Action  de  dégauchir,  de  dresser  une  surface. 

—  ETYM.  Dégauchir. 

t  DÉGAZER  (dé-ga-zé),  v.  a.  Terme  de  chimie. 
Expulser  les  gaz  d'un  corps  qui  en  contient. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  gai. 

t  DÉGAZONNEME.NT  (dé-ga-zo-ne-man) ,  4.  m. 
Destruction  ou  enlèvement  des  gazons  d'un  terrain. 

—  ETYM.  Dégazonner. 

t  DÉGAZONNER  (dé-ga-zo-né) ,  v.  a.  Détruire  ou 
enlever  le  gazon  d'une  lande,  d'un  pâturage,  d'une 
prairie. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  gaion. 

DÉGEL  (dé-jèl),  s.  m.  Fonle  naturelle  de  la  glace 
et  de  la  neige  par  l'adouci.ssement  ue  la  température, 
qui  remonte  au-dessus  du  zéio  de  l'échelle  du  ther- 
momètre. Nous  avons  eu  de  cruels  temps,  de  cruels 
froids,  et  je  n'en  ai  pas  été  seulement  enrhumée; 
voilà  le  dégel,  je  me  porte  si  bien....  sÉv.  610.  ||  Par 
extension,  adoucis.sement  de  l'air. 

—  HIST.  xV  s.  El  au  dégel  des  dites  rivières  en 
advint  plusieurs  grands  maulx  et  dommaiges,  jkan 
DE  tsoyes,  Chron.  1480.  Et  au  desgiel  lurent  par 
force  de  glaces  les  ponts  de  Paris  rompus,  Geste  des 


1020 


DÉG 


noble»,  dans  viriville,  p.  H7.  ||xvi's.  Ha,  dit  Ca- 
tin,  le  grand  desgcl  s'approche,  marot,  m,  448. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉOHI.KR. 

DtliELÉ,  lîK  (d6-je-lé,  Ue),  part.  passL  Qui  a 
éprouTé  le  dégel.  La  rivière  dégelée  tout  à  coup. 
Il  Kig.  et  familièrtmeiit,  qui  n'est  plus  froid,  indif- 
férent. Il  me  parut  bien  dégelé  sur  l'estime  qu'il  a 
do  lui.  sRv.  502. 

t  DÉCiKI.ÉK  (dé-je-lée),  s.  f.  Populairement,  volée 
de  coups.  Il  a  reçu  une  bonne  dégelée. 

—  f.TVM.  Di' geler. 

t  DÉGÈI.KMKNT  (dé-gè-le-man),  i.  m.  Action  do 
dégeler,  de  se  dé|,'eler. 

—  niST.  XVI'  s.  Degelement,  konet,  Dict. 

—  f.TVM.  Dégeler. 

DfiGKLKR  (dé-je  lé.  La  syllabe  ge  prend  un  accent 
grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette:  je  dé- 
gèle; je  dégèlerai),  v.  a.  \\  1"  Faire  fondre  ce  qui 
était  gelé.  Le  venl  du  sud  a  dégelé  la  rivière.  Si  l'on 
fait  dégeler  trop  précipitamment  des  fruits,  ils  se 
pourrissent  à  l'instant,  buff.  Exp.  sur  les  végél. 
*'  mém.  Il  2"  Familièrement,  réchauffer.  Il  fallut 
tous  les  fagots  de  la  petite  maison  pour  le  dégeler, 
HAMM.T.  Oramm.  9.  ||  Fig.  D'Antin  obtint  le  gouver- 
nement d'Orléanais;  il  en  fut  si  transporté  qu'il  s'é- 
cria qu'il  était  dégelé,  que  le  sort  était  levé,  st-sim. 
4  87,  243.  Il  3»  V.  n.  La  rivière  dégèle.  ||  Imperson- 
nellement. 11  dégèle,  le  temps  s'est  mis  au  dégel. 
Il  a  dégelé  cette  nuit.  ||  Fig.  et  populairement,  mou- 
rir. Le  pauvre  diable  a  dégelé  cette  nuit,  est  dégelé 
depuis  hier;  par  comparaison  à  im  fruit  gelé  qui, 
se  dégelant,  se  pourrit.  ||  4°Sedégeler,  v.réft.  Cesser 
d'être  gelé.  Les  fontaines  commencent  à  se  dégeler. 

—  RKM.  Dégeler,  pris  neutralement  et  imperson- 
nellement, ne  se  construit  qu'avec  l'auxiliaire  avoir: 
il  a  dégelé  celte  nuit.  Autrement  il  se  construit  avec 
l'auxiliaire  ai'oir,  quand  on  exprime  l'action  :  ces 
pommes  gelées  ont  dégelé  sans  se  gâter  ;  avec  l'auxi- 
liaire être,  quand  on  exprime  l'état  :  ces  pommes 
sont  dégelées. 

—  niST.  xni'  s.  Quant  il  [les  clercs]  ont  bien  le 
pueple  à  leur  pooir  pelé.  Et  il  ont  de  l'avoir  assez 
amoncelé,  Adono  sunt  des  prelas  bel  et  gent  apelé; 
Lors  reprennent  estât  quant  il  sunt  desgelé.  J.  DE 
MEtiSf. ,  Test.  S36.  Il  XV*  s.  Mais  tost  mon  esprit  se 
desgelle  Lorsque  je  mouille  le  gosier.  Et  je  me  re- 
mets en  cervelle  Pots  et  verres  à  manier,  basselin, 

LVIU. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  geler;  bourguig.  dé- 
jallai. 

t  DÉGËNER  (dé-jê-né),  V.  a.  Tirer  de  la  gêne. 

—  IIIST.  XVI"  s Amour  ma  journalière  peine 

Mon  triste  cœur  obstinément  demaine....  Si  degen- 
ner  ne  le  veut  ta  pitié,  Poésies  de  loys  le  caron, 
fai ,  rerso,  dans  lacurne. 

—  ÉTVM.W....  préfixe,  et  gêner;  Berry,  dégêner, 
mettre  à  l'aise. 

t  DIÎGÉNÉRANT,  ANTE  (dé-jé-né-ran ,  ran-t'), 
adj.  Uui  dégénère.  Les  races  dégénérâmes. 

ijfiOÉ.NÉRATION  (dé-jé-né-ra-sion;  en  poésie,  de 
six  syllai)es),  s.  f.  \\  1°  Action  de  dégénérer,  état  de 
ce  qui  est  dégénéré.  La  dégénéralion  des  espèces. 
C'est  pour  avoir  méconnu' cette  dégénération  [de 
l'homme]  que  les  philosophes  de  l'antiquité  tombè- 
rent en  d'étranges  erreurs,  chateaub.  Génie,  i,  4. 
Il  2°  Terme  de  médecine.  Altération  morbide  d'un 
solide  ou  d'un  liquide. 

—  ÊTYM.  Lat.  degeneralio ,  de  degenerare,  dégé- 
nérer. 

DÉGÉNÉRÉ,  ÉE  (dé-jé-né-ré,  rée),  par!,  passé. 
Un  cheval  dégénéré.  Romains  dégénérés,  sans  vi- 
gueur, sans  constance,  m.  j.  cmén.  Gracques,  i,  i,  4. 
Combien  de  génies  qu'une  méthode  contraire  a  fait 
avorter  1  combien  de  talents  éloulTés  ou  dégénérés 
dès  leur  naissance  par  une  culture  mal  entendue  ! 
BONNET,  t'i's.  psychol.  ch.  7». 

DÉGÉNÉRER  (dé-jé-né-ré.  La  syllabe  n^  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
je  dégénère,  excepté,  exception  qui  ne  se  justifie  pas, 
au  futur  et  au  conditionnel  :  je  dégénérerai,  je  dé- 
générerais), V.  n.  Il  1°  Se  détériorer  avec  le  lemps, 
en  parlant  de  ce  qui  a  vie  ou  de  ce  qui  est  assimilé 
aux  êtres  vivants.  Le  blé  dégénère  dans  un  mauvais 
terrain.  Dans  certaines  circonstances,  les  races  pé- 
rissent ou  dégénèrent.  La  chèvre  y  a  beaucoup 
réussi,  mais  la  brebis  a  dégénéré,  et  sa  toison  est 
extrêmement  grossière,  raynal,  llist.  phil.  vn,  28. 
Les  grains  les  plus  heureux....  Dégénèrent  enfin,  si 
l'homme  avec  prudence  Tous  les  ans  ne  choisit  la 
plus  belle  semence.  df.lili.e,  Georg.l.  ||  2°  S'écarter 
en  mal,  de  l'origin»  dont  on  sort,  du  point  où  l'on 
«st,en  parlant  des  personnes.  Dégénérer  de  ses  an- 
cêtres Dégénérer  de  la   piété  de  ses  ancêtres  ,  pa- 


DÉG 

TRU,  Plaidoyer  tB  ,  dans   bichelf.t Le  filsdé- 

génère  Qui  survit  un  moment  à  l'honneur  de  son 
père,  CORN.  Cid,  ii,  2.  Dégénérons,  mon  cœur, 
d'un  si  vertueux  père,  ID.  Hor.  iv,  4.  Ces  neveux 
qui  peut-être  auront  peine  à  les  suivre....  Et  n'en 
auront  le  sang  que  pour  dégénérer,  m.  Surina, 
I,  3.  On  eut  .soin  d'empêcher  qu'une  indigne  maî- 
Iresse  Ne  fit  en  ses  enfants  dégénérer  son  sang,  la 
FONT.  Fah.  vni,  23.  Il  est  impossible  de  dégéné- 
rer de  la  vraie  religion  sans  dégénérer  de  la  vraie 
probité,  BOURDAL.  Carême,  ii,  Relig.  et  prob.  p.  213. 
Les  Grecs  dégénèrent  de  cette  merveilleuse  simpli- 
cité, FiîN.  Tél.  XVII.  Ces  hommes  qui  paraissent 
avoir  dégénéré  de  l'espèce  humaine,  buffon.  De 
riwmme.  Variétés.  \\  Dégénérer  dans  l'esprit  de 
queliiu'un,  perdre  de  l'estime  qu'il  avait  pour  nous. 
Timante,  toujours  le  même  et  sins  rien  perdre  de  ce 
mérite  qui  lui  a  attiré  la  première  fois  de  la  réputa- 
tion et  des  récompenses,  ne  laissait  pas  de  dégéné- 
rer dans  l'esprit  des  courtisans....  il  lui  fallait  cette 
pension  ou  ce  nouveau  poste....  la  bruy.  vin.  ||  Se  dit 
aussi  des  choses  qui  se  détériorent.  Avant  que 
les  mœurs  des  chrétiens  eussent  dégénéré,  mass. 
Car.  Pet.  nombre  des  élus.  C'est  le  sort  ordinaire 
des  choses  humaines,  quand  elles  sont  parvenues 
à  leur  plus  grande  perfection,  d'en  déchoir  bien- 
tôt et  d'aller  toujour.s  après  en  dégénérant,  kol- 
LiN,  Jlist.  anc.  xxv,  m,  art.  2.  Ses  mœurs  avaient 
surtout  dégénéré  dans  le  climat  voluptueux  des 
Indes,  KAYNAL  ,  llist.  phil.  iv,  24.  ||  3°  Dégé- 
nérer en,  changer  de  bien  en  mal,  de  mal  en  pis, 
ou  ,  quelquefois  seulement,  passer  d'une  manière 
d'être  à  une  autre.  Ces  gens  avant  l'hymen  si  fâ- 
cheux et  critiques  Dégénèrent  souvent  en  maris 
pacifiques,  mol.  Déjnt.  am.  y,  9.  Sa  piété  dégé- 
nère en  idolâtrie,  Boss.  llist.  i,  6.  Ils  empêchè- 
rent que  la  liberté  ne  dégénérât  en  licence,  m. 
llist.  ni,  B.  La  crainte  de  fâcher  dégénère  en  fai- 
blesse, ID.  Polit.  Plusieurs  disaient,  pour  sonder 
les  esprits,  que  l'État  monarchique  était  préférable 
à  une  république  qui  était  dégénérée  en  pure  anar- 
chie, VERTOT,  liévol.  mm.  liv.  xiii,  p.  251.  La  beauté 
de  votre  argent  s'est  changée  en  boue,  et  la  force 
de  votre  vin  a  dégénéré  en  la  faiblesse  de  l'eau, 
MASS.  Car.  Enf.  prod.  La  fête  de  St  Léonce ,  évoque 
d'Hippone,  étant  proche,  le  peuple  murmurait  de 
ce  qu'on  voulait  l'empêcher  de  la  célébrer  avec  les 
réjouissances  ordinaires,  c'est-à-dire  de  faire  dans 
l'église  des  festins  qui  dégénéraient  en  ivrogneries 
et  en  débauches,  eollin.  Traité  des  Et.  iv,  ch.  2. 
Une  guerre  de  plume  entre  tant  de  partis,  pendant 
que  l'Ëtat  était  occupé  do  grandes  choses,  et  que  le 
gouvernement  était  tout-puis.sant,  ne  pouvait  deve- 
nir en  peu  d'années  qu'une  occupation  de  gens  oi- 
sifs, qui  dégénère  tôt  ou  tard  en  indifférence,  volt. 
Louis  XIV,  36.  Il  On  dit  quelquefois,  bien  que  moins 
souvent,  dégénérer  dans,  au  lieu  de  dégénérer  en. 
La  charité  ne  doit  point  dégénérer  dans  une  tolé- 
rance aveugle  et  pusillanime,  bourd.  Pensées,  t.  ii, 
p.  473.  Il  4°  Terme  de  médecine.  Se  changer  en  une 
maladie  plus  ou  moins  violente.  Son  rhume  a  dégé- 
néré en  catarrhe.  ||  Terme  d'anatomie  patholo- 
gique. Dans  certaines  paralysies ,  les  muscles  dé- 
génèrent en  une  substance  graisseuse. 

—  REM.  1.  Dégénérer  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
aroi'r,  quand  il  exprime  l'action  :  ces  grains  ont 
dégénéré  rapidement;  avec  l'auxiliaire  être  quand  il 
marque  l'état  :  ces  graines  sont  dégénérées  depuis 
longtemps.  ||  2.  Dégénérer  prend  la  préposition  de 
quand  nous  voulons  m^irquer  l'origine  dont  on  s'est 
écarté;  et  la  préposition  en,  quand  nous  voulons 
marquer  l'imperfection  dans  laquelle  une  chose  est 
tombée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ceste  glande  s'apostemeet  ulcère, 
et  quelquefois  se  dégénère  en  fistule,  paré,xv,  40. 

—  ÉTYM.  Lat.  degenerare ,  de  de,  eigenus,  genre  : 
sortir  de  son  genre,  de  son  espèce. 

DÊGÉ.\ÉRESCENCE  (dé-jé-né-rè-ssan-s') ,  s.  f. 
Il  1°  Disposition  à  dégénérer.  Il  2°  Terme  d'histoire 
naturelle  et  de  médecine.  Changement  qu'éprouve 
un  corps  organisé  lorsque,  passant  sous  l'empire 
d'autres  circonstances,  il  perd  son  caractère  géné- 
rique et  se  détériore.  La  dégénérescence  des  espè- 
ces. En  ce  sens  il  est  synonyme  de  dégénération. 
Il  Terme  d'anatomie  pathologique.  Altération  de 
tissus  ou  d'humeurs,  production  accidentelle. 

—  ÉTYM.  Dégénérescent. 

t  DÉGÉNÉRESCENT,  ENTE  (dé-jé-né-rè-ssan , 
ssan-l'),  adj.  Terme  didactique.  Qui  subit  une  dé- 
génération. 

—  ÉTYM.  Mot  formé  de  degenerare,  dégénérer, 
sur  le  modèle  des  verbes  en  escere,  finale  qui  est  in- 
choative  et  qui  indique  tendance. 


DEG 

'DÉGINGANDÉ,  ÉE  (dé-jin-gan-d4  ,  dée),  poW. 
passé.  Il  1°  Oui  a  quelque  chose  crjime  disloqué 
dans  .sa  démarche,  dans  son  attitude,  dans  sa  con- 
tenance. Cette  femme  est  toute  dégingandée.  Jamais 
personne  si  peu  soigneu.se  d'elle-même  [que  la  du- 
chesse de  Lorge],  si  dégingandée,  co'-ffure  de  tra- 
vers, habits  qui  traînaient  d'ancM^ ,  ST-siM.  357, 
210.  Il  Par  extension.  L'habit  dégingandé  de  galé- 
rien, sÉv.  427.  Il  2°  Fig.  Esprit  dégingandé.  Style 
dégingandé.  Pièce  dégingandée.  Avec  la  tristesse 
de  voir  notre  aemmerce  [correspondance]  dégin- 
gandé, sÉv.  213.  Je  vous  prie  de  ne  pas  croire  que 
j'aie  faitTancrède  comme  on  le  joue  à  Paris;  les 
comédiens  m'ont  cassé  bras  et  jambes;  vous  verrez 
que  la  pièce  n'est  pas  si  dégingandée,  volt,  dans 
LAVEAUX.  Il  C'est  un  terme  familier. 

t  DÉGINGANDEMENT  (dé-jin-gan-de-man)  ,  s. 
m.  État,  aspect  d'une  personne  dégingandée.  ||Fig. 
Défaut  d'union.  Vu  l'humeur  de  Monsieur  incorri-  | 
gible  de  tout  point,  la  division  du  parti  irrémédia- 
ble par  une  infinité  de  circonstances,  et  le  dégin- 
gandement,  si  l'on  peut  se  servir  de  ce  mot,  passé, 
présent  et  à  venir  de  tous  ces  partis,  betz,  ilém. 

p.   257,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dégingandé. 

t  DÉGINGANDER  (dé-jin-gan-dé),  V.  a.  Terme 
familier.  Donner  un  air  comme  disloqué  à  sa  taille, 
à  son  attitude,  à  sa  marche.  Sa  taille  promettait 
d'abord  quelque  beauté;  Mais  voyez,  elle  l'a  toute 
dégingandée,  HAUTEROCHE,Bours.  de  qualité,  n,  2. 
Il  Se  dégingander,  v.  réfi.  Se  rendre  dégingandé. 

—  HIST.  XVI*  s.  Crucifiez,  bouillez,  escarbouillez, 
escartelez,  dehingandez  ces  méchants,  rabel.  dans 
le  Dict.  de  hochez.  Desgingander,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Génev.  degigandé;  lievry  ,degiguenandé ; 
ce  paraît  être  un  mot  burlesque  formé  du  préfixe 
dé....  et  de  gigue,  dans  le  sens  de  jambe  :  qui  n'est 
pas  bien  sur  ses  jambes. 

f  DÉGÎTER  (dé-ji-té),  V.  a.  Terme  de  chasse.  Faire 
sortir  du  gîte.  ||  Se  dégîter,  ii.  ré/l.  Quitter  son  gîte. 

—  HIST.  XVI*  s.  Degister  un  lièvre,  cotgbave. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  gtte. 

f  DÉGLACER  (dé-gla-sé.  Lee  prend  une  cédille  de- 
vantoeto:déglaçant, déglaçons),  v.  a.  Ôter  laglace, 
fondre  la  glace.  ||  Se  déglacer,  v.  réfl.  N'être  pins 
glacé.  C'est  ma  reine  elle-même  avec  mon  secrétaire; 
Tout  mon  corps  se  déglace...,  corn.  Illusion,  m,  8. 

—  HIST.  XVI*  s.  Une  grande  multitude  de  soMiîs 
que  vous  voyez  en  une  montagne  des  Alpes  bien  em- 
pe-schez  au  soleil  à  desglacer  leurs  doubles  mousta- 
ches, d'aub.  Fcen.  iv,  20.  D'amour  tout  le  premier 
fiambeau.  Qui  déglaça  sa  froideur  endormie,  bons. 

C86. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  glace. 

f  DÊGLANUER  (dé-glan-dé) ,  ti.  a.  Terme  de  vé- 
térinaire. Extirper,  chez  le  cheval,  dans  la  cavité 
glossieiine  les  ganglions  lymphatiques  dont  l'indu- 
ration constitue  les  glandes  de  ia  morve.  ||  On  dit 
aussi  églander. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  glande. 

t  DÉGLOUTERONNER  (dé-glou-te-ro-né),  v  a. 
Terme  de  foulon .  Débarrasser  la  laine  des  glouterons. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el  glouteron. 
DÉGLUÉ,  ÉE  (dé-glu-é,  ée),  part,  passé.  Un  oi- 
seau (léglué. 

t  DÉGLUEMENT  (dé-glu-man) ,  s.  m.  Action  de 
dégluer. 

—  HIST.  XVI*  s.  Degluement,  monet,  dict. 

—  ÉTYM.  Dégluer. 

DÉGLUER  (dé-glu-é),  v.a.\ll'  Ôter  la  glu.  Dé- 
gluer un  bâton. Il  2°  Par  extension,  dégluer  les  yeux, 
ôter  la  chassie  attachée  aux  paupières.  |l  3°  Se  dé- 
gluer, t'.  réfl.  Se  débarrasser  de  la  glu.  Les  oisil- 
lons se  dégluèrent. 

—  HIST.  XVI*  s.  Pour  ce  qu'on  prend  souvent  l'oy- 
seau  au  glu,  oii  on  le  prent,  on  luy  presse  ou  rompt 
les  pennes;  s'ensuyt  la  manière  de  le  desgluer  et 
de  ses  pennes  rabiller,  fouilloux,  Fauc.  f°  03,  dans 

LACURNE. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  elglu;  génev.  dégUtir. 
t  DÉGLUTINER   ( dé-glu-ti-né),  f.  a.   Terme  de 

chasse.  Enlever  la  glu  qui  s'est  attachée  au  plumage 
d'un  oiseau. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  ei  glu. 
DÉGLUTITION   (dé-glu-ti-sion) ,  i. /".    Terme  de 

physiologie.  Action  d'avaler,  action  par  laquelle  les 
substances  alimentaires  sont  portées  de  ia  bouche 
dans  l'estomac  par  le  pharynx. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  trachée  artère  est  sujette  au 
mouvement  qui  se  fait  en  la  déglutition,   pab£, 

Vlll,   31. 

—  ÉTYM.  Lat.  deglutitio,  de  deglutire,  avaler,  do 
de,  elglutire,  avaler  (voy.  glouton}. 


f  DlîGOBlLLAGE  (dé-go-hi-Ua-j',  Il  mouillées), 
».  m.  Terme  bas.  Matières  vomies.  ||  Fig.  En  le 
montrant  au  doigt,  vous  lui  ferez  trop  d'honneur; 
et  puis  la  belle  malièreà  remuer  pour  vous  que  son 
dégobillage!  Fi!  laissez-le  li;  jam fcetet  [il  pue  dé- 
jà], P.L.  COUB.  Lett.  II,  28. 

—  ÊTYM.  Dégobilîer. 

DÉGOBILLÉ,  Élï  (dé-go-lii-Ué,  liée.  Il  mouillées, 
et  non  dé-go-bi-yé),  part.  ;)OSi(>'.  Un  dîner  dégobiUé. 

DÉGOBILLEU  (dé-go-lii-Ué,  U  mouillées,  et  non 
dé-go-bi-yé),  v.  a.  Terme  bas.  Vomir  ce  qu'on  a 
mangé  avec  excès. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  ei  goier. 
DÉGOBILLIS  (dé-go-bi-lli,  U  mouillées,  et  non 

dé-go-bi-y.i),  s.  m.  Terme  bas.  Matières  vomies. 

—  ÉTVM.  Dégobilîer. 

t  DÉGOGNADE  (dé-go-gna-d'),  s.  f.  Action  de  se 
dégogner.  C'est  ici  où  les  Bohémiennes  poussent 
leurs  agréments;  elles  font  des  dégognades  où  les 
curés  trouvent  un  peu  à  redire,  sÉv.  277.  ||  Flécbier, 
dans  ses  Grands  Jours,  dit  goignade. 

—  trnii.  Dégogner. 

f  DÉGOGNER  jSE)  (dé-go-gné) ,  V.  réfl.  Se  livrer 
à  ries  mouvements  dégingandés,  désordonnés.  Il  y 
a  beaucoup  de  mouvement,  et  l'on  se  dégogne  ex- 
rêmemenl  [dans  la  bourrée  à  Vichy],  sÉv.  279. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

DÉGOISÉ,  ÉE  (dé-goi-zé,  zée),  ■part,  ■passé.  Un 
petit  babd  joliment  dégoisé. 

t  DÉGOISEMENT  (dé-goi-ze-man),  s.  m.  Action 
de  dégoiser. 

—  HlST.  XV'  s.  Nous  connoissons  ces  passions, 
mouvements  ou  affections  es  petits  enfants  par  voix 
ou  sons  qu'ils  jettent  par  dehors,  lesquelles  voix  nous 
disons  en  grammaire  interjections,  et  en  commun 
langage  on  les  appelle  aucunes  fois  degoisement, 
OERSON,  dans  le  Dict.  de  dochez.  1|  xvi'  s.  Le  de- 
goisement des  oisillons  qui,  avisant  l'aube  du  jour, 
se  prindrent  hautement  <l  chanter,  D.  Florès  de 
Grèce,  f°cxv,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dégoiser. 

BÉGOISER  (dé-goi-zé) ,  V.  a.  \\  1°  Chanter,  ga- 
zouiller, en  parlant  des  oiseaux.  ||  Par  extension, 
dire  avec  volubiliié,  dire  ce  qu'on  devrait  taire.  Ce 
n'est  lias  tout,  je  dis  sornelles.  Je  dégoise  dos  chan- 
sonnettes, RÉGNIER,  Ép.  m.  Comment  diable  m'y 
prendrai-je  pour  lui  dégoiser  tout  ça?  pont  de 
VESLE,  Somnamb.  se.  Vi.  ||  Absolument. Peste,  ma- 
dame la  nolirrice,  comme  vous  dégoisez!  mol.  iléd. 
m.  lui,  II,  2.  KUe  est  fille  et  jaseuse,  par  conséquent 
elle  dégoisera,  dancourt.  Gai.  jardinier,  se.  8. 
Mme  d'Armagnac  dégoisa  sur  sa  propre  naissance 
d'une  manière  très-facheuse,  st-sim.  74,  220. j]  2°  Se 
dégoiser,  v.  réft.  Babiller  beaucoup.  Vieux  en  ce 
sens.  Il  Se  dégorger.  Vieux  en  ce  sens.  Que  la  ri- 
vière d'Oise  Sur  des  arènes  d'or  en  ses  bords  se  dé- 
goise,  RÉGNIER,  Sat.  XV. 

—  HlST.  xiii"  s.  Lors  s'esvertue  et  se  desgoise  Le 
papegau  et  la  calandre,  j.  de  meung,  dans  le  Dict. 
de  DOCHEZ.  Il  xv  s.  On  rit,  on  raille,'  on  sorne,  on 
dit,  On  escoute,  on  preste  l'oreille.  On  se  desgoyse, 
on  s'esgaudit.  On  se  resjouit,  on  se  resveille,  co- 
QUiLLAHT,  le  Blason  des  armes  et  des  dames.  ||  xvr  s. 
Quand  tout  boys  reverdisi,  et  parmy  les  boccages 
Les  oyseaux  bien  chantans  degoysent  leurs  ramages, 
DUBELL.  IV,  77,  verso.  On  dit  par  excellence:  il 
chante,  il  se  degoise,  il  gringolte  comme  un  rossi- 
gnol, PARÉ,  Animaux,  <9 Ny  la  noise  Du  ros- 
signol qui  se  degoise,  Ne  luy  rameine  le  sommeil, 
BONS.  ■'83.  Escoutez  comment  ce  petit  garçon  se  sçayt 
desgoyser,  palsgr.  p.  482.  Les  oiseaux  degoisent 
leurs  chansonnettes  et  ramages,  mcor,  Dict, 

— ÉTYM.  Cd....  préfixe, etsosier;Berry,degroisiiïer. 
t  DÉGOMMAGE   (dé-go-ma-j') ,  s.  m.  L'action  de 
dégommer  ou  décreuser  la  soie. 

—  ÉTYM.  Dégommer. 

t  DÉGOMMER  (dé-go-mé),  v.  a.  ||  I»  ôter  la 
gomme.  ||  Décreuser  la  soie.  ||  2"  Fig.  et  populaire- 
ment, destituer  d'un  emploi,  d'un  poste  quelcon- 
que. On  l'a  dégommé.  |{  Faire  mourir,  tuer.  Le  cho- 
léra en  a  joliment  dégommé. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  gomme. 

+  DÉGONDER  (dé-gon-dé) ,  v.  a.  ôter  une  porte 
de  ses  gonds. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Au  lieu  d'un  panier  il  porte  son 
escarcelle  où  estoient  ses  tenailles  et  crochets,  avec 
lesquels  il  ouvroit  les  serrures  et  degondoit  les  huis, 

MERLIN  COCAVE,  t.  I,  p.  263,  dans  LACURNE. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  gond. 
DÉGONFLÉ,  ÉE   (dé-gon-llé,  liée),   part,  passé. 

Un  ballon  dégonflé.  ||  Kig.  J'attends  que  mon  cœur 
«oit  un  peu  dégonflé  de  la  joie  inexprimable....  volt. 
Utl.  Damilatillc,  23  mars  )7C5. 


DKG 

DÉGONFLEMENT  (dé-gon-fle-man),  s.  m.  Action 
de  dégonfler,  de  se  dégonfler;  résultat  de  cette  ac- 
tion. Le  dégonflement  du  ballon  empêcha  l'aéro- 
naute  de  partir. 

—  ÉTYM.  Dégonfler. 

DÉGONFLER  (dé-gon-flé),  v.  a.  ||  1°  Faire  cesser 
le  gonflement.  Dégonfler  une  vessie.  Une  applica- 
tion de  sangsues  dégonfla  le  doigt  enflammé.  |j  2°  Se 
dégonfler,  l'.  réfl.  Cesser  d'être  gonflé.  Ce  ballon  se 
dégonfle.  Cette  tumeur  commence  à  se  dégonfler. 
Il  Fig.  Le  père  alors  posait  ses  coudes  sur  sa  chaise; 
Son  cœur  plein  de  sanglots  se  dégonflait  à  l'aise , 
v.  Hi'GO,  Crép.  V. 

t  DÉGOR  (dé-gor) ,  s.  m.  Tuyau  de  décharge  par 
lequel  on  fait  passer  la  liqueur  distillée. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉGORGER. 

i  DÉGORGEAGE  (dé-gor-ja-j'),  s.  m.  Action  de 
débarrasser  un  tissu  de  toute  matière  étrangère, 
avant  de  le  teindre. 

—  ÉTYM.  Dégirger. 

DÉGORGÉ,  ÉE  (dé-gor-jé,  jée),  part,  passé. 
Il  1"  Rendu  par  la  gorge.  Des  viandes  dégorgées. 
Il  2'  Débouché.  Un  conduit  dégorgé.  Indépendam- 
ment de  sa  destination  princi[iale,  qui  est  de  défen- 
dre feutrée  du  port,  il  [un  fort]  a  plusieurs  batteries 
dégorgées  sur  la  campagne  et  qui  flanquent  quel- 
ques parties  de  l'enceinte  de  la  ville,  raynal,  llist. 
phil.  XII,  <2.  Il  3°  Vidé  de  ce  qui  avait  rempli.  Des 
sangsues  dégorgées  du  sang  qu'elles  avaient  sucé. 

DÉGORGEMENT  (dé-gor-je-man) ,  s.  m.  ||  1°  Ac- 
tion de  rendre  gorge.  Le  dégorgement  après  des 
excès  de  table.  ||  Par  extension,  action  de  faire  ren- 
dre les  liquides  qui  ont  été  absorbés.  Le  dégorge- 
ment des  sangsues.  ||  2"  Action  de  faire  écouler  des 
eaux  et  des  immondices.  Dégorgement  d'un  canal, 
il'une  gouttière.  Il  Écoulement  des  cours  d'eau  les 
uns  dans  les  autres,  ou  dans  la  mer.  En  cinglant 
toujours  i  l'ouest,  nous  parvînmes  à  l'extrémité  du 
dégorgement  de  cette  immense  écluse  [barre  du 
Nil],  CHATEAUB.  Itinér.  m,  6i.||  Par  extension,  écou- 
lement d'une  foule.  Le  dégorgement  de  cette  foule 
par  un  étroit  passage  devint  presque  impossible, 
SÉGUR,  llist.  de  Napol.  xii,  3.  ||  3°  Terme  de  méde- 
cine. Écoulement  au  dehors.  Dégorgement  de  la  bile, 
des  humeurs.  ||  Dégorgement  des  jambes,  d'un  or- 
gane, écoulement  des  humeurs  qui  engorgeaient  ces 
parties.  ||  4'  Terme  d'arts.  Action  de  dépouiller  cer- 
taines matières  des  corps  étrangers.  Dégorgement 
des  laines,  des  cuirs. 

—  ÉTYM.  Dégorger. 

t  DÉGORGEOIR  (dé-gor-joir),  s.  m.  \\  1°  Issue  pat 
où  quelcpie  chose  dégorge.  Vous  a-t-on  ouvert  ces 
portes  de  la  mort,  et  en  avez-vous  vu  les  dégor- 
geoirs ténébreux?  eern.  de  st-p.  Éludes,  iv.  Livre 
de  Job.  Il  2°  Instrument  dont  le  serrurier  se  sert  pour 
vider  les  mortaises.  ||  Instrument  pour  tordre  la 
laine.  ||  Fil  de  fer  qui  sert  à  nettoyer  la  lumière  des 
canons.  ||  3°  Magasin  fermé  où  l'on  dépose  les  ca- 
bosses ou  graines  du  cacaoyer  pour  les  débarrasser 
de  la  substance  visqueuse  qui  les  entoure. 

—  ÉTYM.    Dégorger. 

DÉGORGER  (dé-gor-jé.  Le  g  prend  un  e  quand  il 
est  suivi  d'un  a  ou  d'un  o;  nous  dégorgeons;  je  dé- 
gorgeais), V.  a.  Il  1°  Dégorger,  rendre  gorge,  revo- 
mir. Polyphème  dégorgeait  en  dormant  les  débris 
des  malheureux  qu'il  avait  dévorés.  Il  ne  lui  fut  plus 
possible  [à  une  femelle  d'oiseau]  d'aller  prendre  s"a 
nourriture  comme  auparavant;  mais  le  mâle,  tou- 
jours officieux  et  toujours  emjiressé,  allait  la  pren- 
dre pour  elle  et  la  lui  dégorger  dans  le  bec,  bon- 
net, Contempl.  nat.  xi"  part.  ch.  3,  note  2.||  2'Terme 
de  couture.  Dégorger  une  chemise  de  femme,  cou- 
per l'étofTe  d'une  chemise  pour  laisser  passer  la  tête 
et  dégager  le  cou.  ||  3°  Déboucher  un  canal,  débar- 
rasser un  passage  obstrué.  Dégorger  un  tuyau,  une 
gouttière,  un  égout.  ||  4"  Terme  d'arts.  Dépouiller, 
nettoyer  une  chose  des  substances  étrangères  qu'elle 
contient.  Dégorger  du  cuir.  Dégorger  de  la  laine  ou 
de  la  soie,  les  laver  dans  l'eau  de  rivière,  après  les 
avoir  fait  cuire  dans  divers  ingrédients.  ||  Dégorger 
du  poisson,  le  mettre  dans  de  l'eau  pure  pour  lui 
faire  perdre  le  mauvais  goût  qu'il  a  contracté  dans 
de  l'eau  fangeuse.  ||  Kig.  et  familièrement,  se  dé- 
barrasser comme  par  dégorgement.  Il  faut  laisser 
les  Velches  dégorger  leur  Roméo  et  leur  Juliette, 
volt.  tc((.  d'Argenlal,2i  sept.  1772.  J'élève  un  ac- 
teur de  province  qui  a  de  la  figure,  de  la  noblesse 
et  de  l'âme;  quand  je  lui  aurai  fait  dégorger  le  ton 
provincial,  je  vous  l'enverrai,  in.  I.ett.  d'Argenlal, 
20  juin  4  707.  Il  5°  Terme  de  vétérinaire.  Dégorger 
un  cheval,  le  promener  pour  lui  faire  dissiper 
quelque  engorgement.  ||  6"  F.  n.  Se  répandre,  dé- 
border. Si  l'égout  vient  à  dégorger ,  il  infectera 


mr, 


1G51 


le  voisinage.  ||  7°  Se  dégorger,  v.  rtjt,  Se  désob. 
struer,  se  déboucher.  ||  8°  Épancher  ses  eaux.  De? 
rivières  qui,  cherchant  i  se  dégorger  dans  l'Océan, 
trouvent  leur  embouchure  fermée  par  des  sables 
que  le  mouvement  de  la  mer  y  a  poussés  durant 
la  saison  sèche,  raynal,  ilist.  ■phil.  iv,  4.  Des  tor- 
rents larges  et  profonds  comme  des  mers  se  dégor- 
gent des  détroits  de  Baffin,  bern.  de  st-p.  liarm. 
liv.  I,  Tabl.  général.  \\  Avec  ellipse  du  pronom  se. 
Les  ravines  d'eau  ont  faitdégorger  cet  étang.  Quand 
le  Tigre,  effrayé,  de  ses  groties  profondes  .lus- 
qu'aux  monts  d'alentour  fit  dégorger  ses  ondes, 
ROTROU,  Bélis.  V,  5.  Il  Épancher  ce  qui  est  com- 
paré à  de  l'eau,  à  un  liquide.  J'évite  d'être  re- 
poussé k  une  porte  par  la  foule  innombrable  de 
clients  et  de  courtisans  dont  la  maison  d'un  ministre 
se  dégorge,  la  druy.  ix.  Ne  troublez  pas  le  Dieu 
qui  me  met  en  fureur;  Je  sens  qu'en  tons  heureux 
ma  verve  se  dégorge,  regnard.  Folies  amour,  n,  t. 
Il  9°  Se  débarrasser  de  substances  étrangères,  de  la 
bourbe.  La  laine  se  dégorge  dans  l'eau  de  rivière. 
Donnez  à  ces  poissons  le  tempsde  se  dégorger.  ||  Avec 
ellipse  du  pronom  se.  Faire  dégorger  des  sang- 
sues, leur  faire  rendre  le  sang  qu'elles  ont  pris. 
Faire  dégorger  du  poisson,  le  mettre  dans  l'eau 
claire  pour  qu'il  perde  le  goût  de  marée  ou  de  bourbe. 
Il  10°  Cesser  d'être  engorgé,  enflé.  Les  jambes  de  ce 
malade  commencent  à  se  dégorger. 

—  HlST.  XV"  s.  Le  duc  avoit  aucun  murmurement 
en  cueur  qui  point  ne  degorgeoit,  g.  chastellain, 
dans  le  Dict.  de  docuez.  ||  xvf  s.  Elle  se  fasche  et 
se  desgorge  contre  Dieu  et  son  mari,  à  cause  qu'elle 
est  contrainte  d'espandre  le  sang  de  son  fils,  calv. 
Instit.  1064.  Ceux  qui  desgorgent  des  resveries  si 
monstrueuses,  iD.ifc.  H  08.  Nos  pédantes  vont  pillotant 
la  science  dans  les  livres  et  ne  la  logent  qu'au  boul 
de  leurs  lèvres  pour  la  dégorger  seulement  et  mettre 
au  vent,  mont,  i,  <43.  Ayant  desgorgé  une  bottelée 
de  paragraphes,  id.  iv,  (74.  U  faut  garder  les  sang- 
sues environ  un  mois  et  plus,  à  fin  qu'elles  se  des- 
gorgent de  leur  boue  et  ordure....  et  qui  lesappli(|ue- 
roit  sans  estre  desgorgées,  elles,etc....  il  les  convient 
faire  desgorger  et  vomir  leur  ordure  auparavant  que 
les  appliquer,  paré,  xv,  69.  Les  rossignols  grin- 
goitent  et  desgorgent  ainsi  que  peut  faire  le  plus 
parfait  chantre  du  monde,  id.  Animaux,  <».  Que 
dirai  plus?  grandes  tours  submergées,  Cachées  sont 
sous  les  eaux  desgorgées,  mahot,  iv,  27.  Et  [lo] 
s'efl'orçant  lamenter,  de  sa  gorge  Un  cri  de  vache  et 
mugissant  desgorge,  id.  iv,  47.  Mais  cependant 
Venus,  de  deuil  attainle.  Desgorge  ainsi  à  Neptune 
sa  plainte,  du  eellay,  iv,  37,  verso. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  gorge. 

DÉGOTÉ,  ÉE  (dè-go-té,  tée) ,  part,  passé.  Dégoté 
par  son  adversaire. 

DÉGOTER  (dé-go-té),  v.  a.  Terme  très-familier. 
Il  1°  Faire  tomber  avec  une  pierre,  une  balle,  une 
bille,  etc.  un  objet  placé  comme  but.  Voyez  cette 
bouteille  placée  sur  un  piquet,  je  vais  la  dégoter. 
Il  2°  Fig.  Déposséder  quelqu'un  de  son  posle,  de 
son  rang.  J'ai  peur  que  M.  le  duc  de  Prasiin  n'aima 
pas  mon  impératrice  de  Russie;  j'ai  peur  qu'on  ne 
la  dégote,  volt.  Lett.  d'Argental,  vi  août  1763. 

—  REM.  Dégoter,  qui  n'est  ni  dans  Furetière  ni 
dans  Richelet,  n'est  pas  non  plus  dans  les  éditions 
du  Dictionnaire  de  l'Académie  antérieures  à  (836. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  On  peut  songera  dé- 
goutter, pris  transitivement:  faire  tomber  comme  une 
goutte.  On  lit  dans  les  Excentricités  du  langage, 
4'édit.  t862  :  «  Dégotter,  surpasser.  On  disait  en  1808 
dégoutter,  qui  veut  dire  être  placé  au-dessus  de 
quelqu'un,  sans  quoi  on  ne  pourrait  dégoutter  sur 
lui.  »  C'est  une  autre  manière  d'expliquer  la  trans- 
formation du  sens  de  dégoutter  en  dégoter.  Mais 
puisqu'on  a  dit  ellèctivement  dégoutter  en  ce  sens, 
il  y  a  lieu  de  croire  que  dégoter  en  est  une  corrup- 
tion quelconque. 

t  DÉGOUPILLER  (dé-gou-pi-llé,  Il  mouillées), 
V.  a.  Enlever  des  goupilles. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  goupille. 

t.  DÉGOURDI,  lE  (dé-gourdi,  die),  part,  passé 
de  dégourdir.  ||  1°  Qui  n'est  plus  engourdi.  Membres 
dégourdis.  L'animal  dégourdi  piqua  son  homme  au 
bras,  LA  FONT.  Fabl.  x,  to.  ||2*  Fig.  Adroit,  avisé. 
Voilà  un  garçon  bien  dégourdi.  Cette  femme  a  l'air 
bien  dégourdie.  ||  Substantivement.  C'est  un  dé- 
gourdi. Quelle  dégourdie!  ||  3'  Qui  a  perdu  l'âpreté 
du  froid,  en  parlant  d'un  liquide.  De  l'eau  dégourdie. 

f  2.  DÉGOURDI  (dé-gour-di) ,  s.  m.  Premièra 
cuisson  de  la  porcelaine,  qui  se  fait  dans  l'étage  su- 
périeur du  four. 

—  ÉTYM.  Dégourdi  1. 

DÉGOURDIR  (dé-gour-dir) ,  v.  a.  ||  1'  Redonner 


1022 


DRG 


du  mouvement  à  ce  qui  était  engourdi.  Dégourdir 
ses  jambes.  Ouanil  nos  doigts  engourdis  de  froid  ne 
pouvaient  plus  tenir  la  plume,  la  flamme  do  la  lampe 
était  le  seul  foyer  ort  nous  (louvions  le.s  df.'gourdir, 
MABMONTEL,  item.  liv.  1. 1|  2°  I''ig.  et  familièrement, 
faire  perdre  à  quelqu'un  sa  gaucherie,  sa  timidité. 
Mon  fière  m'ayanl  tenu  quelque  temp?  auprès  de  lui 
pour  me  dégourdir,  iiamilt.  dramm.  3.  C'est  un 
nigaud  qui  esl  frais  émo'jlu  de  la  province,  vous  me 
ie  dégourdirez,  cousii,  OANCOiinr,  Vend.  deSurétie, 

10.  (2.  Alain,  le  sot  Aiain  a  dégourdi  Nicetle,  ka- 
VAiiT,  Cherch.  d'i-sprit.  so.  2i.  Eh  hien  I  monsieur, 
nve7.-vous  dégourdi  notre  homme?  iioissY,  Fran- 
çais à  Londres,  se.  )2.  ||  3°  ôler  à  un  liquide  l'âpreté 
du  froid  qui  l'engourdit  pour  ainsi  dire  et  qui  (ait 
une  impression  douloureuse  sur  les  dents,  sur  les 
mains,  etc.  Je  déguurdis  mon  eau,  afin  de  pouvoir 
la  hoire.  L'eau  que  j'ai  dégourdie. ||  4°  Se  dégourdir, 
l>.  rdfl.  Cesser  d'iHre  engourdi.  Je  me  suis  un  peu 
dégourdi  en  marchant.  Mes  jambes  commencent  à 
se  dégourdir.  |{  Fig.  Agir  avec  plus  de  promptitude. 
Allons,  courage  I  dégourdissez-vous.  Te  voilà  sur 
tes  pieds  droit  comme  une  statue;  Dégourdis-toi, 
courage!  allons,  qu'on  s'évertue,  raC.  Vlaid.  m, 
3.  Je  suis  tout  engourdi  de  tristesse.  —  Allons, 
allons,  drgourdis-toi,  puisque  tu  m'aimes,  mahi- 
VAUX,  VUeur.  slrataq.  m,  2.  {|  Avec  ellipse  du  pro- 
nom se.  11  sent  dégourdir  sa  gravité  en  faveur  de 
vos  attraits,  iiamilt.  Gramm.  9.  ||  S"  Perdre  l':1preté 
du  froid.  Pendant  que  vous  parliez,  votre  eau  se 
dégourdissait.  \\  Avec  ellipse  du  pronom  se.  Faire 
dégourdir  do  l'eau,  la  faire  tiédir  légèrement.  De 
l'eau  pure  sans  la  faire  dC'gourdir,  j.  j.  nouss. 
Ém.  n. 

—  HIST.  xiii's.  Soions  à  li  servir  preuz  et  des- 
gordcli,  Et  usons  bien  des  grâces  que  nous  tenons 
de  li,  I.  m-;  meung,  Test.  207.  ||  xvi"s.  S'oindre  pour 
rendre  les  nerfs  plus  souples  et  desgourdis,  mont. 

11,  231.  Occupation  propre  à  desgourdir  un  espi'it  et 
un  corps  poi.sant,  id.  m,  379. 

—  F.TYM.  Dé....  préfixe,  el  gourd. 
DftGOUKDlSSEMENT  (dé-gour-di-se-man),  s.  m. 

Il  1"  Action  par  laquelle  les  membres  reprennent  de 
la  chaleur  et  du  mouvement;  résultat  de  cette  ac- 
tion. Il  2°  L'action  doter  à  un  li(|uide  l'ilpreté  du 
froid.  Le  dégourdissement  de  l'eau. 

—  lïTYM.  Dégourdir. 

+  DEGOUT  (ilé-goii,  ou  bref),  i.  m.  Action  de 
dégoutter.  11  pleuvait....  Et  du  haut  des  maisons 
tombait  un  tel  dégoût,  kégnier,  Sut.  x.  ||  Jus  qui 
dégoutte  des  viandes  en  rôtissant.  ||  Au  jeu  de  l'hom- 
bre,  payement. 

—  HIST.  XII'  s.  Là  fors,  là  ù  chet  [tomb"]  li  de- 
goz,  Girrai  |je serai  gisant],  là  ert  mis  [monjmonu- 
mens,  hrnoît,  Chron.  dansnAYNOUARD.  ||  xiii°  s.  Es 
degouz  des  (luns  de  paradis  s  e.sleecera  la  terre  ger- 
manz.  Psautier,  !°  75.  Es  viles  campestres  nul  ne 
pot  mesonner  si  près  de  moi,  que  li  degous  de  me 
[ma]  meson  ne  me  deraeurt  toz  franz,  biîaijman. 
XXIV,  22.  Il  XVI'  s.  Chappons  roustiz  avecques  leur 
degoust,  BAH.  Pant.  iv,  59.  Par  le.degoutdes  lar- 
mes i|iie  je  pleure,  dubell.  ii,  )7,  verso.  Quand  le 
degout  d'une  pluie  dorée,  id.  vi,  U3,  recto.  L'esprit 
humain,  un  degoust  de  l'immortelle  substance,  cuar- 
BON,  Sagesse,  p.  lui,  dans  lacl'bne. 

—  ÉTYM.  Voy.  dégoutter;  norm.  dégoût,  eau 
qui  louibe  de  la  gouttière;  provenç.  degot. 

DP.GoCt  (dé  goù,  ou  long,  ce  qui  ledistingue  de 
dégoût;  le  (  se  lie:  undé-goût  alTieux;  au  pluriel, 
Vs  se  lie  :  des  dégoû-z  affreux),  s.  m.  \\  1°  Man- 
que de  goût,  d'appétit.  Le  soir  elle  eut  un  grand 
dégoût,  MOL.  JTarl.  1,  5.  i  quoi  bon  ce  dégoût  et 
ce  zèle  inutile'?  Est-il  donc,  pour  jeûner,  qualre- 
temps  ou  vigile?  boil.  Lutrin,  i.  |{  2°  Itépugnance 
qu'on  a  pour  certains  aliments.  11  avait  un  dégoût 
pour  les  choux.  Mon  parrain,  dès  qu'il  l'eut  apprise 
Icette  histoire].  Me  prédit  le  dégoût  du  vin,  bérano. 
Nourrice.  \\  3"  Aversion,  répugnance  pour  une  per- 
sonne ou  pour  une  chose.  C'est  donc  là  le  dégoût 
qu'apporte  l'hyménée,  CORN.  Poly.  iv  ,  3.  U  ne 
faut  qu'un  soupçon,  un  dégoût,  un  caprice,  Pour 
en  faire  à  sa  liaiiio  un  soudain  saerilico,  m.  At- 
tila, IV,  1.  Et  guérir  aisément  d'un  dégoût  qu'elle 
a  pris,  noTR.  Vencels.  m,  6.  Il  conçoit  du  dégoût 
pour  les  délices  du  péché,  pasc.  Prov.  8.  Ou'atlou- 
dez-vous,  chrétiens,  à  vous  convertir?...  ne  crai- 
gnez ni  la  maladie,  ni  les  dégoûts,  ni  les  tenta- 
tions, ni  les  peines  les  plus  cruelles,  Boss.  Anne 
de  Gonz.  Si  veus  avez  un  dégoût  général  do  tout  ce 
qui  vous  éloigne  do  Dieu,  pléchier,  Serm.  il,  152. 
M.  de  Louvois  paraît  désolé  du  ce  que  son  crédit 
commence  à  tomber  ;  il  m'envie  ma  faveur  et  m'at- 
tribue lei  dégoùu  du  roi.  maimexo:?,  Lett.  à  M 'ne 


DÉG 

de  Sl-Geran,  t3  mars  1088.  Ce  dégoût  nalurel  que 
nous  avons  delà  prière,  massill.  Car.  Prière,  l. 
....  L'outrage  qu'elle  [une  religieu.se  infidèle] ajoute 
à  ses  infidélilés,  et  au  dégoût  où  elle  est  tombée 
de  son  élat,  i».  Profess.  relii/  2.  Cette  raison  [le 
peu  d'usage  de  la  prière]  n'est  pas  si  générale, 
qu'on  ne  voie  souvent  les  Ames  les  plus  fidèles  à  la 
prière  éprouver  constamment  ces  dégoûls,  id. 
Car.  Prière,  l.  Je  n'ai  lu  qu'avec  un  extrême  dé- 
goût ses  vers  grossiers  [d'Horace]  contre  des  vieil- 
les et  contre  des  sorcières,  volt.  Cand.  25.  C'est  là 
le  point  de  l'ennui  le  plus  profond,  de  cet  horrible 
dégoût  de  soi-même,  qui  ne  nous  laisse  d'autre  dé- 
sir que  celui  de  cesser  d'être,  buff.  Nature  des  ani- 
maux. Mais  comment  expliquer  ces  lugubres  accès, 
Ce  dégoût  des  humains,  celte  pâleur  mortelle?  du- 
cis,  llamlet,  n,  5.  ||  4°  Déplaisir,  mortification. 
M.  de  Coulanges  a  essuyé  un  violent  dégoût,  sÉv. 
235.  On  ne  voudra  pas  donner  un  tel  dégoût  à  no- 
tre gouverneur,  id.  6II.  Mille  dégoûts  viendront, 
(lit  le  prophète  ermite;  Il  en  vint  en  effet,  l'ermite 
n'eut  pas  tort;  Mainte  peste  de  cour  fît  tant  par 
maint  ressort  Que  la  candeur  du  juge,  ainsi  que 
son  mérite,  Furent  suspects  au  prince....  la  font. 
Pabl.  X,  10.  N'admirez-vous  point  que  nous  nous 
trouvons  heureux  d'avoir  repassé  le  Rhin,  et  que 
ce  qui  serait  un  dégoût  s'il  [Turenne]  était  au  monde, 
nous  paraît  une  prospérité,  parce  que  nous  ne  l'a- 
vons plus?  SÉV.  203,  Combien  d'âmes  ont  été  comme 
arrachées  à  Jésus-Christ  par  ces  dégoûts  qu'on  leur 
adonnés?  FLÉciiiER,  Serm.  i,8i.  Notre  premier  duc 
de  Piney  est  fort  connu  par  ses  deux  ambassades  à 
Rome  où  il  reçut  tant  de  dégoûts,  st-sim.  io,  182. 
Le  monde  a  ses  dégoûts  comme  la  vertu,  hass. 
Car.  DéqcnXts.  Les  confrères  [les  conseillers]  les  ac- 
cablaient de  dégoûts,  volt.  Louis  XIV,  4.  Afin  que 
la  cour  de  Turin,' qui  n'a  pas  voulu  le  retenir,  et 
qui  est  pourtant  fâchée  de  l'avoir  perdu,  ne  s'ima- 
gine p.isque  M.  de  la  Grange,  on  arrivant  à  Berlin, 
ait  commencé  par  e.ssuyer  un  dégoût  apparent,  d'a- 
lembert,  Lett.  au  roi  de  Prusse,  J2  sept.  )700. 

—  HIST.  xvi' s.  Tous  ces  dégoûts  engagèrent  d'Au- 
bigné  à  s'en  venir  à  Lyon  au  desceii  de  ses  parens, 
d'aub.  Vie,  XII.  Coufièment  à  l'estomach  avec  de- 
gou.st,  PABiî,  XX,  22.  Le  vin  nuit  aux  malades;  c'est 
la  première  chose  de  quoy  ma  bouche  se  degouste, 
et  d'un  desgoust  invincible,  mont,  iv,  203. 

—  1ÎTY!*I.  Dé....  préfixe,  et  goût. 

t  DÉGOÛTA MMENT  (dé-goû-ta-man),adii.  D'une 
façon  dégoûtante. 

—  ÉTYM.  Dégoûtant,  et  le  suffixe  ment. 
DÉGOÛTANT,  ANTE   (dé-goû-lan,  tan-t'),   adj. 

Il  1»  Oui  inspire  du  dégoût.  Malpropreté  dégoûtante. 
Des  injures  dégoûtantes.  Voilà  une  malade  qui  n'est 
pas  tant  dégoûtante,  et  je  tiens  qu'un  homme  sain 
s'en  accommoderait  assez,  mol.  Méd.  malgré  lui, 
II,  0.  Le  blanc  et  le  rouge  les  rend  affreuses  et  dé- 
goûtantes, LA  BRUY.  m.  Sa  femme  était  jeune  et 
belle,  lui  vieux  et  dégoûtant,  hamilt.  Gramm.  9. 
U  faut  disputer  sans  interruption  à  des  reptiles  dé- 
goûtants des  récoltes  achetées  par  les  travaux  les 
plus  assidus,  BAYNAL,  llisl.  phil.  XII,  27.  Il  2"  Fig. 
Qui  inspire  de  la  répugnance,  de  l'aversion.  Ne  con- 
cevez-vous point  ce  que.  dès  qu'on  l'entend,  Un  tel 
mot  [mariage]  à  l'espritoffre  de  dégoûtant'? MOL.  F.ioo. 
i,  I.  L'agitation  des  parties  et  des  [ilaisirs  rend  la  re- 
traite plus  dégoûtante,  mass.  Car.  Dégoûls.  11  [le 
monde]  met  tout  en  œuvre  afin  que  le  saint  minis- 
tère leur  devienne  [aux  ministres  de  la  religion] 
aussi  dégoûtant  qu'il  est  odieux  à  lui-même,  m. 
Confér.  Zélé  contre  les  vices.  Tout  le  détail  de  la  vie 
religieuse  n'est  qu'une  suite  d'occupations  dégoû- 
tantes qui  ne  font  que  diversifier  son  ennui  [de  la 
religieuse  infidèle] ,  id.  Profess.  relig.  2.  Notre  cœur, 
pas  encore  corrompu  par  un  long  usage  des  plaisirs, 
ne  trouvait  pas  la  piété  si  dégoûtante,  id.  Panégijr. 
Ste  Agnès.  Le  monde 'tout  seul  est  trop  triste  et  trop 
dégoûtant  pour  nous  plaire, id.  ib.  St  Benoit.  \\  3° Fa- 
milièrement, décourageant,  rebutant.  Cela  est  dé- 
goûtant. 

DÉGOÛTÉ,  ÊE  (dé-goû-té,  tée) ,  part,  passé. 
Il  l''Oui  n'a  plus  de  goût  pour  certaines  choses.  Dé- 
goûté de  pâté  à  l'anguille.  ||  Absolument.  Qui  n'a 
aucun  goût  pour  les  aliments.  Enfin  vous  dormez, 
vous  mangez  un  peu,  vous  avez  du  repos;  vous  n'ê- 
tes point  accablée,  épuisée,  dégoûtée  comme  ces 
derniers  jours,  sÊv.  333.  ||  2°  Fig.  Qui  n'a  plus  do 
goût  pour  ;  qui  a  de  l'aversion,  de  la  répugnance. 
Vous  êtes,  à  vrai  dire,  un  peu  bien  dégoûté,  coen. 
Ment,  m,  B.  Son  cœur  était  dégoûié  de  toute  ami- 
tié, FÉN.  Tél.  XXI.  Cette  âme  dégoûtée  du  monde, 
BOSS.  (o  Vallière.  On  est  dégoûté  du  monde  et  de.^ 
plaisirs,  hass.  Car.  Hespect  hum.  Je  suis  viedx,  ma- 


DEC 

lade  et  dégoûtant,  mais  je  ne  suis  point  du  tout  dé- 
goûté, \OLT. Lett. mmede  St-Julien.  30sept.l788.  Le 
luxe  leur  vend  cher  ses  voluptés  perfides.  Et  tou- 
jours dégoûtés  ils  sont  toujours  avides,  m.  j.  ciien, 
Gracques,  i,  2.  ||  Familièrement,  par  litote  ironi- 
que. N'être  pas  dégoûté,  prétendre  à  une  chose  qu'il 
est  fort  difficile  d'avoir.  ||  Aimer  ce  qui  est  très-bon, 
excellent.  Je  mange  avec  plaisir  une  perdrix  aux 
choux.  —  Vous  n'êtes  pas  dégoûté.  On  lui  offre  une 
préfecture,  il  aimerait  mieux  une  recette  générale. 
—  Il  n'est  pas  dégoûié.  ||  Substantivement.  Faire  la 
dégoûté,  faire  le  difficile.  Le  monarque  irrité  L'en- 
voya chez  Plulon  faire  le  dégoûté,  la  font.  Fabl. 
vu,  7.  D'autres  fois  je  fais  l'indifférent  et  le  dé- 
goûté dans  la  bonne  fortune,  pasc.  Pens.  part,  i, 
art.  9.  Chacun  en  veut  tàler  [de  la  noblesse];  et 
ceux  qui  autrefois  firent  les  dégoûtés,  ont  bien 
changé  d'avis,  p.  l.  cour,  i,  II8.  ||  C'est  un  bon 
dégoûté,  il  aime  la  bonne  chère,  il  mange  de  bon 
a|ipétit. 

t  DÉGOCtEMENT  (dé-goû-te-man),  s.  m.  Effet 
de  ce  qui  dégoûte;  état  de  celui  qui  est  dégoûté. 

—  HIST.  XVI'  s.  Malade  d'une»sorte  de  maladie 
dont  les  médecins  n'ont  faict  aucune  mention,  d'un 
desgoustemenl  de  ses  actions  accoustuniées  qui  l'a 
contrainct  de  chercher  appétit  en  des  nouvelles, 
n.  EUT.  Conformité,  préface.  Après,  hantansavec  les 
hommes  moins  connus,  nous  rencontrions  de  la 
douceur  et  un  desgoustement  des  fureurs  passées, 
langue,  t9.  Rots  aigres  et  puants,  ilesgouslement, 
nausée,  paré,  Inirod.  I4.  Mes  desgoustemen's  et 
les  jeusnes  estranges  que  je  passe  digèrent  mes  hu- 
meurs peccantes,  mont,  iv,  276. 

—  KTYM.  Dégoûter. 

DÉGOÛTER  (dé-goû-té,  ou  long),  v.  a.  \\  l»  Oter 
l'appétit.  La  vue  do  ce  mets  m'a  dégoûté.  |i  Inspirer 
de  la  répugnance  pour  un  aliment.  Ilsm'ont  dégoûté 
du  poisson  à  force  de  m'en  faire  manger.  ||  2"  Fig. 
Inspirer  de  l'éloignement,  donner  de  l'aversion.  Ce 
pompeux  appareil  où  sans  cesse  il  ajoute  Recule 
chaque  jour  un  nœud  qui  le  dégoûte,  corn.  Tite 
et  II.  I,  t.  Savez-vous  ce  qu'a  fait  votre  frère?  il  ne 
quitte  pas  la  demoiselle....  il  lui  fait  tourner  la  tète, 
il  la  dégoûte  d'un  parti  proportionné,  sÉv.  384.  11 
y  a  assez  d'injustice  et  de  perfidie  dans  le  procédé 
des  hommes,  assez  d'inégalité  et  de  bizarrerie  dans 
leurs  humeurs  incommodes  et  contrariantes;  c'en 
est  a.ssez  sans  doute  pour  vous  dégoûter;  hél  dites- 
vous,  je  n'en  suis  que  tropdégoilté[du  monde];  tout 
me  dégoûte  en  effet,  mais  rien  ne  me  touche;  le 
monde  me  déplaît,  mais  Dieu  ne  me  plaît  pas  pour 
cela,  Boss.  la  Vallière.  Les  artifices  de  Proiésilas  me 
dégoûtèrent  de  Philoclés,  fén.  Tél.  xiii.  Votre  fierté 
est  si  ridicule  quelle  me  dégoûte  de  la  mienne,  Ma- 
rivaux, Pré),  vaincu,  se.  9.  ||  3"  ôier  l'envie  de.... 
On  avait  de  la  peine  à  dégoûter  les  gentilshommes 
de  voler  sur  les  grands  chemins,  baynal,  llist.phil. 
i.  Introduction.  \\  4°  Fatiguer,  ennuyer.  La  prolixité 
dégoûte  le  lecteur.  L'on  voit  des  gens  qui  dans  les 
conversations....  vous  dégoûtent  par  leurs  ridicules 
expressions,  la  bruy.  v.  ||  5°  Se  dégoûter,  v.  réfl. 
Prendre  du  dégoût.  D'une  vertu  sauvage  on  craint 
un  dur  empire  ;  Souvent  on  s'en  dégoûte  au  moment 
qu'on  l'admire,  corn.  Othon,  m,  3.  Ne  te  dégoûte 
point  surioul  des  paraboles,  Quel  qu'en  soit  le  pro- 
jet, Et  ne  les  prends  jamais  pour  des  contes  frivo- 
les Qu'on  forme  sans  sujet,  id.  Imitation,  i,  6. 
J'ai  quelques  infirmités  sur  mon  corps  qui  pourraient 
la  dégoûter.  —  Cela  n'est  rien,  une  honnête  femme 
ne  se  dégoûte  jamais  de  son  mari,  mol.  Uar.  forcé. 
se.  14.  Comme  les  hommes  ne  se  dégoûtent  pas  du 
vice,  il  ne  faut  pas  aussi  se  lasser  de  le  leur  repro- 
cher, LA  BRUY.  Caract.  préface.  Si  les  hommes  se 
délassent  quelquefois  d'une  vertu  par  une  autre 
verfu,  ils  se  dégoûtent  plus  facilement  du  vice  par 
un  autre  vice,  id.  xi.  Tandis  que  tant  d'autres  [prê- 
tres].... se  dégoûtenlde  leurs  fonctions,  m\ES.  Oise, 
syn.  Observ.  des  stat.  et  des  ordnnn.  du  dioc.  ||  Ab- 
solument. On  se  dégoûte,  on  s'ennuie.  ||  6°  Ileuon- 
cer  à  ce  qu'on  avait  pris,  commencé  avec  goût, 
perdre  l'envie  de....  Le  choc  fut  terrible;  tout  fut  re- 
conquis une  quatrième  fois,  et  tout  fut  perdu  da 
même;  plus  ardents  que  leurs  anciens  pour  com- 
mencer, ils  [déjeunes  soldats]  se  dégoûtèrent  plu» 
tôt  et  revinrent  en  fuyant  sur  les  vieux  bataillons 
qui  les  soutinrent,  ségur,  Hist.  de  Sap.  ix,  2. 

—  HIST.  xv*  s.  Je  ne  me  puis  degouster  De  han- 
ter Ces  bons  cerveaux  de  taverne,  basselin,  xxix. 
Il  xvi'  s.  Je  suis  desgousté  de  la  nouvellcté,  mont. 
I,  121.  Le  degouste  charge  la  fadeur  au  vin;  l'al- 
téré, la  friandise,  id.  ii,  373. 

—  f.TYM.  Dégoût;  bourguig.  dégôtai. 
DÉGOUTTANT,  ANTE  (dé-gou-tan,  tan-t),  ttdj. 


DEG 

Oui  ilijgoutte.  Du  lingo  dégouttant.  Un  habit  tout 
(lùgOiUtant  de  pluie.  Être  tout  dégouttant  de  sueur, 
l'n  arbuste  dégouttant  de  rosée.  Le  fils  tout  dégout- 
tant du  meurtre  de  son  père,  corn.  Cinna,  I,  3. 
Les  ronces  dégouttantes  Portent  de  ses  cheveux  les 
dépouilles  sauj-'lantes,  pac.  l'hèd.  v,  6.  Les  ven- 
geances toutes  dégouttantes  de  sang,  fén.  Tél.  xvm. 
f  I)P,OOlJTTEiMENT(dé-gou-leman),  s.  m.  Action 
de  dégoutter,  de  tomber  goutte  à  goutte.  ||  Ce  qui 
dégoutte  d'un  objet.  Ce  petit  nombre  de  plantes  est 
bientôt  étouiïé  par  l'omlire  continuelle  ,  ou  sup- 
primé par  le  dégouttement  de  l'arbre,  buff.  Expér. 
sur  les  régét.  2'  mém. 

—  ÉTYM.  Dégoutter. 

DÉGOUTTER  (dé-gou-té,  oh  bref),  v.  n.  ||  1°  Couler 
goutte  à  goutte.  La  sueur  lui  dégoutte  du  front.  Il  ne 
se  sert  à  talile  que  de  ses  mains;  il  manie  les  vian- 
des, les  remanie,  démembre, déchire....  le  jus  et  les 
sauces  lui  dégouttent  du  menton  et  de  la  barbe, 
LA  BKUY.  XI.  L'eau  dégouttait  de  tous  les  endroits  de 
son  manteau,  fén.  Diog.  ||  2°  11  se  dit  aussi  des  cho- 
ses  d'où   dégoutte  quelque   liquide le  cliène  de 

manne  et  de  miel  dégouttait,  kégnîer,  Sat.  vi. 
Voyez,  voyez  le  sang  dont  ce  poignard  dégoutte, 
BOTR.  Vencesl.  iv,  8.  ||  3°  V.  a.  Kig.  Pressez-les,  tor- 
dez-les, ils  dégouttent  l'orgueil,  l'arrogance,  la 
présomption,  la  bruy.  viii.  |1  Proverbes.  X  la  cour, 
auprès  des  grands,  s'il  n'y  pleut,  il  y  dégoutte: 
c'est-à-dire  on  y  a  toujours  quelque  profit.  ||  Quand 
il  pleut  sur  le  curé,  il  dégoutte  sur  le  vicaire;  ou, 
dans  le  même  sens,  s'il  pleut  sur  moi,  il  dégout- 
tera sur  vous,  vous  aurez  part  au  bien  ouau.malqui 
m'arrivera.  i|  Use  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  XII"  s.  Les  enseignes  à  or  batues  S'en  is- 
sent  des  cors  degutantes,  Descolorées  e  sanglantes, 
BENOÎT,  Chron.  ii,  9517.  Devant  le  hait  aliel  fu  li 
cors  sainz  portez,  K  de  moines  ed'altres  fu  tute  nuit 
gardez;  ReceUs  fu  li  sancs  qui  en  ert  degutez,  l'h. 
le  mart.  tM.  [ll|  Lui  ront  auprès  l'cspaule  tote.  Si 
que  lisans  [sang]  jus  en  degote,  la  Charrette,  Il 47. 
Il  xiii*  s.  Et  certes  li  ciel  dégoûtèrent  d'esperital  ro- 
sée. Psautier,  f"  77.  En  la  trace  du  sang  [ellej  s'est 
mise,  Oui  du  chevalier  degutot,  marie,  Yvenec.  Et 
se  doit  on  faire  laver  le  [la]  tieste  en  ewe  dégoûtant 
qui  vient  par  tuiaus  ,  alebrant,  f°  33.  De  pilé  et 
de  dol  [deuil]  est  aval  aclinés.  Les  larmes  li  dego- 
tent  fil  à  fil  sor  le  nés,  Cft.  d'.int.  v,  479.  Doulz 
Diex  qui  de  doulceur  serondes  [abondes]  et  desgou- 
tes,  Sur  mon  dur  cuer  desgoutes  de  ta  doulceur 
deux  goûtes,  j.  de  meuno,  Teslam.  2003.  Car  il  si 
durement  suoit,  Que  touz  ses  cors  en  degoutoil, 
Saint-Graal,  v.  1605.  ||  xiv"  s.  Sans  leur  vie  es- 
pargnier  ne  doubler  char  navrée.  Ne  saignie  de 
sanc,  ne  sueur  dégoûtée,  Guescl.  8304.  Â  tel  mes- 
chef  clïeï,  ce  nous  dit  li  rommans,  Que  par  bou- 
che et  par  nés  li  degouloit  li  sans,  Baud.  de  Seb. 
m,  «71.  Il  XV*  s.  Hé  dea!  s'il  ne  pleut,  il  deguute, 
Patelin,  y.  I2H.  ||  xvi*  s.  Au  vase  eslroit,  qui  dé- 
goûte Son  eau,  qui  veult  sortir  toute,  nu  bell.  m, 
75,  verso.  Le  nez  lui  degouttoit,  principalement 
en  hiver,  comme  la  poche  d'un  pescheur,  desper. 

Contes,  Lxxxv Tout  moyte  et  dégoûtant  s'est 

sauvé  du  naufrage,  dubell.  vi,  io,  verso.  Soufl'rirdes 
contra&lions  et  convulsions  estranges,  desgoutter 
parfois  degrosses  larmes  des  yeulx,  mont,  m,  271. 

— ÉTYM.  D(f....  préfixe,  elgoutle;  provenç.degofar. 

t  DÉGOUTTUIiE  (  dé-gou-tu-r' ),  i.  f.  Ce  qui  dé- 
goutte. 11  était  placé  sous  une  lampe  qui  laissait 
échapper  l'huile;  il  a  reçu  toute  la  dégouiture. 

—  ÉTYM.  Dégoutter. 

t  DÉGRADANT,  ANTE  (dé-gra-dan,  dan-t'),  adj. 
Oui  dégrade,  qui  déshonore.  Une  conduite  dégra- 
dante. Des  habitudesdégradantes.  Un  viceilégradant. 

t  DÉGRADATIF,  iVE  (dé-gra-da-tif,  ti-v'),  adj. 
Oui  indique  une  dégradation  de  nuance.  La  finale 
dire  est  dégradative  dans  bleuâtre. 

—  ÉTYM.  Voy.  nÉGRADATioN.  Ce  terme  a  été  pro- 
posé par  Bulet  (de  la  Sarthe),  Cours  complet  de 
lexicologie ,  n"  395. 

I.  DÉGRADATION  (dé-gra-da-sion ;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  \\  1°  Destitution  infamante  d'un 
grade,  d'une  dignité,  d'une  qualité.  Dégradation 
militaire.  Aucune  peine  infamante  ne  peut  étie  exécu- 
tée contre  un  membre  de  la  Légion  d'honneur,  sans 
qued'abord  iln'aitsubi  la  dégradation.  ||  Dégradation 
civique,  peine  infamante  qui  consiste  dans  la  pri- 
vation de  certains  droits  civils  et  politiques.  ||  Terme 
d'église.  Censure  par  laquelle  un  ecclésiastique,  à 
cause  de  quebpie  faute  considérable,  est  privé  pour 
toujours  de  l'exercice  de  son  ordre  et  du  bénéfice 
ecclésiastique.  |]  2"  Kig.  Avilissement.  La  dégrada- 
tion des  âmes  est  une  suite  de  la  servitude.  Tel 
•st  le  sort  de  ces  malheureux  connus  à  la  côte  de 


ÎIIÎG 

Coromandel  sous  le  nom  de  parias;  U;ur  dégra- 
dation est  bien  pluseniière  au  Malabar,  qui  n'a  pas 
été  asservi  par  le  Mogol  et  où  on  les  appelle  pou- 
liats,  RAYNAL,  Ilixt.  pliil.  i,  8.  Il  Se  dit  aussi  des 
choses.  La  dégradation  du  goût,  de  la  couleur,  de 
la  composition,  des  caractères,  de  l'expression,  du 
dessin,  a  suivi  pas  à  pas  la  dégradation  des  mœurs, 
DiiiER.  SalondenB&,(iCurres,  t.xiii,  p.  43, dans  pou- 
gens.  Il  3°  Acte  duipiel  résulte  la  détérioration  d'une 
chose.  La  dégradation  des  monuments  publics  est 
prévue  par  la  loi.  ||  Terme  de  palais.  Dégradation  de 
biens,  dommages  et  altération  qui  se  font  dans  les 
terres,  les  bois  ou  les  bâtimenis.  ||  Terme  de  géolo- 
gie. Action  destructive  très-lente,  mais  continuelle, 
à  laquelle  sont  soumises  les  roches,  les  montagnes, 
lesterres  des  continents.  ||  Êlat  dedélabrementd'une 
chose  par  une  cause  quelcon(|ue.  La  dégradation 
de  ce  mur  est  telle  qu'il  menace  ruine.  ||  4°  Terme 
de  pathologie.  Arrêt  de  développement, "aberration 
d'évolution  du  corps  vivant,  soil  partielle, soitgéné- 
rale,  soit  acquise,  soit  héréditaire. 

—  HIST.  xvi'  s.  Par  dégradation  d'honneur,  con- 
fiscation d'estat,  de  biens,  et  confinement,  cahl. 
II,  0.  Qu'ils  meriteroient  tous  deux  une  bonteuse  de- 
gradation  d'armes  et  de  tout  honneur,  id.  vi,  13. 

—  ÉTYM.  Dégrader  t  ;  provenç.  desgradatio ;  es- 
pagn.  deyradacinn;  ital.  degradazione. 

2.  DÉGRADATION  (dé-gra-da-sion  ),  s.  f.  Le  fait 
de  présenter  des  degrés  successil's.  ||  Terme  de  phy- 
sique. Diminution  progressive  de  la  lumi6re,  des 
ombres,  des  couleurs.  Il  semble  que ,  m'imagi- 
nant  comme  des  bandes  colorées  qui  traversent  en 
tout  sens  toutes  les  nalions  d'un  continent,  je  vois 
les  langues,  les  mœurs,  les  figures  mêmes  former 
une  suite  de  dégradations  sensibles;  chaque  nation 
est  la  nuance  entre  les  nalions  ses  voisines,  tubgot, 
l'ian  du  I"  dise,  sur  Ihist.  universelle.  La  loi  de 
la  dégradation  de  la  lumiijre  dans  le  passage  de  la 
partie  obscure  [delà  lunej  à  sa  partie  éclairée,  la 
PLACE,  Expos.  I,  5.  Il  Terme  de  pointure.  Nom  donné 
à  de  certains  ménagements  des  jours,  des  ombres  et 
des  teintes,  suivant  les  degrés  d'éloignement.  Ce 
peintre  entend  bien  ladégradalion.des  ombres.  Pour 
former  ce  vifcoloris,  ces  distributions  de  lumières, 
ces  dégradations  de  couleurs,  eén.  Exist.  8.  La  per- 
spectivea|iproclie  les  parties  des  corps  ou  les  fait  fuir, 
|iar  la  seule  dégradation  de  leurs  grandeurs,  Dide- 
rot, Ess.  sur  la  peinture,  ch.  3.  l'uintde  plans,  point 
de  dégradation,  point  d'air  entre  les  figures,  id.  Salon 
de  1707,  Œuvres,  t.  xv,  p.  70,  dans  pougens.  Dans 
la  succession  de  nos  penchants,  comm.e  dans  une 
bonne  dégradation  de  couleurs,  j.  j.  rouss.  Ém.  v. 

—  ÉTYM.  Dégrader  2. 

1.  DÉGRADÉ, ÉE(dé-gra-dé,dée),porl.  passif  de 
dégrader  I .  ||  i"Oui  a  perdu  d'une  manière  infamante 
son  grade,  son  rang.  Un  officier  dégradé.  ||  2'  Qui  a 
perdu  son  rang,  sa  dignité.  Trois  princes  dégradés 
en  un  même  mois  en  marquent  le  commencement, 
BOSS.  Hisl.  II,  4.  Le  sanhédrin  étant  dégradé,  les 
membres  de  ce  grand  corps  n'étaient  plus  considé- 
rés comme  juges,  id.  ib.  11,  lo.  C'est  là  que  les  plus 
grands  rois  n'ont  plus  de  rang  que  par  leurs  vertus, 
et  que,  dégradés  à  jamais  par  les  mains  de  la  mort, 
ils  viennent  subir  sans  cour  et  sans  suite  le  jugement 
de  tous  les  peuples  et  de  tous  les  siècles  ,  m. 
Duch.  d'Orl.  \\  3°  Kig.  Avili.  Un  homme  dégradé. 
Nous  avons  vu  l'Ame  raisonnable  dégradée  par  le  pé- 
ché, BOSS.  Conn.  de  Dieu,  v,  I.  L'élévation  des  pré- 
ceptes dégradée  par  la  bassesse  des  exemples  [que 
l'on  donne],  GBEssET,  Disc,  de  réception  à  l'Âcad. 
114°  Oui  a  éprouvé  une  détérioration  matérielle,  .'il ur 
dégradé  et  couvertde  plantes  parasiies,  duierot,  Sa- 
lon  de  1707,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  Ho,  dans  pougens. 

2.  DÉGRADÉ,  ÉE  (dé-gra-dé,  dée),  part,  pusse 
de  dégrader  2.  ||  Terme  de  physique  et  de  peinture. 
Diminué  progressivement,  en  parlant  de  la  lumière. 
On  aurait  pu  chercher  de  combien  l'intensité  de  la 
lumière  d'un  objet  que  le  mouvement  rend  conti- 
nuellement visible,  se  trouve  dégradée,  condoucet, 
d'Arci.  La  Magdeleine,  belle  perspective,  lumière 
bien  dégradée,  grande  précision,  didekot.  Salon 
de  1707,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  28|,  dans  pougens. 

t  DÉGRADE.MENT  (dé-gra-de-man),  s.  m.  Action 
de  dégrader.  ||  Perte  d'un  grade  militaire,  en  vertu 
d'un  jugement. 

—  IllST.  xvr  s.  Le  degradement  do  Louis  le  Dé- 
bonnaire, pau'chet,  Orig.  des  dignités  de  France, 
liv.  Il,  p.  43,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dégrader  1 . 

I.  DÉGRADER  (dé-gra-dé),  V.  a.  ||  1° Dépouiller 
quelqu'un  de  son  grade,  de  sa  dignité,  de  son  em- 
ploi, etc.  Dégrader  un  militaire,  un  magistrat.  La 
cour  l'a  dépouillé  et  dégradé,  pairu,  Plaidoyer  7, 


DÉG 


1023 


dans  biciielet.  Et  [elle]  vous  dégraderait  i>cut-être 
dès  demain  Du  titre  glorieux  de  citoyen  romain, 
coKN.  Mcom.  I,  2.  Le  lieutenant  du  roi  et  le  major 
de  la  place  de  Crisach  furent  dégradés  des  armes, 
ST-siM.  130,  182.  Quelle  hauieur  dans  ces  fiers  ré- 
publicains, qui  dégradent  ainsi  sur-le-champ  un 
roi  malheureux  1  rolun,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  ix, 
p.  137,  dans  pougens.  ||  Par  extension.  Dégrader  les 
héros  pour  te  mettre  en  leurs  places,  boil.  Sat.  viii. 
Il  n'est  plus  saint,  M.  Jurieu  l'a  dégradé,  BOSS.  Var. 
3»  avert.  §  0.  C'est  Dieu  seul  qui  fait  régner  les  rois, 
qui  les  place  sur  le  trône  ou  qui  les  en  dégrade, 
MASS.  Mysl.  Soum.  En  dégradant  [faisant  descendre] 
ceux  qui  étaient  au  haut  de  la  roue  [de  la  fortune], 
ID.  Av.  Uonh.  Il  2°  Eig.  Rendre  vil,  méprisable. 
La  flatterie  dégrade  le  prince  et  les  flatteurs.  Ils 
nous  obligent  à  dégrader  votre  parole  à  des  détails 
rampants,  mass.  Car.  Jeûne.  Ce  n'est  pas  un  éloge 
de  bienséance  ;  à  Dieu  ne  plaise  que  je  dégrade  ainsi 
mon  ministère!  id.  l'anég.  Vilieroy.  Le  joug  s'est 
appesanti  depuis,  et  l'espèce  humaine  a  été  de  plus 
en  plus  dégradée,  raynal,  Hist.  phil.  v,  20.  ||  Abso- 
lument. La  passion  de  conserver  une  première  place 
lait  prendre  des  précautions  qui  dégradent,  fonïen. 
Varignon.  \\  3°  Détériorer,  endommager.  Les  longues 
pluies  ont  dégradé  les  chemins.  Des  palais  superbes 
que  le  temps  va  dégraderetdétruire.MASS.  Paraphr. 
ps.  xviii.  Il  4°  Terme  de  maçon.  Abattre  par  le  pied. 
Dégrader  une  muraille.  ||  5°  Terme  de  marine.  Ôter 
les  agrès  d'un  vaisseau  devenu  inutile.  ||  6°  V.  n. 
Terme  de  marine.  Un  navire  est  dégradé  quand  le 
vent,  les  courants  ou  une  mauvaise  manœuvre  l'ont 
entraîné  sous  le  vent  de  sa  route  et  éloigné  du  but 
où  il  tendait.  ||  7°  Se  dégrader,  v.  réfl.  s'avilir.  Il 
croirait  se  dégrader  en  fréquentant  une  telle  so- 
ciété. Nos  titres  sont  trop  beaux,  ne  nous  dégradons 
point, TRISTAN,  H.  de  Chrispe,!,  I.  Un  gentilhomme 
sans  cœur  se  dégrade  lui-même,  Boss.  Uist.  m,  6. 
Je  me  dégradaisjusquesà  me  rendre  semblable  aux 
bêles,  BOLRD.  Purifie,  de  la  Vierge,  mt/s(. Tremblons 
quand  ils  [les  grands]  nous  comblent  de  leurs  bien- 
faits; plus  ils  nous  élèvent,  plus  nous  devons  crain- 
dre que  nous  ne  nous  soyons  dégradés  nous-mêmes, 
MASS.  Coiifér.  Zèle  contre  les  scand.  ||  Se  détériorer. 
Les  peintures  se  dégradent  promptement  à  l'air. 

—  HiST.  xu*  s.  S'evesques  u  prestre  est  esliz  e 
alevez  U  diachnes  par  prince,  que  il  seit. dégradez, 
Th.  le  mart.  1 27.  ||  xiv  s.  Dou  mémoire  des  hommes 
dégradez  Et  des  livres  où  il  ha  esté  mis.  Maudis  de 
Dieu,  de  tous  sains  et  dampnez....  puist  estre  li 
mois  de  mars,  machault,  p.  I3U.  ||  xv*  s.  Vous  avez 
droit....  car  si  je  n'allois  ou  fusse  allé  devant  la  vo- 
lonté du  peuple,  vous  eussiez  esté  ou  seriez  près  du 
peuple  et  dégradé  à  grand  confusion  et  dérision, 
FBoiss.  m,  IV,  77.  Or  regardez  des  œuvres  de  for- 
tune, comme  elles  vont....  quand  ce  vaillant  homme 
et  bon  chevalier  fut  ainsi  demeuré  et  vitupereuse- 
ment  dégradé  d'honneur  et  de  chevance,  id.  m, 
IV,  30.  En  plain  parlement  d'Angleterre  furent  de- 
gradées  deux  filles  du  roy  Edouard  et  declairées 
bastardes,  comm.  vi,  9.  ||  xvi*  s.  Julien  coudemna 
dix  de  ses  soldats  à  estre  desgradez,  mont.  1,  65.  11 
fu  coudemné  à  estre  dégradé  de  noblesse,  lu.  1,  60. 
Il  estoit  loisible  aux  censeurs  de  dégrader  et  ester  du 
sénat  un  sénateur  qui  se  gouvernoit  indignement, 
amyot,  p.  Mih.  61.  Nycolas  fust  condampné  à  estre 
desgradé  des  armes  etde  tout  l'honneur,  carl.  vi,  21. 

—  ÉTYM.  Dé,...  préfixe,  et  ffrodf;  provenç.  dégra- 
dât, desjradar;  espagii.  dei/radar;  ital.  degradare; 
du  latin  degradare,  de  de,  et  gradus,  degré. 

2.  DÉGRADER  (dé-gra-dé),  v.  a.  ||  1°  Terme  de 
peinture.  Diminuer  graduellement.  Dégrader  la  lu- 
mière, les  ombres.  Us  emploient,  avec  un  art  qu'on 
ne  se  lasse  point  d'admirer,  les  teintes,  les  demi- 
teintes  et  toutes  les  diminutions  de  couleurs  néces- 
saires pour  dégrader  ia  couleur  des  objets,  rollin, 
llisl.  anc.  Œuvres,  t.  xi,  l'"  part.  p.  I30,  dans  pou- 
gens. Il  2°  V.  n.  Aller  par  dégradation.  Je  dirais  au 
graveur  :  (jue  les  formes  soient  bien  rendues  par  vos 
tailles,  que  celles-ci  dégradent  doue  scrupuleusement 
selon  les  plans  des  objets,  Diderot,  Salon  de  I70B, 
Œuvres,  t.  xiii,  p.  3oo,  dans  pougens.  11  est  bien 
posé;  la  lumière  dégrade  à  merveille  sur  lui,  id.  Sa- 
londe  1707,  p.  67.  ||  3°  Se  dégrader,  v.  réfl.  Dimi- 
nuer par  degrés.  Comme  cette  terrasse  est  éclairée, 
comme  la  lumière  s'y  dégrade,  Diderot,  flcjrels  sur 
ma  robe  de  chambre.  Les  campagnes  non  bornées 
doivent,  en  se  dégradant,  s' étendre  jusqu'où  l'horizon 
confine  avec  le  ciel,  id.  Salon  de  1767,  OEuvres, 
t.  XIV,  p.  284,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  le  latin  gradus,  degré. 
DÉGRAFÉ,  ÉE  (dé-gra-fé,  fée),  part,  passé.  Une 

camisole  dégrafée. 


1024 


DEG 


DÉGRAFER  (dé-gra-fé) .  v.  a.  ||  !•  Détacher  una 
chose  qui  était  agrafée.  Elle  en  cornette,  et  dégra- 
fant sa  robe,  la  font.  Gageure.  Dégrafez-moi  cet 
atour  (les  dimanches,  m.  Jmn.  ||  2°  Se  dégrafer,  v. 
réft.  Défaire  .ses  agrafes.  Je  me  suis  dégrafé.  ||  Etre 
dégrafé.  Sa  camisole  s'est  dégrafée. 

—  KTVM.  Dé....  préfixe,  et  le  radical  grafqm  est 
dans  a-graf-er. 

DÉcilAlSSAOE  (dé-grè-sa-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
graisser les  étoffes.  Faire  le  dégraissage.  Envoyer 
un  habit  au  dégrais.sage.  Durais  étaminés  :  ■'/»  d'aune 
moijis  )/2  pouce,  après  le  dégraissage,  Tabl.  an- 
nexé aux  lettres  patentes  du  18  sept.  <780,  Auch. 

—  Rtym.  Dégraisser. 

t  DfiGRAlSSK  (dé-gr6-s'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
État  d'une  pièce  de  buis  dégraissée. 

—  ETYM.   Voy.   DÉGRAISSER. 

DÉfiRAlSSÉ,  ÉE((lé-gré-sé,sée), part. pass^. Dont 
on  a  ôté  la  graisse.  Du  bouillon  dégraissé.  ||  Dont 
on  aôlé,  par  lo  nettoyage,  la  crasse  graisseuse.  Un 
habit  dégraissé. 

DÉriRAISSI-;MENT{dé-grè-se-man),s.  m.  Résul- 
tat du  dégraissage. 

—  ÊTYM.  Dégraisser. 

DÉGRAISSER  (ilé-grè-sé),v.  a.  ||  1°  Ôterla  graisse 
de  quelque  chose.  Dégraisser  une  sauce.  ||  Par  ex- 
tension. Dégraisser  le  pot.  ||  Familièrement.  Dimi- 
nuer l'embonpoint.  Faites  de  l'exercice,  cela  vous 
dégraissera.  ||  Kig.  et  populairement,  rançonner, 
imposer  une  amende,  une  restitution.  Ce  finan- 
cier avait  fait  des  gains  énormes,  mais  on  l'a  bien 
dégraissé.  Toute  cette  province  a  été  dégraissée,  SËV. 
2C{.  Vous  savez  que  le  parlement  aime  un  peu  à 
dégraisser  tout  fermier  du  roi,  volt.  Lett.  Taba- 
reau,  juillet  t7"0.  112°  Dépouiller  la  terre  laboura- 
ble de  ses  parties  fertiles.  Les  torrents,  les  ravines 
d'eau  ont  dégraissé  ce  champ.  ||  3°  Dépouiller  une 
chose  de  la  matière  grasse  qui  la  couvre.  La  poudre 
dégraisse  les  cheveux.  1|  ôter  les  taches  de  graisse 
d'une  étoffe.  Dégraisser  un  habit,  un  collet.  ||  Dé- 
graisser le  drap,  le  fouler,  après  l'avoir  arrosé  de 
savon  noir,  ce  qui  emporte  les  taches.  ||  Fig.  Nous 
dégraissâmes  notre  proposition,  nous  la  revêtîmes 
de  ce  qui  pouvait  lui  donner  et  de  la  couleur  et  de 
la  force,  ketz,  h,  351.  ||  4°  Dégraisser  le  vin,  lui 
filer,  par  quelque  ingrédient,  la  mauvaise  qualité 
qu'il  contracte  en  tournant  à  la  graisse.  ||  5°  Terme 
de  gravure.  Frotter  le  cuivre  avec  du  blanc  d'espa- 
gnc.  Il  Terme  de  plombier.  Séparer  la  soudure  des 
parties  de  plomb  oii  elle  est  adhérente.  ||  Terme  de 
dorure.  Nettoyer  les  parties  sales  des  blancs  qui  doi- 
vent être  dorés.  ||  Terme  de  peintre  en  bâtiment. 
Laver  des  fonds  qu'on  veut  repeindre.  Frotter  les 
teintes  dures  avec  de  l'esprit-de-vin.  ||  Terme  de  mi- 
roiterie. Donner  du  brillant  à  la  feuille  d'étain  avant 
de  la  couvrir  entièrement  de  vif-argent.  ||  Terme  de 
charpentier  de  marine.  Abattre  plus  ou  moins  les 
angles  d'une  pièce  de  bois,  dont  la  première  forme 
a  été  celle  d'un  parallélipipèile  rectangle.  ||  6°  Se  dé- 
graisser, V.  réft.  Être  dégraissé.  ||  Par  plaisanterie. 
Il  se  dégraisse,  se  dit  d'une  personne  qui,  malade 
et  alitée,  maigrit. 

—  HlST.  XV]'  s.  Bois-le-Comte,  neveu  de  Villega- 
gnon,  qui,  passant  au  cap  de  St-Vincent,  dégraissa 
[rançonna]  plusieurs  navires  espagnols  et  portugais, 
d'aub.  llisl.  1,41. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  e\ graisse. 
BÉGRAISSEUR,  EUSE  (dé-grè-seur,  seû-z'),  s. 

m-et/".  Ijl'  Celui,  celle  qui  dégraisse  les  élotVes. 
porter  un  habit  au  dégraisseur.  ||  2°  Dégraisseur, 
voy.  DÉOIIAISSOIR,  1°. 

—  ÉTVM.  Dégraisser. 

t  DÉGRAISSIS  (dé-grè-si),  s.  m.  Ce  que  l'on  en- 
lève par  l'opération  du  dégraissage. 

—  ÊTYM.  Dégraisser. 

t  DÉGRAIS'SOIR  (dé-grè-soir) ,  s.  m.  \\  1°  Instru- 
ment qui,  muni  d'un  moulinet,  sert  pour  tordre  la 
laine  trempée  dans  de  l'eau  de  savon,  avant  de  la 
mettre  sur  le  peigne.  ||  On   dit  aussi  dégraisseur. 

I  2°  Instrument  pour  enlever  la  graisse  des  boyaux. 

II  3°  Morceau  de  serge  pour  dégraisser  l'étain  d'une 
glace. 

—  ÊTYM.  Dégraisser. 

t  DÉGRAl'l'ER  (dé-gra-pé),  v.  a.  Séparer  les 
grains  de  certains  fruits  de  leurs  grappes.  Dégrap- 
per  les  raisins,  les  groseilles.  ||  On  dit  aussi  égrapper. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  grappe. 
tDÊURAI>i>lMER  (dé-gra-pi-né) ,  v.  a.  Terme  de 

marine.  Tirer  un  vaisseau  hors  des  glaces,  par  le 
moyen  des  grappins. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  el  grappin. 
tDËURAPPOIR  (dé-gra-poir),  *.  „!.  Instrument 

sorirant  it  dégrappef 


DKG 

t  DÉGRAS  (dé-grâ),  ».  m.  Terme  de  chamoiseria. 
Graisse  exprimée  des  peaux.  ||  Mélange  d'huile  de 
poisson  et  d'acide  nitrique  pour  passer  les  peaux  en 
chamois  et  les  cuirs  en  blanc. 

—  HIST.  XIII"  s.  Avoi,  sire  Tybert  li  ch.iz,  Por  ce 
s'oreavez  vosdegraz  [satisfaites  votre  gourmandise], 
Et  se  vostre  panceest  or  plaine,  Nedurra  mie  la  se- 
maine Cist  orgoulz  que  VOS  ore  avez,  Hen.  iObes. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  gras. 

fDÉGRAT  (dé-gra),  s.  m.  En  dégrat  se  dit  du 
bateau  quittant  le  havre  oii  le  navire  est  ancré  et 
allant  chercher  ailleurs  meilleure  pèche. 

—  ÉTYM.  Provenç.  degrat,  degré,  c'est-à-dire  le 
degré,  le  point  d'où  l'on  part.  Il  y  a  dans  l'ancien 
français  se  degratcr  :  Ribau/.  nus,  qui  là  se  degra- 
tent.  De  toutes  parz  les  feus  embattent,  G.  guiart, 

t.  II,  p.  t69,  V.  4107  (13093). 

f  DÉGRA VELER  (dé-gra-ve-lé),  je  dégravelle,  je 
dégravellerai,  je  dégravellerais,  v.  a.  Débarrasser 
un  tuyau  de  conduite  du  sédiment  qui  s'y  est  accu- 
mulé. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  graveUe. 

t  DÉGRAVER  (dé-gra-vé),  v.  a.  Synonyme  de 
dégraveler. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  le  radical  jrai;  qui  est 
dans  grav-ois. 

DÉGUAVOlEMENTou  DÉGRAVOÎMENT  (dé-gra- 
vol-man),  s.  m.  Effet  d'une  eau  courante  qui  dé- 
gravoie,  déchausse  un  mur,  un  pilotis. 

—  ÉTYM.  Dégravoyer. 

DÉGRAVOviÉ,  ÉE  (dé-gra-vo-ié,  iée,  ou  dé-gra- 
voi-ié,  iée),  part,  passé.  Une  muraille  dégravoyée. 

DÉGRAVOYER  (dé-gra-vo-ié;  plusieurs  disent 
dé-gra-voi-ié),  je  dégravoie,  tu  dégravoies,  ildégra- 
voie,  nous  dégravoyons,  vous  dégravoyez,  ils  dé- 
gravoient;  je  dégravoyais,  nous  dégravoyions,  vous 
dégravoyiez;  jedégravoierai;  je  dégravoierais;  que 
je  dégravoie,  que  nous  dégravoyions,  que  vous  dé- 
gravoyiez; que  je  dégravoyasse;  dégravoyant,  v.  a. 
Déchausser,  en  parlant  d'une  eau  courante,  des 
murs  ou  des  pilotis.  ||  Enlever  le  gravier  au  moyen 
de  quelque  courant  d'eau. 

—  ÉTYM.  Ce'....  préfixe,  el  gravais. 

DEGRÉ  (de-gré;  dans  le  dictionnaire  de  Richelet 
il  est  écrit  degré,  et  cette  prononciation  s'entend 
souvent;  mais  l'Académie  l'a  condamnée),  s.  m. 
Il  1°  Chacune  des  parties  qui  dans  un  escalier  ser- 
vent à  monter  ou  à  descendre.  Le  premier  degré, 
le  deuxième  degré.  Mais  à  peine  tous  deux  dans  sa 
chambre  étions-nous  Qu'elle  a  sur  les  degrés  en- 
tendu son  jaloux,  MOL.  Éc.  des  f.  IV,  6.  11  a  presque 
vu  la  tour  de  Babel;  il  en  compte  les  degrés,  la 
BRUY.  V.  Il  Marches  qui  servent  d'entrée  à  un  édi- 
fice. Sur  les  sanglants  degrés  ses  serviteurs  péris- 
sent, M.  j.  CHÉN.  Charles  IX,  v,  2.  Qui  marche  en 
ses  conseils  à  pas  plus  mesurés  Qu'un  doyen  au  pa- 
lais ne  monte  les  degrés,  boil.  Sal.  viii.  Du  lieu 
saint  à  pas  lents  je  montais  les  degrés,  delav.  Vê- 
pres sicit.v,  2.  Vois:  l'infortune  assise  à  la  porte 
du  temiile  [de  la  gloire]  En  garde  les  degrés,  la- 
MART.  Sléd.  I,  t4.  Il  L'escalier  même.  Miron  trouva, 
en  descendant  mon  de,^ré,  un  frère  de  son  cuisi- 
nier, RKTZ,  II,  tso.  Comprenez-vous  ce  que  je  sen- 
tis en  montant  ce  degré?  sëv.  <4.  Se  mettre  en  em- 
buscade sur  un  degré,  hamilt.  Gramtn.  6.  Trouvant 
au  bas  du  grand  degré  un  carrosse  qu'il  prend  pour 
le  sien....  la  bruy.  xi.  Comme  ils  [Vardes  et  mon 
père]  descendaient  ensemble  le  degré,  mon  père 
feignit  d'avoir  oublié  quelque  chose  en  haut,  ?t- 
SIM.  10,  119.112"  Fig.  Rangs,  emplois  considérés 
comme  les  échelons  d'une  échelle  d'honneurs.  Vous 
voyez  donc,  mon  père,  que  le  degré  émment  où 
sont  les  papes,  ne  les  exempte  pas  de  la  surprise, 
PASC.  l'rnv.  18.  C'était  le  plus  proche  degré  pour 
parvenir  à  l'empire,  noss.  Dist.  i,  10.  Plus  on  a  de 
degrés  d'élévation ,  plus  on  a  de  degrés  à  descendre 
à  l'abaissement,  fléch.  Serm.  t.  l,  p.  184.  Vous  êtes 
monté  d'un  degré  dans  le  service,  mass.  Petit  ca- 
rême, Drap.  Maiipertuis  était  arrivé  par  les  degrés, 
de  maréchal  des  logis  des  mousquetaires  jusquàles 
commander  en  chef,  st-sim.  i,  23.  Entre  ton  trône 
et  moi  je  ne  vois  qu'un  degré,  volt.  Sémir.  il,  2. 
Il  3"  Moyens  mis  en  œuvre  pour  parvenir  à  quelque 
chose.  Et  quels  afl'reux  périls  pourrons-nous  redou- 
ter, Si  c'est  par  ces  degrés  qu'on  peut  vous  méri- 
ter? CORN,  liodog.  m,  4.  Et  la  mort  que  mes  voeux 
s'efl'orcent  de  hâter  Est  l'unique  degré  par  où  j'y 
veux  monter,  lu.  Iléracl.  i,  2.  Par  sa  projire  main 
mon  père  massacré  Du  trône  où  je  le  vois  fait  le 
premier  degré,  lu.  Cinna,i,  1.  Toutes  ces  cruautés  ... 
Sont  les  degrés  sanglants  dont  Auguste  a  fait  choix 
Pour  monter  sur  le  trône  et  nous  donner  des  lois, 
iD.  ib.  I,  3.  Et  pouf  hf^  qu'où  ait  mis  des  titres  si 


DEG  1 

.«acres,  On  y  mont»  souvent  par  de  moindres  de 
grés,  ID.  Théod.  i,  1.  Et  ne  voulut,  pour  monter  à 
ses  emplois,  d'autres  degrés  que  ses  vertus,  flêch.- 
l'anég.  t.  i,  p.  335.  Us  voulaient  que  l'innocence  fiit 
le  degré  pour  monter  à  répi.xopat,  id.  ib.  ii,  p.  282. 
Souvent  avec  prudence  un  outrage  enduré  Aux  hon- 
neurs les  plus  hauts  a  servi  de  degré,  rac.  Estk.  m, 

1.  Les  droits  de  mes  aïeux....  Étaient  même,  sans 
moi,  d'inutiles  degrés,  id.  Ilril.iv,^.  Mon  culte 
épuré  De  ma  grandeur  naissante  est  le  premier  de- 
gré, VOLT.  Fanât,  ii,  B.  ||  4°  Transition,  achemine- 
ment. Les  premières  connaissances  ont  servi  de  de- 
grés aux  autres,  pasc.  Préf.  Vide.  Vous  qui  devez 
savoir  les  choses  de  la  vie.  Qui  par  tous  ses  degrés 
avez  déjà  passé.  Et  que  rien  ne  doit  fuir  en  cet  ige 
avancé,  la  pont.  Fahl.  m,  1.  On  répond  que  la  per- 
fection a  plusieurs  degrés,  boss.  Or.  6.  Monter  de 
degré  en  degré  jusqu'à  cet  état  sublime,  mass.  Prof. 

2.  Vous  n'êtes  jamais  séparé  que  d'un  petit  degré 
de  la  mort,  id.  Carême,  Tiéd.  f.  Ainsi  que  la  vertu, 
le  crime  a  ses  degrés,  rac.  Phèd.  iv,  2.  Il  n'est 
point  de  degré  du  médiocre  au  pire,  boil.  Art  p. 
IV.  Il  avait  passé  par  tous  les  degrés  de  la  débauche 
et  de  la  misère,  volt.  Vlngênu,  19.  ||  Par  degrés, 
loc.  adv.  Graduellement.  Il  faut  aller  par  degrés  et 
commencer  par  la  procédure,  boss.  liibliot.  J'ap- 
prochai par  degrés  de  l'oreille  des  rois,  rac.  Athal. 
m,  3.  Il  On  trouve  aussi,  au  singulier,  par  degré, 
dans  le  même  sons.  J'ai  tenté  par  degré  d'effacer 
cette  horreur,  volt.  Brulus,  m,  2.  ||  5°  Grade  con- 
féré dans  une  université.  Dans  les  facultés,  il  y  a 
trois  degrés,  celui  de  bachelier,  celui  de  licencié  et 
celui  de  docteur.  Degrés  académiques.  Prendre  ses 
degrés.  Et  si  l'on  n'est  docteur  sans  prendre  ses  de- 
grés, Régnier,  Sat.  m.  Mais  quoi!  j'entends  déjà 
plus  d'un  fier  scolastique,  Qui....  Curieux,  me  de- 
mande où  j'oi  pris  mes  degrés,  boil.  Épit.  xii.  X 
Bourge,  un  écolier  peut  percer  ce  mystère;  Je  n'ai 
point  mes  degrés....  volt.  Disc.  6.  ||  6°  Terme  de 
grammaire.  Degrés  de  signification,  le  positif,  la 
comparatif,  le  superlatif.  |1  Degrés  de  comparaison, 
le  comparatif  et  le  superlatif.  ||  7°  Terme  de  juris- 
prudence.  Degrés  de  juridiction,  ordre  hiérarchique 
des  tribunaux  devant  lesquels  on  peu»,  successive- 
ment porter  la  môme  affaire.  Il  n'y  a  plus  en  Franco 
que  deux  degrés  de  juridiction  pour  les  afl'aires  ci- 
viles. Cette  affaire  a  parcouru  tous  les  degrés  de 
juridiction.  ||  8"  Terme  de  jurisprudence  ecclésiasti- 
que et  civile ,  se  di  I  des  générations  suivant  lesquelles 
on  compte  la  proximité  ou  l'éloignement  des  paren- 
tés ou  alliances.  Grégoire  le  Grand  fut  le  premier  qui 
défendit  les  mariages  jusqu'au  septième  degré;  le 
2"  concile  de  Latran  restreignit  la  prohibition  au 
quatrième  degré.  En  ligne  directe  les  degrés  ascen- 
dants sont  :  le  premier,  père  et  mère;  le  second,  aïeul 
et  aïeule;  le  troisième,  bisaïeul  et  bisaïeule;  lequa- 
Irième,  trisaïeul  et  trisiiieule.  Les  degrés  descen- 
dants sont;  le  premier,  hls  et  fille;  le  second,  pe- 
tit-fils et  petite-fille;  le  troisième,  arrière-petit-fils 
et  arrière-petile-fiUe;  le  quatrième,  fils  et  fille  de 
l'arrière-petit-fils.  En  ligne  collatérale  les  degrés  as- 
cendants sont  :  1°  Oncle  paternel,  tante  paternelle, 
et  oncle  maternel  et  tante  maternelle;  2°  Grand-on- 
cle paternel,  grand'tante  paternelle,  grand-oncle 
maternel  et  grand'tante  maternelle;  3-  Père  ou 
mère  du  grand-oncle  ou  de  la  grand'tante  pater- 
nels, et  pèie  ou  mère  du  grand-oncle  et  de  la  grand' 
tante  maternels,  et  ainsi  de  suite.  Dans  la  même  ligne 
les  degrés  descendants  sont  :  i*  Le  frère  ou  la  soeur; 
2°  Les  fils  ou  les  filles  du  frère  et  de  la  soeur,  qui 
s'appellent  cousins  germains  et  cousines  germaines; 
3°  Les  cousins  et  cousines  issus  des  germains,  c'est- 
à-dire  les  petits-fils  ou  petites-filles  du  frère  ou  de  la 
sœur,  et  ainsi  de  suite.  S'il  était  parent  au  delà  du 
ciiiquièmedegré,  ilne  succédait  pas,  montesq.  Esp. 
xvin,  22.  Il  Degré  de  noblesse,  le  nombre  de  généra- 
lions  que  l'on  compte  entre  la  personne  dont  on 
parle  et  le  premier  individu  anobli  dans  la  famille. 
L'anobli  fait  le  premier  degré,  ses  enfants  le  se- 
cond, etc.  Il  9°  Différence  successive  que  présentent 
les  qualités  sensibles  des  choses.  L'atmosphère  est 
arrivée  à  un  très-grand  degré  de  sécheresse.  Le  fer 
exige  un  haut  degré  de  chaleur  pour  se  fondre.  Il  y  a 
un  fort  degré  de  froid  quand  la  Seine  gèle.  ||  Dans 
différents  arts,  degré  de  feu,  le  point  où  il  faut  que 
le  feu  soit  porté  pour  que  le  résultat  soit  obtenu. 
Il  En  médecine,  degré  indique  le  plus  ou  moins  d'in- 
tensité d'une  maladie.  Phthisie  au  troisième  degré. 
Brûlure  au  premier  degré.  ||  Terme  de  la  scolastique. 
Degrés  métaphysiques,  se  disait  de  la  série  des  pro- 
priétés d'un  objet,  en  commençant  par  la  plus  géné- 
rale.||  Dans  l'ancienne  médecine,  certaine  exlf-nsion 
des  qualiléâ  élémentaires  qu'on  divisait  en  quatre. 


DEG 


DEG 


DÉG 


1025 


Le  poivre  était  chaud  à  tel  degié.  H  Dans  l'ancienne 
physique,  ces  mCmes  qualités  élémentaires  étaient 
partagées  en  huit.  Le  feu  était  cliauii  au  huitième 
(Jegré  et  sec  au  quatrième.  ||  Fig.  et  par  analogie, 
le  plus  ou  le  moins  que  présentent  les  choses  in- 
tellectuelles ou  morales.  Sa  grandeur  doit  atteindre 
aux  degrés  les  plus  hauts,  cohn.  Attila,  i,  2.  Vous 
ne  me  donnez  rien  par  cette  haute  estime  Que  ïous 
n'ayez  déjà  dans  le  degré  sublime,  ID. S«r(or.  m,  2. 
Oui,  du  degré  de  l'âge  il  faut  porter  la  peine,  rotrou, 
Vencesl.  i,  2.  Le  degré  où  les  hommes  n'avaient  pu 
atteindre  est  rempli  par  une  jeune  reine,  pasc.  dans 
COUSIN.  Mon  envie  de  partir  est  au  dernier  degré, 
sÉv.  (29.  Dieu  distribue  ses  dons  dans  le  degré  qu'il 
veut,  Boss.  Le».  C"rn.  ue.  Les  plaisirs  innocents 
le  deviennent  [péchés  mortels,  par  l'excès  de  l'atta- 
chement], selon  la  doctrine  des  saints....  mais  qui 
sait  le  degré  qu'il  faut  pour  leur  inspirer  ce  poison 
mortel?  m.  Marie-Thér.  Deux  choses  vous  vont 
faire  voir  l'éminent  degré  de  sa  vertu,  m.  ifc.  Alors 
au  suprême  degré  de  son  éclat,  iiamilt.  Gramm.  II. 
Haut  degré  de  gloire  et  de  puissance,  rac.  Béren. 
I,  4.  Quand  la  religion  des  chrétiens  n'aurait  point 
d'autre  preuve  contre  l'incrédulité  que  l'élévation  de 
celte  maxime  fia  charité  envers  tous],  elle  aurait 
toujours  ce  degré  de  sainteté  et,  par  conséquent, 
de  vraisemblance  sur  toutes  les  sectes  qui  ont  jamais 
paru  sur  la  terre,  mass.  Carême,  l'ard.  Un  homme 
médiocre  peut  avoir  de  la  justesse  à  son  degré,  un 
petit  ouvrage  de  même,  vauven.  Justesse.  Chaque 
fonction  est  pour  lui  [le  prêtre  indigne]  un  nouveau 
crime  et  ajoute  un  nouveau  degré  à  sa  réprobation, 
MASS.  Confér.  Disc,  sur  la  toc.  Il  fallait  non-seule- 
ment un  grand  usage  de  la  cour,  mais  une  liberté 
bien  circonspecte,  une  hardiesse  bien  mesurée,  de 
peur  qu'un  degré  de  moins  ne  gStàt  l'ouvrage,  et 
qu'un  degré  de  plus  ne  perdit  l'auteur,  d'olivet, 
Hist.Acad.  t.  a,  p.  acB,  dans  pougens.  ||  l'oints  suc- 
cessifs que  l'on  parcourt.  Premierdegréd'instruclion. 
Il  10°  Terme  de  physique.  Chacune  des  divisions  prin- 
cipales qui  sont  marquées  sur  des  instruments  destinés 
à  apprécier  la  chaleur,  l'humidité ,  la  pesanteur.  Les 
degrés  d'un  baromètre,  d'un  hygromètre,  d'un  aréo- 
mètre. L'eau  bout  quand  le  thermomètre  est  à  cent 
degrés;  la  glace  fond  quand  il  est  à  zéro.  ||  11°  Terme 
de  géométrie  et  d'astronomie.  Chacune  des  360  par- 
ties dans  lesquelles  on  divise  la  circonférence.  Si  je 
Yeux  mesurer  un  angle  de  eu  degrés,  J.  J.  rouss. 
Ém.  II.  Il  Terme  de  géographie.  Degré  de  longitude, 
l'espace  compris  entre  deux  méridiens;  degréde  lati- 
tude, l'espace  compris  entre  deux  parallèles.  Des 
lieues  de  vingt-cinq  au  degré.  Le  degré  se  divise  en 
60  minutes  et  la  minute  en  60  secondes.  L'on  comp- 
tera toujours  au  nombre  des  œuvres  qui  ont  illustré 
notre  siècle  l'entreprise  de  mesurer  en  môme  temps 
deux  degrés  du  méridien,  l'un  sous  l'équateur,  l'au- 
tre près  du  pôle  boréal  de  notre  continent,  conuor- 
CET,  Maurepas.  Ces  marchands  faisaient  leur  route, 
tenant  à  peu  près  le  40'  degré  de  latitude  nord,  par 
des  p^iys  qui  sont  au  couchant  de  la  Chine,  montesq. 
Esp.  XXI,  (6.  Il  Degré  décimal,  chacune  des  400  par- 
ties dans  lesquelles,  suivant  la  division  décimale,  on 
divise  le  cercle.  Cette  division  est  moins  usitée  que 
la  division  sexagésimale  ou  en  .'îeo  parties.  ]|  Dans 
le  langage  de  la  physique,  de  la  géométrie  et  de 
l'astronomie,  degré  se  représente  souvent  par  ce 
signe  ".  Le  thermomètre  est  à  2"  au-dessous  de 
glace.  Latitude  io«  30*  s"  (to  degrés,  3o  minutes, 
3  secondes).  ||  12°  Terme  d'algèbre.  Équation  du 
premier,  du  second  degré,  etc.  équation  dont  l'in- 
connue est  à  la  première,  à  la  deuxième  puissance. 
Il  13°  Terme  de  musique.  Différence  de  position  ou 
d'élévation  entre  deux  notes  placées  dans  une  même 
portée. Degrés  conjoints. Degrésdisjoints.  i|14"Terme 
de  fauconnerie.  L'endroit  où  l'oiseau,  durant  sa 
montée,  tourne  la  tête  et  prend  une  nouvelle  car- 
rière, qu'on  appelle  second  ou  troisième  degré,  jus- 
qu'à ce  qu'on  le  perde  de  vue  au  quatrième. 

—  SYN.  DEGRÉ,  MARCHE,  a  Degré,  dit  l'Eucyclo- 
pédie,  v,  029,  s'employait  dans  le  dernier  siècle 
pour  désigner  chaque  marche  d'un  escalier,  et  le 
mot  de  marche  était  uniquement  consacré  pour 
les  autels;  nous  aurions  peut-être  bien  fait  de  con- 
server ces  ternies  distinctifs.  »  La  distinction  indi- 
quée par  l'Encyclopédie  n'existe  plus;  reste  à  voir 
en  quoi  ces  deux  termes  diffèrent.  Le  degré  est,  éty- 
mologiqiiement,  ce  qui  sert  à  changer  de  place  {de- 
gredi) ,  à  monter  ou  à  descendre  ;  la  marche  est  sur 
quoi  l'on  marche.  On  monte  ou  l'on  descend  les  de- 
grés; on  se  tient  sur  une  marche.  Au  pluriel,  il 
montait  ou  descendait  les  degrés,  ou  les  marches, 
sauf  que  degré  est  réservé  ,  de  préférence,  au  stylé 
élevé  et  aux  grands  escaliers  :  les  degrés  du  grand 

DICT.    DE    LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


escalier  du  Louvre.  Au  singulier,  marche  s'emploie 
mieux  que  degré  :  il  se  tenait  sur  la  premier^ 
marche  mieux  que  sur  le  premier  degré.  En  un  mot, 
toutes  les  fois  que  l'on  considère  les  différents  éche- 
lons d'un  escalier  comme  servant  à  monter  ou  à  des- 
cendre, on  se  sert  plutôt  de  degré;  comme  servant 
à  poser  le  pied  et  à  se  tenir,  de  marche. 

—  HIST.  XI"  s.  Eufemien,  bel  sire,  riches  hom, 
Ouar  me  hesberges  pur  Deu  en  ta  maison  ;  Suz  tun 
degret  me  fais  un  grabatum,  St  Alexis,  XLiv.  Par 
les  degrez  au  palais  [il]  monte  sus;  Ch.  de  Roi. 
cxcvn.  Il  XII"  s.  Les  degrez  [ils]  montent  tost  et  isnel- 
lement,  Ronc.  p.  <2i.  Tost  les  degrez  de  marbre  [il] 
est  montez  au  donjon,  Sax.  xiv.  Or  est-il  moult  en 
bas  degré;  Mais  Dieus  le  nietra  au  plus  haut;  Car 
c'est  ii  sires  qui  ne  faut,  Gautier  d'arbas,  Eracles, 
V.  t504.  Il  xiii's.  Celui  cui  il  l'ot  conmandé  A  tost  le 
cheval  enselé,  Et  puis  au  degré  li  amené,  Uen.  22207. 
Amours  respont:  Dr  ne  t'esmaie  [chagrine];  Puis- 
que mis  t'ies  en  ma  menaie  [direction] ,  Ton  servise 
prendre  en  gié.  Et  te  métrai  en  haut  degré,  la  Rose, 
2036.  Puisque  li  quars  degrés  est  pa.ssés,  mariages 
se  pot  fere,  beaum.  xviii,  7.  Avant  qu'on  en  viengoe 
dusqu'à  li,  on  doit  porsivir  les  segneurs  sougès  de 
degré  en  degré,  ID.  xi,  t2.  Aus  piez  des  degrez  s'a- 
genoiUa  un  poure  [pauvre]  chevalier  et  li  dit  ainsi.... 
JOINV.  206.  ||xv's.  Je  montay  sans  compter  Les  de- 
grez.... COQ  uiLL.i/oiioi.  delà  botte  de  foin.  Apportant 
ung  plat  de  viande  sur  le  degré,  comm.  i,  9.  ||  xvi"  s. 
La  première  grâce,  qui  est  comme  un  degré  à  la  se- 
conde, est  nommée  cause  d'icelle,  calv.  Instit.  C20. 
Ce  moyen,  par  lequel  Dieu  esleve  les  siens  en  haut 
comme  de  degré  en  degré,  m.  ib.  816.  Ils  devoyent 
estre  recognus  pour  ministres  légitimes,  ayanslede- 
gré  de  prestrise,  id.  ib.  842.  Une  montoit  gueressans 
s'eslancer  trois  ou  quatre  degrez  i  la  fois,  mont.  Il, 
t7.  C'est  un  degré  de  fermeté  auquel  je  ne  pourruis 
arriver,  m.  it,  385.  11  se  lai.ssoit  maintes  fois  tomber 
du  haut  d'un  degré,  ou  en  la  trappe  d'une  cave, 
DESPER.  Conie.i,  Lxxix. 

—  ÉTYM.  Wallon,  egre' ;  provenç.  degra,  degrat; 
portug.  degrào  ;  du  bas-latin  degradus,  formé  de 
de,  et  gradus  (loy.  grade). 

t  DÉGRÉAGE  (dé-gré-a-j'),  s.  m.  Voy.  dégiiéement. 

DÉGKÉÉ,ÉE(dé-gré-é,  ée),  part,  posse.  Un  vais- 
seau dégréé. 

t  DÉGRÉEMENT  (dé-gré-man),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Action  d'ôter  les  agrès  d'un  vaisseau. 
Il  Perte  accidentelle  des  agrès. 

—  lîl'YM.  Dégrécr. 

DÉGltÉER  (dé-gré-é),  je  dégrée,  nous  dégréons; 
je  dégréais,  nous  dégréions;  je  dégréerai;  je  dé- 
gréerais; que  je  dégrée,  que  nous  dégréions;  que 
je  dégréasse,  dégréant,  v.  a.  Terme  de  marine. 
Ôter  ou  détruire  les  agrès,  les  cordages,  etc.  d'un 
vaisseau.  Noire  frégate,  qui  n'avait  été  qu'à  demi 
dégréée  par  le  combat,  le  fut  entièrement  par  des 
coups  de  vent. 

—  REM.  On  a  écrit,  par  une  mauvaise  orthogra- 
phe, degrnyer  :  Je  suis  tout  dégrayé,  mes  mâts  ne 
tiennent  à  rien ,  Rapport  de  la  Clochelerie  sur  le 
combat  de  la  Relie-Poule,  18  juin  1778,  dans  JAL. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  el  gréer. 

t  DÉGRÉNAGE  (dé-gré-na-j') ,  s.  m.  Action  de  re- 
tirer du  moulin  les  matières  dont  on  fait  les  pâtes 
céramiques. 

—  ÉTYM.  Dégrdner. 

t  DÉGRÉNER  (dé-gré-né.  La  syllabe  gré  prend 
l'accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
je  dégrène;  mais  l'accent  reste  aigu  au  futur  et  au 
conditionnel  :  je  dégrénerai,  je  dégrénerais) ,  v.  a. 
Exécuter  le  dégrénage. 

DÉGIlËVfi  ÉE  (dé-gré-vé,  vée),  part,  passé.  Le 
budget  est  dégrevé. 

DÉGRÈVEMENT  (dé-grè-ve-man) ,  s.  m.  Action 
de  dégrever;  état  de  la  cho.se  dégrevée.  ||  Héduction 
ou  remise  de  la  cote  imposée  à  un  contribuable. 

—  ÉTYM.  Dégrever. 

DÉGREVER  (dé-gré-vé.  Legoarant  remarque  que 
l'Académie  écrivant  grever  sans  accent,  c'est  peut- 
être  par  une  faute  d'impression  qu'elle  écrit  dégre- 
ver avec  un  accent.  L'Académie  ne  conjuguant  pas 
ce  verbe,  on  le  conjuguera  comme  elle  fait  pour  les 
verbes  de  celte  sorte,  c'est-à-dire  en  mettant  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette, 
je  dégrève,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  où 
l'accent  aigu  est  conservé  :  je  dégrèverai,  je  dégrè- 
verais), V.  a.  Supprimer,  réduire  les  charges.  Dé- 
grever un  immeuble,  éteindre  les  hypothèques  qui 
le  grèvent.  ||  Diminuer,  remettre  une  imposition, 
une  taxe.  Dégrever  les  objets  de  consommation. 

—  KTYM.  Dé....  préfixe,  et  greier. 

+  DÉGRILLER  (dé-gri-llé,  U  mouillées,  et  non 


dé-gri-yé),  v.  a.  Otcr  les  grilles,  et,  par  extension, 
faire  sortir  du  couvent.  La  mort  du  comte  de  Verne 
dégriUa  sa  femme,  qu'il  tenait  dans  un  ccuveut, 
ST-SIM.  (37    4. 

—  lîTYM.  Dd....  préfixe,  et  grille. 
DÉGRINGOLADE  (dé-grin-go-la-d'),  s.  f.  Action 

de  dégringoler.  ||  Fig.  Chute,  décadence,  ruine.  Uare 
la  dégringolade. 

—  ÉTYM.  Dégringoler. 

DÉGRINGOLER  (dé  grin-go-lé),  0.  n.  ||  1°  Descen- 
dre précipitaianient  avec  la  rapidité  d'une  chute,  et 
surtout  avec  un  sens  de  moquerie  ;  on  n'emploierait 
pas  ce  mot  en  parlant  par  exemple  d'un  homme  (|ui 
se  tuerait  dans  la  chiite.  Dégringoler  d'une  échelle. 
La  voiture  a  dégringolé  dans  un  trou.  ||  î°  Fig. 
et  familièrement.  Si  deux  ou  trois  personnes  ne 
soutenaient  le  bon  goût  dans  Paris,  nous  dégringo- 
lerions dans  la  barbarie,  volt.  Cité  dan.v  cûrblet, 
Glossaire  picard.  Nos  ministres  dégringolent  l'un 
après  l'autre  comme  les  personnages  de  la  lan- 
terne magique,  ID.  LeH.  Mme  du  Dcffant,  3  déc. 
I7B9.  Mlle  Clairon  et  MmeduChappe  soutiennent  la 
gloire  de  la  France;  mais  ce  n'est  pas  a-^sez  :  nous 
dégringolons  furieusement,  ID.  Lett.  Duc  de  Ri- 
chelieu, 26  oct.  (761.  Il  3°  V.  a.  Dégringoler  un  es- 
calier, Dict.  de  l'Académie. 

—  nE.M.  L'Académie  fait,  de  ce  verbe,  un  verbe 
actif,  parce  qu'on  dit  :  dégringoler  un  escalier;mais 
il  y  a  une  ellipse,  dégringoler  un  escalier  est  pour 
dégringoler  le  long  d'un  escalier;  et  dégringoler 
n'est  pas  plus  un  verlieaclif  quene  lesonl  marcher, 
courir  dans  ces  phrases: marcher  deux  heures,  cou- 
rir deux  lieues.  L'Académie  écrirait  :  les  marche» 
que  j'ai  dégringolées;  la  grammaire  veut  qu'on 
écrive  :  les  marches  que  nous  avons  dégringolé.  Ou 
ne  peut  pas  dire  dégringoler  quelque  chose;  dégrin- 
goler une  carafe,  etc.  Cepemlant,  à  l'appui  de  l'A- 
cadémie,voy.  descendre  (descendre  un  escalier,  une 
pente). 

—  ÉTYM.  Picard,  déringoler,  dégrihovler.  Origine 
inconnue.  D'après  Richelet,  il  vient  de  gringole, 
corruption  de  parjouiite,  gouttière;  cela  n'est  pas 
impossible. 

DÉGRISÉ,  ÉE  (dé-gri-zé,  zée),  part,  passé.  Dé- 
grisé le  lendemain  et  revenu  à  lui. 

f  DÉGRISEMENT  (dé-gri-ze-man),  s.  m.  Action 
de  dégriser;  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Dégriser. 

DÉGRISER  (dé-gri-zé),  v.  a.  ||  1°  Faire  passer  l'i- 
vresse. Le  sommeil  l'a  dégrisé.  ||  2°  Fig.  et  familiè- 
rement, détruire  des  illusions,  des  espérances  con- 
çues trop  vite.  Cet  échec  l'a  un  peu  dégrisé.  Les 
bravos  retentissaient;  Lambel  était  enthousiasmé 
de  ces  acclamations;  Cromwell,  pour  dégriser  son 
ami,  lui  dit  :  On  nous  applaudirait  bien  davantage, 
si  nous  allions  à  l'échafaud,  mikabeau,  Collection, 
t.  v,  p.  466.  Eh!  eh!  notre  ami,  cela  vous  contra- 
rie et  vous  dégrise  un  peu,  beaum.  Barb.  de  Sév, 
II,  -14.  Il  3°  Se  dégriser,  v.  réft.  Cesser  d'être  gris, 
un  peu  ivre.  Laissez-lui  le  temps  de  se  dégriser. 
Il  Fig.  Perdre  des  espérances  trop  vite  conçues. 

—  HIST.  xvi"  s.  Les  hommes  qui  s'estiinoient  le 
plus  de  loin  se  dégrisent  souvent  les  uns  des  autres 
en  s'approchaiu,  mont,  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  EiYM.  Dé....  préfixe,  et  griser. 

t  DÊGROSSAGE  (dé-grô-sa-j") ,  s.  m.  Action  de 
dégrosser. 

—  ÉTYM.  Dégrosser. 

f  DÉGROSSER  (dé-grô-sé),  v.a.  Faire  passer  l'or 
ou  l'argent  par  la  filière,  pour  le  rendre  plus  menu. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  gros. 

1.  DÉGROSSI,  lE  (dé-grô-si,  sie),  part,  passé 
de  dégrossir.  ||  1°  Dont  on  a  ôté  le  plus  gros.  Des 
pièces  de  bois  dégrossies,  i;  2°  Fig.  Nous  ne  considé- 
runsle  monde  que  comme  informe  et  à  peine  dégrossi, 
\OLT. Mœurs,  Conn.  de  l'dme.  Ma  petite  drôlerie 
[traduction]  dont  vous  me  demandez  des  nouvelles, 
estassez  dégrossie,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  219. 

t  2.  DÉGROSSI  (dé-grô-si),  s.  m.  Laminoir  des 
plombiers  ||  Presse  pour  unir  les  monnaies.  ||  Action 
de  dégrossir  une  glace. 

—  ÉTYM.  Dégrossi  t. 

DÉGROSSIR  (dé-grôsir),  v.  a.  ||  1°  ôter  le  plus 
gros  d'une  matière  pour  qu'elle  reçoive  la  forme 
qu'on  veut  lui  donner.  Dégrossir  un  bloc  de  marbre. 
Il  Les  sculpteurs  dégrossissent  leurs  ouvrages  avec 
une  masse  qui  est  une  espèce  de  gros  marteau.  Le 
peintre  a  couvert  sa  toile  de  figures,  avant  que  le 
statuaire  ait  dégrossi  son  bloc  de  marbre,  didkrot, 
Observ.  sur  la  sculpt.  ||  2°  Fig.  Ébaucher,  dégrossir 
un  ouvrage.  Tout  le  faix  des  marches  et  des  ordnis 
de  subsistances  portait  sur  Puységur,  qui  même  dé- 
grossissait les  projets,  st-sim.  26,  42.  ||  Débrouil- 

I.  —  12Q 


1026 


DEC, 


1er.  Dégrossir  uns  affaire.  ||  3°  Terme  d'imprimerie. 
Dégrossir  une  épreuve  (bcutinn  peu  usilée  pré.sen- 
lemenl),  en  fller  les  plus  grosses  Tiules  avant  de 
l'envoyer  à  l'auteur.  ||  4"  Se  ilé^rosoir,  ».  refl.  De- 
venir moins  grossier.  Quand  une  nation  se  dégro.s- 
sit,  elle  estd'aliord  émerveillée  de  voir  l'aurore  ou- 
vrir de  ses  doigls  de  mse  les  portes  de  l'orient,  et 
semer  de  topazes  et  de  rubis  le  chemin  de  la  lu- 
mière. Zépliyre  caresser  Flore....  tolt.  Dict.  phil. 
Ifieux  Cfimniuns. 

—  r.TYM   Pé....  préfixe,  et  gros. 

f  Df;GROSSI,SSAGE  (dé-grô-si-sa-j'),  t.  m.  Terme 
de  métallurgie.  Commencement  d'étirage  qui,  suc- 
cédant au  cinglage,  donne  une  forme  plus  régulière 
à  la  loupe.  Il  Se  dit  en  particulier  de  la  première 
opération  faite  pour  réduire  en  plaques  d'une  épais- 
seur de  0  à  7  millimètres  les  barres  de  fer  primiti- 
vement lie  311  à  .12  millimf'tres,  destinées  à  la  fabri- 
cation de  la  lôle  mince,  leroarant.  ||  Terme  de 
coutellerie.  Action  de  dégrossir,  à  la  lime,  la  pièce 
qui  doit  fournir  un  couteau  et  qui  a  été  préalable- 
ment firgée. 

—  EI'YM.  rifqrnssir. 

t  DfiC.nOSsis.SK.MENT  (dé-grô-si-se-man),  s.  m. 
Action  do  déf-'ro.ssir;  étal  de  ce  qui  est  dégrossi. 

—  F.TYM.  Pégrnssir. 

f  Df.fiHOSSISSKUR  (dé-prô-si-seur),  s.  m.  Cy- 
lindre <|ui.  dans  les  laminoirs,  réduit  la  loupe  en 
grosses  barres. 

—  F.TYM.  Ih'grnssir. 

t  DfifiU  (dé-gu),  s.  m.  Nom  d'un  petit  mamn:i- 
ftre  du  Chili. 

Df.r.lKMI.LÉ.  ÉK  (dé  ghe-ni-Ué.  liée,  ïi  mouil- 
lées, ei  iinii  dé-ghe-iii-yé),  pan.  passé.  Oui  a  des 
vêtements  en  giieiiilles.  Les  rois  d'Espa;.'rie  n'avaient 
jamais  eu  de  gardes  que  quelques  méchants  lan- 
•-,iers  déguenillés  qui  ne  les  suivaient  pas,  st-s;m. 
(21),  (411.  yuelle  comparaison  de  ta  vie  molle,  ram- 
pante, t'iïeminée,  ei  delà  vie  libre  et  ferme  du  cyni- 
que déguenillé'  ninEnOT ,  Regrets  -mr  ma  robe  de  cham- 
bre. Il  Substantivement    Une  troupe  de  déguenillés. 

t  DÉGUKMLLKK  (dé-ghe-ni-llé,  M  mouillées),  t). 
a.  Déchirer  les  habits,  meitre  en  guenilles.  ||  Par 
extension.  Dégueiiiller  quelqu'un,  le  ruiner,  lui 
faire  perdre  sa  fortune.  {|  Kig.  et  populairement.  Dé- 
gueniller  quelqu'un,  le  mallrailer  de  paroles. 

—  HIST.  XVI'  s.  Se  desgueiiiller  [sortir  de  la  gueu- 
serie],  oudin,  Dict. 

—  ÊTYM.  Dé...  préfixe,  et  gtwnille 
DÉGUERPI,    lE    (ité-ghèr-pi,    pie),  part,  passé 

de  déguerpir.  Abandonné.  Cel  immeuble  déguerpi 
par  celui  qui  en  avait  la  possession.  ||  Oui  a  dé- 
guerpi ,  qui  s'en  e.st  allé.  Bon  I  les  voilà  déguerpis. 

DEGUERPIR  (dé-Kl.èr-pir),  o.  o.  ||  1°  Ternie  de  pra- 
tique. Abandonner  la  possession  d'un  immeuble.  Dé- 
guerpir un  héritage.  ||  2°  Faire  sortir.  Avec  un  ins- 
trument croche  Le  déguerpirent  de  la  roche,  scarr. 
Tirg.  Irav.  vi.  ||  Il  n'est  plus  usité  en  cet  emploi. 
Il  3»  V.  n.  Soriir,  se  retirer  d'un  lieu  malgré  soi.  Il 
fut  forcé  de  dég  lerpir.  Nous  fatiguerons  tant  notre 
provincial,  qu'il  faudra  qu'il  déguerpisse,  UOL.  Pourc. 
H,  U.  Ou'on  SG  garde  surtout  de  me  mettre  trop 
près  De  quelque  procureur  chicaneur  et  mauvais; 
Il  ne  manquerait  pas  de  me  faire  querelle;  Ce  serait 
tous  les  jours  procédure  nouvelle.  Et  je  serais  encor 
contraint  de  déguerpir,  hegnaro,  Léuat.  iv,  8.  Ali! 
nous  «errons  un  peu  S'ils  feront  déguerpir  la  nièce  et 
le  neveu,  coliin    n'HARLEV.    Vieux  céhb.  ii,  (l). 

—  HIST.  xii*  s.  Et  quant  m'aurez  murtelment  dé- 
guerpi [abandonné],  Jà  n'i  croislra  vos  los  ne  vos 
honors, roHci,  vu.  E  David,  li  psalmistes,  qui  nus 
diten.semenl  :  Ne  vilaine  déguerpi  nul  qui  vit  leal- 
ment,  Nenului  painquerant  de  sun  engeiidrument, 
Tti.  le  mart.  77.  ijuant  le  lei  d'Englelerre  en  virent 
si  partir,  Clerc  e  lai  comencierent  l'arcevesque  à 
laidir,  E  dientqu'd  out  tort  ipi'il  ne  se  voll  tenir  En 
ço  qu'otgraanié,  ek  um  nel  puet  gernir  [défendre]  ; 
Ne  virent  unches  pais  pur  si  poi  déguerpir,  t'b.  te». 
Si  coin  nos  avons  dist,  la  conlreie  des  deserz  ce  est 
la  degerpie  assembleie  des  malignes  espirs,  Job, 
p.  602.  Il  par  mile  raison  ne  welonldewerpirceu  [ce] 
où  li  primier  payent  mettre  lor  mains,  ST  bern. 
p.  '>2(.  Il  xiii's.  Nenouspuetdelessiercequi  nous  fait 
pesance,  Ne  nous  quiert  déguerpir  cil  qui  nous  fait 
prevance;  To^t  oblie  pecliié  qui  en  fait  la  penance. 
Car  riens  ne  grieve  tant  com  maie  acousiumance, 
j.  DR  MEiNG,  Test.  2046.  ||  XV  S.  11  défendit,  sui 
peine  de  perdre  la  vie,  que  nul  ne  feust  tant  liardy 
de  retourner  en  galée,  ne  de  déguerpir  la  place, 
«ouci</.  II,  ch.  20.  Il  XVI'  s.  Le  preneur  ou  son  héri- 
tier qui  déguerpit  [pour  se  déchariier  d'une  rente 
foncière],  doit  payer  les  arrérages  passés,  l'année 
courante  et  un  terme  de  plus,  loysel,  622. 


DÉG 

—  ÉTYM.  M...  préfixe,  et  l'anc.  franc,  guerpir, 
abandonner,  de  l'allemand  wérfen.  jeter;  suéd. 
verpa;  goth.  vairpan;  wallon,  diwerpi;  provenç. 
degnrpir. 

DËGUKRPISSEMENT  (dé-ghèr-pi-se-man),  s.  m. 
Il  1'  Abandonnement  de  la  possession  d'un  immeu- 
ble. Il  Acte  par  lequel  l'acquéreur  à  rente  foncière 
renonçait  à  la  propriété  pour  se  -lécbarger  du  paye- 
ment de  la  rente.  ||  2"  Familièrement,  action  de  dé- 
guerpir, de  se  retirer,  contraint  et  forcé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Tout  deguerpissement  se  doit  faire 
en  justice,  loysel,  521. 

—  f.TYM.  Défiuerpir. 

f  DftGUEUPISSEUR  (dé-ghèr-pi-seur),  s. m.  Terme 
de  pratique.  Celui  qui  fait  abandon  d'une  possession 
immobilière. 

—  ÉTYM.  Déguerpir. 

t  DÉGUEULEMENT  (  dé-gheu-le-man  ) ,  s.  m. 
Il  1°  Terme  très-bas.  Action  de  vomir.  ||  2"  Terme  de 
charpente.  Pour  que  les  arêtiers  et  leurs  contre-fiches 
viennent  dans  l'arête  du  poinçon,  il  faut  une  barbe 
de  chaque  côté  et  autant  d'une  part  que  de  l'autre, 
ce  qu'on  appelle  dégueulement,  pernot,  Dict.  du 
constructeur. 

—  ETYM.  Dégueuler. 

DÉGUKULER  (dé-gheu-lé).  j]  l'  Y.  a.  Rejeter  par 
la  gueule.  Le  chien  a  dégueulé  sa  .soupe.  ||  2°  V.  n. 
Terme  très-bas.  Vomir,  rendre  gorge.  ||  Fig.  Pro- 
férer des  paroles  violentes  ou  grossières. 

—  HIST.  XV*  s.  Nous  avons  ouy  tous  vos  plaits; 
Maistre  Simon,  sus,  desgueullez,  coquillart,  Plaid. 
de  la  Simple  et  de  la  Rusée. 

—  F.TYM.  Dé....  préfixe,  et  gueule. 

f  DI5GUEULIS  (dé-gheu-li),  s.  m.  Terme  très-bas. 
Ce  qui  a  été  dégueulé. 

—  ÉTYM.  Dégueider. 

DÉGUIGNONNÉ,  ÉE  (dé-ghi-gno-né,  née),  part, 
passé.  Me  voilà  enfin  déguignonné. 

DÉGUIGNONNER  (dé-ghi-gno-né),  v.  a.  Délivrer 
d'un  gnignon  qui  fait  que  rien  ne  réussit,  que  tou- 
tes les  chances  tournent  mal.  ||  Se  déguignonner,  v. 
refl.  Cesser  d'avoir  du  guignon.  Je  change  de  part- 
ner pour  me  déguignonner. 

—  ÊTYM.  Dé....  prélixe,  el  guignon. 

t  DÉGUISABLE  (dé-ghi-za-bl'),  adj.  Qui  peut  être 
déguisé. 

—  ÉTYM.  Déguiser;  provenç.  deguisalle. 
DÉGUISÉ,  ÊÉ  (dé-ghi-zé,  zée),  part.  passé.W  1°  Qui 

a  pris  un  déguisement.  Qui  t'aurait  reconnu  déguisé 
de  la  sorte?  rac.  Plaid,  n,  2.  Ne  m'aurait-il  pas 
mieux  valu  passer  une  longue  et  délicieuse  vie  chez 
le  roi  Lycomède,  déguisé  en  fille,  avec  les  princes- 
ses filles  de  ee  roi?  fén.  Diai.  des  morts,  Achille, 
Chiron.  \\  2°  Fig.  Des  sentiments  déguisés.  La  vérité 
déguisée  par  les  flatteurs.  Et  je  prends  tous  ces  biens 
pour  des  maux  déguisés,  CORN,  liodog.i,  7.  Un  abrégé 
historique  de  la  vie  de  plusieurs  princes,  oii  leurs 
vices  ne  sont  pas  déguisés,  dider.  Opin.  des  anc. 
phil.  (Chinois). 

DÉGUISEMENT  (dé-ghi-ze-man),  s.  m.  \\  1°  Ce 
qui  sert  à  déguiser  une  personne.  Ce  noir  déguise- 
ment cache  au  moins  quelque  chose,  iiauteroche. 
Deuil,  se.  I.  Et  la  fière  Fulvie  Se  couvre  ,  sans  rou- 
gir, d'un  vil  déguisement,  volt.  Catil.  n,  I.  jj  État 
d'une  personne  déguisée.  Il  passa  à  la  faveur  de  son 
déguisement.  Sous  ces  déguisements  j'ai  déjà  réta- 
bli l'resque  en  toute  sa  force  un  amour  affaibli,  corn. 
Toison,  II,  (.  Il  2°  Fig.  Travestis,senient  accidentel  de 
la  vérité,  de  la  réalité.  La  renommée  N'a  porté  jus- 
qu'à nous  ces  grands  renversements  Que  sous  l'ob- 
scurité de  cent  déguisements....  corn.  Kodog.  1,  t. 
Il  3°  Artifice  pour  cacher  la  vérité.  Dis,  mais  en  peu 
de  mots,  et  sur  que  les  tourments  M'auront  bientôt 
vengéde  tes  dégui.sements, coun.  Thiod.  iv,  6.  FidMe 
en  ses  paroles,  incapable  de  déguisement,  sûre  à 
ses  amis,  uoss.  Duchesse  dOrl.  C'est  ambition,  c'est 
avarice,  c'est  envie,  c'est  animosité,  c'e^t  déguise- 
ment et  supercherie,  bourdal.  instruct.  frudence 
du  salut.  Exhortation.  Je  dis  ce  que  je  pense,  et 
sans  déguisement;  Je  suis,  sans  réfiéchir,  mon  pre- 
mier mouvement,  begnahd,  Ptïfr.  IV,  7.  Cent  ver- 
tus que  l'erreur  couronne  Sont  de  vains  noms  que 
l'orgueil  dunni  X  ses  adroits  déguisements,  lamotte, 
Odes,  t.  1,  p.  3()3,  dans  podgens.  Les  hommes  qui 
agis.sent  sans  déguisement,  fén.  Tél.  in  Que  fais- 
tu  ,  lui  dit-il,  aible  et  timide  amant  'I  Pourquoi  trou- 
bler les  airsd;  plaintes  éternelles?  Est-ce  d'aujour- 
d'hui que  le;  behes  Ont  recours  an  déguisement? 
J.  B.  Bonss.  C-ntate  6.  Par  là,  malgré  la  fraude  et 
les  dégULsemi  ils.  Vos  yeux  démêleront  ses  secrets 
.sentiments,  v  ilt.  Zaïre,  iv,  b.  |{  4°  Action  de  dé- 
guiser, par  r  rt  de  la  cuisine,  une  viande  ou  autre 
animent.  Jami  s  rien  ne  fut  mieux  servi,  et,  entre 


DÊG 

autres  choses,  il  y  eut  douze  sortes  de  viandes  et  d» 
déguisements  dont  personne  n'a  jamais  ouï  parler, 
et  dont  on  ne  sait  pas  encore  le  nom,  voit.  Lelt.  \o. 

—  HIST.  XIII'  s.  Si  pren....  Autre  desguiseûre.... 
la  Rose,  H244.  |j  xvi' s.  Hz  n'usèrent  plus  de  des- 
guisement  ny  ne  controuverent  plus  de  desfaittes, 
pour  la  révérence  de  Caton,  amyot,  Cat.  d'Utiq.  80. 

—  ÊTYM.  Déguiser;  provenç.  desguisamen. 
DÉGUISER  (dé-ghi-zé),  v.  a.' ji  1° Changer  la  guise, 

habiller  de  manière  qu'il  soit  difficile  de  recon- 
naître. Déguiser  des  enfants.  |1  Changer  les  traits.  Le 
rouge  les  vieillit  et  les  déguise,  la  bbuy.  m.  ||  %'  Par 
extension.  Déguiser  sa  voix,  la  changer  pour  qu'on 
ne  la  reconnaisse  pas.  ||  Déguiser  son  écriture,  ne 
pas  user  des  mêmes  caractères  que  ceux  dont  on  a 
coutume  d'user.  Il  en  aurait  fait,  en  déguisant  son 
écriture,  une  douzaine  de  copies,  qu'il  aurait  adres- 
sées aux  comédiens,  aux  mousquetaires,  aux  auteurs 
mécontents,  makmontel,  Mém.  liv.  vi.  {]  Déguiserson 
nom,  se  cacher  sous  un  pseudonyme.  1|  Déguiser  une 
viande  ,  déguiser  des  œufs,  les  accommoder  de  ma- 
nière qu'on  ne  reconnaisse  pas  ce  que  c'est.  Il  3°  Fig. 
Cacher  une  chose  sous  des  apparences  Irompeu.ses. 
Les  faux  honnêtes  gens  sont  ceux  qui  déguisent 
leurs  défauts  aux  autres  et  à  eux-mêmes;  les  vrai» 
honnêtes  gens  sont  ceux  qui  les  connaissent  parfai- 
tement et  les  confessent,  la  rochef.  lléflex.  mor.  208. 
'1  paraissait  avec  une  gravité  stoïiue  et  avec  l'air 
d'un  homme  de  bien,  pour  mieux  déguiser  sa  per- 
fidie, d'ablanc.  Tac.  Annal,  liv.  i,  dans  hichf.let. 
Il  fallait,  pour  y  réussir,  savoir  déguiser  ses  pas- 
sions, Fi.f.cH.  iH.  de  Slont.  11  déguise  ou  il  exagère 
les  faits,  LA  BBUV.  XIV.  Et,  sous  un  front  serein  dé- 
guisant mes  alarmes,  Il  fallait  bien  souvent  me  pri- 
ver de  mes  larmes,  rac.  Phèd.  iv,  e.  .Ne  prétendais- 
tu  point  par  tes  fausses  couleurs  Déguiser  un  amour 
qui  te  retient  ailleurs?  lu.  liaj.  v,  4.  Quiconque  ne 
sait  pas  dévorer  un  afi'ront  Ni  de  fausses  couleurs  se 
déguiser  le  front...  m.  Esth.  iv,  ).  Seigneur,  je  na 
vous  puis  déguise--  ma  surprise,  ID  Miihr.  m,  1. 
Seigneur,  je  ne  vou>  puis  déguiser  mon  eireur,  ID. 
Brit.  II,  3.  Ils  ne  se  servent  de  la  pensée  i|ue  pour 
autoriser  leurs  injustices,  el  n'emploient  les  paroles 
que  pour  déguiser  leurs  pensées,  volt.  Dial.  xiv. 
Il  Absolument.  Dissimuler.  Ce  n'est  plus  avec  voua 
qu'il  faut  que  je  déguise,  corn.  Iléracl.  ii,  3.  Que 
sens-tu?  dis-le-moi;  parle  sans  déguiser,  la  font. 
Fabl.  vu,  7.  Il  4°  Présenter  une  chose  autrement 
qu'elle  n'est.  Je  ne  puis  déguiser  que  j'ai  peine  h 
vous  suivre,  coRH.Polyeucte,  H,  6.  X  ne  rien  dégui- 
ser, Seigneur,  ceux  de  sa  suite  en  ont  su  mal  ;ser, 
iD.  Sertnr.  iv,  3.  Vous  déguisez  en  vain  une  chose 
trop  claire,  m.  Hor.  i,  3.  Les  ministres  qui  leur  dé- 
guisaient la  vérité,  Boss.  Hist.  m,  3.  Us  suppriment 
quelques  noms  pour  déguiser  l'histoire  ou  pour  dé- 
tourner les  applications,  la  bruy.  v.  J'irai,  bien 
plus  content  et  de  vous  et  de  moi,  Détromper  son 
amour  d'une  feinte  forcée.  Que  je  n'allais  tantôt  dé- 
guiser ma  pensée,  bac.  Baj.  m,  4.  S'il  faut  ne  te 
rien  déguiser,  Mon  innocence  enfin  commence  à  me 
peser,  m.  Androm.  m,  t.  Je  déguisai  partout  ma 
naissance  et  mon  nom,  volt.  Œdipe,  jv,  (.  Il  Se 
déguiser,  déguiser  à  soi-même,  cacher  à  soi-même 
quelque  chose.  Il  s'est  déguisé  ses  torts  en  celte  af- 
faire. Je  fais  cette  remarque  en  réponse  à  ce  iju'a 
dit  Moreau  de  Mautour,  qui,  pour  soutenir  son  opi- 
nion, se  déguise  à  lui-même  les  faits,  st-foix,  Ess 
Paris,  CEuvres,  t.  v,  p.  239,  dans  polcens.  ||5»Se 
déguiser,  v.  réfl.  S'habiller  de  manière  à  n'être  pas 
reconnu.  Se  déguiser  on  marquis,  en  nécromancien. 
Le  roi  d'Israël  se  déguisa,  avant  ijuc  de  donner  la 
bataille,  sacy.  Bible,  Unis,  m,  22,  30.  ||  Prendre 
un  faux  nom.  Le  cardinal  Bellarmin  na  point  fait 
paraître  plus  de  soumission  ou  de  déférence  que  les 
autres  pour  le  décret  du  concile  [de  Trente,  qui  in- 
terdisait les  pseudonymes),  lorsqu'il  se  déguisa  sous 
le  faux  nom  de  Matheiis  l'ortus  cortre  le  roi  de  la 
Grande-Bretagne.  vluCursdi'ç/uiws,  p.  74.  Il  6*  Fig. 
Cacher  ce  qu'on  pense,  ce  qu'on  seul.  Ce  n'est  point 
avec  toi  que  mon  cœur  se  déguise,  bac  Andr.  iv, 
I.  11  se  déguise  en  vaii,  je  lis  sur  son  visage  Des 
fiers  Domilius  l'humeur  triste  et  sauvage,  m.  Brit. 
1,  t.  Qui  peut  se  dégti  iser  pourrait  iraiiir  sa  foi, 
volt.  Ali.  I,  B.  C'est  tr  p  me  déguiser  sous  l'étlat 
qui  t'abuse,  delav.  Pana,  1,  2.  ||Se  déguiser  à  soi- 
même,  se  faire  illusion  lur  ses  torts,  ses  faiblesses. 
.Nous  sommes  si  accout  iniés  à  nous  déguiser  aui 
autres  qu'à  la  fin  nous  lous  déguisons  à  iiuu>-mê- 
nies,  LAROCHEF.  Réft.  1  B.  On  ne  peut  plus  se  dé- 
guiser à  soi-même,  m  ss.  Carême ,  J.  de  Pdq. 
Il  7°  Etre  déguisé  La  v(  ité  ne  peut  se  déguiser  ai- 
sément Mais  un  feu  ma  éteint  ne  peut  se  déguiser. 
cotN.  Perthar,  11,  3. 


DEH 


DIÎH 


DEH 


1027 


SYN.    DÉGUISER,    TRAVESTIR,     MASQUER.    Dégui- 

ser,  c'est  changer  la  guise,  la  façon,  la  manièro 
d'êlre.  Travestir,  c'est  vêtir  de  travers.  Masquer, 
c'est  couvrir  le  visage  d'un  masque.  De  cette  façon 
la  nuance  de  ces  trois  mots  est  marquée:  se  dégui- 
ser, c'est  plus  que  se  masquer,  puisque  le  masipie 
ne  C'iuvre  que  le  visage,  tandis  que  le  déguisement 
couvre  le  corps  entier.  Se  travestir,  c'est  prendre 
un  vêtement  qui  ne  vous  convient  pas,  et  dans  ce 
mot  il  n'entre  aucune  idée  de  cacher  le  corps  sous 
un  déguisement  ou  le  visage  sous  un  masque. 

HIST.  xii*  s.    Pur  ço  cumandad  Jéroboam  à  la 

reine,  que  ele  de  .«a  vesture  se  deguisast,  liais,  291, 
E  li  reis  se  do.sgui.sad,  e  od  duus  cuinpaignuns  i 
alad,  1/1.109.  Lors  liad  li  prophètes  son  cliief  et  des- 
guisad  sei  de  puidre,  ib.  328.  i|xiu's.  Ainsinc  For- 
tune se  dest:nise,  la  Hose.  6ir.7.  N'onc  si  desguisée 
maison  Ne  vil,  ce  croi,  onques  mes  hon,  ib.  61 21. 
Il  s'en  feroit  boen  desguisier.  Et  vestir  robe  senz  co- 
leur,  BUTEB.  II,  78.  Li  jugement  se  desguisent  en 
moult  de  manières  de  le  [la]  cort  laie  à  cix  de  la 
crestienté,  bealm.  i.xvii,  27.  ||  xiv  s.  N'est-ce  pas 
chose  plus  honourable  Que  tu  voies  devant  ta  table 
Tes  chevaliers,  tes  escuiers  Vestis  ensamble  en  or- 
deiiance  A  la  bonne  guise  de  France,  Que  ce  qu'il 
soient  en  tel  guise  Que  chascun  ainsi  se  desguise? 
MACHAULT,  p.  120.  ||  xv  S.  Grand  plenté  de  mets  et 
d'enireniets  si  estranges  et  si  desguisés  qu'on  ne  les 
pourroit  deviser,  froiss.  i,  i,  34.  Prince  qui  veult 
que  le  bon  temps  reviengne,  Les  trois  estas  en 
lionnes  meurs  repringne,  Et  que  nul  seul  dos  trois 
ue  se  desguise,  e.  desch.  Souffrance  du  peuple. 
Il  ïvi*  s.  Il  n'y  a  aulcune  apparence  que  par  haine  , 
faveur  ou  vanité,  il  ayt  desguisé  les  choses,  mont. 
n,  H2.  11  se  desguisa  en  habit  de  femme,  et  dansa 
en  tel  habit,  amyot,  Flamin.  33.  Ils  desguisent  la 
cessation  ou  surseance  de  l'exécution  de  leur  mau- 
vaise voulunté  par  le  sainct  nom  de  justice  ou  d'a- 
mitié, ifl.  Pyrrhus,  23. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  guise;  provenç,  des- 
ffuisar. 

f  BÉGmSEtJR  (dé-ghi-zeur),i.  m.  Celui  qui  déguise. 

—  HIST.  XVI'  s.  Comme  à  rencontre  non  d'enne- 
mis, mais  d'infracteurs,  abuseurs,  et  deguiseurs 
de  foy,  M.  DU  bellay,  ïOI. 

—  ETYM.  Dégniser. 

DfiGCSTATEUR  (dé-gu-sta-teur) ,  s.  m.  Celui  qui 
déguste  les  boissons  pour  en  vérifier  la  qualité,  ||  Ad- 
jectivement. Commissaire  dégustateur. 

—  ét'ym.  Di'gvster. 

DÉGUSTATION  (dé-gu-sta-sion),  s,  f.  Action  d'ap- 
précier par  le  sens  du  goût  les  qualités  sapides  d'une 
substance  quelconque.  La  simple  dégustation  prouve 
que  les  filets  d'eau  de  cette  fontaine  sont  presque 
tous  d'une  nature  différente,  le  pèke  fery.  Mémoi- 
res sur  la  fontaine  d'Amiens,  dans  pichelet. 

—  ETYM,  I.iit.  (legustaiio,ûe  degnstare,  liégnstet. 
DÉGUSTÉ,  ÉE  (dé-gu-sté,  siée),  part,  passé.  Ces 

vins  dégustés  par  un  gourmet, 

DÉGf'STEIt  (dé-gu-slé),  v.  a.  Goûter  une  liqueur 
pour  en  apprécier  la  qualité.  ||  Se  déguster,  v.  réfl. 
Être  dégusté.  Le  vin  se  déguste  mal  avec  les  fruits. 

—  ÉTYM.  Lat.  df9ws(are,dede,elffus(are,  goûter, 
f  DEILVIT  (de-è),  s.  m.    Terme  de  fauconnerie. 

Maladie  des  oise.iux  de  proie. 

—  IIIST.  XI'  s  Oient  Franceis:  dehet  ail  qui  s'en- 
fuit, Ch.  de  Hol.  lxxx.  |{  xiii'  s.  Laidor  ait  ores  mal 
dehé  ,  Quant  si  guerroie  chasleé  [chasteté].  Que 
defl'endre  et  tenser  [proléger|  deUst,  la  Rose,  9031. 

—  f.TYM.  Dchait  ou  dc/i^  signifie  malheur,  et  est 
formé  de  la  préposition  de  et  de  l'ancien  substaniiflmt», 
plaisir;  de  l'ancien  Scandinave  heit,  promesse,  voeu. 

t  DEllAITÉ,  ÉE  (de-è-té,  tée),  adj.  Terme  de 
fauconnerie.  Oiseau  dehaité,  oiseau  qui  ne  vole  pas 
de  bon  degré. 

—  HIST.  XIII'  s.  De  noient  [pour  rien]  mes  [il]  ne 
se  dehete,  Ainz  est  moult  liez  et  moult  joiant,  Rcn. 
(60B2.  Il  XV' s.  Il  fut  ainçois  en  Bretagne  revenu  que 
le  roi  ni  autres  sçussent  rien  de  son  département  ; 
mais  pensoit  chascun  qu'il  fust  dehaité  [malade]  en 
«on  hostel,  froiss.  i,  i,  (53.  Il  lui  va  conter  com- 
ment sa  femme  estoit  dehaitée  et  merveilleusement 
malade,  louis  xi,  Nouv.  xc. 

—  ÉTYM.  Dehait. 

t  DEUALÉ,  ÊE  (dé-ha-lé,  lée) ,  part,  passé.  Bar- 
que déhalée. 

DÉHALÉ,  ÉE  (dé-hâ-lé,  lée),  part,  passé.  Visage 
déhâlé. 

t  DÉIIALER(dé-ha-lé),B.a.  Terme  de  marine.  Ha- 
1er  en  dehors,  relever,  retirer.  |1  Se  déhaler,«.  réft. 
Reculer  par  une  manœuvre  contraire  au  halage.  1|  Fig. 
et  populairement,  sortir  d'une  mauvaise  position. 

—  ÉTYM,  Dé....  préfixe,  et  hakr. 


DÉHÂLER  (dé-hA-16,  r.  a.  ||  1°  ôter  l'impression 
produite  par  le  hàle  .sur  le  teint.  ||  Absolument.  Cela 
déhâle.  ||  2»  Se  déhàler,  v.  réfl.  Se  débarrasser  du 
hâle.  Elle  garde  la  chambre  pour  se  déhiler. 

—  HIST.  XVI'  s.  Espérant  que  les  fiiiiemys  estant 
travaillez  du  long  chemin  iju'ils  avoyent  faict,  et  leur 
chevaux  déballez,  lestrouvansencestestat.leur  pour- 
roit faire  recevoir  une  honte,  m.  dubell.  B4(.  Estans 
desjà  ses  soldats  déballez  pour  le  travail  et  faute 
de  vivres  qu'ils  avoyent  souffert,  id.  B87.  Il  demeure 
immobile  aussi  froid  qu'un  rocher,  Descharné,  des- 
hallé,  sans  puissance  ni  force,  rons.  89t  (dans  le 
français  du  xvi'  siècle,  déliâler  signifie  non  ôter  le 
hâle,  mais  accabler,  fatiguer  par  le  hàle). 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  hdle.  Dans  la  signifi- 
cation du  XVI'  siècle,  dé....  est  non  pas  privatif, 
mais  augmentatif. 

DÉHANCHÉ,  ÉE  (dé-han-ché,  chée),  part. passé. 
Ij  1°  Qui  a  les  hanches  rompues  ou  disloquées.  Oii 
diantre  as-tu  pêclié  Les  figures  d'un  corps  à  demi 
déhanché?  HAUTEROCHE,  Bourg,  de  quotité,  iv,  6. 
Il  Par  extension,  très-fatigué Il  a  toujours  mar- 
ché; 11  m'a  fallu  le  suivre,  et  j'en  suis  déhanché, 
HAUTEROCHE,  Esprit  follet,  m,  4.  ||  Terme  de  vété- 
rinaire. Cheval  déhanché,  cheval  chez  lequel  la  frac- 
ture de  l'angle  externe  de  l'ilinm  a  produit  l'abais- 
sement ou  l'effacement  de  la  saillie  d'un  des  angles 
des  hanches  ou  des  deux  à  la  fois.  ||  2°  Familière- 
ment, peu  ferme  sur  ses  hanches. 

t  DÉHANCHEMENT  (dé-han-che-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  se  déhancher.  Certains  déhanchements  qui 
sont  plus  d'une  courtisane  que  d'une  femme  du 
monde. 

—  ÉTYM.  Déhancher. 

I  DÉHANCHER  (SE)  (dé-han-ché) ,  v.  réfl.  Fig.  Af- 
fecter une  démarche  molle  et  abandonnée.  Se  dé- 
hancher, secouer  la  tête,  baiser  le  bout  de  son  gant 
bien  tendrement:  cela  s'appelle  faire  des  mines,  ba- 
ron. Homme  à  bonnes  fortunes,  iv,  7. 

—  HIST.  xvi'  S.  La  raison  va  toujours  et  torte  et 
boiteuse  et  deshanchée,  mont,  n,  322. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  hanche. 

t  DÉUARDER  (dé-har-dé) ,  v.  a.  Terme  de  chasse. 
Lâcher  des  chiens  qui  sont  liés  (]uatre  â  quatre,  ou 
six  à  six.  Il  Débarrasser  les  chiens  qui  se  prennent 
dans  leurs  couples  ou  dans  la  barde.  ||  Se  déharder, 
V.  réfl.  Des  chiens  qui  se  déhardent. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  harde. 
DÉHARNACUÉ,  ÉE  (dé-har-na-ché,  chée) ,  part 

passé.  Cheval  déharnaché. 

DÉHARNACUEMENT  (dé-har-na-che-man), s. m. 
Action  de  déharnacher, 

—  ÉTYM,  Déharnacher. 

DÊHARNACHER  (dé-har-na-ché),  v.  a.  ||  1°  ôter 
le  harnais  à  un  cheval.  Au  milieu  des  mots  compo- 
sés comme  déharnacher,  l'h  s'y  conserve  aspirée, 
d'oliv.  Pros.  franc.  \\  i"  Fig.  et  familièrement.  Se 
débamacher.t).  réfl.  Se  débarrasser  d'un  accoutre- 
ment qui  gêne. 

—  HIST.  xiii'  s.  Toutes  les  nés  [nefs,  navires]  is- 
sent  du  port  ;  Le  tref  [mât]  ont  tost  desharneskié  Et 
sus  dusc'à  toressacié, /'i.  et  Bl.  v.  i:i82. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  harnacher. 

DÉHISCENCE  (dé-i-ssan-s') ,  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Action  par  laquelle  les  parties  distinctes 
d'un  organe  clos  s'ouvrent  sans  déchirure,  le  long 
de  la  suture  d'union.  ||  Rupture  déterminée  et  régu- 
lière qui,  à  une  certaine  époque,  s'opôre  dans  des 
organes  clos  pour  laisser  sortir  ce  qu'ils  contiennent. 

—  ÉTYM.  Déhiscent. 

DÉHISCENT,  ENTE  (dé-i-ssan,  ssan-t') ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Se  dit  des  organes  clos  qui 
s'ouvrentd'eux-mêmes.  ||  Terme  d'entomologie.  Êly- 
tres  déhiscents,  élytres  qui  s'écartent  un  peu  l'un 
de  l'autre  à  l'extrémité. 

—  ÉTYM.  Lat.  dehiscere,  s'entrouvrir,  de  de,  et 
hiscere,  fréquentatif  de  hiare  (voy.  hiatus). 

DÉHONTÉ,  ÊE  (dé-hon-té,  tée),  adj.  Qui  est  sans 
honte,  sanspudeur.  Une  femme  déboutée.  Voyez  cet 
homme  débouté  Qui  va  portant  dans  tout  son  voi- 
sinage Et  son  impudent  verbiage  Et  son  caractère 
effronté,  delille,  Convers.  11.  ||  Substantivement. 
Quelle  déhontéel  Ces  déboutés. 

—  HIST.  XIII'  s.  Mahomès  les  maudie  et  lor  cres- 
tienté; Car,  s'il  le  pueent  faire,  tout  somes  des- 
honlé,  Ch.d'Ant.  v,  27.  ||  m'  s.  Aussi,  depuis  qu'un 
homme  est  deshonté,  à  grande  peine  se  peut-il 
amender,  parce  que  la  honte  retire  autant  de  gens 
du  péché  que  la  conscience,  marg.  JVouu.  xh.  Ces 
encheriments  deshontez,  que  la  chaleur  première 
nous  suggère  en  ce  jeu,  mont,  i,  226,  11  estoit  si 
deshonté  qu'il  ne  luy  chaloit  d'estre  vitupéré ,  amyot  . 
Ak.  20, 


—  ÉTYM.  Dé....  préfixe, et  honte.  Th.  Corneille  a 
dit  déhonter  pour  déshonorer  :  Comment!  dans  un 
château  dont  l'antiquité  brille.  Venir  de  guet-apens 
déhonter  une  fille!  l'alsgrave,  p.  19,  remarque  que 
\'h  est  aspirée. 

DEHORS  (ile-hor,  et  non  pas  dé-hors  comme  ou 
dit  souvent  à  Paris;  l's  ne  .se  lie  pas  :  de-hur  et  de- 
dans: cependant  quelques-uns  la  lient  :  de  hor  z  et 
dedans)  ode.  de  lieu.  ||  1°  Hors  d'un  lieu.  Je  serai 
dehors  toute  la  journée.  Meilre  un  domestique  de- 
hors. Mes  gens  vous  aideront,  et  je  les  ai  pris  forts. 
Pour  vous  faire  servir  h  tout  mettre  deliors,  mol. 
Tari.  V,  h.  L'honneur  est  comme  une  Ile  escarpée 
et  sans  bonis:  On  n'y  peut  plus  lerrrer  dè^ qu'on  en 
est  dehors,  boil.  Sai.  x.  ||  Meitre  nue  personne  de- 
hors, la  renvoyer  d'un  emploi  ,  d'un  service.  Et 
n'as-tu  pas  le  plaisir  de  te  venger  d'un  homme 
qui  t'a  rais  dehors,  sans  sujet?  bbueys.  Grondeur, 
III,  ).  Il  Terme  de  commerce.  Mettre  un  billet 
dehors,  le  mettre  en  circulation,  en  le  passant 
à  l'ordre  de  quelqu'un.  ||  Fig.  et  fauiilièrement. 
Xe  pas  savoir  si  l'on  esl  dehors  ou  dedans,  ne  pas 
savoir  où  l'on  en  est.  ||  il  n'est  ni  dehors  ni  de- 
dans, se  dit  d'un  homme  qui  a  une  affaire  dont 
l'i-sue  est  encore  incertaine,  et  aussi  d'un  homme 
dont  on  ne  sait  quelle  est  l'opinion.  {{  Cet  homme 
est  de  dehors,  il  est  étranger,  il  n'est  pas  natif  du 
lieu.  Il  Terme  de  marine.  Ce  bâtiment  va  mettre  de- 
hors, il  va  gagner  le  large.  Toutes  voiles  dehors, 
toutes  voiles  déployées.  Jeter  un  objet  dehors,  le 
jeter  par-dessus  le  bord.  De  dehors  en  dehors,  se 
dit  des  dimensions  d'un  bâtiment  quand  elles  sont 
prises  de  l'extérieur  de  la  muraille,  par  opposition 
à  de  dedans  eu  dedans  qui  se  dit  des  dimensions 
prises  à  l'intérieur  de  la  muraille.  ||  2°  Dehors,  s. 
m.  La  partie  extérieure  d'une  chose.  Je  vais  dis- 
poser ma  cohorte  X  garder  cependant  le  dehors  de 
la  porte,  corn.  Théod.  v,  2.  ||  Absolument.  Le  dehors, 
l'extérieur.  Il  est  temps  de  faire  voir  que  tout  ce  qui 
est  mortel,  quoi  qu'on  ajoute  par  le  dehors  pour  le 
faire  paraître  grand,  est,  par  son  fond,  incapable  d'é- 
lévation, boss.  Duch.  d'Orl.  \\  L'extérieur,  ^n  parlant 
d'une  famille.  11  ne  s'agit  point,  dans  ma  tragédie, 
des  affaires  du  dehors;  Néron  est  dans  son  particu- 
lier et  dans  sa  famille,  rac.  Brit.  )"  préface.  \\  Les 
pays  étrangers.  Ce  qui  était  à  craindre  alors,  c'était 
no.i  le  dedans,  mais  le  dehors.  ||  3°  Terme  de  ma- 
nège. La  jambe  du  dehors,  la  rêne  du  dehors,  la 
jambe,  la  rêne  qui  sont  du  côté  du  mur,  par  oppo- 
sition à  la  jambe,  à  la  rêne  qui  sont  du  côté  de  l'in- 
térieur du  manège.  ||  4°  Les  dehors  d'une  maison, 
ce  qui  est  en  dehors,  les  communs,  les  jardins,  etc. 
C'est  une  fort  belle  maison,  un  peu  trop  grande 
pour  le  train  que  j'y  destine;  elle  a  de  fort  beaux 
dehors,  maintenon,  Lett.  à  Urne  de  Coulaiiyes,i 
fév.  IC75.  Il  ferme  militaire.  Les  dehors  d'une  place 
ou,  simplement,  les  deliors,  les  fort.ficatioiis  exté- 
rieures et  avancées.  Il  faut  d'abord  s  emparer  de» 
dehors.  Tous  ces  dehors,  ajoutés  au  fort,  mettront 
un  commandant  actif  et  expérimentéen  étal  de  sou- 
tenir, avec  deux  mille  hommes,  un  siège  de  deux 
mois,  RAYNAL,  llist.  phil.  xiii,  p.  32.  ||  5°  Le  dehors, 
l'apparence  extérieure  delà  personne,  opposé  au  de- 
dans ou  intérieur  de  l'âme.  Et  quoique  le  dehors 
soit  sans  émotion,  Lo  dedans  n'est  iiue  trouble  et 
que  sédition,  cobn.  Pnly.  11,  3.  La  tonsure  et  l'ha- 
bit sont  bien  quelque  dehors,  Mais  ne  pié-ume  pas 
que  les  gênes  du  corps  Fassent  l'ame  religeusp,  id. 
Imit.i.  )7.  C'était  moins  en  lui  une  parure  acquise  et 
étrangère,  que  les  Ueliors  n  ituiels  d'une  âme  ten- 
dre, généreuse  et  compatissante,  mairan.  Eloges, 
Card.  de  Fleury.  Souvent  ces  dehors  froids  cachent 
des  cœurs  .sensibes,  collin  d'harlev.  Optimiste, 
II,  10.  Il  Fig.  Apparence.  Ces  austères  dehors  qui  pa- 
rent une  vie.  Ces  supplices  du  corps  où  l'âme  est 
endurcie,  corn.  Imit.  i,  <l.  Les  juges,  dit  le  père, 
qui  ne  pénètrent  pas  dans  les  consciences,  ne  ju- 
gent que  par  le  dehors  de  l'action,  pasc,  Prov.  7,  X 
quoi  bon,  disent-ils,  cette  mine  modeste  Et  ce  sage 
dehors  que  dément  tout  le  reste?  mol.  Mis.  m,  6, 
C'est  une  vengeance  que  vous  déguisez  sous  un  faux 
dehors  de  justice,  boubd.  Jui/em.  dernier,  \" Àrent. 
Je  soupçonnequ'aveclousces beaux  dehors  la  pauvre 
femme  n'est  pas  heureuse,  sÉv.  470.  Et  sousl'humble 
dehors  d'un  respect  affecté  11  cache  le  venin  de  sa 
malignité,  boil.  Sol.  vu.  Soit  qu'un  dehors  heureux 
Me  cachât  de  son  cœur  les  replis  dangereux,  volt. 
Fanal,  m,  t.  \\  Dans  ce  sens  il  s'emploie  fréquem- 
ment au  pluriel.  11  veut  que  ses  dehors  [de  la  vertuj 
gardent  un  même  cours,  corn.  Dor.  v,  2.  De  cet 
aveuglement  les  soins  mystérieux  Empruntaient  lea 
dehors  d'un  tyran  furieux,  id.  Perthar.  w,l>.  La  po- 
litesse assortit  et  conforme  les  dehors  aux  condi- 


10J8 


DEH 


lioni  u»«uT. m. Dm d'hor» contenu,  palsibleset 
•njouék,  nom  Irompcnl  el  naut  y  (<lan»  ruué.ieur 
11»  f»niiUe»J  foni  «iipposer  une  pan  qui  n  y  f»l 
Mot  10.  V.  Oui  «ffcci"  de»  M»"^^  l'^'"^^'  •''  ''^hl?"- 
rtt  ■'*■■  Car.  Jeune,  tir  de»  dehompUn  doiii  vou» 
d«m raliendrir, voLT. il/l.iv, t.  De Boissy est auUur 
d'une  cmédie  Inlilulée  fllomme  du  jour  ou  le> 
dthort  irompevn.  ||  (ianler  le»  delior»,  sauver  les 
apparence»  «lérieur.!.,  présenter  une  apparence 
côn»enable.  U  fl.lélii*  de  voire  éiat  con'^l^le  à  gar- 
der le»  dehor»,  bom.  UtI.  Corn,  la».  On  gardera 
un  certain  debor»,  ID.  Char.  frai.  Ils  n'y  vont  (juc 

—  r cl  humain,  que  pour  gar- 

..  Oim.nct.  du  Sl-Sacre- 
^,„,    j       ,     r.  :  pas  de  dehors,  avoir  un 

eilèrieur  qui  promet  peu.  Celui-ci  a  un  lion  fonds 
et  n'a  point  de  dclior»,  l*  BBur.  tx.  ||  6-  Au  dehors, 
lœ.  adc.  X  l'cilérieur;  il  s'oppose  à  au  dedans.  Il 
donna  au  pay»  de  la  gloire  au  dehor».  Si  bien,  que 
l'ime  éunt  séparée  de  Dieu,  que  son  fond  réclame 
lani  ceaie,  tourmentée  par  son  indigence,  le  cha- 
grin |a  dérore,  l'ennui  la  tue;  Il  faut  qu'elle  cher- 
eh«  de»  amusements  au  dehora.  boss.  la  Valliére. 
U  m«i»on  du  seigneur,  seule  un  peu  plu»  ornée. 
Se  présente  au  dehor»  de  murs  environnée,  boil. 
Jfptt.  VI.  Mes  fureurs  au  dehors  ont  osé  se  répan- 
dre. HAC.  Phid.  m,  ».  Tout  le  monde  savait  que  la 
colonie,  «ans  défense  au  dedans  et  au  dehors,  était 
hors  d'état  de  faire  la  moindre  rùsistance,  haynal, 
//m.  yhl.  X,  t«.  Il  Kig.  Au  dehors,  dans  l'appa- 
rence e«téneure.  Nous  la  falsifions  au  dehors  par 
de»  hypocrisies  alTeclées,  boubd.  Sermon,  W  diin. 
aprèt  la  l'tntee.  Vomin.  Au  dehors  cependant  ils 
TivaienI  en  ami»,  et  se  donnaient  de»  ropas  l'un  à 
l'autre,  bouJ!»,  Ilist.  ont.  (tCurret,  t,  vu,  p.  ï7», 
dans  P0L0KK5.  jl  Au  dehors  de,  loc.  prép.  Les  avan- 
tige»  qui  «ont  au  dehors  de  nom.  ||  1'  De  dehors, 
loc.  ode.  De  l'extérieiir.  Il  vient  de  dehors.  ||  8°  Kn 
dehora,  Inc.  adv.  La  porte  s'ouvre  en  dehors.  Mar- 
cher le»  pieds  en  dehors,  marcher  les  talons  rap- 
^ roche»  el  le»  pointes  éloignées  l'une  de  l'autre. 
Fig.  Être  en  dehors,  tout  en  dehors,  être  trùs- 
franc,  trJ»  ouvert.  Le  comte  Haimond  mettait  en 
dehors  toute  son  âme,  ktaïi,,  Corinne,  xii,  t. 
Il  Terme  de  danse.  On  dit  qu'un  danseur  est  eo  de- 
hor», quai.d  ses  hanches  «ont  ouveries  et  ses  pieds 
tournés  en  dehors.  ||  Terme  de  manne.  On  dit  qu  un 
nivire  est  en  dehors,  quand  il  est  plus  en  pleine 
mer  qu'un  cap  avoisinant.  ||  En  dehors  de,  foc«l. 
prép.  Il  s'oppose  &  en  dedans.  Il  demeure  en  dehors 
•  de  la  ville.  Il  a  des  intelligences  en  dedans  et  en 
dehors  de  la  ville.  ||  Kig.  Cel.i  est  en  dehors  des  con- 
ventions. Il  t*  l'ar  dehors,  loc.  adt.  Par  l'extérieur, 
raire  le  tour  par  dehors.  ||  l'ar  dehors,  loc.  prép. 
Il  passa  par  dehors  la  ville. 

—  HIST.  XI*  s.  Defors  son  cors  [il]  veit  [voit] 
gésir  la  biiele ,  Ch.  de  Roi.  clxiv.  ||  xu*  s.  De 
fors  la  cité,  llone.  p.  3ui.|{xiil*  s.  Eiiisi  fu  li  as- 
saus  devises  que  les  trois  batailles  des  sept  dé- 
voient l'est  garder  par  defors,  et  les  autres  quatre 
dévoient  alcr  i  l'assaut,  vii.lf.ii.  lxxvi.  |Les  miroirs] 
font  les  nei»  [mémo  deh.irs  puroir  Tout  vis,  soit 
par  aigiio  [eau{,  ou  par  air,  laltose,  tmM.  Quant 
J'ol  unit  poi  avant  «lé.  Si  vi  ung  vergier  grant  et  lé. 
Tôt  cinsd'ung  haut  mur  bataillé,  l'orlralt  defors  et 
entaillé  A  mainte»  riches  e.scrilures,  ib.  Un.  Kt  le 
plu»  lait  dehors   [ils]  demonsirent  A  tresious  cens 

3ui  1      -■      •  •    -iii,  ih.  »i»i.  Il  nou.s  donnèrent  œfs 
iir  lire  jours  ou  do  cinq;  el  pour  hon- 

neur '  I  les  avoit  fait  peindre  par  dehors  de 

diverse»  couleurs,  jiiii«v.  241).  Kt  se  II  bourgois  de 
Pari»  amené  le  vin  de  dehors,  et  le  vent  à  l;ari»,  il 
n«  doit  point  de  chanielage,  Liv.  det  met.  30S. 
Il  XIV"  s.  Au  dehors  de  Nmiaye,  sus  une  verte  plain- 
gn«,  Baud.  de  Srb.  vu,  (so.  ||  xv*  s.  Kt  touies  s>>s 
gens  passèrent  en  dehors,  rnoiss.  t,  i,  ai.  Et  ne 
laissa  rien  k  la  femme  du  dict  Craon  qui  estoit  de- 
dans, sinon  de  tri.'S  pauvres  hahiUemen»,  et  la  meil 
dehor»  pour  s'en  aller  où  bon  luy  «emhleroit,  juvBn. 
Eis  usa.  Charlet  II,  i  J*3.  ||  xvi's.  La  lumière  »çm- 
bloyt  dedans nai»tre,  non  dehors  venir,  s<b.  Panl. 
T.  41.  Commande  doncq  aux  gentille»  Naïade»  S<ir- 
tir  delor»  leurs  l>caux  pala'»  humide»,  DunrLi.. 
II,  »,  ririo.  Il  n'y  avoit  ny  enflure  ny  altération 
par  le  dehors,  »io:<t.  i,  IOo.  Conceptions  informe» 
qu'il»  n«  peuvent  produire  au  dehors,  ID.  i,  188. 
ta  raison  contreroolle  tout  ce  qui  est  au  dehors  et 
au  dedans  de  la  voulle  céleste,  id.  ii,  587.  il  luy 
Bonalra  pr«micr  le  dedans,  et  puis  après  le  dehors 
dt  U  main,  et  le  menaça  que  U  villa  seroit  ainsi 
rtnnrat*  «an»  daaMis  dessoobs,  amïot,  Timol.  ta. 
itoenics  aambioit  de  pnma  face  h.  mnie  ignorant  et 
ftctéM  à  Mulx  qui  n'en  cognoiasoicot  que  le  do- 


DÉI 

hors,  ID.  Colon,  **.  LA  les  assiegeans  se  retranchè- 
rent, les  autres  s'en  relournans  firent  deux  dehors: 
le  capitaine  Jauri  hds<|ue  se  relrenclia  à  un  moulin 
i  vent,  k  quelque  MO  pas  de  la  contr'escarpe;  quel- 
qu'S  auire»  fiient  une  ndottcau  devant  de  la  porte 
pour  aider  à  ceux  du  moulin,  d'aub.  Hist.  il,  29«. 
Kncore»  qu'ils  eu.ssent  à  faire  à  sto  gentils-hommes, 
qui  travailloient  par  barricades  è  mettre  la  citadelle 
dehors....  id.  i6.  m,  »2.  Bouvilarsaiant  deffendu  ses 
faux-liourgs  et  ses  dehors  quelque  temps,  la  ville 
fut  forcée  d'un  coup  de  pétard,  m.  ifc.  m,  303.  Ce 
prince  inhumain  garda  tous  les  beaux  dehors  dont 
il  put  s'aviser,  Ul!m.  sur  du  Guescl.  ch.  >i. 

—  ETYM.  De.  et  hors  ou  fors;  Berry,  dior*;  bour- 
guig.  drfeu,  defmr  ;  provenç.  dc/'or.ï  ;catal.  de  fora; 
espagn.  drfuera.  Palsgrave,  p.  I»,  observe  que  Vh 
y  est  aspirée. 

t  DÉIIOIITATOIRE  (dé-or-tatol-r'),  adj.  Terme 
de  diplomatique.  Lettre  déhortaloire,  lettre  qui  ex- 
horte à  ne  p.is  faire  une  chose. 

—  ÊTYM.  Lai.  dehortalorius,  de  dehortari,  dé- 
tourner par  exhortation. 

t  Df.UOUILLEMENT  (dé-hou-Ue-man,  U  mouil- 
lées), s.  m.  Enlèvement  de  la  houille  dans  les  tra- 
vaux souterrains. 

—  f.TYM.  /)(<.... préfixe,  et  houille. 

t.  DÉICIDE  (dé  i-si-d'),  I.  m.  ||  1°  Meurtrier  de 
Dieu;  il  se  dit  des  Juifs  par  rapport  à  Jésus-Christ. 
Nous  consentons  à  êire  traités,  nous  et  toute  notre 
postérité,  comme  des  déicides,  biiurd.  Exhnrt.  sur 
le  jug.  du  peuple  contre  J.-C.  ||  Par  extension.  Pro- 
fanateur de  l'Eucharistie.  ||  2"  Adj.  La  loi  du  Togt- 
Puissant  fleurit  dans  nos  cités....  Elle  vit  même  dans 
nos  Ames,  Dont  l'orgueil  déicide  étouffait  ses  clar- 
tés, GILBKRT,  le  Jubilé.  Serions-nous  donc  pareils 
au  peu|ile  déicide,  Qui.  dans  l'aveuglement  de  son 
orgueil  stupiJe,  Du  sang  de  son  Sauveur  teignit  Jé- 
rusalem ?  lamart.  Ilarm.i,  6. 

—  £tym.  Lat.  deicida,  formé  lui-même  deDeus, 
Dieu,  et  crdere,  tuer. 

2.  DÉICIDE  (dé-i-sid'),  s.  m.  Meurtre  de  Dieu; 
se  dit  de  la  condamnation  de  Jésus-Christ  par  les 
Juifs.  Sans  craindre  qu'ils  s'en  prévalussent  ni  qu'ils 
en  tirassent  avantage  pour  étouffer  les  remords  du 
déicide  qu'ils  avaient  commis.  ||  Par  extension.  C'est 
une  espèce  d'homicide  et  comme  un  déicide  en  leurs 
personnes,  PASC.  dans  cousm.  ||  Profanation  de  l'Eu- 
charistie. 

—  ÊTYM.  latin  hypothétique  dncidium,  répon- 
dant k  deicida,  comme  homtet'dtum    à  homicida 

(voy.  DÉICIDE  i). 

f  DÉICOLE  (dé-i-ko-1'),  *.  m.  Celui  qui  rend  un 
culte  à  Dieu.  Les  théistes "OU  déicoles. 

—  HIST.  XV* s.  Pour  ce,  entre  nous  deicoles,  Aou- 
rons  [adorons]  celui  qui  tout  fi.st,  C'est  nostre  Sau- 
veur Jhesu-crist,  Myst.  Martyre  St  Denis. 

—  ETYM.  Lat.  dcicofa,  de/>eiM,  Dieu  (voy.  dieu), 
etcoicre,  honorer  (voy.  culte). 

DÉIFICATION  (dé-i-fi-kasion;  en  poésie,  de  six 
syllabes),  ».  f.  Action  par  laquelle  on  déifie  quel- 
qu'un, on  attribue  la  divinité  à  quelque  chose.  ||  Kig. 
Le  roi  était  idolâtre  de  son  autorité,  à  la  déification 
de  laquelle  il  avait  employé  tout  son  régne,  st-siu. 

334,    124. 

—  tllST.  xvi*  s.  Voyex  un  peu  ce  batelage  des  déi- 
fications anciennes,  hont.  dans  le  Dict.  deoocHEZ. 

—  ETYM.  Déifier. 

DÉIFIÉ,  ÉE  (dé-i-fi-é,  ée),  part,  passé.  César 
déifié  api  es  sa  mort.  ||  Fig.  Glorifié,  mis  en  hon- 
neur. On  voit  partout  la  riche.s.se  déifiée.  Les  dieux 
de  métal  ou  de  pLIire  Font  moins  de  honte  à  l'ido- 
litre  Que  les  crimes  déifiés,  lamottb,  Odes,  t.  l, 
p.  III,  dans  pouoENS. 

DÉIFIER  (dé-i-fi-é),  je  déifiais,  nous  déifiions, 
vous  déifiiez;  que  je  déifie,  que  nous  déifiions,  que 
vous  déifiiez  r.  a.  ||  1*  Placer  au  nombre  des 
dieux.  Oui  1',.  mis  dans  le  ciel,  qui  l'a  déifié ?rotr. 
St  r,en.v,t.  Les  sectateurs  enfin  de  ce  crucifié  Vous 
diront  si  sans  cause  ils  l'ont  déifié,  id.  ib.  Les  peu- 
ples de  l'antiquité  déifiaient  leurs  défenseurs,  volt. 
Hirurs,  4«.  ||  Donner  un  caractère  sacré.  Il  voulut 
que  tout  ce  qui  servait  à  la  guerre,  les  épées,  les 
haches,  les  piques,  fût  déifié,  raynal,  Hist.  phil. 
V,  I.  Il  Kig.  Vous  rampiez  tous,  ô  rois  qu'on  déifiel 

BÉRANo.   Dieu   det  b.  gens aux  fcords  de  ton 

lac  enchanté,  Loin  des  sots  préjugés  que  l'erreur 
déifie,  LAMART.  M^d.  i,  I2.  ||  2*  Hendre  aussi  heu- 
reux qu'un  dieu.  Jamais  œillade  de  la  dame.  Propos 
flatteur  et  gracieux,  Mot  d'amitié,  ni  doux  sou- 
rire. Déifiant  le  pauvre  sire.  N'avaient  fait  soup- 
çonner qu'il  fût  vraiment chi'ri,  la  font.  Fabl.  ix. 
lt>.  Il  S'  Se  déifier,  u.  réft.  Se  faire  dieu.  X  force  de 
forfaiutu  t'es  déifié,  volt.  Fanal,  v,  ♦ 


DËJ 

—  HIST.  xin*  s.  0  saincte  ame  déifiée,  Qui,  hors 
ta  char  crucefiée,  Tantost  en  enfer  descendis,  J. 
DE  MEL'NO,  Tr.  745.  ||  XVI*  S.  Plalon  adjouste  que  ce 
sont  [les  œuvres  de  l'esprit]  des  enfants  immortels 
qui  immortalisent  leurs  pères,  voire  et  les  déifient, 
MONT.  II,  89. 

—  ÉTVM.  Provenç.  et  espagn.  deificar;  ital.  àei- 
ficare;  du  latin  deificare,  de  Deus,  Dieu,  el  le  suf- 
fixe ficare  (voy.  fier,  suffixe). 

t  DSIFIQUE  (dé-i-fi-k'),  ad;.  Terme  de  théologie. 
Oui  procure  l'intervention  divine.  C'est  là  que  se 
fait  cette  union  déifique  entre  l'époux  et  l'épouse, 
BOSS.  Union. 

—  ETYM.  Lat.  Deus,  Dieu,  et  le  suffixe  fieiu,  qui 
fait,  dérivé  de /'actre,  faire. 

DÉISME  (déi-sm'),  s.  m.  Système  religieux  de 
ceux  qui,  croyant  en  Dieu,  rejettent  toute  révéla- 
tion. Le  culte  des  théophilanthropes  était  un  déisme. 
L'Écriture  directement  combattue,  la  voie  ouverte 
au  déisme,  c'est-à-dire  à  un  athéisme  déguisé,  boss. 
Var.  v,S  31. 

—  ETVM.  Lat.  Deus,  Dieu,  el  ^e  suffixe  isme. 

DÉISTE  (dé-i-sf),  ».  Celui,  celle  qui,  recon- 
naissant un  Dieu,  rejette  toute  religion  révélée.  Ce 
ne  fut  plus  partout  que  fous  anabaptistes,  Qu'or- 
guoilleux  puritains,  exécrables  déistes,  boil.  Sa(. 
xii  [MiddIetonJ  C'était  un  athée  de  profession  et 
d'efl'et,  s'il  peut  y  en  avoir,  au  moins  un  franc 
déiste,  ST-siM.  193,  74.  Le  déiste  seul  peut  faire  tête 
à  l'athée,  le  superstitieux  n'est  pas  de  sa  force,  Dide- 
rot, l'ensées  phil.  n°  i3. 

—  ÉlYM.  Lat.  Deus,  Dieu,  et  le  suffixe  iste. 
DÉITÉ  (dé-ité),  s.  f.  ||  1°  L'essence  divine.  Peu 

usité  en  ce  sens.  {|  2°  Dieu  ou  déesse.  Les  Grecs  et 
les  Romains  ont  fait  régner  de  fausses  déités,  pasc. 

Juifs,    20 Déités  immortelles!  Mon  fils  serait 

vengé!  n'est-ce  point  une  erreur'?  voLr.  Scythes, 
IV,  8. 1'  8*  Dieu  ou  déesse  de  la  fable.  Vous  avez  fait 
la  femme  en  voulant  vous  venger;  Faites  la  déité 
[montrez-vous déesse],  le  sauvant  du  danger,  tris- 
TAH,  Panthée,  ni,  t.  Elle  jura  par  Pluton  Que 
toute  l'engeance  humaine  Serait  bientôt  du  domaine 
Des  déités  de  làbas,  la  font.  Fabl.  viii,  20.  Pour 
voir  ces  déités  nouvelles.  Le  soleil  tient  encor  ses 
coursiers  arrêtés,  J.  B.  Rouss.  les  Bains  de  Tomeri. 
Il  Fig.  Faut-il  ainsi  poursuivre....  Et  l'argent  el  l'a- 
mour, aveugles  déités?  A.  cnÉNiER,  17). 

—  HIST.  Xii*  s.  En  l'endemain  que  furent  inno- 
cent decolé,  Que  Herodes  ocist  par  sa  grant  cruelle, 
Quant  es  enfanz  quida  murdrir  la  deité....  Th.  le 
mart.  137 Erode,  qui  dune  fist  déceler  Les  en- 
fanz de  dous  anz;  car  Deu  quida  tuer;  Mais  es  en- 
fanz ne  sont  la  deité  trover,  ib.  65.  j|  xiii*  s.  N'en 
sot  pas  Plalon  jusques  là.  Ne  vit  pas  la  trine  unité 
En  ceste  simple  trinité.  Ne  la  deité  soveraine  Afu- 
blée  de  pel  humaine,  Ja  ifosc,  I9S43.  Roi  des  rois, 
Diex  des  diex,  qui  de  ta  deité  Descendis  en  la  Vierge 
pour  prendre  humanité.  Si  vrai  com  lu  es  Diex  et 
rois  de  vérité,  Daipne  oîr  ma  prière  plaine  d'umi- 
lué,  J.  DE  MEUNG,  Test.  2077.  En  croiz  mourut  l'u- 
manitez;  Mais  au  tiers  jour  la  deitez  L'umanité  re- 
suscita, Tliéophite.  ||  xv*  s.  Si  sont  moult  belles 
parolfs  venues  d'un  payen,  qui  ne  savoit  rien  de  la 
loy  de  Dieu,  el  toutefois  par  raison  naturelle  il  con- 
fessoit  une  deité,  Bnuciq.  iv,  ch.  s.  ||  xvi*  s.  Qu'est- 
ce  qu'amour?  est-ce  une  deité  Régnante  en  nous? 
ST-GEL.  Descript.  d'amour,  p.  2. 

—  ETYM.  Provenç.  deital;  espagn.  deidad;  ital. 
dd'Id.-du  latin  dcilafrm,  de  Deus,  Dieu. 

DÉJÀ  (déjà) ,  adr.  de  temps.  ||  1°  Dûs  l'heure  pré- 
sente, dès  ce  moment.  11  est  déjà  arrivé.  Je  vois 
déjà  tes  maux,  j'entends  déjà  tes  plaintes,  corn. 
Rodog.  m,  3.  Semblable  dans  ses  sauts  hardis  et 
dans  sa  légère  démarche  à  ces  animaux  bondissants, 
il  [Alexandre]  ne  s'ava  ce  que  par  vives  el  impé- 
tueuses saillies  et  n'est  arrêté  ni  par  montagnes  ni 
par  précipices;  déjà  le  roi  de  l'erse  est  entre  ses 
mains....  BOss.  Aoûts  de  Bourb.  Et  du  temple  dij'i 
l'aube  blanchit  le  faite,  rac.  Athal.  i,  i.  Dijà  de 
leur  abord  la  nouvelle  est  semée  ;  Et  déjà  de  sol- 
dats une  foule  charmée....  id.  Iphig.  i,4.  Déjà  dans 
les  vaisseaux  la  voile  se  déploie.  Déjà  sur  sa  parole 
lisse  tournent  vers  Troie,  m.  i'6.  m,  3.  ||  2°  Dès 
lors,  dès  ce  temps,  par  rapport  soit  au  passé,  soit  à 
l'avenir.  La  place  était  déjà  prise  quand  il  arriva. 
Cet  homme  .se  fatigue,  à  quarante  ans  il  sera  déjà 

vieux Déjà  la  renommée  Par  d'étonnants  récits 

m'en  avait  informée,  bac.  Iph.  ii,  2.  |{  En  ce  sens 
il  peut  se  construire  avec  le  futur.  Enfin  l'ennemi 
décampe  ;  c'est  là  ce  que  le  prince  attendait  ;  il  part 
à  ce  premier  mouvement:  déjà  l'armée  hollandaise 
avec  ses  superbes  étendards  ne  lui  échappera  patj 
tout  nage  dans  le  sane,   tout  est  en  proie,   iinst. 


DE3 


DEJ 


DÉJ 


1029 


Louis  de  Bourb.  \\  S'  Auparavant.  Il  est  déjà  venu. 
Je  vous  ai  déjà  dit  que  je  la  répudie,  hac.  Britann. 
u,  1 

—  REM.  Déjà,  dans  les  temps  simples,  se  place 
après  le  verbe  :  il  revient  déjà,  dans  les  temps  com- 
posés, il  se  met  entre  l'auxiliaire  et  le  participe  :  il 
est  déjà  revenu  ;  quelquefois  on  le  place  à  la  tête  de 
la  phrase,  surtout  dans  le  style  historique  :  déjà  l'en- 
nemi avait  pris  la  fuite.  Déjà  frémissait  dans  son 
camp  l'ennemi  confus  et  déconcerté;  déjà  prenait 
l'essor,  pour  se  sauver  dans  ses  montagnes,  cet  ai- 
gle dont  le  vol  hardi  avait  d'abord  effrayé  nos  pro- 
vinces, FLÉCH.  Turenne. 

—  HIST.  xiii'  i.  Famé  sui,  si  ne  me  taire,  Ains 
'  Toil  dèsjà  tout  révéler;  Car  famé  ne  puet  riens  ce- 
ler, la  Rose,  t94l9.  \\  xv's.  Et  y  arriva  environ 
sept  heures  du  matin,  et  des  jà  y  avoit  cinq  ou  six 
enseignes  du  roi  qui  estoient  arrivées,  comm.  i,  3. 
Il  xvi's.Compaing,  si  je  montasse  aussy  bien  comme 
j'avalle,  je  feusse  desjà  on  dessus  la  sphère  de  la 
lune,  BAB.  Pant.  n,  U  Son  péché  pnlle  il  voit  cou- 
rir devant  Les  pieds  ailez  de  la  peine . suy  vaut  Qui  ja- 
dé-jà  les  deux  talons  luy  presse,  cubell.  m,  22, 
reclo.  Ma  vie  désespérée,  Â  la  mort  délibérée  ,Ia-desjà 
se  sent  courir,  m.  ib.  m,  83,  recto.  Mais  si  vous 
n'estes  à  la  court,  et  que  le  dict  prothonotaire  ait 
desjà  lenu  les  dicts  propos,  il  ne  sera  jà  besoing  que 
vous  luy  en  parliez,  marg.  Lett.  (Bi. 

—  ÉTYM.  Dès  el  jà  ;  bourguig.  degy. 
tDÉJAUGE.MENT  (dé-jô-je-man),'  s.  m.  Terme 

de  marine.  Diminution  dans  le  tirant  d'eau. 

—  ÉTYM.  Déjauger. 

t  DÉJAUGER  (dé-j6-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
et  o:  déjaugeant,  déjaugeons),  v.  n.  Terme  de  ma- 
rine. S'élever  au-dessus  de  la  ligne  de  flottaison, 
après  avoir  touché  sur  un  fond. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  jauger. 
DÉJECTION   (dé-jè-ksion),  s.  f.  \\  1°  Terme  de 

médecine.  Évacuation  des  matières  stercorales.  1]  Au 
plur.  Matières  évacuées.  Des  déjections  bilieuses. 
Il  2°  Au  plur.  Terme  de  géologie.  Matières  qui  sont 
lancées  par  les  volcans.  Les  déjections  de  l'Etna,  du 
Vésuve.  Il  3"  Terme  d'astrologie.  Déjection  des  pla- 
nètes, situation  où  elles  ont  le  moins  de  force  el 
d'influence.  1|  4°  Abattement  moral.  Ce  sens  est  au- 
jourd'hui tout  à  fait  inusité. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'une  et  l'autre  affection  engen- 
dre déjection  [ahbattement]  et  humilité,  calv.  In- 
stit.  272.  La  vraye  humilité  est  une  déjection  de 
nostre  cœur  sans  feintise,  procédante  d'un  droit  sen- 
timent de  nostre  misère  et  poureté  ,  dont  nostre 
cœur  soit  ainsi  abbatlu,  m.  ib.  697.  Si  es. déjections 
il  y  a  indice  de  colliquation,  paré,  xx,  23. 

—  ÉTYM.  Lat.  dejectionem ,  de  de,  el  jacere,  jeter 
(voy  jeter). 

pÉJETÉ,  ÉE  (dé-je-té,  tée),  part,  passé.  Dubois 
déjeté.  Sur  la  côte  orientale  [du  lac  Supérieur]  on 
ne  voit  que  des  forêts  d'érables  rachitiques  et  déje- 
tés, ciiATEAtiB.  Koy,  Am.  366. 

DÉJETER  (SE)  (ilè-je-té.  Le  (  se  double  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette:  se  déjetle;  se  déjetle- 
ra),  V.  réfl.  Se  courber,  se  gauchir,  en  parlant  du 
bois.  Il  S'écarter  de  sa  direction  naturelle,  en  parlant 
d'une  partie  du  corps.  La  taille  de  cet  enfant  se  dé- 
jetle. Il  Se  déjeter,  en  parlant  des  arbres  qui  vien- 
nent mal. 

—  HIST.  XI*  s.  Oui  ce  vous  loe  [conseille]  que  cest 
plait  [proposition] degetuns  [repoussions],  Cft.  de floi. 
XV.  Il  XII'  s.  Li  fiz  Israël  à  liant  dégelèrent  leur  fais 
deus,  e  de  quer  [cœur]  servirent  lur  crealur.  Rois, 
24.  Mahonschaide  passion  [épilepsie]  Devant  la  con- 
grégation; Moult  orililement  se  dejele;  Li  oel  11  tor- 
blent  en  la  leste  ;  De  sa  bouche  ist  escume  fors,  Jio- 
man  de  Mahomet,  v.  790.  ||  xv  s.  Qui  plus  se  fiche 
au  vent  de  fortune,  plus  est  dejetlé,  Bouctq.  iv, 
ch.  3.  Tout  bon  conseil  ilz  ont  dejecté,  comm.  v, 
*  (ou  9).  Il  XVI' s.  L'histoire  nous  représente  leurs  de- 
portemens,  quand  ils  sont  parvenus  aux  plus  hauts, 
ou  bien  qu'ils  ont  esté  dejeltés  aux  plus  bas  degrez 
delà  fortune,  amyot,  Préf.  iv,  39.  H  servit  Dio- 
nysius  après  qu'il  eut  esté  chassé  et  dejetlé  de  Syra- 
cuse, iD.  Timol.  et  P.  Mm.  comp.  2.  Il  substitua  à 
son  fils  pour  héritiers  du  royaume,  premièrement 
Marie  qu'il  avoit  dejettée  comme  fille  de  Catherine 
répudiée,  et  après  Elizabeth  fille  d'Anne  de  Boulen, 
e'aub.  Hist.  I,  (7.  Christierne  honteusement  dejetlé, 
son  oncle  Frideric  fut  establi  roy  de  Dannemarc, 
ih.  ib.  I,  44.  Parlant  les  dits  vesicatoires  ne  doivent 
eître  dejeltés,  paré,  xxi,  20. 

—  ÉTYM.  Provenç.  desgitar,  desgietar,  degitar, 
dejetar;  du  latin  dejectare,  de  de,  el  jactare  t-oy. 

lETEll). 

t  BÉJETTEMENT  (dé-jè-te-man),  s.  m.  Action  le 


ce  qui  se  déjette;  état  de  ce  qui  est  d^jeté.  Le  dé- 
jettement  des  portes. 

—  ÉTYM.  Dcjeter. 

t  DÉ.IEUNÉ  (dé-jeu-né),  s.  m.  'Voy.  déjeuner  2. 

I.  DÉJECNER  (dé-jeu-né;  l'Académie  écrit  jeû- 
ner avec  un  circonflexe,  et  déjeuner  sans  accent), 
V.  n.  Faire  le  repas  du  malin.  Nous  causerons  de 
cela  en  déjeunant.  Déjeuner  de  café,  de  chocolat, 
d'un  morceau  de  pâté.  Déjeuner  avec  des  amis.  Çà, 
déjeunons,  dit-il  :  vos  poulets  sont-ils  tendres?  la 
FONT.  Fabl.  IV,  4.  Du  reste,  déjeunons,  messieurs, 
et  buvons  frais,  boil.  Lutr.  iv.  Lorsque  je  lis  que 
Périclès  sacrifiait  tous  les  matins  aux  Grâces,  ce 
que  j'enlends  par  là  .c'est  que  tous  les  jours  Périclès 
déjeunaitavecAspasie,  mabmontel,  Wm.  liv.vn.  ||  U 
se  conjugue  avec  l'auxiliaire  orotr. 

—  REM.  Déjeuner  de,  souper  de,  dîner  de,  se  di- 
sent du  mets  qu'on  a  mangé:  j'ai  déjeuné  d'une  cô- 
telette. Déjeuner  avec,  souper  avec,  dtner  avec,  se 
disent  des  personnes  avec  qui  l'on  a  mangé  :  j'ai  dé- 
jeuné avec  quelques  amis.  Cela  est  fondé  en  raison, 
mais  souvent  négligé  dans  la  pratique,  et  on  dit 
couramment  :  déjeuner  avec  une  lasse  de  café  au 
lait.  Nous  avions  comme  il  faut  séparé  nos  relais  Et 
déjeunions  en  hâte  avec  quelques  œufs  frais,  mol. 
Fdch.  Il,  7. 

—  HIST.  xiii'  s.  Et  quant  li  très  [pavillon]  l'empe- 
reour  fu  tendus,  si  se  fist  maintenant  desarmer,  et 
puis  s'est  un  petit  desjeûné  de  pain  biscuit  et  de 
vin,  H.  DE  VALENO.  IV.  Li  vallet  foulon  se  doivent 
desjeûner  en  charnage  ciez  [chez]  leur  mestre  à 
l'eu re  de  prime,  Liv.  des  met.  I34....  Se  vos  m'en 
volez  doner.  Sire,  à  cel  vilain  en  donez,  Tant  qu'il 
en  soit  desjeûnez;  Qar  il  est  si  mal  atornez  Que  à 
paine  se  puet  ester,  Ben.  6)94.  De  fain  esloie  sor- 
menez.  Et  bien  me  suis  desjeûnez  De  vos  harenz  à 
bone  estraine,  ib.  4006.  Baleiz  ces  chozes  en  un 
mortier  de  cuyvre,  à  un  peteil  [pilon]  de  fer,  des- 
geuneiz-vos  dou  jus  par  trois  matins:  gariz  sereiz 
de  la  maladie  des  vers,  ruteb.  2î>7.  ||  xiV  s.  Quant 
les  autres  compagnons  sont  venus  de  leurs  questes, 
ils  se  doivent  desjeuner  et  donner  un  peu  à  menger 
à  leurs  chiens,  Modus,  f"  XLii,  \erso.  Jà  vivres  ont 
no  genl  à  plenté  et  assez  :  En  haste  ont  repeû  ;  là  se 
sont  desjunez,  Guescl.  i!0720.  ||  xv's.  Et  encore  erf 
y  avoient  en  la  ville  beaucoup  qui  se  dejeunoient 
par  les  tavernes  el  buvoient  la  garnache  el  la  mal- 
voisie chez  Lombards,  et  rien  n'en  payoienl,  froiss. 

II,  II,  H6 Et  illec  assez  près  Nous  menèrent  en 

lieu  bel,  cler  et  frès  Pour  desjuner,  christ,  de  h- 
SAN,  Dit  de  Poissy.  ||  xvi'  s.  Hz  se  desjeunoyent  de 
baisler  [bâiller],  rab.  Pant.  v,  27.  La  plus  querel- 
leuse reformation  théologienne  de  quoy  le  monde 
se  soit  desjeuné  il  y  a  long  temps,  mont,  iv,  i28. 
S  Nimes  le  roi  fut  desjeuné  de  plaintes  contre  le 

mareschal  d'Anville,  d'aub.  Ilist.  i,  204 Oïl  il  se 

pensoit  reposer,  quand  on  le  desjeuna  de  la  prise 
de  Marans,  ID.  ib.  m,  <09.  Ils  se  desjeunerent 
[firent  leur  profit]  de  ce  butin, en  se  retirant  à  Thoul, 
CARL.  VII,  s. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  jeûner,  proprement 
cesser  de  jeilner,  se  mettre  à  manger;  génev.  déju- 
ner.  En  provençal  dejunar,  en  italien  digiunare  si- 
gnifient jeûner.  La  forme  ancienne  est  se  desjeimer., 
s'ôler  du  jeûne. 

t.  DÉJEUNER   ou   DÉJEUNÉ  (dé-jeu-né),   s.  m. 

Il  1°  Le  repas  du  matin Qu'un  ample  déjeuné 

Longtemps  nous  tienne  à  table  et  s'unisse  au  dîné, 
BOIL.  Lulr.  IV.  Il  Déjeuner  à  la  fourchette,  déjeu- 
ner oii  l'on  mange  de  la  viande  et  où  l'on  boit 
du  fin.  Il  Société  du  déjeuner,  société  de  geni  de 
lettres  qui  s'était  formée  sous  le  premier  empire. 
Il  Fig.  Il  n'y  en  a  pas  pour  un  déjeuner,  se  dit  de 
toute  chose  qui  ne  durera  pas,  ne  résistera  pas,  ne 
tiendra  pas.  ||  U  n'en  a  pas  pour  un  déjeuner,  se 
dit  d'un  prodigue  disposé  à  manger  rapidement  son 
avoir.  ||  C'est  un  déjeuner  de  soleil,  se  dit  d'une 
étoffe  dont  la  couleur,  peu  solide,  ne  tiendra  pas 
contre  l'action  décolorante  du  soleil.  ||  2°  Les  mets 
qui  composent  ce  repas.  Déjeuner  froid,  chaud,  lé- 
ger, solide.  Il  3°  Déjeuner-dîner,  grand  déjeuner 
qui  se  fait  plus  tard  que  le  déjeuner  ordinaire.  Le 
lendemain  elle  me  donna  un  grand  déjeuner-dîner, 
sÉv.  430.  Il  4°  Petit  plateau  garni  d'un  sucrier,  d'une 
tasse,  etc.  Un  déjeuner  de  porcelaine.  ||  Proverbe. 
Déjeuné  de  clercs,  dîné  de  procureurs,  collation  de 
commères  et  soupe  de  marchands. 

—  HIST.  XIV  s.  [Ils]  Avoient  pain  et  vin  aporté 
en  présent.  Dont  conruié  se  sont  à  ce  desjunement, 
Guescl.  18395.  Tantosl  après  le  desjeun  qui  fut  moult 
bref,  FROISS.  n,  ii,  41.  ||xvi'  s.  Dedens  trois  jours, 
je  feray  deffermer  un  coffre,  où  vous  pourrez  trou- 
ver vingt  mille  frans....  Hé  Dieu,  ce  dist  Bertrand, 


ce  n'est  que  un  desjuner,  Mém.  s.  du  Guescl.  ch.  *3. 
De  tout  ce  grand  appareil  danois,  il  n'y  en  eut  que 
pour  un  déjeuner,  yver,  p.  6I9.  Les  Espagnols,  qui 
s'estimoicnt  plus  braves  guerriers,  pensoient  que  ce 
ne  seroit  que  pour  un  desjuné,  cnouèRES,  Contes  , 
Matin,  i. 

—  ÉTYM.  Déjeuner  l. 

DÉJOINDRE  (dé-join-dr'),  v.  a.  Séparer  ce  qui 
était  joint.  ||Se  déjoindre,  v.réfl.  Cesser  d'être  joint, 
Les  ais  se  déjoignent. 

—  HIST.  xii's.  Et  cil  de  la  hache  rencontre  Là  où 
l'espaule  au  col  se  joint.  Si  que  l'un  de  l'autre  des- 
joint, la  Charrette,  <J64.  ||  xiii' s.  Il  fu  jugié  que, 
puisque  Pierres  avoit  joint  avecques  .son  fief  ce  qui 
estoit  tenus  de  li  en  vilenage,  il  nel  pooit  desjoindro 
he  eslongier  sans  l'otroi  de  son  seigneur,  bkaum. 
XLVii,  9.  Il  xV  s.  Ceux  qui  dedans  [la  tour]  estoient 
et  qui  ouvrir  et  desjoindre  la  veoient,  se  tra'irent 
tous  à  un  faix  sur  la  plus  saine  partie,  froiss.  ii, 
m,  33.  Par  quoi  requeroil  qu'il  fut  desjoint  de  sa 
fille,  LOUIS  XI,  Nouv.  lxxxvi.  ||  xvi'  s.  St  Augustin 
ne  souffre  pas  d'eslre  dejoint  d'avec  les  autres  doc- 
teurs anciens,  calv.  Instit.  752.  La  vie  contempla- 
tive ne  doit  point  eslre  desjoinle,  ni  pour  tousjours, 
ni  pour  longtemps,  de  l'active,  langue,  533.  Et  pour 
ces  logis  il  en  pouvoit  u?er  comme  desjoinls  de  l'ar- 
mée, d'aub.  Hist.  m,  237.  Les  epiphyses  des  os  sou- 
vent se  desjoignent  et  séparent,  paré,  xiu,  2i. 

—  ÉTYM.  Provenç.  desjonher,  dejonher;  anc.  ca- 
lai, disjunyr;  ilal.  disgiugnere ;  du  latin  disjungere, 
de  dis,  marquant  séparation,  et  jungere,  joindre. 

DÉJOINT,  OINTE  (dé-join,  join-t'),  part,  passé 
de  déjoindre.  Le  violier  jaunecroissaitentre  les  pier- 
res déjointes  [des  marche.s],  CHATEAUB.  Bené,  202. 
Il  Terme  de  marine.  M.  de  Vivonne,  dans  un  conseil 
de  généraux,  conclut  que  je  devais  désarmer  le 
Henri  et  le  laisser  dans  le  port  de  Messine ,  parce  que 
ce  vaisseau  était  faible  d'échantillon  et  déjoint, 
et  qu'il  avait  trop  de  membres  pourris  pour  tenir 
la  mer,  Mém.  de  Villetle,  p.  49,  dans  jal. 

DÉJOUÉ,  ÉE  (dé-jou-é,  ée),  part,  passé.  Rendu 
vain,  illusoire.  Projet  déjoué.  Une  méchanceté  dé- 
jouée adroitement. 

DÉJOUER  (dé-jou-é).  ||  1°  Y.  n.  Familièrement, 
n'être  pas  à  son  jeu,  jouer  très-mal.  ||  2°Termede 
marine.  Se  dit  d'une  girouette  ou  d'un  pavillon 
qui  voltige  au  vent.  ||  3°  V.  a.  Faire  échouer  un  pro- 
jet, une  intrigue Pour  déjouer  leurs  horribles 

projets,  Il  faut  de  votre  main  m'immoler....  ancelot, 
Louis  /X,  v,  2.  Il  Déjouer  quelqu'un,  détruire  l'effet 
de  ses  actions  ou  de  ses  paroles. 

—  REM.  Déjouer,  qui  n'est  ni  dans  Furetière  ni 
dans  Richelet,  ne  se  trouve  dans  le  dictionnaire  de 
l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  1702,  et  en- 
core là  c'est  seulement  un  terme  de  marine  qui  si- 
gnifie, en  parlant  d'un  pavillon,  flotter  au  vent. 

—  HIST.  XIV  s.  Le  roy  fist  grands  dons  et  pro- 
messes.... Les  biens  du  duc  aloit  donnant;  Chaicun 
d'eulx  s'aloit  déjouant  [se  réjouissant],  Liv.  du  bon 
Jeh.  2435. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixé,  et  joufr. 

t  DÉJOUR  (dé-jour),  s.  m.  Terme  de  carrossier. 
Vide  qui  existe  entre  les  jantes  d'une  roue. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  jour. 

t  DÉJUG  (dé-juk),  s.  m.  L'heure  où  les  poules 
déjuehent. 

—  HIST.  XVI*  s.  Chantons  Noël  tant  au  soir  qu'au 

desjuc,  MAEOT,  II,  258. 

—  ÉTYM.  Voy.  déjucher. 

DÉJUCUÉ,  ÉE  (dé-ju-ché,  chée),  part,  passé. 
Les  poules  déjuchées. 

!  DÉJUCHER  (dé-ju-ché).  [|  1"  F.  n.  Sortir  du  ju- 
I  choir,  en  parlant  des  poules.  Les  poules  ont  déju- 
ché. Il  Fig.  el  familièrement.  Déjuchez  de  là,  quit- 
tez ce  lieu,  cette  retraite,  ce  poste.  ||  2"  V.  a.  Faire 
quitter  le  juchoir.  Déjucher  des  poules.  ||  Fig.  Faire 
abandonner  une  retraite,  un  poste.  Je  vous  déju- 
cherai bien  de  votre  place.  On  a  bien  eu  de  la  peine 
à  déjucher  les  ennemis  du  poste  qu'ils  occupaient. 

—  REM.  Déjiicher  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
^  avoir,  quand  il  exprime  l'action:  les  poules  ont  dé- 
!  juché  tout  à  l'heure;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  il 
!  exprime  l'état  :  les  poules  sont  déjuchées  depuis  une 
I  heure. 

!      —  HIST.  XIII'  s.  Vient  as  chapons,  si  les  desjoche, 
I  L'un  en  menjue,  au  cuer  li  loche,  Ben.  t5229. 
i      —  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  jucher;  picard,  di- 
jouker. 

f  DÉJUGER  (SE)  (dé-ju-jé.  Le  g  prend  uno  de 
vantaet  o; déjugeant,  déjugeons),*,  réfl.  Rappor  , 
ter  le  jugement  qu'on  avait  porté;  se  dit  d'une  per- 
sonne ou  d'une  compagnie  qui,  après  avoir  soutenu 
une  opinion  ou  pris  une  résolution,  en  soutient  ou 


1030 


DEL 


■n  iin-rid  uns  toute  contraire.  I.a  compagnie  avait 
décidé  (ii<>rencc»cn«,  aujourd'hui  elle  «'est  déjuKée. 
-  HIST.  ni*  ».  Kl  ore  (il»]  déjugent  pugcnt]  les 
«wr«  orrilile»  et  mortol».  st  iii-bn.  m».  ||  xiii' s. 
M«i>  l'aipire  ju(icmerii  n'anml  gaire»  mellor  Ke  cil 
qui  dBs)UK''r<'Mt  [cdMilamiiétciill  à  tort  noslre  sc- 
(rnor.  Vif  da  SaO'U.  dans  i,*(;iiHiiE.  Avez  veù  d'un 
leclii'iir  yul  vu-ire  coït  a  desjugii'e  [rejetéi'l  ICt  lio- 
ni.'  ventre  maisniée,  fi.  el  manchejl.  m*,  ilans  la- 

CUH.NI. 

—  ÉTYM.  D^....  préfixe,  e^  juger.  Au  xii' «iècle 
drjuger  (dé....  préfixe,  est  augrnentJitif)  signifie 
jiinir;  au  xiii',  on  le  trouve  avec  le  sens  de  con- 
damner et  de  refuser  de  reconnaître  pour  jugo,  où 
dé....  a  le  sfliis  de  rfvoipier,  priver. 

I)KI.X  [i\<-  la).  Il  !•  I'r(>p.  l'Ius  loin,  de  l'autre 
côtA.  en  con^icléranl  là  comme  le  point  d'où  l'on 
pan.  Dcl.'i  la  rivière.  Ces  deux  rois  étaient  Aliisares 
et  Ponis,  m.iii  Poruséiaii  le  plus  pui.waiit,  et  tous 
demoi. raient  delà  l'Hydaspe,  vauoel.  Q.  C.  481..  Ce 

3UI  s'appelle  •leU  les  mont-,  la  furie  françiiise,  a  plus 
'une  foit  réussi,  baiz.  &•  Disc.  s.  la  cimr.  Porter 
delà  les  mers  ses  bauli'S  de-stiiiées,  cohn.  Cid,  ii , 
».  Les  troupes  du  roi  donn'nmt  à  M.  le  Prince  le 
temps  do  se  retirer  delà  l'eau  sans  être  poussé,  la- 
BOCiiEP.  Kém.  302.  Un  rimeur  sans  péril,  delà  les 
Pyrénées,  uoa.  Arl  p.  m.  Les  gens  de  delà  l'eau, 
LA  UHur.  XII.  X  Fondettes,  delà  les  deux  rivi(res 
de  la  l.oire  el  du  Cher,  loule  danse  est  pareillement 
défendue,  p.  t.  cour,  h,  toi.  [Ils]  n'ont  pas,coimnu 
nous,  si  loin  de  Ipur  berceau,  Uisqué  delà  les  mers 
do  s'ouvrir  un  tombiau,  lemehcieh,  toim  IX,  iv,  6. 
Il  2'  Delà,  construit  avec  les  prépositions  de,  en, 

fiar.  Il  De  delà,  loc.  adv.  Dans  un  lieu  éloigné  du 
ieu  qui  sera  désigné  par  là.  Toutes  les  longueurs  de 
delà  (Itoine)  sont  faites  pour  éprouver,  boss.  Leit. 
S«  Il  toc.  j>r<'pot.  Les  peuples  de  delà  les  monts. 
Aussi  a-t-il  fallu  les  quérir  bien  loin  et  les  faire 
yenir  de  delà  la  mer,  voit.  Lett.  70.  ||  En  delà,  loc. 
odv.  Plus  loin.  Ayez  soin  de  vous  teniren  delà.  {|  Par 
delà,  loe.  adv.  De  l'autre  côté.  Le  pré  est  là,  et  la 
maison  est  par  delà.  Certains  hommes  passent  leur 
vie  au  hasard  à  se  réjouir  ou  à  s'affliger,  comme 
s'ils  ne  croyaient  rien  par  delà,  flEch.  Serm.i,  193. 
Il  En  plus.  Je  l'ai  satisfait  et  par  delà.  ||  Par  delà, 
loc.  prépoi.  lieaucoup  plus  loin  que.  Par  delà  le  cap 
de  Bonne-Espérance.  Par  delà  tous  ces  cieux  le 
Dieu  des  cieux  réside,  volt.  Ilenr.  vu.  ||  Fig.  Par 
delà  son  désir,  la  font.  Eunuque,  m,  4.  Ses  égards 
•ont  pour  lui  par  delà  le  respect,  boursaolt,  Fabl. 
d'Éiiipe,  11,  a.  i  ma  confusion,  Néion  veut  faire 
voirOu'Agrippine  promet  par  delà  son  pouvoir,  rac. 
Brit.  I,  i.  Il  3'  Delà,  construit  avecla  préposition  à 
et  l'article.  ||  Au  delà,  Ine.  adv.  l'Ius  loin,  par  rap- 
port i  un  point  déterminé  par  là.  La  rivière  est  là; 
«tsa  maison  est  au  delà.  J'ai  regagné  mon  argent 
el  au  delà.  ||  Au  delà  de,  loc.  propos.  Au  delà  des 
mers.  Il  va  recueillir  au  delà  du  Rhin  les  débris 
d'une  armée  défaite.  Au  delà  des  bords  de  la  Meuse 
L'Allemagne  a  vu  nos  guerriers....  iialh.  m,  2. 
Il  Kig.  Tout  prospère  au  delà  de  leur  attente.  Au  delà 
de  l'imagination ,  plus  qu'on  no  saurait  croire.  Qu'ap- 
pellet-nn  franchir  les  Wnes  de  toute  pudeur  et 
passer audilàde  loutcimpudonce...TPASC.  /'roti.(6. 
L'hyiicrbole  exprime  au  delà  de  la  vérité,  comme 
pourramencrl'espril  à  la  mieux  connaître,  LA  BRUY.i. 
Le  sage  vieillard  donne  aux  pauvres  malades  de  son 
voisinage  tout  ce  qui  lui  reste  au  delà  de  ses  besoins, 
rÉN.  Tél.  VI.  Presque  toutes  ses  actions  [de  Char- 
les XII],  jusqu'à  celles  de  sa  vie  privée  el  unie,  ont 
été  bien  au  delà  du  vraisemblable,  volt.  Char- 
Iri  III,  8.  Il  «•  Deçà  et  delà,  Joe.  ode.  De  côté  et 
d'autre.  Aller  deçà,  delà.  Jambe  deçà,  jambe  de- 
là     Le»  flU  vous   retournent   le  champ  Deçà, 

delà,  partout....  la  font.  Fabl.  v,  ».  ||  Deçà  et  delà, 
lot.  prépot.  Les  villige»  deçà  et  delà  la  rivière  de 
Somme. 

—  HIST.  xiti*  s.  Dont  delà  en  avant  m'en  laisseï 
convenir,  Btrte,  xiii.  Il  n'  [y]  a  «i  bêle  famé  deçà 
le  delà  mer,  ib.  m.  Quant  li  papes  sot  qu'ensi  es- 
toit,  li  en  fil  moult  iriés,  et  bien  apierchut  que  sa 
cours  en  estoit  pierduo,  et  que  nus  n'iroit  de  delà 

les  mons,  Cfcron.  de  Aai'fu,  Iï7.  ||  xv  s Par 

quoi  les  sages  du  pays  pussent  sur  ce  prendre  bon 
avis  et  accord  comment  et  par  qui  le  pays  seroit 
fouvcrn«de  là  en  avant,  raoïss.  i,  i,  as.  X  l'aide 
de  vwi  «mu  qui  delà  la  mer  sont,  ID.  i,  i,  14  (Les 
Anglois]  avoient  envoyé  leurs  coureurs  Courir  de  là 
reiu  à  savoir  si  nulles  nouvelles  y  Irouveroient,  in. 
II.  Il,  •».  Jusqucs  k  ce  que  le  roy  d'Angleterre  eust 
•st*  trois  moys  do  U  la  mer ,  ID.  IV ,  8.  Il  xvr  g.  Au  delà 
e«l«  vie.MOïiT.  I.  t».Audelàdeno«rofX!M,iD.  i,»o. 
Ueulcnaai  du  roy  en  son  armé*  de  U  les  monts, 


DÉL 

ID.  I,  44.  Ignorant,  au  delà  d'un  enfant,  (ies  phra- 
ses.... ID.  1,  403.  Les  abeilles  piUotent  deçà  delà 
les  fleurs,  m.  i,  («s.  Les  nations  qui  sont  au  delà 
de  leurs  mont.nignes,  m.  i,  a»».  Esliontée  au  delà 
de  toute  soufl'rance,  ID.  m,  331.  Tigranes  avoit 
desji  vaincu  les  autres  naliojis  qui   sont  au  delà, 

AMYOT.  Luciill.  li Kt  quant  à  leurs  personnes, 

qu'on  les  gardast  en  prison  l'un  deçà  l'autre  delà, 
par  les  villes  d'Italie,  ii>.  Cicéron,  24.  Si  estoit  leur 
intention  de  s'aller  joindre  aux  nations  qui  cstoient 
de  là  les  monts  soubs  la  charge  de  Lepidus,  iD.iln- 
<on.  21. 

—  ETVM.  De  et  là;  bourguig.  délai. 
DËLABKÉ,  ÉK  (dé  la-liré,  brée),  par»,  passé.  Uh 

en  mauvais  élal.  Une  maison  délubiée.  Des  vêle- 
menis  délabrés.  Où  était  un  joli  potager  avec  une 
petite  loge  fort  délabrée  qu'on  appelait  l'ermitage, 
J.  J.  Rouss.  Confess.  viil.  Six  brins  de  paille  déla- 
brée Tressés  sur  de  vieux  échalas,  gresset,  la  Char- 
treuse. Au  reste  de  mes  vêtements  délalirés  et  peut- 
être  changés,  il  était  difficile  de  me  reconnaître, 
MARIVAUX,  *orianne,  9'  part.  t.  lit,  p.  284.  dans  pou- 
gens.  De  leur  toit  délabré  j'écartai  li  misère,  ST- 
LAMBERT,  Saisons,  hiver.  Si  vous  les  tourmentez, 
ou  les  vexez,  ou  les  gênez,  ils  s'enfuiront,  et  vous 
laisseront  leurs  terres  en  friche,  leurs  manufactu- 
res délabrées,  leurs  magasins  déserts,  haynal,  llisl. 
phil.  xviii.  6.  Des  deux  côtés  du  canal  on  voit  les 
palais  des  Vénitiens,  grands  et  un  peu  délabrés 
comme  la  magnificence  italienne,  staél,  Corinne, 
XV,  7.  Quand  la  goutte  l'accable  Sur  un  lit  délabré, 
BÉRANG.  Pet.  h.  gris.  ||  Familièrement.  Être  déla- 
bré, avoir  des  vêtements  en  lambeaux.  Délabrés, 
s'il  en  est  au  monde.  Transis  de  froid,  mourants  de 
faim,  SCARBON,  Virg.  trav.  iv.  De  s'en  retournera 
Mycènes  Tout  délabrés  et  tous  pieds  nus,iD.  ib.  ii. 
Comme  le  pauvre  Poussatin  était  fort  délabré,  je 
n'eus  pas  le  temps  de  le  mettre  en  équipage  à  Per- 
pignan, iiAMiLT.  Gramm.  8.  ||  Un  estomac  délabré, 
un  estomac  qui  opère  péniblement  et  mal  la  diges- 
tion. Il  Des  affaires  délabrées,  un  état  de  fortune  où 
la  ruine  s'introduit.  Vos  affaires,  avec  voire  permis- 
sion, étaient  fort  délabrées,  mol.  G.  Dandin,  i,  4. 
«Quelque  délabrées  que  soient  les  affaires,  nous  es- 
pérons tout  de  votre  capacité,  maintenon,  Lett.  au 
Mar.  de  Tessé,  t"  févr.  1700.  |{  Par  extension.  Mon 
héros  est  doyen  de  notre  délabrée  Académie,  volt. 
Lett.  Richelieu,  25  mai  1772. 

DÉLABREMENT  (dé-la-bre-man),  s.  m.!!!»  État 
de  ruine,  d'usure.  Délabrement  d'un  édifice,  d'un 
vêtement.  Les  précaulion.s  avec  lesquelles  il  avait 
coutume  de  déguiser  le  délabrement  de  son  équi- 
page, MONTE.SQ.  Lett.  pers.  45.112°  Affaiblissement, 
dépérissement.  Ledélabrementde  lasanlé.  ||  Mauvais 
élal.  Le  délabrement  de  ses  aff  lires.  Ces  papiers  me 
seront  liès-uliles  dans  le  délabrement  des  affaires  de 
M.  le  duc  de  Virtemberg,  volt.  Lett.  Damilaville, 
2  nov.  1767.  Malgré  le  délabrement  du  crédit  atta- 
qué et  presque  détruit  par  tous  les  retranchements 
de  capitaux  et  d'intérêts,  necser.  Compte  rendu  au 
/toi,  jaiiv.  1781,  p.  7. 

—  ÉTYM.  Délabrer. 

DËLABREH  (dé-la-bré),  V.  a.  ||  1°  Mettre  en  mau- 
vais état.  Délabrer  une  tapisserie.  Délabrer  une  ma- 
chine. Délabrer  sa  fortune.  Les  veilles  auront  i.ien- 
tôt  délabré  sa  santé.  Il  faut  entendre  là-dessus  ses 
héritiers,  ils  ne  délabrent  pas  mal  sa  réputation, 
DAUCOURT,  Femme  d'intrigue.  \\  i'  Se  délabrer,  r. 
réfl.  Devenir  en  mauvais  eut.  Tous  ces  meubles  se 
délatirent.  ||  Perdre  sa  fortune.  Envahir  les  biens 
d'une  maison  qui  se  délabre,  beauii.  Jfère  coup. 

I,   2. 

—  HIST.  XVI'  S.  Un  jour  il  en  trouva  dix  sur  son 
chemin,  qui  lui  parurent  fort  délabrez,  Jf^m.  sur 
du  G.  ch.  26. 

—  ÊTYM.  Wallon,  dilaburner,  déchirer  les  vêle- 
ments. Délabrer  est  un  mot  d'origine  incertaine. 
Ménage  le  lire  de  lambeau,  lambel,  pour  lequel  on 
trouve  aussi  label,  d'où  labrer  ia  lieu  de  labler,  ce 
qui  ne  ferait  pas  difficulté.  Le  latin  lamberare,  qui 
veut  dire  déchirer,  n'est  pas  sur,  attendu  que  l'm 
qui  s'ajoute  souvent  se  supprime  rarement.  Frisch  a 
proposé  labrum,  lèvre,  bord,  d'où  lambeau;  label 
proviendrait,  dans  cette  hypothèse,  de  labellum. 
Diez  rappelle  l'allemand  Lappen,  lambeau,  el  le 
celtique  :  gaélique  léab,  kymri  Uabei,  qui  ont  le 
même  sens  Tout  cela  reste  hypothétique,  à  cause 
que  dif/abrern'a  pour  ainsi  dire  pas  d'historique  qui 
note  les  phases  du  mot.  Le  latin  dilabor,  qui  se 
présente  à  l'esprit,  n'est  pas  admissible,  n'ayant 
point  d'r. 

DËLACÉ,  ËE  (dé-U-sé,  s6e),  part,  patsé.  Un  cor- 
set dél»cé. 


DEL 

DËLACER  (dé-la-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vaiita  et  o  ;  délaçant,  délaçons),  v.  a.  ||  1"  Relâch'T 
ou  retirer  un  lacet.  Délacer  un  brodequin.  ||  Défaire 
le  lacet  du  corset  d'une  femme.  Voulez-vous  que 
l'on  vous  délace?  mol.  Crit.  3.  On  avait  mis  la  de- 
moiselle sur  le  lit  de  la  lourière,  el  nous  la  déla- 
cions,  celle  lourière  el  moi,  pour  lui  faciliter  la 
respiration,  Marivaux,  tfananne,  7' part  |{  Terme 
de  marine.  Délacer  une  bonnette,  la  détacher  du 
bord  inférieur  d'une  autre  voile.  ||  2"  Se  délacer, 
f.  rép.  N'être  plus  lacé.  Mon  brodequin  se  délace. 
Il  Se  débarrasser  d'un  corset  lacé.  Cette  dame  eut 
besoin  de  se  délacer. 

—  HIST.  XI'  s.  Son  haume  ad  or  [il]  lui  deslaçat 
du  chef  (de  la  tête],  Ch.  de  Roi  eux.  ||  xii'  s.  Là 
le  désarment  11  baron  (|ui  l'ont  cliier;  Il  li  de.slacent 
son  vert  elme  àor  mier  [pur],  /laouide  C.  «2.  ||  xiii' 
s.  Ordont,  dist  Renan,  vien  avant, Si  me  deslace  tout 
avant  De  ton  reseus  [réseau]  qui  tropmegrieve,  Ren. 
.^•iBl.  Il  xvi'  s.  Onde  pour  ma  flamme  esleindre, 
Mains  pour  mes  nœuds  délacer,  du  bellav,  vu,  21 , 
terjo.  Il  entra  en  une  chambre  el  deslaça  le  corps 
de  sa  cuirasse,  amvot,  Ant.  99. 

—  ÈTYM.  Dé....  préfixe,  el  lacer;  provenç.  deslas' 
sar,  deslasar;  ilal.  dilacciare. 

DËLAI  (dé-lè),  s.  m.  ||  1*  Temps  accordé  pour 
faire  une  chose.  Demander  un  délai.  ||  Terme  de  pro- 
cédure. Temps  fixé  par  la  loi ,  par  le  juge  ou  la  con- 
vention, pour  accomplir  un  acte  ou  s'en  abstenir. 
Délai  d'ajournement,  d'appel.  Bref  délai  ou  délai 
d'abréviation,  délai  qui,  moindre  que  le  délai  ordi- 
naire, est  fixé  par  le  juge.  Citer  à  bref  délai.  Délai 
d'augmentation ,  délai  supplémentaire  accordé  à 
raison  des  distances.  Délai  de  grâce,  délai  accordé 
par  le  juge  au  débiteur.  ||  Terme  de  législation 
militaire.  Délai  de  repentir,  délai  accordé  au  mili- 
taire qui  a  quitté  son  corps,  et  avant  lequel  il  n'est 
pas  déclaré  déserteur;  il  varie  en  durée  suivant  le 
temps  de  paix  ou  le  temps  de  guerre.  |{  2°  Relard, 
remise.  J'irai  sans  délai.  Ce  délai  de  nos  maux  ren- 
dra leurs  coups  jilus  rudes,  corn.  Ilor.  m,  3.  J'ai 
permis  vos  délais,  mais  non  pas  vos  refus,  volt.  Tancr. 
I,  4.  Le  sang  d'un  époux  crie  el  ton  délai  l'offense, 
ID.  Scythes,  v,  t. 

—  HIST.  xn*  s.  En  long  délai  [ils]  m'ont  si  des- 
conforté. Couct,  XIV.  Il  xm'  s.  Il  a  dit  au  valet  :  reva- 
l-en  en  arriés  [arrière].  Et  me  dis  à  ta  daine  [que] 
j'i  vois  [vais]  sans  délaies,  audefr.  le  bast.  Roman- 
cero, p.  34.  Courant  [elle]  vint  à  sa  mère,  n'i  fit  pas 
long  délai,  Berte,  lvii.  Et  il  y  vint  sans  délai,  C/ir. 
de  Rains,  (92.  Renart  regarde  arere  soi,  El  voit 
qu'il  viegnent  sans  deloi,  lien.  II3I7.  Li  délais  n'a 
pas  esté  par  me  [ma]  defaule  de  paiement  fere, 
REAUM.  IX,  7.  El  si  alonge  el  met  en  delay  moult  de 
cozes  par  se  [sa]  parece,  lesqiieles  il  deust  hasler, 
in.  20.  Et  s'il  conlremandenl  ne  quierent  délai,  il 
ne  gardent  pas  bien  lor  foi  vers  lor  segneurs,  id.  49. 
Li  beso.nz  que  geai  n'a  meslier  de  délai.  Psautier, 
{•  120.  Il  XV'  s.  Sans  nul  delay  le  portier  nous  ouvry, 
Dedeus  nous  mist,  el  puis  nous  respondy,  ch.  d'orl. 
t.  Et  alors,  sans  faire  deliy,  Droict  encontre  elle 
m'en  allay  Pour  la  saluer  humblement,  la  Font. 
281.  Il  XVI'  s.  Le  roi  apprit  de  lui  puis  après  que  les 
delez  du  duc  de  Savoie  estoieut  favorisez  par  la 
pluspart  des  députez,  d'aub.  //tj(.  m,  469. 

—  ÉTVH.  liai,  dilata,  s.  f. ;  du  latin  dilalum, 
supin  de  di7/(Tre,  différer,  relarder.  On  disait  aussi 
delaiement  :  Li  message  s'en  tornerent  sans  autre 
delaiement,  et  vindrent  à  la  porte,  villeh.  xcv. 

t  DÉLAIXER  (dé-lè-né).  V.  a.  Terme  de  jardi- 
nage. Défaire  le  lien  de  laine  avec  lequel  on  a  fixé 
une  greffe  en  écusson. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ?aine. 

t  DÉLAIS  (dé-lè),  s.  m.  Terme  d'ancienne  prati- 
que. Cession,  abandon  d'un  bien  pour  lequel  on  est 
inquiété. 

—  ETYM.  Voy.  délaisser. 

DÉL.MSSË ,  ÉE  (  dé-lô-sé  ,  sée  ) ,  jfrt.  passé. 
Il  1°  Qu'on  a  laissé,  dont  on  s'est  éloigné.  Ces  terres 
délaissées  par  leurs  possesseurs.  Encor  même  au- 
jourd'hui ces  traces  délaissées  Font  voir  combien 
étaient  parfaits  Ceux  qui  par  de  si  grands  effets 
Domptaient  le  monde  et  ses  pensées,  coen.  Imit.  i, 
18.  Il  2°  Dont  on  a  fait  abandon.  Enfant  délaissé. 
Biens  délaissés.  ||  3°  Demeuré  .seul  et  sans  appui. 
Délaissée  de  toute  la  terre  dès  ma  naissance,  boss. 
Duch.  d'Orl.  Notre  princesse  est  persécutée  avan.t 
que  de  naître,  délaissée  aussitôt  que  mise  au  monde, 
ID.  ib.  Ô  Eternel,  veillez  sur  elle  :  anges  saints,  ran- 
gez à  l'entour  vos  escadrons  invisibles,  et  faites  la 
garde  autour  du  berceau  d'une  princesse  si  grando 
et  si  délaissée,  id.  Reine  d'Anglet.  Jésus  était  dé- 
laissé seul  à  la  colèra,  pasc.  Myst.  i.  Trahi  d'uDo 


DÉL 

partie  de  mes  amis  et  délaissé  des  autres,  j.  j.  nouss. 
Con/'css.  X.  Il  Absolument.  Qui  reste  isolé,  qui  n'a 
plus  d'alentours  ni  d'amis.  Agiatide  d'ailleurs  n'est 
pas  si  délaissée  Que  votre  exemple  n'aide  à  lui  trou- 
ver un  roi,  CORN.  Agésil.  ii,  B.  Ce  serait  une  con- 
naissance bien  avantageuse  pour  cette  pauvre  femme, 
qui  me  parait  présentement  bien  délaissée,  mainte- 
non,  lp«.  à  Mme  de  IJangeau,  t.  vu,  p.  92,  dans 
pouGENS.  C'était  la  prendre  i)ar  son  endroit  sensible, 
que  dites-vous?  s'écria-t-elle,  Crébillon  est  pauvre  et 
délaissé;  aussitôt  elle  obtint  pour  lui  du  roi  une  pen- 
sion de  cent  louis  sur  sa  cassette,  marmontel,  Mém. 
llv.  IV.  Il  4°  Se  dit  de  l'éloignement  qui  survient  en- 
tre mari  et  femme,  entre  amant  et  amante,  dont 
l'un  abandonne  l'autre  rjsté  fidèle.  Les  amants  dé- 
laissés n'ont  qu'à  chercter  qui  les  plaigne,  Marivaux, 
l'ifeur.  siratag.  i,  *.  Je  suis  la  pauvre  comtesse 
Almaviva,  la  triste  femme  délaissée  que  vous  n'ai- 
mez plus,  BEAUM.  Slar.  de  Fig.  ii,  49.\\  S.  f.  Une  dé- 
laissée, une  femme  abandonnée  par  son  mari  ou  par 
son  amant.  M.  le  chevalier  de  Lorraine  alla  voir  la 
F....  l'autre  jour;  elle  voulut  jouer  la  délaissée,  elle 
parut  embarrassée,  sÉv.  129. 11  n'était  pas  permis  d'é- 
pouser la  délaissée  d'un  prêtre  ou  d'un  diacre,  st-foix, 
Ess.  Paru,  CEurres,  t.  iv,  p.  SI ,  dans  pougens. 

DÉLAISSEMENT  (dé-lê-se-man),  s.  m.  ||  1°  Action 
de  meure  en  abandon;  résultat  de  cette  action.  Lui 
dont  la  main  invisible  prépare  la  nourriture  aux  pe- 
tits corbeaux  mêmes  qui  l'invoquent  dans  leur  dé- 
laissement, MASS.  Car.  Aumône.  Voilà  les  délaisse- 
ments que  Marie  avait  éprouvés  sur  la  terre,  ID. 
Mtjst.  Assompt.  Dans  un  délaissement  total  et  de  la 
part  du  ciel  et  de  la  part  des  hommes,  bourdal. 
Eihort.  sur  la  prière  de  J.  C.  Le  délaissement  [de 
la  part  du  maréchal  de  Saxe]  oii  tombait  ma  Zaïre 
[une  actrice  qui  jouait  le  rôle  de  Zaïre]  nous  accabla 
tous  les  deux  de  douleur ,  marmontel,  llem.  iv. 
|!I1  se  dit  aussi  des  choses  qu'on  délaisse.  On  re- 
garle  ordinairement  celle  sorte  de  délaissement  des 
sciences  comme  une  conséquence  des  invasions  <ies 
barbares;  mais  il  est  évidemment  très-aniéneur;  il 
se  manifesta,  dès  les  premiers  siècles  du  christia- 
nisme, par  l'état  de  langueur  oii  tomlia  le  musée 
d'Alexandrie,  a. comte,  Consid.phil.  sur  les  sciences 
et  les  sarnnts  ,  dans  Politique  posit.  t.  iv,  append. 
p.  .<79.  ||2°  Terme  de  jurisprudence.  Abandonne- 
ment  d'une  chose,  jj  Délaissement  par  hypothèque, 
abandon,  par  le  tiers  détenteur,  d'un  immeuble  hy- 
pothéqué pour  éviter  des  poursuites.  ||  Terme  de 
droit  maritime.  Acte  par  lequel  l'assuré  dénonce  la 
perte  à  l'assureur  et  lui  abandonne  la  chose  assu- 
rée avec  sommation  de  payer  la  somme  due  à  raison 
de  l'assurance. 

—  HIST.  XVI*  s.  En  transaction  portant  délaisse- 
ment d'héritages,  moyennant  deniers  baillés,  sont 
dues  ventes,  loysel,  B40. 

—  f.TYM.  Délaisser. 

DÉLAISSER  (dé-lê-sé),  ti.  a.  ||  l'  Mettre  en  aban- 
n^n,  laisser  sans  secours,  ô  Dieux!  dans  ce  péril 
m'auriez-vous  délaissée?  KAC.  ilithr.  iv,  4.  "Vous  me 
délaissez,   mon  Dieu,  mais  je  ne  vous  délaisserai 
point ,   BODBDAL.   Exhorl.  sur  la    prière  de  J.  C. 
Il  2°  Terme  de  jurisprudence.  Renoncer  à  la  possos-  [ 
sion  d'une  chose.  ||  Ne  pas  continuer  une  procédure. 
Délaisser  des  poursuites.   ||  3°  Se  délaisser,  v.  réfl.  i 
S'abandonner  l'un  l'autre.  Dans  la  retraite  de  Mos- 
cou, les  hommes  se  délaissaient  l'un  l'autre.  ||  Être  'i 
délaissé.  De  tels  devoirs  ne  se  di  laissent  pas.  1 

—  HIST.  XII*  s.   Tant  que  constreinz  par  maintes  i 
feiz  De  ses  contes,  de  ses  feeilz.  Qu'en  lui  ne  fust 
si  delaisée  Ne  si  perie  sa  lignée,  Preïst  femme,  dunt 

eûsteir....  benoît,  ii,  8S58,  ||  xiii's Kl  prenoient 

aprentiz,  et  puis  au  chief  de  trois  semaines  ou  d'un 
mois  revendoient  et  delessoienl  leur  forges  el  re- 
venoient  en  l'estat  de  devant,  iiv.  des  met.  30«. 
Puisque  ajournemens  est  fes  sor  aucune  de  ces  co- 
zes,  les  parties  ne  les  poent  pas  delalssier  sans  le 
[la]  ïolenté  du  segneur,  beaum.  bb.  Et  la  chose 
otreiée  et  faite  en  court  ne  peut  estre  deslaissiée  ne 
desfaite  par  raison,  se  ce  n'est  par  la  volonté  de 
toutes  les  parties,  Ass.  de  Jérus.  i,  IB7.  ||  xiv  s.  Et 
delesseron  à  parler  à  présent  de  justice  légal  qui  est 
selon  toute  vertu,  oresme,  Eth.  (44.  El  est  vérité 
que  un  homme  bon  geometrien  auroit  plus  tost  oublié 
sa  géométrie  qu'il  n'auroit  oublié  le  bien  ou  delessié 
à  bien  fere,  m.  tb.  24.  Et  pour  ce  il  aiment  tanto.st 
ettaiitostdelesseni  àamer,  m.  ib.  234.  Les  religions 
des  diex  avoient  esté  delessées  ou  mal  à  point  cous- 
tivées  [cultivées],  bercheure,  f°  I7,  t'crm.  ||  xv  s. 
Nonobstant  ce,  le  sire  de  Beaumont  ne  s'en  voulut 
oncques  déporter  ni  délaisser,  si  eut  faite  son  entre- 
prise, FROiss.  I,  I,  88.  Et  le  desbat  qu'ay  el  querelle 
Vers  elle,  je  veuil  délaisser,  Et  tout  courroux  lui 


pardonner,  en.  d'orl.  41.  Foulz  la  poursuit  |la  cour] 
et  saiges  la  delesse,  e.  oesch.  De  Vintc'r.  des  cours. 
Car  en  servant  y  sont  maint  envieilli  San/,  bien  avoir  ; 
leur  chevance  ont  perie.  Dieu delaissié;  l'espoir  leur 
est  failli....  ID.  ib.  Qu'il  ne  l'alloit  plus  attendre  et 
qu'il  ne  delaisseroit  point  l'assault  du  matin,  comme 
il  avoit  esté  conclnd,  comm.  il,  )  3.  ||  xvi'  s.  Les  herbes 
estoyent  sans  verdure,  les  rivières  taryes,  les  paoures 
poissons  délaissez  de  leurs  propres  elemens,  vaguans 
et  crians  par  la  terre  horriblement,  rab.  Pant.  ii, 
2.  Encore  que  tout  nous  défaille,  toutesfois  le  sei- 
gneur Dieu  jamais  ne  nous  delairra,  calv.  Inslit. 
733.  'Vostre  Dieu  ne  vous  délaissera  pas,  ID.  t'b.  740. 
J'ay  délaissé  par  les  herbeux  pastis  Bœufs  et  brebis 
et  leurs  aigneaux  petits,  marot,  i,3t3.  Toutefois 
le  mari  ne  délaissa  à  jouer  de  sa  llute,  comme  il 
souloit,  DESPER.  Contes,  cxw.  11  se  trouva  délaissé 
de  tout  le  monde  en  sa  vieillesse,  amyot,  Péric.  36. 
On  fut  tout  esbahy  qu'il  délaissa  et  quitta  soudaine- 
ment toute  entremise  du  gouvernement  des  affaires 
de  la  chose  publique,  id.  Lucull.  77.  La  plus  part 
des  honneurs  qui  luy  furent  alors  ordonnez,  par 
traict  de  temps  et  changement  des  choses  qui 
sont  depuis  survenues,  ont  esté  délaissez,  id.  Ara- 
tus,  C3. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  i^aisier;  provenç.  de- 
laissar  ;  anc.  espagn.  delessar. 

t  DÉLAITAGE  (dé-lè-ta-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
barrasser le  beurre,  en  le  pressant  entre  les  mains 
et  le  lavant,  du  petit-lait  qui  y  est  demeuré. 

—  ÉTYM.  Délaitcr. 

DÉLAITEMENT  (dé-lè-te-man),  s.  m.  Synonyme 
de  déla'lage. 

t  DÊLAITER  (dé-lè-té),  V.  a.  Faire  l'opération  du 
délaitage. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lait. 

DÉLARDÉ,  ÉE  (dé-lar-dé,  dée),  part,  passé.  Une 
volaille  délarilée.  ||  Une  [lierre  délardée,  une  pierre 
amincie  obliquement  par-dessous. 

DÉLARDE.VIENT  (dé-lar-de-man) ,  s.  m.  Terme 
d'architecture.  Action  de  délarder. 

—  ÉTYM.  Délarder. 

DÉLARDER  (dé-lar-dé),  v.  a.  ||  1°  Ôler  les  lardons 
d'une  pi'ce  lardée  ou  piquée.  ||  Dépouiller  le  cochon 
de  son  lard,  de  sa  graisse.  ||  2°  Terme  d'architecture. 
Enlever  une  partie  du  lit  d'une  pierre;  piquer  une 
pierre  avec  le  marteau  pour  l'amincir;  couper  obli- 
quement le  dessous  d'une  marche  de  pierre.  ||  Terme 
de  charpentier.  Abattre  les  arêtes  d'une  pièce  de 
bois;  couper  obliquement  le  dessous  d'une  marche 
d'escalier. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lard. 

t  DÉLASSANT,  ANTE  (dé-lû-san,  san-t'),  adj. 
Qui  délasse.  C'est  un  exercice  délassant. 

DÉLASSÉ,  ÉE  (dé-lâ-sé,  sée),  pari,  passé.  Qui 
n'a  plus  de  lassitude.  Délassé  par  un  bon  lit.  Hé 
bien!  mon  cher  monsieur,  êtes-vous  délassé?  co- 
lin d'harlev.  Chdt.  en  Esp.  ii,  4. 

DÉLASSEMENT  (dé-lâ-se-man),  s.  m.  ||  1°  Cessa- 
tion de  la  lassitude.  Vous  avez  besoin  d'un  peu  de 
délassement.  ||  2°  Fig.  Exercice  agréable.  Le  délas- 
sement de  la  pêche,  de  la  chasse.  Par  ces  délasse- 
ments, sa  noble  inquiétude  De  ses  justes  desseins 
faisait  l'heureux  prélude,  corn.  Attila,  ii,  B.  La  co- 
médie fut  toujours  le  délassement  des  grands  hom- 
mes, le  divertissement  des  gens  pohs  et  l'amuse- 
ment du  peuple,  st-évremond,  Coméd.  ital.  dans 
bichelet.  Ceux  à  qui  il  n'est  permis  de  prendre 
les  sciences  que  pour  le  délassement  ou  pour  l'orne- 
ment ne  peuvent  choisir  ni  des  délassements  plus 
nobles  ni  des  ornements  qui  siéent  mieux,  fonten. 
Maisons.  Un  tel  délassement  nuit-d  à  leur  courage? 
c.  DELAv.  Vêpres  sicil.  ii,  2. 

—  ÉTYM.  Délasser. 

DÉLASSEU  (dé-là-sé),  v.  a.  \\  1°  ôter  la  lassitude. 
Le  sommeil  l'a  délassé.  J'ai  cru  qu'en  un  lieu  où 
vous  ne  songez  qu'à  vous  délasser  l'esprit,  vous 
pourriez  accorder  à  l'entretien  d'Amadis  quelques- 
unes  de  ces  heures  que  vous  douiiez  aux  gentils- 
hommes de  votre  province,  voit.  Lettre  3.  Il  faut 
délasser  l'esprit  qui  est  trop  tendu ,  d'ablanx. 
Apophth.  dans  richelet.  Alexandre,  élanl  à  Éphèse, 
pour  se  délasser  l'esprit,  allait  souvent  à  la  boutique 
d'Apelle,  ([ui  était  un  fameux  peintre  de  son  temps, 
DU  RYER,  Supplém.  de  Q.  Curce,  Iiv.  ii,  ch.  6,  dans 
richelet.  Une  princesse  qui  délassait  Louis  des  soins 
de  la  royauté,  mass.  Or.  (un.  Louis  XIV.  ||  Absolu- 
mont.  Car  qui  délasse  hors  de  propos,  il  lasse,  pasc. 
P.  Éloq.  8.  Il  2°  Se  délasser,  v.  ré/l.  Se  reposer  de 
se:i  fatigues,  prendre  du  relAche.  Si  je  suis  las,  je 
modelasse;  J'écris,  je  lis,  je  mange  et  boi.  Plus 
heureux  cent  fois  que  le  roi,  régnieii,  Ep.  m.  Du 
moins  une  heure  ou  deux  je  veux  qu'il  se  délasse, 


DÉL 


1031 


I  CORN.  Cid,  IV,  B.  Je  me  délasserars parmi  les  pré- 
i  cipices  Et  dans  le  seul  repos  trouverais  des  suppli- 

[  ces,  ROTROU,  Antig.  v,  8 Des  gens  se  délassent 

X  venir  débiter  les  choses  qui  se  passent,  mol.  Éc. 
des  f.  I,  I.  Allons  nous  délasser  à  voir  d'autres  pro- 
cès, RAC.  Plaid,  m,  4.  Après  quelque  séjour  qu9 
cet  empereur  fit  dans  Aquilée,  afin  de  se  délasser 
des  travaux  de  la  guerre,  flEch.  Ilist.  de  Théodoie, 
m,  4  00.  II  est  temps  de  vous  délasser  de  tous  vos 
travaux,  fén.  Tél.  i.  Il  se  délassait  à  écouter  des 
hommes  savants,  id.  ib.  ii.  Il  est  à  propos  de  vous 
délasser  de  vos  peines,  m.  ib.  viii.  C'est  là  qu'ils 
vont  se  délasser  de  l'ennui  des  plaisirs,  mass.  Car. 
Resp.  hum.  Autour  de  moi,  sous  l'ombrage.  Accou- 
rez vous  délasser,  bérang.  Ménétr.  ||  Se  délasser  de, 
se  dit  aussi  avec  un  verbe  à  l'infinitif.  Je  m'y  pro- 
menai même  quelques  instants  pour  me  délasser 
d'avoir  été  assise  toute  la  matinée,  marivaux,  Ma- 
rianne, H"  part.  Il  Fig.  Sa  cruauté  se  délasse  dans 
la  débauche,  dider.  Claude  et  Néron,  i,  §  85. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  las.  Ce  verbe  pa- 
raît avoir  été  introduit  vers  le  commencement  du 
xvu*  siècle;  du  moins,  nous  n'en  avons  pas  d'exem- 
ple antérieur. 

DÉLATEUR  (dé-la-feur),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'his- 
toire vomaine.  Celui  qui,  sous  les  empereurs,  fai- 
sait métier  de  dénoncer  auprès  du  prince  les  actes 
ou  les  paroles  des  personnages  considérables:  mé- 
tier qui,  ne  servant  que  les  passions  du  piince, 
était  fiétri  par  l'opinion  publique.  Les  déserts,  au- 
trefois peuplés  de  sénateurs.  Ne  sont  plus  habités  que 
par  leurs  délateurs,  rac.  Bril.  i,  2.  Vous  faites 
grâce  à  un  délateur  de  la  mère  de  Pison  !  dider.  Rè- 
gne de  Claude  et  Néron,  i,  §  6.  Un  Suilius,  un  dé- 
lalenr  par  état,  un  Furius,  souillé,  accusé,  puni 
de  mille  crimes,  iD.ib.i,  §'>o.  ||  2°  Délateur, délatrice, 
s.  m.  el  f.  Celui,  celle  qui  accuse  et  fait  métier  de 
dénoncer;  ce  qui  implique  aussi  une  idée  défavora- 
ble. Mais  pourquoi  être  encore  le  délaieur  univer- 
sel à  quatre-vingt-dix  ans?  c'est  un  beau  métier  à 
cet  âge-là,  FÉN.  Dial.  desmoris,  Rliud'imanle,  Co- 
ton l'ancien,  Scipion.  Tel  est  le  cariiciîre  du  dé- 
lateur :  il  craint  la  lumière  et  les  preuves,  il  désire 
fermer  à  l'innocence  tout  accès  auprès  du  prince, 
et  lui  ôter  tout  moyen  de  se  justifier,  rollin,  Ilist. 
anc.  Œuvres,  t.  ii,  p.  302,  dans  po!  gens.  Pour 
une  plaisanterie,  en  vérité,  ce  n'est  pas  la  peiiiede 
me  charger  du  rôle  infime  de  délateur,  mar.mont. 
Mém.  VI.  Faisons-nous  délateur  pour  nous  rendre 
innocent,  imbert.  Jaloux  sans  amour,  iv,  H, 
En  vain  sur  son  crédit  un  délateur  s'appuie;  Sou» 
son  bonnet  carré,  que  ma  main  jette  à  bas.  Je  dé- 
couvre en  riant  la  tête  de  Midas,  volt.  Épit.  83. 
Il  3°  Terme  de  législation  pénale.  Celui  qui  porte  à 
la  connaissance  de  la  justice  un  crime  ou  un  délit; 
ce  qui,  dans  ce  sens,  est  exempt  de  toute  idée  dés- 
honorante. Il  On  ditplutôtaujouril'hui  di'iioncialeur. 
Il  4°  Adjectivement.  Témoin  muet,  mais  sur,  d'un 
forfait  exécrable.  Le  glaive  délateur  reste  aux  mains 
du  coupable,  delrieu,  Artaxerce.  iv,  8.  Toutes  les 
passions  devinrent  également  délatrices,  également 
écoutées,  haynal,  Hist.  phil.  viit,  3(. 

—  HIST.  xvi'  s.  Thucidides  n'a  point  nommé,  qui 
furent  les  délateurs,  amyot.  Aie.  36. 

—  ÉTYM.  Lat.  delator,  de  de,  et  latum,  supin 
de  ferre,  porter. 

DÉLATION  (dé-la-sion;  en  poésie,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Dénonciation,  mais  toujours  en 
mauvaise  part.  Un  esclave  t'accuse,  el  je  ne  croi- 
rai pas  X  des  délations  qui  partent  de  si  bas,  an- 
gelot, Fiesque,  IV,  8.  Deux  courtisane»  séduites  par 
de  l'argent  el  des  promesses  se  chargent  de  la  déla- 
tion, DIDER.  Règne  de  Cla  -de  et  Nér.  \.  §2!>.  \\2°  Ac- 
tion  de  déférer.  La  délation  du  serment. 

—  HIST.  XVI*  s.  Pour  cela  la  commune  ne  laissa 
point  à  eslre  aussi  aspre  et  aussi  aigre  à  recevoir 
toutes  sortes  de  calomnies  et  de  débitions,  comme 
auparavant,  amyot.  Aie.  36.  Je  [Socratej  m'enferre 
en  la  délation  de  mes  accusateurs,  qui  est  que  je 
fois  [fais]  plus  l'entendu  que  les  aullres,  comme 
ayant quebiue  cognoissance  plus  cachée  des  choses 
qui  sont  au  dessus  et  au  dessoubs  de  nous,  mont. 

IV,    215. 

—  ÉTYM.  Lat.  delatio  (voy.  délateur). 
DÉLATTÉ,  ÉE    (déJa-té,  lée),  part,   passé.  Un 

toit  délatté. 

DÉLATTER  (dé-la-té),  v.  a.  ôler  les  lattes  d'un 
toit,  d'un  plafond.  ||  Se  délalter,i;.  réfl.  Perdre  .ses 
lattes.  Ce  ton  se  délatie. 

—  HIST.  XV  s.  Ce  petit  grenier  estoit  d'ancien 
édifice,  tout  deplanché,  tout  delatlé,  tout  periiiisé 
et  rompu  en  plusieurs  heux,  lolis  xi,  Nouv.  xxur. 

—  ËTYM.  Dé....  préfixe,  et  latte. 


f032  OEL 

;  iri.AVAGE  fdé-ta-Tt-j").  »•  <"■  Terme  do  des- 

•m.  A-'  '"  '"f- 

—  '  '  ''•  1  ^ 
Wi  \\i.   !  1.    .  -l«-»«,  yée),part.  jxui*. Terme 

lire.  Où  l'on  »  mi»  trop  d'eau,  en  parlant 

iir«.  Il  Terme  de  lapidaire.  Pierre  déla- 

r\  couleur  fjil.le.  ||T('rrne  d'agriculture. 

friin  qui  a  été  cxpo^é  à  la  pluie  ou  à 

'  tiKîs  pendant  la  fenaison. 

111  V  \  I  i-,         i-vé),  V.  a.  Il  !•  Terme  de  des- 

,,  ;  ,.,j  ..::.i.l)lir  avec  do  l'eau  une  couleur 

<Hr  du  pnpior.  ||  i'  l'énélrer  d'eau.  Dan» 

.  riV»  leitneiKo»  séjournent  longtemps  sur  les 

Icrro»;  elle»  filtrent  au  travers  de  leurs  parties  les 

moin»   solide»,   (lu'cUes  pénètrent  profondément, 

i|u'clles  délavent  et  elTondrenl,  sP.cim.  Ilisl.  de  Ha- 

pot.  V,  t.  Il  S-  Se  délaver,  v.  réft.  l'erdre  sa  couleur 

par  le  lavage.  ||  filre  pénétré  d'eau.  Ces  terres  se  dé- 

liivcnl  par  l'effet  des  pluies. 

—  IIIST.  xui*  s.  Aingnelin  lavé  sunt  de  la  cous- 
lume  du  la  laine  lavée,  et  11  aignelin  deslavé  sunt  de 
la  couslume  de  laine  deslavée,  Ait>.  dri  mél.  277. 
Il  XV  ï.  Elle  fut  garie  et  lavée.  Kt  l'orde  lioe  de* 


DÉL 

est  très-agréable.  Mon  printemps  étaild6lectable,  Les 
plaisi  rs  logeaient  en  mon  sein,  neGNiEB,.S(ance«rei.  Il 
y  boit  à  longs  traits  d'un  nectar  délectable,  tristan, 
Panthée,  v,  3.  V.n  voyant  avec  agrément  le  fruit 
défendu,  en  le  dévorant  d'abord  des  yeux  et  pré- 
venant par  son  appétit  son  goôt  délectable,  l'a- 
mour du  plaisir  est  entré,  et  nos  premiers  parents 
nous  l'ont  inspiré  jusque  dans  la  moelle  des  os,  Boss. 
Concupitc.  i!>.  Fruit  d'un  aspect  délectable,  volt. 
Phil.  IV,  n.  Cha(|ue  frémissement  de  l'airain  jior- 
tait  à  mon  4me  naïve  la  délectable  mélancolie  des 
souvenirs  de  ma  première  enfance,  chateaub.  IteM, 
(71.  On  parle  de  banquet T  il  vous  cite  sa  table;  De 
vin?  le  sien  est  délectable,  ueullk,  Conrersotion , 
II.  Il  Substantivement.  Ils  auront  joint  l'utile  avec  le 
délectable,  Régnier,  Sat.  ix. 

—  HIST.  XII*  s.  Deleitaules  sont  les  oyvres  [œu- 
vres] no.stre  Signer,  st  behn.  dans  haynouabd.  E 
encens  ofTrid  as  munz  e  par  tut  là  ù  arbre  bien 
fuillié  fruvad,  e  kl  umbre  delitable  getad,  Rois, 
396.  Il  XIII*  s.  Cis  palais  fu  uns  des  plus  biaus  et  des 
plus  dclitables  de  tous  les  delis  [délices]  qu'il  con- 
viengne  à  cors  d'ome,  viueh.  lxii.  Naples  fu  donée 


lavée  Dont  elle  avoil  esté  pocirprise  Du  pecliié   de    à  Virgile,  Oui  pins  est  delitable  ville  Que  n'est  l'ari» 


ch.ir  et  reprise,  E.  descii.  J'oésieimts.  f"  600,  dans 

LACORNB. 

—  KTYM.  Dé...,  préfixe,  et  laver.  Dans  le  sens 
d'aiïaiblir  par  lavage  ou  de  pénétrer  d'eau,  d^....  a 
le  sens  augmentatif;  il  signifie  au  contraire  enlive- 
menl  dans  l'exemple  de  l'historique  du  xv*  siècle. 

t  DfiLAYABLK  (dé-lfc-ia-bl'),  adj.  Qui  peutêtre  dé- 
layé. Lt  plupart  des  argiles  sont  délayables  dans  l'eau. 

t  DP.I.AVAOE  (dé-lè-ia-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
layer f.int  de  ce  iflii  est  délayé. 

—  f.TVM.  Nlayn. 

Df.l.A%'ANT,  ANTE(dé-lè-ian,  ian-t'),adj. Terme 
de  médecine.  Qui  a  la  propriété  d'augmenter  la  li- 

3uidiié  du  sang  et  des  liumeurs,  par  l'introduction 
'une  plus  grande  quantité  d'eau  ou  de  particules 
«queuses.  Médicaments  délayants.  ||  Substanlive- 
mcnl.  In  délavant.  Les  délayants. 

Df.r.AVfi,  ÉK  (dé-lè-ié,  iée),  pari,  passé.  Du  plâ- 
tre délayé  dans  de  l'eau.  ||  Fig.  Une  proposition  dé- 
layé""  en  beaucoup  de  paroles. 

DÉLAYE.MENT  (dé-lè-ye-man),  t.  m.  Action  de 
délayer. 

—  KTYM.  Délaijer. 

UÉLAVKR  (dé-lè-ié),  je  délaye,  tu  délayes,  il  dé- 
laye ou  délaie,  nous  délayons,  vous  délayez,  ils  dé- 
layent ou  délaient;  je  délayais,  nous  délayions,  vous 
délayiez;  je  délayai,  je  délayerai  ou  délaierai  oudé- 
latrai;  je  délayerais  ou  délaierais  ou  délalrais;  dé- 
laye, délayez;  que  je  délaye,  que  nous  délayions, 
que  vous  délayiez;  que  je  délayasse;  délayant,  t). 
a.  Il  1*  Détremper  dans  un  liquide.  Délayer  de  la  fa- 
rine. Les  unas  passent  plusieurs  .semaines  sans  pou- 
Toir  délayer  par  aucune  lioisson  cette  nourriture 
aride,  Bvvr.  Morceaux  choxsis,  p.  262.  ||  2*  Fig.  La 
solitude  délaye  un  peu  les  idées,  sëv.  4  90.  ||  Expri- 
mer d'une  manière  diffuse.  Il  délayera  une  ligne 
vraie  dans  des  volumes  de  mensonges  séduisants. 
Daacartes  a  délayé  cette  pensée  [  le  doute  est  la 
lourcc  de  la  sagesse] .  volt.  Phil.  iynor. 

—  HIST.  XIV*  s.  Alaier  d'eaiie  chaude,  Ilinagier, 
II,  h.  Kt  se  le  polage  est  espois,  allayez  le  de  l'eaue 
de  la  char,  t'ti. 

—  ÊTYN.  Lat.  di'inlore  (voy.  délai),  étendre,  al- 
longer; en  elVel,  i>our  délayer,  Il  fautétendre,  allon- 
ger par  un  liquide.  Delaier,  verbe  très-employé  dans 
l'ancien  français,  y  signifiait  faire  délai,  et  vient, 
par  ctmséqueni,  comme  délai,  do  di7aiure  (il  est 


ne  Lavardins,  la  Rose,  l89-iS.  ||  xiv"  s.  La  vie  de 
ceulx  qui  o'uvrent  selon  vertu  est  selon  soi  délec- 
table, ORESME,  Elh.  19.  Il  XV*  s.  Estant  parmi  les 
pots  pleins  de  vin  délectable,  basseli.v,  ii.  Le  vice 
de  luxure  abonde  en  jolivetés,  en  regards  et  conte- 
nances, et  s'adjoint  à  convoitise  de  choses  délecta- 
bles. Bouciq.  IV,  ch.  7.  ||  xvi*  s.  Il  y  a  de  trois  sortes 
de  biens,  les  délectables,  les  utiles  et  les  honjiestes, 
LANOt;E,  6U0.  Boscages  et  prairies  salubres  et  délec- 
tables, AMYOT,  AU.  47.  Aime  la  loy  d'amour  tant 
délectable,  mabot,  iv,  lit. 

—  ETYM.  l'rovenç.  délectable,  deleitable,  dele- 
chable ;  espagn.  dekylabte;  portug.  deleitavel;  ilal. 
dileltabile;  du  latin  ddcclabilis,  de  delectare,  dé- 
lecter. 

+  DÉLECTABLEMENT  (dé-lè-kta-ble-man),  adv. 
D'une  façon  délectable. 

—  HlST.  xiv*  s.  Ils  font  les  œuvres  vertueuses  de- 
lettablement,  et  ne  leur  résiste  pas  l'apetit  sensltif, 

OBESMR,    Eth.  32. 

—  ÊTYM.  Délectable,  et  le  suffixe  ment. 
DÉLECTATION   (dé-lè-kta-sion  ;   en   poésie,   de 

cinq  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Plaisir  qu'on  savoure  avec 
plénitude.  Il  éprouvait  une  vraie  délectation  à  se  pro- 
mener sous  ces  belles  allées.  ||  2"  Terme  de  théolo- 
gie. Plaisir,  goût  qu'on  prend  à  faire  quelque  chose. 
Dans  le  système  des  deux  délectations,  celles  de  la 
grSce  sont  opposées  à  celles  de  la  nature,  et  les  plus 
pui.ssantes  l'emportent.  La  coutume,  sans  cela,  pas- 
serait pour  tyrannie;  au  lieu  que  l'empire  de  la  rai- 
son et  de  la  justice  n'est  non  plus  tyrannie  que  celui 
de  la  délectation,  pasc.  Vrai  bien,  9.  Dieu  change 
le  cœur  de  l'homme  par  une  douceur  céleste  qu'il  y 
répand,  qui,  surmontant  la  délectation  de  la  chair, 
fait  que  l'homme  conçoit  du  dégotlt  pour  les  délices 
du  péché  qui  le  séparent  du  bien  incorruptible,  id. 
Prov.  <8.  Vous  pouvez  désirer  ces  saintes  délecta- 
tions, Boss.  Letir.  abb.  (79.  La  grâce  médicinale  de 
J.  C.  consiste  dans  une  délectation  intérieure,  fé.n. 
t.  III,  p.  244.  Il  faut  soigneusement  distinguer  la  dé- 
lectation que  Dieu  a  mise  en  nous  à  la  vue  de  lui- 
même,  d'avec  la  pente  que  la  révolte  du  premier 
homme  a  mise  dans  nos  cœurs  pour  nous  faire  cen- 
tre de  nous-mêmes,  id.  t.  xvin,  p.  309.  ||  Délectation 
morose,  complaisance  avec  laquelle  onpenseà  une 
mauvaise  chose,  sans  intention  de  la  commettre. 

—  HIST.  XIII*  s.  Car,  si  cum  tesmoigne  la  letre. 


conservé  dan»  le  llcrry  :  dilaijer.  retarder).  Enfin  le  Profit  et  délectation  C'est  toute  leur  enlencion,  la 
mot  usité  |)Our  délayer  était  allaier,  qui  est  com-  Base,  t&443.  ||  xiv  s.  Il  semble  à  aucuns  que  feli- 
pos*  dRmême  avec  la  préposition  d.  |  cité  est  toute  vertu  ensemble,  ou  aucunes  d'icelles 

t  PELAYURE  (dé-lè-iu-r') ,  i.  f.  Opération  de  ;  [vertus]  avecques  délectation  ou  au  mains  non  pas 
boulangene  par  laquelle  on  m«le  la  farine  et  le  le-  j  sans  délectation,  oresme,  Eth.  is.  Plusieurs  de  grant 
*aln  avec  l'eau.  auttorité  dient  que  félicité  est  délectation  corporel 


—  KTYM.  Délayer. 
DELEATt'R  (ilé-lé-a-lur),  ».  m.  Signe  indiquant. 

dans  la  correction  des  épreuves,  le  retranchement 
des  lettres,  des  mots  ou  des  lignes.  ||  Au  plur.  Des 
deleatur. 

—  ETYM.  3*  personne,  présent  pas.sif  du  subjonc- 
tif du  verbe  latin  delere:  mot  à  mol,  qu'il  soit  ef- 
fiici';  de  de,  el  J«o,  d'où  linio,  j'oins  (voy.  lini- 
Mïin).  Cependant  quelques élymologistes  rattachent 
ce  mol  au  grec  5TiX«iy,  détruire  (voy.  DiLgTiRE); 
ce  qui  n'est  pas  soulenable. 

1  DCL(ÎBILE(délélii.r),a<J|.  Terme  didactique, 
t.»  li  poui  être  offacé,  qui  s'efface  facilement.  Encre, 
I  .ir«f  tére  délébile. 

~i^^!L'-*'-  '*''<*<'".  de deJer»  (voy.  delhatir). 
DSLECTABLB  (dé-lè-kta-bl'l ,  04;.  (}ui  déiecle.qui 


ID.  «6.  V,  9.  Il  XV*  s.  Tu  ne  mets  mie  ton  cœur  en  la  vie 
amoureuse,  iwur  cause  de  mieulx  en  valoir,  ne  pour 
vertu,  mais  seulement  pour  la  deleclalion  que  ton 
corns  en  a,  Bouciq.  i,  ch.  7.  ||  xvi*  s.  En  Dieu  sera 
la  dpleclallon,  iiarot,  iv,  277.  11  abandonna  le  la- 
boura ge,di.sant  que  l'agriculture  esloll  de  plus  grande 
délectation  que  de  grand  profit,  amyot,  Caton,  46. 

—  ÊTYM.  Provenç.  delectalio;  espagn.  dclecta- 
cton;  ital.  diletfaiione;  du  latin  deiectationem ,  de 
delectare,  délecter. 

DÉLECTÉ.  ÉE  (dé-lè-kté,  ktée),  part,  passé.  Le 
cœur  ému,  [II]  prêtait  ses  deux  oreilles  Tout  délecté 
quand  sa  femme  parlait,  volt.  Ce  qui  pi.  aux  da- 
wits. 

DÉLECTER  (dé-lèklé),  v.  o.  ||  1*  Faire  pleine- 
ment savourer  un  plaisir.  Ils  cherchent  ce  qui  les 


DÉL 

flatte  et  ce  qui  les  délecte,  boss.  Par.  de  Dieu,  t. 
Il  2°  Se  délecter,  ti.  réfl.  Prendre  beaucoup  de  plai- 
sir à  quelque  chose.  De  peur  qu'Us  ne  se  délectent 
dans  le  péché,  id.  Pensées,  9.  Heureux  ceux  qui, 
retirés  humblement  dans  la  maison  du  Seigneur,  se 
délectent  dans  la  nudité  de  leurs  petites  cellules  I 
id.  Concupisc.  9.  L'éléphant  se  délecte  au  son  des 
instruments,  buff.  Morceaux  choisis, p.  171.  Je  res- 
tai le  lendemain  toute  la  matinée  chez  moi;  je  ne 
m'y  ennuyai  pas;  je  m'y  délectai  dans  le  plaisir  de 
me  trouver  tout  à  coup  un  maître  de  maison,  Ma- 
rivaux ,   Paysan  parv.  t.  lu ,   5*  part.  p.  7i ,  dans 

P0UGENS. 

—  HIST.  xiii*  S.  Il  r'avoit  ailiers  papegaus.  Et 
mains  oisiaus  qui  par  ces  gaus  Et  par  ces  bois  où  ils 
habitent  En  lor  biau  chanter  se  délitent,  la  Rose, 
684.  Por  ce  i  mist  nature  délit,  Por  ce  vuet  que  l'en 
s'i  délit,  ib.  4432.  Là  verras  une  grant  partie  Des 
secrés  de  philosophie.  Où  moult  te  voidras  déliter. 
Et  si  porras  moult  profiter,  ib.  7209.  ||  xiv*  s.  Soy 
deletter  est  propre  as  choses  qui  ont  ame,  oresme, 
Eth.  19.  Il  XV*  s.  La  flour  en  may  et  son  odeur  dé- 
lecte Aux  odorans,  non  pas  jour  et  demi;  En  un 
moment  vient  li  vens  qui  la  guette,  Cheoir  la  fait 
ou  la  couppe  par  mi,  e.  desch.  Profiter  de  la  jeu- 
nesse. ||  xvi*  s.  Et  voulontiers  me  délecte  à  lire  les 
beaux  dialogues  de  Platon,  bab.  Panl.  n,  s.  De  bled 
en  herbe  vous  falotes  belle  saulse  verte  ,  laquelle 
vous  délecte  le  goust,  id.  ib.  m,  2.  Un  théologien  ne 
doit  pas  appliquer  son  estude  à  délecter  les  oreilles 
en  jasant,  calv.  Instil.  105.  Il  no  faut  douter  que 
les  bien-instruits  ne  s'y  délectent  beaucoup  plus, 
LANGUE,  BI8.  Je  me  délecte  de  le  faire,  id.  654.  Il 
ne  s'ensuit  pas  nécessairement,  si  l'ouvrage  délecte, 
que  tousjours  l'ouvrier  en  soit  à  louer,  amyot,  Pé- 
ricl.  i.  Et  de  croire  qu'il  y  ait  des  dieux  ou  demi- 
dieux  qui  se  délectent  de  meurtre  et  d'efl'usion  de 
sang  humain,  à  l'advenlure  est-ce  une  folie,  id. 
Pélup.  38.  C'est  le  plaisir  où  i!  se  delectoU,  mabot, 
m,  307.  Je  ne  m'enquiers  point  Qui  vous  delecle, 
ou  qui  vous  point,  Mais  de  ce  qui  doit  délecter,  id. 
iv,  158. 

—  ÉTVM.  Provenç.  deleclar,  delieitar,  deUchar ; 
espagn.  deleclar,  deleilar  ;  Ital.  dilettare  ;  du  latin 
delectare,  fréquentatif  de  delicere  (voy.  délices). 

t  DÉLÉGANT  (ilé-lêgan) ,  s.  m.  Terme  de  pra- 
tique. Celui  qui  délègue,  qui  donne  une  délégation. 

t  DÉLÉGATAIRE  (dé-lé-ga-tê-r),  s.  m,  et  f. 
Terme  de  pratique.  Celui,  celle  qui  reçoit  la  déléga- 
tion. 

—  ftTYM.  Déléguer. 

t  DÊLÉGATEL'R,  TRICE  (dé-lé-ga-teur,  tri-s'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  donne  la  délégation. 

--  ÉTYM.  Déléguer. 

DÉLÉGATION  (dé-lé-ga-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.\\i°  Commission  qui  donne  à  quel- 
qu'un le  droit  d'agir  au  nom  d'un  autre.  ||  Déléga- 
tion de  pouvoir,  acte  par  lequel  on  délègue  son  pou- 
voir.ll  2°  Acte  par  lequel  un  débiteur  indique  son 
propre  débiteur  pour  efl"ectuer  le  paiement.  Quaire 
cents  millions  d'assignats  que  nous  regardons  comme 
acquittés  par  la  délégalion  déjà  faite  des  domai- 
nes qui  leur  servent  de  gage,  montesoliou,  Rav- 
pnrl,  27  août  1790,  p.  8.  Une  délégation  sur  le  piii 
d'un  immeuble  prêt  à  être  aliéné  n'est  pas  une 
valeur  idéale,  id.  ib.  p.  17.  ||  Terme  de  marine. 
Somme  assignée  par  un  marin  sur  sa  solde,  avant 
le  départ  du  navire,  pour  subvenir  aux  besoins  de 
sa  famille.  Se  dit  aussi  dans  l'armée  de  terre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  pape  peut  bailler  resent  ou  dé- 
légation à  sujets  de  ce  royaume,  à  fin  de  cognoistre 
de  l'utilité  [de  la  vente  des  biens  de  l'Ëglise],  p.  pi- 

TIIOU,    28. 

—  f.TVM.  Lat.  delegatio,  de  delegare,  déléguer. 

i  DÉLÉGAT01RE  (dé-lé-ga-toi-f),  adj.  Qui  con- 
tient une  délégation.  Rescrit  délégatoire.  Commis- 
sion délégatoire. 

—  ÊTYM.  Lat.  delegare,  déléguer. 
DÉLÉGUÉ,   ÉE   (dé-légbé,   ghée),  part,  passé. 

Il  1"  Transmis  par  délégation.  Pouvoir  délégué. 
Il  2°  Oui  a  reçu  pouvoir  d'agir  pour  un  antre.  Juge 
délégué.  Il  Sub.stantivement.  Les  monarques  espa- 
gnols concentrèrent  dans  leurs  mains  tous  les  droits, 
tous  les  pouvoirs,  et  en  confièrent  l'exercice  à  deux 
délégués,  qui,  sous  le  nom  de  vice-rois,  devaient 
jouir,  tout  le  temps  de  leur  commission,  des  préro- 
gatives de  la  souveraineté,  raynal,  Hist.  phil.  viii, 
23.  Il  Délégués  des  colonies,  représentants  des  inté- 
rêts des  colonies  près  legouvernemenl.  Il  3"  Oui  a 
été  l'objet  d'une  délégalion.  Somme  déléguée  sur  le 
fermier.  ||  Débiteur  délégué,  et,  substantivement, 
le  délégué. 
DÉLÉGUER  (dé-lé-gbé.  U  syllabe  U  prend  un 


T)ÊL 


DÈL 


DEL 


io3;j 


f.ccent  grave  quand  la  syllabe  qui  suil  est  niuetle  :  je 
délègue,  excepté,  ce  qui  est  contre  l'analogie,  au 
futur  et  au  conditionnel:  je  déléguerai;  je  délégue- 
rais), V.  a.  Il  1"  Transmettre  par  délégation.  Déléguer 
son  autorité.  ||  2°  Commettre,  envoyer  quelqu'un 
avec  pouvoir  déjuger,  de  résoudre,  d'agir.  ||  3°  Faire 
une  délégation,  assigner  des  Tonds  pour  le  payement 
d'une  dette.  Déléguer  une  dette,  charger  quelqu'un 
de  la  payer.  ||  Déléguer  un  débiteur,  un  fermier, 
donner  une  délégation  sur  un  débiteur,  un  fer- 
mier. Il  4°  Se  déléguer,  v.  réjl.  Être  délégué.  Un  pa- 
reil pouvoir  ne  se  délègue  pas. 

—  HIST.  XVI"  s.  La  cour  du  Parlement  délègue 
deux  conseilleurs  d'icelle,  lesquels  avoient  charge 
de  faire  telles  remontrances  que  de  raison....  Les 
délégués-  lui  firent  entendre  leur  charge,  besper. 
Contes,  cxxvi.  En  tous  les  repeuplemens  Je  villes, 
dont  il  fut  autheur,  il  y  envoya  tousjours  d'autres 
commis,saires  ausquelzilen  feit  déléguer  la  charge, 
AMYOT,  les  Gracques,  43. 

—  ETYM.  l'rovenç.  delegar,  deleguar;  espagn. 
delegar;  ilal.  delegare;  du  latin  delegare,  de  de,  et 
legartf,  envoyer  (voy.  légat). 

DÉLESTAGE  (dé-lè-sta-j') ,  s.  m.  Terme  de  mer. 
Action  de  décharger  le  lest  d'un  vaisseau.  L'usage 
e.'it  de  faire  le  délestage  tous  les  deux  ans.  Enjoi- 
gnons au  maître  de  quai  de  tenir  la  main  à  ce  que 
le  lestage  ou  délestage  des  vaisseaux  soit  fait  con- 
formément k  la  présente  ordonnance,  Ord.  d'août 
HiSi ,  liv.  IV,  t.  IV,  art.  8. 

—  ÉTY.M.  Délester. 

DÉLESTÉ,  ÉE  (dé-lè-sté,  stée),  part,  passé.  Bâ- 
timent délesté. 

DÉLESTER  (dé-lè-sté),  V.  a.  Terme  de  marine, 
ôter  le  lest  d'un  bâtiment.  Défenses  aux  capitaines 
et  maîtres  de  navires  de  délester  leurs  bâtiments, 
et  aux  maîtres  et  patrons  de  gabarres  ou  bateaux 
lesteurs  de  travailler  au  lestage  ou  délestage  d'aucun 
vaisseau  pendant  la  nuit,  OTdor^n.  d^août  <68(, 
liv.  IV,  t.  IV,  art.  8. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lest. 

DÉLESTEUR  (dé-lè-steur),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Celui,  qui,  dans  un  port,  est  employé  à  dé- 
lester les  bâtiments.  ||  Bateau  employé  à  transporter 
le  lest  d'un  vaisseau. 

—  f.TYH.  Délester. 

DÉLÉTÈRE  (dé-lé-tê-r'),  adj.  Oui  attaque  la  santé, 
les  sources  de  la  vie.  Un  gaz  délétère.  Principes  dé- 
létères, corps  quelconques  susceptibles  de  nuire 
à  la  santé  ou  de  déterminer  la  mort.  ||  Fig.  Qui 
cause  corruption  et  mal  moral.  Des  maximes  délé- 
tères. 

—  ÉTYM.  4T])mT7ipio;,  de  SnXeîv,  détruire. 

t  DÉLIAISON  (dé-li-è-zon),  s.  f.  ||  1°  Terme  de 
marine.  La  déliaison  des  bordages,  l'action  paria- 
quelle  les  bordages  se  disjoignent.  ||  2°  Terme  de 
construction.  Arrangement  des  pierres  d'un  mur, 
auxquelles  on  donne  moins  de  six  pouces  de  recou- 
vrement, tant  au  dedans  du  mur  qu'au  parement. 

—  HIST.  xvi"s.  Tu  trouveras,  au  desmembrement 
et  deliaison  de  ces  deux  carmes  [vers],  toutes  belles 
et  magnifiques  paroles,  bons.  688. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  lier. 
tDÉLL\QUE(dé-!i-a-k'),  adj.  ||  Terme  d'antiquité. 

Oui  appartient  à  l'île  de  Délos,  une  des  Cyclades. 
L'airain  déliaque  était  très-recherché.  ||  Terme  de 
géométrie.  Problème  déliaque,  problème  de  la  du- 
plication du  cube,  proposé  par  un  oracle  aux  ha- 
bitants de  Délos. 

t  DÉLIBATION  (dé-li-ba-sion),  î.  f.  Ancien  terme 
de  jurisprudence.  Action  de  prélever,  de  soustraire 
d'une  masse  quelconque.  Le  préciput  se  prend  par 
(lélibation  sur  la  totalité  des  biens. 

—  ÉTYM.  Lat.  delibationem,  de  la  préposition  de, 
et  libatin,  libation. 

DÉLIBÉRANT,  ANTE  (dé-li-bé-ran,  ran-t'),  adj. 
Oui  délibère.  Corps  délibérant.  Assemblée  délibé- 
rante. Il  Substantivement.  Les  délibérants,  ceux  qui 
ont  voix  délibérative  dans  une  assemblée. 

DÉLIBÉKATIF,  IVE  (dé-li-bé-ra-tif,  ti-v'),  adj. 
Oui  touche  ou  se  rapporte  à  la  délibération.  Ce  mot 
n'est  usité  que  dans  quelques  locutions.  ||  1°  Voix  dé- 
libérative, droit  de  suffrage  dans  une  assemblée;  il 
se  dit  par  opposition  à  voix  consultative.  Dans  les 
académies,  les  correspondants  n'ont  pas  ordinaire- 
ment voix  délibérative.  Les  connaisseurs  ou  ceux 
quisecroient  tels  se  donnent  voix  délibérative  et  dé- 
cisive sur  le  spectacle,  la  bruï.  i.  ||  2°  Genre  déli- 
bératif,  terme  de  rhétorique.  On  rapporte  âce  genre 
tous  les  discours  dans  lesquels  on  délibère  sur  ce 
que  l'on  fera  ou  ne  fera  pas.  Les  discours  politiques, 
ceux  qui  sont  faits  dans  les  conseils  généraux  ou 
municipaux,  dans  les  assemblées  d'actionnaires, sont 

mCT.    DE   LA    LANGUE    FRANÇAISE 


en  général  des  discours  délibératifs,  ou  du  genre 
délibératif,  tandis  que  les  plaidoyers  des  avocats 
sont  du  genre  judiciaire. 

DÉLIBÉRATION  (dé-li-bé-ra-sion;  en  poésie,  de 
six  syllabes),  s.  f.  \\  1°  Examen  entre  plusieurs  et  par 
la  parole  touchant  une  résolution  à  prendre,  une 
question  à  résoudre.  Mettre  une  chose  en  délibéra- 
tion, d'ablanc.  Arrien,  liv.  i,  ch.  4,  dans  riche- 
LET.  Pour  accorder  tous  les  points  qui  seront  mis  en 
délibération,  Boss.  Var.  12.  ||  2"  Examen  intérieur, 
réflexion.  Agir  sans  délibération.  Décision  prise 
après  mûre  délibération.  ||  Appréciation  des  motifs 
contraires  qui  précède  lavolition.  ||  3°  Décision,  ré- 
solution. Cette  délibération  a  été  unanime.  Prendre 
une  délibération.  ||  Terme  de  jurisprudence.  Nom 
des  décisions  de  certains  corps  administratifs  ou  ju- 
diciaires. Délibération  du  conseil  municipal. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  eurent  avis  et  conseil,  par  grand 
délibération,  que....  froiss.  i,  i,  202.  ||xvi*  s.  Ap- 
pelant la  consultation  et  délibération  prudente  ter- 
giversation palliée,  lanole,  B5.  Ils  envoyèrent  devers 
leurs  amis,  leur  faire  entendre  leur  délibération, 
laquelle  ilz  trouvèrent  bonne,  amyot,  Pétop.  13.  Ma 
délibération  [résolution]  n'est  de  provocquer,  ains 
d'apaiser;  d'assaillir,  mais  de  deffendre,  rab.  Garg. 

I,  29. 

—  ÉTYM.  Provenç.  delxberacio  ;  espagn.  delibera- 
cion;  ital.  deliberaiione  ;  da  \a.l\n  ddiberationcm , 
de  deliberare,  délibérer. 

t  DÉLIBÉRATIVEMENT  (dé-li-bé-ra-ti-ve-man), 
adv.  D'une  façon  délibérative.  L'idée  d'un  pouvoir 
suprême  exercé  délibérativement,  boullainvilhers, 
Réfut.  de  Spinoza,  p.  «o. 

—  ÉTYM.  Délibérative,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉLIBÉRATOIRE  (dé-li-bé- ra- toi-r'),  adj. 
Terme  de  pratique.  Qui  contient  une  délibération. 
Acle,  formule  délibératoire. 

—  ÉTYM   Délibérer. 

t.  DÉLIBÉRÉ,  ÉE  (dé-li-bé-ré,  rée),  part,  passé 
de  délibérer  ).  Qui  a  été  mis  en  délibération.  Les 
rois  de  Rome  ne  portaient  point  d'affaires  au  peu- 
ple, qu'elles  n'eussent  été  délibérées  dans  le  sé- 
nat, MONTESQ.  Esp.  XI,  (2.  {{  De  propos  délibéré, 
loc.  adv.  A  dessein,  exprès;  proprement,  avec  un 
propos,  un  dessein  qui  a  été  délibéré  et  qui,  par 
conséquent,  est  bien  arrêté.  N'exposons  point,  de 
propos  délibéré,  nos  amis  à  perdre  quelque  chose 
de  l'estime  que  nous  leur  avons  accordée,  dider. 
Ess.  s.  Claude.  \\  C'est  une  chose  délibérée,  elle  est 
arrêtée,  conclue. 

2.  DÉLIBÉRÉ  (dé-li-bé-ré),  s.  m.  Terme  de  pro- 
cédure. Toute  délibération  à  huis  clos  entre  les  juges 
d'un  tribunal.  Vider  un  délibéré.  Le  délibéré  ne  fut 
pas  long;  mais  notre  impatience  nous  fit  entrer  dans 
le  parquet  des  huissiers,  st-sim.  36,  162.  ||  Sorte  de 
jugement,  par  lequel  la  cour  ordonne  qu'il  sera 
statué  sur  les  pièces  d'un  procès.  Rapport  sur  déli- 
béré. Mettre  l'affaire  en  délibéré. 

—  ÉTYM.  Délibéré  I. 

3.  DÉLIBÉRÉ,  ÉE  (dé-li-bé-ré,  rée),  adj.  ||  1°  Oui 
a  quelque  chose  de  libre,  de  résolu,  en  ce  sens  qu'on 
semble  n'admettre  point  d'obstacle.  Elle  avait  de  la 
taille,  quelque  chose  de  fort  délibéré  dans  l'air,  iia- 
MILT.  Gramm.  9.  La  démarche  ferme  et  délibérée,  la 
BRUT.  VI.  Un  fonds  de  mépris  délibéré  de  tout  ce 
qu'on  ne  croit  pas  essentiel  dans  les  devoirs,  mass. 
Car.  Tiéd.  <.  ||  11  se  dit  des  personnes.  Cette  femme 
paraît  assez  délibérée.  Certains  esprits  vains,  lé- 
gers, familiers,  délibérés....  la  bruy.  v.  ||  Substan- 
tivement. Je  sais  des  officiers  de  justice  altérés  Qui 
sont  pour  de  tels  coups  de  vrais  délibérés,  mol. 
l'Étour.  IV,  9.  Il  2°  Terme  de  manège.  Cheval  bien 
délibéré,  cheval  qui  est  tout  à  fait  formé  au  pas  ou 
aux  allures  qu'on  a  voulu  lui  faire  prendre.  ||  3°  Ré- 
solu à.  Cambyse  délibéré  d'envoyer  des  espions  [en 
Ethiopie]  manda  d'Êléphantis  des  hommes  ichthyo- 
phages,  p.  L.  COUR.  Il,  <4*.  En  ce  sens,  c'est  un  ar- 
chaïsme. 

—  HIST.  xvi*  s.  Hardy,  adventureux,  délibéré, 
RAB.  Gijrg.  1,  27.  Estes  vous  délibérez  de  vivre  avec- 
ques  moj?  ID.  Pant.  ii,  24.  Délibéré  autant  que  je 
pourroy,  ne  me  mesler  d'aultre  chose,  mont,  i,  ^2. 
Je  ne  suis  paj  délibéré  de  vous  forger  aultres  nou- 
veaux passetemps,  id.  i,  86.  Les  voyant  tous  déli- 
bérez au  passage,  m.  i,  299.  Il  estoit  délibéré  de 
suyvre  leur  conseil,  lanoue,  B66.  M.  le  duc  d'Anjou 
se  trouva  là,  qui  amena  encoies  d'autres  forces  bien 
délibérées,  ID.  647.  Quant  â  moy,  je  ne  suis  pas 
deliburie  d'attendre  que  la  fortune,  moy  vivante, 
décide  l'issue  de  ceste  guerre,  amïot,  Cor.  55. 

—  ÉTYM.  Délibérer  2. 

DÉLIBÉRÉMENT  (dé-Ii-bé-ré-man) ,  adv.  D'uno 
manière  délibérée,  hardiment ,  jtvec  résolution.  Le 


joug  que  vous  portiez  si  délihirément  et  aiec  tant 
de  courage,  Bouan.  Pensées,  t.  ii,  p.  442.  On  se  per- 
met délibérément  toutes  les  infidélités  qu'on  na 
croit  pas  dignes  d'une  peine  éternelle,  mass.  Car 
Tiéd.  t. 

—  HIST.  xvi*  S.  11  se  leva  et  se  présenta  fort  deli- 
beréement,  amyot,  P.  jEm.  24. 

—  ÉTYM.  Délibéré  3,  et  le  suffixe  ment;  provei.ç. 
delibcradnmen  ;  catal.  deliberadament  ;  espagn.  de- 
liberadamenle;  ital.  deliberatamente. 

i.  DÉLIBÉRER  (dé-li-bé-ré.  L'Académie  ne  con 
jugue  pas  ce  verbe;  mais,  selon  l'orthographe 
qu'elle  suit  dans  les  cas  analogues,  on  changera,  de- 
vant une  syllabe  muette,  l'accent  aigu  de  la  syl- 
labe bé  en  accent  grave  :  je  délibère,  excepté,  ce 
qui  est  contre  l'analogie,  au  futur  et  au  condition- 
nel :  je  délibérerai,  je  délibprerais),  ».  n.  ||  1°  Met- 
tre en  délibération.  On  délibéra  si  on  assiégerait 
Mons  ou  Valenciennes,  sabazin,  Œuvres,  ("  par- 
tie, dans  BiCHELET.  Après,  on  délibéra  des  remèdes, 
n'ABLANC.  Tac.  25.  Ils  délibéraient  de  rendre  la  li- 
berté au  peuple  romain,  id.  ib.  125.  Et  je  puis  dire 
enfin  que  jamais  potentat  N'eut  à  délibérer  d'un  si 
grand  coupd'Êtat,  CORN.  Pomp.i,  1.  N'en  délibérons 
plus,  cette  pitié  l'emporte,  ID.  Cinna,  ii,  f.  Je  vous 
laisse  avec  lui  pour  en  délibérer,  id.  Itodog.  m,  t. 
Après  ce  grand  exemple  en  vain  on  délibère,  id. 
Nicom.  V,  2.  C'est  une  chose  déplorable  de  voir  tous 
les  hommes  ne  délibérer  que  des  moyens  et  point 
de  la  fin,  PASc.dans  cousin.  C'est  l'Occident  qui  dé- 
libère sur  la  ruine  de  l'Orient  et  sur  les  moyens 
d'exécuter  une  vengeance  suspendue  depuis  plus 
d'un  siècle,  rollin,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  vi,  p.  <84, 
dans  pouGENS.  {|  Absolument.  C'est  de  quoi  le  sénat 
pourra  délibérer,,  corn.  Nicom.  v,  10.  L'amour  n'est 
plus  le  maître  alors  q\i'on  délibère,  id.  Pulck.  ii,  4. 
Ne  faut-il  que  délibérer,  La  cour  en  conseillers  foi- 
sonne; Est-il  besoin  d'exécuter.  L'on  ne  rencontre 

plus  personne,  la  font.  Fabl.  n,  2 Pourquoi 

délibérer?  De  tous  les  deux,  madame,  il  se  faut  as- 
surer, BAC.  Athal.  Il,  B.  Tandis  que  les  méchants 
délibèrent  entre  eux,  id.  ib.  m,  6.  Uniquement 
occupés  de  leurs  projets  (et  ils  n'en  forment  que  de 
grands  et  de  hardis) ,  ils  délibèrent  promptement  et 
exécutent  de  môme,  bollin,  Ilist.  anc.  Œ^uires, 
t.  III,  p.  428,  dans  POUGENS.  L'ambassadeur  m'at- 
tend; consulte,  délibère;  Dans  une  heure  avec  moi 

tu  reverras  mon  père,  volt.  Brutus,  iv,  3 Un 

homme  téméraire  Confond  en  agissant  celui  qui  dé- 
libère, id.  Triumv.  ii,  2.  Le  temps  de  délibérer 
était  passé,  et  celui  d'agir  enfin  venu;  le  9  mai  I8I2, 
Napoléon,  jusque-là  toujours  triomphant,  sort  d'un 
palais  où  il  ne  devait  plus  rentrer  que  vaincu,  sè- 
GDB,  Ilist.  de  Nap.  m,  i.  ||  Terme  de  jurisprudence. 
L'héritier  a  un  délai  pour  faire  inventaire  et  déli- 
bérer, c'est-à-dire  pour  accepter  ou  répudier  la  suc- 
cession. Il  Hésiter  à  se  résoudre.  Pendant  qu'il  dé- 
libère, vous  êtes  déjà  hors  de  portée,  la  bbuy.  ii. 
Ne  délibérons  plus,  bac.  Iph.  iv,  7.  Contre  un  tel  en- 
nemi [l'amour]  le  vrai  courage  consiste  à  fuir  sans 
délibérer,  fén.  Tél.  vu.  ||  2°  Prendre  une  délibéra- 
tion, se  déterminer.  La  force  publique  ne  délibère 
pas.  J'aidélibéré  de  faire  cela.  Cujas  avait  délibéré, 
au  cas  qu'il  mourilt  sans  enfants,  de  donner  son 
bien  à  Scaliger,  colomiès,  dans  bichelet.  Quand 
saint  Pierre  et  les  apôtres  délibérèrent  d'abolir  la  cir- 
concision.... pasc.  Rel.  33.  Il  3"  V.  a.  Délibérer  une 
affaire,  la  mettre  en  délibération.  Voilà  ce  qui  aété 
délibéré.  L'affaire  est  d'importance,  et,  bien  considé- 
rée. Mérite  en  plein  conseil  d'être  délibérée,  corn. 
Cid,  II,  9.  Le  hasard  a  fait  ce  que  la  prudence  des 
pères  avait  délibéré,  mol.  Fourb.  m,  9.  ||  Terme 
de  palais.  Délibérer  une  consultation. 

—  REM.  On  dit  délibérer  d'une  chose  et  délibérer 
sur  une  chose.  Dans  le  xvir  siècle  délibérer  de  était 
presque  exclusivement  employé. 

—  HIST.  XV'  s.  Paniuoy  [oreille  coupée]  lui  qui 
estoit  délibéré  estre  homme  d'église,  est  inhabile  à 
jamais  l'estre,  du  cange,  auris.  Et  se  délibéra  de 
leur  courre  sus,  comm.  i,  2.  Sedelibera  [le  roy]  de  se 

venir  mettre  dedans  Paris,  id.  t'ft Que  ung  chas- 

cun  se  deliberast  de  bien  faire,  car  il  délibérait  de 
tempter  la  fortune,  id.  i,  3.  Touteffois  délibéra  le 
duc  l'assault,  mais  nul  ne  se  trouva  de  ceste  oppi- 
nion  que  luy,  id.  m,  10-  Et  se  delib.ra  n'en  bou- 
ger, m.  I,  9.  Il  XVI"  s.  Lors  Pantagruel  délibéra  vi- 
siter la  grande  université  de  Paris,  bab.  Panl.  ii,  7. 
D'avant  que  marcher  oultre  ilseruyl  bon  délibérer  de 
ce  que  est  à  faire,  ID.  ib.  n,  24.  11  délibéra  de  sous- 
tenir  ce  pas,  et  faire  acheter  aux  ennemis....  mont. 
I,  243.  Le  roy  les  ayant  leues,  et  dict  qu'il  en  deli- 
bereroit,  id.  m,  lo3.  La  pluspart  de  la  noblesse, 
ayant  entendu  l'exécution  da  Vassy,  se  délibéra  do 

I.  --  lau 


1034  DEL 

venir  pr»«  Pin»,  WIIOOI,  M7.  Encores  que  l'homme 
penieetclelilwre,  c"e»l  k  Dieu  de  donner  accomplis- 
temenik  l'cnure  qu'il  entreprend,  id.  54».  11  leur 
donna  terme  pour  en  délibérer,  el  s'en  re»ouldro, 
retpaca  de  ironie  jours,  amvot,  Cor.  47. 

—  ETYM  Pro»enç.  Cl  espagn.  deliberar;  liai,  de- 
UbtTart;Aii  laiin  del.bnare.qne  les  élymologisle» 
laUn»  tirent  de  de,  et  librare,  peser. 

f  »,  DCLlBf.ltKR  (dé  li-l)é-ré),  V.  a.  Terme  de 
manéKB.  Délibérer  un  cheval,  le  ilélerminer  aux 
allures  qu'il  »  de  la  |icine  à  prendre. 

—  eTYM.  Dé....  préliie,  el  (ib^rer,  mettre  en  li- 
berté, dégager. 

DÉLICAT,  ATE  (dé-li-ka,  ka-t"),  adj.  ||  1*  0"!  a 
une  mollesse  comparée  à  quelque  chose  de  liquéfié, 
fondu,  el,  de  là,  facile  à  endommager,  à  altérer, 
tendre,  frCle,  faible,  en  parlant  des  choses.  Peau, 
couleurdélicate.  Teint  délicat.  Mains  délicates.  Tem- 
l>irameiit  délicaU  Ces  plantes  sont  irés-délicates. 
Ce  furent  de  beau»  lis  qui....  De«ant  que  d'un  hi- 
Ter  la  tempête  el  l'orage  k  leur  teint  délicat  pua- 
ient faire  dommage.  S'en  allèrent  fleurir  au  prin- 
temps éleniel.MALii.  i,  4.  Celte  santé  est  toujours 
bien  délicate,  sév.  440.  Le  roi,  me  trouvant  petit 
et  l'air  délicat,  dit  &  mon  pfcre  que  j'étais  encore 
bien  jeune  (pour  servir],  sT-sm.  i,  22.  On  ne  peut 
retenir  ses  larmes  quand  on  lui  voit  épancher 
son  ctrur  sur  de  vieilles  femmes  qu'elle  iiourris- 
uit;  des  yeuj  si  délicats  lirent  leurs  délices  de 
ces  visages  ridés,  de  ces  membres  courbés  sous  les 
ans,  Boss.  Anne  de  Ooni.  La  foi  est  une  vertu 
pre^iue  aussi  délicate  que  la  pudeur;  un  souffle, 
pour  ainsi  dire,  la  ternit,  Mis».  Car.  VMti  delà 
rel.  Il  Avoir  le  sommeil  dùlicat,  s'éveiller  au  moindre 
bruit.  Il  Kn  parlant  des  personnes,  qui  n'est  pas  ro- 
buste. Cet  enfant  est  délicat;  il  a  besoin  de  soins. 
Il  i'  Par  une  autre  e«tension  du  sens  de  liquéfié 
(la  liquéfaction  diminuant,  atténuant),  ténu,  dif- 
flcile  A  apercevoir.  Qu'il  s'étonne  de  te  que  ce  vaste 
tour  lilécril  par  le  soleil]  n'est  lui-même  qu'un  point 
trtiS'délical  à  l'égard  de  celui  que  les  astres  qui 
roulent  dans  le  firmament  embrassent,  pasc.  l'en- 
iéet.  1 ,  4.  Il  Kig.  Subtil,  difficile  à  apprécier.  La  dif- 
férence est  lelleineiit  délicate,  qu'elle  peut  échapper 
jl  bien  des  esprits.  113'  Fin,  travaillé  avec  un  soin 
minutieux.  Trait  délicat.  Dentelle  délicate.  Ouvrage 
délicat.  Il  Fig.  La  pièce  est  délicate  et  ceux  qui 
l'ont  lissue  X  de  si  longs  détours  font  une  digne 
Issue,  CORN.  Nie.  Il,  s.  ||  4* Léger,  élégant.  Art,  pin- 
ceau délicat.  Œuvre  délicate.  Travail  délicat.  Ce 
sculpteur  a  le  ciseau  délicat.  D'un  pinceau  délicat 
l'artifice  a!;réablo  Du  plus  affreux  objet  fait  un  ob- 
jet aimable,  doil.  Xr(  }i.  111.116°  Difficile,  embar- 
rassant. Cette  explication  est  a.ssez  délicate,  maiii. 
Soliman,  m,  t.  Hais,  seigneur,  la  matière  est 
un  peu  délicate,  corn.  Œdipe,  ii,  i.  Ce  sera  un 
pas  assez  délicat,  iioss.  Leil.  quiét.  421.  Je  crois 
pouvoir  dire  d'un  poste  éminent  et  délicat,  qu'on 
y  monte  plus  aisément  qu'on  ne  s'y  conserve,  la 
VKVt.  viii.  Les  affaires  politiques  sont  souvent  si  I 
obscures,  si  délicates  que  les  personnes  les  plus  ' 
éclairées  d'ailleurs  ne  sont  p.is  toujours  capables 
d'examiner  si  les  mesures  qu'on  prend  sont  justes, 
nécessaires  ou  non,  fém.  t.  xxii,  p.  37'i.  Quecetto  si- 
tuation est  délicate  i  uass.  Panifg.  St  T/iom.  Le  dis- 
cernement en  devient  si  délicat  qu'il  est  presque 
Impossible  de  ne  pas  s'y  méprendre,  m.  Car.  liesp. 
hum.  Dans  celte  conjoncture  délicate,  Timoléon  de- 
mande une  conférence  avec  les  amb.i5sadeurs  et  les 
principaux  officiers  de  l'escadre  carthaginoise,  rol- 
LiN,  llitt.  anc.  Of'.urm,  t.  tv,  p.  sis,  dans  pou- 
OMS.  C'est  une  chose  très-délicate  de  bien  poser  le 
point  auquel  les  lois  de  la  nature  s'arrêtent,  hon- 
Tiso.  Etpr,  XXVI,  14.  La  chose  est  possible,  mais 
dèlicala,  volt.  Voyage  de  la  raiton.  ||  6*  Finement 
•eoti,  exprimé  d'une  manière  ingénieuse  et  élé- 
gante. Expression  délicate.  Tour  délicat.  Ni  la  sur- 
pris*, ni  l'intérêt,  ni  la  vanné,  ni  l'appât  d'une 
flatterie  délicate  ou  d'une  douce  conversation  n'é- 
tait capable  de  lui  faire  découvrir  son  secret,  boss. 
Duchexie  d'Orl.  Tu  souffres  la  louange  adroite,  dé- 
licate, BoiL.  Ép.  IX.  Il  n'appartient  qu'aux  person- 
nes inlelligi^ntes  et  éclairées  de  pénétrer  tout  le  sens 
«l'une  pensée  délicate,  aoiim,  Traité  det  Et.  m,  3. 
Il  Oui  sent  et  apprécia  finement.  Goût,  espnt  déli- 
cat. Un  connaisseur  délicat.  Le  roi  est  Irés-conteut 
0«  votre  belle  lettre;  il  est  délicat  en  fait  de  style, 
•t  le  vôtre  l'a  satisfait,  «AiiiTENON,  Utt.  au  ducdc 
noailla,  I"  mars  I7ii.  ||  f  Ombrageux,  suscepti- 
ble. Il  «st  délicat  «t  facile  à  piquer.  C'est  une  volonté 
hautain*  et  impérieus*,  jalouse  de  ses  prétendus 
droiu,  et  délicate  sur  tout  ce  qui  les  blesse,  boiHD. 
Fmséu,  t.  Il,  p.  4U.  u.  de  Turenn*  délicat  sur  ce» 


DÉL 

matières,  hahilt.  Gramm.  6.  Elle  était  fine  et  dé-  I 
licalo  sur  le  mépris,  lo.  ib.  8.  Hélas I  nous  sommes 
si  délicats  sur  la  fidélité  de  nos  amisl  Le  moindre  I 
refroidissement  nous  blesse;  le  plus  léger  défaut 
d'attention  nous  aigrit,  mass.  Car.  Passion.  Vous 
nous  direz  qu'on  en  voit  [des  gens  de  bien)  tous  les 
jours  qui  sont  plus  délicats  sur  les  injures,  plus 
fiers  dans  l'élévation....  id.  «6.  In)-usl.  du  monde.  Le 
mimde  qui  condamne  si  fort  l'ambition  dans  les 
gensde  bien,  qui  les  accuse  si  facib'ment  d'être  plus 
vifs  sur  leurs  intérêts,  plus  délicats,  plus  pointil- 
leux, 10.  Panég.  Si  Jean  Baptiste.  ||  En  pariant  des 
choses,  qui  excitfi  lasuscejitibilité.  C'est  sur  ce  point 
qu'il  est  chatouilleux,  voilà  l'endroit  délicat,  boss. 
I,  v4nrionc.  i.  De  semblables  erreurs,  quelque  jour 
qu'on  leur  donne,  Touchent  les  endroits  délicats;  Et 
la  raison  bien  souvent  les  pardonne.  Que  l'honneur 
et  l'amour  ne  les  pardonnent  pas,  mol.  Amphitr. 
m,  ».  Il  8°  Scrupuleux  en  fait  de  probité,  de  bien- 
séance. Il  a  une  conscience  très-délicate.  Un  amant 
délicat.  Agésilas  était  peu  délicat  sur  les  devoirs  de 
la  justice,  quand  il  s'agissait  de  servir  ses  amis, 
BOLLiN,  llist.  anc.  OEurres,  t.  v,  p.  373,  dans  pou- 
gens.  Preuve  que  les  dames  de  Sparte  n'étaient  pas 
fort  délicate?  sur  le  point  de  la  chasteté  conjugale, 
m.  ib.  t.  VII,  p.  4(6,  danspouGENS.  {]  En  parlant  des 
choses,  conforme  à  la  probité,  aux  bienséances. 
Avoir  des  sentiments  délicats.  Ce  procédé  me  sem- 
ble peu  délicat.  ||  9°  Difficile  à  contenter.  Vous  êtes 
bien  délicat.  11  ne  faut  pis  être  si  délicat.  ||  Fig. 
Délicat  et  blond,  se  dit  d'un  homme  qui  fait  le  diffi- 
cile plus  que  de  raison,  et  qui  affecte  une  mollesse 
de  tempérament  que  l'on  attribue  souvent  aux 
blonds.  Il  Oui  a  le  goût,  le  palais  sen.>iMe  aux  plus  lé- 
gères différences.  Un  homme  peut  être  délicat,  sans 
être  difficile.  Il  est  délicat  dans  son  boire  et  dans 
son  manger,  d'ablanc.  i4rrien,  dans  hichelet.  Son 
liôte  était  assez  délicat  sur  la  bonne  chère,  hamilt. 
Gramm.  4.  ||  Il  se  dit  aussi  du  sens  de  l'ouïe.  Avoir 
l'oreille  délicate.  ||  En  parlant  des  choses,  qui  flatte 
un  goût  délicat.  Mets  déhcals.  Vin  délicat.  Un  souper 
délicat.  Une  crème  d'ananas  est  un  manger  délicat, 
bien  que  telle  ou  telle  personne  puisse  ne  pas  aimer 
le  goût  de  l'ananas.  ||  10°  Moralement,  qui  a  le  goût 
sensible  aux  choses  élevées,  fines,  touchantes.  Je 
suis  fort  délicate  en  amitié,  sév.  3.  Des  hommes  ont 
été  assez  peu  délicats  pour  mettre  en  commun  leurs 
voluptés,  chateaub.  Cenie,  iv,  3,  3.  ||  En  parlant  des 
choses,  qui  est  apprécié  par  les  personnes  déli- 
cates. N'aimer  que  les  plaisirs  délicats.  Ne  rechercher 
que  les  jouissances  délicates.  On  attend  quelquefois 
un  livre  plusieurs  jours  avant  l'impression  pour  le 
décrier;  et  le  plaisir  le  plus  délicat  que  l'on  en  tire 
vient  de  la  critique  qu'on  en  fait,  la  bbuy.  xv.  Peu 
jaloux  [St  Thomas  d'Aquin]  de  la  gloire  de  l'inven- 
tion, gloire  si  délicate  pour  ceux  qui  se  piquent  de 
science,  mass.  Panég.  St  Thom.  Introduits  [les  sa- 
vants] depuis  longtemps  par  un  privilège  délicat 
dans  le  sanctuaire  de  la  vérité,  id.  «6.  ||  ll'Substan- 
tivement,  celui,  celle  qui  a  de  la  délicatesse,  qui 
est  difficile.  Faire  le  délicat,  la  délicate.  Va  chez 
ces  délicats  qui  n'ont  soin  que  d'unir  Le  choix  des 
voluptés  aux  moyens  d'y  fournir  ;  Si  tu  crois  y  trou- 
ver des  roses  sans  épines.  Tu  n'y  trouveras  pointée 
que  lu  t'imagines,  corn.  Imit.  m,  (2.  Les  délicats 
sont  malheureux;  Rien  ne  saurait  les  satisfaire,  la 
FONT.  Fabl.  Il,  1.  Il  Celui  qui  sent,  juge  finement. 
Maint  défaut  échappe  au  vulgaire.  Qu'apercevront 
les  délicats,  LAMOTTK,  Fab.  iv,  fl. 

—  SYN.  DÉLICAT,  DÉLIÉ.  Ces  deux  mots,  comme 
on  peut  voir  à  l'étymologie,  sont  identii|ues;  mais 
quand  l'usage  refit  délicat  sur  delicatus,  il  n'en  re- 
connut pas  l'identité  avec  délié,  et  il  établit  des 
nuances.  Au  propre,  délicat  et  délié  indiquent  ce 
qui  est  ténu,  mais  avec  cette  distinction  que  délicat 
implique  une  qualité,  un  art,  un  charme;  on  dira 
que  les  lïls  de  la  toile  d'araignée  sont  déliés  si  on  a 
égard  seulement  à  leur  ténuité,  el  délicats,  si  on 
prend  en  considération  l'art  avec  lequel  ils  sont  for- 
més. La  nuance  est  la  môme  au  figuré  :  un  esprit 
délié  est  un  esprit  propre  aux  affaires  épineuses; 
un  esprit  délicat  est  un  esprit  propre  aux  affaires  de 
goût,  d'art,  de  conscience. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Israël  lors  estoil  nommé  le  fils  dé- 
licat [chéri]  de  Dieu  :  tous  les  autres  estoyent  tenus 
pour  estrangiers,  calv.  Instit.  349.  Qu'on  le  rende 
délicat  au  choix  et  triage  de  ses  raisons,  mont,  i, 
<«7.  Cximme  un  traict  d'une  poincte  très  délicate 
[déliéel,  lo.  i,  t7l.  Une  beauté  affettée,  délicate, 
artificielle,  id.  i,  (77.  Lesrichesdescriplions  del'un, 
les  délicates  inventions  de  l'autre,  id.  i,  (»o.  On 
peull  vooir  par  là  si  cette  recherche  de  la  vérité  est 
délicat*  [difficile;,  id.  a,  (i2.  11  ssioit  fort  délicat 


DEL 

et  de  petite  complexion,  au  moyen  de  quoy  sa  meic 
ne  vouloit  pas  qu'il  travaiUast  beaucoup  à  l'estude, 
AMVOT,  Démosth.  7.  Superflu  en  festoyemens,  déli- 
cat en  son  vivre,  et  dissolu  en  toutes  manières  de 
voluptez  et  de  délices,  id.  Démétr.  3.  Il  avoit  les 
oreilles  si  délicates  qu'elles  ne  pouvoient  patiemment 
ouïr  rien  que  flatteries,  id.  Dion,  lt.  Le  prince  de 
Genevois,  qui,  ne  trouvant  pas  l'air  de  la  Kochelle 
assez  délicat,  se  mignardoit  aux  champs,  d'albio. 
llist.  II,  294.  Il  fut  si  paletic,  qu'il  rendit  comme 
en  exta.se  les  plus  delicatsde  ses  auditeurs,  id.  ib.  u, 
337.  Ces  délicats  ne  sont  capables  de  l'un  ny  de  l'au- 
tre, foibles  en  tous  les  deux,  charbon.  Sagesse, 
Préf.  de  la  2*  édit.  La  compagnie  d'un  homme  dé- 
licat amollit  peu  à  peu  ceux  qui  vivent  avec  luy,  id. 
ib.  II,    t. 

—  ÉTYM.  Provenç.  etcatal.  délicat;  espagn.  deli- 
cado  ;  ital.  delicalo;  du  latin  delicatus,  ancienne 
orthographe  pour  deliquatus,  de  deliquare,  propre- 
ment rendre  liquide,  fondre,  fignréraerit  expliquer 
(de  de,  etliquare,  rendre  liquide,  voy.  liql'Ei:r:; 
d'ûû  il  suit  que  !e  sens  propre  de  dciicafusest  propre- 
ment fondu,  mon;  par  conséquent  le  premier  sens 
rie  délicat  est  celui  de  tendre,  faible.  On  trouve 
dans  le  xiV  et  le  xv  siècle  delicatif  :  Il  est  mol  et 
delicatif,  ORESME,  Elh..  209  ;  Vins  et  viandes  plus 
sains  que  delicatifs,  christ,  de  pisan,  Charles  V, 
I,  30.  Au  reste  délicat  a  été  refait,  au  xvi°  siècle, 
sur  le  latin;  la  forme  d'origine  était  délié,  et,  plus 
souvent,  delqié,  dougié,  etc.  (voy.  délié  t). 

DÉLICATE,  f.E  (dé-li-ka-tô,  tée),  part,  passé. 
Un  enfant  trop  délicate. 

DÉLICATE.VIENT  (dé-li-ka-te-man),  adv.  \\  1*  Mol- 
lement. N'élevez  pas  les  enfants  trop  délicatement. 
Il  2°  D'une  manière  douce,  légère.  Touchez  la  plaie 
délicatement.  Il  Par  extension.  Apprécier,  agirdé- 
licatement.En  fait  d'amour,  on  fait  très-délicatement 
des  choses  fort  grossières ,  Marivaux,  Uarianne, 
i"  part.  Il  3°  Avec  délicatesse,  d'une  façon  éléganie 
et  fine.  Cela  est  délicatement  travaillé.  Exprimer 
une  pensée  délicatement.  Il  y  a  deux  choses  qui 
font  la  bonté  de  son  roman  [d'Honoré  d'Urfé],  la 
disposition  qui  est  régulière,  et  les  passions  tendres 
el  amoureuses  qu'il  avait  ressenties  lui-même,  qui 
3ont  touchées  très-délicateraent,  segrais,  Mémoi- 
res, t.  II,  p.  22.  U  faut  exprimer  le  vrai  pour  écrire 
naturellement,  fortement,  délicatement,  la  bruy. 
I.  Je  touche  délicatement  à  des  matières  délicates, 
d'alemb.  Lett.  à  Volt.  3  mars  i705.  ||  4°  D'une  façon 
délicate,  agréable  au  goût.  On  y  mangeait  délica- 
tement, hamilt.  Gramm.  6. 

—  HIST.  xvr  s.  Un  jeune  homme  trop  délicatement 
vestu,  CALV.  /ns(i(.  3oB.  Il  fait  gloire  que  sa  maison 
soit  richement  meublée  et  délicatement  servie,  AMÏOT, 
Dion,  13.  Ces  pièces,  délicatement  et  doctement  trai- 
tées, ont  dessillé  les  yeux  à  plusieurs  François,  d'aub. 
Hist.  m,  287. 

—  ÊTYM.  Délicate,  et  le  suffixe  men(;  provenç. 
delicadamens  ;  calai,  dfhcadamenl;  espagn.  delica- 
damente  ;  ital.  delicatamente. 

DÉLICATER  (dé-li-ka-té),  i\  o.  ||  1°  Traiter  avec 
délicatesse,  accouiumer  à  la  mollesse.  Il  ne  faut  pas 
délicater  les  enfants.  ||  2°  V.  réft.  Se  délicater,  se 
laisser  aller  à  la  mollesse. 

—  HIST.  xvi'  s.  Elles  sont  si  molles  et  tant  sou- 
cieuses de  se  délicater. et  se  plaire  seules  en  elles 
mesmes,  brant.  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ËTYM.  Délicat. 

DÉLIC.4TESSE  (dé-li-ka-tè-s'),  s.  f.  ||  1°  Qualité 
de  ce  qui  est  délicat,  faiblesse,  débilité.  La  délica- 
tesse lie  cet  enfant.  La  délicatesse  des  plantes  qui 
viennent  d'un  climat  plus  chaud  que  le  nôtre.  Sa 
santé  est  d'une  délicatesse  étrange,  sév.  387.  Vous 
avez  enfin  porté  votre  délicatesse  à  Marseille,  et 
M.  de  Grignan  l'a  voulu,  id.  4I4.  La  délicatesse  de 
son  corps  [de  Ste  Agnès],  à  peine  propre  à  recevoir 
lies  plaies,  est  déjà  capable  de  les  mépriser,  mass. 
Panég.  Ste  Agnès.  \\  2°  Qualité  de  ce  qui  est  déli- 
cat, fin,  ténu.  La  délicatesse  de  la  peau.  La  délica- 
tesse des  fils  que  l'araignée  produit.  ||  3°  Légèreté, 
élégance.  Travail  remarquable  par  la  délicatesse  de 
l'exécution.  Son  nez  n'était  pas  de  la  dernière  dé- 
licatesse, hamilt.  Gramm.  ».  Elle  croit  voir  dans  la 
douceur  de  ces  regards  et  de  ce  visage  la  douceur 
d'une  humeur  paisible;  dans  la  délicatess»  de  ces 
traits  la  délicatesse  de  l'esprit,  boss.  la  Valtière. 
Un  comptait  cent  quarante  mille  boucliers ,  au- 
tant de  casques  et  d'épées,  plus  de  quatorze  mille 
cuirasses  travaillées  avec  tout  l'art  et  toute  la  déli- 
catesse possible,  ROLLiN,  llist.  anc.  Œuvres,  i.  v, 
p.  <(i7,  dans  pouGEKS.  |j  Terme  de  peinture  et  d* 
sculpture.  Exécution  légère  et  soignée.  |j  4°  La  qua- 
lité de  ce  qui  plaît  au  goût.  La  délicatesse  du  vin, 


T)ÉL 

do»  mets.  La  délicatesse  de  la  table.  ||  6*  Recherche, 
dans  la  vie  et  le  régime,  de  ce  qui  est  agréable  au 
corps  et  n'est  pas,  non  plus,  absolument  commun. 
0ever  un  enfant  avec  trop  de  délicatesse.  La  dé- 
licatesse des  Orienlaui.  C'est  la  vraie  grâce  de 
l'aumône,  en  soulageant  les  besoins  des  pauvres, 
de  diminuer  en  nous  d'autres  besoins ,  c'est-à- 
dire  ces  besoins  honteux  qu'y  fait  la  délicatesse, 
comme  si  la  nature  n'était  pas  assez  accablée  de 
nécessités,  eoss.  Anne  de  Gonx.  Chacun,  ido- 
lâtre de  sa  santé ,  ne  veut  avoir  égard  qu'à  sa 
délicatesse  ou,  pour  mieux  dire,  qu'à  sa  mollesse, 
BOUBDAL.  Pun/ii;.  de  la  Vierge,  Slyst.  Un  Dieu  dans 
cet  état  est  un  reproche  sensible  de  ses  délica- 
tesses [de  l'âme],  de  son  amour-pro|)re,  du  soin 
qu'elle  p-endde  son  corps,  id.  Dim.  de  la  Quinqua- 
gés.  Dominic.  La  délicatesse  est  tout  à  fait  digne  des 
hommes;  elle  n'est  produite  que  par  les  bonnes  qua- 
lités de  l'esprit  et  du  cœur;  on  se  sait  bon  gré  d'en 
avoir;  on  tâche  à  en  acquérir  quand  on  n'en  a  pas, 
FONTEN.  Dial.  des  morts,,  tlUon  et  Smyndiride. 
Il  6°  Au  plur.  Choses  délicates.  Il  ne  lui  faudra  ni 
table  bien  servie,  ni  consommés  exquis,  ni  orges 
mondés  perpétuels,  ni  les  autres  délicates.ses  qu'il 
faudrait  pour  une  autre  femme,  mol.  l'Àv.  ii,  6. 
Philippe,  déjà  vieux,  raffine  sur  la  propreté  et  sur 
la  mollesse  ;  il  passe  aux  petites  délicatesses,  la  bruy. 
XI.  Us  [lesjésuites  missionnaires]  ont  ajouté  des  dé- 
licatesses à  nos  tables  et  des  ombrages  à  nos  bois, 
CHATEAUB.  Génie,  iv,  iv,  <.  ||  7°  Finesse  et  élégance 
dans  le  sentiment  littéraire  et  l'expression.  La  déli- 
catesse d'une  pensée,  du  langage.  La  délicatesse  et 
la  pureté  du  goût  attique.  Ce  long  raisonnement, 
dans  sa  délicatesse,  X  vos  tendres  respects  mêle 
beaucoup  d'adresse,  corn.  Othon,  m,  3.  Est-ce  une 
marque  de  supposition  ou  de  nouveauté  que  la  lan- 
gue de  l'Ecriture  soit  si  ancienne  qu'on  en  ait  perdu 
les  délicatesses"?  Boss.  Hisl.  ii,  (3.  M.  le  maréchal 
de  Tessé  m'écrit  une  lettre  de  trois  pages,  pleine 
d'esprit,  de  sentiment,  de  délicatesse,  mainte.non. 
Lettre  à  Mme  de  Caylus,  21  juillet  )7(6.  Jamais  l'ex- 
térieur n'annonça 'moins  de  délicatesse;  il  en  avait 
pourtant  dans  la  pensée  et  dans  l'expression,  m'ar- 
MONTEL,  Mém.  VI.  il'égard  de  l'esprit,  ce  sera  toute 
la  force  de  celui  des  hommes  mêlée  avec  toute  la  dé- 
l'.c.^'esse  de  celui  des  femmes,  mahivaux,  Marianne, 
i'  part.  Ce  texte  a  des  délicatesses  bien  difficiles  à 
rendre,  et  notre  maudit  patois  me  fait  donner  au 
diable,  p.  l.  cour.  Lett.  I,  219.  ||  Délicatesse  de 
style,  variété  de  l'élégance,  qui  consiste  à  saisir  et 
à  exprimer  par  des  termes  bien  choisis  les  nuances 
qui  distinguent  les  idées.  ||  8°  Finesse  et  pureté 
dans  la  manière  de  sentir.  C'est  un  paradoxe  qu'un 
violent  amour  sans  délicatesse,  la  bruy.  iv.  Mais 
que  dis-je?  où  m'emporte  une  aveugle  tendresse? 
Lâche  amant,  est-ce  là  cette  délicatesse  Dont 
s'enorgueillit  ton  amour?  j.  ;.  bol'SS.  Cantate  de 
Céphale.  Dites-moi  d'où  cela  venait;  où  est-ce  que 
j'avais  pris  mes  délicatesses?  mahivaux,  Marianne, 
i"  part.  Ce  n'est  pas  de  l'amour  que  je  veux;  vous 
le  savez  bien;  mais  l'amitié  n'a-t-elle  pas  ses  sen- 
timents, ses  délicatesses?  id.  Surprises  de  l'amour, 
n,  9.  Il  9°  Sensibilité,  aptitude  à  juger  finement. 
Délicatesse  de  goût,  de  tact.  L'un  n'avait  en  l'esprit 
nulle  délicatesse,  la  font.  Fabl.  vu,  5.  ||  10°  Qualité 
de  celui  que  la  finesse  de  son  goût,  au  propre  et  au 
figuré,  rend  difficile.  J'ai  une  furieuse  délicatesse 
pour  tout  ce  que  je  porte,  mol.  Précieuses,  lo.  La 
délicatesse  est  trop  grande  de  ne  pouvoir  souffrir 
que  des  gens  triés,  iD.  Critique,  4.  La  bonne  façon 
d'en  juger  [des  pièces  de  théâtre] ,  qui  est  de  se  lais- 
ser prendre  aux  choses  et  de  n'avoir  ni  prévention 
aveugle  ni  complaisance  affectée  ni  délicatesse  ridi- 
cule, id.  ib.  6.  Quelques  femmes  de  la  ville  ont  la 
délicatesse  de  ne  pas  savoir  ou  de  n'oser  dire  le  nom 
des  rues,  des  places  et  de  quelques  endroits  publics 
qu'elles  ne  croient  pas  assez  nobles  pour  être  con- 
nus, la  bkuy.  v.  La  fausse  délicatesse  dans  les  ac- 
tions libres,  dans  les  mœurs  ou  dans  la  conduite, 
n'est  pas  ainsi  nommée  parce  qu'elle  est  feinte,  mais 
parce  qu'en  effet  elle  s'exerce  sur  des  choses  et  en 
des  occasions  qui  n'en  méritent  point;  la  fausse  dé- 
licatesse de  goût  et  de  complexion  n'est  telle  au  con- 
traire que  parce  qu'elle  est  feinte  et  affectée;  c'est 
Emilie  qui  crie  de  toute  sa  force  sur  un  petit  péril 
qui  ne  lui  fait  pas  de  peur,  id.  xi.  ||  11°  Ménagement, 
circonspection.  Cette  affaire  veut  être  traitée  avec 
beaucoup  de  délicatesse.  U  [Pyrrhus]  avait  joint  la 
délicatesse  des  négociations  à  la  science  de  la  guerre, 
ST-ÊVREMOND,  11,  34.  ||  12°  Susceptibilité,  facilité  à 
regarder  comme  blessantes  les  choses  qui  ne  le  sont 
pas  ou  ne  le  sont  guère.  Je  ne  vois  rien  de  si  ridi- 
cule que  cette  délicatesse  d'honneur  qui  prend  tout 


DEL 

en  mauvaise  part,  mol.  Critique,  3.  Il  faut  res- 
pecter les  rois  et  ménager  leur  délicatesse,  fén.  Tél. 
XII.  Idoménée,  revenu  de  sa  première  promptitude, 
parut  lionteux  de  sa  délicatesse,  id.  ib.  U  aurait 
pu  ménager  davantage  la  délicatesse  des  docteurs, 
MASS.  Panég.  St  Etienne.  Je  sais  quelle  est  la  déli- 
catesse des  grands,  et  les  foudres  qui  partent  de  ces 
montagnes  d'orgueil  du  moment  qu'on  les  touche, 
ID.  ib.  St  Franc.  dcPaule.  File  [une  femmedu  monde] 
a  sur  sa  beauté  des  délicatesses  ridicules,  id.  Myst. 
Visitation.  Toute  la  délicatesse  sur  le  rang  et  sur  la 
gloire  qui  peut  compatir  avec  une  modération  que 
le  monde  lui-même  demande,  on  s'en  fait  un  mé- 
rite, id.  Car.  Tiéd.  2.  Cette  délicatesse  qui  vous 
rend  si  facile  à  être  blessé  est  une  véritable  imper- 
fection, FÉN.  Dial.  des  mnrls  anc.  il.  Cette  délica- 
tesse importune,  étrangère.  Dément  votre  fortune 
et  votre  caractère,  volt.  Orph.  m,  4.  ||  Être  en  dé- 
licatesse avec  quelqu'un,  avoir  avec  lui  quelque 
sujet  de  susceptibilité.  Celte  expression  ne  s'em- 
ploie que  dans  lo  style  léger  et  familier  :  Nous  ne 
sommes  pas  brouillés,  nous  sommes  en  délicatesse, 
c'est-à-dire  chacun  de  nous  craint  de  manquei;  à  sa 
propre  dignité  en  faisant  des  avances  à  l'autre. 
Il  13°  Scrupules  sur  ce  qui  touche  à  la  morale,  à  la 
conscience,  aux  bienséances,  à  la  pureté  des  senti- 
ments. Sire,  dit  le  renard,  vous  êtes  trop  bon  roi. 
Vos  scrupules  font  voir  trop  de  délicatesse,  la  font. 
Fabl.  vn,  (.  Toujours  alarmée  par  ces  délicatesses 
de  la  grâce,  qui  la  font  trembler  sur  chaque  action, 
MASS.  Car.  Tiéd.  t.  Vous  aviez  reçu  en  naissant 
une  délicatesse  si  noble  sur  la  gloire,  id.  ib.  Enf. 
prod.  Il  Délicatesse  de  conscience,  état  d'une  con- 
science qui  répugne  aux  moindres  transgressions. 
Il  mène  une  vie  scandaleuse  et  publique;  le  roi 
en  souffre,  par  amitié  pour  lui,  par  aversion  pour 
le  désordre  et  par  délicatesse  de  conscience,  main- 
tenon,  ie((re  ou  duc  de  Noailles,^!  sept.  ("oo. 
Ce  qui  paraît  de  si  violent  dans  ses  discours  n'est 
que  la  délicatesse  d'une  conscience  qui  se  redoute 
elle-même,  ou  l'excès  d'un  amour  [pour  Dieu]  qui 
craint  de  déplaire,  BOSS.  Anne  de  Conz.  ||  Délicatesse 
d'honneur,  soin  avec  lequel  un  homme,  une  femme 
veille  sur  son  honneur.  L'inquiétude  que  vous  donne 
cette  maudite  affaire  du  surintendant  [lettres  de 
femmes  trouvées  dans  la  cassette  de  Fouquet]  est  la 
marque  de  la  délicatesse  de  votre  honneur,  chape- 
lain. Lettre  à  Mme  de  Sévigné,  dans  feuillet  de 
CONÇUES,  Variétés  d'histoire  et  d'art.  ||  Se  dit  dans 
le  môme  sens  en  parlant  des  choses,  des  procédés, 
des  sentiments,  etc.  Le  cœur  ainsi  blessé  [par  l'ange 
des  saintes  amours]  connaît  toutes  les  délicatesses 
des  sentiments,  chateaub.  Mart.  40t. 

—  HlST.  xvi"  s.  Ostez  luy  toute  mollesse  et  déli- 
catesse au  vestir  et  au  coucher,  mont,  i,  t83.  La 
saveur  et  délicatesse  de  ces  fruicts,  id.  i,  234.  Pi- 
brac,  merveilleux  en  délicatesse  de  langage,  d'aub. 
Hist.  II,  337.  D'ailleurs  je  me  plains  d'eux  et  leur 
reproche  cette  foiblesse  populaire  et  délicatesse  fé- 
minine, comme  indigne  et  trop  tendre  pour  enten- 
dre chose  qui  vaille,  et  du  tout  incapable  de  sagesse, 
CHARRON,  Sage.ise,  Préf.  de  la  2«  édit. 

—  ÊTYM.  Délicat.  Oresmea  dit,  Eth.  209:  Délice 
ou  delicativeté  est  une  mollesse. 

DÉLICE  (dé-li-s').  Au  singulier  ce  mot  est  mas- 
culin, au  pluriel  il  est  féminin,  étant  de  ces  noms 
qu'on  nomme  hétéroclites  et  qui  changent  de  genre 
en  changeant  de  nombre.  ||  1°  S.  m.  sing.  C'est  un 
grand  délice  que  de  boire  frais,  Acad.  Observ.sur 
Vaugelas,  p.  272,  dans  pougens.  Quel  délice  d'être 
avec  des  gens  d'une  société  agréable!  16.  Je  vous  re- 
trouveenfin,  ôbonheurl  ô  délice!  rotr.  Bélis.  11,  6. 
11  disait  que  chaque  nouvel  objet  était  un  délice 
nouveau,  buffon.  De  la  vue.  ||  2°  S.  f.  plur.  Plaisir 
qui  ravit,  transporte.  Si  quelqu'un,  d'aventure,  en 
délices  abonde,  malh.  i,  4.  Il  était  sous  Néron  de 
toutes  ses  délices  [parties  de  plaisir] ,  corn.  Otiion, 
II,  4.  Affranchis-le  [mon  cœur]  de  tous  ses  vices.  Dé- 
racine ses  passions.  Efface  les  impressions  Qu'y  for- 
ment les  molles  délices,  'id.  Imit.  m,  6.  Les  délices 
du  soir  font  un  triste  matin,  id.  ib.  i,  20.  Qu'ils  aient 
moins  d'aversion  pour  l'austérité  de  la  mortification 
des  sens  qu'ils  ne  trouvent  de  charmes  dans  l'usage 
des  délices  vicieuses  du  péché ,  pasc.  Comp.  des 
chrét.  U  n'y  a  rien  de  plus  pernicieux  à  l'homme  ni 
de  plus  dangereux  pour  le  salut  de  son  âme,  que  ce 
qui  sert  aux  délices  du  corps,  bocrd.  6°  Dim.  après 
la  Pentec.  Domin.  Vous  qui  goûtez  ici  des  délices 
si  pures,  rac.  Esth.  Prol.  Ensuite,  entrant  dans  la 
ville,  il  remarqua  qu'il  y  avait  beaucoup  moins  d'ar- 
tisans pour  les  délices  de  la  vie  et  beaucoup  moins 
de  magnificence  ,  fén.  Tél.  xxii.  Vous  qui  vivez 
dans  les  délices,  mass.  Car.  Ricite.  Il  [Milton]  trans- 


DÉL 


1035 


porte  le  lecteur  dans  le  jardin  des  délices,  chateaub. 
Génie,  11,  11,  3.  ||  Les  délices  d'un  lieu,  d'un  pays, 
ce  qui  le  rend  plein  de  douceur  et  de  plaisir.  Je  con- 
nais aussi  bien  que  personne  les  délices  d'Espagne, 
VOIT.  I.ett.  35.  Il  Les  délices  de  Capoue,  quartiers 
d'hiver  délicieux  qu'Annibal  prit  à  Capoue  après  la 
victoire  de  Cannes,  et  qui  passent  pour  avoir  amolli 
son  armée.  Tout  cela  porte  assez  à  croire  que  Tite 
Live  exagère  les  pernicieui  effets  des  délices  de  Ca- 
poue, kollin,  Ilist.  anc.  Oliuvres,  t.  I,  p.  447,  dans 
pougens.  Il  Par  extension.  C'est  le  duc  de  Villeroi  qui 
est  le  général  de  cette  petite  armée;  ils  sont,  dans 
le  repos  et  les  délices  de  Capoue,  c'est  le  plus  beau 
pays  du  monde,  sÉv.  233.  ||  Fig.  Les  délices  de  Ca- 
poue, délices  où  l'on  s'oublie,  où  l'on  s'amollit. 
Il  Les  délices  de  Baies,  lieu  renommé  de  la  Campanie 
où  les  riches  Romains  allaient  chercher  le  repos. 
Voilà  devant  vous  le  temple  de  la  Sibylle  de  Cumes; 
nous  traversons  les  lieux  célébrés  sous  le  nom  des 
délices  de  Baies,  staël,  Corinne,  m,  3.  ||  3°  Char- 
mes. Craignez  que  de  sa  voix  les  trompeuses  déli- 
ces.... j.  b.  rouss.  Ode  s.  la  flatt.  ||  4°  Par  extension, 
vif  sentiment  de  l'âme  comparé  aux  délices  du  corp.s. 
Et  s'il  faut  affronter  les  plus  affreux  supplices,  Y 
trouver  des  appas,  en  faire  mes  délices,  corn.  Poly. 
i,  t.  J'en  fais  toute  ma  gloire  et  toutes  mes  délices, 
id.  Sertor.  m, 4.  La  reine, à  la  gêner  prenant  mille 
délices....  ID.  Rodog.  1,  6.  En  nous  formant,  nature 
a  ses  caprices;  Divers  penchants  en  nous  elle  fait 
observer;  Les  uns  à  s'exposer  trouvontmilledélices; 
Moi  j'en  trouve  à  me  conserver,  mol,  Amph.  n,  1. 
Seigneur,  que  ne  pouvons-nous  obtenir  de  votre 
bonté,  si,  comme  nos  prédécesseurs,  nous  faisons 
nos  chastes  délices  de  votre  Écriture?  doss.  le  Tell. 
Ceux  dont  la  chasteté  faisait  les  délices,  id.  Hist. 
H,  12.  Souffrir  et  mourir  pour  Jésus-Christ,  ce  sont 
leurs  plus  chères  délices,  bourd.  Myst.  Pentecôte. 
Votre  parole  est  devenue  la  joie  et  les  délices  de 
mon  cœur,  sacy,  liible,  Jérémie,  xv,  <e.  Cette  li- 
berté qui  fait  les  délices  de  la  cour,  mass.  Or.  fun. 
Conty.  La  différence  qu'il  y  a  des  troupes  françaises 
aux  vôtres  [en  Perse],  c'est  que  les  unes,  compo- 
sées d'esclaves  naturellement  lâches,  ne  surmontent 
la  crainte  de  la  mort  que  par  celle  du  châtiment;  au 
lieu  que  les  autres  se  présentent  aux  coups  avec  dé- 
lices et  bannissent  la  crainte  par  une  satisfaction  qui 
lui  est  supérieure,  montesq.  Lett.  pers.  89.  Conser- 
vons avec  soin,  augmentons  le  dépôt  de  ces  nobles 
connaissances,  les  délices  des  êtres  pensants,  la 
place,  Expos.  V,  6.  Il  Lieu  de  délices,  lieu  où  l'on 
se  plaît  infiniment.  Tout  cela  ne  me  console  pas  d'ê- 
tre loin  de  Noisy;  c'est  le  lieu  de  délices  pour  moi, 
maintenon,  Lett.  à  d'Aubigné,  3  oct.  (684.  ||  Faire 
les  délices,  être  les  délices  de  quelqu'un,  en  être 
singulièrement  chéri.  Moi  que  du  genre  humain  on 
nomme  les  délices,  corn.  Tite  et  Bérén.  11,  I.  Vous 
êtes  les  délices  de  mon  cœur  et  de  ma  vie,  sÉv.  B9. 
Ce  nom  devient  les  délices  des  Romains,  eoss.  Hist. 
I,  to.  De  Rome  pour  un  temps  Caïus  fut  les  délices, 
RAC.  Brit.  I,  1.  Pour  entreprendre  d'être  les  délices 
du  peuple,  fén.  Tél.  xii.  Il  est  les  délices  de  ceux 
qui  vivent  avec  lui,  id.  ib.  xxi.  Il  fit  les  plus  chères 
délices  du  roi,  hamilt.  Gramm.  4i.  Télémaquedont 
Minerve  fait  ses  délices,  fén.  Tél.  xvii.  Tout  ce  qui 
peut  faire  d'un  homme  les  délices  des  autres  hommes, 
MASS.  Or.  fun.  Conty.  lia  gouverné  Home  au  milieu 
des  supplices;  Il  en  était  l'effroi,  j'en  serai  les  dé- 
lices, volt.  Mort  de  César,  i,  4.  |{  Faire,  être  les 
délices  d'un  lieu,  en  faire  le  charme,  y  jouir  de  la 
plus  grande  faveur.  Mon  fils  est  toujours  les  délices 
de  Quimper,  sÉv.  39'j.  Il  a  fait  les  délices  du  tous  les 
pays,  HAMILT.  Gramm.  I.  Vous  faites  les  délices  d'une 
cour  toute  jeune,  id.  16.  6. 

—  REM.  Vaugelas  et  Marguerite  Buffet  condamnent 
délice  au  singulier  Masculin.  Balzac  l'a  fait  mascu- 
lin au  pluriel  :  Pour  aller  jouir  avec  vous  de  nos  dé- 
lices communs,  liv.  iv,  lett.  9.  Le  genre  de  ce  mot 
a  varié,  si  bien  que,  l'anomalie  s'éiendant,  il  est 
devenu  masculin  au  singulier,  et  féminin  au  pluriel. 

—  HIST.  xm*  s.  Por  ces  délices  oblient  li  pecheor 
nostre  Seigneur,  Psautier,  f°  to.  ||  xv*  s.  'l'ous  les 
plaisirs....  et  plusieurs  pompes  et  dehces,  comm. 
v,  t8.  Il  xvi«  s.  Et  nous  sembloyt  que  nous  fussions 
transportez  es  souveraines  delicesduciel,  rab.  Pant. 
v,  2B.  Les  superfluitez  et  délices  ioniques,  amïot, 
Lyc.  5.  Les  délices,  estans  destituées  des  choses  qui 
les  nourrissent,  venoient  à  se  faner  petit  à  petit,  et 
finablementà  tomber  d'elles  mesmes,  iD.  ib.  H.  Il  lui 
récite  les  grandes  délices  dont  iijouissoit  aux  champs, 
0.  de  serres,  <ooi.  Par  ta  mort.  Adonis,  toutes  de- 
lices  meurent,  bons.  79,ï.  Plongé  en  l'oysiveté  et 
aux  délices,  mont,  i,  278. 

—  ÉTYM.  Berry.  delHce,   U  mouillées;  du  latin 


103G 


DEL 


dtliei/e,  «u  iinKuIier  delieium,  do  delicire,  de  de, 
cl  tacire,  faire  toml>cr  dan»  un  lacs  (voy.  lacs). 
Delieium,  drlicir,  en  lalin,  «ipliquenl  «ans  doute 
la  douliln  uenre  en  français. 

I.rr  ■  "  f  I  MKNT(ilé-li-»i-eû-7P-man),adc.  Avec 
dé  , mif-redélicieuse.  Pour  qu'un  homme 

»n^  :i)enl.  il  faut  que  cent  autres  travail- 
lent sansreliclie,  monteïo.  Lttt.pers.  (oe.Jene crois 
p»»  »TOir  t\é,  de  mes  jours,  plus  vivement,  plus 
délicieusement  ému,  l.  ).  noiss.  Conf.  vm.  ||  l)'une 
manière  charmante.  Cette  dame  est  délicieusement 
halullée.  Kicz-vousà  nous  :  il  est  impoisible  d'écrire 
plu.»  délicieusement,  «Bv.  lell.  52  jan».  <C74. 

—  lll.sT.  XV*  s.  Et  dit  nue  les  moines  esloient  trop 
délicieusement  nourris  de  Imns  vins  et  de  delicieu- 
f«s  viandes,  par  lesquels  di^lices  et  superfluilés  ils 
iieMpouvoicnt  relever  k  minuit  ni  faire  leur  office.... 
et  letremit  aux  (Fufset  au  petit  vin  pour  avoir  claire 
Toiietclianlerplus  haut,  fboiss.  m,  iv,50.  ||  xvi*  s. 
I.e  vivre  voluptueusement  el  délicieusement,  amyot, 
l.ueull.  ^H. 

—  £TVll.  Pélicieute,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
deticiotament  ;  espagn.  delicioiamenle ;  ital.  de- 
liMioiamrnle, 

DÉLICIEUX,  ECSE  (dé-li-si-eû,  eû-z'),  adj. 
Il  i*  riein  de  délices.  Un  lieu  délicieux.  Un  séjour 
délicieux.  Source  délicieuse  en  misires  féconde, Que 
voulez-vous  do  moi,  flatteuses  voluptés? corn.  Pofj/. 
IV,  2.  Il  y  a  de  bons  mariages;  mais  il  n'y  en  a 
point  de  délicieux,  LA  BociiEF.  Rijl.  lO.  F.mude  sen- 
timents purs  et  délicieux,  lemkrc.  Frid.  et  ilrunrh. 
I,  *.  Elle  aimait  trop  le  bal,  c'est  ce  qui  l'a  tuée; 
Le  bal  élilouissant,  le  bal  délicieux  I  Sa  cendre  cn- 
cor  frémit  doucement  remuée,  Quand,  dans  la  nuit 
xereine,  une  blanche  nuée  Danse  autour  du  cruis- 
«ant  des  cicux,  v.  iiuGO,  Orient.  33.  ||  2*  Livré  aux 
délices.  Notre  siècle  délicieux  ne  peut  souffrir  vo- 
tre dureté,  iioss.  l'aul,  'i.  ||  3°  Qui  flatte  singu- 
lièrement le  goût,  lies  fruits  délicieux.  D'un  joug 
cruel  il  sauva  nos  aïeux;  Les  nourrit  au  désert 
d'un  pain  délicieux,  rac.  Athal.  i,  *.  ||  Familière- 
ment, qui  flatte  beaucoup  les  yeux, l'esprit.  Une  toi- 
lette délicieuse.  Nous  avons  lu  et  relu  plusieurs  fois 
votre  lettre;  elle  est  délicieuse,  et  vous  n'avez  peul- 
ftre  pas  senti  ce  qu'elle  vaut,  sÊv.  Lcll.  29juin  t69!>. 
Il  En  cesens,onleditqui<lquefoisaussi  des  personnes. 
ITne  délicieuse  femme.  |{  Se  dit  ironiquement  en  par- 
lant d'une  chose  invraisemblable  ou  insoutenable. 
Voilà  une  prétention  délicieuse  I  C'est  délicieux  I 

—  SYN.  D£uciEux,  DÉLECTABLE.  Ces  deux  mots, 
ayant  étymologiqucment  un  même  radical,  sont 
très-voisins  l'un  de  l'autre;  ils  ne  diffèrent  que  par 
la  finale,  l'uncexprimant  cequial>onde, l'autre  cequi 
oITcctiie.  Délicieux  est  ce  qui  abonde  en  délices;  dé- 
lectable est  ce  qui  produit  une  sensation  délicieuse. 

—  IIIST.  XIII" s.  Li  siècles  erl  [était]  moult  precieus, 
N'esloit  pas  si  delicieus  Ne  de  robes,  ne  de  viandes, 
ta  /loir,  84U2.  Il  xvi*  s.  La  semence  est  délicieuse  à 
tous  nyseaulx  canorcs,  linotes,  chardriers,  tarins, 
et  aultres,  aab.  Pant.  m,  «o.  Quant  à  la  vaisselle 
d'or  ou  d'argent ,  draps  de  pourpre,  et  aultres  leU 
meubles  délicieux,  amtot,  Àl<x-  28.  k  celle  Un 
qu'ils  se  cha.«iiassent  culx  mesmes,  en  se  déportant 
d'estre  superflus,  somptueux  et  dobcieux,  tu.  Co- 
lon,3».  Jardins  somptueux  et  délicieux ,  id.  Lucull.  78. 
Puis  tressans  dans  quelque  préo  Vos  cheveux  déli- 
cieux. Chantez  d'une  voix  sac^e....  bons.  4i8.  Les 
Tusijues  mains  ingénieuses  Jà  de  trop  velouter  s'u- 
loient  Pour  nos  femmes  délicieuses.  Qui  en  robes 
trop  précieuses  Du  rang  des  nobles  abusoient,  id. 

KI& D'un  animal  marche-tard   ocieux   [la  lor- 

tue| ,  Kit  une  lyre  au  son  délicieux ,  Au  ventre  creux , 
Aux  accords  délectables,  lo.  943.  Les  plus  délicieux 
plaisirs  fuyent  à  [craignent  de^  laisser  trace  de  soy, 
et  fuycni  la  vcue  non  seulement  du  peuple  mais 
d'un  aiiiire,  «ont.  m,  78. 

—  ETYM.  Provenç.  ddicios;  espagn.  dtlicioio; 
iUl. d(fi>infn;du  latin drlicioou,  de delicitc,  délices, 

DËLICOTKH  (dé-li-ko-té),  «j.  a.  Défaire  le  licou. 
Il  S«  délicoter,  v.  fifl.  Se  dit  d'un  cheval  qui  se  dé- 
fait de  son  licou, 

—  KTYII.  /)('....  préfixe,  et  itcou,  avec  un  I  qui 
««t  de  liaison,  comme  dans  tabac,  tahalièrt,  café, 
tafttier,  etc.  et  nnn  d'éiymologio, 

t  Hf.l.Mrri'EUX.  Ei;SK(dé-li-ktu-eû,eû-l'),  adj. 
Terme  de  droit  Qui  caractérise  le  délit.  Fait  délic- 
tueux. Intention  délictueute. 

—  ETYM.  /WJii. 

«.  DÉLIE,  F.S  (dé-li-è,  te),  adj.  ||  !•  Menu,  grêle, 
mine*,  fin.  Trait  de  plume  fort  délié.  Taille  déliée. 
Les  (leiiu  animaux  sont  doués  d'organe»  très-fins 
•l  de  membre»  très-délié».  Cette  coiffe  eat  tin  peu 
Irup  déliée;  J'en  vaia  quérir  une  plut  épa!<ae,  «cl. 


DÉL 

Pourc.  III,  J.  Il  porte  des  chemises  très-déliées,  la 
BHUï.  XIII.  Il  Un  fil  délié,  un  fil  très-menu;  et  fig. 
une  liaison  difficile  à  comprendre.  Je  vais  vous  dé- 
velopper, par  un  ou  deux  exemples,  le  fil  secret  et 
dùlié  qui  les  a  conduits  dans  le  choix  délicat  de  leurs 
accPNSoiri-s,  dideh.  Essai  sur  la  peint,  ch.  3.  ||  Fig. 
I.a  gloire  est  une  passion  qu'il  ne  connaît  point,  qui 
est  trop  déliée  et  trop  s|>irituelle  pour  lui,  balz. 
Disc,  a  la  régente.  Cette  erreur  est  si  déliée,  que, 
pour  peu  qu'on  s'en  éloigne,  on  se  trouve  dans  la 
vérité,  PAsc.  Prov.  3.  Au  milieu  des  flatteries,  le 
cfjnsnl  désigné,  Cérialis  Anicius,  dit  un  mot  délié 
que  .Néron  entendit  sans  doute  et  dont  il  ne  s'offensa 
point,  dider.  Ess.  t.  Claude  et  Néron.  ||  a"  Délié  se 
dit  aussi,  dans  un  langage  technique,  des  humeurs 
des  corps  vivant».  Le  canal  destiné  à  conduire  dans 
l'estomac  du  fourmi-lion  les  sucs  plus  ou  moins  dé- 
liés dont  il  se  nourrit,  bonnet,  Observ.  s»»,  Insec- 
tes. \\  3'  Habile  par  l'adresse  et  la  finesse.  Fagon, 
délié  courtisan,  et  connaissant  parfaitement  le  roi, 
Mme  de  Mainlenon,  la  cour  et  le  monde,  st-sim. 
t*,  tbB.  Les  Suisses  n'étaient  pas  réputés  les  hom- 
mes les  plus  déliés,  volt.  Uoeurs,  <28.  Métaphysi- 
cien assez  délié  pour  vouloir  réconcilier  la  théo- 
logie avec  la  métaphysique,  ib.  Louis  XIV,  34. 
Le  médecin  Fonseca,  Portugais,  Juif  établi  à  Con- 
stantinople,  homme  savant  et  délié,  capable  d'affaires 
et  le  seul  philosophe  peut-être  de  sa  nation,  id. 
Charles XII,i.  \\  Discours,  style  délié, discours,  style 
dont  on  ne  démêle  pas  du  premier  coup  l'artifice. 
Ce  terme,  donné  par  quelques  littérateurs,  n'est  pas 
fort  usité.  Il  4°  S.  m.  'terme  de  calligraphie.  La 
partie  fine  et  déliée  d'une  lettre,  par  opposition  aux 
pleins.  Il  ne  fait  pas  un  seul  délié. 

—  IIIST.  XI' s.  L'herbe  du  champ  qui  est  verte  et 
delgie,  Ch.  de  Roi.  ccxlvi.  ||  xii*  s.  Parmi  le  piz 
[il]  fu  larges,  et  delgiés  par  le  bu.  Soi.  28.  Et  de- 
sus  un  surpliz  blanc  el  délié  [sans  doute  deljé  ;  en 
tout  cas,  de  deuxsyllabes]  e  bel.  Th.  le  viart.  tbb. 
Sanglant  [il]  en  otson  ermine  delgié,  Raoul  de  Cam- 
brai, 68.  Il  xiii"  s.  11  ot  chemise  de  cainsil  Vestue, 
délie  et  sobtil.  Lai  du  trot.  Plus  beaus  chevoils  ne 
plusdulgez.  Plus  ascemez  ne  mieuz  treciez.  Lai  du 
désiré.  ||xv'  s.  La  poudrière  du  délié  sablon  qui  là 
estoit,  commença  à  lever  à  l'empainle  des  chevaux, 
FROiss.  m,  IV,  83.  Cil  Janekin  Clinton  estoit  délié 
et  menu  de  membres,  id.  ii,  u,  8i.  ||  xvr  s.  Les 
âmes  basses  et  vulgaires  sont  souvent  aussi  réglées 
que  les  plus  desliées,  mont,  m,  277.  X  mesure  que 
ces  espines  domestiques  sont  plus  dures  et  desliées, 
elles  nous  mordent  plus  aigu,  id.  iv,  7i.  Se  lever 
si  soudain  engendre  le  haut  mal  et  nuit  à  ceux  qui 
veulent  avoir  le  teint  délié,  yver,  p.  B73.  Peau  dé- 
liée, cheveux  unis,  parb,  Introd.  7. 

—  ETYM.  Lat.  delicatus  (voy.  délicat),  qui  a 
donné  dans  l'ancien  français  deljé  et  délié  ;  dans  le 
provençal  delguat,  dalgat  ;  dans  l'ancien  catalan 
delgat;  dans  l'espagnol  et  le  portugais  delgado. 
Delicatus  a  donné  deljé  ou  délié,  suivant  qu'on  y 
supprimait  l't  bref  {delcalus,  deljé),  ou  qu'on  y 
supprimait  le  c  {deliatus,  délié,  comme  vocalis, 
voyelle).  Les  deux  formations  sont  dans  l'analogie 
de  la  langue. 

2.  DF.HÉ,  ÉE  (déli-é,  ée),  part,  passé.  Qui  n'est 
plus  lié.  Un  fagot  délié.  Socrate  délié  sentit  du  plai- 
sir à  étendre  ses  membres.  Le  boiteux  bondira  comme 
le  cerf,  et  la  langue  des  muets  sera  déliée,  sacy. 
Bible,  Isa'te,  xixv,  «.  j{  Dégagé,  délivré.  Du  monde 
délié,  je  vivrai  de  lumière,  D'extase,  et  de  prière. 
Oubliant,  oublié,  v.  bdoo.  Odes,  iv,  26.  ||  Dans  là 
poésie  italienne,  vers  déliés,  vers  où  la  rime  n'est 
point  employée,  et  dans  lesquels  le  poète  n'observe 
que  la  cadence  et  la  mesure  (versi  seiolli).  jj  Terme 
de  marine.  Navire  délié,  navire  dont  le  gros  temps 
ou  un  échouement  a  fatigué  la  coque. 

t  DÉLIÉES  (dé-li-ée) ,  s.  f.  plur.  Terme  de  vénerie» 
Les  fumées  du  cerf  lorsqu'elles  sont  bien  moulées. 

t  DÉLIEMENT  (dé-ll-man),  t.  m.  Action  de  dé- 
lier; état  de  ce  qui  est  délié. 

—  ETYM.  Délier. 

DÉLIER  (déli-é),  je  déliais,  nous  déliions,  vous 
déliiez;  que  je  délie,  que  nous  déliions,  que  vous 
déliiez,  r.  a.  ||  !•  DéUcher  ce  qui  lie,  défaire  ce 
qui  est  lié.  Délier  un  paquet.  La  bourse  déliant,  je 
mis  pièce  sur  table,  Régnier,  A'at.  xi.  ||  Sans  bourse 
délier,  .sans  rien  payer.  Les  ayant  condamnées  [ces 
familles]  à  l'amende  du  triple,  les  ayant  ruinées  en 
frai»,  et  fait  mettre  en  prison  les  pères  de  famille, 
il  [lecontrêleur]  avait  acheté  leurs  possessions  sans 
liourse  délier,  volt.  l'H.  aux  40  ifcus,  Audience  du 
contrôleur  général.  ||  Fig.  Un  désir  qui  ne  délie  ja- 
mais nos  chaînes,  mass.  Panég.  St  J.  Bapt.  ||  Délier 
la  langue,  rendre  la  parole,  permettre  de  parler. 


DÉL 

Voici  le  jour  qui  rompt  mon  silence  et  qui  délie  ma 
langue,  d'ablanc.  Disc,  de  Cicéron  pour  Marcelltu, 
dans  bichelet.  ||  Délier  sa  langue,  prendre  la  pa- 
role. Les  flatteurs,  les  fourbes,  les  calomniateur? 
ceux  qui  ne  délient  leur  langue  que  jiour  le  men- 
songe et  l'intérêt,  la  brut.  xii.  j!  2°  Dénouer.  Délier 
des  cordons,  des  rubans,  une  corde.  Pendant  mon 
sommeil,  si  ta  main  De  mes  jours  déliait  la  trame, 
Céleste  moitié  de  mon  &me,  J'irais  m'éveiller  dans 
ton  sein,  lamart.  Méd.  i,  9.  ||  Fig.  N'être  pas  digne 
de  délier  le  cordon  des  souliers  de  quelqu'un,  lui 
être  infiniment  inférieur.  Cette  locution  provient  de 
l'Ecriture  :  Je  ne  suis  pas  digne  de  délier  le  cordon 
de  ses  souliers,  en  me  prosternant  devant  hii,SACT, 
Bible,  Év.  St  Marc,  i,  7.  ||  S"  Rendre  libre  d'un  en- 
gagement. On  l'a  délié  de  toute  obligation.  Ce  prince , 
en  abdiquant,  délia  ses  sujets  de  leur  serment  de 
fidéUté.  Il  Terme  de  théologie.  Absoudre.  Tout  ce  que 
vous  délierez  sur  la  terre  sera  aussi  délié  dans  les 
cieux,  SACY,  Bible,  Év.  Si  Matlh.  xvi,  ta.  Les  minis- 
tres n'osent  plus  vous  délier  qu'après  de  longue» 
épreuves,  mass.  Car.  7(ech.  ||  Dans  cette  acception, 
délier  s'emploie  presque  toujours  absolument.  L'É- 
glise a  le  pouvoir  de  lier  et  de  délier.  ||  4°  Se  délier, 
V.  r^/I.  Défaire  ses  liens.  Qu'on  me  l'attache  bien, 
de  peur  qu'il  se  délie,  Tristan,  M.  de  Chrispe,  v, 
40.  Il  Fig.  Se  dégager.  Ils  semblent  même  appré- 
hender de  pouvoir  se  délier  un  jour  el  de  devenir 
libres,  la  bhuy.  xii.  Ëtes-vous  lié  avec  une  femme? 
ne  cherchez  point  à  vous  délier;  n'êtes  vous  point 
lié  avec  une  femme?  ne  cherchez  pointde  femme, 
SACY,  Bible,  St  Paul,  !'•  Ép.  aux  Cor.  vu,  27. 
JITerme  de  marine.  Se  délier,  éprouver,  en  parlant 
d'un  navire,  en  ses  pièces  principales,  quelque 
dérangement. 

—  HIST.  XII*  s.  Ours  et  liparz  [il]  voioit  touz  des- 
liez, iionc.  p.  1 1 2.  X  prince  terrien  ne  volt  aine  Deus 
baillier  Les  clefs  del  ciel,  qu'il  poent  lier  el  deslier. 
Mais  as  ordenez  fait  sa  poésie  traîner.  Th.  letnart. 
91.  Mult  fuissent  à  pécher  li  pluisur  deslié.  Quant 
autrement  ne  fussent  destraint  par  le  clergié,  ib.  69. 
Il  xiii*  s.  La  deslie  Slorans,  qui' en  ot  giaiit  liitié, 
Berte,  xxi.  Mes  cist  mauve.semenl  deslienl  Le  neu 
de  ceste  question,  la  Rose,  47484.  Quant  de.slié  fu, 
sans  plus  dire.  Son  col  [il]  met  enz  et  sache  et  tire 
Le  chien  par  la  cuisse....  Hen.  i  7B48.  Et  Kenart,  qui , 
en  mainte  guise,  Fngingne  la  gent  et  déçoit,  Deslié 
l'a,  si  leconjoit,  ib.  53oo.  Nostre  sires  deslie  les  eii- 
liez,  Psautier,  f"  <76.  |{  xvi"  s.  Nature  nous  a  mis 
au  monde  libres  et  desliez,  mont,  iv,  403. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  lier;  picard,  déloyer  ; 
provenç.  desliar ;  anc.  calai,  desliguar;  espagn. 
desliar,  desligar;  ital.  slegare. 

t  DÉLIGATION  (dé-li-ga-sion  ),  t.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Application  méthodique  des  bandages. 

—  ÉTYM.  Lat.  deligare,  bander,  de  la  préposition 
de,  el  Hgare,  lier. 

t  DFilGATOIRE  (dé-li-ga-toi-r') ,  adj.  Qui  appar- 
tient à  ia  déligation.  Appareil  déligatoire. 

+  DÉLIMITATEUR  (dé-li-mi-ta-leur),  s.  m.  Celui 
qui  limite. 

—  ETYM.  Délimiter. 

DÉLIMITATION  (dé-li-mi-ta-sion  ;  en  vers,  da 
six  syllabes),  s.  f.  Action  de  délimiter.  Demander 
la  délimitation  de  ses  propriétés.  ||  Résultat  de  cette 
action.  Changer  les  délimitations. 

—  ÉTYM.  Délimiter. 

DÉLIMITÉ,  ÉE  (dé-li-mi-té,  tée),  part,  passé. 
Un  compartiment  bien  délimité. 

DÉLIMITER  (dé-li-mi-té),  v.  a.  Marquer,  fixer, 
tracer  des  limites.  Délimiter  le  sujet  de  ses  études. 

—  ETYM.  Lat.  delimilare,  de  de,  et  limes,  limi- 
tis,  limite. 

t  DÉLIMONER  (dé-li-mo-né),  i'.  a.  Terme  de  cui- 
sine, ôler  la  mucosité,  le  limon  qui  est  sur  les 
écailles  des  poicsoiis. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  limon. 
tDÉLINÉATEUR  (dé-ii-né-a-leur),  s.   m.    Celui 

qui  dessine  le  trait. 

—  ETYM.  Voy.   DÊLINÉATION. 

DÉLINÉATION  (dé-li-né-a-sion),  s.  f.  Action  de 
tracer  un  objet  au  simple  trait.  ||  Figure  de.ssinée  au 
trait.  Il  Terme  de  géométrie.  Tracé  des  lignes  droites 
ou  courbes,  nécessaires  pour  la  levée  des  plans  et  la 
projection  d'un  corps  solide. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  faculté  auctrice  ou  augmenla- 
trice,  qui  commence  depuis  la  delinealion  et  con- 
formation, et  dure  jusques  à....  paré,  Introd.  8. 

—  ETYM.  Lat.  dc/in<a(ionem,  de  dclineare,  tracer 
une  ligne,  de  de,  ellinea,  ligne  (voy.  ligne). 

t  DÉLINËER  (dé-li-né-é),  «.  o.  Tracer  le  con- 
tour d'un  objet  au  trait. 

—  ETYM.  Voy.  DÉLINÉATION. 


DEL 


DEL 


DÉL 


4037 


DÉUNOUANT,  ANTE  (dé-lin-kan,  kan-t'),  s.  m. 
et  f.  Terme  de  jurisprudence.  Celui ,  celle  qui  a  com- 
mis un  délit. 

—  IIIST.  xvT*  s.  Il  faisoit  punir  les  delinquans 
avec  telle  modération,  qu'il  donnoit  assez  à  cognois- 
tre  que  ce  n'estoit  point  par  appétit  de  Tengeance, 
AMYOT.  Artax.  4. 

—  ÉTYM.  Délinqutr. 

WÉLINQUER  (dé-lin-ké),  V.  n  Terme  de  juris- 
prudence. Commettre  un  délit.  On  punira  ceux  qui 
ont  délinqué. 

—  HIST.  xv«  s.  Les  dits  capitaines  casseront  des 
gages  d'un  quartier  ceux  qu'ilz  trouveront  avoir  ex- 
cédé et  délinqué,  Ordonn.  e  cet.  U86.  ||  xvi«  s.  Si 
quelque  clerc  n'eust  rien  commis  contre  les  lois, 
mais  seulement  eust  délinqué  en  son  office,  il  n'es- 
toit  point  adjournéau  tribunal  commun,  mais  avoit 
son  evesque  pour  juge,  calv.  Instit.  'J84. 

-s-  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  delinquir;  ital.  de- 
linquere;  du  latin  delinquere,  qui  veut  dire  aban- 
donner, manquer,  commettre  un  délit,  de  de, et 
linquere,  laisser. 

t  BfiLIOT  (dé-li-o),  s.  m.  Synonyme  de  délot. 

DÉLIOUESCENCE  (dé-li-kuè-ssan-s') ,  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Phénomène  offert  par  certains  corps  soli- 
des qui  attirent  l'humidité  de  l'air  et  se  dissolvent. 

—  ÉTYM.  Déliquescent. 

DÉLIQUESCENT,  ENTE  (dé-li-kuè-ssan,  ssan-t'), 
adj.  Terme  de  chimie.  Qui  attire  l'humidité  de  l'air 
et  s'y  résout  en  liqueur. 

—  ETYM.  Lat.  deliquescens ,  de  deliquescere ,  de 
Je,  et  Uquescere,  se  fondre  (voy.  liol'eur). 

DELIQUIUM  (dé-li-kui-om'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Etat  d'un  corps  qui  de  solide  est  devenu  li- 
quide, en  absorbant  l'humidité  de  l'air. 

—  ÊTYM.  Lat.  deliquium,  de  deliquescere  (voy 
déliquescent). 

DÉLIRANT,  ANTE (dé-li-ran,  ran-t'),  adj.  ||  l'At- 
teint de  délire.  Je  demeurai  longtemps  muette,  dé- 
lirante. Mes  regards  sans  rien  voir  devant  moi  se 
fixaient,  millev.  Trad.  de  Théocr.  ||  Une  joie  déli- 
rante, une  joie  qui  délire,  excessive.  ||  Terme  de 
médecine.  Conceptions  délirantes,  celles  qu'ont  les 
fous  ou  les  malades  en  délire.  ||  2°  Fig.  Fou,  ex- 
travagant, en  parlant  de  l'esprit.  Imagination  déli- 
rante. Il  3"  Par  une  autre  extension,  avec  le  sens 
actif,  et  seulement  dans  le  style  familier  et  moqueur, 
qui  met  en  délire,  qui  fait  perdre  la  raison.  Une 
robe  délirante.  Que  disiez-vous  donc?  Mais  il  est 
délirant  [en  parlant  d'un  vieillard  que  l'on  disait 
tout  cassé,  et  qui  entre  au  contraire  fier  et  pimpant, 
comme  un  beau  à  la  vieille  mode] ,  bavard  et  jaime, 
le  Réveil  du  Lion,  i,  )2.  ||4°  S.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Personne  en  délire.  11  est  dangereux  de  lais- 
ser libres  les  délirants. 

—  HIST.  xm'  s.  La  terre  en  remaint  esbahie  ;  Ci 
a  mort  delireuse  et  fiere,  Que  nuns  hom  n'en  fait 
bêle  chiere  Fors  celé  pute  genthaïe,  ruteb.  67. 

DÉLIRE  (dé-li-r"),  s.  m.  ||  1°  Egarement  d'esprit 
causé  par  maladie.  Un  délira  aigu,  chronique.  Comme 
si  vous  eussiez  été  en  délire,  sév.  628.  ||  Dans  le 
langage  médical,  perversion  de  l'entendement,  cau- 
sée soit  par  la  fièvre,  soit  par  les  boissons  alcooli- 
ques, soit  par  une  lésion  idiopathique  des  fonctions 
cérébrales,  et  qui  fait  que  le  malade  associe  des 
idées  incompatibles,  et  prend  ces  idées  ainsi  alliées 
pour  des  choses  réelles;  désordre  des  facultés  in- 
tellectuelles avec  ou  sans  altération  des  facultés  mo- 
rales. Il  2°  Fig.  Égarement.  Le  délire  de  l'esprit,  de 
l'imagination,  des  passions.  Porter  la  passion  jus- 
qu'au délire.  Je  vois  l'emportement  de  cet  affreux 
délire,  VOLT.  Irène,  v,  3.  N'auriez-vous  pas  voulu 
pour  gouverner  l'empire.  Que  j'eusse  de  Caton  con- 
sulté le  délire?  id.  Catil.  v,  6.  Et  que  t'aura  produit 
ton  vertueux  délire?  m.  j.  chén.  Gracques,  m,  4. 
Il  3°  Enthousiasme,  fureur  poétique.  Un  sublime 
délire.  De  tes  esprits  émus  le  délire  s'empare,  le- 
MRRc.  Agamemn.  iv,  B.  Cassandre  dans  l'excès  d'un 
délire  sacré....  luge  de  lancival,  Hector,  ii,  3. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  signes  qui  demonstrent  le 
diaphragme  estre  blessé,  sont  pesanteur  au  lieu 
blessé,  délire,  c'est  à  dire  perturbation  de  raison, 

PARÉ,    VIII,    32. 

—  ÉTYM.  Lat.  delirium,  de  delirare,  délirer. 
DÉLIRER  (dé-li-ré),  v.  n.  Avoir  le  délire,  être  en 

délire.  ||  Fig.  Etre  en  proie  à  une  émotion  qui  trou- 
ble l'esprit.  Les  réponses  ne  venant  point,  ou  ne  ve- 
nant pas  quand  je  les  attendais,  je  me  troublais  en- 
tièrement, je  délirais,  j.  j.  rouss.  Conf.  xi. 

—  ÉTYM.  Lat.  delirare,  proprement  s'écarter  du 
sillon;  de  de,  de,  et  (ira,  sillon;  métaphore  de  la- 
boureurs. 

tBELIRIUM  TREMENS  (dé-li-ri-om'  Iré-mins'), 


s.  m.  Terme  de  médecine.  Délire  accompagné  de 
tremblement  qui  affecte  ceux  qui  font  abus  des 
liqueurs  alcooliques. 

—  ÉTYM.  Lat.  delirium,  délire,  et  iremens,  trem- 
blant. 

t  DÉLISSAGE  (dé-li-sa-j') ,  s.  m.  Action  d'enlever, 
par  le  moyen  d'un  instrument,  aux  chiffons  destinés 
à  faire  du  papier,  les  coutures  et  autres  accessoires. 

—  ÉTYM.  Délisser. 

f  DÉLISSER  (dé-li-sé),  v.  a.  Défaire  ce  qui  était 
lis.se.  Délisser  les  cheveux.  ||  Trier  les  feuilles  de  pa- 
pier, les  chiffons. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lisse. 

t  DÉLISSEUR,  EUSE  (dé-li-seur,  seû-z'),  s.m.et 
f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  fait  le  triage  des  feuilles 
de  papier. 

—  ÉTYM.  Délisser. 

H.  DÉLIT  (dé-li;  le  t  se  lie  :  un  dé-li-t-ignoble; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  dé-li-z  ignobles),  s.  m. 
||1°  Terme  de  jurisprudence.  Infraction  quelconque 
de  la  loi.  Commettre  un  délit.  Les  plus  graves  dé- 
lits. Ma  propre  femme  enfin  trempant  dans  ce  délit 
Perdrait  sa  part  aujouretsa  place  en  mon  lit,  rotr. 
Délis.  II,  13.  Il  Le  corps  du  délit,  l'action  même 
du  crime  qui  a  été  commis:  se  dit  par  opposition 
aux  circonstances.  ||  Flagrant  délit,  le  délit  aperçu 
au  moment  où  il  se  commet.  Prendre  en  flagrant 
délit.  Il  2"  Infraction  que  la  loi  punit  d'une  peine 
correctionnelle.  Un  délit  de  presse.  ||  Délit  forestier, 
rural,  infraction  aux  lois  sur  les  forêts,  sur  la  po- 
lice rurale.  Il  Terme  d'eaux  et  forêts.  Arbres  de  dé- 
lit, ceux  qui  ont  été  coupés  contre  les  ordonnances. 
Il  3°  Terme  de  droit  civil.  Fait  illicite  qui  cause  du 
dommage  à  autrui  avec  intention  de  nuire.  Les  obli- 
gations qui  naissent  d'un  délit.  Ce  fait  constitue  un 
simple  délit  civil. 

—  HIST.  XVI"  s.  Tous  délits  sont  personnels  [le  ré- 
pondant n'est  tenu  que  civilement,  non  corporelle- 
ment]  ;  et  en  crime  n'y  a  point  de  garant  [l'auteur 
et  l'instrument  sont  également  punis] ,  loysel,  797. 

—  ÉTYM.  Lat.  delictum,  du  supin  de  delinquere, 
délinquer  (voy.  ce  mot). 

2.  DÉLIT  (dé-li),  s.  m.  \\  1°  Terme  de  maçon. 
Côté  d'une  pierre  opposé  à  celui  qu'elle  avait  natu- 
rellement dans  la  carrière.  Mettre  une  pierre  en  dé- 
lit. Il  Position  d'une  pierre ,  placée  de  telle  sorte ,  que 
son  lit  de  carrière  est  vertical  ou  incliné  sur  l'hori- 
zon. ||  2°  Terme  de  géologie.  Joint  ou  veine  que  pré- 
sentent un  bloc  d'ardoise,  des  roches,  des  terrains. 
Les  émanations  salines  qui,  à  chaque  époque  de 
dislocation  de  l'écorce  terrestre,  se  sont  manifes- 
tées pendant  un  temps  plus  ou  moins  long  et  qui 
se  sont  épanchées  sur  plusieurs  points,  où  elles  ont 
constitué,  parleur  refroidissement,  des  roches  en- 
clavées et  sans  délit,  l.  cordier,  Acad.  des  se. 
Comptes  rendus,  t.  liv,  p.  297. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lit:  ce  qui  est  hors  de 
son  lit,  de  sa  position  régubère. 

f  DÉL1T.\GE  (dé-li-ta-j'),  s.  m.  Action  de  déliter 
les  vers  à  soie.  On  dit  aussi  délitement. 

—  ÉTYM.  Déliter. 

t  DÉLITATION  (dé-li-ta-sion) ,  s.  f.  Action  de  dé- 
liter, de  se  déliter.  La  débtation  des  pierres,  d'un 
minéral. 

—  ÉTYM.  Déliter. 

DÉLITÉ,  ÉE  (dé-li-té,  tée), parJ.pajs^.  Il  l°Pierre 
délitée,  pierre  placée  autrement  qu'elle  n'était  dans 
son  lit  de  carrière.  ||  2°  Chaux  délitée,  chaux  qui 
s'est  levée  par  feuilles  en  attirant  l'humidité  de  l'air. 

]  DÉLITEMENT  (dé-li-te-man),  s.  m. Voy.  délitage. 

DÉLITER  (dé-li-té),  v.  a.  \\  1°  Terme  de  maçon. 
Poser  une  pierre  sur  le  côté  opposé  à  celui  qu'elle 
avait  dans  la  carrière.  Il  ne  faut  pas  déliter  les  pier- 
res. Il  Détacher  l'ardoise  ou  la  pierre  par  dalles  ou 
blocs  de  la  masse  de  la  carrière.  ||  Couper  une  pierre 
dans  le  sens  de  son  lit  de  carrière.  {|  2°  Terme  de 
magnanerie,  ôter  les  vers  à  soie  de  dessus  la  litière, 
qui  est  leur  lit.  ||  S"  Déliter  la  chaux  vive,  l'hydra- 
ter, l'arroser  avec  de  l'eau.  ||  4"  Se  déliter,  v.  ré(l. 
Se  fendre  naturellement  dans  le  sens  de  son  lit  de 
carrière,  en  parlant  d'une  pierre.  ||5"  Se  déliter,  se 
dit  de  certaines  pierres  qui,  par  l'effet  de  la  gelée, 
se  lèvent  par  écailles,  par  couches,  par  lits.  La 
chaux  se  délit»  spontanément  à  l'air,  en  attirant 
l'humidité. 

—  t:m,l. Délit  2.  Lepréfixed^....signifie/iorsde, 
dans  les  deux  premiers  sens,  et  par  lits,  par  cou- 
ches, pnr  feuilles,  dans  les  autres. 

t.  DÉLITESCENCE  (dé-li-tè-ssan-s'),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Disparition  rapide  d'une  affection  lo- 
cale, d'une  tumeur,  sans  qu'elle  se  reproduise  sur 
un  autre  point,  ce  qui  distingua  la  délitescence  de 
la  métastase. 


—  HIST.  XVI"  s.  La  termination  des  apostemes  se 
fait  par  quatre  manières,  à  moins  que  d'elles  mes- 
mes,  sans  aucune  occasion  manifeste,  elles  ne  s'et 
retournent  par  délitescence,  ou....  paré,  v,  3. 

—  ÉTYM.  X.at.  delitescere,  se  cacher,  de  la  prépo- 
sition de,  et  latere,  être  caché  (voy.  latent). 

t  2.  DÉLITESCENCE  (dé-li-tè-ssan-s'),  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Phénomène  qui  a  lieu  quand,  un  cristal 
perdant  son  eau  de  cristallisation,  les  lames  s'en 
détachent  et  s'en  brisent  en  parcelles,  ou  quand  un 
corps,  absorbant  de  l'eau,  se  désagrège. 

—  ÉTYM.Z)e7jter;  mot  formé  par  confusion  de  dé- 
sinence avec  la  délitescetice  du  langage  médical. 
C'est  délilance  qu'il  aurait  fallu  dire,  du  participe 
délitant,  ou  délitation,  qui  en  effet  existe. 

DÉLIVRANCE  (dé-li-vran-s') ,  s.  f.  \\  1°  Action  par  ' 
laquelle  on  délivre;  résultat  de  cette  action.  La  déli- 
vrance d'un  prisonnier.  Et  n'épargne  contre  eux 
pour  notre  délivrance,  Ni  le  feu  ni  le  fer....  malh.  ii, 
i  2.  Et  si  cette  aventure  doit  être  achevée  par  un  dos 
plus  honnêtes  hommes  du  monde,  j'espère  que  je 
vous  devrai  ma  délivrance,  voit.  Lett.  34.  Ici  la 
délivrance  en  paraît  trop  facile,  corn.  Nicom.  v,  5. 
Grand  roi,  l'heureux  succès  de  cette  délivrance  Vous 
est  beaucoup  mieux  dû  qu'à  mon  peu  de  vaillance, 
ID.  Médée,  iv,  3.  Et  tous  les  peuples  furent  étonnés 
d'une  délivrance  si  miraculeuse,  boss.  Heine  d'An- 
glet.  Et  sur  mes  faibles  mains  fondant  leur  délivrance, 
RAC.  Esth.  I,  <.  Le  gouverneur  [de  la  Bastille]  aimait 
son  prisonnier;  il  fut  très-aise  de  sa  délivrance, 
volt.  l'Ingénu,  t8.  ||  2°  L'action  de  débarrasser  de 
ce  qui  nuit;  résultat  de  cette  action.  La  délivrance 
des  peines  qui  nous  affligent.  J'ai  su  faire  la  déli- 
vrance Du  malheur  de  toute  la  France,  malh.  v,  20. 
Demander  la  délivrance  des  maux,  maucroix,  IIo- 
mél.  14,  dans  richelet.  ||  3°  Remise  d'une  chose 
entre  les  mains  de  quelqu'un  ;  action  de  mettre  en 
possession.  La  délivrance  de  la  chose  vendue.  L'exé- 
cuteur testamentaire  doit  faire  la  délivrance  des  legs. 
Il  4°  Accouchement.  Cette  femme  a  eu  une  heu- 
reuse délivrance.  J'étais  encore  dans  le  salon  voisin 
à  attendre  sa  délivrance,  lorsque  ma  belle-mère  vint 
me  dire  :  venez  embrasser  votre  femme  et  la  sau- 
ver du  désespoir;  votre  enfant  est  mort  en  naissant, 
MARM0NTEL,M^m.x.  ||  Terme d'obstétrique.  Expulsiou 
des  annexes  du  fœtus  ou  arrière-faix.  La  délivrance 
suivit  de  près  la  mise  au  monde  de  l'enfant.  ||  5"Terme 
d'eaux  et  forêts.  Action  de  marquer,  de  délivrer  du 
bois  à  des  usagers.  ||  Action  de  désigner  des  cantons 
de  bois  pour  le  pâturage  et  la  glandée.  {{ 6°  Terma 
de  monnaie.  Permission  en  forme  de  donner  le 
cours  aux  monnaies,  lorsqu'elles  ont  reçu  leur  per- 
fection. 

—  HIST.  xn"s.  Jà  par  autrui  [je]  n'i  aurai  déli- 
vrance, Coud,  XI.  Vous  deUssiez  querre  leur  déli- 
vrance [des  captifs] ,  quesnes.  Romancero,  p.  40l. 
Il  XIII"  s.  C'est  grans  pès  [paix]  et  grant  aelivrance 
as  exécuteurs  et  à  cex  mefsmes  qui  sont  dit  el  tes- 
tament, BEAUM.  XII,  68.  Et  que  vous  donrriés  au 
soudanc  pourvostre  délivrance....  joinv.  242.  Nos- 
tre  sauvement  et  nostre  délivrance  de  noz  anemis, 
Psautier,  f°  <9a.  Au  soir,  après  la  mie  nuit,  [vous] 
auroiz  enfant  et  vos  deliverroiz.  —  De  ce  ai  grant 
merveille  que  vos  savez  si  bien  ma  délivrance,  Mer- 
lin, f°68,  recto.  Il  XV"  s.  Je  leur  ferai  faire  déli- 
vrance d'or  et  d'argent,  tant  que  ils  vous  serviront 
volontiers,  FROiss.  i,  i ,  ».  Fit  appareiller  hostels  pour 
recevoir  le  roi  de  Behaigne  [Bohême]  et  le  roi  de  Na- 
varre, qui  estoient  de  la  délivrance  [auxquels  il  fai- 
sait délivrera  ses  dépens  ce  qui  était  nécessaire],,  id. 
I ,  i ,  6( .  Le  roy  envoya  vers  ledit  duc  pour  en  avoir  la 
délivrance  [du  connétable]  [c'est-à-dire  pour  qu'il 
lui  fût  livré,  selon  les  termes  du  traité],  comm.  iv, 
M.  Il  xvi"  s.  Délivrance  de  meuble  vendu  présupposa 
paiement,  LOïSEL,  409.  L'une  appellée  chorion,  au- 
trement dite  secondine,  arrière  faix  ou  délivrance 
(combien  que  les  vulgaires  appellent  ainsi  toutes  les 
tuniques  ensemble),  pari!,i,  36. 11  escrivoit  à  Idrien 
prince  de  la  Carie,  pour  la  délivrance  d'un  sien  ami  : 
si  Nicias  n'a  point  failly,  délivre  le;  s'il  a  failly, 
délivre  le  pour  l'amour  de  moy;  mais,  comment  que 
ce  soit,  délivre  le,  amyot,  Agésil.  2i.  Voylà  pour- 
quoy  il  [Épaminondas]  feut  si  froid  à  l'entreprinse 
de  Pelopidas,  son  compaiguon,  pour  la  délivrance 
de  Thebes,  mont,  m,  <96. 

ÉTYM.  Délivrer;  provenç.  deslivrartsa ,  desliu- 

ransa,  delivransa.  On  trouve  aussi,  dans  les  anciens 
textes,  delirrement. 

<.  DÉLIVRE  (dé-li-vr'),  s.  m.  Nom  vulgaire  dej 
enveloppes  du  fœtus,  lesquelles,  sortant,  délivrent 
la  femme  et  terminent  l'accouchement. 

—  ÉTYM.   Voy.  DÉLIVRER. 

+  2.  DÉLIVRE  (dé-li-vr'),  s.w.  Terme  de  faucon- 


1038 


DÉL 


nerio.  Un  oiseau  fort  à  délivre  est  celui  qui  n'a  point 
do  corsage  et  qui  est  presque  sans  chair  comme  le 
hiSron. 

—  ÈTYM.  L'ancien  aJjectif  dffii'er?,  qui  signifiait 
dégagé,  svcllo,  et  qui  tient  à  délivrer. 

DÉLIVRÉ,  ÉE  (dé-li-vré,  vrée)  ,  part,  passé. 
Il  !•  Mis  en  liberté.  Des  esclaves  délivrés.  ||  2°  Kig. 
Siuïé  de.  I.e  voilà  délivré  des  maux  de  la  vie  et, 
comme  disait  Fontenelle,  de  la  difficulté  d'être.... 
h'ki.Y.tsu.  Lettre  au  roi  de  Prusse,  2(  avril  (77). 
Il  3"  Hemis.  Une  somme  de  mille  francs  délivrée  au 
cré.ir.cier.  ||  Femme  délivrée,  femme  dont  l'accou- 
chement est  terminé. Il  4"  Terme  de  fauconnerie.  Oi- 
seau délivré,  oiseau  qui  n'a  point  de  corsage  et  qui 
est  presque  sans  chair.  Héron  délivré,  héron  maigre 
■  et  dont  le  vol  n'est  point  relardé  par  le  poids  que 
lui  ilnnneniit  sa  chait. 

Dfil.lVREU  (dé-li-vré),  V.  a.  \\  1°  Mettre  en  liberté, 
tirer  de  la  captivité.  Délivrer  un  prisonnier.  Il  avait 
accoutumé  de  délivrer,  à  la  fête  de  Pâques,  celui 
dos  prisonniers  que  le  peuple  demandait,  sacï,  Bible, 
Év.  St  llarc,  xv,  e.  Le  Soudan,  comme  lui,  gou- 
verné par  l'honneur,  Croit  en  vous  délivrant  égaler 
son  grand  cœur,  volt.  Zaïre,  ii,  3.  |1  2'  Sauver  de, 
airacher  à.  Délivrer  sa  pairie  des  guerres  civiles. 
Annibal  se  fit  apporter  le  poison  qu'il  gardait  de- 
puis longtemps  pour  s'en  servir  dans  l'occasion, 
et,  le  tenant  entre  ses  mains:  délivrons,  dil-il,  le 
peuple  romain  d'une  inquiélude  qui  le  tourmente 
depuis  longtemps,  bollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  1. 1, 
p.  502,  dans  pouokns.  ||  Par  extension.  Délivrer  quel- 
qu'un des  importuns.  Délivrez-moi ,  monsieur,  de  la 
criaiUerie,  mol.  Tart.  v,  7.  ||  3»  Livrer,  remettre. 
Délivrer  de  la  marchandise.  Délivrerrexpédition  d'un 
acte.  Délivrer  cinq  cents  talents  pour  les  nécessités  de 
la  guerre,  vaugel.  ().  C.  liv.  m,  dans  ricuelet.  Un 
franciscain  reçut  secrètement  les  brefs  pour  les  dé- 
livrer en  mains  propres  aux  prélats,  volt.  Char- 
les XI[, 3.  Monsieur  Loyal,  délivrez-moi  quittance; 
Vive  le  roi,  voilà  dix  mille  francs,  béhano.  Dix  m. 
/"r.  Il  Délivrer  des  ouvrages  à  un  entrepreneur,  lui 
donner  des  travaux  à  exécuter.  ||  Délivrer  des  ou- 
vrages, les  rendre  terminés.  On  dit  plutôt  livrer. 
Il  Familièrement.  Délivrer  des  coups  de  bâton,  des 
coup:  de  pning,  battre  à  coups  de  b:\ton,  à  coups  de 
poing  II  4°  Accoucher  une  femme.  La  sage-femme 
l'a  délivrée  heureusement.  ||  Plus  particulièrement, 
retirer  le  délivre.  |1  5°  Terme  de  marine.  Enlever  d'un 
bâtiment  tout  ou  partie  d'un  bordage  pour  en  visiter 
la  membrure.  ||  Enlever  la  mauvaise  toile  d'une  voile. 
Il  6°  Se  délivrer,  v.  réfl.  S'affranchir,  se  débarras- 
.ser.  Se  délivrer  d'un  joug  insupportable.  Se  délivrer 
d'un  ennemi.  Se  délivrer  d'un  ennuyeux.  Celui  qui 
un  beau  jour  sait  renoncer  fermement  à  une  grande 
autorité....  à  une  grande  fortune,  se  délivre  en  un 
moment  de  bien  des  peines,  de  bien  des  veilles,  et 
quelquefois  de  bien  des  crimes,  la  bbuy.  viii.  ||  Se 
délivrer  de  quelqu'un,  satisfaire  à  ses  réclamations. 
2h!  monsieur,  délivrez-vousd'elle, et  donnez-lui  les 
deux  cent  mille  francs,  Marivaux,  le  Legs,  se.  49. 
Il  Accoucher.  Cette  femme  s'est  délivrée  heureuse- 
ment. 

—  HIST.  XI'  s.  Si  famé  est  jugée  à  mort  qui  seit 
enceinte,  ne  face  l'um  justice,  desqu'ele  seit  déli- 
vrée, L.  de  Guill.  36.||xii'  s.  En  serons  délivré, 
flonc.  p.  20.  F'ar  amistié  vous  si)il-il  [cet  anneau] 
délivrés  [remis],  i6.  p.  3).  Ualaille  auront,  Dei  les 
puist  délivrer,  ib.  p.  37.  Saint  Dmiel  [tu]  délivras 
du  lion,  ib.  p.  48.  Que  me  facez  [fassiez)  ce  mostier 
délivrer  [remettre],  ib.  p.  <7ï.  Au  tierz  jour  si  leur 
[aux  lions)  soit  délivrez- li  i^loutons,  ib.  p.  200.  Tuz 
fui  quite  clamez  Par  sun  comandcment,  si  que  bien 
le  savez.  E  d'acunles  e  d'el  [du  reste]  fui  iloec  dé- 
livrez: Pur  ço  ne  voil  rentrer  en  plait,  qui  est  finez. 
Th.  le  mart.  44.  Se  vus  nel  délivrez,  nus  sûmes 
mal  bailli  ;  Li  reis  e  saint  iglisu  e  nus  iermes  [serons] 
huni,  ib.  42.  Murs  est  Herbers,  si  com  j'ui  conter, 
Qui  Vcrmandois  sieut  tenir  et  garder;  Faites  m'en 
lost  les  honors  délivrer,  floouJ  de  C.  34.  {|  xm'  s. 
Knsi  fu  Andrenoble  délivrée  del  siège,  et  s'en  retorna 
li  marchis  arriéres  à  toute  sa  gent,  villeu.  cxxi.  Si 
leur  suit  tost  la  garce  et  errant  délivrée  [livrée], 
fierté,  xvi.  Qui  de  ce  grant  péril  la  veuille  délivrer, 
ib.  XVII.  El  ce  avint  qu'il  li  prist  talent  d'aler  outre 
mer  et  voleniiers  me.sist  cunscts  de  délivrer  la  sainte 
licre  des  mains  al  Sarasins,  Chron,  de  Hains,  p.  4. 
Si  vous  requier,  sire  Apius,  Que  vous  me  dchvrés 
Iremettiez)  ma  serve;  Car  il  est  drois  qu'ele  me 
serNc,  la  Rose,  6633.  Li  baillix  doit  mètre  grant 
paine  de  délivrer  ce  qui  est  pledié  devant  li,  bealm. 
33.  Quant  U  liois  fu  vendu  et  délivrés,  li  uns  des 
compaighons  se  tresl  à  cix  qui  dévoient  les  dcte.s.... 
10.  XXI,  •i».  En  ce  cas  riens  ne  le  lot  délivrer  de  la 


DÉL 

bastardie  que  une  sole  chose,  c'est  quant  il  est  con- 
ceus  de  celi  meisme  qui  espousa  puis  sa  merc,  m. 
xviil,  2.  Et  ces  choses  vous  raonstréje,  pource  que 
il  se  délivra  tout  seul  par  son  senz  de  ce  que  il  avoit 
à  fere,  joinv.  2»i.  Je  le  vi  aucune  foiz  en  esté,  que, 
pour  délivrer  [expédier]  sa  gent,  il  venoit  ou  jardin 
de  Paris,  id.  to».  ||  xV  s.  Furent  payés  et  délivrés 
à  Londres  pour  trois  mois  [les  gens  d'armes  envoyés 
en  France  par  Richard],  froiss.  ii.  II,  C6.  Seigneurs 
cardinaux,  délivrez-vous  [dépêcliez-vous]  de  faire 
pape,  10.  II,  II,  20.  Et  se  vint  rendre  à  eux,  qui  le 
prirent  et  l'amenèrent  en  l'ost,  et  le  délivrèrent  & 
leur  maistrc,  qui....  m.  i,  l,  43*.  (Isabelle]  Fil  ap- 
pi\reiller  toutes  ses  besognes,  et  payer  et  délivrer 
aux  hosles,  le  plus  coyement  et  bellement  qu'elle 
pust,  et  partit  de  Paris,  ID.  I,  I,  ii.  Et  dit  le  roi 
d'Angleterre  à  son  cousin  Derby  qu'il  prist  assez  or 
et  argent  et  le  donnast  et  departist  largement  aux 
chevaliers  et  escuyers;  car  on  lui  en  delivreroit  as- 
sez, ID.  I,  I,  215.  Si  fut  cette  chose  si  approchée 
que,  droitement  la  nuit  de  l'an,  la  chose  fut  arrestée 
d'estre  faite,  et  devoit  le  dit  Aimery  délivrer  [livrer] 
le  château  de  Calais  en  celle  nuit  [aux  ennemis],  id. 
I,  I,  326.  U  se  vint  loger  en  une  hostellerie,  qui 
par  le  fourrier  de  monseigneur  avoit  esté  délivrée 
[assignée],  LOUis  XI,  A'ou».  lxxi.  ||  xvi"  s.  Esquelz 
l'on  delivreroyt  [remettrait)  les  cloches,  rab.  Garg. 
I,  18.  Pourquoy  délivrez-vous  voslre  argent,  et  n'en 
achetez  point  de  pain?  calv.  /ns(i(.  6(5.  Si  un  serf 
délivré  de  [par]  son  maistre  ne  veut  point  cognois- 
tre  sa  condition,  mais  s'attribue  ingénuité:  ne  me- 
rite-il  pas  d'estre  rédigé  en  servitude?  lo.  ib.  623. 
Ainsin  il  se  veid  délivré  de  cet  accident  sans  aulcun 
inconvénient,  mont,  ii,  si.  Se  sauvant  ainsi  du  ser- 
vage aprùz  en  avoir  délivré  les  siens,  id.  ii,  32.  Du 
temps  que  les  arrests  se  delivroient  en  latin,  despeh. 
Contes,  XLix.  Œthra,  quelques  mois  après,  se  délivra 
d'un  beau  fils,  lequel  fut  dès  lors  appelle  Theseus, 
AMYOT,  Thés.  4.  Ainsi  Theseus,  estant  délivré  de 
cette  captivité,  s'en  retourna  à  Athènes,  id.  ib.  43. 
11  délivra  sa  mère  de  mort  évidente,  et  remeit  son 
ayeul  sur  le  throsne,  id.  Thés,  et  Rom.  comp.  4.  Les 
Veiens  résolurent  de  ne  le  délivrer  [livrer]  point  aux 
Romains  qui  le  demandoient,  in.  Publ.  25. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  libre,  quand  il  s'agit 
de  mettre  en  liberté,  et  livrer,  quand  il  s'agit  de 
remettre;  picard,  délibérer  ;  provenu,  deslivrar,  des- 
liuar,  deslieurar,  delivrar  ;  calai.  desUiurar  ;  anc. 
espagn.  delibrar ;  ital.  delivrare.  On  verra,  à  l'éty- 
mologie  de  livrer,  que  livrer  vient  du  latin  liber, 
libre;  de  sorte  que  délivret  au  sens  de  mettre  en  li- 
berté, etdeiiiTer  au  sens  de  remettre,  coïncident 
par  le  radical. 

fDÉLlVUEUR  (dé-li-vreur),  s.  m.  ||  !•  Celui  qui 
met  en  liberté.  Le  délivreur  d'Andromède  Vit  moins 
de  monts  et  moins  de  vaux,  voit,  dans  richelet. 
Il  2"  Chez  le  roi,  ceux  qui,  dans  les  offices,  distri- 
buaient le  pain,  le  vin  et  les  autres  provisions  né- 
cessaires pour  l'usage  de  la  maison  et  des  tables. 
Il  3°  Terme  de  manège.  Domeslique  qui  distribue 
l'avoine  aux  chevaux.  ||  4°  L'un  des  deux  tambours 
qui  font  partie  des  cardes  à  carder  le  colon  en  gros 
ou  à  nappe. 

—  HIST.  xiv  s.  Que  ceste  besongne  se  fesoit  par 
les  delivreux  du  plèbe  romain,  bercheure,  f»  7(, 
rectu. 

—  ÉTYM.  Délivrer. 

DÉLOGÉ,  ÉE  (dé-lo-jé,  jée),  part,  passé.  Chassé 
d'un  logement,  d'un  poste.  ||  Qui  a  changé  de  loge- 
ment. Aussitôt  que  je  serai  délogée  à  Piques,  je  ne 
penserai  plus  qu'à  vous  aller  voir,  sÊv.  88. 

DÉLOGE.ME.NT  (dé-lo-je-man),  s.  m.   Il   l"  Action 
de  déloger,  de  changer  de  demeure.  Ces  jours  do 
loisir  nous  ôlent  l'embarras  du  délogement,  sEvia. 
36».  J'avance  ce  délogement  pour  ne  pas  séparer  le 
raccommodement  de  l'archevêque  de  Reims  de  trop 
loin  de  sa  di.sgrâce,  st-sim.  4(9,  45.  Nous  y  avons  | 
demeuré  paisiblement  et  agréablement  pendant  sept 
ans  jusqu'à  mon  délogement  pour  l'ermitage,  i.  J.  i 
Bouss.  Conf.  VIII.  Il  2°  Départ  des  gens  de  guerre  | 
logés  par  étape.  Vieux  en  ce  sens.  ||  Décampement. 
Vieux  en  ce  sens.  Le  délogemeut  de  cette  division  , 
s'est  fait  à  la  hâte.  J 

—  HIST.  XV*  s.  Quand  ceux  de  Calais  virent  le  de-  , 
logement  de  leurs  gens  [l'armée  qui  devait  les  déli- 
vrer], si  furent  tousdesconfits  et  desbarelés,  froiss. 
I,  1,  319.  Il  XVI*  s.  Avant  le  deslogement  se  com- 
mit un  acte  très  vilain  d'un  forcement  de  fille  par 
un  gentilhomme,  lanour,  567.  Sur  le  deslogement 
qu'il  devoit  faire  de  Libourne  à  Centras....  d'aubig. 
//t.ï/.  Il,  4(3.  Sur  le  delogement  fuyard  du  prince 
d'Oranges,  carl.  i,  7.  Or  avoient  bien  les  Panhes 
apperceu  le  deslogcment  des  Romains,  et  néant- 


DÉL 

moins  ne  les  avoient  pas  voulu  poursuivre  la  nuict, 
amyot,  Crassus,  54.  Je  pensois,  lui  respondit-il,  à 
me  tenir  prest  et  bandé  de  toute  ma  force  pour 
veoir  si,  en  cest  instant  de  la  mort,  si  court  et  si 
brief,  je  pourrai  appercevoir  quelque  deslogement 
de  l'ame  et  si  elle  aura  quelque  ressentiment  de  son 
yssue,  mort,  ii,  60.  C'est  assez  vescu  pouraultruy; 
vivons  pour  nous,  au  moins  ce  bout  de  vie....  puis- 
que Dieu  nous  donne  loisir  de  disposer  de  notre 
deslogement,  préparons-nous  y,  id.  i,  279. 

—  ETYM.  Déloger.  On  a  dit  aussi  deslogis  pour  dé- 
campement. 

( .  DÉLOGER  (dé-Io-jê.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
et  0;  je  délogeais,  délogeons),  i'.  n.  |{  1* Sortir  d'un 
logement  pour  aller  s'établir  ailleurs.  Ils  délogent  à 
chaque  terme.  ||  2*  Famill^rement,  sortir  d'un  lieu. 
La  déesse  Discorde  ayant  brouillé  les  dieux....  On 
la  fit  déloger  des  cieux,  la  font.  Fabl.  vi,  20.  Ainsi 
donc  au  plus  tôtdébgeant  de  ces  lieux,  boil.  Sat.i. 
Mon  père,  si  matin  qui  vous  fait  déloger  [sortir'de 
chez  vous]?  RAC.  Plaideurs,  i,  4.  Non,  dit  la  voix, 
plus  de  fêtes;  Esprits,  vile  délogeons,  bèrang.  Lu- 
tins. Il  Fig.  Il  se  perd  aussitôt  et  déloge  du  monda 
[il  meurt),  MALH.  1,  4 Elle  .sent  chaque  jour  Dé- 
loger quelques  ris,  quelques  jeux,  puis  l'amour, 
LA  font.  Fabl.  vu,  5.  Il  y  a  des  païens  qui  croient 
qu'après  la  mort  d'un  homme  son  âme  ne  fait  que 
déloger  d'un  corps  à  un  autre,  llist.  des  Bramines, 
dans  RICHELET.  Il  faut  que  tout  déloge,  pièce  à  pièce, 
jusqu'à  ce  qu'on  retombe  dans  l'état  où  l'on  était 
avant  de  naître,  volt.  Lett.  Urne  du  Delfant,  30  ocl. 
(777.  Il  se  renferma  seul  dans  une  petite  maison, 
où  il  attendit  en  pliilosophe  que  son  âme  délogeât 
de  son  corps  pour  passer  dans  un  autre,  didebot, 
Opin.  des  anc.  phil.  {Sarrasin.<).  Délogez  à  l'in- 
stant!—Déloger  I  ah  fi!  que  c'est  mal  parler!  beausc. 
Barb.  de  Sév.  n,  (2.  ||  3°  Partir,  en  parlant  de  trou- 
pes logées  par  étapes.  Vieux  en  ce  sens.  Les  trou- 
pes qui  y  étaient  sont  délogées,  sÊv.  (94.  {|  Décam-' 
per.  Ils  délogèrent  sans  trompette.  ||  Fig.  Déloger 
sans  trompette,  sans  tambour  .ni  trompelte,  se  re- 
tirer secrètement,  sans  faire  de  bruit.  Et  les  petits 
en  même  temps,  Voletants, se  culebutants,  Délogè- 
rent tous  sans  trompelte,  la  font.  Fabl.  iv,  ï2. 
Holà!  madame  la  belette,  Que  l'on  déloge  sans 
trompette;  Ou  je  vais  avertir  tous  les  rats  du  pays, 
ID.  Fabl.  vn,  (6.  Veux-tu  parler?  —  Monsieur,  il 
faut  faire  retraite.  —  Comment?  —  Il  faut  d'ici  dé- 
loger sans  tromiietle,  mol.  Uis.  iv,  4.  ||  Faire  Jac- 
ques déloge,  s'en  aller  au  plus  vite  et  sans  bruit. 
L'explication  est  :  Jacques,  déloge,  ordre  qui  est 
donné  à  Jacques,  nom  propre  pris  d'une  manière 
générale,  et  devant  lequel  on  met  le  verbe  faire. 
Il  4°  V.  a.  ôter  un  logement  à  quelqu'un,  lui  -faire 
quitter  son  appartement.  Je  n'ai  pas  dessein  de  vous 
déloger.  On  a  bien  délogé  des  gens  de  Sorboune, 
mais  cela  ne  me  déloge  pas  de  chez  moi,  pasc. 
Prov.  (7.  Il  5°  Terme  de  guerre.  Faire  quitter  un 
poste.  On  a  délogé  l'ennemi  de  celte  place.  ||  6*  Fig. 
et  familièrement,  faire  sortir  quelqu'un  d'une  posi- 
tion commode  où  il  s'était  mis.  Aurait  aussi  attenté 
ladite  Raison,  par  une  entreprise  inouïe,  de  déliger 
le  feu  de  la  plus  haute  région  du  ciel,  et  prétendu 
qu'il  n'avait  là  aucun  domicile,  nonobstant  les  cer- 
tificats du  dit  philosophe  [Aristote]  et  les  visites  et 
descentes  faites  par  lui  sur  les  lieux,  boileau.  Arrêt 
burlesqtte.  La  veille  de  son  arrivée,  on  me  délogea 
de  la  chambre  de  faveur  que  j'occupais,  contiguô 
à  celle  de  Mme  d'Épinay;  on  la  prépara  pour  H. 
Grimm,j.  J.  Rouss.  Confess.  ix.  Pourquoi  tiitre-t-il 
[le  serpent,  le  démon]  tous  les  jours  dans  le  corps 
des  gens  par  sa  seule  vertu,  et  tant  de  gens  sages 
prétendent-ils  l'en  déloger  par  des  paroles  î  volt. 
Taureau  blanc,  5. 

—  KEM.  Déloger,  e.  n.  se  construit  avec  l'auxi- 
liaire aïoir,  quand  on  veut  exprimer  l'action,  et 
avec  l'auxiliaire  </re, quand  on  veut  cNprimer  l'état: 
il  a  délogé  aujourd'hui;  il  est  délogé  depuis  hu.i. 
jours. 

—HIST.  ni'  s.  Quant  li  baron  prisent  [prirent]  à  des 
loigier,  Vers  Origni  prisent  adès  loigier,  Raoul  de 
C.  «2.  Il  XIII'  s.  Si  se  délogea  maintenant  li  os  [l'ar- 
mée], et  vint  herbregier  en  la  ville  dedens,  villeh. 
XLIX.  Ains  ardi  ses  engins  et  se  deslogea,  et  ensi  se 
parti  del  Dimot,  10.  clxi.  ||  xiv*  s.  Au  chastel  do 
Moncel  fu  Pielre  le  tirant,  ()ui  par  moult  grant  ma- 
lice s'ala  laiens  celant;  Quant  û  vit  que  Henri  n'ala 
point  deslogeant....  Guescl.  (6536.  ||  xV  s.  Ces  ba- 
rons de  Norlliomnrelande  passèrent  la  nuit  au  mieux 
qu'ils  purent,  et  à  lendemain  sedeslogerent,  Fll0l^s. 
II,  II,  (9.  Voyant  qu'il  n'estoit  pas  assez  fort,  il  dcs- 
logeoit  tuusjours  devant  eulx,  comm.  1,  3.  ||  xvi'  s. 
Elle  envoya  quérir  son  frère  pour  l'emmener  en  son 


DÉL 


DEL 


DËL 


1039 


pays,  et  se  délogea  incontinent  d'avecques  sa  sœur, 
MARS.  Nouv.  XLii.  Ceux  qui  en  furent  deslogez  à 
force  par  nostre  armée,  mont,  i,  26.  Rien  ne  me 
peut  desloper  de  la  certitude  que  j'ay  de....  m.  i, 
214.  Il  luy  feit  présent,  au  riesloger,  d'un  livre 
qui....  ID.  Il,  (36.  Cela  estantainsi  advenu,  Perseus 
se  deslogea  à  grand  haste  du  lieu  où  il  estoit,  et  se 
retira  arrière  tout  eiïrayé,  amyot,P.  jEm.  27.  Avant 
qu'il  fust  notoirement  descouverl  pour  traistre,  il 
deslogea  de  bonne  heure,  id.  Crassus,  43.  M.  le 
Prince  deslogea  le  lendemain,  lanoue,  691.  M.  le 
Prince,eslant  deslogé,  dressa  sa  teste  vers  ...  id.  591. 
Il  faisoit  aussi  estât  de  les  desloger  d'où  ils  estoyent, 
10.  618.  De  là  est  venu  le  proverbe,  desloger  sans 
trompette,  qui  s'approprie  communément  à  ceux 
qui,  tremblants  de  peur,  se  dérobent  de  quelque 
lieu  sans  faire  bruit,  carl.  i,  7. 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  elloger. 

t  2.  DÉLOGER  (dé-lo-jé),  s.  m.  L'action  de  dé- 
loger, de  s'en  aller,  de  décamper. 

.  HIST.  XVI' s.  S  son  desloger  se  fit  rencontre, 

aupr's  de  la  Flume,  de  la  troupe  du  comte  de  la 
Roche,  d'aub.  IHst.n,  364. 

—  ÊTYM.  Déloger,  à  l'infinitif,  pris  substantive- 
ment. 

f  DÉLONGER  (dé-lon-jé),  V.  a.  Terme  de  faucon- 
nerie, ôter  la  longe  à  un  oiseau.  On  trouve  aussi 
délongir. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  longe. 

t  DÉLOT  (ilé-lo),  s.  m.  Terme  de  marine.  Garni- 
ture de  cuir  pour  le  petit  doigt,  à  l'usage  des  cal- 
fats.  Il  Synonyme  inusité  de  ce  qui  est  nommé  au- 
jourd'hui cosse,  et  sert  à  revêtir  une  boucle  de 
conle  pour  rempècher  de  se  couper. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'ancien  français  deel,  dé 
à  coudre  fvoy.  dé  2). 

t  DÉLOVER  (dé-lo-vé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Dérouler  un  câble  qui  était  lové  ou  plié  en  cercle. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lover. 
DÉLOY.\L,  ALE  (dé-lo-ial,  ial';  plusieurs  disent 

dé-loi-ial),  adj.  ||l°Quin'a  pas  de  loyauté.  Un  ami 
déloyal  peut  trahir  ton  des.sein,  cohn.  Cinna,  i,  1. 
Aussi  cruelle  sœur  que  déloyale  fille,  m.  Ilédée, 
m,  3.  ô  le  plus  déloyal  que  la  terre  ait  produit,  m. 
Cinna,  iv,  t.  Déloyal  auprès  d'eux,  crains-tu  si  peu 
Médée?  id.  Médée,  m,  3.  Esprit  déloyal,  id.  Nicom. 
IV,  2.  Il  Substantivement.  Arrête,  déloyal,  et  laisse- 
moi  parler,  corn.  Toison  d'or,  v,  4.  ||  2°  Il  se  dit 
des  choses.  Un  procédé  déloyal.  Ah!  je  me  vengerai 
de  ce  trait  déloyal,  mol.  l'Étour.  jv,  2.  Ce  monsieur 
Loyal  porte  un  air  bien  déloyal,  m.  Tort,  v,  4. 

—  HiST.  xui'  s.  Li  Grieu  n'orent  mie  encore  la 
félonie  fors  du  cuer,  car  moût  estoient  desloial  à 
celi  tans,  villeh.  cxxxv.  Ahil  vieille,  fait-ele,cuer 
avez  desloyal,  iîcr(e,xxvi.  Car  plus  desloials  femme 
ne  but  ne  ne  menja,  ib.  lxxviii.  C'est  [l'amour] 
loiautés  la  desloiaus,  C'est  la  desloiauté  loiaus,  la 
Rose,  4309.  Il  a  perdu  à  toz  jors  vois  et  respons  en 
court,  et  sera  tenu  à  faus  et  à  desleau  tote  sa  vie, 
Ass.  de  Jér.  120.  J'ai  veu  en  cest  pais,  puis  que  je 
revins  d'outremer,  aucuns  desloiaus  crestiens  qui 
tenoient  la  loi  des  Beduyns,  et  disoient  que  nulz  ne 
povoit  morir  qu'à  son  jour,  joinv.  230. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  loyal;  provenç.  des- 
leial,  desliai;  catal.  desUeal;  espagn.  desleal;  ital. 
disleule.  Le  féminin  des  adjectifs  en  al  dans  l'an- 
cien français  était,  comme  celui  des  adjectifs  en 
alis  dans  le  latin  ,  semblable  au  masculin  :  une 
femme  desloials  ou  desloiaus, 

DÉLOYALE.MENT  (dé-lo-ia-le-man;  plusieurs  di- 
sent dé-loi-ia-le-man) ,  adv.  Sans  loyauté,  avec  per- 
fidie. Il  en  a  usé  déloyalement  envers  moi.  11  a  dé- 
loyalement  nié  le  dépôt. 

—  HIST.  XII'  s.  Si  pluiseur  ont  d'amour  chanté 
Par  effort  et  desloiaument,Co«i;t,  p.  120.  ||  xiii's.  Et 
bien  savés  comment  il  a  desloiaument  ovrô  vers  son 
seigneur  et  vers  son  frère,  villeii.  lxviii.  Les 
garenz  s'esparjurerent  desleiaument  et  portèrent 
fauce  garentie,  Ass.  de  J.  i,242.  Et.si  doit  perdre 
sou  servise,  car  il  serjanta  desloialment,  beaum. 

LU,  t2. 

—  ÉTYM.  Déloyale,  elle  suffixe  ment;  provenç. 
delialment;  catal.  desUealment;  espagn.  desleal- 
menle  ;  ital.  dislcalmente.  Desloiaument  est  pour  des- 
loyalment,  ce  qui  est  correct,  desloyal  étant  au  fé- 
minin suivant  l'ancienne  régie  des  adjectifs. 

DÉLOYAUTÉ  (dé-lo  iô-té;  plusieurs  disent  dé-loi- 
iô-té),  s.  f.  Manque  de  loyauté;  acte  déloyal.  Faire 
acte  de  déloyauté.  Quoi!  ta  rage,  dit-il,  n'est  donc 
pas  assouvie.  Et  tes  déloyautés  ont  survécu  ta  vie! 
ROTR.  Àntig.  m,  2.  Et  sa  mort  va  laisser  à  la  posté- 
rité L'infâme  souvenir  de  ta  déloyauté ,  corn.  Cinna, 
IV,  7.  Et  sa  déloyauté  va  paraître   trop  noire  Pour 


soufl'rir  qu'il  en  ait  lo  succès  qu'on  veut  croire,  mol. 
Tart.  V,  6. 

— HlST.xi's.E  cilqui  estreté  [accusé]  dedeleauté, 
loisdeGuill.ib.  l|xii's.  [De]  Ce  que  je  l'ai  [l'amour]  à 
mon  pooir  Servie  sans  desloiauté,  Couci,  m.  Car  coque 
nus  eûmes  ainceis  al  rei  granlé  E  par  obédience 
l'eûstes  comandé.  Or  l'avez  défendu;  par  tel  desle- 
alié,U  [où]  vuz  nus  volez  mètre,  nusavunsapelé,  7")». 
le  mart.  42.  ||  xiii'  s.  Les  mains  [ils]  lui  ont  lié  par 
lor  desloyauté.  Berle,  xv.  Ne  ja  por  chou  [ce]  ne 
feriemes  deloiauté  de  requerra  après  nostre  raison, 
H.  DE  VALENC.  XIX.  Et  por  noieut  doit  estre  prisiés  li 
sensdecelienquidesloiatésestherbergiée.BEAUM.  27. 
Il  XV'  s.  Et  en  ses  subjectz  ne  trouva  nulle  desloyaulté, 
coMM.  v,  7.  Il  XVI'  s.  Il  retarda  l'exécution  de  sades- 
loyauté,  mont,  i,  3o. 

—  ÉTYM.  Déloyal;  provenç.  desîeialtat,  deslial- 
tat;  catal.  deslleallat;  espagn.  desleallad;  ital.  dis- 
lealtà.  Desloiauté  est  pour  desloiallé ,  au ,  comme  on 
sait,  remplaçant  al.. 

t  DELPIUNAL,  ALE  (dM-fi-nal ,  na-1')  ,  adj. 
Terme  d'histoire.  Qui  appartient  au  dauphin  de  Dau- 
phiné,  et,  par  suite,  au  dauphin  fils  aîné  du  roi 
de  France.  ||  Statut  delphinal,  charte  donnée  au 
Dauphiné  par  le  comte  en  t338. 

—  mST.  XV'  s.  Loys....  dauphin  de  Viennois.... 
de  nostre  certaine  science....  et  authorité  royale  et 
delphinale....  octroyons....  Ordnnn.  9  mai  I'i99. 

—  ÉTYM.  Bas-latin,  delphinalis ,  de  delpidnus 
(voy.  dauphin). 

-|-DELPUINAPTÈRE(dèl-fi-na-ptê-r'),s.m.  Terme 
de  zoologie.  Genre  de  dauphins  sans  nageoire  dor- 
sale. 

—  ÊTYM.  DaupftiM,  et  à  privatif,  et  itTepàv,  aile, 
nageoire. 

t  DELPHINE  (dèl-fi-n'),  voy.  delphinins. 

t  DELPIUXË,  ÉE  (dêl-fi-né,  née),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  ressemble  à  un  dauphin.  ||  S.  m. 
plur.  Les  delphinés  ou  les  delphiniens,  famille  de 
mammifères  cétacés,  ayant  pour  type  le  genre  dau- 
phin. 

.  t  DELPHINETTE  fdèl-fi-nè-t') ,  s.  f.  Nom  de  dif- 
férentes plantes.  La  delphinette  des  blés  {consolida 
regalis,  /..).  Delphinette  staphisaigre  {delphinium 
slaphis  agria,  £.). 

tDELPUINIEN,  IENNE(dèl-fi-niin,  niè-n'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  ressemble  à  un   dauphin 

(voy.  DELPHINE). 

—  ÉTYM.  Lat.  delphinus,  dauphin. 

t  DELPUININE  (dèl-fi-ni-n') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Alcaloïde  découvert  dans  la  staphisaigre,  dont 
il  est  le  principe  actif. 

—  ÉTYM.  Delphinium. 

+  DELPHINIUM  (dèl-fi-ni-om'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Nom  scientifique  du  pied  d'alouette. 

—  ÉTYM.  A£)(pîviov,  nom  de  cette  plante  en  grec, 
t  DELPHINOIDE  (dèl-fi-no-i-d'),  adj. Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  l'apparence  du  dauphin. 

—  ÉTYM.  AsXiptv,  dauphin,  et  elSoç,  forme. 

t  DELPHINOURUINQUE  (ilèl-fi-norin-k') ,  s.  m. 
Terme  de  zoologie.  Genre  «te  cétacés  de  grande 
taille,  ayant  le  museau  étroit  et  très-allongé.  Le 
type  e.st  le  delphinorrhinque  couronné ,  commun  dans 
la  mer  glaciale. 

—  ÉTYM.  Ae)çîv,  dauphin,  et  ^ù-f/oi;,  museau. 

t  DELPHIQUE  (dèl-fi-k'),  adj.  Qui  est  de  Del- 
phes. I.a  sibylle  delphique,  la  sibylle  qui  rendait 
ses  oracles  à  Delphes. 

—  ÉTYM.  Delphes,  ville  de  la  Phocide,  en  Grèce, 
où  il  y  avait  un  oracle  d'Apollon. 

t  DELTA  (dèl-ta),  s.  m.  ||  1"  Quatrième  lettre  et 
troisième  consonne  de  l'alphabet  grec,  ainsi  figurée  ; 
à.  Il  2°  Triangle  entouré  de  rayons,  dans  lequel  on 
dessine  un  œil  ou  les  lettres  hébraïques  qui  compo- 
sent le  nom  de  Jéhova  et  qui,  dans  nos  églises, 
est  le  symbole  de  la  sainte  Trinité.  ||  3°  "Terme  de 
géologie.  Nom  que  l'on  donne  aux  terres  de  configu- 
ration ordinairement  triangulaire,  qui  se  forment  à 
l'embouchure  des  fleuves.  ||  Particulièrement  l'es- 
pace formé  par  les  alluvions  du  Nil  à  son  embou- 
chure. Ce  n'est  pour  ainsi  dire  que  depuis  peu  de 
temps  que  le  delta  a  paru,  cuv.  Itévol.  p.  148.  ||  Au 
plur.Les  delta. lettre;  danslesautressens, lesdeltas. 

—  ÉTYM.  Le  5  grec,  le  même  que  le  d  latin, pro- 
vient du  dalelh,  phénicien  ou  hébreu. 

t  DELTOCARPE  (dèl-to-kar-p'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  a  des  fruits  triangulaires. 

—  ÉTYM.  AÉ),To:,  et  xapitoî,   fruit. 

t  DELTOÏDE  (dèl-to-i-d'),  adj.  Terme  didactique. 
Qui  a  la  forme  d'un  delta.  ||  Terme  d'anatomie.  Le 
muscle  deltoïde,  ou,  substantivement,  le  deltoïde, 
muscle  |>uissant  qui  s'insère  à  l'épaule  et  au  bras, 
et  ainsi  nommé  à  cause  de  .sa  forme. 


—  HlST.  xvi'  s.  Aucuns  muscles  sont  triangulai- 
res, comme  celuy  qui   love  le  bras,  dit  deltoïde, 

PARÉ,  I,    8. 

—  ÉTYM.  AO.Ta,  et  £!5o;,  forme. 

t  DELTOÏDIEN,  lENNE  (dèl-to-i-diin  ,  dié-n'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  au  muscle  del- 
toïde. 

—  ÉTYM.  Deltoïde. 

t  DELTURE  (dèl-tu-r'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Qui  a  la  queue  triangulaire. 

—  ÉTYM.  AiX-ra,  et  oùpà,  queue. 

DÉLUGE  (dé-lu-j'),  s.  m.  ||  1°  Très-grande  inon- 
dation. Ce  fut  de  son  temps  qu'arriva  le  déluge 
de  Deucalion;  celui  d'Ogygès  en  Attique  est  beau- 
coup plus  ancien, ROLLIN,  llist.ane.  Œuvres, t.  11, 
p.  496,  dans  pouGENS.  Des  êtres  vivants  sans  nom- 
bre ont  été  victimes  de  ces  catastrophes;  les  uns,  ha- 
bitants de  la  terre  sèche,  se  sont  vus  engloutis  par 
des  déluges;  les  autres,  qui  peuplaient  le  sein  des 
eaux,  ont  été  mis  à  sec  avec  le  fond  des  mers  subite- 
ment relevé,  cuv.  Révol.  p.  23.  ||  2°  Le  déluge  uni- 
versel, ou,  simplement,  le  déluge,  celui  qui  est  ra- 
conté par  la  Bible.  Je  m'en  vais  répandre  les  eaux 
du  déluge  sur  la  terre  pour  faire  mourir  toute  chair 
qui  respire,  sacy,  lUble,  Genèse,wi,  t7.  L'explica- 
tion physique  du  déluge  universel  par  la  rencontre 
d'une  comète  dont  la  queue  ou  l'atmosphère  aqueuse 
inonda  notre  globe  et  qui  aétésiblen  miseen œuvre 
par  M.  Wiston  dans  sa  nouvelle  théorie  de  la  terre, 
appartient  primitivement  à  M.  Halley,  mairan.  Élo- 
ges, Ilalley.  On  dirait  que  le  ciel,  qui  se  fond  tout 
en  eau.  Veuille  inonder  ces  lieux  d'un  déluge  nou- 
veau, BOIL.  Sat.  VI.  Il  Familièrement.  Remonter  au 
déluge,  remonter  fort  loin  dans  le  passé.  Sa  maison 
[famille]  qu'elle  prend  depuis  le  déluge,  sÉv.  685. 
Il  Fig.  Passons  au  déluge,  abrégeons,  arrivons  au 
fait;  locution  proverbiale  prise  des  Plaideurs  de  Ra- 
cine, où  l'avocat  disant  :  Avant  la  naissance  du 
monde....  le  juge  dit:  Avocat,  ah!  passons  au  déluge! 
m,  3.  Il  Fig.  Être  du  temps  du  déluge,  se  dit  de 
choses  qui  sont  vieillies,  hors  d'usage,   grossière» 

comme   dans  les  temps  primitifs Vous-même 

à  qui  surtout  Un  appétit  bourgeois  tient  toujours 
lieu  de  goût,  Oui,  monsieur,  la  cuisine  est  du 
temps  du  déluge,  lachaussïe.  Retour  impréiu, 
I,  3.  Il  Proverbe.  Après  moi  le  déluge!  Quoi  qu'il 
arrive  après  ma  mort,  je  m'en  inquiète  peu.  ||  3°  Par 
exagération,  déluge  se  dit  d'une  très-grande  quan- 
tité de  choses  liquides  dont  on  compare  l'irruption 
à  un  déluge.  Un  déluge  de  pluie.  D'un  et  d'au- 
tre côté  ses  chevaux  bonilissants  D'un  déluge  de 
boue  inondent  les  passants,  régnard,  Sat.  contre 
les  maris.  \\  Un  déluge  de  sang,  une  très-grande 
quantité  de  personnes  tuées.  Il  se  plonge  dans  ce  dé- 
luge de  sang,  boss.  Hist.  11,  te.  Un  déluge  île  sang 
français  qu'elle  avait  fait  verser,  mass.  Louis  XIV. 
Il  4°  Fig.  Affluence  innombrable  d'hommes  qui  se 
précipitent  comme  un  déluge.  C'était  de  là  (|u'élaient 
venus  tous  ces  déluges  d'armées  qui  avaient  inondé 
la  Grèce,  vaugcl.  Q.  C.  liv.  v,  dans  kichelet.  Il 
veut  que  de  ces  gens  le  déluge  effroyable  Atterre  im- 
punément les  peuples  qu'il  accable,  corn.  Attila, 
IV,  i.  Il  se  peut  que  longtemps  avant  les  empires 
de  la  Chine  et  des  Indes  il  y  ait  eu  des  nations  in- 
struites, polies,  puissantes,  que  des  déluges  de  bar- 
bares auront  ensuite  replongées  dans  le  premier  état 
d'ignorance  et  de  grossièreté  qu'on  appelle  l'état  de 
pure  nature ,  volt.  Moeurs,  Avant-propos.  \\  Par  ana- 
logie et  dans  le  même  sens,  en  parlant  des  choses 
qui  affluent.  Un  déluge  d'explications,  d'injures. 
Que  le  courroux  du  ciel,  allumé  par  mes  vœux. 
Fasse  pleuvoir  sur  elle  un  déluge  rie  feux!  corn. 
lIoT.  IV,  6.  Ce  déluge  de  crimes  dont  le  monde 
semble  être  inondé,  mass.  Mélange.  Où  il  pût  les 
sauver  de  ce  déluge  d'iniquités,  id.  Benoit.  Le  livre 
qui  fait  la  question  sera  noyé  dans  ce  déluge,  boss. 
i" écrit.  Les  imans  emploient  un  déloge  <le  paroles 
pour  pallier  ces  fautes,  volt.  Mœurs,  7.  11  y  a  de- 
puis longtemps  un  déluge  de  pareils  livres,  id.  Lelt. 
Mme  du  Deffant,  26  déc.  <768.  Je  m'attends  à  un 
grand  déluge  d'esprit,  d'alembert,  Lelt.  à  Yoll.  » 
avrilt/Ot. 

—  HlST.  XII'  s.  Par  le  delouve  toz  li  mondes  noia 
[fut  noyé],  Ba(.  d'Aleschans,  v.  8034.  Noé  conduist 
l'arche  par  meilo péril  de!  duluve,  en  cui  je  reconois 
la  forme  de  ceos  [ceux]  qui  sainte  église  ont  à  gover- 
neir,  st  bern.  666.  ||xiii'  s.  Ains  sera  venu  li  déluge 
Qu'il  isse  mes  de  notre  tour,  la  Rose,  t5230.  Com- 
ment dame  Dex  nostre  sire  Tout  le  mont  par  aighe 
noia,  Quant  le  grant  deluve  envoia,  i/ahomc(,  660. 
Tant  pécha  Li  mondes  et  folia.  Que  Diex  el  siècle 
envoia  Le  diluve,  qui  noia  Fors  Noé  qui  eschapa, 
ERNOUL  le  viel.  dans  Hist.  littér.  de  la  France, 


«040 


DÉM 


t.  ixiii,  p.  B09.  Ilxiv*  S.  Aussi  est-ce  divers  déluge 
Que  pledoyer devant  un  juge  Qui  est  suspect  et  liay- 
neui,  Plain  de  vengence  et  convoiteux,  Liv.  du  b. 
Jehan,  2870.  |{  xv*  s.  Se  je  ne  te  sçay  emboucler 
Tout  maintenant  devant  le  juge,  Je  prie  à  Dieu  que 
le  déluge  Coure  sur  moi,  et  la  tempeste,   Patelin. 

—  ÈTYM.  l'rovenç.  diluvi,  duiiui;  espagn.  et  ilal. 
diluvio;  du  latin  diiumum,  de dtiuere,  détremper, 
mouiller,  de  di,  eiluere,  laver  (voy.  lotion). 

tDÉLUBÉ,  ÉE  (dé-lu-ré,  rée),  adj.  Dégourdi, 
déniaisé.  Gens  plus  actirs,  plus  gais,  plus  délurés, 
suivant  l'expression  locale  dans  les  pays  de  vigno- 
bles et  de  navigation,  «aïnal,  p.  i6,  dans  jauiikrt, 
Gloss. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  leurre. -qui  ne  se  laisse 
plus  piper  par  le  leurre.  D'anciens  dictionnaires  ont 
déleurrer  avec  le  sens  de  détromper;  ce  qui  est  dé- 
eisif.  Le  changement  de  eu  en  m  ne  fait  pas  diffi- 
culté, ces  deux  sons  permutant  facilement. 

t  DÉLUSOJRE  (dé-lu-zoi-r'),  adj.  Propre  à  in- 
duire en  erreur,  à  tromper,  à  faire  illusion.  Argu- 
ment délusoiro. 

—  HIST.  xv  s.  Et  toutes  fois  il  veut  maintenir 
que,  sans  confesser  son  melTaict,  vous  le  luy  avez 
pardonné,  qui  est,  selon  tous  droicts  et  raison  es- 
cripte,  une  chose  delusoire  et  illusoire,  juv.  des 
UR.ÇINS,  Charles  K/,44H. 

—  ÉTYM.  Lat.  delusum,  supin  de  deludere,  se 
moquer. 

DÉLUSTRÉ,  ÉE  (dé-lu-stre,  strée),  part,  passé. 
Une  étoffe  délustrée. 

DÉLUSTRER  (dé-lu-stré),  «.  a.  ôter  le  lustre. 
Délustrer  un  drap.  ||  Se  délustrer,  v.  refl.  Perdre 
son  lustre. 

—  Rtym.  Dé....  préfixe,  et  lustre. 

■t  DÉLUTAOE  (dé-lu-ta-j'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Action  d'ûter  le  lut. 

—  ÉTYM.  Délutcr. 

DÉLUTÉ,  ÉE  (dé-lu-té,  tée),  part,  passé.  Vase 
déluté. 

DÉLUTER  (dé-lu-lé),  v.  a.  Terme  de  chimie,  ôter 
le  lut  d'un  vase  luté. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  lut. 

r  DÉMACLAGE  (dé-ma-kla-j'),  s.  m.  Action  de 
démacler;  effet  de  cette  action. 

t  DÉ.MACLER  (dé-ma-klé) ,  v.  a.  Remuer  le  verre 
fondu  avec  une  barre  de  fer. 

t  DÉMAÇONNER  (dé-ma-so-né),  v.  a.  Défaire  ce 
qui  a  été  maçonné. 

—  HlST.  XVI'  s.  Comme  ils  demaçonnoient  la 
porte....  d'aub.  Ilist.  m,  22.  En  desmaçonnant  j'eus 
les  doigts  coupés,  palissy,  3(6. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  maçonner. 
DÉMAGOGIE  (dé-ma-go-jie),  s.  f.   Domination 

des  factions  populaires.  ||  Excitation  des  factions  po- 
pulaires. Puis  j'irais  pour  démagogie  En  prison  ter- 
miner l'orgie,  Bf.RANG.  les  Car.  |j  Excès  de  la 
démocratie;  opinion  ou  conduite  qui  s'appuie  sur 
les  passions  populaires.  Repousser  la  démocraùe  par 
crainte  de  la  démagogie. 

—  ÉTYM.  ATi|a,aYMYia,  de  ÎTiixaYWYÔc,  démagogue. 
DÉMAGOGIQUE  (dé-ma-go-ji-k'),  ad).  Qui  appar- 
tient à  la  démagogie. 

—  ÉTYM.  AriiiayuYtxi;,  de  8r)(iaY(0Tà;,  dé.raago- 
gue. 

t  DÉMAGOGISER  (dé-ma-go-ji-zé),  v.n.  Fa^re 
le  démagogue. 

—  HIST.  XIV  s.  Demagogiser  est  faire  office  ou 
œuvre  de  démagogue,  oresme,  Thèse  de  meunier. 

—  ÉTYM.  Démagogue. 

t  DÉMAGOGISME  (dé-ma-go-ji-sm'),  s.  m.  Oi)i- 
nion,  conduite  de  ceux  qui  poussent  à  la  démagogie. 

—  KTY.M.  Demagogiser. 

DÉMAGOGUE  (dé-ma-go-gh'),  s.  m.  ||  l-  Dans 
l'hi.stoire  des  républiques  grecques,  chef,  meneur 
d'une  faction  populaire.  Le  malheureux  Mélan- 
chthon  se  regarde ,  au  milieu  des  luthériens ,  ses  col- 
lègues, comme  au  milieu  de  ses  ennemis,  ou,  pour 
me  servir  de  ses  mots,  comme  au  milieu  de  guêpes 
furieu.ses;  je  voudrais  qu'il  me  fût  permis  d'employer 
le  terme  do  démagogue;  c'était  dans  Athènes  et  dans 
les  états  populaires  de  la  Grèce  certains  orateurs  qui 
»e  rendaient  tout-puissants  sur  la  populace  en  la 
flattant,  boss.  Var.  v,  §  (8.112"  Dans  les  sociétés 
modernes,  celui  qui  est  du  parti  populaire  contre 
l'aristocratie,  et  agit  dans  les  luttes  politiques  par 
la  presse  ou  par  la  parole.  Un  jeune  démagogue. 
Il  8'  Par  extension,  celui  qui  soulève  les  passions 
populaires,  anarchiste.  Ton  pouvoir  [à  Christ]  n'est 
p.us  le  caprice  Dos  démagogues  et  des  rois,  lamart. 
Harm.  m,  t.  ||  Adjectivement.  Un  orateur  déma- 
gogu». 

—  RBM.  Ou  volt,  par  l'eiempla  cilé  de  Bossuct, 


DEM 

qu'il  n'osait  pas  se  servir  du  mot  de  démagogue, 
formé  cependant  dès  le  xiV  siècle  par  Oresme  d'a- 
près le  grec. 

—  HIST.  xiv*  s.  Démagogues,  gens-qui  par  adu- 
lacion  et  flaterie  meinent  les  populaires  à  leur  vo- 
lente,  oresme.  Thèse  de  meunier. 

—  ÉTYM.  AriiAaYWYii.  de  «)i|J.oc,  peuple,  et  à-^nv, 
conduire,  pousser  (voy.  agir). 

(.  DÉMAIGRI,  lE  (dé-mè-gri,  grie),  part,  passé 
de  démaigrir  (.  Devenu  moins  maigre. 

2.  DÉMAIGRI,  lE  (dé-mè-gri,  grie),  part,  passé 
de  démaigrir  2.  Rendu  plus  maigre.  ||  Terme  de 
construction.  Rendu  plus  mince.  Une  pierre  démai- 
grie. 

(.  DÉMAIGRIR  (dé-mè-grir),  v.  n.  Devenir  moins 
maigre.  Sans  être  engraissé,  il  a  pourtant  démaigri, 
il  est  démaigri.  ||  Verbe  très-familier. 

—  RE.M.  Démaigrir  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
oïotr,  quand  il  marque  l'action  :  il  a  démaigri  un 
peu;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  il  marque  l'état: 
il  est  démai},'ri  depuis  quelque  temps. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  au  sensd'oter,  et  maigre. 
2.  DÉMAIGRIR  (dé-mè-grir) ,  v.  a.  \\  1°  Rendre 

plus  maigre.  ||  2°  Terme  d'arts.  Démaigrir  une  pièce 
de  bois,  ou  une  pierre,  en  diminuer  la  grosseur, 
en  ôter  quelque  chose. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  dans  le  sens  augmenta- 
tif, et  maigrir. 

I  DÉMAIGKISSEMENT  (dé-mè-gri-se-man),  s.  m. 
Terme  do  construction.  Action  de  démaigrir  une 
pierre,  une  pièce  de  bois,  un  tenon.  |1  L'endroit  où 
la  pierre  et  le  bois  ont  été  démaigris. 

—  ÉTYM.  Démaigrir  2. 

t  DÉMAILLER  (dé-ma-llé,  «mouillées),  t).  a. 
Défaire  les  mailles.  ||  Terme  de  marine.  Détacher. 
Démailler  la  bonnette. 

—  HIST.  XI*  s.  L'esou  [il]  li  freint,  et  l'haubert  li 
demaile,  Ch.  de /(oi.  icv.  ||  xii"  s.  L'aubero  du  dos 
desmaillié  et  rompu,  /îonc.  p.  6(.  Et  les  haubers 
desmailliés  et  faussés,  Raoul  de  C.  26. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  maille  ;  provenç.  des- 
malhar,  desmaillar. 

DÉMAILLOTÉ,  ÉE  (dé-ma-llo-té,  tée,  Il  mouil- 
lées), part,  pas.sé.  Un  enfant  démaiUoté. 

DÉMAILLOTER  (dé-ma-llo-té,  Il  mouillées,  et 
non  dé-ma-yo-té),  v.  a.  ôter  du  maillot.  Démailloter 
un  enfant.  ||  Se  démailloter,  v.  réft.  Défaire  son 
maillot.  Cet  enfant  se  démaillote  à  chaque  instant. 

—  REM.  L'Académie  écrit  démailloter  avec  un 
seul  t,  et  emmaillotter  avec  deux  (;  c'est  une  ano- 
malie à  faire  disparaître,  les  anciennes  éditions  plus 
conséquentes  avaient  démaillolter  par  deux  t;  ou 
bien  il  faut  écrire  emmaillotter  avec  un  seul  t. 

—  HIST.  XVI*  S.  Vous  apprestez  les  robes  des  pe- 
tits enfants,  quand  les  voulez  démailloter,  rabel. 
dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  maillot. 

DEMAIN  (de-rain),  adv.  de  temps.  \\  I»  Au  jour 
qui  suit  immédiatement  celui  où  l'on  est.  Je  vous 
attends  demain.  Venez  demain.  Demain  nous  nous 
verrons.  Qui  sait  si  nous  serons  demain?  rac.  Athal. 
II,  9.  Il  11  est  demain  fête,  le  jour  de  demain  est  un 
jour  de  fête.  Quelle  fête  est-il  demain  ?  ||  Demain  se 
dit  quelquefois  pour  sans  tarder  ,  incontinent.  S'il 
était  possible  qu'elle  [l'Encyclopédie]  s'imprimât  dans 
le  pays  étranger  en  continuant,  comme  de  raison, 
à  se  faire  à  Paris,  je  reprendrais  demain  mon  tra- 
vail; mais  le  gouvernement  n'y  consentira  jamais, 
d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  28  janv.  (757.  ||  2°  S.  m. 
Demain  qu'anra-t-il  de  moins  rude?  As-tu  ce  terme 
dans  ta  main  ?  Et  vois-tu  quelque  certitude  D'arriver 
jusqu'à  ce  demain?  CORN.  Imil.  i,  23.  Qui  a  vécu 
un  seul  jour  a  vécu  un  siècle;  rien  ne  ressemble 
plus  k  aujourd'hui  que  demain,  la  bruy.  xvi.  Ce 
n'est  plus  ce  demain  d'une  âme  lâclie  qui  fuit  tou- 
jours sa  conversion;  aujourd'hui,  aujourd'hui,  fén. 
t.  xviii,  p.  (23.  Il  3°  Demain  devenu  substantif  se 
construit  avec  diverses  prépositions.  ||  Avec  la  prépo- 
sition à.  X  demain,  nous  causerons  plus  longuement. 
Il  Remettre  à  demain,  renvoyer  au  jour  suivant, 
et,  par  extension,  à  un  temps  indéterminé.  Wd  re- 
mettons pas  à  demain  à  savol/  ce  que  c'est  que 
le  bonheur,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  (('picu- 
réisme).  ||  À  demain  les  affaires,  aujourd'hui  ne  son- 
geons qu'au  plaisir,  et  renvoyons  à  demain  les  af- 
faires, les  occupations,  les  soucis.  ||  Jusqu'à  demain, 
jusqu'au  jour  suivant.  Vous  resterez  ici  ju.<«iu'i 
demain.  ||  Fig.  et  familièrement,  jusqu'à  demain, 
tant  de  temps  qu'on  voudra,  quand  il  s'agit  d'une 
chose  qui  doit  se  terminer  très-promptement.  Cher- 
chassiez-vous  jusqu'à  demain....  scarron  ,  Virg. 
trav.  VI.  Il  4*  Avec  la  préposition  de.  X  compter  de 
demain.  Il  D-)  demain  enhuit,  de  demain  en  quinze. 


DE.M 

de  demain  en  trois  semaines,  en  comptant,  à  par- 
tir du  jour  de  demain,  huit  jours,  quinze  jours, 
trois  semaines.  Je  compte  que  ce  ne  sera  que  de  de- 
main en  huitque  je  vous  verrai,  maintenon,  Lett. 
au  card.  de  Noailles,  B  janv.  ("06.  ||  D'ici  à  de- 
main, de  l'heure  présente  jusqu'au  jour  suivant. 
D'ici  à  demain  nous  finirons  nos  comptes.  ||  Fig.  et 
familièrement,  d'ici  à  demain,  depuis  l'heure  pré- 
sente jusqu'à  un  temps  illimité,  sans  discontinuer. 
Il  soutiendra  l'intérêt  de  son  frère;  il  est  hardi,  il 
est  heureux;  vous  vous  donnez  de  la  considération 
les  uns  aux  autres;  je  parlerais  d'ici  à  demain  là- 
dessus,  sÉv.  (83.  Il  5°  Avec  la  préposition  pour.  As- 
sez de  choses  se  font  pour  demain .  assez  de  soins 
se  prennent  pour  l'économie  des  affaires  humaines, 
STAËL,  Corinne,  x,  5.  ||  Aujourd'hui  pour  demain, 
d'un  moment  à  l'autre,  à  l'improviste.  ||  6*  Il  se  dit 
avec  indétermination  d'une  époque  qui  en  suit  une 
autre  de  fort  près  ;  dans  ce  cas  on  l'oppose  souvent 
à  aujourd'hui.  Aujourd'hui  dans  le  trône  et  demain 
dans  la  boue,  corn.  Polyeucte,  iv,  3.  Aujourd'hui 
dans  un  casque  et  demain  dans  un  froc,  boil.  Sat. 
VIII.  S'il  ne  meurt  aujourd'hui,  je  puis  l'aimer  de- 
main, RAC.  Àndrom.  iv,  3.  Aujourd'hui  votre  époux, 
il  faut  partir  demain,  m.  Milhr.  11,  4.  Aujourd'hui 
nous  lui  jurons  [à  Dieu]  un  attachement  inviolable, 
et  demain  nous  secouons  le  joug  et  nous  révoltons, 
BOURDAL.    Exhort.   sur   le  couronnement  de  J.  C. 

—  REM.  1.  On  dit  également  demain  matin  et  de- 
main au  matin.  ||2.  Molière  a  dit  demain  jour:  Et 
tu  m'avais  prié  même  que  mon  retour  T'y  souffrit 
en  repos  jusques  à  demain  jour,  Éc.  des  maris, 
III,  2.  Il  3.  Dem.ain,  représentant  le  latin  de  mane, 
de  matin,  e.st,  d'origine,  un  adverbe,  qui  est  de- 
venu facilement  un  substantif,  à  cause  de  sa  signi- 
fication. 

—  HIST.  XI*  s.  Ainz  demain  nuit,  bêle  en  iert 
l'amendise,  Ch.  de  Roi.  xxxviii.  ||  xii*s.  Trouver  [il] 
le  puet  demein  ainz  la  vesprée,  Itonc.  p.  (22.  De  re- 
cliief  al  demain  truverent  Dagon  à  terre,  gisant  de- 
vant l'arche.  Rois,  (7.  Là  se  logèrent  li  chevalier 
vaillant  Desqu'al  demain,  à  l'aube  aparissant, /fo«»i 
de  C.  60.  Il  XIII*  s.  Or  [elle]  le  m'a  fait  tolir,  Dicx 
lui  doint  mal  demain!  Berte,  lxxiii.  Et  quant  che 
vint  au  demain  que  li  solaus  fu  levés  H.  de  valenc. 
(I.  Trahie  ont  celé  [cette  dame)  li  demain.  Et  li 
respit  et  li  atente,  Lai  du  conseil.  Atant  ont  lessié 
le  pledier  Jusqu'au  demain  à  l'esclairier,  lien.  17B84. 
Ne  puis  vivre  dusqu'à  demain,  Se  n'est  pas  vostre 
volenté,  laHose,  I9I6.  Et  nous  n'avons  point  de  de- 
main; Quarli  termes  vient  et  aprouche.  Que  la  mort 
nous  clorra  la  bouche,  huteb.  9".  ||xvs.  Car  leurs 
règnes  perdent  par  cas  soudain  Roy  terrien;  l'un 
fait  à  l'autre  effroy.  Et  par  pecliié  n'ont  rien  d'ui  à 
demain,  E.  desch.  De  l'amour  de  Dieu.  ||  xvi*  s. 
Que  il  se  délibère  de  me  festoyer  demai  n  sus  le  midy, 
rab.  Pant.  II,  28.  Et  un  autre  demain,  il  lui  apprint 
le  nom  des  drogues  les  plus  vulgaires,  desper.  Con- 
tes, lxi. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deman,  dema;  catal.  demd; 
ital.  dimane,  domane;  du  latin  de,  et  mane,  matin. 

4.  DÉMANCHÉ,  ÉE  (dé-man-ché,  chée),  part, 
passé.  Qui  n'est  plus  dans  son  manche.  Un  outil  lié- 
manché.  ||  Fig.  Je  vous  remercie  de  m'avoir  rouvert 
la  porte  de  notre  commerce,  qui  était  tout  déman- 
ché, SÉV.  Lett.  20  avril  (670.  ||  Homme  démanché, 
homme  qui  se  tient  mal.  Et  substantivement,  c'est 
un  démanché,  un  grand  démanché. 

2.  DÉJLANCUÉ  (dé-man-ché),  s.  m.  Terme  de 
musique  instrumentale.  Action  de  démancher.  Ce 
violoncelliste  'abuse  du  démanché. 

DÉMANCUEMENT  (dé-man-che- man  ),  s.  m. 
Il  1"  Action  de  démancher.  112°  Fig.  Désunion,  dis- 
location. Le  gros  du  peuple  qui  est  ferme,  fait  que 
l'on  ne  s'aperçoit  pas  encore  de  ce  démanchement 
des  parties,  retz,  ii,  259.  ||  3*  Terme  de  musique. 
Action  de  démancher. 

—  ÉTYM.  Démancher. 

(.  DÉ.MANCIIER  (dé-man-ché),  v.  a.  ||  !•  Oter  le 
manche  d'un  instrument.  ||  2°  Fig.  Disloquer,  désu- 
nir. Il  3°  V.  n.  Terme  de  musique.  C'est  dans  les  in- 
struments à  manche,  comme  le  violon,  le  violon- 
celle, la  guitare,  quitter  le  manche,  sortir  du 
manche,  qui  est  la  position  naturelle  de  la  ma:n 
gauche,  pour  la  porter  sur  la  table  de  l'instrument 
et  obtenir  des  sons  plus  aigus.  ||  4°  Se  démancher, 
V.  réjl.  Se  séparer  de  son  manche.  Ce  maillet  s'est 
démanché.  ||  Fig.  Se  disloquer ,  se  désunir.  Elle 
[l'affaire  du  bonnet]  avait  donné  lieu  à  plusieurs 
ducs  de  se  soutenir  ensemble,  et  do  veiller  à  ce 
qu'aucun  ne  vît  le  premier  président.  M.  d'Aunlont, 
et  fort  peu  d'autres  se  démanchèrent,  st-sim.  4oi, 
2.   |l  Avec  ellipse  du  pronom  se.  11  importait  au\ 


DEM 

confidents  de  l'intrigue  [des  nobles  inférieurs  aux 
ducs]  de  ne  pas  laisser  démancher  le  parti ,  st-sim. 
463,  20.  Il  Populairement.  Se  démancher,  se  déme- 
ner, s'intriguer  beaucoup.  Qu'avez-vous  besoin  de 
tant  TOUS  démancher? 

—  HIST.  xiv  s.  Li  boucliers  sont  desmanchiés; 
Les  larges  fraintes  et  fendues,  G.  guiart,  ms.  f"  3i  9, 
dans  LACURNE.  ||  xv's.  Lors  trait  l'espée  et  fiert  l'au- 
tre sur  le  dcxtre  bras  et  luy  fait  voiler  emmy  la  place  ; 
quant  celluy  se  sentit  desmanché  du  bras....  Perce- 
forest,  t.  I,  P"  67.  Si  l'instrument  ne  se  desmanche, 
COQUILLART,  le  MoHologue  des  Peiruques.  ||  xvi's. 
Démanchez  la  croix,  et  du  manche  chassez-les  au 
loin,  MARG.  i^fou».  XLVi.  Ces  impressions,  nées  de 
la  desbauche  d'un  esprit  desmanché,  vont  nageant 
incertainement  en  la  fantasie,  mont,  n,  <47.  Si  leurs 
actions  se  desmancherent  [ne  répondirent  pas  à 
leur  amitié],  ils  n'estoyent  ny  amis,  selon  marne- 
sure,  l'un  de  l'aultre,  ny  amis  à  eulx  mesmes,  m. 

I,  214.  Quand  quelque  pièce  [d'un  état]  se  desman- 
che, on  peult  Testa yer,  id.  iv,  82.  Desmanchez  vos 
chalumeaux,  du  bellay,  m,  36,  retto. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  manche,  a.  m. 

f  2.  DÉMANCHER  (dé-man-ché),  V.  n.  Terme  de 
marine.  Sortir  de  la  Manche  ou  d'un  bras  de  mer 
quelconque. 

—  ÉTYM.  0^....  préfixe,  et  la.  Manche. 

t  DEMANDANT,  ANTE  (de-man-dan,  dan-t'), 
adj.  Qui  demande. 

—  HlST.  xv  s.  [Les  femmes]  S  tous  propos. 
Sans  nul  repos.  Sont  demandantes,  Guillaume 
ALEXIS,  Blason  de  fauUes  amours,  dans  palsgh. 
p.  788. 

DEMANDE  (de-man-d'),  s.  f.  ||  1°  Action  de  de- 
mander. Une  demande  fondée.  Appuyer  une  de- 
mande. Faire  une  demande  d'argent.  C'est  votre  in- 
térêt seul  que  sa  demande  touche,  corn.  Nicom. 

II,  3.  Il  S  la  demande  générale,  tout  le  monde  de- 
mandant une  certaine  chose.  Il  Termede  philosophie, 
dit  plus  souvent  de  son  nom  latin  posluiatum,  point 
que  l'on  prie  l'adversaire  de  reconnaître  préalable- 
ment à  une  discussion.  ||  Terme  de  musique.  Se  dit, 
dans  une  fugue  ou  une  symphonie,  du  sujet  ou 
motif  que  l'on  propose  à  imiter;  la  phrase  qui  y 
correspond  se  nomme  la  réponse.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Filer  un  cable  à  la  demande  du  vent,  le  fi- 
ler à  mesure  qu'il  se  tend,  pour  éviter  de  faire 
chasser  l'ancre.  |{  Une  pièce  de  bois  est  à  la  de- 
mande quand  elle  a  été  travaillée  selon  la  forme  de 
la  place  qu'elle  doit  occuper.  ||  2°  La  chose  deman- 
dée. On  vous  accorde  votre  demande.  ||  3»  Écrit  qui 
contient  une  demande.  Adresser  une  demande  au 
ministre,  jj  4°  Démarche  auprès  des  parents  d'une 
fille  pour  la  demander  en  mariage.  La  demande  a 
été  agréée  de  toute  la  famille.  Pour  Rodericon  en  fit 
la  demande,  la  font.  Belph.  Vous  raillez;  ce  n'est  pas 
Henriette  qu'il  aime.  —  ....Vous  me  voyez,  ma  sœur, 
chargé  par  lui  D'en  faire  la  demande  à  son  père 
aujourd'hui,  mol.  F.  sav.  ii,  3.  ||  6°  Action  judiciaire 
pour  obtenir  une  chose  à  laquelle  on  a  ou  l'on  croit 
avoir  droit.  Il  fut  débouté  de  sa  demande.  Demande 
en  garantie,  en  nullité.  ||  Prétention  ou  conclu- 
sion d'une  partie.  Demande  principale,  incidente. 
Il  6°  Terme  de  commerce.  Commande.  La  demande 
sera  considérable  cette  année.  La  demande  sollicite 
la  production.  ||  Terme  d'économie  politique.  La 
quantité  de  produits  ou  de  services  demandée  par 
les  acheteurs.  La  demande  du  travail,  des  capitaux. 
11  est  à  désirer  que  la  demande  excède  l'offre.  Un 
lustre  ne  peut  trouver  sa  place  que  dans  de  grandes 
maisons,  tandis  qu'il  n'est  si  chétif  ménage  où  Ton 
ne  trouve  des  chandeliers  ;  aussi  la  demande  des 
chandeliers  est-elle  toujours  ouverte,  toujours  plus 
active  que  celle  des  lustres,  say.  Traité,  t84),  p. 
360.  Il  7°  Question.  Un  livre  par  demandes  et  par 
réponses.  Un  esprit  abstrait  nous  fait  faire  ou  de 
mauvaises  demandes  ou  de  folles  réponses,  la  bhuy. 
T.  Elles  vont  m'entourer;  que  je  crains  leurs  de- 
mandes! DELAV.  Paria,  ii,  B.  ||  Voilà  une  belle  de- 
mande, ou  ,  simplement,  belle  demande,  cela  va 
sans  dire;  en  pouvez-vous  douter?  Est-ce  que  M.  Pur- 
gon  le  connaît?  —  La  belle  demande  !  Il  faut  bien 
qu'il  le  connaisse,  puisque  c'est  son  neveu,  mol. 
Mal.  imag.  i,  B.  ||  Proverbe.  Â  sotte,  à  folie  de- 
mande point  de  répon.se. 

—  SYN.  DEMANDE,  QUESTION.  Ccs  deux  mots  Si- 
gnifient en  général  une  proposition  par  laquelle  on 
interroge.  Mais  il  y  a  cette  dislinction  que  question 
est  plus  général  que  demande,  n'impbquant  pas 
que  celui  qui  interroge  ait  quelque  droit  à  interro- 
ger; tandis  que  demande  implique  que  celui  qui  de- 
mande interroge  non  pas  seulement  pour  s'infor- 
mer, mais  aussi   pour   s'assurer  si  celui   qui  est 

rir.T.    DE   LA    LANGUE    FRANÇAISE, 


DEM 

interrogé  a  rempli  certaines  conditions,  Un  maître 
fait  à  son  élève  une  question  ou  une  demande  ;  mais 
celui  qui  prend  des  informations  fait  des  questions 
et  non  pas  des  demandes.  En  effet,  étymologique- 
ment,  question,  du  latin  qua'stio,  de  qua:rere,  est 
l'action  de  chercher;  et  demande ,  du  latin  deman- 
dare ,  contient  quelque  chose  du  sens  de  mander.  Il 
y  a  encore  cette  dill'érence  :  t°  qu'une  demande  n'est 
pas  toujours  interrogative  :  une  demande  de  secours, 
d'appui,  de  protection;  2°  que,dansle  sensinterro- 
gatif,  la  demande  suppose  toujours  l'action  d'un  de- 
mandeur, tandis  que  la  question  peut  aussi  être  con- 
çue d'une  manière  abstraite.  Exemple  :  La  matière 
éthérée  est-elle  résistante,  ou  ne  Test-elle  pas?  C'est 
une  question,  ce  n'est  pas  une  demande.  Pour  que 
ce  soit  une  demande,  il  faut  qu'il  y  ait  quelqu'un 
qui  fasse  ou  soit  supposé  adresser  cette  question  à 
un  autre. 

—  HIST.  XII*  s Car  tel  sont  li  usaige;  Qu'on 

ne  peut  mais,  sansdemant,  rien  trouver,  quesnes, 
Romancero,  p.  84.  ||  xiu"  s.  Tout  le  droit  dont  nous 
usons  apartient  à  personcsou  à  choses  ou  à  deman- 
des, Liv.  de  jusl.  B4.  Si  compaignon  ne  poent  fere 
demande  contre  li ,  puisque  il  meisme  a  damace  en 
la  coze  [chose],  beaum.  xxi,  32.  ||  xiv"  s.  Li  capi- 
tains  li  dist  comment  la  chose  ala,  La  demande  Ber- 
tran  et  tout  quanque  dit  a,  Guescl.  20828. 

—  ÉTYM.  Voy.  demander;  provenç.  et  espagn. 
demanda;  ital.  dimanda.  On  a  dit  aussi  demant, 
au  masculin. 

DEMANDÉ,  ÉE  (de-man-dé,  dée),  parJ.  passé. 
Il  l"Donton  a  fait  la  demande.  Une  place  longtemps 
demandée.  Une  fille  demandée  en  mariage.  ||  2°  Ap- 
pelé. Le  médecin  demandé  en  toute  hâte.  |j  3°  Exigé. 
La  capacité  demandée  par  la  gravité  des  circon- 
stances. ||  4°  En  économie  politique,  demandé  par 
les  acheteurs.  En  même  temps  que  la  quantité  de- 
mandée de  chaque  produit  est  modifiée  par  ses  frais 
de  production,  elle  Test  par  le  nombre  des  person- 
nes qui  éprouvent  le  besoin  de  la  consommer  et  qui 
ont  les  moyens  de  se  satisfaire,  say,  Traité,  (84), 
p.  217. 

DEMANDER  (de-man-dé),  v.  a.  ||  1»  Exprimer  à 
quelqu'un  qu'on  souhaite  obtenir  quelque  chose  de 
lui.  Je  vous  demande  votre  appui.  Toutes  les  digni- 
tés que  tu  m'as  demandées,  Je  te  les  ai  sur  l'heure 
et  sans  peine  accordées, corn.  Cinna,  v  ,  ).  Que  vous 
me  fatiguez  avec  un  tel  caprice  1  Ce  que  vous  de- 
mandez a-t-il  de  la  justice?  mol.  Mis.  v,  2.  On  de- 
mande à  Dieu  les  choses;  on  demande  aux  saints 
des  prières;  qui  s'avisa  jamais  de  demander  ou  des 
prières  à  Dieu,  ou  les  choses  mêmes  aux  saints 
comme  à  ceux  qui  les  donnassent  ?  aoss.  Var.  xiii ,  28. 
Mais  sans  cesse  ignorants  de  nos  propres  besoins, 
Nous  demandons  au  ciel  ce  qu'il  nous  faut  le  moins, 
BoiL.  Éplt.  V.  Faut-il  que  mes  soupirs  vous  deman- 
dent sa  vie?  rac.  Androm.  itr,  7 C'est  un  exil 

que  mes  pleurs  vous  demandent ,  id.  ib.  i ,  4. 
Je  vous  ai  demandé  des  oreilles,  des  yeux,  id.  Bé- 
rén.  n,  2.  Mes  soldats,  dont  je  veux  tenter  la  com- 
plaisance, Dans  ce  même  moment  demandent  ma 
présence,  m.  Mithr.  n,  5.  Puisqu'enfin  ma  prière  a 
si  peu  de  pouvoir.  Vous  avez  entendu  ce  que  je 
vous  demande,  Madame;  je  le  veux  et  je  vous  le 
commande,  Obéissez....   id.   Iphig.  m,  1.  Je  dois 

quatre  cents  francs  I  c'est  une  fourberie Je  ne 

sais  pas ,  au  vrai,  si  vous  les  lui  devez ,  Mais  il  me 
les  a,  lui,  mille  fois  demandés,  regnard,  Légat. 
V,  7.  Je  demande  en  tremblant  une  grâce  de  vous, 
VOLT.  Zaïre,  iv,  2.  je  n'aurais  point  aux  cieux  de- 
mandé d'autre  père,  id.  Mérope,  v,  f.  ||  Absolu- 
ment. 11  est  toujours  à  demander.  Il  demandait  pour 
les  pauvres  en  un  lieu  [la  cour]  .où  Ton  se  fait  un 
point  d'habileté  de  ne  demander  que  pour  soi, fléch. 
Lamoignon.  ||  Demander  la  bourse  ou  la  vie,  se  dit 
d'un  voleur  qui,  vous  présentant  une  arme ,  exige 
que  vous  lui  remettiez  Targent  que  vous  avez.  ||  Fig. 
Ne  demander  que  plaie  et  bosse,  se  plaire  dans  le 
trouble  et  dans  le  désordre.  ||  Familièrement.  Ne  de- 
mander pas  mieux,  acquiescer  à  une  résolution,  ne 
pas  s'y  opposer.  ||  2° Demander  son  pain,  demander 
l'aumône.  |{  Absolument.  Mendier.  On  rit  du  fou 
qui  sur  sa  lyre  Chante  à  la  porte  en  demandant, 
BÉRANG.  Indépend.  ||  3°  Terme  de  palais.  Former 
une  demande  en  justice.  Demander  des  aliments. 
Il  Conclure  à.  Demander  une  remise,  une  enquête, 
solliciter  des  délais,  une  information,  un  examen. 
Il  Avoir  le  rôle  de  demandeur.  Tant  en  demandant 
qu'en  défendant.  {|  4°  Demander  à,  suivi  d'un  infini- 
tif, exprimer  le  désir  de.  Il  demande  à  parler,  à 
venir  vous  voir.  Philoclès  demanda  au  roi  à  se  re- 
tirer auprès  de  Salente  dans  une  solitude,  fén.  Tél. 
XIV.  Ses  yeux  baignés  de  pleurs  demandent  à  vous 


DEM 


1041 


voir,  RAC.  Bérén.  v,  7.  Cette  femme  éperdue  S  vos 
sacrés  genoux  demande  à  se  jeter,  volt.  Orphel. 
m,  I.  Il  Ne  demander  qu'à,  suivi  d'un  infinitif,  dé- 
sirer uniquement.  Il  ne  demande  qu'à  s'amuser. 
il  Fig.  La  terre  ne  demande  ici  qu'à  enrichir  les 
habitants,  fén.  Tél.  xii.  ||  Demander  do,  avec  Tinfi- 
nitif,  ou  que,  avec  le  subjonctif,  même  sens  que 
demandera.  11  demande  d'être  reçu  dans  cette  com- 
pagnie. Il  demande  de  ne  pas  vous  suivre.  Us  de- 
mandèrent au  roi  qu'il  leur  fût  permis  de  retour- 
ner dans  leur  patrie.  On  ne  leur  demande  pas  qu'ils 
soient  plus  fidèles  à  leurs  devoirs,  la  bhuy.  xi.  On 
ne  vous  demande  pas  de  vous  récrier:  C'est  un  chef- 
d'œuvre,  ID.  i.  Il  Les  deux  compléments  à  et  de  sont 
réunis  dans  la  phrase  suivante  :  Je  demande  par 
grâce  à  sortir  de  Byzance  Et  d'aller  exercer  mon 
courage  et  mon  bras,  campistron,  Andronic,  m,  2. 
Il  5°  Enjoindre,  prescrire,  en  parlant  de  celui  qui 
exige.  Dieu  demande  que  nous  secourions  nos  sem- 
blables. Il  Exiger,  en  parlant  des  choses  qui  exigent. 
Faites  ce  que  la  vertu  demande.  Cela  demande  de 
grandes  dépenses.  Cela  demande  explication.  Ne 
pensez  qu'aux  devoirs  que  vos  pays  demandent, 
CORN.  Hor.  II,  8 L'Ëtat  demande  aux  prin- 
ces légitimes  Des  prix  pour  les  vertus,  des  peines 
pour  les  crimes,  id.  ib.  v,  2.  Va  marcher  à  leur 
tête  où  l'honneur  te  demande  [t'appelle],  id.  Cid, 
m,  6.  J'ai  quelques  intérêts  Qui  demandent  ici 
des  entreliens  secrets,  id.  Sertor.  v,  6.  Toutes 
les  affaires  qui  demandent  de  la  probité  ,  fén. 
Tél.  XX.  Il  n'avait  ni  Téquité  ni  la  modération 
ni  le  désintéressement  que  demandait  un  tel  pro- 
jet, rollin,  Ilist.  anc.  Œuvres,  X.  vi,  p.  C8,  dans 
pouGENS.  Il  Absolument.  Si  c'est  le  devoir  qui  de- 
mande, tout  doit  céder.  ||  6°  Dire,  prier  de  donner, 
d'apporter,  d'expédier  une  chose,  de  venir.  Deman- 
der le  journal.  Demander  son  déjeuner,  sa  canne, 
ses  gants.  On  demanda  le  médecin.  ||  Il  se  dit  aussi 
pour  exprimer  qu'on  a  besoin  de.  La  terre  est  sè- 
che, on  demande  de  la  pluie.  {|  7»  Chercher  quel- 
qu'un pour  le  voir,  lui  parler.  Ils  demandent  le 
chef,  je  me  nomme,  ils  se  rendent,  corn.  Cid,iv,3. 
Qu'est-ce  que  vous  me  voulez,  mon  papa?  ma  belle 
maman  m'a  dit  que  vous  me  demandez,  mol.  Mal. 
imag.  n,  (t.  ||  8°  Demander  une  jeune  fille,  la  de- 
mander en  mariage.  Sans  doute,  et  je  l'ai  demandée 
à  son  père,  mol.  Mar.  forcé,  2.  ||  9»  Interroger  sur 
ce  que  Ton  veut  savoir,  s'enquérir.  Demander  des 
nouvelles.  Demander  le  nom,  la  demeure  de  quel- 
qu'un. On  m'a  demandé  qui  j'étais.  On  lui  a  de- 
mandé pourquoi  il  parlait  ainsi.  Pourquoi  donc  me 
donner  un  semblable  conseil? —  Pourquoi  m'en  de- 
mander sur  un  sujet  pareil?  mol.  Tart.  ii,  4.  La  chose 
quelquefois  est  fâcheuse  à  connaître  ;  Et  je  trem- 
ble à  la  demander,  id.  Amph.  u,  3.  Si  nous  osions 
demander  au  grand  prince  qui  lui  rend  ici  avec  tant 
de  piété  les  derniers  devoirs,  quelle  mère  il  a  per- 
due, il  vous  répondrait  par  ses  sanglots,  boss.  Ma- 
rie-Thér.  Pourquoi  le  demander,  puisque  vous  le 
savez?  RAC.  Iphig.  iv,  6.  ||  Demandez-moi  pourquoi, 
se  dit  pour  exprimer  qu'on  ne  sait  pas  plus  que  ce- 
lui à  qui  on  parle,  la  raison  de  ce  dont  il  s'agit.  J'ai 
vu  dans  le  palais  une  robe  mal  mise  Gagner  gros; 
les  gens  l'avaient  prise  Pour  maître  tel  qui  traînait 
après  soi  Force  écoutants;  demandez-moi  pourquoi, 
LA  font.  Fabl.  VIII,  15.  ||  Se  demander,  demander  à 
soi-même,  chercher  à  se  rendre  compte,  raison 
d'une  chose.  Je  me  demande  d'où  cela  peut  venir. 
Il  Se  demander,  se  faire  réciproquement  une  ques- 
tion. Ils  se  demandèrent  leur  adresse.  ||  Terme  de 
manège.  Demander  à  un  cheval,  s'adresser  à  son 
intelligence  au  moyen  des  aides.  ||  10°  Avoir  besoin. 
Les  terres  demandent  do  l'eau.  ||  Familièrement.  Gel 
habit  en  demande  un  autre,  il  ne  peut  i)lus  servir 
longtemps.  |]  Terme  do  marine.  Un  navire  qui  niouiiie 
demande  du  câble,  lorsque,  culant,  il  a  besoin  d'en 
filer.  Il  11°  Terme  d'économie  politique.  Être  au 
nombre  des  acheteurs  d'un  produit  et  d'un  service, 
au  regard  des  vendeurs.  Demander  dos  blés.  Deman- 
der des  employés  pour  un  chemin  du  fer.  ||  Absolu- 
ment. Les  classes  qtii  demandent  sont  d'autan' 
moins  nombreuses  que  la  valeur  du  produit  va  nt 
s'élevant,  say,  Traité,  <84i,  p.  3<8.  ||  12»  Se  dit 
à  certains  jeux  de  cartes  pour  annoncer  qu'on 
est  disposé  à  faire  un  certain  nombre  de  levées 
sous  la  condition  d'écarter  les  cartes  qu'on  jugera  à 
propos.  Il  Se  dit  à  d'autres  jeux  quand  on  se  pro- 
pose de  jouer  dans  une  couleur.  ||  Se  dit  à  Técarté, 
quand  on  demande  à  l'adversaire  s'il  veut  qu'on 
jette  ses  cartes  ou  quelques-unes  pour  en  prendre 
d'autres  dans  le  talon.  Demander  des  cartes,  ou,  ab- 
solument, demander.  ||  13°  Se  demander,  i-.  réft.  Être 
sollicité.  Une  telle  fdveur  ne  se  demande  pas.  ||  Être 
I.  -   131 


4042 


DEM 


l'objet  d'un»  question.  Celn  no  «e  demande  p«».  Esl- 
M  que  eclii  le  demande?  ||  l'rnverbes.  Oui  nous  doit 
nous  demande,  conta-dire  nom  sommes  souvent 
attaqués  par  ceui  que  nous  devrions  atiai|uer. 
Il  Faut-il  demander  à  un  malade  s'il  veut  la  santé? 
Il  Ne  demander  qu'amour  et  simplessc,  vouloir  vivre 
en  repos  et  y  laisser  vivre  les  autre». 

—  HEM.  1.  Des  grammairiens  ont  voulu  distin- 
guer dctTuindfr  d  et  dtmandrr  de  suivis  d'un  infini- 
tif, disant  que  le  premier  s'emploie  lorsque  l'ohjet 
de  la  demande  est  une  action  :  il  demande  à  venir; 
et  le  second,  lorsque  l'olijet  de  la  demande  n'est  pas 
de  faire  une  action  :  il  demande  d'êire  reçu  dan» 
votre  compagnie.  L'usage  ne  ratifie  pas  cette  dis- 
tinction ;  et  l'on  met  i  ou  de  suivant  les  exigences 
de  l'oreille.  ||  1.  On  dit  je  vous  demande  panlon;  et 
on  ne  dit  pas  :  je  vous  demande  excuse  ou  des  ex- 
cuses, mais  je  vous  fais  excuse  ou  des  excuses.  La 
raison  er.  est  que  le  piiMion  est  relatif  à  la  personne 

I  qui  on  le  demande;  tandis  que  ^excu^e  est  rela- 
tive à  celui  qui  la  fait.  Votre  pardon  m'est  néces- 
saire; mon  excuse  est  dans  ma  j -unesse. 

—  HIST.  XI'  8.  S'est  quil  dumandet  [s'il  y  en  a 
qui  le  demandent) ,  ne  Testent  enseigner  (il  n'est 
besoin  de  le  montrer,  11  se  reconnaît  do  lui-même], 
Ch.  de  Hol.  viM.  |I's]  Demanderont  où  est  li  quens 
cataines  (capitaine),  i6.  ccv.  Suer  (sœur],  chère 
amie,  d'home  mort  [tu]  me  demandes,  «6.  ccLxx. 

II  XII*  s.  Consel  vel  demander  |je  veux  demander 
conseil],  llonc.  p.  2.  Armes  (il)  demande  por  son 
cors  eonraer,  ib.  p.  6i.  (Il]  Va  demandant  pris  de 
chevalerie,  ib.  p.  68.  (l.'épi'e]  Que  vous  m'ave?.  en 
mi  mains  deinamlée  (conflée),  tb.  p.  <)8.  Du  premier 
cop  je  vous  demant  le  don  |je  vous  demande  l'oc- 
troi de  frapper  le  premier  coup],  ib.  p.  128.  Congié 
demandent,  et  il  leur  a  doné,  tb.  p.  S0.1.  Que  d'ob- 
tenird'uneantreqiiani|u'on  peutdemaiider,  C()uci,x. 
Et  s'il  ne  fust  de  remanoir  viltance  El  reproche, 
j'alasse  demander  X  ma  dame  congé  de  demeurer, 
ib.  xiiv.  Son  père  et  sa  mère  (il]  salue.  Puis  leur 
demande  de  sa  drue  [nouvelles  de  son  amie],  Ilo- 
mancero,  p.  80.  De  tout  vosire  gaainno  vousderaant- 
je  mie,  Sax.  vu.  Serolfrande  fii  riche,  ne  fait  à  de- 
mander,ib.  xiii.  Il  leur  a  demandé:  Quels  nouveles, 
baron?  tb.  xxii.  Kt  chose  (il)  nous  demande  que 
nous  ne  povons  faire,  l'b.  xxxi.  ||  xiii*  s.  Pour  aler 
en  Hongrie  la  dame  demander,  Berte,  m.  Il  lui  a 
demandé  s'eleestoitde  part  Dieu,  ib.  xi.v.  (Il)  A  sou- 
vent du  roi  Flore  noiivele  demandée,  tb.  Lxxxil.  Or 
ne  demandez  mie  s'il  furent  esbaubi,tb.  lxxxix.  De 
la  chose  qu'il  quierent  [ils]  vont  partout  demandant, 
ib.  cvii.  Mandé  l'ave/.,  bien  un  mois  a.  Mes  onques 
tant  ne  vos  prisa  Qu'il  vosdaingnasl  conlremander, 
Ne  jor  ne  resiiit  demander, /(en.  «7908.  Ung  baisier 
dous  et  savore  Ai  pris  de  la  rose  erraument;  Se  j'oi 
joie,  nus  nel  dément  [(|ue  nul  ne  le  demande],  la 
Rose,  3490.  Qui  ne  le  set,  si  le  demant  X  ceus  qui 
suni  loial  amant,  tb.  2;i43.  Les  demandes  qui  sont 
personix  tant  solement  doivent  estie  di'mandées  par 
devant  le  segneur  deso?.  lesquix  li  deffendeur  sont 
couquant  [couchant]  et  levant,  bemjm.  vi,  33.  Aussi 
comme  nous  mangions  ou  pavillon,  une  grande 
tourbe  de  poures  gens  nousdemandoient  pour  Dieu  et 
fesoient  grant  nuise,  joinv.  259.  {|  iv'  s.  De  ces  nou- 
velles furent  ils  tous  resjouif  [les  barons  de  Gasco- 
gne] et  dirent  c'estoit  tout  ce  qu'ils  demandoient, 
FBOiss.  u,  II.  6.  Quant  le  roi  fu  là  arresié,  les  ha- 
rons  et  les  seigneurs  de  France  et  de  son  conseil 
qui  demaniloieni  pour  lui  (de  ses  nouvelles]  y  ar- 
resterent  aussi,  ainsi  qu'ils  venoient,  id.  i,  i,  298. 
Et  adnnc  le  dit  duc  s'escria  a£sez  haut  en  disant  :  Je 
suis  le  duc  d'Orléans;  et  aucuns d'iceux  en  frappant 
sur  lui  respondnent  :  c'est  ce  que  nous  demandons, 
M0N6TB.  1,  ch.  38.  Le  roy  demanda  à  monseigneur 
de  i:iiarol.iiscesmoiz  ;  Monfrere,ni'as6eurei-vous.... 
ledit  conte  luy  respondit  :  Ouy  comme  fiere,  comm. 
I,  12.  Manda  aucuns  des  prochams  serviteurs  dudit 
duc  et  qui  s'estoienl  jà  trouvez  au  conseil  et  leur 
demanda  de  Ut  conclusion,  lu.  ii,  13,  Leducde  Bour- 
gongne,  contre  l'oppinion  de  ceulj  i  qui  il  en  de- 
mai.doil,  délibéra  d'aller au-dt'vanl  d'euli,  jn.  v,  i. 
Si  je  le  susse ,  je  ne  le  ileiuaiulis»  pas,  lolis  xi, 
Août;,  xu  i;  xvi'  »,  Ce  que  je  demande  de  vous, 
HOMT.  I,  »B.  Quand  Diouene  avoit  laute  d'argent,  il 
disoit  qu'il  le  re.lemandjil  &  «a>  amis,  non  qu'il  le 
deniandoit,  id.  i,  210.  Si  daui  en  mesme  lelnpsde- 
maiidoient  k  e.stre  «ccouru».  auijuel  courriez-vous? 
ID.  I,  ÏI7.  Upa|ieaya:il.lemaiidé»bcire,  id.  i  26J 
Ko  une  j.aroi»»e  du  Jwjcese  du  Man»,  laquelle  se  de- 
mande St-Ge»rge».  U  y  avoit....  uEWEj..  Coules, 
ixi».  11  ne  failli  pas  deaMudar  si  les  ambassadeurs 
s«lrouTereul  bien  Mlounez,  amyot,  Niciat,  18.  Plus 
deminde  qiu  dit  :  ce  que  tu  voudras,  que  qui  de- 


DÉM 

mande  :  ce  que  tu  doibs,  oMin,  Rieréationi,  t.  u, 
p.  «47. 

—  ÊTm.  Provenç.  demandari  e«tal.  iemanari 
espagn.  et  portug.  demandât;  ital.  dimandar»;  du 
l«iin  dematidare,  confier,  de  de,  et  mandart,  man- 
der. Le  sens  propre  du  latin  est  confier,  qui  se  trouve 
en  effet  dans  qiiel(|ue8-un8  des  vieux  exemples.  De 
confier,  remettre,  les  langues  romanes  ont  tiré  un 
sens  détourné  qui  e»t  remettre  h  l'oreille,  à  l'esprit 
de  quelqu'un,  et,  par  suite,  faire  une  demande. 

DK,MANDERESSE(deman-d«-rè-B'),<.  A-  Voy.  dï- 
H«i(np.uit. 

DEMANDEUR,  EUSE  (de-man-deuf ,  deu-z'),  t. 
m.  etf.  Il  !•  Celui,  celle  qui  demande  souvent,  qui  fait 
le  métier  de  demander.  Il  aime  l'argent  plus  que 
réputation,  qu'honneur  et  que  vertu;  et  la  vue  d'un 
demandeur  lui  donne  des  convulsions,  mol.  l'Av.  il, 
6.  Il  Qui  fait  une  question.  Il  demandait  à  son  tour 
à  ces  superbes  demandeurs  à  quoi  servait  que  le 
Verhese  fût  fait  chair, boss.  Kor.  ii,  §  30.  ||  2°  1  erme 
de  procédure.  Celui  qui  intente  une  action,  qui  forme 
une  demande  en  justice.  Le  défendeur  devient  de- 
mandeur dans  les  exceptions  qu'il  propose.  Les  lois 
ordonnaient  qu  avant  le  jugement  définitif  le  de- 
mandeur ne  pût  troubler  le  défendeur  dans  sa  pos- 
session, VERTOT,  név.  rom.  V,  p.  64.  Il  Dans  ce 
sens  il  fait  au  féminin  demanderesse.  Que  peut  re- 
quérir la  demanderesse?  mariage,  àdéfautde  paye- 
ment, BEAUMABCii.  Jfar.  de  Fig.  m,  «6. 

—  HIST.  xm*  s.  Li  sires  doit  mètre  le  demandeur 
en  le  [la]  saizine  de  le  [la]  chose,  en  tel  manière 
que  li  demanderes  baille  seurté  des  levées,  beaum. 
48.  Il  xiv*  s.  Li  libéral  n'est  pas  demandeur  ne  re- 
quereur,  ohesme,  Eth.  105,  ||xvi*s.  Il  avoit  tous- 
jours  force  demandeurs  après  luy,  amyot,  Nicias,  7. 

—  ËTïM.  Demander  ;  provenç.  demandaire ,  de- 
mandador;  au  fim.  demandairitz  ;  calai,  demana- 
dor;  espagn.  demandadnr  ;  iial.  dimandatorf.  Le 
provençal  et  le  vieux  français  font  au  nominatif  de- 
mandaire, demandere,  et  au  régime  dimandador , 
demandiOT  ou  demandeur ,  suivant  l'accent  qu'au- 
rait eu  ce  mot,  s'il  était  latin,  au  nomiuatif  et  au 
régime. 

DÊMANGEAISOîC  (dé-man-jè-zon),  s.  f.  |)  !•  Pi- 
cotement à  la  peau  qui  excite  à  se  gratter.  Il  éprouve 
de  vives  démangeaisons.  U  frappera  aussi  d'une  gale 
et  d'une  démangeaison  incurable  la  partie  du  corps 
par  laquelle  la  nature  rejette  ce  qui  lui  est  resté  de 
sa  nourriture,  sact,  Bible,  Deulérun.  xxviii,  27. 
Il  2"  Fig.  Envie  immodérée  de  faire  une  chose.  Ja- 
mais autour  du  riche  à  fiatter  ne  t'exerce.  Vis  sans 
démangeaison  de  te  montrer  aux  grands,  cohn. 
Imit.  I,  8.  J'ai  des  démangeai.sons  de  mariage  aussi, 
MOL.  l'Étour.  V,  16.  Quel  abus  de  quitter  le  vrai 
nom  de  ses  pères  Pour  en  vouloir  prendre  un  liftli 
sur  des  chimères!  De  la  plupart  des  gens  c'est  la 
démangeai.son ,  ID.  Éc.  des  f.  i,  t.  Il  faut  qu'un  ga- 
lant homme  ait  toujours  grand  empire  Sur  les  dé- 
mangeaisons qui  nous  prennent  d'écrire,  id.  Uis. 
i,  2.  J'ai  une  démangeaison  naturelle  de  faire  part 
des  contes  que  je  sais,  m.  Scapin,  m,  3.  C'était  une 
démangeaison  d'innover  sans  fin,  boss.  Beinc  d'An- 
glet.  Par  je  ne  sais  quelle  démangeaison  de  se  mêler 
de  tout,  on  s'ingère  en  mille  intérêts  et  en  mille 
intrigues,  bourdal.  Exhort.  char,  envers  les  pau- 
vres. Demande  aux  hôtes  de  ces  bois  Si  quelquefois 
dans  leurs  tanières  Ils  eurent  la  démangeaison  De 
venir  chercher  tes  lumières,  chailieu.  Contre  l'es- 
prit. Une  vaine  démangeaison  de  tout  savoir,  mass. 
Car.  F.  légères. 

—  HIST.  ivi*  s.  Icelle  humeur  a  une  petite  acri- 
monie piquante  et  aiguillonnante,  avec  un  petit  pru- 
rit et  demangeaisbn,  qui  irrite  le»  parties  i  faire 
leur  action,  paré,  xviii,  i.  Et  m'escoula  dans  la 
cœur  une  démangeaison  [amoureuse]  continuelle, 

MONT.   III,   380. 

—  ETYM,  Démanger;  Berry,  demingur*. 

DÊMANGEU  (dé-man-ié.  Le  g  prend  un  e  de- 
vant un  a  ou  un  o  :  démange.iit,  démangeons), 
V.  n.  Éprouver  une  démangeaison.  La  tête,  tout  le 
corps  lui  déminge.  Quand  sous  le  corselei  la  crasse 
lui  démange,  regnikr,  Sat.  x.  ||  Fig.  Gratter 
quelqu'un  où  il  lui  démange,  le  prendre  par  son 
faible,  entrer  dans  ses  senlimenis,  dans  ses  vue». 
Il  Fig.  et  familièrement.  La  langue  lui  déniange, 
il  a  une  excessive  envie  de  parler.  La  main  lui  dé- 
mange, il  a  un  vif  désir  de  baltre X  relia  audace 

étrange  J'ai  peine  à  me  tenir  et  la  main  me  dé- 
mange, MOL.  Tart.  V,  4.  Il  Par  extension.  Le»  mains 
lui  démangent,  il  «  envie  de  livrer  b,itaille.  M.  de 
Luxembourg  k  qui  les  mains  démangent  furieuae- 
ment,  sêv.  215.  ||  La  main  lui  démange,  les  doigts 
lui  démangent,  il  a  envie  d'écrire.  Muse,  c'est  donc 


DKM 

en  vain  que  U  main  Tou»  démange,  Bon..  Sat.  vu. 
Il  Le»  pied»  lui  démangent,  il  a  envie  de  »'en  aller. 
Il  Le  do>  lui  démange,  se  dit  d'une  personne  qui  fait 
tout  ca  qu'il  faut  pour  être  battue  Ma  petite  femme, 
ma  mie,  votre  peau  vous  démange,  mol.  Hèd  moi» 
gré  lui,  I,  4.  Il  La  gorge  lui  démange, se  disait  d'un 
homme  en  passe  d'être  pendu. 

—  RRH.  On  a  dit  autrefois  se  démanger,  verbe  ré» 
fléchi,  pour  avoir  des  démangeaisons  :  Vous  tvei 
tout  &  fait  bon  air  avec  cet  babil,  et  nous  n'avons 
point  de  jeunes  gens  à  la  cour  qui  soient  mieux  faits 
que  vou».  —  U  le  gratte  par  où  il  se  démange,  HOl.. 
Bourg,  gent.  111,  4. 

—  HIST.  x¥i«  s.  Comme  le»  main»  lui  deman. 
gealent,  il  sortit  de  Pans,  Uém.  s.  du  G.  ch.  ».  En- 
venimer la  playe,  à  fin  que  pour  un  peu  de  douleur 
qu'il  a,  qui  le  poingt  et  luy  démange,  l'ulcère  e»- 
gratigné  s'empire  tousjours,  la  BOêTiE,  387.  Quand 
viendra  ce  jour  là,  que  ton  nom  au  vray  passe  Par 
France,  dans  mes  vers?  combien  et  quintes  fois 
S'en  empresse  mon  cœur,  s'en  démangent  mes  doiU? 
ID.  338.  Les  mains  courent  d'elles  mesmos  où  il  nous 
démange,  mont,  n,  67.  Quelques  liumours  aigres 
ou  acres,  accumulées  sous  le  cuir,  qui  chatouillent 
et  démangent,  invitent  à  se  gratter,...  paré,  xviu,  4. 

—  ÉTYM.  W....  préfixe,  et  manger,  c'est-»  dire 
manger  continuellement,  faire  éprouver  la  sensa- 
tion comme  si  quelque  chose  vous  m.ingeail,  ron- 
geait. En  provençal,  desmanjar  signifie  perdre 
l'appétit. 

t  DÉMANILLAOE  (dé-ma-ni-lla-j",  H  mouillée»), 
s.  m.  Terme  de  marine.  Séparation  d'objets  réunis 
par  des  manilles. 

—  ETYM,  W,...  préfixe,  et  manille. 
DÊ!«ANTELÉ,  ÉE  (dé-man-te-lé,  lée),par«  ptt$té. 

Le  lion  consent  à  cela.  Tant  son  ftme  était  aveuglée; 
Sans  dents  ni  griffes,  le  voilà  Comme  place  déman- 
telée. LA  FONT.  Fabl.  IV,  t. 

DÉMANTÈLEMENT  ( dé-man-tè-1e-man ),  «.m. 
Action  de  démanteler,  ||  Êiat  d'une  place  démante- 
lée. Il  Par  extension.  Liitre  les  excessives  érosion» 
des  schistes  et  les  grands  démanlélements  des  gr». 
nils,  l'œil  saisit  vite  la  différence  qui  résulte  da  la 
structure  compacte  des  uns  et  de  l'élut  fossile  des 
autres,  poubnet,  Acad.  des  se.  Comptes  rendus, 

t.  LU,   p.  1119. 

—  HIST.  XVI*  S.  [Les  causes  de  défiance]  Const»- 
toyenl  es  desmantellemens  d'aucunes  villes  et  coa- 
slructions  de  citadelles  où  ils  avoyent  l'exercice 
public,  LANGUE,  605.  Le  siège  de  la  Kochelle,  sou 
démantèlement,  d'aub.  Vie,  cxxxu. 

—  ETYM.  Dérnanleler. 

DÉMANTELER  (dé-man-te-ié.  L'Académie  ne  con- 
jugue pas  ce  veibe;  mais,  commeelle  écrit  déman- 
tèlement et  nondémanlellement,  il  est  à  croireuu'ii 
faut  conjuguer  non  en  doublant  les  il  comme  dans 
apve/er.  mais  en  mettant,  comme  dans  geler,  l'ac 
cent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
je  démantèle:  je  démantèlerai;  je  démantèlerais; 
que  je  démantèle,  etc.  Il  est  fâcheux  que  tous  rcs 
verbes  ne  se  conjuguent  pas  d'une  façon  uniforme), 
V.  a.  Il  1°  ôler  le  manteau,  ancien  sens  qui  est  le 
sens  propre ,  qu'on  peut  voir  à  l'iiistonque  el  qui 
n'est  plus  du  tout  usité.  I|  2'  Fig.  Démolir  les  mu- 
railles, les  fortifications  d'une  ville.  Démanteler  une 
place  forte.  Il  permit  aux  habitants,  qui  s'étaient 
sauvé»  par  la  fuite,  de  demeurer  dans  la  ville  aprfe» 
l'avoir  démanielce,  et  de  cultiver  les  terres,  à  con- 
dition de  payer  un  tribut  aux  Carthaginois,  rolun, 
Dist.  anc.  t.  1,  p.  256,  dans  polge.ns.  ||  Par  exten- 
sion du  sens  figuré.  Il  voulait  létalilir  et  réorgani- 
ser les  grandes  monarchies  qu'avaient  démantelées 
les  guerres  de  Napoléon,  villemain,  dans  le  UiCt. 
de  poiTEVi.N.  Il  Se  démanteler,  r.  réft.  Détruire  ses 
propres  fortifications.  Cette  ville  fut  obligée  de  »o 
démanteler. 

HIST.  XVI"  s.  De  l'effroi  de  ce  siège  le»  chres- 

tiens  quittèrent  Amazon.  Arzil  et  Alxazer,  en  les  dé- 
mantelant, d'alb.  Utst.  I,  35.  Eocores  ne  nous  ap- 
perceusmes  nous  désire  démantelez  (volés  de  nps 
mante iux|  qu'à  la  seconde  poste,  ID.  Farn.  1,  3.  Le 
bruict  fut  que  ion  demanleloit  la  ville  d'Orle.ns  par 
le  commandement  du  roy,  conDU,  Ui'moires,  p.  70t. 

—  ETVM.  l)i....  préfixe,  et  manlel ,  manteau, 
proprement  dier  le  manteau,  d'où  Aler  la  muraille 
qui  est  comme  le  loauteau  d'une  place  de  guerre; 
ital   smailell'irr 

DÉMANTIBl'LÉ,  ÉE  (dé-man-li-bu-lé,  lée),porJ. 
paW.  Ayant  la  face  ilémaoUbulée.  Une  armoire  dé- 
ma»(  biilëe. 

DËHANTIBl'LEB(dé-roan-tirbu-lé),  V.  a.  ||  1*  Rom- 
pre la  ni&rboire.  11  criait  à  se  démantibuler  la  aAi- 
choiie.jl  8"  Par  extension,  mettre  en  pièce»,  liri-r 


Démantibuler  une  machine.  ||  3°  Se  démantibuler, 
V.  réfl  Être  mis  en  pièces.  Ce  coffre,  pendant  qu'on 
.'s  transportait,  s'est  dèmaniiliulé. 

—  Hisr.  XVI'  s.  Demanilibuler,  ounm,  Dict. 

—  ETYM.  Dé....  iiréfixe,  et  mandibule,  propre- 
nienl  se  ilémancher  b\  manilitiiile,  la  mâchoire. 

t  DfiMARAUDKR  (dé  ma-rÛ-ilé),  ».  a.  Kairenerdre 
la  qualité  da  maraud.  Ce  n'était  qu'un  maraud,  mais 
il  a  fait  fortune;  Puis(]u'il  a  du  ilouzain,  il  est  dé- 
maraiiclé,  xii.  corn,  la  Comtesse  d'orgueil,  i,  3. 

—  REM.  Ce  mot  ne  peut  guère  être  employé  qu'à 
la  conilition  que  maraud  sera  placé  avant  lui. 

—  ÊTYM.  DU....  préfixe,  et  maraud. 

t  DfiMARC.ATIF,  IVE  (dé-mar-ka-tif,  ti-v'),  od/. 
Oui  sert  de  démarcation.  Ligne,  borne  démarcative 
d'une  propriété. 

—  f.TVM.  Démarquer. 

DfiMAIlC.tTION  (dé-mar-ka-sion  ;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  (.  ||  1'  Action  de  marquer,  de  limi- 
ter. Le  prétexte  politique  de  cette  espèce  d'insur- 
reciiiin  sacerdotale,  c'est,  messieurs,  que  la  même 
puissance  qui  a  chanjré  l'ancienne  distribution  du 
royaume,  ne  pouv.iit  rien  clianger  à  l'ancienne  dé- 
marcation des  diocèses  sans  le  concert  de  la  puis- 
sance spirituelle,  Mirabeau,  Collection,  t,  iv,  p.  340. 
Il  Ligne  de  di'marcation,  lipne  fictive  que  le  pape 
Alexandre  VI  fit  tracer  d'un  pôle  à  l'autre  pour  don- 
ner «Il  partage  les  Indes  orientales  aux  Portugais  et 
les  occidenlales  aux  EspatJnols.  |{  Par  extension.  Li- 
gne de  démarcation,  toute  ligne  tracée  sur  un  ter- 
rain pour  y  fixer  des  limites.  Il  î"  Fig.  Séparation, 
distinction.  La  démarcation  entre  la  noblesse  et  la 
bourgeoisie.  La  démarcation  des  classes  en  Alle- 
magne devait  anéantir  l'esprit  militaire  parmi  les 
bourgeois,  stael,  Allem.  1,  ch.  a. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  dans  le  sens  affirmatif, 
et  marqurr. 

DÉMARCHE  (dé-mar-ch'),  ».  f.  ||  1»  Le  pas  qu'on 
commence  h  faire  quand  on  veut  aller  en  quelque 
lien  ou  en  sortir.  Il  a  fait  une  chute  dès  sa  première 
démarche.  ||  L'espace  de  terrain  contenu  dans  le 
premier  pas.  Mais  comment  l'eùt-on  vue?  à  peine 
la  lumière  Osait  franchir  du  seuil  la  démarche  pre- 
mière, LA  FONT.  Captivité  de  Si  Jfaic.  v.  446. ||  Vieilli 
en  ces  deux  sens  qui  sont  les  sens  propres.  ||  2°  Mar- 
che (du  style  poétique  en  ce  sens).  Allez,  et  laissez- 
moi  quelque  fidèle  guide  Oui  conduise  vers  vous  ma 
démiirche  timide,  hac.  l'hèd.  v,  t.  Ce  vieillard  le 
suivait  d'une  démarche  lente,  volt.  Sci/t/ies,  m,  l. 
Il  Fig.  Qui  suivra  ces  étonnantes  démarches?  pasc. 
danscousiN.QuelIesgrandesdémarchesne fait-on  pas 
au  dRspoti(|ue  par  celte  indulgence?  la  bbuy.  x. 
Les  hommes  frivoles,  qui  ont  besoin  de  temps  pour 
suivre  ces  grandes  démarches  de  la  rénexion,  sont 
dans  une  espùce  d'impuissance  de  les  admirer,  vau- 
VEN.  l'es  suiUies.  \\  S"  Allure,  façon  de  marcher. 
En  achevant  ces  mois,  d'une  démarche  fiàre  11  s'ap- 
proche du  roi  couché  dans  la  poussière,  rac.  Tliéb. 
V,  8.  Sa  démarche,  ses  yeux  et  tous  ses  traits  en- 
fin, 10.  Alhal.  II,  5.  Le  vêtement  du  corps,  le  ris 
des  dents  et  la  démarche  de  l'hooime  font  connaître 
quel  il  est,  sacy.  Bible,  Ecciésiasiique,  Xl\,  27. 
Il  4°  Fig.  Manière  d'agir.  La  premiùre  démarche 
qu'on  exige  d'un  disciple  de  Jésus-Christ,  est  de 
oapiiver  son  esprit  et  de  croire  ce  qu'il  ne  peut  com- 
prendre. MASS.  Cor.  Vérité  de  la  rii.  Ce  n'esi  point 
là,  pour  me  le  faire  croire,  La  démarche  d'un  roi  j 
qui  court  à  ia  victoire,  bac.  Alex,  ii,  5.  ||  6°  Ce  qu'on  j 
fait  pour  la  réussite  de  quelque  chose,  liien  aise  de  ! 
n'avoir  pas  fait  de  certaines  démarches  inutilement,  I 
RAUILT.  Gramm.  4.  Le  prince  de  Comté  fit  quelques 
démarches  qui  n'eurent  aucun  effet,  Boss.  Dé(.  La' 
démarche  que  l'Angleterre  avait  faite  du  côté  de  ' 
Rome,  ID.  Var.  lO.  On  nous  a  fait  f.iire  une  fausse  \ 
démarche,  mass.  Pet  carême,  Écueils.  Vous  qui 
faites  tant  de  démarches  de  conversion,  id.  Car. 
Rechute,  i.  Avancé  dans  la  vertu  ou  encore  dans  les 
premières  démarches  de  la  pénitence,  id.  Car.  Prière, 
<  J'ose  me  llalterQu'aprèscettedémarche,  après  cette 
entreprise,  Un  cœur  qui  m'étaii  dû  saura  me  méri- 
ter, VOLT.  Tancr.  ii,  8.  ||  6"  Défaut  dans  la  tonte 
des  draps,  quand  il  s'y  trouve  des  endroits  qui  ne 
sont  pas  tondus  d'as.sez  près. 

—  iiiST.  XVI*  s.  Les  nymphes  [pions]  marchent 
d'ung  carreau  en  aultre;  exceptée  la  première  de-  \ 
marche,  en  laquelle  'eur  est  libre  passer  deuz  car- 
reaiilx,  rab.  Pant.  v,  34.  Si  une  nymphe  passe  jus- 
ques  à  la  filière  de  son  roy  ennemy,  elle  est  couronnée 
royne  de  son  roy,  et  prend  sa  desmarcbe  doresna- 
vaiii  en  mesmc  privilège  que  la  royne,  id.  ib.  v,  24. 
Kt  les  enseignes  desployées,  à  desmarche  grave  et 
lente  se  présentèrent  en  veue  des  tenans,  id.  Scia- 
mach.  Adonc  l'assault  redoubla  si  très-fort  Que  pour 


DfiM 

fuyr  ennemys  font  desmarche,  i.  uarot,  v,  »o. 
Adoncques  fist  simple  double  et  démarche  Pour  à 
Trevy  venir  faire  reprinse,  id.  v,  «6.  Obstiné  de 
mourir  en  ceste  desmarche  [train  de  vie],  mont,  ii, 
7».  Et  conjecturoit  on  à  leur  grave  desmarche,  et  à 
leur  bonne  ordonnance  que  c'estoieni  naturelz  Car- 
thaginois, AMYOT,  Timol.  30.  Après  l'armée  du  duo 
de  Guise  renforcée  et  r'accommodée  de  ce  qui  lui 
manquoit,  ses  premières  desmarches  furent  à  r^s- 
tampes  et  Pluviers,  d'aub.  Ilist.  i,  (72.  Volant  que 
sur  le  branle  la  trouppe  du  roi  qu'il  voioit  ne  par- 
donneroitpas  la  desmarche  [retraite],  iD.tb.  il,  454. 
Par  ainsi  n'estant  ni  en  guerre,  ni  en  paix,  ni  en 
trêve,  ils  s'imaginoyent  au  quatrième  estât,  qui  ne 
fut  jamais,  et  bransioyent  un  pied  en  l'air,  qui  n'est 
pas  pour  faire  une  bonne  démarche,  id.  Conf.  n,  !<. 
En  moins  de  quatre  desmarches,  il  luy  fist  perdre 
toutes  ses  escrimes,  cabl.  vi,  6. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  marche. 

t  DÉMARCHIE  (dé-mar-ohie) ,  s.  f.  Charge  et  ju- 
ridiction d'un  démarque. 

—  ETYM.  Démarque  2. 

t  DÉMARGER  (dé-mar-jé),  v.  a.  ôter  ce  qui  est 
en  marge;  fiter  la  marge.  ||  Déboucher  les  orifices 
d'un  four  de  verrerie. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  marge. 

f  DÉ.MARGUER  (dé-mar-ghé),  v.  a.  Terme  de 
métallurgie.  Enlever  et  démancher  le  marteau. 

i  DÉ.MARIAGE  (dé-ma-ri-a-j') ,  î.  m.  Action  de 
démarier.  Dès  qu'elle  [la  reine  de  Portugal]  fut  la 
maîtresse,  dès  avant  son  démariage  elle  rappela  le 
duc  de  Cadaval,  st-sim.  88,  t46. 

—  ETYM.  Démarier. 

DÉMARIÉ,  ÉE  (dé-ma-ri-é,  ée),  part,  passé.  Ces 
époux  démariés  par  un  jugement. 

DÉMARIER  (dé-ma-ri-é),  v.  a.  ||1°  Séparer  juri- 
diquement deux  époux.  ||  i°  Se  démarier,  v.  ré/l. 
Divorcer.  [Henri  VIII)  Je  voulais  me  démarier;  celte 
Aragonaise  me  déplaisait;  je  voulais  épouser  Anne  de 
Boulen,  kén.  t.  xix,  p.  379.  Us  [le  duc  et  la  duchesse 
d'ÉpernonJ  se  brouillèrent,  se  démarièrenl  et  n'eu- 
rent point  d'enfants,  st-sim.  67,  210.  En  vous  disant 
d'abord  que  je  suis  mariée.  Vous  devine/,  assez  que 
je  viens  vous  prier  De  vouloir  me  démarier,  re- 
ONABD,  Souhaits, A. 

—  iliST.  XIV"  s.  Les  curez  seront  desmariez  [sépa- 
rés de  leurs  concubines],  Hisl.  littér.  de  la  France, 
Disc,  de  M.  LF.CLERC,  t.  XXIV,  p.  375.  Il  XV'  s.  Or  çà, 
ma  fille,  dit-elle,  il  vous  convientdesmarier,  louis  xi, 
Nouv.  Lxxxvi.  Il  XVI'  s.  Jemedem.irie,  PALSGR.  p.350. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  marier. 

t  < .  DÉMARQDE  (dé-mar-k') ,  s.  f  Terme  de  jeu. 
Se  dit  de  la  partie  à  démarquer.  Jouer  à  la  dé- 
marque. 

—  ETYM.  Voy.  DÉMARQUER. 

t2.  DÉMARQl^^  (dè-mar-k'),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité grecque.  Magistrat  supérieur  d'un  dôme. 

—  ETYM.  Déme  2,  et  âp/.siv,  commander. 
DÉMARQUÉ,  ÉE  (dé-mâr-kô,  kée),  part,  passé. 

Dont  on  a  d.';fait  la  marque   Du  linge  démarqué. 

t  DÉ.MARQUEMEN  r  t,  Jé-marke-man  ) ,  s.  m. 
Terme  d'eaux  et  forêts.  Enlèvement  de  la  marque 
d'un  arbre,  dans  des  intentions  frauduleuses. 

—  ETYM.  Démarquer. 

DÉ.MARQUER  (dé-mar-ké),  v.  a.  ||  1"  ôter  une 
marque.  Démarquer  du  linge,  un  livre.  Ci-glt  mon- 
seigneur de  Marca  [nommé  archevêque  de  Paris  en 
4662  et  mort  le  jour  même  que  ses  bulles  arrivè- 
rent] Que  le  plus  grand  des  rois  marqua  Pour  le 
prélat  de  son  église;  Mais  la  mort,  qui  le  remar- 
qua Et  qui  se  plaît  à  la  surprise.  Tout  aussiiût  le 
démarqua,  colletet,  dans  richelet.  ||  2°  V.  n. 
Terme  de  maquignon.  N'avoir  plus  de  marque 
indiquant  l'Sge,  en  parlant  des  chevaux.  Ce  cheval 
est  jeune,  il  ne  démarque  pas  encore.  {|  Ce  verbe 
n'est  plus  guère  usité  en  ce  sens;  on  dit  :  ce  che- 
val est  hors  d'iige,  il  ne  marque  plus.  ||  3°  Jouer  à 
démarquer,  se  dit,  au  billard  principalement,  d'une 
partie  oii  l'un  des  deux  joueurs  consent  à  démar- 
quer, à  perdre  tous  ses  points,  quand  l'autre  en  prend 
un  ou  plusieurs.  |{  4°  Se  démarquer,  v.  réfl.  Ctre 
démarqué.  Ce  linge  est  si  vieux  qu'il  se  démarque. 

—  HIST.   XVI'  s Comme   il  a  démarqué   les 

bornes  de  la  France  Pour  les  planter  plus  loin  par 
le  fer  de  sa  lance,  rons.  934. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  marque. 

t  DÉ.MARQUISER  (dé-mar-ki-zé),  V.  a.  ôter  le 
titre  de  marquis.  Je  l'ai  démarquisé  bien  loin  de 
son  alterne  [au  moment  oii  il  s'y  attendait  le  moins]  ; 
J'en  voudrais  faire  autant  à  tous  les  faux  marquis, 
REGNABD,  le  Joueur,  v,  6. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  marquis. 
DÉMARRAGE  (dé-ma-ra-j') ,  t.  m.  ||  1°  Terme  de 


DËM 


104.3 


marine.  Déplacement  (l'un  navire  amarré.  ||  î*  Terme 
de  pèche.  Nom  de  chaque  petite  campagne  que  font 
les  pêcheurs,  les  pêcheurs  comptant  leur»  paiites 
campagnes  par  le  nombre  de  démarrages  {|u'ils  font. 
Il  3°  Artion  lie  défaire  les  noeuds  ou  amarrages. 

—  ETYM.  Démarrer. 

DÉMARRÉ.  ÉG  (dé-m8-ré,rée),part.  pasté.Hont 
les  amarres  sont  défaite». 

DÉMARRER  (dé-ma-ré).  Hl"  V.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Détacher  ce  qui  est  amarré,  défaire  un  amar- 
rage. Il  Démarrer  une  bouche  à  feu,  en  larguer  les 
amarrages.  ||  2°  F.  n.  Quitter  l'amarrage,  le  port.  Le 
navire  démarra  par  un  beau  temps.  Les  vaisseaux  du 
port  démarrèrent;  Les  vents  dans  les  voiles soufllè- 
rent,  scarron,  Virg.  trav.  vu.  On  nous  fait  cou- 
cher ce  soir  à  bord,  pour  démarrer  demain  au  lever 
du  soleil,  volt.  Amabed,  t"  lettre.  ||  3°  Familière- 
ment, quitter  une  place,  un  lieu.  Ne  démarrez  pas 
de  là  jusqu'à  mon  retour.  Je  ne  démarrai  pas  du 
fruitier  que  toutes  les  poires  ne  fussent  mangée;.  Le  . 
bon  Jtipin,  sans  dire  gare,  Très-vergogneusement 
démarre,  scahron,  Giganlomaclne,  ch.  m.  Puisque 
vous  me  tenez  pour  chef.  Démarrons  d'ici  derechef, 
ID.  Virg.  trav.  iv.  Il  n'y  eut  pas  un  ouvrier  de  la 
ville  que  je  pusse  faire  démarrer  de  l'antichambre  ou 
de  l'escalier,  p.  l.  cour.  HI.  i,  to8.  ||  4"  Se  démar- 
rer, ».  réfl.  Rompre  ses  amarres,  quitter  l'ancrage. 

—  HIST.  xiv  s.  Ladite  nef  fut  desamarrée.  Cou- 
tume locale  dOleron,  ch.  8.  ||  xvi'  s.  Si  tost  que  Ly- 
sander  de  sa  galère  capitainesse  eut  fait  sonner  la 
trompette  pour  ie  signe  de  desmarer,  incontinent 
les  galères  commencèrent  à  voguer  à  l'eiivy  les  unes 
des  autres,  amïot,  hjsand.  20.  Les  trois  canonna- 
des tirées,  on  desmare,  flottants  les  (6  galères  en- 
semble, carl.  I,  37.  [Les  matelots]  D'un  cry  naval, 
hors  du  rivage  proche,  Demarent  l'anchre  à  la  mâ- 
choire croche,  HONS.  60a. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  un  radical  qui  est  dans 
O-marrer  (voy.  amarrer). 

t  DÉ.MASCLAGE  (dé-ma-skla-j') ,  s.  m.  Action 
d'Ater  l'écorce.  Le  démasclage  des  chônes-liéges. 

DÉMASQUÉ,  ÉE  (dé-maské,  skée),  pan.  passé. 
Qui  n'a  plus  son  masque.  Il  entra  démas<|ué  au  bal. 
Il  Fig.  Vous  êtes  démasqué,  vous  n'êtes  plus  à 
craindre,  gresset.  Méchant,  v,  7. 

DÉMASQUER  (dé-ma-ské),  v.  a.  ||  1°  Ôter  à  quel- 
qu'un le  masque  qu'il  a  sur  le  visage.  ||  2°  Fig.  Faire 
connaître  quelqu'un  pour  ce  qu'il  est,  mettre  en 
évidence  des  secrets  de  conduite  et  d'intentions. 
Quel  plaisir  pour  moi,  quelle  joie  De  démas'iuer  des 
scélérats,  Â  qui  le  vrai  mérite  est  tous  les  jours  en 
proiel  DEBiioiiLiÈBEs,  dans  RICHELET.  Us  tremblent 
qu'un  censeur,  que  sa  verve  encourage.  Ne  vienne 
en  ses  écrits  démasquer  leur  visage,  boil.  Disc,  au 
roi.  Si  l'on  ne  démasqua  l'imposteur,  la  crédulité 
sera  séduite,  mass.  Av.  Disp.  Pour  moi  qui,  démas- 
quant nos  sages  dangereux,  Peignis  de  leurs  er- 
reurs les  effets  dés.istreux,  gilb.  I.e  iS' siècle.  Comma 
elle  a  démasqué,  vilipendé  le  traître  I  volt,  le  Dé- 
posit.  v,  5.  Il  11  se  dit  aussi  des  choses  dont  on  dé- 
voile le  vrai  caractère.  Pour  combattre  l'erreur,  pour 
démasquerle  mensonge,  bourd.  Exhort.  sur  le  ■••ouf- 
flel  donné  à  J.  C.  Nous  pouvons  aisément,  malgré 
tant  d'artifice.  Dans  ses  fausses  vertus  démasquer 
tous  ses  vices,  M.  J.  ciiên.  Tilière,  iv,  3.  Dans  un 
si'cle  où  tant  d'erreurs  sont  courageusement  démas- 
quc'es,  il  serait  honteux  de  taire  des  vérités  impor- 
tantes à  l'humanité,  baynal,  Ilist.  philos,  xi,  23. 
Il  3"  Terme  de  guerre.  Uémasc|uer  une  batterie,  dé- 
couvrir une  batierie  auparavant  cachée.  ||  4°  Se  dé- 
masquer, i'.  réfl.  ôter  son  masipie.  L'inconnu  sa 
démasqua.  Sans  aucun  préambule  ni  se  démasquer, 
sÉv.  153.  Il  Fig.  Se  faire  connaître  pour  ce  qu'on  est, 
découvrir  ses  desseins.  L'orgueil  ne  se  démasque  ja- 
mais tout  à  fait,  MASS.  Car.  Aum.  ||  En  termes  de 
guerre.  La  batterie  se  démasqua. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  roy  lui  commanda  de  donner 
la  main  "t  sa  maistresse,  et  la  fit  mesme  demas(|uer 
pour  le  saluer,  d'aub.  Ki«,  xcix.  Le  plus  apparent 
[d'une  bande  qui  avait  anêié  Montaigne],  qui  la 
démasqua  et   me  fit  cognoistre  son   nom,  mont. 

ty,  229. 

—  ETYM.  De....  préfixe,  et  masque. 

t  DÉ.MASTIQUAGE  (dé-ma-sti-ka-j') ,  s.  m  Ac- 
tion de  démastiquer, 

—  ETYs;.  Démastiquer. 

]  DÉ.MASTIQUEU  (dé-ma-sti-ké),  v.  a.  Enlever 
le  mastic  qui  tenait  une  chose  attachée;  détacher 
une  chose  retenue  par  du  mastic. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  moid'c. 
DÉMÂTAGE  (dé-mâ-t»-j').  ».  n.  Terme  de  ma- 
rine. Action  de  démâter, 

—  ÉTYM.  Pémdler. 


lOU 


DÉM 


BÈmATÉ,  ÉE  (dé-mà-té,  tée),  part,  posté.  Un 
navire  démftté  par  un  coup  de  vent. 

IDÉMATKMENT  (dé-mâ-te-man),  t.  m.  Terme 
de  manne.  Euit  d  un  navire  qui  est  démâté. 

—  KTYM.  Démâter. 

D15.mAter  (dé-ma-té),  «.  o.  ||  1'  Terme  de  ma- 
rine, ôter  les  bas-mSts  d'un  bâtiment.  ||  2*  Abattre, 
rompre  les  mâts  d'un  navire.  ||  Tirer  à  démâter,  di- 
riger le  pointage  à  l'effet  de  frapper  un  des  points 
do  la  mâture.  ||  3°  Y.  n.  Perdre  ses  mâts  par  un  ac- 
cident. Ce  vaisseau  a  démâté  de  tous  ses  mâts. 
114°  Se  déinilter,  v.  réft.  ôter  ses  bas-mâts. 

—  ÉTYM.  Dé....  prélixe,  et  md(. 

f  «lîMATÉKHLISEU  (dé-ma-té-ri-a-li-zé),  v.  a. 
Séparer  de  la  matière.  ||  Détourner  des  doctrines  di- 
tes matérialistes.  ||  Terme  d'ancienne  chimie.  Sépa- 
rer une  essence  des  matières  grossières  ;  réduire  en 
esprit. 

—  ivTYM.  Dé....  préfixe,  et  matériel. 
D'EMBLÉE,  voy.  emblée. 

■f  i.  DËME  (dé-m'),  s.  f.  Terme  de  métallurgie. 
Loupe  aplatie  dans  laquelle  est  placée  l'enclume. 

f  2.  DE.ME  (dê-m') ,  s.  m.  Terme  d'histoire  grecque. 
Nom  des  bourgs  ou  cantons  de  l'Attique. 

—  KTYM.  Ariiio;,  peuple. 

t  DÉMÊLAGE  (dé-mê-la-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
mêler la  laine  pour  la  filer.  |{  Opération  du  brassage 
de  la  bière. 

—  ÉTVM.  Démêler. 

i.  DÉMËLfi,  ÉE  (dé-mê-lé,  lée),  jiarf.  passé.  Oui 
n'est  plus  mêlé.  Êcheveau  démêlé.  ||  Fig.  Débrouillé, 
éclairci.  On  parle  de  grandes  nouvelles;  mais  cela 
n'est  pas  encore  démêlé,  sÉv.  49.  On  trouve  quel- 
ques traces  de  cette  vérité  [partage  de  l'Espagne 
entre  Léopold  et  Louis  XIV]  dans  les  mémoires  de 
Torcy ,  mais  elles  sont  peu  démêlées ,  volt.  L.  XI V,  8. 
Quand  ces  semences  secrètes  sont  cultivées  avec 
soin ,  elles  peuvent  être  conduites  à  une  perfection 
plus  distincle  et  plus  démêlée,  rollin.  Traité  des 
Et.  Disc,  prélim.  p.  Lxxxv,dans  poogens.  |{  St-Si- 
mon  l'a  employé  d'une  façon  qui  lui  est  particu- 
lière. [M.  d'Orléans,  l'évêque]  C'était  un  homme  de 
moyenne  taille,  gros,  court,  entassé,  le  visage 
rouge  et  démêlé,  st-sim.  32,  us.  C'est-à-dire  une 
physionomie  où  tout  est  démêlé,  clair,  décidé. 

a.  DÉMÊLÉ  (dé-mê-lé) ,  s.  m.  Action  de  se  démê- 
ler d'avec  quelqu'un;  querelle,  contestation,  débat. 
Comme  avec  lui  mon  père  a  quelque  démêlé,  corn. 
Agésil.  I,  1.  Il  en  a  bien  usé,  et  j'ai  regret  d'avoir 
démêlé  avec  lui,  mol.  D.  Juan,  m,  6.  Nous  n'au- 
rons jamais  aucun  démêlé  ensemble,  m.  le  llar.  f.  i. 
X  tous  nos  démêlés  coupons  chemin,  de  grâce,  m. 
Mis.  n,  t.  Après  le  démêlé  d'un  amoureux  caprice, 
Ils  goûtent  le  plaisir  de  s'êlre  rajustés,  m.  Amph. 
m,  2.  Vous  me  contez  fort  plaisamment  le  démêlé 
que  vousavez  eu  avec  mon  ami  Vivonne,  sÉv.  66.  Il 
y  avait  de  grands  démêlés  entre  lui  et  Luther,  boss. 
Var.  I.  Ont  fait  un  grand  combat  d'un  simple  dé- 
mêlé, RAC.  Théb.  m,  4.  Il  avait  eu  plusieurs  démê- 
lés avec  la  belle  sur  ce  sujet,  hamilt.  Gramm.  lO. 
C'est  un  démêlé  de  valets,  et  je  crois  que  tout  cela 
n'aboutira  pas  à  grand'cho.se,  maintenon,  Lett.  à 
Urne  de  Drinon,  t.  ii,  p.  229,  dans  pougens.  Sou- 
vent nos  démêlés  étant  près  de  finir,  L'empereur  a 
pris  soin  de  les  entretenir,  campistron,  Andronic, 
I,  3.  L'Angleterre  était  trop  occupée  de  ses  démêlés 
avec  l'Ecosse,  pour  penser  sérieusement  à  des  inté- 
rêts si  éloignés,  haynal,  llist.  pliil.  xvn,  ta.  Per- 
sonne n'ignore  les  démêlés  de  Philippe  le  Bel  avec 
Boniface  VIII,  saint-foix,  Ess.  s.  l'aris,  Œuvres, 
t.  ut,  p.  404,  dans  pougens. 

—  ÊTYM.  Démêlé  *. 

t  DÉmP-LÉE  (dé-mê-lée),  s.  f.  Espèce  d'ardoise. 

+  DÉMÊLE.MENT  (dé-mê-Ie-man) ,  s.  m.  Action 
de  démêler.  Je  suis  dans  le  chaos  [d'un  emménage- 
ment] ;  vous  trouverez  le  démêlement  du  monde  et 
des  éléments,  SÉV.  369.  ||  Dénoûment d'une  piècede 
théâtre,  d'une  affaire.  Tantyaqu'il  se  fait  avec  sur- 
prise et  qu'ainsi  l'intrigue  ni  le  démêlement  ne 
manquent  pointa  cette  pièce,  l'Académie,  Senti- 
ments sur  le  Cid,  p.  20.  Ni  la  bienséance....  ni  la 
fortune....  n'en  fait  point  le  démêlement,  ib.  p.  37. 
Nous  verrons  le  beau  démêlement  de  cette  intrigue, 
siv.  581.  Voilà  l'homme  à  qui  nous  avons  affaire; 
voilà  ce  duc  dans  le  démêlement  des  plus  grandes 
affaires;  le  voilà  qui  vous  6te  votre  cher  Avignon, 

ID.  6«t. 

—  liiST.  XVI»  S.  Ils  sentirent  ce  que  leur  valoit  ce 
vieillard,  par  l'appréhension  de  sa  perle,  aux  pre- 
miers desmeslements  d'affaires,  où  il  fallut  paier  de 
leur  suffisance,  d'aub.  llist.  i,  322.  Après  l'embus- 
cade do  Marmande,  sur  le  desmeslemeiit  de  laquelle 
ca  prince....  u>,  tb.  ii,4t7.  Pariant  le  priez-vous 


DRM 

de  remettre  le  demeslement  de  l'affaire  k  un  autre 
ou  une  autre  fois,  sully,  Uém.  t.  11,  p.  <04,  dans 

lacurne. 

ÊTYM.  Démêler. 

DÉMÊLER  (dé-mê-lé),  v.  a.  ||  1°  Faire  cesser  l'é- 
tat d'embrouillement.  Démêler  un  êcheveau  de  fil. 
Il  Démêler  les  cheveux,  y  passer  le  peigne  pour  les 
remettre  en  ordre.  Et  absolument,  peigne  à  dé- 
mêler. Il  Démêler  les  pieds  d'un  cheval ,  les  dégager 
quand  ils  sont  pris  dans  les  traits.  ||  Fig.  Démêler 
une  fusée,  débrouiller  une  afiaire,  une  intrigue, 
se  tirer  d'une  difficulté.  Il  faut  vivre  pour  voir  démê- 
ler toute  cette  fusée,  sÉv.  t25.  Va,  va,  c'est  une 
affaire  que  je  saurai  bien  démêler,  sans  que  tu  t'en 
mettes  en  peine,  moi..  D.  Juan,  i,  2.  ||  Terme 
de  foulon.  Tirer  l'étoffe  de  la  pile  et  la  remettre  à 
l'eau  chaude,  pour  la  fouler,  après  qu'elle  est  dé- 
graissée. Il  2°  Faire  cesser  l'état  de  mélange.  Le 
pain  de  vie  qu'il  reçoit  est  un  poison,  une  sen- 
tence de  mort  qu'il  s'incorpore  avec  lui-même, 
qui  devient  sa  propre  substance,  de  sorte  qu'on 
ne  peut  plus  l'en  démêler  pour  ainsi  dire,  mass. 
Car.  Communion.  Je  ne  sais  quels  caractères  di- 
vins qui  démêlent  la  religion  de  Jésus-Christ  des 
opinions  et  des  sectes,  id.  Panég.  St  Franc,  de 
P.  Il  Par  extension.  Ceux  au  contraire  que  la  nais- 
sance démêle  d'avecle  peuple,  la  brut.  ix.  Il  3°Ëclair- 
cir.  Dans  cet  embarras  où  se  trouve  mon  esprit,  je 
ne  vous  puis  pas  bien  démêler  ses  sentiments,  voit. 
Lett.  <B2.  J'espère  démêler  cette  confusion,  cobn. 
lléracl.  IV,  6.  Vousavez  bien  d'autres  affaires   dé- 
mêler que  les  débats  Du  lapin  et  de  la  belette,  la 
FONT.  Fabl.  viii,  4.  Qui  pourra  démêler  tout  cet 
embarras?  boss.  Jug.  A.  Les  trois  suivantes  [propo- 
sitions] vont  démêler  cette  difficulté,  m.  Or.  1.  Elle 
ne  pouvait  démêler  ses  pensées  confuses,  fén.  Tél.  1. 
C'était  un  souvenir  confus  qu'il  ne  pouvait  démêler, 
m.  ib.  viu.  ...Je  démêle  ma!  ce  que  je  puis  penser, 
VOLT.  Scythes,  ni,  1. 114°  Mettre  en  ordre.  Elle  dé- 
mêle ses  affaires  pour  aller  s'établir  à  Paris,  sÉv. 
232.  Il  6°  Apercevoir,  reconnaître  une  personne,  une 
chose,  au  milieu  de  beaucoup  d'autres.  Vous  ne  les 
pouvez  démêler  des  autres  demoiselles,  sarrazin, 
dans  RiCHELET.  Je  démêlai  mon  fils  dans  le  tourbil- 
lon, sF.v.  660.  Vous  voulez  qu'on  sache  qu'un  homme 
en  place  a  de  l'attention  pour  vous  et  qu'il  vous  dé- 
mêle dans  l'antichambre  entre  mille  honnêtes  gens 
de  qui  il  détourne  les  yeux,  la  bruy.  ix.  ||  6°  Dis- 
tinguer, discerner.  Et  c'est  mal  démêler  le  cœur 
d'avec  le  front  Que  prendre  pour  sincère  un  chan- 
gement si  prompt,  corn.  Rodog.  iv,  6.  Démêlez  la 
vertu  d'avec  ses  apparences,  mol.  Tart.  v,  t.  Il 
sait  démêler  les  volontés  de  Dieu  d'avec  les  malices 
des  hommes,  fléch.  i,  47.  Nos  passions  forment 
des  erreurs  qu'il  n'est  pas  toujours  si  facile  de  dé- 
mêler de  la  vérité,  mass.  Car.  Resp.  hum.  Oui,  j'ai 
cru  démêler  quelques  traits  de  Cresphonte,  volt. 
ilér.  II,  2.  Entre  des  voix  confuses  et  contradictoi- 
res qui  s'élèvent  en  même  temps,  qui  démêlera  le 
cri  de  la  vérité  du  murmure  sourd  et  secret  de  la 
calomnie,  ou  le  murmure  sourd  et  secret  de  la  ca- 
lomnie du  cri  de  la  vérité?  paynal,  llist.  phil.  v,  9. 
Il  Deviner,  pénétrer.  Cependant  mon  orgueil  vous 
laisse  à  démêler  Quel  était  l'intérêt  qui  me  faisait 
parler,  corn.  Pomp.  i,  3.  Je  démêle  bien  ce  qu'on 
aurait  envie  dedire,sÉv.  308.  On  sent  quelque  chose 
sans  démêler  ce  que  c'est,  boss.  Or.  5.  Comment 
démêlera-t-il  les  pensées  des  autres?  m.  Polit.  Il 
perçait  dans  tous  les  secrets,  démêlait  toutes  les  in- 
trigues, découvrait  les  entreprises  les  plus  cachées 
et  les  plus  sourdes  machinations,  m.  le  TeHier.  Tant 
que  nous  regarderons  l'homme  par  les  yeux  du 
corps,  sans  y  démêler  par  l'intelligence  le  secret 
principe  de  toutes  nos  actions  qui....  m.  Duch. 
d'Orl.  Vos  yeux  démêleront  ses  secrets  sentiments, 
volt.  Zaïre,  iv,  B.  J'ai  démêlé  son  âme  et  j'en  vois 
la  noirceur,  m.  Sémiram.  11.  t Dans  ses  entre- 
tiens j'ai  souvent  démêlé  Que  d'une  cour  ingrate  il 
était  exilé,  m.  Scythes,  i,  1.  Je  saurai  démêler  un 
pareil  artifice,  id.  Orphel.  11,  7.  Ces  lettres  étaient 
conçues  en  termes  si  ambigus  et  si  généraux,  qu'il 
était  difficile  de  démêler  si  le  but  du  roi  Auguste 
était  seulement  de....  id.  Charles  XII,  8.  On  doit 
avoir  assez  bonne  opinion  du  plénipotentiaire  fran- 
çais qui  conduisait  la  négociation,  et  du  ministre 
qui  la  dirigeait,  pour  penser  qu'ils  auraient  démêlé 
le  piège,  KAYNAL,  Hist.  phil.x,  (3.  Sénèque  n'avait 
pas  encore  démêlé  le  caractère  de  son  élève,  Dide- 
rot, Règne  de  Claude  et  Néron,  n ,  §  t.||  Il  se 
dit  aussi  des  personnes  dont  on  pénètre  les  senti- 
ments. Marlborough,  qui  ne  se  hâtait  jamais  de  faire 
ses  propositions  et  qui  avait,  par  une  longue  ha- 
bitude, acquis  l'art  de  démêler  les  hommes,  volt. 


DÉM 

Charles  XII,  3.  Je  m'ennuie  de  n'être  au  fait  de  rien 
et  de  vivre  avec  des  gens  que  je  ne  saurais  démê- 
ler, montesq.  Lett.  pers.  48.  ||  Il  n'est  pas  aisé  à  démê- 
ler, se  dit  de  quelqu'un  dont  il  n'est  pas  aisé  de  con- 
naître le  caractère ,  les  projets.  ||  7°  Terme  de  chasse. 
Démêler  la  voie,  trouver  la  voie  du  cerf  couru, 
au  milieu  d'autres  cerfs.  ||  8°  Avoir  à  démêler, 
être  en  contestation,  en  querelle,  en  débat.  Je 
ne  veux  rien  avoir  à  démêler  avec  ceux  qui  vous  ap- 
partiennent, VOIT.  Lett.  48.  Si  vous  teniez  toujours 
votre  bréviaire.  Vous  n'auriez  rien  &  démêler  ici, 
LA  FONT.  Psaut.  Nous  et  nos  adversaires  n'avons 
rien  à  démêler  sur  cette  matière,  boss.  ttéfut.  Les 
hommes  avoient  souvent  à  démêler  avec  les  san- 
gliers et  les  lions,  fén.  Épicure.  \\  9°  Se  démêler, 
«.  réfl.  Être  démêlé.  Cet  êcheveau  se  démêle  fa- 
cilement. Quand  toutes  choses  sont  à  ce  point 
désordonnées,  confondues,  il  faut  beaucoup  de 
temps  pour  qu'elles  se  démêlent,  se  redressent,  pour 
que  chacun  des  éléments  de  la  société  revienne  à  sa 
place,  GuizOT,  llist.  de  la  civil,  en  France,  8"  le- 
çon. Il  N'être  plus  emmêlé,  confondu  avec.  L'âme, 
s'étant  engagée  tout  entière  dans  le  corps  et  dans 
toutes  choses  sensibles,  ne  s'en  peut  plus  démêler; 
elle  ne  sait  plus  ce  qu'elle  est,  boss.  la  Vallière. 
Il  Par  extension,  échapper  â  une  étreinte.  Se  dé- 
mêlant avec  indignation  d'entre  ses  bras,  elle  se  mit 
à  faire  des  cris  effroyables,  appelant  le  ciel  et  la 
terre  à  son  secours,  hamilt.  Gramm.  (0.  ||  Être 
éclairci.  Tout  cela  se  démêlera  avant  la  fin  de  l'an- 
née, SÉV.  392.  Je  crois  maintenant  concevoir  les 
maximes  de  gouvernement  que  vous  m'avez  expli- 
quées; d'abord  elles  me  paraissaient  comme  un 
songe,  mais  peu  à  peu  elles  se  démêlent  dans  mon  es- 
prit, FÉN.  Tél.  XXIV.  Il  Se  séparer.  On  verra  cet  homme 
si  obscur,  si  méprisé,  se  démêler  de  la  foule,  mass. 
Car.  Resp.  hum.  Restes  d'Israël ,  passez  à  la  droite; 
froment  de  Jésus-Christ,  démêlez-vous  de  cette 
paille  destinée  au  feu,  m.  ib.  Pet.  nomb.  des  élus. 
Un  prince  pieux  se  démêle  toujours  de  la  foule,  m. 
Pet.  car.  Triomph.  \\  Se  tirer  d'une  difficulté,  s'ac- 
quitter d'une  charge,  d'une  commission.  Il  s'était 
démêlé  si  adroitement  des  embûches  de  ce  traître.... 
vaugel.  Q.  C.  320.  Je  meurs  d'envie  que  vous  y 
soyez,  pour  voir  comment  vous  vous  en  pourrez  dé- 
mêler, voit.  Lett.  68.  Et  qui  fait  les  rois  parmi  vous  ? 
Voilà  un  acteurquis'endémêle  parfois,  mol.  Impr.  1. 
Parmi  mes  confrères  que  je  vois  se  mêler  de  beau- 
coup de  petits  commerces,  je  sais  tirer  adroitement 
mon  épingle  du  jeu  et  me  démêler  prudemment  de 
toutes  les  galanteries  qui  sentent  tant  soit  peu  l'é- 
chelle, ID.  l'Av.  II,  t.  Nous  verrons  comme  il  se  dé- 
mêlera des  Allemands,  sÉv.  342.  Pour  se  démêler 
de  cet  embarras,  boss.  Etich.  2.  Les  chevaux  an- 
glais, qui  vont  vite  comme  le  vent  en  terrain  uni,  se 
démêlent  assez  mal  des  mauvais  chemins,  hamilt. 
Gramm.  5.  Ces  difficultés  qui  ne  viennent  que  de 
notre  part  sout  celles  dont  nous  avons  nous-mêmes 
le  plus  de  peine  à  nous  démêler,  fonten.  Oracles, 

I,  <4.  Mais  à  vous  parler  net,  sans  que  l'esprit  fati- 
gue. Près  du  sexe  je  sais  me  démêler  d'intrigue, 
REGNARD,  le  JoueuT ,  II,  3.  Il  fallait  la  maturité  de 
César  pour  se  démêler  de  tant  d'intrigues,  volt. 
Réfl.  sur  les  pensées  de  Pascal,  49. 

—  HIST.  XIII'  s.  Sovent  en  iert  [était]  mes  huis  cas- 
sés. Et  faites  maintes  tex  meslées,  Qu'ainçois  qu'els 
fussent  desmelées.  Membres  i  perdoient  et  vies  Par 
haines  et  par  envies,  la  Rose,  (2990.  ||xiv  s.  Se  tu 
veulx  faire  boulie,  si  desmele  ta  fleur  [de  farine]  et 
ton  lait  et  du  sel,  et  puis  met  boulir,  hénagier, 

II,  5.  Il  XV'  s.  51  s'estoit  desmeslé  de  la  guerre  qu'il 
avoit  eue  contre  les  seigneurs  de  son  royaulme  par 
largement  donner ,  et  encores  plus  prometioit,  comm. 

III,  4  2.  Il  XVI*  s.  L'ame  semble  se  despendre  [par  les 
larmes],  se  desmesler....  mont,  i,  8.  Ny  les  jeusnes, 
ny  la  haire  ne  nous  en  desmeslent  [des  passions], 
ID.  I,  275.  Le  temps  desmcsle  et  corrompt  cette  pre- 
mière appréhension  [regrets  douloureux],  pour  forte 
qu'elle  soit,  m.  m.  299.  Jeune,  je  couvrois  mes 
passions  enjouées,  de  prudence;  vieil,  je  desmeslé 
les  tristes,  de  desbauche  [action  de  s'égayer],  lu. 

IV,  t09.  Il  ne  le  feit  point  par  courroux,  ne  pour 
aucune  querelle  qu'il  eust  à  desmesler  avec  luy, 
AMYOT,  Aie.  t2.  Ayans  commencé  à  combattre  en- 
viron les  neuf  heures  du  matin,  à  peine  se  desmes- 
lerent  ilzqu'ilestoit  jà  nuit  toute  noire,  m.  Marcell.  40. 
Comme  ceux  de  Fontenille  se  relaissoient  à  la  cor- 
nette noire,  Giscart  ne  les  desmeslé  point  [continua 
la  charge] ,  d'aub.  Hist.  ii,  38.  Cela  chargea  Lanoue 
si  vertement,  qu'il  trouva  bien  à  propos  le  capitaine 
Normand,  pource  qu'avec  peu  de  perte  il  desmesk 
cette  retraitte,  in.  ib.  i,  45.  Il  y  eut  de  la  peine  à 
demesler  les  forests  en  una  nuict  très-obscure  et  fort 


DEVI 

gljceusc,  d'aub.  Hist.  i,  )88.  Il  fut  mesié  à  sa  re- 
traitte  par  Clermont,  et  demeslé  par  le  baron  de 
Vaillac,  id.  ib.  I,  266.  Il  fallut  penser  à  desmesler 
la  fusée  par  capitulation,  id.  ib.  307. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  mêler. 
tDÉMÊLEUR,  EUSE  (dé-mé-leur,  leû-z'),ï.  m. 

et  f.  Celui,  celle  qui  fait  le  démêlage.  ||  Ouvrier  bri- 
quetier  qui  corroie  la  terre. 

—  ÊTYM.  Démêler. 

BÉ.MËLOIR  (dé-mê-loir) ,  s.  m.  Instrument  qui 
sert  à  démêler.  ||  Peigne  à  grosses  dents  pour  démê- 
ler les  cheveux. 

—  ÉTYM.  Démêler. 

DÉMEMBRÉ,  ÉE  (dé-man-bré,  brée),  part,  passé. 
Coupé  par  membres.  Une  bête  démembrée.  ||  Terme 
de  blason.  Oiseaux  démembrés,  oiseaux  représentés 
sans  pieds  et  sans  cuisses.  Animaux  démembrés, 
animaux  dont  les  membres  sont  séparés.  ||  Fig.  Par- 
tagé, séparé.  L'empire  d'Alexandre  démembré,  aussi- 
tôt après  sa  mort.  One  commune  démembrée  d'un 
département. 

DÉMEMBREMENT  (dé-man-bre  -  man  ),  s.  m. 
Il  1°  Action  de  démembrer.  Le  démembrement  d'un 
sanglier  tué  à  la  chasse.  ||  2°  Fig.  Partage,  sépara- 
tion. Démembrement  d'une  province,  d'une  com- 
mune. Plusieurs  monarchies  se  formèrent  du  dé- 
membrement de  l'empire  romain.  Tous  les  grands 
d'Espagne  désiraient  un  prince  de  France  pour 
succéder  au  roi  leur  maître,  espérant  qu'il  main- 
tiendrait la  monarchie  en  son  entier,  sans  souffrir 
le  moindre  démembrement  des  Ëtats  dont  elle  était 
composée,  torcy,  Mém.  t.  i,  p.  32.  Ils  se  réunirent 
pour  prévenir  le  démembrement  de  la  monarchie, 
VOLT.  Louis  XIV,  17.  Et  nos  États  alors,  loin  d'être 
partagés,  Contre  un  démembrement  fleuriront  pro- 
tégés ,  LEUEBC.  Charles  YI ,  v,  <.  ||  Terme  féodal. 
Démembrement  de  fief,  action  de  faire  plusieurs 
fiefs  d'un  seul,  d'en  séparer  les  parties  qui  ne  for- 
ment plus  un  même  corps  de  fief.  ||  3°  Portion 
démembrée.  C'est  [la  Flandre  hollandaise]  un  dé- 
membrement des  domaines  de  cette  même  Autriche 
dont  ils  prenaient  la  défense,  volt.  Louis  XV ,  23. 
Il  Terme  de  droit.  Démembrements  de  la  propriété, 
les  droits  compris  dans  le  droit  de  propriété,  attri- 
bués à  un  autre  que  le  titulaire  de  la  propriété. 
L'usufruit,  l'usage,  les  servitudes  sont  des  démem- 
brements de  la  propriété. 

—  HIST.  xm"  s.  Baronie  et  contez  est  despartie  à 
filles,  et  si  sanz  desmembrement  de  la  baronie,  Liv. 
de  just.  256.  Il  XVI*  s.  Si  l'armée  des  ennemis  void 
peur,  desmembrement,  ou  autre  altération  entre 

nous,  LANGUE,   563. 

—  ÉTYM.  Démembrer;  provenç.  dismenbramen ; 
catal.  desmembramcnt  ;  espagn.  desmembramiento  ; 
ital.  smembramento. 

DÉMEMBRER  (dé-man-bré),  v.  a.  ||  1°  Découper 
un  corps  par  membres.  On  écorche,  on  taille,  on 
démembre  Messire  loup;  le  monarque  en  soupa. 
Et  de  sa  peau  s'enveloppa,  la  font.  Fabl.  viii,  3. 
Écorcher,  démembrer  un  pauvre  animal  sans  dé- 
fense, j.  j.  aouss.  Ém.  n.  ||  Par  exagération  et  fa- 
milièrement, tirer  quelqu'un  avec  violence.  L'une 
le  tire  d'un  côté,  l'autre  de  l'autre;  on  le  démembre 
peut-être  à  l'heure  que  je  vous  parle  :  est-ce  que 
vous  soufl"rirez  cela?  dancourt,  FotVe  de  Besons, 
se.  «.  Ah  I  monsieur,  touchez  là....  —  Cet  homme  as- 
surément prétend  me  démembrer,  beo-nard.  Légat. 
III,  2.  Il  Fig.  Condillac  ne  fait  que  démembrer  Locke, 
et  il  s'égare  toutes  les  fois  qu'il  marche  sans  lui , 
CHATEAUB.  Génie,  m,  ii,  3.  ||  2"  Diviser  les  |)arties 
d'un  tout;  détacher  quelque  partie  de  ce  qui  formait 
«n  corps.  Démembrer  un  Etat.  Démembrer  un  mi- 
nistère. Rome  voit  par  leurs  mains  [de  César  et  de 
Pompée]  démembrer  sa  puissance,  brébeuf,  l'har- 
saU,  i.  [11  François  I"l  chargea  l'agent  de  l'empe- 
reur de  mander  à  son  maître  la  résolution  où  il  était 
de  passer  plutôt  toute  sa  vie  en  prison  que  de  rien 
démembrer  de  ses  Ëtats,  rollin.  Traité  des  Et. 
liv.  v,  ('•  part.  §  7.  Je  parlerai  pour  démembrer  les 
évêchés  trop  étendus,  parce  qu'on  m'a  dit  que  ce 
serait  un  grand  bien,  maintenon,  Lett.  au  card. 
de  Noailles,  27  janv.  (699.  11  sentait  ses  forces  s'af- 
faiblir, et  craignait  qu'après  lui  cet  empire  fran- 
çais, ce  grand  trophée  de  tant  de  travaux  et  de  vic- 
toires, ne  fût  démembré,  ségbr,  Hist.  de  Napol. 
Il,  3.  Il  Terme  féodal.  Démembrer  un  fief,  en  faire 
lu  démembrement.  ||3»  Se  démembrer,  i;.r^/Z.  Être 
démembré,  être  divisé.  L'empire  de  Charlemagne 
se  déiTiembra  sous  ses  faibles  successeurs.  Le  sort 
des  petits  F.lats  est  de  s'étendre;  celui  des  grands, 
de  se  démembrer,  raynal,  Hist.  phil.  xiii,  (. 

—  HIST.  XI'  s.  Oui  lui  veist  Sarazins  desmembrer, 
CA.  de  Roi.  CXLV.  Il  XII'  s.  Par  jugement  sera  tout 


DÉM 

desmenhrez,  Honc.  p.  <6.  X  la  justice  puis  les  cu- 
niande  à  livrer,  X  pendre  u  à  ardeir  u  vifs  à  des- 
membrer. Th.  le  mart.  27.  Por  le  mostier  ardoir  et 
démembrer,  Gariti  le  Loherain,  t.  i,  p.  42.  ||  xiii'  s. 
Cis  [Néron]  ot  le  cuer  plus  dur  que  pierre.  Quant 
il  fist  occire  son  frère.  Et  si  fist  démembrer  sa  mère, 
la  Rose,  62(8.  Les  homes  qui  tienent  fié  dou  chief 
seignor,  pevent  toz  leur  fiés  vendre  par  l'assise,  et 
partie  de  leur  fiés  doner  et  desmembrer  por  partie 
dou  service,  Ass.  de  J.  i,  2(6.  ||  xV  s.  Et  si  je  le 
fesoie,  vous  m'en  devriez  blasmer,  non  pas  blasmer 
seulement,  mais  mon  corps  justicier  et  desmembrer, 
FROiss.  I,  1,  (66.  Il  XVI' s.  11  ne  faut  point  se  des- 
membrer de  la  société  civile,  et  faire  un  estable  et 
vie  à  part  pour  mieux  vaquer  [à  la  contemplation] , 
langue,  542.  Ces  pierres,  venans  à  donner  dedans 
celle  machine,  en  froissèrent  toute  la  base,  et  des- 
membrerent  et  despecerent  la  liaison  des  galères  qui 
la  soustenoient,  amyot,  Marcell.  24.  Le  sénat  ne 
tint  compte  de  faire  informer  à  rencontre  de  ceulx 
qui  avoient  desmembré  le  pauvre  Cinna,  id.  Brutus, 
26.  Il  le  feit  desmembrer  avec  deux  arbres  haults  et 
droits  qu'il  feit  courber  l'un  devers  l'autre,  m.  Alex. 
76.  X  quoi  faire  desmembrons-nous  en  divorce  un 
bastiment  tissu  d'une  si  joincte  et  fraternelle  cor- 
respondance? au  rebours,  renouons-le  par  mutuels 
offices  :  que  l'esprit  esveille  et  vivifie  la  pesanteur 
du  corps,  le  corps  arreste  la  légèreté  de  l'esprit  et 
la  fixe,  MGNT.  m,  (3.  Nul  ne  prend  son  esbat  à  veoir 
des  bestes  s'entrejouer  et  caresser,  et  nul  ne  fault 
de  le  prendre  à  les  veoir  s'entredeschirer  et  desmem- 
brer, id.  II,  (32.  Fabius  qui  aima  mieulx  laisser  des- 
membrer son  auctorité  que....  lo.  m,  20.  Les  filles 
riches  et  héritières  sont  mariées  avec  les  riches,  d'où 
sont  desmembrées  et  anéanties  aucunes  maisons,  et  les 
autres  relevées  et  enrichies,  charron,  Sagesse,  i,  64. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagu.  desmembrar  ;  ital. 
dismernbrare;  du  latin  demeinbrare,  formé  de  de, 
et,  membrum ,  membre. 

DÉMÉNAGÉ,  ÉE  (dé-mé-na-jé,  jée),  part,  passé. 
Des  meubles  déménagés  à  la  hâte. 

DÉMÉNAGEMENT  (dé-mé-na-je-man)  ,s.  m.  Action 
de  déménager,  jj  Transport  de  meubles  d'un  logis  k 
un  autre.  Mon  déménagement  m'a  beaucoup  fatigué. 

—  ÉTYM.  Déménager. 

DÉMÉNAGER  (dé-mé-na-jé.  Le  g  prend  un  e, 
quand  il  est  suivi  d'un  a  ou  d'un  o;  déménageons, 
je  déménageais),  v.  a.\\  1°  Retirer  des  raeuUes  d'une 
maison  pour  les  transporter  dans  une  autre  ou  même 
pour  les  mettre  sur  le  pavé  de  la  rue.  11  a  déménagé 
ses  meubles  pendant  la  nuit.  Des  huissiers  déména- 
gent la  maison  de  M.  Jeannot,  volt.  Jeannot  et  Co- 
lin. 112"  V.  n.  Nous  avons  déménagé  hier.  Je  vous 
écrirai  soigneusement;  je  déménage  présentement; 
ma  petite  maison  est  bien  jolie,  sév.  (35.  ||  3°  Fami- 
lièrement, sortir  du  lieu  où  l'on  est.  Or  sus  qu'on 
se  retire  et  qu'on  déménage  au  plus  vite.  Quoi  I  tu 
continueras  à  me  faire  enrager?  Aujourd'hui  d'avec 
moi  songe  à  déménager,  hautkroche,  Crisp.  mus.  i , 
((.Il  Fig.  Sa  raison,  sa  tête  déménage,  sa  raison  s'at- 
faiblit,ses  idées  se  troublent. ||  Populairement.mounr. 

—  REM.  Déménager,  verbe  neutre,  se  conjugue 
avec  avoir  quand  on  veut  exprimer  l'action  :j'ai  dé- 
ménagé hier;  avec  être  quand  on  veut  exprimer 
l'état  ;  je  suis  déménagé  depuis  hier. 

—  HIST.  xiii"  s.  Mi  gage  sont  tuit  engagié,  Et  de 
chiez  moi  desmanagié,  ruteb.  (7. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ménage. 

f  DÉMÉNAGEUR  (dé-mé-na-jeur) ,  s.  m.  Ouvrier 
qui  aide  aux  déménagements  ou  qui  les  fait.  ||  11  se 
dit  aussi  au  féminin,  au  moins  familièrement.  Ainsi 
l'on  dirait  à  de  petites  filles  :  laissez  cela;  voili  de 
jolies  déménageuses! 

—  ÉTYM.  Déménager. 

DÉMENCE  (dé-man-s') ,  s.  f.  \\  1°  Folie.  On  dit  que 
ce  Mahmoud  [prince  persan]  tomba  ensuite  en  dé- 
mence, VOLT.  Russie,  II,  (6.  [s'ils]  N'avaient  eu  pour 
monarque  un  mortel  en  démence,  lemerc.  Char- 
les VI,  I,  (.  Une  passion  sans  intervalles  est  dé- 
mence; et  l'état  de  démence  est  pour  l'âme  un.  état 
de  mort,  buff.  Nature  des  anim.  \\  Terme  de  méde- 
cine. Perte  de  l'intelligencs,  avec  perversion  plus 
ou  moins  complète,  qui,  succédant  quelquefois  à  la 
manie  ou  à  la  monomanie,  est  presque  toujours  in- 
curable, ou  qui,  débutant  d'emblée,  est  susceptible 
de  guérison.  ||  2°  Conduite,  action  dépourvue  de  rai- 
son. Étes-vous  en  démence?  Ce  monarque  en  dé- 
mence insultait  aux  Danois,  ducis,  Uamlet,  iv,  6. 

—  SYN.  DÉMENCE,  IDIOTIE.  Dans  le  langage  mé- 
dical, la  démence  diffère  de  l'idiotie  en  ce  qu'elle 
est  toujours  accidentelle  au  lieu  que  l'idiotie  est 
congénitale.  L'individu  en  démence  a  perdu  ses  fa- 
cultés intellectuelles;  l'idiot  n'en  a  jamais  joui. 


DÉM 


1045 


—  ÉTYM.  Lat.  dementia,  de    démens,  fou   (voy, 

dément). 

DÉMENER  (SE)  (dé-me-né.  La  syllabe  me  prend 
l'accent  grave,  quand  elle  est  suivie  d'une  syllabe 
muette:  je  me  démène,  je  me  démènerai),  v.  réfl. 
Il  1°  S'agiter  violemment.  Un  lutteur....  Oui.  se  tor- 
dant les  bras,  tout  en  soi  se  démène,  Régnier,  Sat. 
I.  Toute  la  nuit  tu  cours,  tu  te  démènes,  la  font. 
Bere.  En  se  démenant  d'une  manière  si  peu  dis- 
crète, HAMiLT.  Gramm.  (o.  S'agite,  se  démène  et 
s'use  le  cerveau,  boil.  Éplt.  xi.  Rustan  suait,  se 
démenait,  se  désespérait,  volt.  Blanc  et  noir.  Tan- 
dis que  le  moine  se  démène  pour  se  débarrasser  du 
chien,  Diderot,  Salon  de  (766,  Œuvres,  t.  xiii, 
p.  (8(,  dans  POUGENS.  112°  Fig.  S'émouvoir,  s'irri- 
ter. Se  démener  contre  les  vices  du  siècle.  Elle  a 
raison:  démenez-vous  donc  un  peu,  parlez-lui, 
DANCOURT,  Vend.  Surènes,  se.  (O. 

—  HIST.  XI'  s.  Par  toutes  terres  [il]  a  son  cors  de- 
menet,  Ch.  de  Bol.  xxxix.  Plurent  et  crient,  demei- 
nent  grant  dolur,  ib.  cxc.  ||  xu'  s.  Grant  bruit 
démènent  li  baron  chevalier,  Ronc.  p.  62.  Li  em- 
perere  va  tel  duel  [deuil]  démenant,  ib.  p.  (6(. 
N'aiez  pas  freor  [frayeur];  Que  tresqu'à  jor  [car 
jusqu'au  jour]  [vous]  Poezdemener  joie,  Tiomancero, 
p.  68.  Quant  les  voit  l'empereres,  moult  grant  joie 
[il]  en  demaine,  Sax,  xxx.  Cel  qui  mesfait,  deit  l'um 
à  sun  prélat  livrer;  Par  tel  lei  cum  il  vit,  le  deit 
l'um  démener.  Th.  le  mart.  30.  ||xiii's.  Ha!  comme 
il  s'estoient  loiaument  démené  [comportés]  jusque  à 
celui  jour!  villeh.  cviii.  Il  avoit  tous  jors  en  por- 
pens  De  démener  [faire]  les  grans  despens,  Et  el 
[richesse]  les  pooit  bien  sofTrir,  Et  tous  ses  despens 
maintenir,  la  Rose,  ((28.  Et  aussi,  en  le  [la]  cort 
laie,  sont  li  apel  de  degré  en  degré,  du  souget  as 
seigneurs  et  des  segneurs  en  segneurs  dusques  au 
roy  en  cas  qui  ne  sont  pas  démené  par  gage  de  ba- 
taille, EEAUM.  60.  Et  celi  qui  ainsi  se  demeinne  [se 
conduit] ,  doit  l'en  appeler  preudomme ,  pource  que 
ceste  proesse  lui  vient  du  don  Dieu,  JoiNV.  27  5.||xv*s. 
U  [le  cheval]  s'escueiUit  et  se  démena  tant  qu'il  fut 
maistre  du  seigneur  qui  le  chevauchoit,  et  l'em- 
porta.... FROiss.  I,  I,  91.  Je  n'ai  que  faire  de  déme- 
ner cette  matière  trop  longuement,  id.  i,  i,  (0(. 
[Le  roi  Anglois  regarda  que]  tant  qu'il  avoit  guer- 
royé par  les  Allemands  et  les  Flamands,  il  n'a  voit 
rien  fait  fors  que  frayé  et  dépendu  grandement  et 
gro-ssement;  et  l'avoient  mené  et  démené  les  sei- 
gneurs de  l'Empire,  qui  avoient  pris  son  or  et  son 
argent,  ainsi  qu'ils  avoient  voulu,  m.  i,  i,  (62.  Si 
fut  touteffois  tant  démenée  ceste  matière  que  après 
plusieurs  années  elle  fut  conclue,  comm.  i,  5.  Doub- 
tant  [craignant]  qu'il  ne  dist  de  luy  ce  qu'il  sçavoit 
touchant  le  demen-é  dudit  conte  [ses  offres  de  tra- 
hison], ID.  V,  6.  U  lui  en  conta  largement  et  bien  au 
long  tout  le  démené,  louis  xi,  Nouv.  xxxiii.(|  xvi'  s. 
Que  ce  fol  monde  hault  et  bas  se  demaine.  Et  qu'à 
son  vueil  il  se  tourne  et  tempeste,  marot,  i,  305. 
....Ains  tellement  ennuy  le  pourmenoit,  Que  sans 
repos  piteux  cris  demenoit,  id.  i,  309.  Au  bon  vieux 
temps  un  train  d'amour  regnoit.  Qui  sans  grand  art 
et  dons  se  demenoit;  id.  u,  42(.  Il  appelle  le  roy 
d'Assyrie  verge  de  sa  fureur,  et  la  hache  qu'il  de- 
meine  en  sa  main,  calv.  Instil.  (6(.  Voyez  déme- 
ner et  agiter  Platon  :  chascun  le  couche  du  costé 
qu'il  le  veult,  mont,  ii,  354.  Venant  mesler  son  ad- 
vis  à  certain  legier  propos  qui  se  demenoit  tout  las- 
chement  en  sa  table,  id.  iv,  64.  Adonc  luy,  et  ceulx 
qui  estoient  en  sa  compaignie  ,  demenans  grand 
bruit,  tirèrent  en  diligence  vers  la  ville,  amyot. 
Thés.  26.  IIz  le  retrouvèrent  à  la  fin,  à  grand  peine, 
soubz  des  monceaux  d'autres  armes  et  de  corps 
morts,  dont  ilz  démenèrent  grande  joie,  id.  P.  jEm. 
35.  Après  avoir  fait  semblant  de  combattre,  en  dé- 
menant leurs  espées  parmy  l'air  vague,  id.  Lucull. 
7"  Ne  renforcer  pas  sa  passion,  comme  une  mala- 
die, à  force  de  crier  hault,  et  de  se  démener,  et 
tourmenter,  id.  Comm.  refréner  la  colère,  8. 

— •  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  mener;  provenç.  de- 
menar;  ital.  dimenare.  Démener  était,  dans  l'an- 
cien français,  un  verbe  complet  qui  se  conjuguait  à 
l'actif  et  au  passif;  aujourd'hui  il  est  réduit  à  la 
forme  réfiéchie.    . 

t  DÉMENT,  ENTE  (dé-man,  man-t'),  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  est  atteint  de  démence  ;  qui  con- 
cerne cette  affection.  Il  Substantivement.  Un  dément. 

—  ÉTYM.  Lat.  démens,  de  la  préposition  de,  hors,  et 
mens, esprit:horsde  son  esprit,  qui  a  perdu  l'esprit. 
L'ancien  français  avait  le  verbe  dementer,  du  latin 
dementare ,  ôter  l'esprit  ;  se  dementer ,  perdre  l'esprit; 
très-bons  mots  qu'il  est  dommage  qu'on  ait  perdus, 

(.  DÉMENTI,  lE  (dé-man-ti.  tie) ,  part,  pasj^  de 
démentir.  Qui  reçoit   un  démenti,   en  parlant  des 


10''.  fi 


DEM 


pcrfonnes.  Démenti  en  Face  fur  ce  qu'il  venait  de 
dire.  ||  i:n  parlant  (!■■»  choses,  dont  on  conteste  la  vé- 
rité. In  acie  démonti.  Celiillel  dùmenli  pour  n'avoir 
point  (la  X'inp—  Pouri|uoi  le  démentir,  puifHpi'il 
n>t  de  ma  main  V  MOI,  l).  Gnrc.  ii,  ».  H  Kig  0"i  ne 
saccotiiplil  pas,  qui  no  reçoit  pas  d'effet,  en  parlant 
dea  choses.  J'ai  vu  tous  mes  projets  t.inl  de  fois  dé- 
menti», BAC.  Bérén.  v,  2.  Trop  parfaite  union  par 
le  sort  démentie,  m.  tliihr.  ii,  «.  Et  voit  on  se» 
dlsi:our«  di'menlis  par  la  suite?  lo.  th.  iv,  I,  Kt  ma 
bouche,  alijuraiit  les  dieux  de  ma  pairie,  Par  mon 
âme  en  secret  ne  fut  pas  ilémentle,  volt.  Ali.  v,  5. 
Ordonne  à  mon  cuurroui,  à  mes  sens  iutenlits  Ces 
(tédains  aiïectés  tant  de  fois  démentis,  lu.  Zaïre, 
IV,  i.  Une  chimère  démentie  par  la  raison  et  l'ex- 
périence, bayuai,,  //i*(.  phil.  v,  35. 

a,  lifi.>IKNTI  (dé  man-li),  t.  m.  ||  1°  Paroles  par 
lesquelles  on  démint  ce  qu'un  autre  a  avancé,  lion- 
ner,  recevoir  un  démenti.  J'en  recevrai  peut-être  un 
liontcux  démenti,  corn.  AgésH.  m,  *.  Il  y  eut  dans 
ce  repas  une  jolie  querelle  sim  un  rien;  un  démenti 
se  ni  entendre,  «kv.  Uu.  la  juin  ie7i.  Il  donne  le 
démenliàson  iiialire,  boss. /"icrre,  t.  L'accusateur 
[devant  la  justice  féodale]  commençait  par  déclarer 
devant  le  juge  qu'un  tel  avait  commis  une  telle  ac- 
tion; et  celui-ci  répnn  lait  qu'il  en  avait  menti;  sur 
cela,  le  j>  ge  ordonnait  le  duel;  la  maxime  s'établit 
que,  lors(|u'un  avait  reçu  un  démenti,  il  fallait  se 
lialtre,  montfso.  Esp.  xxvui,  au.  ||  Par  extension. 
Donner  le  démenti,  contredire  dos  assertions.  Don- 
ner le  démenti  aux  impostures  du  poète,  hamilt. 
Gramm.  D.  Il  se  propo<:e  des  ohservaiions  d'histoire 
naturelle  qui  pourraient  bien  donner  le  démenti  à 
Moïse,  d'alkmbeht,  iett.  ou  roi  de  Prusse,  3o  juin 
tiet.  Il  2°  Il  se  dii  aussi  des  choses.  Ces  faits  don- 
nent lin  démenti  à  votre  assertion.  {{  3°  Familière- 
ment. En  avoir  le  démenti,  éprouver  le  désagré- 
mentdciiepasréussiren  unechuse.  Nous  en  pourrons 
tous  deux  avoir  le  démenti,  coim.  Pulch.  il,  a.  J'y 
suis  trop  engagé  pour  en  avoir  le  démenti,  mol.  Si- 
cil-  i.  Se  meitr  '  en  état  de  n'en  avoir  point  la  dé- 
menti, 11AM1LT.  Gramm.  3.  Le  marquis  vient,  il  faut 
m'assurer  un  parti  Et,  je  n'en  prétends  pas  avoir  le 
démenti,  begnahd,  le  Joueur,  iv,  6.  Les  choses 
éiaient  trop  avancées  pour  qu'on  voulût  on  avoir  le 
démenti,  j.  t.  Boiss.  Coiif.  il.  ||  Proverbe.  Un  dé- 
menti vaut  un  soufllet,  c'est-à-dire  un  démenti  est 
un  outrage  as»ez  grave  pour  que  celui  qui  le  donne 
s'ei|>ose  à  recevoir  un  soumet.  Un  démenti  mérite 
un  soufllet;  nous  savons  tes  ruses,  hauterochk,  Co- 
cher, »c.  I». 

—  HisT.  XVI'  s.  Un  homme  qui  se  venge  de  non 
ennemi  et  le  tue  pour  un  démentir  en  est  estimé 
plus  gentil  compagnon,  mabo.  jVouv.  xliii.  Celles  U 
condamnent  un  démenti  souffert,  celles  icy  un  dé- 
menti revenclié,  mont,  i,  H».  Quant  aux  divers 
usages  de  nos  dcsmeniirs,  et  les  loix  de  nustre  hon- 
neur en  cela,  id.  m,  "K.  Les  injures  légère»  ne  se 
repousseront  avecques  la  démentie,  d'autant  que 
ceste  parole  est  maintenant  irop  odieu.se,  ains avec- 
ques une  négation  plus  douce,  à  laquelle  on  ne 
pourra  rospondre  avecques  1»  démentie,  lanoub, 
ati».  A  cpsie  heure  une  parole  do  néant,  ou  dite  en 
jeu,  attirera  un  démentir,  m.  247.  Le  pauvre  diable 
s'en  alla  sans  un  liard  et  avec  le  desmenli,  d'aub. 
Fan.  tu.  t.  Liiy  disant,  qu'il  allast  vomir  ses  de>- 
menieries  ailleurs,  carl.  ix,  ta. 

—  KTYM.  Démenti  >. 

DÉMENTIR  (dé-man-tir),  je  démens,  tu  démens, 
il  dément,  nous  démentons,  vous  démentez,  ils  dé- 
mentent; je  démentais;  je  démentis;  je  démenti- 
rai; je  dément.rais;  démens,  qu'il  démente,  déiuan- 
tons,  démentez, qu'ds  démentent;  que  je  démente, 
que  nous  démentions;  que  je  démentisse;  démen- 
tant; démenti,  v.  a.  ||  1-  Dire  k  quelqu'un  ou  de 
quelqu'un,  qu'il  n'a  pas  dit  vrai.  À  quoi  bon  se  mon- 
trer et,  comme  un  étourdi.  Ma  venir  démentir  de 
toui  ce  que  je  di?  mol.  i'Elour.  i,  5.  Mon  cœur  ne 
prétend  pa»,  .seigneur,  von»  démentir  ;  El  je  vous  en 
croirai  sui  un  simple  soupir,  rac.  Bériln.  il,  i.  Vous 
le  craigiiei;  osez  l'accuser  la  première  Du  crime 
dont  il  peut  vous  charger  aujourd'hui;  Oui  vous 
démentira?  tout  parle  contre  lut,  id.  Plxéà.  m,  3. 
Jostplie  voulut  joindre  i  ses  jlnriqutfi't  l'histoire  de 
sa  vie,  durant  qu'il  y  avait  encore  plusieurs  per- 
sonne» qui  pouvaient  la  démentir,  s'il  s'éloignait 
de  la  vérité,  bollim,  i/ui.  anc.  t.  xii,  liv.  xxv,  ch. 
i,  an.  < ,  S  *■  *>»ns  cesse  k  l'excuser  mon  cœur  in- 
génieux Trouvait  quelque  plaisir  à  démentir  les 
dieux.  Di'Cis.  Ilamiet,  ii,  6.  ||  Ne  p.is  croir«,  ne 
pas  ajouter  foi.  Lequel  croire,  Exupùre,  et  lequel 
démentir?  CORN. //craci.  IV,  4.  ||  Protester  contre  la 
Moduilo  do  quelqu'un.  Il  courut  démentir  une  mère 


inlidèle,  bac.  Mithr.  ii,  3.  ||  Par  extension,  être  la 
preuve  que  la  vérité  n'a  pas  été  dite.  Son  livre  en 
parai.ssant  dénient  tous  les  flatteurs,  boil.  Sat.  tx. 
Il  2"  .Nier  la  vérité,  l'exactitude  de  quelque  cho.sa. 
Démentir  un  acte,  patbu,  Pfaidoyer  ♦,  dans  biche- 
LF.T.  Eût-elle  démenti  ce  billet  de  Maurice?  corn. 
Iléracl.  IV,  t.  Vous  ne  pouvez  démentir  l'Écriture 
sainte  ni  les  conciles,  pasc.  Prov.  6.  Démentez  donc, 
seigneur,  ce  bruit  injurieux,  rac.  Alex,  ii,  ♦.  liens, 
perfide,  regarilo,  et  démens  cet  écrit,  m.  Baj.  v, 
4.  Et  bientôt,  démentant  le  faux  bruit  de  sa  mort, 
Mithridate  lui-même  arrive  dans  le  port,  m.  Jfi- 
thr.  I,  4.  Il  Démentir  sa  promesse,  ne  pas  la  tenir. 
Il  Fig.  Si  tu  démens  tes  yeux,  croiras-tu  mon  suf- 
frage? coBN,  l'erthar.  m,  4.  ||  3°  N'être  pas  conforme 
à,  ne  pas  cnfiriner.  C'est  une  chose  que  l'expé- 
rience démont  tous  les  jours.  Ta  raine  ne  dément 
point  le  lieu  (  la  race  ]  d'où  j'apprends  que  tu  es 
sorti,  VAUGEL.  Q.  C.  liv.  iv,  dans  bichelet.  Beau- 
coup d'événoments  ont  démenti  leurs  causes,  rotr. 
Antig.  I,  a.  Et  ne  voyais-tu  pas  dans  mes  einporle- 
meiils  Que  mon  cœur  démentait  ma  bouche  à  tous 
moments?  bac.  Androm,  v,  3.  Votre  intention  dé- 
ment vos  paroles ,  boss.  Char.  frai.  3.  L'événe- 
ment n'a  point  démenti  mon  attente,  bac.  Uuhr. 
V,  f.  Ses  sentiments  ne  démentaient  pas  ses  œu- 
vres publiques,  MAS.S.  Or.  (un.  JUadame.  Son  ca- 
ractère ne  démentait  point  sa  physionomie,  i.  ] 
Bouss.  Confess.  in.  Ce  qui  se  pas.sait  au  Louvre 
ne  démentait  pas  les  fureurs  de  la  ville,  anql'et. 
Ligue,  Il ,  p.  43.  Il  4°  Faire  des  choses  indignes 
de.  Tu  m'as  fait  démentir  l'honneur  de  ma  nais- 
sance, COBN.  Cinna,  iv,  6.  Et  je  démens  pour 
vous  la  voix  de  la  nature,  m.  D.  Sart.  v,  5.  Je  ne 
puis  démentir  cette  horreur  magnanime  Qu'en  re- 
cevant le  jour  je  conçus  pour  le  crime,  in.  Tiie  et 
Bérén.  ii,  t.  Incapable  de  démentir  les  maximes  de 
ses  premiers  rois,  BOSS.  llisl.  ni,  3.  Au  lieu  de  dire 
comme  on  dit  communément  :  cet  homme  dément 
sa  foi,  je  dirais  presque  :  cet  homme  n'a  plus  abso- 
lument de  foi,  BOUBD.  3'  dim.  après  l'Épiph.  Domi- 
nic.  Il  dément  ses  exploits  et  les  rend  superllus, 
BAC.  Andrnm.  m,  8.  Vous  voulez  que  le  roi  s'abaisse 
et  s'humilie?  Qu'il  démente  en  un  jour  tout  le  cours 
sa  vie?  m.  ililhr.  iir,  1. 1|  Par  antiphrase,  en  par- 
lant des  choses  mauvaises,  odieuses.  Oui  vous  êtes  du 
sang  d'Atrée  et  de  Thyesie;  Vous  ne  démentez  pas 
une  race  funeste,  bac.  Iphig.  iv,  4.  Je  n'ai  point 
de  son  sang  démenti  l'origine,  id.  Phèd.  iv,  a. 
Il  B°  Être  rebelle  à.  Soit  que  je  n'ose  encor  démen- 
tir le  pouvoir  De  ce»  yeux  où  j'ai  lu  si  longtemps 
mon  devoir,  bac.  Bril.  ii,  a.  ||  6°  Se  démentir,  v. 
réfl.  Se  donner  un  démenti,  en  parlant  de  deux  per- 
sonnes. Ils  se  sont  démentis  l'un  l'autre.  ||  7°  Se  dé- 
mentir, se  contredire.  Il  se  dément  lui-même  à  tout 
propos.  Il  Manquer  k  sa  promesse.  Vous  nous  avez 
promis  votre  appui  ;  n'allez  pas  vous  démentir. 
il  Être  démenti.  Ce  qu'il  dit  se  dément  soi-même, 
boss.  Pré(.  Il  8°  N'être  pas  conséquent  avec  soi- 
même,  s'écaTter  de  son  caractère;  être  en  contra- 
diction avec  ses  principes.  [Il]  Fit  ferme  long- 
temps et  puis  se  démentit,  tbi.st«n.  11.  de  Chrispe, 
I,  3.  Tu  le  démens  bientôt  de  les  bons  sentiments, 
MOL.  Sgan.  23.  Notre  personnage  ne  se  dément  point, 
SÉV.  328.  Non,  tu  ne  te  démens  point,  dit  mon- 
sieur le  prince,  en  l'ayant  encore  emlira.ssé,  hamilt. 
Gramm.  5.  Titus  n'a  point  pour  moi  paru  se  démen- 
tir, BAC.  Bérén.  1,3.  Et  je  sens  qu'à  l'instant, 
prompte  à  me  démentir.  Je  fais  des  vœux  secrets 
pour  n'en  jamais  sortir,  volt  ^aire,  v,  3.  ||  U  se 
dit  des  choses  qui  cessent  d'être  ce  qu'elles  étaient. 
Ses  bontés  pour  moi  na  sa  sont  jamais  démenties. 
Les  caractères  des  personnages  d'Homère  ne  se  dé- 
mentent jamais.  X  considérer  cette  courtoisie  si 
î  exacte  et  qui  na  s'est  jamais  démentie,  voit.  IcU.  3. 
[Que  jusque-là  ma  gloire  ose  se  démentir!  corn. 
!  Poly.  ni,  6.  Sa  vertu  jusqu'au  bout  ne  s'est  point 
j  démentie,  id.  tiéracl.  m,  3.  L'innocence  qui  na  s'est 
i  jamais  démentie,  boss.  t,  Nativ.  l.  Tout  s:  sou- 
tient dans  cet  homme,  rien  encore  ne  se  dément 
dan»  cette  grandeur  qu'il  a  acquise,  dont  il  ne 
doit  rien,  qu'il  a  payée,  la  bruy.  vi.  Une  foi  qui  se 
dément  dans  les  œuvres,  mass.  Av-  Disp.  Celle 
herté  qu'en  nous  soutient  la  modestie.  Dans  mon 
cœur  à  ce  point  ne  s'est  point  démentie,  volt.  Zairt, 
I,  t.  Mais  je  connais  la  sort,  il  peut  se  démaotir, 
ID.  Mérnpe,  i,  4.  ||  9°  Terme  de  manège.  Se  dé- 
mentir, se  relâcher,  changer,  en  parlaiii  du  cheval. 
Il  iO*  Terme  de  construciion.  Ne  pas  garder  sa  soli- 
dité, son  arrangement.  Ce  bAlinienl  commence  à  se 
démentir.  Cette  cloison  se  dément.  Il  Fig.  par  exten- 
sion. Je  me  les  représente  tous  ces  globes  qui  sont 
en  marche;  ils  ne  s'embarrassent  point  l'un  l'autre, 


DÉM 

ils  ne  se  choquent  point,  ils  ne  se  dérangent  point  : 
si  le  plus  petit  d'eux  venait  à  se  démentir  et  i 
rencontrer  la  terre,  que  deviendrait  la  terreT  14 

BBUY.   XVI. 

—  HIST.  XT  S.  Deus  me  confonde,  se  la  geste  [ré- 
cil]  [j']  en  dément,  Ch.  de  liât.  LXt.  [Kien  n'empê- 
chera] Au  brant  d'acier  que  je  ne  l'en  desmento, 
t'b.  ccLXXvi.  S'or  a  [s'il  a  maintenant]  parent  [qui) 
m'en  veuille  desmentir,  ib.  cclxxix.  ||  xii'  ».  Esere- 
menl  en  fisl,  ne  s'en  puet  démentir,  Th.  le  mari.  40. 
Il  xiil'  s.  Mais  la  tour  estoil  si  bonne  qu'onques  na 
se  démenti,  Chron.  de  Bains,  t84.  Mogel,  trop  estas 
alentiz;  Par  vos  ai  sovent  desmentiz  Toz  les  vilains 
qui  me  disoient....  Ben.  I53e«.  Et  se  celui  que  Ion 
appelle  ensi  s'en  viaul  [veut]  aerdre  à  celui  qui  l'a 
apelé  de  son  cors  contre  le  sien,  il  le  deit  mainte- 
nant desmentir,  et  offrir  sel  à  défendre  de  son  cor» 
contre  le  sien,  Ass.  de  Jér.  i,  I50  il  me  dit  que  je 
me  garda-^se que  je  me  desmentisse,  ne  ne  desdeisse 
nullui  de  ce  que  il  diroit  devant  moi,  joinv.  <9t. 
Il  xV  s.  Et  se  monteplierent  les  paroles  entre  eux 
deux,  tant  que  ils  se  desmentirent,  froiss.  u,  11, 
aai.  Il  xvi*  s.  Celuy  est  fol  qui  d'aymer  se  démente, 
Et  n'ay  pas  peur  qu'un  saige  m'en  desmenla.J.  na- 
bot, V,  ai)8.  Le  roy  en  fui  fort  courroucé,  comjie 
se  sentant  desmenty,  amyot,  Arlax.  lu.  Nature  ne 
sedesmeni  pas  en  cela  de  sa  générale  police,  momt. 
I,  105.  Qu'on  face,  dict  Horace,  perdre  k  son  ou- 
vrage toutes  ses  coustures  et  mesures,  il  ne  se  des- 
mentira point  pour  cela,  id.  i,  80.  Nous  sommas 
advertis  que  lemassif  se  desment  quand  nous  voyons 
fendiller  l'enduict  et  la  crousle  de  nos  parois,  tu.  1, 
338.  Amyot  ne  luy  a  rien  preste  qui  le  desmente  ou 
qui  le  desdie,  iD.ii,4<.  U  n'est  pièce  du  monda  qui 
desmente  son  facteur,  id.  u,  4  48.  De  la  teste  nous 
advouons ,  de.sadvouons ,  desmentons ,  bienvei- 
gnons,...  10.  II,  169.  Pour  peu  que  nostre  raison  sa 
desmente  du  sentier  ordinaire,  id.  11,  268.  On  le* 
veoit  le  desmentir  et  l'injurier,  id.  m,  70.  U  fut  ouy 
un  horrible  tonnerre  avec  un  esclal  bruyant,  tout 
ainsi  que  les  grosses  artilleries,  dont  plusieurs  mai- 
sons se  desmentirent.  PARS,  Uonstres,  app.  i. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  menlir;  provenç.  et 
espagn.  desmentir;  ilal.  smentire.  Du  sens  propre, 
démentir,  dans  la  langue  ancienne  et  dans  des  signi- 
fications techniques,  a  passé  à  l'acception  de  clioseï 
qui,  ne  gardant  pas  leur  solidité,  se  démentent  pour 
ainsi  dire. 

t  DÊMERGEMENT  (dé  mèr-je-man),  t.  m.  Terme 
de  marine.  Diminution  dans  le  tirant  d'eau. 

—  ÉTYM.  Démerger. 

t  DÉMERGER  (dé-mèr-jé.  Le  0  prend  un  e  devant 
o  et  0),  V.  n.  Terme  de  marine.  Eprouver  un  démer- 
gemenl. 

—  ÊTYM.  Dd....  préfixe,  et  le  verbe  latin  tn«r- 
gere,  plonger. 

DÉ.MÉUITE  (dé-mé-ri-f) ,  1.  m.  Ce  qui  fait  qu'on 
perd  de  son  mérite;  ce  qui  attiro  l'improbation. 
Ne  l'avoir  pas  [l'ordre  du  Sl-Esprit] ,  c'est  un  dé- 
mérite à  un  "duc  et  pair,  sEv.  6»l.  Enfin  M.  Guy 
Patin  ne  se  d  iune  pas  pour  dévot,  et  un  air  de  dé- 
votion, qui  n'était  pas  un  démérite  k  .ses  yeux,  de- 
vait être  bien  sincère  et  même  bien  aimable,  fonten. 
Dndarl.  Les  Perses  croyaient  qu'il  était  raisonnable 
de  mettre  dans  la  balance  de  la  justice  le  bien  comme 
le  mal,  les  mérites  du  coupable  aussi  bien  que  ses 
démérites,  et  qu'il  n'était  pas  juste  qu'un  seul  crime 
effaçât  le  souvenir  de  toutes  les  bonnes  aclions  qu'un 
homme  aurait  faites  pendant  sa  vie,  eollih,  Hist, 
nnc.  Œuvrer,  t.  11.  p.  361 ,  dans  pouotNS.  Je  sais 
discerner  l'innocent  du  criminel,  et  égaler  la  peine 
au  démérite,  le  p.  catbou,  llist.  rom.  dans  des- 
fontaines.  Il  Terme  de  dogmatique  et  de  philoso- 
phie. La  mérite  et  le  démérite,  au  point  de  vue 
des  récompenses  et  des  peines  d'une  autre  vie. 

—  HlST.  xiv  s  Le  pape  déposa  le  rui  de  France, 
non  pas  seulement  pour  ses  démérites  ou  ini  luités, 
mais  aussi  pour  ce  qu'il  n'estoit  pas  digne  de  gou- 
verner royaume,  et  instifia  en  son  lieu  Pejun,  Songe 
du  i'ergier.  dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  xv"s.  Au 
dessus  y  a  deux  testes,  des  deux  meurtrier»  qui  fu- 
rent illec  mis  à  mort  pour  leur»  démentes,  Perct 
forest,  t.  VI,  f*  a.  dans  lacubne.  ||xvi'  s.  Ren  leur 
le  cliastiment  selon  les  démérites,  bons.  87i.  Lei 
me.schans  qui  avoient  esté  de  ce  coup,  en  furent 
puniz  selon  leur  démérite,  amyot,  Brutut,  4|.  lU 
en  conceurent  un  jusie  coiirruux  de  le  puuir  selon 
ses  démentes,  id.  Camil.  62 

—  ETYM.  Dé....  préhxe,  et  tn^rt'l*;  provenç.  d$- 
merit.  rtemeriie;  espagn.  et  ital.  deinerilo. 

DÉ.MÉRITER  (dé  mé -ri-té),  v.  n.  |{  1  Agir  de  ma- 
nière à  perdie  l'estime,  la  bienveillance.  Démériter 
de  quelqu'un.  Démériter  auprès  de  quelqu'ua.lj  t*  En 


DEM 

«tyle  dogmatique,  faire  queltiufi  chose  qui  prive  de 
la  grice  de  Dieu.  Dieu  a  donné  aux  hommes  le  libre 
arbitre,  pour  pouvoir  démériter  s'ils  le  veulent.  fEn. 
t.  m,  p.  33:).  L'atome  à  qui  Dieu  aura  donné  la  pen- 
sée [leut  mériter  ou  démériter,  volt.  Ph.  ignor.  28. 

—  SYN.  pèmEriteb  auprès,  dèmêbiteb  de.  Démé- 
riter auprès  de  quelqu'un  ,  c'est  faire  quelque  chose 
qui,  sans  le  toucher  direclement,  prive  cependant  de 
sa  bienveillance.  Démériter  de  quelqu'un,  c'est  abu- 
ser de  la  confiance  qu'il  nous  avait  accordée  et  dont 
nous  jouissions. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfiie,  et  monter.  L'ancien  fran- 
çais disait  demerir. 

t  DËMI^RITOIRE  (dé-mé-ri-toi-r'),  adj.  Oui  en- 
traîne le  (iémérite.  Ces  erreurs  [des  songes]  ne  me 
font  rien  faire  de  méritoire  ni  de  déméritoire,  fEn. 
ExiH.  237. 

—  RTYM.  Dé....  préfixe,  et  méritoire. 

t  DÉMKSURE  (dé-me  zii-r') ,  s.  f.  Manque  de  me- 
sure, violence,  orgueil.  ||  Mot  tombé  en  désuétude, 
mais  qui  est  excellent,  et  qu'on  pourrait  rétablir  à 
l'aide  lie  démesuré. 

—  HisT.  xii'  s.  Une  rampoigne  [reproche]  [il]  lui 
dit  par  desmesure,  Rnnc.  p.  64.  Diex  !  por  quoi  l'aim 
[l'aimé-je],  quant  Je  ne  lui  puis  plaire?  Ore  ai-je 
dit  fulie  et  desmesure;  Qu'en  bien  aimer  ne  doit 
avoir  mesure.  Coud,  p.  t26.  Biax  fu  Baoul  et  de 
gente -failure;  S'en  lui  n'eOst  un  poi  de  desniesure 
[violence,  orgueil],  Mieudres  [meilleur]  vasals  [guer- 
rier] ne  tinsl  onques  droiture,  Haoul  de  t.  (9. 
Il  XIII'  s.  Li  moine  retendront  son  gage  Ou  li  meïs- 
mes  en  ostage;  Que  félon  sont  à  desmesure,  Ben. 
666ii.  Mes  tant  est  fors  à  desmesure.  Qu'il  ne  cre- 
moit  [craignait]  nule  armeUre,  la  Hose,  16661. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  mesure;  proveiiç.  et 
espngn.  desmesura;  ital.  dismisura. 

DÉMESURÉ.  ËE  (dé  me  zu-ré,  rée),  adj.  \\  1°  Qui 
excède  la  mesure  ordinaire.  Grosseur  démesurée, 
VOIT.  LeH.  3S.  Ce  qui  effrayait  davantage  les  bar- 
bares, c'était  ces  tours  d'une  hauteur  démesurée 
qu'ils  voyaient  se  mouvoir,  ce  leur  semblait,  d'elles- 
mêmes,  noLLiN,  liisl.  anc.  Œuvres,  t.  vi,  p.  4'J2. 
C'est  moi,  qu'en  voulez-vous  dire?  —  Que  vous  êtes 
un  sot,  repartit  l'autre  en  lui  déchargeant  un  dé- 
mesuré coup  de  sa  raquetie  sur  les  oreilles,  ecah- 
BON,  Boni.  com.  i,  3.  ||  J°  Fig.  Extrême,  excessif. 
Présomption  démesurée.  Soif  démesurée  d'or,  de 
gloire.  Brûlent- ils  comme  toi  d'amour  démesurée? 
RÉGNIER,  Dial.  J'avais  une  envie  démesurée  de  faire 
parler  de  moi,  fonten.  Érostrale,  Déméirius.  Ses 
ennemis  lui  reprochèrent  une  passion  démesurée 
pour  les  richesses,  raynal,  IHsl.  phil.  iv,  20.  Nous 
ne  sommes  que  des  hommes;  la  défiance  de  nous- 
mêmes,  la  ciainte  de  paraître  faibles  peuvent  entraî- 
ner au  delA  du  but;  nous  serons  olisédés  de  conseils 
violents,déme.«urés,»iiRABKAu,Co/iec(tort,  t.  i,p.  314. 

—  HIST.  XII'  s.  Ton  fier  courage  qui  est  desmesu- 
rez,  Bonc.  p.  (4.  Dist  au  païen  :  trop  es  desme.-,u- 
rés,  ib.  p.  <04.  ||  xiii'  s.  Sans  faille  tu  es  maus  traïs- 
tre  Et  lerres  trop  desmesurés;  Cent  mile  fois  fies 
parjurés,  la  Hose,  I0fl77.  Ensorque  tout  il  a  plus 
poine  Que  n'ont  hermite  ne  blanc  moine;  La  poiiie 
en  est  démesurée.  Et  la  joie  a  corle  durée,  ib.  3u83. 
Et  quant  cil  contre  qui  il  fu  rendus,  oj  ce,  il  dist 
qu'il  ne  tenrolt  }h  tel  dit  ne  tel  ordenance,  porce 
que  estoit  démesurée  por  si  petit  meffet.  beaum. 
XLi,  35.  (I  xv  s.  Filles  y  avoit  à  foyson.  Faisant  chère 
desmesurée,  villon,  Repue  de  Montfaucon.  \\  xvi'  s. 
Craintes  démesurées,  amyot,  Solon,  iu. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  mesuré. 
DÉMESURÉMENT  (dé-me-zu-ré-man),  adv.  D'une 

manière  excessive.  Il  est  démesurément  grand. 

—  HIST.  XI'  s.  Pluie  et  gresilz  [tombent]  desme- 
suréemeni,  Ch.  de  llol.  cix. 

—  ETYM.  Démesuré,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉMÊTAPHORISER  (dé-mé-ta-fo-ri-zé),  t>.  n. 
Parler  sans  ligure.  Mot  burlesque  forgé  parScarron: 
....pour  vous  aujourd'hui  je  démétaphorise;  Déméta- 
phoriser,  c'est  parler  bassement,  cité  dans  le  Vicl. 

de  POITEVIN. 

—  ETYM.  Df'....  préfixe,  et  métaphore. 

t  DÉMÉTRIUM  (dé-mé-iri-om'),  s.  m.  Terme  de 
chimie.   Métal,  plus  ordinairement  nommé  cérium. 

—  ETYM.  Atihtittip .  la  Cérès  des  Grecs. 
DÉMETTRE  (dé-mfe-tr'),  je  démets,  lu  démets,  il 

démet,  nous  démettons,  vous  démêliez,  ils  démet- 
tent; je  démettais;  je  démettrai;  je  demeurais;  je 
démis;  démels,  démettons;  que  je  démette,  que 
nous  démettions;  que  je  démisse;  démettant;  dé- 
mis, V.  a.  Il  1'  ôier  un  os  de  sa  place.  Il  lui  a  dé- 
mis le  puignel,  SÉV.  7-.||be  démettre  un  membre, 
éprouver  une  luxation  de  ce  membre.  Dom  Fernand 
se  démit  une  cuisse  et  se  trouva  si  mal  de  sa  chute 


DEM 

qu'il  ne  put  passer  outre,  scarbon,  Rnm.  com.  i, 
22.  L'amante  sauta  par  la  fenôire  et  se  démit  le  pied, 
VOLT.  Les  deux  consnlés.  ||  2'  Ôter  d'un  emploi,  d'une 
fonction,  d'une  dignité.  On  l'a  démis  de  son  emploi. 
Il  fut  démis  [de  la  royauté],  et  l'on  tomba  d'accord 
Qu'à  peu  de  g>'ns  cimvienl  le  diadème,  la  font. 
Fnbl.  VI,  6.  Il  3°  Terme  de  procédure.  Débouter. 
Il  i"  Se  démettre,  v.  réfl.  Être  démis,  déboîté.  Son 
poignet  s'est  démis.  {|  6°  Quitter  une  charge,  un  em- 
ploi, une  dignité.  L'un  [."^ylla]  s'en  est  démis  [du 
pouvoir],  et  l'autre  [César]  l'a  gardé,  corn.  Cinna, 
II,  t.  Rome,  avec  une  joie  et  sensible  et  profonde. 
Se  démet  en  vos  mains  de  l'empire  du  monde,  m. 
ib.  Y,  3.  Je  leur  rends  ce  pouvoir  dont  je  me  suis 
démise,  id.  Rodng.  v,  3.  Il  s'est  en  plein  sénat  dé- 
mis de  sa  pllis^ance,  ID.  Seilor.  v,  2.  Vous  savez 
que  le  cardinal  de  Hetz  a  voulu  se  démettre  de  son 
chapeau  de  cardinal;  le  pape  ne  l'a  pas  voulu,  sÊv. 
Lelt.  27  juin  1678.  Prétendre  iiu'ils  [les  autres]  nous 

i  pa.ssenl  tout,  qu'il  nous  cèdent  tout,  qu'en  notre 
faveur  ils    se  démettent  de  tout,  dourdal.  Serm. 

I  2)'  dim.  après  la  Penlec.  Dnminic.  On  le  força  à  se 
démettre  de  son  évèché,  mauchoiï,  Schisme,  liv.  i, 

dans  RICHELET. 

j  —  SYN.  SE  démettre,  ABDIQUER.  Ces  deux  mots 
signifient  quitter  de  gré  ou  de  force  un  emploi,  une 
dignité.  Se  démettre  est  plus  général;  on  se  démet 
aussi  bien  du  moindre  emploi  que  de  la  plus  haute 
dignité.  Au  contraire,  abdiquer  implique  une  idée 
de  solennité,  qui  fait  qu'on  ne  s'en  sert  que  quand 
il  s'agit  de  la  royaulJè  ou  des  plus  hautes  fonc- 
tions. 

—  HIST.  xî*  s.  Ainsi  [il]  est  neirs  com  peiz  qui  est 
démise  [fondue],  Ch.  de  Roi.  cxii.  ||  xiir  s.  Aucun 
si  quident,  quant  il  ont  pris  arbitrage  sor  eus,  qu'il 

j  s'en  puissent  démettre  de  lor  volonté,  mais  non  font, 
se  ce  n'est  de  l'acorl  des  parties,  beaum.  xli,  7.  Car 
circoncis  fus  à  la  lectre.  Et  baptizié  pour  nous  de- 
meclre  Du  pechié  que  lu  nous  maudeis,  J.  de  meung, 
Tr.  18.  Il  xiV  s.  Se  li  dix  hommes  [décemvirs]  ne  se 
demettoient  de  leur  magistrat,   behcheure,  f°67, 

'  verso.  Et  se  demis!  de  son  estât  et  bénéfice,  id.  f°  29, 
reclo.  (I  xv  s.  Ordonné  estoit  du  conseil  du  roi,  que 

:  le  connestable  messire  Olivier  de  Cliçon  se  desmet- 
troil  pour  le  jeudi  l'eudemain,  de  l'ollice  de  la  con- 
nestablie,  fboiss.  ii,  ii,  i  94  .||  xvi'  s.  Ainsi  il  ne  restera 
rien  en  nous  qui  nous  puisse  enller;  mats  pluslost  y 

;  aura  grande  matière  de  nous  démettre  et  abbalre, 

î  CALV.  Inslit.  B4i.  Pensons  que  nous  n'avons  nul  accez 
à  salut,  sinon  en  nous  démenant  de  tout  orgueil,  id. 
t('.  697.  Et  quant  à  l'advenir.  De  moy,  dil-il,  toute 
crainle  demects,  marot,  iv,  62 Trois  muis  d'an- 
neaux k  Carthage  transmis  De  très-fin  or,  lesquels 
furent  desmis  Des  doigts  des  morts,  ID.  iv,  126.  Ce 
grand  bastimenl  ayant  esté  desmis  et  dis.soull,  mont. 
I,  121.  Prendre  devant  le  peuple  agité  une  conte- 
nance desmise  et  flatteuse,  in.  i,  I3(i.  Il  usuit  d'us- 
tensiles d'or;  et  l'estime  mieutx,  que  s'il  s'en  feust 
desmis,  Ue  ce  qu'il  en  usoil  moderéemenl,  id.  i, 
281.  Ce  prélat  s'est  si  purement  desmis  de  sa  bourse, 

de  .sa  receple  et  de  sa  mise m.  i,  3(8.  11  avoii  le 

cœur  tropgros  pour  se  desmeltre  à  la  bassesse  de  se 
deffendre,  id.  h,  47.  À  quel  soulcy  ne  nous  desmel- 
tonsnous  pour  leur  commodité?  id.  ii,  i69.  Je  veois 
bien,  dict  Pacuvius,  il  faut  desmeltre  [destituer] 
cetluy-ci,  id.  iv,  83.  Les  jours  ensuivans,  feignant 
estre  malade,  il  se  desmeit  à  la  fin  de  sa  charge, 
amyot,  Cam.  66.  Mitlindates  marchoil  après  luy, 
et  se  demelluil  vouluniairemeat  au  second  lieu,  en 
luy  déférant,  comme  à  son  supérieur,  ID.  Senor. 
36.  Il  faut  que  le  chirurgien  prenne  souvent  garde 
que  l'os  ne  se  démette  comme  on  l'aura  réduit, 

PARE,  XIII,    21. 

—  ÊTYM.  Provenç.  demeire ;  espagn.  dimitir;  ital. 
dimeilere;  du  lalin  dimitlere,  du  préfixe  iJi,  et  mu- 
ter» (voy.  METTRE). 

DÉMKUBLÉ,  ÉE  (dé-meu-blé,  blée;,  part,  passé. 
Une  maison  dèmeublée.  ||  Fig.  Une  mâchoire  dé- 
meublée, une  mâchoire  qui  a  perdu  ses  dents  ou 
une  grande  parue  de  ses  dents. 

DÉ.MEUBLEMENT  (dé-meu-ble-man),  i.w.  Action 
de  démeubler;  état  de  ce  qui  est  démeublé. 

—  ETYM.  Pémeubler. 

DÉMEt'BLER  (dé-meu-blé),  v.  a.\\  1°  Dégarnir  de 
meubles.  Démeubler  ses  appartemenl£.  Il  veut  ren- 
trer chez  lui;  il  y  trouve  des  huissiers  qui  démeu- 
blaient  sa  maison  de  la  part  de  ses  créanciers,  volt. 
Uemnnn.  ||  Absolument.  Mme  de  Vauvineui  faisait 
déineuoler  [déménager],  sÊv.  20.  ||  t"  Fig.  Se  dé- 
meubier,  v.  réft.  Perdre  ses  dents,  en  parlant  de  la 
mâchoire.  Sa  mâchoire  s'est  démeublée. 

—  HIST.  xv*  s.  1.6  suppliant,  qui  estoit  fort  des- 
meublé  à  l'ediSce  de  sa  maison  et  n'avoit  de  long- 


DEM 


1047 


temps  gueres  peu  proufliter  en  son  fait  de  marchan- 
dise, DU  CANOË,  miibile. 

—  ÉTYSi.  Dé.,.,  préfixe,  et  meuble,  s.  m. 
DEMEURANT,  ANTE  (de-meii-ran,  ran-t'),  adj. 

Il  1°  Qui  est  logé  en  quelque  endroit.  L'adresse  porte 
à  M.  un  tel  demeurant  à  Paris.  ||  Il  n'est  d'usage  au 
féminin  qu'en  style  de  pratique.  |{  Dans  le  xvii'  siè- 
cle, on  était  disposé  à  traiter,  comme  jadis,  les 
participes  présents  en  adjectifs.  Nous  n'avons  pas  sa 
parole  demeurante  en  nous,  Boss.  2  Purif.  2. 
Mme  de  Maintenon  ne  pouvait  goûter  de  repos,  lant 
qu'elle  y  [auprès  du  roi]  voyait  son  ancienne  maî- 
tresse demeurante,  st-sim.  413,  i87.  Aujourd'hui 
on  dirait  demeurant  dans  ces  deux  phrases.  ||  2"  Sub- 
stantivement. Le  demeurant,  ce  qui  demeure,  ce 
qui  n'est  pas  ôté,  parti,  enlevé.  Une  Heur  de  tant 
de  mérite  Aurait  terni  le  demeurant  [les  autres 
fleurs],  MALH.  IV,  II.  Puis,  sans  qu'on  les  convie, 
ainsi  que  vénérables.  S'asseyent  en  prélats  les  pre- 
miers à  vos  tables.  Où  le  caquetleur  maiique,  et,  des 
dents  discourant,  Semblent  avoir,  des  yiux,  legfet 
au  demeurant,  Régnier,  Sat.  ii.  Le  demeurant  des 
rats  tint  cha(iitre  en  un  coin,  la  font.  Fabl.  ii,  2. 
La  vieille  a  soin  du  demeurant,  id.  Faucon.  \\  3°  4u 
demeurant,  toc.  adv.  Quant  à  ce  qui  demeure.  One 
il  ne  fui  plus  forte  dujie  Que  ce  vieillard,  bon 
homme  au  demeurant,  la  font.  C<ic.  Au  demeurant 
il  était  fort  sensible  À  l'intérêt,  aimait  fort  les  pré- 
sents, iD.  Ungn.  Mme  Clôt,  bonne  femme  au  demeu- 
rant, était  bien  la  vieille  la  plus  grognon  que  je 
connus  de  ma  vie,  i.  j.  bouss.  Conf  i.  Au  demeu- 
rant c'est  un  oiseau  assez  familier  qui  semble  ai- 
mer l'homme,  s'approche  des  habitations  et  vient 
se  percher  jusque  sur  les  cheminées,  buffon,  le 
Moqueur. 

—  REM.  D'après  les  puristes  du  xvii*  siècle,  Vau- 
gelas,  Marguerite  Bulîet,  au  demeurant  était  un 
terme  vieilli;  cette  condamnation  n'a  pas  prévalu; 
il  a  survécu,  mais  avec  une  certaine  nuance  de  fa- 
miliarité. 

—  SYN.  AU  DEMEURANT,  AU  RESTE.  Le  demeurant, 
c'est  ce  qui  demeure,  subsiste;  le  reste,  c'est  ce 
qu'  est  de  reste;  de  là  la  nuance  :  il  est  emiiorle  et 
violent,  honnête  homme  au  demeurant;  c'est-à- 
dire,  en  ce  qui  demeure,  subsiste,  il  est  honnête 
homme  :  il  est  emporté,  violent,  au  reste  honnête 
homme;  c'esi-à-dire,  tels  sont  ses  défauts,  mais, 
quant  au  reste,  il  esl  honnête  homme. 

—  HIST.  XIV*  s.  El  devez  savoir  que  le  demeurant 
de  cesl  chajiistre  est  mal  à  entendre,  oresme,  Eth. 
VI,  10.  Il  XV'  s.  Le  demourant  se  sauvèrent  ou  fu- 
rent morts,  FBOiss.  ii,  a,  6e.  Quand  les  gens  d'ai-- 
mes  qui  dedans  Duras  estoient  virent  que  leur  ville 
se  coiumeiiçoit  à  perdre,  si  se  retraîrenl  au  cbas- 
teau  el  laissèrent  convenir  [capituler]  le  demeurant, 
ID.  II,  11,  n.  Luy  print  plusieurs  places  et  eusi 
achevé  le  demeurant,  n'eust  esté....  C0M.vi.  i,  2.  El 
du  faict  du  roy  d'Anglelere  ne  leur  challoil,  au  de- 
mourant,  comme  il  eu  ailast,  m.  iv,  7.  Quand  je 
reviens  de  la  taverni'  elle  me  souhaite  toujours  le 
demourant  du  tonneau  dans  le  ventre,  et  le  tonneau 
avec,  LOUIS  xi,iVoui..  ïcvii.  ||xvi'  s.  Sentant  la  hart 
de  cent  pas  àja  ronde;  Au  deuieuraut,  le  meilleur 
fils  du  monde,  marot,  ii,  93.  U  meltoit  en  peu  de 
compte  le  demourant  [le  reste],  mont,  i,  90.  Le  roy- 
telel  vil  des  demeurants  de  ce  monstre,  id.  ii,  i»6. 
C'est  là  tout  le  corps  de  la  chrestienté;  le  demou- 
rant sont  isles,  comme  Anglelterre,  Escosse,  Dan- 
nemarc  et  Suéde,  qui  sont  comme  péninsules,  la- 
ngue, 389.  Jusques  icy  tous  les  historiens  sont  bien 
d'accoid  :  mais  au  demeurant,  non,  amyot,  TIUs.  n. 
Les  gens  de  guerre  y  sont  en  tout  et  par  tout  sépa- 
rez d'avec  le  demourant  du  peuple,  ib.  Lyc.  6. 

—  ÉTYM.  Demeurer;  bourguig.  demourant. 
DEMEURE  (de-meu-r'),  s.  f-    Il   1°  Kelard,  délai. 

Oui,  sans  plusde  demeure,  Pourrintérëldesdieux  je 
consens  qu'elle  meure,  corn.  ï'Aeiid.  m,  6.  Le  ciel 
ne  veut  point  de  demeure,  lamotte,  dans  de.sfom- 
taines.  Son  temps  venu  ,  [il]  ne  fait  longue  demeure, 
LA  FONT.  Berc.  Sans  plus  longue  demeure.  Il  iui 
dit  en  deux  mots.  ..  id.  Fianç.  Vous  êtes  cause  qu'en 
demeure  Je  me  trouve  préseuicment,  tu.  Cord-W  Êlre 
en  demeure  envers  quelqu'un,  être  en  relard  de 
bons  oflices.  Je  n'éwis  pas  en  demeure  de  ce  coté-iù, 
BOss.  LeU.  quiél.  455.  Je  me  trompe  en  doutant  de 
tout,  et  je  suis  en  demeure  à  l'égard  de  la  vérité 
qui  se  présente  à  moi,  fên.  Fxist.  24o.  ||  Il  y  a  pé- 
ril en  la  demeure,  le  moindie  retardement  peut 
causer  du  préjudice.  ||  2"  Terme  de  procédure.  Re- 
tardement, le  temjis  qui  court  au  delà  du  terjne  QiJ 
l'on  esl  tenu  de  faire  quelque  chose,  il  Mettre  quel- 
qu'un en  demeure  de,  le  sommer  de  remplir  upe 
obligation,    Un   engagement.  Mise  en   demeure, 


1048 


DEM 


•ommation  de  faire  telle  ou  telle  chose.  ||  3°  Durée  de 
la  résidence.  Je  ne  ferai  pas  longue  demeure  en  cette 
maison.  ||  4°  Par  ejtension,   habitation,  domicile. 
Mais  qu'eussent-ils  gagné  par  un  siècle  d'années, 
Ou  que  leur  avint-il  en  ce  vite  départ,  Que  laisser 
promplement  une  baiî.se  demeure  Qui  n'a  rien  que 
du  mal,   pour  avoir  de  bonne  heure  Aux  plaisirs 
éternels  une  éternelle  part?  malh.  i,   4.  Ce  que  je 
trouve   admirable ,   c'est   qu'un   homme   qui   s'est 
passé,  durant  sa  vie,  d'une  assez  .simple  demeure, 
en  veuille  avoir  une  si  magnifique  pour  quand  il 
n'en  a  plus  que  faire,  mol.  D.  Juan,  m,  7.  Tant 
que  nous  sommes  détenus  dans  cette  demeure  mor- 
telle ,  nous  demeurons  assujettis  au  changement , 
parce  que,  si  vous  me  permettez  de  parler  ainsi, 
c'est  la  loi  du  pays  que  nous  hiibitons,  boss.  Vuch, 
d'Orl.  Elle  va  descendre  à  ces  sombres  lieux,  à  ces 
demeures  souterraines,  pour  y  dormir  dans  lapou.s- 
sière  avec  les  grands  de  la  terre,  id.  ib.  Il  y  a  plu- 
sieurs demeures  dans  la  maison  de  mon  l'ère,  sacy. 
Bible,  Év.  St  Jean,  xiv,  2.  Il  y  a  dans  les  sciences 
plusieurs  places  honorables,  comme  il  y  a,  si  l'on 
en    croit  l'Evangile,   plusieurs  demeures  dans   la 
maison  du  Père  céleste,  d'alemuebt,  Leltre  au  roi 
de  Prusse,  i"  mars  1705.  Ils  pénètrent  en  foule  à 
la  demeure  auguste....  volt.  Orpliel.  i,  2.  ||  5°  Lieu 
de  résidence.  Samos  est  leur  patrie  et  Rhodes  leur 
demeure.  Loin  du  monde  elle  fait  sa  demeure  et  son 
gîte,  BÉGNiER,  Sat.  xin.  Où  la  cour  faisait  sa  de- 
meure ordinaire,  boss.  Hist.  m,  5.  Au  delà  do  ces 
lieux   gardez-vous  d'avancer;    C'est  des  ministres 
saints  la  demeure  sacrée,  hag.  Athal.  m,  2.  Tivoli, 
qui  fut  la  demeure  de  tant  d'hommes  célèbres,  de 
Brutus,  d'Auguste,  de  Mécène,   de  Catulle,   mais 
surtoutla  demeure  d'Horace,  staèl,  Corinne,  viii,  i. 
Il  Fig.  Dieu  y  avait  établi  sa  demeure,  boss.  Hist. 
II,  8.  En  ce  temple  où  tu  fais  ta  demeure  sacrée, 
BAC.  Athal.  m,  7.  Cœur  où  Dieu  seul  avait  fait  sa 
demeure,  mass.  Av.  Jug.  ||  Terme  de  chasse.  Endroit 
fourré  de  bois  où  se  retirent  les  cerfs.  Bonne  de- 
meure, demeure  bien  fourrée.  Demeure  douce,  tail- 
lis de  6  ou  6  ans.  ||  6°  Terme  de  rhétorique.  Sorte 
de  figure  appelée  plus  souvent  commoration,  épi- 
mone,  insistance,  qui  consiste,  comme  l'indique  ce 
dernier  mot,  à  insister  sur  quelque  raison.  ||  7°  À 
demeure,  loc.  adv.  De  manière  à  ne  pas  changer 
de  résidence.  Que  j'étais  déjà  assez  dupe  d'avoir  si 
mal  employé  mes  quarante  écus,  et  que  je  ne  le  se- 
rais pas  au  point  de  lui  cédera  demeure  la  bonne 
place,  MARMONTEL,  ttém.  XI.  Il  Par  extension.  Quand 
je  retrouvais  dans  la  poussière  des  bibliothèques 
d'Italie     les  chefs-d'œuvre  de   l'antiquité  grecque, 
je  n'étais  pas  à  demeure  [domicilié]  dans  ces  biblio- 
thèques, p.  L.  couB.i,  260.  Il  En  parlant  des  choses, 
de  manière  à  n'être  pas  déplacé,  ôté.  Etablir  un 
châssis  à  demeure.  Objets  attachés  à  un   fonds  à 
perpétuelle  demeure.  ||  Labourer  à  demeure,  donner 
le  dernier  labour  avant  de  semer.  Semer  à  demeure, 
répandre  la  semence  dans  un  lieu  d'où  la  plante  ne 
doit  pas  être  transplantée. 

—  HIST.  xii*  s.  [Il]  saisi  l'espié,  puis  monte  sanz 
demor,  iionc.  p.  54.  Comment  que  longue  demeure 
[interruption]  [j']  Aie  faite  de  chante^  Ore  est  bien 
raison  et  heure  Que  |je]  m'idoie  retourner,  Coud,  iv. 
Il  XIII'  s.  Il  avoient  mandé  [le  marchis]  par  tant  de 
Vnessages  que  à  paine  que  il  ne  diervoient  [déses- 
péraient] por  sa  demeure  [retard],  h.  de  valenc.xx. 
La  longueur  de  la  demorro  du  terme  ne  toit  au  sei- 
gnor  son  poeir,  Ass.  de  Jér.  22(.  [Dieu]  Qui  Jonas 
garda  en  la  mer  Par  grant  amor.  Les  trois  jorsqu'il 
i  fist  demor,  buteb.  2U3.  Grans  biens  ne  vient  pas 
un  poid'hore;  Ains  convient  mètre  demore,  laRose, 
4(0(i.  Et  un  pou  après  mons.  Jehan  de  Waleri  re- 
vint, qui  blasma  le  roy  et  son  conseil  de  ce  que  il 
estoient  en  demeure,  joinv.  227.  ||  xv  s.  De  Messine  ' 
se  partit  le  marescbal  sans  y  faire  longue  demeure,  ' 
Bnuciq.  i,  ch.  30.  ||  xvi*  s.  En  ses  sommations,  do-  I 
lay  aulcun  et  demeure  aulcune  il  n'admet,  rabel. 
Pant.  IV,  57.  Elle  nous  commenda  de  ce  lierre chas- 
cun  de  nous  se  faire  ung  chappeau  albanoys;  ce  que 
futfaict  sans  demeure,  id.  ib.  v,  34.  Ne  pense  pas, 
que  l'amour  et  vrai  zellc.  Que  te  portons,  jamais  fi- 
nisse et  meure  Pour  ta  trop  longue  et  fascheuse  de- 
meure, MAROT,  n,  28.  Il  est  certain  qu'au  milieu 
d'elle  Dieu  fait  sa  demeure  éternelle,  id.  iv,  91.  loy 
je  fais  pour  tousjours  ma  demeure,  amyot,  Ant.  »i. 
Pompeius  luy  respondit  avec  quelque  demeure 
[délai],  et  d'une  parole  mal  asseurée,  que....  id. 
Pomp.  88.  Ils  [les  indigènes  d'Amérique]  ont  je  ne 
sçay  quels  prcbstros  et  prophètes,  qui  se  présentent 
bien  rarement  au  peuple,  ayants  leur  demeure  aux 
montaignes,  uont.  i,  238. 
—  »TYII.  Voy.  DSMEOREs  ;  proTenç.  demora,  t.  f. 


DEM 

et  demor,  s.'  m.;e.spagn.  demora;  ital.  dimora. 
L'ancien  français,  outre  demore  et  demor,  avait  de- 
morance;  Berry,  demirurance,  dcmourance. 

KEMEUKÉ,  ÉE  (de-mcu-ré,  rée),  part,  passé. 
Resté,  laissé.  Demeuré  en  arrière,  il  hâta  le  pas. 
C'est  peut-être  affliger  le  public  que  de  lui  annon- 
cer ces  différents  projets,  demeurés  sans  exécution 
entre  des  mains  si  savantes....  fonten.  Dodart.  En 
faisant  revenir  pour  sa  propre  défense  quelques  trou- 
pes demeurées  en  Espagne,  volt.  S.  de  Louis  XIV,  22. 
Il  Terme  d'ancienne  pratique.  Cause  demeurée  sur 
l'heure,  cause  dont  la  plaidoirie  est  demeurée  inter- 
rompue par  la  levée  de  l'audience.  ||Qui  dure,  qui 
survit.  Une  maison  auguste....  qui,  seule  demeurée 
depuis  le  commencement,  au  milieu  des  débris  de 
tant  de  maisons  souveraines  qui  ont  péri,  semble 
être, comme  celle  de  Noé,  la  seule  dépositaire  de 
toute  la  gloire  des  siècles  passés,  mass.  Or.  fun. 
Dauphin. 

DEMEURER  (de-meu-ré),  V.  n.  \\  i°  S'arrêter,  se 
tenir,  rester  en  quelque  endroit.  Mon  cheval  est  de- 
meuré en  chemin.  Nous  demeurâmes  en  arrière. 
Mais  plutôt  demeurez  pour  me  servir  d'otage ,  corn. 

Nicnm.  v,  7 Le  vieillard  était  Kou  de  sa  femme, 

et  fort  peu  la  quittait.  Sinon  les  jours  qu'il  allait  à 
lâchasse;  Son  fauconnier,  qui  pour  lors  le  suivait, 
Eût  demeuré  volontiers  en  sa  place,  la  font.  Coc. 
Il  est  renvoyé  à  Lyon ,  le  roi  n'a  pas  voulu  qu'il 
soit  demeuré,  sÉv.  t49.  Demeurons  toutefois  pour 
troubler  leur  fortune,  hac.  Andr.  ii,  I.  Pour  cacher 
mon  départ  je  demeure  un  moment,  id.  Phèd.  v,  t. 
Auprès  du  fils  des  rois  si  j'étais  demeurée....  volt. 
Orphel.  Il,  3.  Il  Absolument.  Vous,  Cinna,  demeu- 
rez, et  vous,  Maxime,  aussi,  corn.  Cinna,  ii,  i. 
Il  Demeurer  chez  soi,  ne  pas  sortir  de  sa  maison, et, 
par  extension,  ne  pas  quitter  son  pays,  son  genre 
dévie.  Un  homme  qui  a  assez  de  bien  pour  vivre,  s'il 
savait  demeurer  chez  soi,  n'en  sortirait  pas  pour  al- 
ler sur  la  mer  ou  au  siège  d'une  place,  pasc.  Pen- 
sées, XXVI,  t .  11  faut  en  France  beaucoup  de  fermeté 
et  une  grande  étendue  d'esprit  pour  se  passer  des 
charges  et  des  emplois,  et  consentir  ainsi  à  demeu- 
rer chez  soi  et  à  ne  rien  faire,  la  bruy.  ii.  ||  De- 
meurez chez  vous,  qu'il  demeure  chez  lui,  se  dit 
à  quelqu'un,  de  quelqu'un  qu'on  veut  ne  pas  voir 
chez  soi.  Servez-vous  du  mot  de  madame,  je  vous 
prie,  ou  demeurez  chez  M.  votre  père,  dancourt, 
Chev.  à  la  mode,  ii,  4,  ||  Demeurer  ferme,  ne 
pas  être  ébranlé,  ne  pas  reculer;  et,  figurément, 
persister  avec  fermeté.  L'opiniâtreté  de  son  carac- 
tère se  joignant  à  toutes  ces  vraisemblances,  il  de- 
meura ferme  dans  l'opinion  qu'on  voulait  le  trahir 
et  le  livrer  à  ses  ennemis,  volt.  Charles  XU,  6. 
Il  Demeurer  en  repos,  se  tenir  tranquille;  et,  figu- 
rément, ne  rien  faire,  ne  pas  se  donner  du  travail. 
Que  faire  donc  quand  on  est  malade?  —  Rien,  mon 
frère;  il  ne  faut  que  demeurer  en  repos;  la  nature 
d'elle-même,  quand  nous  la  laissons  faire,  se  tire 
doucement  du  désordre  où  elle  est  tombée,  mol. 
Mal.  imag.  m ,  s.  ||  Ne  pas  demeurer  en  place, 
être  continuellement  en  mouvement.  J'ai  peine,  je 
l'avoue,  à  demeurer  en  place,  mol.  Éc.  des  f.  iv,  ). 
Nous,  reverrons  Ménechme  aujourd'hui,  quelle  joie! 
Je  ne  puis  demeurer  en  place  ni  chez  moi,  reonard, 
ilénechmes,  i,  3.  ||  Fig.  Demeurer  en  arrière,  de- 
meurer en  reste,  rester  débiteur.  Ne  pas  demeurer 
en  reste,  rendre  la  pareille.  ||  Demeurer  pour  gage, 
pour  les  gages,  en  parlant  de  personnes,  être  tué 
ou  pris;  en  parlant  des  choses,  être  perdu.  Dans 
cette  bataille  la  moitié  des  siens  demeura  pour  gage. 
Dans  la  foule  mon  manteau  est  demeuré  pour  gage. 
Ij  Demeurer  sur  la  place,  être  tué  sur  la  place  où 
l'on  combattait.  Sans  la  valeur  de  ce  jeune  guerrier 
Martian  demeurait  ou  mort  ou  prisonnier,  corn. 
Iléracl.  i,  t.  Il  Demeurer  sur  la  bonne  bouche,  ne 
plus  rien  prendre  après  une  chose  qui  laisse  un  goût 
agréable;  et,  figurément,  s'en  tenir  à  une  chose 
qui  plaît.  Il  Demeurer  sur  son  appétit,  ne  pas  se  ras- 
sasier de  quelque  chose;  et,  figurément,  imposer 
un  frein  à  ses  désirs.  ||  Demeurer  d'accord,  conve- 
nir, avouer.  Il  faut  demeurer  d'accord,  mon  frère, 
qu'on  peut  aider  la  nature  par  de  certaines  choses, 
MOL.  Mal.  imag.  m,  3.  Nous  vous  ferons  demeurer 
d'accord  que,  si  quelquefois  un  peu  d'absence  fait 
grand  bien,  une  trop  longue  fait  grand  mal,  SEv. 
Letl.  17  juin  1687.  ||  Se  dit  aussi  des  choses  qui  res- 
tent. Une  pluie  acheva  l'affaire  :  11  fallut  se  met- 
tre à  l'abri;  Je  laisse  à  penser  où;  le  reste  du  mys- 
tère Au  fond  de  l'antre  est  demeuré,  Uk  font.  Fianc. 
Il  i'  S'arrêter  par  fatigue,  blessure,  embarras.  En 
1 809 ,  dans  la  marche  rapide  de  Napoléon  sur  Vienne , 
un  grand  nombre  de  soldats  demeurèrent.  Un  de 
mes  beaux  chevaux  demeura  dès  Palaiseau,  ssv.  5e. 


DEM 

Il  Fig.  II  est  demeuré  au-dessous  de  son  sujet,  Il 
n'a  pas  fait  ce  que  le  sujet  exigeait.  Il  est  demeuré 
au-dessous  de  lui-même,  il  n'a  pas  fait  ce  qu'il  était 
capable  de  faire,  ce  qu'il  faisaitautrefois.  ||  Demeurer 
en  chemin,  ne  pas  achever  le  trajet  qu'on  avait 
commencé;  et,  figurément,  ne  pas  venir  à  bout  de. 
Si  je  demeure  en  chemin,  ce  ne  sera  pas  manque 
d'argent,  maintf.non,  Lett.  d  M.  d'Aubigné,  tofevr. 
1681.11  Fig.  Demeurer  en  beau  chemin,  abandon- 
ner un  dessein  qu'on  avait  entrepris,  sans  qu'il  y  ait 
de  notable  difficulté  qui  nous  arrête.  ||  En  demeu- 
rer là,  ne  pas  continuer.  Je  serai  bien  aise  que 
vous  me  donniez  ces  vers  par  écrit.  —  C'est  assez 
de  vous  les  avoir  dits,  et  je  dois  en  demeurer  là, 
MOL.  Escarb.  i.  Faut-il  en  demeurer  là?  sEv.  457. 
Je  vis  bien  que  le  roi  n'était  pas  persuadé,  mais  je 
crus  qu'il  n'y  avait  qu'à  en  demeurer  là,  maintenon, 
Lettr.  att  card.  de  Noailles,  25  mai  1095.  Après  avoir 
supputé  longtemps  sa  dépense  et  ses  forces,  selon 
le  mot  de  l'Évangile,  elle  en  demeure  là  et  ne  jette 
pas  même  les  premiers  fondements  de  l'édifice,  mass. 
Car.  Enf.  prod.  Et  ne  présume  pas  que  Vénus  ou 
Satan  Souffre  qu'elle  en  demeure  aux  termes  du  ro- 
man, BOIL.  Sat.  X.  Il  L'affaire  n'en  demeurera  pas  là, 
elle  aura  des  suites,  des  conséquences.  Ils  se  sont 
insultés;  l'affaire  n'en  demeurera  pas  là,  c'est-à-dire 
ils  auront  un  duel.  ||  Demeurons-en  là,  n'en  parlons 
pas  davantage,  cessons,  et  aussi,  tenons-nous-en  à 
ce  parti,  à  ce  choix.  En  ce  dernier  sens  on  dit  aussi 
demeurons-en  à  cela.  ||0n  l'emploiedans  la  même  ac- 
ception sans  la  particule  en.  Il  écrivit  sa  surprise,  son 
désespoir  d'avoir  pu  déplaire,  représenta  huit  en- 
fants sans  nul  bien  ;  voilà  où  tout  est  demeuré,  sÉv. 
392.  Il  Demeurer  court  ou  tout  court,  manquer  de 
mémoire.  Il  est  demeuré  court  au  milieu  de  sa  pé- 
riode. Elle  est  demeurée  court  et  n'a  plus  su  que 
dire.  C'est  le  plus  petit  inconvénient  du  monde  que 
de  demeurer  court  dans  un  sermon  ou  dans  une 
harangue,  la  bruy.  xii.  Le  féliciter  [un  prédicateur] 
Sur  l'agrément  et  la  politesse  de  son  langage,  lui 
remettre  l'esprit  sur  un  endroit  où  il  a  couru  risque 
de  demeurer  court,  id.  xv.  ||  Terme  de  jeu  de  boule. 
Demeurer, ne  paspousser  la  boule  ju.squ'au  but.  Je  suis 
demeuré.  Ma  bour»  est  demeurée.  ||  3°  Suivi  d'un  qua- 
lificatif, il  exprime  un  état  piolongé.  Je  chauvis  de 
l'oreille,  et  demeurant  pensif....  Régnier,  Sat.  vin. 
Et,  par  ime  constance  admirable,  demeurer  ferme  au 
milieu  d'un  péril  qui  fait  trembler  les  plus  coura- 
geux, voit.  Leit.  13.  Abondante  en  richesse,  ou 
puissante  en  crédit,  Jedemeure  toujours  la  fille  d'un 
proscrit,  cobn.  Cinna,  i,  2.  Autrement  si  le  sort 
demeure  encor  douteux....  id.  Iléracl.  v,  5.  Je  sou- 
haite que  vous  ne  demeuriez  pas  mal  édifié  de  nous, 
PASC.  iPror.  6.  De  même  que  ces  fleuves  tant  vantés 
demeurent  sans  nom  et  sans  gloire,  mêlés  dans  l'o- 
céan avec  les  rivières  les  plus  inconnues,  boss. 
Duch.  d'Orl.  Seigneur,  avec  raison  je  demeure  éton- 
née, RAC.  Brit.  II,  3.  Après  avoir  quitté  la  suprême 
puissance,  vous  êtes  demeuré  avili,  obscur,  inutile, 
abattu ,  FÉN.  Dial.  des  morts  anc.  38.  ||  Ce  quali- 
ficatif peut  être  un  nom  précédé  d'une  préposition. 
Je  demeurai  dans  une  sorte  de  stupeur.  Grand  roi, si 
jusqu'ici,  par  un  trait  de  prudence.  J'ai  demeuré 
pour  toi  dans  un  humble  silence,  boil.  Disc,  au  roi. 
Il  4°  Employer  un  certain  temps  à  faire  quelque 
chose.  Il  a  demeuré  longtemps  en  chemin.  H  de- 
meure longtemps  à  venir.  Vous  avez  trop  de- 
meuré à  faire  ce  qu'on  vous  avait  ordonné Au 

reste  vous  saurez  Que  je  n'ai  demeuré  qu'un 
quart  d'heure  à  le  faire  [un  sonnet],  mol.  His.  i,  2. 
Il  5°  Habiter,  faire  sa  demeure.  Le  ciel  nous  fit 
ce  bien  qu'encor  d'assez  bonne  heure  Nous  vîn- 
mes au  logis  où  ce  monsieur  demeure,  bëgmer, 
Sat.  X.  Quel  temps  avez-vous  demeuré  en  An- 
gleterre?—  Sept  ans,  mol.  Ifor.  fore.  2.  Démo- 
phile  demeurait  aux  environs  de  Constantinople,  et 
C"ux  de  sa  secte  le  reconnaissaient  toujours  pour 
évêque  de  cette  ville  impériale,  fléch.  Hist.  de 
Théod.  II,  30.  Il  6°  Ne  pas  se  faire,  ne  pas  être  em- 
ployé. Et  faute  de  servir  ce  plat  [des  chardons]  Ra- 
rement un  festin  demeure,  la  font.  Fabl.  viu,  17. 
I^es  soins  publics  seraient  abandonnés:  les  affaires 
demeureraient,  mass.  Pet.  car.  Écueils.  ||  7*  Subsis- 
ter, rester.  Tout  le  soin  qui  me  demeure  N'est  que 
d'obtenir  du  sort....  malh.  v,  3.  Je  vois  bien....  Du 
naufrage  d'amour  ce  qui  m'est  demeuré,  Régnier, 
Plainte.  Qu'il  vive  et  s'il  se  peut  que  l'ingrat  me 
demeure,  corn.  Médée,  ii,  1.  La  gloire  m'en  de- 
meure, iD.  ib.  Il,  5.  Quoi  !  madame,  en  vos  mains 
elle  [une  croix]  était  demeurée  ?  volt.  Zaïre,  ii,  3. 
Il  8*  Fig.  Persister,  se  borner,  en  parlant  des  per- 
sonnes. Eh  bien  I  puisque  vous  ne  voulez  pas  m'é- 
couter,   demeurez  dans  votre  pensée,  et  taites  ea 


DEM 


qu'il  vous  plaira,  mol.  Bourg,  gent.  m,  )0.  S'ils 
[les  anciens]  fussent  demeurés  dans  cette  retenue  de 
n'oser  rien  ajouter  aux  connaissances  qu'ils  avaient 
reçues....  pasc.  Pens.  i,  art.  (.  On  ne  doit  pas  re- 
fuser l'absolution  à  ceux  qui  demeurent  dans  les  oc- 
casions prochaines  de  péclié,  s'ils....  iD.  Prov.  5. 
C'est  qu'aujourd'hui  l'on  prche  beaucoup  plus  har- 
diment, que  l'on  demeure  dans  son  péché  beaucoup 
plus  tranquillement,  bourdal.  Pénitence,  2'  avent, 
p.  5u3.  Jusqu'à  quand  demeurerez- vous  dans  votre 
impureté?  SACY.  Bible,  Jén mie,  xiii,  27.  ||  9°  De- 
meurer à,  rester  la  propriété,  l'acquisition,  le  propre. 
Dans  la  vente  à  '.encan,  ce  livre,  très-poursuivi, 
m'est  demeuré.  Vous  demeurez  à  vous,  madame, 
en  les  perdant,  corn,  Suri'na.  i,  2.  Afin  que  la  force 
demeur«  toujours  au  souverain.  Boss.  Polit.  S'ils 
choisissent  un  poste  incommode,  il  leur  demeure, 
LA  BRUY.  IX.  A  qui  doit  demeurer  cette  noble  con- 
quête'' BAC  Alex.  IV,  5.  Ecbatnne  est  du  moms  sous 
mou  obéissance;  C'est  tout  ce  qui  demeure  aux  en- 
fants de  Cyrus,  volt.  Scythes,  il,  4.  ||  10"  Être  à 
demeure,  tenir,  persister,  durer,  en  parl.int  des 
choses.  Et  trois  ou  quatre  seulement,  Au  nombre 
desquels  on  me  range.  Peuvent  donner  une  louange 
Qui  demeure  éiernellement.  malh.  m,  2.  Et  si  la 
moindre  lache  en  demeure  à  mon  nom,  corn.  iVt'com. 
IV,  (.  Paix  dont  le  déshonneur  vous  demeure  éter- 
nel, ID.  Médée,  ii,  2.  C'est  une  vériié  qui  demeure 
éternellement,  mass  Car.  Élus.  Elle  [la  foi]  s'en 
remet  pour  les  faveurs  temporelles  et  les  autres  dons 
qui  ne  doivent  pas  demeurer,  aux  desseins  éternels  I 
que  le  .Seigneur  a  formés  sur  nos  destinées,  id.  «6. 
Prière  2.  On  feuillette  son  livre,  on  le  discute,  on 
le  confronte;  ce  ne  sont  pas  des  sons  qui  se  perdent 
en  l'air  et  qui  s'oublient;  ce  qui  esi  imprimé  demeure 
imprimé,  la  bruy.  xv.  Tout  s'imprime,  tout  s'écrit, 
rien  ne  demeure,  volt.  l'Écossaise,  m,  3.  ||Ternie 
de  jardinage.  X  demeurer,  se  dit  de  plantes  qu'on 
sème  en  pleine  terre  pour  y  rester  jusqu'à  ce  qu'on 
les  consomme.  On  sème  d'ordmaire  à  demeurer  le 
cerfeuil,  les  carottes,  les  panais.  ||  Demeurer  sur  le 
cœur,  sur  l'estomac,  se  dit  d'un  aliment  qui  ne  passe 
pas,  qui  cause  des  soulèvements.  ||  Fig.  Cela  lui  est 
demeuré  sur  le  cœur,  c'est-à-dire  il  en  conserve  du 
ressentiment.  ||  11°  Demeurer  au  théâtre,  ou,  absolu- 
ment, demeurer,  en  parlant  d'une  pièce,  continuer 
à  être  jouée.  Il  est  arrivé  de  cette  pièce  ce  qui  arri- 
vera toujours  des  ouvrages  qui  ont  quelque  bonté  :  les 
critiques  se  sont  évanouies,  la  pièce  est  demeurée, 
BAC.  llrit,  2"  préface.  ||  12°  V.  imperson.  Rester.  Il 
lui  est  demeuré  une  cicatrice.  S'il  vous  demeure  en- 
cor  quelque  espoir  pour  Flavie,  corn.  Théod.  m, 
5.  Il  ne  demeura  rien  de  ce  grand  repas,  tout  fut 
bu  et  mangé,  vaugel.  Nouvelles  rem.  Il  y  demeura 
quelque  cinq  cents  hommes  sur  la  place,  d'ablanc. 
Arrien,  liv.  i,  ch.  to.  Il  ne  lui  est  pas  demeuré  de 
quoi  se  faire  enterrer,  la  bbuy.  vi. 

—  REM.  Demeurer  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir,  quand  il  marque  une  action  :  j'ai  demeuré  en 
Angleterre  un  mois;  avec  l'auxdiaire  être,  quand  il 
marque  un  état:  dans  mon  saisis.sement,  je  suis  de- 
meuré incapable  de  répoudre.  L'action  est  marquée 
dans  ces  exemples-ci  :  J'ai  demeuré  captif  en  Egypte, 
PÉN.  Tél.  m.  Après  que  l'eufant  aura  demeuré  là 
plusieurs  heures,  j.  j.  Ronss.  Ém.  ii.  J'avais  demeuré 
plus  d'un  an  chez  mon  maître,  m.  Conf.  i.  L'action 
est  beaucoup  moins  manjuée  dans  ceux-ci  ;  mais 
il  doit  être  permis  aux  poètes  de  l'introduire  là  oii 
l'idée  d'état  est  la  première  qui  se  présente  à  l'es- 
prit: X  cet  objet  d'horreur,  l'œil  troublé,  le  teint 
blême.  J'ai  demeuré  longtemps  plus  morte  que  lui- 
même,  ROTROii,.  Aniig.  i,  2.  Et  dès  le  premier  mot 
ma  langue  embarrassée  Dans  ma  bouche  vingt  fois 
a  demeuré  glacée,  bac  Bérén.  ii,  2. 

—  SVN.  1°  DKMKtiREH,  LOGER.  Ces  (leux  mots  sont 
synonymes  dans  le  sens  où  ils  signifient  la  résidence; 
maisdemeurer  sedit  par  rafiport  au  lieu  lopograplii- 
que  où  l'on  habite,  et  loger  par  rapport  à  l'édiHce 
où  l'on  se  retire.  On  demeure  à  Paris,  ou  loge  au 
Louvre,  à  l'hôtel,  etc.  guizot.  ||  2°  demeurer,  res- 
ter. L'idée  commune  à  ces  deux  mots  est  de  ne  pas 
s'en  aller;   et  la  diflérence  consiste  en  ce  que  de- 

>  meurer  ne  pré.sente  que  cette  idée  simple  et  géné- 
rale de  ne  pas  quitter  le  lieu  où  l'on  e>t;  et  que  res- 
ter a  de  plus  l'idée  accessoire  de  laisser  aller  les 
autres. 

—  HIST.  XI.  s.  La  nuit  [ils]  demurent  fresque  vint 
al  jur  clair,  (h.  de  Btd.  xi.  De  ce  cui  chaut?  demu- 
rut  1  ont  trop  [ils  ont  trop  tanlé],  i6.  cxx.xiv.  Li  Ara- 
bizde  venir  ne  demurent,  ib.  ci  xxii.  Ce  qu'estre  en 
doit,  ne  l'alez  demurant  [ne  retardez  pas  ce  qui  en 
doit  advenir],  ib.  ccLvi. 

—  xii*  s.  [11]  Ne  va  plus  demorant,  Ronc.  p.  47. 

DICT.    DT   LA   LANGUe    F«ANÇA1SK. 


DEM 

Ses  [si  les]  vont  ferir  sans  trestout  demorer,  ib. 
p.  58.  Mort  [il]  le  tresbuche  sans  plus  de  demorer, 
ib.  p.  75.  Un  petitet  estes  tropdemorez,  ib.  p.  *ui.  Li 
rois  Marsile  n'a  pas  moût  demoré,  ib.  p.  (  I7.  Venez 
0  moi,  gardez  ne  demorez,  ib.  p.  <43.  Eh!  respont 
Charles,  jà  plus  ne  demorra  [tardera],  ib.  p.  175. 
Por  Dieu  [je]  vous  prie....  Oue  nos  convens  [conven- 
tions] teniez,  vienne  nu  demor  [soit  que  je  vienne 
ou  que  je  demeure) ,  Coud,  xxii.  Partir  m'esteut 
[il  me  faut]  de  vous  sans  demorer  [sans  retard], 
ib.  XXIV.  Sachez,  cil  sont  trop  honni  qui  n'iront  [à 
la  croisade].  S'il  n'ont  poverte  ou  vieillesse  ou  ma- 
lage;  Et  cil  qui  sain  et  jeune  et  riche  sont,  Ne  peu- 
vent pas  demourer  sans  hontage,  quesnes.  Roman- 
cero, p.  94.  Mais  demorés  pour  garder  cest  pais 
[terre  sainte],  ib.  p.  loi.  Quant  nous  lui  volons 
nuire,  je  ne  voi  nule  part  Que  il  demort  en  France 
ne  la  corone  gart,  Snx.  xxix.  Si  metomes  un  terme 
prochain,  ne  demort  gaire;  Puis  seromes  ensemble 
pour  faire  au  roi  contraire  [pour  nous  opposer  au 
roi],  ib.  XXXI. 

—  XIII"  s.  Ileuques  [je]  demorai  de  lors  jusque 
mardi,  Berle,  i.  Quant  Pépins  tint  l'espié,  ne  vot 
[voulut]  plus  demourer,  ib.  ni.  En  icesle  matière 
[je]  ne  veuil  plus  demourer,  i6.  m.  S'en  va  lierte 
as  grans  pies,  n'i  a  plus  demeuré,  ib.  XLV.  Que  il 
n'est  au  roi  Flore  nul  enfant  demouré,  ib.  Lxvu.  Ne 
doit  pas  demorer  [vous  ne  devez  pas  vous  dispen- 
ser) Que  ses  enfans  et  lui  [elle]  ne  doiez  gouverner, 
ib.  xcvii.  Trop  [vous]  me  faites  ici  longuement  de- 
morer, tb.  cxii.  Mes  ce  me  torne  à  grant  contraire. 
Que  sa  merci  trop  me  demore,  la  liose,  3245.  Si 
que  par  defaute  de  justice  le  [la]  volentés  du  mort 
ne  demeure  pas  à  estre  fête,  beaum.  xi,  <o.  S'il  de- 
meure [s'il  ne  se  fait  pas)  par  l'un  des  deus,  li  au- 
tres le  pot  fere  contraindre  à  ce  que  mariage  se  face, 
ID.  XI,  3,  Il  ne  demora  pas  en  eus  que  lor  sires  ne 
fu  hormis  par  lor  porcas,  m.  xxx,  63.  L'empereis 
[impératrice]  vint  querre  seccurs  au  roy  pour  son 
seigneur  qui  esloit  en  Coii-slantinoble  demeurez, 
joiNV.  2)2.  Moult  de  gens  li  loereiit  [conseillèrent] 
que  il  attendit  tant  que  ses  gens  feussent  revenus, 
pource  que  il  ne  h  estoit  pas  ilemouré  la  tierce  par- 
tie de  ses  gens,  m.  214.  Le  roy  reçut  moult  debun- 
nairfementses  messages,  et  b  renvoia  les  siens,  qui 
demeurèrent  deux  ans  avant  que  il  revenisseiit  à  li, 
ID.  2H.  Et  il  demanda,  se  il  demouroit,  se  je  de- 
mourroie  [en  Palestine], et  jelirespondi  :  oïl,  moult 
volontiers,  id.  228.  Et  sachiez  que  il  [ce  dessein]  ne 
demeura  [resta  sans  effet]  que  pource  que  B  disoient 
que  le  roy  estoit  le  plus  ferme  crestien  que  en  [on] 
peu.st  trouver,  id.  247.  Grant  honneur  leur  est  faite, 
se  en  eulz  ne  demeure  [s'ils  n'y  mettent  obstacle], 
ainsi  comme  je  vous  ai  dit  devant,  id.  304. 

—  xv  s.  Ceux  de  Mont-Segur  y  descendirent  vo- 
lontiers [aux  conditions  de  la  trêve],  et  se  mirent 
tantcst  douze  bourgeois  des  plus  suffisans  en  ostages, 
pour  accomplir  les  convenances  et  demeurer  la  ville 
en  paix,  kboiss.  i,  i,  234.  Ne  demeura  gueres  après, 
que  grand  infamie  issit  sur  la  mère  du  jeune  roy 
Edouard,  id.  i,  i,  60,  Et  que  nullement  ils  ne  lais- 
sassent le  roi  d'Angleterre  repasser,  ni  prendre  port 
en  Flandre;  et  si  par  leur  coulpe  en  deuieuroit,  il 
les  feroit  tous  mourir  de  maie  mort,  id.  i,  i,  io6. 
Si  dit:  monseigneur,  si  nous  estions  droites  gens 
d'armes  et  bien  apperts,  nous  burions  à  ce  souper 
des  vins  de  ces  seigneurs  de  France  qui  se  tiennent 
en  garnison  en  Bergerac.  Si  respondit  le  comte  Uerby 
tant  seulement:  jà  pour  moi  ne  demeurera,  id.  i,  i, 
217.  Nulle  cruaulté  ne  demoura  à  estre  faicte,  comm. 
VI,  13.  Je  demeuray  à  partir  aucuns  jours,  parce 
que  le  roy  fut  malade  de  la  petite  vérole  et  en  péril 
de  mort,  id.  vu,  6.  Cestuy  là  vouloit  que  ces  entre- 
prises demeurassent  de  tous  points  [fussent  conti- 
nuées], ID.  VIII,  16. 

—  XVI-  s.  Que  nous  en  chaut?  en  douleur  ils 
mourront.  Et  nos  plaisirs  tousjours  nous  demour- 
ront,  marot,  i,  338.  Sur  le  beau  temps  ainsi  tu  par- 
tiras. Et  en  ton  lieu  regrets  demeureront,  id.  u,  2S4. 
Demeurer  court  [à  faire  quelque  chose],  mont,  i, 
t9o.  H  n'e.st  demeuré  de  luy  que  ce  discours,  id.  i, 
200.  Il  fault  qu'il  y  en  ait  un  à  qui  le  champ  de- 
meure, ID.  I,  209.  Le  surnom  de  divin  luy  en  est 
demeuré,  id.  ii,  262.  Tant  qu'elle  ve.squit,  le  sobri- 
quet pau  d'asne  lui  demeura,  dksper.  Contes,  cxxix. 
Theseus,qui  ne  vouloit  pas  demeurer  sans  rien  faire, 
se  partit  pour  aller  combattre  le  taureau  de  Mara- 
thon, AMVOT,  Thés.  t8.  Pource  que  les  bœufs  de- 
mouroient  trop  à  venir,  ilz  se  sou.mieirent  tous  deux 
vouluiilairement  au  joug,  m.  Sotun,  57.  Hz  se  ha- 
sardèrent à  tous  dangers  de  la  guerre,  qu'ilz  y  de- 
meurèrent presque  tous,  id.  Ciinon,  1. 

—  Etym.  Berry,  demourer;  provenç  et  espagn. 


DEM 


1049 


demorar;  ital.  dimorare;  du  latin  demorari,  de  la 
préposition  de,  et  morari,  demeurer,  tarder. 

IiEMl,  lE  (de-mi,  mie),  aJj.  sinjj.  ||  1°  Qui  estou 
qui  fait  la  moitié  d'une  chose.  Un  mètre  et  demi. 
Un  demi-mt'ire.  Une  heure  et  demie.  Une  demi- 
heure.  Il  Midi  et  demi,  minuit  et  demi,  une  demi- 
heure  après  midi,  après  minuit.  Il  est  une  heure  et 
demie,  deux  heures  et  demie,  etc.  il  est  une  demi- 
heure  après  une  heure,  après  deux  heures,  etc. 
Il  Fig.  En  diable  et  demi,  excessivement.  Battre 
quelqu'un  en  diable  et  demi.  La  locution  s'explique, 
parce  qu'un  diable  ei  demi  est  encore  pire  qu'un 
diable.  ||  Ni  demi,  avec  un  substantif  qui  précède, 
sans  rien  absolument  de  la  chose  dont  il  s'agit.  Je 
ne  suis  point  de  moi  si  mortel  ennemi  Que  je  m'aille 
affliger  sans  sujet  ni  demi,'  mol.  Déj).  am.  i,  I  Cette 
infâme.  Dont  le  coupable  feu,  trop  bien  vérifié, 
Sans  respect  ni  demi...  id.  Sgiin.  16.  Bref,  sans 
considérer  censure  ni  demie.  Je  me  [jlais  aux  livres 
d'amour,  la  font.  Ballade  sur  les  romans.  ||  Sans 
moitié  ni  demi,  absolument,  sans  restriction.  ||  Et 
demi  se  met  après  un  substantif  pour  dire  qu'il  faut 
plus  que  la  chose.  Songez  qu'un  vivant  qui  criti- 
que un  mort  en  possession  de  l'estime  publi(|ue, 
doit  avoir  raison  et  demie  pour  parler,  et  se  taire 
quand  il  n'a  que  rai.son,  d'alemb.  Lettre  à  Volt.  lO 
oct.  176).  Il  2°  Joint  à  un  nom  il  marque  l'infé- 
riorité de  rang  ou  de  valeur.  Un  demi-dieu,  être 
mythologique  qui  tenait  le  milieu  entre  bs  dieux 
et  les  hommes  (voy.  dieu).  Je  n'uime  ni  les  demi- 
vengeances,  ni  lesdemi-fripoiis,  volt.  l'Écoss.  Il,  3, 
variante.  ||  Souvent  il  exprime  une  idée  de  dénigre- 
ment. Un  demi-savant.  Les  demi-liabiles  les  mépri- 
sent, PASC.  P.  div.  139.  Notre  siècle  surtout  est 
plein  de  ces  demi-fidèles,  mass.  Car.  Vérité  de  la 
relig.  ||  Demi-frère,  demi-sœur,  celui,  celle  qui 
n'est  frère  ou  sœur  que  du  côté  paternel  ou  mater- 
nel. Il  3°  S.  m.  Termed'aritlimélique.  Une  moilièd'u- 
nité.  Deux  tiers  et  un  demi,  yuatre  demis  valent 
deux  unités.  Il  4°  iJanf  le  langage  général.  Demie, 
s.  f.  Une  miiitié  d'unité.  Un  quart,  un  tiers,  une  de- 
mie Il  Une  demie,  une  demi-heure.  La  demie  vient 
desonner.  ||5°  Demi,  adii,  modifiant  un  adeciif  ou 
un  participe,  à  uioilié.  Quand  déjà  demi-clos  [en- 
glouti] sous  la  vague  profonde,  malh.  i,  4.  Le  pé- 
ché que  l'on  cache  est  demi-pardoiiné,  Régnier, 
Sat.  xiu.  Las>é,  demi-rompu,  vainqueur,  mais 
pour  tout  fruit.  Dénué  d'un  secours  par  lui-même 
détruit,  CORN.  Hiir.  i,  4.  [11]  Se  retourne,  et  déjà  les 
croit  demi-domptés,  id.  ib.  iv,  2.  Elle,  à  cette 
prière,  encor  demi-tremblante,  ID.  Théodore,  iv,6. 
Fussiez-vous  demi -pourri  dans  le  tombeau,  il  vous 
ressuscitera,  eoss.  ii,  Pénil.  2.  Près  du  temple  sa- 
cré les  Grâces  demi-nues,  volt,  llenr.  ix.  L'armée 
était  demi-ruinée  avant  que  d'arriver  en  Médie, 
MONTESQ.  Ilom.  )  5.  Des  traits  demi- méchants,  quel- 
ques noirceurs  oliscures,  lanole.  Coquette,  m,  5. 
Il  6°  À  demi,  loc.  adv.  A  moitié.  El  jamais  insolent 
ni  cruel  à  demi,  corn.  Cinna,  i,  j.  L'épouvante  les 
prend  à  demi  descendus,  m.  Cid,  iv,  3.  Quant  à  moi, 
je  ne  suis  malheureux  qu'à  demi;  Car,  si  je  perds 
un  gendre,  il  me  reste  un  ami,  collin  d'haklev. 
Optim.  IV,  8.  Il  A  demi,  modifiant  un  verbe,  en 
partie,  imparfaitement.  Quand  la  faveur  du  ciel  ou- 
vre à  demi  ses  bras,  corn.  llor.  m,  3.  Le  roi  ne  sait 
que  c'est  d'honorer  à  demi,  id.  ib.  iv,  2.  La  mort 
de  Séleucus  m'a  vengée  à  demi,  id.  Rodog.  v,  l. 
Qui  se  venge  à  demi  court  lui-même  à  sa  (lerte,  id. 
tb.  v,  1.  Mais  il  n'en  sait  encor  la  grandeur  qu'à 
demi,  id.  Sertor.  v,  4.  Croqiions-les;  le  galant  n'en 
fit  pas  à  demi,  la  font.  Fabl.  v,  18.  La  peine  ne  se 
peut  remettre  .à  demi,  boss.  Satisf.  Oui,  oui,  Po- 
riis,  mon  cœur  n'aime  pointa  demi,  hac.  Alex,  v,  S. 
[H]  N'a  rien  dit  ou  du  moins  n'a  parlé  qu'à  demi, 
id.  Uithr.  H,  1.  Tant  qu'il  respirera,  je  ne  vis  qu'à 
demi,  ID.  Brit.  iv,  3.  Ma  colèie  à  ses  yeux  n'a  paru 
qu'à  demi ,  W.Andr.  Il ,  5.  Idoménée  que  le  maiheur  n'a 
pu  instruire  qu'à  ilemi,  fen.  Tél.  x.  Je  m'im.iginais 
n'être  trompé  qu'à  demi,  id.  ib.  xiii.  Un  prêtre  cor- 
rompu ne  l'est  jamais  à  demi .  mass.  Car.  Commun. 
Vos  forces  n'étant  encore  qu'à  demi  revenues,  id.  tb. 
Pâques.  Comme  un  homme  sort  du  milieu  des  flots 
à  demi  essuyé,  id.  Panég.  Si  Benoit.  C'est  ne  vi- 
vre qu'à  demi  que  de  n'oser  penser  qu'à  demi,  volt. 
Lelt.Hme  du  Déliant,  )3  oct.  1759.  Nous  levons  à 
demi  ce  voile  ténébreux,  c.  delav.  Vép.  sicil  i,  i. 
Il  II  n'y  en  a  pas  à  demi,  il  y  en  a  beaucoup. ||  Faire 
les  chnses  à  demi,  ne  pas  faire  tout  ce  qu'il  con- 
viendrait de  fane.  Le  roi,  qui  ne  sait  pas  faire  les 
choses  à  demi,  donne  à  M.  ilAgen  la  survivance  du 
gouvernement  de  son  père,  mainienon,  Lettre  à 
Urne  de  St-(iéran,  4  mars  )698. 

—  REM.  1.  Demi,  placé  devant  le  substantif,  est 

I.  —  132 


1050 


DKM 


invariable:  une  demi-douzaine;  mais,  placé  aprj», 
il  s'accorde  :  une  douzaine  et  demio.  L'invariabilité 
eit  la  môme  au  pluriel  :  des  demi-aunes;  co  ne  sont 
que  des  demi-hommes.  Cette  règle,  qui  est  une  ex- 
ception consacrée  par  l'usage,  n'existait  pas  dans 
l'ancienne  langue.  ||  3.  Demi,  placé  après  un  sub- 
stantif, ne  prend  jamais  la  marque  du  pluriel,  l'ac- 
cord ayant  lieu  non  avec  le  substantif  qui  précède, 
mais  avec  un  substantif  suivant,  qui  est  sous-en- 
tendu, et  qui  est  toujours  au  singulier:  il  a  étudié 
deux  ans  et  demi,  c'est-à-dire  il  a  étudié  deux  ans 
et  un  demi-an.  ||  8.  On  ne  fait  point  usage  du  trait 
d'union  dans  k  demi  mort,  à  demi  fait,  parce  que 
à  demi  est  un  adverbe  placé  devant  un  adjectif  au- 
quel il  n'est  pas  étroitement  uni.  Maison  met  le  trait 
d'union  quand  demi  est  joint  à  un  substantif,  à  un 
adjectif  ou  è  un  adverbe  :  demi-vengeance,  demi- 
savant,  demi-mort. 

—  inST.  xi«  s.  Li  burgeis  qi  ad  en  soun  propre 
chatel  [bien]  demi  marc  vnilant.  Lois  de  Guill.  18. 
Demie  E.spagne  [il]  vous  velt  [veut]  enfin  doner, 
Ch.  du  Roi.  xxxiv  llxri'  s.  Arrier  [il]  se  trait  demie 
arliarestrée.  Rone.  p.  «a.  Grant  demi  pié  [il]  lésa 
fait  alonger,  ib.  p.  I89.  De  demie  lieue  [11]  ne  dist 
ne  0  ne  non,  Sax.  xiv.  De  tut  n'en  pout  aveir  li  sainz 
une  demie,  Th.  lemart.  «».  ||  xiii*  s.  Cinq  pies  [il] 
ot  et  demi  de  long,  plus  n'en  ot  mie,  Bertf,  n.  Ains 
qu'ele  i  eUsi  mes  [demeuré]  aiiée  ne  demie,  ib.  ix. 
Se  fiist  [fût-elle]  demie  morte,  ib.  lxxxix.  Ge  n'ai, 
ce  croi ,  de  sens  demie;  Ains  fis  grunt  folie  et  grant 
rago,  Quant  au  Dieu  d'Amours  fis  hommage,  la 
no«e,  4140.  Il  xiv  s.  Et  quant  je  sui  tout  vostre  sans 
demi,  HACHAULT,  p.  54.  Il  XV*  s.  Et  là  se  tint  [la 
roine]  tout  le  jour  et  toute  la  nuit,  ainsi  que  une 
femme  demi-morte,  fboiss.  n,  ii,  tta.  Tant  plain 
fu  de  meiencolie  Que  je  ne  peuz  à  lui  pai'er  Une  pa- 
rolle  ne  demie,  Et  ne  ces.soye  de  plourer,  CH.  o'obl. 
Dépailie  d'am.  en  bail.  Car  heure  ne  suis  ne  demie. 
Qu'en  diverse  merencolie,  ID.  Rondeau.  Et  tantes- 
toit  en  la  grâce  de  la  reine  du  pays,  qu'elle  estoit 
son  demi-lit,  les  nuits  que  lailite  reine  point  ne  cou- 
choit  avec  le  roi,  touis  xi,  Souv.  xxvii.  Jà  Dieu 
ne  me  laisse  lant  vivre  qu'autrui  [autre]  que  vous  ait 
part  ne  demie  en  ce  qui  est  entièrement  à  vous,  id. 
ib.  xxxm.  Ilxvi's.  Avecques  ung  tiercelet  d  autour, 
demye  douzaine  d'hespaignolz  [épagneuls]  et  deux 
lévriers,  bab.  Garg.  i,  2.  Une  messe  bien  sonnée 
estàdemy  dicle,  ID.  ib.  I.  4u.  Deux  escutz  et  demy 
d'or,  tD.  ib.  I,  -48.  Revenge  n'en  veux,  ne  demie, 
HAROT,  il,  243.  Et  Comme  on  voit  souvent  l'obscure 
nue,  Clereàmoyiié  par  célestes  rayons,  Ainsi  nous 
est  demy  joie  advenue,  id.  m,  77.  Cesle  cogitation, 
d'autant  qu'elle  demeure  au  milieu  du  chemin,  n'est 
que  demie,  CALV.  Inslit.  432.  Ils  en  ont,  à  la  vérité, 
à  demy  oublié  leur  office  naturel,  mont,  i,  <0».  Il 
me  semble  n'estre  plus  qu'à  demy,  m.  i,  220.  Mar- 
cher d'une  demie  lieue  devant  quelqu'un,  id.  i  .  2<2. 
Siiiostre  entendement  estuit  capable  de  la  venté, 
il  la  verroit  entière  aussi  bien  que  demie  et  impar- 
fecte,  ID.  II,  318.  S'il  n'y  est  soudainement  remédié, 
la  France  s'en  ira  demi  déserte,  lanoue,  H.  Et  j'es- 
time qu'en  six  années  le  royaume  se  peut  demi  res- 
tablir,et  en  dix  du  tout,  id.  38.  Une  demi  douzaine, 
ID.  75.  Dieu  ne  se  contente  pas  de  demi -obéissance, 
ains  la  veut  'oute  entière,  id.  ib.  Le  mal  dequoyona 
bonne  connoissance,  est  comme  demi  guéri,  m.  )58. 
Faire  un  demi  tour,  id.  321.  On  n'y  trouvera  aucune 
ville  qui  soit  à  demi  parfaite  selon  les  règles  des 
ingénieurs,  id.  330.  Ils  iroyent  reconoislre  le  logis 
àdemi-lieue  près,  id.  447.  Ceulx  qui  estoient  en  sa 
compagnie  retournèrent  avec  leurs  galères  demy 
chemin,  aiiïot,  Timol.  44.  Un  caveau  lequel  n  a  air 
ny  lumière  de  dehors  aucunement,  ny  n'a  porte  ny 
demie,  sinon  une  grosse  pierre  dont  on  bousche  l'en- 
trée, ID.  Philop.  33.  La  lireclie  n'estant  que  demie, 
ceux  de  dedans  s'espouventerent,  d'aub  //■<(.  iu,4ae. 

—  ÊTYM.  Berry,  dimi;  provenç.  demi,  demicy  ; 
du  latin  dtmidiiM.du  préfixe  di,  et  médius,  moyen 
(voy.  Kl  1). 

DEMI-  avec  un  trait  d'union  et  composé  soit  avec 
un  substantif,  soit  avec  un  adjectif,  (demi-dieu,  derai- 
frtre,  etc.)  se  trouve,  quand  il  y  a  lieu,  auisulistan- 
tlfs  et  adjectifs  avec  lesquels  il  est  en  composition, 
sauf  un  tr^8-petit  nombre  qui  sont  d<mnés  ci-dessous. 

t  DEMI  AlGItETTE  (de-mi-è-grë-t),  i.  f.  Espèce 
de  héron  qui  m  à  Cajenne.  ||  Au  plur.  Des  deini- 
aigrettes. 

f  DEMI- AIR  (de-mi-êr),».  m.  Terme  de  manège. 
Un  des  sept  mouvemenu  du  cheval.  ||  Av  plur.  Des 
demi-iirs. 

t  DEMI-AMAZONE  fde-mi-a-ma-zo-n') ,  ».  f.  Es- 
pèce de  perroquet  de  la  Guiane.  Il  Au  plur.  Des 
aemi-«mazonea. 


DEM 

+  DEMI -ANGLAISE  (de-mi-an-glê-z'),  ».  f.  Garde-  | 
robe  à  l'anglaise  sans  robinet.  ||  Au  plur.  Des  demi- 
anglaises. 

t  DEMI  -  ARPENTEL'SE  (de-mi-ar-pan-teû-z') , 
adj.  f.  Chenilles  demi-arpenteuses,  chenilles  qui 
n'ont  que  quatorze  [latles  ou  qui,  en  ayant  seize, 
ont  la  première  paire  tellement  courte  qu'elles  ne 
peuvent  marcher  que  comme  les  véritables  arpen- 
teuses.  Il  Au  plur.  des  demi-arpenteuses. 

DEMI-AUNE  ((le-mi-6-n'),  ».  f.  La  moitié  d'une 
aune.  ||  Au  plur.  Des  demi-aunes. 

t  DEMI  AUTOUR  (de  mi-ô-tour),  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Autour  de  taille  moyenne,  jj  Au  plur. 
Des  demi-autours, 

DEMI-BAIN  (de-mi-bin),  t.  m.  Bain  dans  lequel 
le  corps  ne  plonge  que  jusqu'à  l'ombilic.  Lorsque  le 
bassin  seulement  est  dans  le  bain ,  et  les  extrémités 
inférieures  hors  du  liquide,  le  demi-bain  est  appelé 
bain  de  siège  ou  de  fauteuil.  ||  Au  plur.  Des  demi- 
bains. 

t  DEMI-BANDE  (de-mi-ban-d'),  ».  f.  Terme  de 
marine.  Donner  une  demi-bande,  incliner  un  bâti- 
ment sur  chacun  de  ses  côtés  pour  réparer  sa  ca- 
rène. ||.4h  plur.  Des  demi-bandes. 

■(■  DEMI-BASTION  (de-mi-ba-sti-on) ,  ».  m.  Terme 
de  fortification.  Ouvrage  qui  ne  se  compose  que 
d'unflancetd'uneface.  \\A\tplur.  Desdemi-hastions. 

t  DEMI-BATTOIR  (de-mi-ba-toir),  s.  m.  Sorte  de 
petit  baitoir  pour  jouer  à  la  paume.  ||  Au  plur.  Des 
demi-battoirs. 

t  DEMI-BAC  (de-mi-bô),  ».  m.  Terme  de  marine. 
Chacune  des  pièces  qui  composent  un  bau.  ||  Au 
plur.  Des  demi-baux. 

t  DEMI-BOSSE  (de-mi-bo-s'),  ».  f.  Genre  de  scul- 
pture tenant  le  milieu  entre  le  bas-relief  et  la  ronde 
bos.se.  Il  /tu  plur.  Des  demi-bû.sses. 

t  DEMI-BOTTE  (de-mi-bo-f) ,  ».  f.  Terme  d'es- 
crime. Action  d'un  effet  plus  avancé  que  l'appel  ou 
la  feinte,  et  moins  avancé  que  la  botte.  ||  Au  plur. 
Des  demi-bottes. 

t  DEMI  BRIGADE  (de-mi-bri-ga-d") ,  ».  f.  Nom 
donné,  pendant  la  première  république  française, 
à  ce  qui  était  auparavant  et  à  ce  qui  fut  defiuis  dit 
régiment  d'infanterie  et  d'artillerie.  ||  .du  plur.  Des 
demi-brigades. 

■j-  DEMI-CASE  (de-mi-ka-z'),  ».  f.  Terme  du  jeu 
de  trictrac.  Flèche  sur  laquelle  il  n'y  a  qu'une 
dame,  ||  Au  pinr.  Des  demi-cases. 

t  DEMI-CEINT  (de-mi-sin),  s.  m.  |{  l»  Ceinture 
d'argent   que   les  femmes  de  condition   inférieure 

avaient  accoutumé  de  porter Non  ma  foil  j'ai 

encore  un  demi-ceint,  deux  cottes....  RÊONiEi», 
Sat.  XI.  La  belle  mit  son  corset  des  bons  jours,  Son 
demi-ceint,  ses  pendants  develours,  la  pont.  Herm. 
Il  2"  Terme  d'architecture.  Nom  donné  quelquefois 
à  une  colonne  qui  ne  paraît  qu'à  demi  hors  du  mur. 
Il  Au  plur.  Des  demi-ceints. 

—  HisT.  xiii*  s.  Richece  ot  ung-moult  riche  ceint, 
la  Rose,  1073.  {|  xvr  s.  Les  femmes  avoient  encore 
leur  demi-ceint;  les  reliques  estoient  entières:  on 
n'avoit  point  touché  aux  joyaux  de  la  couronne, 
Sat.  Mén.  Harangue  d'Auhray. 

—  ÊTYM.  Demi,  et  ceint.  Chiot  et  chiute,  sorte 
d'ancien  vêtement,  est-ce  la  même  chose?  Car  cil 
demi  chiot  ou  demi  peliçon ,  Dont  elles  j^les  fem- 
mes]   sont  bordées   ainsinc   com   heriçon....  j.  de 

MEUNG,   Test.    122». 

■f  DEMI  -  CEINTIER  (de-mi-sin-tié),  ».  m.  Celui 
qui  fabriquait  les  demi-ceints. 

—  HlST.  XVI'  s.  Les  petits  mestiers  :  chainelier 
demy  ceintier....   ^di(,  avril  1697. 

DEMI-CERCLE  (de-mi-sèr-kl'),  ».  m.  Terme  d'es- 
crime. Sorte  de  parade.  ||  On  dit  aussi  cercle. 
Il  Fig.  Rattraper  quelqu'un  au  demi-cercle,  refiren- 
dre  sur  lui  l'avantage  c|uand  il  croit  l'avoir.  ||  Au 
plur    Des  demi-cercles. 

t  DE.Ml-CLEP(de-rai-klé),  ».  ^.  Terme  de  marine. 
Sorte  de  nœud  fait  avec  le  bout  d'un  cordage  qu'on 
a  replié  sur  lui-mftine.  ||   Au  plur.    des  demi-clefs. 

t  DEMI-CIIAiNE  (de-mi-chè-n'),  ».  f.  Terme  de 
danse.  Sorte  de  pa.s  figuré  qui  n'est  que  la  moitié 
de  la  chaîne  entière  (voy.  cnAÎNE).  Demi-chalne  an- 
glaise, pas  figuré  où  les  deux  couples  opposés  exé- 
cutent un  traversé,  les  dames  passant  au  milieu,  et 
s'arrèlant  chacune  à  la  place  de  son  vis-à-vis,  au 
lieu  de  revenir  à  leur  place  par  un  nouveiiu  traversé, 
comme  dans  la  chaîne  anglaise  entière.  ||  Domi- 
cbalne  des  dames,  pas  figuré  où  les  deux  dames  op- 
posées traversent  et  vont  faire  un  demi-tour  de  main 
avec  le  cavalier  en  face,  et  ne  reviennent  pas  à  leur 
place  comme  dans  la  chaîne  des  dames  entière, 
il  Au  p(Mr.  Des  demi-chatnes. 

t  DEMI-COUPfi  (de-mi-kou-pé) ,  ».  m.  Pas  de  danse 


DÉM 

qui  consiste  à  rapporter  en  avant  le  pied  qui  est 
derrière,  ou  réciproquement,  en  pliant  les  genoux 
et  se  relevant  aussitôt.  Le  demi-coupé,  fort  usiié 
autrefois,  particuliéremeiii  d.ins  le  menuet,  exige 
deux  temps:  il  se  fait  en  avant,  en  arrière  et  de  côté. 
Il  Au  plur.  Des  demi-coupés. 

t  DEMI-COCRSE  ( de-mi-kour-s' ),  s.  f.Termed» 
danse.  Sorte  de  course  par  laquelle  le  cavalier  et  la 
dame  décrivent  un  demi-cercle  seulement,  au  lieu 
du  cercle  que  décrit  la  course  entière  (voy.  coubsï). 
Il  Au  plur.  Des  demi-courses. 

i  DÉMIELLER  (dé-miè-lé).  t>.  a.  Enlever  de  la 
cire  tout  le  miel  qu'elle  peut  contenir. 

—  ÊTYM    M...  préfixe,  et  miel. 

t  DEMI-DOUBLE  (de-mi-dou-bl'),  ».  m.  Sorte  de 
dégagement  dans  un  appartement.  Mon  logement 
[à  Versailles]  tenoit  la  moitié  du  large  corridor  qui 
est  vis-à-vis  du  grand  escalier  qui  communique  la 
galerie  basse  avec  la  haute;  un  demi-double  sur  ce 
corridor,  qui  en  tirait  le  jour,  pour  des  commodités 
et  des  sorties,  st-sim.  350,  no. 

—  ÈTYM.  Demi,  et  double. 
DEMI-FORTUNE   (de-mi-for-tu-n') ,  ».  f.   Voiture 

bourgeoise  à  quatre  roues,  tirée  par  un  seul  cheval. 
Il  Au  plur.  Des  demi-fortunes. 

—  ÉTYM.  Voiture  ainsi  dite,  parce  qu'elle  suppose 
que  1p  possesseur  n'est  qu'à  demi  riche. 

DEMI-LUNE  (de-mi-lu-n') ,  ».  f.  ||  1  Ouvrage  pres- 
que triangulaire,  que  Ton  construit  vis-à-vis  les  cour- 
tines, se  composant  de  deux  faces  formant  un  angle 
saillant  vers  la  campagne  et  de  deux  demi -gorge» 
prises  sur  la  contrescarpe  de  la  place.  Il  fallait  d'a- 
bord attaquer  [à  Valenciennes]  deux  demi -lunes, 
VOLT,  iout*  XIV,  13.  Te  souvient-il,  vicomte,  de 
cette  demi-lune  que  nous  emportâmes  sur  les  enne- 
mis au  siège  d'Arras?  mol.  Préc.  12.  ||  Fig.  Marin  : 
vous  voyez  clairement  qu'elle  seule  est  le  malire  et 
la  maîtresse  —  Mirobolan  :  vous  ne  savez  ce  que 
vous  dites.  —  Marin  :  non,  mais  je  sais  que  vous 
venez  d'être  furieusement  repoussé  à  la  demi-lune, 
HAUTEHOCHE,  Crtspifi  mrdectn,  i,  4.  ||  i'  Terme  d'ar- 
chitecture civile.  Partie  circulaire  à  l'enlrée  d'un 
palais,  à  l'extrémité  d'un  jardin,  à  la  rencontre  de 
plusieurs  allées.  ||  3°  Terme  de  marine.  Sorte  de 
brise  -  lames.  {|  4°  Terme  de  zoologie.  Espèce  de 
mouette.  ||  Poisson  du  genre  des  spares. 

—  HIST.  XVI'  s.  On  adjousta  la  nuit  une  petite  de- 
mie-lune, d'aub.  Hist.  m.  34». 

— ETYM.  Pemt, et  (une;  ainsi  dite  à  cause  de  la  forme. 

-[DEMI-MOULINET  ( de-mi-mou-li-né),  ».  m. 
Terme  de  danse.  Voy.  moulinet. 

t  DEMI-gUEUE  DU  CHAT  (de-mi-keû-du-cha), 
».  f.  Terme  de  danse.  Voy.  quel'E. 

DÉMIS,  ISE  (dé-mî,  mi-z'),  pari,  possède  dé- 
mettre. Il  1°  Luxé.  Bras  démis.  ||  2°  Qui  a  été  destitué 
ou  qui  a  donné  sa  démission  d'un  emploi,  d'une 
fonction.  Démis  de  sa  place.  |1  3°  Terme  de  pratique. 
Débouté.  Être  démis  de  son  opposition. 

t  DEMISELLAGE  (  de-mi-zè-la-j'  ) ,  ».  m.  Nom 
qu'on  donnait,  dans  l'ancienne  coutume,  au  célibat. 
Il  Biens  en  demisillage,  biens  qu'un  homme  avait 
acquis  avant  de  se  marier. 

—  ËTYM.  Demisel,  le  môme  que  damoi'jeJ. 
DÉMISSION   (dé-mi-sion  ;  en  poésie,   de  quatre 

syllabes),  s.  f.  \\  1°  Acte  par  lequel  on  renonce  à  une 
dignité,  à  un  emploi.  La  démission  des  ministres  a 
été  acceptée.  Ils  n'ont  point  donné  leur  démission, 
sÉv.  394.  Après  sa  démission  du  protictorat,  Richard 
Cromxvell  voyagea  en  France,  volt.  Louis  XIV,  ». 
Il  11  se  dit  aussi  quelquefois  de  l'acte  par  lequel  on 
Ole  à  quelqu'un  un  emploi.  Les  intérêts  de  M  de 
Pomponne  ne  sont  pas  encore  réglés;  il  a  sa  démis- 
sion et  n'a  point  encore  d'argent,  SÉv.  s»6.  ||  2*  An- 
cien terme  de  jurisprudence.  Démission  de  liiens, 
abandon  général  qu'une  personne  faisait  de  ses  biens 
à  ses  héritiers  présomptifs,  moyennant  certaines 
charges  et  conditions.  ||  Terme  féodal  Démission  de 
foi,  aliénation  que  faisait  un  vassal  d'une  partie  do 
fief  sans  rétention  de  foi ,  en  sorte  que  cetto  partie 
était,  parle  nouveau  possesseur,  tenue  en  plein  fief. 

—  HIST.  XVI'  s.  Autant  de  discorde  à  l'eslection, 
que  de  convenance  à  la  ilesmission,  mont,  iv,  83. 
Se  jouer  de  son  (ief  [le  démcmiirer]  sans  démission 
de  foi  [sans  penire  son  droit  de  seigneur],  loysel, 
S41 .  Déclarant  par  mots  exprés  qu'il  y  a  entreregne, 
afin  que  nul  d'entre  vous  ne  puisse  prétendre  cause 
d'ignorance  de  cette  desmission  jdèchéance|,  d'aub. 
Ihst.  u,  195,  Depuis  qu'il  est  parvenu  au  supresme 
grade  d'honneur  de  la  ohrestienlé,  par  la  démission 
ipie  luy  a  faicte  de  la  couronne  impériale  l'empe- 
reur Charles  V  son  frère,  cabl.  vni,  2». 

—  ETYM.  Lat.  dtmisjio,  renvoi;  de  di»nM»um, 
supin  de  dimiUere  (voy.  DËHETTitE). 


DEM 

DÉMISSIONNAIRE  (dé-mi-sio-nê-r'),  s.  m.  et  f. 
Il  !•  Aurioiiueiiienl.  celui,  celle  en  faveur  duquel  se 
fait  la  démission.  ||  2°  Aujourd'hui  celui  ou  celle  qui 
a  renoncé  h  une  dignité,  à  un  emploi.  ||  Adj.  Va  em- 
ployé démissionnaire. 

—  REM  Les  substantifs  de  ce  genre  en  oirs  ont 
ordinairement  le  sens  passif  :  donataire,  celui  k  qui 
l'on  donne:  légataire,  celui  à  qui  on  lègue;  cela  est 
surtout  vrai  quand  ils  viennent  de  verhes  où  l'on 
peut  distinguer  le  sens  actif  et  le  sens  passif.  Dans 
d'autres  cas  ils  ont  le  double  sens  passif  et  actif, 
comme  démissionnaire,  comme  pensionnaire,  celui 
à  qui  (111  paye  pension,  et  celui  qui  la  paye.  Dans 
d'autres  cas  enfin  ils  n'ont  que  le  sens  actif  :  com- 
missionnaire, celui  qui  fait  des  commissions. 

—  ÉTYM.  Démission. 

1  DÉMISSOIRK  (dé-mi-3soi-r'),  s.  m.  Voy.  Di- 
mssoiRE. 

t  DÊMITRER  (dé-mi-tré),  V.  a.  ôter  la  mitre, 
faire  perdre  le  rang  d'évêque.  Nous  ne  voulons  pas 
vous  démitrer,  volt,  dans  laveaux. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  mitre. 

f  DÉMIURGE  (dé-mi-ur-j'),  s.  m.  Terme  de  phi- 
losophie ancienne.  Nom  donné  par  les  Platoniciens 
à  l'intelligence  créatrice. 

—  ÊTYM.  Lat.  demiurgus,  du  grec  irni.iovpibi,  de 
S-^liiot,  commun,  général,  public,  et  JpYov,  œuvre 

(voy.   ORGANE). 

DÊMOCR.ATE  (dé-mo-kra-f),  s.  m.  Celui  qui  est 
attaché  aux  principes,  aux  institutions  de  la  démo- 
cratie. Il  Adj.  Je  n'étais  pas  M.  de  Luxembourg  ou  le 
prince  de  Conti;  je  n'ai  pas,  malgré  les  préjugés  du 
rang  et  les  scrupules  de  la  croyance,  accueilli  dans 
mon  chSteau  J.  J.  Kousseau,  philosophe  démocrate 
et  libre  penseur,  villeuain,  LUtér.  fr.  du,  xvm'  siè- 
cle, II*  part.  2'  leçon. 

—  ETYM.    Voy.  DEMOCRATIE. 
DÊ.M0(;R.AT1E   (dé-mo-kra-sie) ,  s.  f.    Gouverne- 

meni  où  le  peuple  exerce  la  souveraineté.  Ce  fut  un 
assez  beau  spictacle  dans  le  siècle  passé  de  voir  les 
efîoits  impuissants  des  Anglais  pour  établir  parmi 
eux  la  démocratie,  montesq.  Exp.  m,  S.  ||  Société 
libre  et  surtout  égalitaire  où  l'élément  populaire  a 
l'influence  prépondérante.  ||  Étal  de  société  qui  ex- 
clut toute  aristocratie  constituée,  mais  non  la  mo- 
narchie. On  dit  en  ce  sens  :  la  France  est  une  dé- 
mocratie. Il  Régime  politique  dans  lequel  on  favorise 
ou  prétend  favoriser  les  intérêts  des  masses.  La  dé- 
mocratie impériale  à  Rome.  ||  Le  parti  démocratique, 
la  partie  démocratique  de  la  nation.  La  démocratie 
anglaise  fait  des  progrès. 

—  lllST.  xiV  s.  Démocratie,  espèce  de  policie  en 
laquele  la  multitude  des  populaires  a  domination, 
08ESME,  Time  de  meunier. 

—  ETYM.  AriiioxpaTia,  de  8^(io;,  peuple  (voy. 
DÊME  2),  etxpocTo;,  autorité. 

DÉMOCRATIQUE  (dé-mo-kra-ti-k'),  adj.  Oui  ap- 
partient à  la  démocratie.  Gouvernement  démocra- 
tique. Esprit  démocratique.  Les  grenouilles,  se  las- 
sant De  l'état  démocratique  ,  Par  leurs  clameurs 
firent  tant  Que  Jupin  les  soumit  au  pouvoir  monar- 
chique, LA  font.  Fabl.  m,  4. 

—  HIST.  XIV»  s.  Les  policies  démocratiques  sont 
plus  seures  et  plus  durables  que  ne  sont  les  olygar- 
chiques,  oresme.  Thèse  de  meunier.  Ceulx  qui  se 
gouvernent  selon  policie  démocratique  repiitent  que 
liberté  est  la  dignité  selon  laquele  l'en  doit  faire 
distribucion,  id.  Elh.  )48. 

—  ÊTYM.  ATîjioxpanxo;  ,  de  5ii|jtoxpaTCa,  démo- 
cratie. 

DÉMOCRATIQUEMENT  (  dé-mo-kra-ti-k e-man  ) , 
adv.  D'une  manière  démocratique.  Un  pays  régi  dé- 
mocratiquement. 

—  ÊTYM.  Démocratique,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉMOCRATISER  (dé-mo-kra-ti-zé).  \\  !•  Y.  a. 
Conduire  à  la  démocratie.  {|  2°  V.  n.  Afficher  des 
principes  démocratiques. 

—  HIST.  xiv"  s.  Démocratiser,  estre  en  démocra- 
tie, oresme.  Thèse  de  meunier. 

—  ÉTYM.  Démocrate,  et  la  finale  iser  qui  signifie 
effectuer. 

t  DÉMODÉ.  ÉE  (dé-mo-dé,  dée) ,  part,  passé.  Qui 
n'est  plus  à  la  mode. 

t  DÉJUOUER  (dé-mo-dé),  v.  a.  Mettre  hors  de  la 
mode.  Il  Se  démoder,  v.  réfl.  N'être  plus  à  la  mode. 
Cette  étiiffe  s'est  lri:i*-vitc  démodée. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  mode. 

t  DÉMOGRAPHE  (dé-mo-gra-f),  s.  m.  Celui  qui 
l'occupe  de  démographie.  Les  démographes  ont, 
pour  mesurer  la  vie  moyenne,  deux  méthodes  qui 
conduisent  au  même  but  en  se  contrôlant  l'une  par 
Vautre,  Presse  tcienlifique,  I86(,  t.  i,  p.  234. 

—  ÉTYM,  Anf«o;,  peuple,  ettpiçîiv,  décrire. 


DEM 

+  DÉMOGRAPHIE  (dé-mo-gra-fie),  s.  f.  Terme 
didactique.  Description  des  peuples  quant  à  la  popu- 
lation considérée  suivant  les  âges,  les  professions, 
les  demeures,  etc.  La  démographie  qui  est  l'histoire 
ncturelle  de  la  société,  Presse  scientifique,  iSSt, 
1. 1,  p.  2.12. 

t  DÉMOGRAPHIER  (dé-mo-gra-fi-é),  v.  a.  Faire 
la  démographie.  La  concordance  des  deux  expres- 
sions de  la  vie  moyenne  ne  pourra  se  vérifier  com- 
plètement pour  les  villes  que  lorsqu'on  se  sera  décidé 
k  les  démographier  plus  exactement  qu'on  ne  le 
fait,  Presse  scientifique,  186),  t.  l,p.  236. 

—  ÊTYM.  Démographe. 

t  DÉMOGRAPHIQUE  (dé-mo-gra-fi-k'),  adj.  Qui 
appartient  à  la  démographie.  La  division  démogra- 
phique de  l'annuaire.  Presse  scientifique,  (861,  1. 1, 
p.  232. 

DEMOISELLE  (de-moi-zè-l'),  s.  f.  ||  1»  Autrefois, 
fille  et  même  femme  née  de  parents  nobles.  Ah! 
qu'une  femme  demoiselle  est  une  étrange  affaire  I 
et  que  mon  mariage  est  une  leçon  bien  parlante  à 
tous  les  paysans  qui  voudraient  s'élever  au  dessus 
de  leur  condition!  mol.  G.  Dand.  i,  i.  Dire  do  celle- 
là  qu'elle  n'est  pas  demoiselle,  la  bruy.  viii.  Mettre 
des  bourgeoises  là  où  le  roi  ne  veut  que  des  demoi- 
selles, c'est  tromper  les  intentions  du  roi,  mainte- 
non,  Lctt.  à  if.  de  Villette,  s  oct.  (684.  Toi  qui  as 
tant  gémi  d'être  née  demoiselle,  J.  J.  Rouss.  Ilél. 
IV,  <3.  Je  puis  vous  assurer  que,  par  son  bon  es- 
prit, par  les  qualités  de  l'âme  et  par  la  noblesse  des 
procédés,  elle  est  demoiselle  autant  qu'aucune  fille, 
de  quelque  rang  qu'elle  soit,  puisse  être,  Marivaux, 
Uarianne,  T  part.  ||  Les  demoiselles  de  St-Cyr,  les 
jeunes  filles  nobles  qui  étaient  élevées  à  St-Cyr. 
Renvoyez  les  demoiselles  de  St-Cyr,  quand  vous  ne 
croirez  pas  qu'elles  sont  de  bonnes  bernardines, 
MAiNTPNON,  t.ett.  à  Mme  de  la  Viefville,  24  oct. 
(70B.  Il  2"  Demoiselle  a  été  aussi  le  nom  des  femmes 
'  mariées  non  nobles,  mais  bourgeoises.  ||  3"  Aujour- 
d'hui, dénomination  de  toutes  les  fillesde  famille  qui 
ne  sont  pas  mariées.  Deux  d'entre  elles  étaientdesde- 
1  moiselles  de  cinquante  ans,  timides  comme  à  quinze, 
I  mais  beaucoup  moins  gaies  qu'à  cet  âge,  staèl, 
Corinne,  xiv,  ).  ||  Rester  demoiselle,  ne  pas  se  ma- 
rier. Il  Être  encore  demoiselle,  n'être  pas  encore  ma- 
riée. Il  Demoiselle  d'honneur,  titre  de  jeunes  filles 
nobles  qui  avaient  un  service  auprès  des  reines  et 
des  princesses.  ||  Demoiselle  d'honneur  se  dit  aujour- 
d'hui quelquefois  pour  fille  d'honneur,  jeune  fille 
qui  accompagne  la  mariée  et  quête  à  l'église.  ||  4°  S. 
f.plur.  Nom  donné,  à  cause  de  leur  déguisement, 
à  des  bandes  factieuses  de  paysans  de  l'Ariége  et 
de  la  Haute-Garonne  ,  qui  commettaient  des  dé- 
lits dans  les  forêts.  ||  5°  Terme  d'histoire  naturelle. 
Libellule,  insecte  à  quatre  ailes  membraneuses.  La 
demoiselle,  avec  son  corsage  bleu  et  ses  ailes  trans- 
parentes, se  repose  sur  la  fleur  du  nénufar  blanc, 
chateaub.  Génie,  i,  v,  to.  J'attendais,  d'un  four- 
milion si  bien  nourri,  une  demoiselle  proportionnée 
à  son  énorme  corpulence;  et  je  ne  fus  pas  mé- 
diocrement surpris  quand  je  vis  paraître  une  de- 
moiselle dont  la  taille  n'avait  rien  du  tout  de  re- 
marquable, BONNET,  Observ.  40%  Insectes.  Ce  n'est 
pas  l'humble  ver,  les  abeilles  dorées,  La  verte  de- 
moiselle, aux  ailes  bigarrées.  Qu'attendent  ses  petits 
[de  l'aigle],  béants,  de  faim  pressés,  v.  hugo,  Odes, 
IV,  <7.  Il  6°  Nom  de  divers  oiseaux,  entre  autres  de 
la  mésange  à  longue  queue.  ||  Demoiselle  de  Numi- 
die,  espèce  du  genre  grue,  bel  oiseau  d'Afrique  qui 
imite,  comme  le  singe,  tout  ce  qu'il  voit  faire  aux 
hommes;  il  a  sur  la  tête  une  fort  belle  touffe  de 
plumes,  et  d'autres  plumes  à  l'entour  qui  lui  for- 
ment comme  des  oreilles.  [La  ducbe.sse  de  GesvresJ 
C'était  une  espèce  de  fée,  grande  et  maigre,  qui 
marchait  comme  ces  grands  oiseaux  qu'on  appelle 
denioiselleç  de  Numidie,  st-sim.  4)3,  226.  ||  7°  'ferme 
de  pêche.  Le  squale- marteau,  jj  8°  Pièce  de  bois, 
dite  aussi  hie,  de  trois  ou  quatre  pieds  de  haut, 
ronde  et  ferrée  par  les  deux  bouts,  et  munie  de  deux 
an^es  au  milieu  qu'on  empoigne  quand  on  veut  se 
servir  de  cet  outil.  La  demoiselle  sert  aux  paveurs  à 
enfoncer  les  pavés.  ||  9°  Terme  de  marine.  Listeau  de 
porte-hauban.  ||  Cheville  en  fer  qu'on  nomme  aussi 
dame.  ||  10"  Outil  de  bois  tourné  pour  ouvrir  les 
doigts  d'un  gant.  ||  Terme  de  moniiayeur.  Verge  de  fer 
empêchant  les  charbons  de  couler,  avec  la  matière 
fondue,  de  la  cuiller  dans  le  moule.  ||  Kspèce  de 
jambier  qui  soutient  le  cheval  des  scieurs  de  long. 
Il  11°  Bouteille  de  grès,  remplie  d'eau  chaude,  ser- 
vant à  échauffer  les  lits.  On  dit  aussi  moine. ||  12''  Va- 
riété de  poire.  ||  Proverbe.  C'est  un  temps  de  demoi- 
selle, ni  pluie  ni  vent  ni  soleil. 

—  REM.  Dans  le  langage  commun,  on  dit  votre 


DËM 


1051 


demotselU  nom  votre  fille  :  Comment  va  votre  de- 
moiselle? mais  cela  n'est  pas  du  bon  usage;  avec 
le  mot  demnisrlle,  comme  avec  les  mots  dami  et 
sieur,  il  n'est  pas  de  bon  ton  d'employer  les  adjec- 
tifs possessifs  de  la  2*  et  de  la  3*  personne.  On  de- 
mande :  Comment  se  porte  mademoiselle ,  et  non 
pas  votre  demoiselle,  ou  sa  demoiselle.  De  même  on 
dit  comment  se  porte  madame,  et  non  votre  dame. 

—  HIST.  X*  s.  La  domnizelle  celle  kose  non  con- 
tredist,  Eulalie.  \\  xi*  s.  X  lui  vient  Aude,  la  bêle 
damLsele,  Ch.  de  Roi.  cclxx.  ||  xu*  s.  Damisele  Aude, 
mais  celer  nel  poons  [pouvons],  lionc.  p.  ^^o.  Pur 
çfl  cil  de  sa  maisun  pristrent  en  cunseil,  que  il  quer- 
reient  une  dameisele  ki  fust  devant  le  rei,  silfsile] 
servist....  Aoù,  220.  ||  xm*  s.  Dames  et  damoiseleg 
prennent  à  festoyer,  Berte,  xi.  Se  fié  escheit  à  damoi- 
selle  qui  ait  douze  ans  ou  plus,  Ass.  de  J.  i,  263. 
Se  ele  est  dame,  qu'ele  y  envoit  chevalier;  et  s'ele 
est  demoiselle,  que  elle  y  envoit  escuier,  beaum. 
XXIX,  <9.  Piiisque  le  [la]  demiselle  estoit  mariée, 
combien  que  ele  eust  d'aage,  ele  estoit  venue  en 
aage  de  terre  tenir,  id.  xv,  29.  |{  xv  s.  Piètre  du 
Bois  s'en  vint  un  soir  chieux  ce  Philippe  qui  demeu- 
roit  avec  sa  demoiselle  de  mère,  froiss.  u,  u,  <o). 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  damisela;  ital.  da- 
migella;  du  bas-latin  domimceJio,  dérivé  de  do- 
mina (voy.  DAME). 

t  DEMOISILLON  ( de-moi-zi-llon ,  H  mouillées), 
s.  /.  Terme  méprisant.  Petite  demoiselle. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  demoiselle. 

t  DÉMOISIR  (dé-moi-zir) ,  v.  a.  ôter  les  moisis- 
sures attachées  à  un  objet. 

—  HIST.  xvi'  s.  Connaissant  l'iniquité  du  père, 
qui  laissoit  moisir  sa  fille,  de  peur  de  demoisir  ses 
eSCUS,   MARQUES.  Nouv.  44. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  momr. 

DÉMOLI ,  lE  (dé-mo-li ,  lie) ,  pari,  passé  de  démo- 
lir. Dont  les  pierres,  dont  les  pièces  ont  été  sé|iarées, 
en  parlant  de  murs  et  de  charpentes.  Un  mur  démoli. 
Une  cloison  démolie.  Le  sang  coule  partout;  nos  pa- 
lais démolis  Dessous  ces  rouges  flots  sont  tous  en- 
sevelis, UAiR.  *.  d'Asdrub.  i,  3.  Kt  l'univers  n'est 
point  encore  démoli,  tristan,  Mariane,  v,  3. 

DÉMOLIR  (dé-mo-lir),  v.  a.  \\l°  Rompre  la  liai- 
son d'un  édifice,  d'une  masse  construite.  On  démo- 
lit ce  temple  et  ces  autels  chéris,  volt.  Als.  u,  4. 
La  paix  fut  faite  à  ces  conditions  :  qu'on  démolirait 
les  fortifications  du  Pirée,  avec  la  longue  muraille 
qui  joignait  le  port  à  la  ville,  rollin,  Uisl.  anc. 
Œuvres,  t.  iv,  p.  91 ,  dans  pougens.  Pour  punir  un 
SI  grand  outrage,  il  [Théodose]  résolut  d'abord  de 
confisquer  tous  les  biens  des  citoyens  d'Antioche, 
d'en  brûler  toutes  les  maisons  avec  tous  ceux  qui 
les  habitaient,  de  la  démolir  jusque  dans  ses  fonde- 
ments, FLÉCB.  Hist.  de  Th^od.  m,  Ta.  ||  Terme  de 
marine.  Mettre  en  pièces  un  navire  hors  de  service. 
Il  Par  extension,  démolir  un  corps  de  troupe,  lui 
faire  subir  dans  un  combat  de  très- grandes  pertes. 
L'aide  de  camp  répondit  qu'il  y  faudrait  la  garde 
pour  achever  :  Non ,  reprit  Napoléon  ,  je  m'en 
garderai  bien,  je  ne  veux  pas  la  faire  démolir,  je 
gagnerai  la  bataille  sans  elle,  ségur,  Hisl.  de  Map. 
VII,  9.  Il  2°  Populairement,  terrasser.  Démolir  son 
adversaire.  ||  Ruiner  le  crédit,  l'influence,  la  répu- 
tation, surtout  quand  elle  est  usurpée.  11  faut  démo- 
lir cet  homme.  H  sera  bien  facile  de  le  démolir. 
Il  On  le  dit  aussi  en  parlant  de  la  santé.  C'est  un 
homme  démoli. 

—  HIST.  XV' s.  Lesquelzavoient  jà  tous  les  champs 
couvers  De  gens  de  guerre  et  gros  canons  divers 
Pour  desmollir  rampars  et  bouievers  Par  durs  as- 
saulz,  coquillart,  p.  80,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Il 
advient  aucune  fois  que  les  sangliers  foulent  les 
chiens  du  bout  de  la  hure  sans  les  blesser,  comme 
aux  endroits  des  costes,  aux  hanches  et  lieux  ner- 
veux; si  de  fortune  ils  avoient  quelque  chose  démoli 
ou  rompu,  on  les  doit  faire  habiller,  fouilloux. 
Vénerie,  f°  84,  dans  lacorne.  Es  ungs  rumpoyt  braz 
et  jambes,  es  aulires  desmolloyl  les  reins,  bab.  Gar. 
{,  27.  Comment  Gargantua  démolit  le  chasteau  du 
gué  de  Vede,  id  ib.  i,  34.  Je  ay  debberé  dedans 
huyctainedemolirycelluy  figuier,  ID.  Pant.  vt.prol. 
Rien  ne  prouffictoyent  ses  engins  et  molitions;  lout 
estoyt  soubdain  demoly  et  remparé  par  les  Tyriens, 
ID.  tb.  IV  37.  La  ville  e-stoit  entièrement  démolie  et 
destruite,  amïot.  Corn.  62.  Ils  démolirent  la  mine 
et  tuèrent  tous  les  iiiineuis,  d'aub.  Hist.  m,  296. 

—  ÊTYM.  Wallon,  dimoûre;  provenç.  demoiAtr; 
espagn.  démolir;  ital.  demolire;  du  latin  demn/iri, 
de  la  préposition  de,  eimoliri,  entasser,  de  moUi, 
masse  (voy.  môlk). 

t  DÉMOLISSEUR  (dé-mo-li-seur) ,  t.  m.  Il  1°  Celui 
qui  démolit,  qui  aime  à  démolir.  ||  Celui  qui  achète 


1052 


DÉM 


les  vieux  édifices  pour  les  démolir.  ||  2°  Fig.  Celui 
qui  ntlaque  les  opinion»  reçues,  les  institutions.  Je 
suis  grand  démolisseur,  volt.  Leil.  Mme  du  Def- 
tant.  I"  juin  mu.  Je  n'ai  jamais  vu  en  lui  (Malle- 
Lraiichf]  (ju'un  asseï  hon  démolisseur,  mais  un 
mauvais  architecte,  o'aleub.  Ull.  au  roi  de  Prusse^ 
8  liov.  «70». 

—  RTVM    Pémniir. 

nÊMOI.ITION  (dé-mo-li-sion;  en  poésie,  de  cinq 
gytialies),  s.  f.  \\  1°  Action  de  déruclir.  La  démoli- 
tion est  euminencée.  Tliéodose  reçut  en  même  temps 
la  nouvelle  de  la  démolition  du  temple  fameux  de 
Sérapis  dans  Alexandrie,  klécii.  Ilisl.  de  Théod.  m, 
ta.  I|  8"  S.  /.  pi-  Matériaux  qui  restent  de  ce  qu'on 
a  démoli.  Comme,  en  abattant  un  vieux  logis,  on  en 
réserve  onlinairennent  les  démolitions  pour  servir 
à  en  bâtir  un  nouieau,  dksc.  Uétli.  m,  e. 

—  HIST.  XIV'  S.  Ceste  instance  de  démolition  et 
maie  aventure  aux  François  fu  pronostiquée,  Chro- 
niques franc,  dans  lacuhne.  ||  xvi-  s.  11  ajousta  à 
cela  la  ilusinolilion  dus  temples  et  des  tombeaux, 
d'ai'Ii.  /''»•(.  11,  •". 

—  ETVM.  Proveiiç.  dfmo(i (ton  ;  espagn.  demnli- 
cinn  ;  ilal.  deinnlizione ;  du  latin  demolùionem, 
de  drmnliri,  démolir. 

DÉMON  (dé  mon),  s.  m.  ||l«Dansle  polythéisme 
ancien,  génie,  esprit  bon  ou  mauvais.  Que  l'hon- 
neur de  mon  prince  est  cher  aux  destinées!  Que  le 
démon  est  grand  ipii  lui  sert  de  support I  malh.  II.7. 
Que  saurait  enseigner  aux  princes  Le  grand  démon 
qui  les  instruit,  m.  m.  i.  Or  qu'eu  un  saint  ou- 
vrage un  siint  démon  m'appelle, kBonikh,  Poem.  s. 
Un  plus  puissant  démon  veille  sur  v^s  années,  cokn. 
Cinna,  II,  1.  Leur  chef  nous  a  paru  le  démon  des 
coniliats.  in.  rois.  I,  2.  (Il)  Kespecterail  en  lui  le 
démon  de  l'empire,  m.  Piikh.  m.  3.  ô  ciel!  quel 
hon  démon  devers  moi  vous  envoie,  Madame?  ID. 
Ilérad.  v,  a.  Que  les  hommes,  les  dieux,  les  dé- 
mons et  le  sort  l'réparent  contre  nous  un  général 
efTort,  ID.  Ilor.  il,  3  Quel  démon  envieux  M'a  re- 
fusé l'honneur  de  mourir  à  vos  yeux?  rac.  Hrit. 
II,  6.  Fatale  furie  Que  le  démon  de  Rome  a  formée 
et  nourrie,  m.  Uithr.  v,  t.  Les  trois  Furies,  les  trois 
l'arques,  les  mauv^iis  ilémons.  la  roue  d'Ixion  sont 
des  chimères  alisuriles.  volt.  Dial.  23.  Platon  avait 
imaginé  les  démons  pour  former  une  éclielle  par  la- 
quelle, de  créatoT''  plus  parfaite  en  créature  plus  par- 
faite, on  montât  enfin  jusqu'à  Dieu,  iuderot,  O/Jtn. 
des  anc.  pliil.  {pMlosophie  aiitidiluvienne).  ||  l.e 
démon  de  Socrate,  voix  mysli  rieuse  que  Socrate  di- 
sait lui  parler  et  lui  donner  des  conseils.  On  ne  con- 
vient pas  de  ce  qu'était  ce  génie,  appelé  ordinaire- 
ment le  démon  de  Sociale,  d'un  mol  grecqui  signifie 
quelque  chose  qui  lient  du  divin,  conçu  comme  une 
Toix  secrète,  rolun,  Hist.  anc.  t.  iv,  p.  359.  Le 
Démon  de  Sacrale,  titri>  d'un  livre  où  M.  Lélul  cher- 
che à  prouver  que  le  démon  de  Socrate  était,  chez 
ce  philosophe,  une  hallucination  de  l'ouie.  ||  Pig.  La 
peine  et  la  récompense  sont  les  deux  démons  qui 
gouvernent  les  clioses  humaines,  balz.  Socr.  chrél. 
dise.  tu.  Deux  démons  à  leur  gré  partagent  notre 
vie,  lit  de  son  patrimoine  ont  chassé  la  raison.... 
J'appelle  l'un  amour  et  l'autre  ambition,  la  font. 
Fabl.  X,  (0.  Il  2"  Dans  la  religion  chrétienne,  les 
diables,  les  esprits  malins,  par  opposition  aux  an- 
ges. Que  les  démons  et  ceux  qui  les  adorent  Soient 
à  jamais  détruits  et  confondus!  hac.  Esth.  ii  ,  9. 
C'est  une  étrange  vision,  Lt  cependMnt ,  ange  ou  dé- 
mon, J'ai  vu  partout  cette  ombre  amie,  A.  de  mus- 
SKT,  Po('sies  nouv.  Huit  de  décembre.  |{  Le  diable, 
Satan,  prince  des  démons,  et  principe  du  mal.  Les 
ruses  du  démon.  Ft  bravant  du  démon  l'impuis- 
sant artifice.  De  la  religion  soutient  tout  l'édifice, 
BAC.  Eslh.  prol.  Vous  ire/,  crier  partout  qu'il  faut 
Otre  organe  du  démon  pour  vous  imputer  des  choses 
dont  il  n'y  a  ni  marque  ni  vestige  dans  vos  livres, 
PASC.  /'roi;.  )5.  Il  Démon  du  midi,  sorte  de  démon, 
signalé  dans  la  Hible,  et,  par  er'ensiou,  nom  donné 
à  Philippe  11,  roi  d'Kspagne,  à  cause  du  mal  cpi'il 
faisait  et  de  sa  résidence  dans  un  pays  du  midi. 
Il  Fig.eifaiailiéremeiit,  avoir  de  l'esprit  comme  uii 
démon,  avoir  beaucoup  d'esprit.  ||  3°  Personne  mé- 
chante qui  se  plait  i  tourmenter  les  autres.  Cet 
homme  est  un  vrai  démon,  un  démon  incarné. 
Il  Faire  le  démon,  faire  du  bruit,  s'emporter.  ||  Faire 
le  pelii  démon,  même  sens,  avec  celle  nuance  qu'il 
s'agit  alors  de  quelque  résistance  de  la  part  d'une 
jaune  femme,  d'un  jeune  homme,  résistance  qu'on 
veut  caractériser  d'une  façon  aimable.  Votre  esprit 
contra  moi  fait  le  petit  démon,  mol.  l'Élnur.  i,  (O. 
Il  a  fait  le  p.  lit  démon  quand  je  lui  ai  du  que  vous 
m'avie2  «nvoyé  du  l'argcni  pour  lui,  d  n'en  a  que 
frre,  SÉV.  «67.  Il  Faire  la  démon,  se  dit  aussi  en 


DEM 

bonne  part,  en  parlant  d'une  résistance  ou  d'une 
attaque  honorable.  Le  maréchal  de  Créqui  fait  tou- 
jours le  démon  d.Tns  Trêves  (assiégée),  sÉv.  214. 
Il  II  seditd  un  enfant  vif  et  malin. C'est  un  petit  dé- 
mon. Il  Comme  un  démon,  se  dit  sans  y  attacher  né- 
cessairement de  mauvaise  idée,  pour  signifier  im- 
pétuo-iié,  ardeur,  violence,  etc.  Le  peiit-fils  de 
St-Hérem.  qui  courait  comme  un  démon  à  clieval 
avec  le  comte  de  Toulouse,  tomba  et  fut  trois  heu- 
res sans  connaissance,  s6v.  471.  ||  i'  La  cause  de 
l'inspiration,  des  impulsions  bonnes  ou  mauvaises. 
Le  démon  de  la  guerre,  des  comb.its.  Que  faisons- 
nous,  Romains'  Dit-il,  et  quel  démon  nous  fait 
venir  aux  mains?  corn.  Ilor.  i,  3.  Quel  démon  vous 
irrite  et  vous  porte  à  médire?  boil.  Sal.  ix.  Dès  lors 
que  son  démon  commence  à  l'agiter.  Tout,  jusqu'à 
sa  servante,  est  prêt  à  déserter,  id.  Sal.  vin.  Eh! 
que  serait-ce  donc  si  le  démon  du  jeu  Versait  dans 
son  esprit  sa  ruineuse  rage?  m.  Sol.  x.  Térence 
n'est  pas  possédé  de  ce  démon-là,  DinER.  Sur  Té- 
rence.CeUi\  qu'un  vrai  démon  [l'inspiration]  presse, 
enflamme,  domine.  Ignore  un  tul  supplice,  il  pense, 
il  imagine,  a.  chên.  i2. 

—  HIST.  xiv"  s.  Et  semblablement  à  toutes  cho- 
ses appartenantes  au  cultivement  des  demones, 
ORESME.  Eth.  1 14.  Il  XVI'  s.  Comme  si  le  daimon  qui 
garde  nostre  France  Eust  fait  avec  le  tien  éternelle 
alliance,  pasquieb,  Lettres,  t.  I,  p.  289,  dans  la- 
CURNE. 

—  ETYM.  Provenç.  demoni;  catal.  dimoni  ;  es- 
pagn.  et  ital.  demnnin;  du  latin  d.rmon!«)ii ,  de  dx- 
mon.  de  îaiijiaiv.  génie  bon  ou  mauvais. 

t  nÉ.tlONARCHLSER  (dé-mo-riar-chi-zé),  ï.  o. 
Ruiner  dans  un  pays  le  système  monarchique. 

—  ÉTYM.  Lé....  préfixe,  monarcltœ,  et  la  finale 
iser. 

DÉMONÉTISATION  (dé-mo-né-ti-za-sion),  s.  f. 
Action  de  démonétiser.  Hémoiiétisation  de  l'or,  des 
assignats    II  Ëlat  de  ce  qui  est  démonétisé. 

—  ETYM.   Pémoiiéliser. 

DÉ.MONÉTISÉ,  ÉE  (dé-mo-né-ti-zé,  zée),  pari. 
passé.  Les  louis  démonétisés.  ||  Fig.  Qui  a  perdu  son 
crédit.  Un  homme  démonétisé.  Une  opinion  démo- 
nétisée.   ' 

DÉMONÉTISER  (dé-mo-né-ti-zé) ,  v.  a.  Ôter  à  une 
monnaie,  à  un  papier-monnaie,  la  valeur  que  la  loi 
lui  avait  attribuée.  ||  Fig.  Déprécier,  rabaisser.  |1  Se 
démonétiser,  v.   réjl.  Être  démonétisé. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  le  latin  moneta,  mon- 
naie (voy,  ce  mot). 

DÉMONIAQUE  (dé-mo-ni-a-k'),  adj.  ||  1°  Qui  est 
possédé  du  malin  esprit.  Une  femme  démoniaque. 
Il  2°  Substantivement.  Homme,  femme  en  proie  au 
malin  esprit.  Mais,  aurait  répondu  le  comédien,  un 
roi  qui  s'entretient  tout  seul  avec  son  capitaine  des 
gardes  parle  un  peu  plus  humainement  et  ne  prend 
guère  ce  ton  de  démoniai|ue,  mol.  Impr.  (.  ||  Dans 
le  langage  de  la  médecine  actuelle,  aliéné,  aliénée 
qui,  attiiquée  de  mélancolie,  croit  que  le  démon  est 
I  logé  dans  son  corps.  ||  3°  Personne  colère,  pa.ssion- 
née.  Après  celle  comédie,  jouée  à  ses  propres  dé- 
pens, vous  croyez  bien  qu'au  moins  il  [le  fantasque] 
ne  fera  plus  le  démoniaqsje;  hélas!  vous  vous  trom- 
pez, FÊN.  I.  XIX,  p.  452.  Il  4°  Membre  d'une  secte  d'a- 
nabaptistes qui  croyaientau  salut  final  des  démons. 

—  HIST.  xiv  s.  Pierre  Nagot  a  esté  le  plus  du 
temps,  et  par  especial  en  temps  d'esté,  fol  et  demo- 
niacle.  et  s'est  plusieursfois  voulu  noyer,  ducange, 
d,rmoniacus.  \\  xv"  s.  Tu  ensuis  les  Ph;irisiens,  ap- 
pelant Jesus-Christ  deceveur  et  demoniacle,  mons- 

tbel.  liv.  I,  ch.  47.  Il  XVI'  s Une  garce  que  le 

presire  Relovet  instruisoit  à  faire  la  démoniaque, 
d'aub.  Cnnf.  i,  6.  Selon  la  couslume  des  deminia- 
cles,  PARÉ.  XIX,  32.  J'aime  l'allure  poétique,  à  saults 
et  à  gambades:  c'est  un'  art,  comme  dict  Platon,  le- 
giere,  volage,  demoniacle,  mont,  iv,  i:i6. 

—  ETYM  Provenç.  demontayx,  demnnial  ;  anc. 
catal.  dimnnini;  espagn.  et  ital.  demoniaco ;  dedjs- 
monincus,  de   ôaixo/taxà;,  de  6ai|ji(ov,  di-mon. 

t  UÉ.MOMCOLK(dé-mo  ni-ko-l'),  s.  m.  Adorateur 
des  démons;  nom  donné  aux  païens  i^ar  le^  chrétiens. 

—  ETYM.  Démon,  et  le  laiin  c«tere,  adorer. 

t  DÉ.MOMtSME  (dé-mo-ui-sm') ,  i.  m.  Croyance 
aux  démons. 

—  ETYM.  Démon. 

t  DÉMONISTE  (dé-mo-ni-sf),  t.  m.  Celui  qui 
croit  à  l'existence  des  démons  bons  ou  mauvais. 

—  ETYM.  Démnii. 

t  DÉ.MON()»;RATIE(dé-mo-no-kra-sie),  î.  f.  In- 
fluence des  déiiKUis. 

—  ETYM.  Démon,  etxpàto;,  autorité. 
DËMONUGRAPUE  (dé-mo-no-gra-r),  s.  m.  Au- 
teur qui  «écrit  sur  les  démons.  Opinions  maintenues 


DÉM 

obstinément  par  la  plupart  de  nos  démonographes , 
G.  NAUDÉ,  Apologie,  préface.  On  distinguait  parmi 
les  auteurs  une  classe  de  démonographes,  volt. 
Louis  Xir,  3<. 

—  ETYM.  Aai|«ov  (voy.  démon) ,  et  Ypiçitv ,  écrire 
(voy.  GBApniouE), 

t    DÉMONOGRAPHIE  (dé-mo-no  gra-fie),   ».   f. 
Traité  de  la  nature  et  de  l'influence  des  démons. 
-  —  KTYM.  Démonoiiraphe. 

t  DÉMONOLÂÏRE  (dé-mo-no-lâ-tr'),  ».  m.  Ado- 
rateur des  démons. 

—  Ety.m.  Démon,  et  JotTptûeiv,  adorer. 

•j-  DfiMONOLÂTRIE  (dé-mo-no-lâ-trie),  ».  f.  Ado- 
ration des  démons. 

t  DÉMONOLOGIE  (dé-mo-no-lo-jie),  ».  f.  Théo- 
rie des  démons. 

—  HIST.  XVI*  s.  Une  jeunedame  instruite  de  de- 
monologie,  qui  jouoit  aussi  bien  que  feu  monsieur 
François  Villon  en  la  diablerie  St  Maixant,  d'aub. 
Conf.  1,  6. 

—  ETYM.  AaCp.wv,  démon,  et  ^éyoc,  traité. 

t  DÉMONOMANCIE  (dé-mo-no-man-sie),  ».  f.  Di- 
vination par  l'inspiration  des  démons. 

—  ÉTYH.  Démon,  et  le  suffixe  mande. 

t  DÉMONKMANE  (dé-mo-no-ma-n'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  est  affectée  de  démonomanie. 

DÉ.MONOMANIE  (dé-mo-no  -  manie  )  ,  ».  f. 
Il  1°  Terme  de  médecine.  Variété  de  l'aliénaiion  men- 
tale,dans  laquelle  le  malade  est  tourmenté  de  l'idée 
d'être  possédé  du  démon. S'il  n'eût  laissé  des  marques 
et  vestiges  de  son  humanité  dans  cette  démonoma- 
nie, G.  NAUD6,  Apologie,  p.  127.  ||  J°  Titre  de  livres 
traiiant  des  démons  el  de  la  possession.  Je  lui  ap- 
prendrai l'astrologie,  la  démonomanie,  volt.  Za- 
dig,  6. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  démonomanie,  titre  d'un  ou- 
vrage de  Bodin. 

—  ETYM.  Aaîp.Mv  (voy.  démon),  et  (lavia,  manie. 

DÉ.MONSTRATEUR  (dé-mon-stra-teur) ,  j.  m.  Ce- 
lui qui  démontre,  enseigne  une  science.  ||  Plus  par- 
ticulièrement, celui  <|ui  donne  des  leçons  pratiques 
de  botanique  ou  d'analomie.  Un  jardin  royal  des 
p'antesavec  un  démonstrateur  appointé,  j.  j.  roiiss. 
Conf.  v.  11  avait  été  démonstrateur  en  chimie  au 
jardin  royal,  mairan,  Éloges,  Boulduc.  Le  jardin 
d'Upsal,  remis  dans  un  meilleur  ordre,  devinidigne 
du  démonstrateur  qui,  de  toutes  les  parties  de  l'Eu- 
rope, y  attirait  des  disciples,  condobckt,  Linné. 

—  ETYM.  Lat.  demonstrator ,  de  demonstrare, 
démontrer. 

DÉMONSTRATIF,  IVE  (dé-mon-stra-tif,  ti-v'), 
adj.  Il  1"  Qui  démontre,  qui  sert  à  démontrer.  Et  je 
prouverai  en  toute  rencontre,  par  des  raisons  dé- 
monstralivesetconvainqiiantes....MOL.lfor.  forcé,  6. 
Et.  comme  je  vous  fis  voir  l'autre  jour  par  raison 
démonstrative,  il  est  impossible  que  vous  receviez, 
si  vous  savez  détourner  l'épée  de  votre  ennemi  de  la 
ligne  de  votre  corps,  m.  B  mrg.  gent.  Il,  3.  Cela 
est  démonstratif,  pascal,  dans  cousin.  Cette  raison, 
qui  pouvait  n'être  pas  démonstrative,  le  devient,  en 
quelque  sorte,  pour  M.  Guglietmini.  parce  qu'elle 
venait  d'un  maître  qu'il  chérissait,  fonten.  Gtigliel- 
mini.  \\  2°  Terme  de  rhétorique.  Genre  démonstra- 
tif, celui  des  trois  genres  d'éloquence  qui  a  pour 
objet  la  louange  ou  le  blâme.  ||  Substantivement.  Le 
démonstratif,  le  genre  démonstralif.  ||  3'  Terme  de 
grammaire  qui  exprime  une  idée  d'indication.  Ce, 
cet,  celte,  ces,  sont  des  adjectifs  démonstratifs;  ce- 
lui, celle,  sont  des  pronoms.  114°  Qui  démontre  vi- 
vement tout  ce  qu'il  a  dans  l'âme.  Il  a  beaucoup 
menacé,  beaucoup  crié:  mais  ne  vous  en  effrayez 
pas,  il  est  très-démonstratif, elles  effets  suivent  rare- 
ment. Il  plus  particulièrement,  et  en  bonne  part, 
qui  témoigne  des  intentions  bienveillantes.  Cette 
personne  est  irès-démoii.slrative. 

—  HIST.  xiv  s.  Sillogisme  démonstratif  et  évi- 
dent, ORESME,  Thèse  de  meunier.  Raisons  éviden- 
tes, démonstratives,  id.  </'.  Ja  soit  ceque  l'esprevier 
et  l'ostour  soit  peus  entre  le  pouce  el  le  d.'ii  .le- 
monslratif,  toutes  voies  les  autres  oiseaulx  sont  peûs 
à  plaiii  poing.Ifénayier.iil,  2.  jj  xvi'  s.  Les  advocats 
de  la  transsubstantiation  pensent  que  ce  mot  de- 
mon.slratif,  ceci,  se  rapporte  à  l'espèce  du  pain, 
CALV.  /n*(it.  )H0.  Laipielle  proposition  ne  se  peut 
prouverpar  raison  denionsIralive.AMYOT.JfurcWJ.  21. 

—  ETYM.  Provenç.  dewo»lra(iu;  espagn.  demo- 
ilraliio;  portug.  demonstratiro ;  ital.  dimwtro- 
nt'o.'dii  laiin  demorutraittui,  de  demon»ira> ; ,  dé- 
montrer. 

DÉMONSTRATION  (dé-mon-str«-sion;  en  poésie, 
de  cinq  syllabes),  ».  /.  |1 1*  Raisonnement  qui  prouve 
avec  évidence.  Le  fiuit  de  la  démonstration  est  la 
science,  Boss.  Connaist.  i,  «3.  Voilà  contre  tous  la 


DEM 

plus  complète  démonstration  que  l'on  pût  faire, 
BOss.  Thénl.  Je  tourne  ma  réponse  en  démonstra- 
tion conue  l'auteur,  ii>.  Salisf.  \\  2"  Tout  ce  qm  sert 
à  démontrer.  Les  faits  sont  la  muilluure  démonstra- 
tion de  cette  .^'oposition.  ||  3"  Leçon  dan^  laquelle 
on  met  sous  les  yeux  des  élèves  les  olijets  mêmes 
dont  on  leur  parle.  (|  4°  Manifestation  de»  disposi- 
tions, des  intentions.  Des  démonstrations  hostiles. 
Des  démonstrations  d'amitié.  Ce  serait  une  chose  in- 
supportable que  Cliimùne  en  convînt  [de  son  ma- 
riage] avec  Hodrigue  dès  le  lendemain  qu'il  a  tué 
son  pÎTe,  et  Rodrigue  serait  ridicule  s'il  faisait  la 
moindre  démonstialion  de  le  désirer,  cobn.  t"  dise. 
du  pnéme  dramatique,  p.  I2.  Kecevoir  quelqu'un 
avec  de  grandes  démonstrations  de  joie,  patbu,  Plai- 
doy ir  1 ,  lidns  hichelet.  Les  démonstrations  i|i.e 
vous  recevez  dans  votre  gouvernement,  sÉv.  623. 
Toutes  les  démonstrations  qu'il  nous  fait,  et  dont 
il  serait  honnête  d'être  la  dupe,  plutôt  que  d'être 
capable  de  le  soupçonner  injustement ,  m.  Lelt. 
28  nov.  (670.  Quelque  démonstration  que  fit  Henri 
de  vouloir,  dans  cette  occasion,  des  conseils  sin- 
cères, il  ne  pouvait  retidreaux  é\êi|ues la  libertéqiie 
ses  cruautés  leur  avaient ôtée,  noss.  Var.  vu,  §  74. 
Je  m'attends  à  des  démonstrations  d'une  joie  bien 
sincfre,  maintf.non.  Lettre  au  duc  de  NoniUes,  5 
août  t"lo.  Habitué  aux  démonstrations  orageuses 
de  la  passion  des  Italiens,  staël,  Corinne,  iv,  ). 
Il  Terme  militaire.  Manoeuvre  qu'on  fait  pour  don- 
ner le  change  sur  les  desseins  véritables.  11  fit  une 
démonstration  sur  l'aile  droite  de  l'ennemi.  Le  vice- 
roi  s'apercevait  que  la  plupart  de  ces  Moscovites, 
attirés  par  ses  démonstrations,  s'étaient  portés  à  la 
gauche  de  la  route,  séotJR,  Hisl.  de  Napnl.  x,  4. 

—  SYN.    DÉMONSTRATIONS    D'aMITIÉ,    TÉMOIGNAGES 

b'amitié.  Démonstration  va  tout  à  l'extérieur,  aux 
airs  du  visage,  aux  manières  agréables,  à  un  accueil 
obligeant.  Téiuoignajie  est  plus  intérieur,  et  va  au 
solide,  à  de  bons  offices,  à  des  services  essentiels. 
Un  faux  ami  peut  donner  des  démonstrations  d'a- 
mitié, il  n'y  a  qu'un  véritable  ami  qui  puisse  don- 
ner des  témoignages  d'amitié.  C'est  une  démonstra- 
tion d'imitié  que  d'embrasser  une  personne;  c'est 
un  témoignage  d'amitié  que  de  prendre  ses  intérêts, 
bOUHotiRS,  Hem.  nouv. 

—  HIST.  xm'  s.  Mais  raison  ainsino  le  li  prueve. 
Qui  les  demonstroisons  i  Irueve,  la  Rose.  i7o:i4. 
Il  XIV*  s.  H  appartient  à  celui  qui  a  sapience  avoir 
démonstration  d'aucunes  choses,  ORKSME,  Elh.  I70. 
Science  est  par  démonstration,  id.  Thèse  de  meunier. 
Il  xvto  s.  Nous  avons  une  certaine  démonstration 
par  laquelle  toute  ceste  question  se  peut  vuider, 
CALV.  Instit.  468  Je  n'eusse  pns  pensé  d'avoir  veu 
en  tel  temps  tant  de  demonstiacion  d'amour  et  d'o- 
betssance,  marg.  Leit  xxxm.  Craignant  que  la  dé- 
monstration qu'il  avoit  faite  de  son  désir  lui  fist 
perdre  la  privauté  qu'il  avoit  avec  elle,  m.  Nouv. 
xxn.  Faire  démonstration  [sembler]  de  craindre, 
MONT.  I,  16  Propositions  dont  on  ne  peut  trouver  les 
démonstrations intellectives  par  raisons  indubitables, 
AMYOT,  Marcell.  2i,  27.  Et  comme  U  passast  à  tra- 
vers le  pais  de  la  ISœoce  sans  aucune  démonstration 
de  guorre,  id.  Flaniin.  tO. 

—  ÉTYM.  Provenç.  demustratio ;  espagn.  démon- 
strarion;  ital.  dimoslra^ione ;  du  latin  demonstra- 
tionem ,  de  demonstrare ,  démontrer.  L'ancienne 
forme  desmonslroison  est  la  plus  régulière  comme 
orot'soïi  ou  oraison  A'orationem.  L'ancien  français 
avait  aussi  demonstrance ,  formé  comme  remon- 
triince  et  usité  jusque  dans  le  xvi*  siècle,  et  de- 
monslrement. 

DÉMONSTR ATIVEMENT  ( dé  -  mon  -  stra  -  ti -  ve  - 
mail),  adr.  D'une  manière  démonstrative,  convain- 
cante. Bien  que  I  utilité  de  ce  système  se  puisse 
prouver  aussi  démonstrativement  qu'une  proposition 
de  géométrie...  vaub.  Dime,  p.  l.')2.  C'est  un  fait 
qui  ne  se  peut  contester  ni  pallier  [l'abandon  de  ses 
troupes  par  Vemlôme],  et  qui  prouve  démonstrati- 
vement tout  ce  que  je  viens  de  dire,  st-sim.  2u4, 
24u.  Les  lunettes  font  voir  démonstrativement  que 
cebii  ipii  les  porte  est  consommé  dans  les  sciences, 
MONTEsQ.  Letl.  pers.  78. 

—  ÊTYM.  Péiiinnsiratire,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉMONTAGE  (dé  mon-ta-j'),j.  m.  Action  de  dé- 
monter. |j  Démontage  d'un  fusil,  action  d'en  désu- 
nir les  pifces  pour  les  nettoyer  ou  les  réparer. 

—  f.TYM.  Démonter. 

DÉMONTÉ,  ÉE  (dé-mon-té,  tée)  ,  part,  passé. 
Il  1*  Oui  est  en  oas  de  sa  monture.  Les  chevaliers 
liien  armés  ne  couraient  guère  d'autre  risque  que 
d'être  démontés,  volt.  Mœurs,  5i.  IJQui  a  perdu  le 
cheval  qu'il  montait.  la  cavalerie  du  czar,  presque 
tout»  démontée,  ne  pouvait  plus  être  d'aucun  se- 


DÉIM 

cours,  à  moins  qu'elle  ne  combattît  à  pied,  m.  Russie, 

II,  ).  Napoléon  rallie  ses  corps  d'armée;  les  revues 
qu'il  passe  dans  le  Kremlin  sont  plus  fréquentes: 
il  réunit  en  bataillons  tous  les  cavaliers  démon- 
tés. sÊGi'B,  Ilist.  de  N'ipoL  viii,  n.  ||  Terme  de 
chasse.  Perdrix  démoulée,  penlrix  qui  a  une  aile 
cassée  ||  2°  Dont  les  pièces  sont  défaites,  en  parlant 
d'une  machine,  d'un  outil.  Un  fusil  démonlé.  ||  Par 
extension.  U  semble  que  tout  son  corps  soit  démonté, 
et  que  les  mouvements  de  ses  hanches,  de  ses  è]  aules 
et  de  sa  tête  n'aillent  que  par  ressorts,  mol.  Criti- 
que, se.  2.  Il  Kig.  Marque  d  un  cerveau  démonté  et 
d'une  raison  déiiiavée,  id.  Pourc.  u,  t.  Aiec  beau- 
coup de  finesse  et  de  vivacité,  vous  aviez  beaucoup 
de  choses  d'une  tête  un  peu  démontée,  fén.  Dwl. 
des  morts  mod.  4.  ||  Terme  de  marine.  Mer  démon- 
tée, mer  dont  les  lames  ont  acquis  une  violence  ex- 
traordinaire. Il  3°  Oui  est  hors  d'état  d'agir  ou  de  ré- 
pondre, déconcerté.  Tantôt  j'étais  sur  un  pied,  tantôt 
j'inclinais  la  tête  et  ne  savais  plus  ce  que  je  faisais: 
j'étais  démonté,  mabivaux,  faysan  parv.  t.  m, 
5«  part.  p.  I  ■; ,  dans  polgens. 

DÉ.MONTER  (dé-mon-té),  v.  a.  ||  1°  Renverser 
quelqu'un  de  sa  monture.  Ce  cheval  a  démonté  son 
cavalier,  l'a  jeté  par  terre.  Dans  la  joute,  son  ad- 
versaire le  démoma.  ||  Démonter  quelqu'un,  lui  ôter 
sa  monture.  Cn  démonta  la  cavalerie  pour  atte.er 
les  chevaux  aux  canons.  Il  a  rencontré  des  voleurs 
qui  l'ont  démonté.  ||  Démonter  un  capitaine  de  vais- 
seau, lui  ôter  le  commandement  du  vaisseau  qu'il 
montait.  I|  2°  Désassembler  les  difi'érentes  pièces 
dont  une  chose  est  composée.  Démonter  des  res- 
sorts, une  machine,  une  armoire.  U  fit  con.^truire 
les  vaisseaux  en  sorte  qu'on  les  pouvait  démonter 
et  charger  les  pièces  sur  des  chariots,  vaijgel.  Q.  C. 
dans  RicHELET.  Le  moindre  atome  qui  viendrait  à  se 
déranger  démonterait  toute  la  nature,  FÉN.  Exist. 
)8.  Démétrius  fit  inhumer  ses  morts,  panser  ses 
blessés,  et  réparer  avec  toute  la  diligence  possible 
les  machines  qui  avaient  été  démontées  et  misiiS 
hors  de  service,  bollin,  Uist.  anc.  Œuvres,  l.  vu, 
p.  235,  dans  pougens.  Il  Démonter  des  pierreries, 
des  diamants,  les  séparer  de  leur  chaton,  de  la  gar- 
niture qui  les  sertit.  Je  cherche  mon  portrait;  j'ai 
besoin  de  quelques  petits  diamants  qui  en  ornent 
la  boîte;  je  l'ai  prise  pour  les  envoyer  démonter  à 
Paris,  MARIVAUX,  Surpr.  de  l'amour,  u,  7.  ||  Dé- 
monter un  canon,  l'ôter  de  dessus  son  aff'ût.  ||  Terme 
de  typographie.  Démonter  un  composteur,  en  dé- 
visser le  talon  mobile,  pour  en  modifier  la  justifi- 
cat  on.  Il  Familièrement  et  par  exagération,  bâiller 
à  se  démonter  la  mâchoire,  faire  de  grands  bâil- 
lements. Il  3°  Démonter  une  horloge,  un  tourne- 
broche,  faire  qu'ils  ne  soient  plus  montés  et  qu'il 
faille  ou  en  tendre  les  ressorts,  ou  en  hausser  les 
poids  pour  qu'ils  aillent  de  nouveau.  ||  4°  Terme  de 
guerre.  Démonter  une  batterie,  la  mettre,  à  coups 
de  canon,  hors  d'étal  de  servir.  ||  Fig.  Démonter  la 
batterie  de  quelqu'un,  faire  avorter  ses  projets.  On 
annonce,  au  moment  qu'il  parle,  un  cavalier  qui, 
de  sa  seule  présence, démonte  la  batterie  de  l'homme 
de  ville,  la  bruy.  v.  ||  5"  Terme  de  chasse.  Démon- 
ter une  penlrix,  lui  casser  une  aile  d'un  coup  de 
fusil.  Il  6°  Se  démonter  le  corps,  donnera  son  corps 
des  attitudes  forcées.  ||  Se  démonter  le  vi.sage,  don- 
ner à  son  visage  l'expression  que  l'on  veut.  Le 
grand  jongleur  se  frappe  les  cuisses,  se  démonte  le 
visage,  hurle....  chateaub.  Àmér.  t60.  ||  Fig.  Je 
n'eus  pas  la  docilité  de  démonter  mon  esprit  pour 
vous  écrire,  sÉv.  Lelt.  6  juillet  1670.  ||  7°  Kig.  Dé- 
ranger. Ces  paroles  démontent  toutes  vos  espérances, 
d'ablanc.  Lucien,  t.  i,  dans  bicuelet.  Tant  il  est 
difficile  de  ne  point  démonter  un  jugement  de  son 
assieite,  pasc.  Imag.  7.  ||  Déconcerter,  mettre  hors 
d'état  d'agir,  de  répoiidie.  Celte  objection  le  démonta 
tout  à  fait.  Il  Absolument.  V.  ilà  une  nouveile  qui 
démonte.  ||  Mettre  hors  de  soi.  Votre  impudence  en- 
fin m'étonne  et  me  di' monte,  HAtTEBOCHE,  y^ppur. 
troiiip.  m,  se.  dern.  Rougissez  d'être  e.sclave  de  la 
coutume,  au  point  d'être  démontée  de  ce  que  votre 
fils  ne  suit  pas  le  train  ordinaire,  qui  l'aurait  sûre- 
ment dérangé,  MA1NTEN0N,  Lett.  (I  Mme  de  Caylu^, 
t.  vt,  p.  i(0,  dans  pougfns.  ||  Hévolter.  Ne  vous  voil.i- 
t-il  pas?  j'aime  tous  vos  arais....  lit  moi  je  n'eu  ai 
qu'un  que  j'aime  pour  mon  compte;  Et  vous  le  dé- 
testez: oh  !  cela  me  démonte,  gressf.t,  le  Uéchant, 
i,  4.  118°  Se  démonter,  u.  réfl.  Être  fait  de  manière 
à  être  démonté.  Cela  se  démonte.  ||  Se  disjoindre. 
Sous  l'elîort  du  vent,  les  ailes  du  moulin  se  démon- 
taient. Il  Fig.  et  familièrement.  La  machine  com- 
mence à  se  démonter,  se  dit  de  tout  ce  qui  commence 
à  se  détraquer,  et  particulièrement  d'une  personne 
qui,  de  bien  portante  qu'elle  était,  devient  valétu- 


DÉM 


1 053 


dinaire.  ||  Son  visage  se  démonte,  il  donne  &  son 
visage  l'expression  qu'il  veut.  ||  t\Ç.  Se  déranger, 
les  vieilles  cervelles  sedémonlent  commo  les  jeunes, 
mol.  Ual.  imag.  I"  intermède,  se.  t.  l'oujours  de 
plus  en  plus  son  cerveau  se  démonte,  regnabd,  Mé- 
nechm,  ut.  7.  Mais  ma  tante....  à  propos,  je  ris  de 
son  effroi;  Qu'une  tête  de  femme  aisément  se  dé- 
monte! langue,  Coquitie,  iv,  (.  ||  Être  déconceilé, 
être  hors  de  soi.  Ma  femme,  sans  se  démonter  et 
sans  se  déranger,  me  dit  de  prendre  une  chaise, 
MARIVAUX,  Paysan  parv.  t.  m.  6*  part.  p.  na,  data 
pougkns.  Quoi!  ce  n'est  que  cela?  vous  vous  démon- 
tez pour  bien  peu  de  chose,  d'allainval,  Éc.  des 
bourg,  m.  t. 

—  HlST.  XIII'  s.  Mais  de  tant  lor  vait  malement. 
Que  karesme  i  est  desmontez,  barbazan,  Fabliaux, 
t.  IV,  p.  94  II  xiv's.  Ouant  vint  à  l'aprochier,  ez  les 
vous  desmontez  ;  A  pié  sont  descendus  les  escus  aco- 
lez,  Guescl.  I  (285.  ||  xv  s.  Il  est  en  bref  en  la  basse 
cour  de  son  hostel  descendu,  où  il  trouva  un  valet 
qui  le  démonta  de  son  cheval  [l'aida  à  descendre  et 
prit  sa  monture],  louis  xi,  Ni'Uv.  xvi.  ||  xvi"  s.  Je 
ne  desmnnte  pas  volontiers  quand  je  suis  à  cheval, 
mont.  1,  360.  J'ay  veu  un  homme  donner  carrière  à 
deux  pieds  sur  sa  selle,  démonter  sa  selle,  et  an 
retour  la  relever,  in.  t,  308.  Ils  ont  loy  de  desmon- 
ter le  premier  passant,  en  luy  donnant  leur  cheval 
recreu,  id.  m,  86.  Je  louerois  une  aine  à  divers  es- 
tages.  qui  sçache  se  tendre  et  se  desmonter,  id.  m, 
278.  Je  me  tiens  à  cheval  sans  desmonter,  hiiict  et 
dix  heures,  id.  iv,  )04.  Ces  38  canons  du  dehors 
desmonterent  6i>  pièces  du  dedans,  d'aub.  Ilist.  i, 
28.  Figure  de  la  trépane  desmontée,  paré,  yiii,  20. 

—  ÉTYM.  Dé....  [irèfixe,  et  monter;  provenç.  et 
espagn.  desmontar;  catal.  desmunlar;  ital.  dismon- 
tare. 

t  DÉ.MONTOIR  (dé-mon-toir),s.  m.  Planche  sur 
laquelle  limprimeurpose  les  balles  pour  les  monter 
et  les  démonter. 

—  ÉTYM.  Démonter. 

t  DÉ.M()NTRABlLITÉ(dé-mon-tra-bi-li-té),s.  f. 
Qualité  de  ce  i|ui  peut  être  démontré. 

—  ÉTYM.  Démontrable. 

DÉMONTRABLE  (dé-mon-tra-bl'),  adj.  Oui  peut 
être  démontré.  Des  vérités  claires  et  démontrables. 
Une  forme  plus  concise  et  moins  dogmatique,  qu'il 
convient  d'afl'ecter  toutes  les  fois  que  l'objet  n'est 
pas  démontrable,  dider.  sur  Boulanger. 

—  HlST.  XIII'  s.  Or  te  demonsterrai  sans  fable 
Chose  qui  n'est  point  demonstrable ,  la  Hase,  42«4. 
Il  XIV'  s.  Ce  de  qiioy  est  science,  il  est  demonstrable 
et  sceu  par  autre  chose,  oresme,  Etk.  tio. 

—  ÉTYM.  Démontrer. 

DÉMONTRÉ,  ÉE  (dé-mon-tré,  trée),  part,  passé. 
Une  proposition  démontrée  par  un  syllogisme.  Cela 
est  démontré. 

DÉ.VIONTRF.R  (dé-mon-tré),  t;.  a.  ||  1°  Établir  par 
un  raisonnement  évident  et  convaincant.  Démontrer 
une  proposition.  La  succession  du  jour  et  de  la  nuit 
démontre  la  rondeur  de  la  terre.  Tout  vous  doit  dé- 
montrer qu'il  a  voulu  paraître.  Par  ce  récit  menteur, 
le  sauveur  de  son  maître,  legouv.  Épichar.  et  Né- 
ron, III,  0.  Il  2°  Témoigner  par  des  signes  extérieurs. 
Ses  cris  démontrent  qu'il  soiifl're.  |]  3°  Faire  voir  la 
chose  dont  on  parle,  dont  on  fait  leçon.  Il  démon- 
trait l'anatomie.  ||  Absolument.  Il  démontre  bien. 
Il  4°  Se  démontrer,  v.  réfl.  Être  démontré.  Tout  ce 
qui  se  démontre  en  mathématique. 

—  SYN.  démontrer,  PBOuvBm.  On  prouve  par  des 
témoif-'nages,  par  des  actes,  par  des  preuves,  en  un 
mol;  on  démontre  par  des  arguments.  Un  fait  se 
prouve,  mais  il  ne  se  démontre  pas.  Une  proposition 
se  démontre;  mais  elle  se  prouve  au«si,  quand  les 
arguments  sont  considérés  comme  des  preuves. 

—  HlST.  XI'  s.  Ouant  pour  feiir  vous  demustrai 
grant  ire,  Ch.  de  Roi.  xxxviii.  ||  xiii' s.  Lt  dame 
Diex  leur  avoit  bien  demonstré  s'amor,  villkh.  cviii. 
Et  pour  le  bel  miracle  que  Dieu  y  demonstroit  [mon- 
trait] .  Berte,  cxxxv.  ||  xv  s.  Il  asseiiibleroit  tous  les 
bourgeois  de  la  viile,  et  leur  demonstreroit  la  be- 
sogne, et  les  feroit  armer,  froi.ss.  i,  i,  <k4.  Mes- 
sire  Gautier  de  Mauny  respoiidit  et  dit  [aux  propo- 
sitions des  assiégés)  :  j'en  irai  volontiers  parler  à 
monseigneur  le  comte  Derby;  lors  vint  devers  ledit 
comte,  qui  n'estoit  pas  loin;  .si  lui  demonstra  toutes 
les  paroles  que  vous  avez  ouïes,  id.  i,  1,  234.  ||  xvi'  s. 
Ils  demonstrojent  leur  infidélité  en  mesprisant  tout 
ce  qui  est  propre  aux  fidèles,  calv.  Instit.  642.  Ce- 
lui qui,  en  persécutant  furieusement  l'Evangile,  se 
demonstré  apenement  estre  antechrist,  m.  ib.  9(6. 
Plus  sa  vitre  [de  la  lanterne]  est  claire,  plus  sa  lu- 
mière intérieure  s'apperçoit;  et  si  elle  est  sombre, 
peu  de  clarté  se  demonstré,  lanoob,  6H.  Veu  que 


1054 


DKM 


MD  visnge  demonstroit  quelque  fascherle,  cabl.  i, 
Ï6.  Tant  il  coniluit  ai8é«ment,  et  par  uns  voje 
plaine  et  unie,  ce  qu'il  prend  à  demonstrer,  amyot, 
Uarcpll.  «7. 

—  F.TYM.  Provenç.  et  espagn.  dfmnitrar;  porlug. 
dfmnnxirnr ;  ilal.  ditnnsirarf  ;  du  latin  demnnttrare, 
de  la  ()ré|if)silion  de,  et  mnnftrnre,  montrer 

+  DÉMORALISANT,  ANTE  (dé-uio-ra-il-zan, 
zan-t'),  adj.  Qui  démoralise.  Des  influences  démo- 
ralisantes. 

t  DfiMORALISATEITR,  TRICE  (  dé-mo-ra-li-ca- 
teur,  tri-9'),  adj.  Néologisme.  Oui  diîmoralisc.  Opi- 
nions démoralisatrices.  ||  Substantivement.  Celui  qui 
démorniise. 

—  RTYM.  Démnrah'ser. 

.+ nfiMORALISATION  (dé-mo-ra-H-za-sion) ,  s.  f. 
Néologisme.  Action  de  démoraliser;  état  de  ce  qui 
est  démoralisé. 

—  RTYM.  Démnrnlùer. 

t  DÉMORALISÉ.  ÉE  (rté-mo-ra-llzé,  zéo),  par«. 
passé.  Oui  a  perdu  l'honnêteté.  Un  homme  démora- 
lisé. Il  Oui  a  perdu  le  moral,  le  courage.  Une  troupe 
démoralisée. 

t  DÉ.MORALISER  (dé-mo-ra-li-zé),  ».  O  |11» Ren- 
dre immoral.  Les  mauvaises  sociétés  l'ont  démora- 
lisé. Il  2"6ier  le  moral,  le  courage,  la  confiance.  Des 
revers  avaient  démorali.sé  l'armée.  ||  8°  Se  df'morali- 
ser,  1).  réfl.  Perdre  .s:i  moralité  ou  son  coiinige  moral. 

—  REM.  Ce  mot  n'était  pas  connu  avant  la  Révo- 
lution. 

—  ÉTYM.  î)é....  préfixe,  et  moraliser. 
DÉMORDRE  (dé-mor-dr'),  «.  n.  ||  1°  Lâcher  prise 

après  avoir  mordu.  Certains  animaux  ne  démordent 
pas  <|u'ils  n'emportent  la  pièce.  L'on  est  obligé  de 
se  servir  d'un  ferrement  pour  le  faire  démordre, 
BCFF.  Benord.  ||  2°  Fig.  Se  départir,  renoncer.  On 
l'en  fera  bien  démordre.  Il  ne  démord  pas  de  ses 
prétentions.  C'e.st  un  homme  qui  ne  démordrait  pas 
d'un  iota  des  règles  des  anciens,  mol.  Pnure.  i,  7. 
X  ne  démordre  point  de  mon  halullemenl,  id.  Éc. 
des  mnr.  i,  <.  Je  m'en  trouve  fort  bien,  et  n'en  veux 
pas  dém 'rdre,  haoteroche,  Appar,  tromp.  ii,  4. 
Je  ne  suis  pas  de  ces  messieurs  qui  ne  chérissent 
que  leurs  opinions  et  qui,  plutôt  que  d'en  démor- 
dre, aiment  mieux  laisser  rrever  un  malade,  iD. 
Crispin  méd.  il,  ».  J'aurai  peine  à  fléchir  son  es- 
prit absolu.  Oui  ne  démord  jamais  de  ce  qu'il  a 
voulu,  SCARRON,  D.  Japligt,  V,  4.  On  dit  que  le 
prince  t^uRène  ne  démordra  pas  de  son  entiepnse, 
MAiNTENON,  Letl.  à  M 7ne de  Glapioti .  31  juillet  47)2. 
Il  ne  démordait  guère  m  de  ses  entreprises,  ni  de 
ses  opinions;  ce  qui  assurait  davantage  le  succès  de 
ses  entreprises  et  donnait  moins  de  crédit  à  ses 
opinions,  fonten  Renau.  Louvdie  était  plein  d'es- 
prit et  de  sens,  ardent,  mais  droit  ;  et,  persuadé  une 
fois,  rien  ne  le  fai.sait  démordre,  st-sim.  io(  ,  eo. 

—  REM.  Démordre,  au  sens  figuré,  est  un  de  ces 
verbes  qui  sont  surtout  usités  avec  une  négation. 
Cependant  rien  n'empêcherait  de  dire  :  il  démordra 
de  ses  prétentioni>. 

—  HIST.  xiv*  s.  X  bon  escient  n'en  démords: 
Ou'acertes  sont  deux  moult  beaux  corps  Que  ce  so- 
leil et  ceste  lune.  Traité  d'alch.  a».  ||  xvi*  s.  Ils  y 
sont  asservis  comme  à  une  priuse  qu'ils  ne  peuvent 
démordre,  mont.  ii.  2-12.  Il  leur  semble  que  leurs 
enfans  n'y  seront  jamais  assez  tost  [à  la  cour] .  les- 
quels aussi,  de  leur  costé,  ne  se  font  gueres  presser 
pour  desmordre  le  collège,  lanoue,  122.  Quand  il 
y  a  en  une  armée  nomlire  de  telles  gens,  qui  sça- 
vent  montrer  le  chemin  aux  autres,  et  mordre  sans 
desmordre,  cela  fait  combattre  tout  le  reste,  id.  420. 
Ne  plus  ne  moins  que  les  chiens  de  gentil  cueur, 
qui  jamais  ne  laissent  leur  prise  ny  jamais  ne  des- 
mordent,que  leur  adver.s,aire  nesoitabbatu,  amyot, 
Sylla  el  Lysand.  9.  Le  duc  de  Gui.se,  qui  avoit  pre- 
veu  cet  avantage,  y  avoit  sur  le  ventre  3ou  harque- 
buziers  choisis  qui  firent  démordre  les  entrepre- 
neurs, d'aub.  Hist.  1,  Jt.  Les  altaquans  aiant 
démordu  furent  poussez  en  desroute  jusques  dans 
leur  camp,  m.  ib.  i,  36t.  La  guerre  de  Flandres  n'est 
plus  à  délibérer,  elle  est  entamée,  ne  la  démordez 
point, ID.  ib.  11,(4.  Il  ne  laissa  nul  de  ses  morts  ni  bles- 
sez;el  ne  démordit  point  ses  prisonniers,  m.  tb.  a»». 

—  F.TYM.  Dé....  préfixe,  et  mordre. 

DÉMOTIQDE  (dé  mo-ti-k'),  ad).  Terme  d'anti- 
quité, l'opulaire.  Écriture  démotique,  jj  Chez  les  an- 
ciens Egypiieii»,  écriture  démoiique  ou  enchoriale, 
écriture  qui,  abrégée  de  l'écriture  hiératique  ou 
oursive,  fut  appropriée  à  la  langue  vulgaire  des  der- 
niers temps.  Caractères  démotii|ues.  On  trouve  l'é- 
criture démolique  depuis  l'époque  de  Psammétik  I 
jusque  sou»  les  empereurs  romains;  elle  se  com- 
pose comme  l'écriture  hiéroglyphique  ou  l'écriture 


DEN 

hiératique  de  lettres  simples,  de  signes  valant  une 
syllabe  et  de  signes  idéographiques,  de  Roucâ. 
Il  S.  m.  Le  démotique,  l'écriture  démotique. 

—  ÈTYM.  AriiJiotixic,  popul.iire,  de  S-ôiio;,  peu- 
ple; parce  que  cette  écriture  était  une  écriture  cou- 
rante et  vulgaire. 

t  DÉMOITCHKTER  (dé-mou-cheté.  Le  {  se  dou- 
ble quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  ;  je  démou- 
chette, je  démouchetterai),  ».  a.  Dégarnir  un  fleu- 
ret de  son  bouton,  l'aiguiser  pour  en  faire  une  arme 
ofTensIve. 

—  ETYM.  Di....  préfixe,  et  le  mot  fictif  mouchette, 
petite  mouche,  dit  par  assimilation  pour  bouton. 

t  DÉMOULAGE  (dé-mou-la-j'),  «.  m.  Action  de 
retirer  du  moule  une  pièce. 

—  RTYM.  Pémnuler. 

t  DÉMOULER  (dé-mou-Ié),  v.  a.  Opérer  le  dé- 
moulage. 

—  ÈTYM.  Dé....  préfixe,  et  moule,  ».  m. 
DÉMOrVOIR  (dé-mou-voir),  ».  a.  Faire  renoncer 

à  quelque  prétention.  Il  n'est  guère  usité  qu'à  l'in- 
finitif. Rien  ne  l'a  pu  démouvoir  de  cette  prétention. 

—  HTST.  IV*  s.  De  ce  propos  ne  peust  eslredesmu, 
nonobstant  que  plusieurs  lui  conseillassent  que  plus 
n'en  list,  Bnuciq.  II,  ch.  20.  Et  qu'il  luy  avoit  fait 
plusieurs  remonstrances  pour  le  desmouvoir  de  l'a- 
mytié  des  Anglois,  comm.  iv,  8.  Doutant  qu'il  ne 
la  tuast,  comme  encore  elle  en  doutoit,  et  ne  se 
voulait  demouvoir  de  cette  doute,  louis  xi,  Nouv. 
Lxxxvi.  Il  xvi'  s.  Il  n'y  a  rien  qui  nous  doive  de- 
mouvoir ne  distraire  de  sa  volonté  [de  Dieu],  n'au- 
cune  authorité  humaine,  ne  longueur  de  temps, 
ne  toutes  autres  apparences,  calv.  Instit.  <t67.  Elle 
la  fortifie  aux  endroits  oïl  sa  structure  se  desmeut 
et  se  lasche  pour  les  coups  de  la  mer,  mont,  ii,  198. 
Oui  desmeut  nostreame,  qui  la  jecte  plus  coustu- 
mierement  à  la  manie  que  sa  force  propre  [le  génie 
du  Tasse  qui  le  rendit  fou]?  in.  u,  213.  L'ame  des- 
meut de  son  assiette  par  les  vapeurs  d'une  fiebvre 
chaulde,  id.  ii,  :iOO.  Je  les  rej^arde  d'une  affection 
ny  esmeue  ny  desineue  par  interest  privé,  id.  m, 
238.  Ceste  crainte  commenceoi*  mesme  à  retirer  et 
demouvoir  ur  petit  tlassius  des  opinions  d'Epicu- 
rus,  et  avoit  totalement  espouvanlé  ses  soudards, 
AMYOT,  Brutns,  47. 

—  ÊTVM.  Dé....  préfixe,  et  mouvoir. 

DÉMLTNI ,  lE  (dé-mu-ni ,  nie),  part,  passé.  Dépour- 
vu de  munitions.  Une  place  démunie.  ||  Il  se  dit  au-ssi, 
en  parlant  d'argent.  J'étais  complètement  démuni. 

DÉMUNIR  (dé-mu-nir),  ».  a.  ||  1°  Dégarnir  de  mu- 
nitions. Il  2°  Fig.  Se  démunir,  ».  n'/ï.  Se  dessaisir 
de  ce  qui  peut  être  considéré  comme  munition,  ré- 
serve, ressource.  Se  démunir  de  son  argent. 

—  msT.  xvi'  s.  De  vuideret  desmunir  la  mémoire, 
est  ce  pas  le  vray  et  propre  chemin  à  l'ignorance  ? 

MONT.  11,  218. 

—  ÉTYM.  Dé...  préfixe,  et  munir. 
DÉMURÉ.  ÉE  (dé-mu-ré,  rée),  part,  passé.  Une 

porte  murée,  puis  démurée. 

DÉMURER  (dé-mu-ré),  V.  a.  Ouvrir  une  porte, 
une  fenêtre  murée. 

—  HIST.  XV'  s.  Jehanne,  femme  de  Philipot,  pour 
son  petit  gouvernementet  impudicité,  fut  emmurée, 
jusques  à  ce  que,  du  consentement  d'icelui  Phili- 
pot, elle  fut  deraurée  [tirée  de  pnsônj  et  baillée  à 
ses  amis,  bu  cange,  immurare. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  murer. 

f  DÉMUSELER  (dé-mu-ze-lé.  VI  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  démuselle,  je  dé- 
musellerai), ».  o.  Enlever  la  muselière  d'un  animal. 
Un  chien  démuselé.  ||  Kig.  Démuseler  les  pa.ssions 
anarchiques.  ||  Se  démuseler,  ».  ré/l.  Défaire  sa  mu- 
selière. Si  vous  ne  serrez  pas  davantage,  votre  chien 
se  démusellera. 

—  ETYll.   Dé....  préfixe,  et  museau. 
DÉNAIRE  (dé-nô-r'),  adj.  Oui  a  dix  chiffres  ou 

carai.tères.  Arithmétique  dénaire,  notre  arithméti- 
que qui  se  .sert  de  dix  chiffres,  y  compris  le  zéro, 
par  opposition  à  celles  où  le  nombre  des  caractères 
est  différent,  et  qui  reçoivent  les  épithi'-tes  de  bi- 
naire, ternaire,  etc.  suivant  qu'elles  emploient  deux, 
trois  ou  plus  de  chiffres.  En  prenant  notre  échelle 
dénaire  dans  la  perfection  que  l'invention  des  carac- 
tères lui  a  procurée,  bipf.  Homme,  arithm.  morale. 

—  ETYM.  Lat.  denarius,  de  dent,  du,  de  môme 
radical  que  dfiem  (voy.  dix). 

DÉNANTI,  lE  (dé-nan-ti,  tie),  part,  pasté  de 
dénantir.  Un  prêteur  dénanti  de  son  gage. 

DÉSANTIR  (dé  nantir),  ».  a.  \\i°  Enlever  à  une 
personne  ce  dont  elle  était  nantie.  ||  2°  Se  dénantir, 
».  réfl.  Abiindonner  des  nantissements.  ||  Par  exten- 
sion, se  dépouiller  de  ce  qu'on  a.  Ils  se  sont  com- 
plètement dénantis. 


DEN 

—  HIST.  xv«  S.  Quant  de  si  hault  honneur  je  me 
trouve  desnanti,  Perceforesl .  t.  m,  f  »7, 

—  ETYM    né....  préfixe,  et  nantir. 

t  DÉNASALÉ,  ÉE  (dé-na-zalé .  lée).  part,  pasif, 
Syllabe  dénasalée,  celle  qui  est  rendue  orale  de  na- 
sale qu'elle  était.  L'n  de  bon  est  dénasalé  au  fémi- 
nin bonne  et  devant  un  substantif  commençant  par 
une  voyelle  ou  une  h  muette  :  bon  ami,  bon  homme, 

t  DÊNASALEMENT  (dé-na-za-le-man),  f.  m. 
Acte  par  lequel  une  syllabe  est  dénasalée. 

—  ETVM.  Dénasaler. 

t  DÉNASALER  (dé-na-za-lé)  OU  DÊNASALISER 
(dé-na-za-li-zé),  ».  o.  Terme  de  grammaire,  ôter  le 
son  nasaL  |{  Se  dénasaler,  ».  réfl.  Être  dénasalé.  L'a 
de  plan  se  dénasale  dans  aplanir. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  nasal. 

t  DÉNATIONALISATION  (dé-na-si-O-na-li-za- 
sion),  (.'  f.  Action  de  dénationaliser.  ||  Action  de 
changer  de  nation. 

t  DÉNATIONALISER,  (dé-na-si-o-na-li-zé),  ».  a. 
Faire  jierdre  le  caractère  national.  ||  Dénationaliser 
une  marchandise,  lui  attribuer  une  provenance  qui 
en  di.s.simiile  la  nationalité.'  ||  Se  dénationaliser,  e, 
réfl.  Se  dit  d'un  individu  qui  atlopte  une  autre  nation. 

—  ETYM.   Dé....  préfixe,  et  nadonai. 
DÉNATTÉ,  ÉE  (dé-na-té,  tée),  porL  passé.  De» 

cheveux  dénattés. 

DÉNATTER  (dé-na-té),  ».  a.  Défaire  ce  qui  est  ar- 
rangé en  nattes.  ||  Se  dénatter,»,  réfl.  Être  dénatté. 
Ses  cheveux  se  sont  dénattés.  ||  Défaire  soi-même  ses 
natt'-'S.  Dénatlez-vous. 

—  ÉTYM.  Dé.....  pr'^fixe,  et  natte. 

t  DÉNATURALISA  ilON  (dé-na-tu-ra-li-za-sion), 
s.  f.  Perte  de  l'état  de  naturalisation. 

t  DÉNATURALISER  (  dé-na-iu-ra-li-zé) ,  ».  a. 
Faire  cesser  l'état  de  naturalisation. 

—  ETYM.   Dé....  préfixe,  et  naturaliser. 

t  DÊNATURATION  (dé-na-tu-ra-sion),  s.  f.  Ac- 
tion de  dénaturer.  La  dénaturation  d'une  substance. 
La  dénaturation  des  alcools,  opération  qui  se  prati- 
que pour  les  importer  en  exem[ition  des  droits, 
quand  ils  doivent  servir  à  l'éclairage. 

—  ÉTYM.  Dénaturer. 

DÉNATITIÉ,  ÉE  (dé-na-turé,  rée),  part,  passé. 
Il  1°  Dont  on  a  changé  la  nature.  De  l'alcool  Oéna- 
luré.  Des  biens  dénaturés.  ||  2"  Dépravé.  Enfant  dé- 
naturé. Ame  dénaturée.  Et  je  pourrais  aimerdes  fils 
dénaturés!  corn.  Hodog.  iv,  3.  Serai-|e  sacrilège  ou 
bien  dénaturé'?  bac.  Théh.  m,  4.  N'êti  s-vous  l'as  le 
plusdénaturé  et  le  plus  ingrat  des  pécheurs'' MASS. Car. 
comm.  ind.  Elle  vous  avait  a|ipris  à  être  dénaturé, 
vous lefùlescontre elle,  fEn.  Pial.desmnrismiid.  i*. 
Ah  I  cœur  dénaturé  qu'endurcit  ma  tendresse  I  volt. 
M.  de  Ces.  u.  B.||Se  dit  aussi  en  parlani  des  choses. 
Une  action  dénaturée.  Immoler,  égorger  soi-même 
ses  propres  enfants  et  les  jeter  de  sang-froid  dan» 
un  brasier  ardent!  des  sentiments  si  dénaturés,  si 
barbares ,  adoptés  cependant  par  des  nations  en- 
tières et  des  nations  très-policées....  rollis  .  Iliit. 
anc.  mCuvres,  t.  i,  p.  (9&.  dans  pougens  113° Sub- 
stantivement, et  par  plaisanterie,  celui  qui  a  changé 
de  nature.  Je  blâme  Adhémar  d'avoir  changé  de  nom , 
c'est  le  petit  dénaturé,  si:v.  Leit.  1 3  avril  1672.  j|  Ce- 
lui qui  est  devenu  .lépravé  et  sans  entrailles.  U  fai 
bien  pis,  le  dénaturé  qu'il  est,  LESAOE.rurc.  iv,  <2, 

DÉNATURER  (dé-na-tu-ré),  ».  a.  ||  1"  Changer  1? 
nature  d'une  chose.  Dénaturer  des  objets  volés.  l|  0; 
dénature  un  bien  en  le  vendant  pour  en  acquéri; 
d'autres,  dont  on  puisse  disposer  librement.  Comme 
il  fait  surtout  des  efforts  pour  dénaturer  sa  fortune, 
BEAiM.  Uére  coup,  i,  2.  || Terme  de  jurisprudence. 
Dénaturer  une  créance,  changer  une  créance  en  une 
créance  d'une  autre  nature.  ||  Dénaturer  un  fait, 
lui  donner  une  antre  nature,  un  autre  caractère, 
en  ajoutant,  retranchant. changeant  les  circonstan- 
ces. Il  Dénaturer  une  |>ensée,  une  phrase,  un  lan- 
gage, y  faire  des  changements  tels  que  lecaraciére 
en  soit  tout  à  fait  altéré  ||  2"  Rendre  dur.  dépravé. 
Ce  peuple,  qui  depuis  s'est  peut-être  laissé  dénatu- 
rer, était  alors  la  bonté  même,  marmontkl,  Uém. 
t,  I,  hv.  n,  p.  <85,  dans  poigens.  .Son  âme  a  dû 
s'aigrir  au  sein  de  la  misère:  J'aurai  dénaturé  cet 
heureux  caractère,  ducis,  Lear,  ii,  4.  ||  3*  Se  déna- 
turer, ».  refl.  Perdre  sa  nature.  Des  biens  qui  se  dé- 
naturent aisément.  Des  faits  qui  se  'lénaturenl  ei\ 
p.a.ssant  de  bouche  en  bouche.  ||  D.  venir  dénature, 
méchant.  Parmi  ceux-là  [les  soldats  qui  s'endurci- 
rent aux  excès]  ,  quelques  vagabonds  se  vengèrent 
de  leurs  maux  jus(|ue  sur  les  personnes;  au  nidieu 
de  cette  nature  ingrate  ils  se  dénaturèrent,  SSOUE, 
Hist.  de  Napol.  iv,  4. 

—  HIST.  xiii*  S.  Vos  me  dites  que  je  soivre  [sevie] 
mon  enfant  et  desnature  et  face  norrir  del  lait  d'autre 


DÉN 

famé,  Ktrîin,  f*«T,  verso.  De  la  joie  qu'ele  ot  [elle] 
fu  si  desnaturée  [mise  hors  de  soi],  Berle,  lxxxii. 
Lors  dist  Gavains  :  Seffiior,  veéz,  Cis  leiis  lloup)  est 
tous  desnaiiirés  [changé  de  nature].  Entr'aus  [eux] 
dieiit  lot  li  baron,  Qu'aine  si  cortois  leu  ne  viton, 
Lni  de  MHion.  Toute  riens  veult  et  aime  son  pareil 
par  n:itiire;  Pour  certi-pe  que  famé  el  homs  seJes- 
nature  0"i  n'aime  à  ceste  fin  humaine  créature,  J. 
DP.  MEi'NG,  Test.  92.  \\  XIV' S.  Tel  homme  se  desna- 
ture et  dégénère  ou  forliRoe.  oresme.  Tlièse  de  mku- 
NIEB  il  XV' s.  Moult  sont  belles  les  euvres de  nature, 
Laides  aussi  quant  au  desnaturer;  Une  jument  n'a- 
roit  d'un  toreau  cure.  Ne  la  chievre  n'a  cure  d'un 
sangler,  eust.  vftscn.  Fouet  vieux hnmme.  L'eclipse 
fut  toute  pleniere;  Environ  trois  heures  dura;  Na- 
ture se  desnatura,  Conv.  de  St  Pénis.  ||  xvi*  s.  Des 
amours  desnaturées  [contre  nature],  mont,  i,  H7. 

—  F.TYM.  D^.  ..  préfixe,  et  nature  avec  la  ter- 
minaison verbale  er;  provenç.  et  portug.  desnalu- 
rar;  ital.  disnnturare. 

t  DENCHÉ.  ÉE  (dan-ché,  chée),  adj.  Terme  de 
blason.  Bordé  de  petites  dents. 

—  ÉTYM.  Dent. 

tDKNfHURR  (dan-chi;-r'),  s.  f.  Terme  de  blason. 
Filet  denché  au  bord  supérieur  de  l'écu, 

—ÉTYM.  Denchi'. 

\  DKNDRACH.^TE  (din-dra-ka-f)  ou  DF.NBRA- 
GATE  (din-dra-ga-l'),  s.  {.  Terme  de  minéralogie. 
Agate  arbnrisée. 

—  P.TVM.  ièvîpov,  arbre,  ex  agate. 
DKNDRITE  (tlin-dri-f),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  miné- 

raliipie.  F'ierre  arborisée.  On  appelle  ces  pierres  fi- 
gurées denilrites,  quand  elles  représentent  des  ar- 
bres, vnvT.  Singal.  ).  ||  Nom  des  dessins  qui  sont 
sur  ces  pierres.  ||2°  Arbre  fo-sile. 

—  ÊTYM.  Aev^fiTiiç,  de^Évôpov,  arbre. 
•[DENDKITIOI'E  (din-dri-ti  k'),  ndj.  Terme  d'his- 
toire ii.iturelle.  Oui  offre  des  arborisations. 

—  f.TYM.  rieridrite. 

i  UEM>ROBATE  (din-dro-ba-f) ,  adj.  Terme  de 
zoo'ogie.  Oui  se  tient  habituellement  sur  les  arbres. 

—  ÉTYM.  A£v5pov,  arbre,  et  pàTï,;,  qui  va  (voy. 

JE   VAIS). 

•f  DKffDROGRAPIIlE  (din-dro-gra-fie),s. /■.  Terme 
didactique.  Traité  sur  les  arbres. 

—  f.TYM.  iévSpov,  arbre,  et  Ypi»siv,  décrire. 

•J-  DENDROÏDE  {dln-dro-i-d'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  forme  d'un  arbre.  Crypto- 
games dendroîdes. 

—  ETYM.  A;v5pov,  arbre,  et  eBo;,  forme. 
tDENDROLITHE  (din-dro-li-f),  s.m.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Arbre,  arbrisseau  pétrifié. 

—  ETYM.    Aév'/pov,  arbre,  et  )i8o;,  pierre. 

t  DENDROLOGIE  (din-dro-lo-jie) .  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Traité  sur  les  arbres.  Partie  de  la  botani- 
qtie  qui  s'occupe  des  arbres. 

—  ÈTYM.  AÉvSpov.  arbre,  etWYOc,  traité. 

)■  DENDRO.MÈTRE  (din-dro-miVtr'),  s.  m.  Instru- 
ment propre  à  mesurer  la  grosseur  et  la  hauteur 
des  arbres. 

—  ETYM.  Aévîpov,  arbre,  et  mètre. 

+  DENDROMETRIOCE  (din-dro-mé-tri-k'),  adj. 
Qui  a  rapport  au  dPiidrom("'tre. 

•f  DENPROPHAGE  (din-dro-fa-j') ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  mange,  ronge  le  bois,  en 
parlant  des  insectes. 

—  ETYM.  AsvSpov,  arbre,  etçays^i  manger. 

I  DÉNÉGATEUR  (dé-né-ga-teur) ,  s.  m.  Néolo- 
gisme Celui  qui  nie. 

—  ÊTYM.  Lat.  denegator,  de  denegare,  dénier 
(voy.  denier). 

DÉNÉGATION  (dé-né-ga-sion  ;  en  poésie,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Terme  de  jurisprudence.  Action  de 
dénier,  de  contester.  Dénégation  d'un  droit.  ||  Dé- 
claration par  laquelle  on  soutient  qu'un  fait  est  faux. 
Il  Dénégation  d'écriture,  action  de  dénier  l'écrit 
qu'on  nous  oppose.  ||  Dans  le  langage  général,  action 
de  nier.  Ses  dénégations  ne  furent  pas  crues. 

—  HIST.  XV*  s.  Si  leur  fist  l'en  [l'on]  sommacion 
De  vouloir  la  ville  au  roy  remlre,  Dont  firent  dene- 
gacion,  Disans  qu'il?,  se  vouloient  deffeudre,  mar- 
TIAL  de  PARIS,  Vigil.de  Ch.  VII,  t/i,  p.  199,  dans 
LActiRNE.  Il  XVI'  s.  Dont  s'en  esloit  eiisuyvie  la  perte 
de  la  duché  de  Milan,  et  la  dénégation  des  droits 
de  souveraineté  de  Flandres  et  d'Arthois,  langue, 
392.  Trouble  [de  possession]  s'entend,  non  seule- 
ment par  voie  de  fait,  mais  par  dénégation  judi- 
ciaire, LOYSEL,  7B). 

—  ETYM    Lat.  denegatio,  de  denegare,  dénier. 

t  DÉNÉGATOIRE  (dé-né-ga-toi-r'),  adj.  Terme 
de  pratique.  Exception  dénégatoire,  synonyme  di' 
dénégation. 

—  ÉTïM.  Lat.  denegare  (voy.  dénier). 


DÉN 

t  DÉNÉRAL  (dé-né-ral) ,  s.  «i.  Plaque  ronde  ser- 
vant de  modèle  au  monnayeur,  pour  faire  une  es- 
pèce de  la  grandeur  et  du  poids  voulu.  Le  délierai 
servant  de  type  pour  le  diamAtre  et  le  poids,  il  y  a 
pour  chaque  pièce  un  dénériil  du  poids  précis,  un 
second  du  poids  toléré  au  maximum,  et  un  troisième 
du  poids  toléré  au  minimum,  leûoarant.  ||  Auplur 
Des  dénéraux. 

—  HlST.  XIV'  s.  Jehan  du  Solier,  lieutenant  du 
maistre  parHculier  de  la  monnoye  de  Rouen,  tiabu- 
chnit  des  deniers  blancs  à  un  denarial,  du  cange, 
denariale. 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  dcnnn'nJi's,  de  denarius,  denier, 
DÉNI  (dé-ni),  s.  m  ||  1°  Action  denier.  Le  déni  que 

fait  le  ministre  d'avoir  consi'nti  au  port  des  armes, 
Boss.  Var.  B»  dise.  §  29.  ||  2"  Terme  de  jurispru- 
dence. Refus  d'une  chose  due.  Déni  d'aliments. 
Déni  de  justice,  manquement  d'un  juge  à  rendre  la 
justice  qu'on  lui  demande,  soit  par  refus,  soit  par 
négligence.  |{  Dans  le  langage  général,  déni  de  jus- 
tice, se  dit  de  tout  refus  d'accorder  à  quelqu'un  ce 
qui  lui  est  dû. 

—  HIST.  xvi*  s.  Deny  d'obéissance,  d'aub.  Vie, 
Lxxxiv.  Déni  ou  dénie  de  justice  ou  de  droit,  c'est 
quand  le  seigneur  justicier  ou  ses  officiers  refusent 
à  faire  ju.stice  aux  parties  litigantes,  laurière, 
Glnss.  du  droit  français. 

—  ETYM,   Voy.  DENIER. 

DÉNIAISÉ.  ËE  (dé  ni-è-zé,  zée) ,  part,  passé.  Un 
garçon  déniaisé  par  le  séjour  de  l'aris.  Il  y  a  pour- 
tant longtemps  qu'il  est  laquais;  il  devrait  être  dé- 
niai.sé,  lesage.  Turc,  v,  4.  l.a  Merceret,  plus  jeune 
et  moins  déniaisée  que  la  Giraud,  s.  i.  Rouss.  Conf.w. 
Il  D.inslelangage  libre,  une  fliledéniaisée,  une  fille 
qui  a  perdusoii  innocence.  Dont  Alibech  non  fvicor  dé- 
niaisée....la  fotti. Dinbleeii  en fir.  ||Subslanlivement. 
C'est  un   déniaisé,  c'est  un  homme  adroit  et  rusé. 

t  DÉNIAISEMENT  (dé-ni-iVze-man),  s.  m.  Action 
de  déniaiser,  de  détromperies  niais, 

—  ETYM.  Di'niniser. 

DÉNIAISER  (dé-ni-è-zé),  V.  a.\\l°  Rendre  quel- 
qu'un moins  niais,  moins  simple,  moins  gauche. 
Il  Ironiquement,  tromper  quelqu'un,  abuser  de  sa 
simplicité.  On  l'a  déniaisé  dès  son  arrivée  à  Pans. 
Quelques  cuisiniers  brillent  leurs  viandes  et  gâtent 
leurs  sauces,  et  les  chiens  et  les  chats  les  déniai- 
sent, d'ablancourt,  Lucien,  dans  le  houx,  I)ict. 
comique.  ||  2°  Se  déniaiser,  v.  réft.  Cesser  d'être 
niais.  Afin  de  me  déniaiser,  je  suis  résolu  de  voir 
un  peule  monde,  voit.  Leit.  30.  Il  me  doit  de  l'ar- 
gent, mais  il  se  déniaise;  la  peste I  il  soupe  quel- 
quefois chez  la  veuve  d'un  partisan,  nANCOURT,  Vend. 
Surmes,  se.  7.  Le  monde  se  déniaise  furieusement, 
et  les  cuistres  du  seizième  siècle  n'ont  pas  beau  jeu, 
VOLT.  Lett.  d'Argentol,  20  janv.  I70S. 

—  REM.  La  Fontaine  a  fait  déniaiser  de  trois  syl- 
labes, voy.  l'exemple  au  participe;  ce  qui  n'est  pas 
à  imiter,  niais  étant  toujours  de  deux  syllabes. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quelle  obligation  n'avons  nous  à 
la  bénignité  de  nostre  souverain  Créateur,  pour  avoir 
desniaisé  nostre  créance  de  ces  vagabondes  et  arbi- 
traires dévotions,  et  l'avoir  logée  sur  l'éternelle  base 
de  sa  saincte  parole!  mont,  ii,  343.  Ma  fille  ne  com- 
mence encore  qu'à  se  déniaiser  de  la  naïveté  de  l'en- 
fance, MONT,  dans  le  Dict.  de  dochez.  Je  vous  de- 
mande si  l'astrologie  ne  nous  est  pas  fort  nécessaire, 
quand  ce  ne  seroit  que  pour  empescher  qu'on  nous 
deniaisast,  cholières,  Conîes,  après-ditiée  8.  En- 
fin le  Fils  de  Dieu,  docteur  de  vérité,  estant  venu 
pour  sevrer  et  desniaiser  le  monde,  les  a  du  tout 
abolis,  CHARRON,  Sagesse,!,  39. 

—  ÉTYM.  Pé....  préfixe,  el  maiis. 

t  DÊNIAISEUR  (dé-ni  é-zeur),  s.  m.  Celui  qui 
déniaise.  {|  Celui  qui  trompe. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  deniaiseurs  qui  se  trouvent 
en  Levant,  vendent  les  rouelles  des  dents  de  rohart 
pour  cornes  de  licorne,  paré,  Licorne,  ». 

—  ÉTYM.  Déniaiser. 

1.  DÉNICHÉ,  ÉE  (dé-ni-ché,  chée),  part,  passé 
de  dénicher  i.  ||  1°  Tiré  du  nid.  Des  oiseaux  déni- 
chés par  de  petits  pay.sans.  ||  2"  Découvert.  Les  vo- 
leurs dénichés  d.ins  leur  repaire.  ||  3"  Cha.ssé  d'un 
poste,  d'une  retraite.  Les  maraudeurs  dénichés  du 
village  où  ils  s'étaient  postés. 

2.  DÉNICHÉ,  ÉE  (dé-ni-ché,  chée),  part,  passé 
de  dénicher  2.  Une  statue  dénichée. 

t.  DÉNICHER  (dé-ni-ché),  V.  a.  \\  1'  Enlever  du 
nid.  Dénicher  des  oiseaux,  jj  Fig.  En  parlant  de  tout 
objet  vivement  désiré  et  sévèrement  gardé  que  l'on 
a.s,simile  à  un  oiseau,  et,  en  particulier,  d'une  jeune 
fille.  Joli  oiseau,  ma  foi!  difficile  à  dénicher,  beaum 
Barb.  de  Sév.  i,  4.  ||  2'  Découvrir  la  retraite  de  quel- 
qu'un à  force  de  recherches.  Si  je  l'ai  déniché,  ce 


DEN 


1055 


n'est  pas  sans  peine.  |J  Découvrir  un  objet  rare, 
curieux.  Je  ne  sais  où  il  est  allé  dénicher  cela.  Ui 
|Mme  de  ChfttiUon  et  son  frère]  cherchèrent  une 
fortune  à  boutteviUe.  et  ils  d(^njch^rent  ce  mariage 
du  second  lit  de  l'héritière  de  Piney  avec  M  de  Clor- 
mont,  sT-siM.  16,  <89.  Dans  nos  bois  souvent  dès 
l'aurore.  J'ai  déniché  de  frais  appas,  béhang.  Vieux 
caporal.  Un  page  Dénichant  enfin  à  son  tour  Fille 
de  vingt  ans  neuve  et  sage,  id.  M.  de  Charletn. 
Il  3°  Fig.  et  familièrement,  débusquer  d'un  poste, 
d'une  retraite.  Dénicher  les  ennemis  d'un  fort.  Dé- 
nicher les  voleurs  de  leur  retraite.  ||  4°  V.  n.  Aban- 
donner le  nid.  Tous  les  oiseaux  ont  déniché  ce 
matin.  ||  Fig.  Sortir,  s'évader  avec  précipitation.  Dé- 
nichons de  céans  et    sans  cérémonie,  mol.    Tart. 

IV,  7.  Il  Fig.  Les  oiseaux  ont  déniché  ou  sont  déni- 
chés, se  dit  en  parlant  de  gens  partis,  de  prison- 
niers évadés,  etc. 

—  HEM.  Dénicher,  «.  n.  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire arotr,  quand  on  exprime  l'action  :  les  prison- 
niers ont  déniché  ce  matin;  avec  l'auxiliaire  être, 
quand  on  exprime  l'état  :  ils  sont  dénichés  depuis 
ce  matin. 

—  HIST.  xit'  s.  Je  m'en  irai  el  règne  de  Poitiers; 
Des  traïtors  i  a  moult  herbergiez  ;  Mes,  se  Deu  plest, 
ges   [je  lesl  ferai  desnichier,  Li  coronemens  Looys, 

V.  1975.  Il  xiV  s.  Aussi  fist  Talereiit,  qui  crioit  il 
haut  cri  :  Pierregort!  Sire  Dieux,  aidez  nous  au 
jourd'ui.  Afin  que  desnicher  puissons  ce  mal  voi- 
sin, Guescl.  17477.  Au  matin  (il]  se  vanta  devant 
tout  le  princier  'les  princes),  Qu'ainçois  il  soit  trois 
jours,  vous  serez  desuichiez  [il  .s'agit  d'une  forte- 
resse], ib.  (98(( ,  «1)835.  Il  XVI'  s.  Les  géants  eutre- 
prindrent  le  haut  mont  Pelion  imposer  sur  Osse,  et 
l'ombrageux  Olympe  avec  Osse  envelopper,  pour 
combattre  les  dieux  et  du  ciel  lesdeniger,  Rabelais, 
dans  LACURNE.  On  est  surprins  entre  la  haye  et  le 
fossé....  il  fault  dénicher  quatre  chestifs  arquebusiers 
d'une  grange,  mont,  m,  I6. 

—  ÉTYM.  Pé....  préfixe,  et  nicher;  Berry,  déniger. 
Au  premier  abord,  il  y  a  dans  dénicher  I  ,  tant  se- 
lon l'usage  actuel  qu'à  l'historique,  des  acceptions 
qui  peuvent  convenir  b.  dénicher  i,  ôter  de  la  niche. 
Mais,  si  l'on  prend  l'Iiistorique,  on  voit,  dans  le  plus 
ancien  exemple,  faire  desnichier,  qui  est  faire  sor- 
tir du  nid.  De  là  desnicher  a  pris  facilement  le  sens 
de  débusquer,  sans  qu'il  soit  nécessaire  de  recou- 
rir h  niche,  malgré  le  voisinage  des  significations, 
de  plus  la  forme  deniger,  qui  se  prête  à  nid,  parait 
étrangère  à  niche. 

2.  DÉNICHER  (dé-ni-ché),  V.  a.  ôter,  enlever 
d'une  niche.  Dénicher  une  statue. 

—  ÉTYM.  Pé....  préfixe,  et  niche. 
DÉNICHEUR  (dé-ni-eheur),  s.  m.    ||  1'  Celui  qui 

déniche  les  petits  oiseaux.  ||  Familièrement.  Un  dé- 
nicheur de  merles,  un  homme  adroit  et  qui  est  à  l'af- 
fût des  bonnes  occasions.  Ce  grand  dénicheur  de 
merles  est  à  terre,  diderot.  Salon  de  (765,  CEu- 
vres,  t.  XIII,  p.  50,  dans  pougens.  ||  Dénicheur  de 
fauvettes,  chevalier  d'industrie  qui  va  chercher  quel- 
que bon  nid,  quelque  femme  qui  lui  fasse  sa  for- 
tune. Il  2°  Fig.  Un  dénicheur  d'antiquités,  de  curio- 
sités, celui  qui  sait  trouver,  découvrir  les  antiquités, 
les  curiosités.  En  ce  sens  il  vient  de  dénicher,  dé- 
couvrir. Il  Dénicheur  de  saints,  celui  qui,  examinant, 
à  l'aide  de  la  critique,  la  vie  des  saints,  démontre 
que  plusieurs  sont  de  faux  saints.  M.  de  Launoy 
était  un  grand  dénicheur  de  saints.  En  ce  sens  U 
vient  de  dénicher,  débusquer. 

—  ÉTYM.    Dénicher  i. 

DÉNIÉ,  ÉE  (dé-ni-é,  ée),  part,  passé.  Nié.  Le 
feit  dénié  énergiqnement.  ||  Refusé.  Possédant  une 
amour  qui  me  fut  déniée,  rac.  Uithr.  m,  6. 

DENIER  (de-nié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
\'s  se  lie:  des  de-nié-z  argentés),  s.  m.  ||  1°  Monnaie 
romaine  d'argent,  qui  d'abord  valut  dix  as  et  plus 
tard  seize.  Jusqu'à  la  fin  de  la  République,  le  denier 
fut  fixé  au  poids  de  84  à  la  livre;  ce  qui  représente, 
en  poids,  3  gr.  85,  et  en  valeur,  o  fr.  82  o.  Il  vend 
pour  trente  deniers  celui  qui  devait  être  la  rédem- 
ption du  monde ,  bourdal.  Ityst.  Passion  de  J.  C. 
t.  i,p.  262.  Il  2"  Ancienne  monnaie  française  d'ar  son  t. 
Le  denier  était  la  deux -cent-quarantième  pariie 
d'une  livre  d'argent,  volt.  Uœurs,  (9.  ||I1  y  avait 
aussi  des  deniers  d'or.  Ne  pas  donner  une  chose 
pour  denier  d'or,  l'estimer  très-haut.  ||  Sorte  de 
monnaie  de  cuivre,  ayant  cours  pour  la  douzième 
nartie  d'un  sou,  et  dite  aussi  denier  tournois,  denier 
de  prix  ou  de  cours.  Vingt  pistoles  rapportent  par 
année  dix- huit  livres  six  sous  huit  deniers,  à  ne 
les  placer  qu'au  denier  douze,  mol.  VAv.i,  6.  ||  Le 
denier,  depuis  longtemps  démonétisé ,  est  devenu 
uno  simple  monnaie  de  compte,  jj  Rendre  compte 


i056 


DEN 


DEN 


DÉN 


k  livres,  sous  et  deniers,  rendre  un  compte  avec  la 
dernière  exactitude.  ||  Net  comme  un  denier,  très- 
pni|ire,  sans  ilouie  à  cause  d'un  denier  récemment 
frappé,  qui  est  nel  et  brillant;  car,  autrement, 
la  circnlaiion  lennt  liien  vile  les  monnaiesde  cuivre. 
Claire  cimime  un  bassin,  nniie  comme  un  denier, 
BftGNiEB,  Sut.  XI.  C'Hst  la  parfaite  Ueiopée,  Un  vrai 
visage  de  |ioiipàe;  Au  reste,  on  ne  peut  le  nier,  Klle 
est  nette  comme  un  denier,  scahkon,  Virg.  Irav.  i. 
Il  Fi(r.  Un  (léliiteur  dont  il  faut  exigar  jusiiu'iiu  der- 
nier denier,  ha.ss.  Carême, Élus....  chacun  repousse 
Jeanne  qui  n'a  pas  un  denier,  BÈhANG.  Jeanne  la 
Umissp.  Plus  d'un  pauvre  vient  implorer  Le  denier 
que  je  puis  répandre.  ID.  Jurf  errant.  ||  l'oétique- 
ment,  le  funêhre  denier,  la  petite  pièce  de  mon- 
naie que,  suivant  la  mythologie,  il  fallait  donner  à 
Carnn  pour  |)a.ssi>r  le  fleuve  des  enfers.  Une  larme.... 
c'fst  là  ce  funèbre  denier,  Ce  tribut  qu'à  la  mort 
tout  mortel  doit  payer,  hmart.  Hanild,  49,  ||  Le 
denier  de  la  veuve  ,  l'aumône  faite  par  le  pauvre. 
Voilà  d'étranges  présents;  c'est  ledenier  de  la  veuve, 
SÊv.Bi  I. Cette  locution  est  fondée  su  ri'^tiani/.  de  saint 
lue.  XXI,  t  ei  2  :  Kt  comme  Jésus  regardait,  il  vil 
des  riches  qui  mettaient  leurs  dons  au  tronc;  il  vit 
aussi  une  pauvre  veuve  qui  y  mettait  deux  petite^ 
pièces  de  monnaie.  i|  Uenicr  de  la  veuve,  se  dit  aussi 
d'une  chélive  somme  qui  fait  toute  la  ressource 
d'une  personne.  Â  l'égard  du  contrôleur  général, 
que  Dieu  absolve,  il  me  fait  aussi  perdre  à  moi 
environ  cinq  à  six  cents  livres,  et  c'est  le  denier  de 
la  veuve,  d'alemb.  icM.  à  Voltaire,  M  oct.  (770. 
Il  3°  Denier  fort,  ou  fort  denier,  ce  qu'il  faut  ajou- 
ter à  la  fraclion  qui  excède  une  somme  pour  avoir 
la  valeur  de  la  plus  petite  monnaie  au-dessus  de  la 
fraclion.  Le  fort  denier  de  trois  francs  quatre  centi- 
mes est  un  ceniime  |ce  qui  fait  un  sou].  Le  fort  de- 
nier est  pour  le  marchaml.  ||  4"  Denier  de  Si  Pierre, 
tribut  qui  se  payait  à  Home  le  jour  de  la  fête  de  Si 
Pierre  aux  Liens,  et,  aujourd'hui,  argent  recueil  i 
parmi  les  catholiques  pour  subvenir  aux  besoins  du 
pape.  Nom  d'un  ancien  droit  que  l'Angleterre  payait 
au  pape  et  qui  fut  établi  en  74o  par  le  roi  Ina. 
Il  6°  Déniera  Dieu,  contiibutionqui,  dans  l'origine, 
se  payant  sur  tous  les  marchés  et  engagements,  de- 
vait être  em|iloyée  à  quelque  acte  de  piélé.  ||  Aujour- 
d'hui, arrhes  pour  une  location,  pour  un  marché. 
Deux  cents  francs  un  garçon,  sans  le  denier  à 
Dieu,  sabots,  blouse  et  chapeau  pour  la  première 
année,  p.  l.  coi:r.  u,  278.  Le  propriétaire  du  lieu. 
Ayant  en  le  denier  à  Dieu,  Crut  la  [Didon]  trom- 
per et  ne  lui  vendre  Qu'autant  de  lieu  que  peut  com- 
prendre La  peau  d'un  bneuf,  tant  grand  filt-il,scAR- 
RON,  Virg.  trav.  i.  ||  Deniers  d'entrée,  argent  donné 
en  sus  d'un  marché,  et  qui,  à  la  différence  des  ar- 
rhes et  du  denier  à  Dieu,  est  remis  après  la  conven- 
tion. Il  6"  Une  somme  d'argent  indéterminée.  Il  fit 
une  grande  levi'e  de  deniers  sur  les  peuples,  vaugel. 
Q.  C.  liv.  IV,  dans  richklet.  Il  n'est  que  d'être  libre 
et  en  deniers  comptants,  Régnier,  Épit.  il.  Quatre 
ou  cinq  miMeéciis  est  un  denier  considérable  et  qui 
vaut  bien  la  peine  qu'un  homme  manque  à  sa  pa- 
role, MOL.  Pliure,  m,  9.  Le  pouvoir  de  faire  jusiice 
acheté  à  deniers  comptants,  la  bbuï.  Disc.  s.  Théo- 
plir.  Il  Kn  termes  de  jurisprudence.  Deniers  dotaux, 
pupillaires.  Deniers  clairs  et  liquides,  deniers  qui 
se  trouvent  en  nature  dans  une  succession.  Deniers 
à  découvert,  deniers  qu'on  exhibe  en  offrant  le 
payement  ||  Les  denijers  publics,  les  fonds  apparte- 
nant à  l'État,  à  une  ville.  Un  comptable  de  deniers 
publics.  Je  crois  voir  en  ceci  l'image  d'une  ville  Où 
l'on  met  les  deniers  à  la  merci  des  gens;  Echevins, 
prévôts  des  marcliands,  ToulfaiLsa  main....  l*  font. 
f'a6(.  VIII,  7.  X  peine  éiiez-voiis  hors  de  l'enfance 
que  vousconseillAiesà  vulrt- onde  l'énclès  d'engager 
la  guerre  pour  éviler  de  reU'lre  compte  des  deniers 
publics,  FÊN.  Dial.  dis  morts  anc.  I6.  ||  Tirer  un 
grand  denier,  un  bon  denier  de  quelque  chose,  en 
tirer  une  grande  somme  d'argent.  Phrase  peu  usi- 
tée présentement.  Il  J'y  mettrais  bien  mon  denier, 
se  dit  d'une  chose  dont  on  ferait  volontiers  l'acqui- 
sition si  elle  était  à  vendre.  ||  Kig.  Vendre  quelqu'un 
à  beaux  deniers  comptants,  le  trahir  pour  de  l'ar- 
gent, par  inlérêt.  Votre  procureur  s'entendra  avec 
voire  partie  et  vous  vendra  à  beaux  deniers  comp- 
tants, MOL.  Scaptn,  11,  8.  Il  Cette  locul'on  signifie 
aussi  être  plus  fin,  plus  habile  qu'un  autre.  H  le 
vendrait  à  beaux  deniers  comptants,  il  :sl  plus  adroit 
que  lui,  il  obtiendrait  sur  lui  Ions  les  avantages  qu'il 
voudrait.  Il  Terme  d'ancienne  pr.tiine.  Faire  b-ns 
les  deniers,  gaianiir  la  somme.  ||  7"  l.a  partie  d'un 
capital  nu  revenu  ipii  est  prélevée  au  profil  de  quel- 
qu'un. Le  dixième  denier  de  toute  prise  était  dû  à 
l'amiral,  c'est-à-dire  un  denier  sur  dix,  autrement 


dit  le  dixième;  le  quinzième  denier  est  un  quinzième, 
et  ainsi  de  suite.  Celte  locution  n'est  plus  usitée. 
Il  Centième  denier,  nom  du  droit  do  la  pauleiie 
quand  il  fut  réduit  au  centième  du  prix  des  offices. 
H  8°  Intérêt  d'une  somme,  d'un  capital.  Le  denier 
cinq,  dix,  vingt,  l'intérêt  valant  le  cinquième,  le 
dixième,  le  vingtième  du  capiial,  c'esl-à-diie  20, 
10,  6  pour  cent.  L'argent  à  tout  denier  se  prêta  sans 
usure,  BOIL.  .Sat.  xii.  Je  commence  par  m'ècrier  sur 
le  denier  six  ;  je  n'en  avais  point  entendu  parler  de- 
puis l'emprunt  que  fait  le  fils  de  l'avare  dans  la  co- 
médie de  Molière;  je  crois  que  vous  avez  voulu  dire 
six  et  quart,  qui  est  un  denier  dont  j'ai  entendu  par- 
ler en  Provence,  qui  va,  ce  me  semble,  au  denier 
seize;  mais  le  denier  six  est  si  usuraire  que  je  ne 
crois  pas  qu'un  noiaire  en  voulût  faire  un  contrat; 
c'est  pour  inoun  francs,  icso  livres  i3  sous,  sÊv. 
605.  L'avis  de  M.  le  contrôleur  général  serait  de  pla- 
cer votre  argent  sur  la  ville  au  denier  dix-huit, 
M.MNTENON,  Lelt.  à  M,  d'iubigné,  i"  mars  I6«4. 
Cent  francs  au  denier  cin(|,  combien  font-ils?  — 
Vingt  livres,  boil.  8.  Les  rentes  ijui  étaient  au 
denier  dix  lonibèrent  au  denier  vingt,  monteso. 
Esp.  XXII,  6.  Voulez-vous  prendre,  au  denier  quatorze, 
cinq  millf  francs  (lu'un  honnête  serrurier  de  ma 
connaissance  a  amassés  par  son  travail  et  par  ses 
épargnes?  lesage,  Turcaret.  m,  ».  ||  Le  dt-nier  de 
l'ordonnance,  le  déni' r  du  roi,  synonyme  de  ce 
qu'on  nomme  aujouril'liui  taux  légal,  c'est-à-dire  le 
taux  légal  auquel  s'estiment  les  inléréts  adjugés,  le 
placement  à  rente  d'une  somme,  etc.  ||  Denier  fort, 
iiilérêt  excédant  le  taux  ordinaire.  ||  Vendre  une 
chose  au  denier  vingt,  av  lenier  trente,  au  denier 
quarante,  etc.  la  vendre  jur  un  prix  éialili  sur  la 
supputation  que  celte  chose  rapportera  le  20",  le 
Su",  le  40*  de  la  valeur.  Il  a  acheté  liarbesieiix  »u 
denier  seize,  sÊv.  ||0n  dit  dans  un  sens  analogue 
estimer  au  denier  trente,  au  denier  quarante.  ||  Tou- 
tes ces  locutions  tombent  eu  désuétude;  elles  sont 
remplacées  par  celles-ci  :  5  pour  ion,  3  et  demi  pour 
100,  2etdemi  pour  ino,  etc.  ||  9"  Désignai  on  d'une 
certaine  part  qu'on  avait  dans  une  affaire  (perte 
ou  gain),  c'est-à-dire  la  240»  part  (ledenier  étant  la 
240'  partie  de  la  livre).  Deux  deniers  équivalent  à 
un  120*,  trois  deniers  à  un  8o",  et  ainsi  de  suite. 
Il  avait  deux  deniers  dans  la  ferme.  ||  Sens  vieilli. 
Il  10°  Terme  de  monnayage.  Denier  rie  poids  ou,  ab- 
solument, denier,  le  tiers  du  gros  ou  la  24°  partie 
de  l'once  et  la  192»  du  marc,  ce  qui  revient  à  la 
78b"  partie  du  kilogramme.  Le  marc  contimits  onces; 
l'once,  8  gros;  le  gros,  3  deniers;  le  deftier,  24 
grains;  ainsi  il  y  a  au  marc  8  onces,  64  gros,  t92 
deniers  et  4608  grains,  Édil  sur  les  monnaies,  t.  vi, 
f°  164,  aux  archives  de.s  finances.  ||  Denier  de  fin, 
ou.  simplement,  denier,  chacune  des  parties  de  fin 
contenues  dans  une  quantité  queU-.onque  d'argent 
que  l'on  suppose  partagée  en  douze  parties  égales. 
L'argent  pur  est  du  de  l'argent  à  douze  deniers.  On 
évalue  la  bonté  de  rarg>=nl  par  deniers,  et  celle  de 
l'or  par  carats.  Les  bosselles  de  son  mors  sont  d'or  à 
vingl-lrois  carats;  ses  fers  sont  d'argent  à  onze  de- 
niers, VOLT.  Zadig,  3.  ||  Denier  de  fin  ou  de  loi,  le 
degré  de  pureié  de  l'argent.  ||  Denier  de  boîte,  pièce 
d'or  et  d'argent  que  lesgardesdoivent  prendre  quand 
ils  font  la  délivrance,  et  qui  se  conservent  dans  une 
boîte  pour  servir  de  règle  dans  la  suite  à  la  cour  des 
monnaies.  ||  Deniers  de  monnayage,  toutes  sortes 
d'espèces  d'or,  d'argent  ou  de  cuivre  qui  ont  reçu  la 
dernière  façon.  ||  Proverbes.  Il  n'y  a  point  d'huis 
qui  ne  lui  doive  denier,  se  dit  d'un  valet  musard 
qui  s'arrête  souvent  en  chemin.  ||  Cette  chose  vaut 
mieux  denier  i)u'elle  ne  valait  maille,  se  dit  d'une 
chose  qui.  payée  plus  cher,  vaut  mieux  qu'elle  ne 
valait  payée  moins  cher,  c'est-à-dire  d'une  chose 
qui   a  été  améliorée. 

—  HIST.  xi"  s.  K  quatre  deners  al  c"per  [geôlier], 
Lois  de  Guill.  4.  Pris  l'en  ad  or  et  aveir  et  deners, 
Ch.  de  Hol.  lxxxviu.  Sis  bons  escuM  un  dener  ne  lui 
vaut,  ib.  xiv. 

—  XII"  s.  N'i  perdra  Charles  [ce]  qui  vaille  un  seul 
diner,  Ronc.  p.  34.  Kt  si  ont  en  nos  terres  pris  les 
quatre  deniers,  Sax.  xvi.  Or  volt  que  il  li  rende  ses 
acuntes  pleniers  De  quanqu'ot  en  liaillie,  quant  fu 
ses  chanceliers,  De  trente  mile  livres  de  sterlins  en 
deniers.  Th.  lemart.ii.  Tut  saisi,  en  sa  main,  e 
terres  e  miisiiers,  E  vif  aveir  e  mort,  blé,  remes 
e  deniers,  ib.  64.  E  11  deniers  Saint  Piere  fu  dunkes 
retenuz:  Si  fu  al  eschekier  e  portez  e  renduz,  ib. 
66.  Là  fors  le  prinrenl  li  félon  loseiigier.  Et  nos  au- 
vec.  par  Dieu  le  droiiurier.  Si  somes  povre  que 
n'avommes  denier,  Ranul  de  C.  278. 

—  xiii*  s.  S'il  i  a  nulle  beste  qui  comence  à  feblir, 
mêlez  lescostages  [dépenses]  pur  lui  sauver;  car  om 


dit:  Beneit  soit  li  dener  qui  sauve  la  libre  [la  livre]. 
Économie  rurale,  liibl.  des  Chartes,  4*  série,  t.  n, 
p.  368  Si  ne  se  purent  à  celle  fois  acorder,  por  ce 
qu'il  lor  sembla  qu'il  n'avoient  mie  encore  deniers 
assez,  viLLKH.  viii.  Et  que  de  mes  deniers  chascun 
d'eus  [je]  rachetai,  Derte,  vu.  Il  e.st  acurdé  et  ordené 
que  nul  meslres  foulons  ne  preigne  denrées  d'ores 
asant,  queles  que  eles  soient,  boues  ou  mauve.ses, 
pour  leur  salaires  des  dras  parer,  fors  deniers  ses 
[secs,  argent  comptant] ,  sanz  nule  fraude,  Lir.  des 
met.  400.  Etvont  disant  que  povressont.  Ei  les  grasses 
pitances  ont.  Et  les  grans  deniers  en  trésor,  tu  Hose, 
8147.  Se  vous  l'avez  félon  trouvé;  11  iert  [sera]  au- 
tres au  derrenier;  Ge  le  congnois  cum  ung  denier, 
ib.  3146.  Et  li  denier  qui  en  vienentsonl  au  segneur, 
BEAt^M.  43.  Donques.  pot  on  veir  que,  se  denier  de 
rente  sont  deu  à  cerlain  jour,  ou  blés  ou  aveines, 
ou  ce  qui  est  ileu  de  terme  passé...  m.  xxiii.  9.  Noz 
entendons  que  marciés  est  fes  si  tosl  comme  il  est 
créantes  à  tenir  par  l'acort  des  parties,  entre  gens 
qui  poent  fere  marciés,  ou  si  tost  que  denier  Dieu 
en  est  donés,  m.  xxxiv,  60.  Erlaui  de  Nogent  fu  li 
bourgeois  du  monde  que  le  conte  creoit  le  plus,  et 
fu  si  riche  que  il  fisl  le  cha.stel  de  Nogent  l'Eriaut 
de  .ses  deniers,  joinv.  205.  Ne  faire  marcbié  ne  bail-: 
1er  denier  à  Dé,  du  cange,  junctura. 

—  XIV"  s.  Niilz  ne  faisoit  les  chans  arer.  Les  blez 
soier,  les  vignes  faire.  Qui  en  donnast  (quand  on  en 
donnerait]  triple  .salaire.  Non  certes  pour  un  denier 
vint;  Tant   estoient  mort  [dans  la  pesle  noirej.... 

MACHA  ULT,  p.   75. 

—  XV"  s.  J'ai  loué  à  mes  deniers  celle  nef  pour 
faire  sur  ce  voyage  ma  volonté,  froiss.  ii,  it,  2-0. 
Parmi  ses  deniers  payans  [par  le  moyen  de],  lo.  i, 
1,  264.  Je  ne  donrai  de  vos  franchises  trois  deniers, 
ID.  II,  II,  53.  Un  gros  bourgeois  qui  compte  ses  de- 
niers par  défailli  d'autre  liesongne,  al.  chabtier, 
(lunririlnge  iiiveciif.  .Ne  hiasmez,  pour  ce,  mou 
mestier;  Je  ;;agne  denier  à  denier;  (l'est  loings  du 
trésor  de  Venise,  ch.  d'orl.  Rundeau.  Qui  du  mar- 
cbié le  denier  à  Dieu  prent.  11  n'y  fieul  plus  mectre 
rabat  ne  creue,  ID.  ib.  Tout  marché  d'amour,  qooy 
qu'il  monte.  Se  parfait  sans  deniers  à  Dieu,  coQUiL- 
LABT,  p.  37.  Ce  fut  pour  le  denier  à  Dieu:  Et  encore 
si  j'eusse  dit,  La  main  sur  le  pot,  par  ce  dit.  Mon 
denier  me  fust  demeuré.  Patelin,  v.  392  El  ne 
perdirent  pas  ung  denier  vaillant,  mais  payoit  chas- 
cun son  escol  comme  s'il  eusl  esté  en  Flandres, 
COMM.  I,  5.  Receu  et  nourry  six  ans,  ayant  deniers 
de  luy  pour  son  vivre,  id  i,  12.  Elle  est  [la  duché 
de  Normandie]  de  granl  estime,  et  se  y  levé  de 
grans  deniers,  id.  i,  i3.  Le  denier  oublié  ou  mes- 
conlé,  grâce  ne  gré,  leroux  de  lincy,  Prov.  U  li, 
p.   126. 

—  XVI"  s.  Deniers  refusez  ne  se  passent  pas,  Ga- 
briel meurieb,  dans  leboux  de  lini:y,  t.  Il,  p.  <25. 
Dénier  sur  denier  bastit  la  maison,  ID.  it>.  11  employé 
bien  ses  quatre  deniers  [il  mange  bien  à  proportion 
de  ce  qu'il  paye],  id.  ib.  p.  126. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  denei;  wallon,  denidié,  de- 
nigé .  denier  à  Dieu  ;  provenç.  dener.  denier,  dinier; 
calai,  dîner  ;  es|iagn.  dinero  ;  porlug.  dinheiro;  ita!. 
denaro  ;  du  latin  denarius,  de  dent,  dix  (voy.  dé- 
naipe),  parce  que  le  denier  valait  à  l'origine  dix  as. 

DÉNIER  (dé-ni-é),  je  déniais,  nous  déniions, 
vous  déniiez;  que  je  dénie,  que  nous  déniions,  que 
vous  déniiez,  v.  a.  ||  1°  Nier.  Philola.?  dénia  le 
crime,  vaugel.  Q.  C.  liv.  vi .  dans  richelet.  Les 
templiers  dénièrent,  à  la  mort,  les  crimes  qu'ils 
avaient  confessés  dans  les  tourments,  hézerai,  dans 
R1CHFLET.  Qu'il  approuve  sa  mort,  c'est  ce  que  je 
dénie,  CORN.  Ciniia.  ii,  *.  Son  plus  grand  regret. 
C'est  de  voir  que  César  sait  tout  voire  secret  ;  En 
vain  il  le  dénie  et  le  veut  méconnaître,  lu.  ib.  iv,  6. 
Je  ne  dénierai  point,  puisque  vous  les  savez.  De 
justes  sentiments  dans  nr^n  Jme  élevés,  ID.  Ro  !og. 
v,  4.  Les  Grecs,  les  Jacobiles  et  les  .N'estoriens.  à 
qui  il  [un  ministre  protestant)  ne  dénie  pas  qu'il 
n'ait  accordé  le  salut,  Boss.  Var.  3"  avertiss.  §  I5. 
Comment!  chétif  mortel,  vous  déniez  vos  deltes, 
regnaiid,  le  Bat,  se.  I3.  Jugeant  l'un  trés-ca|iable 
de  dénier  ce  qu'il  devait,  et  l'autre  incapable  de 
demander  ce  qu'on  ne  lui  devait  pas,  rollin,  Hitt. 
anc.  OEivres,  t.  xi,  2"  parue,  p.  641,  dans  pou- 
gens.  Il  i°  Kefuser.  Dénier  des  aliments.  On  lui  a  dé- 
nié toute  ju.aiie.  Je  n'ai  pu  dénier  cet  office  à  leurs 
larmes,  botr.  S/ Cen.v,6.  Je  medéiiie  L'honneur  qui 
ne  m'estdilque  dans  mon  Arménie, CORN.  Aft'c.  m,  l. 
Le  ciel  m'a  dénié  celle  philosophie,  mol.  Femmes 
sav.  IV,  2.  On  ne  me  peut  dénier  un  rang  parmi  les 
auieurs  de  notre  langue,  d'ablaNCOUkt.  Arrim, 
liv.  1,  dans  richelet.  Pour  obtenir  les  vents  que  lo 
ciel  vous  dénie,  Sacrifiez  Ipbigénie,  rac.  Iphig.  i,  i 


DEN 

Le  ciel  vous  ravira  ce  sang  qu'on  lui  dénie,  id.  ib. 
La  Basse- Bretagne,  à  laquelle  Dieu  a  dénié  la  vi- 
gne, VOLT.  l'Ingénu,  4.  Les  soldats  d'un  régiment, 
appelés  sous  serment  secret  à  cette  œuvre  [décapi- 
tation de  Charles  I"],  déniérer.t  leu'-s  bras,  CHA- 
TEAUB.  Stuarls,Mi.\\  3°  Se  dénier,  o.  réfl.  Être  dé- 
nié. Ce  que  veut  tout  l'État  se  peut^'i  dénier?  roth. 
Vencesl.  m,  a. 

—  HlST.  xiii*  s.  U  il  volsist,  u  il  dengnast.  Au 
leu  [loup]  covint  qu'il l'emportast,  mahie.  Fable  82. 
Dahez[malà]quichar  medenea,  Quant  oremangier 
n'enoson,  Ren.  2319).  S'aucunsheritages  est  vendus 
à  commune,  U  sires  pot  denier  le  |la]  sesine  à  fere, 
BEAUM.  L,  16.  Il  XIV  S.  U  denoientou  refusent  l'un 
à  l'autre  aide  et  subside,  oresme,  FJh.  268.||xv"s. 
Il  cuidoit  que  ceux  de  Valenciennes  dussent  vuider 
et  là  venir  combattre;  aussi  l'eussent-ils  très-volon- 
tiers fait  ;  mais  messire  Henry  d'Antoiny ,  qui  la  ville 
avoit  à  garder,  leur  deneoit  et  defendoit,  froiss. 
I,  I,  (H.  Le  jeune  duc  n'osa  denyer  de  le  lui  bail- 
ler,'comm.  IV,  ).  Il  xvf  s.  Qui  fief  dénie,  ou  qui  à 
escient  fait  faux  aveu,  ou  commet  félonie,  fief  perd, 
LovsEL,  648.  L'aide  de  ma  bourse  ne  vous  sera  des- 
niée, pour....  LANGUE,  48(.  Il  n'y  eut  pas  un  de 
tous  ceulx  que  Ciceron  feit  exécuter  par  justice,  à 
qui  on  deniast  sépulture,  amyot,  Ant.  1.  Aprez 
avoir  attendu  quelque  temps  qu'il  [La  Boëtie  mou- 
rant] ne  parloit  plus  et  qu'il  tiroit  des  soupirs  tren- 
chants  pour  s'en  efforcer,  car  des  lors  la  langue 
commenceoit  fort  à  luy  denier  son  office....  mont. 
LeU.  V. 

—  ÉTYM.  Provenç.  denegar,  deneyar,  desnegar, 
desnedar;  cspagn.  denegar;  ilal.  dinegare;  du  la- 
tin denegare,  de  la  préposition  de,  et  negare  (voy. 
NiEii).  La  forme  dengner,  par  suppression  de  lï 
bref,  est  correcte  et  fort  ancienne.  ZJenoter  était  une 
forme  usitée  dans  certains  dialectes,  comme  loier 
et  lier,  proier  et  prier,  et,  dans  la  langue  actuelle, 
ployer  et  plier. 

f  DÉNIGRANT,  ANTE  (dé-ni-gran,  gran-t'),  adj. 
Qui  dénigre,  qui  exprime  le  dénigrement.  Un  lan- 
gage dénigrant.  Çà,  mesdames  les  dénigrantes.  Si 
cet  honneur  vient  la  trouver....  bérang.  Vertu  de 
Lisette.  M.  leR....  était  autrefois  moins  dur  et  moins 
dénigrant  qu'aujourd'hui;  il  a  usé  toute  son  indul- 
gence, et  le  peu  qui  lui  en  reste,  il  le  garde  pour 
lui,  CHAKPFORT,  Cavact.  et  portraits,  p.  lio,  édit. 
d'Arsène  Houssaye,  1857. 

UÉNIGKÊ,  ÉE  (dé-ni-gré,  grée)  ,  part,  passé. 
Dont  on  dit  du  mal.  Si  les  gens  de  latin  des  sots 
sont  dénigrés,  régnieh,  Sat.  ni. 

DÉNIGREMENT  (dé-ni-gre-man) ,  s.  m.  ||  1°  Ac- 
tion de  dénigrer.  Ce  jargon  éternel  de  la  froide  iro- 
nie, L'air  de  dénigrement,  l'aigreur,  la  jalousie.  Ce 
ton  mystérieux,  ces  petits  mots  sans  fin,  gbesset. 
Méchant,  iv,  7.  L'impératrice  d'Autriche,  traitée 
par  Napoléon  avec  des  égards  délicats,  flattée  de  son 
accueil....  s'adoucit  beaucoup,  sauf  à  revenir  à  son 
dénigrement  habituel,  lorsqu'elle  seraiit  de  retour  à 
Vienne,  thiers,  Uist.  du  Cons.  et  de  l'Emp.  xliu. 
Il  2°  Etat  de  mépris.  Tomber  dans  le  dénigre- 
ment. 

—  HIST.  Tu  y  comprends  blasphème  et  denigra- 
tion  non  demeries  [méritées],  o.  chastel.  L'^pos. s. 
vérité  mal  prise. 

—  ÉTVM.  Dénigrer. 

DÉNIGRER  (dé-ni-gré),  v.  a.  \\  1°  S'efforcer  par 
ses  discours  de  rendre  noir,  c'est-à-dire  d'efl'acer  la 
bonne  opinion  que  les  autres  ont  de  quelqu'un,  ou 
de  dépriser  la  qualité  d'une  chose.  On  a  tantôt  dé- 
nigré les  dames  du  palais  d'une  manière  qui  m'a 
fait  rire,  sÉv.  tst.  Tout  cela  vient  de  ce  que  cha- 
cun ,  épris  de  soi-même ,  veut  tout  mettre  à  ses 
pieds  et  s'établir  une  damnable  supériorité,  en  dé- 
nigrant tout  le  genre  humain,  boss.  Concupisc.  )6. 
J'ai  loué  les  sots,  j'ai  dénigré  les  talents,  volt.  l'É- 
cossaise, i,  t.  11  satisfit  son  mécontentement  secret, 
en  dénigrant  la  nation  pour  laquelle  il  voyait  avec 
tant  de  peine  la  prédilection  de  Corinne,  stael, 
Corinne,  vi,2.  ||  2° Se  dénigrer,  v.  réfl.  Dire  du  mal 
de  soi-même.  Ne  cessant  de  se  dénigrer  par  ironie, 
HAMiLT.  Gramm.  to.  |j  Dire  du  mal  les  uns  des  au- 
tres. Ces  gens-là  ne  cessent  de  se  dénigrer  les  uns 
les  autres. 

—  HlST.  XVI"  s.  Na  fréquente  point  avec  hommes 
diffamezet  dénigrez  pour  leu  r  meschante  vie ,  amïot  , 
Comm.  il  faut  nourrir  les  enfants,  38. 

—  Ktym.  Dé....  préfixe,  et  le  latin  niger,  noir: 
rendre  noir,  noircir.  Le  provençal  a  denigratiu, 
noircissant. 

t  DÉNIGREUR  (dé-ni-greur),  s.  m.  Celui  qui  dé- 
nigre. On  n'entend  partout  tant  de  dénigreurs  que 
parce  que  les  hommes  sont  en  général  médiocres, 

DICT.    DE   LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


DEN 

sots  et  jaloux  de  toute  espèce  de  Euccês,  mercier, 
dans  LAVEAUX. 

—  ÉTYM.  Dénigrer. 

t  DÉNIVELER  (dé-ni-ve-lé.  L'î  se  double  quand 
elle  est  suivie  d'une  syllabe  muette  :  je  dénivelle,  je 
dénivellerai),  v.  a.  Ôter  le  niveau.  Cela  dénivellera 
le  terrain. 

—  ÉTYM.  D^....  préfixe,  elniveler.- 

t  DÉNIVELLATION  (dé-ni-vè-Ia-sion),  s.  f.  Ac- 
tion de  déniveler;  résultat  de  cette  action.  Un  ac- 
cident avait  causé  la  dénivellation  des  rails.  Les 
facules  du  soleil  sont  attribuées  à  la  hauteur  de  cer- 
taines dénivellationsdela  photosphère,  paye.  Comp- 
tes rendus  de  l'Àcad.  des  ,?c.  t.  xlix,  p.  704. 

t  DÉNIVELLEMENT  (dé-ni-vé-le-man),  s.  m.  Le 
résultat  de  la  dénivellation;  variation  de  niveau. 
Ce  coup  de  vent  a  produit  des  dénivellements  de 
plusieurs  mètres,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Déniveler. 

t  DÉNIZATION  (dé-ni-za-sion),  s.  f.  Sorlede  natura- 
lisation accordée  en  Angleterre.  Lettre  de  dénization. 

—  ÉTYM.  Anglais,  denixation,  de  deniscn,  étran- 
ger admis  à  la  jouissance  des  droits  civils,  sauf  ce- 
lui de  succession. 

t  DÉNOIRCIR  (dé-noir-sir),  t).  a.  \]  1°  ôter  la 
couleur  noire.  |{  2°  Fig.  Se  dénoircir,  v.  réfl.  Dissi- 
per les  calomnies  dont  on  a  été  l'objet.  Que  faire 
d'ailleurs  pour  se  dénoircir  auprès  du  roi  paqueté 
de  la  sorte?  st-sim.  363,  28. 

—  HIST.  XVI'  s.  C'est  peindre  en  l'eau,  et  c'est 
vouloir  encore  Prendre  le  vent  et  desnoircir  un  more , 

BONS.  185. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  noircir. 
DÉNOMBRÉ,  ÉE  (dé-non-bré,  brée),  part,  passé. 

Le  peuple  romain  dénombré  à  chaque  lustre  par  les 
censeurs. 

DÉNOMBREMENT  (dé-non-bre -man),  *.  m. 
Il  1°  Compte  de  personnes.  Il  ne  se  dit  guère  qu'en 
parlant  d'un  très-grand  nombre.  Tout  ce  dénombre- 
ment, madame,  est  inutile;  CentHeclors  pourraient- 
ils  me  payer  un  Achille  ?p.  Troade,  iv,4.  Voici  le  dé- 
nombrement des  fils  de  Sem,  Cham  et  Japhet, 
enfantsdeNoé;etcesfi!s  naquirent  d'eux  après  le  dé- 
luge, SACY,  Bible,  Genèse,  x,  l.  ||  Terme  d'adminis- 
tration. Compte  des  personnes  qui  habitent  un  pays. 
Ce  que  je  dois  dire  à  cet  égard  suppose  un  dénom- 
brement exact  de  toutes  les  personnes  qui  habitent 
ce  royaume,  vahban,  Dime,  p.  67.  Voyous  combien 
vous  avez  d'hommes;  passons-en  le  dénombrement, 
FÉN.  Tél.  xii.  C'est  là  le  dénombrement  des  en- 
fants d'Israël,  qui  fut  fait  par  Moïse,  par  Aaron 
et  par  les  douze  princes  d'Israël,  chacun  étant  mar- 
qué par  sa  maison  et  par  sa  famille,  sacy.  Bible, 
Nombres,  i,  44.  U  est  prouvé  que  la  France  ne 
contient  qu'environ  vingt  millions  d'âmes  tout 
au  plus,  .par  le  dénombrement  des  feux  exacte- 
ment donné  en  1751,  volt.  Dial.  24,  i«'  entretien. 
Il  2°  Ênumération,  en  parlant  des  choses.  Il  a  pris 
le  soin  de  faire  le  dénombrement  de  tous  les  cas 
qui....  PASC.  Prov.  8.  Tous  les  péchés  dont  Ézé- 
chiel  fait  le  dénombrement,  boss.  Conc.  Il  serait 
mal  aisé  de  faire  le  dénombrement  de  tous  les  ef- 
fets de  la  grâce,  iD.  in,  Peut.  1.  Le  Saint-Esprit  a 
voulu  entrer  dans  un  dénombrement  exact  de  tous 
les  ornements  de  la  vanité,  id.  la  Valliére.  Quand, 
sur  une  si  belle  montre,  l'on  a  seulement  essayé 
du  personnage  et  qu'on  l'a  un  peu  écouté,  l'on  re- 
connaît qu'il  manque  au  dénombrement  de  ses  qua- 
lités celle  de  mauvais  prédicateur,  la  bruy.  xv.  Les 
obstacles  dont  elle  faisoit  le  dénombrement,  ha- 
MiLT.  Gramm.  8.  U  harangua  le  peuple,  et  se  crut 
en  droit  de  lui  reprocher  avec  force  son  injustice, 
son  ingratitude  et  sa  perfidie,  en  faisant  le  dénom- 
brement de  beaucoup  d'illustres  généraux  dont  il 
avait  payé  les  services  par  une  mort  infâme,  kol- 
LiN,  Uist.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  206,  dans  PotiGENS. 
Le  dernier  précepte  était  de  faire  partout  des  dénom- 
brements si  entiers  et  des  revues  si  générales,  que 
je  fusse  assuré  de  ne  rien  omettre ,  desc.  ilélh.  u,  10. 
Il  3°  Terme  de  fief.  Déclaration  par  é.rit,  donnée 
par  le  vassal,  des  héritages,  cens  et  autres  droits 
qu'il  tient  de  son  seigneur.  ||  4°  Terme  de  logique. 
Dénombrement  imparfait,  faute  de  raisonnement 
par  laquelle  on  tire  une  conclusion  générale  de 
plusieurs  cas  examinés,  lorsqu'on  a  oublié  précisé- 
ment ceux  qui  rendent  la  conclusion  fausse.  Par 
exemple  si  de  ce  que  les  quadrilatères,  les  penta- 
gones, les  hexagones,  etc.  peuvent  avoir  des  angles 
rentrants,  on  concluait  que  tous  les  polygones  peu- 
vent avoir  des  angles  rentrants,  la  conclusion  serait 
fausse,  puisque  dans  le  dénombrement  des  poly- 
gones on  aurait  justement  oublié  les  triangles, qui 
ne  peuvent  pas  a-oir  de  tels  angles. 


DÉN 


1057 


—  HIST.  xvi'  S.  Dénombrement  [état  détaillé  de 
ce  que  le  vassal  avoue  tenir  de  son  seiijneur]  baillé 
sert  de  confession  contre  celui  qui  le  baille,  mais 
ne  prejudicie  à  autrui, ni  au  seigneur  qui  le  reçoit, 
LOYSEL,  608.  Après  tous  ces  esbatemens  fut  faille  la 
reveue  et  le  dénombrement  accoustumé  du  peuple, 
amyot.  César,  71.  Et  aprez  tout  ce  dénombrement 
d'opinions,  mont,  ii,  289. 

—  ÉTYM.  Dénombrer. 

DÉNOMBRER  (dé-non-bré),  v.  a.  Faire  un  dé- 
nombrement. Joseph  et  Marie  vinrent  se  faire  dé- 
nombrer à  Bethléem,  volt.  Phil.  ii,  177.  Démétriu? 
les  dénombra,  comme  dans  un  marché  l'on  compte 
les  esclaves,  monteso.  Esp.  m,  5.  [Peuples]!  Dieu 
vous  dénombrera  d'une  voix  solennelle,  v.  hugo, 
Odes,  111,  1.  Il  Se  dénombrer,  II.  réfl.  Être  dénombré. 
Le  peuple  romain  se  dénombrait  à  chaque  lustre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Faussement  il  dénombre  tels  in- 
convénients, coNDÉ,  Mémoires,  dans  \e  Dict.  de  do- 
chez. 

—  ÉTYM.  Lat.  denumerare,  de  la  préposition  de, 
et  numerare,  nombrer. 

DÉNOMINATEUR  ( dé-no-mi-na-teur ),  s.  m. 
Terme  d'arithmétique.  Celui  des  deux  termes  d'une 
fraction  qui  marque  en  combien  de  parties  l'unité 
est  divisée. 

—  HIST.  XVI*  s.  Lesquelz  numérateur  et  dénomi- 
nateur se  peuvent  composer  en  tant  de  différences 
de  nombre  que  l'on  voudra,  est.  oe  la  roche,  Ari- 
smetique,  ^  45. 

—  ÉTYM.  Lat.  denominator ,  de  dcnominare  (voy. 
dénombrer);  ainsi  dit  parce  que  ce  terme  dénomme 
l'espèce  des  unités  que  l'on  considère,  l'autre  ne 
faisant  que  les  compter. 

DÉNOMINATIF,  IVE(dé-no-mi-na-tif,  ti-v'),  arfj. 
Qui  sert  à  nommer.  Terme  déuominatif. 

—  ÉTYM.  Provenç.  denominatiu;  ital.  denomina- 
tivo;  du  latin  denominativus  (voy.  dénommer). 

DÉNOMINATION  (dé-no-mi-na-sion;  en  poésie, 
de  six  syllabes),  s.  f.  Désignation  d'une  personne 
ou  d'une  chose  par  un  nom.  Les  dénominations  ne 
sont  pas  des  choses  indifférentes,  et  il  serait  à  sou- 
haiter que  celles  par  lesquelles  on  désigne  les  êtres 
de  la  nature  réveillassent  toujours  dans  l'esprit  l'idée 
de  quelqu'un  des  caractères  principaux  par  lesquels 
ces  êtres  s'offrent  d'abord  à  nous,  bonnet,  Coti- 
templ.  natur.  I2'part.  ch.  21.  ||  En  arithmétique, 
réduire  des  fractions  à  même  dénomination,  leur 
donner  le  même  dénominateur.  Cette  expression 
ne  s'emploie  plus  guère  ;  on  dit  réduire  au  même 
dénominateur. 

HIST.  xvi'  s.  Et  reste  zéro  pour  denominacion 

du  nombre  à  partir,  est.  de  la  hoche,  Arismeti- 
que ,  f"  44 ,  verso. 

—  ÉTYM.  Provenç.  denominatio  ;  espagn.  deno- 
minacion; ital.  denominasione  ;  du  latin  denomi- 
nationem,  de  denominare  (voy.  dénommer). 

DÉNOMMÉ,  ÉE  (dé-no-mé,  mée),  part,  passé. 
Un  tel  dénommé  dans  l'acte. 

DÉNOMMER  (dé-no-mé) ,  v.  a.  ||  1*  Terme  de 
pratique.  Nommer  une  personne  dans  un  acte. 
Il  2°  Dans  le  langage  général,  assigner  un  nom.  Les 
plantes  ont  été  dénommées  par  les  botanistes  d'a- 
près des  considérations  très-diverses.  1|  3°  Se  dénom- 
mer, 13.  réfl.  Être  dénommé.  Ces  parties  se  dénom- 
ment d'après  leur  usage. 

—  HIST.  xii'  s.  [U]  Li  denome  del  lonc,  délié  [en 
long  et  en  large],  Tule  la  moitié  del  régné  [royaume]. 
Si  cum  les  citez  sunt  asises,  benoIt,  ii,  47io. 
Il  xiv*  s.  Et  dient  une  chose  estre  indéterminée  et 
non  bonne,  pour  ce  que,  selon  elle,  l'en  [l'on]  est 
dénommé  et  dit  tel  plus  ou  moins,  oresme,  Elh. 
298.  Elle  précède  telles  operacions  aussi  comme  les 
ars  précèdent  les  operacions  qui  de  eulx  sont  de- 
nommées,  ID.  ib.  40.  Il  xv«  s.  Et  pour  ce  que  excuser 
ne  se  deust  de  non  cognoistre  les  dits  participans, 
il  les  dénomma  en  ses  lettres,  viriville.  Geste  des 
nobles,  p.  I3i.  ||  xvi*  s.  Le  nom  du  quel  nous  l'a- 
vons dénommée,  mont,  i,  69.  De  toute  ancienneté 
on  denommoit  et  specifioit  les  années  par  le  nom 
de  celui  qui  estoit  prevost,  amyot,  Démétr.  13. 

—  ÉTYM.  Provenç.  denotnmar;  espagn.  denomi- 
nar;  ital.  denominare;  du  latin  denominare,  de  la 
préposition  de,  et  nominare,  nommer. 

DÉNONCÉ,  ÉE  (dé-non-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Déclaré.  La  guerre  dénoncée  par  les  Boniams 
aux  Carthaginois.  |!  2°  Annoncé.  Les  châtiments  dé- 
noncés par  les  prophètes  au  peuple  juif.  ||  3°  Indi- 
qué soit  à  la  justice  soit  à  une  autorité  supérieure. 
Le  fait  dénoncé  au  commissaire  de  police.  Dénoncé 
à  la  convention  nationale  comme  coupable  de  me- 
nées royalistes.  ' 

DÉNONCER  (dé-non-sé.  Le  ç  prend  une  cé/lille 

I.  —  133 


1058 


DEN 


(levant  aoao:  nous  dénonçona,  ja  dénonçai),  i'.  a. 
Il  1*  Déclarer,  publier.  On  vient  de  dénoncer  la 
giierr».  11  envoya  un  des  principaux  de  sa  cour 
vers  lu»  Scythes  leur  dénoncer  qu'ils  ne  passassent 
point  le  Tanaïs,  vacoel.  0-  C.  liv.  vu,  eh.  6.  11  lui 
envoya  dénoncer  qu'il  eût  &  lui  payer  le  tribut,  id. 
i6.  liv.  viii,  ch.  13.  Il  Dénoncer  la  fin  du  l'armistice, 
ou,  simplement,  dénoncer  l'armistice,  annoncer  la 
reprise  (lus  hostilités.  ||  Dénoncer  un  traité,  faire 
connaître  aux  puissances  contractantes  l'expiration 
dec8  traité,  ordinairement  sous  des  conditions  sti- 
pulées. Il  Dénoncer  un  excommunié,  ou  dénoncer 
quelqu'un  pour  excommunié,  déclarer  publique- 
ment, selon  les  formes  ecclésiastiques,  que  quel- 
qu'un est  excommunié.  |l  2*  Faire  connaître.  Le 
maître  de»  jeux  veut  qu'on  ne  l'envoie  [une  tra- 
gédie] qu'à  lui  seul,  il  me  dénonce  expressément 
cette  volonté  despotique,  volt.  Lett.  d'ArgeiUol, 
t»  juillet  (773.  Le  roi,  le  roi  lui-même  à  son 
heure  dernière ,  Démmca  devant  moi  leur  rage 
meurtrière, BBiKFAUT.iVinui//,!,  1. 1|  Annoncer  avec 
menace.  Il  leur  dénonce  de  rigoureux  châtiments, 
BO.ss.  Ilist.  II.  4.  Les  sages  lui  dénoncèrent  qu'il 
mettait  tout  l'Etat  en  péril,  iD.  Heine  d'Anglet. 
Il  S"  Déférer  à  l'autorité,  signaler  à  la  justice.  Il  dé- 
nonça deux  chevaliers  romains,  d'ahlanc.  Tacite, 
Ànnalet,  liv.  xi,  dans  bichelet.  i  qui  dois-je  le 
bien  de  m'avoir  dénoncé?  kotr.  S(  Gen.  n,  8.  U'où 
vient  que,  pour  paraître,  il  [votre  zèle]  s'avise  d'at- 
tendre Qu'à  poursuivre  sa  femme  il  ail  su  vous  sur- 
prendre, Et  que  vous  ne  songez  à  l'aller  dénoncer 
Que  lorsque  son  honneur  l'oblige  à  vous  chasser? 
MOL.  Tart.  v,  7.  Connais-tu  le  complot  que  ce  bil- 
let dénonce ?c.  delav.  Vépr.  sicil.  m,  B.  ||  4°  Terme 
de  jurisprudence.  Faire  connaître  exlrajudiciaire- 
ment  quelque  chose  à  quelqu'un.  Dénoncer  une 
opposition.  Il  6'  Se  dénoncer,  v.  réfl.  Être  déclaré.  La 
guerre  se  dénonce  d'une  manière  extraordinaire  et 
terrible,  chateaub.  ylmffr.  t4B,  ||  Se  révélera  la  jus- 
tice. Le  mallieureux  se  dénonça  lui  même.  Il  Faire 
des  dénonciations  les  uns  contre  les  autres.  Ceux  qui 
tvaient  pris  part  au  complot  se  sont  tous  dénoncés. 

—  lllST.  XII'  s.  Pur  treis  choses  pur  vus,  que  vus 
foil  denuncier.  Que  od  vus  parler  en  ai  mult  grant 
ilesirier,  T'A.  le  mart.  78.  Sa  cause  et  sun  eissil  lur 
aveit  denuncié;  Li  buens  reis  Loewis  en  ad  eu  pi- 
tié, E  sil  volt  retenir  par  mult  grant  amistié.  ib.  52. 
Il  XIII"  s.  Frère,  fait-il,  ge  te  dénonce  Que  tn's  be- 
neûrô  morusse,  S'onc  famé  espousée  n'eOsse,  la 
/(o.>e,  8790.  Note  que  l'en  ne  doit  pas  solement  de- 
noncier  le  pechié  de  mariage,  mes  l'empeeche- 
ment;  et  chascun  est  tenuz  au  dire,  Liv.  de  just. 
200.  S'il  est  denoncié  au  bailli  qu'aucuns  face  anui 
à  sainte  Eglise,  il  les  doit  penre  et  emprisonner, 
BBAUH.  H.  Il  se  doivent  tantost  trere  à  le  [la]  jus- 
lice  et  denoncier  le  fet.in.  lix,  6.  Sire,  je  vous  de- 
nonce  que  Jelians  a  fet  tel  fet  qui  apartient  à  voz 
à  vengier,  m.  vi,  (2.  ||  xiv*  s.  Il  est  voir  que  l'euvre 
dénonce  et  déclare  de  fait  la  puissance  de  celuy 
qui  l'a  faite,  OBESME,  Elh.  275.  Les  rois  jadis  denon- 
çoient  au  peuple  ce  que  il  avoient  conseillié,  et  ceux 
ilu  peuple  eslisoient,  id.  id.  69.  Et  de  chose  qu'on  die 
homme  n'irez  créant.  Jusipi'à  tant  que  celui  qui 
ira  murmurant  En  aura  raconté  par  devers  moi  au- 
tant Comme  dit  en  aura  derrière  en  dénonçant, 
Cuescl.  (7905.  Il  XV*  s.  Le  jour  qui  estoit  dénoncé, 
approcha,  Fnoiss.  i,  i,  57.  Et  afin  que  la  dite  fête 
fut  fçue  et  connue  en  toutes  marches,  le  roi  d'An- 
gleterre l'enviiya  publier  et  dénoncer  par  ses  hé- 
rauts en  France,  en  Escosse....  lo.i,  i,  2)3.  |{  xvi'  s. 
Par  laquelle  [menace]  une  vengeance  particulière 
est  dénoncée  sur  tous  ceux  qui  auront  prins  le  iiom 
de  Dieu  en  vain,  calv.  Iiulii.  291.  N'entreprenant 
guerre,  qu'aprez  l'avoir  dénoncée,  mont,  i,  24. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  denunciar;  ital.  di- 
nunziare;  du  latin  denunliare ,  de  la  préposition  do, 
et  nundVire,  annoncer  (voy.  nonce).  • 

DÉNONCIATEUll,  TUICÉ  (dé-non-si-a-teur,  tri- 
»),  t.  m.  et  f.  Il  1*  Celui,  celle  qui  dénonce,  qui 
accuse.Voici  un  grand  crime  dont  Tubéron  s'est  rendu 
dénonciateur,  d'ablanc.  Trad.  de  Cicéron,  dans  ni- 
CRELRT.  Les  deux  dénonciateurs  des  templiers  pé- 
rirent misérablement:  l'un  fut  pendu  pour  ses  crimes, 
at  l'autre  fut  assassiné  par  ses  ennemis,  mézerai, 
d.ins  mciiKLKT.  D'Alembert  vous  croit  l'ennemi  des 
gens  de  lettre»  et  l'ami  de  Séguier,  leur  dénoncia- 
teur; voilà  pou-quoi  il  ne  vous  aime  pas,  marmont. 
Vém.  II.  Il  Ce  terme  est  d'ordinaire  pris  en  mauvaise 
part.  Il  »•  Teeme  de  droit  criminel.  Celui  qui  fait  con- 
naître un  crime  à  la  justice.  11  demanda  à  un  des 
procureursde  son  siège,  comment  il  se  fallait  pren- 
dre pour  faire  un  procès  à  un  sorcier;  on  lui  dit  qu'il 
bUait  BWir  premièrement  quelque  dénonciateur,  fu- 


DÈN 

BETiÈBE,  Boman  bourg,  liv.  ii,  p.  253.  Il  y  a  plus 
d'un  an  que  nous  nous  sommes  rendus  dénoncia- 
teurs contre  le  livre  de  l'Apologie;  nousl  avunscom- 
•bittu  par  divers  écrits,  comme  un  livre  détestable 
et  qui  renversait  toute  la  doctrine  de  l'Evangile, 
PASC.  8'  faclum  des  curés  de  J'aris.  \\  3°  Adj.  Tel  est 
le  morceau  qui  a  allumé  la  bile  dénonciatrice  de 
M.  de....  LiNGUET,  Journ.  pnl.  et  liU.  t.  ix,  p.  227. 

—  HIST.  xiir  s.  À  tôt  ce  li  rois  respont,  que  cil 
baillis  ne  fut  pas  csliseor  ne  quencseor;  mes  il  fu 
denunceor.  Liv.  de  jusl.  42.  Et  se  le  cors  [la  cour] 
n'en  pot  savoir  la  vérité  par  eus,  si  le  [la]  doit  ele 
savoir   par  les  tesmoins  que  li  denonceres  atrait, 

BEAUM.   LXVU,    20. 

—  ETYM.  Provenç.  dfnunciador;  espagn.  dcnun- 
ciador;\U\.  denunzialore ;  (ii>  latin  denutUiatorem, 
de  drnunliare ,  dénoncer.  L'ancien  français  denon- 
ceres est  au  nominatif  de  deminlidtur ,  l'accent  sur 
rid;  le  provençal  denunciVidor  est  au  régime,  de 
denunlialàrem  ;  le  français  denunceor  est  aussi  la 
forme    du  régime,  employée  fautivement  au  sujet. 

t  «ÉNONCIATIF,  IVE  (ilé-non-si-a-tif,  ti-v'),  adj. 
Oui  dénonce.  Mémoires  dénonciatifs. 

—  HIST.  XVI*  S.  Une  lettre  detioncialive  du  fait  ad- 
venu à  la  personne  de  son  sieur  et  mary,  u.  du 

BELLAY,   484. 

—  ETYM.   Lat.  denuntiativus ,   de  denunliare, 

dénoncer. 

DÉNONCIATION  (dé-non-si-a-sion;  en  poésie,  de 
six  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Déclaration,  publication.  La 
dénonciation  de  la  guerre.  ||  2°  Terme  de  droit.  Acte 
qui  fait  connaître  au  débiteur  l'opposition  formée  sur 
lui  entre  les  mains  d'un  tiers.  ||  Acte  par  lequel  le 
porteur  avertit  le  tireur  et  les  endosseurs  qu'il  a  fait 
dresser  un  protêt.  ||  Dénonciation  de  nouvel  œuvre, 
action  qui  a  pour  objet  de  faire  suspendre  les  tra- 
vaux commencés  par  un  proprittaire  sur  son  propre 
fonds  et  pouvant  nuire  aux  voisins.  ||  3°  Accusa- 
tion, délation.  Une  dénonciation  calomnieuse.  Phi- 
lippe le  Bel,  roi  de  France,  sur  la  dénonciation  de 
deux  templiers  scélérats,  fit  arrêter  en  I307  tous  les 
autres  templiers  de  son  royaume,  mézerai,  dans  ri- 
ciiELET.  Il  Terme  de  droit  criminel,  déclaration, faite 
à  la  justice,  d'un  crime  ou  délit  par  celui  qui  en  a 
connaissance. 

—  HIST.  xir.*  s.  Contenz  [procès]  que  le  convent 
de  Font  Evraut  entendoit  à  esmover  par  requeste 
ou  par  complainte  ou  par  denunciation,  Ilibl.  des 
Charles,  4*  série,  t.  iv,  p.  79.  L'autre  voie  qui  est 
fête  de  dénonciation,  si  est  d'une  autre  manière, 
BEAUM.  VI,  12.  Si  tost  comme  la  dénonciation  du 
damace  vient  à  eus,  id.  xvi,  i7.  Pierres  propose 
contre  Jehan,  par  voie  de  dénonciation  fêle  au  juge, 
II),  xxxix,  (2.  ||xvi*s.  Cesie  dénonciation  [déclara- 
tion, menace]  n'est  pas  vaine  ne  frivole,  combien 
(lu'elle  c'ait  pas  tousjours  lieu,  calv.  Inslit.  288. 

—  ETYM.  Provenç.  denunciatio  ;  esp.ign.  denun- 
cincion;  ital.  denuniiazione ;  du  latin  denunliatto- 
ni'in,  i\c.  dennniiare ,  dénoncer. 

DÉNOTA  TION  (dé-no  ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq  sylla- 
bes),*./■.  Désignation  d'une  chose  parcertains  signes. 

—  HIST.  xvi*  s.  Aux  autres  chars  eut  denolance 
mainte  [il  s'agit  des  attributs  d'un  triomphe  dont 
étaient  ornés  différents  chars],  j.  marot,  v,  (7(. 

—  ETYM.  Lat.  denotalio,  de  denotare,  dénoter. 
DÉNOTÉ,  ÉE   (dé-no-té,    tée),   part,  passe.    Les 

dispositions  de  l'âme  dénotées  par  signes  extérieurs. 
DÉNOTER  (dé-no-té),  v.  a.  ||  1°  Désigner  par  cer- 
taines manpies  ou  notes.  Toutes  les  choses  qui  dé- 
notent quelijue  imperfection,  iiEsc.  Médit.  3.  ||  2»  Se 
dénoter,  ii.  ré/l.  Être  dénoté.  Les  actes  par  lesquels 
son  caractère  s'est  dénoté. 

—  HIST.  XIV*  s.  Elle  passe  libéralité  en  magnitude 
ou  grandeur,  et  ainsi  le  dénote  le  nom  de  magnili- 
ci'nce  qui  signifie  grandeur  de  despenso,  oresme, 
Elh.  )  12.  Mais  pour  mieulx  dénoter  la  note,  'Voyons 
ce  que  dict  Aristote,  l'Alchim.  à  nat.  B70.  ||  xvi"  s. 
Il  ha  ausé  prescripue,  de  son  authorilé  privée,  quelles 
choses  seroyent  dénotées  par  les  couleurs,  rab.  Garg. 
1,9.  St  Augustin  en  quelque  lieu  voulant  dénoter 
cela,  CALV.  Inslit.  tu3(.  Porte  l'habit  qui  dénote 
simplosse,  Honnestement....  j.  marot,  v,  207. 

—  ETYM.  Provenç.  et  e.spagn.  dcnolar;  ital.  de- 
ncitare,  dinnUite;  du  latin  denotare,  de  la  préposi- 
tion de,  et  nnlare,  noter. 

i  DÉNOUABLE  (dé-nou-a-W) ,  ady  Qui  peut  se 
dénouer. 

—  HIST.  XV*  s.  Par  le  lien  de  mariaige.  Non  des- 
nouable  et  plus  estraint  Qui  toute  l'raiichise  reslraint, 
E.  DE.«cii    Poésies  nus.  f*  495,  dans  lacubne. 

—  ETYM.  Dénouer. 

DÉNOUÉ,  ÉE  (dé-nou-é,  ée),  part,  passé.  ||  !•  Dont 
le  nœud  est  défait.  Une  ceinture  dénouée.  ||»«Fi(r.Oui 


DEN 

s'est  débarrassé  de  quelque  obstacle.  Le  corps  de  cet 
enfant  dénoué  par  l'exercice  et  par  le  séjour  à  la 
campagne.  La  langue  dénouée  par  l'iniérèt.  Quand 
sa  langue  sera  dénouée,  sa  poitrine  plus  forte  et  l'ha- 
bitude de  lire  plus  grande,  fEn.  Éduc.  des fiiirs, cil.  v. 
Il  S"  Qui  a  un  débroiiillement,  un  dénuûment.Une  in- 
trigue heureusement  dénouée.  Pièce  mal  dénouée. 
DÉNOUEMENT  (dé-nou-man),  t.  m.  Voy.  dénoû 
ment. 

DÉNOUER  (dé-nou-é),  v.  a.  j]  1*  Défaire  un  nœud; 
détacher  ce  qui  est  retenu  par  un  nœud.  Ce  que  les 
Lapons  font  le  plus  facilement,  c'est  de  vendre  le 
vent  à  ceux  qui  en  ont  besoin;  ils  ont  pour  cela  un 
mouchoir  qu'ils  nouent  en  trois  endroits  différents 
qu'ils  donnent  à  celui  qui  en  a  besoin;  s'il  dénoue 
le  premier,  il  excite  un  vent  doux  et  supportable; 
s'il  a  beso;:.  d'un  plus  fort,  il  dénoue  le  second, 
regnaud,  Foi/,  de  iaponie,  t.  iv,  p.  278.  L'éléphant 
dénoue  les  cordes  avec  sa  trompe,  buff.  Éléphant. 
Il  Par  extension.  [Et  vous  étoiles]  Qui,  cadençani 
vos  pas  à  la  lyre  des  cieux.  Nouez  et  dénouez  vos 
chœurs  harmonieux,  lamart.  Béd.  11,  8.  ||  Fig.  Re- 
lier tant  de  fois  ce  qu'un  brouillon  dénoue,  C'est 
trop  de  patience,  mol.  l'Étour.  m,  t.  [Home]  Ré- 
pudie Octavie  et  me  fait  dénouer  Un  hymen  que  le 
ciel  ne  veut  point  avouer,  rac.  Brit.  11,  3.  St  Louis 
regardait  ce  vœu  comme  un  lien  qu'il  n'était  pas 
permis  aux  hommes  de  dénouer,  volt.  Uceurs,  58. 
Il  2°  Dénouer  la  langue,  faire  parler.  La  douleur 
malgré  toi  la  langue  te  dénoue,  Régnier,  BioI.  Ma 
langue  n'attend  point  que  l'argent  la  dénoue,  BOiL. 
Sat.  IX.  Il  Dénouer  sa  langue,  parier.  Enfin  il  dénoua 
sa  langue,  Et  fit  cette  belle  harangue,  scarron, 
Virg.  trav.  vi.  Comme  autrefois  le  fils  de  Crésus, 
qui  avait  été  jusque-là  muet,  se  dénoua  la  langue 
par  un  grand  effort  qu'il  fit  pour  avertir  son  père 
qu'on  voulait  tuer,  fubetiêhe,  Boman  bourgeois, 
liv.  Il,  Ilist.  de  Charrnsselles ,  p.  221.  ||  3"  Dégager 
jiar  l'uxorcice,  par  un  bon  régime,  par  des  moyens 
orlhopédiiiues  les  parties  du  corps  qui  étaient  nouées. 
Dénouer  un  enfant.  ||  Dénouer  le  corps,  le  rendre 
plus  souple,  plus  dégagé.  Il  me  restait  un  juste  in- 
tervalle pour  faire  de  l'exercice  qui  dénouât  le  corps 
sans  le  travailler,  dalz.  le  Prince,  avant-propos. 
M.  de  St  Geran  lui  a  appris  l'exercice  du  mousquet 
et  de  la  pique;  c'est  la  plus  jolie  chose  du  monde; 
vous  aimeriez  ce  petit  enfant,  cela  lui  dénoue  le 
corps,  sÉv.  365.  Il  Fig.  Ronsard  n'avait  pas  tort  de 
tenter  quelque  nouvelle  route  pounlénouer  notre  ver- 
sification naissante,  fén.  t.  xxi.p.  I9l.  [H"  Terminer 
une  intrigue,  la  mener  à  sa  fin,  en  parlant  d'une 
pièce  de  théâtre.  On  dénoue  une  pièce  avec  un  oncle 
à  succession.  Molière  a  dénoué  le  Tartufe  par  un 
ordre  du  roi.  ||  6"  Se  dénouer,  i\  réfl.  Être  dénoué. 
Ce  cordon  se  dénouera.  ||  6°  Se  débarrasser  d'un  obs- 
tacle. Sitôt  que  la  langue  enfantine  se  sera  un  peu 
dénouée,  Boss.  m.  Nativité,  l.||Fig.  Avec  un  tel 
secret  leur  langue  se  dénoue,  corn,  le  Uent.  IV, 
I.  Il  7'  Se  développer.  Que  leur  corps  se  dénoue  et 
se  désengourdisse,  Pour  être  plus  adroit  à  le  faire 
service,  Régnier,  Sat.  i. 

—  HIST.  XII'  S.  Kar  entre  nos  e  Franceis  toz  [elle] 
Nos  ert  [sera]  liem  d'amor  e  noz  [nœud].  Sens  rom- 
pre mais,  senz  desnoer,  benoît,  u,  6301.  ||  xm'  s. 
Car  des  mains  au  deable  maint  pecheor  [la  vierge] 
desnoe,  Berte,  xxxiii.  ||  xiv  s.  Un  cop  sur  l'espaule 
dont  il  lui  desnoua  [luxa]  le  bras,  nu  cangu,  deno- 
dare.  ||  xv*  s.  L'enfant  s'avança  de  la  table  ;  le  comte 
ouvrit  lors  son  sein  et  desnoulla  lors  son  giiion  et 
prit  un  coutel  et  coupa  les  pendans  de  la  boursetle, 
FROiss.  II ,  m ,  1 3.  Il  XVI*  s.  Malgré  leurs  dens  le  neu 
est  desnoué,  mabot,  ii,  425.  J'estime  que  nos  âmes 
sont  desnouées,  à  vingt  ans,  ce  qu'elles  duibvenl 
eslre,  mont,  i,  4o7.  Et  aucuns  qui  vouloient  aller 
aux  escarmouches,  se  rompoyent  ou  desnouoyent 
les  bras  ou  les  jambes,  lanoue,  66».  Remettre  en 
leur  naturel  les  joinctes  des  membres  desnouez  et 
deboitez,  amyot,  Cimon  et  I.ucull.  5.  Finablemenl 
la  fortune  luy  dénoua  la  difficulté  de  ce  noeud,  id. 
Fnmp.  68.  En  fuyant  par  la  plaine  Thriasie,  il  sa 
dénoua  la  jambe,  et  luy  fallut  faire  plusieurs  inci- 
sions pour  le  guarir,  id.  Aralus,  4t.  Le  roi  de  Na- 
varre, de  qui  la  vertu  et  l'honneur  guerrière  com- 
mença  à  se  desnouer  en  ce  temps- là.  s'oppiniastra 
à  son  dessein,  d'aur.  Hist.  u,  350.  La  colère  dat- 
noua  ce  nœud,  id.  t6.  425. 

—  ETYM.  Picard,  déneuer;  provenç.  denoxnr; 
calai,  dcsnuar;  ital.  di>no(fnre;  du  laiiii  denodare, 
de  la  préposition  de,  et  n«diis,nœud  (voy.  ce  mol). 

DÉNOC.MENT  (dé-nou-man),  s.  m.  ||  1'  Action  de 
dénouer.  Le  dénoûment  d'une  corde.  ||  Par  exten- 
sion, le  dânoùment  de  la  langue.  ||  2'  Le  point  où 
aboutit  et  se  résoud  l'intrigue  d'une  épopée,  d'uii 


DEN 

drame,  d'un  roman,  ainsi  dit,  parce  qu'Arislote 
avait  nommé  noeud  l'ensemMe  des  incidents  d'une 
pifice,  et  sobitinn  ou  dénoûment  l'incident  final.  Un 
dénoûment  bien  amené.  Voilà  justement  ce  qu'il 
faut  pour  le  dénoûment  que  nous  cherchions,  mol. 
Critùiue,  se.  dern.  ||  Par  extension.  Puis  s'appe- 
santissant,  ils  le  voyaient  passer  ses  longues  heures 
à  demi  couché,  comme  eugourdi,  et  attendant,  un 
roman  à  la  main,  le  dénoilment  de  sa  terrible  his- 
toire, SÉGUH,  llist.  de  Napol.  viii,  H.  ||  3°  Solution 
d'une  chose  difficile,  embrouillée,  par  as.similaliou 
i  la  solution  finale  d'une  pièce  de  théâtre.  On  nous 
donne  un  dénoûment  à  la  principale  difficulté,  Boss. 
Avrrt.  3.  On  y  trouve  un  pvirfait  dénoûment  de  la 
ilifficiiUé,  m.  D^f.  comm.  Ces  solutions  .servent  de 
dénoûment  à  tous  les  passages  de  St  Clément,  id. 
Or.  0.  Les  dénoùments  qui  découvrent  les  crimes 
les  plus  cachés  paraissent  si  simples  et  si  faciles 
qu'il  .semble  qu'il  n'y  ait  que  Dieu  seul  qui  puisse 
EM  être  l'auteur,  la  bruy.  xvi.  Lui  seul  connaît  le 
dénoûment  de  toutes  ces  malheureuses  affaires, 
MAiNTENON,  iett.  à  Mme  des  Ursins,  18  juillet  1706. 
Voilà,  pour  abréger,  le  dénoûment  de  celte  premii're 
intrigue,  hamilt.  Gramm.  3.  Tel  sera  le  dénoûment 
redoulable  qui  nous  développera  les  mystères  de  la 
Providence,  mass.  Car.  Avenir. 

—  REM.  Il  y  a  lieu  à  demander  pourquoi  l'A- 
c.idémie  écrit  dénoûment  avec  un  accent  circon- 
flexe et  dévouement  avec  un  e,  mois  qui  sont  faits 
de  même,  l'un  de  dénouer,  l'autre  de  dévouer. 

—  SYN.  DÉNotJMENT,  catastrophe,  par  rapport  au 
théâtre.  Le  dénoûment  défait  le  noeud,  comme  le 
mot  le  porte;  la  catastrophe  fait  la  révolution.  Le 
dénoûment  est  la  dernière  partie  de  la  pièce;  la  ca- 
tastrophe est  le  dernier  événement  de  la  fable.  Le 
dénoûment  démêle  l'intrigue;  la  catastrophe  termine 
l'action,  BouBAUD.  11  faut  ajouter  que  le  dénoûment 
est  heureux  ou  malheureux,  tandis  que  la  catastro- 
phe no  se  dit  que  d'un  dénoûment  malheureux. 

—  HIST.  XVI*  s.  En  nourrice,  et  avant  le  premier 
desnouement  de  ma  langue,  mont,  i,  493. 

—  f:TYM.  Dénouer. 

DENREE  (dan-rée),  s.  f.  ||  1°  Toute  espbce  de  mar- 
chandise. Denrées  alimentaires.  Les  denrées  qui 
sont  dans  les  magasins.  Si  l'on  emploie  des  soins 
dispendieux  ou  pénibles  pour  conserver  une  denrée 
plus  longtemps,  c'est  seulement  parce  que  l'augmen- 
tation du  prix  delà  denrée  doit  récompenser  de  ces 
soins,  coNDoncET,  Duhamel.  Les  essences  et  autres 
menues  denrées  d'amour,  hamilt.  Gramm.  6.  ||  Den- 
rées coloniales,  productions  des  colonies.  Elles  se- 
raient mieux  nommées  marchandi.ses  ou  denrées 
équinoxiales,  parce  qu'elles  croissent  dans  la  zone 
torride  et  dans  le  voisinage  des  tropiques,  j.  b.  say, 
TraM,  )S4( ,  p.  231.  ||  c'est  une  chère  denrée,  c'est- 
à-dire  cela  est  mis  à  très-haut  prix  ou  à  trop  h:iut 
prix.  Il  II  vend  bien  sa  denrée,  c'est-à-dire  il  sait 
se  faire  valoir.  ||  2°  Mauvaise  marchandise.  Il  n'y  a 
que  de  la  denrée  dans  cette  boutique.  ||  Fig.  et  en 
parlant  d'un  vaurien:  Voilà  une  belle  denrée!  ||  3"  En 
un  sens  plus  restreint,  toute  production  de  la  terre 
destinée  à  la  vente  et  employée  pour  la  nourriture. 
Grosses,  menues  denrées.  Tu  ne  vends  pas  Comme 
tu  veux  tes  herbes,  ta  denrée.  Tes  choux,  tes  aulx, 
enfin  tout  ton  tracas,  la  font.  Jum.  Je  ne  croyais 
pas  que  les  denrées  fussent  si  chères,  mai.ntenon, 
Lelt.  à  Mme  de  la  Viefville,  23  fév.  )7uo.  Du  gland, 
un  navet,  ou  quelque  autre  pareille  denrée,  s.  j. 
Rouss.  Ém.  IL  II  4°  Marchandise  mise  en  vente,  non 
pour  être  revendue,  mais  pour  être  consommée,  soit 
qu'elle  soit  destinée  à  la  subsistance,  soit  qu'il  s'a- 
gisse de  tout  autre  genre  de  consommation;  tant 
qu'elle  est  achetée  pour  être  revendue,  elle  con- 
serve le  nom  de  marchandise,  j.  b.  say,  Épitome, 
au  mot  Denrée.  ||  5°  Nom,  dans  quelques  provinces, 
d'un  petit  pain  blanc. 

—  IIIST.  XIII"  s.  Et  s'est  trop  viez  li  marchiés 
[c'est  se  prendre  trop  tard  pour  faire  un  marché]. 
Quant  on  acate  denrée  K'uns  autres  a  adesée,  liM. 
de»  Chanen,  i'  série,  t.  v,  p.  337.  Onques  de  lui 
[sur  elle]  [ils]  n'aprirent  maiUie  ne  denrée  [la  valeur 
d'une  maille  ou  d'un  denier],  lierte,  civ.  Onques 
mais  en  ma  vie  n'oi  [je  n'eus]  de  joie  denrée.  Qui 
ore  ne  me  soit  à  cent  doublas  doublée,  ib.  cxxvi. 
Et  li  quens  lor  jura  que  jà,  ne  à  mort  ne  à  vie, 
naveroit  denrée  de  sa  terre  ;  et  d'iluec  en  avant 
Ot  il  à  non  Jehan-sans-terre,  Chron.  de  Kains,  84. 
tt  s'ai  bien  mengié  deus  denrées  De  novel  miel 
enfresches  rées,  /(en.  <023b.  Se  li  strjaiis  a  l'ad- 
mmislralion  de  vendre  blés,  aveines,  ou  autres 
«enrées,  il  convient  qu'il  conte  du  pris,  beaum.  xxix, 
14.  Cil  qui  sunt  tenu  por  vilain  cas  en  prison,  lor 
vie  est  establie  à  avoir  cascun  jor  denrée  de  pain 


DEN 

et  de  l'yaue,  id.  li,  7.  Je  vous  di  liien  veraiement. 
Il  font  maint  mauves  serement.  Et  si  jurent  que  lor 
denrées  Sont  et  bones  et  esmerées  Tels  foiz  que  c'est 
mençonge  pure,  ruteb.  223.  Les  gens  le  roy  leur 
loerent  les  estaus  pour  vendre  leur  danrées  chier, 
si  comme  l'en  disoit,  comme  il  porent,  joinv.  2t7. 
Il  XIV'  s.  Et  telle  chose  avient  aucune  foiz  en  tem- 
pestes  à  ceux  qui  pour  leur  neif  alegier  jettent  lour 
denrées  en  la  mer,  oresme,  Eth.  48.  ||  xv's.  Ne 
renchérirent  les  vivres  qu'on  n'eust  la  denrée  pour 
un  denier,  aussi  bien  qu'on  avoit  par  avant  qu'ils 
vinssent,  fboiss.  i,  i,  32.  Jusques  au  marché  des 
denrées,  id.  ii,  ii,  54.  ||  xvi' s.  S'il  sanglouttoyt, 
c'estoyent  denrées  [botte  valant  un  denierl  de  cres- 
son, RAiî.  Pant.  IV,  32. 

—  ETYM.  Bcrry,  darrh  ;  provenç.  denairada  ; 
espagn.  dinerada;  ital.  derrata  ;  du  bas-latin  dena- 
nolo,  la  valeur  d'un  denier,  du  latin  denon'us,  denier 
(voy.  denier).  Denrée  a  signifié  primitivement  ce  qui 
vaut  un  denier,  cequi  s'acquiert  parde«ter,parargent. 

DENSE  (dan-s'),  adj.  \\  1°  Dans  son  sens  primitif, 
épais,  compacte,  dont  les  parties  nous  paraissent 
plus  épaisses  ou  plus  serrées.  Un  air  dense.  Une  va- 
peur dense.  ||  2°  Par  extension,  et  c'est  le  sens  le 
plus  habituel,  il  se  dit  d'un  corps  dont  le  poids  fait 
supposer  que  les  molécules  sont  très-serrées  les  unes 
contre  les  autres;  l'or,  le  plomb,  le  mercure,  sont 
très-denses;  le  platine  est  le  plus  dense  des  métaux. 
Il  3°  Par  comparaison,  on  nomme  dense  tout  corps 
qui,  sous  un  même  volume,  pèse  plus  qu'un  autre. 
L'eau  est  plus  dense  que  l'air  ;  l'hydrogène  est  moins 
dense  que  l'azote. 

—  SYN.  dense,  compacte.  Compacte  est  un  terme 
général  qui  indique  que  les  parties  sont  serrées  les 
unes  contre  les  autres.  Dense,  en  tant  que  terme 
de  physique,  indique  que  les  molécules  sont  serrées 
les  unes  contre  les  autres.  La  foule  était  compacte; 
le  platine  est  le  plus  dense  des  métaux. 

—  HiST.  xvr  s.  Les  bestes  hardies  et  courageuses 
ont  le  cœur  petit  et  dense,  paré,  Introd.  ta. 

—  ÉTYM.  Lat.  densus,  épais,  dense. 

t  DENSIFLORE  (dan-si-flo-r') ,  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  porte  des  fleurs  serrées  les  unes  con- 
tre les  autres. 

—  ÉTYM.  Lat.  densus,  dense,  et  fleur. 
tDENSlEOLIÉ,   ÉE   (  dan-si-fo-li-é  ,  ée),   ad]. 

Terme  de  botanique.  Qui  porte  des  feuilles  nom- 
breuses et  serrées. 

—  ÉTYM.  Dense,  et  le  latin  folium,  feuille. 
DENSITÉ  (dan-si-té),  »•.  f.  \\  i'  Qualité  de  ce  qui 

est  dense.  La  densité  du  brouillard.  ||  2°  Le  poids 
des  corps  qui  nous  paraissent  lourds.  La  densité  du 
mercure,  de  l'acide  sulfiirique.  ||  3°  Supériorité  de 
poids  sous  un  même  volume.  La  densité  de  l'eau  est 
plus  grande  que  celle  de  l'alcool.  ||  4°  Terme  de  phy- 
sique. Rapport  de  la  masse  d'un  corps  à  son  volume, 
ou,  autrement,  le  quotient  de  la  masse  divisée  par 
le  volume.  La  pesanteur  spécifique  étant  le  rapport 
du  poids  au  volume,  on  voit  que  l'expression  numé- 
rique en  est  la  même  que  celle  de  la  densité.  La 
densité  du  globe  terrestre  est  de  B,24,  celle  de 
l'eau  distillée  étant  ).  La  densité  de  la  lune  est  les 
trois  quarts  de  celle  de  la  terre,  et  cette  dernière 
quatre  fois  la  densité  du  soleil.  La  densité  d'un  corps 
dépend  du  nombre  de  ses  points  matériels  renfermés 
sous  un  volume  donné;  elle  e.st  donc  proportionnelle 
au  rapport  de  la  masse  au  volume,  laplace,  £xp. 
m,  3. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ainsi  voyons-nous  la  grosse  estre 
plus  ferme  et  presque  charneuse  en  densité  et  du- 
reté.... paré,  i,  6.  Les  baings  excitent  [alors]  hor- 
reurs, frissons  et  douleurs,  densité  de  la  peau,  ID. 

XXV,  42. 

—  ÉTYM.  Lat.  densitas,  de  densus  (voy.  dense). 

DENT  (dan  ;  le  »  se  lie  :  une  dan-t  aiguS  ;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  des  dan-z  aiguës),  s.  f.  ||  1°  Cha;un 
des  petits  os  recouverts  d'émail,  qui,  enclavés  dans 
la  mâchoire,  servent  à  mâcher.  Une  dent  gâtée.  Le 
mal  de  dent.  Avoir  mal  aux  dents.  Des  dents  blan- 
ches et  bien  rangées.  Je  l'ai  trouvée  fort  belle  à  une 
dent  près,  qui  lui  fait  un  étrange  effet  au  devant  de 
la  bouche,  sÉv.  321.  La  reine  disait  de  lui  [le  car- 
dinal de  Retz]  qu'on  n'était  jamais  laid  quand  on 
avait  les  dents  belles,  dider.  iiègiie  de  Claude  et 
Néron,  i,  §  47.  ||  Une  rage  de  dénis,  une  violente 
douleur  de  dents.  ||  On  dit  qu'on  a  les  dents  molles, 
lorsqu'elles  n'ont  pas  leur  fermeté  ordinaire  et 
qu'elles  sont  agacées  par  quelque  substance.  ||  Dents 
de  lait,  les  premières  dents,  qui  sont  au  nombre  de 
vingt,  et  qui,  ordinairement  complètes  à  deux  ans 
ou  deux  ans  et  demi,  sont  destinées  à  tomber  pour 
être  remplacées;  elles  portent  aussi  le  nom  de  dents 
primitives,  de  dents  temporaires.  Dents  de  la  se- 


biiïV 


1059 


conde  dentition,  celles  qui  remplacent  les  dents  de 
lait  et  qui  sont  destinées  à  rester.  Dents  de  sagesse, 
dents  de  la  seconde  dentition  qui  poussent  les  der- 
nières.  Il  Avoir  la  mort  entre  les  dents,   être  très- 
vieux,  voisin  de  la  tombe,  ou  bien  être  très-malade. 
Il  Tenir  la  mort  entre  les  donts,  mêms  sens.  Il  bave 
comme  un  pulmonique  Qui  tient  la  mort  entra  les 
dents,  Régnier,  Stances.  ||  Arracher  une  dent  àquel- 
qu'un,  la  lui  ôter  de  la  mâchoire;  et  fig.  tirer  de  lui 
quelque  argent  ou  autre  chose  qu'il  est  contraint  de 
donner  malgré  lui.  Quand  on  lui  demande  quelque 
chose,  il  semble  qu'on  lui  arrache  une  dent,  se  dit 
d'une  personne  qui  ne  donne  qu'avec  peine.||  Mentir 
comme  un  arracheur  de  dents,  être  fort  accoutumé 
à  mentir.  ||  C'est  vouloir  prendre  la  lune  avec  les 
dents,  se  dit  d'une  chose  impossible.  ||  Il  lui  vient 
du  bien,  lorsqu'il  n'a  plus  de  dents,  se  dit  de  quel- 
qu'un à  qui  il  vient  du  bien  sur  la  fin  de  ses  jours. 
Il  Donner  des  noisettes  à  ceux  qui   n'ont  plus  de 
dents,  donner  à  quelqu'un  des  choses  dont  il  n'erit 
plus  en  état  de  se  servir.  ||  Il  y  a  longtemps  qu'il 
n'a  plus  mal  aux  dents,  il  y  a  longtemps  qu'il  est 
guéri  du  mal  de  dents,  il  est  mort  depuis  longtemps. 
Il  Substantivement  et  au  féminin,  une  sans  dent, 
une  femme  qui  n'a  plus  de  dents.  Qu'entend  ce  rus- 
tre, et  que  nous  veut-il  dire?  S'écria  lors  une  de  nos 
sans  dents,  la  font.  Lunettes.  \\  Être  armé  jusqu'aux 
dents,  être  garni  d'armes  défensives,  qui  couvrent 
le  corps  entier  jusqu'aux  dents,  et,  par  extension, 
être  pourvu  de  toutes  les  armes  nécessaires  à  l'atta- 
que et  à  la  défense.  Dans  ce  penser  il  s'arme  jus- 
qu'aux dents,  LA  font.  Cag.   Habillés  à  la  légère 
parmi  des  gens  cuirassés  jusqu'aux  dents,  montesq. 
Leitr.  pers.  67.  ||  Fig.  et  par  plaisanterie.  Être  sa- 
vant jusqu'aux  dents,  être  très-savant;  locution  prise, 
a-t-on  dit,  de  ce  qu'autrefois  on  ne  tenait  personne 
pour  savant,  s'il  n'était  docteur,  et  que  le  doctorat 
amenait  à  sa  suite  de  fort  grands  repas  où  l'on  exer- 
çait bien  ses  dents,  mais  qu'il  semble  bien  plus  na- 
turel de  rattacher,   par  extension,  à  la   locution  : 
armé  jusqu'aux  dents,  la  science  étant  comparée  à 
une  armure.  N'étant  point  de  ces  rats  qui,  les  livres 
rongeants,  Se  font  savants  jusques  aux  dents,  la 
FONT,  l'abl.  viii,  0.  Vous  en  qui  la  sagesse  abonde, 
Vous  enfin  savant  jusqu'aux  dents,   scahron,  Kiigr. 
Irai'.  III.  Il  11  ment  par  ses  dents,  sorte  de  formule  de 
démenti.  Quelle  incongruité!  vous  mentez  par  les 
dents,  RÉGNIER,  Sat.  x.  \\  Dents  artificielles,  faus- 
ses dents,  dents  d'imitation,  ou,  simplement,  dents, 
nom  donné  aux  dents  que  l'on  substitue  à  celles 
qui  ont  été  arrachées  ou  qui  sont  tombées.  Se  faire 
mettre  une  dent.  ||  2°  Locutions  figurées  ou  autres 
dans  lesquelles  dent  figure  pour  l'action  démanger. 
Prendre  l'écuelle  aux  dents,  se  mettre  à  manger.  Au 
fond  d'un  antre  sauvage  Un  satyre  et  ses  enfants  Al- 
laient manger  leur  potage  Et  prendre  l'écuelle  aux 
dents,  LA  FONT.   Fabl.  v,  7.   ||  N'avoir  pas  de  quoi 
mettre  sous  la  dent,  n'avoir  pas  de  quoi  manger,  de 
quoi  vivre.  ||  Manger  de  toutes  ses  dents,  manger  vite 
et  beaucoup.  ||  Manger  du  bout  des  dents,  manger  à 
contre-coeur.  ||  Il  n'y  en  a  pas  pour  sa  dent  creuse, 
se  dit  quand  on  sert  peu  de  chose  à  un  homme  de 
grand  appétit.  Ici  creux  a  un  sens  figuré  et  signifie 
avide  par  vacuité.  ||  Familièrement.  Il  n'en  tâtera, 
n'en  croquera,  n'en  cassera  que  d'une  dent,  il  n'en 
aura  point.  Faites  moins  la  sucrée  et  changez  de  lan- 
gage. Ou  vous  n'en  casserez,  ma  foi,  que  d'une  dent, 
CORN,  le  Ment,  iv,  9.  Ahl  ah!  vous  n'en  lâterez,  ma 
foi,  que  d'une  dent,  fagan.  Pupille,  se.  2).  ||  Mor- 
dre à  belles  dents,  mordre  vigoureu.sement.  Il  mor- 
dit dans  la  pomme  à  belles  dents.  Et  fig.  Que  l'usure 
ait  trouvé....  Tant  elle  a  bonnes  dents,  que  mordre 
dessus  moi,  Régnier,  Sat.  vi.  ||  Fig.  Avoir  les  dents 
longues,  bien  longues,  avoir  grand'faim,  après  être 
resté  longtemps  sans  manger.  On  a  le  temps  d'avoir 
les  dents  longues,  lorsqu'on  attend,  pour  vivre,  le 
trépas  de  quelqu'un,  mol.  Méd.  malgré  lui,  n,  2. 
Il  Ne  pas  perdre  un  coup  de  dent,  manger  sans  que 
rien  puisse  interrompre.   Un  domestique  accourt, 
l'avertit  qu'à  la  porte  Deux  hommes  demandaient  à 
le  voir  promptement;  Il  sort  de  table,  et  la  cohorte 
N'en  perd  pas  un  seul  coup  de  dent,  la  font.  Fabl. 
I,  14.   Je  n'ai  pas  perdu  uu  coup  de  dent  ni  une 
partie  de  volant,   quand  j'ai  trouvé    des  joueuses 
comme  Mlles  vos  filles,   p.  l.   cour.  Lett.  ii,   60. 
Il   Fig.  N'en  pas  perdre  un  coup  de  dent,  ne  pas  se 
soucier  de  choses  refirésentées  comme  fâcheuses,  de 
menaces  faites.  Il  a  beau  agir  et  parler  contre  moi, 
je  n'en  perdrai  pas  un  coup  de  dent.   |{  3°  Claquer 
des  dents,  choquer  incessamment  les  dents  l'une  con- 
tre l'autre,  ce  qui  est  un  effet  ou  de  froid  ou  de 
frisson  ou  de  peur.  [111  Claque  des  dents,  tremble  et 
frissonne,  l.a  font.  Urais.  ||  Grincer,  de^  dents,  ser- 


1060 


DEN 


rer  les  denti  fortement,  rfe  manière  qu'elles  font 
entendre  un  bruit.  Il  grinçait  des  dents.  Les  dent» 
lui  grinçaient.  Malgré  son  aigre  voix  qui  fait  grincer 
les  dents,  Il  apprend  de  Lambert  les  airs  les  plus 
touchants,  reonabd,  Épit.  i.  ||  Parler  entre  les 
dents,  p.irler  peu  distinctement.  Je  m'arrête  con- 
traint; d'une  façon  confuse,  Grondant  entre  mes 
dents,  je  m.nrmotte  une  excuse,  bégnier  ,  Sat.  i. 
....Entre  tesclents,  je  pense,  Tu  murmures  je  ne  sais 
quoi,  MOL.  Amph.  i,  2.  Elle  n'eût  dit  ces  mots  entre 
ses  dents,  la  tont.  Herc.  Tant  que  le  jour  est  long, 
il  gronde  entre  ses  dents:  Kais  ceci,  fais  cela;  va, 
viens,  monte,  descends,  regnard.  Fol.  amour,  i, 
1.  Le  cardinal  Albéroni  parut  choqué  du  discours 
que  le  colonel  fSlanhope]  lui  tenait  entre  ses  dents, 
ST-siM.  490,  <38.  M.  do  Richelieu  laissa  dire  M.  de 
Luxemlx)urg  et  lui  répondit  après  quelques  honnê- 
tetés entre  ses  dents,  ID.  <9,  226.  De  le  frapper  je 
suis  las,  Mais  dans  ses  dents  monsieur  gronde,  bé- 
RANG.  Jf.  d'école.  Il  Familièrement.  Rire  du  bout  des 

4  dents,  s'efforcer  de  rire  sans  en  avoir  envie.  Et  le 
ciel  qui  des  dents  me  rit  à  la  pareille,  bégnier  ,  Sat. 
X.  Ce  sera  donc  du  bout  des  dents  qu'il  y  rira,  mol. 
Impr.  3.  Il  Desserrer  les  dents,  se  mettre  à  parler, 
rompre  le  silence.  Si  quelqu'un  desserre  les  dents, 
C'est  un  sot;  j'en  conviens;  mais  que  faut-il  donc 
faire?  Parler  de  loin  ou  bien  se  taire,  la  font.  Fabl. 
X,  2.  Il  4°  Nom  des  petits  os  qui  garnissent  la  bouche 
des  animaux  et  qui  leur  servent  à  manger,  à  atta- 
quer, à  se  défendre.  Il  fallait  labourer  les  tristes 
champs  de  Mars  Et  des  dents  d'un  serpent  ensemen- 
cer la  terre,  COHN.  Médée,  ii,  t.  Il  [le  ratj  fit  tant  de 
pieds  et  de  dents  Qu'en  peu  de  jours  il  eut  au  fond 
de  l'hermitage  Le  vivre  et  le  couvert,  la  font.  Fahl. 
VII,  2.  Il  tira  un  fer  de  son  petit  sac,  arracha  les 
quarante  dents  du  lion  et  mit  à  leur  place  quarante 
diamants  d'une  égale  grosseur,  volt.  Princ.  de  Ba- 
hyl.  I.  Il  Kig.  La  dent,  ce  qui  sert  à  mordre  et  à  dé- 
chirer. Le  moins  qu'on  peut  laisser  de  prise  aux  dents 
d'autrui ,  C'est  le  mieux....  la  font.  Fabt.  x,  ». 
Il  Avoir  une  dent  contre  quelqu'un,  lui  en  vouloir. 
Vous  avez  deviné  qu'on  n'aura  point  de  dent  contre 
elle,  sÉv.  324.  Je  vois  que  Votre  Majesté  a  toujours 
une  dent  secrète  contre  la  géométrie,  D'ALF.MB.itïf.  au 
roide  Prusse,  e  mars  t77l.  ||  Avoir  une  dentde  lait, 
garder  une  dent  de  lait  contre  quelqu'un,  avoir  une 
vieille  inimitié,  une  inimitié  pour  amsi  dire  sucée 
avec  le  lait.  C'est  que  vous  avez  une  dent  de  lait 
contre  lui,  mol.  Mal.  imag.  m,  3.  ||  Déchirera 
belles  dents,  dévorer.  Sinon  à  belles  dents  Je  te 
déchire,  la  font.  Rich.  Je  le  déchirerais,  le  traî- 
tre, à  belles  dents,  scarron,  Jodelet ,  ii,  7.  Et, 
figurément ,  médire  sans  aucune  retenue.  Halis- 
sot  avait  fait  une  comédie  intitulée  le  Satirique, 
dans  laquelle  ilse  déchirait  lui-même  i  belles  dents, 
pour  pouvoir  déchirer  à  son  ai.se  les  pliilosophes, 
d'alemb.  Lelt.  à  Voltaire,  2  juiil.  (770.  ||  Coup  do 
dent,  morsure;  et,  figurément,  mot  piquant,  mé- 
disant. Il  Tomber  sous  la  dent,  être  mordu;  et,  fi- 
gurément, essuyer  de  quelqu'un  .soit  des  propos  là- 
cheux,  soit  un  mauvais  traitement.  ||  Montrer  les 
dents,  se  dit  d'un  animal  qui  menace  et  montre  les 
dents.  Le  chien  montrait  les  dents.  Et,  figurément, 
montrer  les  dents  à  quelqu'un,  lui  parler  sévère- 
ment, durement.  Tellement  qu'il  faisait  le  maître 
Parmi  les  autres  prétendants.  Qui  n'osaient  lui 
montrer  les  dents,  scarr.  Yirg.  trav.  liv.  vu. 
Il  Quand  la  gueule  de  l'animal  menaçant  va  jusqu'à 
montrer  ses  grosses  dents,  sa  colère  est  encore  plus 
grande  et  plus  dangereuse  :  de  là,  figurément,  par- 
ler à  quelqu'un  des  grosses  dents,  le  réprimander 
fortement,  le  menacer.  ||  Malgré  les  dents,  sans 
craindre  les  dents'  menaçantes  d  un  animal;  et  de 
là,  figurément,  malgré  ses  dents,  malgré  lui.  Et  là 
malgré  mes  dents  rongeant  et  rêvassant,  Régnier, 
Sat.  XV.  Ils  m'ont  fait  médecin  malgré  mes  dents, 
MOL.  If^d.  malgré  lui,  m,  i.  Je  veux,  je  veux  ap- 
prendreà  vivre  à  votre  mère;  Et,  pour  la  mieux  bra- 
ver, voilà,  malgré  ses  dents,  Martine  que  j'amène 
et  rétablis  céans,  ID.  F.  sav.  v,  2.  Mais  eOt-ill'hu- 
meur  sombre  et  noire.  Avec  l'époux,  malgré  ses 
dents,  Mettez-vous  bien,  hamilton,  Gramm.  4.  ||  En 

dépit  des  dents,  même  sens les  autres  accidents 

Qui  nousviennenthapperendépildenosdents,  mol. 
Sgan.  )7.  Nous  l'aurons,  dis-je,  en  dépit  de  vos 
denl»,  iD..Çt'cil.  9.  Il  B° Les  dents  duchevaL  ||  Prendre 

■  lemorsaux  dents  seditd'unchevalqui  s'emporte  sans 
que  le  cocher  ou  le  cavalier  puissent  le  retenir,  le 
mors  n'opérant  pas  plus  d'effet  sur  les  barres  que  si 
le  cheval  le  tenait  serré  entre  les  dents,  y  Fig.  Pren- 
dre le  mors  aux  dents,  se  livrer  à  ses  passions,  à 
son  emportement,  à  sa  fougue.  ||  En  un  autre  sens, 
prendre  le  more  aux  dent»,  se  mettre  en  colère. 


DEN 

s'emporter  subitement.  On  lui  a  fait  un  léger  re- 
proche, il  a  pris  le  mors  aux  dents.  ||  En  un  autre 
sens  encore,  prendre  le  mors  aux  dents,  se  livrer  au 
travail,  aux  affaires  avec  ardeur,  après  être  resté 
dans  l'inaction,  dans  l'indolence.  X  présent  il  étu- 
die beaucoup,  il  a  pris  le  mors  aux  dents.  ||Le  che- 
val est  sur  les  dents,  quand,  fatigué,  il  appuie  ses 
dents  sur  le  mors;  et,  figurément,  être  .sur  les  dents, 
être  accablé  de  fatigue.  Mettre  sur  les  dents,  exté- 
nuer de  fatigue.  Qu'elle  m'ait  déconfit  et  mis  dessus 
les  dents,  Régnier,  Sat.  xiii.  La  pauvre  Françoise 
est  presque  sur  les  dents,  à  frotter  les  planches 
que....  MOL.  B.  gent.  m,  *.  Le  voilà  sur  les  dents, 
la  font.  Fabl.  ii,  9.  L'incommoder,  la  mettre  sur 
les  dents,  id.  Mandr.  Tout  cet  embarras  met  mon 
esprit  sur  les  dents,  mol.  Amph.  i,  2.  ||  6°  Les  dents, 
la  dentition.  Beaucoup  d'enfants  meurent  aux  dents. 
Cet  enfant  a  beaucoup  de  peine  à  faire  ses  dents. 
Il  7"  En  termes  de  zoologie,  nom  donné  à  tous  les 
organes  calcaires  ou  cornés  qui  servent  à  divi.ser  les 
substances  alimentaires,  quelle  que  soit  la  situation 
de  ces  organes.  ||  8°  Dent  d'éléphant,  une  défense  de 
l'éléphant.  ||  Dent  de  narval,  longues  défenses  qui 
arment  la  mâchoire  supérieure  des  narvals.  ||  9°  Nom 
des  pointes  qui  garnissent  certains  instruments.  Les 
dents  d'une  scie.  Les  dents  d'un  peigne.  Souffrez 
qu'on  peigne  un  peu....  —  Sottise  sans  pareille  !  Tu 
m'as  d'un  coup  de  dent  presque  emporté  l'oreille, 
MOL.  Fâch.  I,  1.  D'obstacles  infinis  mille  ont  su 
triompher,  Cécile  des  tranchants,  Prisque  des  dents 
de  fer  [instrument  de  torture] ,  rotr.  St  Gen.  m,  8. 
Il  y  aurait  plus  de  crimes  dans  un  monde  où  il  n'y 
aurait  ni  peines  ni  récompenses,  comme  il  y  aurait 
plus  de  dérangements  dans  une  montre  dont  les 
roues  n'auraient  point  toutes  leurs  dents,  d'alemb. 
l^tt.  au  roi  de  Prusse,  3o  nov.  <770.  |{  Terme  de 
botanique.  Saillie  plus  ou  moins  aiguë,  mais  tou- 
joursdepetitedimension,  du  bord  des  organes  mem- 
braneux. Il  Dent  de  broderie,  broderie  en  forme  de 
dent  ronde  ou  pointue  qui  termine  ordinairement  la 
broderie  tout  en  l'ornant  ;  elle  se  fait  presque  tou- 
jours au  feston.  Dent  simple.  Dent  pleine.  Dent  en 
crête  de  coq.  Dent  de  feston  de  rose,  espèce  de  dent 
pleine  formée  de  petites  dents.  Broderie,  découpure 
à  dents  de  loup,  broderie,  découpure  formant  une 
suite  d'angles  aigus.  ||  Dents  de  passement,  appelées 
aussi  engrelures,  et  qui  sont  des  pointes  aux  bords 
du  passement.  ||  Sommet  prismatique  et  anguleux 
d'une  montagne.  ||  Terme  de  serrurerie.  Refentes  sur 
le  museau  du  panneton  d'une  clef.  ||  10°  Brèche  qui 
est  au  tranchant  d'une  lame.  Ce  couteau  a  des  dents. 
Il  11°  Dent  de  chien,  ciseau  de  sculpteur,  formé 
d'un  fer  fendu  en  deux  pointes.  ||  18°  Dent-de-loup, 
cheville  pour  arrêter  la  soupente  d'une  voiture. 
Il  Terme  d'architecture.  Espèce  de  gros  clou  de  ta 
à  15  centimètres  de  longueur,  servant  à  attacher 
les  grosses  pièces  de  bois.  |j  Terme  de  charpentier. 
Grosse  broche  de  fer  servant  dans  les  pans  de  bois 
à  arrêter  les  tournisses.  ||  Terme  de  serrurier.  Trin- 
gle recourbée  pour  supporter  des  ustensiles  de  cui- 
sine. Il  Instrumeiit  de  doreur  qui  sert  à  brunir  l'or. 
Il  Terme  de  marine.  Sorte  de  levier  employé  dans 
les  purts  pour  soulever  de  lourds  morceaux  de  bois. 
Il  13'Dentde  chien,  nom  vulgaire  del'f^rj/f/irone  dent 
de  chien  (liliacées),  dite  aussi  vioulle,  s.  f.  ||  Dent 
de  lion  ,  nom  vulgaire  du  pissenlit  commun,  ou  du 
taraiacum  dent  de  lion  (synanthérées)  appelé  aussi 
couronne  de  moine.  |{  Doubledent,  espèce  de  mousse. 
Il  14°  Terme  de  minéralogie.  Dent  de  cochon,  va- 
riété de  carbonate  de  chaux  en  cristaux  hexaèdres. 
Il  Dent  de  cheval,  variété  de  topaze  bleu-verUâtre. 
Il  Proverbes.  C'est  Geoffroi  à  la  grand'  dent,  se  dit 
de  celui  qui  a  quelque  dent  qui  avance  plus  que  les 
autres.  ||  Œil  pour  œil,  dent  pour  dent,  se  dit  en 
parlant  d'une  vengeance  égale  à  l'offense.  ||  Telia 
dent,  telle  morsure,  c'est-à-dire  l'effet  répond  à  la 
cause.  Il  Le  vin  trouble  ne  casse  point  les  dents. 

—  HIST.  XI*  s.  [Il]  Tranche  le  nés  et  la  bouche  et 
les  dens,  Ch.  de  Hol.  cixiil.  [Il]  Tranche  la  teste 
d'ici  qu'as  denz  menus,  l'b.  cxliv. 

—  XII*  s.  Et  par  la  grant  angoisse  toiiz  les  dens 
rechigner,  flonc.  p.  200.  Le  nez  moult  très  bien 
fait,  les  danz  menus  et  blanz,  Sax.  v.  Es  danz  del 
peigne  ot  des  chevos  [cheveux]  Celi  [de  celle]  qui 
s'enestoit  peigniée,  la  Charrette,  <354. 

—  XIII*  s.  De  paour  [elle]  va  à  dens  sur  la  terre 
coucher,  Berte,  xix.  Et  Berte  gist  à  dens  par  des- 
sus la  bruiere,  t'b.  xx.  Puis  [elle]  dist  entre  ses  dens, 
que  nuls  ne  l'a  oit....  ib.  lui.  Parles  denz  bieu,  ce 
dist  li  uns,  C'est  Bruns  li  ors  [l'ours  j ,  li  chaz  Tybert ,  Ne 
li  âuramestier  haubert  Qu'autre  foiz  m'ont  il  felda- 
mage,  Ren.  9228.  Tucommencerasàfremir,  X  tres- 
saillir, à  démener,  Sor  coslô  l'estovra  torewr  Une 


DEN 

heure  envers,  une  eure  adens,  Cum  fait  honsçii  a 
mal  as  dens,  la  Rose,  2444.  Mecine  [médecine]  en- 
contre dens  dolur;  De  petis  maus  estle  peur  [p  rc], 
Ms.  St  Jean. 

—  XIV*  s.  Il  ne  scet  homme  ou  monde  en  tout  le 
firmament  X  qui  on  doie  faire  de  l'espée  présent.  Se 
ce  n'est  à  vous,  sire;  chascun  y  a  la  dent,  Guescl. 
<7242.  Il  sont  touz  affamez,  je  le  .sai  vraiement;  Ne 
pueent  plus  durer,  car  chascun  a  long  dent.  »'&. 
4I3H4.  C'est  Bertran  du  Guesclin  qui  vient  si  faite- 
ment;  Il  nous  tientà  brebis,  il  nous  monstre  la  dent, 
16.  <I63.  Le  Besque  de  Vilaines,  qui  m'a  grevé  for- 
ment, Olivier  de  Mauny,  que  je  hé  durement,  Et 
ses  frères  aussi  qui  me  monstrent  la  dent,  ib.  )too4. 

—  xv  s.  Là  les  povres  gens  leur  chantoient  une 
note  entre  leurs  dents  tout  bas,  froiss.  ii,  m,  44. 
Je  meurs  de  soif  auprès  de  la  fontaine;  Chaull  comme 
feu,  et  tremble  dent  à  dent,  en.  d'orl.  Bail.  (06. 
Et  icelui  respondit  fellement  qu'il  mentoit  par  ses 
dents, monstrel.  liv.  i,  ch.  i07.Du  journ'avoie  men- 
gé  des  dents;  S'avoye  grand  soif  et  grand  faim,  la 
FONT.  28.  Parquoi,  comme  le  roy  lui  monstroit  la 
dent,  avoit  bien  loy  aussi  de  monstrer  son  orgueil 
envers  le  roy,  G.  chastel.  Chron.  des  d.  de  Bourg,  m. 
ch.  200.  Malgré  leurs  dents,  s'en  vindrent  toujours 
combattant,  Bouciq.  i,  ch.  30.  Le  mareschal,  qui 
toujours  y  avoit  la  dent,  encore  se  voult  mettre  en 
son  devoir  de  s'essayer,  avant  que  aux  Florentins 
aulcune  vendition  en  fust  faite,  ib.  m,  ch.  8.  Car, 
dit  le  proverbe,  où  la  dent  deult,  la  langue  va,  et, 
dit  l'Escriture,  qui  de  terre  est  de  terre  parle,  llist. 
de  J.  Boucicaut,  in-4'',  Paris,  1620,  p.  378,  dans 
LACL'RNE.  C'est  à  meshuy,  j'ay  beau  corner.  Or  ça 
il  s'en  fault  retourner  Maulgré  sez  dentz  en  sa  mai- 
son, VILLON,  Arch.  de  Bagn. 

—  xvi*s.  Maugré  ses  dens,  calv.  Instit.  7.  Cecy 
est  pour  blanchir  vos  dents,  Si  par  temps  ils  devien- 
nent ords,  St  GEL.  (21.  Je  vy  naguère  un  cheval 
qui  prenoit  Son  mors  aux  dents....  id.  200.  Comme 
ne  peut  s'appaiser  Tadent  par  ire  accrochée,  m.  240. 
Ses  dentelettes  d'ivoyre,  dubell.  vu,  37,  recto.  Le 
prince  se  retira  en  son  camp,  riant  (mais  entre  les 
dents),  LANGUE,  662.  Les  magistrats  catholiques,  re- 
mis en  leurs  estais,  avoient  bien  souvent  quelque 
dentde  prendre  la  revanche  des  huguenots,  casiei^ 
nau,  177.  Ayant  la  mort  entre  les  dents,  il  songe 
encore  à  la  guerre  contre  Mithridate,  amïot.  Ma- 
rius  et  Pyrr.  (4.  Il  ne  faisoit  mourir  .seulement 
ceulx  contre  qui  il  avoit  particulièrement  quel- 
que vieille  dent,  id.  Lysand.  35.  Le  beguoyement 
de  leur  parler  entre  leurs  dents,  id.  Sertor.  40. 
Celle  herbe  que  l'on  appebe  dent  de  chien,  id.  Cé- 
sar, 68.  Si  on  luy  commande  de  parler  des  grosse» 
dents  à  un  fascheux  beau  père,  il  est  sans  honte  et 
sans  mercy,  id.  Comm.  dise,  le  flatl.  41.  Lesadvo- 
cats  n'en  meurent  guère,  Qui  boivent  avec  leurs 
clients:  Ayant  une  bonne  matière.  Ils  s'en  lavent 
fort  bien  les  dents,  jean  le  houx,  Yau  de  Vire,  l. 
Là  l'infanterie  demeura  sur  les  dents,  comme  aians 
foit  trois  lieues  plus  que  leurs  ennemis,  p'aub.  llist. 

III,  9.  L'apophyse  dresséeau  corps superieur'du  se- 
cond spondyle,  que  Hippocrates appelle  dent,  paré, 

IV,  16.  Si  les  dents  sont  corrodées,  creuses  et  per- 
tuisées  jusques  à  la  racine,  id.  xv,  26.  Les  orfèvres 
garnissent  ces  dents  [de  lamieou  requin]  d'argent, 
les  appelans  dents  de  serpent,  id.  Monsir.  app.  i. 
i  douleur  de  dent  n'ayde  viole  n'instrument,  Le- 
roux DE  LiNCY,  Prov.  t.  I,  p.  214.  Battre  le  tambour 
avec  les  dents  [trembler] ,  id.  16.  Bonnes  sont  les 
dents  qui  retiennent  la  langue,  id.  ib.  Les  gour 
mands  font  leurs  fosses  avec  leurs  dents,  id.  ib. 
Dent  contre  dent  se  consume,  gésin.  Récréations, 
t.  II,  p.  237.  On  met  mieulx  entre  ses  dens  qu'on  ne 
le  rejette  quand  est  dedans,  iD.  ib.  p.  248.  11  por- 
toit  une  dent  à  Guesclin  depuis  qu'il  avoit  enlevé  le 
chasteau  de  Fougeray  sur  Robert  de  Bambroo,  Mém. 
s.  du  Guescl.  ch.  v. 

—  ÉTYM.  Picard,  deint,  s.  m.;  wallon,  den;  gé- 
nev.  cet  enfant  met  ses  dents,  pour  il  fait  ses  dents; 
provenç.  denl;  espagn.  dienle;  ilal.  dente;  du  latin 
dens;  grec,  ôSoiç;  angl.  tooth  ;  aliem.  Zahn;  island. 
tan;  bas-breton,  dant ;  sanscrit,  dama ,  qui  paraît 
être  originairement  le  participe  pré.sent  acûinla, 
mangeant,  du  verbe  sanscrit  ad,  manger  (latin  ed- 
ère),  dont  la  voyelle  initiale  serait  conservée  dans  le 
grec  iio<i(.  Dans  l'ancien  français,  dent  était  mas- 
culin comme  en  latin;  il  est  resté  tel  dans  quelque» 
patois  :  rire  des  gros  dents,  se  dit  en  Lorraine;  il 
commence  à  devenir  féminin  au  xiv*  siècle. 

l.I)ENT.\IRE  (dan-tê-r),  adj.  Qui  appartient, 
qui  a  rapport  aux  dents.  ||  Terme  d'anatomie.  Canaux 
ou  conduits  dentaires,  canaux  osseux  qui  livrent 
passage  aux  misseauz  et  nerfs  denlaiies.  ||  Noyau 


DEN 

dentaire,  nom  donné  à  la  papille  ou  pulpe  dentaire, 
qui  est  centrale  et  sur  laquelle  la  dent  se  moule. 
Il  Arcade  dentaire,  réunion  de  la  série  des  dents, 
décrivant  toujours  une  li^ne  plus  ou  moins  courbe. 
Il  Cavité  dentaire,  cavité  existant  dans  toutes  les 
dents  peu  éloignées  de  l'époque  de  leur  éruptioii  et 
contenant  la  pulpe  dentaire.  ||  Terme  de  vétérinaire. 
Cul-de-sac  ou  cornet  dentaire,  cavité  existant  à  la 
surfjoe  de  frottement  des  incisives,  des  solipèdes, 
qui  disparaît  par  suite  de  l'usure  de  la  dent,  et  dont 
la  disparition  est  un  des  signes  utilisés  pour  la  con- 
naissance de  l'âge.  ||  Terme  do  zoologie.  Formule 
dentaire,  disposition  de  chiffres  adoptée  pour  indi- 
quer d'une  manière  abrégée  le  nombre  des  dents  do 
chaque  espèce,  chez  les  mammifères;  exemple: 
formule  dentaire  du  cheval:  inc.  f,  can.  j=f,  mol. 
1=1  =  40;  c'est-à-dire  12  incisives,  6  en  haut,  6  en 
bas;  4  canines,  en  haut  I  àdroiteet)  àgauche,  en  bas 
)  h  droite  et  <  à  gauche;  24  molaires,  en  haut  6  à 
Jroiteet  6  à  gauche,  en  bas  e  àdroiteet  6  à  gauche. 

—  RTYM.  I.at.  dentarius,  de  dens,  dent. 

a  DENT.41RE  (dan-tê-r') ,  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Genre  de  plantes  crucifères,  ainsi  nommées 
parce  que  les  racines  en  sont  dentées,  dont  trois  es- 
pèces denforia  pjnnafa,  Lamarck,  detilaria  penta- 
phyllos,  L. ,  et  denlaria  bulbifera,  L.,  ont  été  re- 
gardées comme  carminatives  et  vulnéraires. 

—  ÉTYM.  Dentaire  l. 

DENTAL,  ALE  (dan-tal,  ta-1'),  adj.  \\  1°  Terme 
d'anatomio.  Qui  appartient  aux  dents.  Nerfs  den- 
taux. Il  2°  Terme  de  grammaire.  Lettres  dentales, 
lettres  qui  ne  peuvent  être  prononcées  sans  que  la 
langue  touche  aux  dents,  telles  que  d,  t,  n,  s.  Les  t 
et  les  d  dentaux  du  sanscrit,  sorte  de  (  et  de  d, 
propres  à  cette  langue.  Une  consonne  dentale.  ||  S. 
f.  Une  dentale,  c'est-à-dire  une  consonne  dentale. 
Les  dentales  sont  d,  (,  s,  z,  n  ;  en  anglais  il  faut  y 
ajouter  le  th  dans  ses  deux  prononciations. 

—  ÉTYM.  Lat.  dentalis,  de  dens,  dent  ;  provenç. 
et  espagn.  dental;  ital.  dentale. 

f  DENTALE  (dan-ta-l') ,  s.  m.  Genre  de  mollus- 
ques marins  (voisins  des  gastéropodes),  à  coquille 
calcaire,  univalve.  dont  l'espèce  la  plus  commune 
sur  les  côtes  d'Asie  et  d'Europe  est  le  denlalium 
elephantinum ,  Martini.  ||  Espèce  de  poisson  du 
genre  des  spares. 

t  DENTALITHE  (  dan-ta-li-t'),  s.  f.  Nom  donné 
aux  dentales  fossiles. 

—  ÉTYM.  Dentale,  et  ).î9oi;,  pierre. 

DENTÉ,  ÉE  (dan-té,  tée),  part,  passé.  \\  1° Garni 
de  pointes  uniformes  et  placées  à  égale  distance  les 
unes  des  autres.  Roue  dentée.  Il  fit  réflexion  que 
dans  les  machines  où  il  y  a  des  roues  dentées,  c'est 
aux  dents  que  se  fait  tout  l'effort,  et  que,  par  consé- 
quent, le  frottement,  qui  détruit  toujours  une  grande 
partie  de  l'effet  des  machines,  est  à  ces  endroits  plus 
grand  et  plus  nuisible  que  partout  ailleurs,  fonten. 
Lahire.  \\  Terme  de  botanique.  Feuille  dentée.  Le 
bord  est  doublement  denté,  lorsque  chaque  dent 
porte  elle-même  une  dent  plus  petite.  Bord  denté 
en  scie,  bord  oil  chaque  dent  est  dirigée  vers  le 
sommet  de  l'organe  denté.  ||  2"  Terme  de  bla- 
son. Ne  se  dit  que  des  animaux  dont  on  voit  les 
dents.  Il  3"  Terme  de  diplomatique.  Charte  den- 
tée, papier  poli  avec  une  dent  d'animal.  ||  4°  S.  m. 
Poisson  de  la  Méditerranée  (dentatus  vulgaris). 

—  HIST.  XV'  s.  Chascuns  promet,  mais  que  vaut 
telz  convenz.  Quant  sur  mentir  le  principe  est  en- 
tez? Tel/,  prometteurs  sont  de  cens  decepvenz.  Qui 
de  voir  dire  n'ont  plus  les  dens  dentez,  e.  nEscn. 
Poésies  mss.  f"  222,  dans  lacurne.  ||  xvi"  g.  Perdre 
une  saillie  gaillarde  et  piquante  d'esprit,  ou  un  mot 
denté  et  plein  d'aiguillon,  pasquier,  Lett.  t.  m, 
P  93,  dans  LACURNE.  Ses  habits  estoient  tous  de- 
schirez,  et  luy  denté  [morduj  en  plusieurs  parts, 
cuouÈRES,  Contes,  f"  208,  dans  lacuhne. 

—  ËïYM.  Provenç.  dentat;  espagn.  dentado;  ital. 
denlato;  du  latin  dentatus,  de  dens,  dent. 

DENTÏiE  (dan-tée),  s.f.\\  1°  Coup  de  dents  qu'un 
chien  donne  au  gibier.  ||  2°  Coup  que  le  sanglier 
donne  avec  ses  défenses. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  la  beauté  tant  vantée  Qui  du 
foudroyant  sangler  Sentit  la  fiere  dentée,  ddbell. 
v,  53,  rerso. 

—  ÉTYM.  Denté,  comme  rossée,  de  resté. 

DENTELAIRE  (dan-te-lê-r'),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  ainsi  nommées ,  parce 
qu'une  des  espèces  était  jadis  employée  contre  le 
mal  de  dents,  et  dont  une  espèce  (plumbago  euro- 
pa-a,  L.)  a  une  racine  irritante  et  employée  pour 
produire  la  rubéfaction.  ||  Plante  nommée  aussi  herbe 
au  cancer  et  malherbe. 

—  ËTYM.   Voy.    DENTELER. 


DEN 

DENTELÉ,  ÉE  (dan-te-lé,  lée),  adj.  ||  l»  Taillé  en 
forme  de  dentelle.  Un  roc  dentelé.  Arête  visible  de 
loin,  âprement  dentelée,  et  qui  sépare  le  torrent 
affluent  du  Gardon  d'avec  le  Mimente,  affluent  du 
Tarn,  fouhnet  ,  Acad.  des  se.  Comptes  rendus, 
t.  LU,  p.  )H7.  Il  Terme  de  botanique.  Se  dit  des  par- 
ties d'une  plante  qui  sont  inégalement  découpées, 
par  opposition  à  denté,  oïl  les  découpures  sont  égales. 
Il  Terme  d'anatomie.  Ligament  dentelé,  bandelette 
blanchâtre,  trîs-résistante,  située  dans  le  canal  ver- 
tébral. Il  Le  grand  dentelé,  muscle  qui  s'attache  aux 
huit  ouneuf  premières  côtes.  Les  petits  dentelés  pos- 
térieurs, muscles  qui  s'attachent  à  la  dernière  ver- 
tèbre cervicale  et  aux  deux  premières  dorsales.  Le 
petit  dentelé  antérieur,  le  petit  pectoral.  |I  Terme 
de  diplomatique.  Charte  dentelée,  charte  dont  la 
marge  détachée  de  la  sotiche  est  dentelée.  112°  Terme 
de  blason.  Qui  est  à  petites  dents,  en  parlant  de  la 
croix,  delà  bande,  etc.  ||  3°  Terme  de  numismatique. 
Médailles  dentelées  ,  médailles  dont  la  tranche  est 
garnie  de  dents. 

—  REM.  En  parlant  des  roues,  on  se  sert  exclusi- 
vement de  l'adjectif  denté,  et  non  de  dentelé. 

—  HLST.  XVI'  s.  Un'  espine  qu'ils  [certains  pois- 
sons] ont  dentelée  comme  une  scie,  mont,  ii,  I9B. 
La  suture  des  os  est  dentelée  ou  crénelée  à  la  façon 
des  dents  de  scie.,.,  ou  escaillée,PARÉ,iv,  43.  Il  est 
fort  dentelé  et  furieux,  tuant  et  dévorant  les  autres 
poissons,  ID.  Mrinstr.  app.  1.  Certains  muscles  ser- 
vant à  la  respiration  que  nous  appelions  dentelés 
postérieurs,  id.  i,  8.  Le  grand  dentelé,  sortant  de 
la  base  du  paleron,  m.  ib.  Le  rhomboïde  (nommé 
aussi  petit  dentelé),  m.  iv,  7. 

—  ÉtYM.  Voy.  DENTELLE. 

t  DENTELER  (dan-te-lé.  VI  se  double,  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette:  je  dentelle;  je  dentel- 
lerai), V.  a.  Faire  des  entailles  en  forme  de  dentelle. 

—  ÉTYM.  Voy.  DENTELLE. 

f  DENÏELET  (dan-te-lè) ,  s.  m.  Terme  de  con- 
struction. Carré  sur  lequel  on  taille  les  ornements 
appelés  denticules. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dent. 

DENTELLE  (dan-tè-1'),  s^  f.  ]\  1°  Sorte  de  passe- 
ment à  jour,  à  mailles  très-fines.  Dentelle  de  fil,  de 
soie,  d'argent.  ||  Dentelle  réseau,  sorte  de  dentelle 
en  point  d'Alençon.  ||  Dentelle  bride,  dentelle  dont 
le  tissu  est  plus  fort  que  le  réseau.  ||  2°  AKsolument. 
La  dentelle  de  fil.  Elle  travaillait  devant  la  Fan- 
chon  qui  faisait  de  la  dentelle,  J.  J.  rouss.  Hél. 
v,  3.  Il  S.  f.  plur.  Objets  de  parure  faits  de  den- 
telles. Parée  de  diamants  et  de  dentelles.  ||  3'  Terme 
d'architecture.  Dentelle  de  jiierres,  pierres  taillées 
en  dentelle.  ||  4°  Ornement  d'imprimerie,  servant 
d'entourage  aux  pages,  ou  de  vignette  aux  titres 
des  chapitres.  ||  Dessin  poussé  sur  le  bord  des  li- 
vres ou  sur  le  plat  de  leur  couverture.  ||  5°  Den- 
telle de  mer,  nom  de  plusieurs  polypiers.  ||  Den- 
telle de  Vénus,  nom  vulgaire  d'un  très-joli  polypier 
réticulé. 

— msT.  xvi's.Dentille,  ornementdesfrises,  oudin. 

—  ÉTYM.  Provenç.  denlelh.  dentHh,  créneau  :  ital. 
den/pMo,  même  sens;  àn\AVm  denticuhis ,  diminutif 
de  dens,  dent.  De'i'eHe  est  la  forme  féminine  de  ce  mot. 

■j- DENTELLIÈRE  (dau-tè-liô-r'),  s.  {.  Ouvrière 
qui  fait  de  la  dentelle. 

—  ÉTYM.  Dentelle. 

DENTELURE  (dan-te-lu-r') ,  s.  f.  Ijl»  Ouvrage  de 
sculpture  fait  en  forme  de  dents.  |{  2°  Découpure  en 
forme  de  dents.  Au  bord  de  la  partie  éclairée  du 
disque  lunaire,  les  montagnes  se  présentent  sous  la 
forme  d'une  dentelure  qui  s'étend  au  delà  de  la  ligne 
de  lumière,  laplace,  Exp.  1,  4.  Leurs  dentelures 
[des  monts]  se  traçaient  avec  une  pureté  extraordi- 
naire sur  le  ciel,  chateaub.  Italie,  H.  Les  limites 
des  rivages  de  la  Provence  sont  circonscrites  dans 
un  cercle  de  même  rayon  que  celui  qui  enferme  les 
dentelures  des  rives  occidentales  de  la  Corse,  ville- 
neuve -flayosc,  .Icad.  des  se.  Comptes  rendus, 
t.  Liv,  p.  200.  Il  Terme  de  botanique.  Dentelures, 
dents  en  scie,  c'est-à-dire  aiguës  et  dirigées  vers 
le  sommet  de  l'organe  denté. 

—  HIST.  xvi"  s.  Les  dentelures  des  rochers,  d'aub. 
Hist.  m,  406.  Des  parapets  de  quatre  pieds  de  gasons 
et  de  motines  qui  se  flanquoient  par  leurs  dante- 
lures,  m.  ib.  1,  20. 

—  ÉTYM.  Denteler. 

t  DENTER  (dan-té),  v.  a.  Munir  de  dents  un  us- 
tensile. On  a  commencé  à  denter  cette  roue. 

—  ÉTYM.  Dent. 

+  DENTlCIDE(dan-ti-si-d'),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Déhiscencedenticide.déhisoence  se  faisant  parl'é- 
cartement  des  dents  quisontau  sommetdes carpelles. 

—  lïTYM.  Dent,  et  le  latin  r.a:dere,  fendre. 


DEN 


10G« 


t  DENTICORNE  (dan-ti-kor-n') ,  adj.  Terme  d'en- 
tomologie. Oui  a  les  antennes  ou  cornes  dentées. 

—  ÉTYM.  Dent,  et  corne. 

DENTICIILE  (dan-ti-ku-1'),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Dent  très-petite.  ||  2°  Par  extension, 
lég'TO  dentelure.  ||  Terme  de  menuiserie.  Petites 
parties  saillantes  carrées  par  leur  plan,  et  dont  la  lar- 
geur est  à  la  hauteur  comme  2  esta  3.  Il  3"  S.  /■.  plur. 
Terme  d'architecture.  Les  denticules,  membre  des 
corniches  ioniques  et  corinthiennes,  qui  a  plusieurs 
entaiUures  semblables  à  des  dents.  Les  denticules 
se  placent  ordinairement  dans  la  corniche  ionique  et 
dans  la  corniche  corinthienne,  Z))c(.  de  l'Académie. 

—  ÉTYM.  Lat.  denticulus,  diminutif  de  dens, dent, 
t  DENTICCLÉ,  ÉE  (dan-ti-ku-lé,  lée),  adj.  Terme 

didactique.  Qui  est  garni  de  très-petites  dents,  de 
denticules.  ||  Terme  d'architecture.  Se  dit  des  orne- 
ments en  forme  de  moulures  carrées  qui  font  partie 
de  la  corniche.  ||  Terme  de. blason.  Écu  denticulé, 
écu  dont  la  bordure  est  formée  de  denticules. 

—  ÉTYM.  Denlicule. 

DENTIER  (dan-tié;  Vr  ne  se  lie  jamais;  au  pic- 
riel,  l's  se  lie  :  des  dan-tié-z-habilement  faits),  s.  m 
Il  1°  Rang  de  dents.  Un  beau  dentier.  Terme  fami 
lier  et  peu  usité.  ||  2°  Terme  de  dentiste.  Série  de 
dents  artificielles  montées  sur  une  même  pièce,  et 
disposées  de  manière  à  représenter  une  des  arcades 
dentaires.  ||  3°  Outil  qui  sert  à  diviser  chaque  pair, 
de  savon  en  loves. 

—  ÉTYM.  Dent. 

t  DENTIEICATION  (dan-ti-fl-ka-sion),  s.  f.  Terme 
de  physiologie.  Génération  de  la  dentine  ou  sub- 
stance propre  des  dents. 

—  ÉTYM.  Dent,  et  le  suffixe  latin  ficare,  faire. 

t  DENTIFOUME  (dan-ti-for-m') ,  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  forme  d'une  dent. 

—  ÉTYM.  Dent,  et  forme. 

DENTIFRICE  (dan-ti-fri-s') ,  s.  m.  ||  1°  Médica- 
ment, ou  poudre  qui  sert  à  nettoyer  les  dents,  er. 
les  frottant.  ||  Adj.  Poudre  dentifrice.  ||  2°  Nom 
donné,  par  extension,  à  certaines  préparations  al- 
cooliques, l'eau  de  Botot  par  exemple,  destinées  à 
la  conservation  des  dents. 

—  HIST.  XVI'  s.  Qu'on  les  frotte  avec  dentifrices 
faits  de....  PARÉ,  XV,  29. 

—  ÉTYM.  Latin  dentifricium ,  de  dens, dent, et /'(t- 
care,  frotter  (voy.  friction). 

t  DENTIGÈUE(dan-ti-jê-r'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  est  muni  de  dents. 

—  ÉTYM.  Dent,  et  le  latin  gerere,  porter. 

t  DENTINE  (dan-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Nom  donné  à  la  substance  propre  des  dents. 

—  ÉTYM.  Dent. 

t  DENTIROSTKE  (dan-ti-ro-str') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Dont  le  bec  offre  une  ou  plusieurs  dents. 
Il  S.  m.  Nom  d'une  famille  de  passereaux  caractéri- 
sée par  une  éohancrure  à  l'extrémité  du  bec,  par 
exemple  le  merle. 

—  ÉTYM.  Dent,  et  le  latin  rostrum,  bec. 

DENTISTE  (dan-ti-st'),  s.  m.  Chirurgien  ou  ar- 
tiste ne  s'occupant  que  de  ce  qui  concerne  les  dents. 
Il  Adj.  Un  chirurgien  dentiste. 

— ÉTYM.  Dent.  Paré  a  dit  dentateur  :  Ne  faut  que 
les  barbiers  et  dentateurs  se  hastent  trop  subit  les 
arracher,  xv,  28. 

DENTITION  (dan-ti-sion ;  en  poésie,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  Eruption  naturelle  des  dents  aux  di- 
verses époques  de  la  vie. 

—  REM.  C'est  une  faute  de  dire  une  belle  denti- 
tion pour  une  belle  denture. 

—  ÉTYM.  Latin,  dentitio,  de  dens,  dent. 

t  DENTO-LABIAL,  ALE  (dan-to-la-bi-al,  a-l'), 
adj.  Terme  de  grammaire.  Lettre  dento-labiale,  ou, 
substantivement,  une  dento-labiale,  consonne  qui, 
comme  le  1;  et  Vf,  se  forme  par  l'imposition  des 
dents  sur  la  lèvre  inférieure. 

—  ÉTYM.  Dent,  et  labial. 

DENTURE  (dan-tu-r"),  s.  f.  ||  1°  As.semblage  de 
dents,  naturel  ou  artificiel.  ||  Ordre  dans  lequel  les 
dents  sont  rangées.  Une  belle  denture.  ||  2°  Terme 
de  mécanique  et  d'horlogerie.  Le  nombre  des  deuts 
d'une  roue. 

—  HIST.  xin'  s.  Qu'aprent  poulain  en  denteûre. 
Tenir  le  veut  tant  come  il  dure,  gautier  decoinsi, 
dans  le  Dict.  de  docuez.  (|  xiv  s.  Dit  on  que  ce  que 
on  aprent  en  denteûre,  on  veult  teniren  vieillesse^ 
GASTON  piiÉBUS,  Chasse,  ms.  p.  t34,dans  lacurne. 
il  xv*  s.  J'aim  par  amour  la  plus  belle  figure  Que 
nulz  homs  puist  de  ses  yeux  regarder;  Courte  et 
grosse  est,  et  s'a  la  denteiire,  Groin  et  cheveux  corn 
hure  de  sanglier.  Barbe  au  menton;  elle  méfait  trem- 
bler, E.  DEscii.  Poésies  mss.  f°  220,  dans  lacurnï. 

—  ÉTYM.  Dent. 


10G2 


DEN 


DÊNUDATION  (rlé-nu-da-sion;  en  vers,  de  cinq 
«yllalics),  t.  f.  Il  !•  Terme  do  chirurgie.  Etat  d'une 
partied6pouilléedeso«enve!o|ipesnatiirelle3.  ||2"Par 
eitension.  Uéiiuilalron  d'un  arbre,  état  d'un  arbre 
dé|ioiiilléde  son  teorce  ou  doses  rouilles.  |j  Terme 
de  «ôologio.  Dénuil.ilion  d'un  teriain,  enlèvement 
des  couches  qui  le  recouvrent  habituellement. 

rilST.  XVI*  s.  De  peur  de  douleur  et  denuda- 

tioa,  tant  ilu  nerf  que  do  l'os,  pauê,  xiii,  (7. 

—  tTYM.  Lat.  denudationem ,  de  dmxtdare  (voy. 
dénueb). 

t  DfiiVUDÉ,  ÊE  (dé-nu-dé,  dée),  part.'piusé.  Un 
03  dénudé. 

f  l)ftNLiF)KR  (dé-nu-dé),  r.  o.  |1  1°  Terme  de 
chirurgie.  Mettre  un  os,  une  partie  à  découvert. 
Il  2°  Par  extension,  dépouiller  un  arbre  de  son 
écorce.  ||  3°  Se  dénuder,  v.  réfl.  Se  dépoudier  de  son 
enveloppe.  Cet  os  commence  à  se  dénuder. 

—  f.TYM.  Lat.  deimdare  (voy.  dénuer). 
DCNCE,   ÊE  (dé-nu-é,  éc),   part,  passé.   Privé. 

Plulon  est  seul,  enlre  les  dieux.  Dénué  d'oreilles 
et  d'yeux  À  quiconque  le  sollicite,  MAi.ii.  vi,  to. 
Pauvres  et  dénués  des  secours  de  la  terre.  Mais  ri- 
ches en  glace  et  vertu,  corn.  Itnit.  i,  <8.  Être  dé- 
nué de  toutes  choses,  patru.  Plaidoyer  4  ,  dans  ni- 
ciiELET.  Dénué  d'un  secours  par  lui-même  détruit, 
CORN.  //or.  I,  3.  Alexandre,  dénué  de  ces  avanta- 
ges, n'eilt  pas  marchaddé  pour  passer  le  [tubicoii, 
et  c'est  en  partie  celle  hanliessequi  lui  a  fait  attri- 
buer le  surnaturel  et  le  merveilleux,  la  font.  Let- 
tres, XII.  Il  faut  être  bien  dénué  d'esprit,  si  l'amour, 
la  malignité,  la  nécessité  n'en  font  pas  trouver,  la 
URUY.  IV.  La  valeur,  dénuée  de  toutes  les  autres  ver- 
tus, ne  peut  rendre  un  homme  digne  d'une  vérita- 
ble estime,  srgrais,  dansRiciiELEi.  L'Espagne  était 
alors  incapable  de  se  défendre  elle-même,  épui.sée 
d'argent,  dénuée  de  troupes  et  de  vaisseaux,  ToncY, 
Mi'm.  1. 1,  p.  3.1.  Dénuée  de  support  et  chargée  d'un 
enfant,  bern.  de  s.-p.  Paul  et  Virg.  ||  Absolument. 
Les  plus  dénués  furent  secourus. 

—  SYN.  DÉNUiî.DÉPOL'Bvu.  Dépourvu  est  celui  qui 
est  sans  provision  :  dénué  est  celui  qui  est  mis  à  nu. 
Dénué  exprime  donc  une  nuance  plus  forte  que  dé- 
pourvu. 

DÉNUEMENT  (dé-nu-man),  s.  m.  Voy.  rÉNÛ- 
UENT.  Dénuement  est  une  orthographe  qu'on  trouve 
couramment  dans  le  xvii*  siècle  et  qui  n'est  plus 
usitée. 

DÉNUER  (dé-nu-é);  v.  a.  \\l'  Dépouiller  de  cho- 
sr^s  nécessaires.  ||  2°  Se  dénuer,  v.  réfl.  Se  dénuer 
du  nécessaire  pour  ses  enfants. 

—  HIST.  xu'  s.  Cil  ki  est  denueiz  az  espées  de  ses 
anemis,  Joh,  444.  Non  ferai,  dame,  par  les  iex  de 
mon  chief;  Quar  tosjors  mais  me  seroit  reprochiés, 
Hons  dcsnués  [dé.sarmé]  n'iert  jà  par  moi  louchiés, 
Raoul  de  C.  203.  ||xni'  s.  Mies  autres  metaus  des- 
nuent  De lor  formes,  si  qu'il  les  muent  Kn  lin  argent 
par  médecines,  la  Rose,  1034.1.  Et  quanlillecse  voit 
cheûe,  Sa  chiere  et  son  habit  remue,  Et  si  se  des- 
nue  [se  met  nue]  et  desrobe,  Ou'ele  est  orfeuine  de 
robe,  i().  a  176.  Et  Jupiter  li  fisl  [à  Argus]  trenchier  Le 
chief,  por  lo  revcnchier,Ou'ilavoit  en  vache  muée, 
Do  forme  humaine  desnuéo,  ib.  14692.  ||xiv'  s.  Au- 
cunes choses  sont  desiiuelles  se  un  homme  est  des- 
nué  et  que  il  ne  les  a  pas,  sa  félicité  en  est  aussi 
comme  honie  ou  anullée,  obesne,  £(h,  20.  Les 
mors  ont  dénué  et  les  armeures  pris,  Guescl.  780. 
Chil  qui  furent  en  l'ost  ont  les  mors  desnuez.  Et 
puis, en  une  fosse,  si  les  a-on  getés,  Uaud.  de  Scb. 
IX,  189.  Il  xv  s.  El  disaient  que  on  feroit  un  grand 
outrage,  si  on  denuoit  le  royaume  d'Angleterre  do 
deux  mille  hommes  d'armes,  nioiss.  ii,  ut,  I8. 
Il  XVI'  s.  M'advertissans  de  la  froide  venue  Du  triste 
liyvcr,  qui  la  terre  desnue,  marot,  i,  223.  Desnué 
d'espérance,  ID.  u,  4  2.  Job  recognoist  que  c'est  Dieu 
qui  l'a  desnué  de  tout  son  bien,  calv.  Instit.  lOu. 
Il  feil  marcher  les  siens  contre  les  Lacedsenioniens, 
qui  avoient  les  fiaiicz  desnuez  de  gens  de  cheval, 
AMYOT,  Philop.  18.  Et  no  demouroit  au  roy  que  le 
nom  de  royaulté  seulement  dénué  de  toute  puis- 
sance, m.  Lys.  43.  L'histoire  est  dénuée  de  foi  par 
ceux  qui  U  r'emplissent  de  miracles,  d'aib.  llisl.  i , 
48».  La  diftcullé  des  approches  estoit  principale- 
ment eu  faute  de  terre,  de  laquelle  toute  l'isle  e.st 
ùiisnuée.iL.  t().  aie.  Si  ros,estanl  desnué,  on  frappe 
desiu»....  PARE,  vm,  a. 

—  f.TYM.  Provcnç.  dcnudar,  d«inudar;ital.  dù- 
niidare;  uu  latin  dmiidare.de  la  préposition  de,  et 
Miidu»,  nu  (ï..y.  nu).  Dénuer  et  dénuder,  tirés  tous 
deux  de  denudare,  témoignent  de  leur  date  par  leur 
fuiffittion  :  la  second  est  un  calque,  le  premier  est 
ur.e  modification  du  m.it  latin  commandée  par  l'o- 
mUle  de  nos  aïeux. 


DEP 

DÉnCMENT  (dé-nu-man),  i.  m.  Dépouillement, 
dos  choses  nécessaires.  Cette  famille  est  dans  le  dé- 
nùment  le  plus  complet.  La  roule  avait  détruit  leur 
chau.ssure....  ils  cachaient  avec  soin  leur  dénû- 
ment  devant  leur  em[>ereur  et  se  paraient  de  leurs 
armes  éclatantes  et  bien  réparées,  ségur,  Ilist.  de 
Napol.  VIII,  4 1 .  D'abord  le  vin  manqua,  puis  la  biùre, 
même l'eau-de-vie, enfin  l'on  fut  réduit  a  l'eau,  qui 
souvent  manqua  &  son  tour;  il  en  fut  de  même  pour 
les  aliments,  do  même  pour  les  autres  nécessités 
de  la  vie;  et  dans  ce  dénùineni  graduel  le  découra- 
gement de  l'âme  suivait  l'affaiblissement  successif 
du  corps,  ID.  ib.  VI,  8.  ||  Terme  de  la  vie  spirituelle. 
Le  dénûment  des  biens  sensibles,  disposition  con- 
traire au  goût  et  à  l'attachement  naturel  qu'on  a 
pour  les  objets  des  sens. 

—  TiEM.  Au  xvii"  siècle,  dénûment  était  rejeté  par 
les  puristes;  Douhours,  Kouv.  rem.  dit  :  «  Dénue- 
ment ne  vaut  rien  ,  ni  dans  le  propre  ni  dans  le  fi- 
guré; il  n'est  pas  mtme  français.  Il  faut  avouer 
néanmoins  que  les  dévots  s'en  servent;  mais  il  faut 
vivre  comme  eux,  et  ne  pas  toujours  parler  comme 
eux.  »  L'histori(iue  montre  qu'il  était  bien  français. 

—  HIST.  XV'  s.  Elles  avoient  donnez  leurs  joyaux 
et  leurs  habits  de  si  grant  cueur  aux  chevaliers, 
qu'elles  ne  se  appercevoient  de  leurs  desnuement  et 
desvestement,  Pcrcf/'orest,  t.  i,  f°  165.  ||xvi*s.  Ca- 
rie de  l'os,  desnuement  avecques  perdition  de  la 
couverture,  paré,  xiii,  4. 

—  ETYM.  Dénuer, 

t  DÉONTOLOGIE  (dé-on-to-lo-jie),  s.  f.  Terme 
didactique.  Science  des  devoirs. 

—  f.TYM.  To  Sioi .  le  devoir,  et  Xéyoi;,  doctrine. 
t  DÉONTOLOGIQUE  (dé-on-to-lo-ji-k'),  adj.  Qui 

est  relalif  à  la  déontologie. 

t  DftoPERCULÉ,  ÉE  (i!é-o-pèr-ku-lé,  lée),  adj. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est  privé  d'opercule. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  opercule. 

]  DÉPAILL.4GE  (dé  pà-lla-j",  /(  mouillées),  s.  m. 
Action  de  dépailler  une  chaise,  un  tabouret,  etc.; 
résultat  de  cette  action. 

—  f.TYM.  DépnUler. 

t  DÉRAILLÉ,  ÉE  (dé-pâ-Ué,  liée,  U  mouillées), 
part,  passé.  Dont  la  paille  a  été  enlevée.  Chaise  dé- 
paillée. 

t  DÉPAILLER  (dé-pâ-llé,  Il  mouillées,  et  non 
dé-pâ-yé),  r.  o.  Dégarnir  de  paille.  Les  chats, 
avec  leurs  ongles,  dépaillent  les  chaises.  ||  Se  dé- 
pailler, V.  réfl.  Perdre  sa  paille.  Celte  chaise  se  dé- 
paille. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  paille. 

t  DÉPAISSANCE  (dé-pê-san-s') ,  s.  f.  Action  de 
paître,  de  faire  pattre;  lieu  où  les  bestiaux  vont 
paître;  droit  de  faire  paître  les  bestiaux. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  paifre. 

\  DÉPALEU  (dé-pa-lé),  v.  n.  Terme  de  marine. 
Un  navire  dépale,  quand  le  vent  ou  le  courant  l'en- 
traînent hors  de  sa  position. 

t  DÉPALISSAGE  (dé-pa-Ii-sa-j') ,  i.  m.  Action  de 
dépalisser. 

t  DÉPALISSER  (dé-pa-li-sé),  v.  a.  Terme  d'horti- 
culture. Détacher  les  rameaux  et  les  branches  d'un 
arbre  qui  étaient  palissés. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  palisser. 

t  DÉl'ÂMEK  (SE)  (dé-pa-mé),  v.  réft.  Revenir 
de  pâmoison. 

—  HIST.  XVI*  S.  X  peine  avois-je  dit,  quand  Thoi- 
net  se  depame.  Et  à  soy  revenu  alloit  après  sa  dame, 
noNs.  (04. 

-f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  pdmer. 

t  DÉPANNEAUTEK  (dé-pa-nô-té),  e.  a.  Terme 
de  jardinage,  ôler  les  panneaux  de  dessus  les  cou- 
ches, melons,  etc. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  panneau. 
DÉPAQUETÉ,  ÉE  (dé-pake-té,  lée),  port,  passé. 

Des  livres  dépa(iuetés. 

DÉPAQUETER  (dé-pa-ke-té.  Le  (  se  double,  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  dépaquette;  je  dé- 
paquetterai; l'Académie  ne  conjugue  pas  ce  verbe; 
on  pourrait  aussi  mettre  un  seul  (  et  l'accent  grave  ■ 
je  clépa(iuèle),t).  a.  Défaire  un  paquet,  tirerceijui  est 
empaqueté.  ||  Terme  de  marine.  Dépaqueter  une  voile. 

—  f.TVM.  Dé....  préfixe,  et  paquet. 

t  DÉPARAGEMENT  (  dé-pa-ra-je-man  ),  s.  m. 
Terme  d'ancienne  jurisprudence.  Mariage  inégal. 

—  ÊTVH.  Déparager. 

t  DÉPARAGER  (dé-pa-ra-jé.  Le  g  prend  un  «  de- 
vant oeto:  déparageant),  v.  a.  Ancien  terme  do 
coutume.  Marier  une  iille  à  une  personne  de  condi- 
tion inégale. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  parage. 

DÉPARÉ,  ÊE  (dé-pa-ré,  rée),  part,  passé.  Dont 
on  a  ôté  les  ornements.  Un  autel  déparé.  ||  Qui  offre 


DEP 

moins  d'agrément.  Un  visage  déparé  par  un  nez  trop 
long. 

t  DÉPAREIL,  ElLLE(dé-pa-rèll,  rè-ll'),  adj.  Qui 
n'est  pas  pareil.  ||  Vieux  mot  lion  à  reprendre. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  cil  qui  font  les  mariages.  Si  ont 
trop  merveilleus  usages  Et  couslume  si  despareille, 
Qu'il  me  vient  à  trop  grant  merveille,  la  lUis-,  8703. 
Il  xiv's.  Le  suppliant  rompy  le  pctitcoffre,  où  il  trouva 
un  esperon  à  despareil,  du  cange,  disparxlitas, 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  pareil. 
DÉPAREILLÉ,  ÉE  (dé-pa-ré-llé,  liée,  K  ircull- 

lées),  part,  passé.  Des  gants  dépareillés,  un  man- 
chon tout  pelé,  RÉGNIER,  Sat.  XI.  Deux  pantcufies 
dépareillées.  Dont  l'une  fut  au  grand  Hector,  scab- 
RON,  Ft'rj.  trav.  v.  Que  d'ouvrages  restèrent  dépa- 
reillés chez  la  Tribu!  j.  j.  rouss.  Conf.  i. 

DÉPAREILLER  (dé-pa-iè-llé,  U  mouillées,  et 
non  dé-pa-rè-yé),  v.  a.  Séparer  une  chose  d'une 
autre  avec  laquelle  elle  était  appareillée,  et  par  suite 
ne  point  la  remplacer  ou  la  remplacer  par  une  au- 
tre qui  n'y  est  pas  pareille.  On  dépareille  un  ouvrage 
quand  on  en  perd  un  tome,  ou  quand  on  remplace 
le  tome  perdu  par  un  qui  n'est  pas  de  la  même  édi- 
tion, de  la  même  reliure,  etc.  J'ai  perdu  ou  dépa- 
reillé des  multitudes  de  livres,  par  l'habitude  que 
j'avais  d'en  porter  partout  avec  moi,  j.  j.  bols». 
Confess.  vi.  ||  Seilépareiller,  v.  réfl.  Éfre  dépareillé. 
Je  ne  sais  comment  cet  ouvrage  s'est  dépareillé. 

—  HIST.  XV*  s.  Combien  que  les  deux  parties  fus- 
sent despareillées  [inégales],  ce  bon  chevalier  vain- 
quit et  rebouta  ces  quatre  ribauds,  louis  xi,  Nouv. 
xcvin. 

—  ÉTYM.  Dépareil;  provenç.  desparelhar ;  es- 
pagn.  desparejar. 

DÉPARER  (dé-pa-ré),  v.  a.  ||  1*  ôler  ce  qui  pare. 
Il  Déparer  une  église,  en  ôter  ce  qui  la  pare.  Il  faut 
(léparor  l'église  pour  la  tendre  en  deuil.  ||  2°  Déparer 
la  marchandise,  choisir  le  dessus  d'uu  panier  de 
fruits,  prendre  ce  qu'il  y  a  de  plus  beau.  113"  Ren- 
dre moins  agréable,  changer  en  mal  l'aspect,  la 
physionomie,  etc.  Plus  de  place;  on  se  fourrait  où 
on  pouvait  :  cela  dépara  toute  la  fête,  st-sim.  64, 
109.  Déparer  par  le  laticlave  la  robe  modeste  du  phi- 
losophe, DiDER.  Ess.  s.  Claude.  {|  Kig.  ôler  la  beauté 
inlellecluelle,  morale,  etc.  Ce  trait  ne  déparerait  pas 
la  vie  d'un  grand  homme.  Hé  bien  !  ce  neveu-là  est 
bon  à  montrer,  il  ne  dépare  pas  la  famille,  uari- 
vAux,  Fausses  conf.  i,  4.  ||  4*  Se  déparer,  c.  refi. 
Être  déparé. 

—  HIST.  xii*  s.  Metez  jus  vostre  cruiz,  faites  vus 
desparer,  Et  faites  vo.stre  cruiz  devant  vus  là  por- 
ter. Th.  le  mart.  38. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  parer;  provenç.  des- 
parar ,  démanteler,  dépouiller;  itaL  disparate, 
mémo  sens. 

-\  DÉPARESSER  (dé-pa-rè-sé) ,  v.  a.  Chasser  la 
paresse. 

—  HIST.  XVI*  s Nature  ingénieuse.  Voyant  les 

cœurs  humains  d'une  paresse  oiseuse  S'engourdir 
lentement,  pour  les  deparesser  S'en  vint  au  mont 
Pholois  à  Chiron  s'adresser,  bo.ns.  938. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  el  paresse. 
DÉPARIÉ,  ÉE  (dé-pa-ri-é,  éej,  part,  passé.  Des 

pigeons  dépariés. 

DÉPARIER  (dé-pa-ri-é) ,  je  dépariais ,  nous  dépa- 
riions, vous  dépariiez;  que" je  déparie,  que  nous  dé- 
pariions, que  vous  dépariiez,  t).  a.  ||  1"  Ôler  l'une 
des  deux  choses  qui  forment  une  paire.  Déparier 
des  gants,  des  souliers.  ||  2°  Séparer  un  couple  d'a- 
nimaux. Il  S*  Se  déparier,  t).  réfl.  Cesser  d'être  par 
couple.  Ces  pigeons  se  sont  dépariés. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  paire;  provenç.  des- 
pariar  ;  liai,  dispaiare. 

DÉPARLEU  (dé-par-lé),  f .  n.  Discontinuer  de 
parler.  U  ne  s'emploie  qu'avec  la  négation.  Ah!  que 
je  hais  les  gens  qui  sur  les  moindres  cas  Commen- 
cent de  parler  pour  ne  déparler  pas!  hauteboche, 
Crispin  music.  i,  7.  Ils  ne  déparlent  pas,  si  j'ose 
ainsi  parler,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  épui.sé  la  ma- 
tière, SCABRON,  Rom.  corn,  u,  ch.  17.  Il  aurait  bien 
été  sans  déparier  un  mois  que  j'aurais  peu  parlé, 

ID.  Épitre  chagrine  à  M.  Delbe.ne Ma  joie  est 

extrême  D'y  voir  certaines  gens,  tout  fiers  de  leur 
maintien.  Oui  ne  déparlent  pas  et  qui  ne  disent  rien, 
HEGNARD,  Démocr.  il,  6.  Il  ne  déparie  point,  ç  jand 
il  devrait  cent  fois  lui  répéter  les  mêmes  cUtses, 
BARON,  i'//omme  d  bonnes  fortunes,  m,  1.  Jusqu'au 
soir  nous  ne  déparlâmes  pas  un  moment,  j.  j.  rouss. 
Coii^  m.  Point  ne  manquait  du  don  de  la  parole 
L'oiseau  disert;  hormis  dans  les  repas.  Tel  qu'une 
nonne,  il  ne  déparlait  pas,  gresset,  Ver-rert,  ch.  n. 
Il  On  pourrait  dire  aussi  avec  l'interrogation  :  Quand 
déparlerez-vous  î 


DEP 

—  HIST.  XII'  S.  Et  dist  li  rois  :  tôt  ce  laissiés  ester; 
Li  dons  est  faiz;  ne  m'en  puis  desparler  [dédire], 
Haoul  de  C.  <2.  ||  xv''s.  Iceluy  seigneur  de  l'isle 
Adam  fut  moult  deparlé  et  hlasmé,  pour  ce  qu'ainsi 
négligemment  par  faute  de  guet,  il  avoit  laissé  per- 
dre la  dicte  ville  de  Ponthoise,  monItbelet,   t.  i, 

1*  37!l,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  parler;  desparler  ou 
déparoler  signifiait  dans  l'ancien  français  médire, 
Id.lmer,  se  dédire. 

f  DÉI-AROUEMENT  (dé-par-ke-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  déparquer. 

—  HIST.  XV*  s.  Lesquels  Flamens,  quant  ils  ouy- 
rent  nouvelles  de  la  venue  du  Hoy,  s'enfuyrent  et 
desparquerent;  et,  audit  desparquement  [décampe- 
menl)  faire,  frappèrent  nos  gens  sur  les  dossusdils 
Klamens,  jean  ue  tboyes,  Chronique,  (477. 

—  ÉTYM.  Déparquer. 
t  DIÎPARQUER  (dé-par-ké),  ti.  a.  Terme  rural. 

Faire  sortir  les  moutons  d'un  parc.  ||  Terme  de  vé- 
nerie. Pousser  la  bête  hors  d'un  parc.  ||  Terme  de 
pôclie.  Déparquer  des  huîtres,  les  tirer  du  parc  où 
on  les  engraisse,  pour  les  vendre. 

—  HIST.  XVI' s.  11  le  mena  chasser  en  un  bois  pro- 
chain de  son  chasleau,  où  tous  deux  ils  coururent 
un  cerf  desparqué,  ïver,  p.  685.  Voyant  le  desar- 
roy,  je  deparquay  [je  m'eik  allai]  du  lieu,  rabel. 
dans  LACUBNE. 

—  Èt\M.  Dé....  préfixe,  et  parc. 
DÉPART  (dé-par;  le  (  ne  se  lie  pas  :  un  dé-par 

inattendu  ;  au  pluriel,  des  dé-par  inattendus  ;  quel- 
ques-uns lient  l'ï  ;  des  dé-pai-z  inattendus),  s.  m. 
Il  1°  Action  de  partager,  séparer,  trier.  U  y  a  dans 
les  contes  de  fée  une  princesse  malheureuse  à  qui 
on  commande  dans  un  grand  tas  de  blé  et  d'a- 
voine de  faire  le  départ  de  ces  grains.  {|  Ternie  de 
chimie.  Opération  par  laquelle  on  sépare  certains 
métaux  et,  en  particulier,  l'or  et  l'argent,  d'autres 
substances  métalliques,  par  l'emploi  de  certains 
acides.  ||  Eau  de  départ,  ancien  nom  de  l'eau  régale. 
112°  Fig.  Action  de  séparer,  de  distinguer.  Faire  le 
départ  entre  les  diverses  attributions.  ||  3"  Action  de 
partir.  Dans  l'ombre  de  la  nuit  cache  bien  ton  dé- 
part, couN.  Cid,  m,  4.  Demain  elle  entendra  ce 
peuple  furieux  Me  venir  demander  son  départ  à  ses 
yeux,  RAC.  Birén.  m,  ).  Quoi!  ce  départ  n'est  donc 
qu'un  cruel  stratagème?  id.  ib.  v,  6.  Gardez  que 
ce  départ  ne  leur  soit  révélé,  id.  Iphig.  iv,  lo.  ||  Être 
sur  son  départ,  être  sur  le  point  de  partir.  Quoiqu'il 
fût  sur  son  départ,  uamilt.  Gramm.  9. 

—  HIST.  xvi"  s.  Quelques  pantagruelistes  moder- 
nes, evitans  le  labeur  des  mains  que  seroyt  à  faire 
tel  départ  [triage],  usent  de  certains  instrumens, 
RAB.  Pant.  tu,  4».  Quant  je  pense  es  prodiges  les- 
quels veismes  apertement  cinq  ou  six  jours  avant 
son  départ,  ID.  ib.  iv,27.  Mort  pourra  bien  du  corps 
faire  départ;  Mais  nul  malheur  n'aura  jamais  puis- 
sance De  mettre  un  cœur  des  deux  autres  à  part, 
Les  Marguerites  de  la  Marguerite,  f°  368,  dans  la- 
cuRNE.  Chascun  eut  son  départ  et  quartiei',  Mém.  de 
Ch.  IX,  t.  1,  f  333,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Voy.  DÉPARTIR.  Départ  signifie  propre- 
ment partage;  et  de  là  vient  sans  peine  le  sens  de 
s'éloigner  d'un  lieu.  Pour  départ  dans  le  sens  d'ac- 
tion de  partir,  l'ancien  français  disait  deparfw. 

DÉPARTAGÉ,  ÉE  (dé-par'-ta-jé,  jée),  par(.  passé. 
Des  experts  départagés  par  un  tiers. 

DÉPARTAGE»  (dé-par-ta-jé.  Le  g  prend  un  e  de- 
vant o  ou  o:  nous  départageons,  je  départageais), 
«.  o.  Terme  de  juri.sprudence.  Faire  cesser  le  par- 
tage ou  l'égalité  des  voix,  dessufi'rages,  par  un  suf- 
frage nouveau  qui  établit  une  majorité.  Le  duc  de 
Coislin  me  dit  qu'il  sera  plaisant  de  voir  la  grand' 
chambre  s'aller  faire  départager  à  une  chambre  des 
enquêtes,  st-sim.  264,  31.  ||  Se  départager,  v.  réjl. 
Etre  départagé.  Une  assemblée  se  départage  quand 
la  voix  du  président  compte  double. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  partager. 

DÉPARTEMENT  (dé-par-te-man),  s.  m.  ||  l"  Ac- 
tion de  départir,  de  partager  :  ce  sens  a  vieilli.  Aus- 
sitôt que  les  nouveaux  consuls  furent  en  exer- 
cice, la  première  affaire  qu'ils  mirent  sur  le  tapis  fut 
le  département  des  provinces,  malh.  texxxiii"  livre 
de  Tile  Live,  cb.  25.  Cela  fait,  les  préteurs  firent 
leur.4  départements  au  sort,  id.  ib.  ch.  26.  ||  Ancien- 
nement, terme  de  finances.  Distribution,  assigna- 
tion qu'on  faisait  des  Utiles  et  autres  impositions  sur 
les  élections  et  les  paroisses.  ||  Étendue  de  pays  sur 
laquelle  on  avait  quelque  pouvoir,  conformément  à 
la  charge  ou  à  la  commission  qu'on  exerçait.  Parmi 
les  génies  qui  président  aux  empires  du  monde, 
Ituriel  tient  un  des  premiers  rangs,  et  il  a  le  dé- 
partement de  la  haute  Asi?,  vni.T.  Tlahunc.  H  Terme 


DÉP 


DÉP 


1063 


en  usage  parmi  les  prêtres  de  l'Oratoire  pour  désigner 
la  province  dont  un  visiteur  devait  faire  la  visite.  Le 
père  N.  fera  cette  année  le  premier  défiartement. 
Il  Assignation  de  logement  qu'on  faisait  à  des  trouiies. 
Ce  régiment  a  obtenu  cette  année  un  bon  départe- 
ment pour  passer  son  quartier  d'hiver.  ||  2°  Aujour- 
d'hui, partie  de  l'administration  des  affaires  d'État 
dont  la  connaissance  est  attribuée  à  un  ministre.  Le 
département  de  la  justice,  des  cultes.  M.  le  duc 
abandonna  tout  le  département  de  l'Eglise  à  l'évêque 
de  Fréjus,  \olt .  Louis  X  f ,  3.  \\  Fig.  Je  ne  prends 
point,  madame,  tant  de  liberté  avec  M.  le  duc  iju'a- 
vecvous;  mais  c'est  que  j'imagine  que  vous  avez  un 
peu  plus  de  temps  que  lui,  quoique  vous  n'en  ayez 
guère,  et  que  votre  département  de  faire  du  bien 
vous  occupe  beaucoup,  VOLT.  Lett.  Mme  de  Choiseul, 
2  sept.  1770.  Il  Familièrement.  Cela  est  ou  n'est  pas 
de  son  département,  dans  son  département,  cela  ne 
le  regarde  pas,  n'est  pas  de  sa  compétence.  ||  3°Cha- 
cune  des  quatre-vingt-six,  et,  actuellement,  depuis 
la  réunion  de  la  Savoie  et  du  comté  de  Nice,  des 
quatre-vingt-neuf  grandes  divisions  administratives 
du  territoire  français.  Les  départements  furent  sub- 
stitués aux  provinces  en  (790.  Chaque  départe- 
ment est  administré  par  un  préfet.  ||  La  province, 
par  opposition  à  Paris.  Le  bruit  en  a  couru  dans 
Paris  et  dans  les  départements.  Il  faut  être  un  peu 
de  son  département  pour  croire  qu'il  s'agit  du  roi, 
lorsqu'on  crie  :  Vengez  le  roi,  p.  L.  cour,  i,  24. 
Il  4°  Terme  d'architecture.  La  première  partie  du 
devis,  qui  consiste  dans  l'ordonnance  des  parties 
dont  un  édifice  doit  être  composé.  {{  5°  Département 
s'est  dit  autrefois  pour  appartement,  logis.  Le  plus 
haut  étage  est  le  département  ordinaire  des  domes- 
tiques. Us  demeuraient  autour  du  temple  du  Sei- 
gneur chacun  dans  leur  département,  afin  que, 
quand  l'heure  était  venue,  ils  en  ouvrissent  eux-mê- 
mes les  portes  dès  le  matin,  sacy,  Bible, Paralip.  i, 
IX,    27. 

—  HIST.  xiii*  s.  Departemenz  est  diz  de  la  diver- 
sité à  cens  qui  sont  assemblez  par  mariage,  ou  por 
ce  que  cil  qui  despiecent  leur  mariage  s'en  vont  en 
diverses  parties.  Digeste,  f°  272.  Car  les  bons  sans 
département  Aront  joieuse  vision.  Et  les  maulvais 
confusion  Qui  durra  pardurablement,  j.  de  meunb, 
Tr.  69.  Il  xiv"  s.  Département  [limite]  de  deux  ter- 
res ou  de  deux  piaïs,  du  cange,  bijinium.  \\  xv  s. 
Et  après  le  département  du  roi  de  France  et  de  son 
ost  du  Mont  de  Sangaltes,  fboiss.  i,  i,  320.  Et  gi- 
rent  à  l'ancre  cette  première  marée  devant  les  di- 
gues de  Hollande  sur  le  département  de  la  terre, 
iD.  i,  I,  18.  Par  vous  soit  doncques  honnourée,  Et 
servie  soingiieusement;  Tant  comme  vous  aurez  du- 
rée Sans  point  faire  département,  cii.  d'or.  Bal.  34. 
Il  xvi"  s'  J'ay  esté  conseillé  de  donnera  chacun  des 
quatre  mareschaux  de  France  ung  département  de 
toutes  les  provinces....  leur  départant  la  France  en 
qu:itre....  CARL.  X,  1.  De  manière  qu'ilz  l'eussent  à 
dextre  vers  le  levant,  qui  on  département  leur  es- 
toyt  à  senestre,  rab.  Pant.  iv,  (.  Quand  Florinde 
se  trouva  seule  après  le  département  de  son  servi- 
teur, MABG.  Nouv.  (0.  i  peine  est  il  nulle  commu- 
nauté si  cheslive,  qui  n'aye  en  soy  des  hommes  as- 
sez pour  fournir  commodément  à  chascun  de  ses 
offices,  pourveu  que  le  despartement  et  la  triage 
s'en  peust  justement  faire,  mont.  Lettres,  4. 

—  ÉTYM.  Voy.  dépabtir;  Berry,  département,  ac- 
tion de  départir;  provenç.  depaniment,  départe- 
ment; anc.  espagn.  despartimiento ;  ital.  diparti- 
mento.  Outre  le  sens  de  partage,  circonscription, 
département,  dans  l'ancien  français,  aaussi  le  sens 
de  action  de  partir. 

DÉPARTEMENTAL,  ALE  (dé-par-te-man-tal,  ta- 
1'),  adj.  Qui  a  rapport  au  département,  division 
administrative  du  territoire.  Dé|ien;.es  départemen- 
tales. Les  budgets  départementaux.  La  presse  dépar- 
tementale, les  journaux  qui  sont  rédigés  dans  les 
départements. 

—  ÉTYM.  Département. 
t  DÉPARTEMENTALEMENT  (dé-par-te-man-ta- 

le-man) ,  adv.  Par  rapport  au  département. 

t  DÉPARTEUR  (dé-jiar-teur),  s.  m.  Ouvrier  qui 
fait  le  départ  de  l'or  et  de  l'argent. 

—  HIST.  XIII'  s.  Dame,  c'est  un  tains  [teint,  tein- 
ture] de  folie  Qui  par  le  païs  est  espars;  Li  depar- 
terre  en  fist  granz  pars ,  Lai  du  conseil.  \\  xvi'  s.  Les 
affineurs  et  departeurs  d'or  et  d'argent  ne  fondront 
et  n'affineront  aucune  matière  d'argent  audessous 
de  10  deniers  de  loy,  Édit,  14  juin  (649. 

—  ÉTYM.  Voy.  DiîPABiia.  Ceparlcrre  dans  l'ancien 
français  est  le  nominatif  dont  deparfeor  serait  le  ré- 
gime, tirés  l'un  et  l'autre,  suivant  l'accent,  d'un 
bas-latin  fleportflor,  lieprirti^iran. 


^DÉPARTI,  lE  (dé-par-ti,  tie),  part,  passé  de  dé- 
partir. Distribué,  partagé.  Ses  biens  aux  pauvres  dé- 
partis, LA  FONT.  Oies.  Ce  second  empire  (des  esprits 
sur  les  esprits]  me  paraît  d'autant  plus  équitable 
qu'il  ne  peut  être  départi  et  conservé  que  par  la 
mérite,  pasc.  dans  cousin.  ||  Autrefois,  les  com- 
mis.saires  départis,  les  intendants  des  provinces. 
Il  m'appelle  commissaire  départi  par  le  roi  auprès 
des  fermiers  généraux,  pendant  que  je  suis  op- 
primé départi  par  ces  messieurs,  volt.  Lett.  Mme  du 
Delfunl,  26   nov.  (775. 

DÉPARTIE  (dé-par-tie) ,  s.  f.  Départ,  action  de 
partir.  Que  l'extrême  regret  ne  m'ait  point  empê- 
ché De  me  laisser  résoudre  à  cette  départie....  malh. 
V,  (6.  Cruelle  départie.  Malheureux  jourl  Que  ne 
suis-je  sans  vie  Ou  sans  amour,  dan^-  la  chanson 
Charmante  Gabrielle,  attribuée  à  Henri  IV.  ||  Terme 
vieilli. 

—  HIST.  xi«  Moût  ainz  le  vespre  grof  [grief]  erl 
[sera]  la  départie,  Ch.  de  Roi.  cxxix.  S'onques  nuls 
bonis  por  dure  départie  Ot  cuer  dolent,  je  l'aurai 
par  raison,  Couci,  xxiv.  Alii  !  amours,  com  dure 
départie  Me  conviendra  faire  de  la  meilleur  Qui  on- 
quesfustaimée ne  servie,  QUESNES,  Romancero,  p.  03. 
Il  XIII*  s.  Biaus  très  dous  fius,  comentpora  li  miens 
cuers  endurer  la  départie  de  moi  etde  vous?r/iron. 
de  Rains,  (98.  Li  evesques  del  Pui  de  bien  faire  lor 
prie,  l.a  porte  lor  ouvri  el  non  sainte  Marie,  De  l'aive 
beiieoile  lor  fait  grant  départie  [distribution],  Ch. 
d'Ant.  viii,  (93.  Ceste  départie  [partage]  ne  se  pot 
fere  sans  l'acort  des  deus  parties,  beaum.  xviti,  2(. 
Il  XV'  s.  As.vez  tost  après  sa  revenue  en  France,  et 
la  départie  des  osts  dessus  dits,    fkoiss.  i,  i,  212. 

—  ETYM.  Départi;  provenc.  departida,  departia. 
DÉPARTIR  (dé-par-tir),  je  dépars,  tu  dépars,  il 

départ,  nous  départons,    vous  départez,  ils  dépar- 
tent; je  départais;  je  départis;  je  déjiarlirai;  je  dé- 
partirais;  dépars,  qu'il  départe,  départons,  dépar- 
tez,   qu'ils  départent,    que  je   départe,    que   nous 
départions;  que  je  départisse;  défiartant,    départi, 
11.  a.  Il  1»  Distribuer,    partager.   Entre  autres  den- 
rées,  ce  marchand   trafiquait  d'esclaves;   si  bien 
qu'allant  à  Éplièse  pour  se  défaire  de  ceux   qu'il 
avait,  ce  que  chacun  d'eux  devait  porter  pour  la 
commodité  du  voyage  fut  départi  selon   leur  em- 
ploi  et  selon  leurs  forces,   la  font.   Vie  d'Ésope. 
Il  Terme  de  pratique.  Partager  des  procès  entre  les 
juges  et  leur  distribuer  les  pièces  qui  en  dépendent. 
Il  Terme  de  chasse.  Départir  la  quête,  assigner  à 
chaque  veneur  le  canton  de  sa  quête.  ||  2°  Accorder. 
....Bien  qu'elle  ne  m'ait  sa  faveur  départie,  Régnier, 
Sat.  II   Tout  ce  que  la  faveur  départ  aux  favoris,  ID. 
i6.  XIV.   C'est  toi  qui  règles  les  états.  C'est  toi  qui 
dépars  les  couronnes,    corn.    Tois.  v,  7.  Sa  main 
seule  départ  ses  bbéralités,  id.  Othon,  ii,  4.  Auteur 
de  la  victoire,  Ainsi  qu'il  vous  plaira  départez-en  la 
gloire,   ID.  ilédée,  iv,  3.   Il  est  vrai  que  du  ciel  la 
prudence  infinie  Départ  à  chaque  peuple  un  diffé- 
rent génie,   id.   Cinna,  ii,  I.    Auteur  de  ma  nais- 
sance aussi  bien  que  du  jour.  Qu'à  regret  tu  dépars 
à  ce  fatal  séjour,   id.  Médée,  i,  4.  Du  Dieu  qui  t'a 
commis  dépars-moi  les  bontés,  rotrou,  St  Gen.  iv, 
6.  La  prudence  est  un  don  de  Dieu  qui  départ  ses 
grftces  à  qui   il  lui    plaît,  boubdal.  Pensées,  t.  ii, 
p.  477  II  [St  Paul]  ne  visite  les  frères  répandus  dans 
la  Macédoine  et  dans  l'Illyrie  que  pour  leur  départir 
les  richesses  d'une  grâce  spirituelle,  mass.  Confér. 
Coud,  des  clers  d.  le  monde.  Le  ciel  nous  a-t-il  dé- 
parti quelques-uns  de  ces  talents  rares  parmi  le  com- 
mun des  hommes....  id.  Panég.  St  Thomas.  ||  3°  Se 
départir,  v.  réfl.  Se  désister.  Tu  ne  t'es  pas  départi 
d'y  prétendre?  mol.  l'Av.  iv,  6.  U  ne  s'est  point  dé- 
parti des  droits  qu'il  avait  sur  son  ouvrage,  mass. 
Car.  Voc.  Il  est  à  croire  qu'il  ne  s'est  pas  départi  de  . 
ses  sûretés  sans  raison,  patru.  Plaidoyer  (0,  dans 
RICIIELET.  Il  S'écarter.   Ce  n'est  pas  une  règle  dont 
on  ne  puisse  se  départir,    id.  ib.  8,  ib.  Ne  vous 
départez  point  d'une  si  noble  audace,  corn.  Nicom. 
1,  3.   Un  reste  de  scrupule  Dont   mon  cœur  soup- 
çonneux ne  peut  se   départir,   id.    Théodore,   ii, 
4.  Prenez,  Dieux,  contre  Christ,  prenez  votre  parti 
Dont  ce  rebelle  coeur  s'est  presque  départi,  botrou, 
St  Gen.  II,  4.  Us  déclarèrent  en  (648  que  c'était  sans 
se  départir  de  leur  première  confession,  qui,  encore 
qu'elle  leur  eût  fait  rejeter  celle  d'Augsbourg,  à  ce 
coup  s'y  trouva  conforme,  Boss.    Var.    xv,  §   (25. 
Loi  dont  il  n'y  a  pas  un  seul  exemple  que  les  Ro- 
mains se  soient  départis,  id.  Hist.  m,  6.  Les  Etats 
où  la  multitude  gouverne....  se  départent  aussi  fa- 
cilement des  lois  que  du  culte  de  leurs  pères,  mass. 
Pet.  car.  £cuei/s.  ||  Etre  réparti,  accordé,  octroyé. 
Les  biens  et  les  honneurs  qui  se  départent  souvent 
liu  h:c;:i;J. 


1064 


DEP 


—  HIST.  XI"  ».  E  le  surplus  les  orphenins  e  les 
parens  départent  entre  els,  LoU  de  Guill.  9.  Cop  en 
auras,  ainz  que  nous  départons,  Ch.  de  Itol.  CXL. 
L'ame  du  cors  me  soit  hui  départie  [partie],  tb.  ccvii. 
Djel  [deuil]  i  aura  ainçois  qu'elo  [la  bataille]  dé- 
parte [se  sépare] ,  ib.  ccuv.  , ,     . 

—  XII*  s.  Ali»andres  apela  ses  nobles  barons,  qui 
eitoient  od  lui  norri  dès  enfance,  e  si  lor  départi 
ion  roaume,  Machab^et,  i,  t.  Las!  quel  amors  à 
duel  [deuil]  est  départie  [séparée],  Roncisv.  p.  «3. 
Si  ceste  amors  se  departist ainsi,  ib.  p.  (70.  Carde 
ma  joie  [}']  estoie  départis,  Couci.  v.  Ne  regarder 
[je]  n'os  [ose]  son  simple  visage.  Tant  []']  en  redout 
mes  ieuz  à  départir,  ib.  xix.  Quant  il  m'esteut  dé- 
partir de  m'amie,  ib.  xxii.  Il  départi  ses  oz  [son 
armée]  et  renvoia  sa  gent,  Sax.  xii.  X  itant  des  mes- 
sages [messagers],  [il]  se  desevre  et  départ,  ib.  xxix. 
Au  départir  do  li  [elle]  [il]  l'a  doucement  baisie,  ib. 
VII.  Se  tut  le  mund  aveies  as  povres  départi,  La  cruiz 
eusses  prise  e  Jesu-Crist  sewi  [suivi],  Th.  le  mart. 
74.  Mult  m'esmerveil  pur  quei  li  reis  si  le  haï.  Se 
pur  ço  nun  qu'il  ot  sun  servise  guerpi,  E  sun  con- 
seil dol  tout  out  de  lui  départi,  ib.  37.  Ses  darz  ad 
trait,  e  departid  ad  les  bons  des  mais,  Rois,  207. 
Puis,  vesqui  tant  qu'il  ot  le  poil  flori;  Et  quant  Dieu 
plot,  del  siècle  départi ,  Raoul  de  C.  *. 

—  xiirs.  Mais  ele  [la  reine  Blanche]  en  done  [de 
son  bien]  et  départ  à  foison,  hues  de  la  ferté, 
Romanciro,  p.  <83.  La  maladie  li  enforsa  si  dure- 
ment qu'il  feist  sa  devise  [son  testament]  et  départi 
ce  qu'il  devoit  porter  outre  mer  à  ses  homes,  villeh. 
XXII.  Tous  li  gaains  seroit  aportés  ensemble,  et  de- 
partis  communément  si  comme  il  devroit,  id.  ci.  Li 
proudome  de  l'ost,  qui  ne  voloient  mie  le  mal,  vin- 
drent  à  la  meslée  tout  armé,  et  les  commencierent 
à  départir  [séparer],  id.  xlix.  Lors  furent  li  ostel  de- 
parti  à  chascun  endroit  soi,  tel  come  il  aferoit,  id. 
xux.  Et  sachiés  que  mainte  larme  i  ot  plourée  au 
départir  de  lor  pays,  et  de  lor  gent  et  de  lor  amis, 
ID.  XXX.  Mainte  ame  en  fut  de  cors  sevrée  et  dépar- 
tie, Berte,  ii.  Au  départir  chascune  à  pleurer  se  ras- 
saie,  ti>.  VIII.  Cest  grant  signour  que  je  vous  ai 
nommé  departoient  France  entre  aus  [eux],  Chron. 
de  Rains,  <48.  Qui  en  mains  leus  son  cuer  départ, 
Par  tout  en  a  petite  part,  la  Rose,  2266.  A  li  se  tint 
de  l'autre  part  Li  diex  d'amors,  cil  qui  départ  Amo- 
rettes  h.  sa  devise,  ib.  870.  Fai  départir  la  nuit  obs- 
cure, Et  son  anui  qui  trop  me  dure,  ib.  26)6.  C'est 
le  gieu  de  boute-en-corroie  Que  Fortune  set  si  par- 
tir Que  nus,  devant  au  départir,  Ne  puet  avoir  science 
aperte  S'il  i  prendra  gaaing  ou  perte,  ib.  0884.  11 
avient  aucune  fois  qu'on  fet  son  testament,  selonc 
son  estât,  au  départir  de  son  pais,  deaum.  xii,  41. 
Quant  il  ont  esté  ensanble  tant  qu'il  ont  eu  enfans, 
et  sainte  Eglise  le  set,  ele  départ  [rompt]  le  ma- 
riage, ID.  xviii,  7.  Sire  de  Waleri,  distle  roy,  nous 
avons  acordé  que  le  légat  vous  baillera  les  six  mille 
livres,  à  départir  là  où  vous  cuiderés  que  il  soit 
miex,  JoiNV.  216. 

—  xiv*  s.  Or  disons  de  ce  dont  nous  estions  de- 
partiz,  ORESME,  Eth.  v,  ».  Adonques  le  cuer  ou  le 
pouvoir  leur  fault,  et  se  départent  ou  délaissent  à 
ouvrer,  iD.t'ft.  82.  Et  pourceceux  qui  par  contrainte 
ne  par  paour  ne  se  départent  de  lour  bon  jugement 
et  ne  laissent  lour  bon  propos,  il  sont  à  loer  et  les 
autres  à  vitupérer,  id.  ib.  4e. 

—  XV*  s.  Par  ainsi  se  délit  cette  grosse  chevau- 
chée, et  départit  le  roi  anglois  ses  gens,  et  leur 
ionna  congé  de  raller  en  leurs  hostels,  fboiss.  i, 
I,  194.  Si  ordonna  à  départir  et  déloger,  id.  i,  i, 
318.  Ces  deux  icy  n'avoient  jamais  eu  dilTerant  ne 
riens  à  départir,  comm.  u,  «.  Si  départis  [dispersés] 
qu'à  grand  peine  sçait  on  qu'ils  soient  devenus,  id. 
VII,  H.  Et  sevoirent  une  fois  ou  deux  seulement 
sur  le  bort  de  la  rivière  qui  départ  les  deux  royaul- 
mes,  id.  II,  8.  Les  biens  et  les  honneurs  ne  se  dé- 
partent point  à  l'appétit  de  ceulx  qui  les  demandent, 
ID.  Prol,  Que  toutes  ses  grâces  leur  procedoient  de 
Dieu  qui  les  départ  là  où  il  lui  plaist,  id.  i,  2.  Son 
intention  [à  Louis  XI]  cstoitde  traicter  de  paix  et  de 
départir  la  compaignie  [l'armée  de  la  guerre  du  bien 
public],  id.  i,  ».  Hz  commencèrent  à  avoir  division 
ensemble  quant  ce  fut  à  départir  le  butin,  id.  i,  46. 

—  XVI*  s.  Là  estoyent  les  belles  grandes  librai- 
ryesen  grec,  hebrieu,  etc.  departyes  par  les  divers 
«staiges  selon  yceulx  languaiges,  rab.  i,  63.  Dé- 
parti d'icy  présentement,  et  demain  soye  relire  en 
le*  Urres,  id.  i,  3(.  Par  Dieu  ilz  se  feront  mal,  qui 
ne  les  départira  [séparera],  id.  Pant.  u,  a».  La  lune 
reiteri  Mnglante  et  ténébreuse  :  à  quel  propous  luy 
Jep«r1iroyt  le  soleil  sa  lumière?  il  n'y  estoyt  en  rien 
tenu.iD.  t*.  m,  a.  Il  nous  faut  ensuivre  l'exemple  de 
eeui  qui  se  départent  d'un  lieu  à  l'autre,  pour  y  ha- 


DËP 

biler  à  perpétuité,  calv.  Itutit.  662.  Si  le  seigneur 
doit  départir  à  ses  esleus  de  sa  gloire,  vertu  et  ju.s- 
tice,iD.  i6.  806.  Je  ne  me  départirai  pas  de  la  forte 
opinion  que  j'ai,  que....  maho.  Nouv.  x.  L'armée, 
je  double,  ne  se  départira  sans  guerre,  id.  Letl. 
8.  Vous  me  ferez  plaisir  de  me  faire  souvent  savoir  de 
vos  nouvelles;  je  feray  revanche  de  vous  despartir 
de  celles  d'icy,  id.  ib.  ».  U  me  semble  que  vous  avez 
tant  participé  en  mon  ennuy  que  je  vous  ferois  tort 
sy  je  ne  vous  departois  de  ma  consolation,  id.  ib.  (46. 
Il  ne  se  debvoit  dcspartir  de  l'asseurance  qu'il  avoit 
do  la  volonté  de  Gracchus,  mont,  i,  213.  Chascun 
se  donne  si  entier  à  son  amy,  qu'il  ne  luy  reste  rien 
à  despartir  ailleurs,  id.  i,  216.  Les  amiliez  commu- 
nes, on  les  peult  despartir  [partager  entro  plusieurs], 
ID.  I,  248.  Toute  la  philosophie  est  despartie  en  ces 
trois  genres,  id.  u,  229.  Je  suis  d'advis  qu'elles  dé- 
voient toutes  trois  départir  [partager]  les  deux  cents 
escus,  DESPER.  Contes,  v.  La  dame,  leur  départissant 
également  la  faute,  dit  en  riant,  yver,  p.  698.  Quant 
à  toy,  tu  feras  bien  toutes  choses,  pourveu  que  tu 
ne  te  départes  point  d'avec  toy  mesme,  amyot,  Préf. 
XXII,  60.  Hz  abandonnèrent  leurs  villes  en  proyo  à 
Romulus,  et  leurs  terres  à  départir  à  qui  il  voudroit, 
ID.  itom.  20.  Lycurgus  feit  de  nouveau  départir  les 
terres,  ID.  Lyc  12. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  partir,  dans  !e  sens 
de  partager  (voy.  partir)  ;  provenç.  départir;  es- 
pagn.  despartir;  ital.  spartire. 

DÉPASSE,  ÉE  (dé-pà-sé,  sée),  part,  passé.  Au 
delà  duquel  on  est  allé.  But  dépassé  |]  Devancé.  Le 
premier  coureur  finalement  dépassé  par  celui  qui  ve- 
nait après  Il  Retiré  d'une  coulisse.  Un  cordon  dépassé. 

DÉPASSEMEXT  (dé-pS-se-man),  s.  m.  Action 
^'excéder.  Des  dépassements  de  crédit. 

DÉPASSER  (dé-pâ-sé),  v.  a.  \\  1°  Aller  plus  loin, 
aller  au  delà.  Nos  pilotes  ont  été  bien  étonnés  de 
voir  terre,  ils  croyaient  avoir  dépassé  l'île  de  Cocos, 
CHOISI,  dans  hichelet.  L'empereur  s'était  arrêté  à 
Lyadi ,  à  quatre  lieues  du  champ  de  bataille  ;  la  nuit 
venue,  il  apprend  que  Mortier,  qu'il  croit  derrière 
lui,  l'a  dépassé,  ségur,  Hist.  de  Nap.  x,  6.  ||  Fig. 
ô  mon  Dieul  les  désirs  de  l'homme  dépassent  tou- 
jours les  dons  que  vous  lui  faites,  stael,  Delph. 
part.  V,  fragment  3.  ||  2°  Laisser  en  arrière,  en  al- 
lant plus  vite.  Il  nous  a  dépassés  à  moitié  route. 
Il  Fig.  En  politique,  pousser  plus  loin  une  opinion 
déjà  relativement  extrême.  On  est  bien  vile  dépassé 
en  révolution.  ||  3°  Être  plus  grand,  plus  haut,  plus 
long.  Il  le  dépasse  de  toute  la  tête.  ||  Être  plus 
saillant.  Cette  maison  dépasse  les  autres.  Ce  soldat 
dépasse  la  ligne.  ||  4°  Dans  un  sens  tout  différent, 
retirer  un  ruban,  un  cordon  passé  dans  une  bou- 
tonnière, dans  une  coulisse.  ||  Terme  de  marine. 
Dépasser  un  câble,  en  faire  sortir  le  bout  par  son 
écubier.  Dépasser  un  mât  de  hune,  de  perroquet,  le 
faire  descendre  assez  pour  que  la  tête  en  sorte  du 
chouquet  et  des  barres.  ||  5°  Se  dépasser,  v.  réfl. 
Aller  plus  loin  l'un  que  l'autre.  Ils  s'efforçaient  de 
se  dépasser. 

—  HIST.  XV*  s.  Bel  oncle,  vous  avez  failli  à  votre 
entente;  un  autre  vous  despasse  de  la  femme  que 
vous  vouliez  avoir,  froiss.  u,  m,  <30.  ExiUe  getla 
un  coup  merveilleux  après  ung  dépasser  qu'il  fist 
pour  en  rompre  ung  autre,  Perceforest,  t.  v,  f"  8, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTVM.  Dé....  préfixe,  ei  passer;  provenç.  des- 
passar.  Dans  dé-passcr,  aller  au  delà,  le  préfixe 
dé....  est  augmentatif;  dans  dé-passer  m  rubon,  il 
exprime  l'action  inverse  à  celle  de  passer. 

t  DÉPASSIONNER  (dé-pa-sio-né)  ,  v.  a.  Effacer 
les  traces  d'une  passion.  Dépassionner  une  discus- 
sion. Il  Se  dépassionner,  v.  réfl.  Se  délivrer  de  sa 
passion. 

—  HIST.  XVI*  s.  [Cela]  le  fait,  de  chaude  fureur, 
courir  deçà,  delà,  d'un  costé  et  d'autre,  despitaiit, 
menaçant,  provoquant,  battant  les  hayes  et  buis- 
sons à  grandz  coups  d'espée  ruez  en  vaiu  par  ire 
dépassionnée  [poussée  par  la  passion] ,  Alector,  ro- 
man, !°vi,  dans  LACURNE. 

—  KTYM.  Dé....  préfixe,  et  passion. 

tDÉPÂTISSER  (dé-pâ-ti-sé),  v.  a.  Terme  d'im- 
primerie. Distribuer  les  caractères  d'imprimerie  mê- 
lés, mis  en  pâte. 

—  Rtym.  Dé....  préfixe,  et  pdte. 

t  DÉPAVAGE  (dé-pa-va-j'),  t.  m.  Action  dedépaver. 

—  KTYM.  Di-paver. 

DÉPAVÉ,  ÉE  (dé-pa-vé,  vée),  par»,  passé.  Les 
rues  dépavées. 

DÉPAVER  (dé-pa-vé),  V.  a.  Oter  le  pavé.  On  dé- 
pare les  boulevards.  ||  Se  dépaver,  r.  réfl.  Être  dé- 
pavé. Bientdt  les  rues  se  dépavent,  des  barricades 
s'élèvent. 


DEP 

—  IIIST.  XVI*  S.  On  eust  donné  commission  aux 
femmes  de  dépaver  les  rues,  paré,  t.  m,  p.  706. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  paver. 
DÉPAYSÉ,    ÉE  (dé-pè-i-zé,  zée),  part,  passé. 

Il  1°  Mis  hors  de  .son  pays.  Le  Français  une  fois  dé- 
paysé. Il  Substantivement.  Elle  faisait  donc  son  pos- 
sible. Que  ces  pauvres  dépaysés.  Pour  la  plupart 
dévalisés....  SCARRON.-Ft'rg.  trav.  s.  ||  2*  Fig.  J'étais 
tellement  dépaysée  par  Marseille,  sÊv.  628.  ||  Se 
trouver  dépaysé  dans  une  société ,  y  rencontrer 
un  grand  nombre  de  visages  inconnus,  nouveaux, 
n  3°  Traduit.  Hippocrate  dépaysé,  Pari»  4654. 

t  DÉPAYSEMENT  (dé-pè-i-ze-man),  s.  m.  Aciio 
de  dépayser.  ||  Changement  d'habitudes,   d'occui)a- 
tions,  d'idées. 

—  ÉTYM.  Dépayser. 

DÉPAYSER  (dé-pê-i-zé),  v.  a.  \\  1*  Faire  changer 
de  pays,  de  lieu.  ||  Par  extension,  c'est  dépayser  un 
homme  mal  à  propos,  que  de  vouloir,  après  sa 
mort  et  sans  sa  participation,  tourner  un  nom  qui 
doit  lui  être  propre  en  un  nom  tout  différent  et  qui 
lui  sera  toujours  étranger.  Auteurs  déguisés, p.  338. 
Il  Fig.  Ils  essayent  de  civiliser  la  doctrine  en  la  dé- 
pay.sant  du  collège,  balz.  liv.  vu,  lett.  49.  ||  2°  Faire 
qu'une  personne  ne  puisse  retrouver  son  chemin. 
Les  sinuosités  de  la  route  le  dépaysèrent  tellement 
qu'il  ne  savait  plus  où  il  était.  ||  Fig.  Faire  prendre 
le  change,  détourner  de  la  voie.  Il  ne  manqua  pas 
de  .se  munir  de  circonspection  et  d'égards  pour 
dépayser  le  public,  mais  le  public  n'est  pas  si  sot 
qu'on  pense,  hamilt.  Oramm.  lo.  ||  Il  se  dit  aussi 
de  choses  auxquelles  on  donne  une  apparence  qui 
les  masque.  Voilà  donc  ce  cher  paquet,  le  voilà: 
vous  avez  très-bien  fait  de  le  déguiser  et  de  le  dé- 
payser un  peu,  SÉV.  391.  Nous  étions  convenus  d'un 
Bècret  entier  qui  nous  faisait  cacher  nos  conversa- 
tions et  les  dépayser,  st-sim.  46,  472.  Il  n'y  au- 
rait qu'à  faire  mettre  dans  les  gazettes  que  V.  M.  va 
à  Spa  pour  dépayser  les  nouvellistes,  volt.  Roi  de 
Prusse,  44.  Il  3°  Mettre  une  personne  sur  un  sujet 
nouveau  pour  elle,  sur  des  matières  auxquelles  elle 
n'est  point  préparée.  ||  4°  Se  dépayser,  v.  réfl.  Quiller 
son  pays.  Que  mon  cœur  fut  navré  I  je  ne  vis  plus 
pour  elle  d'autre  ressource  que  de  se  dépayser,  J.  J. 
Rouss.  Con[.  VIII. 

—  HIST.  xm*  s.  Chi  [ici]  paroUe  de  chiaus  [ceux] 
ki  sunt  despaïsié,  pierre  de  fontaine,  ch.  »7,  dans 
DU  GANGE,  dispatriare.  Or  sachiés  ke  cil  ki  sunt  des- 
païsié [bannis],  ki  sunt  reslabli,  il  sunt  restabll  en 
quatre  coses:  la  première....  id.  ib.  \\  xvi*s.  On  con- 
noist  toujours  de  quelle  nation  est  un  homme,  ou 
par  le  langage,  ou  par  sa  façon  de  vivre  ordinaire, 
ou  par  l'habillement,  ou  bien  par  quelque  trait  na- 
turel de  son  ramaige  qui  lui  eschappe  quand  il  s'ou- 
blie, pour  quelque  dépaysé  qu'il  soit,  carloix,  ii,  i. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pat/s;  picard,  dépaysé. 
f  DÉPEÇAGE  (dé-pe-sa-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
pecer. Le  dépeçage  des  vieux  bateaux. 

—  ÊTYM.  Dépecer. 

DÉPECÉ,  ÉE  (dé-pe-sé,  sée),  part,  passé.  Mis  en 
morceaux.  Une  volaille  dépecée.  ||  Tuile  dépecée, 
tuile  échancrée. 

DÉPÈCEiMENT  (dé-pè-se-man) ,  t.  m.  Action  par 
laquelle  on  dépèce,  on  met  en  pièces.  ||  Fig.  Déjà 
même,  avant  l'entrevue  d'Erfurt,  quand  Sébastiaiii 
était  revenu  de  Constantinople,  quoique  Napoléon 
parût  tenir  encore  à  ce  dépècement  de  la  Turquie 
d'Europe....  ségur,  Bist.  de  Nap.  i,  3. 

—  Rtym.  Dépecer. 

DÉPECER  (dé-po-sé.  La  syllabe  pe  se  change  en 
pc,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  dépèce, 
je  dépècerai;  le  c  prend  une  cédille  devant  a  ou  o; 
nous  dépeçons,  je  dépeçai),  ».  a.  \\  1*  Mettre  en 
pièces,  couper  en  morceaux.  Dépecer  un  vieux  ba- 
teau. Eux  venus,  le  lion  par  ses  ongles  compta.  Et 
dit  :  nous  sommes  quatre  à  partager  la  proie;  Puis 
en  autant  de  parts  le  cerf  il  dépeça,  la  tont.  Fabl. 
i,  6.  Ces  vils  magistrats,  dont  Juvénal,  non  moins 
satirique  mais  plus  plaisant  et  plus  gai  qu'à  son  ordi- 
naire, ra.ssemble  les  successeursautour  d'un  énorme 
turbot,  délibérant  gravement  sur  les  moyens  de 
l'apprêtersans  le  dépecer,  omEROx,  Règne  de  Claude 
et  Néron,  i,  28.  Ses  figures  sont  placées  sur  trois 
lignes  parallèles,  en  sorte  qu'on  pourrait  dépecer 
son  tableau  en  trois  mauvais  tableaux,  id.  Salon  tir 
1767,  (HCuvret,  t.  xiv,  p.  309,  dans  pougens.  ||  Par 
extension.  Des  peuples  barbares  ravagèrent  ce  pay-î, 
le  dépecèrent,  montesq.  Lelt.  pers.  13«.  ||  Fig.  Les 
Grecs  et  les  Chinois  ont  été  des  fripons  et  des  igno- 
rants qui  ont  dépecé  chacun  ce  grand  système,  Di- 
derot, Musique  des  anc.  \\  2°  Tb.-me  de  métier.  Ou- 
vrir les  peaux  à  faire  des  gants  en  les  étirant  dans 
tous  les  sens.  |1  3°  Se  dipecer,  r.  réfl.  Être  .-"épecé. 


DÉP 


DÉP 


DEP 


10GS 


Ce  poulet  se  dépèce  facilement.  ||  Fig.  M.  du  Maine 
se  dépeça  en  excuses  de  la  peine  que  l'on  prenait 
de  le  visiter],  st-sim.  296,  64. 

—  HIST.  XI'  s.  Entre  mes  poings  [il]  me  depeçout 
ma  hanste,  Ch.  de  Roi.  lxv.  ||  xii'  s.  Les  murs  abat- 
tre et  depetier,  Ronc.  p.  BO.  Et  son  bliaut  [il]  lui 
prist  à  despecer,  ib.  p.  97.  Sore  [il]  lui  court  pour  son 
corps  dépecer,  ib.  p.  <89.  Tu  les  pieres,  et  sur 
cesle  piere  ferai  M'iglise,  e  ma  meisun  i  édifierai, 
E  les  portes  d'enfer  pur  li  dépècerai.  Th.  lemart.  79. 
Il  xiii"  s.  La  partie  de  ceus  dont  vous  avés  oï,  qui 
voloient  l'est  depeoier,  parlèrent  as  messages  et  leur 
distrent....  villeh.  xlvii.  Sa  cage  [un  lion]  a  des- 
rompue ettoutedepecie,Bcr(e,  II.  S'il  le  puent  [peu- 
vent] tenir  de  près,  Il  li  dépèceront  lapel.  Si  li  fe- 
ront rouge  chapel,  Ren.  <6B<4.  Miex  vodroie  à 
[avec]  cotiaus  d'acier  Pièce  à  pièce  estre  despeciés, 
Que  vous  en  fussiés  correuciés  [courroucé] ,  la  Rose , 
2907.  Un  batel  que  il  urent,  tout  i  fud  dépeciez;  As 
roclies  se  ferit,  qui  lut  antis  et  viez,  Rom.  de  Uorn, 
p.  10.  Pour  toutes  tex  [telles]  causes  poent  estre 
compaignies  [sociétés]  depecies,  beaum.  xxi,  *.  Des 
plès  qui  naissent  de  mariage  depecier,  iD.  xviii,  <7. 
Il  xiv  s.  Et  qui  lui  depecheroit  sa  robe  tant  que  l'en 
veist  son  braz  ou  sa  poitrine  nuement,  sa  biauté  na- 
turel s'en  monstreroit  mieulx,  oresme,  Hth.  25. 
Esnierez  tient  la  mâche  [masse,  massue]  dont  moult 
granz  copz  frapa  ;  Le  bord  de  la  navie  tellement  des- 
pecha,  Que  petit  s'en  failli  que  l'iauwe  n'i  entra, 
Baud.  de  Seb.  iv,  657.  ||  xV  s.  Et  la  bannière  du 
comte  fut  ruée  par  terre  et  toute  despecée,  froiss. 
II,  II,  54.  Mais  ne  tint  pas  le  dict  voyage  :  car  avant 
qu'il  peust  estre  mis  sus  du  tout,  l'hyver  vint  si  fort 
que  despecer  le  convint,  Bouciq.  i,  ch.  13.  ||  xvi*  s. 
Seul,  ses  armés  despecées,  mont,  i,  4.  Quand  on 
despeceoit  ces  faisands,  id.  i,  393. 

— ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pièce;  picard,  dépié- 
cher ;  provenç.  despessar,  despesar,  detpechar. 

f  DÊPECEÙR(dé-pe-seur),  s.  m.  Dépeceur  de  ba- 
teaux, celui  qui  met  en  pièces  les  vieux  bateaux. 

—  ÉTYM.  Dépecer. 

DÉPÊCHE  (dé-pè-ch') ,  s.  f.  ||  1°  Lettre  concernant 
les  affaires  publiques.  Une  dépêche  du  gouvernement. 
Il  a  bien  des  affaires,  à  cause  des  dépêches  qu'il  faut 
écrire  partout,  et  à  cause  de  la  guerre,  sév.  123. 
Le  comte  de  Creutz,  qui  dans  un  coin  lisait  une  dé- 
pêche, MAHMONTEL,  MéiH.  IX.  J'avais  quelque  envie  de 
t'emmener  à  Londres,  courrier  de  dépêches,  beaum. 
Mar.  de  Fig.  m,  6.  ||  ilu  plur.  Lettres  d'un  com- 
merçant ,  d'un  banquier  à  ses  correspondants. 
Il  2°  Dépêche  télégraphique,  ou,  simplement,  dé- 
pêche, toute  communication  publique  ou  privée  en- 
voyée par  le  télégraphe.  Recevoir  une  dépêche. 
Mander  par  une  dépêche. 

—  HIST.  xvi's.  S'elle  estoit  plus  vieille  d'un  tiers. 
Je  la  prendrois  plus  volontiers.  Car  la  depesche  en 
seroit  prompte,  mahot,  m,  478.  Les  dicts  ambassa- 
deurs faisants  une  depesche  au  roy  de  ces  choses, 
MONT.  I,  69.  Quelques  censeurs  de  ce  temps  ont  des- 
couvert que  nous  n'en  feuiUetasmes  pas  un,  mais 
que  l'après  disnée  fut  passée  à  jouer  au  cent  et  à  la 
depesche,  d'aub.  Conf.  11,  6.  Le  peu  de  respect  que 
portent  à  la  royne  ceux  qui  font  tous  les  jours  des 
conseils  à  part,  puis  lui  font  passer  ce  qu'ils  ont 
arresté,  font  des  depesches,  puis  les  lui  commu- 
niquent, coNDÉ,  Mémoires,  p.  669. 

—  ÊTYM.  Voy.  DÉPÊCHER.  Dépêche  a  signifié  dans 
Marot  l'action  de  dépêcher,  d'en  finir  avec,  et  dans 
d'Aubigné  une  sorte  de  jeu. 

DÉPÊCHÉ,  ÉE  (dé-pê-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1°  Fait  hâtivement.  Ses  affaires  dépêchées,  il  sor- 
tit. ||  Un  dîner  dépêché,  mangé  vite.  Il  a°  Expédié, 
envoyé.  Une  nouvelle  dépêchée  par  le  télégraphe. 
Un  courrier  dépêché  porte  cette  nouvelle,  ïristan, 
M.  de  Chrispe,  iv,   2. 

DÉPÊCHE  COMPAGNON  (Â)  (dé-pê-che-kon-pa- 
gnon),  loc.  adv.  Travailler  à  dépêche  compagnon, 
travailler  vite  et  négligemment,  ne  chercher  qu'à 
finir.  Il  Se  battre  à  dépêche  compagnon,  se  battre 
sans  quartier. 

—  Étym.  Dans  le  premier  sens  c'est  :  hâte-toi, 
compagnon ,  dans  le  second  c'est  :  à  dépêcher ,  à  tuer 
le  compagnon. 

DÉPÊCHER  (dé-pê-ché),  V.  a.  ||  1°  Faire  prompte- 
ment,  hâter  l'exécution  d'une  chose.  Dépêchez  ce 
que  vous  avez  à  faire.  Il  dépêcha  ses  petites  affai- 
res. Il  Absolument.  Se  hâter.  C'est  trop  perdre  de 
temps  à  souffrir  ces  discours;  Dépêche,  Octavian, 
COHN.  Uéracl.  y ,  3.  Dépêche  seulement  et  cours 
vers  ma  rivale  Lui  porter  de  ma  part  cette  robe  fa- 
tale, m.  Médée,  iv,  i.  Dépêchez....  faites  tôt,  et  hâ- 
tez nos  plaisirs,  mol.  F.  sav.  ni,  ).  |{  2°  Familiè- 
rement, faire   vite  quelque  chose.  Ayant  dépêché 

DICT.  DE  SA  LANGl.£  l'HANÇAISB. 


toutes  ces  bonnes  actions  avec  ce  sang-froid  actif 
qui  m'étonnait  toujours,  volt.  Jenni,  5.  ||  Manger 
vite.  Il  dépêcha  le  sien  [son  gâteau]  pour  me  de- 
mander le  troisième,  J.  i.  Rouss.  Ém.n.  ||  Dépêcher 
quelqu'un,  expédier  vite  son  affaire.  Il  n'est  pas  de 
ces  médecins  qui  marchandent  les  maladies  ;  c'est 
un  homme  expéditif  qui  aime  à  dépêcher  ses  mala- 
des, MOL.  Pourc.  I,  7.  Il  Familièrement,  se  défaire 
de  quelqu'un  en  le  tuant.  Pendant  qu'il  criait  au 
secours ,  les  brigands  qui  l'avaient  arrêté  le  dé- 
pêchèrent. Ils  se  mirent  h.  assassiner  les  soldats  ro- 
mains; s'ils  en  avaient  de  logés  chez  eux,  ils  trou- 
vaient moyen  de  les  dépêcher,  malh.  Le  xxxiu* 
livre  de  T.  Lire,  ch.  29.  C'est  que  cet  enragé  sait 
déjà  la  façon  Dont  il  faut  dépêcher  ceux  de  notre  li- 
gnage, SCARRON  .  Jodelet,  iv,  s.  Oui,  j'ai  juré  sa 
mort;  rien  ne  neut  m'empêcher  :  Où  je  le  trouve- 
rai, je  le  veux  dépêcher,  mol.  Sgan.  21.  Un  vieille 
tante  qu'un  grand  médecin  dépêclia  dans  l'autre 
monde,  volt.  PII.  aux  40  écus,  Lettre  à  l'homme.... 
De  jeunes  médecins  de  Venise  viennept  dépêcher 
les  cadis  et  les  agas,  chateaub.  Itin.  96.  ||  3°  En- 
voyer, expédier  en  toute  diligence.  Dépêcher  une 
nouvelle.  On  vient  de  lui  dépêcher  un  courrier, 
sÉv.  300.  Comme  Portiand  ignorait  les  intentions 
du  roi  son  maître  sur  une  proposition  toute  nou- 
velle et  d'une  telle  importance,  il  demanda  le  temps 
de  lui  dépêcher  un  courrier  et  de  recevoir  ses  or- 
dres, TORCY,  Uém.  t.  I,  p.  43.  Cet  accord  étant  fait, 
les  deux  rois  dépêchèrent  chacun  dans  leur  pays  un 
ordre  exprès  d'assembler  une  armée  de  trois  cent 
mille  hommes  pour  enlever  Formosante,  volt.  Prtnc. 
de  Babyl.  1.  Ajoutez  à  cela  les  courses  de  ce  même 
laquais  dont  je  vous  ai  parlé,  que  mon  fils  dépèche 
quatre  fois  par  jour  et  avec  qui,  quand  il  revient, 
il  a  toujours  de  fort  longs  entretiens,  marivaux. 
Vie  de  Marianne,  4*  partie,  p.  225.  ||  Absolument. 
Envoyer  des  dépêches,  faire  ses  dépêches.  Il  les  fit 
avertir  qu'il  dépêchait  en  Macédoine,  vaugel.  Q.  C. 
395.  Ce  fut  avec  Grimaldo  que  je  traitai  en  Espa- 
gne, et  que  j'y  trouvai  le  seul  ministre  avec  qui  le 
roi  dépêchait,  st-sim.  458,  <80.  Si  mon  frère  était 
mort,  doutez-vous  que  son  roi.  Pour  m'apprendre 
sa  mort,   eût  dépêché  vers  moi?  volt.  Adélaïde, 

I,  3.  Il  4°  Se  dépêcher,  v.  réfl.  Se  hâter.  Dépêchez- 
vous,  Cléone,  aidez  mon  faible  bras,  cohn.  Médée, 
V,  4.  Il  5°  X  dépêche  compagnon,  voy.  dépèche  com- 
pagnon. 

—  HIST.  xiii*  s.  Car  maintes  fois  cis  qui  preesche, 
Quant  briefment  ne  se  despeeche,  En  fait  les  audi- 
teurs aler,  Par  trop  prolixement  parler,  la  Rose, 
17674.  Il  XV'  s.  Il  despescha  deux  de  ses  bourgeois, 
et  leur  bailla  certains  articles,  comm.  u,  3.  Et  tin- 
drent  conseil  comment  ils  pourroient  chasser  ces 
Bourguignons  eteulxen  despescher,  m.  i,  B.  llavoit 
maintes  espies  et  messagiers  par  pays  la  pluspart 
despeschez  par  ma  main,  id.  v,  i.  ||xvi'  s.  Par  ma 
figue,  vous  seriez  bien  empeschez,  je  vous  en  de- 
pesche, et  vous  dy  que....  rau.  Pant.  m,  62.  Pour- 
tant quiconque  de  vous  aultres  aura  à  se  pendre, 
s'en  depesche  promptement,  m.  ib.  4.  Prol.  J'ay 
expressément  depesche  Malicorne,  à  ce  que  je  soys 
acertainé  de  ton  pourtement,  m.  ib.  iv,  3.  Bref  un  seul 
passage  nous despeschera  de  leurs  deux  objections, 
CALV.  Inst.  65.  Les  subterfuges  que  cerchent  ici 
les  Sorbonistes  pour  évader,  ne  les  despeschent 
point,  iD.tb.  9<2.  Despescher  un  député  vers....  MONT. 

II,  267.  Il  les  feit  despescher  [tuer]  touts  trois,  m. 

III,  <4*.  Ainsi  qu'ils  se  despeschassent  promptement 
de  vuider  leur  terre,  m.  iv,  2).  J'entre  souvent  dans 
la  chambre  de  Sylla:  j'ay  le  bras  assez  fort  pour  en 
despescher  la  ville,  m.  iv,  363.  S'il  estoit  question 
de  (juelque  affaire  de  peu  de  conséquence,  ilz  leju- 
geoient  et  despeschoient  eulx  mesmes  tous  seuls, 
AMYOT,  Timoléon,  Bi.  Pelopidas  fut  despesché  pour 
y  aller  comme  ambassadeur,  m.  Pelopidas,  49. 
Il  le  tua,  estant  bien  adverty  de  la  bonne  vou- 
lunté  que  luy  portoient  les  premiers  et  princi- 
paux personnages  du  royaume,  qui  l'exhortoient  à 
se  despescher  de  Neoptolemus,  m.  Pyrrh.  lo.  Si 
soubstindrent  toutefois  les  Romains,  et  endurèrent 
tant  qu'ilz  eurent  espérance  que  les  Parthes,  après 
avoir  depesche  toutes  leurs  flesches,  cesseroient  de 
combattre,  ID.  Crassus,il.  Ilzadviserent  que  chas- 
cun  d'eulx,  à  son  tour,  despecheroit  les  affaires  six 
heuresdu  jour  et  six  heuresdelanuict,  iD.Numa,  4. 
S.  fin  que,  après  les  avoir  mis  en  seureté  de  leurs 
vies ,  il  se  depeschast  luy  mesme  de  la  sienne,  id. 
Cat.  d'Utiq.  81.  Non  suivant  les  mémoires  que  la 
haine  espagnole  peut  avoir  produits;  mais  ce  qu'un 
secrétaire  de  l'ambassadeur  en  a  depesche  à  un  des 
principaux  conseillers  de  ce  roiaume    d'iub,  Ilist. 

|ni,  516. 


—  ÉTYM.  Wallon,  dispSchi,  débarrasser;  bourg. 
dépoché;  espagn.  et  portug.  despachar;  ilal.  dis- 
pacciare ,  spacciare,  substantif,  dispaccio,  spaccio. 
Il  est  bien  naturel  de  considérer  comme  identiquci 
d'une  part  le  français,  de  l'autre  l'espiignol  et  l'ita- 
lien :  aussi,  admettant  cette  identité,  Diez  rejette 
l'étymologie  de  dis-pedicare ,  débarrasser,  empe- 
dicare,  embarrasser,  empêcher,  et  se  demande 
si  impingere,  frapper  stir,  arrêter,  ne  serait  pas  le 
radical  d'empêcher,  par  l'intermédiaire  d'une  forme 
impactare  (la  discussion  pourem-p^c/ier  est  la  mêaia 
que  pour  dé-pécher).  Quoi  qu'on  pense  de  l'étymo- 
logie des  mots  espagnols  et  italiens,  il  ne  faut  pas 
les  faire  intervenir  ;  car  l'identité  n'en  est  qu'appa- 
rente avec  le  français;  en  recourant  à  la  plus  an- 
cienne forme,  on  reconnaît  que  le  mot  n'est  pas, 
comme  l'espagnol  ou  l'italien,  de  trois  syllabes, 
despachar,  dispacciar,  mais  de  quatre,  depeecher; 
il  est  donc  composé  comme  preecher  (prêcher)  do 
prxdicare,  et  conduit  nécessairement  au  bas-latiu' 
dis-pedicare,  de  pedica,  piège  (voy.  piège).  Pieg-a 
est  monosyllabe  (en  ne  comptant  pas  la  finale)  parce 
que  pédica  a  l'accent  sur  pe,  et  peech-er  est  dissyl- 
labe parce  qu'il  vient  de  pedicare,  où,  comme  cel.i 
arrive  dans  le  passage  des  mots  latins  en  français, 
la  consonne  intermédiaire  est  tombée,  pe-i-care.  Il 
aurait  été  possible  que  la  formation  du  français  filt 
autre,  et  qu'au  lieu  de  perdre  la  consonne  inter- 
médiaire, le  mot  latin  eût  perdu  \'i  bref,  ce  qui  ar- 
rive souvent  aussi  :  pedcare  ou  pedciare,  ce  qui  eût 
donné  en  français  piéger.  En  tout  cas,  la  forme 
despeecher  ne  peut  être  rapportée  à  l'origine  indi- 
quée par  Diez,  et  il  faut  la  réserver  pour  l'espagnol 
et  l'italien;  tout  en  admettant  qu'il  y  a  eu  peut-être, 
dans  la  langue  d'oïl,  confusion  et  assimilation  entre 
depeecher,  venant  de  pedica,  et  dépêcher,  venant  de 
dis-poctare(yoy.  empêcher). 

t  DÊPEÇOIR  (dé-pe-soir),  s.  m.  Outil  ou  couteau 
propre  à  dépecer. 

—  ÉTYM.  Dépecer. 

DÉPEINDRE  (dé-pin-dr'),je  dépeins,  tu  dépeins, 
il  dépeint,  nous  dépeignons,  vous  dépeignez,  ils 
dépeignent;  je  dépeignais;  je  dépeignis;  je  dépein- 
drai; je  dépeindrais;  dépeins,  qu'il  dépeigne,  dé- 
peignons; que  je  dépeigne,  que  nous  dépeignions, 
que  vous  dépeigniez,  qu'ils  dépeignent;  que  je  dé- 
peignisse; dépeignant;  dépeint,  t).  a.  Il  1°  Peindre 
d'une  manière  distincte.  Dépeindre  des  devises  sur 
un  pavois.  ||  Sens  propre  à  peine  usité  aujour- 
d'hui. Il  2*  Représenter  parle  discours  d'une  ma- 
nière assez  vive  pour  qu'on  puisse  le  comparer  à 
une  peinture.  Les  poètes  tragiques  anciens  ont  beau- 
coup mieux  réussi  à  exprimer  les  quabtés  des  héro.'i 
qu'à  dépeindre  la  magnificence  des  grands  rois, 
ST-ÉVREMOND,  Traité  des  tragédies,  dans  hiche- 
LET.  Comme  les  femmes  ont  un  empire  absolu  sur 
l'esprit  des  hommes,  elles  y  dépeignent  ou  les  par- 
ties des  beautés  qu'elles  ont  ou  celles  qu'elles  es- 
timent, PASC.  Amour.  Les  poètes  n'ont  pas  raison  de 
nous  dépeindre  l'amour  comme  un  aveugle ,  m.  dans 
COUSIN.  On  nous  dépeint  ici  M.  de  Marseille  ^répée 
à  la  main,  aux  côtés  du  roi  de  Pologne,  ayant  eu 
deux  chevaux  tués  sous  lui,  et  donnant  la  chasse 
aux  Tartares  comme  l'archevêque  Turpin  la  donnait 
aux  Sarrasins,  sÉv.  229.  Si  je  veux  d'un  galant  dé- 
peindre la  figure,  boil.  Sat.  11.  S'U  rencontre  un 
palais,  il  m'en  dépeint  la  face,  iD.  Art  p.  i.  Et  ces 
mêmes  fureurs  que  vous  me  dépeignez,  rac.  Iphig. 
III,  6.  Quand  lu  me  dépeignais  ce  héros  intrépide 
ID.  Phèd.  I,  1.  Il  3°  Se  dépeindre,  v.  réfl.  Faire  par 
le  discours  son  propre  portrait.  Byron  s'est  dépeint 
en  ses  poèmes.  |1  Être  dépeint.  Cela  ne  saurait  se  dé- 
peindre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Là  où  il  [Xénophon]  a  avec  un 
gentil  pinceau  dépeint  de  naïfves  couleurs,  soubs 
le  nom  de  Cyrus,  quel  seroit  un  roy  s'il  s'en  trou- 
voit  au  monde  de  parfait,  amyot,  Épit.  dédie.  Mo- 
ral, p.  10.  De  grands  pavois,  où  estoienl  dépeintes 
les  devises  de  chaque  combatant,  castelnau,   169. 

—  ÉTYM.  Hourguig.  dépoindre;  provenç.  depen- 
her,  despenher;  ital.  dipingere  ;  du  latin  depingere, 
de  la  préposition  de,  et  pingere,  peindre  (voy. 
peindre). 

DÉPEINT,  EINTE  (dé-pin,  pin-t'),  part,  passé 
de  dépeindre.  Narbas  leur  est  dépeint  comme  un 
traître,  un  transfuge,  volt.  Mérope,  i,  4. 

t  DÉPELOTONNER  (dé-pe-lo-to-né) ,  v.  a.  Dé- 
faire un  peloton.  ||  Se  dépelolonner,  e.  réfl.  Être 
dépelotonné.  Ce  fil  s'est  dépelotonné. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  peloton. 

DÉPENAILLÉ,  ÉE  (dé-pe-nâ-Ué,  liée,  U  mouil- 
lés, et  non  dé-pe-nâ-yé),  adj.  Qui  est  en  haillcms. 
Il  Dont  la  mise  est  .tout  à  lait  négligée,  dans  un 


I0G6 


T)ÈV 


désordre  exlrême.  Il  ejtsale  et  tout  dépenaillé.  |;  Fig. 
Visage  dépenaillé,  Tisage  flétri.  Fortune  dépenaillée, 
fortune  en  déiwrroi.  ||  Ce  mot  est  du  langage  fe- 
milier. 

niST.  XVI*  s.  Leurs  grands  panaches  blancs  et 

noir»,  tout  brisés  et  dépenaillés  de  coups,  suli-t, 
Jans  le  Dût.  de  dochk/-. 

— Btym.  Dé....  préfixe,  et  un  dérivé  {■penaille) 
de  l'ancien  français  lertf  ou panf, drap,  étolTe.  L'an- 
cien français  disait  dexpené.  despané,  mis  en  lam- 
beaux. U  finale  aille,  ailler,  est  presque  toujours 
péjorative.  Voy.  penaiu,on. 

DEl'KN.'Vn.LHMKNT  (dé-pe-nft-lle-man,  Il  mouil- 
lées, et  non  dé-pe-nâ-ye-man) ,  ».  m.  Accoutre- 
ment .sale  et  misérable. 

—  RTYM.  Dépenaillé. 
DfiPENDAMMHNT   (dépan-da-man),  adv.  Avec 

dépendance,  d'une  façon  dépendante.  L'âme  agit 
dépendamment  des  organes.  Les  histoires  ne  nous 
présentent  proprement  que  des  squelettes,  c'est-à- 
dire  des  actions  toutes  nues  ou  qui  paraissent  dé- 
pendre de  peu  de  ressorts,  quoiqu'elles  n'aient  été 
faites  que  dépendamment  d'une  infinité  de  causes, 
auxquelles  elles  étaient  attachées  et  qui  leur  ser- 
vaient de  soutien  et  de  corps,  Nicole,  Ess.  de  mor. 
t"  traité,  ch.  6.  St  Pau',  ne  laissait  pas  de  souhaiter 
d',illcr  prêcher  l'Evangile  à  Rome,  quoiqu'il  ne  le 
souhaitât  que  dépindaiiiment  de  la  volonté  de  Dieu, 
ID.  16.  2*  traité, ch.  3.  Si  le  monde  a  l'être  dépendam- 
ment, d  ne  le  peut  avoir  nécessairement,  boss.  Li- 
bre  arb.  4.  Dieu,  l'auteur  de  l'être,  ayant  voulu  le 
donner  aux  enfants  dépendamment  de  leurs  parents, 
II).  Connaiss.  iv,  ((.  Kn  cela  consiste  le  bienheu- 
reux en(!ragemenl  qu'a  la  créature  raisonnable  et  in- 
tollipente  à  n'user  de  sa  liberté  et  de  ses  droits  que 
dépendamment  de  Dieu  son  seigneur  et  son  souve- 
rain, Botini).  Carême,  i,  p.  609. 

—  ÊTYM.  Dépendant,  et  le  suffixe  ment. 
DÉPENDANCE  (dé-pan-dan-s"),  ».  f.  ||  !•  Sorte  de 

rapport  qui  fait  qu'une  chose  dépend  d'une  autre. 
Les  événements  y  ont  une  dépendance  l'un  de  l'au- 
tre, CORN.  Ex.  de  Pomp.  L'ordre  général  des  causes 
et  la  dépendance  des  effets,  buff.  Théor.  de  la  terre, 
l"  dise.  Il  i°  Il  s'est  dit  d'une  contrée,  d'une  terre 
qui  relève  d'une  autre.  La  Bresse  est  des  premières 
dépendances  de  la  couronne,  pathu,  Plaidoyer  4, 
dans  BiCHELKT.  Platon  fait  le  royaume  de  Troie  une 
dépendance  de  l'empire  des  Assyriens,  BOss.  Hist. 
111,4.  Il  lui  demanda  de  lui  rendre  Tyr  et  Sfdon, 
qui  étaient  des  dépendances  de  la  Syrie,  dont  il  était 
roi,  ROLUN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  vii,  p.  270, 
dans  P0UGF.NS.  Carthage  avait  sept  cent  mille  habi- 
tants, et  trois  cents  villes  de  sa  dépendance  dans  le 
seul  continent  d'Afrique, id.  ib.  Œuvres,  t.  x  ,  p.  490, 
dans  pouoENS  |{  8°  Au  plur.  Tout  ce  qui  tient, 
comme  accessoire,  à  une  chose  principale.  Vendre 
une  terre  avec  toutes  ses  appartenances  et  dépen- 
dances. On  lui  a  adjugé  la  terre  avec  toutes  ses  cir- 
con,stances  et  dépendances.  Votre  château  avec  tou- 
tes ses  dépendances,  sèv.  276.  S'il  arrive  qu'on  fasse 
la  même  réflexion,  on  se  persuade  aisément  qu'elle 
est  nouvelle,  tant  elle  offre  de  circonstances  et  de 
dépendances  qu'on  avait  laissées  échapper,  vauven. 
Kax.  x.ll*"  Subordination,  sujétion.  Les  enfants 
«ont  dans  la  dépendance  de  leurs  parents.  Ils  vou- 
dront par  ce  choix  se  mettre  en  a.ssurance.  Et  n'en 
pré.senteront  que  de  leur  dépendance,  corn.  Othon, 
I,  4.  Quelque  éclairé  que  soit  on  sujet,  sa  condition 
est  toujours  rabaissée  par  la  dépendance,  pasc.  dans 
COUSIN.  Votre  sexe  n'est  là  que  pour  la  dépendance, 
MOL.  Éc.  desfemm.  m,  2.  Cette  régularité  vous  tient 
dans  la  dépendance,  boss.  m.  Vêt.  t.  Il  avait  mis 
les  plébéiens  dans  la  dépendance  des  patriciens,  id. 
Hist.  III,  «.  C'est  ce  qui  doit  tenir  les  princes  dans 
une  entière  dépendance,  m.  ib.  m,  4.  Vivez  dans 
la  dépendance  intime  de  la  grâce,  id.  Lett.  ahb.  ne. 
Ce  qui  dépend  de  moi  est  dans  la  dépendance  de  la 
reine,  id.  Leit.  ï63.  Kt  c'est  pour  m'affranchir  de 
cette  dépendance....  hac.  Brit.  11,  2.  Trop  instruit 
de  ses  droits,  trop  plein  de  sa  naissance,  Il  ne  sau- 
rait soulfrir  la  moindre  dépendance,  id.  Androm. 
1,  a.  Le  dernier  devoir  de  ce  dépouillement  religieux 
est  la  soumission  et  la  dépendance  des  supérieurs, 

MASS.  Prof.  rel.  3 La  dépendance  irrite,  Quand 

on  n'estime  pas  ceux  qui  donnent  la  loi ,  la  motte. 
Fables ,  1 ,  (0.  Tout  ton  être  en  un  mot  est  dans  ma 
flôpendance,  volt.  Mérope,  y,  ».  L'homme  était-il 
donc  né  pour  tant  de  dépendance?  m  Orj)h<>«.  v,  5. 
Le  système  adopté  par  tous  les  gouvernements  de 
1  Europe,  de  tenir  les  colonie»  dans  la  dépendance 
la  plu»  absolue  de  la  métropole,  a  toujours  rendu 
luipecta»  à  beaucoup  de  politiques  espagnols  les 
lianoni  du  Mexique  avec  l'Asie,  baynal,  Ihti.  plul. 


DEP 

VI,  23.  Ils  sont  toujours  comme  à  la  dépendance 
d'autrui ,  ib  p.  courhevillr  ,  dans  df.sfontaines. 
Soumis  à  mes  travaux,  aimant  ma  dépendance.  J'ai 
senti  les  bienfaits  de  mon  adversité,  diicis,  Abufar, 
I,  6. 115°  Terme  de  grammaire.  Syntaxe  de  dépen- 
dance, la  partie  de  la  syntaxe  relative  aux  régimes 
ou  compléments  des  différentes  espèces  de  mots. 

—  hist.  XIV*  s.  Ces  biens  devant  du,  qui  sont  de 
diverses  espèces,  sont  appeliez  biens  pour  ce  que  il 
ont  aucune  dcspendence  d'une  chose  ou  attribucion 
à  aucune  chose,  okesme,  Eih.  vu,  I2.||xv*s.  Et 
que  ainsi  ces  trois  principales  raisons,  avec  leurs 
dépendances,  lui  font  sembler  la  chose  trop  péril- 
leuse et  douhteiise  pour  luy,  Bouciq.  m,  ch.  iS. 

—  ÉTVM.  Dépendant. 

PÉPENDANT,  ANTE  (dé-pan-dan,  dan-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  dépend  de,  qui  tient  à.  Ces  deux  choses 
sont  dépendantes  l'une  de  l'autre.  Les  effets  dépen- 
dants des  causes.  Nos  cœurs  n'étaient  point  faits  dé- 
pendants l'un  de  l'autre,  bac.  i4ndr.  iv,  6.  ||  Terme 
de  jurisprudence  féodale.  Qui  relève  d'un  autre.  Fief 
dépendant.  ||  2°  Qui  dépend  d'un  autre  pour  des  au- 
torisations nécessaires  et  aussi  pour  sa  fortune.  Je 
le  sais  comme  vous,  Sainville  e.st  dépendant.  Jamais 
il  n'obtiendra  l'aveu  du  président,  la  chaussée, 
Gouvern.  xi,  lO.  ||3°  Soumis.  Un  moment  a  vaincu 
mon  audace  imprudente;  Cette  âme  si  superbe  est 
enfin  dépendante,  BAC.  Phéd.  11,  2.  ||  Substantive- 
ment. Notre  firince  a  des  dépendants  Qui,  de  leur 
chef,  sont  si  puissants  Que  chacun  d'eux  pourrait 
soudoyer  une  armée,  la  font.  Fahl.  l,  42.  On  veut 
voir  des  dépendants  [des  gens  au-dessous  de  soi]  et 
qu'il  n'en  coûte  rien,  la  bruy.  iv.  ||  4°  Terme  de 
marine.  Tomber  en  dépendant,  approcher  d'un  lieu 
à  petites  voiles,  en  faisant  vent  en  arrière.  Un  vais- 
seau vient  du  dépendant,  lorsqu'il  est  au  vent  d'un 
autre  vaisseau  et  qu'il  s'en  approche  peu  à  peu  pour 
le  reconnaître.  On  dit  dans  le  même  sens  porter  en 
dépendant,  gouverner  en  dépendant. 

—  HIST.  xiv  s.  Le  peuple  cuidoit  sa  liberté  estre 
dépendant  de  ladampnacion  [condamnation j  du  dit 
Ceson,  BEBCHEtiRE,  f°  64,  ferso.  ||  XVI*  S.  Martius, 
prenant  avec  lui  ses  dependans  et  ceulx  qu'il  peut 
induire  par  bonnes  paroles  à  le  suivre,  alla  courir 
tout  le  territoire  des  Antiates,  amyot,  Cor.  t«. 

—  ÉTYM.  Dépendre  ï. 

t  DÉPENDKUR  (dépan-deur),  ».  t»v.  Terme  de 
pêche.  Ouvrier  qui  dépend  les  harengs,  lorsqu'ils 
sont  fumés.  ||  Très-populairement,  dépendeur  d'an- 
douilles ,  homme  grand ,  maigre ,  q  ui  a  les  bras  longs  ; 
mauvais  sujet,  chenapan,  à  qui  sa  haute  taille  per- 
met de  dépendre,  c'est-à-dire  d'enlever  les  saucis- 
sons ou  andouilles  que  les  charcutiers  suspendent 
devant  leurs  boutiques  pour  servir  d'enseignes. 

—  étym.  Dépendre  (. 

1.  DÉPENDRE  (dé-pan-dr'),  v,  a.  ||  1°  Détacher 
une  chose  qui  était  pendue.  Il  est  même  assez  ordi- 
naire de  pousser  les  exécutions  jusqu'à  dépendre  les 
portes  des  maisons  après  avoir  vendu  ce  qui  était 
dedans,  vabb.  Dtme,  p.  29.  [Il]  Dérange  les  fau- 
teuils, dépend  lustre  et  tableaux,  collin  d'harlev. 
Malice  pour  mal.  i,  8.  ||  Détacher  une  personne  qui 
était  pendue.  La  foule  accourut  et  dépendit  l'homme 
qui  pendait  au  gibet.  ||  2°  Fig.  Se  dépendre,  v.  réfl. 
Se  détacher,  renoncer.  L'âme  ne  se  peut  dépendre 
elle-même  de  ces  pensées,  boss.  Ben.  4. 

—  RBM.  On  dit  :  je  suis  à  vous  à  pendre  et  à  dé- 
pendre, ami  à  pendre  et  à  dépendre,  pour  dire  tout 
dévoué.  C'est  une  locution  altérée  pour  à  vendre  et 
à  dépendre  (voy.  dépendre  3),  qui,  n'étant  plus 
usité  dans  ce  sens,  et  restant  usité  avec  le  sens  de 
détacher,  a  fait  changer  vendre  en  pendre. 

—  HIST.  xiu*  s.  Li  chevaliers  li  a  cunté  Que  mult 
li  ert  mesavenu  Dou  lairon  qu'il  ot  despendu,  ma- 
ris. Fable  33.  Avant  que  l'empereur  de  Perse  alast 
devant  la  chamelle,  il  amena  le  conte  Gautier  de- 
vant Jaffe,  et  le  pendirent  par  les  bras  à  unes  four- 
ches, et  li  dirent  que  il  ne  le  despendroient  point, 
j  usq ues  à  tant  qu'il  auroient  le  chastel  de  JafTe ,  joinv. 
27).  Il  XV*  s.  Velà  le  mort,  je  vous  le  monstre,  Jo- 
seiih;  or  le  povezdespandre, /aPasifondeJV.S.  J.C. 
Il  xvr  s.  Encores  les  despend  on,  à  force,  du  col 
de  leurs  mères  pour  les  rendre  à  leurs  espoux,  mont. 
I,  270.  Le  prevost  le  fit  dépendre,  desper.  Contes, 
i.xin.  Et  elle  voyant  le  corps  de  son  filz  mort  es- 
lendu,  et  sa  mère  encore  pendue  au  gibet,  aida  elle 
mesme  aux  bourreaux  à  la  despendre,  amyot,  ii^t» 
et  Cléomène,  M. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pendre,  v.  a. 

ï.  DÉPENDRE  (dé-pan-dr),  v.  n.  ||  1*  Être  dans 
certain  rapport  qui  enchaîne  une  chose  à  une  autre. 
L'effet  dépend  de  la  cause.  La  conclusion  dépend 
des  prémisses.  De  là  ne  dépendent  pas  lus  destinées 


DEP 

de  la  France,  balz.  liv.  vi,  lett.  7.  Souvien»-toi.... 
Que  tes  jours  me  sont  chers;  que  les  miens  en  dé- 
pendent, CORN.  Cinna,  1,  3.  Comme  si  le  salut  de 
la  religion  en  dépendait,  pasc  Pror>.  48.  C'est  faire 
dépendre  le  christianisme  de  la  prtiitique,  boss. 
Var.  XV,  §  4  33.  Tout  dépend  du  secret  et  de  la  dili- 
gence, BAC.  Iphig.  IV,  40.  Leur  sûreté  [des  rois] 
souvent  dépend  d'un  prompt  supplice,  10.  Alhal. 
Il,  6.  Il  vit  que  son  salut  Dépendait  de  lui  plaire, 
et  bientôt  il  lui  plut.iD.  Baj.  x,  4.  Mon  bonheur  dé- 
pendait de  l'avoir  pour  époux,  id.  Mithr.  m,  6.  Né' 
cessités  dont  ils  font  dépendre  tout  leur  bonheur, 
FÉN.  Tél.  viii.  On  vit  manifestement,  pendant  le  peu 
de  temps  que  dura  la  tyrannie  des  décemvirs,  à  quel 
point  ragrandi.ssement  de  Rome  dépendait  de  sa  li- 
berté, montrsq.  Rom.  I.  Il  Impersonnellement.  Il  ne 
dépendra  pas  devons  de  me  laisser  ici;  plutôt  mou- 
rir que  de  vous  voir  partir  sans  moi,  f8n.  Tél.  iv. 
Il  2°  Se  rattacher  à.  Dans  les  choses  qui  dépen- 
dront de  notre  métier,  mol.  Mal.  imag.  n,  6. 
Il  3°  Faire  partie  de  quelque  chose.  Ce  territoire  ne 
dépend  pas  de  la  France.  Ce  parc  dépend  de  votre 
propriété.  ||  Appartenir  à.  Cette  cure  dépend  de  tel 
diocèse.  Ces  juffes  dépendent  de  tel  tribunal.  ||  En 
matières  béiiéficiales.  Ce  prieuré  dépend  de  telle 
abbaye,  la  nomination  en  appartient  au  titulaire  de 
telle  abiiaye.  |{  Terme  de  jurisprudence  féodale. 
Relever  de.  Ce  fief  dépend  de  telle  baronie.  |{  4*  Être 
sous  la  domination,  l'autorité  de.  Mais  peut-être 
qu'un  jour  je  dépendrai  de  moi,  cobn.  Nie.  n,  3. 
Dépendre,  c'est  selon  la  plus  claire  notion  et  la  plus 
évidente  être  tenu  d'obéir,  boubd.  Exhortation  sur 
l'obéissance  relig.  t.  i,  p.  202.  Il  est  triste  de  dé- 
pendre de  gens  qu'on  n'aime  point,  maintenon, 
LettreàMmedeCaylus.Tl  ik\.  «746.  Vous  dépendez 
ici  d'une  main  violente,  bac  Mithr.  iv,  2.  Ces  gar- 
des, cette  cour,  l'air  qui  nous  environne.  Tout  dé- 
pend de  Pyrrhus  et  surtout  d'Hermione,  id.  Andr. 
m,  t.  Quand  de  mes  seules  mains  ce  co>ur  voulait 
dépendre....  m.  Bér.  iv,  6.  Les  rois  ne  pouvant  ja- 
mais s'accoutumer  à  dépendre  des  autres  et  à  leur 
être  soumis,  bollin,  Hist  ane.  Œuvres,  t.  vin, 
p.  389,  dans  POUGENS.  Ma  mère  qui  était  la  seule 
dont  je  dépendais  alors,  car  mon  père  était  mort.... 
MARIVAUX,  Paysanparv.  t.  n,  4* part.  p.  los,  dans 
POUGENS.  Il  Absolument.  Les  faibles  veulent  dépen- 
dre afin  d'être  protégés.  Il  faut  suer,  veiller,  fléchir, 
dépendre,  pour  avoir  un  peu  de  fortune,  la  bboy.  vi. 
Il  Par  extension,  être  à  la  merci  de.  On  dépend 
servilement  d'un  serrurier  et  d'un  menuisier,  selon 
ses  besoins,  la  broy.  xiv.  ||  S"  Termede  mer.  On  dit 
du  vent  qu'il  dépend  de  l'un  des  quatre  vents  car- 
dinaux ou  de  l'un  des  huit  vents  principaux,  quand 
sa  direction  le  rapproche  de  l'un  de  ces  vents.  Le 
vent  dépend  du  tribord,  il  vient  de  tribord. 

—  HIST.  xm"  s.  Et  de  toutes  ces  choses  traite- 
rons nous  en  cest  chapitre,  parce  que  l'un  dépend 
de  l'autre,  BEAim.  xv,  l.  ||  xiv*  s.  Accident  est  dé- 
rivé et  dépend  de  substance,  oresme,  Eth.  Y,  40. 
Aucunes  operacions  faites  selon  vertus  morales  dé- 
pendent et  viennent  pour  causedu  corps,  id.  ib.  ïns. 
Et  toutes  teles  amistés  dépendent  et  viennent  de 
ami sté paternel,  id.  16.  260.  ||  xv*  s.  Leduc  de  Berry 
remontra  au  destroit  conseil  des  nobles  de  France, 
auxquels  principalement  pour  le  temps  de  adonc  les 
choses  du  royaume  toutes  se  dependoient,  et  dit 
ainsi....  FROiss,  11, 111,  47.  Et  les  autres  maux  qui  dé- 
pendent de  la  guerre,  comm.  n,  «.  ||xvi*  s.  Le  lion- 
heur  qui  dépend  de  la  tranquillité  de  l'esprit,  mont. 
I,  67.  Quand  il  visitoit  les  villages  qui  despendoient 
de  luy,iD.  1,  247.  L'honneur  d'un  homme  tiendroit 
à  bien  peu  de  chose,  s'il  dependoit  du  fait  d'une 
femme,  desper.  Contes,  vi. 

—  ÊTYM.  Lat.  dependère,  de  la  préposition  de,  et 
pendêre,  être  suspendu  (voy.  pendre,  v.  n.). 

3.  DÉPENDRE  (dé-pan-dV) ,  v.  a.  Dépenser.  Je 
vais  vous  montrer  qu'il  n'est  rien  de  si  peu  de  frais, 
si  vous  craignez  de  dépendre,  malh.  Le  traité  des 
bienf.  deSénèqtte,  n,  30.  L'épargne  est  une  science 
de  ne  rien  dépendre  mal  à  propos,  id.  ib.  11,  3t. 
Et  n'avoir  de  crédit  qu'au  prix  qu'on  peut  dépen- 
dre, RéONiER,  Sat.  n.  ||  Aujourd'hui  mot  inusité 
excepté  dans  ces  deux  phrases  proverbiales  :  «•  Qui 
bien  gagne  et  bien  dépend  n'a  que  faire  de  bourse 
pour  serrer  son  argent;  ï*  Ami  à  vendre  et  à  dé- 
pendre, ami  tout  dévoué.  Je  suis  à  vous  k  vendre 
et  à  dépendre,  c'est-à-dire  vous  pouvez  disposer  de 
moi;  locution  qui  signifie  que  vous  pouvez  me 
vendre  et  faire ,  de  l'argent,  l'emploi  qu'il  vous 
plaira,  et  qu'on  peut  voiràThistorique,  au  propre, 
comme  terme  du  langage  juridique.  Bien  qu'i! 
m'eût  à  l'abord  doucement  fait  entendre  Qu'il  était 
mon  valet,  à  vendre  et  à  dépendre  {despendrcj. 


DEP 

RiîGNiKB,  Sal.  VIII.  Bissy  était  ù  vendre  et  à  dépen- 
dre corps  et  âme,  pour  sa  fortune,  aux  jésuites,  ST- 

SIM.   289,   201. 

—  hEM.  1»  On  dit  souvent  à  pendre  et  à  dépen- 
dre; c'est  une  méprise  (voy.  dépendbe  •!).  ||  2"  Au 
xvii"  siècle,  dépendre,  qui  a  vieilli  depuis,  était 
aussi  bon  que  dépenser;  c'est  du  moins  ce  que  dit 
Marg.  Buffet,  Observ.  p.  3*. 

—  HIST.  xn'  s.,  Vous  qui  robez  les  croisés,  Ne 
despendez  mie  l'avoir  ainsi,  quesnes.  Romancero, 
p.  06.  Il  xiii's.  Après  refuLargece  assise,  Quifu  bien 
duite  [habile]  et  bien  aprise  De  faire  lionor  et  de 
despendre,  la  Rose,  U36.  VaiUans  bons  suel  [j'ai 
coutume]  estre  clamés.  Et  de  tous  compaignons 
amés,  Et  despendoie  liament  En  tous  leus  plus  que 
largement.  Tant  cum  fui  riches  bons  tenus,  ib. 
804B.  Quant  la  ville  de  Bapaumes  fu  sans  meor 
[maire],  li  ior^ois  despendirent  moult  en  eslection, 
Liv.  dejust.  4«.  Que  elle  peuist  [pût]  le  [la]  maison 
qui  devant  est  dite,  vendre  et  .despendre,  et  boire 
et  mangier,  et  faire  toute  se  [sa]  volonté,  taiixiar, 
Itccueit,  p.  <78.,  Il  xiv*  s.  Et  c'.est  legiere  chose  à 
fere  que  despêndre,  oresme  ,  Eth.  <09.  Robert  a 
obligié  sey  et  ses  hers  [hoirs],  touz  ses  biens  moe- 
bles  et  immoebles  presenz  et  avenir,  à  vendre  et  à 
despendre  par  la  main  de  la  justice,  Livre  vert  de 
la  bibliothèque  d'Avranches.  ||  xv*  s.  Et  disoient 
Anglois  :  Messire  Jean  de  Montfort  nous  a  joué  de 
ce  tour  que  travailler  nos  corps  et  lever  nos  gens  et 
faire  despendre  l'argent  du  roi,  froiss.  ii,  m,  03. 
Se  mocquoient  du  duo  de  Courgongne  qui  despen- 
doii  argent  à  vouloir  deffendre  la  mer,  comm.  m,  B. 
Esloit  de  très  petit  cueur  et  enduroit  tontes  choses 
pour  ne  despendre  riens,  m,  iv,  ) .  Ma  beauté  et  mes 
tendres  ans  ne  peuvent  endurer  que  temps  dépende 
et  consume  ainsi  mes  jours  en  vain,  (.cuis  xi ,  JV^ut).  c. 
Il  XVI*  s.  Et  prendrai  autant  k  gloyre  qu'on  die  de 
moi  que  plus  en  vin  aye  despendu  que  en  buyie, 
que  feit  Demosthenes  quand  de  luy  on  disoyt  que 
plus  en  huyle  que  en  vin  despendoyt,  rab.  Gar.  ( , 
prol.  A  amasser,  je  n'y  entends  rien;  à  despendre, 
je  m'y  entends  un  peu,  mont,  iv,  78.  Souffrir  les 
cruautez,  non  pas  d'un  camp  barbare  contre  lequel 
il  faudrait  despendre  son  sang  et  sa  vie  devant; 
mais  d'un  seuil  id.iv,  388,  Tarquinius  à  faire  les 
fondemens.de  ce  temple,  despendit  la  somme  de 
quarante  mille  marcs  d'argent,  amyot,  Publ.  29. 
Luther  osa  respondre  à  une  lettre  du  roi  Henri  d'An- 
gleterre, qui  le  menassoitde  dépendre  sa  couronne 
pour  faire  perjr  luy  et  sa  doctrine,  d'aub.  Ilist.  i,  68, 
Qui  promet  et  point  ne  tient,  ses  paroles  en  vain 
despend,  génin,  Récréations,  l.  u,  p.  248.  Qui  des- 
pend plus  qu'il  ne  gagne,  il  meurt  pauvre  et  rien 
negagne,  leroux  de  lincy,  Prov.  i.  n,  p.  16B.  Qui 
plus  dttspend  qu'il  n'a  vaillant,  il  fait  la  corde  où  il 
se  pend,  id.  ib.  Trop  tard  se  repent  qui  tout  des- 
pent,  iD.  ib. 

—  ÊTYM.  Lat.  dependélre,  dépenser;  de  la  prépo- 
sition de,  ef.  pendêre,  payer  (voy.  pension);  wallon, 
disparité,  dépenser;  provenç.  despendre;  catal.  des- 
pendrer  ;  espagn.  despender  ;  ital.  dispendere. 
L'historique  prouve  évidemment  que  dans  |a  locu- 
tion à  vendre  et  àdépendre.dependre  veut  dire  non 
pas  détacher  ce  qui  est  pendu,  mais  dépenser. 

<.  DÉPENDU,  DE  (dépan^du,  due),  part,  passé 
de  dépendre, I,  Détaché.  Un  larron  dépendu. 

2.  DEFENDU,  UE  (dé-pan-du,, due),  part,  passé 
de  dépendre  3.  Dépensé.  ||  Inusjté. 

DÉPENS  (dé-pan;  l'î  se  lie:  les  dé-pan-z  exigés), 
s.  m.  plur.  ||1°  Déboursés.  Il  n'est  guère  usité  (hors 
de  la  locution  :  aux  dépens)  que  dans  cette  phrase:  Ga- 
gner ses  dépens,  qui  se  dit  d'une  personne  dont  les 
services  compensent  les  dépenses  qu'elle  occasionne. 
il  2°  Aux  dépens,  aux  frais  de.  Apprenez  que  tout 
flatteur  Vit  aux  dépens  de  celui  qui  l'écoute,  la  font. 
Fabl.  1,2.  U  y  fut  nourri  aux  dépens  de  sa  patrie, 
PÉN.  Tél.  xxiv.  Mummius,  en  recommandant  le  soin 
de  cet  amas  précieux  à  ceux  à  qui  il  le  confiait,  les 
menaça  très-sérieusement,  si  les  statues  et  les  ta- 
bleaux venaient  à  se  perdre,  de  les  obliger  à  en  four- 
nir d'autres  à  leurs  dépens,  ROLLiN,  Hist.  anc.  Œu- 
vres, t.  IX,  p.  246,  dans  pougens.  ||  Fig.  Je  fis  ma 
cour  à  vos  dépens,  sév.  4(0.  Martine:  U  me  plaît 
d'être  battue.  —  Robert:  D'accord.  —  Martine:  Ce 
n'est  pas  à  vos  dépens,  mol.  Uéd.  m.  lui,  i,  2.  Quand 
j'ai  vu  qu'à  toute  force  ils  voulaient  que  je  fusse  mé- 
decin, je  me  suis  résolu  de  l'être  aux  dépens  de  qui 
U  appartiendra,  id.  tb.  m,  t .  Au  lieu  qu'ordinairement 
ils  [les  princes]  n'apprennent  qu'aux  dépens  de  leurs 
sujets  et  de  leur  propre  gloire  à  juger  des  affaires 
dangereuses  qui  leur  arrivent,  Boss.  Hist.  Dessein 
général.  Ils  se  sont  raccommodés  k  vos  dépens,  fén. 
TU.  xill.  Il  Rire  aux  dépens  de  quelqu'un,  s'amuser 


DEP 

à  son  sujet,  en  faire  le  but  de  ses  plaisanteries.  Vous 
apprendrez,  maroufle,  à  rire  à  nos  dépens,  mol. 
Sgan.  il.  Aux  dépens  de  Japhet  Je  veux  me  diver- 
tir, scARRON,  D.  Japhet,  m,  4.  J'ai  bien  à  vos  dé- 
pens jusqu'ici  plaisanté,  piRON,  Métrom.  v,  d.  Rire 
aux  dépens  d'autrui,  quel  talent,  quel  plaisir  I  col- 
lin  d'harlev.  Malice  pour  mal.  i,  4. ||  Faire  la  guerre 
à  ses  dépens,  avancer  son  argent  sans  profit,  sans 
qu'il  en  soit  tenu  compte.  Qui  est-ce  qui  va  jamais 
à  la  guerre  à  ses  dépens?  qui  est-ce  qui  plante  une 
vigne  et  n'en  mange  point  du  fruit?  sacy.  Bible, 
St  Paul,  i"  Ép.  aux  Cor.  ix,  7.  ||  Faire  la  guerre 
à  ses  dépens  signifie  encore,i  faire,  dans  un  emploi, 
dans  une  fonction,  plus  de  dépenses  qu'on  ne  reçoit 
d'argent  en  traitement.  ||  Devenir  sage  à  ses  dépens, 
le  devenir  à  la  suite  de  quelque  fâcheuse  expérience. 
Ayant  à  mes  dépens  appris  cette  sentence  :  Qui  gai 
fait  une  erreur,  la  boit  à  repentance,  réonier,  Sat. 
XI.  [Rome]  Savante  à  ses  dépens  de  ce  qu'il  [An- 
nibal]  savait  faire,  corn.  Nie.  i,  6.  Aux  dépens  de 
Néarque  il  doit  se  rendre  sage,  id.  Poly,  lu,  a.  ||  On 
dit  dans  le  même  sens  :  je  l'ai  appris  à  mes  dépens. 
Il  Par  le  sacrifice,  la  perte  de.  La  basse-cour  a  été 
agrandie  aux  dépens  des  remises.  La  paix  allait  se 
faire  aux  dépens  de  ma  tête,  corn.  Médée,  i,  (.11  va 
vous  obéir  aux  dépens  de  «a  vie,  iD.  Cinna,  m,  6. 
Et  n'accepte  aucun  bien  aux  dépens  de  l'honneur, 
ID.  ib.  III,  4.  Aux  dépens  de  sa  propre  vie,  boss. 
Hist.  m,  6.  Je  défendrai  sa  vie  aux  dépens  de  mes 
jours,  rac.  Andr.  i,  4.  i  vos.  plus  chers  amis  j'ai 
disputé  ce  rang  ;  Je  l'ai  disputé  même  aux  dépens 
de  mon  sang,  id.  liérén.  v,  7.  Aux  dépens  du  bon 
sens  gardez  de  plaisanter,  boil.  Art  p.  m.  ||  3°  Terme 
de  procédure.  Frais  que  la  partie  qui  perd  doit  payer 
à  la  partie  qui  gagne ,  par  opposition  aux  frais  pro- 
prement dits,  lesquels  sont  dus  par  la  partie  à  son 
avoué.  Il  a  été  condamné  aux  dépens.  11  a  payé  les 
dépens.  Tous  deux  avec  dépens  veulent  gagner  leur 
cause,  BoiL.  Épit.  ii.  Arrêt  enfin;  je  perds  ma  cau.se 
avec  dépens,  rac.  Plaid,  i,  7. 1)  Dépens  compensés, 
dépens  mis  à  la  charge  de  chacune  des  parties  li- 
tiganies.  ||  Distraction  dos  dépens,  droit  qu'a  l'avoué 
de  se  payer  sur  les  dépens  adjugés  à  la  partie. 
Il  Fig.  Ce  ne  fut  pas  la  première  fois  que  je  m'aper- 
çus que  l'on  paye  souvent  les  dépens  de  sa  bonté, 

RETZ,  UI,  <(6.  .  . . 

—  HIST.  xiii*  S.  Si  manda  au  pape  qu'il  ne  s'en 
mouveroit  de  çà,  adont  qu'il  raveroit  au  moins  ses 
despens,  Chr.  de  Hains,  <24.  Et  qui  par  malice  tra- 
vaille son  aversaire  est  condempné  en  pêne  et  en 
despans,  Liv.  de  just.  I4.  Quant  li  aucun  sont  se- 
mons por  aidier  lor  segneur  ou  leur  mesons  à  gar- 
der, li  sires  lor  doit  livrer  lor  despens  resnablement 
[raisonnablement],  beaum.  49.  Et  elle  leur  dit  que 
jà  par  famine  ne  s'en  iraient  ;  car  je  ferai  acheter 
toutes  les  viandes  en  ceste  ville,  et  vous  retieing 
touz  desorendroit  ans  despens  [à  la  solde]  du  roy, 
joiNV.  2B2.  Il  XIV*  s.  Il  n'avient  pas  souvent  que  il 
superhabundent  en  dons  ou  en  despens  ou  regart  de 
la  multitude  de  leurs  possessions,  oresme,  Eth.  i06. 
Il  xv*s.  Ne  fay  passer  despens  ta  revenue,  e.  desch. 
Poésies  mss.  t"  42,  dans  lacurne.  ||  xvi*s.  Aux  des- 
pens d'aultruy,  MONT.  I,  (05.  Je  trouverois,  raison- 
nable que  le  prince,  à  ses  despens,  en  gratifiast  la 
commune,  id.  i,  i99.  Il  ne  se  montroit  au  partir  de 
là  que  trop  sage  et  trop  advisé  aux  despens  de  nos 
affaires,  iD.  ii,  16.  Estre  nourry  aux  despens  de  la 
chose  publique,  amyot.  Sol.  65.  U  renvoya  les  Grecs 
en  leurs  païs,  leur  donnant  argent  pour  faire  leurs 
despens  par  les  chemins,  id.  Lucull.  57.  L'advocat 
vpulut  faire  sa  paix  aux  despens  d'une  perfidie,  d'aub. 
Hist.  i,  (00.  Deux  mille  hommes  pouvoient  empoi- 
gner toute  l'isle  aux  despens  d'une  petite  tranchée 
(en  la  faisant],  id.  ib.  i,  336.  Et  moururent  en  tout 
de  6  à  7000  hommes  [ennemis],  aux  despens  de  20U0 
qu'y  perdirent  les  estats,  ID.  ib.  m,  534.  L'honneur 
s'achepteaui  despens  de  la  peine, rons.  598.  Ne  com- 
bas  point,  à  fin  que,  n'estant  le  plus  fort.  T'achètes 
une  honte  aux  despens  de  la  mort,  id.  757. 

—  ÉTYM.  Picard,  dépins;  provenç.  despes,  des- 
pens; du  supin  depensum,  de  dependere,  dépenser 
(voy.  dépendre  3).  Paisgrave;  p.  28,  observe  que 
despens  se  prononce  dépehs. 

DÉPENSE  (dé-pan-s'),  s.  f.  ||  1*  Argent  employé  à 
toutes  choses,  privées  ou  publiques,  qu'on  se  pro- 
cure, qu'on  fait  ou  fait  faire.  11  ne  faut  pas  que  lu 
penses  Trouver  de  l'éternité  En  ces  pompeuses  déi 
penses  Qu'invente  la  vanité,  malb.  u,  2.  L'aumône 
ne  se  fait  pas  sans  dépense;  mais  le  profit  surpasse 
la  perte,  maucroix,  Hotn.  <B,  dans  ricIiklet.  Gens 
de  grosse  dépense;  la  pont.  Ben.  Cela  ekiipêche 
que  l'on  ne  fasse  la  dépense  d'une  corde  pour  se 
pendre,  siîv.  221.  La  grande  dépense  que  vous  faites 


DEP 


10G7 


à  Aix,  id.  404.11  Dépense  sourde,  dépense  secrète 
et  qui  ne  parait  pas.  Cet  homme  se  ruine  en  dépen- 
ses sourdes.  ||  Dépenses  secrètes  d'un  gouverne- 
ment, s'est  dit  quelquefois  comme  fonds  secrets. 
Il  Faire  de  la  dépense,  dépenser  de  l'argent.  Je  n'en- 
tends pas  que  vous  fassiez  de  dépense,  mol.  Pourc, 
1,(0.  Us  avaient  de  l'esjirit  et  faisaient  de  la  dé- 
pense, HAMiLT.  Gramm.  4.  11  ne  trouve  plus  à  pro- 
pos d'y  faire  de  la  dépense,  sÉv.  ,607.  Faisant  de  la 
dépense  dans  Jérusalem,  MASS.  Car.  Riche.  J|  Se 
mettre  en  déi>ense,  faire  une  dépense  qui  n'est  pas 
ordinaire.  ||  Fig.  Vous  eûtes  de  la  complaisance.  Mais 
vous  en  deviez  moins  avoir.  Et  ne  vous  pas  me(tre  en 
dépense,  Pourne  medonnerquel'espoir,  uoi..  Uis.  i, 
2.  Il  Mettrequelqu'un  en  dépense,  être  pourlui  cause 
de  dépenses.  ||  Faire  la  dépense,  être  chargé  du  dé- 
tail des  frais.  ||  Forcer  la  dépense,  les  dépenses, 
augmenter  la  dépense,  ou  l'évaluer,  la  compter 
plus  grande  qu'elle  n'est.  ||  En  termes  de  jurispru- 
dence, dépenses  nécessaires,  celles  qui  sont  faites 
par  celui  qui  n'est  pas  propriétaire  d'une  chose, 
pour  la  conserver;  utiles,  pour  l'améliorer;  volup- 
tuaires,  de  pur  agrément.  112°  Compte  où  se  trouve 
relatée  chaque  somme  déboursée.  Porter  en  dé- 
pense. Chapitre  de  dépense.  La  dépense  se  monta 
chaque  mois  à  tant.  Nos  pères  comptaient  en  toutes 
choses  avec  eux-mêmes  :  leur  dépense  était  propor- 
tionnée à  leur  recette,  la  bbuy.  vu.  |1  Terme  de  mé- 
nage. Écrire  la  dé|>ense,  écrire  chaque  jour  ce  qui 
a  été  dépensé  dans  la  journée.  Qu'une  autre  écrive 
la  dépense....  Je  veux  que  mon  maître  de  danse... 
BÉRANG.  Éduc.  Il  3°  Fig.  Emploi  d'une  chose  quel- 
conque. 11  avait  coutume  de  dire....  que  la  plus  forte 
dépense  que  l'on  puisse  faire  est  celle  du  temps,  la 
BRUY.  Disc,  sur  Théophr.  \\  En  cet  emploi,  dépensa 
se  dit  quelquefois  avec  une  nuance  d'ironie  et  comme 
pour  signifier  que  la  dépense  ne  servira  à  rien. 
Il  a  fait  une  grande  dépense  d'érudition,  d'esprit. 
114*  Dans  un  château,  dans  une  maison  royale,  dans 
une  communauté,  lieu  où  l'on  reçoit  et  où  l'on 
distribue  les  objets  en  nature.  1|  Dans  les  maisons 
particulières,  lieu  où  l'on  serre  les  provisions  et  dif- 
férents objets  destinés  à  la  table.  Ces  pommes  étaient 
au  fond  d'une  dépense,  j.  J.  rouss.  Conf.  1. 1|  Dans 
les  vaisseaux,  lieu  où  l'on  distribue  les  vivres, au- 
jourd'hui cambuse.  |{  B°Terme  d'hydraulique.  Quan- 
tité de  liquide  fournie,  dans  un  temps  donné,  par 
un  orifice  d'écoulement.  ||  Proverbe.  Le  gain  n'en 
vaut  pas  la  dépense,  c'est-à-dire  la  chose  coûte 
plus  qu'elle  ne  rapporte. 

—  HIST.  xiii*  s.  Li  philosophe  apeloient  l'estomac 
despense  du  cors;  car  ausi  coin  vous  veés  que  de 
le  [la)  despense  de  l'ostel  sont  auiinistré  li  norrisse- 
mentàciaus  [ceux]  del'osiel....  alebrant,  f°  -J».  Ses 
cors  meîsmes  ira  avec  vous  eu  la  terre  d'outremer, 
ou  envolera,  se  vos  cuidiésquece.soit  miels  [mieux], 
à  tous  dis  mil  humes  de  sa  de^pense  [à  ses  frais] , 
villeh.  li.  Renart  l'a  moult  bien  esgarJée;  Com  il 
l'a  vit  et  si  s'apense  Que  il  ea  fera  sa  despense,  Jien. 
22844.  Foulz  est  qui  contre  mort  cuide  trover  def- 
fense;  Des  biaux,  des  fors,  des  sages  fait  la  mort 
sa  despanse;  La  mors  mort  Absalon  et  Salomon  et 
Sance  [Samson],  buïeb.  (4i.  Au  chief  du  cloistre 
d'autre  part  estoient  les  cuisines,  les  panneieries, 
les  bouteilleriesetles  despenses,  joinv.  206.  ||  xiV  s. 
Nous  posons  et  mettons  que  despense  soit  doiiacion, 
oresme,  Eth.  (08.  Il  XV*  s.  Mais  quant  ce  vint  au 
fait  de  la  despenca.  Il  restraingnit  eufs.  chandelle 
et  mousiarde.  Et  oublia  pain,  vin,  ciiai  et  finance: 
Tout  se  détruit,  et  par  default  de  garde,  E.  desch. 
Admin.  de  l'hôtel  du  prince.  Ils  trouvent  les  laçons 
de  dissimuler  à  ouyr  les  parties  et  les  tesmoings, 
pour  tenir  la  personne  et  destruire  en  despense,  et 
attendent  lousjours  si  nul  ne  se  veult  plaindre  da 
celluy  qui  est  détenu,  comm.  y,  (8.  ||  xvi*  s.  Allez- 
vous-eh  à  la  despense  [office]  demander  à  desjeu- 
ner;  desper.  Contes,  lxxv.  Les  oreilles  [oreillettes] 
du  cœur  ont  esté  faites  de  telle  capacité,  à  fin  qu'elles 
peussent  (comriie  une  despense)  recevoir  le  sang 
ou  air  qui  durant  le  temps  du  diastole  pourroit  eâ- 
tre  introduit  au  cœur....  pab4,  u,  ((.  Outra  lequel 
rapport,  la  vigne  donne  du  vin  de  despenca  pour  le 
mesnage,  qu'on  fait  avec  de  l'eau  sur  le  iliarc  dés 
raisinS;  0.  DE  SERRES,  145.  Daris  deul  dtl  troià  jours 
le  premier  trempé  ou  despénce  sera  tité  de  la  cuv6 
et  entonné  comme  le  vin,  id.  12u.  Selah  l'entrée  la 
despense;  sage  n'est  qui  bien  n'y  pense,  le  ROiJk 
uK  lincy,  Prov.  t.  u,  p.  4(4. 

—  ÊTVM.  Provenç.  despensâ,  dèi'pessa;  portug. 
despesa,  dfspeia;  ital.  dispenià;  dû  supin  depen- 
sum, dfe  dependere,  dépenser  (vo^.  dèpenure  3). 

DÉPENSE,  ÉB  (dé-pan-sé,  sée),  part,  passé.  Db 
l'arrcnl  follement  dépensé.  ||  Fig.  Jeunesse  dépensée 


10G8 


DÉP 


dsnB  les  plaisir».  ||  Proverbe.  Joumde  gagnée, 
loumée  dépensée,  >e  dilde  ceux  qui  n'épargnent  rien , 
qui  dépensent  l'argent  à  mesure  qu'ils  le  gagnent. 
DÉPKNSER  (dé-pan-aer).  t).  a.  ||  1*  Employer  de 
l'argent  à  quelque  clioso.  11  ne  dépende  pas  un  sou 
mal  à  pro[)Os.  ||  Absolument.  Je  n'aime  pas  à  dépen- 
ser. Il  n'y  a  qu'à  dépenser;  les  richesses  nous  vien- 
nent comme  un  torrent,  KBN.Ot'oJ.  des  morts  onc.  42, 
Pnmpée,  Cémr.  Il  ne  faut  point  de  bourse  à  qui 
veut  dépenser,  brgnahd,  Vendanges,  <.  ||  Il  ne  dé- 
pense guère  en  espions,  se  dit  d'un  homme  qui 
n'est  pas  informé  des  choses  qu'il  lui  serait  impor- 
tant de  découvrir.  ||  Kig.  La  mémoire  du  temps  passé 
Que  j'ai  follement  dépensé,  bégrier,  S(anc««  reiig. 
Four  dépenser  sa  vie  en  peu  d'instants....  Dans  un 
grenier  qu'on  est  bien  à  vingt  ans!  bèrang.  Gren, 
Jeunesse  aux  jours  dorés,  je  t'ai  donc  dépensée, 
V.  Huoo,  F.  d'aul.  3«.  Il  i'  Se  dépenser,  v.  Hfl. 
Être  dépensé.  L'argent  se  dépense  vite  en  voyage. 
Il  Proverbe.  Autant  dépense  cliiche  que  large;  quand 
on  se  met  en  frais,  il  n'en  coûte  pas  plus  de  bien 
faire  les  choses  que  de  les  faire  mal. 

—  REM.  Vaugelas  dit  que  de  son  temps  dépendre 
(voy.  DRPENnBK  3)  et  dépenser  sont  usités,  mais  que 
dépendre  se  dit  plus  à  la  cour,  et  déjienser  &  la  ville. 
Ménage  et  Th.  Corneille  constatent  que  dépendre 
est  tombé  en  désuétude.  Quant  à  Malherbe ,  voici 
ce  que  Racan  rapporte  dans  sa  Vie  de  Malherbe: 
a  Un  jour  M.  de  liellegarde,  qui  était,  comme  l'on 
sait.  Gascon,  lui  [à  Malherbe]  envoya  demander  le- 
quel étiit  le  mieux  dit  de  dépensé  ou  dépendu;  il 
répondit  sur-le-champ  que  dépensé  était  plus  fran- 
çais, mais  que  pendu,  dépendu,  rependu,  et  tous 
les  composés  de  ce  vilain  mot  qui  lui  vinrent  en  la 
bouche,  ét.iient  plus  propres  pour  les  Gascons.  » 

—  HIST.  xV  s.  Et  tous  despensant  si  largement 
qu'il  sembloitqueargent  leur  plust  desnues,  fboiss. 

I  1,  66.  Il  XVI* s.  Us  m'empeschoient  de  dormir,  me 
despensoient  en  fauconniers  et  en  hongres....  d'aub. 
Fan.  1,  6. 

—  ÊTYM.  Dépense;  provenç.  despensar;  anc.  es- 
pngn.  despesar. 

DÉPKNSIER,  1ÈRE   (dé-pan-?ié,    siê-r'),   adj. 

II  1°  Oui  aime  la  dépense,  qui  dépen.se  excessive- 
ment. Vous  êtes  dépensière,  mol.  Tan.  I,  t.  11  y  a 
une  autre  sorte  de  curiosité  qui  est  une  curiosité 
dépensière  :  on  ne  saurait  avoir  trop  de  raretés, 
trop  de  bijoux,  tropde  pierreries....  Boss.  Concupisc. 
8.  Il  était  extrêmement  dépensier,  surtout  quand  il 
s'agissait  de  ses  plaisirs,  Marivaux,  Pat/sa»  parv. 
I"  part.  p.  30,  dans  pougens.  ||  Substantivement. 
C'est  un  grand  dépensier.  C'est  une  dépensière. 
(]  2"  S.  f.  Dépensière,  la  religieuse  qui,  dans  un 
couvent  de  femmes,  a  soin  de  la  cave  et  de  toute 
la  dépense.  ||  3°  S.  m.  Celui  qui,  dans  une  commu- 
nauté, dans  un  établissement  public,  est  chargé  de 
la  dépense.  |{  Le  dépensier  d'un  vaisseau,  celui  qui 
di.stribue  les  vivres,  aujourd'hui  cambusier.  |{  D.ms 
les  lycées,  homme  chargé  de  faire  les  achats  pour 
la  cuisine  sous  la  surveillance  de  l'économe. 

—  HlST.  XII*  s.  Les  napes  nietent  sergant  et  des- 
pencier;  Au  dois  [dais,  table]  s'asient  li  vaillant 
chevalier,  Baoul  de  C.  76.  Geste  meslée  fustjà  ven- 
due cbier.  Quant  là  acorent  sergant  et  despencier, 
ih.  <»o.  Il  XVI*  s.  Ayant  eiipousé  une  femme  jeune  et 
despensiere,  amyot,  P^rtc.  88.  Les  despensiers  em- 
boufis  de  bonbance,  bons.  94 i.  Les  bourdons  ou 
frelons  sont  au  reste  grands  despensiers,  devorans 
le  miel,  o.  dp.  serbes,  445.  Plusieurs  mesprisent  ce 
mcsnnge,  comme  fantasque,  pénible,  despensier 
[coûteux],  ID.  460.  Une  humeur  vaine  et  despen- 
siere, MONT,  m,  290.  Despensiers  et  fille  de  cham- 
bre ont  bien  volontiers  grand  langue,  lerodx  de 
Li.NCV,  /"rou.  t.  II,  p.  <6B.  Despensiers  et  marmitons 
«ont  souvent  grands  compaignons,  lo.  ib. 

—  ÊTYM.  Lat.  dispensare,  qui  signifie  adminis- 
trer et  partager  do  l'argent,  et  qni  est  du  même  ra- 
dical que  depfndere,  d'où  dépense;  provenç.  despe- 
cier,  despessier,  despenser  ;  anc.  catal.  despensier, 
drspenser  ,  dispenser;  espagn.  despmsero  ;  liai. 
dispmsiere.  Dans  l'ancien  français,  despensier  si- 
gnifiait celui  qui  administre  la  dépense  d'une  mai- 
son; avec  le  sens  de  celui  qui  dépense,  on  disait 
despendere,  despendeor. 

t  Kf.l'ENSlF,  !VE  (dé-pan-sif,  si-v"),  adj.  Qui 
cause  de  la  dépense,  coiiteux. 

—  HIST.  xvr  s.  Ceux-ci  [sont  en  .servage]  de  l'y- 
»rongnerie,  ceux-là  d'une  ambition  et  magnificence 
•olta  et  depensive,  la  boetib,  tib. 

—  RTYM.  Dépenser. 

nftPKBDlTlON  (dé-pèr-di-sion;  en  vers,  de  cinq 
•yllalies),  ».  f.  \\  f  Perte  qui  se  fait  graduellement. 
U  déperdition  de  la  chaleur.  ||  Terme  de  chimie. 


On  dit  qu'il  y  a  déperdition,  lorsque,  dans  une  opé- 
ration, on  ne  retire  pas  toute  la  substance  qu'on 
avait  mise.  Il  Terme  de  botanique.  Déperdition  in- 
.sensible,  nom  donné  à  une  partie  de  la  transpira- 
tion des  plantes,  laquelle,  beaucoup  plus  lente  que 
l'exhalation  aqueuse  ,  se  fait  au  travers  de  leurs 
tissus  sans  pores  apparents.  ||a*  Perte,  diminution. 
C'est  un  fait  bien  constaté  que  les  étoiles  de  dixième, 
de  onzième  grandeur,  et  même  au-dessous,  ont  été 
vues  au  travers  de  la  partie  centrale  des  comètes, 
sans  déperdition  sensible  de  leur  éclat,  babinet, 
dans  Presse  scvtntifique ,  t.  i,  p.  4  34.  ||  Terme  de 
chirurgie.  Déperdition  do  substance,  plaie  avec 
destruction  des  tissus  lésés. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fracture  du  crâne  avec  déperdi- 
tion ou  enleveure,  en  laquelle  la  pièce  est  empor- 
tée, dont  il  y  a  perdition  de  substance,  paré,  viii,  (. 

—  ETYM.  Anc.  français,  depcrdre,  du  latin  deper- 
dere,  de  la  préposition  de,  et  perdere,  perdre;  pro- 
venç. deperdicio  ;  espagn.  desperdicion. 

DÉPÉRI ,  lE  (dé-pé-ri ,  rie) ,  part,  passé  de  dépérir. 
Qui  a  perdu  la  plus  grande  partie  de  ses  forces.  Ses 
brebis,  de  langueur  sèches  et  dépéries,  X  la  merci 
des  loups  erraient  par  les  prairies,  sf.grais,  AIhys, 
i.  Croissy  prit  congé  du  roi  de  Suède  qu'il  laissa 
au  milieu  des  ruines  de  Stralsund  avec  une  garni- 
son dépérie  des  deux  tiors,  volt.  Ch.  XII,  8. 

DÉPÉRIR  (dé-pé-rir),  v.  r».  ||  1°  Périr  peu  à  peu, 
.s'affaiblir  graduellement.  Sa  santé  dépérit  tous  les 
jours.  La  nôtre  [armée]  était  fort  dépérie  depuis  la 
dernière  victoire,  voit.  Lett.  74.  Elle  va  toujours 
en  dépérissant,  boss.  m,  Paq.  3.  Je  sens  de  jour 
en  jour  dépérir  mon  génie,  boil.  ÉpUr.  viii.  On  en 
voit  quelquefois  [des  enfants]  qui  dépérissent  d'une 
langueur  secrète,  parce  que  d'autres  sont  plus  ai- 
més et  plus  caressés  qu'eux,  fén.  Éduc.  des  filles, 
ch.  B.  Il  sèche  et  dépérit  au  milieu  de  son  abon- 
dance, MASS.  Pet.  car.  Tent.  Pendant  que  la  métro- 
pole dépérissait,  il  n'était  pas  possible  que  les  colo- 
nies prospérassent,  ratnal,  Hist.  phil.  vin,  31.  Ses 
jours  [de  Démodocus]  dépérissaient,  il  marchait  à 
grands  pas  vers  le  tombeau,  chateaub.  Uart.  ii, 
216.  L'État  n'a  point  dépéri.  Je  reviens  gras  et  fleuri, 
bérang.  Ventru.  ||  2°  Terme  de  jurisprudence.  Les 
preuves  dépérissent  par  la  longueur  du  temps,  c'est- 
à-dire  se  perdent  à  mesure  que  les  témoins  dispa- 
raissent. Il  Ces  créances  dépérissent,  elles  deviennent 
difficiles  à  recouvrer.  |{  3°  Se  détériorer,  se  déla- 
brer, tomber  en  ruine.  Ces  meubles,  ces  monuments 
dépérissent. 

—REM.  Dépérir  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  at'oiV, 
quand  on  veut  marquer  mieux  la  manière  en  tant 
qu'elle  a  été  continue  ou  successive  :  il  a  déj>éri 
rapidement;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  on  v«  't 
marquer  l'état  ou  résultat  final,  complet  :  l'agricul- 
ture est  dépérie. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Les  choses  mal  acquises  dépéris- 
sent, rab.  Pont,  ni,  4.  Pour  chasser  les  connins 
[lapins]  desperissans  la  vigne,  brouttans  les  pre- 
miers de  ses  rameaux,  o.  de  serres,  198. 

—  ETYM.  Provenç.  dépérir;  du  latin  deperire,  de 
la  préposition  de,  etperire,  périr. 

DÉPÉRISSEMENT  (dé-pé-ri-se-man),s.m.  Il  1°  État 
de  ce  qui  dépérit  ou  de  ce  qui  est  dépéri.  De  peur 
qu'il  ne  tombe  dans  le  dépérissement,  pasc.  Préf. 
Vide,  Il  apprendrait  par  ce  moyen  les  accroissements 
et  les  dépérissements  de  ses  peuples  et  ce  qui  les 
cause,  val'b.  Dtme,  p.  182.  Comme  ce  dépérisse- 
ment [du  corps]  est  une  suite  de  mon  âge  de  soixante- 
quatre  ans,  de  longs  travaux  dont  ma  pauvre  tête 
est  fatiguée....  d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Prusse, 
29  juin  1781.  Le  dépérissement  d'esprit  et  de  corps 
qu'entraîne  le  chagrin  joint  à  la  vieillesse,  condor- 
cet,  Bourdelin.  Ceux  qui  sont  préposés  à  la  con- 
servation des  bois  se  plaignent  eux-mêmes  de  leur 
dépérissement,  buff.  Expér.  sur  les  végét.  2*  Mém. 
Hiéroclès,  aux  yeux  de  la  foule,  paraissait  encore 
tout-puissant;  mais  un  œil  exercé  voyait  en  lui  des 
signes  de  dépérissement  et  de  décadence,  chateaub. 
Ifar».  II,  2B6.  Il  2°  Terme  de  jurisprudence.  Le  dé- 
périssement des  preuves,  l'affaiblissement  qu'elles 
reçoivent  par  la  perte  de  ce  qui  peut  les  constater. 
Il  8°  Délabrement,  détérioration.  Il  ordonne,  pour 
éviter  ce  désordre  ou  dépérissement,  que  l'aîné 
aura  seul  la  maison,  patrh.  Plaidoyer  12,  dans 
bichelet. 

—  ÊTYM.  Dépérir.  On  a  dit,  au  xvi*  siècle,  depe- 
ri'tt'on;  Que  durant  le  siège  des  autres  [places] 
l'admirai  s'advanceroit  vers  les  estrangers,  et  les 
recevroit  sans  peine  quand  les  forces  seroient  en  de- 
perition,  d'aub.  //««.  i.  1B7. 

t  DÉPERSÊCOTER  (dé-pér-sé-ku-té) ,  V.  a.  Cesser 
de  persécuter.  Peut-être  y  aura-t-il  enfin  des  âmes 


DEP 

raisonnables  qui  rougiront  de  cet  exemple  de  bar- 
barie au  xvm*  siècle,  et  qui  tâcheront  d'effacer  celle 
flétri,ssure  en  faisant  dépersécuter  le  compagnon  df 
cet  infortuné,  volt,  dans  laveaux. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  ei  persécuter. 

t  DÉPERSCADER  (dé-pér-su-a-dé)  ,  v.  a.  ôter 
une  persuasion.  Depuis  cette  rare  crédulité  de  Mon- 
seigneur dont  Mme  la  duchesse  de  Bourgogne  l'a- 
vait dépersuadé,  je  n'avais  osé  me  commettre  i 
Meudon,  st-sim.  291,  217.  Avant  de  le  déclarer  in- 
nocent, il  faut  que  je  le  croie;  et  je  crois  si  décidé- 
ment le  contraire  que  vous  aurez  peine  à  me  dé- 
persuader, j.  j.  Bouss.  /.  à  dirernois,  Jo  juill.  I76r,. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  persuader. 

DÉPÊTRÉ,  ÉE  (dé-pê-tré,  trée),  port,  passé.  Dé- 
barrassé d'entraves.  Un-cheval  dépêtré,  jj  Fig.  Rus- 
tic  voudrait  être  dépêtré  d'elle,  la  font.  Diable. 

DÉPÊTRER  (dé-pê-tré) ,  v.  a.  ||  1"  Débarrasser  les 
pieds  d'une  entrave.  Dépêtrer  un  boeuf.  {|  2°  Fig.  Dé- 
livrer. Nous  faisons  nos  efforts  pour  le  dépêtrer  d'un 
engagement  si  dangereux,  sêv.  36.  ||  3*  Se  dépêtrer, 
V.  réfl.  Se  tirer  hors.  Se  dépêtrer  d'un  bourbier. 
Il  Fig.  Se  débarrasser.  Moi  pour  m'en  dépêtrer,  je 
lui  dis  tout  exprès:  Je  vous  bai.se  les  mains....  eé- 
GNiER,  Sat.  VIII.  La  pauvreté  est  si  gluante  qu'on 
ne  s'en  saurait  dépêtrer,  d'ablancourt,  Lucien, 
dans  richelet.  Je  ne  me  puis  dépêtrer  de  cet  homme, 
LA  FONT.  Coc.  Plus  VOUS  raisonnerez,  plus  vous  pes- 
terez contre  cette  jeune  veuve,  plus  je  croirai  que 
vous  aurez  de  peine  à  vous  dépêtrer  d'elle,  bhuey.'î, 
Xuet,  I,  4. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ainsi  Hannibal  s'estant  à  la  fin 
despestré  de  Marcellus,  et  ayant  son  armée  délivre.... 
AMYOT,  Marcell.  44.  Estans  bien  aises  quand  ilz  se 
pouvoient  despestrer  de  leurs  autres  affaires  pour 
s'y  en  aller,  id.  LucuU.  83.  Prenons  de  bonne  heure 
congé  de  la  compaignie;  despestrons-nous  de  ces  vio- 
lentes prinses  qui  nous  engagent  ailleurs  et  esloin- 
gnentde  nous,  mont,  i,  279.  Il  sent  avoir  du  mal,  et 
vouidroitenestredepestré;  mais  de  ce  mal  pourtant, 
son  cœur  n'en  est  pas  abbattu  et  affoibli,  id.  u,  21  i. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  peslrer,  qui  tient  au 
bas-latin  pastorium,  entrave  qu'on  met  au  cheval 
(comparez  empêtrer);  ital.  spastojare.  L'étymolo- 
giedede,et  petra,  hors  de  la  pierre,  ne  peut  se  sou- 
tenir, soit  à  cause  rie  \'s  (de  pestrer),  soit  à  cause  du 
sens.  L'italien  spastojare,  formé  régulièrement  de 
pasiorium,  indique,  comme  le  sens,  que  depestrer 
est  du  même  radical;  mais  il  faut  supposer  une  forme 
anomale  pastrium  au  lieu  de  pasiorium.  Pasto- 
rium vient  de  pastor,  pasteur,  et  signifie  l'usteu- 
sile  qui  fait  paître  le  cheval  en  un  lieu  déterminé. 

t  DÉPÉTRIFIER  (dé-pé-tri-fi-é) ,  v.  a.  Faire  sor- 
tir de  la  stupéfaction.  ||  Se  dépétrifier,  v.  réfl.  Sortir 
de  la  stupéfaction.  Dépétrifiez-vous,  jeune  amant, 
touchez  là,  dufbént,  Mar.  fait  et  rompu,  a,  3. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  el  pétrifier. 
DÉPEUPLÉ,  ÉE  (dé-peu-plé,  plée),  part,  passé. 

Qui  a  perdu  ses  habitants.  Cette  Syrie,  me  disais-jo, 
aujourd'hui  presque  dépeuplée,  comptait  cent  villes 
puissantes,  volnet.  Ruines,  u.  |fl'"ig.  Que  me  font 
ces  vallons,  ces  palais,  ces  chaumières.  Vains  ob~ 
jets  dont  pourmoilecharme  est  envolé?  Fleuves,  ro- 
chers, forêts,  solitudes  si  chères.  Un  seul  être  vous 
manque,  et  tout  est  dépeuplé I  lamart.  Kéd.  i,  i. 
DÉPEUPLEMENT  (dé-peu-ple-man),  >.  m.  Action 
de  dépeupler  un  pays;  état  d'un  lieu  dépeuplé.  Les 
guerres  continuelles  causent  le  dépeuplement  des 
États.  Le  pape  choisit  St  Bernard  pour  être  l'organe 
d'un  nouveau  dépeuplement  [  une  croisade ,  que 
Voltaire  nomme  ainsi  par  dénigrement]  ,  volt. 
Mœurs,  B4.  ||  Dépeuplement  d'une  forêt,  coupe  ou 
destruction  des  arbres.  {|  Dépeuplement  d'un  étang, 
pêche  qui  en  enlève  la  plus  grande  partie  des  pois- 
sons. Il  Dépeuplement  d'un  canton  de  chasse,  des- 
truction du  gibier  dans  ce  canton. 

—  ETYM.  Dépeupler. 

DÉPEUPLER  (dé-peu-plé),  v.  a.  ||  l"  Dégarnir 
d'habitants  une  ville,  un  pays.  Quoi  I  ces  tyrans 
cruels....  Qui  dépeuplentla  terre....  volt.  Ali.  ii,  2. 
On  avait  banni,  dans  tous  ces  États,  un  usage  in- 
sensé qui  énervait  et  dépeuplait  plusieurs  pays  mé- 
ridionaux, id.  Princ.  de  Babyl.  6.  ||  Par  extension. 
Quoil  Roxane ,  seigneur,  qu'Amurat  a  choisie 
Entre  tant  de  beautés  dont  l'Europe  et  l'A.sie  Dépeu- 
plent leurs  états  et  remplissent  sa  cour,  bac.  Bajai. 
1,  1.  Il  2*  Dégarnirunlieudelaplusgrande  partiedes 
animaux  qui  s'y  trouvaient.  Dépeupler  une  forêt, 
un  étang.  I|  Dépeupler  une  pépinière ,  en  tirer  trop  de 
plants  ou  beaucoup  de  plants.  ||  3*  Se  dépeupler, 
».  réfl.  Perdre  ses  habitants,  hommes  ou  animaux. 
Le  pays  s'est  dépeuplé.  Cette  garenne  commence 
à  se  dépeupler.  On  voyait,  chez  les  Carthaginois 


DEP 

les  Tilles  se  dépeupler  tous  les  ans  de  leur  plus 
florissante  jeunesse  pour  obéir  il  l'ordre  barbare 
de  leurs  oracles  et  de  leurs  dieux,  «ollin , //is(.  anc. 
(Euvres,  t.  v,  p.  46,  dans  pougens. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  grand  maistre  de  Prusse,  ac- 
compagné de  plusieurs  de  ses  chevaliers,  entrèrent 
au  royaume  de  Lictuaire  jLithuanie]  pour  le  des- 
truire  etdepopuler,  monstrel.  i,  69.  Le  roy  vouloit 
(ue,  pour  bien  repeupler  sa  ville  de  Paris,  qu'il  di- 
sait avoir  esté  fort  depopulée,  que  quelques  gens, 
de  quelque  nalion  qu'ils  fussent,  poussent  de  là  en 
avant  venir  demourer  en  la  dicte  ville,  Jean  de 
TROYES,  Chron.  i405.  Il  XVI' s.  Les  seigneurs  de  Car- 
thage  voyants  que  leur  pays  se  depeuploit  peu  à 
peu,  MONT.  1,  233.  Et  s'ils  en  eussent  voulu  dépeu- 
pler leur  terre,  il  y  a  longtemps  qu'elle  fust  toute 
déserte,  langue,  386.  Comme....  noz  villes,  arse- 
iiacz,  magasins....  ayent  esté  desgarnis  et  depopulés 
d'artillerie,  pouldres  et  autres  munitions,  Ordonn. 
févr.  <682. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  peupler;  provenç.  de- 
popular;  espagn.  despohlar;  portug.  despovoar; 
ital.  dipopolare. 

t  DÉPHLKGMATION  (dé-flè-gma-sion),  s.  f.Yoy. 

UÉFLEGMATION. 

t  DfiPHLOGtSTIQUÉ,  ÉE  (dé-flo-ji-sti-ké,  kée), 
adj.  Terme  d'ancienne  chimie.  Qui  a  perdu  son 
phlogistique.  Air  déphlogistiqué,  nom  de  l'oxygène 
dans  l'école  de  Stahl  avant  l'établissement  de  la  no- 
menclature chimique  par  Guiton  Morveau,  Lavoi- 
sier,  BenhoUet  et  Foutcroy. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  phlogistique. 
tBÉPICAGE  (dé-pi-ka-j'),  s.  m.  Voy.  DÉPIQUAGE. 
+  DRPICATOIRE  (dé-pi-ka-toi-r'),  adj.  Terme  d'a- 
griculture. Oui  concerne  le  dépiquage. 

DÉPIÉCÉ,  ÉE  (dé-pié-sé,  sée),  part  passé.  Dont 
on  peut  ôter  ou  dont  on  a  ôté  une  ou  plusieurs  piè- 
ces. Vêtement  dépiécé. 

I  DlÎPIÈCKMENT  (dé-piè-se-man),  s.  m.  Action 
de  dépiécer;  état  d'une  chose  dépiécée. 

<—  ÉTYM.  Dépiécer. 

DfiPIÉCER  (ilé-pié-sé.  L'accent  aigu  de  pié  se 
change  en  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette  :  je  dépièce;  excepté  au  futur  et  au  con- 
ditionnel oil  l'accent  aigu  est  conservé:  je  dépiéce- 
rai;  je  dépiécerais;  le  c  prend  une  cédille  devant  o 
et  o:  dépiéçant;  dépiéçons),u.  o.  Enlever  les  pièces; 
démembrer.  11  y  avait  une  douve  gâtée  à  ce  ton- 
neau ;  il  a  fallu  le  dépiécer. 

—  HIST.  XIII*  s.  Quant  j'oi  illec  esté  grant  pièce, 
Li  diex  d'Amors,  qui  tout  despiece  Mon  cuer,  dont 
il  a  fait  bersaut  [but] ,  Me  redonne  ung  novel  assaut, 
la  Rose,  4828.  Là  où  sa  manche  li  despiece,  D'au- 
tre drap  i  met  une  pièce,  ruteb.  ii,  2)0.  Parquoy 
nous  doutons  que  quant  vostre  nef  venra  en  la  haute 
mer,  que  elle  ne  puisse  soufrir  les  cops  des  ondes, 
qu'elle  ne  se  despiesce,  jomv.  283.  ||  xv*  s.  Les  Gan- 
tois allèrent  prendre  Jean  BouUe  et  querre  en  son 
hostel  et  l'emmenèrent  en-my  la  rue  ;  et  là  fut  des- 
piece pièce  à  pièce;  chacun  en  emportoit  une  pièce, 
PBOiss.  II,  II,  88.  Et  plusieurs  autres  le  suivirent, 
pour  gravir  et  monter  sur  un  pont  qui  làestoit,  dont 
les  ennemis  avoient  despiece  plusieurs  ais,  Bouciq, 
I,  ch.  <4. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  dépecer. 

t»ÉPIÉTER  (dé-pié-té),  v.  a.  Terme  de  fabri- 
cant de  drap.  Cotonner  le  drap,  le  rendre  partout 
égal,  uni. 

t  t.  DÉPILAGE  (dé-pi-la-j'),  s.  m.  Action  d'ôter 
des  peaux  le  poil  et  l'épiderme. 

—  ÉTYM.  Dépiler. 

I  2.  DÉPILAGE  (dé-pi-la-j'),  s.  m.  Voy.   dépile- 

MENT. 

t  DJÎPILANT,  ANTE(dé-pi-lan,  lan-t'),  adj.  Qui 
fait  tomber  les  poils.  Poudre  dépilante. 

DIÎPILATIF,  IVE  (dé-pi-la-tif,  tiV),  adj.  Qui 
fait  tomber  le  poil,  les  cheveux. 

—  ÉTYM.  Dépiler;  provenç.  depilatiu. 
DÉPILATION   ( dé-pi-la-sion  ;  en  vers,   de  cinq 

syllabes),  s.  f.  Action  de  dépiler;  résultat  de  cette 
action.  La  dépilation  est  le  résultat,  soit  de  certai- 
nes maladies  de  la  peau,  soit  de  l'application  des 
médicaments  vésicants. 

—  HIST.  xv:*  s.  La  teigne  délaisse  souvent,  après 
estre  curée,  une  dépilation,  et  reproche  au  chirur- 
gien,  PARÉ,  XV,  2. 

—  ÉTYM.  Dépiler  ;  provenç.  depilaeio. 
DÉPILATOIRE   (dé-pi-la-toi-r'),   s.  m.  Drogue, 

préparation  qui  fait  tomber  le  poil.  Les  dépilatoires 
sont  en  général  des  préparations  caustiques,  faites 
soit  de  chaux  vive,  soit  de  quelque  autre  substance 
alcaline  ou  de  sulfure  d'arsenic.  ||  Adj.  Pommade 
dépilatoire.  Onguent  dép'Wtoire. 


DEP 

--  Jlisr.  XVI'  s.  Par  l'indeue  application  des  dépi- 
latoires, PARÉ,  XV,  t. 

--  ÉTYM.  Dépiler. 

rÉPILÉ,  ÉE  (dé-pi-lé,  lée),  part,  passé.  Peaux 
dépliées. 

^  DÉPILEMENT  (dé-pi-l8-man),ï.  m.  Enlèvement 
des  piliers  réservés  dans  une  couche. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pile  ou  piMer. 

PÉPILER  (dé-pi-lé),  v.a.\\  1°  Faire  tomber  les  che- 
veux, les  poils.  On  dépile  les  peaux  avant  de  les 
tanner.  ||  2°  Se  dépiler,  v.  réfl.  Perdre  son  poil,  en 
parlant  d'un  animal. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  parties  hautes  de  la  teste  dé- 
pliées [sans  cheveux] ,  paré,  iv,  3.  La  partie  que 
voudrez  depiler,  id.  xxv,  47. 

—  ÉTYM.  Provenç.  depilar;  du  latin  depilare,  de 
la  préposition  de,  et  pilus,  poil. 

I  DÉPINGLAGE  (dé-pin-gla-j') ,  s.  m.  Action  de 
dépingler. 

t  DÉPINGLER  (  dé-pin-glé  ) ,  v.  a.  Enlever  les 
épingles  d'une  toile  tendue  par  les  bords. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  épingle.  La  forme  ré- 
gulière serait  désépingler. 

t  DÉPIQUAGE  (dé-pi-ka-j'),  s. m.  Action  défaire 
sortir  le  grain  de  son  épi,  mode  de  battage,  prin- 
cipalement en  usage  dans  le  Midi,  qui  s'oprre  à 
l'aide  du  piétinement  de  mulets  ou  de  chevaux, 
quelquefois  même  de  bœufs. 

—  ÉTYM.  Dépiquer  2. 

1.  DÉPIQUÉ,  ÉE  (dé-pi-ké,  kée),  part,  passé  de 
dépiquer  <.  Qui  n'a  plus  de  piqûres.  Étolfe  dépiquée. 
Il  Fig.  Qui  n'est  plus  piqué,  fâché. 

f  2.  DÉPIQUÉ,  ÉE  (dé-pi-ké,  kée),  part,  passé 
de  dépiquer  2.  Grain  dépiqué. 

i.  DÉPIQUER  (dé-pi-ké),  )'.  a.  \\  1°  Défaire  les 
piqûres  faites  à  une  étoffe,  jj  2°  Terme  de  jardinage. 
Enlever  un  jeune  plant  qu'on  a  fait  venir  de  graine 
et  qu'on  va  planter,  repiquer  ailleurs.  ||  3°  Fig.  et 
familièrement,  dissiper  la  pique,  l'humeur,  le  mé- 
contentement qu'une  chose  donne  à  quelqu'un.  Ce 
gain-li  me  dépique  de  toutes  mes  pertes,  voit.  Lett. 
99.  Il  4°  Se  dépiquer,  v.  réfl.  Cesser  d'être  fâché.  Je 
me  suis  dépiqué  avec  le  roi  de  Prusse,  qui  est  beau- 
coup plus  régulier  [à  écrire]  que  lui  [le  maréchal  de 
Richelieu],  volt.  Lett.  Mme  de  Graffigny ,  22  mars 
1758.  Il  Se  dédommager,  se  venger.  Rebuté  de  ne 
pouvoir  prendre  avec  les  jésuites ,  Fénelon  se 
tourna  aux  jan.sénistes  pour  se  dépiquer,  par  l'esprit- 
et  par  la  réputation  quil  se  flattait  de  tirer  d'eux, 
de  la  fortune  qui  l'avait  méprisé,  st-sim.  31 ,  105. 
Philippe  le  Bel,  pour  se  dépiquer,  chassa  tous  les 
Juifs  du  royaume  et  s'empara  de  leur  argent,  volt. 
Mœurs,  66.  C'est  à  quoi  [jouer  la  comédie]  nous 
avons  passé  notre  hiver,  pour  nous  dépiquer  du 
malheur  de  nos  armées,  id.  Lett.  Voisenon,  mars  1 768. 
Et  en  vérité,  un  homme  qui  a  le  malheur  d'avoir 
lu  la  cosmologie  de  Christian  Wolf,  a  besoin  de  la 
vôtre    pour  se    dépiquer,    id.   Lett.    Maupertuis, 

10  août  1741. 

—  REM.  Se  dépiquer,  cesser  d'être  fAché;  mot 
fort  à  la  mode  présentement  à  la  cour,  de  cailliê- 
res,  1690. 

—  HIST.  XIII*  s.  Il  m'ont  atorné  malement,  Il 
m'ont  tôt  dépiqué  le  dos,  Ren.  4261.  Tu  qui  si 
m'en  mors  et  dépiques....  la  Rnse,  7)46. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  piquer.  Dépiquer, 
dans  l'ancien  français,  signifiait  piquer  fortement. 

2.  DÉPIQUER  (dé-pi-ké),  v.  a.  Opérer  le  dépi- 
quage. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  épi,  anciennement  es- 
pie  (voy.  ÉPI). 

t  DÉPIQUEUR  (dé-pi-keur),  s.  m.  Ouvrier  qui 
conduit  le  dépiquage. 

—  ÉTYM.  Dépiquer  2. 

DÉPISTÉ,  ÉE  (dé-pi-sté,  stée),  part,  passé.  Dont 
on  a  trouvé  la  piste.  Un  sanglier  dépisté.  ||  Fig. 
Chanter  sans  guitare  à  Sévi  lie  I  vous  seriez  bientôt 
reconnu  ma  foi,  bientôt  dépisté,  BEAUM.Barb.de 
Sév.  I,  6. 

DÉPISTER  (dé-pi-sté),  r.  a.  ||  1°  Terme  de 
chasse.  Découvrir  la  Irace,  les  pistes  du  gibier,  et  le 
poursuivre    en   conséquence.    Dépister   un   lièvre. 

11  2°  Fig.  et  familièrement,  chasser,  poursuivre 
comme  un  gibier  dont  on  a  trouvé  la  trace.  Il  a  dé- 
pisté l'auteur  de  cette  fausse  nouvelle.  ||  Il  se  dit  des 
choses,  dans  le  même  sens.  Dépister  une  intrigue. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  indiquant  ici  non  l'action 
de  quitter,  mais  l'action  de  suivre,  et  piste. 

t .  DÉPIT  (dé-pi;  le  t  se  lie  d'ordinaire  :  le  dé- 

pi-t   amoureux;  au  pluriel,   l's  se  lie  :  des  dé-pi- 

z  amoureux),  s.  m.  ||  1°  Chagrin  mêlé  d'un  peu  de 

colère.  M'ayant  fait  oublier  tous  les  dépits  qu'elle 

I  m'a  faits,  je  ne  me  souvians  plus  ({ue  des  excellen- 


DEP 


1009 


tes  qualités  qui  la  rendent  aimable  et  admirable, 
VOIT.  Lett.  23.  Je  crève  de  dépit,  mol.  l'réc.  il. 
J'en  ai  dans  le  cœur  davantage;  Et,  pour  exprimer 
tout,  ce  cœur  a  du  dépit  De  ne. point  trouver  de  lan- 
gage, ID.  Amph.  II,  6.  De  grand  dépit  Richard  elle 
interrompt,  la  font.  Rich.  Les  victoires  de  Maurice 
firent  mourir  de  dépit  Chosroès,  bo.ss.  Hist.  i,  h. 
Tous  ces  présents,  Albine,  irritent  mon  dépit,  HAC. 
Brit.  1,  1.  Quoi  qu'il  en  soit,  Néron,  d'aussi  loin 
qu'il  mevit,  Laissa  sur  son  visage  éclater  son  dépit, 
ID.  th.  Crois  que  dans  son  dépit  mon  cœur  est 
endurci,  id.  Androm.  ii,  l.  Que  vous  importe,  0 
dieux,  sa  joie  ou  son  dépit?  m.  ib.  ii,  6.  Entre 
amants  tel  dépit  n'est  qu'une  bagatelle;  Je  veux 
dès  aujourd'hui  vous  remettre  avec  elle,  regnare, 
Ménechmes,  iv,  4.  Ces  paroles  le  remplissaient  de 
dépit  contre  Mentor,  fén.  Tél.  vu.  Il  laissa  tomber 
sa  lyre  de  dépit,  id.  ib.  viii.  Les  divisions,  les  dé- 
goûts, les  dépits  ne  peuvent  y  avoir  aucune  en- 
trée, iD.  ib.  XIV.  Pour  faire  dépit  au  maître  des 
choses,  VOLT.  Taur.  3.  Croyez-moi,  ces  dépits  que 
l'orgueil  vous  déguise.  Sont  partout  dangereux  et 
surtout  à  Venise, Ducis,  Othello,  i,  6.  ||  Se  couper 
le  nez  pour  faire  dépit  à  son  voisin,  se  nuire  pour 
une  vengeance  qu'on  n'obtient  même  pas.  ||  On  dit 
qu'une  chose  croît  par  dépit,  quand  elle  croît  sans 
qu'on  en  prenne  aucun  soin.  ||  2°  En  dépit  de,  loc 
prép.  Malgré.  Adieu;  fais  lire  an  prince,  en  dépit  de 
l'envie,  Poursoninstruction,rhistoiredetavie,  corn. 
Cid,  i,  3.  Mais  lorsqu'on  dépit  d'eux  on  en  a  voulu 
d'autres....  m.  Ilor.  m,  6.  Des  cheveux  assez,  pour 
ne  point  porter  perruque;  j'en  ai  beaucoup  de  blancs, 
en  dépit  du  proverbe,  scarbon.  Portrait  de  Scar- 
rim  fait  par  lui-même.  Je  vous  l'avais  prédit  qu'en 
dépit  de  la  Grèce  De  votre  sort  encor  vous  seriez  la 
maîtresse,  rac.  Androm.  m,  8.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Faire  une  chose  en  dépit  du  sens  commim, 
du  bon  sens,  etc.  la  faire  très-mal.  Tes  écrits,  il 
est  vrai,  sans  art  et  languissants  Semblent  être  for- 
més en  dépit  du  bon  sens,  boil.  Sat.  ii.  Ils  ont 
l'air  d'être  faits  en  dépit  de  l'art,  mderot.  Sainte 
de  1767,  (Muxfres,  t.  xv,  p.  6,  dans  pougens.  ||  En 
dépit  qu'on  en'ait, c'est-à-dire  quoi  qu'on  fasse.  Quel- 
quefois en  dépit  que  j'en  aie,  DEsc.  Aff'rfi'f.  2.  J'ai  caché 
si  longtemps  l'ennui  qui  me  dévore  Qu'en  dépit  que 
j'en  aie  enfin  il  s'évapore,  corn.  Pulch.  ii,  l.  J'ai 
beau  voir  ses  défauts  et  j'ai  beau  l'en  biftmer,  En 
dépit  qu'on  en  ait,  elle  se  fait  aimer,  kol.  Mis.  i,  l.  Il 
faut  que  je  lui  sois  fidèle  en  dépit  que  j'en  aie,  mol. 
/'.  Juan,  i,  1,  Je  me  sens  pour  vous  de  la  tendresse 
en  dépit  que  j'en  aie,  id.  l'Av.  lu,  6.  Ahl  vous  y 
resterez,  en  dépit  qu'on  en  ait,  collin  d'harlev. 
Vieux  célib.  iv,  10. 

—  REM.  1.  Voltaire  remarque  au  sujet  de  ces 
vers  de  Corneille  :  Et  je  m'ose  assurer  qu'en  dépit 
de  mon  crime.  Mon  sang  leur  servira  d'assez  pure 
victime,  Cinna,  iv,  7  :  «  On  ne  peut  pas  dire  en  dé- 
pit de  mon  crime,  comme  on  dit  malgré  mon  crime. 
parce  qu'un  crime  n'a  point  de  dépit.  On  dit  bien 
en  dépit  de  ma  haine,  de  mon  amour,  parce  que 
les  passions  se  personnifient.  »  Cette  remarque  n'est 
pas  fondée;  car  elle  atteindrait  aussi  malgré  ,  at- 
tendu qu'un  crime  n'a  ni  gré  ni  mauvais  gré.  ||  2.  Il 
faut  appeler  l'attention  sur  la  locution  :  en  dépit  qu'il 
en  ait.  La  construction  ne  peut  s'en  faire;  seule- 
ment on  comprend  comment  elle  est  née  ;  la  locu- 
tion correcte  serait  :  dépit  qu'il  en  ait,  comme  mal- 
gré qu'il  en  ait;  c'est-à-dire  :  quelque  mal  gré  qu'il 
en  ait;  tandis  qu'il  est  impossible  de  dire  :  quelque 
en  dépit  qu'il  en  ait.  Mais  là  il  y  a  eu  confusion  et 
fusion  avec  la  locution  en  dépit;  d'où  est  résultée 
la  locution  en  dépit  qu'il  en  ait.  Toutefois,  venant 
du  XVI*  siècle,  comme  on  peut  voir  par  l'histori- 
que, elle  a  été  consacrée  par  les  meilleurs  écrivains 
du  XVII*  siècle. 

—  HIST.  xir  s.  Et  si  unt  Adonie  sun  fil  àrei  eslit; 
Abiathar  le  volt  [voulut]  sacrer  al  Deudespit,  Th.  le 
mart.  27.  ||  xiii*  s.  Or  ne  pui  je  pas  dire  que  m'eûst 
endespit  Li  bonspreudoms  iiermites...  Berte,  lui.  Si 
ne  tenez  pas  en  despit  Les  genz  por  lor  petit  d'avoir, 
Lai  du  conseil.  Li  l'es  [le  fait]  touquoit  [touchait] 
à  despit  au  segneur,  beaum.  xxx,  20.  Il  me  demanda 
se  je  lavoie  les  pies  aus  poures  le  jeudy  absolu  ;  et 
je  li  respondi  que  nanin,  que  il  ne  me  sembloit  pas 
bien;  et  il  me  dit  que  je  ne  le  dévoie  avoir  en  des- 
pit; car  Dieu  l'avoit  fait,  joinv.  293.  ||  xv  s.  Et 
tantost  messire  Robert  CanoUe  fit  ouvrir  une  poterne 
hors  du  chastel,  et  sur  les  fossés  il  fit  descoler,  au 
despit  des  François,  tous  les  prisonniers  qu'il  te- 
noit,  FROiss.  11,  III,  8.  Et  trouvèrent  cinq  povrea 
prisonniers  anglois  que  les  Escots  avoient  liés  tous 
nuds  aux  arbres,  par  despit,  et  deux  qui  avoient 
les  jambes  brisées,  m.  I,  l,  44.   Messire  Jean  de 


1070 


DEP 


Hainaut.qui  lulavoilfait.si  comme  ilestoit  informé, 
plusieur»  despits,  vHOiss.i,  i,  «8.  ||  xvi"  s.Jelaco- 
giioi»,  c'est  une  noire,  Noire  faite  en  despit  des 
oieui,  MAHOT,  m.  »*.  Kn  despit  qu'ils  en  ayent,  il 
faudra  qu'ils  confessent....  OLV.  Instit.  UH.  lisse 
tuèrent,  en  despil  de  son  humanité,  mont,  ii,  37. 
Dedans  peu  da  jours  il  eust  contrainct  les  Laoedae- 
moniena  de  venir  à  la  bataille  contre  eulx,  en  des- 
pit qu'ils  en  eussent,  amyot,  Aie.  7fl.  Et  sembloit 
qu'ils  le  feisl  par  despit  d'eulx  tant  seulement,  et 
pour  leurdesplaire  expressément,  m.  Alcib.  et  Cor. 
comp.  B.  Son  cheval  se  tourna  et  l'emporta  en  ar- 
rière en  despit  qu'il  en  eust,  id.  ilarceU.  ».  Ter. 
Culeo,  pour  leur  faire  despit,  persuaila  au  peuple 
de  le  commander  ainsi,  iD.t'lamin.  36. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  dépey  ;norm.  dépit,  mépris; 
provenç.  despieg,  despieyt;  auc.  calai,  despeit  ;  es- 
pagn.  de*pec/io  ;  ilal.  di»pc((o  ;  du  latin  de^pectus, 
de  despicere,  regarder  de  haut  en  bas,  mépriser, 
delà  préposition  d«,  et  spicere,  regarder  (voy. 
specthe). 

+  2.  DÉPIT,  ITE  (dé-pi,  pi-t'),  adj.  Qui  a  du 
dépit,  de  la  mauvaise  humeur.  Kérie  honteuse  et 
dépite,  LA  FONT.  Coupe.  ||  Inusité  présentement. 

—  HIST.  XIII'  s.  Sachez  qu'ele  en  a  fait  que  mau- 
vaise et  despite,  Berte,  64.  Car  poure  chose,  où 
qu'ele  soit,  Est  adès  boutée  et  de.spite,  la  llose,  459. 
Il  XYi"  s.  S'il  advenoit qu'il  feu.st  despit,  courroussé, 
fasché  ou  marry....  hab.  Garg.  i,  7.  On  la  peut 
nommer  despite,  vindicative,  opiniâtre  et  muable, 
MAHQ.  Nnuv.  4  6.  Ils  sont  allez  feindre  cette  sotte 
image  (delà  philosophie]  triste,  querelleuse,  des- 
pite, mineuse....  mont,  i,  <76.  Jesuisdespit  dequoy 
nostre  vie  s'embesogne  toute  à  cela,  iD.  i,  t93. 
Les  Corinthiens  furent  bien  despits  de  se  voir  en 
ceste  sorte  abusez  et  mocquez  par  Icetes,  amyot, 
Timol.  (3. 

—  ÉTVM.  Dépit  i . 

DÉPITÉ,  ÉE  (dé-pi-té,  tée)  ,  port,  passé.  Qui 
éprouve  du  dépit.  Tant  je  suis  dépité  contre  ma  des- 
tinée, MALii.  V,  (6.  Mais  à  l'offre  des  vœux  d'un 
amant  dépité,  Trouvez-vous,  je  vous  prie,  entière 
sûreté?  MOL.  Femm.  sav.  i,  i. 

DÉIMTEU  (dé-pi-té),  v.  a.  ||  1°  Causer  du  dépit  à 
quelqu'un.  Rien  ne  nous  dépite  davantage  que  de 
voir....  PASC.  Imag.  K  ||2°  Se  dépiter,  v.  réft.  Con- 
cevoir du  dépit.  Contre  sa  fureur  ma  raison  se  dé- 
pite, RÉGNIER,  Sat.  XV.  Un  croquis  informe  sort  de 
dessous  sa  main  [de  l'élève];  il  se  dépite,  chateaub. 
Dessin,  273.  ||  Familièrement.  Se  dépiter  contre 
son  ventre,  se  priver  de  manger  par  dépit  ou  hu- 
meur; et  fig.  refuser  par  dépit  ce  qu'on  désire 
au  fond. 

—  BEM.  Dans  le  commencement  du xvu*  siècle  on 
donnait  à  dépiter  le  sens  de  braver,  outrager,  ac- 
cuser. Où  la  troupe  maudite  Son  seigneur  attaché 
par  oulrage  dépite,  malh.  i,  4.  Ali!  j'en  rougis  de 
honte  et  dépite  mon  âge....  Régnier  ,  Élég.  i.  Je 
semble  dépiter....  l'infortune,  id.  Sat.  vu. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  quant  Mahomuiet  se  fu  mis  en 
la  seigneurie  du  peuple,  si  des[iita  son  oncle  et  l'es- 
loigna  de  Ii,  joinv.  280.  |i  xvr  s.  0  que  vous  jourez 
bien!  je  despile  la  dyahlerie  de  Saulmur,  de  Doué, 
voyre,  par  Dieu,  de  Poictiers,  en  cas  que  ils  puis- 
sent eslre  à  vous  parragonnez,  hab.  Pant.  iv,  ta. 
Oudartrcnioytetdespitoytlesnopces,  id.  tb.  iv,  t5. 
J'ai  un  mari  qui  me  fuit,  qui  me  hait  et  me  despite 
plus  qu'une  chambrière,  marg.  Notiv.  xv.  Quand  il 
s'en  va,  son  aller  nous  despite  (chagrine],  barot 
m,  2u.  Cette  poictrine  que,  despitée,  tu  bals  s'i 
cruellement,  mont,  i,  22.  Je  me  suis  souvent  des- 
pite de  veoir  ez  comédies  italiennes  tousjours  un 
pédante  pour  badin,  id.  i,  t3g.  Despite  contre  sa 
besogne,  id.  i,  254.  Si  je  traduis,  ma  plume  s'en 
despite  D'estre  asservie  à  tourner  un  ouvrage.  Qui 
n'est  pis  mien,  en  un  autre  langage,  la  boétis, 
481.  Son  ambition  faisoit  qu'il  se  despitoit,  courrou- 
çoit  et  douloit  quand  il  se  sentoit  mespriser,  amtot, 
Aie.  et  Cor.  comp.  ».  Vitri  en  sortant  du  mesme  con- 
seil, en  jurant  et  despitant  la  causerie:  il  vaut  bien 
mieux,   dit-il,   servir  le  brave  Huguenot,  d'aub. 

UÙI.  m,   293. 

£TYM.  Norm.  et  Berry,  dépiter,  défier^  bra- 
ver; provenç.  despechar,  despeytar;  catal.  deipitar; 
aspagn.  despechar;  ital.  dispetlare;  du  latin  despec- 
Utre,  de  la  préposition  de,  et  spectare,  regarder 

(voy.  8PHXTACLE). 

t  DÉI'ITEUX,  EUSE  (dé-pi-teû,  teû-i'),  adj.  Qui 
eit  plein  de  dépit.  On  a  vu  les  élans  de  sa  résistance 
[du  roi] et  dese.i  dépiteux  regrets;  il  ne  put  résister 
A  ce  qu'ils  (le  duc  du  Maine  et  Mme  de  Maintcnon] 
enexlorquèrenl,  st-sim.  416,  237.  ||  Mot  tombé  en 
désuétude.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Ciseau  dépi- 


DEP 

teux,  oiseau  dressé  à  la  chasse  qui  ne  revient  pas, 
quand  il  a  perdu  sa  proie. 

—  HIST.  xiu*  6.  Larmes  ne  sont  pas  despiteuses, 
Meïsmement  as  gens  piteuses,  la  Rose,  75u).  Bien 
sembloit  maie  créature  Et  despiteuse  et  orgueilleuse, 
Et  mesdisant  et  ramponeuse,  ib.  I8t.|lxiv's.  Et 
pour  ce  semble  il  à  aucuns  que  les  magnanimes 
soient  despiseeurs  ou  despiteux,  ohesme,  Eth.  lit. 
Il  xv«  s.  Portingalois  sont  chauds,  bouiUans,  et  mal 
souffrans;  et  aussi  sont  les  Anglois  fols,  despiteul 
et  orgueilleux,  froiss.  ii,  m,  8».  ||  xvt*  s.  Mais  ceste 
gent  fut  aspre  et  despiteuse,  Blasmant  les  dieux, 
de  meurdres  convoiteuse,  mahot,  iv,  20. 

—  ETYM.  Dépit. 

DÉPLACÉ,  ÉE  (dé-pla-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  ôté  de  sa  place.  Ce  livre,  déplacé,  ne  put  être 
retrouvé.  ||  2°  Kévoqué  d'une  fonction,  d'un  emploi. 
Aucun  des  ministres  déplacés  ne  fut  exilé,  condoh- 
CET,  Maurepas.  ||  Changé  de  résidence,  ordinaire- 
ment par  punition.  Un  professeur  déplacé,  un  pro- 
fesseur changé  de  lycée,  d'une  vUie  à  une  autre. 
Il  3"  Fig.  Oui  n'est  pas  dans  un  lieu,  dans  une  situa- 
tion, dans  un  emploi  convenable.  Cette  personne 
est  déplacée  dans  cette  société.  Il  faut  encore  louer 
les  enfants  de  tout  ce  que  l'amitié  leur  fait  faire, 
pourvu  qu'elle  ne  soit  point  déplacée  ou  trop  ar- 
dente, FÉN.  Éduc.  filles,  ch.  6.  Si,  par  une  affec- 
tion déplacée,  il  eût  porté  des  secours  à  quelque 
autre....  il  eût  été  coupable  d'injustice  ,  dider. 
Ess.  s.  la  vertu.  Dans  ce  monde,  toutes  les  vertus 
sont  déplacées,  aussi  bien  que  les  vices;  les  bons 
et  les  mauvais  cœurs  ne  se  trouvent  point  à  leur 
place,  MARIVAUX,  Paysan  pore.  t.  i,  4'*partie,  p.  78, 
dans  pouGENS.  ||  Qui  manque  de  mesure,  inconve- 
nant. Propos  déplacés. 

DÉPLACEMENT  (  dé-pla-se-man  ) ,  s.  m.  ||  1"  Ac- 
tion de  déplacer  ou  de  se  déplacer.  On  ne  saurait 
dire  où  gît  le  principe  de  son  déplacement  [du  rep- 
tile], car  il  n'a  ni  nageoires,  ni  pieds,  ni  ailes, 
CHATEAUB.  Génie,  1,  m,  2.  ||  Déplacement  d'un  vais- 
seau, le  volume  d'eau  que  déplace  un  vaisseau,  la 
place  qu'occupe  dans  l'eau  toute  la  carène.  ||  Terme 
de  pharmacie.  Procédé  de  lixiviation,  dans  lequel 
les  couches  de  liquide  se  déplacent  mutuellement. 
Il  Terme  de  pathologie.  Le  déplacement  d'un  organe, 
le  changement  de  situation  que  quelques  organes 
peuvent  éprouver.  Le  déplacement  de  l'utérus.  I(  2°  Ac- 
tion d'ôter  un  emploi,  une  fonction.  Ces  cabales  que 
l'on  voit  dans  toutes  les  cours  et  qui  se  terminent 
d'ordinaire  dans  les  nôtres  par  quelque  déplace- 
ment de  ministre  ou  tout  au  plus  par  quelque  exil, 
VOLT.  Charles  XII,  fl.  ||  Action  de  faire  changer  un 
fonctionnaire  de  résidence,  ordinairement  par  pu- 
nition. On  se  plaint  de  ce  pi'éfet;  son  déplacement 
devient  très-probable. 

DÉPLACER  (dé-pla-sé.  Le  c  prend  uiie  cédille  de- 
vant o  ou  0;  nous  déplaçons;  je  déplaçais),  v.  a. 
Il  1°  Changer  une  chose  de  place.  Il  déplace  tout 
dans  sa  chambre.  Kt  loi  de  qui  la  voix  inspire  l'âme 
aux  arbres.  Enchaîne  les  lions  et  déplace  les  mar- 
bres, CORN.  'fois,  d'or,  V,  6.  Il  Terme  de  procédure. 
Enlever  quelque  chose  d'un  lieu,  d'une  maison,  et 
le  transporter  ailleurs.  ||  2°  Déplacer  quelqu'un, 
prendre  sa  place.  Vous  étiez  là,  je  n'ai  garde  de 
vous  déplacer.  ||  Sans  déplacer,  loc.  adv.  Sans  chan- 
ger de  lieu,  sans  rien  changer.  Nous  terminâmes 
l'affaire  sans  déplacer.  ||  3°  Déplacer  quelqu'un,  lui 
ôter  son  emploi.  Le  ministre  a  déplacé  les  créatures 
de  son  prédécesseur.  ||  Faire  changer  un  fonction- 
naire de  résidence.  ||  4°  Fig.  Déplacer  le  point  de 
la  question,  changer  le  point  sur  lequel  porte  la 
difficulté.  Comme  ils  connaissent  toute  son  anxiété, 
ils  admirent  la  force  de  son  génie  et  la  facilité  avec 
laquelle  il  déplace  et  fixe  où  il  lui  plaît  toute  la 
puissance  de  son  attention,  ségor,  Uist.  de  Napol. 
viu,  H.  Il  B'  Se  déplacer,  v.  réfl.  Changer  de  place, 
de  lieu.  L'homme  a  un  penchant  naturel  à  se  dé- 
placer, DIDER.  Ess.  s.  Claude,  liv.  11. 

—  HIST.  xvi*  s.  Si  vous  supply  (]ue  de  bénigne 
grâce  Vous  me  donniez  congié  (|ue  je  desplace  [que 
je  marche]  Avec  mes  gens  voz  bons  pensionnaires, 
Pour  aller  veoir  un  peu  noz  adversaires,  i.  marot, 
V,  131.  Mais  puis  que  luy,  et  le  temps  et  l'affaire 
Veulent  tous  trois  que  ta  bonté  desplace  [que  tu 
partes].  Monts  et  torrents  te  puissent  faire  place, 
ID.  11,  182.  Favas  remontra  le  péril  de  desplacer  à 
la  VBue  de  l'ennemi  et  en  lui  parant  le  costé, d'aub. 
llist.  m,  60.  Fol  se  doit  nommer  en  face.  Qui 
bien  assis  se  dcsplace,  cotghave.  Les  ennemis  com- 
mencèrent à  desplacer  et  à  prendre  le  chemin  droit 
â  moi,  mostluc,  ilém.  t.  it,  p.  79) ,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  place;  picard,  dépla- 
cher. 


DEP 

DÉPLAIRE  (dé-plê-r^,  je  déplais,  tu  déplais,  il 
déplaît,  nous  déplaisons,  vous  déplaisez,  ils  déplai- 
sent; je  déplaisais;  je  déplus;  je  dé|ilairai;  je  dé- 
plairais; déplais,  déplaisons;  que  je  déplaise,  que 
nous  déplaisions;  que  je  déplusse;  déplu;  déplai- 
sant, V.  n.  Ill*  Ne  pas  plaire,  être  désagréable.  Et 
je  crois  que  ce  nom  ne  vous  déplaira  pas,  cobn.  Ho- 
dog.  V,  3.  De  nos  désirs  errants  rien  n'arrête  le 
cours;  Ce  qui  plaît  aujourd'hui  déplaît  en  peu  de 
jours,  ST-ÉVHEMOND,  dans  bichelet.  Cette  action 
que  David  avait  faite  déplut  au  Seigneur,  sacv, 
iiibl».  Ilots,  II,  II,  27.  Il  vous  aurait  déplu  s'il  pou- 
vait vous  déplaire,  rac.  4wlrom.  u,  4.  Je  sais  que 
tout  déplaît  aux  yeux  d'une  captive,  ID.  Iphig.  u, 
i.  Je  ne  me  suis  jamais  donné  le  soin  d'examiner 
en  moi  en  quoi  j'avais  pu  lui  déplaire;  mais  je  sa- 
vais bien,  moi,  ce  qui  me  déplaisait  en  lui,  har- 
montel,  Mém.  VI.  ||  2'  Donner  du  chagrin,  irriter. 
La  délicatesse  d'une  conscience  qui  se  redoute  elle- 
même,  ou  l'excès  d'un  amour  qui  craint  de  déplaire, 
boss.  Anne  de  Gonz.  S'ils  sont  d'un  ennemi  qui 
cherche  k  vous  déplaire,  bac.  Androm.  lu,  7.  Si 
quelqu'un  me  déplaît  en  ce  moment,  c'est  vous, 
REGNAHD,  Distrait,  n,  6.  Qu'ai-je  donc  fait,  Tau- 
crfcde?  ai-je  pu  vous  déplaire?  volt.  Tancr.  iv,  6. 
Il  3»  Impersonnellement.  Croyez  qu'il  me  déplaît  et 
très-sensiblement,  De  vous  devoir  dédire  une  fois 
seulement,  rotrou,' .4n(ig.  11,  2.  Ma  mère....  em- 
pêchait ma  sortie....  Dont  il  m'a  bien  déplu....  id. 
ib.  u,  3.  Il  Familièrement.  Qu'il  ne  vous  en  déplaise, 
ou,  elliptiquement,  ne  vous  déplaise,  formule  qui  se 
dit  comme  une  sorte  d'excuse:  que  cela  ne  vous 

déplaise  pas,  ne  vous  fâche  pas Ma  bru,  qu'il 

ne  vous  en  déplaise.  Votre  conduite  en  tout  est  tout 
k  fait  mauvaise,  mol.  Tart.  i,  <.  Nuit  et  jour  à 
tout  venant.  Je  chantais,  ne  vous  déplaise,  la 
font.  Fabl.  I,  t.  Ce  fut  alors,  dame,  ne  vous  dé- 
plaise, Que  le  courroux  lui  montant  au  cerveau.... 
ID.  Rémois.  Mais  que  fais-je  donc  tant,  monsieur,^ ne 
vous  déplaise.  Pour  trouver  ma  conduite  &  tel  ex- 
cès mauvaise?  regnard,  le  Distrait,  i,  «.  j]  N'en 
déplaise  à,  malgré,  en  dépit  de.  N'en  déplaise  aux 
arrêts  de  notre  parlement,  hégnieh.  Soi.  xiv.  Je  di- 
rai, n'en  déplaise  à  monsieur  votre  amour,  mol. 
Di'p.  am.  i,  1 .  Et  parfois,  n'en  déplaise  à  votre  aus- 
tère humeur,  U  est  bon  de  cacher  ce  qu'on  a  dans 
le  cœur,  m.  Mis.  i,  1. 1|  4°  Se  déplaire,  déplaire  i 
soi-même,  être  mécontent  de  soi-même.  Elle  s'est 
déplu  ,  aussitôt  qu'elle  connut  ses  défauts.  Pour 
plaire  à  Dieu,  il  faut  nous  déplaire  à  nous-mêmes; 
et,  pour  nous  déplaire  à  nous-mêmes,  il  faut  nous 
voir,  isomïiJii..  Jugement  dern.  l"  averti,  p.  8is.  Ce 
n'est  pas  parce  qu'on  est  ennemi  de  Dieu  qu'on  se 
déplaît,  c'est  parce  qu'on  est  &  charge  à  soi-même 
MASS.  Car.  Passion.  Il  Se  déplaire,  déplaire  l'un  a 
l'autre.  Ils  se  sont  déplu  mutuellement.  ||  5°  S'en- 
nuyer, se  trouver  mai  à  son  aise.  Se  déplaire  avec 
quelqu'un.  Je  me  déplais  en  cette  ville.  Mme  Le- 
vàsseur  parut  s'y  déplaire  et  trouver  l'habiiatioii 
trop  seule ,  J.  J.  rouss.  Confess.  ix.  ||  11  se  dit  des 
animaux.  Les  bœufs  se  déplaisent  en  cette  localilé. 
Il  U  se  dit,  par  extension,  des  plantes  qui  ne  vien- 
nent pas  bien  en  certains  endroits.  La  vigne  se  dé- 
plaît en  une  telle  exposition.  ||  Fig.  Mon  sang  se  dé- 
plaît dans  mes  veines,  rotrou.  Et  Geii.  u,  7. 

—  REM.  L'Académie  ne  dit  pas  comment  elle  ac- 
corde,dans  les  temps  composés  de  se  d<ylaire ,  le  parti- 
cipe avec  le  sujet,  mais  au  mot  plaire,  qui  est  équi- 
valent,elle  fait  le  participe  passé  toujours  invariable; 
on  dira  donc:  elle  s'est  déplu;  ils  se  sont  déplu; 
elles  se  sont  déplu.  Cependant  des  grammairiens  ont 
dit  que,  quand  se  déplaire  signifie  s'ennuyer  de,  se 
trouver  mal  à  l'aise,  il  devient  un  verbe  réfléchi, 
comparable  à  se  taire,  &  s'enfutr,  à  s'icrier,  et 
que  dès  lors  le  participe  passé  devait  s'accorder  avec 
le  sujet  :  elles  se  sont  déplues  à  la  campagne  ;  il  pa- 
raît que  ces  arbres  se  sont  déplus  dans  ce  terrain. 
L'assimilation  de  se  déplaire,  en  ce  sens,  avec  d'au- 
tres verbes  nputres  réfléchis,  est  plausible;  la  re- 
marque, qui  doit  s'étendre  à  se  plaire  et  à  se  com- 
plaire,  mérite   d'être  prise   en  considération. 

—  HIST.  xii*  s.  Mais  [ils]  n'i  voient  riens  qui  fasse 
à  desplaire.  Coud,  11.  Amours,  amours,  je  meur, 
et  sans  droiture  [justice]  ;  Certes  ma  mort  vous  de- 
vroit  bien  desplaire,  ib.  p.  t26.  Son  prent,  paf 
droit,  d'un  larron  la  justice,  Doit-on  desplaire  as 
loiaus,  de  néant?  quesnes,  Komattcero,  p.  8*.  Sei- 
gneur baron,  fait-il,  forment  vous  doit  desplaire 
De  ce  roi  orgueilleux  qui  manda  tel  contraire  [tell^ 
chose  contrariante] ,  Sax.  xxxi.  (k)ntredire  U  [une 
loi]  deit  cha.scuns  hum  qui  ad  fei  :  Car  par  tut  des- 
plaiseit  al  celestien  rei ,  Th.  le  mart.  83.  ||  iiii*  s. 
Durement  [cela]  lui  desplait  «t  niout  lui  destalents. 


DEP 


DÉP 


DÉP 


1071 


Perte,  cxxxiv.  Examples  fu  de  penitance  E  drois 
mireors  d'ingnorance,  Si  com  briefment  m'orrez  re- 
trere,  Mes  qu'il  ne  vous  doie  deplere,  riiteb.  Il, 
)li7.  One  nuls  en  tôt  le  jor  vos  face  Chose  qui  pran- 
ment  vos  desplace,  Ben.  7Bbb.  ||  xiv  s.  Oui  tout 
desprise,  à  tout  liesplait,  Mi'nngier,  I,  ».  ||  xV  s. 
Toutesvoies  ne  te  desplaise,  je  te  dis  que  lu  en  fais 
sur  tous  le  plus  à  blasmer,  al.  cïartier,  O^iadri- 
loque  inrectif.  Certez,  ft  qui  qu'il  en  despleust,  Au- 
tre que  moy  pas  ne  l'eQst,  N'est  pucelle  qui  la  re- 
semble, Natir.  de  N.  S.  J.  C.  De  tout  cecy  despleut 
bien  au  duc  Phelippe,  comm.  i,  2.  Il  me  desplait  à 
dire  ceste  cruaulté,  id.  m,  O.  ||  xvi"  s.  L'un  va  rith- 
mant  la  Fere  contre  affaire,  Et  l'autre  aussi  frère 
contre  desplaire,  marot,  ii,  208.  La  sagesse  ne  se 
de.splaist  jamais  de  soy,  mont,  i,  (2.  Il  me  desplaist 
que  l'Ialon  n'aye  eu  la  cognoissance  de  ces  nations, 
m.  I,  235.  Ceste  ordonnance  despleut  encore  plus 
aux  pauvres,  amtot,  Solnn,  26.  Et  luy  mesme  se 
puisse  à  luy  mesme  desplaire,  rons.  (9t.  Je  me 
dcsplais  des  lieux  où  la  jeunesse  X  escrimer  et  à 
luicter  s'adre.sse;  Les  arcs  aysez  de  cormier  me  des- 
plaisent, LA  BOÉTIE,  327. 

Btym.  Provenç.  desplazer;  catal.  desplaurer; 

espagn.  desplacer;  portug.  desprazer;  ital.  dispia- 
cere;(t{i  latin  displicere,  de  dis,  préfixe,  et  pliccre 
ou  placere  (voy.  plaire).  Le  français  déplaira  sup- 
pose un  verbe  lalin  displtcéfre,  où,  l'e  étant  de- 
venu bref,  l'accent  s'est  reporté  sur  l'antépénul- 
tième, displicere.  Mais,  à  côté  de  cette  irrégularité, 
la  vraie  accentuation  s'est  conservée  dans  déplaisir, 
qui  est  un  infinitif  pris  substantivement.  Desplace 
ou  di'splase  est  l'ancien  subjonctif  de  desplaire. 

t  DÉPLAISAMMENT  (dé-plè-za-man),  adv.  D'une 
manière  déplaisante. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  disoit  qu'il  vivoit  desplaisam- 
ment,  quand  il  fiilloit  qu'il  se  donnast  de  garde  de 
ceux  en  qui  il  se  devoit  fier,  math,  de  coucy,  Hist. 
de  Charles  VII,  p.  702,  dans  lacurnk. 

—  KTYM.  Dtfplaisant,  et  le  suffixe  ment. 
DÉPLAISANOK  (rié-plè-zan-s'),  s.  f.  \\  1°  Oualité 

de  ce  qui  est  déplaisant.  La  déplaisance  de  cette  ha- 
bitation. Prendre  quelqu'un  en  déplaisance.  ||  2°  Ac- 
tion de  se  déplaire  à.  [La  contrition]  Ce  n'est  pas 
même  une  simple  déplaisance  de  la  raison,  qui,  na- 
turellement droite,  ne  peut  s'empêcher  d'apercevoir 
le  désordre  du  péché  et  de  le  condamner,  bourdal. 
Pensées,  t.  i,  p.  289. 

—  HIST.  XIII'  s.  De  peresce  renessent  négligence 
et  oiseuse  [oisiveté].  Desplaisance  de  Dieu  qui  trop 
est  périlleuse,  Mauvese  acoustumance ,  faintise  l'ou- 
blieuse, j.  DE  MEUNG,  Test.  (738.  ||  XIV  S.  Celui  qui, 
en  telles  choses  soutenir,  a  tristeceet  desplaisance, 
il  est  couart,  ohesme,  Eth.  38.  La  chose  faite  pour 
ignorance,  de  laquelle  l'en  a  tristesce, desplaisance 
et  pesance  ou  repentance,  elle  est  involuntaire,  id. 
ib.  fto.  Il  XV'  s.  [Le  pape  Grégoire]  Quand  il  vit  qu'il 
ne  pouvoit  trouver  nulle  paix  entre  le  roi  de  France 
et  le  roi  d'Angleterre,  dont  trop  lui  venoit  à  de- 
plaisance....  s'avisa  que  il  iroit  revisiter  Rome, 
FROiss.  II,  II,  20.  Je  prends  à  grand  desplaisance  à 
estre  avecques  mon  mari,  ID.  ii,  m,  ta.  Et  trouve- 
ray,  ce  m'a  dit  espérance,  Par  le  pourchas  du  re- 
gard de  mes  yeux,  Autant  de  bien  que  j'ay  de  des- 
plaisance, CH.  d'obl.  liai.  t).  Il  print  desplaisance 
de  demeurer  à  l'hostel  en  oisance,  louis  xi,  Nouv.  c. 
Il  XVI'  s.  Hors  de  sa  trousse  une  sagette  [il]  tire  De 
bois  mortel,  empenné  de  vengeance.  Portant  un 
fer  forgé  par  desplaisance  Au  feu  ardent  de  rigou- 
reux refus,  marot,  i,  ^60.  Je  suis  tant  loing  d'en 
estre  en  desplaisance,  id,  i,  308.  Ilsnousfontaccroire 
qu'ils  en  ont  grande  desplaisanoe  et  remors  au  de- 
dans, mont,  m,  268.  La  pauvre  dame  avoit  vescu 
en  grande  desplaisance,  amyot,  LucuU.  32. 

—  Etym.  Déplaisant;  provenç.  desplaxensa;  ital. 
dispiacema. 

DÉPLAISANT,  ANTE  (dé-plè-zan,  zan-t') ,  orf;. 
Il  1' Qui  déplaît,  quifâohe,quichagrine.  Un  homme 
déplaisant.  Des  manières  déplaisantes.  Un  séjour 
déplaisant.  L'ime  végétale  développe  dans  les  espè- 
ces innombrables  des  animaux  toutes  les  formes 
imaginables  depuis  les  plus  gracieuses  jusqu'aux 
plus  déplaisantes,  bern.  de  s.-p.  Harm.  liv.  v, 
Ilarm.  animales.  \\  2°  Mécontent,  qui  se  déplaît. 
Nous  allâmes  à  l'Ëtang  où  nous  trouvâmes  Chamil- 
lart  fort  déplaisant  d'une  si  désagréable  nouvelle, 

I mais  peu  alarmé,  ST-siM.  t9»,  <64. 
—  HiST.  XV'  s.  Les  bourgeois  et  les  notables  hom- 
mes sont  très  bonnes  gens  et  très  desplaisans  de  la 
folye  du  neuple,  comm.  ii,  4.  ||  xvi'  s.  Je  suis  bien 
desplaisant  [lâché]  qu'ils  en  vaillent  moins,  mont. 
ir,  9».  Des  offices  de  l'amitié,  celuy  là  est  le  seul 
iesplaisant,  ID.  IV,  no.  Theseus  un  peu  après  y  re- 


tourna,  qui  fut  fort  desplaisant  de  ceste  mort,  amyot, 
Thésée,  2t.  Quand  on  veit  que  le  nom  de  monar- 
chie estoitdesplai.sant  au  peuple,  iD.  Puhl.  u.  Si  sa 
mort  fut  desplaisante  aux  alliez  de  Thebes,  elle  leur 
fut  encore  plus  profitable,  in.  Pélop.  04.  La  royne, 
très-desplaisante  de  ceste  nouvelle,  luy  dist....  carl. 
vin,  42. 

DEPLAISIR  (déplè-zir),  s.  m.  ||  l'  Sentiment 
que  cause  ce  qui  déplaît Je  veux  seulement  mal- 
gré mon  déplaisir  Remettre  mon  visage  un  peu  plus 
h  loisir,  CORN.  Cid,  i,  B.  Combien  nos  déplaisirs  pa- 
rurent lors  extrêmes!  id.  Hor.  i,  3.  J'épargne  à  sa 
vertu  d'éternels  déplaisirs,  id.  Nicom.  m,  2.  J'en  ai 
le  déplaisir,  vous  en  aurez  lahonle,  m.  ib.  ni,  7. 
Une  nouvelle  qui  lui  donne  beaucoup  de  déplaisir, 
sÉv.  6.  Vous  croyez  donc  que  les  déplaisirs  et  les 
plus  mortelles  douleurs  ne  se  cachent  pas  sous  la 
pourpre?  ross.  Marie-Thér.  Il  se  forme  dans  les 
grandeurs  une  nouvelle  sensibilité  pour  les  déplai- 
sirs, dont  le  coup  est  d'autant  plus  rude  qu'on  est 
moins  préparé  à  le  soutenir.  ID.  tb.  ||  Contrariété, 
mécontentement.  Il  a  été  accablé  de  déplaisirs  dans 
ce  poste.  Si  je  me  trompe,  on  me  ferait  déplaisir 
de  me  déloger  de  mon  erreur,  dider.  sur  Térence. 
Il  2°  Par  extension,  douleur,  amertume  de  cœur.  Et 
je  doute  comment  vous  portez  cette  mort.  -=-  Sire, 
avec  déplaisir  mais  avec  patience,  corn.  Hor.  V, 
■i.  Les  faibles  déplaisirs  s'amusent  à  parler,  id. 
Porrip,  V,  t.  Parmi  les  déplaisirs  que  vous  en  re- 
cevrez, ID.  D.  Sanch.  v,  5.  Les  plus  grands  déplai- 
sirs sont  les  moins  éclatants,  m.  Perthar.  iv,  3,  Le 
grand  déplaisirquesentmonsieurmon  maître  [àl'oc- 
casion  de  la  mort  de  son  père] ,  mol.  l'Étour.  ii ,  4. 
Parmi  les  déplaisirs  où  mon  âme  se  noie  ,aAC.  Andr. 

I,  *.  Un  cœur  accablé  de  tant  de  déplaisirs,  id.  tb. 

II,  <.  Mais  toujours  quelque  espoir  flattait  mes  dé- 
plaisirs, id.  Bérén.  i,  4,  ô  filles  de  Lévi,  troupe 
jeuneet  fidèle,  Enfants,  ma  seule  joie  en  mes  longs 
déplaisirs,  ID.  Athal.  i,  3.  Le  Cyclope  chante  ainsi 
ses  déplaisirs,  en  promenant  ses  yeux  sur- les  flots, 
CHATEAOB.  Génie,  n,  m,  e.  Sa  prétendue  trépassa 
bientôt  par  grand  déplaisir,  iD.  ib.  iv,  m,  3. 

—  syn.  DÉPLAISIR, DÉPLAisANCE.  Ces  deux  mots  ne 
diffèrent  que  par  la  finale.  Déplaisir  est  l'ancien  in- 
finitif du  verbe  déplaire  (voy.  déplaire  à  l'étym. 
et  PLAISIR,  ancien  infinitif  du  verbe  plaire),  et  signi- 
fie proprement  le  déplaire  ;  déplaisance  est  le  sub- 
stantif de  l'adjectif  déplaisant.  Déplaisir  signifie 
donc  le  déplaire;  et  déplaisance,  la  qualité  de  ce 
qui  est  déplaisant. 

—  H!RT.  xiV  s.  Et  celui  qui,  en  delessier  telx  de- 
siers  [désirs],  a  tristece  et  desplaisir,  il  est  desa- 
trempé,  oresme,  Eth.  38.  Mentir  li  faisoit  tristece 
et  desplaisir,  ID.  tb.  494.  ||xvi'9.  Marcellus,  l'ayant 
emportée  d'assault  [une  ville],  ne  feit  aucun  des- 
plaisir aux  naturelz  habitants,  amyot,  Marcell.  49. 
Ainsi  estans  ces  douleurs  et  desplaisirs  domestiques 
conjoincts  avec  les  publiques,  iD.  Pyrrhus,  60. 

—  Etym.  Voy.  déplaire;  picard,  déplaisi;  pro- 
venç. desplazer;  anc.  catal.  desplaer,  despler  ;  es- 
pagn.  desplacer;  portug.  desprager;  ital.  dispia- 
cere. 

tDÉPLANCHER  (dé-plan-ché) ,  v.  a.  ôter  les 
planches,  le  plancher; 

—  HIST.  XV'  s.  Ce  petit  grenier  estoit  d'ancien 
édifice,  tout  desplanché,  tout  deslatté,  et  pertuisé, 
et  rompu  en  plusieurs  lieux,  louis  xi,  Nouv.  xxxiv. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  planche. 

t  DÉPLANTAGK  (dé-plan-ta-j') ,  s.  m.  Voy.  dé- 
plantation. 

t  DÉPLANTATION  (dé-plan-ta-sion),  s.  f.  Action 
de  déplanter  un  arbre. 

—  ETYM.  Déplanter. 

DfiPLANTÉ,  fiE  (dé-plan-té, tée), pore,  passé.  Un 
arbre  déplanté.    - 

DÉPLANTER  (dé-plan-té),  'v.  a.  \\  i"  ôter  une 
plante,  un  arbre  de  terre  pour  le  replanter.  ||  2°  Re- 
tirer de  terre  ce  qui  y  est  enfoncé.  Déplanter  un 
piquet.  Il  Terme  de  marine.  Déplanter  une  ancre, 
l'arracher  du  fond  de  la  mer.  ||  Ce  navire  déplante, 
son  ancre  quitte  le  fond.  ||3"  Dépouiller  de  ce  qui 
est  planté.  Déplanter  un  parterre,  un  bosquet. 

—  HIST.  xvi'  s.  Il  conseilloit  de  mettre  son  ar- 
gent en  une  terre  qui  fust  oisive  et  desplantée,  la 

BOliTlK,   256. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  planter. 

t  DÉPLANTEUR  (dé-plan-teur),  s.  m.  Celui  qui 
arrache  des  plantes Ah  !  malheureux,  ahl  traî- 
tre, Qu'as-tu  fait  là?  dit-il  au  déplanteur;  Ces  ar- 
bres auraient  fait  le  plaisir  de  ton  maître,  lamotte, 
Fabl.\y,u  . 

—  ÉTYM.  Déplanter. 

DÉPLANTOIR   (dé-plan-toir) ,  s.  m.  Instrument 


de  jardinage  qui  sert  à  déplanter  et  replanter  les 
fleurs. 

—  ETYM.  Déplanter. 

t  DÉPLÂTRAGE  (dé-plâ-tra-j'),  s.  m.  Action  de 
déplâtrer, 
t  DÉPLÂTRER  (dé-plMré),  v.  a.  ôter  le  plâtre. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  plâtrer. 

t  DÉPLÉTIF,  IVE  (dé-Dlé-tif,  ti-v') ,  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  peut  diminuer  la  masse  des  li- 
quides animaux.  Une  saignée  déplétive. 

—  ETYM.  Voy.  DliPLÉTION. 

t.l>ÉPLÉT10N  (dé-plé-sion),  s.  f.  Terme  do  mé- 
decine. Action  de  la  saignée  ou  de  tout  autre  éva- 
cuant qui  diminue  la  masse  des  humeurs. 

—  EiV.M.  L-a.  di'pktio,  action  de  désemplir. 

t  DEl'LI  (dé-pli),  s.  m.  État  du  ce  qui  est  déplié. 
Aux  déplis  de  son  éoliarpe  blanche,  mustûn,  Valdésie 

DÉPLIÉ,  ÉE  (dé-pli-é,  ée),  part,  passé.  Une  ser- 
viette dépliée.  Une  lettre  dépliée. 

DÉPLIER  (dé-pli-é),  je  dépliais,  nous  dépliions, 
vous  dépliiez;  que  je  déplie,  quenousdépliions,  que 
vous  dépliiez,  v.  a.  ||  1»  Défaire  une  chose  qui  était 
pliée.  Déplier  un  drap,  une  serviette.  ||  Absolument. 
Étaler.  La  pluie  qui  survint  empêcha  les  marchands 
de  la  foire  de  déplier.  ||  Fig.  et  familièrement.  Déplier 
toute  sa  marchandise,  montrer  tout  ce  qu'on  a  de 
mieux.  ||  Terme  de  chasse.  Déplier  le  trait,  allonger 
la  cordede  crin  qui  tient  à  la  botte  du  limier.  ||  2°  Fig. 
Je  vous  porterai  en  revanche  des  nouvelles  du  désert, 
et  nous  les  déplierons  chez  M.  de  Chaudebonne, 
BALZ.  liv.  viu,  lett.  29.  C'est  ainsi  que  Dieu....  dé- 
pliera les  cieux  devant  ers  millions  de  réprouvés, 
MASS.  Car.  Mauv.  riche.  ||  3'  Se  déplier,  v.  réfl.  Être 
déplié.  Ce  linge  s'est  déplié.  ||  Fig.  L'histoire  de 
notre  cœur  se  dépliera. 

—  ÉTYM. M.. ..préfixe, et ph'cr.  Dépiter, d(fp?ot/cr, 
dépleyer  sont  des  prononciations  provinciales  dont 
deux  se  sont  fixées  dans  le  français  moderne  (voy 

DÉPLOYER). 

t  DÉPUSSAGE  (dé-pli-sa-j'),  s.  m.  Action  de  dé- 
plisser. 

DÉPLISSÉ,  ÉE  (dé-pli-sé,  sée),  part,  passé.  Une 
collerette  déplissée. 

DÉPLISSER  (dé-pli-sé),  v.  a.  \\  l-  Défaire  les  plis 
d'une  étoffe,  d'une  toile.  ||  2°  Se  déplisser,  v.  réfl. 
Cesser  d'être  plissé.  Cette  chemise  s'est  déplissée. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  plisser. 
DÉPLOIEMENT  (dé-ploî-man),  s.  m.  ||  1°  AcUon 

de  déployer;  état  de  ce  qui  est  déployé.  Le  déploie- 
ment d'un  drapeau.  ||  Terme  militaire.  Manœuvre 
par  laquelle  on  développe  en  ordre  de  bataille  une 
troupe  qui  était  en  colonne.  ||  2°  Fig.  La  France 
fait  un  déploiement  de  forces  considérables.  Quand 
la  nation  s'élance  du  néant  de  la  servitude  vers  la 
création  de  la  liberté,  quand  la  politique  va  con- 
courir avec  la  nature  au  déploiement  immense  de 
ses  hautes  idées,  mirab.  dans  laveaux. 

—  ETYM.  Déployer.  On  trouve  desploi  dans  le 
xvi*  siècle  :  De  là  on  marche  à  l'entreprise  de  Chau- 
raont;  elle  ne  fut  pas  trouvée  raisonnable  au  des- 
ploi des  eschelles,  d'aub.  Hist.  m,  62. 

t  DÉPLOMBAGE  (dé-plon-ba-j'),  s.  m.  Action  de 
déplomber. 

t  DÉPLOMBER  (dé-p!on-bé),  v.  a.  Enlever  les 
plombs  mis  par  la  douane  sur  un  ballot. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  plomb. 
DÉPLORABLE (dé-plo-ra-bl'),  adj.  ||  1°  Qui  mérita 

d'être  déploré.  La  déplorable  situation  de  cette  mul- 
titude d'hommes,  de  femmes,  de  filles  que  la  faim 
dévore  et  dont  la  vie  est  moins  une  vie  qu'une  mort 
lente,  bourdal.  Exhort.  Charité  envers  les  pauvres, 
1. 1,  p.  19.  Le  monde  est  ridicule,  et  j'en  ris;  il  est 
déplorable,  et  vous  en  pleurez,  fén.  Dial.  des  morts 
anc.  Démocr.  Heraclite.  De  ce  sang  déplorable  Je 
péris  la  dernière  et  Ja  plus  misérable,  rac.  Phèd. 
I,  3.  Déplorable  Sion,  qu'as-tu  fait  de  ta  gloire?  id. 
Esth.  1,  2.  Longtemps  J'ai  parcouru  nos  déplorables 
villes,  c  DEL  AV.  Vépr.  sicil.  i,  4.  ||  2' Malheureux, 
dont  le  sort  mérite  des  pleurs,  en  parlant  des  per- 
sonnes et  dans  le  style  soutenu  ou  poétique.  Ce  dé- 
plorable chef  du  parti  le  meilleur,  corn.  Pomp.  i,  4. 
Vous  voyez  devant  vous  un  prince  déplorable.... 
RAC.  Phèd.  u,  2.  Phèdre  épargnait  plutôt  un  père 
déplorable,  id.  tb.  iv,  1.  Prêt  à  suivre  partout  le  dé- 
plorable Oreste,  id.  Andr.  Vous  n'irez  point,  ô  mère 
déplorable,  volt.  Mérope,  m,  B.  Achille  revenait 
de  traîner  avec  joie  Le  vainqueur  de  Patrocle  autour 
des  murs  de  Troie ,  Et,  dans  sa  tente  assis,  il  vendait 
à  prix  d'or  Le  corps  défiguré  du  déplorable  Hector, 
MALFiL.  Génie  de  Virgile.  Si  tes  pressentiments 
étaient  fondés  et  que  ton  déplorable  ami  ne  fût  plus, 
le  meilleur  parti  qui  resterait  à  prendre  serait  de 
laisser  son  histoire  et  tes  malheurs  ensevelis  aYef 


1072 


DÉP 


lui.J.  1.  Houss.  Ilél.  IV,  2.  Il  3°  Kàcheux,  funeste.  Un 
choix  déplorable.  Une  déplorable  polémique.  Le  roi 
vil,  et  ce  miséraMe  [Chatel,  assassin  de  Henri  IV], 
Ce  monstre  vraiment  déplorable  Qui  n'avait  jamais 
éprouvé  Due  peut  un  visage  d'Alcide,  A  commencé 
le  parricide,  Mais  il  ne  l'a  pas  achevé,  malii.  h,  *. 
Il  Familièrement.  Très-mauvais.  Un  style  déplorable. 

—  f.TVM.  Di'plnrer. 
DÉPLOKABLEMENT  (dô-plo-ra-ble-man),   adv. 

D'une  manière  déplorable  ;  très-mal. 

—  ÉTVM.  Déplorable,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉPLOKATION  (dé-plora-sion;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  Action  de  déidorer.  Usit6  seule- 
ment comme  nom  de  certaines  poésies  qui  contien- 
nent des  lamentations. 

—  ÉTYM.  Lat.  deplorationem,  de  deplorare,  dé- 
plorer. 

UÉPLOBÉ,  ÉE  (dé-plo-ré,  réel,  part,  passé. 
Il  1°  Sur  quoi  on  a  pleuré.  Des  malheurs  longtemps 
déplorés.  ||  2°  Désespéré,  dont  on  désespère.  Tu  re- 
mettras en  assurance  Leur  salut  qui  fut  déploré , 
MALH.  111,  2.  Nous  nous  assurons  en  quelque  chose 
de  divin  qui  accompagne  votre  personne,  et  qui 
porterait  bonheur  à  des  affaires  encore  plus  déplo- 
rées que  les  nôtres,  balz.  Disc,  à  la  rég.  .Plus  que 
ne  m'a  permis  un  sort  si  déploré  ,  cohn.  D.  Sanch. 
ni,  i.  Ce  qu'il  [Lauzun]  a  perdu  est  sans  prix;  mais 
les  bonnes  grâces  du  roi,  qu'il  a  conservées,  sont 
fans  prix  aussi,  et  sa  fortune  ne  paraît  pas  déplo- 
rée, sÉv.  (4.  lia  rétabli  sa  poitrine  entièrement  dé- 
plorée, iD.  404.  Sa  santé  est  tellement  déplorée  de- 
puis quelque  temps,  iD.  682.  L'embarras  devint 
grand  :  notre  affaire  se  regardait  comme  déplorée, 
ST-siM.  ts,  2(5.  Votre  sort  est  comme  déploré  aux 
yeux  de  Dieu,  mass.  Car.  Parole.  11  n'est  presque 
point  de  pécheur,  quelque  déplorée  que  soit  sa  vie, 
qui....  ID.  ib.  Samar.  Les  pécheurs  les  plus  déplo- 
rés trouvent  encore  en  eux  des  sentiments  de  jus- 
tice, ID.  ib.  liesp.  hum.  Ses  miséricordes  pour  les 
âmes  les  plus  déplorées,  ID.  ib.  Conf. 

—  REM.  Déploré,  dans  le  sens  de  désespéré,  est 
un  latinisme,  et  présentement  peu  usité  ;  mais  il  l'a 
été  beaucoup  au  xvu'  siècle;  et,  en  l'employant 
bien,  on  pourrait  encore  s'en  servir;  il  faudraitsur- 
toiit  se  régler  sur  les  exemples  de  Massillon. 

DÉPLORER  (dé-plo-ré),  v.  a.  Plaindre  avec  un 
profond  sentiment  de  pitié,  de  regret.  Fuyez etlais- 
sez-les  déplorer  leurs  malheurs,  corn.  Èor.  ii,  7. 
Nous  voyons  que  Dieu  seul  est  sage;  et,  en  déplo- 
rant vainement  les  fautes  qui  ont  ruiné  nos  affaires, 
une  meilleure  réflexion  nous  apprend  à  déplorer 
celles  qui  ont  perdu  notre  éternité,  avec  cette  sin- 
gulière consolation  qu'on  les  répare  quand  on  les 
pleure,  Boss.  Reine  d'Ànglet.  Tous  ces  désordres 
que  nous  déplorons  assez,  mais  que  nous  ne  corri- 
geons pas,  BOUHD.  4"  Dim.  après  l'Épiph.  Domi- 
nic.  t.  1,  p.  47.  Mais  non,  fais  mine  un  peu  d'en 
être  mécontent,  Pour  la  voir  aussitôt,  de  douleur 
oppressée,  Déplorer  la  vertu  si  mal  récompensée, 
Boiu Sol. X.  Il  Enparlantdespersonnes,dansle  style 
soutenu  ou  poétique.  Ils  s'estiment  heureux  alors 
qu'on  les  déplore,  corn.  Hor.  m,  2.  Infortunés  tous 
deux  depuis  qu'on  vous  déplore,  rac.  TItéb.  v,  2. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  grand  seigneur,  la  voyant  dé- 
plorée [éplorée]  outre  mesure ,  l'envoya  en  grande 
pompe  à  Constantinople,  yver,  p.  644.  Hz  se  mei- 
rent  à  regretter  et  déplorer  ensemble  leurs  misères 
et  leurs  malheurs;  encore  avoient  ils  quelque  débile 
espérance  que  leurs  affaires  n'estoient  pas  de  tout 
point  déplorez,  tant  comme  Alcibiades  serait  vivant, 
/MïOT,  Aie.  78.  Souventes  fois  l'on  voit  plusieurs 
playes  et  autres  maladies,  après  avoir  esté  délais- 
sées et  déplorées,  guérir,  PAaè,  x,  28.  Si  le  cœur 
en  est  saisi ,  la  vie  est  déplorée  et  briefve,  et  les  ma- 
lades meurent  souvent  en  mangeant,  beuvant,  et  en 
cheminant,  ID.  xxiv,  37.  Il  leur  demanda  de  rechef 
si  pour  certain  ils  le  tenoient  tous  pour  déploré 
[perdu,  mort],  m.  m,  744. 

— ÊTYM.  Lat.  deplorare,  de  la  préposition  de,  et 
plorare,  pleurer. 

DÉPLOYÉ,  ÉE  (dé-plo-ié,  iée),  part,  passé.  Qui 
n'est  plus  ployé.  Les  drapeaux  déployés.  Une  ser- 
viette déployée  et  jetée  négligemment,  dideiiot, 
Soiond*  4765,  Œuvres,  t.  xiii,  p.  425,  dans  pou- 
OENS.  Il  Familièrement.  Rire  à  gorge  déployée,  rire 
de  toute  sa  force.  Ils  riaient  à  gorge  déployée  de  la 
visite,  HAMiLT.  Gramm.  7.  ||  Manifesté.  Le  courage 
déployé  en  cette  circonstance. 

DÉPLOYER  (dé-plo-ié;  plusieurs  disent  dé-ploi- 
lé) ,  je  déploie,  tu  déploies,  il  déploie,  nous  déployons, 
TOUS  déployez,  ils  déploient;  je  déployais,  nous  dé- 
ployions vous  déployiez;  je  déployai;  je  déploie- 
rai; jo  déploierais;  déploie,  déployons;  que  je  dé- 


DEP 

ploie,  que  nous  déployions,  que  vous  déployiez, 
qu'ils  déploient;  que  je  déployas.se;  déployant,  dé- 
ployé, V.  a.  Il  1°  Etendre  ce  qui  était  ployé.  Dé- 
ployez en  son  nom  cet  étendard  fatal,  bac.  Jlaj.  1,4, 
Il  nous  a  déployé  l'ordre  dont  Amurat  Autorise  ce 
monstre  à  ce  double  attentat,  id.  ib.  v,  44.  Lors- 
qu'on vit  déployer  ces  drapeaux  suspendus,  volt. 
Semiram.  i,  4,  Comme  un  cygne  argenté  qui  s'é- 
lève et  déploie  Ses  blanches  ailes  sur  les  eaux,  la- 
MAHT.  Ilarm.  i,  4  0.  ||  Poétiquement.  On  déploie  au- 
jourd'hui l'étendard  de  la  guerre  [on  déclare  la 
guerre],  volt.  Alx.  m,  2.  jj  Familièrement.  Dé- 
ployer ses  jambes,  s'en  aller,  s'enfuir  précipitam- 
ment. Il  2°  Terme  de  chasse.  Déployer  ou  déplier 
le  trait,  allonger  la  corde  de  crin  qui  tient  à  la 
botte  du  limier;  ce  qui  se  fait  pour  entrer  en  quête. 
Il  Terme  de  la  théorie  militaire.  Déployer  la  co- 
lonne, passer  de  l'ordre  en  colonne  à  l'ordre  de 
bataille.  Déployer  une  armée,  lui  faire  occuper  un 
plus  grand  espace  de  terrain.  Il  envisage  aussitôt 
et  le  mal  et  le  remède  :  il  s'arrête ,  fait  volte-face,  dé- 
ploie ses  divisions  à  droite  du  grand  chemin,  et 
contient  dans  la  plaine  les  colonnes  Tusses  qui 
cherchaient  à  lui  faire  perdre  cette  route,  séour, 
Hist.  de  Nap.  ix,  40.  ||  3°  Fig.  Faire  paraître,  mani- 
fester. Quelque  sévérité  que  sur  eux  on  déploie, 
cOHN.  Poly.  1,  3.  J'ai  son  pouvoir  en  main;  mais, 
s'il  me  l'a  commis,  C'est  pour  le  déployer  contre  ses 
ennemis,  m.  ib.  m,  3.  Pour  les  mettre  en  déroute 
eux  et  tous  leurs  complices,  Je  n'ai  qu'à  déployer 
l'appareil  des  supplices,  id.  Pomp.  iv,  6.  Quelques 
efforts  qu'on  fasse  et  quelque  art  qu'on  déploie.... 
ID.  Tite  et  Béréu.  iv,  2.  Allons  à  ses  pieds  avec  joie 
Nous  louer  des  bontés  que  son  cœur  nous  déploie, 
MOL.  Tart.  V,  8.  Vous  pouviez  déployer,  sincère  im- 
punément, La  fierté  d'un  héros  et  le  cœur  d'un 
amant,  volt.  Sémiram.  ii,  4.  Non,  je  n'ai  point  as- 
sez déployé  ma  colère,  id.  Orphel.  v ,  4.  ||  4°  Se  dé- 
ployer, V.  réfl.  N'être  plus  ployé.  Déjà  dans  les  vais- 
seaux la  voile  se  déploie,  rac.  Iphig.  m,  3.  \\  Par 
extension.  Le  feu,  dont  la  flamme  en  ondes  se 
déploie,  BOiL.  Sat.  vi.  ||  Fig.  Vos  caresses  bientôt 
pourront  se  déployer,  cobn.  Hor.  iv,  2.  Que  la  rage 
du  peuple  à  présent  se  déploie,  id.  Poly.  v,  4.  Souf- 
frez donc  qu'avec  vous  tout  mon  cœur  se  déploie , 
ID.  Agésil.  I,  4.  Vous  verrez  tout  ce  cœur  soudain 
se  déployer.  Suivre  ce  qui  lui  plaît,  braver  ce  qui 
l'irrite,  m.  Attila,  ii,  3.  La  liberté  française  en  ces 
vers  se  déploie,  boil.  Art  p.  ir.  Et  tandis  qu'à  l'envi 
leur  amour  se  déploie,  bac.  Iphig.  ii,  4.  Les  chiens 
à  qui  son  bras  a  livré  Jézabel,  Attendent  que  sur 
toi  sa  fureur  se  déploie,  id.  Athal.  ui,  B.  L'histoire 
secrète  de  notre  cœur  se  déploiera  alors  tout  en- 
tière devant  nos  yeux,  mass.  Av.  Jug.  dern.  Ma- 
dame, il  faut  enfin  que  mon  cœur  se  déploie,  volt. 
Uérope,  i,  3.  Cet  esprit  d'orgueil  était  si  fort  enra- 
ciné dans  eux  [les  jésuites],  qu'il  se  déployait  avec 
la  fureur  la  plus  indécente,  dans  le  temps  même 
qu'ils  étaient  tenus  à  terre  sous  la  main  de  la  jus- 
tice, ID.  Dict.  phil.  jésuites.  Quel  nuage  soudain 
sur  vos  traits  se  déploie?  c.  delav.  Vép.  sicil.  i,  4. 
Il  Se  déployer,  se  dit  aussi  d'une  troupe  qui  passe  de 
l'ordre  en  colonne  à  l'ordre  en  bataille.  ||  6°  Y.  n. 
Terme  de  marine.  Synonyme  de  déferler. 

—  HIST.  XII*  s.  Le  brief  [il]  desploie,  Ronc.  p.  25. 
Es  roides  lances  les  gonfanons  desplois  [déployés] , 
ib.  p.  4  30.  Chascuns  d'eus  ofTre  son  gage  à  des- 
plier, ib.  p.  4  87.  Bêle  lolans  en  chambre  coie  Sur 
ses  genouz  pailes  desploie,  Coust  un  fîl  d'or,  l'au- 
tre de  soie.  Romancero ,  p.  63.  Jusqu'à  Paris  irons 
baniere  desploïe,  Sax.  xxxii.  ||  xiii*  s.  Lors  baissent 
les  lances  et  peignent  les  chevaus,  en  escriant  : 
Lombars,  banieres  desploîes,  H.  de  valenc.  xxv. 
Prise  sera  [la  seigneurie],  sans  cop  sentir  De  man- 
gonel  ne  de  perriere.  Sans  desploier  au  vent  ba- 
niere, ia/ioie,  4  4484.  Quand elaot[ouit]  lecomande- 
inent.  Le  pan  de  la  chemise  prent,  Legierement  le 
despleiat,  marie,  Ougemer.  Li  reis  comanda  à  des- 
pleier  son  oriflambe,  Uist.  occid.  des  croisades,  t.  ii, 
p.  (82.  ||xiv*  s.  Moult  est  la  science  mauvaise.  Qui 
n'est  moustréc  [montrée]  ne  desploiie,  j.  de  condet, 
p.  (04.  i  bannières  desploiées,  BEHCHEORE,  f°  36, 
verso.  Il  XVI*  s.  On  veit  soudainement  les  soixante 
naves  de  Cleopatra  dresser  les  matz,  et  desployer 
voiles  pour  prendre  la  fuitte,  amyot,  Antoti.  85. 
Quandilvouloit  desployer  sa  faconde,  id.  Péricl.  6. 
11  allachargerCleombrotus,avant  qu'il  peust  desployer 
et  eslargir  la  poincte  droitte  de  sa  bataille,  m.  Pé- 
lop.  40.  Il  se  mocque  et  gaudist  d'euix  à  gorge  des- 
ployée,  ID.  Comment  discerner  le  flatteur,  25. 
Amour  a  fait  ma  langue  desployer.  Et  ma  maindex- 
tre  à  l'escrire  employer,  mabot,  i,  325.  Ils  la  pour- 
ront [leur  hainej  en  premier  lieu  desployer  contre 


DÉP 

les  diables,  langue,  75,  Quand  vous  toui  promer.ez 
au  palais  de  Paris,  et  passez  devant  les  boutiques 
des  peintres,  vous  vous  arreslez  bien  deux  heures  à 
contempler  quelque  belle  peinture,  qui  y  sera  des- 
ployée,  ID.  4  52.  Toyqui  desployessur  ton  semblable 
des  condamnations  éternelles,  m.  74. 

—  ÉTVM.  Dé...  préfixe,  et  ployer;  Berry,  dépié- 
ger, dépleyer;  frovenç.  desplegar,  despteiar  ;  es- 
pagn.  desplegar;  portug.  despregar;  ilal.  dispie- 
gare. 

DÉPLUMÉ,  ÉE  (dé-plu-mé,  mée),  part,  passé. 
Le  geai  déplumé  et  chassé  par  les  autres  geais. 
Il  Avoir  l'air  déplumé,  se  dit  de  quelqu'un  qui,  ayant 
eu  l'extérieur  de  l'opulence,  a  aujourd'hui  celui  de 
la  misère. 

DÉPLUMER  (dé-plu-mé),  v.  a.  \\  1°  Ôter  les  plu- 
mes. Quand  les  petits  garçons  déplument  leurs  moi- 
neaux.... VOLT.  Ùial.  XXIV,  4.  Il  Fig.  Si  quelque  autre 
personne  veut  déplumer  le  hibou  [tracasser,  per- 
sécuter le  hibou,  Voltaire],  il  ira  tout  doucement 
mourir  ailleurs,  id.  Lett.  Mme  de  St  Julien,  3  mars 
1769.  Il  2°  Se  déplumer,  v.  réfl.  S'arracher  les 
plumes  l'un  à  l'autre.  ||  Perdre  ses  plumes.  Les  oi- 
seaux se  déplument  pendant  la  mue.  ||  FamiUère- 
ment.  Perdre  ses  cheveux.  Vous  commencez  à  vous 
déplumer. 

—  HIST.  XV*  s.  Y  est  Colart  de  Tangues  desplumez 
[sans  cheveux],  e.  desch.  Poésis  mss.  f°  224,  dans 
LACURNE.  Notre  curé,  se  voyant  ainsi  déplumé  d'a- 
mendes et  de  condamnations,  louis  xi,  Nouv.  xciv. 
Il  XVI*  s.  Le  signe  de  parfaite  cuisson  est,  que  l'on 
metle  une  plume  d'oye,  et  elle  sera  subit  desplu- 
mée, PARÉ,  xxv,  47.  Prenés  deux  pigeons  blancs, 
desplumés-les,  o.  de  serres,  »74.  Il  tente  la  voye 
des  cieux.  Croyant  en  des  ailes  de  cire.  Dont  Phœ- 
bus  le  peult  déplumer,  du  bellat,  ih,  44,  recto. 
J'aimeray  quelqu'un  qui  me  sache  déplumer  [ôter 
les  plumes  du  geai ,  reconnaître  ce  que  j'emprunte 
aux  anciens],  mont,  ii,  e». 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  el  plumer. 

j  DÉPOCHER  (dé-po-ché) ,  v.  a.  Tirer  de  la  po- 
che. Il  Absolument.  Débourser. 

—  HIST.  XVI*  s.  Lors  Forgier  en  toute  simplessa 
approcha,  tirant  ung  unzein  [sorte  de  petite  mon- 
naie] de  son  baudrier ,  pensant  que  Marquet  luy 
deust  despocher  de  ses  fouaces,  rab.  Garg.  i,  25. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  poche. 

t  DÉPOINTAGE  (dé-poin-ta-j') ,  s.  m.  Action  de 
dépointer. 

t  DÉPOINTER  (  dé-poin-té  ) ,  v.  a.  Couper  les 
points  qui  tiennent  les  plis  d'une  pièce  d'étoffe. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pot'nt. 

t  DÉPOLARISATION  (dé-po-la-ri-za-sion) ,  s.  f. 
Terme  de  physique.  Action  de  dépolariser. 

f  DÉPOLARISER  (dé-po-la-ri-zé) ,  v.  a.  Termi 
de  physique.  Faire  perdre  l'état  de  polarité.  Dépo- 
lariser un  barreau  aimanté,  lui  faire  perdre  ses  pro- 
priétés magnétiques,  et,  par  conséquent  ses  pôles. 
Il  Faire  cesser  l'état  de  polarisation  de  la  lumière. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  polariser. 

4.  DÉPOLI,  lE  (dé-po-li,  lie),  part,  passé  de 
dépolir.  Qui  n'est  pas  ou  n'est  plus  poli.  Du  verre 
dépoli,  verre  qui  a  subi  le  dépolissage. 

2.  DÉPOLI  (dé-po-ii),  s.  m.  État  de  ce  qui  est 
dépoli.  Le  dépoli  d'une  surface. 

DÉPOLIR  (dé-po-lir),  v.  a.  ||  1°  ôter  le  poli  de 
quelque  chose.  ||  2°  Se  dépolir,  v.  réfl.  Perdre  le 
poli.  Le  fer  se  dépolil  promptement. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  polir. 

t  DÉPOLISSAGE  (dé-po-li-sa-j') ,  s.  m.  Action  do 
dépolir  un  verre,  une  glace,  un  cristal,  ce  qui  fait 
que  la  lumière  passe  il  est  vrai  à  travers,  mais  non 
l'image  des  objets. 

—  ÉTYM.  Dépolir. 

t  DÉPOLISSEMENT  (dé-po-li-se-man) ,  s.  m.  Sy- 
nonyme de  dépolissage. 

DEPONENT  (dé-po-nan),  adj.  m.  Terme  de  gram- 
maire latine.  Un  verbe  déponent  et,  substantive- 
ment, un  déponent,  verbe  qui  a  le  sens  actif  et  la 
forme  passive.  ||  On  dit  aussiau  féminin  :  une  forme  dé- 
ponente; la  conjugaison  déponente.  ||  Semi-déponent 
ou  demi-déponent,  nom  proposé  par  Burnouf  pour 
les  verbes  latins  qui  comme  gaudeo  ont  la  forme  ac- 
tive au  présent  et  aux  temps  qui  s'en  dérivent,  et  la 
forme  passive  gavisus  sum  au  parfait  et  aux  temps 
qui  s'en  tirent.  Les  verbes  français  qui  se  conjuguent 
avec  l'auxiliaire  être  sont  des  semi-déponents  dans 
ce  sens. 

—  ÉTYM.  Lat.  deponens,  de  deponere,  déposer, 
quitter,  parce  que  le  verbe  dépose  le  sens  passif; 
delà  préposition  de,  et  ponere,  poser  (voy.  pondre). 

t  DÉPOPULARISATION  (àé-po-pu -la-fi-za-sion) 
(.  f.  Perte  de  la  popularité. 


DEP 


DEP 


DEP 


1073 


UÉPOPULARISÉ,  ÉK  (dé-po-pu-la-ri-zé,  zée), 
pari,  passé.  Le  ministre  dépopularisé  par  les  me- 
sures fiscales  qu'il  prit. 

DÉPOPCLARISER  (dé-po-pu- la-ri-zé),  V.  a. 
|l  1°  Kaire  perdre  l'affection,  la  faveur  du  peuple. 
|l  2"  Se  dépopulariser,  v.  réfl.  Perdre  sa  popularité, 
l'homme-peuple  est  le  plus  sot  et  le  plus  méchant 
des  hommes;  se  dépopulariser  ou  se  rendre  meil- 
leur, c'est  la  même  chose,  dideb.  Règne  de  Claude 
et  Néron,  u,  36.  Un  mmislère  qui  ne  veut  pas  cou- 
vrir l'insuffisance  des  revenus  par  des  impôts  pour 
ne  pas  se  dépopulariser,  penchaud  liamiuier  (en 
1780),  dans  MOLUEN,  Mém.  d'un  ministre  du  trésor, 

t.  I,p.  74. 

—  REM.  Dépopulariser  ne  se  trouve  dans  le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition 
de  1835. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  populariser. 

t  DÉPOPULATECR  (dé-po-pu-la-teur) ,  s.  m.  Ce- 
lui qui  dépeuple.  Ses  seclaieurs  croyaient  l'hono- 
rer en  l'appelant  le  dieu  des  armées,  le  pÈre  du 
carnage,  le  depopulateur,  l'incendiaire,  baynal, 
tlist.  phil.  V,  (.  Il  Adjectivement.  La  petite  vérole, 
fléau  dépopulateur.  Hordes  dépopulatrices. 

—  ÉTYM.  Voy.  dépopulation;  provenç.  depopu- 
laire;  esp,gn.  depopulador ;  ital.  disprpolatore.  Le 
provençal  depopulaire  est  le  nominatif,  du  latin 
depopnlâtor;  le  régime  serait  depopulador ,  de  de- 
populatôrem. 

DÉPOPULATION  (dé-po-pu-la-sion  ;  en  poésie,  de 
six  syllahes) ,  s.  f.  L'état  d'un  pays  dépeuplé,  ou 
dont  la  population  diminue. 

—  HiST.  XIV*  s.  Pour  chiscune  de  ces  quatre  cau- 
ses peut  venir  déluge  particulier  ou  dépopulation, 
ORESME,  Thèse  de  meunier.  ||  xV  s.  La  dépopulation 
des  ouvriers  du  dict  msstier  qui  estoit  provenue  en 
la  dicte  ville  à  l'occasion  des  guerres,  Statuts  des 
tanneurs  de  Coulommiers ,  dans  Bulletin  du  comité 
de  la  langue,  t.  m,  p.  563.  Quans  chasteauli  et 
faulx  bour{.'3  brûlez,  Quans  édifices  mis  par  terre, 
Quans  pays  robes  et  pillez  Par  ceste  malheureuse 
guerre!  Quel  mal  en  est-il  advenu!  Quelle  depopu- 
lacion  !  martial  de  paris.  Vigiles  de  Charles  VII, 
t.  I,  p.  (0,  dans  LACURNE.  Si  devons  de  ce  avertir  le 
roy  en  luy  requérant  et  conseillant  qu'il  y  mette 
remède  et  fasse  faire  justice  et  raison  de  ceux  qui 
sont  cauae  de  la  dépopulation  du  peuple,  duclos. 
Preuves  de  Louis  XI,  p.  289,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  depopulationem,  ravage,  de  la  pré- 
position de,  etpopulari,  ravager. 

DÉPORT  (dé-por;  le  (  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
Vs  ne  se  lie  pas),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  procédure. 
Action  de  se  récuser  soi-même.  Le  déport  d'un  juge, 
d'un  expert.  ||  2°  Terme  féodal.  Droit  qu'avait  un 
seigneur  de  jouir  du  revenu  d'un  fief,  la  première 
année  après  la  mort  du  possesseur.  ||  Terme  d'église. 
Droit  que  certains  évêques  avaient  de  prendre  le  re- 
venu des  églises  paroissiales  qui  vaquaient  par  mort, 
il  cause  qu'ils  avaient  soin  d'y  faire  célébrer  l'office 
divin.  Imposer  des  taxes  sur  les  bénéfices  sous  le 
nom  de  successions,  déports,  incompatibilités,  volt. 
Louis  XIV,  35.  Il  3°  Terme  de  procédure.  Délai,  re- 
tardement; il  ne  s'emploie  que  dans  la  locution  ad- 
verbiale :  sans  déport,  c'est-à-dire  incontinent,  sur- 
le-champ.  Il  4°  Terme  de  bourse.  Différence  du  loyer 
des  titres  sur  l'intérêt  de  l'argent  quand  elle  est  à  l'a- 
vantage des  titres,  l'acheteur  à  découvert  voulant 
continuer  son  opération  et  se  trouvant  dans  la  né- 
cessité d'emprunter  des  titres.  La  quantité  de  titres 
de  chaque  nature  est  limitée  ;  ainsi  il  y  a  un  nombre 
limité  de  rentes,  un  nombre  limité  d'actions  ou  d'o- 
bligations de  chaque  chemin  de  fer,  etc.  :  supposons 
que  l'on  ait  vendu  à  terme  et  à  une  même  époque 
une  certaine  somme  de  rentes  sans  avoir  les  titres  en 
main,  ce  qui  s'appelle,  en  termes  de  bourse,  vendre 
à  découvert;  comme  on  ne  doit  livrer  ces  titres  qu'à 
l'expiration  du  marché  à  terme,  on  conçoit  parfaite- 
ment qu'une  personne,  dans  l'espérance  de  voiries 
cours  baisser avantl'expiration  du  marché,  ait  vendu 
à  découvert,  c'est-à-dire  sans  posséder  de  titres,  se 
promettant  de  racheter  avant  l'arrivée  de  la  liqui- 
dation; mais  si,  loin  de  baisser,  les  cours  se  sou- 
tiennent, ou  montent  même,  il  est  certain  qu'à  l'ex- 
piration du  marché  il  faudra,  ou  que  le  vendeur 
perde  une  différence  en  rachetant  ce  qu'il  a  vendu 
à  découvert,  ou  bien  qu'il  continue  son  opération, 
comptant  réussir  à  ne  pas  perdre  ou  même  à  gagner 
s'il  a  du  temps  devant  lui.  Dans  ce  dernier  cas  il 
devra  chercher  des  prêteurs  de  titres,  leur  offrant 
un  avantage  qui  sera  d'autant  plus  fort  que  le  nom- 
bre des  personne}  dao»  le  même  cas  sera  plus  grand, 
que  le  nombre  des  prêteurs  sera  restreint,  et  sur- 
tout que  ces  prêteurs  auront  intérêt  à  faire  monter 

DlCT.    DE   LA    LANGUE     FRANÇAIS?. 


les  cours,  et  pour  cela  à  contraindre  les  vendeurs 
à  découvert  à  s'exécuter,  c'est-à-dire  à  racheter. 
C'est  le  prix  du  .service  rendu,  en  ce  cas,  par  le  prê- 
teur de  titres  que  l'on  appelle  déport,  courtois. 
Des  opérations  de  bourse.  ||  B°  Nom  donné,  dans 
certains  départements,  à  une  portion  de  terrain  im- 
posable, enclose  ou  non,  attenant  soit  à  une  mai- 
son d'exploitation  rurale,  soit  à  une  simple  maison 
rurale,  et  servant  de  lieu  de  décharge  ou  de  lieu  de 
dépôt.  Cette  maison  de  ferme  contient  un  are  soixante 
centiares,  sous-sol  et  déport,  i.egoarant. 

—  HIST.  xiii*  s.  Je  desparti  de  lui  [d'elle]  outre 
mon  gré;  C'estoit  la  riens  dont  je  plus  me  douloie; 
Or  a  la  mort  le  déport  coiifermé,  anonyme,  dans 
Couci.  Et  quant  vint  au  jour,  si  contremanda  un 
jour  de  déport  [délai] ,  CAron.  de  Bains,  24o.  Et  s'ele 
a  trop  grosses  espaules,  Por  plaire  as  dances  et  as 
baules,  De  délié  drap  robe  port.  Si  perra  de  mains 
lait  déport,  la  Rose,  13546.  Ge  ne  di  pas  que  bien 
n'en  port.  Et  par  solas  et  par  déport,  Una;  joelet, 
se  ses  amis  Le  li  a  lionné  ou  tramis,  ib.  4696.  Et 
il  avenoit  que,  quant  li  segneur  commandaient  au 
sergant  qu'il  meîst  sor  aucun  quatre  gardes,  il  n'i 
en  metoit  que  deus,  par  déport  ou  por  bonté  qu'il 
en  avoit,  beaum.  liv,  h.  Deux  jovenciaux  mena  au 
port,  Où  mener  soloit  son  déport  [amusement], 
ruteb.  11,  (10.  Il  XV"  s.  Sitost  que  j'encontrerai  un 
homme,  et  je  vous  fais  un  tel  signe,  si  le  tuez  sans 
déport  [délai],  comme  grand  ni  comme  haut  qu'il 
soit,  sans  attendre  autre  parole,  froiss.  i,  i,  65. 
Car,  par  son  bon  commandement,  Lieutenant  vous 
veult  ordonner  De  son  cueur,  en  joyeulx  déport, 
CH.  d'orl.  Bal.  68.  Il  xvi"  s.  Pour  toute  aultre  chose, 
on  les  empale,  ou  descapite  sans  déport,  mont,  iv, 
200.  Le  pape  ne  peut  lever  aucune  chose  sur  le  re- 
venu du  temporel  des  bénéfices,  sous  prétexte  d'em- 
prunt, impost,  vacant,  despouille,  succession,  de- 
port,  incompatibilité,  p.  pithou,  t4. 

—  ÉTYM.  Voy.  déporter;  Berry,  déport,  retard; 
provenç.  déport,  amusement;  espagn.  déporte  ;  ital. 
dipnrto.  Outre  le  sens  de  délai,  déport,  dans  l'an- 
cienne langue,  a  le  sens  de  manière  d'être  du  corps 
et  celui  d'amusement. 

DÉPORTATION  (dé-por-ta-sion  ;  en  poésie,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Action  de  déporter  hors  du  pays. 
Il  Dans  l'ancienne  Rome,  espèce  de  bannissement, 
qui  différait  de  l'exil  et  qui  commençait  par  l'inter- 
diction de  l'eau  et  du  feu,  ce  qui  obligeait  le  con- 
damné de  s'éloigner  du  lieu  dans  les  limites  duquel 
cette  sentence  avait  toute  sa  force  ;  elle  était  pour 
toute  la  vie;  autre  différence  d'avec  l'exil  et  la 
rélégation  qui  pouvaient  ne  durer  qu'un  temps.  ||  Au- 
jourd'hui, peine  qui  consiste  à  exiler  quelqu'un 
dans  un  lieu  déterminé,  et,  plus  spécialement,  à  lui 
faire  subir  sa  détention  hors  du  territoire  français. 
Us  sont  condamnés  à  la  déportation. 

—  ÉTYM.  Lat.  depor(o(io ,  dedeporfore,  déporter. 

DÉPORTÉ,  ÉE  (dé-por-lé,  tée),  par*,  passe.  Con- 
damné à  la  déportation.  Déporté  à  Cayenne.  ||  Sub- 
stantivement. Un  déporté.  Les  déportés. 

DÉPORTEMENT  (dé-por-te-man) ,  s.  m.  ||  1°  Con- 
duite bonne  ou  mauvaise.  Les  mauvais  déportements 
des  jeunes  gens  viennent  le  plus  souvent  de  leur 
mauvaise  éducation,  mol.  Scapin,  ii,  t.  Je  crois 
qu'on  ne  voit  rien  dans  mes  déportements  Qui  puisse 
mériter  ces  mauvais  traitements,  tristan,  Marianne, 
II,  2.  Il  Ce  sens  a  vieilli.  ||  2°  Au  plur.  Mauvaise  con- 
duite, mœurs  dissolues.  Sur  leurs  déportements  il 
faut  fermer  les  yeux,  rotrou,  Vencesl.  iv,  t.  Ses 
déportements  donnent  prise  à  tout  le  monde,  le 
COMTE  DE  Bussi,  dans  richelet.  Qu'il  peste  contre 
vous  d'une  belle  manière.  Quand  vos  départements 
lui  blessent  la  visière,  mol.  l'Ëlour.  i,  2.  Si  vous 
êtes  las  de  me  voir,  je  suis  bien  las  aussi  de  vos  dé- 
portements, ID.  Festin,  IV,  6.  ||  3°  Terme  de  mode- 
leur. Dimension  superflue,  destinée  à  compenser 
le  retrait  qu'un  modèle  en  terre  doit  éprouver. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ayant  tant  faict  d'insignes  et  va- 
leureux gestes ,  braves  et  admirables  deportements, 
carl.  VI,  29.  Ce  doibt  estre  un  grand  contentement 
à  un  père  vieil  de  mettre  luy  mesme  ses  enfants  en 
train  du  gouvernement  de  ses  affaires,  et  de  pou- 
voir pendant  sa  vie  contrerooUer  leurs  deportements, 
MONT.  II,  77. 

—  ÉTYM.  Déporter. 

DÉPORTER  (dé-por-té),  v.  a.  \\  1°  Transporter 
quelqu'un  dans  un  lieu  d'oii  il  ne  doit  point  sortir. 
On  a  déporté  les  coupables.  ||  2°  Se  déporter,  v.  réfl. 
Se  désister,  s'abstenir.  Ce  magistrat  s'est  déporté 
par  délicatesse.  Quant  au  cardinalat,  le  prince  de 
Conti  s'en  déporterait,  ou  la  cour  demanderait  deux 
chapeaux,  la  rochef.  Mém.  47.  Ils  se  garderaient 
bien  de  leur  témoigner  le  moindre  mépris  ni  de  s'ar- 


roger une  supériorité  dont  ils  se  déporteraient  vo» 
lontiers  en  leur  faveur,  bourd.  Pensées,  t.  ii,  p.  ï02. 
11  faut  que  cette  fille  se  déporte  de  sa  poursuite,  à 
condition  que  M.  Guillaume  consentira  à  ce  mariags^ 
BRUEVs,  Avocat  pat.  m,  9. 

—  HIST.  xti'  s.  Soz  une  olive  se  sist  por  déporter 
[avoir  du  plaisir],  Ronc.  p.  I.  Beie  pour  qui  |je| 
chant  etdeport  [joue],  merci!  Couci,  IV.  Car  Charce j 
les  déporte  [favorise]  et  nous  tient  si  destrois,  Sax. 
xviii.  Il  XIII'  s.  Et  por  ce  qu'ils  sevent  <iue  je  sui  à 
si  grant  meschief,  voelent  que  je  me  déporte  [re- 
nonce à]  de  toute  cette  tierie,  H.  de  valenc.  xix. 
Et  lors  faire  jurer  à  ces  quatre  preudomes  noveaus 
esleus  les  sermenz  devant  diz,  et  lors  doit  il  les  qua- 
tre premiers  esleus  déporter  de  leur  services,  Liv. 
des  met.  t34.  Et  ki  onques  trespasseroit  cest  ban, 
il  seroit  à  dix  livres  [d'amende],  et  si  perdeioit  l'oe- 
vre  ki  ne  seroit  ouvrée  au  fuer  [titre]  ki  est  dis, 
et  se  li  convenroit  déporter  de  l'ouvrage  un  an, 
TAiLLiAR,  Recueil,  p.  240.  La  roche  porte  un  bois 
doutalile.  Dont  li  arbre  sont  merveillable  :  L'un  e^t 
brehaigne  et  riens  ne  porte;  L'autre  en  fruit  porter 
se  déporte  [se  complaîtj,  la  Rose,  5974.  Amors  l'a- 
voit  [la  flèche]  faite  à  ses  mains,  Por  les  fins  aman.s 
conforter.  Et  por  lor  maus  miex  déporter  [adoucir], 
ib.  1866.  Se  il  connoist  les  loiax  des  triceurs,  il 
porra  et  devra  les  loiax  traire  près  de  li  et  conforter 
et  déporter,  s'il  ont  mestier  de  confort  et  de  depo'  t, 
BEAUM.  24.  11  avient  souvent  que  li  rice,  qui  .suiit 
gouverneur  des  besongnes  de  le  [la]  vile,  metent 
mains  [moins]  qu'il  ne  doivent,  eus  et  lor  parens, 
et  déportent  [déchargent]  les  autres  rices  homes, 
por  ce  qu'il  soient  déporté,  et  ensi  cort  tous  li  très 
sor  le  commun  des  povres,  id.  l,  <o.  Puisqu'eles 
sunt  prudes  femes  de  lor  cors,  elles  doivent  estre 
déportées  moult  d'autres  vices,  id.  lvii,  6.  Et  aussi, 
se  li  accusés  se  veut  desporter  d'eslre  tesmoins,  il 
ne  convient  pas  qu'il  en  face  plus  se  il  ne  veut,  id. 
VI,  16.  Il  XV'  s.  Li  maire  et  les  pers  jureront  que  nulz 
de  la  commune  par  amitié  ilz  ne  déporteront  [exemii- 
teront],  ou  niilz  par  inimitié  ne  blecheront  [sur- 
chargeront], Ordonn.  sept.  U85.  Et  lui  fit  prier  que 
pour  Dieu  il  se  voulust  déporter  et  retraire,  froiss. 
1,  I,  88.  Or  nous  deporterons-nous  de  parler  de  la 
matière  des  deux  rois....  id.  i,  i,  t46.  Et  se  tail- 
loient  les  riches  [de  Gand] ,  et  deportoient  [e.xemp- 
taient]  les  pauvres,  m.  ii,  ii,  12I.  Et  escripvit  au 
roy,  lui  suppliant  qu'il  se  voulsist  déporter  de  ceste 
entreprinse,  comm.  ii,6.  ||  xvi' s.  Aulcuns  lui  tin - 
drent  compaignye ,  les  aultres  s'en  depourtarent, 
rab.  Car.  i,  4i.  De  tout  ce  négoce  je  me  depour- 
loys  [remettais]  sus  vostre  bonne  voulenté  et  pater- 
nel commendement,  id.  Pant.  m,  48.  Comme  de 
fait  je  me  suis  toujours  déporté  de  paroles  outra- 
geuses  et  piquantes,  et  ai  presque  partout  tellement 
attrempé  mon  style,  qu'il  a  esté  plus  propre  à  en- 
seigner qu'à  tirer  par  force,  cal  vin,  29.  Deporte-toi 
de  m'affliger,  et  je  serai  remis  en  vigueur,  id.  toi. 
J'ai  si  grand  honte  de  raconter  telles  vilenies,  que 
je  me  déporte  de  passer  outre,  id.  Instit.  64.  Si 
cuida  Theseus  au  commencement  user  de  force, 
mais  il  fut  contraint  par  les  brigues  et  menées  de 
ses  adversaires  de  s'en  déporter,  amyot.  Thés.  43. 
Les  ambassadeurs  dirent  que  Tarquinius  se  depor- 
toit  de  plus  vouloir  rentrer  en  son  royaume  et  de 
faire  la  guerre,  id.  Puhl.  4.  Cest  Antiphates  avoit 
autrefois  esté  beau  jeune  garson,  et  lors  s'estoit 
déporté  [conduit]  fièrement  envers  luy  sans  en  faire 
compte,  ID.  ïhém.  35. 

—  ÉTYM.  Berry,  se  déporter,  s'exempter;  pro- 
venç. et  espagn.  deportar;  ital.  diportare;  du  latin 
deportare,  de  la  préposition  de,  elportare,  porter. 

I  DÉPORTUAIRE  (dé-por-tu-ê-r'),  s.  m.  Terme 
de  droit  canon.  Celui  qui  était  chargé  du  déport 
d'uu  bénéfice  pendant  l'année  où  il  était  vacant, 

—  ÉTYM.  Déport. 

t  DÉPOSABLE  (dé-pô-za-bl") ,  adj.  Qui  peut  être 
mis  en  dépôt.  Cette  somme  est  déposable  à  la  caisse 
d'épargne. 

—  ÉTYM.  Déposer. 

DÉPOSANT,  ANTE  (dé-pô-zan,  zan-t') ,  ad). 
Il  1°  Terme  de  procédure.  Qui  fait  sa  déposition  devaiit 
le  juge.-  Tels  et  tels  témoins  déposants.  ||  Substanti- 
vement. Tous  les  déposants  disent  la  même  chose. 
La  déposante  a  ajouté.  ||  Plus  n'en  sait  le  déposant, 
formule  de  pratique,  dont  on  se  sert  aussi  làmiliè- 
rement  pour  indiquer  qu'on  a  dit  tout  ce  qu'on  sa- 
vait. Il  2°  Celui  qui  fait  un  dépôt.  |{  Celui,  celle  qui 
fait  un  dépôt  à  la  caisse  d'épargne,  ou  dans  tout 
autre  établissement.  U  y  a  eu  cette  semaine  à  la 
caisse  d'épargne  presque  autant  de  déposantes  q'.e 
de  déposants. 

t  DÉPOSE  (dé-pô-z'),  s.  f.  Terme  de  constructiou, 

1.  --     136 


1074 


DÉP 


Enlèvement  d'un  objet  scellé,  «l'une  pièce  de  char- 
pente, etc.  Il  On  (lit  dans  le  mfimo  sens  dépose  de 
ridaaiix  de  lit  ou  de  fenêtre. 

—  ETYM.  Voy.  DEPOSER. 

DËl'OSÉ,  JÎK  (dé-pO-zé,  zée),  part,  passé.  \\  1°  Mis 
bas.  Un  fardeau  déposé.  ||  2''  Mis  en  dépôt.  De  l'ar- 
gent déposé  cliez  un  banquier.  ||  3°  Abdiqué.  La  di- 
gnité impériale  déposée  par  Cliarles-Quint.H  4°  A  qui 
on  a  ôié  une  dignité.  L'empereur  Louis  le  Débon- 
naire déposé  par  ses  sujets.  Mustapha  fut  pris,  dé- 
posé en  cérémonie,  et  son  frère  tiré  du  sérail  pour 
devenir  sultan,  volt.  Charles  XU,  6. 

«ÉPOSEH  (dé-pô-zé),  v.a.  Il  1°  Poser  une  chose 
que  l'on  portait.  Il  déposa  son  fardeau.  Du  tonnerre 
vengeur  s'en  va  tout  embraser,  Et,  tranquille,  à  ses 
pieds  revient  le  déposer,  kac.  Esih.  prol.  \\  Déposer 
son  fardeau,  se  dit  quelquefois  d'une  femme  qui  ac- 
couche. Il  Déposer  le  masque,  ôtcr  le  masque  qui 
couvre  le  visage;  et  fig.  se  montrer  tel  qu'on  est, 
ne  plus  rien  dissimuler.  ||  Kig.  Déposer  sa  fierté, 
quitter  la  fierté  qu'on  avait.  Je  dépose  à  vos  pieds  l'é- 
clat de  leur  faux  lustre,  corn.  Po/y.  v,  6.  Celui  qui  se 
propose  de  trouver  la  vérité  déposera  ses  préjugés, 
BiDF.FOT,  Opin.  (tes  anc.  phil.  {Thomasius).  Comme 
un  poids  importun ,  déposez  votre  haine,  delav. 
Paria,  v,  2.  Déposer  le  fardeau  des  misères  hu- 
maines, Est-ce  donc  li  mourir?  lamart.  ilédit.i,  27. 
Il  2°  Mettre  (sans  idée  accessoire).  U  est  défendu  de 
déposer  des  ordures  le  long  de  ce  mur.  |1  Déposer 
son  fardeau,  se  dit  trivialement  de  quelqu'un  qui 
va  à  la  selle.  ||  3"  Laisser  aller  au  fond  les  parties 
épaisses,  en  parlant  d'un  liquide.  Le  Nil  dépose  cha- 
que année  un  limon  fécond.  ||  Alreolument.  Cette 
liqueur  dépose.  Ce  vin  a  beaucoup  déposé.  ||  4°  Mettre 
pour  quelque  temps  une  chose  dans  un  lieu.  Dé- 
poser sa  canne  à  la  porte  d'un  spectacle.  Déposer 
des  marchandises  en  lieu  sûr.  ||  6°  Mettre  en  dépôt. 
Déposer  un  testament  chez  le  notaire.  Déposer  de 
l'argent  à  la  caisse  d'épargne.  Le  cultivateur  s'est 
vu  forcé  de  déposer  ses  récoltes  dans  les  magasins 
du  gouvernement,  raynal,  Ilist.  philos,  v,  (4. 
Il  Déposer  une  plainte,  remettre  une  plainte  à  l'au- 
torité judiciaire.  (I  Par  extension,  remettre.  Le  cœur 
me  battaitde  joie  durant  la  roule,  et  le  moment  où  je 
déposai  cet  argent  dans  ses  mains,  me  fut  mille  fois 
plus  doux  que  celui  où  il  entra  dans  les  miennes, 
j.  J.  Roiiss.  Confess.  vi.  ||  Fig.  Il  dépose  .ses  secrets 
dans  le  sein  de  son  ami.  Voulez -vous  sauver  quelque 
chose  de  ce  débris  si  universel,  si  inévitable?  don- 
nez à  Dieu  vos  affections;  nulle  force  ne  vous  ra- 
vira ce  que  vous  aurez  déposé  en  ses  mains  divi- 
nes, Boss.  Duch.  d'Orl.  \\  6°  Donner  en  garantie. 
Déposer  un  cautionnement..  ||  7°  Se  démettre,  abdi- 
quer. Sylla  déposa  la  dictai  ure.  Il  me  semble  sur- 
tout incessamment  le  voir  Déposer  en  nos  mains  son 
absolu  pouvoir,  corn.  Cinna,  m,  2.  ||  8°  Dépouiller 
une  personne  d'une  magistrature,  d'une  dignité 
élevée.  Patrobe,  Polyclète,  et  .Narcisse  et  Pallas  Ont 
déposé  des  rois,  ont  donné  des  États,  corn.  Othon, 

II,  2.  Les  évêques  que  l'Église  veut  déposer,  pasc. 
Prov.  ta.  On  ordonna  que  tous  ceux  qui  refuseraient 
de  souscrire  à  ces  deux  nouveaux  articles  de  foi,  se- 
raient exclus  et  déposés  du  ministère  et  de  toute 
fonction  ecclésiastique,  BOSs. Far.  xiv,  §I2|.  Jepuis 
faire  les  rois,  je  puis  les  déposer,  rac.  Bérén.  ui,  l. 
Il  9°  Terme  de  construction.  Démonter  un  objet 
posé  à  demeure,  faire  la  dépose.  ||  On  dit  dans  le 
même  sens,  déposer  des  rideaux  de  lit  ou  autres. 
Il  10"  V.  n.  Faire  sa  déposition  comme  témoin,  ren- 
dre témoignage.  Déposer  en  faveur  de  quelqu'un. 
11  déposa  qf'il  avait  vu  r.iccusé.  Il  déposa  avoir 
entendu  dire  que.  Des  témoins  qui  déposent  de 
la  même  vérité,  BOSs.  Hist.  ii,  < a.  Il  déposa  d'un 
fait  qu'il  ne  pouvait  ignorer,  id.  Uesse.  Pourtjuoi 
contre  vous-même  allez-vous  déposer?  rac.  Phèd. 

III,  3.  C'est  l'ennemi  de  Jésus-Christ  qui  dépose 
en  faveur  de  son  innocence,  mass.  Car.  Pass.  Les 
mondains  déposent  tous  contre  le  monde ,  m. 
Cor.  Mélange.  ||  Fig.  Ce  monument  [un  Mémoire 
écrit  par  Louis  XIV  à  propos  de  la  guerre  de  la  suc- 
cession] dépose  à  la  postérité  en  faveur  de  la  droi- 
ture de  son  Ame  [de  Louis  XIVJ,  volt.  Louis  XIV, 

*8 Sont  autant  de  témoins  dont  le  cri  glorieux 

A  déposé  pour  vous  au  tribunal  des  dieux,  m.  Sé- 
miram.  i,  5.  ion  génie  dépose  contre  tes  prin- 
cipes, J.  J.  Rouss.  Ém.  IV.  Il  U*  Se  déposer,  v.  réft. 
Etre  mis  en  dépôt.  Les  sommes  qui  se  déposent  à 
U  caisse  d'épargne.  ||  Abdiquer,  quitter  le  pou- 
voir, une  dignité.  Les  empereurs  qui  se  déposaient, 
BOSS.  7/«(.  I,  )o.  Il  Aller  au  fond,  en  parlant  des 
impuretés  d'un  liquide.  Le  limon  se  dépose  quand 
i'eau  est  tranquille. 

—  USM  L'Académie,  en  parlant  de  déposer,  faire 


DIÎP 

une  déposition,  dit  qu'il  est  ordinairement  neutre; 
et  elle  ne  donne  aucun  exemple  de  l'emploi  à  l'actif. 
Mais  au  mot  déposition  elle  dit  que  ce  mot  signi- 
fie ce  qu'un  témoin  dépose  et  affirme  par  devant 
le  juge  qui  l'entend;  dans  ce  qu'un  témoin  dépose 
elle  le  fait  actif.  Déposer  est  naturellement  actif; 
et  l'on  peut  dire  déposer  un  témoignage  et  puis, 
elliptiquement  ou  intransitivement,  déposer  en  jus- 
tice, déposer  contre  quelqu'un.  Cela  remarqué,  il 
semble  que  déposer  ne  peut  être  actif  en  ce  sens 
qu'avec  témoignage  ou  un  mot  analogue;  et  que  , 
partout  ailleurs ,  le  plus  sûr  et  le  plus  clair  paraît 
être  d'en  faire  un  verbe  neutre,  et  de  dire  non  dé- 
poser un  fait,  mais  déposer  d'un  fait. 

—  HIST.  XII*  s.  Il  déposât  les  puissanz  del  siège, 
eshaiçat  les  humies,  liber  psalm.  p.  253.  Le  roi  de 
France  cui  je  [pensé-jel  tost  desposer,  Et  de  son 
chief  fors  la  corone  ester.  Bat.  d'Àleschans,  v. 
2808.  Que  s'il  le  vunt  devant  l'apostolie  apeler, 
K'ensi  le  purrunt  bien  de  sun  sié  déposer.  Th.  le 
mart.  42.  Et  se  nul  ad  tenu  séculiers  poestez,  E  par 
celés  purchast  [acquière]  divines  dignitez,  Ostez  seit 
(le  comune  e  del  tut  déposez,  ib.  127.  Kar  li  reis 
nel  fait  pas  pur  nului  déposer.  Mais  pur  ço  qu'il 
voldreit  l'arcevesque  mater.  Se  à  sa  volenté  ne  le 
peust  aturncr,  ib.  26.  ||  xui*  s'  Roi,  je  t'ai  servi  dès 
t'enfance;  Mais  cil  qui  tiennent  ta  balance  M'ont  de- 
posé,  Un  dit  de  verilé.  Des  murs  de  Douai  l'ost  [ils] 
esgardent,  Qui  les  biens  d'environ  (lespose[gardeJ, 
G.  GL'iART,  Ifs.  f°  294,  dans  LACL'RNE.  ||  XV'  S.  Quand 
il  sut  comment  le  roi  [Edouard  11]  avoit  esté  pris  et 
déposé  de  sa  couronne,  froiss.  i,  i,28.  Pour  un  il  en 
trouvera  dix,  Qui  contre  moi  déposeront  [témoigne- 
ront]. Patelin.  \\  xvi"  s.  Il  feut  déposé  de  Testât  de 
capitaine  gênerai,  mont,  m,  (96.  Un  gendre  entre 
les  mains  de  qui  je  déposasse  en  toute  souveraineté 
la  conduite  de  mes  biens,  id.  iv,  7B.  Cela  mesme 
qu'un  tesmoing  deposoit  pour  l'avoir  veu  de  ses 
yeulx,  ID.  IV,  183.  Collatinus  se  déposa  luy  mesme 
voluntairement  du  consulat,  amyot,  Publ.  <2.  11 
voulutque  le  temple  de  Saturne  fustle  trésor  publi- 
que, auquel  on  (ieposeroit  fout  l'argent  qui  se  le- 
veroit  sur  le  peuple,  ID.  Publ.  22.  Il  produisit  au 
conseil  quelques  esclaves  ,lesquelz  déposèrent  qu'Alci- 
biadeset  autres  siens  familiers  avoient  ainsi  mutilé 
quelques  autres  images,  id.  Àlc.  33.  Qu'il  falloitque 
la  promesse  de  la  vie  ou  autre  chose  lui  eussent 
faict  déposer  contrôla  vérité,  d'au».  Uist.  i,  iso. 

—  ÈTYil.  Dé....  préfixe,  el  poser  ;  provenç.  de- 
pausar  ;  espagn.  deposar.  Voy.  poser  pour  la  con- 
fusion des  radicaux  entre  poser  (pauser) ,  et  le  latin 
posilum. 

t  DÉPOSEUR  (dé-po.-zeur) ,  *.  m.  Celui  qui  dé- 
pose, qui  ôte  une  dignité.  Or  est-il  que  Ravaillac, 
Grégoire  VII  et  consorts,  assassins  et  déposeurs  de 
rois,  n'étaient  brin  philosophes,  u'alembert,  Lett. 
à  Voltaire,  < 8  juin  1773. 

—  ÉTYM.  Déposer. 

DÉPOSITAIRE  (dé-pô-zi-tè-r") ,  ».  m.  et  f.  ||  1°  Per- 
sonne à  qui  l'on  confie  un  dépôt.  Dépositaire  d'un 
trésor,  d'une  lettre.  Un  dépositaire  infidèle.  C'est  mon 
dépositaire ,  c'est  celui  chez  qui  je  fais  mes  dépôts.  Et 
de  dépositaire  et  de  libérateur  U  s'érige  en  tyran  et 
lâche  usurpateur,  corn.  Rodog.  ii,  3.  ||  2°  Par  ex- 
tension .  il  se  dit  de  celui  ou  de  celle  à  qui  l'on  re- 
met quelque  chose  de  comparé  à  un  dépôt.  U  a  voulu 
demeurer  le  dépositaire  de  ses  propres  charités,  pa- 
TBU,  Plaidoyer  3,  dans  richelet.  Lorsque  les  pè- 
res cessent  de  vivre,  ils  rendent  les  mères  dépositai- 
res de  leur  pouvoir,  id.  ib.  27.  Si  de  mes  jeunes  ans 
il  est  dépositaire,  corn.  Nicom.  i,  1.  Ces  dieux  vos 
souverains  et  le  roi  votre  père  De  leur  pouvoir  sur 
vous  m'ont  fait  dépositaire,  id.  ib.  m,  <.  Et  qui  la 
sacrifie  [la  justice]  aux  tendresses  de  père,  Est  d'un 
pouvoir  si  saint  mauvais  dépositaire,  id.  Tois.  d'or. 
Il,  B.  Dépositaire  du  vrai,  pasc.  dans  cousin.  Les 
Juifs,  qui  étaient  les  dépositaires  de  la  religion, 
BOSS.  Uist.  II,  6.  Delà  religion  les  saints  dépositai- 
res, BAC.  Baj.  II,  3.  Roxane  vit  le  prince;  elle  ne 
put  lui  taire  L'ordre  dentelle  seule  était  dépositaire, 
id.  )6.i,  (,  Elleestdemsssermentsseule  dépositaire, 
10.  Iphig.  IV,  0.  Vous  devenez  le  dépositaire  des  se- 
crets, FÉN.  Tél.  XIV.  Recommandant  votre  enfance 
à  la  tendre  et  respectable  dépositaire  de  votre  pre- 
mière éducation,  mass.  Pet.  car.  Exempl.  des  gr. 
L'Académie,  dépositaire  des  bienséances  et  de  la 
pureté  du  goût,  id.  Remerc.  à  l'Acad.  franc.  Dépo- 
sitaire des  plus  secrets  sentiments  de  ceux  mêmes 
qui  passent  pour  les  heureux  du  siècle,  id.  Pro- 
fess.  relig.  i.  Les  grands  sont  les  auteurs  du  bon- 
heur du  vulgaire;  Le  vulgaire,  à  son  tour,  est  le 
dépositaire  De  la  célébrité  des  grands,  gilb.  U  Prince 
de  Satm.  Je  plains  ton  abandon ,  ta  douleur  solitaire; 


DÉP 

Pas  un  cœur  qui,  du  tien  zélé  dépositaire,  Vienne 
adoucir  ta  plaie,  apaiser  ton  elTroi,  Et  consoler  tes 
pleurs  et  pleurer  avec  toi!  a.chén.  Ép.  i.  ô  Lycusl 
l'homme  lieureux,  tel  qu'un  dieu  sur  la  terre.  Des 
biens  de  l'indigence  est  le  dépositaire,  uillev.  Élég. 
liv.  II,  Homère.  \\  3°  Fig.  Il  se  dit  des  choses.  Sou- 
vent ce  cabinet  superbe  et  solitaire  Des  secrets  de 
Titus  est  le  dépositaire,  rac.  Bérén.  i,  (.  On  dirait 
que  les  temps  écoulés  sont  tous  dépositaires  à  leur 
tour  d'un  bonheur  qui  n'est  plus,  m"'  de  .stael,  Co- 
rinne. Il  4°  Dans  les  communautés  religieuses,  celui, 
celle  qui  a  la  garde  de  l'argent,  des  archives.  Ladé- 
posi taire  fait  toute  seule  et  la  recette  et  la  dépense, 
patru.  Plaidoyer  (6.  dans  richelet.  Tandis  qu'elles 
cherchaient  là-dessous  du  mystère,  Passe  un  Mazet 
portant  à  la  dépositaire  Certain  fardeau  peu  néces- 
saire, LA  font.  Tableau. 

—  HIST.  XVI'  s.  Cest  accord  faict  entre  eulx,  ilz 
eleurent  pour  dépositaire,  tesmoing  et  arbitre  Ca- 
ton,  AMYOT,  Cat.  d'Utiq.  B9.  De  longue  main  chez 
moy,  nous  avons  part  à  la  louange  de  Lycurgus  Athé- 
nien, qui  estoit  gênerai  dépositaire  et  gardien  des 
bourses  de  ses  concitoyens,  mont,  iv,  93. 

—  ÉTYM.  Lat.  dcpositarius,  de  depositum,  Bupin 
de  deponere,  de  la  préposition  de,  et  ponere,  poser 
(voy.  pondre);  provenç.  depoîitan;  espagn.  elital. 
depositario. 

t  DÉPOSITECR,  TRICE  (dé-pô-zi-teur,  tri-s'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  a  fait  un  dépôt  de  mar- 
chandises. 

—  ÉTYJI.  Lat.  depositor,  de  depositum,  supin  de 
deponere,  déposer  (voy.  dépositaire). 

DÉPOSITION  (dé-pô-zi-sion ;  en  poésie,  de  cinq 
syllabes) ,  s.  f.  ||  1°  Action  de  déposer,  de  poser  hors, 
de  remettre.  La  déposition  d'inscriptions  de  rente. 
Peu  usité  en  ce  sens  qui  est  le  sens  propre.  ||2°  Ac- 
tion de  déposer,  de  destituer  une  personne  élevée 
en  dignité.  La  déposition  d'un  empereur,  d'un  évo- 
que. Il  lui  enjoint  de  comparaître  sous  peine  de  la 
perte  de  son  royaume  et  de  sa  déposition,  mau- 
CBOix,  Schisme,  liv.  i,  dans  richelet.  Pour  une 
déposition  dans  les  formes,  il  fallait  une  assemblée 
générale  de  tous  les  évêques  de  la  province,  fléch. 
Uist.  de  Théodose,  iv,  68.  ||  3°  Terme  de  procédure. 
Action  de  déposer,  de  remettre  un  témoignage;  ce 
qu'un  témoin  affirme  en  justice.  Oui,  voilà  M.  le 
commissaire  qui  a  reçu  sa  déposition,  mol.  l'Av. 
V,  B.  Les  juges  n'ont  la  liberté  de  juger  que  selon 
les  dépositions  des  témoins  et  selon  toutes  les  autres 
formes  qui  leur  sont  prescrites, pasc.  Prov.  14.  Tous 
disent  qu'ils  ontvu,  et  leur  déposition  a  toute  l'au- 
thenticité possible,  DIDER.  Pens.phil.  B4. 

—  HIST.  XV*  s.  Nous  sommes  acertés  de  la  trahi- 
son que  ces  rihauds  moines  nous  ont  fait,  par  la 
déposition  de  l'un  d'eux  et  par  nos  femmes,  loijisxi, 
iVouD.  XXXI.  Il  XVI*  s.  l'ar  où  l'on  cognut  évidem- 
ment, que  toute  sa  déposition  estoit  fausse,  amyot. 
Aie.  36.  Montluc  parloit  de  devenir  collonel  par  la 
déposition  de  Dandelot,  d'aub.  Hist.  i,  <04. 

—  ÉTYM.  Voy.  dépositaire;  provenç.  depositio  ; 
espagn.  deposicion;  ital.  deposixione  ;  du  latin  de- 
positionem. 

t  DÉPOSITOIRE  (dé-pô-zi-toi-r'),  t.  m.  Nom 
donné,  dans  quelques  localités,  au  lieu  où  l'on  dé- 
pose les  corps  des  morts,  avant  de  les  enterrer,  et 
jusqu'à  ce  que  la  décomposition  putride  commence 
à  se  manifester. 

—  ETYM.  Déposer. 

DÉPOSSÉDÉ,  ÉE(dé-po-sé-dè,dée),  part,  passé. 
Qui  a  été  privé  d'une  possession.  Dépossédé  du  bien 
de  ses  aïeux.  Qui  se  trouve  malheureux  de  n'être  pas 
roi,  sinon  un  roi  dépossédé?  pasc.  Grand.  8.  Toi 
qui  devais  toujours  craindre  d'être  trahi,  dépossédé 
et  puni  de  ton  usurpation,  fén.  Dial.  des  morts  anc. 
Solon,  Pisistrate. 

DÉPOSSÉDER  (dé-po-sé-dé.  La  syllabe  si  prend 
un  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est 
muette  :  je  dépossède;  excepté,  suivant  l'exception 
anomale  de  l'Académie,  au  futur  et  au  conditionnel  : 
je  déposséderai,  je  déposséderais),  v.  a.  Enlèvera 
quelqu'un  la  possession  de  quelque  chose.  Dépos- 
séder quelqu'un  de  ses  biens.  Romulus  et  Rémus 
rétablirent  dans  le  royaume  d'Albe  leur  grand-père 
Numitor  que  son  frère  Amulius  en  avait  dépossédé, 
BOSS.  Uist.i,  7.  Le  roi  de  son  pouvoir  se  voit  dé 
possédé,  RAC.  Jphig.  v,  3.  Un  étranger  venu  de 
Phénicie,  ayant  dépossédé  le  roi  légitime,  avait  pris 
sa  place,  bollin,  Uist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p.  30», 
dans  pouGENS. 

—  HIST.  XIII*  s.  0  dieux,  d'entre  les  tiens  feels  les 
oste  vertueusement,  et  si  les  desposse  de  terrienne 
seigneurie.  Psautier,  f"  70.  || ivi*  s.  Le  roy  de Pers» 
faisoit  préparer  une  grosse  armée  de  mer,  pour 


I 


DEP 

débouter  et  déposséder  les  Lacademoniens  de  la  sei- 
gneurie de  la  marine ,  amyot  , Â  gésil.  7 .  N'inachetuen, 
seigneur  indois,  ayant  senti  le  premier  «vent  de  la 
délibération  du  vice  roy  portugais  de  le  desposseder 
de  la  charge  qu'il  avoit  en  Malaca,  mont,  ii,  35. 

— ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  posséder;  provenç.  dei- 
posseiir;  catal.  desposseir;  espagn.  desposeer. 

DÉPOSSESSION  (dé-po-sè-sion  ;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes;,  s.  f.  Terme  de  jurisprudence.  Action 
de  déposséder  quelqu'un;  état  d'une  personne  dé- 
possédée. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  possession. 
DÉPOSTÉ,    ÉE   (dé-po-sté,   stée),    part,   passé. 

L'ennemi  déposté  des  hauteurs  qu'il  occupait. 

DÉPOSTER  (dé-po-sté),  V.  a.  Terme  de  guerre. 
Chasser  l'ennemi  d'un  poste,  d'une  position.  Le 
prince  d'Orange  avait  mis  toute  sa  science  pour  dé- 
poster M.  de  Luxembourg,  st-sim.  < ,  30.  Il  y  avait 
deux  partis  à  choisir,  l'un  de  déposter  les  ennemis 
de  vive  force,  l'autre  de  jeter  des  secours  dans  Lille, 
ID.  208,  B3.  Il  Se  déposter,  v.  réfl.  Quitter  un  poste. 
Les  ennemis  ont  été  forcés  de  se  déposter.  Lettre 
du  roi  sur  la  prise  de  Namur,  du  4  oct.  <74G,  dans 

HICIIELET. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  poste,  s.  m. 
DÉPÔT  (dé-pô;le(  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  !'*•  se 

lie  :  des  dé-p6-z  en  argent),  s.  m.  ||  1»  Ce  qu'on  a 
déposé,  donné  en  garde,  pour  être  rendu  ou  em- 
ployé à  la  volonté  du  déposant.  Retirer  un  dépôt.  Le 
dépôt  fut  rendu  fidèlement.  Le  dépôt  est  une  chose 
sacrée.  Nier,  violer  un  dépôt.  ||  Caisse  des  dépôts  et 
consignations,  caisse  créée  le  28  avril  isie,  spé- 
cialement destinée  à  recevoir  et  à  administrer  les 
fonds  provenant  de  consignations  judiciaires,  de  cau- 
tionnements, de  dépôts  volontaires,  etc.  et  à  faire 
le  service  d?s  fonds  de  retraite.  ||  Être  en  dépôt, 
être  confié.  Mettre  en  dépôt,  confier.  Avoir  en  dé- 
pôt, garder  à  titre  de  dépôt Sais-tu  parquet 

mysière  Je  les  laissais  tous  deux  [les  deux  prin- 
ces] en  dépôt  chez  mon  frère?  corn.  Ilodog.  u, 
s.  Jusqu'à  ce  que  les  passages  [les  défilés]  soient  mis 
en  dépôt  dans  vos  mains ,  fén.  Tél.  xi.  Adraste 
avait  mis  cette  ville  en  dépôt  entre  les  mains  des 
Lucaniens,  m.  Tél.  xx.  Du  droit  de  commander  je 
ne  suis  point  jaloux.  Je  ne  l'ai  qu'en  dépôt  et  je  vous 
l'abandonne,  corn.  Sertor.  m,  2.  Ce  peuplr,  auquel 
il  a  mis  en  dépôt  les  prophéties,  pasc.  Fig.l.  J'aime 
à  mettre  mes  sentiments  en  dépôt  entre  les  mains 
d'un  homme  comme  lui,  sÉv.  Bt.  |{  Laisser  en  dé- 
pôt, négliger.  Locution  peu  usitée.  Au  compas  du 
devoir  il  n'gle  son  courage.  Et  ne  laisse  en  dépôt 
pourtant  son  avantage,  Régnier,  Sat.  x.  ||  Fig.  [Les 
vestales]  Gardant  fidèlement  le  dépôt  précieux  D'un 
feu  toujours  ardent  qui  brûle  pour  nos  dieux....  rac. 
Brit.  v,  8.  Cette  grftce  efficace,  qui  avait  été  mise 
comme  un  dépôt  entre  vos  mains,  pour  avoir,  dans 
un  saint  ordre  [les  dominicains]  à  jamais  durable, 
des  prédicateurs  qui  la  publiassent  au  monde  jusqu'à 
la  fin  des  temps,  se  trouve  comme  délaissée  pour 
des  intérêts  si  indignes,  pasc.  Prov.  2.  Ceux  à  qui 
le  Seigneur  a  confié  le  dépôt  de  la  foi,  mass.  Car. 
Pass.  C'est  un  dépôt  sacré  que  l'Église  nous  met  en- 
tre les  mains,  id.  Pan.  S.  Et.  Il  ne  suffit  pas  qu'il  y 
ait,  dans  une  monarchie ,  des  rangs  intermédiaires;  il 
faut  encore  un  dépôt  de  lois;  ce  dépôt  ne  peut  être 
que  dans  les  corps  politiques,  qiii  annoncent  les  lois 
lorsqu'elles  sont  faites  et  les  rappellent  lorsqu'on  les 
oublie,  MONTESQ.  Esp.  Ii,  4.  Ils  [les  Arabes]  nous  ont 
transmis  avec  gloire  le  dépôt  des  connaissances 
qu'ils  avaient  reçues  des  Grecs,  disciples  eux-mêmes 
des  Égyptiens,  laplace.  Exp.  v,  4.  ||  Un  dépôt  pré- 
cieux, une  personne  à  qui  l'on  tient  beaucoup.  J'at- 
tends Antiochus  pour  lui  recommander  Ce  dépôt 
précieux  que  je  ne  puis  garder,  rac.  Bérén.  m,  2. 
On  voit  paraître  aussi  sa  fidèle  nourrice  Qui,  cachée 
en  uu  coin  de  ce  vaste  édifice.  Gardait  ce  cher  dé- 
pôt..  ID.  Alhal.  V,  1.  Il  2°  Action  de  déposer,  de 
mettre  une  chose  en  un  lieu.  Le  dépôt  d'un  corps 
dans  un  caveau  provisoire.  ||  3°  Action  de  confier 
quelque  chose  en  garde  à  quelqu'un;  la  convention 
laite  en  déposant  quelque  chose  entre  les  mains 
de  quelqu'un.  Le  dépôt  est  un  contrat  de  bonne  foi. 
La  loi  du  dépôt.  Dépôt  volontaire,  contrat  de  dépôt 
qui  se  fait  par  le  consentement  réciproque  du  dépo- 
sant et  du  dépositaire.  Dépôt  nécessaire,  contrat  de 
dépôt  qui  est  la  suite  d'une  circonstance  impérieuse, 
telle  qu'un  incendie,  etc.  ||  Dépôt  des  signatures  et 
paraphes  des  notaires,  dépôt  que  les  notaires,  avant 
d'entrer  en  charge,  doivent  faire  de  leur  signature 
et  de  leur  paraphe,  tant  au  greffe  du  tribunal  de 
première  instance  de  leur  département,  qu'au  se- 
crétariat de  11  mairie  de  leur  résidence.  ||  4°  Nom 
donné  aux  matières  solides  et  molles  qui  se  dépo- 


DÉP 

sent  au  fond  d'un  vase  contenant  un  liquide  impur 
ou  hétérogène.  ||  Terme  de  géologie.  Couches  de 
roches  aqueuses  formées  lors  du  s'jour  des  eaux. 
Le  dépôt  des  eaux  tranquilles.  ||  5°  Terme  de  patho- 
logie. Abcès.  Il  se  forma  un  dépôt  à  la  tête,  par 
suite  du  coup  qu'il  y  avait  reçu.  ||  Collection  for- 
mée par  des  matières  sorties  de  leurs  voies  natu- 
relles et  épanchées  dans  le  tissu  cellulaire.  Dépôt 
urineux.  ||  6°  Lieu  où  l'on  dépose  certains  objets.  Dé- 
pôt de  cannes,  de  parapluies.  {|  Le  dépôt  des  archi- 
ves, lieu  où  l'on  conserve  lesarchives.  ||  Dépôt  de  la 
guerre,  lieu  où  l'on  conserve  les  documents  du  mi- 
nistère de  la  guerre  etqui  renferme  un  grand  nombre 
de  cartes,  plans,  topographies,  mémoires  d'expédi- 
tions, etc.  Le  dépôt  de  la  guerre  a  été  établi  en  (088. 
Il  Dépôt  de  la  marine,  département  où  les  caries, 
plans,  etc.  de  la  marine  sont  construits,  etqui  est  sous 
la  direction  d'un  vice-amiral.  ||  7°  Terme  de  com- 
merce. Magasin  où  un  homme,  qui  vend  loin  de  sa 
résidence  propre,  met  tout  ou  partie  de  ses  marchan- 
dises à  la  disposition  des  acheteurs.  Ce  propriétaire  a 
établi  un  dépôt  de  ses  vins  à  Paris.  ||  Autrefois  le 
lieu  où  l'on  déposait  du  sel,  du  tabac,  en  attendant 
de  les  voiturer  au  lieu  de  leur  distribution.  ||  8°  Terme 
de  guerre.  Lieu  de  résidence  des  soldats  qui  ne  peu- 
vent suivre  le  régiment.  ||  Lieu  où  l'on  organise  les 
cadres  et  où  l'on  exerce  les  recrues.  ||  Les  soldats, 
les  recrues  qui  sont  au  dépôt.  Le  dépôt  reçut  l'ordre 
de  se  mettre  en  marche.  ||  9°  Terme  de  procédure 
criminelle.  Mandat  de  dépôt,  ordre  d'appréhender 
et  d'incarcérer  celui  contre  lequel  il  a  été  lancé. 
Il  Dépôt  de  la  préfecture  de  police,  salles  où  l'on  dé- 
pose provisoirement  des  prisonniers.  Courier  satisfit 
à  tout  et  fut  mis  en  dépôt,  c'est  le  mot,  à  la  salle  St- 
Martin,?.  l.  cour,  ii,  327.  ||  Dépôt  de  mendiciié, 
établissement  où  l'on  recueille  les  pauvres.  ||  10°Cof- 
fre  à  argent  et  coffre  aux  archives  dans  une  com- 
munauté. 

—  HiST.  XIV»  s.  Se  un  rent  à  l'autre  son  gage  ou 
son  depost,  okesme,  Elh.  158.  ||  xvi"  s.  Il  le  meit 
en  depost  enl'isle  de  Lemnos,  amyot,  Péricl.  48. 

—  F.TYM.  Provenç.  deposit,  deposite  ;  espagn.  et 
ital.  deposito  ;  du  latin  depositum,  supin  de  depo- 
nere,  de  la  préposition  de,  signifiant  en  bas,  à  terre, 
et  ponere,  poser  (voy.  pondre). 

f  DÉPOTAGE  (dé-po-ta-j'),  s.  m.  Voy.  DÉfOTE- 

MENT. 

DÉPOTÉ,  ÉE  (dé-po-té,  tée),porJ.  passé.  Changé 
de  pot  ou  de  bouteille.  Des  plantes  dépotées.  Du  vin 
dépoté. 

t  DÉPOTEMENT  (dé-po-te-man),  s.  m.  Action  de 
changer  de  vase  des  liqueurs.  ||  Action  de  dépoter 
une  plante. 

—  ÉTYM.  Dépoter. 

DÉPOTER  (dé-po-té) ,  v.  a.  \\  1°  Dépoter  du  vin, 
des  hqueurs,  les  changer  de  vase.  Il  les  dépotait 
[des  barriques]  pinte  par  pinte  pour  les  vendre  à  ses 
buveurs....  on  aurait  pu  alors  les  dépoter  et  s'assu- 
rer de  leur  contenance.  Arrêt  du  conseil  d'État,  il 
sept.  4705.  Ij  2°  Terme  de  jardinage,  ôter  une  plante 
d'un  pot  avec  sa  terre  afin  de  la  transplanter.  ||  Par 
plaisanterie,  tirer  d'un  pot.  Si  Ragotin  n'eût  pu.... 
se  dépoter  le  pied....  sa  colère  eût  pour  le  moins 
duré  le  reste  du  jour,  scarr.  Rom.  com.  a,  8. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pot. 

f  DÉPOTOIR  (dé-po-toir),  s.  m.  Lieu  où  l'on 
verse  et  réunit  les  matières  encore  fraîches  prove- 
nant des  vidanges. 

— ÉTYM.  Dépoter. 

DÉPOUDRÉ,  ÉE  (dé-pou-dré,  drée),  part,  passé. 
Une  tête  dépoudrée. 

DÉPOUDRER  (dé-pou-dré),  v.  o.  ôter  la  poudre 
des  cheveux,"  d'une  perruque.  ||  Enlever  la  poussière 
dont  un  corps  est  couvert.  ||  Se  dépoudrer,  «.  ré/l. 
Faire  tomber  la  poudre  de  ses  cheveux,  de  sa  per- 
ruque. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  poudre;  wallon,  dt- 
poutriner. 

DÉPOUILtE  (dé-pou-ir,  Il  mouillées,  et  non  dé- 
pou- ye),  s.  f.  Il  1°  En  général,  la  peau  enlevée  à  un 
animah  La  dépouille  d'un  lion.  Trouvant  dans  les 
dépouilles  des  bêtes  de  quoi  se  défendre  des  injures 
du  temps,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  85. 
Il  Fig.  Dépouille  mortelle,  le  corps  d'un  homme 
après  la  mort.  Que  mon  fils  ait  perdu  sa  dépouille 
mortelle.  Ce  fils  qui  fut  si  brave  et  que  j'aimai  si 
fort,  MALH.vi,  37.  Ah!  s'il  l'était  assez  [magnanime] 
pour  nous  laisser  du  moins  Au  tombeau  qu'à  ta  cen- 
dre [ô  Hector]  ontélevé  mes  soins,  Etqiie,  finissant 
là  sa  haine  et  nos  misères,  11  ne  séparât  point  des 
dépoudles  si  chères!  rac.  Andr.  m, 6.  J'ai  dénoué 
ses  bras  [de  Laurence]  du  corps  froid  de  son  père.  Et 
j'ai  rendu  cesoirladépouille  à  la  terre,  lamart.  Joc. 


DÉP 


1075 


III,  99.  Si  je  pouvais  laisser  ma  dépouille  à  la  terre, 
ID.  Méd.  I,  1.  Il  2°  La  peau  rejetée  par  les  serpents  et 
les  insectes  lors  de  leur  mue.  La  plus  diligente  de 
mes  chenilles  s'étant  dépouillée,  je  trouvai  sa  dé- 
pouille arrêtée  contre  les  parois  de  la  boîte  par  des 
fils  de  soie,  bonnet,  Observ.  iT,  Insectes.  ||  3°  Par 
extension.  Les  ronces  dégouttantes  Portent  de  ses  che- 
veux les  dépouilles  sanglantes,  rac.  P/iéd.  v,  6.  De 
la  dépouille  de  nos  bois  L'automne  avait  jonché  la 
terre.  Et  sur  la  branche  solitaire  Le  rossignol  était 
sans  voix,  millev.  CftiiJe  des /"eut'HfS.  ||  4°  Vêtements 
et  tout  ce  que  laisse  un  mourant.  Il  eut  la  dépouille 
du  défunt.  La  dépouille  d'un  moine  appartenait  à 
l'abbé.  Il  La  succession  d'une  personne,  c'est-à-dire 
tout  ce  qu'elle  laisse  vacant  et  disponible  par  son 
abandon,  par  sa  retraite,  par  sa  cbute.  Il  est  assez 
de  geais  à  deux  pieds  comme  lui  Qui  se  parent  sou- 
vent des  dépouilles  d'autrui  Et  que  l'on  nomme  pla- 
giaires, LA  FONT.  Fabl.  IV,  9.  Mais  lui  qui  fait  ici 
le  régent  du  Parnasse,  N'est  qu'un  gueux  revêtu  des 
dépouilles  d'Horace,  boii,.  Sat.  a.  Un  vizir  aux  sul- 
tans fait  toujours  quelque  ombrage....  Sa  dépouille 
est  un  bien  qu'ils  veulent  recueillir.  Et  jamais  leurs 
chagrins  ne  nous  laissent  vieillir,  rac.  Baj.  i,  i.  Va, 
perds  ces  malheureux,  leur  dépouille  e.st  à  toi,  id. 
£'s(/i.n,t.Dansles  changements  qui  surviennent  Les 
dépouilles  nous  appartiennent,  BÉRANG.rieuihaMfs. 
Il  5"  Toute  chose  dont  on  s'empare  au  détriment 
d'autrui.  Tout  l'empire  n'est  pas  la  dépouille  d'un 
maître,  rac.  Brit.  i,  2 On  le  verra  bientôt  pom- 
peux, en  cette  ville.  Marcher  encor  chargé  des  dé- 
pouilles d'autrui,  boil.  Sat.  i.  \\  Terme  de  guerre. 
Tout  ce  que  l'on  prend  à  l'ennemi.  Il  a  remporté  de 
riches  dépouilles.  Tu  céderas  ou  tu  tomberas  sous 
ce  vainqueur,  Alger  riche  des  dépouilles  de  la  chré- 
tienté, Boss.  Uarie-Thér.  Après  la  prise  de  Troie, 
tu  enverras  de  riches  dépouilles  à  Péan,  ton  père, 
sur  le  mont  Œla;  ces  dépouilles  seront  mi.ses  sur 
mon  tombeau,  comme  un  monument  de  la  victoire 
due  à  mes  flèches,  fén.  Tél.  xv.  Ils  [les  anciens  Ro- 
mains] se  contentaient  pour  eux-mêmes  de  maisons 
fort  modestes,  qu'ils  ornaientdes  dépouilles  des  en- 
nemis, et  non  de  celles  des  citoyens,  rollin.  Traité 
des  Éludes,  Discours  prélim.  Ensuite  venaient  les 
étendards,  les  timbales,  les  drapeaux  gagnés  à  ces 
deux  batailles,  portés  par  les  officiers  et  les  soldats 
qui  les  avaient  pris  :  toutes  ces  dépouilles  étaient 
suivies  des  plus  belles  troupes  du  czar,  volt.  Char- 
les XII,  B.  De  Gjatz  à  Mikalewska,  village  entre 
Dorogohouje  et  Smolensk.  il  n'arriva  rien  de  re- 
marquable dans  la  colonne  impériale,  si  ce  n'est 
qu'il  fallut  jeter  dans  le  lac  de  Semlewo  les  dépouil- 
les de  Moscou  :  des  canons,  des  armures  gothiques, 
ornements  du  Kremlin,  et  la  croix  du  grand  Yvan 
y  furent  noyés,  ségor,  Ilist.deNap.ix,  <).  ||  Terme 
d'histoire  romaine.  Dépouilles  opimes,  dépouilles 
remportées  par  le  chef  de  l'armée  romaine,  après 
avoir  tué  de  sa  propre  main  le  chef  de  l'armée  en- 
nemie. ||  Fig.  Déjiouilles  opimes,  se  dit  pour  dési- 
gner un  succès,  un  résultat  important.  ||  6°  La  ré- 
colte des  fruits  de  l'année.  Vendre  la  dépouille  de 
son  jardin,  de  ses  vignes.  ||  Dans  un  sens  analogue, 
bien  qu'inusité  présentement.  Quoique  j'aie  rencon- 
tré à  SéviUe  toute  la  dépouille  de  la  flotte  des  Indes 
[tout  ce  que  cette  flotte  portait]  ,  et  que  l'on  m'y 
ait  fait  voir  six  millions  d'or  en  une  seule  chambre, 
voit.  Lett.  42.  Il  7°  Terme  de  modeleur.  Synonyme 
de  déportement.  ||  Terme  de  graveur.  Tailler  en 
dépouille,  creuser  moins  profondément  en  bas,  di- 
minuer les  traits  par  en  bas. 

—  HIST.  xui'  s.  N'est  nus  [nul]  qui  despoillier 
nés  [ne  les]  vueiUe;  Tuit  s'afublentde  lor  despueiUe, 
la  Rose,  U7iO.  Car  jàfame  n'iert  si  ardans.  Ne  ses 
mors  [mœurs]  si  bien  gardans.  Que  de  son  chier 
ami  ne  vuelle  Et  les  deniers  et  la  despuelle,  ib, 
8336.  La  tierce  cause  si  est  quant  pies  est  de  res- 
cousse d'eritage,  et  il  tient  les  despuelles  [récoltes] 
en  se  [sa]  main  à  la  requeste  du  rescoueur,  beauji. 
53.  Je  deraant....  les  despuelles  de  tel  héritage  qui 
furent  à  tel,  id.  vi,  3.  ||  xvi's.  Voicy  celuy  qui  des 
cruels  desroys  Guidons  rapporte  ,  enseignes,  pal- 
lerroys,Captifz  liez,  despoiUes  et  charroys,  j.  ma- 
ROT,  p.  tB5,  dans  laourne.  L'im  court  après  tout 
ireux;  L'autre  défend  sa  despouille....  HONS.  467. 

—  ETYM.  Wallon,  dtsootc ;  provenç.  despuetha; 
ital.  spoglia;  du  préfixe  de  ou  des,  et  du  latin  spo- 
lium,  dépouille. 

DÉPOUILLÉ,  ÉE  (dé-pou-llé,  liée.  Il  mouillées, 
et  non  dé-pou-yé),  part,  passé.  \\  1°  Â  qui  la  peau  a 
été  enlevée.  Le  bœuf  tué  et  dépouillé.  ||  2°  Par  ex- 
tension. Les  arbres  dépouillés  de  leur  feuillage. 
Il  3'  Fig.  Privé  de.  La  voilà  telle  que  la  mort  nous 
l'a  iaiîe  -.  encore  ce  reste  tel  quel  va-t-il  disparaître; 


4076 


D]?P 


Musl'allon»  voir  dépouillée  m6me  de  cette  triste  dé- 
coration, BOSS.  Duch.  d'Or/.  Pensez-vous  qu'il  y 
ait  quelqu'un  au  monde  qui  puisse,  à  mon  goût, 
surpasser  Mme  do  Grignan.en  me  supposant  même 
dépouillée  do  tout  l'intérêt  que  j'y  prends?  sÉv.  44. 
Il  Absolument.  Oui  a  perdu  ses  biens,  ses  posses- 
aions.  Los  Porlugais,  dépouillés  partout,  se  main- 
len»ient  encore  avec  i|ueli)ue  éclat  dans  cette  partie 
de  l'Inde,  pWNAL.  Ilist.  phil.  Il,  (7.  ||  Substantive- 
ment. Le  dépouillé  du  jour  devenait  le  spoliiiteur 
du  lendemain,  am.  tiiif.rbv,  cité  dans  le  Dict.  de 
POITEVIN.  Il  Le  roi  dépouillé,  sorte  de  jeu  des  en- 
fants. Jouer  au  roi  dépouillé  ,  ôler  pièce  à  pièce 
les  babits  ilo  celui  qu'on  a  fait  roi  dans  ce  jeu;  et, 
ligurément,  enlever  à  quelqu'un  ce  qu'il  possède, 
le  ruiner.  Comme  si  notre  jeu  fût  au  roi  dépouillé, 
RÉGNIER,   Sal.xi. 

DÉPOUILLEMKNT  (dé-pou-Ile-man  ,  î/ mouillées, 
et  non  dé-pou-ye-man) ,  s.  m.  ||  1°  Action  de  dépouil- 
ler; état  de  celui  qui  est  dépouillé  de  ses  biens.  Le 
comte  de  Toulouse  signa  son  dépouillement,  moyen- 
nant i|U0i  il  fut  reconnu  pour  bon  catholique,  volt. 
Mœurs,  «2.||  2"  Fig.  Une  profonde  connaissance  de  la 
nature  et  un  dépouillnment  entierde  tous  préjugés, 
BUFF.  Anim.  ch.  9.  ||  3"Terme  de  dévotion,  tenonce- 
mentau  monde  et  à  ses  biens.  Elle  [la  loi  de  DieuJ 
condamnerait  aux  larmes,  aux  jeûnes,  àla  pénitence, 
au  dépouillement,  ces  infortunés....  mass.  Car.  Im- 
mulah.  de  la  loi.  Elles  doivent  vivre  dans  le  dépouil- 
lement, in.Pro^.rei.  3.  Je  sais  qu'il  [Jésus-Christj  est 
venu  dans  le  dépouillement  et  dans  la  bassesse,  ID. 
Av.  Circonc.  Elle  porte  ce  dépouillement  avec  joie, 
ID.  Uyst.  Ass.  Ces  saintes  veuves  qui  consacraient 
si  généreusement  &  Jésus-Christ  la  succession  de 
leurs  ancêtres....  les  monuments  éternels  de  leur 
modestie  et  de  leur  dépouillement  pourraient-ils 
devenir  entre  nos  mains  des  prétextes  d'ostentation 
et  de  luxe?  jn.  Confér.  Revenus  ecclés.  ||4°  Relevé, 
examen  d'un  compte,  d'un  inventaire.  ||  DépouiUe- 
nieni  d'un  scrutin,  action  de  compter  les sulTrages. 
Il  Dépouillement  d'un  livre,  relevé  de  tout  ce  qu'il 
contient. 

—  HlST.  xvi*  s.  C'est  aussi  du  naturel  de  toutes 
autres  pèches ,  que  d'estre  pellées  et  sechées  pour 
le  facile  despouiliemeat  de  leurs  noiaui,  o.   de 

SERRES,  878. 

—  Etym.  Dépouiller;  provenç.  despoillament ,  des- 
pulhament. 

DÉPOUILLER  (dé-pou-Ué,  Il  mouillées,  et  non 
dé-pou-yé),  V.  a.  ||  1"  ôterla  peau  d'un  anima!.  Dé- 
pouiller un  lièvre,  une  anguille.  ||  2"  ôter  à  quel- 
qu'un ses  vêlements.  On  T'a  dépouillé  de  tous  ses 

lîabits leurs  habits  charmés,  malgré  nos  vains 

efforts,  Sont  des  brasiers  secrets  attachés  à  leurs 
corps;  Oui  veut  les  dépouiller,  lui-môme  les  dé- 
chire, coR^i.  ilédée,  V,  I.  Il  3°  Enlever  aux  arbres 
leurs  fruits,  leurs  feuilles,  à  la  terre  ses  moissons. 
L'hiver  dépouille  les  arbres  do  leurs  feuilles.  Si  des 
gens  fussent  venus  pour  dépouiller  vos  vignes,  ne 
vous  auraient-ils  pas  laissé  quelques  raisins?  saci, 
Jlible,Jérémie,yLLix.,  9.  Tantôt,  comme  une  abeille 
ardente  en  son  ouvrage.  Elle  s'en  va  de  fleurs  dé- 
pouiller le  rivage,  boil.  Art  p.  n.  ||  Absolument, 
liécolter.  Le  fermier  a  dépouillé  cette  année  pour 
mille  écus  de  grains.  C'est  au  fermier  à  dépouiller 
cette  année.  Il  4"  Quitter  en  parlant  d'un  vêtement, 
et,  en  général,  de  ce  qui  nous  enveloppait;  en  ce 
sens,  il  ne  s'emploie  que  dans  le  style  soutenu.  Dé- 
pouiller ses  vêtements.  Le  ver  à  soie  dépouille  alors 
sa  première  forme,  et  devient  papillon.  ||  Fig.  Si  vo- 
tre ambition  ne  va  qu'à  la  couronne,  Je  dépouille 
pour  vous  l'éclat  qui  m'environne,  rotb.  Anlig. 
I,  6.  [Elle]  Semble  avoir  dépouillé  cet  orgueil  in- 
domptable....corn. /•«rlhar.  ii,&.Ahl  c'en  est  trop  en- 
fin, et  mon  Sme  blessée  Dépouille  un  vieux  respect 
où  je  l'avais  forcée,  id.  Hirad.  v,  3.  Prenez  mes 
sentiments  et  dépouillez  les  vôtres,  rotr.  Vencesl. 
I,  3.  Dépouillez  devant  eux  l'arrogance  d'auteur, 
boil.  Art  p.  1.  Non,  il  faut  à  tes  yeux  dépouiller  l'ar- 
tifice, BAC.  Esth.  II,  t.  Je  tremble  qu'Athalie....  Et 
d'un  respect  forcé  ne  dépouille  les  restes,  m.  Alhàl. 
1,  *.  Avez-vnus  dépouillé  cette  haine  si  vive?  ID. 
ib.  II,  6.  On  est  bien  aise  de  voir  que  Mithridate 
n'avait  pas  dépouillé  toute  humanité,  rollin,  Hist. 
anc.  OKuiirts,  t.  x,  p.  224,  dans  pougens.  Zamore 
au  même  instant  dépouillant  sa  colère,  volt.  Ali. 
V.  ».  Celui-ci  [le  czar]  n'ayant  pas  dépouillé  la  ru- 
desse de  son  éducation  et  de  son  pays,  aussi  terri- 
Lie  à  ses  siijo  s  quidmirable  au»  étrangers,  id. 
Charles  XII,  4.  |  D  poudler  l'hnmme.  perdre  les 
sei.timei  ts  humains,  ou  les  faiblesses  humaines. 
Ou  on  a  de  peine  à  d.  pouiller  entièrement  Ihoiiime, 
dit  Pyrrhon,  pé.-i.  Pyr.  \\  En  termes  de  l'Écriture,  dé- 


Dl^lP 

pouillerle  vieil  homme, se  dépoutUerduvieil homme, 
quitter  ses  anciennes  et  mauvaises  habitudes.  Ma 
raison  s'est  troublée  et  mon  faible  a  paru;  Mais 
j'ai  dépouillé  l'homme  et  Dieu  m'a  secouru,  cob-n. 
Théod.  V,  3.  Il  5°  Enlever  à  quelqu'un  ce  qu'il  a. 
Les  voleurs  l'ont  entièrement  dépouillé.  Tâche  à 
t'en  revêtir  [de  ma  gloire],  non  à  m'en  dépouil- 
ler, ID.  Hor.  IV,  7.  Plus  il  me  ferait  honte  et 
mettrait  en  lumière  Le  crime  d'en  avoir  dépouillé 
l'héritière,  rac.  Brit.  ii,  3.  C'est  par  cette  dernière 
grâce  que  la  mort  change  de  nature  pour  les  chré- 
tiens, puisque,  au  lieu  qu'elle  semblait  être  faite 
pour  nous  dépouiller  de  tout  ,  elle  commence  , 
comme  dit  l'Apôtre,  à  nous  revêtir  et  nous  assure 
éternellement  la  possession  des  biens  véritables, 
Boss.  Duch.  d'Orl.  Le  rude  hiver  des  années  der- 
nières acheva  de  la  dépouiller  de  ce  qui  lui  restait 
de  superflu....  et  l'aumône  lui  apprenait  à  se  re- 
trancher tous  les  jours  quelque  chose  de  nouveau. 
ID.  Anne  de  Gonz.  Chaque  femme  demandera  à  sa 
voisine  et  à  son  hôte-^se  des  vases  d'or  et  d'argent, 
et  des  vêlements  précieux;  vous  en  habillerez  vo- 
fils  et  vos  filles,  et  vous  dépouillerez  l'Egypte,  saci. 
Bible,  Exode,  m,  22.  Je  n'aurais  point  pour  eux  dé- 
pouillé l'orphelin,  volt.  Tancr.  i,  t.  Quand  il  sut.... 
que  les  paysans  russes....  qu'il  faisait  payer  géné- 
reusement afin  d'en  attirer  d'autres,  étaient  dépouil- 
lés de  ces  vivres  qu'ils  nous  apportaient,  par  nos 
soldats  affamés....  sÉGun,  Ilist.  deNap.  viii,8.  ||  Dans 
le  même  sens,  avec  un  nom  de  chose.  Les  vain- 
queurs dépouillèrent  les  musées.  L'inquiétude  dont 
il  était  ressaisi  se  décelait  par  des  ordres  de  colère, 
ce  fut  alors  qu'il  fit  dépouiller  les  églises  du  Krem- 
lin de  tout  ce  qui  pouvait  servir  de  trophée  à  la 
grande  armée,  séguh,  Hist.  de  Nap.viu,  io.  ||Fig. 
Faut-il  qu'un  seul  sentiment  dépouille  ainsi  toute  la 
vie?  STAËL,  Corinne,  xvii,  8.  ||  6°  Peler,  dénuder. 
L'eau  bouillante  lui  a  dépouillé  toute  la  jambe.  La 
gangrène  a  dépouillé  l'os.  ||  7°  Terme  de  mouleur. 
Dépouiller  une  figure  moulée,  ôter  toutes  les  piè- 
ces du  moule  et  tout  ce  qui  a  servi  au  travail. 
Il  8°  Terme  de  marine.  Dépouiller  une  côte,  tomber 
sous  le  vent  de  cette  côte.  Peu  usité.  ||  9°  Faire  le 
relevé,  l'examen  sommaire;  établir  le  compte  de. 
Dépouiller  un  inventaire.  Dépoudler  le  scrutin.  ||  Dé- 
pouiller un  livre,  un  registre,  en  faire  des  extraits, 
en  tirer  tout  ce  qui  s'y  trouve  d'utile,  ou  de  remar- 
quable. Il  10°  Se  dépouiller,  v.  réfl.  3'ôter  ce  qui  en- 
veloppe. Il  s'est  dépouillé  de  ses  habits  pour  se  jeter 
i  la  nage.  Les  serpents  se  dépouillent  tous  les  ans. 
Quoi!  Seigneur,  dit-elle,  vous  voulez  détruire  cette 
parure?  Pour  prévenir  votre  colère,  je  commence- 
rai moi-même  à  m'en  dépouiller,  boss.  la  Vallière. 
L'homme  ne  périt  pas  tout  entier  :  il  ne  fait  que  se 
dépouiller  de  son  enveloppe  terrestre,  et  n'est  que 
transformé,  bonnet,  Œuvres  mél.  t.  xvui,  p.  205. 
Il  Par  extension.  La  terre  se  dépouille  de  sa  ver- 
dure. Liban,  dépouille-toi  de  tes  cèdres  antiques, 
RAC.  Esth.  III,  9.  Les  arbres  toujours  verts  transpi- 
rent moins  en  temps  éi;al  que  ceux  qui  se  dépouil- 
lent, BONNET,  Conlempl.  nat.  6«  part.  ch.  3.  ||  Se 
dénuder.  La  gangrène  s'étant  étendue,  l'os  se  dé- 
pouilla. Il  Se  dépouiller  en  faveur  de  quelqu'un,  se 
dessaisir  de  ce  qu'on  possède.  Amasser  du  bien  avec 
(le  grands  travaux,  élever  une  fille  avec  beaucoup 
de  soin  et  de  tendresse,  pour  se  dépouiller  de  l'un 
et  de  l'autre  entre  les  mains  d'un  homme  qui  ne 
nous  touche  de  rien,  mol.  Am.  me'd.  i,  B.  Ne  pou- 
vant encore  se  dépouiller  d'un  héritage  qu'il  n'a  pas, 
il  se  dépouille  au  moins  par  avance  de  ses  droits, 
ROLHD.  3"  dim.  après  Pâques,  Domin.t.  u,  p.  103. 
Les  femmes  se  dépouillèrent  avec  joie  de  tous  leurs 
ornements  pour  fournir  aux  frais  de  la  guerre  ,  rol- 
lin, Hist.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  35),  dans  pou- 
gens.  Il  Fig.  Renoncer.  César,  se  dépouillant  du  pou- 
voir souverain,  Nousôtait  tout  prétexte  à  lui  percer 
le  sein,  cobn.  Cinna,  m,  4.  Je  me  dépouillerai  de 
toute  passion,  rotr.  Vencesl.  iv,  0.  Dépouillons- 
nous  ici  d'une  vaine  fierté,  boil.  Soi.  x.  De  son  amour 
pour  toi  ton  Dieu  s'est  dépouillé,  rac.  Âtlial.  m,  7. 
Il  Se  dépouiller  se  dit  aussi  d'un  liquide  qui,  par  le 
repos  ou  en  vieillissant,  se  débarrasse  des  particu- 
les qui  en  troublaient  la  transparence.  Mettez  ce  vin 
en  bouteille;  il  s'y  dépouillera.  L'air  se  dépouille 
ainsi  des  vapeurs  nuisibles,  bonnet,  Contempl.  nat. 
B*  part.  ch.  (4.  ||  Proverbe.  Il  ne  faut  pas  se  dépouil- 
ler avant  que  de  se  coucher,  c'est-à-dire  il  ne  faut 
pas  se  dessaisir  de  son  bien ,  le  partager  à  ses  en- 
fans  ou  héritiers,  de  son  vivant. 

—  SVN.  nÊpoL'iLLEB  Un  vêtement,  se  dépouiller 
d'un  vêtement;  dépouiller  l'orgueil,  l'amour,  se 
DÉPOUILLER  de  l'orgueil,  de  l'amour.  Des  auteurs 
ont  cherché  à  établir  une  différence  entre  ces  locu- 


DÉP 

tions,  mais,  quelque  attention  qu'on  y  porte,  on 
ne  peut  distinguer  entre  elles  aucune  nuance  réelle. 

—  HIST.  XII'  s.  Touz  nuz  soit  despoillez  ses  cor» 
et  ses  façons,  Ronc.  p.  200.  Mais  quant  il  ot  chanté, 
n'esteit  pas  despuilliez  [de  ses  ornements  pontifi- 
caux]; Mais  iloec  s'est  asis  einsi  apareilliez,  Th.  l 
mari.  35.  Il  vos  convint  primerains  despoillier  :  Ec 
la  fontaine  entrerez  tes  premiers,  Raoul  de  C.  293 
Il  xin'  s.  Tantost  il  fait  la  pucelle  desioiller  [desha- 
biller] et  desceindre;  Et  la  bâtit  d'un  frein  là  où 
[il]  la  put  ateinilre,  addefr.  le  bast.  Romancero , 
p.  14.  Et  Aliste  ma  fille  je  ferai  despoillier  [désha- 
biller], Berie,  xi.  Le  drap  dessus  sa  robe  [ils|  lui 
font  tost  despoillier,  ib.  xix.  Sachiez,  ne  m'est  mie 
legier  De  ma  police  despoillier,  Tien.  (9584.  L'en 
ne  doit  rien  priser  moillier  [femme]  Qui  homme  bée 
à  despoillier,  la  Rose,  4594.  Se  aucuns  est  depollez 
et  requiert  estre  resaisiz,  il  ne  souffist  pas  lanl  so- 
lemant  de  dire  que  il  ait  esté  despolliez,  Liv.  de 
just.  21.  Et  si  ne  li  dent  on  pas  despouillier  sa  robe 
qu'ila  acoustuméàvestirà  cascun  jor,  deaum.  liv,  7. 
Il  XV'  s.  Cesie  nuyt,  qui  fut  la  tierce,  le  dit  duc  ne 
se  de.spotiilla  oncques,  seiillement  se  coucha  par 
deux  ou  trois  fois  sur  son  lict,  comm.  ii,  ».  ||  xvi's. 
C'est  le  prix  de  l'espée  que  vous  cherchez,  non  de 
la  gaine  :  vous  n'en  donnerez  à  l'adventure  pas  un 
quatrain,  si  vous  l'avez  despouillée,  mont,  i,  325. 
Il  deffendoit  aux  siens  de  despouiUer  leurs  ennemis 
vaincus,  id.  i,  353.  Les  pères  disent  :  je  ne  me  veulx 
pas  despouiUer  devant  que  m'aller  coucher,  id.  ii,75. 
Nostre  ame  leur  faiot  desvestir  et  despouiUer  leurs 
conditions  corruptibles,  id.  ii,  198.  Hercules  et  Bac- 
chus,  qui  par  l'exceUence  de  leur  vertu  despouille- 
rent  ce  qu'il  y  avait  de  mortel  et  de  passible  en 
eulx,  amyot,  Pélop.  30.  Parquoy,  après  avoir  dressé 
un  trophée,  etdespouilléles  morts,  s'en  reiournerent 
en  leurs  maisons  bien  joyeux,  id.  ib.  32.  Hz  ne  des- 
pouillerent  leurs  armes,  ne  desbriderent  leurs  che- 
vaulx,  nyne  feirent  penser  leurs  playes,  que....  m. 
ib.  6t.  Alors  il  quitloit  et  despouilloit  le  manteau 
de  capitaine,  iD.  Crassus  et  Nicias,  s.Ompbale  oste 
secreltement  le  masque  à  Hercules, et  luy  despouiUe 
sa  peau  de  lion,  m.  Anton,  et  Démet.  *.  La  demoi- 
selle de  la  Mothe  qui  ne  despouilloit  point  [ne  se  dés- 
habiUait],  et  avoit  du  feu  en  sa  chambre,  r'allie quel- 
ques soldats....  d'aub.  Hist.  ii,  6u.  Tout  abricot 
despouille  nettement  son  noiau,  au  contraire  l'au- 
berge [l'alberge]  le  tient  fermement,  o.  de  serres, 
678.  Quand  tes  sages  propos  dépouillèrent  l'escorce 
De  tant  d'opinions  que  frivoles  j'avois,  rons.  252. 

—  ÉTYM.  Voy.  dépouille;  waUon,  dispouii  ;  pro- 
venç. despuelhar,  despolhar;  catal.  despullar;  es- 
pagn.  despojar;  ital.  spogliare  ;  du  latin  despoliare, 
de  de,  et  spoliare. 

■f  DÉPOUILLECR  (dé-pou-lleur,  U  mouiUées),  s. 
m.  Celui  qui  dépouille. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  celui  qui  est  despoilleur  de 
mors,  ORESME,  Eth-  m. 

—  ÊTVM.  Dépouiller;  provenç.  despolhador;  es- 
pagn.  despq/odor;  ital.  spogliatore. 

t  DÉPOIIRPRER  (dé-pour-pré),  v.  a.  ôter  la  pour- 
pre, rendre  pâle. 

—  HIST.  XVI'  s.  QueUe  palleur  depourpre  le  sein 
beau,  Qui  pair  à  pair  combat  avec  l'aurore?  hons.  09. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  pourpre. 

t  DÉPOUURISSAGE  (dé-pou-ri-sa-j'),  s.  m.  Ac- 
tion d'enlever  la  partie  pourrie  d'un  fruit,  d'une 
grappe  de  raisin,  etc.  Le  dépourri.ssage  des  poires 
en  emportera  près  d'un  quart.  Plusieurs  grappes  de 
raisin  sont  devenues  de  simples  grappillons  par  les 
dépourrissages  successifs,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el  pourrt'r. 

t  DÉPOCRRISSEMENT  (dé-pou-ri-se-man),  s.  m. 
Synonyme  de  dépourri.ssage. 

DÉPOURVOIR  (dé-pour-voir.  Bien  quel' Académie 
dise  qu'il  n'est  guère  usité  qu'au  prétérit  et  à  l'infi- 
iiilif ,  il  n'y  a  aucune  raison  p.iur  ne  pas  le  conjuguer 
à  tous  ses  temps  comme  pourvoir  :  je  dépourvois  ;  je 
dépourvoyais;  je  dépourvus;  je  dépourvuirai;  je  dé- 
pourvoirais; dépourvois,  dépourvoyons;  que  je  dé- 
pourvoie, que  nous  dépourvoyioiis,  que  vous  dé- 
pourvoyiez;  que  je  dépourvusse;  dépourvoyant, 
dépourvu),  i'.  o.  ||  1°  Dégarnir  de  ce  qui  est  néces- 
saire. Il  le  dépourvut  de  tout.  Une  faut  pas  dépour- 
voir de  munitions  une  place  de  guerre.  ||  %'  Se  dé- 
pourvoir, V.  réfl.  Se  dégarnir,  se  dessaisir.  Il  s'est 
dépourvu  de  tout  pour  ses  enfants. 

—  HIST.  XIII'  s.  To.st  porrions  avoir  contcere,  S« 
nos,  issi  desporveQ,  Estions  sor  eus  embatu,  Itrn. 
577t.  Moult  refu  certes  deceûs  Bel  acueil  1;  despor- 
veQs,  la  Rose,  15096.  ||xv'  s.  Lesdits  Bourguignons 
cuidans  prendre  àdespourveu  les  habitans  viudrent 
à  grand  fureur,  j.  de  trotes,  Chron.  I4«».  !|m's. 


1 


p 


l«  Seigneur  n'apparoist  point  aux  préceptes  de  la 
loy  rémunérateur  sinon  de  parfaite  justice,  de  la- 
quelle nous  sommes  tous  desprouveus,  calv.  Instit 

*"* ^t  ""  pouvant  la  [Vénus]  frauder  de  sa 

pomme,  [Palias]  La  veut  par  vous  despourvoir  de 
tout  l.omme,  s.  gel.  62.  lU  prindrent  port  en  An- 
gleterre au  dépourvu  d'un  chacun.  ïver,  p.  ois. 
Encores  qu'il  les  ait  surpris  à  la  despourveue,  m.  du 
BELL.  348.  Ik  allèrent  surprendre  leurs  ennemis  au 
despourveu,  de  manière  qu'ilz  les  desfeirent,  amyot 
Rom.  49.  Il  se  tourna  tout  court. vers  la  poincté 
droitte  des  ennemis,  espérant  la  surprendre  des- 
pourvue (le  chef  qui  commandast,  ID.  Sylla,  62 
L  homme,  sans  secours  estrangier,  armé  seulement 
de  ses  armes,  et  despourveu  de  la  grâce  et  con- 
gnoissance  divine,  qui  est  tout  son  honneur,  sa 
force  et  ie  fondement  de  son  eslre,  mont,  ii,  (62. 

—  ËTYM.  Dé..,,  préfixe,  etpourvoir;  provenc.  det- 
prorezir. 

DÉPOCBVU,  m  (dé-pour-vu,  vue),  part,  passé 
de  depourvoir  II  l-Qui  n'est  paspourvu,  qui  manque 
ûe    De  toute  élection  mon  âme  est  dépourvue    Et 
nul  objet  certain  ne  limite  ma  vue,  régnieh    Sat 
VII.  Des  gens  qui,  dépourvus  des  biens  de  la  for- 
tune. Sous  le  nom  de  chrétiens  font  gloire  du  tré- 
pas, ROTR  S.  Gen.  v,  2.  De  mémoire,  en  ce  lieu. 
vous  semblez  dépourvue,  trjstan,  Panihée    iv 
^ .  En  ce  discours  dépourvu  de  science,  id.  M    de 
Chnspe^iv,  <.  La  personne  qu'il  aime  et  qu'il  doit 
épouser  Est  brillante  d'attraits,  mais  d'esprit  dé- 
pourvue, boissï,  Dehors  tromp.  n,  ).  ||  Absolument. 
Lacgale....  Se  trouva  fort  dépourvue  Uuandlabise 

l^l  'ITk  '*  ™^'-  '^"'"-  '-  '•  Il  2°  Au  dépourvu, 
loc  adv.  Sans  qu'on  soit  pourvu,  préparé.  Comme 
Il  faut  peu  de  chose  à  le  mécontenter.  Le  prendre 
au  dépourvu  ce  serait  tout  gâter,  HAUTER.Crùp 
mus.  IV,  4.  Tu  peux  sans  trahison  le  prendre  au  dé- 
pourvu,  rotr.  Brtù.  „,  ,«.  Je  n'étais  point  en  garde 
contre  ce  récit  tout  naïf,  et  j'ai  été  prise  au  dé- 
pourvu. sEv.  if  «.  (0  nov.  (684 

t  DÉPRAVANT,  ANTE  (dé-pra-van,  van-t'),  adj. 
Oui  cause  la  dépravation.  La  réponse  trouvée  à  cette 
redoutable  quesuon  par  St-Just  et  Robespierre  fut 
sincèrement  nous  le  croyons,  que  la  civilisation  des 
siècles  précédents  était  fausse  et  dépravante  car- 
bel,   t.  V,  p.  415.  ' 

tDÉPRAVATEDR,   TRICE  (dé-pra-va-teur,  tri- 
r),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  déprave. 

—  HlST.  XVI'  s.  Depravateur,  monet,  Dict. 

—  ÉTVM.  Dépraver. 
DÉPRAVATION  (dé-pra-va-sion;  en  poésie,  de 

çtnq  syllabes),  s  f.  ||  1" Changement  moral  en  mal! 
^JflTrTvf",  ''^'='"'  des  mœurs.   Encore  que 

et  une  entière  dépravation  du  sens  humain,  elle 
voulait  se  parer  de  quelque  raison,  boss.  /yùt.ii,  i2. 
La  tyrannie  des  passions  et  la  prodigieuse  malignité 
T^  T^^I  ,  o°"'ù"  '°"l°"rs  porté  à  faire  le  mal;  la 
postérité  de  Seih,  fidèle  à  Dieu  malgré  cette  dépra- 

J'TT  '  '"■  fr'  '  ■  ^'  ''""'=  "  ^"-  °é  des  sectes  dans 
ancienne  Égbse,  c'a  été  par  la  commune  et'invé- 
térée  dépravation  du  genre  humain,  m.  For.  xv 

.Jh^■  ^•■^^'"  ^^^  P^'^^  '"'"  Jes  périls  vous  à 
caché  jusqu'ici  toute  la  dépravation  d'un  monde  cor- 
rompu, MASS.  Profession  retig.  serm.  (  Il  réenait 
partout  une  extrême  dépravation  de  mœurs  et  de^sen- 
timents,  fonten.  Czar  Pierre.  Une  dépravation  de 

Sr;,?  '^°"  ;?!?-«'•  tout  esprit 'raisonnable 
HOLLiN    llut.  anc.  Ctuvres,  t.  vi,  p.  628,  dans  pou- 

vie^de  l'hl''"'  "'"''  '*  f''  ^^"-^g'ne]  ia  véritable 
vie  de  1  homme,  et  que  la  société  n'es  qu'une  dé- 
pravation artificielle,  volt.  Uial.  8.  Il  2°  Terme  de 
médecine.  Altération.  La  dépravation  du  sang  des 
humeurs    |1  Dépravation  du  goût,   de  l'appéfi't   de 

'odorat,étatdanslequelcesseLti;ns,  produite 'par 
les  organes  de  nos  sens,  se  montrent  ^vec  un  carac- 

dan,  '\  -  f  "  ^"'T\  Il  ^'e-  l^"  P="-'«»'  d"  goût 
KOÛ  danflT  ?  '''  •'««"^-"t^-  La  dépravation  du 
fuite  de  .u/ri','°/'""^'^'^  ""  indice  et  une 
Et  ote  <;=''^,'1« 'a  littérature,  bolun.   Traité  des 

se,ntnJ  T-  ^:.  """"''  ''^"^  •'"'-'CENS-  Il  3»  Il 
coDi  t.s  I  i^H  °"  "  ""  •"'<=  *"<='«"  altéré  par  les 
SrpXr;i'Z;r '^  '-  Plu.arque^donna 

p.avée™i"l^^T°'''  '='""'""«>''•  Une  âme  dé- 
d'être\o„l^'^ar  °!'?''"''"'  ""«  ^-^e  qni a  ces.sé 

corrom'prVu;e^re"qT:.e^,^";r^Ce"%''"^ 
mots  exorimpnf  H,^„„         \      sesr,  gatee.  Ces  deux 

cette  n?a  cTque  dépravation""'^'"';"'  '"  ï"^''  '^'^'^ 
procédé  qui  ap\"odu&  atlon-'îaùrn™"  '"'  '' 
lion  montre  qu'il  y  a  eu  r„n.^  '?"^'=°''''"P- 

«cntatioc  d'élémeJtsimpurs.'^'''''  "''*"««'  ^"- 


niïp 


—  HIST.  XVI'  S.  Â  fin  qu'ils  n'acquièrent  ignorance 
au  lieu  de  sçavoir,  et  dépravation,  au  lieu  de  te-n! 
perance,  lanode,  123.  Tout  cela  perdra  son  lustre 
et  ne  sera  mis  en  conte,  si  leurs  dépravations  con- 
tinuent, m.  (89.  La  défectuosité,  corruption  et  dé- 
pravation misérable  du  texte  original  grec,  amyot, 
3lora,.Épit.  p.  16.  Nos  jugements  sont  malades  eî 
suyvent  ladepravation  de  nos  mœurs,  mont,  i,  264 
^Jïyi'''':.''*''™*''""''''''^''^'"'"''!", dépraver.' 
DÉPRAVÉ,  ÉE  (dé-p,-a-vé,    vée).  part,   passé. 
Il  t   Qui  a  éprouvé  moralement  un  changement  en 
mal.  Un  homme  dépravé.  L'homme  est  tombé  en 
ruine  par  sa  volonté  dépravée,  boss.  la   Vallière 
Mœurs  dépravées,  maucroix,  Schisme,  liv.  i    dans 
nicilELET.  Les  goûts  dépravés  de  mes  passions  qui 
me  font  aimer  ce  que  je  devrais   souverainement 
nair,  bourd.  Instruct.  sur  la  communion,  Exhort 
t.  II,  p.  466.  Il  Z'  Terme  de  pathologie.  Goût  dé- 
pravé, goût  qui  a  subi  la  dépravation.  ||  Fig   Elle  a 

I  esprit  léger  et  le  goût  dépravé,  tristan,  Panthée 
I,  (.  Comme  il  est  des  goOts  physiques  dépravés' 

II  est  aussi  des  goûts  moraux  dépravés,  bonnet' 
tss.  analyt.  Ame,  ch.  (9.  ' 

DÉPRAVER  (dé-pra-vé),t).  o.  ||  !•  Faire  éprou- 
ver un  changement  moral  en  mal.  Les  mauvais 
exemples  l'ont  dépravé.  Son  cœur  a  été  dépravé  par 
le  besoin  de  jouissances.  ||  »'  Terme  de  médecine 
Altérer,  changer  en  maL  Ces  aliments  dépravent 
les  humeurs.  ||  3°  Se  dépraver,  v.  réfl.  Se  changer 
en  maL  Son  appétit  se  déprave.  Les  mœurs  elle  goût 
se  dépravèrent  en  même  temps. 

--  HIST.  xvf  s.  C'est  donc  dépraver  ce  lieu,  que 
de  le  tirer  à  ceste  sentence,  calv.  Instit.  237.  Quand 
la  justice  est  si  lasche  et  si  dépravée,  que  l'impu- 
nite  des  vices  règne,  langue,  20.  Une  démocratie 
du  tout  dépravée,  comme  estoit  l'athénienne    m' 
65.  Si  Cleombrotus  n'eust  eu  le  jugement  dépravé 
par  ambition  et  vaine  gloire,  amyot,  Agis,  et  Cléom 
(9.  Toutes  les  copiestranscrittes  d'un  original  défec- 
tueux ou  dépravé  retiennent  les  faultes  du  premier 
exemplaire,  id.  Moral.  Épit.  p.  8.  Le  bras  demeura 
impotent  et  paralytique  ;  d'avantage  la' parole  gran- 
dement dépravée,    paré,  vin,  30.  A  quelque  chose 
sert  le  ma.heur  :  il  faict  bon  naistre  en  un  siècle  fort 
dépravé;  car,  par  comparaison  d'aultrui,  vous  estes 
estimé  vertueux  à  bon  marché,  mont,  m,  60. 

—  ÉTYM.  Provenc.  et  espagn.  deprava'r;  ital  de- 
pravare;  du  latin  depravare,  de  la  préposition  de 
et  proTOs,  qui  n'est  pas  droit,  perverti,  méchant  ' 
t  DÉPRÉCATIF,  IVE  (dé-pré-ka-tif,  ti-v'),  adj. 
!  1  Terme  didactique.  Qui  a  rapport  à  la  dépréca- 
tion.  Il  2°  Terme  d'église.  Forme  déprécative  ma- 
nière d'administrer  quelques-uns  des  sacreme'nts  en 
forme  de  prière.  Chez  les  Grecs,  la  forme  de  l'ab- 
solution est  déprécative,  étant  conçue  en  ces  termes  • 
Oue  Dieu  vous  absolve,  au  lieu  qu'e  dans  l'Église  la- 
tine on  dit  en  forme  déclarative  :  Je  vous  absous 

—  HIST.  XIV  s..  Et  n'est  pas  deprecatif  ou  depriànt 
autres,  pour  teles  choses,  oresme,  Eth.  (24. 

—  ÉTYM.  Lat.  deprecatiius  (voy.  déprécation) 
DÉPRÉCATION  (dé-pré-ka-sion),  s.  f.  \\  1°  Prière 

faite  avec  soumission  pour  obtenir  le  pardon  d'une 
faute.  Il  2°  Terme  de  rhétorique.  Figure  par  laquelle 
on  s'interrompt  au  milieu  d'un  discours  pour  de- 
mander aux  dieux  d'écarter  un  malheur  ou  un  dan- 
ger. Par  exemple  dans  Phèdre  de  Kacine  iv  4 
Thésée  dit  :  Qu'on  appelle  mon  fils,  qu'il  vienne  se 
défendre:  Qu  il  vienne  me  parler,  je  suis  prés  de 
1  entendre.  Ne  précipite  pas  tes  funeste.s  bienfaits 
Neptune....  Ce  dernier  vers  forme  une  déprécation' 

—  HIST.  xiv-  s.  Teles  plaintes  et  teles  deprecations 
font  ceulx  qui  mettent  leur  estude  et  leur  cure  vers 
teles  choses,  oresme,  Eth.  (24.  ||xvi"s.  Après  les 
deprecations,  oraisons  et  cérémonies  faites  par  mon 
dit  sieur  cardinal,  du  Bellay,  Mém.  t.  vi  o  (64 
dans  lacurne.  '  ' 

—  ÉTYM.  Lat.  depreeatio,  de  deprecari,  signifiant 
demander  avec  prières,  détourner  par  des  prières- 
de  la  préposition  de,  et  precari  (voy.  prikr)  ' 

t  DÉPRÉCATOIRE  (dé-pré-ka-lii-r'),  a'a.  Qui 
écarte  par  la  prière.  Formules  déprécatoires. 

—  ÉTYM.  Lat.  deprecatorius,  de  deprecari  (vov 
déprécation).  ^    '' 

t  DÉPRÉCIATEUR,  TRICE  (  dé-pré-si-a-teur 
tri-s),  adj.  Oui  déprécie.  Un  langage  déprédateur! 

"  -  étym'  ofpré^eT"  "'  '''"''"''  '"''"^'^''• 

DÉPRÉCIATION  (dé-pré-si-a-sion),  ..,'.  Action 
de  déprécier;  état  de  ce  qui  a  perdu'  de'son  prix 
La  deiireciat  on  d'une  marchandise,  du  panier-mon 
naie.  La  dépréciation  de  l'or  est  ianife  ?    depuis 
quelques  années.  "cpuis 

—  ÉTYM.  Déprécier. 


DÉP 


1077 


DÉPRÉCIÉ,   ÉE  (dé-pré-si-é,  ée),  part,  pas.é. 
OUI  a  perdit  de  son  prix.  Les  assignats  dépréciés 
parce  que  l'émission  en  fut  excessive.   ||  Par  exten- 
sion  Un  livre  beaucoup  trop  déprécié. 

DÉPRÉCIER  (dé-pré-si-é),  je  dépréciais,  nous  dé- 
préciions vous  dépréciiez;  que  je  déprécie,  que 
nous  dépréciions,  que  vous  dépréciiez,  v.  o.||î'Ra- 
baisser  la  valeur  d'une  chose.  Déprécier  uiie  mar- 
chandise. Il  2-  Par  extension.  Déprécier  une  action 

.T°r!77  îi  '"'''ir"P/"  '><"°">«-  Il  3°  S«  déprécier, 
V.  refl  Ils  se  déprécient  mutuellement,  ils  disent 
du  mal  1  un  de  l'autre.  ||  Être  déprécié.  Ces  valeur, 
se  déprécieront  rapidement.  L'or  se  déprécie  depuis 
quon  en  a  trouve  tant  de  gisements. 

—  ÉTYM.  Provenc  despreciar,  despretar;  espagn. 
desprecar;  ital.  disprejzare,  dispregiare- dn  htm 
depretiare,  de  la  préposition  de,  qui  exprime  né- 
gation ou  cessation,  et  pretium,  prix  (voy  prix) 
L'ancien  français  disait  deprUer,  tiré  directement 
de  prix. 

DÉPRÉDATEUR,  TRICE  (dé-pré-da-teur,  tri-s') 
s.  m  et/-.  Celui,  celle  qui  fait  des  déprédations.  Dé- 
prédateurs du  peuple  et  fiers  tyrans  des  rois    volt 
Sophon.  IV,  3.  Je  sais  bien  qu'il  y  a  de  fameux  dépré- 
dateurs qui  redoutent  la  vertu  éclairée;  je  .sais  que 
des  fripons  murmurent  contre  le  bonheur  public 
'°-/.^"-  /l'ic*.  <  I  janv.  (770.  Il  sera  encore  plus 
difficile  de  crier  efficacement  économie  à  nos  dé- 
prédateurs que  de  crier  modération  à  Voltaire  et  de 
le  persuader,   d'alemb.   Lett.  au  roi  de  Prusse    8 
nov.  (771.   On  le  retrouve  aussi  [Philippe  le  Bel 
au  Purgatoire   de  Dante]  dans  ce  déprédateur  ef- 
fronté qui,  non  content  d'avoir,  nouveau  Pilate  fait 
prisonnier  le  Christ  dans  son  vicaire,  entre  à  pleines 
voi  lesdans  le  temple ,  Hist.  litt.  de  la  France,  dans  le- 
CLERC,  Disc  t.  XXIV,  p.  665.  ||  Adj.  Ministredépréda- 
teur.  Elle  [la  Grande-Bretagne]  avait  été  longtemps 
esclave  des  héros  dépre'dateurs  des  sept  montagnes 
[les  Romains],  volt.  Princ.  de  Babyl.  (o.  L'histoire 
ainsi  que  les  nations  déprédatrices  et  conquérantes' 
semble  avoir  pris  pour  règle  d'équité  le  mot  de  Bren.' 
nus:  Vx  vtctis  (malheur  aux  vaincus),  marmontel 
Elém.  de  Uttérat.  t.  iv,  liv.  ii,  dans  girault-duvi. 
viER.  Les  peuples  ne  voulaient  plus  travailler  pour 
des  étrangers  déprédateurs  ou  pour  des  oppresseuri 
domestiques,  raynal,  Uist.  phil.  iv,  2i. 

—  ÉTYM.  Lat.  deprœdator,   de  deprxdari   (vov 
dépbedeh).  '    ' 

tDÉPRÉDATIF,  IVE  (dé-pré-da-tif,  li-v'),  adj 
Qui  porte  le  caractère  de  la  déprédation. 

—  ÉTYM.  Dépreder. 
DÉPRÉDATION   (dé-pré-da-sion  ;  en  poésie,  de 

cinq  syllabes),  s.  f.  ||  l-  Pillage  avec  dégât.  Les  dé- 
prédations des  corsaires.   Faire  des  déprédations. 
Voilà  dans  un  Anglais  le  premier  modèle  de  la  ré- 
formation anglicane  et  de  la  déprédation  des  égli- 
ses   Boss.   rar.  XI,   §  164.  Après  la  déprédation  de 
tant  de  maisons  régulières  [couvents],  les  peuples 
se  trouvèrent  chargés  d'impôts,  maucroix,  Schisme 
IdAnglet.  liv.  i,  p.  ,66,  dans  richelet.   Louis  XIV 
s  attendait  encore  moins  que  son  arrière-petit-fils 
[sur  le  trône  d'Espagne]  abandonnerait  les  Français 
pendant  quatre  ans  aux  déprédations  de  l'Angleterre 
maîtresse  de  Gibraltar,  volt.  Lett.  Choiseul,  (3  juil- 
let 176  (    Nous  épuiserions  la  nature,  si  elle  n'était 
inépuisable    SI  par  une  fécondité  aussi  grande  que 
notre  déprédation,  elle  ne  savait  se  réparer  elle- 
même  et  se  renouveler,  buff.  Anim.  carnassiers. 
Dans  la  mer,  toutes  les  espèces  sont  presque  égale- 
ment voraces,  mais  la  fécondité  y  est  aussi  grande 
que  la  déprédation,  id.  Bœuf.  ||  2°  Malversation. 
Les  déprédations  qui  se  commettent  dans  un  État 
11  est  vrai  que  faire  le  procès  du  surintendant  [Fou- 
quetj,  c'était  accuser  la  mémoire  du  cardinal  Maza- 
rin;  les  plus  grandes  déprédations  dans  les  finances 
étaient  son  ouvrage,  volt.  Louis  II r,  25.  Comme 
les  chefs  de  la  colonie  avaient  partagé  avec  les  offi- 
ciers subalternes  le  prix  de  cette  déprédation,  il  ne 
se  trouva  personne  qui  pût  rétablir  l'ordre,  raynal 
lisl.  phil.  IV,  2t.  Deux  siècles  de  déprédations  et 
de  brigandages  ont  creusé  le  goufire  où  le  royaume 
est  près  de  s'engloutir,  mjrabeau.  Collection,  t.  ii 
p.  183.   Il  On  dit  aussi,  en   affaires  privées,  la  dé^ 
prédation  des  biens  d'un  pupille. 
—  ÉTYM.  Lat  deprxdalio ,Ae  deprajrfori, dépreder 
DÉPRÉDÉ,  ÉE  (dé-pré-dé,  dée),  part.  p<ùsé.  Sei 
ront  au.ssi  les  sentences  concernant  la  restitution  des 
choses  dépiédées  ou  pillées  dans  les  naufrages   exé- 
cutées nonobstant  et  sans  préjudice  de  l'appel    Or- 
donn.  de  I68i,  titre  xiii,  art.  (  ' 

DÉPREDER  (dé-pré-dé.  La  syllabe  pré  prend  un 
accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette- 
je  dépréde,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  •  je 


1078 


m? 


dépréderai ,  je  dépréderais) ,  v.  a.  Piller  avec  dég»t. 
Il  TfiVpeii  usité. 

—  F-HM.  Lat.  rffprrdar»,  delà  préposition  de, 
et  prrila.  prnie  (voy.  ce  mot). 

Df.PKENDRE  (dé-pran-dr') ,  je  déprends,  tu  dé- 
prends, il  déprend,  nous  déprenons,  vous  déprenez, 
ils  déprerinent;  je  déprenais;  je  dépris;  je  dépren- 
dr.ii;  je  déprendrais;  déprends,  qu'il  déprenne;  dé-, 
prenons,  qu'ils  déprennent;  que  je  déprenne,  que 
nous  déprenions;  que  je  déprisse;  déprenant;  dé- 
pris,  V.  a.  Il  1°  Séparer  deux  choses  prises  ensem- 
ble. On  dépnt  de  part  et  d'autre  les  crampons  de 
fer,  ECAnn.  Ilom.  corn,  ii,  19.  ||  2"  Fig.  Détacher, 
faire  qu'on  ne  soit  pas  attaché.  Ils  y  tiennent  et  s'y 
allarhent  si  fort  qu'il  n'y  a  point  de  moyeu  de  les 
en  déprendre,  balz.  4'  dise,  sur  la  cour.  Jésus-Christ 
nous  a  dé|iris  du  commerce  des  choses  de  la  terre, 
Traduction  des  lettres  de  St  Augustin,  dans  rjche- 
LET.  Les  années,  bien  loin  de  déprendre  leur  cœur 
de  ce  qu'ils  ont  aimé  jusqu'à  ne  pouvoir  se  résou- 
dre d'y  renoncer  pour  Dieu ,  ne  servent  au  contraire 
qu'à  les  y  attacher  davantage,  boubdal.  Purifie,  de 
la  Vierge,  Mijst.  t.  ii,  p.  283.  ||  3°  Se  déprendre, 
V.  réfl.  Se  déliarrasser,  rompre  ses  liens.  Cet  oiseau 
s'était  pris  à  la  glu  et  ne  pouvait  s'en  déprendre.  La 
douille  serre  [l'ancre]  ne  s'est  pas  plutôt  déprise  de 
la  chevelure  de  l'abîme,  qu'un  mouvement  se  fait 
sentir  dans  le  corps  entier  du  vaisseau,  chateaub. 
Hatch.  vu,  318.  Il  Fig.  Les  mélancoliques  ne  se  dé- 
prennent pas  aisément  de  leurs  passions,  balz.  liv. 
VII,  lett.  6.  Des  biens  dont  nos  cœurs  ne  se  peuvent 
déprendre,  «oss.  Fr.d'Ass.i.  Elle  ne  se  peut  dé- 
prendre de  ces  pen.sées  sensuelles ,  id.  l'urif.  < . 
Fortifiez-moi  par  la  douleur  pour  achever  de  me  dé- 
prendre de  tout,  FÊN.  t.  XVIII,  p.  <(i5.  Plus  vous  pa- 
raissez né  d'un  caractère  facile,  léger,  inconstant, 
plus  il  vous  sera  aisé  de  vous  déprendre  de  vos  at- 
tachements criminels  et  de  revenir  à  votre  Dieu, 
MASS.  Car.  Pécher.  Si  vous  ne  pouvez  vous  dépren- 
dre de  rien,  vous  retrancher  sur  rien....  id.  ib.  Des 
liens  indissolubles  dont  on  ne  peut  plus  se  dépren- 
dre, ID.  l'rof.  Tel.  Serm.  2.  Un  secours  qui  lui  aidât 
[à  l'âme]  à  se  déprendre  des  filets  où  le  monde  et 
le  démon  l'avaient  enlacée,  id.  Confér.  Exccll.  du 
sacerd.  Nous  ne  pouvons  nous  déprendro  de  nous- 
mêmes;  nous  n'osons  rompre  des  liens  qui  nous  ac- 
cablent, ID.  Panig.  St  Benoit.  Ma  mère  dont,  mal- 
gré la  mort,  son  cœur  n'avait  pu  se  déprendre, 
j.  J.  Bouss.  Conf.  V. 

—  lirsT.  xm*  s.  Povres  et  esgarés,  essiliés  et  des- 
pris, Berte,  xxx.  Ouand  ma  fille  en  est  si  de  cuer 
triste  et  desprise....  ib.  Lxxvi.  ||  xvi«  s.  L'ame  semble 
se  desprendie  [par  les  larmes],  se  desmesler....  mont. 
I,  8.  Faire  bouillir  un  corps  pour  desprendre  la  chair 
d'avecques  les  os,  id.  i,  6.  Se  desprendre  [détacher] 
de  la  vie,  id.  i,  79.  Se  desprendre  des  opinions  et 
mœurs  receues,  id.  i,  H6.  Vous  ne  les  desprenez 
pas  à  votre  poste  [les  chevaux  fougueux] ,  quand  ils 
se  sont  une  fois  harpez,  id.  i,  3B9.  Pythagoras  faict 
Dieu  un  esprit  universel,  d'où  nos  âmes  sont  des- 
prinses,  in.  ii,  248.  X  quoi  ils  s'opiniasirercnt  tel- 
lement, que  la  dame  eut  toutes  les  peines  du  monde 
à  les  deprendre  [séparer] ,  yver,  p.  B98.  Ars  et  Rion 
se  mettent  à  les  desprendre,  ce  qu'ils  ne  pouvoient 
faire  sans  le  secours  d'un  seau  d'eau  ;  ce  duel  estant 
séparé....  d'aud.  Fœn.  m,  23.  ]1  est  nécessaire  que 
peu  à  peu  les  tendons  et  les  membranes  soient  des- 
jointes, ou  deprisesconire  la  cicatrice,  paré,  xm,  29. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  prendre;  bourguig. 
déprarre,  départe. 

I  «ÉPUÉPUCÉ  (dé-pré-pu-cé),  adj.  m.  X  qui  le 
prépuce  a  été  coupé,  circoncis.  ||  Substantivement. 
Superstitieux  que  tu  es,  tu  trembles  au  sabbat  des 
déprépucés,  volt.  Phil.  v,  322.  Ces  déprépucés 
d'Israël,  id.  lett.  de  Lisle ,  i6  déc.  <773. 

—  Etvm.  Dé....  préfixe,  et  prépuce. 

t  DÉPRESSER  (dé-pré  se) ,  r.  a.  Ôter  de  la  presse 
un  livre  rralchement  relié.  ||  Enlever  aux  draps  le 
lustre  qu'ils  avaient  acquis  â  la  presse. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  presse.  Dpspresser  si- 
gnifiait anciennement  tirer  de  la  foule,  écarter  la 
foule:  Il  rompit  la  presse,  et,  quant  les  archers  se 
virent  despressés,  ils  chargèrent  hardiment,  ilém, 
d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  i,  p.  383,  dans  lacurne. 

t  DÉPRESSICAUDE  (dé-prè-ssi-kôd'),  ad).  Terme 
de  zoologie.  Oui  a  la  queue  aplatie. 

—  ÉTYM.  Lat.  depressus,  comprimé,  et  cauda, 
queue. 

t  DÉI'RESSICOLLK  fdé-pré-ssi-ko-1') ,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  le  cou  ou  le  corselet  aplati. 

—  ÉTYM.  Ut.  deprtstut,  comprimé,  et  collum, 
cou. 

t  DÉPBESSICORNE  (dé-prè-ssl-kor-n-),  adj.  Terme 


DÉP 

de  zoologie.  Qui  a  des  cornes  ou  des  antennes  apla- 
ties. 

—  ÉTYM.  Lat.  depressus,  aplati,  et  corne. 

t  DÉPRESSIF,  IVE  (dé-prè-ssif,  ssi-v'),  adj.  Terme 
didactique.  Oui  déprime,  qui  cause  un  enfoncement. 
Les  actions  dépressives  qui  ont  formé  les  bassins  des 
fleuves.  Il  Fig.  Qui  abat.  Passions  dépressives. 

—  ÉTYM.  Lat.  depressum,  supin  de  deprimere, 
déprimer. 

I  DÉPRESSIOMÈTRE  (dé-prè-ssio-mè-tr'),  s.  m. 
Terme  de  marine.  Petit  appareil  pour  apprécier  la 
dépression  de  l'horizon. 

—  REM.  Ce  mot  est  aussi  mal  fait  que  possible;  on 
ne  peut  abréger  dépression  en  dépressio.  Le  mot 
formé  avec  ces  éléments  devrait  être  dépressimètre, 
mot  hybride  sans  doute,  mais  du  moins  qui  ne  se- 
rait point  barbare  et  contraire  à  tous  les  usages 
étymologiques. 

—  ÉTYM.  Dépression,  el  mètre,  mesure. 
DÉPRESSION  (dé-prèsion;  en  poésie,  de  quatre 

syllabes),  s.f.\\l°  Abaissement,  mise  en  bas,  en- 
foncement. On  sait  depuis  longtemps  que  certaines 
cultures  n'ont  pas  lieu  dans  des  dépressions  de  ter- 
rain et  réussissent  sur  des  collines;  des  végétaux 
sont  atteints  par  la  gelée  dans  des  fonds  et  ne  le 
.sont  pas  sur  des  hauteurs  peu  élevées,  becquerel, 
Acad.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  liv,  p.  312. ||  Terme 
d'astronomie.  Dépression  de  l'horizon,  abaissement 
de  l'horizon  visuel  au-dessous  de  l'horizon  vrai. 
Il  Terme  de  physique.  Abai.ssement  qu'éprouvent 
certains  liquides  dans  des  tubes  capillaires.  Consi- 
dérons le  principal  de  ces  phénomènes,  celui  de 
l'ascension  et  de  la  dépression  des  liquides  dans  des 
tubes  étroits,  laplace,  Exp.  iy,tT.  \\  Terme  d'a- 
natomie.  Aplatissement  naturel.  On  remarque  une 
légère  dépression  dans  cette  partie.  ||  Terme  de  chi- 
rurgie. Abaissement  accidentel  dans  certaines  par- 
tics  du  corps.  Dépression  des  os  du  crâne.  ||  2°  Fig. 
Action  de  rabaisser.  Des  hommes  qui  n'ont  pas  bonne 
grâce  à  chercher,  dans  la  ruine  et  la  dépression  les 
uns  des  autres,  de  coupables  succès,  des  trophées 
d'un  jour,  nuisibles  à  tout,  môme  à  la  gloire,  «mK- 
w.w, Collection,  t.  m,  p.  379.  113"  Diminution,  en 
parlant  des  cours  des  marchés.  La  dépression  d'une 
valeur,  du  cours  d'une  marchandise. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  restera  tousjours  quelque  de- 
pression  en  la  partie,  avec  dépravation  de  la  jambe, 
PARÉ,  VIII,  37.  Quelquesfois  il  n'y  a  qu'une  dépres- 
sion et  enfonceure  [du  sternum]  au  dedans  sans 
fracture,  id.  xiii,  io. 

—  ÊTYM.  Provenç.  dépressio;  espagn.  depresion; 
ital.  depresiione ;  (la  latin  depressionem,  âedepres- 
sum,  supin  de  deprimere,  déprimer. 

■]- DÉPRESSOm  (dé-prè-soir),  s.  m.  Instrument 
dont  on  se  sert,  après  l'opération  du  trépan,  pour 
abaisser  la  dure-mère  et  placer  le  sindon. 

—  ÉTYII.  Un  verbe  inusité  dépresser  (voy.  dé- 
pression), et  la  finale  oir,  qui  indique  en  général 
l'instrument. 

t  DÉPRËTRER  (  dé-prê-tré  )  ou  DÊPRÊTRISER 
(dé-prè-tri-zé),  v.  a.  Dépouiller  de  la  qualité  de  prê- 
tre. Il  Se  déprêtriser,  v.  réfl.  Rejeter  la  qualité  de 
prêtre.  ||  Mot  qui  ne  se  dit  que  dans  le  langage 
familier  et  par  une  sorte  de  dénigrement. 

—  HlST.  XVI'  s.  Il  s'estoit  desprestré  et  fait  impri- 
meur, PALISSY,  <04. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  etprêtre. Déprêtriser,  qui 
est  moins  bien  fait  que  déprétrer ,  vient  de  prêtrise. 

t  DÉPRÉVENIR  (dé-pré-ve-nir),  ï.  a.  ôler  les 
préventions.  Deprévenu  enfin  sur  le  compte  de  cette 
personne.  |{  Se  déprévenir,  t).  réfl.  Perdre  ses  pré- 
ventions. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  etpr^tiemV. 

t  DÉPRI  (dé-pri),  s.  m.  Terme  dont  on  se  servait, 
en  parlant  de  la  remise  demandée  au  seigneur  de 
fief,  pour  les  lods  et  ventes  d'une  terre  qu'on  vou- 
lait acquérir.  |{  Déclaration  que  l'on  faisait  au  bureau 
des  aides  de  l'intention  où  l'on  était  de  transporter 
des  marchandises  pour  les  vendre. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉPRIER. 

DÉPRIÉ,  ÉE  (dé-pri-é,  ée),  part,  passé.  Prié  à 
dîner,  puis  déprié. 

DÉPRIER  (tlé-pri-é),jedépriais,  nous  dépriions, 
vous  dépriiez;  que  je  déprie,  que  nous  dépriions, 
que  vous  dépriiez,  v.  a.  ||  1°  Retirer  une  invitation 
qu'on  avait  faite.  La  partie  étant  rompue,  il  a  fallu 
déprier  tous  les  invités.  Je  vais  contremander  le 
souper  et  déprier  nos  gens,  boissy,  f  ranpats  d  Lon- 
dres, se.  0.  Il  2°  Terme  de  droit  féodal.  Demander 
une  remise  au  seigneur.  ||  Faire  le  dépri  au  bu- 
reau des  aides. 

—  HIST.  xvf  s.  [La  priëre  de  Midas  fut  exaucée] 
mais  il  lui  fallut  desprier  ses  prières,  mont,  u,  340. 


DÉP 

—ÉTYM.  Dd....  préfixe,  et  prier.  Dans  le  français 
le  plus  ancien ,  deprier  répond  au  latin  dtpfecari, 
prier  pour  détourner  un  mal  :  xii's.  Puis  joint  ses 
mains,  si  va  Deu  depriant,  flonc.  p.  92.  Sire,  li 
reis  Henris,  fait  li  li  messagier,  Vus  requier  e  de- 
prie,  ciim  sun  père  très  chier,  Que  dous  [deux]  tels 
chardenals  li  faciez  enveier,  Th.  le  mart.  BG;xiii*s. 
Moult  [il]  deproia  l'empereor  Que  Renart  [il]  Il 
doinstpar  amor,  Ben.  4BI45.  C'est  à  ce  sens  que  sg 
rapportent  les  termes  de  droit  féodal  dépri  t.l  dé- 
prier. 

f  DÉPRIMAGE  (dé-pri-ma-j') ,  *.  m.  Terme  d'a- 
griculture. Action  de  déprimer  les  prairies. 

—  ÉTYM.  Déprimer. 

DÉPRI.MÉ,  ÉE  (dé-pri-mé,  mée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  plus  bas.  Le  sol  déprimé  en  cet  endroit. 
Il  Terme  didactique.  11  se  dit  des  parties  du  corps 
dont  la  forme  est  aplatie.  Une  tumeur  déprimée  a 
le  centre  peu  saillant.  Cet  oiseau  a  le  bec  déprimé. 
Un  front  déprimé.  ||  2°  Terme  de  botanique.  Tige 
déprimée,  tige  qui  est  couchée.  Rameaux  dépri- 
més, rameaux  abaissés  vers  la  terre.  ||  Déprimé  in- 
dique aussi  un  corps  globuleux  qui  semble  avoir 
été  aplati  par  pression  de  haut  en  bas.  Graine  dé- 
primée. Il  3°  Terme  de  médecine.  Pouls  déprimé, 
pouls  faible  qui  disparaît  sous  la  moindre  pression 
du  doigt.  Il  4°  Fig.  Mis  au-dessous  du  mérite  réel, 
de  la  valeur  réelle.  Cet  auteur  déprimé  par  les  cri- 
tiques. Il  Dans  un  sens  analogue,  en  parlant  des 
choses.  Les  vertus  déprimées  et  les  vices  honorés. 
115°  S.  m.  plur.  Terme  de  zoologie.  Les  déprimés, 
tribu  de  la  famille  des  coléoptères,  à  courts  élytres, 
comprenant  ceux  qui  ont  le  corps  aplati  de  haut 
en  bas. 

DÉPRIMER  (dé-pri-mé),  v.  a.  ||  !•  Produire  un 
enfoncement,  une  dépression  dans  une  surface.  Le 
coup  a  déprimé  les  os  du  crâne.  |{  2"  Fig.  En  par- 
lant des  personnes,  mettre  au-dessous  de  la  valeur 
réelle.  On^aimaitàle  louer  pour  déprimer  son  frère, 
MAiNTENON,  Lettre  à  UmedeCaijlus,  16  avril  (7)8. 
On  m'accusera  peut-être  de  vouloir  déprimer  Ra- 
cine;ma  réponse  sera  courte,  d'aleub.  vi,  4«.  Moi- 
même  ami  des  grands,  parfois  je  les  déprime,  gilb. 
Mon  apol.  Il  Dans  un  sens  analogue,  en  parlant  des 
choses.  Si  vous  ne  sentiez  pas  en  lui  [le  prochain] 
quelque  excellence,  par  laquelle  vous  voulez  croire 
que  vous  êtes  déprimé,  vous  auriez  pour  lui  des  dis- 
positions plus  équitables,  Boss.  Pensées  chrét.  xii. 
[Les  panégyristes]  Dans  une  autre  occasion  ils  dé- 
primeront les  vertus  qu'ils  ont  élevées,  en  faveur 
de  quelque  autre  sujet  qu'ils  voudront  flatter,  fén. 
t.  XXI,  p.  25.  Et  souvent  des  étrangers,  qui  n'avaient 
pas  le  même  intérêt  de  déprimer  sa  réputation, 
ont  été  frappés  de  la  contradiction  qu'ils  observaient 
entre  l'opinion  des  sociétés  de  Paris  et  le  juge- 
ment de  l'Europe ,  condorcet,  d'Àlembert.  Les 
uns  faisaient  valoir  le  pouvoir  des  États,  d'autres  le 
déprimaient,  anquet.  Ligxte,  m,  p.  254.  ||  Humilier. 
Si  l'homme  s'estime  trop,  tu  sais  déprimer  son  or- 
gueil, BOSS.  Mort,  4.  Le  gouvernement  turc  a  dé- 
primé les  Grecs  et  abruti  les  Égyptiens ,  volt. 
Mœurs,  3.  ||  3°  Terme  d'agriculture.  Faire  paître, 
au  printemps,  les  premières  pousses  des  prairies  ou 
des  champs  de  céréales.  ||  4°  Se  déprimer,  v.  réfl. 
Se  rabaisser.  Les  envieux  se  dépriment  les  i^ns  les 
autres.  |1  Être  déprimé,  enfoncé.  11  arrive,  dans  un 
coup  violent  sur  la  tèle,  que  les  os  se  dépriment. 

—  HIST.  XII*  s.  Li  sires  fait  povre  e  fait  riche,  or- 
gueil depriemt,  li  humble  eslieve.  Bois,  7.  ||  iiv*s. 
La  cité  estoit  grevée  et  déprimée  par  guerres  et  par 
chierté  de  vivres,  bercheube,  f"  46,  recto.  ||  xvi*  s. 
Mais  par  défaut  d'e.spritcelestiel.  En  t'aymant  trop, 
tu  me  hays  et  déprimes,  marot,iii,  284.  11  ne  faut 
pas  entendre  qu'il  ait  tellement  receu  nostre  malé- 
diction, qu'il  en  ait  esté  couvert  et  accablé;  mais 
au  contraire,  en  la  recevant,  il  l'a  déprimée,  rom- 
pue et  dissipée,  calv.  Instit.  392.  Et  pourtant  ne 
fault-il  pas  du  tout  ravaller  ny  déprimer  si  fort  la 
nature  humaine,  amyot,  de  la  tranq.  d'âme,  30.  Et 
où  il  adviendroit  que  l'os  seroit  rompu  et  déprimé 
d'un  costé  seulement,  sans  que  toute  la  pièce  fust 
enfoncée....  paré,  viii,  6.  Il  n'y  a  aulcun  de  nous 
qui  s'offense  tant  deseveoir  apparier  à  Dieu,  comme 
il  faict  de  se  veoir  déprimer  au  reng  des  aullres  ani- 
maux :  tant  nous  sommes  plus  jaloux  de  nostre  in- 
terest  que  de  celuy  de  nostre  Créateur,  mont,  n, 
2(1.  Je  sçais  bien,  quand  j'ois  quelqu'un  qui  s'ar- 
reste  au  langage  des  Essais,  que  j'aimerois  mieulx 
qu'il  s'en  teust;  ce  n'est  pas  tant  eslever  les  motg, 
comme  desprimer  le  sens,  d'autant  plus  picquam- 
ment  que  plus  obliquement,  id.  i,  293. 

—  ETYM.  Provenç.  depremer  ;  espagn.  depri- 
mir;  ital.   deprimere;  du  latin  deprimere,   do  la 


DEP 

préposition  de,  eXpremerc,  presser  (voy. pression). 
L'ancienne  conjugaison  était  depreinre,  formé  ré- 
gulièrement snr  deprimere  où  l'accent  est  sur  pri. 

4.  DÉPRIS,  ISE  (dé-pris,  pri-z'),  part,  passé  do 
déprendre.  Séparé  de  ce  qui  avait  pris.  Deux  cram- 
pons dépris  l'un  d'avec  l'autre.  Ces  deux  lutteurs 
dépris  l'un  de  l'autre.  ||  Fig.  Comme  on  est  [par  la 
simplicité]  intérieurement  dépris  de  soi-même  par 
le  retranchement  de  tous  les  retours  volontaires, 
on  agit  plus  naturellement,  fén.  t.  xvui,  p.  457. 

2.  DÉPRIS  (dé-pri),  s.  m.  Sentiment  par  lequel 
on  déprise,  et  qui  est  moins  fort  que  le  mépris. 
Il  Vieilli. 

—  HiST.  XVI'  S.  Bacchus  tant  feut  des  Indiens  des- 
prisé qu'ilz  ne  daignarent  luy  aller  encontre....  en 
cestuy  despriz,  Bacchus  tousjours  guaignoyt  pays, 
BAB.  Pant.  V,  39.  Peut-estre  que  le  despris  que  do- 
rénavant j'en  ferai  tous  chastiera,  maeoheh.  Kou- 
vell.  VI. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉPBISER. 

t  DÊPRISABLE  (dé-pri-za-bl') ,  adj.  Qui  mérite 
d'être  déprisé. 

—  HIST.  xvi*  s.  Tu  te  rends  desprisable  à  un  cha- 
cun, le  Prince  de  Uachiavel,  p.  97,  dans  lacurne. 

j  DÉPRISANT,  ANTE  (dé-pri-zan,  zan-t'),  adj. 
Qui  déprise.   Employer  une  expression  déprisante. 

DÉPRISÉ,  ÉE  (dé-pri-zé,  zée) ,  pari,  passé.  Des 
marchandises  déprisées.  Les  forces  de  l'ennemi  trop 
déprisées.  De  là  sur  l'Hélicon  deux  partis  opposés 
Régnent,  et  l'un  par  l'autre  à  l'envi  déprisés,  Gil- 
bert, A'  Vlll^  siècle. 

]  DÉPRISEMENT  (dé-pri-ze-man),  s.  m.  Action  de 
dépriser. 

—  IlIST.  XVI' s.  Courage  invincible,  asseurance 
parfaicte,  deprisement  de  tout  ce  pour  quoy  les  hu- 
mains tant  veillent,  courent,  travaillent,  naviguent 
et  bataillent,  rab.  Garg.  i.  Prologue. 

—  ÉTYM.  Dépriser;  provenç.  despreziament  ;  anc. 
espagn.  despreciamiento  ;  ital.  dispregiiamento , 
disprcgiamento. 

DÉPRISER  (dé-pri-zé),  V.  a.  \\  1»  Diminuer  le 
prix,  le  mérite  d'une  chose,  d'une  personne.  Ne 
déprisez  pas  cette  propriété.  Plus  il  [l'écrivain  sacré] 
entasse  de  choses  ensemble,  plus  il  déprise  ce  qu'il 
entasse  avec  soin,  boss.  Concupisc.  12.  N'est-ce 
pas  s'avilir  soi-même  que  de  dépriser  à  ce  point  toute 
l'humanité?  mass.  Pet.  car.  Humanité  des  gr.  Je 
ne  prétends  pas  dépriser  Corneille;  mon  commen- 
taire n'est  ni  un  panégyrique  ni  une  censure,  volt. 
Sur  Poly.  Apprenez  à  aimer  tous  les  hommes  et 
même  ceux  qui  les  déprisent,  j.  j.  houss.  Ém.  iv. 
Il  Absolument.  On  ne  déprise  avec  affectation  que 
parle  chagrin  de  ne  pouvoir  mépriser,  nucLos,  dans 
le  Dict.  de  poitevin.  ||  2°  Se  dépriser,  ti.  réfl.  Rabais- 
ser ce  qu'on  est,  ce  qu'on  vaut.  Attentif  à  guetter 
l'opinion  qu'on  avait  de  lui,  il  lui  arrivait  souvent 
de  parler  de  lui-même  avec  une  humilité  feinte, 
pour  éprouver  si  l'on  se  plairait  à  l'entendre  se 
dépriser,  marmontel,  Uém.  v.  ||  Se  rabaisser  réci- 
proquement. Ces  deux  hommes  se  déprisent  sans 
cesse. 

—  SYN.  DÉPHiSEH,  MÉPRISER.  Dépriser,  c'est  di- 
minuer le  prix;  mépriser,  c'est  ôter  le  prix.  L'envia 
s'efforce  de  dépriser  les  belles  actions.  La  grandeur 
d'âme  méprise  la  vengeance. 

—  HlST.  xiii's tant  [il]  se  hait  et  desprise  Qu'il 

perl  sa  force  et  sa  vigueur,  audefr.  le  hast.  Ro- 
mancero, p.  9.  Plus  les  servent,  plus  les  desprisent, 
la  Rose,  7582....  Por  ce  que  il  me  semble  que  il  a  des- 
prisié  et  despité  le  seignor,  Ass.  de  J.  (05.  ||  xiV  s. 
Et  par  ces  deux  manières  il  desprisent  ou  font  pe- 
tis  les  profis  par  eulz  receus,  oresme,  Eth.  255. 
Il  xv  s.  Je  ne  dis  pas  pour  despriser  les  autres  na- 
tions, mais  ceulx-là  ont  eu  de  grandes  victoires, 
COMM.  II,  2.  Il  XVI' s.  Nous  les  obscurcissons  [les 
grâces  des  autres],  ou  desprisons  le  plus  qu'il  nous 
est  possible,  calv.  Instit.  541.  Afin  qu'il  connoisse 
de  combien  vous  desprisez  [méprisez]  sa  folie,  marg. 
Nouv.  IV.  Se  louer  soy  mesme  est  aussi  importun, 
comme  se  despriser  et  blasmer,  amyot,  Arist.  et 
Coton  comp.  <  i .  X  fin  que  (|uelque  jour  ils  acquis- 
sent cesie  louange,  d'avoir  remis  en  prix  ce  qui  es- 
toit  desprisé,  langue,  280 Comme  les  fins  mar- 
chands qui  desprisent  ce  qu'ils  ont  plus  grande  envie 
d'acheter,  yver,  p.  532.  Bacchus  tant  feut  des  In- 
dians  desprisé  que  ilz  ne  daignarent  luy  aller  encon- 
tre, RAB.  Pant.  V,  39.  Il  me  semble  qu'aussi  sou- 
vent on  me  loue  qu'on  me  desprise ,  oultre  la  raison , 

MONT.  IV,  4)4. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  prix;  provenç.  despre- 
sar,  despreciar;  espagn.  despreciar;  portug.  des- 
yreiar;  ital.  dispreizare,  dispregiare. 

t  DÉPRISONNEMENT  (dé-pri-zo-ne-man) ,  t.  m. 


BEP 

Action  de  déprisonner ;  état  de  celui  qui  est  dépri- 
sonné. 

—  HIST.  xvi°  s.   Deprisonnement ,   monet,   Dict. 

—  ÉTYM.  Déprisonner. 

t  DÉPRISONNER  (dé-pri-zo-né) ,  v.  a.  Tirer  de 
prison. 

—  mST.  xiii'  s.  Par  foi,  font  il,  cis  fox  [ce  fou] 
nous  trufe  [trompe],  Quant  si  le  vùet  desprisonner 
Et  nous  traîr  par  sermonner,  la  Rose,  4  6263.  ||xv"s. 
Oultre  fut  dit  et  ordonné  Que  Ferrieres  leur  cappi- 
taine  Rendroit  Gaucourt  desprisonné  Avec  ung  autre 
chevetaine,  martial  de  paris,  Vig.  de  Charles  Vil, 
t.  I,  p.  4  77,  dans  LACURNE.  Je  vous  deprisonnerai 
de  votre  veu,  J.  de  Saintré,  p.  34  9,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  prison. 
DEPROFUNDIS  (dé-pro-fon-dis'),  s.  m.  Le  sixième 

des  psaumes  de  la  pénitence  qu'on  chante  aux  ser- 
vices funùbres.  Dire  un  De  profundis.  Se  mettre 
dans  un  cercueil  et  chanter  son  De  profundis,  volt. 
Mœurs,  4  26.  ||  Familièrement  et  par  ironie.  Gai 
comme  un  De  profundis,  fort  triste. 

—  ÉTYM.  De  profundis,  premiers  mots  du  psaume 
cxxix,  qui  est  le  sixième  des  sept  psaumes  de  la 
pénitence  ;  de  la  préposition  de,  et  profundis,  pro- 
fond :  Des  lieux  profonds  j'ai  crié  vers  toi,  ô  Sei- 
gneur. 

t  DÉPROniBER  (  dé-pro-i-bé  ) ,  «.  O.  Cesser  de 
prohiber,  annuler  une  prohibition. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  pro/ii'fcer. 

t  DÉPROIIIBITION  (dé-pro-i-bi-sion),  s.  f.  Levée 
d'une  prohibition. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el prohibition. 

f  DÉPROMETTRE  (dé-pro-mè-tr'),  je  dépromets, 
nous  dépromettons;  je  dépromettais;  je  dépromis; 
je  dépromettrai;  dépromets;  que  je  dépromette;  que 
je  dépromisse;  dépromettant;  dépromis,  v.  a.  Reti- 
rer une  promesse.  Si  je  te  l'ai  promis,  je  te  le  dépro- 
mets, mol.  Pourc.  II,  6.  Je  crois,  encore  un  coup, 
qu'il  vous  l'a  promise  [ma  fille,  en  mariage];  mais 
il  peut  vous  la  dépromettre  ;  car,  apparemment,  il 
n'en  sera  rien,  hauteroche,  Crispin  médecin,  i, 
3.  Je  me  suis  bien  promis  qu'en  faveur  de  l'affaire 
Vous  feriez  de  vos  biens  donation  entière....  — 
Vous  vous  êtes  promis?...  il  faut  vous  dépromettre, 
REGNARD,  Uéncchm.  1,  5. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  ti  promettre. 

+  DÉPROPRIEMENT  (dé-pro-pri-man),  s.  m.  Nom 
qu'on  donnait  au  testament  du  grand  maître  ou  des 
chevaliers  de  Malte. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  propre,  ce  qui  appar- 
tient. 

t  DÉPROUVER  (dé-prou-vé) ,  V.  a.  Détruire  une 
preuve. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  por  pe  que  aucun  porroient 
dira  que  ce  ne  pot  estre  que  je  puisse  desprover  ce 
qui  est  prové  contre  mi....  beaum.  xxxix,  23. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  prouver. 

t  DÉPROVINCIALISER  (dé-pro-vin-si-a-li-zé) , 
V.  a.  Faire  perdre  les  manières  provinciales,  jj  Se 
déproviucialiser,  v.  réfl.  Perdre  les  manières  pro- 
vinciales. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  profinciaZ. 

t  DÉPUCELAGE  (dé-pu-se-la-j'),  s.  f.  Terme  très- 
libre.  Action  de  dépuceler. 

—  HIST.  XVI'  s.  Zenon,  parmi  ses  loix,  regloit 
aussi  les  escarquillements  du  despucelage,  mont. 
m,  330. 

—  ÉTYM.  Dépuceler. 

DÉPUCELÉ,  ÉE  (dé-pu-se-lé,  lée),  part,  passé. 

DÉPUCELER  (dé-pu-se-lé.  Vl  se  double,  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette),  v.  a.  Terme  très- 
libre,  ôter  le  pucelage.  Hercule  ....  écrasant  les 
monstres,  dépucelant  les  filles,  dideb.  Salon  de 
4  767,   Œuvres  t.  xv,  p.  4  03,  dans  pougens. 

—  HIST.  xii*  s.  Por  de  besanz  plaine  mine  com- 
blée, Ne  vos  voudroie  avoir  despucelée,  Guill.  d'O- 
range, Variantes,  t.  ii,  p.  294.  ||  xm"  s.  Â  force  la 
vousistes  avoir  despucelée,  Berte,  cxvi.  ||  xV  s.  Ils 
cuidoient,  à  la  vérité,  qu'elle  jetast  ce  cri  à  la  des- 
pucelée, comme  c'est  la  coustume  en  ce  royaume, 
LOUIS  XI,  Nouv.  xxix.  Il  XVI'  s.  Vous  vous  trouveriez 
mal  appointé,  et  peut  estre  vous  feroit  on  accroire 
que  vous  avez  dépucelé  une  nourrice,  cholières. 
Contes,  t.  I,  matinée  3,  f°  74,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  eipucelle;  provenç.  des- 
piucelar;  ital.  spulcellare. 

t  DÉPUCELEUR  (dé-pu-se-leur) ,  s.  m.  Un  dépu- 
celeur  de  nourrices,  se  dit  par  moquerie,  dans  un 
langage  très-libre,  d'un  fanfaron  en  amour,  et  fig. 
de  celui  qui  se  vante,  comme  de  choses  extraordi- 
naires, de  ce  que  tout  le  monde  a  fait  avant  lui. 

—  ÉTYM.  Dépuceler. 

t  DÉPUCELLEMENT  (dé-pu-sè-le-man),  s.  m. 


DEP 


1079 


Terme  de  drcit  coutumier.  Action  de  dépuceler, 
nom  du  droit  Ju  seigneur  dans  certains  pays.  ||  Il 
s'emploie  auss!  dins  le  langage  libre  comme  dépu> 
celage. 

—  ÉTYM.  Dépuceler. 

DEPUIS  (de-pui;  l'sselie:  de-pui-z  un  an). 
Il  1°  J'r^p.  marquant  un  rapport  de  lieu,  l'intervalle 
d'un  point  à  un  autre.  La  France  s'étend  depuis  les 
Alpes  jusqu'à  l'Océan.  Il  Fig.  Quelle  distance  depuis 
l'instinct  d'un  Lapon  ou  d'un  nègre  jusqu'à  l'inteUi- 
genced'un  Archimède  ou  d'un  Newton!  marmontel, 
dans  girault-dovivier.  |1  Depuis  marquant  un  rap- 
port d'ordre,  de  succession.  Je  les  ai  tous  vus  depuis 
le  premier  jusqu'au  dernier.  Depuis  le  prophète 
jusqu'au  prêtre,  toutes  les  actions  ne  sont  que  men- 
songe, SACi,  Bible,  Jérémie,  vin,  40.  ||  Depuis  mar- 
quant un  rapport  de  temps.  Je  vous  attendrai  de- 
puis cinq  heures  jusqu'à  six.  Depuis  le  lever  du 
soleiljusquesà  la  nuit,  les  troupesde  Darius  ne  ces- 
sèrent de  défiler,  vaugel.  Q.  C.  liv.  m,  ch.  2,  dans 
richelet.  L'un  à  l'autre  attachés  depuis  notre  nais- 
sance, VOLT.  Zaïre,  ii,  2.  [[Depuis,  avec  un  nom 
de  personne  ou  un  pronom  personnel,  signifie  pos- 
térieurement à.  Il  est  venu  depuis  moi.  ||  De- 
puis quand?  depuis  combien  de  temps?  Et  depuis 
quand,  seigneur,  tenez-vous  ce  langage?  rac. 
tphig.i,  4.  Quel  ornement,  madame,  étranger  en 
ces  lieux!  Depuis  quand  l'avez-vous?  id.  ib.  ii,  3. 
jl  Depuis  peu,  depuis  peu  de  temps.  Il  est  arrivé 
depuis  peu.  ||  Depuis  lors,  depuis  ce  temps-là.  Il  se 
comporta  d'une  manière  inconvenante;  depuis  lors 
on  ne  l'a  pas  revu.  Humbert  dit,  dans  le  Glossaire 
genevois,  que  cette  locution  ne  se  trouve  que  dans 
J.  J.  Rousseau,  de  Saussure  et  les  écrivains  suisses. 
En  tout  cas ,  c'est  une  locution  commune,  rationnelle, 
et  formée  comme  dès  lors.  \\  2°  Adv.  11  est  parti 
il  y  a  un  an,  je  ne  l'ai  pas  revu  depuis.  Et  tu  sais 
que  depuis  ,  à  chaque  occasion  ,  Je  suis  tombé 
pour  toi  dans  la  profusion,  cokn.  Cinna,  v,  t.  « 
Et  depuis,  jusqu'ici,  chaque  jour,  ses  courriers 
M'apportent  en  tribut  ses  vœux  et  ses  lauriers  , 
m.  Pomp.  II,  4.  Depuis,  comme  à  votre  heur  toute 
chose  conspire.  Votre  oncle  encor  vivant  vous  ré- 
signa l'empire ,  rotrou  ,  Bélis.  v ,  6.  Mais  qui 
sait  si  depuis  Je  n'ai  point  en  secret  partagé  vos 
ennuis?  rac.  Andr.  ii,  2.  11  me  fallut  depuis  gé- 
mir de  votre  absence,  volt.  Zaïre,  ii,  2.  ||  3°  De- 
puis que,  loc.  conj.  suivie  de  l'indicatif,  depuis  le 
temps  où....  Depuis  qu'elle  [Rome]  se  voit  lamaîtresse 
du  monde.  Depuis  que  la  richesse  entre  ses  murs 
abonde,  corn.  Cinna,  il,  4.  Depuis  que  le  Sei- 
gneur m'a  reçu  dans  son  temple,  sac.  Athal.  iv, 
I.  Depuis  que  je  suis  né,  j'ai  vu  la  calomnie.... 
VOLT.  Tancr.  Il,  3.  Non,  depuis  qu'en  ces  lieux 
mon  âme  fut  vaincue.  Depuis  que  ma  fierté  fut  ainsi 
confondue....  ID.  Orphel.  ii,  8.  ||  4»  Depuis,  dans  le 
même  sens,  avec  l'infinitif.  Depuis  avoir  connu  feu 
M.  votre  père,  j'ai  voyagé  par  tout  le  monde,  mol. 
Bourg,  gentilh.  iv,  6.  Villacerf  ne  remit  pas  le  pied 
à  la  cour  depuis  s'être  démis  des  bâtiments,  st-sim. 
70,  458.  Il  Cette  tournure,  quoique  peu  usitée  pré- 
sentement, mérite  d'être  employée.  ||  S"  Depuis  que, 
dans  le  sens  de  dès  là  que ,  dés  lors  que ,  lors- 
que. Il  n'est  rien  qui  ne  cède  à  l'ardeur  de  régner; 
Et,  depuis  qu'une  fois  elle  nous  inquiète,  La  nature 
est  aveugle  et  la  vertu  muette,  corn.  Nicom.  ii,  4. 
Les  rois  ne  sont  plus  rois  depuis  que  leur  puissance 
Laisse  à  la  calomnie  opprimer  l'innocence,  rotrou, 
Bélis.  V,  5.  Mais  depuis  qu'une  vie  est  tombée  en 
tes  mains,  Ô  mort,  pour  la  ravir  tous  nos  efforts 
sont  vains,  id.  Antig.  v,  8.  Voltaire,  dans  ses  notes 
sur  le  Menteur  de  Corneille,  a  condamné  cette  tour- 
nure. De  fait  elle  a  cessé  d'être  en  usage. 

—  REM.  1.  Du  depuis  est  une  locution  qui  est  tout 
à  fait  tombée  en  désuétude,  et  hors  du  bon  usage. 
On  la  trouve  dans  des  auteurs  de  la  première  moitié 
du  XVII'  siècle:  Je  craignais  tous  ces  traits  que  j'ai 
sus  du  depuis,  Régnier,  Élég.  3.  Le  cardinal  avait 
témoigné  une  douleur  sensible  de  l'injustice  qu'il 
m'avait  faite  et  qu'il  avait  clairement  reconnue  du 
depuis,  RETZ,  II,  466.  Il  2.  Dans  depuis  qtie,  la  lo- 
cution complète  est  depuis  ce  que,  comme  on  peut 
le  voir  à  l'historique. 

—  HIST.  XIII'  s.  [La  ville]  Fut  Namur  apelée  de- 
puis communaument,  Berte,  ix.  Despuis  en  fut  la 
vile  assez  plus  asservie,  ib.  lx.  Despuis  qu'ele  ot  de 
vous  la  nouveleescoutée,  ib.  lxxxii.  Signer,  moult 
se  demontoit  Floire,  Despuis  qu'il  revint  de  Mon- 
toire,  FI.  et  Bl.  793.  {|  xiV  s.  Depuis  ce  qu'ils  es- 
toient  couchiés,  Ménagier,  i,  6.  ||  xV  s.  La  roina 
d'Angleterre  et  son  fils  en  aima  depuis  le  cheva- 
lier et  la  dame  à  toujours,  froiss.  i,  i,  42.  ||  xvi'  s. 
Depuis  qu'Adam  fust  tempté  de  vipère,  (k>nceu  a* 


1080 


DÉP 


fut  sans  péché  créature,  j.  marot,  v,  334.CeJxqui 
nient  que  Jesus-Christ  ait  esté  fils  de  Dieu  que  de- 
puis avoir  vestu  nostre  chair,  ne  font  que  caviller 
malicieusement,  calv.  Instit.  374.  D'puis  au  dis- 
ner  jusques  au  souper,  une  larme  n'attendant  1  aul- 
tre,  elle  ne  cessa  de  me  prescher,  maro.  Lettre  20. 
Depuis  mercredy  Madame  s'est  trouvée  beaulcoup 
plus  mal  qu'elle  n'avoit  esté  despuis  qu'elle  a  com- 
mencé h  se  lever,  id.  ib.  40.  Ces  paroUes  achevées, 
s'escarla  de  la  compaignie;  depuys,  ne  feut  possi- 
ble tyrer  de  luy  mot  quelconque,  rab.  Pant.  m,  46. 
l'asquil  ha  faict  depuvs  nagueres  ung  chansonnet 
auquel  il  dict....  id.  Ep.  (3.  Depuis  qu'on  est  planté 
en  butte  aux  canonades....  mont,  i,  49.  Il  ne  veit 
oncques  ce  discours,  depuis  qu'il  luv  eschajipa,  id. 
I,  206.  Depuis  le  jour  que  je  le  perdis,  id.  i,  2|o. 
Il  soufTroit  la  mesme  passion  en  son  cueur,  que"  Je- 
mistocles  longtemps  depuis  [après]  souffrit,  amïot, 
Thésée,  8.  Au  reste  depuis  [après]  la  mort  de  son 
père  iiîgeus,  il  entreprit  une  chose  grande  à  mer- 
veille, ID.  t'b.  28.  X  Sparte,  depuis  que  l'enfant estoit 
né,  le  père  n'en  esloit  plus  le  maistre,iD.  Lyc.  32. 
Kt  se  feit  porter  de[mis  la  cour  du  roy  jusques  à  la 
coste  de  la  mer  Mediterrane,  ID.  l'élop.  66.  Aussi 
n'estoit-il  point  cholere ,  n y  prompt  à  se  courrou- 
cer; mais  depuis  qu'une  fois  il  l'estoit,  on  avoit 
beaucoup  affaire  à  le  rappaiser,  id.  Cat.  d'Utiq.  <. 

—  ÈTYM.  Dé....  préfiie,  et  puis  ;  Berry,  dépens, 
dépuye,  dépuire;  bourguig.  depext,  depô;  wallon, 
dipeû,  dispeû,  di«pdi'e;provenç.  despuuis,  depueis, 
depos;  anc.  catal.  depus,  depuys;  espagn.  despues; 
portuK-  depnis;  ital.  dopo. 

DÉPURATIF,  IVE  (dé-pu-ra-tif,  tiv'),  ad). Terme 
de  médecine.  Oui  passe  pour  avoir  la  propriété  de 
dépurer  le  sang,  les  humeurs.  Remède  dépuratif. 
Il  S.  m.  Un  dépuratif.  Les  dépuratifs  sont  ou  des 
diurétiques  ou  des  diaphorétiques. 

—  Rtym.  Dépurer;  provenç.  depuratiu. 

«  DÉPURATION  (dé-pu-ra-sion),  s.  f.  \\  1»  Action 

par  laquelle  on  dégage  un  corps  quelconque  des 
matières  qui  en  altèrent  la  pureté.  La  dépuration 
d'un  métal.  |{  3"  Terme  de  pharmacie.  Séparation 
spontanée  qui  se  fait  dans  un  liquide  trouble  lors- 
qu'on le  laisse  en  repos  dans  un  vase  cylindrique. 
La  dépuration  n'est  le  plus  souvent  qu'un  prélimi- 
naire de  la  clarification.  ||  3"  Terme  de  pathologie. 
Travail  par  lequel  l'économie  animale  se  purifie  ou 
plutôt  se  débarrasse  de  ce  qui  la  trouble.  La  petite 
vérole  n'était  qu'une  simple  dépuration  du  sang, 
VOLT.  Jenni,  9. 

—  HIST.  XIII*  s.  Ne  voit  l'en  comment  de  fogiere 
Font  cil  et  cendre  etvoirre  nestre  Qui  de  voirrerie 
sunt  mestre  Par  depuracion  legiere?  laRose,  46302. 
Il  xiv  s.  Les  ungs  [métaux]  par  dépuration  Reçoi- 
vent grant  perfection ,  Nat.  à  l'alch.  err.  )23. 

—  ÊTYM.  Dépurer;  provenç.  depuracio;  espagn. 
depuracion;  ital.  depuraxione. 

DÊPURATOIRE  (dépu-ra-toi-r'),  adj.  Qui  sert  à 
dépurer.  Machine,  fontaine  dépuratoire.  ||  Terme  de 
médecine.  Maladies  dépuratoires,  maladies  qu'on 
croyait  servir  à  dépurer  la  masse  des  humeurs  :  la 
variole,  la  rougeole,  etc. 
-  ÊTYM.  Dépurer. 

DÉPURÉ,  ÉE  (dé-pu-ré,  rée),  part,  passé.  Un  li- 
quide dépuré. 

DÉPURER  (dé-pu-ré),  v.  a.  Terme  de  chimie  et 
de  médecine.  Purifier.  Dépurer  un  métal.  Dépurer 
le  sang.  ||  Se  dépurer,  v.  réfl.  Devenir  pur.  Le  sang 
continue  à  se  dépurer,  par  le  mouvement  de  la  cir- 
culation, de  tout  ce  qui  lui  restait  de  molécules  non 
organiques,  bupf.  Animaux,  HeproduUion. 

—  SYN.  DÉPUBER.  ÉPURER.  Ces  deux  mots  ne  dif- 
fèrent que  par  la  préposition  :  de,  signifiant  ôter  de; 
e,  signifiant  faire  aller  hors.  Dépurer  un  liquide, 
épurer  un  liquide  sont  vraiment  synonymes.  Mais, 
au  delà,  il  n'y  a  plus  de  synonymie: dépurer  ne  se 
dit  qu'au  propre,  tandis  que  épurer  s'emploie  très- 
bien  au  figuré. 

—  HlST.  xiV  s.  Mais  luy,  estant  dans  son  mer- 
cure. C'est  à  dire  nonc  séparé  De  la  mine,  ains 
fort  desDure,  Traité  il'a'ch.  :i76.  ||  xvi'  s.  On  pourra 
mesler  ces  huiles  avec  les  sucs  dépurés  de  pourpié, 
de  laictue,  pare,  xx  bis,  (0. 

—  ETYM.  il'....  préfixe,  et  pur;  provenç.  et  es- 
pagn. depiirar;  ital.  depurare. 

DÊPUTATION  (ilé-pu-la-si»n;en  poésie,  de  cinq 
syllabes),  s.  (.  ||  l»  Envoi  solennel  de  personnes 
chargées  d'un  message  pour  quelqu'un.  Essayons 
de  ramener  les  esprits  par  une  seconde  députation , 
VAUOEt..  Q.  C.  dans  riciielet.  Il  proposa  de  faire 
une  députation  au  roi,  eév.  233  Ils  ne  vont  pas  en 
députation  au-devant  de  M.  de  Grignan,  id.  689. 
\[i'  Fonction  de  député  à  une  assemblée  délibé- 


I/ÉQ 

rante.  Aspirer  à  la  députation.  C'est  dans  le  temps 
que  nous  voulons  la  députation  pour  mon  fils,  dont 
apparemment  M.  de  Chaulnes  sera  le  maître  cette 
année,  sÉv.  668.  |{  La  députation  d'un  département, 
tous  ses  députés.  ||  Députation  des  États,  nom,  dans 
plusieurs  gouvernements  constitutionnels,  d'un  co- 
mité revêtu  de  certaines  attributions  en  l'absence 
(les  États.  Il  Assemblée  des  États  de  l'empire  germa- 
manique,  dans  laquelle  se  réglaient  certaines  af- 
f..ires  renvoyées  par  la  diète. 

—  HIST.  XVI'  s.  Sire,  j'ai  esté  député  des  églises 
malgré  moi,  et  pendant  que  bien  d'autres  briguoient 
cette  députation,  d'al-b.  Vie,  cix. 

—  ÉTYM.  Lat.  deputationem,  répartition,  de  depu- 
tare  (voy.  DépuTEB). 

'.  DÉPUTÉ,  ÉE  (dé-pu-té,  tée) ,  part,  passé.  Les 
membres  du  conseil  députés  pour  aller  faire  des  re- 
présentations au  ministre. 

2.  DÉPUTÉ  (dé-pu-té),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  est 
chargé  de  certain  message  solennel  auprès  d'un 
prince  ou  d'une  puissance.  Le  député  vint  donc,  et 
fit  cette  harangue  :  Romains,  et  vous,  sénat  assis 
pour  m'écouier....  la  font.  Fabl.  xi,  7.  Les  dépu- 
tés du  peuple  et  les  chefs  des  soldats,  volt.  Irène, 
IV,  2.  Puisque  les  actionnaires  se  sont  réservé  en 
commun  le  cajiital  hypothéqué  de  leurs  actions  et 
qu'ils  ont  une  caisse  particulière  et  des  députés  pour 
veiller  à  leurs  intérêts,  raynal,  Hist.  phil.  iv,  27. 
Il  2"  Celui  qui  devient,  par  élection,  membre  d'une 
assemblée  délibérante.  Les  députés  aux  états  géné- 
raux. Il  Particulièrement,  celui  qui  fait  partie  de  ce 
qu'on  appelle  ordinairement  seconde  chambre,  par 
opposition  à  chambre  des  pairs,  à  sénat.  La  chambre 
des  députés.  Les  députés  au  corps  législatif.  ||  Pro- 
verbe. Les  députés  de  Vaugirard  qui  viennent  en 
corps,  et  ne  sont  qu'un,  se  dit  par  raillerie  des  so- 
lennités qui  se  font  pour  peu  de  chose. 

—  HIST.  xiV  s.  Le  visiteur  ordenera  un  depputé 
à  chascun  passaige,  qui  les  dites  laines  pèsera,  Or- 
donn.  dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  xvi"  s.  Députés 
[hommes  choisis,  désignés  pour  faire  une  chose], 
AMYOT,  Lyc.  35.  Ce  député  est  choisi  au  sort,  mg.nt. 

Il,   267. 

—  ÊTYM.  Député  i. 

DÉPUTER  (dé-pu-té),  ».  o.  ||  1"  Envoyer  comme 
député.  Madame,  le  sénat  nous  députe  tous  deux 
Pour  vous  jurer  encor  qu'il  suivra  tous  vos  vœux, 
CORN.  Pulch.  v,  2.  L'ambassadeur  est  l'homme  du 
prince  qui  le  députe,  bodrd.  Pensées,  1. 11,  p.  491. 
Cet  homme  ainsi  blti  fut  député  des  villes  Que  lave 
le  Danube;  il  n'était  point  d'asiles  Où  l'avarice  des 
Romains  Ne  pénétrât  alors  et  ne  portât  les  mains, 
LA  font.  Fabl.  XI,  7.  ||  2"  Absolument.  Envoyer  une 
députation.  L'erreur  alla  si  loin  qu'Abdère  députa 
Vers  Hippocrate,  et  l'invita  X  venir  rétablir  la  rai- 
son du  malade,  la  font.  Fabl.  vui,  26.  On  court, 
on  s'assemble,  on  députe  A  l'oiseau  :  seigneur  Cor- 
moran, D'où  vous  vient  cet  avis?  Quel  est  votre  ga- 
rant? id.  Fabl.  X,  4.  11  déclara  ouvertement  qu'il 
ne  se  séparerait  point  d'eux,  et  leur  conseilla  de 
députer  vers  le  prince,  pour  savoir  de  lui-même 
contre  qui  il  prétendait  les  mener,  rolun,  Hist. 
anc.  t.  IV,   p.  145,  dans  POLGB^s. 

—  HIST.  xv  s.  Lieu  que  nous  avons  député  et  or- 
donné, On/onn.  dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  xvi'  s. 
Sans  en  faire  plus  longue  inquisition,  ils  ont  député 
un  anneau  à  cet  usage,  beau  et  riche,  ne  considé- 
rant point  la  pauvreié  en  laquelle  a  vécu  la  sainte 
Vierge,  Calvin,  t6t.  La  dernière  portion  [des 
biens]  estoit  députée  pour  la  réparation  des  temples 
et  autres  despenses  extraordinaires,  id.  Inslit.  880. 
Depuis  que  l'enfant  estoit  né,  le  père  n'en  estoit 
plus  le  maistre,  ains  le  portoit  en  un  certain  lieu  à 
ce  député,  là  où  les  plus  anciens  de  la  lignée  visi- 
loient  l'enfant,  amyot,  Lyc.  65.  On  députa  les  pre- 
miers et  principaux  personnages  de  l'une  et  de  l'au- 
tre partie  pour  envoyer  devers  luy,  ni.  Numa,  6. 
Le  cynosarges  estoit  un  parc  di'puté  aux  exercices 
des  jeunes  gens,  id.  Thém.  t.  Si  ne  feust  pas  plus 
tost  député  à  celle  charge,  qu'il....  ID.  Caton,  2t. 

—  ÉTïM.  Provenç.  deputar  ;  espagn.  deputar,  di- 
putar  ;  ital.  dcputore;  du  latin  di'pulare,  tailler, 
assigner,  de  la  préposition  de,  et  pulare,  tailler, 
penser  (voy.  putatif).  Députer,  c'est  proprement 
assigner,  puis,  de  là,  confier  une  mission. 

t  DÉQUALIFICATION  ( dé-kali-fi-ka-sion ) ,  s.  f. 
Perle  d'une  qualification. 

—  ÊTYM.  Déqualifier. 

t  DÉQUALIFIER  (dé-ka-li-fi-é),  v.a.  Enlever  une 
qualification,  une  qualité. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  qualifier. 

t  DÉQUILLER  (dé-ki-llé,  /i  mouillées),  v.a. 
Terme  du  jeu  de  quiUas,  Frapper  une  quille  avec 


DÉR 

la  boule,  de  manière  à  lui  faire  quitter  sa  place,  à 
la  jeter  hors  du  carré  du  jeu.  ||  Fig.  et  familière- 
ment, déposter,  chasser  d'un  poste,  d'une  fonction. 
On  l'a  déquillé  à  son  grand  regret.  Vous  voilà  dé- 
quillé. 

—  HIST.  XVI'  S.  Duras,  voulant  prendre  sa  place, 
l'accusa  en  mesme  temps  aux  deux  cours  d'estre 
double,  et,  pour  peu  d'indice  qu'il  en  pjst  appor- 
ter, le  desquilla  facilement  de  l'une  et  de  l'autre, 
d'aub.  Hist.  II,  222. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  quille. 

t  DÉRACINABLE  (dé-ra-si-na-bl') ,  adj.  Qui  peut 
être  déraciné,  au  propre  et  au  figuré. 

—  ÊTYM.  Déraciner. 

DÉRACINÉ,  ÉE  (dé-ra-si-né,  née),  part,  passé. 
Dont  les  racines  ont  été  arrachées  de  terre.  Des  ar- 
bres aussi  anciens  que  le  monde  sont  déracinés,  ou 
leurs  débris  dispersés,  ray.nal,  Hist.  phil  x,  6. 
Il  Fig.  Une  opinion  déracinée  par  la  parole  et  par 
les  livres.  Le  plus  noble  orgueil  y  germa  sur  les 
débris  de  la  vanité  déracinée,  j.  j.  houss.  Conf.  a. 

DÉRACINEMENT  (dé-ra-si-ne-man) ,  s.  m.  Action 
de  déraciner  un  arbre.  Le  déracinement  d'un  chêne. 
Il  État  de  ce  qui  est  déraciné. 

—  ÊTYM.  Déraciner. 

DÉRACINER  (dé-ra-si-né),  v.  a.  \\  1°  Renverser  ce 
qui  tient  au  sol  par  racines.  Le  vent  redouble  ses 
efforts  Et  fait  si  bien  qu'il  déracine  Celui  de  qui  la 
tête  au  ciel  était  voisine  Et  dont  les  pieds  touchaient 
à  l'empire  des  morts,  la  font.  Fabl.  i,  22.  Ce  grand 
Dieu  qui  se  vante  de  déraciner  par  son  souffle  les 
cèdres  du  Liban,  tonne  pour  ab.ttre  les  feuilles 
des  arbres,  boss.  la  Valliire.  Je  le  voyais  déraciner 
sans  peine  d'une  main  les  hauts  sapins,  fén.  Tél. 
XV.  Il  Fig.  Vous  avez  été  choisi  pour  déraciner  ma 
vie  de  la  terre;  j'y  tenais  par  un  lien  trop  fort, 
STAËL,  Corinne,  xx,  3.  ||2"'  Par  extension.  Déraci- 
ner un  cor,  l'extirper.  ||  Faire  sortir  de  sa  place.  Et 
d'un  grand  maître  tireur  d'armes,  qui  vient  avec  ses 
battements  de  pied,  ébranler  toute  la  maison  et  nous 
déraciner  tous  les  carreaux  de  notre  salle,  mol.  B. 
gcnt.m,  3.  Il  3°  Fig.  Ôter,  enlever,  faire  disparaî- 
tre. Chacun  se  doit  connaître  et,  par  un  exercice, 
Cultivant  sa  vertu,  déraciner  son  vice,  Régnier, 
Sat.  XV.  Par  là  de  nos  trois  cœurs  l'amitié  ressaisie 
En  déracinerait  et  haine  et  jalousie,  corn.  Othon, 
II,  4.  Oui  pourrait  l'affermir  dans  un  saint  exercice 
Qui  du  cœur  tous  les  ans  déracinât  un  vice,  id.  Imit. 

I,  Il Regarde  en  autrui  Tout  ce  qui  t'y  déplaît, 

tout  ce  qu'on  y  censure.  Et  déracine  en  toi  ce  qui 
te  choque  en  lui,  id.  ib.  1,  25.  St  Dernard  fît  un 
voyage  dans  ces  pays-là  pour  y  déraciner  ce  mau- 
vais germe,  et  les  miracles  qu'il  y  fit  en  confirma- 
tion de  la  vérité  cathoUque  sont  plus  éclatants  que 
le  soleil,  boss.  Var.  xi,  §  36.  Commencez  à  déraci- 
ner vos  vicieuses  inclinations,  mass.  Car.  Jeûne. 
Il  Déraciner  les  abus,  les  faire  disparaître.  ||  4°  Se 
déraciner,  v.  réfl.  Perdre  son  enracinement.  Cet 
arbre  se  déracine.  {|  Fig.  Les  opinions  anciennes  ne 
se  déracinent  pas  facilement.  Souvent  le  vain  or- 
gueil par  là  se  déracine,  L'amour- propre  se  mine, 
Et  fait  place  aux  vertus  avec  facilité,  corn.  Imit. 

II,  2. 

—  HIST.  xiv  S Et  si  t'enfourme  [conduis-toi 

de  telle  manière],  K'orruel  de  ton  cuer  desrachin- 
nes,  J.  DE  CONDET,  p.  (58.  ||  xvi'  s.  Timoleon  pensa 
d'affranchir  aussi  les  autres  villes,  et  de  tout  poinct 
exterminer  et  déraciner  les  tyrannies  de  Sicile, 
AMYOT,   Timol.  34. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  racine  ;  picard,  déra- 
cheiner,  déracher;  provenç.  desraygar,  desratigar  ; 
anc.  catal.  desreygar  ;  espagn.  desraigar ;  ital.  dis- 
radicare.  Le  provençal,  l'espagnol  et  l'italien  sont 
formés  de  raii,  radice,  racine. 

t  DÉRACINEUR  (dé-ra-si-neur) ,  s.  m.  Celui  qui 
déracine.  Los  niveleurs  étaient  de  plusieurs  espèces  : 
les  uns,  les  fouilleurs  et  les  déracineurs,  s'empa- 
raient des  bruyères,  ciiateaub.  Suarts,  248. 

—  ÊTYM.  Déraciner. 

t  DÉRADELPHE  (dé-ra-dèl-P),  adj.  Terme  de 
tératoliigie.  Monstre  déradelphe,  et,  substantive- 
ment, un  déradelphe,  monstre  composé  de  deux 
individus  réunis  par  le  cou. 

—  ÊTYM.  Aéfti,  cou,  et  à&ii.ifi;,  frère. 

t  DÉRADELPUIE  (déia-dèl-fie),  i.  f.  État  du 
monstre  déradelphe. 

DÉRADER  (dé-ra-dé),  e.  o.  Terme  ue  mar.ne. 
Emporter,  en  parlant  d'un  gros  temps,  d'un  vent 
violent,  un  vaisseau  hors  de  la  rade,  avec  ses  an- 
cres. Il  Terme  de  pèche.  Désagréer  un  bateau  quand 
la  saison  de  la  pèche  est  finie. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  rade. 
t  DËRAIOIR ,  voy.  déboidir. 


f  DfiRAII.fi,  ÉE  (d<5-i-ô-16,  16e),  part,  passé.  Sorti 
hors  des  rails.  Un  convoi  dérailé. 

t  DÊRAILEMENT  (dé-rè-le-man) ,  ».  m.  Action 
de  dérailer;  résultat  de  cette  action. 

—  REM.  Ce  mot  se  trouve  écrit  d'ordinaire  dc'raiV- 
lement,  et  est  prononcé  dé-ra-lle-man ,  avec  II  mouil- 
lées; mais  c'est  une  erreur  de  la  prononciation  et 
de  l'orthographe.  Voy.  dérailer. 

■;•  DÉRAILER  (dé-rè-lé),  v.n.  Sortir  des  rails,  en 
parlant  d'un  convoi  sur  un  chemin  de  fer. 

—  REM.  Ce  mot  est  écrit  d'ordinaire  dérailler,  et 
prononcé  dé-ra-Ué,  K  mouillées;  mais  c'est  une  er- 
reur, puisqu'il  vient  de  l'anglais  rail,  prononcé  en 
anglais  r'i.  Il  vaut  mieux  suivre  la  prononciation 
anglaise,  que  cette  mauvaise  prononciation  qui  rap- 
proche dérailer  de  railler,  et  ne  pas  tenir  compte 
de  l'orthographe,  pas  plus  qu'on  ne  fait  pour  kecp- 
sake  qu'on  prononce  non  comme  il  est  écrit,  mais  à 
l'anglaise,  ki-psè-k'. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  angl.  rail,  rail  de  che- 
min de  fer  (voy.  rail). 

DÉRAISON  (dé-ri^-zon) ,  ».  f.  Manque,  absence  de 
raison  dans  les  paroles  ou  les  actions.  Qu'est-ce  que 
le  péché,  sinon  une  erreur  et  une  déraison?  fén. 
t.  III,  p.  3(7.  La  raison  parfaite  va  plus  loin:  elle 
supporte  en  paix  la  déraison  d'autrui ,  id.  Dial.  des 
morts  anc.  Socr.  Alcib.  et  Timon.  Cela  nous  paraî- 
tra d'une  grande  déraison,  montcrif,  dans  desfon- 
TAINES.  Qui  t'anime  aujourd'hui  ?  par  quelle  déraison 
Rappeler  les  malheurs  de  toute  ma  maison?  lemerc. 
Agatnemnon,  iv,  6. 

—  HIST.  XII*  s.  Tel  poesté  ne  puet  nul  chardenaus 
aveir;  Par  mei  n'aura  nul  d'els  de  desraisun  poeir, 
E  poesté  de  pape  n'aura  par  mun  voleir.  Th.  le 
mart.  68.  ||xiii"  s.  Certes,  moult  est  laide  chose  et 
vilaine,  que  il  est  de  çaiens  forclos,  et  moult  i  est 
grans  la  mesproison  por  vous,  et  la  desraisons  de 
che  que  il  oncques  le  fust,  n.  de  valenc.  xviii.  Et 
cil  monstrerent  la  besoigne  et  la  desraison  que  lor 
dame  lor  faisoit,  Chron.  de Rains ,  228.  Seigneur, 
vous  iesles  tout  mi  home,  et  je  suisvostre  sires....  et 
vous  ai  moultamés....  et  donné  du  mien  largement, 
et  ne  vous  fis  onkes  tort  ne  desraison,  ains  vous  ai 
toujours  menés  par  droit,  ib.  4  47.  [On  blâme  une 
dame]  De  la  desraison  qu'ele  fait.  Qui  loial  amant 
morirlait [laisse],  Bi.  et  Jeh.  < 007.  En  tex [tels]  dons 
n'a  pasdesreson.ta  Ziose.saeo.  Oiez,  prélat  et  prince 
et  roi,  La  desreson  et  le  desroi  Qu'on  a  fet  à  mestre 
Guillaume,  RUTEB.  7t.  ||  xiv's.  N'oncques  puis  je  ne 
m'assenti  De  faire  à  nulluy  desraison,  N'autre  chose 
contre  raison,  bruyant,  dins Ménagier ,  t.  ii,  p.  33. 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  et  raison;  provenç.  des- 
raso;  ital.  disragione. 

DÉRAISONNARLE  (dé-rè-zo-na-bl'),  adj.  ||  !•  Qui 
n'est  pas  raisonnable.  C'est  un  homme  tout  à  fait 
déraisonnable.  |1  2°  En  parlant  des  choses.  Conduite 
déraisonnable.  Ce  qu'a  fait  Massinisse  est  si  dérai- 
sonnable Qu'à  peine  mon  esprit  le  trouve  imagina- 
ble, MAiR.  Sophon.  IV,  4.  Votre  dernière  plainte 
n'est  pas  moins  déraisonnable,  pasc.  Réfut.  de  la 
rép.  à  la  12'  prov. 

—  HIST.  XIV*  s.  Dire  que  un  homme  qui  fait  adul- 
tère ne  veuille  pas  estre  incontinent,  c'est  un  dit 
desraisonnable,  oresme,  jBfft.  73.||  xvi's.  Il  n'exaulce 
point  leurs  prières,  attendu  qu'elles  sont  desraison- 
nables, AMYOT,  P.  Mm.  32.  X  une  femme  desrai- 
aonnable  il  ne  couste  non  plus  de  passer  par  dessus 
une  raison  que  par  dessus  une  aultre,  mont,  u,  84. 
Et  des  humeurs  desraisonnables  des  hommes,  il 
semble  que  les  philosophes  mesmes  se  desfacent  plus 
tard  et  plus  envy  de  cette-cy  [l'amour  de  la  gloire] 
que  de  nulle  aultre,  m.  i,  320. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  raisonnable. 
DÉRAISONNABLEMENT  (  dé-rê-zo-na-ble-man  ) , 

adv.  D'une  manière  déraisonnable.  Il  a  parlé  dérai- 
sonnablement. U  a  déraisonnablement  agi.  Ils  furent 
assez  inconsidérés  pour  prêcher  la  raison  déraison- 
nablement, VOLT.  Foy.  de  la  raison. 

—  ETYM.  Déraisonnable ,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉRAISONNEMENT  (dé-rè-zo-ne-man),  s.  m. 
Action  de  déraisonner.  La  fureur  et  le  déraisonnement 
le  plus  inepte  était  leur  réplique,  st-sim.  427,  (77. 

—  ÉTYM.  Déraisonner. 

DÉRAISONNER  (dé-rè-zo-né),  V.  n.  Tenir  des 
discours  dépourvus  de  raison,  de  sens.  Le  malade 
commençait  à  déraisonner.  Il  ne  fait  que  dérai- 
sonner. Ils  déraisonnaient  à  qui  mieux  mieux. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  elraisonner.  L'ancienne 
forme  était  desranier,  et  signifiait  exposer,  contester. 

t  DÉRALINGCER  (dé-ra-lin-ghé)  ,v.a.  Terme  de 
marine,  ôter  les  ralingues  d'une  voile.  |{  Déchirer, 
en  parlant  du  vent,  une  voile  le  long  des  ralingues. 

—  ÉTYM,  Dé....  préfixe,  et  ralingue. 

DICT.    DE    LA    LANGUE   FRANÇAIS? 


f  DÉRAMAGE  (dé-rama-j') ,  s.  m.  Action  de  dé- 
ramer. 

f  DÉRAMER  (dé-ra-mé) ,  v.  a.  ôter  de  dessus  les 
branchages,  en  parlant  des  cocons  des  vers  à  soie. 

—  HIST.  XVI*  s.  Tarderplus  de  sept  à  huit  jours  à 
desramer  les  cocons,  seroit  se  constituer  au  hazard 
de  convertir  la  soie  en  filozelle,  o.  de  serres,  489. 

—  ÉTYM.  W.... préfixe, etrame,ausensdebranche. 
DÉRANGÉ,   ÉE  (dé-ran-jé,  jée),   part,  passé. 

Il  1°  Mis  hors  de  son  rang,  de  sa  place.  Des  meu- 
bles dérangés.  Cette  chambre  où  j'entrais  toujours, 
hélas!  j'en  trouvai  les  portes  ouvertes,  mais  je  vis 
tout  démeublé,  tout  dérangé,  SÉV.  t4.  ||  Un  cabinet 
dérangé,  un  cabinet  où  l'on  a  mis  le  désordre. 
Il  2°  Mis  hors  de  ses  heures.  Je  suis  tout  dérangé 
quand  je  suis  absent  de  la  cour  trois  jours,  locution 
de  la  cour,  suivant  de  cailliêres,  (690.  ||  3°  Fig. 
Une  fortune  dérangée,  une  fortune  grevée  de  beau- 
coup de  dettes.  Jacquinet:  Ce  retour  imprévu  ne 
dérangerait-il  point  un  peu  vos  petites  affaires?  — 
Merlin:  oh!  non,  elles  sont  toutes  dérangées,  de 
par  tous  les  diables,  hegnard  ,  Retour  imprévu, 
se.  9.  Il  II  se  dit  des  personnes  dans  le  même  sens. 
Le  mari  de  la  mère  était  fort  dérangé;  en  mourant, 
il  ne  laissa  rien,  beaumahch.  Mère  cottp.  ii,  3.  ||  4°  Il 
a  le  cerveau  dérangé,  il  n'est  pas  dans  son  bon 
sens.  Les  courtisans  assurèrent  que  l'abbé  de  Savoie 
serait  toujours  un  esprit  dérangé,  volt.  Louis  XIV, 
(8.  Il  5*  Jeté  dans  le  désordre  moral.  Un  homme  dé- 
rangé par  les  mauvaises  compagnies.  ||  6°  Avoir  le 
corps  dérangé,  être  affecté  de  diarrhée.  ||  Absolu- 
ment, dans  le  même  sens.  Être  dérangé. 

DÉRANGEMENT  (dé-ran-je-man) ,  s.  m.  H  1°  Ac- 
tion de  déranger;  état  de  ce  qui  est  dérangé.  Le  dé- 
rangement des  meubles  dans  une  chambre.  Causer 
du  dérangement  dans  une  assemblée.  ||  2°  Fig.  Chan- 
gement qui  incommode.  Je  crains  de  vous  causer 
du  dérangement.  Le  dérangement  que  cela  fera  à 
notre  commerce  [correspondance],  sÉv.  t9l.||  3"  Dés- 
ordre d'affaires  qui  compromet  la  fortune.  J'ai  déjà 
ouï  dire  dans  une  maison  qu'il  y  avait  du  déran- 
gement dans  ses  affaires,  lesage,  Turcarel,  iv,  t2. 
Il  Gêne  d'argent.  C'est  moi  que  cette  charge  accable, 
et  je  voudrais  au  moins  que  pour  prix  de  tout  le  dé- 
rangement qu'il  me  fait....  sÉv.  438.  Il  4°  Désordre 
moral.  Son  dérangement  lui  attire  tôt  ou  tard  des 
remontrances  de  la  part  de  celles  qui  sont  établies 
pour  veiller  sur  sa  conduite,  mass.  Profess.  relig. 
Serm.  4.  Cette  ressource  était  encore  plus  nécessaire 
à  de  jeunes  gens  que  la  première  effervescence  de 
l'âge  des  plaisirs  avait  entraînés  dans  les  excès  de 
la  débauche  et  du  dérangement,  raynal,  Hist.  phil. 
XIV,  3.  Il  5°  Dérangement  de  corps,  ou,  simplement, 
dérangement,  diarrhée. 

—  ETYM.  Déranger. 

DÉRANGER  (dé-ran-jê.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
ou  o;nousdérangeons,  jedérangeais),  v.  a.  ||  l°ôter 
une  chose  de  son  rang,  de  sa  place.  Déranger  des 
papiers,  un  meuble.  A  l'empressement  qu'on  eut  de 
déranger  les  branches  d'arbres  qui  masquaient  des 
forces  qu'on  avait  tant  d'intérêt  à  cacher,  ils  devi- 
nèrent le  péril  où  ils  allaient  se  jeter,  raynal,  Hist. 
phil.  XVI,  20.  Il  Déranger  une  chambre,  en  déplacer 
les  objets.  ||  Déranger  une  machine,  une  montre,  y 
apporter  quelque  trouble  qui  l'empêche  de  bien  al- 
ler. Il  Fig.  Vous  n'entrez  plus  dans  les  desseins  do 
la  miséricorde  de  Dieu  sur  votre  salut  :  vous  déran- 
gez l'ouvrage  de  votre  justification,  mass.  Car.  Pâ- 
ques. On  croit  qu'en  dérangeant  les  desseins  qu'on 
avait  pour  l'automne,  on  dérangera  aussi  la  fièvre 
de  M.  le  Dauphin,  qui  la  prend  dans  cette  saison  à 
Saint-Germain;  pour  cette  année  elle  y  sera  attra- 
pée, elle  ne  l'y  trouvera  pas,  sÉv.  69.  Ce  coup  dé- 
rangea les  mesures  de  Charles,  du  cardinal  et  de 
l'assemblée  de  Varsovie,  volt.  Charles  XII,  2. 
Il  Terme  d'ancienne  marine.  Déranger  la  bonnette, 
la  déboutonner  du  corps  de  la  voile.  ||  2°  Déranger 
quelqu'un,  lui  faire  quitter  sa  place,  je  ne  veux  pas 
déranger  ces  dames.  ||  3°  Déranger  quelqu'un,  l'in- 
terrompre dans  ses  occupations.  Dubriage  :  Mais 
cela  te  dérange.  —  George  :  Un  peu;  mais  le  plai- 
sir.... Il  faut  bien  se  donner  un  moment  de  loisir, 
COLLIN  d'harlev.  Vieux  célib.  ir,  2.  ||  4°  Déranger 
le  temps,  lo  faire  passer  du  beau  au  mauvais.  Cet 
orage  va  déranger  le  temps.  |{  5°  Altérer  un  peu  la 
santé.  J'ai  mangé  un  peu  plus  qu'à  l'ordinaire,  et 
cela  m'a  dérangé.  ||  Occasionner  la  diarrhée.  Cet  en- 
fant a  mangé  des  fruits  verts;  cela  l'a  dérangé. 
Il  6°  Fig.  Déranger  le  cerveau,  troubler  la  raison. 
Que  c'est  un  dangereux  poison.  Qu'une  délicate 
louange!  Hélas!  qu'aisément  il  dérange  Le  peu  que 
l'on  a  de  raison  !  chaul.  Au  marquis  de  Dangeau. 
C'esC  ^ien  dommage  que  son  chagrin  lui  dérange 


DER 


1081 


quelquefois  l'esprit,  volt.  Piinç.  de  Babyl.  5.  L« 
trouble  et  la  frayeur  ont  dérangé  sa  tête,  imbert. 
Jaloux  sans  amour,  v,  (5.  ||  7°  Jeter  dans  le  désor- 
dre moral.  Les  mauvaises  compagnies  l'ont  dérangé. 
Et  cette  jeune  fille  qui  vous  dérange,  qui  fait  que 
vous  manquez  à  votre  parole,  il  se  trouve  que  c'est 
moi,  MARIVAUX,  Marianne,  **  partie.  ||  8°  Se  déran- 
ger, V.  réfl.  En  parlant  d'une  machine,  ne  pas  aller 
régu'iièrement.  Cette  montre  se  dérange  facilement. 
Il  Se  déranger,  en  parlant  de  la  fortune,  être  grevé 
de  dettes,  d'hypothèques.  Ses  aff'aires  se  dérangent 
beaucoup.  ||  9°  Quitter  son  rang,  sa  place.  Je  me 
suis  dérangé  pour  le  faire  mieux  placer.  Ne  vous 
dérangez  pas,  je  reviendrai  plus  tard.  ||  Quitter  ses 
occupations,  ses  affaires.  Mme  de  Coulanges  m'a 
menée  ces  derniers  jours;  elle  s'est  toute  dérangée 
pourmoi,ellen'asongéqu'àmoi,sÉv. 347.  ||  10° Avoir 
la  raison  troublée.  On  prétend  que  son  esprit  [de 
Charles-Quint]  se  dérangea  dans  la  solitude  de  St- 
Just,  VOLT.  Moeurs,  (26.  ||  Tomber  dans  le  désordre 
moral.  Ces  cœurs  convertis  qui  se  dérangent  et  qui 
retomberont  bientflt  dans  leurs  affections  terrestres, 
FLÉCH.  Sermons,  n,  44.  Une  fille  qui  se  dérange  et 
qui  ne  vit  pas  selon  la  règle,  bourdal.  Exhort.  sur 
l'observ.  des  règles,  t.  i,  p.  23(.  L'abbé  de  Caudelet 
a  passé  le  reste  de  sa  vie  sans  s'être  dérangé  un  mo- 
ment, st-sim.  64,  <64.  S'étant  tout  à  fait  dérangé, 
il  s'est  enfui  du  pays  laissant  sa  femme....  J.  J. 
Bouss.  Hél.  VI,  10. 

—  HIST.  XI*  s.  Od  mil  Franceis  de  France  la  lur 
terre,  Gautier  desrenget  [se  range  le  long]  les  des- 
treiz  et  les  tertres,  Ch.  de  Roi.  Lxni.  ||  xii*  s.  Quant 
un  vaslez  les  fit  tous  desrengier....  Bo^ic.  p.  (87. 
II  XIV*  s.  Après  muet  [s'avance]  li  dux  de  Bourgo- 
gne Contre  qui  Brebançons  desrengent  [se  déta- 
chent], G.  GUIART,  Ms.  !"  126,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ranger;  provenç.  det- 
rengar,  desrencar,  desranear. 

t  DÉRAPÉ,  ÉE  (dé-ra-pé,  pée),  part,  passé.  Une 
ancre  dérapée,  une  ancre  qui  a  lâché  le  fond. 

f  DÉRAPER  (déra-pé),  1).  n.  Terme  de  marine. 
Une  ancre  dérape  quand,  bien  que  mouillée,  elle 
n'est  plus  fixée  au  fond  et  laisse  dériver  le  vaisseau. 
Il  Se  dit  aussi  d'une  ancre  au  moment  où  elle  est 
arrachée  volontairement  du  fond  de  la  mer. 

—  ÉTYM.  Formé,  avec  le  préfixe  dé....,  sur  Ij 
modèle del'italienar-roppare,  ar-raffare,  rappare ; 
espagn.  ropas;  venant  du  germanique  :  hoU.  rapen; 
suéd.  rappa;  allem.  rafTen,  saisir. 

f  DÉRÂPER  (dé-râ-pé),  v.a.  Terme  de  vigneron, 
ôter  la  grappe  du  raisin,  avant  de  presser  le  grain 
pour  faire  le  vin. 

—  ÉTYM.  fl^....  préfixe,  etrdpe  (grappe). 
DÉRATÉ,  ÉE  (dé-ra-té,  tée),  part,  passé.  ||  1°  X 

qui  on  a  ôté  la  rate.  ||  Courir  comme  un  chien  dé- 
raté, et,  substantivement,  comme  un  dératé,  cou- 
rir avec  une  grande  vitesse  et  longtemps.  ||  Fig.  et 
substantivement,  personne  vive,  alerte,  sans  rete- 
nue. C'est  un  dératé,  une  dératée.  |{  Une  petite  dé- 
ratée,  celle  qui  en  sait  plus  qu'on  n'en  sait  d'ordi- 
naire à  son  âge. 

DÉRATER  (dé-ra-té),  v.  a.  Extirper  la  rate;  opé- 
ration qu'on  prétendait  propre  à  rendre  les  chiens 
meilleurs  coureurs  (ce  qui  n'est  pas),  et  qui  était 
suggérée  par  la  douleur  ressentie  au  côté  gauche 
dans  une  course  longue  et  rapide,  douleur  attribuée 
à  la  rate. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  rate. 

t  DÊRAVER  (dé-rè-ié),  v.  n.  Terme  d'agricul- 
ture. Tracer  le  dernier  sillon  d'un  champ,  pour  le 
séparer  du  champ  voisin.  ||  Terme  de  relieur.  Ren- 
dre, pour  la  reliure,  les  peaux  minces  et  d'égale 
épaisseur. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  raie. 

t  DÉRAYURE  (dé-rè-iu-r'),  s.  f.  Sillon  distin- 
guant deux  champs  l'un  de  l'autre. 

—  ETYM.  Dérayer. 

DERECHEF  (de-re-chef),  adv.  De  nouveau,  une 
seconde  fois.  Irai-je  derechef  les  dieux  sollicitant? 
RÉGNIER,  Élég.  IV.  Leurs  six  petites  poches  [des  ca- 
vités du  coeur]  se  referment,  et  les  cinq  delà  veine 
cave  et  de  l'artère  veineuse  se  rouvrent  et  donnent 
passiige  à  deux  autres  gouttes  qui  font  derechef  en- 
fler le  cœur,  desc.  Méth.  v,  6.  Mais  derechef  je  veux 
ne  rien  approfondir,  corn.  Attila,  j,  2.  Derechef 
jugez  mieux  de  la  même  vertu,  id.  Théodore,  iv, 
6.  Ou  derechef  j'atteste  Le  souverain  pouvoir  de 
la  troupe  céleste,  id.  Hor.  iv,  *.  Les  voilà  donc 
derechef  en  chemin,  la  font.  Henn.  Me  voilà  saisi  de- 
rechef D'étonnement  et  d'épouvante,  ID.  Fabl.  i,  12. 
La  victime  innocente  que  mes  crimes  ont  derechet 
immolée,  chateaub.  Mart.  (35.  ||  Encore  une  fois. 
Derechef,  veuillez  être  discret,  mol.  Ec.  des  f.  i,  6. 

I.  —  136 


1082 


DER 


—  fflST.  xm«9.Ce«t  règne  [pays]  [les  Normands] 
iveient  eisillid  [ruiné];  Or  de  rechef  sunt  repairiéS 
destruire  le  rcmanant,  benoIt,  i,  v.  1035.  Lores 
m'estut  de  rechief  comencer,  Uonc.  p.  ta*-  Dere- 
cliief  AchimasparladàJoal),  si  lidist -.quels  mais  est, 
Bi  jo  en  vois  [vais]  aprfcs  ensi?  Rois,  <88.  ||  xm'  s. 
Derechief,  les  autres  prevoz,  les  baillifs  et  les  ser- 
ians  jureront  que  il  garderont  loialment  nos  rentes 
et  nos  droiz,  joinv.  294.  Le  roy  et  nous  qui  estions 
avec  li  deniourez,  si  comme  Dieu  voult,  feismes 
voille  derechief,  ID.  2)3.  Adont  [il]  lidist  totdere- 
kief,  FL  et  Blanchef.  1039.  ||  xiV  s.  Or  retournons 
de  rechefaubiendequoy  nous  queirons  et  disons.... 
OBESMF,  Eth.  VII,  43.  ||  XV*  S.  De  rechief  Commanda 
ledit  duc  que....  comm.  v,  6. 

—  ÉTYM.  De,  re  indiquant  retour,  et  chef,  dans 
le  sens  de  tête,  bout,  extrémité. 

DÉRÉGLÉ,  ÉE  (dé-rè-glé,  glée),  part,  passé. 
Il  1»  Qui  n'est  plus  réglé.  Avoir  le  pouls  déréglé.  Une 
machine  déréglée.  Je  ne  comprends  rien  aux  pos- 
tes, elles  sont  déréglées,  sÉv.  28.  Afin  qu'il  n'y  ait 
rien  de  déréglé  dans  notre  commerce,  ID.  420. 
Il  2»  Oui  n'est  pas  soumis  à  la  règle.  Vie  déréglée. 
Homme  déréglé.  Ambition  déréglée,  mair.  Sophon. 
V,  2.  Esprit  déréglé,  d'aulancourt.  Tac.  atm.  liv.  iv, 
dans  RiCHELET.  Seigneur,  est-il  donc  vrai  qu'une 
reine  aveuglée  Vous  préfère  d'un  roi  la  valeur  déré- 
glée? RAC.  Alex,  m,  6.  Des  chefs  sans  art  condui- 
saient dans  des  pays  inconnus  des  multitudes  dé- 
réglées, VOLT.  Mœurs,  5*.  ||  3°  Qui  est  dans  le 
désordre  moral.  Que  devrait-on  faire  si,  en  considé- 
rant son  état  présent,  on  le  trouvait  déréglé  et  con- 
traire à  Dieu?  NICOLE,  Ess.  mor.  2»  traité,  ch.  9.  La 
jeunesse  romaine  déjà  presque  généralement  déré- 
glée et  corrompue  par  le  luxe  et  la  licence  que  les 
richesses  et  les  nouvelles  conquêtes  avaient  intro- 
duites à  Rome,  rollin,  ffist.  ane.  Œuvres,  t.  i, 

p.   B68,  dans  POUOENS. 

DÉRÈGLEMENT  (dé-rè-gle-man),  s.  m.  1|  1°  État 
de  ce  qui  est  déréglé.  Le  dérèglement  du  pouls, 
d'une  horloge.  Les  maladies  ne  se  forment  que  du 
dérèglement  des  humeurs,  maucroix.  Homélie  io, 
dans  RICHELET.  Le  dérèglement  des  saisons  leur 
avait  donné  l'épouvante,  d'ablanc.  Tac.  liv.  i,  ch.  4, 
dans  RICHELET.  Ces  personnes  qui,  nées  dans  une 
condition  obscure,  se  .'Jpnteut  du  dérèglement  des 
saisons,  du  malheur  des  temps....  MASS.  Car.  Jeûne. 
Jupiter  et  Saturne  s'attirent  plus  fortement  l'un 
l'autre  quand  ils  sont  plus  proches,  et  parla  la  ré- 
gularité du  reste  de  leur  cours  est  sensiblement 
troublée;  on  peut  aller  jusqu'à  déterminer  la  quan- 
tité et  les  bornes  de  ce  dérèglement,  fonten.  New- 
ton. Il  2°  Cours  de  ventre,  dérangement.  Je  suis  chez 
votre  abbé,  qui  a  depuis  deux  jours  un  petit  dérè- 
glement qui  lui  donne  de  l'éî'.otion;  je  n'ensuis 
pas  encore  en  peine,  mais  j'aimerais  mieux  qu'il  se 
portât  tout  à  fait  bien,  sÉv.  H 23.  ;,•  3°  Conduite  dé- 
réglée. Il  faut  bien  des  années  ,i^  dérèglement  et 
de  libertinage  pour  arriver  à  ce  comble  d'infamie, 
PATRU,  Plaidoyer  i*,  dans  bjchelkt.  Et  si  le  peu- 
ple y  voit  quelques  dérèglements  [cîi.'îz  les  princes]. 
C'est  quand  l'avis  d'autrui  corrompti;:U's  sentiments, 
CORN.  Pomp.  II,  (.  Ceux  qui  sont  lîr.us  le  dérègle- 
ment disent  à  ceux  qui  sont  dans  l'ordre....  paso. 
P.  div.  44.  Quand  son  exercice  [de  la  raison]  com- 
mence à  devenir  plus  parfait,  les  grands  dérègle- 
ments de  la  sensualité  commencent  eà  même  temps 
à  se  déclarer,  boss.  Concupisc.  7.  N'entend-on 
pas  dire  sans  ces.se  que  tout  est  i  inversé  dans 
le  monde,  que  le  dérèglement  y  est^-énéral,  qu'il 
n'y  a  ni  âge,  ni  sexe,  ni  état  qui  en  r;oit  exempt? 
BOUHD.  Pensées,  t.  i,  p.  436.  Le  dérèglement  des 
ecclésiastiques  et  des  prêtres  est  p;-njudiciable  à 
tout  le  monde  chrétien,  dont  ils  doivent  être  les 
guides  et  les  conducteurs,  ID.  Exhmt.  Char.  env. 
un  sém.  t.  i,  p.  4  63.  11  répand  des  larmes  sur 
les  dérèglements  d'une  ville  infidfie,  mass.  Av. 
Cire.  Vos  infirmités  ne  sont  pas  un  dérèglement 
de  votre  cœur,  id.  Car.  Tiéd.  4.  Sciiiion  n'avait  pris 
aucune  part  aux  dérèglements  et  aux  débauches 
qui  régnaient  alors  presque  génèrsiement  parmi  la 
jeunesse  romaine,  rolun, //is(.  a<;!:.  OBuvrei,  t.  i, 
p.  B73,  dans  pouGENS.  C'est  le  dérèglement  de  vos 
actions  qui  me  fait  parler,  begn.;bd,  Retour  impr. 
«c.  4. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pour^juci  l'Académie  met 
un  accent  aigu  à  déréglemen',  tandis  qu'elle  met 
un  accent  grave  à  rhjlemern;  l'accent  grave  est 
d'ailleurs  l'orthographe  conf;:-iQe  à  la  prononciation. 

—  SYN.  dérèglement,  lif.sANGEMENT.  Ces  mots 
expriment  deux  nuances  '\-\  désordre  moral.  Ce  qui 
est  dérangé  est  hors  de  !;.).i  rang,  hors  de  sa  place  ; 
ce  (^11  est  déréglé  est  nors  de  la  règle.  Le  dérégle- 


DER 

ment  exprime  donc  un  état  plus  grave  que  le  dé- 
rangement. 

—  HIST.  xvi'  s.  J'ay  aultrefois  apprins  que  le  vice 
n'est  que  desreglement  et  faulte  de  mesure,  mont. 
Il,  3. 

—  ÉTYM.  DMf/'er. 

DÉRÈGLEMENT  (dé-rê-glé-man),  adv.  D'une  ma- 
nière déréglée.  Il  a  vécu  dérèglement. 

—  HIST.  xvi"  s Ou  que  ses  mois  fluent  dérè- 
glement et  immodérément,  paré,  xviii,  44. 

—  ÉTYHL  Déréglé,  et  le  suffixe  ment. 

DÉRÉGLER  (dé-rè-glé.  La  syllabe  re  prend  l'ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
je  dérègle,  excepté,  suivant  l'usage  de  l'Académie 
en  cas  semblabes,  au  futur  et  au  conditionnel  :  je 
déréglerai ,  je  déréglerais;  dans  dérégler  et  ses 
compo.sés,  la  syllabe  re,  malgré  l'accent  aigu,  se 
prononce  comme  dans  règle  ) ,  v.  a.  ||  1°  Faire 
qu'une  chose  ne  soit  plus  réglée.  Le  froid,  le  chaud 
dérèglent  les  pendules.  Cette  machine  [le  corps] , 
quoiqu'unie  si  étroitement  à  un  esprit,  n'est  ni  im- 
mortelle ni  incapable  d'être  troublée  et  déréglée, 
NICOLE,  Ess.  de  mor.  4"  traité,  ch.  3.  Le  mouve- 
ment le  plus  violent  que  pût  avoir  un  vaisseau  ne  la 
déréglait  point  [une  certaine  clepsydre] ,  au  heu 
qu'il  dérègle  infailliblement  les  autres  horloges, 
FONTEN.  ^montons.  Il  2°  Par  extension,  troubler  la 
discipline.  Dérégler  un  collège.  ||  3°  Fig.  Jeter  dans 
le  désordre  moral.  Dont  les  métiers  ne  serviraient 
qu'à  dérégler  les  mœurs,  fén.  Tél.  xn.  Vous  avez 
déréglé  votre  imagination,  mass.  Car.  Prière,  4. 
Il  4°  Se  dérégler,  v.  réfl.  N'être  plus  réglé.  Ma  pen- 
dule s'est  déréglée.  La  saison  se  dérègle;  on  voit 
une  espèce  de  déluge  au  milieu  de  l'été,  fén.  t.  xxi, 
p.  132.  Voilà  un  plaisant  respect  qu'on  a  pour  elle  [la 
terre]  ;  je  ne  me  fierais  guère  plus  à  la  terre  qu'à 
une  pendule  :  les  mêmes  choses  à  peu  près  qui  dé- 
régleront l'une  dérégleront  l'autre;  je  crois  seule- 
ment qu'il  faut  plus  de  temps  à  la  terre  qu'à  une 
pendule  pour  se  dérégler  sensiblement;  c'est  tout 
l'avantage  qu'on  lui  peut  accorder,  fonten.  Mondes, 
6' soir.  Il  Fig.  Tomber  dans  l'indiscipline,  dans  le 
désordre  moral.  Les  victorieux  se  dérèglent  pendant 
ce  temps  de  confusion,  fén.  Tél.  v.  ||  Proverbe.  11 
ne  faut  qu'un  mauvais  moine  pour  dérégler  tout  le 
couvent. 

—  HIST.  XIV'  s.  Il  est  jeunes  assez,  par  la  Vierge 
honnerèe,  Pour  avoir  assez  sens  et  honnourà  durée; 
11  ne  fait  nés  [même]  un  mal,  ne  chose  desrieulée, 
Guescl.  276.  Helas  que  je  suis  malheureuse.  Et  sur 
toutes  plus  doloreuse,  Quant  je  pense  à  toy,  genre 
humain.  Qui  sur  toute  autre  créature  Te  de.sreigles 
tant  de  nature  !  Nature  à  Valchim.  err.  8.  ||  xv*  s.  En- 
cores  poet  moult  bien  selonc  m'entente  Li  orlogiers, 
quant  il  en  a  loisir.  Faire  sonner  les  clochetes  pe- 
tites. Sans  derieuler  les  heures  dessus  dites,  froiss. 
Poésies  mss.  p.  67,  dans  lacurne.  Si  commencèrent 
archers  et  compaignons  à  piller  et  fourrer  les  mai- 
sons pour  butiner  et  pour  gaigner,  et  se  dereigle- 
rent  tellement  que  les  enseignes  demourereut  toutes 
seules,  ilém.  d'Ol.  de  la  Marche,  liv.  i,  p.  362, 
dans  LACURNE.  Il  xvi*  s.  Licence  desreglèe,  amyot, 
Solon,  41. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  règle.  Desrieuler  est 
régulier;  régula  ayant  donné  rieule  et  règle. 

t  DÉRENCÉPUALE  (dè-ran-sè-fa-1'),  adj.  Terme 
de  tératologie.  Monstres  dérencéphales,  et,  substan- 
tivement, les  dérencéphales,  monstres  qui  ont  un 
cerveau  imparfait  implanté  sur  le  cou. 

—  ÉTYM.  AÉpvi,  cou,  et  encéphale. 

t  DÉRETOURNER  (dé-re-tour-né),  v.  a.  Remettre 
à  l'endroit  ce  qui  avait  été  retourné,  mis  à  l'envers. 
Déretourner  un  bas.  Les  bouches  qui  se  forment  sur 
le  milieu  du  corps  d'un  polype  déretourné  en  par- 
tie.... BONNET,  Contempl.  nat.  Œuvres,  t.  vin, 
p.  244 ,  dans  POUGENS.  Il  Se  déretourner,  v.  réfl.  Ces- 
ser d'être  retourné.  Le  polype  S'aime  pas  à  demeu- 
rer retourné  ;  il  tâche  à  se  remettre  dans  son  pre- 
mier état,  il  se  déretourne  en  tout  ou  en  partie,  id. 
Consid.  corps  org.  Œ.urres,  t.  v,  p.  3B6. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  retourner. 
DÉRIDÉ,  ÊE  (dé-ri-dé,  dée),  part,  passé.  Qui  n'a 

plus  de  rides.  La  peau  déridée  par  quelques  cosmé- 
tiques. Il  Fig.  Un  front  déridé,  un  front  oii  un  air 
sérieux,  soucieux  ne  paraît  plus. 

DÉRIDER  (dé-ri-dé),  v.  a.  \\  1°  Effacer  les  rides. 
Pommade  pour  dérider  la  peau.  ||  2°  Fig.  Dérider  la 
front,  ôter  au  front  toute  apparence  sérieuse  ou 
soucieuse.  J'aime  mieux  Arioste  et  ses  fables  comi- 
ques Que  les  auteurs  toujours  froids  et  mélancoli- 
ques Qui,  dans  leur  sombre  humeur,  se  croiraient 
faire  affront,  Si  les  Grâces  jamais  leur  déridaient 
le  front,   boil.   Art  v.  m.  Le  géomètre  dérida  un 


DER 

peu  son  front  et  se  mit  à  rire,  montesq.  Lett.  fers 
128.  La  gaîté  qu'il  savait  répandre  Eût  déridé  le 
front  d'un  roi,  bérang.  Violon  brisé.  ||  Se  déridei 
le  front,  quitter  l'air  sérieux,  devenir  gai.  Le  P.  ?*■ 
tau,  bien  moins  âgé,  mais  naturellement  plus  ri- 
gide que  son  confrère,  se  dérida  le  front  en  faveur 
d'un  jeune  provincial  qui....  d'olivet,  Ilist.  de  l'A- 
cad.  t.  II,  p.  303,  dans  pougens.  ||  Rendre  gai.  Rien 
ne  saurait  le  dérider.  Le  riant  Épicurien  Y  déridait 
l'âpre  Stoïcien,  delillp;,  Convers.  Prologue.  ||  3°  S« 
dérider,  v.  réfl.  Perdre  ses  rides.  Ce  visage,  ridé 
par  la  maladie,  s'est  déridé  par  la  convalescence 
et  l'embonpoint.  ||  F'ig.  Devenir  gai.  Il  ne  se  déride 
jamais.  Alors  il  n'était  point  de  lecteur  si  sauvage 
Qui  ne  se  déridât  en  lisant  mon  ouvrage,  boil. 
Éptt.  X.  Rouillé,  procureur  général  de  la  chambre 
des  comptes,  ne  se  déridait  qu'avec  des  filles  et  en- 
tre les  pots,  st-sim.  95,  7. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ride. 

t  DÉRIMER  (dé-ri-mé),  v.  a.  Terme  d'histoire 
littéraire.  Mettre  en  prose  un  ouvrage  en  vers.  Nos 
anciens  poëmes  ont  été  dérimés  au  xv*  siècle. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  rtme. 

t  DÉRISECR  (dè-ri-zeur),  s.  m.  Celui  qui  tourne 
en  dérision  des  choses  respectables. 

—  HIST.  xiv*  s.  Il  est  mendre  [moindre]  en  mal- 
vestey  que  n'est  le  deriseur,  ohesme,  Eth.  4  37. 

—  ÉTYM.  Lat.  derisor,  de  derisum,  supin  de  dcrt- 
dere,  de  la  préposition  de,  eiridere,  rire  (voy.  rire). 

DÉKISION  (dé-ri-zion;  en  poésie,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Moquerie  méprisante.  Peu  s'en  faut 
qu'elle  ne  s'emporte  jusqu'à  la  dérision  [de  la  reli- 
gion], qui  est  le  dernier  excès  et  comme  le  triomphe 
de  l'orgueil,  BOSS.  Anne  de  Gons.  Tourner  le  nom 
de  Dieu  en  dérision ,  m.  Vict.  4 .  Ils  les  portèrent 
en  dérision  par  toute  la  ville,  maocroix,  Schisme, 
liv.  I,  dans  eichelet.  Et  tout  le  peuple  même  avec 
dérision  Observant  la  rougeur  qui  couvrait  mon  vi- 
sage.... RAC.  Esth.  m,  4.  Faire  des  dérisions  injus- 
tes de  la  piété  même,  mass.  Car.  Inconst.  Ils  ont 
regardé  la  pénitence  comme  des  dérisions  publiques 
des  sacrements,  id.  ib.  Notre  zèle,  loin  de  ramener 
les  pécheurs,  leur  fournit  contre  nous  des  dérisions 
et  des  censures,  id.  Confér.  Cond.  des  cl.  d.  le 
mond.  Et  qu'est-ce  que  la  gloire?  un  vain  son  ré- 
pété. Une  dérision  de  notre  vanité!  lamart.  Ilarm. 
m,  ».  Il  Familièrement.  C'est  une  dérision,  c'est-à- 
dire  c'est  se  moquer.  C'est  une  dérision  que  d'offrir 
cent  francs  pour  un  pareil  travail. 

—  HIST.  xlv"  s.  Il  semble  que  l'en  face  de  eulx 
une  dérision,  quant  l'en  les  loe,  oresme,  Eth.  28. 
Mes  seroit  par  aventure  une  dérision  de  vouloir  bien 
au  vin  que  l'en  aime,  m.  ib.  232.  Et  il  defl"endent 
aucunes  contumelies  et  dérisions  estre  dites,  id.  ib. 
4  37.  Estre  à  moquerie  et  à  dérision  de  ses  anemis, 
BERCHEURE,  f°  20,  vcrso.  Il  cuida  quc  la  dame  lui  dist 
dérision,  Guescl.  4  02.  ||  xV  s.  Et  pourtant  iceux, 
voyant  qu'ils  ne  pouvoient  rien  besogner,  se  dépar- 
tirent de  là  en  faisant  plusieurs  dérisions  [pilleries] 
sur  le  pays,  monstrel.  ii,  ch.  4  6  9.  Aucuns  de  ce 
conseil  le  prindrent  à  desrision  tant  à  cause  de  son 
petit  estât  que  des  termes  qu'il  tenoit,  comm.  v,  4  4. 
Il  xvr  s.  Panurge  luy  fist  la  babou  en  signe  de  dé- 
rision, BAB.  Pant.  IV,  57. 

—  ÉTYM.  Provenç.  àerriiio;  ital.  derisione,  di- 
risione;  du  latin  derisionem  (voy.  dériseur). 

DÉRISOIRE  (dé-ri-zoi-r') ,  adj.  Qui  est  dit  ou  fait 
par  dérision.  Propos  dérisoires.  Offres  dérisoires. 

—  HIST.  xv"  s.  Luy  escrivoit  lettres  dérisoires,  et 
en  se  moquant  de  luy  mandoit....  juv.  des  ursins, 
Ilist.  de  Charles  VI,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  derisori ;  ital.  derworto ;  du 
latin  derisorius  (voy.  dériseur). 

f  DÉRISOIREMENT  (dé-ri-zoi-re-man), adu.  D'une 
façon  dérisoire. 

—  HIST.  XV'  s.  C'est  ung  homme  de  basse  con- 
dicion  que  fortune  desrisoirement  avoit  monté, 
G.  CHASTEL.  Chr.  des  ducs  de  Bourg.  2*  part.  4. 

—  ÉTYM.  Dérisoire,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉRITOIR  (dé-ri-toir)  ou  DÉRITOIRE  (dé-ri- 
toi-r'),  s.  m.  Madrier  qui  fait  partie  d'un  moulin  4 
olives. 

—  ÉTYM.  Ce  parait  Être  une  corruption  de  détri- 
toir. 

t  DÉRIVABLE  (dé-ri-va-bl'),  adj.  Qu'on  peut 
dériver.  Ce  principe  est  dérivable  de  tel  autre. 

—  ÉTYM.  Dériver  2. 

DÉRIVATIF,  IVE  (dé-ri-va-tlf,  ti-v"),  ad/.(|  l'Tenno 
de  médecine.  Qui  sert  à  opérer  une  dérivation.  Em- 
ployer des  moyens  dérivatifs.  ||  S.  m.  Les  dérivatifs. 
Il  2°  Terme  de  grammaire.  Qui  dérive.  Verbes  déri- 
vatifs. Il  3»  Terme  de  philosophie.  Ils  entendent  pai 
les  forces  dérivatives  celles  qui  résultent  de  l'action 


I 


DER 


DER 


DER 


1083 


combinée  ds  différentes  monades  ou  de  différents 
agrégats,  bonnet,  Œuvres  mêlées,  t.  xviii,  p.  «o, 
dans  pouGENS. 

—  ÉTYM.  Provenç.  derivatiu;  espagn.  derivalivo; 
du  latin  derivativxts ,  de  derivare,  dériver   (voy. 

DÉRIVER   2). 

(.DÉRIVATION  (dé-ri-va-sion;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  de  dériver  des  eaux 
courantes.  La  dérivation  d'un  fleuve.  La  dérivation 
de  la  Durance.  ||  Canal  de  dérivation,  canal  par  le- 
quel on  fait  venir  les  eaux  pour  les  porter  dans  un  ré- 
servoir. Il  2°  Terme  de  médecine.  Action  par  laquelle 
le  sang  ou  les  humeurs  sont  attirés  vers  une  par- 
tie, à  l'effet  de  les  détourner  d'une  autre  où 
ils  pourraient  causer  des  accidents.  Dans  plusieurs 
affections  du  cetveau,  on  agit  par  dérivation  sur  le 
canal  intestinal  à  l'aide  de  purgatifs.  ||  3°  Terme  de 
grammaire.  Manière  dont  les  mots  d'une  même 
racine  se  forment  les  uns  des  autres  par  le  chan- 
gement de  désinences.  Les  règles  de  la  dérivation. 
114°  Fig.  Le  titre  de  chevalerie  que  les  rois  d'Angle- 
terre donnent  aux  citoyens  est  une  dérivation  de 
l'ancienne  chevalerie,  volt.  Mœurs,  97. 

—  HIST.  xvi*  s.  Chercher  la  dérivation  des  com- 
paratifs, MONT.  I,  4  76.  Elle  [l'éducation]  ne  nous  a 
pas  apprins  de  suyvre  et  embrasser  la  vertu  et  la 
prudence,  mais  elle  nous  en  a  imprimé  la  dérivation 
et  l'etymologie,  id.  m,  69.  Ventouses  avec  scarifi- 
cations pour  faire  vacuation,  dérivation,  et  révul- 
sion des  humeurs  superflus  coulans  sur  quelque  par- 
tie, PARÉ,  Inlrod.  2.  Jupiter  surnommé  ferestrien, 
suivant  la  dérivation  de  r.este  parole  grecque  [9épetv], 
qui  signifie  porter,  amyot,  Marcel.  41. 

—  ÉTYM.  Provenç.  derivatio;  espaga.  deritacion; 
ital.  lierivaxione ;  du  latin  derivationem ,  de  deri- 
vare,  dériver  a. 

2.  DÉRIVATION  (dé-ri-va-sion;  en  poésie,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  ||  l"  Terme  de  marine.  L'action 
de  sortir  de  sa  route.  La  dérivation  d'un  vaisseau. 
Il  2°  Terme  de  balistique.  Ecart  que  fait  hors  de  sa 
direction  un  projectile  en  vertu  de  sa  forme  et  de  la 
résistance  de  l'air. 

—  fiTYM.  Dériver  3. 

DÉRIVE  (dé-ri-v'),  s.  f.  Terme  de  mer.  La  quan- 
tité dont  un  navire,  poussé  par  le  courant  ou  l'ef- 
fort du  vent,  s'éloigne  de  la  route  qu'il  s'était  pro- 
posé de  suivre;  cette  quantité  est  mesurée  par  l'angle 
que  fait  la  quille  avec  la  direction  donnée  du  bâti- 
ment, JAL.  Lettre  portant  qu'il  a  été  fait  [à  Toulon] 
une  troisième  épreuve,  sur  un  moyen-vais.seau,  de 
la  nouvelle  invention  du  sieur  Caze,  pour  empêcher 
la  dérive  et  le  roulis  des  vaisseaux ,  et  que  tous  les 
officiers  qui  y  ont  assisté  en  sont  très-édifiés.  Le  roi 
à  Colbert  de  Terron,  dans  jal.  Les  navigateurs  sont 
souvent  obligés  d'attribuer  à  l'action  des  courants 
la  dérive  de  leur  vaisseau ,  buff.  Théorie  de  la  terre, 
article  xiii.  ||  Il  se  dit  aussi  du  nombre  de  brasses 
qui  sfc  trouvent  entre  le  lieu  où  l'on  a  jeté  la  sonde 
et  le  lieu  du  vaisseau.  ||  L'angle  de  la  dérive  ou, 
simplement,  la  dérive,  l'angle  que  la  quille  du  bâ- 
timent fait  avec  la  direction  réelle  de  sa  route.  ||  La 
dérive  vaut  la  route,  c'est-à-dire  le  bâtiment  qui  est 
en  panne  ou  à  la  cape  est  poussé  par  la  dérive  du 
c6té  où  il  doit  aller.  ||  Il  y  a  de  la  dérive,  avoir  belle 
dérive,  se  dit  quand  on  est  assez  loin  d'un  endroit 
dangereux  pour  ne  pas  craindre  d'y  être  entraîné 
par  la  dérive.  ||  Ce  bâtiment  va  en  dérive ,  il  est  dé- 
tourné de  sa  route  par  les  vents,  par  les  courants. 
]|  Aller,  être  en  dérive,  se  dit  aussi  d'un  bâtiment 
qui,  ne  gouvernant  plus  ou  n'étant  plus  amarré,  est 
entraîné  par  le  courant.  ||  Être  en  dérive,  flotter  au 
gré  du  vent,  des  flots.  Un  radeau  en  dérive.  ||  Dé- 
rive ou  drive,  se  dit,  dans  un  bâtiment  à  plates  va- 
rangues, de  chacune  des  deux  ailes  dont  on  se  sert 
pour  empêcher  le  navire  de  dériver. 

—  ÉTYM.  La  première  idée  qui  se  présente  est  de 
rattacher  dMt'fi  à  dériver  2,  qui  signifie  proprement 
sortir  du  ruisseau  (lat.  de  rivo,  hors  du  ruisseau). 
Mais  cela  ne  peut  se  concilier  avec  la  forme  très- 
réelle  quoique  plus  rare  qu'on  trouve:  drive  et  dri- 
ver. Il  faut  donc  en  venir,  comme  a  fait  de  Cheval- 
let,  à  l'anglais  to  drive,  qui  a  ce  sens  et  qui  sera 
entré  très-facilement  parmi  les  populations  mariti- 
mes. Néanmoins  il  faut  admettre  qu'il  y  a  eu  con- 
fusion entre  l'anglais  to  drive  et  le  français  dériver. 
L'anglais  to  drive  est  l'anglo-saxon  drifan,  hoUand. 
dryven,  danois  driver,  allem.  treiben,  pousser. 

DÉRIVÉ,  ÉE  (dé-ri-vé,  vée),  pari,  passé  de  dé- 
river 2.  Il  1°  Détourné  de  son  courant,  de  son  lit.  Une 
rivière  dérivée  dans  des  prés  qu'elle  fertilise.  ||  2°  Qui 
prend  sou  origine.  C'est  de  cette  source  que  la  beauté 
et  la  grâce  sont  dérivées,  Boss.  Démons,  4.  Notrt 
àme  est  dérivée  de  celle  de  Dieu,  bzrn.  de  st-p. 


Mort  de  Socrate.  ||  3°  Terme  de  grammaire.  Qui  se 
forme  d'après  un  autre  mot,  par  le  changement  de 
la  désinence.  Batteur,  battage,  battoir,  sont  des 
mots  dérivés  de  battre.  ||S.  m.  Mot  formé  d'un  au- 
tre mot.  Le  verbe  courir  et  ses  dérivés.  ||  4°  Terme 
de  mathématique.  Fonction  dérivée  ou,  substan- 
tivement, une  dérivée,  nom  donné  par  Lagrange 
aux  divers  coefficients  différentiels,  parce  qu'en 
effet  ces  fonctions  se  dèduisen't  de  la  fonction  pri- 
mitive au  moyen  de  procédés  analytiques  invaria- 
bles. La  méthode  des  dérivées,  le  calcul  différentiel. 

—  SYN.  DÉRIVÉS,  CONJUGUÉS  (en  grammaire).  4»  Le 
terme  de  conju(/ui est  plus  général,  il  peut  compren- 
dre même  les  composés;  2°  Il  comprend  les  mots 
qui  se  rattachent  à  la  même  origine,  .sans  venir  di- 
rectement l'un  de  l'autre  :  aimer,  arr-our  sont  des 
conjugués,  et  ne  sont  pas  des  dérivés  l'un  de  l'autre. 
3"  Le  mot  dérivé  ne  s'applique  pas  aux  formes  di- 
verses d'un  même  mot.  On  ne  dira  pîts  que  savants, 
savante  sont  des  dérivés  de  savant,  ni  que  j'aimais 
est  un  dérivé  d'otmer;  mais  ce  sont  des  conjugués. 

4.  DÉRIVER  (dé-ri-vé),  v.  n.  Quitter  le  rivage.  11 
est  temps  de  partir,  dérive!  ||  Tern  e  de  flottage. 
Écarter  des  bords  d'un  ruisseau  les  ;i;'îches  qui  s'y 
sont  jetées  et  leur  faire  enfiler  le  canal  oi;  li  goulette. 

—  HIST.  xm*  s.  El  [elles]  font  les  fluevts  dériver 
[déborder],  la  Rose,  48134.  La  Seine  si  sfl  dériva 
[déborda],  Chr.  (r.mss.  deNangis,  sous  l'a,i  4  280, 
dans  LACuiiNE. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  eirive;  Berry,  dériycv, 
dériber,  déborder.  Ce  dériver-ci  est  composé  comme 
arriver;  le  sens  et  la  forme  du  Berry  témoignent 
qu'il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  dériver  2,  qui 
vient  de  rivtis. 

2.  DÉRIVER  (dé-ri-vé),  v.  a.  \\  i°  Faire  sortir  les 
eaux  du  fil  de  leur  courant,  les  détourner  de  leur 
cours  au  moyen  d'un  canal  de  dérivation.  {|  Par  ex- 
tension, en  termes  de  médecine,  dériver  les  hu- 
meurs, les  faire  couler  d'un  côté  différent  de  celui 
où  elles  se  portaient.  ||  2°  Fig.  Terme  de  grammaire. 
Faire  provenir.  D'où  dérivez-vous  ce  mot-là, c'est-à- 
dire  quelle  racine  lui  donnez-vous?  ||  3°  V.  n.  Être 
détourné  de  son  lit,  en  parlant  des  cours  d'eaux.  Ou  a 
pratiqué  des  rigoles  par  lesquelles  les  eaux  du  fleuve 
dérivent  dans  ce  canal.  1|  4°  Fig.  Avoir  sa  cause, 
prendre  son  origine.  C'est  de  là  que  dérivent  tous 
nos  malheurs.  Et  maintenant  ces  deux  âmes  pieuses, 
toucliées  sur  la  terre  du  même  désir  de  faire  régner 
les  lois,  contemplent  ensemble  à  découvert  les  lois 
éternelles  d'où  les  nôtres  sont  dérivées,  BOSS.  le  Tel- 
licr.  Les  rapports  nécessaires  qui  dérivent  de  la  na- 
ture des  choses,  montesq.  Espr.  I,  4.  ||  Terme  de 
grammaire.  Tirer  sa  formation  d'après  certaines  rè- 
gles. Le  plus  grand  nombre  des  mots  français  déri- 
vent du  latin.  {[  B"  Se  dériver,  v.  ré/l.  Être  dérivé. 
Ces  eaux  se  dérivent  d'une  rivière.  Ces  mots  se  dé- 
rivent aisément  les  uns  des  autres. 

—  HIST.  XII*  s.  Cant  il  font  paroles  d'exhortation, 
soi  ellievent  par  dedens,  de  ce  ke  la  grasce  de  pré- 
dication est  parmi  eaz  [eux]  dérivée.  Job,  492. 
Il  XIII*  s.  Car  Diex  li  biaus  outre  mesure,  Quant  il 
biauté  mist  en  nature.  Il  en  i  fist  une  fontaine  Tous- 
jors  corant  et  tousjors  [ilaine.  De  qui  toute  liiauté 
desrive,  la  Rose,  46439.  ||  xiv"  s.  Se  le  non  de 
desattrempance  est  dit  et  dérive  de  l'autre  ou.au 
contraire,  oresme,  Eth.  99.  Et  pour  ce  son  nom  est 
dérivé  de  meur  et  en  diffère  peu,  ID.  tb.  33.  Accident 
est  dérivé  et  despent  de  substance,  id.  tb.  vi  (40). 
Il  XVI'  s.  Ils  avoient  bien  accoustumé  de  tout  temps 
de  prendre  soigneusement  la  protection  des  villes 
extraittes  et  dérivées  de  la  leur,  amyot,  Timol.  3. 
Pour  dériver  toute  la  suspicion  du  faict  sur  Agesi- 
laus.  ID.  Àgésil.  38.  Sur  luy  se  dériva  partie  de  la 
haine  que  l'on  portoit  à  ce  Fulvius,  id.  Gracqucs, 
44.  Tout  ainsi  comme  du  chef  sourdent  et  se  déri- 
vent les  nerfs,  instruments  du  sentiment  "et  du  mou- 
vement, ID.  Moral.  Epît.  p.  7.  La  matière  sera  dé- 
rivée en  ouvrant  les  veines  proches  de  la  playe, 
PARÉ,  vni,  4  4.  Souhaitant  que  cette  esmotion  cha- 
leureuse [des  guerres  civiles]  qui  est  parmy  nous  se 
peust  dériver  à  quelque  guerre  voisine,  mont,  m,  99. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deribar,  derivar,  derrivar; 
espagn.  deritor;  ital.  derivare;  du  latin  derivare, 
de  dp,  etrifws,  ruisseau. 

i.  DÉRIVER  (dé-ri-vé)  ,v.  n.  \\  1°  Terme  de  naviga- 
tion. Suivre  le  courant,  aller  à  la  dérive,  en  par- 
lant d'un  bateau.  |{  2°  Terme  de  marine.  S'écarter 
plus  ou  moins  de  sa  route  par  l'effet  des  vents  ou 
des  courants.  Un  vaisseau  se  laisse  dériver,  lorsqu'il 
s'abandonne  aux  vents  et  aux  flots.  J'avais  un  vais- 
seau dont  je  nie  défiais,  parce  qu'il  dérivait  beau- 
coup ;  cela  m'obligeait  à  ne  rien  négliger  pour  me 
tenir  au  veut  des  autres  vaisseaux  de  la  division  dont 


j'avais  U  tète,  Mémoires  de  Yillelte,  4678,  dansjAL^ 
Prep.ci'-;  garde,  jeune  pilote,  que  le  vaisseau  ne  dé- 
rive, J.  1.  Rouss.  Ém.  i.  Je  ne  tardai  pas  à  juger 
que  nous  dérivions'^  l'ouest,  m.  ib.  v.  Sur  les  mers 
irritées,  Dérivent,  démâtées,  Nefs  par  les  nefs  heur- 
tées, V.  HUGO,  Orient.  6. 

—  HIST.  XVI*  s.  Est  deffendu  à  tous  batteliors  de 
laisser  driver  leurs  bateaux,  Nouv.  coutum.  génér. 
t.  I,  p.  3(3.  Nous  le  voyons  n'avoir  eu  affaire  qu'à 
se  laisser  dériver  au  courant  et  à  la  favorable  marée 
de  sa  prospérité,  d'aub.  Ilist.  l'réf.  6.  Enfin,  les 
Turcs  estans  sortis  du  deslroit,  Hali  qui  engageoit 
tousjours  Pertan,  dérive  l'armée  ennemie  un  peu 
au  large,  id,  tb.  ii,  80.  11  y  vouloit  faire  driver  par 
la  rivière  quelques  bateaux,  id.  tb.  m,  30. 

—  ÉTYM.  Dérive. 

t  4.  DÉRIVER  (dé-ri-vé),  v.  a.  Limer  la  rivure 
d'un  clou  pour  le  faire  sortir  de  son  trou.  {[  Se  dériver, 
perdre  sa  rivure.  |{  Terme  d'horlogerie.  Dériver  une 
roue,  la  chasser  de  son  pivot. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  river. 

f  DÉRIVETTE  (dé-ri-vè-f) ,  s.  f.  Sorte  de  pêche, 
qui  se  fait  avec  des  manets  qu'on  laisse  dériver  au 
gré  du  courant. 

—  ÉTYM.  Dériver  3. 

t  DÉRIVEUR  (dé-ri-veur) ,  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Voile  pour  le  mauvais  temps. 

—  ÉTYM.  Dériver  3. 

t  DÉRIVEIR  (dé-ri-voir) ,  s.  m.  Terme  d'horlo- 
gerie.. Instrument  pour  dériver  les  pignons  et  les 
séparer  des  roues,  sans  les  gâter. 

—  tITYM.  Dériver  4. 

t  DÉIllVt):t:f,T«K  (dé-rî-vo-mè-tr') ,  s.  m.  Terme 
de  marine.  Instrument  pour  mesurer  la  dérive. 

—  ÉTYM.  Dérive,  et  mètre,  mesure. 

t  DÉRIVOTE  (dé-ri-vo-f),  s.  ^.  Grande  perche 
pour  éloigner  un  train  de  bois  de  la  rive. 

—  ÉTYM.  Dériver  i. 

t  DERLE  (dèr-1'),  s.  f.  Terre  à  porcelaine;  argile 
propre  à  faire  de  la  belle  faïence,  de  la  porcelaine. 
Il  sera  levé  et  perçu  sur  la  derle  ou  terre  propre  à 
faire  porcelaine,  qui  sortira  des  villes  et  lieux  con- 
quis par  Sa  Majesté....  la  somme  de  40  livres  pour 
last  (le  4  2  tonnes  ordinaires.  Arrêt  du  conseil  d'Etat, 
6  juillet  4888. 

t  DERMAPTËRE(dèr-ma-ptê-r'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  des  ailes  coriacées.  ||  S.  m.  Famille 
de  mammifères  comprenant  ceux  qui  voltigent  au 
moyen  d'une  membrane.  ||  Nom  du  deuxième  ordre 
des  insectes,  caractérisé  en  ce  que  les  ailes  infé- 
rieures, après  s'être  repliées  en  travers,  se  plient  en- 
suite en  long  comme  un  éventail  ou  manquent.  ||  Fa- 
mille de  l'ordre  des  poissons  holobranches.  ||  On  dit 
aussi  dermoptère. 

—  ÉTY'M.  AÉpua,  cuir,  et  ittêpiv ,  aile  ou  nageoire. 
t  DERMATALGIE  (dèr-ma-tal-jie),  s.  f.    Terme 

de  médecine.  Synonyme  de  dermatodynie. 

—  ÉTYM.  Aéç\i.a,  peau,  et  âXyo;,  douleur. 

t  DERMATITE  (dèr-ma-ti-f)  ou  DERMITE  (dèr- 
mi-t') ,  s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de 
la  peau. 

—  ÉTYM.  Aépiia,  peau,  et  le  suffixe  médical  ....ite. 
t  DERMATOBRANCIIE  (dèr-ma-to-bran-ch') ,  adj. 

Terme  de  zoologie.  Dont  la  peau  fait  office  de  bran- 
chies. Il  S.  m.  plur.  Les  dermatobranches,  section  de 
l'ordre  des  mollusques  gastéropodes,-  comprenant 
ceux  qui  res|iirent  par  des  branchies  extérieures. 
On  dit  aussi  dermobranches. 

—  ÉTYM.  A£p[j.a,  peau,  et  branchies. 

f  DERMATODE  (dèr-ma-to-d'),  s.  m.  Terme  d'en- 
tomologie. Genre  de  coléoptères,  famille  des  curcu- 
lionides,  ayant  pour  espèce  principale  le  dermalode 
austral  de  la  Nouvelle-Hollande. 

—  ÉTYM.  AspixaTÛôyjî,  coriace. 

■j- DERMATODONTE  (dér-ma-to-don-f  ),  adj. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est  garni  de  denti- 
cules  membraneuses. 

—  ÉTYM.  Aipii-a,  peau,  et  48oi;,  ôSôvtoî,  dent. 

t  DERMATODYNIE  (dèr-ma-to-di-nie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Douleur  à  la  peau. 

—  ÉTYM.  AÉpiia,  peau,  et  àSOvri,  douleur, 

t  DERMATOGASTRE  (dèr-ma-to-ga-str'),  s.  m. 
Terme  de  botanique.  Nom  d'une  tribu  de  champi- 
gnons. 

—  ÉTYM.  Aépfia,  peau,  et  yauxTip,  ventre. 

t  DERMATOGRAPHE  (dèr-ma-to-gra-f), /.  m. 
Auteur  d'une  dermatographie. 

t  DERMATOGRAPUIE  (dèr-ma-to-gra-fie),  s.  f. 
Terme  d'anatomie.  Description  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Ac'pua,  peau,  et  ypâçeiv,  décrirf. 

t  DERMATOÏDE  (  dèr-ma-to-i-d' )  ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  a  l'apparence  du  cuir. 

—  ÉTYM.  Aipiia,  cuir,  et  tlSoj,  forme. 


1084 


DER 


t  DERMATOLOGIE  (dèr-ma-to-lo-jie),  s.  f.  Terme 
de  physiologie.  Traité  de  la  peau.  ||  On  dit  aussi  der- 
moioRie. 

—  f.TTM.  Mf\ia,  peau,  el  yéyo;,  traité. 

t  nEKMATOLVSIE  (dtr-ma-lo  li-/,ie),  s.  f.  Terme 
de  méileciiie.  Affection  caractérisée  par  un  relâche- 
ment de  la  peau,  qui  s'étend,  se  plie  en  double  et 
retombe. 

—  Etym.  Ae'piia,  peau,  et  XOeiv,  relâcher. 

f  DEBMATOPATHIE  (  dtr-ma-to-pa-tie  ) ,  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Maladie  de  la  peau  en  général. 

—  ÊTYM.  AÉp|j,a,  peau,  et  itiOuç,  maladie. 

f  UEKMATOPATHOLOGIE  (dtr-ma-to-pa-to-lo- 
jie),  s.  f.  Traité  des  maladies  de  la  peau. 

—  ÊTYM.  Aépfia,  peau,  et  pathologie. 

+  DERMATOPUIDE  (dèr-ma-to-fi-d'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  la  peau  nue,  en  parlant  des  rep- 
tiles. Il  S.  m.  plur.  Les  dermatophides,  section  des 
reptiles  ophidiens,  comprenant  ceux  qui  ontlapeau 
nue. 

—  ÉTYM.  Ae'piia,  peau,  et  ôfic,  serpent. 

t  DERMATOPUILE  (dèr-ma-to-fi-l'),  s.  m.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Genre  d'insectes,  ayant  une  seule 
espèce,  le  dermatophiie  pénétrant,  qui  est  la  puce 
pénétrante  de  certains  auteurs. 

—  ÉTYM.  Aso|jia,  peau,  et  le  suffixe  phile. 

t  DERMATOPNONTE  (d6r-ma-to-pnon-t'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  respire  par  la  peau.  ||  S.  m. 
plur.  Lesdermatopnontes,  animaux  invertébrés  qui, 
comme  les  polypes,  respirent  par  la  surface  du  corps. 

—  ÉTYM.  Aépixa,  peau,  et  tiveîv,  respirer." 

t  DERMATOPODE  (dèr-ma-to-po-d') ,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  les  pieds  couverts  d'une  peau. 
Il  S.  m.  plur.  Les  dermatopodes,  classe  d'oiseaux 
comprenant  ceux  qui  ont  les  pieds  recouverts  d'une 
peau  épaisse  et  rugueuse. 

—  ÉTYM.   Aipua,  peau,  et  noûç,  TtoSoç,  pied. 

t  DERMATOSE  (dèr-ma-tô-z'),  s.f.  Terme  de 
médecine.  Nom  générique  des  maladies  de  la  peau. 
Le  lichen,  l'eczéma  est  une  dermatose. 

—  ÉTYM.  AÉpiJia,  peau. 

t  DERMATOSQCELETTE  (dèr-ma-to-ske-lè-f  ), 
*.  TH.  Terme  d'analomie.  Squelette  cutané,  squelette 
extérieur. 

—  ÉTYM.  4Ép[i«,  peau,  el  squelette. 

+  DERMATOTOMIE  (dèr-ma-to-to-mie) ,  s. /'.Terme 
d'anatomie.  Dissection  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Aépua,  peau,  et  xoji.:?!,  dissection. 
DERME  (dùr-m'),  s.  m.  Terme  d'anatomie.  Tissu 

qui  fait  le  corps  de  la  peau  et  qui  en  forme  presque 
toute  l'épaisseur. 

—  ÉTYM.  AÉpiwt,  peau,  de  SÉpEiv,  écorcher. 

t  DERMÉK  (dèr-mée),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  petits  champignons  épiphytes,  croissant 
sur  les  parties  mortes  des  végétaux. 

—  ÉTYM.  Aépfia,  peau. 

t  DEK.MESTE  (dèr-mè-sf) ,  j.  m.  Terme  de  zoo- 
logie. Insecte  nuisible  au  lard  et  aux  fourrures. 

—  ÉTYM.  Aepii/iairiî,  de  5ip\i.a,  peau,  et  IdOeiv, 
manger. 

t  DERMIQUE  (dèr-mi-k'),  adj.  Qui  a  rapport  au 
derme.  Portion  dermique  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Derme. 

+  DER.MOBRANCHE  (d6r-mo-bran-ch'),a(ij.  Terme 
de  zoologie.  Dont  les  branchies  sont  situées  sur  la 
peau. 

—  ÉTYM.  Aî'paa,  peau,  et  branchies. 

t  DERMOCUÉLYDE  (dèr-mo-ké-li-d'),  s.  f.  Terme 
de  zoologie.  Genre  de  tortue  dont  la  carapace  res- 
semble à  du  cuir.  ||  On  dit  aussi  dermalochélyde. 

—  ÉTYM.  Aîpiii,  cuir,  et  x^Wj,  tortue. 

f  DERMODONTE  (dèr-mo-don-f) ,  ailj.  Terme  de 
zoologie.  Dont  les  dents  sont  implantées  dans  la 
peau  seulement. 

—  ÉTYM.  Aspjia,  peau,  et  èSoiç,  dent. 

f  DERMOÏDE  (d6r-mo-i-d'),  adj.  Synonyme  de 
dermatoide.  Le  système  dermoïde,  le  derme. 

—  ÉTYM.  Aepiia,  derme,  et  eiSo;,  forme. 

t  DËRMOPHAGE  (dèr-mo-fa-j'),  s.  m.  Genre  de 
coléoptères  pnntamères;  espèce  unique  :  le  dermo- 
pbage  pectine  île  l'Amérique  septentrionale. 

—  ÉTYM.  Aépfia,  peau,  etçaytîv,  manger. 

+  DER.MOPTÈRE  (dèr-mo-ptê-r') ,  adj.  'terme  de 
loologie.  Oui  a  des  ailes  ou  des  nageoires  membra- 
neuses (voy.  dermaptêrr). 

—  ÊTYM.  AÉpua,  peau,  et  itTtpèv,  aile. 

t  DEUMOKRIIINQUE  (dèr-mo-rin-k'),  adj.  î.-'mc 
de  zoologie.  Qui  a  le  bec  couvert  de  peau  ou  co- 
riace. Il  S.  m.  Les  dermorrhinques,  famille  de  la 
tribu  des  oiseaux  nageurs,  comprenant  ceux  qui  ont 
le  bec  recouvert  d'un  épiderme,  comme  les  ca- 
ntrds. 

—  tlVM.  Aipiioi,  peau,  ot  fûfXOM  l)ec. 


DER 

DERNIER,  1ÈRE  (dèr-niê,  niê-r'),  adj.  ||  l"  Qui 
vient  après  tous  les  autres.  Le  dernier  soldat  de  la  fiie. 
La  dernière  année  de  son  règne.  Les  derniers  rangs 
d'une  troupe.  Le  sort  m'y  réservait  le  dernier  de  ses 
coups,  RAC.  BMn.  i,  4.  Iji  guerre  est  le  dernier 
des  remèdes  :  avant  que  de  l'employer,  il  faut  avoir 
essayé  de  tous  les  autres,  roi-lin,  Hist.  anc.  Œu- 
vres, t.  XI,  t"  part.  p.  296,  dans  pougens.  Les  der- 
nières levées  étaient  trop  jeunes  et  trop  faibles,  il 
est  vrai;  mais  l'armée  avait  encore  beaucoup  de  ces 
hommes  forts  et  tout  d'exécution,  accoutumés  aux 
situations  critiques  et  que  rien  n'étonnait,  SÉGUR, 
IHst.  de  Nap.  ni,  3.  ||  Dernier  à,  avec  un  infinitif, 
en  parlant  des  personnes.  Dernier  à  faire  une  chose, 
celui  qui  la  fait  après  tous  les  autres.  Nous  serons 
les  derniers  à  faire  ce  que  nous  avons  écrit  et  ce  que 
les  autres  nations  exécutent,  d'alemb.  Lettre  au  roi 
de  Prusse,  ^^  oct.  t7st.  ||  Dans  les  phrases  qui  sui- 
vent, dernier  n'est  qu'en  apparence  construit  avec  d; 
exemple  à....  qui  est  le  dernier,  chose  à....  qui  est 
la  dernière.  Le  dernier  exemple  à  imiter,  l'exem- 
ple qu'on  ne  doit  imiter  qu'après  tous  les  autres 
Dans  un  ouvrage  de  philosophie  ou  de  littérature, 
les  beaux  vers ,  les  sentences  sont  les  dernières 
choses  à  louer,  niDEBOT,  Règne  de  Claude  et  Né- 
ron, n,  §  7.  Il  C'est  le  dernier  homme  à  qui  je  me 
confierais,  c'est-à-dire  il  n'y  a  point  d'homme  à  qui 
je  ne  me  confiasse  plutôt  qu'à  lui.  ||  Manger  des  ce- 
rises à  la  dernière;  trois  ou  quatre  personnes  se 
réunissent  autour  d'un  panier  de  cerises  et  les  man- 
gent une  à  une  et  tour  à  tour  jusqu'à  la  dernière; 
celui  à  qui  elle  échoit  paye  les  cerises,  ou,  si  elles 
ont  été  payées,  en  paye  de  nouvelles.  ||  Terme  de 
jeux.  Qui  ne  doit  jouer  qu'après  tous  les  autres.  Le 
dernier  en  cartes.  Au  piquet,  où  on  n'est  que  deux, 
le  dernier  est  le  second  ,  et  on  dit  substantivement  : 
c'est  moi  qui  suis  en  dernier.  ||  Dernier  venu,  der- 
nière venue,  qui  vient  le  dernier,  la  dernière;  et, 
substantivement,  le  dernier  venu,  la  dernière  ve- 
nue. Mais  ce  champ  ne  se  peut  tellement  moisson- 
ner Que  les  derniers  venus  n'y  trouvent  à  glaner, 
LA  FONT.  Fabl.  m,  1.  ||  2'"  Précèdent.  L'année,  la 
semaine  dernière.  Etiez-vous  à  la  dernière  séance? 
Dimanche  dernier,  nous  sommes  allés  nous  prome- 
ner. Il  II  s'emploie,  en  ce  sens,  substantivement, 
pour  désigner,  entre  plusieurs  objets,  celui  qui  a 
été  nommé  après  les  autres.  Votre  ami  et  son  frère 
sont  venus;  ce  dernier  a  dit....  Il  y  a  plus  d'ou- 
tils que  d'ouvriers,  et,  de  ces  derniers,  plus  de 
mauvais  que  d'excellents,  la  eruy.  u.  ||  3°  Le  plus 
éloigné  dans  l'avenir.  Les  derniers  temps.  La  der- 
ni're  postérité.  ||  4°  Le  seul  qui  reste,  la  seule  chose 
qui  reste.  Il  a  employé  jusqu'à  son  dernier  sou.  Je 
n'ai  point  mainlenantde  tes  lettres  sur  moi;  Mais  j'en 
ferai  du  feu  jusques  à  la  dernière,  mol.  Dépit  am. 
IV,  4.  Mon  dernier  fils,  ma  fille,  aux  chaînes  réser- 
vés, VOLT.  Zaïre,  ii,  3.  Conserve  au  moins  le  jour 
au  dernier  de  mes  fils,  ID.  Orphel.  i,  2.  Il  est 
temps  que  mon  cœur  De  ses  derniers  replis  t'ouvre 
la  profondeur,  m.  Fanât,  ii,  4.  ||  Terme  du  jeu  de 
whist.  Dernier  en  atout,  celui  qui  en  possède  en- 
core quand  les  autres  ont  épuisé  les  leurs.  ||  Au  do- 
mino, avoir  le  dernier  dé,  le  dernier  deux,  le  der- 
nier trois,  c'est-à-dire  avoir  encore  un  deux,  etc. 
quand  les  autres  n'en  ont  plus.  ||  5°  Final,  défini- 
tif.'C'est  la  dernière  ici  des  imporlunités  Que  vous 
aurez  jamais  de  mes  vœux  rebutés,  mol.  Dépit 
am.  IV,  3.  Tout  ce  que  j'aimerai  jusqu'au  dernier 
soupir,  BAC.  Bérén.  m,  i.  J'ai  fait  de  mon  courage 
une  épreuve  dernière,  id.  tb.  v,  7.  Elle  m'a  dé- 
claré sa  volonté  dernière,  ID.  Baj.  m,  2.  Hélas  I  si 
vous  m'aimez,  si,  pour  grâce  dernière.  Vous  dai- 
gnez d'une  amante  écouter  la  prière....  id.  Iphig. 
m,  6.  Peut-être  nous  touchons  à  notre  heure  der- 
nière, ID.  Athal.  V,  t.  Cet  effort  généreux  que  je 
n'altemlais  pas  Porte  le  dernier  coup  à  mon  âme 
éperdue,  VOLT.  Taucr.  n,o.  ||  Rendre  le  dernier  de- 
voir,les  derniers  devoirs,  prendre  part  aux  cérémo- 
nies religieuses  après  la  mort  de  quelqu'un.  ||  Au  der- 
nier mot,  c'est-à-dire  sans  rien  rabattre.  ||  En  dernier 
lieu,  à  la  fin,  après  tout  le  reste.  Ce  fut  en  dernier 
lieu  qu'il  parla  de  ce  qui  l'inti'ressait  le  plus.  ||  Met- 
tre, donner  la  dernière  mam  à  un  travail,  l'ache- 
ver, lui  donner  toute  la  [lerfection  possible.  ||  6°  Qui 
occupe  la  moindre  place  dans  une  hiérarchie,  qui  est 
infime.  Si  vos  Romains  ainsi  choisissentdes  maltres- 
ses, A  vos  derniers  tribuns  il  faudra  des  princesses, 
CORN.  Sert.  II,  2.  Quand  nous  aurions  été  les  der- 
nières personnes  du  monde,  mol.  l'réc.  I.  U  aurait 
eu  honte,  disait-il,  de  dépenser  i)lus  pour  sa  table 
et  pour  ses  habits  que  le  dernier  des  Thébains,  bol- 
un.  Traité  de  El.  liv.  v,  3'  part.  ch.  2.  Ramper  au 
dernier  rang  des  derniers  citoyens,  volt.  Fanal. 


DER 

1,4.  Il  7°  Extrême,  le  plus  considérable,  le  meilleur. 
Montre  d'un  vrai  Romain  ]a  dernière  vigueur,  cobn. 
Cinna,  vr,  6.  Tu  promis  au  sénat,  par  les  derniers 
serments.  Que  tu  suivrais  la  loi  de  ses  commande- 
ments, MAIB.  Uort  d'Asdr.  i,  4.  Des  affaires  de  la 
dernière  conséquence,  mol.  Festin,  j,  3.  Je  vous 
vois  accabler  un  homme  de  caresses.  Et  témoigner 
pour  lui  les  dernières  tendresses,  id.  Uis.  i,  4. 
Nous  vous  serons  obligés  de  la  dernière  obligation 
si  vous  nous  faites  cette  amitié,  id.  Préc.  rid.  se.  10. 
C'est  là  où  vous  verrez  la  dernière  bénignité  de  la 
conduite  de  nos  pères,  pasc.  Prou.  9.  Vous  employez 
les  derniers  efforts  pour  faire  croire...,  in.Proi'.  <8. 
Le  cardinal  pour  lequel  j'ai  le  dernier  respect,  noss. 
I,ett.  95.  Il  Extrême,  le  plus  bas,  le  pire.  Tous  les 
dieux  irrités  Dans  les  derniers  malheurs  nous  ont 
précipités,  corn.  Nicorri.  v,  8.  Vos  serments  m'ont 
réduit  au  dernier  désespoir,  id.  Pulch.  v,  6.  Eter- 
nise ton  nom  parle  dernier  des  crimes;  Que  tes  en- 
fants et  moi  te  servent  de  victimes,  MAIR.  Mort  d'Asdr. 
Il,  3.  C'en  est  trop;  ma  douleur,  à  cette  triste  vue,  X 
son  dernier  excèsest  enfin  parvenue,  bac.  Bérén. y, 
0.  Ce  n'est  pas  à  un  père  de  les  y  engager  [au  cou- 
vent], et  ce  serait  le  dernier  abus,  de  leur  faire  pour 
cela  violence  et  de  les  forcer,  bourd.  Dominic.i,  De- 
voir despères,  te.  Toute  prudence  incompatible  avec 
le  salut,  lui  parait  la  dernière  des  folies,  mass.  ilysl. 
Soum.  Ils  regardent  la  mort  comme  le  dernier  des 
malheurs,  m.  Avent,  Hortdu  pécheur.  ||  Au  dernier 
point,  autant  qu'il  est  possible.  Le  peuple  aime 
Maurice  ;  en  perdre  ce  qui  reste  Nous  rendrait  ce  tu- 
multe au  dernier  point  funeste,  corn.  Hérael.  i,  s. 
Il  Le  dernier  supplice,  la  peine  capitale.  L'espoir 
d-!  deux  maisons,  le  destin  le  plus  beau.  Par  le  der- 
ii  er  supplice  enfermés  au  tombeau,  volt.  Tancr. 
IV,  'i.  Il  Le  dernier  avec  un  adjectif  pris  substanti- 
vement, ce  qu'il  y  a  de  plus....  Ah  !  certes,  cela  sera 
du  dernier  beau,  mol.  Préc.  se.  to.  Ah!  mon  père, 
ce  que  vous  dites  là  est  du  dernier  bourgeois,  id. 
ib.  5.  Ne  me  regardez  pas,  je  suis  du  dernier  laid 
aujourd'hui,  id.  l'Impromptu,  se.  3.  Savez-vous 
qu'ils  [des  vers]  sont  du  dernier  galant?  Jamais  les 
Voiture  ni  les  Pavillon  n'en  ont  fait  de  pareils,  le- 
SAGE,  Turc.  I,  7.  Il  Être  du  dernier  bien  avec  quel- 
qu'un, être  très-lié  avec  lui;  avec  une  femme,  avoir 
ses  bonnes  grâces.  On  dit  qu'avec  liélise  il  e.st  du 
dernier  bien,  mol.  Uis.  ii,  6.  ||  8°  Substantivement. 
Ledemier,  la  dernière,  celui,  celle  qui  vient,  qui 
est  après  tous  les  autres.  Il  est  le  dernier  de  sa  classe. 
On  s'étonna  qu'il  arrivât  des  derniers  dans  cette  oc- 
casion,HAMiLT.Cramni.  7.  Il  Brutus  et  Cassius  furent 
lesderniers  des  Romains,  c'est-à-dire  ils  furent,  parmi 
les  Romains,  les  derniers  qui  combattirent  pour  la  li- 
berté. Philopémen  a  été  appelé  le  dernier  des  Greci, 
comme  Brutus  le  dernier  des  Romains,  rollin  ,  Hist. 
anc  GCuires,  t.  viii,  p.  513,  dans  pougens.  ll  9°  Ce- 
lui qui  occupe  le  rang  le  plus  humble  dans  le  monde. 
On  doit  tout  quelquefois  au  dernier  des  humains, 
VOLT.  Tancr.  u,  t.  ||  10°  Le  dernier,  la  dernière, 
la  personne,  la  chose  qui  est  la  pire  de  toutes.  Je  le 
tiens  pour  le  dernier  des  hommes.  Ma  fille,  c'est  à 
vous  de  montrer  qui  nous  sommes,  Et  de  ne  voir 
en  lui  que  le  dernier  des  hommes,  bac.  Iph.  ii,  4. 
Il  11"  Terme  de  certains  jeux  de  course.  Ne  pas  avoir 
le  dernier,  n'être  pas  le  dernier  touché.  Le  duc  de 
Coislin  avait  la  fantaisie  de  ne  pouvoir  souffrir  qu'on 
lui  donnât  le  dernier,  plaisanterie  qui  fait  courre 
après  celui  qui  l'adonné,  et  qui  ne  passe  pas  la  pre- 
mière jeunesse,  ST-siM.  tio,  t»5.  IjFig.  N'ayez  pas 
le  dernier,  mol.  Dépit,  iv,  3.  ||  Fig.  11  veut  tou- 
jours avoir  le  dernier,  se  ditd'un  opiniâtre  qui  veut 
toujours  répliquer  ledemier,  porter  un  coup  le  der- 
nier. Cinq  heures  sonnèrent;  personne  n'avait  dîné, 
et  MM.  les  présidents  eurent  le  dernier,  betz.  II, 
253.  Il  12°  Terme  de  jeu  de  paume.  Chacune  des 
deux  ouvertures  de  la  galerie  qui  sont  les  plus  éloi- 
gnées de  la  corde.  ||  Proverbes.  Aux  derniers  les  bons, 
c'est-à-dire  ce  qui  reste  après  le  choix  des  autres  est 
souvent  le  meilleur.  ||  Le  premier  au  bois  et  le  der- 
nier à  l'eau,  se  dit  de  celui  qui,  toujours  prêt  au 
plaisir,  ne  l'est  jamais  au  travail,  à  la  peine. 

—  KEM.  1.  Cet  adjectif  se  metordinuirement  avant 
son  subst.intifj  cependant,  au  féminin,  on  le  met 
quelquefois  après,  surtout  dans  le  style  élevé  :  une 
grâce  dernière.  {|  2.  Dernier  a  évidemment  le  sens 
d'un  .'.uperlatif  et  ne  reçoit  aucune  graduation;  il  a 
une  sorte  de  comparatif  dans  ultérieur,  jullien. 

—  HIST.  XII*  s.  En  aventure  (peut-être;  [je]  co- 
mens  [commence]  Ma  daerraine  chançon,  Couci, 
XV.  Il  xni*  s.  Au  darrain  jor,  envoia  li  empereres, 
por  garder  ses  coureurs,  Ansiel  de  chaien  [céan-s] , 
viLLEH.  CLxxvu.  Où  la  derraine  fois  fu  Berte  d'eus 
sevTée  [séparée] .  Berte,  civ.  Et  li  prisons  estoit  jà 


DER 


Df:R 


DÉH 


1085 


si  eslongiés  qu'il  esloit  as  derraines  tentes,  Chron. 
de.  liains.  Portraite  fu  au  darrenier  Povreté  qui  ung 
seul  denier  N'eiist  pas,  s'el  se  deûst  pendre,  Tant 
jeûst  bien  sa  robe  vendre,  la  Itoxe,  443.  Kn  ung 
trop  biau  leu  arrivé  Au  darrenier  [h  la  fin]  où  je 
trouvé  Une  fontaine  sous  un  pin,  ib.  <434.  Noz  di- 
sons que,  se  li  deerains  ensoines  est  de  son  cors, 
sans  fraude  et  sans  baiit,  li  sires  de  son  office,  por 
cause  de  pitié,  ledoit  garder  de  damache,  beaum.  70. 
En  ses  darrenieres  paroles  reclamoit  il  Dieu  et  ses 
sains,  joinv.  201.  ||  xv  s.  Si  m'a  donné  tant  à 
faire  en  mon  temps  (Nostre  Seigneur,  Dieu)  et  au 
dernier  entreprins  de  tant  dure  et  grieve  maladie 
[c'est  Robert  Bruce  qui  parle],  froiss.i,  i,  47.  Avint 
que  le  derrain  jour  que  il  vint  [Y vain  de  Galles),  ce 
fut  assez  matin  etfaisoit  bel  et  clair  id.  n,  ii,  30. 
Les  blancs  chaperons  furent  ceux  qui  premiers  vin- 
rent au  marché  et  qui  darreniers  s'en  partirent,  id. 
II,  it.  60.  Lui  mettoient  sus  [les  Anglais  au  minis- 
tre d'Edouard  II]  que  les  Escots  avaient  reconquis 
Bervick  et  au  dernier  eux  tous  destruits  et  descon- 
fits, ID.  I,  I,  5.  Si  ne  sera  mie  d'oresnavant  des  der- 
niers en  toutes  besongnes  belles  et  honnorables  où 
employer  se  pourra,  Bouciq.  i,  8.  Je  vous  dy  pour 
aussi  vray  que  évangile,  que  jones  filles  ne  doivent 
jamais  manger  cerises  à  la  derraine  avec  leurs  amou- 
reux; car  souvent  avient  que  cellui  à  qui  vient  la 
derreniere  demeure  le  derrenier  à  tous  à  marier, 
Évangiles  des  quenouilles,  {"journée,  ch.  10.  La 
mort  lui  sera  le  derrain  remède,  louis  xi,  Kouv,  xxi. 
]|  XVI*  s.  Si  te  supply  qu'en  ton  divin  prétoire  Nous 
vueille  mettre  à  l'heur  et  jour  derrains,  j.  marot, 
v,33.  D'où  le  roi  encourut  sa  dernière  ruine,  mont. 
:,  23.  Ces  derniers  venus  apportèrent  aux  premiers 
'jn....  ID.  II,  179.  L'honneur  n'a  point  de  si  dernière 
place.  Que  des  plus  grands  désirer  ne  se  face,  la 
BOÉTIE,  479.  Silanus  interpréta  son  opinion,  disant 
qu'il  n'avoit  point  entendu  qu'on  les  deust  faire  mou- 
rir, pource  qu'il  estimoit  le  dernier  supplice  à  un 
sénateur  romain  estre  la  prison,  amyot,  Cicéron,  24. 
Le  duc  de  Mercœur,  ne  voulant  pas  avoir  le  der- 
nier, fit  ralier  ses  forces  avec  Dom  Jouan,  d'aub. 
//lit.  III,  407  On  se  deffait  des  aigneaux  les  plus 
mal  qualifiés  primerains  ou  dernierains,  o.  de  ser- 
bes, 320.  Qui  vient  le  dernier  pleure  le  premier,  Le- 
roux DE  LINCY,  PrOV.  t.  II,  p.  4(0. 

—  ÉTYM.  Picard,  de'rain,  darain,  derne,  der- 
gner  ;  Berry,  dnrgne,  dergnc,  darricr,  derrier  ;  Wal- 
lon, diérain;  namuiois,  dérain;  rouchi,  darrain  ; 
bourguig.  rfarei; génev.  en  rfernicr,  en  dernier  lieu; 
provene.  derrier,  dcrrer,  derier,  derer,  darrier; 
catal.  derrer,  darrer;  d'un  mot  fictif  d«rf(ranus, 
de  de-re(ro  (voy.  derrière).  Deretranus  a  donné  dé- 
rain. d'où  derainier,  dercnier,  dernier. 

DERNIÈREMENT  (dèr-niê-re-man),  adv.  Depuis 
peu  de  temps,  récemment.  11  a  dit  dernièrement 
que.... 

—  KEM.  La  comète  de  dernièrement  ne  me  fut 
guère  moins  funeste  qu'à  l'empereur  Rodolphe,  balz. 
liv.  II.  lett.  \.  Cet  emploi  de  la  préposition  de  avec 
un  adverbe  de  ce  genre  est  tout  à  fait  fautif;  ces 
adverbes-là  ne  se  prennent  jamais  substantivement. 

—  HlST.  XIII' s.  Etavint  après  ce  que  lu  [la]  feme, 
derrainement  espou.^iéedu  chevalier,  morut,  beaum. 
XVIII,  18.  [|  xV  s.  Et  dit  comment  il  s'estoit  mis 
en  saisine  et  possession  de  la  duché  de  Bretagne 
qui  escliue  lui  esloit  par  la  possession  du  duc 
son  frère,  dernièrement  trespassé,  froiss.  i,  i, 
152.  Il  xvi"  s.  Je  veis  dernièrement  [il  y  a  peu  de 
temps]  que....  mont,  i,  20.  Il  dcbvroit  commencer 
parsoy....  secondement  pour  son  fils,  et  dernière- 
ment pour  l'e.strangier,  ID.  IV,  46.  Ne  sçais  tu  pas 
bien,  Munatius,  que  tu  ne  fus  pas  dernièrement  ab- 
soulz  en  jugement  pour  ton  innocence,  mais.... 
AMïOT,  Cicéron,  3o. 

I-  ÉTYM.  Dernière,  et  le  suffixe  ment;  picard, 
darainement ;  bourguig.  darèrement. 

DÉROBÉ,  ÉE  (dé-ro-bé,  bée),  part,  passé.  \\  1°  En- 
levé, soustrait.  Une  liasse  de  papiers  importants  dé- 
robée sur  le  bureau  même.  Mais  quand  tu  récitais 
des  faits  moins  glorieux.  Sa  foi  partout  offerte  et 
reçue  en  tous  lieu.x,  Hélène  à  ses  parents  dans 
Sparte  dérobée,  rac.  Phèdre,  i,  I.  \\  Fig.  Qui  se 
cache  ,  qui  se  dérobe.  J'examinais  les  contenan- 
ces; toutes  marquaient  une  surprise  honteuse,  ti- 
mide, dérobée,  st-sim.  60,  H.  ||  Heures  dérobées, 
heures  qu'on  soustrait  au  courant  des  occupations 
«t  que  l'on  consacre  à  quelque  autre  chose.  Kaire  un 
travail  à  ses  heures  dérobées.  ||  2°  A  qui  on  a  fait  un 
vol.  Cet  homme  dérobé  par  son  domestiipie.  ||  3°  Terme 
d'agriculture.  Culture  dérobée,  cuUure«les  racines 
semées  après  une  récolte  principale  faite  dans  l'an- 
néo.  Il  4°  Ternie  da  vétérinaire.  Pied  dérobé,  pied  du 


cheval  duquel  des  portions  de  corne  ont  été  enlevées, 
soit  par  éclat,  soit  par  usure.  ||  5°  Escalier  dérobé, 
corridor  dérobé,  porte  dérobée,  escalier,  corridor, 
porte  qui  sert  de  dégagement  secret  à  un  apparte- 
ment. Elle  mène  Candide,  par  un  e.scalier  dérobé, 
dans  un  cabinet  doré,  volt.  Candide,  7.  ||  6°  Fèves 
dérobées,  fèves  dont  on  a  enlevé  l'enveloppe.  ||  7°  X 
la  dérobée,  loc.  adv.  En  cachette,  avec  mystère.  Ly- 
curgue  voulait  que  les  nouveaux  mariés  ne  se  vis- 
sent qu'à  la  dérobée,  d'ablanc.  .i4pop/i(/i.  dans  riche- 
LET.  11  ne  prenait  le  sommeil  qu'à  la  dérobée, 
changeant  même  souvent  de  lit  sans  garder  les  bien- 
séances de  son  rang,  rollin,  Ilist.  anc.  Oliuvres, 
t.  I,  p.  .'i02,  dans  pougens.  Ils  ont  toujours  quel- 
ques caresses  à  se  faire  à  la  dérobée,  Diderot,  Sa- 
lon de  4767,  CEuvres,  t.  xiv,p.  1 96, dans  pougens. 
f  DÊROBEMENT  (dé-ro-be-man),  s.  m.  Terme 
de  maçonnerie.  Voûte,  arc  pardérobement,  voilte, 
arc  pour  lequel  les  pierres  ont  été  taillées  non  par 
panneaux,  mais  seulement  sur  l'épure  rapportée  di- 
rectement à  la  pierre  équarrie. 
—  ÉTYM.  Dérober. 

DÉROBER  (dé-ro-bé),  v.  a.  \\  1°  Enlever  par  lar- 
cin, prendre  furtivement  se  qui  appartient  à  autrui. 
On  m'a  dérobé  mon  argent,  mol.  VAv.n,  7.  L'im- 
possibilité de  subsister  jusqu'au  temps  de  leurs  ré- 
coltes les  força  de  descendre  dans  la  plaine  pour  y 
dérober  des  vivres,  raynal  ,  Uist.  phil.  xiv,  ne. 
Il  Familièrement.  S'il  a  du  bien,  il  ne  l'a  pas  dérobé, 
il  l'a  bien  gagné.  ||  Absolument.  Vous  ne  déroberez 
point,  et  nul  ne  trompera  son  prochain,  saci.  Bi- 
ble, Lévit.  XIX,  H.  Il  Terme  de  fauconnerie.  Un  fau- 
con dérobe  les  sonnettes,  quand  il  s'en  va  sans  être 
congédié.  ||  Fig.  Dérober  à  quelqu'un  la  gloire  qui 
lui  est  due.  Et  je  n'ai  jamais  su  dérober  mes  succès, 
CORN.  Sertor.  v,  7.  Jamais  on  ne  m'a  vu  dérober  la 
victoire,  rac.  Alex,  iv,  2.  ||  Dérober  se  dit  d'u-n  au- 
teur qui  s'approprie  des  pensées,  des  expressions, 
des  passages  d'un  autre  auteur.  C'est  un  plagiaire; 
ce  que  vous  louez,  il  l'a  dérobé.  ||  2°  Prendre  pur 
surprise  ou  par  adresse.  Dérober  un  baiser.  Faut-il 
que  je  dérobe  avec  mille  détours  Un  bonheur  [devoir 
Junie]  que  vos  yeux  m'accordaient  tous  les  jours? 
rac.  Brit.  II.  6.  Chaque  fois  que  je  suis  tenté  de 
vous  dérober  la  moindre  caresse,  j.  j.  Rouss.  Uél. 
1,  10.  Il  Poétiquement.  Vous  avez  donc  perdu  ces 
puissantes  merveilles  Oui  dérobaient  les  cœurs  et 
charmaientlesoreilles,  maib.  Sophon.  v,  9.  ||  3° Avec 
un  complément  direct  de  personne.  Dépouiller  quel-, 
qu'un  par  larcin.  Ce  domestique  dérobe  ses  maîtres. 
Pour  aller  ainsi  vêtu  il  faut  que  vous  me  dérobiez, 
MOL.  rAv.i,b.  Il  Kig.  Nos  aïeux  ont  pensé  presque  tout 
ce  qu'on  pense  ;  Leurs  écrits  sont  des  vols  qu'ils  nous 
ont  faits  d'avance;  Mais  le  remède  est  simple, il  faut 
faire  comme  eux:  Ils  nous  ont  dérobés,  dérobons 
nos  neveux,  piron,  Métrom.  m,  7.  ||  4'  Faire  perdre. 
Chaque  instant  nous  dérobe  une  partie  de  nous-mêmes. 
U  ne  cessait  de  se  plaindre  de  sa  destinée  qui  lui 
dérobait  la  victoire,  vaugel.  Q.  C.  liv.  m,  dansni- 
CHELET.  Il  5°  Dérober  quelques  moments  à  ses  affai- 
res, prendre  sur  ses  occupations  des  moments  que 
l'on  con.sacre  à  autre  chose.  Quoi!  pour  vous  con- 
fier la  douleur  qui  m'accable,  À  peine  je  dérobe  un 
moment  favorable,  rac.  Brit.  Il,  6.  ||  6°  Soustraire 
à,  .eiJever  à,  préserver  de.  A  ses  premiers  trans- 
ports dérobe  ta  présence,  corn.  Cid,  m,  1.  Je  ne 
l'ai  pas  voulu  dérober  ta  victimo,  id.  ib.  m,  4.  Son 
trépas  dérobait  sa  tête  à  ma  poursuite,  id.  tb.  iv,  6. 
Dérobe  au  moins  la  tète  à  ce  pressant  danger,  id. 
Ciiina,  I,  4.  Et  sa  têle  qu'à  peine  il  a  pu  dérober, 
id.  Pomp.  I,  {.  Cet  homme  périt  sur  mer  avec  ses 
enfants  et  sa  femme  en  voulant  dérober  leur  vie  aux 
persécutions,  mol.  l'Av.  v,  5.  U  fut  dérobé  à  la  fu- 
reur de  son  aïeule,  boss.  Uist.  i,  6.  Josabeth,  fille 
du  roi,  prit  Joas,  fils  d'Ochozias,  et  le  déroba  du 
milieu  des  autres  enfants  du  roi,  lorsqu'on  les  mas- 
sacrait, SACI,  Bible,  Paralip.  ii,  22,  tt.  Ma  fu- 
neste amitié  pèse  à  tous  mes  amis;  Chacun  à  ce 
fardeau  veut  dérober  sa  tète,  rac.  Milkr.  m,  1.  Quels 
empressements  Vous  dérobent  .sitôt  à  nos  embrasse- 
menls?  id.  Iphig.  11,  2.  Les  petites  afiaiies  vous  dé- 
roberaient aux  grandes,  fén.  Tél.  xxni.  Bientôt  la 
mort  va  me  dérober  au  présent  qui  m'attriste  et  à 
l'avenir  qui  m'effraye,  maintknon.  Lettre  au  card. 
de  Noaitles,  31  déc.  174  1.  V.l  je  reprends  ma  gloire 
et  ma  félicité  En  dérobant  mon  sang  à  l'irifidélilé, 
VOLT.  Zaire,  II,  3.  i  dérober  vos  jours  au  fer  des 
assassins,  ID.  Triumv.  m,  2.  Je  dérobai  une  vic- 
time à  mes  ennemis,  monïesq.  Letl.  pers.  8.  Je  prie 
le  ciel  qu'il  te  dérobe  à  tous  les  dangers,  id.  ib. 
Il  7°  Cacher  à  la  vue,  aux  regards,  à  la  connais- 
sance. Un  mur  lui  déroliait  la  vue  de  la  campagne. 
Faut-il  qu'à  vos  yeux  seuls  un  nungo  odieux  Dérolia 


sa  vertu  qui  brille  à  tous  les  yeux?  rac.  Phèa.  v,  3. 
Peut-on  de  nos  malheurs  leur  dérober  l'histoirel 
ID.  Athàl.  II,  7.  Une  noire  tempête  déroba  le  ciel  à 
nos  yeux,  fén.  Tél.  i.  Pour  dérober  aux  amants  de 
Pénélope  le  retour  de  Télémaque,  rn.  ib.  ix.  Un 
tourbillon  de  flamme  le  déroba  presque  à  ma  vue, 
ID.  ib.  XV.  Mes  larmes  malgré  moi  me  dérobent  sa 
vue,  VOLT.  Zaire,  u,  2.  Mars  entra  dans  la  mêlé*, 
une  poussière  épaisse  commença  à  le  dérober,  mon- 
TESQ.  Gnide,  1.  ô  crime!  ô  honte  I  ô  cruel  souve- 
nir! Fatal  voyage!  aux  yeux  de  l'avenir  Que  ne  peut- 
on  en  dérober  l'histoire!  cress.  Verl-Yert,  cb.  11. 
Il  Terme  d'art  militaire.  Dérober  une  marche,  une 
étape,  la  faire  à  l'insu  del'ennemi.  U  est  piqué  au 
vif  de  l'habileté  du  maréchal  de  ViUars,  qui  lui  a 
dérobé  une  marche,  maintenon.  Lettre  à  Mme  de 
Glapion,  si  juillet  47(2.  ||  Terme  de  chasse.  Un 
chien  dérobe  la  voie,  quand  il  chasse  sans  crier, 
étant  à  la  tète  de  la  meute.  ||  Terme  de  marine.  Cette 
voile,  cette  côte  dérobe  le  vent,  l'intercepte.  Un  vais- 
seau dérobe  le  vent  à  un  autre,  quand  il  passe  trop 
près  de  lui  du  côté  du  vent.  ||  8°  ôter  l'enveloppe 
de  certaines  graines.  Dérober  des  fèves.  {]  9°  Se 
dérober,  v.  réfl.  Disparaître,  sa  soustraire.  Se  dé- 
rober à  tous  les  yeux,  aux  recherches.  Non  pour 
me  dérober  aux  rigueurs  du  supplice,  corn.  Poly. 
IV,  4.  Dérobons-nous,  mon  frère,  à  ces  âmes  cruel- 
les, Et  laissons-les  sans  nous  achever  leurs  que- 
relles, ID.  Rodogune,  m,  B.  Quiconque  se  dérobe  à 
l'humble  obéissance  Bannit  ma  grâce  en  même  temps, 
ID.  Imit.ni,  43.  Je  me  suis  dérobée  au  bal  pour  l'a- 
mour d'eux,  MOL.^c.  des  maris,  m,  9.  Le  docteur.... 
Se  dérobe  à  sa  furie,  la  font.  Contr.  Je  me  dérobe  à 
cet  embarras,  sÉv.  367.  On  la  vit  souvent  se  déro- 
ber à  sa  dignité,  flêch.  War.  Thér.  Je  l'ai  vu  dans 
leurs  bras  quelque  temps  se  débattre,  Tout  sanglant 
à  leurs  coups  vouloir  se  dérober,  rac.  ylndr.  v,  3. 
Fidèle  à  sa  douleur  et  dans  l'ombre  enfermée,  Elle 
se  dérobait  même  à  sa  renommée,  id.  Brit.  11,  2. 
Souffrez  que,  de  vos  cœurs  rapprochant  les  liens,  Je 
me  cache  à  vos  yeux  et  me  dérobe  aux  siens,  id.  ib. 
iir,  8.  Elle  se  donne  au  public  avec  autant  d'em- 
pressement qu'elle  s'y  dérobait,  maintenon.  Lettre 
à  d'Aubigné,  25  juin  4684.  Pour  se  dérober  à  la  fu- 
reur des  persécutions,  mass.  Car.  Temples.  X  la 
proscription  peu  se  sont  dérobés,  volt.  Triumv. 
1,4.  Quoi  !  vous  voulez  vous  dérober  à  moi  ?  id.  iVaii. 
II,  3.  Il  10°  Se  dérober  de,  quitter.  Je  me  dérobai  de 
mes  camarades  qui  ne  s'y  attendaient  pas,  scarr. 
Rom.  com.  II,  ch.  44.  U  vous  dira....  que,  durant 
qu'il  dormait,  je  me  suis  dérobée  d'auprès  de  lui, 
mol.  g.  Dand.  m,  4  2  ....cet  homme  se  dérobe  D'avec 
sa  femme,  la  font.  Serv.  Télémaque  se  dérobe  du 
camp  pendant  la  nuit,  fén.  Tél.  xviii.  ||  Absolu- 
ment. M.  de  Cbarost  se  déroba  et  vint  avertir  mon 
grand-père,  st-sim.  40,  H8.  Me  puis-je  avec  hon- 
neur dérober  [enfuir]  avec  vous,  rac.  Phèd.  v,  4. 
Il  Fig.  Ma  plainte  se  dérobe  et  m'échappe  du  cœur. 
RÉGNIER,  Elég.  V.  Il  11°  Se  cacher.  Le  chevreuil  est 
plus  adroit  à  se  dérober,  plus  difficile  à  suivre  que 
le  cerf,  buff.  Chevreuil.  \\  Être  caché.  Quels  rap- 
ports moraux,  politiques  ou  religieux  se  sont  dé- 
robés à  Pascal  ?  ciiateaub.  Génie,  \i\,  II,  6.  ||  12° Man- 
quer ,  faire  défaut.  La  mer  agitée  semblait  se 
dérober  sous  le  navire,  fén.  Tel.  IV.  ||  Fléchir,  man- 
quer, en  parlant  des  genoux.  Et  mes  genoux  trem- 
blants se  dérobent  sous  moi,  rac.  Phèdre,  1,  3.  Mes 
genoux  se  dérobaient  sous  moi,  fén.  Tél.  iv.  Ses 
genoux  commençaient  à  se  dérober  sous  lui,  id.  ib. 
XX.  Il  13°  Terme  de  manège.  Ce  cheval  se  dérobe 
de  dessous  l'homme,  se  dit  d'un  cheval  qui,  toutà 
coup  et  par  un  mouvement  irrégulier,  s'échappe  de 
dessous  l'homme  qui  le  monte.  ||  Proverbe.  Est  bien 
larron  qui  larron  dérobe. 

—  SYN.  DÉROBER,  VOLER.  Dérober,  c'est  priver  de 
ce  qui  s'appelait  autrefois  robes,  désignant  tout  ce 
qui  composait  l'équipement  et  l'approvisionnement 
d'un  homme.  Voler,  c'est  prendre  par  fraude  oupai 
violence  un  bien  quelconque  appartenant  à  autrui. 
Voler  est  doncplusgénéral.  Un  marchand  qui  trompe 
sur  le  poids,  vole  sa  pratique,  mais  ne  la  dérobe 
pas.  De  plus,  dérober,  c'est  prendre  en  cachette  et 
sans  violence  quelque  chose  de  matériel  ou  que  l'on 
considère  comme  tel;  c'est  pour  cela  que  d  la  déro- 
bée veut  toujours  dire  en  cachette,  sans  être  aperçu. 
Qui  dérobe  vole;  mais  celui  qui  vole  à  force  ouverte 
ne  dérobe  pas. 

—  HIS  r.  xiii*  s.  Que  de  son  pucelage  l'eussiez  des- 
robée,  Berie,  cxv.  Et  quant  iileo  se  voit  cheûe.  Sa 
cliiere  et  son  habit  remue,  Et  si  se  desnua  et  des- 
robe, Qu'ele  est  orfenine  de  robe,  la  Rose,  ans.  Le 
sire  du  Chastel  estoit  criez  [accusé  parle  cri  public] 
do  desrobcr  les  pelorius  et  les  march.iiis..'ûi^v.2iii'. 


4086 


DER 


l|  xrv*  B.  Et  trestoute  la  ville  au  baron  s'acorda  ;  Et 
il  lor  rendi  ce  que  on  leur  desroba,  Baud.  de  Seb.  ix , 
87«.  Il  XV*  s.  Un  de  ses  gens  avoil  desrobé  en  une 
église  lo  tabernacle.  —  Comment  avez  vous  osé  ro- 
l)er  celte  église?  louis  xi,  Nom.  v.  ||  xvi'  s.  Frère 
Jean  de  la  main  se  pend  aux  branches,  cependant 
que  le  cheval  se  desrobe  dessoubz  luy,  bab.  Garg. 
1,  42.  Sa  femme,  le  voyant  pensif,  cuydoyt  qu'on 
l'eustau  marché  desrobbé,  ID.  Pant.  iv,  47.  Les  pil- 
lars  desrobboyent  grain  et  pain  par  les  champz,  id. 
ib.  IV,  6).  La  crainte,  le  désir,  l'espérance  nous  des- 
robcnl  le  sentiment  de  ce  qui  est,  mont,  i,  ti.  De 
nuict  et  comme  à  la  desrohéo,  id.  i,3a.  Victoire  des- 
rohée  [obtenue  par  surprise],  id.  i,  2».  Tout  ce  que 
VOUS  vivez,  vous  le  ilesrobez  à  la  vie,  c'est  à  ses 
despens,  id.  i,  86.  Desrobbons  icy  la  place  d'un 
conte,  id.  i,  140.  Je  me  desrobois  de  tout  aultre 
plaisir  pour  les  lire,  ID.  I,  f»6.  Un  simple  garson- 
net  de  Lacedemone  ayant  desrobé  un  regnart,  jd.  i, 
aoe.  Je  feus  contrainct,  par  sa  cruauté,  de  me  des- 
robber  de  luy  et  de  m'en  fuyr,  id.  ii,  <83.  En  so 
desrobbant  tout  à  faict  du  sentiment  [par  la  mort], 
id.  II,  301.  Une  jouissance  desrobbée  [secrète],  lU. 
III,  351.  Les  vices,  quand  ils  se  desrobberont  à  la 
vue  de  l'humaine  justice,  id.  ii,  304.  Si  j'ay  volé  ou 
desrobbé  quelqu'un,  id.  iii,24b.  Desrobber  ung  lar- 
ron [voler  un  voleur],  DESPÉR.  Cymbal.  78.  Nous  avons 
desrobé  le  prince  et  patron  des  robeurs,  id.  ib.  89. 
Nature  reluit  aux  bastards  et  enfants  desrohés  [faits 
à  la  dérobée],  yveh,  p.  602.  Les  Toscans  s'effroyerent 
tellement,  (jue  la  plus  part  se  desroba  du  camp  et 
s'escarta  çà  et  Ii,  asiyot,  Piibl.  <6.  Le  chargeant 
d'avoir  soubstraict  et  desrobbé  partie  du  butin  de 
la  Thoscane,  id.  Cam.  20.  Tous  ceulx  qui  avoient 
manié  les  finances  de  la  chose  publique  avoient 
grandement  pillé  et  desrobbé  le  public,  id.  Arist.  i  o. 
11  les  envoya  par  petites  trouppes  et  à  la  desrobbée, 
ID.  Titnol.  is. 

—  ETYM.  i)^....  préfixe,  et  le  vieux  français  ro- 
ber,  enlever  par  vol  (voy.  robe)  ;  wallon,  dérober; 
picard,  rauber,  prendre,  ravir.  Hobe  a  signifié  ce 
qui  équipe  et  approvisionne,  et  aussi  la  robe,  le  vê- 
tement que  l'on  porte;  de  là  le  sens  de  dérober  des 
fèves,  leur  enlever  leur  robe,  leur  enveloppe. 

t  DÉnOBEUR,  EUSE  (dé-ro-beur,  bed-z'),  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  dérobe. 

—  f-TVM.  Dérober. 

t  DÉKOCUAGE  (dé-ro-cha-j') ,  s.  m.  Action  de 
«lettoyer  et  d'affiner  la  surface  de  l'or,  de  l'argent 
et  du  cuivre. 

—  ÉTYM.  Dérocher. 

t  DÊROCUER  (dé-ro-ché),  V.  a.  \\  i°  Terme  de  fau- 
connerie. L'oiseau  déroche  les  bétes  à  quatre 
pieds,  lorsque,  les  attaquant,  il  les  force  de  se  pré- 
cipiter de  quelque  rocher  pour  éviter  les  serres. 
Il  ï"  Exécuter  le  dérochage,  c'est-à-dire  ôter  de  la 
surface  du  métal  ce  qui  reste  de  la  roche. 

—  HIST.  xii*  s.  Et  11  mur  se  desrochent  [s'écrou- 
lent], ainz  n'i  ot  mangonel,  Sax.  s.  Li  malvais  qui 
cuidierent  le  rei  servir  à  gré,  E  garçuns  et  putains 
unt  saint  Thomas  hué  Et  derochié  de  torches....  Th. 
le  mart.  te.  Et  Semei  alad  al  pendant  del  munt  en 
costé;  sil  mal  diseit,  sil  derocbout,  et  puldre  je- 
tout  sur  els,  Ttois,  t79.  Et  cil  qui  lor  mains  escha- 
poient.  Là  où  il  miex  guérir  cuidoient,  Aux  grans 
faloises  desrocoient,  Brut,  Us.  S°  4,  dans  lacurne. 

—  ÈTYM.  Dé....  préfixe,  et  roche;  provenç.  dero- 
ear,  desrocar;  espagn.  derrocar  ;  ital.  dirocctore. 

t  DÉRODYME  (dé-ro-di-m'),  adj.  Monstres  déro- 
dymes,  et,  substantivement,  les  dérodymes,  mons- 
tres qui  ont  deux  têtes  et  deux  cous. 

—  ETYM.  Aépr),  cou,  et  îiêu|j.o;,  jumeau. 
DÉROGATION  (dé-ro-ga-sion;  en  poésie,  de  cinq 

syllabes),  t.  f.  Action  de  déroger  aux  dispositions 
d'une  loi ,  «l'un  acte.  Dérogation  expresse.  Déroga- 
tion à  nos  droits,  à  l'usage. 

—  SYN.  DÉROGATION,  ABROOATiON.  Ce  sont  des  ac- 
tions législatives  opposées  à  l'autorité  d'une  loi,  mais 
chacune  à  sa  manière.  La  dérogation  laisse  subsister 
la  loi  antérieure.  L'abrogation  l'annule  absolument. 
La  loi  dérogeante  ne  donne  atteinte  à  l'ancienne 
que  d'une  manière  indirecte  et  imparfaite;  la  loi  qui 
abroge  est  directement  et  pleinement  opposée  à  l'an- 
cienne, BEAUZÉE. 

—  ETYM.  I.at.  d<T09attonem,de  derojare, déroger. 

DÉROGATOIRE  (dé-ro-ga-toi-r"),  a(ij.  Oui  con- 
tient, qui  emporte  une  dérogation.  Acte,  clause  dé- 
rogatoire. 

—  HlsT.  XVI*  8.  Si  ont  dix  sols  pour  un  préposé , 
cinq  sols  pour  un  dérogatoire ,  cinq  sols  pour  un 
retraict....  A'ouvsau  cousium.  ginér.  t.  i,  p.  i09. 

—  ETYM.  Lai.  derogatoriiis ,de  derogare , déroger. 
DÊROGEANCE  (dè-ro-jan-s'),  i.  f.  \\  l'  Action 


DER 

par  laquelle  on  perdait  les  droits  et  privilèges  atta- 
chés à  la  noblesse Et  par  la  recherche  des  pièces 

justificatives  de  la  dôrogeance  de  plusieurs  p:irticu- 
îiers,  Arrél*  du  comeil  contre  les  usurpations  de 
noblesse,  t4  oct.  toofl.  ||  2"  Par  extension,  diminu- 
tion de  droits,  de  privilèges.  Un  maître  des  requêtes 
répondit  qu'il  n'y  avait  ni  dérogeance  dans  sa  qua- 
lité ni  amoindrissement  dans  son  crédit,  pour  la 
ferme  générale,  qui  allait  se  trouver  aussi  rappro- 
chée par  son  nouveau  titre,  qu'elle  l'était  par  ses 
fonctions,  de  deux  honorables  régies....  moluen, 
lHém.  d'un  viinistré  du  trésor,  t.  i,  p.  00.  X  cette 
époque,  sa  puissance  et  sa  grandeur  [de  Napoléon) 
étaient  parvenues  à  un  tel  degré  que  personne  ne 
pouvait  être  tenté  d'accuser  de  dérogeance  tous  ces 
princes  qui  venaient  prendre  le  second  rang  à  sa 
cour,iD.  tfc.  t.  m,  p.  77.  Il  Fig.  La  fidélité  n'est  qu'un 
respect  pour  nos  engagements;  l'infidélité  une  dé- 
rogeance, VAUVEN.  Espr.  hum.  45. 

—  ETYM.  Dérogeant. 

DÉROGEANT,  ANTE  (dé-ro-jan,  jan-t'),  adj. 
Oui  déroge.  Un  acte  postérieur  dérogeant  au  pre- 
mier. Des  actions  dérogeantes  à  la  noblesse. 

—  iiisT.  XYi'  s.  Il  estoit  contraint  de  conseiller 
beaucoup  de  choses  desrogeantes  à  la  dignité  de  sa 
ville,  AMYOT,  l'hocion,  i.  Toutefois  il  ne  fut  point 
contrainct  do  faire  ne  de  dire  chose  aucune  dero- 
gante  à  sa  dignité,  id.  Ct'c^ron,  49.  On  lui  apprit 
que,  ne  prestant  point  de  serment,  il  pouvoit,  sans 
reproche,  estre  dedans  leur  armée  comme  ennemi, 
mesmement  s'il  se  pouvoit  garder  de  prononcer  pa- 
roUes  desrogeantes  à  ce  qu'il  estoit,  d'aub.  Ilist.  ii, 
t7B.  Le  roi  de  Navarre  estoit  bien  aise  d'avoir  à  se 
plaindre  de  quelques  points  desrogeans  à  l'edit,  m. 
ib.  Il,  330. 

DÉROGER  (lié-ro-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  ou 
o;  nous  dérogeons,  je  dérogeais),  v.  n.  ||  1°  Terme 
de  jurisprudence.  Prendre  des  dispositions  qui  sont 
différentes  de  dispositions  antérieures  ou  qui  y  sont 
contraires.  Déroger  à  une  transaction  par  une  au- 
tre. Les  deux  parties  ont  dérogé  à  leur  contrat.  ||  11 
se  dit  aussi  de  lois  ou  de  disposition.»  qui  en  modi- 
fient ou  révoquent  une  autre.  Les  privilèges  déro- 
gent au  droit  commun.  X  la  place  de  l'héritier  que 
la  nature  appelait,  ils  mirent  celui  que  demandait 
la  conjoncture,  se  persuadant  que  la  nécessité  a  ses 
lois  qui  dérogent  à  toutes  les  autres,  rollin,  Ilist. 
anc.  t.  VI,  p.  tB,  dans  pougens.  Leurs  lois  ont  dé- 
rogé aux  lois  de  la  nature  pour  assurer  la  tranquil- 
lité, pour  encourager  l'industrie,  pour  affermir  la 
liberté,  baynal.  Hist.  phil.  xvi,  ts.  ||2°  Ne  pas  se 
conformer  à,  porter  atteinte  à.  Déroger  aux  droits 
de  quelqu'un.  Je  sais  bien  que  toute  la  gloire  de  la 
sainte  Vierge  vient  de  ce  qu'elle  est  mère  du  Sau- 
veur ;  et  je  dis  de  plus  qu'il  y  a  beaucoup  de  gloire 
au  Sauveur  d'être  le  fils  de  la  Vierge;  n'appréhen- 
dez pas,  chrétiens,  que  je  veuille  déroger  à  la  gran- 
deur de  mon  maître  par  cette  proposition,  boss. 
2*  serm.  Comp.  de  la  sainte  Vierge,  i.  Vous  diriez 
qu'on  déroge  à  l'amour  de  Dieu  en  se  plaisant  à 
le  voir,  id.  Or.  5.  Maxime  qui,  bien  loin  de  dé- 
roger à  la  grandeur  des  souverains  de  la  terre, 
ne  sert  au  contraire  qu'à  la  relever  et  à  lui  donner 
plus  d'éclat,  boordal.  2'  dise,  après  Pdq.  Domi- 
nic.  t.  II,  p.  10.  Dieu,  en  vous  donnant  ces  biens, 
n'a  jamais  eu  intention  de  déroger  à  ses  droits, 
iD.  Dim.  de  la  srptuagés.  Dominic.  t.  i,  p.  36). 
Il  3°  Déroger  à  noblesse,  ou,  absolument,  déroger, 
faire  une  chose  qui  entraînait  la  perte  des  droits 
et  dos  privilégies  de  la  noblesse.  Déroger  en  se  met- 
tant dans  le  commerce.  ||  Par  extension.  Lo  com- 
merce dérogeait,  il  faisait  que  le  noble  qui  commer- 
çait n'était  plus  noble.  Il  faut  avouer  que  la  nation 
française,  aussi  polie  qu'aucune  i;ation,  est  encore 
dans  cette  barbarie,  qu'elle  doute  si  les  sciences 
poussées  à  une  certaine  perfection  ne  dérogent  point, 
et  s'il  n'est  point  plus  noble  de  ne  rien  savoir,  fon- 
rr.ti.  l'IIospital.  ||  Fig.  Quant  aux  romans  tout  à 
fait  inventés,  ils  étaient  continuellement,  quelle 
que  fût  l'époque  et  le  nom  des  personnages,  la  re- 
proiluction  de  l'élégante  politesse  du  xvn*  siècle  ;  ils 
ne  dérogeaient  pas  jusqu'à  la  vérité,  villemain, 
L-'t.  fr.  xviii*  siècle,  2*  iiart.  1«  leçon.  ||  4°  Faire 
une  chose  indigne  de.  Ne  dérogez  pas  à  votre  carac- 
tère par  une  si  lâche  complaisance,  Dict.  de  l'A- 
cad.  X  Dieu  ne  plaise  que  je  prétende  en  aucune 
sorte  déroger  àla  vérité  et  à  la  sainteté  de  cette  mo- 
rale, DOïRD.  Pensées,  liv.  i,  p.  26.  ||6*  Déroger  se 
dit,  surtout  avec  ironie,  pour  condescendre,  s'a- 
baisser à.  Il  voulut  bien  déroger  jusques-là.  Que  des 
traces  du  monstre  [la  chicane]  on  purge  la  tribune; 
J'y  monte;  et  mes  talents,  voués  à  la  fortune.  Jus- 
qu'à la  prose  encor  voudront  bien  déroger,  pibom, 


DER 

Métrom.  lu,  7.  Il  Déroger  se  conjugue  avecl'auxi- 
liairo  avoir. 

—  HIST.  XIV*  s.  Nul  droit  positif  ne  peut  desro- 
guer  à  droit  naturel,  ne  obligier  à  faire  contre  droit 
naturel,  oresme,  Elfc.  182.  ||xvi*s.  Carcueur,  par- 
lant soubz  bouche  desloyalle,  TJ'est  qu'arcenic  de- 
dans le  miel  logé;  Car  trop  desrogue  à  dignité 
royalle,  j.  marot,  v,  194.  Ainsi  nous  avons  deux 
choses  à  considérer,  quand  nous  parlons  de  cette 
humanité;  c'est  que  nous  no  lui  estions  pas  la  vérité 
de  sa  nature,  et  que  nous  ne  desrogions  rien  à  sa 
condition  glorieuse,  calv.  2oi.  L'homme  mortel 
usurpe  l'office  de  Dieu,  et  derogue  à  sa  majesté, 
quand  il  se  fait  juge  de  ses  prochains,  ID.  30».  II. 
n'est  point  à  nous  de  rien  deroguer  à  Dieu,  quoy 
que  nous  en  parlions  imperti nomment,  id.  Jnstil. 
23.  On  ne  peut  pas  d'iceux  [passages]  inférer  que 
Dieu  ait  rien  derogué  à  son  premier  conseil ,  m.  ib. 
169.  Je  ne  veux  point,  dit-il,  par  ambition  deroguer 
à  personne, ID.  ib.  905.  Les  Athéniens,  derogans  à  la 
loi  de  leur  ostracisme,  rappelèrent  tous  ceulx  qu'ilz 
avoient  reléguez,  amyot,  Arist.  21.  Derogant  en 
cela  la  dignité  du  souverain  magistrat,  et  rendant, 
par  manière  de  dire,  le  consulat  un  tribunat  du 
peuple,  ID.  Pomp.  6a.  Cela  ne  desroge  à  la  gloire 
de  ces  anciens  aucteurs  qui....  uont.  m,  354.  Mon 
histoire  ne  desrogera  pas  à  la  bien-seance,  de  vous 
conter  ce  qui....  d'aub.  Ilist.  l,  70.  Or,  tout  cecy  ne 
derdge  aucunement  à  la  doctrine  commune,  que  le 
monde  est  faict  pour  l'homme,  et  l'homme  pour 
Dieu,  CHARRON,  Sagesse,  i,  42. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  derogar;  ital.  aé- 
rogare, dirogare;  du  latin  derogare,  déroger  aune 
loi,  en  letraiicher  une  disposition;  de  la  préposition 
de,  et  rogare,  porter  une  loi ,  demander  (voy.  roga- 
toire). 

t  DÉROI  (dé-roi),  s.  m.  Nom  de  la  somme  qu'on 
payait  chaque  jour  à  la  maison  où  étaient  logés  les 
officiers  de  la  bouche  du  roi ,  lorsque  la  cour  était 
en  marche. 

—  ETYM.  Déroi  est  l'ancien  français  desroi,  ayant 
le  même  sens  que  désarroi  (voy.  ce  mot);  le  déroi 
était  le  dérangement  et,  par  suite,  l'indemnité  pour 
le  dérangement. 

DÉROIDI,  lE  (dé-roi-di,  die,  ou  dé-rè-di,  die), 
part,  passé.   Les  bras  déroidis  par  des  frictions. 

DÉUOIDIR  (dé-roi-dir;  la  prononciation  dé-rè- 
dir  est  aujourd'hui  beaucoup  plus  usitée) ,  v.  a. 
Il  1°  Faire  perdre  à  quelque  .chose  sa  roideur,  faire 
cesser  l'état  de  roideur.  ||  2°  Se  déroidir,  v.  réfl. 
Les  membres  engourdis  par  le  froid  se  déroidissent 
auprès  du  feu.  ||  Fig.  Son  caractère  commence  à  se 
déroidir. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  rotd«;  Berry,  de- 
rediir. 

t  DÉROMPAGE  (  dé-ron-pa-j' ) ,  s.  m.  Terme  de 
papeterie.  Action  de  dérompre. 

t  DÉROMPOIR  (dé-ron-poir),  s.  m.  Terme  de  pa- 
peterie. Table  garnie  d'un  instrument  tranchant,  oii 
se  coupent  les  chifi^ons  au  sortir  du  pourrissoir. 

—  ÉTYM.  Dérompre. 

t  DÉROMPRE  (dé-ron-pr'),  v.  a.  ||  1*  Ancien 
terme  de  guerre.  Dérompre  harriois,  rompre  l'ar- 
mure d'un  chevalier.  Ils  [Grammont  et  son  ami 
Matta]  valaient  bien  ces  deux  frères  [Amadis  et  Ga- 
laor]  ;  car,  s'ils  ne  savaient  pas  autrement  pourfen- 
dre géants,  dérompre  harnois  et  porter  en  croupe 
belles  demoiselles ,  sans  leur  parler  de  rien,  ils  sa- 
vaient jouer,  et  les  autres  n'y  connaissaient  rien, 
HAMILT.  Gramm.  i.  ||  2*  Terme  de  fauconnerie. 
L'oiseau  de  proie  dérompt  un  oiseau,  lorsqu'il  le 
heurte  si  rudement  qu'il  rompt  son  vol,  l'étourdit 
et  le  fait  tomber.  ||  3*  Terme  de  papeterie.  Couper 
les  chiffons  pourris  avant  de  les  porter  dans  les 
piles  à  effilocher.  ||  4°  Terme  d'agriculture.  Dérom- 
pre un  pré,  le  transformer  en  une  autre  culture» 

—  HIST.  XI*  s.  Nen  ai  tel  gent  qui  la  sue  derumpe, 
Ch.  de  Bol.  il.  ||  iii*  s.  La  soe  broigne  [cuirasse] 
desrote  etdessartie,  Boncisv.  i,  58.  ||  xiii*  s.  Sa  cage 
[il]  a  derompue  et  toute  depecie,  Berte,  ii.  Maint 
haubert  derompu,  mainte  teste  tranchie,  t6.  cxuv. 
Quant  il  orent  por  lor  pechié  Li  bois  deront  et  des- 
pecié....  Ren.  19806.  Et  quant  elle  [la  nef]  vint  en 
la  haute  mer,  elle  ne  pot  soufrir  les  cops  des  ondes, 
ainçois  se  dcsrompi,  jorav.  284.  ||  xv*  s.  Une  bande 
de  queli)ues  hommes  d'armes  desrompus,  comm.  viiij 
6.  Il  XVI*  s.  Pour  desrompre  la  violence  des  eaux, 
on  a  mis  grande  quantité  de  bois  debout,  au  devant 
des  dits  piUiers,  palisst,  i7S. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  rompre;  provenç.  des- 
rompre, disrompre;  ital.  disrompere. 

f  DÉROMPO,  UE  (dé-ron-pu,  pue),  part,  passé 
do  dérompro.  Un  biroa  dérompu  par  le  faucon. 


DER 


PER 


DER 


1087 


f  DÉROSTOSfE  (dé-ro-sto-m'),  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  planaires  (helminthes),  dont  la 
bouche  s'ouvre  sous  la  partie  inférieure  du  corps,  à 
une  petite  distance  de  son  extrémité  antérieure. 

—  ÉTYM.  Aépii,  cou,  et  (TT6|ia,  bouche. 
DÉRODGI,  Iï;  (dé-rou-ji,  jie),  part,  passif.   Un 

drap  rouge,  dérougi  par  l'action  de  l'air  et  de  la 
pluie. 

DÉROtJGIR  (dé-rou-jir).  ||  1°  V.  a.  Oter  la  rouge, 
ce  qui  rend  rouge.  ||  2°  V.  n.  Perdre  de  sa  rougeur. 
Cela  dérougira  à  l'air.  ||  3°  Se  dérougir,  v.  réfl.  Ces- 
ser d'être  rouge.  Cette  étoffe,  qui  était  d'un  beau 
rouge,  s'est  dérougie. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  rouge. 
DÉROUILLÉ,  ÉE  (dé-rou-Ué,  liée,  ÎJ  mouillées, 

et  non  dé-rou-yé),  por(.  passé.  Une  clef  dérouillée. 
Et  vois  comme  le  fer,  par  le  feu  dérouillé,  Prend 
une  couleur  vive  au  milieu  de  la  flamme,  corn. 
Imit.  Il,  4. 

t  DÉROUILLEMENT  (dé-rou-lle-man,ii mouillées, 
et  non  dé-rou-ye-man),  s.  m.  Action  de  dérouiller; 
état  de  ce  qui  est  dérouillé. 

—  ÉTYM.  Dérouiller. 

DÉROUILLER  (dé-rou-Ué;  Il  mouillées,  et  non 
dé-rou-yé),  v.  a.  ||  1°  Enlever  la  rouille.  Dérouiller 
des  armes.  ||  2°  fig.  et  familièrement ,  faire  montre 
de  quelque  connaissance  mise  depuis  longtemps  en 
oubli.  Qu'il  y  aurait  un  beau  gémissement  à  faire 
là-dessus,  qui  me  ferait  encore  dérouiller  du  latin  et 
des  passages!  st-sim.  299,  H3.  ||  3'  Instruire,  fa- 
çonner, polir  quelqu'un.  L'air  du  monde  dérouille 
i'esprit.  Il  4°  Se  dérouiller,  i>.  réfl.  Perdre  la  rouille. 
Le  fer  se  dérouille  par  le  frottement.  ||  Fig.  Se  re- 
mettre au  fait  d'une  chose  qu'on  a  jadis  apprise, 
pratiquée,  etc.  Il  y  a  longtemps  qu'il  n'a  vu  de  la- 
tin; il  aurait  besoin  de  se  dérouiller.  ||  Se  façonner, 
se  polir.  Ce  jeune  homme  commence  à  se  dérouiller. 

—  lllST.  XIV*  s.  Le  baignier  [l'épervier],  qui  le 
fait  avancier,  desrouillier  et  mettre  à  point  ses  plu- 
mes, Ménagier,  m,  2.  ||  xvi'  s.  L'aise  y  sema  les 
vices,  comme  la  chaleur  les  serpents;  la  roine  de 
Navarre  eut  bien  tost  desrouillé  les  esprits,  et  fait 
rouiller  les  armes,  d'aub.  Hist.  ii,  344. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  rout'He. 
DÉROULÉ,  ÉE  (dé-rou-lé,  lée),  part,  passé.  Les 

livres  anciens  étaient  des  rouleaux  de  papyrus  dé- 
roulés au  fur  et  à  mesure  qu'on  lisait. 

DÉROULEMENT  (dé-rou-le-man),  s.  m.  Action 
de  dérouler.  ||  Terme  de  géométrie.  Production  d'une 
courbe  par  l'arrangement  des  rayons  d'une  autre 
courbe. 

—  ÉTYM.  Dérouler. 

DÉROULER  (dé-rou-lé),  V.  a.  \\  1°  Développer  ce 
qui  était  roulé.  Dérouler  une  pièce  d'étoffe,  un  ta- 
bleau. Quelques  feuilles  brûlées  des  manuscrits  qui 
ont  été  trouvés  i.  Heroulânum  et  h  Pompéi ,  et  que 
l'on  essaye  de  dérouler  à  Portici,  staël,  Corinne, 
XI  4.  Il  Terme  de  géométrie.  Dérouler  une  courbe, 
la  former  par  la  disposition  des  rayons  d'une  autre 
courbe.  |1  Terme  de  typographie.  Dérouler  une 
presse,  faire  retourner  en  arrière  le  train  d'une 
presse ,  à  l'aide  de  la  manivelle  et  du  rouleau. 
Il  2°  Étendre  peu  à  peu.  Un  fleuve  déroule  ses  eaux 
dans  les  campagnes.  Dans  un  riant  vallon,  la  jeune 
et  vive  Alan  [nom  d'une  rivière] ,  Déroulant  sur  les 
fleurs  une  onde  plus  pai.sible,  S'égaye,  en  s'échap- 
pant  des  rocs  du  Mont-Terrible,  masson,  Ilelvétiens, 
viu.  Il  3°  Fig.  Faire  connaître  par  une  sorte  de  dé- 
veloppement. Il  déroula  devant  nous  le  tableau  de 
ses  chagrins.  Qu'ordounes-tu  de  nous?  qu'est-ce  que 
lu  décides"?  Déroule  en  un  seul  jour  tes  tables  ho- 
micides, ARNAUD,  Sylla,  u,  8.  Il  Dérouler  les  an- 
nales des  temps  passés,  en  retracer  l'histoire.  ||  4°  Se 
dérouler,  «.  réfl.  Être  déroulé.  Le  rouleau  de  papier 
qui  contenait  le  testament,  se  déroulait  peu  à  peu. 
Il  Par  extension.  Pendant  que  cette  catastrophe  s'ac- 
complissait [à  la  Bérézina] ,  les  restes  de  la  grande 
armée  ne  formaient  plus  sur  l'autre  rive  qu'une  masse 
informe  qui  se  déroulait  confusément  en  s'écoulant 
vers  Z'embin,  ségur  ,  Uist.  de  Nap.  xi,  (O.  ||  Fig. 
Un  tableau  magnifique  se  déroula  à  nos  yeux  au 
•ommet  de  la  colline.  Je  promène  au  hasard  mes 
regards  sur  la  plaine,  Dont  le  tableau  changeant  se 
déroule  à  mes  pieds,  lamart.  Médit,  l,  1. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  rouler. 

t  DÉROUTANT,  ANTE  (dé-rou-tan,  tan-t'),  adj. 
Qui  peut  déconcerter,  rompre  les  mesures. 

DÉROUTE  (dé-rou-f) ,  s.  f.  jj  i'  Fuite  de  troupes 
rompues  et  en  désordre.  Et  contre  son  beau-père 
ayant  besoin  d'asiles.  Sa  déroute  orgueilleuse  en 
'  cherche  aux  mômes  lieux  Où  contre  les  titans  en 
trouvèrent  les  dieux,  corn.  Pomp.  i,  <.  Je  me  vis 
en  déroute  avec  toutes  mes  forces,  id.  Attila,  i,  t. 


A  Paris  on  dit  et  on  croit  savoir  que  c'est  une  vraie 
déroute;  toute  l'infanterie  a  été  défaite,  et  la  ca- 
valerie en  fuite  et  en  désordre,  SÉV.  206.  Les  Assy- 
riens furent  mis  en  déroute,  boss.  Uist.  m,  4.  Res- 
tait cette  redoutable  infanterie  de  l'armés  d'Espagne, 
dont  les  gros  bataillons  serrés  demeuraient  inébran- 
lables au  milieu  de  tout  le  reste  en  déroute  et  lan- 
çaient des  feux  de  toute  part,  id.  Louis  de  Bourbort. 
Mais  sans  doute  l'empereur  croit,  en  datant  cinq 
jours  de  cette  ville,  donner  à  une  déroute  l'appa- 
rence d'une  lente  et  glorieuse  retraite,  ségdr,  Jlist. 
de  Nap.  x,  2.  ||  2°  Déroute  se  dit  aussi  de  la  décon- 
fiture ou  déconvenue  qu'éprouve  une  personne  ou 
un  parti.  Pour  les  mettre  en  déroute  eux  et  tous 
leurs  complices.  Je  n'ai  qu'à  déployer  l'appareil  des 
supplices,  corn.  Pomp.  iv,  6.  Le  cavalier  en  désor- 
dre sortit  en  déroute,  croyant  être  ensorcelé  [il 
s'agît  d'aiguilletles  nouées] ,  sÉv.  37.  ||  Mettre  quel- 
qu'un en  déroute,  le  battre  dans  une  discussion, 
le  mettre  hors  d'état  de  répondre.  ||  Familièrement. 
Être,  se  mettre  en  déroute,  se  déranger.  Il  ne  tra- 
vaille plus  depuis  huit  jours,  il  s'est  mis  en  déroute , 
enpleinedéroute;  le voilàencoreen déroute.  ||  3°  Fig. 
Renversement  total  des  affaires  de  quelqu'un.  Elle 
en  use  comme  on  en  use  dans  la  déroute  des  familles, 
MASS.  Car.  Jeûne.  C'est  ainsi  que  souvent  par  une 
forcenée  Une  triste  famille  à  l'hôpital  traînée  Voit 
ses  biens  en  décret  sur  tous  les  murs  écrits  De  sa 
déroute  illustre  effrayer  tout  Paris,  boil.  Sat.  x. 
J'ai  parlé  de  la  déroute  de  la  Touanne  et  de  Sauvion , 

ST-SIM.  99,  63. 

—  ÉTYJI.  Ancien  participe  dcrouf  ou  deronf,  qui 
signifie  rompu,  dispersé,  du  latin  diruptus ,  de 
de  ou  di,  et  ruptus,  rompu  (voy.  roi'TE  et  rompre). 

DÉROUTÉ,  ÉE  (dé-rou-té,  tée),  part,  passé.  Qui 
a  perdu  la  bonne  voie.  Les  chiens  déroutés  par  le 
lièvre.  ||  Fig.  Les  jansénistes  sont  un  peu  déroutés 
de  leur  voir  tant  de  conscience,  dont  ils  ne  les  soup- 
çonnaient pas,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  2  mars 

i7B4. 

DÉROUTER  (dé-rou-té),  V.  a.  \\  1°  Faire  perdre 
le  bon  chemin.  Le  lièvre  a  dérouté  les  chasseurs  et 
les  chiens.  Nous  étions  dans  le  bon  chemin,  vous 
nous  avez  déroutés.  ||  Par  extension.  Je  lui  proposai 
de  nous  établir  dans  une  solitude  agréable,  dans 
quelque  petite  maison  assez  éloignée  pour  dérouter 
les  importuns,  j.  J.  rouss.  Confess.  v.  ||  2»  Fig.  Faire 
perdre  le  fil  qu'on  tenait,  la  trace  d'une  affaire  qu'on 
suivait.  Cette  réponse  le  dérouta.  On  m'assure  que 
les  comédiens  ne  laisseront  pas  de  donner  la  pièce 
au  i"  de  mars;  il  n'y  a  autre  chose  à  faire  qu'à  y 
travailler  encore  pour  dérouter  les  polissons,  volt. 
Lettr.  Richelieu,  4"févr.  1773.  ||  Rompre  les  me- 
sures prises  par  quelqu'un,  déconcerter.  Cet  événe- 
ment l'a  totalement  dérouté.  Un  conquérant,  dis-je, 
peut  dérouter  tout,  montesq.  Espr.  x,  4.  ||  3°  Se  dé- 
router, 0.  réfl.  Perdre  la  bonne  voie.  Le  chien  se 
dérouta.  ||  Fig.  Ils  se  sont  souvent  déroutés  dans  ces 
vastes  pays  de  l'antiquité,  aoss.  Âvert.  6.  On  s'y 
perd  [dans  cette  vie],  on  s'y  déroute  comme  dans 
une  plaine  vaste  et  inhabitée,  où  il  n'y  a  ni  vallon 
ni  coteau,  et  où  les  pas  des  hommes  n'ont  point 
marqué  de  sentier,  BOSS.  dans  le  Dict.  de  dochez. 
Au  milieu  de  sa  course  il  s'est  arrêté,  il  s'est  dé-^ 
routé,  il  a  quitté  son  chemin;  et  qui  sait  quand  il 
le  reprendra?  bourd.  Pensées,  t.  ii,  p.  388, 

—  HIST.  xtii"  s.  Mult  durement  se  desrouta  Li  liè- 
vres, qui  les  chiens  douta,  Asseiz  foï  et  longuement, 
Et  cil  le  chassa  durement,  ruteb.  290.  ||  xiv  s.  Adonc 
dirent  Anglois:  nous  sommes  desconfis;  Cilz  sera 
bien  méchant  [malheureux]  qui  plus  demourra  ci; 
Lors  se  sont  desrouté,  plusieurs  s'en  sont  fuî,  Guesd, 
2258( -22683.  ||  xv  S.  Si  chevauchèrent  les  batailles 
ainsi  rangées  tout  le  jour,  sans  desrouter,  par  mon- 
tagnes et  par  vallées,  froiss.  i,  i,  35.  [Les  cheva- 
liers Escots]  se  desroutoient  l'un  de  l'autre  et  per- 
doient  leur  chemin,  id.  11,11,  )7. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  route. 

t  DERRI  (dè-ri) ,  s.  m.  Couche  de  tourbe  qui  se 
trouve  à  quelques  centimètres  au-dessous  de  la  sur- 
face du  sol. 

DERRIÈRE  (dè-riê-r'),  pr^p.  ||  1°  En  arrière  de, 
au  dos  de,  au  revers  de.  Avoir  les  mains  liées  der- 
rière le  dos.  U  s'est  retiré  derrière  un  retranche- 
ment, d'ablancourt,  ylm'e»,  liv.  I,  dans  RicHELET. 
U  se  lève,  et  soudain  pour  signal,  Achillas  Derrière 
ce  héros  tirant  son  coutelas....  corn.  Pomp.  11,  2. 
U  se  met  derrière  celui  qui  parle,  la  bruy.  vi.  Ve- 
nez, derrière  un  voile  écoutant  leurs  discours.... 
RAC.  Esth.  n,  8.  Il  laissait  tous  les  autres  derrière 
lui,  FÉN.  Tél.  V.  Son  grand-père  défendit  que  je 
montasse  derrière  aucun  carrosse,  et  que  je  suivisse 
personne  hors  de  la  maison,  j.  j.  rouss.  Conf.  m. 


Chevaliers,  criait-il  d'une  voix  plus  terrible,  Devant 
nous  l'ennemi ,  derrière  nous  les  eaux;  Sachons 
vaincre  ou  mourir....  masson,  Ilelvétiens,  vu.  Ces! 
à  cent  lieues  plus  loin  que  Smolensk,  dans  une  po- 
sition plus  resserrée,  derrière  les  marais  de  la  Bé- 
rézina, c'est  à  Mins'ï  qu'il  lui  faut  aller  chercher 
des  quartiers  d'hiver  dont  quarante  marches  le  sé^ 
parent,  ségur,  Hist.  de  Napol.  ix,  5.  ||  Regarder 
derrière  soi,  tourner  la  tête  pour  regarder  en  ar- 
rière. ||  Fuir  sans  regarder  derrière  soi,  fuir  à  la 
hâte  et  précipitamment.  Allons,  mon  maître,  suivont 
le  conseil  de  la  vieille  ;  partons  et  courons  sans  re- 
garder derrière  nous,  volt.  Candide,  <4.  ||2°  A  la 
suite.  Ses  gens  venaient  derrière  lui.  ||  Fig.  Le 
'désappointement  marche  derrière  l'enthousiasme. 
Il  Laisser  quelqu'un  bien  loin  derrière  soi,  ou,  ad- 
verbialement, bien  loin  derrière,  le  surpasser.  Au 
XV*  siècle,  l'Italie  laissait  bien  loin  derrière  elle  tout 
le  reste  de  l'Europe,  raynal,  Hist.  phil.  i,  Introd. 
Il  3°  Adv.  En  arrière.  Nous  demeurâmes  un  peu 
derrière,  fén.  Tél.  1.  Eucharis,  rougissant  et  bais- 
sant les  yeux,  demeurait  derrière,  toute  interdits, 
sans  oser  se  montrer,  id.  ib.  vu.  Hâtons-nous  de 
courir,  de  peur  d'être  laissés  derrière,  id.  t.  xviii, 
p.  83.  Il  Sens  devant  derrière,  loc.  adv.  En  mettant  le 
devant  à  la  place  du  derrière.  Elle  a  mis  son  bonnet 
sens  devant  derrière  (voy.  sens).  ||  Terme  de  chasse. 
Derrière  1  commandement  pour  arrêter  un  chien  et  le 
faire  demeurer  derrière.  ||  4°  S.  m.  La  partie  posté- 
rieure d'un  objet.  Le  derrière  de  la  maison.  Le  der- 
rière de  la  tête.  Un  lapin  des  plus  agiles  sort  par  les 
derrières  du  terrier  et  va  avertir  un  berger  voisin, 
FÉN.  t.  XIX,  p.  52.  M.  du  Maine  monta  dans  le  car- 
rosse de  M.  le  duc  avec  M.  le  prince  de  Conti,  tous 
deux  au  derrière  et  lui  au  devant  avec  M.  le  comte 
de  Toulouse,  st-sim.  20,  237.  ||  Terme  de  marine. 
Synonyme  d'arrière  et  de  poupe.  ||  Terme  de  pein- 
ture. Synonyme  de  champ  ou  de  fond.  ||  5°  Le  der- 
rière, l'arrière-corps  d'un  logis.  Il  est  logé  sur  le 

derrière ce  logis  avait  sur  le  derrière  De  quoi 

pouvoir  introduire  l'ami,  la  font.  Gag.  On  ne  veut 
point  de  bruit,  on  est  sur  le  derrière,  sÉv.  389. 
Il  Porte  de  derrière,  porte  pratiquée  dans  le  derrière 
d'un  bâtiment.  Je  vis  sortir  M.  le  duc  de  Chartres 
d'une  porte  de  derrière  de  son  appartement,  st-sim. 
2,  42.  Pour  la  fuite  du  roi,  il  paraît  que  le  prince 
d'Orange  l'a  bien  voulu;  le  roi  [Jacques  II]  était  fort 
bien  gardé  par  le  devant  de  sa  maison,  tandis  que 
toutes  les  portes  de  derrière  étaient  libres  et  ouver- 
tes, SÉv.  605.  Il  Fig.  Porte  de  derrière,  un  faux- 
fuyant,  une  échappatoire.  Nous  nous  réservons  une 
porte  de  derrière  pour  sortir  d'affaire  avec  le  par- 
lement, RETZ,  II,  3<2.  Il  faut  avoir  une  pensée  de 
derrière  et  juger  de  tout  par  là,  pasc.  Pens.  div. 
183.  Quand  on  a  compté  sur  un  mariage  de  cette 
autorité,  il  ne  se  trouve  plus  de  porte  de  derrière, 
et  il  leur  [aux  MaiUy]  fallut  sauter  le  bâton  d'assez 
mauvaise  grâce,  st-sim.  3,56.  Chacun  parlant  tout 
haut  devant  tant  de  témoins,  il  n'y  avait  plus  de 
porte  de  derrière,  id.  49,  72.  ||  U  a  toujours  quelque 
porte  de  derrière,  se  dit  d'un  homme  peu  sincère 
qui  trouve  toujours  quelque  subterfuge.  ||  6°  La  par- 
tie inférieure  et  postérieure  du  corps.  Après  ce 
joli  compbment,  Qu'elle  fit  un  peu  brusquement, 
Elle  lui  tourna  le  derrière  D'une  dédaigneuse 
manière ,  scarron  ,  Virgile  trot),  iv.  Mme  de 
Castries  aurait  passé  dans  un  médiocre  anneau;  ni 
derrière,  ni  gorge,  ni  menton,  st-sim.  42,  252.  Le 
baron  chassa  Candide  à  grands  coups  de  pied  dans 
le  derrière,  volt.  Cand.  4 .  Et  quand  c'eût  été  George, 
s'écrie  Turenne  en  se  frottant  le  derrière....  3.  3. 
ROuss.  Ém.  IV.  Le  canard  s'assied  sur  son  derrière 
et  remue  doucement  la  queue,  chateaub.  Amer. 
xviii.  Il  Populairement.  Montrer  le  derrière,  avoir 
des  vêtements  en  si  mauvais  état  que  l'on  peut 
apercevoir  le  linge  ou  le  corps  lui-même  par  des 
trous.  Il  signifie^  de  plus  fuir  dans  un  combat,  et 
aussi  manquer  aux  promesses  que  l'on  avait  faites. 
Il  Grossièrement.  S'en  torcher  le  derrière,  faire  peu 
de  cas  de  quelque  chose.  Des  lois  du  sort  la  dame  ' 
fière  Se  torche  souvent  le  derrière ,  scarron  ,  Virg. 
trav.  liv.  vi.  ||Fig.  et  familièrement.  Faire  rage  des 
pieds  de  derrière,  faire  tous  ses  efforts  pour  réussir. 
Il  7°  Les  derrières  d'une  armée,  les  corps  qui  vien- 
nent les  derniers.  Fondre  sur  les  derrières  de  l'en- 
nemi. Il  Le  côté  auquell'armée  tourne  le  dos;  le  pays 
qu'elle  laisse  derrière  elle.  Assurer  ses  derrières, 
les  mettre  en  défense  contre  les  attaques  de  l'en- 
nemi. Il  8°  Terme  de  marine.  Derrière  carré,  nom 
donné  à  une  sorte  de  navire  de  charge  dont  l'ar- 
rière avait,  dans  ses  œuvres  mortes,  la  forme  d'un 
carré.  Un  derrière  carré  de  i  50  tonneaux ,  chargé 
de  sucre  et  de  coton.  État  des  prises  faites  par 


1088 


1)!ÎR 


Vctcadre  du  sieur  Renau,  dans  jal.  ||  9»  Par  der- 
rière, loc.  adv.  l'ar  lo  côté  du  dos.  On  peut  donc 
liier  par  derrière....  pasc.  Prov-  7.  J'ôterai  ensuite 
ma  main,  et  vous  mo  verrez  par  derrière,  mais  vous 
ne  pourrez  voir  mon  visage,  saci,  Bible,  Exode, 
XXXIII,  23.  Il  Aller  au-devant  par  derrière  ,  prévenir 
adroitement  quelque  disgrâce,  se  préparer  un  avan- 
tage par  quelque  précaution.  ||  Par  derrière,  loc. 
frrépositive.  X  la  vue  de  Krasnoé,  les  troupes  de  ce 
maréchal  se  débandèrent  et  coururent  à  travers 
cliamps,  pour  dépasser  la  droite  de  la  ligne  enne- 
mie, par  derrière  laquelle  elles  arrivaient,  ségur, 
Hist.  de  Nap.  x,  6.  ||  Proverbe.  X  passage  et  k  ri- 
vière, Laquais  devant,  maître  derrière.  ||  Il  ne  faut 
pas  regarder  derrière  soi,  en  certaines  entreprises, 
c'est-à-dire  il  faut  aller  hardiment  en  avant. 

—  HIST.  XI*  s.  S'arere-garde  [il]  lairrat  derere 
sei,  Ch.  de  Uol.  xlii.  Sonent  cil  graile  et  derere  et 
devant,  ib.  cxxxvi.  Il  est  darere  od  celle  gent  bar- 
bée, ib.  CCXL.  Il  xn-  s.  [Il]  Fiert  Olivier  enmi  les  dos 
deriez,  Ronc.  p.  8».  Souvent  [il]  regarde  et  derrier 
et  devant,  ib.  p.  <62.  Sun  lit  unt  [ils  ont],  veant 
tuz,  enz  el  musiier  porté,  Detries  le  grant  autel  e 
fait  et  aturné ,  Th.  le  mart.  *8.  Ferid  les  e  turmen- 
tad  en  la  plus  privée  partie  de  lur  cors,  à  lur  de- 
tries. Rois,  (8.  ||xm'  s.  La  vieille  et  sa  fille  orent 
pourparlé  en  derrière,  Berle,  xii.  Derrier  le  haterel 
[ils]  lui  ont  si  fort  noué  [la  corde],  ib.  xv.  X  destre 
et  à  senestre,  et  devant  et  derrière,  ib.  xxviii.  Par 
derrière  l'autel  s'ert  [s'était]  la  bêle  mucie  [cachée], 
ib.  cix.  .là  hom  qui  est  bien  droituriers  Ne  jugera 
autre  en  derriers,  Ren.  (80)8.  Par  devant  dient  qu'il 
TOUS  aiment,  Et  par  derriers  putain  vous  claiment, 
la  Rose,  9280.  Là  ne  sunt  pas  li  tesmong  oy  en  der- 
rière des  parties,  beaum.  xxxix,  78.  Derrière  ces 
trois  barons  avoit  bien  trente  de  leurs  chevaliers  en 
cottes  de  drap  de  soie  pour  eulz  garder,  joinv.  205. 
X  tant  es  vous  [voici  que]  un  Turc  qui  vint  devers 
la  bataille  leroy  qui  dariere  nous  estoit,  et  feri  par 
darieres  Monseigneur  Pierre  de  Nouille  d'une  mace, 
ID.  228.  Il  tournèrent  ce  devant  darieres,  et  s'en- 
fouirent, ID.  216.  Il  XIV"  s.  La  nuit  qu'il  s'i  logèrent, 
le  gait  en  ordenoit  Pour  les  bestes  sauvages  que 
chacun  y  veoit  :  Il  estoit  devourez  qui  tout  devant 
aloit;  Aussi  estoit  perdus  qui  derrier  se  tenoit, 
Guescl.  8209.  Il  XV*  s.  Les  enfans  sire  Jean  Mahieu 
se  desparlirent  au  plutost  qu'il  porent,  les  uns  par 
devant,  les  autres  par  derrière,  froiss.  ii,  ii,  64. 
De  quoy  aucunes  gens  furent  encoulpez  en  derrière 
couvertement,  ID.  i,  i,  49.  [Le  roi  Charles,  les  dou- 
tes de  la  mort  lui  commençant  à  approcher]  manda 
ses  trois  (reres  es  quels  il  avoit  greigneur  fiance,  et 
laissa  derrière  son  second  frère,  le  duo  d'Anjou,  pour 
tant  qu'il  lé  sentoit  trop  convoiteux,  ID.  ii,  ii,  70. 
Et  vous  dis  que  à  aucuns  qui  demeurèrent  derrière, 
on  faisoit  des  torts  assez,  id.  ii,  ii,^2I5.  Tantost 
celle  femme  là  venue,  elle  se  tourna,  et  leva  ses 
draps,  c'est  à  savoir  sa  robe  et  sa  chemise,  et  mon- 
tra son  derrière  aux  Hainuyers,  Hollandois  et  Ge- 
landois  et  à  toute  la  compagnie  qui  voir  le  voult, 
ID.  III,  IV,  50.  Et  si  le  roy  avoit  loué  ses  œuvres  en 
derrière,  encores  le  loua  il  mieulx  en  sa  personne, 
COHH.  u,  (3.  Il  xvi*  s.  Voyez  le  derrière  du  rideau, 
MONT.  I,  327.  Quelqu'un  des  siens,  par  le  derrière 
prenant  sa  teste,  luy  tord  le  col,  m.  m,  (30.  Nos 
yeulx  ne  veoient  rien  en  derrière:  nous  nous  moc- 
quons  de  nous  sur  le  subject  do  nostre  voisin,  id. 
IV,  45.  Ce  singe  commença  à  aller  du  derrière  [foi- 
rer] tout  le  long  do  la  chambre  et  sus  les  tapisse- 
ries, DESPER.  Contes,  xci.  N'aiant  point  soif  de 
louanges,  cachez  derrière  eux  mcsraes,  et  condam- 
nez du  ciel  à  pourrir  moisis  sur  le  puant  fumier  d'une 
salle  oisiveté,  d'aub.  hisl.  ii,  4S9.  S'il  y  en  avoit 
quelqu'un  [des  chiens]  qui  emportast  la  voye  du 
lièvre  cent  pas  ou  plus  devant  les  autres,  il  le  fau- 
droit  arrcster  en  lui  di.sant  derrière,  et  non  haye; 
ce  mot  de  haye  ne  se  doit  dire  qu'aux  chiens  qui 
sont  en  faute,  comme  quand  ils  chassent  le  change, 
SALNOVE,  Véner.  p.  209,  dans  lacubnk. 

—  ÊTYM.  Picard,  darière;  bourguig.  darrei;  gé- 
nev.  les  derrières,  le  derrière  de  la  maison;  eitre 
ntr  lei  derrières,  ne  pas  se  tenir  au  courant  de  ce 
qui  se  passe;  provenç.  dereire,  dareyre;  catal.  dar- 
rera;  itaL  dietro,  drieto;  du  latin  rie  et  rclro,  qui 
a  subsisté  dans  l'ancien  français  riere.  L'ancienne 
fortne  detriet,  qui,  comme  le  vers  le  montre,  doit 
se  lire  detriét,  est  correspondante  à  l'italien  dietro; 
pnr  une  grande  singularité  l'r  est  tombée:  deirirs 
fouTde-reIries,  dieiro  pour  di-rc(ro;  quant  à  la  finale 
tel,  elle  indique  un  ablatif  pluriel  d'une  forme  bar- 
bare rerraliu,  misenarrièrc,  et  avec  la  préposition: 
de  rrtratis,  deriit;  compare»  certes  et  t)o(oriiteri. 

DERVICHE  (dèr-Ti-ch')  ou   DERVIS  (dèr-vi), 


DÈS 

s.  m.  Espèce  do  moino  musulman.  Les  durvichos 
se  livrent  particulièrement  à  la  prièru  ot  nu  soin  des 
malades;  ils  portent  constamment  sur  eux  un  cha- 
pelet. Oui  désigné-je,  à  votre  avis,  Par  co  rat,  si 
pou  Bccourablo'?  Un  moino?  noUrmais  un  dervisj 
Jo  suppose  qu'un  moloo  est  toujours  charitable,  LA- 
FONT.  Fabl.  VII,  3. 

—  ÉTVM.  Persan,  derom'ich,  pauvre. 

DES  (de;  Vs  se  lie:  dê-z  hommes),  art.  plur. 
contracté  pour  de  Us,  et  qui  se  dit  pour  le  mascu- 
lin et  le  féminin.  N'es-lu  pas  dans  ces  lieux  Où  la 
haine  des  rois,  avec  le  lait  sucée....  bac.  Rérén.  iv, 
4.  S'il  n'est  pas  des  plus  beaux ,  il  est  des  agréables, 
MOL.  lÉtnur.  1,6.  Je  lui  ai  bien  fait  entendre  que 
vous  n'étiez  point  une  dupe,  pour  vous  demander  des 
cinq  ou  six  cents  pistoles,  id.  Scapin,  ii,  8.  ||  Pris 
partitivement,  quelques.  Des  hommes  recomman- 
dables  pensent  que.... 

—  UEM.  Pris  partitivement,  il  faut,  quand  un  ad- 
jectif précède,  dire  en  général  de  et  non  des:  de 
bons  vins,  de  bonnes  gens.  Mais  on  pourra  se  servir 
derics,  quand  le  mot,  en  raison  de  l'usage,  peut  être 
considéré  comme  ne  formant  qu'un  seul  mot  avec 
son  adjectif:  des  jeunes  gens,  des  jeunes  hommes. 
On  reviendra  à  de,  si  on  met  devant  l'adjectif  un 
mot  qui  le  modifie  :  de  tout  jeunes  gens. 

—  HIST.  XI*  s.  Blancandriiis  fut  des  plus  saives 
païens,  Ch.  de  Roi.  m.  Là  où  cist  furent,  des  au- 
tres i  ot  bien,  ib.  vni.  ||  xii*  s.  La  disme  escbelle 
est  des  barons  de  France,  Ronc.  p.  134.  Faisons  des 
bierres  de  verges  et  de  peaus,  ib.  p   (50. 

—  ÉTYM.  De  (voy  de),  et  les  (voy.  le,  la). 

t  DES  ou  DÉS,  préfixe  qui  signifie  l'action  d'ô- 
ter,  de  retirer,  de  défaire,  par  exemple  dés-osser,  et 
qui  vient  des  prépositions  latines  de-ex  (voy  dès)  ; 
à  moins  que  l'on  ne  veuille  y  voir  simplement  une 
autre  forme  de  dé....  préfixe  :  dé  devant  une  con- 
sonne ;  dés  devant  une  voyelle.  Et  l'on  me  déso- 
sie enfin  Comme  on  vous  désamphitryonne,  mol. 
Atnph.  III,  8. 

DÈS  (de;  Vs  se  lie:  dê-z  aujourd'hui;  dans  dès 
que,  Vs  ne  se  prononce  pas  et  c'est  à  tort  que  plu- 
sieurs disent  dès'  que;  dans  dès  hier,  la  prononcia- 
tion varie,  les  uns  disant  dè-zièr,  et  les  autres 
dô-ièr),  prép.  ||  1"  X  partir  de,  à  dater  de,  à 
compter  de.  L'homme  dès  sa  naissance....  Nous 
nous  aimions  tous  deux  dès  la  plus  tendre  enfance, 
Bkc.Théb.u,  (.Demain,  dès  cette  nuit,  je  prendrai 
des  mesures,  id.  Athal.y,  2.  ||  2°  Dès,  placé  de- 
vant un  adverbe  ou  nom  de  temps.  Peut-être  dès 
demain,  dès  la  nuit,  dès  ce  soir.  J'en  verrais  des 
effets  que  je  ne  veux  pas  voir,  corn.  Poly.  v,  (. 
C'est  donc  dès  maintenant  et  sans  différer  que  nous 
devons  donner  nos  soins  à....  boubd.  Pensées,  liv.  i, 
p.  (03.  Cependant  le  sénat....  Dès  hier  vous  nomma 
gouverneur  de  l'Asie,  volt.  Catil.  n,  3.  ||  Dès  long- 
temps, depuis  longtemps.  Et  vos  soins  trop  pru- 
dents Les  ont  [mes  amis]  tous  écartés  ou  séduits 
dès  longtemps,  bac.  Brit.  m,  6.  Vous  m'aimez  dès 
longtemps;  une  égale  tendresse  Pour  vous  depuis 
longtemps  m'afflige  et  m'intéresse,  id.  Mithr.  ii,  «. 
Il  Dès  avant,  même  avant.  Moi  je  vins  hier?  —  Sans 
doute;  et  dès  avant  l'aurore  Vous  vous  en  êtes  re- 
-tourné,  mol.  Amphit.  ii,  2.  ||  3°  Dès,  placé  devant 
un  nom  de  ville  ou  un  adverbe  de  lieu  et  signifiant 
à  partir  de  là.  Vous  savez  qu'il  tomba  malade  dès 
Amboise,  maintenon,  Lelt.  à  l'abbé  Gobelin,  27  oct. 
(675.  Mme  de  Chaulnes  prend  ses  mesures  dès  ici 
pour  s'en  aller  à  Chaulnes  trois  jours  après  son  ar- 
rivée, sÉv.  Lelt.  («  oct.  (687.  Ce  grand  sacrifice 
était  déjà  commencé  dès  Smolensk;  Rostopchine 
l'acheva,  ségur.  Hist.  de  Nap.  viu,  2.  ||  4°  Dès  lors, 
loc.  adv.  Dès  ce  moment,  dès  ce  temps,  aussitôt. 
Il  avait  dès  lors  imaginé  ce  moyen.  Dès  lors  il  com- 
mença ses  poursuites.  Il  me  .souvient pourtant  que, 
s'il  fut  notre  appui,  Nous  vous  dûmes  dès  lors  au- 
tant et  plus  qu'à  lui,  corn.  Pomp.  m,  2.  Ahl  si 
d'un  autre  amour  le  penchant  invincible  Dès  lors  à 
mes  bontés  vous  rendait  insensible,  rac.  Uilhr.  iv, 
4.  Mais,  seigneur,  c'est  un  roi  malheureux  et 
soumis,  Et  dès  lors  je  le  compte  au  rang  de  mes 
amis,  m.  Alex,  v,  i.  jj  Dès  lors  que,  du  moment 
que,  par  cela  que.  Les  grands  se  font  honneur 
dès  lors  qu'ils  nous  font  grâce,  la  font.  Fabl.  i, 
(4.  Il  B*  Dès  là,  Joc.  adv.  X  partir  de  là,  en  consé- 
quence. Les  mêmes  raisons  mettent  Jésus-Christ 
au-dessus  d'une  si  vaine  accusation,  qui  dès  là, 
comme  nous  l'avons  remarqué,  ne  sert  plus  qu'à 
justifier  que  ses  miracles  sont  incontestables,  boss. 
Ilist.  II,  (î.  Cette  vie  n'est  pas  une  vie  chrétienne, 
et  dès  là  c'est  une  vie  de  réprobation  et  d'Infidélité, 
HASS.  Car.  Salut.  J'insista-  sur  l'inutilité  et  dès  là 
sur  l'indécence  d'un  article  qui  ne  réglait  rien,  sT- 


DfiS 

giv.  299,  87.  Il  [Uescai'tes]  communce  par  supposer 
que  l'âme  ne  peut  avoir  aucune  influence  sur  la 
corps,  et  dès  là  il  s'avance  trop,  volt.  Newton,  I. 
Il  Dès  là  que,  loc.  conjonctive.  Puisque,  attendu  que. 
Quand  lo  cerveau  et  le  cœur  demeureraient  en  leur 
entier,  dès  là  que  les  esprits  manquent,  les  ressorts 
cessent  faute  do  moteur,  boss.  Connaiss.  ii,  12. 
Dès  là  que  Jésus-Christ  nous  donne  son  corps,  dès 
à...,  id.  Euch.  2.  Dès  là  quo  vous  vous  prêtez  à  tous 
vos  poncbanls,  pourvu  qu'ils  n'aillent  pas  jusqu'i 
l'infraction  visible  et  grossière  du  précepte....  dé» 
là  vous  renoncez  au  désir  de  votre  perfection,  mass. 
Car.  Tiéd.  1.  Vous  appartenez  à  Jésus-Christ,  dès  là 
que  le  monde  vous  réprouve,  id.  ib.  Resp.  hum.  Dès 
là  qu'elle  dépend  de  sa  conscience,  il  faut....  J.  J, 
rol'ss.  Ém.  v.  Dès  là  qu'il  [Dieu]  existe,  il  est  né- 
cessaire que  son  existence  remplisse  tout  l'espace  et 
tous  ses  ouvrages,  volt.  Dial.  xv,  (.  ||6°  Dès  que, 
Inc.  conj.  Aussitôt  que,  quand.  Dès  qu'on  se  sent  en 
colère,  il  ne  faut  ni  parler,  ni  agir.  Seigneur,  vous 
serez  roi  dès  que  vous  voudrez  l'être,  id.  Brulus, 
m,  ").  Il  Dès  aussitôt  que,  tout  aussitôt  que.  Dès 
aussitôt  que  je  comprends  quelque  chose....  desc. 
Ilédit.  5.  Il  Cette  locution  a  vieilli.  ||  7°  Dès  que, 
signifiant  puisque.  Dès  que  vous  en  êtes  tombé  d'ac- 
cord, je  n'ai  plus  rien  à  dire.  Dès  que  l'homme 
est  l'ouvrage  de  Dieu,  l'homme  ne  peut  plus  vivre 
que  conformément  à  la  volonté  de  son  auteur;  et 
dès  que  Dieu  a  fait  de  l'homme  son  ouvrage  et  son 
ouvrage  le  plus  parfait,  il  n'a  pu  le  laisser  vivre  au 
hasard  sur  la  terre,  mass.  Car.  Évid.  de  la  loi. 

—  HIST.  XI'  s.  Dès  or  [il]  comence  li  conseils  que 
mal  prist,  Ch.  de  Rnl.  xii.  Dès  les  apostres  ne  fut 
hom  tel  prophète,  td.  CLxiv.  [Des  péchés]  Que  je  ai 
fait  dès  i'hore  que  nés  [je]  fu,  ib.  clxxii.  ||  xii*  s. 
Dès  les  porz  d'Aspre  de  ci  qu'en  Durestant,  Honc. 
p.  39.  Dès  le  matin  jusqu'à  soleil  couchant,  ib.  p.  68. 
Li  clers  fut  sages  dès  qu'il  issi  d'enfance,  ib.  p.  (65. 
Bien  [je]  cuidai  vivre  sans  amour  Dès  ore  en  pais 
tout  mon  aé  [âge].  Coud,  m.  Qu'il  s'en  prennent 
à  mon  maistre  d'Oisi  Qui  m'a  apris  à  chanter  dès 
enfance,  quesnes.  Romancero,  p.  98.  Dès  le  mont 
St  Michiel  jusqu'àChaslel-Landon,  Sax.  xxv.  ||  xiu's. 
Toute  ceste  navie  vous  tenrons  nous  pour  un  an, 
dès  le  jor  que  nous  du  port  de  Venise  départirons, 
viLLEH.  XIV.  Uns  miens  amis  me  vint  dès  ersoir 
acointer,  Berte,  xi.  Par  la  forest  du  Mans,  dès  qu'il 
fu  ajourné  [jour],  ib.  XLv.  Dès  lors,  se  je  le  fusse 
[si  j'étais  Berte],  l'eQfsé-je  gehi  [avoué],  ib.  cxviu. 
Dame,  par  Diex,  se  ge  peûsse.  Volontiers  voslre 
grâce  eusse,  Dès  lors  que  au  sentier  entrasse.  Bel 
acueil  de  prison  gelasse.  Qui  leens  est  emprisonnés, 
la  Rose,  (0276.  Et  aussi  dès  avant  qu'il  soient  semé, 
li  gaaignage  de  teres  est  contés  pour  muebles,  beaum. 
xxiii,  4.  Dès  là  nous  alames  en  Ausonne  [Auxonne], 
JOINV.  2(0.  Et  en  alames  à  tout  nostre  hernoiz  que 
nous  avions  fait  mettre  dès  Ausone  jusques  à  Lyon, 
ID.  ib.  Dès  illecen  avant  [dorénavant]  fu  mon  prestra 
bien  cogneu  en  l'ost,  et  le  monstroient  l'un  à  l'au- 
tre, id.  ib.  23  (.  Il  vouloit  que  dès  lors  en  avant  feus- 
senttoutun,  lo.ib.  200.  ||  xiv*  s.  Dès  ce  que  l'enfant 
est  né,  il  se  delette  à  goûter  le  laictde  sa  nourrice, 
ORESME,  Elh.  39.  Et  dès  maintenant  peut  asses  apa- 
roir  quele  chose  est  science,  id.  16.  (  73.  ||  xv  s.  Et  aussi 
messire  Charles  de  Behaigne  son  fils,  qui  dès  lors 
s'appeloit  roi  d'AUemaigne,  et  en  estoit  roi  notoire- 
ment.... FROiss.i,  i,  269.  Le  lendemain  dès  ce  qu'il 
fut  arrivé,  comm.  i,  2.  Dès  ce  qu'ils  vindrent  à  U 
rivière,  id.  i,  6.  Le  désir  que  le  roy  avoit  dès  long- 
temps, ID.  IV,  7.  Il  xvi*  s.  Dès  lors  retint  et  donna  le 
droict  nom  De  la  pucelle  à  ses  flustes  rurales,  ma- 
ROT,  IV,  6(.  Pantagruel,  lequel  j'ay  servy  à  gaiges 
dès  ce  que  je  feus  hors  de  paige  jusques  à  présent, 
rab.  Pant.  II,  Prol.  Je  me  suis  dez  tousjours  entre- 
tenu des  imaginations  de....  mont,  i,  77.  Dez  la  pre- 
mière nuict  d'aprèz  ses  oblations,  id.  i.  9a.  Dez  sa 
tendre  enfance,  id.  i,  (64.  Elle  eut  tel  remords, 
que,  dès  lors  en  là,  elle  ferma  la  porte  à  tous  ses 
amoureux.  —  Et  dès  l'heure  [le  roi]  lui  donna  Testât 
de  procureur  gênerai,  desper.  Contes,  vi.  Les  va- 
riables accidens  que  la  vieillesse  du  temps  a  pro- 
duits dès  et  depuis  l'origine  du  monde,  amïot,  l'r^f. 
XIV,  42.  Ces  cimens  résistent  à  l'eau  dès  incontinent 
estre  posés,  o.  de  serres,  768. 

—  ETYM.  Berry,  drés  (je  vois  beaucoup  de  per- 
sonnes qui  sont  en  cette  prononciation  :  drès  que  je 
serai  en  état,  remarque  Marg.  Buffet,  Observ.  p.  IS3, 
(668);  bourguig.  dos  ici,  dès  ici;  provenç.  des,  dès, 
des  que,  deis  que,  dès  que;  anc.  espagn.  des  que,  dés 
que;  du  latin  de-ex,  double  préposition,  comme 
dons,  qui  représente  de-intus.  La  conjonction  com- 
posée dès  que  est  une  ellipse  pour  dès  ce  que,  comme 
on  le  voit  par  l'historique 


DIÎS 


DÉS 


DÉS 


1080 


t  DÉSABONNEMENT  (dé-za-bo-ne-man  ),  s.  m. 
Action  de  se  désabonner.  Ce  genre  de  nouvelles  à  la 
main  [des  nouvelles  déjà  connues  et  sans  intérCt] 
ne  tarda  pas  à  attirer  aux  propriétaires  du  Corsaire 
inom  d'un  journal]  quelques  lettres  dans  lesquelles 
on  leur  demandait  un  désabonnement  de  faveur, 
H.  MURGER,  Propos  d«  Ville  et  propos  de  théâtre, 
p.  70. 

t  DÉSABONNER  (dé-za-bo-né) ,  V.  a.  Faire  cesser 
l'abonnement.  Vous  me  désabonnerez  dès  le  mois 
prochain.  ||  Se  désabonner,  v.  réft.  Cesser  de  s'a- 
bonner. 

—  ÉTYM.  nù....  préfixe,  et  abonner. 

t  DÉSABORDER  (dé-za-bor-dé) ,  V.  a.  Faire  ces- 
ser l'abordage. 

—  HIST.  xvi*  s.  X  l'abordage,  le  feu  s'estant  mis 
dans  une  caque  de  poudre,  lui  et  tout  l'équipage 
faillirent  à  périr;  cela  pourtant  servit  à  faire  que 
l'amiralle  ledesabordast,  d'aub.  Hist.  ii,  209. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  aborder. 

t  DÊSABRITER  (dé-za-bri-té),  V.  a.  Enlever  un 
abri. 

HIST.  xm"  s.  Nud  ne  desabrié.  Mort  de  faim 

ou  de  soif,  Fabl.  mss.  durai,  n°76)B,  1. 11,  f°  U3, 
dans  LACURNE. 

—  ÈTVM.  Dés....  préfixe,  et  abri. 

t  DÉSABUSABLE  (dé-za-bu-za-bi'),  adj.  Qui  peut 
être  désabusé. 

—  ETYM.  Désabuser. 

DÉSABUSÉ,  ÉE  (dé-za-bu-zé,  zée),  part,  passé. 
Oui  n'est  plus  abusé.  Dé.çabusé  par  une  rude  expé- 
rience. Je  vois,  je  sais,  je  crois,  je  suis  désabusée, 
CORN.  Poly.  V,  B.  Je  suis  désabusée  des  projets  des 
hommes,  sÉv.  574.  Ce  superbe  croit  s'élever  au-des- 
sus de  tout  et  au-dessus  de  lui-même,  quand  il  s'é- 
lève, ce  lui  semble,  au-dessus  de  la  religion,  qu'il 
a  si  longtemps  révérée  ;  il  se  met  au  rang  des  gens 
désabusés,  boss.  Anne  de  Goni.  Et  de  son  vain  cour- 
roux trop  tard  désabusé,  rac.  Alex,  m,  2.  Cher  ami, 
si  mon  père,  un  jour  désabusé,  Plaint  le  malheur 
d'un  fils  faussement  accusé,  id.  Phèd.  v,  6.  De  ton 
espoir  frivole  es-tu  désabusé?  id.  Athal.  v,  5.  De 
mon  aimable  erreur  je  fus  désabusée,  id.  Bérén.  11, 
2.  Roxane  méprisée  Bientôt  de  son  erreur  sera  désa- 
busée, ID.  Baj.  I,  4.  Voir  Télémaque  si  désabusé 
des  victoires  et  des  conquêtes,  fén.  Tél.  xxii.  Mais 
de  ce  style  enfin  la  cour  désabusée  Dédaigna  de  ces 
vers  l'extravagance  aisée.  Distingua  le  naïf  du  plat 
et  du  bouffon....  boil.  Art  p.  i.  La  vérité  est  que  ce 
secret-là  n'est  qu'une  chimère....  je  n'en  ai  été  désa- 
busé qu'ici-bas,  fonten.  Artémise,  Raimond  Lxille. 
Si  vous  êtes  désabusé  du  monde,  mass.  Car.  Resp. 
hum. 

t  UÉSABUSEMENT  (dé-za-bu-ze-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  désabuser;  résultat  de  cette  action.  11  y  a 
des  erreurs  agréables  qui  valent  mieux  que  ce  qu'on 
appellerait  le  désabusement,  bussy  rabutin,  dans 
RICHELET.  Ce  désabusement,  si  l'on  peut  parler  ainsi, 
est  un  des  principaux  avantages  que  nous  devions 
essayer  de  tirer  de  l'oraison,  l'abbé  reignier,  dans 
BOUHOiiRS,  Nouv.  rem. 

—  ÉTYM.  Désabuser. 

DÉSABUSER  (dé-za-bu-zé),  v.  a.  ||  i'  Faire  qu'on 
ne  soit  plus  abusé,  trompé.  Je  t'aime  encore  assez 
pour  te  désabuser,  corn.  Héracl.  i,  2.  Quoi!  pour 
désabuser  une  aveugle  furie....  m.  ib.  iv,  H.  Il  faut 
que  le  monde  nous  désabuse  du  monde  ;  ses  appas 
ont  assez  d'illusion,  ses  faveurs  assez  d'inconstance, 
ses  rebuts  assez  d'amertume,  boss.  la  Vallière.  X 
l'erreur  de  Roxane  ai-je  dû  m'opposer,  Et  perdre  mon 
amant  pour  la  désabuser?  rac.  Baj.  i,  4.  Il  me  sem- 
ble déjà  que  ces  murs,  que  ces  voiltes  Vont  prendre 
la  parole,  et,  prêts  à  m'accuser.  Attendent  mon 
époux  pour  le  désabuser,  id.  Phèd.  m,  3.  ||  Ab- 
solument. La  mort  donne  les  plus  grandes  leçons 
pour  désabuser  de  tout  ce  que  le  monde  croit  mer- 
veilleux, FÉN.  Dial.  des  morts  anc.  Scipion,  Anni- 
bal.  Du  héros  l'homme  désabuse,  Kt  l'admiration 
confuse  S'enfuit  et  fait  place  au  mépris,  lamotte. 
Odes,  t.  I,  p.  2S9,  dans  pougens.  ||  2°  Se  désabuser, 
V.  réjl.  Cesser  d'être  abusé.  Ii  s'est  désabusé  des 
vanités  du  monde.  Surtout,  mortels,  désabusez-vnus 
de  la  pensée  dont  vous  vous  flattez,  qu'après  une 
longue  vie  la  mort  vous  sera  plus  douce  et  plus  fa- 
cile. BOSS.  le  Tellier.  Plus  je  vis,  et  plus  je  me 
désabuse  des  soins  et  des  projets  à  venir,  mainte- 
XON,  Lett.  à  d'Aubigné,  7  sept.  I783.  Désabusez- 
vous  de  cela,  s'il  vous  plaît,  hamilt.  Gramm.  4. 

—  SYN.  DÉTROMPER,  DÉSABUSER.  On  est  détrompé 
quand  on  n'est  plus  trompé;  on  est  désabusé  quand 
on  n'est  plus  abusé.  Or  abuser,  c'est,  étymologi- 
quemcnt,  u.ier  mal  de  quelqu'un,  faire  un  mauvais 
usage  de  ses  léfauts  pour  l'induire  en  erreur.  Là 

DICT.    DE   LA    LANGUE   FRANÇAISE 


est  l'indication  de  la  nuance  entre  détromper  et  dés- 
abuser. Les  charlatans,  dit  Laveaux,  abu.sontla  po- 
pulace par  de  faux  raisonnements,  |)ar  des  faits  con- 
trouvés  et  absurdes,  et,  quand  ils  l'ont  abusée,  ils 
la  trompent  en  lui  vendant  de  mauvaises  drogues 
pour  des  remèdes  efficaces;  on  est  détrompé  quand 
on  voit  que  les  drogues  n'opèrent  point;  mais  on 
n'est  pas  désabusé,  si  l'on  n'a  pas  perdu  toute  con- 
fiance dans  les  discours  du  trompeur.  • 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  obwi.  Désabus se  Irouve 
dans  le  Dict.  d'ouDiN. 

t  DÉSACCEPTER  (dé-za-ksè-pté),  t'.  o.  Refuser  ce 
qu'on  avait  accepté. 

—  HIST.  xv  s.  Pour  nul  trésor  je  ne  vouldroye 
desaccepter  ne  refuser  l'honneur  de  ceste  feste, 
Perceforest,  t.  m,  f"  6). 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accepter. 

t  DÉSACCOINTANCE  (dé-za-koin-tan-s'),  s.  f. 
Cessation  d'accointance,  de  fréquentation,  d'amitié 
avec  quelqu'un. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accointance. 

t  DÉSACCOINTER  (dé-za-koin-té),  v.  a.  Rompre 
l'accointance,  la  société.  ||Se  désaccointer,  v.  réft. 
Cesser  de  fréquenter. 

—  HIST.  xm*  s.  Ensi  furent  desacointié  11  Franc 
et  li  Grieu  [Grecs],  villeh.  xci.  Nostie  oslel  verrez 
bel  et  cointe  ;  Mes  mainte  gent  s'en  desacointe. 
Qu'au  soir  i  vient,  s'en  va  au  main,  huteb.  11,  49. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accointer. 

+  DÉSACCOMMODER  (déza-ko-mo-dé),  t).  a.  Ces- 
ser d'accommoder. 

—  HIST.  XVI"  s.  La  première  particularité  gist  en 
la  situation,  où  l'on  void  une  chose  qui  desaccom- 
mode merveilleusement  la  ville,  et  l'autre  qui  l'ac- 
commode, LANGUE,  680. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accommoder. 

t  DÉSACCOMPAGNER  (dé-za-kon-pa-gné),  «.  n. 
Cesser  d'accompagner.  Il  s'en  alla  désaccompagné. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quoy  voyant,  un  magicien  qui 
ne  l'avoit  jamais  voulu  desaccompagner  pour  le  pro- 
fit qu'il  tiroit,  du  vivant  d'elle,  de  son  art,  paré, 

XIX,    31. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accompagner. 
DÉSACCORD  (dé-za-kor;   le  d  ne  se  lie  pas:  un 

dé-za-kor  accidentel;  au  pluriel,  l's  ne  se  lie  pas: 
des  dé-za-kor  accidentels;  mais  quelques-uns  lient: 
des  dé-za-kor-z  accidentels),  s.  m.  ||  1°  Dissenti- 
ment, désunion.  Le  désaccord  est  dans  ce  ménage. 
Il  2°  Par  extension,  état  de  ce  qui  n'a  plus  l'accord. 
Le  désaccord  de  (leux  instruments. 

—  HIST.  xvi'  s.  Cet  ancien  joueur  de  lyre,  que 
Pausanias  recite  avoir  accoustumé  à  contraindre  ses 
disciples  d'aller  ouir  un  mauvais  sonneur,  qui  logeoit 
vis-à-vis  de  luy,  où  ils  apprinssent  à  haïr  ses  desac- 
cords et  faulses  mesures,  mont,  iv,  34.  Le  ciel  n'a 
point  veu  un  si  poisant  desaccord  [entre  la  justice 
de  la  cause  et  le  succès]  que  celuy  de  César  et  de 
Pompeius,  ny  ne  verra  pour  l'advenir,  id.  iv,  16). 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accord. 
DÉSACCORDÉ,   ÉE    (dé-za-kor-dé,   dée),    part. 

passé.  Il  1°  Désuni.  Des  cœurs  désaccordés.  Tout 
est  désaccordé,  plus  d'ensemble,  plus  d'unité,  plus 
de  beauté,  dider.  Regr.  s.  sa  robe  de  chambre. 
Il  2°  Par  extension,  qui  a  perdu  l'accord.  Un  piano 
désaccordé.  ||  Terme  de  peinture.  Couleurs  désac- 
cordées, couleurs  qui  ne  sont  pas  convenablement 
nuancées. 

DÉSACCORDER  (dé-za-kor-dé),  V.  a.  \\  1»  Pro- 
duire le  désaccord,  la  désunion.  Des  calomnies  ont 
désaccordé  ces  familles.  ||  2°  Terme  de  musique. 
Faire  que  les  cordes  d'un  instrument  ne  soient  plus 
d'accord.  La  chaleur  a  désaccordé  ce  piano.  Son 
oreille  [au  musicien]  est  un  instrument  qu'un  sou 
discordant  démonte  et  désaccorde,  nvvF.  Nature  des 
animaux.  \\  Par  extension  ,  mettre  le  désaccord 
dans  des  couleurs,  dans  un  tableau.  Cette  draperie 
rouge,  dont  vous  l'avez  chamarré,  blessait  l'art  et 
désaccordait  le  tableau,  diderot.  Salon  de  I7(i5, 
Œuvres,  t.  xm.  p.  I4,  dans  pougens.  ||  3"  Se  désac- 
corder, V.  réft.  Cesser  d'être  d'accord.  Cette  harpe 
s'est  désaccordée. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  faut  tellement  prendre  sa  sen- 
tence qu'elle  ne  desaccorde  point  d'avec  Christ.... 
CALVIN,  Instit.  641.  Lors  la  cité,  ne  plus  ne  moins 
que  si  son  harmonie  eust  esté  desaccordée  et  con- 
fuse, tomba  en  dissensions  civiles,  amyot,  Arat.  2 
Après,  si  nous  voulons  considérer  comme  les  sujets 
entr'eux  estoyent  bien  accordans,  que  ferons-nous 
sinon  nous  esmerveiller  de  quoy  ils  se  sont  depuis 
tant  desaccordez?  lanoue,  62. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accorder. 
DÉSACCOUPLÉ,  ÉE  (dé-za-kou-plé,  plée),  part. 

passé.  Des  draps  désaccouplés. 


t  DÉS.\CCOUPLEMENT  (dé-za-kou -ple-man), 
s.  771.  Terme  d'histoire  naturelle.  Cessation  de  l'ac- 
couplement des  animaux. 

—  ÉTYM.  Désaccoupler. 

DÉSACCOUPLER  (dé-za-kou-plé),  v.  a.  \\  1»  Sépa- 
rer des  choses  qui  étaient  par  couple,  par  paire. 
Désaccoupler  des  draps.  ||  Désaccoupler  des  chiens, 
leurôter  la  couple.  ||  2"  Sedésaccoupler,v.  r^/î.  Cesser 
l'accouplement.  Ces  chiens  se  sont  désaccouplés. 

--  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  occoupZcr. 

■f  DÉSACCOUTRER  (dé-za-kou-tré),  v.a.  Oter 
l'accoutrement.  ||  Se  désaccoutrer,  e.  réfl.  Se  débar- 
rasser d'un  accoutrement. 

—  HIST.  XV'  s.  11  se  desacoustra  et  se  coucha, 
Perceforest,  t.  v,  f°  28. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accoutrer. 
DÉSACCOUTUMANCE  (dé-za-kou-tu-man-s') ,  s.  f. 

Perte  d'une  coutume,  d'une  habitude.  Lorsque  les 
nerfs  optiques,  par  une  longue  désaccoutumance  de 
souffrir  la  lumière  même  réfléchie,  sont  exposés 
tout  à  coup  à  une  grande  lumière,  boss.  Cotit!.  m,  3. 

—  HIST.  XIII'  s.  Que  les  lois  soient  abatues  par 
desacostumance,  Liv.  de  just.  6.  Se  famés  nés  [ne  les] 
noment  en  France,  Ce  n'est  fors  desacoustumance, 
la  Rose,  7i72.  ||xvi'  s.  Mon  latin  [ma  connaissance 
du  latin]  s'abastardit  incontinent,  du  quel  depuis 
par  desaccoustumance  j'ay  perdu  tout  usage,  mont. 
I,  196.  C'a  esté  plus  par  desaccoui-tumance  que  par 
loy  expresse,  charron.  Sagesse,  i,  48. 

—  ÉTYM.  Désaccoutumer. 
DÉSACCOUTUMÉ,  ÉE  (dé-za-kou-tu-mé,  mée), 

part,  passé.  Qui  n'a  plus  la  coutume,  l'habitude.  Les 
savants  doivent  d'autant  plus  s'intéresser  à  ces  sor- 
tes d'honneurs  rendus  à  leurs  pareils  qu'ils  en  sont 
aujourd'hui  plus  désaccoutumés ,  fûnten.  Sébas- 
tien. Venir  nous  alléguer  des  inclinations  désaccou- 
tumées de  tout  joug,  MAss.  Car.  Samar. 

DÉSACCOUTUMER  (dé-za-kou-tu-mé),  v.  a. 
Il  1°  Faire  perdre  une  coutume,  une  habitude.  L'oi- 
siveté l'avait  désaccoutumé  de  faire  aucun  effort. 
En  vain  de  son  train  ordinaire  On  le  [naturel]  veut 
désaccoutumer  :  Quelque  chose  qu'on  puisse  faire. 
On  ne  saurait  le  réformer,  la  font.  Fabl.  11,  (8. 
La  mortification  lui  rend  la  mort  familière,  le  déta- 
chement des  plaisirs  le  désaccoutume  du  corps;  il 
n'a  point  de  peine  à  s'en  séparer,  boss.  Or.  fun. 
Bourgoing.  \\  2°  Se  désaccoutumer,  v.  réft.  Perdre 
l'hahitude.  Il  faut  se  désaccoutumer  de  souhaiter 
quelque  chose,  sÉv.  144.  Je  souhaite  de  tout  mon 
cœur  que  vous  ne  vous  désaccoutumiez  ni  de  m'é- 
crire  ni  de  me  parler,  maintenon,  Lett.  au  card. 
de  Noailles.  9  janv.  1704.  L'incrédule,  qui  a  se- 
coué le  joug  de  la  foi,  se  désaccoutume  bientôt 
du  joug  de  l'obéissance,  mass.  Or.  fun.  Dauphin. 
Comme  la  raison  s'accoutume  à  examiner,  elle  S8 
désaccoutume  de  croire,  id.  Panég.  St  Thomas. 
Il  Absolument.  Le  commandeur:  on  s'est  accou- 
tumé. —  D.  Japhet  :  qu'on  se  désaccoutume,  scar- 
RON,  D.  Japhet,  m,  4. 

—  HIST.  xiv  s.  Jà  ne  me  puist  aidier  li  Pères  qui 
ne  ment,  Se  je  ne  descoutume,  ains  mon  départe- 
ment. Ce  servaige  villain,  qu'ensi  honnist  la  gent, 
Baud.  de  Seb.  viii,  888.  ||  xvi'  s.  Celui  qui  par  déli- 
cate paresse  desdaigne  ou  desaccoustume  d'em- 
ployer ses  mains  à  frotter  son  propre  corps,  amyot, 
Alex.  72. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  accoutumer. 

t  DÉSACCUMULER  (dé-za-ku-mu-lé),  v.a.  Dé- 
truire un  amas,  une  accumulation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe  ,  et  accumuler. 

t  DÉSACHALANDAGE  (dé-za-cha-lan-da-j'),  s.  m. 
Perte  de  chalands;  état  d'une  boutique  désachalandée. 

DÉSACHALANDÉ,  ÉE  (  dé-za-cha-lan-dé,  dée), 
part,  passé.  Boutique  désachalandée. 

DflSACHALANDER  (dé-za-cha-lan-dé),  v.a.  Éloi- 
gner les  chalandsd'unmarchand,  d'une  boutique;  lui 
faire  perdre  ses  pratiques.  ||  Sedésaclialander,D.r^/î. 
Perdre  ses  chalands.  Ce  magasin  s'est  désachalandé. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  achalander. 

t  DÉSACIDIFICATION  (dé-za-si-di-fi-ka-sion),  s. 
f.  Action  de  désacidifier. 

t  DÉSACIDIFIER  (dé-za-si-di-fi-é),  v.  a.  Terme 
de  chimie.  Détruire  l'état  d'acidité  d'une  substance. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfi.xe,  et  acidifier. 

t  DÉSACIÉRER  (dé-za-.sié-ré.  La  syllabe  «V  prend 
l'accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muetle: 
je  désacière,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel: 
je  désaciérerai),  ti.  a.  Faire  perdre  les  propriétés  de 
l'acier.  La  partie  de  la  lame,  qui  a  subi  riiifiuenca 
de  l'hydrogène  et  qui  a  perdu  son  azote,  est  entiè- 
rement désaciérée,  fremv.  Comptes  rendus,  Acad, 
des  se.  t.  LU,  p.  626. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  acier. 

1.  •  -  137 


1090 


DÉS 


tKfiSAFFAlRÊ  ÉE  (dé-za-fè-ré,  rée),  od;.  Qui 
nfest  |)oint  affairé,  qui  esl  sans  affaires. 

—  ÉTYM.  Déa....  préfixe,  et  affaire. 

t  UÉSAFFAMER  (dé-za-fa-mé)  ,   ».  o.   Oter  la 

iiiST.  XVI"  s Que  je  no  puis  ma  faim  desaf- 

famer  Qu'en  l'admirant  ou  voyant  sa  peinture,  RO^s. 
8(.  Plus  tost  donc  dessous  la  mer  Le  feu  s'abaisse 
Qu'on  nous  voie  desaffamer  De  nous  aimer,  yveh, 
p.  66t. 

—  f.TVM.  Vis....  préfixe,  et  affamer. 

t  DÉSAFFKCTION  (dé-za-fè-ksion  ;  en  poésie,  de 
cinq  syllalHs),  s.  f.  Néolo(îisme.  Perte  de  l'affection. 
La  désaffection  des  citoyens. 

—  f.TYM.  I)i<s....  préfixe,  et  affection. 
tDÉSAFFECriOiNNÉ,  ÉE  (dé-za-fè-ksio-né,  née), 

part,  passé.  Qui  n'a  plus  d'affection.  Des  peuples 
désaffectionnés. 

t  DÊSAFFKCTIONNEMENT  (dé-za-fè-ksio-ne- 
man),  s.  m.  Néologisme.  Enlèvement  de  l'affection; 
renoncement  à  l'affection,  en  parlant  du  refroidis- 
sement de  l'amour  du  peuple  pour  le  souverain. 

—  ÉTYM..  Désaffectionner. 

t  DÉSAFFECTIONNER  (dé-za-fè-ksio-né),  V.  a. 
Néologisme.  Oter,  faire  perdre  l'affection.  ||  Se  désaf- 
fectionner, V.  réfl.  Perdre  l'affection  qu'on  avait.  Le 
peuple  se  désaffectionne. 

—  ETYM.  Désaffection. 

t  DÉSAFFLEUREMENT  (dé-za-fleu-re-man),  s. m. 
État  de  ce  qui  est  désaffleuré. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  affleurement. 

t  DÉSAFFLEURER  (dé-za-lleu-ré),  t'.  a.  Faire 
ressortir  certaines  parties  d'une  surface  sur  les 
autres. 

—  ÉTYM.  Dés.,.,  préfixe,  et  affleurer. 
DÊSAFFOURCIIÉ,  ÉE  (dé-za-four-ché,  chée), 

part,  passé.  Ancre  dcsaffourchée. 

t  Di5SAFF0URCHE.MENT  (dé-za-four-che-man) , 
s.  m.  Action  de  désall'ourcher.  Le  désaffourchement 
de  l'ancre. 

DÉSAFFOURCHER  (dé-za-four-ché).  ||  1°  F.  n. 
Terme  de  marine.  Leverl'ancred'affourche, la  remet- 
Ire  à  bord.  On  commanda  de  désaffourcher.  |{  2°  V.a. 
Désaffourclier  l'ancre. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  affourche. 

t  DÉSAFFRANCHIR  (dé-za-lran-chir),  V.  a.  Ré- 
voquer un  affranchissement. 

—  f.TYM.  Dés....  préfixe,  et  affranchir. 

t  I .  DÉSAFFRONTER  (dô-za-fron-té) ,  V.  a.  Faire 
réparation  d'un  affront.  Vous  n'avez  rien  senti  des 
coups  que  j'ai  reçus.  Et  c'est  moi  seulement  qu'il 
faut  qu'on  désaffronte,  th.  corn,  les  Engagements 
du  hasaril,  ii,  6. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  affront. 

t  2.  KÊSAFFRONTER  (dé-za-fron-té),  f.  a.  Terme 
de  construction.  Faire  cesser  un  affrontement. 

—  ETYM.  Dés.,.,  préfixe,  et  affronter. 
fUÉSAFFUBLER  (dé-za-fu-|jlé),  v.  a.  ôter  l'af- 

fublement.  Puis  sa  tOte  il  désalfubla,  scarron,  Yirg. 
trav.  1.  Il  Se  désaffubler,  v.  réfl.  Se  débarrasser  de 
ce  qui  affuble. 

—  lliST.  xiu*  s.  Mes  que  desafublés  me  soie  De 
ceste  cliasulile  de  soie,  la  liose,  4O03( .  ||  xvi*  s.  De- 
moslhenes,  sentant  que  le  poison  avoit  desjà  pris  et 
gaigné  sur  luy.  se  dosaffubia,  et,  regardant  Arcliias 
fermement  au  visage,  lui  dit....  amyot,  Démosth.  43. 

—  ETYM.  Pés....  préfixe,  ut  affubler. 

t  DÉSAOKNCE.MKNT  (dé-za-jan-se-man),  s.m. 
Action  de  désagericer;  état  de  ce  qui  est  désagencé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Desagencement,  cotgraye. 

—  ÉTYM.  Désogencer. 

t  D2SAGENCER  (  dé-za-jan-sé.  Le  c  prend  une 
cédille  avant  a  et  o  ;  nous  désagençons) ,  v.  a.  Dé- 
truire l'agencement.  Désag-.ncer  une  machine.  |{  Se 
désagencer,  v.  réfl.  Perdre  son  agencement.  Cette 
machine  se  désagencé. 

—  iliST.  xm*  s.  Lors  esperonne,  et  U  renc  meu- 
vent. Uns  et  autres  se  desajancent,  goill.  cuiart, 

t.  II,   p.  201  ,  V.  ti2U4  [I4193J. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  agencer. 
(UÉSAGRAFER   (dé-za-gra-fé),  «.  a.  Mauvais 

raol  pour  d'agrafer. 

DESAGRÉABLE  (dé-za-gré-a-W) ,  adj.  Qui  dé- 
plaît. Figure,  aspect  désagréable.  Personne,  humeur 
désagréable.  U  m'est  disagréable  de  le  voir.  [Je  de- 
mande votre  fille]  il  des  conditions  qui  peut-être 
ne  vous  seront  pas  désagréables,  haute iiocim.  Cris- 
pin  médinn,  i,  3.  Vous  vous  moquez;  la  tranquil- 
lité en  amoar  est  uu  calme  désagréable,  mol.  Sca- 
pin,  m,  ).  Celle  passion  vous  remplira  l'esprit  de 
mille  idées,  de  mille  vues,  de  mille  réflexions  désa- 
gréables, BOURU.  Pensées,  t.  i,  p.  3»).  Dieu  a  ses 
ra.j0U3  pour  laisser  ici-bas  les  âmes  les  plus  justes 


DES 

dans  un  état  en  quelque  sorte  violent  et  désagréable 
h  la  nature,  mass.  Carême,  DégoiUs.  Il  est  injuste 
de  chercher  une  félicité  et  des  consolations  humui- 
nes  dans  un  séjour  si  triste  et  si  désagréable  aux 
enfants  de  Dieu  ,  id.  ib.  [St  Bernard]  Cherchant  dans 
ses  discours,  non  pas  à  se  rendre  agréable  au  pé- 
cheur, mais  à  rendre  le  pécheur  désagréable  à  soi- 
même,  ID.  Panég.  SI  Bern.  Quintius,  qui  n'était 
pas  désagréable  à  la  multitude,  aborde  les  tribuns, 
VEKTOT,  Révol.  rom.m,  27).  Les  uns  [de  nos  sol- 
dats] crevaient  d'indigestion,  les  autres  coulaient 
des  jours  fort  désagréables  (expression  que  me  four- 
nit bien  à  propos  le  style  moderne),  p.  l.  cour. 
Lett.  I,  28. 

—  HIST.  XIV'  s.  Si  grief  et  si  tristre  jugement  et 
si  désagréable  au  pueple,  bercheure,  f°  <6,  verso. 
Celle  dedicion  a  esté  nient  mains  [nullement  moins] 
désagréable  que  si  la  ville  eust  esté  prinse  par  force, 
ID.  f"  33,  verso.  Il  xvi*  s.  C'est,  de  tous  les  actes  de 
Timoleon,  celuy  qui  me  semble  le  plus  desaggreable 
[blâmable],  amïot,  Timol.ii. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  agréable;  provenç. 
desaqradable. 

DÉSAGRÉABLEMENT  (dé-za-gré-a-ble-man), 
adv.  D'une  manière  désagréable.  Passer  désagréa- 
blement sa  vie.  Mettre  quelqu'un  désagréablement 
enjeu,  le  comte  de  bussi,  dans  richelet. 

—  Etym.  Désagréable,  et  le  suffixe  ment. 
DÊSAGRÉÉ,  ÉE  (dé-za-gré-é,  ée),   part,  passé 

de  désagréer  2. 

i,  DÉSAGRÉER  (dé-za-gré-é) ,  je  désagréais.nous 
désagréions;  je  désagréerai  ;  je  désagréerais;  que 
je  désagrée,  que  nous  désagréions,  t>.  n.  Ne  pas 
agréer.  Si  cela  ne  vous  désagrée  pas.  Retenez  la  plus 
petite  parole  qui  puisse  désagréer  à  Jésus-Christ, 
Boss.  Visite,  2.  Il  a  le  malheur  de  désagréer  à  tout 
le  monde,  richelet. 

—  HIST.  xiu*  s.  Car  me  monstrez  la  voie,  s'il  ne 
vous  desagrée,  Berte,  xlvi.  Et  no  baron  s'entor- 
nent,  n'i  font  plus  demorée.  Tôt  ont  perdu  l'engien, 
n'i  a  mais  recovrée,  Et  del  pont  n'ont  il  mie,  qui 
moult  lor  desagrée,  C/t.  d'^liU.  iv,  408.  Sire  vesque, 
fait  il,  ice  me  desagrée:  Ançois  istrai  là  fors  soste- 
nir  la  meslée,  ib.  viii,  1B9.  |{  xiV  s.  Moult  fu  dolant 
Henry  et  moult  li  desagrée  Que  Brenesque  li  fu  tel- 
lement deveée,  Guescl.  8192.  ||  xvi*  s.  Le  corps  ainsi 
enchâssé  apparoissoit  au  travers  le  verre,  sans  ren- 
dre mauvaise  odeur,  et  sans  désagréer  aucunement, 
paré,  Uumie,  n.  Si  le  trop  de  profit  que  cestui  là 
fait  sur  vostre  bien  vous  est  odieux,  la  perte  de 
ceslui-ci  vous  desagrée,  o.  de  serres,  b3.  Si  que, 
possible,  aucunes  [dames]  qui  en  liront  des  contes 
d'elles  mesmes,  ne  s'en  desagreeront,  brant.  Da- 
mes illtistr.  p.  104,  dans  laclrne. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  agréer. 

2.  DÉSAGRÉER  (dé-za-gré-é),  je  désagréais,nous 
désagréions;  je  désagréerai;  je  désagréerais;  que 
je  désagrée,  que  nous  désagréions,  u.  o.  Terme  de 
marine.  Ancien  synonyme  de  dégréer. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  agrès. 

t  DÉSAGRÉGATION  (dé-za-gré-ga-sion),  s. /■. 
Terme  didactique.  Séparation  de  parties  agrégées, 
qui  se  réduisent  en  grains  ou  en  poussière. 

—  Etym.  /)rfs....  préfixe,  et  agrégation. 

t  DÉSAGRÉGÉ,  ÉE  (dé-za-gré-jé,jée) ,part. passé. 
Des  parties  désagrégées. 

t  DÉSAGRÉGEANT,  ANTE  (dé-za-gré-jan  ,jan-t') , 
adj.  Il  1°  Terme  didactique.  Qui  désagrège.  ||2°Terme 
de  médecine.  Qui  disjoint  des  choses  agrégées.  ||  5. 
m.  Employer  les  désagrégeants  pour  résoudre  les 
fausses  membranes  de  la  diphthérite. 

t  DÉSAGRÉGER  (dé-za-gré-jé.  Le  9  prend  un  e 
devant  o  et  0;  désagrégeant,  désagrégeons;  la  syl- 
labe gré  prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe 
qui  suit  est  muette  :  je  désagrège,  excepté  au  futur 
et  au  conditionnel  :  je  désagrégerai) ,  v.  a.  Terme 
didactique.  Disjoindre  ce  qui  était  agrégé.  ||  Se  désii- 
gréger,  e.  réfl.  Être  désagrégé.  Ces  cavités  [dans 
des  dépôts  de  silice]  s'opposent  à  ce  que  la  substance 
ait  de  la  cohésion  dans  toutes  ses  parties,  aussi ,  en 
se  desséchant,  se  désagrège-t-elle  en  fragments  plus 
ou  moins  petits,  becquerel,  Acad.  des  se.  Comptes- 
rendus,  t.  lui,  p.  4(98. 

—  Etym.  Dés....  préfixe,  et  agréger. 
DÉSAGRÉMENT  (dé-za-gré-man) ,  s.  m.  ||  1"  Chose 

qui  désagrée,  sujet  de  contrariété.  U  s'est  attiré  des 
désagréments.  Je  crains  qu'il  n'essuyé  bien  des  désa- 
gréments, maintenu.-»,  Leit.  à  Mme  des  Ursins, 
7  août  <706.  Des  plaisirs  qu'il  a  fallu  acheter  bien 
cher  et  dont  il  n'a  presque  jamais  que  le  désagré- 
ment et  l'amertume,  mass.  Avent,  Mort  du  Péch. 
Au  lit  de  la  mort,  oserez-vous  présenter  à  Jésus- 
Christ  vos  fatigues  et  les  désagréments  journaliers 


DÉS 

de  votre  emploi?  id.  di>jis  le  Diet.  de  dochez.  J  i'  Dé- 
faut qui  nuit  aux  agréments  extérieurs.  Cette  tache 
au  visage  est  un  grand  désagrément.  M.  de  Saint- 
Ruth,  quel  homme,  bon  Uieu!  et  que  le  désagré- 
ment de  sa  physionomie  donne  de  grandes  idées  des 
qualités  qu'on  ne  connaît  pas!  SÊV.  49. 

—  REM.  Bouhours,  dans  ses  Remarques,  dit  que 
le  mot  est  nouveau  et  commence  à  s'établir;  et  il 
signale  comme  une  locution  précieuse:  ce  fut  un 
grand  désagrément  pour  moi.  Aujourd'hui  le  mot 
est  établi  et  n'a  plus  rien  de  précieux. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  agrément. 

fDÉSAGUERRlR  (dé-za-ghè'-rir),  e.  a.  Désac- 
coutumer des  dangers  de  la  guerre.  Une  population 
désaguerrie. 

—  HIST.  xvi*  s.  Entre  les  autres  maux  et  inconve- 
niens  qui  t'adviennent  pour  estre  desaguerri,  il  faut 
compter  que  tu  te  rends  desprisable  à  un  chacun, 
le  Prince  de  Machiavel,  p.  97,  dans  lacubne.  Il  y  a 
des  princes  qui,  pour  tenir  leur  estât  en  main  as- 
surée, desagguerissent,  tant  qu'ils  peuvent,  leurs 
sujets,  ib.  p.  (35. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  aguerrir. 
tDÉSAIGUIR  (dé-zè-grir).  ||  1°  V.  a.  (JterVaigreur, 

les  qualités  aigres.  On  désaigrit  un  liquide  avec  un 
alcali.  Il  2°  V.  n.  Cesser  d'être  aigre.  Ces  cerises  sont 
encore  aigres;  elles  désaigriront  en  mûrissant. 

—  UIST.  xvi'  s.  Me  plaist  lascher,  pour  desaigrir 
ma  peine.  Aux  pleurs,  aux  criz  et  aux  souspirs  la 
bride,  no  bellay,  :i,  21,  recto.  Lequel,  ains  que 
son  espée  Au  sang  haineux  fust  trempée,  Du  miel 
de  sa  langue  molle  Se  desaigrit  le  souci,  rons.  347. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  aigre. 

t  DÉSAIGlJILLETER(dé-zè-gui-lle-té,  Il  mouil- 
lées; ut  comme  dans  huile.  Le  (  se  double  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  désaiguillette) ,  v.  a. 
Défaire  les  aiguillettes. 

—  Etym.  Dés....  préfixe,  et  aiguillette. 

t  DÉSALMANTER  (dé-zè-man-té),  v.  a.  Terme 
de  physiiiue.  Détruire  l'aimantation.  ||  Se  désaiman- 
ter, ».  réfl.  Perdre  son  aimantation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  aimanter. 

t  DÉSAIMER  (dé-zè-mé) ,  «.  o.  Cesser  d'aimer. 
Pourquoi  les  Français  ne  diraient-ils  pas  désaimer, 
quand  ils  aiment  si  vite  et  désaiment  si  vite  encore 
d'après  le  caprice  du  moment?  mercier.  Néologie, 
mot  désaimer.  En  vivant  avec  lui  [St-Simon,  l'au- 
teur des  mémoires],  j'ai  passé  par  plus  d'une  phase; 
je  l'ai  adopté,  critiqué;  je  l'ai  aimé  et  désaimé,  Mi- 
CHELET,  Louis  XIV  et  le  duc  de  Bourgogne,  p.  451. 

—  REM.  Le  mot  est  ancien,  et  non,  comme  le 
croyait  Mercier,  un  néologisme. 

—  HIST.  xui*  s.  Cils  me  veut  bien  desnuer  De 
joieuse  vie,  Qui  m'exhorte  à  desamer  Dame  si  jolie 
Et  qui  tant  fet  àloer,  Poésies  mss.  avant  1300,  t.  iv, 
p.  1396,  dans  LACURNE.  ||  xvi'  s.  L'ardent  ennui  de 
ma  froide  poison  Un  autre  aimant,  je  mesuisdésaimé; 
Ainsi  je  meur,  vivant  sans  estre  aimé,  Poésies  de 
Loys  le  Caron,  f"  12,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dés,...  préfixe,  et  aimer;  provenç.  de- 
xamar. 

t  DÉSAIUER  (dé-zè-ré) ,  i\  o.  Terme  de  fauconne- 
rie. Tirer  les  oiseaux  de  l'aire  ou  de  l'endroit  où  on 
les  nourrit. 

—  HIST.  xvi"  s.  Prendre  et  desairer  oyseaux  de 
proye,  Coustumier  génér.  t.  u,  p.  759. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  aire. 

f  DÉSAISE  (dé-zè-z')  ,  s.  m.  hicommodité,  ma- 
laise. Peu  usité. 

—  HIST.  XV*  s.  Car  mieux  me  vault  tout  i  un  cop 
morir,  Que  longuement  en  desaise  languir,  cii. 
D'ORL.  4  0. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  aise. 
DÉSAJCSTÉ,  ÊE  (dé-za-ju-sté,  stée),  part,  passé. 

Pièces  désajustées  dans  une  machine.  ||  Terme  de 
manège.  Cheval  désajusté,  cheval  dont  les  bonnes 
allures  sont  dérangées. 

+  DÉSAJCSTE.MENT  (dé-za-ju-ste-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  désajuster  une  machine. 

—  ETYM.  Déiajuster. 

DÉSAJUSTER  (  dé-za-ju-sté),  t'.  a.  Déranger  ce 
qui  était  ajusté.  Désajuster  un  canon.  Désajuster  la 
parure  de  quelqu'un.  Si  le  soin  que  l'on  aura  de 
l'éviter  [un  mauvais  sou]  d'un  côté,  fait  que  de  l'au- 
tre on  dèsajuste  sa  période,  il  vaut  mieux  tomber 
dans  l'inconvénient  du  mauvais  son,  pourvu  qu'il 
ne  choque  pas  trop  rudement  l'oreille,  que  de  çom- 
pre  la  juste  cadence  d'une  période,  vaugel.  Ilem, 
t.  I,  p.  33,  dans  polgkns.  |{  Se  dés.ijuster,  v.  réfl 
Être  désajusté.  La  machine  s'est  désajustée. 

—  HIST.  ivi*  s.  Desadjuster,  cotorave. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  ajuster. 

t  DÉSALIGNEMENT  (  dé-za-li-gne-man  ) ,  s.m. 


DÉS 


DES 


DÉS 


1091 


Tonne  d'art  militaire.   Désordre  dans  l'alignement 
d'une  troupe. 

—  ÉTYM.  Désaligner. 

t  DÉSALIGNER  (dé-za-li-gné),  i).  a.  Détruire  un 
alignement.  ||  Terme  d'art  militaire.  Causer  un  dés- 
alignement. 

—  ÊTYM.  Df's....  préfixe,  et  aligner. 

t  DÊSALITEK  (SK)  (dé-za-li-té),  V.  réft.  Cesser 
d'être  alité. 

—  ÈTYH.  Dés....  préfixe,  et  aliter. 

t  DÉSALLAITEMENT  (dé-za-l&-te-man) ,  s.  m. 
Cessation  de  l'allaitement. 

t  DÉSAFXAITER  (dé-za-lè-té),  V.  a.  Ne  plus  al- 
laiter. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  allaiter. 
fDÉSALLIER  (  dé-za-li-é  )  ,  V.  a.   Faire   cesser 

l'alliance,   l'union.  ||  Se  désallier,  v.  réft.  Rompre 
une  alliance. 

—  HiST.  xvi'  s.  Ces  deux  amants  estant,  par  la 
faveur  céleste,  miraculeusement  ralliés....  ils  furent 
desalliés  par  la  faute  de  la  trop  belle  espousée,  yver, 
p.  B49.  Ainsi  de  son  rosier  la  fleur  on  desallie  Pour 
en  faire  un  bouquet....  m.  p.  613. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  allier. 

t  DÉSALTÉRANT,  ANTE  (dé-zal-té-ran ,  ran-f), 
adj.  Qui  désaltère.  Son  vin  noir  et  grossier,  mais 
dés.-iltérant  et  sain,  J.  J.  rouss.  Ém.  m. 

DÉSALTÉRÉ,  ÉE  (dé-zal-té-ré,  rée) ,  fart,  passé. 
Dont  la  soif  est  apaisée.  Dans  son  sang  inhumain 
les  chiens  désaltérés,  rac.  Àlhal.  i,  t.  Monstres 
désaltérés  dans  le  sang  des  mortels,  volt.  Ml.  ii,  2. 

DÉSALTÉRER  (dé-zal-té-ré.  La  syllabe  té  prend 
l'aci-'ent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  rnuette  : 
je  désaltère;  excepté  (exception  inconséquente)  au 
futur  et  au  conditionnel:  je  désaltérerai;  je  désal- 
térerais), t'.  a.  Il  1»  Apaiser,  en  parlant  de  la  soif.  Ce 
verre  d'eau  m'a  désaltéré.  ||  Absolument.  L'eau  rou- 
gie  désaltère  mieux  que  l'eau  pure.  ||  Fig.  La  rosée 
désaltère  les  plantes.  Constance  dans  son  sang  pourra 
désaltérer  Cette  brûlante  soif  qui  nous  fait  soupirer, 
TRISTAN, jlf.  de  Chrispe,  iv,  7.  ||  Par  extension,  four- 
nira quelqu'un  sa  boisson.  Pour  l'avoir  sans  relâche 
un  an ,  sur  sa  parole,  Habillé,  voiture,  coiffé,  chaussé, 
ganté.  Alimenté,  rasé,  désaltéré,  porté,  regnard, 
le  Joueur,  m,  4.  ||  2°  Se  désaltérer,  v.  réft.  Satis- 
faire sa  soif,  boire.  Un  agneau  se  désaltérait  Dans  le 
courant  d'une  onde  pure,  la  font,  fafti.  i,  <o. 

—  lliST.  XVI"  s.  Que  fera  il  si  on  le  presse  de  la 
subtilité  sophistique  de  quelque  syllogisme?  Le  jam- 
bon faict  boire,  le  boire  désaltère;  par  quoi  le  jam- 
bon désaltère,  mont,  i,  (90.  Je  ne  sceus  avaller  une 
seule  goutte,  et  feus  privé  de  boire  pour  le  besoing 
mesme  de  mon  repas;  je  me  trouvai  saoul  et  désal- 
téré par  tant  de  bruvage  que  mon  imagination  avoit 
préoccupé,  m.  m,  66. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  altérer. 

t  DÉSAMARRER  (dé-za-ma-ré)  ,v.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Détacher  un  bâtiment,  un  objet  qui  est  amarré. 

—  ÉTY.M.  Dés....  préfixe,  el  amarre. 

t  DÉSAMASSER  (dé-za-mâ-sé) ,  V.  a.  Cesser  d'a- 
masser; dissiper  ce  qu'on  a  su  amasser. 

—  HIST.  XVI*  s.  Desamasser,  oudin. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  amasser. 

I  DÉSAMONCELER  ( dé-za-mon-se-lé),  je  désa- 
moncelle,  je  désamoncelais,  je  désamoucellerai, 
ti.  a.  Défaire  un  monceau. 

—  HIST.  XIII*  s.  Se  desamonceler,  GtiiLL.  omART, 

ms.  f"  285,  danSLACDKNE. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  amonceler. 
DKSAMORÇAGE  (dé-za-mor-sa-j'),  s.  m.  Action  de 

désamorcer. 

+  DÉSAMORCER  (dé-za-mor-sé.  Le  c  prend  une 
cédille  devant  a  et  o  :  désamorçant,  désamorçons), 
V.  a.  Oter  l'amorce  d'une  arme  à  feu.  ||  Désamorcer 
une  pompe,  Ôter  l'eau  qui  est  dans  le  tuyau  et  qui  per- 
met au  vide  de  se  faire  et  au  piston  de  fonctionner. 

—  ÉTYM.  Dés.   .  préfixe,  et  amorcer. 
jDÉSAMODR  (dé-za-mour),  s.  m.   Cessation  de 

l'amour,  refroidissement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Vostre  desamour  et  nonchalence 
d'aimer,  Nature  d'amour,  f°  305,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  amour;  provenç. 
ilesamor  ;  espagn.  disamor;  ital.  disamore. 

t  DÉSAMOCRACHER  (dé-za-mou-ra-ché),  t'.  o. 
Faire  cesser  une  amourette.  ||  Se  désamouracher, 
D.  réft.  Renoncer  à  une  amourette. 

—.HIST.  XVI*  s.  Se  desamouracher,  oudin. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  amouracher. 

t  DÉSANCUER  (dé-zan-ché),  v.  a.  Terme  de  mu- 
bique.  ôter  l'anche  d'un  instrument  à  vent. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  anche. 
DÉSANCRER  (dé-zan-kré) ,  v.  n.   ||   1°  Terme  de 

marine.  Lever  l'ancre.   ||  2°  Fig.  et  actif.  Arracher 


quelqu'un  d'un  lieu  où  il  se  plaît,  où  il  est  depuis  long- 
temps retenu  par  quelque  attrait.  Est-ce  qu'on  ne 
pourra  pas  le  désancrer  de  cette  maison  ?Désancrer 
quelque  chose,  l'ôter  de  l'esprit.  On  eut  beaucoup  de 
peine  à  désancrer  une  opinion  si  fortement  ancrée. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  puis  si  se  fist  desancrer  ;  Dres- 
sent les  voiles, si  s'en  vont,  Fl.el  Blancheft.  Ms.  de  St 
G.(°  <93,  dans  LACURNE.  Et  maintenant  il  nous  des- 
ancrerent  et  nous  remenerentbien  unegrant  lieue 
ariereversBabiloine  [le  CaireJ,  joinv.  248.  ||  xv*  s. 
Lendemain,  ils  se desancrerent et  se  mirent  à  che- 
min, PROiss.  1,1,4  8.  Si  entrèrent  en  leurs  vaisseaux 
qui  chargés  estoient,  et  desancrerent  du  havre  de 
Pleumonde,  ID.  11,  ii,  33.  ||  xvi's.  Le  marinier  qui 
prend  terre  ets'arreste,  Pour  la  fureur  de  l'orage  et 
tempeste,Desancrealorsque  les  flots  sont  amis,MAROT, 
II,  <85.  Sans  double  l'amiralle  de  Bryon  l'avoit  des- 
ancré du  cœur  et  de  l'amitié  du  feu  Roy,  carl.  ii,  9. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  ancre. 

t  DÉSANIMÉ,  ÉE  ( dé-za-ni-mé,  mée),  part, 
passé.  Qui  a  cessé  de  vivre.  De  sorte  qu'à  présent 
deux  corps  désanimés  Termineront  l'exploit  de  tant 
de  gens  armés,  corn.  Clil.  ii,  3. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  animé. 

f  DÉSANIMER  (dé-za-ni-mé),  t).  a.  ôter  l'âme, 
la  vie.  Il  Se  désanimer,  v.  réft.  Perdre  l'âme,  la  vie, 
l'animation. 

t  DÊSANOBLIR  (dé-za-no-blir) ,  v.  a.  Faire  per- 
dre la  noblesse. 

—  REM.  DésanoWir  n'est  pas  un  mot  bien  fait;  il 
faudrait  d^nobitr.Désanoblir  signifie  cesser  d'anoblir; 
et,  comme  l'anoblissement  n'est  pas  une  chose  qui 
se  continue,  désanobllr  pêche  contre  l'exactitude. 

—  HIST.  XVI*  s.  Pauvreté  n'est  point  vice  et  ne 
desanoblit  point,  loysel,  34. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  anoblir. 
DÉSAPPAREILLÉ,  ÉE   (  dé-za-pa-rè-Ué,   liée.  Il 

mouillées),  part,  passé. 

DÉSAPPAREILLER  (dé-za-pa-rè-Ué,  Il  mouillées, 
et  non  dé-za-pa-rè-yé).  ||  1°  V.  a.  Ôter  une  ou  plu- 
sieurs choses  d'un  certain  nombre  de  choses  pa- 
reilles, dont  la  réunion  forme  une  sorte  d'assorti- 
ment. On  dit  plus  ordinairement  et  beaucoup  mieux 
dépareiller.  \[2°V.  n.  Terme  de  marine.  Faire  le  con- 
traire d'appareiller.  Mot  donné  par  quelques  lexico- 
graphes, mais  qui  ne  se  trouve  pas  dans  les  diction- 
naires de  marine.  ||  3°  Se  désappareiller,  v.  réft. 
Cesser  d'être  appareillé. 

—  HIST.  XI*  s.  Et  s'il  fust  desapereilé  que  il  ne 
out  ne  chival  ne  les  armes,  iois  de  Guill.  24.  ||  xv"  s. 
Icelluy  Huguet  par  son  yvresse  se  desappareilla  et 
esta  ce  qu'on  avoit  mis  sur  icelle  playe,  du  cange, 
apparamcnta.  Â  tant  se  partit  la  demoyselle,  qui 
plus  ne  dit  mot,  et  le  preux  Gallafar  demoura,  qui 
commença  à  soy  desappareiller  pour  soy  coucher  au 
lict,  Pereeforest,  t.  v,  f°  6i. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  appareiller. 
DÉSAPPARIÉ,  ÉE  (dé-za-pa-ri-é,  ée),  part,  passé. 

Des  pigeons  désappariés. 

DÉSAPPARIER  (dé-za-pa-ri-é),  je  désappariais, 
nous  désappariions,  vous  désappariiez;  que  je  dés- 
apparie, que  nous  désappariions,  que  vous  désappa- 
riiez, V.  a.  Séparer  un  couple  d'oiseaux.  Désappa- 
riez ces  perdrix. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  apparier. 

t  DÉSAPPÊTISSER  (dé-za-pé-ti-sé),  t).  a.  Faire 
perdre  l'appétit.  Cette  odeur  est  si  fade  qu'elle  me 
désappétisse.  ||  Se  désappétisser,  v.  réft.  Perdre  l'ap- 
pétit. 

—  HIST.  xvi*  s.  Désappétisser,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  appétissant. 

t  DÉSAPPLICATION  (  dé-za-pli-ka-.sion),  s.  f. 
Terme  de  métier.  Action  de  désappliquer.  ||  P'ig. 
Cessation  de  l'application. 

—  ÉTYM.  Désappliquer. 

t  DÉSAPPLIQUER (dé-za-pli-ké),».  a.  ||  l°Terme 
de  métier.  Enlever  un  objet  qui  est  appliqué  sur  un 
autre.  ||  2°  Fig.  Détacher  du  travail.  Le  temps  me 
désappliquera  des  objets  qui  m'occupent  ,  l'ort- 
royal,  Education  d'un  prince,  p.  4  13,  dans  Hi- 
CHELET.  Il  3°  Se  désappliquer,  v.  réft.  Cesser  d'être 
appliqué  au  travail. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  appliquer. 
DÉSAPPOINTÉ,  ÉE  (dé-za-poin-té,   tée),  part. 

passé.  Trompé  dans  son  attente.  11  s'en  retourna 
désappointé. 

DÉSAPPOINTEMENT  (dé-za-poin-te-man) ,  s.  m. 
Il  1°  Anciennement,  action  de  désappointer  dans  le 
sens  de  ôter,  rayer  quelqu'un  de  l'état  des  soldats 
ou  officiers  de  guerre  entretenus.  ||  2°  Attente  déçue. 
Mon  désappointement  politique  me  donna  sans  doute 
l'humeur  qui  me  fit  écrire  la  note  satirique  contre 
les  quakers,  chateaub.  Amer.  3I4. 


—  HIST.  XV*  s.  Il  vint  à  sa  cognoissance  que  It 
duc  de  Berry  très  impatiemment  portoit  son  désap- 
pointement du  dit  gouvernement,  juv.  les  i.rsins, 
dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  xvi*  s.  L'on  y  mesloit  de 
la  vengeance  contre  uns  et  autres  grands  seigneurs, 
dont  on  requeroit  le  desapointement,  pasq.  llecher- 
chcs,  p.  80,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Désappointer. 

DÉSAPPOINTER  (dé-za-poin-té),  v.  a.  ||  1*  Au- 
trefois, rayer  un  militaire  des  contrôles  de  l'arm.ée. 
Désappointer  un  capitaine.  ||  2°  Fig.  Décevoir  quel- 
qu'un dans  son  attente.  Cela  dut  bien  le  désappoin- 
ter. Il  3*  Terme  de  commerce.  Désappointer  une  pièce 
d'étoffe;  couper  les  points  de  fil  ou  de  ficelle  qui 
tiennent  en  état  les  plis  de  cette  pièce. 

—  HIST.  XV*  s.  Messire  Arnaidd  de  Corbie,  chan- 
cellier  de  France,  feut  desappoincté  [destitué],  et 
en  son  lieu  mis  un  nommé  maistre  Kustache  de  Lai- 
tre,  juvÉN.  Charles  VI,  <4I3.  Sages  et  notables 
chevaliers  que  le  roy  Loys  avoit  tous  desappoinctez 
à  l'heure  qu'il  vint  à  la  couronne,  comm.  i,  3.  {|  xvi"  s. 
Il  voulut  user  du  conseil  des  princes  de  son  sang, 
et  autres  serviteurs  du  feu  roy,  et  n'en  desapoiiita 
un  seul,  mais  les  maintint  en  leurs  estais,  m.   du 

BELL.    13. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  appointer  dans  le 
sens  de  nommer  à  un  emploi. 

DÉSAPPRENDRE  (dé-za-pren-dr') ,  je  désapprends, 
tu  désapprends,  il  désapprend,  nous  désapprenons', 
vous  désapprenez,  ils  désapprennent;  je  (lésa]ipre- 
nais;  je  désappris;  je  dés.ipprendrai;  je  désappren- 
drais; désapprends,  désapprenons;  que  je  désap- 
prenne, que  nous  désapprenions;  que  je  désapprisse; 
désapprenant;  désappris,  v.  a.  \\  1°  Oublier  ce  qu'on 
avait  appris.  Antistliène  disait  que  la  science  la  plus 
difficile  était  de  désapprendre  le  mal,  fên.  Anlisth. 
Il  Absolument.  Quand  l'écolier  se  né5:lige,  il  désap- 
prend. Il  2°  Se  désapprendre,  v.  réft.  Être  désappris. 
Une  langue  étrangère  .se  désapprend  vite,  si  on  ne 
continue  à  lire  ou  à  parler. 

—  HIST.  XIV*  s.  Je  puis  faire  d'un  fol  un  sage.  Se 
je  le  met  en  mon  servage;  Car  nulz  ii'iert  jà  si  desa- 
pris,  Se  je  le  preing,  ne  soit  apris  De  sens,  d'on- 
neur,  de  courtoisie,  machault,  p.  18.  ||  xvi*  s.  Là 
response  d'Aiitisthenes  à  celuy  qui  luy  demandoit  le 
meilleur  apprentissage  :  desapprendre  le  mal,  mont. 
n,  423. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  apprendre;  provenç. 
desaprendre,  desaprenre,  desaprener;  espagn.  desa- 
prender  ;  ital.  disapprendere. 

DÉSAPPRIS,  ISE  (dé-za-pri,  pri-z'),  part,  passé 
de  désapprendre.  Des  leçons  bientôt  désapprises. 

DÉSAPPROBATEUR,  TRICE  (dé-za-pro-ba-teur, 
tri-s'),  adj.  ||  1°  Oui  désapprouve.  Langage  désap- 
probateur. Il  2°  Substantivement.  C'est  un  désappro- 
bateur des  banalités. 

—  ÉTYil.  Dés....  préfixe,  et  approbateur. 
DÉSAPPROBATION   (dé-za-pro-ha-sion  ;  en  poé- 
sie, de  six  syllabes),  s.  f.   Action  de  désapprouver. 

—  ÉTY'M.  Dés....  préfixe,  et  approbation. 
DÉSAPPROPRIATION  (dé-za-pro-pri-a-sioi^,  s.  f. 

Il  1°  Abandon  d'une  propriété.  ||  2°  Renoncement  à 
toute  sorte  de  biens.  Dieu  ne  demande  pas  de  nous 
un  renoncement  qui  soit  égal;  il  y  en  a  qu'il  élève 
à  une  condition  plus  parfaite  et  qu'il  engage  par 
une  désappropriation  extérieure  des  biens,  des  hon- 
neurs, des  plaisirs....  Éclaircissements  sur  la  vie 
monastique,  dans  hichelet.  La  doctrine  des  philo- 
sophes cyniques  qui  était  l'esprit  de  désappropria- 
tion, VOLT.  Phil.  III,  300. 

—  ÉTYM.  Désapproprier. 
DÉSAPPROPRIÉ,  ÉE  (dé-za-pro-pri-é,  ée),  part. 

passé.  Désapproprié  de  ce  qu'il  avait  possédé. 

t  DÉSAPPROPRIEMENT  (dé-za-pro-pri-man),  s. 
m.  Synonyme  de  désappropriation. 

—  ÉTYM.  Désapproprier. 
DÉSAPPROPRIER  (dé-sa-pro-pri-é) ,  je  désappro- 

priais,  nous  désappropriions,  vous  désappropriiez; 
que  je  désapproprié,  que  nous  désappropriions,  que 
vous  désappropriiez,  v.  a.  ||  1°  ôler,  faire  perdre  à 
quelqu'un  la  propriété  d'une  chose.  ||  Terme  de  dé- 
votion. Produire  la  renonciation  à  tous  biens.  Il  n'y 
a  que  la  perte,  et  la  perte  que  Dieu  opère  lui- 
même,  qui  nous  désapproprié  véritablement,  fén. 
t.  XYiii,  p.  418.  Il  2°  Se  désapproprier,  v.  réft.  Faire 
abandon  de  sa  propriété.  Il  ne  dit  pas  que  le  livre 
soit  de  lui,  il  s'en  est  désapproprié,  uoss.  leli. 
quiét.  464.  Il  Terme  de  dévotion.  Renoncer  à  toute 
sorte  de  biens. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  approprier. 
DÉSAPPROUVÉ,  ÉE  (dé-ïa-prou-\é,  vée),  part. 

passé.  Désapprouvé  de  ses  onfrères.  Sa  conduite 
désapprouvée  par  son  père. 


1092 


DES 


DÉSAPPROUVER  (déza-prou-vé) ,  ».  a.  Ne  pas 
approuver.  Tout  le  monde  le  désapprouve.  Son  livre 
a  été  désapprouvé.  Vous  en  pouvez  jouir  et  le  desap- 
prouver, COBN.  Pomp.  m,  s.  J'enlends  ce  qu'on  es- 
time et  ce  qu'on  désap|irouve,  hothou,  Antig.  iv, 
a.  Secourons  sa  valeur  qui  devient  imprudente  El 
cet  emportement  que  nous  désapprouvons,  volt. 
TuncT.y.  s.  Il  Désapprouverque.avecleverbeausub- 
juuclif.  Ne  désapprouvez  pas,  6  généreux  monar- 
ques, Que  nolrealTeclion  vous  prodigue  ses  marques, 
ROTBOU,  St  Gen.  i,  7.  ||  Absolument.  Depuis,  .sa  con- 
duite désavoua  sans  désapprouver,  ségub,  Ilitl.de 
Hapol.  VIII,  2.  Il  Se  désapprouver,  v.  rijl.  Se  refu- 
ser à  soi-même  l'approbation.  Je  l'ai  fait,  mais  je 
me  désapprouve  moi-môme. 

—  SYN.     DÉSAPPBOUVEB,     IMPHOUVER,   BÉPBOUVER. 

Désapprouver,  c'est  ne  pas  approuver.  Improuver, 
c'est  être  contre  l'approbation;  il  exprime  donc  quel- 
que chose  do  plus  que  la  désapprobation.  Réprouver 
enchérit  sur  irnprouver,  et  exprime  une  condamna- 
tion profonde,  absolue.  On  désapprouve  ce  qui  ne 
parait  pas  bien  ;  on  improuve  ce  qui  parai  t  mauvais  ;  on 
réprouve  ce  qui  parait  odieux,  criminel,  détestable. 

—  IllST.  xvi'  s.  l.e  cardinal  a  toujours  desap- 
prouvé telles  procédures  violentes,  principalement 
pour  ce  qui  touche  ma  vie,  henri  iv,  dans  le  Dict. 

de  DOCHEZ. 

—  f.TYM.  Vis....  préfixe,  et  approuter. 

\  DÊSAPPUYÉ,  ÉE  (dé-za-pui-ié,  iée),  adj.  Privé 
de  l'appui. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  seroit  les  induire  à  l'attaquer, 
s'ils  le  voyoient  desappuyé  de  ceux  dont  la  puissance 
leur  est  espouvantable,  langue,  379. 

—  f.TYM.  Dés..  .  préfixe,  et  appuyé. 

t  DÉSARIIOBEU  (dé-zar-bo-ré),  V.  o.  Abattre  ce 
qui  est  arboré  ||  Terme  de  marine.  Alialtre  des  mSts. 

—  Hi.ST.  XVI*  s.  Ses  bandes  arrivées  au  camp ,  fu- 
rent piiblicquement  et  en  signe  d'ignominie  leurs 
enseignes  ostées  et  desarborées,  M.  nu  bellaï,  4uo. 

—  ÉTIeTH.  Dés....  préfixe,  et  arborer. 
DÉSARÇONNÉ,   ÉE  (  dé-zar-so-né ,   née),   part. 

passé.  Il  1°  Jeté  hors  des  arçons.  Désarçonné  dans 
la  joute.  Il  î"  Fig.  et  par  plaisanterie,  qui  a  le  des- 
sous dans  une  discussion,  dans  une  affaire.  ||  Décon- 
certé. Il  fut  désarçonné  par  cette  brusque  apostro- 
phe. Il  Destitué  de  la  place  qu'on  occupait.  Vous 
voilà  dé.sarconné. 

DÉSARÇONNER  (dé-zar-.so-né),  v.  a.  \\  1°  Jeter 
liors  des  arçons,  renverser  de  cheval.  Le  premier 
chevalier  qui  courut  contre  lui  le  désarçonna,  volt. 
Zadig,  1».  Il  2"  Fig.  Désarçonner  quelqu'un,  lui 
faire  perdre  sa  position,  son  emploi.  Keppel  désar- 
çonna Portland  pendant  sa  courte  ambassade  de 
France,  st-sim.  485,  i».  ||3»  Confondre,  déconcer- 
ter. Voilà,  dit  Xantus,  la  pâtisserie  la  plus  méchante 
que  j'aie  jamais  mangée;  il  faut  brûler  l'ouvrière 
[la  femme  de  Xantus]....  Att^dez,  dit  le  paysan,  je 
m'en  vais  quérir  ma  femme,  on  ne  fera  qu'un  bû- 
cher pour  toutes  les  deux;  ce  dernier  trait  désar- 
çonna le  philosophe,  la  font.  Vie  d'Ésope.  Laliriffe 
tombait  dans  mille  panneaux  que  Harlay  lui  tendait 
tous  les  jours ,  et  dont  il  le  relevait  avec  un  air  de 
supériorité  qui  désarçonna  l'autre,  st-?im.  t7,  202. 
Il  4°Se  désarçonner,  v.r^/!.  Se  faire  perdre  les  arçons 
l'un  à  l'autre.  Ils  se  sont  désarçonnés.  ||  Fig.  Être  dé- 
concerté. Ainsi  pressé  de  questions,  il  se  désarçonna. 

—  MIST.  xvi'  s.  Et  s'il  y  pouvoit  parvenir  [au  con- 
sulat], il  avoit  bien  délibéré  de  désarçonner  Caius, 
de  tant  pins  mesmement  que  son  crédit  commen- 
ceoit  à  se  finir,  amyot,  Graeques,  4B. 

—  EiYM.  Dés....  préfixe,  et  arfon. 
DÉSARGENTÉ,    ÉE   ( dé-zar-jan-té,  tée),   part. 

passé.  Des  couverts  désargentés.  ||  Dans  le  langage 
familier,  qui  a  dépensé  tout  son  argent. 

DÉSARGENTER  (dé-zar-jan-té),  t).  a.  ||  1°  Enle- 
ver la  légère  couche  d'argent  sur  un  ebjet  argenté. 
Il  2'  Epuiser  tout  l'argent  comptant.  Les  frais  de 
noce  l'ont  entièrement  désargenté.  ||  3°  Se  désar- 
genter, V.  réfl.  Perdre  la  couche  d'argent.  Ces  chan- 
deliers se  désargentent.  ||  Dépenser  son  argent.  À 
Paris  on  se  désargente  promptement. 

—  Etym.  Dés....  préfixe,  et  argent. 
DÉSARMÉ,  ÉE  (dô-zar-mé,  mée),parl.passé.  ||  1° 

Oui  n'a  plus  ses  armes.  Mars  désarmé  parvenus.  Tu 
me  vois  désarmé;  comment  puis-je  répondre? volt. 
ilér.y,  s.  Mais  seuls  et  désarmés,  esclaves  et  vic- 
tinies....  iD.  Orph.  v,  6.  ||2°Par  extension.  Venir  en 
visite  amoureuse  avec...  un  chapeau  désarmé  de 
plumes,  MOL.  Pric.rid.  B.  Kt  le  front  dé.sarmé  de  ce 
regard  terrible,  CORN.  Sert,  m,  î.  Ne  pourrai-je  sur- 
prendre un  regard  favorable.  Un  regard  désarmé  de 
toutes  ces  rigueurs?  id.  Nicom.  i,  a.  ||  S-  Qui  n'a 
pltii  des  «enliments  de  haine,  de  colère,  de  ressen- 


DÉS 

liment,  etc.  Hais,  malgré  ses  soupçons,  le  cruel 
.\murat  N'osait  sacrifier  ce  frère  à  sa  vengeance  Ni 
du  sang  ottoman  proscrire  l'espérance;  Ainsi  donc 
pour  un  temps  Amurat  désarmé  Laissa  dans  le  sé- 
rail liajazet  enfermé,  rac.  llaj.  I,  ).  Un  roi  qui.... 
L.iisse  aux  pleurs  d'une  épouse  attendrir  sa  victoire, 
Kt,  par  les  malheureux  quelquefois  désarmé.  Sait 
imiter  en  tout  les  dieux  qui  l'ont  formé,  m.  Iphig. 
m,  4.  [Je  pensais]  Que  son  fils  me  la  dût  renvoyer 
désarmée,  id.  Àndrum.  ii,  B.  Croirai-je  que  vos  yeux 

à  la  fin  désarmés....  id.  ib.  iv,  3 J'ai  ri,  me 

voilà  désarmé,  piron,  Méirom.  m,  9.  ||  4°  Terme 
d'histoire  naturelle.  Oui  est  dépourvu  de  piquants, 
d'aiguillons,  de  cornes.  ||  6°  En  parlant  des  jietites 
armes  à  feu  ,  dont  la  batterie  est  au  repos.  Fusil, 
pistolet  désarmé.  ||  Terme  d'artillerie.  Canon  dés- 
armé, canon  dont  on  a  ôté  le  boulet.  ||  6°  Terme  de 
blason,  qui  se  dit  de  l'aigle  sans  ongles. 

DÉSARMEMENT  (dé-zar-me-man),  s.  m.  ||  1°  Ac- 
tion de  faire  rendre  les  armes  à  une  troupe  ou  de 
les  lui  enlever.  Le  désarmement  de  la  garnison, 
d'un  régiment.  ||  2"  Action  d'une  puissance  qui 
passe  du  pied  de  guerre  à  l'état  de  paix.  Pendant 
longtemps  en  Europe,  les  circonstances  n'ont  pas 
permis  le  désarmement.  ||  État  d'une  puissance  qui  a 
réduit  ses  forces  permanentes.  ||  3°  Terme  d'escrime. 
Action  de  faire  sauter  l'arme  des  mains  de  l'adver- 
saire. Un  coup  de  désarmement.  |]  4»  Aclion  de  dés- 
armer un  navire.  Le  désarmement  de  l'escadre. 

—  HIST.  xvt"  s.  Il  fut  ordonné  aux  cours  de  parle- 
ments de  tenir  la  main  aux  publications,  et  puis  aux 
desarmemens,  d'aub.  Uist.  i,  260. 

—  ÉTYM.  Désarmer. 

DÉSARMER  (dé-zar-mé),  ».  a.  ||  1°  Débarrasser 
quelqu'un  de  son  armure.  |{  2°  Enlever  à  quelqu'un 
ses  armes  ou  le  contraindreàles rendre.  On  désarma 
la  garde  nationale.  Désarmez  les  vaincus  sans  les 
désespérer,  bac.  Alex,  m,  7.  Et  pour  le  désarmer  il 
avance  le  bras,  id.  Théb.  v,  3.  ||  Fig.  Hercule  à  dés- 
armer coûtait  moins  qu'Hippolyte,  Et,  vaincu  plus 
souvent  et  plus  tôt  surmonté.  Préparait  moins  de 
gloire  aux  yeux  qui  l'ont  dompté,  id.  Phèdre, u,  t. 
Il  3"  Terme  d'escrime.  Désarmer  son  adversaire,  lui 
faire  sauter  l'épée  hors  de  la  main.  ||  4°  Terme  de  ma- 
nège. Désarmer  les  lèvres  d'un  cheval,  désarmer  un 
cheval,  tenir  ses  lèvres  hors  de  dessus  les  barres. 
Il  6"  Fig.  Apaiser Vous  pouvez  d'un  mot  désar- 
mer sa  colère,  corn.  Pomp.  iv,  2.  Plût  aux  dieux.... 
Que  sa  bonté  [de  César]  touchât  la  beauté  qui  me 
charme.  Et  la  pût  adoucir  comme  elle  me  désarme  1 
id.  Cinna,  m,  2.  Mais  je  vous  ai  laissé  désarmer 
mon  courroux,  id.  Rodog.  v,  4.  Il  ne  faut  qu'un  peu 
de  patience  pour  désarrter  la  colère  des  belles,  ha- 
milt.  Gramm.  9.  Cette  action  acheva  de  le  désar- 
mer, ID.  ib.  8.  [Rome]  Ne  désarma  point  sa  fu- 
reur vengeresse  Qu'elle  n'eût  accablé  l'amant  et 
la  maîtresse,  rac.  Bérén.u,  2.  Vos  pleurs,  votre 
présence  N'ont  point  de  ces  cruels  désarmé  l'inso- 
lence, ID.  Brit.  II,  6.  Rarement  l'amitié  désarme  sa 
colère  [de  Mithridate],  id.  Mithr.  i,  6.  Sans  doute, 
ce  chagrin  qui  vient  de  m'alarmer  N'est  qu'un  léger 
soupçon  facile  à  désarmer,  m.  Bérén.  ii,  5.  Il  ne 
propose  son  système  qu'avec  une  modestie  qui  en 
répare  la  faiblesse  et  désarme  les  critiques,  fonten. 
Guglieltnini.  Vous  n'êtes  point  ici  sous  vos  antiques 
rois  Qui  laissent  désarmer  la  rigueur  de  leurs  lois, 
VOLT.  Orphel.  v,  2.  Le  vieux  divan  [les  vieilles  non- 
nes], désarmant  sa  vengeance,  De  l'exilé  borna  la 
pénitence,  gresset,  Vert-Vert,  iv.  U  sut  triompher 
des  difficultés  par  les  deux  moyens  les  plussilrs  peut- 
être  pour  désarmer  l'amour-propre,  la  modestie  et 
la  pureté  d'intentions  et  de  conduite,  condorcet, 
Duhamel.  \\  6"  Dépouiller,  priver.  Ces  princes  que 
la  mort  a  désarmés  de  leur  puissance.  Mais  [ô  Dieu] 
désarme  d'éclairs  ta  divine  éloquence;  Fai.s-la  couler 
sans  bruit  au  milieu  de  mon  cœur,  corn.  Imit. 
III,  2.  Il  7°  Terme  de  marine.  Désarmer  un  vaisseau, 
lui  4ter  son  artillerie,  ses  agrès,  etc.  le  rendre  inu- 
tile pour  la  guerre.  Nous  gagnâmes  enfin  Toulon  ; 
on  avait  commencé  à  y  désarmer  les  vaisseaux  arri- 
vés avant  nous,  ilém.  de  Villette  en  1674,  dansjAL. 
Il  Absolument.  La  llolte  doit  désarmer.  Ce  vais- 
seau alla  désarmer  à  Brest.  ||  Désarmer  les  avirons, 
les  rentrer  après  qu'ils  ont  nagé.  {|  8°  Terme  de 
guerre.  Désarmer  un  canon,  en  ôter  le  boulet 
Il  Désarmer  un  fusil,  mettre  sa  batterie  à  l'état  de 
repos.  Il  9°  V.  n.  Cesser  de  se  tenir  sur  le  pied  de 
guerre,  congédier  des  troupes.  Les  puissances,  la 
paix  conclue,  désarmèrent Qu'ils  ne  désarme- 
raient point  qu'on  ne  leur  eût  mis  entre  les  mains 
les  auteurs  de  la  division,  vaugel.  Q.  C.  579.  U 
(Clément  XI]  arma,  et  s'en  repentit  bientôt;  il  vit 
que  les  Romains,  sous  un  gouvernement  tout  sacer- 


DES 

dotal,  n'étaient  pas  faits  pour  manier  l'épée;  il 
désarma,  volt.  Louis  XIV,  2t.  jl  Terme  de  marine. 
Être  congédié  et  quitter  un  bAtiment.  Ces  matelots 
dé.sannent.  L'équipage  désarme.  ||  10°  Se  désarmer, 
».  réfl.  ôter  son  armure,  quitter  ses  armes.  ||  Fig. 
Se  laisser  fléchir.  Heureux,  sage  Nestor,  si  le  fils 
de  Thétis,  Touché  de  nos  malheurs,  se  désarme  à 
ce  prix,  desfontainks. 

—  HIST.  XI'  s.  Icele  nuit  [il]  ne  se  velt  desarmer, 
Ch.  de  Hol.  clxxix.  ||  xu'  s.  De  moi  desarmer  fu 
adroite,  Qu'ele  le  fist  et  bien  et  bel,  Et  m'afubla 
d'un  cort  mantel,  cbestien  de  teoies.  Cheval,  au 
lyon,  v.  228.  Dist  lur  que  il  alassent  à  lui  tut  dés- 
armé; Il  mirent  jus  lur  armes,  quant  ço  luroutmus- 
tré;  Vindient  à  l'arcevesque....  Th.lemart.  (26.  Pur 
coqu'iertdezarmés,  tut  premiers  le  siwi,  E  bienfuco- 
neUz  e  al  vis  e  al  cri  ;  Une  cote  vert  out  e  mantel 
mi-parti,  ib.  I6u.  Grant  honte  en  ot  por  lesaperle- 
naus;  Rien  sot  qu'estoit  Bernier  ses  max  vuellans; 
Desarmeis  ert,  s'en  fu  mu  et  taisaus,  Raoul  de  C.  92. 
Desarmés  [ils]  ont  les  Grii  [Grecs]  soupris;  Assez  en 
ont  et  mors  et  pris,CAUT.  d'abras,  p.  300,  verso, 
col.  4.  Il  XIII*  s.  Dont  se  désarmèrent  corne  cil  qui 
moût  estoient  lassé  et  tiavaillié,  villeh.  lxxxiii.  Chil 
clievauchierent  tout  desarmé  comme  chil  qui  nedou- 
toient  que  nus  encombriersleur  deust  avenir,  ii.  de 
valenc.  XIV.  Li  cors  le  comte  de  saint  Pol  fu  desar- 
més et  fu  vuidiés  et  embaussemé  et  fu  mis  en  un 
lonc  coffre,  Chron.  de  Rains,  <76.  Puis  qu'il  pert 
les  armes  esqueles  il  se  présente,  il  demore,  quant 
il  est  desarmés,  en  pure  se  [sa]  quemise,  beaum. 
lxiv,  2.  Si  l'ot  tost  mort,  car  il  estoit  armez,  et 
Hanguis  desarmez,  Merlin,  f°  43,  verso.  \\  xiV  s.  Se 
vient  à  l'assaillir,  par  la  vierge  sauvée  !  Point  n'y  fau- 
dra aler  à  teste  desarmée,  Cuesci.  t98il-)9836.  ||  xv 
s.  Kt  s'en  alla  chascun  desarmer  et  coucher,  comh. 
1,  6.  Il  s'en  va  au  petit  lit,  et  tout  coiement  de  sa 
robe  se  desarme  [dévêt],  louisxi,  Aou».ix.  Lors  sur 
la  meschine  se  desarma  de  [lui  remit]  l'estamioe  et 
du  bluteau,iD.  tb.  xvii.  Elle  lui  manda  que,  du  plutost 
qu'elle  sauroit  se  desarmer  de  son  mari,  qu'elle  vien- 
droit  vers  lui,  ID.  ib.  xxxix.  ||  xvi*  s.  Si  nous  nous  des- 
armons, le  roi  nous  mesprisera,  d'aub.  Hiil.  ii,  42& 
Il  la  desarme  [dépouille]  maintenant  de  ses  pierre- 
ries et  riches  joyaulx,  carl.  u,  41.  Ces  instantes 
prières  luy  désarmèrent  ce  martel  de  la  fantaisie, 
et  le  firent  plier  à  miséricorde,  id.  vu,  4.  La  confes- 
sion généreuse  et  libre  énerve  le  reproche  et  de- 
saime l'injure,  mont,  iv,  <I4. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  arme; provenç.  et  es- 
pagn.  desarmar;  ital.  disarmare. 

t  DÉSARRANGER  (dé-za-ran-jé.  Le  g  prend  un  e 
devant  a  ou  o  :  nous  désarrangeons,  je  désarran- 
geais),  ».  o.  ôter  des  choses  de  leur  arrangement. 
Il  ne  les  désarrange  pas  pour  cela,  desc.  Metéor.  e. 
Les  meubles  furent  aussi  remis  en  place,  non  pas  du 
tout  si  entiers  que  lorsqu'on  les  désarrangea,  scarr. 
Rom.  coin.  I,  3. 

—  Ety'M.  Dés....  préfixe,  et  arranger;  provenç. 
desarengar  ;  portug.  desarranjar. 

t  DÉSARRIMAGE  (dé-za-ri-ma-j") ,  s.  m.  Terme 
de  marine.  Action  de  désarrimer. 

f  DÉSARRIMER  (dé-za-ri-mé),  ».  a.  Terme  de 
marine.  Déranger  les  objets  arrimés  dans  la  cale 
d'un  navire. 

—  ËTYM.  Dés....  préfixe,  et  arrimer. 

DÉSARROI  (dé-za-roi),  s.  m.  ||  1°  Trouble  qui  sur- 
vient dans  les  choses,  confusion.  Je  trouvai  les  che- 
mins et  les  postes  en  grand  désarroi,  st-sim.  t4,  isa. 
L'abbé  de  la  Proustière,  leur  parent  [de  Chamillart], 
mit  leurs  affaires  en  désarroi,  id.  236,  i38.  |j  2°  Fig. 
Le  désarroi  des  opinions,  des  doctrines. 

—  HIST.  XII'  s.  Grant  desroi  mènent  cil  destrier 
sojornez  [tenus  longtemps  au  repos],  Ronc,  p.  46. 
Lors  dist  à  ses  barons  :  s;i  parole  a  desroi  [est  désor- 
donnée], ib.  p.  199.  Dune  dist  li  reis  Henris:  einsi 
le  vus  otrei.  Or  nus  leissiez,  funt-il:  nus  en  pren- 
drum  conrei  :  Car  tut  li  abatrun ,  voil  u  nun ,  le  des- 
rei.  Th.  le  mari.  42.  ||  xiii' s.  Et  li  cris  lieve  en 
l'ost  et  s'en  issirent  à  desroi,  et  chascicrent  les  Com- 
mains,  villeh.  cxlii.  Ert  [elle  était]  sage,  sans  mal 
et  sans  desroy,  Berte,  cxvi.  Moult  est  Renart  de 
grant  desroi.  Qui  si  contre  le  roi  s'afete,  Ren.  J8488. 
S'il  estoit  aperte  coze  que  mes  cevaus  m'emportast 
par  dure  gole,  ou  pardesroi,  je  me  porroie escusor 
du  meffet,  beaum.  lxix,  6.  ||  xiv*  s.  Dans  cest  es- 
trange  desarroy  Nature,  n'y  pouvant  que  faire.  Leur 
laisse  demesler  l'affaire.  Trait,  d'atch.  438.  ||xv'  e. 
Ils  ne  pouvoient  plus  supporter  les  desrois  et  les 
faits  que  le  roi  faisoit  au  pays  par  le  conseil  dudlt 
messire  Hue,  froiss.  i,  i,  9.  ||  xvi'  s.  Il  les  pria  de 
tirer  oultre  à  la  plus  grande  diligence  qu'ilz  pour- 
roieat  ,afin  qu'ilz  peussent  surprendre  leurs  «nnemif 


DES 


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en  desarroy,  amyot,  Timol.  46.  Après  lesquelz 
siiyvoient  les  autres  nations  pesle  mesle,  et  pas- 
soient  en  foule  avec  grand  desarroy,  id.  tl>.  36.  Qu'il 
venoit  d'esire  rencontré  à  une  demie  lieue  de  là  par 
un  sien  ennemy....  qu'ayant  esté  surprins  en  desar- 
roy et  plus  foible  en  nombre,  il  s'esloit  jecté  à  ma 
porte  à  sauveté,  mont,  iv,  220. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  etarrof  fvoy.  ce  mot). 
Dans  l'ancien  français,  la  forme  ordinaire  était 
desroi. 

t  DÊSARRONDIR  (dé-za-ron-dir) ,  v.  a.  Détruire 
la  rondeur  d'un  corps.  ||  Se  désarrondir,».  rc/î.  Per- 
dre sa  lorme  arrondie. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  arrondir. 

t  DÉSARTICULATION  (  dé-zar-ti-ku-Ia-sion  )  , 
s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Désunion  des  surfaces 
articulaires  des  os.  ||  Amputation  dans  l'articula- 
tion. 

—  ÉTYM.  Désarticuler. 

t  DÉSARTICULER  (dé-zar-ti-ku-lé),  v.  a.  Désu- 
nir une  articulation.  ||  Terme  de  chirurgie.  Séparer 
des  surfaces  articulaires;  faire  une  amputation  dans 
l'articulation.  M.  Spallanzani  m'ayant  invité  à  dés- 
articuler les  membres  des  salamandres,  je  n'ai  pas 
manqué  de  faire  cette  expérience,  bonnet,  3"  mém. 
Reprod.  salamandres.  \\  Sedésarticuler,»;.  rd/I.  Sortir 
de  l'articulation.  L'os  de  l'épaule  s'est  désarticulé. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  article. 

I  DÉSASSAISONNEMENT  (dé-za-sè-zo-ne-man) , 
s.  VI.  Action  de  désassaisouner  ;  état  de  ce  qui  est 
désassaisonné. 

f  DÉSASSAISONNER  (dé-za-sé-zo-né),  «).  a.  Oter 
l'assaisonnement. 

—  HlST.  XVI'  s.  Il  [un  fruit]  a  esté  desassaisonné 
et  cueilly  avant  le  temps,  pasquiek,  Lettres,  t.  m, 

p.  221  ,    dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  assaisonner. 

t  DÉSASSEMBLAGE  (dé-za-san-bla-j'), s.  m.  Ac- 
tion de  désassembler  ou  de  se  désassembler. 

DÉSASSEMBLÉ,  ÉE  (dé-za-san-blé,  blée),  port, 
passe.  Des  pièces  de  menuiserie  désassemblées. 

t  DÉSASSEMBLEMENT  (dé-za-san-ble-man),  s. 
m.  L'action  de  désassembler. 

—  HIST.  XIV' s.  Ne  demoura  pas  longuement  Après 
le  desassemblement  Des  dessus  dites  alaïnes  [que- 
relles], DU  GANGE,  assembleia.  ||  xvi*  s.  11  faut 
que  tu  démembres  et  desassumbles  ces  vers  de  leur 
nombre,  mesure  et  pieds....  si  tu  trouves,  après 
tel  desassemblement  de  la  ruine  du  bastiment,  de 
belles  et  excellentes  paroles....  rons.  588. 

—  ÉTYM.  Désassembler. 

DÉSASSEMBLER  (dé-za-san-blé),  v.  a.  ||  1°  Dis- 
joindre de?  pièces  de  charpente,  de  menuiserie. 
Il  Par  extension.  Et  désassembler  Du  firmament  le 
riche  ouvrage,  bégnier,  Stances  rel.  \\  i'  Fig.  Mais 
l'invincible  amour  qui  joint  leurs  coeurs  ensemble 
Ne  permettra  jamais  que  rien  les  désassemble,  tris- 
tan,  Panlhée,  u,  <.  ||3°  Se  désassembler,  v.  réjl. 
Être  désassemble. 

—  HIST.  XII"  S.  Entre  merci  et  biauté  Sont  pour 
moi  desassemblé  [il  y  a  séparation  entre  merci  et 
beauté].  Quant  en  vous,  dame,  n'ai  trouvé  Merci.... 
Couci,  IV.  Il  XIII' s.  Car  ambedui  [tous  deux],  ce 
sai,  morron  [nous  mourrons]  Plus  tost,  espoir,  que 
ne  vorron  ;  Mais  ce  n'iert  pas,  espoir,  ensemble. 
Car  mort  tous  compaignons  dessemble,  la  Rose, 
8178.  Il  xvr  s Il  me  semble  Quequant  faux  rap- 
port desassemble  Les  amants  qui  sont  assemblez, 
MAROT,  p.  318,  dans  lacurne.  Grandes  cuves  et  au- 
tres gros  ustensiles,  qui  ne  se  peuvent  des-assem- 
bler  ni  transporter  sans  incommodité,  sont  tenus 
pour  immeubles,  loysel,  218.  11  prand  le  courrier 
et  le  meine  au  lieu  de  la  conférence,  qui  ne  s'es- 
toient  point  desassemblez,  carl.  ix,  5i.  Les  pierres 
de  plâtre,  de  talque  et  d'ardoise  s'eslevent  et  se  des- 
assemblerit  par  feuilleis,  palissy,  300. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  assembler. 

t  DËSASSIÉGEMENT  (dé-za-siè-je-man),s.  m.  Le- 
vée d'un  siège;  état  d'une  place  que  l'on  cesse  d'as- 
siéger. Peu  usité. 

t  DÉSASSIÊGER  (dé-za-sié-jé.  La  syllabe  sié  garde 
l'accent  aigu  dans  toute  la  conjugaison;  ce  qui  n'est 
pas  conforme  à  la  prononciation,  l'e  se  prononçant 
OJvertdansjedésassiége.  Le  9  prend  une  devant  oou 
0  :  nous  désassiégeons,  je  désassiégeais),  v.  a.  Cesser 
d'assiéger.  i|  Absolument.  Lever  un  siège. 

— HIST.  XV'  s.  Et  les  feroit  armer,  s'il  pouvoit, 
pour  aller  desassiegerle  chastel  de  Faouet  [faire  le- 
ver le  siège] ,  froiss.  i,  i,  484.  ||  xvi'  s.  Se  resjouir 
d'estredesassiegé  de  la  pauvreté,  langue,  6I7.  Cre- 
»an  sur  Yonne  fut  de  ce  nombre;  desassiegée  pour- 
«nt  pour  aller....  d'auh.  Hist.  1,  229.  Que  les  plus 
grandes  louanges  de  César  avoient  esté  méritées, 


par  ce  que,  sans  desassieger,  il  donnoit  de»  batail- 
les, ID.  1&.  II,  443. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  assiéger. 

t  DÉSASSIMILATECR,  TRICE  (dé-za-ssi-mi-la- 
teur,  tri-s'),  adj.  Terme  de  physiologie.  Qui  produit 
un  efi'et  contraire  à  l'assimilation.  Faculté  désassi- 
milatrice. 

—  ÉTYM.  Désassimiler. 

t  DÉSASSIMILATION  (dé-za-ssi-mi-la-sion),   s. 
f.  Terme  de  physiologie.  Travail  par  lequel  une  es- 
pèce de  composé,  faisant  partie  de  la  substance  de 
l'organisme,  s'en  sépare  et  cesse  de  participer  aux  . 
actes  qu'elle  accomplit.  | 

—  ÉTYM.  Désassimiler. 

t  DÉSASSIMILER  (dé-za-ssi-mi-lé),  r'.  a.  Terme  ^ 
de  physiologie.  Séparer  par  désassimilation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  asstmiier. 

t  DÉSASSOCIATION  (dé-za-sso-si-a-sion),s.  f.  Ac- 
tion de  désassocier. 

—  SYN.  DÉSASSOCIATION,  DISSOCIATION.  Ces  dsux 
mots  donnent  un  exemple  assez  rare  de  ceux  où  tous 
les  éléments  des  composés  ont  gardé  leur  significa- 
tion exacte.  Ladissociationestle  contraire  de  l'union  : 
la  dissociation  des  éléments  d'un  composé;  la  désas- 
sociation  est  la  fin,  la  cessation  de  l'association, 
c'est-à-dire  d'une  union  formellement  voulue  et  con- 
sentie. L'Académie  n'admet  ni  l'un  ni  l'autre  de  ces 
deux  mots;  et  c'est  bien  étonnant  pour  le  second 
qui  est  tout  latin  et  que  personne  n'hésiterait  à  em- 
ployer. 

f  DÉSASSOCIER  (dé-za-sso-si-é),  v.  a.  Détruire 
une  association.  ||  Se  désassocier,  v.  réfl.  Cesser 
d'être  associé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ménageons  le  temps;  encore  nous 
en  reste  il  beaucoup  d'oisif  et  mal  employé  ;  nostre 
esprit  n'a  volontiers  pas  assez  d'autres  heures  à 
faire  ses  besongnes,  sans  se  de.sassocier  du  corps  en 
ce  peu  d'espace  qu'il  luy  faut  pour  sa  nécessité, 
MONT.  t.  ni,  p.  608,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  associer. 
DÉSASSORTI,  lE  (dé-za-sor-ti,  lie),  part,  passé 

de  désa.ssortir.  Qui  n'est  pas  assorti.  Des  ètolTes  dés- 
assorties. Il  Fig.  C'est  une  chose  toute  désassortie  que 
de  porter  dans  cette  diligence  une  langueur  amou- 
reuse, SÉV.  371. 

t  DÉSASSORTIMENT  (dé-za-sor-ti-man),  s.  m. 
Action  de  désassortir;  état  des  choses  mal  assorties. 
Il  État  de  marchands  qui  sont  désassortis  de  ce  qu'ils 
devraient  avoir.  Le  désassortiment  d'un  marchand, 
d'une  boutique. 

DÉSASSORTIR  (dé-za-sor-tir) ,  v.  a.  Séparer  des 
choses  qui  étaient  assorties.  On  a  désassorti  ces  por- 
celaines. Sans  altérer  la  bonté  de  leurs  couleurs 
et  sans  les  désassortir  de  leurs  nuances,  Mst.  génér. 
pour  la  teinture,  (8  mars  (674,  art.  217.  ||  Faire 
qu'un  marchand  n'ait  plus  un  assortiment.  Désas- 
sortir un  marchand,  une  boutique.  ||  Se  désassortir , 
v.réft.  Être  désassorti. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  assortir. 

j  DÉSASSOTER  (dé-za-so-té),  v.  a.  Empêcher 
d'être  assolé,  de  perdre  le  bon  sens. 

—  IllST.  XIII'  s.  Bien  le  vous  sot  [sut]  raison  no- 
ter, Mes  ne  vous  pot  desasoter,  la  Rose,  40200. 

ÉTYM.  Ws....  préfixe,  el  assoté. 

f  DÊSASSURER  (dé-za-su-ré) ,  v.  a.  ||  1°  Déper- 
suader. S'il  le  croit  fermement,  il  faut  l'en  désassurer, 
RiCHELET.  Il  2°  Ne  pas  laisser  sous  la  garantie  d'une 
compagnie  d'assurances.  Il  a  désassuré  sa  maison. 
Il  3°  Se  désassurer,  v.  réfl.  Il  s'est  désassuré,  c'est- 
à-dire  il  a  fait  cesser  l'assurance  sur  sa  vie,  sur  sou 
navire,  etc. 

—  HIST.  XVI' s.  Desa.sseurer,  oudin. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  assurer;  provenç. 
desassegurar ;  espagn.  desasegurar. 

DÉSASTRE  (dé-za-str'),  s.  m.  Infortune  très-grave. 
Mais  de  qui  savez-vous  ce  désastre  si  grand?  corn. 
Sicom.  v,  8.  Les  siens  en  ce  désastre,  à  force  de  ra- 
mer, L'éloignent  de  la  rive  et  reg-agnent  la  mer, 
m.  Pomp.  II,  2.  Les  désastres  d'Othon  ainsi  que  moi 
vous  frappent,  id.  Olhon,  v,  B.  D'où  vient  que  les 
mêmes  hommes  qui  ont  un  flegme  tout  prêt  pour  re- 
cevoir indiiïéremment  les  plus  grands  désastres,  s'é- 
chappent et  ont  une  bile  intarissable  sur  les  plus  pe- 
tits inconvénients?  la  bruy.  xi.  L'escadre  sur 
laquelle  il  est  a  souffert  mille  désastres,  j.  j.  rouss. 
Hél.  IV,  4.  Je  ne  sais  s'il  en  avait  véritablement  le 
projet;  mais,  quand  il  l'aurait  eu,  mes  désastres 
m'auraient  empêché  d'en  profiter,  id.  Confess.  xii. 
Le  maréchal  de  Contades  montrait  de  sa  main  le 
plan  de  campagne  et  le  désastre  de  Minden,  mar- 
MONTEL,  Mém.  IX.  La  vieillesse,  les  maladies,  les 
blessures,  tous  les  désastres  de  l'humanité  étaient 
rassemblés  sous  mes  yeux,  stael,  Detph.  part,  v. 


lett.  2.  Une  vaste  flamme  s'élevait  en  tourbillonnant, 
couvrait  Smolenslt  et  la  dévorait  tout  entière  avec 
un  sinistre  bruissement;  un  si  grand  désastre,  qu'il 
crut  son  ouvrage,  efi'raya  le  comte  de  Lobau ,  siîgur, 
Hist.  de  Nap.  vi,  4.  {|  Déconfiture  d'un  commerçant. 

—  SYN.  DÉSASTRE,  CALAMITÉ,  CATASTROPHE.  L'éty- 

mologie  indi(]ue  ici,  comme  cela  arrive  souvent,  la 
nuance  fondamentale  :  la  calamité  est,  d'origine,  un 
fléau  quiravageles  moissons,  de  làun  fléau  naturel 
Le  désastre  est  l'influence  d'un  astre  qui  cesse  d'ê- 
tre favorable,  c'est  un  revers,  un  malheur  infligé 
par  la  fortune.  La  catastrophe  est  un  renversement 
sens  dessus  dessous.  Une  peste,  une  inondation  est 
une  calamité.  L'incendie  d'une  ville,  considéré  en 
soi,  est  un  désastre,  non  une  calamité;  mais  il  de- 
vient une  calamité  pour  tous  ceux  qui  y  ont  perdu 
toutesleurs  ressources.  La  catastrophe  est  un  désastre 
qui  produit  dans  un  ordre  de  choses,  dansl'existence 
d'un  individu,  etc.unbouleversementcompletouune 
finviolenteilacatastrophedeFouquet  sousLouisXIV. 
11  est  encore  une  difl'érence  que  l'on  peut  indiquer, 
c'est  que  la  catastrophe  ne  se  prend  pas  en  général 
comme  les  deux  autres  mots,  mais  demande  à  s'ap- 
pliquer à  un  objet  :  l'invasion  des  barbares  fut  une 
catastrophe  pour  l'empire  romain  ;  on  ne  peut  pas 
dire  qu'elle  fut  une  catastrophe  en  général.  On  dirait 
plutôt  dans  ce  sens  qu'elle  fut  une  calamité  ou  un 
désastre.  Il  faut  ajouter  que  la  catastrophe  est  tou- 
jours instantanée  ou  à  peu  près,  et  qu'enfin  elle  peut 
être  heureuse  ou  malheureuse,  quoiqu'elle  s'entende 
presque  toujours  dans  ce  dernier  sens. 

—  HIST.  xvi*  s.  Lesdesastres  militaires....  langue, 
328.  Il  lui  survint  un  desastre  inopiné,  qui  renversa 
son  dessein,  id.  665. 

— ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  astre  dans  le  sens  de 
bonne  fortune;  provenç.  desasfre;  espagn.  désastre; 
ital.  disastro. 

DÉSASTREUSEMENT  (dé-za-streû-ze-man) ,  adv. 
D'une  manière  désastreuse.  La  fête  a  fini  désastreu- 
sement. 

—  ÉTYM.  Désastreuse ,  et  le  sulfixe  ment. 
DÉSASTREUX,  EUSE(dé-za-streû,streû-z'),adi. 

Il  1»  Qui  est  de  la  nature  du  désastre,  ô  nuit  désas- 
treuse! ô  nuit  effroyable!  où  retentit  tout  à  coup, 
comme  un  éclat  de  tonnerre,  cette  étonnante  nou- 
velle :  Madame  se  meurt.  Madame  est  morte!  boss. 
Duch.  d'Orl.  La  mort  désastreuse  du  roi  Sébastien 
fit  bientôt  oublier  une  sorte  de  riches.sesdont  l'État 
ni  les  citoyens  n'avaientjusqu'alors  tiré  aucun  avan- 
tage, baynal,  Hist.  phil.  ix,  23.  Les  désastreux 
orages  Et  des  minorités  et  des  sanglants  partages, 
lemerc.  Frédég.  et  Bruneh.  i,  B.|)  2°  X  qui  il  arrive 
un  désastre,  en  parlant  des  personnes.  Tout  le 
monde  fut  satisfait,  à  la  réserve  du  désastreux  Rago- 
tin,  scARR.  Rom.  com.  11,  47. 

—  REM.  Ce  mot  a  été  employé,  en  parlant  des 
personnes,  pour  signifier:  qui  cause  un  désastre. 
Redemandant  ses  fils,  un  père  malheureux  Errait  et 
gémissait  près  de  ce  champ  funeste  [un  champ  de  ba- 
taille]; Il  aperçoit  de  Flue  :  6  vieillard  désastreux, 
ô  liberté  fatale!  6  jour  que  je  déteste!  Hélas!  j'avais 
cinq  fils,  je  n'en  ai  plus  que  deux,  masson,  Hel- 
vét.  VII.  Cet  emploi  n'est  pas  à  recommander. 

—  HIST.  xvi's.  Il  print  si  à  cœur  cesie  désastreuse 
nouvelle,  qu'il  en  fust  fort  malade,  cabl.  ix,  34. 

—  ÉTYM.  Désastre. 

t  DÉSATTELER  (dé-za-te-lé.  La  syllabe  tel  prend 
deux  n,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  jedé- 
sattelle,  je  désattellerai),  v.  a.  ôter  d'attelage.  On  ■ 
dit  plus  souvent  dételer. 

—  HIST.  XV"  s.  Le  suppliant  prit  à  desateler  les 
bœufs  de  la  dite  charrette,  du  cange,  attelatus 
Il  XVI'  s.  Il  arriva  que  les  chevaux,  qu'ils  n'avoient 
pas  desatelez,  au  premier  bruit  emportèrent  et  bri- 
sèrent tout,  d'aub.  Hist.  III,  92. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  atteler. 

I  DESATTESTER  (dé-za-tè-sté) ,  «.  a.  Cesser  d'at- 
tester; détruire  son  attestation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  attester. 

t  DÉSATTISER  (dé-za-ti-zé),  v.  «.Cesser  d'atti- 

—  HIST.  XVI'  S.  Alors,  belle,  tu  me  baisas,  Et 
doucement  desattisas  Mon  feu  d'un  gracieux  visage, 

RONS.  4  78. 

—  ÉTYM.  Ws....  préfixe,  eto((iser. 

f  DÉSATTRISTER  (dé-za-tri-sté) ,  e.  a.  Faire  ces- 
ser la  tristesse.  ||  Se  désattrister,  v.  réfl.  Cesser  d'ê- 
tre triste.  Donnez-lui  le  loisir  de  se  désattrister,  KOI. 
l'Étour.  II,  4. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  attrister. 

t  DÊSAUBAGE  (dé-zô-ba-j') ,  t.  m.  Action  de  dé- 
sauber. 

—  ÊTYM.  Désauber  2. 


imi 


DÉS 


t  4.  PteAlIBER  (dé-zfl-bé),  «.  a.  ôter  la  robe 
blanche  que  l'on  mettait  aux  catéchumènes  le  jour 
do  leur  baplême. 

—  t.l  ï'M.  xiri'  s.  [Rou  après  avoir  reçu  le  bap- 
tême] X  Kiiem  s'en  vint,  n'i  targa  plus;  X  grant 
onourfu  receQs;  Al  quint  jour  fu  Roudesaubés,  pii. 

MOUSKES,  Jfs.   p.   360,  dans  LACURNE. 

—  Etvm.  Dés.:,  préfixe,  et  aube,  vêtement. 

f  2.  DÊSAUBER  (dé-7.6-bé),  V.  a.  ôter  les  aubes 
d'un  bateau  à  vapeur  qui  peut  aller  à  la  voile  et  dont 
les  roues  à  aubes  gênent  la  marche. 

—  f.TYM.  Dés....  préfixe,  et  aube  de  moulin. 

t  nÉSArOMENTER  (dô-zô-gman-té) ,  ».  a.  Cesser 
d'augmenter. 

—  illST.  XVI'  s.  Voy,  s'il  te  plaist,  que  le  temps 
qui  s'absente,  Depuis  sept  ans  en  rien  ne  desaug- 
mente Le  plaisant  mal  que  j'endure  pour  toy,  Ron- 
sard, 64. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  augmenter. 

t  DÉSACTORISER  (dé-z6-to-ri-zé),  t).  o.  Cesser 
d'autoriser,  détruire  une  autori.sation. 

—  IllSï.  xvi"  s.  Les  ministres  du  roy  commen- 
çoient  à  s'adresser  à  ces  gens-là  pour  desautoriser 
le  dit  duc,  et  faire  leurs  besognes  sans  luy,  Mém.  de 
Villeroy,  t.  i,  p.  (83,  dans  lacurne.  La  reine  mère 
d'autie  costé,  qui  haïssoit  et  se  voyoit  haïe  du  duc 
d'Alençon,  et  avoit  par  ses  espions  et  mouchards 
découvert  ce  qui  se  projettoit  pour  la  desauthoriser 
et  empescher  le  retour  du  roy  de  Pologne,  sully, 
lf(!ni.  t.  I,  p.  8",  dans  lacurne. 

—  RTYM.  Dés....  préfixe,  et  autoriser;  provenç. 
desaulorgar. 

t  DfiSAVANCEJfENT  (dé-za-van-se-man) ,  s.  m. 
Action  de  désavancer. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  mareschal,  tousjours  tendant 
au  bien  de  la  clirestienté,  comme  celui  qui  desiroit 
la  confusion  et  le  desavancement  des  Sarrasins,  ifou- 
eiq.  II,  4  3. 

—  KTYM.  Désavancer. 

t  DÉSAVANCER  (dé-za-van-sé.  Le  e  prend  une 
cédille  devant  a  ou  o  .•  nous  désavançons,  je  désa- 
Tançais),  t).  a.  ôter  l'avancement,  faire  reculer. 

—  IllST.  xiii"  s.  Il  apert  plus  que  la  chose  soit  des- 
avancôe  par  l'olrage  que  non,  Liv.  de  just.  407.  Li 
tcnsqui  enviellist  nos  pères.  Et  vieillist  rois  etem- 
pereres.  Et  qui  tous  nous  enviellira,  Où  mort  nous 
desavancera....  la  Rose,  380.  S'il  ne  chiet  [tombe] 
en  désespérance  Qui  les  pecheors  de.savance,  ib. 

6870.  ||xv'  s Cuerde  noblesse  Doit  accomplir  sa 

convenance  [promesse];  Qui  ne  le  fait,  il  desavance 
Son  honneur....  E.  nESCHAMPS,  Qu'il  faut  tenir  sa 
parole.  Volontiers  se  fussent  peines  de  de.sadvancer 
la  grande  prospérité  où  ils  virent  les  Genevois  en- 
trés, llouciq.  n,  42.  ||xvi'  s.  Je  ne  veux  pour  vous 
que  maison  suit  déshonorée  et  les  filles  que  j'ai  eues 
de  vous,  desavancées,  marg.  Nouv.  xxxvi.  Dessous 
Bourbon  fut  son  heur  couronné;  Dessous  Bourbon 
s'en  va  desavancé,  marot,  i,  238. 

—  ÈTYM.  Dés....  préfixe,  et  avancer. 
DÉSAVANTAGE  (dé-za-van-ta-j) ,  s.  m.  ||  1»  Perte 

d'avantage,  préjudice.  L'affaire  a  tourné  h  son  dé- 
savantage. Ils  en  eussent  reçu  moins  de  désavan- 
tage, TRISTAN,  Panthée,  i,  4.  Si  je  l'entretins  hier 
et  lui  fis  bon  visage.  N'en  imaginez  rien  qu'à  son 
dé.^avantage,  corn.  Ilor.  i,  2.  ||  Se  présenter  avec 
désavantage,  se  présenter  d'une  manière  peu  favo- 
rable. Il  Voir  quelqu'un  à  son  désavantage,  le  voir 
sous  UH  jour  défavorable.  ||  2°  Infériorité  dans  quel- 
que genre  que  ce  soit,  combat,  lutte,  jeu,  dispute. 
Avoir  du  désavantage  au  jeu.  J'apprends  plus  contre 
vous  par  mes  désavantages  [à  la  guerre]....  corn. 
SerMii,  ï.  Il  3°  Infériorité  qui  résulte  de  quelque 
ci  rconslance.  Le  désavantage  des  armes ,  du  poste,  etc. 
Ils  furent  vaincus  par  le  désavantage  du  lieu,  d'a- 
BLANCOURT,  Arrien,  liv.  i,  dans  ricuelet. 

—  HIST.  xvi*  s.  X  fin  que  tant  de  princes  et  ex- 
cellens  chefs  ne  reçussent  ce  desavantage,  que  de  se 
voir  assiégez  dans  des  villes,  langue,  «45.  Un  sei- 
gneur italien  tenoit  une  fois  ce  propos  en  ma  pré- 
sence, au  desavantage  de  sa  nation....  mont,  ii,  4  2). 

—  ET^TH.  Dés....  préfixe,  et  avantage. 

t  DÉSAVANTAGER  (iléza-van-ta-jé.  Le  g  prend 
un  e  devant  o  ou  o  ;  nous  dé.savantageons,  je  désa- 
vantageais), ».  o.  Il  1°  Faire  subir  un  désavantage, 
6ter  unavantage.  {|  Désavantager  des  marchandises, 
b'ur  filer  la  bonne  apparence  qui  en  facilite  la  vente. 
112°  Diminuer,  en  faveur  d'un  héritier,  la  part  des 
autres.  Il  a  désavantagé  un  de  ses  neveux.  Un  héri- 
tier désavantagé. 

1  7  'î."'^"  ""''  ^-  ^'"®  f<""'ifi«e  à  la  moderne,  sur 
le  hord  du  Gave,  et  dans  des  sables  qui  la  désavan- 
tagent, d'aub.  llùt.  î,  295.  Car,  comme  a  esté  dict, 
les  plus  avantagés  aux  sens  sont  souvent  les  pluf 


DÉS 

desavantagés  en  science,  cnAHRON,  Sage'se,  i,  44. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  avantager. 
DÉSAVANTAGECSE,MENT    (  dé-za-van-ta-jeû-ze- 

man),  odr.D'unemaniéredésavantageuse.  Et  comme 
je  ferme  la  bouche  à  ceux  qui  veulent  parler  désa- 
vanlageusement  de  nos  affaires,  balz.  A  Iticlielieu. 
Oui  l'ouït  jamais  parlerdésavantageusement  de  per- 
sonne'/ FLiîcH.  Dauplt. 

—  ÉTYM.  Désavantageuse,  et  le  suffixe  ment. 
DÉSAVANTAGEUX,  EUSE  (dé-za-van-ta-jeil,  jeû- 

z'),  adj.  Il  1°  Qui  a  le  caractère  du  désavantage.  On 
pense  de  vous  cent  choses  désavantageuses,  Acad. 
Observ.  sur  Vaugel.  p.  99,  dans  pougens.  ||  2°  Oui 
cause  du  désavantage.  Une  clause  désavantageuse. 
Il  3°  Oui  fait  paraître  quelqu'un  à  son  désavantage. 
Assurément  [Grillus]  vous  n'avez  point  la  taille 
belle  :  un  gros  corps  courbé  vers  la  terre,  de  petits 
yeux,  un  groin  horrible,  une  physionomie  très-dé- 
savantageuse, FÉN.  t.  XIX,  p.  440.  Il  4°  Oui  offre  du 
désavantage.  Ce  poste  est  désavantageux. 

—  HIST.  XVI*  s Contraindre  les  Turs,  ou  à  un 

combat  desavantageux,  ou  au  levement  du  siège, 
d'aub.  Hist.  I,  244. 

—  ÉTYM.  Désavantage. 

t  DÉSA VENANT,  ANTE  (dé-za-ve-nan,  nan-t'), 
adj.  Oui  n'est  pas  avenant. 

—  HIST.  xm*  s.  Mariage  desavenant,  beaum.  xii, 

47. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  avenant;  provenç. 
de-iavinent ;  espagn.  desaveniente  ;  ital.  disavve- 
nente. 

DÉSAVEU  (dé-za-veu),s.m.||  l''Termededroit féo- 
dal. Refus  de  prêter  foi  et  hommage,  le  contraire  de 
l'aveu.  Il  2*  Terme  de  droit.  Acte  par  lequel  on  dé- 
clare n'avoir  point  autorisé  quelqu'un  à  faire  ce  qu'il 
a  fait  ou  dit.  Désaveu  d'un  mandataire,  dun  avoué. 
Il  Désaveu  d'un  enfant,  désaveu  dfl  paternité,  l'acte 
par  lequel  un  mari  refuse  de  recornaltre  un  enfant 
dont  sa  femme  est  accouchée.  Former  une  action  en 
désaveu.  ||  Par  extension,  déclaration  par  laquelle 
on  atteste  qu'on  n'est  pas  ''auteur  d'un  livre,  ou 
de  toute  autre  chose  qui  nous  est  attribuée.  Je 
vous  exhorte  là-dessus  au  désaveu  le  plus  au- 
thentique, d'alemb.  Lettre  à  Volt.  43déc.  4750. 
Il  3°  Rétractation  de  ce  qu'on  avait  avancé.  Il  fit 
un  désaveu  public  de  sa  doctrine.  ||  4°  Refus  de 
reconnaître  qu'une  chose  soit.  Une  sincère  hu- 
milité. Une  parfaite  charité.  Un  ferme  désaveu 
de  toute  propre  estime,  corn.  Imit.  m,  7.  Ma  fille, 
il  ne  faut  point  rougir  d'un  si  beau  feu.  Ni  cher- 
cher les  moyens  d'en  faire  un  désaveu,  ID.  Cid,  v, 
7.  L'éclatant  désaveu  d'une  telle  action,  id.  Ilor.  m, 
0.  Et  par  le  désaveu  de  cette  obéissance  Ce  tijjre 
assouvirait  sa  rage  et  leur  vengeance,  id.  Attila, 
v,  2.  Ouoi  que  vous  soupçonniez,  il  m'importe  si 
peu,  Oue  j'aurais  du  regret  d'en  faire  un  désaveu, 
MOL.  Don  Gare,  m,  3.  Des  sentiments  d'un  cœur  si 
fier,  si  dédaigneux.  Peux-tu  me  demander  le  désa- 
veu honteux?  rao.  Phèd.  i,  4.  {|  Par  extension,  ce 
qui  contredit.  Sa  vie  entière  est  un  désaveu  des 
principes  qu'on  lui  suppose,  Dict.  de  l'Académie. 

—  HIST.  xiu*s.  En  tex  [tels]  desaveus  qui  sunt  fet 
à  tort  contre  les  segneurs,  a  moult  de  perix  (périls] 
de  perdre  vilainement,  beaum.  xlv,  4.  ||  xvi*  s.  Oui 
outre  pas.se  sa  charge  [mandat,  procuration]  chet 
en  desaveu,  loysel,  372. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  aveu. 
DÉSAVEUGLÉ,  ÉE   (dé-za-veu-glé,  glée),  part. 

passé.  Désaveuglé  par  de  sages  conseils. 

tDÉSAVEUGLEMENT(dé-za-veu-gle-man),  i.  m. 
État  d'une  personne  désaveuglée,  désabusée. 

—  ÉTYM.  Désaveugler. 

DÉSAVECGLER  (dé-za-veu-glé),  v.  o.  Tirer  quel- 
qu'un de  son  aveuglement,  de  son  erreur.  ||  Se  dés- 
aveugler, ».  réfl.  Cesser  d'être  aveuglé. 

—  REM.  Ce  mot  est,  dit-on,  dû  à  Port-Royal.  Bon- 
heurs {Nouv.  remarques),  qui  le  signale  comme 
nou\eau,  dit  qu'il  est  assez  mal  reçu  et  qu'on  lui 
préfère  désentèter.  Au  contraire  Vaugelas  dit  que 
c'est  un  fort  bon  mot. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  aveugler. 

t  DÉSAVOUABLE  (dé-za-vou-a-bl'),  adj.  Que  l'on 
peut,  que  l'on  doit  désavouer. 

—  ÉTYM.  Désavouer. 

DÉSAVOUÉ,  ÉE  (dé-za-vou-é,  ée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  n'est  pas  avoué,  approuvé,  en  parlant  des 
personnes.  Vous  n'en  serez  pas  désavoué  par  Aris- 
tote,coHN.  Ex.  de  Sertor.  Ordonnez  de  moi,  vous  ne 
serez  désavoué  sur  rien,  j.  j.  rouss.  ]Iél.  m,  2i. 
Il  2"  Oui  n'est  pas  ratifié,  en  parlant  des  choses.  Ce 
langage  fut  désavoué,  jj  Par  extension,  qui  est  en 
contradiction  avec.  Un  zèle  désavoué  par  une  con- 
duite reprochable  est  un  jeu  de  thé&tre  qui  n'a  de 


DÉS 

sérieux  que  l'abus  du  minisliro,  mass.  Confér.  Zèle 
c.  l.  scand. 

DÉSAVOUER  (dô-za-vou-é),  v.  a.  ||  1°  Itefuseï 
d'avouer  une  personne  en  ce  qu'elle  a  dit  ou  fait.  Le 
désavouerez-vous?  et  du  don  qu'il  méfait  Voudrez- 
vous  retarder  le  bienheureux  effet?  corn.  Cinna, 
m,  t.  La  reine  qui  m'entend  peut  me  désavouer, 
RAC.  Bérén.    v,  7.  J'attaquai  les  Romains;  et  ma 
mère  éperdue  [qui  avait  trahi  son  mari  Mithrid.iteJ 
Me  vit,  en  reprenant  cotte  place  rendue,  X  mille 
coups  mortels  contre  eux  me  dévouer.  Et  chercher 
en  mourant  à  la  désavouer,  id.  Mithr.  i,  4.  |l  Dans 
le  même  sens,  désavouer  quelqu'un  de  quelque  chose. 
Rends-moi  mon  fils,  ingrat.  —  Il  m'en  désavouerait, 
corn.  Hér.  IV,  6.  El  vous  avez  eu  peur  de  le  désa- 
vouer Du  Irait  qu'à  ce  pauvre  homme  il  a  voulu  jouer, 
mol.  Tart.  iv,  3.  C'est  un  homme  né  pour  les  alléei 
et  venues,  pour  aller  plus  loin  que  sa  commission, 
etenêtre  désavoué,  LA  BRUY.ii.  ||  Absolument.  Ouel- 
ques-uns  pensent  qu'aucun  homme  dans  tout  l'em- 
pire, hors  l'empereur,  n'aurait  osé  se  charger  d'une 
si  terrible  responsabilité  [l'incendie  de  Moscou]  ;  de- 
puis, sa  conduite  désavoua  sans  désapprouver,  SÉ- 
CUR,  Hist.de  JVap.  viii,2.  ||  Terme  de  jurisprudence 
Déclarer  qu'on  n'a  pas  autorisé  quelqu'un  en  ce  qu'il 
a  fait.  Désavouer  un  mandataire,  un  agent,  un  am- 
bassadeur. Il  2*  Ne  pas  avouer,  ne  pas  ratifier,  en 
parlant  des  choses.  On   doit  désavouer  de  pareils 
moyens.  Nous  désavouons  tous  le  meurtre  de  'la- 
pire,  VOLT.  Fanât.  V,  4.  Le  roi  va  désavouer  la  let- 
tre de  son  confesseur,  maintenon.  Lettre  au  card. 
de  Noailles,  40  mars  4697.  ||  Désavouer  un  dépôt, 
nier  qu'on  l'ait  reçu.  Je  la  [une  chose  baillée  en 
garde]  pourrais  r?ndre  quelquefois  de  telle  façon,  et 
devant  tant  de  personnes,  queje  ferais  mieux  de  la 
désavouer  tout  à  fait,  malii.  le  Traité  des  bienf.  de 
Sénèque,  iv,  9. 1|  3°  Être  en  contradiction  avec.  De 
la  religion  c'est  ainsi  qu'ils  se  jouent;  lisent  un  air 
pieux  répandu  sur  le  front  Oue  leurs  actions  désa- 
vouent, deshouliêhes,  Ép.  chagrine.  ||  4°  Préten- 
dre qu'on  n'a  pas  dit  ou  fait  quelque  chose.  Vous  l'a- 
vez dit,  vous   ne  sauriez  le  désavouer.  Désavouer 
hardiment  les  choses  les  plus  évidentes.  Ces  fem- 
mes ne  songèrent  qu'à  désavouer  leur  faute,  fén. 
Tél.  X.  Pourquoi  [6  Homère]  viens-tu  me  désavouer 
[à  moi  Achille]  que  tu  me  dois  la  gloire  de  ton  plus 
beau  poème?  id.  t.  xix,  p.  4  33.  ||  Ne  pas  désavouer, 
ne  pas  nier,  convenir.  Je  ne  désavoue  pas  que  j'en 
aie  été  fâché.  ||  5°  Ne  pas  reconnaître  comme  sien. 
Désavouer  quelqu'un  pour  son  parent.  Il  désavoua 
efl'rontément  son  seing.  Ma  valeur  n'a  point  lieu  de 
te  désavouer,  corn.  Ci'ci,  m,  6.  Je  le  désavouerais 
pour  frère  ou  pour  époux,  id.  Ilor.  ii,  o.  Celte  no- 
ble fierté  désavoue  un  tel  père,  id.  D.  Sanch.  v,  B. 
Ainsi  donc  vous  descendez  en  vain  des  aïeux  dont 
vous  êtes  né,  ils  vous  désavouent  pour  leur  sang, 
MOL.  Festin,  iv,  6.  Le  désavouerez-vous  pour  n'a- 
voir pas  de  seing?  —  Pourquoi  désavouer  un  billet 
de  ma  main?  id.  jlfis.  iv,  3.  Ou  révoquez  ou  désa- 
vouez une  lettre  qui  déshonore....  Boss.  Lett.  lai. 
Qui  moi?  moi  de  Phébus  te  dicter  les  leçons?  Moi 
dans  l'ombre  ignoré,  moi  que  ses  nourrissons  Pour 
émule  aujourd'hui  désavoueraient  peut-être,  A.  ciiÉ- 
NIF.R,  Flég.  48.  Il  Plus  particulièrement.  Désavouer 
quelqu'un,  dire  qu'on  ne  l'a  pas  pour  ami.  ou,  si  c'est 

une  femme  qui  parle,  pour  amant Xipharès  n'a 

point  trahi  soi\  père  ;  Vous  vous  pressez  en  vain  de  le 
désavouer,  rac.  ilithr.  ii,  *■  ||  6»  Renier,  condamner. 
Lui-même  désavoua  les  doctrines  qu'il  avait  soute- 
nues. Des  principes  que  la  morale  désavoue,  Dicl. 
de  l'Académie.  Qu'il  s'en  prenne  à  ses  vers  que 
Phébus  désavoue,  boil.  Sat.  ix.  Va  faire  chez  tesGrecs 
admirer  ta  fureur;  Va,  je  la  désavoue,  et  tu  me  fais 
horreur,  RAC  Andr.  v,  3.  Son  cœur  désavoue  ces  ex- 
pressions divines,  mass.  Car.  Uort.  ||  7°  Se  désa- 
vouer, ».  n^I.  Être  désavoué.  De  pareilles  paroles  ne 
se  désavouent  pas  aisément. 

—  HIST.  XIII*  S.  Et  Arlus  li  dist  :  pe  vos  pri  que 
vos  ne  me  desavocz  pas  de  fil  [pour  fils]  ;  car  ge  ne 
sauroie  où  aler,  Uerlin,  S'  74,  recto.  Cil  re  garde 
pas  bien  .se  [sa]  foi  vers  son  segneur,  qui  desavoue 
ce  qu'il  doit  tenir  de  li,  beaum.  xlv,  4.  Li  sires  ne 
pot  pas  desavouer  le  fet  de  son  serjant,  ID.  xxix,  3 
De  tix  [tels]  cas  pot  li  sires  desavouer  le  fet  de  son 
sergant,  s'il  n'est  atains  de  ce  qu'il  h  feist  fere,lD. 
u,  21.  Il  XV'  s.  Et  que  eulx  se  trouveroient  desad- 
vouez,  COMM.  v,  48.  Il  ivi*  s.  Desadvouant  [niant] 
mesme  avoir  sceu  que....  mont,  i,  39.  C'est  aux  des- 
pens  de  nostre  honneur  que  nous  desadvouons  nos- 
Ire  pensée,  id.  iv,  I69.  La  peincture  mesme  qu'en 
faict  l'académie  ne  me  desadvouera  pas,  comme  je 
pense,  de  dire  ainsi  de  sa  part....  id.  i,  240.  Le  vas- 
sal est   tenu  avouer  ou  désavouer  son  seigneur, 


DES 

sinon  qu'il  y  eust  coiiteation  de  lenure  enlre  deux  sei- 
gaeurs,  loysel,  045.  Le  vassal  mal  desavouant  [qui 
iiifuse  à  tort  de  reconnaître  son  seigneur] ,  perd  son 
fef,  m.  o»7. 

t  DÉSAZOTATION  (dé-7.a-zo-ta-sion),  s.  f.  Action 
dBdésazoter.  11  est  probable  que  la  résistance  à^la 
désazotalion  varie  avec  les  différentes  qualités  d'a- 
cier, FRKMT,  Comptes  rendus,  Àcad.  des  se.  t.  lu, 
p.  627. 

t  DÉS.4Z0TEU  (dé-za-zo-té),r.  a.  Terme  de  chi- 
Dve.  Faire  perdre  l'azote.  La  partie  de  la  lame  qui 
n'a  pas  été  désazotée  a  conservé  tous  les  caractères 
de  l'acier,  fremy.  Comptes  rendus,  Àcad.  des  se. 
t.  LU,  p.  62«, 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  afoter. 
DESCKLLÊ,  ÊE  (dè-sè-lé,  \ée).  part,  passé.  Dont 

on  a  été  le  sceau.  Lettres  descellées.  ||  Qui  a  été  ôlé 
de  sa  place  ou  scellement.  Une  pierre  descellée.  La 
poutre  du  toit  descellée  Ploie....  v.  nuGO,  Orient. 

28. 

t  DESCELLEMENT  (dè-sè-Ie-man),  s.  m.  Action 
de  desceller. 

DESCELLER  id6-sè-Ié),  V.  a.  ||  1°  Ôter  le  sceau 
d'un  acte,  d'un  titre.  ||  2°  Arracher  ce  qui  était  scellé. 
Il  faut  desceller  ces  gonds.  ||  3"  Dégrossir  une  glace 
jusqu'à  ce  que  la  règle  porte  exactement  sur  toute 
la  surface.  ||  Se  desceller,  t'.  re'fl.  Être  descellé.  Une 
pierre  qui  se  descelle. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  s'il  est  fet  autrement,  que  par- 
tie voie  venir  en  cort  les  escris  desseelés,  il  pot  de- 
batre  que  li  jugemens  ne  soit  pas  fes  sus,  beaum. 

XL,   31. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  sceller. 
DESCENDANCE  (dè-san-dan-s'),  s.    f.  Filiation. 

Eh!  qu'a  de  commun  la  vocation  toute  gratuite  du 
ciel  avec  le  cours  inévitable  d'une  descendance  char- 
nelle? MASS.  Car.  Vocal.  Oui  a  conservé  à  la  pos- 
térité la  descendance  de  tant  de  noms  illustres  que 
nous  re.spectons  aujourd'hui?  id.  ib.  Aumône.  Les 
Césars  ont  pris  leur  descendance  d'Iule,  le  p.  ca- 
TROu,  dans  desfontainf.s.  ||  Les  descendants  d'un 
individu.  La  descendance  de  Hugues  Capot. 

—  IIIST.  xiu'  s.  Se  mes  pères  et  me  [ma]  mère 
me  marient  de  lor  muebles  communs,  et,  apr<;s, 
mes  pères  muert,  je  voil  partir  à  la  descendance  de 
li,  je  ne  suis  tenus  à  raporter  que  la  moitié.... 

BEAUM.  vu,   <9. 

—  ÉTYM.  Descendant. 

).  DESCENDANT,  ANTE  (dè-san-dan,  dan-t'), 
adj.  Il  1°  Qui  descend,  qui  va  en  bas.  Serait-ce  abu- 
ser de  la  permission  de  conjecturer  que  de  supposer 
qu'il  y  a  aussi  un  suc  descendant  ou  dont  la  direc- 
tion est  en  sens  opposé?  bonnet,  Consid.  corps  orcj. 
Œuvres,  t.  vi,  p.  51  ,  dans  pougens.  ||  2°  La  marée 
descendante  et,  absolument,  le  descendant,  se  dit, 
par  opposition  à  marée  montante,  de  la  mer  qui 
baisse  et  s'éloigne  de  son  rivage.  ||  3"  Il  se  dit  en 
parlant  des  bateaux  qui  descendent  habituellement 
une  rivière.  Il  profita  d'un  bateau  descendant.  Les 
bateaux  descendants  et  les  bateaux  montants. 
Il  Terme  de  chemins  de  fer.  Trains  descendants, 
trains  qui  gagnent  le  bas,  les  côtes  de  la  mer,  par 
opposition  à  trains  montants,  ceux  qui  gagnent  le 
haut,  l'intérieur  des  terres.  |{  4"  Terme  de  guerre. 
La  garde  descendante,  celle  qui  cède  le  survice  d'un 
poste  à  la  garde  qui  le  reprend,  et  que,  par  oppo- 
sition, on  désigne  sous  le  nom  de  garde  montante. 
Il  B°  Terme  de  généalogie.  Ligne  descendante,  ceux 
qui  sont  issus  d'une  même  personne,  par  opposition 
à  ligne  ascendante.  ||  6°  Terme  de  musique.  Gamme 
descendante,  la  suite  des  tons  de  la  gamme  du  haut 
en  bas.  j|  7°  Terme  d'arithmétique.  Progression  des- 
cendante, progression  dont  les  termes  vont  en 
décroissant.  118°  Terme  d'astronomie.  Signes  des- 
cendants, ceux  par  lesquels  passe  le  soleil  du  sol- 
stice d'été  au  solstice  d'hiver.  ||  Nœud  descendant, 
point  oii  une  planète  traverse  l'écliptique  en  allant 
du  nord  au  midi.  {{  9"  Se  dit,  en  botanique,  des  par- 
ties des  végétaux  qui  se  dirigent  vers  le  sol,  et,  en 
anatomie,  des  parties  qui  se  dirigent  vers  la  partie 
inférieure  du  corps.  Aorte  descendante. 

2.  DESCENDANT,  ANTE  (dè-san-dan, dan-t'), î.  m. 
et  f.  Il  1°  Celui,  celle  qui  tire  son  origine  d'une  per- 
sonne, qui  descend  d'une  race.  Une  descendante  de 
ces  Grecs....  11  apparaît  de  temps  en  temps  sur  la 
terre  des  homme»  rares;  ils  n'ont  ni  aïeuls  ni  des- 
cendants; ils  composent  seuls  toute  leur  race,  la 
BRUY.  n.  La  dispersion  des  descendants  de  Noédans 
les  différentes  contrées  de  la  terre  où  ils  s'établi- 
rent, ROLi.iN,  llist.  anc.  Préface.  Et  quel  autre  ja- 
mais qu'un  descendant  d'Alcide....  volt.  Mérope, 
V,  7.  Vous  serez  bien  étonné  en  voyant  les  descen- 
dants de  nos  vainqueurs, lu.  Pri/ic.  de  Babyl.  s.  Un 


DES 

prêtre  de  ce  pays  déclara  de  la  part  de  Dieu  le  des- 
cendant do  tant  de  rois  incapable  d'hériter,  id. 
louis  XV,  39.  Il  i°  S.  m.  pi.  Les  descendants,  la 
postérité,  sans  idée  de  descendance  de  famille. 
Nos  descendants  jouiront  des  travaux  de  leurs  an- 
cêtres. 

—  HIST.  XIII*  s.  Tuit  li  enfant  giuqu'au  tiers  ne- 
voz  sontapeléz  fiz,  et  li  autre  sont  apelé  deçadant, 
Liv.de  just.  226.  ||  xvi'  s.  Quand  vous  seriez  le  cin- 
quantiesme  descendant  de  Hercules,  mont,  i,  ho. 

—  ÉTYM.  Descendant  <. 

t  DESCENDERIE  (dè-san-de-rie),s.  f.  Galerie  pr.i- 
tiquée,  dans  les  mines,  suivant  la  pente  de  la  cou- 
che à  exploiter. 

—  ÉTYM.  Descendre. 

DESCENDRE  (dè-san-dr') ,  je  descends ,  tu  des- 
dends,  il  descend,  nous  descendons,  vous  descen- 
dez, ils  descendent;  je  descendais;  je  descendis;  je 
descendrai;  je  descendrais;  descends,  descendons; 
que  je  descende,  que  nous  descendions;  que  je  des- 
cendisse; descendant;  descendu,  v.  n.  \\  l'  Aller  du 
haut  en  bas.  Descendre  de  sa  chambre,  d'un  arbre. 
Descendre  de  cheval,  de  voiture.  Descends  tel  qu'au- 
trefois la  mer  te  vit  descendre....  bac.  Esther,  i,  5. 
Tu  n'aurais  pas  à  la  légère  Descendu  dans  ce  puits, 
LA  FONT.  Fab.  m,  6-  |{  Venir  d'un  lieu  élevé.  Il 
descendait  du  palais.  Et  quelle  ardeur  soudaine  Vous 
a  fait  tout  à  coup  descendre  dans  la  plaine?  bac. 
Théb.  I,  3.  Il  Suivre  le  courant  d'une  rivière.  Enfin 
Alexandre,  après  avoir  employé  neuf  mois  entiers  à 
descendre  par  les  rivières,  arriva  à  l'Océan,  bollin, 
Hist.  anc.  Œuvres,  t.  vi,  p.  B43,  dans  pougens. 
Il  Fig.  La  corruption  ne  tarda  pas  à  descendre  des 
hautes  classes  parmi  le  peuple.  Et  des  dieux  quel- 
quefois la  longue  patience  Fait  sur  nous  à  pas  lents 
descendre  la  vengeance,  volt.  Mérope,  i,  4.  Dieu 
tout-puissant,  éclate  en  ta  bonté.  Fais  descendre  ta 
grAce  en  ce  séjour  profane,  id.  Zaïre,  v,  2.  Cette 
activité  descend  de  l'atome  à  l'élément,  de  l'élément 
au  composé,  et  varie  selon  toutes  les  compositions 
possibles,  DIDEROT,  Opin.  des  anc.  philos.  Épicu- 
réisme.  En  descendant  de  perceptions  claires  en  per- 
ceptions claires,  car  c'est  la  manière  de  philosopher 
de  l'auteur  et  la  bonne,  id.  Lettre  sur  les  aveugles. 
Non  non,  dans  son  cœur  seul  mon  secret  doit  des- 
cendre, DELAV.  Paria,  m,  2.  ||  Descendre  du  trône, 
se  démettre  de  l'autorité  royale;  être  détrôné.  Ty- 
ran, descends  du  trône  et  fais  place  à  ton  maître, 
CORN.  Iléracl.  i,  2.  Je  ne  suis  plus  surprise  que  la 
reine  Christine  soit  descendue  du  trône  pour  vivre 
avec  plus  de  liberté,  maintenon,  Lettre  à  Urne  de 
St-Géran,  24  août  (696.  ||  11  se  dit,  dans  le  même 
sens,  de  tout  haut  emploi.  Il  aima  mieux  descendre 
du  ministère  que  de  s'y  dégrader,  mahmontel  ,  Mém. 
xn.  Il  Absolument,  dans  le  même  sens.  Et  monté  sur 
le  faite,  il  aspire  à  descendre,  corn.  Cinna,  u,  1. 
Il  Descendre  au  tombeau, dans  la  tombc,au  cercueil, 
mourir.  Sire,  ainsi  ces  cheveux  blanchis  sous  le  har- 
nois....  Descendaient  au  tombeau  tout  chargés  d'in- 
famie, CORN.  Cid,  II,  9.  Mais  quand  tu  le  verrais 
descendre  chez  Pluton,  m.  Pomp.  ii,  2.  Mourez 
donc,  et  gardez  un  silence  inhumain;  Mais,  pour 
fermer  vos  yeux,  cherchez  une  autre  main;  Quoi- 
qu'il vous  reste  à  peine  une  faible  lumière,  Mon 
ame  chez  les  morts  descendra  la  première,  rag. 
Phèdre,  i,  3.  Triste  destin;  il  descend  au  tombeau, 
Plus  faible,  plus  enfant  qu'il  ne  l'est  au  berceau,  l. 
RAC.  Relig.  ch.  u.  Un  plus  noble  chemin  pour  des- 
cendre au  tombeau,  volt.  Orphel. ly,  6. Là  le  Tasse, 
brûlé  d'une  flamme  fatale.  Expiant  dans  les  fers  sa 
gloire  et  son  amour,  Quand  il  va  recueillir  la  palme 
triomphale  Descend  au  noir  séjour,  lamart.  Mcd. 
1,  t4.  Il  Descendre  en  soi-même,  dans  sa  conscience, 
s'interroger,  s'examiner.  Apprends  à  te  connaître  et 
descends  en  toi-même,  corn.  Cinna,  v,  ) .  ||  2"'Terme 
de  marine.  Descendre  à  terre,  débarquer  pour  un 
moment.  ||  3°  Faire  irruption,  en  parlant  d'une  in- 
vasion qui  se  fait  par  mer  ou  par  des  ennemis  ve- 
nant d'un  pays  plus  élevé.  Les  Goths,  les  Lombards 
descendirent  en  Italie.  Ce  grand  homme  [Colomb] 
avait  découvert  la  terre  ferme  de  l'Amérique,  mais 
sans  y  descendre,  haynal,  Uist.  phil.  vu,  2.  Peut- 
être  dans  nos  ports  le  verrons-nous  descendre,  bac. 
Àndrom.  i,  2.  |1  4°  Mettre  pied  à  terre,  soit  de  che- 
val, soit  de  voiture,  soit  même  hors  d'un  bateau. 
La  reine  alla  hier  faire  collation  à  Triauon,  elle  des- 
cendit à  l'église,  puis  à  Clagny,  où  elle  prit  Mme  de 
Montespan  dans  son  carrosse  et  la  mena  à  Trianon 
avec  elle....  sév.  Lett.  fi  juin  (675.  Je  vous  con- 
jure, ma  chère  enfant,  si  vous  vous  embarquez 
[sur  le  Rhône],  de  descendre  au  pont  du  Saint-Es- 
prit, id.  18.  Il  Loger  en  voyage.  11  descend  toujours 
au  mémo  endroit.  Descendre  chez  un  ami.  Venez 


DES 


1095 


donc  descendre  cheznous,  scarron,  Virg.  fraD.viii. 
Il  S»  Terme  de  procédure.  La  justice  a  descendu  chez 
lui,  les  officiers  de  la  justice  se  sont  transportés 
chez  lui  et  ont  fait  visite  dans  sa  maison,  l'ont  in- 
terrogé, etc.  Il  6°  S'abaisser,  aller  plus  bas,  en  par- 
lant des  choses.  La  marée  descend.  Le  ballon  des- 
cendit rapidement.  Le  thermomètre  a  descendu  de 
quatre  degrés  depuis  hier.  Dans  nos  ports  la  marée 
emploie  un  peu  plus  de  temps  à  descendre  qu'à  mon- 
ter; et,  à  Brest,  la  différence  de  ces  deux  temps  est 
d'environ  dix  minutes  et  demie,  laplace,  Exposit. 
IV,  H.  Il  7"  Pendre.  Les  cheveux  lui  descendent  jus- 
qu'à la  ceinture.  Sur  son  dos  descendait  la  peau 
d'un  léopard,  lamotte,  dans  desfontaines.  1|  S'Al- 
ler en  pente.  Ce  sentier  descend  vers  le  village.  La 
route  descend  beaucoup  en  cet  endroit.  ||  9°  Condes- 
cendre, se  baisser  jusqu'à.  De  ses  importantes  occu- 
pations elle  descend  humainement  dans  le  plaisir  dg 
nos  spectacles,  mol.  Critique,  Dédicace.  Comment 
elle  et  son  mari  pouvaient  descendre  à  leurs  domes- 
tiques sans  que  ceux-ci  fussent  tentés  de  s'égaler  à 
eux  à  leur  tour,  J.  j.  eouss.  i/^J.iv,  10.  ||  Descendre 
dans  le  détail  d'une  affaire,  s'y  appliquer  avec  une 
minutieuse  attention.  Sa  facile  bonté  sur  son  front 
répandue  Jusqu'aux  moindres  détails  est  d'abord 
descendue, RAC.  Brit.  v,3.  U  descendait  dans  le  détail 
des  différends  de  ses  sujets,  mass.  Pet.  car.  Écueils. 
Il  Descendre  dans  le  détail,  signifie  aussi  rapporter 
les  détails,  les  circonstances  particulières.  ||  10°  S'a- 
baisser, se  ravaler.  Quoil  je  pourrais  descendre 
à  ce  lâche  artifice,  corn.  Rodog.  m,  3.  A-t-elle 
pu  descendre  à  la  moindre  prière?  m.  Médée,  ii, 
3.  C'est  à  toi  d'élever  tes  sentiments  aux  miens. 
Non  à  moi  de  descendre  à  la  honte  des  tiens,  id. 
Hor.  IV,  7.  C'est  avoir  fait  beaucoup  que  d'avoir 
jusque-là  Fait  descendre  l'orgueil  des  héros  de  Sylla, 
ID.  Sertor.  i,  2.  Un  grand  roi  descend-il  jusqu'à  cet 
artifice?  rac.  Mithr.  iv,  l.  Je  veux  bien  avec  toi 
descendre  à  me  commettre,  volt.  Tancr.  m,  8.  La 
honte  où  je  descends  de  me  justifier,  id.  Zaïre,  iv, 
6.  Jamais  les  grands  rois  n'ont  descendu  à  ces  bas- 
sesses [les  confiscations],  lo.  Moeurs,  tl7.  Dans  la 
suite  il  ne  dépendit  pas  de  cette  fière  Agrippine, 
mieux  conseillée,  de  descendre  à  des  complaisances, 
DiDER.  Essai  s.  Claude.  ||  11°  Déchoir.  L'horreur  de 
voir  une  autre  au  rang  qui  vous  est  dû  Et  le  juste 
chagrin  d'avoir  trop  descendu,  corn.  Othon,  m,  B. 
Il  12°  Terme  de  musique.  Passer  de  l'aigu  au  grave. 
Descendre  d'un  ton,  d'une  quinte.  La  voix  ne  peut 
descendre  plus  bas.  ||  13°  Terme  de  marine.  I.e  vent 
descend,  lorsqu'il  change  dans  la  direction  du  nord 
vers  le  sud.  ||  14°  Être  issu.  En  ce  sens  il  se  con- 
struit toujours  avec  l'auxihaire  être.  Ils  croient  être 
descendus  d'Hercule,  vaugel.  Q.  C.  liv.  iv,  dans 
richelet.  Je  ne  vois  pas  comment  on  pourrait  dou- 
ter du  manichéisme  des  Albigeois,  ni  qu'ils  ne 
soient  descendus  des  manichéens  de  la  Bulgarie, 
boss.  Var.  x,  §  B(i.  Le  sang  de  ces  héros  dont  tu 
me  fais  descendre,  rag.  Iphig.  v,  o.  Il  dp.scend 
comme  moi  Du  sang  infortuné  de  notre  premier  roi, 
ID.  Eslh.  m,  4.  Fussiez-vous  descendu  du  lugubre 
Heraclite  De  père  en  fils,  parbleu,  vous  rirez  do  ce 
trait,  REGNABD,  Distrait,  i,  8.  Le  corps,  né  de  la 
poudre,  à  la  poudre  est  rendu;  L'esprit  retourne  au 
ciel  dont  il  est  descendu,  louis  rac.  la  lielig.  ch.  ii. 
Il  [Maimonides]  se  vantait  d'être  descendu  de  la 
maison  de  David,  comme  font  la  plupart  des  Juifs 
d'Espagne,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  (Juifs). 
Il  15°  V.  a.  Mettre  plus  bas.  Il  faut  descendre  un 
peu  ce  tableau.  ||  Descendre  un  bateau,  un  navire, 
le  faire  aller  en  aval.  ||  Populairement,  faire  tomber, 
abattre,  tuer.  Tu  vois  là  haut  cet  écureuil,  tAcbe  de  le 
descendre.  U  le  descendit  d'un  coup  de  fusil.  ||  16°  Des- 
cendre un  escalier,  une  montagne,  aller  du  haut  de 
cet  escalier,  de  cette  montagne  vers  le  bas.  Les  de- 
grés que  nous  avons  descendus  si  vite.  Ménalque 
descend  l'escalier  du  Louvre,  la  bruy.  xi.  Les  mi- 
nistres sacrés  Du  temple  en  un  moment  descendent 
les  degrés,  c.  delav.  Paria,  iv,  2.  Repose-toi,  mon 
âme....  L'amitié  te  trahit,  la  pitié  t'abandonne.  Et, 
s»ule,  tu  descends  le  sentier  des  tombeaux,  lamaht. 
Médit.  I,  6.  Il  17°  Descendre  un  fleuve,  une  rivière 
se  rapprocher  de  l'embouchure,  du  confluent.  Les 
bateaux  qui  descendent  la  rivière.  Rosette  reçoit,  à 
une  lieue  de  l'embouchure  occidentale  du  Nil,  les 
denrées  qui  descendent  le  fleuve  sur  les  bateaux, 
raynal,  Uist.  phil.  XI,  3.  ||  18°  Terme  de  guerre. 
Descendre  la  tranchée,  descendre  la  garde,  se  re- 
tirer après  l'avoir  montée  pour  faire  place  à  ceux 
qui  doivent  succéder.  Voilà  des  lettres  de  votre  en- 
fant; il  vient  de  descendre  la  tranchée;  Monseigneur 
y  est  tous  les  jours,  sÉv.  Lett,  Jour  de  la  Toussaint 
(888.  Il  Fig.  et  populairement.  Descendre  la  garde. 


1096 


DES 


tomber,  faire  une  chute,  et  &u»si  mourir.  ||  19«  Met- 
tre, déposer  à  terre.  On  a  descendu  plusieurs  pas- 
sagers dans  cette  île.  Mon  fiacre  fut  obligé  de  ma 
descendre  à  quelques  pas  de  chez  elle,  Marivaux, 
raytan  parv.  t.  m,  b*  part.  p.  77,  dans  poijgens. 
Il  20°  Terme  de  musique.  Descendre  un  instrument 
de  quelques  tons,  en  relâcher  les  cordes.  ||  Descen- 
dre la  gamme,  la  parcourir  en  allant  de  l'aigu  au 
grave. 

—  RF.M.l.  Descendre,  v.  n.  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  avoir,  quand  il  marque  une  action  :  il  a 
descendu  à  terre,  aussitôt  que  le  vaisseau  futabordé; 
avec  l'auxiliaire  être,  quand  il  marque  un  état;  les 
pa,ssagers  .sont  descendus  à  terre  depuis  longtemps. 
C'est  pour  cela  que  descendre,  au  sens  d'êlre  issu, 
se  conjugue  toujours  avec  l'auxiliaire  être.  \\  i.  St-Si- 
mon  a  dit  descendre  un  cheval,  pour  descendre 
d'un  cheval;  cela  n'est  pas  à  imiter:  Jî  fis  trois 
charges  sur  un  excellent  courtaud  bai  brun  que  je 
n'avais  pas  descendu  depuis  quatre  heures  du  matin, 
li,  )a9.  ||3.  Descendre  un  escalier,  c'est,  logique- 
ment, descendre  le  long  d'un  escalier;  descendre 
la  garde,  la  tranchée,  c'est  descendre  de  la  garde, 
de  la  tranchée.  Mais  l'usage  a  prévalu  de  traiter  en 
ceci  descendre  comme  un  verbe  véritablement  actif. 

—  HIST.  XI*  s.  Et  li  message  [les  messagers]  des- 
cendirent à  pied,  Ch.  de  llol.  viii.  Devers  la  teste 
sur  le  cuer  [la  mort]  lui  descent,  ib.  clxxi.  Li  gen- 
tilz  reis  descendut  est  à  pied,  ib.  CLXXVii.  ||  xii'  s. 
Li  cons  [le  comte]  Rolant  descent  du  pui  aval,  Itonc. 
p.  49.  Li  arcivesque  descent  enmi  le  pré,  ib.  p.  5B. 
Sains  Gabriel  est  à  lui  descendu,  ib.  p.  )46.  Que  ma 
dame  fasse  pitié  descendre,  Couci,  v.  Li  messages 
iriés  descendi  au  perron,  Sax.  xiv.  Li  cuens  Guil- 
laumes  au  corage  aduré  Descent  sa  nièce  del  pale- 
froi loé.  Bal.  d'Alescham,  v.  7937.  Lors  descendi- 
rent maint  querant  jugement  e  droiture  el  deserl, 
Uachabées,  i,  2.  ||  xiu*  s.  Et  menèrent  avec  eus  le 
fil  l'empereour  de  Constantinoble  et  tous  les  vesques 
et  ks  aiibés  de  i'ost,  el  descendirent  de  lor  chevaus, 
viLLEH.  ux.  Au  perron  de  la  salle  la  royne  descent, 

,  Berle,  ix.  Il  sont  tout  descendu  à  terre  sur  l'erbier, 
ib.  XIX.  Si  que  l'eve  du  cuer  sur  la  face  en  des- 
'  cent,  ib.  xlvii.  Li  rois  vint  et  si  conpaingnon,  De- 
;  vant  la  sole  descendié,  V.i  cil  li  est  cheU  au  pied, 
I  Ken.  t8773.  Savoir  convient,  d'où  descent  le  non  de 
droit,  Liv.  de  just.  i.  Se  j'ai  pej'e  et  se  j'ai  enfans  et 
je  muir,  mesheritagesdescent  à  mes  enfans  et  non  à 
mon  père,  beaum.  xiv,  22.Tex  [telles]  demandes  sont 
mellées;  cai  eles  sont  personix  [personnelles],  porce 
que  eles  touquent  le  fet  de  le  [la]  persone,  et  si  sont 
reeles,  porce  que  le  [la]  fins  de  le  [la]  demande  des- 
cherit  sor  l'eritage,  iD.  vi,  32.  Le  roy  descendi  k 
terre  le  jour  de  la  Pentecouste,  jomv.  2)3.  Un  cor- 
dclier  vint  à  11  au  chastel  de  Yeres  [Hières],  là  où 
nous  descendîmes  de  mer,  id.  499.  Il  se  descendist 
de  la  nef,  lo.  283.  Il  ostoit  descendu  d'une  des  seurs 
le  roi  l'helippe,  que  l'empereur  meismes  ot  à  femme, 
ID.  265.  De  loi  descendent  toutes  bontez,  l'sautier, 
(°  149.  Jou  Jehans....  fas  savoir  que  par  loial  dis- 
crétion je  sui  descendus  et  consentis  à  la  proiere  de 
religieus  houmes  l'abbé  et  le  convent....  Charte 
d'octobre  (299,  Liasse  de  l'abbaye  de  l'oigny.  ||  xv's. 
Si  se  descendirent  et  se  firent  leurs  logis  sur  ces 
beaux  prés  sur  la  rivière  de  Dordogne,  froiss.  ii, 
II,  3.  Us  [les  cardinaux  qui  voulaient  amener  la 
paix  entre  les  deux  partis]  les  trouvèrent  si  durs  et 
si  mal  descendans  à  accord,  qu'ils  ne  les  pouvoient 
approcher  de  nulle  paix,  id.i,i,  2h.  Et  si  tost  que 
aux  hostels,  sur  le  chemin  que  nous  fesismes  en- 
semble, descendu  estois....  ID.  ii,  m,  12.  La  guerre 
entre  deux  grands  princes  est  bien  aisée  à  commen- 
cer, mais  très  mauvaise  à  appaiser  pour  les  choses 
qui  y  adviennent  et  qui  en  descendent,  comm.  ii,  &. 
Au  descendre  de  la  montagne  on  veit  le  plein  pays 
de  la  Lombardie,  id.  vin,  6.  11  se  leva  toutefois,  et 
l'autre  se  descendit,  louis  xi,  iVout;.  xxxiv.  ||  xvi' s. 
Que  les  plus  parfaits  descendent  en  leur  conscience, 
et  amènent  leurs  œuvres  à  conte,  calv.  Instit.  600. 
Toute  la  nuict  je  passay  sans  dormir  Sur  ce  grand 
arbre....  et  au  matin....  Me  descendy,  triste,  morne 
et  pallie,  marot,  a,  7.  Lors  montent  [les  marins] 
a,,  ciel  haut;  Puis  aux  gouffres  descendent,  id.  iv, 
3{8.  Il  descendoit  originellement  des  dieux,  mont,  ii, 
S73.  Cela  fut  cause  de  faire  descendre  les  autres 
Grecs  à  son  opinion,  et  se  préparer  à  combatre  par 
mer,  amïot,  Thémist.  2(.  Si  descendit  habilement 
ses  gens  en  terre  de  miict,  et  alla  mettre  le  feu  de- 
dans leur  camp,  id.  l'hilnp.  24.  Il  traversa  U  mer 
sans  fortune,  et  alla  descendre  en  Epire,  m.  Fla- 
mtn.  4.  Et  ne  fault  pas  oublier  de  descendre  tou- 
jours en  soy  mesme,  et  dire  à  part  soy  :  ne  suis-ie 
point  tel?  ID.  Comment  U  faut  ouir,  s 


DES 

—  ÉTYM.  Provcnç.  deissendrc,  dùsendre;  calai. 
descendir ;  espagn.  dexcender;  ilal.  descendere;  du 
latin  descendere,  du  préfixe  des,  elscendere,  pour 
scandere,  marcher  (voy.  scander). 

DE-SCENDU,  CE  (dè-san-du,  due),  par»,  passade 
descendre.  ||  1°  Qui  est  allé  d'un  lieu  plus  élevé  à  un 
lieu  plus  bas.  Descendu  dans  la  mine.  Descendu  à 
terre.  ||  Fig.  Le  malheur  de  U  fille  au  tombeau  des- 
cendue Par  un  commun  trépas,  malh.  vi,  (8.  0 
toi  qui  vois  la  honte  où  je  suis  descendue,  HAC. 
Phèdre,  m,  9.  Dans  un  gouffre  profond  Sion  est 
descendue,  id.  Athal.  m,  8.  Je  vois  la  vérité  dans 
ton  cœur  descendue,  volt.  Zaïre,  n,  3.  Dans  l'a- 
bîme effroyable  où  je  suis  descendue,  id.  Tancr. 
Il,  8.  Ne  crois  pas  qu'à  ce  point  de  mon  rang 
descendue,  id.  Sémiram.  m,  <.  Vingt  siècles  des- 
cendus dans  l'éternelle  nuit  T'ont  dit  comme  tout 
change....  id.  Ép.  en.  Sommes-nous  descendus  à 
ce  point  de  détresse....  c.  dblav.  Vép.  sicil.  m,  2. 
Il  2"  Issu.  J'aime  en  elle  le  sang  dont  elle  est  des- 
cendue, BAC.  Baj.  I,  t.  Et  le  jeune  Agrippa,  de  son 
sang  descendu,  Se  vit  exclu  d'un  rang  vainement 
prétendu,  id.  Brit.  ni,  3.  Misérable!  et  je  vis,  et  je 
soutiens  la  vue  De  ce  sacré  soleil  dont  je  suisdescen- 
due,  w.Phèd.  iv,  6. Toi  qui, de  Benjamin  comme  moi 
descendue,  Fus  de  mes  premiers  ans  la  compagne 
assidue,  id.  Eslh.  l,  t.  Sans  respect  des  aïeux  dont 
elle  est  descendue,  BOiL.  Sat.  v.  Tibérius  et  Caïus 
Gracchus,  descendus  par  leur  mère  du  fameux  Sci- 
pion ,  soutinrent  par  un  rare  mérite  l'éclat  de  leur 
naissance,  rollin.  Traité  des  Et.  3'  part.  ch.  2.  Ce 
héros  malheureux  de  Bouillon  descendu..,,  volt. 
Zaïre,  n,  1.  ||  3°  Qu'on  a  mis  plus  bas.  Ce  tableau 
descendu  afin  qu'il  fiît  mieux  en  vue.  Un  canapé  des- 
cendu par  la  fenêtre.  ||  Jeté  à  terre,  blessé  ou  tué. 
L'écureuil  descendu  d'un  coup  de  fusil.  Â  chaque 
coup  il  y  en  avait  un  de  descendu.  ||  En  ce  sens  il 
est  familier.  Il  4°  Parcouru  d'amont  en  aval.  Le 
fleuve  descendu  parla  flottille.  Un  escalier  descendu 
lentement.  La  côte  descendue  au  grand  galop. 

t  DESCENSION  (dé-san-sion),  s.  f.  ||  1"  Terme 
d'artillerie.  Courbe  de  la  bombe  descendant,  à  par- 
tir du  plus  haut  point  de  son  ascension.  ||  2°  Terme 
d'astronomie.  Distance  entre  le  point  équinoxial  et 
le  point  de  l'équateur  qui  descend  sous  l'horizon  en 
même  temps  qu'un  astre.  La  descension  est  dite 
droite  ou  oblique  suivantqu'on  la  rapporte  à  la  sphère 
droite  ou  à  la  sphère  oblique. 

—  ETYM.  Lat.  descensio ,  de  descendere,  descendre, 
t  DESCENSIONNEL ,  ELLE   (dè-san-sio-nèl',  nè- 

1'),  adj.  Terme  didactique.  Qui  a  une  tendance,  une 
marche  de  haut  en  bas.  Mouvement  de-scension- 
nel.  Il  Terme  d'astronomie.  Différence  descension- 
nelle,  celle  qui  existe  entre  la  descension  droite  et 
la  descension  oblique  d'un  astre. 

—  ETYM.  Descension. 

DE.SCENTE  (dè-san-f) ,  s.  f.  ||  1° Action  de  descen- 
dre, d'aller  d'un  lieu  élevé  en  un  autre  lieu  plus  bas. 
La  descente  de  Jésus-Christ  aux  enfers.  La  descente 
d'un  ouvrier  dans  une  carrière.  Le  sénat  n'épargnait 
promesse  ni  menace.  Et  rappelait  par  là  son  esca- 
dron mutin  [le  peuple  soulevé]  Et  du  mont  Quirinal 
et  du  mont  Aventin,  Dont  il  l'aurait  vu  faire  une 
horrible  descente,  corn.  Nicom.  v,  2.  Esprit  saint, 
esprit  pacifique,  je  vous  ai  préparé  les  voies  en  prê- 
chant votre  parole;  ma  voix  a  été  semblable  peut- 
être  à  ce  bruit  impétueux  qui  a  prévenu  votre  des- 
cente, Boss.  la  Vallière.  La  solennité  que  nous 
célébrons  n'est  point,  comme  les  autres  fêtes  de  l'an- 
née, une  simple  commémoration,  mais  le  mystère 
même  de  la  descente  du  Saint-Esprit,  bourd.  Mfist. 
Pentecôte,  t.  i,  p.  429.  Saint  Pierre,  dès  sa  pre- 
mière Êpître,  ne  nous  parle  de  cette  descente  aux 
enfers  que  comme  d'une  mission  divine  qu'y  fit  le 
Sauveur  du  monde,  id.  Commémor.  des  morts ,  Myst. 
t.  II,  p.  612.  On  ne  peut  pas  même  vous  ôter  la 
louange  d'avoir  fait  la  descente  d'Ënée  aux  enfers 
plus  belle  que  n'est  l'évocation  des  ftmesqui  est  dans 
l'Odyssée,  fén.  Dial.  des  morts  anc.  Horace,  Vir- 
gile. Il  De.-icente  de  lit,  petit  tapis  de  chambre  à 
coucher,  placé  de  manière  qu'on  y  pose  les  jiieds 
quand  on  descend  du  lit.  ||  X  la  descente,  pendant 
le  moment  où  la  personne  dont  il  s'agit  descend  de 
quelque  part.  Il  alla  le  recevoir  à  la  descente  de  la 
voiture,  de  l'escalier.  J'y  trouvai  Wild remet  et 
quelques  autres  Biennois  qui  m'attendaient  à  la 
descente  du  bateau,  j.  j.  rouss.  Confess.  xii.  |i  2°  Il 
se  dit  aussi  des  choses  qui  vont  de  haut  en  bas.  La 
descente  des  eaux.  La  descente  d'un  aérostat.  ||  Terme 
de  géométrie.  Ligne  de  la  plus  courte  descente  (au- 
trement appelée  brachistochrone),  cycloîde,  courbe 
suivie  par  un  corps  qui,  obéissant  à  l'action  seule 
de    la  pesanteur,   passe,   dans   le   moindre  temps 


DES 

possible,  d'un  point  donné  à  un  autre.  La  cycloMo 
a  un  grand  nombre  de  propriétés  très-singulières: 
et  celle  d'êlre  la  courbe  de  la  plus  vite  descente 
n'est  pas  une  des  moins  remarquables,  d'alemb. 
Éloges,  Bemou/li.  (|  3°  Action  de  porter  en  bas  une 
chose.  La  descente  de  cette  cloche  ne  sera  pas  facile. 
Il  Terme  de  peinture.  Une  descente  de  croix,  ta- 
bleau représentant  le  corps  de  Jésus-Christ  qu'on 
détache  et  descend  de  la  croix.  ||  Terme  de  manège. 
Descente  de  main,  mouvement  par  lequel,  quittant 
les  rênes  de  la  main  gauche,  on  fait  aller  la  droite 
jusqu'au  bouton  pour  s'assurer  de  leur  égalité. 
Il  4°  Pente.  La  descente  est  rude.  Nous  allons  trou- 
ver une  descente  à  quelque  distance.  Judas  le  pour- 
suivit à  la  descente  de  Betharan  jusqu'à  la  plaine, 
SACi,  Bible,  Machab.  i,  m,  24.  || Terme  d'exploita- 
tion. Galerie  dirigée  sur  la  pente  de  la  couche  ou 
du  filon.  Il  B°  Terme  de  guerre.  Débarquement  de 
troupes  pour  attaquer  quelque  ville  ou  quelque  pays. 
Nous  espérons  que  la  guerre  d'Irlande  fera  une  puis- 
sante diversion,  et  empêchera  le  prince  d'Orange  de 
nous  tourmenter  par  des  descentes,  SÉV.  Lett.  i 
mars  1689.  Je  désirais  qu'il  fît  une  descente  dans 
l'île  de  Carpathie,  fén.  Tél.  xiii.  M.  le  comte  d'Hé- 
rouville,  à  qui  l'on  avait  confié  les  préparatifs  d'une 
descente  projetée  sur  les  côtes  de  la  Grande-Breta- 
gne, CONDORCET,  d'Arci.  Il  Invasion ,  en  parlant  d'une 
troupe  qui  arrive  d'un  lieu  supposé  plus  élevé.  La 
de.scente  des  Lombards  en  Italie.  ||  6°  Terme  de  faucon- 
nerie. Action  de  l'oiseau  de  proie  qui  fond  sur  le  gi- 
bier pour  l'assommer.  Un  faucon  qui  fait  une  belle 
descente  surla  perdrix,  LA  brut.  XII.  ||7°Terraede  pa- 
lais. Descente  de  justice,  recherche,  perquisition 
faite  en  un  lieu  par  les  agents  de  justice.  ||  Des- 
cente de  lieux,  transport  d'un  juge  sur  les  lieux 
contentieux  pour  procéder  à  leur  examen.  |(  8°  En 
termes  de  siège,  les  descentes  sont  des  taillades 
qu'on  pratique  par  les  sapes  dans  les  terres  de  la 
contrescarpe,  au-dessous  du  chemin  couvert,  et  qui 
se  font  jusqu'à  fleur  d'eau,  aux  fossés  pleins  pour 
les  combler  ensuite  de  fascines;  elles  se  poussent 
jusqu'au  fond  pour  les  fossés  secs.  ||  9*  Terme  d'ar- 
chilecture.  Voûte  rampante  qui  couvre  une  rampe 
d'escalier;  et  aussi  la  rampe  elle-même.  La  descente 
biaise  est  celle  qui  est  de  côté  dans  un  mur.  ||  Tuyau 
de  descente,  ou,  simplement,  descente,  tuyau  d'é- 
coulement pour  les  eaux  de  pluie  ou  déménage.  Une 
descente  de  plomb.  ||  Terme  de  construction.  Pote- 
rie ou  chausse  d'aisance.  ||  10°  Nom  vulgaire  de  la 
hernie.  Mme  de  la  Vallière  mourut  d'une  descente 
dans  de  grandes  douleurs,  st-sim.  278,  4.  En  lais- 
sant pleurer  les  enfants,  on  leur  fait  gagner  des 
descentes,  ).  J.  ROUss.  Ém.  1. 1|  Dans  le  langage  vul- 
gaire, on  dit  aussi  descente  de  matrice,  pour  abais- 
sement de  matrice. 

—  HiST.  xiii*  s.  Un  pui  [montagne]  descendent 
en  un  val  ;  En  la  descensse  d'un  costal  Un  pèlerin 
ont  encontre,  FI.  et  Blanchefl.  ils.  de  St-G.  f°  19, 
dans  LACURNE.  Vraie  foy  de  nécessité.  Non  tantseu- 
lement  d'équité.  Nous  fait  de  Dieu  sept  choses 
croire....  Son  descens  en  la  chartre  noire.  Et  sa  re- 
surreccion  voire,  S'ascension  d'auctorité....  j.  de 
MEUNG,  Tr.  66.  Il  xvi*  S.  Celluy  est  fol  qui  d'aymer 
se  démente;  C'est  un  chemin  obscur  et  lourde  sente, 
Dont  riens  ne  vault  la  montée  et  descente,  j.  ma- 
rot, p.  245,  dans  LACUBNE.  Soudain  il  luy  prit  au 
milieu  de  son  parler  un  esvanouissement ,  et  une  des- 
cente de  reume,  amtot,  Flam.  lo.  Jugurtha  ne  fut 
pas  plus  tost  pris,  que  les  nouvelles  vindrent  à  Rome 
de  la  descente  des  Teutons  et  des  Cimbres,  id.  Ma- 
rius,  17.  Quant  ce  vint  à  la  descente  de  quelques 
coteaux  assez  roides,  id.  Anton.  57.  Cette  race  bour- 
bonnoise,  qui  fait  meilleure  preuve  que  moi  de  sa 
descente  de  S.  Ixiuis,  Sat.  Mén.  p.  48.  Descente  de 
matrice,  PARé,  i,  34.  Aucuns  l'appellent  descente, 
rhume  ou  catarrhe,  parce  que  le  nom  de  goutc 
est  odieux,  principalement  aux  jeunes  gens,  id. 
XXI, 1. 

—  ÉTYM.  Berry,  descende.  L'ancien  français  di- 
sait aussi  descendement ,  et,  au  masculin,  descem, 
provenç.  deisses,  disses.  Le  supin  descensum  adonné 
régulièrement  descensse,  qui  se  trouve;  descensut  a 
donné  descens,  et  le  provençal  deisses;  mais  des- 
cente a  été  formé  de  descendre,  à  l'imitation  de 
rente,  qui  vient  de  redditus,  de  vente,  qui  vient  de 
venditus ,  etc. 

f  UÉSCEPTRKR  (dé-sè-ptré) ,  V.  o.ôter  le  sceptre  ; 
détrôner. 

—  HlST.  XVI*  s.  Desceptrer,  ouniN. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  sceptre. 

f  DESCRIPTEUR  (dè-skri-pteurj,  t.  m.  Celui  qui 
décrit.  Linné  le  descripteur  et  le  classificateur  des 
plantes  et  des  animaux. 


DÉS 

—  ÉTYM.  Lat.  descriptor,  de  describere,  décrire 
(ïoy.  ce  mot). 

DESCRIPTIF,  IVE  (dè-skri-ptif,  ti-v'),  adj.  Qui 
a  pour  objet  de  décrire.  La  poésie  descriptive.  Co- 
ras  réussit  quelquefois  dans  le  vers  descriptif,  cha- 
TEAUB.  Génie,  il,  i,  4.  ^  Style  descriptif,  style  rem- 
pli de  descriptions,propre  aux  descriptions.  {|  Poëme 
descriptif,  sorte  de  poëme  où  l'on  ne  fait  que  des 
descriptions  plus  ou  moins  brillantes.  ||  Genre 
descriptif,  genre  auquel  on  rattache  les  poèmes  de- 
scriptifs de  tous  ordres.  Les  Saisons  de  St-Lam- 
bert  sont  du  genre  descriptif.  Ce  mot  se  prend  le 
plus  souvent  en  mauvaise  part,  parce  que  la  de- 
scription est  un  ornement  du  discours  et  ne  doit  pas 
être  le  fond  d'un  ouvrage.  ||  Géométrie  descriptive, 
ensemble  de  méthodes  générales  pour  résoudre 
graphiquement  les  problèmes  à  trois  dimensions. 
Il  Analomie  descriptive,  cours  d'anatomie,  livre  d'a- 
natomie  où  l'on  décrit  les  diverses  parties  du  corps. 

—  ËTYM.  Voy.   DESCRIPTION. 

DESCRIPTION  (dè-skri-psion;  en  vers,  de  qua- 
tre syllabes) ,  s.  f.\\i°  Discours  par  lequel  on  décrit, 
on  dépeint.  Comme  c'est  une  personne  extraordi- 
naire, il  est  à  propos  d'en  faire  la  description, 
BussY-RAB.  dans  richelet.  Il  les  en  faut  croire  [les 
papes  ]  ;  et  il  est  bien  aisé  de  s'imaginer  par 
quelle  voie  on  arrive  à  les  surprendre;  saint  Bernard 
en  fait  la  description  dans  la  lettre  qu'il  écrivit, 
PASC.  Prov.  (S.  Il  se  promet  de  faire  une  description 
exacte  de  votre  personne,  sÉv.  439.  Dans  la  descrip- 
tion d'un  tableau,  j'indique  d'abord  le  sujet,  je 
passe  au  principal  personnage....  diderot,  Pensées 
tur  la  peinture,  GEuvres,  t.  xv,  p.  202,  dans 
POUGENS.  Depuis  son  institution,  l'Académie  [des 
sciences]  s'est  occupée  de  la  description  des  arts, 
objet  immense  qui  embrasse  les  principes  de  toutes 
lessciences,  condorcet,  Duhamel.  ||  2°  Terme  de 
rhétorique  et  de  littérature.  Ornement  du  discours 
qui  consiste  à  peindre  sous  les  couleurs  les  plus 
vives  ce  que  l'on  croit  être  agréable  au  lecteur.  Soyez 
riche  et  pompeux  dans  vos  descriptions,  boil.  Art 
poét.m.  L'autre  [Théophile],  sans  choix,  sans  exac- 
titude, d'une  plume  libre  et  inégale,  tantôt  charge 
ses  descriptions,  s'appesantit  sur  les  détails....  tan- 
tôt il  feint,  il  exagère,...  la  bruy.  i.  ||  3°  Terme  de 
logique.  Définition  imparfaite,  jl  4°  État,  tableau  dé- 
taillé, inventaire.  La  description  d'une  province, 
d'un  mobilier.  ||  Terme  de  pratique.  Etat  sommaire 
de  titres,  papiers  et  meubles,  opposé  à  inventaire. 
Procès-verbal  de  description.  ||  5°  Terme  de  géo- 
métrie. Action  da  décrire,  de  tracer  une  ligne,  une 
surface.  La  description  d'une  ellipse. 

—  HIST.  xiii'  s.  Armes  plus  noires  qu'atrement 
[encre]  [il]  Ot  sans  autre  discreption ,  Fabliaux 
mss.  t.  H ,  f°  190,  dans  lacurne.  Or  me  plut  la  de- 
scription Ici  dire  de  sa  façon.  Roman  de  la  Poire. 
Si  la  description  semble  trop  obscure,  J.  de  meung, 
Végèce,  11,  4.  ||  xvi'  s.  Si  furent  nombrez  par  la  de- 
scription et  l'enrollement  qu'^Emulius  lors  en  feit, 
337452  hommes,  AMYOT,  P.  jEm.  61.  La  description 
de  l'armée,  que  ceste  ligue  devoit  soudoyer  en  com- 
mun, estoil  de  quinze  mille  hommes  de  pied.,..iD. 
Démosth.  24.  Ils  [les  poètes  d'à  présent]  demeurent 
bien  aussi  court  à  imiter  les  riches  descriptions  de 
l'un  [Ronsard]  et  les  délicates  inventions  de  l'autre 
[du  Bellay],  mont,  i,  i90. 

—  ÉTYM.  Provenç.  descriptio;  espagn.  descrip- 
eion;  ital.  descriiione ;  du  latin  descriptionem,  de 
descriptnm,  supin  de  describere  (voy.  décrire). 

tDÉSÊBORGNER(dé-zé-bor-gné),v.  o.  ôter  ce  qui 
éborgne.  Ô  vous  qui  êtes  l'apôtre  de  la  vérité,  re- 
cevez les  hommages  du  petit  coin  de  mon  esprit  pu- 
rifié de  la  rouille  de  la  superstition,  et  déséborgnez 
mes  compagnons,  volt.  Lettre  au  roi  de  Prusse, 
dans  LAVEAUx. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  éborgner. 
DÉSÉCUOUÉ,  ÉE  (dé-zé-cliou-é,  ée),  part,  passé. 

La  frégate  déséchouée. 

DÉSÉCIIOUER  (dé-zé-chou-é),  v.  a.  Remettre  & 
flot  un  navire  échoué.  ||  Se  déséchouer,  v.  réfl.  Se 
remettre  à  flot,  cesser  d'être  échoué. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  el  échouer. 
DÉSEMBALLAGE  (dé-zan-ba-la-j'),  s.  m.  Action 

de  désemballer. 

—  ÉTYM.  Désemballer. 

DÉSE.MBALLÉ,  ÉE  (dé-zan-ba-lé,  lée),  part, 
passé.  Des  marchandises  désemballées. 

DÉSEMBALLER  (dé-zan-ba-lé),  v.  a.  Relirer  des 
marchandises  du  ballot  d'envoi. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  emballer. 

t  DÉSEMBARGO  (dé-zan-bar-go) ,  s.  m.  Cessation 
de  l'embargo.       . 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  embargo. 

DICT.   DE   LA    LANGUE   FHANÇAI.SE. 


DÉS 

DÉSEMBARODÊ,  ÉE  (dé-zan-bar-ké,  kée),part. 
passé.  Les  marchandises  désembarquées. 

DÉSEMBARQUEMENT  (dé-zan-bar-ke-man),  t. 
m.  Action  de  désembarquer. 

— ÉTYM.  Désembarquer. 

DÉSEMBARQUER  (dé-zan-bar-ké),  v.  a.  Tirer, 
faire  sortir  d'un  navire.  Désembarquer  des  troupes, 
des  marchandises.  ||  Se  désembarquer,  v.  réfl.  Sor- 
tir d'un  navire  pour  venir  à  terre.  M.  de  Vivonne 
s'embarqua  pour  le  suivre  [Ruyter]  ;  mais  les  séna- 
teurs de  Messine  étant  venus,  peut-être  par  son  or- 
dre, lui  représenter  combien  sa  présence  était 
nécessaire  pour  contenir  les  Messinois,  il  se  dé- 
sembarqua  et  laissa  à  M.  du  Qiiesne  l'honneur  en- 
tier du  second  combat.  Mémoires  de  Yillette,  en 
(675,  p.  33,  dans  JAL.  Il  Être  désembarqué.  Les 
marchandises  se  désembarquèrent  à  la  hâte. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  feit  desembarquer  sa  dite  artil- 
lerie, et  la  remener  en  son  camp,  m.  du  bell.  4<2. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  embarquer. 

t  DÉSEMBARRASSER  (dé-zan-ba-ra-sé),  t).  a. 
Délivrer  de  ce  qui  embarrasse.  Attendez  tant  soit 
peu,  vous  le  [le  soleil]  verrez  désembarrassé  de  ce 
nuage,  et  luire  aussi  clair  et  net  qu'il  était  aupara- 
vant, MALn.  le  Traité  des  bienf.  de  Sénèque,  v, 
6.  Un  esprit  sans  corps  et  désembarrassé  de  la  ma- 
tière n'agirait  pas  d'une  autre  façon,  balz.  les 
Romains.  Sitôt  que  je  serai  désembarrassé  de  vi- 
sites importunes,  je  ne  perdrai  pas  un  moment, 
ID.  liv.  vir,  lett.  (4.  ||  On  dit  mieux  et  plus  souvent 
débarrasser. 

—  ÉTYM.  Déi...  préfixe,  et  embarras. 

t  DÉSEMBATONNÉ,  ÉE  (dé-zan-bâ-to-né,  née), 
adj.  Oui  a  perdu  son  bâton  et  aussi  sa  lance  (bâton 
dans  le  xV  et  le  xvi'  siècle  signifiant  lance).  Qui 
s'enfuyait  bien  étonné  De  se  voir  desemb;\tonné  De- 
vant le  fier  fils  de  Pelée,  scarron,  Virg.  trav.  i. 

—  ÉTY.M.  D(/s.... préfixe,  en,  préposition  ,etbdlon. 

t  DÉSEMBELLIR  (ilé-zan-bè-lir).  \\  1"  V.  a.  Dé- 
truire des  embellissements.  ||  2°  V.  n.  Devenir  moins 
beau.  Il  Sedésembellir,  ï.re/I.  Perdre  son  embellis- 
sement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Desembellir,  cotgrave. 

—  ÉTY.M.  Dés....  préfixe,  et  embellir. 

t  DÉSEMBELLISSEME.VT  (dé-zan-bô-li-se-man) , 
s.  m.  Action  de  désembellir;  état  de  ce  qui  est  dés- 
embelli. 

t  DÉSEMBOÎTER  (dé-zan-boi-té),  v.a.  Terme  de 
menuiserie.  Disjoindre  las  planches  d'une  cloison. 
Il  Se  désembolter,  v.  réfl.  Etre  désemboîté. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  emboîter. 

t  DÉSEMBO0GER  (dé-zan-bou-jé) ,  v.  a.  Terme 
de  métalluigie.  Ôier  la  burasse  d'un  marteau. 

DÉSEMCOURBÉ,  ÉE  (dé-zan-bour-bé,  bée),par(. 
passé.  Un  chariot  désembourbé  et  remis  en  marche. 

DÉSEMBOURIiER  (dé-zan-bour-bé),  v.  a.  Retirer 
de  la  bourbe.  ||  Se  désembourber,  v.  réfl.  Se  retirer 
de  la  bourbe.  La  troupe  se  désembourba  à  grand' 
peine.  ||  Être  désembourbé.  Les  chevaux  donnèrent 
un  coup  de  collier,  et  la  charrette  se  désembourba. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  embourber. 

t  DÉSE.MBRASER  (dé-zan-brà-zé) ,  v.  a.  Faire 
cesser  l'embrasement. 

—  HIST.  xvi"  s.  Un  demy-dieu  me  feroit  son  bai- 
ser. Sein  contre  sein,  mon  feu  desembraiser,  Un  de 
ces  dieux  qui  mangent  l'ambrosie,  rons.  26. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  embraser. 

f  DÉSE.MBRASSER  (dé-zan-bra-sé),  v.  a.  Faire 
cesser  l'embrassement. 

—  HIST.  xiii*  s.  Toute  nuit  [je]  songe  que  l'acol, 
Et  qu'ele  m'estraint  et  embrace;  Li  esveilliers  mo 
desembrace.  Laide  l'ombre. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  embrasser. 

t  DÊSEMBRAYAGE  (dé-zan-brè-ia-j'),  s.  m.  Ac- 
tion de  désembrayer. 

t  DÉSK.MBRA  YER  (dé-zan-brè-ié) ,  je  désembraye, 
tu  désembrayes,  il  désembraye  ou  désembraie,  nous 
désembrayons,  vous  désembrayez,  ilsdésembrayent 
ou  désembraient;  je  désembrayais;  je  désembrayai; 
je  désembrayerai  ou  désembraierai  ou  désembraî- 
raijje  désemi)rayerais  ou  désembraierais  ou  désem- 
bralrais;  désembraye,  désembrayez,  v.  a.  Désunir, 
désagréger  les  parties  d'une  machine  compliquée, 
afin  que  l'une  ou  chacune  d'elles  fonctionne  sépa- 
rément; intercepter  la  communication  entre  deux 
pièces  de  machine  qui  se  commandent. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et    embrayer. 

t  DÉSEMMANCHER  (dé-zan-man-ché), t>.  o.  ôter 
le  manche  d'un  outil,  d'un  instrument.  ||  Se  désem- 
mancher,  v.  réfl.  Quitter,  perdre  son  manche.  La 
pioche  s'est  désemmanchée. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  emmancher. 

\  DÉSEJIMUSELER  (dé-zan-mu-ze-lé.  La  syllabe 


DÉS 


4097 


sel  double  VI  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  ; 
je  désemmuselle,  je  désemmusellerai) ,  v.  a.  Terme 
de  manège.  Oter  la  muselière  d'un  cheval. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixer,  et  emmuseler. 
DÉSEMPARÉ,  ÉE  (dé-zan-pa-ré,  rée) ,  part.patsé. 

Une  frégate  désemparée  par  un  coup  de  vent,  ||  Fig. 
Un  cœur  désemparé  de  ses  illusions,  v.  hugo.  Voix 
intér.  28. 

t  DÉSEMPAREMENT  (dé-zan-pa-re-man),  s.  m. 
Action  de  désemparer  un  navire;  état  de  ce  qui  est 
désemparé. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  après  le  dit  deseœparement  [ac- 
tion de  quitter] ,  tous  les  gens  de  guerre  estans  au  dit 
siège  s'en  vindrent  retraire  et  loger  aux  Chartreux, 
JEAN  DE  troïes.  Chroniques,  1405.  ||  xvi*  s.  Eucli- 
das  voyant  ce  desemparement  et  ceste  séparation 
des  gens  de  pied  des  ennemis  d'avec  leurs  gens  de 
cheval,  amyot,  Philop.  8. 

—  ÉTYM.  Desemparer;  provenç.  desamparament  ; 
anc.  espagn.  desamparamiento. 

DÉSEMPARER  (dé-zan-pa-ré).  ||  l'  Y.  n.  Quitter 
le  lieu  où  l'on  est,  abandonner  la  place.  Je  n'ai 
point  désemparé  de  la  ville.  Les  ennemis  qui  étaient 
devant  la  place  ont  désemparé.  ||  Sans  désemparer, 
sans  quitter  la  place.  L'assemblée  voulut  statuer 
sans  désemparer.  Et,  figurément,  faire,  achever, 
régler  une  affaire  sans  désemparer,  s'en  occuper 
d'une  manière  suivie,  sans  interruption.  ||  Active- 
ment. Et  depuis  les  charmantes  conversations  de 
Poitiers,  vous  n'avez  point  désemparé  mon  cœur, 
REGNABD,  Attendei-moi  sous  l'orme,  tt.  L'Anglais 
[Douglas]  recommanda  bien  à  son  valet  de  ne  pas 
désemparer  le  pas  de  la  porte,  st-sim.  43(,  237. 
Leur  opiniâtreté  [des  moineaux]  à  ne  pas  désempa- 
rer les  lieux  qui  leur  conviennent,  buff.  Morceaux 
choisis,  p.  275.  Il  2"  V.  a.  Terme  de  marine.  Dés- 
emparer un  vaisseau,  le  mettre  hors  d'état  de  servir 
en  lui  ôtant  ses  mâts  et  tous  ses  agrès.  11  eut  bien- 
tôt désemparé  le  vaisseau  ennemi.  Comme  mon  vais- 
seau en  était  entièrement  désemparé  et  hors  d'état 
de  faire  de  la  toile.  Rapport  de  Jean  Bart,  t694, 
dans  JAL.  Il  On  l'a  dit  aussi  autrefois  pour  démante- 
ler, en  parlant  d'une  ville Mais  franchement  et 

sans  rien  déguiser  on  leur  [aux  députés  d'Antiochus] 
déclara  qu'il  fallait  que  leur  maître  désemparât  les 
villes  qu'il  tenait  en  Asie,  malh.  Le  xxxui"  livre  de 
Tite  Live,  ch.  34. 

—  HIST.  xiv*  s.  Comme  le  bailli  de  Meleun  eust 
mandé  à  tous  nos  sergens  que  les  dits  moustier  et 
maison  feissent  desemparer,  abastre  et  arraser,  do 
cange,  desemparare.  ||  xv*  s.  Toute  la  nuict  enten- 
dirent à  reparer  leurs  paliz  qui  estoient  desemparés 
et  à  remettre  à  point  tout  ce  qui  faisoit  besoin, 
FROiss.  liv.  II,  p.  267,  dans  lacurne.  Le  vent  pous- 
soit  le  Peu  contre  ceulx  du  roi,  lesquels  commencè- 
rent à  desemparer,  comm.  i,  i.  Ils  désemparèrent 
la  place  et  s'enfuyrent,  id.  m,  3.  Le  duc  voulut 
faire  desemparer  Mondidier,  mais  pour  l'affection 
qu'il  veit  que  ce  peuple  de  ceschastelleniesluy  por- 
toit,  il  la  fist  reparer  et  y  laissa  gens,  id.  m,  to. 
Il  XVI"  s.  Les  nations  barbares  ont  estimé  aussy  fa- 
cile de  molir  le  firmament,  que  desemparer  vostre 
alliance,  rab.  Gar.  i,  3i.  Car  [Dieu]  terre  adono 
du  ciel  desempara.  De  terre  aussi  les  eaux  il  sépara, 
MAROT,  IV,  <2.  Ma  mémoire  desempare  ce  que  j'es- 
cris,  comme  ce  que  je  lis,  mont,  m,  57.  Je  ne 
desempare  jamais  les  loix,  id.  iv,  203.  Ils  n'eurent 
pas  grandement  canonné ,  qu'ils  n'eussent  tout 
desemparé  un  parapect,  m.  du  bell.  327.  Il  eust  esté 
plus  expédient  de  laisser  la  ville  ouverte  et  désem- 
parée à  l'ennemy,  que  de  la  fortifier  insuffisam- 
ment, ID.  400.  Ceux  qui  desemparoient  et  abbatoient 
Iss  maisons  pour  remparer  et  deffendre  la  brèche, 
ID.  449.  [Le  duc  de  Guise]  Devoit  penser  que  le  roy 
se  ressouviendrolt  à  jamais  de  la  honte  qu'il  avoit 
receue,  d'avoir  desemparé  sa  ville  capitale.  Consi- 
dérations sur  le  meurdre  du  duc  de  Guyse,  p.  2a. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  emparer;  provenç.  et 
espagn.  desemparar  :  proprement,  cesser  d'emp^j- 
rer,  de  tenir. 

t  DESEMPÊCHER  (dé-zan-pê-ché) ,  v.  a.  ôter  ce 
qui  empêche. 

"  — HIST.  XIV*  s.  Loppier,  lieutenant  gênerai.... 
tout  empeschement  mis  en  ses  biens....  desempesche 
et  met  à  délivrance,  du  cange,  desembargatus. 
Il  XV*  s.  Prist  la  visière  de  sa  salade  de  sa  main  des- 
tre,  et  l'arracha,  et  demoura  le  visage  moult  fort 
découvert,  et  ce  fit  il  pour  ce  qu'il  estoit  jiomme  de 
courte  veue,  et  la  vouloit  desempescher,  Mém.  d'oL. 

DE  LA  MARCHE,  liv.  I,  p.  3)8,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dés préfixe,  et  empêcher;  provenç. 

et  espagn.  desempachar ;  catal.  dcseinpalxar. 

DÉSEMPENNÉ,  ÉE  (dé-zan-pè-nné,  nnée),  0((>. 

I.  —  138 


1098 


DÉS 


Oui  n'est  plus  empenné.  ||  Pig-  H  va  comme  un  trait 
désempentié,  il  va  tout  de  travers. 

REM.   Désempenné  no   se  dit  que  des  plumes 

dont  on  «arnil  une  flèche  pour  en  assurer  le  vol. 
On  ne  dirait  pas  un  oiseau  désempenné,  mais  un 
oiseau  dèpUiiné.  On  ne  dirait  pas  non  plus  un  vo- 
lant désempenné,  mais  un  volant  qui  a  perdu  ses 
plume». 

—  hijT.  xvi*  s.  J'ay  dict  cecy,  à  fin  que  ceux 
qui  vont,  comme  matr.is  desempennez,  où  il  y  a 
rumeur,  se  souviennent  (|u'avec  f.icililé  on  part,  et 
avec  beaucoup  de  difliculié  on  retourne,  lanoue,  i  uo. 

—  f.TVM.   Dés....  préfixe,  et  emi>enné. 
DÊSKMI'KSÊ,  F.E  (dé-zan-pe-zé,  zée),  part,  passé. 

Un  Imnnet  désempesé. 

Df.SK.MPKSEK  (dé-zan-pe-zé.  La  syllabe  pe  prend 
un  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
jedésempèse,  je  désempéser;ii),  v.  a.  ôter  l'empois 
d'une  élcjfTe,  la  ramollir.  L'humidité  a  désempesé 
sa  collereile.  ||  Se  désempeser,  v.  réjl.  Perdre  son 
empois.  Mon  jabot  s'est  Inut  à  fait  désempesé. 

—  ETVM.  Dés....  préfixe,  et  empeser. 

f  Dfi.'^K.MI'P.THKR  (dé-zan-p6-tr6),  V.  a.  Tirer  de 
ce  qui  empêtre.  {{  Se  désempèlrer,  ».  réfl.  Se  tirer 
de  ce  qui  emp(Mre. 

—  f.TVM   Dés....  préfixe,  et  emparer. 
DÊSKMPLI.  lE  (dé-zan -pli.  plie),  part,  passé  de 

désemplir.  In  ballon  désempli. 

DfiSK.Mri.IR  (ilé-zan-plir).  ||  1»  F.  a.  ôter  ce  qui 
remplissait  une  chose.  ||  Car  extension Les  pay- 
sans qui,  les  jours  de  dimanches  et  fêtes,  ne  désem- 
plis.seni  point  les  cabarets,  val'ban,  Dtme,  p.  )I6. 
Il  Kig  l'our  désemplir  un  peu  ma  ti'te  des  maux 
passés.  SBv.  2110.  il  j°  V.  n.  Cesser  d'être  empli.  Sa 
maison  ne  désemplit  pas  de  Normands,  iiussï,  dans 
Hlciiiii.KT.  Toujours  graiid'chère  et  bon  feu;  la  mai- 
son ne  désemplit  point,  dancoi.ht,  liaison  de  cam- 
pagne, se.  i.  Le  couvent  que  j'ai  hâli  pour  vivre 
en  so'it.iire  ne  désemplit  pas  d'éiran^ers,  volt. 
Leil.  d'ATgeiilal,  3  nov.  I76ii.  La  maison  ne  désem- 
plissait pas  de  charl.itans,  j.  t.  houfs.  Cunf.y.  Ma 
ch^imbre  ne  désemplissait  pas  de  pens  qui,  sous 
divers  prétextes,  venaient  s'emparer  démon  temps, 
ID.  t'i».  VIII.  Il  3*  Se  désemplir,  v.  réfl.  Devenir  dés- 
empli   Ce  canal  se  désemplit, 

—  IIIST.  XIV*  s.  Car  par  eux  les  fossez  furent  bien 
tost  emplis  De  fagots,  de  tonneaux  qui  furent  desem- 
plis, Guescl.  2<3I5.  Celiers  desemplis,  liaud.  de 
Seb.  XII.  70. 

—  Rtvm.  Dés....  préfixe,  et  emplir. 

t  DÉSKMPI.OTOIR  (dé-zan-plo-loir),  s.  m.  Terme 
de  fauconnerie.  Ker  avec  lequel  on  tire  de  la  mu- 
lette  des  oiseaux  de  proie  la  viande  qu'ils  ne  peu- 
vent digérer. 

1 1)CSE.MPLU.MER  (dé-zan-plu-mé),  r.  a.  ||  1°  Ôter 
les  plumes.  {|  2"  Fig.  Faire  éprouver  des  pertes  à 
quelqu'un.  ||  3°  Se  désemplumer,  i'.  réfl.  Perdre  ses 
plumes;  et  fig.  faire  des  pertes  de  .brtune. 

—  IllST.  xvi*  s.  Bien  est  vray,  que  quelques  par- 
ticuliers trop  volontaires  se  sont  aucunement  desem- 
plumez,  et  la  noblesse  des  frontières  a  aussi  souffert 
quelques  pertes,  lanour,  4iio. 

—  ETVM.  Dés....  préfixe,  et  emp/iimer. 

t  Df-SEMI'OIXTER  (dé-zan-pointé),  ï.  a.  Couper 
les  points  d'une  étoile  pour  la  déplier  et  l'étendre. 

+  1)P.SEM1'()1S0.NXEMKXT  (  dé-zan-poi-zo-ne- 
man).  >.  m.  Action  de  désci|^oisonner. 

t  DÊSE.MI'OI.IONNKR  ( dé-zan-poi-zo-né  ) ,  v.  a. 
Cesser  d'emiwisonnor  quelqu'un  ;  lui  administrer  du 
contre-poison.  Sainte-Croix,  qui  ne  voulait  point 
d'une  femme  aussi  méchante  que  lui,  donnait  du 
contre-poison  à  ce  pauvre  mari;  de  sorte  qu'ayant 
été  ballotté  cinq  ou  six  fo.s  de  cette  sorte,  et  tantôt 
empoisonné,  Uintôl  désempoisonné,  il  [Brinvilliers] 
est  demeuré  en  vie,  s£v.  270. 

—  lllST.  XVI'  s.  tl  tout  ainsi  qu'il  print  opinion 
avoir  esté  empoisonné,  aussi  fit-il  d'eslre  desem- 
poisonné par  le  dit  syrop,  paré,  Introd.  2«. 

—  f.TVM.  Dés....  préfixe,  et  empoiironner. 

t  DftSE.MPOISSO.VNEU  (dé-zan-poi-so-né),  ».  a. 
ÔHr,  détruire  le  poi.sson  d'une  rivière,  d'un  étang. 
11  Se  désempoissonner,  ».  réfl.  Ne  pas  conserver  le 
poisson.  Cet  étang  se  désempoissonne. 

—  Etym.  Dés....  préfixe,  en,  préposition,  et  poii- 
ton. 

t  DÊ.SEMPRISONNER  (dé-zan-pri-zo-né),  t.  c. 
Mettre  hors  de  prison ,  cesser  de  tenir  en  prison. 
|l  Par  extension,  faire  sortir  quelqu'un  d'un  lieu  où 
il  était  retenu  malgré  lui.  Maintenant  nous  vous 
dés«mpri»onnoas.  ||  Se  désemprisonner,  ».  réfl  Se 
tirer  de  prison. 

—  HlST.iVs.  Si  fut  desemp-.uinné  parmi  ce 
convcnt  Là  cette  condition],   pRù,*a.  i,  i,  a34.  Se 


DÉS 

vous  le  voulez  deprisonner,  je  m'en  rapporte  k  vous, 
LOUIS  XI,  iVou».  xxvii.  Il  xvi*  s.  La  volaille  deschargo 
s.'i  colère  sur  le  plus  précieux  des  jardinages,  quand 
elle  y  peut  atteindre  et  a  moien  de  se  desemprison- 
ner du  poulailler,  o.  uesehres,  3o(.  Nos  esprits, 
las!  en  cent  mille  façons,  Deprisonnez  de  l'humaine 
closture.  Dessus  les  flots  errent  à  l'aventure,  ron- 
SAIin,  «(3. 

—  f.TYM.  Dés....  préfixe,  et  emprisonner. 

t  DESENAMOL'RÉ,  F.E  (dé-7.an-na-mou-ré,  rée), 
parl.'passé.  Oui  n'a  plus  d'amour,  qui  n'est  plus 
amoureux.  Mais  est-ce  un  coup  bien  sûr  que  votre 
seigneurie  Soit  désenamourée,  ou  si  c'est  raillerie? 
MOL.  Dépit  am.  I,  4. 

t  I)ft.SENAl»IOURER  (dé-zan-na-mou-ré,  a»  pro- 
noncé comme  dans  atilique),  v.  a.  Faire  perdre  l'a- 
mour. Les  mauvais  procédés  de  cette  femme  le  dés- 
enamourtrent.  ||  Se  désenamourer,  v.  réfl.  Cesser 
d'être  amoureux. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  en,  et  omour. 

t  DÉSENCAPUCIIONNER  (dé-zan-ka-pu-cho-né) , 
V.  a.  ôter  un  capuchon;  faire  quitter  un  habit  de 
moine. 

—  f.TYM.  Dés....  préfixe,  en,  et  capuchon. 

t  DfiSEN'CARTER  (dézan-kar-té),  ».  a.  Terme 
d'imprimerie  et  de  brochage,  ôter,  retirer  ce  qui 
est  enc:irté. 

—  f.TYM.  Dés....  préfixe,  et  encarter. 

t  Df.SENXASTAGE  (dé-zan-ka-sta  j'),  t.  m.  Ac- 
tion de  (lésencasler.  , 

•j  DF;SENCASTER  (dé-zan-ka-sté),  ».  o.  Dégarnir 
les  pièces  de  poterie  des  supports  qui  les  entourent. 

—  f.TVM.  Dés....  préfixe,  et  encusier. 

t  Df.SENCIIAÎ.\ER  (dézaii-chè-né),  ».  a.  ôter  ce 
qui  enchaîne.  ||  Se  désenchaîner,  ».  réfl.  Briser  ses 
chaînes. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Désenchaîner,  ouniN. 

—  f.TYM.  Dés....  préfixe,  et  encltainer. 
DÉSENCHANTÉ,  f.E  (dé-zan-chan-té,  tée),  part. 

passé.  Tiré  d'un  enchantement.  On  vit,  dans  les  ro- 
mans, des  palais  enchantés  et  dé.seiichantés,  xort- 
TESQ.  Espr.  xxviii,  22.  Il  Oui  n'est  plusdans  l'illusion. 
Mon  Ame  révoltée  Crut  pour  jamais  être  désenchan- 
tée, VOIT,  dans  biciiei.et.  Vous  m'avez  délaissé,  doux 
rêves  delà  vie.  Plaisirs,  gloire,  bonheur,  patrie  et 
liberté,  Vous  fuyez  loin  d'un  cœur  vide  et  déseu- 
chanlé,  M.  i.  cnÉN.  la  l'ioinenade. 

DÉSE>'CIIA.NTEME>T  (dé-zan-chan-te-man),  s. 
m. Il  1°  Action  de  désenchanter.  Le  désenchantement 
des  palais  d'Arniide  par  l'edet  d'un  charme  plus  fort. 
Il  2"  Fig.  Sentiment  que  fait  éprouver  la  désillusion. 
Hyron  est  mort  en  I8i4,  à  l'heure  où  les  désenchan- 
tements et  les  ilégoùts  allaient  commencer,  cha- 
TEAL'B.  dans  le  Dict.  de  dociiez. 

—  ÉTYM.  Désenchanter. 

DÉSEN'CHANTER  (dé-zan-chan-té),  ».  a.||  1">  Rom- 
pre un  charme,  un  enchantement.  L'anneau  de  Bru- 
nel  qui,  dans  l'Arioste,  désenchantait  tout  ce  qui 
était  enchanté.  |{  2°  Fig.  Faire  revenir  quelqu'un  de 
ses  illusions.  Qu'ai-je  donc  appris  qui  pût  me  désen- 
chanter de  toi?  STAËL,  Corinne,  xv,  i.\\  Par  exten- 
sion. Ne  croyons  pas  qu'en  nous  découvrant  les 
bases  sur  lesquelles  reposent  les  passions,  le  chris- 
tianisme ait  désenchanté  la  vie,  chateaub.  Génie, 
II,  III,  t.  Il  3'  Se  désenchanter,  r.  réfl.  Perdre  son 
enchantement,  ses  illusions.  Il  se  désenchanta  peu 
à  peu  en  présence  de  la  réalité. 

—  lllST.  XVI'  s.  Eslans  desenchantez,  chacun  s'en 
alla  où  il  voulut,  sans  se  ressouvenir  de  ce  qui  es- 
toit  passé,  LANOUE,  52. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  e\.  enchanter. 

t  DÉSE-NCllANTEUR,  ERESSE  (dé-zan-chan-teur, 
te-ré-s'),  adj.  Qui  désenchante.  Un  langage  désen- 
ciianteur.  Sans  prévenir  son  ami,  dont  il  redoutait 
la  raison  désenclianteresse,  en.  de  bebnard,  l'An- 
neau d'argent,  §  6.  ||S.  »i.  Celui  qui  désenchante. 
N'écoutez  pas  ce  sceptique;  c'est  un  désenchauteur. 

—  ÉTYM.  Désenchanter. 

tDf.SEN CHASSER  (dé-zan-châ-sé),  ».  o.  Tirer 
une  pierre  précieuse  de  sou  chaton,  une  relique  de 
sa  châsse. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enchâsser. 

_  t  DfiSENCLOUAGE  (dé-zan-klou-a-j'),  s.  m.  Terme 
d'art  militaire.  Action  de  désenclouer  une  pi^ce  de 
canon.  Il  Terme  de  vétérinaire.  Action  de  tirer  un 
clou  du  sabot  d'un  cheval. 

DÊSENCLOUÉ,  ÉE  ( dé-zan-klou-é,  ée),  part, 
passé.  Les  canons  désciicloués  par  les  vainqueurs 
et  tournés  au.ssilôt  contre  la  ville. 

DÉSE.NCLOUER  (dé-zan-klou-é) ,  je  désenclouais, 
nous  désenclouions;  que  je  désencluue,  que  nous 
désenclouions),  «•.  a.  Défaire  ce  qui  était  encloué. 
Il  Désenclouer  un  cheval,  tirer  un  clou  qui  le  fai- 


DES 

sait  boiter.  ||  Désenclouer  un  canon,  êter  le  c'.ou 
enfoncé  dans  la  lumière  pour  mettre  la  pièce  hors 
de  service.  De  23  pièces  de  canon  qu'ils  (les  enne- 
mis] avaient  enclouées,  ils  virent  et  entendirent 
qu'on  avait  trouvé  le  moyen  d'en  désenclouer  vicgt 
et  une,  st-sim.  i44,  «i. 

—  IIIST.  xvi*  s.  lis  enclouerent  les  pièces;  mais 
le  courage  du  peuple  eu  desencloua,  rompit  les  buis 
des  magasins,  et  les  porta  à  repousser  il  coups  de 
canon  les  vaisseaux  espagnols,  d'aub.  Hist.  u,  67. 

—  Etym.  Dés...  préfixe,  et  enclouer. 

t  UÉSE.VCO.MBREMEXT  (dé-zan-kon-bre-man), 
j.  m.  Action  de  désencombrer;  état  de  ce  qui  est 
encombré. 

t  DÉSENCOMBRER  (dé-zan-kon-bré),  ».  a.  ||  1'  Dé- 
barrasser de  décombres.  Lord  Elgin  a  fait  désen- 
combrer cette  colline,  CHATEAUB.  Ilin.  (83.  112°  Pai 
extension,  éter  les  empêchements;  faire  cesser  l'en- 
combrement. On  vit  de  toutes  parts  arriver  à  l'en- 
trée du  pont,  auquel  l'armée  ru.sse  était  adossée, 
la  cavalerie,  les  canons,  les  voitures  et  les  batail- 
lons.... on  fut  plusieurs  heures  à  pouvoir  désencom- 
brer et  faire  dégorger  ce  passage,  sêguh,  llist.  de 
Napol.  IX,  B.  Il  3°  Se  désencombrer,  ».  réfl.  Être 
désencombré.  Le  passage  se  désencombra  peu  à 
peu. 

—  IIIST.  XIII'  s.  11  ne  deit  demorer  que  il  ne  res- 
ponde  du  dit  fié  au  requérant,  et  que  il  ne  le  desen- 
combre puisqu'il  l'a  encombré,  Ass.  de  J.  i,  251, 
Il  xv  s.  Deux  ou  trois  couples  d'ennuis  J'ai  tous- 
jours  en  ma  maison,  Desencombrer  ne  m'en  puis, 
Quoi  qu'à  mon  povoir  les  fuis.  ch.  d'obl.  Chant. 
104.  Faire  neioyer,  curer  et  descombrer  les  rivières 
de  Sarle  et  Yaigne,  Ordonn.  sept.  U«8. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  ei  encombrer  ;  provenç. 
desencomhrar. 

t  Df.SENCROÛTEMENT  (dé-zan-krou-te-man), 
s.  m.  Action  de  dégager  ce  qui  est  encroûté.  Lei 
Cartésiens  parlaient  de  l'encroûtement  et  du  désen- 
croûlement  des  tourbillons  que  Descartes  avait  ima- 
ginés. 

—  ETYM.  Désencroùter. 

+  DfiSENCROCTER  (dé-zan-krou-té),  v.a.  Opère, 
le  désencroûtement.  ||  Fig.  et  famili"  rement,  ôter 
l'ignorance,  les  préjugés  qui  encroûtent,  {j  Se  dés- 
encroùter, r.  réfl.  Cesser  d'être  encroûté  d'igno- 
rance, de  préjugés. 

—  ÉTYM.  /)^.v....  préfixe,  et  encroiKer. 
fDÉSENDETrER   (SE)    (dé-zan-dè-té) ,   »,  réfl. 

Payer  ses  dettes, 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  endetter.  L'ancien 
français  disait  desdeter:  Oui  trop  vell  baréter  [trom- 
per] j  Ne.se  peut  desdeter,  Pro»,  du  »«/om,  Ms.  di 
St-G.  f°  t75.  dans  lacurke. 

t  DÉSESDORMIR  (dé-zan-dor-mir) ,  ».  o.  Ré- 
veiller. ||  Fig.  ôter  à  quelqu'un  l'air  endormi,  apa- 
thique. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Apollon  brusle  et  s'avance;  La 
chienne  oit  [entend]  comme  il  s'eslance.  Froissant 
des  coudres  le  fort;  Elle  aboyé  à  sa  présence.  Et  la 
nymphe  desendort,  baïf,  (Jiuvres,  f*  28,  dans  la- 

CURNE. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  fndormt'r. 

I  DËSENUUIRE  (dé-zan-dui-r') ,  ».  a.  ôter  l'en- 
duit. 

—  HIST.  XVI'  s.  Desenduire,  ounin. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enduire. 
DÉSENFILÉ,  ÉE   (ilé-zan-fi-lé,  lée),  part,  passé. 

Une  aiguille  désenfilée. 

DÊSENKILER  (dé-zan-fi-lé),  ».  O.  Défaire  ce  qui 
était  enfilé.  Désenfiler  des  perles.  1|  Se  désenfiler, 
».  réfl.  Mon  aiguille  s'est  désenfilée,  le  fil  qui  était 
dans  le  chas  en  est  sorti. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enfiler. 

t  DÉSENFLAMMER  (dé-zan-fia-mé) ,  ».  o.  Etein- 
dre la  flamme.  On  s'efforçait  de  désenflammer  les 
draperies  qui  avaient  pris  feu.  ||  Se  désenflammer, 
».  réfl.  Cesser  d'être  enflammé.  Ce  bois  brUle  mal; 
dès  qu'on  cesse  de  le  souffler,  il  se  désenflamme. 
Il  Fig.  Cesser  d'être  épris. 

—  IIIST.  ivi'  s.  Bien  que  le  ciel,  l'envie  et  la  for- 
tune pleuve  Sur  nous  tout  ce  qu'ils  ont  d'angoisseux 
et  d'amer.  Jamais  ils  ne  pourront  nos  cœurs  desen- 
flamer,  desportes,  (JEiarei,  p.  <U2,  dansLACURNS. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  en/Minmrr. 
DÉSENFLÉ,  ÉB   (dé-zan-flé,  flée),   part,  passé. 

Oui  n'est  plus  enflé.  La  main  est  toute  déseuflée, 
SËV.  247. 

t  DÉSENFLKMENT  (dé-ian-fle-man) ,  s.  m.  Ces- 
sation de  renflement. 

—  ÉTYM.  Désenfler.  , 
DÉSENFLER   (dé-zan-flé),  v.  a.  ||  1'  ôter  ce  qui 

enfle.  Désenfler  un  ballon.   ||  Fig.  ôter  lenflura 


J 


DES 

morale.  Désenfle-la  si  bien  [la  superbe  et  l'ambition] , 
qu'elle  soit  toujours  prête  X  voir  que  chacun  sur  ta 
tête  Par  un  dernier  mépris  ose  imprimer  ses  pas, 
COHN.  Imit.  III,  13.  Il  ôler  l'enflure  du  langage.  Les 
dieux,  quand  leur  esprit  est  sage,  Désenllent  pour 
nous  leur  langage,  Et  veulent  bien  être  entendus, 
fABNY,  Mélanges,  A  quelques  poêles.  \\  2°  Y.  n.  De- 
venir moins  enflé.  Son  bras  commence  à  désenfler. 
Il  3°  Se  désenfler,  v.  réfl.  Cesser  d'être  enflé.  Le  ballon 
8e  désenfla.  ||  Fig.  Insensiblement  je  croyais  voir  sa 
tête  se  désenfler  du  vent  dont  elle  était  remplie, 

MARMONTEL,    Ml'xn.  II. 

—  HIST.  xiii's.  Emplaistre  caut  sur  les  mameles 
^ui  sont  enflées  par  l'abundance  de  lait  ;  si  les  desen- 
i!e,  ALKBRANT,  f"  42.  |{  XVI'  S.  Il  Se  resjouissoit  de 
veoir  les  eaux  couler,  et  son  ventre  désenfler,  paré, 
VI,  12.  Faut  différer  la  réduction  ju.sques  à  ce  que 
la  partie  soit  desenflée,  id.  xiii,  3.  Et  delà  son  ven- 
tre se  desenflolt,  id.  xviii,  89.  Voyant  les  difficultés 
de  parler  à  sa  sainteté,  et  que  sa  bourse  desenfloit, 
NOËL  DU  FAÎL.  Contes  d'Eutraj:  ch.  <7. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enfler;  provenç.  desen- 
flar.  deseflar;  catal.  desinflar. 

nÉSENFLCRE  (dé-zan-flu-r' )  ,  S.  ^.  Diminution 
d'enflure. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enflure. 

t  DÉSENFOCRNER  (dé-zan-four-né) ,  v.  a.  Tirer 
du  four.  Il  Absolument.  Vider  le  four.  11  fallut  désen- 
fourner  à  la  hâte. 

—  IllST.  XVI'  s.  Plusieurs  de  mes  créditeurs  ac- 
coururent dès  le  matin ,  quand  je  commençois  à 
desenfourner,  palissy,  3I8. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enfourner. 

f  DÉSENFUMER  (dé-zan-fu-mé),  v.  a.  Chasser  la 
fumée  d'un  lieu.  Désenfumer  une  chambre.  ||  Fig. 
Raviver  les  couleurs  ternies  par  la  fumée.  Désenfu- 
mer un  tableau. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enfumer. 

t  DÉSENGAGEMENT  (dé-zan-ga-je-man) ,  s.  m. 
Action  de  désengager  ou  de  se  désengager. 

—  lllST.  XV*  s.  Le  rachat  et  desengagement  que 
nous  en  avons  fait  [d'un  bien],  comm.  Hém.  t.  m. 
Preuves,  p.  36,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  Les  sauts, 
les  entrelasseures,  les  desengagemens,  le  port  de  la 
jarretière  et  la  grâce  des  filles  portoient  je  ne  sçay 
quelle  petite  la.sciviié  mignarde,  brant.  Dames  gai. 

t.  II,   p.  306,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Désengager. 

t  DÉSENGAGER  (dé-zan-ga-jé.  Le  g  prend  un  e 
devant  o  ouo:  nous  désengageons;  je  désengageais), 
t).  a.  Retirer  d'un  engagement  ||  Retirer  une  invita- 
tion. Il  Terme  militaire.  Annuler  l'enrôlement.  |{  Se 
désengager,  v.  réfl.  P.etirer  un  engagement  qu'on  a 
pris,  l'accoplalion  qu'on  avait  faite  d'une  invitation. 

—  HIST.  XVI'  s.  Se  trouver  desengagé  de  la  néces- 
sité qui  bride  les  aullres,  mont,  il ,  232.  Desengager 
celui  qui  me  dolbt  en  usant  de  luy,  ou  m'eiigager 
envers  celui  qui  ne  me  doiht  rien,  ce  m'est  un,  m. 
IV, 08.  Sucrâtes plaingnoit  l'argentde  sesamisà  des- 
engager savie,  iD.  IV,  (U3.  Si  le  maistrede  ceux  qui 
estoient  là  eust  esté  desengagé  [délivré],  la  besogne 
estoit  faiste,  d'aub.  Hisl.  ii,  i(9.  Le  cheval  ayant 
esté  tué  sous  luy,  après  qu'il  s'en  fust  desengagé,  vint 
le  capitaine  de  Castaldo  à  cheval,  qui  le  prit  prison- 
nier,   RRANT.   Cap.  fr.    t.  I,   p.   81,   dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  engager.  On  dit  plus 
souvent  et  mieux  dégager. 

fDÉSENGEANCER  {dé-zan-jan-sé.  Le  c  prend  une 
cédille  devant  o  ou  o:  nous  désengeaiiçons,  je  dés- 
engeançais),  v.  a.  Débarrasser  d'une  engeance. 

—  HIST.  XVI'  s.  Geste  plante  se  plaist  contre  les 
murailles  es  vieilles  mazures,  oii  s'estant  une  fois 
attachée,  difficilement  l'en  peut-on  desengeancer, 

0.  DE  SERRES,  573. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  engeance. 

t  DÊSENGOURDIR  (dé-zan-gour-dir),  v.  a.  Reti- 
rer de  l'engourdissement.  ||  Sedésengourdir,  v.  réfl. 
Sortir  de  l'engourdissement.  Que  leur  corps  se  dé- 
noue et  se  désengourdi.sse....  Régnier,  Sat.  i. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  engourdir. 

t  IlÉSENGUENER  (dé-zan-gre-né.  La  syllabe  gre 
prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est 
muette  :  je  désengrène,  je  désengrènerai),  v.  a.  Dé- 
tacher un  engrenage.  ||  Se  désengrener,  v.  réfl. 
Sortir  de  son  engrenage. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  engrener. 

t  DÊSENGRENECR  (dé-zan-gre-neur),  s.  m. 
Terme  de  marine.  Pièce  de  fer  qui  aide  à  désengre- 
ner les  maillons  des  câbles-chaînes. 

—  ÉTYM.  Désengrener. 

DÉSENIVRÉ,  ÉE  (dé-ïan-ni-vré,  vrée),  part, 
passe.  Il  but  avec  excès,  puis,  désenivré,  il  s'effraya 
des  discours  qu'il  avait  tenus. 


DÉS 

t  DESENIVREMENT  (dé-zan-ni-vre-man),  s.  m. 
Action  de  désenivrer  ou  de  se  désenivrer. 

—  ÉTYM.   Désenirrer. 

DÉSENIVRER  (dé-zan-ni-vré, on  prononcé  comme 
dans  antique),  v.  a.\\  1°  Faire  passer  l'ivresse.  L'effet 
du  vin,  par  haut  et  par  bas,  fut  tel  qu'on  en  fut  en 
peine,  et  ne  la  désenivra  pas  [la  duchesse  de  Berry], 
ST-sm.  281 ,  74.  Il  Absolument.  Cet  homme  ne  dés- 
enivre point.  Celte  marche  si  désordonnée  et  si  dis- 
solue [d'Alexandre]  dura  sept  jours,  pendant  lesquels 
l'armée  ne  désenivra  point,  ROLim,  Ilist.  anc.  Œu- 
vres, t.  VI,  p.  647,  dans  pougens.  ||  2°  Fig.  Tout  roi 
que  la  peur  désenivre  Nous  prodigue  aussi  les  jou- 
joux, BÉRANG.  Nègres.  ||  3' Se  désenivrer,  v.  réfl. 
Sortir  de  son  ivresse.  ||  Fig.  Sortir  d'un  transport, 
d'un  ravissement,  d'une  illusion.  Je  suis  en  danger 
de  ne  me  désenivrer  que  l'année  prochaine,  balz. 
liv.  IV,  lett.  <4.  Pour  me  désenivrer,  je  viens  vite 
à  la  prose,  volt.  Lett.  Pruss  39. 

—  HIST.  XII'  s.  Va,  bonne  femme,  à  tun  ostel  dor- 
mir; si  te  desenivreras  par  le  dormir,  Jlois,  p.  4. 
Il  XIV'  s.  Quant  il  est  desenyvré  ou  bien  esveillé,  et 
les  fumées  sont  passées  et  disgerées,  adoncques  II 
a  ses  sens  desliés  et  desempeschiés,  oresme,  Thèse 
de  MEUNIER.  Il  xvi'  s.  Les  uns  disent,  quanti  il  eut 
prins  son  pli,  que  depuis  il  ne  desenivra,  desper. 
Contes,  lxxix.  Estant  desenivré,  et  se  voyant  ainsi 
logé,  YVER,  p.  505.  Ils  ne  purent  qu'ils  ne  fissent 
savoir  leur  soubçon  à  l'amiral,  le  priant  de  se  des- 
enyvrer  des  famées  de  la  cour  et  de  penser  à  sa 
seureté  et  à  la  leur  ensemble,  d'aub.  Uist.  ii,  8. 

—  ÉTYM.    Dés....  préfixe,  et  enivrer. 

f  DÉSENLACEMENT  (dé-zan-la-se-man) ,  s  .m.  Ac- 
tion de  déseiilacer. 

—  ÉTYM.  Désenlacer. 

I  DÉSENLACER  (Jé-zan-la-sé.  Le  c  prend  une  cé- 
dille devant  a  ou  o:  nous  désenlaçons,  je  désenla- 
çais),  t).  a.  Tirer  hors  des  lacets.  ||  Fig.  Délivrer 
d'un  piège.  ||  Se  désenlacer,  ii.  réfl.  Se  délivrer  des 
lacets,  des  pièges. 

—  HIST.  XVI'  s.  Desenlacer,  oudin. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enlacer. 

\  DÉSENLAIDIR  (dé-zan-lè-dir),  v.  a.  Atténuer 
la  laideur.  ||  V.  n.  Cesser  d'enlaidir. 

—  ÉTY'M.  Dés....  préfixe,  et  enlaidir. 

f  DÊSENNUI  (dé-zan-nui),  s.  m.  Cessation  de 
l'ennui. 

—  HIST.  XVI*  S.  [11  chassait]  pour  son  passetemps, 
et  pour  donner  desennui  à  son  neveu,  qui  tant  y 
prenoit  plaisir,  J.  de  st-gelais,  Hist.  de  Louis  XH, 
p.  <79,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ennui. 
DÉSENNUYÉ,  ÊE(dé-zan-nui-ié,  iée), part. pass^. 

Désennuyé  par  un  spectacle  si  nouveau  pour  lui. 

DÉSENNUYER  (dé-zan-nui-ié,  an  prononcé  comme 
dans  anlique),  je  désennuie,  tu  désennuies,  il  dés- 
ennuie, nous  désennuyons,  vous  désennuyez,  ils 
diseiinuient;  je  désennuyais,  nousdé.sennuyions;  je 
désennuyai;  je  désennuierai; je  désennuierais;  dés- 
ennuie, désennuyons;  que  je  désennuie,  que  nous 
désennuyions;  que  je  désennuyasse;  désennuyant; 
désennuyé,  v.  a.  \\i°  Délivrer  de  l'ennui.  Mon  fils 
vous  embrasse  mille  fois,  il  me  désennuie  extrême- 
ment et  songe  fort  à  meplaire,  sÉv.  56.  ||  Absolu- 
ment. La  lecture  désennuie.  ||  2°  Se  désennuyer,  v. 
réfl.  Chasser  l'ennui  qu'on  a.  Jouons  pour  nous  dés- 
ennuyer. Le  comte  Ory  disait  pour  s'égayer  Qu'il  vou- 
lait prendre  le  couvent  Farnioulier,  four  plaire  aux 
nonnes  et  se  désennuyer,  Chanson  du  comle  Ory. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ils  ne  chanloient  autre  chanson, 
et  mesmes  en  cheminant  pour  se  désennuyer,  brant. 
JJourbon. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  ennuyer;  Berry,  dcn- 
nuyer. 

t  DÉSENORGUEILLIR  (dé-zan-nor-gheu-llir,  Il 
mouillées,  an  prononcé  comme  àa.ns  antique) ,  v.a. 
Rabattre  l'orgueil  de  quelqu'un. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  et  enorgueillir. 
DÉSENRAYÉ,  ÉE  (dé-zan-rè-ié,  iée),part.  passé. 

La  roue  désenrayée. 

t  DÉSENRAYEMENT  (dé-zan-rê-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  désenrayer. 

—  ÉTYM.  Désenrayer. 

DÉSENRAYER  (dé-zan-rè-ié),  je  désenraye,  tu 
désenrayes,  il  désenraye  ou  désenraie,  nousiiésen- 
rayons,  vous  désenrayez,  ils  désenrayentou  dèsen- 
raientjje  désenrayais,  nousdésenrayions;  je  désen- 
rayai  ;  je  désrenrayerai  ,  ou  désenraierai ,  ou 
désenraîrai;  je  désen rayerais,  ou  désenraierais,  ou 
désenraîrais;  désenraye,  désenrayez;  que  je  désen- 
raye, que  nous  désenrayions,  que  vous  désenrayiez, 
qu'ils  désenrayent;  que  je  désenrayasse;  désen- 
rayant;  désenraye,  v.  a.  Débarrasser  une  roue  de 


DÉS 


1099 


ce  qui  la  tenait  enrayée.  ||  Absolument.  Il  faut  dés- 
enrayer. Il  Se  désenrayer,  v.  réfl.  Être  désenraye, 
La  roue  se  désenraye. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enrayer. 
DÉSENRIIU.MÉ,  ÉE  (dé-zan-ru-mé,  mée),  part. 

passé.  Cet  acteur  désenrhumé  et  pouvant  dire  son 
rôle. 

DÉSENRHCSIER  (dé-zan-ru-mé),  v.  a.  Faire  ces- 
ser le  rhume.  Le  beau  temps  m'a  désenrhumé.  ||  Se 
désenrluimer,  v.  réfl.  Cesser  d'être  enrhumé. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enrhumer. 

t  DÉSENRt'iLEMENT  ( dé-zan-rô-le-man ),  t.  m. 
Action  de  désenrôler. 

■[  DÉSENRÔLER  (dé-zan-rô-lé),  v.  a.  Casser  un 
enrôlement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Desenroullé,  bob.  est.  Dict. 

—  ÉTYM.  /)^s.... préfixe,  et  enrôler. 
DÉSENROUÉ,ÉE  (dé-zan-rou-é,  ée),  part,  passé. 

Désenroué  par  le  repos  de  la  voix  et  par  la  chaleur, 
t   DÉSENROCEMENT    (dé-zan-rou-man),  s.    m. 
Cessation  de  l'enrouement. 

—  ÉTYM.  Désenrouer. 

DÊSENROUER  (dé-zan-rou-é),  v.  a.  Faire  cesser 
l'enrouement.  ||  Se  désenrouer,  v.  réfl.  Cesser  d'être 
enroué.  Il  se  désenroua  en  buvant  quelque  chose 
de  chaud. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  enrouer. 

t  DÉSENSABLER  (dé-zan-sa-hlé),  v.a.  Dégager 
un  bateau  ensablé.  On  eut  bien  de  la  peine  à  désen- 
sabler le  bateau. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  ensabler. 

t  DÉSENSEIGNER  (dé-zan-sè-gné),  V.  a.  Faire 
oublier  ce  qui  avait  été  enseigné. 

—  HIST.  xii*  s.  Amors  le  me  desen.seigne,  Couci, 
IX.  Il  XIII'  s.  Maistre  qui  desensaigne.  Son  aprenant 
mehagne  [estropie],  Prov.  mss.  de  St-G.  f"  tu,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  en.çei'gncr;  provenç. 
desensenlmr ;  aitni.  desenscnyar ; espagn.  desensenar. 

t  DÉSENSELLER  (dé-zan-sè-lé),  v.  a.  Faire  per- 
dre la  selle,  jeter  à  bas  de  cheval. 

—  HIST.  XIII"  s.  Si  rudement  le  desenselle.  Le 
cuer  lui  part  dessoubs  l'esselle.  Roman  d'Athis, 
dans  DU  canoë,  sella  2. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  en,  et  selle. 
DÉSENSEVELI,  lE  (dé-zan-seu-ve-li,  lie),  part. 

passé  de  désensevelir.  Tiré  de  la  sépulture.  Un  corps 
désenseveli.  Il  Fig.  Ce  sont  deux  hommes  que  l'É- 
glise regarde  comme  deux  saints  rlésensevelis  de  la 
mémoire  de  ses  annales,  balz.  liv.  iv,  lett.  30. 

DÉSENSEVELIR  (dé-zan-seu-ve-lir;  comme  il  y 
a  deux  e  muets  de  suite,  le  premier  se  renforce  et 
prend  le  son  de  eu),  v.  a.  Tirer  de  la  sépulture. 

—  ÉTYM.  Dés  ...  préfixe,  et  ensevelir. 

t  DÉSENSEX  ELISSEMEXT  (dé-zan-seu-ve-li-se- 
man) .  s.  m.  Action  de  désensevelir. 

—  ÉTYM.  Désensivplir. 

DÉSENSORCELÉ,  ÉE  (dé-zan-.sor-se-lé,  lée),  part, 
■passé.  Désensorcelé  à  la  fin,  il  s'aperçut  que  cetîe 
femme  le  jouait. 

DÉSENSORCELER  (dézan-sor-se-lé.  La  syllabe  ctl 
prend  deux  II,  quand  la  syllabe  qrri  suri  esl  muette: 
je  désensorcelle;  je  désensorcellerai),  v.  a.  \\  1"  Dé- 
livrer de  rerrsorcelleiuent.  ||  2°  Fig.  On  ire  peut  le 
désensorceler  de  cette  fatale  passion.  ||  3°  Se  désen- 
sorceler, t'.  réfl.  Ces.ser  d'être  ensorcelé.  ||  Fig.  N'a- 
voir plus  l'esprit  captivé. 

—  HIST.  xvi*  s Que  d'Aubigné  appelloit  ouver- 
tement la  comtesse  ^fe  Gurche  sorcière,  l'accusant 
de  l'avoir  ensorcelé,  qu'd  avoit  mesme  consulté  là- 
dessus  le  médecin  Holteman  sur  des  philtres  qui 
pouvoient  le  desoiceler,  d'aub.  Vie,  Lxxiv.  Que 
quelque  bon  prédicateur  non  pédant  soit  sorty  des 
villes  rebelles  pour  aider  à  désensorceler  le  srmple 
peuple,  Sat.  ilén.  Catholicon,  I9. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  et  ensorceler. 
DÉSENSORCELLEMENT   (dé-zan-sor-sè-le-man) , 

s.  m.  Action  de  désensorceler;  état  de  celui  qui  est 
désensorcelé. 

—  ÉTYM.  Désensorceler. 

t  DÉSEN'I'ASSE.MENT  (dé-zan-tà-se-man) ,  *.  m. 
Action  do  désentasser. 

tDÉSENTASSEU  (dé-zan-tà-sé),  ti.  o.  Défaire 
ie  tas.  Désentasser  des  matelas,  des  plumes. 

—  IllST.  XVI"  s.  Lors  l'on  desenlasse  les  pommes, 
les  portans  sous  la  meule  tournante  pour  y  estre  es- 
cachées  à  la  mode  de  l'huile,  o.  IjE  serres,  248. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  entasser. 
IDÉSENÏERRER   (dé-zan-tè-ré),  v.a.   Hetirer 

de  la  terr'e,  et,  dans  un  sens  restreint,  de  la  sépul- 
ture. Désenterrer  un  trésor.  On  lui  a  désentarré 
son  argent.  Désenterrer  un  corps. 

—  HÎST.  XV'  s.   Un  homme  en  peut  estre  accusé 


1100 


DES 


[d'hertjie]  tprès  samort....  et  s'il  advient  qu'il  soit 
convaincu  et  atteint  d'heresie,  il  doit  esire  desen- 
lorré,  et  ses  os  mis  dans  un  sac,  monsthelet,  i,  39. 

—  ÊTYM.  nés....  préfixe,  et  enterrer.  On  dit  plus 
«ovfent  et  mieux  déterrer. 

DÉSENTÊTÉ,  ÉE  (dé-zan-t6-té ,  tée),  part,  passé. 
Désenteié  des  préjugés  qui  longtemps  s'étaient  em- 
parés de  .son  e.sprit. 

*  DÉ.SENTfiTEMENT  (dé-zan-tê-te-man),  ».  m. 
Action  do  riésontêter  ou  de  se  désentfiler. 

DfiSENTÊTER  (dé-zan-tê-té),  V.  a.  ||  1"  Faire  ces- 
ser V'entêtement,  la  prévention.  On  ne  peut  le  désen- 
lêler  de  cette  opinion.  Il  sera  difficile  De  le  désen- 
tfler  du  traître  Procinville,  dui'bény,  Réconcil.  nor- 
mand. IV,  3.  Ij  Dans  un  autre  sens,  faire  cesser  le 
mal  de  tête.  La  promenade  m'a  désenlfité.  On  dit 
que  le  café  désentête.  ||  2»  Y.  réfl.  Se  désentêter, 
perdre  les  préjugés,  les  opinions  qui  nous  entê- 
taient. 

—  REM.  Ce  mot  est  assez  nouveau;  mais  il  plaît 
à  beaucoup  de  gens,  et  je  ne  doute  pas  qu'il  ne  s'é- 
tablisse un  jour:  se  désentêter  de  quelqu'un,  Bou- 
HOURs,  Souv.  rem. 

—  ËTVM.  nés....  préfixe,  et  entêter. 
tDÉSENTOlLEn   (dé-zan-loi-lé),  B.  o.    ôter  les 

toiles  des  ailes  d'un  moulin.  Le  vent  ayant  cessé,  le 
meunier  désentoila. 

—  ÉTYM.  Dés...  préfixe,  en,  et  toile. 

t  DÉSENTORTILLER  (dé-zan-tor-ti-llé,  H  mo\iil- 
lées),  V.  a.  Démêler  ce  qui  était  entortillé.  Quel- 
quefois on  parvient  à  désentortiller  le  fil  et  à  faire 
de-scendre  le  nid  qu'il  tient  suspendu,  bonhet,  Ob- 
serv.  T,  Insectes.  |{  Se  désenlorliller,  v,  réfl.  Cesser 
d'être  entortillé,  et  fig.  sortir  d'un  embarras. 

—  SYN.  UÈSENTORTILLER,  DÉTORTILLEH.  La  diffé- 
rence entre  ces  mots  est  la  même  qu'entre  entor- 
tiller et  tortiller.  Tortiller  est  le  fréquentatif  de  tordre  ; 
il  se  dit  très- bien  d'une  seule  chose  :  un  fil,  une  fi- 
celle se  détortille.  Entortiller  se  dit  plutôt  de  plu- 
■ieurs  choses  qui  se  mêlent  et  se  tordent  les  unes 
sur  les  autres  :  ces  cordons  sont  mêlés,  je  ne  pour- 
rai les  désentortiller. 

—  HlST.  xvi'  s.  Degentortiller,  oudin. 

—  ÊTYM.  nés....  préfixe,  et  entortiller. 

t  UÉSENTRAVER  (dé-zan-tra-vé),  v.  a.  ôter  les 
entraves ,  les  liens  employés  pour  assujettir  les  ani- 
maux dans  le  travaU  d'un  maréchal. 

—  ÉTYM.  Dés  ...  préfixe,  et  entrave. 

i  DÉSENTRELACKR  (dé-zan-tre-la-sé.  Le  c  prend 
une  céddle  devant  a  ou  o:  nous  désentrelaçons;  je 
désentrelaçais),  v.  a.  ôter  d'un  entrelacement.  ||Se 
déseutrelacer,  v.  réfl.  Cesser  d'être  entrelacé. 

—  UIST.  xvi*  s.  Les  autres  quatre  ou  cinq  nerfs, 
après  s'estre  entrenieslés  et  entrelacés,  non  seule- 
ment dés  leur  oiigine  et  source,  ains  s'estant  desen- 
trelacés sous  l'esselle,  paré,  iv,  24. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  entrelacer. 

t  1)É.SENVEL0PPER  (dé-zan-ve-lo-pé) ,  v.  a.  Re- 
tirer ce  qui  enveloppe.  On  désenveloppa  la  pendule. 

—  SYN.  nÉSENVELOPPER,  DÉVELOPPER.  Il  y  a  ici 
une  analogie  et  des  différences  analogues  à  celles 
qui  existent  entre  désentortiller  et  détortiller.  Dés- 
envelopper  suppose  une  enveloppe  réelle,  et  que  l'on 
peut  filer.  Développer  est  plus  général;  il  s'applique 
aussi  à  ce  qui  n'enveloppe  que  moralement  ou  in- 
tellectuellement :  développer  ses  idées;  développer 
la  surface  d'un  cylindre. 

—  HlST.  xiu*  s.  Tout  ce  est  otroié  à  celi  à  qui  l'en 
done  juridiction  desenvoloper,  Liv.  de  jxist.  76. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  envelopper. 

t  DÉSENVENIMER  (dé-zan-ve-ni-mé),  v.a.  ôter 
le  venin.  ||  Fig.  ôter  oequi  envenime.  Il  s'eiïorçade 
désenvenimer  le  langage  qui  avait  été  tenu. 

—  HlST.  XVI*  s.  Qu'ils  ne  pourront  estre  qu'à  peine 
Desenvenimez  de  leur  haine,  et.  jodslle,  Eugène 
com.  m,  1. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  envenimer. 

t  DfiSENVERGUER  (dé-zan-vèr-ghé) ,  v.  a.  Terme 
de  marine.  Détacher  une  voile  de  la  vergue  à  la- 
quelle on  l'avait  liée  par  des  rabans  ou  par  une  ai- 
guillette. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  en,  et  vergue. 

t  DIÎSEPERONNER  (dé-zé-pe-ro-né),  v.  a.  ôter 
les  éperons. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  éperon. 

t  PÉSÉQUIPER  (dé-zé-ki-pé),  v.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Ili'siirincr,  retirer  l'équipage. 

—  ÊTYM.  Dét....  préfixe,  et  équiper. 

T  DÉSERGOTER  (dé-zèr-go-té),  v.  a.  ||  !•  Couper 
les  ergots  d'un  coq.  ||  2'  Terme  de  vétérinaire.  Cou- 
per les  pi.rtion»  de  corne  nommées  ergots  au  pied 
du  cheval. 

•^  6TYM.  iWi....  préflxa,  et  ergot. 


DES 

1.  DÉSERT,  ERTK  (dé-zêr,  dé-zèr-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  est  sauvage  et  sans  habitants.  Une  cam- 
pagne déserte.  île  déserte.  C'est  un  instinct  commun 
à  tous  les  êtres  sensibles  et  .souffrants  de  se  réfugier 
dans  les  lieux  les  plus  sauvatres  et  les  plus  dé- 
serts, BERN.  DE  ST-P.  Paul  et  Virg.  L'Ile  était  dé- 
serte, lorsque  les  Français  y  abordèrent  en  1720 
et  changèrent  .son  nom  de  Maurice  en  celui  d'Ile 
de  France  qu'elle  porte  encore,  raynal, //ist.  phil. 
IV,  20.  Une  contrée  déserte  et  inhabitée  est  la  seule 
qu'on  puisse  s'approprier,  id.  ib.  viii,  i.  Tantôt  sur 
les  sommets  de  ces  roches  antiques ,  Tantôt  aux 
bords  déserts  des  lacs  mélancoliques,  lamart.  Méd. 
I,  6.  Dans  dos  sables  brûlants,  sur  des  rochers  dé- 
serts, VOLT.  Fanal,  ii,  4.  ||  Vide,  dépeuplé.  Chiens, 
chasseurs,  villageois  s'assemblent  pour  sa  perte.... 
C'est  par  là  que  de  loups  l'Angleterre  est  déserte, 
LA  FONT.  Fabl.  X,  «.  Il  2''  Par  exagération,  très-peu 
fréquenté.  Rue  déserte.  Quartier  désert.  Ces  porti- 
ques, ces  lieux  que  vous  voyez  déserts.  De  nom- 
breux citoyens  seront  bientôt  couverts,  VOLT.  Tancr. 
m,  3.  Enfants  infortunés  d'une  ville  déserte....  id. 
Triumv.  III,  t.  Il  Fig.  Où  n'est  plus  la  personne,  la 
chose  qui  faisait  le  charme  du  lieu.  Dans  l'Orient 
désert  quel  devint  mon  ennui  I  rA6.  Bérén.  i,  4. 
Il  3°  Terme  d'ancienne  pratique.  Un  appel  était  dé- 
sert, quand  celui  qui  l'avait  interjeté  ne  l'avait  pas 
relevé  par  lettres  dans  les  trois  mois. 

—  SYN.  DÉSERT,  INHABITÉ.  Le  lieu  Inhabité  est 
celui  qui  est  sans  habitants,  sans  habitations.  'Jn 
lieu  désert  non-seulement  est  inhabité,  mais  encore 
offre  à  l'esprit  quelque  chose  de  sauvage,  de  reculé 
loin  de  toute  culture  et  môme  de  toute  civilisation. 

—  HlST.  XI*  s.  Puis  [depuis]  icel  jour  en  fut  cent 
ans  déserte,  Ch.  de  Roi.  lu.  De  tels  barons  corne 
ore  [la  France]  maint  [demeure]  déserte  I  tb.  cxxvi. 
Il  XII*  s.  François  mourront,  désert  iert  [sera]  li  pais, 
Ronc.  p.   42.'  Il  XIII*  s.  Ele  ert  [était]  en  la  forest 

toute  la  plus  déserte,  Berte,  xxxv.  ||xiv*s La 

vertu  moienne....  est  innomée  aussi  comme  se  elle 
fust  déserte,  oresme,  Eth.  (27.  ||  xv*  s.  11  n'y  au- 
roit  jamais  nul  recouvrer  que  nous  et  nos  hoirs  ne 
feussions  destruits,  et  toute  l'Angleterre  déserte  et 
en  ruine,  froiss.  ii,  ii,  <H.  ||  xvi*  s.  Craignant  de 
voir  habiter  en  sa  cité  un  désert  (homme  sans  res- 
sources] nécessiteux  et  indigent,  sans  héritage  ne 
maison,  amyot,  Àrist.  et  Caton  comp.  6.  Lors  il  se 
trouvoit  [Aratus]  pauvre,  désert  et  affligé,  et  en 
grand  danger  de  sa  propre  personne,  lu.  Arat.  6i. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  dézar;  provenç.  et  catal. 
désert  ;espagn.  desierto  ,ital.  deserto ;  du  \a.lin  deser- 
tus,  de  deserere,  abandonner.  Dans  l'ancienne  lan- 
gue, désert  avait  sa  signification  complète  et  s'ap- 
pliquait aux  personnes  dans  le  sens  d'abandonné , 
de  privé  de. 

2.  DÉSERT  (dé-zêr  ;  le  f  ne  se  lie  pas  :  un  dé-zêr 
affreux;  au  pluriel,  l's  ne  se  lie  pas  :  des  dé-zèr  af- 
freux; cependant  quelques-uns  lient  :  des  dé-zêr-z 
affreux),  s.  m.  \\  1°  Lieu,  pays  sauvage  et  désert. 
L'esprit  de  Dieu  conduit  Benoît  au  désert,  mass. 
Pariég.  St  Benott.  Quel  climat,  quel  désert  a  donc 
pu  te  cacher?  rac.  Esth.  i,  4.  Les  déserts  autre- 
fois peuplés  de  sénateurs  Ne  sont  plus  habités  que 
par  leurs  délateurs,  id.  Brit.  i,  2.  Étant  partis 
d'Horeb,  nous  passâmes  par  ce  grand  et  effroyable 
désert  que  vous  avez  vu,  saci.  Bible,  Deutéron. 
I,  (9.  Voici  le  plus  beau  désert  qu'on  puisse  voir; 
n'admirez-vous  pas  ces  ruisseaux  qui  tombent  des 
montagnes,  ces  rochers  escarpés,  et  en  partie  cou- 
verts de  mousse?  fén.  Dial.  des  morts tnod.  Léger, 
Ébroin.  De  déserts  en  déserts  errant,  persécuté, 
VOLT.  Mérope,  v,  l.  Ses  sorties  journalières  [de  Na- 
poléon], qu'éclairait  toujours  un  soleil  brillant,  dans 
lequel  il  s'efforçait  de  voir  et  de  montrer  son  étoile, 
ne  le  distrayaient  point;  au  triste  silence  de  Moscou 
morte  se  joignait  celui  des  déserts  qui  l'environ- 
nent, et  le  silence  encore  plus  menaçant  d'Alexan- 
dre, sÉGUR,  Hist.  de  Nap.  viii.  <o.  \]  Fig.  Je  ne  me 
plais  qu'avec  le  monde,  et  tout  sans  lui  m'est  un 
désert  et  m'ennuie,  bouhd.  Pensées,  t.  ii,  p.  393. 
Ils  voudraient  être  au  fond  des  déserts,  mais  ils 
n'ont  pas  la  force  de  se  faire  un  désert  du  monde 
lui-même,  mass.  Profess.  relig.  Sermon  i.  Le  seul 
qui  m'entendît  encore  dans  ce  désert  peuplé,  stael, 
Corinne,  xiv,3.  ô  toi  qui  m'apparusdans  ce  désert 
du  monde ,  Habitante  du  ciel,  passagère  en  ces 
lieux,  ô  toi  qui  fis  briller  dans  celte  nuit  profonde 
Un  rayon  d'amour  à  mes  yeux,  lamart.  Médit,  i,  (7. 
J'ai  vécu  ;  j'ai  passé  ce  désert  de  la  vie.  Où  toujours 
sous  mes  pas  chaque  fleur  s'est  flétrie,  ID.  ib.  i,  *s. 
Il  2°  Par  extension,  lieu,  pays  peu  habité,  retiré. 
Il  n'y  a  rien  ici,  c'est  un  désert,  sÉv.  (6).  El  parfois 
il  me  prend  des  mouvements  soudains  De  fuir  dans 


DES 

un  désert  l'approche  des  humains,  mol.  Jfti.  >,  4. 
Le  seul  bruit  de  leur  approche  fait  un  désert  des 
contrées  les  plus  habitées,  haynal,  Ilist.  phil.  v,  34. 
Il  Par  exagération.  Faire  un  désert  de  sa  maison,  ne 
recevoir  personne.  Je  ne  ferai  point  un  désert  de 
ma  maison,  parce  qu'il  s'y  passe  des  choses  qui  me 
déplaisent  comme  à  vous,  didebot,  Père  de  famille, 
m,  7. Il  Familièrement.  Parler,  prêcher  dans  le  dé- 
sert, n'être  pas  écouté.  ||  Se  retirer  au  désert,  dans 
le  langage  de  Port -Royal,  s'enfermer  dans  une 
étroite  retraite.  ||  Aller  entendre  la  parole  de  Dieu 
au  désert,  locution  des  protestants  qui,  après  la  ré- 
vocation de  l'édit  de  Nantes,  se  réunissaient  dans 
des  lieux  écartés  et  déserts  pour  entendre  le  prêche, 
qui  était  interdit  sous  des  peines  très-sévères. 
Il  8°  Fig.  Absence  complète,  manque  absolu.  Quel 
plan  de  philosophie  plus  simple  [que  celle  de  Pla- 
ton]! quelles  vues  plus  nobles!  mais  quel  vide!  quel 
désert  de  spéculation  !  buffon  ,  Animaux.  SyiHn4 
de  génération. 

—  HIST.  xii*  S.  Auquant  home  s'en  estoient  aie  el 
désert, Jfachab.i,  2.  Eli  reisSedechiass'enfuid parla 
champainedel désert.  Rois,  p.  434.  El  cest  vin,  que 
ces  [ceux-là]  en  beivent  qui  se  alasseront  [lasseront] 
par  aventure  al  désert,  tb.  478.Deusenseverad  [mit 
à  part]  lelignage  Levi,  et  eslit  et  retint  especialment 
à  son  servise  del  tabernacle,  qui  primes  fud  levez 
al  désert  de  Sinai,  ib.  2.  [Le  mal]  Que  nous  sou- 
frons en  cest  désert  sauvage,  Ronc.  p.  8<.  ||  xin*  s. 
Or  vois  comme  Fortune  sert  Çà  jus  en  ce  mondain 
désert,  la  Rose,  6366.  {|  xiv*  s.  Ne  tint  voie  ne 
sente  li  drommons  soufisans,  Vers  Inde  le  [la] 
majour,es  desersd'Abrahans,  Baud.  deSeb.x,  (005. 
Il  XVI*  s.  Ceulx  de  qui  la  mer,  les  montagnes  et  les 
déserts  inhabitables  ne  peuvent  arrester  l'avarice, 
AMYOT,  Pyrrh.  23. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  désert;  espagn.  de- 
sierto; ital.  deserfo;  du  latin  deier(um(voy.  lésert)). 

t  DÉSERTABLE  (dé-zèr-U-bl') ,  adj.  Que  l'on  doit 
fuir. 

— HlST.  XV*  s.  Quant  il  vit  la  seigneurie  Et  le  juge- 
ment de  sa  vie  Desertable  [odieuse]  parle  cours.... 
E.  DESCH.  Poésies  mss.  S°*lt ,  dans  lacurnk. 

—  ÉTYM.  Déserter. 

DÉSERTÉ,  ÉE{dé-zèr-té,  tée),  part,  passé.  Aban- 
donné, laissé,  dont  on  s'en  est  allé.  La  ville  désertée 
pour  la  campagne.  Je  vis  en  moins  de  rien  Tout  mon 
camp  déserté  pour  repeupler  le  sien,  corn.  Sertor. 
I,  4.  Ses  honneurs  abolis,  son  palais  déserté,  bac 
Brit.  Il,  3. 

DÉSERTER  (dé-zèr-té) ,  v.  a.  ||  1*  Quitter  un  lieu, 
le  fuir.  Déserter  le  royaume,  la  province.  Déserter 
leur  pays  pour  inonder  le  nôtre,  rac.  Uilhr.  m,  \. 
Il  Abandonner.  Déserter  son  poste,  la  maison  pater- 
nelle. Et  l'ennemi  vaincu,  désertant  ses  remparts. 
Au-devant  de  ton  joug  courait  de  toutes  parts,  boil. 
^pf(.  au  roi.  Nous  pouvons  dire  que  c'était  le  reflux 
de  son  esprit  qui,  comme  un  grand  océan,  se  re- 
lire et  déserte  ses  rivages,  id.  Longin,  7.  Il  vient 
injustement  de  chasser  Bourguignon;  Si  cela  dure, 
il  faut  déserter  la  maison,  boissy.  Dehors  trom- 
peurs, I,  I.  Il  2°  Terme  militaire.  Abandonner  son 
drapeau.  Déserter  le  service,  l'armée.  ||  Par  exten- 
sion. Déserter  la  bonne  cause.  Déserter  son  parti, 
en  changer.  Déjà  de  votre  camp  un  grand  nombre 
transfuge  Déserte  votre  cause  et  prend  le  roi  pour 
juge,  LEMERC.  Frédég.  et  Bruneh.  i,  i.  ||  3°  Terme 
de  mer.  Déserter  quelqu'un,  l'empêcher  de  retour- 
ner au  vaisseau,  et  le  laisser  dans  quelque  lieu 
malgré  lui.  ||  4°  Rendre  désert.  Ce  sens  a  vieilli. 
Mars  qui  met  sa  louange  à  déserter  la  terre  Par  des 
meurtres....  malh.  vi,  b.  C'est  en  quelque  sorte  vou- 
loir déserter  la  cour  que  de  combattre  l'ambition 
qui  est  l'&me  de  ceux  qui  la  suivent,  boss.  Sermon 
du  4*  dim.  de  carême.  Voici  le  temps  que  le  Sei- 
gneur désertera  toute  la  terre,  il  la  dépouillera  et 
lui  fera  changer  de  face,  Isate,  ch.  xxiv,  dans  ri- 
chelet.  Il  6*  F.  n.  S'en  aller  d'un  lieu,  avec  l'idée 
que  ce  lieu  n'est  pas  tenable.  Le  bruit  des  voisins 
m'a  fait  déserter  de  ma  chambre.  Et  lorsque  son  dé- 
mon commence  à  l'agiter.  Tout  jusqu'à  la  servante 
est  prêt  à  déserter,  boil.  Sa*,  viii.  ||  6"  Terme  de 
guerre.  Abandonner  son  drapeau.  Déserter  devant 
l'ennemi.  Désertera  l'intérieur,  quitter  le  drapeau, 
mais  ne  pas  quitter  le  pays.  Déserter  à  l'ennemi,  quit- 
ter le  drapeau  et  passer  dans  l'armée  ennemie.  J'ai 
même  déserté  deux  fois  dans  la  milice,  rrcnahd. 
Folies  amour,  i,  7.  ||  Fig.  Il  leur  est  dur  de  voir  dé- 
serter les  galants,  mol.  Tart.  1,4.  J'étais  effrayé  du 
dépit  qu'elle  [Mme  de  Maintenon]  concevrait  de  voir 
Chamillart  lui  déserter  et  passer  du  côté  de  ses  en- 
nemis, ST-siM.  490,  44.  La  liberté  déserte  avec  ses 
armes,  bérang.  F.  jerjcnj.  Il  7*  Se  déserter    v.'é/l. 


DES 

Être  déserté,  abandonné.  Les  campagnes  et  les  vil- 
les se  désertaient  pendant  les  ravages  des  Nor- 
mands. 

—  HIST.  xn'  s.  Hé!  France  belle  I  corne  es hui  dé- 
sertée De  bons  vassaus....  Ilonc.  p.  9t.  Sire,  fait- 
ele ,  E.spagne  est  désertée,  ib.  p.  H6.  Mais  l'abes 
de  Cisteaus  à  saint  Thomas  manda  Par  dan  Guarin 
J'aW  tut  ço  qu'el  brief  trova,  Que  li  reis  les  manace 
qu'il  les  désertera,  Th.  le  mart.  97.  |{  xiii'  s.  Maufé 
[les  diables]  vos  ont  si  déserté  Qu'en  ne  vos  putt 
prendre  en  verte,  Ren.  (739.  Lessiés  le  [bouton] 
croistre  et  amander;  Nel  voudroie  avoir  déserté 
[éloigné]  Du  rosier  qui  l'a  aporté,  Por  nule  riens  vi- 
vant, tant  l'ains  [tant  je  l'aime],  la  Rose.  2929.  Li 
bon  baron  de  France  ne  vourent  arester,  En  estran- 
ges  pais  s'alerent  déserter,  Là  devinrent  sauvage 
por  lor  âmes  sauver,  Ch.d'Ant.  i,  <<o.  Quel  gent  a 
Diex  laissie  por  garder  sa  maison?  Sa  vigne  est  de- 
siertée,  n'i  laboie  mais  hom,  ruteb.  237.  ||  xv"  s. 
Et  plusieurs  chevaliers  et  escuyers  se  plaignoient  des 
bois  que  on  leur  avoit  coupés  et  désertés  [ravagés], 
FROiss.  II,  II,  238.  Deux  mille  frans  et  plus  lui  a 
cousté  C.este  guerre,  dont  il  [Deschamps]  est  déserté 
[ruiné],  EUST.  desch.  Suppi.  ait  roi.  ||xvi*  s.  Il  fut 
d'opinion  que  l'on  rasast  entièrement  la  ville,  et 
que  l'on  desertast  [rendit  désert]  le  pays,  amyot, 
Lysaiid.  29.  Ainsi  advint  il  que  de  la  désolation  et 
destruction  d'une  ville  désertée,  plusieurs  furent  re- 
bastjes  et  repeuplées,  id.  I.ucuU.  67.  Voir  devant 
ses  yeux  son  domaine  se  déserter  et  en  ses  bois  et 
en  toutes  sesautres  parties,  0.  de  serres,  6B.  Lors 
le  brochet,  encore  qu'il  dévore  quelques  petits  pois- 
Bons,  ne  désertera  pourtant  l'estang,  m.  426.  Les 
poissons  se  mangeans  les  uns  les  autres,  finalement 
l'estang  de  lui-mesme  se  désertera,  si....  m.  427. 
Par  la  révolution  du  temps  les  forests  se  sont  déser- 
tées [ruinées] ,  id.  749. 

—  ÉTYM.  Désert  *  ;  provenç.  et  espagn.  desertar; 
ital.  desenare. 

t  DÉSERTES  (dé-zèr-te) ,  s.  f.  ylur.  Forces  (sorte 
de  ciseaux)  peu  tranchantes  dont  se  servent  les  ton- 
deurs de  drap. 

DÉSERTEUR  (dé-zèr-teur) ,  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  dé- 
laisse, abandonne,  avec  une  idée  de  réprobation.  Il 
donne  de  la  terreur  aux  déserteurs  d'une  si  sainte 
société,  PATRU,  Plaidoyer  )B',  dans  richelet.  Un 
homme....  qui,  sans  se  déclarer  ouvertement,  mais 
par  la  malheureuse  possession  où  il  s'est  établi 
d'agir  selon  son  gré  et  en  libertin  [esprit  fort] , 
est  devenu,  si  j'ose  m'exprimer  ainsi,  un  déserteur, 
ou,  si  vous  voulez,  un  apostat  de  la  Providence  de 
Dieu,  boi;rd.  Car.  Sur  la  Providence.  Je  ne  puis 
admirer  ces  dangereux  auteurs  Qui.  de  l'honneur 
en  vers  infâmes  déserteurs.  Trahissent  la  vertu  sur 
un  papier  coupable,  boil.  Art  p.  iv.  Mathan  de  nos 
autels  infâme  déserteur,  bac.  Athnl.  i,  t.  Moi  seul, 
donnant  l'exemple  aux  timides  Hébreux,  Déserteur 
de  leur  loi,  j'approuvai  l'entreprise,  id.  »b.  iii,3. 
Ces  murs  sont  encor  pleins  de  tes  premiers  ex- 
ploits. Déserteur  de  nos  Dieux,  déserteur  de  nos 
lois,  VOLT.  IfoAom.  1 ,  4.  [Un  sénat]  Qui,  lâche  dé- 
serteur de  son  autorité.  N'en  a  plus  que  l'orgueil 
pour  toute  dignité,  volt.  Catil.  iv,  2.  ||  2°  Particu- 
lièrement, militaire  qui  déserte.  Poursuivre,  arrê- 
ter un  déserteur.  ||  Fig.  et  familièrement.  Je  vous 
ramène  notre  déserteur,  l'ami  qui  nous  avait  quit- 
tés. Je  veux  le  faire  saisir  où  je  le  trouverai  comme 
déserteur  de  la  médecine,  mol.  Pourc.  11,  <.||I1  se 
dit  souvent  des  écoliers  qui  se  sauvent  du  collège, 
des  enfants  qui  se  sauvent  de  la  maison  paternelle. 
Il  Par  abus,  celui  qui  ne  se  rend  pas  à  un  appel,  qui 
ne  se  fait  pas  inscrire  sur  un  rôle.  Exempt  d'impôt, 
déserteur  de  phalange  [non  inscrit  dans  la  garde  na- 
tionale], Je  suis  pourtant  assez  bon  citoyen,  bé- 
BANG.  Nouv.  Diog. 

—  SYN.  DÉSERTEUR,  TRANSFUGE.  Celui  qui  déserte, 
abandonne  son  drapeau  ;  mais  le  mot  ne  dit  pas  par 
soi-même  où  le  déserteur  va  ;  au  lieu  que  transfuge 
signifie  que  le  déserteur  va  de  l'autre  côté  et  passe  à 
l'ennemi. 

—  HIST.  XIV*  s.  Déserteurs  de  leurs  banieres.BER- 
CHEBRE,  {°  49,  recto.  \\  xvi*  Ils  ne  purent  trouver  en 
ce  courage  nerf  qui  tendit  à  estre  déserteur  de  ses 
amis,  d'aub.  Hist.  11,  233.  Déserteurs  de  l'honneur 
de  Dieu  et  du  bien  de  son  eghse,  condé.  Mémoires, 
p.  668.  Aultrement  [si  nous  nous  donnons  la  mort] , 
comme  déserteurs  de  nostre  charge,  nous  sommes 
punis  et  en  celuy-cy  et  en  l'aultre  monde,  mont. 
Il,  26, 

—  ETYM.  Lat.  desertor, de  deserere (voy.  désert t). 
tDÉSERTICOLE  (dé-zèr-ti-ko-1'),  adj.  Terme  de 

botanique.  Qui  afl'ectionne  les  lieux  déserts. 

—  ÈTïM.  Désert,  et  le  latin  tolère,  habiter. 


DÉS 

DÉSERTION  (  dé-zèr-sion  ;  en  vers  ,  de  quatre 
syllabes),  s.  {.  ||  1°  Action  de  délaisser,  d'abandon- 
ner. Vous  m'aviez  promis  de  me  soutenir,  et  vous 
m'avez  abandonné;  quelle  désertion  I  Je  vais  tourner 
mes  recherches  vers  un  pays  étranger,  vers  une  au- 
tre littérature;  cependant  ce  n'est  pas  une  désertion 
timide  de  mon  sujet  qui  me  conduit  en  Angleterre, 
viLLEMAiN,  liltér.  franc.  Tabl.  du xviii"  siècle,  2« par- 
tie,2«  leçon.  Il  2°  Particulièrement,en  termes  de  droit 
militaire,  action  de  déserter,  de  quitter  soncorpssans 
permission.  Désertion  à  l'intérieur.  Désertion  à 
l'ennemi.  ||  3°  Changement  de  parti.  Après  les  ré- 
volutions, les  désertions  sont  fréquentes.  ||  4°  An- 
cien terme  de  palais.  L'inconstance  ou  la  négli- 
gence, qui  empêche  de  relever  un  appel,  au  terme 
prescrit.  Il  Désertion  d'un  héritage,  conduite  d'un 
propriétaire  négligent  qui  laisse  un  héritage  en  fri- 
che. Il  5"  Dépopulation.  Vieilli  en  ce  sens.  Nous  sup- 
posons que  la  lieue  carrée  contient  plus  de  BBO  per- 
sonnes, mais  nous  ne  croyons  pas  qu'il  faille  étendre 
le  nombre  au  delà  quant  à  présent,  à  cause  des 
mortalités  et  des  grandes  désertions  arrivées  dans 
le  royaume,  vauban,  Dtme,  p.  90. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  vit  son  ost  ainsi  renversé,  abatu, 
et  mené  à  telle  desercion,  il  fut  si  désespéré  que 
luy  mesmes  se  voulut  occire  de  sa  propre  main, 
Triomphe  des  neuf  preux,  p.  381,  dans  lacurne, 

—  ÉTYM.  Lat.  desertionem ,  de  deserere  (  voy. 
désert  4), 

DÊSESPÉRADE  (dé-zè-spé-ra-d'),  s.  f.  Air  de  dés- 
espoir, acte  de  désespoir.  Ceux  qui  surent  cette  déses- 
pérade  de  la  Feuillade  ne  doutèrent  pas  qu'elle  ne 
fût  un  jeu  pour  faire  pitié  à  son  beau-père  et  au  roi 
même,  st-sim.  164,  tes.  \\  i  la  désespérade,  loc. 
adv.  X  la  manière  d'un  désespéré.  Cette  locution 
vieillit. 

—  HIST.  xvi*  s.  Et  n'y  pouvant  parvenir,  il  ne  faut 
pourtant  pas  qu'il  aille  à  la  desesperade  se  précipi- 
ter en  des  entreprises  inconsidérées,  langue,  <82. 

—  ÉTYM.  Désespérer.  Désespérade  est  une  forme 
espagnole,  o  la  desesperada,  qui  s'est  introduite 
durant  le  xvi*  siècle.  La  forme  française  est  à  la 
désespérée,  qu'on  trouvera  à  l'historique  de  déses- 
pérer. 

t  DÉSESPÉRAMMENT  (dé-zè-spé-ra-man)  ,  adv. 
D'une  façon  désespérante.  On  ne  pouvait  être  plus 
gratuitement,  plus  continuellement,  plus  désespé- 
ramment  méchante  que  Mme  d'Heudicourt,  st-sim. 

218,    182. 

—  ÉTYM.  Désespérant ,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÉSESPÉRANCE  (dé-zè-spé-ran-s')  ,  s.  f  État 
d'une  âme  qui  penl  l'espérance.  Il  ne  vous  a  pas 
dit  que,  poète  et  prophète,  il  a  traîné  dans  les  fo- 
rêts de  la  Floride  et  sur  les  montagnes  de  la  Judée 
autant  de  désespérances,  de  tristesses  et  de  passions 
que  vous  avez  d'espoir,  de  joie  et  d'innocence,  ciia- 
TEAUB.  dans  le  Dicl.  de  dochez.  Sa  désespérance  de 
l'humanité,  id.  ib. 

—  HIST.  xiu*  s.  On  le  poroit  si  espoenter  de  ses 
peciés  [péchés]  qu'il  en  kieroit  [choirait,  tomberait] 
en  desesperanche,  Chron.  de  Itains,  p.  (05.  Toute 
nostre  gent  s'enfuirent  si  laidement,  que  il  en  y  ot 
pluseurs  qui  de  désespérance  se  noiereiit  en  la  mer, 
joiNV.  271.  Il  xiV  s.  Il  met  différence  entre  ceulx 
qui  meurent  pour  fortitude  et  ceulx  qui  meurent 
par  désespérance,  oresme,  Eth.  82.  ||xv'  s.  Et  crie 
par  desperance,  Ferant  [frappant]  ma  poictrine  du 
poing,  en.  d'orl.  Rondel.  69.  ||  xvi'  s.  Adono  Cleo- 
patre,  craignant  sa  fureur  et  sa  désespérance,  s'en- 
fouit dedans  la  sépulture  qu'elle  avoit  fait  bastir, 
AMYOT,  Anton.  99. 

—  ÉTYM.  Désespérant  ;  provenç.  desperansa;  ca- 
tal.  desesperança ;  anc,  espagn.  desesperamsa ;  ital. 
disperama. 

DÉSESPÉRANT,  ANTE  (dé-zè-spé-ran ,  ran-t'), 
adj.  Il  1"  Qui  fait  désespérer,  qui  cause  un  grand 
chagrin.  Une  nouvelle  désespérante.  ||  Familière- 
ment. C'est  désespérant,  cela  est  triste,  fâcheux. 
Il  2"  Qui  nous  ôte  l'espoir,  en  parlant  des  personnes. 
Vous  êtes  désespérant.  Lisette  m'apprit  hier  une 
nouvelle  qui  me  mit  au  désespoir.  —  Ehl  que  vous 
a-t-elledit,  cette  désespérante  Lisette?  lesage,  Cris- 
pin  riv.  de  son  maitre,  se.  t . 

tDÉSESPÉRATION(dé-zè-spé-ra-sion),i.^.  Action 
de  mettre  au  désespoir,  de  se  jeter  dans  la  déses- 
poir. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  mort  est  une  desesperation  ex- 
trême à  ceux  qui  ne  pensent  que  de  la  vie  présente, 
CALV.  Instit.  337.  Il  apporteroit  un  grand  préjudice 
et  desperation  à  l'attente  et  issue  de  son  entreprise, 

il.  DU  BELLAY,   365 

—  ÉTYM.  Désespérer. 

DÉSESPÉRÉ,  ÉE  (dé-zè-spé-ré ,  rée),  port,  passé. 


DÉS 


1101 


Il  1"  Qui  est  livré  au  desespoir.  Désespérée  de  la 
mort  de  son  fils.  Le  roi,  la  reine.  Monsieur,  toute 
la  cour,  tout  le  peuple,  tout  est  abattu,  tout  est 
désespéré,  Boss.  Duch.  d'Orl.  Non ,  je  l'avoue  en- 
cor,  ce  cœur  désespéré  Contre  ce  seul  malheur 
n'était  point  préparé,  rac.  Bril.  m,  7.  Combien 
ai-je  passé  dans  les  pleurs,  les  sanglots.  Des  jours 
désespérés  et  des  nuits  sans  repos!  lagrangk-chan- 
CEL,  Athénaïs,  iv,  7.  ||  Il  se  dit  aussi  des  douleurs 
physiques.  Souffrirai-je  mille  et  mille  douleur»  qui 
me  feront  mourir  désespérée?  sÉv.  <î8.  H  2»  Fami- 
lièrement. Très-fâché,  très-contrarié.  Je  suis  dés- 
espéré de  vous  avoir  fait  attendre.  J'étais  aigri, 
fâché,  désespéré  contre  elle,  mol.  Êc.  des  f.  n,  *■ 
Il  3°  Qui  ne  laisse  plus  d'espoir  d'un  bon  succès. 
Mais  quoi,  messieurs,  tout  est-il  donc  désespéré  en 
nous?  Dieu,  qui  foudroie  toutes  nos  grandeurs 
jusqu'à  les  réduire  en  poudre,  ne  nous  laisse-t-il 
aucune  espérance?  BOSs.  Duch.  d'Orl.  La  paix  dès 
ce  moment  n'est  plus  désespérée,  rac.  Théb.  m, 
4.  J'ai  ouï  dire  que  c'était  un  homme  admirable 
pour  les  procès  désespérés,  baron.  Coquette  et 
fausse  prude,  i,  4.  C'est  alors  que  le  retour  [à  la 
piété]  est  comme  désespéré,  mass.  Car.  Inconsl.  Do 
me  mêler  des  affaires  d'autrui  pour  de  l'argent ,  de 
faire  souvent  réussir  les  plus  désespérées,  cham- 
FORT.ilfarcft.  de  Smyrne,  se.  )0.  |1  Qui  ne  donne  plus 
d'espoir,  en  fait  de  maladie.  Une  guérison  désespérée. 
Ce  malade  est  désespéré.  Un  malade  désespéré  de 
guérison,  malh.  le  Traité  des  bienf.  de  Sénèque,  rv, 
n.  On  me  mandait  de  Paris  qu'elle  étaitdésespérée, 
sÉv.  4;i3.  N'est-il  pas  quelquefois  des  maladies  dés- 
espérées à  un  point  que  les  remèdes  ne  peuvent 
qu'avancer  la  mort?  rollin,  llist.  anc.  t.  viii,  p. 
55,  dans  pouGENS.  ||  Être  désespéré  des  médecins, 
être  dans  un  état  désespéré.  ||  Dont  on  ne  peut  at- 
tendre la  réformation,  l'amendement.  C'est  un  jeune 
homme  tout  à  fait  désespéré.  Si,  n'ayant  pas  la  foi, 
nous  vivions  selon  la  chair  et  selon  les  sens,  quelque 
désespérés  que  nous  fussions,  il  n'y  aurait  rien  dans 
nos  désordres  que  de  très- naturel ,  bourd.  Car.  i, 
Relig.  chrét.  30.  ||  4»  Extrême,  en  tant  que  résul- 
tant de  toute  perte  d'espoir.  Un  parti  désespéré,  ôdo 
ma  passion  fureur  désespérée!  volt.  Brutus,  m, 
6.  Ce  coup  désespéré  peut  vous  être  funeste,  m. 
Triumv.  iv,  3.  ||  Par  analogie Mon  bras  dés- 
espéré N'a  porté  dans  son  sein  qu'un  coup  mal  as- 
suré, VOLT.  AlX.  V,  4.  Il  6°  Substantivement.  Un 
désespéré.  Une  désespérée.  L'un  voit  aux  mains 
d'autrui  ce  qu'il  croit  mériter.  L'autre,  un  déses- 
péré qui  peut  trop  attenter,  corn,  i^oit/.  ui,  i.  Faire 
la  furieuse  et  la  désespérée,  id.  Perthar.  m,  3. 
Et  ce  désespéré  s'en  veut  venger  sur  soi,  mairet. 
Mort  d'Asdrub.  v,  2.  Tu  veux,  désespérée,  ôter  par 
ta  furie.  Un  ministre  à  l'Etat,  un  père  à  la  patrie, 
rotr.  Bélis.  m  ,  B.  Je  n'eus  toute  la  nuit  chez 
moi  que  des  pleureurs  et  des  désespérés,  retz,  m, 
162.  Ces  irrésolutions  et  ces  retours  vers  la  vie  qui 
font  la  peine  de  ceux  qui  meurent,  et  dont  les 
plus  désespérés  ne  sont  pas  exempts,  la  font. 
Psyché,  i,  p.  109.  Notre  désespéré  le  [trésor]  ra- 
masse et  l'emporte.  Laisse  là  le  licou,  s'en  retourne 
avec  l'or,  iD.  Fabl.  ix,  (6.  ||  Familièrement.  Crier, 
courir,  etc.  comme  un  désespéré,  crier,  courir  de 
toutes  ses  forces.  Le  maréchal  combattit  comme  un 
désespéré,  sÉv.  214. 

DÉSESPÉRÉMENT  (dé-zè-spé-ré-man),  adv. 
Il  1°  D'une  façon  désespérée.  Les  autres  apprennent 
à  guérir  les  âmes  par  des  austérités  pénibles;  mais 
vous  montrez  que  celles  qu'on  aurait  crues  le  plus 
désespérément  malades  se  portent  bien,  pascal, 
Pro».  4.  Il  2°  Avec  excès,  éperdument,  surtout  avec 
l'idée  de  manquer  d'espoir  dans  le  succès.  Désespé- 
rément amoureux. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ill'aimoit  si  désespérément,  qu'un 
jour  il  ne  se  put  tenir  de  lui  en  parler,  marguer. 
Nouv.  *t.  Il  donne  si  désespérément  sur  ces  gens 
de  guerre,  que....  d'aub.  Hist.  I,  349.  Si  s'apper- 
ceut  qu'il  estoit  desesperéement  amoureux  de  l'une 
de  ses  propres  filles,  amyot,  Artax.  33.  Infinis  lieux 
[du  texte]  y  sont  desesperéement  estropiez  et  muti- 
lez, ID.  Moral.  Épit.  p.  <5. 

—  ÉTYM.  Désespéré,  ou,  archaïquement,  désespé- 
rée, et  le  suffixe  ment;  espagn.  desesperadamente. 

DÉSESPÉRER  (dé-zè-pé-ré,  La  syllabe  pé  prend 
l'accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
je  désespère,  excepté  (exception  inconséquente)  au 
futur  et  au  conditionnel  :  je  désespérerai ,  je  désespé- 
rerais), V.  n.  Il  1*  Perdre  l'espoir.  Désespérer  du  suc- 
cès de  ses  efforts.  Un  tas  d'hommes  perdus  de  dettes 
et  de  crimes ,  Que  pressent  de  mes  lois  les  ordres  légiti- 
mes,  Et  qui ,  désespérant  de  les  plus  évi  ter ,  Si  tout  n'est 
r«nveisé  ne  sauraient  subsister,  qosh,  Cinna,  v,  it 


1102 


DÉS 


Ils  ont  désespéré  de  pouvoir  vaincre  l'erreur  publi- 
que, Boss.  llist.  II,  e  Les  Romains  n'ont  jamais 
désesjiéré  de  leurs  affaires,  m.  ib.  m,  «.  Dans  la 
plus  grande  fureur  des  guerres  civiles,  jamais  on 
n'a  douté  de  sa  parole  ni  désespéré  de  sa  clémence, 
ID.  Reine  d'Ànglel.  Vous  n'avez  rien  à  craindre  que 
de  désespérer  de  ses  bontés  [de  Dieu],  m.  Arme  de 
Goni.  Ainsi  de  le  (léchir  Messala  désespère,  volt. 
Bnttus,  m,  2.  Par  quel  asservissement  désespére- 
rions-nous do  voir  éclore  de  nouveaux  prodiges  de 
l'esprit  humain,  de  nouveaux  genres  de  beautés  et 
de  plaisirs,  de  nouvelles  créations?  grf.sset,  Disc, 
de  réception  à  l'Acad.  On  verra  que  l'ardeur  du  l'ran- 
çais  est  peut-être  également  promple  à  s'allumer  et 
à  s'éteindre;  qu'il  espère  tout  lorsqu'il  commence, 
qu'il  désespère  de  tout  lorsqu'il  est  arrêté  par  un 
obstacle,  baynal,  ilist.  phil.  xviii,  60.  ||  Désespé- 
rer, suivi  de  que  et  du  subjonctif.  Quelque  ardeur 
qu'un  chrétien  fasse  paraître  pour  la  cause  de  son 
Dieu,  je  me  défierai  toujours,  ou  plutôt  je  désespé- 
rerai toujours  que  de  la  délicatesse  des  repas,  des 
habits,  de  l'équipage  et  du  train,  il  accepte  de  pas- 
ser à  la  rigueur  des  prisons,  des  roues  et  des  cheva- 
lets, bourd.  Cari'mc,  t.i,  p.  232.  ||  Absolument.  Que 
de  sujets  de  craindre  et  de  désespérer  îcohn.  Cinna, 
IV,  5.  Ne  désespère  point  du  vivant  de  Caton,  id. 
Pomp.  II,  2.  Le  vérilable  zélé  de  la  charilé  ne  dés- 
espèiejamais,  mass.  Confir.Zèle  c.  l.  tices.  ||  2°  Dés- 
espérer de  quelqu'un,  ne  pas  espérer  qu'il  tourne  à 
bien,  qu'il  revienne  à  bien.  Corrigez  votre  enfant  et 
n'en  désespérez  pas  ,  et  ne  prenez  pas  une  ré- 
solution qui  aille  à  sa  mort,  saci.  Bible,  Prov. 
de  Salom.  xix.ts.  ||  Désespérer  de  quelqu'un,  ne 
plus  espérer  qu'il  réussisse.  ||  Désespérer  d'un  ma- 
lade, regarder  sa  mort  comme  inévitable.  ||  3°  V. 
a.  Réduire  au  désespoir,  causer  une  vive  douleur. 
Hélas!  ton  intérêt  ici  me  désespère,  cokn.  Cid , 
m,  ♦.  ô  devoir  qui  me  perd  et  qui  me  désespère! 
ID.  Poly.  n  ,  2.  Désarmez  les  vaincus  s:ins  les 
désespérer,  rac.  Alex,  m,  7.  Il  met  tout  son  plai- 
sir à  vous  désespérer,  ID.  ib.  iv ,  <.  Elle  aime 
mon  rival,  je  ne  puis  l'ignorer;  Mais  je  mettrai 
ma  joie  à  le  désespérer,  id.  Brit.  u,  8.  Na  dés- 
espérez point  une  amante  en  furie,  m.  Baj.  ii,  l. 
J'ai  pu  désespérer  le  cœur  de  son  amant,  volt. 
■Zaïre,  iv,  ).  ||  4'  Se  désespérer,  v.  réft.  S'abandon- 
ner au  désespoir,  à  la  plus  vive  douleur.  Quand  il 
sut  ce  qui  était  arrivé,  il  se  désespéra.  Son  maître 
était  jusqu'au  cou  dans  les  boues....  Il  acheva  de  se 
désespérer,  lorsque  la  neige,  en  lui  donnant  aux 
joues,  Vint  à  flocons,  et  le  vent  qui  fouettait,  la 
FONT.  Orais.  Vous  saurez  que  ma  maltresse  a  perdu 
un  petit  chien  qu'elle  aime  éperdument,  qu'elle  s'en 
désespi're  et  qu'elle  en  met  la  faute  sur  moi,  hau- 
TEHQCiiF.,  Crispin  médecin,  ii,  7. 

—  IlEM.  Après  désespérer,  v.  n.  précédé  de  ne  et 
suivi  de  la  conjonction  que,  la  phrase  complémen- 
taire qui  suit  demande  qu'on  mette  ne  et  le  subjonc- 
tif: On  ne  désespérait  pas  que  vous  ne  devinssiez  ri- 
che. Cependant  on  peut  aussi  supprimer  le  ne. 

—  HIST.  xii*  s.  Comment  que  je  me  desespoir. 
Bien  m'a  amours  guerredonné,  Couct ,  ni.  Dun  nesez 
qiiequant  l'um  de  vie  se  despeired,  que  l'um  se  met 
en  grant  péril,  Tiot'j,  127.  E  nostre  sires  ferid  le 
enfançunet  que  David  out  engendred  de  la  feme  Urie, 
e  enmaladid  e  fud  désespérez,  ib.  tuo.  ||  xm*  s.  Li 
dnsconfort  m'a  si  désespéré  Que  je  ne  sai  que  puisse 
devenir,  le  comte  d'anjou.  Romancero,  p.  tu. 
Or  se  despoire,  or  se  deshaite  Cil  qui  cuidoit  avoir 
tout  pris.  Lai  del'ombre.  lit  se  vous  en  pechiéma- 
nez  [demeurez],  Onques  ne  vous  désespérez.  Lai  du 
conseil.  ||  xv  s.  Fais  ce  que  je  dis,  dit  le  chevalier, 
nous  serons  bien  d'accord,  et  si  laisse  ce  méchant 
désespéré  clerc,  froiss.  ii,  m,  22.  Et  quand  il  vit 
son  maléfice  descouvert,  il  s'enfuit  isnellement  delà 
cité  de  Paris,  comme  désespéré,  monstrel.  i,  47. 
Il  XVI*  s.  /a  suis  quelquefois  huit  jours  sans  le  sen- 
tir [l'enfant]  et  à  l'heure  [alors]  désespérée  [n'espé- 
rant plus]  de  l'estre  [enceinte],  haro.  Lettre  (ta. 
Tout  le  monde,  fors  moy  seulement,  estoit  déses- 
péré de  sa  vie,iD.  t'6.  47.  Où  desperé  d'avoir  mieux. 
Je  m'en  iray  rendre  hermile,  dubell.  vu,  to,  verso. 
Si  est-il  à  craindre  que  la  honte  les  désespère,  mont. 
I,  58.  Pour  s'estre  estonné  et  désespéré  du  premier 
refus,  ID.  I,  87.  Virius,  désespéré  du  salut  de  la 
ville  assiégée  par  les  Romains,  et  de  leur  miséri- 
corde, iD.  II,  36.  Les  académiciens  ont  désespéré  de 
leur  queste,  etjugé  que  la  vérité  ne  se  pouvoit  con- 
cevoir par  nos  moyens,  id.  h,  ï30.  C'est  un  coup 
désespéré,  auquel  il  fault  abandonner  vos  armes 
pour  faire  perdre  &  vostre  adversaire  les  siennes, 
ID.  III,  (19.  Lors  M.  de  Bourbon  se  désespéra  de 
Uouwr  graoe  enven  U  roy,  ii.  du  bell.  86.  Deses- 


DÉS 

perant  de  pouvoir  jouir  do  ses  amours,  il  se  noya; 
de  quoy  Thesaeun  estant  adverty,  et  aussi  de  la 
cause  pour  laquelle  il  .s'estoit  ainsi  désespéré,  en  fut 
fort  dolent  et  marry,  amtot,  Thésée,  32.  Une  au- 
dace désespérée,  ID.  Numa,  <3.  Une  mauvaistié  ef- 
frontée, et  désespérée  méchanceté,  in.  Aie.  20.  Si 
le  pria  de  ne  vouloir  rien  faire  témérairement,  ny  à 
la  désespérée,  in.  Nicias ,  38.  C'est  une  impudence 
trop  désespérée  à  lui,  de  tirer  ainsi  par  les  cheveux 
le  passage  du  pseaume, Calvin,  Inst.  io»i.  C'estoit 
un  crime  abominable,  voire  aux  plus  désespérez  bri- 
gands du  monde,  ID.  ib.  83i.  Un  mal  désespéré,  ID. 
ib.  870.  Le  corps  du  désespéré  [suicide]  est  traîné  à 
la  justice  comme  convaincu  et  condamné,  loysel, 
838.  Avec  ung  bruict  désespéré  d'harquebuzades, 
trompettes.:..  CAïa.  ix,  6.  Ils  font  des  cures  désespé- 
rées, pauS,  Introd.  t .  Je  suis  désespéré  [sans  espoir] 
De  parvenir  au  bien  tant  désiré,  bons.  8)9. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  espérer;  provenç.  et 
espagn.  desesperar;  ital.  disperare. 

DÉSESPOIR  (dé-zè-spoir) ,  s.  m.  \\  1°  Perte  de  l'es- 
pérance. La  reine  au  désespoir  de  n'en  rien  obtenir, 
CORN.  Rodog.  I,  4.  Il  ne  faut  pas  s'imaginerque  cette 
doctrine  mette  les  hommes  au  désespoir,  aoss.  Or.  lO. 
Ce  qui  a  damné  Judas,  ce  n'est  point  proprement  la 
trahison  qu'il  avait  commise,  mais  le  désespoir  où 
il  s'abandonna  après  sa  trahison,  bourd.  Exhort.  t. 
la  trah.  de  Judas,  t.  i,  p.  460.  Pour  ne  pas  vous  je- 
ter dans  le  désespoir,  mass.  Car.  Impén.  La  péni- 
tence n'est  plus  qu'un  désespoir  sans  confiance,  id. 
ib.  Inconst.  Ces  détails  transportèrent  de  joie  Na- 
poléon :  crédule  par  espoir,  par  désespoir  peut-être, 
il  s'enivre  quelques  instants  de  cette  apparence,  et, 
pressé  d'échapper  au  sentiment  intérieur  qui  l'op- 
presse, il  semble  vouloir  s'étourdir  en  s'abandon- 
nant  à  une  joie  expansive,  séour,  llist  de  Nap.  viii, 
10.  Il  En  désespoir  de  cause,  façon  de  parler  adver- 
biale ,  tirée  des  habitudes  du  barreau,  et  qui  signifie 
qu'on  est  à  bout  de  raisons,  qu'on  a  épuisé  tous  les 
moyens,  qu'on  ne  peut  plus  résister  à  ce  qui  est 
demandé.  J'ai  cédé  en  désespoir  de  cause.  Nous 
avons  longtemps  débattu  l'affaire;  j'ai,  en  déses- 
poir de  cause,  accepté  ses  conditions.  ||  Faire  une 
chose  en  désespoir  de  cause,  essayer  d'un  dernier 
moyen,  d'une  ressource  extrême,  sans  espérance 
de  succès.  ||  2°  Par  extension,  ce  qui  désespère 
comme  inimitable,  impossible  à  surpasser.  Ce  ta- 
bleau est  le  désespoir  des  peintres.  Si  l'on  avait 
exhumé  ce  morceau,  on  en  ferait  le  désespoir  des 
modernes,  didebot  ,  Salon  de  1765,  (JEuvres, 
t.  XIII,  p.  340,  dans  pougens.  ||  3°  Résolution  ex- 
trême inspirée  parun  grand  péril Qu'il  mourût.  Ou 

qu'un  beau  désespoir  alors  le  secourût,  corn.  Hor. 
m,  6.  Seigneur,  vous  emporter  à  cette  extrémité 
Est  plutôt  désespoir  que  générosité,  id.  Cinna, 
IV,  3.  Souvent  les  désespoirs  [des  vaincus]  aux  vain- 
queurs sont  funestes,  mair.  Mort  d'Asdrub.  ii,  3. 
Et  Rome  unique  objet  d'un  désespoir  si  beau,  bac. 
Milhr.  m,  t.  Ce  peuple  poussé  au  désespoir  recom- 
mencera la  guerre,  fén.  Tél.  xxi.  Le  désespoir  tient 
lieu  de  force  et  de  courage,  volt.  Orphel.  m,  4. 
Par  les  choses  que  fit  le  désespoir  dans  Carthage 
désarmée,  on  peut  juger  de  ce  qu'elle  aurait  pu  faire 
avec  sa  vertu,  lorsqu'elle  avait  ses  forces,  montesq. 
Espr.  III,  3.  Il  4°  Affliction  extrême.  Cette  nouvelle 
l'a  plongé  dans  le  désespoir.  Tomber  dans  le  dés- 
espoir. Vous  avez  mis  son  âme  au  désespoir,  id. 
Cinna,  m,  6.  Et  l'accord  que  son  père  a  conclu 
pour  ce  soir  La  fait  à  tous  moments  entrer  en  dés- 
espoir, MOL.  rort.iv,  2.  De  quelque  désespoir  qu'une 
âme  soit  atteinte ,  La  douleur  est  toujours  moins 
forte  que  la  plainte,  la  font.  Uatrone.  Partout  du 
désespoir  je  rencontre  l'image,  rac.  Bérén.  v,  7. 
Du  moins  ce  désespoir  convient  à  mon  malheur, 
ID.  Milhr.  III,  \.  Un  mortel  désespoir  sur  son  visage 
est  peint,  id.  Phèdre,  v,  5.  Elles  [des  raisons]  doi- 
vent être  bien  faibles,  mon  père,  contre  le  déses- 
poir où  vous  me  voyez,  boindin,  les  Trois  Gascons, 
se.  3.  Il  Prendre  conseil  de  son  désespoir,  ne  pren- 
dre conseil  que  de  son  désespoir,  se  résoudre  à  toutes 
les  extrémités  que  le  désespoir  suggère.  {|  Faire  le 
désespoir  de,  désoler,  attrister.  Ce  mauvais  sujet 
fait  le  désespoir  de  ses  pareuls.  ||  5*  Par  exa- 
gération, contrariété,  déplaisir.  Je  suis  au  déses- 
poir de  ne  pouvoir  faire  ce  que  vous  désirez  de 
moi.  Je  suis  au  désespoir  de  ne  pouvoir  me  pro- 
mener avec  vous,  voit.  Lett.  79.  Ces  copies  dont 
je  suis  au  vrai  désespoir,  sÉv.  343.  Je  vois  que  toutes 
ces  femmes  de  bien  sont  au  désespoir  de  ce  qu'on 
m'a  honorée  de  cette  qualité,  fonten.  Jug.  de  Plu- 
ton.  Si  j'avais  des  coups  de  bâton  à  lui  donner,  ce 
serait  comme  Alcidas  à  SganareUe ,  dans  le  Mariage 
forcé,  avec  de  grandes  protestations  de  respect  et 


DES 

de  désespoir  d'y  être  obligé,  d'alemb.  Mt.  à  Volt 
31  juillet  1702.  Il  Être  au  désespoir  que....  avec  la 
subjonctif.  Elle  a  été  au  désespoir  que  vous  m'ayez 
écrit,  sÉv.  4.  U  est  au  désespoir  que  mon  fils  ne  soit 
pas  député,  id.  692.  ||  Mettre  au  désespoir,  causer 
une  vive  affliction,  une  grande  contrariété.  1|  •'  i4tt 
plur.  Et  parles  désespoirs  dune  chaste  amitié  Nous 
aurions  des  deux  camps  tiré  quelque  pitié,  corn. 
Hor.  m,  2.  De  mille  dése.spoirs  mon  cœur  est  as- 
sailli, ID.  la  Place  royale,  n,  3.  La  maladie  de  Fia- 
vie,  sa  mort,  et  les  violences  des  désespoirs  de  sa 
mère,  qui  se  venge,  ont  assez  de  justice,  id.  Examen 
de  Théod.  Ses  remords  en  auraient  été  plus  animés 
et  ses  désespoirs  plus  violents,  id.  2"  discours.  La 
Vallière  eut  des  jalousies  et  des  désespoirs  inconce- 
vables, M~*  de  la  FAYETTE,  llist.  d'Ilenr.  d  Angle- 
terre, 3"  partie.  Des  avarices  insatiables,  des  dés- 
espoirs au  milieu  du  bonheur,  maintenon.  Lettre  à 
Mme  de  Glapion,  28  sept.  t.  m,  p.  (92,  dans  poo- 
OENS.  Indigné  d'y  trouver,  dans  son  sommeil  paisi- 
ble. Âmes  longs  désespoirs  la  nature  insensible, 
Ducis,  Jtom^o,  IV,  B.  Et,  dans  ses  désespoirs  dont 
Dieu  seul  est  témoin.  S'appuyer  sur  l'obstacle  et 
s'élancer  plus  loin,  lamart.  Ilarm.  ii,  7.  Les  sépa- 
rations et  les  longs  désespoirs  K'ont-ils  pas  éclair- 
ci,  dis-moi,  ses  cheveux  noirs?  id.  Jocel.  t'  épo- 
que. Ces  lieux  de  nos  bonheurs  et  de  nos  déses- 
poirs, Où  le  drame  divin  de  tout  notre  jeune  âge 
Avait  à  chaque  site  attaché  son  image,  ID.  ib. 
9*  époque. 

—  BEM.  Désespoir  a  été  employé  au  pluriel  par 
Corneille,  par  Mairet,  par  .Mme  de  Maintenon,  par 
Mme  de  La  Fayette,  par  Ducis,  par  Lamartine.  Rien 
n'empêche  de  les  imiter. 

—  HtST.  XII'  s.  Ainsi  me  tient  amorsen  desespoir. 
Coud,  IX.  Il  XVI'  s.  Les  saincts  n'ont  jamais  plus 
grande  matière  de  desespoir,  que  quand  ils  sentent 
la  main  de  Dieu  dressée  pour  les  confondre,  calv. 
Instit.  437.  L'homme  qui  se  met  à  mort  par  deses- 
poir, confisque  envers  son  seigneur,  loysel,  837. 
Les  princes  aussi  leur  doyvent  porter  telle  bien- 
vueillance.  qu'un  père  à  ses  enfans,  et  ne  les  jetter 
jamais  en  telle  nécessité,  qu'ils  leur  facent  embras- 
ser le  desespoir,  langue,  388.  Réduits  au  dernier 
desespoir,  m.  45i.  Ses  amis  ne  l'abandonnèrent 
point  en  ce  desespoir,  amyot,  Timol.  7.  Quand  la 
fortune  en  se  jouant  nous  pert.  Le  desespoir  en  lieu 
de  raison  sert,  bons.  63t.  Le  desespoir  qui  tourne 
encontre  soy  les  armes,  id.  976.  Au  desespoir  s'ou- 
blie l'honneur,  le  roux  de  lincy,  Prov.  t.  n, 
p.  232.  En  desespoir  vertu  croist,  id.  ib.  p.  293. 

—  ÉTYM.  Dés...  préfixe,  et  «potr;  provenç.  et 
anc.  catal.  desesper. 

t  DÊSESTIMER  (dé-zè-sti-mé) ,  v.  a.  Cesser  d'es- 
timer, retirer  l'estime. 

—  SYN.  DÊSESTIMER,  mésestimer.  Déscstimer, 
c'est  cesser  d'estimer,  retirer  son  estime;  mésesti- 
mer est  plus  fort  et  signifie  avoir  une  mauvaise  opi- 
nion de  quelqu'un. 

—  HIST.  xvi'  s.  Cicero  mesme,  sur  sa  vieillesse, 
commença  à  desestimer  les  lettres,  mont,  ii,  228. 
Un  galant  homme  en  estplainct,  non  pas  de.seslimé, 
ip.  III,  347.  Si  par  fortune  cet  anneau  se  perd,  la 
femme  est  desestimée  comme  ayant  donné  sa  foi  à 
un  autre  qu'à  son  mari,  marg.  Saur.  vni.  Entre  les 
Espagnols,  on  n'y  verra  pas  en  six  mois  une  que- 
relle, pour  ce  qu'ils  desestiment  les  querelleux.  et 
se  plaisent  d'estre  modestes,  langue,  209.  Tous  les 
plaisirs  que  j'estimois.  Alors  que  libre  je  n'aimois, 
Maintenant  je  les  deseslime,  rons.  t(8. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  estimer. 
tDÊSEXCOMMUNIER  (dé-zèks-ko-mu-ni-é),  1).  a. 

Relever  d'une  excommunication. 

—  HIST.  xvi*  s.  Desexcomunier,  h.  est.  Apolog. 
d'Hérod.  p.  36) ,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  excommunier, 

t  DÉSUABILITATION  (dé-za-bi-li-ta-sion),  s.  f. 
Terme  de  jurisprudence.  Action  de  déshabiliter,  de 
rendre  inhabile  à.... 

t  DÉSHABILITER  (dé-za-bi-li-té) ,  ».  a.  Terme  de 
droit.  Rendre  inhabile. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  habile. 

t.  DÉSUABILLK,  ÉE  (dé-za-bi-Ué,  liée,  U  mouil- 
lées) ,  part,  passé.  Qui  a  quitté  ses  vêtements.  Dés- 
habillé et  prêt  à  se  baigner. 

2.  DÉSHABILLÉ  (dé-za-bi-llé,  H  mouillées,  et 
non  dé-za-bi-yé),  s.  m.  Habillement  négligé  que 
les  femmes  portent  dans  leur  intérieur.  Déshabillé 
du  matin.  Elle  était  avec  un  déshabillé  couleur  de 
rose,  BDssi,  dans  bichelet.  Le  déshabillé  du  bain 
est  d'une  grande  commodité,  hamilt.  Gramm.  li. 
Dans  un  galant  déshabillé,  lesaoe,  CitfiJoi,  vin,  *i. 
J'y  allais  le  matin,  et  elle  était  «n  déshabilla,  J.  i. 


DES 


DES 


DÉS 


1103 


Rouss.  Conf.  V.  Elle  parut  d'abord  à  cette  cour  ido- 
lâtre dans  les  charmes  d'un  déshabillé  simple,  mon- 
iiso.  Utt.  pers.  l*t.  \\  Fig.  Se  montrer,  paraître 
en  déshabillé,  dans  son  déshabillé,  se  montrer  tel 
que  l'on  est. 

—  ÉTYM.  Déshabillé  t. 

DÉSHABILLER  (dé-za-bi-llé.  Il  mouillées,  et  non 
dé-za-bi-yé),  v.  a.  ||  1°  ôter  à  quelqu'un  ses  habits. 
Iiéshabiller  un  enfant  pour  le  mettre  au  lit.  |{  Fig. 
Déshabiller  saint  Pierre  pour  habiller  saint  Paul,  re- 
médier à  un  inconvénient  par  un  inconvénierit  pa- 
reil. Il  Par  extension ,  dépouiller,  mettre  à  la  misère. 
Seigneurs,  banquiers  et  notaires  La  feront  encor 
briller;  Puis  encor  des  mousquetaires  Viendront  la 
déshabiller,  BÉRANO.  Frélillon.  |1  î"  Fig.  Déshabiller 
quelqu'un,  mettre  ses  intentions,  ses  projets  à  nu. 
Il  3»  V.  n.  Quitter  ses  habits.  H  a  veillé  sa  femme 
malade,  et  n'a  pas  déshabillé  de  toute  la  semaine. 
Il  4»  Se  déshabiller,  v.  ré(l.  ôter  ses  habits.  Il  a  été 
quinze  jours  sans  se  déshabiller,  sans  se  mettre  au 
lit.  Il  Par  extension,  changer  de  vêtements,  se  dit 
d'un  prêtre  qui  quitte  ses  habits  sacerdotaux,  d'un 
magistrat,  d'un  acteur,  qui  quittent  leur  costume, 
et  aussi  de  celui  qui  quitte  son  habit  de  ville  pour 
se  mettre  plus  à  son  aise.  Je  vais  me  déshabiller  et 
je  reviens  à  l'instant.  ||  Proverbe.  Il  ne  faut  pas  se 
déshabiller  avant  de  se  coucher,  il  ne  faut  pas  se  dé- 
pouiller de  ses  biens  avant  sa  mort. 

HlST.  xvr  s.  Ce  gentilhomme  n'estoit  refusé 

d'estre  à  son  habiller  et  deshabiller,  où  toujours  il 
Toyoit  occasion  d'augmenter  son  affection,  mahguer. 
JVoui).  IV.  En  se  deshabillant,  il  trouva  à  dire  sa 
chaîne,  yver,  p.  536. 

—  ÊTYM.  Dé$....  préfixe,  et  habiller;  namurois, 
disbii. 

DÉSIIABITÉ,  ÉE  (dé-za-bi-lé,  tée),  adj.  Qui  n'est 
plus  h  bité.  Ayez  dessein  aux  dieux;  pour  de  moin- 
dres beautés  Ils  ont  laissé  jadis  les  cieux  déshabilés, 
RÉGNIER,  Sat.  xiii.  Ce  sera  peut-être  un  palais  dés- 
habité,  B*LZ.  liv.  III,  lelt.  s.i.  Dans  le  secret  de  ces 
galeries  déshabitées,  ciuteaub.  tlém.  t.  vi,  p.  (58. 

—  SYN.  DÊSHABITÉ,  INHABITÉ.  Désliabilé  se  dira 
d'une  ville,  d'un  pays  qui  a  perdu  ses  habitants; 
inhabile,  d'un  endroit  qui  n'a  pas  d'habitants,  sans 
qu'on  sache  s'il  y  en  a  eu  ou  non. 

f  DÉSUABITKK  (dé-za-bité),  v.a.  Cesser  d'habi- 
ter. Il  Se  déshabiler,  ».  réft.  Devenir  déshabité.  Ce 
pays  se  déshabité. 

—  HlST.  xir  La  terre  [de  France]  est  mais  des- 
abitée,  E  la  genz  morte  e  afamée,  benoIt,  u,  6(09. 
Il  XV*  s.  Par  défaut  de  justice,  le  royaume  a  esté 
pre.sque  tout  ruiné  et  destruit  et  en  i)lusiuurs  con- 
trées dépeuplé  et  deshabité,  J.  chartier,  llist.  de 
Charles  VU,  p.  109,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  Ce 
bourg  fut  tellement  fouï  et  cave  par  les  connins 
[lapins],  que  finalement  il  fut  ruiné  et  deshabité, 
PARÉ,  Animaux,  <6.  Le  monde  fust  un  désert  so- 
litaire -.Villes  et  bourgs,  bourgades  et  citez.  Mai- 
sons, chasteaux  seroient  deshabitez ,  hons.  821. 
Quand  par  longues  guerres,  pestes,  famines,  et  au- 
tres changemens,  esquels  les  hommes  sont  sujets, 
les  païs  se  des-habitent,  o.  de  serres,  784. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  habiter. 

t  DÉSUABITUDE  (dé-za-bi-tu-d') ,  s.  f.  Perte  d'une 
habitude. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  habitude. 
DÊSUABlTUÉ,ÉE(dé-za-bi-tu-é,ée),par(.pai4-^. 

Qui  n'a  plus  l'habitude.  Déshabitué  de  boire  du  vin. 
DÉSHABITUER  (dé-za-bi-tu-é),  v.  a.  Faire  per- 
dre l'habitude  de  quelque  chose.  Il  Se  déshabituer, 
V.  réft.  Perdre  l'habitude.  Je  me  suis  déshabitué  du 
tabac. 

—  HlST. XVI'  s.  Deshabituer,  palsgrave,  p.  30 ,  qui 
recommande  de  prononcer  l's,  l'/t  étant  non  aspirée. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  habituer. 

t  DÉSIIARMONIE  (  dé-zar-mo-nie) ,  t.  f.  Néolo- 
gisme. Discordance.  ||  Perte  de  l'harmonie. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  harinanie. 

t DÉSIIARMONIQUE (dé-zar-mo-ni-k'),  adj.  Néo- 
!  logisme.  Qui  cesse  d'être  harmonieux,  en  harmo- 
i  nie.  Des  mouvements  irréguliers  et  désharmoni- 
'      q'aes. 

—  ÉTYJI.  Dés....  préfixe,  et  harmonique. 

t  DÉSUAUMONlSATlCm  (dé-zar-mo-ni-za-sion), 
s.  f.  Action  de  désharmoniser. 

\  DÉSIIARMONISEU  (dé-zar-mo-ni-zé),  v.  a. 
I  Néologisme.  Troubler  l'harmonie  des  choses,  des 
opinions.  ||  Se  désharmoniser,  v.  réfl.  Se  mettre  en 
désaccord.  ||  On  dit  aussi  désharmonier. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  harmoniser. 
DËSUÊRENCË   (dé-zé-ran-s'),  s.  f.  Terme  de  ju- 

i      risprudence.  Défaut  d'héritiers  ordinaires,  par  suite 
I      duquel  la  succession  revient  à  l'Etat.  Succession  en 


déshérence.  Tomber  en  déshérence.  ||  Autrefois  le 
droit  de  déshérence  était  celui  qui  autorisait  un  sei- 
gneur de  fief  à  se  mettre  en  possession  des  biens 
vacants  d'un  mort,  à  qui  le  même  fief  avait  appar- 
tenu, lorsqu'il  ne  se  présentait  point  d'héritiers. 

—  HlST.  XVI'  s.  Cas  de  déshérence,  la  thaumas- 
siÈRE,  Coût,  de  Berri,  p.  I66,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  hoir  ou  heir,  héritier 
(voy.  hoir). 

DÉSHÉRITÉ,  ÉE  (dé-zé-ri-té,  tée),  port,  passé. 
Privé  d'un  héritage.  Déshérité  par  son  oncle.  ||  Fig. 
Déshérité  du  ciel.  Un  homme  déshérité  de  la  nature. 
Il  Substantivement.  Un  déshérité.  Je  venais  en  aide 
à  ce  déshérité. 

+  DÉSHÉRITEMENT  (dé-zé-ri-te-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  déshériter;  état  de  celui  qui  est  déshérité. 

—  HlST.  xm'  s.  Et  puis  que  je  sai  le  malisse  tant 
apiert  en  eus,  et  que  il  ainsi  chacent  mon  desire- 
tement....  H.  de.  valenc.  xxi.  Et  por  garder  le 
droit  heir  de  travaill  et  de  perillet  de  deseriteraent, 
Àss.  de  Jér.  i,  228.  Se  c'est  chose  dont  on  deit  sou- 
frir  mort  ou  honte  ou  deseritement,  t6.  65.  Et  il  me 
respondi  que  à  nulfeur  il  ne  feroit  le  mariage,  jus- 
ques  à  tant  que  la  pez  fust  faite,  pour  ce  que  l'en 
ne  deist  que  il  mariast  ses  enfans  ou  [au]  desherite- 
ment  de  ses  barons,  joinv.  289. 

—  ÉTYM.  Déshériter;  provenç.  deieretamen;  ca- 
tal.  desherelament  ;  anc.   espagn.  desheredamiento. 

DÉSHÉRITER  (dé-zé-ri-té),  v.  a.  Priver  quel- 
qu'un d'une  succession.  Fauste  est  un  dissolu,  un 
prodigue,  un  libertin,  un  ingrat,  un  emporté  qu'Au- 
rèle  n'a  pu  haïr  ni  déshériter,  la  bhuï.  xi.  ||  Faire 
perdre  l'héritage.  Il  vient  déshériter  ses  fils  par  son 
retour,  corn,  liodog.  l,  6.  Votre  abord  en  ces  lieux 
les  eût  déshérités,  ID.  Rodog.  v,  4.  Je  ne  puis  voir 
d'un  cœur  lâche  et  soumis  La  sœur  de  mon  époux 
déshériter  mon  fils,  ID.  h'erthar.  i,  2.  Vous  qui,  dés- 
héritant le  hlsdeClaudius,  Avez  nommé  César  l'heu- 
reux Domitius,  rac.  Brit.i,  <.  ||  Fig.  Priver  de  ce 
qui  est  assimilé  à  un  héritage.  La  nature  a  déshérité 
ce  pays.  Puis  ma  chanson  favorite  Aux  guerriers 
qu'on  déshérite  Ferait  chérir  le  hamesau,  bérang. 
Pet.  oiseau. 

—  HlST.  XII'  s.  Et  tout  vo  roi  seront  déshérité 
[dépossédés],  Ronc.  p.  19.  Car  qui  [celui  que]  amors 
destruit  et  deshirete.  Ne  l'en  doit-on  blasmer,  Couci, 
VI.  Il  XIII'  s.  Tu  leur  cries  merci  que  il  aient  de  toi 
pitié,  et  de  ton  père,  qui,  à  si  grand  tort,  a  esté 
déshérité,  villeh.  xlii.  En  nom  Dieu,  dist  li  quens 
de  lilois,  jou  m'en  irai  en  Franche  et  crierai  le  roi 
merchi,  car  je  me  doute  moult  que  je  ne  soie  desy- 
reté  [dépossédé],  Chron.  de  iiaiiu,  p.  42.  Et  celle 
guerre  mutentr'iaus  [eux]  por  ce  que  le  dit  Uirart  de- 
seri.ta  un  sien  home,  sans  esgart  et  sans  conoissance 
de  cort,  dou  fié  que  il  tenoit  de  lui,  Ass.  de  J.  I, 
2)4.  Li  tesiamens,  làù  il  est  veu  qu'aucuns  est  des- 
liirelé  en  lais  [legs]  fais....  ce  n'est  pas  max  [mal] 
d'alcr  contre  tel  testament,  beaum.  xu,  20.  Li  dons 
quilifufez  parfusttrop  oultrageus  et  trop  desheri tans 
les  autres  hoirs,  m.  vu,  2U.  Et  le  soudanc  a  paour 
qu'il  ne  le  tuent  ou  que  il  ne  le  déshéritent  [dépos- 
sèdent], si  les  fait  prendre  et  mourir  en  sa  pri.î0n, 
joiNV.  235.  Il  xiv  s.  Et  quant  Piètre  le  voit,  li  sans 
lui  est  muez;  A  soi  meïsme  dit  :  je  sui  déshéritez, 
Guescl.  14784.  Signeur,  dist  Bauduins,  vous  parlés 
folement;  D'autrui  déshériter  chertés  [certes]  je  n'ai 
talent.  Ne  tolir  à  autrui  terre  ne  chasement,  Beaud. 
de  Seb.  vm,  H  53.  ||  xvi'  s.  Du  tout  me  veux  déshé- 
riter De  ton  amour,  car  proufiter  N'y  pourrois  pas 
par  longue  espace,  marot,  ii,  40U. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  hériter;  provenç.  des- 
herelar,  deseretar  ;  espagn.  desheredar  ;  portug. 
desherdar;  ital.  diseredare. 

DÉSHEURÉ,  ÉE  (dé-zeu-ré,  rée),  part,  passé. 
N'ayant  pas  trouvé  la  personne  que  je  cherchais,  et 
dès  lors  désheuré. 

DËSHEDRER  (dé-zeu-ré).  ||  1°  Y.  a.ç^Déranger 
l'heure,  les  heures  de  certaines  occupations  habi- 
tuelles, particulièrement  celles  des  repas.  Celte  vi- 
site me  désheuré.  ||  1'  V.  n.  On  dit  qu'une  horloge, 
une  pendule  désheuré,  quand  elle  sonne  une  heure 
autre  que  celle  qui  est  marquée  par  les  aiguilles. 
113°  Se  désheurer,  v.réfl.  Être  hors  de  ses  heures 
habituelles.  J'ai  observé  qu'à  Paris ,  dans  les  émo- 
tions populaires,  les  plus  échaufl'és  ne  veulent  pas 
ce  qu'ils  appellent  se  désheurer,  hetz,  ii,  43(. 

— HEM.  Ce  mot,  comme  beaucoup  d'autres,  s'em- 
ploie de  préférence  dans  les  locutions  négatives  :  il 
n'aime  pas  à  se  désheurer. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  heure. 
DÉSUONNÊTE  (dé-zo-nê-f) ,  adj.  Qui  est  contre 

l'honnêteté  ou  la  pudeur.  Pensées,  paroles,  actions, 
manières  deshonuêtes.  Elle  peut,  tombant  sur  la 


tête.  Montrer  quelqu'endroit  déshonnête,  scarron, 
Virg.  trav.  iv. 

—  SYN.    DÉSHONNÊTE,    MALHONNÊTE.    Déshonnêta 

est  contre  la  pureté,  la  pudeur;  malhonnête  esl 
contre  la  civilité,  et,  quelquefois,  contre  la  bonno 
foi.  Une  parole  déshonnête  est  une  parole  sale;  un 
procédé  malhonnête  est  un  procédé  incivil,  ou,  en 
un  autre  sens,  déloyal. 

—  HlST.  XIII'  s.  Et  s'aucun  baille  aucun  service 
deshoneste  à  feme  et  damaces  l'en  vient,  beaum. 
XXIX,  49.  Se  je  voi  mon  fil,  me  [mal  fille  ou  me 
[ma]  mère,  ou  celé  qui  doit  estre  mes  hoirs,  mener 
si  deshoneste  vie,  que  ce  soit  escanlles  à  li  et  à  son 
lignage,  id.  xii,  i7.  ||  xiv  s.  I3onbanz  et  vaine 
gloire,  vesture  deshoneste.  Les  ceintures  dorées,  la 
plume  sur  la  teste.  Complainte  sur  la  bataille  de 
Poitiers,  Bibl.  des  Charles,  3'  série,  t.  ii,  p.  26). 
Et  qui  ne  creint  tel  chose,  il  est  sans  verecunde  st 
deshoneste,  oresme,  Eth.  78.  Bien  est  vérité  que 
raison  dit  que  toute  chose  delettable  deshoneste  est 
à  fuir,  ID.  ib.  )99.  ||  xv  s.  [La  galerie  où  mourut 
Charles  VIII]  Et  estoit  le  plus  deshonneste  lieu  de 
leans  :  car  tout  le  monde  y  pissoit....  comm.  vm,  )8. 
Il  XVI'  s.  Deshoneste,  PALSGRAVE,  p.  19,  qui  dit  quel'/» 
est  muette.  Que  c'est  une  farouche  alliance  de  marier 
le  divin  avecques  le  terrestre,  le  raisonnable  avec- 
ques  le  desraisonnablt,  le  severe  à  l'indulgent, 
l'honnesle  au  deshonneste,  mont,  iv,  304.  Je  suys 
le  langage  commun,  qui  faict  différence  entre  les 
choses  utiles  et  les  honnestes;  si  que,  d'aulcunes 
actions  naturelles,  non  seulement  utiles  mais  néces- 
saires, il  les  nomme  deshounestes  et  sales,  id.  m, 

244. 

—  ÊTYM.  Dés....  préfixe,  et  honnête;  provenç. 
deshonest;  espagn.  deshonesto;  ital.  disonesto. 

DÉSUONNETEMENT  (dé-zo-nê-te-man),  adv. 
D'une  manière  déshonnête.  Parler  déshonnéte- 
ment. 

—  HlST.  XVI'  s.  Mais  les  dames,  devant  lesquelles 
elle  parloit  si  deshonnesteraent,  la  condamnèrent 
qu'elle  y  relourneioit,  mabo.  Nouv.  lx. 

—  ÉTYM.  Déshonnête,  et  le  suffixe  ment. 
DÉSHO.NNëTETÉ  (dé-zo-nê-te-té),  s.  f.  Vice  de 

ce  qui  est  déshonnête. 

—  HlST.  XIII'  s.  Deshonneste  Ne  peut  dedans 
mon  cuer  remaindre,  jubinal,  Lay  d'amours,  t.  ii, 
p.  )93.  jjxiv's.  Incontinence  et  lubricité  ou  deshon 
nesieté.  —  En  aucunes  deshonestetez ,  oresme, 
Thè.<:e  de  meunier.  ||  xvi"  s.  Qu'ils  remettent  au  des- 
sus la  discipline  ancienne  pour  ruprimer  ladeshon- 
nesteté  qui  se  commet  entre  eux,  Calvin,  Iiistit, 

)006. 

—  ÉTYM.  Déshonnête  ;  provenç.  deioneslat,  des- 
honestetat  ;  catal.  deshonesledat ;  espagn.  deshones- 
(tdad/ital.  disonestà. 

DÉSHONNEUR  (  dé-zo-neur  ),  s.  m.  Perte  de 
l'honneur,  de  la  considération.  Couvrir  le  iléshon- 
neur  de  sa  famille,  patru.  Plaidoyer  )),  dans  ri- 
ciiELET.  Mourant  sans  déshonneur,  je  mourrai  sans 

regret,  corn.  Cid,  ii,  9 Qui  veut  tout  pouvoir 

doit  oser  tout  enfreindre.  Fuir  comme  un  déshon- 
neur la  vertu  qui  le  perd,  m.  Pomp.  i,  ).  En  mon 
seul  déshonneur  bornait  tous  ses  désirs,  rotr.  Yen- 
cesl.  u,  ).  Le  déshonneur  d'un  nom  à  qui  le  mien 
s'allie,  RAC.  Iphig.  m,  3.  Je  trouve  qu'un  pourrait 
rechercher  leur  tendresse  Sans  se  faire  déshonneur, 
mol.  Psyché,  i,  ).  Bien  loin  de  tenir  à  déshonneur 
de  réformer  un  jugement,  pascal,  Prov.  )8.  [Les 
femmes  de  l'Occident]  Libres  sans  déshonneur  et  sa- 
ges sans  contrainte,  volt.  Zaïre,  i,  ).  Le  iléshon- 
neurest  dans  l'opinion  des  hommes,  l'innocence  est 
en  nous,  diderot,  Règne  de  Claude  et  Néron,  i, 
§  75.  C'est  ainsi  que,  suivant  le  conseil  d'un  des 
plus  grands  hommes  de  l'antiquité,  il  ne  considéra 
ni  la  fausse  gloire  ni  le  faux  déshonneur,  et  que  ni 
les  louanges  ni  les  murmures  ne  purent  jamais  le 
détourner  de  sou  devoir,  fléch.  Lamoignon.  \\  Prier 
quelqu'un  de  son  déhonneur,  solliciter  de  lui  ce  qui 
pourrait  le  déshonorer;  et,  figurément,  lui  deman- 
der ce  qui  lui  déplaît.  Demander  de  l'argent  à  un 
avare,  c'est  le  prier  de  son  déshonneur.  |{  Ne  pas 
faire  déshonneur,  se  dit,  dans  un  sens  adouci, 
pour  exprimer  quelque  honneur  qui  reviendra.  Cet 
élève  ne  fera  pas  déshonneur  à  son  maître.  Ce  jar- 
din ne  fait  pas  déshonneur  au  jardinier. 

HlST.  XI'  s.  Sur  un   somier  [bête  de  somme] 

[ils]  l'ont  misàdeshonor,  Ch.  deiîol.cxxxv.  ||xii's. 
Mon  parastre  [il]  est,  [je]  ne  voil  qu'ait  desenor, 
Ronc.  p.  44.  En  lui  (elle]  [il  y]  a  tant  de  vigorQu'el 
hee  sa  deshenor,  Couci,  l.  No  jo  ne  quier  al  rei  ne 
mal  ne  deshonur  ;  N'a  homme  en  tut  le  siècle  qui 
plus  desirt  s'onur.  Th.  le  mart.  37.  ||  xiii'  s.  Lori 
[ils]  regretent  lur  bon  segnur  Cui  il  firent  la  desho- 


1104 


DÉS 


nur,  MABiE,  t.  Il,  p.  U».  Il  n'i  porent  trover  pais 
ea  nule  manière  que  ce  ne  fust  à  lor  destruction  et 
àlor  deshouneur,  Chron.  de  Itains,  121.  X  desenor 
muert  à  bon  droit  Qui  n'aime  livre  ne  ne  croît, 
Jten  3»  Il  xiv  s.  Se  l'en  fait  à  un  homme  lionneur 
ou  déshonneur,  oresme,  Eth.  22.  ||  xv  s.  Kn  nul  vi- 
lain cas  qui  pust  tourner  à  la  deshonneur  de  li  et  de 
son  mari,  fboiss.  i,  i,  < 92.  ||  xvi"  s.  Avecques  l'exer- 
cice continuel  on  le  peut  réduire  en  disposition  d'a- 
prendre  assez  de  civilité,  pour  ne  faire  deshonneur 
à  ses  parens,  langue,  U2.  X  la  fin  on  reputoit  à 
deslionneur  d'avoir  peu  contribué,  id.  «26.  Là  il  se 
fait  un  blasphème  et  deshonneur  intolérable  à  Jesus- 
Christ,  CALVIN,  Instit.  ))49. 

—  ÊTYM.  Dés ....  préfixe,  et/ionneur;  provenç.  des- 
honor.  desonor;  espagn.  deshonor;  ital.  disonore. 
Dans  l'ancienne  langue  deshoneur  est,  comme  hon- 
neur,  du  féminin. 

DÊSIIONORABLE  (dé-zo-QO-ra-bl') ,  od;.  Qui  n'est 
pas  honorable. 

—  REM.  L'Académie  dit  que  déshonorable  est  peu 
usité;  cela  est  vrai  ;  déshonorant  lui  a  fait  tort. 
Comme  les  adjectifs  en  able,  il  peut  avoir  deux  sens  : 
l'un  passif,  qui  peut  être  déshonoré,  ce  sens  n'a  pas 
d'emploi;  l'autre  actif,  qui  déshonore,  comme  se- 
courable,  favorable;  celui-ci  se  confond  avec  dés- 
honorant, qui,  plus  clair,  l'éclipsé. 

—  HIST.  XV*  s.  Prenez  autre  imagination ,  car  celle 
est  déshonorable,  fhoiss.  ii,  m,  84.  Cher  sire,  le 
père  glorieux  vous  veuille  conduire  et  ester  de  mau- 
vaise et  vilaine  pensée  et  deshonorable,  id.  i,  i, 
<68.  Il  xvi*  s.  Ce  me  scroit  chose  importable,  etnon 
moins  deshonorable  pour  vous,  mabg.  iVouv.  lui. 
Voyant  qu'elle  estoit  en  danger  d'un  refus  deshono- 
rable, ID.  ib.  LXI. 

—  RTYM.  Dés....  préfixe,  elhonorable. 

t  DÉSIIONORABLEMENT (dé-zo-no-ra-ble-man), 
adv.  D'une  manière  déshonorable. 

—  ÊTYM.  Déshonorable,  et  le  suffixe  ment. 
DÉSHONORANT,  ANTE  (dé-zo-no-ran,  ran-t'), 

adj.  Oui  déshonore.  Outrage  déshonorant.  Action, 
conduite  déshonorante.  Il  confie  à  mes  soins  l'em- 
ploi déshonorant  De  conserver  ses  jours,  de  garder 
un  tyran,  legouvé,  Épichar.  et  Néron,  11,  7. 

DÉSUONORÊ,  ÉE  (dé-zo-no-ré,  rée),par«.  passé. 
Xqui  on  a  flté  l'honneur.  Puis-je  vivre  et  vous  voir 
morte  ou  déshonorée?  corn.  Théod.  m,  3.  Constan- 
tin, déshonoré  par  la  malice  de  sa  femme,  reçut  en 
même  temps  beaucoup  d'honneur  par  la  piété  de  sa 
mère,  boss.  Ilist.  i,  fi.  J'ai  suivi  tes  conseils,  je 
meurs  déshonorée,  hac.  Phèdre,  m,  3.  ||  Je  veux 
être  déshonoré  si....  sorte  de  formule  d'affirmation, 
de  serment,  dans  le  style  familier.  C'est  un  joli  gar- 
çon ;  mais  je  veux  être  déshonoré  si  jamais  on  vient 
à  bout  d'en  faire  un  bon  sujet,  m-"  siuoNS-CANDEaLE, 
la  Belle  Fermière,  m,  4. 

DÉSHONORER  (dé-zo-no-ré),  v.a.  \\  fôteràquel- 
qu'un  l'honneur,  le  priver  de  la  considération,  de 
l'estime.  Cette  action  vous  déshonore.  Être  désho- 
noré par  celle  que  j'adore,  corn.  Cinna,  v,  2.  Et 
me  déshonorant  par  d'injustes  alarmes.  Pour  atten- 
drir mon  cœur  on  a  recours  aux  larmes,  bac.  Iphig. 
III,  6.  Il  2"  Déshonorer  une  femme,  la  séduire,  et  aussi 
lui  faire  violence.  Cela  vaut  mieux  que  de  cuire  des 
hommes  etde  déshonorer  des  filles,  comme  a  fait  mon 
cousin  don  Carocucarador,  inquisiteur  pour  la  foi, 
VOLT.  Jenni.  s.  ||  3°  Flétrir,  dégrader.  Déshonorer  sa 
famille....  Par  un  autre  hymen  vous  me  déshono- 
rez, CORN.  Sertor.  m,  4.  Vous  l'a-t-elle  donné  [ce 
titre]  pour  mériter  sa  haine  En  le  déshonorant  par 
l'amour  d'une  reine?  id.  Nicom.  1,  2.  De  la  main  de 
ton  père  un  coup  irréparable  Déshonorait  du  mien 
la  vieillesse  honorable,  id.  Cid,  m,  4.  Je  n'ose  m'é- 
blouir  d'un  peu  de  nom  fameux  Jusqu'à  déshonorer 
le  trône  par  mes  vœux,  id.  Serlor.  n,  2.  Toi  d'avoir 
par  sa  mort  déshonoré  ta  main,  id.  Ilor.  v,  I.  L'é- 
clat du  diadème  et  cent  rois  pour  aïeux  Déshonorent 
ma  flamme  et  blessent  tous  les  yeux,  kac.  Bérén. 
m,  4.  Il  va  du  Dieu  des  morts  déshonorer  la  couche, 
ID.  Phèdre,  11,  6.  Et  ma  gloire,  plutôt  digne  d'être 
admirée,  Ne  doit  point  par  des  pleurs  être  déshono- 
rée, in.  Mithr.  v,  5.  11  est  certain  que  ce  péché, 
déshonorant  nos  corps,  déshonore  le  corps  de  Jésus- 
Christ,  BOURD.  Annonciat.  de  la  Vierge,  Myst.  t. n, 
p.  M.  Il  déshonora  le  nom  français  chez  les  sauva- 
ges par  une  infime  perfidie,  raïnal,  Hisl.  philos. 
XV,  7.  Il  4»  Faire  tort  à.  Les  vices  déshonorent  les 
talents.  Ces  récits  déshonorent  la  pudeur  de  vos 
oreilles,  MASS.  Or.  fun.  Prof.  3.  N'avoir  jamais  dés- 
honoré l'usage  de  son  esprit  par  aucun  abus  de  la 
poésie,  GRESSET,  Msc.  de  réception  à  VAcad.  On  ne 
me  verra  point  déshonorer  sa  cendre  Par  d'inutiles 
cris....  VOLT.  Trtumv.  iv,  ».  Ces  imaginations  dés- 


DÉS 

honorent  la  physique,  id.  Mœurs,  Chang.  ||  B°  ôter 
la  beauté,  l'éclat.  Quelle  affreuse  pâleur  déshonore 
sa  face!  rouciikr.  Mois,  io.  Les  vertus  les  plus  lé- 
gères, s'il  en  est  de  telles,  sont  attachées  comme  la 
fouille  au  rameau  qu'on  déshonore  en  l'en  dépouil- 
lant, DIDEROT,  Règne  de  Claude  et  Néron,  n,  «. 
Il  Déshonorer  des  arbres,  en  couper  la  cime  et 
les  branches.  Déshonorer  une  statue,  la  mutiler. 
Déshonorer  un  bâtiment ,  en  altérer  la  forme. 
Il  6»  Se  déshonorer,  v.  réfl.  Perdre  l'honneur.  Vous 
vous  déshonorerez  par  une  telle  conduite.  Je  ne  veux 
plus  me  déshonorer  pour  l'amour  de  vous;  et,  si 
vousneme  faites  des  satisfactions  de  ce  reproche, 
je  suis  résolu  de  vous  écrire  des  lettres  toutes  pures 
d'amour,  pleines  de  feux,  voit.  Lett.i».  Ce  sont  les 
opinions,  ce  sont  les  erreurs  par  lesquelles  l'homme 
abusé  se  déshonore  lui-même,  BOSS.  Duch.  d'Orl. 

—  HIST.  XII*  s.  Quant  il  vus  volt  tolir  vostre 
curt  e  fauser,  E  apele  autre curt,  si  le  poez  grever; 
Car  iluec  vus  volt  il  granment  desonurer.  Th.  le 
mart.  44.  Cum  li  reis  fud  venuz  à  sun  palais,  ses 
dix  suignantes  [concubines]  que  Absalon  ses  fiz  out 
deshunurées,  fist  enclore,  ilôts,  <97.  ||  xin*  s.  Cier- 
tes,  dist  li  rois,  c'est  bien  drois,  et  bien  l'ai  des- 
siervi,  car  par  moi  est  la  tiere  de  cha  mer  pierdue, 
et  crestientés  deshonnorée,  Chron.  de  Bains,  38. 
Il  XVI*  s.  Dieu  est  grièvement  deshonnoré,  si  on  se 
perjure  en  son  nom,  Calvin,  Inslil.  290.  Le  zèle  est 
une  ardante  afl"ection  de  l'ame  qui  tend  à  l'honneur 
de  Dieu  et  au  salut  du  prochain,  dont  s'ensuit  aussi 
qu'elle  s'irrite  quand  on  le  deshonnoré,  lanoue,  68. 
Par  icelles  [doctrines]  Dieuestmesconnuet  deshon- 
noré, ID.  76.  Ceux  qui,  portans  ce  magnifique  titre 
de  chrestien,  le  vont  neantmoins  deshonnorant  par 
leurs  iniquitez,  id.  379.  Dieu  serait  (ainsi  qu'on  doit 
espérer)  favorable  à  ceux  qui  l'adorent,  contre  ceux 
qui  le  deshonorent,  ID.  442.  Cela  n'estoit  pas  tant 
honorer  sa  mère  que  déshonorer  son  païs,  amyot. 
Aie.  et  Cor.  6.  Lucius  s'ala  seoir  es  plus  reculez  siè- 
ges du  théâtre;  ce  que  voyant,  le  peuple  en  eut  pi- 
tié et  ne  peut  supporter  de  le  voir  ainsi  deshonoré, 
id.  Flam.  38.  Elle  tourmenta  et  déshonora  grande- 
ment .son  mari  qui  en  estoit  passionné  de  jalousie 
et  d'amour,  id.  Pyrrh.  60. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  honorer;  provenç.  de- 
sonorar,  deshonrar,  deshondrar;  esp.  et  port,  des- 
honrar;  ital.  disonorare. 

t  D^UUILER  (dé-zui-lé),  v.  a.  Enlever  l'huile 
d'un  corps,  d'une  étoffe. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  huile. 

t  DÉSHUMANISER  (dé-zu-ma-ni-zé) ,  V.  a.  Dé- 
pouiller des  sentiments  humains.  Il  ne  faut  pas  dés- 
human  iser  l'homme  en  faveur  du  héros  ,st-évremond, 
dans  mcHELET.  Un  cœur  déshumanisé.  |1  Se  déshu- 
maniser, V.  réfl.  Perdre  les  sentiments  humains. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  humaniser. 

t  DÉSHYDRATATION  (dé-zi-dra-ta-sion  ) ,  i.  f. 
Terme  de  chimie.  Action  de  faire  cesser  l'état  d'hy- 
drate. 

t  DÉSHYDRATER  (dé-zi-dra-té),  t).  o.  Terme 
de  chimie.  Enlever  l'eau  qui  est  en  combinaison 
avec  un  autre  corps  et  qui  le  rend  hydraté.  ||  Se  dés- 
hydrater, V.  réfl.  Devenir  déshydraté. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  hydrate. 

t  DÉSHYDROGÉNATION  (dé-zi-dro-gé-na-sion), 
s.  f.  Terme  de  chimie.  Soustraction  de  l'hydrogène 
qui  entre  dans  la  composition  d'une  substance. 

—  ÉTY'M.  D^î....  préfixe,  et  hydrogène. 

t  DÊSHYDROGÉNÉ,  ÉE  (dé-zidro-jé-né,  née), 
part,  passé.  Terme  de  chimie.  Qui  a  perdu  tout  ou 
partie  de  son  hydrogène. 

t  DÊSHYDROGÊNER  (dé-zi-dro-jé-né.  La  syllabe 
gé  prend  l'accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est 
muette  :  je  déshydrogène,  excepté  au  futur  et  au 
conditionnel  :  je  déshydrogénerai),  v.  a.  Terme  de 
chimie.  Enlever  l'hydrogène  d'une  substance. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  hydrogène. 

t  DÊSHYPOTHÊQCER  (dé-zi-po-té-ké),  V.a. 
Terme  d'administration.  Lever  une  ou  plusieurs  hy- 
pothèques. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  hypothèque. 

t  DESIDERATA  (dé-zi-dé-ra-ta),  s.  m.  pi.  Choses 
qui  manquent  et  qu'on  désire  dans  unescience,  dans 
une  doctrine,  etc.  Les  desiderata  de  la  physiologie  du 
cerveau  sont  très-nombreux.  ||  On  le  dit  aussi  au  sin- 
gulier :  un  desideratum.  Le  desideratum  d'Euclide. 

—  ÊTYM.  Lat.  desiderata,  choses  désirées  (voy. 

DÉSntER). 

t  DÉSIDÉRATIF,  IVK  (dé-zi-dé-ra-tif,  ti-v"),  adj. 
Terme  de  grammaire.  Qui  exprime  le  désir.  Forme 
désidérative.  Verbes  désidératifa. 

—  ÊTYM.  Lat.  desiderativus ,  de  desiderare  (voy. 

DÉSntER). 


DÉS 

t  DESIDERATUM  (dé-zi-dé-ra-tom*),  ».  m.  Voy. 

DESIDERATA. 

DÉSIGNA'nF,  IVE  (dé-zigh-na-tif,  ti-v*,  d'api è» 
l'Académie;  mais  il  n'y  a  aucune  raison  pour  ne  pas 
prononcer  ce  mot  comme  désigner  :  dé-zi-gna-tif, 
ti-v'),  adj.  Qui  désigne  et  distingue.  La  cotte  d'ar- 
mes de  nos  rois  était  bleue,  semée  de  fleurs  de  lis. 
d'or;  ils  portaient  une  écharpe  blanche  de  temps 
immémorial;  le  blanc  a  été  la  couleur  désignative 
de  notre  nation,  comme  le  rouge  paraît  l'avoir  tou- 
jours été  de  la  nation  anglaise,  saint-foix,  Ess.  Pa- 
ris, OEucret,  t.  iv,  p.  <08,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Supin  latin  designatum,  de  designare, 
désigner  ;  provenç.  designatiu. 

DÉSIGNATION  (dé-zi-gna-sion ;  en  vers, de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1*  Indication  par  des  expressions 
ou  par  des  marques  distinctives.  Désignation  d'un 
lieu,  d'un  individu.  Désignation  précise.  ||ï*  Choix, 
nomination.  lia  fait  la  désignation  de  sou  succes- 
seur. 

—  ÉTYM.  Provenç.  detignacio  ;  espagn.  designa- 
cion;  ital.  designasione;  du  latin  designalionem ,  de 
designare,  désigner. 

DÉSIGNÉ,  ÉE  (dé-zi-gné,  gnée),  part,  passé.  La 
personne  désignée  dans  le  passe-port.  Quand  le  roi 
des  forêts  [un  chêne],  victime  désignée.  Doit  fati- 
guer enfin  le  fer  de  la  cognée,  mass.  Ilelrét.  m.  \\  X 
Kome,  consuls  désignés,  nom  qu'on  donnait  aux 
consuls  depuis  leur  élection  jusqu'à  ce  qu'iU  entras- 
sent en  fonction. 

DÉSIGNER  (dé-zi-gné;  en  <70S  on  n'adoucissait 
pas  Vs  et  on  prononçait  dé-si-gné),  v.  a.  ||  1*  Indi- 
quer de  manière  à  faire  reconnaître.  Désigner  les 
lieux.  Qui  pourra  le  définir  [le  temps]?  et  pourquoi 
l'entreprendre,  puisque  tous  las  hommes  conçoivent 
ce  qu'on  veut  dire  en  parlant  du  temps  sans  qi.'on 
le  désiijne  davantage?  pasc.  Pens.  part,  i,  art.  3. 
Oui  désigné-je  à  votre  avis  Par  ce  rat  si  peu  secou- 
rable?  la  font.  Fabl.  m,  7.  Les  traits  découvrent 
la  complexion  et  les  mœurs,  la  mine  désigne  les 
biens  de  la  fortune,  la  bruy.  vi.  ||  2°  Être  le  signe. 
Cet  hiéroglyphe  désigne  une  telle  chose.  ||  3°  Fixer. 
Désignez-moi  le  temps  et  le  lieu.  U  sacrifia  aux 
Dieux  que  l'oracle  lui  désignait,  d'ablancourt,  Ar- 
rien,  liv.  m,  ch.  i,  dans  bichelet.  ||  4*  Signaler. 
Désigner  quelqu'un  à  la  haine  publique.  On  cher- 
che en  vain  à  le  corriger  par  des  traits  de  satire  qui 
le  désignent  aux  autres  et  où  il  ne  se  reconnaît  pas 
lui-même,  la  bruy.  xi.  ||  5*  Choisir,  nommer  d'a- 
vance. Auguste  désigna  Tibère  pour  son  successeur. 
On  le  désigna  pour  cet  emploi.  Mon  père  veut  un 
gendre,  Il  désigne  Indatire,  et  je  sais  trop  enten- 
dre, VOLT.  Scythes,  11,  t.Ului  faut  un  guerrier 
qui  la  serve  après  moi.  Je  peux  le  désigner,  et  es 
guerrier  c'est  toi,  docis,  Othello,  rv,  B.  ||  6°  Se  dé- 
signer, V.  réfl.  Se  signaler  soi-même,  appeler  sur 
soi  la  vue,  l'attention.  Il  se  désignait  lui-même, 
par  un  unifornce  éclatant,  aux  coups  de  l'ennemi. 
Se  désigner  au  choix  de  ses  concitoyens.  ||  Être  dé- 
signé. A  Rome  les  consuls  se  désignaient  dans  le» 
comices. 

—  HIST.  XVI*  s.  Je  diray  quelles  et  quantes  cou- 
leurs sont  en  nature,  et  quoy  par  une  chascune  peut 
eslre  designé,  rab.  Car.  i,  9.  Ou'il  y  eust  ez  villes 
certain  lieu  designé  auquel  ceulx  qui  auraient  be- 
soing  de  quelque  chose  se  peussent  rendre,  mont. 
i,  256.  Cette  marque  [un  nom]  peult  elle  designer 
etfavorir  l'inanité  [moi  mort]?  id.  m,  23.  Il  com- 
manda que  promptement  on  luy  trassast  et  designast 
[dessinât]  la  forme  de  la  ville  selon  l'assiette  du  lieu, 
AMYOT,  Alex.  60.  Toutes  telles  villes  sont  mal  desi- 
gnées [dessinées],  palisst,  )(4.  Il  se  mit  à  justi- 
fier son  desespoir  par  les  maux  qu'elle  lui  faisoit 
prévoir,  le  duc  de  Guize  desja  tenu  pour  connes- 
table,  le  ducd'Alençon  et  les  Bourbons  desinez  à  la 
mort,  d'alb.  Ilist.u,  <2<.  Le  lendemain  sous  couleur 
de  parlementer  les  Refforraez  dessignerent  une  sortie 
vers  le  parc,  id.  ib.  n,  15».  La  ruine  du  peuple  fran- 
çois  estant  conjurée,  monopolée  et  designée  par  les 
rebelles,  m.  ib.  11,  22B.  Tot.t  cela  fait  un  coude  de- 
dans lequel  Favas  desseigna  une  escallade  en  plain 
jour.iD.  ib.n,  263.  Sa  première  besongne  fut  de  laser 
les  faux-bourgs,  après  il  desseigna  plusieurs  forti- 
fications et  augmenta  la  carnison,  id.  ti>.  m,  350. 
Les  sages  voisins  jugerenroù  alloit  le  dessein  parla 
mérite  du  desseignant,  mesuroient  ses  pensées  à  sa 
puissance....  id.  16.  m,  543.  U  lui  falloit  encore  quel- 
ques jours  pour  préparer  le  magnifique  équipage 
avec  lequel  il  de.signoitde  se  présenter  devant  le  roy, 
sl'llt,  Mém.  t.  11,  p.  177,  dans  lacurnb. 

—  ÉTYM.  Provenç.  designar,  deiigrar,  desegnar; 
espagn.  designar;  ital.  desiguare;  du  latin  designa- 
re, de  la  préposition  de ,  et  signum,  signe,  marque. 


DÉS 


DÉS 


DfîS 


1105" 


•}•  DÉSILLUSION  (dé'-zil-lu-zion;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  t.  f.  État  d'un  esprit,  d'une  âme  qui 
a  perdu  ses  illusions. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  illusion. 

+  DÊSILLUSIONNEMENT  (dé-zil-lu-zio-ne-man), 
s.  m.  Perte  des  illusions. 

—  ÉTYM.  Désillusionner. 

I  DÉSILLUSIONNER  (dé-zil-lu-zio-né),  V.  a.  Faire 
cesser  les  illusions.  Désillusionné  du  monde.  |{  Se 
désillusionner,  v.  réfl.  Perdre  ses  illusions. 

—  ÉTYM.  Désillusion. 

\  DÉSINCAMÉRATION  (dé-zin-ka-mé-ra-sion) ,  s. 
/". Révocation  d'une  incamération.  L'intention  deS.  M. 
Très-Chrétienne  a  toujours  été  que  la  désincaméra- 
tion  de  Castro  avec  la  concession  du  nouveau  délai 
servît  de  préliminaire  à  tout  accommodement,  Traité 
de  Pise,  (2  fér.  (664. 

—  ÉTYM.  Désincamérer. 

t  DÉSINCAMÉRER  (dé-zin-ka-mé-ré.  La  syllabe 
mé  prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muetle:  je  désincamère,  excepté  au  futur  et  au 
conditionnel  :  je  désincamérerai) ,  f.  a.  Révoquer 
une  incamération.  Sa  sainteté....  désincamérera, 
c'est-à-dire  révoquera  et  annullera  l'incamération 
des  états  de  Castro  et  de  Ronciglione,  Traité  de 
Pise,  (2  féï.  <604. 

ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  incamérer. 

t  DÉSINCORPORATION  (dé-zin-kor-po-ra-sion), 
s.  f.  Terme  militaire.  Renvoi  d'hommes  qui  avaient 
été  incorporés  dans  une  compagnie  militaire. 

—  ÉTYM.  Désincorporer. 
DÉSINCORPORÉ,   ÉE   (dé-zin-kor-po-ré,   rée), 

part,  passé.  Ces  hommes  placés  dans  le  régiment, 
puis  désincorporés. 

DÉSINCORPORER  (dé-zin-kor-po-ré),  V.  a.  Sépa- 
rer une  chose  de  celle  avec  laquelle  elle  était  incor- 
porée. I!  Terme  militaire.  Ôter  d'un  corps.  Ces  com- 
pagnies furent  désincorporées  du  régiment. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  incorporer. 

t  DÉSINCULPATION  (dé-zin-kul-pa-sion) ,  s.  f. 
Action  de  désinculper. 

t  DÉSINCULPER  (dé-zin-kul-pé) ,  V.  a.  ôter  une 
inculpation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  inculper. 
DÉSINENCE   (dé-zi-nan-s') ,    s.  f.  ||  1°  Terme  de 

grammaire.  Terminaison  des  mots.  Ce  sont  les  dési- 
ufinces  qui  marquent  les  cas  des  noms,  les  modes, 
les  temps  et  les  personnes  des  verbes.  ||  Désinences 
semblables,  nom  d'une  figure  de  mots  appelée  aussi 
homéotéleutes,  où  toutes  les  sections  des  phrases  se 
terminent  par  des  consonnances.  j|  2°  Terme  de 
botanique.  Manière  dont  un  organe  se  termine. 
Désinence  acuminée,  aiguë. 

—  ÉTYM.  Lat.  dest'nere,  finir,  se  terminer. 
fDÉSINENTIEL,   ELLE  (dé-zi-nan-sièl,   siè-l"), 

adj.  Qui  a  rapport  aux  désinences.  Langues  dési- 
nentielles,  langues  qui  ont  des  cas.  Le  latin  est  une 
langue  désinentielle. 

—  ÉTYM.  Désinence. 

t  DÉSINFATUATION  (dé-zin-fa-tu-a-sion),  s.  f. 
Action  de  désinfatuer,  de  se  désinfatuer. 

DÉSINFATUÉ,  ÉE  (dé-zin-fa-tu-é,  ée),  part, 
passé.  Désinfatuée  de  la  coquetterie. 

DÉSINFATUER  (dé-zin-fa-tu-é)  ,  V.  a.  Faire 
revenir  quelqu'un  de  son  infatuation,  de  préven- 
tions aveugles.  Dans  nos  derniers  temps,  les  hom- 
mes ont  étédésinfatués  des  sortilèges, volt. If œurs, 
<04.  Il  Se  désinfatuer,  v.  réfl.  Perdre  son  infatuation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  infatuer. 

t  DÉSINFECTANT,  ANTE  (dé-zi  n-fè-ktant,  ktan-t'), 
adj.  Qui  détruit  ou  fait  disparaître  l'infection,  les 
miasmes,  les  virus.  ||  S.  m.  Les  désinfectants,  sub- 
stances qui  détruisent  chimiquement  les  mauvaises 
odeurs.  Il  Par  abus ,  on  nomme  aussi  désinfectants 
les  substances  qui  ne  font  que  masquer  les  mau- 
vaises odeurs,  comme  le  vinaigre  en  vapeur,  le  su- 
cre brûlé,  etc. 

DÉSINFECTÉ,  ÉE  (dé-zin-fè-kté ,  ktée),  part, 
passé.  Un  lieu  désinfecté  par  des  aspersions  avec  la 
liqueur  de  Labarraque. 

DÉSINFECTER  (dé-zin-fè-kté),  v.  a.  Procurer  la 
désinfection.  On  ne  remit  des  malades  dans  cet  hô- 
pital qu'après  l'avoir  désinfecté.  ||  Absolument.  C'est 
surtout  avec  les  préparations  de  chlore  que  l'on 
désinfecte.  ||  Se  désinfecter,  v.  réfl.  Devenir  désin- 
fecté. La  prison  se  désinfecta  peu  à  peu. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  infecter. 

f  DÉSINFECTEUR  (dé-zin-tè-kteur),  adj.  m.  Qui 
Bt  propre  à  désinfecter.  Appareil  désinfecteur. 

—  ÉTYM.  Désinfecter. 

DÉSINFECTION  (dé-zin-fè-ksion),  ».  f.  Action 
d'enlever  à  l'air,  à  un  appartement,  aux  vêtements, 
aux  divers  tissus  organiques,  ou  à  un  corps  quel- 

DICT.    DE   LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


conque,  lès  miasmes  dangereux  ou  les  odeurs  désa- 
gréables qui  les  infectent. 

—  ÉTYJL  Dés....  préfixe,  et  infection. 

t  DÉSINSUFFLATION  (dé-zin-su-fia-sion) ,  s.  f. 
Terme  de  métier.  Action  de  percer  les  boyaux  secs 
avec  une  pointe  de  ciseaux  pour  en  chasser  l'air. 

—  ÉTYM.  Dés.,.,  préfixe,  et  insufflation. 
DÉSINTÉRESSÉ,  ÉE  (dé-zin-té-rè-sé,  sée),  part. 

passé.  Il  1°  Qui  n'est  engagé  dans  une  affaire  par 
aucun  intérêt.  Êtes-vous  désintéressé  dans  l'entre- 
prise? En  cette  Apologie,  de  laquelle  situ  veux  juger 
étant  désintéressé....  G.  naudé.  Apologie,  Préface. 
Il  2°  Qui  n'agit  pas  par  intérêt.  Un  homme  désinté- 
ressé. Un  juge  désintéressé.  Ce  jeune  prince  éleva 
et  abaissa  trop  Arbogaste,  un  capitaine  des  Francs, 
vaillant,  désintéressé,  mais  capable  de  maintenir 
par  toute  sorte  de  crimes  le  pouvoir  qu'il  s'était  ac- 
quis sur  les  troupes,  Boss.  Ilisl.  i ,  n .  Il  faut  rendre 
justice  à  cette  fille  [la  Choin]  et  convenir  qu'il  est 
difficile  d'être  plus  désintéressée  qu'elle  l'était,  ST- 
SIM.  294,  4.  Marton  :  C'est  le  garçon  de  France  le 
plus  désintéressé.  —  Le  comte  :  Tant  pis,  ces  gens- 
là  ne  sont  bons  à  rien,  Marivaux,  Fausses  confid. 
II,  4.  Il  Substantivement.  Ces  payements  déguisés 
sous  la  forme  de  présents  et  qui  font  souvent  une 
agréable  violence  aux  plus  désintéressés,  fonten. 
Fagon.  ||  Dans  le  même  sens,  en  parlant  des  choses. 
Conseils,  sentiments  désintéressés.  Action,  con- 
duite désintéressée.  Ce  zèle  n'était  pas  tout  à  fait 
désintéressé,  hamilt.  Gramm.  9.  La  gloire  désin- 
téressée est  le  vrai  salaire  de  la  vertu,  rollin,  Hist. 
anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  38,  dans  pougens.  Tout  ce 
qui  était  désintéressé  lui  plaisait  beaucoup,  stael, 
Corinne,  xii,  1. 1|  Terme  de  théologie.  Amour  dés- 
intéressé, amour  qui  porte  l'homme  à  aimer  Dieu 
pour  lui-même,  et  sans  la  vue  de  la  récompense. 
DÉSINTÉRESSEMENT  (dé-zin-té-rè-se-man),  s. 
m.  Détachement  de  tout  intérêt  propre.  Faire  preuve 
de  désintéressement.  Qui  rendront  témoignage  à 
tout  Paris  de  son  parfait  désintéressementdans  cette 
affaire,  pasc.  Prov.  te.  L'on  y  voit  de  si  grands 
exemples  do  constance,  de  vertu,  de  tendresse  et 
de  désintéressement,  de  si  beaux  et  de  si  parfaits 
caractères....  la  bruy.  i.  Son  désintéressement  ne 
venait  pas  de  fortune,  il  venait  de  son  caractère; 
car  il  n'est  pas  rare  qu'un  homme  riche  veuille  s'en- 
richir, FONTEN.  Bourdelin.  L'esprit  républicain  qui 
est  un  esprit  de  désintéressement,  raynal,  Hist. 
phil.  xiv,  45. 

—  ÉTYM.  Désintéresser. 
DÉSINTÉRESSEMENT   (dé-zin- té- tè-sé-man), 

adv.  D'une  façon  désintéressée.  ||  Très-peu  usité. 

—  ÉTYM.  Désintéressé ,  et  le  suffixe  ment. 

DÉSINTÉRESSER  (dé-zin-té-rè-sé),  v.  a.  ||  1°  Met- 
tre quelqu'un  hors  d'une  affaire  en  donnant  salis- 
faction  à  ses  intérêts.  Vous  n'y  perdrez  rien,  on 
vous  désintéressera.  ||  Fig.  11  ne  songeait  guère  à  la 
désintéresser  à  la  manière  de  nos  mystiques,  boss. 
Or.  8. Il  2°  Se  désintéresser,  v.  réfl.  Sortir  d'une  af- 
faire, avec  ses  intérêts  saufs.  Il  se  désintéressa  de 
cette  affaire  par  une  autre  qu'il  trouva  à  sa  conve- 
nance. I!  Fig.  11  n'est  pas  possible  à  la  charité  de  se 
désintéresser  à  l'égard  de  la  béatitude,  boss.  Or.  io. 
Un  honnête  homme  se  paye  par  ses  mains  de  l'ap- 
plication qu'il  a  à  son  devoir,  par  le  plaisir  qu'il  sent 
à  le  faire,  et  se  désintéresse  sur  les  éloges,  l'estime 
et  la  reconnaissance  qui  lui  manquent  quelquefois, 
LA  BRUY.  ir. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  intéresser. 

t  DÉSINVERTIR  (dé-zin-vèr-tir),  v.  a.  Terme 
d'art  militaire.  Remettre  une  troupe  dans  son  ordre 
naturel,  dans  un  ordre  qui  n'est  plus  inverti. 

— ÉTYM.  Dés....  préfixe,  eiinvertir. 

t  DÉSINVEST(R(dé-zin-vè-stir),  v.  a.  |j  1°  Cesser 
d'investir,  d'entourer,  de  bloquer.  Désinvestir  une 
place  de  guerre.  ||  2°  Fig.  Retirer  un  droit,  une 
fonction  dont  on  était  investi.  Désinvestir  la  cham- 
bre de  l'examen  des  lois.  ||  3°  Se  désinvestir,  v.  réfl. 
Renoncer  à.  Les  attributions  dont  le  ministre  de 
l'intérieur  s'est  désinvesti  en  faveur  des  préfets. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  investir. 

t  DÉSINVESTISSEMENT  (dé-zin-vè-sti-se-man) , 
s.  m.  Il  1°  Action  de  désinvestir,  de  lever  le  blocus. 
Il  2°  Fig.  Privation  d'un  droit,  d'une  fonction. 

—  ÉTYM.  Désinvestir. 

fDÉSINVITER  (dé-zin-vi-té) ,  v.  a.  Rétracter 
une  invitation. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  inviter. 

f  DÉSINVOLTE  (dé-zin-vol-f),  od;.  ||  i'  Qui  est  à 
l'aise,  sans  embarras  ni  gêne,  dégagé,  alerte.  En 
sa  place  [de  Rosen],  le  roi  mit  Artagnan,  homme 
désinvolte,  et  qui  n'entendait  pas  moins  bien  les 
souterrains  de  la  cour,  st-sim.  10»,  I4a.  Après  tou- 


tes les  scènes  de  carnage  dont  il  venait  d'être  té- 
moin, Birton  était  aussi  gai  et  aussi  désinvolte  que 
s'il  était  revenu  de  la  comédie,  volt.  Jenni,  7.  Ne 
suis-je  pas  un  grand  politique?  et  cette  politique 
n'est-elle  pas  très-désinvolte  t  id.  Lett.  d'Argen- 
tal,  ^^  sept.  fieo.  \\  2»  S.  m.  Le  cardinal  de  Rohan 
avait  une  facilité  de  parler  admirable  et  un  désin- 
volte merveilleux  pour  conserver  tous  les  avantages 
qu'il  pouvait  tirer  de  sa  princerie  et  de  sa  pour- 
pre, ST-SIM.  245,  32. 

—  ÉTYM.  Ital.  disinvolto,  du  préfixe  négatif  dis, 
et  involto,  enveloppé,  embarrassé,  de  in,  en,  et 
tioKo,  participe  du  verbe  volgere,  formé  irrégulière- 
ment du  latin  volvere  (voy.  volume)  :  qui  n'est  pas 
enveloppé,  qui  est  dégagé. 

f  DESINVOLTURE  (dé-zin-vol-tu-r') ,  s.  f.  Tour- 
nure désinvolte,  pleine  de  laisser-aller.  La  désin- 
voiture  de  ce  cavalier.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses. 
Selon  le  privilège  des  hommes  maigres,  il  avait 
conservé  toute  la  désinvolture  de  sa  taille,  ch.  de 
BERN.  la  Chasse  aux  amants,  §  <.  ||  Fig.  Ce  style  a 
de  la  désinvolture. 

—  ÉTYM.  Ital.  disinvoUura,  de  disinvolto,  dés- 
involte. 

DÉSIR  (dè-zir;  plusieurs,  dit  l'Académie,  écrivent 
desiretprononcentde-zir),ï.  m.  ||  1°  Envie  d'obtenir, 
d'avoir  quelque  chose.  Ma  troisième  maxime  était  de 
tâcher  toujours  plutôt  à  me  vaincre  que  la  fortune, 
et  à  changer  mes  désirs  que  l'ordre  du  monde,  et 
généralement  de  m'accoutumer  à  croire  qu'il  n'y  a 
rien  qui  soit  entièrement  en  notre  pouvoir  que  nos 
pensées,  desc.  Méth.  m,  4.  C'est  en  la  paix  que  toutes 
choses  Succèdent  selon  nos  désirs;  Comme  au  prin- 
temps naissent  les  roses.  En  la  paix  naissent  les 
plaisirs,  malh.  m,  2.  Le  désir  de  l'immortalité  est 
le  plus  violent  aussi  bien  que  le  plus  fort  de  tous 
nos  désirs,  patru.  Plaidoyer  (2,  dans  riciielet. 
Comme  notre  esprit....  Toujours  vers  quelque  objet 
pousse  quelque  désir,  corn.  Cinna,  ii,  t.  J'ai  perdu 
le  désir  avecque  l'espérance,  rotr.  Vencesl.  m,  4. 
Former  des  désirs  pour  leur  damnation,  pasc.  Prov. 
tl.  Je  suis  venu  pour  vous  découvrir  toutes  cho- 
ses, parce  que  vous  êtes  un  homme  rempli  de  dé- 
sirs, SACi,  Bible,  Daniel,  n,  23.  Maintenant,  que 
le  temps  a  mûri  mes  désirs....  j'aime  mieux  mon 
repos....  BoiL.  Ép.  v.  Pour  contenter  ses  frivoles  dé- 
sirs, L'homme  insensé  vainement  se  consume,  rac. 
Esth.  Il,  9.  Rions,  chantons,  dit  cette  troupe  im- 
pie; De  fleurs  en  fleurs,  de  plaisirs  en  plaisirs  Pro- 
menons nos  désirs,  id.  Athal.  ii,  9.  Une  esclave  em- 
pressée Qui  courait  de  Roxane  accomplir  le  désir, 
ID.  Baj.  HT,  *.  L'on  est  né  quelquefois  avec  des 
mœurs  faciles,  de  la  complaisance,  et  tout  le  désir 
de  plaire,  la  bruy.  xi.  Un  vain  désir  de  gloire  a  sé- 
duit mes  esprits,  volt.  Mérope,  n,  2.  Le  désir  est 
une  volonté  exaltée,  bonnet.  Œuvres  méléts, 
t.  xviii,  p.  233,  dans  pougens.  |{  2°  Bon  désir,  désir 
conforme  à  la  volonté  de  Dieu,  bonne  intention. 
Daignez  écouter  là-dessus  mon  désir,  si  c'est  un 
bon  désir,  bourd.  Pensées,  t.  i,  p.  42.  Ils  forment 
mille  bons  désirs,  mass.  Or.  fun.  Prof.  i.  \\  Dans 
un  sens  général.  Compte  mes  bons  désirs  commo 
autant  de  services,  corn.  Au  roi,  sur  Cinna,  Pom- 
pée, etc.  Il  3°  Désir  a  quelquefois  le  sens  de  désir 
ardent.  ||  Il  signifie  aussi  le  sentiment  qui  pousse  un 
sexe  vers  l'autre.  Chemin  faisant,  Hispa]  expliquait 
ses  désirs  Moitié  par  ses  discours,  moitié  par  ses 
soupirs,  LA  FONT.  Fianc.  Son  miroir  lui  disait  : 
prenez  vite  un  mari;  Je  ne  sais  quel  désir  le  lui 
disait  aussi,  id.  Fabl.  vu,  6.  Et,  sans  parler  du 
reste,  on  sait  bien  que  Célie  A  causé  des  désirs  à 
Léandre  et  Lélie,  mol.  lÉtour.Y,  t3.  ||  4°  L'objet 
même  du  désir.  Léon  seul  est  ma  joie,  il  est  mou 
seul  désir,  corn.  Pulch.  m, 2.  Tout  ce  qui  de  mon 
cœur  fut  l'unique  désir,  rac.  Bérén.  m,  t.  Tous 
vos  désirs,  Esther,  vous  seront  accordés,  id.  Eslh. 
m,  4.  Il  5»  Terme  d'ancienne  pratique.  Au  désir  de 
l'ordonnance,  au  désir  de  la  coutume,  suivant  l'or- 
donnance ,  suivant  la  coutume. 

—  HIST.  XII'  s.  Assez  aim  [j'aime]  mieus  mourir 
en  bon  désir  Que  vivre  irez  et  m'amie  haïr.  Coud, 
IX.  Mais  fol  désir  fait  souvent  cuer  penser  En  si  haut 
lieu  qu'il  n'i  peut  avenir,  ib.  x.  Et  si  [jej  me  suis 
mis  à  sa  volenté  Que  nuls  travaus  mon  désir  ne 
refreigne,  ib.  xiv.  [Cela]  Me  fait  resouvenir  De  là 
oùtuit  mi  bon  désir  Sont  et  seront  jusqu'au  mourir, 
tb.  xvm.  Au  mont  [monde]  [je]  ne  truis  [trouve]  tant 
bêle  ne  si  sage,  Ne  nule  riens  n'est  tant  à  mon  de- 
sir,  ib.  XDC.  Mais  bien  me  pourra  grever  Lons  de- 
sirs  sans  conforter,  ib.  p.  t<9.  jjxm'  s.  Pour  Dieu 
[je]  la  pri,  qui  tant  l'a  honorée  Que  chascuns  qui 
la  voit  en  a  désir,  Qu'ele  ait  merci  de  moi  sans  de- 
meurée, vidame  dech.  flomanccro,  p.  ui.  Moût  [il] 

I.  —  139 


1106 


DÉS 


fu  en  prant  désir  que  il  puist  venir,  Berte,  xm.  En 
la  serve  [il]  avoit  mis  cuer  [cœur]  et  cor  et  désir, 
ib.  Lxm.  Tant  ele  ot  (çrant  désir  de  venir  à  sa  fille, 
ib.  Lxiivii.  D'amour  ot  de  désir  tout  li  cuers  lui  es- 
prent,  tb  ex.  Et  vont  trançant  parmi  ces  rues,  Pour 
veoir,  por  eslre  veUes;  l'or  faire  as  compaignons 
désir  De  voloir  avec  eus  gésir,  lo  Rose,  9070.  |1  xV  s. 
Je  n'en  savoye  nul  avoir  Qui  peust  contenter  mon 
désir,  Se  non  quant  vous  povoye  voir,  Ma  joye, 
mon  seul  souvenir,  CH.  d'orl.  Bal.  I7.  Mon  cher 
dezir,  0  bouteille  m'amie.  Secourez-moi,  bassklin, 
xu.  Il  xvi-  s.  Et  s'il  luy  estoit  possible  luy  mesme  y 
estre  en  personne,  c'est  le  plus  grand  désir  que  pour 
ceste  heure  il  faict,  mabg.  Lett.  I4.  J'ay  corgneu  de 
long  temps  à  vous  ung  désir  au  soulagement  des  sub- 
jects  du  roy  sigrant,que....iD.iî).<69.  Maisdequoy 
sert  le  désirer.  Sinon  pour  l'homme  martirer?  Le 
désir  n'est  rien  que  martire,  bons.  471.  Désir  ne 
peut  mourir,  le  boux  de  lincy,  Pro».  t.  ii,  p.  288. 

—  ÊTYM.  Voy.  désiher;  provenç.  dexir,  désire; 
ital.  désire.  Désir  n'est  pas  formé  du  latin  deside- 
rium,  qui  avait  donné  dans  l'ancienne  langue,  à 
cfité  de  désir,  destrier;  c'est  un  substantif  créé  par 
les  langues  romanes  sur  le  verbe  désirer  ;  former  un 
substantif  sur  le  verbe  est  un  procédé  très-commun 
dans  les  langues  vulgaires.  L'ancien  français  disait 
aussi  desirance. 

DÉSIRABLE  (dé-zi-ra-bl' ;  plusieurs,  dit  l'Acadé- 
mie, écrivent  désirable  et  prononcent  de-zi-ra-W), 
ad).  Oui  mérite  d'être  désiré,  ôdésirable  finde  leurs 
peines  passées,  MAiH.i,  ♦.  Elle  ne  peut  laisser  ce  lieu 
tant  désirable,  voit,  dans  eichelet.  Je  te  vois  at- 
tendue à  ce  port  désirable,  rotb.  St  Gen.  m,  7.  Ëtat 
oublié  parmi  nous  où  la  viduité  est  regardée,  non 
plus  comme  un  état  de  désolation,  car  ces  mots  ne 
sont  plus  connus,  mais  comme  un  état  désirable  oii, 
affranchi  de  tout  joug,  on  n'a  plus  à  contenter  que 
soi-même,  aoss.  Anne  de  Gonx.  U  serait  désirable 
pour  le  plaisir  des  honnêtes  gens  et  pour  la  ven- 
geance publique  qu'un  coquin  ne  le  fût  pas  au  point 

d'être  privé  de  tout  sentiment,  la  brut,  xi Un 

bien  si  désirable  Est  trop  prompt  et  trop  grand  pour 
être  vraisemblable,  volt.  Triumv.  ii,  2. 

—  HIST.  xiV  s.  Delettacion  est  désirable  et  plaist, 
ORESME,  Elh.  98.  Désirable  chose,  c'est  estre  sain, 
m.  ib.  20.  Il  xvi*  s.  Je  ne  vous  souhaiteray  rien  Des 
dons  que  les  cieux  favorables  Font  aux  dames  plus 
désirables,  st-gel.  224. 

—  ÉTYM.  Désirer. 

t  DÉSIRANT,  ANTE  (dézi-ran,  ran-t') , ad;'.  Qui 
désire.  Les  saintes  âmes  que  Dieu  purifie  sont  dési- 
rantes, boss.  Lett.  Corn.  <63. 

DÉSIRE,  ÉK  (dé-zi-ré,  rée;  plusieurs,  dit  l'Aca- 
démie, prononcent  de-zi-ré,  rée),  part,  passé.  Peut- 
être  nous  touchons  au  moment  désiré,  corn.  Sert. 
m*  4.  Commander  est  bon;  être  riche  est  bon;  et 
ces  bonnes  choses,  mal  prises  et  mal  désirées,  font 
néanmoins  tout  le  mal  du  monde,  boss.  Libre  arb.U 
Il  Louis  le  Désiré,  surnom  donné  à  Louis  XVIII,  à 
cause  du  désir  de  le  revoir  qu'avaient  eu  si  long- 
temps et  en  vain  ses  partisans,  et  du  désir  de  paix 
que  la  France  éprouvait  après  les  longues  guerres 
de  l'Empire.  ||  Substantivement.  Le  désiré  des  na- 
tions [le  Messie]  était  venu,  BOSS.  Hist.  u,  7. 

DfiSIRKR  (<lé-zi-ré;  plusieurs,  dit  l'Académie, 
écrivenidesireretprononcentde-zi-ré),i). o.  {|  l°Avoir 
désir  de  quelque  chose.  Il  désirait  de  combattre 
avec  sa  cavalerie,  vauoel.  Q.  C.  m,  2i.  Pour  ce 
qui  est  de  moi,  je  désire  seulement  d'avoir  bientôt 
l'honneur  de  vous  voir,  voit.  Lett.  36.  Quatre  Ma- 
thusalem  bout  à  bout  ne  pourraient  Mettre  à  fin  ce 
qu'un  seul  désire,  la  font,  t'abl.  vni,  25.  ô  femme, 
votre  foi  est  grande  ;  qu'il  vous  soit  fait  comme  vous 
le  désirez,  SACi,  Bible,  Év.  St  Math,  xv,  28.  Et  les 
choses  que  nous  désirons,  désirons-les  peu,  non- 
seulement  parce  qu'elles  ne  méritent  pas  d'être  au- 
trement désirées,  mais  parce  que,  les  désirant  beau- 
coup, elles  deviennent  le  sujet  de  millu  peines, 
boubd.  Pensées,  t.  I,  p.  379.  Nous  ne  demandons 
que  faiblement  le  royaume  de  Dieu  que  nous  ne  dé- 
sirons pas  avec  affection,  flèch.  Serm.  11,  147. 
Phédimo,  au  nom  des  dieux,  fais  ce  que  je  désire, 
bac.  Kithr.  IV,  <.  Voilà  ce  que  vous  désirez  de  sa- 
voir, FÉN.  r^J.  x.  U  y  a  de  certains  biens  que  l'on 
désire  avec  emportement  et  dont  l'idée  seule  nous 
enlève  et  nous  transporte,  la  brot.  xi.  On  ne  peut 
désirer  ee  qu'on  ne  connaît  pas,  volt.  Zaïre,  I,  1. 
Il  Familiôremont.  Se  faire  désirer,  ne  pas  se  rendre 
à  l'empressement  que  les  autres  ont  de  nous  voir. 
Il  Ne  laisser  rien  à  désirer,  être  achevé,  parfait  en  son 
g»nrB.  Voyant  ma  Caliste  si  belle  Que  l'on  n'y  peut 
rieij  désirer,  «alh.  iv,  lo.  U  débauche  lapins  im- 
Bodârée  laisse  quelque  chose  à  désirer  au  dérégle- 


DÊS 

ment  des  sens,  mass.  Carême ,  Prod.  \]  Dans  le  sens 
contraire.  Il  y  a  quelque  chose, beaucoup  de  choses  à 
désirer;  c'est-à-dire  il  ya  quelque  défaut,  beaucoup 
de  défauts,  j,  2  Absolument.  L'homme  désire  sans 
cesse.  Lorsqu'on  désire,  on  se  rend  à  discrétion  à 
celui  dequione.spère,  la  SRirr.  xi.La  vie  est  courte 
et  ennuyeuse,  elle  se  passe  toute  à  désirer,  ID.  ib. 
I.'àme  se  lassera  enfin  de  désirer,  et  elle  tombera 
dans  une  sorte  d'inaction,  bonnet,  Ess.  analyt. 
âme,  ch.  47.  Il  S"  Souhaiter.  Je  vous  désire  toutes 
sortes  de  prospérités.  Il  est  à  désirer  qu'il  réussisse. 
Je  vous  désire  tout  ce  que  je  vois  de  beau,  voit. 
Lett.  (28.  C'est  le  bien  qu'à  tous  deux  Polyeucte 
désire,  corn.  Polyeucte,  iv,  4.  ||  4°  Convoiter. 
Vous  ne  désirerez  point  la  femme  de  votre  prochain, 
ni  sa  maison,  ni  son  champ,  ni  son  serviteur,  ni 
sa  servante,  ni  son  bœuf,  ni  son  âne,  ni  aucune 
chose  qui  lui  appartienne,  sACi,  Bible,  Deuléron. 
v,  2).  C'est  un  vilain  amant  qu'un  homme  qui  vous 
désire  plus  qu'il  ne  vous  aime,  Marivaux,  JSa- 
ri'anHe.l"  part.  Il  5"  Se  désirer,  v.  réft.  Avoir  du 
désir  l'un  pour  l'autre.  Ces  deux  personnes  se  dési- 
rent sans  cesse.  ||  Être  désiré.  De  tels  biens  se  dé- 
sirent justement. 

—  REM.  1.  Désirer  avec  que  gouverne  le  subjonc- 
tif :  je  désire  que  vous  partiez.  ||  2.  L'Académie  es- 
saye d'établir  une  distinction  entre  désirer  suivi 
d'un  infinitif  avec  ou  sans  de,  disant  qu'avec  de  cela 
exprime  un  désir  dont  l'accomplissement  est  incer- 
tain, éloigné,  difficile:  il  désire  de  réussir;  et  sans 
de  un  désir  dont  l'accomplissement  est  prochain, 
facile,  dépendant  de  la  volonté:  il  désire  vous  par- 
ler. Mais  l'usage  réel  ne  fait  aucune  différence. 
Autrefois  on  disait  aussi  désirer  d;voy.  l'historique. 

—  HIST.  XI*  s.  Sire  Alexis,  tans  jurs  t'ai  desirret, 
St  Alexis,  xcv.  Ententivement  se  purpensent  cil  qui 
les  jugemens  ont  à  faire,  que  si  jugent  corn  si  dési- 
rent quant  il  dient  :  dimitte  nobis  débita  nostra. 
Lois  de  Guill.  il.  Comme  il  le  vit,  à  ferir  le  [il]  de- 
sire,  Ch.  de  Roi.  cxii.  ||  xii'  s.  D'aler  en  l'aive  [eau] 
estoit  moût  désirant,  Ronc.  p.  toc.  La  mort  me 
vient,  que  tant  ai  désirée,  ib.  p.  175.  J'aim  et  de- 
sir  ce  qui  de  moi  n'a  cure;  LasI  que  en  puis-je? 
Amor  le  me  fait  faire,  Coud,  p.  <26.  Et  la  chair 
vaincre  et  plagier  Qui  tousjours  est  de  péché  desi- 
rans,  quesnes.  Romancero,  p.  98.  Deus  ne  li  volt 
[voulut]  encore  duner  le  fruit  desired  de  sun  ven- 
tre, Rots,  2.  Kar  les  tuens  comandemenz  je  desi- 
rowe  [désirais].  Liber  psalm.  p.  (94.  |{  xiii'  s.  Et 
arbrissel  désirent  qu'il  fussent  parfieuri,  Berte,  i. 
Pour  sa  fille  Bertain  qu'el  [elle]  désire  veoir,  16. 
lxv.  Pour  ce  que  longuement  [elle]  vous  avoit  dési- 
rée, t'b.  Lxxxii.  Requis  avons  ma  dame  de  cuer  très 
désirant,  ib.  cvii.  [Qui  les  vit]  Bien  de'ist  que  ce  fust 
joie  de  desirier,  ib.  cxxix.  Ce  n'estoit  pas  merveille 
se  on  la  [Berte]  desiroit,  ib.  cxxxv.  Et  li  rois  Fer- 
rans  h  remanda  qu'il  l'auroit  volentiers,  et  moult 
en  estoit  desirans,  Chron.  de  Rains,  p.  76.  Et  s'il 
vient  que  li  cas  désire  qu'elles  soient  mises  en  pri- 
son, beaum.  4t.  En  tele  manière  qu'il  soit  seilrs  de 
le  [la]  partie  d'avoir  son  salaire ,  selonc  ce  que  le  [la] 
jornée  désire,  m.  v,  19.  ||  xv*  s.  Si  venoient  souvent 
les  compagnons  qui  desiroient  les  armes  et  leurs 
corps  à  avancer,  escarmoucheraux  barrières,  froiss. 
II,  II,  3.  Pour  combattre  aux  Escols  qu'ils  desiroient 
moult  à  trouver,  m.  i,  t ,  38.  La  connoissance  en 
vint  au  gentil  comte  Guy  de  Blois,  comment  Bre- 
tons, Bourguignons  et  autres  gens  qui  ne  desiroient 
que  pillage,  menaçoient  le  bon  pays  de  Hainaut,  id. 
II,  n,  101.  [Le  roi  d'Angleterre  en  débarquant  en 
Normandie  tombe;  ses  chevaliers  l'engagent  à  dif- 
férer son  débaniuement]  Pourquoi  [répond  le  roi]  ? 
mais  est  un  très  bon  signe  pour  moi,  car  la  terre 
me  désire,  id.  i,  i,  260.  Nul  ne  desiroit  plus  de  com- 
battre, coMM.  i,  4.  Il  desiroit  à  la  prendre  d'assault, 
ID.  III,  to.  Il  XVI'  s.  Sans  point  de  faute  un  bien  fort 
retiré  Est  d'un  chascun  beaucoup  plus  désiré,  st- 
gel.  204.  Je  ne  vous  en  diray  plus  pour  ceste  heure, 
sinon  que  je  prie  nostie  seigneur  vous  donner  l'aise 
que  vous  désire  vostre  etc.  marg.  Lett.  a.  Madame 
m'a  dict  qu'elle  désire  merveilleusement  à  vous 
voir  en  ce  lieu,  id.  ib.  n.  C'est  une  vertu  et  suffi- 
sance qui  ne  laisse  rien  à  désirer  de  soy,  id.  m, 
404.  Secourans  l'un  l'autre  au  besoin,  de  nos  vies 
et  moiens,  comme  l'occasion  le  désirera,  en  toutte 
diligence  et  promptitude,  d'aub  lliit.  11,  22G.  Hz 
crioient  qu'ilz  ne  vnuloient  la  guerre  qu'aux  Ro- 
mains, et  au  demeurant  desiroient  d'eslre  amis  de 
tout  le  monde,  amtot,  Cam.  3o.  Nous  ne  sommes 
pas  tousjouis  incitez  à  désirer  faire  ce  que  nous 
trouvons  bien  fait,  id.  Péric.  t.  Ayant  nouvelles  que 
Antigonus  estoit  mort,  de  manière  que  les  affaires 
le  desiroient  etl'appelloient,  id.  Agis,  et  Cléom.  S7. 


Et  l'homme  mort  est  bienheureux:  Heureux  qui 
plus  rien  ne  désire,  bons.  47(.  Mai?  de  quoy  sert  le 
désirer,  Sinon  pour  l'homme  martirer?  Le  désir  n'est 
rien  que  martire,  id.  ib.  Coeur  qui  soupire  n'a  pas  ce 
qu'il  désire,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  u,  p.  475.  Ne 
prends  pas  tout  ce  que  tu  desires,  id.  ib.  p.  3b4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  desirar;  catal.  desitjar;  es- 
pagn.  desear;  portug.  desejar  ;  itaL  desiare;  du  la- 
tin desiderare. 

tDÉSIRELTl  (dé-zi-reur),  s.  m.  Néologisme.  Ce- 
lui qui  désire.  Caligula  et  Néron,  ces  grands  cher- 
cheurs de  trésors,  ces  désireursde  l'impossible,  ALEX. 

DDMAS. 

DÉSIREUX,  EUSE  (dé-zi-reû,  reû-z';  plusieurs, 
dit  l'Académie,  écrivent  désireux  et  prononcent  de- 
zireû,  reû-z'),  adj.  Qui  désire  avec  ardeur.  Ce  prince 
désireux  d'en  apprendre  davantage,  vaugel.  Q.  C. 
dans  bouhours,  Nouv.  rem.  Les  soldats  désireux  de 
savoir,  id.  tî>.  Il  était  désireux  d'étendre  davantage 
ses  conquêtes,  id.  ib.  liv.  x,  dans  richelet.  Il  est 
désireux  de  son  salut,  Lettres  de  St  Augustin,  dans 
bichelet.  Je  suis  si  peu  désireuse  de  briller  dans 
votre  cour  de  Provence....  sÉv.  Lett.  4  6  mars  4672. 

—  REM.  Bouhours,  JVout;.  rem.  dit  que  désireux 
a  fort  vieilli  et  que  ceux  qui  écrivent  poliment  ne 
s'en  servent  point.  Depuis  Bouhours,  désireux  s'est 
rajeuni  et  il  est  en  plein  usage. 

—  HIST.  Il*  s.  Ainz  que  t'vedisse,  si'n  fui  mult 
desirruse,  St  Alexis,  xcii.  ||  xiii'  s.  Qui  aime  sans 
tricherie  Ne  pense  n'a  trois  n'a  dous  [deux];  D'une 
seule  est  desierrous.  Poésies  mss.  du  Vatican,  dans 
LACDRNE.  Il  XVI*  s.  Desireux  d'ouïr  et  d'apprendre, 
AMYOT,  Solon,  62.  Renommée  dont  ils  doivent  estre 
plus  desireux  que  de  la  conservation  de  leur  propre 
vie,  ID.  Moral.  Épit.  p.  4  4.  Content  ne  vit  le  dé- 
sireux, BONS.  474.  0  heureuse  nouvelle,  0  desireux 
[désiré]  rapport  De  la  santé  de  qui  la  maladie  Estoit 
fin  de  plus  d'une  vie,  st-gel.  4  77.  Ils  estoient  plus 
desireux  de  grande  que  de  bonne  réputation,  mont. 
m,  22. 

—  ÉTYM.  Désir;  provenç.  deïiros;  catal.  desiljos; 
espagn.  deseoxo;  portug.  dese/oso  ;  ital.  desideroso. 

DÉSISTEMENT  (dé-zi-ste-man),  s.  m.  ||  1° Terme 
de  jurisprudence.  Action  de  se  désister.  Désiste- 
ment verbal,  écrit.  ||  2°  Acte  par  lequel  on  se  dé- 
siste. Faire  son  désistement.  Donner  un  désistement 
Il  faudra  saisir  aux  fermes  générales  sans  difficulté 
et  ne  donner  son  désistement  que  quand  il  aura  payé 
tout  ce  qu'il  doit,  VOLT.  iel(./>u(cr(re,  48  janv.  4777. 

—  HIST.  XVI"  s.  Vous  redoutiez  dans  la  conduite 
de  cette  affaire  les  desistemens  du  roi,  sullt,  dans 
le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Désister. 

DÉSISTER  (SE)  (dé-zi-sté) ,  V.  réfl.  ||  1*  Terme  de 
jurisprudence.  Renoncer  à  une  poursuite.  Se  désis- 
ter d'une  plainte,  d'une  demande,  d'un  appel.  ||Dans 
le  langage  général,  renoncer,  se  départir.  Se  dé- 
sister de  ses  prétentions.  ||  2°  Désister,  v.  n.  Re- 
noncera,cesserde Va-t'en  donc  et  désiste  De  plus 

m'offrir  une  aide  à  mériter  Caliste,  corn.  Clit.  i,  2. 
Il  Vieilli  en  cet  emploi,  qui  était  celui  du  xvi*  siècle. 

—  HIST.  XIV*  s.  Je  vous  conseille  que  vous  vous 
désistez  de  boire  ou  mangier  à  nuit  ou  vespre,  Mé- 
nagier,  i,  3.  Et  pour  ce  qu'ils  ne  voudrent  désister 
des  choses  qu'ils  faisoient,  ne  encliner  à  noslre  re- 
queste,  nos  gens  se  départirent  d'euls.  Lettre  dt 
Marcel,  prévôt  de  Paris,  dans  Hist.  litt.  de  la  Fr. 
t.  XXIV,  p.  428.  Il  XV*  s.  Quand  le  mareschal  vit  que 
les  Pisans  ne  se  vouloient  désister  de  la  mauvaise 
volonté  que  ils  avoient  vers  leur  seigneur,  Bouciq, 
part.  III,  ch.  6.  D'en  plus  parler  je  me  désiste;  Ce 
monde  n'est  qu'abusion  ;  11  n'est  qui  contre  mort  ré- 
siste Ne  qui  trouve  provision,  villon.  Ballade  dt 
seigneurs  du  temps  jadis.  ||  xvi*  s.  Le  nom  et  tiltre 
de  vostre  alliance  entendu,  ont  soudain  désisté  de 
leurs  entreprises,  rab.  Car.  I,  34.  Lors  Panurge 
désista  pourter  le  hault  de  ses  chausses,  id.  Pant. 
III ,  7.  Désistez  doncques  vous  esbahyr  de  ce  nou- 
veau mien  accoustrement,  to.  t'b.  C'est  une  faculté  de 
raison  et  volonté,  par  laquelle  on  élit  le  bien,  quand 
la  grâce  de  Dieu  assiste,  et  le  mal,  quand  icelle 
désiste,  calv.  Inslit.  I6I.  Quand  l'homme  voyant 
qu'il  fait  mal,  ne  désiste  pas  pourtant,  mais  pour- 
suit, ID.  ib.  204.  Oui  empeschera  que  celui  qui  aura 
fait  un  vœu  par  ignorance,  ayant  cognu  son  erreur, 
désiste  de  le  garderTiD.  l'b.  1025.  Socrates  ne  désista 
cette  hardie  entreprinse,  qu'à  la  remonstrance  de 
Theramene  mesme,  mont,  iv,  198.  Il  désista  d'aller 
aux  banquets  où  l'on  le  convioit,  amyot,  Péric.  1t. 
Elle  usoit  d'une  instance  véhémente  et  pressante, 
qui  ne  desistoit  jamais  qu'elle  ne  fust  venue  i  cliel 
de  son  entreprise,  id.  Brutus,  6. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  desistir;  iUl.  desit 


DÉS 


DÉS 


DÉS 


1107 


tere;  du  latin  desistere,  de  la  préposition  de,  et  sis~ 
tere,  arrêter,  forme  dérivée  de  stare  (voy.  stable). 

DES  LORS  (dê-lor) ,  loc.  adv.  Voy.  dès. 

t  DESMAN  (dé-sman)  ,  s.  m.  Mammifère  insecti- 
vore, à  museau  ou  trompe  mobile,  à  queue  longue, 
écailleuse,  aplatie;  il  vit  le  long  des  rivières. 

t  DESMANTUE  (dè-sman-t*) ,  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Genre  de  la  famille  des  mimosacées. 

—  ÉTYM.  Ae<i(io(,  lien,  et  àvôo;,  fleur. 

t  DESMIDIE  (dè-smi-die),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  phycées,  comprenant  des  algues 
microscopiques. 

—  KTYM.  A£(T|jLèi;,  lien,  et  e^So;,  forme. 

t  DESMITE  (dè-smi-f),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Inflammation  des  ligaments. 

—  ÉTYM.  AEiTjjiii;,  ligament,  et  le  suffixe  médical  t(e. 
+  DESMOCÈKE  (dè-smo-sê-r') ,  s.  m.   Terme  de 

zoologie.  Genre  de  coléoptères,  famille  des  longi- 
cornes.  Espèce  :  le  desmocère  bleu,  des  États-Unis. 

—  ÉTYM.  Ae(r(j.o?,  lien,  et  xépa;,  corne. 

t  DESMODE  (dè-smo-d'),  i.  m.  Terme  de  zoolo- 
gie. Genre  de  mammifères  chiroptères,  qui  a  pour 
type  le  desmode  roux  ou  cendré  du  Brésil,  qui  suce 
habituellement  le  sang  des  animaux. 

—  ETYM.  Ae<j|jio<;,  lien,  et  ôSoù«,  dent. 

f  DESMODÈKE  (dè-smo-d ê-r' ) ,  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  coléoptères,  famille  des  longi- 
cornes.  Espèce  :  le  desmodère  variable,  du  Brésil. 

—  ÉTYM.  AeTiLoç,  lien,  et  SÉpr),  cou. 

f  DESMOGOMPHES  (dè-smo-gon-f) ,  s.  m.  plur. 
Famille  d'animalcules  infusoires  dont  chacune  des 
mâchoires  a  la  forme  d'un  étrier  sur  lequel  sont 
étendues  les  dents,  qui  y  tiennent  à  la  fois  par  la 
base  et  le  sommet. 

—  ÉTYM.  Ae<j(j.è;,  lien,  elyô\ufo<;,  moyen  de  réu- 
nion, clou. 

t  DESMOGRAPHIE  (dè-smo-gra-fie) ,  s.  f.  Terme 
d'anatomie.  Description  des  ligaments. 

—  ÉTYM.  AEff(j-à;,  ligament,  etYpiç^i^,  décrira, 
■j-  DESMOLOGIE  (dè-smo-lo-jie),  s.f.  Terme  d'a- 
natomie. Traité  sur  les  ligaments. 

—  ÉTYM.  Aeoni;,  ligament,  et  XéY°?,  traité. 

\  DESiMOPATHIE  (dè-smo-pa-tie) ,  s.  /.  Terme  de 
médecine.  Maladie  des  ligaments. 

—  ÉTYM.  A£<Tnà;,   ligament,  et  ïciOoç,  maladie. 
j  DESMOPHYLLE  (dè-smo-fi-1') ,  s.  m.  Terme  de 

zoologie.  Genre  de  polypiers  pierreux. 

—  ÉTYM.  AeTiio?,  lien,  et  çûUov,  feuille. 

f  DESMOSOME  (dè-smo-so-m') ,  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  coléoptères  tétramères.  Espèce 
unique  :  le  desmosome  longipède,  du  Brésil. 

—  ÉTYil.  Ae<T|AO(;,  lien,  et  a(i\ia,  corps. 
tDESMOTOMIE   (  dè-smo-to-mie) ,    s.f.   Terme 

d'anatomie.  Préparation  anatomique  des  ligaments. 

—  ÉTYM.  Aeiiiè;,  ligament,  etton^i,  dissection. 

DÉSOBÉI,  lE  (dé-zo-bé-i,  ie),par(.  passé  de  dés- 
obéir. Désobéi  par  ceux  qui  auraient  dû  respecter 
ses  ordres.  Ce  père  désobéi  de  ses  enfants.  Eh 
bien!  est-il  puni?  —  11  ne  l'est  pas  encor.  —  Je 
suis  désobéi,  volt.  Oreste,  v,  4.  ||Bien  que  neutre, 
désobéir  a  un  participe  passif. 

DÉSOBÉIR  (dé-zo-bé-ir),  e.  n.  ||  1°  Ne  pas  obéir 
à  quelqu'un.  Cet  enfant  désobéit  sans  cesse  à  sa 
mère.  Qui  m'a  désobéi  mérite  le  trépas,  rotr.  Àn- 
tig.iY,  6.  Quoi!  vous  craignez  si  peu  de  me  déso- 
béir! RAC.  Bérén.  ra,  3.  [Je]  Fis  vœu  sur  leurs  au- 
tels de  leur  désobéir,  id.  Iphig.  i,  i.\\  Absolument. 
Le  roi  vous  aime  encor;  apaisez  son  courroux;  Il  a 
dit:  je  le  veux;  liésobéirez-vous? — Monsieur,  pour 
conserver  tout  ce  que  j'ai  d'estime.  Désobéir  un  peu 
n'est  pas  un  si  grand  crime,  corn.  Cid,  ii,  <.  Égis- 
the  va  se  perdre  à  force  de  courage:  Il  désobéira  : 
la  mort  est  son  partage,  volt.  Métope,  v,  B.||  2°  Ne 
pas  se  soumettre,  enfreindre.  Désobéir  à  la  loi.  11 
fut  contraint  malgré  lui  de  désobéir  à  l'oracle,  d'a- 
BLANCOUHT,  Arrien,  liv.  vu,  dans  bichelet. 

—  HIST.  xm'  s.  Orguel  desobeist,orguel  fiert  [frap- 
pe] et  desroie  ;  Orguel  vuelt  achever  quan  qu'il  pense  et 
enroie,  j.  db  meung,  Tul.  (705.  ||  xiv's.  A  tous  cens 
qui  estoient  désobéis,  le  cuer  leur  douloit,  Ména- 
gier,  i,  6.  ||  xV  s.  Si  ne  l'ose  désobéir  Pour  dobte  de 
le  courroucier  ;  Aussi  je  laisse  le  dormir,  CB.  d'ohl. 
Bal.  8.  Il  xvi*  s.  Car  j'ayme  mieux  dueil  en  obéissant, 
Que  tout  plaisir  en  désobéissant,  marot,  i,  373. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  obéir;  provenç.  deso- 
bedir;  cat.  dcsobetr;  espagn.  et  portug.  desobedecer ; 
ilal.  disubbidire. 

DÉSOBÉISSANCE  (dé-zo-bé-i-san-s') ,  s.  f.\\  1°  Ac- 
tion de  désobéir.  Ma  désobéissance  est  ce  que  vous 
vouliez,  CORN.  rWod.  II,  4.  Vous  connaissez  la  malé- 
diction Qui  punitàjamais  la  désobéissance ,  volt.  Fa- 
nal. IV,  ».  Il  2"  Habitude  de  désobéir.  La  désobéis- 
sance est  le  défaut  princijsj  de  cet  enfant.  Il  3°  Un 


acte  de  désobéissance.  Une  seule  désobéissance  Ta 
fait  punir.  Ses  désobéissances  sont  continuelles. 
Nos  révoltes  contre  Dieu,  nos  désobéissances  k  la  loi 
de  Dieu,  bourdal.  Hyst.  Naliv.  de  J.  C.  1. 1,  p.  )0. 

—  HIST.  xm*  s.  Donques  pourroient  il  fere  fere 
par  lor  serjans  les  désobéissances  à  lor  segneurs, 
EEAUM.  XXIX,  3.  Il  xV  s.  Arrestz  les  quelx  n'ont  peu 
estre  mis  à  execucion  pour  les  grans  rebellions  et 
deshobeissance  que  le  dit  seigneur  de  Pons  a  fait  à 
l'encontre.  Lettre  du  temps  de  Louis  II,  Bibl.  des 
Chartes,  4»  série,  p.  )9.. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  obéissance. 
DÉSOBÉISSANT,  ANTE  (dé-zo-bé-i-san,  san-t'), 

adj.  Qui  désobéit.  Enfant  désobéissant.  Fille  déso- 
béissante. Le  corps  cessa  d'être  soumis,  dès  que  l'es- 
prit fut  désobéissant;  la  révolte  des  sens  fit  connaî- 
tre à  l'homme  sa  nudité,  boss.  Concupisc.  7. 

—  HIST.  XIII'  s.  S'il  sont  désobéissant  à  son  com- 
mandement, es  cozes  esqueles  il  doivent  obéir  à  11, 
BEAUM.  y,  <9.  Il  XIV"  s.  X  ceulz  qui  sont  inobediens 
et  desobeissans  à  raison ,  l'en  leur  doit  mettre  peines 
et  punicions,  oresme,  Eth.  326. 

DÉSOBLIGÉ,  ÉE  (dé-zo-bli-jé,  jée) ,  part,  passé. 
X  qui  on  a  rendu  un  mauvais  service.  Désobligé  en 
secret  par  un  rival.  ||  Qui  éprouve  le  déplaisir  causé 
par  la  désobligeance.  Désobligé  d'un  refus  si  peu  at- 
tendu. 

DÊSOBLIGEAMMENT  ('dé-zo-bli-ja-man  ) ,  adv. 
D'une  manière  désobligeante.  Il  m'a  répondu  déso- 
bligeamment. 

—  ÉTYM.  Désobligeant,  et  le  suffixe  ment. 
DÉSOBLIGEANCE  (dé-zo-bli-jan-s'),  s.  f.  Disposi- 
tion à  désobliger.  Il  est  d'une  désobligeance  extrême. 

—  ÉTYM.  Désobligeant. 
DÉSOBLIGEANT,    ANTE  (dé-zo-bli-jan,   jan-t'), 

adj.  Qui  désoblige.  Un  homme  désobligeant.  Pro- 
cédé désobligeant.  Action,  parole  désobligeante.  Vous 
ne  me  persuaderez  pas  de  soulTrir  les  immodestii^s 
de  cette  pièce,  non  plus  que  les  satires  désobli- 
geantes qu'on  y  voit  contre  les  femmes,  mol.  Criti- 
que, 7.  La  vie  est  bien  exposée,  si,  pour  de  sim- 
ples médisances  ou  des  gestes  désobligeants,  on  peut 
tuer  le  monde  en  conscience,  pasc.  Prov.  7.  Il  ne 
faut  presque  rien  pour  être  cru  fier,  incivil,  mépri- 
sant, désobligeant,  la  brut.  v.  Enfin,  ma  bonne, 
vous  dites  vrai ,  il  y  a  des  choses  bien  désobligeantes 
dans  la  vie,  sÉv.  Lett.  6  mai  1672.  Pour  moi,  je  suis 
toujours  traversée  dans  ce  que  je  souhaite  le  plus;  la 
vie  assurément  est  fort  désobligeante,  ID.  4  mai  (772. 
DÉSOBLIGEANTE  (dé-zo-bli-jan-f),  s.  f.  Sorte  de 
voiture  étroite  qui  ne  peut  contenir  que  deui  per- 
sonnes. 

—  ÉTYM.  Désobligeant. 

DÉSOBLIGER  (dé-zo-bli-jé.  Le  g  prend  un  e  de- 
vant o  ou  0  :  nous  désobligeons,  je  désobligeais), 
V.  a.  Il  1°  Rendre  un  mauvais  office.  Et  ne  pensez 
pas  leur  faire  plaisir  [aux  prophètes]  de  leur  prêter 
si  libéralement  et  sans  qu'ils  en  aient  besoin,  vos  épi- 
thètes  et  vos  métaphores....  ces  ornements  les  dés- 
honorent, ces  faveurs  les  désobligent,  balz.  Socr. 
chrét.  Disc.  7.  Hélas!  de  tous  côtés  le  sort  me  dés- 
oblige, DESMAHETS,  Uirame ,  m,  3.  Érophile,  à  qui 
le  manque  de  parole,  les  mauvais  offices,  les  four- 
beries, bien  loin  de  nuire,  ont  mérité  des  grâces  et 
des  bienfaits  de  ceux  mêmes  qu'il  a  ou  manqué.de 
servir  ou  désobligés,  la  bruy.  xi.  ||  Absolument. 
Mais  je  sais  que  l'amour  ne  peut  désobliger,  corn. 
Tile  et  Bérén.  ni,  2.  ||  2°  Causer  le  genre  de  déplai- 
sir qui  résulte  d'actions  ou  de  paroles  qui  ne  sont 
pas  obligeantes.  Vous  me  désobligerez  beaucoup  en 
n'acceptant  pas.  Tout  à  l'heure  en  deux  mots  elle 
m'a  fait  juger  Qu'elle  va  voir  le  roi  pour  le  désobli- 
ger, TRISTAN,  ifartane,  ii,  4.  Il  a  si  peu  d'égards  au 
temps,  aux  personnes,  aux  bienséances,  que  cha- 
cun a  son  fait  sans  qu'il  ait  eu  intention  de  le  lui 
donner;  il  n'est  pas  encore  assis  qu'il  a  déjà,  à  son 
insu,  désobligé  toute  l'assemblée,  la  bruy.  v.  Ma 
foi,  je  ne  sais  plus  ce  que  j'y  pourrais  faire;  Où 
trouver  un  moyen  qui  peut  m'en  dégager?  Quand 
tout  ce  qu'elle  fait  vient  me  désobliger.  L'air  dont 
elle  le  fait  ne  saurait  me  déplaire,  montbeuil,  Épi- 
tre  envoyfe  à  un  rival.  ||  3°  Se  désobliger,  v.  ré(l. 
Se  rendre  l'un  à  l'autre  de  mauvais  services.  Us  se 
sont  désobligés  tant  qu'ils  ont  pu. 

—  HIST.  XV  s.  Or  sommes  nous  desobligées;  car 
nous  vous  eussions  tenues  pour  luyque,àcesle  fois, 
il  auroit  dame  choisie,  et  vous  veez  que  ce  n'est  de 
celles  aucunes,  Pelit  J.  de  Saintré,  p.  99,  dans  la- 
CURNE.  Elle  se  tient  pour  acquittée  et  desobligée  de 
la  promesse  qu'elle  jadis  lui  fit,  louis  xi,  Nouv. 
xxvi.  Il  XVI*  s.  J'aime  tant  à  me  descharger  et  des- 
obliger, que  j'ay  parfois  compté  à  proufit  les  ingra- 
titudes, uot^T.  lY,  >6,  Il  estait  monté  à  cheval  avec 


«es  voisins,  leur  disant  qu'il  falloit  aller  à  la  chasse, 
ou  à  la  foire  des  amis,  et  prendre  le  temps  de  l'af- 
fliction pour  s'obliger  autrui  et  se  désobliger  envers 
le  devoir  d'un  gentil-homme,  d'aub.  Hist.  n,  46). 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  obliger. 
DÉSOBSTRUANT,  ANTE  (dé-zob-stru-an,  an-t'), 

adj.  Terme  de  médecine.  Qui  est  propre  à  dissiper 
les  obstructions.  Nom  donné,  d'après  des  théories 
vieillies,  à  des  médicaments  que  l'on  croyait  capa- 
bles de  désobstruer  les  canaux  du  corps,  et  notam- 
ment les  vaisseaux  capillaires.  ||  S.  m.  Ce  remède 
passe  pour  un  désobstruant. 

DÉSOBSTRDCTIF,  IVE  (dé-zob-stru-ktif,  kti-v'), 
adj.  Même  sens  que  désobstruant. 

—  ÉTYM.  Désobstruer. 

t  DÉSOBSTRDCTION  (dé-zob-stru-ksion) ,  *.  f.  Ac- 
tion de  désobstruer. 

—  ÉTYM.  Désobstruer. 

DÉSOBSTRUÉ,  ÉE(dé-zob-stru-é,  ée),part.passé. 
La  voie  étant  désobstruée. 

DÉSOBSTRUER  (dé-zob-stru-é),  v.  a.  \\  1*  Débar- 
rasser de  ce  qui  obstrue,  bouche,  encombre.  Dés- 
obstruer une  rue,  un  passage,  un  canal.  ||  2° Terme 
de  médecine.  Faire  cesser  une  obstruction  ||  3°  Se 
désobstruer,  v.  r^/Z.  Être  désobstrué.  Des  vaisseaux 
qui  se  désobstruent. 

—  ÉTYM.  Dés  ...  préfixe,  et  obstruer. 
DÊSOCCUPATION   (dé-zo-ku-pa-sion;    en   vers, 

de  six  syllabes),  s.  f.  État  de  celui  qui  n'a  point 
d'occupation.  ||  État  de  celui  dont  l'âme  n'est  pas 
prise  (par  une  passion  quelconque).  Je  me  hâtai  de 
me  servir  de  sa  désoccupation  [du  duc  d'Orléans  après 
le  renvoi  de  Mme  d'Argenton],  ennuyeuse  et  pénible 
dans  ce  subit  changement  de  vie,  pour  l'attacher  à 
Mme  la  duchesse  d'Orléans,  st-sim.  2B6,  (91. 

—  ÉTYM.   Dés....  préfixe,  et  occupation. 
DÉSOCCUPÊ,  ÉE  (dé-zo-ku-pé,  pée),  adj.  Qui  n'a 

rien  à  faire,  qui  ne  s'occupe  à  rien.  Ce  premier  jour 
nous  toucha;  il  [M.  de  Pomponne,  après  sa  disgrâce] 
était  désoccupé,  et  commençait  à  sentir  la  vie  et 
la  véritable  longueur  des  jours,  sév.  388.  Le  prê- 
tre mondain,  seul  au  milieu  du  monde,  est  l'homme 
le  plus  inutile  et  le  plus  désoccupé  qui  soit  sur  la 
terre,  mass.  Confér.  Fuite  du  monde.  Votre  cœur 
désoccupé  de  ses  passions,  id.  Car.  Inconst.  Que 
n'employez-vous  aux  édifices  publics,  pendant  cent 
jours,  les  artistes  désoccupés?  volt.  Dial.  i.  L'arti- 
san est  plus  heureux  que  le  riche  désoccupé,  cha- 
TEAUB.  Génie,  iv,  m,  4.  ||  Par  extension.  On  croit 
qu'une  vie  désoccupée  ne  peut  presque  être  inno- 
cente, MASS.  Av.  Concept.  ||  Substantivement.  Ils  [les 
Romains]  comptent  leur  argent,  courent  au  specta- 
cle ou  chez  leurs  maltresses  ;  c'est  la  vie  des  désoc- 
cupés, VOLT.  Uemmius,  xm. 

—  SYN.  1.  DÉSOCCUPÉ,  INOCCDPÉ.  Dans  la  rigueui 
étymologique,  inoccupé  veut  dire  qui  n'est  pas  oc- 
cupé, et  désoccupé  veut  dire  qui  a  cessé  de  l'être. 
Mais,  dans  l'usage,  cette  petite  difi'érence  disparaît, 
et  ces  deux  mots  sont  le  plus  souvent  identiques. 
Il  2.  DÉSOCCUPÉ,  DÉSŒUVRÉ.  L'homme  désoccupé  n'a 
point  d'occupations;  l'homme  désœuvré  n'a  point 
d'œuvre  qu'il  fasse.  Un  homme  désœuvré  est  donc 
un  paresseux  aimant  à  ne  rien  faire.  Un  homme  dés- 
occupé est  simplement  celui  qui  n'a  pas  d'occupa- 
tion actuelle,  etqui,  quand  il  en  aura,  pourra  mon- 
trer activité  et  zèle. 

t  DÉSOCCCPER  (dé-zo-ku-pé),  v.  a.  ||  1°  Débar- 
rasser, défaire  de  ce  qui  occupait.  Dieu  entraîne 
l'âme  et  la  désoccupé  d'elle-même  en  l'occupant  de 
lui,  FÉN.  t.  xvin,  p.  447.  Il  2°  Se  désoccuper,  v.  réft. 
Il  faut  se  désoccuper  de  tout  autre  soin  que  de.... 
Son  principal  soin  était  de  se  désoccuper.  Vie  de 
dom  Bartiiélemy  des  Martyrs,  liv.  m,  ch.  20,  dans 
RiCHELET.  Ks  s'appliquaient  avec  toute  leur  attention 
à  ce  qu'ils  devaient  à  Dieu,  et  se  désoccupaient  de 
tout  autre  soin,  Port-Iioyal,  Catéchisme  de  jubilé, 
p.  203,  uans  RICHELET.  ||  Cesser  de  s'occuper. 

DÉSOEUVRÉ,  ÉE  (dé-zeu-vré,  \Tée),adj.  Qui  ne 
fait  œuvre  quelconque.  ||  Substantivement.  C'est  un 
désœuvré.  Il  y  a  tant  de  désœuvrés,  tant  de  gens  ac- 
tifs sans  occupation,  maintenon,  Lettre  au  card. 
de  Noailles,  t.  iv,  p.  ((5,  dans  pougens. 

—  REM.  Mot  qui  commence  à  s'introduire,  de  cail- 

LIÈBES,    (690. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  CBUvre. 
DÉSOEUVREMENT  (dé-zeu-Yie-man),  s.  m.  Etat 

d'une  personne  désœuvrée.  Il  passe  sa  vie  dans  la 
désœuvrement.  Alors  il  eut  un  ennemi  terrible  à  com- 
battre :  le  désœuvrement  avec  l'ennui  qu'il  traîne  à 
sa  suite  et  qui  en  est  pour  ainsi  dire  la  punition, 
CONDORCET,  Courtanvaux.  ||  Terme  de  papeterie.  Sé- 
paration des  feuilles  de  papier. 

—  ÉTYM.   Voy.  DÉSŒUVRi. 


1108 


DÈS 


i  DÊSOEUVRICR  (dé-ieu-vré) ,  V.  a.  Terme  de  pa- 
peterie. Séparer  les  feuiUes  de  papier  les  unes  des 
kutres.  Il  Se  désœuvrer,  v.  réft.  Se  séparer,  se  déta- 
cher. ,,  ... 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  œuwe  (de  papeterie). 
■fDÉSOLABLE  (dé-zo-la-W),  ad;.  Oiïi  peut  être 

désolé. 

—  ETYM  Désoler.  Au  xvi*  si6cle,  désolàble  avait 
le  sens  actif  :  qui  désole,  qui  excite  la  désolation. 
Plusieurs  autres  lamentations desolables  feit  le  pau- 
vre chevalier,  J.  d'auton,  Aiin.  de  Louis  Xll,  de  (606 
et  1607,  p.  33,  dans  LACURNE. 

DÉSOLANT, ANTE  (dé-zo-lan,lan-t'),a4;'.  ||  fOui 
désole,  qui  cau.se  une  grande  afiliction.  Une  nou- 
velle désolante.  Si  de  tous  les  hommes  les  uns  mou- 
raient, les  autres  non,  ce  serait  une  désolante  af- 
fliclion  que  de  mourir,  la  brut.  xi.  Perdu  dans  cet 
abîme  de  pensées  désolantes,  il  [l'Empereur]  tombe 
dans  une  si  grande  conlention  d'esprit  qu'aucun  de 
ceux  qui  l'approchent  n'en  peut  tirer  une  parole, 
SÉOUR,  Ilist.  de  Napol.  ix,  3.  ||  »•  Se  dit,  par  exa- 
gération, d'une  simple  contrariété.  Il  se  fait  bien 
attendre;  cela  est  désolant.  Elle  ne  me  quitta  pour- 
tant qu'un  quart  d'heure  pour  une  visite  qui  lui  at- 
tira des  importunités  désolantes  et  des  invitations 
qu'elle  eut  garde  d'accepter,  j.  J.  Rouss.  Confess.  vi. 
Il  Kn  parlant  des  personnes,  insupportable,  en- 
nuyeux ,  fatigant.  Cet  homme  est  désolant  avec  ses 
vers.  Sun  maudit  commis  fut  plus  désolant  que  ja- 
mais, J.  J.  ROUSs.  Conf.  II. 

DÉSOLATEUR  (dé-zo-la-teur),  t.  m.  ||  1° Celui  qui 
déaole,  ravage.  Les  désolateurs  de  provinces,  scar- 
ROK,  Virg.  trav.yi.  De  ce  monde  usurpé  désolateurs 
perfides,  voltaire,  Mx.  ii,  i.  ||  Familièrement,  ce- 
lui qui  tourmente,  désole,  contrarie  extrêmement. 
Aux  amants  heureux  ou  tranquilles  Redoutable  par 
ses  complots,  Désolateur  de  .ses  rivaux.  Fléau  des 
discours  inutiles,  ciuulieu,  ÉpUre  de  M.  d'Hamil- 
ton.  Il  2°  X(ij.  Désolateur,  désolalrico,  qui  désole, 
qui  ravage.  Un  conquérant  désolateur.  Des  hordes 
désolatrices. 

—  REM.  Ce  mot  ne  se  trouve  dans  le  Dictionnaire 
de  l'Académie  qu'à  partirde  l'édition  de  t762. 

—  UIST.  XVI*  s.  Et  do  ce  peuple  estre  seur  tes- 
moing  Titus  Cosar,  désolateur  d'icelle  nostre  triste 
site,  JOSEPiiE,  Prol.  Trad.  de  Descssarts. 

—  f.rv.M.  Désoler. 

D(ÎSOL.\TION  (dé-zo-la-sion ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  !./■.  ||  1°  Action  de  désoler;  résultat  du  celte 
action.  11  mit  en  désolation  le  sanctuaire,  pascal, 
l'rnph.  28.  Lorsque  vous  verrez  une  armée  environ- 
ner Jérusalem,  sachez  que  sa  désolation  est  proche, 
SACi,  Bible,  Év.  S.  Luc,  xxi,  20.  En  regardant  de 
loin  fumer  leurs  villes  et  leurs  maisons  réduites  en 
cendre,  ils  pleuraient  la  mort  de  leurs  proches  et  la 
désolation  de  leur  pays,  flécu.  Ilisl.  de  Théodose, 
l,  32.  Se  peul-il  qu'en  ce  temps  de  désolation.... 
VOLT.  Orphel.  i,  1. 1|  En  style  de  l'Ecriture,  l'abomi- 
nation de  la  désolation.  112°  Par  extension,  extrême 
afn  iction.  La  veuve  qui  passe  sa  vie  dans  les  plaisirs , 
est  morte  toute  vive,  parce  que,  oubliant  le  deuil  éter- 
nel et  le  caractère  de  désolation  qui  fait  le  soutien 
comme  la  gloire  de  son  état,  elle  s'abandonne  aux 
joies  du  monde,  Boss.  Ann.  de  Goni.  De  là  naissent 
les  mélancolies  et  les  tristesses,  de  là  le?  désolations 
et  les  désespoirs,  bourd.  Nativ.  de  J.  C.  t"  Avent, 
p.  2B6.  Toute  la  désolation  qu'inspire  un  amour  vio- 
lent, MASS.  Uyst.  Assompt.  Il  lui  restait  bien  des 
griefs;  et  surtout  les  galanteries  des  dames,  et  les 
désolations  qui  en  devaient  être  la  suite  le  remplis- 
«aientd'inquiétude  et  d'effroi ,  volt.  Babouc.\\  3"  Vive 
contrariété.  Vous  me  voyez  dans  la  désolation,  je 
n'ai  pu  obtenir  ce  que  vous  désiriez. 

—  llIST.  XIV*  s.  Cilz  qui  devant  cstoient  en  deso- 
lacion  Furent  tuit  repleni  de  consolacion,  Girarl  de 
Ross.  V.  2653.  Il  XV*  S.  Si  fut  le  roi  anglois  moult 
courroucé  do  la  désolation  de  ses  gens  [à  cause  du  ra- 
vage de  Southampton  parles  Normands] , froiss.  i, 
I,  07.  Pour  faire  ceste  désolation  [brûler  la  ville  à 
trois  fois],  cohu.  ii,  44.  Leurs  désolations  estoient 
»i  grandes  et  leur  paour,  qu'ilz  ne  sçavoient  ne  que 
dire  ne  que  faire,  id.  v,  *6.  Tendra  à  la  totale  de- 
•truciion  de  nostre  royaume  et  à  la  très  grand  fouUe 
eldesolacionde  nostre  peuple,  t«((re  de  Charles  VIll, 
Bulletin  du  comité  de  la  langue,  t.  m,  p.  687. 
Il  ivi*  s.  La  désolation  et  destruction  d'une  ville, 
AUTOT,  Lucull.  b7. 

—  ÊTYM.  l.At. desolationem ,  dedesolare,  désoler. 
DÉSOLÉ,  ÉE(dé-zo.lé,  lée),  part,  passé.  ||  1°  Où 

M  fait  la  solitude,  ravagé.  Une  ville  désolée  par  la 
peste.  Prép»rez-vous  à  voir  vos  pays  désolés,  corn. 
*ficom.  m,  4.  Du  Danube  asservi  les  rives  désolées, 
RAC.  BaJ.  Il,   4.  Éphralm  lera  désolé  au  jour  que 


DÉS 

j'ai  marqué  pour  son  châtiment,  saci.  Bible,  Osée, 
V,  ».  Vois  du  nord  au  midi  l'univers  désolé,  volt. 
Fanât,  ii,  b.  ||  Un  lieu  désolé,  un  lieu  qui  présente 
l'image  d'une  solitude,  effet  d'un  ravage.  Neptune, 
qui  secoue  l'Iitna  et  dont  le  trident  entr'ouvre  la 
terre  jusqu'au  centre  et  montre  la  rive  désolée  du 
Styx,  DIDEROT,  Salon  de  4767,  Œuvres,  t.  xv, 
p.  77,  dans  pouGENS.  ||  2"  Laissé  seul,  laissé  dans  la 
solitude.  On  s'empresse  à  vous  voir,  on  s'efforce  à 
vous  plsire;  Mon  palais  prés  du  vôtre  est  un  lieu  dé- 
solé, corn,  il  i/^tZ.  m,  4.  Que  le  monde  voit  peu  de  ces 
veuves  dont  parle  saint  Paul,  qui,  vraiment  veuves 
et  désolées,  s'ensevelissent,  pour  ainsi  dire,  elles- 
mêmes  dans  le  tombeau  de  leurs  époux  I  Boss.  Ann. 
de  GoM.  Car  il  n'est  point  d'auteur  si  désolé  Qui 
dans  Paris  n'ait  un  parti  zélé;  Uien  n'est  moins  rare: 
un  sot,  dit  la  satire.  Trouve  toujours  un  plus  sot  qui 
l'admire,  J.  b.  ts.o\is,s.  Épllre ,  liv.  I,  4,  Aux  muses. 
Il  3°  Plongé  dans  l'affliction.  De  grâce  montrez  moins 

à  mes  sens  désolés....  corn.  Poly.  n,  2 Et  de 

tous  les  mortels  ce  secret  révélé  Me  rend  le  plus 
content  ou  le  plus  désolé,  id.  llodog.  i,  2.  Le  prince 
sera  désolé,  et  les  mains  tomberont  au  peuple  de 
douleur  et  d'étonnement,  boss.  Duch.  d'Orl.  Ainsi 
Dieu  conforta  cette  âme  désolée,  corn.  Imit.  I,2B. 
Une  femme  désolée  s'arrache  les  cheveux,  maucroix, 
Homélie  B,  dans  richelet.  Et  redonnant  le  calme 
à  vos  sens  désolés,  rac.  Alex,  iv,  2.  Sa  présence 
a  surpris  mon  âme  désolée,  id.  Baj.  v,  4.  De  quoi 
vienstu  flatter  mon  esprit  désolé  ?id.  l'hèd.  m,  4.  À 
mes  sens  désolés,  ombre  à  jamais  présente,  volt.  Ali. 
m,  4.  Des  vieillards  massacrés,  des  mères  désolées , 
lemerc.  Agam.  m,  2.  ||  4°  Par  exagération,  con- 
trarié, fâché.  Je  suis  désolé  do  vous  avoir  fait  at- 
tendre. 

DÉSOLER  (dé-zo-lé),  v.  a.  ||  1°  Faire  la  solitude, 
ravager.  Désoler  la  campagne,  vauoel.  Q.  C.  liv.  m, 
dans  richelet.  La  mort  a  désolé  sa  pauvre  famille, 
pathu.  Plaidoyer  8,  dans  richelet.  Le  Jourdain 
ne  voit  plus  l'Arabe  vagabond,  Comme  au  temps 
de  vos  rois,  désoler  ses  rivages,  rac.  Alhal.  il,  s. 
Nous  nous  sommes  mis  en  étal  de  désoler  ces  bar- 
bares, FÉN.  Tél.  X.  Dans  les  champs  que  l'hiver  dé- 
sole, Flore  vient  rétablir  sa  cour,j.  u.  rouss.  Can- 
tate, Circé.  Il  2"  Causer  peine  et  tourment  par  ce  qui 
ravage,  appauvrit,  etc.  Celle  taille  [taxe]  désole 
C'-lto  éleclion'et  réduit  les  trois  quarts  de  ses  habi- 
tants au  pain  d'orge  el  d'avoine  et  à  n'avoir  pas  un 
écu  d'habitssur  le  corps,  VAUBAN,  Cime,  p.  4C2.  On 
verra,  sous  le  nom  du  plus  juste  des  princes,  Un 
perfide  étranger  désoler  vos  provinces, rac.  Eslh.  m, 
i.  Il  3°  Causer  une  grande  afiliction.  La  mort  de  son 
ami  le  désole.  Rien  ne  peut  égaler  l'ennui  qui  la 
désole,  TRISTAN,  If.  de  C/irispe,  1,  3.  Et  c'est,  grands 
du  monde  qui  m'écoutez,  ce  qui  devrait  aujourd'hui 
vous  affliger  ou  même  vous  désoler,  bourd.  Nativ. 
de  J.  C.  2*  Avent,  p.  629.  Ces  neveux  affamés,  dont 
l'importun  visage  De  mon  bien  à  mes  yeux  fait  déjà 
le  partage....  Je  me  fais  un  plaisir,  à  ne  vous  rien 
celer,  De  pouvoir,  moi  vivant,  dans  peu  les  désoler, 
BoiL.  Sot.  X.  Quoi  toujours  de  ce  juif  l'image  vous 
désolel  rac.  Eslh.  m,  2.  ||  4°  Par  exagération,  con- 
trarier. Ce  contre-temps  me  désole.  Le  froid  nous 
désole.  Il  prit  les  mœurs  des  Perses  pour  ne  pas  les 
désoler,  montesq.  Espr.  x,  4  4.  ||  Importuner,  incom- 
moder. Les  solliciteurs  le  désolent.  Les  guêpes  dé- 
solent ce  cheval.  ||  B"  Se  désoler,  v.  réfl.  S'aban- 
donner à  une  grande  affliction.  U  se  désole  nuit  et 
jour.  Car  tu  ne  seras  point  de  ces  jaloux  affreux. 
Habiles  à  se  rendre  inquiets,  malheureux.  Qui, 
tandis  qu'une  épouse  à  leurs  yeux  se  désole,  Pen- 
sent toujours  qu'un  autre  en  secret  la  console,  boil. 
Sat.  X.  Il  Être  contrarié.  Je  me  désole  de  ce  qui  vous 
arrive.  |1  Se  causer  réciproquement  de  grandes  afflic- 
tions. Cet  homme  et  cette  femme,  mal  mariés,  se 
désolent  l'un  l'autre. 

—  HIST.  iiv*  s.  Toutes  choses  à  Rome  estoient 
troublées  et  désolées,  BEHcnEURE,f°  67,  recto.  11  gi- 
soit  en  son  lit  tristes  et  désolez,  m.  f*  40,  tirrîo.  Les 
tyrans  qui  par  violence  désolent  et  gastent  les  ci- 
tés, ORESME,  Eth.  444.  Li  uus  occist  un  prestre  à 
son  col  une  cstole;  Li  autres  un  mouslier  par  safo- 
leur  désole,  Guescl.  47547.  Ahi  !  sire,  font-il,  pour 
Dieu  de  trinité,  Faites  laissier  l'assaut:  tout  sommes 
désolé  Par  Gaufrois  le  tra'istre  qu'est  plains  do 
cruauté,  Baud.  de  Seb.  iv,  306.  ||  xv*  s.  Malt  es- 
toient de  la  mort  de  lui  [Jacques  d'Artevelle]  cour- 
roucéset  désolés,  froiss.  i,  i,  249.  Sera  l'isle  de  tous 
poins  désolée.  Qui  depuis  fut  Albions  appellée,  K. 
desch.  Proph.  de  Uerlin.  Et  puis  quant  Mont-Aguil- 
lon  fut  rendu,  le  conte  de  Salsebri  le  fist  abatre  et 
du  tout  désoler,  fenin,  4  423.  Car  souvent  [ils] 
ont  fait  déceler  Plusieurs  nobles,  et  desoller  Leurs 


DÉS 

lieux  et  habitations,  La  bataille  du  Liège.  \\  xvi*  « 
Et  par  autant  qu'ung  royaulme  ainsy  désolé  seroyt 
faciUement  ruyné,  rab.  Garg.  i.  60.  Par  luy  la  foy 
se  fausse,  et  mille  mauxdivers  Par  luy  le  sont  cam- 
pez en  ce  grand  univers,  Qui  de  toute  bonté  les 
terres  désolèrent,  rons.  800. 

—  f.TY.M.  Provenç.  et  espagn.  desolar;  ital.  deto- 
lare ;du  latin  desolare,  de  la  préposition  de,  et  lo- 
lus,  seul  :  rendre  seul,  désert.  La  série  des  sens  est; 
rendre  seul,  ravager;  rendre  seul,  délaisser,  affli- 
ger. Le  sens  d'affliction  ne  peut  venir  du  latin  so- 
lari,  consoler,  avec  le  préfixe  de;  il  n'y  a  rien  dans 
l'historique  qui  autorise  une  telle  admission.  La  sé- 
rie des  sens  suffit  sans  qu'on  introduise  une  doubla 
racine.  Tout  au  plus  peut-on  penser  que  consoler  et 
désoler,  qui  d'ailleurs  sont  du  même  radical,  ont 
réagi  l'un  sur  l'autre,  et  que  désoler  en  a  pris  plus 
facilement  le  sens  d'affliger. 

+  DÉSOLLICITER  (dé-sol-li-si-té) ,  v.  a.  Cesser 
de  solliciter.  M.  de  Montausier  a  sollicité  et  puis  il  a 
désollicité.  Lettre  de  m"*  de  longueville. 

—  UEM.  Ce  verbe  est  un  de  ceux  qui  n'ont  guère 
d'existence  que  par  opposition  avec  leur  simple. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  solliciter. 

t  DÉSOPILANT,  ANTE  (dé-zo-pi-lan,  lan-t'),  adj. 
Qui  fait  rire,  qui  réjouit  beaucoup. 

DÊSOPILATIF,  IVE  (dé-zo-pi-la-tif,  ti-v"),  adj. 
Terme  de  médecine.  Propre  à  désopiler.  Remède 
désopilatif. 

—  ÉTYji.  Désopiler. 

DÉSOPILATION  (  dé-zo-pi-la-sion  ) ,  t.  f.  Terme 
de  médecine.  Guérison  d'une  obstruction. 

—  ÉTYM.  Désopiler. 

DÉSOPILÉ,  ÉE  (dé-zo-pi-lé,  lée),  part,  passé. 
Les  vaisseaux  désopilés. 

DÉSOPILER  (dé-zo-pi-lé) ,  v.  a.  Terme  de  méde- 
cine. Déboucher,  détruire  les  obstructions.  Déso- 
piler la  rate.  ||  Ce  mot  a  vieilli  au  propre.  ||  Fig. 
Désopiler  la  rate,  faire  beaucoup  rire;  locution  qui 
vient  de  ce  que  l'on  croyait  que  la  rate,  obstruée, 
causait  des  vapeurs,  la  mélancolie,  et  que,  dans 
l'ancienne  médecine,  on  regardait  la  rate  comme  le 
siège  de  l'atrabile,  de  l'humeur  noire  et,  par  suite, 
de  la  mélancolie.  ||  Se  désopiler  la  rate,  rire  beau- 
coup. Il  Se  désopiler,  v.  réft.  Se  mettre  en  gaieté. 

—  REM.  Mme  de  Sévigné  a  employé  se  désopiler 
pour  signifier  sortir  de  sa  position  ,  se  dégager  : 
M.  de  Monterey  [un  général  ennemi]  est  un  habile 
homme;  il  fatigue  notre  armée,  et  la  met  hors  d'é- 
tat de  sortir....  il  n'aura  qu'un  pas  à  faire  pour  se 
retirer;  en  attendant,  M.  de  Luxembourg  ne  sau- 
rait se  désopiler,  SÉV.  480.  Ce  sens  est  complètement 
inusité. 

—  HIST.  XVI*  s.  Laquelle  vous  espanouit  le  cer- 
veau, ouvre  l'appétit,  délecte  le  goust,  tempère  le 
sang,  desopile  la  râtelle,  rabel.  dans  le  Dict.  de 

D0CIIEZ. 

—  ÈTlii.  Dés....  préfixe,  et  le  latin  oppiJore, bou- 
cher, de  ob,  et  pilare,  presser  (voy.  pile). 

DÉSORDONNÉ,  ÉE  (dé-zor-do-né,  née),  adj. 
Il  1°  Livré  au  désordre,  mal  réglé.  Une  maison 
désordonnée.  La  justice  de  Dieu  ne  laisse  rien  de 
désordonné,  fléch.  Serm.  li,  246.  Je  ne  finirais  p.is 
si  je  vous  disais  les  projets  désordonnés  dans  les- 
quels elle  veut  me  faire  entrer,  maintenon.  Lettre 
à  Mme  de  Cayliùs,  26déc.  I747.  Restes  des  passions 
par  le  temps  effacées,  Combat  désordonné  de  vieux 
et  de  pensées,  lamart.  Méd.  I,  4  8.  ||2*  Excessif. 
Des  dépenses  désordonnées.  Uu  appétit  désordonné. 
Il  Déréglé,  dissolu.  Mener  une  vie  désordonnée. 
....  Femme  désordonnée.  Sans  mesure  et  sans  règle 
au  vin  abandonnée,  boil.  Sat.  x.  Ces  âmes  désor- 
données que  le  monde  et  les  passions  entraînent, 
MASS.  Car.  Laxare. 

DÉSORDONNÊMENT  (  dé-zor-do-né-man  ) ,  adr. 
D'une  manière  désordonnée,  avec  Ucence  et  désor- 
dre. Vivre  désordonnément.  ||  Excessivement,  sans 
mesure.  Ce  qt'ils  aiment  désordonnément,  Boss. 
}mp.  2.  Ils  recherchent  la  science  désordonnément, 
id.  Cath.  4 . 

—  HIST.  XIV*  s.  MoUece  refuit  desordenéement 
toute  tristece,  obesme,  rWte  de  meunier.  {|  xv  s.  lis 
reculèrent  si  désordonnément  que....  froiss.  i,  i, 
288.  Il  XVI*  s.  Notre  devoir  est  d'admonester  ceux 
que  nous  voyons  vivre  désordonnément,  Calvin, 
4  96.  Il  se  desborda  de  rechef  à  vivre  voluptueuse- 
ment et  désordonéement  comme  devant,  ahyot, 
Anton.  24.  Nations  si  diverses,  si  csloingnèes,  si 
mal  affectionnées,  si  desordonnéement  commandées 
et  injustement  conquises  [par  Rome] ,  mont,  iv,  85, 

—  ÈTYM.  Désordonnée,  et  le  suffixe  ment. 

t  DÊSORDONNER  (dé-zor-do-né) ,  v.  a.  Troubler 
l'ordre.  Atinas  même  fuit,  et  de  ses  vétérans  Un 


J 


DÉS 

tumiiUe  confus  désordonné  les- rangs,  delille, 
Enéide,  xi,  <<6l.  ||  Se  désordonner,  ».  réfl.  Se  dé- 
ranger, se  confondre,  sortir  de  l'ordre.  Mais  h  son 
Dieu  déjà  tous  ses  sens  s'abandonnent;  Ses  cheveux, 
son  regard,  ses  traits  se  désordonnent,  id.  ib.  vi. 

—  HIST.  XI*  s.  [Vous  avez]  règnes  conquis  et 
desordenét  [défait]  reis,  Ch.  de  Roi.  ccxi.viii.  ||xii' 
s.  Pur  ço  voleit  li  reis,  e  il  e  si  barun,  Que  se  nuls 
ordenez  [prêtre]  fust  pris  à  mesprisun,  Cumme  de 
larrecin  u  murdre  u  traïsun,  Dune  fust  desordenez 
[flté  de  la  prêttisej  par  iteleraisun,  E  puis  livré  à 
mort  e  à  desfactîun,  Tti.  le  mart.  26.  ||  xiii'  s.  Mes 
tu  l'as  [ta  cure,  ton  soin]  autre  part  tornée,  Par 
ceste  amor  desordenée,  la  Uose,  «83*.  0  très  glo- 
rieuse naissance.  Qui  humilias  la  puissance  X  qui 
nulle  ne  se  compère.  Qui  feïz  du  sens  Dieu  enfance. 
Oui  desordonnas  ordonnance  Quand  tu  feïz  de  fille 
mère,  i.  de  meung,  Tr.  isa.  ||xiv  s.  Or  es-tu  bien 
desordonné,  Se  tu  ne  congnois  et  entends  Que  ce 
hault  bien  oii  tu  prétends.  En  tant  qui  touche  à  créa- 
ture, Est  le  grant  secret  de  nature,  JVat.  à  l'alch. 
err.  668.  ||  xV  s.  Ne  soyez  pas  plus  desordonnez 
que  les  maindres  bestelettes,  ne  plus  negligens  ou 
moins  enclinez  à  voslre  commune  salvation,  al. 
CHART.  Quadrilogue  invectif.  Par  volonté  desordon- 
née, coMM.  V,  )8.  Il  XVI*  s.  Comme  ils  commen- 
ceoient  à  se  desordonner  [à  aller  en  désordre],  il 
en  vint  aysement  à  bout,  mont,  i,  343.  Toutes  gran- 
des mutations  esbranlent  Testât  et  le  desordonnent, 
ID.  IV,  83.  La  nature  de  la  guerre  est  de  desordon- 
ner toutes  choses,  langue,  6U.  Il  estoit  dissolu  en 
amours  de  folles  femmes,  et  desordonné  en  ban- 
quets. AMYOT,  Aie.  27.  U  disoit  qu'il  ne  l'avoit  pas 
fait  pai  mal  ny  par  desordonné  appétit  de  prendre 
son  plaisir,  id.  rb.  44.  Homme  téméraire,  dissolu  et 
desordonné  en  sa  vie,  id.  Marcel,  i.  X  la  veue  et 
approche  des  asnesses,  ils  [les  baudets";  font  mille 
algarades,   desordonnans  tout  un  marché,  o.  de 

SElIliES,   3)1. 

—  lî.TYM.  Dés....  préfixe,  et  ordonner. 

DÉSORDRE  (dé-zor-dr') ,  s.  m.  ||  1°  Manque  d'or- 
dre, dérangement,  confusion.  Ses  vêtements  étaient 
en  désordre.  Les  désordres  réels  ou  apparents  qui 
rJ'gnent  dans  l'ordre  moral  et  ils;is l'ordre  physique, 
DiDER.  Opin.  des  anc.  philos.  Belbuch.  On  se  fait 
une  idée  précise  de  l'ordre,  mais  non  pas  du  dés- 
ordre, BERN.  DE  ST-p.,  Paul  et  Yirg.  Qu'il  est 
doux....  De  la  voir  devant  vous  accourir  au  pas- 
sage. Ses  cheveux  en  désordre  épars  sur  son  visage  ! 
A.  CHÉN.  Élég.  xviii.  Il  II  se  dit  aussi  des  affaires,  de 
l'administration.  Le  désordre  de  ses  affaires.  11  rè- 
gne un  grand  désordre  dans  l'administration.  Colbert 
trouva  l'administration  des  financesdanstout  le  dés- 
ordre où  les  guerres  civiles  et  trente  ans  de  rapine 
'.''.v.ient  plongée,  volt.  Dial.  4.  ||  Il  se  dit  encore  des 
corps,  des  bandes,  des  troupes  où  la  confusion  se 
met.  La  cour  est  en  désordre  et  le  peuple  en  alar- 
mes, CORN.  Cid,  iii,  6.  Le  désordre  se  met  parmi 
eu.x,  Boss.  Ilist.  Il,  7.  Et  le  camp  de  Taxile  Garde 
lîsns  ce  désordre  une  assiette  tranquille,  bac.  Alex. 
III,  t.  Et  si,  dans  les  horreurs  de  ce  dé.çordre  ex- 
trême, Votre  père  frappé  tombe  et  périt  lui-même, 
iii.  Jph.  V,  2.  Mentor  ayant  achevé  de  mettre  les 

I        eiji.'emis  en  désordre,  fén.  Tél.  i.  ||  2°  Avec  une 
[        Cj-iihète,  désordre  peut  se  prendre  en  un  sens  favo- 
rable. Un  aimable  désordre  embellira  la  fête,  col- 
'.:':;  d'hahlev.  Chdt.  en  Esp.  iv,  3.  ||Dans  la  poésie 
lyrique,  désordre  signifie  les  écarts  et  les  digres- 
r,l-'".%  que  la  passion  du  poète  rend  excusables  et 
::irime  louables,  à  la  condition  qu'il  n'en  résultera 
aucune  obscurité.   Son  style  impétueux  [de  l'ode] 
souvent  marche  au  hasard  ;  Chez  elle  un  beau  dés- 
É        ordre  est  un  effet  de  l'art,  bgil.  Art  p.  u.  \\  3°  Pil- 
[        lage,  dégât.  Les  troupes  ont  passé  sans  faire  aucun 
désordre.  ||  4°  Trouble  de  l'âme.  L'ébranlement  sied 
I        bien  aux  plus  fermes  courages;  Et  l'esprit  le  plus 
j        mâle  et  le  moins  abattu  Ne  saurait  sans  désordre  exer- 
cer la  vertu,  CORN.  Uor.  I,  4.  Il  me  fit  ensuite  cent 
mauvaises  railleries,  et  me  mit  dans  un  tel  désordre 
que  Verville  en  eut  pitié,  scarron.  Roman  corn,  i, 
i3.  Elle  s'efforça  de  parler  pour  cacher  son  désordre, 
!        LE  comte  de  bussy,  dans  richelet.  Combien  de  fois, 
hélas  1  puisqu'il  faut  vous  le  dire.  Mon  cœur  de  son 
désordre  allait-il  vous  instruire!  bac.  Brit.ui,  7. 
il  peut  dans  ce  désordre  extrême  Épouser  ce  qu'il 
bai!  et  perdre  ce  qu'il  aime,  id.  Andr.  i,  -l.  Et  ma 
bouche  et  mes  yeui  du  mensonge  ennemis,  Peut- 
êtte  dans  le  temps  que  je  voudrais  lui  plaire.  Fe- 
raient par  leur  désordre  un  effet  tout  contraire,  id. 
Baj.  Il,  B.  J'ai  cru  dans  son  désordre  entrevoir  sa 

t«ndresse,  id.  ib.  m,  6 Quand  je  m'examine. 

Je  crois  de  ce  désordre  entrevoir  l'origine;  Phénice, 
ii  aura  su  tout  ce  qui  s'est  passé;  L'amour  d'Antio- 


DÉS 

chus  l'a  peut-être  offensé,  id.  Bérén.  ii,  5.  Je  veux 
voir  son  désordre  et  jouir  de  .sa  honte,  m.  ib.  iv, 
6.  J'ai  couru;  le  désordre  était  dans  ses  discours, 
ID.  Ëslh,  II,  i.  De  vos  sens  étonnés  quel  désordre 
s'empare!  ID.  Alhal.  m,  5.  ||  5°  Désordre  d'esprit, 
désordre  d'imagination,  état  d'un  esprit,  d'une  ima- 
gination mal  réglée.  C'est  le  désordre  de  l'imagina- 
tion qui  invente  ces  systèmes,  c'est  la  nouveauté 
qui  les  accrédite,  c'est  l'intérêt  qui  les  perpétue, 
DIDER.  Opin.  des  anc.  phil.  l'ylhagorisme.  ||  6°  Dis- 
sensions intestines,  tumulte  séditieux.  De  graves 
désordres  éclatèrent  dans  celte  province.  Suis-je 
venu  porter  le  désordre  dans  l'armée  des  alliés?  fén. 
Te'l.  XVI.  Une  époque  où  l'on  e.st  réduit  même,  dans 
les  occasions  difficiles,  à  céder  par  sagesse,  à  con- 
duire le  désordre  pour  le  retenir,  Mirabeau,  Col- 
lection,  liv.  ii,  p.  289.  ||  Fig.  La  raison  outragée 
enfin  ouvrit  les  yeux,  La  chassa  [la  pointe]  pour 
jamais  des  discours  sérieux....  Ainsi  de  toutes  parts 
les  désordres  cessèrent,  eoil.  ^r(  p.  ii.  ||  7°  Dérè- 
glement de  mœurs.  Vivre  dans  le  désordre.  Plus  cet 
effort  nous  trompe  et  force  à  remarquer  Les  désor- 
dres secrets  qui  souillent  notre  vie,  corn.  Irait,  i, 
8.  Un  prêtre  qui  serait  tombé  dans  un  tel  désordre, 
PAsc.  ProD.  6.  Combien  de  fois  as-tu  protesté  aux 
complices  de  tes  désordres,  que  tu  ne  leur  serais 
jamais  infidèle  ?  boss.  Pensées  chrét.  ix.  Pour  corri- 
ger les  abus,  pour  arracher  les  désordres,  fléch. 
Serm.  ii,  3io.  Il  était  bon  dans  le  fond;  mais  il  avait 
vécu  dans  de  si  grands  désordres  que  je  puis  dire 
qu'il  ne  m'a  donné,  en  toute  sa  vie,  d'autre  joie  que 
celle  d'être  mort  saintement,  maintenon.  Lettre  au 
card.  de  Noailles,  9  juin  (703.  U  faut  fermer  les 
yeux  à  des  désordres  que  vous  autorisez  par  vos 
mœurs,  mass.  Pet.  car.  Yices  cl  vertus.  ||  8°  Pertur- 
bation dans  les  fonctions  du  corps.  L'intempérance 
produit  des  désordres  dans  l'économie.  La  raison, 
alors  dans  sa  force,  devrait  produire,  mais  elle  est 
refroidie  et  ralentie  par  les  années,  parla  maladie, 
par  la  douleur,  déconcertée  ensuite  par  le  désordre 
de  la  machine  qui  est  vers  son  déclin,  la  bruy.  xi. 
Il  Altération  des  tissus.  Le  poumon  avait  subi  de  trop 
graves  désordres  pour  que  la  vie  put  se  prolonger. 

—  REM.  Corneille  dans  le  Cid  a  dit:  rétablir  le 
désordre,  pour  apaiser  le  désordre.  L'Académie  a 
condamné,  ajuste  litre,  cette  locution. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  souvenance  de  toutes  ces  tur- 
pitudes et  desordres  nous  doit  donner  une  grande 
compunction  en  nos  cœurs,  lamoue,  b8. 

—  ÉTYM.  Dés...  préfixe,  et  ordre;  provenç. 
dcsorrfe;  espagn.  desorden;  portug:.  desordem;  ital. 
disordine.  Le  vieux  français  avait  desordonement 
et  dfsordonance. 

t  DÉSORGANISATECR,  TRICE  (dé-zor-ga-ni-za- 
teur,  tri-s'),  adj.  Terme  de  médecine.  Qui  désorga- 
nise. Un  travail  d'inflammation  désorganisateur  des 
tissus.  Il  Fig.  Qui  attaque  la  morale,  la  société.  Prin- 
cipes désorganisateurs.  Passions  désorganisatrices. 

—  ÉTYM.  Désorganiser. 
DÉSORGANISATION   (dé-zor-ga-ni-za-sion),   s.  f. 

Il  1°  Terme  de  médecine.  Altération  profonde  dans 
la  texture  d'un  organe  ou  d'une  portion  d'organe, 
qui,  lui  faisant  perdre  ses  caractères,  l'empêche  de 
remplir  son  office.  La  désorganisation  du  foie. 
Il  2°  Fig.  La  désorganisation  d'une  administration.' 
Quant  à  la  faiblesse  et  à  la  désorganisation  de  l'ar- 
mée ennemie,  personne  n'y  croyait,  ségur,  Hist. 
de  Napol.  vi,  b. 

—  ÉTYM.  Désorganiser. 

DÉSORGANISÉ,  ÉE  (dé-zor-ga-ni-zé,  zée),  part, 
passé.  Un  poumon  désorganisé.  ||  Fig.  Un  service 
désorganisé. 

DÉSORGANISER  (dé-zor-ga-ni-zé) ,  «.  a.  1 1 1»  Terme 
de  médecine.  Détruire  l'organisation  d'une  partie, 
d'un  tissu.  Le  cancer  désorganise  les  tissus  qu'il 
envahit.  |{  2°  Fig.  Désorganiser  un  service  pubUc, 
un  corps.  ||  3°  Se  désorganiser,  v.  réfl.  Perdre  son 
organisation.  Le  foie  se  désorganise  rapidement  sous 
l'influence  des  pays  chauds.  ||  Fig.  X  l'approche  des 
barbares  l'empire  romain  se  désorganisait. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  organiser. 

DÉSORIENTÉ,  ÉE  (dé-zo-ri-an-té,  tée),  part,  pas- 
sé. Placé  hors  de  l'orientation.  Un  cadran  désorienté. 
Il  Fig.  Voyant  une  personne  qui  n'a  pas  sa  gaieté  ordi- 
naire, on  dira  qu'elle  est  toute  désorientée, le  terme 
est  fort  bon,  marg.  buffet,  Observ.  p.  40,  <668. 

DÉSORIENTER  (dé-zo-ri-an-té),  t!.  a.  ||  1°  Faire 
perdre  sa  situation  à  quelque  chose  qui  devait  re- 
garder l'orient.  Ce  cadran  ne  marque  pas  juste, 
parce  que  la  pierre  sur  laquelle  il  est  tracé  a  été 
désorientée.  ||  2°  Faire  perdre  la  connaissance  du 
côté  où  le  soleil  se  lève.  ||  Par  extension,  faire  per- 
d.-e  la  direction  S  suivre.  La  brume  acheva  de  nous 


DIÎS 


1109 


désorienter.  Il  3*  Fig.  Déconcerter,  embarrasser.  Je 
vois  qu'il  a  été  un  peu  désorienté  par  deux  causes 
malheureuses  qu'il  a  perdues  coup  sur  coup,  volt. 
Lell.  d'Argental,  a  oct.  <760.  Une  certaine  coquet- 
terie désoriente  les  soupirants,  j.j.  rouss.  Ilél.vi,  r.. 
Il  4°  Se  désorienter,  v.  réfl.  Perdre  la  direction.  En 
revenant  plusieurs  fois  sur  ses  pas  dans  la  forêt,  il 
se  désorienta. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  orienter. 
DÉSORMAIS  (dé-zor-mê),  adv.  de  temps.  ||  !•  X 

partir  de  ce  moment-ci.  Que  reste-t-il  désormais  à 
faire?  On  portera  le  joug  désormais  sans  se  plaindre, 
COBN.  Cinna,  v.  3.  Je  ne  vais  désormais  penser  qu'à 
vous  venger,  rac.  Mithr.  m,  3.  Et  désormais  certain 
du  malheur  de  ses  armes,  U  n'a  plus  aspiré  qu'à 
s'ouvrir  des  chemins  Pour  éviter  l'affront  de  tomber 
en  leurs  mains,  id.  ib.  v,  <.  De  ses  jeunes  erreurs 
désormais  revenu.  Par  un  indigne  obstacle  il  n'est 
point  retenu,  id.  Phèd.  i,  1. 1|  2°  Désormais  que,  loc. 
conj.  Désormais  que  ma  muse,  aussi  bien  que  mes 
jours,  Touche  de  son  déclin  l'inévitable  cours.  Et 
que  de  ma  raison  le  flambeau  va  s'éteindre,  Irai-je 
en  consumer  les  restes  à  me  plaindre  ?  la  font.  Poé- 
sies mêlées,  lxix. 

—  REM.  On  a  dit  que  désormais  ne  s'employait 
qu'avec  un  verbe  au  futur  ;  mais  les  exemples  ci-des- 
sus montrent  qu'il  n'en  est  pas  ainsi. 

—  HIST.  XII*  s.  Pour  ce,  dame,  vous  loue  [je  vous 
conseille]  à  escuser;  Que  cil  ne  soit  ateins  de  l'he- 
resie  [suspects  d'être  hérétique  en  amour] ,  Qui  désor- 
mais ne  vous  verront  [voudront]  aimer,  quesnes. 
Romancero,  p.  409.  ||  xiii*  s.  Des  ore  mais  reven- 
rons  au  roi  Phelippe  qui  estoit  entrés  eu  mer,  Chron. 
de  Rains,  p.  48.  Soffrés  que  Bel-Acueil  li  face  Dès 
ores  mes  aucune  grâce,  la  Rose,  3722.  Si  commen- 
cerons des  ore  mais  nostre  livre  en  la  manière  que 
ensuit ,  BEAUM.  I  B.  Veschi  [voici]  le  [la]  rente  de  ceste 
anée....  et  desoremais  je  ne  le  [la]  voil  plus  tenir, 
ains  voz  laisse  des  ores  mes  en  avant,  id.  xxiv,  IO. 
Il  XV*  s.  User  ma  vie  me  fauldra  En  languissant  des- 
oresmais,  en.  d'orl.  Lett.  en  complainte  à  Fredel. 
Il  XVI*  s.  C'est  désormais  assez  discouru  sur  ce  point, 

AMYOT,  Xns(.  et  Caton,  9 Qu'ilz  les  affranchis- 

soient  de  toutes  tailles,  pour  désormais  vivre  à  leurs 
loix  anciennes  en  pleine  liberté,  id.  Flamin.  lo. 

—  ÉTYM.  Dès,  or  ou  ore,  heure  (voy.  or),  et 
mais,  davantage  :  mot  à  mot,  dès  l'heure  en  avant. 

fDÊSORNAGE  (dé-sor-na-j") ,  s.  m.  Terme  de  mé- 
tallurgie. Triage  des  scories. 

—  ÉTYM.  Désorner  2. 

+  ).  DÉSORNER  (dé-zor-né),  v.  a.  Enlever  les 
ornements. 

—  ÉTYM.  Dés...  préfixe,  et  orner. 

■\  2.  DÉSOUNER  (dé-sor-né),  v.  a.  Séparer  des 
sornes.  {|  Désorner  la  fonte,  la  séparer  des  scories 
qui  sont  adhérentes  aux  parois  de  la  forge. 

—  ÉTYM.    Dé....  préfixe,  et  sorne. 

DÉSOSSÉ,  ÉE  (dé-zfl-sé,  sée),  part,  passe.  Dinde 
désossée.  ||  Il  se  dit  aussi  de  certains  poissons  dont 
on  a  été  les  arêtes.  ||  Substantivement.  Il  se  plie  et 
se  lord  comme  un  désossé. 

DÉS0SSEMENT(dé-z6-se-man),  s.  m.  Action  de 
désosser.  Désossement  d'un  lièvre. 

—  ÉTYM.  Désosser. 

DÉSOSSER  (dé-zô-sé),  t;.  a.  ||  l*  Terme  de  cui- 
sine. Ôter  les  os  d'un  poulet  ,  d'un  lièvre,  etc.  soit 
pour  en  mettre  la  chair  en  pâté,  soit  pour  rempla- 
cer les  os  et  emplir  la  bête  d'un  hachis,  etc.  comme 
dans  une  galantine.  ||  Terme  de  pêche.  Désosser  une 
morue,  lui  ôter  la  grosse  arête.  ||  Il  se  dit  aussi 
d'autres  poissons  dont  on  6te  les  arêtes.  ||  2°  Fig. 
Décomposer,  disséquer,  examiner.  Il  n'y  a  qu'à 
désosser  cette  composition  [représentation  des  états 
généraux  par  le  parlement],  et  l'on  trouvera  qu'elle 
ne  sera  pas  plus  heureuse  à  imposer  que  l'équivo- 
que du  nom  de  parlement,  st-sim.  375,  65.  ||  Péné- 
trer dans  l'intérieur  d'une  personne.  U  faudra  les 
déchirer,  les  désosser,  fouiller  dans  leurs  entrail- 
les palpitantes,  J.J.  ROuss.  Prom.  7.  ||  3°  Se  dés- 
osser, V.  réfl.  Être  désossé.  Cette  volaille  se  désosse 
facilement.  ||  Fig.  Prendre  en  des  tours  de  force 
toute  sorte  d'attitudes.  Ce  clown  se  désosse. 

—  REM.  St-Simon  l'a  employé  dans  le  sens  de  dé- 
membrer, disjoindre,  d'une  façon  qui  ne  parait  pas 
correcte.  Ce  groupe  de  tant  de  choses  [petits  em- 
plois] accumulées  et  qui  éblouissaient  les  sots  lui 
parut  [à  Vaudemont]  trop  aisé  à  désosser  pour  se 
pouvoir  flatter  d'en  faire  réussir  quelque  chose  de 
solide  st-sim.  <78,  (23.  Désosser  un  groupa  n'est 
pas  une  métaphore  où  les  idées  se  suivent. 

—  HIST.  ïvi*  s.  Désossez  ceste  venayson,  palso», 


p.  7*7. 
—  ÉTYM.  Dés.. 


préfixe,  et  os. 


■ 


1110 


DES 


fDËSODCI  (dé-sou-si),  f.  m.  Cessation  du  souci. 
Sùnetjue  irailanl  du  courage  que  donne  la  vertu,  et 
41  désouci  de  l'avenir,  wdeuot,  dans  laveaux. 

—  f.TYM.  /)^....  préfixe,  etjouc;. 
DESOURDI,  lE  (dé-zour-di,  die), port,  patte.  Une 

toile  désourdie. 

DÉSOURDIR  (dé-zour-dir),  t>.  o.  Défaire  ce  qui 
était  ourdi.  Pénélope  désourdissait  la  nuit  la  toile 
qu'elle  avait  faite  le  jour. 

lllST.  XVI*  s.  Desordir,  monet,  Diet. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  ourdir. 

+  DÉSOXYDANT,ANTE  (dé-zo-ksi-dan ,  dan-t'), 
adj.  Oui  désoxyde.  Une  action  désoxydante. 

DÉSOXYDATION(dé-zo-ksi-da-sion),i-. /'.Terme  de 
chimie.  Action  d'enlever  l'oxygène  d'un  métal  oxydé. 

—  ETYM.  Désoxyder. 

DÉSOXVDÊ,  ÉE  (dé-zo-ksi-dé,  à&e),  part,  passé. 

DÊ.SOXYDER  (dé-zo-ksi-dé),  ».  a.  Terme  de  chi- 
mie. Réduire  un  oxyde,  lui  enlever  tout  ou  partie  de 
son  oxygène.  La  clialeur  désoxyde  un  très-grand 
nombre  d'oxydes.  ||  Se  désoxyder,  v.  réft.  Perdre  son 
oxygène,  en  parlant  d'un  oxyde. 

—  ETYM.  D(fs....  préfixe,  et  oxyde. 

DÊSOX  YGÊNATION  (dé-zo-ksi-jé-na-sion),  s.  f.  Ac- 
tion de  désoxygéner.  État  de  ce  qui  est  désoxygéné. 

—  ÊTYM.  Désoxygéner. 

DÉSOXYGÊNEK  (dé-zo-ksi-j6-né.  La  syllabe  gé 
prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est 
muette  :  je  désoxygène,  excepté  (exception  inconsé- 
quente) au  futur  et  au  conditionnel  :  je  désoxygé- 
nerai,  je  désoxygénerais),  «.  o.  Soustraire,  en  to- 
talité ou  en  partie,  l'oxygène  qui  entre  dans  la 
composition  d'une  substance.  ||  Se  désoxygéner,  v. 
réfl.  Perdre  son  oxygène. 

—  REM.  Ce  terme  n'est  pas  synonyme  de  désoxy- 
der :  on  désoxyde  les  oxydes  et  les  .sels  formés  d'oxy- 
des :  on  désoxyde  l'hyperchlorate  de  potasse  pour 
avoir  l'oxygène  qui  y  est  contenu,  au  moyen  d'une 
cornue  de  verre  sur  un  feu  assez  doux;  mais  on 
désoxygène  les  corps  qui  ne  sont  pas  des  oxydes,  des 
sels,  ou  dans  lesquels  l'oxygène  est  en  simple  mé- 
lange et  non  en  combinaisun  chimique.  Ainsi  le 
sang  arrive  désoxygéné,  et  non  désoxyde,  au  pou- 
mon. L'eau, qui  n'est  bonne  à  boire  qu'autant  qu'elle 
a  absorbé  une  certaine  quantité  de  l'oxygène  de 
l'air,  se  désoxygène  par  la  distillation. 

—  ETYM.  Dés....  préfixe,  et  oxygène. 
tDESl*ECTUEUX,EUSE(dè-spèktu-eû,eû-z'),adj. 

Qui  a  peu  da  respect.  11  est  contraire  à  toute  espèce 
de  convenance  de  laisser  prononcer  des  paroles  aussi 
déspectucuses  et  violatrices  de  la  décision  de  l'assem- 
blée, MIBABEAU,  Collection,  t.  v,p.  4(6.  Il  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  Lat.  despectus,  manque  de  respect,  qui 
a  donné  dépit  (voy.  ce  mot). 

t  DESPONSATION  (dè-spon-sa-sion),  t.  f.  Mot  an- 
ciennement employé  pour  exprimer  les  fiançailles 
de  la  sainte  Vierge. 

—  ETYM. Lat.  desponsatio ,  âe  despondere,  promet- 
tre,fiancer, dede,  et  spondere,  sponsus  (voy.  époux). 

■fOESPOTAT  (dè-spo-ta),  s.  m.  Dignité  de  des- 
pote, sorte  de  prince;  territoire  soumis  à  l'autorité 
d'un  despote. 

—  ETYM.  Despote  2. 

4.  DESPOTE  (dè-spo-f), s. m.  ||l°Princequi gou- 
verne avec  une  autorité  arbitraire  et  absolue.  Les 
despotes  de  l'Asie.  Comment  l'honneur  serait-il  souf- 
fert chez  le  despote?  il  fait  gloire  de  mépriser  la  vie, 
et  le  despolo  n'a  de  force  que  parce  qu'il  peut  l'ô- 
ter,  MO.NTESO.  iLspr.  m,  8.  Ces  despotes  altiers  par- 
tagent l'univers,  VOLT.  Tancr.  i,  (.  Le  hardi  Japo- 
nais n'attend  pas  qu'au  cercueil  Un  despote  insolent 
le  plonge  d'un  coup  d'oeil,  id.  Orphel.  v,  5.  Trop 
souvent  le  danger  rallie  i.  la  domination  absolue,  et 
dans  le  sein  de  l'anarchie  un  despote  même  parait 
un  sauveur,  Mirabeau,  Collection,  t.  i,  p.  36o.  Et 
nous  n'aurons  rien  fait  en  entrant  au  tombeau  Qu'a- 
vancer le  pouvoir  d'un  despote  nouveau,  leoouvé, 
Épichar.  et  Néron,  i,  ».  ||  Par  extension,  prince  qui 
abuse  ou  que  l'on  suppose  abu.ser  d'une  autorité  qui 
en  soi  n'est  pas  absolue.  Ouelques-uns  traitent 
Louis  XIV  de  despote.  ||ï°Kig.  Personne  qui  s'arroge 
une  autorité  tyrannique.  Cet  homme,  cette  femme 
est  un  despote  dans  sa  famille,  jj  Par  extension,  ce- 
lui, celle  qui  abuse  de  son  autorité  en  un  moment 
donné  pour  faire  faire  à  un  autre  ce  qui  ne  lui  con- 
vient pas.  Quel  diable  de  petit  despote  mou  oncle 
s'est  donné  là  [aa  femme]  I  BAYAaD  et  potron,  Laure 
tt  Delphine,  u,  44. 

T  "u*^'  ^"'  *■  ^"  ^reo  despotes,  c'est  seigneur 
de  la  chose  de  laquelle  il  puet  dire  :  ce  est  mien 
ORESUK,  Thite  dt  heunier. 

—  ETYM.  AioTioTTi;,  mallro,  qu'on  rattache  aune 
origine  sanscrite  :  data,  contrée,  et  patxs,  maître. 


DES 

a.  DESPOTE  (dè-spo-f),  s.  m.  Ancien  titre  de  plu- 
sieurs princes  grecs,  tels  que  ceux  de  Servie,  de  Va- 
lachie.  On  entendait  autrefois  par  un  despote  un 
petit  prince  d'Europe  vassal  du  Turc  et  vassal  amo- 
vible, une  espèce  d'e.sclave  couronné  gouverneur 
d'autresesclaves,voi.T.  Dial.  xxiv,  ).  ||  Titre  honori- 
fique que  les  empereurs  grecs  se  réservèrent  dans 
l'origine  et  qu'ils  accordèrent  ensuite  à  leur  famille. 

—  HlST.  xvi*  s.  Une  ville  qui  est  au  dispos  de  Re- 
manie clamée  Tarrassine,  Hist.  de  Loys  III  duc  de 
Bourbon,  p.  32) ,  dans  lacuhne.  La  renommée  qui 
s'estendoit  parvint  aux  oreilles  du  Grand  Seigneur, 
nommé  Soliman ,  auquel  il  fut  présenté  par  le  des- 
pote de  Servie,  yver,  p.  540. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  despotes,  despotus,  de  &iaiz6- 
TT);,  maître  (voy.  despote  1). 

DESPOTIQUE  (dè-spo-ti-k'),  adj.  Oui  est  d'un 
despote.  Gouvernement  despotique.  Dans  les  États 
despotiques  où  il  n'y  a  point  de  lois  fondamentales, 
il  n'y  a  pas  non  plus  de  dépôt  de  lois,  montesq. 
Espr.  Il,  4.  Il  résulte  de  la  nature  du  pouvoir  des- 
potique, que  l'homme  seul  qui  l'exerce,  le  fasse  de 
même  exercer  par  un  seul,  iD.  ib.  ii,  4.  Ce  n'est  point 
l'honneur  qui  est  le  principe  des  Etats  despotiques  : 
les  hommes  y  étant  tous  égaux,  on  n'y  peut  se  pré- 
férer aux  autres;  les  hommes  y  étant  esclaves,  on  n'y 
peut  se  préférer  à  rien,  id.  ib.  m,  8.  Tu  vois  de  ces 
tyrans  la  fureur  despotique,  volt.  Ali.  iv,  3.  11  y 
a  longtemps  que  dans  les  pays  despotiques  sauve 
qui  peut  est  la  devise  des  sujets,  id.  Lelt.  l'omaret, 
4  4  oct.  4  774.  Il  Kig.  Vous  n'avez  pas  sur  moi  un  pou- 
voir despotique,  sÉv.  353.  Vous  avez  sur  ses  vers  un 
pouvoir  despotique,  boil.  Art  p.  i.  Un  bourgeois, 
un  paysan  sont  tout  aussi  despotiques  dans  leurs 
opinions  que  des  sultans,  bern.  de  st-p.  Harmon. 
liv.  vu,  Harm.  (rat.  \\  Substantivement,  le  despoti- 
que, l'état  despotique.  11  n'y  a  point  de  patrie  dans 
le  despotique;  d'autres  choses  y  suppléent,  l'inté- 
rêt, la  gloire,  le  service  du  prince,  la  bruy.  ï. 

—  HIST.  XIV'  s.  Un  fait  despotique,  ohesme,  Thèse 

de  MEUNIER. 

—  ÉTYM.  Despote. 

DESPOTIQUEMENT  (dè-spo-ti-ke-man  ) ,  adv. 
D'une  manière  despotique.  Gouverner  despotique- 
ment.  Toutes  ces  passions  qui  gouvernent  si  despo- 
tiquement  les  autres  hommes  étaient  de  trop  faibles 
mobiles  pour  un  génie  aussi  ferme  et  aussi  vaste, 
SÉOUR,  Ilist.  de  Napol.  i,  4. 

—  HIST.  xiv*  s.  Estre  subject  despotiquement, 
c'est  à  dire  servilement,  ohesub.  Thèse  de  meu- 
nier. 

—  ÉTYM.  Despotique,  et  le  suffixe  ment. 

t  DESPOTISER  ^dè-spo  ti-zé) ,  v.  a.  Soumettre  à 
un  régime  despotique.  Tout  ceci  finira  par  un  arrêl 
du  conseil;  nous  serons  chambrés  et  despotisés  par 
le  fait,  d'autant  plus  infailliblement  que  tous  les 
aristocrates  tendent  à  l'opinion  par  ordre,  miraoeau, 
Collection,  t.  i,  p.  205.  ||  Absolument.  11  faut  quel- 
quefois despotiser,  c'est-à-dire  passer  sur  les  lois 
ou  les  règlements 

—  ÊTYM.  Despote. 

DESPOTISME  (dè-spo-ti-sm') ,  s.  m.  \\  1"  Pouvoir 
d'un  desjioie,  pouvoir  absolu  et  arbitraire.  La  Mé- 
sopotamie et  la  Perse  où  l'influence  d'un  éternel 
despotisme  et  des  révolutions  toujours  sanglantes 
n'ont  pu  anéantir  encore  ni  la  fertilité  naturelle 
du  sol  ni  même  l'industrie,  condorcet,  Ifourepas. 
Que  la  dette  contractée  par  le  despotisme  ne  puisse 
plus  être  distinguée  de  celle  qui  a  été  contractée 
depuis  la  révolution,  et  je  défie  monseigneur  le  des- 
potisme, s'il  ressuscite,  de  reconnaître  son  ancienne 
dette,  lorsqu'elle  sera  confondue  avec  la  nouvelle, 
CAMuoN,  Rapport,  4  4  août  4793,  p.  73.  Il  Pouvoir 
exercé  à  la  manière  d'un  despote,  pouvoir  oppressif. 
Le  despotisme  d'une  assemblée.  Le  despotisme  ty- 
rannique des  souverains  est  un  attentat  sur  les  droits 
de  la  fraternité  humaine,  fén.  Direction  pour  la 
conscience  d'un  rot,  p.  88,  dans  richelet.  ||  2"  Par 
extension,  toute  autorité  tyrannique.  Cet  homme 
a  établi  le  plus  grand  despotisme  dans  sa  maison. 
11  savait  obliger  sans  faste  et  sans  jamais  faire 
éprouver,  soit  avant,  soit  après  ses  services,  ce 
despotisme  des  bienfaiteurs  qui  fait  plus  d'ingrats 
encore  que  la  perversité  ou  l'orgueil  de  ceux  qu'on 
oblige,  CONDORCET,  UauTepat.  fout  citoyen  qui, 
môme  en  ne  voulant  que  le  bien,  craint  d'exercer 
quelque  genre  de  despotisme  que  ce  soit,  fût-ce  ce- 
lui de  la  bienfaisance....  MIRABEAU,  Collection,  1. 1, 
p.  48.  Il  Par  une  autre  extension,  mais  toujours  avec 
le  même  sens,  tout  acte  qui  contrarie  vivement  un 
esprit  passionné.  Ici  j'ose  en  parlant  crier  que  c'est 
infâme;  Que  c'est  une  injustice,  un  despotisme  af- 
freux; ChutI  on  vient,  taisons-nous,  c   dïlavwne, 


DES 

Prineetse  Aurélie ,  v,  7.  ||  Fig.  Quand  s«n  système 
[de  Ptolémée]  eut  fait  place  à  celui  de  la  nature, 
on  se  vengea  sur  son  auteur  du  despotisme  avec  le- 
quel il  avait  régné  trop  longtemps  ;  on  accusa  Pto- 
lémée de  s'être  approprié  les  découvertes  de  ses  pré- 
décesseurs, laplace.  Expos.  V,  2. 

—  ÉTYM.  DespoU. 

t  DESPUMATION  (dè-spu-ma-sion),  ».  f.  Opéra- 
tion par  laquelle  on  enlève  l'écume  et  les  impureté! 
rassemblées  par  l'action  du  feu  à  la  surface  d'un  li- 
quide en  ébuUition. 

—  ÉTYH.  Lat.  despumatio,  de  la  préposition  de, 
etspuma,  écume  (voy.  écdme). 

t  DESPUMER  (dè-spu-mé),  v.  a.  Terme  de  phar- 
macie. Clarifier  une  liqueur,  en  la  faisant  chauffer 
et  bouillir  pour  en  6ter  l'écume  ou  toute  autre  im- 
pureté. 

—  HIST.  xvi*  s.  Meslés  y  autant  de  bon  miel  des- 
pumé  qu'il  sera  requis  pour  en  faire  syrop,  o.  de 

serres,   936. 

—  ÉTYM.  Voy.  despuhation. 
DESQUAMATION    (  de  -  skoua  -  ma  -  sion  ) ,   t.  f. 

!|  1"  Terme  de  pharmacie.  Opération  par  laquelle 
on  enlève  les  squames  ou  tuniques  qui  recouvrent 
certaines  racines  bulbeuses.  ||  2°  Terme  de  méde- 
cine. Exfoliation  ou  séparation  de  l'épiderme  sous 
forme  d'écailles.  La  desquamation  qui  survient  après 
la  rougeole. 

—  ÉTYM.  De,  et  squama,  écaille  (voy.  souameox). 

t  DESQUAMER  (dè-skoua-mé),  v.  a.  Terme  di- 
dactique. Détacher  des  parties  qui  s'enlèvent  par 
plaques  ou  écailles.  ||  Se  desquamer,  t;.  réft.  Éprou- 
ver la  desquamation. 

—  ÉTYM.  Voy.  DESQUAMATION. 
DESQUEI.S,  DESQUELLES,  voy.  QUEL. 

t  DESSAULER  (dè-sa-blé),  v.  a.  Enlever  le  sable. 

—  ETYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  sable. 

t  DESSA BOTTÉ,  ÉE  (dè-sa-bo-té ,  tée),  adj.  Che- 
val dessabotté,  cheval  dont  le  sabot  est  détaché,  soit 
par  une  cause  violente,  soit  par  une  maladie. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  d^....  avec  une  t 
de  prononciation,  et  sabot. 

t  DESSACKER  (dè-sa-kré),  v.  a.  ôter  le  sacre,  le 
sacrement. 

—  HIST.  XII*  s.  Cornent  serunt  li  mot  del  sacre- 
ment osté?  E  qui  puet  dessacrer  ce  que  Deus  ad  sa- 
cré? Th.  le  mart.  30. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pourd^....  avec  une  t 
de  prononciation,  e\  sacrer. 

t  DESSAIGN'ER  (dè-sè-gné),  v.  a.  Enlever  le  sang 
et  les  ordures  des  peaux  fraîches  venant  de  la  bou- 
cherie. 

—  ETYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  t 
de  prononciation,  et  sang. 

DESSAISI,  lE  (dè-sè-zi,  zié),  part,  passé  de  des- 
saisir.  De.ssaisi  des  pièces  qui  attestaient  ses  dires. 

t  DESSAISIE  (dèsè-zie)  ou  DESSAISINE  (dè-sè- 
zi-n'),  s.  f.  Ancien  terme  de  droit.  Formalité  à  l'aide 
de  laquelle  on  opérait  l'aliénation  d'un  héritage. 

DESSAISIR  (SE)  (dè-sè-zir),  v.  réft.  Terme  de  ju- 
risprudence. Céder  à  un  autre  ce  qu'on  avait  en  sa 
possession.  Elle  a  de  la  peine  à  se  dessaisir  de  l'ori- 
ginal, Boss.  Lettr.  abb.  85.  La  dureté  de  ces  pères 
et  de  ces  mères  qui,  tout  occupés  d'eux-mêmes  et 
ne  voulant  se  dessaisir  de  rien,  laissent  languir  de 
jeunes  personnes  sans  établissement,  bourd.  4"  dt'm. 
après  l'Épiph.Dominic.  t.  i,  p.  35.  ||  Transporter  un 
droit  ou  y  renoncer.  ||  Dans  le  langage  général,  re- 
mettre à  des  tiers  ce  qu'on  tient.  Oh  bien,  quoi  que 
vous  en  disiez,  je  m'en  croirai  plutôt  qu'un  autre, 
et  je  ne  me  des.saisirai  point  du  diamant,  dancourt, 
Bourg,  à  la  mode,  v,  4  2. 

—  HIST.  XII'  s.  Car  dessaisiz  ne  volt  pur  nule  rien 
plaidier;  Ço  ne  voleit  li  reis  en  nul  sens  otrier.  Th. 
le  mart.  loe.  ||  xiil'  s.  El  dist  que  il  le  conte  de» 
Blans  dras  delivrasl,  et  le  mesisl  en  possession  de 
la  baiUiede  Salenyque  dont  il  l'avoit  dessaisi,  h.  de 
valhnc.  xxviii.  Li  cuers  est  vostres,  non  pas  miens, 
Car  il  convient,  soit  maus  [mal],  soit  biens.  Que  il 
face  vosire  plaisir  :  Nusinul]  ne  vous  en  puet  dessaisir, 
la  Rose,  4  998.  Quant  aucun  dessaisist  autre  d'au- 
cune chose,  et  celui  qui  a  esté  dessaisi  viaut  [veut] 
recouvrer  sa  saisine,  Ass.  de  J.  4U3.  ||  xv*  s.  Il  les 
avoit  dessaisis  de  toute  leur  force  et  puissance, 
COMM.  vu,  8.  Il  xvi*  s.  Le  seigneur  de  fief  ne  plaide 
jamais  dessaisi  [en  cas  de  saisie  féodale  il  reste  la 
main  garnie,  nonobstant  opposition  ou  appellation], 
loysel,  677.  [Le  vassal  peut  démembrer  son  fief] 
sans  s'en  dessaisir,  ou  la  main  mettre  au  baston, 
qui  est  ce  que  l'on  dit  :  se  jouer  de  son  fief  sans 
démission  de  foi,  id.  644.  Séquestre  garde,  et  la  main 
de  justice  ne  dessaisist  et  ne  prejudicie  à  personne, 


i 


DES 

10.  769.  AprSs  avoir  perdu  un  si  grand  empire  de 
citez  et  de  villes  et  avoir  esté  dessaisy  de  la  prir.ci- 
paulté  de  toute  la  Grèce,  amyot,  Agésil.  ei. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  saisir. 

DESSAISISSEMENT  (dé-s6-zi-se-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  se  dessaisir.  Dessaisissement  d'une  créance. 

—  ETYM.  Dessaisir. 

DESSAISONNÉ,  ÉE  (dè-sè-zo-né,  née),  part, 
passé.  Des  terres  dessaisonnées. 

t  DESSAISONNEMENT  (dè-sè-zo-ne-man) ,  s.  m. 
Terme  d'agriculture.  Action  de  dessaisonner. 

DESSAISONNER  (d&-sè-zo-né),  V.  a.  Terme  d'a- 
griculture. Déranger  l'ordre  de  la  culture  et  des  se- 
mailles. Il  y  a  de  l'inconvénient  à  dessaisonner  les 
terres.  ||  Changer  l'époque  de  la  floraison  d'une 
plante;  faire  croître  et  fructifier  une  plante  hors  de 
l'époque  naturelle. 

—  HiST.  XVI*  s.  Dessaisonner  les  bois  ou  les  es- 
tangs,  DU  CANGE.  satio. 

—  ÊTYM.  Des....  préfi-te,  pour  dé....  avec  une  « 
de  prononciation ,  et  saison. 

t  DESSALAISON  (dè-sa-lè-zon),  s.  f.  Voy.  des- 
salement. 

DESSALÉ,  ÉE  (dè-sa-lé,  lée),  part.  passé.\\  l'Donl 
on  a  ôté  le  sel.  Morue  dessalée.  ||  3°  Fig.  et  familiè- 
rement. Un  homme  dessalé,  un  homme  fin,  rusé. 
J'aurais  bon  le  demander  à  l'errette,  elle  ne  l'avoue- 
rait jamais,  elle  est  trop  dessalée,  LA  FONT. /a  Coupe 
enchantée,  se.  6.  Ce  monsignor  me  paraît  bien 
dessalé  ;  je  me  forme  beaucoup  avec  lui,  volt.  Ama- 
bedfii' lettre.  ||  Substantivement.Vous  faites  la  sour- 
noise, mais  je  vous  connais  il  y  a  longtemps,  et 
vous  êtes  une  dessalée,  mol.  G.  Dandin,  i,  6. 

—  REM.  Dessalé,  au  sens  de  rusé,  est  assez  diffi- 
cile à  expliquer.  On  peut  conjecturer  que,  la  morue 
ayant  besom  d'être  dessalée  pour  être  mangée,  l'es- 
prit a  saisi  cette  circonstance  pour  donner  à  dessalé 
le  sens  de  bon  à  la  chose,  fin,  rusé. 

t  DESSALEMENT  (dè-sa-le-man) ,  s.  m.  Action  de 
dessaler.  Le  dessalement  de  l'eau  de  la  mer. 

—  ÉTYM.  Dessaler. 

DESSALER  (dè-sa-lé),  V.  a.  Enlever  le  sel  dont 
une  chose  est  imprégnée.  Dessaler  des  harengs.  C'est 
lui  [Fr.  de  Bremond]  qui  a  veillé  à  l'édition  des  Ex- 
périences physiques  de  M.  Haies  sur  les  diverses 
manières  de  dessaler  l'eau  de  la  mer  et  de  la  rendre 
potable,  mairan,  Éloges,  Bremond.  ||  Se  dessaler, 
V.  réft.  Être  dessalé.  L'eau  de  mer  se  dessale  par  la 
distillation. 

—  HIST.  iiii*  S.  X  lor  cotiaus  qu'il  ont  trenchans 
et  afilés  [ils]  Escorchoient  les  Turs,  aval  parmi  les 
prés;  Volant  Païens,  les  ont  par  pièces  découpés; 
En  l'iave  et  el  carbon  les  ont  bien  cuisinés  ;  Volen- 
tiers  les  menjuent  sans  pain  et  dessalés,  Ch.  d'Ant. 
V,  34.  Il  XIV"  S.  Pour  dessaller  beurre,  mettez  le  en 
une  escuelle  sur  le  feu  pour  fondre....  Ménagier, 
u,  5. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pourd^....  avec  une  s  de 
prononciation,  e\  saler. 

DESSANGLÉ,  ÉE  (dè-san-glé,  glée),  part,  passé. 
L'âne  étant  dessanglé,  le  bât  tourna. 

DESSANGLER  (dè-san-glé),  v.  a.  Lâcher  ou  dé- 
faire la  sangle  d'un  cheval,  d'un  mulet,  etc.  ||  Se 
dessangler,  v.  réft.  Être  dessanglé.  Ce  cheval  s'est 
dessanglé. 

— HIST.  XIII'  s.  Mes  ses  chevaux  forsva  [marche 
mal]  tremblant;  Il  le  descengle,  si  le  let,  Kn  mi 
le  pré  vautrer  le  fet,  marie,  Lanval.  ||  xvi'  s.  Des- 
cenglez  mon  cheval  et  ostez  luy  sa  selle,  palsgr, 
p.  768. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  sangle. 

t  DESSAQCER  (dè-sa-ké),  v.  a.  Vider  un  sac; 
tirer  d'un  sac. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  sac. 

DESSÉCHANT,  ANTE  (dê-sé-chan,  chan-t'),  adj. 
Qui  dessèche.  Un  vent  desséchant.  ||  Fig.  Oui  des- 
séche l'âme,  rend  les  sentiments  arides.  L'égoïsme 
est  desséchant. 

DESSÉCHÉ,  ÉE  (dè-sé-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1"  Mis  à  sec.  Un  étang  desséché.  ||  2°  Dont  l'humi- 
dité est  partie.  Un  tronc  desséché.  Quand  un  lis  vir- 
ginal penche  et  se  décolore,  Par  un  ciel  brûlant 
desséché....  delav.  Paria,  ii,  6.  ||  Fig.  Qui  est  privé 
de  douceur,  de  sympathie,  d'onction.  Cherchez  hors 
de  cette  sainte  unité,  vous  n'y  trouverez  guère  que 
des  cœurs  hautains  et  desiiéchés,  fén.  t.  ii,  p.  207. 

DESSÈCHEMENT  (dè-sè-che-man) ,  s.  m.  ||  f  Ac- 
tion de  dessécher,  de  faire  écouler  ou  évaporer  les 
«aux.  Le  dessèchement  d'un  marais.  ||  Action  de  re- 
tirer l'humidité.   Le  dessèchement  d'une  plante. 


DES 

Il  Kg.  Le  dessèchement  des  cœurs,  la  perte  de  la 
sympathie,  de  la  douceur,  de  l'onction.  ||  2°  Grand 
amaigrissement  d'une  partie  du  corps.  Vous  devez 
toujours  craindre  le  dessèchement,  sÈv.  343.  Le 
pauvre  Saint-Aubin  est  dans  un  dessèchement  qui 
le  menace  d'une  fin  prochaine,  id.  479. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Académie  met 
un  accent  aigu,  et  non  un  accent  grave,  à  ce  mot. 
La  prononciation  y  met  un  accent  grave. 

—  ÉTYM.  Dessécher. 

DESSÉCHER  (dè-sé-ché.  La  syllabe  se  prend  l'ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
je  dessèche;  excepté  (exception  anomale)  au  futur 
et  au  conditionnel  :  je  dessécherai  ;  je  dessécherais), 
V.  a.  Il  1°  Mettre  à  sec.  Dessécher  un  étang.  Il  est 
sûr  que  ce  pauvre  prêtre  qui  dessèche  les  marais 
Pontins....  d'alembert.  Lettre  au  roi  de  Prusse, 
I"  mars  1782.  ||  2°  Rendre  sec  ce  qui  était  humide. 
Dessécher  une  préparation  anatomique.  C'est  ainsi 
qu'il  assembla  dès  lors  et  qu'il  dessécha  un  grand 
nombre  de  plantes,  mairan,  Éloges,  Petit.  \\  3°  Par 
extension,  amaigrir,  réduire  à  un  état  de  consomp- 
tion. Un  moine  que  le  repentir  dessèche  dans  son 
cloître,  volt.  Mœurs,  <39.  Cent  beautés  que  vos  ap- 
pas font  dessécher  de  jalousie,  id.  Goût.  Le  chagrin 
des.séchait  la  fleur  de  son  printemps,  id.  Guébr.  iv, 
6.  Il  i°  Fig.  Dessécher  le  coeur,  le  rendre  froid,  in- 
sensible. Dessécher  l'esprit,  l'imagination,  en  tarir 
les  sources.  ||  5°  Se  dessécher,  v.  réfl.  Devenir  sec. 
Des  troncs  d'arbres  qui  se  dessèchent.  ||  Devenir 
maigre.  Dans  la  vieillesse  toutes  les  parties  du  corps 
se  dessèchent.  Ses  vives  couleurs  s'efiacent,  elle  lan- 
guit, elle  se  dessèche,  fén.  Tél.  vu.  Ma  peau  est 
devenue  toute  noire  sur  ma  chair,  et  mes  os  se  sont 
desséchés  par  l'ardeur  qui  me  consume ,  saci,  Bible, 
Job,  XXX,  30.  Il  Fig.  Devenir  froid  et  dur.  Son  âme 
s'est  desséchée. 

—  HIST.  XII*  s.  X  ces  paroles  de.scendid  U  fus  [feu] , 
e  la  busche  alumad,  et  tut  le  sacrefise  esbrasad;  e 
neis  les  pierres  esmiad,  e  l'ewe  ki  dessus  fud,  tute 
desechad,  Bots,  3(8.  ||  xin*  s.  Li  baigniers  d'ewe 
caude,  pour  longement  demorer,  escaufe  le  cors  et 
deseke,  alebrant,  f°  9.  ||  xiv*  s.  Se  vostre  faulcon 
deseche  ou  amaigrie,  Modus,  f°  xciii.  ||  xvi'  s.  Un 
arbre  qui  n'est  pas  planté  a.ssez  profond  pour  jetter 
racines  vives,  deseiche  et  meurt,  calvin,  Instit. 
428.  Duquel  le  germe  ne  dessèche  et  ne  périt  ja- 
mais, m.  ib.  437.  La  terre  ne  se  resserra  pas  aufeu, 
en  estant  toute  l'humidité  desséchée,  amyot,  Publ. 
25.  Ses  serviteurs  avoient  oublié  d'en  faire  escouler 
ou  dessécher  la  cervelle,  va.  Pomp.  B9. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  sec. 

DESSEIN  (dè-sin;  l'n  se  lie  dans  le  parler  sou- 
tenu: un  dè-sin-n  habile;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des 
dè-sin-z  habiles),  s.  m.  ||  1°  Mode  déterminé  d'après 
lequel  on  conçoit  quelque  chose,  plan.  Le  dessein 
de  ce  poème  est  très-heureux.  Quiconque  connaîtra 
l'homme  verra  que  c'est  un  ouvrage  de  grand  des- 
sein qui  ne  pouvait  être  ni  conçu  ni  exécuté  que 
par  une  sagesse  profonde,  boss.  Connaiss.  iv,  t. 
Après  avoir  expliqué  le  dessein  de  cet  ouvrage,  id. 
Ilist.  Préf.  Pour  recueillir  tout  mon  dessein  et  tout 
le  caractère  de  saint  Charles  en  peu  de  mots,  fléch. 
Panég.u,  p.  282.  ||  2°  Ensemble  de  combinaisons 
pour  obtenir  un  résultat.  Si  le  roi  de  Suède  s'est 
jeté  dans  le  péril  plus  avant  que  ne  devait  un  homme 
de  ses  desseins  et  de  sa  condition,  voit.  Lettre  74. 
Vous  savez  les  desseins  de  tout  ce  que  j'ai  fait,  corn. 
Jléracl.  II,  3.  Elle  [Sémiramis]  soutint  les  vastes  des- 
seins de  son  mari,  boss.  Uist.  iii,  4.  Peut-être,  au 
défaut  de  la  fortune,  les  qualités  de  l'esprit,  les 
grands  desseins,  les  vastes  pensées  pourront  nous 
distinguer  du  reste  des  hommes,  m.  Dueh.  d'Orl. 
Qui  peut  de  vos  desseins  révéler  le  mystère.  Sinon 
quelques  amis  engagés  à  se  taire?  rac.  Baj.  iv,  7. 
Il  Dessein  sur,  vue  sur  l'avenir  de  quelque  personne 
ou  de  quelque  chose.  Les  desseins  qu'il  a  sur  son 
peuple , BOSS.  Hist.  ii ,  ( .  Il  ne  leur  prédit  que  les  des- 
seins de  Dieu  sur  eux,  mass.  Car.  Voc.  Ainsi  le  Sei- 
gneur dans  ses  desseins  de  miséricorde  sur  vous.... 
iD.  ib.  Accomplir  les  desseins  éternels  de  la  Pro- 
vidence sur  les  justes,  id.  Car.  Mélange.  Et  com- 
ment connaîtrez-vous  les  desseins  de  Dieu  sur  vo- 
tre destinée?  m.  Car.  Voc.  Il  faut  que  vous  soyez 
instruit,  même  avant  tous,  Des  grands  desseins  de 
Dieu  sur  son  peuple  et  sur  vous?  rac.  Athal.  iv,  2. 
Il  Avoir  des  desseins  sur,  former  des  entreprises 
pour  gagner,  pour  attaquer,  etc.  Us  ne  cesseront  de 
faire  de  nouveaux  desseins  sur....  boss.  Hist.  i,  8. 
Ces  Grecs  ont  craint  que  nous  n'eussions  des  des- 
seins sur  leur  liberté,  fén.  Tél.  x.  {|  Avoir  dessein 
pour  ou  sur  une  femme,  songeràgagner  son  coeur, 


DES 


IHf 


&  en  faire  sa  maltresse.  Villarceaa,  en  parlant  au 
roi  d'une  charge  pour  son  fils,  prit  habilement  l'oc- 
casion de  lui  dire  qu'il  y  avait  des  gens  qui  se  mê- 
laient de  dire  à  sa  nièce  que  Sa  Majesté  avait  quel- 
que dessein  pour  elle,  SÉV.  406.  Pour  cacher  le3 
desseins  qu'il  avait  sur  Mme  de  Senantes,  hamilt. 
Gramm.  4.  ||  Il  se  dit  aussi  des  projets  d'une  femme 
pour  gagner  le  cœur  d'un  homme.  Avant  que  la  Val- 
lière  eût  aucun  dessein  sur  le  cœur  du  roi,  volt. 
Louis  XIV,  25.  Il  Dans  le  même  sens,  mais  archaï- 
quement.  Toutes  ba.sses  amours  sont  pour  vous  trop 
petites;  Ayez  dessein  aux  dieux,  Régnier,  Sat.  xni. 
Tous  deux  ont  eu  dessein  dessus  ma  liberté,  hotr. 
Vencesl.  iv,  6.  ||  Dessein  contre,  plan  formé  contre. 
Peut-elle  contre  vous  former  quelque  dessein?  bac. 
Phèd.  I,  1.  Il  3°  Détermination  à  quelque  chose. Il  est 
parti  dans  le  dessein  de  faire  telle  chose.  Lors  était 
tout  mon  dessein  Du  jeu  d'amour  et  de  la  talile,  Ré- 
gnier, Stances  rel.  Je  pense  qu'en  me  dissuadant  de 
ce  dessein  et  en  ayant  peur  pour  moi,  on  a  eu  peur 
de  moi  aussi, voit.  Lett.  28.  Je  suis  venu  à  bout.  Dieu 
merci,  de  mon  dessein,  id.  Lett.  42.  Dans  un  si 
grand  dessein  rien  n'est  à  négliger,  corn.  Sertor. 
II,  2.  Je  forme  un  beau  dessein  que  son  amour 
m'inspire,  m.  Rodog.  n,  4.  Arrache-lui  du  cœur  ce 
dessein  de  mourir,  id.  Cinna,  m,  5.  Que  direzt 
vous,  madame,  Du  dessein  téméraire  où  s'échappe 
mon  âme?  id.  Sertor.  n,  2.  Si  vous  aviez  dessein 
d'attaquer  cette  place,  m.  Nicom.  i,  3.  Vous  avez 
bien  vu  que  j'ai  fait  mes  efforts  Pour  rompre  son 
dessein  et  calmer  ses  transports,  mol.  Tart.  iv,  5.  Le 
ciel  parfois  seconde  un  dessein  téméraire,  id.  Dép, 
amour,  iii,  ( .  Il  forma  le  dessein  de  le  perdre,  pasc. 
Prov.  2.  En  suite  de  tant  d'occasions  si  surprenan- 
tes on  a  pris  le  dessein  d'examiner  leurs  livres  pour 
en  faire  le  jugement,  id.  Prov.  3.  U  [Pépin]  sut  la 
soutenir  [la  puissance]  par  un  grand  mérite  et  prit 
le  dessein  de  s'élever  à  la  royauté,  boss.  Hist.  i,  U. 
Antiochus  conçut  le  dessein  de  perdre  ce  peuple,  m. 
ib.  II,  6.  Voulez-vous  qu'un  dessein  si  beau,  si  géné- 
reux.... RAC.  Androm.  i,  4.  Dans  ce  dessein  vous- 
même  il  faut  me  soutenir,  m.  Mithr.  ii,  6.  Le  des- 
sein en  est  pris,  je  pars,  cher  Théramène,  id.  Phèd. 
I,  i.  Rien  ne  me  retient  plus,  et  je  puis  dès  ce  jour 
Accomplir  un  dessein  qu'a  formé  mon  amour,  id. 
Baj.  II,  1.  Ma  mère  a  ses  desseins,  madame,  et  j'ai 
les  miens,  id.  Brit.  ii,  3.  On  ne  sait  point  d'où  part 
ce  dessein  furieux,  id.  Phèd.  y,  5.  Je  médite  un 
dessein  digne  de  mon  courage,  m.  Mithr.  ii,  2.  Gar- 
dez qu'avant  le  coup  votre  dessein  n'éclate,  iD.^ln- 
drom.  III,  t .  Protésilas  est  entré  dans  le  dessein  de 
Philoclès,  FÉN.  Tél.  xiii.  Qui  change  ses  desseins 
découvre  sa  faiblesse,  volt.  M.  de  César,  m,  5.  Lan- 
terne en  main,  dans  l'Athènes  moderne  Chercher  un 
homme  est  un  dessein  fort  beau,  bérang,  Nouv.  Diog. 
Il  Bon  dessein,  c'est-à-dire  bonnes  intentions.  Non 
que  je  désapprouvasse  les  lois,  qui,  pour  remédier 
à  l'inconstance  des  esprits  faibles,  permettent,  lors- 
qu'on a  quelque  bon  dessein,  qu'on  fasse  des  vœux 
ou  des  contrats  qui  obligent  à  y  persévérer,  desc. 
Méth.  III,  2.  Ils  ont  regret  du  passé  et  bon  dessein 
pour  l'avenir,  pascal.  Prou.  <o.  ||  Faire  dessein, 
avoir  l'intention  de....  Ayant  fait  dessein  de  ruiner 
ma  foi....  malh.  v,  6.  Il  n'y  a  point  d'apparence 
qu'un  particulier  fît  dessein  de  réformer  un  État, 
en  y  changeant  tout  dès  le  fondement  et  en  le  ren- 
versant pour  le  redresser,  desc.  Méth.  n,  2.  Depuis 
que  j'ai  fait  dessein  de  douter  de  touteschoses....  id. 
Médit.  4.  Si  tu  faisais  dessein  de  m'éblouirlesyeux.... 
coRN.  Héracl.  i,  2.  Je  te  promets,  marquis,  qu'il 
fait  dessein  d'aller  sur  le  théâtre  rire  avec  tous  les 
autres,  mol.  Impromptu,  3.  ||  4°  Absolument.  In- 
tention arrêtée,  vues  arrêtées.  Il  y  a  là  du  dessein. 
Vous  avez  du  dessein,  de  la  prudence,  sév.  432. 
Plus  ces  historiens  font  voir  de  dessein  dans  les  con- 
quêtes de  Rome,  plus  ils  y  montrent  d'injustice, 
BOSS.  Hist.  m,  6.  Le  peuple  agit  par  sa  fougue  et 
non  par  ses  desseins,  montesq.  Espr.  ii,  3.  ||  5-  Sans 
dessein,  sans  intention.  Ce  qu'elle  en  a  fait  a  été 
sans  dessein,  mol.  Sicil.  te.  U  marche  sans  des- 
sein, ses  yeux  mal  assurés  N'osent  lever  au  ciel  leurs 
regards  égarés ,_rac.  Brit.  v,  8.  ||X  bon  dessein,  à 
bonne  intention".  Toutefois  cela  peut  avoir  et'-  fait  à 
bon  dessein,  voit.  Lett.  42.  I  our  lui  avoir  coupé  le 
bord  de  sa  robe,  quoique  ce  fût  à  bon  dessein,  boss. 
Polit.  Il  De  dessein  formé,  de  propos  délibéré.  Être 
mauvais  plaisant  de  dessein  formé,  mol.  Critique, 
se.  i.  Qui,  bien  loin  d'être  touchés  de  la  perte  d'une 
âme,  affectent  d'y  contribuer  positivement ,  y  travail- 
lant de  dessein  formé....  bourd.  Sur  le  scandale, 
I"  Avent,  p.  to\.  Il  6*  X  ce  dessein,  dans  cette  in- 
tention, à  cet  effet.  Attale  à  ce  dessein  entreprend 
sa  maltresse,  corh    *'*»»».  i,  b.  Hais  elle-même 


1112 


DES 


rient;  liélasi  àquel  desseinîcORN.  Théod.  v,  3.  ||  La 
locution  à  ce  dessein  peut  très-bien  et  trfts-correc- 
tcraent  remplacer  la  mauvaise  locution  dans  ce  but, 
qui  s'écrit  et  se  dit  si  souvent.  ||  7»  A  dessein,  loc. 
odverb.  Avec  une  intention  toute  particulière.  11  a 
été  incivil  à  dessein.X  dessein  d'éblouir  le  roi,  Rome 
st  U  cour,  CORN.  Nicom.  i ,  B.  C'était  donc  à  dessein 
iju'ello  cachait  ses  yeux  Comme  rouges  do  honte  en 
sortant  de  ces  lieux,  ID.  Théodore,  iv,  8.  C'est  peut- 
être  à  dessein  de  vous  entretenir,  bac.  Bril.  iv,  l. 
Orcan,  qui  me  dictait  ce  cruel  stratagème,  La  ser- 
vait à  dessein  de  la  perdre  elle-mêmB,  id.  liajaî. 
V,  <l.||X  dessein  que,  avec  le  subjonctif.  Cela  a  été 
dit  k  dessein  que  vous  on  fissiez  votre  profit.  Mais  il 
n'est  arrivé  ce  dessein  qui  mo  tue.  Qu'à  dessein  que  ta 
gloire  en  prenne  plus  d'éclat,  corn,  [mitai ion,  \tt,iO. 

—  REM.  1. Voltaire,  sur  ce  versd'Héraclius,  ii,7; 
Quel  dessein  faisiez-vous  sur  cet  aveugle  inceste? 
remarque  qu'on  ne  dit  pas  faire  des  desseins,  mais 
faire  des  projets.  Toutefois  Corneille  a  encore  ailleurs 
cette  locution  :  J'avais  fait  ce  dessein  avant. que  de 
l'aimer,  Cinna,  v,  2.  Bossuet  aussi  a  dit  faire  des 
desseins,  dans  le  sens  d'entreprendre  contre.  Ces 
raisons  font  croire  que  le  scrupule  de  Voltaire  n'est 
pas  fondé.  ||  2.  On  a  reproché  à  Racine  d'avoir  dit 
achever  un  dessein  :  Et  ne  le  forçons  pas  par  ce 
cruel  mépris  D'achever  un  dessein  qu'il  peut  n'avoir 
pas  pris,  Alex,  i,  3;  attendu,  dit  d'Olivet,  qu'un 
dessein,  un  projet  n'est  pas  une  chose  commencée. 

—  SYN.  DESSEIN,  PROJET.  Ces  deux  mots  expri- 
ment une  détermination  de  faire  quelque  chose.  Le 
dessein  est  ce  qu'on  dessine  ou  désigne  d'avance 
(car  dessiner  et  désigner  sont  deux  mots  identi- 
ques); le  projetés!  ce  qu'on  jette  en  avant.  Dessein 
exprime  donc  quelque  chose  de  plus  arrêté  que  projet. 

—  HIST.  xvi*  s.  Et  si  n'estoit  point  l'apprest  qu'il 
faisoit,  moindre  ne  moins  suffisant  que  requeroit  le 
desseing  de  son  entreprise,  amyot,  Déméir.  60.  Son 
desseing  [le  but  de  la  philosophie]  est  de  chercher 
la  vérité,  mont,  n,  230.  Projecter  le  desseing  [plan] 
d'un  livre,  m.  rv,  220.  Un  tas  de  gens,  interprètes 
et  contrerooUeurs  ordinaires  des  desseings  de  Dieu, 
faisants  estât  de  trouver  les  causes  de  chaque  acci- 
dent, ID.  I,  24», 

—  ÊTYll.  Voy.  DESSIN,  qui  n'est  qu'une  autre  or- 
thographe de  dessein;  ital.  disegno. 

DESSELLÉ,  ÊE  (dé-sè-lé,  lée),  part,  passé.  Un 
cheval  débridé  et  dessellé. 

DESSELLER  (dè-s^-Ié),  v.  a.  Oter  la  selle  à  un  che- 
val, à  un  mulet,  etc.  ||Se  conjugue  comme  seller. 

—  HIST.  xv  s.  Je  voy  vertuz  aux  piez  fouler  ,  Je 
voy  amictié  desseler  [renverser  de  cheval],  Raison 
voy  musser  à  la  porte,  CH.  d'orl.  Rondeau. 

—  ETYM.  Des....  préfixe,  pour d^.... avec  unes  de 
prononciation,  et  selle. 

f  DESSEMELER  (dè-seu-me-lé.  L'J  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  dessemelle,  je  des- 
semellerai.  L'Académie,  qui  n'a  pas  dessemeler,  a 
ressemeler  qu'elle  écrit  sans  accent;  mais  la  pro- 
nonciation, qui  n'aime  pas  deux  syllabes  muettes 
de  suite,  renforce  en  eu  le  son  de  se  dans  tous  les 
temps  où  l'J  n'est  pas  doublée) ,  v.  a.  ôter  la  semelle 
d'une  botte,  d'un  soulier. 

—  ÊTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé...  avec  une  s 
de  prononciation,  e\, semelle. 

DESSERBE  (dè-sê-r^,  s.  f.  Usité  seulement  dans 
cette  phrase  familière  :  être  dur  à  la  des.serre,  se 
dessaisir  avec  peine  de  son  argent  pour  donner  ou 
payer.  Je  sais  qu'à  la  desserre  Vous  êtes  dur;  j'en 
suis  fâché  pour  vous,  la  font.  Pays.  Si  je  le  [un 
obligé  à  qui  on  redemande  un  bienfait]  connais  de 
si  fâcheuse  desserre  qu'il  faille  plus  d'un  simple 
avertissement  pour  en  tirer  quelque  chose ,  j'aime- 
rai mieux  ne  lui  dire  mot,  et  ne  penserai  pas  qu'il 
soit  digne  que  je  le  presse  de  faire  son  devoir,  malii. 
le  Traité  des  bienf.  de  Sénêque,  v,  21.  {|  Terme  de 
pêche.  Relâchement  d'une  rivière  glacée  quand  le 
dégel  arrive 

—  HIST.  XVI'  s.  C'estoit  plaisir,  car  touchant  la 
desserre  Ne  doubtez  pas  qu'ilz  semblent  l'arbaleste 
Vieille  et  caducque,  &  desbender  mal  preste,  J.  ma- 
rot,  v,  S3.  Il  ressemble  les  arbaleste?  de  Cognac;  il 
•st  de  dure  desserre,  se  dit  d'un  avare.  Proverbe 
du  XVI»  tiède. 

—  ÉTYM.  Voy.  desserrer. 

DESSERRE,  ÊE  (dè-sô-ré,  rée),  part,  passé.  Les 
cordes  qui  le  liaient  étant  desserrées.  ||  Par  exten- 
sion. Rangs  desserrés,  rangs  entre  lesquels  il  y  a 
plus  d  mtervalle  qu'il  ne  faut.  Chaque  matin  les  ré- 
giments partaient  en  ordre  de  leurs  bivouacs;  mais 
dès  les  premiers  pas  leurs  rangs  desserrés  s'allon- 
geaient en  file»  lâches  et  interrompues,  sBgi  R  Ilist. 
"e  Nap. yt,«.  ' 


DES 

DESSERRER  (dèsè-ré),  v.  a.  \\  f  Relâcher  ce 
qui  était  serré.  Desserrer  sa  ceinture.  Desserrer  un 
lien.  Il  Desserrer  un  noeud,  le  rendre  moins  serré; 
cl,  fi^çurément,  desserrer  les  nœuds  de  l'amilié,  ren- 
dre l'amitié  moins  étroite.  Apprends  do  cet  exemple 
à  desserrer  les  nœuds  Par  qui  l'alîection ,  par  qui 
le  .sang  te  lie,  corn.  Imit.  u,  ».  ||  Terme  de  typo- 
graphie. Desserrer  une  forme,  chasser  les  coins 
dans  le  sens  rétrograde  au  moyen  d'un  décognoir 
et  d'un  marleau.  Desserrer  la  lettre.  Desserrer  une 
forme  de  distribution.  ||  Desserrer  les  dents,  ouvrir 
la  bouche.  La  convulsion  des  mâchoires  était  si  forte 
qu'on  no  put  lui  de.sserrer  les  dents.  Car,  lâchant  le 
bâton  en  desserrant  les  dents,  Elle  tombe....  la 
FONT.  Fabl.  X,  3.  Il  Fig.  et  familièrement.  Desserrer 
les  dents  de  quelqu'un ,  le  faire  parler.  Quel  intérêt 
assez  pressant  lui  fait  faire  une  telle  école,  desserre 
les  dents  d'un  tel  homme?  reaum.  Mère  coupable, 

II,  7.  Il  Des.serrer  les  dents,  parler A  peine  ai-je 

eu  le  temps  De  dire  quatre  mots,  de  desserrer  les 
dents,  BOISSY,  Babillard,  se.  )B.  ||  No  pas  desserrer 
les  dents,  ne  pas  dire  un  mot  dans  une  société,  se 
taire  obstinément.  Je  ne  desserre  pas  la  bouche  seu- 
lement, MOL.  le  Dép.  II,  7.  Si  quelqu'un  desserre 
les  dents.  C'est  un  sot,  j'en  conviens  :  mais  que 
faut-il  donc  faire?  Parler  de  loin  ou  bien  se  taire, 
LA  font.  Fabl.  X,  2.  Si  je  puis  desserrer  mon  gosier 
qui  n'est  pas  en  état  de  chanter,  sÉv.  423.  Vous 
nous  dites  les  plus  belles  choses  du  monde;  quand 
vous  serez  devant  elle,  vous  ne  pourrez  desserrer 
les  dents,  baron,  ffomme  d  bonnei  fortunes,  m,  t. 
Il  2°  Desserrer  un  coup  de  pied,  un  coup  de  fouet, 
un  soufflet,  l'appliquer  soudainement  et  avec  vio- 
lence. Maître  jÉneas  un  coup  desserre  D'épée  ou 

bien  de  cimeterre,  scarron,  Virg.  Irav.  vi Le 

cheval  lui  desserre  [au  loup]  Un  coup  et  hautle  pied, 
LA  font.  Fabl.  XII,  t7.  Il  3°  Se  desserrer,  ».  réfl.  De- 
venir moins  serré.  Le  nœud  se  desserre.  Cette  tresse 
s'est  desserrée.  ||  Fig.  Avoir  moins  d'angoisse.  X 
cette  bonne  parole,  mon  cœur  s'est  desserré. 

—  HIST.  XII*  Li  venz  vanta  devers  la  terre.  Qui 
les  nefs  tost  del  port  deserre,  benoIt,  ii,  <og7. 
Il  xni'  s.  Veez  com  Hersent  est  ci  prise;  Se  je  l'aïde 
à  desserrer  Et  dou  pertuis  à  destouper,  Por  ce  si 
estes  esfraez.  Tien.  629.  A  grant  joie  chevauchent  la 
gent  qui  Dieu  vont  querre.  Et  costoient  un  val  dus- 
qu'à  la  plaine  terre,  A  un  pont  à  arvolt  [à  arche 
voiltée]  où  une  aiguë  desserre,  Ch.  d'Ant.  m,  38. 
Il  XV' s.  Quand  vint  le  soir,  la  poterne  fut  desserrée 
[ouverte] ,  LOUIS  xi,  Nouv.  1.  ||xvi'  s.  Et  permettez 
que  ce  bras  angevin  Par  l'air  françois  desserre  un 
traict  qui  vole  Mieux  que  jamais  de  l'un  à  l'autre 

pôle,  dhbell.  m,   3,  recto France  durant   la 

guerre  Nouveaux  enfans  de  son  ventre  desserre,  in. 

III,  7,  recto.  Quand  l'obscurité  desserre  Ses  ailes 
dessus  la  terre,  id.  m,  79,  recto.  Le  tout  inventé 
pour  la  commodité  des  gens  de  pied,  et  pour  des- 
serrer [tirer,  lancer]  balles  et  dragées,  paré,  k, 
Préf.  Le  feu  de  la  poudre  enflammée  lorsqu'on  des- 
serre la  harquebuse,  id.  ix,  te.  Puis  un  grand  coup 
de  maillet  luy  desserre  Entre  les  yeux:  le  taureau 
tombe  à  terre,  rons.  603. 

—  ÉTYM.  Des...,  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  serrer;  bourg.  des,<:ar<fi;  pro- 
venç.  dessarrar,  deyssarrar,  desserrar;  ital.  dtss«- 
rare. 

t  DESSEBROIR  (dè-sè-roir) ,  s.  m.  Outil  servant 
à  desserrer. 

—  ÉTYM.  Desserrer. 

DESSERT  (dè-sêr;  le  t  ne  se  lie  pas:  un  dè-sêr 
abondant;  au  pluriel,  l's  ne  se  lie  pas:  des  dè-sêr 
abondants;  cependant  plusieurs  lient:  des  dè-sêr-z 
abondants),  s.  m.  ||  1°  Le  dernier  service  d'un  re- 
pas, composé  de  fromage,  de  confitures,  de  fruits 
et  de  pâtisserie.  ||  2°  Le  moment  du  dessert.  11  ar- 
riva au  dessert.  ||  3'  Fig.  et  familièrement.  On  lui 
annonça  pour  son  dessert  la  bonne  nouvelle  de  son 
avancement.  ||  Ironiquement.  Il  a  eu  pour  son  des- 
sert une  verte  réprimande. 

—  REM.  On  en  est  au  dessert,  façon  de  parler 
bourgeoise,  il  faut  dire  au  fruit,  de  cailliêres, 
1690.  Aujourd'hui  on  ne  dit  plus  qu'en  être  au  des- 
sert. 

—  HIST.  XVI'  s.  Tout  le  sert  et  dessert  feut  pourté 
par  les  filles  pucclles  mariables  du  lieu,  belles  je 
vous  affye,  rab.  Pont,  iv,  51.  On  dessert  du  pre- 
mier melz,  feut  par  elles  mélodieusement  chanté 
ung  epode  à  la  louange  des  sacrosainctes  decrcta- 
les.iD.  16.  El  au  dessert  chastaignes  et  nèfles,  paré, 
xiii,  29.  Le  semblable  fit-il  quelque  temps  après, 
de  sept  pains  et  quelques  petits  poissons,  à  une  au- 
tre grande  troupe  de  gens,  et  lors  aussi  les  apos- 
tres.  recueillirent  sept  corbeilles  pleines  du  dessert, 


DES 

PASQOiER,  Lettres,  t.  11,  p.  «20,  dans  LACn»it«.  11 
adveitit  Marcellinus  qu'il  ne  seroit  pas  messeant, 
comme  le  dessert  [la  desserte]  des  tables  se  donne 
aux  assistants,  nos  repas  faicis,  aussi  la  vie  finie, 
de  distribuer  quelque  chose  à  ceuli  qui  en  ont  esté 
les  ministres,  mont,  ii,  388. 

—  ÉTYM.  Substantif  formé  irrégulièrement  de 
desservir  (voy.  ce  mot),  comme  le  sert  (voy.  &  l'his- 
torique l'exemple  de  Rabelais)  est  formé  de  servir. 

DESSERTE  (dè-sèr-V),  s.  /.  ||  1°  Mets  qu'on  a  des- 
servis. Donner  la  desserte  aux  dome.stiques,  aux 
pauvres.  ||  2°  Fonction  du  desservant  attaché  au  ser- 
vice d'une  cure,  d'une  chapelle.  Il  est  chargé  de  la 
desserte  de  cette  succursale.  ||  3°  Terme  des  ponts 
et  chaussées.  Chemin  de  desserte,  celui  qui  dessert 
une  propriété,  une  forêt,  c'est-à-dire  qui  la  met  '.'. 
communication  avec  le  grand  chemin.  ||  4'  Il  s'est 
dit  aussi  pour  l'action  de  faire  un  service  de  bureiii 
ou  autre.  11  sera  tenu  par  les  gardes-jurés  ou  par 
nos  préposés,  pour  la  desserte  desdits  bureaux  de 
visite  et  de  marque,  des  registres  paraphés  parles 
juges  des  manufactures,  Lctt.  patent,  l"  juin  (780, 
art.  to. 

—  HIST.  xiv  s.  II  apporteront  la  desserte  des  mêla 
aux  escuiers  de  cuisine,  Ménagier,  11,  4. 

—  ÊTYM.  Voy.  DESSERT.  Dans  l'ancien  français 
déserte  signifiait  ce  qu'on  mérite,  venant  de  deset' 
t'i'r  qui  signifiait  mériter  :  xiu' s.  Mal  m'avez  rendu 
les  désertes  De  ce  que  je  servi  vos  é  [ai],  Ren.  25289, 
Bien  voient  qu'il  auront  de  leur  fait  la  déserte,  Berte, 

XCIV. 

DESSERTI,  lE  (dè-sèr-ti,  lie),  part,  passé. 

DESSERTIR  (dè-sèr-tir) ,  v.  a.  Terme  de  joaillier. 
Dég.iger  un  brillant  de  son  chaton,  un  médaillon 
de  sa  monture.  ||  Couper  la  sertissure  d'un  diamant 
un  peu  au-dessous  du  feuilletis. 

—  ÊTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  unes 
de  prononciation,  et  sertir. 

DESSERVANT  (dé-sèr-van),  s.  m.  Prêtre  qui  des- 
sert une  cure,  une  chapelle.  ||  Dans  un  sens  plus 
général.  On  appelait  ministres  les  desservants  des 
églises  protestantes,  volt.  Mœurs,  138. 

—  SYN.  DESSERVANT,  CURÉ.  A  présent  on  donne 
le  nom  de  curé  au  chef  ecclésiastique  d'un  chef-lieu 
de  canton,  tandis  que,  dans  toute  commune  autre 
que  les  chefs-lieux  de  canton,  le  chef  du  service 
ecclésiastique  est  appelé  desservant.  Le  territoire 
(l'un  desservant  est  également  nommé  paroisse;  il 
est  aussi  dit  spécialement  succursale. 

—  ÉTYM.  Desservir. 

DESSERVI,  lE  (dè-sèr-vi,  vie),  part,  passé  de  des- 
servir. Il  1'  Enlevé  de  dessus  une  table.  Les  mets  des- 
servis. Il  Débarrassé  des  mets.  La  table  étant  des- 
servie. Il  2°  A  qui  on  a  rendu  un  mauvais  office. 
Desservi  auprès  du  ministre  par  des  ennemis  secrets. 
Elle  craignait  d'être  oubliée  ou  desservie,  J.  j.  Rouss. 
Confess.  v.  ||  3°  Donton  fait  le  service.  Une  cure  des- 
servie par  un  tel  prêtre. 

t  DESSERVICE  (dè-sèr-vi-s'),  s.  m.  Mauvais  of- 
fice, action  de  desservir.  M.  du  Maine,  avec  de  l'es- 
prit je  ne  dirai  pas  comme  un  ange,  mais  comme 
un  démon  auquel  il  ressemblait  si  fort  en  malignité, 
en  noirceur,  en  desservices  à  tous,  en  services  à  per- 
sonne, st-sim.  (77,  m.  On  ne  cessait  de  me  faire  au- 
près de  lui  [le  roi]  les  desservices  les  plus  noirs,  id. 

«28,    161. 

—  HIST.  XVI'  S.  Ces  rapines  excessives  qui  tour- 
nent au  très  grand  desservice  du  roy  ne  se  peuvent 
corriger  que  par  chastimens  exemplaires,  langue, 

106. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  sert'ice. 

DESSERVIR  (dè-sèr-vir),  je  dessers,  tu  dessers, 
il  dessert,  nous  desservons,  vous  desservez,  ils  des- 
servent; je  desservais;  je  desservis;  je  desservirai; 
je  desservirais;  dessers,  qu'il  desserve;  que  je  des- 
serve, que  nous  desservions;  que  je  desservisse; 
desservant;  desservi,  v.  a.  jj  1'  Avec  le  sens  négatif 
du  préfixe  des.  Enlever  les  plats  de  dessus  la  table. 
Desservez  la  table.  ||  Absolument.  Lui  hors  de  table, 
ondessert  au  plus  vite,  la  font.  Orais.  Si  têt  que  du 
nectar  la  troupe  est  abreuvée,  Ondessert....  BOlt. 
Lutrin,  i.  ||  2'  Avec  le  même  sens  du  préfixe  det. 
Rendre  un  mauvais  office  à  quelqu'un.  Il  vous  a 
desservi  auprès  d'un  tel.  Un  homme  tel  que  moi. 
Quand  il  est  mécontent,  peut  desservir  le  roi, 
CORN.  Agésil.  m,  t.  [il]  Met  à  me  desservir  ses 
plaisirs  les  plus  doux,  rotrou,  Vencesl.  i,  1.  Le 
fourbe  trop  longtemps  a  gouverné  mon  père  Ft 
desservi  mes  feux  avec  ceux  de  Valère,  mol.  Tart. 
m,  4.  C'est  ainsi  que  le  zèle  indiscret  du  peupie 
a,  dans  tous  les  temps,  desservi  le  mérite  et  perdu 
l'innocence,  dider.  Règne  de  Claude  It  Néron,  l, 


DES 


DES 


DES 


1113 


§  K5.  Lépine  a  cru  que  je  le  Jessei'vais  auiici  de 
vous,  HABiVAUX,  Ic  l.cijs,  tc.  23.  ||  Alisolument.  Ils 
ne  desservent  point,  mais  ils  veulent  servir  à  leur 
mode,  BALz.  6*  dise.  s.  la  cour.  \\  3°  Avec  le  .sens  de 
continuité  du  préfixe  des.  Faire  le  service  d'une  cure, 
d'une  chapelle.  Si  j'avais  quelque  pauvre  cure  de 
bonnes  gens  à  desservir,  J.  J.  rouss.  ^7n.  iv.  ||  Par 
extension,  ô  île  de  Sayne,  je  suis  demeurée  seule 
des  neuf  vierges  qui  desservaient  voire  sanctuaire, 
CHATEAi'B.  ilan.  'MB.  \\  Dans  un  sens  tout  à  fait  gé- 
néral, faire  un  service.  Cette  diligence  dessert  tous 
les  lieux  situés  dans  les  environs.  ||  4°  Se  desservir, 
V.  ré(l.  Se  rendre  de  mauvais  offices  l'un  à  l'autre. 
Ces  deux  hommes  qui  se  font  des  semblants  d'amitié 
se  desservent  sous  main. 

—  HIST.  XI'  s.  [Il]  N'a  deservit  [mérité]  que  altre 
bien  il  ait,  (h.  de  Itol.  cclxxii.  ||  xii'  s.  Dist  Olivers  : 
Bien  l'avez  rieservie  [ma  coltre],  Honc.  p.  82.  S'on- 
i[nes  grans  biens  dut  estre  desservis  Pour  mal  avoir, 
bien  dûi  [je]  merci  atendre,  Couci,  v.  Sire,  fait-il, 
la  pape  qui  m'a  enveié  ça,  Cum  avez  deservi,  par 
raei  vus  salua;  Tenez,  lisiez  lesletres  k'enveiées  vus 
a.  Th.  le  mart.  (24.  |{  xiii*  s.  Et  nonporquant,  vos 
avés  servi  tant  moi  et  lui  que,  se  l'en  vos  donoil 
tout  l'empire,  si  l'avés  vos  plus  que  deservi,  villeh. 
Lxx.xvn.  Ce  que  n'ai  deservi  convient  que  je  com- 
père [paye],  Berte,  xviii.  Bien  avez  deservi  que 
vous  soiez  mes  drus  [mon  ami],  ib.  xxiv.  Car  qui 
ainsi  le  fait,  paradis  en  désert  [mérite],  ib.  xxxiv. 
Car  bien  [il]  a  deservi  que  pas  [nous]  ne  lui  fail- 
lons,  ib.  Ele  eilst  deservi  destruire  et  lapider  [mé- 
rité d'être  lapidée],  ib.  xcvil.  Or  n'i  a  fors  de  bien 
servir.  Se  ge  voil  son  gré  deservir,  la  Rose,  4200. 
El  quant  il  faillent  lor  segneur  en  tel  besoin,  il  de- 
servent  à  perdre  lor  fief,  beaum.  49.  Comment  que 
uns  autres  enport  les  fruis  d'un  fief  duquel  je  suis 
hoirs,  je  suis  tenus  à  obéir  et  à  deservir  [faire  le 
service]  le  fief  pour  reson  de  l'hommage  que  j'ai 
fet,  ID.  xn,  12.  Une  capelerie  [chapelle]  à  deservir 
perpetuelment,  tailliar,  Recueil,  p.  (77.  ||xiv"s. 
Et  c'est  la  dernière  et  souveraine  fin,  excepté  para- 
dis et  la  grâce,  par  quoy  l'en  le  désert  [mérite], 
OHESME,  Eth.  (I.  Deux  serviteurs  pour  chascune 
table,  qui  serviront  et  desserviront,  Ménagier,  ii, 
4.  Il  XV*  s.  Sire  de  Herbannes,  retournez  à  l'Escluse 
et  ne  les  gardez  point  longuement;  faites  les  tous 
mourir,  ils  ont  bien  desservi  mort,  VROiss.  ii,  il, 
231.  Il  ne  les  peut  avoir  de  droit,  mais  il  les  a  bien 
desservies  [gagnées]  en  autre  manière,  louis  xi, 
JVouti.  xxvii.  Et  le  fait  de  sa  coustrerie  [custode, 
office  de  sacristain]  recommanda  à  un  jeune  et  gen- 
til clerc,  pour  la  desservir  jusqu'à  son  retour,  ID.  ib. 
XLii.  Il  xvi"  s.  Grand  mercy,  dis  je,  monsieur,  vous 
me  faictes  du  bien  plus  que  n'ay  deservy  envers 
vous,  RAB.  Panl.  ii,  32.  Nostre  repas  deffaict.  En 
desservant  les  metz  à  nous  submiz,  marot,  v,  353, 
Le  serviteur  reçoit  ce  qu'il  a  desservi  [mérité], 
pource  que  le  maistre  est  indigné  contre  lui,  calv. 
Inslit.  5(4.  Les  martyrs  par  leur  mort  ont  plus  de- 
.servi  de  Dieu  qu'il  ne  leur  estoit  besoin,  m.  ib.  624. 
11  lui  faschoit  fort,  qu'après  avoir  travaillé  toute  la 
matinée,  il  fust  desservi,  avant  se  mettre  à  table, 
DESPER.  Contes,  xx.  Que  ce  n'estoit  pas  mal  em- 
ployé, que  ce  meschant  Cherronesien  fust  puni  se- 
lon qu'il  l'avoit  deservy  [mérité],  amyot,  Eum.  :)7. 

—  ÉTVM.  Iles....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  seri'tV;  provenç.  desservir,  de- 
servir, de'<sirvir,  desirvir.  Suivant  que  le  préfixe 
implique  destruction,  renversement  de  l'action,  ou 
renforcement  de  l'action,  desservir  signifie  6ler  ce 
qui  est  servi,  rendre  un  mauvais  service,  ou,  comme 
dans  l'ancien  français,  mériter.  Le  latin  deservire 
veut  dire  servir  avec  zèle  et  a  donné  ,  par  exten- 
sion, l'ancien  français  deservir  au  sens  de  mériter, 
et  le  français  moderne  au  sens  de  faire  un  service. 
Quant  aux  autres  sens  où  le  préfixe  a  une  significa- 
tion négative,  ils  sont,  comme  déchanter,  un  exem- 
ple curieux  du  changement  de  sens  des  mots  par  la 
force  de  l'analogie  des  éléments. 

t  DESSERVlTOltERlE  (dè-sèr-vi-to-re-rie),  s.  /". 
Office  ou  bénéfice  qui  oblige  à  desservir  une  église, 
un  chœur. 

—  ÊTYM.  Desservir. 

t  UESSICCANT,  ANTE  (dé-si-kan,  kan-t'),  adj. 
Oui  dessèche.  Soumettre  les  soies  à  l'aclion  dessic- 
cante. 

—  ÉTYM.  Lat.  desiccare,  de  la  préposition  de,  et 
siccare  (voy.  sécher). 

t  UESSICCATEUU  (dé-si-ka-teur),  s.  m.  Bâtiment 
dans  lequel  on  fait  sécher  les  draps.  On  dit  plutôt 
séchoir. 

--  F.TY.M.    Voy.  DESSICCANT. 

DESSICCATIF,  IVE  ;dè-si-ka-tif,  ti-v'),ad;.ll  fQui 
DICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


a  la  propriété  do  dessécher.  ||  Subslaiitivenicnt.  En 
méditant  de  nouveau  siH-  ces  faits,  j'avais  été  con- 
duit à  envisager  l'étiolement  comme  une  enfance 
prolongée  et  la  lumière  comme  une  sorte  de  des- 
siccatif, BONNET,  Us.  des  feuilles  plant.  SuppL  2«. 
Il  2"  Terme  de  médecine.  Oui  dessèche  les  plaies  ou 
quelque  parlie  trop  humide.  Onguent  dessiccatif. 
Il  Substantivement.  Un  dessiccatif,  un  topique  pro|ire 
à  dessécher.  ||  3°  Terme  de  peinture.  Huile  dessicca- 
tive, huile  qui  rend  les  couleurs  auxquelles  on  la 
mêle,  propres  à  sécher  promptement.  ||  Substantive- 
ment. Cette  huile  est  un  excellent  dessiccatif. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  médicament  sera  résolutif  et 
dessicatif,  car  toute  ulcère  requiert  estre  desseichée, 
PARE,  V,  (3.  Le  sécher  des  fruits  tarde  quelque  peu 
plus,  parce  que  le  miel  n'est  tant  dessicatif  que  le 
sucre,  0.  de  serbes,  873. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dessicatiu,  desicatiu;  espagn. 
desecativo  ;  \Isl\.  disseccativo  ;  du  latin  desiccativtts , 
de  desiccare  (voy.  dessécher). 

DESSICCATION  (dù-si-ka-sion) ,  s.  f.  Action  de 
dessécher,  de  faire  évaporer  l'humidité  qui  se  trouve 
dans  un  corps.  La  dessiccation  d'une  plante. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  sang  par  ceste  dessication  et 
élaboration  dégénère  en  substance  charneuse,  paré, 
II,  ((.  Et  faudra  augmenter  ou  diminuer  la  desic- 
cation  de  l'ulcère  qu'on  verra  estre  besoin,  id.  x,  9. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deiicalio;  espagn.  desecacion; 
du  latin  desiccalio,  àedesiccare{voy. dkssècuer). 

DESSILLÉ,  ÉE  (dè-si-llé,  liée,  «mouillées),  pari. 
passé.  Fig.  Qui  n'est  plus  fermé  à  la  lumière.  Mes 
yeux  sont  dessillés;  le  crime  est  confondu,  rac. 
Esih.  m,  7.  Â  mes  yeux  dessillés  la  vérité  va  luire, 

LAMART.  Médit.  IV,    (8. 

DESSILLER  (d"'-si-IIé,  Il  mouillées,  et  non  dè- 
si-yé),  V.  a.  ||  1°  Séparer  les  paupières  qui  étaient 
jointes.  ||  2°  Fig.  Dessiller  les  yeux  de  quelqu'un  ou 
à  quelqu'un,  le  désaveugler,  lui  faire  voir  la  vérité. 
Le  temps  dessillera  les  yeux,  patru,  Plaidoyer  16, 

dans  RicHELET Purgeant  notre  âme  et  dessillant 

nos  yeux,  corn.  Polyeucte,  i,  (.  [Son  sang]  M'a  des- 
sillé les  yeux  et  me  les  vient  d'ouvrir,  id.  ib.  v,  6. 
Il  me  semble  que  tu  m'as  dessillé  les  yeux,  et  je 
vois  clairement  la  vanité  des  choses,  d'ablancourt, 
Lucien,  t.  i,  dans  richelet.  Sitôt  que  le  respect 
m'a  dessillé  la  vue....  rotrou,  Vencesl.  u,  2.  Il  [le 
ciel]  a  touché  mon  âme  et  dessillé  mes  yeux,  mol. 
Fesl.  de  P.  v,  (.  Hélas!  que  ferait-il  si  quelque  au- 
dacieux Allait  pour  son  malheur  lui  dessiller  les 
yeux?  HOIL.  Sttt.  IV.  La  ban(|ueroute,  causée  et  fon- 
dée en  principes  et  en  droit  par  l'exposé  de  l'édit, 
dessille  tous  les  yeux,  st-sim.  39b,  (23.  L'on  com- 
mença à  dessiller  les  yeux  du  peuple  sur  les  super- 
stitions, VOLT.  Louis  XI  V,  2B.||  3°  Se  dessiller,  v.  réfl. 
S'ouvrir  â  la  lumière.  Mes  yeux  se  dessillèrent,  et 
je  reconnus  mon  erreur.  A  ce  signe  d'abord  leurs 
yeux  se  dessillèrent,  la  font.  l'hil.  et  Banc. 

—  REM.  Dessiller  est  une  mauvaise  orthographe, 
puisque  le  mot  vient  de  cil.  L'Académie  l'a  préférée 
à  la  bonne  {déciller),  qu'elle  consigne  pourtant  à 
son  rang  alphabétique  et  qu'elle  abandonne  pour 
suivre  une  vicieuse  tradition. 

—  HIST.  XIV"  P.  El  luy  soit  coupé  [au  faucon 
de  chasse]  le  fil  de  quoy  il  est  chillé,  et  soit  des- 
chillé  de  tous  poins,  J/oduï,  f°  lxxix,  eerso.  DèsJa 
deuxième  fois  que  l'esprevier  sera  peu,  le  convient 
dessillier  [découdre  les  paupières],  Ménagier,  m, 
2.  Il  XVI*  s.  Alors,  Forget,  alors  ceste  erreur  an- 
cienne. Qui  n'avoit  bien  cogneu  ta  princesse  et  la 
mienne,  La  venant  k  revoir,  se  dessilla  les  yeux, 
DUBELL.  VI,  48,  rccto.  DessUlez-moy  l'ame  assopie 
Et  ce  gros  fardeau  vicieux,  rons.  365.  Se  reveillant, 
tu  t'esveiiles  joyeux,  Et  pour  le  voir  tu  dessilles  tes 
yeux,  id.  958. 

—  ÉTYM.  Dès....  préfixe,  et  cil  (du  moins  la  plus 
ancienne  orthographe  dans  l'historique  est  des-chil- 
ler  ;  mais  on  pourrait  aussi  avoir  dé-ciller)  ;  mot 
tiré  de  l'usage  où  l'on  était,  dans  la  fauconnerie, 
de  ciller  ou  coudre  les  paupières  de  l'oiseau  de 
proie,  pour  le  dompter  et  dresser. 

DESSIN  (dé-sin;  \'n  ne  se  lie  pas:  un  dè-sin  élé- 
gant; au  pluriel,  l's  se  li'e  :  des  d6-sin-z  élégants), 
s.  m.  Il  1°  Représentation  à  l'aide  du  crayon,  de  la 
plume,  du  pinceau.  Dessin  lithographie.  Dessin  au 
trait,  celui  qui  n'a  aucune  ombre.  Dessin  haché,  ce- 
lui où  les  ombres  sont  exprimées  par  des  lignes  sen- 
sibles et  le  plus  souvent  croisées.  Dessin  lavé,  celui 
où  les  ombres  sont  faites  au  pinceau,  avec  l'encre  de 
la  Chine.  Dessin  colorié,  celui  dont  les  lignes  sont 
relevées  de  quelques  couleurs  de  peinture.  Dessin 
arrêté,  celui  dont  les  contours  des  figures  sont  ache- 
vés. Dessin  linéaire  par  opposition  au  dessin  de  la 
figure,  celui  des  meubles    ornements,  vases,  que 


l'industrie  a  l'occasion  de  produire,  et  qu'on  ensei- 
gne dans  les  écoles  primaires  comme  préparatoire 
aux  états  de  tourneur,  menuisier,  ébéniste,  etc.  ;  on 
l'appelle  linéaire,  parce  qu'il  ne  consiste  que  dans 
le  trait  ou  les  lignes.  La  nature  féconde  Varie  à  l'in- 
fini les  traits  de  ses  dessins,  volt.  Scythes,  iv,  4 
Il  2°  L'art  qui  enseigne  les  procédés  du  dessin.  Ap- 
prendre le  dessin.  Les  arts  du  dessin,  la  peinture, 
la  sculpture,  l'architecture.  Le  dessin  est  la  base 
d'un  grand  nombre  d'arts.  Le  dessin  est  de  rigueur 
en  sculpture,  diderot  ,  Pensées  sur  la  peinture, 
Œuvres,  t.  xv,  p.  2i3,  dans  pougens.  ||  3°  Déli- 
néation  des  figures,  des  contours.  Dessin  correct, 
pur.  On  oppose  le  dessin  à  la  couleur.  ||  Ordonnance 
générale  d'un  tableau.  ||  4°  Figures  d'ornement 
dans  certains  tissus.  Cette  étoffe  est  d'un  joli  dessin. 
Le  dessin  d'un  papier  de  tenture.  Faire  des  dessins 
de  broderie,  FÉN.  Tél.  m.  L'esprit  se  relâchait,  pen- 
dantquedes  mains  industrieusemeiit  occupées  s'exer- 
çaient dans  des  ouvrages  dont  la  piété  avait  donné, 
le  dessin,  boss.  Anne  de  Conx.  ||  6°  Terme  d'archi- 
tecture. Plan  d'un  bfitiment,  d'un  jardin,  etc.  Ce 
parterre  est  fait  sur  le  dessin  de  M.  le  Nôtre,  sÉv. 
588.  Il  en  fit  tous  les  dessins  [du  temple],  boss.  llist. 
II,  4.  Ce  monument  éternisera  la  honte  de  l'archi- 
tecte; car  il  fait  voir  que  l'ouvrier  n'a  pas  su  penser 
avec  assez  d'étendue  pour  concevoir  le  dessin  géné- 
ral de  tout  son  ouvrage,  fén.  Tél.  xxii.  ||  6°  Dans 
un  ouvrage  littéraire,  le  plan  et  les  principaux  inci- 
dents, à  l'exclusion  du  style.  Corneille  admirable 
surtout  par  l'extrême  variété  et  le  peu  de  rapport 
qui  se  trouve  pour  le  dessin  entre  un  si  grand  nom- 
bre de  poèmes  qu'il  a  composés,  labruy.  i.  ||  7"  Terme' 
de  musique.  La  disposition  de  diverses  parties  d'un 
morceau. 

—  ÉTYM.  Voy.  dessiner.  Dessein  et  dessin  sont  le 
même  mot;  il  n'y  a  pas  longtemps  que  l'orthogra- 
phe les  a  distingués  pour  l'œil;  et  dans  le  xvn"  siè- 
cle dessin  s'écrivait  souvent  dessein.  Dessein  n'est 
que  dessin  pris  figurément,  c'est-à-dire  ce  que  l'on 
dessine  ou  désigne,  car  ces  deux  mots  sont  iden- 
tiques. 

DESSINATEUR,  TRICE  (dr>si-na-teur,tri-s'),s.  m. 
et/.  Il  1°  Celui,  celle  qui  exerce  l'art  du  dessin.  Un  bon 
dessinateur.  ||  2°  En  parlant  des  peintres,  celui  qui  est 
habile  à  dessiner.  Raphaël  est  un  grand  dessinateur. 
Il  II  se  dit  spécialement  par  opposition  à  coloriste. 
Ce  mot  dans  ce  sens  est  surtout  pris  par  relation.  11  y 
a  dans  la  peinture  le  dessin  et  la  couleur;  de  sorte 
qu'on  distingue  parmi  les  peintres  les  dessina- 
teurs et  les  coloristes;  c'est  la  division  que  P.  Dela- 
roche  a  suivie  dans  l'hémicycle  de  l'École  des  beaux- 
arts;  il  a  mis  les  uns  à  droite,  les  autres  à  gauche. 
Hubensest  bien  plus  coloriste  que  dessinateur;  David 
et  Girodet  sont  bien  plus  de,s,siiiateurs  que  colo- 
ristes. Il  3°  Celui  qui  trace  le  dessin,  le  pian  d'un 
bâtiment,  d'un  jardin,  etc.  Dieu  ne  fut  pas  un  si 
méchant  dessinateur  des  bocages  de  l'Êden  que  les 
incrédules  le  prétendent,  chateaub.  Génie,  i,  iv, 
4.  Il  4°  Nom  des  artistes  qui  font  des  modèles  pour 
les  ouvriers,  pour  les  manufactures  d'étoffes  et  de 
tapisseries,  pour  les  broderies.  Un  dessinateur  de 
fabrique.  Dessinateur  en  broderie. 

—  ÉTYM.  Dessiner. 

DESSINÉ,  ÉE  (dè-si-né,  née),  part,  passé.  Tracé 
suivant  l'art  du  dessin.  Une  figure  bien  dessinée. 
Il  Fig.  Énée  et  Turiius  ne  sont  beaux  que  dans 
deux  ou  trois  moments;  Mézence  seul  est  fièrement 
dessiné,  chateaub.  Génie,  ii,  ii,  (0.  Le  chapitre  27 
du  livre  xix  [de  l'Esprit  des  lois]  est  un  portrait  de 
votre  Angleterre,  dessiné  dans  le  goût  de  Paul  Vé- 
ronfse,  des  coideurs  brillantes,  de  la  facilité  de 
pinceau  et  quelques  défauts  de  costume,  volt. 
Dial.  xxiv,  t"  entretien. 

DESSINER  (dè-si-né),  v.  a.  ||1°  Faire  le  dessin 
de  quelque  objet.  Dessiner  une  figure  d'après  nature. 
Dessiner  un  paysage,  des  arabesques,  un  plan. 
Il  2°  Terme  de  musique.  Faire  le  dessin,  concevoir 
l'ordonnance  d'un  morceau.  Dessiner  un  point  d'or- 
gue. Il  3°  Figurer.  Ces  galeries  écroulées  dessinaient 
les  places  publiques,  volney.  Ruines, i.  Ses  cheveux 
[dePhédon],effleurésdusourflede  l'automne,  Dessi. 
naientsur  sa  tète  une  pâle  couronne,  lamart.  Socr. 
346.  Il  Un  vêtement  qui  dessine  bien  les  formes, 
c'est-à-dire  qui  fait  bien  ressortir  les  formes  du 
corps.  Il  4°  F.  n.  Dessiner  au  crayon,  à  la  plume. 
Dessiner  est  un  très-joli  plaisir,  mais  écrire  est  un 
plaisir  utile,  maintenon.  Lettre  au  duc  de  Noailles, 
l(  déc.  (700.  Il  Terme  de  peinture  Tracer  les  con- 
tours des  figures  d'un  tableau.  Ce  peintre  colorie 
mieux  qu'il  ne  dessine.  ||  5"  Se  dessiner,  t'.  réft.  Se 
montrer  avec  des  contours  bien  arrêtés.  Les  Alpes 
se  dessinent  à  l'horizon.  Quelques  têtes  do  chameau 

1.  -  i'>o 


111/l 


DES 


se  dessinaient  dans  l'ombre,  chateaub.  Mart.  il, 
226.  Il  Fig.  Être  marqué,  être  apparent.  Deux  gran- 
des opinions,  deux  grands  partis  se  dessinaient. 

—REM.  On  a  écrit  autrefois  dessigner  :  Comme  un 
liomme  Qui  dessigne  de  l'œil  mille  cbâteaux  en  l'air, 

BliGNIER,  Élég.  II. 

—  ÊTYM.  Autre  forme  et  ancienne  prononciation 
do  di'signer  (voy.  ce  mot). 

4.  DESSOLÉ,  ÉE  (ilè-so-lé.  Me),  part,  passé  de 
dossoler  1.  Un  bœuf  dcssolé.  ||  Terme  de  chasse. 
Chien  dessolé,  cliien  qui,  lorsque  la  terre  est  dure, 
a  la  peau  du  dessous  des  pieds  enlevée  par  la  mar- 
che et  le  frottement. 

2.  DESSOLÉ,  ÉE  (dè-so-lé,  lée),  part,  pasié  (le 
dessoler  2.  Une  pièce  de  terre  dessolée. 

t  UESSOLEMENT  (dè-so-lc-m;in),  s.  m.  Terme  d'a- 
griculture. Action  de  dessoler;état  de  ce  qui  est  dessolé. 

—  ÉTY.M.  Dessoler  i. 

1.  DESSOLEK  (dè-so-lé),  V.  a.  ôter  la  sole  d'un 
cheval,  d'un  mulet. 

—  HIST.  XIV*  s.  Tant  orent  de  meschief  lor  che- 
vaux, ce  sait  on,  Que  dessolé  en  sont  deux  cent  ou 
environ,  Ciie.sc/.  (8329. 

—  ÊTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  « 
de  prononciation,  et  sole  de  cheval. 

2.  DESSOLER  (dè-so-lé),  V.  a.  Terme  d'agriculture. 
Changer  l'ordre  des  soles  d'une  terre  labourable. 

—  ËTYM.  Des....  préfixe,  pourd^....  avec  une  s  de 
prononciation,  et  soie  de  la  terre. 

t  i.DESSOLURE(dè-so-lu-r'),s.  /'.Terme  de  vété- 
rinaire. Enlùvement  de  la  sole  d'un  cheval ,  d'un  bœuf. 

—  ËTYM.  Dessoler  1 . 

f  2.  DES.SOLURE  (dè-so-lu-r'),  s.  f.  Terme  d'a- 
griculture. Changement  du  mode  d'assolement  d'une 
terre. 

—  f-TYM.  Dessaler  2. 

t  DESSOUCHER  (dè-sou-ché),  t).  o.  Termed'agri- 
culture.  Arracher  les  souches. 

—  ETYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s  de 
prononciation,  et  souche. 

DESSOUDÉ,  ÉE  (dè-sou-dé,  dée),  part,  passé. 
Une  cafetière  en  fer-blanc  dessoudée. 

DESSOUDER  (dè-sou-dé),  v.  a.  ôter  la  soudure, 
disjoindre  des  parties  soudées.  1|  Se  dessouder,  v.  réfl. 
Cesser  d'être  soudé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ores  leurs  fors  bras  dessoudent 
Leurs  ponts,  écluses  et  ports,  dubell.  n,  51,  verso. 

—  ETYJl.  Des....  préfixe,  pour  d^....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  souder. 

t  DESSOUDURE  (dè-sou-du-r') ,  s.  f.  Action  de 
dessouder;  état  de  ce  qui  est  dessoudé. 

—  ÉTYM.  Dessouder. 

t  DESSOUFFLER  (dè-sou-flé),  V.  a.  Terme  de 
boyaudiers.  l'ratiquer  la  désinsufflation. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  souffler. 

t  DESSOUFRAGE  (dè-sou-fra-j'),  s.  m.  Action  de 
dessoufrer. 

t  DESSOUFRER  (dè-sou-fré),  v.  a.  Enlever  le 
soufre  qui  se  trouve  dans  une  substance. 

—  ETYM.  Des.  ..  préfixe,  pour  dé....  avec  une  f 
de  prononciation,  et  soufre. 

■f  nKS.>iOUn.LER  (dè-sou-llé,  !i  mouillées),  v.  a. 
ôter  la  siiuilliire.  ||  Se  dessouiller,  v.  réfl.  Se  laver 
d'un  opprobre. 

—  HIST.  xvr  s.  Desouiller,  Poésies  de  Loys  le  Ca- 
ron,  f°*l ,  verso,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  souiller. 

DESSOLLÉ,  ÉE  (dè-sou-lé,  lée),  part,  passé. 
Dont  l'ivresse  est  passée. 

DESSOULER  (dè-sou-lé),  v.  a.  Dissiper  l'ivresse. 
La  peur  l'a  dessoûlé.  ||  Absolument.  11  ne  dessoûle 
pas,  il  est  toujours  ivre.  {|  Se  dessoûler,  v.  réfl.  Sor- 
tir de  l'ivresse.  Il  s'est  dessoûlé  en  prenant  un  peu 
d'ammoniaque. 

—  REM.  Pourquoi  l'Académie,  qui  écrit  soûl,  soû- 
ler avec  l'accent  circonflexe,  écrit-elle  dessoûler  sans 
accentcirconfiexe?  c'est  une  inconséquence  qui  com- 
plique l'orthographe. 

—  ÊTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  soiller. 

DESSOUS  (de-sou;  l's  se  lie  :  de-souz  et  dessus; 
au  contraire,  Chifllet,  Gramm.  p.  210,  xvii' siècle, 
remarque  que  Vs  ne  se  prononce  pas,  même  devant 
une  voyelle),  adt).  ||  fil  marque  qu'une  chose  est  .sous 
une  autre.  J'ai  cherché  sur  la  table  et  il  était  des- 
«ous.  J'ai  crainte  ici  dessous  de  quelque  manigance, 
MOL.  VEtour.  I,  4.  Ce  blocenfarinéneme  ditrienqui 
vadle,  S'écria-t-il  de  loin  au  général  des  chats;  Je 
soupçonne  dessous  encor  quelque  machine,  la  font. 
Fabl.  m,  48.  Il  Mettre  dessous,  renverser  dans  une 
lutte.  Il  Udia  de  me  mettre  dessous,  fé«.  Tél.  v. 


DES 

Il  Terme  de  jeu  de  paume.  Mettre  dessous,  lancer 
une  balle  assez  bas  pour  qu'elle  ne  soit  arrêtée  ni 
par  la  corde,  ni  par  le  filet.  ||  Terme  de  marine.  La 
barre  dessous!  dessous  toute  I  ordre  au  timonier  de 
placer  la  barre  du  gouvernail  tout  à  fait  sous  le  vent. 
Il  Sens  dessus  dessous,  voy.  cette  locution  à  sens. 
Il  2°  Là-dessous,  odi).  Sous  cela.  Mettez  ce  paquet  là- 
(lessou.s.  Il  Fig.  Il  y  a  quelque  piège  là-dessous.  Don! 
bon!  quelque  chose  là-dessous  ;  que  pourrait-ce  être? 
DANCOURT,  Gai.  jardin,  se.  t.  ||  3°  Ci-dessous,  adv. 
Sous  le  lieu  où  l'on  est.  Ci-dessous  gît  un  tel.  ||  Ci- 
après.  La  note  ci-dessous  explique  la  chose,  'ifous 
trouverez  ci-dessous  les  propres  termes  de  l'auteur. 
Il  4°  S.  m.  La  partie,  le  côté,  l'endroit  qui  est  sous 
le  dessus.  Le  dessous  d'une  table,  d'une  étoffe.  Il 
t'importera  peu  que  le  monde  s'en  joue,  Et  t'ofi're 
de  la  roue  Ou  le  dessus  ou  le  dessous,  corn.  Imit. 
11,  4.  Il  Les  dessous  d'un  théâtre,  les  étages  à  plan- 
ches mobiles  qui  sont  au-dessous  do  la  scène. 
Il  y  a  jusqu'à  trois  de  ces  étages  qu'on  nomme  le 
premier,  le  second  et  le  troisième  dessous.  ||  Fig. 
Être  enfoncé  dans  le  troisième  dessous,  être  très- 
mal  dans  ses  affaires,  être  le  plus  bas  possible. 
Il  Terme  d'eaux  et  forêts.  Les  dessous,  nom  donné 
aux  branchages  inférieurs  et  buissons  qui  se  trouvent 
dans  les  bois.  ||  5°  Le  dessous  des  cartes,  la  partie 
des  cartes  que  l'on  tient  en  dessous,  c'est-à-dire 
qu'on  ne  laisse  pas  voir  à  l'adversaire.  ||  Fig.  Le 
dessous  des  cartes,  les  ressorts  secrets  d'une  in- 
trigue, d'une  afTaire.  N'ya-t-il  point  moyen  de  voir 
le  dessous  du  jeu?  pasc.  Pensées,  x,  l ,  éd.Lahure, 
(880.  L'on  voit  clair  quand  on  voit  le  dessous  des 
cartes,  sév.  202.  Je  crois  que  vous  m'aimez;  c'est  as- 
surément le  dessous  de  vos  cartes,  comme  la  vérita- 
ble tendresse  que  j'ai  pour  vous  est  le  dessous  des 
miennes,  sÉv.  Lett.  5  août  167B.  Les  gazettes  di- 
rent que  leur  vaisseau  [des  philosophes  qui  étaient 
allés  faire  des  observations  sous  le  cercle  polaire] 
échoua  aux  côtes  de  Bosnie,  et  qu'ils  eurent  bien 
de  la  peine  à  se  sauver;  mais  on  ne  sait  jamais 
dans  ce  monde  le  dessous  des  cartes,  volt,  ilicro- 
mégas,  4.  ||  On  dit  aussi  le  dessous  de  cartes.  Une  de 
nos  folies  a  été  de  souhaiter  de  découvrir  tous  les 
dessous  de  cartes  de  toutes  les  choses  que  nous 
croyons  voir  et  que  nous  ne  voyons  point....  sEv. 
t97.  Il  Absolument.  Un  dessous,  quelque  chose 
de  caché  dont  il  faut  se  défier.  ||  6°  Avoir  le  des- 
sous, avoir  le  désavantage  dans  un  combat,  dans 
une  discussion.  Soit  que  Rome  y  succombe  ou 
qu'Albe  ait  le  dessous,  corn.  Jlor.  i,  3.  Est-il  pos- 
sible que  toujours  j'aurai  du  des.sous  avec  elle?  mol. 
G.  Dandin,  ii,  t3.  Nous  avons  toujours  du  dessus 
et  du  dessous,  de  plus  habiles  et  de  moins  habiles, 
de  plus  élevés  et  de  plus  misérables,  pour  abaisser 
notre  orgueil  et  relever  notre  abjection,  pasc.  Pen- 
sées. Monval  m'a  conté  une  affaire  vive  à  la  Caldie- 
ra;  les  nôtres  auraient  eu  du  dessous,  p.  l.  cour. 
Lett.  II,  87.  Il  7°  En  dessous,  loc.  adv.  Dans  le  des- 
sous, dans  la  partie  qui  est  dessous.  Un  pain  brûlé 
en  dessous.  ||  Fig.  Regarder  en  dessous,  regarder 
sans  lever  les  yeux.  D'abord  ils  [les  noirs]  ne  sa- 
vent qu'en  dire  [des  marionnettes];  lisse  regar- 
dent en  dessous,  bérang.  Nègres.  Son  re!;ard  en 
dessous  observait  tout  avec  une  ombrageuse  atten- 
tion, MARMONTEL,  méin.  IV.  Il  Être  en  dessous,  être 
morne  et  dissimulé.  Il  a  l'air  en  dessous,  il  a  l'air 
dissimulé.  ||  8"  Par-dessous,  loc.  adv.  Par  le  côté 
qui  est  dessous.  Il  le  jirit  par-dessous.  ||  Par-dessous, 
prép.  Par-dessous  ses  vêtements.  Passer  par-dessous 
la  barrière.  ||  Fig.  et  familièrement.  Par-dessous  la 
jambe,  avec  promptitude  et  facilité.  Il  fait  cela  par- 
dessous  la  jambe.  ||  9°  Au-dessous,  loc.  adv.  Plus  bas. 
Notre  village  est  situé  près  du  pont;  le  vôtre  est 
bien  au-dessous.  La  citadelle  est  sur  la  colline;  la 
ville  s'étend  au-dessous.  ||  Fig.  Être  au-dessous,  être 
inférieur.  Jamais  il  [Racine]  n'ira  plus  loin  qu'An- 
dromaque;  Bajazet  est  au-dessous,  au  sentiment  de 
bien  des  gens  et  au  mien ,  si  j'ose  me  citer,  sév.  (  26. 
Il  Au-dessous  de, /oc.pr(?p.  L'eau  ne  nous  venait  qu'au- 
dessous  du  genou.  Être  logé  au-dessous  de  quelqu'un. 
Le  thermomètre  est  au-dessous  de  zéro.  1|  Terme  de 
marine.  Être  au-dessous  du  vent  d'un  vaisseau,  être 
placé  de  manière  que  ce  vaisseau  reçoit  le  vent  le 
premier.  ||  Par  extension.  11  marque  l'infériorité 
par  rapport  à  un  terme.  On  enrôla  tous  les  hommes 
au-dessous  de  cinquante  ans.  Une  somme  au-des- 
sous de  mille  francs.  .Vendre  au-dessous  du  cours. 
Les  enfants  de  l'âge  de  deux  ans  et  au-dessous. 
Il  Fig.  Être  au-dessous  de  sa  place,  n'être  pas  en 
état  de  la  remplir.  Cet  emploi  est  au-dessous  de 
lui,  cet  homme  est  capable  et  digne  d'occuper  un 
poste  plus  élevé.  Je  n'ignore  pas  qu'à  cause  de  votre 
noblesse  vous  me  tenez  fort  au-dessous  de  vous, 


DES 

MOL.  Georges  Dandin,  ii,  3.  Lo  Mercure  Galant  est 
immédiatement  au-dessous  du  rie»;  il  y  a  bien  d'au- 
tres ouvrages  qui  lui  ressemblent,  la  bbuy.  i.  La 
faveur  met  l'homme  au-dessus  de  ses  égaux,  et  sa 
chute  au-dessous,  id.  viu.  ||  lO"  De  dessous,  loc. 
adv.  Vêtement  de  dessous,  vêtement  qui  se  porte 
ordinairement  sous  d'autres.  ||  De  dessous,  loc.  prép. 
exprimant  que  l'on  tire  de  quelque  chose  qui  est 
dessus.  Vous  ne  trouverez  pas  bon  qu'une  magi- 
cienne fasse  sortir  une  armée  de  dessous  terre,  mon- 
TESQ.  Lett.  pers.  437.  Hommes  noirs,  d'où  sortez- 
vous?  Nous  sortons  de  dessous  terre,  bérang.  Jés, 
Il  Voy.  aussi  au-dessous,  à  son  rang  alphabétique. 

—  REM.  Dans  la  première  partie  du  xvii'  siècle, 
dessous  a  été  employé  couramment  comme  préposi- 
tion ;  Ce  sera  dessous  cette  égide  Qu'invincible  de 
de  tous  côtés....  malh.  m,  2.  Si  dessous  sa  valeur 
ce  grand  guerrier  s'abat,  corn.  Cid,  ii,  B.  Et  que 
dessous  les  cieux  Auprès  de  mon  honneur  rien  ne 
m'est  précieux,  id.  ib.  v,  <.  Je  le  tiendrai  long- 
temps dessous  votre  fenêtre,  id.  lfen(.  ii,  t.  Rome 
est  dessous  vos  lois  par  le  droit  de  la  guerre,  id. 
Cinna,  ii,  l.  Ou  qu'enfin  s'il  tombait  dessous  votre 
puissance,  ID.  Pomp.  III,  2.  Malheureux  que  je  suis 
d'avoir  dessous  ce  masque  Été,  sans  y  penser,  ta 
faire  cette  frasque!  mol.  l'Étour.  m,  <2.  Je  saii 
qu'il  est  rangé  de.ssous  les  lois  d'un  autre,  id.  Dep. 
amour,  ii,  3.  Le  lièvre  était  glté  dessous  un  maître 
chou,  LA  FONT.  Fabl.  IV,  4.  Ses  sacrilèges  mains 
Dessous  un  même  joug  rangent  tous  les  humains, 
RAC.  Alex.  II,  H.  Il  est  fâcheux  que  les  puristes  du 
xvii'  siècle  aient  voulu,  sans  aucune  raison  gram- 
maticale ni  étymologique,  ôter  à  dessous  le  rôle  de 
préposition;  il  en  résulte  que  de  beaux  passages  de 
nos  classiques  nous  paraissent  ou  archaïques  ou  fau- 
tifs. Aujourd'hui  la  règle  s'est  établie,  et  ce  serait 
une  faute  d'employer  dessous  comme  préposition. 
Cependant  V.  Hugo  a  essayé  de  faire  revivre  l'an- 
cien usage  ■  fllsj  Poursuivent  un  oeil  noir  dessous  la 
jalousie  X  travers  l'éventail,  F.  d'aut.  28. 

—  HIST.  XI'  s.  Desuz  un  pin,  delez  un  églantier, 
Ch.  de  Roi.  viii.  Lur  [leurs]  chevalz  [ils]  laissent 
de  desuz  un  olive,  t6.  cxci.  ||  xu*  s.  Dessus  mespiez 
charront  [ils  tomberont  sous  mes  pieds],  Hois, 
p.  209.  Desoz  un  pin,  Ronc.  p.  n.  Au  pié  d'un  mont 
par  desoz  un  lorier,  «6.  p.  40.  [Je]  N'en  donroie  le 
désir  Pour  tout  l'avoir  desouz  ciel,  Couct,  xii.  Adonc 
m'est  vis  que  jel  sente  [le  vent]  Par  desoux  mon 
manteau  gris.  Dame  de  Faiel,  dans  Couci.  As  prez 
desoz  Golaneseviennent  hebergier.  Soi.  vi.||xiii's. 
H  se  sont  arestés  desouz  un  olivier,  Berte,  xix.  La 
dame  fut  au  bois  desous  un  arbre  assise,  ib.  xxx. 
Quant  la  seconde  esciele  [bataillon]  des  Espaignois 
vit  au  des.sous  sa  partie,  si  se  ferirent  entre  ans 
[eux]  isnelement,  Chron.  de  Rains,  p.  70.  Sien  ft 
moult  dolans  et  envoya  maintenant  un  légat  en 
France  et  un  en  Engleterre  et  un  en  Alemaigne  et 
par  toutes  les  terres  de  sous  la  loi  de  Rome,  ib.  33. 
On  doit  miex  croire  le  tesmognage  de  l'apostoles 
que  le  par  desous  [le  témoignage  de  l'inférieur], 
BEAUM.  xviil,  (3.  Il  XIV*  s.  Et  de  telles  ars  et  doc- 
trines aucunes  sont  dessoubz  une  antre;  si  cotomu 
art  de  fjire  frains  est  dessoubz  art  de  chevaucher, 
ORESME,  Fth.  II.  Il  XV*  s.  Et  d'autre  part  il  voyoit 
bien  que  il  ne  pourroit  mauvaisement  mettre  au 
dessous  le  grand  royaume  de  France,  froiss.  i, 
I,  62.  La  comté  d'Evreux  estoit  revenue  aux  enfans 
du  roi  de  Navarre  qui  estoient  de.ssous  âge  et  au 
gouvernement  du  roi  Charles  de  France,  leur  on- 
cle, ID.  Il,  II,  19.  Et  aussi  quant  Picars  les  trou- 
voient  à  leur  dessoubz,  ils  leur  faisoient  assez  de 
peines,  FENIN,  I4li.  Messire  Enguerrant,  trèsbien 
accompaigné,  le  -tenant  par  dessoubz  le  bras,  tout 
à  genouillons  le  présenta  au  roy,  Jeh.  de  Saintré, 
ch.  32.  Toutesfois  estans  Vénitiens  pres(|ue  au  des- 
sous, au  moins  ayant  le  pire  et  fort  ruinez  d'ar- 
gent.... COMM.  vit,  2.  Il  XVI'  s.  J'entreprends  de  mar- 
cher sus  l'herbe  des  prez,  sans  que  elle  (lechisse 
dessoubs  moy,  rab.  Pant.  ii,  24.  Osté  qu'il  sera  [ce 
masque],  nous  ne  trouverons  au  dessous  que.,.. 
MONT.  I,  »o.  Il  se  coucha  dessoubs  un  arbre,  ID.  i, 
341.  Il  luy  mettoit  sa  trompe  dans  le  sein,  par  des- 
soubs son  collet,  id.  ii,  185.  /Egeus  luy  laissa  une 
espée  et  des  souliers,  lesquelz  il  cacha  dessoubs  une 
gro.sse  pierre,  amtot,  Thésée,  4.  Theseus  soubleva 
facilement  la  pierre,  et  print  ce  qui  estoit  dessoubs, 
id.  ib.  6.  Elle  trahit  dessoubs  ceste  espérance  Le  roi 
son  père  avec  sa  demourance,  id.  Rom.  26. 1.e  dessui 
du  bourbier  estoit  crousté;  mais  le  dessoubs  enfon 

droit,  iD.  ib.  27 Ou  sous  le  frais  d'un  antre,  o» 

dessous  la  froideur  D'un  chesne  dont  les  bras  s'op- 
posent à  l'ardeur,  bons.  su.  L'air  retentit  dessous 
le  cri  des  mères,  u>.  968. 


DES 


DES 


DES 


1115 


—  ÉT'i'M.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  sous;  bourguig.  deso ;  Berry, 
deisour;  picanl,  desous,  edxous;  provenç.  desotz, 
desosti  ;  ital.  rfisoHo. 

tDESSOCVENIR  (SE)  (dè-sou-ve-nir),  e.  réfl.  Ne 
pas  se  souvenir. 

— ,  HIST.  xiu"  s.  Pour  eslongier  ne  départir,  Ne 
pour  longuement  demourer,  Ne  doit  dame  dessou- 
Tenir  Son  loial  ami,  Poésies  mss.  du  Vatican,  dans 

LACL'RNE. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,  et  souvenir. 

t  nESSUINTAGE  (dè-suln-ta-j'),  s.  m.  Opération 
qui  a  pour  but  de  débarrasser  la  laine  de  son  suint. 

t  DESSUISTER  (dè-suin-tèj ,  v.  a.  Terme  de  tein- 
turier. Enlever  le  suint  de  la  laine. 

—  ÉTYM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  s 
de  prononciation,   et  suint. 

DESSUS  (de-su  ;  l's  se  lie  :  de-su-z  et  dessous;  au 
contraire,  Chifflet,  Gramm.  p.  216,  au  xvif  siè- 
cle, remarque  que  l's  ne  se  prononce  pas,  même  de- 
vant une  voyelle),  adr.  \\  1°  Exprime  la  situation  su- 
périeure, et  est  opposé  à  dessous.  Ce  qui  est  sous  la 
table  mettez-le  dessus.  Si  notre  être,  si  notre  sub- 
stance n'pst  rien,  tout  es  que  nous  bâtissons  dessus, 
que  peut-il  être?  Boss.  Duck.  d'Orl.  ||  Mettre  dessus, 
se  couvrir,  mettre  son  chapeau.  Cette  locution  est 
populaire.  Mettez  donc  dessus,  s'il  vous  plaît,  mol. 
ilar.  forcé,  2.  {|  Terme  de  jeu  de  paume.  Mettre  des- 
sus, pousser  ou  relever  une  balle  avec  la  raquette, 
assez  haut  pour  qu'elle  passe  au-dessus  de  la  corde. 
Il  Terme  de  marine.  Avoir  le  vent  dessus,  être  mas- 
qué ou  avoir  ses  voiles. coilTées.  ||  Sens  dessus  des- 
sous, voy.  cette  locution  au  mot  sens.  ||  2°  Là-des- 
sus, ado.  Sur  cela.  Mettez  ce  livre  là-dessus.  |1  Sur 
ce  sujet,  sur  ce  point.  Pourquoi  revenir  toujours 
là-dessus?  Passons  là-dessus.  Vous  pouvez  compter  là- 
dessus,  sur  cet  engagement,  cette  promesse.  ||  Apris 
cela,  aussitôt  après.  On  lui  déclara  qu'il  n'obtien- 
drait rien,  là-dessus  il  se  retira.  Ses  troupes  là-dessus 
ont  été  dispersées  Pour  rompre  dès  l'abord  ces 
pointes  avancées,  tristan,  l'anthée,  v,  t.  Là-des- 
sus un  grand  cri  tout  autour  s'entendit,  id.  lla- 
riane,  v,  2.  ||  3'  Ci-dessus, adu.  Plus  haut,  en 
parlant  de  quelque  chose  qui  est  consigné  par 
écrit.  Voyez  ce  qui  a  été  exposé  ci -dessus.  Comme 
ci-dessus.  ||  Elliptiquement.  De  tout  ce  que  des- 
sus j'argumente  très-bien  Qu'ici-bas  maint  talent 
n'est  que  pure  grimace,  la  font.  Fabl.  xi,  5.  ||  4°  S. 
m.  Le  côté  d'une  chose  qui  forme  la  partie  supé- 
rieure. Le  dessus  d'une  table,  d'une  étoffe.  Le 
dessus  est  plus  beau  que  le  dessous.  ||  Ce  qui  est 
en  dessus.  Je  vous  donne  avec  plaisir  le  dessus  de 
tous  les  paniers,  c'est-à-dire  la  fleur  de  mon  esprit, 
de  ma  tête,  de  mes  yeux,  de  ma  plume,  de  mon 
éoritoire,  et  puis  le  reste  va  comme  il  peut,  sÉv. 
234,  Il  L'étage  supérieur  d'une  maison.  ||  Le  haut 
d'un  omnibus.  ||  5"  Il  se  dit  de  diverses  choses  qui  se 
mettent  sur  d'autres.  Qn  dessus  de  table.  ||  Terme 
d'architecture.  Dessus  de  porte ,  ornement  de  boise- 
rie, de  peinture  ou  de  sculpture,  placé  dans  unenca- 
drem»nt  au-dessus  du  chambranle  d'une  porte.  Mais, 
me  réjiond  l'artiste,  vous  no  savez  donc  pas  que  ces 
vertus  sont  des  dessus  de  porte  pour  un  receveur  gé- 
néral des  finances?  DIDEROT,  Salon  de  t767,  Cit'u- 
vres,  t.  Xiv,  p.  87,  dans  pougens.  Il  ne  peindra  ja- 
mais que  des  dessus  de  portes,  J.  J.  rouss.  Ëm.  m. 
Il  6°  Les  dessus  d'un  théâtre,  les  étages  qui  sont 
au-dessus  de  la  scène  et  dans  lesquels  peuvent  re- 
monter certaines  machines,  certaines  décorations. 
Il  7°  Petite  glace  qui  sert  comme  de  molette  pour 
dégrossir  ou  adoucir  une  autre  glace.  |j  S"  Adresse, 
suscription  d'une  lettre,  d'un  paquet.  En  fermant 
le  paquet,  j'écrirai  le  dessus,  corn.  Ment,  iv,  4.  Le 
cabasset  cacheta  sa  lettre,  mit  le  dessus  [l'adresse]  à 
M.  de  Chaulnesau  lieu  de  M.  de  Pontchartrain ,  st- 

siM.  42,  239 J'ai  fini,  je  n'ai  plus  qu'à  cacheter 

ma  lettre  et  mettre  le  dessus,  régnard.  Distrait, 
IV, 9.  Est-ce  à  moi  qu'on  écrit?  regardons  le  dessus, 
lachaussée,  Gouvern.  ii,  o.  ||9°  Terme  de  marine. 
Le  dessus  du  vent,  l'avantage  du  vent.  Avoir,  gagner 

le  dessus  du  vent Presque  en  arrivant  Un  pirate 

survient,  prend  ledessusduvent,  Les  attaque,  les  bat, 

i.A  font.  Filles  de  Minée Un  vaisseau  de  corsaires, 

Ayant  pris  le  dessus  du  vent.  Les  attaqua;  le  combat 
fut  sanglant,  id.  Fiancée.  \\  Fig.  Avoir  le  dessus  du 
vent,avoirl'avantagesurquelqu'uD.  ||  Ledessusd'une 
voile ,  la  face  tournée  vers  l'avant  quand  la  vergue 
de  la  voile  est  brassée  carré.  ||  10»  Avantage,  supé- 
riorité. Avoir  le  dessus,  avoir  l'avantage  dans  un  com- 
bat, dans  une  lutte  quelconque.  La  fortune  n'avait 
pas  encore  le  dessus  dans  son  esprit,  vaegel.  Q.  C. 
m.  (2.  Ils  estiment  que  c'est  bien  davantage  d'em- 


porter le  dessus  au  conseil  sur  leurs  compagnons, 
que  de  battre  à  la  campagne  leurs  ennemis,  balz. 
3'  dise,  sur  la  cour.  Us  savent  oublier  quand  ils  ont 
le  dessus,  CORN.  Nicom.  v,  7.  Et  sur  notre  Arménie 
Orode  eut  le  dessus,  m.  Suréna,  i,  i.  Avec  plus  de 
raison  nous  aurions  le  dessus,  Si  mes  confrères  [les 
lions]  savaient  peindre,  la  font.  Fahl.  m,  to.  Le 
plaisir  d'avoir  le  dessus  sur  la  reine,  sév.  298.  Votre 
frère  l'emporte  et  Phèdre  a  le  dessus,  rac.  Phèdre, 
II,  6.  Que  la  passion  n'ait  pas  le  dessus  sur  la  raison, 
BOSS.  SU.  3.  Il  Avoir  le  dessus  de  quelqu'un,  l'empor- 
ter sur  lui.  Si  de  nos  ennemis  Rodrigue  a  le  des- 
sus.... CORN.  Cid,  IV,  B.  Comme  le  vrai  mérite  a 
ses  prérogatives  Qui  prennent  le  dessus  des  haines 
les  plus  vives,  id.  Sertor.  m,  2.  ||  Celte  tournure  est 
moins  usitée  que  avoir  le  dessus  sur.  ||  Prendre  le 
dessus,  devenir  prépondérant  par  les  armes,  par  la 
force,  par  l'influence,  etc.  Tenir  le  dessus,  avoir  la 
supériorité.  Lucullus  prenait  le  dessus  en  Orient, 
BOSs.  Hist.  I,  9.  La  Macédoine  y  tenait  le  dessus, 
id.  ib.  m,  c.  César  prit  le  dessus,  id.  ib.  m,  7. 
Tu  disputes  contre  Dieu  à  qui  emportera  le  dessus, 
ID.  Pén.  3.  Il  11»  Terme  de  musique.  La  partie  la 
plus  haute  par  opposition  à  la  basse.  Premier,  second 
dessus.  Les  pinsons  chantaient  le  dessus  avec  les  ber- 
gères, VOLT.  Babyl.  4.  ||  Haut  dessus,  s'est  dit  de  la 
partie  supérieure  parmi  les  dessus  chantants.  On  dit 
aujourd'hui  premier  dessus.  ||  Personne  qui  chante 
le  dessus.  Un  beau  dessus.  11  vous  faudra  trois  voix, 
un  dessus,  une  haute-contre  et  une  basse,  mol. 
Bourg,  gent.  ii,  ).||12°  En  dessus,  dans  la  partie 
supérieure.  Cela  est  noir  en  dessus.  ||  13°  Par- 
dessus, loc.  adv.  Par  la  partie  supérieure;  en  outre. 
Il  avait  un  habit  et  une  redingote  par-dessus.  11  eut 
ce  qui  lui  avait  été  promis  et  quelque  chose  par- 
dessus. Il  Par-dessus,  loc.  prép.  Il  porte  un  gros 
manteau  par-dessus  .son  habit.  Il  sauta  par-dessus 
la  barrière.  Ne  souffrez  pas  qu'une  réputation  si 
juste  que  la  vôtre  soit  si  limitée,  ni  qu'elle  de- 
meure aux  pieds  des  Pyrénées,  par-dessus  les- 
quelles tant  d'autres  ont  passé,  voit.  Lett.  40.  ||  Kig. 
Dont  il  avint  qu'il  sauta  par-dessus  Ces  longs  sou- 
pirs et  tout  ce  vain  martyre,  la  font.  Berc.  ||  Terme 
de  marine.  Passer  par-dessus  le  bord,  se  dit  d'une 
personne  qui  s'est  cachée  à  bord  et  qui  ne  se  mon- 
tre que  quand  le  navire  est  en  mer.  ||  Fig.  En  avoir 
par-dessus  les  yeux,  par-dessus  la  tête,  être  ex- 
cédé d'une  chose.  ||  Être  dans  quelque  chose  par- 
dessus les  yeux,  en  être  complètement  absorbé. 
Mme  de  Coulanges  s'en  va;  Mme  de  Lavardin  est 
dans  la  noce  par-dessus  les  yeux,  sév.  432.  {[  Par- 
dessus les  maisons,  se  dit  en  parlant  de  choses  exor- 
bitantes. Il  fait  des  demandes  par-dessus  les  mai- 
sons. Et  qu'a-t-ildemandé?  — Oh  I  d'aborddes  choses 
par-dessus  les  maisons,  mol.  Scapin,  ii,  8.  ||  Faire 
quelque  chose  par-dessus  l'épaule,  ne  point  le  faire. 
Il  l'a  payé  par-dessus  l'épaule.  |1  Outre ,  en  plus  que. 
Il  lui  a  donné  dix  francs  par-dessus  ce  qu'on  lui  de- 
vait. Il  Par-dessus  tout,  loc.  adv.  Principalement, 
avant  tout,  surtout.  Ce  qu'il  veut  par-dessus  tout, 
c'est  recouvrer  son  argent.  ||  S.  m.  Par-dessus  de 
viole  (voy.  par-dessus).  ||  Pardessus,  sorte  de  vête- 
ment (voy.  PAR-DESsus).  Il  14°  Au-dessus,  ioc.  adv. 
Dans  la  situation  supérieure,  plus  haut.  Au-dessus 
étaient  écrits  ces  mots.  Le  confluent  desdeux  rivières 
est  ici;  le  village  est  au-dessus.  ||  Au-dessus  de,  loc. 
prép.  Plus  haut  que.  Au-dessus  du  genou.  Le  soleil 
est  au-dessus  de  l'horizon.  Quinze  degrés  au-des- 
sus de  zéro.  La  Marne  se  jette  dans  la  Seine  au- 
dessus  de  Paris,  en  amont.  Tandis  qu'à  peine  à 
tes  pieds  tu  peux  voir,  Penses-tu  lire  au-dessus  de 
ta  tête?  la  font.  Fabl.  n,  <3.  C'est  ainsi  que  dix- 
huit  mille  Italiens  et  Français,  ramassés  au  fond 
d'un  ravin,  ont  vaincu  cinquante  mille  Russes  pla- 
cés au-dessus  de  leurs  têtes  et  secondés  par  tous  les 
obstacles  que  peut  offrir  une  ville  bâtie  sur  une 
pente  rapide,  ségur,  llist.de  Nap.ix,  2.  ||  Au-dessus 
de,  sur  la  partie  supérieure.  Nitocris  est  cette  reine 
qui  fit  de  si  grands  ouvrages  à  Babylone;  elle  avait 
placé  son  tombeau  au-dessus  d'une  des  portes  les 
plus  remarquables  de  la  ville,  rollin,  Hist.  anc. 
Œuvres,  t.  ii,  p.  82,  dans  pougens.  ||  Par  exten- 
sion, il  marque  la  supériorité  par  rapport  à  un  terme 
indiqué.  Tous  les  hommes  au-dessus  de  cinquante- 
cinq  ans.  Les  enfants  de  cinq  ans  et  au-dessus.  ||  Fig. 
Au-dessus  de,  exprime  une  supériorité  due  au  rang, 
au  mérite,  au  crédit,  etc.  L'archevêque  est  au-des- 
sus de  l'évéque.  Bossuet  est  au-dessus  de  tous  les 
orateurs  chrétiens  de  son  temps.  J'ai  cherché  long- 
temps dans  mon  esprit  qui  pouvait  être  ce  petit 
homme  de  qui  on  dit  de  si  grandes  choses  et  que 
l'on  met  si  fort  au-dessus  et  au-dessous  de  moi, voit. 
Leit.  28.  L'émulation....  qui  rend   l'ftme  féconde, 


qui  la  fait  profiter  des  grands  exemples,  et  la  porte 
souvent  au-dessus  de  ce  qu'elle  admire,  la  brut. 
XI.  Tous  mes  amis  en  usent  ainsi,  et  vous  êtes  au- 
dessus  de  tous  mes  amis,  maintenon,  lett.  au  card. 
de  Noailles,  7  oct.  (697.  Un  homme  aussi  au-dessus 
de  ses  contemporains  ne  pouvait  manquer  d'exciter 
leur  jalousie,  diderot,  Opin.  des  anc.  phil.  (sco- 
lasliques).  Quel  dérèglement  de  jugement,  par  le- 
quel il  n'y  a  personne  qui  ne  se  mette  au-dessus  de 
tout  le  reste  du  monde  et  qui  n'aime  mieux  son 
propre  bien  et  la  durée  de  son  bonheur  et  de  sa  vie, 
que  celle  de  tout  le  reste  du  monde,  pasc.  Pensées, 
XXV,  2,  éd.  Lahure,  fsao.  ||  Être  au-dessus  de  soi- 
même,  se  surpasser  soi-même.  Ne  sentez-vous  pas 
que  Minerve  vous  a  transformé  en  un  autre  homme 
au-dessus  de  vous-même,  pour  faire  par  vous  ce  que 
vous  avez  fait?  FÉN.  Tel',  xxu.  ||  Être  au-dessus  de 
sa  place,  mériter  mieux.  ||  Etre  au-dessus  dus  fai- 
blesses humaines,  être  incapable  d'y  succomber.  Une 
grande  âme  est  au-dessus  de  l'injure,  de  l'injustice, 
delà  douleur,  de  la  moquerie,  la  bruy.  xi.  ||  On  dit 
dans  un  sens  analogue  qu'une  chose  est  au-dessus 
d'une  autre  pour  exprimer  qu'elle  est  plus  forte,  plus 
grande,  plus  puissante.  Cela  est  au-dessus  de  ses  for- 
ces, cela  surpasse  ses  forces.  Courage  au-dessus  des 
périls,  très-grand  courage.  Ma  douleur  est  au-des- 
sus de  toute  douleur,  mon  cœur  est  tout  languis- 
sant au  dedans  de  moi,  saci,  Bible,  Jérémie, 
VIII,  18.  Il  Être  au-dessus  de  certaines  choses,  n'y 
être  pas  astreint.  En  disant  ceci,  ne  croyez  pas, 
s'il  vous  plaît,  que  je  me  plaigne  de  cette  rare  per- 
sonne que  son  mérite  et  son  peu  de  santé  mettent 
au-dessus  de  toutes  sortes  de  devoirs,  voit.  Leit.  19. 
Il  Être  au-dessus  de  l'opinion,  ne  pas  s'en  inquié- 
ter. ||  Être  au-dessus  de  ses  affaires,  avoir  une  for- 
tune établie,  avoir  plus  de  revenu  que  de  dépense  à 
faire,  ou,  en  parlant  d'un  commerçant,  avoir  un 
établissement  qui  prospère.  ||  Fig.  Être  au-dessus  du 
vent,  n'avoir  rien  à  craindre,  être  so"ti  d'embarras, 
de  gêne,  de  péril.  (Cette  locution  n'est  pas  usitée  au 
propre  dans  la  marine,  où  l'on  dit  avoir  le  dessus 
du  vent).  Les  voilà  donc  tous  transportés  de  joie, 
au-dessus  du  vent  et  de  tous  les  procès,  sêv.  Lett.  I3 
juin  1083.  Il  15°  De  dessus,  prép.  qui  exprime  qu'une 
chose  n'est  plus  placée  sur  une  autre  chose,  ôtez 
cela  de  dessus  le  buffet.  Il  ne  leva  jamais  les  yeux 
de  dessus  lui,  vaugel.  Q.  C.  ni  ,  C  Détournant 
leurs  yeux  de  dessus  la  mort,  boss.  Or.  fun.  Gor- 
nay.  Aussitôt  il  essuya  lapoussière  de  dessus  son  vi- 
sage; et  le  roi  d'Israël  reconnut  qu'il  était  du  nombre 
des  prophètes,  saci.  Bible,  Bois,  m,  xx,  41'.  Ses 
yeux  ne  se  détournent  pas  de  dessus  elle,  mass.  Prof, 
rel.  2.  Il  Voy.  au-dessus,  à  son  rang  alphabétique. 

—  REM.  1.  Dans  la  première  partie  du  xvii*  siècle, 
dessus  a  été  couramment  employé  comme  préposi- 
tion :  Depuis  où  le  soleil  vient  dessus  l'hémisphère, 
MALii.  I,  I.  Venez  en  robes  où  l'on  voie  Dessus  les 
ouvrages  de  soie  Les  rayons  d'or  étinceler,  id.  iu,  3. 
Qu'elle  ait  un  sentiment  qui  la  fasse  pleurer  Dessus 
ma  sépulture,  id.  v,  i.  En  vain  dessus  Parnasse 
Apollon  on  appelle,  Régnier,  Sat.  iv.  Le  ciel  agit 
sans  nous  en  ces  événements.  Et  ne  les  règle  point 
dessus  nos  sentiments,  corn.  llor.  m,  3.  Le  bon- 
homme tout  vieux  chérit  fort  la  lumière.  Et  ne 
veut  point  de  jeu  dessus  cette  matière,  mol.  l'Étour. 
m,  B.  Faites  parler  les  droits  qu'on  a  dessus  mon 
coeur,  ID.  Dép.  am.  i,  2.  Dessus  quel  fondement 
venez-vous  donc,  mon  frère...?  id.  Éc.  des  maris, 
m,  9.  Si  j'avais  dessus  moi  ces  paroles  nouvelles, 
ID.  Fâcheux,  I,  B.  Plus  brusquement  qu'un  chat  des- 
sus une  souris,  id.  l'Ét.  iv,  B.  Comme  un  mouton 
qui  va  dessus  la  foi  d'autrui,  la  font.  Fabl.  ii,  to. 
C'était  tout,  car  les  précieuses  Font  dessus  tout  les 
dédaigneuses,  id.  ib.  vn,  B.  Mais  dessus  quel  en- 
droit tombera  ton  tonnerre,  Qui  ne  soit  tout  couvert 
du  sang  de  Jésus-Christ?  desbarreaux,  ou  l'abbé 
de  lavau.  Sonnet  du  pécheur  repentant.  La  nou- 
velle comtesse  de  Mailly  entra  dessus  [portée  par] 
toute  la  gloire  de  la  toute-puissante  faveur  de  Mme 
de  Maintenon,  st-sim.  in,  B6.  Mettez  le  pied  dessus 
le  cou  des  rois,  volt.  Phil.  iv,  224.  Voyez  sur  cet 
emploi  la  remarque  au  mot  dessous.  Aujourd'hui 
dessus  est  exclusivement  un  adverbe.  ||  2.  Pour- 
quoi par  derrière  sans  trait  d'union  et  par-dessus, 
par-dessous,  avec  un  trait  d'union?  Le  tiret  ne  peut 
se  justifier,  excepté  dans  les  cas  où  por-dessws  forma 
le  nom  d'un  objet  unique  :  un  par-dessus  de  viole. 

—  HIST.  XI*  s.  Les  ches  [têtes]  [il]  en  prist  es  puis 
[monts]  desuzHaltile,  Ch.  de  Uol.  xiv.  Allez  sedeir 
desur  cel  paile  [manteau]  blanc,  ib.  xix.  Assez  or- 
rez [nuirez]  la  quele  [épée]  ira  desure,  ib.  lixii. 
Il  xii*  s.  La  reregarde  desor  lui  si  jugier[lui  impo- 
ser ainsi  de  faire  l'arrière  gardej,  honc.  p.  34.  OU- 


1110 


DES 


ver»  est  desor  un  pui  [tertre]  montez,  Ronc.  p.  45. 
Au  front  riessus  [l'escu]  ot  trois  bandes il'or  mer  [pur], 
«6.  p.  50.  Mais  ains  alons  desor  jiaiens  ferir,  l'b. 
p.  87.  Repairez  est  li  cens  [le  comte]  de  là  dessus, 
ib.  p.  03.  Kl  par  dessus  [ilj  le  prist  fort  à  lier,  th. 
p.  97.  ]Elle]  l'rent  le  suaire  de  desus  l'estaver,  i6. 
p.  <7).  Desor  tous  autres  rois  [vous]  auriez  le  dan- 
fier  [domination],  Sax.  vi.  Demain  [je]  les  ferai 
pendre  [les  messagers]  jiar  desor  cest  rivage,  ib. 
XXVI.  C'est  le  plus  jouenes  des  quatre  Herbert  lilz, 
Mais  desor  toz  estoit  il  de  grant  pris,  Raoul  de  C. 
99.  jl  xiii'  s.  Li  empereres  qui  moul  avoit  bien  fais 
ses  afaires,  etcuidast  bien  del  tout  estre  au  desus, 
s'enorgueilli  moût  envers  les  barons,  villeii.  xcii. 
lierte  remest  pasmée  desur  le  pavement,  Uerle,  ix. 
Et  lierte  gist  â  dens  par  desus  la  bruiere,«i).  xx.  Des- 
sur  les  marcheans  [elle]  fist  coustume  [impôt]  as- 
seSr,  ib.  LXiii.  Et  se  li  mestre  et  li  juré  truevent 
pain  trop  petit,  il  le  pueent  prendre  et  doner  le 
por  Dieu,  si  comeileslditpar  desus,  Liv.  desmét.  t7. 
Mes  li  rain  [rameaux]  furent  lono  et  haut,  Et  por  le 
leu  [lieu]  garder  de  chaut,  Furent  si  espès  par  de- 
seure,  Que  li  solaus  en  nesune  [aucune]  eure  Ne 
pooit  à  terre  descendre,  Ne  faire  mal  à  l'erbe  tendre, 
la  Rose,  I3"fl.  Por  ce  porrez  estre  audesseure  [avoir 
le  dessus,  l'emporter],  ib.  7438.  Cortoisie  est  que 
l'en  sequeiirre  Celi  dont  l'en  est  au  desseure,  ib. 
3294.  X  la  quinzeinne  aprfis,  les  Turs,  pour  nous 
affamer,  dont  moult  gens  s«  raerveiUerent,  prirent 
pluseurs  de  leurs  galies  desus  [qui  se  trouvaient  au- 
dessus  de]  no.stre()st,  elles  firent  treinner  parterre, 
jomv.  236.  Ou  llum  devant  le  roy  avoit  une  galiede 
Genevois,  là  où  il  ne  pareil  que  un  seul  homme  de- 
sur,  ID.  249.  Ce  Henri  desus  dit  fusl  conte  de  Cham- 
paingne  et  de  ISrie.io.  204.  ||xiv'  s.  Et  nul  n'esluit 
[élit]"  félicité  pour  les  choses  dessus  dilies  ne  pour 
autres  quelconques,  onESMB,Ê/h.  via  [14  .  ||  xv's. 
Ces  trois,  dessus  tous  les  autres,  en  avoient  la  charge, 
FBOiss.  I,  I,  446.  Dessus  l'âge  de  quinze  ans  et  par 
dessous  l'âge  de  soixante  ans,  ID.  i,  i,  loi.  Oue  les 
Anglois  sont  communément  envieux  sur  toutes  es- 
tranges  gens,  quand  ils  sont  à  leur  dessus,  lu.  i, 

I,  4  0.  El  si  Dieu  m'iiïst  [m'aide],  le  courage  m'en 
sied  trop  bien  que  nous  en  viendrons  à  notre  des- 
sus, ID.  I,  1,  47.  i  leur  département  ils  trouvèrent 
quatre  nefs  anglesches  chargées  de  pourveances  et 
de  chevaux,  qui  s'estoient  tenues  au  dessus  de  la 
bataille,  ID.  1,  I,  4  00.  Les  raisons  dessus  dictes, 
coMM.  Prol.  La  joie  fut  très  grande  au  roi  de  se  veoir 
au-dessus  de  tous  ceux  qu'il  liajoit,  lu.  v,  42.  In- 
continent que  ung  discord  se  mouvoit  en  Angle- 
terre, en  dix  jours  au  moins  l'ung  ou  l'autre  estoit 
au  dessus,  m.  vi,  2.  Estre  au  dessus  de  ses  affaires, 
ID.  VI,  43. jjxvi*  s.  Les  traictz  passoyenl  oultre  par 
dessus  sans  nul  ferir,  rab.  Car.  i,  47.  Le  dessus  cou- 
vert d'ardoyse  fine,iD.  «6. 1,  53.  Homme  sçavaut  des- 
sus la  capacité  du  temps  de  maintenant,  m.  Pant. 

II,  40.  11  chantoit  bien  la  basse  contre  :  Et  les  ma- 
ris la  malenconlre.  Quand  les  femmes  font  le  des- 
sus, maiiot,  II,  434.  Dessus  le  soir,  lu.  ii,  434.  Luy 
donnera,  pour  plus  son  cueuraiser.  Quelque  autre 
don  par  dessus  le  baiser,  id.  ii,  279.  Pourobeïràun 
clin  de  tes  yeux.  Je  tournerois  dessus  dessous  les 
cieux,  LA  B0KriE,*82.  De  dessus  un  bastion,  mont. 
I,  28.  Le  coup  ne  luy  rasa  que  le  dessus  de  la  te.ste, 
Ib.  1,  60.  Disons  que....  et  là  dessus roidissons nous, 
ID.  1,  78.  J'avois  des  opinions  au  dessus  de  mon 
aage,  i».  i,  4  96.  Les  pires  escripts  ont  gaignô  le 
dessus  du  vent  populaire,  id.  iv,  91.  Donnez  la  ca- 
pacité d'un  excellent  dessus  à  un  chantre  qui  a  les 
poulmons  pourris,  id.  iv,  4  56.  Theseus  se  faisant 
fort,  et  promettant  hardiment  qu'il  viendroit  au  des- 
sus du  Minolaure,  amyot.  Thés.  20.  Mettant  un  cha- 
peau de  laurier  par  dessus  sa  longue  perruque,  id. 
Rom,  26.  Un  bourbier  plus  profond  (ju'il  ne  sembluil 
à  le  veoir  par  dessus....  pource  que  le  dessus  estoit 
crousté,  id.  ib.  27.  Il  avoit  une  autre  maLson  dessus  le 
mont  Quirinal,  id.  A'umo,  24.  Il  vouloit  chastier  Mi- 
nutius,  lequel  pardessus  son  expresse  défense  avoit 
combattu  contre  l'ennemy,  id.  Fab.  24.  Ceulx  qui 
avoient  de  revenu  la  valeur  de  cinq  cents  minois 
de  bled  et  au  dessus,  id.  Arist.  4.  Si  qu'en  mar- 
chant il  me  sembloit  marcher  Sur  un  espieu  ou  de- 
iur  un  rocher,  rons.  816.  Et  me  plantant  dessus  le 
haut  du  mont.  Droit  vers  Paris  me  fit  tourner  le 
front,  id.  ib.  Quand  ces  cartilages  sont  comprimés, 
ils  feront  la  voix  gresle,  comme  un  dessus,  parb, 

IV,   4».  '  ' 

~  ÊTïM.  Des....  préfixe,  pour  dé....  avec  une  t 
de  prononciation,  et  tus  ou  sur;  picard,  desseure; 
Berry,  génev.  norm.  dusur;  provenc.  desobre;  ital. 
Uisopra. 

DESTIN  (dè-stin),  ,,  m.  ||  1"  Leuchalnement  des 


DES 

choses  confédéré  comme  nécessaire.  La  mythologie 
faisait  du  destin  une  divinité  supérieure  à  Jupiter 
môme.  Des  arrêts  du  destin  l'ordre  est  invariable, 
CORN.  Tois.  d'or,  v,  7.  Le  destin ,  aux  grands  cœurs  si 
souvent  mal  propice,  Serésoutquelquefoisàleurfaire 
justice,  ID.  Poly.  i,  4.  Le  plus  heureux  destin  sur- 
prend par  les  divorces,  Du  trop  de  confiance  il  aime 
à  se  venger,  id.  Sertor.  Ii,  2.  Qu'au  livre  du  destin 
lesmorlelspeuvent  lire,LA  font.  FaW.  Il,  4 3.  Le  bien 
nous  le  faisons,  le  mal  c'est  la  fortune.  On  a  tou- 
jours raison,  le  destin  toujours  tort,  id.  ib.  vu,  44. 
....Quand  le  mal  est  certain,  La  plainte  ni  la  peur 
ne  changent  le  destin,  iD.  ib.  vin,  4  2.  Mais  un  heu- 
reux destin  le  conduit  en  ces  lieux,  rac.  Andr.  li,  3. 
Souffrez  que  je  suive  ce  que  les  destins  ont  marqué, 
FÊ.N.  T('l.  VI.  Il  est  des  êtres  malheureux  qui  se  pro- 
mettent de  tromper  le  destin  en  fuyant  devant  lui, 
RAïNAL,  llist.  p/ii7.  V,  4  9.  |]  2"  Sort,  issue.  Sola- 
mir  veut  tenter  le  destin  des  batailles,  volt.  Tancr. 
m,  B.  J'ignore  du  combat  quel  sera  ledeslin,  id. 
Scythes,  iv,  7.  ||  3°  Condition  que  le  destin  assigne. 
On  ne  peut  fuir  son  destin.  Mais  elle  était  du  monde 
où  les  plus  belles  choses  Ont  le  pire  destin;  Et  rose, 
elle  a  vécu  ce  que  vivent  les  roses,  L'espace  d'un 
matin,  mai.ii.  vi,  48.  Laissez  à  son  destin  celte  in- 
grate famille,  corn.  Poly.  iv,  6.  Là,  je  menai  l'ob- 
jet qui  fait  seul  mon  destin,  m.  aient,  i,  5.  Jusqu'ici 
don  Louis....  A  caché  ses  destins  aux  yeux  de  tout 
l'état,  MOL.  D.  Gare,  i,  2.  Et  soudain  il  [le  sénat] 
commet  aux  soins  de  ce  grand  homme  La  fortune 
du  monde  et  le  destin  de  Rome,  urédeuf,  Phars. 
v.  Pour  savoir  nos  destins  j'irai  vous  retrouver,  rac. 
Andr.  I,  4.  Vous  l'accusez,  seigneur,  de  ce  destin 

iiizarre,  ID.  it.  m,  I Elle  amène  aussi  cette  jeune 

Ériphile,  Que  Leslios  a  livrée  entre  les  mains  d'A- 
chille Et  qui  de  son  destin  qu'elle  ne  connaît  pas 
Vient,  dit-elle,  en  Aulide  interroger  Calchas.  id. 
[phig.  i,  4.  Oui  seul  fait  à  son  gré  le  destin  de  la 
terre,  noiL.  Poés.  dit).  48.  Connais-tu  ton  destin? 
sais-lu  quelle  est  ta  mère?  volt.  Zaïre,  II,  3.  Mal- 
heureux.... ce  mot  seul  déjà  vous  importune!  On 
craint  d'être  forcé  d'adoucir  mes  destins!  Rassurez- 
vous,  cruels....  GiLB.  le  Poète  malli.  ||  4°  Vie,  exis- 
tence. Lélie  :  Le  trépas  me  doit  seul  prêter  son  assis- 
tance. —  Mascarille  :  Voilà  le  vrai  moyen  d'achever 
son  destin,  mol.  l'Étour.  v,  4  0.  C'est  dans  votre  festin 
Que  ce  soir,  par  votre  ordre,  on  tranche  son  destin, 
CORN.  Sertor.  i,  l.  Si  dans  mes  alarmes  Le  ciel  me 
permettait  d'abréger  un  destin....  volt.  Orphel.  i,  6. 

—  SYN.  DESTIN,  destinRe,  SORT.  Le  destin  est  co 
qui  destine,  c'est-à-dire  l'enchaînement  nécessaire 
des  choses.  La  destinée  est  ce  qui  est  destiné,  c'est- 
à-dire  ce  qui  résulte  de  cet  enchaînement  nécessaire. 
Le  destin  conduisit  Alexandre  à  lîabylone  où  une 
fièvre  devait  finir  sa  destinée  de  victorieux  et  de  con- 
quérant. Mais  ces  deux  mots  sont  si  voisins,  que, 
pour  peu  qu'on  en  abuse  conformément  à  cet  abus 
qui  est  permis  en  toutes  les  langues,  ils  retombent 
l'un  dans  l'autre.  Sort  répond  soit  à  destin,  soit  à 
destinée,  avec  celte  nuance  qu'au  lieu  de  considé- 
rer la  nécessité  qui  enchaîne  les  choses,  on  con- 
sidère ce  qu'elles  ont  de  fortuit. 

—  HIST.  xii'  s.  Et  tel  destin  m'ontdoné  li  félon.... 
Couct,  VI.  ]]  xiu'  s.  Et  ses  filles  andeux  [toutes 
deux],  Dieu  leur  doint  bon  destin,  Uerle,  Lv.  Si  est 
le  moustiers  de  latin  Fais  en  l'onnour  et  el  des- 
tin [à  la  destination]  De  la  douce  mère  saintisme, 
PH.  MOUSKES,  ms.  p.  280,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s. 
Cela  est  escrit  es  deslins,  rab.  Pant.  iv.  Prologue 
de  l'auteur. 

—  ÉTYM.  Voy.  DESTINER  ;  provenç.  desli;  espagn. 
et  ital.  destina. 

DESTINATAIRE  (dè-sti-na-tê-r'),  s.  m.  et  ^.  Ce- 
lui, celle  à  qui  une  chose  est  destinée.  ||  Celui  ou  celle 
qui  doit  recevoir  par  la  poste,  par  le  roulage,  etc. 
une  lettre,  un  ballot  expédiés  par  une  autre  per- 
sonne. Le  destinataire  de  ce  ballot  a  changé  de  domi- 
cile. Je  cherche  la  destinataire  de  celte  lettre. 

—  ÉTY.M.  Destiner. 

t  DESTINATECR,  TRICE  (dè-sli-na-teur,  tri-s'). 
s.  m.  el  f.  Celui,  celle  qui  destine  une  chose  à  telle 
personne,  à  tel  but,  par  opposition  à  destinataire. 

—  ETVM.  Destiner. 

DESTINATION  (dè-sti-na-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabe.s),  s.  f.  \\  1»  Action  de  celui  qui  deslin<î.  [Le 
dauphin]  réglant  toujours  ses  volontés  sur  celles 
du  roi  [Louis  XIV] ,  les  prévenant  dès  qu'il  avMit  pu 
les  connaître,  formant  ses  goûts  et  ses  désirs  sur 
les  siens,  respectant  ses  vues  et  ses  destinations, 
MASS.  Or.  fun.  Dauphin.  ||  i'  Ce  à  quoi  une  per- 
sonne e.st  destinée,  réservée.  Une  doctrine  qui  ne 
lui  donne  ni  fin  ni  destination,  id.  Ccr.  Avenir. 
L'homme  seul,  de  toutes  les  créatures,  capable  d'une 


DES 

destination  Sérieuse,  id.  tli.  |]Ce  à  quoi  une  cho-o 
est  destinée.  La  destination  de  cet  édifice.  La  desti- 
nation des  ports  [d'une  contrée]  est  d'empêcher  toute 
liaison  d'affaires  avec  les  peuples  du  continent  voi- 
sin, RAYNAL,  Hist.  phil.  1,  2.  ||  3°  Terme  de  juris- 
prudence. Disposition  déterminée.  On  ne  doit  pas 
changer  la  destination  des  fondateurs.  ]]  Immeubles 
par  destination,  choses  mobilières  de  nature,  qu'on 
rend  immobilières  en  les  affectant  au  service  ou  à 
l'exploilation  d'un  immeuble,  ou  en  les  y  attachant 
à  perpétuelle  demeure.  ]|  Destination  du  père  de  fa- 
mille, état  où  un  héritage  est  mis  ou  laissé  par  le» 
précédents  propriétaires.  Servitude  établie  par  des- 
tination du  père  de  famille.  )]  4°  Le  lieu  où  l'on  doit 
se  rendre,  où  une  chose  est  adressée.  Partir  pour 
sa  destination.  Ces  marchandises  sont  arrivées  à 
leur  destination.  Paquet  rendu  à  destination.  Ce  gé- 
néral arrive  à  sa  destination  dans  les  premiers  jours 
de  1037,  RAYNAL,  llist.  phil.  v,  9.  Le  plus  grand 
désordre  y  régnait;  de  nombreuses  colonnes  de  ca- 
valerie, d'infanterie,  d'artillerie,  s'y  présentaient 
de  tous  côtés;  elles  se  disputaient  le  pas.sage;  cha- 
cun, irrité  par  la  fatigue  et  la  faim,  était  impatient 
d'arriver  à  sa  destination,  séguh,  llist.  de  tiapol. 
IV,  7. 

—  HIST.  XVI'  S.  Ne  sçay  si  c'est  par  destination. 
Mais  lant  y  a,  que  je  croy,  que  fortune  Desiroil  fort 
de  nous  estre  importune,  marot,  i,  326.  Destina- 
tion de  père  de  famille  vaut  titre,  leroux  de  lincy, 
Prov.  t.  II,  p.  4  26. 

—  ETVM.  Provenç.  destinacio;  espagn.  destina- 
cion;  ital.  desdnoîtone;  du  latin  deslinationem ,  de 
deslinnre,  destiner. 

t  DESTINATOIRE  (dè-sti-na-toi-r'),  adj.  Terme 
de  pratique.  Qui  assigne  l'emploi,  l'usage  d'une 
chose.  Clause  destinaloire. 

—  ÊTYM.  Destiner. 

DESTINÉ,  ÊE  (dè-sti-né.  née) ,  pari.  patsé.\\  1"  Qui 
a  été  ordonné  par  le  destin,  en  parlant  des  choses. 
Écoutez,  mes  enfants;  vos  noces  ordonnées  De  tout 
temps  ont  été  dans  le  ciel  deslinées,  garnjkh  ,  hra- 
damante,  v,  0.  Ce  jour  fatal  destiné  pour  le  juge- 
ment du  monde,  bourd.  Avent,  Jugement  dernier, 
319.  Ces  grâces  n'ont  point  élé  destinées  de  Dieu 
pour  vous  fortifier,  ID.  Carême,  Tentations.  191. 
Sous  l'ombre  du  plus  saint  mariaf  »  qui  ait  été  des- 
tiné dans  le  ciel  et  qui  ail  été  conl.aclé  sur  la  terre, 
fléch.  I,  p.  217.  ]|Oui  a  reçu  l'ordre  du  destin,  en 
parlant  des  personnes.  Ce  Jésus  était  destiné  pour 
une  plus  haute  mission,  bolbd.  Avent,  Natirilé  de 
J.  C.  443.  Qu'y  a-t-il  de  plus  grand  et  de  plus  ap- 
prochant de  Dieu  que  d'être  destiné  pour  la  féli- 
cité publique  et  pour  le  bonheur  de  tout  un  em- 
pire? ID.  2«  dim.  après  Pdq.  Dominic.  t.  Il,  p.  40. 
Il  %'  Par  extension,  qui  est  déterminé  par  une  sorle 
de  destinée,  en  parlant  des  personnes  et  des  cho- 
ses. Un  homme  destiné  à  de  grandes  choses.  Cap- 
tive des  ennemis  de  l'Eglise;  par  conséquent  des- 
tinée premièrement  par  sa  glorieuse  naissance  et 
ensuite  par  sa  malheureuse  captivité,  à  l'erreur  et 
à  l'hérésie,  -boss.  Duch.  d'Orl.  ||  Qui  a  reçu  emploi 
ou  objet,  en  parlant  des  personnes.  Jeune  homme 
destiné  au  commerce.  ||  Qui  a  reçu  emploi  ou  objet, 
en  parlant  des  choses.  Bâtiment  destiné  à  re'  evoir 
des  malades.  Il  ne  fallait  pas  remettre  des  supplices 
à  une  saison  qui  devait  être  toute  destinée  à  la  joie, 
VOIT.  Lelt.  9.  Tout  vice  aura  sa  peine  à  lui  seul  des- 
tinée, corn.  Imit.  I,  24.  Il  Absolument.  Us  souffraient 
que  toutes  leurs  heures  fussent  destinées  [eussent 
une  destination,  un  emploi  marqué],  boss.  Uist 
m.  3. 

DESTINÉE  (dè-sti-née),  s.  f.  \\  1"  L'effet  du  destin. 
Le  cours  des  destinées.  C'est  sa  destinée  d'être  par- 
faitement aimé,  sÉv.  496.  On  rencontre  sa  destinée 
Souvent  par  des  chemins  qu'on  prend  pour  l'éviter, 
LA  FONT.  Fabl.  viii,  4  6.  Les  Juifs  atiachaient  au 
temple  leur  destinée,  boss.  llist.  ii.  8.  Sous  un  nom 
emprunté  sa  noire  destinée  Et  ses  propres  fureurs 
ici  l'ont  amenée,  rac.  Iphig.  v,  «.  Celui  par  qui  le 
ciel  règle  ma  destinée  Sur  ce  secret  encor  tient 
ma  langue  enchaînée,  id.  Esth.  i,  4.  Chacun  doit 
suivre  courageusement  sa  destinée,  fén.  Tél.  xiii. 
Et  puis  qu'on  dise  qu'il  n'y  a  pas  de  destinée:  c'esl 
vous,  madame,  qui  m'avez  valu  celte  destinée-là; 
c'rst  à  vous  que  je  dois  votre  grand-maman  [la  du- 
chesse de  Cboiseul  qui  rendit  des  services  à  Vol< 
taire],  volt.  UtI.  Kme  du  Deffant,  4"  juin  4770. 
L'essentiel,  pour  être  le  moins  mal  possible,  est  da 
se  soumettre  à  sa  destinée,  d'alemb.  letl.  au  roi 
de  Prusse,  46  déc.  4780.  ||  ./(u  p/ur.  Remplir,  ac- 
complir ses  destinées.  N'en  craignez  point,  seigneur, 
les  tristes  destinées,  corn.  Ct'nna,  ii,  4.  {|  Par  exten- 
sion. La  destinée  des  passions,  ce  que  les  passion: 


DES 


DES 


DES 


un 


font  de  nous.  Cette  tendresse  née  avec  nous,  cetta 
destinée  des  penchants  ,  hass.  Car.  Enf.  prof 
Il  Le  destin.  Mais  enfin  le  succès  dépend  des  desti- 
nées, BAC.  B«J.  I,  I.  Votre  plus  jeune  fils,  à  qui  les 
destinées  Avaient  à  peine  encore  accordé  quatre  an- 
nées, VOLT.  Zaïre,  ii,  3.  Mon  cœur  est  à  vous,  mais 
la  destinée  n'est  à  personne;  elle  se  moque  de  nous 
tous.  ID.  Lett.  Richelieu,  8  nov.  4769.  La  mort  de 
cet  homme,  tué  précisément  au  lieu  de  lui  et  parce 
qu'il  l'avait  voulu  sauver....  lui  fit  croire  que  sa  des- 
tinée, qui  le  conservait  si  sin^'ulièremenl,  le  réser- 
vait h  l'exécution  des  plus  grandes  choses ,  id.  Char- 
les XII,  2.  Ne  touchons  pas  à  la  destinée:  elle  fait 
tant  de  peur,  quand  on  veut  s'en  mêler,  quand  on 
tâche  d'obtenir  plus  qu'elle  ne  donne  !  stael,  Co- 
rinne, VIII,  4.  Que  peut-elle  cette  destinée  sur  les 
êtres  vulgaires  et  paisibles?  ils  suivent  les  saisons, 
ils  jiarcourent  docilement  le  cours  habituel  de  la 
vie,  II).  ib.  XIII,  *.  ||  2°  Condition,  .sort.  Jamais  tu 
n'as  vu  journée  De  si  douce  destinée,  malh.  ii,  5. 
Il  devait  subir  la  destinée  de  tous  les  autres,  boss. 
Jlist.  III,  t.  La  destinée  ordinaire  de  ceux  qui  re- 
fusent de  prêter  l'oreille  à  la  vérité  est  d'être  entraî- 
nés à  leur  perte  par  des  prophètes  menteurs,  m.  ib. 
II,  8.  Celui  qui  a  la  conscience  d'avoir  bien  mérité 
de  son  pays....  ne  doit  attendre  sa  moisson,  sa  des- 
tinée, la  seule  qui  l'inléres.se,  la  destinée  de  son 
nom,  que  du  temps,  juge  incorruptible  qui  fait  jus- 
tice   ,"1    tous,     MIRABEAU,     CollcCtiOn,    t.  III,    p.  357. 

Il  3"  Vie,  existence.  Vous  pouvez  d'un  seul  mot  tran- 
cher ma  destinée,  CORN.  Ilor.y,  \.  Sache  donc  que 
je  touche  à  l'heureuse  journée  Qui  doit  avec  Clarice 
unir  ma  destinée,  \n.Ment.\v,  2.  Et  mes  sanglantes 
mains  sur  moi-même  tournées  Aussitôt  malgré  lui 
joindront  nos  destinées,  kac.  Andr.  iv,  3.  On  dit 
qu'Iphigénie .  en  ces  lieux  amenée.  Doit  bientôt  à 
son  sort  unir  ma  destinée,  in.  Iphig.  i,  2.  Cette 
cliarraante  mère,  avant  sa  destinée  [mort],  mol. 
Mélic.  Il,  2.  Chercher  une  nouvelle  destinée  dans 
l'île  de  Chypre,  fén.  Tél.  iv.  ||  Proverbe.  On  ne  peut 
fuir  sa  destinée. 

—  msT,  xii°  s.  Ah  !  Dex  de  gloire,  com  mide  des- 
tinée! Honc.  p.  33.  Frère  Olivier,  com  dure  desti- 
née! ib.  p.  t7B.  Oïl,  par  Dieu,  tels  est  ma  destinée, 
Conci,  VI.  Entre  lui  e  le  rei  resurst  mult  grant 
ineslée  Des  fous  clers  ki  esteient  par  maie  destinée 
l.arriin  e  murdrisur  e  felun  i  celée,  T/t.  le  mart.  26. 
X  icest  mot  l'a  Dernier  acolée.  Et  ele  lui,  grant  joie 
ont  démenée,  L'un  baise  l'autre  par  bone  destinée, 
Raoul  de  C.  225.  ||  xiii*  s.  Bien  diriez  que  [je]  n'ai 
coulpe  en  ceste  destinée,  Berte,  xvi.  Saluez  moi  roi 
Klore  par  bonne  destinée,  ib.  i.xviii.  Ah!  Dieu,  loés 
soiez  de  ceste  destinée,  ib.  cxxvi.  Ce  fut  par  pute 
destinée  Oue  Renart  s'est  dedenz  couchiez;  Ysen- 
grin  est  par  tens  iriez,  Ken.  6866.  ||xiv'  s.  Quant 
le  dieu  de  fortune  ou  destinée  donne  du  bien  ajsez, 
que!  mestier  est  il  de  amis?  nul,  oresme,  Eth.  282. 
Livres  sibilins  en  quelx  estoient  contenues  les  des- 
tinées futures  de  l'empire  de  Rome.BERCiiEURE,  f°2, 
verso.  Il  xvi' s.  Ce  sont,  pour  vrai,  choses  déterminées 
Par  l'immuable  arrest  des  destinées,  marot,  i,  229. 
Incessamment  ma  destinée  tourne  Comme  une  roue, 
et  jamais   ne  séjourne....  amyot,   Déméir.  64. 

—  ÉTYM.  Destiné;  provenç.  destinada;  ital.  des- 
tinata. 

DESTINER  (dé-sti-né;  au  xvi'  siècle,  selon  Pals- 
grave,  p.  62,  on  prononçait  detiner),  v.  a.  \\  1°  Fixer 
par  l'enchaînement  des  choses.  Dieu  ne  destinejamais 
la  fin  sans  préparer  les  moyens,  mass.  Car.  Voc. 
Les  récompenses  que  Dieu  a  destinées  à  ceux  qu'il 
aime,  boss.  Ilist.  ii ,  6.  ||  Par  extension.  J'étais  donc 
encore  destiné  à  rendre  ce  devoir  funèbre  à  très- 
haute  et  très-puissante  princesse,  m.  Duch.  d'Orl. 
C'eût  été  un  trop  grand  soulagement  pour  un  homme 
qui  était  destiné  à  être  malheureux,  voit.  Lett.  6B. 
Il  2°  Fixer,  déterminer  l'emploi,  l'objet  d'une  per- 
sonne. Destiner  son  fils  au  barreau.  La  jurisprudence 
à  laquelle  on  le  destinait  (car  quel  est  le  père  qui 
aimât  assez  peu  ses  enfants  pour  les  destiner  aux  ma- 
thématiques?).... FONTEN.  Lagny Bien  que  leur 

naissance  au  trône  les  destine,  corn.  Nicom.  ii,  4. 
Il  Fixer,  déterminer  l'emploi,  l'objet  d'une  chose. 
Je  destine  cette  somme  à  l'achat  d'une  terre.  Il  se 
vit  forcé  de  destiner  sa  place  à  un  autre,  boss. 
Polit.  Hé  bien!  filles  d'enfer,  vos  mains  sont-elles 
prêtes?..,.  X  qui  destinez-vous  l'appareil  qui  vous 
suit?  RA3.  Andr.  v,  6.  Quoi!  ce  prince  aimable.... 
qui  vous  aime.  Verra  finir  ses  jours  qu'il  vous  a  des- 
tinés? in.  Baj.  IV,  3.  Il  Préparer,  réserver.  On  lui  des- 
tinait de  grandes  récompenses.  Je  sais  i.  son  retour 
l'accueil  qu'il  me  destine,  bac.  Baj.  i,  t.  Votre  père 
à  l'autel  vous  destine  un  époux,  id.  Iphig.  m,  4. 
y  Destiner  avec  de  et  un  infinitif,  avoir  la  résolu- 


tion de.  J'ai  destiné  de  faire  cela.  ||  3"  Se  destiner, 
V.  n'.fl.  Avoir  pour  vue,  pour  carrière.  11  se  destine 
à  l'Église.  Il  Se  destiner  à  quelqu'un,  avoir  le  dessein 
des'uniràlui  parmariage.  Ceprince...  i  qui  même 
en  secret  je  m'étais  destinée,  bac.  Andr.  v,  t. 

—  HIST.  xiii''  s.  Je  prenroie  maintenant  la  crois, 
et  iroie  avec  vos  vivre  on  mourir,  lequel  que  Diex 
m'aura  destiné,  villeh.  xxxix.  ||  xV  s.  Prince,  chas- 
cun  doit  ensonjosne  aé  [âge]  Prandre  le  temps  qui 
lui  est  destiné,  E.  desch.  Profiler  delà  jeun.  ||  xvi' s. 
Pour  une  plus  grande  commodité  de  l'exécution  qu'il 
avoit  destinée,  mont,  i,  299.  Ce  doibt  estre  une  ac- 
tion destinée  et  rassise  [l'étude  des  saintes  Ecritures], 
ID.  I,  398.  Nul  vent  faict  pour  celuy  qui  n'a  point 
de  port  destiné,  id.  ii,  9,  Les  dieux  ont  fatalement 
destiné  l'estat  de  Rome  pour  exemplaire  de....  id. 
IV,  86.  Dez  l'heure  que  je  vous  eus  veue,  je  vous 
destinai  un  de  mes  livres,  id.  iv,  336.  Quand  je  les 
destine  [certains  de  mes  membres]  à  certain  poinct 
et  heure  de  service,  cette  preordonnance  les  rebute, 
ID.  m,  B5.  Numa  dit  qu'il  falloit  destiner  la  fon- 
teinne  qui  sourdoit  au  lieu  mesme,  aux  religieuses 
vestales,  amyot,  Numa,  23.  Théâtre  ou  auilitoire 
de  musique  destiné  à  ouir  les  jeux  des  musiciens, 
ID.  Péric.  29. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  destinât;  ital.  de- 
stinare;  du  latin  destinare,  de  la  préposition  de,  et 
stinare,  pour  stanare,  fixer,  qui  paraît  une  forme 
allongée  de  stare,  être  debout,  ferme. 

DESTITUABLE  (dè-sti-tu-a-bl') ,  adj.  Qu'on  peut 
destituer.  Fonctionnaire  destituable. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  officier  royal  n'est  destituable 
que  en  certains  cas,  condé,  Mémoires,  p.  598. 

DESTITUÉ,  ÉE  (dè-sti-tu-é,  ée)  ,  part,  passé. 
Il  i'  X  qui  on  a  ôté  une  place,  un  emploi.  Un  em- 
ployé destitué  pour  malversation.  Je  n'ai  point  d'em- 
ploi ;  je  ne  cours  aucun  risque  en  ne  souscrivant  pas 
[à  l'nchat  de  Chambord]  d'être  df'stitué,  p.  L.  cour. 
II,  20.  Il  2°  Dépourvu,  dénué  de.  Destitué  de  bon 
sens,  de  raison.  Être  destitué  de  tout  secours,  pa- 
thu.  Plaidoyer  H,  dans  bichelet.  Les  barliares, 
destitués  de  chefs,  se  dispersèrent  çà  et  là,  selon 
que  la  peur  ou  l'espérance  les  guidait,  roi.lin,  Ilist. 
anc.  CEuvrcs,  t.  vi,  p  391 ,  dans  pougens.  Son  col- 
lègue qui  savait  que  la  témérité,  outre  qu'elle  est 
destituée  de  raison,  avait  toujours  été  ju.sque  là  très- 
malheureuse....  m.  Traité  des  Et.  3'  part.  ch.  ). 

DESTITUER  (dè-sti-tu-é),  D.  a.  \\  i°  Renvoyer  un 
fonctionnaire  public  de  son  emploi.  Deslituer  un 
préfet,  un  maire.  C'était  à  l'Académie  à  s'en  faire 
justice  elle-même,  puisque  ses  statuts  l'autorisent 
et  même  l'obligent  à  destituer  un  académicien  qui 
aura  fait  quelque  action  indigne  d'un  homme  d'hon- 
neur, e'olivet,  Hist.  de  l'Aead.  t.  u,  p.  47,  dans 
POUGENS.  Il  2°  Dépourvoir,  priver.  Le  naufrage  qui 
jeta  Robinson  dans  son  lie  l'avait  destitué  de  toute 
sorte  de  ressources.  Après  avoir  clairement  désigné 
une  chose,  on  lui  donne  un  nom  que  l'on  destitue 
de  tout  autre  sens,  pasc.  Géom.  sect.  t.  Nous  avons 
accusé  Dieu  d'avoir,  contre  sa  promesse,  destitué  son 
Église  des  moyens  ordinaires  qu'il  a  établis  pour 
la  conduire,  fén.  t.  ii,  p.  20. 

—  HlST.  xiv"  s.  Pour  osier  le  cours  des  mauveses 
monoyes  qui  corrent  en  nostre  royaume,  en  grand 
déception  de  nous  et  de  nostre  peuple,  lesquelles 
y  ont  esté  aportées  et  mises  pour  greigniour  pris 
qu'elles  ne  valoient,  pour  coy  les  nostres  ont  esté 
destituées  et  gastées  et  portées  hors  de  nostre 
royaume,  Ordonn.  des  rois  de  France,  t.  i,  p.  770. 
Il  XV"  s.  Sans  ce  que  aucuns  des  supports  d'iceluy 
collège  en  soit  ou  puisse  estre  desapointé,  demis  ou 
destitué  sa  vie  durant,    Lett.    patent,   nov.   (482. 

XVI' s.  Le  as-tu  esprouvé  tant  destitué  de  gens, 

d'argent que  il  ne  peu.st  résister   à  tes  inicques 

assaults?  rab.  Car.  i,  3l.  Et  comme  Minutius  dic- 
tateur eust  nommé  pour  maistre  de  la  chevalerie 
C.  Flaminius,  il  en  fut  destitué,  et  mis  un  autre  en 
sa  place,  pour.,.,  amyot,  Marcel.  5. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  destituir;  du  latin 
destituere,  de  la  préposition  de,  et  slituere,  pour 
statnere.  poser,  fixer  (voy.  statuer). 

DESTITUTION  (dé-sti-tu-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  {.  Action  d'ôter  à  un  fonctionnaire  sa 
place.  Il  a  reçu  sa  destitution.  La  destitution  qui  l'a 
frappé. 

—  ÉTYM.  Lat.  destitutio,  de  destituere  (loy.  des- 
tituer). 

f  DESTOUR  (dè-stour)  ,  s.  m.  Nom  des  prêtres 
la  religion  de  Zoroastre  qui  sont  versés  dans  l'in- 
telligence des  livres  de  la  loi. 

—  ÉTYM.  Persan,  destûr,  prêtre,  anciennement 
ministre. 

DESTi'.IER  (dè-stri-é;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 


riel, Vs  se  lie:  des  dè-stri-é-z  agiles),  s  m.  Dans  le 
langage  de  la  chevalerie  et  des  guerres  du  moyen 
âge,  cheval  de  bataille.  J'errais  de  xilaine  en  plaina 
Au  gré  du  destrier,  beaum.  Mar.  de  Fig.  ii,  4. 

—  HIST.  XI'  s.  En  Tachebrun  son  destrer  [il] 
est  montez,  Ch.  de  Bol.  lxxxviii.  Puis  sont  mon- 
tez sur  leur  couranz  destrers,  ib.  ||  xir  s.  Il  lui 
donna  un  merveilles  destrier,  Ilonc.  p.  30.  On  lui 
amené  un  destrier  de  Ongrie,  ib.  p.  bb.  En  demen- 
tres  s'armèrent  là  fors  11  chevalier,  E  estèrent  les 
cotes,  ceinstrent  les  branz  d'acier;  Car  tiiit  vindrent 
armé,  chascun  sur  son  destrier.  Th.  le  mart.  ta. 
Ne  unkes  ne  volt  un  sul  de  ses  chevals  mener.  Mais 
quatre  fors  destriers  fist  là  for.«  amener,  Cum  s'il 
fussent  as  estes  qui  deùssent  errer,  ib.  48.  Il  les 
alla  venir  sur  un  destrier  gascon,  Sax.  xxii.  Messi- 
resGauvains  fu armez.  Et  si  fist  à  deus  escuiers  Me- 
ner en  destre  deus  destriers,  la  Charrette,  254. 
Vostre  sera  cis  [ce]  destriers  sejornez  [cheval  fraie], 
Etcishaubersetciselmes  jemez,  La  bonne  espée,  Ii 
bons  escus  listés,  Raoul  de  C.  t6a.  ||  xiii's.  Lois 
veissiés  maint  chevalier  avoec  maint  bel  serjant  is- 
sir des  nés  [navires],  et  maint  biau  destrier  traire 
des  huissiers  [sorte  de  vaisseaux],  villeii.  xlv.  Sa- 
chiez, ce  jour  [il]  i  ot  maint  grant  destrier  couru, 
Berte,  cxxxvii.  Atant  guerpissent  les  palefrois,  si 
sont  es  destriers  monté,  h.  de  valenc.  vu.  Qui 
achapte  un  destrier  cent  livres.  Paie  les,  si  en  iert 
délivres, /a Sose,  t08H.  Et  de  vous  promener  ne  fine. 
Si  cum  l'en  fait  destrier  à  vendre.  Et  prent  et  vous 
enseigne  à  prendre,  ib.  9395.  Et  encoste  [à  côié  île] 
les  nés  menoit  on  les  grans  destriers,  joinv.  2(0. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  destrier,  destre;  ital.  destrier», 
destriero;  du  bas-latin  dextrarius,  de  dexlra,  dex- 
tre,  main  droite,  à  cause  que  l'on  conduisait  ces 
chevaux  avec  la  main  droite  avant  de  les  monter 
pour  la  bataille.  Destrier  élait,  dans  l'ancienne  ver- 
sification, de  deux  syllabes;  on  peut  conjecturer 
que,  dans  les  mois  de  ce  genre,  une  des  conson- 
nes qui  précèdent  l'r  ne  se  prononçait  pas  :  de- 
trier,  ou  que  l'i  ne  se  prononçait  pas  :  des-trer;  du 
moins  certains  dialectes  n'écrivaient  pas  cet  i.  Dans 
tous  les  cas.  ce  n'est  que  vers  le  milieu  du  xvu* 
siècle,  comme  on  le  voit  dans  le  Traité  de  poésie 
française  dupèreMouTguesi'i'  part.ch.  i)  qu'il  fut  dé- 
cidé que  les  deux  liquides  l  et  r  désuniraient  1'» 
d'avec  \'e  qui  le  suit,  lorsqu'elles  seraient  précé- 
dées d'une  consonne  dans  la  même  syllabe.  Le  fait 
est  que,  pour  nous,  elles  sont  si  bien  désunies,  qu'il 
nous  est  impossible  de  prononcer  destrier,  ouvrier 
en  deux  syllabes. 

DESTRUCTEUR,  TRICE  (dè-stru-kteur,  ktri-s') ,  s. 
m.  et  y.  Il  1»  Celui,  celle  qui  détruit.  Ce  destructeur 
fatal  des  tristes  Lesbiens,  rac.  Iphig.  ii,  I.  Le  l'a- 
meux  Scipion,  destructeur  de  Carthage,  qui  eut 
toujours  auprès  de  lui  le  philosophe  Panétius,  bol- 
LiM,  Hist.  anc.  CEurres,  t.  m,  p.  376,  dans  pou- 
gens.  Ce  destructeur  des  rois,  de  leur  sang  abreu- 
vé, volt.  Orphel.  i,  <.  Et  tout  nous  abandonne 
aux  mains  des  destructeurs,  id.  ib.  i,  t.  Ils  avaient 
fait  en  chaire  le  panégyrique  des  destructeurs  nom- 
més conquérants,  id.  IHal.  xxviii,  I.  Le  Hollan- 
dais est,  par  état,  un  citoyen  du  monde  ;  le  Suisse 
[qui  se  louait  comme  soldat]  est,  par  état,  un  des- 
tructeur de  l'Europe,  ray.nal,  Ilist.  phil.  xix,  2.  En 
somme,  ces  gens-ci  [les  gens  de  la  bande  noire], 
ces  destructeurs  de  terres  font  grand  bien  à  la 
terre,  divisent  le  travail,  aident  à  la  production.... 
p.  l.  cooh.  Lett.  v.  Il  Fig.  Destructeur  des  abus 
112"  Adj.  Les  enfants  sont  iiaturelleiueiit  destruc- 
teurs  Ce  chefarrogant  d'un  peuple  destructeur, 

volt.  Tancr.  i,  l.  Éteins  entre  leurs  mains  leurs  fou- 
dres destructeurs,  ID.  Alz.  l,  4.  Si  la  conquête  n'était 
pas  destructrice,  montesq.  Espr.  x,  4. 

—  SYN.  destructeur  adj.,  destructif.  Destruc- 
teur se  dit  de  ce  qui  détruit;  destructif,  de  ce  qui  a  la 
puissance  de  détruire.  Dans  la  rigueur  des  termes, 
destructeur  imlique  l'acte;  et  destructif,  la  disposi- 
tion. L'acide  fluorique  est  un  des  corps  les,plus  des- 
tructifs; et  il  l'est  toujours,  même  quand  il  n'est 
pas  destructeur,  comme  dans  un  vase  de  plomb. 
Destructeur  se  dit  également  des  personnes  «t  des 
choses;  destructif  ne  se  dit  que  des  choses. 

—  HIST.  xm'  s.  Voirs  est  [il  est  vrai]  que  Ii  leohe- 
res  [le  gourmand]  Est  mainte  fois  pecheres  ;  De  cr 
n'a  Diex  mestier;  Mais  Ii  péchiez  trichieres  De  l'ania 
est  destruieres.  N'est  preus  [n'est  bon]  à  hebergier. 
Proi;.  du  comte  de  Bret.  ms.  dans  lacubne.  Bnins 
aumosniers  et  sans  feintise  Langue  ki  ne  savoit 
mentir,  Drois  jugieres  de  cuer  entier,  Destruisiere 
dj  Sarrasins,  pu.  mouskes,  ms.  p.  2)9,  dans  la- 
cuRNE.  Il  XVI'  s.  Ceux  que  l'on  avoit  estimés  per- 
dus et  entièrement  destruits  réduisirent  en  plusieurs 


1118 


DES 


lieux  leurs  destructeurs  sur  la  (iefeosWa,  sy-LY, 
dans  le  Dicl.  de  uociiEZ. 

f.TYM.  Provenç.  desiruydor;  catal  desti-uetor ; 

espapii.  dettruidor;  ital.  di.v(ru((«re;  du  liitin  de- 
tlruclorem.  de  destrucre  (voy.  détruire).  Le  vieux 
français  dcstruiere  est  le  nominatif,  du  latin  des- 
(riic(or;le  régime  sera  destruior  {destruidor ,qu\  se 
trouve  dans  le  provençal,  est  un  régime),  du  latin 
deslrucUrem. 

BESTRCCTIBILITÊ  (ilè-stru-kti-bi-li-té),  s.  f. 
Qualité  de  ce  qui  peut  être  ilélruit. 

—  ÊTYH.  Destructible. 

f  DESTRPCTIBLE  (dè-stru-kti-hV),  adj.  Qui  peut 
è're  détruit.  Le  fer,  le  jilus  destructible  des  métaux, 
possède  une  ténacité  qui  se  rapproche  beaucoup  de 
celle  de  l'or,  bonnet,  Contewpl.  nat.  3'  part.  cb.  4. 

—  ÉTYM.  Latin,  destructibilis ,  de  destruere {voy . 
détruibe). 

DESTRUCTIF,  IVE  { dè-stru-ktif ,  kti-v'),  adj. 
Qui  a  la  vertu  do  détruire.  Malgré  de  tels  vices,  et 
dont  la  plupart  étaient  si  destructifs  de  la  société , 
c'était  [Mme  de  Nangis]  la  fleur  des  pois  h  la  cour 
et  à  la  ville,  pt-sim.  39,  <»3.  Cette  idée  seule  est 
destructive  de  toute  administration,  volt.  7'/n7.  ii, 
303.  De  là  les  scènes  les  plus  bonteuses  et  les  plus 
destructives  de  la  subordination  et  de  la  disciplmo, 
m.  Louis  XV,  34.  Philosophie  destructive  de  toutes 
les  croyances,  stael,  Allemagne,  m,  6.  Mettre  'os 
fondations  à  l'abri  d'une  humidité  constante  et  in- 
sensiblement destructive,  ORiMAUD,  Comptes rendui. 
Acad.  des  se.  t.  ui,  p.  89. 

—  f.TYM.  Provenç.  deslructiu;  espagn.  destruc- 
livo;  ital.  distruttivo  ;  du  latin  destructivus ,  iXe  de 
tiruere  (voy.  hêtkuirk). 

DESTRUCTION  (dè-stru-ksion',  en  vers,  de  qua- 
tre syllabes),  s.  f.  Action  de  détruire;  résultat  de 
cette  action.  Souvenez-vous  de  ce  que  Platon  nous 
apprend  de  la  destruction  de  l'Ile  Atlantique,  abî- 
mée il  n'y  a  pas  plus  de  dix  mille  ans,  volt.  Vial.  29. 
Sfe  peut-il  qu'en  ce  temps  de  désolation,  Kn  ce  jour 
de  carnage  et  de  destruction....  II).  Orphel.  I,  i.  Je 
serais  fort  porté  à  penser  que  la  destruction  de  no- 
tre globe  n'arrivera  que  lorsque  les  hommes  auront 
épuisé  la  connaissance  des  objets  qu'il  renferme, 
H0N.NET,  Consid.  corps  organ.  ÙCuvres,  t.  v,  p.  93  , 
danspouGENS.  11  est  entre  les  animaux  des  guerres 
éternelles;  mais  les  choses  ont  été  combinées  si  sage- 
ment que  la  destruction  des  uns  fait  la  conservation 
dos  autres,  m.  Contempl.  nat.  6'  part.  ch.  to.  La 
vue  du  désjrdre  ne  déplaît  pas  toujours;  elle  étonne 
quelquefois;  celle  de  la  destruction  afflige,  haynal, 
Ilist.  phil.vn,  28.  Enfin  [sous  le  feu  de  l'artillerie 
française]  les  Kusses  s'arrêtèrent,  n'osant  avancer 
davantage  et  ne  voulant  pas  reculer,  soit  qu'ils  fus- 
sent saisis  et  comme  pétrifiés  d'horreur  au  milieu 
de  cette  grande  destruction,  ou  que  dans  cet  instant 
Bagration  ait  été   blessé,  séguh,  llist.  de  Napol. 

VII,   40. 

—  HIST.  xii*  s.  La  reregarde  de  la  grant  ost  Char- 
Ion  Sera  par  nous  mise  à  destrucion,  Honc.  p.  40. 
Or  vont  li  nostre  à  grant  destrucion,  ib.  p.  76.  Il  ot 
de  soif  si  grant  destrucion  [souffrance],  ib.  p.  too. 
Lors  est  fait  de  son  cors  si  grant  deslrucions,  ib. 
p.  200.  Kar  li  serjant  le  rei  erent  en  la  maisun.  Qui 
al  partir  la  mistrent  en  tel  destructiun,  N'i  trovis- 
siez  d'estor  nis  [même]  le  menur  chapun,  Th.  le 
mari,  fli .  ||  xni*  s.  Et  Johannis  prist  homes  et  femes 
et  enfans  et  proies,  et  en  fist  grant  destruction, 
viLLEH.  CLXiv.  Il  n'i  porent  trover  pais  en  nule  ma- 
nière que  ce  ne  fust  à  lor  destruction  et  à  lor  des- 
honneur, Chron.  de  Ilains,  4  2).  Cil  qui  queroient 
ma  destrucion  disoient  :  quant  morra  il  ?  Psautier, 
f"  51.  Pieres  [l'hermite]  s'en  va  fuiant  tous  seus,  sans 
compaignons;  Desci  que  dedens  Rome  n'oublia  es- 
pérons, Et  conta  l'apostoile  de  lor  destructions,  Ch. 
d'Ant.  1,  065.  Il  XIV*  s.  La  mort  est  destrultion  de 
Tie,  ORESME,  Eth.  22.  Il  XV'  s.  Encore  ressoignoit-il 
[craignait-il]  la  guerre  pour  un  autre  cas,  c'est  à 
«avoir  grands  destructions  de  corps  et  de  chevance, 

rBOISS.   11,    11,   52. 

—  ÊTYM.  Provenç.  deslruccio;  espagn.  destruc^ 
tion;  ital.  distruiione ;  du  latin  destructionem,  de 
desiruere  (voy.  héthuire). 

+  DESTRUCTIVITÉ  (dè-stru-kti-vi-té) ,  s.  f.  Terme 
da  phrénologie.  Penchant  à  détruire. 

—  ÉTYM.  Destructif. 

tDÊSUDATlON  (dé-suda-sion),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Eruption  de  petits  boutons  semblables  à 
de»  grains  de  millet,  que  l'on  observe  particulière- 
ment chez  les  enfants  et  qui  est  spécialement  occa- 
nonnée  par  le  défaut  de  propreté. 

—  ETYM.  Lat.  desudMio,  sueur,  de  de,  et  su- 
dare,  uitr. 


DES 

DÉSUÉTUDE  (dé-su-é-tu-d') ,  t.  f.  Cessation,  par 
laps  de  temps,  d'une  coutume,  d'une  pratique,  d'une 
loi,  d'un  usage.  Cette  loi  est  tombée  en  désuétude. 
La  désuétude  d'une  locution.  L'ignorance  qui  laisse 
tomber  en  désuétuile  des  mots  utiles,  Diderot,  Hè- 
gne  de  Claude  et  Néron,  ii,  §  20. 

—  ETYM.  Lat.  desuctudo,  de  la  préposition  de,  et 
suettido,  habitude. 

t  DÉSUINTAGE  (dé-suin-ta-j').  voy.  DESSUiN- 
TAGE. 

t  DfiSUINTER  Wé-suin-lé),  voy.  dessuinter. 

t  DÉSCISSER  (SE)  (dé-sui-sé),  V.  réfl.  Quitter 
le  rôle  de  Suisse.  Si  vous  êtes  d'accord  par  un  bon- 
heur extrême,  Je  me  désuisse  donc  et  redeviens 
moi-même,  mol.  l'Etour.  v,  7. 

—  ETYM,  Dd....  préfixe,  et  suisse. 

t  DÊSULl'URATION  (dé-sul-fu-ra-sion) ,  s.  f. 
Terme  de  chimie.  Action  de  dôsulfurer;  résultat  de 
cette  action.  ||  Perte  du  soufre  contenu  dans  les  eaux 
sulfureuses. 

t  DÉSULFCRER  (dé-sul-fu-ré),  v.  a.  Terme  de 
chimie.  Enlever  à  un  corps  le  soufre  avec  lequel  il 
est  combiné.  ||  ôter  le  soufre  d'une  eau  minérale. 
Le  contact  de  l'air  désulfure  les  eaux  sulfureuses. 
Il  Se  désulfurer,  v.réjl.  Perdre  son  soufre.  Ces  eaux 
se  sont  désulfurées. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  soufre. 

\  DÉSULTEUR  (dé-sul-teur) ,  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Cavalier  qui  sautait  d'un  cheval  sur  un  autre. 
Les  Romains  avaient  des  désulteurs  très-habiles, 

—  ÊTYM.  Lat.  desultor,  de  desultare,  fréquenta- 
tif de  desilire,  de  de,  et  satire,  sauter  (voy.  saillir). 

DÉSUNI,  lE  (dé-zu-ni,  nie),  part,  passé  de  dés- 
unir. ||  1°  Qui  n'est  plus  uni ,  joint.  Desplanches  dés- 
unies. Le  corps  de  l'empire  est  désuni,  boss.  Ilist. 
111,7.  Il  2°  Fig.  Qui  est  en  mésintelligence.  Des  cœurs 
désunis.  Un  ménage  désuni.  Â  deux  consuls  jaloux 
et  désunis  sans  cesse,  volt.  Catil.  in,  i.  ||  3°  Terme 
de  manège.  Galop  désuni,  galop  dans  lequel,  la  piste 
d'un  pied  antérieur  étant  la  plus  avancée,  celle  du 
pieii  postérieur  du  même  côté  reste  en  arrière  de  la 
piste  du  pied  postérieur  opposé.  Le  galop  désuni 
ôte  au  cheval  toute  solidité.  C'est  un  beau  cheval 
dont  le  pas  est  presque  toujours  désuni,  volt.  Lett. 
en  vers  et  en  prose, ai.  ||  Cheval  désuni,  cheval  dont 
le  galop  est  désuni.  Cheval  désuni  du  devant,  che- 
val qui,  en  galopant  à  main  droite,  part  de  la  jambe 
gauche  antérieure.  Cheval  désuni  du  derrière,  che- 
val qui,  en  galopant  à  main  droite,  tient  la  jambe 
postérieure  droite  plus  en  arrière  que  la  gauche. 
Il  4°  Terme  de  minéralogie.  Cristal  désuni,  cristal 
dans  lequel  des  facettes  produites  par  une  loi  com- 
pliquée s'interposent  entre  d'autres  facettes  pro- 
duites par  des  lois  très-simples. 

DÉSUNION  (dé-zu-ni-on),  s. /•.  |i  1°  Cessation  de 
l'union  des  parties  d'un  tout;  état  de  ce  qui  est  dés- 
uni. La  désunion  des  ais  d'une  cloison.  |i  2°  Par  ex- 
tension, séparation.  La  désunion  de  deux  cures.  Per- 
sonne ne  sent  mieux  que  moi  les  désunions  de 
l'absence,  sÉv.  461.  Cette  union  [de  l'âme  et  du 
corps]  se  fait  sans  que  nous  nous  en  apercevions;  la 
désunion  doit  s'en  faire  de  même  sans  exciter  aucun 
sentiment,  vm'f.  De  la  vieillesse  et  de  la  mort. 
\\  3°  Fig.  Cessation  de  l'union  morale,  mésintelli- 
gence. De  ceux  qu'unit  le  sang  plus  douces  sont  les 
chaînes.  Plus  leur  désunion  met  d'aigreur  dans  leurs 
haines,  corn.  Tite  et  Bdr.  iv,  4.  Par  leur  désunion 
Rome  .sera  sauvée,  volt,  Catil.  i,  6,  On  a  fait  sur 
notre  désunion  beaucoup  d'histoires  qui  ne  sont  pas 
vraies,  d'alkmbert,  Lettre  à  Voltaire,  25  févr.  )75s, 

—  HIST,  xvi'  s.  Estât  que  vous  perdez  par  vostre 
desunion,  d'aub,  Hist.  ii,  270,  Considérant  le  mal 
et  le  déshonneur  qui  luy  escheroient  de  la  desunion 
de  son  bon  frère,  brant,  Ferdinand  I. 

—  RTYM.  Des....  préfixe,  et  union, 
DÉSUNIR  (dé-zu-nir),  v.  a.  \\  i°  Séparer  ce  qui 

est  uni,  joint.  Désunir  les  pièces  d'un  ouvrage  de 
menuiserie.  Les  forces  qu'on  emploie  pour  désunir 
deux  corps  contigus,   paso.    l'esant.  de  l'air,  ii. 

Il  2°  Par  extension Rendre  à  une  si  éminente 

vertu  les  honneurs  qu'elle  mérite,  et  à  une  si  vio- 
lente affliction  le  soulagement  qu'elle  désire;  mais 
j'ai  tort  de  désunir  ces  deux  choses,  puisque  votre 
charité  les  a  si  parfaitement  unies,  voit.  Z,e((.  13. 
S'il  vous  a  désunis,  sa  mort  va  vous  rejoindre,  corn. 
Poly.  IV,  4.  Le  devoir  désunit  l'amitié  la  plus  forte, 
iD.  Othon,  v,  <.  Tant  d'Etats,  tant  de  mers  qui  vont 
nous  désunir,  bac.  Alex,  m,  6.  {{  3"  Fig.  Rompre 
l'union,  l'accord  entre  les  personnes.  Des  querelles 
d'intérêt  ont  désuni  ces  deux  familles  qui  étaient 
étroitement  liées.  Unissant  nos  maisons,  il  désunit 
nos  rois.  corn.  Hor.  i,  2.  Ne  désunissez  point  deux 
cœurs  faits  l'un  pour  l'autre,  boubsault,  Fabl.  d'É- 


DET 

sope,  ni,  3.  Ce  piège  n'est  tendu  que  pour  nous  dés- 
unir, RAC.  Ilérén.  m,  3.  Mon  cœur  se  gardiit  bien 
d'aller  dans  l'avenir  Chercher  ce  qui  pouvait  un  jour 
nous  désunir,  m.  ib.  iv,  6.  Il  faut  espérer  que  les 
démêlés  des  dames  désuniront  l'hôtel  des  C.  et  les 
.XoailleSjMAiNTENON,  Lett.  à  MmedeCaylus,  (Ojanv 
(7(8.  A  subir  cet  arrêt  je  dois  me  préparer;  Mais, 
sans  nous  désunir,  on  peut  nous  séparer,  lachaus- 
sÉE,  Goui'crnan(c,iii,  2.  Ardents  à  désunir  le  peu- 
ple et  le  sénat,  volt.  lirutus,  iv,7.  ||  4"  Se  désunir, 
V.  réfl.  Cesser  d'être  joint.  Quoi  qu'un  amant  volage 
excite  de  colère.  Son  change  est  odieux,  mais  sa 
personne  est  chère.  Et  ce  qu'a  joint  l'amour  a  beau 
se  désunir.  Pour  le  rejoindre  mieux  il  ne  faut  qu'un 
soupir,  CORN,  Perthar.  ii,  1. 1|  Tomber  dans  la  més- 
intelligence. Après  une  longue  liaison,  ces  deux 
hommes  se  sont  dé.sunis,  ||  Terme  de  manège.  Chan- 
ger de  jambe  en  galopant.  Ce  cheval  se  désunit, 

—  HIST,  XVI"  s.  Ils  s'entrecraignent,  et  ne  veulent 
pas  en  se  desunissant  rendre  la  force  moindre,  la 
BOÉTiE,  73,  Ce  sont  celles  là  qui  gastent  le  [ilus  et 
deunissent  la  compagnie  du  mariage,  m,  290,  De 
là  sur  cette  union  il  montre  l'impossibilité  de  des- 
unir cette  province,  de  lui  faire  (estant  unie)  ac- 
cepter par  force  la  division  qu'ils  ont  à  conlre-cœur, 
d'aid.  Ilist.  II,  261,  Le  pape  ne  se  desunit  pas,  id.  ib, 
I,  384.  Monopolez,  trahissez.,.,  desunissez  les  prin- 
ces. Sut.  mén.  p,  6.  L'union  s'en  va  desunie,  Tesmoin 
Vitry  et  Villeroy,  ib.  p.  212.  Et  estoit  force,  pour 
l'inégalité  et  malaisance  des  lieux,  que  la  bataille  fust 
entreouverte  et  desunie  en  plusieurs  endroits,  amïot, 
Flarn.  13. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  «ntV. 

t  DÉSUNISSANT,  ANTE  (dé-zu-ni-san,  san-t'), 
adj.  Qui  désunit.  Le  péché  qu'on  veut  confes.ser  n'a 
plus  cette  force  désunissante,  boss.  dans  le  j^ict.  de 

IWCHEZ. 

t  DÉSUSITÊ,  ÉE  (dé-zu-zi-té,  tée),  adj.  Qui  a 
cessé  d'être  usité.  Son  confesseur  l'avait  assujetti  à 
ces  pratiques  peu  convenables  et  aujourd'hui  désu- 
sitées,  volt.  Louis  XIV,  28. 

—  SVN.  désusité,  inusité.  Inusité  signifie  qui 
n'est  pas  en  usage;  un  mot  est  inusité,  quand  per- 
sonne ne  s'en  sert.  Désusité  signifie  qui  n'est  plus  eu 
usage;  un  mot  désusité  est  un  mot  qui,  étant  jadis 
employé,  ne  l'est  plus  actuellement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Desusité,  oudin. 

—  ÉTYM.  Dés....  préfixe,  et  usité. 

1.  DÉTACUÊ,  ÉE  (dé-ta-ché,  chée),  part,  passé 
de  détacher  1 .  Dont  on  a  ôté  les  taches.  Une  robe 
détachée. 

2.  DÉTACHÉ,  ÉE  (dé-ta-ché,  chée),  part,  passé 
de  détacher  2.  ||  1°  Qui  n'est  plus  attaché.  Un  chien 
détaché.  Lai-ssez-moi  relever  ces  voiles  détachés  , 
RAC.  Bérén.  iv,  2.  Comme  un  fruit  par  son  poids 
détaché  du  rameau,  lamart.  Médit.  11,  22.  ||  Terme 
de  botanique.  Stipule  détachée,  stipulequi  ne  tient 
au  pétiole  que  par  la  base.  ||  Par  extension.  Tes  mâ- 
nes parla  mort  de  ton  corps  détachés,  rotr.  Aiilig. 
I,  4.  Il  2°  Pièces,  pensées  détachées,  fragments  de 
prose  ou  de  vers,  pensées  sans  liaison.  Ce  genre  d'é- 
crire est  plutôt  une  poésie  détachée  qu'une  pro.se 
régulière,  balz.  liv.  vu,  lett,  7,  Ce  sont  des  paro- 
les détachées,  boss,  Euch.  3.  11  ne  fit  plus  que  jeter 
sur  le  papier  des  pensées  détachées,  travail  propor- 
tionné à  son  état,  d'ùlivet,  Ilist.  Acad.  1. 11, p.  400. 
Il  3°  Terme  de  musique.  Note  détachée,  se  dit, 
par  opposition  à  coulé  et  à  martelé,  de  celle  qui 
est  précédée,  dans  le  chant  et  sur  les  instruments  à 
vent,  d'un  coup  de  langue,  et  sur  les  instruments  â 
cordes  d'un  coup  d'archet  en  sens  contraire  du  mou- 
vement précédent.  La  harpe,  le  piano  et  la  guitare 
n'ont  guère  que  des  sons  détachés,  parce  qu'il  faut 
un  coup  nouveau  pour  chacun.  ||  Substantivement, 
au  masculin,un  détaché.  Il  faut  faire  un  détaché.  Les 
détachés  sont  difficiles  sur  la  clarinette.  ||  En  pein- 
ture, on  dit  d'un  tableau  que  les  figures  sont  bien 
détachées,  lorsqu'étant  bien  dégagées  l'une  de  l'au- 
tre, elles  sont  tout  à  fait  séparées.  ||  4°  Terme  de 
fortification.  Pièces  détachées,  celles  qui  sont  sé- 
paréesdu  corps  de  la  place.  Forts  détachés.  ||  Il  se  dit, 
en  un  sens  analogue,  de  bâtiments  qui  ne  tiennent 
pas  à  un  corps  de  logis.  Il  y  avait  dans  notre  jar- 
din une  salle  basse,  peinte  et  fort  enjolivée,  où 
l'on  mangeait  en  été  et  qui  était  détachée  du  reste 
de  la  maison,  scarbon,  Rom.  corn,  i,  4B,  ||  5°  Fig. 
Sans  liaison  d'amitié  ou  d'afTaires.  Quand  je  les 
croyais  détachés  l'un  de  l'autre,  ils  s'étaient  rappro- 
chés,;. J.  Bouss.  Confess.  xii.  ||  6*  Qui  n'a  plus  d'atta- 
chement. Peux-tu  voir  tant  de  pleurs  d'un  œil  si 
détaché?  Peux-tu  voir  tant  d'amour  sans  en  être 
touché?  CORN.  Poly.  V,  3.  Votre  âme  n'en  est  pas 
encor  si  détachée  Qu'il  puisse  aimer  ailleurs  sans  en 


DRT 


DET 


DËT 


1119 


être  touchée,  corn.  Olhon,  n,  t.  Le  favori  n'a  point 

do  suite  :  il  est  sans  engagement  et  sans  liaison;  il 
peut  être  entouré  de  parents  et  de  créatures,  mais 
il  n'y  lient  pas  :  il  est  détaché  de  tout  et  comme 
isolé,  LA  BRUY.  X.  Vous  êtes  trop  détaché  des  ri- 
chesses pour....  FÉN.  Tél.  VI.  Je  no  suis  pas  si  déta- 
chée du  bien  public  que  du  bien  particulier,  main- 
TENori,  Lettre  à  Mme  deDangeau,  (Onov.  <7)5.  La 
disgrâce  confirmée  trouva  le  |ihilosophe  détaché  de 
toutes  ces  importantes  frivolités,  diderot.  Règne  de 
Claude  et  Néron,  i,  §  90.  ||  Terme  mystique.  Qui  est 
dans  le  détachement.  Il  est  toujours  en  soi  détaché 
de  soi-niêm=,  CORN.  Imit.  i,  3.  Ce  ministre  si  fortuné 
et  si  détaché  tout  ensemble,  boss.  le  Tellier.  Vivez 
détachée  de  tout  jusqu'auxmoindres  choses, ID.  Lett. 
Corn.  26.  Conserverie  cœur  détaché  de  ce  qui  nous 
environne,  MASS.  Pro/esi.  3.  |{  7°  Terme  militaire.  En- 
voyé en  détachement,  llest  détaché  avec  plusieurs 
troupes  pour  aller  en  Allemagne,  sÉv.  291. 

DÉTACUEMENT  (dé-ta-che-man),  s.  m.  \\  1°  État 
de  celui  qui  est  détaché,  délivré  d'un  sentiment, 
d'une  opinion,  d'une  passion.  Il  est  dans  un  grand 
détachement  de  ses  intérêts  personnels.  ||  2°  Terme 
mystique.  État  de  l'âme  qui,  séparée  de  tout  atta- 
chement au  siècle,  n'a  plus  d'autre  aspiration  que 
vers  le  cieL  Dans  la  retraite  la  plus  sainte  II  n'est 
si  haut  détachement  Qui,. des  tentations  affranchi 
pleinement,  N'en  sente  quelquefois  l'atteinte,  corn. 
Imit.  I,  <3.  Romps  jusqu'au.\  moindres  nœuds  qui 
puissent  t'engager;  Dans  le  détachement  tu  trou- 
veras des  ailes  Qui  porteront  ton  cœur  jusqu'aux 
pieds  de  ton  Dieu,  ID.  ib.  n,  8.  La  haine  du  monde 
et  de  vous-même,  le  détachement  du  monde  et 
de  ses  biens,  Bouno.  Nativité  de  J.  C.  2"  avent, 
p.  523.  Quand  vous  aurez  bien  considéré  ce  que  c'est 
qu'un  détachement  parfait  et  solide,  peut-être  aussi 
avouerez-vous  que  vous  en  êtes  encore  bien  éloi- 
gné, iD.  Instruct.  sur  la  mort ,  Exhort.  t.  11 ,  p. 
325.  X  l'égard  du  détachement  de  cœur  de  toutes 
les  choses  de  la  terre,  mass.  Or.fun.  profess.  rel.  3. 
Le  déiachement  de  toutes  les  créatures  qu'il  vous 
impose,  id.  Car.  Élus.  ||  3°  Terme  de  guerre.  Par- 
tie de  troupe  que  l'on  sépare  du  gros  de  l'armée  et 
que  l'on  charge  d'une  mission  spéciale.  Former, 
envoyer  un  détachement.  Il  commanda  ce  déta- 
chement qui  fit  en  Alsace  les  merveilles  que  vous 
savez ,  Boss.  Louis  de  Bourbon.  Si  un  général 
d'arniée  a  un  détachement  délicat  à  faire,  il  est  forcé 
de  le  donner  au  balourd  qui  est  à  marcher,  st-sim. 
409,  120.  Ufonditsur  la  cavalerie  du  roi,  qui,  n'étant 
p,''int  soutenue  par  le  détachement  de  Creuts,  fut 
rompue  à  son  tour,  volt.  Chartes  XII,  i.  ||  Par  ex- 
tension. Louise  Hollandine,  sœur  d'Edouard,  .se  fit 
catholique  à  Port-Royal  ;  elle  suivit  un  détachement 
qui  se  fit  de  ce  célèbre  monastère,  st-sim.  219, 
1 98.  Il  Terme  de  marine.  Partie  de  l'équipage  ou  partie 
des  bâtiments  d'une  armée.  Réunion  d'embarcations 
qu'on  envoie  pour  quelque  service  particulier. 

—  ÉTVM.  Détacher. 

i.  DfiT.\C.UER  (dé-ta  ché),  v.  a.  Enlever  les  ta- 
ches. Détacher  un  habit.  ||  Absolument.  Savon  à  dé- 
tacher. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  tache. 

2.  I)ÉTACHF,U(dé-ta-clié),D.  o.  |1 1"  Dégagerquel- 
qu'un  d'une  attache.  Détacher  un  forçat,  un  chien. 
Il  2°  Faire  qu'une  chose  ne  soit  plus  attachée.  Déta- 
cher une  tapisserie.  On  détacha  le  bateau  et  on  le 
mit  au  fil  de  l'eau.  Si  tous  mes  amis  ne  me  le  défen- 
daient, je  prendniis,  au  sortir  d'ici,  le  plus  court  che- 
min pour  vous  aller  trouver,  et  j'eusse  moi-môme 
détaché,  en  passant,  les  tableaux  [effigies]  que  vous 
dites  que  l'on  a  mis  de  vous  sur  la  frontière,  voit. 
Lett.  3b.  Il  Par  extension.  Détacher  les  yeux  d'un 
objet,  cesser  de  le  regarder.  |{  Fig.  De  son  front 
grave,  elle  y  vient  détacher  Tous  ses  ennuis  avec 
son  diadème,  millev.  Narcisse,  ch.  m.  ||  3°ôter, 
défaire  ce  qui  sert  à  attacher.  Détacher  un  ruban , 
une  épingle.  ||  4°  Séparer  ce  qui  était  joint,  adhérent. 
Détaclier  une  pêche  du  rameau  qui  la  porte.  Les 
doux  fruits  que  leur  main  de  l'arbre  a  détachés,  c. 
DFLAV.Pan'o,  I,  t.  Il  5° Écarter,  séparer.  Détachez 
vos  bras  du  corps.  ||  Isoler.  Détacher  les  notes  du 
texte  par  un  filet.  ||  Disjoindre.  Il  a  détaché  ce  traité 
de  son  grand  ouvrage.  Détacher  un  pré  d'une 
ferme.  ||  6°  Terme  de  musique.  Détacher  des  notes, 
les  articuler  dans  le  chant  et  sur  les  instruments  à 
vent  par  des  coups  de  langue;  dans  les  instruments 
à  cordes,  par  des  mouvements  d'archet  en  sens  con- 
traire ,  c'est-à-dire  successivement  de  gauche  à 
droite  et  de  droite  à  gauche.  ||  Terme  de  peinture. 
Faire  ressortir  le  relief  des  objets.  Ce  peintre  ne 
sait  pas  détacher  ses  figures.  ||  7»  Fig.  Inspirer  le 
détachement,  rompre  des  attaches  morales.  De  tout 


autre  intérêt  vos  pleurs  m'ont  détaché,  tristan, 
Slort  de  Chrispe,  iv,  t.  Sans  que  mille  accidents 
ni  votre  indifférence  Aient  pu  me  détacher  de  ma 
persévérance,  mol.  l'Étour.  v,  3.  Lorsque  par  les 
rebuts  une  âme  est  détachée.  Elle  veut  fuir  l'objet 
dont  elle  fut  touchée,  m.  le  Dép.  i,  <.  Ni  crainte, 
ni  respect  ne  m'en  peut  détacher,  rac.  Iphig.  iv, 
4.  Il  fallut  donc  chercher  Quelque  nouvel  objet  qui 
l'en  pût  détacher,  id.  Esth.  i,  t.  L'hymen  qui  nous 
attache  en  une  autre  famille  Nous  détache  de  celle 
où  l'on  a  vécu  fille,  coiin.  Ilor.  m,  4.  Il  crut  qu'on 
le  voulait  détacher  de  l'amour  de  sa  maltresse,  le 
comte  de  bussi,  dans  richelet.  Des  principes  de  la 
secte  il  n'embrassa  que  ceux  qui  détachent  de  la  vie, 
de  la  fortune,  de  la  gloire,  de  tous  ces  biens  au 
milieu  desquels  on  peut  être  malheureux,  diderot. 
Règne  de  Claude  et  Néron,  i,  §  t3.  Longtemps  même 
avant  la  mort,  quelque  chose  de  doux  et  de  rêveur 
nous  détache  par  degrés  de  l'existence,  staël,  Co- 
rinne, xvii,  7.  Il  Détacher  quelqu'un  d'un  parti, 
d'une  alliance.  Il  fait  ce  qu'il  peut  pour  nous  déta- 
cher M.  de  Paris  et  moi,  boss.  Lett.  quiét.  I07.  Ils 
craignaient  que  ses  discours  ne  détachassent  leurs 
alliés,  FÉN.  Tél.  XI.  Il  Terme  mystique.  Produire 
le  détachement.  Cet  acte  nous  détache  à  fond  de 
nous-mêmes,  boss.  Or.  to.  Purifier  l'âme,  la  dé- 
tacher du  monde,  mass.  Car.  Jeûne.  \\  8°  Terme  de 
guerre  et  de  marine.  Envoyer  partie  d'une  troupe, 
d'une  escadre,  en  détachement.  On  détacha  mille 
hommes  pour  investir  la  place.  On  détacha  de 
la  flotte  deux  frégates.  Quand  il  fut  arrivé  à  Thè- 
besdansla  haute  Egypte,  il  détacha  cinquante  mille 
hommes  contre  les  Ammoniens,  rollin,  Uist.  anc. 
Œuvres,  t.  n,  p.  321.  ||  9°  Envoyer  à,  contre,  par 
comparaison  avec  un  chien  qu'on  détache  et  qui  s'é- 
lance. Détacher  des  gendarmes  contre  quelqu'un. 
Après  avoirdétaché un  cavalier  de  sa  garde  vers  eux, 
iiAMiLT.  Gramm.  5.  Je  détachai  l'abbé  de  Chauheu 
expert  en  pareilles  matières,  chacl.  à  la  duch.  du 
Haine.  Ce  Dieu  à  détaché  [à  ces  peuples]  des  lions, 
et  voilà  que  ceslions  les  tuent,  volt.  Phil.  iv,  4(6. 
Il  10°  Familièrement.  Détacher  un  soufflet ,  une 
ruade,  l'appliquer  soudain  avec  force.  Et  bravement 
vous  lui  détache  Un  coup  de  poing  sur  la  moustache, 
vADiî,  Pipe  castie,  ch.  1. 1|  11°  Se  détacher,  v.  réft. 
Cesser  d'être  tenu  par  quelque  chose  qui  attache. 
Votre  manteau  se  déUche.  Et  ma  peau  qu'avec  eux 
votre  secours  m'arrache,  Pour  suivre  votre  main  de 
mes  os  se  détache,  corn.  Sfédée,v,  3.  Il  paraîtra 
toujours  aux  yeux  de  l'univers,  qu'eux  et  la  secte 
qu'ils  ont  établie  se  seront  détachés  de  ce  grand 
corps  et  de  cette  Église  ancienne  que  Jésus-Christ  a 
fondée,  boss.  Hist.  11,  (3.  Deux  gros  rochers,  s'é- 
tant  détachés  de  la  montagne,  écrasèrent  la  plupart 
de  ces  troupes,  rollin,  Uist.  anc.  CEuvres,  t.  m, 
p.  232.  Il  Par  extension.  Ses  yeux  ne  pouvaient  se 
détacher  de  ce  spectacle,  il  ne  pouvait  cesser  de  le 
considérer.  ||  12°  Être  isolé.  Ces  notes  ne  se  déta- 
chent pas  assez  du  texte.  ||  Être  apparent,  être  en 
saillie.  Ces  fleurs  rougrs  se  détachent  bien  sur  ce 
fond  noir.  ||  13°  S'écarter  de  personnes  avec  qui  l'on 
est.  Mlle  Vurthon,  qui  s'était  détachée  de  nus  deux 
dames,  approchait  pendant  qu'elles  se  promenaient, 
MARIVAUX,  iUana/iKe,  sopartie.  Il  14°  Fig.  Roraprece 
qui  liait,  attachait.  Sous  ce  prétexte  heureux  vous 
verriez  les  Romains  Se  détacher  de  Rome  et  vous 
tendre  les  mains,  corn.  Attila,  i,  2.  [Ils]  N'ont  ja- 
mais conçu  ce  que  c'est  que  la  cour  ;  Un  homme 
comme  moi  jamais  ne  s'en  détache,  id.  0(/ion,  i,  i. 
Crois-moi,  détache-toi  de  cette  erreur  extrême,  Tu 
te  flattes,  mon  cher,  et  t'aveugles  toi-même,  mol. 
Mis.  m,  1 .  Je  me  détache  un  peu  de  ce  qui  s'appelle 
le  monde,  sÉv.  283.  Il  leur  apprend  à  se  détacher 
de  toutes  les  choses  sensibles,  boss.  Ihst.  11 , 6.  Portez 
ailleurs  les  dons  que  vous  me  proposez.  Détachez- 
vous  d'un  cœur  qui  lésa  méprisés,  volt.  Orphel.iv, 
4.  Prêt  à  me  détacher  de  tout  ce  que  j'aimais,  delav. 
Paria,  v,  2.  Dans  sa  mort  il  s'est  totalement  détaché 
des  péchés,  et  c'est  en  ce  moment  qu'il  a  été  reçu 
de  Dieu,  PASC.  Lettre  sur  la  mort  de  son  père,  il 
octobre  1651.  ||  Absolument.  Il  y  a  plus  d'un  jour 
que  je  me  défie  de  Moncade,  mais  se  détache-t-on  si 
aisément?  baron,  Homme  à  bonnes  fortunes,  iv,  3. 
Il  15°  Être  assené  comme  un  coup  qu'on  détache. 
Et  son  jaloux  dépit  qu'avec  peine  elle  cache,  En 
tous  endroits  sous  main  contre  moi  se  détache,  mol, 
ilfis.  lu,  3.  Il  Terme  de  musique.  Être  articulé.  Les 
notes  se  détachent  difficilement  sur  la  clarinette. 

—  HlST.  xiii°  s.  Li  mondes  est  roons  et  detachiés 
de  cascune  partie,  Comput,  f°  \3.  Etli  soudans  prist 
le  coulon  [pigeon],  et  11  destaka  la  lettre  de  desous 
Telle,  et  la  fist  lire,  Chron.  de  Rains,  95.  {|  xvi»  s. 
Destache  plustost  que  de  rompre  ce  que  tu  as  mal 


noué,  MONT.  I,  361.  Je  ne  puis  soun"rir  d'aller  de* 
boutonné  et  destaché,  id.  i,  26O.  Les  forts  destaché» 
estoient  tous  aigus,  petits  et  de  peude  valeur,  d'ahb 
Uist.  II,  37.  Le  mareschal  destacha  do  ses  bataillons 
de  droitte  et  de  gauche,  de  l'un  huit  files,  et  de 
l'autre  dix,  m.  ib.  464. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  tache  (voy.  TACiie, 
dont  le  sens  primitif  est  quelque  chose  qui  s'attache, 
qui  adhère)  ;  provenç.  et  espagn.  destacar;  ital.  dis- 
taccare. 

t  DÉTACHES  (dé-ta-ch'),  S.  f.  pi.  Filets  de  su'b- 
stance  minérale  grasse  qui  se  confondent  avec  les 
salbandes  d'une  couche  ou  d'un  filon. 

—ÉTYM.  Détacher  2. 

t  DÊTACHEUR  (dé-ta-cheur),  s.  m.  Celui  qui  6te 
les  taches  des  habits;  dégraisseur. 

—  ÉTYM.  Détacher  t . 

t  DÉTACHOIR  (dé-ta-choir) ,  s.  m.  Pièce  de  la 
machine  qui  sert  à  couper  les  flans  des  médailles  et 
des  monnaies. 

—  ÉTYM.  Détacher  2. 

DÉTAIL  (dé-tall.  Il  mouillées),  s.  m.  ||  1°  Partage 
d'une  chose  en  plusieurs  parties ,  en  morceaux.  Le  dé- 
tail d'un  quartier  de  viande.  ||  2°  Terme  de  commerce. 
Vente  de  marchandises  par  petites  quantités,  en  petits 
nombres.  Ce  marchand  en  gros  fait  aussi  le  détail.  Ma- 
gasin de  détail.  On  appelle  marchand  en  détail  celui 
qui  vend  la  marchandise  dont  il  (ait  négoce,  à  plus 
petites  mesures  et  à  plus  petits  poids  qu'ilne  l'aache- 
tée  ,  qui  la  coupe  et  qui  la  divise  pour  en  faire  le 
débit,  savary, /)ic<.  du  Corn.  <759.  Le  marchand  en 
détail  est  unentremetteurnon-seulement  utile,  mais 
indispensable,  :.  b.  say,  Cours,  (840,  t.  11,  p.  3)2. 
Il  Terme  d'économie  politique.  Commerce  de  détail, 
celui  qui  consiste  à  revendre  aux  consommateurs  et 
par  petites  portions,  dans  des  boutiques  ou  sur  des 
étalages ,  ce  que  l'on  achète  par  portions  plus  fortes 
chez  les  marchands  en  gros  ou  chez  les  fabricants. 
Il  Droit  de  détail,  droit  perçu  sur  la  vente  des  bois- 
sons en  détail.  ||  3°  Par  extension,  énumération  des 
parties.  Les  détails  d'un  compte.  ||  Terme  de  marine. 
Service  concernant  les  approvisionnements,  les  con- 
sommations, la  police,  etc.  Rapport  que  chaque  ca- 
pitaine fait  au  retour  d'une  campagne  sur  les  bon- 
nes ou  mauvaisesqualitésde  son  bâtiment.  Il  4°  Exposé 
circonstancié  d'une  affaire,  d'un  événement.  Des- 
cendre dans  le  détail.  J'entre  plus  encore  dans  le 
détail  de  la  pratique,  pasc.  Prov.  8.  Je  lui  contai 
tout  le  détail  de  nos  misères,  sÉv.  464.  Ne  vous  char- 
gez jamais  d'un  détail  inutile;  Tout  ce  qu'on  dit  de 
trop  est  fade  et  rebutant,  boil.  Art  p.  i.  Il  lui  fait 
un  long  détail  d'un  repas  où  il  s'est  trouvé,  la  eruy. 
Théophraste,  3.  Le  chevalier  apprit  ledétail  de  celte 
conversation,  hamilt.  Gramm.  S.  Et  pour  approfon- 
dir encore  cette  vérité  et  entrer  dans  un  détail  qui 
vous  la  rende  plus  sensible,  mass.  Car.  Prière,  t. 
Tout  cela  est  d'un  détail  immense  et  capable  de  las- 
ser la  patience  la  plus  opiniâtre,  fonten.  de  Liste. 
Cette  proposition  [d'aller  déhvrer  Charles  XII  à  Ben- 
der],  qui  marquait  plus  de  courage  et  d'aOéction 
qu'elle  n'était  utile,  fut  écoutée  avec  plaisir  (iuoi(iue 
rejetée,  et  on  ne  manqua  pas  d'en  instruire  le  roi 
en  lui  envoyant  le  détail  de  la  bataille  d'Helsinbourg, 
VOLT.  Charles  XII,  5.  ||5°  Au  plur.  Les  détails,  les 
circonstances  particulières.  Les  détails  île  ce  procès 
excitent  la  curiosité.  Je  n'ai  pu  m'empêcher  de  me 
jeter  dans  les  détails,  sÉv.  406.  Vous  savez  que  nous 
avons  réglé  que  l'on  hait  autant  les  détails  des  gens 
que  l'on  n'aime  guère,  qu'on  les  aime  de  ceux  que 
l'on  aime  beaucoup,  id.  23.  Vouloir  examiner  tout 
par  soi-même,  c'est  défiance,  c'est  petitesse,  c'est 
se  livrer  à  une  jalousie  pour  Iss  détails  qui  consume 
le  temps  et  la  liberté  d'esprit  nécessaires  pour  les 
grandes  choses,  fïn.  Tél.  xxii.  Vous  savez  les  pro- 
jets que  votre  amant  médite;  En  pénétrez-vous  bien 
les  détails  et  la  suite?  volt.  Catil.  11,  1.  Les  détails 
de  Ricbardson  déplaisent  et  doivent  déplaire  à  un 
homme  frivole  et  dissipé;  mais  ce  n'est  pas  pour  cet 
homme-là  qu'il  écrivait,  diderot.  Éloge  de  Richard- 
son.  Je  voyais  assez  que  ses  récits  étaient  très-im- 
parfaits et  beaucoup  trop  dépourvus  de  ces  détails  de 
pratique  que  présentent  les  écrits  des  grands  maî- 
tres dans  l'art  d'observer,  bonnet,  i'mém.  Abeilles. 
Ces  détails  se  gravaient  dans  mon  cœur  agité,  M.  J. 
CHÉN.  Gracques,  i,  4.  ||  Absolument,  le  détail,  l'ha- 
bileté à  s'occuper  du  détail  des  choses.  Qu'il  [le  duc 
deNoaiUes]  avait  la  prévoyance  de  Turenne ,  la  va- 
leur de  Créqui,  je  ne  sais  quoi  de  la  Frézelière,  ot 
le  détail  de  Jacquier,  maintenon.  Lettre  au  card. 
de  Noailles,  6  févr.  <7H.  ||  6°  Minutie,  la  petite  be- 
sogne. Il  a  l'esprit  de  détail.  C'est  un  homme  de  dé- 
tail. Un  esprit  épuisé  par  le  détail  est  comme  la  lie 
du  vin  qui  n'a  plus  ni  force  ni  délicatesse,  fén.  Tél. 


1120 


DET 


XXII.  Idoménée  s'applique  trop  au  détail,  rtn.  Tél. 
xxu.  Il  ne  faut  pas  qu'un  roi  fasse  le  détail,  id. 
ib.  Il  C'est  un  détail,  se  dit  en  parlant  de  quelque 
mésaventure  que  l'on  traite  légèrement.  Je  suis  tombé, 
et  je  me  suis  cassé  une  dent,  c'est  un  détail.  ||  7°  Ce 
qui  se  fait  peu  à  peu.  Contentez-vous,  dans  le  détail 
de  vos  occupations,  d'une  vue  confuse  de  Dieu,FÉN. 
1.  xviii,  p.  262.  Il  8"  Terme  de  littérature  et  de  beaux- 
arts.  Petite  partie  d'un  ensemble.  Exceller  dans  les 
détails.  Des  beautés  de  détail.  D'assez  grands  génies 
ne  paraissent  avoir  eu  que  l'invention  de  détail,  vau- 
VEK.  du  Génie.  Il  ne  faut  jamais  interrompre  de  gran- 
des masses  par  de-  petits  détails;  ces  détails  las  ra- 
petissent en  m'en  donnant  la  mesure,  didebot, 
Pensées  SUT  la  peint.  Œuvres,  t.  xv,  p.  206,  dans 
poucENS.  Il  II  se  dit,  en  pernlure,  des  poils,  des  pe- 
tit» accidenta  de  la  peau,  des  draperies,  des  brode- 
•■iss,  daB  feuilles  des  arbres,  et,  en  architecture, 
des  rosaces,  des modillons,  des feuillesd'acanthe ,  etc. 
Il  9°  Guerre  de  détail,  guerre  de  partisans  et  qui 
use  l'ennemi  en  détail.  ||  10»  En  détail,  /oc.  adv.  Par 
parties.  Vendre  en  détail.  ||  Fig.  Dans  toutes  les 
parlii'S,  dans  toutes  les  particularités.  Voici  l'afTaire 
en  détail,  sÊv.  47.  Il  m'a  conté  en  détail  l'histoire 
de  celte  province,  id.  2I9.  Les  hommes  fripons  en 
détail  sont  en  gros  de  trés-honnêtes  gens,  moktesq. 
Espr.  XXV,  2.  Il  Peu  à  peu,  par  parties.  L'homme 
meurt  en  détaiL 

—  REM.  Bouhours  n«  voulait  pas  qu'on  dît  détail 
au  pluriel,  sinon  quand  il  s'agissait  du  détail  de  plu- 
sieurs affaires.  Mais  l'usage,  de  son  temps  même, 
prévalait  de  l'employer  au  pluriel,  au  sens  de  pe- 
tite portion,  qai  d'ailleurs  est  le  sens  étymologique 
de  ce  mot. 

—  IIIST.  xm*  s.  Quiconque  acatera  piscon  en  gros 
ne  fruit  ne  autre  viande  puis  k'ele  ert  mute  [sera 
mise  en  mouvement,  sera  expédiée]  à  venir  en  ceste 
vileaumarkiet,  pour  revendre  à  detal....  tailuar, 
hectieil ,  p.  «04.  Nus  chanevassiers  de  Paris  ne 
doit  point  de  coustume  de  toiles,  qui  vend  à  dé- 
tail à  son  estai  ou  [auj  marchié  le  Hoy  de  Paris.... 
iiv.  des  met.  460.  Moult  me  sanle  que  ce  soit  gas 
|moquerie],  Que  vos  dras  vendes  à  détail.  Fi.  et  Bl. 
(722.  Un  buef  ou  une  truie  que  l'on  vent  à  détail, 
Chastie-Musart.  Lorsditqu'il  n'a  cure  de  vivre.  Point 
le  cheval,  esTurs  se  livre,  De  son  bras  et  de  du- 
rendal  Fait  de  païens  moult  grant  de.stal  [carnage], 
PH.  MouSKES,  ms.  p.  206, dans  iacurne.  ||  xvi*  s. 
Oui  en  jugeroit  [des  hommes]  en  détail  et  distinc- 
tement, pièce  à  pièce,  rencontreroit  plus  souvent  à 
dire  vray,  mont,  il,  2.  Tout  cecy  me  faict  souvenir 
de  ces  anciennes  opinions  :  qu'il  est  force  [on  est 
forcé]  de  faire  tort  en  détail,  qui  veult  faire  droict 
en  gros,  m.  iv,  241. 

—  ETYM.  Voy.  DÉTAILLER  ;  provenç.  detal.  Le  sens 
propre,  qui  est  action  de  couper  en  morceaux,  se 
trouve  à  l'historique. 

DÉTAILLANT,  ANTE  (dé-ta-Uan,  llan-t',  Il  mouil- 
lées, et  non  dé-ta-yan,  yan-t'),  adj.  Qui  vend  en 
détail.  Sans  les  autres  avanies  faites  par  la  police  au 
marchand  détaillant,  p.  l.  cour,  ii,  283.  \\S.  m.  et 
f.  C'est  un  détaillant,  une  détaillante.  H  Un  détail- 
lant, un  marchand  de  vin  au  détail. 

DÉTAILLÉ,  ÉE(dé-ta-llé,  liée,  /J mouillées) ,  part, 
passé.  Il  1°  Coupé  par  morceaux.  De  la  viande  détail- 
lée. Il  %'  Vendu  en  détail.  Le  viii  détaillé  est  plus  cher 
que  le  vin  vendu  en  gros,  jj  3"  Circonstancié.  Récit 
détaillé.  Critique  détaillée.  Il  aurait  fait  à  l'instant 
même  un  portrait  d'elle  plus  juste,  plus  vrai,  plus 
détaillé,  STAËL,  Corinne,  ii,  t. 

DÉTAILLER  (dé-ta-Ué,  Il  mouillées,  et  non  dé- 
ta-yé),  V.  a.  ||  1°  Couper  par  morceaux,  distribuer 
parparties.  Détailler  un  bœufà  la  boucherie.  ||  2°  Ven- 
dre en  détail.  Les  épiciers  détaillent  lesdenrées  qu'ils 
ont  achetées  en  gros.  ||  3''Kaconteravecdétail.  11  nous 
a  détaillé  toute  l'histoire.  ||  Absolument,  en  termes 
de  littérature  et  de  beaux-arts,  entrer  dans  les  dé- 
tails. Plus  on  détaille,  plus  l'image  qu'on  présente 
à  l'esprit  des  autres  diffère  de  celle  qui  est  sur  la 
toile,  DIDEROT,  Salon  de  t767.  Œuvres,  t.  xiv, 
p.  41),  dans  POUOENS.  ||  4°  Se  détailler,  v.  réft. 
Être  débité  par  morceaux.  Ce  bœuf  s'est  détaillé  en- 
tre les  (lilTérents  bouchers.  ||  Se  vendre  au  détaiL  II 
y  a  des  marchandises  qui  ne  se  détaillent  pas. 

—  HlST.  xiir  s.  [Ils]  N'épargnent  vergiers  ne 
vignobles.  Que  partout  &  bandon  ne  saillent.  Et  tôt 
entrepent  et  détaillent  [coupent],  Fabliaux  mss. 
t.  II ,  I*  1 88 ,  dans  LACUBNE.  Qu'il  sache  aventure  no- 
yele,  Et  face  tant  que  la  novele  De  l'aventure  par- 
tout aille,  Et  que  son  vrai  fraiiçois  détaille  Pour  faire 
œuvre  plus  déliée,  ib.  ^  188.  Par  quoi  li  rois  seroit 
deceu  de  sa  coustume,  se  li  home  forain  destail 
imant,  Ltv.  des  mit.  «6o.  jj  xiv  s.  Un  bouchier 


DET 

avoit....  Une  beste  faisoit  aporter  un  colier  [par 
un  charrtier],  Bt  geler  sus  Testai,  tamps  fu  du  des- 
peschier;  Perdut  avoit  dix  sols  à  l'autre  detaillier, 
Baud.  de  Seb.  vu,  404.  jj  xv  s.  Et  abattirent  ce  grand 
engin,  et  le  détaillèrent  tout  par  pièces,  froiss.  i, 
I,  (77.  Il  XVI"  s.  .Se  veoir  dcstaiUer  en  pièces  et  ar- 
racher une  balle  d'entre  les  os,  mont,  i,  3o3.  Plu- 
sieurs se  détaillant  les  morceaux  de  leur  propre 
chair  vifve....  JD.  ii,  30.  Il  fut  à  la  fin  luy  mesme 
abhatu  par  terre,  et  trouvé  entre  les  morts  tout  de- 
taillé  de  coups,  jturoT,  Marcel.  U.  La  grole, 
pensant  que  ledit  renard  fust  mort,  se  va  poser  sur 
son  ventre,  pensant  de  son  membre  que  ce  fusKjuel- 
que  chair  desjà  commencée  à  détailler,  palissy,  8S. 
Son  domaine,  par  telle  juste  proportion  ainsi  détaillé 
et  bien  raesnagé,  se  rendra  capable  d'entretenir 
une  grande  et  honorable  famille,  o.  de  serres,  (6. 
Les  cliaircutiers  de  Paris  ont  une  particulière  ma- 
nière à  détailler  les  lards,  id.  838. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  tailler,  couper  en 
morceaux  (voy.  détail). 

DÊTAILLEUR  (dé-ta-Ueur,  Il  mouillées,  et  non 
dé-ta-yeur),  s.  m.  Celui  qui  vend  en  détail  ;  aujourd'hui 
on  dit  plutôt  détaillant.  Entre  les  détailleurs  de 
poisson  de  mer,  frais  et  salé,  de  Paris....  et  les  mar- 
chands en  gros  de  saline  de  Paris,  Arrêts  du  con- 
seil privé,  (7  mars  Iflis.  Le  délailleur  fait  souvent 
venir  des  ports  de  mer  ou  des  fabriques  les  mar- 
chandises qu'il  vend  en  détail,  J.  B.  say.  Court, 
1840,  p.  312.  Il  On  a  dit  au  féminin,  détailleresse. 
Défense  aux  dits  détailleurs  et  détailleresses  de  se 
fournir  et  prendre  marchandise  de  poisson  de  mer, 
autrement  que  sous  la  vente  des  vendeurs.  Rè- 
glement du  parlement,  20  févr.  toto.  ||  Nom  qu'on 
a  donné  autrefois  dans  l'armée  à  des  fourriers ,  à 
des  sous-officiers  qui  remplissaient  l'office  d'écri- 
vains. 

—  ÉTYM.  Détailler. 

t  DÉTAILLISTE  (dé-ta-lli-sf,  Il  mouillées) ,  s.  m. 
Néologisme.  Écrivain  qui  se  complaît  ou  qui  excella 
dans  lesilétails. 

—  ÊTYM.  Détailler. 

DÉTALAGE  (dé-ta-la-j') ,  s.  m.  Action  de  détaler 
des  marchandises. 

—  ÉTYM.  Détaler. 

DÉTALÉ,  ÉE  (dé-ta-lé,  lée),  part,  passé.  Qui 
n'est  plus  étalé.  Des  marchandises  détalées. 

DÉTALER  (dé-ta-lé),  v.  a.  \\  1"  Resserrer,  rem- 
baller la  marchandise  qui  était  étalée.  ||  Alisolument. 
Les  marchands  ont  détalé.  ||  2°  ¥.  n.  Dans  le  langage 
familier, décamper, s'en  aller  au  plus  vite,  lln'est  plus 
temps  de  rimailler;  On  m'a  dit  qu'il  faut  délaler, 
scARRON,  Testamertt,  p.  (33,  dans  pougens. Allons, 
que  l'on  détale  de  chez  moi,  mol.  Avare,  i,  3.  À  la 
porte  de  la  salle  Us  entendirent  du  bruit;  Le  rat  de 
ville  détale;  Son  camarade  le  suit,  la  font.  Fabl. 
I,  9.  Il  met  sur  pieds  sa  bête  et  la  fait  détaler,  in. 

il),  m,  I Ami, je  te  conseille  De  fuiren  attendant 

que  ton  maître  s'éveille;  Il  ne  saurait  tarder:  dé- 
tale vite,  et  cours,  id.  ib.  vm,  (7.  Us  ont  enfin  dé- 
talé d'ici,  après  avoir  fait  l'un  et  l'autre  le  diable  à 
quatre,  brueys,  Grondeur,  u,  2.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Un  cheval  détale  bien  quand  il  court  avec  lé- 
gèreté et  grâce.  ||  Terme  de  marine.  On  dit  qu'un 
navire  détale  bien,  quand  il  est  fin  voilier. 

—  RE.M.  Détaler,  v.  n.  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire ai'otr,  quand  on  exprime  l'action  :  ils  ontdé- 
talé  ce  malin;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  on  ex- 
prime l'état  :  ils  sont  détalés  depuis  ce  matin. 

—  HIST.  xv  s.  Puissent  aller  et  venir  aus  dites 
foires  et  y  amener,  vendre  et destaler  [étaler]  toutes 
denrées  et  marchandises  quellesconques,  franche- 
ment et  quittement,  godeeroy,  Observ.  sur  Char- 
les VIII,  p.  029,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  D  pour  dé....  préfixe,  et  étaler;  bour- 
gu»g.  détalai,  s'en  aller. 

DÉTALINGUER  (dé-ta-lin-ghé),  v.  n.  Terme  de 
marine.  Ôter  le  cAble  d'une  ancre. 

—  ÊTYM.  D  pour  dé....  préfixe,  e\.élaling\ter. 

t  DÉTAPER  (dé-la-pé),  V.  a.  Terme  de  marine, 
ôter  les  tapes  de  liège  qui  ferment  la  bouche  des  ca- 
nons. Nous  nous  trouvions  si  près  4e  l'ennemi  qu'on 
ne  prit  pas  le  temps  de  détaper,  et  on  lui  envoya 
la  volée  avec  les  tapes,  legoaraMt.  ||  Terme  de  mé- 
tier, ôter  les  tapes  des  formes,  chez  les  raffineurs 
de  sucre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Detapper,  déboucher,  oddin,  Dict. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  tape. 

t  DÉTAPISSER  (dé-la-pi-sé),  c.  a.  ôter  les  lapis, 
les  tapisseries.  Uélapisser  une  chambre.  L'un  déta- 
pisEe,  l'autre  emballe,  scarron,  Baron,  Œuvres, 
t.  I,  p.  ïlo,  dans  pougens. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  tapis. 


DliT 

]  DIÎTASSER  (dé-lA-sé),  r.  a.  Défaire  un  tas. 

—  HIST.  xvr  s.  Quant  Engloiz  virent  lever  le  feu 
cont.'emont,  si  furent  moult  dolens,  et  commenr^- 
rent  à  destasser  le  foing  pour  destaindre  le  dit  feu, 
MENARD,  llist.  de  du  Guetclin,  p.  603,  dans  la- 
curne. 

—  ÊTYJl.  Dé....  préfixe,  et  tas. 

t  DÉTAXE  (dé-ta-ks'),  s.  f.  Terme  d'administra- 
tion. Remise  de  tout  ou  partie  d'une  taxe. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  taie. 

t  DÉTAXER  (dé-ta-ksé),  v.  a.  Faire  une  réduc- 
tion sur  une  taxe.  L'administration  du  chemin  de 
fer  a  détaxé  de  trois  francs  par  mille  kilogrammes 
cette  marchandise.  ||  Réduire  la  taxe  mise  sur  une 
lettre,  sur  un  paquet.  Cette  lettre  était  surtaxée,  je 
l'ai  fait  détaxer.  ||  Détaxer  le  pain,  la  viande,  etc. 
en  supprimer  la  taxe. 

—  ÉTli'M.  Voy.  détaxe. 

DÉTEINDRE  (dè-tin-dr'),  je  déteins,  tu  déteins, 
i!  déteint,  nous  déteignons,  vous  déteignez,  ils  dé- 
teignent; je  déteignais;  je  déteignis;  je  détein- 
drai; j»  déteinilrais;  déteins,  déteignons;  que  je 
déteigne,  que  nous  déteignions,  que  vous  détei- 
gniez; que  je  déteignisse;  déteignant;  déteint,  e. 
a.  Il  1°  Faire  perdre  la  couleur,  la  teinture.  Le  vi- 
naigre déteint  les  étoffes.  |{  2'  V.  n.  Cette  étoffe  dé- 
teint beaucoup.  ||  Fig.  Son  caractère  avait  déteint 
sur  ceux  qui  vivaient  avec  lui,  c'est-à-dire  ilsavaient 
pris  quelque  chose  de  son  caractère.  ||  3*  Se  détein- 
dre, t).  réfl.  Perdre  sa  couleur.  Ces  draps-là  ne  se 
déteignent  point. 

—  HIST.  xiii's.  Amoui  d'homme  envers  famé  n'est 
mie  tainte  en  graine  ;  Por  trop  pou  se  destaint,  por 
trop  pou  se  desgraine,  j.  de  meung,  437.  ||  xv  s. 
Non-pour-quant  pas  n'en  fu  estainte  La  maladie, 
qui  destainte  M'avoit  la  couleur  et  la  face,  froiss. 
kspin.  amour.  Bien  savez  de  plaisance  paindre  Et 
d'espoir,  quand  prenez  depport.  Après  effacer  et 
destaindre  Toute  joye,  sans  nul  support,  en.  d'orl. 
Bal.  91,  Il  xvf  s.  De  fermeté  le  grand  guidon  sui- 
vrons, Le  quel,  pour  vrai,  fermeté  a  fait  paindre 
De  noir  obscur,  qui  ne  se  peut  destaindre,  marot, 
1,  338. 

—  ETYM.  ©^....préfixe,  et  teindre;  provenç.  des- 
tcngner;  calai,  destenyir ;  espagii.  destenir;  portug. 
destingir. 

DÉTEINT,  EINTE  (dè-tin,  tin-t'),  part,  pa.t».- 
de  dùteindre.  Qui  a  perdu  sa  couleur.  Un  chàle  dé- 
teint. Une  robe  déteinte. 

t  DÉTELAGE  (dé-le-la-j'),  s.  m.  Action  de  dételer 
les  chevaux  d'une  voiture. 

—  ÉTYM.  Dételer. 

DÉTELÉ,  ÉE  (dé-lo-lé,  lée) ,  part,  passé.  Les  che- 
vaux dételés  et  menés  à  l'écurie. 

DÉTELER  (dé-te-lé.  L'i  se  double  quand  la  syl- 
labe qui  suit  est  muette  :  je  dételle,  je  détellerai), 
V.  a.  Détacher  l'attelage  de  la  charrue,  de  la  voi- 
ture. Dételer  des  bœufs.  Dételer  un  équipage.  ||  Ab- 
solument. Dételez.  C'est  ici  l'hôtellerie  où  pour  tou- 
jours le  charretier  a  dételé,  et  où  le  paria  repose, 
bern.  de  st-p.  Chaum.  imi. 

—  HIST.  XV  s.  Ils  firent  desteler  les  chevaux  et 
les  chassèrent  dedans  la  porte,  froiss.  i,  i,  (60. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  un  radical  pour  lequel 
il  faut  voir  atteler;  Bcrry,  dr^&ielcr.  L'ancien  fran- 
çais avait  un  verbe  desteler.  '.lui  paraît  plutôt  une 
forme  de  détaler  que  de  détela  :  xiv  s.  Le  renc  des 
Champenois  deslele  [s'avayicej  Contre  Flamens. 
lances  baissiées,  g.  guiart,  Us.  f  I24,  dans  la- 
curne. Une  grant  roule  [troupe]  de  deables  Qui  par 
devant  lui  destela  [détala],  tb.  f"  (45.  Puisqu'ils  au- 
ront amené  et  deschargé  ou  deslelé  les  bleds,  fa- 
rines ou  autres  grains,  Ordonn.  des  rois  de  France, 
X.  II.  p.  364. 

t  DÉTEND  AGE  (dé-lan-da-;'),  s.  m.  Action  de  dé- 
tendre la  chaîne  d'une  étoffe  '|  Terme  de  typogra- 
phie. Action  de  détendra  le  p-.i'ier  qu'où  a  fait  «C- 
cher. 

—  ÊTYM.  Détendre. 

t  DÊTENDOIR  (dé-lan-dor),  s.  m.  Instrument 
pour  tendre  et  détendre  la  ch:ilne  d'une  étoffe. 

—  ÊTYM.  Détendre. 

DÉTENDRE  (dé-tan-dr'),  je  détends,  tu  détends, 
il  détend,  nous  détendons,  vou.J  détendez,  ils  dé'- 
lendent;  je  détendais;  je  détendis,  je  détendrai;  je 
détendrais;  détends,  détendons;  q  le  je  détende, 
que  nous  détendions;  que  je  détendisse  •.  détendant  ; 
détendu,  d.  o.  ||  !•  Relâcherce  iiui  étiil  Itnilu.  D< - 
tendre  une  corde,  un  arc,  un  ressort,  .'.'u  détendit 
le  piège.  ||  Kig.  Détendre  l'arc,  se  donner  quelque 
relâche  d'esprit.  ||  Poétiquement.  Le  temps,  .  'ri«le 
adversité  Délend  les  cordes  de  ma  lyre,  volt.  .  '•"ft. 
38.  Il  Fig.  Faire  cesser  un  état  da  tension  mckle  ou 


DÉT 

intellectuelle.  Ces  discussions  détendirent  quelque 
peu  les  âmes  irritées.  Un  prince  qui  a  de  pareils 
ministres....  peut  détendre  la  contention  de  son 
esprit, sans  que  ses  affaires  en  pâti.ssent,  HALZ.  Avis 
écrit.  Il  2°  Détacher  ce  qui  était  tendu,  déployé, 
dressé.  Détendre  une  tapisserie,  un  lit.  On  le  déten- 
dra [le  tabernacle  du  témoignage],  et  on  le  dressera 
de  nouveau  dans  le  même  ordre,  saci.  Bible,  Nom- 
bres, H,  <7.  Il  On  dit  dans  le  même  sens,  détendre  un 
.<alon,  une  chambre  à  coucher.  Va  demain,  le  plus 
matin  que  tu  pourras,  me  chercher  un  tapissier  jjOur 
ilétendre  mon  cabinet  et  ma  cliambre,  Marivaux, 
Pays.  parv.  t.  i,  2-  part,  p.  63, dans  pougens.  ||  Ab- 
solument. Défaire  les  tentures.  On  détendit  après 
que  le  saint  sacrement  eut  passé.  ||  Défaire  les  tentes 
d'un  camp.  On  avait  déjà  détendu  dans  tout  le  camp. 
L'armée  eut  ordre  de  cliarger  les  gros  bagages  avec 
défense  de  détendre  et  de  rien  remuer,  st-sim. 
47,  49.  Il  3°  Se  détendre,»).  r(?/î.  Cesser  d'être  tendu, 
se  relâcher.  Un  ressort  qui  se  détend,  jj  Fig.  Si  le 
sens  de  vos  vers  tarde  à  se  faire  entendre,  Mon  es- 
prit aussitôt  commence  à  se  détendre,  bo:l.  Art  p.  i. 
Il  Se  détendre  se  dit  aussi  du  temps  qui  devient 
moins  froid ,  de  la  température  qui  commence  à 
s'adoucir.  Le  vent  du  nord  a  cessé,  le  temps  s'est 
détendu.  ||  Dans  le  style  du  journalisme.  Les  rapports 
entre  les  cabinets  de  Vienne  et  de  Paris  se  sont  dé- 
tendus, c'est-à-dire  iln'ya  plus  entre  eux  l'hostilité, 
suite  de  différends. 

—  HIST.  XII"  s.  Plustost  [le  cheval]  lui  court  que 
carraus deslendus  [lancés  par  l'arc],  Ronc.  p.  64. 
Il  XIII"  s.  Et  il  s'en  fu  destornés  vers  Constantino- 
ble,  et  avoitfait  destendre  très  [tentes]  etpaveillons, 
ViLLEH.  Lxxi.  Tangrés  li  fis  Marquis  n'i  va  plus  de- 
morant,  Ains  fait  soner  ses  grailes,  ses  très  va  des- 
tendant. Tout  droit  au  castelet  en  sont  venu  errant, 
Ch.  d'Ant.  IV,  503.  S'il  veut  porter  arc  et  sajeles, 
port  [qu'il  porte]  l'arc  destendu  et  les  sajetes  en  la 
main  ou  en  forrel,  beaum.  lviii,  (3.  Et  se  tans 
[mauvais  temps]  monte  dont  on  destenge  muelins, 
et  il  [le  meunier]  ne  le  destent,  s'il  en  mesvient, 
damages  en  est  sien,  tailliar.  Recueil,  p.  462.  Li 
arz  est  tendus  et  tout  presl  de  destendre.  Fabliaux 
mss.  t.  II,  f°  144,  dans  lacurne.  ||  xiv"  s.  Tant 
comchevauspeuent destendre  [s'élancer],  g.  guiaht, 
Ms.  f°  228,  dans  lacurne.  Au  lundi  malin  se  des- 
tendent, Touz  ordenez  comme  à  bataille,  ib.f"  33  7. 
....  Tu  tenderas  ton  trebuchet,  lequel  se  deslen- 
dera  tout  par  luy  quand  le  chevreul  tirera  à  la 
viande  [pâture]  que  tu  luy  auras  donnée,  Uodus, 
f°  Lxxi.  Il  XV"  s.  Reboutez  vos  espées,  et  dites  à  vos 
archers  qu'ils  destendent  les  arcs;  car  la  ville  est 
vostre  sans  coup  ferir,  froiss,  ii,  m,  43.  Ainsy  se 
détendit  [sépara]  cette  armée,  o.  de  la  marche, 
Uém.  liv.  1,  p.  481,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Com- 
mençans  jà  à  destendre  leurs  tentes,  à  serrer  bagage, 

AMYOT,   Pomp.  8. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  tendre,  v.  o.  ;  provenç. 
destendre;  ital.  distendere. 

DÉTENDU,  CE  (dé-tan-du,  due),  part,  passé  de 
détendre.  Qui  n'est  plus  tendu.  Un  ressort  détendu. 

DÉTENIR  (dé-te-nir),je  détiens,  tu  détiens,  il  dé- 
tient, nous  détenons,  vous  détenez,  ils  détiennent; 
je  détenais;  je  détins;  je  détiendrai;  je  détiendrais; 
détiens,  qu'il  détienne;  détenons,  détenez,  qu'ils 
détiennent;  que  je  détienne,  que  nous  détenions, 
que  vous  déteniez;  que  je  détinsse;  détenant;  dé- 
tenu, V.  a.  Il  1°  tenir  entre  ses  mains.  L'on  veut 
absolument  que,  contre  mon  intérêt  visible,  j'aie 
mutilé  ce  morceau,  que  je  venais  de  détenir  et  dont 
j'étais  maître,  p.  l.  cour,  i,  96.  ||  2°  Terme  de  ju- 
risprudence. Garder  en  sa  possession  ce  qui  appar- 
tient à  d'autres.  Détenir  le  bien  d'autrui.  ||  3°  Rete- 
nir quelqu'un  contre  sa  volonté.  L'Angleterre,  avant 
de  déclarer  la  guerre  en  1766,  attaqua  les  navires 
français  et  détint  les  matelots.  ||  Par  extension.  Tant 
que  nous  sommes  détenus  dans  cette  demeure  mor- 
telle, nous  vivons  assujettis  au  changement,  parce 
que,  si  vous  me  permettez  de  parler  ainsi,  c'est  la 
loi  du  pays  que  nous  habitons,  boss.  Duch.  d'Orl. 
Il  Terme  de  législation.  Détenir  quelqu'un  en  prison , 
ou,  simplement,  détenir,  le  retenir  en  prison.  Ses 
créanciers  le  détiennent  à  Clichy  depuis  quelque 
temps.  Il  4"  Se  détenir,  v.  réfl.  Être  détenu.  Des  biens 
qui  se  détiennent  illégalement. 

—  HiST.  XII"  s.  Ensi  qu'il  la  veriteit  de  Deu  de- 
tienent  en  menzonge,  si  cum  pluisor  gent  suelent 
faire  à  la  fieye  [parfois] ,  s.  bern.  p.  673.  ||  xiii"  s.  Ne 
pourquant  n'oserent-il  mie  détenir  la  cité  de  Car- 
rliople,  et  l'endemain  la  guerpirent  et  revindrent  à 
la  cité  du  Curlot,  villeh.  cxxxvn.  Et  je  m'en  irai 
devant,  pour  détenir  nostre  gent  qui  grant  mestier 
en  ont.  id.  cxlvi.  Se  sovrains  sires  le  détient,  por  ce 

DICT.   DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


DÉT 

qu'il  a  à  fere  de  li,  se  pot  li  pièges  escuser,  beaum. 
xLiii,  36.  Le  conseil  le  roy  leur  offri  que  il  dete- 
nissent  un  des  frères  le  roy  tant  que  il  reussent  Da- 
miete,  jojnv.  237.  ||  xv"  s.  Ils  prièrent  à  monsei- 
gneur de  Hainaut  qu'il  voulust  encore  demeurer 
jusques  après  Noël,  et  qu'il  detinst  les  compagnons 
avec  lui  le  plus  qu'il  en  pourroit  détenir,  froiss.  i, 
I,  26.  11  ne  cessa  mie  de  faire  grands  promesses 
[Edouard  aux  Flamands]  pour  détenir  leur  amitié, 
ID.  I,  I,  310.  Et  encore  détint  le  dit  brigand  le  dit 
chastel  et  le  garnit  bien,  et  en  guerroya  le  pays,iD. 

I,  I,  324.  La  dignité  que  vous  détenez,  monstrel. 
1. 1,  ch.  9.  Il  XVI"  s.  Je  ne  détiendrai  point  mon  lec- 
teur de  tous  les  disners,  visites  et  circonstances  du 
grand  festin  fait  à  la  table  de  marbre,  d'aub.  Hist. 

II,  104.  Or  estoit,  entre  les  prisonniers  que  l'on  de- 
tenoit  pour  leur  faire  leur  procès,  l'orateur  Andoci- 
des,  AMYOT,  Aie.  37.  Elle  sera  mariée  et  dottée  hon- 
nestement  selon  la  faculté  des  biens,  au  détenu  [à 
proportion]  de  la  maison  dont  elle  procède,  JVout;. 
coust.  génér.  t.  I,  p.  908.  Detenuz  prisonniers  aprez 
avoir  rendu  la  place,  contre  ce  qui  avoit  esté  capi- 
tulé, MONT.  III,  63. 

—  ÉTYM.  Provenç.  detener,  destener;  catal.  déte- 
nir; espagn.  detener;  portug.  deter;  ital.  ditenere; 
du  latin  detinere,  du  préfixe  de,  et  tenere,  tenir, 
qui  devient  tinere  en  composition. 

DÉTENTE  (dé-tan-f),  s.  f.  \\  1°  Pièce  de  la  bat- 
terie d'une  arme  à  feu,  qui  sert  à  détendre  le  res- 
sort. Presser  la  détente.  Tirer  la  détente.  ||  Les  ar- 
muriers donnent  le  nom  de  pièce  d'écusson  ou  de 
pièce  de  détente  à  une  pièce  qui ,  placée  sous  le 
pontet,  est  fendue  pour  laisser  passer  la  détente. 
La  pièce  de  détente  et  le  pontet  forment  la  sous- 
garde,  LEGOARANT.  ||  Terme  d'horlogerie.  Levier  qui 
fait  partie  de  la  sonnerie  d'une  pendule.  ||  Fig.  C'est 
[les  larmes]  chez  elle  un  ressort,  un  jeu  dont  la 
détente  s'échappe  à  volonté,  langue,  Coquette  cor- 
rigée, m,  4,  Il  2»  Action  de  lâcher  la  détente.  Fusil 
dur,  aisé  à  la  détente.  ||  Fig.  Être  dur  à  la  détente, 
être  avare,  ne  se  résoudre  que  difficilement  à  payer, 
à  donner  de  l'argent.  Cette  expression  a  le  même 
sens  que  être  dur  à  la  desserre  (voy.  desserre)  ;  mais 
elle  est  moins  exacte.  ||  3°  Relâchement  de  quelque 
tension  morale  ou  intellectuelle.  Il  y  avait  sur  son 
visage  une  détente  visible  d'esprit  et  d'inquiétude. 

—  HEM.  Lâcher  la  détente  est  une  expression  im- 
propre, eu  ce  que  cette  pièce  ne  fonctionne  nulle- 
ment comme  un  ressort.  C'est  un  simple  levier  qui 
sert  à  faire  partir  la  gâchette  contre  la  grande  bran- 
che de  laquelle  il  agit  à  l'intérieur  de  la  platine, 

LEGOARANT. 

—  ÉTYM.  Détendre. 

DÉTENTEUR,  TRICE  (dé-tan-teur,  tri-s'),  i.  rn.elf. 
Terme  de  jurisprudence.  Celui,  celle  qui  retient  une 
chose,  qui  en  est  en  possession.  Légitime,  injuste  dé- 
tenteur. Il  Celui  qui  possède  une  chose  &  un  titre 
légal.  Guillaume  le  Conquérant  chargea  les  terres 
envers  lui  de  redevances  annuelles  et  d'un  droit 
payable  à  la  mort  de  chaque  détenteur,  fén.  t.  xxii, 
p.  405.  Il  Adj.  Tiers  détenteur,  l'acquéreur  d'un  ob- 
jet sur  lequel  on  prétend  un  droit  de  propriété  ou 
de  créance,  contre  le  vendeur. 

—  HIST.  XV"  s.  En  la  fin  de  la  dite  réponse  fut 
conclu  par  le  roi  d'Angleterre  qu'il  ne  se  desisteroit 
pas  de  son  voyage,  entreprise  et  armée,  mais  des- 
truiroit  de  tout  en  tout  à  son  pouvoir  le  royaume 
et  le  roi  de  France  son  adversaire  et  détenteur  d'i- 
ceux  pays  injustement,  monstrel.  liv.  i,  ch.  Ha. 
Il  XVI"  s.  Son  détenteur  [celui  dont  il  était  prison- 
nier] le  mena  chasser,  yver,  p.  586.  Le  tiers-dé- 
tenteur, déguerpissant  après  contestation,  est  quitte 
en  rendant  tous  les  fruits  qu'il  a  perçus,  loysel,  6J3. 

—  ÉTYM.  Lat.  delentorem,  de  detinere  (voy.  déte- 
nir); provenç.  et  espagn.  detenedor ;  catal.  dete- 
nidor;  ital.  ditenitore. 

t  DÉTENTILLON  (dé-tan-ti-Uon,  Il  mouillées), 
s.  m.  Terme  d'horlogerie.  Détente  levée  par  la  roue 
des  minutes. 

—  ÉTYM   Détente. 

DÉTENTION  (dé-tan-sion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  jurisprudence.  Action 
de  détenir,  de  garder  en  sa  possession.  La  détention 
des  effets  d'une  succession.  Souvent  on  oppose  la 
simple  détention  à  la  possession  légale.  ||  2°  État  de 
celui  qui  est  détenu  en  prison.  Détention  préventive, 
arbitraire.  ||  Terme  de  droit  criminel.  Peine  qui  con- 
siste àêtre  enfermé  dans  une  forteresse  pendant  5  ans 
au  moins  et  20  ans  au  plus.  La  détention  occupe 
le  cinquième  rangparmi  les  peines  afllictives  et  infa- 
mantes. Être  condamné  à  cinq  ans  de  détention. 

—  HlST.  XVI"  s.  La  roine  [Catherine  de  Médicis] 
avoit  aussi  ceux  (lui  commandoient  en  la  chambre 


DÉT 


1121 


et  en  la  garderobe  [de  Henri  de  Navarre,  prison- 
nier ],  tous  affidez  à  la  détention  de  ce  prince, 
d'aub.  Hist.  II,  t84.  On  deviendra  propriétaire  de 
semblables  fonds  et  rentes,  par  l'une  de  cinq  ma- 
nières, sçavoir  par  succession,  par  transport,  par 
prescription  de  temps  que  l'on  nomme  teneure  ou 
détention,  par  purge  et  éviction  en  justice,  et  par 
donation.  Nouveau  coust.  génér.  t.  i,  p.  713. 

—  ÉTYM.  Provenç.  détention;  espagn.  detencion ; 
ital.  detenzione;  du  latin  detentionem  (voy.  détenir). 

DÉTENU,  UE(dé-te-nu,  nue),  part,  passé  de  dé- 
tenir. Il  1°  Dont  la  possession  reste  entre  les  mains. 
Un  bien  détenu  injustement.  |{  2°  Qui  est  retenu 
contre  sa  volonté.  La  fille  de  Stenon  Promise  à  Fré- 
déric, détenue  en  esclave,  piron,  Gust.  Wasa,  ij 
t.  Il  3°  Retenu  dans  un  lieu  de  détention.  Détenu 
pour  dettes.  ||  Substantivement.  Un  détenu.  Les  dé- 
tenus. Les  jeunes  détenus,  les  enfants  repris  de  jus- 
tice avant  l'âge  où  la  loi  leur  donne  la  responsabi- 
lité de  leurs  actions,  et  privés  de  leur  liberté  par  . 
mesure  de  précaution. 

t  DÉTENUE  (dé-te-nue) ,  s.  f.  Terme  de  juris- 
prudence. Action  de  détenir.  La  détenue  d'un  bien, 
d'un  gage. 

—  HIST.  XIV"  s.  Vous  entendez  à  persévérer  à  vos- 
tre injurieuse  détenue  [du  royaume  de  France], 
Chron.  de  St  Denis,  t.  ii,  f"  499,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Détenu. 

DÉTERGÉ,  ÉE  (dé-tèr-jé,  jée),  part,  passé.  Une 
plaie  détergée  avec  soin  à  chaque  pansement. 

DÉTERGENT,  ENTE  (dé-tèr-jan,  jan-t'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Qui  déterge.  |{  Substantivement. 
Un  détergent.  Les  détergents. 

DÉTERGER  (dé-tèr-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
ou  o:  nous  détergeons,  je  détergeai),  v.  a.  Terme 
de  médecine.  Nettoyer,  purifier.  Déterger  les  intes- 
tins, les  nettoyer  à  l'aide  d'un  purgatif  ou  d'un 
lavement.  ||  Absolument.  Prenez,  prenez,  monsieur; 
c'est  pour  déterger,  déterger,  déterger,  mol.  l'oure. 
1,  (6.  Il  Déterger  une  plaie,  la  débarrasserdu  pus  et 
du  sang  épanchésà  sa  surface.  ||  Se  déterger,  v.rép,. 
Devenir  détergé.  La  plaie  s'est  détergée  depuis  hier. 

—  HlST.  XVI"  s.  Ces  pouldres  seichent  et  détergent 
sans  acrimonie  ny  picqueure,  paré,  vin,  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  detergere,  de  la  préposition  de,  et 
tergere,  nettoyer;  Berry,  déterger,  désaltérer. 

t  DÉTÉRIORANT,  ANTE  (dé'-té-ri-o-ran ,  ran-t'), 
adj.  Qui  détériore.  Des  causes,  des  actions  détério- 
rantes. 

DÉTÉRIORATION  (dé-té-ri-o-ra-sion),  s.  f.  Ac- 
tion de  détériorer;  résultat  de  cette  action.  Respon- 
sable des  détériorations  faites  au  logis  occupé. 
Il  Fig.  La  détérioration  de  l'art,  chateaubk.  cité 
dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  Détériorer.  On  trouve,  dans  Oudin,  de- 
teriorement  et  deteriorité. 

DÉTÉRIORÉ,  ÉE  (dé-té-ri-0-ré,  rée),  part,  passé. 
Une  arme  détériorée. 

DÉTÉRIORER  (dé-té-ri-o-ré) ,  v.  a.  ||  l»  Rendre 
pire,  gâter.  Détériorer  une  habitation,  un  héritage. 
Faire  une  imposition  sur  les  marchands  et  négo- 
ciants, ou  plutôt  sur  les  marchandises,  telle  que  le 
commerce  la  pourrait  supporter  sans  être  altéré  ou 
détérioré,  vaub.  Dtme.  p.  87.  ||  2°  Se  détériorer, 
V.  réfl.  Eprouver  des  dégradations,  se  gâter.  Celte 
maison  se  détériore.  ||  Avec  ellipse  du  pronom  se. 
On  a  laissé  détériorer  ces  marchandises. 

—  HlST.  xvi"  s.  S'ils  [les  médecins]  servent  à  la 
santé  des  malades,  ils  détériorent  la  leur  par  la  con- 
tagion, la  veue  continuelle  et  praticque  des  mala- 
dies, MONT,  i,  274. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  deteriorar ;  ital 
deteriorare;  du  latin  deterior,  comparatif  de  deter, 
mauvais. 

t  DÉTERMINAHLE  (dé-tèr-mi-na-bl') ,  adj.  Qui 
peut  être  déterminé.  Une  quantité  déterminable. 

—  ÉTYM.  Lat.  determinabilis ,  de  dtterminare, 
déterminer. 

t  DÉTERMINANCE  (dé-tèr-mi-nan-s'),  s.  f.  Dans 
l'ancienne  université,  acte  qui  se  composait  de  thè- 
ses soutenues  sur  plusieurs  des  ouvrages  qui  sei- 
vaient  de  base  à  l'enseignement  public. 

—  ÉTYM.  Déterminant. 

DÉTERMINANT,  ANTE  (dé-tèr-mi-nan,  nan-t') , 
adj.  Qui  détermine.  Ce  motif  est  déterminant.  ,I'ex- 
pose  celles  de  mes  raisons  que  je  pouvais  dire  sans 
compromettre  Mme  Levasseur  et  sa  famille;  car  les 
plus  déterminantes  venaient  do  là,  et  je  les  lus, 
j.  J.  nouss.  Confess.  viii.  ||  En  grammaire,  proposi- 
tion déterminante,  plus  souvent  nommée  proposi- 
tion secondaire,  celle  qui  en  détermine  une  autre. 

DÉTERMINATIF,  IVK  (dé-tèr-mi-n.i-tif,  ti-v'), 
adj.  Terme  de  logique  et  de  grammaire.  Qui  a  if 

I.  —  141 


H22 


DET 


propriété  do  déterminer.  Adjectif  détenninatif ,  celui 
qui  détermine  seulement  les  rapports  de»  objets, 
comme  ce,  mon,  queli/ue,  aucun,  chaque,  par  op- 
position auxailjcclirsqualiflcatifi,  qui  expriment  dos 
qualité»,  comme  rond,  carré,  utile,  etc.  ||  Pro- 
position déleiminative,  toute  proposition  qui  en  dé- 
termine une  autre.  Dans  un  sens  spécial,  on  l'en- 
tend aussi  d'une  proposition  restrictive  :  L'homme 
nui  est  venu,  par  opposition  à  une  proposition  ex- 
plicative :  L'homme,  qui  est  un  animal  raisonnable. 
Il  S.  m.  Terme  de  grammaire.  Un  déterrainalif,  un 
mot  ou  lin  affixe  qui  détermine  la  signification. 
L'article  est  un  détenninatif.  M.  Rawlinson  distin- 
guait, dans  l'écnturo  assyrienne,  des  déterminatifs 
comme  en  ont  les  hiéroglyphes,  vivien  de  st-mar- 
TIN,  7(di.  genn.  t.  xix,  p.  soi. 

—  f.TYM.  Délerminer. 
DÉTKRMINATION  (dé-tèr-mi-na-sion;  en  vers, 

de  six  syllabes),  s.  f.  ||  1"  Action  de  déterminer,  de 
définir,  do  caractériser.  La  détermination  d'une  es- 
pèce, en  botanique,  en  zoologie.  ||  Etal  de  ce  qui 
est  déterminé.  Noire  monde  est  un  système  dont 
toutes  les  pièces  sont  dépendantes  les  unes  des  au- 
tres, et  c'est  dans  celte  dépendance  que  se  trouve  la 
raison  secrète  des  déterminations  de  chaque  pièce, 
BONNET,  Lett.  div.  Œiirres,  t.  xn,  p.  405,  dans 
pouOENS,  au  mot  dépendance.  \\  Terme  de  gram- 
maire. i;(Tel  de  limitation  que  le  mut  qui  en  suit  un 
autre  auquel  il  se  rapporte,  produit  sur  ce  mot-là. 
Dans  l'omoiir  iftin  père  pour  ses  enfanis,  un  père 
a  un  rapport  de  clétcruiiiiatlon  avec  oiiiowr,  c'est-à- 
dire  qu'il  déterra  ne  l'amour  à  être  prccisémenl  l'a- 
mour qu'a  un  père,  el  non  l'omoiir  qu'a  un  autre. 
Il  Terme  de  malliématique.  Action  de  déterminer 
les  inconnues  d'un  problème.  ||  2°  RéiioUition  prise 
aprîs  avoir  balancé  entre  plusieurs  partis.  Je  n'at- 
tends que  .sa  ilélerminalion.  Jusques  ici  la  volonté 
hiimaiiie  est  comme  environnée  de  tous  côtés  par 
l'opération  divine;  mais  celle  opération  n'a  rien  en- 
core qui  aille  immédiatement  à  notre  dernière  dé- 
termination ;  et  c'est  à  l'ilme  seule  à  donner  ce  coup, 
Boss.  l.ilire  arb.  vm.  Lilierté  c'est  choix,  autre- 
ment une  détermination  volonlaire  au  bien  ou  au 
mal.  lA  nniY.  xvi.  Quel  est  le  principe  général  de 
mes  délciniinalions?  [luiirquoi  me  iléierminé-je  par 
tel  ou  tel  motif,  dans  tel  ou  tel  cas  parliculier? 
BONNET,  Œuires  mêl.  t.  xviii,  p.  201,  dans  pou- 
cens.  Il  Terme  de  métaphysique.  Une  des  phases  de 
la  volonté,  celle  qui  se  manifeste  entre  la  délibéra- 
tion el  la  vfiliiion.  ||  3'  Caractère  de  l'homme  déler- 
miné.  La  détermination  qu'il  montra  en  ce  danger. 
Il  marcha  avec  délerminaiion  à  l'assaut.  ||  4"  La  dé- 
termination du  mouvement,  ce  qui  détermine  la 
direction  d'un  corps  en  mouvement.  ||  Terme  de  mé- 
decine. Délerminaiion  morbide,  tendance  qu'a  une 
aiïeclion  à  se  manifester  plus  particulièrement  en  un 
organe.  Dans  l'intoxicalion  par  le  virus  variolique, 
il  y  a  une  détermination  essentielle  vers  la  peau. 

—  IIIST.  xiv*  s.  Ce  que  aucuns  dient  que  toute 
ville  où  il  a  un  evesque  est  cité  et  non  autre ,  c  est 
une  détermination  ou  descri|ition  vulgaire  et  qui 
n'est  pus  à  propos,  orksme  ,  Thèse  de  meunier. 
Il  xvi'  s.  11  eut  en  dormant  une  vision,  qui  decla- 
roit  quelle  devoit  eslie  la  détermination  et  i>sue  de 
celte  enirepri>e,  amvot,  Pètnètr.  23.  Klle  ne  croit 
rien  avec  deierminaliou,  mais  sous  cette  condition 
adjointe,  si  la  foy  de  l'Kglise  est  telle,  calv.  Inslit. 
41  H.  La  delermination  [décision]  de  l'Kglise  est  sans 
appel,  m  i6.  »»•!.  Kn  ces  retraites  ici  aparoit  beau- 
coup de  delermination,  mais  peu  d'art,  lanoue, 
»I7.  Jiisquesà  la  convocation  et  détermination  [action 
d'en  fixer  l'ouverture]  du  concile,  m.  du  bellay,  t84. 

—  ÊTYM.  Piovenç.  determiiiacio,  dctermenacio ; 
espagn.  delermination;  IUtI.  delermiiiaiioM;  du 
latin  delerminationem  (voy.  déterminer). 

DÉTKRMlMî.  ÉE  (dé-tèi-miné,  née),  part,  passé. 
Il  1°  Oui  a'  reçu  un  caracière  précis.  tJn  genre  de 
plantes  déterminé  par  les  liotanistes.  Quantité  déter- 
minée. Des  idées  déterminées.  Les  densités  des  mé- 
langes alcooliques  qui  servent  de  base  au  tarif  des 
droits  établis  sur  les  liqueurs  spiritueuses,  sont  dé- 
terminées avec  assez  de  précision  pour  qu'il  n'y  ail 
aucun  motif  de  procéder  à  de  nouvelles  recherches 
sur  ce  sujet,  pouillkt.  Comptes  rendus,  Acad.  des 
se.  t.  Li,  p.  toOB.  Il  Kn  grammaire,  proposilion  dé- 
terminée, plus  souvent  nommée  principale,  celle  dont 
un  des  termes  est  déterminé  par  une  autre  proposi- 
tion, qui  est  alors  secondaire  ou  déterminante. 
Il  Terme  de  niaihématique.  Problème  déterminé, 
celui  qui  a  un  nombre  limité  de  solutions,  par  op- 
posit'on  à  problème  indéterminé,  celui  dont  le  nom- 
bre ie  solutions  e.st  indéfini.  ||  î"  Kixé,  arrêté.  Celle 
valeur  ait  déterminée  à  six  ducats,  pasc.  l'rov.  <4. 


DÊT 

Noire  sort  sans  retour  est-il  déterminé?  volt.  Or- 
phel.i,t .  Il  3°  Poussé  vers.  Voici  quels  sont  leurs  prin- 
cipes [de  certains  théologiens]  :  Nulle  créature  libre 
n'est  déterminée  par  elle-même  au  bien  ou  au  mal; 
car  une  telle  delermination  détruirait  la  notion  de  la 
liberté,  noss.  Libre  arb.  vi.  L'usage  n'est  autre  chose 
que  le  consentement  tacite  des  hommes  qui  se  trou- 
vent déterminés  à  une  chose  plutôt  qu'à  une  autre 
par  des  causes  souvent  inconnues,  mais  qui  n'en 
sont  [las  moins  réelles,  Préface  du  Dict.  de  l'Acadé- 
mie, édit.  de  1718.  Les  liqueurs  sont  mieux  en  équi- 
libre, le  sang  est  plus  déterminé  vers  le  cœur,  mon- 
teso.  Esp.  XIV,  2.  Il  4°  Oui  a  pris  une  résolution. 
Bien  déterminé  à  ne  pas  céder.  X  suivre  mon  de- 
voir je  suis  déterminée,  mol.  Sgan.  I8.  Que  je 
sache  jusqu'à  quel  point  un  de  mes  amis  est  déter- 
miné à  me  plaire,  je  saurai  certainement  jusqu'à 
quel  point  je  pourrai  disposer  de  lui.  boss.  Libre 
arb.  vit.  Un  homme  déterminé  à  mourir  est  bien 
fort  et  bien  redoutable,  bollin,  7/isl.  anc.  Œuvres, 
t.  VI,  p.  tM,  dans  pougens.  X  ce  héros  armé  con- 
tre la  tyrannie  Dont  le  cœur  inflexible  au  bien 
déterminé....  volt.  M.  de  Ces.  m,  2.  À  soutenir  mes 
droits  je  suis  déterminé,  m.  j.  ciién.  Tibère,  i,  3, 
Il  B°  Adonné  sans  réserve.  Chasseur,  joueur,  buveur 
déterminé.  ||  6°  Que  rien  ne  détourne  ou  ne  fait  re- 
culer. SoUlat  déterminé.  Une  poignée  d'hommes  dé- 
terminés. Avoir  un  air  déterminé.  Ces  gens  si  dé- 
terminés qui  devaient  percer  la  Franco  jusqu'aux 
Pyrénées,  qui  menaçaient  de  piller  Paris  el  d'y  ve- 
nir reprendre  jusque  dans  Notre-Dame  les  dr.ipi-aiix 
de  la  bataille  d'Avein,  voit.  Lett.  74.  [Turennel 
résolu  et  déterminé  au  <tedans,  lors  même  qu'il 
paraissait  emb.irrassé  au  dehors,  boss.  Louis  de 
llourbon.  Il  fit  combattre  ses  compagnons  avec  un 
courage  si  déterminé  que  les  soldats  romains  se  dé- 
bandèrent et  prirent  la  fuite,  vertot,  Jlérol.  rom. 
XI,  p.  (41.  Il  Substantivement.  Un  vrai  déterminé, 
un  homme  audacieux,  capable  de  violences  et  d'ex- 
cès. Cet  enfant  est  un  petit  déterminé.  Il  faut  dire, 
en  ilétorminé,  mort,  tête,  sang,  oombaud,  dans 
HiciiKi.ET.  Jurer  en  déterminé,  ID.  «h.  Patience,  je 
suis  un  déterminé;  j'ai  peu  de  temps  à  vivre;  je  di- 
rai la  vérité.  voLT.  Lett.  d'Àrgental,  17  nov.  (761. 
DfiTEK.tUNÉ.MENT  (dé- lèr-mi-né-man),  adr. 
Il  1°  D'une  façon  qui  caractérise,  qui  détermine, 
expressément.  Parler  d'une  chose  détenninément, 
PATRU,  l'iaidnxjer  14,  dans  riciielet.  Si  vous  me 
promettez,  mais  déterminément,  bois-robert.  Cas- 
sandre,  IV,  0.  Il  2°  Avec  résolution,  détermination. 
11  y  a  des  gens  qui  veuler.t  déterminément  une  chose, 
LA  ERUV.  IV.  Le  sujet  choisi  pour  le  cardinalat  par 
le  roi  de  Pologne  refusa  la  nomination  si  détermi- 
nément qu'il  fallut  songer  à  un  autre,  st-sim.  t82, 
194.  Il  3°  Avec  intrépidité.  Les  troupes  allèrent  dé- 
terminément à  l'assaut. 

—  IIIST.  XIV'  s.  Chascundes  citoyens  ara  mil  filz, 
et  ne  seront  pas  siens  delerminéement,  oresme, 
Thèse  de  meunier.  Nous  eslisnns  meismement  les 
choses  que  nous  savons  deterniiiiéement  ou  cuidons 
fermement  estce  bonnes,  m.  Elh.  C5.  ||xv'  s.  Si  fut 
conseillé  delerminéement  pour  le  meilleur,  que  le 
duc  de  Lancaslre  iroit  sur  les  frontières  d'Éscosse, 
KROiss.  Il,  II,  )04.  Kt  respondirenl  adonc  [les  villes 
de  Flandre  à  Charles  VI  sur  la  question  des  papes 
Urbain  et  Clément],  que  ils  en  auraient  avis  et  en 
respondroient  delerminéement  dedans  Pasques,  m. 
II,  II,  204.  ||xvi«  s.  Et  enfin  venir  déterminément 
à  coups  d'espée,  lanoue,  677.  El  quant  à  ceulxipii 
estiment  qu'il  y  ait  delerminéement  quelque  spé- 
ciale sorte  de  vie  qui  soit  sans  aucune  fascherie, 
comme....  amvot.  De  la  tranq.  d'dme,  4. 

—  étym.  Déterminée,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
determenadament ,  determinadamen;  espagn.  de- 
terminadamenle;  ital.  determinatamente. 

«ÉTERMINEn  (dé-tér-mi-né),  v.  a.  ||  1°  Préciser 
les  termes,  les  limites,  les  caractères.  Déterminer 
une  espèce  de  plante,  d'animal.  Jussieu  a  le  pre- 
mier déterminé  les  familles  des  plantes.  ||  Reconnaî- 
tre, indiquer  avec  précision  la  solution  d'un  pro- 
blème. Déterminer  la  distance  qu'il  y  a  du  soleil  à 
la  terre.  La  raison  n'y  peut  rien  déterminer,  pasc. 
dans  COUSIN.  ||  Terme  de  grammaire.  Préciser,  fi- 
xer l'étendue,  le  sens  d'un  mot.  Dans  cette  phrase  : 
le  livre  de  Pierre,  les  mots  de  Pierre  déterminent  le 
sens  de  livre.  \\  l'  Terme  de  philosophie.  Donner 
une  certaine  manière  d'être.  Ou'est-co  qui  déter- 
mine ce  corps  à  se  mouvoir  en  ligne  courbe  plutôt 
(|u'en  ligne  droite?  Les  motifs  qui  déterminent  la 
volonté.  ||  3' Décider,  arrêter,  régler.  C'e^t  un  point 
que  l'Rglise  a  déterminé.  Les  femmes  détermineni 
souvent  cet  original  [de  beauté],  pascal,  Disc,  sur 
l'amour.  11  y  a  de  la  témérité  d'entreprendre  de  déter- 


DÉT 

miner  jusques  où  s'étend  la  puissance  de  Dieu,  fo- 
vtkVT,  Physique,  dans  Rien  blet.  L'Égliseadéterminé 
le  commandement  général  de  se  mortifier  à  un 
commandement  particulier  qui  est  le  jeûne  du  ca- 
rême, BOURDAL.  Car.  t.  I,p.  23B.  Je  tiens  en  t'écri- 
vant  ma  plume  d'une  main.  Et  de  l'autre  un  poi- 
gnard prêt  à  percer  mon  sein;  Détermine  mon  sort; 
parle,  qu'on  me  l'annonce;  Didon,  pour  se  frapper, 
n'attend  que  ta  réponse,  oilb.  Didon  à  Énée.  [Lui] 
Qui,  ramenant  ici  les  temps  du  premier  âge.  Déter- 
minait des  biens  un  plus  égal  partage,  m.  j.  chèn. 
Gracques,  l,  2.  ||  4"  Faire  prendre  à  quelqu'un  une 
résolution,  un  parti.  C'est  moi  qui  l'ai  déterminé  à 
cela.  Ce  qui  le  détermine,  c'est  le  moment,  la  cir- 
constance. Messieurs,  je  vous  conjure  de  détermi- 
ner mon  esprit,  et  de  me  dire,  sans  passion,  ce  que 
vous  croyez  le  plus  propre  à  soulager  ma  fille,  mol. 
V Amour  méd.  ii,  B.  Enfin  rencontrer  où  arrêter  tes 
yeux  et  déterminer  tes  pensées,  in.  la  Princ.  d'Él. 

II,  4.  Et  cet  homme  est  monsieur,  que  je  vous  dé- 
termine [ordonne]  X  voir  comme  l'époux  que  mon 
choix  vous  destine,  id.  F.  sav.  m,  6.  Nous  sentons 
que  nous  sommes  nécessairement  déterminés  par 
notre  nature  même  à  désirer  d'être  heureux,  Boss. 
iibrc  arb.  ii.  Encore  que  notre  âme  soit  libre,  elle 
n'agit  jamais  sans  raison  dans  les  choses  un  peu  im- 
portantes :  elle  en  a  toujours  une  qui  la  détermine, 
ID.  ib.  VII.  L'amitié  ni  la  haine  ne  le  conduisaient 
pas  [Albani];  l'intérêt  présent  le  déterminait,  st- 
sim.  Bol ,  68.  Parlez,  déterminez  ma  fureur  égarée, 
VOLT.  Fanât,  iv,  3.  L'éloquence  sejoue  des  passons 
humaines,  les  émeut,  les  calme,  les  pousse,  les  dé- 
termine à  son  gré,  vauven.  De  l'éloquence.  ||  Abso- 
lument. Le  plus  ou  moins  de  pièces  de  monnaie  dé- 
termine àl'épée,  à  la  robe  ou  à  l'Église,  la  bruy.  vi. 
Il  Avec  la  préposition  de  et  un  verbe  à  l'infinitif, 
prendre  une  résolution.  Il  a  déterminé  de  rebâtir  sa 
maison.  ||  Terme  de  manège.  Déterminer  un  cheval, 
le  porter  en  avant,  ipiand  il  résiste  ou  se  soutient. 
]|  5°  Occasionner,  causer,  produire.  Les  écarts  de 
régime  déterminent  des  maladies.  L'âge  ne  déter- 
mine point  ni  le  commencement  ni  la  fin  de  ces 
deux  passions,  pascal, Duc.  -lur  l'amour.  Si  Minerve 
n'eût  déterminé  la  victoire  en  sa  faveur,  fénel. 
Tél.  XVI.  C'est  la  religion  qui  détermine  la  catastro- 
phe [dans  Paul  et  Virginie],  ciiateaub.   Génie,  H, 

III,  7.  Il  6°  Se  délerminer,  v.  réft.  Être  déterminé, 
recevoir  une  détermination,  une  limitatinn,  un  ca- 
ractère. Cette  pensée  ne  se  détermine  pas  facilement. 
L'amour  se  déterminant  autre  part  que  dans  la  pen- 
sée, PASC.  i)iw.  sur  i'amoMr.  ||  7°  Se  résoudre  à. pren- 
dre un  parti.  Déterminez-vous  à  quelque  chose.  Je 
ne  vous  dis  pas  de  vous  déterminer  sur  mes  raisons, 
mais  de  les  peser.  Son  âme  à  l'imiter  s'était  déter- 
minée, CORN.  Ilodog.  I,  6.  Ils  ont  peine  à  se  déter- 
miner sur  ce  sujet,  pasc  Prov.  15.  Ne  parlons  plus 
ici  de  Claude  el  d'Agrippiiie;  Ce  n'en  point  par  leur 
choix  que  je  me  détermine,  bac  Brit.  ii,  3.  11  se 
détermina  à  ne  plus  attaquer  que  la  nuit,BOUiiouRS, 
Aubusson,  1.  iv,  dans  riciii-'let.  Dans  le  doute  ils 
tiennent  pour  règle  de  se  déterminer  du  coté  de  la 
rigueur,  montesq.  Lett.  pers.  29.  ||  Absolument.  Sa- 
chez enfin  vous  déterminer.  Il  ne  faut  pas  se  déter- 
miner légèrement.  Pensez-y  bien;  j'attends  pour  mo 
déterminer,  rac.  Ifi(/ir.  iv,  4. 

—  HIST.  XII'  s.  Pris  [ils]  unt  jor  e  détermine,  Que 
lorhome  soient  josté,  Etlorosz  [armée]  et  lor  genz 
garnie,  benoît,  ii,  t4492.  ||  xiii'  s.  Vuil  (je  veux]  e 
otroi  que  ceste  chose  soit  déterminée  dedenz  le  pro- 
chain parlement  à  venir,  Hibl.  des  Chartes,  t' aèrie, 
t.  IV,  p.  79.  Et  autres  auteurs  que  cascuns  deliermi- 
nera  en  son  capitle  11  uns  par  l'autorité  de  l'autre, 
ALEBRANT,  I.  {]  xiii's.  Car  c'ostde  tous maus la raciuo , 
Si  cum  Tulles  le  détermine  Ou  livre  qu'il  fisl  deviel- 
lesce.Qu'illoe  etvantplusquejonesce,  la  Rose,  4444. 
Car  porquoi  s'en  conseilleroient.  Ne  besoignes  por 
quoi  feroient.  Se  tout  iert  [était]  avantdestiné  l,t  par 
forcedelerminé?  ib.  I744K.  Li  pies  qui  est  commen- 
ciés  par  assise  doit  estre  démenés  et  déterminés  par 
assise,  beaum.  lxv,  9.  Li  tans  est  déterminés,  par 
lequel  on  pot  perdre  sa  demande,  ID.  vm,  1. 1|  xiV  ?. 
Et  par  ce  qu'il  en  déterminera,  apparoitra  que  for- 
tune n'est  pas  cause  de  félicité,  oresmb,  Elh.  2». 
Mes  cecy  est  à  delessier  à  présent,  car  déterminer 
la  certa;;:<!té  '*'"  teîies  choses  appartient  et  est  plut 
propre  à  autre  p{iii!~.=ophie,  in.  ib.  vu,  1 2.  j|  xv"  s.  Si 
me  tairai  un  |)CiH  d'eux  et  parlerai  de  messire  Char- 
les, qui  devoit  avoir  la  duché  de  Bretagne  de  par 
.sa  femme,  ainsi  que  vous  avez  oui  déterminer  ci-ds- 
vaut,  Fsoiss.  I,  i,  t52.  Peuples  s'esmuel,  l'Eglij» 
est  sulwurnée;  Noblesce  fault,  tant  est  mal  ordon- 
née; Dont  il  s'ensuit  cho.se  déterminée.  De  pis  avoir 
pour  le  pueple  et  l'Eglise,  e,  oeschampi,  Souffr  du 


DÉT 


DÉT 


IjET 


1123 


peupU.  Un  poure  acès  de  fièvre  l'omme  efface,  Ou 
aageviel  qui  est  déterminé,  k.defciiamps,  Premier  de 
la  jeun.  Ils  s'assembloient  autour  de  lui,  et  il  oyoit 
leurs  causes  et  en  determinoil,  et  leur  faisoit  droit, 
Bouciq.  part,  i,  ch.  2.  Quant  à  moi  Je  me  déter- 
mine D'entrer  chez  voisin  et  voisine  Et  d'aller  voir  si 
le  pot  bout,  VILLON,  Baillev.  et  ilalep.  ||xvi*  s.  Ceux 
qui  trouvent  les  images  bonnes,  s'arment  qu'il  en  a 
ainsi  esté  déterminé  en  un  concile,  calv.  Instit.  64. 
11  a  déterminé  par  sa  loy  ce  qui  est  bon  et  droit,  et 
par  ce  moyen  a  vnulii  astreindre  à  certaine  norme, 
ID.  i'6.  69.  Quand  Dieu  a  déterminé  de  foudroyer  sur 
les  péchez  des  hommes,  langue,  2*.  C'estoit  le  plus 
long  terme  de  porter  dueil  que  le  roy  Numa  Pom- 
pilius  eust  déterminé,  ainsi  comme  nous  avons 
escrit  en  sa  vie,  amyot.  Cor.  63.  En  nombre  déter- 
miné, lu.  Serlor.  t.  À  l'espreuve  on  connoit  qu'une 
petite  troupe  d'ennemiz  déterminez  met  tout  cela  à 
vau  de  roule,  lanoue,  262.  Voilà  en  peu  de  paroles 
pourquoy  j'appelle  un  esprit  romain  celui  que  le 
courtizan  du  jour  d'huy  appelle  déterminé,  mot  au 
quel  je  ne  trouve  pas  grand  fondement  pour  luy 
donner  vogue,  encores  que  je  le  voye  authorizé  par 
les  bouches  de  plusieurs  gens  de  cour  que  je  n'esta- 
bUray  jamais  pour  juges  du  bien  parler,  combien 
que  te  commun  peuple  se  persuade  le  contraire, 
PASQUiER,  Lettres,  t.  i,  p.  554,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  detarmignai ,  \ia  déterminé; 
provenç.  et  espagn.  detenninar;  anc.  catal.  deter- 
menar;  ital.  determinar ;  du  latin  determinare,  de 
la  préposition  de,  et  terminus  (voy.  terme). 

t  DÉTERMINISME  (dé-tèr-mi-ni-sm'),«.  m.  Terme 
de  philosophie.  Un  des  systèmes  de  la  scolasttque  qui 
subordonnait  nos  déterminations  à  l'action  provi- 
dentielle. Il  Système  qui  admet  l'influence  irrésisti- 
ble des  motifs. 

—  ÉTYiM.  Déterminer. 

t  DÉTERMINISTE  (dé-tèr-mi-ni-sf) ,  s.  m.  Terme 
de  philosophie.  Partisan  du  déterminisme. 

DÉTEIIUÉ ,  ÉE  (dé-tê-ré ,  rée) ,  part. passé.  \\  l'Tiré 
hors  de  terre.  Des  carottes  déterrées.  ||  2°  Tiré  hors 
de  la  sépulture.  Un  corps  déterré.  |{  Substantive- 
ment. Avoir  l'air  d'un  déterré,  avoir  le  visage  paie 
et  défait.  En  sortant  de  ma  chambre  j'avais  l'air 
d'un  déterré,  i.  J.  Rouss.  Conf.  v. 

t  DÉTERREMENT  (dé-tê-re-man),  s.  m.  Action 
de  déterrer. 

—  HlST.  XVI'  s.  Desterrement,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Déterrer. 

DÉTERRER  (dé-tô-ré),  V.  a.  ||  1»  Retirer  de  terre 
ce  qui  avait  été  enfoui.  Déterrer  un  trésor.  ||  Reti- 
rer de  terre  ce  qui  avait  été  ou  s'y  étaifcaché.  Le 
renard  déterre  les  lapereaux  dans  les  garennes,  buk- 
FON,  dans  le  Dict.  de  poitevin.  ||  2°  Tirer  un  corps 
de  la  sépulture.  La  justice  a  fait  déterrer  le  corps. 
Il  Fig.  Contraire  à  ces  rêveurs  dont  la  muse  inso- 
lente, Cen.'iuraiit  les  plus  vieux,  arrogamment  se 
vante  De  réformer  les  vers,  non  les  tiens  seulement. 
Mais  veulent  déterrer  les  Grecs  du  monument  [re- 
jeter les  modèles  grecs],  Régnier,  Sat.  ix.  ||  3"  Dé- 
couvrir ce  qu'on  cherche,  ce  qui  était  caché,  igno- 
ré. Il  est  vrai  que  te  voilà  bien,  et  je  ne  sais  où  tu 
as  été  déterrer  cet  atlirail  ridicule,  mol.  Fest.  de  P. 
m,  t.  Clément  déterra  les  anticiuilés  du  paganisme, 
BOSS.  Ilist.  1,  tv.  11  ne  lui  fallut  pas  déterrer  de 
loin  les  traditions  de  ses  ancêtres,  id.  Ilist.  n,  3.  Le 
savant  qui  m'a  déterré  cette  édition  prodigieusement 
rare,  VOLT.  Lett.  Duclos,  23  avril  4  702.  Colbert  déter- 
rait le  mérite  dans  l'obscurité,  ID.  Louis  XIV,  )4. 
Essayons  de  déterrer  quelques  monuments  précieux 
sous  les  ruines  des  siècles,  id.  Mœurs,  Inlrod. 
Changements  dans  le  globe.  Les  tourments  qu'il  se 
donne  pour  déterrer  une  coutume  opposée,  j.  j. 
ROUSS.  Ém.  IV.  Ce  M.  Mussard  déterra  ma  demeure 
chez  le  comte  de  Gouvon,  id.  Conf.  m.  ||  Déterrer 
quelqu'un,  parvenir  à  savoir  où  il  est.  Il  déterrait 
les  malheureux  pour  les  secourir,  les  officiers  qui 
perdaient  leur  équipage  à  la  guerre  ou  leur  argent 
au  jeu,  HAMiLT.  Gramm.  3.  Quelques  beautés  qu'il 
n'avait  pas  laissé  de  déterrer,  id.  ib.  6.  Colbert,  qui 
avait  des  espions  pour  découvrir  le  mérite  caché  ou 
naissant,  déterra  M.  RoUe  dans  l'extrême  obscurité 
où  il  vivait,  et  lui  donna  ime  gratification  qui  devint 
ensuite  une  pension  fixe,  fonten.  Uolle.  Mme  de 
Nemours  déterra  un  vieux  bâtard  obscur  du  dernier 
comte  de  Soissons,  st-sim.  25,  40.  Ahl  grâce  au 
eiel,  enfin  jevous  déterre,  piron,  Métrom.  i,«.  ||  Dé- 
terrer que.  Il  eut  le  bonheur  de  déterrer  que  lui 
[le  roi  de.  Prusse]  se  joindrait  à  la  France,  volt. 
Lett.  d'Argental,  nov.  <75». 

—  lilST.  xni*  s.  .Puis  desterrent  les  mors  de  la 
gentde  Persie;  Chascun  trenchent  la  teste  par  des- 
sous loroïe,  Quiuze  cent  en  i  ot,  nel  mescreezvous 


mie,  Ch.  d'Ant.  iv,  480.  Or  oiez  des  barons  que 
Diexa  tant  amés.  Qui  en  la  cité  furent  dont  li  murs 
est  pavés;  Les  portes  desterrerent  à  grans  pels  acé- 
rés, id.  VI,  843.  Il  XIV*  s.  Li  rois  Phehpes  prent  Ven- 
dosme,  Pour  ce  que  li  quens  c'on  desterre  [le  comte 
qu'on  dépouille  de  sa  terre],  Se  tient  devers  ceux  d'An- 
gleterre,Et  s'aliance  leur  oblige,  o.GuiART,nis.f°  26, 
dans  LACUUNE.  ||xvi*  s.  Bertrand,  ravy  de  les  avoir 
déterrez,  fit  aussitôt  tout  préparer  pour  le  combat, 
Héin.  s.  du  G.  ch.  9.  Et  comme  Le  père  a  déterré 
[fait  perdre  la  terre]  le  simple  gentil-homme  Par 
procez  embrouillé,  les  fils  en  sont  vangeurs,  Et  des 
biens  paternels  gouspilleurs  et  mangeurs,  rons.  9|8. 

—  Etym.  Dé....  préfixe,  et  terre. 

t  DÉTERREUR  (dé-tê-reur) ,  *•.  m.  ||  1»  Homme  qui 
fait  métier  de  déterrer  furtivement  les  cadavres  pour 
les  vendre  aux  chirurgiens,  en  Angleterre.  1|  2°  Celui 
qui  est  habile  à  découvrir  les  raretés,  les  curiosités. 

—  ÊTYM.  Déterrer. 

DÉTERSIF,  IVE  (dé-tèr-sif,  si-v'),  adj.  Terme  de 
médecine.  Propre  à  nettoyer  les  plaies  et  les  ulcè- 
res. Topique  détersif.  ||  S.  m.  Un  bon  détersif. 

—  HlST.  XVI*  s.  Le  médecin  qui  en  l'ulcère  de  la 
cornée  de  l'œil  appliqueroit  medicamens  aussi  acres 
et  détersifs,  comme  à  l'ulcère  de  la  jambe,  paré, 
Introd.  22.  Injections  detersives,  id.  vi,  s. 

—  ÉTYM.  Làlin,  detersum,  supin  de  detergere,  dé- 
terger. 

t  DÉTERSION  (dé-tèr-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  Terme  de  médecine.  Action  de  déter- 
ger;  résultat  de  cette  action. 

—  HlST.  xvi*  s.  Devant  l'union  faut  mener  la  playe 
contuse  à  suppuration  et  detersion,  paré,  vu,  4. 

— ËTYM.  Latin,  detersionem,  dedelergere,  déterger. 

DÉTESTABLE  (dé-tè-sta-bl'),  adj.  \\  1°  Qu'on  doit 
détester.  Les  détestables  feux  de  son  ambition,  corn. 
Cinna,  m,  I.  Lâche,  tu  viens  ici  braver  encor  des 
femmes.  Vanter  insolemment  tes  détestables  flam- 
mes, ID.  Sertor.  v,  4.  Venez  et  terminez  mes  détes- 
tables jours,  RAC.  Théb.  v,  6.  Voilà  de  ton  amour 
le  détestable  fruit,  id.  Androm.  v,  3.  Moi  seule, 
j'ai  tissu  le  lien  malheureux  Dont  tu  viens  d'é- 
prouver les  détestables  nœuds,  id.  Baj.  v,  t2.  El  le 
roi,  qui  ne  sait  où  trouver  le  coupable.  N'impute 
qu'aux  seuls  Juifs  ce  projet  détestable,  id.  Esth. 
HT,  2.  Il  11  se  dit  aussi  des  personnes. 'La  détestable 
Œnone  a  conduit  tout  le  reste,  id.  Phèdre,  v,  7.  On 
verra  de  David  l'héritier  détestable  Abolir  tes  hon- 
neurs, profaner  ton  autel.  Et  verger  Athalie,  Achab 
et  Jézabel,  id.  Ath.  v,  6.  Oubliez-vous  que  notre  dé- 
testable Marie,  fille  de  Henri  VIII,  fut  lieureuse jus- 
qu'à sa  mort?  volt.  Jenni,  7.  ||  2''  Par  exagération, 
très-mauvais  en  son  genre.  Le  temps  est  détesta- 
ble. Je  la  trouve  [l'École  des  femmes]  détestable, 
morbleu!  détestable,  du  dernier  détestable,  ce  qu'on 
appelle  détestable,  mol.  Critique,  6.  Qui  dit  froid 
écrivain  dit  détestable  auteur,  boil.  Art  p.  iv.  Béni 
sois-tu,  vin  détestable!  Pour  moi  tu  n'es  point  re- 
doutable, BÉRANG.  les  Car. 

—  HIST.  XIV*  s.  Lequel  Besançon  estoit  de  très 
détestable  vie,  et  qui  ne  vivoit  que  de  ce  que  jeu- 
nes femmes  folieuses  gaignoient  à  un  chascun  aux 
champs  ou  ailleurs,  du  cange,  foHis.  ||  xvi*  s.  Les 
calomnies  de  nos  adversaires  pueront  et  seront  dé- 
testables à  toutes  gens  de  sens  rassis  et  d'intégrité,' 
CALV.  Instit.  tli4. 

—  ÊTYM.  Lat.  detestabilis,  de  detestari,  détester. 
DÉTESTABLEMENT    (  dé-tè-sta-ble-man  ),    adv. 

D'une  manière  détestable,  très-mal.  Chanter,  écrire 
détestablement.  On  m'a  mandé  que  Nanine  avait 
été  jouée  détestablement  et  reçue  de  même,  volt. 
Lett.  Richelieu,  27  févr.  t765. 

—  Rtym.  Détestable,  et  le  suffixe  ment. 
DÉTESTATION  (dé-tè-sta-sion;  en  vers,  de  cinq 

syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  de  détester.  Le  plaisir  de 
rire  se  change  en  détestation  et  en  horreur,  balz. 
I,  186.  Il  s'est  attiré  la  détestation  de  tout  le  monde, 
costar.  Lettres,  dans  richelet.  La  même  détesta- 
tion de  la  viande  et  du  mariage,  le  même  mépris 
du  baptême,  la  même  horreur  pour  la  communion, 
la  même  répugnance  à  croire  la  vérité  de  l'incarna- 
tion et  de  la  passion  du  Fils  de  Dieu,  BOSS.  Variât. 
XI,  §  27.  Il  2°  Terme  de  dévotion.  Horreur  qu'on  a 
du  péché.  Quand  nous  en  reconnaîtrons  le  mal 
[d'une  proposition] ,  nous  l'aurons  en  détestation, 
PASC.  Prov.  3.  Ce  que  j'appelle  ici  détestation  sin- 
cère du  péché,  BOURD.  Avent,  Pénit.  488.  Une  détes- 
tation sincère  de  vos  crimes,  mass.  Myst.  Résurr. 

—  HlST.  XV*  S.  La  voix  de  tristesse  s'appelle  au- 
trement douleur....  détestation,  gerson,  dans  le 
Dict.  de  DOCHEZ.  ||  xvi*  s.  Ils  se  frappoient  et  bat- 
toient  en  détestation  [regret]  du  defuncl ,  pake,  i/u- 
mie,  t .  Comme  on  a  accoustumé  de  leur  taire  tout 


ce  qui  les  divertit  de  leur  route,  ils  [les  rois]  se  treu- 
vent,  sans  le  sentir,  engagez  en  la  haine  et  détes- 
tation de  leurs  peuples,  mont,  iv,  252. 

—  ÊTY.M.  l'rovenç.  dctestalio;  espagn.  deto(ac{on; 
ilal.  detestnzione;  du  latin  detestationein ,  de  dc- 
Icslari,  détester. 

DÉTESTÉ,  ÉE  (dé-tS-sté,  stée)  ,  part  passé. 
Il  1"  Condamné  par  iiaroles  de  réprobation.  11  me 
semble  que  c'est  condamner  bien  faiblement  une 
fourberie  et  une  perfidie  aussi  noires  que  celle-ci, 
dont  le  succès  le  plus  heureux  ne  peut  couvrir  l'hor- 
reur et  qui  ne  peuvent  être  assez  détestées,  rollin, 
Hist.  anc.  Œuvres,  t.  vi,  p.  t89,  dans  pouoens. 
Il  2°  En  butte  à  une  haine  violente,  à  une  violente 
répugnance.  Un  homme  partout  détesté.  Un  séjour 
détesté.  À  la  vérité  cette  opinion,  loin  de  prévaloir 
parmi  les  Juifs,  y  a  été  détestée,  BOSs.  Hist.  ii,  to. 
Et  détestés  partout,  détestent  tous  les  hommes,  luc. 
Esth.  u,  t.  Quel  événement  et  quels  dieux  irrités 
Ont  amené  Julie  en  ces  lieux  détestés?  volt.  Triuinv. 
II,  4. 

DÉTESTER  (dé-tè-sté).  ||  1*  V.  n.  Jurer,  pester. 
Pour  venir  au  chartier  embourbé  dans  ces  lieux.  Le 
voilà  qui  déteste  et  jure  de  son  mieux,  la  font. 
Fabl.  VI,  4H.  Il  2"  V.  o. 'Condamner  par  paroles  de 
réprobation.  Tous  accusent  leurs  chefs,  tous  détes- 
tent leur  choix,  corn.  //or.  m,  2.  U  déteste  sa  vie 
et  ce  complot  maudit,  m.  Cinna,  iv,  1.  Quand, 
dis-je,  par  un  sort  à  mes  désirs  propice.  Il  revien- 
drait m'oflrir  sa  vie  en  sacrifice.  Délester  à  mes 
pieds  l'action  d'aujourd'hui,  mol.  Dépit  am.  11,  4. 
Maudissez  Jacob,  bâtez -vous  de  délester  Israël, 
SACi,  Bible,  Nombres,  xxiii,  7.  Quelquefois  elle 
déplore  son  aveuglement,  d'à  ulrcs  fois  elle  le  déteste, 
BOURu.  Carême,  u,  Aveuglement  spirit.  34G.  11  pleura 
son  crime,  il  le  détesta,  id.  ib.  i.  Cendres,  69.  Vous 
vous  laissez  aller  à  ces  impiétés,  êtes-vous  les  pre- 
mières à  les  détester?  id.  Aient,  Resp.  hum.  372. 
J'ai  conçu  la  grièveté  de  mon  péché  et  je  l'ai  délesté, 
id.  16.  Pénit.  4  99.  S'ils  persistent  dans  leur  infamie, 
détestez-la  hautement,  mass.  Oise,  synodaux,  Ob- 
serv.  des  stat.  et  ord.  du  dioc.  Santeuil  reçut  les 
.sacrements,  et  édifia  autant  qu'il  fut  regretté  d'une 
compagnie  peu  portée  à  l'édilication,  mais  qui  dé- 
testa une  si  cruelle  expérience  [le  tabac  dans  le 
verre],  st-sim.  60,  85.  ||  3"  Avoir  en  horreur.  Je  res- 
pecte autant  l'un  que  je  déteste  l'autre,  corn.  Ro- 
dog.  III,  4.  Détestant  ses  rigueurs,  rabaissant  ses 
attraits.  Je  défiais  ses  yeux  de  me  troubler  jamais, 
RAC.  Andr.  i,  t.  Objet  infortuné  des  vengeances  cé- 
lestes. Je  m'abhorre  encor  plus  que  tu  ne  me  dé- 
testes, ID.  Phèd.  II,  5.  Rappelons-nous  ce  moment 
de  la  découverte,  cette  première  entrevue  des  deux 
mondes,  pour  détester  le  notre,  raynal,  Ilist.  phil. 
VI,  5.  Il  4°  Ne  pouvoir  endurer,  supporter.  Je  déteste 
l'Iiiver.  Je  déteste  les  faiseurs  de  compliments,  jj  S"  Se 
détester,  ».  réft.  Avoir  horreur  de  ses  fautes.  Se  con- 
damnant et  se  détestant  pour  avoir  prêté  les  mains 
à  une  si  coupable  action.  ||  Avoir  une  haine  violente 
l'un  pour  l'autre.  Ces  deux  hommes  se  détestent. 

—  HlST.  XV*  s.  Somme,  plus  ne  diiay  qu'iirig  mot; 
Car  'commencer  vueil  à  tester;  Devant  mon  cier 
Fremin  qui  m'ot  [m'entend].  S'il  ne  dort,  je  vueil 
protester.  Que  n'entends  hoiiime  détester  En  ceste 
présente  ordonnance,  villon,  Grand  teslain.  ||  xvi's. 
Détester  toute  voye  de  tromperie,  mont,  i,  24.  K 
quoyTheano  s'opposa,  disant  qu'elle  estoit  religieuse 
pour  prier  et  bénir,  non  pas  pour  délester  et  maul- 
dire,  amyot.  Aie.  4i.  Kabricius,  détestant  la  mes- 
chanceté  de  ce  médecin,  escrivit  une  lettre  à  Pyr- 
rhus, id.  Pyrrh.  44.  Celui-ci,  détestant  contre  ses 
compagnons,  s'ofl'rit  à  remonter  le  bastion,  d'aub. 

Ilist.  u,   363. 

—  ÉTYM.  Lat.  detestari,  de  la  préposition  de,  et 
testari,  attester  (voy.  tester).  Le  premier  sens  de 
detestari  est  rejiousser  avec  serment  une  assertioa 
ou  une  accusation;  et  de  là  vient  l'idée  d'horreur 
pour  les  personnes  ou  pour  les  choses. 

f  DÉTIARER  (dé-ti-a-ré),  v.  a.  Ôter  la  tiare. 
Nous  ne  voulons  pas  vous  démitrer,  vous  détiarer, 
VOLT,  dans  laveaux. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  tiare. 

DÉTIRÉ,  ÉE  (dé-ti-ré,  rée),  part,  passé.  Du  linge 
déliré,  au  moment  où  l'on  se  prépare  à  le  repasser. 

DÉTIRER  (dé-ti-ré),  v.  a.  Tirer  en  tout  sens.  Dé- 
tirer des  dentelles.  |{  Très-familièrement.  Se  déti- 
rer, V.  réfl.  Allonger  ses  membres,  comme  quel- 
qu'un qui  bâille  en  étendant  les  bras. 

—  HlST.  XIII*  s.  Moult  fort  commence  à  sopirer  Et 
ses  cevols  [cheveux]  à  délirer,  lien.  (2460.  Sin'orent 
lance  ne  espée  Qui  ne  fust  froissée  u  copée,  Fom 
que  Durandal  et  Corlain,  Dont  Ogiers  se  combat 
à  plain,  Lor  batailles  brise  et  destire, ru.  Mousrïs, 


1124 


DEr 


mt.  p.  tas,  liai"  lACt-RNB.  Il  XIV'  s.  J'olroio  qu'on 
me  voist  [m'aille)  à  chevaux  délirant,  Se  le  chastel 
n'avons  ains  [avant]  le  soleil  couchant, fiiu'scJ.  «oo. 
l'xvi's.  Ilr  leurdonnoicnt  la  (.■elienne,  ilz  les  deli- 
roienl  sur  le  clievalet,  amyot,  Lucull.  35.  Mais 
je  laisse  aux  i)ervers  tyrans,  Oui,  par  mauvaise 
inienlion.  Sont  les  laboureurs  iletirans,  Ktleur  font 
iribulaiion,  moliset,  p.  «89,  dans  lacurne. 

f.TYM.  J)(!....  préfixe,  et  tirer. 

nfiTISlî,  ÉE  (<lé-ti-zé,  zée),  part,  passé.  Le  feu 
étant  (lélisé. 

I)ÉTISER(dé-ti-zé),».  a.  Séparer  les  lisons  qui  brû- 
lent. On  délise  le  feu  le  soir  quand  on  va  se  coucher. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  tison. 

DÈTISSÊ,  ÉE  (dé-ti-sé,  sée),  part,  passé.  Dont 
on  a  défait  le  tissu.  Une  étotfe  détissée. 

DÊTISSEK  (dé-ti-sé),  V.  a.  Défaire  un  tissu.  Par- 
filer  c'est  effiler  une  étoffe,  la  détisser  fil  à  fil  et 
en  séparer  l'or,  volt.  Dial.  I3.  {|  Se  détisser,  v.  ré/l. 
Être  détissé.  Cette  étoffe  se  détisse. 

—  Kty.m.  Dé....  préfixe,  et  tisser. 

t  DÉTITRER  (dé-ti-tré),  v.  a.  Enlever  un  titre, 
une  qualité. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  titre. 
DÉTONANT,    ANTE   (dé-to-nan,    nan-t')  ,    adj. 

Oui  est  susceptible  de  détoner.  Poudre  détonante. 
Mélange  détonant,  par  exemple  le  mélange  d'un  vo- 
lume d'oxygène  et  de  deux  d'hydrogène. 

DÉTONATION  (dé-to-na-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Bruit  plus  ou  moins  violent  qui  se 
fait  entendre,  soit  dans  de  rapides  combinaisons  ou 
décompositions  chimiques  ,  soit  quand  un  corps 
change  brusquement  d'état  ou  de  volume.  La  déto- 
nation de  la  poudre  à  canon.  Ce  fut  lui  encore  qui 
fournit  ou  qui  exécuta  les  détonations  chimiques  et 
quelques-unes  des  autres  expériences  de  cette  es- 
pèce, qui  furent  faites  devant  le  roi  dans  l'assemblée 
du  î2  juillet  I7t6,  MAIRAN,  ÉtoQes ,  Lemery. 

—  HEM.  Legoarant  voudrait  que  détonation  (ex- 
plosion) s'écrivit  détonnation,  par  analogie  au  radi- 
cal tonnerre;  et  que  détonner  (sortir  du  ton)  s'écri- 
vit détoner,  par  analogie  à  intonation,  qu'en  effet 
l'Académie  écrit  avec  une  seule  n.  Mais  à  cela  on  ob- 
jectera que  le  latin  detonare  n'a  qu'une  n,  de  sorte 
que  l'étymologie  demande  qu'on  n'en  mette  qu'une; 
et  que,  pour  détonner,  il  est  ordinaire  que,  dans 
ces  cas,  une  consonne  finale  se  double.  Mais  il  n'en 
reste  pas  moins  entre  détonner  et  intoruition  une 
anomalie  que  l'Académie  devrait  faire  disparaître, 
en  suivant  la  règle  donnée  par  Dumarsais  et  Duclos, 
qu'il  est  mauvais  de  doubler  les  lettres  qui  ne  se 
prononcent  pas,  quand  l'étymologie  ne  les  exige  pas. 
Elle  n'aurait  d'ailleurs  en  bien  des  cas  qu'à  suivre 
l'orthographe  du  moyen  ftge,  qui  ne  doublait  pas  les 
lettres. 

—  ÊTYM.  Détoner. 

DÉTONER  (dé-to-né),  v.  n.  Faire  un  bruit  explo- 
sif. Faire  détoner  de  la  poudre.  Le  mélange  détona, 
et  il  y  eut  des  personnes  de  blessées. 

—  ÉTYM.  Lat.  detonare,  de  la  préposition  de,  et 
tonare,  tonner. 

t  DÉTONNATION  (dé-to-na-sion) ,  s.  f.  Action  de 
sortir  du  ton. 

—  ETYM.  Détonner. 

DÉTONNÉ,  ÉE  (dé-to-né,  née)  ,  part,  passé. 
Chanté  hors  du  ton.  Une  chanson  bachique  dé- 
tonnée. 

t  DÊTONNELER  (dé-to-ne-lé.  L'I  se  double,  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette:  je  délonnelie),  v.  a. 
Tirer  du  vin  ou  une  autre  liqueur  d'un  tonneau. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  (onneou. 
DÉTONNER  (dé-to-né) ,  c.  n.  ||  1»  Terme  de  musi- 

que.Sortir  du  ton,  chanter  faux.  Ce  chanteur  détonne 
souvent.  Tous  mes  sots  à  la  fois,  ravis  de  l'écouter. 
Détonnant  de  concert  se  mettent  &  chanter,  boil. 
Sot.  m.  C'est  comme  une  musique  qui  détonne,  la 
BRUT.  v[.  Il  Fig.  Pour  liatylo  aux  fraîches  couleurs 
Quand  Anacréon  détonne  [  il  s'agit  des  amours 
grecs],  BÉRANO.  Filles.  |{  2"  Fig.  Être  ou  faire  dis- 
parate, en  parlant  des  choses.  11  y  a  dans  ce  livre 
des  pages  qui  détonnent.  {|  3"  V.  a.  Chanter  à  Voix 
bruyante  et  peu  musicale.  Ils  passent  la  nuit  à 
table  &  détonner  quelques  chansons  obscènes,  vau- 
TBN.  les  Jeunes  gens. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  ton. 
DÉTORDRE  (dé-tor-dr') ,  je  détords,  tu  détords, 

il  détord,  nous  détordons,  vous  détordez,  ils  détor- 
dent; je  détordais;  je  détordis;  je  détordrai;  je  dé- 
tordrais; détords;  que  je  détorde;  que  je  détordisse; 
détordant;  détordu,  v.  a.  ]\  1°  Défaire  ce  qui  était 
lardu.  Détordez  ce  linge  pour  l'étendre.  ||  2°  Se  dé- 
tordre le  pied,  le  poignet,  s'y  donner  une  foulure. 
Cet  emploi  dani  laquel  détordre  a  un  sens  ancien 


DET 

qu'on  trouvera  àriiisloriquc,  celui  de  tordre,  a  vieilli. 
Il  S'  Se  détordre,  v.  réfl.  Cesser  d'être  tordu.  Ce  fil 
se  ilélord.  1|  Fig.  Combien  j'avais  été  insensé  do  nie 
détordre  moi-même  pour  redresser  les  autres I  bern. 
DE  ST-p.  Pr.  à  l'Àrcadie. 

—  IllST.  XI'  s.  Il  duist  sa  barbe  et  detuerst  [tord] 
son  grenon,  Ch.  de  llol.  lx  j]  xii-  s.  Andeux  ses 
poins  (.ses  deux  poings]  va  li  rois  détordant,  iionc. 
p.  1 61.  Il  XIII' s.  .Ses  très  beles  mains  blanches  raout 
souvent  [elle]  detordoit,  llerte,  xxviii.  Quant  11  pay- 
san l'oî ,  si  detorst  ses  puis  [poings] ,  et  deschira  ses 
cheviaus,et  démena  le  plus  grant  duel  du  monde, 
Chron.  de  Rains,  237.  Molt  [elles]  aloient  afoibloiant; 
Adiès  [sans  cesse]  detorgoient  lor  mains,  iai  d'I- 
gnaurès.  Avarice  qui  tant  est  orde.  Volonté  ai  que 
m'en  destorde ,  f'aftiiaua;  mss.  t°  203,  dans  lacurne. 
Brandist  la  hanste,  detort  le  confenon,  Gérard  de 
Vienne,  dans  raynouard.  Ne  vous  i  puis  adroit  tenir , 
Tant  me  faites  et  tors  et  gauches  De  bras, de  trumiaus 
et  de  hanches,  Et  tant  vous  aies  delortant,  la  Rose, 
8899.  Cil  prendront  les  (lors;  ses  emportent;  Si  sont 
cargié,  que  tôt  détordent,  FI.  et  Bl.  23(4.  ||  xv  s. 
Son  très-ennuyé  père  détord  ses  mains  et  dessire  ses 
cheveux,  louis  xi,  JVoud.  ii.  ||  xvi*  s.  i  fin  de  ré- 
duire les  muscles  qui  peuvent  avoir  esté  destors  de 
leur  deue  situation  naturelle,  paré,  xiii,  20.  11  me 
fauldra  estre  aveugle  formé,  avant  que  je  sente  la 
décadence  et  vieillesse  de  ma  veue;  tant  les  parques 
destordent  artificiellement  nostre  vie!  mont,  iv,  292. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  tordre;  Berry,  detor- 
ser;  provenç.  deslorser;  espagn.  destorcer;  ital.  dis- 
torcere.  Destordre,  dans  l'ancien  français,  a  très- 
souvent  le  sens  de  tordre,  et  alors  dé....  a  le  sens 
augmentatif. 

DÉTORDU,  UE  (dé-tor-du,  due) ,  part,  passé 
de  détordre.  Qui  n'est  plus  tordu.  Du  fil  détordu. 

DÉTORQUÉ,  ÉE  (dé-tor-ké,  kée),  part,  passé. 
Une  propo.sition  détorquée. 

DETORQUER  (dé-tor-ké) ,  v.  a.  Donner  un  sens 
forcé,  une  interprétation  fausse  pour  en  tirer  avan- 
tage. Détorquer  un  texte,  un  passage. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  que  les  politiques  detorquoient 
en  mauvais  .sens,  et  disoient  que  les  trois  calotiers 
estoient  tigneux,  Sat.  Mén.  p.  2. 

—  ÉTYM.  Lat.  delorquere,  .détourner,  de  la  prépo- 
sition de.  et  tnrquere,  tordre  (voy.  tordre). 

DÉTORS,  ORSE  (dé-tor,  tor-s'),  adj.  Qui  n'est 
plus  tors.  Du  fil  détors.  De  la  soie  détorse. 

—  ETYM.  Dé.   .  préfixe,  et  tors. 

DÊTORSE  (dé-tor-s'),  s.  f.  Terme  de  chirurgie. 
Foulure.  Ce  mot  n'est  plus  usité,  on  dit  entorse. 

—  HIST.  XVI'  s.  Estimant  principalement  ceux  qui 
plus  me  sembloyent  donner  des  detorses  et  inter- 
pellations au  chemin  dé  la  vertu,  VÂmant  ressuscité, 
p.  28) ,  dans  LACUHNE.  Il  fut  conclud  que  pour  le 
meilleur  il  menast  avecques  soy  quelqu'ung  qui  con- 
gneust  les  voyes  et  destorses,  bab.  Garg.  i;  33. 

—  ÉTYM.  Détors.  Détorse  a  signifié  aussi  chemin 
détourné. 

DÉTORTILLÉ,  ÉE  (dé-tor-ti-llé,  liée.  Il  mouil- 
lées) ,  part,  passé.  Une  tresse  détortillée. 

DÉTORTILLER  (dé-tor-ti-llé.  Il  mouillées,  et  non 
dé-tor-ti-yé) ,  v.  a.  Défaire  ce  qui  était  tortillé.  Dé- 
tortiller ce  cordon.  Quand  vous  ferez  les  mords, 
avant  que  d'endosser ,  Détortillez  les  nerfs  jusque 
dans  leur  racine,  lesné,  la  Reliure,  p.  53.  ||  Se  dé- 
tortiller, V.  réfl.  Etre  détortillé.  Cet  écheveau  ne  se 
détortillera  pas  facilement. 

—  HI.ST.  XII'  s.  Dame  Guiborc  nel  volt  pas  anoier; 
Un  e.scrin  vet  moult  tost  destorteiUier,  Bat.  d'Ale- 
schans,  v.  4753.  jj  xiii' s.  Moult  m'engigna  à  icele 
ore;  El  seel  [seau]  entrai  sans  demore.  Et  la  corde 
se  destorteille.  Tu  ieres  jà  en  l'autre  .seille,  Ken. 
H34(.  ||xiv'  s.  Se  le  heriçon  ne  se  veult  destortil- 
lier,  l'en  le  doit  mettre  en  l'eaue  chaude,  et  lors  il 
s'estendra,  Kénagier,  ii,  5. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  tortiller. 

t  DÉTORTOIR  (dé-tor-toir),  s.  m.  Terme  de  vé- 
nerie. Bâton  pour  parer  les  branches  en  traversant 
un  taillis.  ||  Mot  vieilli. 

—  ÊTYM.  Détordre. 

t  DÊTOUCHER  (dé-tou-ché) ,  v.  n.  Terme  de  ma- 
rine. Se  remettre  à  fiot  après  avoir  touché. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  toucher. 

t  DÊTOIIPER  (dé-tou-pé),  i-.  o.  ||  1»  ôter  l'étoupe 
qui  bouchait  un  trou.  ||  Fig.  Détouper  ses  oreilles, 
écouter  avec  attention.  ||  2°  Terme  d'agriculture. 
Détouper  des  terres,  ôter  les  épines  qui  les  couvrent. 

—  HIST.  xvi'  s.  Veux-tu  l'ouir,  detoupe  tes  oreilles. 
Dit  la  chanson ,  et  tu  orras  merveilles,  Sat.  Mén. 
p.  200.  Cette  eau  est  excellente  pour  provoquer  l'u- 
rine et  destouper  les  voyes  d'icelle,  paré,  xv,  5». 

—  fiTYM.  D  pour  di....  préfixe,  et  étouper. 


DÉT 

t  DÉTOUPILLONNER  (d4-tou-pi-llo-né,  i.  mouil- 
lées), V.  a.  ôter  les  toupillons,  les  rameaux  inu- 
lilf's  d'un  oranger. 

DÉTOUR  (dé-tour),  s.  m.  \\l'  Changement  de  di- 
rection. La  rivière  fait  là  un  détour.  Le  détour  d'une 
rue,  d'un  promontoire.  Un  de  mes  gens  la  garde  au 
coin  de  ce  détour,  mol.  Éc.  des  f.  v,  2.  Allez  m'at- 
tendre  au  prochain  détour;  je  vous  dirai  dans  un 
momentcequ'ilfaudrafaire,  REGNAHD,  Sérén.  se.  20. 
Il  2"  Voie  sinueuse  et  difficile  à  reconnaître  et  k 
suivre.  Il  le  fit  avancer,  afin  de  reconnaître  les  dé- 
tours des  montagnes,  val'gel.  Q.  C.  liv.  m,  dans 
BicHELET,  Pour  osquivor  sa  flamme  et  ses  discours, 
F.lle  cherchait  les  plus  secrets  détours,  hf.pjserade, 
Rondeaux,  dans  richelet.  Nourri  dans  le  sérail, 
j'en  connais  les  détours,  rac.  Baj.  iv,  7.  C'est  moi, 
prince,  c'est  moi  dont  l'utile  secours  Vous  eût  du 
labyrinthe  enseigné  les  détours,  id.  Phèd.  u,  8. 
J'errais  dans  les  détours  de  ce  grand  monument, 
VOLT.  Sémiratn.  v,  6.  ||  3°  Par  extension,  voie  dé- 
tournée, allongée.  C'est  un  détour  de  plus  d'une 
lieue.  Je  veux  vous  remercier  d'avoir  pris  un  détour 
pour  éviter  ces  petits  ruisseaux,  sÉv.  481.  Les  en- 
nemis ont  fait  un  grand  détour  pour  éviter  les  pas- 
sages gardés,  FÉN.  Tél.  X.  Ajoutez  à  cela  les  diffé- 
rents détours  que  fit  Alexandre,  premièrement  pour 
aller  à  l'extrémité  de  la  Cilicie,  où  se  donna  la  ba- 
taille d'Issus,  jusqu'au  temple  d'Ammon  dans  la  Li- 
bye, et  pour  revenir  de  là  à  Tyr,  bollin,  Ilist.  ane. 
(jliuvres,  t.  VI,  p.  189,  dans  polgens.  X  la  nuit, 
au  hasard,  que  je  dois  rendre  grâce!  De  détours  en 
détours  m'amener  jusqu'ici!  C'est  conduire  fort  bien 
que  s'égarer  ainsi  I  colin  d'bablev.  Chdt.  en  Etp. 
II,  3.  Il  Fig.  Où  l'on  voit  tous  les  jours  l'innocence 
aux  abois  Errer  dans  ces  détours  d'un  dédale  de 
lois,  BOIL.  Sat.  I.  Et  sans  qu'un  long  détour  t'arrête 
et  t'embarrasse,  X  peine  as-tu  parlé  qu'elle-même 
[la  rime]  s'y  place,  id.  Sat.  n.  Revenu  des  erreurs 
après  de  longs  détours,  Comme  moi  vous  aurez  re- 
cours, Quelque  jour,  aux  leçons  de  la  philosophie, 
CHAUUEU,  A  l'abbé  Courtin.  Les  Perses,  dit-il,  au 
lieu  de  tant  de  détours  et  de  circuits  pour  apaiser 
la  faim,  prennent  un  chemin  bien  plus  court  pour 
arriver  au  même  but:  un  peu  de  pain  et  de  cresson 
les  y  conduisent,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  il, 
p.  (40,  dans  pougens.  |1  Les  détours  du  cœur,  ses 
replis  secrets.  ||  4°  Moyen  subtil,  ruse,  biais.  Les 
détours  de  la  chicane.  Mais  certes  le  détour  est  un 
peu  surprenant,  corn.  Sertor.  ii,  2.  C'est  ce  qu'il 
y  a  de  bon  en  vous,  que  vous  n'allez  point  chercher 
de  détours,  mol.  Fest.  de  P.  iv,  l.  Ahl  le  détour 
est  bon  Çt  l'excuse  admirable  I  iD.  Mis,  iv,  3.  Ce 
détour  ridicule  est  en  vain  pris  par  vous,  m.  Amph. 
II,  6.  Je  ne  veux  point  chercher  de  détours  et  vous 
nier  la  chose,  ID.  l'Avare,  v,  3.  Ce  n'est  point  à 
des  avocats  qu'il  faut  aller;  car  ils  sont  d'ordinaire 
sévères  et  s'imaginent  que  c'est  un  grand  crime  que 
de  disposer  en  fraude  de  la  loi  ;  ce  sont  gens  de  dif- 
ficultés et  qui  sont  ignorants  des  détours  de  la  con- 
science, ID.  Mal.  imag.  i,  9.  De  quelque  belle  ap- 
parence que  l'iniquité  se  couvrît,  il  en  pénétrait  les 
détours,  et  d'abord  il  savait  connaître,  même  sous 
les  fleurs,  la  marche  tortueuse  de  ce  serpent, boss. 
le  Tellier.  Je  serais  très-blessée  que  vous  eussiez 
ces  détours,  maintenon,  Lctt.  à  Mme  de  la  Viif- 
rille,  5  févr.  (708.  Et  pourquoi  te  cachais-je  avec 
tant  de  détours  Un  secret  si  fatal  au  repos  de  tes 
jours?  BAC.  Alex,  iv,  t.  Faut-il  que  je  dérobe, 
avec  mille  détours,  Un  bonheur  que  vos  yeux  m'ac- 
cordaient tous  les  jours?  id.  Brit.  ii,  B.  Vous  ne 
me  trompez  point,  je  vois  tous  vos  détours ,  id. 
i6.  IV,  2.  Ahl  loin  de  m'ordonner  cet  horrible 
détour.  Si  votre  cœur  était  moinsplein  de  son  amour, 
Je  vous  verrais  sans  doute  en  rougir  la  première, 
id.  Baj.  II,  6.  X  prendre  ce  détour  qui  l'aurait 
pu  forcer?  id.  lfi(/ir.  iv,  t.  Ciel!  comme  il  m'é- 
coutait!  par  combien  de  détours  L'insensible  a 
longtemps  éludé  mes  discours  I  id.  Phèdr.  m,  *. 
Une  autre  chose  contribue  beaucoup  aux  longs  dis- 
cours des  femmes,  c'est  qu'elles  sont  nées  artifi- 
cieuses et  qu'elles  usent  de  longs  détours  pour  venir 
à  leur  but,  fén.  Èduc.  filles,  ».  Je  sais  que  ce  dé- 
tour blesse  la  vérité,  Ducis,  Othello,  m,  7.  ||Sans 
détour,  sans  rien  cacher,  sans  subterfuge.  Vos  or- 
dres sans  détour  pouvaient  se  faire  entendre,  bac. 
Iphig.  IV,  4.  Il  Être  sans  détour,  être  franc,  ouvert, 
loyal. 

—  HIST.  XII'  S.  Cil  sait  moût  bien  les  destors  do 
païs,  Ronc.  p.  462.  ||  xill's.  Grains  [chagrin]  et  mar- 
riz,  fist  tint  par  sa  maistrise  [habileté],  Que  à  la  dame 
en  un  destour  A  fait  sa  plainte  et  sa  ciamour,  An- 
DEFH.  LE  BAST.  Romanccro ,  p.  «.  En  ung  destorf'i 
li  cuvera  [perfide]  D'erbes  et  de  fuelles  couvers, 


DKT 


DÊT 


nicT 


1125 


Por  cens  fispfrr  ft  forprcmlre  Qu'il  voit  as  roses  la 
main  tendre,  /«  liose,  284 (.  Où  sera  leur  destors, 
où  sera  leur  refuses,  Fabliaux  mss.  t.  ii,  f  <43, 
dans  LACURNE.  Se  li  puis  est  en  destor,  et  non  pas 
hantôs  de  Rent,  on  doit  moult  penre  garde  s'il 
(l'homme  assassiné]  estoit  liays  ou  maneciés  de  nu- 
iui.  BKAUM.  Lxix,  fo.  Il  XVI' s.  Et  l'eiist  voulentiers 
veu  en  personne,  ne  feust  que  Xenomanes  l'en  des- 
couraigea,  tant  pour  le  grand  destour  du  chemin, 
que....  ]D.  Pant.  iv,  20.  Le  plaisir  estoyt  grand 
veoir  les  ruses  et  destours  desquelz  ilz  usoyent  pour 
surprendre  l'ung  l'autre,  m. ib.  v,  25.  Depuysdescen- 
dismesung  degré,  là  estoyt  ungrepous;  puys  troysà 
destours,  et  repouspareil.iD.ib.v,  36.  Les  Romains, 
n'ayans  pas  les  deslours  et  retraittes  qu'ilz  avoient 
eues  le  jour  précèdent,  furent  contraints  de  venir 
au  combat  tout  de  front  par  pais  ung  et  plain, 
AMVOT,  Pyrrh.  48.  Laissant  leur  fallacieux  destour 
du  droit  chemin,  m.  Lucull.  37.  Comment  la  philo- 
sophie.... qui  me  doibt  roidir  le  courage  pour  fouler 
aux  pieds  toutes  les  adversitez  humaines,  vient-elle 
à  cette  mollesse  de  me  faire  conniUer  par  ces  des- 
tours couards  et  ridicules?  mont,  ii,  218. 

—  ÈTYM.  Dé....  préfixe,  et  (our;  bourguig.  détor. 
t  DÊTODKNE  (dé-tcur-n') ,  s.  f.  Action  de  diriger 

toutes  les  têtes  et  les  pointes  des  aiguilles  chacune 
de  son  côté. 

—  ÊTYM.  Détourner. 

DÉTOURNÉ,  ÉE  (dé-tour-né,  née),  part,  passé. 
Il  l"  Oui  ne  suit  plus  son  chemin  direct.  Une  fois  dé- 
tourné de  sa  roule,  il  n'hésita  pas  à  aller  plus  loin. 
Il  Fig.  A  qui  on  a  fait  perdre  la  droite  conduite. 
Détourné  de  son  devoir  par  de  mauvais  conseils. 
Il  Absolument.  Une  mineure  détournée,  une  jeune 
fille  soustraite  par  fraude  à  ses  parents.  ||  2°  Qui 
fait  une  sinuosité.  Un  fleuve  détourné  de  son  cours. 
Il  Chemin,  sentier  détourné,  chemin  écarté  et  peu 
fréquenté.  Il  vous  mènera  de  là  dans  une  rue  dé- 
tournée, BEBN.  DE  ST-p.  Mort  de  Socrate.  Je  reçois 
votre  paquet  par  une  voie  détournée,  sÉv.  39).  On 
imagina, dans  des  temps  de  guerre,  cette  route  dé- 
tournée pour  éviter  les  croisières  ennemies,  raynal, 
Hist.  phil.  n,  25.  Il  Fig.  Voie  détournée,  moyen 
indirect,  biais  pour  arriver  à  un  but.  Ce  n'est  que 
par  faiblesse  et  faute  de  connaître  le  droit  chemin 
qu'on  prend  des  chemins  détournés  et  qu'on  a  re- 
cours à  la  ruse,  fénel.  Dial.  des  morts  mod.  Ri- 
ehel.  Mazar.  Il  y  a,  pour  arriver  aux  dignités,  ce 
qu'on  appelle  la  grande  voie  ou  le  chemin  battu; 
il  y  a  le  chemin  détourné  ou  de  traverse  qui  est  le 
plus  court, LA  BRUY.viii.  Il  Termede  grammaire.  Sens 
détourné,  toute  signification  qui  n'est  pas  la  signi- 
fication propre  du  mot,  et  spécialement  celles  qui 
semblent  le  plus  s'en  éloigner.  Demeure  signifiant 
d'abord  retard,  délai,  le  sens  d'habitation,  de  domi- 
cile est  un  sens  détourné.  ||  Louange  détournée, 
louange  délicate,  qui  ne  s'adresse  pas  directement  à 
la  personne  qu'on  veut  louer.  ||  On  dit  de  la  même 
façon,  reproche  détourné,  pour  reproche  indirect. 
Il  à'Touriiéd'unautrecôié.Ilavait  la  tête  détournée. 
J'étais  détourné,  je  ne  le  voyais  pas  venir.  ||  4°  Qui 
est  à  l'écart.  Qu'il  [l'homme]  se  regarde  comme  égaré 
dans  ce  canton  détourné  de  la  nature,  et  que,  de 
ce  petit  cachot  où  il  se  trouve  logé,  j'entends  l'uni- 
vers, il  apprenne  à  estimer  la  terre,  les  royaumes, 
les  villes  et  soi-même  à  son  jusie  prix.  pasc.  Pen- 
sées, i,  t,  édit.  Lahure,  <860.  ||6°  Dont  on  est  pré- 
servé. L'orage  détourné,  on  n'y  pensa  plus.  Des 
malheurs  détournés  à  grand'peine.  ||  6°  Dont  l'em- 
ploi est  chanf<é,  fn  parlant  d'argent  et  choses  sem- 
blables. Un  fonddélournédesadestination.  ||  7°Sous- 
trait  frauduleusement.  De  l'argent  détourné  par  cet 
employé.  ||  8"  X  qui  l'on  cause  un  dénngement.  Ma 
mère  en  ce  devoir  craint  d'être  détournée,  rac. 
Athal.  m,  1.  Il  9°  Uélorqué.  Un  texte  détourné  de 
son  vrai  sens.  ||  10°  Dissuadé.  Détourné  de  la  dange- 
reuse entreprise  qu'il  avait  eu  le  dessein  de  tenter. 

t  DÉTOURNEMENT  (de- tour-ne-man  ),  s.  m. 
Il  1"  Action  de  détourner.  Des  femmes  qui  par  leurs 
détournements  de  tête  et  leurs  cachements  dévisage 
firent  dire  cent  sottises  de  leur  conduite,  mol.  Crit. 
de  l'Ée.  des  /.  m.  \\  2°  Soustraction  frauduleuse.  Dé- 
tournement de  fonds,  de  deniers,  de  papiers,  de  ti- 
tres. Il  s'est  rendu  coupable  de  détournement.  11 
masquait  ses  détournements,  en  falsifiant  les  livres. 
Il  Détournement  de  mineur,  de  mineure,  action  de 
soustraire  illicitement  un  jeune  garçon,  une  jeune 
fille  au  domicile. 

^  —  HIST.  XVI»  s.  Ceste  torse  du  regard  qui  tord 
l'ame  quant  et  quant,  et  ce  destournement  en  est 
laid,  AMVOT,  De  la  curios.  20. 

—  ftTYM.  Détourner. 

DÉTOURNER  (dé-tour-né),  v.  a.  \\  1»  Faire  pren- 


dre une  autre  direction.  Détourner  quelqu'un  do  son 
chemin.  Détourner  un  coup.  ||  Fig.  Détourner  les 
soupçons.  Détourner  sa  pensée  d'un  objet  désagréa- 
ble. Ce  zèle  sur  mon  sang  détourna  votre  perte, 
CORN.  Iléracl.  11,  6.  Mais  toi,  par  quelle  erreur 
veux-tu  toujours  sur  toi  Détourner  un  courroux  qui 
ne  cherche  que  moi?  rac.  Androm.  m,  t.  C'était 
une  cérémonie  commune  et  généralement  observée 
dans  tous  les  sacrifices  d'imposer  les  mains  sur  la 
tête  de  la  victime,  de  la  charper  d'imprécations  et 
de  prier  les  dieux  de  détourner  sur  elle  tous  les  mal- 
heurs dont  les  Egyptiens  pouvaient  être  menacés, 
ROLLiN,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  69,  dans  pou- 
gens.  (Quelle  perte,  sire,  comme  l'observe  très-bien 
votre  majesté,  quand  nous  aurons  le  malheur  de  la 
faire!  j'en  détourne  ma  pensée,  d'alemb.  Lett.  au 
roi  de  Prusse,  23  févr.  <776.  ||  Absolument.  Dé- 
tourner, faire  tourner  les  soupçons  d'un  autre  côté, 
faire  perdre  la  piste.  Détournez,  détournez;  ses 
questions  nous  embarrassent.  Antonio:  Il  n'y  a  que 
moi  qui  prends  soin  de  votre  jardin;  il  y  tombe  un 
homme,  et  vous  sentez  que  ma  réputation  en  est 
effleurée.  —  Suzanneà  Figaro:  Détourne,  détourne. 
—  Figaro:  Tu  boiras  donc  toujours,  Beaumarchais, 
Uar.  de  Fig.  11,  2) .  ||  2°  Changer  le  cours.  Tel  qu'un 
ruisseau  docile  Obéit  à  la  main  qui  détourne  son 
cours,  RAC.  Esth.  11,  9.  Platon  est  celui  de  tous  qui 
a  le  plus  SmC*  rtotnère  ;  car  il  a  puisé  dans  ce  poète 
comme  aans  «ae  vive  source  dont  il  a  détourné  un 
nombre  infini  de  ruisseaux,  boil.  Longin,  H.  Pour 
faciliter  la  construction  de  la  plupart  des  ouvrages, 
il  avait  fallu  détourner  le  cours  de  la  rivière,  rol- 
HN,  Hist.  anc.  Œuvres,  1. 11,  p.  29,  dans  pocgens. 
Les  divers  gisements  des  îies,  leur  forme  sphérique 
ou  angulaire  pré.sentent  à  ces  effroyables  torrents 
d'air  [les  ouragans]  des  surfaces  plus  ou  moins 
obliques  qui  détournent  le  courant,  kaynal,  Hist. 
phil.  X,  5.  Il  3°  Terme  de  chasse.  Détourner  un  cerf, 
un  sanglier,  c'est  tourner  autour  de  l'endroit  où  la 
bête  est  entrée  et  s'assurer  qu'elle  n'en  est  pas  sortie, 
pour  la  courre  ensuite.  Comme  on  envoie  un  pi- 
queur  détourner  un  cerf  avant  qu'on  aille  au  ren- 
dez-vous de  chasse,  volt.  Leit.  d'Argental,  nov. 
I7B9.  Il  Découvrir,  par  le  moyen  du  limier,  le  lieu 
où  le  cerf  a  sa  reposée  et  en  marquer  l'enceinte  pour 
se  reconnaître.  ||  4°  Tourner  d'un  autre  côté.  Dé- 
tourner son  visage.  Il  détourna  la  tête  pour  ne  pas 
me  voir.  N'a-î-il  point  détourné  ses  yeux  vers  le 
palais?  BAC.  Andr.  v,  3,  Mais  quoi,  sans  me  répon- 
dre. Vous  détournez  les  yeux  etsemblez  vous  con- 
fondre, ID.  Bérén.  Il,  4.  Et  toujours  détournant  ma 
vue  avec  horreur,  id.  Iphig.  11,  t.  Un  bruit  confus 
s'élève  et  du  peuple  surpris  Détourne  tout  à  coup 
les  yeux  et  les  esprits,  id.  Athal.  11,  2.  Jusqu'à 
quand,  seigneur,  m'oublierez- vous?  sera-ce  pour 
toujours?  jusqu'à  quand  détournerez-vous  de  moi 
votre  face?  saci.  Bible,  Psaume  xii,  (.  Levez  le 
bras,  frappez;  je  détourne  les  yeux,  volt.  If.  de 
Ces.  III,  2.  Il  Fig.  Détourner  les  oreilles,  ne  pas 
écouter.  Détourne,  roi  puissant,  détourne  tes  oreilles 
De  toutconseil  barbare  et  mensonger,  rac.  Esth.  m, 
3.  Il  Fig.  Détourner  les  yeux,  ne  pas  donner  atten- 
tion. J'ai  vaincu  ses  mépris;  j'ai  détourné  ma  vue 
Des  malheurs  qui  dès  lors  me  furent  annoncés,  rac. 
Brit.  IV,  2.  Il  faut  détourner  les  yeux  de  ces  temps 
sauvages  qui  sont  la  honte  de  la  nature,  volt. 
Mœurs,  Avant-propos,  lhb  détournez  point  vos  yeux 
de  dessus  eux,  après  que  vous  les  t.i;rp.?  renvoyés 
libres,  puisqu'ils  vous  ont  servi  pendant  si*,  ans, 
SACI,  Bible,  Deutéron.  xv,  I8.  ||  B°  Tourner  en  sens 
contraire.  Détourner  une  corde ,  une  manivelle. 
Il  6°  Écarter  de  manière  à  préserver.  Détourner 
un  fléau.  Il  est  en  ma  puissance  De  détourner  le 
coup  qui  si  fort  vous  offense,  mol.  l'Étourdi,  1, 
to.  J'ai  détourné  le  coup  et  tant  fait  que  par 
crainte  Le  pauvre  Trufaldin....  m.  ib.  i,  <i.  Hé 
bien,  aimez  Porus,  sans  détourner  sa  perte,  rac. 
Alex.  V,  2.  Je  reconnus  Vénus  et  ses  feux  redou- 
tables; Par  des  vœux  assidus  je  crus  les  détour- 
ner, iD.  rhèd.  I,  3.  De  tant  de  maux,  Abner, 
détournons  la  menace,  id.  Aihal.  v,  2.  Dieu,  dé- 
tourne de  moi  ces  noirs  pressentiments ,  volt. 
Zaïre,  v,  3,  Ciel,  détourne  les  coups  que  ce  mo- 
ment prépare;  id.  Alx.  m,  5.  ||  7°  Donner  une  au- 
tre destination.  Détourner  des  fonds  de  leur  emploi. 
Tout  ce  que  je  faisais  pour  Thérèse  était  détourné 
par  sa  mère  en  faveur  des  affamés,  j.  j.  rouss.  Con- 
fess.  VII.  Il  8°  Soustraire  frauduleusement.  Détourner 
des  fonds,  des  papiers.  Comme  on  eut  à  dessein  dé- 
tourné une  coupe  d'or  en  ce  festin,  vaugel.  Q-  C. 
629.  Ces  personnes  avaient  détourné  cet  argent  pour 
l'employer  contre  l'Etat,  pasc.  Prov.  )6.  Les  prin- 
cipaiu  citoyens  détournaient  à  leur  profit  les  reve- 


nus publics,  MOMEFC).  Espr.  viii,  (4.  |]  Par  exten- 
sion. Au  bout  de  quelques  jours  il  détourne  l'ei^faiit 
Du  perfide  voisin,  puis  à  souper  convie  Le  père  qui 
s'excuse  et  lui  dit  en  pleurant:  ....J'aimais  un  fils 
plus  que  ma  vie....  On  me  l'a  dérobé....  la  font. 
Fabl.  IX,  t.  Il  Détourner  un  mineur,  une  mineure, 
en  faire  le  détournement.  ||9°  Écarter  quelqu'un  de 
sa  voie,  de  ses  intentions,  de  ses  projets,  par  des 
discours,  par  des  conseils,  par  des  influences  mo- 
rales. Détourner  quelqu'un  de  son  devoir.  Délour- 
ner  du  mal.  Il  s'imaginait  qu'il  serait  aisé  de  le  dé- 
tourner d'un  si  terrible  dessein,  VAL'GEL.  Q.  C.  liv. 
X,  dans  richelet.  Que  la  considération  des  mi- 
sères présentes  et  celle  des  misères  futures  vous  dé- 
tournent de  l'impureté  ,  maucroix,  Homél.  (4, 
dans  richelet.  L'un  [desreproches]que  l'amiral  [de 
Coligny]  a  su  le  crime  [l'assa.ssinat  du  duc  de  Guise], 
l'autre  qu'il  n'a  voulu  ni  détourner  ni  découvrir  le 
criminel,  boss.  Var.  Déf.  i"disc.  §3b.  Ses  femmes 
à  toute  heure  autour  d'elle  empressées  Sauront  la 
détourner  de  ces  tristes  pensées,  bac  Bérén.  iv,  6. 
Mais  quoi  !  cet  intérêt  et  si  juste  et  si  tendre  De  tout 
autre  intérêt  peut-il  vous  détourner?  volt.  Mérope, 
i,  <.  Il  Détourner  le  dessein  de  quelqu'un,  en  dé- 
tourner quelqu'un.  Non,  mamÎTe....  ni  mes  sœurs.... 
Ne  détourneraient  pas  le  dessein  que  j'ai  pris,  ro- 
TROU,  Antig.i,  fl.  Croyez-vous  pouvoir  venir  à  bout 
de  détourner  ce  fâcheux  mariage  que  mon  père  s'est 
mis  en  tète?  mol.  Poxirc.  i,  3.  Pourquoi  détournais-tu 
mon  funeste  dessein?  rac.  P/ièd.  m,).  ||  10°  Dé- 
ranger. Vous  êles  occupé,  je  crains  de  vous  détour- 
ner de  votre  travail.  Le  roi  était  mécontent  des  fré- 
quents voyages  deBarbezieux  à  Paris,  où  les  plaisirs 
le  détournaient,  ST-siM.  B,  68.  ||  11°  Détorquer.  Dé- 
tourner le  sens  d'un  passage,  d'une  loi.  Embarras 
que  vous  essayez  d'éluder  en  détournant  la  ques- 
tion, pasc.  Prov.  (2.  C'est  ainsi  qu'il  [Josèphe]  dé- 
tournait l'Écriture  sainte  pour  autoriser  sa  flatterie, 
BOSS.  Hist.  II,  10.  Nous  contredirions  même  les  in- 
tentions du  Sauveur,  en  détournant  le  sens  et  l'es- 
prit de  cette  histoire  et  détruisant  tout  le  fruit  qu'il 
se  propose  d'en  tirer,  mass.  Car.  ilauv.  riche. 
Il  12°  V.  n.  Tourner.  Vous  n'avez  qu'à  suivre  cetle 
route,  messieurs,  et  détourner  à  main  droite,  vous 
serez  au  bout  de  la  forêt,  mol.  Fest.  m,  2.  ||  13°  Se 
détourner,  v.  réfl.  Sortir  de  son  chemin.  Au  lieu  do 
se  détourner  de  son  chemin  pour  l'éviter,  pasc. 
Prov.  n.  Israël  s'est  détourné  du  seigneur  comme 
une  génisse  qui  ne  peut  souffrir  le  joug,  saci,  Ih- 
ble.  Osée,  iv,  )6.  C'est  le  chemin,  je  crois,  poui 
aller  en  Provence.  —  Eh  mais,  quand  il  faudrait  se 
détourner  un  peu.  Cent  milles  de  chemin  ne  sont 
pour  moi  qu'un  jeu ,  collin  d'iiarlev.  Chdt.  en  Esp. 
Il,  4.  Il  Se  tourner  d'un  autre  côté.  Le  cardinal  de 
Bouillon  n'est  pas  connaissable  [  pour  le  chagrin 
delà  mort  de  Turenne],  il  jeta  les  yeux  sur  moi, 
et,  craignant  de  pleurer,  il  se  détourna,  sÉv.  202. 
Ses  yeux  comme  effrayés  n'osaient  se  détourner, 
rac  Athal.  II,  2 Non,  demeurez,  ne  vous  dé- 
tournez piis.  De  vos  regards  du  moins  honorez  mon 
trépas,  VOLT.  Scythes,  m,  2.  ||  Être  écarté,  en 
parlant  d'un  coup,  d'un  mal,  etc.  Que  votre  co- 
lère et  voire  fureur  se  détournent  de  votre  cité  de 
Jérusalem  et  de  votre  montagne  sainte,  saci.  Bible 
Daniel,  ix,  lo.  ||  Fig.  Perdre  les  attaches,  les  senti- 
ments qu'on  avait.  Un  homme  qui  ne  se  détourna 
jamais  de  ses  devoirs,  pléch.  M.  de  Mont.  Si  ton 
cœur  encore  D'un  père  infortuné  ne  s'est  pas  dé- 
tourné, VOLT.  Tancr.  iv,  6. 

-  HIST.  xi°  s.  Ferir  l'en  volt,  se  [il]  n'en  fust 
desturnet,  Ch  de  Roi.  xxxii.  Ceste  bataille  nen  ert 
[sera]  mais  deston.i?;  ib.  cclx.  ||  xii"  s.  La  meie 
generaciuns  toleite  est  [est  "p'cïco],  e  desturnede 
est  de  mei ,  Liber  psalm.  p.  233.  Bêle  dame  LuP  pria 
de  chanter....  Je  ne  m'en  sai  ne  m'en  puis  deslor- 
ner,  Couci,  x.  Cornent,  fait  dune  li  quens,  puet 
estre  deturné.  Quant  vus  li  devez  fei,  humage  et  li- 
geé?  De  lui  tenez  grans  fins  e  honurs  eu  barné. 
Th.  le  mart.  4B.  Pur  poi  Randuif  de  Broc  n'out  le 
vaslet  tué;  Mais  il  nel  pout  trover;  car  Deux  l'a  des- 
turné,  ib.  <24.  De  part  li  rei  li  unt  icel  respitduné; 
Dient:  li  reis  voldra  l'endemain  par  verte  Ses  acun- 
tes  oïr,  n'iert  pur  rien  desturné;  Il  i  ira,  ço  dit,  0 
il  s'en  sunt  turné,  ib.  35.  Li  rois  en  volt  avoir  la 
lei  de  la  cuntrée.  Mais  l'arcevesques  ad  celé  lei  des- 
turnée,  16.  20.  Mais  se  il  volsist  traire  la  gent  cha- 
perunée,  Mult  peûst  avoir  bien  sa  mort  dune  cs- 
chivée  :  Car  en  icele  iglise  ad  mainte  desturnée 
[détour]  ;  De  suu  gré  suffri  mort  en  la  maisun  sa- 
crée, ib.  ib3.  Il  XIII*  s.  Vo  fille  sera  arse  [brùlée5, 
jà  n'en  ert  [sera]  destornée,  Berte,  xvi.  [Que  Dieu] 
Destourt  mon  corps  de  honte,  que  [jel  ne  soie  mal 
mise,  ib.  xxja.  Mes  l'autrie"  oi   [j'eus]  la  jambe 


4126 


DEl 


quaise;  En  un  broion  (piège]  par  mescheance ,  Là 
m'avient  ceste  meseslaiice:  Onques  ne  me  poi  des- 
lorner,  lien.  7323.  Et  s'il  so  destornent  qu'il  ne  pui&- 
lent  cstre  pris,  li  deslorné  Joivent  estre  contraint 
par  K-inlcs  et  parapiax,  et  mener  dusques  au  b;i- 
nissement,  beaum.  i.x,  (2.  Et  se  li  deteres  [débiteur] 
■e  destorne,  si  que  li  créanciers  ne  pot  demander 
se  [sa]  dele....  ID.  lv,  35.  ||  xiv*  s.  Cy  devise  la  ma- 
nière comme  on  doit  deslourncr  le  cerf,  Uodus, 
^  XI.  Il  XV'  s.  Et  monta  à  cheval  et  s'en  vint  sur  les 
rues;  et  destourna  ce  jour  à  faire  cruauté  et  plu- 
sieurs horribles  faits  qui  eussent  e.sté  faits,  si  il  ne 
fust  allé  au  devant,  froiss.  i,  i,  272.  Ceux  qui  l'ai- 
moient  le  prièrent  pour  Dieu  que  il  ne  le  fist,  car 
trop  y  sont  les  lieux  divers  et  destournés,  linuciq. 
u,  ch.  ao.  Il  XVI"  s.  Ces  considérations  ne  destournent 
pas  un  homme  d'entendement  de  suyvre....  mont.  1, 
<20.  Cela  les  destourne  de  meilleures  occupations, 
ID.  I,  tsr.  Ils  se  destournent  de  leur  voye  un  quart 
de  lieue  pour  courir  après  un  beau  mot,  id.  i,  (11. 
Destourner  la  face  pour  ne  veoirle  coup,  id.  11,  304. 
Une  interpretalion  deslournée,  conlraincte  et  biaise, 
ID.  IV,  239.  Femme  qui  recelé  ou  deiourne  n'est 
plus  recevable  à  renoncer,  ains  est  réputée  com- 
mune, 1.0YSEL,  307.  Le  peuple  alloit  souvent  forceant 
ou  destournant  les  propositions  du  sénat,  en  y  os- 
tant  ou  adjouxtant  quelque  chose,  amïot,  Lyc.  io. 
Numa  distribua  des  terres  aux  pauvres,  pour  des- 
tourner le  peuple  au  labourage,  id.  Huma,  28.  Quant 
à  ses  biens,  ses  amis  en  détournèrent  et  sauvèrent 
une  bonne  partie,  qu'ils  luy  envoyèrent  en  Asie, 
ID.  Thém.  4».  Le  peuple  se  meil  après  l'eau  du  lac 
pour  la  deslourncr,  id.  Cam.  0.  On  le  chargea  d'a- 
voir destourné  des  toiles  et  des  pents  de  retz  à  chas- 
ser, ID.  Pomp.  7.  Quand  Antigonus  lut  à  l'endroit 
d'une  ruelle  par  où  il  faull  destourner  pour  monter 
conlremont  au  chasteau,  iD.  Aratus,  20.  L'argent 
vif  par  sa  ponderosité  deslourne  [détord]  l'iutesiin 
qui  estoit  entors  et  replié,  paré,  xv,  05  lis. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  tourner;  bourguig. 
détonai. 

t  DÊTOURNEUR,  EUSE  (dé-tour-neur,  neû-z'), 
».  m.  et  f.  Terme  d'argot.  Celui,  celle  qui  vole  des 
marchandises  dans  l'iniérieur  des  boutiques. 

—  frrVM.  Détourner, 

t  DÉTKACTATION  (dé-tra-kla-sion) ,  s.  [.  Syno- 
nyme peu  usité  de  détraction. 

—  KTVM.  Détracter. 

DÊTRACTÉ,  ÉE  (dé-tra-kté,  ktée),  part,  passé. 
Dont  on  dit  du  mal,  dont  on  rabaisse  le  mérite.  Dé- 
tracti'i  par  ses  ennemis  politiques. 

UÉTUACTEll  (dé-tra-kté),  v.  o.  ||  1*  Rabaisser  le 
mérite  de  quelqu'un  ou  de  quelque  chose.  Délracter 
quelqu'un.  Pétracter  la  vertu.  ||  AbsolumenL  C'est 
un  homme  enclin  à  détracter.  Moi  qui  n'ai  point  de 
part  dans  tout  ce  beau  commerce.  Je  crois  qu'à  dé- 
tracter votre  langue  s'exerce,  iiauteroche,  Appar. 
Jromp.  II,  6.  Il  2"  Se  détracter,  v.réft  Dire  du  mal 
de  .soi-même.  Ne  vous  détraciez  pas  vous-même. 
Il  Dire  du  mal  l'un  de  l'autre.  Ces  deux  rivaux  se 
détractent  en  toute  occasion. 

—  Hisr.  xvi"  s que  nous  ne  mtsdisions  ne 

detiactiuus  de  ses  œuvres,  calvin,  Instit.  288.  Dites 
bien  de  ceux  qui  vous  detractent,  id.  ib.  315.  Ce  n'est 
pas  son  intention  de  detracter  en  rien  qui  soit  de  la 
vraye  foy,  id.  ib.  642.  Les  Pères  n'ont  point  detracté 
si  fort  de  l'honnesteté  du  mariage,  id.  ib.  (oOfl.  En 
blasmant ,  detractant,  mocquaiit,  et  injuriant  les 
choses  contraires,  tacitement  ilslouentet  approuvent 
les  vices  et  imperfections  qui  sont  en  cçulinuils 
flattent,  amyot.  Comment  liiicerR;,  jê  flatt.  20. 
Sa  mort  rendit  sa  renotnuiié  Véritable,  quand  ceux 
qui  en_  ^fjttSl'ent  xe" trouvèrent  absent,  d'aud. 
Util.  II,  88.  La  mesme  peine  qu'on  prend  à  detrac- 
ter de  ces  grands  noms  et  la  mesme  licence,  je  la 
prendrois  volontiers  à  leur  prester  quelque  tour 
d'espaule  aies  haulser,  mont,  i,  265. 

—  ÉTYM.  Lat.  detractor,  détracteur,  de  detrac- 
lum,  supinde  detraliere,  médire,  proprement  retran- 
cher, composé  de  la  préposition  de,  eltruhere,  tirer 
(voy.  TRAIRE) ,  et  qui  est  dans  les  langues  congénères  : 
proveiiç.  detraire;  espagn.  detraer;  portug.  detra- 
hir  ;  liai,  detrarre./^elratre,  qui  était  aussi  dans  l'an- 
cien français,  signifiait  tirer. 

DÉTRACTEUR  (dé-tra-kteur) ,  ».  m.  Celui  qui  ra- 
baisse le  mérite,  la  valeur  de  quelqu'un  ou  de  quel- 
que chose.  C'est  un  contre-poison  contre  les  séduc- 
teurs. Oui  dissipe  toutes  leurs  postes,  Et  confond 
tout  l'elTort  des  plus  noirs  détracteurs,  corn.  Imit. 
111,  4.  le  détracteur  secret  ne  trouvait  en  lui  qu'un 
silence  d'indignation  et  de  sévérité,  mass.  Or.  /Un. 
Dauphin.  Ne  pourrait-on  pas  dire  avec  justice  à  ces 
ditractcur.s  d  un  homme  supérieur,  si  avides  de 


DET 

chercher  ses  défauts  ;  Quel  droit  avcz-vous  de  lui 
reprocher  des  fautes  qui  ne  l'ont  pas  enipèclié  de 
valoir  encore  mieux  que  vous?  condorcet,  Mar- 
graaf.  Il  demanda  pour  toute  peine  que  son  détrac- 
teur fût  chassé  do  la  maison  du  comte  d'Artois, mar- 
MONTEL,  ilém.  XII.  Il  Adj.  m.  Un  esprit  détracteur.  Un 
langage  détracteur.  Les  làcbesclameurs  de  l'envie  Te 
suivent  jusque  dans  les  cieux;  Crois-moi,  dédaigne 
d'en  descendre.  Ne  t'abai.sse  pas  pour  entendre  Ces 
bourdunneinents détracteurs,  lamart.  lléd.  i,  I9. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Nous  n'avons  point  si  mal  profité 
en  l'Evangile,  que  nostre  vie  ne  puisse  estre  à  ces 
détracteurs  exemple  de  chasieté,  calv.  Instit.  dé- 
die. Le  détracteur  vit  de  fien  humain.  Qui  dict  mal 
et  celé  le  bien,  lehoux  de  lincy,  Vrov.  1. 11,  p.  329. 

—  ÊTYM.  Provenç.  detractor,  detraidor;  espagn. 
defracfor;  ital. dc(ra((orc; du  latin  de(rac(orcm  (voy. 
létiiacter). 

DÊTRACTION  (dé-lra-ksion;  en  vers,  de  qua- 
tre syllabes),  s.  f.  jj  l'Action  de  délracter.  Ladétrac- 
tion  contre  le  prochain.  Penses-tu,  m'amusant  avec- 
que  des  sottises,  Par  tes  détractions  rompre  mes 
entreprises?  corn.  Uélite,  m,  4.  Voilà  toute  la  ma- 
tière de  la  détraction,  c'est  à  quoi  se  réduisent  tous 
les  entretiens  d'aujourd  hui ,  flécii.  Serm.  i,  336. 
Un  demi-silence  qui  n'a  fait  qu'animer  le  feu  de  la 
détraction,  mass.  Car.  Parti,  des  offenses.  Le  crime 
de  la  détraction,  quel  remède,  quelle  vertu  peut  le 
réparer?  id.  ib.  médisance.  \\  2»  Terme  de  jurispru- 
dence. Droit  de  détraction ,  droit  par  I»quel  le  sou- 
verain distrait  une  partie  des  successions  qu'il  per- 
met aux  étrangers  de  recueillir. 

—  HIST.  XIII'  s.  Mes  tous  vis  [vifs]  menguent  les 
homes  0  [avec]  lesdensdedelraccionPar  venimeuse 
entencion,  la  Rose,  16473.  Nulz  ne  soit  si  hardi 
devant  toy,  que  il  die  parole  qui  atraie  et  esmeuve 
péché,  ne  qui  mesdie  d'autrui  par  derieres  en  de- 
tractions,  JOINV.  301.  Il  xiv  s.  La  quarte  branche 
de  envie  si  est  detraction,  c'est  à  dire  quant  une 
personne  dit  mal  et  parle  en  derrière,  Hénagier, 
i,  3.  Il  XV*  s.  Là  est  orgueil,  luxure  et  glolonnie. 
Convoitise,  mentir,  detraction,  e.  desch.  De  l'inté- 
rieur des  cours.  La  faulse  convoitise  attisée  et  en- 
flambée  par  l'ennemy  d'enfer  à  cœurs  d'aucuns  pré- 
lats de  l'Eglise,  aveuglés  par  détestable  et  mauvaise 
detraction,  Bouciq.  m,  ch.  19.  ||  xvi'  s.  Le  temps  a 
monstre  sa  detraction  et  mesdisance  vaine  et  faulse, 
AMYOT,  Calon,  48.  La  loy  de  médecine  gist  en  addi- 
tion et  detraction  [retranchement],  paré,  xxi,   19. 

—  ÊTYM.  Provenç.  ddroccio,  deirocd'o  ;  espagn. 
detraccion;  ital.  detraiione;  du  latin  detractionem 

(voy.   DÉTRACTER). 

t  DÉTRANXUÉ,  '  ÊE  (dé-tran-ché,  chée),  adj. 
Terme  de  blason.  Coupé  par  une  bande  qui  part  de 
dexlre,  mais  non  pas  de  l'angle. 

—  ÉTYM.  Dé.  ..  préfixe,  et  trancher.  Destrancher 
était,  dans  la  vieille  langue,  un  mot  usuel  et  signi- 
fiait couper  par  morceaux  :  Il  troveront  nos  [ils  nous 
trouveront]  et  morz  et  detrenchez,  Ch.  de  Hol.  cxxx. 

DÉTRANGER  (dé-tran-jé.  Le  g  prend  un  e  de- 
vant a  et  0  ;  nous  délrangeons),  v.  a.  Terme  de 
jardinier.  Faire  la  guerre  aux  taupes,  aux  mulots, 
et  autres  animaux  nuisibles. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  ijronjer :  proprement 
mettre  dehors ,  chasser. 

t  DÉTRANSl'OSER  (dé-tran-spô-zé),  u.  a.  Terme 
de  typographie.  Remettre  des  pages  à  léurvraieplace. 

—  ÉTÏH. '/)(,'....  préfixe,  et  transposer. 

t  DÊTRANSPOSITION  (dé-tran-spo-zi-sion),  s.  f. 
Terme  de  typographie.  Action  do  détransposer. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  transposition. 

t  DÉTRAPER  (dé-tra-pé)  ,v.a.  Tirer  du  piège ,  de 
la  trappe.  La  f  jrtune  me  détrapera  (les  anciennes 
éditions  portent  détromper)  de  bien  des  gens  que  je 
n'aime  point,  bussy,  dans  sÉv.  Lett.  278,  de  la 
nouvelle  édition  de  1862,  par  Ad.  Régnier.  ||  Inu- 
sité aujourd'hui. 

—  REM.  Voy.  l'observation  à  atthafeu  ;  il  faudrait 
écrire  détrapper  ou  trape. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  trappe. 
DÉTRAQUÉ,  ÉE  (dé-tra-ké,   kée),  part.  pass^. 

Il  1°  Oui  a  perdu  ses  bonnes  allures.  Cheval  détra- 
qué. Il  2°  Mis,  par  un  dérangement,  hors  d'état  de 
fonctionner  régulièrement  ou  de  fonctionner  du  tout. 
La  sonnerie  de  cette  pendule  est  détraquée.  ||  Fig. 
Le  temps  est  entièrement  détraqué  depuis  six  jours, 
SÉV.  377.  Maint  rimailleur  indigent  Dont  la  cervelle 
est  détraquée,  volt.  l£lt.  en  vers  et  en  prose,  08. 
t  DÉTRAQUEMENT  (dé-tra-ke-man),  s.  m.  Action 
do  détraquer;  état  do  ce  qui  est  détraqué.  J'ai  des 
étourdlssemeiits  et  un  affaiblissement  de  tête  qui 
m'annoncent  le  détraquement  de  la  machine ,  d'a- 
Luu.  Letl.  à  Volt,  a»  jaov.  I77u, 


DET 

—  HIST.  xvr  s.  Saint  Paul,  reprochant  le  détra- 
quement des  gentils,  les  accuse  d'avoir  esté  gcni 
sans  affection,  st  fr.  de  sales,  p.  6iii. 

—  ÊTYM.  Détraquer. 

DÉTRAQUER  (dé-lra-ké) ,  v.  a.  ||  f  Faire  perdre 
à  un  cheval  ses  bonnes  allures.  Celui  qui  a  monté 
ce  cheval  l'a  détraqué.  ||  2°  Par  extension,  déranger 
un  mécanisme.  Détraquer  un  tournebroche.  Je  vous 
avoue  que  j'avais  déjà  été  un  peu  lAcbé  pour  le  duc 
de  IJour(.'ogne  qu'il  eût  écrit  à  Mme  de  Maintenon 
contre  le  duc  de  Vendôme,  et  qu'il  se  fût  amusé  à 
détraquer  une  montre  avant  la  bataille  d'Oudenarde, 
VOLT.  Leit.  à  Villevieille,  30  avril  1777.  ||  Terme 
de  chasse.  Détraquer  un  piège,  le  faire  partir,  en 
en  décochant  la  gâchette  ou  le  triquet.  ||  3°  Fig.  et 
familièrement,  troubler.  Cela  lui  a  détraqué  le  cer- 
veau, l'esprit.  Deux  yeux,  deux  yeux  charmant» 
avaient,  pour  ma  ruine.  Détraqué  les  ressorts  de 
toute  la  machine,  reonard,  Dèmocr.  v,  5.  ||  4' Se 
détraquer,  v.  réfl.  Perdre  ses  bonnes  allures.  Ce 
cheval  s'est  détraqué.  ||  6°  Perdre  la  faculté  de  fonc- 
tionner, en  parlant  d'un  mécanisme.  Cette  machine 
s'est  détraquée.  ||  Avec  ellipse  du  pronom  te.  Je  m'é- 
tais mis  à  étudier  l'anatomie,  et  passant  en  revue 
la  multitude  et  le  jeu  des  pièces  qui  composent  ma 
machine,  je  m'attendais  à  sentir  détraquer  tout  cela 
vingt  fois  le  jour,  i.  J.  Bouss.  Conf.  vi.  ||  Fig.  Sa 
tête  se  détraque.  Me  faire  enfermer!  voilà  la  ma- 
chine qui  se  détraque,  çà,  çà,  changeons  de  pro- 
pos, EEGNARD,  le  Rctour  imprétu ,  se.  16. 

—  HIST.  xV  s.  Et  conclurent  ensemble  d'eux  de- 
tracquer  et  départir  par  divers  chemins,  pour  eulx 
rendre  tous  auprès  de  Nemours,  et  illec  attendre 
l'un  l'autre,  Us.  relatif  à  Louis  XI,  Bibl.  des  Char- 
tes, *'  série,  t.  i,  p.  273.  ||  xvi' s d'avoir  si  bien 

et  si  tost  remis  et  restabli  les  choses  tant  désespé- 
rément destraquées,  0.  de  serres.  Dédie.  Présen- 
tez-vous toujours  en  l'imagination  Caton,  Phocion 
et  Aristides,  en  la  présence  desquels  les  fols  mes- 
mes  cacheroient  leurs  faultes,  et  establissez-les  con- 
treroolleurs  de  toutes  vos  intentions;  si  elles  se  dé- 
traquent, leur  révérence  vous  remettra  en  train, 
MONT.  I,  287.  Je  veux  qu'on  veoye  mon  pas  naturel 
et  ordinaire,  ainsi  destracqué  qu'il  est;  je  me  laisse 
aller  comme  je  me  treuve,  id.  ii,  99. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  traquer:  proprement 
détourner  de  la  trace;  Berry,  détraquer,  détourner 
de  la  voie. 

DÉTREMPE  (dé-tran-p'),  s.  f.  ||  !•  Terme  de  pein- 
ture. Couleurs  détrempées  avec  de  l'eau  et  de  la 
colle,  à  la  gomme,  au  blanc  d'œuf,  sans  graisse, 
ni  résine,  ni  chaux.  Peindre  en  détrempe.  Pein- 
ture en  détrempe.  ||  Fig.  et  familièrement.  Mariage 
en  détrempe,  commerce  illicite  sous  quelque  appa- 
rence de  mariage C'est  quand  en  même  temps 

On  fait  sympathiser,  pourvu  qu'un  tiers  y  trempe, 
Un  mariage  en  huile  avec  un  en  détrempe,  mont- 
FLELRY,  Femme  juge  et  partie,  v,  4.  ||  2"  Se  dit 
aussi  de  la  peinture  faite  en  détrempe.  Acheter  une 
détrempe.  ||  3°  Fig.  Ouvrage  en  détrempe,  se  dit 
d'une  œuvre  littéraire  qui  est  une  faible  imitation 
d'un  autre.  (I  Une  ressemblance  en  détrempe,  se  dit 
de  deux  personnes  qui  ont  quelque  ressemblance 
entre  elles.  Je  lui  trouvais  une  ressemblance  en  dé- 
trempe qui  ne  le  brouillait  pas  avec  moi ,  .sêv. 
Lett.  6  sept.  1871. 

—  HIST.  xvi*  S.  Il  falloit  que  je  maçonnasse  tout 
seul ,  que  je  destrempasse  mon  mortier ,  que  je  ti- 
rasse l'eau  pour  la  destrempe  d'iceluy,  valissy,  214. 

—  ETYM.    Voy.   DÉTREMPER. 

1.  DÉTREMPÉ,  ÊE  (dé-tran-pé,  pée),  part,  passé 
de  détremper  1.  Amolli  ou  délayé  avec  un  li- 
quide. Ces  chemins  détrempés  par  la  pluie.  Son  âme 
dans  le  crime  est  toujours  occupée,  Ce  n'est  que  de 
la  boue  en  du  sang  détrempée,  thistan,  Panthée, 
I  4.  Les  mers  immenses  ne  paraissent  aux  immor- 
tels que  comme  des  gouttes  d'eau  dont  ce  morceau 
de  boue  est  un  peu  détrempé,  fên.  Tél.  ix. 

2.  DÉTREMPÉ,  ÉE  (dé-tran-pé,  pée),  part,  passé 
de  détremper  2.  Qui  a  perdu  sa  trempe.  Un  couteau 
détrempé. 

1.  DÉTREMPER  (dé-tran-pé),  v.  a.  ||  1°  Amollir 
ou  délayer  avec  un  liquide.  Détremper  de  la  farine 
avec  du  lait,  de  la  chaux  avec  de  l'eau.  On  détrem- 
pait l'Eucharistie  en  quelque  bqueur,  Boss.  Comm. 
Et  trop  souvent  pour  détremper  leur  miel.  Pleurs 
douloureux  leur  servent  de  rosée,  millev.  Abeilles 
d'amour.  \\  Fig.  L'on  m'envoya  chercher,  un  de  ces 
jours  passés.  Pour  détremper  un  peu  l'humeur  mé- 
lancolique D'un  homme  dès  longtemps  au  lit  para- 
lytique, REONARD,  Fol.  amour.  11,  7.  ||  2*  Se  détrem- 
per, t).  réfl.  Être  délayé,  amolli.  Le»  couleur»  s« 
détrempent,  jj  Fig.  Cette  armée  victorieuse  de  l'Asie. 


DKT 

iprès  s'être  flétrpmpi'ie  ilans  les  délices  l'espace  Je 
trente-quatre  jours,  vai'Gei..  Q.  C.  285. 

—  HIST.  xiii*  s.  Que  de  la  santé  [elle]  fu  à  tel 
point  destrempée,  nerte,  ixxxii.  Sa  tainture  avoit 
destrempée,  Et  au  miex  qu'il  pot  atremp^îe,  Iten. 
H 993.  Li  murs  ne  doit  pas  faire  faute  l'or  enpin 
qu'on  saiche  getier;  Car  l'en  destrempa  le  mortier 
De  fort  vin -aigre  et  de  chaus  vive,  (a71ose,3850.  Et 
leur  assiet  [la  fortune]  comme  marastre  Au  cuer 
un  dolereiix  emplastre  Deslrempé,  non  pas  de  vin 
aigre.  Mais  de  povreté  lasse  et  maigre,  16.  49 IB. 
Il  XIV"  s.  Dont  a  mainte  couleur  de  fin  or  destrem- 
pée. D'argent  et  de  vernis  en  i  ot  mainte  ouvrée  Et 
d'asur  et  de  geules;  n'i  espargna  riens  née,  Baud. 
de  Seb.  xi,  326.  ||  xv  s.  Ils  détrempent  un  peu  de 
leur  farine  et  d'eau....  froiss.  i,  i,  34.  Festin  qu'on 
destrempe  d'ea'j  N'est  point  beau;  Faut  de  vin  que 
tu  le  mouilles,  basselin,  xxix.  ||  xvi'  s.  Comme  si 
quelqu'un  destrempoit  du  bon  vin  d'eau  boueuse  et 
amere,  calv.  Instit.  245.  Tout  cela  destrempe  et 
relasche  cette  soudure  fraternelle,  mont,  i,'  208.  Ils 
sacrifioient  aux  muses  pour  destremper  par  leur 
doulceur  cette  furie  martiale,  id.  m,  253.  Et  menez 
m'amie  ici  Pour  détremper  [tempérer]  mon  souci, 
tvi:r,  p.  552.  Puis  déliant  doucement  sa  langue  de- 
trempée  au  miel  le  plus  savoureux,  ib.  p.  643.  11 
avoit  du  poison  qu'il  gardoit  pour  une  telle  occa- 
sion, et  l'ayant  destrempé  dedans  une  coupe.... 
AMYOT,  Flamin.  4i.  Les  Scythes,  en  beuvant  et 
yvrongnant  ensemble,  font  parfois  sonner  les  chor- 
des  de  leurs  arcs,  comme  si  cela  servoit  à  rappeler 
et  retenir  la  vigueur  de  leur  courage,  laquelle  s'es- 
couleroit  et  se  destreniperoit  autrement  par  la  vo- 
lupté qu'ilzprenent,  ID.  Démétr.  24.  Le  pais  estoit  si 
détrempé  que  l'on  ne  pouvoit  quasi  marcher,  carl. 
IV,  32.  Cest  humeur  séreux  est  gardé  pour  délayer 
et  destremper  le  sang  trop  gros,  paré,  Intrnd.  a. 

—  ÉTYM.  Dé...,  préfixe,  et  tremper;  provenç.  des- 
temprar,  desirempar;  espagn.  destemplar ;  ital.  dis- 
temperare.  Dans  l'ancien  français ,  destremper  a 
aussi  le  sens  de  déranger  ce  qui  est  bien  tempéré; 
d'où  l'anglais  distemper,  maladie. 

2.  DÉTREMPER  (dé-tran-pé),  t'.  a.  Faire  perdre 
à  l'acier  sa  trempe,  en  le  faisant  rougir  au  feu.  ||  Se 
détremper,  v.  ré(l.  Perdre  sa  trempe.  L'acier  se  dé- 
trempe quand  on  le  passe  au  feu. 

—  ÈTYM.  Dé....  prélixe,  et  trempe.  On  a  aussi  des 
exemples  où  desiremper  n'a  que  le  sons  du  simple 
tremper;  alors  dé....  est  augmentatif:  Atteint  au  vif 
d'un  trait  de  ses  yeux  dont  elle  avoit  destrempé  la 
pointe  langoureuse  en  ses  plus  délicates  mignardi- 
ses, YVEH,   p.  554. 

t  DfiTUKMPEUU  (dé-itran-peur),  s.  m.  Ouvrier 
qui  détrempe  l'acier. 

—  ETYM.  Détremper  2. 

DÉTRESSE  (dé-trè-s'),  s.  f.  ||  1°  Serrement  de 
cœur,  angoisse  causée  par  un  besoin,  parun  danger, 
par  une  souffrance.  Quand  il  se  vit  abandonné  par  ses 
compagnons  dans  ce  lieu  solitaire,  sa  détresse  fut 
grande.  Cris  de  détresse.  Et  confite  en  détresse, 
Imite  avec  ses  pleurs  la  sainte  pécheresse,  Régnier, 
Sat.  XIII.  Me  voici  donc  en  ce  lieu  de  détresse  Em- 
bastillé, logé  fort  à  l'étroit,  volt,  la  Bastille.  Sa 
détresse  [de  Napoléon  à  Moscou]  augmente  :  il  sait 
qu'il  ne  doit  p:is  compter  sur  l'armée  prussienne;  un 
avis  d'une  main  trop  sûre,  adressé  à  Berthier,  lui 
fait  perdre  sa  confiance  dans  l'appui  de  l'armée  au- 
trichienne, SÉGL'R,  Ilisl.  de  Napnl.  viii,  lo.  ||  2°  Dé- 
nûment  extrême,  danger  pressant.  Son  fils  à  vos  se- 
cours, dans  sa  détresse  extrême,  N'a-t-il  pas  tous  les 
droits  qu'il  aurait  eus  lui-même?  ducis,  Oscar,  m, 
(.  Sommes-nous  descendus  à  ce  point  de  détresse.... 
DELAV.  Tépres  sicil.  Il,  2.  Vous  qu'afflige  la  détresse. 
Croyez  que  plus  d'un  héros  Dans  le  soulier  qui  le 
blesse  Peut  regretter  ses  sabots,  bérang.  les  Gueux. 
il  3°  Terme  de  marine.  Signal  de  détresse,  signal 
par  lequel  un  bâtiment  annonce  qu'il  est  en  danger 
et  qu'il  a  besoin  de  secours.  Canon  de  détresse,  coup 
de  canon  tiré  en  signal  de  détresse.  ||  Fig.  Signal  de 
détresse,  tout  ce  qui  fait  présumer  qu'une  personne 
est  dans  un  embarras  pressant. 

—  HiST.  xiii*  s.  De  large  cuer  adés  [toujours] 
largesse,  Et  de  cuer  dur  tous  jours  detresce  [resser- 
rement, refus],  LEROUX  de  lincy,  Prov.  1. 11,  p.  283. 
Hé  lasse!  que  ferai?  tant  sui  en  grant  destrece, 
AUDFFR.  LE  BAST.  iiotjianccro,  p.  t3.  LI  quens  Looys 
ala  fourrer  [fourrager]  le  jor  de  Pasques  flories  pour 
la  destresce  de  viande,  villeh.cxli.  De  duel  [deuil] 
et  de  destresse  [elle]  est  ilueque  pasmée,  Berle,  xvi. 
Ensi  furent  de  la  Toussaint  jusques  au  quaresme 
prendant  [prenant]  en  tel  détresse,  et  lor  fali  del 
tont  viande,  Chr.  de  Bains,  207.  Atten  et  sueffre 
la  destrece  Qui  orendroil  te  cuit  et  blece,  la  Rose, 


DÉT 

204).  Par  grant  travail  quierent  richeces;  Paor  les 
tient  en  grant  destreces.  Tandis  cum  du  garder  ne 
cessent,  ih.  5)40.  |{  xv  s.  La  pauvrette  estoit  en 
grand  destresse  de  cœur ,  louis  xi  ,  Nouv.  xxvi. 
Il  XVI'  s.  [Chagrin]  Si  fut  incontinent  tout  le  camp 
adverty  du  deuil  qu'en  menoit  jEmulius,  et  de  la 
destresse  en  laquelle  il  en  estoit,  amyot,  P.  jEm. 
36.  Ainsi  qu'il  advint  ordinairement  en  telles  extre- 
mitez  de  destresse,  il  leur  sembloit  toujours  le  plus 
seur  de  fnuir  du  lieu  où  ilz  se  trouvoient,  id.  Ma- 
rius,  65.  Hz  crioyent  d'angoisse  pour  la  destresse 
de  douleur  qu'ils  sentoient,  m.  Crassus,  47.  11  [l'ar- 
chevêque de  Mayence]  entend,  non  sans  grande  de- 
tresse  de  cœur,  que  quelques  grans  personnages 
disputent  aujourd'hui  de  la  primauté  du  pape, 
SLEiDAN,  f°  25.  De  l'angustie  ou  petite.s.se  de  la  ma- 
trice :  Il  se  fait  aussi  des  monstres  pour  la  détresse 

du  corps  de  la  matrice,  paré,  xix,  )0 De  luy 

donner  mille  ennuis  et  destresses,  st  gelais  (6). 

—  ÉTYM.  Provenç.  destressa,  detreissa;  mot  tiré 
d'une  forme  latine  irrégulière  destriclia  (pour  ren- 
dre raison  delà  finale  esse,  comme  dans  pnrcsye, 
depigritia),  de  destrictum,  supin  de  destringere, 
étreindre,  de  la  préposition  de,  et  stringere  (voy. 
étbeindre). 

f  DKTRESSER  (dé-trè-sé),  v.  a.  Défaire  des  tresses. 
Il  Se  délresser,  v.  réfl.  Défaire  ses  tresses. 

—  Êtym.  Dé....  préfixe,  et  tresse. 

f  DÉTRET  (dé-trè) ,  s.  m.  Terme  de  serrurerie. 
Êtau  à  main. 

—  ÉTYM.  Ce  n'est  que  la  prononciation  normande 
de  dp'trotf.qui,  proprement,  signifie  ce  qui  est  serré. 

t  DÉTRICIIAGE  (dé-tri-cha-j'),  s.  m.  Première 
façon  qu'on  donne  aux  laines  avant  de  les  peigner. 

t  DÉTRICHEU  (dé-tri-ché),  l'.  a.  Exécuter  l'opé- 
ration du  détrichage. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  le  latin  trica-,  entor- 
tillement, qui  a  donné  aussi  tresse  (voy.  ce  mot). 

t  DÉrRICHEUR,  El'SE  (dé-tri-cheur,  cheû-z'), 
s.  m.  et  f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  détriche  les  laines, 
qui  les  sépare  les  unes  des  autres  en  plusieurs  qua- 
lités difTérentes. 

DÉTRIMENT  (dé-tri-man) ,  s.  m.  [j  1°  Dommage, 
préjudice.  Causer,  recevoir  un  notable  détriment. 
Cet  arrangement  s'est  fait  à  mon  détriment.  Et  fût- 
ce  au  détriment  de  mon  propre  intérêt.  Moi-même 
je  m'en  fais  un  immuable  arrêt,  rotrou,  llélis.  m, 
7.  Il  Terme  d'artrologie.  On  disait  qu'une  planète 
était  en  son  détriment  quand  elle  se  trouvait  dans 
un  signe  opposé  k  sa  maison.  ||  2°  Terme  d'histoire 
naturelle.  Débris  de  corps.  Des  détriments  de  co- 
qudles  ont  formé  nos  montagnes  calcaires.  Au  lieu 
de  détriment,  on  dit  aujourd'hui  détritus. 

—  HIST.  xv  s.  Au  détriment  de  la  chose  public- 
que,  Statuts  des  tanneurs  de  Coulommiers ,  Bulle- 
tin du  comité  de  la  langue,  t.  ni,  p.  B63. 

—  ÉTYM.  Lat.  detrimetitum ,  liedelerere,  user,  de 
la  préposition  de,  et  lerere,  frotter,  par  l'intermé- 
diaire du  supin  detritum. 

t  DÉTRIPLER  (dé-tri-plé),  v.  a.  Réduire  ce  qui 
était  triple.  Il  Détripler  les  files  d'un  bataillon,  les 
composer  de  deux  hommes  au  lieu  de  trois. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  triple. 

f  DÉTRITAGE  (dé-tri-ta-j'),  s.  m.  Action  de  pas- 
ser les  olives  sous  la  meule. 

—  ÉTYM.  Détriter. 

f  DÊTRITER  (dé-tri-té),  v.  a.  Terme  rural. 
Broyer,  écraser  des  graines,  des  olives. 

—  ÉTYM.  Lat.  detritum,  supin  lie  deterere,  broyer. 

f  DÉTRITION  (dé-tri-sion),  s.  f.  Usure  par  frotte- 
ment. Leur  conservation  [des  coquilles  fossiles]  n'est 
pas  moins  parfaite;  l'on  n'y  obse've  le  plus  souvent 
ni  détrition  ni  ruptures,  rien  qui^nnonce  un  trans- 
port violent,  cuvier,  Révol.  p.  )4. 

—  ÉTYM.  Lat.  detritio  (voy.  détriter). 

f  DÉTRITIQUE  (dé-tri-ti-k'),  adj.  Terme  de  géo- 
logie. Qui  se  compose  de  détritus.  Terrain  détritique. 

—  ÉTYM.    Voy.  DÉTRITUS. 

t  DÉTRITOIR  (dé-tri-toir),  s.  m.  Moulin  où  l'on 
écrase  les  olives  avant  d'en  exprimer  l'huile. 

—  ÉTYM.  Détriter. 

DÉTRITUS  (dé-tri-tus') ,  s.  m.  Résidu,  amas  des 
débris  d'une  substance  ou  d'un  corps  quelconque 
défait,  désorganisé.  Le  détritus  des  roches  calcaires. 
Des  détritus  végétaux  ont  formé  les  houillères.  On  lui 
broya  la  pierre  dans  la  vessie,  le  détritus  fut  expulsé 
avec  l'urine. 

—  ÉTYM.  Lat.  détritus,  usé,  part,  passé  de  dete- 
rere (voy.  DÉTRIMENT). 

DÉTUOIT  (dé-troi  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie:  les  dé-troî-z  et 
les  lies) ,  s.  m.  ||  1°  Proprement  espace  resserré  ;  il 
ne  se  dit  en  ce  sens  qu'en  termes  de  géographie. 


DÉT 


H27 


Il  Bras  de  mer  resserré  entre  deux  continents,  en- 
tre une  lie  et  le  continent,  entre  deux  l'.es  pou  éloi- 
gnées l'une  de  l'autre.  Je  suis  venu  jusqu'à  la  pointe 
de  Gibraltar,  d'où,  aussitôt  que  l'on  aura  équipé 
une  frégate,  j'espère  passer  le  détroit,  voit.  Lctt. 
39.  Il  [Alexandre]  ne  se  proposait  pas  moins  que 
d'aller,  en  partant  du  golfe  de  Perse,  faire  le  tour 
de  l'Arabie  et  de  l'Afrique,  et  de  rentrer  dans  la 
Méditerranée  par  le  détroit  de  Gibraltar,  appelé  alors 
les  Colonnes  d'Hercule,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  VI,  p.  550,  dans  pouoens.  ||  Passer  le  détroit,  se 
dit  quelquefois,  quand  la  phrase  ne  laisse  aucun 
doute,  pour  passer  la  Manche.  ||  Fig.  Quelquefois 
les  savants  ne  sont  pas  fâchés  de  se  trouver  dans 
ces  sortes  de  détroits,  d'où  ils  ne  peuvent  sortir 
qu'à  force  de  savoir,  fonten. Dch'sie.  J'agissais  pour 
tâcher  d'annuler  l'arrêt  qu'il  [Luxembourg]  avait 
obtenu  et  le  réduire  à  l'ancien  détroit  d'option  entre 
son  érection  nouvelle  ou  n'être  point  pair,  st-sim. 
297,  62.  Craindre  les  écueils  de  la  bonne  fortune, 
et  passer  avec  courage  les  détroits  de  l'adversité, 
marmontel,  ilém.  i.  Pour  mieux  goûter  le  calme,  il 
faut  avoir  passé  Des  pénibles  détroits  d'une  vie  ora- 
geuse Dans  une  vie  enfin  plus  douce  et  plus  heu- 
reuse, a.  chén.  Élég.  27.  Il  Défilé.  Le  détroit  des 
Thermopyles.  L'armée  de  Darius  fut  défaite  dans  les 
détroits  de  la  Cilicie,  vaugel.  Q.  C.  Hv.  m,  dans 
riciielet.  Il  envoya  le  comte  Andragatius,  avec  or- 
dre de  fortifier  les  Alpes  Juliennes  et  d'en  garder 
tous  les  détroits,  FLÉCH.  Théodiise,iii,9i.  \\  Kn  ce 
sens  il  n'est  plus  guère  usité;  on  dit  de  préférence 
défilé.  Il  2°  Terme  d'anatomie.  Nom  de  deux  rétré- 
cis.sements  que  présente  la  cavité  pelvienne  et 
que  l'on  distingue  en  supérieur  ou  '"'  ioiuinal  et 
inférieur  ou  périnéal.  ||  3°  Terme  ue  marine.  An- 
cre de  détroit,  celle  qui  est  tenue  sous  le  beaupré 
par  son  orin.  ||  4°  Ancien  terme  de  palais  et  d'ad- 
ministration. Étendue  d'une  juridiction.  Il  n'avait 
pu  être  déposé  par  un  seul  évêque  que  hors  de 
son  détroit  et  sans  avoir  été  ouï,  flécii.  Théo- 
dose, II,  6).  Il  District;  sens  auquel  il  n'est  plus 
usité.  Quand  des  chiens  étrangers  passent  en  quel- 
que endroit  Qui  n'est  pas  de  leur  délroit,  la  font. 
Fabl.  X,  15.  Il  District  est  la  forme  latine  du  mot 
dont  détroit  est  la  forme  française,  comme  strict 
et  étroit. 

—  SYN.  détroit,  défilé,  gorge,  col,  pas.  Ces 
mots  désignent  des  passages  étroits.  Le  détroit  est 
composé  du  mot  étroit  et  signifie  passage  resserré.  Le 
défilé  est  le  passage  où  l'on  ne  peut  aller  qu'à  la  file. 
Quand  détroit  s'applique  aux  passages  resserrés  sur 
terre,  il  n'y  a  entre  lui  et  défilé  que  la  nuance  qui 
résulte  de  l'étymologie:  le  détroit  ou  le  défilé  des 
Thermopyles,  suivant  que  l'on  considère  seulement 
le  resserrement  de  ce  pa.ssage  ou  la  nécessité  d'y 
aller  à  la  file.  Mais  aujourd'hui  détroit  ne  se  dit  plus 
guère  que  des  passages  resserrés  dans  la  mer;  dès 
lors  le  sens  en  e.st  tout  à  fait  distinct  de  défilé  qui 
ne  s'applique  jamais  à  la  mer.  La  gorge,  dite  méta- 
phoriquement de  la  gorge  des  animaux,  est  une  en- 
trée qui  conduit  dans  les  montagnes,  un  passage 
entre  des  collines  escarpées  et  de  hauts  rochers,  ce 
qui  la  distingue  du  défilé,  qui  peut  aussi  être  en 
terrain  plat,  par  exemple  quand  il  est  formé  par 
une  langue  de  terre  entre  un  marais  et  une  rivière. 
Le  col  appartient  aussi  aux  montagnes  et  indique  le 
passage  élevé  qui  conduit  d'un  versant  à  uu  autre. 
Enfin  le  pas,  limité  à  quelques  localités,  le  pas  de 
Calais,  le  pas  de  Suze,  le  pas  des  Thermopyles,  in- 
dique seulement  qu'il  y  a  là,  sur  terre  ou  sur  mer, 
en  plaine  ou  en  montagne,  un  passage  resserré. 

—  hist.  XI' s.  Les  roches  bises,  les  destreiz  mer- 
veilleus,  Ch.  de  Roi.  lxiii.  Pour  son  seigneur  doit 
hom  souffrir  destreiz  [peine],  ib.  lxxvii.  Ne  lui  fau- 
dront  pour  mort  ne  pour  destreit,  ib.  ccxlvui.  La 
b.Ttaille  ert  de  merveilleus  destreit,  ib.  ccxlvui.  Veez 
les  porz  et  les  destreiz  passages,  16.  Lvii.  ||  xii'  s.  Vez 
[voyez]  les  destreiz  merveilloz  et  pesanz,  Hnnc.  p.  34. 
Et  gésir  mainte  nuit  au  vent  et  à  l'orage,  Maint  des- 
troit  encontrer  ou  maint  autre  passage,  Sax.  xxvi. 
Il  XIII'  s.  Cil  jurèrent  sur  sains  au  conte  Baudoin 
de  Flandres  qu'il  iroient  par  les  destrois  de  Maroc, 
viLLEH.  XXX.  Et  la  terre  estoit  plaine  de  montaignes 
et  de  destrois,  id.  clxxvi.  ||  xV  s.  Espargnez  vos 
gens....  car  vous  trouvères  encore  des  destroits,  des 
passages,  des  assauts  et  des  rencontres  plusieurs, 
FROiss.  I,  i,  272.  Et  se  tenoient  tous  bien  rangés 
sur  le  destroit  du  passage  de  la  rivière,  dont  les  An- 
glois  estoient  durement  rencontrés,  quand  ils  ve- 
noient  à  l'issue  de  l'eau  pour  prendre  terre ,  id.  i,  i, 
27».  Gens  d'armes  ne  vivent  point  de  pardons,  ni 
ils  n'en  font  point  trop  grand  compte,  for-,  au  des- 
troit de  la  mort,  id.  u,  11,  207.   Quand  ceux  de  '<* 


1128 


DET 


ville  de  ISrislo  virent  qu'autrement  ils  ne  pouvoient 
venir  k  paix  ni  sauver  leurs  biens  ni  leurs  vies,  au 
destroil  ils  s'y  accordèrent  et  ouvrirent  les  portes, 
moiss.  1,  I,  20.  Klle  [une  ville]  estoit  tr6s-iaal  pour 
veuede  vivres,  et  yavoitassezet  trop  <le  gens  pour  la 
tenir  à  destroit,  comm.  v,  6.  Ils  estoiont  en  embusche 
en  un  lieu  destroit  par  oïl  notre  bon  curé  devoit 
passer....  et  s'adviserent  de  faire  en  ce  destroit  uu 
très  beau  piège,  LOUis  XI,  Nouv.  Lvi.  ||  xvi'  s.  Kl 
sera  nomnié  cestuy  destroict  la  mer  picrocholinc, 
BAU.  Car.  I,  33.  Hérodote  récite,  de  certain  des- 
troict [district]  de  la  Libye,  qu'on  s'y  mesle  aux 
femmes  indilTereniment,  mont,  ii,  88.  Ayant  reugé 
par  un  siège  les  liabitans  si  à  destroict  que....  in. 
lU,  ti>9.  Il  passa  avecques  un  seul  vaisseau  le  des- 
troict de  l'Hellespont,  m.  m,  (72.  On  n'avoit  jamais 
veu  aulcun  de  ce  destroict  [localité]  à  l'aumosne, 
ID.  m,  224.  Estant  un  jour  assiégé  fort  à  destroit 
par  les  Clitoriens,  amyot,  Lyc.  2.  S'estans  retirez 
tous  les  capitaines  au  destroit  de  l'entrée  du  l'elo- 
ponnese,  ID.  ib.  33.  Ils  n'oxerent  plus  s'arrester  aux 
pas.sages,  où  ilz  avoient  esté  ordonnez,  ains,  aban- 
donnant les  destroits,  se  meirent  à  fouir  vers  leur 
grand  camp,  jd.  Fab.  )7.  Combien  qu'il  feussenl 
assez  à  destroit  de  vivres,  jamais  toutefois  ilz  ne 
prirent  rien  sur  le  pais,  id.  Vlumin.  8.  Il  feit  aussi 
venir  tous  les  princes  et  roys  compris  dans  le  destroit 
de  .sa  cliarge  [ressort,  rayon],  id.  Pomp.  *7.  Ceulx 
qui  tumbent  en  telz  destroits  de  nécessité,  lu.  An- 
lon.  21. 

—  ÉTYM.  Proveiiç.  destreyt,  destret,  destreg;  es- 
pagn.  distrilû;  ital.  dislrelto;  du  participe  passé 
distnclus,  resserré,  de  la  préposition  de,  et  sln'n- 
gere,  serrer  (voy.  étheinure).  Destroit,  dans  l'an- 
cienne langue,  avait  souvent  le  sens  de  détresse. 

DËTROMPÉ,  ËE  (dé-tron-pé,  pée),  part,  passé. 
Qui  n'est  plus  trompé,  qui  est  revenu  d'une  erreur. 
Détrompé  par  les  avis  d'un  sage  ami  sur  le  compte 
d'un  fripon.  Détrompé  de  la  vanité  des  idoles,  mass. 
Car.  Hesp.  hum.  Mais  que,  de  ces  grandeurs  comme 
un  autre  occupée,  Vous  m'en  ayez  paru  si  longtemps 
détrompée,  bac.  Ilrit.  m,  7.  Qui  lui-même  craignait 
de  se  voir  détrompé,  m.  Baj.  iv,  B.  Ne  donnons 
point  le  temps  aux  mortels  détrompés  De  rassurer 
leurs  yeux  de  tant  d'éclat  frappés,  tolt.  Fanât,  ii, 
4.  Des  jeunes  gens  ambitieux  de  paraître  détrompés 
de  tout  cet  enthousiasme,  stael,  AUem.  m. 

t  DÉTROMPEMENT  (dé-tron-pe-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  détromper  ;  état  de  celui  qui  est  détrompé. 

—  ÊTYM.  Détromper. 

DÉTROMPER  (dé-tron-pé) ,  V.  a.  ||  1°  Tirer  d'er- 
reur. Il  croit  qu'on  le  dessert  secrètement;  il  faut 
le  détromper.  11  veut  par  cet  affront  qu'elle  soit  dé- 
trompée, bac.  Brit.  1,  2.  La  diète  fut  bientôt  dé- 
trompée de  la  fausse  nouvelle  de  la  mort  du  roi  de 
Suède ,  VOLT.  Charles  XII,  2.  Le  bonheur  m'aveu- 
gla; la  mort  m'a  détrompé,  ID.  AU.  v,  7.  ||  Absolu- 
ment. Avant  d'instruire,  il  faut  détromper,  mon- 
TESQ.  dans  le  Dicl.  de  bescherelle.  ||  Détromper 
de  quelqu'un,  6ter  à  quelqu'un  l'opinion  qu'il  avait 
d'une  autre  personne.  On  est  quelquefois  moins  mal- 
heureux d'être  trompé  de  ce  qu'on  aime  que  d'en 
être  détrompé,  la  ROCUEFOUCAtJLT,  dans  eichelet. 
Le  des.sein  d'épouser  Lucinde  devient  un  dessein 
très-inutile,  si  l'on  ne  la  détrompe  de  Moncade,  ba- 
ron. Homme  à  bonnes  fort,  i,  1. 1|  Détromper  se  dit 
des  choses  dans  le  même  sens.  J'irai,  bien  plus  con- 
tent et  de  vous  et  de  moi,  Détromper  son  amour 
d'une  feinte  forcée  Que  je  n'allais  tantôt  déguiser 
ma  pensée,  bac.  liaj.  m,  4.  Détrompez  son  erreur, 
Héchissez  son  courage,  id.  l'hèd.  i,  5.  ||  2°  Se  dé- 
tromper, V.  réft.  Sortir  d'une  erreur.  C'en  serait  as- 
sez pour  se  détromper  de  tels  docteurs,  Boss.  dans 
LAVEAUX.  Uien  n'aule  tant  à  se  détromper  du  monde 
que  le  monde  môme,  mass.  Car.  Resp.  hum.  Les 
meilleurs  princes  sont  souvent  trop  crédules;  et, 
quand  ils  ont  donné  leur  confiance  à  quelqu'un  de 
leurs  sujets,  ils  ont  peine  à  la  retirer  et  ne  se  dé- 
trompent pas  aisément,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  III,  p.  120,  dans  pougens. 

—  KEM.  Vaugelas  dit  qu'il  a  vu  venir  détrompvr 
à  la  cour,  qu'on  le  trouvait  étrange  au  commence- 
ment, mais  qu'aujourd'hui  il  est  entièrement  en 
usage. 

—  HIST.  XVI*  s.  Pour  donner  quelque  sorte  de  co- 
gnoissance  des  choses  tant  importantes  et  détromper 
le  monde  des  impertinences  qu'en  veulent  faire  croire 
des  escrivains  de  ce  temps,  sullv,  dans  le  Dict.  de 

DOCBBZ. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  tromper. 
t  DÉTRONCA'nON  (dé-tron-ka-sion),  s.  f.  Terme 

d'obstétrique.  Séparation  de  la  tête  d'avec  le  tronc 
du  foetus,  qui  .s'opère  soit  par  des  tractions  trop  vio- 


DËT 

lentes,  soit  par  une  opération  chirurgicale  sur  un 
enfant  mort  dont  la  sortie  ne  peut  être  efl'ectuée  au- 
trement. 

—  ÉTYM.  Lat.  detrunealio ,  de  la  préposition  de, 
et  truncus,  tronc. 

DÉTRÔNÉ,  ÉE  (dé-lrô-né,  née),  part,  passé.  A 
qui  on  a  Clé  le  trône.  Louis  XVI  détrôné  par  la  ré- 
volution. Sur  cent  rois  détrônés,  accablés  de  ma 
gloire,  VOLT.  Orpli.  m,  *.  Le  roi  Auguste  détrôné 
ne  craignait  plus  d'irriter  les  Polonais  en  abandonnant 
leur  pays  aux  troupes  moscovites,  id.  Charles  Xll,  3. 
Elle  seule  [la  maison  des  Stuarts],  parmi  tant  de 
familles  détrônées,  a  vu,  dans  l'espace  de  soixante 
ans,  deux  têtes  couronnées  tomber  sous  la  hache 
des  bourreaux,  condorcet,  d'Arci.  ||  Kig.  Un  roi 
détrôné,  un  homme  déchu  du  haut  rang,  de  la 
gloire  qui  devaient  lui  appartenir.  Impose  donc  si- 
lence aux  plaintes  de  ta  lyre;  Des  cœurs  nés  sans 
vertu  l'infortune  estl'écueil;  Mais,  toi,  roi  détrôné, 
que  ton  malheur  t'inspire  Un  généreux  orgueil! 
LAMART.  hédit.  I,  t4.  ||  Jouer  au  roi  détrôné,  sorte 
de  jeu  d'enfants,  dans  lequel  il  s'agit  d'enlever  par 
une  sorte  de  lutte  une  position  élevée  qu'un  des  en- 
fants occupe  sur  un  banc,  sur  un  tas  de  sable,  etc. 
||Fig.  Jouer  au  roi  détrôné,  se  dit  de  personnes 
qui  s'enlèvent  successivement  des  places  qu'elles  ne 
peuvent  conserver. 

t  DÉTRÔNEMENT  (dé-trô-ne-man) ,  s.  m.  Action 
de  détrôner;  état  d'un  souverain  détrôné.  Tous  ces 
succès  étaient  les  avant-coureurs  du  détrônemeiit  du 
roi  Auguste,  volt.  Charles  Xll,  2.  La  Turquie  ac- 
coutumée à  voir  la  mort  de  ses  princes  suivre  tou- 
jours leur  délrônement,  m.  ib.  B. 

—  ÉTYM.  Détrôner. 
DÉTRÔNER  (dé-trô-né),  v.a.\\  1°  Déposséder  du 

trône.  Détrôner  un  roi,  un  empereur.  Pépin,  maire 
du  palais  des  rois  de  France,  gouverna  sous  plu- 
sieurs rois  et  détrôna  Childéric  111  ,  mézerai  , 
Childéric  III.  Et  lorsqu'Antioclius  fut  par  eux  dé- 
trôné.... CORN.  Nicom.  II,  3.  Quand  je  devrais  res- 
ter ici  cinquante  ans,  je  n'en  sortirai  point  que  je 
n'aie  détrôné  le  roi  de  Pologne  [paroles  de  Char- 
les Xll] ,  volt.  Charles  Xll,  2.  j]  2°  Fig.  Faire  per- 
dre la  prééminence.  Cette  dame,  qui  régnait  dans 
les  salons,  a  été  détrônée  par  une  beauté  qui  l'a 
éclipsée.  Il  11  se  dit  aussi  des  choses  auxquelles  on  ôte 
la  prééminence.  Ne  prétends  plus,  Fréron,  par  tes 
savants  efforts  Détrôner  le  faux  goût  qui  règne  sur 
nos  bords,  Gilbert,  XVIII"  '<ièdc. 

—  HlST.  XVI'  s.  Il  avoit  détrôné  les  maréchaux  de 
camp,  bassompierre,  Uém.  t.  ii,  p.  228,  dans  la- 
CURNE.  Il  ne  pensoit  pas  que  sa  personne  deust  estre 
détrônée  [qu'il  dût  perdre  un  emploi  qu'on  lui  ôtait], 
ib.  t.  IV,  p.  t)3. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  trône. 
DÉTROUSSÉ,  ÉE  (dé-trou-sé,  sée),  part,  passé. 

Il  1°  Qui  n'est  plus  troussé.  ||  Fig.  et  par  plaisante- 
rie. Rendre  visite  en  robe  détroussée,  rendre  visite 
en  grande  cérémonie.  ||  2°  X  qui  on  a  enlevé  ce  qu'il 
avait  sur  soi  et  avec  soi.  Détroussé  par  des  voleurs 
de  grand  chemin. 

t  DÉTROUSSEMENT  (dé-trou-se-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  détrousser;  état  de  celui  qui  est  détroussé. 

—  HIST.  xvi*  s.  Je  me  retirai  secrètement  en  ma 
maison,  pour  ne  voir  les  meurtres,  reniemens  et 
destroussements  qui  se  faisaient  es  lieux  champes- 
tres,  PALissY,  tu. 

—  ÉTYM.  Détrousser. 

DÉTROUSSER  (dé-trou-sé) ,  v.  a.  ||  1»  Laisser  re- 
tomber ce  qui  était  troussé.  Détrousser  sa  robe. 
Il  2"  Dépouiller  sur  la  voie  publique.  Voit-on  les 
loups  brigands....  Pour  détrousser  les  loups  courir 
les  grands  chemms?  boil.  Sat.  vrii Voilà  peut- 
être  de  ces  gens  Qui  vont  par  les  forêts  détrousser 
les  passants,  regnabd,  Démocr.  i,  6.  On  détrousse 
les  passants,  on  fait  le  contraire  aux  filles;  on  vole, 
on  viole,  on  massacre,  p.  L.  cour.  Lett.  i,  tSB. 
Ij  Absolument.  On  détrousse,  on  pille.  ||  Terme  de 
fauconnerie.  L'oiseau  détrousse,  quand  il  ôte  la 
proie  à  un  autre;  le  chien,  quand  il  l'ôte  à  l'oiseau. 
Il  3"  Se  détrousser,  v.  réft.  Détrousser  son  vête- 
ment. 

—  HIST.  xii*  s.  Uns  escuiors  as  degrés  de  la  sale. 
Est  descendus,  si  destrosse  sa  maie,  Romancero, 
p.  40.  De  detrusser  ses  hummes,  de  ses  coffres  cer- 
gier,  De  prendre  tuz  les  briefs  qu'il  poilt  purcha- 

cier  X  Rome....  Th.  le  mart.  (22.  {|  xm*  s Dist 

Renart:  or  i  gardons;  Descendez  et  si  destrossons 
[défaisons  nos  paquets] ,  ilen.  2ti42.  Et  i  puet  l'en 
sa  nef  ariver,  et  ses  cordes  lier  as  arbres  qui  sont 
nés,  et  secbier  sa  raiz,  et  destroser  sa  nef  et  mètre 
à  terre  sèche,  Liv.  de  just.  64.  Il  font  destorser  les 
torsiaus  [trousseaux ,  paquets] ,  Puis  establerent  lor 


DÉT 

cevaus,  FI.  et  Bl.  <429.  |]xv*s.  Les  compaignons  se 
a-ssemblerent  et  en  tuèrent  granil  planté  et  les  des- 
trusserent,  fenin,  (4i7.  Qu'il  ayderoit  à  destrousser 
le  roy  d'Angleterre  et  toute  sa  bande  [armée],  cohm. 
IV,  M .  Lesquelz  Anglois  ont  prins  et  destroussé  au- 
cuns navires,  du  cange,  abotinare.  ||  xvi*  s.  Lysi- 
machus, rencontrant  en  son  chemin  des  vivres  qu'on 
luy  portoit  [à  Pyrrhus],  chargea  ceulx  qui  les  con- 
duisoient,  et  les  destroussa,  amïot,  Pyrrh.  2B.  Et 
que  puis  après  ilz  iroient  incontinent  destrousser 
ce  bagage  de  leurs  ennemis,  m.  Eum.  is.  En  las- 
sant, je  feus  destroussé  des  briguaus,  bas.  Pant. 
Il,  32. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  trousse;  provenç.  des- 
trossar,  décharger.  D'abord,  dans  l'historique,  dé- 
trousser n'a  le  sens  que  de  défaire  ses  paquets;  puis 
il  prend  celui  d'enlever  le  bagage. 

DÉTROUSSEUR  (dé-trou-seur),  s.  m.  Brigand 
qui  détrousse  les  passants.  Détrousseur  de  grand 
chemin. 

—  ÉTYM.  Détrousser. 

DÉTRUIRE  (dé-trui-r"),  je  détruis,  tu  détruis,  il 
détruit,  nous  détruisons,  vous  détruisez,  ils  dé- 
truisent; je  détruisais;  je  détruisis;  je  détruirai;  je 
détruirais;  détruis,  détruisons;  que  je  détruise, 
que  nous  détruisions,  que  je  détruisisse;  détruisant; 
détruit,  V.  a.  ||  1°  Renverser  une  construction  de 
manière  qu'il  n'en  reste  plus  d'apparence.  Détruire 
un  palais.  Troie  fut  détruite  de  fond  en  comble  par 
les  Grecs.  Vous  ferez  passer  aussitôt  au  fil  de  l'épée 
les  habitants  de  cette  ville,  et  vous  la  détruirez  avec 
tout  ce  qui  s'y  rencontrera  jusqu'aux  bêtes,  saci, 
Bible,  Deutérun.  xiii,  tB.  Le  seigneur  a  détruit  la 
reine  des  cités,  rac.  Alhal.  m,  7.  Le  czar  aspirait 
à  plus  qu'à  détruire  des  villes;  il  en  fondait  une  alors 
peu  loin  de  Nerva  même,  au  milieu  de  ses  nouvelles 
conquêtes,  c'était  la  ville  de  Pélersbourg....  volt. 
Charles  XII,  3.  Une  nuit  détruisit  Pergame,  la- 
motte.  Odes,  t.  I,  p.  347,  dans  pougens.  ||  2"  Par 
extension,  ruiner,  anéantir.  Les  barbares  ont  dé- 
truit l'empire  romain.  Le  temps  détruit  tout.  Le  dé- 
bordement détruisit  la  récolte.  Détruire  les  animaux 
nuisibles.  Les  Russes  ne  l'attendirent  pas,  ils  dé- 
campèrent et  se  retirèrent  vers  le  Borysthène,  gâ- 
tant tous  les  chemins,  et  détruisant  tout  sur  leur 
route  pour  retarder  au  moins  les  Suédois,  volt. 
Charles  XII,  4.  Dans  celte  extrémité,  le  mémorable 
hiver  de  1709,  plus  terrible  encore  sur  ces  fron- 
tières de  l'Europe  que  nous  ne  l'avons  senti  en 
France,  détruisit  une  partie  de  son  armée,  id.  th. 
Il  Absolument.  Gengis-khan,  que  le  ciel  envoya  |io;ir 
détruire,  Vient  toujours  implacable,  ID.  Orphel.  i, 
3.  Il  conclut  qu'il  est  plus  aisé  de  détruire  que  de 
bâtir,  ID.  Vlnijénu,  to.  Pour  vivre  il  faut  Jétruire, 
buff.  Bœu(.\\i°  Fig.  N'eùt-ce  pas  été,  à  force  de 
vouloir  établir  la  religion,  la  détruire  par  les  fon- 
dements? Boss.  Hist.  11,  13.  Cette  fausse  imagina- 
tion [que  Dieu  ne  gouverne  pas  le  monde]  est  dé- 
truite par  la  claire  notion  qu'on  a  de  Dieu,  id.  Lib. 
arb.  3.  Il  [Néron]  commence,  il  est  vrai,  par  où 
finit  Auguste;  Mais  crains  que,  l'avenir  détrui- 
sant le  passé,  Il  ne  finisse  ainsi  qu'Auguste  a  com- 
mencé, bac  Bn't.  l,  t.  Il  faut  d'autres  elforts  pour 
rompre  tant  de  nœuds  ;  Ce  n'est  qu'en  expirant 
que  je  puis  les  détruire,  id.  Bérén.  v,  7.  Vous 
seul  pouvez,  seigneur,  détruire  votre  ouvrage,  id. 
Iphig.  m,  4.  J'ai  détruit  l'instrument  qu'employa 
ta  vengeance,  volt.  Fanât.  \ ,  t.  Des  périls  à 
prévoir,  des  complots  à  détruire,  id.  Orphel.  iv, 
i.  Il  4°  Perdre,  en  parlant  des  personnes  aux- 
quelles on  enlève  la  vie,  la  fortune,  le  pouvoir,  l'a- 
mour, l'amitié,  etc.  Le  pauvre  lu  détruis,  la  veuve 
et  l'orphelin,  Régnier,  Sat.  xv.  J'attendrai  du  ha- 
sard qu'il  ose  le  détruire  [AugusteJ,  corn.  Cinna, 
I,  2.  Pour  vous  je  l'ai  dompté,  pour  vous  je  l'ai  dé- 
truit, ID.  SiTtor.  v,  4.  Jason  m'a  trop  coûté  pour 
le  vouloir  détruire,  id.  Uedée,  ii,  t.  Quel  mal  vous 
ai-je  fait,  madame,  et  quelle  offense.  Pour  armer 
contre  moi  toute  votre  éloquence.  Pour  me  vouloir 
détruire,  et  prendre  tant  de  soin  De  me  rendre  odieux 
aux  gens  dont  j'ai  besoin?  mol.  Femmes  sav.  iv,  2. 
11  faut  de  celui-ci  conserver  l'amitié.  Ou  s'efforcer 
de  le  détruire.  Avant  que  la  griffe  et  la  dent  Lui 
soit  crue  et  qu'il  soit  en  état  de  nous  nuire,  la 
font,  l'abl.  XI,  t.  SaOl  cherchait  à  détruire  un  in- 
nocent à  qui  Dieu  avait  donné  la  royauté,  fén.  t.  xxii, 
p.  4B8.  Un  poëteavidedenuire,  Deceuxqu'ils'obstine 
à  détruire.  Trace  d'infidèles  tableaux,  lamotte. 
Odes,  t.  I,  p.  340,  dans  pougens.  Héritier  de  l'in- 
grat qui  détruisit  mon  père,  voi.r.  Triumv.  m,  4. 
Il  Détruire  quelqu'un  dans  l'esprit  d'un  autre,  l'y 
décréditer  entièrement.  Je  vous  fais  u?  présent  ca- 
pable de  me  nuire  ;  Chez  vous  Quintilien  s'en  va 


DET 


DET 


DET 


1 1 2'.» 


tous  nous  détruire,  Car  enfin  qui  le  suit?  qui  de 
nous  aujourd'hui  S'égale  aux  anciens  tant  estimés 
chez  lui?  LA  FONT.  Poésies  mêlées,  lxx  (à  Huet,  en 
lui  envoyant  un  Quintilien).  Il  est  vrai  qu'en  son 
cœur  j'ai  voulu  le  détruire,  volt.  Catil.  ii,  2.  ||  5"  Se 
détruire,  e.  rf'/l.  Tomber  en  ruine.  Ces  bâtiments  se 
détruisent  tous  les  jours.  |{  Être  en  opposition  les 
unes  avec  les  autres,  en  parlant  des  choses  qui  se 
combattent.  Comme  on  voit  tous  ses  vœux  l'un  l'au- 
tre se  détruire!  bac.  Phèd,.  i,  3.  Tous  ses  projets 
semblaient  l'un  l'autre  se  détruire,  ID.  Athal.  m,  3. 
Eusèbe  soutient  qu'il  serait  facile  de  montrer  qu'une 
grande  partie  de  ses  narrations  se  détruisent  d'elles- 
mêmes,  et  qu'elles  ne  sentent  que  la  fable  et  le  ro- 
man, ROLLiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  xi,  2- part. 
p.  644,  dans  pouGENS.  Il  6°  Se  donner  la  mort  l'un 
à  l'autre.  Ils  [les  hommes]  ont  depuis  enchéri  de 
siècle  en  siècle  sur  la  manière  de  se  détruire  réci- 
proquement, LA  BRUY.  X.  Il  Se  donner  la  mort  à  soi- 
même.  Ce  malheureux  s'est  détruit.  ||  7°  Se  nuire 
l'un  à  l'autre,  en  se  discréditant  réciproquement, 
en  se  rendant  de  mauvais  offices.  Messieurs  les  cour- 
tisans, cessez  de  vous  détruire;  Faites,  si  vous  pou- 
vez, votre  cour  sans  vous  nuire,  la  font.  Fabl.  viii, 
3.  Il  Se  nuire  à  soi-même.  Soyez  persuadée,  ma  très- 
chère,  que  M.  de  Grignan  se  soutiendra  toujours 
très-bien,  pourvu  qu'il  ne  se  détruise  pas  lui-même, 
sÈv.  lett.  (3  nov.  1673. 

—  SW.     DÉTRUIRE,     DÉMOLIR,    ABATTRE,    RUINER, 

RENVERSER.  On  abat  un  mur,  cela  signifie  simple- 
ment qu'on  le  met  à  terre;  ruiner  un  château,  ce 
n'est  pas  l'abattre,  il  reste  un  château  en  ruine  ; 
renverser  joint,  à  l'idée  d'abattre  celle  de  violence  ; 
la  démolition  est  une  œuvre  de  maçon  et  non  une  œu- 
vre de  destruction.  Détruire,  c'est  défaire  la  struc- 
ture :  un  château  abattu  est  détruit  dès  que  la  forme 
générale  n'existe  plus.  On  le  dira  d'une  tour  ren- 
versée ,  si  les  pierres  se  disjoignent  de  manière 
à  ne  plus  laisser  subsister  l'apparence  d'une  tour; 
les  matériaux  ne  sont  pas  détruits,  la  tour  l'est  cer- 
tainement. U  en  est  de  même  de  tous  les  ouvrages 
d'art  :  un  tableau  sera  détruit  si  le  feu  par  exemple 
ou  un  caustique  en  a  gâté  les  couleurs  au  point 
qu'on  ne  puisse  plus  reconnaître  les  personnages. 

—  niST.  XI'  s.  Par  Guenelun  sera  destruite  France, 
Ch.  de  Itol.  Lxv.  ||  xn"  s.  Si  i  mist  fuc  [feu],  e  des- 
truit  [détruisit]  les  maisons,  Machahées,  i,  i.  Par 
son  orguel  assez  destruis  en  a  [de  Français] ,  Ilonc. 
p.  <38.  ie  règne  d'Alemagne  [ils]  vous  ont  mis  à 
charbon.  Et  Cologne  destruite,  et  mort  le  duc  Mi- 
lon,  Sax.  xiv.  [Us]  nesufferunt  [souffriront]....  K'um 
destruie  les  lius  qu'il  unt  à  Deu  conquis.  Th.  le 
mari.  96.  Etlesleis  [lois]  quevusdites,  à  quel  li  reis 
s'alie,  Ne  sunt  de  leauté,  anz  [mais]  sunt  de  feiunio 
Contre  Deu  et  raisun,  pur  destruire  clergie,  ib.  40. 
Il  xiu'  s.  Il  avoit  peor  que  descorde  ne  venist  en- 
ir'aus  [eux]  et  les  Grieus;  et,  se  ce  li  venoit,  la  cité 
en  porroit  bien  estre  destruite,  villeii.  lxxxvii. 
faites  la  [cette  femme]  tost  destruire,  jà  n'en  aiez 
pitié,  Berte,  xv.  Parcui  maint  Sarrazin  furent  mort 
et  destruit,  ib.  xxxvi.  Sire,  nous  sommes  destruict 
et  hounit,  car  li  rois  s'en  va  en  France,  et  bien  set 
par  le  conte  Phelippe  çou  que  nous  avons  traitié, 
Chr.  de  Rains,^.  46.  Si  prit  une  partie  de  sa  gent, 
et  les  envoia  es  marches  pour  destruire  le  pays,  ib. 
p.  72.  Iréement  à  soi  parole  :  Renart,  fet-il,  Diex  te 
destruie,  lien.  \M\b.  Diex,  destrue  langue  gen- 
glouse  [menteuse],  Kt  leivre  qui  est  envieuse.  Psau- 
mes en  vers,  dans  Liber psalm.  p.  268.  Et  par  cel 
jugement  pot  on  veoir  que  toutes  fraudes,  là  où 
eles  sunt  connues  ou  provées,  doivent  estre  des- 
truites, BEAUM.  xxxiv,  49.  Les  barons  vindrent  ar- 
dant  et  deslruiant  d'une  part,  le  duc  de  Bourgoigne 
d'autre,  joinv.  203.  ||  xv  s.  U  entre  en  plus  grande 
jalousie  que  devant,  il  se  destruit,  et  entre  en  grand 
pensée,  il  espie,  il  enquiert;  dont  il  fait  que  fol; 
car  noble  cœur  d'homme  ne  doit  point  enquérir  du 
fait  des  femmes,  Les  quinze  joyes  du  mariage, 
p.  401 ,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  destruit;  ital.  àis- 
Iruggere;  du  latin  destruere ,  de  la  préposition  de, 
et  struere,  bâtir  (voy.  structure).  Destruit  [dé- 
truisit] est  régulièrement  formé  du  prétérit  latin 
destruxit,  avec  l'accent  sur  tru. 

t  DÉTRUISANT,  ANTE  (dé-trui-zan^  zan-t'),  adj. 
Qui  détruit.  Cet  amour  détruisant  est  difficile  à  por- 
ter, Boss.  Letl.  Corn.  44. 

DÉTRUIT,  ITE  (dé-trui,  trui-t'),  part,  passé  do 
détruire.  ||  1°  Défait  de  manière  qu'il  ne  reste  plus 
apparence  de  la  structure.  Une  ville  détruite  par  un 
tremblement  de  terre.  Et  de  vos  murs  détruits  ré- 
tablissant la  gloire,  VOLT.  Alt.  v,  7.  ||  Par  exten- 
sion. Une  terre  non  plus  n'est  pas  détruite,  c'est  pure 

DICI.-EE   LA    LANGIIK    FRAN'^aSB. 


façon  de  parler;  bien  le  peut  être  un  marquisat,  un 
titre  noble ,  quand  la  terre  passe  à  des  vilains,  p.  l. 
COUR.  Lett.  v.  Il  Fig.  Mes  ans  se  sont  accrus,  mes 
honneurs  sont  détruits,  rac.  Milhr.  m,  B.  ||  2»  Perdu 
dans  son  crédit,  dans  sa  puissance,  dans  sa  gran- 
deur. Vous-même  n'allez  point,  de  contrée  en  con- 
trée, Montrer  aux  nations  Mithridate  détruit.  Et 
de  votre  grand  nom  diminuer  le  bruit,  rac  Mithr. 

III,  1.  David,  David  triomphe,  Achab  seul  est  dé- 
truit, ID.  Athal.  v,  6.  Il  3°  Mis  à  mort.  L'impie 
Achab  détruit,  et  de  son  sang  trempé  Le  champ  que 
par  le  meurtre  il  avait  usurpé,  bac.  Athal.  i,  \. 

DETTE  (dè-t') ,  s.  f.  Il  l»  Ce  qu'on  doit  à  quelqu'un. 
Être  criblé  de  dettes.  Être  noyé  de  dettes,  avoir 
des  dettes  par-dessus  la  tête ,  devoir  beaucoup  plus 
qu'on  n'a  vaillant.  Eh  bien!  je  prends  sur  moi  la 
dette  tout  entière,  Tristan,  tlort  de  Chrispe,  i, 
3.  Un  tas  d'hommes  perdus  de  dettes  et  de  crimes, 
CORN.  Cinna,  v,  1.  Je  dis  une  vérité  sur  le  malheur 
d'avoir  des  dettes  :  ceux  qui  nous  pressent  sont  pres- 
sants; ceux  qui  ne  nous  pressent  pas  le  sont  encore 
davantage,  sÉv.  50).  Je  veux  premièrement  qu'on 
acquitte  mes  dettes,  regnard  ,  Légat,  iv,  6.  Affran- 
chissez-les tous  de  la  dette  usuraire  Dont  vos  cruels 
secours  accablent  leur  misère, M.  3.  chén.  Gracques, 
II,  3.  Il  Dettes  criardes,  sommes  dues  àdes  ouvriers, 
â  de  petits  marchands,  à  des  fournisseurs  de  tous 
les  jours,  et  qui  sont  réclamées  avec  insistance. 
Il  Dettes  d'honneur,  dettes  contractées  sur  l'honneur, 
et,  particulièrement,  dettes  de  jeu  (les  dettes  de  jeu 
étant  ainsi  nommées  parce  qu'on  ne  peut  les  faire 
valoir  en  justice).  Mes  dettes  de  Venise,  dettes 
d'honneur,  si  jamais  il  en  fut,  me  pesaient  sur 
le  cœur,  i.  j.  rouss.  Conf.  vu.  ||  Dette  véreuse, 
celle  dont  le  remboursement  n'est  pas  sûr.  ||  î°  Terme 
de  jurisprudence.  Dette  privilégiée  ,  celle  pour  la- 
quelle on  a  un  privilège,  de  sorte  qu'elle  est  payée 
avant  toutes  les  autres.  ||  Dette  réelle,  dette  à  laquelle 
on  n'est  tenu  qu'à  raison  d'un  immeuble  que  l'on 
détient.  Dette  propre,  celle  à  laquelle  l'un  des  con- 
joints est  tenu  sur  ses  biens  personnels.  ||  Avouer 
une  dette,  avouer  la  dette,  nier,  désavouer  ladette, 
convenir,  nier  qu'on  doit  la  somme  dont  il  est  ques- 
tion. Il  Fig.  Avouer  la  dette,  nier  ladette,  avouer 
une  chose  qu'on  voudrait  cacher,  la  nier.  La  prin- 
cesse :  Non  je  ne  puis  soufi'rir  qu'il  soit  heureux 
avec  une  autre,  et,  si  la  chose  était,  je  crois  que 
j'en  mourrois  de  déplaisir.  —  Moron  :  Ma  foi,  ma- 
dame, avouons  la  dette,  vous  voudriez  qu'il  fût  à 
vous,  MOL.  la  Princ.  d'Élide,  iv,  6.  Parlons  à  cœur 
ouvert,  et  confessons  la  dette  :  Je  suis  un  peu  co- 
quet, tu  n'es  pas  mal  coquette,  regnard,  le  Distr. 

IV,  3.  Il  J'en  fais  ma  dette,  je  m'en  rends  caution. 
Il  Dette  hypothécaire,  dette  garantie  par  hypothè- 
que. Il  Dettes  actives,  celles  dont  on  a  le  droit  d'e.xi- 
ger  le  payement;  dettes  passives,  celles  qu'on  est 
obligé  de  payer.  ||  3°  Terme  de  finances.  Dettes 
publiques,  les  sommes  que  l'État  a  empruntées  et 
pour  lesquelles  il  paye  un  intérêt  annuel  nommé 
rente.  11  est  étonnant,  mais  il  est  vrai,  que  cette 
immense  dette  [2  600  000  ooo,  à  la  fin  de  Louis  XI VJ 
n'aurait  point  été  un  fardeau  impossible  à  soute- 
nir, s'il  y  avait  eu  alors  un  commerce  floris- 
sant, un  papier  de  crédit  établi,  et  des  compagnies 
solides  qui  eussent  répondu  de  ce  papier  comme 
en  Suède,  en  Angleterre,  à  Venise  et  en  Hollande, 
volt.  Louis  XIV ,  30.  Les  dettes  publiques  ont,  de 
l'aveu  de  tous  les  hommes  éclairés,  sensiblement 
affaibli  les  Provinces-Unies  et  altéré  la  félicité  gé- 
nérale par  l'augmentation  progressive  des  impôts 
dont  elles  ont  été  la  source,  saynal,  Hist.  philos. 
II,  26.  Le  poids  de  la  dette  publique  pesait  sur  les 
contribuables  de  manière  à  attaquer  tous  les  moyens 
do  reproduction,  montesquiou,  Rapport,  27  août 
4  790,  p.  4 .  La  dette  arriérée  dont  vous  avez  ordonné 
la  liquidation,  id.  ib.  p.  6.  Ladette  constituée,  tant 
perpétuelle  que  viagère , dont  ï  622  694  livres  seraient 
éteints  par  le  remboursement  de  la  dette  exigible, 
ib.  p.  7.  Il  Dette  flottante,  la  partie  de  la  dette  pu- 
blique qui  se  compose  d'emprunts  momentanés  rem- 
boursables dans  des  termes  assez  rapprochés.  Les 
bons  du  trésor  font  partie  de  la  dette  flottante. 
1 1  Dette  consolidée ,  l'ensemble  de  la  dette  qui  se  trouve 
inscrite  au  grand-livre.  M.  de  la  Place  a  demandé 
une  explication  sur  le  sens  de  l'expression  dette  con- 
solidée, employée  pour  la  première  fois  depuis  4  81 4, 
Dise,  de  la  loi  du  io  juin  (833,  duvergier,  Collecl. 
des  lois,  t.  xxxiii,  p.  I96,  note  t.  ||  3°  Prison  où 
les  créanciers  font  détenir  leurs  débiteurs.  U  est 
à  ladette.  ||  4°  Fig.  Tout  devoir  dont  l'accomplis- 
sement est  indispensable.  Aciiuitter  la  dette  de 
la  reconnaissance.  La  dette  que  nous  contractons 
envers  nos  parents.   |1  Payer  sa  dette  à  la  patrie, 


se  dit  du  jeune  homme  qui  entre  au  service  mili- 
taire, ou  bien  de  l'homme  qui,  se  mariant,  donne 
des  enfants  au  pays.  [11]  ....cesse  de  devoir  quand 
la  dette  est  d'un  rang  S  ne  point  l'acquitter  qu'aux 
dépens  de  son  sang,  corn.  Pomp.  i,  t.  Si  vous  lui 
devez  tant,  ne  me  devez-vous  rien?  Et  lui  faut-il 
payer  vos  dettes  de  mon  bien?  id.  Sertor.  ii,  2.  i 
présent  que  la  gratitude  Ne  peut  passer  pour  dette 
en  qui  s'est  acquitté,  id.  Agésil.  v,  7.  Elle  rend 
cette  dette  volontiers,  boss.  Char.  (rat.  2.  Les  Juifs 
oublièrent  que  sa  bonté  seule  [de  Dieu]  les  avait  sé- 
parés des  autres  peuples,  et  regardèrent  sa  grâce 
comme  une  dette,  n.Ilist.n,  5.  Si  la  modération  est 
une  vertu,  l'exécution  des  lois  est  une  dette  et  uns 
justice,  MIRABEAU,  CoHec(ton,t.  m,  p.  45. 1|  Payer  sa 
dette  à  la  nature,  payer  la  dette  de  la  nature,  mou- 
rir. Il  Proverbes.  Cent  ans  de  chagrin  ne  payent  pas 
un  sou  de  dettes,  ou  le  chagrin  ne  paye  poi  nt  les  dettes, 
c'est-à-dire  se  chagriner  d'une  dette  ne  .sert  à  rien , 
il  faut  s'évertuer  pour  la  payer.  ||  Qui  paye  ses  dettes 
s'enrichit.   ||  Qui  épouse  la  veuve  épouse  les  dettes. 

—  HIST.  xii*  s.  E  tote  la  dette  real  e  ço  que  est  à 
venir  au  rey  de  dete  des  ore  en  avant,  je  te  par- 
doing,  Machab.  i,  16.  Cil  sevent  la  deite  e  l'onor 
Qu'il  [Dieu]  quiert,  qu'il  volt  que  l'om  li  face,  be- 
noît, i,  v.  204.  De  mil  soupirs  que  je  lui  doi  par 
dete ,  Couci ,  vi.  ||  xiii"  s.  Tere  [il]  avoit  bien  cinq  cens 
livrées.  Se  toutes  fuissent  délivrées  De  detes  et  d'as- 
senemens,  Bl.  et  Jeh.  59.  Si  avint  que  li  rois  lor 
pères  moru,  et  li  convint  paier  le  debte  que  nous 
paierons  tous,  Chron.  de  Rains,  p.  2.  Chevalier  ne 
puet  ne  ne  doit,  par  l'assise  dou  reaume  de  Jérusa- 
lem, estre aresté  por  dette  que  il  deit,  j4ss.  deJér.  i, 
4  88.  Cil  à  qui  les  dettes  sont  deues,  ne  poent  pas 
toutes  lor  detes  demander  à  l'un  des  oirs,  eeaum. 
VI,  27.  Il  XIV"  s.  Il  avoit  emprunté  autrui  argent,  et 
soy  obligié  à  grosse  debte,  bercheure,  f  35,  verso. 
Il  xv  s.  Et  quand  on  nous  aura  rendu  et  restitué 
ce  en  quoi  le  roi  d'Angleterre  et  le  royaume  est  par 
dette  endetté  et  obligé  envers  nous,  le  roi  d'Angle- 
terre et  ses  gens  auront  belle  entrée  de  venir  en 
Flandre  [Philippe  d'Artevelle  aux  Gantois] ,  froiss. 
II,  II,  4  66.  Il  XVI' s.  Lesquels  sans  géhenne  et  con- 
trainte confessèrent  librement  la  dette,  et  fut  leur 
procès  fait  et  rapporté  au  roi,  marg.  Nouv.  i.  Il  s'en 
retourna  à  sa  femme,  à  laquelle  il  confessa  sa  dette 
[sa  faute,  et  combien  il  lui  étoit  obligé];  et  que, 
sans  le  moyen  de  cette  grande  douceur  et  bonté,  il 
estoit  impossible  qu'il  eust  jamais  laissé  la  vie  qu'il 
menoit ,  id.  ib.  xxxviii.  Dettes  privilégiées  sont 
celles  qui  sont  adjugées  par  sentences,  salaires 
des  mercenaires ,  louages  de  maisons  ,  loysel  , 
684.  Une  dette  n'empesche  point  l'autre,  id.  704. 
Compensation  n'a  lieu,  si  la  dette  qu'on  veut  com- 
penser n'est  liquide  et  par  escrit,  id.  705.  Toutes 
dettes  du  roi  sont  payables  par  corps,  id.  oo8.  U  y 
avoit  dangier  qu'un  marchand  luy  feist  mettre  la 
main  sur  le  collet  à  cause  d'un  vieux  debte,  mont. 
I,  296.  Un  si  gros  debte  comme  celuy  de  ma  totale 
conservation,  m.  iv,  99.  C'est  autant  d'acquit  et 
descharge  de  ma  debte,  id.  iv,  95. 

—  ÉTYM.  Latin,  debitum,  chose  due,  de  debere 
(voy.  devoir,  v.  a.).  Le  genre  de  dette  a  varié; 
tantôt  on  l'a  fait  masculin  à  cause  de  l'étymologie; 
tantôt  on  l'a  fait  féminin  à  cause  de  la  finale  fémi- 
nine; c'est  ce  genre  qui  a  prévalu. 

t  DETTEUR  (dè-tcur),  s.  m.  Débiteur,  celui  qui 
doit.  Ainsi  bien  souvent  vous  qui  êtes  créancier  se- 
rez condamné  envers  votre  detteur,  pource  qu'Use 
trouvera  qu'il  n'a  pas  tant  du  vôtre  comme  vous  avez 
du  sien,  malii.  le  Traité  des  bien  f.  deSénèque,  vi,  4. 
Jeconnais  maintdetteur,  quin'est  ni  souris-chauve, 
Ni  buisson,  ni  canard,  ni  dans  tel  cas  tombé.... 
LA  FONT.  Fabl.  xn,  7.  ||  Inusité  présentement. 

—  HIST.  xui'  s.  Por  ce  que  fins  et  agréable  Fusse 
vers  tous  mes  bienfaitors.  Si  cum  doit  faire  bons  de- 
tors,  Rendi  grâces  dix  fois  ou  vint,  la  Rose,  22044. 
Les  dettes  son  père  [il]  paia;  Ses  detteurs  trestous 
apaia,  Bl.  et  Jehan,  2144.  ||  xvi*  s. Il  n'est  point  de 
presteur, S'il  veut  prester,  qui  ne  fasse  un  debteur, 
MAROT ,  Ép.  au  roi  pour  avoir  été  dérobé. 

—  ÉTYM.Lat.  débiter,  de  debere,  devoir  (voy.  de- 
voir, verbe). 

t  DÉTUMESCENCE  (dé-tu-mè-ssan-s'),  «./■.  Terme 
de  médecine.  Résolution  d'une  tumeur,  d'un  gon- 
flement qui  se  désenfle. 

—  ÉTYM.  Lat.  detumescere,  se  désenfler,  de  la 
préposition  de,  eltumescere,  s'enfler  (voy.  tumeur). 

j-  DÉTURBATRICE  (dé-tur-ba-tri-s') ,  adj.  f.  Terme 
d'astronomie.  Force  déturbatrice,  force  perpendicu- 
laire au  plan  de  l'orbite  de  la  planète  troublée. 

—  ÉTYM.  Lat.  deturbare,  déranger,  de  la  prépo- 
sition de,  etiurJore,  troubler. 

I.  —  142 


1130 


DEU 


DEDIL  (deuil,  Il  mouill-cs),  t.  m,||l'  ITofondo 
IrislMse  causée  par  une  grande  calamité,  par  la 
perle  do  quelqu'un.  La  perle  de  plusieurs  navires, 
eorpj  et  lilen»,  jeta  ce  port  de  mer  dans  le  deuil. 
Le  jour  de  sa  naissance  fut  un  jour  de  deuil  pour  sa 
intre L'cxtr<\nie  deuil  dont  mon  Ame  est  at- 
teinte, MAiB.  Sophon.  I,  3.  Il  est  trts-assuré  que  je 
mourrais  de  deuil,  Si  le  glaive  des  miens  l'avait  mis 
au  cercueil,  m.  «6.  ii,  ».  Kt  la  peur  d'être  ingrat 
éloulTe  votre  deuil,  corn.  Toit.  I,  t.  Où  prends-tu 
celte  audace  et  ce  nouvel  orgueil  De  paraître  en 
des  lieux  que  tu  remplis  de  deuil?  ID.  Cid,  m,  t. 
Et  vous,  allez  au  temple  Y  changer  l'allégresse  en 
un  deuil  sans  pareil,  m.  Ilodug.  V,  t.  Une  consola- 
tion si  peu  flllendiie  rcJoulile  son  deuil,  st-évi\e- 
MOND ,  tfa/rone  d'ÉpUhe,  dans  biciif.i.kt.  Sa  mort 
mit  en  deuil  une  année  de  trois  cent  mille  hom- 
mes, et  fit  pleurer  tous  les  princes  chrétiens,  skv. 
S30.  Achille  mit  vingt  fois  tout  llion  en  deuil,  Boa. 
Ép.  I.  Ils  pleurèrent  beaucoup  Joiiathas  et  ceux  qui 
étaient  avec  lui,  et  tout  Israfil  en  fit  un  grand  deuil, 
SAci,  Bible,  ilachab.  i,  xii,  B2.  Votre  fin  soudaine  et 
surprenante  répandra  le  deuil  parmi  nous,  mass. 
Car.  Impénit.  Les  marques  de  deuil,  chez  les  Is- 
raélites, ét.-iient  de  déchirer  ses  habits,  sitôt  que  l'on 
apprenait  une  mauvaise  nouvelle,  fleury.  Mœurs 
des  Israélites,  titre  xviii,  2*  part.  p.  222,  dans  pou- 
cens.  On  venait  d'apprendre  la  mort  d'Alfieri  ;  c'é- 
tait un  deuil  général  pour  tous  les  Italiens  qui  vou- 
laient s'enorgueillir  de  leur  patrie, STAËL,  Corinne, 
XIX,  5.  Toutes  [les  nymphes]  frappant  leur  sein,  et 
traînant  un  long  deuil.  Répétèrent  hélas I  autour 
de  son  cercueil,  a.  ciiên.  ÉÙg.  20.  Les  cieux  nous 
enviaient  Sombreuil  ;  Ils  ont  repris  leur  exilée  : 
Nous  tous,  bannis,  traînons  le  deuil!  v.  iiuco, 
Odes,  II,  0.  Il  Familièrement.  Faire  son  deuil  d'une 
chose,  n'y  plus  compter,  et  se  résigner  à  sa  perle. 
Il  2°  Fig.  et  poétiquement.  Le  deuil  delanature,  l'as- 
pect triste  de  la  nature  par  l'effet  de  l'hiver  ou  de 
toute  autre  cause.  La  terre  qui  s'ébranle  et  se  cou- 
vre de  deuil,  mass.  Car.  Passion.  De  la  croix  où  ton 
œil  sonda  ce  grand  mystùre,  Tu  vis  la  mère  en 
pleurs  et  la  nature  en  deuil,  lamart.  Médit,  il,  22. 
Salut  !  derniers  beaux  jours;  le  deuil  de  la  nature  Con- 
vient à  la  douleur,  et  plaît  à  mes  regards,  m.  ifc.  i, 
20.  Il  3°  Il  se  dit  des  signes  extérieurs  du  deuil.  On 
prend  ici  le  deuil  de  M.  le  duc  d'Anjou,  sÉv.  60. 
Mlle  Duplessis  en  grand  deuil,  id.  43|.  Elle  est  en 
deuil  de  son  beau  fière.iD.  45a.  On  prend  aujourd'hui 
le  deuil  de  la  reine  d'Espagne,  id.  623.  11  faut  por- 
ter un  deuil  éternel  au  dehors,  Boss.  Lett.  Corn.  83. 
Ce  long  deuil  que  Titus  imposait  à  sa  cour,  rac. 
Bérén.  i,  4.  Ses  nymphes  de  regret  prirent  toutes 
le  deuil,  m.  .Poésies,  1.  Un  amant  en  grand  deuil 
a  toujours  son  mérite ,  hf.cnard,  Distrait,  11,  7. 
C'est  à  Miséne,  dans  le  lieu  mémo  où  nous  sommes, 
que  la  veuve  de  Pompée,  Cornélie,  conservajusqu'à 
la  mort  son  noble  deuil,  stael,  Corinne,  xiii,  4. 
Il  Grand  deuil,  le  costume  de  deuil  dans  toute  sa 
rigueur  pendant  les  premiers  temps  qui  suivent  la 
mort  do  la  personne  perdue.  Petit  deuil,  costume  de 
deuil  devenu  moins  sévère  à  mesure  qu'on  s'éloigne 
davantage  de  l'époque  de  la  mort.  Une  dame  là-bas, 
monsieur,  avec  sa  suite,  Qui  porte  le  grand  deuil, 
vient  vous  rendre  visite,  hegnard.  Légat,  m,  B. 
Il  Deuil  de  cour,  costume  do  deuil  que  prend  la  cour 
quand  meurt  quelqu'un  de  la  famille  régnante  ou 
quelqu'un  des  princes  des  maisons  souveraines  de 
l'Europe.  No  vois-tu  pas,  Hector,  que  c'est  un  deuil 
de  cour?  reonabd,  le  Joueur,  u,  14.  ||  4°  Couleur 
de  deuil.  Le  deuil  est  noir  pour  les  particuliers.  Le 
violet  est  le  deuil  des  rois.  ||  Trfis-familièremerit. 
Avoir  les  ongles  en  deuil,  les  avoir  noirs,  mal- 
propres. Il  B'  Dépenses  faites  pour  prendre  le  deuil. 
Donner  tant  à  une  veuve  pour  son  deuil.  ||  6"  Le 
temps  du  deuil.  Elle  attend  la  fin  de  son  deuil. 
Il  7*  Cortège  de  pannls  et  d'amis  dans  les  funérailles. 
Il  Conduire  le  deuil.  Cire  en  tète  du  cortège  funé- 
raire. Le  chevalier  n'aura  point  un  enlerrement 
magnifique,  comme  on  prétend.iit  :  ils  voulaient 
un  prince  du  sang  pour  conduire  le  deuil;  M.  le 
prince  a  dit  qu'il  était  incommodé;  M.  le  duc,  que 
cela  était  bon  du  temps  passé,  et  que  les  princes 
du  sang  de  ce  siècle-ci  sont  plus  grands  seigneurs 
qu'ils  n'étaient,  sÊv.  127.  ||  8'  Les  étufi'es,  ordinaire- 
ment noires,  dont  on  tend  une  chambre,  une 
église,  etc.  Tendre  une  chambre,  une  église  de 
deuil.  Il  9*  Demi-deuil,  moitié  du  temps  du  demi. 
Il  Costume  que  les  parents  d'un  défunt  portent  après 
que  U  moitié  du  temps  de  leur  deuil  est  expirée. 
U  demi-deuil  nest  pas  aussi  sévère  que  le  grand 
deuil.  Il  Kig.  X  l'heure  où  de  la  nuit  le  lugubre  ' 
flambeau  D'un  pâle  demi-deuU  revêt  les  sept  collines. 


DEU 

LAMABT.  Médit.  Il,  ïo.  Il  10»  Dans  la  botanique  et 
l'entomologie,  deuil  se  dit  d'êtres  qui,  dans  leur 
coloration  ,  offrent  un  mélange  de  noir  et  de 
blanc.  Il  Grand  deuil,  petit  deuil,  espèces  de  papil- 
lons. Il  Denii-ileuil,  nom  vulgaire  de  l'ari;^  galalée 
(lépidoptères  diurnes),  appelée  aussi  galalée,  et  par 
certains  auteurs,  satyre  galalée;  tandis  que  d'autres 
la  nomment  satyre  demi-deuil,  leooabant.  ||  Pro- 
verbe. Faire  le  deuil  sur  la  fosse,  acquitter  sur-le- 
champ  une  dette  peu  honnête  du  défunt. 

—  lllST.  II'  s.  Donc  [il]  ad  tel  doel,  pour  poi 
d'ire  ne  fent,  Ch.  de  llol.  xxii.  Lient  François  : 
Dcus!  quel  doel  de  [de  la  mort  du]  prodhome,  16. 
cxv.  Charles  se  gist,  mais  doel  a  de  Rolant,  ib. 
cLxxx.  Ce  dist  li  reis  :  Seigneur,  vengez  vos  doels, 
ib.  ccLxv.  Il  XII*  s.  Les  dox  [régime  pluriel],  iionc. 
p.  4.  Voir,  dit  Rolant,  ce  est  diaus  et  pitiés,  16. 
p.  68.  Comenciez  est  li  dex  et  li  estriz,  ib.  p.  72. 
Charles  fait  duel,  onques  hon  ne  fit  tel,  ib.  p.  t49. 
Car  cil  qui  voit  tel  amor  desevrer  [séparer],  A  as- 
sez plus  de  duel  etdepesance  Que  n'auroit  jà  li  rois 
s'il  perdoit  France,  Couci,  xxiv.  De  duel  [ileure  li 
diix,  et  de  pitié  souspire,  Sax.  x.  Deus!  quel  duel 
lies  prelaz  que  lur  mestier  ne  funti  Mucie  est  la  lu- 
mière qui  esclaire  le  munt  [le  monde].  Th.  le 
mart.  69,  ||xiii*  s.  Blanchelleurs  fait  tel  duel,  que 
prés  li  cuerslui  fent,  Berte,  ix.  Qant  li  dels  fu  un 
poi  lessiez  Et  il  fu  del  lot  abessiez,  Emperere,  font 
li  baron....  Ben.  )0l3i.  Du  duel  lessier  moult  lare- 
qiiistrent,  Moult  de  bêles  raisons  li  distrent,  ia  TJose, 
8059.  Mais  ele  qui  son  duel  menoit,  Ung  coutel  en 
son  sein  tenoit  Repost  [caciié]....  ib.  8071.  Por 
quo  cis  duel  plus  ne  te  tiengne,  De  Mainfroi  voit 
qu'il  tesoviengne.  De  Henri  etdeCorradin,  ib.  6777. 
l-.l  [tristesse]  ne  se  vosist  [voulût]  pas  retraire  Ne 
reconforter  à  nul  fuer  Du  duel  qu'ele  avoit  à  son 
cuer,  16.  310.  Maint  grant  deul  en  furent  en  cest 
monde,  et  maintes  grans  joies  en  sont  en  paradis, 
joiNV.  201.  Il  xiv*  s.  Si  comme  Dido  la  royne,  qui 
mourut  de  deul  que  elle  perdit  son  amant,  obesme, 
Klh.  83.  Il  n'est  doelz  c'en  n'oublie  à  terme  bien 
prochain,  Daud.  de  Seb.  i,  805.  ||  xvi"  s.  Pense  il 
que  la  pelade  soulage  ledueil  [affliclion]?  mont.i,  22. 
Les  chiens  se  laissent  mourir  de  dueil  de  la  perte  de 
leurs  maislres,  id.  i,  toi. 

—  ÉTYM.  Voy.  DoiLoiR.  Picard  (Boulonnais),  doi; 
Mayenne,  duel;  wallon,  doiJ;  rouchi,  doel;  pro- 
venç.  dol ;  espagn.  duelo;  ital.  ditolo.  U  est  très- 
probable  que  l'auteur  du  jeu  des  trois  rois  (mystère 
du  XV*  s.)  prononçait  duel  comme  on  prononce 
dans  la  Mayenne;  car  il  fait  rimer  avec  liardel  ce 
mot,  qui  pour  lui  est  de  deux  syllabes,  tandis  que 
dans  les  textes  plus  anciens  duel,  prononcé  deul, 
est  constamment  monosylliibe  :  Tuer  nous  fault,  par 
grand  desruy.  Tous  les  enfans  que  trouverons.... 
Tant  qu'arons  tué  le  hardel.  Qui  tant  de  peine  et  de 
duel  Nous  fait;  avant,  ne  lessons  rien.  Dans  l'an- 
cienne langue,  au  nominatif,  li  dels,  li  dex,  li 
diaux.  au  régime,  le  duel. 

tDEUTF.IlGlE  (deu-tèr-jie),î./.  Terme  de  méde- 
cine. Ensemble  des  efTets  secondaires,  consécutifs 
des  médicaments. 

—  ÉTYM.  li-jxh;,  secondaire,  et  Ipfov,  œuvre, 
office. 

t  DECTÉRIE  (deu-té-rie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Nom  donné  par  quelques-uns  aux  accidents 
que  produit  la  rétention  de  l'arrière-faix. 

—  ÊTYM.  AeviT^piov,  arrière-faix,  de  SeOxepoç,  se- 
cond. 

DEUTÉROCANOXIOUE  ( deu-té-ro-ka-no-ni-k') , 
adj.  Terme  de  théologie.  Livres  deutérocanoniques, 
livres  saints  qui  n'ont  pas  été  mis  d'abord  dans  les 
canons  de  l'Ecriture. 

—  ÉTYM.  iE'JTEjjo;,  second,  de  îOw,  deux  (voy. 
DEUX),  et  canonique  :  canonique  en -second  lieu. 

t  DEUTÈROG.^ME  (deu-té-ro-ga-ra'),  s.  m.  elf. 
Terme  didactique.  Celui,  celle  qui  se  marie  en  se- 
condes noces. 

—  f.TYM.  As'JTspoc,  second,  et  fiiio;,  mariage, 
t  DEUrÉHOGAMIE(deu-téro-ga-mie),  s.  f.  État 

du  deutérogrimo. 

1 1 .  DEUTÉRGLOGIE  (deu-té-ro- lo-j ic), s. /■.Terme 
de  médecine.  Traité  sur  la  nature,  les  usages  elles 
connexions  de  l'arrière-faix. 

—  ETYM.  Ta  SeÛTtpa,  l'arrière-faix,  les  secondi- 
nes,  et  )6yo;,  traité. 

t  2.  DEUTÉROLOGIE  (deu-té-ro-lo-jie),  s.  f. 
Terme  d'antiquité.  Réplique  que  devant  les  tribunaux 
atliéniens  faisait  un  défenseur  officieux  en  place  de  la 
partie  toujours  obligée  de  faire  le  premier  discours. 

—  RTVM.  AsOtEpo;,  second,  et  )6yo;,  discours. 
DELTÉRO.NO.MB   (dcu-té-ro-no-m') ,  *.  m.    Nom 

du  cinquième  livre  du  Pentateuque. 


DEU 

—  ÉTYM.  A£UTtpovô|iiQv ,  de  îiûvepoç,  second,  el 
vôao;,  lo:  (voy.  nome);  ainsi  nommé  parce  que 
Moïse  a  ajouté,  dans  ce  livre,  d'autres  lois,  de  se- 
condes lois. 

t  DEUTÉnOPATIIIE  (deu-té-ro-pa-lie),ï.  f.  Terme 
de  médecine.  Affection  secondaire  ;  état  morbide  qui 
se  développe  sous  l'inHuence  d'une  autre  maladie. 

—  ÉTYM.  AïÛTepo;,  second,  et  TtiOo;,  maladie. 

t  DEL'TÉROPATIIIQUE  (deu-léro-pa-ti-k'),  adj. 
Qui  a  le  caractère  de  la  deuléropalliie. 

t  DEUTEROSCOPIE  (deu-lé-ro-sko-pie),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Hallucination  de  l'esprit,  qui 
porte  dans  le  monde  le  nom  de  soconde  vue;  c'est 
un  état  nerveux  dans  lequel  les  patients  croient 
voir  des  choses  qui  sont  éloignées  ou  futures. 

—  ÉTYM.  Ae-JTtpo;,  second,  etirxoTteïv,  voir:  avoir 
la  seconde  vue. 

t  DEUTIODCRE  (deu-li-odu-r'),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Composé  qui  contient  deux  proportions 
d'iode.  Plus  souvent  biiodure. 

—  ÉTYM.  Deut,  abréviation  de  deulo....  préSxe, 
et  iodure. 

f  DEUTO....  préfixe  dont  se  servent  les  chimistes 
pour  indiquer  le  rang  d'un  composé  ou  la  proportion 
relative  de  son  élément  électro-négatif;  ainsi  deu- 
toxyde  d'étain  indique  le  2*  oxyde  de  ce  méial  ou 
celui  qui  renferme  deux  fois  autant  d'oxygène  que 
le  premier;  il  s'emploie  avec  la  même  signification 
pour  les  sulfures,  les  chlorures,  les  iodures,  les 
bromures,  les  cyanures,  etc.  C'est  le  grec  SsuTà;, 
second,  secondaire. 

—  SYN.  DEUTO ,  Bi.  Deuto  indique  l'ordre  des  com- 
posés des  mêmes  éléments,  et  bi  la  quantité  abso- 
lue de  l'élément  négatif.  Ainsi,  le  proloxyde  de 
manganèse  contenant  une  partie  de  manganèse  et 
une  partie  d'oxygène,  l'oxyde  rouge,  qui  contient 
4  d'oxygène  sur  3  de  manganèse,  serait  undeutoxyde 
par  rapport  au  premier.  Mais  il  est  loin  d'être  le  bi- 
oxyde  qui  contient  2  d'oxygène  contre  t  de  manga- 
nèse. Les  préfixes  sesqui,  bi,  tri,  etc.  représunlent 
donc  des  quantités  relatives  beaucoup  mieux  con- 
nues que  prolo,  dcuto,  trito,  etc.  et  se  rapportent  à 
une  connaissance  plus  avancée.  Aussi  sont-ils  préfé- 
rés aujourd'hui. 

t  DEUTOCARBONÉ,  ÊE  (deu-to-karboné,  née), 
adj.  Terme  de  chimie.  Qui  est  carboué  au  second 
degré. 

—  ÉTYM.  Detito.  et  carboné. 

t  DECTOCliLORURE  (deu-to-klo-ru-r') ,  s.  m. 
Terme  de  chimie.  La  seconde  des  combinaisons  que 
le  chlore  forme  avec  un  corps  simple,  quand  .1  peut 
en  produire  plusieurs. 

—  ÉTYM.  Deuto,  et  chlorure. 

t  DEUTOSÉLÉMURE  (deu-to-sé-lé-ni-u-r'),  s.  m. 
Terme  de  chimie.  La  seconde  des  combinaisons  que 
le  sélénium  forme  avec  un  corps  simple,  quand  il 
peut  en  produire  plusieurs. 

—  ÉTYM.  Dniio,  el  sélcniure. 

t  DKUTOSULFURE  (deu-to-sul-fu-r'),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  La  seconde  des  combinaisons  que  le 
soufre  forme  avec  un  corps  simple,  quand  il  peut 
en  produire  plusieurs. 

—  ÉTYM.  ;)eii(o,  Bisulfure. 

t  DEUTOXYDE  (deu-lo-ksi-d'),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Second  degré  d'oxydation  d'un  corps  qui 
peut  se  combiner  en  plusieurs  proportions  avec 
l'oxygène. 

—  ÉTYM.  Deuto,  et  oxyde. 

DEUX  (deù  :  1'*  se  lie  :  deù-z  homrae.s).  ||  !•  Adj. 
numér.  des  deux  genres  signifiant  un  nombre  double 
de  l'unité.  Deux  hommes.  Deux  francs.  Deux  et  deux 
font  quatre.  Ils  sont  deux.  Jusques  à  quand  aurons- 
nous  deux  consciences,  deux  mesures,  deux  l>a- 
lances,  l'une  en  notre  faveur,  l'autre  à  la  ruine 
du  prochain?  ray.nal,  llisl.  pbil.  xviii,  32.  JiTous 
deux,  tous  les  deux,  locution  qui  signifie  soit  l'un  et 
l'autre,  soit  ensemble.  Allons-y  tous  deux.  Ils  sont 
partis  tous  les  deux.  Vous  me  semblez  tous  deux  fa- 
tigués du  voyage,  la  font.  Phil.  et  Bauc.  ||  Fami- 
lièrement. N'en  faire  ni  un  ni  deux,  n'en  pas  faire 
à  deux  fois,  se  décider  sur-le-champ.  U  ne  fit  ni 
un  ni  deux  et  croqua  la  poire.  ||0n  dit  aussi,  au 
féminin,  n'en  faire  ni  une  ni  deux,  en  sous-enten- 
dant  le  mot  fois.  ||  Cela  est  clair  comme  deux  et 
deux  font  quatre,  cela  est  évident.  ||  Il  n'y  a  pas 
deux  voix  là-dessus,  tout  le  monde  est  d'accord  là- 
dessus.  Il  n'y  a  pas  deux  voix  sur  ce  personnage, 
LA  bruy.  VIII.  Il  Deux  à  deux,  par  couples.  Considé- 
rez toutes  les  œuvres  du  Très-Haut,  vous  les  trou- 
verez ainsi  deux  à  deux  et  opposées  l'une  à  l'autre, 
S(CI,  Bible,  Ecclésiastique,  xxxiii,  15.  Oh!  queue 
viennent-ils,  comme  nous,  deux  à  deux  Habiter  ici  des 
cabanes  I  FAV^aT,  inneile  elLubin,  se.  3.  ||  Marcher 


DEU 


DEU 


DÉV 


1131 


doux  à  deux  comme  frères  mineurs,  marcher  en 
rang,  en  bon  ordre.  ||  En  deux,  en  deux  parties. 
C'est  un  mnpicien  malaiiroil  qui  casse  en  deux  sa 
baguette,  dider.  Salon  de  <767,  Oeuvres,  t.  xiv, 
p.  211,  dans  pouGENS.  Il  [liur<,'oyneJ  avait  conçu  le 
dessein  de  réunir  les  troupes  du  Canada  à  celles  de 
New-York  par  les  rives  de  l'Hudson;  ce  projet  était 
grand  et  hardi;  s'il  eût  réussi,  il  coupait  en  deux 
l'Amérique  septentrionale,  et  peut-être  il  terminait 
la  guerre,  haynal,  Uist.  phil.  xviii,  45.  ||  De  deux 
en  deux,  se  dit  pour  exprimer  un  retour  périodique 
après  deux  (actes  ou  choses).  De  deux  en  deux  ans 
il  va  visiter  sa  terre,  c'est-à-dire  que,  chaque  fois 
que  deux  ans  sont  écoulés,  il  s'y  rend.  ||  Donner, 
piquer  des  deux,  appuyer  des  deux  éperons  à  la 
fois,  c'est-à-dire  exciter  le  plus  possible  le  cheval, 
aller  le  plus  vite  possible.  Le  drôle,  ayant  vu  de  loin 
tout  le  cas....  Donne  des  deux,  gagne  devant  la  nuit 
Cliiteau-tiuillaume....  la  font.  Orais.  Il  donna  des 
deux  vers  Bapaume.iiAMiLT.  Gramm.  6.  Dès  la  pre- 
miôre  poste,  le  courrier  donne  des  deux,  s'échappe 
et  arrive  le  premier,  st-sim.  2,  37.  ||  Fig.  Faire 
grande  diligence.  Piquer  des  deux  pour  réussir  dans 
uneafîaire.  ||  Ce  sonldoux,  ou,plusfamiliérement,ça 
fait  deux,  se  dit  dans  la  conversation  pour  exprimer 
que  deux  choses  ne  peuvent  se  comparer.  Pour  une 
armée,  la  Seine  à  passer  ou  un  ruisseau  ce  sont  deux. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  c'est  deux.  Promettre 
et  tenir,  c'est  deux.  ||  2°  Petit  nombre  indéterminé. 
J'ai  deux  mots  à  vous  dire.  Il  n'est  qu'à  deux  pas 
d'ici.  Â  moi,  comte,  deux  mots,  corn.  Cid,  ii,  2. 
Il  3°  Deuxième.  Article  deux.  Page  deux.  Tome  deux. 
Henri  deux,  roi  de  France.  Catherine  deux,  impéra- 
trice de  Russie.  Puis  [il]  souffre  un  coup  avec  grande 
constance;  Au  deux  il  dit....  la  font.  Pays.  ||Dans 
les  noms  propres,  où  le  cardinal  est  pris  pour  l'ordi- 
nal, on  écrit  plus  ordinairement  deux  en  chiffres  : 
Henri  II,  Catherine  II.  |j  4°  Substantivement.  Le  pro- 
duit de  deux  multiplié  par  deux.  {|  Le  deux  du  mois, 
ou,  simplement,  le  deux,  le  deuxième  jour.  Le  deux 
de  mars,  de  mai,  ou,  par  abréviation,  le  deux 
mars,  le  deux  mai.  Voltaire  mettait  toujours  la  pré- 
position de  ;  Racine  l'omettait.  ||  Chilire  qui  marque 
le  nombre  deux.  EfTacer,  ajouter  un  deux.  Ce  deux 
est  mal  fait.  ||  Terme  du  jeu  de  cartes.  Le  deux  de 
cœur,  de  pique,  etc.  la  carte  qui  porte  deux  cœurs, 
deux  piques,  etc.  ||  Terme  du  jeu  de  dés.  Le  doux, 
la  lace  du  dé  qui  a  deux  points.  Rafle  de  deux,  coup 
de  dés  qui  amène  sur  la  face  du  deux  tous  les  dés, 
quand  on  joue  avec  plusieurs  dés.  ||  Terme  du  jeu  de 
dominos.  Le  double  deux,  le  domino  sur  lequel  le 
point  de  deux  est  répété.  ||  Terme  du  jeu  de  trictrac. 
Amener  le  double  deux, amener  le  deux  sur  chacun 
des  deux  dés.  Il  Terme  de  chasse.  Le  deux,  sorte  de 
plomb  à  tirer,  moins  gros  que  celui  qui  s'appelle 
l'un,  et  plus  gros  que  celui  qu'on  nomme  le  trois. 
On  emploie  ordinairement  le  deux  pour  la  chasse 
du  lièvre.  ||  S°  Terme  de  blason.  Deux  un,  se  dit  de 
la  disposition  ordinaire  de  trois  pièces  en  armoiries, 
don',  deux  sont  vers  le  chef  et  une  vers  la  pointe, 
corac.e  les  trois  fleurs  de  lis  de  France. 

—  RliM.  1.  Il  est  difficile  de  se  rendre  un  compte 
exact  de  la  locution  tous  deux,  tous  les  deux.  Klle 
répond,  pour  le  sens,  à  l'ancien  français  a?nbedui, 
nominatif,  ombcdeiia;,  régime,  et,  par  contraction, 
andui,  andeux.  Il  semble  que  le  pluriel  tous  joint 
à  deux  fait  une  sorte  de  contradiction;  car  peut-on 
dire  tous  en  parlant  de  deux?  Si  on  disait:  allons-y 
deux,  cela  signifierait  que  nous  sommes  plusieurs 
et  que  deux  d'entre  nous  vont  y  aller;  au  lieu  que 
allons-y  tous  les  deux  signifie  i;ue  nous  ne  sommes 
que  deux  qui  y  allons  l'un  et  l'autre.  C'est  pour  ex- 
primer cette  nuance  que,  ayant  perdu  amtedut,  on 
l'a  remplacé  en  joignant  (o»s  avec  deux;  adjonction 
qui  a  été  facilitée  par  l'ancienne  préposition  à  tout 
ou  atout  et  qui  signifiait  ensemble.  Cette  locution, 
n'étant  pas  dans  l'historique ,  paraît  née  dans  le  xvu* 
siècle.  Outre  ambedui,  qui  est  tout  à  fait  ancien, 
on  exprimait  la  môme  idée  en  joignant  à  deux  le 
pronom  personnel  :  allons-y  nous  deux;  ils  y  al- 
laient eux  deux;  et  dans  les  vers  de  la  Fontaine, 
cités  ci-dessus,  on  aurait  dit  :  Vous  me  semblez 
vous  deux  fatigués  du  voyage.  ||  2.  Faut-il  distinguer, 
avec  certains  grammairiens,  tous  deux  et  tous  les 
deux;  allons-y  tous  deux  ,  signifiant  allons-y  ensem- 
ble; allons-y  tous  les  deux,  signifiant  allons-y  l'un  et 
l'autre?  Il  y  a  là,  comme  dans  plusieurs  synony- 
mes, une  différence  grammaticale  qui  disparaît  dans 
l'usage.  Tous  les  deux  a,  grammaticalement,  un 
sens  emphatique  que  n'a  pas  tous  deux.  Mais  ce  sens 
emphatique  dil  à  l'article  a  si  peu  d'importance  dans 
le  langage  que  personne  n'y  fait  attention  et  qu'ainsi 
les  deux  locutions  deviennent  svnonymes. 


—  HIST.  XI*  S.  Dous  de  vos  contes  al  paien  tra 
mesistes,  Ch.  de  Roi.  xiv.  Li  dui  message  [messa- 
gers] descendent  au  peron,  ib.  cxc.  Deus  fasse  hui 
entre  nous  dous  le  dreit  !  ib.  ccLXXxv.  ||  xn*  s.  En  ces 
deus  orent  [eurent]  paien  mauvais  voisin,  Jionc. 
p.  51.  Si  que  la  teste  [il]  lui  fist  en  deus  p.artir,  ib. 
p.  74.  Il  xiir  s.  Avec  ces  contes  se  croisiercnt  dui 
moult  haut  baron  de  France,  villeii.  m.  Or  [il] 
n'ot  que  deus  enfans,  n'est  drois  qu'on  m'en  desdie, 
Derle,  n.  En  tant  que  les  deux  tiennent  Tybert  le 
renié,  tb.  xxi.  Car  deux  larron  venoient  de  mar- 
cheans  guetier,  tb.  xxxviii.  Bien  surent  les  deux 
fille  d'or  et  soie  ouvrer,  tb.  lvii.  Vous  deux  dedens 
ma  chambre  ensemble  [je]  coucherai,  ib.  lvii.  Car 
puis  fu  par  eus  deus  mainte  gent  essilie,  tb.  LX.  Cil 
dui  sont  mi  enfant  de  vo  fille  ma  drue  [femme],  ib. 
Lxxx.  Or  s'en  vont  11  doi  roi,  n'i  firent  longue  atente, 
tb.  cxxxiv.  Parla,  soit  esté,  soit  ivers,  S'encorent 
dui  fiueves  divers,  la  Rose,  6004.  Puis  furent  doi 
et  doi  ensamble  enchaîné  ;  Les  puins  detriers  les  dos 
lor  ont  estroit  noé,  Ch.  d'Ant.  i,  615.  ||xiv*  s.  En- 
tre deux  [pendant  ce  temps],  les  diz  legaz  com- 
mencierent  à  traitier  diverses  choses,  bercheure, 
f°  28,  verso.  Il  XV"  s.  Se  temps  avoie  dou  parler.  Et 
que  ci  fuissiemes  nous  doi.  Je  le  vous  diroie  par 
foi,  FROiss.  Espinette  amour.  Là  furent  du  comte 
de  Bouquenghen  appelés  Chandos  et  Aquitaine,  doy 
rois  d'armes,  id.  ii,  u,  67.  Vostre  conseil  avoir 
m'en  fault:  L'advis  de  deux  mieuh  que  d'un  vault, 
CI!,  d'orl.  liéponse  de  Frédet.  Entre  deux  [entre 
nous],  je  ne  vouldroye  Estre  en  lieu  où  eiist  joye, 
Com  souloye.  Car  ma  douleur  doulileroit,  m.  Ron- 
deau. Si  ne  lui  cela  guère  ce  qu'il  avoit  sur  le  cœur, 
et,  sans  aller  de  deux  en  trois,  il  demanda  l'aumone 
amoureuse,  LOUIS  XI,  A'^out).  xviii.  Une  femme  de  Paris 
a  bien  trouvé  moyen  de  tyrer  hors  du  Lou-re  Mon- 
seigneur de  Ponts.  Alors  le  bastard  respondit  :  Le 
Louvre  et  la  Bastide  [Bastille],  ce  sont  deux,  Ms.  re- 
latif à  Louis  XI,  Bibl.  des  Charles,  4«  série,  t.  i, 
p.  267.  Il  XVI'  s.  Le  secrétaire  fut  si  joyeux  qu'en- 
core qu'il  eust  la  bouche  parfaitement  laide  et  grande 
en  faisant  de  deux,  la  rendit  si  petite  que  l'on  n'eust 
pas  cuidé  qu'il  eust  su  mordre  dedans  le  jambon, 
MARG.  Nouv.  xxviii.  Ce  n'est  pas  une  ame,  ce  n'est 
pas  un  corps,  qu'on  dresse  ;  c'est  un  homme  :  il  n'en 
fault  pas  faire  à  deux,  mont,  i,  iSi.  Ils  alloient 
deux  à  deux  armez  à  cheval  à  la  guerre  [deux  sur 
un  cheval],  id.  i,  308.  Lors  culx  deux  ensemble 
mangent  la  proye,  id.  ii,  <96.  Et  se  sauvoieiit  au- 
cuns d'entre  eulx  nageans  entre  deux  eaux,  et  s'en 
fuyoient,  akiot,  Brulus,  39.  Le  cavalier  donnant 
des  deux  à  son  cheval,  le  rejetta  une  seconde  fois 
par  terre  tout  couvert  de  sang,  d'aub.  Vie,  xxvi.  U 
demeura  sur  l'heure  en  suspens  et,  comme  l'on  dict, 
entre  deux  et  as,  s'il  en  devoit  parler  à  son  bon 
compère,  carl.  ii,  8. 

—  Etym.  Picard,  deusse;  provenç.  dut  au  nomi- 
natif, dos  au  régime;  espagn.  dos;  portug.  dous, 
doas;  ital.  duo,  due;  du  latin  duo;  grec,  ôùu;  bas- 
breton,  daou;  angl.  two ;  allem.  awei;  sanscrit, 
dva.  Dans  l'ancien  français  doi  ou  dut  est  le  nomi- 
natif, et  deus,  dous  le  régime,  du  moins  dans  les 
textes  corrects. 

t  DEOX-CENT-VINGT-ET-UN  (deû-san-vin-té- 
un),  s.  m.  pi.  Chiffre  de  la  majorité  parlementaire 
qui,  votantune  adresse  hostile  au  ministère  Polignac, 
amena  les  ordonnances,  l'insurrection  de  juillet  i830 
et  la  chute  de  Charles  X. 

t  DEUX-DENTS  (deû-dan) ,  s.  m.  Nom  vulgaire 
du  dauphin  bidenté,  dit  aussi  dauphin  diodon. 

DEUXJEME  (deu-7.iê-m'),  adj.  ord.  Second,  qui 
vient  après  le  premier.  Je  suis  le  deuxième  sur  la 
liste.  Article  deuxième.  Loger  au  deuxième  étage, 
et,  simplement,  au  deuxième.  |[  Terme  d'hippiatri- 
que.  Deuxième  sang,  ou  demi-sang,  race  de  che- 
vaux anglais  employés  à  la  chasse  (voy.  sang). 

—  ÉTYM.  Deux;  houTgmg.  deugeime. 
DEUXIÈMEMENT  (deû-ziè-me-man) ,  adv    En  se- 
cond lieu. 

—  ÊTVM.  Deuxième,  et  le  suffixe  ment. 

•)■  DEUX-MATS  (deû-mâ),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Bâtiment  à  deux  m;Us.  Un  deux-mûts. 

t  DECX-1'OINTS  (deù-poin),  s.  m.  plitr.  Terme 
de  grammaire.  Signe  de  ponctuation  indiquant  une 
suspension  plus  forte  que  la  virgule,  et  même  que 
le  point  et  virgule.  Le  même  que  comma. 

f  DEUX-PONTS  (deû-pon),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Vaisseau  à  deux  ponts  ou  à  deux  batteries 
couvertes.  Un  deux-ponts. 

t  DEUX-OUATllE  (deû-ka-tr") ,  s.  m.  Terme  de 
musique.  Mesure  qui  contient  deux  noires.  C'est  un 
deux-quatre,  c'est-à-dire  un  morceau  où  la  mesure 
est  en  deux-quatre. Une  mesure  en  deux-quatre. 


—  ÉTY5I.  Ce  mol  vient  de  ce  que  cette  mesure  se 
marque  par  un  2  sur  un  4 ,  comme  une  fraction  dont 
on  aurait  retranché  la  barre.  Elle  vaut  en  effet  deux 
quarts,  c'est-à-dire  la  moitié  de  la  mesure  complète 
marquée  par  la  ronde  :  et  au  lieu  de  dire  deux 
quarts,  ce  qui  serait  le  vrai  sens,  on  a  nommé  les 
deux  chiffres  par  leurs  noms  spéciaux. 

t  DfiVA  (dé-va),  î.  m.  Nom  des  dieux  ou  bons 
génies  dans  la  religion  indienne.  ||  Nom  des  mauvais 
génies  dans  la  religion  parse. 

—  ÉTYM.  Sanscrit,  deva,  divin;  grec,  Sîo;;  la- 
tin, dinis  {voy.  divin). 

DÉVALÉ,  ÈK  (dé-va-lé,  lée),  part,  passé.  Du  vin 
dévalé  à  la  cave. 

t  DÉVALE.MEN'T  (dé-va-le-man) ,  s.  m.  Action  de 
dévaler;  état  de  ce  qui  est  dévalé.  ||  Mot  vieilli  et 
populaire. 

—  ÉTYM.  Dévaler;  provenç.  devdlament;  ital.dt- 
vallamcnto. 

DÉVALER  (dé-va-Ié) ,  t).  a.  \\  I»  Faire  descendre 
quelque  chose.  Dévaler  du  charbon  à  la  cave.  Un 
sac  que  je  dévalais  à  terre  avec  une  corde,  j.  j. 
ROuss.  Prom.  B.  ||  Dévaler  les  degrés,  les  descendre. 
Il  2°  Y.  n.  Descendre,  aller  en  bas.  Ouvrez  de  par 
le  roi;  au  diable  1  un  qui  dévale!  Régnier,  Sat.  xi. 
Payen  [nom  propre],  sauvons-nous  de  ta  salle;  Voilà 
le  nuage  crevé;  Oh!  comme  à  grands  flots  il  dévale; 
Déjà  tout  en  est  abreuvé,  st-amant,  Œuvres,  79. 
Pauvres  enfants  [AuvergnaLs]  qui  dévalentbien  tris- 
tes de  leurs  montagnes,  cuateaub.  Cletmont,  <22. 
Il  Fig.  On  ne  montera  point  au  rang  dont  je  dévale, 
CORN.  Roilog.  II,  2.  Il  3°  Se  dévaler,  v.  réfl.  Être  dé- 
valé, descendu.  La  chenille  qui  .s'est  dévalée  à  l'aide 
d'un  fil  de  soie  extrait  de  sa  filière,  remonte  assez 
vite  et  avec  une  adresse  admirable  en  saisissant  avec 
ses  premières  jambes  une  portion  plus  élevée  du  fil 
qui  la  tient  suspendue,  bonnet,  Observ.  6",  Insectes. 

—  UE5I.  Ce  mot,  dans  le  sens  propre,  est  vieilli  et 
populaire;  cependant  on  peut  le  rajeunir  par  un  em- 
ploi heureux,  comme  a  fait  Chateaubriand,  ou  par 
un  emploi  technique  comme  Bonnet;  mais,  dans 
un  sens  figuré,  comme  chez  Corneille,  il  est  tout  à 
fait  hors  d'usage. 

—  HIST.  XII'  s.  Li  cops  [le  coup]  dévale  par  delez 
le  blason  [bouclier],  Jionc.  p.  88.  ||  xin'  s.  Peor  ot 
Renart  de  morir.  Si  a  esté  moult  e(rreez,Mes  li  cox 
[coq]  est  jus  desvalez,  Ren,  2078.  Et  viellesce,  scez 
où  demore?  Dire  le  te  vueil  sans  demore  :  Car  là  te 
convient-il  aler.  Se  mort  ne  te  faitdesvaler  Ou  tens 
de  jonesce  en  sa  cave,  /a  iiosc,4B36.  As  ciex  firent 
lor  habitacles,  N'onc  puis,  se  ne  fu  par  miracles. 
N'osèrent  çà  jus  dévaler,  ib.  54i7. Comment  Raison, 
de  Dieu  aimée.  Est  jus  de  sa  tour  dévalée.  Qui  l'a- 
mant chastie  et  re|irent  De  ce  que  fol  Amour  em- 
prent  [entreprend],  ib.  2978.  ||xiv'  s.  Ay  sire!  font 
ilz,  par  Dieu  le  roi  amant,  Nous  avons  oy  gent  qui 
vont  en  dévalant  La  voie  du  chastel....  Guescl.  16557. 
Il  XV'  s.  Et  ordonnèrent  trois  batailles  sur  le  déva- 
ler de  la  montagne  où  ils  estoient  logés,  froiss.  i, 
I,  41.  U  .se  hasta  tant  de  dévaler  la  montée,  qu'il 
ostoit  près  hors  d'haleine  comme  il  vit  son  pore, 
LOUIS  XI,  Nour.  LI.  X  l'aide  d'une  corde  qu'elle  lui 
dévala,  il  fit  tant,  qu'il  fut  en  la  chambre,  iD.ib.  lvii. 
Il  xvi'  s.  Par  ycelluy  avecques  deux  mains  mon- 
toyt,  puys  devalloyt  si  roiddemeut  que....  rab.  Car. 
1,  23.  Je  me  vois  semblable  X  ceux  qu'on  dévale  au 
tombeau,  karot,  Ps.  <43.  Les  yeux  me  troublent 
à  monter  devant  une  grande  lumière  comme  à  dé- 
valer à  l'ombre,  mont,  i,  224.  Il  se  devalla  la  nuict 
avec  des  cordes  par  une  petite  fenestre  estroile  le 
long  de  la  muraille,  amyot,  J'.AÎm.  42.  Couvert  de 
sa  petite  housse.  Qui  jusqu'au  bas  luy  devalloit,  Sat. 
Mén.  p.  216. 

.  —  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  val:  aller  le  long  d'un 
val.  Bourguig.  devaulai;  provenç.  davalar,  deva- 
lar;  ital.  dirallare. 

DÉVALISÉ,  ÉE  (dé-va-li-zé,  zée),  part,  passé. 
Dépouillé  par  des  voleurs  d'un  bagage  de  voyageur. 
Jupin  et  son  fils  déguisés  En  deux  marchands  déva- 
lisés, scARRON,  Giganloin.  v. 

t  DÉVALISEMENT  (dé-va-li-ze-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  dévaliser;  état  de  celui  qui  est  dévalisé. 

—  lliST.  XVI'  s.  Desvalisement,  oudin,  Vict. 

—  ÉTYM.  Dévaliser. 

DÉVALISER  (dé-va-li-zé),  V.  a.  ||1°  Voler  à  quel- 
qu'un sa  valise,  ses  hardes,  son  argent.  Une  escort» 
(le  BO  hommes  armés  qui  souvent  dévalisent  ceux 
qu'ils  accompagnent,  p.  L.  couR.  Lett.  i,  66.  ||  2"  Par 
extension.  Et  le  gros  marchand,  vous  l'avez  dévalisé 
[gagné  au  jeu]?  nA.\iiLT.  Gramm.  3. 

—  lllST.xvi*  s.  Ils  furent  en  divers  lieux  et  diver- 
ses occasions   chassez,  devarisez,   d'aub.  Ilist.  i 
222.  Dévaliser,  id.  Hist.  li,  282.  Il  se  jectoient  sut 


1132 


DEV 


Im  marchands  et  les  desvalisoicnt  de  l'argent  de 
leurs  marchandises,  cabl.  vi,  3.  Le  soldat  de  Lu- 
cullus  ayant  esté  desvalisé  par  les  ennemis,  mont. 
11,  B.  Il  fut  poursuivy,  tué  et  desvaliséde  toutes  ses 
despesches,  bbant.  Pescayre. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  valise. 

•;•  DÉVALISKCR,  KUSK  (dé-va-!i-zeur,  zeû-z"),». 
m.  01  f.  Celui,  celle  qui  dévalise.  11  a  crié  le  premier 
a'i  voleur,  comme  Arlequin  dévaliseur  de  maisons, 
VOLT.  Utt.iCÀrgcntal,  2  nov.  <764. 

--  f.TYM.  Déialiser. 

t  DÉVANÂGAllI  (dé-va-na-ga-ri),  t.  m.  Sorte  d'é- 
criture ou  do  caractère  pour  écrire  le  sanscrit.  Le 
dévanilgari  a  été  remplacé  postérieurement  par  le 
bengali,  qui  en  est  une  forme  plus  cursive.  |{  Adj. 
Le  caractère  dévanAgari. 

—  ÉTYM.  Sanscrit,  deva,  divin,  et  ndgari,  sorte 
d'écriture. 

DEVANCÉ,  ÉE  (de -van -se,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Avant  qui  on  arrive.  L'armée  devancée  par  sa 
cavalerie.  ||  Fig.  La  raison  devancée  par  l'instinct. 
Il  2°  Surpassé.  I.e  maître  devancé  par  son  disciple. 

DEVANCER  (de-van-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
rantoou  o;je  devançais;  nous  devançons),  v.  a. 
Il  1"  Dépasser  en  gagnant  les  devants.  Devancer 
quelqu'un  à  la  course.  La  reine  dont  ma  course  a 
devancé  les  pas,  rac.  Iphig.  i,  4.  Sans  murmure  à 
l'autol  vous  l'alliez  devancer,  m.Mithr.  iv,  ).  11  crai- 
gnait que  je  ne  passasse  entre  la  borne  et  lui;  car 
mes  chevaux,  mieux  ménagés  que  les  siens,  étaient 
en  élat  de  le  devancer,  fén.  Tél.  v.  ||  Il  se  dit  aussi 
des  choses  avant  lesquelles  on  arrive.  Quel  impor- 
tant besoin  Vous  a  fait  devancer  l'aurore  de  si  loin? 
HAC.  Iphig.  I,  (.  Ce  matin  j'ai  voulu  devancer  la 
lumière,  m.  Èsth.it,  t.  Abner  chez  le  grand  prêtre 
a  devancé  le  jour,  id.  Ath.  ii,  6.  Devançant  la  rai- 
ton,  croissant  avec  notre  Sge,  volt  Fanât,  m,  3. 
Il  Parexlension,  faire  quelque  chose  avant  quelqu'un. 
Il  croyait  être  le  premier  à  demander  cette  place, 
mais  d'autres  l'avaient  devancé.  Le  peuple,  tout  ravi, 
par  ses  vœux  le  devance,  corn.  Itodog.  v,  2.  ||  2°  Al- 
ler en   avant.    Les   éclaireurs  devancent    l'armée. 

I  3*  Avoir  le  pas  sur  quelqu'un  dans  les  cérémonies. 

II  4*  Précéder  dans  l'ordre  des  temps.  Ceux  qui  nous 
ont  devancés  dans  la  carrière.  Votre  père  et  les  rois 
qui  vous  ont  devancés,  rac.  Théb.  jv,  3.  ||  5°  Sur- 
passer, dépasser.  11  devança  tous  ses  rivaux.  Il  De- 
vancer le  temps,  l'âge,  être  plus  avancé  que  ne 
comporte  l'âge  qu'on  a.  Il  rompt  l'ordre  commun 
et  devance  le  temps,  mol.  Mélic.  i,  4.  Et  déjà  son 
esprit  a  devancé  son  âge,  rac.  Ath.  i,  2.  1|  Devan- 
cer son  siècle,  lui  être  supérieur  par  quelques  con- 
naissances que  l'on  a  acquises  et  qui  ne  sont  pas 
encore  devenues  la  propriété  de  tous.  Celui  qui  de- 
vance son  siècle,  celui  qui  s'élève  au-dessus  du  plan 
général  des  moeurs  communes,  doit  s'attendre  à  peu 
de  suffrages,  diderot.  Salon  de  (767,  Œuvres, 
t.  XV,  p.  13,  dans  pougens.  Combien  peu  d'hommes 
savent  devancer  leur  siècle,  et  combien  il  doit  être 
rare  que  le  hasard  les  conduise  aux  grandes  places! 
CONDOBCET,  Maurepas.  ||  6°  Se  devancer,  aller  plus 
loin  l'un  que  l'autre.  Ils  s'efforçaient  de  se  devancer 
dans  la  carrière. 

—  SVN.  DEVANCER,  PRÉCÉDER.  Devancei  vient  de 
devant,  et  précéder  a  en  composition  la  préposition 
latine  prx  qui  veut  dire  en  avant.  De  là  vient  que 
celui  qui  devance  arrive  le  premier,  et  que  celui 
qui  précède  marche  en  avant,  en  tète,  le  premier. 
Cette  différence  est  purement  étymologique  et  gram- 
maticale, et,  dans  l'usage,  les  deux  mots  se  pren- 
nent fréquemment  l'un  pour  l'autre. 

—  HIST.  xu*  s.  Assez  [je]  vel  mieux  devancer 
mon  aage  [mourir  avant  le  temps],  Ronc.  p.  47. 
Il  XIII* s.  Mes  [mon]  morirs  devancira  ratendre,i4n- 
ciennes  poésies  mss.  t.  i,  p.  3(6,  dans  lacubne. 
Il  XVI'  s.  Souvent  la  renommée  a  devancé  l'accident, 
MONT.  I,  203.  Pour  faire  .le  hardy  et  devancer  ses 
compaignons,  m.  ii,  52.  J'ay  des  affaires  et  du  mes- 
nage  en  main,  depuis  que  ceulx  qui  me  devan- 
ceoient  en  la  possession  des  biens  que  je  jouys  m'ont 
quitté  leur  place,  id.  m,  B».  Le  premier  qui  s'advl- 
sora  de  se  poulser  en  faveur  et  en  crédit  par  cette 
vGye  là  [la  bonté  et  la  justice],  je  suis  bien  deceu 
»i,  à  bon  compte,  il  ne  devance  ses  compaignons, 
lu.  III,  BO. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  avant;  picard,  devan- 
cher;  provenç.  devancir.  La  conjugaison  en  ir  se 
trouve  aussi  dans  l'ancien  français. 

DEVANCIER,  1ÈRE  (de-van-sié,  siê-r'),  s.  m.  et 
f.  Celui,  celle  qui  a  précédé  un  autre  dans  une  car- 
rière, un  emploi.  Ce  peintre  n'imite  point  ses  de- 
vanciers. Je  liens  cela  de  mon  devancier.  Les  armes 
il«  SM  devancières  [celles  qui  étaient  ei    charge 


DEV 

avant  elle]  se  voient  en  beaucoup  de  lieux,  pathd. 
Plaidoyer  ta.  \\Auplur.  Aïeux.  Imitez  l'exemple  do 
vos  illustres  devanciers. 

—  HIST.  xiii's.  As  us  et  as  coustumes  que  si  de- 
vancier l'ont  gardé  par  devant  lui,  Liv.  des  met.  4.'>. 
Toutes  ces  choses  a  usé  cil  Guerins  et  si  devancier 
très  letensaubon  roi  Phelippe,  ib.  263.  On  pot  sivir 
[suivre]  les  oirs  du  plet  qui  fu  commenciés  contre  lor 
devanciers,  beaum.  vi,20.  Sire,  nous  nous  merveil- 
lons  moult  que  vostre  volonté  est  tele,  que  vous 
voulez  donner  au  roy  d'Angleterre  si  grant  partie  de 
vostre  terre  que  vous  et  vostre  devancier  avez  con- 
quise sus  li  et  par  leur  meffait,  joinv.  292.  ||xv'  s. 
Or  m'est  avis  que  c'est  grand  ennui  de  piteusement 
penser  et  aussi  considérer  que  ces  grands  bourgeois 
et  ces  nobles  bourgeoises  et  leurs  beaux  enfants, 
qui  d'esloch  et  d'extraction  avoient  demeuré,  et 
leurs  devanciers,  en  la  ville  de  Calais,  devinrent, 
FHOiss.  I,  I,  323.  Il  n'a  riens  de  bon  en  la  ville  Dont 
je  ne  soye  devancière  [que  je  n'aie  le  premier] ,  e. 
DEScii.  Poésies  mss.  f»  378,  dans  lacubne.  ||  xvi*  s. 
Ils  [les  principes  d'Aristote]ne  sont  non  plus  exempts 
du  boute-hors  qu'estoient  leurs  devanciers,  mont. 

II,  330. 

—  ÉTYM.  Derancer.  Dans  E.  Deschamps ,  devan- 
cière est  le  nominatif  dont  le  régime  serait  devan- 
ceor  (devanceur)  ;  débris  de  cas  qui  au  xV  siècle 
disparaissaient  très-rapidement. 

DEVANT,  (de- van  ;  le  t  se  lie:  de-van-t  un  arbre), 
prép.\\i°  En  avant,  dans  la  direction  de  l'avant, 
en  face.  11  se  promenait  devant  la  maison.  Assis  de- 
vant le  feu.  Passer  devant  quelqu'un.  Mettre  le 
siège  devant  une  ville.  U  était  d'avis  que  ce  trop 
fidèle  disciple  fût  fouetté  devant  la  porte  du  collège 
par  la  main  du  bourreau,  pasc.  Prov.  6.  |l  Fig.  Les 
services  d'Hipal  en  ce  même  moment  Lui  reviennent 
devant  la  vue,  la  font.  Fiancée.  Un  roi  sage.... 
Craint  le  Seigneur  son  Dieu,  sans  cesse  a  devant  lui 
Ses  préceptes....  rac.  Ath.  iv,  2.  ||  Allerdevant  .«oi, 
cheminer  sans  s'écarter  de  son  chemin;  et  fig.  Être 
simple  d'esprit.  Alix  était  fort  neuve  sur  ce  point; 
Le  trop  d'esprit  ne  l'incommodait  point....  La  pau- 
vre dame  allait  tout  devant  elle,  la  font.  Faiseur. 
Il  2°  En  présence  de,  avec  cette  nuance  que  les  per- 
sonnes sont  supposées  nous  regarder.  Je  vous  jure 
devant  Dieu.  Cela  fut  dit  devant  plus  de  vingt  per- 
.sonnes.  La  parfaite  valeur  est  de  faire,  sans  té- 
moins, ce  qu'on  serait  capable  de  faire  devant  tout 
le  monde,  la  Rochefoucauld,  dans  riciielet.  Un 
plus  noble  dessein  m'amène  devant  vous,  rac.  Phèd. 
V,  4.  Je  nomme  à  M.  Basnage,  M.  lîasnage  lui- 
même,  et  je  lui  demande  devant  Dieu  quel  intérêt 
il  peut  prendre  à  excuser,  comme  il  fait,  une  si  noire 
entreprise,  boss.  Déf.  Var.  4"  dise.  §  (8.  Vous  êtes 
souples  devant  les  hommes  et  orgueillaux  devant 
Dieu,  BOURDAL.  Purifie,  de  la  Vierge,  Myst.  t.  ii, 
p.  103.  Tous  les  cœurs  des  Romains....  Dans  ces 
solemnités  volent  devant  Titus,  volt,  llrutus,  m,  2, 
Tâchons  de  mourir  aussi  saintement  qu'eile;  nous 
nous  reverrons  devant  Dieu  ,  marmontel,  ilém.  xi. 
(I  Être  devant  Dieu,  être  mort.  {|  Par  extension.  De- 
vant quelqu'un,  à  ses  yeux,  à  son  esprit.  Un  tel 
abrégé,  monseigneur,  vous  propose  un  grand  spec- 
tacle; vous  voyez  tous  les  siècles  précédents  se  dé- 
velopper, pour  ainsi  dire ,  en  peu  d'heures  devant 
vous,  BOSS.  tlist.  Dessein  général.  Que  peuvent  de- 
vant vous  tous  les  faibles  humains?  rac.  Jphig.  iv, 
9.  Quant  à  Daniel,  depuisce  jour-là  et  dans  la  suite 
du  temps,  il  devint  grand  devant  le  peuple,  saci, 
Uible,  Daniel,  xiii,64.  Nous  sommes  tous  égaux  de- 
vant Dieu,  mais  devant  les  hommes  ce  n'est  pas  de 
même,  KAEivAtJX,  Pat/s.  part),  t.  ii,  3' part.  p.  37, 
dans  POUGENS.  Ces  prêtres  ombrageux  M'ont  dépeint 
devant  vous  comme  un  monstre,  un  impie,  df.lav. 
yépres  sicil.  m ,  2.  {|  Fig.  Les  gouvernements  devant 
l'opinion  publique.  Devant  la  home  qu'il  allait  encou- 
rir, il  s'arrêta.  Devant  de  tels  objets  l'amour  a  peu 
de  charmes,  volt.  Taner.  i,  2.  Ces  Castillans,  au- 
trefois si  redoutés,  sont  aussi  petits  devant  la  super- 
stition que  des  esclaves  asiatiques  en  présence  de 
leur  despote,  rayn.Il,  Ilist.  pltil.  vu,  3i.  Nun,  je 
ne  le  puis  croire,  et  ma  raison  tremblante  Devant 
le  châtiment  recule  d'épouvante,  delav.  Yépr.  sicil. 
m,  t.  Il  Terme  de  pratique.  Cette  affaire  a  été  portée 
devant  tel  tribunal,  elle  est  soumise  à  son  jugement. 
Il  3°  En  avant  de.  Porter  quelque  chose  devant  soi. 
Je  me  figure  encor  sa  nourrice  éperdue  Qui  devant 
les  bourreaux  s'était  jetée  en  vain,  rac.  Ath.  i,  2. 
Il  Avoir  du  temps  devant  soi,  avoir  du  temps  de  reste 
pour  faire  quelque  chose.  ||  Avoir  de  l'argent  de- 
vant soi,  avoir  une  réserve  d'argent  disponible. 
Il  4°  Préposition  d'ordre  par  rapport  au  lieu,  à  la 
place  et  par  opposition  à  après.  C'est  mon  ancien , 


DEV 

il  passe  devant  moi.  ||  Fig.  L'intérêt  de  l'honneur 
va  devant  l'amitié,  botrou,  Bélis.  Vf,  ».  La  vie 
va  devant  toutes  choses,  malh.  Traité  des  bicnf. 
de  Sénèque,  i,  (O.  X  vous  parler  franchement, 
l'intérêt  du  directeur  va  presque  toujours  devant 
le  salut  de  celui  qui  est  sous  .sa  direction,  et-évrem. 
ContJ.  du  P.  Canaye.  Je  mettrai  désormais  ma 
santé  devant  toutes  choses,  sÉv.  20 1.  Tant  que 
vous  mettrez  toutes  sortes  de  choses  devant  votre 
santé....  ID.  305.  En  France  j'ai  des  parents,  à 
Rome  j'ai  des  amis,  et  je  mets  l'amitié  bien  loin  de- 
vant la  parenté,  p.  L.  cour.  lett.  i,  259.115°  Pré- 
position d'ordre  par  rapport  au  temps  et  mar- 
quant l'antériorité.  Devant  cet  ouvrage  Vous  n'en 
vîtes  jamais  qui  fût  digne  de  vous,  malh.  iv,  8.  Le 
ciel  devant  les  temps  avait  marqué  pour  lui  Ce  tré- 
sor amoureux  qu'il  possède  aujourd'hui,  rotrou, 
Bélis.  IV,  2.  Devant  ce  temps  [vingt  ansj  l'on  est 
enfant,  pasc.  Sur  l'amour.  Devant  toutes  choses  je 
lus  quatre  de  vos  lettres,  sÉv.  (06.  Je  ne  vous  dis 
ici  que  ce  qu'a  dit  Voiture:  L'ami  de  Mécénas,  Ho- 
race, dans  ses  sons.  L'avait  dit  devant  lui;  devant 
eux  la  nature  L'avait  fait  dire  en  cent  façons,  la 
PONT.  Poésies  mêlées,  lvhi.  De  ce  qu'on  le  faisait 
lever  devant  l'aurore,  id.  Fabl.  vi,  il.  Si  les  Egyp- 
tiens n'ont  pas  inventé  l'agriculture,  ni  les  autres 
arts  que  nous  voyons  devant  le  déluge,  boss.  //i*f. 
m,  3.  Un  peu  devant  sa  mort,  id.  ib.  i,  3.  Ils  ajou- 
taient deux  points  dignes  d'une  particulière  consi- 
dération :  l'un,  que  tous  les  enfants  des  fidèles  étaient 
sanctifiés,  et  qu'aucun  de  ces  enfants,  qui  mouraient 
devant  l'usage  de  la  raison,  n'était  damné;  l'autre.... 
ID.  Yariat.  ti.\\6°Adv.  Exprimant  un  rapport  de 
situation  en  avant.  Courez  devant.  Mettez  cela  de- 
vant; moi,  je  mettrai  ceci  derrière.  Vous  alliez  de- 
vant; lui  allait  après.  Nos  amis  sont  devant;  allon- 
gez le  pas,  vous  les  rattraperez.  ||  Terme  de  marine. 
Être  vent  devant,  se  dit  d'un  navire  qui  est  debout 
au  vent,  qui  reçoit  le  vent  sur  ses  voiles  en  le  pre- 
nant de  devant.  Donner  vent  devant,  présenter  sa 
proue  au  vent  par  suite  d'une  manœuvre.  Prendre 
vent  devant,  présenter  sa  proue  au  vent  par  suile 
d'un  accident.  ||  Fig.  Cet  homme  est  vent  devant,  il 
ne  .sait  quel  parti  prendre.  ||  Terme  de  vénerie.  Un 
valet  de  limier  met  devant,  quand  il  déploie  le  trait 
et  commence  sa  quête.  ||  7°  11  exprime  un  rapport 
d'antériorité  dans  le  temps,  auparavant.  Ses  flots.... 
Sont  trouvés  par  ceux  qui  les  boivent  Aus.si  peu  sa- 
lés que  devant,  malh.  iv,  b.  Avecques  un  bon  jour 
amis  comme  devant,  Régnier,  Sat.  m.  Que  si, 
comme  devant,  il  vous  faut  encor  suivre.  J'y  con- 
sens.... mol.  l'Étour.  V,  3.  Quelque  accident  fait-il 
que  je  rentre  en  moi-même.  Je  suis  gros  Jean  comme 
devant,  la  font.  Fabl.  vu,  lo.  Le  père  avait  long- 
temps devant  Cette  fille  légitimée.  ..  id.  Coupe. 
....La  joie  que  me  donne  souvent  l'avance  d'années 
que  j'ai  sur  vous;  vous  savez  que  je  ne  suis  pas  in- 
sensible à  la  tristesse  de  cet  état;  mais  je  le  suis 
encore  moins  à  la  pensée  que  les  premiers  vont  de- 
vant [meurent  d'abord] ,  et  que  vraisemblablement 
et  naturellement  je  garderai  mon  rang  avec  ma 
chère  fille,  sév.  6I3.  On  s'arrête  là  [à  une  époque) 
pour  considérer  comme  d'un  lieu  de  repos  tout  ce 
qui  est  arrivé  devant  ou  après,  et  éviterpar  ce  moyen 
les  anachronismes,  boss.  Ilist.  Dessein  général.  Une 
constance  qu'il  n'avait  jamais  connue  devant,  ha- 
milt.  Gramm.  H.  L'aumônier  [de  l'Evêque]  man- 
geait devant,  à  la  table  du  maître  d'hôtel,  st-sim. 
32,  (20.  Il  8°  Ci-devant,  (oc.  ado.  Précédemment. 
Comme  nous  avons  dit  ci-devant.  {|  Autrefois.  Il  de- 
meurait ci-devant  en  tel  endroit.  Ci-devant  employé. 
Il  Adj.  invar.  Les  ci-devant  récollet",  les  récoUels 
qui  ne  le  sont  plus.  Un  ci-devant  noble,  un  noble 
qui  ne  l'est  plus.  ||  Pendant  la  Révolution  on  a  dit 
populairement,  par  abréviation,  un  ci-devant  pour 
un  noble,  les  lois  révolutionnaires  ayant  aboli  la 
noblesse.  Les  ci-devant.  {|  Il  s'emploie  encore  dans 
le  style  familier  et  par  moquerie  devant  un  qualifi- 
catif. Un  ci-devant  jeune  homme.  Un  ci-devant 
beau.  Il  9°  Sens  devant  derrière,  loc.  adv.  Voy. 
sens.  Il  10*  Devant  derrière,  en  mettant  le  devant 
à  la  place  du  derrière.  Trébuchant  par  le  cul  s'en 
va  devant  derrière,  Régnier,  Sat.  x.  {|  11*  Devant 
que,  loc.  conj.  gouvernant  h  subjonctif,  avant 
que.  Ils  pourraient  facilement  détruire  le  cardinal 
Mazarin,  devant  qu'il  eilt  le  temps  de  s'établir, 
LA  ROCiiEF.  Mcm.  te.  Je  crie  toujours  :  voilà  qui  est 
beau,  devant  que  les  chandelles  soient  allumées, 
MOL.  Préc.  (0.  Et  devant  qu'il  vous  pût  ôler  à  mon 
ardeur,  Mon  bras  de  mille  coups  lui  percerait  le 
cœur,  ID.  Éc.  des  maris,  m,  2.  Devant  que  l'Amour 
fût  le  mari  de  Psyché,  c'était  son  amant,  la  pont 
Psyché,  M  ,  p.  (36.  Cependant  devant  qu'il  fût  nuit 


DEV 

Ilarriva  nouvel  encombre,  la  font. Fa6(.  ix  J  9.  Celle- 
ci  prévoyait  jusqu'aux  moindres  orages,  Et  devant 
qu'ils  fussent  éclos,  Les  annonçait  aux  matelots,  m. 
ib.  1,  8.  Vous  l'apprendrez  devant  qu'il  soit  demain, 
iD.  PsaM.  Deux  ans  devant  qu'il  [Galérius]  eût  obligé 
Dioclétien  à  quitter  l'empire,  Boss.  Ilisl.i,  to.  Il  était 
devant  qu'Abraham  fùtfait.in.  ib.ii,  o.  Couronnons- 
nous  de  roses,  devant  qu'elles  soient  flétries,  in.  ii, 
Pénit.  3.  Cesvéritéssubsistent  devant  tous  les  siècles 
et  devant  qvi'il  y  ait  eu  un  entendement  humain, 
ID.  Connaiss.iv,  5 Et  devant  que  votre  âme,  Pré- 
venant mon  espoir,  m'eût  déclaré  sa  flamme,  rac. 
Baj.-v,  4.  Ah!  devant  qu'il  expire....  ID. -4ndr.  V,  <. 
....  Devant  qu'il  soit  deux  ans  Je  veux  que  l'on  me 
voie  avec  des  airs  fendants,  Dans  un  char  magnifi- 
que.... BEGNARn,  Ménechmes,  iv,  2.  Et  devant  que 
je  meure,  Consolez  mes  vieux  ans  dont  vous  faites 
l'espoir,  VOLT.  Tancr.i,*.  ||  Devant  que  de,  avec 
l'infinitif,  même  sens.  Le  sang....  est  plus  subtil 
et  plus  vif,  et  plus  chaud  après  en  être  sorti  [du 
cœur],  c'est-à-dire  étant  dans  les  arti;res,  qu'il  n'est 
un  peu  devant  que  d'y  entrer,  c'est-i-dire  étant  dans 
les  veines,  desc.  Mélh.  5,  8.  Depuis  que  je  suis  parti 
de  Madrid,  j'ai  fait,  devant  que  de  venir  ici,  deux 
cent  cinquante  lieues  d'Espagne,  qui  n'en  valent 
guère  moins  que  cinq  cents  de  France,  voit.  Le(t. 
a.  Devant  que  de  prendre  connaissance  do  ces 
distinctions,  hamilt.  Gramm.  i.  Il  lui  demanda, 
devant  que  de  l'acheter,  à  quoi  il  lui  serait  pro- 
pre, LA  font.  Vie  d'Ésope.  Devant  que  de  procé- 
der i  l'ordination,  boss.  Var.  7.  |1  Devant  que,  avec 
l'infinitif,  même  sens.  Et  devant  que  mourir  ou 
d'une  ou  d'autre  sorte,  Régnier,  Éldg.  i.  Si  devant 
que  sortir  des  confins  d'Italie,  la  font.  Joc.  Autre- 
ment il  mourrait  devant  qu'être  à  la  ville,  m. 
Fabl.  VI,  16.  Si,  devant  que  mourir,  la  triste  Bé- 
rénice Vous  vent  de  son  trépas  laisser  quelque  ven- 
geur, ID.  Bérén.  iv,  5.  ||  12°  S.  m.  La  partie  anté- 
rieure. Le  devant  de  la  tête.  Les  pieds  de  devant. 
Le  devant  d'un  édifice.  Loger  sur  le  devant.  Ran- 
gez cela  [une  déchirure  i  un  vêtement]  du  côté 
de  k  muraille,  et  présentez  toujours  le  devant  au 
monde,  mol.  Avare,  iir,  2.  Paul  Scarron  et  sa  femme 
[depuis  Mme  de  Maintenonj  n'avaient  pour  tout  lo- 
gement que  deux  chambres  sur  le  devant,  séparées 
par  l'escalier,  une  cuisine  sur  la  cour,  et  un  cabi- 
net où  couchait  un  petit  laquais,  saint-foix,  Ess. 
Paris,  t.  m,  p.  303,  dans  pougens.  |{  Fig.  et  fami- 
lièrement. 11  bâtit  sur  le  devant,  se  dit  d'un  homme 
qui  engraisse  et  prend  du  ventre.  Elle  bâtit  sur  le 
devant,  se  dit  d'une  femme  enceinte.  ||  Terme  de 
vétérinaire.  Cheval  serré  du  devant,  cheval  dont 
les  membres  antérieurs  sont  trop  rapprochés.  Large 
du  devant,  ou  trop  ouvert ,  disposition  inverso.  ||  De- 
vant de  perruque,  les  cheveux  bouclés  qui  couvrent 
le  front.  ||  Terme  de  marine.  Synonyme  d'avant  ou 
même  de  proue.  ||  13°  Ce  qui  se  met  devant  quelque 
chose.  Un  devant  d'autel.  |{  14°  Le  devant,  ce  qui 
précède  dans  un  écrit.  Les  décisions  d'Escobar  sont 
commodes,  en  ce  qu'étant  indépendantes  du  devant 
et  de  la  suite,  et  toutes  enfermées  en  de  petits  arti- 
cles, elles  ne  sont  pas  sujettes  â  vos  distinctions, 
PASc.  Prov.  12.  Il  15°  Les  devants  d'un  tableau,  les 
premiers  plans.  ||  On  le  dit  aussi  au  singulier.  On 
voit  sur  le  devant  un  soldat  mort  ou  blessé,  dide- 
?ot.  Salon  de  <765,  Œuvres,  t.  xiii,  p.  <69,  dans 
POUGENS.  Il  L'avance  qu'on  a.  Prendre,  gagner  le  de- 
vant, les  devants,  partir  avant  quelqu'un  ou  le  de- 
vancer en  route.  Alors  que  le  roi  passe,  il  gagne  le 
devant,  hégnier,  Sat.  x.  Il  leur  ordonna  de  pren- 
dre les  devants,  hamilt.  Gramm.  5.  Le  duo  de 
Mayenne  prit  toujours  le  devant  avec  un  corps  d'en- 
viron dix  mide  hommes,  anquet.  Ligue,  m,  p.  160. 
Il  Fig.  Prendre  les  devants,  prévenir  quelqu'un,  le 
gagner  de  diligence  en  quelque  affaire.  Ainsi  je  me 
comptais  de  ses  premiers  suivants.  Mais  déjà  Vinius 
avait  pris  les  devants,  corn.  Othon,  i,  ).  Ils  vous 
écriront;  pour  moi  je  prends  les  devants,  sÉv.  67. 
Il  Prendre  les  devants,  prendre  d'avance  toutes  les 
mesures  nécessaires.  M.  l'abbé  de  Choisy  fut  reçu 
sans  opposition  [îi  l'Académie]  ;  il  avait  pris  tous  les 
devants  qu'il  fallait  auprès  des  gens  qui  auraient 
pu  lui  faire  de  la  peine,  rac.  Lettre  à  Boileau,  B. 
Il  Terme  de  vénerie.  Prendre  le.s  devants,  se  dit 
quand  on  a  perdu  la  voie  d'une  bête  et  que  l'on  fait 
un  grand  tour  pour  en  rencontrer  d'autres.  Prendre 
les  rievantsd'une  enceinte,  c'est  en  faire  le  tour  avec 
un  limier,  afin  qu'il  se  rabatte  des  voies  qu'il  ren- 
contrera. Prendre  les  grands  devants,  rechercher, 
dans  un  défaut,  la  voie  d'une  bête  de  meute,  en 
avant  de  l'endroit  où  le  défaut  a  lieu.  ||  16°  Au-de- 
vant de,  loc.  prép.  X  la  rencontre  de.  La  foule  se 
portait  au-devant  du  prince.  11  va  au-devant  des  en- 


DEV 

nemis,  fén.  Tél.  x.  ||  Fig.  Aller  au-devant  de,  pré- 
venir. Aller  au-devant  d'une  objection.  La  loi  vient 
au-devant  de  l'Evangile,  boss.  Ilist.  ii,  )3.  Il  va  au- 
devant  de  tout  ce  que  je  puis  souhaiter,  fén.  Tél. 
XIII.  Il  Au-devant,  loc.  adv.  A  la  reni;ontre.  Aller  au- 
devant.  Il  se  porte  au-devant,  lui  parle,  le  cajole, 
RÉGNIER,  Sot.  vni.  Il  Fig.  Aller  au-devant,  faire  les 
premiers  pas,  être  le  premier  à  entamer  une  affaire, 
â  se  réconcilier,  etc.  Quand  nous  avons  quelque  dif- 
férend ma  sœur  et  moi,  si  je  fais  la  froide  et  l'in- 
différente, elle  me  recherche;  si  elle  se  tient  sur 
son  quant-à-moi,  je  vais  au-devant,  la  font.  Psy- 
ché, II,  p.  UO.  Il  Courir  au-devant,  s'exposera.  Tel 
qui  les  craint  [les  tentations]  court  au-devant;  Tel 
qui  lesfuits'y  précipite,  corn.  Imit.l,  <3.  ||  17°  Par- 
devant,  loc.  adv.  Par  la  partie  antérieure.  Il  le  sai- 
sit par-devant.  C'est  toujours  par-devant  qu'ils  se 
trouvent  blessés,  Tristan,  Panlhée,  iv,  2.  Ils  avaient 
reçu  leurs  blessures  par-devant,  vaugel.  Q.  C. 
liv.  m,  ch.  H,  dans  riciielet.  ||  Terme  de  palais. 
Par-devant,  loc.  prépos.  En  présence  de.  L'arran- 
gement se  fit  par-devant  notaire.  Je  ne  donne  mon 
cœur  que  par-devant  notaire,  regnard.  Joueur, 
IV,  9.  Il  18°  Dès  devant,  dès  avant.  Et  les  sergents 
et  les  procès  Et  les  créanciers  à  la  porte  Dès  devant 
la  pointe  du  jour,  la  font.  Fabl.  xii,  7.  ||  Proverbe. 
Les  premiers  vont  devant,  c'est-à-dire  les  plus  dili- 
gents ont  l'avantage,  jj  Voy.  au-devant,  à  son  rang 
alphabétique. 

—  REM.  1.  Devant  que  ou  devant  de ,  avec  un 
verbe,  a  été  condamné  comme  une  expression  vieil- 
lie; mais,  cette  locution  étant  autorisée  comme  elle 
est,  on  pourrait  très-bien  s'en  servir,  surtout  en 
poésie.  Il  2.  Il  lui  est  allé  au-devant  est  une  locution 
incorrecte;  il  faut  dire  :  Il  est  allé  au-devant  de  lui. 
Cependant  on  la  trouve  quelquefois  :  Vous  semble- 
t-il  point  que  vostre  cœur  se  tourne  de  son  costé  et 
en  certaine  façon  luy  va  au-devant?  st  fr.  de  sa- 
les, p.  B58.  Voy.  aussi  l'hist.  au  xv°  s.  ||  3.  Pourquoi 
au-devant  avec  un  trait  d'union,  et  au  delà  sans 
trait  d'union?  Le  mieux,  c'est-à-dire  le  plus  simple , 
serait  de  supprimer  le  trait  d'union. 

—  HIST.  XI'  s.  N'i  a  castel  qui  devant  lui  remai- 
gne,  Ch.  de  Roi.  i.  Blancandrins  vint  devant  l'em- 
pereor,  i'&.  xxxi.  Terre  major  moût  est  loin  ça  de- 
vant, ib.  cxxxii.  Si  com  li  cers  s'en  va  devant  les 
chiens,  ib.  cxxxix.  De  devant  sei  [il]  fait  porter  son 
dragon,  ib.  ccxxxvii.  Seigneur  baron,  devant  che- 
vaucherez, t6.  ccxxxvni. 

—  xii*  s.  Devant  le  roi  vint  dus  Naymes  errant, 
Ronc.  p.  35.  Tout  primerains  devant  [en  avant  de] 
sa  compegnie  Vademandant  pris  de  chevalerie,  ib. 
p.  58.  L'eve  de  Sebre  lor  estoit  de  devant,  ib.  p.  (09. 
Li  amiraus  a  parié  tout  devant  [le  premier],  ib. 
p.  (19.  Tout  droit  à  Blaive  [ils]  en  sont  devant  alô, 
ib.  p.  (66.  Et  [il]  s'est  assis  sur  moi  en  mon  devant, 
ib.  p.  (63.  Une  |jeauté  m'est  venue  devant.  Qui  me 
semontet  prie  que  je  chant  [chante],  Couci,  v.  Car 
sa  beautez  me  fait  tant  esbahir  Que  je  ne  sai  devant 
li  [elle]  nul  langage,  ib.  xix.  Et  que  pourront  dire 
si  ennemi  [de  Dieu] ,  Là  où  li  saint  trembleront  de 
doutance  Davantceli  quionques  ne  menti '/quesnes. 
Romancero,  p.  sa.  Et  Gilemers  l'Escot  dit  outrage 
et  folie,  Quant  de  ceste  besogne  devant  tous  vous 
desfie,  Sax.  xx.  Salomons  les  apele  devant  le  duc 
Richart,  ib.  xxix.  E  pis  que  nuls  qui  devant  lui  out 
ested,  envers  nostre  Seignor  uverad  [il  agit] ,  Rois, 
p.  309. 

—  xin"  s.  Et  passèrent  par-devant  Constantinoble, 
si  près  des  murs  qu'on  peust  traire  desus  etseur  les 
tours,  viLLEH.  Lxii.  Halasl  (juels  damages  leur  avint 
el  quaresmes,  devant  ce  qu'il  [avant  que]  deussent 
movoir,  m.  xxix.  Devant  en  la  poitrine  bien  il  [le] 
sut  assener  [le  coup],  Berle,  m.  [Elle]  Fut  devant 
le  roi  Flore  son  père  à  genous  mise,  ib.  vi.  Â  destre 
etàsenestre,  et  devantet  derrière,  ib.  xxviii.  [Que] 
Leur  maie  tralson  devant  tous  en  appert,  ift.xxxiv. 
Devant  la  mienuit  li  tems  un  peu  s'escure,  ib.  xlii. 
J'ai  dit  à  la  royne  que  [vous]  ne  venrez  noient ,  De- 
vant que  il  sera  près  de  l'avesprement,  ib.  lxxxiii. 
Il  a  tantost  Morant  par  devant  lui  mandé,  ib.  cm. 
Mais  or  en  savons  mains  [moins]  que  ne  savions  de- 
vant, ib.  cvii.  Ci  devant  [en  face]  maint  [habite] 
Symons,  preudoms  est  durement,  ib.  cx.  Vers  la 
terre  viennent  siglant  :  Livens  lor  est  venus  devant; 
Ne  porent  prendre  cil  le  port;  Adont  i  ot  grant 
desconfort,  Lai  de  Melion.  Et  ainsi  comme  les  an- 
ciens dient,  les  roys  de  Jérusalem  qui  furent  de- 
vant le  roy  Jehan,  tindrent  bien  ceste  coustume, 
JOINV.  2)7. 

—  XIV*  s.  Et  au  devant  il  sont  paisibles  sans  es- 
tre  esmeus,  oresme,  Eth.  82.  Quant  deux  person- 
nes sont  amis,  c'est  sainte  chose  que  devant  [de 


DEV 


1133 


préférence]  honnorer  et  préférer  vérité,  ib.  îb.  vi, 
(O.Làfurent  li  Juif  ainsi  comme  devant,  Et  sauvé  de 
la  mort,  ainsi  conje  vous  chant,  Guescl.  9723.  Les 
sajettes  de  coili  fer  furent  trenchant.  Retournèrent 
sour  iaus  [eux],  che  que  derier  devant,  Baud.  de 
Seh.  V,  250. 

—  XV*  s.  Là  [à  Bristol]  furent  pris  ledit  messire 
Hue  le  père  et  le  comte  d'Arondel,  et  amenés  par 
devant  la  roine,  froiss.  i,  i,  20.  En  devant  ce 
temps,  en  l'an  de  grâce  mil  trois  cent  soixante- 
quinze,  estoit  advenu  une  cruelle  justice  en  la  cité 
de  Bordeaux,  id.  ii,  ii,  2.  Là  furent  toutes  les  pa- 
roles au  devant  dites  relatées  et  proposées,  enten- 
dues, accordées,  id.  i,  i,  96.  Ainsi  chevauchoit  le 
comte  Derby  le  pays  d'un  lez  et  d'autre;  ni  nul  ne 
lui  alloit  au  devant,  et  conqueroit  villes,  cités  et 
chasteaux,  m.  i,  i,  243.  Plusieurs  horribles  faits  qui 
eussent  esté  faits,  se  il  ne  fust  allé  au  devant,  dont 
il  fist  aumosne  et  gentillesse,  id.  i,  i,  272.  Quand 
la  roine  ouit  ces  nouvelles,  si  fut  plus  desconfortée 
et  esbahie  que  devant....  m.  i,  i,  (2.  Etavoientune 
grande  haye  et  ung  fossé  au  devant  d'eulx,  comm. 
I,  3.  Leur  remonstroit  et  leur  mettoit  au-devant  les 
dommages  qui  estoient  pretz  de  leur  venir,  id.  m,  3. 
Le  dit  prince  print  congié  du  dit  duc  le  soir  devant 
la  bataille,  id.  v,  3.  Hz  en  tuèrent  une  partie  de- 
vant que  ilz  sceussent  gaignerla  ville,  id.  m,  3.  Ja- 
mais robe  ne  vestira  Que  de  blanc,  ne  ne  partira 
Dont  il  est,  que  les  pieds  devant,  Pa(«iin.  À.  trom- 
per devant  et  derrière,  Estoit  un  homme  diligent, 
VILLON,  1"  Repue  franche.  Et  entreprint  le  chirur- 
gien à  guarir  cet  œil,  Dieu  devant  [après  Dieu], 
louis  XI,  iVoui;.  lxxxvii. 

—  xvi*  s.  Je  me  suis  veautré  six  ou  sept  tours 
parmy  le  lict,  devant  que  me  lever,  rab.  Gar.  i,  2i. 
En  plaine  nuict,  davant  que  soy  retirer,  alloyent 
veoir  la  face  du  ciel,  id.  ib.  i,  23.  Soubdain,  davant 
boyre  ny  manger,  se  transpourtarent  on  capitoly, 
et  là,  devant  leur  roy....  II).  l'ft.  i,  28.  Laquelle  nou- 
velle entendue,  sortirent  on  devant  de  luy  tous  les 
habitans  de  la  ville,  id.  Pant.  ii,  3|.  Voyez  moy 
devant  et  derrière  :  c'est  la  forme  d'une  toge  anlic- 
que,  m.  ib.  m,  7.  Si  toust  que  nous  saurons  vostre 
partement,  nousgaignerons  les  devans,  marg.  Lett. 
m.  Il  estoit  hier  tout  davant  moy  quant  je  vous  dis 
adieu, iD.ifc.  (22.  Je  vousaycy  devant  faict  bien  am- 
ple responce  à  toutes  vos  lettres,  id.  ib.  1 5) .  lisent  con- 
traint les  pouvres  gens  en  porter  plaincte  à  la  jus- 
tice par  devant  le  seneschal  de  Beaucaire,  id.  ib.  (59. 
Il  veit  devant  ses  yeulx....  mont,  i,  27.  Courir  au 
devant  des  conjurations  par  supplices,  id.  i,  (33. 
L'armée  que  les  Romains  luy  envoyoient  au  devant, 
ID.  I,  230.  Il  envoya  devant  quelque  bouteille  de 
vin  empoisonné,  m.  i,  252.  César  marchoit  tous- 
jours  devant  sa  troupe,  la  teste  descouverte,  id.  i, 
200.  Il  n'auroit  ny  devant  ny  derrière  luy  rien  qui 
ne....  ID.  I,  356.  J'en  ay  allégué  par  cy  devant  des 
exemples,  id.  ii,  29.  Je  ne  me  veulx  pas  despouil- 
1er  devant  que  de  m'aller  coucher,  id.  ii,  7B.  De- 
vant qu'ils  se  laissent  assubjectir,  il  fault,  ou  qu'ils 
soient  contraincts,  oudeceus,  id.  iv,  358.  Les  Athé- 
niens sacrifient  un  mouton  le  jour  de  devant  la 
grande  feste  de  Theseus,  amyot,  Thés.  4.  Theseus 
ne  feitraire  que  le  devant  de  sa  teste  seulement,  id. 
ib.  6.  La  cause  pour  laquelle  ilz  se  faisoient  ainsi 
tondre  par  devant,  estoit....  id.  ib.  II  se  jetlala  teste 
devant  en  une  rivière,  où  il  se  noya,  id.  ib.  32.  Les 
deux  armées  furent  longuement  l'une  devant  l'autre 
sans  combattre,  id.  ib.  33.  X  la  fin  elle  se  délivra  de 
deuxenfansjumeaux;  ce  qui  feit  encore  plus  grande 
peur  que  devant  à  Amulius,  id.  Rom.  4.  Ayant  pris 
ceste  resolution,  il  s'en  alla  devant  toute  œuvre  en 
la  ville  de  Delphes,  id.  Lyc.  8.  Ne  te  souvient-il  pas 
que  devant  hyer,  ainsi  que  nous  dinions  chez  toy.... 
ID.  Comm.  refrén.  la  colère,  33.  Ce  grand  prince, 
quelques  heures  devant  mourir,  CARL.  i,  47. 

—  ÉTVM.  Berry,  daront; provenç.  daran,  devant; 
catal.  devant,  davant;  anc.  espagn.  delant,  devant  ; 
espagn.  mod.  de/ante;portug.  diante ;  ital.  dinan- 
si.  Le  français  devant  est  de....  préfixe,  et  avant; 
l'espagnol  delante  est  del,  de  le,  et  le  latin  ante, 
avant;  l'italien  est  le  préfixe  di ,  de,  in,  en,  et 
ansi,  du  latin  ante,  avant. 

DEVANTIER  (de-van-tié;  Vr  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  de-van-tié-z  en  toile),  ».  m. 
Tablier  que  portent  les  femmes  du  peuple.  Vieux  et 
familier. 

—  HIST.  XVI*  s.  Pour  le  buffet  estoit  un  jeune  pas- 
teur qui  tiroit  une  bergère  par  son  devantier,  yver, 
p.  552.  Et  y  avoit  de  jeunes  hommes  ceints  à  tra- 
vers le  fond  du  corps  de  beaux  devantez  ouvrez  à 
l'aiguille,  AMYOT,  P.  Mm.  56. 

—  ËTYM.  Devant. 


1134 


DÉV 


DEVANTIERE  (de-Tan-tie-r"),  i.  f.  Sorte  de  jupe 
fendue  que  portent  les  femmes  quand  elles  montent 
à  cheval  à  la  manière  des  hommes. 

—  lilST.  XVI*  s.  Ceulxqui,  parmi  les  jeux,  refu- 
ient les  opinions  sérieuses,  font,  dict  quelqu'un, 
comme  celui  qui^  craint  d'adorer  la  statue  d'un  saint, 
si  elle  est  sansdàvantiere,  mont,  m,  369. 

—  f.TYM.  Derant. 

•)■  DKVANTOT  (de-van-to),  t.  m.  Terme  de  ma- 
rine, ïalilier  d'une  voile.  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  Derant. 

DEVANTURE  (de-van-tu-r"),  i.  /.  ||  1»  La  face  an- 
térieure d'une  maison.  |1  2"  Devanture  de  boutique, 
revêtement  en  boiserie  du  devant  d'une  boutique. 
Il  3"  Boiserie  qui  forme  l'encadrement  d'une  alcflve. 
Il  4°  Plâtres  do  couverture  par  lesquels  les  couvreurs 
raccordent  les  tuiles  au  bas  des  souches  de  cheminée 
ou  de  tout  autre  plan  verticalauquelserattacheun  toit. 

—  lirST.  xiii*  s.  Par  devant  li  vilain  s'est  trez, 
Autressi  con  s'il  fust  contrez  [contrefait],  Par  de- 
vant li,  grantaleOre,  Tant  qu'il  vint  à  la  devanture, 
Son  chief  covert  d'un  mantelet,  Ren.  7884. 

—  ÉTYM.  Devant. 

DÉVASTATEUR,  TRICE  (dé-va-sta-teur,  tri-s'), 
adj.  Il  1°  Oui  dévaste.  Un  torrent  dévastateur. ||  2°  S. 
m.  Celui  qui  dévaste.  Et,  courbant  ses  drapeaux  de- 
vant l'arche  de  Dieu,  Dévastateur  du  monde,  [Cy- 
rus]  enrichit  le  saint  lieu,GuiR*UD,  Machab.n,  e. 

—  ÊTYM.Lat.  devastalor,  de  devastare,  dévaster. 
DÉVASTATION  (dé-va-sta-sion;  en  vers,  de  cinq 

syllabes),  î.  f.  Action  de  dévaster.  Les  dévastations 
des  torrents. 

—  ETYM.  Lat.  devastatio,  de  devastare,  dévaster. 
DÉVASTÉ,  ÊE  (dé-va-sté,  stée),port.  passé.  Les 

campagnes  dévastées  par  l'ennemi,  par  un  ouragan. 
Il  Par  extension.  Alors  son  langage  si  abondant  et 
si  riche,  sa  diction  si  virile  et  si  noblement  accen- 
tuée, sa  pantomime  si  spontanée,  si  heureuse,  tout, 
jusqu'à  sa  physionomie  dévastée  [défigurée  par  les 
ravages  d'une  maladie),  était  expression,  mouve- 
ment, peinture,  entraînement,  caruel.  Œuvres, 
t.  v,  p.  218.  Il  Dans  un  sens  moqueur.  Moi  aussi, 
j'ai  eu  la  physionomie  dévastée  et  une  chevelure 
renouvelée  des  rois  mérovingiens,  reybaud,  Jér. 
Paturot,  i,  t.  Il  Un  crâne  dévasté,  un  crùne  de- 
venu chauve. 

DÉVASTER  (dé-va-sté),  V.  a.  \\  1«  Rendre  désert 
d'une  façon  quelconque.  Cet  excès  de  démence,  ac- 
crédité pendant  des  siècles,  avait  dévasté  la  terre  au- 
tant que  les  guerres  les  plus  cruelles,  volt,  l'rinc. 
de  Babyl.  «.  ||  Rendre  désert  par  le  ravage.  Les 
ennemis  ont  dévasté  cette  province.  ||  2°  Kig.  L'a- 
mour dévaste  les  âmes  où  il  règne,  chateaub.  Gé- 
nie, II,  32.  Une  grande  pensée  s'élève ,  par  inter- 
valles, dans  une  âme  que  le  temps  et  le  malheur  ont 
dévastée,  id.  René,  <76. 

—  ÉTYM.  Lat.  devastare,  de  la  préposition  de,  et 
raslus,vaste  (voy.  vaste)  :  rendre  vaste,  désert.Deuas- 
tare  donna,  dans  l'ancien  français,  déguster,  remplacé 
chez  les  modernes  par  dévaster,  calqué  sur  le  latin. 

t  DÉVEINE  (dé-vè-n'),  s.  f.  Terme  de  jeu.  Suite 
de  chances  défavorables  :  c'est  le  contraire  de  la 
veine.  Il  ne  sait  à  quoi  attribuer  sa  déveine. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el  veine. 

t  DÉVELOPPARLE  (  dé-ve-lo-pa-bl' ) ,  adj.  Qui 
peut  être  développé.  ||  Terme  de  géométrie.  Surface 
développable ,  surface  courbe  que  l'on  conçoit  comme 
se  développant  ets'appliquant  en  totalité  sur  un  plan. 
Ainsi  la  surface  du  cylindre  et  celle  du  cône  sont 
développables,  parce  que  ces  deux  corps,  en  se  dé- 
roulant sur  un  plan,  le  touchent  successivement  par 
tous  leurs  points,  et  peuvent  être  conçus  comme  y 
laissant  complètement  leur  empreinte.  Au  contraire, 
la  surface  de  la  sphère  n'est  point  développable, 
parce  que,  ne  touchant  jamais  le  plan  qu'en  un  point 
à  la  fois,  elle  n'y  aura,  après  un  tour  entier,  appli- 
qué qu'un  seul  de  ses  cercles. 

—  ÉTYM.  Développer. 

t  DÉVELOPPANTE  (dé-ve-lo-pan-f),  adj.  Terme 
de  géométrie.  Courbe  développante,  ou,  substanti- 
vement, une  développante,  courbe  produite  par  le 
déroulement  d'un  fil  enroulé  sur  sa  développée. 

DEVELOPPE,  ÉE  (dé-velo-pé,  pée) ,  part.  pass^. 
Il  1"  Oui  n'est  plus  enveloppé.  Un  paquet  développé. 
Il  Fig.Touche,  Verbe  éternel, ces  âmes  curieuses;  Ce- 
lui que  ta  parole  une  fois  a  frappé.  De  tant  d'opinions 
vaines,  ambitieuses  Et  souvent  dangereuses,  Lst 
bien  développé,  corn.  Imitation,  i,  3.  ||2'  Qui  n'est 
plus  plié,  enroulé.  Une  pièce  d'étoffe  développée. 
Un  rouleau  développé.  ||  Fig.  Un  cœur  comme  le 
mien,  qui  ne  vous  a  jamais  été  assez  développé 
[connu],  volt.  Roide  Pr.  m.  ||  3«  Qui  a  pris  son 
développement ,  sa  croissance.  Un  corps  développé. 


DÉV 

Un  germe  lentement  développé.  ||  Fig.  Zoon  n'ai- 
mant donc  rien,  ne  s'airaant|)as  lui-même,  Vitlole 
endormie,  et  le  voilà  frappé;  Voilà  sou  cœur  déve- 
loppé... HFONT.  Filles  de  Uinée.  ||  4°0uiaune  éten- 
due considérable,  en  parlant  de  ce  qui  est  dit  ou 
écrit.  Un  récit  très-développé.  Une  histoire  déve- 
loppée. Il  6*  lîxpo.sé,  expliqué.  L'affaire  développée 
avec  beaucoup  de  soin  par  l'avocat.  ||  6"  Mis  au  jour, 
débrouillé.  Ce  mystère  développé  à  grarid'peine. 
DÉVELOPPÉE  (dé-ve-lo-pée),  s.  f.  Terme  de  géo- 
métrie. Courbe  par  le  développement  de  laquelle  on 
peut  supposer  qu'une  autre  courbe  est  formée; 
courbe  qui  est  le  lieu  de  tous  les  points  de  rencon- 
tre des  normales  infiniment  voisines  menées  à  une 
courbe  donnée. 

—  ÉTYM.  Développé. 
DÉVELOPPEMENT  (dé-ve-lo-pe-man  ),  s.   m. 

Il  1°  Action  de  développer,  de  déployer,  de  dérou- 
ler.Ledéveloppementd'unepiùced'étolVe.  Il  2"Termo 
d'architecture.  Extension,  sur  une  surface  plane, 
des  surfaces  qui  enveloppent  un  voussoir  ou  toute 
autre  pièce  de  trait.  ||  Dessin  des  plans  des  coupes, 
et  des  élévations  sur  toutes  les  faces  d'un  édifice. 
Faire  le  développement  d'une  pièce  de  trait,  se  ser- 
vir des  lignes  de  l'épure  pour  eu  lever  les  différents 
panneaux.  ||  3°  Terme  de  géométrie.  Action  par 
laquelle  on  développe  une  courbe  pour  lui  faire  dé- 
crire une  développante.  ||  Terme  d'algèbre.  Forma- 
tion d'une  série  qui  représente  une  funclion  analy- 
tique. Il  i'Terme  d'escrime.  Aisance  que  l'on  montre 
eu  tirant ,  et  par  laquelle  le  corps  se  déploie. 
Il  5°  Terme  de  médecine.  Développement  du  pouls, 
se  dit  du  pouls  qui  devient  plus  ample  et  plus  fort. 
Il  6°  Terme  de  peinture  et  de  sculpture.  Ampleur 
dans  la  pose  d'une  figure  et  dans  la  ligne  qui  forme 
la  suite  des  parties.  |{  7°  Croissance  des  corps  orga- 
niques. Le  développement  d'un  bourgeon,  d'un 
germe.  L'instant  ou  ce  développement  [du  germe] 
commence  est  ce  que  nous  nommons  improprement 
génération,  bon.net,  Ess.  piychol.  ch.  85. Tout  n'est 
que  changement  et  que  développement,  id.  ib.  ||  11  se 
dit,  en  histoire  philosophique,  du  mode  suivant  le- 
quel croît  la  civilisation.  Le  développement  de  l'hu- 
manité. Il  Par  analogie.  Le  développement  d'une  ma- 
ladie, d'une  tumeur.  ||  Par  une  autre  analogie.  Le 
développement  des  passions,  des  sentiments,  leur 
naissance  et  progrès  dans  l'âme  humaine.  C'est  la 
force  de  la  nature  et  non  la  frivolité  du  cœur,  qui, 
sous  un  climat  énergique,  hâte  le  développement 
des  passions,  stael,  Corinne,  vu,  3.  ||  8°  Exposition 
détaillée.  Cela  exigerait  d'assez  grands  développe- 
ments. 119°  Fig.  Le  développement  d'un  caraotire, 
d'une  situation,  la  série  par  laquelle  passent  un 
caractère,  une  situation  pour  se  dessiner.  ||  On  dit 
dans  le  même  sens,  au  théâtre,  le  développement 
d'une  intrigue.  ||  10°  Étendue.  Ce  général  avait 
donné  trop  de  développement  à  son  aile  droite. 

—  ÉTYM.  Développer. 

DÉVELOPPER  (dé-ve-lo-pé),  V.  a.  ||  1°  ôter  l'en- 
veloppe qui  contient  quelque  chose.  Développer  un 
paquet.  |{  Fig.  Mon  âme  en  toute  occasion  Déve- 
loppe le  vrai  caché  sous  l'apparence,  la  font.  Fabl. 
VII,  48.  Il  II  .se  dit,  ou  plutôt  il  s'est  dit  des  person- 
nes, et  signifie  alors  tirer  d'un  embarras Ne  lui 

serions-nous  pas  injurieux  si  nous  pensions  qu'il  y 
eût  monstre  qui  put  échappera  sonépée,  ni  laby- 
rinthe d'où  sa  prudence  ne  fût  capable  de  nous  dé- 
velopper? MALH.  à  U.  de  Luynes,  Trad.  du  xxxiii' 
liv.  de  T.  Lire.  ||  2°  Déployer,  dérouler.  Développer 
du  drap,  une  tapissc-ie.  Le  rouleau  fut  développé. 
Il  voit  deux  légions  nouvelles  Qui  pour  l'environner 
développent  leurs  ailes,  saurin,  Spartac.  v,  u. 
Il  Par  extension.  Les  paquebots  des  messageries  im- 
périales parcourent  tous  les  ans  917680  milles  ma- 
rins, c'est-à-dire  42  fois  et  demie  le  tour  de  la  terre; 
autrement  dit,  chaque  navire  développe,  dans  son 
année,  presque  le  tour  du  monde,  Comptes  rendus, 
Acad.dessc.  t.  li,  p.  tu74.  ||Fig pour  en  dévelop- 
per l'embarras  incertain  fdu  labyrinthe].  Ma  sœur 
du  fil  fatal  eût  armé  votre  main,  rac.  Phèdre,  u,  6. 
[Il]  Sut  de  leur  noir  complot  développer  le  fil,  m. 
Eslh.  Il,  3,  Il  3°  Terme  d'algèbre.  Développer  une 
fonction,  une  série,  trouver  les  différents  termes 
qui  y  sont  implicitement  renfermés.  ||  4"  Terme  d'ar- 
chitecture. Rapporter,  sur  un  plan,  toutes  les  dif- 
férentes faces  d'une  pierre,  et  même  les  parties 
d'une  voûte.  ||  6°  Terme  de  médecine.  Développer 
le  pouls,  lui  donner  plus  d'ampleur  et  de  force. 
Il  6'  Terme  de  peinture  et  sculpture.  Donner  à 
une  figure  une  pose  ample  et  d'un  aspect  agréable. 
Il  7°  Donner  croissance,  en  parlant  des  êtres  orga- 
nisés. La  chaleur  développe  les  germes  des  plan- 
tes. Des  exercices  propres  &  développer  le   corps. 


DÉV 

Il  Dans  un  même  sens,  en  parlant  des  facultés  in- 
tellectuelles ou  morales.  Développer  l'intelligfnce 
d'un  enfant.  Son  cœur  fut  développé  par  les  affec- 
tions de  famille.  Qui  veut  être  heureux  et  dévelop- 
per son  génie,  doit,  avant  tout,  bien  choisir  l'ai- 
mosphère  dont  il  s'entoure  immédiatement,  staei., 
Corinne,  xiv,  <.  ||  8°  Exposer,  présenter  en  détail. 
Développer  le  sujet  d'un  ouvrage.  L'avocat  déve- 
loppa l'affaire  avec  éloquence.  Et  afin  que  tout  con- 
vienne, les  promesses  spirituelles  sont  développées 
par  la  prédication  de  l'Évangile,  dans  le  temps 
que  le  peuple  juif,  qui  n'en  avait  reçu  que  de  tem- 
porelles, n'a  plus  de  grandeur  à  espérer,  boss. 
Ilist.  Il,  13.  Il  9°  Faire  connaître.  Pour  déve- 
lopper tout  ce  mystère,  il  faut  dire....  patru.  Plai- 
doyer 6,  dans  eichelet.  Je  crois  que  quelque  aven- 
ture un  jour  me  viendra  développer  une  naissance 
plus  illustre,  mol.  Préc.  rid.  6.  Il  faut  développer 
ce  mystère  à  vos  yeux,  kac.  Brit.  m,  o.  U  [l'esprit 
de  Dieu]  nous  développe  toute  la  corruption  de  nos 
penchants,  toute  l'enllure  de  notre  cœur,  mass. 
Myst.  Pentec.  Volturéius,  qui  sous  la  promesse  de  sa 
grâce  développa  tout  le  secret  des  conjurés,  veriot, 
Hécol.  Tom.  XII,  p.  209.  Il  10°  Mettre  en  usage.  Ile 
éternellement  mémorable  par  les  conférences  de 
deux  grands  ministres,  où  l'on  vit  développer  toutes 
les  adresses  et  tous  les  secrets  d'une  poliiique  si 
différente,  où  l'un  se  donnait  du  poids  par  sa  len- 
teur, et  l'autre  prenait  l'ascendant  par  sa  pénétra- 
tion, BOSS.  ilarie-Tliér.  \\  11°  Se  développer,  v.  réfl. 
N'être  plus  ployé,  enroulé.  Les  rouleaux  ou  volu- 
mes trouvés  à  Herculanum  ne  se  développent  qu'à 
grand'peine  et  très-imparfaitement.  ||  S'étendre. 
L'armée  se  développa  dans  la  plaine,  jj  Fig.  Que  je 
méprise  ces  philosophes  qui,  mesurant  les  conseils 
de  Dieu  à  leurs  pensées,  ne  le  font  auteur  que  d'un 
certain  ordre  général,  d'où  le  reste  se  développe 
comme  il  peut!  boss.  Heine  d'Anglet.  Un  tel  abrégé, 
monseigneur,  vous  propose  un  grand  spectacle; 
vous  voyez  tous  les  siècles  précédents  se  dévelop- 
per, pour  ainsi  dire,  en  peu  d'heures  devantvous, 
ID.  Hist.  i.  Dessein  générai.  ||  12°  Se  développer, 
se  dit  du  pouls  devenant  plus  ample  et  plus  fort. 

Il  13°    Se  débarrasser Que  les  Grecs  devaient 

prendre  garde  que,  se  voulant  garantir  des  in- 
commodités qu'ils  avaient  à  leur  porte,  ils  ne  fis- 
sent ouverture  à  d'autres  qui  les  fâcheraient  bien 
davantage  et  dont  il  ne  leur  serait  pas  si  aisé  de  se 
développer,  malii.  Le  xxxni'  livre  de  T.  Live,  ch. 
12.  Il  14°  Prendre  croissance.  Les  organes  se  déve- 
loppent lentement.  Cet  arbre  se  développe  rapide- 
ment. Madame  de  la  Tour,  voyant  sa  fillese  dévelop- 
per avec  tant  de  charmes,  sentait  augmenter  son 
inquiétude  avec  sa  temiresse  ,  bern.  de  st-p.  Paul 
et  Yirg.  \\  Même  sens  en  parlant  des  facultés  intellec- 
tuelles ou  morales.  Son  génie  ne  se  développa  que 
lentement.  Cet  enfant  fait  de  grands  progrès,  il  s'est 
beaucoup  développé  depuis  quelque  temps.  ||  Use  dit. 
aussi  des  maladies  qui  naissent.  Il  était  malade,  on 
ne  savait  ce  qu'il  avait  :  une  variole  se  développa. 
Une  tumeur  s'est  développée  sur  le  tibia.  Une  ma- 
ladie contagieuse,  comme  on  n'en  avait  pas  vu 
depuis  longtemps,  se  développa  tout  à  coup  dans 
Rome, STAEL,  Corinne,  xv,  3.  ||  16°  Passer  par  une 
série  de  phases.  L'action  de  cette  pièce  ne  se  déve- 
loppe que  lentement. 

—  lllST.  xiii*  s.  Tant  gonfanon  de  soie  au  vent 
devolepé,  Ch.  d'Ant.  viii,  320,  ||-xiv'  s.  Chascun  la 
lance  au  poin  et  l'espée  au  costé,  Banieres  et  pe- 
nons  au  vent  desvolospé,  Guescl.  22187.  Or  il  a 
commandé  les  trompettes  sonner,  Les  baimieres 
dresser,  au  vent  desvoloper,  ib.  20092.  Se  le  san- 
glier n'avoit  bien  clos  le  laz,  il  se  porroit  desvo- 
loper, Modus,  f°  xlvii,  verso.  La  glu  n'y  puet  tenir, 
ets'enestung  oisel  tantostdesveloppé,  ib.  f°cxxxm. 
Il  XV*  s.  Et  fit  on  apporter  sa  bannière  devant  son 
hostel  et  la  développer,  froiss.  i,  i,  nu.  Dame, 
dist  il,  desveloppez  vous;  si  verrons  si  vous  estes 
la  royne.  Elle  se  desveloppa,  et  il  voit  que  c'est 
elle,  Lancelot  du  Lac,  t.  ii,  f°  2,  dans  lacurne. 
Il  XVI*  s.  U  s'empestre  comme  en  des  pièges,  dont 
il  ne  se  pourra  jamais  desvelopper,  calvin,  [nstit. 
774.  Se  desvelopper  d'un  argument,  mont,  i,  h. 
Amyot  a  développé  si  heureusement  Pluiarque,  ID. 
II,  41.  Desvelopper  des  énigmes,  id.  iii,  68.  Ayant 
faict  grands  faicls  d'armes  de  sa  personne  pour  se 
desvelopper  [il  était  investi] ,  id.  lu,  93.  Pourvoyant 
tout  en  un  coup  à  infinies  difficultez,  pour  s  an  sça- 
voir  dextrement  desvelopper,  amyot,  ilarius  et  Pyr- 
rhus, 2.  Quand  ilz  ont  achevé  d'escrire,  ilz  desve- 
loppentle  parchemin  et  l'envoyent  à  leur  capitaine, 
ID.  Lysand.  36.  Quand  il  fut  sur  le  pont,  il  desve- 
loppa son  manteau,  et  jetta    leur  rcquestes  toutes 


DEV 


DEV 


DEV 


1135 


ensemble  dans  la  rivière,  m.  Démé(r.  BS.  Le  malin 
les  cheveux  seront  desveloppés  de  ladite  pasto ,  paré, 

XXV,   46. 

—  ÉTMI.  Berry,  déloper;  provenç.  desvolopar, 
devohipar;  ital.  sriluppare ;  du  préfixe  dé....  des.... 
t...,  et  viluppo,  enveloppe.  Oripine  ultérieure  in- 
certaine. Du  latin  volup?  demande  Diez;  de  sorte 
que  riltippar  si,  serait  proprement  se  tenir  à  l'aise. 
Mais  il  remarque  que  l'italien  a  aussi  luffn,  eniliar- 
ras.  d'où,  par  changement  de  consonne,  vi-lu- 
ppo;  mais  cela  est  encore  plus  douteux  que  tolup. 

DEVENIR  (deu-ve-nir;  deux  e  muets  se  suivant, 
le  premier  crend  un  son  plus  fort,  celui  de  l'eu), 
je  deviens,  tu  deviens,  il  devient,  nous  devenons, 
vous  devenez,  ils  deviennent;  je  devenais;  je  de- 
vins; je  deviendrai;  je  deviendrais;  deviens,  deve- 
nons; que  je  devienne,  que  nous  devenions;  que  je 
devinsse;  devenant;  devenu,  v.  n.  |1  1°  Prendre 
une  certaine  manière,  une  certaine  qualité.  Deve- 
nir grand,  riche,  sape.  Cela  commence  à  devenir 
fat'fçant.  Il  devint  général.  Ou'ils  deviennent  sujets 
;ins  devenir  esclaves!  corn.  Jlor.  I,  4.  Aussitôt 
,u'un  Éiat  devient  un  peu  trop  grand....  id.  Nicom. 
V,  t.  Il  [un  capucin]  a  commencé  par  me  parler  de 
la  Provence,  de  vous....  je  voudrais  que  vous  eus- 
siez vu  ce  que  m'est  devenu  ce  bon  père  dès  le  mo- 
ment qu'il  m'a  paru  si  bien  instruit,  sÉv.  284.  Le 
roi,  devenu  amoureux  d'Anne  de  Boulen,  fit  venir 
sa  conscience  au  secours  de  sa  passion,  et  son  ma- 
riage, lui  devenant  odieux,  lui  devint  en  même 
temps  douteux  et  suspect,  Boss.  l'or,  vu,  §  61. 
Dieux!  si,  devenant  grand,  souvent  on  devient  pire! 
BAC.  Thcb.  IV,  3.  Devenant  malheureux,  il  m'est 
devenu  cher,  id.  ib.  V,  2.  Dans  l'Orient  désert  quel 
devint  mon  ennui!  id.  Béréii.  1,  4.  Quel  devins-je 
au  récit  du  crime  de  ma  mère!  id.  ilWir.i,  i. 
....Les  secrets  de  son  cœur  et  du  mien  Sont  de  tout 
l'univers  devenus  l'entretien,  id.  Uérén.  ii,  2.  Je 
crois  te  voir,  cherchant  un  supplice  nouveau.  Toi- 
même  de  ton  sang  devenir  le  bourreau,  id.  Phèd. 
IV,  6.  Si  vous  êtes  né  vicieux,  ô  Théagène,  je  vous 
plains;  si  vous  le  devenez  par  faiblesse  pour  ceux 
qui  ont  intérêt  que  vous  le  soyez....  souffrez  que  je 
vous  méprise,  la  bbiiy.  ix.  Les  moindres  circon- 
stances deviennent  essentielles  quand  il  s'agit  de  la 
mort  d'un  homme  tel  que  Charles  XII,  volt.  Char- 
les XII,  8.  Il  y  a  une  infinité  d'erreurs  politiques 
qui,  une  fois  adoptées,  deviennent  des  principes, 
BAYNAL,  llùt.  pliil.  IX,  29.  Je  me  croyais  grec  ou 
romain  ;  je  ilevenais  le  personnage  dont  je  lisais  la  vie, 
j.  j.  Eorss.  Conf.  1. 1|  Que  devenez-vous?  c'cst-i-dire 
où  ailez-vous,  que  voulez-vous  faire?  Qu'ôles-vous 
devenu?  c'est-à-dire  où  étiez.-vous  allé?  Qu'est  deve- 
nue telle  chose,  où  est-elle  ?  ||  2'  Dans  les  phrases 
interi-ogatives  et  dubitatives,  avoir  tel  sort,  tel  ré- 
sultat, telle  issue.  Je  ne  sais  ce  que  tout  ceci  devien- 
dra. Que  sont  devenus  vos  serments'!  Ne  vous  infor- 
mez pas  ce  que  je  deviendrai,  rac.  Baj.  Il, 5.  ||  Que 
voulez-vous  devenir?  c'est-à-dire  quelle  carrière  vou- 
lez-vous suivre?  Dites-moi  donc  quelle  résolution  vous 
prenez,  me  répondit  le  ministre;  que  voulez-vous 
devenir?  HÀKWAVTi, Mcniamie,  7' part.  ||  Que  devins- 
je  à  ces  paroles,  à  ce  spectacle,  quelle  ne  fut  pas 
ma  douleur,  mon  saisissement,  etc.?||3°Que  de- 
?enir,  quel  sera  le  sort?  Elle  ne  sait  que  devenir 
it  n'a  recours  qu'à  moi,  sÉv.  «9.  {{  Familièrement. 
We  savoir  que  devenir,  être  dans  un  malaise  ex- 
trême. J'ai  oublié  ma  tabatière,  il  y  a  une  heure 
que  je  ne  sais  que  devenir,  Marivaux,  Paysan 
parv.  t.  II,  part.  4*,  p.  29,  dans  pougens.  ||4^  De- 
venir à  rien,  diminuer,  se  réduire  considérable- 
ment. Cela  est  devenu  à  rien  en  cuisant.  Cet  en- 
fant devient  à  rien,  dépérit,  maigrit  extrêmement. 
Valère  :  Sous  ses  heureuses  mainj^  [du  joueur]  le 
cuivre  devient  or.  —  Hector:  Et  l'or  devient  à  rien, 
HEGNABD,  Joueur,  m,  o.  ||  5°  S.  m.  Terme  de  phi- 
losophie. Le  devenir,  le  mouvement  progressif  par 
lequel  les  choses  se  font.  Le  devenir  incessant  du 
monde.  On  oppose  le  devenir  à  l'être. 

—  KEM.  1.  Devenir  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
être.  Il  2.  Corneille  a  dit;  A  quel  point  ma  vertu  de- 

Tient-elle  réduite?  //or.  iv,  7 Les  plus  dignes 

isoins  d'une  fiammo  si  pure  Deviennent  partagés  à 
toute  la  nature,  Pulchdr.  i,  t.  Mais  alors  quel  es- 
prit n'en  devient  point  troublé?  Cinna,  m,  2.  Vol- 
taire a  condamné  cet  emploi  du  verbe  devenir.  Est-ce 
avec  raison?  La  distinction  entre  l'adjectif  et  le  par- 
ticipe est  si  subtile  que  cette  condamnation  ne  sera 
pas  généralement  admise.  On  dit  très-bien  :  deve- 
nir enllé,  dégoûté,  etc.  Il  ne  faut  donc  pas  con- 
tester à  Corneille  cet  emploi  qu'il  fait  de  devenir. 

—  HIST.  XI"  s.  [QuiJ  Ne  soit  ocis  ou  ne  devient 
chrestien,  t'h.  de  iioi.  viii.  Udevendrat,  jointes  ses 


mains,  lis  [ton]  homs,  ib.  xv.  Qu'est  devenuz  li  gas- 
conz  Engolers?  i6.  ci-xxxni.  ||  xii*  s.  Hél  gentis 
cuens,  qu'estes  vous  devenuz?  Konc.  p.  93.  Deven 
mes  homs,  joteferaidoaire,  tb.  p.  145.  ||  xiii"s.  Et  cil 
Guillaume  la  dona  à  JofTroi  de  Ville-Hardoin,  et  cil 
en  devint  ses  hom,  et  la  garni  de  sa  gent,  villeh. 
cxxxv.  Je  vous  demanderai  [ce]  que  cil  [cet  homme] 
est  devenu,  Berte,  cxvii.  11  deviennent  si  home, 
chascun  en  foy  [il]  baisa,  ib.  cxxxi.  Mêlions,  fait 
li  rois  Artus,  Tes  grans  sens  qu'est-il  devenus?  Lai 
de  Melion.  \\  xv"  s.  Là  endroit  devinrent  moult  de 
nouveaux  chevaliers,  phoiss.  i,  i,  4(.  Dictes-moi, 
avant  que  je  n'oublie,  que  la  rivière  de  Garonne  est 
devenue,  car  je  ne  la  vois  plus,  ID.  ii,  m,  7.  Au 
contraire  celluy  qui  gaigne  devient  en  réputation  et 
estime,  comm.  ii,  2.  Hors  du  sens  devainue  [de- 
vienne]. Qui  me  requerra  de  combattre,  e.  desch. 
Poe'sies  mss.  f°349,  dans  lacurne.  |1  xvi"  s.  Il  se 
pouvoit  vanter  d'estre  devenu  fol  par  sagesse,  mont, 
i,  91.  Je  ne  sçais  ce  que  tout  cela  est  devenu,  non 
plus  que  ses  poèmes  grecs,  id.  iv,  339. 

—  ÉTYM.  Provenç.  devenir;  ital.  divenire;  du  la- 
tin devenire,  de  la  préposition  de,  et  venire,  venir. 
Le  latin  deienire,  conformément  à  son  origine,  si- 
gnifie arriver,  se  rendre;  de  ce  sens  d'arriver,  les 
langues  romanes  ont  tiré  celui  dedctiem'r,  parce 
qu'en  effet  devenir,  c'est  passer  d'un  état  à  un 
autre.  Palsgrave,  p.  4,  remarque  que  il  devient  se 
prononce  déviant. 

t  DÊVEXTER  (dé-van-té),  V.  n.  Terme  de  marine. 
Déventer  les  voiles,  brasser  au  vent,  pour  empê- 
cher que  les  voiles  ne  portent.  ||  Placer  une  voile  ou 
un  bâtiment  derrière  un  objet  qui  intercepte  le 
vent. 

—  ÉTYM.  De'....  préfixe,  et  vent. 

DEVENU,  XIE  (deu-ve-nu,  nue),  port. pass^  de  de- 
venir. Cet  enfant  devenu  grand.  Cet  homme  devenu 
riche.  C'est  à  présent  que,  devenu  véritablement  em- 
pressé déplaire,  Ëmilecommenceàsentir  le  prix  des 
talents  agréables  i|u'il  s'est  donnés,  j.  j.  rouss.  hm. 
v.  Ce  Denys,  réduit  maintenant  presque  à  la  men- 
dicité, et  de  roi  devenu  maître  d'école,  était  une 
grande  leçon  pour  les  personnes  élevées  en  dignité, 
ROLLiN,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  v,  p.  32B,  dans  pou- 
gens.  Home,  devenue  la  maltresse  du  monde  par 
ses  victoires,  en  devint  l'admiration  et  le  modèle 
par  la  beauté  des  ouvrages  d'esprit  qu'elle  produisit 
presque  en  tout  genre,  m.  Traité  des  Et.  Disc,  pré- 
lim.  )"  partie. 

t  DÉVERDIR  (dé-vèr-dir),  v.  n.  Terme  de  métier. 
Perdre  la  couleur  verte,  en  parlant  des  étoffes  sor- 
tant de  la  cuve  au  pastel,  l'air  leur  enlevant  la  teinte 
verte,  pour  leur  faire  preudre  un  ton  bleu. 

—  ÉTYM.  Dé....  prétixe,  et  vert. 

DÉVEUGONDAGE  (dé-vèr-gon-da-j'),  s.  m.\\  i'  Li- 
bertinage scandaleux.  ||  2°  Par  extension.  Dévergon- 
dage d'esprit,  d'imagination,  excès  auquel  se  livre 
un  esprit  déréglé. 

—  ÊïY.M.  Dévergonder. 

DÊVEUGONDÊ,  ÉE  (dé-vèr-gon-dé,  dée),  port. 
passé.  Qui  est  sans  honte  dans  son  libertinage.  11 
avait  été  si  épouvantablement  dévergondé  que.... 
SÉV.  43.  Il  Substantivement.  Quel  dévergondé!  C'est 
une  dévergondée La  mauvaise  intention  la  fai- 
sant rougir;  car  elles  rougissent  aussi,  les  déver- 
gondées, SCARRON,  Roman  corn,  ii,  <0. 

t  DÉVEUGONDE.MENT  (dé-vèr-gon-de-man) ,  s. 
m.  Action  de  se  dévergonder.  Quand  la  débauclie 
et  le  dévergondement  sont  poussés  à  un  certain  point 
de  scandale,  je  suis  persuadée  que  cet  excès  fait  plus 
de  tort  aux  hommes  qu'aux  femmes,  sÉv.  308. 

—  ÉTYM.  Voy.  DÉVERGONDER. 

t  DÉVERGONDER  (SE)  (dé-vèr-gon-dé),  v.  réft. 
Perdre  toute  honte  dans  le  libertinage,  dans  la  dé- 
bauche. Plus  qu'une  femme  elle  se  dévergonde, 
UEKSERADE,  Jlondcau,  dans  richelet. 

—  HIST.  XVI"  s.  Aubigné  fut  si  desvergogné  [eut 
si  peu  de  vergogne,  de  réserve]  que,  le  roy  luy  fai- 
sant une  honnesle  réception  à  Senlis,et  luy  ayant 
demandé  familièrement  ce  qu'il  disoitde  ce  coup  de 
Cousteau  que  Jean  Chastel  luy  avoit  donné  dans  la 
lèvre,  ce  rustre  respondit....  d'aub.  Conf.  ii,  7. 

—  ÉTY.M.  Dé..,.,  préfixe,  et  vergogne,  du  latin 
verecundia,  qui  avait  donné  aussi  vergonder;  pro- 
venç. desvergonhar ,  desvergoignar;  espaga.  desver- 
gonînr. 

\  DÉVERGUER  (dé-vèr-ghé),  v.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Voy.  DÉSENVERGUER. 

f  DÉ  VERNIR  (dé-vèr-nir),  v.  a.  Oter  le  vernis 
d'un  objet.  ||  Se  dévernir,  «.  ré(l.  Perdre  son  vernis. 

—  ÉTY.M  Dé....  préfixe,  et  t-ernis. 

t  DÉVERROUILLER  (dé-vè-rou-llé.  Il  mouillées, 
et  non  dé-vè-rou-yé) ,  v.a.  Ôter  les  verrous. 


—  HIST.  XIII"  s.  Le  postiz  [il]  va  desverroillier;  El 
Chantecler....  Voitque  la  porte  estoit  ouverte....  Tien. 
20271.  Il  XIV"  s.  Ce  .sont  li  boquillon  [bûcherons] 
qui  nous  viennent  aidier.  Et  leur  famés  aussi  qui 
viennent  du  monstier  ;  Blanches  vesteUres  ont;  allons 
desveroillier,  GuPidm,  933.  ||  xvi"  s.  Enfin,  après 
tant  d'ennuis,  Foi,  qui  du  ciel  est  portière.  Des- 
verrouilla le  saint  huis  X  une  blême  prière,  yver, 
p.  627, 

—  ÉTYM.  Dé...  préfixe,  et  «errou. 

i.  DEVERS  (de-vêr;  l'i  ne  se  lie  pas:  de-vêr  un 
bois;  cependant  quelques-uns  lient  :  de-vêr-z  un 
bois),  prép.  ||  1°  Du  côté  de.  L'autre  se  relevant  de- 
vers nous  vint  so  rendre,  Régnier,  Soi.  x.  Le  prê- 
tre avait  à  peine  obtenu  du  silence.  Et  devers  l'O- 
rient assuré  son  aspect....  corn.  Poly.  m,  2.  Tout 
un  grand  peuple  armé  fuyait  devers  le  port,  id. 
Pomp.  V,  i.  Mais  quel  mauvais  démon  devers  nous 
le  conduit?  id.  Iléracl.  m,  t.  Quel  bon  démon  do- 
vers  moi  vous  envoie?  id.  ib.  v.  C'est  devers  vous 
qu'il  penche,  id.  Attila,  ii,  6.  Mille  fois  pour  vous 
voir  il  a  de  ces  remparts  Devers  Thèbes  jeté  les  yeux 
de  toutes  parts,  rotrob, ^n(ig.  m,  7.  Enfin,  la  Ran- 
cune l'ayant  tourné  dans  sa  chaise  devers  le  feu 
dont  l'on  avait  chauffé  les  draps,  il  ouvrit  les  yeux, 
SCARRON,  nom.  com.  I,  ch.  n.  Tourne  un  peu  ton 
visage  devers  moi,  mol.  C.  Dand.  ii,  ).  Celui  qui 
maintenant  devers  vous  est  venu,  id.  Sgon.  I o.  La 
faisant  tourner  un  peu  devers  lui,  id.  Sicil.  <2, 
Pour  s'enfuir  devers  sa  tanière,  la  font.  Fabl.  n, 
<  4.  Il  s'en  allait  devers  Cbàteau-Guillaume,  id.  Orais. 
11  se  rendra  devers  mon  cabinet,  id.  Confid.  J'ai  des 
cavales  en  Egypte  qui  conçoivent  au  hennissement 
des  chevaux  qui  sont  devers  Babylone,  id.  Vie  d'K- 
sope.  Ne  tournez  point  tant  la  tête  devers  eux,  iia- 
milt.  Gramm.  10.  C'est  ainsi  devers  Caen  que  tout 
Normand  raisonne ,  boil.  Épitre  xi.  Plus  que  jamais 
confus,  humilié.  Devers  Paris  je  m'en  revins  à  pié, 
VOLT.  Partv.  diable.  Lorsqu'à  Berlin  vous  commen- 
çâtes X  prendre  ce  vol  immortel  Devers  la  gloire  où 
vous  volAtes,  ID.  Ép.  lv.  Proclès,  ayant  fait  venir 
ses  petits-fils  devers  lui,  les  chérissait  comme  on 
peut  croire,  p.  l.  cour  ii,  tes.  ||  2"  Approchant. 
Il  a  poussé  sa  chance.  Et  s'est  devers  la  fin  levé  long- 
temps d'avance,  mol.  Fâcheux,  i,  t.  ||  3°  Par  de- 
vers, loc.  prép.  En  la  possession  de.  Il  avait  par 
devers  lui  des  preuves  suffisantes  du  contraire,  iia- 
MiLT.  Gramm.  8.  Quand  on  a  par  devers  soi  de  longs 
services,  dans  richelet.  ||  Par  devers  soi,  au  fond 
de  son  esprit  ou  de  son  cœur.  Tout  fut  secret;  et 
quiconque  eut  du  bon,  Par  devers  soi  le  garda  sans 
rien  dire,  la  font.  Berc.  ||  Par  devant.  Se  pourvoir 
par  devers  le  juge,  se  pourvoir  à  son  tribunal. 

—  REM.  Devers  a  vieilli  ;  cependant  il  est  si  bien 
autorisé  (]u'on  pourrait  sans  scrupule  en  faire  usage. 

—  lllST.  XI"  s.  Devers  Ardene  [il]  vit  venir  un 
leupar,  Ch.  de  Bol.  lvi.  Devers  vous  est  li  orguelz 
et  li  torz,  ib.  cxviii.  ||  xii"  s.  Par  devers  nous  est  li 
noiaus  [le  gros  de  l'armée  ennemie]  tornés,  Ronc. 
p.  81.  Devers  les  piez  le  prist  premièrement,  ib. 
p.  163.  Se  devers  lui  [elle]  ne  vient  ma  délivrance, 
Couci,  XVII.  Li  dux  Miles  se  tint  devers  un  cimetire 
[cimetière].  Et  voit  environ  lui  ses  chevaliers  ocire, 

Sax.  X aval  par  devers  Frise,  Alemagne  [ils]  ont 

destruite  et  Cologne  malmise,  ib.  xxiii.  Et  pis  que 
nuls  ki  devant  lui  ont  ested,  devers  nostre  seigneur 
uverad  [il  agit].  Rois,  p.  309.  ||  xiii"  s.  Li  marchis 
de  Monferrat  garda  l'ost  par  devers  les  chans,  vil- 
leh. Lxxvi.  Li  Venicien  si  orent  la  partie  devers 
riaue  où  les  nés  [navires]  estoient,  et  li  François 
orent  l'autre,  id.  xlix.  â  la  fin  l'en  convint  [il  lui 
fallut  pour  cela]  tenir  devers  le  pire,  Berte,  lxiv. 
Devers  l'autel  [elle]  s'incline,  puis  s'en  ist  [sort] 
erramment,  ib.  ex.  Cil  qui  apela  par  devers  le 
[la]  justice  comme  de  faux  apel,  beaum.  7u.  Quant 
le  roi  vit  ce,  il  se  mist  ou  péril  avec  les  autres; 
car  pour  un  homme  que  le  roy  avoit,  quant  il  fu 
passé  devers  les  Anglois,  les  Anglois  en  avoient 
mil,  JOiNV.  206.  Là  fu  la  de.sconfiture  si  grant,  que 
pluseurs  de  nos  gens  recuiderent  passer  à  noue  [à 
la  nage]  par  devers  le  duc  de  Bourgoingne,  id.  227. 
Quant  nous  eûmes  oy  la  messe,  un  vent  grief  et  fort 
qui  venoit  devers  Egypte,  leva  en  tel  manière  que.... 
id.  2)3.  Il  XIV"  s.  Nous  voion  souvent  d'aucunes 
choses  que  les  enfans  ont  par  devers  eulz,  que  il  les 
cuident  et  reputent  estre  très  bonnes  et  très  pré- 
cieuses, ORESME,  Elh.  3)2.  Il  XV"  s.  Si  escpipsit  de- 
vers Messire  Jean  d'Armignac ,  froiss.  ii,  ii,  i 
Estant  à  Tours  devers  le  roy,  comm.  i,(.  Et  y  entrè- 
rent devers  le  soir,  id.  m,  to.  {j  xvi"  s.  Comment 
Ulrich  Guallet  feut  envoyé  devers  PicrochoUe,  rae. 
Car.  I,  30.  Prenez  Epistemon  de  compaignie,  et 
vous  transpourtez  par  devers  elle,  et  oyez  ce  que 


<<36 


DEV 


TOUS  Uiia,  10.  Panl.  m,  tH-  1-es  Atljetiieiis,  vcaans 
de  devers  les  quartiers  du  Palladium,  Ardettus  et 
Lycium,  rembarrèrent  leur  pointe  droitte  jusques 
dedans  leur  camp,  amyot,  Thés.  34. 

6TYM.   De....   priMije,   et  vers,    préposition; 

bourRuig.  devé:  deiè  ché  to,  chez  vous. 

DÉVERS,  EllSE  (dé-vêr,  vèr-s'),  adj.  ||  V  Qui 
n'est  pas  droit  ni  d'aplomb.  Ce  mur  est  dévers. 
Il  2°  S.  m.  Terme  de  charpenterie.  Le  dévers  d'une 
pièce  do  bois  en  est  le  gaucliissement  ou  la  pente. 
Il  faut  marquer  ce  bois  suivant  son  dévers.  ||  3°  Cro- 
chet dont  les  ouvriers  se  servent  pour  manier  le  fer 
dans  les  grosses  forges.  ||  4°  Écroulement  des  cou- 
ches dans  une  carrière  d'ardoise. 

—  ÉTYM.  Lat.  deversus,  de  la  préposition  de,  et 
versus,  tourné  (voy.  version). 

DÉVEKSÊ,  ÉE  (dé-vèr-sé,  sée),  part,  possède 
déverser  1 .  Du  bois  qui  est  gauche  s'appelle  bois 
déversé. 

t  *.  DÉVERSEMENT  (dé-vèr-se-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  déverser,  de  s'incliner,  de  pencher  de  côté. 

—  ÉTYM.  Déversr.r  t. 

t  2.  DÉVERSEMENT  (dé-vJr-se-man)  ,s.  m.  Terme 
d'hydraulique.  Action  de  déverser  les  eaux  d'un  ca- 
nal; action  des  eaux  qui  se  déversent. 

—  ÉTYM.  Déverser  2. 

(.DÉVERSER  (dé-vèr-sé).  ||  l' V.  a.  Courber. 
Déverser  une  pièce  de  bois,  c'est  aussi  l'incliner. 
Il  i'V.n.  Pencher,  s'incliner,  devenir  courbe.  Un 
mur  qui  déverse.  ||  3°  Se  déverser,  v.  réfl.  Devenir 
déversé.  Du  bois  qui  se  déverse. 

—  ÉTYM.  Dévers. 

t  2.  DÉVERSER  (dé-vèr-sé).  ||  1°  V.  n.  S'épancher, 
en  parlant  du  trop-plein  d'un  étang,  d'un  canal, 
h'eau  déversait  par-dessus  la  chaussée.  ||  2°  V.  a. 
Kaire  couler  des  eaux  d'un  lieu  dans  un  autre.  Dé- 
verser les  eaux  d'un  canal.  ||  3°  Se  déverser,  v.  réfl. 
Passer  d'un  lieu  dans  un  autre,  en  parlant  des  eaux. 
Les  eaux  se  déversèrent  dans  le  canal. 

—  REM.  1.  Déverser,  dans  le  premier  sens,  ne  se 
trouve  pas  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie;  mais, 
donné  par  quelques  dictionnaires,  il  est  justifié  par 
dérersoir.  ||  2.  Déverser  le  blâme  ou  le  mépris  sur 
quelqu'un  est  une  locution  qui  se  répand  beaucoup; 
pourtant  il  n'y  a  aucune  bonne  raison  pour  tirer 
déverser  de  son  emploi  technique  ;  il  vaut  mieux 
dire  :  verser  le  blâme,  etc. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  verser;  provenç.  de- 
versar. 

DÉVERSOIR  (dé-vèr-soir) ,  s.  m.  ||  1°  Endroit  par 
où  déverse,  s'épanche  le  trop-pleiu  des  eaux  d'un 
étang,  d'un  canal.  Le  déversoir  est  destiné  à  per- 
mettre l'écoulement  des  eaux  superflues  qui,  sans 
cette  facilité,  passeraient  par-dessus  la  chaussée,  et 
cela  même  arrive  lorsque  la  longueur  du  déversoir 
est  insuffisante,  lkgoahant.  On  sait  que  le  niveau 
d'un  canal  commence  à  partir  d'un  certain  point  A 
de  la  surface  en  amont  du  barrage,  et  que  la  hau- 
teur effective  sur  le  seuil  du  déversoir  est  plus  pe- 
tite que  celle  du  niveau  du  point  A  au-dessus  de  ce 
seuil,  DRASctiMANN,  Comptes  rendus,  Acad.  des  se. 
t.  LUI,  p.  (H 2.  Il  2°  Nom  donné  à  la  vanne  même 
qui  sert  de  décharge.  ||  3°  Terme  de  pavage.  Ran- 
gée de  pavés  posée  diagonalement  sur  l'accotement 
d'une  chaussée  pour  renvoyer  les  eaux  dans  le  ruis- 
seau ou  le  fossé. 

—  ÉTYM.  Déverser  2. 

tDÉVESTITURE  (dé-vè-sti-tu-r'),  s.  f.  Déposses- 
sion. La  dévestiture  d'une  charge,  d'un  bénéfice. 

—  ÉTYM.  Formé  sur  le  modèle  d'investiture  (voy. 
ce  mot). 

t  DÉVÊTEMENT  (dé-vê-te-man) ,  s.  m.  Action  de 
dévêtir;  état  de  ce  qui  est  dévêtu. 

—  ÉTYM.  Dévêtir. 

DÉVÊTIR  (dé-vê-tir),  je  dévêts,  tu  dévêts,  il 
dévêt,  nous  dévêtons,  vous  dévêtez,  ils  dévêtent; 
je  dévêtais;  je  dévêtis;  je  dévêtirai;  je  dévêtirais; 
dévêts,  dévêtons  ;  que  je  dévête,  que  nous  dévêtions  ; 
que  je  dévêtisse;  dévêtant;  dévêtu,  v.  a.  ||  1°  ôter 
un  vêtement.  Etant  parti  de  la  ville  homme  de  paix, 
il  arriva  grand  capitaine  à  l'armée  et  dévêtit  ea  robe 
longue  pour  gagner  d'abord  une  bataille,  balz.  les 
Romains.  ||  2°  Se  dévêtir,  v.  réfl.  Se  dégarnir  d'ha- 
bits. Il  est  dangereux  de  se  dévêtir  trop  tôt.  ||  Fig. 
On  se  dévêtait  des  sentiments  de  l'un  pour  se  re- 
vêtir des  sentiments  de  l'autre,  pascal.  ||  Terme 
de  jurisprudence.  Se  dessaisir.  Se  dévêtir  d'un 
héritage. 

—  HIST.  XHi' s.  Le  peliçon  vesti  einsi,  Et  puis 
après  le  dovesli  Por  la  qeuo  qui  ert  deseure,  lien. 
UBo.  La  damed'iluec  se  leva,  Devesli  soi,  si  se  lava. 
Et  rist  assez  de  l'avanture,  ruteb.  li,  (90.  L'apos- 
toiles  (le  pape]  meïsmes  canta  la  messe  entr'aus 


DÉV 

[euxj;  Quant  il  fu  desvietu,  s'issirent  des  postaus, 
Ch.  d'Antioche,  i,  785.  ||  xv*  s.  Et  se  devestirent  là 
ces  six  bourgeois  tous  nus  en  leurs  braies  et  leurs 
chemises  [au  siège  de  Calais],  yaoïss.i,  i,  32).l|xvi' 
s.  Jusques  à  ce  qu'eslans  devestus  de  nostre  chair  cor- 
ruptible, nous  soyons  transfigurez  en  la  gloire, 
CALVIN,  Jnstil.  320.  Nostre  ame  se  glorifie....  do  ren- 
ger  les  choses  qu'elle  estime  dignes  de  son  accoin- 
tance,  à  desvestir  et  despouiller  leurs  conditions 
corruptibles,  mo.nt.  ii,  (9«.  J'ay  dressé  à  Raimoud 
Sebond  un  accoustrement  à  la  françoise;  je  l'ay  de- 
vestu  de  ce  port  farouche  que....  id.  iv,  337.  Pour 
acoustumer  les  homes,  qui  se  veulent  revestir  des 
fiefs,  de  se  devestir  aussi  de  leurs  mauvaises  mœurs, 
LANGUE,  239.  Il  faisoit  l'hermite  en  son  prieuré  de 
Crato,  ne  croyant  pas  qu'il  fallust  devestir  le  prestre 
pour  vestir  le  roi,  d'aub.  llist.  ii,  397.  Après  avoir 
devesti  et  découvert  l'os  de  son  périoste,  paré,  x, 
21 .  Devostant  l'habit  qui  les  tenoit  en  bonne  et  hon- 
neste  contenance,  ils  se  remplissent  incontinent  de 
toute  dissolution,  amyot.  Comment  il  faut  ouir,  l. 
Devestir  le  tige  de  feuilles,  bab.  Vaut,  m,  60.  Du 
manteau  vert  les  prez  se  devestirent,  marot,  m,  297. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  vêtir;  provenç.  deves- 
tir, desvestir;  ital.  divestire. 

DÉVÊTISSE-WENT  (dé-vê-ti-se-man) ,  s.  m.  Terme 
do  jurisprudence.  Dessaisissement  de  ce  qu'on  pos- 
sède. 

—  ÉTYM.  Dévêtir. 

DÊVËTP,  TJE  (dé-v6-tu,  tue),  part,  passé  de  dévêtir. 
Dépouillé  d'un  vêtement.  Le  tronc  de  branches  dé- 
vêtu, RÉGNIER,. SfaHces  rel.  ||Fig.  Et  le  prudontsera 
de  raison  dévêtu,  S'il  -se  montre  trop  chaud  à  sui- 
vre la  vertu,  m.  Sat.  xvi. 

t  DÉVIATEUR,  TRICE  (dé-vi-a-teur,  tri-s'),  adj. 
Qui  produit  la  déviation.  Il  faut  que  l'instrument, 
par  quelque  effet  déviateur  des  rayons,  procure  l'é- 
quivalent de  la  décentration  et  présente  aux  deux 
yeux  les  rayons  efiectifs  sous  une  convergence  dé- 
terminée, GiBAun-TEULON,  Comptes  rendus ,  Acad. 
des  se.  t.  LU,  p.  23.  Le  général  Didion  offre  au  lec- 
teur deux  formules  de  déviation  [du  boulet],  dans 
lesquelles  la  force  déviatrice  est  comparée  soit  à  la 
pesanteur,  soit  au  vent,  Presse  scientifique,  année 
(881,  t.  m,  p.  2(1, 

—  ÉTYM.  Dévier. 

t  DÉVIATIF,  IVE  (dé-vi-a-tif,  ti-v"),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  tend  à  dévier,  à  faire  dévier.- 

—  ÉTYM.  Dévier. 

DÉVIATION  (dé-vi-a-sion;  en  vers,  de  cinq  syl- 
labes) ,  s.  f.  Il  1°  Terme  de  physique.  Quantité  dont 
un  corps  pesant  s'écarte  de  la  verticale,  en  vertu 
de  la  force  centrifuge  ou  de  l'attraction  d'une  mon- 
tagne voisine.  ||  Terme  de  balistique.  Déviation  ver- 
ticale, force  dirigée  do  bas  en  haut,  qui  retarde  la 
chute  du  projectile  et  augmente  la  portée;  elle  pro- 
vient de  ce  que  la  pression  de  l'air  est  plus  grande 
au-dessous  qu'au  dessus  du  boulet.  Déviation  hori- 
zontale, déviation  qui  dépend  du  sens  de  l'hélice  de 
l'arme;  dans  le  sens  habituel,  elle  est  de  gauche  à 
droite  pour  un  observateur  placé  derrière  le  canon. 
Il  Terme  d'astronomie.  La  quantité  dont  une  lu- 
nette méridienne  ou  un  quart  de  cercle  mural  s'é- 
carte du  plan  méridien.  ||  2°  Direction  vicieuse  que 
prennent  certaines  parties.  Déviation  de  la  colonne 
vertébrale.  ||  Déviation  du  sang  ou  de  la  bile,  passage 
de  ces  humeurs  dans  des  vaisseaux  qui  ne  leur  sont 
pas  destinés.  ||  3°  Fig.  Écart  moral.  Une  déviation  de 
principes.  ||  11  se  dit,  en  histoire  philosophique,  des 
écarts  que  subit  le  développement  de  la  civilisation. 

—  ÉTYM.  Dévier. 

t  DÉVIDAGE  (dé-vi-da-j'),  s.  m.  Action  de  dévi- 
der, de  mettre,  d'appliquer  sur  le  dévidoir. 

—  ÉTYM.  Dévider. 

DÉVIDÉ,  ÉE  (dé-vi-dé,  dée),  part,  passé.  Mis  en 
écheveau  ou  en  peloton.  De  la  soie  dévidée.  ||  Fig. 
C'est  à  toi  que  je  dois  ces  jours  Qui ,  dévidés  d'or  et 
de  soie,  Entre  l'indolence  et  la  joie  N'auront  plus 
qii'un  paisible  cours,  cuaulieu,  l'Epicurien. 

DÉVIDER  (dé-vi-dé),  v.  a.  ||  1°  Mettre  en  éche- 
veau, au  moyen  du  dévidoir,  le  fil  qui  est  sur  le 
luseau.  Il  Mettre  en  peloton  ce  qui  est  en  écheveau. 
Il  2°  Poétiquement.  Dévide  aux  ans  de  leur  dauphin 
Un  bonheur  qui  n'a  point  de  fin,  malh.  ii,  3.  Les 
Parques  d'une  même  soie  Ne  dévident  pas  tous  nos 
jours, ID.  m,  4.  Il  3°  Par  extension,  faire  passer  entre 
ses  doigts.  C'est  l'aveugle  que  guide  Le  mur  accou- 
tumé. Le  mendiant  timide  Et  dont  la  main  dévide 
Son  rosaire  enfumé,  lamart.  Harm.  m,  to.  ||  4°  Fig. 

Expliquer,  débrouiller Qui  dévidât   mieux  un 

cas  de  conscience,  begnier,  Sat.  x.  Votre  mon- 
sieur a  très-bien  dévidé  mon  esprit,  sÉv.  60.  Nous 
dévidons  beaucoup  de  chapitres,  id.  353.  Nous  ap- 


DEV 

pelons  cela  dévider  tantôt  une  chose,  tantôt  une 
autre,  IB.  609.  |{  6°  V.  n.  Terme  de  manège.  Un 
cheval  dévide  quand,  en  marchant  des  deux  pistes, 
les  épaules  vont  trop  vite  et  que  sa  croupe  ne  suit 
pas.  Il  6°  Se  dévider,  v.  réfl.  Être  dévidé.  Celte  soie 
se  dévide  très-bien. 

—  HIST.  xjii"  S.  Qui  que  tisse,  chascuns  desvuide, 
Fabliaux  mss.  t.  m,  f"  flt,  dans  lacuhke.  Quicon- 
qucs  veut  estre  fillares.se  de  soie  à  grans  fuiseaus  à 
Paris,  c'est  à  savoir  desvuidier,  filer,  doubler  et  re- 
cordre....  Liv.  des  met.  80.  Himer  me  covient  de 
cest  monde,  Qui  de  tout  bien  se  vuide  et  monde; 
Por  ce  que  de  tout  bien  se  vuide  ;  Diex  soloit  tistre 
[tisser]  et  or  desvuide;  Par  tens  li  ert  faillie  traime, 
BUTEB.  220.  Tu  qui  contre  eulx  ne  fines  de  ton  venin 
vuidier,  Ne  sez,  espoir,  leur  texte  jusqu'au  vif  des- 
vuidier, Et  pour  ce  te  devroies  d'eux  blasmer  re- 
froidier,  j.  nE  meung.  Test.  8(i.  La  femme  qui  file 
au  touret.  Quant  pour  vendre  desvide.  Du  meilleur 
filé  dessus  met,  Dit  des  peintres.  \\  xvfs.  Ils  avoient 
eventré  (6  ou  (6  corps  morts  des  Bourguignons,  et 
devidoient  leurs  trippes  comme  trippiers  à  la  rivière, 
CARL.  IV,  32.  Voilà  une  partie  des  difficultés  qui 
m'ont  esté  mises  en  avant,  lesquelles,  amy  lecteur, 
tu  dévideras,  si  c'est  ton  plaisir  d'en  prendre  la 
peine,  Contes  de  cholières,  P  264,  dans  laclrne. 
Il  n'est  que  de  trouver  le  bout  du  fil,  on  en  desvide 
tant  qu'on  veult,  mont,  iv,  (80. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  vide  (comme  montre 
l'ancienne  forma  des  -  vuiier ,  vide  s'étant  écrit 
vuide);  dévider,  c'est  rendre  uide  le  fuseau.  Cette 
étymologie  est  acceptable  à  condition  qu'on  prendra 
le  préfixe  dé....  avec  le  sens  augmentatif.  Mais  voyez 
à  dévidoir  ces  formes-ci  d'Eust.  Deschamps;  desvo- 
doir,  desvondoir ;  elles  ne  s'accommodent  guère  de 
rider,  et  elles  font  penser  à  vinder  ou  guinder,  de 
l'allemand  winden,  enrouler,  d'où  devinder  ou  dé- 
vider, dérouler;  ce  qui  serait  satisfaisant  pour  le 
sens. 

DÉVIDEUR,  EUSK  (dé-vi-deur,  deû-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  dévide.  Que  les  maîtres,  ouvriers  tra- 
vaillant à  façon,  et  devideuses,  seront  tenus  de 
montrer....  aux  dits  marchands....  les  soies  qu'ils  au- 
ront reçues  pour  ouvrer  ou  dévider,  Stattits  des 
marchands  de  draps  d'or,  9  juillet  (667,  art.  36. 

—  ÉTYM.  Dévider. 

DÉVIDOIR  (dé-vi-doir),  s.  m.  ||  1°  Instrument  pour 
dévider.  ||  2»  Nom  vulgaire  d'une  coquille  du  genre 
des  arches.  C'est  l'arclie  bistournée. 

—  HIST.  XV"  s.  Or  a  fille  [filet],  or  aserans,  Dcs- 
vodoirs  et  petiz  et  grans,  e.  desch.  Poésies  vist. 
f°  6(3,  dans  LACURNE.  D'aguiUes,  canouUe  [que- 
nouille] et  fu.seaux.  De  desvondoirs,  de  buretteaux, 
ib.  f°  6(4.  Ilxvrs.  De  la  façon  des  fourneaux,  des 
bassins,  des  roues  ou  tours,  nommés  à  Paris  desvi- 
doirs,  et  à  Tours  guindres,  o.  de  serres,  494. 

—  ÉTYM.  Dévider;  Berry,  dévidoué. 

DÉVIÉ,  ÉE  (dé-vi-é,  ée),  part,  passé.  Qui  a  perdu 
sa  direction,  sa  rectitude.  La  colonne  vertébrale  dé- 
viée. Il  Terme  de  botanique.  Feuille  déviée,  feuille 
dont  la  face  supérieure  n'est  pas  tournée  vers  le 
ciel. 

DÉVIER  (dé-vi-é) ,  je  déviais,  nous  déviions, vous 
déviiez;  que  je  dévie,  que  nous  déviions,  que  vous 
déviiez.  ||  1°  Y.  n.  Se  détourner  ou  être  détourné  de 
sa  direction.  Dévier  de  son  chemin.  Vous  dont  le 
char  dévie  Après  un  cours  heureux ,  bérang.  Roger 
Dont.  Il  Fig.  Il  n'a  jamais  dévié  des  principes  de 
la  justice.  Il  2°  V.  a.  ôter  la  rectitude.  Une  attitude 
vicieuse  peut  à  la  longue  dévier  la  colonne  verté- 
brale. Il  3°  Se  dévier,  v.  réfl.  Sortir  de  la  rectitude, 
La  colonne  vertébrale  se  dévie  par  différentes  causes 
Sa  taille  se  dévie,  il  devient  contrefait. 

—  HIST.  XII»  s-Les  autres  devriez  mener  e  aveier, 
E  vus  les  faites  Tuz  chaîr  [choir]  e  trebuohier;  Nis 
[môme]  le  rei  del  païs  faites  vus  desveier.  Th.  le 
mart.  28.  ||  xivs.  En  tele  manière  que  lu  dévies  et 
vaises  [ailles]  nors  de  vérité,  oresme,  Elh.  (63. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  desviar;  ital.  dii- 
viare;  du  latin  deviare,  de  la  préposition  de,  et  via, 
voie.  Il  y  avait  aussi,  dans  l'ancien  français,  un  dé- 
vier,qni  signifiait  mouriret  qui  venait  de  de,  etvita, 
vie. 

f  DÊVIGOGNER  (dé-vi-go-gné).  ||l°r.  a.  Dégau- 
chir, déformer.  |(2°  V.  n.  Terme  de  marine.  Étreea 
mauvais  état,  en  parlant  des  câbles  ,  des  mâts,  etc. 
Ij  Inusité. 

DEVIN,  INE  (de-vin,  vi-n'),  i.  m.  et  f.\\l'  Ce- 
lui, celle  qui  prétend  découvrir  ce  qui  est  caché, 
,soit  dans  le  passé,  soit  dans  le  présent,  soit  dan» 
l'avenir.  Moi, devine!  on  se  moque;  Eh!  messieurs, 
sais-jelire?LAFONT.  Fahi.  vu,  4  6.  Entre  tous  les  de- 
vins fameux  dans  la  Chaldée....HAC.  Esth.u,  (.  J'a" 


DEV 

des  savants  devins  entendu  la  réponse,  id.  ib.  m,  (!. 
Ne  consultez  pointlesdevins.depeur  devoussouiller 
en  vous  adressantà  eux,  saci,  Ilible,  Lévit.  xix,  3i. 
Il  envoya  des  ambassadeurs  à  Balaam,  fils  de  lîeor, 
qui  était  un  devin  et  qui  demeurait  prrs  du  fleuve 
du  pays  des  enfants  d'Ammon,  id.  ib.  Nomb.  xxii, 
6.  I|  Fis;.  Je  ne  suis  pas  devin,  c'est-à-dire  je  ne 
pouvais  prévoir  cela,  et  aussi  je  ne  comprends  pas  ce 
qu'on  veut  dire.  ||  Pour  le  féminin  devineresse ,  plus 
usité  que  devine,  voy.  dfvineur.  |{  2°  Le  devin,  ou, 
adjectivement,  le  serpent  devin,  un  des  noms  vul- 
gaires du  boa  constricteur  (ophidiens).  {|  Nom  de 
plusieurs  espèces  d'insectes  du  genre  mante  (ortho- 
ptères). Il  Proverbe.  Il  ne  faut  pas  aller  au  devin  pour 
en  être  instruit,  se  dit  en  parlant  d'une  chose  qui 
est  assez  connue. 

—  SYN.  DEVIN,  PROPHÈTE.  Le  prophète  prédit  ce 
qui  doit  arriver,  grâce  à  des  communications  sur- 
naturelles qu'il  a  avec  la  divinité.  Le  devin , qui  non- 
seulement  prédit  l'avenir,  mais  encore  découvre  ce 
qui  est  caché,  doit  sa  prétendue  connaissance  aux 
sciences  occultes  et  à  tous  les  procédés  divinatoires 
qu'a  imaginés  la  superstition  ou  la  supercherie. 

-  HiST.  xiir  s.  Seigiior,  ce  dient  li  devin.  Il  est 
escrit  en  parchemin  Que  cil  a  sovent  mau  matin  Qui 
près  de  lui  a  mau  voisin.  Tien.  7383.  Si  sunt  devin 
qui  vont  par  terre,  Quant  il  preeschent  por  acquerre 
Honors  ou  grâces,  ou  richoces....  la  Hose,  6H7. 
Il  xv  s.  Donc  il  est  devin?  dis-je,  ou  il  a  des  mes- 
sagers qui  chevauchent  de  nuit  avecque  le  vent? 
FBOiss.  II,  m,  22.  Sans  aller  parler  au  devin,  L'ung 
prist  ce  pasté  de  façon,  L'autre  emporta  ung  broc 
de  vin,  villon.  Repue  de  Uontfaucon.  |{  xvi*  s.  Cer- 
tains pronostiqueurs  et  faulx  devins  l'avoienl  abusé 
de  vaine  espérance,  amyot,  Cic&on,  20.  Poètes, 
-peintres,  pelegrins,  à  faire  et  dire  valent  devins, 
GÉNiN,  Récréai,  t.  ii,  p.  247.  Par  la  dislocation  que 
les  passions  a|)porlent  à  nostre  raison,  nous  deve- 
nons vertueux;  par  son  exstirpation  ,  que  la  fureur 
ou  l'image  de  la  mort  apporte,  nous  devenons  pro- 
phètes et  devins,  mont,  ii,  327. 

—  ÉTYM.  Provenç.  devin,  devi,  devin;  devina, 
devineresse;  anc.  espagn.  devino;  du  latin  divinus, 
celui  qui  a  des  clartés  divines,  surhumaines  (voy. 
divin). 

1;EVL\ABLE  (de-vi-na-bl'),  adj.  Qu'on  peut  de- 
viner, facile  à  deviner. 

—  ÉTYM.  Divintr. 

fUEVlNAILLK  (dé-vi-nâ-U',  «mouillées),  s.  f. 
Art  ou  profession  de  devin.  11  faut  en  devinaille  être 
matlre  Gonin,  kEgnier,  Sat.  x.  ||  Terme  vieilli  et 
qui  ne  se  dirait  plus  qu'en  plaisantant  ou  pour  railler. 

—  IIIST.  XII'  s.  La  gent  Herbert  ne  sont  mie  fra- 
paille;  Il  t'ociront,  c'en  est  la  devinaille,  Raoul  de 
C.  43,  Il  XIII" S.  Reiiart  respont:  c'est  devinaille,  Bien 
verron  à  la  definaille,  Lequel  que  soit  plus  deceO, 
Ren.  U885. 

ÉTYM  Lat.  divinacula,  ta  (laviela,  dans  un  texte 
du  VI»  siècle;  voy.  Rev.  critique,  M  mai  t870,  p.  346. 

DEVINK,  ÊE(de-vi-né,  née), par»,  puise.  ||  1°  Dé- 
couvert par  l'art  du  devin.  Un  événement  deviné 
et  prédit  fortuitement.  ||  2°  Pénétré  parle  raison- 
nement. Un  secret  deviné.  Des  desseins  devinés  et 
traversés.  {|  3°  Dont  on  trouve  le  mot.  Une  énigme 
devinée. 

t  DKVINEMENT  (de-vi-ne-man),  s.  m.  Action  de 
deviner. 

—  IllST.  XII*  s.  Pur  ço  comandad  Saul  que  l'om  li 
quesist  une  femme  qui  seUst  de  sorcerie,  que  par 
son  devinement  seUst  corne  la  bataille  se  pren- 
dreit.  Bois,  p.  <09.  ||  xvi*  s.  C'est  une  bien  grande 
folie,  si  leur  devinement  les  trompa,  de  recourir  îi 
la  fortune,  calv. /ns(i(.  142.  Devinemens,  arts  ma- 
giques, necromantie,  id.  ib.  8i5. 

—  ÉTYM.  Deviner;  provenç.  devinamen,  avec  le 
sens  de  médisance;  ilal.  divinamento. 

DEVINER  (de-vi-né),  v.  a.  ||  1°  Découvrir  par  des 
procédés  surnaturels  ce  qui  est  caché  dans  le  passé, 
le  présent  ou  l'avenir.  Le  devin  ne  put  deviner  où 
le  trésor  était  caché,  ni  quel  avait  été  le  voleur. 
Il  Absolument.  Piaiiquer  l'art  de  deviner.  Un  homme 
qui  se  mêle  de  deviner,  pasc.  Prov.  8.  La  coupe  que 
vous  avez  dérobée  est  celle  dans  laquelle  mon  sei- 
gneur boit,  et  dont  il  se  sert  pour  deviner  ,  saci  , 
Bible,  Genèse,  xliv,  6.  ||  2°  Par  extension,  inter- 
préter, discerner  par  voie  de  conjecture.  Il  reconnut 
ou  devina  votre  écriture  en  voyant  le  dessus,  et  je 
ne  niai  pas  que  c'en  fût,  voit.  ieK.  23.  Je  reviens  à 
Pompée,  et  pense  deviner  Quels  motifs  jusqu'ici  peu- 
vent nous  l'amener,  corn.  Sertor.  i,  2,  Je  connais 
les  détours  et  devine  tes  ruses,  id.  le  Ment,  ii,  3. 
Les  politiques  ne  se  mêlent  plus  de  deviner  ses  des- 
seins [de  Louis  XIV];  quand  il  marche,  tout  se  croit 

DICT.   DE  LA  LANGLE  FRANÇAISE. 


DEV 

également  menacé,  jtoss.  Marie -Thér.  Apprends 
qu'on  devine  Dans  ces  rustiques  lieux  ton  illustre 
origine,  volt.  Sqithes,  1,  3.  On  n'avait  jamais  fait  en 
France  de  dénombrement  [sous  Charles  IX]  ;on  était 
trop  ignorant  pour  soupçonner  seulement  qu'on  pût 
deviner  le  nombre  des  habitants  par  celui  des  naissan- 
ces etdes  morts,  lo.Dmi.  xxiv,  i"entr.  Exemple  re- 
marquable des  erreurs  auxquelles  on  s'expose  en 
cherchant  à  deviner  les  lois  de  la  nature  par  les 
vues  qu'on  lui  suppose,  laplace.  Expos,  m,  5.  ||  Ab- 
solument. Quoi  que  vous  me  cachiez,  aisément  je 
devine,  CORN,  iîodojr.  i,5.  Devine  si  tu  peux,  et  choi- 
sis si  tu  l'oses,  ID.  Héracl.  iv,  6.  Qui  devine  est 
souvent  sujet  à  se  méprendre,  id.  Suréna,  iv,  3. 
Il  3°  Trouver  le  mot.  Deviner  une  énigme,  une  cha- 
rade, un  logogriphe.  ||  C'est  une  énigme  à  deviner, 
se  dit  de  ce  qui  est  obscur.  ||  Je  vous  le  donne  à  de- 
viner en  dix,  en  cent,  se  dit  d'une  chose  tout  à  fait 
inattendue,  improbable,  et  que  la  personne  à  qui 
l'on  parle  ne  s'imaginera  sans  doute  jamais.  ||  Fami- 
lièrement. Il  faut  toujours  le  deviner,  se  dit  de  quel- 
qu'un qui  parle  ou  écrit  avec  obscurité.  ||  Devinez 
le  reste,  c'est-à-dire  ce  qu'il  reste  à  vous  apprendre 
peut  se  conjecturer  sans  peine.  ||  On  dit  dans  un  sens 
analogue,  vous  devinez  le  reste.  ||  Je  vous  le  laisse  à 
deviner,  vous  n'aurez  aucune  peine  à  deviner  de 
qui  ou  de  quoi  il  s'agit.  Je  ne  connais  au  monde 
qu'un  seul  homme  qui,  arrivant  en  ce  moment  à 
Paris,  eût  partagé  avec  M.  de  Voltaire  l'enthousiasme 
et  l'admiration  publique,  et  cet  homme,  sire,  je  vous 
le  laisse  à  deviner,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de  l'russe, 
1"  juillet  (778.  Il  Deviner  les  fêtes  quand  elles  sont 
venues,  dire  des  choses  que  tout  le  monde  sait. 
Il  4°  Se  deviner,  v.  réjl.  Être  deviné.  Cela  se  devine 
aisément.  ||  Se  pressentir  l'un  l'autre.  Ces  deux 
âmes  s'étaient  devinées.  Les  mêmes  mots  sont  ra- 
rement synonymes  d'eux-mêmes;  ils  présentent  di- 
vers sens  selon  qu'on  les  applique;  on  se  devine 
plus  qu'on  ne  s'entend  dans  la  conversation,  tur- 
GOT,  Ébauche  du  2»  dise.  Progrès  de  l'esprit  hu- 
main, p.  259. 

—  HIST.  xii*  s.  Vos  prouesses,  vos  bonnes  mains 
Ont  deux  fois  vaincu  les  Romains,  Kt  sachiez  que 
mes  cuer  devine  Que  encore  hui  les  vainquerois 
[vaincrez].  Roman  du  Brut,  ms.  f°  94,  dans  la- 
CURNE.  Qui  devinent,  ains  qu'il  puist  avenir,  Les 
biens  d'amour,  Diex  les  puist  maleïr,   Coud,  xix. 

Il  XIII"  s On  devine  plus  sovent  De  çou  [ce]  c'on 

a  millior  talent  [qu'on  désire  le  mieux] ,  Poésies  mss. 
t.  III,  p.  (025,  dans  LACURNE.  On  va  jà  dieuant  c'on 
veut  faire  abeesse  De  le  [la]  feme  Alissandre,  le  [la] 
suer  dame  mairesse,  Por  çou  [ce]  qu'en  li  n'a  point 
ne  barat  ne  cafarde,  ih.  t.  iv,  p.  (333.  Onkes  cres- 
tienté  ne  rechut  si  grant  damage  comme  elle  reche- 
vrahui  cest  jour,  si  comme  mes  cuers  le  me  devine, 
Chr.  de  Rains,  205.  Dont  [elles]  sorent  bien,  sans 
deviner.  Le  terme  de  lor  enfanter,  FI.  et  Bl.  (6(. 
Il  XIV'  s.  Il  semble  que  tous  ceulz  qui  diftinissent 
vertu  divinent  ou  sentent  aucunement  que  vertu  est 
tel  habit  qui  est  selon  prudence,  oresme,  Elh.  (89. 
Il  XVI'  s.  Les  âmes,  dans  le  sommeil,  divinent,  pro- 
gnostiquent  et  voyent  des  choses  que....  mont,  ii, 
209.  C'est  à  deviner,  si  la  constance  s'y  feust  trou- 
vée, ID.  n,  384.  Celuy  qui  n'a  pas  remply  sa  force, 
il  vous  laisse  [à]  deviner  s'il  a  encores  de  la  force  au 
delà,  ID.  IV,  48.  L'art  de  deviner  les  choses  à  ad- 
venir, AMYOT,  Niciaset  Crass.  8.  Où  sont  les  trépieds 
de  Clare,  Les  devihoirs  de  Patare,  Où  tu  devines  de 
loing?  BAÎP,  Œuvres,  f°  28,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Devin;  bourguig.  devenuy;  provenç.  de- 
vinar;  anc.  espagn.  divinar;  ital.  divinare.  On  re- 
marquera l'ancienne  forme  dieuer. 

DEVINERESSE  (de-vi-ne-rè-s' ) ,  i.  f.  Voy.  devi- 

NEUR. 

DEVINEUR,  BRESSE  (de-vi-neur,  ne-ré-s'),  s. 
m.  et  f.  Il  1°  Celui,  celle  qui  a  la  prétention  de  de- 
viner. Quoiqu'ignoranle  à  vingt  et  deux  carats.  Et 
logée  en  un  galetas,  Une  devineresse  avait  empli  sa 
bourse,  la  font.  Fabl.  vu,  (B.  Jeanne  d'Arc  fut 
qualifiée  de  superstitieuse,  devineresse  du  diable, 
VOLT.  Mœurs,  80.  ||  Il  y  a  aussi  le  féminin  devineuse. 
Chez  la  devineuse  on  courait  Pour  se  faire  annon- 
cer ce  que  l'on  désirait,  la  font.  Fabl.  vu,  (5. 
Il  2°  Fig.  et  familièrement,  celui  qui  juge  par  voie 
de  conjecture.  Quel  devineuri  {|  En  ce  sens,  le  fé- 
minin est  devineuse,  non  devineresse.  On  dira  aussi 
une  devineuse,  non  une  devineresse,  en  parlant  de 
charades,  d'énigmes,  etc. 

—  HIST.  XIII'  s.  Car  il  sont  bon  devineour  Tout 
cil  qui  aiment  par  amour,  FI.  et  Bl.  337.  ||  xiv  s. 
Si  come  feindre  estre  bon  médecin  et  estre  sage  di- 
vineeur,  ORESME,  £(h.  135.  ||  xvi'  s.  Sa  femme  estoit 
devineresse,  amyot,  Crats.  (4. 


DEV 


1137 


—  ÉTYM.  Deviner;  bourguig.  deviqnour;  provenç. 
devinaire,  devinador  ;  \V<û.  divinatore.  Dans  le  pro- 
vençal devinaire  est  le  nominatif,  d'un  bas-latin  dt- 
vinàior;  devinador  est  le  régime,  de  divinalàrem, , 
dans  le  français  les  formes  parallèles  sont  devinere 
et  devineor.  Ifevin  ne  peut  donner  devineresse, 
mais  devineur  le  donne,  comme  demandeur,  de- 
manderesse, chasseur,  chasseresse.  Ces  noms  ont  sou- 
vent un  double  féminin  :  demandeur,  demandeuse 
et  demanderesse. 

t  DÊVIRAGE  (dé-vi-ra-j') ,  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Action  de  dévirer.  ||  État  d'une  pièce  de  bois 
dont  tous  les  points  d'une  même  face  ne  sont  pas 
situés  dans  le  même  plan.  Cette  pièce  a  du  dévirage. 
On  dit  aussi  dévirance. 

—  ÉTYM.  Dévirer. 

tDËVIRER  (dé-vi-ré),  V.  a.  Terme  de  marine. 
Détourner  un  cabestan,  pour  donner  du  mou  à  un 
cordage  qu'on  avait  roidi  en  virant.  Dévirer  une 
manœuvre,  la  faire  tourner  sur  son  axe  dans  le  sens 
opposé  à  son  commetlage.  ||  Terme  de  construction 
navale.  Donner  du  renllement  à  des  pièces  de  bois. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  virer. 

t  DÉVIRGINER  (dé-vir-ji-né),  v.  a.  Latinisme, 
ôter  la  virginité. 

—  ÉTYM.  Lat.  devirginare,  de  de,  et  virgo, 
vierge. 

t  DÉVIRGINEUR  (dé-vir-ji-neur),  s.  m.  Celui  qui 
ête  la  virginité.  On  les  nommait  les  trois  dévirgi- 
neurs,  tiers  ci (^  dans  bescherelle.  ||  ^dj.  [le  merle 
blanc]  Commeil  parlait,  entre  dans  la  cuisine,  Et  le 
vieillard  saisit  sa  carabine  Pour  ajuster  l'oiseau  dé- 
virgineur,  baour-lormian,  dans  bescuerelle. 

t  DÉVIROLAGE  {dé-vi-ro-la-j')  ou  DÉVIUOLE- 
MENT  (dé-vi-ro-le-man),  s.  m.  Action  de  déviroler 
les  pièces  nouvellement  frappées. 

t  DÉVIROLER  (dé-vi-ro-lé),  v.  a.  Retirer  delà 
virole  les  flans  qui  ont  été  frappés  par  le  coin. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  et  virole. 

DEVIS  (de-vi;  l's  se  lie  :  un  de-vi-z  important), 
s.  m.  Il  1°  Descriction  des  travaux  qu'on  doit  exécu- 
ter pour  la  constructiond'un  bâtiment,  avec  l'estima- 
tion des  ilépenses.  Faire  un  devis.  Les  dépenses  vont 
presque  toujours  au  delà  des  devis.  ||  Terme  de  ju- 
risprudence. Di^vis  et  marché,  acte  par  lequel  sont 
réglés  la  forme,  le  poids,  la  mesure,  la  quantité, 
la  quotité  et  le  prix  d'un  ouvrage,  et  les  obligations 
respectives  de  celui  qui  fait  faire  l'ouvrage  et  de  ce- 
lui qui  l'entreprend.  {|  2°  Menus  propos,  entretien 
familier.  De  joyeux  devis.  Qui  plus  suffisamment 
entrant  sur  le  devis,  Régnier,  Sa(.  x.  Un  jour  qu'ils 
étaient  en  devis,  LA  font.  Rich.  Tuez-vous  donc  vite; 
ahl  que  de  longs  devis,  mol.  l'Ét.  ii,  7. 

—  HIST.  XII'  s.  Car  j'ai  esté  longtemps  à  son  de- 
vis [à  son  service],  Et  serai  mais  tant  com  je  serai 
vis  [vivant],  Couci,  p.  (24.  Or  est  l'amors  conetie 
et  proïée;  U'oren  avant  [je]  serai  à  vos  devis,  qles- 
nes.  Romancero,  p.  (07.  Herupois  sont  mandé  pour 
voir  le  vos  devis,  Sax.  xxiv.  Nous  en  ferons  justice 
tout  à  nostre  devis,  ib.  xxvi.  ||  xiii'  s.  Trop  par  fu 
bien  fet  le  chastel,  Onques  nus  bons  ne  vit  si  bel. 
Or  vos  en  ferai  le  devis  [la  description],  Ren.  21999 
Qui  autel  vieavoir  porroit,  De  mieudre  bien  se  sof- 
ferroit  [se  passerait].  Qu'il  n'est  nul  greignor  para- 
dis Qu'avoir  amie  à  son  devis,  la  Rose,  (308.  Ce  ne 
pot  estre  fet  ne  par  devis  ne  par  testament,  beaum. 
Lxx,  8.  Et  estoit  contenus  en  son  testament,  que  ses 
devis  fust  paies  de  ses  cozes,  id.  xii,  2.  ||xv's.  Après 
cesdevis  [propos]  je  prins  congé  d'eux,  comm.  viii, 7. 
Il  oyoit  les  bons  devis  [propos]  qui  à  cette  cause  se 
faisoient,  LOi'is  xi,  Nouv.  lxxiii.  Assez  s'en  dou- 
toit,  attendu  le  regard,  devis  et  esbattement  qu'il 
avoit  vu  entre  eux  deux,  id.  ib.  lxxvi.|1xvi'  s.  Oc- 
troyez moi  de  funder  une  abbaye  à  mon  deviz  [à  mon 
gré],  RAB.  Gar.  i,  B2.  Sa  leçon  se  fera  tantost  par 
devis  [causerie],  tantost  par  livre,  mont.i,  (74.  Je 
choisirois  plus  tost  de  sçavoir  auvray  les  devis  qu'il 
tenoit  en  sa  tente  à  quelqu'un  de  ses  privez  amis,  la 
veille  d'une  bataille,  que  les  propos  qu'il  teint  le 
lendemain  à  son  armée,  id.  ii,  (07.  De  bons  et 
graves  devis,  amyot,  Lyc.  (9.  Quant  à  l'Odeon,  on 
dit  que  Pericles  en  bailla  le  devis  et  l'ordonnance, 
ID.  Péricl.  29.  La  maçonnerye  cy  après  declairée, 
selon  le  divis  et  ordon'nance  à  eulx  faicte  par  le  dit 
maistre  maçon.  Marché  fait,  Bibl.  de  l'Ecole  du 
Chartes,  4'  série,  t.  m,  p.  63. 

ÊTYM.  Provenç.  devis;  ital.  di«tso;du  latin  di- 

fi'sum,  divisé  :  pro|)rement,  chose  divisée ,  division, 
de  là  choix,  gré,  propos. 

DÉVISAGÉ,  ÉE  (dé-vi-za-jé,  jée),  port,  poss^, 
Dévisagé  à  coups  d'ongles. 

DÉVISAGER  (dé-vi-za-jé.  Le  g  prend  un  e  devant 
a  et  0:  nous  dévisageons,  je  dévisageais),  v.  a. 

I.  —   U3 


4138 


DEV 


g  !•  Déchirer  le  vin.ifrc  avnc  les  ongles  ou  les  griffes, 
rrenez  garde  de  vous  faire  dévisager  par  ce  chat. 
Je  vais  chercher  le  chevalier,  mailame,  et  je  le  dé- 
risagerai  si  jeletrouve,  I)Ancoi;rt,  Cheralier  à  la 
tnodf,  m,  4  t.  Vous  n'entrerez  pas,  monsieur,  je  vous 
assure;je  nesouflrirai  pas  que  vousalliez  vous  faire 
•Jévisager.  lesagb,  Crispin  rival,  se.  17.  ||  Kig.  Je 
ne  suis  point  du  tout  pour  ces  prudes  sauvages  Dont 
l'honneur  est  armé  de  griffes  et  de  dents  Kt  veut 
RU  moindre  mot  dévisager  les  gens,  moi,.  Tart. 
•v,  ».  Mais  sa  Diuse  [de  lloiloau]  a  toujours  quelque 
malignité,  Kt,  vous  caressant  d'un  côté.  Vous  dé- 
visagerait de  l'autre,  ciuulieu,  Ép.  d'ilamilton. 
Il  2"  Populairement.  Dévis:iger  quelcpi'un,  faire  ef- 
fort pour  reconnallre  les  traits doquelqu'un.  Il  était 
1.1  à  mo  dévisager,  j'étais  pouriant  bien  sûrdenele 
pas  connaître.  |j  3°  Se  dévisager,  v.  rvfl.  Se  déchirer 
le  visage  l'un  à  l'autre.  Ces  deux  furies  se  sont  dé- 
visagées. Il  Populairement.  Chercher  à  se  reconnaî- 
tre l'un  l'autre. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Chevau  légers  estropiés,  canon- 
oiers  jambes  (le  bois,  petardiers  dévisagés....  d'aub. 
Conf.  I,  V.  J'eus  la  fiebvre  quarte,  quatre  ou  cinq 
mois,  qui  m'avoit  tout  desvisagé,  mont,  iv,  281. 

—  RTYM.  Dé....  préfixe,  et  visage. 

DEVISE  (de-vi-z').f.  (.  \\i'  Terme  de  blason. Di- 
vision de  quelque  pièce  honorable  de  l'écu.  Ainsi 
une  fasce  qui  n'a  que  le  tiers  de  sa  largeur  com- 
mune est  une  fasce  en  devise.  ||  Division  étant  le  sens 
propre  <ie  ce  mot ,  comme  de  diviser  on  passe  à 
l'idée  de  tracer,  dessiner,  on  arrive  au  sens  qui  suit. 
Il  2°  Figure  emblématique  avec  quelque  sentence 
concise  qui  l'explique.  J'ai  vu  une  devise  qui  me  con- 
viendrait assez;  c'est  un  arbre  sec  et  comme  mort, 
et  autour  ces  paroles  :  Fin  chc  sol  ritorni  (jusqu'à  ce 
que  le  soleil  revienne),  sÉv.iefJ.  isdéo.  (07fi.Voil;"i 
leurs  bouchers,  leurs  lances,  leurs  devises,  volt. 
Tnn'r.  m,  <.  ||  Le  corps  de  la  devise,  la  figure. 
Il  L'âme  de  la  devise,  lu  sentence.  IJLes  devises  des 
armoiries  se  mettent  dans  des  listons  autour  de 
l'écu,  ou  en  cimier,  et  quelquefois  aux  côtés  ou  au- 
dessous.  Les  devises  des  ordres  se  mettent  sur  les 
colliers.  ||  3°  Petite  phrase,  ou  sentence  qui  n'est 
quelquefois  composée  que  d'un  mot,  pour  signifier 
quelque  qualité  qu'on  attribue  aux  choses  ou  aux 
personnes.  Le  trépas  vient  tout  guérir;  Mais  ne  bou- 
geons d'où  nous  sommes;  Plutôt  souffrir  que  mou- 
rir, C'est  la  devise  des  hommes,  la  font.  Fabl. 
I,  10.  Diversité  c'est  ma  devise,  ID.  Pdié.  Fais  ce 
que  voudras  est  la  devise  d'ici,  siîv,  480.  Il  prit 
pour  sa  devise  :  malheur  est  bon  à  qielque  chose, 
VOLT.  Ingénu,  20.  Hier  encore  ne  disiez-vous  pas  : 
vivre  obscur  et  près  d'elle?  —  Aujourd'hui  la  devise 
me  semble  trop  cliampétre,  ch.  dr  bernaud,  un 
Homme  sérieux,  §  xvin.  ||  Devise  républicaine,  de- 
vise de  la  preniière  république  qui  était  :  liberté,  fra- 
ternité, on  1 1  mort.  Liberté,  ordri-  pulilic,  était  la  de- 
vise du  goiiveiiipinent  do  Louis-Phiiip|ie.  ||  Devise 
de  bonbons,  petit  papier  contenant  un  dicton  en 
vers  ou  en  prose  et  dont  on  enveloppe  les  bonbons 
les  bcjnbons  mêmes  qui  sont  enveloppés  dans  la  de- 
vise. Il  4"  En  sculpture .  la  devi.se  est  un  ornement  en 
bas-relief,  qui  est  compcsé  de  figures  et  do  paroles 

—  HiST.  XI'  s.  Si'n  face  la  justice  [qu'il  en  f.isse 
la  justice]  àlapriraeredevise  [tnçon],  Lois  de  Gnill.  6. 
Sire,  ce  di.st  Girarz,  or  ooz  [oyez]  ma  devise  [dis- 
cours] ....  San.  xxin.  En  dous  [deux]  ordres  de  gent  est 
faite  saint  igli.se;  Del  pueplo  e  del  clergié,  ele  est 
f'.ite  e  asise,  E  par  dreit  aûnie  [réunie]  est  en  ce.ste 
divise,  Th.  le  mart.  79.  ||  xiir  s.  Se  ele  est  d'amour 
esprise,  Malement  lui  est  membre  [souvenu]  Com- 
ment j'ai  à  sa  devise  Sans  nul  contredit  esté,  auh. 
DE  SEZANNE,  Romanc.  p.  126.  Lors  parlèrent  li  eves- 
ques  et  li  clergiés  au  peuple,  et  leur  monstrerent 
qu'il  fussent  confès  et  feist  chascuns  d'aus  [eux]  sa 
devise  vii.i.Eii.  t.xx.  Li  qnons  Joltiois  del  Porche 
s'aci  inlia  de  maladie,  et  list  sa  devise  [testament] 
en  tel  inanicre  que  il  cnmmand.i...  id.  xxix.  La  ma- 
ladie li  enforsa  si  duiemontqH'il  flst  sa  devise  (par- 
l.igoj  et  départi  ce  qu'il  d.'vnit  porter  outre  mer  à 
SCS  linmes,  II).  XXII.  Blanche  (elle)  fu  et  vermeille 
et  plaisans  à  devise,  llerte,  vi.  Alublé  un  ininlel, 

grant  en  lut  la  devise  [l'ornementj,  i().  xxxi.  Main- 
tenant li  vilain  .se  lieve,  Si  a  fait  tout  S  sa  devise. /(en. 
62»&.  Tant  ai  ol  de  vous  bien  dire,  Que  meire  veil 
tout  à  devise  Cuei  et  cors  en  vostre  servise,  la  Dose, 
t»27.  S'ainsinc  fust  qu'aucuns  la  haîsl.  Si  cuit-gc  [je 
pense]  que  de  ceus  feîst  Ses  amis  par  son  biau  ser- 
vise; Et  por  ce  ol-ele  à  devise  l.'amor  dos  povres  et 
dos  riches,  tb.  usa.  lionnes  'bornes]  si  sont  unes 
choses,  qui  sont  fichées  en  la  devise  d'une  chose 
.tomme  pierres  ou  pei  [pieux] ,  et  fet  chascun  cerl 
uun  parou  son  héritage vel  ,Liv.  dejusl.  1 19.  Li  baillis 


DEV 

ne  pot  fere  bonnage  [bornage]  ne  devise  de  I  iretage 
son  segneur  vers  autrui,  deauh.  44.  J'entent  de  bon- 
nes [bornes]  qui  ont  fet  devi.ses  de  lonc  tans,  id. 
ntx,  27.  Il  XV  s.  Si  fit  on  la  devise  pourvoir  et  ap- 
pareiller de  tout  ce  qu'il  falloit,  si  honorablement 
comme  à  telle  damoiselle,  qui  devoit  estre  roine 
d'Angleterre,  afferoit,  froiss.  i,  i,  46.  Toutes  les 
paroles  et  les  devises  et  le  convenant  du  messager, 
comment  il  avoit  esté  pris  devant  Auberoche,  et  Tes- 
tât de  la  lettre,  et  la  neces.sité  de  ceux  de  dedans 
furent  sçues  et  rapportées  à  iiordeaux,  ID.  I,  I,  220. 
Ha  I  dit  Philippe ,  vous  me  comptez  trop  do  devises  ; 
ce  sera  trop  tard;  allez,  allez  à  nostre  logis,  id.  ii, 
II,  •8').  Après  ces  devises  [propos]  je  pris  congé  du- 
ilit  duc  de  Milan,  comm.  vjii,  (2.  ||  xvi'  s.  La  tierce 
nauf  pour  divise  [devise]  avoyt  ung  beau  et  profond 
banap  de  pourcelaine,  bau.  Panl.  iv,  I .  Ce  de  quoy 
plus  il  s'esmerveiUa,  fut  la  multitude  des  lumières 
et  flambeaux  suspendus  en  l'air  et  esclairans  de  tous 
costez,  si  ingénieusement  ordonnez  et  di.sposez  à 
devises  les  uns  en  rond,  les  autres  en  quarré,  que.... 
AMYOT,  Anton.  32.  Les  devLses  [propos]  de  Pylha- 
{.'oras,  et  les  enseignemens  de  Platon,  ou  les  pré- 
ceptes de  Chilon,  m.  Comment  lire  les  poètes,  55. 
De  battre  et  forger  de  la  monnoie  au  coing  de  leurs 
armes,  avec  divises  faictes  à  plaisir,  carl.  vi,  0. 
....Que  ses  messagers  ont  esté  blessez  par  gens  ves- 
tus  à  ma  devise,  m.  du  bell.  487,  etc. 

—  ÉTVM.  Voy.  devis;  Berry,  devise,  subterfuge, 
discours;  wallon,  divize,  propos;  provenç.  devisa; 
ospagn.  et  ital.  divisa. 

t  DEVISÉE  (dc-vi-zée),  s.  f.  Conversation,  en- 
tretien familier. 

—  liiST.  xiv  s.  Porter  fist  en  la  nef  tout  à  sa  de- 
visée  [comme  il  le  voulait],  Guescl.  «seo. 

—  ÊTYM.  Deviser. 

DEVISER  (de-vi-zé),  V.  n.  Anciennement,  arran- 
ger, dispo.ser  en  divisant,  puis  former  un  plan,  un 
devis;  enfin  exprimer, dire  son  plan,savolonté.||  Au- 
jourd'hui, en  un  sens  plus  restreint,  et  avec  l'ac- 
ception diniinutive  et  familière  que  prennent  sou- 
vent les  termes  archaïques,  échanger  avec  quelqu'un 
de  menus  propos.  Pourquoi  ne  voulez-vous  pas  que 
sur  le  soir  notre  ami  vienne  deviser  au  loiçis?  balz. 
liv.  VI,  lett.  5.  Tout  en  devisant,  nous  voici  arrivés 
à  la  ville,  d'ablancourt,  Lucien,  t.  ii,  dans  riche- 
LET.  C'e.st,  monsieur,  une  question  qui  vient  à  pro- 
pos et  que  je  vous  fais  tout  en  devisant,  Marivaux, 
l' Ileure^ix  stratag .  lu ,  i.  C'est  ainsi,  ô  Rtné,  qu'un 
ignorant  sauvage  devisait  avec  les  plus  grands  hom- 
mes de  ta  vieille  patrie,  chateaub.  Natch.  vi,  246. 
Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  aeotr  ;  Ils  ont 
longtemps  devisé. 

—  IIIST.  xii' s.  L'haste  fu  grosse,  ne  vous  sai  de- 
viser [l'exprimer],  lionc.  p.  125.  Et  Pinabaux  jura 
quanque  cil  devisa  [prononça],  ib.  p.  (92.  Sire, 
prenez  en  un  [jugement]  com  m'orrez  [ouïrez]  de- 
vi.ser,  ih.  p.  200.  Tous  tems  m'est  li  cuers  en  joie. 
Quant  je  sa  beauté  devis.  Sa  cheveledre  bloie,  Ses 
blans  dois  Ions  et  traitis,  Couci,  p.  4  20.  ||  xiii'  s.  Or 
a  la  bêle  Idoine  quanque  ses  cuers  devise  [désire], 
audefr.  le  bast.  Itomancero.  p.  <o.  Einsi  comme 
il  devisèrent  [décidèrent]  fu  fait,  vili.eh.  xlix.  Et, 
se  il  te  vuellent  aidier,  tu  feras  quanques  il  devise- 
ront de  bouche;  et  espoir  il  leur  en  prendra  pitié, 
ID.  xlii.  Et  briement  la  matière  esponJre  et  devi- 
ser, lierle,  m.  Tout  droit  à  celui  tems  que  je  ci  vous 
devis.  16.  V.  La  traîson  [ils]  devisent  entre  eus  trois 
à  lois  r,  ih.  XIII.  Ainsi  ont  no  ministre  cest  ordre 
[monastique]  devisé  [réglé],  ib.  xlv.  [Je]  Ne  sau- 
roie  pas  tout  deviser  lire  à  tire,  16.  lxiv.  Puis  qu'aingi 
est  la  chose  et  venue  et  aléo  Et  que  ele  mcïsmes  la 
vous  a  devi.sée,  16.  cxv.  Les  armes  [blason]  qu'il 
portèrent,  li  rois  les  devisa  [compasa],  t'ft.  cxxxi. 
Ensi  come  il  fu  devis,  et  ensi  fu  fait,  Chr.  de  Rains, 
86.  Et  li  chevaliers  en  son  testament  ordena  et  de- 
visa qu'on  preîst  le  devis  de  son  testament  sor  le  bois , 
BEAUM.  xxvii,  43.  Encore  pot  on  fere  procureur,  li 
quix  n'ara  povoir  fors  de  ce  qui  sera  fait  en  le  [la]  jor- 
née,  se  le  [la]  procuration  le  devise  en  tele  manière, 
iD.  t6.  78.  Les  seremens  que  les  amiraus  [émirs] 
dévoient  fere  au  roy  furent  devisez  [rédigés]  et  fu- 
rent tiex  [tels]....  joiNv.  54i).Se  nous  le  faisons  ain- 
sinc,  nostre  sire  nous  donra  plus  do  bien  en  cest 
siècle  et  en  l'autre,  que  nous  ne  saurions  deviser, 
ID.  496.  De  la  bouche  fu  il  si  sobre,  que  onques  jour 
do  ma  vie  je  ne  li  oy  deviser  [demander]  nulles 
viandes,  lu.  4  93.  ||  xv  s.  Celui  [Artevelle]  esloit 
entré  en  si  grand  fortune  et  en  si  grand  grâce  à 
tous  les  Flamands,  que  c'estoit  tout  fait  et  bien  fait 
quant  qu'il  vouloil  devi.ser  et  commander  ppr  tout 
Flandre,  froiss.  i,  i,  06.  Jean  Pruniaux  estoit  lianni 
de  Oiind  cl  de  Flandre;  pour  ce,  estoit-il  devisé 


DEV 

[énoncé]  en  son  bannissement,  qu'il  estoit  allé  pren- 
dre Audenarde  sans  le  sçu  de  ceux  de  Gand,  id.  11, 
II,  02.  Ce  temps  pendant  [Edouard  à  Amiens]  eut 
mainte  parolle  et  ordonnance  faite  et  devisée,  id. 
I,  I,  62.  Et  luy  commanda  aller  taster  aux  gens  des 
susditz  veoir  s'ilz  n'avoient  point  de  brigandincs 
soubz  leurs  rohbes,  et  qu'il  le  fist  comme  en  se  de- 
visant à  eulx  sans  trop  en  faire  de  semblant,  comm. 
VI,  4  2.  Et  puis  [Charles  VIII]  regarda  longtemps  les 
joueurs  et  devisoit  à  tout  le  monde,  id.  viii,  4  8. 
Boire  et  manger  largement  du  souper  de  ceux  qui, 
entretemps,  au  lit  se  devisoient  [causaient],  à  son 
grand  préjudice,  louis  xi,  Sowo.  i.  Elle  divisoit 
avec  lui  décent  mille  besognes,  id.  16.  xxiii.  Et  fut 
heure  de  souper  et  ne  se  rattelerent  point  au  devi- 
ser, tant  qu'ils  furent  au  lit  couchés  ,  id.  ib.  xxvi. 
n  xvi*  s.  M.  de  Soissons  est  parti,  qui  a  porté  à 
Mme  la  maresrhalle  une  bonne  lettre  du  roy,  que 
lui  mesme  a  devisée  [dictée],  marg.  Lelt.  4  23.  Tant 
que  vous  et  madame  avez  esté  icy,  je  prenois  plus 
de  plaisir  à  vous  ouïr  deviser  de  ce  lieu  que  de  le 
regarder,  in.  ib.  liv.  Ceux  qui  aymeiit  le  vin ,  devise- 
ront [causeront]  de  boire,  dubell.  vi,  f>,  recto.  Bref 
il  est  si  poltron,  pour  bien  le  deviser,  Que  depuis 
quatre  mois,  qu'en  ma  chambre  il  demeure.  Son 
umbre  seulement  me  fait  poltronniser,  id.  vi,  48, 
verso.  Je  devisois  si  cette  façon  d'aller  tout  nud  est 
l'originelle,  mont,  i,  268.  Une  dame  estrangere  di- 
visant avec  elle  luydisi,  amvot,  I  yc.  n,  6.  Ces  ga- 
lères avoient  esté  très  bien  faities  et  devisées  par 
Themislocles  ,  tant  pour  cingler  légèrement ,  que 
pour  tournoyer  facilement,  id.  Cimon,  4». 

—  ÉTYM.  Devis  OM  devise  (dans  le  sens  ancien); 
génev.  et  ISerry,  diviser;  provenç.  et  anc.  espagn. 
devisar;  ital.  divisare. 

DÉVISSÉ,  ÊE   (dé-vi-sé,  sée),  part,  passé.   Une* 
plaque  de  fer  dévissée. 

t  DÉVISSEMENT  (dé-vi-se-man),  s.  m.  Action 
de  dévisser. 

DÉVISSER  (dé-vi-sé),  V.  a.  ||  1°  ôlcr  la  vis  ou  les 
vis  qui  fixent  une  cho.se.  ||  2"  Séparer  une  chose 
adaptée  à  une  autre  avec  des  vis.  Dévisser  la  ser- 
rure. Il  Se  dévisser,  v.  réfl.  'Cesser  d'être  vissé.  Cela 
se  dévisse  sans  peine. 

—  f.TYM.  Dé....  préfixe,  et  ri«. 

t  DÉVITRIFIABLE  (dé-vi-tri-fi-a-bl') ,  adj.  Terme 
de  chimie.  Qui  peut  être  dévitrifié. 

t  DÉVITKIFICATION  (dé-vi-tri-fi-ka-sion),  t.{. 
Terme  de  chimie.  Action  de  dévitrifier;  résultat  de 
cette  action.  La  dévitrificalion  n'est  autre  chose 
qu'une  cristallisation,  fournet,  Acad.  des  se.  Comp- 
tes rendm,  t.  iiii,  p.  4  80. 

t  DÉVITRIFIER  (dé-vi-tri-fi-é),  «.  a.  Terme  de 
chimie.  Détruire  l'état  de  vitrification  d'une  sub- 
stance. Il  Faire  perdre  l'apparence  de  verre.  Les  ver- 
res dévitrifiés  selon  le  procédé  de  Réaumur  sont  plus 
durs,  plus  denses,  meilleurs  conducteurs  de  l'élec- 
tricité et  du  calorique  que  la  masse  non  dévitrifiée, 
fournet,  Acad.  dessc.  Comptes  rendus,  t. un, p.  480. 

—  ÉTYM.  Dé....  préfixe,  el  vitrifier. 
DÉVOIE.MENT   (dé-\oî-man),  s.  m.  \\  1°  Terme 

d'architecture.  Action  de  dévoyer,  d'incliner  un 
tuyau  de  cheminée  ou  de  descente.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Position  de  certains  couples  dans  lesquels  le 
plan  des  branches  n'est  pas  perpendiculaire  i.  la 
quille.  Il  2°  État  du  corps  qui  est  dévoyé,  Dux  de 
ventre,  déjections  alvines  liquides.  Il  était  incom- 
modé d'un  dévoiement,  sÉv.  4  48.  M.  de  Beauvillier 
se  crevait  de  quinquina  pour  arrêter  une  fièvre  opi- 
niâtre accompagnée  d'un  fâcheux  dévoiement,  ST- 
siM.  83,  89.  Un  dévoiement  rend  souvent  un  homme 
pusillanime,  volt.  Oreilles,  7.  ||  Fig.  Le  duc  d'Or- 
léans, dont  la  facilité  se  pouvait  appeler  un  dévoie- 
ment, accorda  les  honneurs  du  Louvre  à  Dangeau, 

ST-SIM.   460,   34. 

—  HIST.  XVI"  s.  Estant  tombée  en  un  grand  des- 
voyement  d'estomach  [vomissement]  et  fiebvre. 
MONT,  i,  101.  Il  luy  prit  tout  soudain  une  resverie 
et  un  desvoyement  d'entendement,  auquel  il  mou- 
rut trois  jours  après,  amtot,  1'.  yEm.  62. 

—  f.TYM.  Dévoyer. 

DÉVOILÉ,  ÉE  ;dé-voi-lé,  lée),  part,  passé.]]  I"  Dont 
ou  a  ôlé  le  voile.  La  statue  d'Isis  dévoilée  par  une 
main  téméraire.  ||  Religieuse  dévoilée,  religieuse  qui 
a  quitté  le  voile.  112"  Par  extension,  découvert.  Le* 
images  des  saints  sont  dévoilées,  le  feu  nouveau  est 
bciii  devant  l'autel,  chateaub.  Mart.  n,  4  69.  Du 
Saint  des  Saints  ému  les  feux  se  découvrirent.  Tous 
les  cieux  un  moment  brillèrent  dévoilés,  v.  hugo, 
Odes,  1,  5.  Il  3»  Fig.  Porté  à  la  connaissance.  Un  mys 
1ère  dévoilé.  Leurs  intrigues  sont  dévoilées.  Eh  bien  1 
il  vos  regards  mgn  &me  est  dévoilée,  volt.  M.  di 
Cet.  m,  ï. 


DEV 


DEV 


DEV 


<139 


DÉVOILEMENT  (dé-voi-le-man),  s.  m.  ||  l'Action 
le  dévoiler.  Le  dévoilement  de  figures  qui  étaient  cou- 
vertes. ||  Fig.  Le  dévoilement  des  figures  de  l'Ancien 
Testament.  ||  2°  Action  de  porter  à  la  connaissance. 
On  verra  dans  la  suite  combien  cette  digression  est 
nécessaire  pour  l'éclaircissement  et  le  dévoilement 
de  ce  qui  se  présentera  à  raconter,  st-sim.  m,  <<3. 

—  ÉTY.M.  Dévoiler. 

DÉVOILER  (dé-voi-lé) ,  r.  a.  ||  1"  Découvrir  en  le- 
vant, enôtantun  voile.  Dévoiler  une  femme,  une  sta- 
tue. Il  Montrer  sans  voile,  sans  rien  qui  cache.  La  na- 
ture, pendant  la  nuii,  en  dévoile  [de secrètes  beautés] 
à  son  amant,  Bernard,  de  st-pierre,  Chaumière 
ind.  Il  Fig.  Dévoiler  une  religieuse,  la  relever  de  ses 
vœux.  Il  2»  Découvrir  ce  qui  était  secret.  Et  ce  fa- 
meux secret  vient  d'être  dévoilé,  mol.  D.  Gare,  v, 
6.  Cessons  de  nous  troubler;  notre  Dieu  quelque 
jour  Déioilera  ce  grand  mystère,  rac.  Athal.  m,  8. 
Hélénus  nous  a  dévoilé  l'avenir,  fén.  Tél.  xv.  Pour 
ne  pas  dévoiler  l'iniquité  des  subalternes,  mass. 
Car.  Prosp.  Le  temps  voile  et  dévoile  tout,  imbert, 
Jaloux  sans  amour,  v,  tb.  Dévoiler  la  honte  d'un 
père,  ce  serait  un  crime,  beaumarch.  Hère  coup, 
n,  20.  Il  3°  Se  dévoiler,  e.  ré/l.  Ôter,  relever  son 
voile.  Il  Kig.  J'ignore  si  de  Dieu  l'ange  se  dévoilant 
Kst  venu  lui  montrer  un  glaive  étincelant,  rac. 
Alhal.  H,  2.  Il  4°  Être  porté  à  la  connaissance.  Le 
mystère  se  dévoile.  ||  Se  découvrir,  se  trahir.  Ils  se 
sont  dévoilés  en  faisant  cette  démarche.  ||  Apparaî- 
tre. Un  autre  monde  se  dévoilait  à  nos  regards,  J.  J. 
Rouss.  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  HlST.  xvi"  s.  Nos  religieuses  qui  se  sont  dévoi- 
lées et  ont  quitté  leurs  habits,  brant.  dans  le  Dict. 
de  DOCHEz. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  voile. 

i.  DEVOIR  (de-voir),  je  dois,  tu  dois,  il  doit,  nous 
devons,  vous  devez,  ils  doivent;  je  devais;  je  dus; 
je  devrai;  je  devrais;  que  je  doive,  que  tu  doives, 
qu'il  doive,  que  nous  devions,  que  vous  deviez, 
qu'ils  doivent;  que  je  dusse;  devant,  dû,  due,  v.  a. 
Il  1°  Avoir  à  payer  une  somme  d'argent,  ou  à  four- 
nir toute  autre  valeur.  Il  doit  plus  qu'il  ne  possède. 
Devoir  de  l'argent,  plusieurs  journées  de  travail. 
Je  dois  quatre  cents  francs  à  mon  marchand  de  vin. 
Un  fripon  qui  demeure  au  cabaret  voisin,  regnard, 
le  Légat,  iv,  6.  \\  Devoir  plus  d'argent  qu'on  n'est 
gros,  être  très-endetté.  ||  Devoir  du  retour,  de- 
voir quelque  argent  en  sus,  après  avoir  fait  un 
troc;  et  lig.  Et  d'autant  que  l'honneur  m'est  plus 
cher  que  la  vie,  D'autant  plus  maintenant  je  te  dois 
de  retour,  corn.  Cid,  m,  6.  ||  Absolument.  Il  doit 
de  tous  côtés.  Brid'oison  :  Mais  si  tu  dois  et  que  tu 
ne  payes  pas...?  —  Figaro  :  Alors,  monsieurvoit  bien 
que  c'est  comme  si  je  ne  devais  pas,  beaum.  Ma- 
riage, III,  (3.  Il  Devoir  à  Dieu  et  k  diable,  à  Dieu 
et  au  monde,  au  tiers  et  au  quart,  devoir  de  l'ar- 
gent à  un  très-grand  nombre  de  personnes,  j]  Fig. 
Devoir  tribut,  être  obligé  de  se  conformer  à.  Aux 
usages  reçus  il  faut  qu'on  s'accommode;  Une  femme 
surtout  doit  tribut  à  la  mode,  boil.  Sat.  x.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Il  m'en  doit,  ou  je  lui  en  dois, 
il  m'a  offensé  et  je  m'en  vengerai.  C'était  moi; 
je  t'en  devais ,  il  y  a  bien  longtemps  ,  babon  , 
Homme  à  bonnes  fort,  v,  8.  ||  N'en  devoir  rien, 
n'en  devoir  guère,  ne  pas  céder  à,  ne  pas  être  in- 
férieur. Sans  répandre  leur  sang  comme  Pyrame 
et  ïhisbé,  ils  ne  leur  en  durent  guère  en  ten- 
dresse impétueuse,  scarbon,  Rom.  com.  ii,  ch.  io.  Si 
votre  majesté  Est  curieuse  de  beauté,  Qu'elle  fasse 
venir  mon  frère:  Aux  plus  charmants  il  n'en  doit 
guère,  la  font.  Joc.  J'ai  vu  les  beautés  de  la  Seine, 
ses  bords  n'en  doivent  rien  à  ceux  de  la  Loire,  sÉv. 
647.  Il  lroniquement.il  ne  lui  en  doit  guère, il  nevaut 
pas  mieux  que  lui.  D'Arlincourt  est  venu  à  la  cour 
et  a  dit:  Voilà  mon  Solitaire  et  mes  autres  romans 
qui  n'en  doivent  guère  au  Christianisme  de  Chateau- 
briand, p.  L.  couK.  11,  261.  Il  Ils  ne  s'en  doivent 
guère,  se  dit  de  gens  qui  ont  des  torts  réciproques 
ou  qui  ne  valent  pas  mieux  l'un  que  l'autre  en  cer- 
taines choses Je  crois,  à  parler  à  sentiments 

ouverts,  Que  nous  ne  nous  en  devons  guères,  hol. 
Amph.  Prologue.  Thésée  :  Ne  parlons  plus  d'amours  ; 
sur  ce  chapitre  honteux,  nous  ne  nous  en  devons  rien 
[l'un  à  l'autre,  moi  et  Hercule],  fén.  t.  xix,p.  129. 
Il  Terme  de  comptabilité.  Doit,  par  opposition  à  avoir , 
partie  d'un  compte  établissant  ce  qu'une  personne 
doilet  ce  qu'elle  a  reçu.  Tenir  ses  comptes  par  doit  et 
par  avoir.  Il  2°  Être  redevable  à,  avoir  obtenu  par. 
Je  lui  dois  tout.  Je  lui  dois  la  place  que  j'occupe.  On 
n'aime  point  à  voir  ceux  à  qui  l'on  doit  tant;  Tout 
ce  qu'd  a  fait  parle  au  moment  qu'il  m'approche. 
Et  sa  seule  présence  est  un  secret  reproche,  corn. 
Sicnm.  ii,  t.   L'un  imite  Sopliocle,  l'autre  doit  plus 


à  Euripide,  la  bruv.  i.  Si  Menzikoff  fit  cette  ma- 
nœuvre de  lui-môme,  la  Russie  lui  dut  son  salut; 
si  le  czar  l'ordonna,  il  était  un  digne  adversaire  de 
Charles  XII ,  volt.  Charles  XII ,  4.  Les  chrétiens 
vous  devraient  une  tête  si  chère,  id.  Zaïre,  ii,  2. 
L'un  tient  de  moi  la  vie,  à  l'autre  je  la  dois,  id. 
Alz.  m,  5.  Si  Racine  doit  à  Tacite  la  belle  scène 
entre  Agrippine  et  son  fils.  Corneille  doit  à  Séuèque 
celle  d'Auguste  et  de  Cinna,  dider.  Règne  de  Claude 
et  Néron,  ii,  si.  ||  Devoir,  avec  de  et  un  verbe  à 
l'infinitif,  même  sens.  Nous  servions  dans  le  même 
régiment,  dont  je  vous  dois  d'être  major,  beau- 
march. ^/èrp  cowj).  I,  8.  Il  Devoir  se  dit  aussi  quelque- 
fois en  mauvaise  part.  Je  lui  dois  tous  mes  maux. 
Il  Être  redevable  îi  des  choses,  avoir  obtenu  par  des 
choses.  Fais  devoir  à  ton  roi  son  salut  à  ta  perte 
[fais  que  ton  roi  doive  son  salut  à  ta  mort],  corn. 
Cid,  m,  0.  Il  y  a  de  certains  grands  sentiments, 
de  certaines  actions  nobles  et  élevées,  que  nous 
devons  moins  à  la  force  de  notre  esprit  qu'à  la 
bonté  de  notre  naturel,  la  bruy.  xv.  Devrai-je  au 
dépit  qui  le  presse  Ce  ([ue  j'aurais  voulu  devoir  à 
sa  tendresse?  volt.  Brutus,  m,  4.  Les  nations 
avaient  déjà  donné  à  Pierre  Alexiovitz  le  nom  de 
grand  ,  qu'une  défaite  ne  pouvait  lui  faire  per- 
dre, parce  qu'il  ne  le  devait  pas  à  des  victoires,  id. 
Charles  XII,  4.  ||  En  parlant  de  ce  qui  a  obtenu 
quelque  chose  par  une  certaine  circonstance.  Cette 
colline  doit  son  nom  à  tel  événement.  ||  3'  Être 
tenu,  obligé  envers.  Il  ne  doit  compte  de  ses  actions 
à  personne.  Ne  me  dites  plus  rien;  pour  vous  j'ai 
tout  perdu  ;  Ce  que  je  vous  devais,  je  vous  l'ai 
bien  rendu,  corn.  Cid,  iii,  6.  Je  vous  devrai 
beaucoup  pour  un  si  bon  office,  id.  llor.  iv,  2. 
Vous  qui  devez  respect  au  moindre  des  Romains, 
ID.  Pomp.  m,  2.  Si  vous  lui  devez  tant,  ne  me  de- 
vez-vous rien?  id.  Sertor.  ii,  2.  Il  est  temps  de 
montrer  cette  ardeur  et  ce  zèle  Qu'au  fond  de  votre 
cœur  mes  soins  ont  cultivés.  Et  de  payer  à  Dieu  ce 
que  vous  lui  devez,  rac.  Athal.  iv,  2.  Nous  avons 
beaucoup  moins  de  peine  à  faire  plus  que  nous  ne 
devons  qu'à  faire  ce  que  nous  devons,  bourdal.  Sé- 
vérité évang.  2"  avent,  p.  448.  Pardonne-moi,  mon 
fils,  SI  je  trouble  ton  récit  par  les  larmes  que  je  dois 
à  ton  père,  fén.  Tél.  xv.  En  un  mot  il  [Dieu]  doit 
à  toutes  ses  perfections  la  punition  du  péché,  mass. 
Car.  Pass.  Que  pouviez-vous?  hélas!  —  J'ai  fait  ce 
que  j'ai  dû,  volt.  Orphel.  v,  \.  \\  Absolument.  Je 
dois  à  ma  maîtresse  aussi  bien  qu'à  mon  père,  corn. 
Cid,  I,  (0.  Ressouvenez-vous  que,  hors  d'ici,  je  ne 
dois  plus  qu'à  mon  honneur,  mol.  Don  Juan,  va, 
5.  Il  Se  devoir  à  soi-même,  être  tenu  en  vertu  de  sa 
propre  considération.  Je  sais  ce  que  je  suis  et  ce  que 
je  me  dois,  corn.  Don  Sanche,  i,  i.  Dieu  se  devait 
;"!  lui-même  de  rendre  son  image  heureuse,  boss. 
llist.  II,  1 .  Il  Je  vous  dois  cet  avis,  votre  intérêt  me 
commande  de  vous  donner  cet  avis.  |{  4°  Devoir, 
suivi  d'un  verbe  à  l'infinitif,  exprime  qu'une  chose 
arrivera  infailliblement.  Tous  les  hommes  doivent 
mourir.  ||  Il  exprime  une  obligation  morale.  Un  bon 
fils  doit  respecter  son  père.  Si  la  bonne  foi  était  exi- 
lée du  reste  de  la  terre,  elle  devrait  se  retrouver 
dans  le  cœur  des  vois ,  Parole  du  roi  Jean.  \\  Il 
marque  qu'il  y  a  une  sorte  de  justice  ou  de  raison  à 
ce  qu'une  chose  soit.  On  devrait  planter  des  arbres 
le  long  de  cette  route.  J'ai  dû  continuer,  j'ai  dd 
dans  tout  le  reste....  Que  sais-je  enfin?  j'ai  dû  vous 
être  moins  funeste.  J'ai  dû  craindredu  roi  les  dons 
empoisonnés,  rac.  Milhr.  iv,  2.  Le  zèle  de  Joad  n'a 
point  dû  vous  surprendre,  m.  Athal.  ii,  4.  S  de 
moindres  fureurs  je  n'ai  pas  dû  m'attendre;  Voilà, 
voilà  les  cris  que  je  craignais  d'entendre,  id.  ib.  iv, 
5.  '  Q  jour  seul  perdu  devrait  donc  nous  laisser  des 
"■'«ijrets,  mille  fois  p,us  vifs  et  plus  cuisants  qu'une 
:  rande  fortune  manquée,  mass.  Car.  Temps.  A  ces 
biens  fugitifs  votre  amour  doit  survivre,  c.  delav. 
Paria,  ii,  5.  ||  On  s'en  sert  pour  marquer  l'inten- 
tion. Je  dois  aller  demain  à  la  campagne.  ||  Il  marque 
aussi  un  futur  indéterminé.  Il  doit  partir  domain. 
Il  devait  sortir  hier.  Nous  devons  chanter  ce  soir. 
Il  doit  y  avoir  demain  une  assemblée  des  actionnai- 
res. Je  dois  prochainement  recevoir  de  l'argent. 
Il  Devoir  exprime  quelquefois  une  supposition.  C'est 
lui  qui  doit  avoir  fait  cela,  on  suppose  que  c'est  lui 
qui  a  fait  cela.  Les  deux  accusateurs  que  lui-même  a 
produits.  Que  pour  l'assassiner  je  dois  avoir  séduits, 
COBN.  Nicom.  III,  8.  Il  II  indique  en  d'autres  cas 
une  simple  croyance.  Et  Léonce  doit  être  incapable 
de  crime  Puisqu'il  a  mérité  l'honneur  de  ton  es- 
time,  ROTBOU,  Bélis,  1,  6.  Un  Voile  ténébreux  Nous 
dérobe  le  jour  qui  doit  nous  rendre  heureux,  L.  rac 
la  Grâce,  ch.i.  ||  Ces  faits-là  doivent  être  communs, 
je  pense  qu'ils  sont  communs.  Des  act<is  d'une  na- 


ture si  sublime  doivent  être  rares,  ratnal  ,  Uist  ■ 
phil.  XI,  22.  Il  5°  L'imparfait  du  subjonctif,  placé 
en  tête  de  la  phrase,  s'emploie  dans  le  sens  de 
quand  même.  Dussé-je  être  blâmé  [quand  même 
je  serais  blAmé  ] ,  je  vous  soutiendrai.  Dusses-tu 
y  perdre  de  l'argent,  il  faut  entrer  dans  cette  af- 
faire. Dût  cela  mal  tourner,  nous  ne  vous  quitte- 
rons pas.  Dussions- nous  échouer,  dussiez -vous 
échouer,  dussent-ils  échouer,  nous  essayerons.  DiH 
le  peuple  en  fureur  pour  ses  maîtres  nouveaux  De 
mon  sang  odieux  arroser  leurs  tombeaux.  Dût  la 
Parthe  vengeur  me  trouver  sans  défense.  Dût  le  ciel 
égaler  le  supplice  à  l'offense.  Trône,  à  t'abandonner 
je  ne  puis  consentir,  cokn.  Rodog.  v,  i.  Crois-moi, 
dût  Auzanet  t'assurer  du  succès,  Abbé,  n'entre- 
prends point  même  un  juste  procès,  boil.  Ep.  n.  Dût 
tout  cet  appareil  retomber  sur  ma  tête,  rac.  Iphig. 
m,  B.  Dût  Mme  d'Acigné  m'accuser  d'être  injuste, 
ou  M.  de  Richelieu  d'être  ingrate,  maintenon, 
Lell.  au  card.  de  fioailles,  lo  août  )70i.  |]  6"  Se 
devoir,  v.re/Î.Être  dû,  être  obligatoire.  Cela  se  doit. 
Il  7°  Être  obligé  de  se  consacrer  à.  Le  sage  s'accom- 
mode aux  changements  divers,  Et  l'homme  géné- 
reux se  doit  à  l'univers,  brébeuf,  Phars.  II.  Sa  mort 
vous  laisse  un  fils  à  qui  vous  vous  devez,  rac.  Phèd. 
I,  B.  Un  roi  se  doit  à  tous  les  hommes  qu'il  gou- 
verne, FÉN.  Tél.  IX.  Mon  âme  tout  entière  Se  doit 
aux  grands  objets  de  ma  vaste  carrière,  volt.  Or- 
phel. II,  6.  Il  Proverbes.  Fais  ce  que  dois,  advienne 
que  pourra,  se  dit  de  celui  qui  accomplit  son  devoir, 
sans  se  laisser  éhraider  par  la  pensée  de  ce  qui  peut 
en  arriver.  ||  Quand  on  doit,  il  faut  payer  ou  agréer, 
c'est-à-dire  il  faut  donnera  son  créancier  de  l'argent 
ou  du  moins  de  bonnes  paroles.  ||  Qui  nous  doit,  nous 
demande,  c'est-à-dire  celui  dont  nous  avons  sujet  de 
nous  plaindre  nous  accuse.  ||  11  croit  toujosrs  qu'on 
lui  en  doit  de  reste,  il  n'est  jamais  content  de  ce 
(|u'on  fait  pour  lui,  Dict.  de  l  Académie.  \\  Il  semble 
que  Dieu  lui  en  doive  de  reste,  se  dit  d'un  homme 
qui  fait  mal  ou  grossièrement  son  ilevoir.  ||  Qui  a 
terme  ne  doit  rien,  c'est-à-dire  qu'on  ne  peut  rien 
lui  demander  jusqu'au  terme.  ||  Qui  doit  a  tort, 
signifie  qu'il  faut  payer  ou  être  condamné  aux  dé- 
pens. Il  Va  où  tu  peux,  mourir  où  tu  dois,  se  dit  à 
celui  qu'on  abandonne  à  son  sort. 

—  RE.M.  1.  Les  poètes  du  xvii'  siècle  et  même  du 
xviii"  ont  écrit  je  doi  sans  s:  La  mort  a  respecté  ces 
jours  que  je  te  doi.  Pour  me  donner  le  temps  de 
m'acquitter  vers  toi,  volt.  Alz.  ii,  2.  C'est  un  ar- 
chaïsme, dans  l'ancien  français,  la  4"  personne 
n'ayant  pas  la  lettre  s,  qui  était  réservée  à  la  2*  pei- 
sonne  (comme  en  latin)  ;  ce  qui  était  mieux.  L'usage 
irrégulier  a  prévalu;  mais  on  peut  du  moins  conser- 
ver aux  poètes  la  faculté  d'employer  cet  archaïsme. 
Il  2.  Vous  devriez  était  de  deux  syllabes:  Mais  vous 
devriez,  ma  fille,  en  l'âge  où  je  vous  voy....  Régnier, 
Sat.  xiii.  C'est  ainsi  qu'on  faisait  de  deux  syllabes 
sanglier.  C'était  aussi  un  archaïsme,  tout  à  fait 
tombé  en  désuétude.  ||  3.  Marg.  Buffet,  Observ.  p.  (38 
(en  <6G8),  dit  que  quelques-uns  prononcent  :  je  dais 
de  l'argent;  il  dait  beaucoup;  et  qu'il  faut  pronon- 
cer; je  dois,  il  doit.  C'était  la  prononciation  nor- 
mande qui  n'était  pas  encore  complètement  exclue 

—  HIST.  ix"  s.  Si  cum  om  per  dreit  son  fradre 
[frère]  salvar  dist  [doit] ,  Serment. 

—  x"  s.  Chi  [qui]  sil  [ainsi  le]  feent  [font]  cum 
faire  lo  deenl  [doivent],  Fragm.  de  Valenc.  p.  4C9. 

—  xi'  s.  Si  hom  occit  altre,  et  11  seit  conusaunt 
[connaissant],  et  il  deive  faire  les  amendes....  Lois 
de  Guill.  8.  DeUz  servises  et  moût  grant  amistez, 
Ch.  de  Itol.  m.  En  France  ad  Ais  s'en  doit  bien  re- 
pairer,  ib.  [Dieu]  Le  glorius  que  deUsse  [je  dusse] 
aorer,  ib.  ix.  Quant  [il]  le  dut  prendre,  si  lui  cheït 
à  terre,  ib.  xxv.  Li  siens  orgueilz  le  devreit  bien 
confondre,  ib.  xxviii.  Qui  ce  jugeât  [décida]  que 
doûssiez  aller,  tb.  xxvi. 

—  xii"  s.  Bien  deûst  estre  escoutez  et  ois,  Ronc. 
p.  24.  S'en  [quand  même]  devroie  estre  occis,  ib. 
Jamais  n'iert  [ne  sera]  jor,  ne  me  doiez  [que  vous 
ne  me  deviez]  amer,  ib.  p.  3u.  Bien  l'avez  fait, 
moût  [je]  vous  en  doi  amer,  ib.  p.  33.  Oncle  Girart, 
quant  [je]  me  dui  [dus]  esveiller,  i6.  p.  H 64.  Ma  ba- 
taille Ij'Joffre,  cui  qu'en  doie  peser  [à  qui  qu'il  en 
doive  peser,  être  désagréable] ,  ib.  p.  <9I.  Mais  à 
dame  de  valor  Doit  on  penser  nuit  et  jor,  Couct,  i, 
Ore  est  bien  raison  et  heure  Que  [je]  m'i  doie  retor- 
ner,  ib.  iv.  De  mil  souspirs  que  je  lui  doi  par  dete, 
ib.  VI.  Mais  en  cel  point  que  dui  [je  dus]  avoir  mon 
don,  ib.  Jà  nel  [ne  le]  deust  ne  sofrir  ne  voloir  La 
douce  riens,  qui  tant  est  bien  aprise ,  ib.  xvii.  On- 
ques  vers  li  [elle]  [je]  n'oi  [n'eus]  faus  cuer  ne  vo- 
Lige;  Si  m'en  devrait  pour  tant  mieuz  avenir,  ib. 
xix.   Chascuns  quatre  deniers  ainsi  comparer  dot 


11/io 


DEV 


[dut  payer],  Sax.  xvii.  Maintenir  le  devons;  ce  [je] 
emoigne  et  connois,  16.  xvm.  Se  [nous]  lui  devons 
rhcvage.couslume  ne  toiilieu  [impôt],  ib.  xxiv.  Ici 
de  Charlemaine  [je]  me  doi  ore  bien  taire,  ib.  xxxi. 
—  xin's.  Il  voloil  aler  avec  eus  por  ce  qu'il  sem- 
bloient  bien  gent  qui  grant  terre  doient  coiiquerre, 
viLLKii.  LX.  A  l'aïe  do  bleu  fu  desconfis  li  empercres 
Marcliulles,  et  il  meîsmes  i  dut  estre  pris,  ib.  xcix. 
Dame,  ce  dist  Pépins,  on  ne  doit  pas  douter.... 
BerU.  m.  [Il]  Assemble  ses  barons  en  qui  se  dut 
fier,  ib.  Li  jors  que  elo  dut  sa  voie  avoir  emprise, 
ib.  M.  L'en  doit  bien  reculer  pour  le  plus  loin  sad- 
lir,  ib.  XJii.  Il  semble  à  s:i  manière  qu'ele  doie  dos- 
ver  [être  folle],  ib.  xvii.  Ma  volenté  ferez,  quoi  qu'il 
doie  cousiter,  ib.  cxii.  Wiex  me  venist  estre  al6  pen- 
dre Au  jor  que  ge  dui  famé  prendre.  Quant  si  cointe 
famé  acointai,  la  Itose,  8878.  Sa  mère  que  envieil- 
lir  [il]  voit,  Et  son  père  qui  moult  devoit  [qui  avait 
des  dettes),  Bt.  et  Jeh.  7(.  Et  je  ne  cuit  que  le  de- 
fendant  puisse  chose  dire  par  quoi  la  court  dée  es- 
garder  que  il  ne  li  dée  rcspondre  à  cel  claim  qu'il  lors 
fist....  Ass.  de  Jl,p.  84.  Et  ce  qu'on  dist  que  voirs 
est  [est  vrai]  que  li  sires  doit  autant  foietloialléà  son 
home  como  li  bons  fet  à  son  segneur,  ce  doit  estre 
entendu  en  tant  comme  cascuns  est  tenus  li  uns  vers 
l'autre,  beaum.  lviii,  26.  Sire,  je  oi  [j'eus]  le  ceval 
et  dui  ces  vingt  livres;  mais  j'en  ai  fet  plain  paie- 
ment, :d.  IX,  6.  Hane:  Cestes  ont  cent  diables  ou 
cors ,  Se  je  fui  onques  fiex  [fils]  men  père.  —  Aduns  : 
Aussi  a  dame  Eve  vo  mère.  —  Hane:  Vo  feme, 
Adan,  ne  l'en  doit  vaires  [guïre]  ,  Li  jus  Adan 
(ADAM  DE  LA  HALLE,  dans  Ancien  tltédlre  français). 

—  xiv  s.  Onneur  crie  partout  et  vuet  :  Fay  que 
doys,  aveingne  que  puet,  machaut,  p.  H2.  Et 
aussi  nous  voulons  estre  beneurés  et  disons  que  de- 
vons vouloir  avoir  félicité,  mais  nous  ne  disons  pas 
que  nous  la  doions  eslire,  ohesme,  Eth.  64.  Tant 
lui  est  deu  plus  de  honneur  se  elle  est  bonne,  id. 
ib.  47. 

—  XV*  s.  Et  que  voulez-vous,  dit  le  roi,  que  je 
fasse?  Il  n'est  chose  que  je  ne  doive  faire  pour  nous 
sauver,  froiss.  m,  iv,  76.  Seigneurs,  vous  n'estes 
mie  en  arroy  ni  en  ordonnance,  que  le  roi  doye 
maintenant  parler  à  vous,  in.  11,  :i,  tlO.  Et  puis 
chevauchèrent  tout  souef  jusques  adonc  qu'ils  vin- 
rent au  loRÎs  du  duc.  Quand  ils  durent  approcher, 
ils  ferirent  chevaux  des  espérons  tous  d'une  randon 
e*  se  plantèrent  en  l'ost  du  duc,  m.  1,  i,  tt  1.  Je  ne 
pense  pas  avoir  dit  ne  fait  chose  dont  me  doyez  sa- 
voir mal  gré,  louis  xi  ,  Nouv.  xxiv.  Vous  en  dévo- 
riez estre  content,  id.  «6.  xxxviii.  Vous  n'estes  pas 
telle  que  vous  deussiez  estre,  id.  ib  LXviii. 

—  xvi»  s.  Là  elle  veoit  une  lumière  telle,  Que, 
pour  la  veoir,  mourir  devrions  vouloir,  marot,  111, 
301,  Laquelle  en  beauté  et  bonne  grâce  ne  devoit 
rien -à  son  mari,  maro.  Nouv.  u.  Le  jour  mesme 
qu'elle  [la  sentence]  debvoit  eslre  prononcée,  mont. 
j,  40.  11  debvoit  plus  à  la  fortune  qu'à  sa  dili- 
gence, ID.  I,  41.  La  peur  emporta  nostre  juge- 
ment hors  de  sa  deue  assiette,  id.  i,  6).  Tout  cela 
tesmoigne  qu'ils  ne  nous  debvoient  rien  en  clarté 
d'esprit  naturelle  et  en  pertinence,  id.  iv,  t7.  Le 
roy  s'en  meit  en  si  grande  cholere  contre  luy,  que 
l'on  pensoit  qu'il  ne  luy  deust  jamais  pardonner, 
AMYOT,  TMm.  63.  Bon  citoyen  et  faisant  le  deu  de 
son  office,  id.  Flamin.  ï7.  Voici  le  destroit  où  les 
poures  consciences  sont  merveilleusement  vexées  et 
affligées,  quand  elles  voyent  que  ceste  contrilion 
deue  [pleine,  entière]  leur  est  imposée,  calv.  In- 

Slit.  486. 

—  ÊTYM  Bourguig.  devoi;  provenç.  dever;  eatal. 
deurer;  espagn.  deber;  ital.  devere;  du  latin  debere, 
que  les  étymologistes  regardent  comme  composé  de 
de  habere,  ne  pas  avoir,  avoir  perdu  la  possession. 

2.  DEVOIR  (de-voir),  ».  m.  ||  1°  Ce  qu'on  doit 
faire,  ce  à  quoi  l'on  est  obligé  par  la  loi  ou  par  la 
morale,  par  son  état  ou  les  bienséances.  Elle  [Chi- 
méne]  est  dans  le  devoir;  tous  deux  (prétendants] 
sont  dignes  d'elle;  Tous  deux  formés  d'un  sang  no- 
ble, vaillant,  fidèle,  cobn.  Cid,  i,  (.  Je  sais  ta  pas- 
sion et  suis  ravi  de  voir  Que  tous  les  mouvements 
cèdent  à  ton  devoir,  id.  ib.  11,  2.  Tous  ces  devoirs 
forcés  01^  tout  le  coeur  s'oppose,  N'acquièrent  à  l'es- 
prit ni  liberté  ni  paix,  id.  /mil.  i,  ».  L'amour  n'est 
qu'un  plaisir,  l'honneur  est  un  devoir,  id.  Cid,  m, 
«.  Un  pas  hors  du  devoir  nous  peut  mener  bien  loin, 
ID.  .Surtna,  iv,  3.  Je  suis  encor  Sévère,  ot  tout  ce 
grand  pouvoir  Ne  peut  rien  sur  ma  gloire  et  rien 
lar  mon  devoir,  id.  Poly.  iv,  6.  X  suivre  mon  de- 
voir, je  suis  déterminée,  mol.  Sgan.  18.  C'est  l'hon- 
neur qui  les  doit  [les  femmes]  tenir  dans  le  devoir, 
JD.  Ec.  des  mom,  i,  a.  i.e  bon  esprit  nous  découvre 
notre  devoir,  la  srut.  ii.  Je  conçois  vos  douleurs; 


DEV 

mais  un  devoir  austère.  Quand  mon  père  a  parlé, 
m'ordonne  de  me  taire,  rac.  Andr.  m,  4.  Contem- 
plez mon  devoir  dans  toute  sa  rigueur,  id.  Bérén. 
IV,  6.  Tu  n'as  manqué  à  aucun  devoir  envers  les 
hommes?  fên.  Tel.  xvm.  Quoique  la  philosophie, 
ditCicéron,  .soit  un  pays  où  il  n'y  a  point  de  terres 
incultes  ni  de  laiules,  et  qu'elle  soit  fertile  et  abon- 
dante d'un  bout  à  l'autre,  elle  n'a  point  de  contrée 
plus  riche  que  celle  qui  traite  des  devoirs,  hûllin, 
Ilist.  anc.  liv.  xxvi,  2-  part.  ch.  11,  art.  2.  Le  de- 
voir peut  être  déliiii  l'obligation  rigoureuse  de  faire 
ce  qui  convient  à  la  société,  raynal,  JJist.  phil. 
XIX,  14.  Mon  devoir  me  suffit,  tout  le  reste  n'est 
rien,  volt.  il.  de  Ces.  m,  2.  Laisse-moi  les  hon- 
neurs du  devoir  qui  me  lie,  id.  Ali.  iv,  4.  Trem- 
blez en  contemplant  tout  le  devoir  des  rois,  id.  Brû- 
las, III,  6.  Si  les  femmes  que  tu  gardes  voulaient 
sortir  de  leur  devoir,  tu  leur  en  ferais  perdre  l'es- 
pérance, MONTESQ.  Lelt.  pers.  <l.  Si  nous  voulons 
entrer  là-dessus  en  jugement  avec  nous-mêmes  et 
considérer  sérieusement  nos  devoirs,  bouiid.  Vomin. 
octave  de  l'Ascension,  Dominic.  t.  11,  p.  237.  ||  De- 
voir conjugal,  la  conjonction  charnelle  due  entre 
mari  et  femme.  |i  II  est  du  devoir,  le  devoir  oblige 
à.  Il  est  de  mon  devoir  de  vous  donner  cet  avis.  11 
est  du  devoir  des  défenseurs  de  la  vérité  de....  pasc. 
Prov.  11.  Il  2°  Faire  son  devoir,  agir  comme  on  doit 
agir.  Qui  sert  bien  son  roi  ne  fait  que  son  devoir, 
coiiN.  Cid,  II,  t.  Je  ferai  seulement  le  devoir  d'un 
sujet,  ID.  ib.  IV,  3.  Je  pense  continuellement  à 
vous;  c'est  ce  que  les  dévots  appellent  une  pensée 
habituelle;  c'est  ce  qu'il  faudrait  avoir  pour  Dieu  si 
l'en  faisait  son  devoir,  SÉV.  (5. 11  était  trop  honnête 
homme  pourne  faire  pas  toujours  son  devoir,  id.  2ii. 
Quoi  qu'en  pense  le  libertinage,  il  y  a  toujours  un 
avantage  infini  à  faire  son  devoir,  sourd.  Pensées,  1. 1, 
p.  403.  Vous  savez  que,  dans  les  grands  malheurs, 
ne  faire  que  son  devoir,  ce  n'est  pas  le  faire,  main- 
tenon,  Lettre  au  duc  de  Noailles,  22  juin  (709.  Mais 
j'ai  fait  le  devoir  d'un  ami,  d'un  chrétien,  c.  delav. 
Paria,  ui,  2.  ||  En  parlant  d'un  régiment,  d'un  sol- 
dat, faire  son  devoir,  combattre  vaillamment.  ||  En 
un  autre  sens,  faire  son  devoir,  se  bien  acquitter, 
parler,  agir.  La  langue  du  cocher  a  bien  fait  son  de- 
voir, CORN,  tient.  I,  4. 11  faisait  parfaitement  son  de- 
voir auprès  de  Mlle  de  St-Germain,HAMiLT.  Gramm. 
4.  Chacun  fit  son  deioir  de  dire  à  l'aldigée....  la 
FONT.  Uatr.  Us  avaient  lu  qu'en  amour  on  soupire; 
Ils  tâchaient  donc  d'en  faire  leur  devoir  ,  id.  Bém. 
Il  3°  Être,  rentrer  dans  son  devoir,  dans  la  soumis- 
sion, le  respect,  l'obéissance  où  l'on  doit  se  tenir. 
On  oublie  aisément  les  fautes  des  enfants  lorsqu'ils 
rentrent  dans  le  devoir,  mol.  l'Av.  iv,  6.  11  fait 
rentrer  son  fils  dans  le  devoir ,  uoss.  Thom.  2. 
Fuyons....  Mais  si  l'ingrat  rentrait  dans  son  devoir, 
RAC.  Andr.  11,  t .  [Les  gardes  du  sérailj  Sortis  de  leur 
devoir,  n'osèrent  y  rentrer,  lu.  Baj.  i,  t.  ||  En  un 
sens  un  peu  différent.  Être  dans  son  devoir,  se  met- 
tre dans  son  devoir,  se  tenir  dans  l'état  où  l'on  doit 
être  devant  les  personnes  à  qui  l'on  veut  témoigner 
du  respect.  ||  Ramener,  ranger  quelqu'un  à  son  de- 
voir, tenir  dans  le  devoir,  obliger  à  faire  ce  qui  doit 
être  fait.  Le  général  ne  put  tenir  dans  le  devoir  sessol- 
dats,  Boss.  Uist.  1,  9.  Des  enfants  qu'il  remet  dans  leur 
devoir  par  le  châtiment,  lo.  ib.  11,  4.  Elles  tenaient 
dans  le  devoir  les  vUles  voisines,  id.  ib.  m,  b.  Le 
jeune  Louis....  prend  les  villes,  ramène  les  provinces 
au  devoir,  mass.  Panég.  St  Louis.  \\  Se  ranger  à  son 
devoir,  faire  ce  qu'on  doit  faire.  ||  Je  lui  apprendrai 
son  devoir,  je  le  rangerai  à  ce  qu'il  doit.  ||  4*  En 
devoir  de,  prêt  à.  Il  était  déjà  en  devoir  de  vous  al- 
ler trouver.  Nous  étions  à  table,  plusieurs,  joyeux, 
en  devoir  de  bien  faire ,  p.  L.  cour.  Pamphlet 
des  pamphlets.  ||  Se  mettre  en  devoir  de  faire  une 
chose,  la  commsncer  ou  s'y  préparer.  Il  se  mit  en 
devoir  d'arrêter  son  maître ,  d'arlancourt.  An- 
cien, t.  II,  Amitié,  dans  riciielet.  à  moins  qu'elle 
ne  se  mit  en  devoir  d'ohteuir  un  congé,  uoss.  Lett. 
abb.  2.  L'homme  doit  se  mettre  en  devoir  de  se  con- 
venir, iD.  Avert.  2.  On  se  mit  en  devoir  de  démé- 
nager les  meubles,  j.  j.  bouss.  Conf.  m.  ||  6"  Être  à 
son  devoir,  être  à  son  poste.  M.  de  Marsillac  est 
déjà  retourné  à  son  devoir,  sÊv.  4)6.  Le  chevalier 
est  à  son  devoir,  id.  417.  Jaloux,  désespéré,  j'ose, 
pour  vous  revoir,  Abandonner  des  lieux  commis  à 
mon  devoir,  chSbillon,  Rhad.  1,  2.  ||  6*  Terme  de 
féodabté.  Devoirs  seigneuriaux,  droits  que  le  vassal, 
devait  à  son  seigneur.  ||  7"  Par  extension  du  sens 
ftodal.  Devoir,  et,  plus  souvent,  au  pluriel,  devoirs, 
marques  de  civilité,  de  politesse.  Rendre  ses  de- 
voirs à  quelqu'un,  lui  présenter  ses  hommages,  lui 
faire  une  visite  de  politesse.  Le  rang  de  l'offensé, 
la  grandeur  de  l'ofTense  Demandent  des  devoirs  et 


DEV 

des  soumissions  Qui  passent  le  commun  des  satisfac- 
tions, corn.  Ctd,  11,  t.  II  peut  aller,  s'il  veut,  dessus 
son  monument  Recevoir  ses  devoirs  et  son  remer- 
ctment,  id.  Pomp.  i,  3.  Agréer  ses  devoirs  et  le  re- 
voir encore,  rotrou,  Vencesl.  11,  5.  ||  Rendre  des 
devoirs,  s'est  dit  des  services  que  des  valets  remplis- 
sent auprès  de  leurs  maîtres.  Notre  P.  Bauny  a  ap- 
pris aux  valets  à  rendre  tous  ces  devoirs-là  innocem- 
ment à  leurs  maîtres,  en  faisant  qu'ils  portent  leur 
intention,  non  pas  aux  péchés  dont  ils  sont  les  en- 
tremetteurs, mais  seulement  au  gain  qui  leur  en  re- 
vient, PAsc.  Prov.  6.  On  rend  différents  devoirs  aux 
différents  mérites,  id.  P.  div.  3|.  Elle  a  commencé 
à  rendre  ses  devoirs  au  Louvre,  sÉv.  tl.  J'ai  fait 
votre  devoir  à  l'abbé  Arnauld,  id,  3'j5.  J'en  reviens 
toujours  à  dire  qu'il  y  a  des  sortes  de  devoirs  dont 
on  ne  peut  se  dispenser  sans  une  grossièreté  pleine 
d'ingratitude,  id.  306.  Vous  saurez  que  je  n'ai 
rien  dit  à  ce  Caton  sur  la  mort  de  sa  femme,  et  j'a- 
vais dessein  de  l'aller  voir  avec  la  marquise  d'Uxel- 
les;  et,  au  lieu  d'attendre  ce  devoir,  il  vient  s'in- 
former comme  je  me  porte  de  mon  voyage,  id.  292. 
On  se  rend  des  devoirs,  mais  on  ne  se  rend  pas  l'a- 
mour, MASS.  Panég.  St  Etienne.  Le  grand  plai- 
sir que  je  me  promets,  c'est  de  rendre  mes  devoirs 
à  Mme  Clavier,  p.  l.  colr.  Lett.  1,  63.  {j  8°  Les 
derniers  devoirs,  les  devoirs  funèbres,  les  funé- 
railles. Rendre  à  quelqu'un  les  derniers  devoirs, 
présider  ou,  simplement,  assister  à  ses  funérailles. 
Dis-moi  quel  bon  démon  a^  mis  en  ton  pouvoir  De 
rendre  à  ce  héros  ce  funèbre  devoir?  cokn.  Pomp. 
V,  1.  Tu  veux  à  ce  héros  rendre  un  devoir  suprême, 
id.  ib.  V,  4.  Ces  pieux  devoirs  que  l'on  rend  à  sa 
mémoire,  fléch.  Uont.  Andromaque  elle-même,  à 
Pyrrhus  si  rebelle.  Lui  rend  tous  les  devoirs  d'une 
veuve  fidèle,  rac.  Andr.  v,  6.  Pour  rendre  à  ses 
cendres  le  dernier  devoir,  fén.  Tél.  xvii.  Rendez- 
moi  [à  moi  Phalanle]  les  derniers  devoirs  que  vous 
avez  rendus  à  mon  frère  [Hippias] ,  id.  ib.  ||  9°  Terme 
de  collège.  Travail,  exercices  donnés  à  un  élève. 
Faire  ses  devoirs.  Un  devoir  difficile.  M.  Lambercier 
était  un  homme  fort  raisonnable  qui,  sans  négliger 
notre  instruction ,  ne  nous  chargeait  point  de  devoirs 
extrêmes,  j.  j.  bouss.  Conf.  i.  ||  10°  Devoir  pascal, 
l'obligation  de  communier  à  Pâques,  ipil"  Asso- 
ciation d'ouvriers  unis  par  les  liens  du  compagnon- 
nage. Compagnons  du  devoir.  Des  ouvriers  apparte- 
nant à  des  devoirs  dilTérenis.  ||  12°  Anciennement, 

sorte  de   service   de  surveillance X  la  charge 

qu'il  fera  faire  tant  le  jour  que  la  nuit,  rondes, 
devoirs  et  diligences  requises  et  accoutumées  pour 
éviter  tels  accidents  ,  Bail  Boute,  LUI.  pat.  27  juin 
1680.  Il  13°  Terme  de  droit.  Devoir  parfait,  celui  dont 
l'accomplissement  peut  être  exigé,  qui  a  un  droit 
corrélatif.  ||  Devoir  imparfait,  celui  dont  l'acccm- 
plissement  ne  peut  être  exigé,  qui  n'a  pas  de  droit 
corrélatif.  {|  Dans  l'ancien  droit,  devoirs  de  loi 
exprimait  toutes  les  formalités  du  nantissement. 
Il  14"  Terme  de  fauconnerie.  Devoir  de  l'oiseau,  sa 
part  de  la  curée  du  gibier  qu'il  a  pris. 

—  SYN.  DEVOIR,  OBUGATiON.  Le  devoir  est  ce  que 
nous  devons.  L'obligation  est  quelque  chose  qui 
nous  lie,  qui  nous  oblige.  Le  devoir  est  toujours 
quelque  chose  de  moral.  L'obligation  n'a  pas  c« 
caractère;  elle  peut  dépendre  de  causes  très- diffé- 
rentes. 

—  HIST.  xin*  s.  |Le  roi]  En  fist  tout  son  devoir, 
ne  dust  estre  repris,  Befie,  xcix.  11  font  bien  tres- 
tuit  lor  devoir,  la  Bose,  mie.t.  ||  iiv  s.  François 
font  lor  devoir;  ne  les  devez  blasmer.  Car  qui  fait 
ce  qu'il  doit,  j'ose  bien  dire  au  cler.  Que  de  riens 
ne  melTait....  Guescl.  19334.  ||  xv*  s.  Le  comte,  à  la 
complainte  des  hérauts,  commanda  que  on  ardist 
tout,  si  des  rachats  à  argent  ils  n'avoient  fait  leur 
devoir,  froiss.  u,  11,  06.  Eu  lui  mandant  qu'en  fai- 
sant mon  devoir,  J'ay  tous  les  maulx  que  nul  pour- 
roit  .souffrir,  en.  d'orl.  Bal.  19.  Dieu  nous  doinl 
bonne  destinée.  Et  chascun  face  son  debvoir;  Ainsi 
ne  sera  redoublée  Par  bon  eur  et  loyal  \ouloir,  id. 
th.  Lasse!  or  [je]  me  voy  aujourd'hui  si  perie.  Que 
nul  ne  fait  envers  moy  son  devoir,  E.  ues^hamps. 
Complainte  de  la  France.  Et  sur  ce  respondit  qu'il 
en  parleroit  au  roy  et  qu'il  en  feroit  son  devoir, 
JLVÉN.  Charles  17, 1 380.  Cil  passa l'avaiigarde  moult, 
Pour  faire  en  l'estour  son  devoir,  la  Bataille  du 
Liège.  \\  xvi'  s.  Les  règles  du  debvoir  de  l'homme, 
uont.  i,  30.  Les  malades  ausquels  le  debvoir  m'iu- 
teresse,  id.  i,  91.  Ne  vaudroit-il  pas  mieux  que  par 
ces  bons  exemptes  de  vie  vous  vous  missiez  en  de- 
voir de  les  convertir?  lanouk,  84.  Les  autres  Giec» 
ne  feirent  aucun  devoir  de  les  secourir,  amyot, 
Thim.  17.  C.  Lentulus,  l'ayant  apperceu,  se  mei( 
en  devoir  de  la  sauver,  id.  Fab.  is. 


DEY 


DRV 


Di:v 


1U1 


» 


—  ÊTTM.  Infinitif  du  verbe  devoir,  pris  substan- 
tivement; provenç.  dever;  catal.  deurer;  espagn. 
ieber;  ital.  derere. 

t  DÉVOIRANT  (lié-voi-ran)  ou  DÉVOUANT  (dé- 
vo-ran),  s.  m.  Ouvrier  compagnon  du  devoir.  |1  On 
prononce  en  général  dévorant,  ce  qui  forme  une 
iiomonymie  absolue  avec  le  participe  présent  du 
verbe  déiorer  et  prête  à  un  sens  péjoratif.  Tonay- 
rion  est  un  dévorant,  je  suis  un  dévorant  [il  s'agit 
d'une  association  de  jeunes  gens];  il  est  vrai  qu'à  ce 
métier  nous  n'avons  guère  dévoré  l'un  et  l'autre  que 
notre  fortune ,  CH.  de  bernahd,  la  l'eau  du  lion, 
Sxii. 

—  ÉTYM.  Devoir. 

nÉVOLE  (dé-vo-1'),  s.  f.  Terme  de  jeux  de  cartes. 
ï'ole  manquée.  11  a  fait  la  dévole. 

—  ÉT^'TH.  Dé....  préfixe,  eivole. 

DÊVOLER  (dé-vo-!é) ,  V.  n.  Terme  de  jeux  de  car- 
es.  Être  en  dévoie. 

—  Ktvm,  Déiole. 

i.  DÉVOLU,  DE  (dé-vo-lu,  lue),  adj.  Terme  do 
lurisprudence.  Qui  est  transporté,  transféré,  échu, 
acquis  par  droit.  Héritage  dévolu  à  la  ligne  pater- 
nelle. Cet  objet  lui  a  été  dévolu  à  la  criée.  Ils  sont 
à  nous  dévolus  par  l'édit,  la  font.  Fapef.  ||  Dans  le 
langage  général,  acquis.  Les  honneurs  me  sont  dé- 
volus, J'ai  cinquante  écus,  bérang.  60  écus.  ||  Ré- 
servé, destiné.  Mes  jours  au  deuil  sont  dévolus,  c. 
DELAV.  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  HIST.  xiv  s.  Et  la  majesté  consulaire  estoit  à 
eux  dévolue,  iiebcheuee,  f"  52,  verso.  Quant  Tulles 
fil  mors,  l'empire  de  Rome  fut  dévolu  es  pères,  les- 
quels ont  tantost  esleu  un  interroy,  id.  f°  17,  verso. 
Il  XVI*  s.  Ceux  mesmes  qui  se  dient  exempts  des  au- 
tres jurisdictions  ecclésiastiques,  et  immédiatement 
sujets,  quant  à  ce,  au  saint  juge  apostolique  ou 
dont  les  causes  y  sont  légitimement  dévolues.... 
i>.  piTiiou,45,  Ceulx  des  plus  nobles  maisons  estoient 
ievenus  pauvres,  et  les  richesses  estoient  dévolues 
uitre  les  mains  des  petits  personnages  qui  avoient 
es  cueurs  bas,  amyot,  Cicéron,  I3. 

—  ÉTYM.  Lat.  devolutus,  roulé  vers,  attribué; 
de  devolKere,  i/o  la  préposition  de,  et  volvere, 
rouler  (voy.  volume). 

2.  DÉVOLU  (aé-vo-Iu),  s.  m.  Terme  de  droit 
canonique.  Provision  d'un  bénéfice  vacant  par  in- 
;apaciié  du  collataire.  Obtenir  un  dévolu.  Faire  si- 
gnifier un  dévolu,  faire  signifier  qu'on  l'a  obtenu. 
I.e  prince  lui  avait  donné  [à  Villebrune]  un  bénéfice 
de  quatre  mille  livres  de  rente;  quelqu'un  parla  d'un 
dévolu,  à  cause  de  ce  que  vous  savez;  l'abbé  du 
Piessis  le  prévint  à  Rome  et  l'obtint;  et,  contre  le 
sentiment  de  toute  sa  famille,  il  le  fit  signifier, 
croyant,  disait-il,  faire  un  partage  de  frère  avec 
Villebrune,  SÉV.  292.  Un  dévolu  sur  un  bénéfice  fut 
cause  de  la  première  [aventure]  qui  fit  un  procès 
entre  un  parent  de  M.  de  Vardes  et  un  de  mon  père, 
ST-siM.  to,  1 19.  Il  Jeter  un  dévolu  sur  un  bénéfice, 
y  former  une  prétention  juridique,  en  vertu  de  quel- 
que faute  commise  par  celui  qui  le  possède.  Pourvu 
qu'on  ne  jette  point  de  dévolu  sur  Balzac,  je  suis 
trés-salisfait  de  ma  condition  présente,  balz.  liv.  y, 
lett.  (3.  Il  Fig.  Jeter  son  dévolu,  un  dévolu  sur  quel- 
qu'un, sur  quelque  chose,  fixer  son  choix,  arrêter 
son  idée  sur....  Mais  nos  soins  empressés  ne  nous 
ont  rien  valu.  Et  le  diable  a  sur  nous  jeté  son  dé- 
volu, REGNARu,  Disirait,  II,  i. 

—  HIST.  XVI'  S.  La  regale  n'est  sujette  aux  facul- 
tez  de  légats,  dispenses,  devolutz,  nominations,  et 
pareilles  subtilitez  du  droict  canon,  p.  pithou,  ce. 

—  ÉTYM.  Dévolu  I. 

DÉVOLUTAIKE  (dé-vo-lu-tê-r') ,  s.  m.  Celui  qui  a 
obtenu  un  dévolu. 

—  ÉTYM.  Dévolu  2. 

DÉVOLUTIF,  IVE  (dé-vo-lu-tif ,  ti-v'),  adj. 
Terme  de  jurisprudence.  Qui  fait  qu'une  chose  passe 
d'une  personne  à  une  autre.  Appel  dévolutif,  appel 
par  lequel  un  procès  est  dévolu  à  un  juge  supé- 
rieur. 

—  HIST.  XVI*  s.  Toutes  appellations  ont  effet  sus- 
pensif et  devolutif,  sinon  que,  par  roidoiiuance, 
les  jug<;mens  soient  exécutoires,  nonobstant  oppo- 
sitions ou  appellations  quelconques,  loïsel,  s8B. 

—  ÉTYM.  Dévolu  < . 

DÉVOLUTION  (dé-vo-lu-sion),  s.  f.  ||  1°  Terme  de 
jurisprudence.  Attribution  des  biens  à  une  ligne 
successorale  par  suite  de  l'extinction  ou  do  la  re- 
nonciation de  l'autre.  A  défaut  d'héritiers  tout  l'hé- 
ritage d'un  défunt  revient  à  lÉtat  par  dévolution. 
Il  Guerre  de  dévolution,  guerre  avec  l'Kspagne,  à 
l'occasion  des  prétentions  de  Louis  XIV  sur  les  Pays- 
Bas,  en  vertu  de  son  mariage  avec  Marie-Thérèse. 
Il  2°  Kn   matière   bénéficiale,    élat   d'un   bénéfice 


torubé  en  dévolu,  et  aussi  droit  de  conférer  un  béné- 
fice, lequel   droit  passait  au  supérieur  immédiat, 
quand  le  collateur  ordinaire  négligeait  de  le  con- 
férer. 
—  ÉTYM.  Dévolu  ) . 

t.  DÉVORANT,  ANTE  (dé-vo-ran,  ran-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  dévore.  Des  lambeaux  pleins  de  sang  et 
des  membres  affreux  Que  des  chiens  dévorants  se 
disputaient  entre  eux,  hac.  Atlial.  ii,  6.  Que  son 
corps....  Des  vautours  dévorants  devienne  la  pâture, 
VOLT.  Œdipe,  i,  3.  ||  Un  appétit  dévorant,  un  très- 
grand  appétit.  Faim  dévorante,  Ducis,  Othello,  iv, 
t.  Il  Fig.  Qui  est  avide  d'argent,  de  faveurs.  L'of- 
frande n'est  jamais  pour  le  saint,  ni  nos  épargnes 
pour  les  rois,  mais  pour  cet  essaim  dévorant,  qui 
sans  cesse  bourdonne  autour  d'eux  depuis  leur  ber- 
ceau jusqu'à  St-Denis,  p.  l.  cour.  Simple  discottrs. 
Il  2°  Qui  détruit,  comme  fait  un  animal  qui  dévore. 
Sur  un  autel  sanglant  l'affreux  bûcher  s'allume,  La 
foudre  dévorante  aussitôt  le  consume,  i.  b.  rouss. 
cantate,  Circé.  Portant  partout  le  glaive  et  les  feux 
dévorants, VOLT.  Orphel.  l,  2.  ||  Air,  climat  dévo- 
rant, air,  climat  funeste  aux  habitants.  Tu  n'as  pas 
senti  De  ces  vents  du  désert  la  dévorante  haleine, 
Di.cis,  Àbufar,  iv,  6.  ||  3°  Fig.  Un  mal  dévorant. 
Une  ardeur  dévorante.  Des  soucis  dévorants  c'est 
l'éternel  asile ,  la  font.  l'hil.  et  Bauc,  L'envie 
que  j'ai  est  une  chose  si  dévorante  pour  moi  que.... 
siîv.  53.  Le  monde  où  les  plus  grands  plaisirs  sont 
toujours  la  source  des  inquiétudes  les  plus  dévoran- 
tes, MASS.  Profession  religieuse.  Sermon  4.  Quels 
soucis  dévorants  viennent  nous  consumer  1  volt. 
Tiiumv.  I,  5. 
t  2.  DÉVORANT,  s.  m.  Voy.  dévoirant. 
t  DÉVORATEUR,  TRICE  (dé-vo-ra-teur,  tri-s'), 
adj.  Qui  dévore.  Les  lions  dévorateurs  de  proies  vi- 
vantes. Il  Cylindre  dévorateur,  cylindre  qui  sert  dans 
les  féculeries  à  réduire  en  pulpe  les  tubercules. 
Il  Substantivement.  Le  temps  est  un  impitoyable 
dévorateur. 

—  KEM.  Dévorateur  est  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  de  <7i8;  et  il  n'y  a  aucune  raison  pour 
le  retrancher  et  ne  pas  continuer  à  l'admettre. 

—  HIST.  xvr  s.  Les  serpens  dévorateurs  de  Lao- 
coon,   DESACCORDS,  Bigarr.  descript.  pathétiques. 

—  ÉTYM.  Provenç.  devoraire,  dcvorador;  espagn. 
devorador;  ital.  dit'orafore;  du  latin  devoratorem, 
de  devorare,  dévorer.  Dans  le  provençal,  devoraire 
est  le  nominatif,  et  devorador  le  régime. 

DÉVORÉ,  ÉE  (dé-vo-ré,  rée),  port.  passé.\\  1°  Saisi 
à  belles  dents  et  mangé.  Le  mouton  dévoré  par  le 
loup.li  Fig.  Etl'orplielin  n'est  plus  dévoré  du  tuteur, 
BOIL.  Lutr.  VI.  Il  2°  Consumé.  Le  palais  dévoré  par 
l'incendie.  Il  faut  que  tout  soit  dévoré  par  les  flam- 
mes, FÉN.  Tél.  xvii.  Il  Par  extension,  consumé  peu 
à  peu  par  un  mal  rongeant.  Dévoré  par  la  fièvre. 
Nous  avons  fait  un  lieu  considérable  d'un  méchant 
hameau  où  il  n'y  avait  que  quarante  misérables  dé- 
vorés de  pauvreté  et  d'écrouelles,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gental,  20  sept.  4771.  113°  Fig.  En  proie  à.  Il  n'est 
point  dévoré  du  désir  de  faire  sa  cour,  sÉv.  398.  Je 
suis  déjà  dévorée  de  curiosité,  m.  iiio.  Il  est  dévoré 
de  cette  rage,  m.  560.  Je  ne  saurais  douter  que  je 
ne  sois  dévorée  de  l'amour  de  la  justice,  m.  567. 
De  l'ardeur  d'obéir  son  âme  est  dévorée,  volt.  Fa- 
nât. IV,  4.  Mon  âme  déchirée  Succombe  au  repentir 
dont  elle  est  dévorée,  m.  Als.  v,  7.  La  fière  ambi- 
tion dont  il  est  dévoré  Est  inquiète,  ardente,  et  n'a 
rien  de  sacré,  id.  Uérope,  v,  (.  ||  4°  Dissipé  d'une 
façon  prodigue.  Une  immense  fortune  dévorée  en 
peu  de  temps.  ||  5°  Lu  avec  une  excessive  ardeur. 
Un  roman  dévoré  en  une  nuit. 

DÉVORER  (dé-vo-ré),  e.  a.  \\  1°  Saisir  à  belles 
dents  et  manger  une  proie.  Les  bêtes  l'ont  dévoré. 
Où  dit-on  que  le  sort  vous  a  fait  rencontrer? — Parmi 
des  loups  cruels  prêts  à  me  dévorer,  hac.  Atlial. 
II,  7.  Tu  es  ici  dans  un  antre  où  les  hommes  te  dé- 
voreront, CHATEAUB.  Natch.  n,  2(8.  Et  je  lui  porte 
enfin  mon  cœur  à  dévorer,  id.  Androm.  v,  6.  Quand 
voulez-vous  donc,  disait-elle  quelquefois  au  sultan 
son  fils,  aider  mon  lion  [Charles  XII]  à  dévorer  ce 
czar?  VOLT.  Charles  XII ,  5.  Sous  notre  heureuse 
demeure.  Avec  celui  qui  les  pleure,  Hélasl  ils  dor- 
maient hier!  Et  notre  cœur  doute  encore.  Que  le 
ver  déjà  dévore  Celte  chair  de  notre  chair!  lamart. 
Ilarm.  n,  1. 1|  par  extension.  Les  chenilles  ont  tout 
dévoré.  Il  Très-fumilièrement.  Se  dévorer  le  bras, 
la  jambe,  se  gratter  le  bras,  la  jambe,  avec  une 
sorte  du  rage.  ||  2°  Manger  avidement.  Cet  homme 
dévorait  son  repas.  ||  Absolument.  Cet  enfant  dévore. 
Je  ne  sais  pas  s'il  digère  bien,  mais  je  sais  qu'il  dé- 
vore, MAiNTENON,  Lettre  à  l'abbé  Gobelin,  8  mai 
t075.  Il  Fig.  Être  raoace.  N'est-ce  pas  Double-Main 


le  greffier? — Oui,  c'est  qu'il  mange  à  deux  râteliers. 
—  Manger!  je  suis  parant  qu'il  dévore,  beaumauch, 
lltar.  de  Fig.  m,  l».  ||  3° Fig.  Dissiper,  se  nâter 
d'user  en  prodigue  d'un  bien.  Et  tous  trois  à  l'eu  -i 
s'empresser  ardemment  X  qui  dévorerait  ce  rc^t.e 
d'un  moment,  corn.  Oihon,  i,  ).  L'héritier  pro- 
digue paye  de  superbes  funérailles  et  dévore  le 
reste,  la  eruy.  vi.  César  jouit  de  tout  et  dévore 
le  fruit  Que  six  siècles  de  gloire  à  peine  avaient 
produit,  volt.  ifor(  de  César,  ii,  3.  ||  4°  Consu- 
mer, détruire.  Le  temps  dévore  tout.  La  flamme 
vole  et  dévore  le  vaisseau,  fén.  Tél.  vu.  La  gloire 
des  méchants  en  un  moment  s'éteint  ;  L'affreux 
tombeau  pour  jamais  les  dévore,  bac.  Eslh.  ii, 
9....  que  le  feu  dévore  Le  seul  lieu  sur  la  terre  où 
Dieu  veut  qu'on  l'adore,  id.  Athal.  v,  2.  Ah!  plutôt 
que  du  ciel  la  flamme  me  dévore!  id.  l'Iièd.  m,  3. 
Je  vois  déjà  l'hymen,  pour  mieux  me  déchirer.  Met- 
tre en  vos  mains  le  feu  qui  la  [Troie]  doit  dévorer, 
ID.  Iphig.  in,  4.  Si  vous  m'irritez  contre  vous,  l'é- 
pée  vous  dévorera,  saci,  Bible,  Isaie,  i,  20.  Élie 
lui  répondit  :  Si  je  suis  homme  de  Dieu,  que  le  feu 
descende  du  ciel,  et  vous  dévore  avec  vos  cinquante 
hommes,  m.  ih.  Rois,  iv,  i,  io.  Mes  soins  l'ont  en- 
fermé [un  orphelin]  dans  ces  asiles  sombres  Où  des 
rois  ses  aïeux  on  révère  les  ombres;  La  mort,  si 
nous  tardons,  l'y  dévore  avec  eux,  volt.  Orphi'l. 
IV,  6.  [La  Naissance  et  la  Mort,  deux  fantômes  vol-' 
lés]  L'un  produit  l'inconcevable  moment  do  notre  vie 
que  l'autre  s'empresse  de  dévorer,  chateacb.  Gé- 
nie, I,  2.  Les  flammes  qui  dévoraient  avec  un  bruis- 
sement impétueux  les  édifices  entre  lesquels  il  [Na- 
poléon à  Moscou]  marchait,  dépassant  leur  faîte, 
fléchissaient  alors  sous  le  vent  et  se  recourbaient 
sur  nos  têtes  ,  ségcr,  //«st.  de  Hapol.  viii,  7. 
Il  C'est  une  terre  qui  dévore  ses  habitants,  se  dit 
d'un  pays  malsain  qui  cause  une  grande  morta- 
lité. Les  pays  équatoriaux  dévorent  les  Européens. 
Il  Par  extension,  faire  maigrir,  altérer  le  teint,  l'ap- 
parence. Mandez-moi  comme  vous  vous  portez  de 
l'air  de  Grignan,  s'il  vous  a  déjà  bien  dévorée,  et 
comme  je  me  dois  représenter  votre  jolie  personne, 
sÉv.  189.  Il  B°  Piller,  épuiser.  L'armée  dévorait  le 
pays.  Sous  prétexte  de  vos  longues  prières,  vous 
dévorez  les  maisons  des  veuves,  saci,  Bible,  I^v 
S.  Math,  xxiii,  14.  Grecs,  Arabes,  Français,  Sar- 
rasins nous  dévorent,  volt.  Tancr.  i,  <.  Il  [Voltaire] 
a  profité  de  la  circonstance  d'un  contrôleur  gé- 
néral vertueux  et  zélé  pour  le  bien,  pour  deman- 
der que  le  pays  de  Gex  où  il  habite  ne  soit  plus  dé- 
voré par  les  financiers,  d'alemb.  Lettre  au  roi  de 
Prusse.  23  févr.  (776.  ||  Fig.  L'excès  de  sa  douleur 
dévore  sa  parole  [l'intercepte] ,  tbistan,  K.  de  Chrispe, 

I,  8.  116"  Fig.  Faire  éprouver  une  sensation  péni- 
ble, en  parlant  de  la  soif,  de  la  fièvre,  de  la  chaleur. 
La  soif,  la  fièvre  le  dévore.  Un  lion  que  la  cruelle 
faim  dévore,  fén.  Tél.  l.  Pour  apaiser  la  faim  qui 
le  dévore,  mass.  Car.  Riche.  Déjà  l'ardente  soif  le 
sèche  et  le  dévore,  ducis,  Abuf.  i,  3.  Courbés  par 
le  midi  dont  l'ardeur  les  dévore,  delav.  Paria,  n,  6. 
Il  Danslemèmesens,  en  parlant  des  passions.  Uien  ne 
peut-il  charmer  l'ennui  qui  me  dévore?  bac.  Bérén. 

II,  4.  Qu'un  soin  bien  différent  me  trouble  et  me 
dévore!  id.  Phèd.  ii,  6.  Du  zèle  qui  pour  toi  l'en- 
flamme et  le  dévore,  id.  Esth.  Prol.  Le  chagrin  me 
dévore,  id.  Androm.  \,  2.  Célèbre  par  le  zèle  saint 
qui  le  dévorait,  mass.  Car.  Resp.  Le  souvenir  af- 
freux dont  l'horreur  me  dévore,  volt.  Zaïre, u,  i. 
Gens  que  l'avarice  dévore,  Pour  votre  or  soudain 
j'ai  frémi ,  bérang.  Ma  dem.  chans.  Dans  les  villes 
qui  paraissent  jouir  de  la  paix  et  où  les  arts  fleuris- 
sent, les  hommes  sont  dévorés  de  plus  d'envie,  de 
soins  et  d'inquiétudes  qu'une  ville  assiégée  n'é- 
prouve de  fléaux,  volt.  Candide,  20.  Assez  de  mal- 
heureux ici-bas  vous  implorent,  Coulez,  coulez  pour 
eux  ;  Prenez  avec  leurs  jours  les  soins  qui  les  dévo- 
rent, Oubliez  les  heureux,  LAMART.  Méd.  i,  (3.  ||  7°  Dé- 
vorer un  livre,  le  lire  avec  avidité.  Ce  que  je  vous  dis 
là  ne  sont  pas  des  chansons.  Et  vous  devez,  du  cœur 
dévorer  ces  leçons,  mol.  Éc.  des  femmes,  m,  2.  Je 
m'arrêtais  pour  ne  pas  dévorer  votre  lettre  si  promp- 
tement,  SÉv.  52.  Tant  qu'on  a  cru  voir  dans  ce  li- 
vre [les  Caractères  de  la  Bruyêrt-]  les  portraits  de 
gens  vivants,  on  l'a  dévoré  pour  se  nourrir  du  triste 
plaisir  que  donne  la  satire  personnelle,  d'olivet, 
Ilist.  Acad.  t.  ii,  p.  354,  dans  pougens.  Dévorant 
les  poètes  fameux  Je  n'aspirai  jamais  qu'à  m'illus- 
trer  comme  eux,  LiicouviS,  Épichar.  et  Néron,  ii,  3. 

8°  Dévorer  en  espérance,  convoiter  avidement 
quelque  chose.  Il  dévore  en  espérance  tous  mes  tré- 
sors, VAUGEL.  Q.  C.  liv.  VIII,  ch.  1.  Au  reste  soyez 
sijrs  que  vous  posséderez  Tout  ce  qu'en  votre 
cœur  déjà  vous  dévorez,  cosn.  Nicom.  u,  3.  D 


1142 


DËV 


ion  avide  orgueil  je  sais  qu'il  nous  dévore,  bac. 
Alex.  II,  2.  D'un  œil  d'impatience  il  dévoraitsa  proie, 
VOLT.  Ilenr.  x.  ||  Dévorer  des  yeux,  jeter  des  re- 
gards pleins  d'ardeur  et  de  convoitise.  Il  dévore  des 
•»eux  et  du  cœur  cent  beautés,  la  font.  Scam.  Il 
îévore  des  yeux  le  fruit  de  tous  ses  crimes,  volt. 
Catil.  IV,  4.  Ici  une  amante  affligée  exprime  sa  lan- 
.içueur,  une  autre  dévore  des  yeux  son  amant,  mon- 
lESQ.  l.ett.  pen.  '^s.  Mes  yeux  dévorent  des  charmes 
Jont  ma  bouche  n'ose  approcher,  i.  J.  Rouss.  Ilél. 
I,  8.  Il  9"  Dévorer  le  temps,  anticiper  avec  impa- 
tience sur  le  temps.  L'impatient  Thierry  dévore  les 
instants,  LEMERC.  Bruneh.  m,  6.  Et  semble  d'un 
regard  dévorer  l'avenir,  ijuas,  Uacheth,  ii,  6,  Son 
fier  regard  semblait,  dévorant  l'avenir,  Poursuivre 
avidement  une  gloire  lointaine,  ancelot,  Fiesque, 
I,  f.  Il  10"  Ne  pas  laisser  paraître,  renfoncer  en  soi- 
même.  Dévorer  ses  larmes,  ses  chagrins.  Rongée  de 
soucis,  je  suis  obligée  de  paraître  gaie  et  contente; 
il  faut  que  je  dévore  mes  larmes,  maintenon,  Lelt. 
à  Urne  de  St-Géran,  4"  avril  (079.  Je  me  suis  tu, 
j'ai  dévoré  ma  peine,  fén.  Tél.  vu.  Toujours  verser 
des  pleurs  qu'il  faut  que  je  dévore!  HAC.  Bérén.l,i. 
Sous  un  maître  odieux  dévorant  ma  tristesse,  volt. 
Uérope,  ii,  7.  Comment  avez-vous  pu  dévorer  si 
longtemps  Une  douleur  plus  tendre  et  des  maux 
plus  touchants?  id.  Brulus,  ii,  <.  Dévorant  mon 
dépit  et  mes  soupirs  honteux,  id.  Orphel.  m,  *.  Eh 
bieni  je  dévorais  une  haine  funeste,  ducis,  Àlxi- 
far,  m,  4.  ||  Dévorer  un  alTront,  l'endurer  sans  en 
faire  paraître  aucun  ressentiment.  Quiconque  ne 
saitpas  dévorer  un  affront,...  Loin  deras|)ectdes  rois 
qu'il  s'écarte,  qu'il  fuie.RAC.  Eith.  m,  t.  On  dévore 
les  rebuts  les  plus  outrageants,  mass.  Car.  Loï.  Vous 
dévorerez  leurs  inégalités  et  leurs  caprices,  id.  Car. 
Pardon.  Le  roi  présent  dévore  la  menace;  Son  âme 
altière  est  contrainte  à  fléchir,  millev.  le  Itancenil- 
lier.  Il  11°  Dévorer  les  difficultés,  venir  courageuse- 
ment à  bout  de  ce  qui  est  difficile.  Les  affaires  n'eu- 
rent jamais  rien  d'obscur  qu'il  n'éclaircit,  rien  de 
douteux  qu'il  ne  décidât....  rien  de  pénible  qu'il  ne 
dévorât,  MASS.  Or.  fun.  Viller.  \\  12°  Se  dévorer, 
V.  réfl.  Se  dévorer  l'un  l'autre.  Les  brochets  se  dé- 
TOrent  les  uns  les  autres.  ||  Se  dévorer  soi-même. 
11  est  juste  qu'une  espèce  si  perverse  se  dévore  elle- 
même,  volt.  Dial.  <4.  Il  Très-familièrement.  Se 
dévorer,  se  gratter  avec  une  sorte  de  rage.  Empê- 
chez donc  cet  enfant  de  se  dévorer.  ||  Fig.  Se  bvrer 
à  l'impatience,  au  chagrin.  Je  me  dévore  de  cette 
envie,  sf.v.  30.  Et  là-dessus  on  s'abat,  on  se  dé- 
Tore  soi-même ,  on  renonce  presque  à  l'espérance  de 
son  salut,  mass.  Profess.  relig.  Serm.  t. 

—  HlST.  xii°  s.  Li  sire  en  la  sue  ire  les  conturbe- 
Tat,  et  sis  [si  les]  devurerat  fus  [le  feu].  Liber  psal. 
p.  24.Turbé  sunt  e  moud  [ému]  si  cumeivre,e  tule 
la  sapience  d'els  devorede  est,  ib.  p.  46B.  Tuit  chi 
uvrent  felunie,  chi  dévorent  le  mien  pople  sicume 
»iande  de  pain,  ib.  p.  70.  Dévorer  le  verrez  par  mil 
divisions  [morceaux] ,  JRonc.  p.  200.  De  Joseph  li 
sovint  cui  si  altre  noef  frère  Vendirent  pur  deniers 
e  distrent  à  lur  père  Que  dévorez  esteit  d'icele  beste 
fere,  Th.  le  mart.  05.  Si  jo  sui  hume  Deu,  dune 
descende!  li  feus  delciel  e  d«vurt  tei  êtes  cinquante 
cumpaignuns.flots,  p.  340.  ||  xiii' s.  Ne  de  beste  sau- 
vage [que  je  ne  sois]  devourée  ne  prise,  Berte, 
XXXI.  Je  croi  bien  que  les  bestes  l'ont  morte  et  dé- 
vorée, ib.  civ.  Qui  dont  les  deûst  devourer,  [ils]  Ne 
se  tenissent  de  plourer;  Leur  cuer  furent  de  pitié 
tendre.  Quant  vint  au  point  de  congié  prendre,  BL 
etJeh.  (B47.  PordantUenartquel'en  devoure.Ploure 

Grinbert  et  prie  etoure,  Ren.  hc3b Li  vilain 

s'en  atant.  Et  Tybert  s'en  vait  dévorant  [maudis- 
sant] Les  vilains  et  la  pute  au  prestre,  ib.  21892. 
Et  li  cors  qui  les  biens  dévore.  Si  sera  converti  en 
cendre,  Guersai.  ||  xiv*  s.  Il  fendoit  et  ouvroit  les 
femmes  grosses  et  trahoit  les  enfans  de  leurs  corps 
et  les  devoroit,  oresme,  Eth.  2U3.  Nulz  homs  n'o- 
zoit  passer,  environ  ni  entour.  S'il  ne  creoit  en 
Dieu,  la  père  crealour,  Qu'il  ne  fuist  devourez  à 
honte  el  à  douleur,  fiaud.  de  Seb.  VI,  240.  Li  lions  en 
.1  teil  despit  Qu'il  liceurt  [court]  sus  sans  nul  respit, 
Et  si  l'estranle  et  le  deveure,  j.  be  condet,  p.  (G. 

—  Etym  Provenç.  et  espagn.  devorar;  ital.  d:io- 
rof«;du  l.itin  devm-are,  de  la  préposition  de,  et 
vorare  (voj .  vorace). 

t  DÉVOREUR,  ECSE(dé-vo-reur,  reûz'),s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  dévore.  Dans  les  festins  d'Ho- 
mère, on  tue  un  bœuf  pour  régaler  ses  hôtes,  comme 
on  tuerait  de  nos  jours  un  cochon  de  lait;  en  lisant 
qu'Abraham  servit  un  veau  à  trois  personnes ,  qu'Eu- 
mée  fit  rêtirdeux  chevreaux  pour  le  dîner  d'Ulysse, 
et  qu'autant  en  fit  Rébecca  pour  celui  de  son  mari, 
on  p«ut  juger  quels  terribles  dévoreurs  de  viande 


DEV 

étalent  les  hommes  de  ce  temps-là,  j.  j.  bouss.  dans 
LA  veaux.  Il  Kig.  Un  dévoreur  délivres,  un  homme 
qui  lit  avidement.  Pauline,  cette  dévoreuse  de  li- 
vres, SÉV.  0(4. 

—  Rtym.  Dévorer. 

DEVOT,  DÉVOTE (dé-vo,  dé-vo-f),  adj.  ||  l'Atta- 
ché aux  pratiques  religieu.ses.  Ce  prince  était  dévot, 
généreux,  équitable,  Tristan,  Panlhée,  i.  4.  C'est 
dans  ce  calme  et  le  silence  Que  l'âme  dévote  s'a- 
vance Et  que  de  l'Écriture  elle  apprend  le  secret, 
corn.  Imit.  I,  20.  11  est  connu  pour  n'être  pas  dé- 
vot, PASC.  Prov.  7.  Pour  être  dévot,  je  n'en  suis  pas 
moins  homme,  mol.  Tan.  m,  3.  11  n'y  a  rien  que 
je  souhaitasse  plus  fortement  que  d'être  dévote,  sév. 
Lett.  6  févr.  1690.  Gardez  toutes  vos  pratiques  de 
dévotion,  j'y  consens,  et  je  vous  y  exhorte  même 
très-fortement;  mais,  avant  que  d'être  dévot,  je  veux 
que  vous  soyez  chrétien,  bourd.  Pensées,  1. 1,  p.  458. 
Songez  que,  dès  qu'on  n'est  pas  assez  dévot  pour 
être  capucin,  il  n'est  rien  de  plus  beau  que  de  se 
faire  tuer,  maintenon,  Lelt.  à  M.  d'Aubigné,  4 9  sept. 
1672.  Il  Être  dévot  à....  avoir  une  dévotion  particu- 
lière pour  la  Vierge,  pour  un  saint,  pour  une  église. 
Vous  n'êtes  point  dévot  à  la  Vierge,  sÉv.  290.  ||  2°  Qui 
a  le  caractère  de  la  dévotion,  en  parlant  des  choses. 
Air  dévot.  Ardeur  dévote.  Lis  un  livre  dévot,  simple 
et  sans  éloquence  Avec  plaisir  pareil  Que  ceux  oii 
se  produit  l'orgueil  de  la  science  En  son  haut  appa- 
reil, CORN.  Iinil.  I,  5.  Un  sermon  où  il  apporte  un 
zèle  tout  dévot,  pasc.  dans  cousin.  Kien  n'est  plus 
agréable  et  plus  dévot  que  cette  église  souterraine 
(à  Bethléem],  chateaub.  Itin.  11,  IBO.  Il  avait  pris, 
à  leur  école,  un  certain  jargon  dévot  dont  il  usait 
sans  cesse,  J.  J.  rouss.  Confess.  u.  ||  3°  11  se  dit 
quelquefois  par  dénigrement,  soit  d'une  mauvaise 
dévotion,  soit  de  l'hypocrisie  qui  feint  la  dévotion. 
Louis  XI  fut  un  prince  dévot  et  cruel.  Moi  dévote  I 
qui,  moi?  m'écriai-je  à  mon  tour.  L'esprit  blessé 
d'un  terme  employé  d'ordinaire  Lorsque  d'un  hy- 
pocrite on  parle  sans  détour,  deshoulières,  au  P.  de 
la  Chaise.  Sais-tu  bien  cependant,  sous  cette  humi- 
lité. L'orgueil  que  quelquefois  nous  cache  une  bi- 
gote, Alcippe,  et  connais-tu  la  nation  dévote?  boil. 
Sat.  X.  Celui  qui  depuis  quelque  temps  à  la  cour 
était  dévot  et  par  là,  contre  toute  raison,  peu  éloi- 
gné du  ridicule,  pouvait-il  espérer  de  devenir  à  la 
mode?  labruy.  xiu.  De  quoi  n'est  point  capable  un 
courtisan,  dans  la  vue  de  sa  fortune,  si,  pour  ne 
pas  la  manquer,  il  devient  dévot?  iD.  16.  Le  cour- 
tisan autrefois  avait  ses  cheveux,  était  eu  chausses 
et  en  pourpoint,  portait  de  larges  canons,  et  il  était 
libertin  [esprit  fort]  :  cela  ne  sied  plus;  il  porte  une 
perruque,  l'habit  serré,  le  bas  uni,  et  il  est  dévot: 
tout  se  règle  par  la  mode,  id.  ib-  Car  d'un  dévot  sou- 
vent au  chrétien  viritable  La  distance  est  deux  fois 
plus  longue,  à  mon  avis.  Que  du  pôle  antarctique 
au  détroit  de  Davis,  boil.  Sat.  xi.  |{  4°  Substantive- 
ment. Un  dévot.  Une  dévote  minutieuse.  Ces  dévots 
indiscrets  dont  le  zèle  incommode,  Pour  les  rendre 
saints  à  leur  mode.  Leur  forme  une  conduite  et  fait 
des  lois  à  part,  Au  lieu  de  s'avancer  par  un  secret 
mérite,  Perdent  ce  qu'en  commun  dans  la  règle  on 
profite,  X  force  de  vivre  à  l'écart,  corn.  Imit.  m, 
13.  Ces  dévols  à  demi,  sur  qui  la  chair  plus  forte 
Domine  encore  en  quelque  sorte.  Penchent  à  tous 
moments  vers  ses  mortels  appas,  id.  16.  i,  0.  Il  est 
de  faux  dévots  ainsi  que  de  faux  braves,  mol.  Tari. 
i,  6.  Mais  les  dévots  de  cœur  sont  aisés  à  connaître  : 
Jamais  contre  un  pécheur  ils  n'ont  d'acharnement; 
Ils  attachent  leur  haine  au  péché  seulement,  id.  ib. 
Les  dévots  qui  ont  plus  de  zèle  que  de  science,  pasc. 
dans  COUSIN.  Il  y  a  des  dévots  indiscrets  qui  ne  croient 
jamais  dire  assez  s'ils  n'en  disent  trop,  thiers.  Dis- 
sert, sur  le  portail  de  Heims,  dans  richelet.  ||  Dévot 
déplace,  faux  dévot  qui  affiche  les  pratiques.  Que 
ces  francs  charlatans,  que  ces  dévots  de  place,  mol. 
Tart.  I,  e.  Il  Dans  la  dernière  moitié  du  xvji°  siècle, 
dévot  se  prenait  en  mauvaise  part  pour  faux  dévot, 
hypocrite.  Fâche-t-on  un  dévot,  c'est  Dieu  qu'on 
fâche  en  lui;  Ces  apôtres  du  temps,  qui  des  pre- 
miers apôtres  Ne  nous  font  point  ressouvenir.  Par- 
donnent bien  moins  que  nous  autres,  deshouliêres, 
au  P.  de  la  Chaise.  Un  dévot  est  celui  qui,  .sous  un 
roi  athée,  serait  athée,  la  bruy.  xiu.  Les  dévots  ne 
connaissent  de  crime  que  l'incontinence;  parlons 
plus  précisément,  que  le  bruit  ou  les  dehors  de  l'in- 
continence, id.  16.  X  force  de  voir  la  conduite  des 
hommes,  la  lâcheté  des  braves,  les  faiblesses  des 
philosophes,  les  bêtises  des  politiques,  la  fausseté 
des  dévots,  je  suis  parvenue  à  ne  les  pas  plus  esti- 
mer que  les  femmes,  qui  sont  pourtant  de  jour  en 
jour  plus  méprisables,  maintenon,  Lelt.  Card.  de 
Nnaillcf,  3  sept.  17I0.  Les  dévots  fâchent  le  monde, 


DÈV 

et  les  gens  pieux  l'édifient,  Marivaux,  Payt.  parti 
t.  I,  part.  1",  p.  98,  dans  pougens.  ||  C'est  une  de 
ses  dévotes,  se  dit  d'une  des  femmes  qui  sont  noM 
la  direction  d'un  prêtre.  ||  Kig.  Homme  dévoué  à  un 
homme,  à  une  doctrine.  Il  est  un  des  dévot»  de 
Descartes.  Vous  êtes  un  dévot  de  la  philosophie  mo- 
derne. Il  5°  Votre  dévot  fils,  formule  usitée  chez  Ità 
souverains  qui  écrivent  au  pape. 

—  SYN.  dévot,  dévotieux.  L'homme  dévot  est  ce- 
lui qui  a  de  la  dévotion  ;  l'homme  dévotieux  est  celui 
qui  est  rempli  de  dévotion,  la  finale  eux  donnant 
d'ordinaire  un  sens  de  ce  genre  aux  adjectifs.  Il  faut 
ajouter  que  dévot  est  très-usité,  et  que  dévotieux 
l'est  pou. 

—  lilST.  XII*  S.  Por  ce  ke  il  puist  ferir  et  ocire  les 
dévotes  pensées,  s'atapist  il  desoz  la  covreture  de 
(lolor.  Job,  p.  440.  Geste  apiiaricions  noslre  Segnor 
clariHet  ui  cest  jor,  et  li  devocions  et  li  honoremens 
des  rois  le  fait  dévot  et  honravle,  st  hern.  65I. 
(I  xiii*  s.  Ne  seroit  baillif  ne  prevost.  Tant  seroit  li 
pueple  devost,  la  llose,  6û84.  ||  xivs.  Cil  le  renvoya 
[un  moine]  en  son  propre  tlevot  lieu  [couvent], 
Chr.  de  Si-Denis,  1. 1,  f°  164,  dans  lacl'Rne.||  xv*  s. 
Et  firent  [les  Gantois]  par  les  églises  plusieurs  pro- 
cessions et  dévotes  oblations ,  froiss.  u,  ii,  ib8. 
Avec  ce  que  le  mareschal  est  très  charilaUe,  il  aime 
Dieu  et  le  redouble  surtout  et  est  très  dévot,  Bou- 
ciq.iv,  ch.  3.  Il  xvi°  s.  C'est  une  religieuse  liaison 
et  dévote  que  le  mariage,  mont,  i,  220.  Ils  senti- 
ront leurs  âmes  plus  dévotes  envers  Dieu,  et  leurs 
cœurs  plus  secourables  envers  leurs  prochains,  la- 

NOUE,  538. 

—  ÊTVM.  Provenç.  dévot;  espagn.  devoto;  ital. 
divolo;  du  latin  dévolus,  dévoué,  de  la  préposition 
de,  et  totîfTe,  vouer  (voy.  vœu). 

DÉVOTEMENT  (dé-vo-te-man) ,  odo.  D'une  ma- 
nière dévote.  Entendre  dévotement  la  messe.  H 
soupa,  lui  tout  seul,  devant  elle.  Et  fort  dévote- 
ment il  mangea  deux  perdrix,  mol.  Tart.  i,  5. 

—  HlST.  XIII*  s.  Et  puis  rechurent  corpus  Domini 
cascun  endroit  soi  au  plus  dévotement  que  il  pot, 
H.  DE  valenc.  VI.  Le  servise  de  sainte  Ésglise  es- 
coute  dévotement  et  de  cuer  et  de  bouche,  joinv. 
300.  Il  XVI*  s.  Il  pria  Dieu  dévotement,  d'aub. 
Vie,  LV.  Remerciant  Dieu  dévotement,  amyot, 
Cam.  55. 

—  ÊTYM.  Dévole,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  de- 
votamenl,  devolamen;  espagn.  devotamenle;  ital. 
divolamenle. 

DÉVOTIECSEMENT  (  dé-vo-si-eû-ze-man  ) ,  ado. 
D'une  manière  dévotieuse. 

—  HIST.  XV*  s.  Tant  que  tous  les  varlets  de  son 
hostel  servent  Dieu  en  jeusnes  et  dévotions,  et  se 
contiennent  à  l'Eglise  aussi  devotieusement  que  fe- 
roient  religieux,  Bouciq.  iv,  ch.  6.  ||  xvi*  s.  Pour 
ceste  contribution  si  nécessaire  :  dont  dependoit  le 
contentement  de  ceux  qu'on  avoit  si  devotieusemen». 
[ardemment]  attendus,  lanoue,  025. 

—  Etym.  Dévotieuse,  et  le  suffixe  ment. 
DÉVOTIEUX,   EUSE   (dé-vo-si-eû,  eù-z"),    odj. 

Rempli  de  dévotion.  C'est  un  homme  fort  dévotieux. 
Que  le  taureau  soit  prêt,  quand  j'aurai  dans  les 
cieux  Poussé  le  zèle  saint  d'un  cœur  dévotieux, 
ROTROU,  Hercule  mourant,  m,  1. 1|  Substantivement. 
Les  dévotieux,  G.  naudé.  Apologie,  p.  24. 

—  HlST.  XVI*  s.  La  Rochelle,  qui  jà  leur  estoit  dé- 
votieuse [aux  réformés],  ayant  embrassé  l'Evangile, 
et  rejette  la  doctrine  du  pape,  lanoue,  643.  Le  peuple 
des  villes.outre  les  choses ilevotieuses,  ne  laisse  aussi 
d'appliquer  son  esprit  aux  arts,  id.  541.  Cette  Roxe- 
lane  e.sclave  fit  la  dévotieuse,  d'aub.  Hist.  1,  31. 

—  ÊTYM.  Voy.  DÉVOT. 

DÉVOTION  (dé-vo-sion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), V.  f.  Il  1°  Attachement  aux  pratiques  reli- 
gieuses. Personne  pleine  de  dévotion.  Il  a  beaucoup 
de  dévotion.  Et  qui,  jeune,  n'a  pas  grande  dévotion, 
RÉGNIER,  Sat.  xui.  Faire  de  son  devoir  son  mérite 
par  rapport  à  Dieu,  son  plaisir  par  rapport  à  soi- 
même,  et  son  honneur  par  rapport  au  monde  ;  voilà 
en  quoi  consiste  la  vraie  vertu  de  l'homme  et  la  so- 
lide dévotion  du  chrétien,  bouhdal.  Pensées,  1. 1, 
p.  397.  C'est  dans  le  grand  monde  qu'on  trouve  ces 
dévotions  aisées  et  commodes,  ces  dévotions  que 
l'on  veut  accorder  avec  les  maximes  du  siècle,  ID. 
Exhort.  Ste  Thér.  t.  i,  p.  3u4.  Certain  air  de  dévo- 
tion, Lorsque  l'on  n'est  plus  jeune,  atoujours  bonne 
grâce,  DESHOULIÊRES, au  P.  de  ta  C/iawc.  Je  saiscom- 
bien  crédule  en  sa  dévotion  Le  peuple  suit  le  freia 
de  la  religion,  hac.  Baj.  i,  2.  Mme  de  Montespac 
s'est  jetée  dans  la  plus  grande  dévotion;  il  est  bien 
temps  qu'elle  nous  édifie,  maintenon,  Leltre  à 
Mme  de  St-Géran,  10  sept.  188.1.  Je  ne  suis  point 
dévote,  mon  cl'.cr  frère:  mais  je  veux  l'ftreijc  suis 


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1143 


liiTsiiadéo  quo  la  dévotion  est  la.  source  de  tout  bien , 
MAiNTENON.ietlre  àd'Aubigné,  H  juillet  <6S4.  La  dé- 
votion d'Italieprendassezsouventune  formequi  n'est 
guère  de  notre  poilt  d'aujourd'liui,  fontpn.  ilarsi- 
gli.  Se  ne  connais  pas  de  meilleure  école  de  logique 
et  de  dévotion  philosophique  que  les  polypes  et  les 
animalcules  des  infusions,  BONNET,  Z,c/(.  div.  Œu- 
vrer, t.  xii,  p.  <33,  dans  polgens.  ||  Avoir  dévotion 
à,  adresser  particulièrement  ses  pratiques  religieu- 
ses à  un  saint,  il  une  église,  à  une  image,  etc. 
Sainte  Barbe  à  qui  son  frère  Jetser  avait  une  grande 
dévotion,  VOLT.  Mœurs,  ta».  Ce  portrait  était  une 
petite  miniature  représentant  l'ermite  Paul;  Mar- 
guerite y  avait  une  grande  dévotion,  bern.  de  s. -p. 
Paul  et  Virg.  p.  t24.  ||  Dans  le  courant  du  xvii»  siè- 
cle, dévotion  se  prend  en  mauvaise  part  pour  fausse 
dévotion,  hypocrisie.  On  peut  impunément,  pour 
l'intérêt  du  ciel,  Être  dur,  se  venger,  faire  des  in- 
justices; De  la  dévotion  c'est  là  l'essentiel,  deshou- 
LiÈREs,  au  P.  de  la  Chaise.  Celui  qui  a  pénétré  la 
cour  connaît  ce  que  c'est  que  vertu  et  ce  que  c'est 
que  dévotion,  et  il  ne  peut  plus  s'y  tromper,  la 
BBtY.  XIII.  F.Ti.e  servir  la  piété  à  son  ambition, 
aller  à  .son  salut  par  le  chemin  de  la  fortune  et  des 
dignités,  c'est  du  moins  jusqu'à  ce  jour  le  plus  bel 
effort  de  la  dévotion  du  temps,  id.  ib.  \\  2"  Prati- 
(|ues  de  dévotion.  En  ces  jours  consacrés  à  la  dévo- 
tion, Il  faut  mieux  épurer  l'œuvre  et  l'intention, 
CORN.  Imit.  I,  to.  Pratiquant  la  dévotion  de  saluer 
les  images  de  la  Vierge,  pasc.  Prov.  9.  Vous  étiez 
en  dévotion,  sÉv.  37.  Nous  fîmes  hier  de  grandes 
dévotions,  id.  76.  On  dit  que  vous  [Commines]  n'a- 
vez pas  oublié  mes  petites  dévotions  [de  Louis  XI], 
surtout  à  la  fin  de  mes  jours, fén.  t.  xix,  p.  308.  Lors- 
que nous  eûmes  fait  nos  dévotions  sur  le  tombeau 
de  la  vierge  qui  a  mis  au  monde  douze  prophètes, 
MONTESQ.  Lett.  pers.  l.  |{  Faire  ses  dévotions,  rem- 
plir ses  devoirs  religieux  à  certaines  époques  de 
l'année.  On  m'a  défendu  de  faire  mes  dévotions  à  la 
Pentecôte,  sÉv.  I8S.  Je  ne  fis  point  mes  dévotions, 
in.  232.  Il  avait  fait  ses  dévotions  à  la  paroisse, 
Boss.  Lett.quiét.  413.  ||  Livres,  tableaux  de  dévotion, 
livres,  tableaux  sur  un  sujet  de  piété.  Je  lis  des  li- 
vres de  dévotion,  sÉv.  432.  {|  Fête,  jeûne  de  dévo- 
tion, fête,  jeûne  qui  n'est  pas  d'obligation.  Beau- 
vau,  évêque  de  Tournay,  publia  des  dévotions  pour 
implorer  la  bénédiction  de  Dieu  sur  nos  armes,  ST- 
siM.  208 ,  46.  Il  3°  L'offrande  est  à  dévotion,  on  donne 
ce  qu'on  veut  à  l'offrande.  ||  X  l'offrande,  qui  a  dé- 
votion, c'est-à-dire  que  celui  qui  a  dévotion  aille  à 
l'otfrande,  en  d'autres  termes,  va  qui  veut  à  l'of- 
frande. Il  4°  Attachement  comparé  en  quelque  sorte 
à  celui  qu'on  a  pour  les  choses  de  piété.  Ma  dévotion 
pour  vous  est  sans  bornes.  On  peut  aussi  avoir  de  la 
dévotion  pour  son  prince,  desc.  Pass.  83.  J'aurai 
toujours  pour  vous,  6  suave  merveille.  Une  dévotion 
à  nulle  aulre  pareille,  mol.  Tart.  m,  3.  ||  Être  à  la 
dévotion  de  quelqu'un,  lui  être  entièrement  dévoué. 
(Cette  locution  serait  inintelligible  si  l'on  ne  remar- 
quait que,  tandis  que  iiio  déioHonpour  vous  signi- 
fie la  dévotion  que  j'ai  pour  vous  et  a  un  sens  ac- 
tif, il  est  à  ma  dévotion  a  un  sens  passif  et  doit  se 
comprendre  de  la  dévotion  qui  est  pour  moi  dans  le 
cœur  de  la  personne  dont  il  s'agit).  En  la  place  de 
tous  tant  qu'ils  sont,  le  courtisan  ambitieux  met  dos 
personnes  à  sa  dévotion,  balz.  t  dt<c.  s.  la  cour. 
On  lui  manda  que  la  ville  était  à  sa  dévotion,  d'a- 
BLANcouRT,  Arrien,  liv.  i,  ch.  o,  dans  riciiulet.  Il 
avait  gens  à  sa  dévotion,  la  font.  Fér.  Le  portier  est 
personne  Entièrement  à  ma  dévotion,  id.  Comm. 
l'espr.  Le  peuple  se  flattait,  ayant  un  consul  à  sa 
dévotion,  de  faire  nommer  les  commissaires  et  de 
procurer  enfin  le  partage  des  terres,  vertot.  Ré- 
vol,  rom.  m,  p.  243.  ||  Proverbe.  Il  n'est  dévotion 
que  de  jeune  prêtre,  c'est-à-dire  on  fait  les  choses 
avec  un  grand  zèle  quand  on  est  nouveau  en  quelque 
charge,  eu  quelque  profession. 

—  HlST.  xii»  s.  En  grant  devotiun  celé  messe  ad 
chantée,  EàDeu  sun  seignur  ad  sa  cause  mustrée, 
E  pria  qu'il  le  guard  de  maie  destinée,  Th.lemart.3û 
Il  xm'  s.  Ensi  le  firent  moult  volentiers  par  tout 
l'ost,  et  par  moult  grant  devocion  le  firent,  villeh. 
Lxx.  Parquoy  cil  qui  venront  à  son  autel,  que  il  y 
eussent  plus  grant  dévotion,  joinv.  304.  ||  xiv»  s. 
Sachent  touz  que  nous  à  nostre  amé  et  féal  Jehan 
conte  de  Brelaigne  et  à  ses  hoirs,  en  nostre  feauté 
et  on  nostre  dévotion  demouransàtousjours  mais.... 
octroions,  Ordonn.  des  rois  du  France,  t.  i,  p.  329. 
Du  sepoucre  [ils]  venoient  acquerre  le  pardon,  Ainsi 
qu'à  pluseurs  gens  en  prent  devocion,  Gueici.t  5429. 
Là  prist  à  Bauduin  grande  dévotion  D'aller  outre  la 
mer,  sans  nulle  arrestison,  Baud.  de  Seb.  vii!,707. 
Il  XV  s.  Le  ,iour  de  la  feste  N,  D.  en  mi  aoust....  al- 


lèrent en  pèlerinage  à  N.  D.  de  Vregny....  Leur  dé- 
votion faite,  ils  vinrent  en  une  taverne  au  ditVre- 
gny,  DU  GANGE,  devotiones.  Et  fit  là  en  droit  le  roi 
(Jire  grand  foison  de  me.sses  pour  accommunier  ceux 
qui  dévotion  en  aurnient,  fhoiss.  i,  i,  41.  Maint 
homme  [les  femmes]  ont  fait  briser  s'entencion.  Que 
l'en  tenoit  de  très  ferme  couraige ,  Et  delaissier 
toute  devocion.  L'un  par  amours,  l'autre  par  ma- 
riage, E.  iiEsctf.  Empire  des  femmes.  Ainsi  traversa 
le  chevalier  la  rivière,  et  vint  aborder  à  l'isle  où  il 
devoit  combattre,  et  là  sailli  hors  de  son  batteau, 
vestu  d'une  longue  robe  de  drap  d'or  gris  fourrée  de 
martres;  il  avoit  sa  bannerolle  en  sa  main  figurée 
de  ses  dévotions  [images  auxquelles  il  avait  dévo- 
tion], dont  il  sesignoit,  cl.  db.  la  marche,  lUém. 
liv.  I,  p.  297,  dans  lacurne.  ||xvi«  s.  Comme  il  es- 
toit  en  dévotion  sur  certain  poinctdela  messe,  mont. 
I,  254.  Combien  d'hommes,  et  en  Turquie  surtout, 
vont  nuds  par  dévotion?  id.  i,  259.  Les  rivières,  les 
passages,  à  sa  dévotion,  luy  conduiroient  et  vivres 
et  deniers,  id.  i,  356.  Les  tyrans  ont  ils  jamais  failli 
de  trouver  assez  d'hommes  vouez  à  leur  dévotion? 
ID.  Il,  108.  X  Rome  tout  estoit  quasi  à  sa  dévotion 
[de  Pompée],  langue,  6bi.  Quand  toute  leur  puis- 
sance, qui  se  trouva  très  grande,  et  en  bonne  dévo- 
tion de  bien  faire,  fut  assemblée  en  un  camp,  amyot. 
Cor.  43.  Estant  tousjours  prest  à  faire  de  bien  en 
mieulx  pour  ceulxqui  luy  estoient  redevables,  à  fin 
de  les  entretenir  etgarder  tousjours  en  sa  dévotion, 
ID.  Flamin.  4.  L'orateur  Callistratus  devoit  plaider 
en  jugement  la  cause  d'Oropus,  et  attendoit  un 
chascun  en  grande  dévotion  le  jour  de  ce  plaidoyer, 
ID.  Démosth.  7.  [Une  chapelle]  où  mesme  Soliman 
vint  faire  ses  dévotions,  d'aub.  Hist.  i,  3|. 

—  ÉTYM.  Provenç.  iievotio;  catal.  devociô;  es- 
pagn.  devocion;  ital.  devoiione;  du  latin  devolio- 
nem  (vov.  dévot). 

DÉVOUÉ,  ÉE  (dé-vou-é,  ke:),part.  pcissé.  \\  i'  Con- 
sacré par  un  vœu.  Décius.  dévoué  suivant  le  rite, 
se  précipita  dans  l'armée  ennemie.  Une  jeune  fille 
dévouée  à  la  vie  religieuse.  Les  Juifs  massacrèrent 
les  enfants  et  les  femmes,  parce  qu'ils  avaient  été 
dévoués  [dévoués  à  la  mort],  volt.  Moeurs,  147. 
Victime  dévouée  à  notre  État  vengé,  id.  Tancr.  v,  4. 
Il  2°  Disposé  à  tout  pour  le  service,  le  salut  de.  Être 
dévoué  à  sa  patrie.  Il  lui  est  tendrement  dévoué.  Il 
serait  à  désirer  que  ces  horribles  maximes  ne  fus- 
sent jamais  sorties  de  l'enfer,  et  que  le  diable,  qui 
en  est  le  premier  auteur,  n'eût  jamais  trouvé  des 
hommes  as'^ez  dévoués  à  ses  ordres  pour  les  publier 
parmi  les  chrétiens,  pasc.  Prov.  <4.  Je  ne  sais  s'ils 
me  blâment  de  vous  aimer,  mais  sûrement  ils  ne  me 
blâmeront  pas  d'être  dévouée  à  vous,  quand  je  vous 
aime,  stael,  Corinne,  viil,  I.  |{  En  parlant  des 
choses,  employé  à.  Tous  vos  moments  sont-ils  dé- 
voués à  l'empire?  rac.  liérén.  Il,  4.  ||  3°  Je  suis  vo- 
tre dévoué  serviteur,  votre  tout  dévoué,  voire  dé- 
voué,formule  de  salutation,  par  laquelle  on  clôt  une 
lettre  dans  la  correspondance  familière. 

DÊVOUEiMENT  ou,  comme  quelques-uns  écrivent, 
dit  l'Académie,  DÉVOÛMENT  (dé-vou-man),  s.  m. 
Il  1°  Action  de  dévouer.  Le  dévouement  de  la  fille 
de  Jephté.  Ne  m'aimeriez-vous  donc  pas  assez  pour 
trouver  du  bonheur  dans  ma  tendresse,  dans  le  dé- 
vouement de  tous  mes  instants?  stael,  Corinne, 
XV,  2.  Il  Action  de  se  dévouer.  Le  dévouement  des 
Spartiates  qui  se  firent  tuer  aux  Th£rmopyles.  L'his- 
toire nous  apprend  qu'en  de  tels  accidents  On  fait 
de  pareils  dévouements,  la  font.  Fabl.  vu,  i. 
Ils  n'ont  point  laissé  sans  punition  ce  crime  soli- 
taire au  milieu  de  mille  dévouements  d'une  ten- 
dresse sublime,  ségur,  Ilistde Napol.  x,  8.  ||  2"  Par 
extension  ,  disposition  à  servir  quelqu'un ,  avec 
une  abnégation  personnelle.  Acte  de  dévouement. 
Un  dévouement  sans  bornes.  Son  dévouement  pour 
sa  famille.  Et  de  mon  dévouement  vous  me  payez 
le  prix,  BRiKFAUT,  Ninus,  v,  7.  ||  Agréez,  recevez 
l'assurance  de  mon  dévouement,  une  des  formules 
de  salutation,  par  lesquelles  on  clôt  une  lettre. 
Il  Disposition  à  servir  l'humanité,  la  société,  à  se 
sacrifier  pour  elle.  La  doctrine  du  dévouement. 

—  11E.M.  L'Académie  n'a  pas  de  règle  fixe  pour 
écrire  les  substantifs  venant  des  verbes  en  ouer: 
écrivant  dénoûment  sans  écrire  dénouement;  se- 
coùment  sans  écrire  secouement;  et,  en  sens  inverse, 
ébrouement,  échouement,  etc.  sans  ébroûment, 
échoûment,  etc.  Au  reste  les  deux  orthographes  sont 
bonnes. 

—  ÊTYM.  Dévouer. 

DÉVOUER  (dé-vou-é) ,  v.  a.  ||  1"  Consacrer  par  un 
vœu.  Sénalus-consulte  par  lequel  on  dévouait  aux 
Dieux  infernaux  quiconque  passerait  le  Rubicon, 
MONTESQ.  Rom.  1 1,  Je  dévoue  à  l'exil  ta  tête  crimi- 


nelle, c.  DELAV.  Paria,  iv,  6.  |1  Par  imprécation. 
Dévouer  quelqu'un  à  la  haine,  à  l'exécration  publi- 
que, appeler  sur  lui  la  haine,  l'exécration.  |{  Dé- 
vouer sa  tête,  .s'exposer  résolument  aux  menaces, 
aux  périls.  Pendant  cinq  ans  il  dévoua  sa  tête  aux 
fureurs  civiles,  BOss.  le  Tellier.  Ce  moment  vous 
dévoue  à  leur  haine  fatale,  volt.  Oresle,  m,  2.  X 
vos  persécuteurs  j'ai  dévoué  ma  tète,  lemerc.  Fré- 
dég.  et  Bruneh.  iv,  3.  ||  Immoler  en  sacrifice.  Uù 
loup  quelque  peu  clerc  prouva  par  sa  harangus  Qu'il 
fallait  dévouer  ce  maudit  animal,  Ce  pelé,  ce  ga- 
leux, d'où  venait  tout  le  mal,  la  font.  Fabl.  vu,  -l. 
Il  2"  Par  extension,  consacrer  au  service  de....  par 
zèle,  amour  ou  un  motif  quelconque.  Vous  lui  dé- 
vouez vos  personnes,  et  lui  il  se  livre  tout  entier  à 
vous,  BOURDAL.  FxhoTt.  RenoxiveL  des  vœux,  t.  1, 
p.  26).  Il  3°  Se  dévouer,  v.  ré/l.  Se  consacrer  par 
un  vœu.  Se  dévouer  à  la  vie  monastique.  Je  me  dé- 
voue à  ces  dieux  immortels,  rac.  Brit.  v,  8.  ||  Fig. 
Lâche  qui  se  dévoue  aux  amours  de  Tullie,  volt. 
Catil.  II ,  < .  Il  Se  sacrifier  par  humanité,  par  patrio- 
tisme, par  un  motif  quelconque.  Codrus  se  dévoua 
à  la  mort  pour  le  salut  de  son  peuple,  boss.  Hist. 
I,  5.  [Elle]  Me  vit,  en  reprenant  cette  place  rendue, 
X  mille  coups  mortels  contre  eux  me  dévouer,  rac. 
Ilithr.  I,  t.  Achille  fait  ranger  autour  de  votre  fille 
Tous  ses  amis  pour  lui  prêts  à  se  dévouer,  id.  Iphig. 
v,  5.  11  se  dévoua  pour  son  peuple  dans  une  ba- 
taille, FÉN.  Tél.  XIX. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  vouer. 

t  DÉVOULOIR  (dé-vou-loir),  je  déveux,  tu  dé- 
veux, il  déveut,  nous  dévoulons,  vous  dévoulez,  ils 
déveulent;  je  dévoulais;  je  dévoulus;  je  dévoudrai; 
je  dévoudrais  ;  déveuille,  qu'il  déveuille, déveuillons, 
déveuillez,  qu'ils  déveuillent;  que  je  déveuille,  que 
tu  déveuilles,  qu'il  déveuille,  que  nous  dévoulions, 
que  vous  dévouliez,  qu'ils  déveuillent;  que  je  dé- 
voulusse; dévoulant;  dévoulu,  v.  a.  Cesser  de  vou- 
loir ce  qu'on  voulait.  Serait-il  possible  que  celui  vou- 
lût, qui  peut  dévouloir  en  un  moment?  malh.  dans 
VAUGELAS,  Rem. 

—  REM.  L'Académie,  dans  ses  Observ.  sur  Vau- 
gelas,  dit  :  «  Dévouloir  ne  s'est  point  établi  dans  no- 
tre langue:  c'est  un  mot  factice  qu'il  faut  éviter.  » 
L'Académie  se  trompe;  dévouloir  n'est  pas  un  mot 
factice;  il  est  aussi  ancien  que  la  langue  (voy.  l'his- 
torique). 

—  HIST.  XII*  s.  Et  ce  que  Deus  en  apareille.  Qui 
tote  .sainte  ovre  conseille.  Ne.  devez  desamonoster, 
Nedesvoleir,  ne  destorber,  benoît,  ((439-42.  Mais 
vostre  lige  chevalier  Serrai  ù  que  jo  unques  seie, 
Eisi  [ainsi]  que  riens  ne  desvoidreie.  Que  vos  pleûst 
à  comander,  id.  n,  (972-5.  {|  xiii'  s.  Se  vous  pais 
volés  faire,  jà  ne  le  desvourons,  Ch.  d'An  t.  v,  104. 
. ...je leur di  voir  [vrai],  nulle  ne  les desvueille,  j.  de 
MEONG,  Tes».  (325.  Il  XV" s.  Ces  capitaines  ne  Se  pou- 
voient  accorder  ensemble;  car  ce  que  l'un  vouloit 
une  semaine,  l'autre  ledevouloit,  froiss.  ii,  m,  90. 
Il  XVI'  s.  Un  obstiné  qui  une  mesme  chose  Veut  et 
deveut  cent  fois  en  un  instant,  st-gelais,  4. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  i;ouio!r. 
DÉVOYÉ,  ÉE  (dé-vo-ié,  iée,  ou  dé-voi-ié,  iée), 

part,  passé.  \\  1°  Mis  hors  du  bon  chemin.  Dévoyé 
par  son  guide.  ||  Terme  de  marine.  Couples  dévoyés, 
couples  qui  ne  sont  pas  parallèles  au  couple  de  le- 
vée. Il  2°  Fig.  Entraîné  dans  l'erreur.  Erreur....  Que 
ces  clercs  dévoyés  forment  en  leur  cervelle,  Régnier, 
Sat.  IX.  En  ce  lieu  où  l'Église  appelle  ses  enfants 
dévoyés,  Boss.  Égl.  3.  ||  Substantivement.  Ramener 
les  dévoyés,  ramener  ceux  qui  ne  sont  pas  dans  la 
voie  du  salut.  Priez  pour  l'Église  et  pour  les  dé- 
voyés, BOSS.  [.ettr.  abb.  264.  ||  3°  Dévoyé,  qui  a  le  dé- 
voiement.  Destin  soupa  fort  sobrement,  et  Mlle  de 
la  Rappinière,  tant  qu'elle  en  fut  dévoyée, scahron, 
Rom.  com.  i ,  4. 

DÉVOYER  (dé-vo-ié;  plusieurs  prononcent  dé- 
voi-ié.  Vi  remplace  l'y  grec  toutes  les  fois  qu'il  est 
suivi  d'un  emuet:  je  dévoie;  je  dévoierai),  v,  a. 
Il  1"  Écarter  de  la  voie,  du  chemin  à  suivre.  Ce 
guide  l'a  dévoyé.  ||  Terme  de  charpenterie.  Mettre 
quelque  chose  hors  de  l'équerre  de  son  plan.||  Terme 
de  marine.  Dévoyer  un  vaisseau,  détourner  les  cou- 
ples d'un  vaisseau,  de  manière  qu'ils  ne  soient  pas 
parallèles  à  la  quille  ou  au  couple  de  levée.  ||  Terme 
de  construction.  On  dévoie  une  chausse  d'aisance,  un 
tuyau  de  cheminée,  lorsqu'on  les  détourne  de  leui 
aplomb.  Il  2°  Fig.  Entraîner  dans  l'erreur.  Tu  pleures 
sur  les  enfants  du  prophète  que  le  détestable  Omai 
a  dévoyés,  montesq.  Lett.  pers.  (23.  ||  3"  Causer  la 
diarrhée.  ||4°  Se  dévoyer,  v.  réft.  S'égarer.  Il  s'est 
dévo/é  en  voulant  prendre  un  chemin  de  traverse. 
Il  Fig.  Tomber  dans  l'erreur.  Employez  toutes  vos 
forces  à  rappeler  dans  cette  unité  tout  ce  qui  s'en 


1U4 


DEX 


e»td^Toyé,  et  à  f8i.-9  écouter  l'Église,  par  laquelle  le 
Sâinl-Esprit  prononce  «es  oracles,  Boss.  Hisl.ii,  U. 
—  HIST.  xiir  s.  Ilcriesi  les  desvoie  [leur  fait  pren- 
dre le  change],  Ou»  Symons  3t  Constance  tous  ses 
Iwns  lui  olroie  (font  ce  qu'elle  veut],  Bcrte,  cvi. 
Car  Diex  maint  dosvoié  bien  à  voie  ramaine,  16.  L. 
I,i  foi  flou]  qui  trop  se  devoia,  Uen.  7340.  Bien  me 
fet  Henarl  dcsvoier  De  mon  besoing  et  destorber; 
Malgré  mien,  mestuet  sejorner.  ib.  (601)0.  Le  chief  ai 
Tuil  et  cstoné  Du  duel  (deuil),  et  de  l'ire  et  dol  pens, 
Dont  tôt  est  desvoiez  mon  sens,  ib.  )6900.  Tout  li 
mondes  vait  ceste  voie,   C'est  li  diex  qui  tous  les 
desvoie,  la  Rose,  4350.  Par  quoi  li  cuer  (les  cœurs] 
si  se  desvoient  Por  la  plesant  impression  De  lor  ima- 
ginacion,  ifc.8i)62.  Cis  flueve  vatant  tournoiant,Par 
tant  de  destrois  (Jpsvoyant  0  [avec]  tout  son  venin  do- 
lereus,  Qu'il  cliiet  ou  (tombe  au]  flueve  doucereiis,  ib. 
0090.  Je  di  fortune  est  non  voianz.  Je  di  fortune  ne 
voit  gnute.  Ou  en  son  sens  est  desvoianz;  Les  uns 
atrct,  les  autres  boute,  rutkb.  88.||  xv's.  Nous  voulons 
avoir  compte  du  grand  trésor  de  Flandre,  que  vous 
avez  dévoyé  sans  titre  de  raison  [le  bruit  s'était  ré- 
pandu qu'il  l'avait  envoyé  en  Angleterre],  froi.ss. 
I,  I,  248.  ((  XVI*  s.  Mille  routes  desvoyent  du  blanc, 
une  y  a,  mont,  i,  S7.   Elle  nous  dcsvoye  du  beau 
et  plain  chemin  que  nature  nous  a  tracé,  id.  i,  225. 
Une  troupe  errante  et  desvoyée  au  sentier  de  perdi- 
tion, iD.  II,  224.  Pour  divertir  les  opinions  et  con- 
jectures du  peuple  et  desvoyer  les  parleurs,  id.  m, 
300.  Les  veneurs  n'endurent  pas  que  leurs  chiens  se 
desvoyent,   amïot.    De  la  curiosilé,   t9.   L'odeur 
seule  d'icelle   [mtdecine]  luy  desvoya   tellement 
le  ventre,  qu'il  fut  contraint  d'aller  sept  fois  à  ses 
afl'aires  à  l'instant,  pabé,  Introd.  xxu. 

—  Etvm.  Dé,....  préfixe,  et  voie. 
jDÊVRILLER,    (dé-vri-llé).   Il  mouillées),  V.  a. 

Terme  de  pêche.  Détordre  une  corde. 

—  ETYM.  Dé....  préfixe,  et  vrille. 

t  DËVULGARISER  (dé-vul-ga-ri-zé),  V.  a.  ôter 
le  caractère  vulgaire.  L'Hôtel  de  Rambouillet  fut  le 
rendez-vous  des  précieuses  qui  se  chargèrent  de  dé- 
vulgariser la  langue  que  Malherbe  avait,  dit-on, 
dégasconnée. 

—  ÊTYM.  Dé....  préfixe,  et  vulgaire. 

t  DEXIAIRES  (dè-ksi-ê-r') ,  s.  f.  plur.  Terme  de 
zoolosie.  Nom  d'une  sous-tribu  de  diptjres. 

—  ÉTYM.  AeEiô;,  droit. 

DEXTÉRITÉ  (dèk-sté~ri-té),  s.  f.  \\  I»  Adresse  de 
main.  Il  a  fait  cela  avec  dextérité.  L'habitude  lui  a 
donné  de  la  dextérité.  Le  jeune  inconnu  se  jette 
dans  l'arène;  il  coupe  la  tête  du  lion  avec  la  même 
dextérité  qu'on  a  vu  depuis,  dans  nos  carrousels,  de 
jeunes  chevaliers  adroits  enlever  des  têtes  de  maures 
ou  des  bafoues,  volt.  Babyl.  1.  ||  2°  Fig.  Adresse 
d'esprit.  Il  faut  un  peu  de  dextérité  dans  toutes  les 
conditions,  patru,  Plaidoyer  II,  dans  richelet. 
Il  fût  venu  lui-même  avec  moi  vous  chercher,  Si  ma 
dextérité  n'eût  su  l'en  empêcher,  corn.  Cinna,  j, 
4.  Obtenir  de  Médée  avec  dextérité  Ce  que  refuserait 
son  courage  irrité,  id.  Uédée,  11,  5 Je  te  vou- 
drais mal  de  celle  violence  Que  ta  dextérité  ferait 
à  mon  silence,  id.  Itodng.  1,  7.  Va  plus  outre,  et  par 
zùle  ou  par  dextérité  Joins  le  vouloir  des  dieux  à 
leur  autorité,  id.  Thdod.  i,  t.  César  eut  une  dex- 
térité admirable  à  ménager  les  Gaulois,  st-ëvre- 
HOND,  dans  riciifleT.  Oui,  vos  dextérités  veulent 
me  détourner  D'un  éclaircissement  qui  vous  doit 
condamner,  mol.  D.  Car.  iv,  8.  Je  sais  les  tours 
rusés  et  les  subtiles  trames  Dont,  pour  nous  en  plan- 
ter, savent  user  les  femmes.  Et  comme  on  est  dupé 
par  leurs  dextérités,  Contre  cet  accident  j'ai  pris 
mes  sûretés,  id.  Éc.  des  f.  i,  t.  On  ne  pouvait  assez 
louer  son  incroyable  dextérité  à  traiter  les  affaires 
les  plus  délicates,  k  terminer  tous  les  différends  d'une 
manière  qui  conciliait  les  intérêts  les  plus  opposés, 
BOss.  Duch.  d'Orl.  Autant  je  les  charmais  par  ma 
aextérité.  Autant....  rac.  Atlial.  m,  3.  Il  vient  rem- 
pli d'orgueil  ou  de  dextérité,  volt.  Brutus,  1,  4. 

—  SVN.  DEXTÉRITÉ,  ADRESSE.  Ëlymologiquement, 
la  dextérité  est  ce  qui  se  fait  avec  la  dextre,  la  main 
droite,  et,  par  conséquent,  mieux  qu'avec  la  main 
gauche.  L'adresse  est  ce  qui  se  fait  en  allant,  comme 
on  disait  dans  l'ancicQ  français,  adroit,  c'est-à-dire 
juste  au  but.  Par  là  on  voit  que  adresse  est  plus  gé- 
rerai que  dextérité  ;  la  dextérité  étant  proprement 
l'adresse  demain,  et  l'adressa  étant  l'adresse  pour 
toute  chose. 

—  HIST.  xvi«  g.  Subtilité,  industrie  ou  dextérité, 
s'il  est  licite  d'ainsi  parler,  h.  est.  Apol.  pour  lié- 
rod.  p.  160,  dans  lacurne.  Ce  que  les  uns  attri- 
buent à  la  vivacité  et  dextérité  de  son  entendement, 
qui  de  sa  nature  estoit  ainsi  ai.^é;  les  autres  le  re- 
feront à  un  travail  extrême,  amïot,  Marcel.  27.  Tou- 


DEX 

tes  ces  paroles  dites  avec  grâce  et  dextérité  aux  âmes 
qui  sont  simples,  ont  une  merveilleuse  force  pour 
les  reculer  do  toutes  bonnes  ajiprehensions  [pen- 
sées], LANGUE,  407. 

—  ÉTYM.  Lat.  dexlerilas,  do  dexler,  droit  (voy. 
dextbe).  Dextérité  était  un  néologisme  au  xvi*  siè- 
cle; du  moins  H.  ICstienne  s'excuse  de  l'employer. 

t  DEXTIL  (dék-stil),  s.  m.  Terme  d'astrologie: 
Voy.  PÊcii.. 

DEXTRE  (dék-str') ,  adj.  ||  l*  Terme  de  blason.  Le 
côté  dextre,  le  cfité  droit.  A  dextre,  à  droite.  ||  Terme 
do  zoologie.  Coquille  spirivalve  dextre,  coquille  dont 
le  bord  terminal  se  trouve  placé  à  la  droite  de  l'ani- 
mal. Coquille  univalve  dextre,  celle  dont  le  sommet 
penche  à  droite,  la  coquille  étant  supposée  sur  le  dos 
do  l'animal.  ||  2*  Adroit.  Il  est  dextre  et  agile.  Vieilli 
en  ce  sens.  ||  8°  S.  f.  La  main  droite.  Et  de  tant  de  li- 
gueurs par  sadextre  vaincus,  Régnier,  Éplt.  i.  Vous 
ses  premiers  sujets  qu'attache  à  son  côté  La  splendeur 
de  la  race  ou  de  ladignité,Vousdignes commandants, 
vousdextres  aguerries.  Troupes  aux  champs  de  Mars 
dès  le  berceau  nourries,  corn.  Victoires  du  roi. 
Dieu,  qui  nous  a  prêté  sa  dextre  triomphante,  Dans 
un  cœur  raffermi  ne  laisse  plus  d'effroi,  flor. 
crrét.  Jephté,  I,  3.  i  quoi  peut-on  attribuer  un 
changement  si  heureux  qu'à  la  dextre  du  Tout-Puis- 
sant, MAUCROix,  Schisme,  liv.  m,  dans  richelet.  Il 
tira  du  manteau  sa  dextre  vengeresse,  boil.  Lutr.  v. 
Il  Peu  usité,  et  ne  l'étant  d'ailleurs  que  dans  le  style 
élevé  et  surtout  quand  on  parle  de  la  main  de  Dieu, 
ou  dans  le  style  héroï-comique  et  par  ironie, comme 
dans  l'exemple  de  lioileau.  ||  4°  Le  côté  droit.  La  ville 
marcha  après  la  chamliredes  comptes  du  côté  senes- 
tre,  la  cour  de  parlement  etdesaidestenantladextre, 
ST-siM.  44B,  206.  ||  Tombé  en  désuétude  en  ce  sens. 

—  HIST.  XI*  s.  Dist  Blancardins  :  par  ceste  meie 
destre....  Ch.  de  Uol.  iv.  Garde  [il  regarde]  suz  des- 
tre  parmi  un  val  herbuz,  16.  lxxviii.  Li  empereres 
lui  tent  son  gant  le  destre,  ib.  xxv.  ||  xii*  s.  En  la 
main  destre,  Ronc.  p.  24.  i  tel  sacre  ne  dut  pro- 
dome  mètre  destre,  Th.  le  mari.  t27.  ||  xiii' s.  X  des- 
tre etàsenestre  moût  souvent  [elle]  regardoit,  Berte, 
xxvm.  Uns  rainsiaus  l'ot  ateinte  parmi  sa  destre 
joue,  ib.  xxxiii.  ||  xiv  s.  Nous  voion  que,  par  na- 
ture, la  main  dextre  est  la  meilleur  et  la  plus  vigo- 
reuse,  obesme,  Elh.  t56.  Aucune  foiz,  quant  il  les 
cuide  mouvoir  à  dextre,  il  tournent  pour  la  maladie  à 
senestre,  id.  ib.  31. ||  xv*  s.  Et  toujours  leur  venoient 
gens  à  dextre  et  à  senestre  de  tous  costés,  froiss. 
i,  i,  19.  Et  n'ay  point  souvenance  d'avoir  veu  plus 
sage  gentilhomme  ne  mieulx  à  dextre  pour  conduyre 
grans  matières,  comm.  v,  16.  ||  xvi*  s.  Il  le  faisoit 
courtourner  en  ung  cercle,  tant  à  dextre  comme  à 
senestre.  rab.  Garg.  1,  23.  Jeune,  guallant,  bien  à 
dextre,  hardy,  in.ib.  i,  26.  Amour  a  fait  ma  langue 
desployer.  Et  ma  main  dextre  à  t'escrire  employer, 
MAROT,  I,  326.  Il  me  disoit  en  me  tenant  la  dextre, 
ID.  II,  406.  Les  dames  sont  comme  un  petit  sion. 
Oui  to'jsjours  ployé  à  dextre  et  à  senestre,  id.  u, 
393.  Je  ;e  prie  et  te  conjure  par  la  révérence  que 
lu  doibs  à  ceste  grande  lumière  du  soleil,  et  à  la 
dextre  royale,  que  tu  me  dies  la  vérité,  amyot, 
Alex.  68.  Le  flatteur  est  soupple  et  dextre  à  se  trans- 
muer en  toutes  similitudes,  id.  Comment  discer- 
ner le  flatt.  U.  Le  plus  honneste  et  le  plus  dextre 
moyen  de  le  faire,  en  ce  cas,  est,  quand  celuy  qui 
reprend  s'enveloppe  luy  mesme  en  ce  dont  il  accuse 
les  autres,  id.  ib.  57.  François  premier  de  ce  nom, 
de  bonne  grâce,  bien  parlant,  dextre  de  sa  per- 
sonne, FR.  de  bonnivaed,  dâns  Bibl.  des  Chartes, 
2*  série,  t.  Il,  p.  304. 

—  ÉTYM.  Provenç.  destra,  dextra;  espagn.  et 
ital.  désira;  du  latin  dexler,  signifiant  qui  est  à 
droite  et  qui  a  de  la  dextérité,  et  présentant  la  forme 
comparative  d'un  radical  dcx  qui  se  trouve  dans  le 
grec  Ssjiè;  et  le  sanscrit  daxa. 

DEXTREMENT(dèk-stre-man),  adv.  Avec  dexté- 
rité. Manier  dextrement  les  desseins  de  nos  princes, 
RÉGNIER,  Sal.  XIV.  Vous  coupez  dextrement  les  trois 
peaux  qui  l'enveloppent,  df.sc.  Diopt.  6.  Un  peintre 
peignit  un  rideau  si  dextrement  qu'on  s'avisa  de  le 
tirer,  d'ablancourt,  Apophlh.  dans  richelet.  Conte- 
lui  dextrement  le  naturel  des  femmes,  corn.  Uen- 
teur,  IV,  8.  Sans  rien  mettre  au  hasard,  je  saurai 
dextrement  Accorder  vos  soupçons  et  son  contente- 
ment, ID.  Médée,  iv,  «.  Un  médecin  assez  indus- 
trieux pour  manier  dextrement  une  partie  et  si  ma- 
lade et  si  délicate,  boss.  dans  la  paye,  Dict.  de 
Syn.  p.  647.  Uosen  alla  trouver  le  roi,  s'excusa,  et 
s'en  tira  si  dextrement  que  le  roi  ne  put  lui  savoir 
mauvais  gré,  st-sim.  108,  446.  Apprends-^moi  l'an 
de  tromper  dextrement,  i.  B.  uouss.  Allégorie  du 
Masque  de  Laverne. 


DI.\ 

—  HIST.  XVI*  S.  Il  se  savoit  dextrement  accommo- 
der à  toutes  compaignies,  amyot,  Péric.  8.  Il  se 
porta  fort  sagement  et  dextrement  en  cest  office, 
ID.  P.  £m.  59.  Il  s'aidoit  dextrement  bien  de  It 
halebarde,  carl.  vi,  6. 

—  ÉTYM.  Dextre,  et  le  suffixe  ment. 

-[  DEXTRINE  (dék-siri-n'),  ».  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  de  nature  gommeuse,  en  laijuelle  se  trans- 
forment les  globules  d'amidon  sous  l'influence  des 
acides,  des  oxydes,  de  la  diasiase,  etc. 

—  ÉTYM.  Lat.  dextra,  dextre,  main  droite,  à  cause 
que  la  dextrine  fait  tourner  à  droite  plus  que  toute 
autre  substance  le  plan  de  polarisation  de  la  lumière  ; 
ce  qui  la  dislingue  de  la  gomme. 

t  DEXTHINÉ,  ÉE(dèk-stri-né,  née),  adj.  Enduit 
de  dextrine.  Bandage  dextrine. 

tDEXTRINlQUE  (dèk-stri-ni-k'),  ad/.  Qui  dépend 
de  la  dexlrine.  Catalyse  dextrinique. 

t  DEXTROCIIÈKE  (dèk-stro-kô-r'),  s.  m.  Terme 
de  blason.  Bas  droit  représenté  dans  un  écu  avec  la 
main,  et  par  opposition  à  senestrocbère ,  qui  se  dit 
du  bras  gauche. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  dextrotherium,  de  dexter,  droit, 
et  xEÎp,  main. 

t  DEXTROGYBE  (dèk-stro-ji-r') ,  adj.  Terme  de 
physique.  Oui  dévie  à  droite  le  plau  de  polarisation. 
Substances  dextrogyres. 

—  ÉTYM.  Lat.  dexler,  droit,  et  gyrare,  tourner. 
t  DEXTRO-VOLUBILE  (dèk-stro-vo-lu-bi-l') ,  adj. 

Terme  de  botanique.  Volubile  à  droite.  Les  tiges 
dextrovolubiles  sont  celles  qui  se  dirigent  en  mon- 
tant vers  la  droite,  c'est-à-dire  de  gauche  à  droite. 
Le  chèvre-feuille  est  dextro- volubile. 

—  ÉTYM.  Dextre,  et  volubile. 

DEY  (dé) ,  s.  m.  Titre  du  chef  barbaresque  qui 
gouvernail  la  régence  d'Alger. 

—  ÉTYM.  Turc  day  ou  dey,  oncle  maternel 
(comp.  le  Journal  asiatique,  janvier  1802,  p.  85. 
Ce  titre  était  anciennement  porté  par  les  souve- 
rains d'Alger  qui  gouvernaient  sous  la  protection 
d'un  pacha. 

f  t.  DI....  préfixe  grec  qui  vient  de  5U,  et  qui 
signifie  deux  fois. 

f  2.  DI....  préfixe  latin  équivalent  à  dis....  et  si- 
gnifiant séparation,  éloignement,  etc. 

DIA  (dia),  expression  invariable.  Cri  des  charre- 
tiers pour  faire  aller  les  chevaux  à  gauche.  l|Fig. 
11  n'entend  ni  à  hue  ni  à  dia,  ni  à  dia  ni  à  huhau, 
on  ne  peut  lui  faire  entendre  raison.  ||  L'un  tire  ) 
hue  et  l'autre  à  dia,  l'un  tire  à  dia  et  l'autre  à  hu- 
hau ou  hurhaut,  se  dit  de  deux  personnes  qui,  agis- 
sant en  sens  contraire,  se  nuisent  au  lieu  de  s'aider. 
Et  l'on  voit  que  l'un  lire  i  dia,  l'autre  à  hurhaut, 
MOL.  le  Dépit,  IV,  2. 

—  HIST.  XVI*  s.  Qui  te  mèneront  à  dy  ay  et  liori 
ho,  NOËL  DUFAiL,  Conics  d'Eutrop.  ch.  IX. 

—  ÉTYM.  Breton,  dia,  diai,  diliai,  dicha,  déha, 
dia;  dérivés  de  diou,  dihnu,  déhou,  qui  est  à 
droite;  gallois,  deou;  irl.  deas,  adroite;  du  même 
radical  que  le  latin  dexler  (voy.  dextre). 

f  DIABASE  (di-a-ba-z').  ||  1"  S.  m.  lerme  de  zoo- 
logie. Genre  de  diptères,  de  conformation  intermé- 
diaire entre  les  taons  et  les  chrysops.  ||  2°  S.  f.  Terme 
de  minéralogie.  Synonyme  de  diorile. 

—  ÉTYM.  A-.iêïoiî,  passage,  de  Sii,  et  pàmt,  ac- 
tion d'aller,  base  (voy.  base);  dénomination  qui  vient 
de  ce  que  les  diabases  [diptères]  sont  des  passages, 
des  intermédiaires.  Quant  à  la  diabase,  roche,  ce 
mot,  mal  fait  puisque  l'auteur,  M.  Brongniart,  avait 
voulu  qu'il  signifiât  roche  à  deux  bases,  fut  aban- 
donné par  M.  Brongniart  lui-même. 

DIABÈTE  (di-a-liè-f) ,  t.  m.  ||  1"  Terme  de  physi- 
que. Vase  muni  dun  siphon,  et  d'où  la  liqueur  s'é- 
coule tout  entière  dès  qu'on  le  remplit  jusqu'au  bord. 
On  l'appelle  aussi  vase  de  Tantale.  ||  2°  Terme  de 
médecine.  Maladie  caractérisée  par  l'émission  d'une 
urine  abondante  et  contenant  une  matière  sucrée. 

—  ÉTYM.  Ai»6^Tri;  de  SiaêaivEiv,  traverser,  de 
S'.à,  à  travers,  et  paiveiv,  aller  (voy.  base,  et  je 
vais).  Dans  le  sens  médical,  diabète  exprime  le 
passage  incessant  d'une  urine  qui  abonde. 

DIABÉTIQUE  (di  a-bé-ti-k) ,  adj.  H  1*  Terme  de 
médecine.  Qui  tient  du  diabète.  Une  affection  dia- 
bétique. Il  2°  Qui  est  affecté  du  diabète.  USubstanli- 
vement.  Un  diabétique. 

—  ÉTYM.  Diabète. 

t  DIABÉTOMÈTRE  (di-a-bé-to-mè-tr") ,  t.  m.  Mo- 
dification du  polarimètre  qui  permet  de  déceler  la 
présence  du  sucre  dans  les  urines,  et  d'en  détermi- 
ner les  proportions. 

—  ÉTYM.  Diabète,  et  méire,  mesure. 
DIABLE  (dia-bP;  en  vers,  diable  est  aujourdTiui 

de  deux  syllabes  ;   il  était  jadis  de  trois) ,   (.   m 


DIA 

Terme  de  théologie.  ||  1*  Le  principe  du  mai  moral 
oa  général.  Le  diable  tenta  nos  parents  dans  le  pa- 
radis terrestre.  ||  Ce  nom  est  devenu  celui  des  anges 
déchus;  il  implique  toujours  une  idée   de  malice; 
mais  comme,  à  côté  de  la  malice,  le  diable  peut 
avoir  certaines  qualités,  diable  a  fini  par  exprimer 
ces  qualités,  mais  toujours  avec  un  peu  de  moque- 
rie et  dans  le  style  familier.  Il  2»  Par  antonomase, 
Satan,  le  prince  des  mauvais  anges.  Eh!  quel  ob- 
jet enfin  à  présenter  aux  yeux  Que  le  diable  tou- 
jours hurlant  contre  les  cieux?  boil.  Art  poét.  m. 
Il  Avocat  du  diable,  celui  qui  est  chargé,  dans  la 
chancellerie  romaine,  de  contester  les  mérites  d'une 
personne  dont  la  canonisation  est  proposée;  et  aussi 
l'un  des  deux  interlocuteurs  dans  les  conférences 
religieuses  faites  sous  forme  d'un   débat  simulé. 
Il  Ne   craindre  ni  Dieu  ni  diable,  n'être  arrêté  par 
aucune  crainte.  ||  Brûler  une  chandelle  au  diable, 
flatter  un  pouvoir  injuste  pour  en  obtenir  quelque 
chose.   Il  Le  diable  est  bien  fin,  se  dit  par  avertis- 
sement à  une  personne  pour  qu'elle  prenne  garde  à 
elle  et  qu'elle  ne  se  laisse  pas  aller  aux  tentations, 
ni  séduire  ni  suborner.  ||  Cela  se  fera  à  moins  que  le 
diable  ne  s'en  mêle,  c'est-à-dire  pour  peu  qu'il  n'y 
ait  pas  impossibilité.  ||  Cela  ne  se  fera  pas  si  le  dia- 
ble ne  s'en  mêle ,  c'est-à-dire  s'il  ne  survient  pas 
quelque  facilité  inespérée.   ||  Le  diable  n'y  verrait 
goutte,  se  dit  d'une  affaire  bien  embrouillée.  ||   Fi 
au  diable!  exclamation  de  mépris,  d'aversion,  de 
chagrin.  ||  Dans  le  même  sens.  Le  diable  s'en  pende  1 
Il  Crever  l'œil  au  diable,  faire  quelque  chose  en  dé- 
pit de  l'envie,  s'avancer  malgré  les  envieux.  ||  Mou- 
cher !a  chandelle  comme  le  diable  moucha  sa  mère, 
éteindre  la  chandelle,  ou  bien  couper  le  lumignon 
si  basque  la  chandelle  s'éteigne.  Locution  qui  vient, 
dit-on  ,   de  ce  qu'un    scélérat  nommé  Le  diable, 
ayant  demandé  à  voir  sa  mère  avant  d'être  exé- 
cuté, lui  emporta,  en  l'embrassant,  le  nez  avec  les 
dents,  lui  reprochant  la  mauvaise  éducation  qu'il 
avait  reçue  d'elle,  ou  plutôt  de  ce  que  le  diable, 
sous  prétexte  de  moucher  sa  mère,  lui  fait  quel- 
que mauvais  tour.  ||  Loger  le  diable  dans  sa  bourse, 
n'avoir  pas  le  sou.  Uu  homme  n'ayant  plus  ni  crédit 
ni  ressource,  El  logeant  le  diable  en  sa  bourse, C'est- 
à-dire  n'y  logeant  rien,  la  font.  Fabl.ix,te.\\  Veuille 
Dieu,  veuille  diable,  je  le  ferai,  c'est-à-dire  mal- 
gré tous  les   obstacles.  Soyez  sur,   quelque  chose 
qu'ils  fassent,  qu'homme.  Dieu,  ange,  ni  diable  ne 
m'en  feront  pas  dire  davantage,  u'alembeht.  Lettre 
à  Voltaire,  20  janv.  )7B8.  ||  Quand  le  diable  y  se- 
rait, malgré  tout.  Quand  le  diable  y  serait,  vous  ne 
me  feriez  pas  croire  cela.  ||  Populairement.  Le  dia- 
ble bat  sa  femme  et  marie  sa  fille,  se  dit  quand  il 
pleut  et  qu'il  fait  du  soleil  eu  même  temps.  ||  Il  n'est 
pas  plus  dévot  que  le  diable  n'est  saint,  se  dit  d'un 
homme  tout  à  fait  indévot.  ||  Le  diable  n'y  perd  rien, 
se  dit  d'une  personne  qui  ne  maîtrise  ou  ne  con- 
tient ses  sentiments  qu'en  apparence  ou  passagère- 
ment, et  aussi  d'une  personne  qui  dissimule  ses 
souffrances.  Vous  saviez  bien  que  vous  seriez  vengé 
sans  coup  férir,  et  que  le  diable  n'y  perdrait  rien, 
p.L.couR.i,  57.  Il  Le  diable  nelelui  ferait  pas  faire, 
ne  "en  ferait  pas  démordre,  se  dit  d'un  homme  en- 
têté, obstinément  attaché  à  ses  sentiments.  ||  Pont 
du  diable,  pont  hardi,  de  construction  moderne,  jeté 
sur  la  Reuss.  ||  Pont  du  diable,  Passage  du  diable, 
sont  les  noms  de  quelques  localités  de  difficile  accès. 
Il  Terme  de  musique.  Sonate  du  diable,  ainsi  dite 
en  raison  d'une  vision  du  diable  en  rêve  qu'eut  le 
musicien  Tartini,  sonate  hérissée  de  difficultés.  ||  Il 
fait  comme  le  valet  du  diable,  il  est  comme  le  valet 
du  diable,  se  dit  quand  quelqu'un  fait  plus  qu'on 
ne  lui  commande.  Vous  faites  l'office  du  diable  quand 
vous  voulez  faire  plus  que  je  ne  vous  demande, 
MAiNTENON,   Lettre  à  Mme  de  Caylus,  t.  vi,  p.  6, 
dans  pouGENS.  [I  C'est  la  poupée  du  diable,  femme  mal 
habillée,  sale.  ||  Le  diable  était  représenté  dans  le 
moyen  âge   avec  une  queue  et  des  cornes;  de  là 
quelques  locutions.  ||  Tirer  le  diable  par  la  queue, 
être  dans  une  position  gênée.  Si  je  faisais  des  vers 
aussi  bons....  je  ne  serais  pas  réduit  à  tirer  le  diable 
par  la  queue,  scarb.  Jlom.  corn.  ch.  t).  ||  Il  man- 
gerait le  diable  et  ses  cornes,  se  dit  d'un  grand 
mangeur.  ||  3"  En  général,  nom  des  anges  rebelles 
précipités  avec  Satan  dans  l'enfer,  depuis  le  prince 
jusqu'aux  plus  infimes.  Les  diables  de  l'enfer.  ||  Fig. 
Comme  diable  en  miracle  ou  en  miracles,  sans  rai- 
son. Le  personnel  entre  le  cardinal  de  Noailles  et 
les  évêques  de  la  Rochelle  et  de  Luçon,   où  celui 
de  Gap  s'était  fourré  depuis  comme  diable  en  mi- 
racles, ST-siM.  3t6,  108  II  Être  battu  du  diable, 
être  sans   repos.  [  Tallard  ]   Beaucoup  d'esprit    et 
de   grâce  dans  l'esprit,  mais  sans  cosse  battu  du 

PIHT.    PE    I.A    LaNOUE    KRANgAISE. 


DIA 

diable  par  son  ambition,  ses  vues,  st-sih.  ue,  h. 
Il  Le  diable  était  beau  quand  il  était  jeune,  c'est-à- 
dire  la  jeunesse  a  toujours  quelque  beauté,  même 
dans  les  personnes  laides.  ||  La  beauté  du  diable, 
les  seuls  attraits  de  la  jeunesse.  ||  Par  forme  de  ser- 
ment. Je  n'en  ferai  rien  de  par  tous  les  diables. 
Elles  sont  toutes  dérangées  de  par  tous  les  diables, 
BEGNAHU,  le  Iletour  impr.  se.  9.  ||  Les  diables  bleus, 
nom  que  les  Anglais  donnent  à  une  sorte  de  mélan- 
colie, de  vapeurs.  ||  Être  possédé  du  diable,  avoir, 
selon  la  croyance  de  l'Eglise  catholique,  dans  le 
corps  un  diable  qui  se  substitue  à  la  volonté  de  l'in- 
dividu et  parle  et  agit  pour  lui.  Les  diables  qui  pos- 
sédèrent les  religieuses  de  Loudun.  Et,  figurément, 
être  livré  à  des  passions  violentes,  à  une  excessive 
ardeur.  ||  Fig.  Avoir  le  diable  au  corps,  être  vif, 

emporté,  vigoureux,   passionné Avez-vous  le 

diable  dans  le  corps,  Pour  ne  pas  succomber  à  de 
pareils  efforts?  mol.  Coc.  imag.  ii,  t .  Je  pense,  sauf 
correction,  qu'il  a  le  diable  au  corps,  id.  l'Avare, 

I,  3.  Votre  Durance  a  quasi  toujours  le  diable  au 
corps,  sÉv.  366.  11  aie  diable  au  corps,  hac.  Plaid. 

II,  41.  Elle  a  le  diable  au  corps  pour  la  danse, ha- 
MILT.  Gramm.  7.  ||  Avoir  le  diable  au  corps,  excel- 
ler en  certaines  choses  de  courage,  d'adresse,  de 
talent,  d'esprit.  Ou,  comme  Michel-Ange,  eût-il  le 
diable  au  corps,  Régnier,  So(.  xi.  ||  Etre  croustil- 
leux.  Segrais  nous  montra  un  recueil  qu'il  a  fait  des 
chansons  de  Blot;  ces  chansons  ont  le  diable  au 
corps;  mais  je  n'ai  jamais  vu  tant  d'esprit,  sÉv.  49. 
Il  4°  C'est  le  diable  à  confesser,  se  dit  d'un  aveu 
difficile  à  obtenir,  d'une  chose  presque  impossible. 
Il  C'est  le  diable!  Voilà  le  diable!  C'est  là  le  dia- 
ble! se  dit  de  ce  qu'une  chose  présente  de  fâ- 
cheux, de  difficile.  Mais  le  diable  est  que  nous  n'a- 
vons point  d'argent,  regnaru  ,  Sérénade ,  se.  8.  Entre 
tant  de  parents  ce  serait  bien  le  diable.  S'il  ne  s'en 
trouvait  pas  quelqu'un  de  raisonnable,  m.  Légat. 

III,  B.  Mais  voyons  donc  enfin  ce  que  j'ai  fait  écrire. 
—  Ah!  voilà  bien  le  diable....  m.  ib.  v,  7.  Amoureux 
et  gueux,  ces  deux  qualités,  qui  séparément  ne  sont 
pas  fort  bonnes,  c'est  bien  le  diable  quand  le  ha- 
sard les  met  ensemble,  dancodrt,  Cur.  Compiègne, 
se.  3.  Il  5°  Donner  son  âme  au  diable,  faire  un  pré- 
tendu pacte  avec  le  diable,  qui,  eu  retour  de  l'âme 
qu'on  lui  abandonnait,  assurait  pendant  un  certain 
temps  au  contractant  la  richesse,  la  puissance,  les 
plaisirs.  Faust  avait  vendu  son  âme  au  diable.  ||  Fig. 
Se  donner  au  diable,  se  désespérer.  Cela  me  ferait 
donner  au  diable.  ||  Se  donner  à  tous  les  diables, 
éprouver  une  excessive  impatience.  ||  .Se  donner 
au  diable,  prendre  beaucoup  de  peine.  Vous  avez 
fait  ce  coup  sans  vous  donner  au  diable,  mol.  l'É- 
toar.  II,  a.  ||  Il  ne  faut  pas  se  donner  au  diable 
pour  faire  cela,  c'est-à-dire  la  chose  n'est  pas  diffi- 
cile. Il  Je  me  donne  au  diable;  je  veux  que  le  diable 
m'emporte  si....  le  diable  m'emporte  si....  ou,  sim- 
plement, du  diable  si....  au  diable  si....  locutions 
qu'on  emploie,  par  forme  de  serment,  pour  nier  ou 
pour  affirmer.  Vous  venez  de  Poitiers  ou  je  me  donne 
au  diable,  corn,  le  Ment,  i,  3.  Mes  gens  se  donnent 
au  diable  qu'il  n'y  a  pas  dix  écus  dans  la  maison, 
HAMiLT.  Gramm.  2.  Je  me  donne  au  diable  si  dans 
quinze  jours....  id.  ib.  4.  Je  me  donne  au  diable  si 
on  me  voyait....  m.  ib.  7.  Diable  emporte  si  je  le 
suis  [médecin],  mol.  Méd.  m.  lui,  i,  6.  Diable  em- 
porte si  j'entends  rien  en  médecine,  id.  ib.  m,  t. 
Je  veux  que  le  diable  m'emporte,  si  je  comprends 
rien  à  ce  génie,  à  ces  lauriers,  à  cette  épée,  Dide- 
rot,.Soion  de  1767,  CEuvres,  t.  xiv,  p.  86,  dans 
POUGENS.  Il  6°  Il  se  dit  par  forme  d'imprécation,  d'a- 
version, de  répulsion ,  d'impatience.  Envoyer  au 
diable,  à  tous  les  diables,  à  tous  les  cinq  cents  dia- 
bles. Donner  au  diable.  Qu'il  s'en  aille  au  diable,  à 
tous  les  diables  !  Au  diable  l'importun!  Puissiez- 
vous  être  à  tous  les  diables!  mol.  Préc.  se.  4  9.  Nous 
donnerions  tous  les  hommes  au  diable,  id.  Amyh. 
II,  5.  Matta  le  donnait  au  diable  avec  ses  Allobro- 
ges,  HAMILT.  Gramm.  4.  Il  ne  voulut  pas  se  confes- 
ser et  envoya  tout  au  diable,  sÉv.  4  42.  J'ai  donné, 
de  fureur,  tout  le  festin  au  diable,  boil.  Sal.  m.  Je 
donnais  au  diable  toute  cette  maudite  cohue,  J.  s. 
Rouss.  Conf.  m.  A  moins  de  douze  couplets.  Au  dia- 
ble une  chansonnette  !  bérang.  Margot.  \\  7  '  Être  au 
diable,  être  on  ne  sait  où,  fort  loin.  Il  m'a  fait  aller 
au  diable  vauvert  (et  non,  comme  on  dit  communé- 
ment, par  erreur  ;  au  diable  au  vert;  voy.  vauvert), 
il  m'a  fait  aller  très-loin.  ||  8°  S'en  aller  au  diable, 
à  tous  les  diables,  être  perdu  sans  retour.  L'afl'aire 
s'en  va  au  diable.  Il  faudra ,  si  je  veux,  Que  le  man- 
teau s'en  aille  au  diable,  la  font.  Fabl.  vi,  3.  Si 
vous  ne  daignez  vous  en  informer,  le  Temple  duGoût 
iraàtouslfcsdiables,  yon. Lett.  mversetenprose,'it<. 


D[A 


1145 


Tout  va  au  diable,  mes  anges,  et  moi  aussi,  id. 
Lelt.  d'Argental,  4  mai  4  767.  ||  Être  au  diable,  à 
tous  les  diables,  être  perdu  sans  retour.  Mon  projet 
est  à  tous  les  diables.  Les  affaires  de  Bohême  ont 
bien  changé  de  face  depuis  un  mois;  voilà,  je  crois, 
ma  pension  à  tous  les  diables;  mais  j'en  suis  d'avance 
consolé,  d'alembert,  Lett.  à  Voltaire,  2 1  juillet  (757. 
Il  Envoyer  au  diable,  à  tous  les  diables,  perdre, 
dissiper.  Il  envoya  les  marquisats  au  diable,  là 
font.  Faucon.  \\  9°  Faire  le  diable,  le  diable  à  qua- 
tre, faire  grand  bruit,  grand  tumulte,  se  donner 
beaucoup  de  monvement  pour  une  chose.  Je  m'en 
irais  chez  eux  faire  le  diable  à  quatre,  hauteroobe, 
Soup,  mal  appr.  se.  3.  Oui,  l'autre  moi,  valet  de 
l'autre  vous,  a  fait  Tout  de  nouveau  le  diable  à 
quatre,  mol.  Amph.  m,  8.  Coudoyez  un  chacun; 
point  du  tout  de  quartier;  Pressez,  poussez,  faites 
le  diable ,  id.  Remerctment  au  roi.  Je  ferai  le  diable 
à  quatre,  pour  faire  accepter  sa  pancarte,  volt. 
Lett.  en  vers  et  en  prose,  4  85.  ||  Faire  le  diable 
contre  quelqu'un,  lui  faire  le  plus  de  mal  qu'on 
peut.  Il  Dire  le  diable  contre  quelqu'un,  en  dire 
beaucoup  de  mal.  ||  10°  Cela  ne  vaut  pas  le  diable, 
cela  ne  vaut  absolument  rien.  ||  11°  Diable,  employé 
comme  complément  déterminatif,  est  augmentatif  et 
signifie  extrême,  excessif.  C'est  un  désordre  du  dia- 
ble. Je  lui  veux  un  mal  de  diable.  Avoir  une  peur 
de  diable.  Il  fait  un  froid,  un  vent  de  tous  les 
diables.  ||  lî°  Suivi  d'un  complément  déterminé, 
diable  signifie  singulier,  bizarre,  méchant,  dan- 
gereux, etc.;  ou  plutôt,  gardant  sa  signification 
propre,  il  se  construit  avec  la  préposition  de  et  un 
substantif,  comme  bonhomme,  faquin,  coquin  :  ce 
bonhomme  de  paysan,  coquin  de  valet  (voyez,  pour 
cette  construction,  la  préposition  de  au  n°  3).  Un 
diable  d'homme.  Ces  diables  de  gens.  Un  diable  de 
ménage,  corn.  Suite  du  Ment,  i,  4.  Quel  diable  de 
jargon  entends-jeî  mol.  les  Préc.  B.  Et  tu  m'oses 
jouer  de  ces  diables  de  toursl  id.  Sgan.  6.  Queldia- 
ble  de  babillard!  id.  Mar.  forcé,  6.  Quel  diable  de 
langage  est-ce  là,  id.  Méd.  m.  lui,  ir,  6.  Ayez  le 
temps  de  me  mander  si  vous  vous  mettez  sur  ce  dia- 
ble de  Rhône,  sÉv.  46 Un  diable  de  neveu  Me 

fait  par  ses  écarts  mourir  à  petit  feu,  piron,  Métrom. 
11,  4.  De  vos  diables  de  vers  détestant  la  manie,  ro. 
ib.  i,  8.  Mon  diable  d'homme  qui  craignit  qu'elle 
n'en  parlât  pas  à  son  gré,  i.  J.  rouss.  Confess.  ii.  Que 
voulez-vous  !  ce  diable  d'homme  a  toujours  ses  po- 
ches pleines  d'arguments  irrésistibles,  beaum.  Barb. 
de  Sév.  IV,  8.  Il  On  remarquera  que,  en  cet  emploi, 
diable,  si  le  substantif  construit  est  féminin  ,  devient 
adjectif.  Cette  diable  de  femme.  Quelle  diable  de  cé- 
rémonie I  HAMILT.  Gramm.  4.  ||  13°  Personne  très- 
méchante,  emportée,  ou  bien  d'une  turbulence, 
d'une  pétulance  extrême.  C'est  un  diable ,  un  vrai  dia- 
ble, un  diable  incarné,  un  petit  diable.  Elle  compte 
que  je  serais  un  diable  dans  le  monde,  hamilton, 
Gramm.  3.  Comme  sur  les  maris  accusés  de  souf- 
france. De  tout  temps  votre  langue  a  daubé  d'im- 
portance. Qu'on  vous  a  vu  contre  eux  un  diable  dé- 
chaîné. Vous  devez  marcher  droit  pour  n'être  point 
berné,  mol.  Éc.  des  femm,  i,  4.  C'en  est  fait,  jo 
renonce  à  tous  les  gens  de  bien  ;  J'en  aurai  désor- 
mais une  horreur  effroyable.  Et  m'en  vais  devenir 
pour  eux  pire  qu'un  diable,  in.  Tart.  v,  4.  Et  je  ne 
vis  de  ma  vie  Un  dieu  plus  diable  que  toi,  id.  Amph. 
m,  10.  Une  autre  fois  quelque  diable  fit  une  satire 
cruelle  sur  Madame,  le  comte  de  Guiche,  etc.  ST- 
siM.  92,  208.  Je  ne  laisse  pas,  tout  diables  qu'ils 
sont  [vos  enfants] ,  de  leur  enseigner  quelquefois  dis 
polissonneries  de  mon  temps,  p.  L.  cour.  icM.  ii,  77. 
Il  Un  méchantdiable,  un  mauvais  homme.  ||  Lesmille 
diables,  fameux  voleurs  du  xvi"  siècle.  |{  Diable  noir, 
ancien  sobriquet  des  reîtres.  ||  14°  Comme  le  diable, 
à  côté  de  sa  malice,  peut  avoir  quelque  qualité, 
diable  a  été  pris  pour  exprimer  quelque  chose  de 
peu  blâmable,  ou  même  quelque  chose  de  louable. 
Il  Un  grand  diable,  un  homme  grand  et  dégingandé. 
Il  Un  grand  diable,  se  dit  aussi  de  choses  qui  sont 
très-longues.  L'archevêque  vient  de  faire  contre  lui 
[J.  J.  Rousseau]  un  grand  diable  de  mandement  qui 
donnera  envie  de  lire  sa  profession  de  foi  à  ceux 
qui  ne  la  connaissent  pas,  d'alembert.  Lettre  à 
Voltaire,  8  sept.  4762.  ||  Un  bon  diable,  un  homme 
facile,  de  joyeuse  humeur.  Il  me  parut,  comme  à 
vous,  un  assez  bon  diable,  et  d'ailleurs  je  lui  trouvai 
quelques  connaissances  mathématiques ,  d'alemu.. 
Lettre  à  Voltaire,  22  déc.  4759.  I|  Un  pauvre  dia- 
ble, une  personne  misérable,  une  personne  àplain- 
dre.  Voilà  un  pauvre  diable  de  mari  en  bonne  maint 
dancourt,  Moul.  Javelle,  se.  6 C'est  qu'il  est  in- 
croyable Que  moi,  qui  près  de  vous  ne  suis  guuD 
pauvre  diable  ,    Sois    plus    heureux   pourtant.* 

1.  —  ]'i'i 


H40 


DIA 


coiuw  D'HAliLKV.  Ft>iu!  céUb.  II  ,  »  ||  16*  Comme 
tous  lei  diablei,  beaucoup,   extrêmement,  iiifiiii- 
m»nt.  Avoir  un  esprit  de  tous  le»  diables.  Les  nefs 
lur  lai  eaui  favorables  Vont  comme  tous  lei  nulle 
diables,  gcAHROr»,   Virg.  trav.  viii.   La  justice  est 
sévère  comme  tous   les  diable»,   particulièrement 
sur  ce»  sortes  do    crimes,  mol.  Pourc.  ui,  î.  Elle 
est   obstinée  comme  tous  les  diables,  ID.  le  Fesi. 
Il,  6.  Voilà  du  bois  qui  est  salé  comme  tous  les  dia- 
bles, TD.  U  Uéd.  m.  lui.l,  t.  Je  suis  bibeui  comme 
tous  les  diables,   ID.   Bourg,   genlilh.   il,  0.   Phe- 
lypeaux   avait   de  l'esprit  comme    cent   diables   et 
autant  de  malice  qu'eux,  ST-sm.  «7,  34.  ||  Pour  un 
dialile,  avec  une  négation,  non  absolument.  Je  n'ai 
qu'elle  [de  fille],  et  p;is  pour  un  diable  elle  ne  veut 
se  marier,  marmontel,  Uém.  ii.   ||  16'  X  la  diable, 
loc.adv.  À  la  hâte,  suns  soin.  Cela  est  Tait  à  la  diable. 
Il  Etre  Tait  &la  diable,  Être  mal  vêtu  ou  habillé  avec 
désordre.  |{  Avec  un  caractère  de  violence  et  d'exa- 
gération. Les   Anglais  disent  que  toutes  nos  tragé- 
dies sont  à  la  glace;  il  pourrait  bien  en  être  quelque 
chose;  mais  les  leurs  sont  à  la  diable,   volt.  Lett. 
Cideville.  22  fév.  4764.   ||  17"  En  diable,  loc.  adv. 
Fort,  extrêmement.  Cela  tient  en  diable.  Avoir  de 
l'esprit  en  diable.  Pour  moi,  j'y  suis  sévère  en  diable 
[dans  les  formalités],  à  moins  que  ce  ne  soit  entre 
amis,  MOL.  Amour  méd.n,  a.Lajustice  en  ce  pays-ci 
est  rigoureuse  en  diable  contre  celle  sorie  de  crime, 
10. Pourc.  Il,  12.  U  était  fourbe  en  diable  et  demi, 
LESACE,    Gusman  d'Alfarache,    iv,  1.  La   nuit  est 
noire  en  diable,  Beaumarchais,  Mariage  de  Fig.v, 
3.  1118"  Diablei  inlerj.  de  surprise,  d'impuissance. 
Diable!  Que  diable  faire?  Oii  diable  va-t-il  prendre 
tout  ce  qu'il  dit  ?  Que  diable  est-ce  là,  les  gens  de  ce 
pays-ci  sont-ils  insensés?  mol.  Pourc.  i,  t2.   11  ne 
comprenait  pas  comment  diable  il  avait  fait,  hamilt. 
Gramm.  6.   Il  ne  pouvait  s'imaginer  à  qui  diable 
elle  en  voulait,  id.  ib.  il.  Et,  pour  toute  conclu- 
sion, lui  demanda   do   quoi    diable  il  s'avisait  de 
lui  faire  présent  de  deux  méchantes  perdrix  rou- 
ges, iD.  ib.  4.   Ma  filleule,   où  diable  a-t-on  pris 
Le  pauvre  parrain  qu'on  vous  donne?  eérano.  Fil- 
leule. Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  que  diable  I  Mon- 
sieur n'est  pas  ici ,  que  diable  I  à  si  bonne  lieure ,  rë- 
6NIER,  Sat.  XI.  Il  19"  S.  m.  Toupie  d'Allemagne  dou- 
ble, très-bruyante.  ||  Sorte  de  jouet  fait  à  peu  près 
comme  la  toupie  d'Allemagne,  percé  de  deux  trous, 
qu'on  fait  tourner  sur  une  corde  tenue  à  deux  ba- 
guettes et  qui,  quand  il  tourne  très-vite,  produit  un 
ronflement  très-fort.  ||  Terme  de  médecine.  Bruit  de 
diable,  nom  donné  à  un  bruit  particulier  dont  l'aorte 
et  les  grosses  artères  du  cuu  sont  le  siège  dans  cer- 
tains cas.  Il  Autre  jouet  ayant  la  forme  d'une  boite 
qui,  lorsqu'on  l'ouvre,  fait  sortir  vivement  un  dia- 
ble au  moyen  d'une  spirale  qui  se  développe  brus- 
quement. Il  20*  Machine  à  deux  ou  à  quatre  roues 
ordinairement  basses,  employée  au  transport  des 
Caisses  d'orangers  ou  autres  f.irdeaux.  ||  Espèce  de 
calèche  dans  laquelle  on  peut  se  tenir  delioul.  ||  21°  Ma- 
chine pour  carder  et  nettoyer  le  coton,  le  crin.  ||  Le- 
vier à  l'usage  du  fabricant  de  glaces  et  du  maréchal. 
Il  Instrument  pour  constater  le  bon  état  de  l'inté- 
rieur des  canons.  ||  Dans  la  marine  marchande, 
tire-bonde  pour  les  futailles.  ||  22"  Terme  de  physi- 
que. Diables  cartésiens,  petits  plongeons  de  verre 
qui  fiint  tous  les  mouvements  qu'on  veut,  dans  un 
Tase  plein  d'eau.  |23°  Le  diable  en  haie,  la  clématite, 
en  Normandie.  |  Diable  des  bois,  espèce  de  singe. 
Diable  de  Java,  pangolin  et  espèce  d'iguane,  jj  Sorte 
d'oiseau  de  la  Guadeloupe.   Nous  étions  pour  alors 
diins  la  saison  de  l.i  chasse  de  certains  oiseaux  qu'on 
appelle  diables  ou  diablotins....  je  ne  sache  p  .s  qu'il 
s'en  rencontre  dans  les  Iles  autre  part  qu'à  la  Gua- 
deloupe et  à  la  Dominique....  cet  oiseau  est  à  peu 
près  (le  la  grosseur  d'une  poule....  il  a  les  ailes  lon- 
gues et  fortes,  les  pieds  comme  ceux  des  canards, 
mais  garnis  de  fortes  et  longues  griffes....  il  a  de 
grands  yeux  à  fleur  de  tête,  qui  lui  servent  admira- 
blement bien  pendant  la  nuit,  mais  qui  lui  sont  tel- 
lement Inutiles  le  jour  qu'il  ne  peut  supporter  la 
lumière  ni  discerner  le  jour,  ladat,  Nouveau  xoy. 
OUI  lies,  v  part.  ch.  «».  ||  Demi-diable,  insecte  hé- 
miptère.  ||  Terme  de  pèche.  Diable  de  mer,  plu-ieurs 
poissons  d'une  forme  hideuse.  La  baudroie.  ||  l'ro- 
jrerbes.   Il  regarde  le  diable  sur  le  poirier,  il  est 
louche,  c'est-à-dire  il  a  le  regard  aussi  mal  assuré 
que  s'it  eût  aperçu  tout  à  coup  le  diable  sur  un  poi- 
rier. ||  Il  n'est  pas  si  diable  qu'il   est   noir,  ou    le 
diable  n'est   pas  si  noir  qu'il  en  a   l'air,  c'est-à- 
dire  il  n'est  pas  si  méchant  qu'on  le  dit  ou  qu'il  le 
paraît.  ||  Le  diable  n'est  pas  toujours  à  la  porte  dun 
paiivre  homme,  c'est-à-dire  on  n'a  pas  toujours  le 
malbeur,  U  mauraiie  chance  contre  soi.  ||  11  vaut 


DIA 

mieux  tuer  le  diable  que  non  pat  que  le  diable  voua 
tue,  ou,  comme  on  dit  plus  souvent  aujourd'hui,  que 
si  ledialile  vous  tue, c'est-à-dire  il  vaut  mieux  dans  la 
défense  personnelle  infliger  à  l'ailversaire  le  mal  qu'il 
veut  faire.  ||  Le  diable  pourrait  mourir  que  je  n'Iié- 
nterais  pas  de  ses  cornes,  c'est  à-diro  personne  ne 
me  donne  rien.  ||  Quand  il  dort,  le  diable  le  berce, 
et,  absolument,  le  diable  le  berce,  se  dit  d'un 
homme  inquiet  et  inquiétant.  ||  Les  menteurs  sont 
les  enfants  du  diable.  ||  Quand  le  diable  fut  vieux, 
il  se  fit  ermite,  ou.  quand  le  diable  devient  vieux,  il 
se  fait  ermite,  c'est-à-dire  libertin  dans  la  jeunesse, 
dévot  dans  la  vieillesse.  ||  Le  di.nble  est  aux  vaches, 
est  bien  aux  vaches,  c'est-à-dire  tout  est  en  confu- 
sion, ou  bien  il  y  a  de  la  discorde.  ||  Les  diables  sont 
déchaînés,  il  y  a  de  grands  mouvements,  il  arrive 
de  grands  malheurs. 

—  RE.M.  1.  Loger  le  diable  dans  sa  bourse;  l'ori- 
gine de  cette  expression  est  racontée  dans  une  petite 
pièce  de  vers  de  St-Oelais:  un  charlatan  avait  pro- 
mis de  faire  voir  le  diable  ;  pressé  de  remplir  sa  pro- 
messe, il  ouvrit,  en  présence  de  la  foule  qui  l'en- 
tourait, une  bourse  vide:  Et  c'est,  dit-il,  le  diable, 
oyez-vous  bien.  Qu'ouvrir  sa  bourse  et  ne  voir  rien 
dedans  {Recueil  dei  poètes  fr.  depuis  Villon  jusqu'à 
Benserade,  éd.  (752,  t.  i,  p.  14U).  D'un  autre  côté 
Génin  dit:  Les  Italiens  ont  le  proverbe:  1  Abbiamo 
Irovalo  il  diavolo  nel  cattno,  nous  avons  trouvé  le 
diable  dans  le  plat,  le  plat  était  vide.  L'usage  en 
Italie  était  de  peindre  au  fond  des  plats  une  figure 
hideuse,  une  ligure  de  diable  qui  était  cachée,  tant 
qu'il  restait  quelque  chose  au  plat,  Récréât,  t.  l, 
p.  (07.  j>  C'est  de  là,  selon  lui,  que  vient  notre  lo- 
cution. M.  Jullien,  au  contraire,  pense  que  l'expli- 
cation de  St-Gelais  est  la  bonne,  et  qu'une  bourse 
vido  étant  un  mal,  on  s'est  servi  du  nom  du  diable 
pour  exprimer  ce  mal.  |{  2.  Kaire  le  diable  à  quatre, 
locution  tirée  de  ce  que  dans  les  mystères  il  y  avait 
la  grande  et  la  petite  diablerie,  et  que,  pour  jouer 
la  grande,  il  fallait  quatre  personnages,  fabre, 
Éludes  sur  la  baioche,  p.  248. 

—  SYN.  DIABLE,  DÉMON.  Êlymologiquement,  lo 
diable  est  le  calomniateur,  de  là  vient  qu'il  est  tou- 
jours pris  en  mauvaise  part;  c'est  un  esprit  malfai- 
sant et  de  ténèbres  (sauf  les  restrictions  indiquées 
dans  l'article,  telles  que  avoir  de  l'esprit  en  diable, 
un  bon  diable,  etc.).  Démon,  s'étant  dit  dans  la 
mythologie  grecque  pour  toute  espèce  de  divinités, 
peut  avoir  une  acception  favorable:  un  poète  est 
inspiré  par  le  démon  de  la  poésie;  un  bon  démon 
amène  un  homme  au  moment  où  l'on  a  besoin  de 
lui.  Quand  il  a  son  acception  défavorable,  il  est  alors 
synonyme  de  diable ,  sauf  que  démon  se  prend 
pour  l'instigateur  des  mauvaises  passions  :  le  démon 
de  la  jalousie ,  de  l'ambition  ;  diable  ne  peut  rece- 
voir cet  emploi. 

—  HlST.  X'  s.  [Ils]  Yoldrent  [voulurent]  la  faire 
diavie  servir,  Eulalie. 

—  XI*  s.  Si  lui  a  dit:  vous  estes  vifs  diables  [un 
diable  vivant] ,  Ch.  de  Bol.  Lvii.  L'ame  de  lui  as  vifs 
diables  [il]  done,  ib.  cclxvi. 

—  xii"  3.  Diable  en  ont  l'ame,  s'en  font  grant 
baptesial  [fête],  Ronc.  p.  «1.  Diable  l'esmolurent 
qui  le  firent  forger,  ib.  p.  i»5. 

—  xiii*  s.  Ou  en  aiguë  noiée  ou  au  deable  alée, 
Berte,  xvi.  Car  des  mains  au  deable  maint  pecheor 
[la  Vierge]  desnnue,  ib.  xxxiii.  Quel  deable  ont  la 
voie  [à]  Blancbelleur  ci  aprise?  ib.  Lxxvi.  Tuil  trois 
s'estoient  coi  tenu,  Quant  li  deable  i  sunt  venu. 
Que  li  glous  [le  coquin]  i  fis,t  assembler,  la  Rose, 
7308.  Li  fiist  estoient  et  li  fer  Plus  noirs  que  dea- 
bles  d'enfer,  «6.  984. 

—  XIV*  s.  Je  vous  al  déporté  [épargné]  pour  le  duc 
qui  est  là.  Et  por  tant  que  je  sui  venus  au  lez  de 
çà;  Mais  se  plus  m'atenilez,  li  deables  y  sera,  Guetcl. 
(81  (,  Le  deable  est  philosophe,  il  scet  Testât  et  la 
manière  d'omme  et  sa  complexion,  Ménagier,  i,  ï. 

—  Xï*  s.  Et  faisoient  les  Anglois  mener  après  eux 
un  diable  d'engin  si  grand  et  si  merveilleux  que  on 
ne  le  pouvoit  destruire,  froiss.  11,  m,  65,  Par  quel 
diable  de  lieu  sont  venus  ces  gens,  et  où  ils  ont 
passé  la  rivière  du  Lys?  m.  11,  11,  Idî.  Ils  recorde- 
rent  comment  ils  avoient  bien  exploité,  et  fussent 
venus  à  paix  et  à  appointement  envers  le  comte,  si 
ce  diable  de  chastel  n'eusl  esté  ars,  id.  ii,  u,  h». 
Et  comment  diable  y  pourrois-je  aller  ni  tout  mon 
avoir  porter?  id.  m,  iv,  (4.  Et  que  diable  ne  se 
délivre  ce  roi  de  passer  outre  en  Angleterre,  s'il 
doit?  iD.  II,  m,  46,  Kt  peuvent  dire  et  pourront  ceux 
qui  celte  matière  liront  ou  lire  feront,  que  ce  fut 
oeuvre  du  deable;  car  vous  savez  et  avez  oui  dire 
aux  sages  que  le  deable  subtile  et  attire  à  bouter 
guerre  et  haine  là  où  il  avoit  pais,  id.  n,  11,  M.  Ces 


DIA 

I  archers  avoient  le  diable  au  corpe  et  traoient  [u- 
I  raient]  dispersement  pour  tout  tuer,  seigneuis  et 
varlets,  id.  1.  i,  3(.  El  qu'est  cecy?  est-ce  à  mes- 
I  buy?  Dyable  y  ait  part,  aga  quel  prendre?  Patelin. 
I  Au  diable  je  me  vois  [vais]  donner.  Quant  mon  mais- 

I  tre  ay  ainsi  grevez,  la  Past.  de  N.  S.  J.  C.  Qui 
dyable  vous  a  avisé  De  ce  dire?  estes  vous  yvresT 
Calphas,  gardez  [regardez]  en  vos  livres,  Où  la  droite 
créance  est  mise,  ib.  Le  diable  n'est  pas  toujours  à 
ung  huis,  LEROUX  de  linct,  Prov.  1. 1,  p.  ts.  Quand 
Dieu  donne  farine,  le  diable  clost  le  sac,  10.  ib. 
Qui  au  diable  doit  aller,  il  n'a  que  demeurer,  id.  ib. 

—  XVI*  8.  Il  se  recommanda  cent  fuis  au  deable 
comme  tout  désespéré ,  Mém.  s.  du  G.  ch.  18.  Tou- 
jours un  pire  diable  met  l'autre  dehors  [la  plus  lio- 
lente  passion  l'emiiorte],  marg.  Nouv.  xxvi.  De  jeune 
angelot  vieux  diable,  H.  est.  Précellence,  p,  183, 
Du  diable  vint,  au  diable  retourna,  id.  ib.  p.  <7fi.  Il 
y  a  eu,  de  nos  jours,  six  mille  aventuriers  françoii 
qui  ont  pris  le  nom  de  diables,  parce  que  leurs  œu- 
vres étaient  diaboliques,  du  tillet,  Recueil  des  R. 
de  Fr.  p.  7,  dans  lacurne.  Faire  d'ung  diable  deux 
[faire  deux  fautes  en  pensant  en  corriger  une],  Le- 
roux HE  LINCT,  Prov.  t.  1,  p.  12,  Malheureux  est  le 
pays  Au  quel  le  diable  est  en  haut  prix,  id.  ti>.  On 
connoist  le  diable  à  ses  griffes,  id.  ib.  Où  le  dinble 
ne  peut  aller,  Sa  mère  tasche  d'y  mander,  ID.  ib. 
Paroles  d'angelot,  ongles  de  diablot,  m.  ib. 

—  ÊTYM.  Picard,  wallon  et  bourguig.diol«;B€rry, 
ghidble,  ghidbe;  provenç.  diab  e;  espagn.  diablo; 
portug.  diabo;  ital.  diabolo;  du  latin  dtabnlui;  du 
grec  îiiêoAoc,  diable,  proprement calomnialeur,  de 
i:0LêiXitiw,  calomnier,  jeter  à  travers,  deôià.et^X- 
)etv,  jeter.  L'ancien  français,  pour  diable,  disait 
très-fréquemment  maufait,  c'est-à-dire  le  malfait, 
ou  Varersier,  c'est-à-dire  l'adversaire,  l'ennemi. 

DIABLEMENT  (dia-ble-man),  adv.  En  diable, 
excessivement.  Cela  est  diablement  ch^ud.  Nous 
avons  diablement  couru.  Je  vous  le  dis  encor,  vous 
risquez  diablement,  mol.  Éc.  desf.i,  I.  Je  suis  dia- 
blement fort  sur  l'impromptu,  id.  Préc.  10.  Ainsi 
parlait  la  reine  Aimée,  Qui  fut  diablement  enflam- 
mée, SCABRON,  Virg.  trav.  vu.  La  flotte  est  arrivée 
avec  les  galions;  Cela  va  diablement  hausser  nos 
actions,  reonard.  Joueur,  m,  6.  ||  Il  a  de  l'argent 
diablement,  il  a  diablement  d'argent;  la  premièie 
construction  est  plus  exacte;  la  seconde  e^t  plus 
reçue  par  l'usage,  comme  pour  infiniment.  J'ai  dia- 
blement d'esprit,  on  écrit  mes  sentences,  kecnabd, 
Distrait,  v,  7. 

—  ÉTVM.  Diable,  et  le  suffixe  ment. 

DIABLERIE  (dia-ble-rie),  t.  (.  ||  1"  Opération  ma- 
gique dans  la<|uelle  le  diable  intervient,  ou  est  sup- 
posé intervenir.  Ces  diableries  n'abusent  plus  \>et- 
.■^onne,  Qiioil  te  mèlerais-tu  d'un  peu  de  diablerie? 
MOL,  l'Élour.  I,  4.  J'acquis  de  toute  diablerie  La 
pratique  et  la  théorie,  scarbon,  Ktrj.  trav.  vi.  M.  de 
Richelieu  attaque  la  personne  de  M.  de  Luxembourg 
par  sa  prison  pour  les  poisons  et  les  diableries,  par 
la  sellelte  sur  laquelle  il  avait  été  interrogé,  st-sim. 
tv,  223.  Les  livres  qui  contiennent  quelque  espèce 
de  diablerie,  exécrables  selon  la  plupart  des  gens, 
pitoyables  selon  moi,  montesq.  Ult.  pert.  <35. 
Il  8"  Possession,  c'est-à-dire  introduction  d'un  dia- 
ble dans  le  corps  d'une  personne.  Les  diableries  de 
Loudun.  Il  3*  Ancien  spectacle,  pièce  populaire, 
conte  où  le  diable  joue  le  principal  rôle.  Si  nous 
étions  des  sylphes,  nous  pourrions  vous  conter 
quelque  diablerie,  pêv.  »5.  ||4°  Machinalion  secrète. 
Il  y  a  quelque  diablerie  là-dessous.  ||  6"  Méchanceté 

de  diable' Avec  toute  sa  diablerie  II  faut  que 

je  l'appelle  et  mon  cœur  et  m'amie,  M'il.  F.  xac.  u, 
9.  Ils  ne  sont  pas  capables  d'une  telle  diablerie, 
VOLT.  lett.  d'Argental,  i»  juin  «772,  ||  6"  Con- 
duite mauvaise  el  déréglée,  lin  et  un  font  deux, 
C'est  le  nombre  heureux  En  galanlerie;  Mais  quand 
une  fois  Un  et  un  font  trois.  C'est  la  diablerie,  f/ion- 
son,  dans  BicntLET,  Il  a  une  cométiienne,  il  paye 
les  soupers;  enfin  c'est  une  vraie  diablerie,  sêv.  it. 

II  7*  Petit  dessin  noir  représentant  le  dialile.  ||  Petit» 
dessins  en  couleurs  trans|>arenles,  représentant  des 
diables  sur  des  verres  pour  la  lanterne  magique. 

—  HIST,  xii*  s.  Persévérer  el  mal  est  diaulie,  »T 
bern.  p,  B25,  Il  XIII*  s.  Car  plus  faisoii  la  serve  oulrage 
et  dyablie,  Berte,  lx.  Diei!  fail-el«,  dont  vient  si 
faite  deablie?  ib.  LXXii,  Mes  dire  les  choses  à  taire, 
C'est  trop  grant  deablie  à  faire,  la  Rose,  706».||  xv». 
Or  regardez  la  grande  diablerie  qui  secommenceoil 
à  eslever  en  France,  froiss.  ii,  11,  (28.  Qui  lelx  er- 
reurs veult  soustenir.  C'est  droite  diablie,  c'esl  rage, 
Martyre  de  S.  Et.  Quelles  diableries  (injures)  il  me 
disoit,  lanulot  du  lac,  t.  m,  t"  1»,  dans  LACi'Rin! 
Il  XVI*  s.  Il  fut  le  premier  qui  enseigna  aux  Vénitien* 


\ 


DU 


DIA 


DIA 


H47 


l'usage  de  ceste  diaWerie  [l'artillerie],  paré,  ix, 
Prif.  Si  ainsi  e.'toit,  depuis  que  les  démons  sont 
créés,  qu'ils  eussent  peu  en  engendrer  d'autres,  il 
y  auroit  bien  de  la  diablerie  sur  les  cliamps,  m. 
XII,  S».  En  l'antre  avoit  provision  de  fil  etd'eguilles 
dont  il  faisoit  mille  petites  diableries  [méchancetés], 
RAB.  Pant.  Il,  )«. 

—  ÊTYM.  Dmhfe ;  provenç.  diablia;  espagn.  dia- 
blura;  porlug.  diabrura;  ital.  diaroleria.  Diablerie 
ne  commence  qu'au  xiv*  ou  iv*  siècle;  auparavant 
on  disait  diabb'e. 

DIABLESSK  (ilia-blè-s'),  i.  ^  Il  1*  ™fble  femelle. 
On  trtiuve  ilans  quel  |ues  écrits,  dit  le  ralibin  Elios, 
que,  pendant  lanans qu'Adam s'abstintducommerce 
de  sa  femme,  ilfut  visité  pardesdiablessesqui  devin- 
rent grosses  de  ses  œuvres,  collin  de  plancy,  Vie- 
lion,  infernal,  au  mot  succube  i.  Illl°  Femme  aca- 
riâtre. C'est  une  diablesse,  une  vraie  diablesse.  Ces 
dragons  de  vertu,  ces  honnêtes  diablesses.  Se  re- 
tranchent toujours  sur  leurs  sages  prouesses,  mol. 
Éc.  des  f.  IV,  8.  Il  Adj.  Je  veux  une  vertu  qui  ne  soit 
point  diablesse,  mol.  Tart.  iv,  3.  Mais  (|uand  elle 
serait  mille  fuis  plus  diablesse,  Je  ne  la  connais 
point,  elle  ni  sa  maîtresse,  begnabd,  Uénechm. 
IV,  3.  Il  3"  Une  mi'chante  femme.  Celte  diablesse 
[la  Prinvilliers]  accuse  vivement  Penautier  qui  est 
en  prison  par  avance,  sÉv.  2»o.\\Adj.  Une  femme 
diablesse  est  quelquefois  pire  qu'un  vrai  diable,  dan- 
court,  Chev.  à  la  mode,  iv,  1. 1|4°  Kamilirreraent. 
Une  bonne  diablesse,  une  femme  de  caracière  fa- 
cile. Il  Une  pauvre  diablesse,  une  femme  qui  excite 
de  quelque  façon  la  pitié.  Moitié  par  adresse,  moi- 
tié par  force,  il  retira  les  lettres  de  cette  pauvre 
diable.sse,  sÉv.  44.  ||  Une  grande  diablesse,  une 
grande  femme  dégingandée.  ||  6°  Suivi  de  la  préposi- 
tion de  et  d'un  complément  et  exprimant  le  carac- 
tère vif,  singulier,  diabolique,  etc.  de  la  personne  ou 
de  la  chose  dont  on  parle.  Il  est  vrai  qu'elle  l'aime, 
comme  vous  a  dit  celle  diablesse  de  Mme  de  R.... 
SÉV.  Lett.  4  7  janv.  1689.  X  Sans-Souci 7  mais  qu'y 
fera  votre  diablesse  d'imagination?  volt.  Roi  de 
Prusse,  129  (voy.  diable  au  n"  12,  pour  une  con- 
struction semblable). 

—  liiST.  XVI'  s.  Us  se  mettent  en  la  teste  de  ces 
vieilles  simpiterneuses,  et  les  rendent  diablesses 
parfaites,  despeb.  Contes,  xv. 

—  ÊTYM.  Diable;  bourguig.  diaUsse. 

t  l)l.\BLKTKAU  (dia-ble-ti5),  s.  m.  Petit  diable. 
Pour  satisfaire  au  lot  du  diableteau....  la  font.  Pa- 
■pef. 

—  HIST.  XVI"  s.  Diableteau,  ohdin. 

—  ÉTYM.  Diable. 

BIABLCZOT  (dia-ble-7,0),  sorte  d'exclamation  du 
langage  familier,  signifiant  vous  ne  m'y  prendrez 
pas,  je  ne  suis  pas  assez  sot  pour  cela.  Vous  me 
voulez  faire  croire  cela,  diablezot.  Vieux. 

—  ETYM.  Suivant  Kuretiùre,  la  locution  complète 
est:  au  diable  zot.  On  peut  croire  que  jso(  est  la  par- 
ticule populaire  de  mépris  qui  se  dit  aujourd'hui 
zut. 

i  DIABLIFIER  (SE)  (dia-hli-fi-é) ,  v.  réjl.  Mot  bur- 
lesque pour  dire  :  se  donner  au  diable.  La  vierge, 
tandis  qu'il  priait,  Diablement  se  diablifiait,  scar- 
RO.N,  Virg.  trav.  liv.  vi. 

—  ÉTV.M.  Diable,  et  le  suffixe  latin  ficare,  faire, 
f  niABLON  (dia-lilon),  s.  m.  Terme  An  marine. 

Petite  voile  qui  se  hisse  au-dessus  du  diablotin. 

t  DIABLOTEAU  {(lia-blo-tô),  s.  m.  Nom  du  ster- 
coraire pomarin,  oiseau. 

—  ÊTYM.  Autre  forme  de  diableteau. 
DIABLOTIN  (dia-blo-tin),  J.  m.  ||  1"  Petit-diable. 

Diablotins,  par  ribambelle.  Viennent  baiser  ses  pieds 
nus,  BÉBANG.  Enfer.  \\Ad).  Aleclon  ne  l'aborda  pas 
Avec  ses  infernaux  appas.  Et  sous  la  forme  diablo- 
tine.  Mais  sous  celle  d'une  béguine,  SCARRON,  Virg. 
trav.  vu.  Il  2'  Petit  enfant  vif,  espiègle.  C'est  un 
vrai  diablotin.  ||  3°  Terme  de  confi.seur.  Dragée  de 
chocolat,  couverte  de  nonpareille.  ||  Petit  pétard  et 
sorte  de  devise  qui  accompagne  quebiues  objets 
de  confiserie.  ||  Nom  donné  à  des  pastilles  réputées 
aphrodisiaques,  qui  venaient  d'Italie,  et  qui  avaient 
pour  principal  ingrédient  la  poudre  de  cantharides. 
Il  Terme  de  cuisine.  Plat  d'entremets  qui  consiste 
en  de  la  crème  aux  œufs  parl.Tgée  en  petits  carrés 
après  refroidissement  et  frite  ensuite.  ||  4°  Ouvrier 
qui  fait  le  travail  du  moulin  aux  olives,  et  qui,  la 
pelle  à  la  main,  amène  les  olives  sous  le  passage 
de  la  meule,  ce  qui  se  dit  paître  la  meule.  ||  5"  Terme 
de  marine.  Voile  d'élaidu  perroquet  de  fougue.  ||  Pe- 
tit nuage  irrégulier, dans  les  lempsd'orage.  Il  6°  Cuve, 
dite  aussi  reposoir,qui  reçoit  l'indigo  nageant  en- 
core dans  les  eaux  mères.  ||  7*  Nom  d'un  oiseau 
des  Antilles  (voy.  diable) 


—  HIST.  XVI'  s.  Lequel  quidam  diablotin  mit  en 
l'entendement  de  ce  roi  do....  despeb.  Contes,  xv. 
Il  sortit  certains  diabletons  du  chasteau  de  Taille- 
bourg....  PALISSY,  )  U. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  diable;  bourguig.  dia- 
Idlin. 

DIABOLTODE  (dia-bo-li-k'),  adj.  ||  1'  Qui  vient  du 
diable.  Tentation  diabolique.  S'il  a  employé  l'art 
diabolique,  PASC.  Prov.  8.  Vous  croyez  bien  que  les 
devins  ne  sont  pas  sorciers;  ainsi  ce  n'est  pas  l'art 
diabolique  que  vous  craignez  en  eux,  fén.  t.  xxi, 
p.  20.  Il  2»  Kig.  Méchant,  pernicieux.  De  diaboliques 
intentions.  ||  3°  DifSciie.  pénible.  Une  allaire  diabo- 
lique. Parlons  de  la  traverse  d'Autun  ici,  qui  est  un 
chemin  diabolique,  sév.  ^bi. 

—  HIST.  xV  s.  Monseigneur,  respondit  :  messire 
Pierre,  c'est  une  bien  diabolique  chose;  je  crois  que 
tous  les  diables  d'enfer  à  qui  il  est,  l'ont  gardé  et  dé- 
livré de  mes  mains,  fboiss.  m,  iv,  28.  Pécher  est 
chose  humaine,  mais  persévérer  est  chose  diaboli- 
que, MONSTREL.  liv.  i,  ch.  4"'.  IJ  eït  notoire  com- 
ment au  pa^s  et  en  la  terre  d'Italie  court  d'ancien- 
neté la  diabolique  ancienne  cousiume  semée  entre 
eulx  par  l'ennemy  d'enfer ,  Bouciq.  il,  ch.  H .  ||  xvi*  s. 
Artifice  diabolique,  cabl.  vi,  47. 

—  ETYM.  Provenç  diabolic;  espagn.  et  ital.  di'a- 
bolico;  du  latin  diaboii'cus,  du  grec  îia6o)ixà;,  de 
SidêoXo;,  diable.  On  trouve  aussi  au  xvi'  siècle  dia- 
bulesijue  et  diablesque. 

DL\B0L1QUEMENT  (dia-bo-li-ke-man),adt!.  Avec 
un  esprit,  une  méchanceté  diabolique.  C'est  une 
chose  diaboliquement  inventée. 

—  ÉTYM.  Diabolique ,  et  le  suffixe  ment. 

f  DIABROSË  (di-a-brô-z') ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Érosion. 

—  ÉTYM.  Atci6pM(Ti{,  action  de  ronger,  de  8ià,  et 
Ppûiffi;,  action  de  dévorer  (comp.  vobace). 

t  DIABROTIQCE  (di-a-bro-ti-k'),  adj.  Terme  de 
médecine.  Qui  produit  une  érosion.  Une  substance 
diabrolique.  ||  Substantivement.  Un  diabrotique. 

—  ÉTYM.  Voy.  DiABBOSE;  grec,  SiaêpwTixà?. 

t  DIACANTUE  (di-a-kan-f) ,  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  porte  deux  épines  au-dessous  de  cha- 
que feuille. 

—  ETYM.  Di... .préfixe,  signifiant  deux,  etâxavOa, 
épine. 

t  DIACADSIE  (di-a-kô-zie),  s.  f.  Terme  didacti- 
que. Êchauffement  par  une  grande  chaleur. 

—  ÉTYM.  Aiâxaudi-,  grand  êchauffement,  de  5cà, 
et  xaCeiv,  briller  (voy.  caustique). 

t  DIACACSTIQUE  (di-akô-sii-k'),  adj.  ||  1°  Terme 
de  géométrie.  Courbe  diacaustique,  ou,  substantive- 
ment, la  diacaustique,  courbe  caustique  par  réfrac- 
tion (voy.  caustique).  ||  2"  Terme  de  physique.  Caus- 
tique par  réfraction;  telles  sont  les  lentilles  au 
moyen  desquelles  on  rassemble  les  rayons  solaires 
pour  opérer  une  combustion. 

—  ÊTYM.  Aià,  et  caustique. 

t  DIACHALASIE  (di-a-ka-la-zie),  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Solution  de  continuité  dans  les  sutures 
du  crâne,  ou  séparation  des  os  qui  le  forment.  ||  On 
trouve  aussi  diachalase. 

—  ÉTYM.  Ai=i/_à),ot(îii:,  de  îià,  et  x*^^i  céder, 
s'affaisser  (voy.  caleb). 

t  DIACHÈNE  (di-a-kê-n'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Fruit  formé  par  la  réunion  de  deux  achènes 
ou  fruits  mono-spermes  secs  (dans  les  ombellifères). 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  signifiant  deux,  et 
achène. 

t  DIACHORÈSE  (di-a-ko-rè-z'),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Evacuation  alvine.  ||  Inusité. 

—  ÉTYM.  Aiaxiipioi?,  de  6tà,  par,  et  xwpeïv, 
aller. 

f  DlACnRÔME  (di-a-krô-m'),  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  coléoptères  pentamères,  qui  a 
pour  type  le  diachrôme  d'Allemagne. 

—  ETYM.  Ali,  par,  etyf,û(;,a,  couleur. 
DL\C11YL0N  ou  DIACHYLUM  (di-a-chi-lon) ,  s. 

m.  Terme  de  pharmacie.  Nom  de  deux  emplâtres 
résolutifs,  faits  des  sucs  de  certaines  plantes.  Dia- 
chylon  simple.  Diachylon  composé  ou  gommé.  ||  Toile 
de  diachylon,  ou,  simplement,  diachylon,  toile  sur 
laquelle  on  étend  le  diachylon  et  qui  se  colle  aux 
parties.  Des  bandelettes  de  diachylon. 

—  HIST.  xvi«  s.  Emplastre  de  diachylon  magnum, 
PARÉ,  V,  te.  Une  emplastre  de  diachilon  ireafum, 
ID.  ib.  12. 

—  ÉTYM.  Aià,  par,  et  x^'^îi  suc  :  fait  à  l'aide 
de  sucs  de  plantes, 

DIACODE  (di-a-ko-d'),  s.  m.  Terme  de  pharma- 
cie. Sirop  préparé  avec  des  têtes  de  pavot  blanc. 
Il  Adj.  Sirop  diacode. 

—  ETYM.Aià,  par,  avec,  et  xu!î«,  tête  de  pavot 


t  DIACOMMATIQUE  (di-a-ko-mma-ti-k') ,  adj. 
Terme  de  musique.  Genre  diacommatique,  genre  d« 
transitions  harmoniques  au  moyen  desquelles  la 
même  note,  restant  en  apparence  sur  le  même  de- 
gré, monte  ou  descend  d'un  comma. 

—  ÉTYM.  A.o,  par,  et  xojjnii,  comma. 
DIAGONAL,  ALE  (di-a-ko-nal,  na-l'),  adj.  Qui 

a  rapport  au  diacre.  Offices  diaconaux. 

—  ÉTYM.  Bas-latin,  diaconalit,  de  dtaconuf  (Toy. 

DIACRE). 

DLACONAT  (di-a-ko-na;  le  (  ne  se  lie  pas),  j.  m. 
Office  de  diacre.  Mélétius  éleva  saint  Chrysostoma 
au  diaconat,  dans  lequel  il  demeura  cinq  ans,  mad- 
CROIX,  Préf.  dans  richelet. 

—  ÊTYM.  Ba.s-latin,  di'aconatuj,  de  dtaconu»  (voy. 
diacre). 

DIACONESSE  (di-a-ko-nè-s')  ou  DIACONISSE 
(di-a-ko-ni-s'),  s.  f.  ||  !•  Nom  de  veuves  ou  filles 
qui,  dans  la  primitive  Église,  recevaient  l'imposi- 
tion des  mains,  et  rendaient  aux  personnes  de  leur 
sexe  des  services  religieux,  que  les  diacres  ne  pou- 
vaient rendre  avec  bienséance.  Je  vous  recommande 
notre  sœur  l'hébé.diaconisse  de  l'Église  qui  est  au 
port  de  Cenchrée,  saci.  Bible,  Ép.  de  S.  Paul  aux 
Romains,  xvi,  I.  lina  jeune  veuve  de  qualité  qui, 
vraisemblement  par  une  dévotion  peu  solide,  s'était 
élevée  au  rang  de  diaconisse,  fit  une  confession 
de  toute  sa  vie  passée  au  pénitencier,  qui  lui  im- 
posa, pour  l'expiation  de  ses  fautes,  des  jeûnes  et 
des  prières  extraordinaires,  fliîch.  Hist.  de  Théo- 
dose, IV,  16.  Théodose,  pour  remédier  à  ces  abus, 
ordonna  qu'aucune  veuve  ne  fût  reçue  au  rang  de 
diaconisse,  qui  n'eût  soixante  ans,  suivant  le  pré- 
cepte de  saint  Paul,  id.  xb.  iv,  17.||2'  Nom  qu'ont 
pris  des  dames  anglaises  se  consacrant,  comme  les 
sœurs  de  charité  catholiques,  au  service  des  hôpitaux. 

—  ÉTYM.  Bas-latin,  diaconissa,  de  dt'aconuî  (voy. 
diacre)  . 

t  DIACONIE  (di-a-ko-nie),  s.  f.  Nom  de  quelques 
chapelles  et  oratoires  qui  étaient  dans  la  ville  de 
Rome,  gouvernés  par  chaque  diacre  en  sa  région. 
C'étaient  des  hôpitaux  pour  les  veuves,  les  orphelin» 
et  les  vieillards. 

—  ETYM.  Bas-latin,  diaeonia,  de  diaconut  (voy. 
diacre). 

tDIACONIQTJE  (di-a-ko-ni-k'),  s.  m.  ||  1*  Lieu 
voisin  de  l'église  où  l'on  conservait  autrefois  les  va- 
ses sacrés  et  les  ornements.  ||  2'  Partie  du  sacré 
tribunal  dans  laquelle  siègent  les  diacres  à  la  droite 
du  pape.  Il  3"  Livre  de  l'église  grecque  où  sont  ex- 
pliquées les  fonctions  des  diacres. 

—  ÉTYM.  Ataxovtxoç,  de  îiâxovo;  (voy.  DIACBE). 
t  DI  AGONISER  (di-a-ko-ni-zé),  v.  a.  Conférer  lo 

diaconat. 

—  ÉTYM.  Lat.  diaconus  (voy.  diacre). 

t  DIACONISSE,  I.  f.   voy.  diaconesse. 

t  DIACOPE  (di-a-ko-p"),  s.  f.  ||  1'  Terme  de  chi- 
rurgie. Incision  faite  au  crâne  par  un  in.strumeat 
tranchant  qui  n'a  point  emporté  la  pièce.  ||  2°  Terme 
de  grammaire.  Figure  qu'on  appelait  aussi  tmèse, 
ou  hyperbale  grammaticale. 

—  ÊTYM.  AiaxonVi,  de  6-.à,  et  xoiiteiv,  couper. 

t  DIACOUSTIQUE  (di-a-kou-sli-k') ,  s.  f.  Terme 
de  physique.  Science  qui  traite  des  propriétés  du 
son  réfracté  dans  son  passage  à  travers  des  milieux 
de  densité  différente. 

—  ÉTYM.  A.à,  et  acoustique. 

t  DIACRANIEN,  IENNE  (di-a-krâ-niin,  niè-n'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  s'articule  avec  le  crâne. 
Mâchoire  diacrânienne,  la  mâchoire  inférieure, 
parce  qu'elle  n'est  unie  au  crâne  que  par  une  arti- 
culation lâche  et  mobile. 

DIACBE  (di-a-kr';  du  temps  de  Chifllet,  Gramm. 
p.  (83,  au  xvii'  siècle,  on  prononçait  diacre),  s.  m. 
Il  1°  Serviteur  dans  la  synagogue  juive.  Il  y  avait 
des  prêtres  ou  anciens  et  des  diacres  ou  serviteurs 
nommés  hazanin  pour  garder  la  synagogue ,  fleuby, 
Mœurs  des  Israélites,  titre  xxxii,  3'  part.  ||  2''-Dan3 
l'Église  catholique,  celui  qui  est  revêtu  du  second 
des  ordres  sacrés.  Que  les  diacres  de  même  soienl 
honnêtes  et  bien  réglés,  qu'ils  ne  soient  point  dou- 
bles dans  leurs  paroles,  ni  sujets  à  boire  beaucoup 
devin,  S.4CI,  Bible, S.  Paul,  t"  ép.  à  Timotliée.  m, 
8.  Arsène,  diacre  de  l'Église  romaine,  fléch.  Ilist. 
de  Théodose,  in,  I4.  De  peur  que  quelqu'un  ne  le  fît 
marier  (le  fils  de  la  duchesse  de  Piney],  ils  le  firent 
ordonner  diacre,  st-sim.  I6,  185. 

—  HIST.  XII'  S.  Pruveires  [prêtres]  e  diaciies  plu- 
surs  en  i  ot  pris,  Laruns,  murdreisears  en  la  rei  pri- 
son mis.  Th.  le  Wart.  26  El  cant  li  dyacones  creoit 
k'ele  chaîst  [tombât],  la  volt  [voulut]  elleveir  [éle- 
ver, soulever],  mânes  [aussitôt]  perdit  la  vie,  Job, 
p.  475.  E  mustrad  le  ordenement  e  les  destinctiuns 


1148 


niA 


duj  pruveires  e  des  diacnes  e  des  ordenez,  Rois, 
p.  ««♦.  Il  XIII'  s.  Et  li  reis  est  vestu  comme  diaque, 
la  teste  descoiiverte,i<«.  deJ.  i,  30.  Par  tex  [telles] 
cozes  conceléesonl  aucun  segnour  perdu  plusors  de 
leur  sers,  par  cix  [ceux]  qui  devenoicnt  prestre, 
diacre  ou  soudiacre,  beaum.  xiv,  28.  ||xvi'  s.  La 
sollicitude  des  poures  a  esté  commise  aux  diacres, 

CALV.  Intlit.  862. 

—  ÉTYM.  Provenç.  diacre,  dianue;  catal.  diaca; 
espagn.  et  ital.  dtocono;  du  latin  diaconus,  du  grec 
Jiixovoc,  messager,  serviteur,  de  ôcaxoveîv ,  servir , 
proprement  courir  à  travers  la  poussière,  de  êià,  et 
xévt;,  poussière  (comp.  cendrk).  Diacre  a,  en  fran- 
çais et  dans  les  autres  langues  romanes,  l'accent 
sur  a  comme  en  latin  ;  l'r  y  a  remplicé  l'n  comme 
elle  a  remplacé  l'I  dans  titre   pour  title. 

■)•  DIACKISE  (di-a-kri-z"),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Crise  qui  conduit  à  la  distinction  exacte  d'une 
maladie  d'avec  toute  autre  et  à  la  détermination  pré- 
cise de  ce  qui  y  appartient;  l'évacuation  même  qui 
constitue  la  diacrise. 

—  ÉTYM.  Ali,  etcrtje. 

t  DIACRITIQUE  (di-a-kri-ti-k')  ,adj.  \\  i'  Terme  de 
grammaire.  Ouisertàdistinguer.  Signes  diacritiques, 
signes  qui  n'ont  d'autre  but  que  d'empêcher  la  con- 
fusion des  mots  ;  tels  sont  certains  accents.  Ainsi 
l'accent  grave  est  mis  sur  otl  adverbe  pour  le 
distinguer  de  ou  conjonction;  telles  sont  aussi  les 
grandes  lettres  opposées  aux  petites,  et  les  italiques 
opposées  aux  lettres  droites  ou  romaines.  ||  Points 
diacriti(|ue3,  points  mis  sur  certaines  lettres  de  l'al- 
phabet arabe  qui  ont  même  forme  et  ne  se  distin- 
guent que  par  ces  points.  {|  8"  Terme  de  médecine. 
Signes  diacritiques,  signes  qui  distinguent  exacte- 
ment une  maladie  de  toutes  les  autres. 

—ÉTYM.  Aià ,  et  xpîveiv ,  distinguer  (voy.  cbitioue)  . 

tDIADELPUE  (di-a-dèl-f),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Étamines  diadelphes,  étamines  réunies  par 
leurs  filets  en  deux  faisceaux  égaux. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  deux,  et  à8e)<pà;,  frère. 

UIADELPHIE  (di-a-dèl-fie),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Classe  du  système  de  Linné  qui  comprend  les 
plantes  à  plusieurs  étamines  réunies  par  la  base  en 
deux  faisceaux  distincts. 

—  ÉTYM.  Diadelphe. 

t  DIADELPHIQUE  (di-a-dèl-fi-k') ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Oui  appartient  à  la  diadelphie. 

—  ÉTYM.  Diadelphe. 

DIADËME  (di-a-dê-m'),  s.  m.  ||  1°  Bandeau  de 
laine,  de  fil  ou  de  soie,  enrichi  de  pierreries,  bro- 
deries et  autres  ornements,  dont  les  souverains  se 
ceignent  le  front.  Le  diadème  de  Charlemagne  avait 
huit  bandes.  Le  triple  diadème  du  pape  est  sur- 
monté d'un  globe  et  d'une  croix.  Et  fût-il  dans  l'é- 
clat de  la  grandeur  suprême  ,  Son  propre  diadème 
Ne  l'y  peut  attacher,  cohn.  Imit.  i,  3.  Il  lui  mit  [à 
Esther]  sur  la  tète  le  diadème  royal  et  la  fit  reine 
à  la  place  de  Vasthi,  saci.  Bible,  Esther,  ii,  n. 
Le  jour  que  sur  mon  front  on  mit  ce  diadème,  rac. 
Uilhr.  IV,  *.  Cachaient  mes  cheveux  blancs  sous 
trente  diadèmes,  id.  ib.  m,  6.  Il  l'épouse;  il  lui  donne, 
avec  son  diadème,  La  foi  que  vous  venez  de  rece- 
voir vous-même,  id.  Andr.  iv,  2.  Et  [je]  crois  que 
votre  front  prête  à  mon  diadème  Un  éclat  qui  le  rend 
respectable  aux  dieux  même,  iD.  Esth.  ii,  7.  Voilà  ce 
roi  des  rois  [l'empereur  Charles  VIJ,  et  ses  grandeurs 
suprêmes;  La  mort  a  déchiré  ses  trente  diadèmes, 
voLT.Odevii.il  Ceindre  le  diadème,  devenir  roi.  Il  Fig. 
La  royauté  même.  Prenez  le  diadème  et  laissez-la 
[Rome]  servir,  COBN.  Sertor.  iv,  2.  c'est  périr  en  effet 
que  perdre  un  diadème,  id.  Rodog.  iv,  3.  Pour  moi  le 
diadème  aurait  de  vains  appas,  rotrou,  Yencesl.  ii, 
2.  ||a°  11  se  dit  d'une  coiffure  de  femme,  composée 
ordinairement  d'un  cercle.  ||  On  dit  aussi  arranger 
ses  cheveux  en  diadème.  ||  3°  Terme  de  blason. 
Cercle  ou  bandeau  qui  ceint  les  têtes  de  more  sur 
les  écussons.  |{  Cercle  rond  sur  la  tête  d'un  aigle. 
Il  4*  Terme  de  zoologie.  Genre  de  lépidoptères  diur- 
nes. [] Genre  de  mollusques.  ||  Espèce  d'araignûe  or- 
biculaire  et  déprimée. 

—  lllST.  XV*  s.  Une  petite  image  d'or  de  St  Jean- 
Baptiste,  lequel  a  un  diadème  derrière  la  teste,  In- 
vtntaire  de  la  sainte  chapelle  de  Bourges,  dans  de 
LABORDE,  Émaux,  p.  247.  Il  xvi"  s.  Les  tiens  subjectz 
faprestent  dyadesmes  De  gloire  et  los  et  couronnes 
«upresmes,  i.  marot,  v,  2io. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  diadema;  du 
Utind<ai/pma,  du  grec  SiàSri(ia ,  deSià,  etSeîv,  lier. 

t  DIADEME,  ÊK  (di-a-dé-mé,  mée),  adj.  Terme 
de  numismati.|u(..  Qui  est  décoré  d'un  diadème. 

—  ÉTYM.  Diadème. 

t  DtAGNOSE  (<li-ag.nô-z'),  s.  f.  \\  1"  Terme  de  mé- 
decine. Connaiisance  qui  s'acquiert  par  l'observation 


(les  signes  diagnostiques.  ||  2"  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Phrase  descriptive  substantielle  et  concise, 
renfermant  les  principaux  caractères  d'un  genre, 
d'une  espèce,  etc. 

—  ÉTVM.  Voy.  diagnostique;  grec,  îiâfvwai?. 

DIAGNOSTIC  (di-ag-no-stik),  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Art  de  reconnaître  les  maladies  par  leurs 
symptômes  et  de  les  distinguer  les  unes  des  autres. 
Le  diagnostic  différentiel.  Le  diagnostic  de  cette 
maladie. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIAGNOSTIQUE. 

DIAGNOSTIQUE  (di-ag-no-sti-k'),  adj.  Terme  do 
médecine.  Qui  sert  à  reconnaître.  Signes  diagnos- 
tiques, signes  d'après  lesquels  on  peut  établir  la 
nature  d'une  maladie,  et  reconnaître  l'état  actuel 
du  malade.  Les  signes  diagnostiques  de  la  pneumo- 
nie sont  la  matilé  et  le  râle  crépitant.  ||  Substanti- 
vement. Les  diagnostiques  de  la  pneumonie.  Vieux 
en  ce  dernier  sens. 

—  ÉTYM.  AiaYvuffTixôc,  de  ôià,  et  y''ûv«i,  con- 
naître (voy.  gnose). 

t  DIAGNOSTIQUER  (di-ag-nosti-ké),  v.a.  Terme 
de  médecine.  Reconnaître  par  les  signes  diagnosti- 
ques une  maladie.  Les  médecins  diagnostiquent 
aujourd'hui  avec  une  grande  sûreté  beaucoup  de  ma- 
ladies pour  lesquelles  on  n'avait  autrefois  que  des 
probabilités.  ||  Absolument.  Bien,  mal  diagnostiquer. 
Il  Se  diagnostiquer,  v.  rdfl.  Être  diagnostiqué.  La 
pneumonie  se  diagnostique  facilement. 

—  ÉTYM.   Voy.  DIAGNOSTIQUE. 

t  DIAGOMÈTRE  (di-a-go-mè-tr'),  s.  m.  Terme 
de  physique.  Appareil  pour  comparer  les  conducti- 
bilités électriques  des  diverses  substances. 

—  ÉTYM.  Aiâyeiv,  conduire,  et  (itTpov,  mesure. 
fDIAGOMÉTRIE  (di-a-go-mé-trie),  s.  f.  Compa- 
raison des  conductibilités  électriques. 

t  DIAGOMÉTKIQUE  (di-a-go-mé-tri-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  la  diagométrie. 

DIAGONAL,  ALE  (di-a-go-nal,  na-l'),  adj. 
Il  1°  Terme  de  géométrie.  Qui  va  d'un  angle  à  un  autre, 
dans  une  figure  rectiligne.  Ligne  diagonale.  ||2°  S. 
f.  La  diagonale,  ligne  menée  d'un  angle  d'une  figure 
quelconque,  à  un  des  angles  non  adjacents.  Tirer 
une  diagonale.  Nous  plierons  par  la  diagonale  les 
deux  moitiés  du  carré,  J.  i.  Rouss.  Ém.  II.  ||  En 
diagonale,  obliquement.  ||  3*  S.  m.  Terme  de  ma- 
nège. Diagonal  droit,  le  pied  droit  de  devant  et  le 
pied  gauche  de  derrière.  Diagonal  gauche,  le  pied 
gauche  de  devant  et  le  pied  droit  de  derrière. 

—  msT.  xiii'  s.  Le  [la]  ligne  dyagonal,  si  com 
on  le  [la]  puet  plus  prendre  près,  Comput,  f°  22. 

—  ÉTYM.  Lat.  diagonalis ;  grec,  Stafwvioc,  de 
Sià,  et  ywvio,  angle  {comp.  coin). 

DIAGONALEMENT  (dia-go-na-le-man) ,  adv.  En 
diagonale. 

—  ÉTYM.  Diagonale,  et  le  suffixe  menf. 

t  DIAGRAMME  (di-a-gra-m'),  s.  m.\\  1»  Délinéa- 
tion.  Le  diagramme  du  type  des  animaux  vertébrés. 
Il  Fig.  Le  diagramme  de  l'histoire  de  l'humanité. 
Il  2°  Terme  de  géométrie  ancienne.  Figure  ou  con- 
struction de  lignes  destinées  à  la  démonstration  d'une 
proposition.  ||  3°  Terme  de  musique  ancienne.  C'était 
dans  la  musique  ancienne  la  table  ou  le  modèle  qui 
présentait  à  l'oeil  la  table  générale  de  tous  les  sons 
d'un  système,  ou  ce  que  nous  appelons  aujourd'hui 
échelle,  gamme,  clavier,  j.  i.  rouss.  Dict.  de  mu- 
sique, au  mot  diagramme.  ||  4°  Terme  de  zoologie. 
Genre  de  poissons  voraces  de  l'Atlantique. 

—  ÉTYM.  AiâypaiJina,  de  6ii,  et  •jfpâçeiv  ,  tracer 

(voy.  GRAPHIQUE). 

t  DIAGRAPHE  (di-a-gra-f) ,  s.  m.  Terme  de  des- 
sin. Instrument  servant  à  transporter  sur  le  papier 
la  représentation  des  objets,  sans  connaître  le  des- 
sin et  la  perspective. 

—  ÉTYM.  A'.à,  et  Tpâîeiv,  dessiner. 

t  DIAGRAPHIE  (di-a-gra-fie),  s.  f.  Art  de  dessi- 
ner avec  le  diagraphe. 

t  DIAGRAPHIQUE  (di-a-gra-fi-k'),  adj.  Oui  a  rap- 
port à  la  diagraphie. 

t  DIAGRAPHITE  (di-agra-fi-f),  I.  m.  Sorte  de 
roche  schisteuse  dont  on  fait  des  crayons  à  dessin. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  YpîçE'v,  dessiner. 

t  DIAGRËDE  (di-a-grè-d'),  s.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Ancien  nom  de  la  scammonée. 

—  ÉTYM.  Corruption  de  dacrydiiim,  de  Saxp05iov, 
petite  larme,  diminutif  de  ôoxpvi;  le  diagrède  étant 
ainsi  dit,  parce  qu'on  préparait  la  scammonée,  en 
enfermant  le  suc  exprimé  du  convolvulus  scammo- 
nia  dans  un  coing  qu'on  faisait  cuire  sous  les  cen- 
dres chaudes. 

t  DIAIRE  (di-ê-r'),  adj.  Terme  de  médecine.  Sy- 
nonyme peu  usité  d'éphémère.  Fièvre  diaire. 

—  ÉTYM.  Lat.  diart'iu,  journalier,  de  dits,  jour. 


DIA 

I  DIAKÈNE  (di-a-kè-n'),  s.  m.  Voy.  DiACniNi. 

DIALECTE  (di-a-lè-kl'),«.  m.  Parlerd'une  contrée 
d'un  pays  étendu,  ne  différant  des  parlers  voisin» 
que  par  des  changements  peu  considérables  qui  n'em- 
pêchent pas  que  de  dialecte  à  dialecte  on  ne  se  com- 
prenne, et  comportant  une  complète  culture  litté- 
raire. La  Grèce  avait  quatre  dialectes  principaux: 
l'ionien,  l'attique,  le  dorien  et  l'éolien.  Hérodote 
a  écrit  son  histoire  en  ionien;  Thucydide,  en  atti- 
que.  L'ancien  français  avait  plusieurs  dialectes:  la 
normand,  le  picard,  le  bourguignon.  On  a  remar- 
qué qu'il  [Aristonique]  possédait  si  parfaitement  tous 
les  dialectes  de  la  langue  grecque,  qui  formaient 
comme  autant  de  langages  diifférents,  qu'il  pronon- 
çait ses  arrêts  selon  la  langue  particulière  de  ceux 
qui  plaidaient  devant  lui,  rolun,  Ilist.  anc.  (ou- 
vres, t.  IX,  p.  364,  dans  pougens.  Le  dialecte  vé- 
nitien est  doux  et  léger  comme  un  souffle  agréable, 
STAËL,  Corinne,  xv,  8.  L'italien  est  la  seule  langue 
de  l'Europe  dont  les  dialectes  différents  aient  un 
génie  à  part,  id.  ib.  xvi,t.  ||  Abusivement.  langue. 
C'est  un  verbe  visible,  c'est  une  langue  de  feu,  qui 
parle  tous  les  dialectes  de  la  terre,  chateaub.  Gé- 
nie, 1,  3. 

—  HEM.  Dialecte  a  été  d'abord  féminin  suivant  le 
genre  que  ce  mot  a  dans  le  grec  d'où  il  est  tiré;  et 
on  ne  voit  pas  pourquoi  on  ne  l'a  pas  laissé  fémi- 
nin: Les  dialectes  du  langage  celtique  étaient  af- 
freuses, VOLT.  Moeurs,  Arant-propos  (éd.  de  1757). 
Vous  vous  indignez  du  ton  de  1)....  mais  ne  connais- 
sez-vous pas  son  caractère  et  sa  dialecte  t  dider. 
Leur,  à  L... 

—  SYN.  DIALECTE,  PATOts.  Tant  que,  dans  un 
pays,  il  ne  se  forme  pas  de  centre  et,  autour  de  ce 
centre ,  une  langue  commune  qui  soit  la  seule  écrite 
et  littéraire,  les  parlers  différents,  suivant  les  diffé- 
rentes contrées  de  ce  pays,  se  nomment  dialectes; 
on  voit  par  là  qu'il  est  tout  à  fait  erroné  de  dire  les 
dialectes  dérivés  de  la  langue  générale;  le  fait  est 
que  la  langue  générale,  qui  n'est  qu'un  des  dialectes 
arrivé  par  une  circonstance  quelconque  et  avec  toute 
sorte  de  mélanges  à  la  préséance,  est  à  ce  titre  pos- 
térieure aux  dialectes.  Aussi  quand  cette  langue  gé- 
nérale se  forme,  les  dialectes  déchoient  et  ils  de- 
viennent des  patois,  c'est-à-dire  des  parlers  locaux 
dans  lesquels  les  choses  littéraires  importantes  ne 
sont  plus  traitées.  Avant  le  xiv  siècle  il  n'y  avait 
point  en  France  de  ]>arler  prédominant;  il  y  avait 
des  dialectes  ;  et  aucun  de  ces  dialectes  ne  se  subor- 
donnait à  l'autre.  Après  le  iiv"  siècle,  il  se  forma 
une  langue  littéraire  et  écrite,  et  les  dialectes  de- 
vinrent des  patois. 

—  ÉTYM.  AiàXtxTo;,  de  Ualé-ftii ,  parler,  de  ôià, 
et  Xé-cEiv,  dire  (voy.  ure). 

DIALECTICIEN,  lENNE  (di-a-lèkti-siin,  sien'), 
s.m.elf.  Celui,  celle  qui  cultive  la  dialectique, 
qui  raisonne  suivant  les  règles.  Un  habile  dialecti- 
cien. La  mort  de  Socrate  laissa  la  douleur  et  la  ter- 
reur parmi  les  philosophes;  ils  se  réfugièrent  à  Mé- 
gare  chez  le  dialecticien  Euclide,  dider.  Opin.  des 
anc.  phil.  (platonisme).  Si  elle  avait  été  un  peu  dia- 
lecticienne, n'aurait-elle  point  altéré  le  dépôt?  bon- 
net, Palingén.  xxi,  2. 

—  HIST.  XIII*  s.  D'escriture  li  fist  aprendre ,  Op- 
poser autre  et  li  deffendre;  El  mont  [monde]  n'i  oî 
dialetien  Qui  vaincre  le  peûst  de  rien,  Vie  du  saints, 
ms.  dans  lacuhne.  ||  xvi*  s.  Ce  trait  dialecticien  et 
cet  usage  de  propositions  divisées  et  conjoinctes.... 
MONT.  II,  (72. 

—  ÉTYM.  Dialectique  < . 

4.  DIALECTIQUE  (di-a-lè-ktik') .  ||  1*  Adj.  Qui  a 
rapport  à  l'art  de  raisonner,  de  discuter.  Les  procédés 
dialectiques.  ||  2°  S.  f.  Dans  l'ancienne  philosophie, 
argumentation  dialoguée  par  laquelle  Zenon  d'Ëlée, 
qui  en  est  dit  l'inventeur,  établissait  la  doctrine  da 
l'immobilité  et  des  idées  contre  les  partisans  de  l'ex- 
périence sensible  et  du  mouvement.  ||  D'après  Pla- 
ton, la  dialectique  signifiait  trois  choses  :  le  dialogue 
employé  comme  méthode  d'investigation  scientiS- 
que;  le  procédé  logique,  qui  tantôt  décompose  l'u- 
nité en  ses  éléments  naturels,  tantôt  ramène  la  mul- 
tiplicité à  l'unité;  la  science  des  idées  ou  de  l'être 
en  soi.  ||  Pour  Aristote,  la  dial  clique  eït,  en  géné- 
ral ,  l'art  de  discuter  ;  sens  qui  est  devenu  et  resté 
le  sens  actuel. 

—  SYN.  dialectique,  logique,  grammaire.  La  lo- 
gique est  la  connaissance  des  procédés  par  lesquels 
l'intelligence  découvre  ou  constate  la  vérité.  L« 
grammaire  est  l'art  de  parler  ou  de  trouver,  pour 
chaque  pensée,  pour  chaque  notion  de  l'intelligence, 
le  signe  qui  lui  est  propre.  La  dialectique  usa  des 
procédés  de  la  logique  et  de  la  grammaire  pour  fair« 
ressortir  l'évidence  des  vérités   et  la    fausseté  det 


m  A 

trreura.  En  ce  sens  la  dialectique  est  l'application 
ou  la  pratique  de  l'art  dont  la  logique  est  la  théo- 
rie; mais  cette  différence  disparaît  dans  les  dérivés 
dialecticien  et  logicien,  qui  tous  deux  expriment 
celui  qui  déduit  ses  raisons  avec  une  rigoureuse 
exactitude. 

—  HIST.  xtif  s Ce  dit  Renarz:  Je  sai  plus  de 

toi  les  set  arz;  Sez  tu  rien  de  dialectique?  Ren. 
il 205.  Il  XVI'  s.  Cicero  reprend  aulcuns  de  ses  amis 
d'avoir  accoustumé  de  mettre  à  l'astrologie,  au  droict, 
à  la  dialectique  et  à  la  géométrie,  plus  de  temps  que 
ne  meriloient  ces  arts,  mont,  ii,  239. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  diaUclica;  ital. 
dialeltica;  du  latin  dialecUca;  du  grec  Sia>£XTtxT|, 
de  6ia>,£Yt'^'i  discourir  (voy.  dialecte). 

+  î.  DIALECTIQOE  (di-a-lè-kti-k') ,  adj.  Qui  ap- 
partient à  un  dialecte.  Les  différences  dialectiques. 

—  ÉTYM.  Dialecte. 
DIALECTIQCEMENT   Mi-a-lè-kti-ke-man) ,   adv. 

Selon  les  formes  de  la  dialectique.  Raisonner  dia- 
lectiquement. 

—  ÉTYM.  Dialectique  < ,  et  le  suffixe  ment. 

t  DIALEGMATIQUE  (di-a-lè-gma-ti-k') , ad;.  Terme 
didactique.  Sciences  dialegmatiques,  celles,  suivant 
Ampère,  qui  étudient  les  signes  servant  à  transmet- 
tre les  idées,  les  sentiments,  les  passions. 

—  ÉTYM.  AiaUytif,  discourir  (voy.  dialecte). 

t  DIALLAGE  (di-al-la-j') ,  i.  f.  Terme  de  miné- 
ralogie. Silicate  de  magnésie  et  de  chaux  ou  de  fer, 
d'un  vert  plus  ou  moins  foncé  et  se  divisant  en  lames 
brillantes. 

—  ÉTYM.  AiaXXaf^i,  échange,  division,  sépara- 
tion. 

tDIALLAGIQCE  (di-al-la-ji-k'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  tient  de  la  diallage. 

t  DIALLÈLE  (di-al-lti-r) ,  s.  f.  Terme  de  rhéto- 
rique. Sorte  de  renversement  ou  d'antimétathèse, 
comme  dans  cette  phrase  :  C'est  le  plus  riche  des  sa- 
vants et  le  plus  savant  des  riches. 

—  ÉTYM.  AiâW.Yi^oç,  réciproque,  deSià,  et  âX),y)- 
).oç,  l'un  l'autre,  de  àXXoî,  autre  (voy.  autre). 

DIALOGIQCE  (di-a-lo-ji-k') ,  adj.  Qui  esten  forme 
de  dialogue.  Traité  dialogique. 

—  ÉTYM.  Dialogue. 

t  Dl  A  LOGIQUEMENT  (di-a-Io-ji-ke-man),  adv. 
Terme  didactique.  En  observant  la  forme  du  dia- 
logue. 

—  ÉTYM.  Dialogique,  et  le  suffixe  ment. 

t  DIALOGISER  (di-a-lo-ji-zé),  )).  o.  Traiter  par 
dialogues.  Platon  a  dialogisé  sa  philosophie. 

—  mST.  xvi*  s.  Dialogizer,  Contes  de  chouères, 
Épitre,  !°  t ,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Dialogue. 

DIALOGISME  (di-a-lo-ji-sm'),  s.  m.  L'art,  le 
genre  du  dialogue.  ||  Figure  de  rhétorique  qui  con- 
siste à  mettre  sous  la  forme  de  dialogue  les  idées  ou 
les  sentiments  que  l'on  prête  à  ses  personnages, 
comme  dans  ces  vers  de  la  Fontaine  :  Est-ce  as- 
sez, dites-moi?  N'y  suis-je  point  encore  ?  —  Nenni. 

M'y  voilà  donc?  —  Point  du  tout.  —  M'y  voilà? 

—  Vous  n'en  approchez  point,  Fabl.  i,  3. 

—  HIST  XVI*  s.  Le  conducteur  de  ses  dialogismes 
[de  Platon]  ,  Socrates,  va  tousjours  demandant  et 
esmouvant  la  dispute,  jamais  l'arrestant,  jamais 
satisfaisant,  mont,  ii,  239. 

—  ÉTYM.  Dialogue. 

DL4L0GISTE  (di-a-lo-ji-sf),  s.  m.  et  f.  Celui  ou 
celle  qui  a  faitun dialogue,  des  dialogues.  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  Dialogue. 

DIALOGUE  (di-a-lo-gh') ,  s.  m.  ||  1*  Entretien 
entre  deux  personnes.  Voici  le  dialogue  qui  s'établit 
entre  le  père  et  le  fils.  Il  a  eu  un  dialogue  admi- 
rable avec  Rahuel,  SÉV.  171.  ||  2°  Par  extension, 
ouvrage  littéraire  en  forme  de  conversation.  Les 
dialogues  des  morts  de  Lucien,  de  Fontenelle.  Sa 
pièce  est  toute  en  dialogue.  ||  Dialogues  de  Platon, 
entretiens  sous  la  forme  desquels  Platon  a  exposé 
toute  sa  philosophie.  ||  3"  La  manière  dont  un  au- 
teur dramatique  fait  parler  ses  personnages.  Le  dia- 
logue de  cette  pièce  manque  de  vérité.  ||  4°  Terme 
de  musique.  Parties  qui  se  répondent,  et  qui  souvent 
se  réunissent. 

—  HlST.xvi's.  Platon  me  semble  avoir  aimé  cette 
forme  de  philosopher  par  dialogues,  à  escient,  pour 
loger  plus  décemment  en  diverses  bouches  la  diver- 
sité et  variation  de  ses  propres  fantaisies,  mont,  ii, 
3>0. 

—  ÉTYM.  Lat.  dialogws,  de  SiàXafoç,  de  îiaXéYew, 
discourir  (voy.  dialecte). 

DIALOGUE,  ÉE  (di-a-lo-ghé ,  ghée),  part,  passé. 
lit"  Mis  en  dialogue.  Un  discours  dialogué  avecjus- 
lesse,L'AB.HODTEViLLE,dansDESFONTAiNES.  L'églogue 
dialoguée  telle  que  la  troisième  de  Virgile ,  Dissert. 


DIA 

s.  le  p.  épique,  dans  ue^fùntaines.  H  2°  Uii  l'art  du 
dialogue  est  observé.  Un  premier  acte  plus  poli  que 
n'était  l'autre,  plus  dialogué  et  plus  convenable, 
VOLT.  Lett.  d'Argental,  13  août  1783. 

DIALOGUER  (di-a-lo-ghé),  D.  n.  ||  1°  Dans  le  style 
familier,  converser.  Nous  avons  longtemps  dialogué 
ensemble  sans  nous  comprendre.  ||  2"  Écrire,  parler, 
chanter  en  dialogue.  Les  personnages  de  Molière 
dialoguent  avec  beaucoup  de  naturel.  Il  me  parait 
entendre  à  merveille  ce  que  personne  n'entend  :  c'est 
l'art  de  dialoguer,  volt.  Lett.  Chabanon,  20  nov. 
1707.  Il  Terme  de  musique.  Faire  dialoguer  deux 
voix.  Il  3"  V.  a.  Bien  dialoguer  une  scène,  faire  que 
les  différents  personnages  parlent  comme  ils  doi- 
vent parler. 

—  ÉTYM.  Dialogue. 

f  DIALOGUECR  (di-a-lo-gheur),  s.  m.  Celui  qui 
écrit  un  dialogue,  qui  conduit  le  dialogue  d'une  pièce 
de  théâtre.  Dancourt  est  un  agréable  dialogueur. 

—  ÉTYM.  Dialoguer. 

■j- DIALTHÉE  (di-al-tée),  s.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Onguent  composé  avec  le  mucilage  de  la  ra- 
cine de  guimairve. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  àX6a(a,  guimauve. 

+  DIALYPÉTALÉ,  ÉE  (di-a-li-pé-ta-lé ,  lée) ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Quia  les  pétales  distincts  dans 
la  corolle  polypétale. 

—  ÉTYM.  AïoîXOw,  séparer,  elpétale. 

t  DIALYSE  (di-a-li-z'),  s. /■.  |1 1°  Terme  de  chimie. 
Séparation  et  purification  de  certaines  substances 
à  l'aide  du  dialyseur.  ||  2°  Terme  de  chirurgie.  Solu- 
tion de  continuité.  ||  3°  Terme  de  rhétorique  gréco- 
latine.  Sorte  d'hyperbate  dans  laquelle  l'ordre  du 
discours  est  interrompu  par  l'interposition  d'une 
sentence.  ||  Figure  par  laquelle  on  omet  certaines 
conjonctions,  par  exemple  la  conjonction  et. 

—  ÉTYM.  AiâX^JcTK; ,  de  6ià,  et  XOcrii;,  action  de  délier, 
t  DIALYSÉPALE(di-a-li-sé-pa-r),  adj.  Terme  de 

botanique.  Calice  dialysépale,  calice  dont  les  sépa- 
les ne  sont  pas  soudés  entre  eux;  tels  sont  le  pavot, 
le  tilleul,  etc. 

—  ÉTYM.  AiaXOw,  je  sépare,  et  sipale. 

I  DIALYSER  (di-a-li-zé) ,  V.  a.  Terme  de  chimie. 
Séparer  par  le  dialyseur  les  substances  susceptibles 
de  se  dégager  d'un  mélange;  substances  dites  dif- 
fusives  et  qui  sont  la  silice  hydratée,  l'alumine 
hydratée,  l'amidon,  la  dextrine,  etc. 

—  ÉTYM.  AiaXÛM,  je  sépare. 

t  DIALYSEUR  (di-a-li-zeur), s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Instrument  composé  d'un  papier-parchemin 
tendu  sur  un  cerceau  de  bois,  en  forme  de  tamis; 
on  verse  le  fluide  à  dialyser  sur  le  papier,  de  ma- 
nière à  ne  former  qu'une  couche  d'un  centimètre 
d'épaisseur,  et  l'on  place  le  dialyseur  dans  un  bas- 
sin plein  d'eau  ;  c'est  dans  cette  eau  que  passent  les 
substances  susceptibles  de  se  séparer. 

—  ÉTYM.  Dialyse. 

fDIALYSTAMINÉ,  ÉE  (di-a-li-sta-mi-né,  née), 
adj.  Terme  de  botanique.  Dont  les  étamines  ne  sont 
pas  soudées. 

—  ÉTYM.  AiaXÛM,  je  sépare,  et  étamines. 

t  DIALYTIQUE  (di-a-li-ti-k') ,  adj.  Qui  se  rapporte 
à  la  dialyse. 

—  ÉTYM.    Voy.  DIALYSE. 

t  DIAMAGNÉTIQUE  (dia-ma-gné-li-k'),  adj. 
Terme  de  physique.  Corps  diamagnétiques,  ceux 
qui  se  placent  équatorialement,  c'est-à-dire  dans 
une  direction  perpendiculaire  à  la  ligne  des  deux 
pôles  d'un  aimant. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  magnétique. 

t  DIAMAGNÉTISME  (di-a-ma-gné-ti-sm'),  s.  m. 
Terme  de  physique.  Ensemble  de  phénomènes  of- 
ferts par  les  corps  diamagnétiques. 

DIAMANT  (dia-man;  en  vers,  de  trois  syllabes), 
s.  m.  Il  1°  Pierre  précieuse,  la  plus  brillante  et  la 
plus  dure  de  toutes,  et  qui  est  du  carbone  pur.  Le  plus 
beau  diamant  qui  brille  à  ma  couronne,  tbistan, 
il.deChrispe,ïv,l.  Et, sans  mêler  à  l'or  l'éclat  des 
diamants,  Cueille  en  un  champ  voisin  ses  plus  beaux 
ornements,  boil.  Art  poét.  u.  L'or  et  les  diamants 
brillent  sur  ses  habits,  volt.  Scythes,  i,  l.  Le  vrai 
diamant  ou  le  diamant  le  plus  pur  présente  un 
octaèdre,  bonnet,  Contempl.  nat.  3>  part.  ch.  4.  De 
toutes  les  matières  qui  représentent  l'éclat  de  l'opu- 
lence, le  diamant  est  la  plus  précieuse,  raynal, 
Hist.phil.  IX,  2t.  On  n'a  pas  l'idée  que  le  diamant 
ait  été  soumis  à  l'action  du  feu  avant  1694  et  1695, 
que  le  célèbre  Averani  en  exposa  un  au  foyer  d'un 
miroir  ardent  pour  l'instruction  de  Jean  Gaston  de 
Médicis,  son  élève,  id.  ib.  Enfin  M.  Darcet  entreprit 
en  France,  en  1768,  de  soumettre  le  diamant  au 
feudeporcelaine,  id.  ib.Ilen  résulte  très-clairement 
[des  essais  de  M.  Darcet]  et  de  ceux  qu'on  a  répétés 


DIA 


1149 


après  lui,  que  le  diamant  s'évapore  et  brùie  assez 
rapidement  au  feu  et  à  l'air  libre,  id.  ib.  On  trouve 
ordinairement  le  diamant  empâté  dans  une  sorte  da 
ciment  naturel  rougeâtre,  assez  analogue  à  nos  bri- 
ques de  terre  glaise  ferrugineuse,  babinet,  Revue 
des  Deux-Mondes,  1855,  15  février,  p.  806.  Les  an- 
ciens ne  paraissent  pas  avoir  soupçonné  que  le  dia- 
mant pût  être  taillé  ;  ils  ne  connaissaient  que  la 
diamant  à  pointes  naturelles,  ayant  huit  faces  trian- 
gulaires et  formant  en  tout  sens  une  double  pyra- 
mide, iD.  ib.  Il  Diamant  brut,  celui  qui  n'a  pas  été 
taillé.  Il  Diamant  faux,  pierre  naturelle  ou  factice 
qui  imite  le  diamant  ;  et  aussi  nom  sous  lequel  on  a 
désigné  la  variété  incolore  ou  limpide  du  zircon. 
Il  Diamant  rosette,  ou  diamant  rose,  diamant  taillé 
en  rose,  taille  qui  consiste  à  laisser  au  diamant  une 
large  face  plane  en  dessous  et  à  recouvrir  le  dessus 
de  plusieurs  facettes  pour  obtenir  par  le  reflet  sur 
la  face  d'en  dessous  des  feux  semblables  à  ceux 
du  brillant.  ||  Diamant  brillant,  celui  qui  est  taillé 
à  facettes  par-dessous  comme  par-dessus.  ||  Dia- 
mant de  nature,  diamant  qui  n'est  pas  d'une  belle 
eau.  Il  Diamant  savoyard,  diamant  qui  est  coloré  en 
noir  ou  en  brun.  ||  Diamant  d'Alençon,  du  Canada, 
quartz  hyalin  noir.  ||  Diamant  du  Rhin,  quartz 
hyalin  limpide.  ||  Diamant  .spathique,  corindon. 
Il  2°  Bague  qui  a  un  diamant.  11  lui  passa  un  dia- 
mant au  doigt.  Mais  il  m'a  demandé  mon  diamant 
pour  gage,  corn.  Nicom.  v,  10.  Je  me  trompe 
fort,  ou  la  beauté  de  ce  diamant  fera  pour  vous 
sur  son  esprit  un  effet  admirable,  mol.  Bourg, 
genl.  m,  6.  ||  3°  Fig.  C'est  un  diamant,  se  dit 
d'un  petit  ouvrage  d'art  ou  de  littérature  d'une  exé- 
cution parfaite.  J'étais  le  grain  de  sable,  je  résolus 
de  devenir  diamant,  volt.  Zadig,  16.  ||  Édition  dia- 
mant, impression  en  caractères  très-fins,  mais 
bien  nets  etjolisàl'œil.  ||  Diamant  se  prend  souvent, 
au  figuré  aussi,  comme  le  symbole  de  la  dureté  ex- 
trême. Croyez-vous  que  vos  dents  impriment  leurs 
outrages  Sur  tant  de  beaux  ouvrages?  Us  sont  pour 
vous  d'airain,  d'acier,  de  diamant,  la  font.  Fabl. 
V,  16.  Âmes  de  bronze,  humains,  celui-là  fut  sans 
doute  Armé  de  diamant,  qui  tenta  cette  route ,  Et 
le  premier  osa  l'abîme  défier,  m.  ib.  vu,  12. 
Il  4°  Terme  de  miroiterie  ou  de  vitrerie.  Instru- 
ment au  bout  duquel  est  enchâssée  une  pointe  de 
diamant  et  qui  sert  à  couper  le  verre.  ||  5°  Terme 
de  marine.  Le  diamant  d'une  ancre,  la  jonction  des 
deux  bras  avec  la  vergue.  ||  G"  Terme  d'architecture. 
Pointes  (le  diamant,  pierres  qui,  dans  les  parements 
à  bossages,  sont  taillées  à  facettes  comme  des  dia- 
mants, DE  LABORDE,  Émaux,  p.  253.  ||  7''  CouleuT 
diamant,  sorte  de  peinture  dont  la  ba.se  est  le  gra- 
phite (substance  très-réfractaire  comme  le  diamant). 
Tôle  vernie  avec  la  peinture  dite  couleur  diamant, 
Presse  scientifique,  t.  I,  p.  95.  ||  8°  Diamant  de 
verre,  faux  diamant.  Ne  pensez  pas  leur  faire  plaisir 
[aux  prophètes  et  aux  apôtres]  de  leur  prêter  si  li- 
béralement, etsans  qu'il  en  aient  besoin,  vos  épithè- 
tes  et  vos  métaphores,  de  les  charger  de  votre  chimie 
et  de  vos  diamants  de  verre,  balz.  Socr.  chr^f.  ch.  7. 

—  HIST.  xiii'  s.  Pelles  [perles],  coraus  et  crisoli- 
tes  Et  diamans  et  amecites,  FI.  et  Dl.  667.  Ceste, 
se  Ii  actor  [auteur]  ne  ment,  Perceroit  pierre  d'aï- 
ment,  Por  qu'ele  fust  bien  de  11  pointe;  Car  ele  a 
trop  ague  pointe,  la  Rose,  15696.  ||  xiV  s.  Trois 
grantz  rubis  en  aneaus,  une  amiraude,  un  diamant 
de  grand  pris  en  une  boiste  d'argent  enamillé,  qui 
fust  trové  sur  ledit  Pierre  quant  il  fust  pris,  de  la- 
borde.  Émaux,  p.  250.  Ceste  pierre  est  si  dure 
que  elle  n'est  despecée  ne  par  fer  ne  par  feu;  ne 
elle  n'est  pas  escliaufée.  Toutesfoys  elle  est  despecée 
par  le  sang  du  bouc  quant  il  est  chault  et  nouvel. 
Et  des  pièces  qui  en  saillent  on  entaille  et  perce  les 
aultres  pierres,  ID.  il\x).  250.  ||xvs.  Deux  ce  d'or, 
garnys  d'un  grand  ayamant  à  huit  costez,  mis 
en  ung  œul  d'or  esmaillé  de  blanc,  m.  ib.  p.  261. 
Seize  dyamans  de  plusieurs  tailles,  id.  ib.  Un  annel 
d'un  dyamantgros,  de  quatre  losenges  en  la  face 
dudit  dyamant  et  de  demies  losenges  par  les  costez 
dudit  dyamant,  id.  ib.  p.  254.  Vos  blanches  dents 
ou  plustost  diamans  Sont  la  prison  des  esprits  des 
amants,  st-gelais  (26). 

ÉTYM.  Provenç.  diaman;  catal.  diamant;  ital 

diamanle;  du  latin  adamantem.  Adamantem,  qui 
a  donné  régulièrement  oïman»,  aimant  {adamas  a 
eu  aussi  dans  la  basse  latinité  le  sens  d'aimant),  a 
donné  par  interversion  dtaman»;  et,  signifiant  le 
fer,  une  chose  très-dure  et,  en  particulier,  le  dia- 
mant, il  vient  du  grec  à5à|juxç,  de  à  privatif,  et 
Sa|xâw,  dompter  (latin  domare,  voy.  dompte»):  ce 
qui  ne  peut  être  dompté,  vaincu. 

1.  DI.4MANTAIRK  (dia-man- tê-r') ,   s.  m.  Celui 


1150 


DIA 


qui  Tcnd  ou  qui  Uillede»  dUœanU.  On  dit  plus  sou- 
Tant  lapiilaire. 

—  STYM.  Ihamant. 

t  ».  DIAMA.NTAIRE  (dia-man-té-r") ,  adj.  Terme 
didiCliciUB  Oui  a  un  éclat  approchant  de  celui  du 
diamant. 

+  IIIAMANTË.  ÊB  (dia-msn-té,  tée),  port,  patié. 
Couvert  de  dramanls.  ||  Qui  a  le  reileldu  diamant, 
rieur»  (liamaniée.i,  fleur»  arlificielles  tamisées  avec 
le  verre  brnyé  ou  avec  de  la  poudre  d'acier. 

t  DIAMANTKR  (dia-man-lé;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  v.  a.  Orner,  couvrir  de  diamanls.  ||  Kaire 
briller  comme  un  diamant, 

—  RTYM.  niamnnt. 

t  DIAMANTIKÈIIE  (diaman-ti-fê-r')  ,  adj.  Oui 
contient  ilu  diamant.  ïerraiii  diamiintirère, 

—  F.TVM.  Diamant,  et  le  latin  ferre,  porter. 

t  DIAMANTIN,  INE  dia-m^in-lin,  li  n',  en  vers, 
de  quatre  syllabes),  adj.  Qui  a  la  dureté  du  dia- 
mant. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Si  vous  saviez  de  quelles  fortes  et 
diamantines  chaînes...  ïver,  p.  oao. 

—  ÊTYM.  Diamant. 

niAMETIlAL,  ALE  (rti-R-mé-tral,  tra-1'),  adj. 
||1*  Oui  appartient  au  diamètre.  LiKiie  diamétrale. 
||i"Terniede  péométrie.  Plan  diamétral .  plan  parta- 
geant le»  surfaces  en  deux  portions  éi|uivalentes.  Les 
plans  diamétraux  d'un  ellipsoïde.  ||  3'  Terme  de  ma- 
rine. Plan  diamétral,  plan  vertical  passant  parla  mi- 
lieu dt!  la  quille,  de  l'élrave  et  de  l  élanibol. 

—  HlST.  xiV  S.  Une  ligne  dyametral  ou  bieae  [en 
biais],  OBESME,  Thés»  de  meunier. 

—  fiTVM.   Diamètre. 
niAMÉTBALEMENT  (di-a-mé-tra-le-man) ,  ode. 

D'une  exirémité  du  diamîslre  à  l'autre.  Les  deux 
pèles  sont  diamétralement  opposés.  |{  Fig.  L'esjint 
du  monde,  bien  différent  de  celui  du  chrétien,  ren- 
ferme quatre  sortes  d'e-priis  diamétralement  opposés 
k  la  charité,  noss.  Pensées  ehrét.  xii.  Je  crois  voir 
toutes  choses  diamétralement  opposées  au  bon  es- 
prit, LA  BRUT.  m.  Il  est  impossible  que  ces  philoso- 
phes, quoique  diaméiralemenl  opposés,  se  trom- 
pent dans  leurs  calculs,  volt.  Newton,  i,  to,  La 
vérité  est  diamétralement  opposée  au  ton  de  la  bonne 
compagnie,  r.  l.  coub.  ii,  303. 

HIST.  XVI'  s.  On  ne  m'y  appelle  gueres  [aux 
choses  d'ambition],  et  je  m'y  convie  aussi  peu;  la 
liberté  et  l'oysirveté,  qui  sont  mes  maistresses  qua- 
lités, sont  qualités  diamétralement  contraires  à  ce 
mestier-là,  mont,  m,  9. 

—  ETYM.  Diamétrale,  et  le  suffixe  ment. 
DIAMETRE  (di-a-m.'i-tr'),   s.   m.  Hl"  Terme  de 

géométrie.  Ligne  droite  qui  va  d'un  point  delà cir- 
ccnférence  d'un  cercle  au  point  opposé,  en  passant 
l)ar  le  centre.  Nous  plierons  par  le  diamètre  les  deux 
demi-cercles,  j.  j.  rouss.  Éin.  ii.  ||  Terme  d'astro- 
nomie. Diain'ire  apparent,  angle  sous  lequel  les 
rayons  lumineux  venus  de  deux  points  diamétrale- 
ment opposés  du  disque  d'un  astre  se  croisent  dans 
l'oeil.  Il  Demi-diamètre,  le  rayon  d'un  cercle.  ||  2*  Di- 
mension transversale  de  divers  objets.  Le  diamètre 
de  la  tête.  Combien  comptez-vous  d'ici  i  la  luiieV 
—  Soixante  demi-diamètres  de  la  terre  en  nombres 
ronds,  volt,  ilicmméga^,  7.  ||  Diam'lie  d'une  co- 
lonne, ri;.'iie  droite  que  l'on  tire  d'un  des  points  de 
la  circonférence  à  l'autre  en  passant  par  le  centre. 
Une  colonne,  pour  être  régulière,  doit  avoir  au 
moins  sept  diamètres  de  hauteur.  ||  Lediamètred'uii 
pilastre  est  la  largeur  de  sa  face. 

—  HIST.  xiii*  s.  Se  lu  veus  trover  le  dyametre  du 
cercle  escrit  en  l'octogone....  Comput,  I*  I7.  n  xiv  s. 
La  moitié  du  dyameire  qui  part  du  centre  est  ap- 
pelée semi-dynmetie,  obesmk,  Thèse  de  meumer. 
Il  xvi<  s.  Diamètre  du  cercle  est  une  certaine  ligne 
droicte  passant  par  le  centre,  fin<e  d'une  part  et 
d'auire  &  la  circonférence,  forcadel,  ÈliimenU 
d'Euclide,  p.  3. 

—  F.TYM.  âix|)ieTpo;,  de  8ià,  et  hétoov,  mesure, 
f  DIANDRE  (di  an-dr'),  od;.  Terme  de  botanique. 

Qui  a  deux  étamines. 

—  F.TVM.  Di....  préfixe,  et  ivrjp,  mSle,  élaminé. 

DIA.NDRIE  (di-an-drie),  t.  f.  Tenue  de  botani- 
que. Classe  du  système  de  Linné,  qui  renferme  les 
plantes  !»  deux  étamines. 

—  F.TVM.  Diandrr. 

t  DlANlMliyi'E  (di-an-dri-k"),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  appartient  à  la  diandrie.  ||  Qui  est 
pourvu  de  deux  éiaraiiies.  Fleur  diandrique. 

—  ETVM.  Diandre. 

■t  *.  DIANE  (dia-n'),  s.f.  ||  1»  Déesse  de  la  chasse 
et  aussi  déesse  de  la  lune,  chez,  les  Lalins.  ||  Poélique- 
ment  U  lune.  ||  2-  Dans  le  langage  des  alchimistes, 
1  argent,  qui  se  disait  aussi  la  lune.  I|  Terme  d'an- 


DIA 

cienne  chimie.  Arbre  de  Diane,  assemblage  de  cris- 
taux produit  par  une  dissolution  de  nitrate  d'argent 
et  de  mercure.  Un  peu  de  mercure  jeté  dans  une  so- 
lution d'argent  par  l'esprit  du  sel  ammoniac  procure 
celte  végétation,  en  attirant  l'argent  et  le  divisant  en 
irés-peu  de  temps  dans  des  rameaux  et  des  feuillages 
qui  représentent  cet  arbre  chimique,  Uém.  delà  soc. 
royale  de  llertin.  p.  62,  dans  ricuelet.  ||  3"  lispèce 
de  guenon  d'Africjue.  ||  Espèce  de  papillon  diurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  Diana,  contraction  de  Pjdna, 
déesse  femelle  répondant  à  Janus  (voy.  janus). 

2.  DI.\.\E  (di-a-n'),  s.  f.  batterie  de  tambour  qui 
SB  fait  à  la  pointe  du  jour.  Battre  la  diane.  Ce  n'é- 
mit pas  Madrid,  le  Kremlin  et  le  Phare,  La  diane 
au  matin  fredonnant  sa  fanfare,  v.  iiuoo,  Crép.  6. 

—  HIST.  XV]'  s.  Faire  un  grande  diligence  la  nuict, 
et  arriver  à  la  diane,  indubitablement  on  les  snr- 
prendroit,  lanooe,  I)07.  Ils  firent  partie  pour  aller 
à  une  diane  attaquer  deux  compagnies  françoLses, 
d'auii.  Jlist.  I,  327.  Aller  en  embuscade  et  bailler  la 
diane,  hougmet,  Serées,Uv.  i,  p.  4ii3,  dansLACUBNE. 
Ô  fortuné  celui  qui  bien  loin  de  la  guerre....  Qui  ne 
sçait  quel  mot  c'est  que  cargue,  camisade,  Senti- 
nelle, diane,  escarmouche,  embuscade,  ro.ns.  O-ifi. 

—  ETYM.  Espapn.  dioHa,  diane;  ital.  stelladiana, 
étoile  du  matin;  d'un  ancien  adjectif  diano,  dérive 
de  dia,  jour;d;a  vient  du  latin  dies,  jour  (voy. 

DIl'KNE). 

tDIANGIÉ.ÉEfdi-an-ji-é.ée),  odj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  les  fruits  sont  doubles  ou  à  deux  loges. 

—  ETYM.  Di....  préfixe,  elàyTreiov,  loge. 

t  DIANTHE  (di-an-l'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Oui  porte  deux  Meurs;  qui  se  compose  de  deux  fleurs. 
Synonyme  de  biflore,  qui  est  plus  usité. 

—  ETYM.  Di....  préfixa,  etâvôoi;,  fleur. 

t  DIANTIIÈRE  (di-an-té-r),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  les  étamines  portent  deux  anthères. 

—  Êtyji.  Di....  préfixe,  et  anthère. 
DIANTRE  (dian-tr'),  t.  in.  ||  1°  Mot  qu'on  emploie 

par  euphémisme  pour  diable.  Mais  quand  il  faut 
payer, au  diantre  le  teston,  BÊGNinii,  Sa(.  xiu.||  Dian- 
tre soit  de....  se  dit  pour  envoyer  au  diable  la  per- 
sonne ou  la  chose  qui  importune.  Que  le  diantre 
vous  emporte I  s«v.  343.  EncorI  diantre  «oit  fait 
de  vous!  Si....  je  le  veux,  mol.  Tari,  n,  ♦.  Diantre 
soit  de  la  folle  avec  ses  visions  !  id.  F.  sav.  i,  5. 
Diantre  soit  des  femmes  qui  fourrent  des  épingles 
partout!  beaum.  Mar.  de  Fùj.  iv,  9.  ||  On  peut  sup- 
primer la  préposition  de.  HolM  ho!  doucement; 
(lianire  soit  la  coquine!  MOL.  Bourg,  gent.  m,  3. 
Il  Cela  ne  vaut  pas  le  diantre,  cela  est  très-mauvais. 
Ah!  ah!  ceci  ne  vaut  pas  le  diantre  pour  M.  Mi- 
gnard,  dancourt,  Cheral.  à  la  mode,  i,  ».  ||  2°  Il 
s'emploie  comme  une  sorte  d'exclamation  ou  de  ju- 
rement. D'où  diantre  a-t-il  sitôt  appris  cette  aven- 
ture? MOL.  Éc.  des  femmes,  m,  4.  Et  qui  diantre 
vo'js  pousse  à  vous  faire  imprimer?  m.  Misanlhr. 
I,  2.  C'est  une  chose  sacrée  que  l'argent  du  jeu; 
diantre,  ce  sont  des  fonds  pour  le  plaisir,  où  l'on 
ne  touche  point  pour  le  nécessaire,  dancoukt,  Bourg, 
d  la  mode,  l,  I2.  Et  que  diantre  voulez-vous  que  je 
vous  dise,  mesdames?  id.  ib.  v,  «.  Qui  diantre  me 
poussait  à  vouloir  être  de  l'Académie'/  p.  L.  cota,  i, 
120.  Il  3°  Diantre  suivi  d'un  complément  a  le  même 
sens  que  diable  en  un  même  emploi,  et  signifie  sin- 
gulier, mauvais,  diabolique.  Ou'on  est  aisément 
amadoué  par  ces  diantresd'animaux  là!  mol.  Bourg, 
gent.  m,  to.  Quelle  diantre  decérémonie  est-ce  là? 
iD.  Avare,  lu,  5.  Il  me  sera  aisé  do  lui  faire  des 
plaintes  de  ces  dianlres  de  chemins,  sÉv.  SU.  Le 
Rhône,  ce  diantre  de  Uhône,  id.  39.  Je  voudrais 
que  vous  fussiez  étranglé  par  votre  gorge  avec  votre 
diantre  de  collier,  beonard,  Sérén.  se.  t. 

—  HIST.  XVI' s.  Il  couroit  à  travers  pays,  comme 
si  le  diantre  l'eust  emporté,  despér.  Contes,  xxix. 

—  ETYM.  Euphémisme  pour  déguiser  le  motdiiiofe, 
comme  bleu  pour  /)iCM  dans  (.'ort/eii  (corps  de  Dieu). 

niAPALME  (di-a-pal-m'),  t.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Sorte  d'emplMre  siccatif  composé  essentiel- 
lementde  lilharge, de  sulfate  de  zinc, et  decorpsgras. 

—  F.TVM  Ali,  et  valme;  à  cause  qu'on  y  faisait 
entrer  autrefois  une  décoction  de  feuilles  de  palmier, 
et  qu'on  remuait  le  mélange  avec  une  spatule  de 
bois  du  même  arbre, 

t  DIAPASME  (di-a-pa-sm'),  ».  m. Terme  de  phar- 
macie. Poudre  propre  à  parfumer  le  corps,  dont  on 
saupouilrait  soit  les  vêtements,  soit  la  peau. 

—  ETYM.  Aiiîiiioiia,  de  6ià,  et  nâoseiv,  sau- 
poudrer. 

DIAPASON  (di-a-pa-zon),  ».  m.  ||1*  Terme  de  mu- 
sique. Nom  de  l'octave  chez  les  (Irecs  et  le»  Latins. 
Il  V  L'étendue  des  notes  d'une  voix  ou  d'un  instru- 
ment, du  son  le  plus  grave  au  plus  aigu.  Le  diapa- 


DIA 

son  de  la  clarinette  a  cinq  ou  six  notes  de  pliu  que 
celui  de  la  llùte.  ||  Fig.  La  manière  d'être  générale, 
en  parlant  des  mœurs,  des  opinions.  Joignez  le  dia- 
pason des  mœurs  nationales,  et  vous  entendrez  le 
vieil  Horace  dira  de  ton  fils:  Qu'il  mourût!  didb- 
BOT,  .S'ur  les  caruct.  ||  Fig.  Se  mettre  au  diapason 
de  quelqu'un,  se  conformer  k  sa  manière  de  voir,  de 
sentir.  ||0n  lui  fera  baisser  le  diapason,  on  lui  fera 
baisser  le  ton.  ||  Hausser  le  diapason,  élever  la  voix, 
éleier  ses  prétentions.  ||3'  Petit  instrument  d'acier 
à  deux  branches  qui  donne  le  ta,  ou,  plus  générale- 
ment, une  note  délerminée.  L'invention  du  diapason, 
til  qu'il  est  aujourd'hui  connu  de  tout  le  monde,  peut 
être  approximalivemenl  fixée  au  premier  quart  du 
XVIII'  siècle,  LAFAGE,  De  l'unité  tonique  et  de  la 
fixation  d'un  diapason  universel,  <jx.  ||  Le  diapason, 
appliqué  vibrant  au  verlex  ousur  les  dents,  produit, 
pour  celui  (|ui  l'écoute  ainsi,  un  son  très-intense,  sur- 
tout quand  on  bouche  le  conduit  auditif  externe;  il 
sert  à  faire  distinguer  les  surdités  qui  dépendent 
d'une  lésion  de  l'oreille,  de  celles  qui  proviennent 
du  nerf  auditif  ou  du  cerveau,  ||  Sorte  de  petit 
Instrument  à  vent  qui  sert  au  même  usage  que 
le  diapason.  Le  siffiet-diapason  était  un  véritable 
sifflet,  ayant  le  bec  et  la  lumière  disposés  comme 
ceux  de  nos  flageolets,  lafaue,!^.  §  vu.  ||  Diapason 
normal  ou  officiel,  celui  qui  a  été  arrêté  le  ta  fé- 
vrier 1869,  par  le  ministre  d'Etat,  comme  devant 
régler  le  conservatoire  et  tous  les  théâtres  subven- 
tionnés. Le  la  y  fait  870  vibrations  par  seconde, 
à  la  température  de  tb".  ||  4°  Échelle  dont  le»  fon- 
deurs se  servent  pour  connaitie  la  grandeur,  l'é- 
paisseur et  le  poids  des  cloches. 

—  HIST.  XIII'  S.  Lidouz  ton  diatesalon,  Diapante, 
diapason.  Bataille  des.l  arts. 

—  ETYM.  Latin,  diapason,  octave;  de  êi«,  par, 
etnaràv,  toutes  (les  notes)  :  en  parcourant  toutes 
les  notes. 

t  DIAPASONNER  (di-a-pa-zo-né),  v.  a.  Terme 
de  musique.  Mettre  au  diapason,  à  un  diapason. 
Il  Se  diapasonner,  v.  réft.  Se  régler  sur  le  diapason. 
La  flùie  proprement  dite  se  diapa.sonue  en  ré,  c'est- 
à-dire  qu'elle  doit  rendre  le  re  du  diapason  quand 
elle  n'a  encore  aucune  autre  ouverture  latérale  que 
l'embouchure,  legoarani. 

—  ErYM.  Diapason. 

DIAPÉDËSE  (di-a-pé-dè-z"),  ».  f.  Terme  de  mé- 
decine. Éruption  du  sang  à  travers  les  tissus. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  aneurismes  se  font  par  ana- 
stomose et  diapedese,   ruption,    érosion  et  plaie, 

PARÉ,  V,    30. 

—  ÉTYM.  AiamiSinoiç.de  îio,  à  travers,  et  ir»iî«v, 
jaillir. 

t  DIAPENTE  (di-a-pin-f),  ».  f.  Terme  de  musi- 
que grecque.  Quinte. 

—  HIST.  xiv  s.  Les  uns  font  semithon  mineur. 
Les  autres  font  semithon  majeur,  Diapenthe,  dia- 
pazon,  GAGE  DE  LA  BLIGNB,  daus  Bist,  litt.  d*  la 
France,  t.  xxiv,  p.  76 1. 

—  F.TYM.  ikià,  par,  et  ksvts,  cinq. 

DIAPHANE  (di-a-fa-n'),  adj.  Qui,  tout  en  n'é- 
tant percé  d'aucun  pertuis  visible,  donne  passage 
à  la  lumière.  Un  milieu  diaphane  agit  d'une  manière 
différente  sur  les  rayons  du  diverses  couleurs:  c'est 
en  vertu  de  cette  dififérence  qu'un  rayon  de  lumière 
blanche,  en  traversant  un  prisme  transparent,  se 
décompose  dans  une  infinité  de  couleuni,  laplace, 
Expos.  IV,  17.  Combien  de  fois  le  palais  diaphane 
Eût  éclairé  nos  jeux  aériens!  millev.  Charlem.  à 
Parie,  ch.  i.  L'allégorie  habite  un  palais  diaphane, 
LEMIEBRE.  ||  Par  exagération.  Mais  Harpagon  aride 
et  presque  diaphane  Par  les  jeilnes  cruels  auxquels 
il  se  condamne,  begnabd,   Sat.  contre  les  maris 

—  SVN.  DIAPHANE,  TRANSPARENT.  Diaphane  est 
un  terme  du  langage  didactique,  qui  pourtant  est 
entré  dans  le  langage  commun,  mais  qui  est  ré- 
servé pour  les  substances  laissant  passer,  sans 
qu'elles  aient  d'interstice  apparent  ,  la  lumière. 
Transparent,  qui  est  du  langage  usuel,  est  plus  gé- 
néral :  Il  s'applique  même  aux  tissus  qui,  n'étant 
point  serrés,  n'interceptent  pas  le  jour:  cette  gaxe 
est  transparente. 

—  HIST.  xv  R.  Le  brouillas  du  temps  bruineux  no 
se  peult  parfaiclement  esclaircir  iiy  reslabiir  à  sa 
diaphanique  luminosité,  que  grande  altération  00 
suit  faicte,  AL.  ciiABT.  Quadrilogue  inrectif.  ||  xvi'». 
Le  saphir  a  un  corps  diafaiie,  et  la  lunjuoise  et  le 
lapis  ont  un  corps  ténébreux,  palisst,  288.  En  vais- 
seaux de  verre  dia|ihanes  et  transparens,  PARti 
jHiimtc,  3. 

—  F.TYM.  Provenç.  diafan;  espagu.  et  liai,  di'fl- 
fano;  de  ila<fa■^■^|t; ,  de  i\à,  i.  travers,  et  ^bcetai 
paraître  (voy.  PHiNOMtxi) 


DIA 

DIAPIIANÉrTÊ  (di-a-fa-n*-i-té),  s.  f.  Propriété 
qu'ont  les  corps  d'être  diaphanes. 

—  HIST.  XVI'  s.  Sa  diafanité  ou  transparence  nous 
donne  bien  à  connoislre  que  la  plus  grand  part  de 
son  essence  n'est  autre  chose  que  de  l'eau,  palissy, 
294. 

—  ÊTYM.  Diaphane,  et  la  terminaison  ité,  qui, 
étant  toute  latine,  s'applique  assez  mal  à  un  mot 
grec. 

tniAPHANIPENNE(di-a-fa-ni-pè-n'),ody.  Terme 

de  zoologie.  Oui  a  des  ailes  transparentes. 

—  ËTVM.  Diaphane,  et  le  latin  penna,  aile. 

t  DIAPllANO.MÈTRK  (di-a-fano-mè-lr'),  s.  m. 
Terme  de  physique.  Appareil  pour  apprécier  les  va- 
riations de  diaph^inéité  de  l'atmosphijre. 

—  ÊTVM.  Diaphane,  et  mètre,  mesure. 

t  DlAPIIANO.MfiTRlE  (di-a-fa-no-mé-trie) ,  s.  f. 
Mesure  de  la  dia|diaiiéité. 

t  DIAPIIANOSIÉTRIOUE  (di-a-fa-no-mé-tri-k'), 
adj.  Oui  a  rapport  à  la  diaplianométrie. 

t  DIAPHANOUAMA  (di-a-fa-no-ra-ma) ,  s.  m. 
Tableau  d'une  ville  ou  d'un  pays  représenté  en  per- 
spective et  convenablement  éclairé. 

—  ÊTYM.  Diaphtne,  et  8pa|ia,  vue. 

t  riAPHËMC  (di-a-fé-nik)  ou  DIAPHOENIX  (di- 
a-fé-niks'),  s.  m.  Terme  de  pharmacie.  Électuaire 
drastique  ilont  la  substance  activées!  la  scammonée. 

—  ETYM.  Ali,  et  çoïviÇ,  datte,  à  cause  que  la  pulpe 
de  d:itt('S  en  fait  la  base. 

f  t.  DIA  PIIOHE(di-a-fo-r').  s.  ^.  Figure  de  rhétori- 
que où  l'on  répète  un  mot  déjà  employé  en  lui  don- 
nant une  nouvelle  nuance  de  signification. 

—  ÉTYM.  Aiaçopà,  différence,  de  ôià,  etçépEtv, 
porter. 

fa.  DIAPHOHE(di-a-fo-r')«.  m.  Termede  zoologie. 
Genre  de  lé|udopières  nocturnes.  ||  Genre  de  diptères. 

BIAPIIOKÈSE  (di-a-fo-rè-z'),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Transpiration  plus  abondante  que  la  trans- 
piration naturelle  et  moins  que  la  sueur. 

—  ÊTYM.  Aiaçopriii;,  de  8ià,  à  travers,  et  çopè;, 
qui  porte,  de  9=pEiv,  porter. 

DlAPUOUÉTIÇiCE  (di-a  fo-ré-ti-k')  ,  adj.  Terme 
de  médecine.  Oui  excite  la  diaphorèse.  {|  Substanti- 
vement. Un  diaphoréti(|ue. 

—  illST.  XVI'  s.  Des  médicaments  résolutifs,  le 
diaphoretique,  par  chaleur  plus  grande  que  le  ra- 
refactif,  dissipe  in.sensiblement  ce  qui  est  arresté  et 
impacle  en  une  partie,  paré,  xxv,  )(.  Les  diapho- 
retiques  ou  digestifs  sont  simples  ou  composés, 
ID.  ib. 

—  ÉTYM.  Aiacpopiritixô;  (voy.  DIAPIIOBÈSE). 
DIAPHRAGMATIQUE   (di-a-fra-gma-tik'),  adj. 

Il  1°  Ternie  d'analomie.  Oui  a  rapport  ou  appartient 
au  diaphragme.  ||  Anneau  diaphragmalique,  nom 
de  l'ouverture  irrégulièrement  quadrilalèie  par  la- 
quelle la  veine  cave  inférieure  traverse  le  dia- 
phragme. Il  2°  Terme  de  botanique.  Gousse  diaphrag- 
malique, gousse  divisée  en  loges  par  des  cloisons 
transversales. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  seconde  ramification,  estant 
double,  va  au  diaphragme  tant  d'un  cosié  que  d'au- 
tre, et  pour  ce  nous  la  pouvons  appeler  diaphrag- 
matique,  paré,  i,  22. 

—  ÊTYM.  Diaphragme. 

■f  DIAPURAGMATOCÈLE  (di-a-fra-gma-to-sè-V), 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Hernie  des  viscères  abdo- 
minaux à  travers  le  diaphragme. 

—  ÊTYM   Diaphragme,  et  Kf{>.r\,  tumeur. 
DIAPUHAGME  (di-a-fia-gm'),  i.  m.    |1   1»  Terme 

d'anatomie.  Muscle  très-large  et  fort  mince  qui  sé- 
pare la  poitrine  de  l'abdomen.  Les  poumons  que  les 
muscles  du  diaphragme  peuvent  [iresser ,  desc. 
Pass.  10/.  Il  Par  extension,  toute  espèce  de  cloison. 
Il  i'  Terme  dhistoire  naturelle.  Cloison  transver- 
sale qui  sépare  un  fruit  capsulaire.  ||  Lame  droite 
qui  partage  la  cavité  de  certaines  coquilles  unilo- 
culaires.  ||  3°  Terme  de  [ihysique.  Cloison  qui  coupe 
transversalement  les  tubes  de  divers  Instruments. 
I:  Cloison  qui  divise  l'intérieui'  d'un  soufflet,  d'un  ré- 
cipient, etc. 

—  HIST.  XIV  s.  La  21  rebriche  [rubrique]  de  l'a- 
naiomie  du  dyafîragme,  h.  de  mondeville,  f°  i. 
Ilivi*  s.  Le  dyapbragme  est  comme  une  haye  ou  pa- 
lissade pour  faire  séparation  des  parties  viialesd'avec 
les  naturelles;au  moyen  de quoy  est  ditdiaphragme, 
comme  un  mur  miltoyen,  pabé,  ii,  8. 

—  ÉTYM.  Aiàspafna,  de  oio,  en  travers,  et  çpàa- 
ottv,  obstruer,  boucher. 

t  DIAPIIRAGMITE  (di-a-fra-gmi-f),  ».  f.  Terme 
deméilecine.  Inllammation  du  diaphragme. 

—  ÊTYM.  Diaphragme,  et  la  finale  médicale  ile 
qui  exprime  inflammation,  maladie. 

tDUPUYSB  (di-a-fl-z'),  s.  f.  Terme  d'histoire 


DIA 

naturelle.  Séparation,  cloison.  |J  Terme  d'anatomie. 
Corps  des  os  longs. 

—  ÊTYM.  Aiiçuaiî,  de  8ià,  et  fûoii;,  nature. 

f  DL\PNOÏ(.>UE  (di-a-pno-i-k'),  adj.  Oui  excite 
une  légère  transpiration.  ||  Substantivement.  Un 
diapnoique. 

—  ÉTYM.  Aiânvota,  de  8ià,  à  travers,  et  itvtTv, 
.souffler. 

UIAPRP,,  ÉE  (di-a-pré,  prée),  part,  passé.  Mar- 
qué de  couleurs  diverses.  Un  pré  Tout  bordé  de  ruis- 
seaux et  de  Heurs  diapré  la  font.  Fabl.  iv,  I2. 
Ouatre  lutins  à  l'aile  diaprée,  Sont  les  coursiers  de 
son  char  nébuleux,  millev.  Charkm.  à  Pavie,  ch.  i. 
Si  quelque  zéphyr  se  glisse  dans  la  forêt  diaprée, 
il'abord  les  plus  frêles  épis  courbent  leurs  tètes, 
CHAïEAUB.  Uarl.  II,  (09.  Souvent  sa  robe  diaprée 
[de  la  demoiselle,  insecie],  Souvent  son  aile  est  dé- 
chirée Aux  mille  dards  des  buissons  verts,  v.  hugo. 
Odes,  IV,  48.  Il  Terme  de  blason.  Se  dit  des  pièces 
bigarrées  de  diverses  couleurs.  ||  Prune  diaprée,  es- 
pèce de  petite  prune  d'un  noir  violet  qui  est  plus 
sucrée  que  la  prune  de  monsieur. 

DIAPRER  (di-a-pré),  v.  a.  Varier  de  vives  cou- 
leurs. L'écorce  variée  des  pastèques  diapraitagréa- 
blementla  campagne,  chateaub.  Itin.  il,  3|.  ||  Par 
extension.  Comme  ungredinquela  main  de  Thémis  A 
diapré  de  nobles  (leurs  de  lis,  volt.  Pauvre  diable. 
Il  Se  diaprer,  v.  réfl.  Prendre  diverses  couleurs. 

—  HIST.  xiii*  s.  D'azur,  mes  que  [si  ce  n'est  que] 
de  blanc  un  peu  les  [armes]  dyaspra  Li  muistres 
qui  les  fit....  Berte,  cx.xxi.  ||  xiv  s.  Un  autre  chasu- 
ble, dalmatique  et  tunique  de  dyapre  blanc  à  mol- 
lettes d'or,  DU  GANGE,  dijappré.  ||  xvi'  s.  Et  voyant 
res[iée  et  fourreau  tantdiaspré,  hab.  Car.  i,  47.  Ils 
pensent  que  la  vertu  n'aparoit  sinon  lors  qu'elle  est 
bien  diaprée,  et  avec  grosse  suite,  langue,  206. 
Celui  qui  cuide  estre  assis  dessus  [le  trône]  comme 
une  image  diaprée  sur  un  autel,  à  fin  qu'on  l'ad- 
mire et  magnifie,  ID.  540.  Elle  n'es(iargne  aulcune 
despence  pour  décorer  et  diaprer  sa  maison  et  ses 
couches,  CABL.  Il,  12.  Trois  bons  grands  batteaulx 
bien  couverts  et  diaprez  des  armoiries  de  M.  de 
Vieilleville,  m.  viii,  8.  De  ce  mois  de  may  la  face 
diaprée,  am.  jamin.  Poésies,  f°  2i,  dans  lacubne. 
....  Les  jardins  et  les  prez.  Quand  ils  sont  revestus 
d'ornemens  diaprez,  id.  t'b. 

—  ETYM.  Ane.  franc,  diaspre,  sorte  de  drap  à 
fleur  (Un  covertor  de  deus  diaspres  Ot  estendu  de- 
sor  la  couche,  la  Charrette,  v.  1200,  xii*  siècle); 
provenç.  diospe,  diaspre,  même  sens;  ital.  diajpro, 
jaspe;  espagn.  diaspero,  même  sens;  du  latin  J0.1.- 
pis,  Jaspe,  par  le  changement,  comme  le  remar- 
que Diez,  du  j  en  di,  ce  qui  arrive  dans  quelques 
paiois  italiens,  diacre,  de  jacere,  et  ce  qui  sans 
doute  indique  que  le  mot  provient  de  l'italien  dans 
les  autres  langues  romanes.  L'italien,  disant  effecti- 
vement diaspre,  pour  le  jaspe,  ne  laisse  point  de 
doute  sur  l'étymologie  de  diaprer. 

blAPRUN  (di-a-prun),  s.  m.  Terme  de  pharma- 
cie. Sorte  d'électuaiie  où  l'on  incorpore  les  ingré- 
dients à  l'aide  de  lapuljie  de  pruneau. 

—  ÉTYM.  Aià,  avec,  el  prune. 

IJL4PRUKE  {di-a  prur'),  s.  f.  État  de  ce  qui  est 
diapré.  La  diaprure  des  prés. 

—  HIST.  xvi'  s.  Tant  pour  les  beautez,  que  pour 
toutes  aultres  dyapreures,  dont  les  dames  se  sça- 
vent  embellir,  carl.  vi,  39. 

—  ÉTYM.  Diaprer. 

f  «lAPTOSE  (di-a-plô-z'),  s.  f.  Terme  de  musi- 
que. Iiitercidence  ou  petite  chute.  C'estdansle  plain- 
cliant  une  sorte  de  périélèse  ou  de  passage  qui  te 
fait  sur  la  dernière  note  d'un  chant,  ordinairement 
après  un  grand  intervalle  eu  montant;  alors  pour  as- 
surer la  justesse  de  cette  finale,  ou  la  marque  deux 
fois,  en  séparant  celte  ré|iétition  par  une  troisième 
note,  que  l'on  baisse  d'un  degré  en  manière  de 
note  sensible,  comme  u(«  ut,  mi  ré  mi,  j.  j.  rouss. 
Dict.  de  mus. 

—  ÉTYM.  AiinTuoiç,  intercidence,  de  Stà,  et 
irxùjffi;,  chute. 

■[  DIAPYÉTIQCE  (di-a-pi-é-ti-k'),  adj.  Terme  de 
médecine.  Oui  mène  à  suppuration.  ||  Substantive- 
ment. Un  diapyétiqiie. 

—  ÉTYM.  AioituT,ti)i6;,  de  5ià,  etnùov,  pus  (voy. 
pus). 

DIARRUÉE  (di-a-rée),  j.  f.  Terme  de  médecine. 
Flux  de  ventre,  évacuation  fréquente  de  matières 
alvines. 

—  HIST.  XVI' s.  Ils  sont  subjets  aux  flux  de  ventre 
appelles  diarrhées  et  dysenteries,  paré,  Inlrod.  a. 

—  ÊTYM.  Aiâp^oto,  de  8ià,  et  f eïv ,  couler  (voy. 

RUUUE). 

t  DIAKRHÉIQUE  (di-aré-i-k'),  0(V.  Qui  a  rapport 


DIA 


1151 


à  la  diarrhée.  Flux  diarrhéique.  ||  S.  m.  Un  diar- 
rhéique,  un  malade  affecté  de  diarrhée. 

—  ÉTYM.  Diarrhée. 

t  DIARRIIOliON  (di-a-rro-don),  s.  m.  Terme  de 
pharmacie.  Préparation  tonique  et  asiringente  (pou- 
dre, trochisqiies,  électuaire)  dans  la(|uelle  les  roses 
rouges  entraient  en  quantité  notable. 

—  ÉTYM.  Ali,  avec,  et  ^6So/,  rose. 

t  DIARTIIRODIAL.ALE  (diar-tro-di-a!,a-l'), adj. 
Terme  d'anatomie.  Oui  a  rapporta  la  diarthrose; 
qui  a  lieu  par  diarthrose.  Articulation  diarthrodiale. 
Ligaments  diartlirodiaux. 

—  ÊTYM.  Voy.  DIABTIIROSE. 

t  DIARTHROSE  (di-ar-trôz') ,  i.  (.  Terme  d'aua- 
tomie.  Articulation  qui  permet  aux  os  des  mouve- 
ments en  tous  sens.  L'articulation  de  l'humérus  avec 
l'os  de  l'omoplate  est  une  diarthrose. 

—  HIST.  xvi*  s.  Diarthrose  est  une  conjonction 
d'os,  en  la  quelle  le  mouvement  est  manifeste  gî 
apperceu  à  veue  d'oeil;  diarthrose  a  sous  soy  enar- 
throse,  arthrodie  et  ginglyme,  paré,  iv,  43. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  âpOpov,  articulation  (voy.  ar- 
thrite). 

I  DIASCÉVASTE(di-a-ssé-va-st'),  s.  m.  Terme  de 
philologie.  Criticpiequi  arrange  et  corrige:  s'est  dit 
des  cri  tiques  grecs, particulièrement  de  ceux  d'Alexan- 
drie, qui  se  sont  occupés  des  poèmes  d'Homère,  de 
l'arrangement  des  chants,  de  l'authenticité  de  cer- 
tains vers,  et  de  la  correction  du  texte. 

—  ÉTYM.  Aiaoxtoao-criç,  de  ôiaoxeoàîitiv,  arran- 
ger, de  ôià,  et  (rxiùo;,  ustensile. 

DIASCORDIUM  (di-a-skor-di-om'),  s.  m.  Terme 
de  pharmacie.  Électuaire  dans  lequel  entrent,  ea 
a.ssez  grande  quantité,  les  feuilles  de  sooidium,  et 
qui  a  des  propriétés  astringentes  et  sédatives. 

—  ÉTYM.  Ali.  et  oxopo-.ov,  scordium. 

t  DIASÉBESTE  (di-a-sè-bè-st'),  s.  m.  Terme  de 
pharmacie.  Électuaire  purgatif  dont  .les  sébestes  font 
la  base. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  sébesle. 

t  DIASÈNE  ou  DIASENNE  (di-a-sè-n') ,  s.  m. 
Terme  de  pliarmacie.  Électuaire  purgatif  dont  le  séné 
fait  la  base. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  purgations  seront  de  catholi- 
cum,  de  hiera,  diasene,  polypode....  PAUâ,  v,  33. 

—  ETYM.  Ai,  et  séné. 

t  DIASOSTIQUE  (di-a-so-sti-k'),  s.  f.  Partie  de  la 
médecine  qui  a  pour  objet  la  conservation  de  la 
santé.  Il  Adj.  Qui  contribue  à  entretenir  la  santé, 
hygiénique.  Régime  diasostique.  {|  Mot  très-peu  usité. 

—  ÊTYM.   Aioi(j<i;£iv,  sauver,  de  Sià,  et  oiiîiEiv. 
t  DIASPIDE   (di-a-spi-d),  J, /■.  Nom    d'un   genre 

d'hémiptères,  renfermant  des  insectes  qui  semblent 
placés  dans  une  espèce  de  bouclier. 

—  ÊTYM.  Ali,  dans,  par,  età<ral;,  bouclier. 

t  DIASPORK  (di-a-spo-r'),  s.  m.  Terme  de  miné- 
ralogie. Minéral  fort  rare  qui  se  disperse  en  paillettes 
brillantes  lorsqu'on  le  chauffe  et  qui  est  un  hydrata 
d'alumine. 

—  ÉTYM.  Aiasnopà,  dispersion,  de  Stà,  et  anti- 
ptiv,  semer. 

t  DIASPOROMËTRE  (dl-a-spo-ro-mè-tr'),  s.  m. 
Terme  de  physique  Instrument  qui  mesure  l'angle 
nécessaire  pour  établir  l'achromatisme  de  deux 
prismes  d'un  verre  diflférent. 

—  ÉTYM.  Ai«ff7topà,  dissémination,  et  mètre, 
mesure. 

t  niASPOROMfiTRIE  (dl-a-spo-ro-mé-trie),  s.  f. 
Em|)loi  du  diaspoiomètre. 

t  UIASTALTIOl'E  (  di-a-3tal-li-k' ),  adj.  Terme 
d'anatomie.  Arcs  iJiastaltiques,  nom  donné  à  un  en- 
semble de  nerfs  considérés  k  la  fois  comme  sortant 
de  la  moelle  épiiiière  (moteurs),  comme  y  entrant 
(sensitifs),  et  comme  s'unissanl  à  travers  la  moelle 
épiniére  pour  finalement  faire  coniracler  les  mus- 
cles. Il  Action  diasiallique,  ensemble  d'actes  com- 
prenant la  sensibilité  dans  les  nerfs  sensibles,  la 
réaction  de  la  part  des  centres  nerveux  et  la  trans- 
mi-ssion  motrice  ou  excito-motrice  aux  muscles  (lors- 
que cette  transmi-ssion  n'est  pas  accompagnée  de 
sensation,  elle  correspond  à  l'action  réfiexe). 

—  ÉTYM.  AiaoTa)vTixoi;,  propre  à  séparer,  de  Sio- 
(îTE/.Xîiv,  de  ôii,  et  mt/Xeiv,  poser,  ilispo,-er. 

DIASTASE  (di-a-sta-z'),». /■.  ||  l°l'erme de  chirur- 
gie. Espèce  de  luxation  qui  consiste  dans  la  sépara- 
tion ou  écartement  de  deux  os  qui  étaient  contigus, 
par  exemple  du  liliia  et  du  péroné.  |{  2*  Terme  de 
chimie.  Matière  blanche,  azotée,  que  l'on  extraiî 
de  l'orge,  de  l'avoine,  du  blé,  des  pommes  de  terre , 
et  qui  possède  la  propriété  de  faire  subir  à  l'amidon 
une  espèce  de  fermentation  qui  le  gonfle,  le  dis- 
tend et  sépare  la  partie  gommeuse  de  1»  partie 
tégumeataire;  d'où  h)  nom. 


1152 


DU 


—  *TYM.  AiioTaffK,  écartement,  de  Sià,  et  otô- 

(TIÇ  (voy.  STASE). 

t  BIASTASIMÈTRE  (di-a-sta-zi-mè-tr'),  s.  m.  Nom 
d'un  instrument  proposé  pour  mesurer  les  distances 
dans  les  opérations  géodésiques. 

—  ÉTYM.  Aià<rco(ji;,  distance  (voy.  dustase),  et 
mètre,  mesure. 

t  DIASTATOMME  (di-a-sta-to-m') ,  ».  m.  Terme 
do  zoologie.  Genre  de  névroptères  formé  par  des 
insectes  qui  habitent  la  Chine. 

—  ETYM.  Ata(TT(iTèc,  séparé,  et  î(ji(ia,  œil. 

t  UIASTÉMATIE  (■li-a-sté-ma-tie),  .v./'.  Terme  de 
tératologie.  Déviation  organique  ayant  pour  carac- 
tère la  présence  d'une  fissure  ou  fenle  sur  la  ligne 
médiane  du  corps. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIASTÊME. 

t  DIASTÉMATIQUE  (di-a-slé-ma- ti -k' ),  adj. 
Terme  de  musique  ancienne.  Voix  diastématique  ou 
discrète,  nom  que  les  anciens  donnaient  à  la  voix 
chantante,  par  opposition  à  la  voix  parlante,  qu'ils 
nommaient  voix  continue. 

—  ÉTYM.  Diastème. 

f  DIASTÉMATO....,  préfixe  employé  en  anato- 
mie  et  qui  indique  séparation,  par  exemple  :  dias- 
iématochilie ,  fente  anormale  d'une  lèvre,  etc. 

t  DIASTÊME  (di-a-stê-m'),  s. m.  ||  1°  Terme  didac- 
tique. Espace  qui,  chez  le  plus  grand  nombre  des 
mammifères,  existe  entre  les  dents  canines  et  les 
molaires  :  on  l'appelle  vulgairement  harre.  ||  2°  Terme 
de  physique.  Nom  donné  aux  pores  qui,  dans  les 
corps,  ne  peuvent  être  démontrés  que  par  la  péné- 
tration des  liquides.  ||  3"  Terme  de  musique.  Inter- 
valle simple,  savoir  le  ton  et  le  demi-ton  dans  le 
genre  diatonique;  le  demi-ton  et  le  Ion  et  demi  dans 
le  genre  chromalique;  le  quart  de  ton  et  le  diton 
(double  ton)  dans  le  genre  enharmonique. 

—  ÉTYM.  AiàaxT|(ia,  intervalle,  de  6ià,  et  aiita, 
être  debout  (voy.  stable). 

DIASTOLE  (di-a-slo-l') ,  s.  f.  ||  1»  Terme  de  phy- 
siologie. Dilatation  active  du  cœur  qui  fait  pénétrer 
le  sang  dans  les  oreillettes  et  de  là  dans  les  ventri- 
cules. Y  étant  poussé  par  la  diastole,  il  passe  dans 
les  veines,  desc.  Fœtus,  4.  ||  Dilatation  passive  des 
artères  au  moment  où  le  sang  y  entre,  projeté  par 
le  cœur.  112'  Terme  de  philologie.  Sorte  de  virgule 
par  laquelle  les  grammairiens  grecs  séparaient  deux 
syllabes  susceptibles  de  se  confondre  en  un  seul  mot. 

—  IllST.  XVI'  s.  Diphtongue  est  une  contraction 
de  deux  voyelles  en  une  syllabe,  comme  en  ceste 
diction  naistre;  a  et  t  ne  sont  qu'une  syllabe,  et  a 
la  diphtongue  son  contraire  qui  est  diastole,  car  en 
deux  voyelles  elle  retient  deux  syllabes,  comme 
hais,  ici  a  et  t  sont  deux  syllabes,  Poétique  de  Bois- 
stère,  p.  232,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  AtatrtoXrl,  distension,  de  8cà,  et  a^ù.- 
Xeiv,  tirer  (voy.  étole). 

t  DIASTOLIQUE  (dia-sto-li-k*),  adj.  Terme  de 
physiologie.  Oui  a  rapport  à  la  diastole. 

t  DIASTROPHIE  (di-a-stro-fie) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Nom  générique  comprenant  les  luxations 
des  os,  le  déplacement  des  muscles,  des  tendons,  etc. 

—  ÉTYM.  Aca^TpoçTi,  distortion,  de  Sià,  et  oxpé- 
çnv,  tourner  (voy.  strophe). 

DIASTYLE  (di-a-sti-r),  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture. Édifice  dont  les  colonnes  sont  éloignées  l'une 
de  l'autre  à  la  distance  de  trois  diamètres  de  leur 
grcsseur. 

—  ÉTYM.  Ali,  et  oTÛXo;,  colonne  (voy.  style). 

t  DIATESSAUON  (di-a-tè-ssa-ron),  s.  m.||  1»  Terme 
de  pharmacie.  Ëlectuaire  composé  de  quatre  médi- 
caments: racines  de  gentiane  et  d'aristoloche  ronde, 
baies  de  laurier  et  myrrhe.  ||  i'  Terme  de  musique 
grecque.  Quarte. 

—  HlST.  XIV"  s.  Les  uns  font  semitbon  mineur, 
les  autres  semilhon  majeur,  Diapenthe,  diapazon. 
Les  autres  diathessaron ,  uace  de  la  bligne,  dans 
Uist.  li(t.  de  la  France,  t.  xxiv,  p.  762. 

—  ÉTYM.  Aiaieffaipaiy ,  de  6ià,  et  ■céaaa.ati, 
quatre. 

t  piATHERBIANE  (di-a-tèr-ma-n'),  adj.  Terme 
de  physicjuo.  Qui  laisse  passer  librement  le  calori- 
que, comme  un  corps  diaphane  laisse  passer  la  lu- 
mière. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  Otpiièç,  chaud.  La  finale  ane  est 
barbare  ;  elle  a  été  forgée  pour  mettre  dialhermane 
en  parallélisme  avec  diaphane;  maisanfl,  dans  dia- 
phane, est  radical  et  non  suffixe.  Le  vrai  mot  aurait 
été  diatherme. 

t  DIA.TUKRMANÊITÉ  (di-a-tèr-ma-né-i-té),  s.  f. 
Terme  de  physique.  Qualité  de  ce  qui  est  dialher- 
mane. La  dialhermanéité  d'un  corps. 

—  triu  Ihathermane,  avec  la  flnt.e  latine  ité. 
Le  vrai  mol  aarait  été  dialhermie. 


DIA 

t  DIATHEBHANSIE  (di-a-tèr-man-sie)  ,  s.  f. 
Terme  de  physique.  Faculté  qu'ont  certains  rayons 
de  chaleur  de  traverser  plus  facilement  que  d'autres 
un  milieu  donné,  comme  certains  rayons  lumineux 
traversent  avec  plus  de  fncilité  quelques  milieux. 
La  diathermansie  des  rayons  les  plus  voisins  du 
rouge  ou  du  violet. 

—  ÉTYM.  Formé  irrégulièrement  de  diather- 
mane,  ou  représentant,  cam me porait/îte  représente 
itapdtXuiii;,  le  mot  Siaôépuavaiç,  mais  qui  aun  autre 
sens,  puisqu'il  signifie  prand  échaufTement. 

i  DIATHÉSATION  (di-a-té-za-sion) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Généralisation  d'une  affection  d'abord 
locale.  C'est  par  diathésation  qu'une  suppuration  lo- 
cale devient  diathèse  purulente.  Diathésation  de  la 
syphilis. 

—  ÉTYM.  Diaihése. 

DIATUÈSE  (di-a-tè-z') ,  s.  f.  Disposition  générale 
en  vertu  de  laquelle  un  individu  est  atteint  de  plu- 
sieurs affections  locales  de  même  nature. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  font  que  les  esprits  s'altèrent, 
et  acquièrent  une  mauvaise  diathèse  ou  qualité  et 
corruption,  pabé,  t.  m,  p.  728. 

—  ÉTYM.  AiâfJEiTi;,  disposition,  de  5ià,  et  ôésiç, 
position  (voy.  thèse). 

t  DIATUESIQUE  (di-a-té-zi-k') ,  odj.  Terme  de 
médecine.  Qui  dépend  d'une  diathèse  antécédente. 
Maladies  diathésiques. 

f  DIATON  (di-a-ton)  ,s.m.  Terme  de  musique  pro- 
posé par  Choron  pour  distinguer  l'intervalle  qui  sé- 
pare les  sons  des  sons  eux-mêmes.  Ainsi  ut  est  un 
ton;  ré  est  un  autre  ton;  mais  nous  disons  aussi 
qu'il  y  a  un  ton  d'u(  à  ré.  Dans  cette  phrase  ton  si- 
gnifie l'intervalle,  tandis  que  dans  les  précédentes 
il  indique  les  sons  eux-mêmes.  C'était  pour  ce  son 
d'intervalle  que  Choron  réservait  le  mot  diaton  ;  il 
disait  de  même  que  de  mi  à  /<«  il  y  a  un  semi-dia- 
ton,  quand  nous  disons  qu'il  y  a  un  demi-ton. 

—  ÉTYM.  Ali,  entre,  et  tôvoç,  ton. 

DIATONIQUE  (di-a-to-ni-k'),  adj.  Terme  de  mu- 
sique. Qui  jirocède  par  tons  et  demi-tons.  Chant 
diatonique.  ||  Genre  diatonique,  chez  les  anciens, 
façon  particulière  de  diviser  la  quarte  en  un  demi- 
ton  et  un  ton,  comme  si,  ul ,  ré,  mi.  Le  chant 
de  l'Eglise  est  dans  le  genre  diatonique,  qui  est 
le  plus  grave  et  qui  convient  le  mieux  au  culte 
divin,  ROLLiN,  Uist.  ane.  Œuvres,  t.  xi,  t"  part, 
p.  245,  dans  poL'GENS.  Macrobe  dit  que  l'enhar- 
monique n'est  plus  en  usage  à  cause  de  sa  dif- 
ficulté, que  le  chromatique  est  décrié  parce  que  la 
musique  en  ce  genre  est  trop  molle  et  tropefféminée, 
et  que  le  diatonique  tient  le  milieu  entre  les  deux, 
ID.  ib.  p.  249.  Il  Chez  nous,  le  genre  diatonique  s'en- 
tend de  la  succession  des  notes  par  deux  ou  trois 
tons  de  suite  suivis  d'un  demi-ton.  Telle  est  la 
gamme  naturelle  majeure;  dans  le  mode  mineur  il 
peut  y  avoir  jusqu'à  quatre  tons  de  suite,  mibémol, 
fa,  sol,  la  et  si  naturel. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  TÔvoç,  ton. 
DIATOMQUEMENT  (  di-a-to-ni-ke-man  ),  adv. 

Terme  de  musique.  Par  degrés  diatoniques. 

—  ÉTYM.  Diatonique,  et  le  suffixe  ment. 
DIATKAGACANTE   (di-a-tra-ga-kan-f),    s.    m. 

Terme  de  pharmacie.  Poudre  dont  le  principal  ingré- 
dient est  la  gomme  adraganteetquiestadoucissante. 

—  ÉTYM.  Aià,  par,  etTpaYaxavOoi;  (voy.  adragant). 

DIATRIBE  (di-a-tri-b'),  s.  f.  ||  1°  Dissertation  cri- 
tique :  sens  ancien  et  à  peu  près  tombé  en  désué- 
tude. ||  2°  Par  extension,  écrit,  discours  violent  et 
injurieux;  critique  amère.  L'Anti-Caton  de  César 
était  un  libelle  ;  mais  César  fit  plus  de  mal  à  Caton 
par  la  bataille  de  Pharsale  et  par  celle  de  Thapsa 
que  par  ses  diatribes,  volt.  Dict.  phil.  Libelle.  Si 
quand  la  diatribe  autour  d'un  nom  s'élance.  Vous 
voyez  une  femme  écouter  en  silence,  Et  douter.... 
v.  uuGo,  Crép.  30. 

—  ÉTYM.  AtaTpiê^,  leçon,  étude,  et  aussi  amu- 
sement, proprement  action  de  broyer,  d'où  perte 
de  temps  et  de  là  les  autres  sens;  de  êià,  et  Tpî- 
êeiv,  broyer. 

t  DIATRITAIRE  (di-a-tri-tê-r'),  *.  m.  lerme  d'his- 
toire de  la  médecine.  Médecin  de  la  secte  des  mé- 
thodistes, qui  traitaient  tous  les  malades  en  ne  leur 
donnant  des  aliments  que  le  quatrième  jour  de  la 
maladie,  puis  le  sixième,  le  huitième  et  le  dixième, 
c'est-à-dire  chaque  troisième  jour. 

—  ÉTYM.  Aià,  et  TpiTOî,  troisième,  de  ««!<  (voy. 

TROIS). 

t  DIATRYPËSE  (di-a-tri-pè-z'),  t.  f.  Terme  d'a- 
natomie.  Sorte  de  suture  du  crâne. 

—  ÉTYM.  Ali,  et  TpuTiâv,  percer,  perforer. 
tDIATYPOSE  (di-a-ti-pô-z'),  s.  f.  Terme  de  lit- 
térature. Représentation,  image. 


DIC 

—  HIST.  xvi's.  Rien  à  personne  ne  debvez,  fort 
amour  et  dilection  mutuelle  ;  vous  m'usez  ict  de 
belles  graphides  et  diatyposes,  et  me  plaisent  tii^s 
bien,  rab.  t.  m,  p.  29,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  AioTÛitwdi;,  de  5ii,  et  TÛno;,  type. 

+  t.DIAULE(di-ô-l'),  t.m.Termedegymnastiqu» 
ancienne.  Double  stade,  c'est-à-dire  stade  que  le 
coureur  parcourait  en  allant  et  eu  revenant.  |j  Adj. 
Course  diaule,  course  dans  laquelle  on  parcourait  le 
diaule. 

—  ÉTYM.  AiauXoç,  de  iXf,  deux,  et  oùX^,  espace, 
t  2.  DIAULE  (di-W),  t.  f.Terme  de  musique  grec- 
que. Flûte  double,  à  deux  corps. 

—  ÉTYM.  Al;,  deux,  et  aùXà;,  flûte. 

t  DIAZONE  (di-a-z6-n'),  s.  f.  Genre  d'acéphales 
sans  coquilles  (tuniciers),  ayant  pour  type  la  dia- 
zone  violette  de  la  Méditerranée. 

—  ÉTYM.  A'.i,  par,  et  Çûvti,  ceinture. 

t  DIBAPTISTE  (di-ba-ti-sf),  s.  m.  Sectaire  grec 
du  IX'  siècle  qui  prétendait  que  le  chrétien  doit  être 
baptisé  deux  fois. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  panxîileiv,  baptiser. 
tDIBOTIIRIDE  (di-bo-tri-d'),  odj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  est  creusé  de  deux  fossettes. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  po9poc,  fo»se. 

t  DIBRANCUE  (di-bran-ch'),  ad}.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  deux  branchies,  ou  des  branchies  de 
deux  feuillets. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  branchies. 

t  DIBRAQUE  (di-bra-k'),  s.  m.  Pied  d'un  vers 
grec  ou  latin  composé  de  deux  brèves. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  Ppaxùc,  bref. 

t  DICACITÉ  (di-ka-si-té),  *.  f.  Latinisme  qui  se 
trouve  dans  quelques  auteurs.  Penchant  à  dire  des 
mots  piquants,  ou  les  mots  piquants  eux-mêmes.  Il 
sentait  mieux  que  personne  les  ridicules,  ce  qui 
donnait  matière  à  ses  dicacités,  desfontaines,  dans 
le  Dict.  de  bescherelle. 

—  ÉTYM.  Lat.  dicacitas,  de  dicere,  dire. 
fDICARPE  (di-kar-p'),  adj.  Terme  de  botanique. 

Dont  le  fruit  est  double  ou  géminé. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xapnij,  fruit. 

t  DICARPELLAIRE  (di-kar-pellê-r'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  deux  carpelles. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe  grec,  et  carpelle. 

t  DICÉLYPUE  (di-sé-li-f),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  a  une  double  enveloppe,  une  double 
coquille. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xtXuçoc,  enveloppe. 

t  BICÉPHALE  (di-sé-fa-1'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  a  deux  tètes  ou  deux  sommets.  Cap- 
sule dicéphale.  ||  Terme  de  tératologie.  Un  monstre 
dicéphale  ou,  substantivement,  un  dicéphale,  un 
monstre  à  deux  tètes. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xEyaXi^,  tête. 

t  DIGÈRE  (di-sê-r') ,  od;'.  Terme  de  zoologie.  Qui 
porte  deux  cornes,  deux  tentacules  ou  deux  an- 
tennes. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xepoK,  corne. 

t  DICHËLE  (di-kè-l'),  adj.  Terme  de  zoologie.  Qui 
a  deux  pinces  ou  deux  sabots;  synonyme  de  bisulce. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xr,>.ri,  pince. 

t  DICHOGAMIE  (di-ko-ga-cùie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Mode  de  fécondation  dans  les  plantes 
unisexuées,  dont  les  fleurs  mâles  et  les  fleurs  fe- 
melles ne  se  développent  pas  en  même  temps. 

—  ÉTYM.  Ai'xa,  séparément,  et  yàiioi;,  mariage. 
tDICHOLOPHE  (di-ko-lo-f),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  [lorle  une  huppe  séparée  en  deux. 

—  ÉTYM.  Aix»,  séparément,  et  Xoço;,  huppe. 

t  DICHOPÉTALE  (di-ko-pé-ta-P) ,  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  a  des  pétales  bifides. 

—  ÉTYM.  Aî/a,  séparément,  el  pétale. 

f  DICUOPTÉRE  (  di-ko-pto-r'  ) ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  les  ailes  échancrées  ou  partagées  en 
deux. 

—  ÉTYM.  Ai/a,  séparément,  et  itvepov,  aile. 
DICIIORÊE   (di-ko-rée),s.  m.  Terme  de  prosodie 

grecque  et  latine.  Pied  d'un  vers  grec  ou  latin  com- 
posé de  deux  chorées. 

—  ÉTYM.    Di....    préfixe,    et  xop'ioî  i    chorée 

(voy.  CHOBÉE  I). 

t  DICHOTOMAL,  ALE  (di-ko-to-mal,  ma-l'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  natl  de  l'angle  formé  par 
une  partie  dichotome.  Pédoncule  dicbotomal. 

—  ÉTYM.  Dichotome. 

DICHOTOME  (di-ko-to-m'),  adj.  ||  1°  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  le  corps  bifurqué.  H  Terme  de  bota- 
nique. Qui  se  partage  en  deux.  ||  2'  Terme  d'astro- 
nomie. La  lune  est  dichotome  quand  on  n'en  voit  que 
la  moitié. 

—  ÉTYM.  AixÔTO|io;,  coupé  en  deux,  de  Si'x«,  e 
deux  (voy.  deux),  et  ténvttv,  couper  (voy.  tomi 


DIG 

DICUOTOMIK  (di-ko-to-mie),  s.  {.  ||  !•  Terme 
de  bolaïuque.  Mode  de  division  par  deux  des  ra- 
meaux et  des  pédoncules  sur  la  tige.  ||  Fig.  Classifi- 
cation, raisonnement  qui  procède  par  dichotomie, 
c'est-à-dire  en  divisant  chaque  chose,  chaque  pro- 
position en  deux,  dont  on  prend  l'une,  et  divise 
aussi  l'autre  en  deux,  et  ainsi  de  suite.  ||  2*  Terme 
d'astronomie.  l'hase  de  la  lune  où  elle  ne  montre 
que  la  moitié  de  son  disque. 

—  ÉTYM.  VOy.  DICHOTOME. 

I  DICHOTOMIQUE  (di-ko-to-mi-k'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  se  divise  et  se  subdivise  de  deux  en 
deux.  Méthode  dichotomique  de  Lamarck,  moyen 
artificisl  de  déterminer  les  noms  des  plantes. 

—  ÉTYM.  Dichotomie. 

t  D^CHOTOMOPHYLLE  (di-ko-to-mo-fi-l'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  feuilles  dichotomes. 

—  ÉTYM.  Dichotome,  et  çCÀXov,  feuille. 

t  DICIIROANTHE  (di-kro-an-f),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  les  fleurs  de  deux  couleurs. 

—  ÉTYM.  Aixpooç,  de  deux  couleurs,  et  Moç, 
fleur. 

tDICHROÉ,  ÉE  (di-kro-é,  ée),  adj.  Terme  de 
physique.  Qui  est  de  deux  couleurs. 

—  ÉTYM.  Aixpooî,  bicolore,  de  ôîç,  deux  fois, 
et  xpô«.  couleur. 

I'dICHROÏSME  (di-kro-i-sm'),  s.  m.  Terme  de 
physique.  Propriété  qu'ont  certaines  substances  mi- 
nérales transparentes  d'offrir  une  couleur  différente 
suivant  qu'on  les  regarde  par  réflexion  ou  par  ré- 
fraction; telle  est  la  tourmaline. 

—  ÉTYM.  Voy.  mCHROÉ. 

t  niCHROÏTE  (di-kro-i-f).  ||  l'  Adj.  Voy.  mcHRoé. 
Il  2°  S.  m.  Terme  de  minéralogie.  Nom  générique 
des  minéraux  à  un  seul  axe  de  réfraction,  qui  ne 
montrent  que  deux  couleurs. 

—  ÉTYM.  Voy.  DICHBOÉ. 

t  DICHROIVIATIQUE  (di-kro-ma-ti-k'),  nrfj.  Terme 
de  physique.  Qui  est  susceptible  d'offrir  deux  couleurs. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et/piSjia,  couleur  (voy. 

CHEOME). 

t  UICHROMATOPSIE  (di-kro-ma-to-psie),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Etat  de  la  vue  où  l'on  ne  per- 
çoit que  deux  couleurs,  toutes  les  teintes  claires 
paraissant  blanches,  et  toutes  les  teintes  foncées 
paraissant  noires.  ||  On  nomme  aussi  cet  état  dalto- 
nisme dichromatique. 

—  ÉTYM.  Di... .  préfixe, ypôifia,  couleur,  et ôJ/t;,  vue. 

t  DICÏIRONE  (di-kro-n'),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Plantes  dichrones,  plantes  dont  la  végétation 
est  suspendue  pendant  une  partie  de  l'année  et  ac- 
tive pendant  l'autre. 

—  ÉTYM.  Dt.....  préfixe,  etxpovoî,  temps. 

t  DICHROUrE  (di-kro-u-r'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Dont  la  queue  est  de  deux  couleurs. 

—  ÉTYM.  Aîxpooç,  de  deux  couleurs,  et  oOpà, 
queue. 

t  DICIBLE  (di-si-bV),  adj.  Qu'on  peut  exprimer. 
11  est  opposé  à  indicible.  Si  toutes  les  choses  dont 
TOUS  parlez  sont  indicibles,  en  voici  une  fort  dicible, 

LEGOARANT. 

—  ÉTYM.  Lat.  dicibilis,  de  dieere,  dire.  On  trouve 
disdble  dans  le  xui'  siècle  :  Moult  est  grant  se  [sa] 
pietés.  Et  nondisablese  [sa]  bontés,  Fiej  des  saints, 
m»,  dans  lacurne. 

t  tlCLINE  (di-kli-n*),  adj.  Terme  de  botanique. 
Plantes  diclines,  plantes  chez  lesquelles  chaque  in- 
•dividu  n'a  que  asi  fleurs  miles  ou  femelles. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xXîvti,  lit. 

t  DICLINIE  (di-kli-nie),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Qualité  d'être  dicline.  ||  Nom  collectif  sous  lequel  on 
embrasse  toutes  les  plantes  diclines. 

—  ÉTYM.  Dicline. 

fDICLINISME  (di-kli-ni-sm'),  s.  m.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Séparation  des  deux  sexes,  dont 
chacun  appartient  à  un  individu  distinct, 

—  ÉTYM.  Dicline. 

tDlCLISIE  (di-kli-zie),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Sorte  de  fruit  composé  de  la  graine  soudée  avec  la 
base  endurcie  et  persistante  de  la  corolle. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xXeïtri;,  fermeture. 
On  trouve  dans  les  dictionnaires  diclésie;  mais  xXei 
donne  cli  et  non  clé. 

t  DICONQUE  (di-kon-k'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Qui  se  compose  de  deux  valves. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  conque. 

t  DICOQUE  (di-ko-k"),  adj.  Terme  de  botanique. 
Fruits  d  icoques,  fruitsqui  sont  formés  de  deux  coques. 

—  ÉTYM.  Di.  ..  préfixe,  et  coque. 
fDICOTYLE   (di-ko-ti-1'),  adj.  Synonyme,  dans 

quelques  auteurs ,  de  diootylédone. 
—ÉTYM.  Di....  préfixe,  etxotijXïi,  cavité. 
DIOOTYLÉDONE  (di-Ro-ti-lé-do-n^.|l  IMd;'.  Terme 

DICT.    DE    LA   I.ANfîUE    FRANÇAISE. 


DIC 

de  botanique.  Quiadeuxlobes  ou  cotylédons.  ||  i'.S.f. 
Plante  dont  l'embryon  a  deux  lobes  ou  cotylédons. 
Les  dicotylédones  sont  les  végétaux  les  plus  complets, 
ceux  dont  l'organisation  est  la  plus  compliquée. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  el  Cotylédon. 

t  DICOTYLÉDONÉ,  ÉE  (di-ko-ti-lé-do-né,  née). 
Il  l'Adj.  Synonyme  de  dicotylédone,  adj.  ||  2°  S.  f. 
Synonyme  de  dicotylédone,  s.  f. 

t  DICOTYLÉDONIE  (di-ko-ti-lé-do-nie),  s.  f. 
Terme  de  botanique.  Embranchement  renfermant 
les  plantes  dycotylédonées. 

t  DICRANORRANCIIE  (di-kra-no-bran-ch'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  des  branchies  bifurquées. 

—  ÉTYM.  Aîxpavo:,  qui  a  deux  tètes;  de  Stç  ,deux 
fois,  xpâvov,  tête,  et  branchie. 

t  DICRANOCËRE  (di-kra-no-sê-r'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Quia  lescornesou  les  antennes  fourchues. 

—  ÉTYM.  Aixpavo;  (voy.  le  précédent),  et  xépaç, 
corne. 

t  DICROOPHYTE  (di-kro-o-fi-f),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Plante  dont  les  anthères  sont  bifurquées. 

—  ÉTYM.  ACxpooç,  à  deux  pointes,  etçuTÔv,  plante, 
t  DICROTE  (di-kro-f),  adj.  Terme  de  médecine. 

Pouls  dicrote,  poulsqui,  à  certaines  pulsations,  sem- 
ble battre  deux  fois,  tel  que  le  marteau  qui,  frap- 
pant sur  l'enclume,  rebondit  et  achève  son  coup. 

—  ÉTYM.  Di....  préfixe,  et  xpÔTo?,  bruit  d'un 
battement. 

DICTAME  (di-kta-m'),  s.  m.  Plante  labiée  fort 
aromatique,  qui  passait,  chez  les  anciens,  pour  un 
puissant  vulnéraire.  Le  dictame  de  Crète  (dictam- 
nus  creticus  des  pharmaciens;  origanum  dictam- 
nus,  /..).  Le  roi  scythe  rentra  dans  son  quartier 
pour  appliquer  le  dictame  sur  ses  blessures,  volt. 
Babyl.  t.  \\  Fig.  Je  sens  que  tout  à  coup  mes  regrets 
adoucis  Laissent  en  liberté  les  ressorts  de  mon  âme; 
Ma  raison  par  ta  bouche  a  reçu  son  dictame,  cobn. 
Mélite,  V,  2.  La  douceur  néanmoins  est  le  meilleur 
dictame  Que  l'on  puisse  appliquer  aux  maux  d'une 
belle  âme,  mair.  Soph.  iv,  4.  Et  moi  sur  qui  la  nuit 
verse  un  divin  dictame,....  Quel  instinct  de  bonheur 
me  réveille?  fl  mon  ime!  Pourquoi  me  réjouis-tu? 
LAMART.  ffarm.  I,  3.  [Quand  bocrate  mourut]  Pleins 
d'un  saint  dictame.  Nous  sentîmes  en  nous  comme 
une  seconde  Sme,  m.  M.  de  Sncr.  37S.  GrAce  au 
merveilleux  dictame  que  l'amour-propre  tient  tou- 
jours en  réserve  pour  ses  blessures,  au  lieu  de  cher- 
cher la  cause  de  sa  déconvenue  dans  l'emphatique 
prolixité  de  son  discours,  il  l'attribua  sans  hésiter 
à  la  jalouse  envie  de  ses  auditeurs,  en.  de  Bernard, 
un  Homme  sérieux,  §  xiil. 

—  HIST.  XVI*  s.  Tormentille,  dictam,  semence  de 
genevre,  paré,  xxiv,  8.  Dictam  est  plante  de  ter- 
roir sec  et  aride,  o.  ns  serbes,  6n. 

—  ÉTYM.  Lat.  dictamnum,  de  8(xTa|jivov;  pro- 
venç.  diptamni;  espagn.  dictbmo;  ital.  dt((amo. 

DICTAMEN  (di-kta-mèn') ,  s.  m.  Le  dictamen  de 
la  conscience,  ce  que  dicte  la  conscience.  Je  choi- 
sis alors,  et  je  ne  suis  pas  le  dictamen  de  mon  en- 
tendement qui  me  représente  le  meilleur,  volt. 
Newt.  I,  4.  Je  me  suis  toujours  bien  trouvé  de  ré- 
soudre ces  questions  par  le  dictamen  de  ma  con- 
science, J.  J.  Bouss.  Prom.  4.  ||  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  Lat.  dictamen,  de  dictare,  dicter;  pro-. 
venç.  et  espagn.  dictamen;  portug.  dictame. 

t'oiCTAMNE  (di-kla-mn'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  d'un  genre  de  plantes  de  la  famille  des 
rutacées,  écrit  à  tort  dictame  par  certains  auteurs. 
On  y  distingue  le  dictamne  blanc,  dit  vulgairement 
fraxinelle,  legoarant.  ||  Dictamne  royal,  nom  donné 
par  les  habitants  de  la  Havane  au  pédilanthe  tit- 
thymaloïde  (euphorbiacées). 

—  ÉTYM.  C'est  le  même  mot  que  dictame;  seu- 
lement on  a  conservé  l'orthographe  grecque  et,  par 
là,  distingué  des  plantes  qui  n'ont  rien  de  commun. 

DICTATEUR  (di-kta-teur),  s.  m.  ||  1°  Magistrat 
souverain  qu'on  nommait  à  Rome,  en  certaines  cir- 
constances critiques;  son  pouvoir  était  absolu,  et 
fixé  à  une  durée  légale  de  six  mois;  mais  d'ordi- 
naire le  dictateur  abdiquait  avant  ce  terme  quand 
le  danger  était  passé.  Les  dictateurs  se  tiraient  quel- 
quefois de  la  charrue,  qu'ils  reprenaient  quand 
l'expédition  était  achevée,  st-évbkm.  Génie  du  peu- 
ple rom.  ch.  2 ,  dans  richelet.  Quand  notre  dictateur 
devant  les  rangs  s'avance....  corn.  Hor.  i,  4.  Du 
nom  de  dictateur,  du  nom  de  général.  Qu'importe, 
si  des  deux  le  pouvoir  est  égal?  id.  Sertor.  ni,  2.  X 
Rome,  dès  qu'on  avait  nommé  un  dictateur,  toute 
autorité  cessait,  excepté  celle  des  tribuns  du  peu- 
ple,rollin,  Ilist.anc.  OKuurcs,  1. 1,  p.  420, dans  pou- 
gens.  Syllafut  honoré  du  nom  de  dictateur....  volt. 
M.  de  Ces.  i,  3.  ||  Fig.  M.  de  Meaux  [Bossuet],  le  dic- 
tateur de  l'épiscopat  et  de  la  doctrine,  fut  celui  qui 


TC 


1 1  i'Pt 


le  [Fénelon]  sacra,  st-sim.  3| ,  no.  ||  Familièrement 
Ton  de  dictateur,  ton  impérieux,  alisolu.  ||  2°  Dans 
les  temps  modernes,  nom  donné  à  quelques  chefs 
qui  réunissent  temporairement  tous  les  pouvoirs  en 
leurs  mains.  ||  3°  Nom  du  secrétaire  de  l'électeur  de 
Mayence.  Il  4°  Dans  l'ancienne  université,  titre  de 
l'écoUer  qui  avait  été  trois  fois  le  premier.  Cela  se 
pratique  encore  dans  les  lycées  de  Paris. 

—  HIST.  xiv  s.  n  fesoient  aucune  fois  un  ditta- 
teur  qui  avoit  si  gênerai  et  si  grant  pooir  que.... 

BEBCHEURE,    f°  2,   refSO. 

—  ÉTYM.  Lat.  dictator;  de  dictare,  commander, 
proprement  dicter;  provenç.  dicfoire,  au  nominatif, 
du  latin  dictator;  dictadnr,  au  régime,  de  dicta- 
tôrem;  ital.  detlatore. 

DICTATORIAL,  ALE  (di-kta-fo-ri-al,  a-l'),  adj. 
Qui  appartient  au  dictateur.  Des  pouvoirs  dictato- 
riaux. 

—  ÉTYM.  Dictateur. 

DICTATURE  (di-kta-tu-r'),  s.  f.  ||  1» Dignité,  pou- 
voir de  dictateur,  à  Rome.  Sylla,  si  vous  voulez, 
quitta  la  dictature,  cobn.  Serinr.  m,  2.  ||  Temps  pen- 
dant lequel  on  exerçait  la  dictature.  Durant  sa  dic- 
tature. Il  2°  Dans  les  temps  modernes,  pouvoir  ab- 
solu remis  temporairement  entre  les  mains  d'im 
homme  ou  d'une  assemblée.  La  dictature  de  la 
Convention.  ||  3°  Assemblée  des  secrétaires  de  léga- 
tion réunis  dans  la  ville  où  se  tenait  la  diète  ger- 
manique. 

—  ÉTYM.  Lat.  dictatura  (voy.  dictatehr). 

DICTÉ,  ÉE  (di-kté,  ktée),  part,  passé.  ||  1°  Pro- 
noncé à  haute  voix  pour  qu'on  écrive  ce  qui  est 
prononcé.  Version  dictée  aux  écoliers  par  le  profes- 
seur. Il  2°  Suggéré,  en  parlant  de  paroles,  de  dis- 
cours. Langage  dicté  par  la  passion.  ||  3»  Imposé, 
prescrit.  Telle  est  la  loi  des  dieux  à  mon  père  dic- 
tée, RAC.  Iphig.v ,  2.  Sa  réponse  est  dictée,  et  même 
son  silence,  id.  Brit.  i,  i.  Brutus,  par  ce  seul  mot 
ton  devoir  est  dicté,  volt.  W.  de  César,  m,  2. 

t.  DICTÉE  (di-ktée),  s.f.  \\  1°  Action  de  dicter. 
Faire  une  dictée  à  des  écoliers.  Pour  écrire  sous  sa 
dictée  et  pour  copier,  j.  i.  rouss.  Conf.  in.  ||  i'  Ce 
qui  a  été  dicté.  11  y  a  bien  des  fautes  d'orthographe 
dans  cette  dictée.  La  dictée  du  matin  a  été  fort 
longue. 

—  ÉTYJl.  Dicté,  participe. 

t  2.  DICTÉE  (di-ktée),  s.  f.  Terme  d'astronomie. 
La  constellation  d'Ariane. 

—  ÉTYM.  Lat.  Dictsea,  de  la  montagne  de  Dicté 
en  Crète  :  Ariane  Dictée. 

DICTER  (di-kté),  v.  a.  ||  1»  Prononcer  plus  ou 
moins  lentement  et  à  haute  voix  ce  qu'on  fait  écrire 
au  fur  et  à  mesure  par  quelqu'un.  Dicter  une  lettre 
à  son  secrétaire,  un  thème  à  des  écoliers.  L'empe- 
reur, ne  pouvant  plus  douter  de  la  bataille,  rentra 
dans  sa  tente  pour  en  dicter  l'ordre,  ségur,  Ilist.  de 
JVap.vii,7.  Il  Absolument.  Je  vous  conjure,  par  toute 
l'amitié  que  vous  avez  pour  moi,  de  ne  m'écrire 
qu'une  feuille  tout  au  plus;  dites  à  quelqu'un  de 
m'écrire,  et  môme  ne  dictez  point,  cela  fatigue, 
sÉv.  lett.  10  janv.  1680.  Il  2°  Fig.  Suggérer,  en  par- 
lant de  paroles,  de  discours,  d'écrits.  On  a  dicté  à 
cet  accusé  toutes  ses  réponses.  C'est  l'humilité  qui  a 
dicté  ces  paroles,  boss.  Or.  9.  Sans  doute  la  douleur 

TOUS  dicte  ce  langage,  rac.  Brit.  ii,  6 Mais  quels 

discours  faut-il  que  je  lui  tienne?  —  Ah!  daignez  sur 
ce  choix  ne  me  point  consulter;  L'occasion,  le  ciel 
pourra  vous  les  dicter,  id.  Baj.  ii,  5.  Quoi  !  vous  re- 
pentez-vous des  généreux  discours  Que  vous  dictait 
le  soin  de  conserver  ses  jours?  id.  ib.nx,  <.  Va, 
ne  perds  point  de  temps;  ce  que  tu  m'as  dicté,  Ja 
veux  de  point  en  point  qu'il  soit  exécuté,  ID.  Esth. 
Il,  6.  Il  finit  par  lui  dicter  un  testament  où  il  réduit 
son  fils  à  la  légitime,  la  brut.  iv.  Notre  conscience 
nous  dicte  tout  bas  les  maximes  de  la  vie  éternelle, 
MASS.  Panég.  S.  Etienne.  Comme  les  honnêtes  gens 
évitent  de  se  servir  des  termes  que  dicte  l'emporte-* 
ment  ou  qui  blessent  la  pudeur,  on  les  a  exclus  du 
Dictionnaire,  Acad.  Dict.  de  )740,  préface.  Je  ne 
sais  si  c'est  l'esprit  ou  le  cœur  qui  me  dicte  cet  ar- 
ticle-ci, montesq.  Esp.  XV,  8.  Il  Absolument.  Arbi- 
tre des  beaux  vers,  Apollon,  loin  de  moi!  Pour  cé- 
lébrer d'Arnaud,  pour  chanter  sa  grande  Jme,  Mon 
coeur  dicte,  il  suffit,  qu'ai-je  besoin  de  toi?  gilb.  à 
M.  d'Arnaud.  |{  3°  Prescrire,  imposer.  La  raison  nous 
dicte  cela.  Le  sénat  chaque  jour  et  le  peuple  irrités 
De  s'ouïr  par  ma  voix  dicter  vos  volontés ,  rac.  Bril. 
IV,  2.  Et  faisons  qu'à  ses  fils  il  ne  puisse  dicter  Que 
les  conditions  qu'ils  voudront  accepter,  id.  Mithr. 
I,  5.  Quelque  loi  qu'il  vous  dicte,  il  faut  tous  y  sou- 
mettre, ID.  Phèdre,  m,  3.  Vous-même  avez  dicté 
tout  ce  triste  appareil,  ro.  Esth  m,  1.  Quoi!  ces 
affreux  serments  qu'on  vient  de  te  dicter....  volt, 

I.  —  li'. 


1154 


DIC 


Alx.  m.  4.  César  aurait  dicté  cet  arrêt  sanguinaire! 
ïnLT.  TrhimrAV,  i.  Voire  cœur  a-ti!  pu,  sans  être 
époiiviuilé,  Avoir  un  scnlimenKiueje  n'ai  pasdiclé  ? 
ID.  l'anal,  m,  3.  l'euteire  l'amour  même  avait 
(Sicié  ce  choit,  in.  Tancr.  ii,  0.  ||  4°  Se  dicter,  v. 
réfl.  Rive  diclé,  suggéré,  prescrit.  Une  telle  réponse 
ne  se  dicte  pas. 

iiisr.  XII*  s.  Salomons  de  Bretaigne  le  serre- 
ment dita,  /(oiic  p.  i»3.  Li  eves(iues  de  Lundres 
une  epistle  enveia  Saint  Ihomas  ultre  mer,  mes  sun 
mm  i  cela,  E  el  nun  des  evesques  de!  pais  le  diia 
E  des  autres  personps,  mais  nul  n'en  i  numa,  TU. 
le  mart.  m.  S'oïr  volez  les  leitres,  jes  [je  les]  vus 
sai  très  tiien  dire.  Si  cum  li  reis  les  list  e  diter  e 
escrire,  ib.  tiH.  1]  xiii"  s.  El  bien  lesmoigne .loiïrois 
li  niarescliaus  de  Clianipaigne.  qui  Ctste  œvre  diia. 
viLi.Eii.  xcvi.  Il  XIV*  s.  Par  elle  eslit  l'en  si  comme 
droite  raison  conimaiiile  et  dite,  obesme,  t'(/i.  37. 
Il  XV*  s.  El  ce  noiiol)st:iiit,  si  em|ins-je  assez  liaiilie- 
nient,  moi  issu  de  l'es  oie.  à  rimer  et  à  dicter  les 
guerres  dessus  dites,  froiss.  Prol.  Cy  commence 
l'art  de  ilicler  |composer  des  vers],  et  faire  des 
chansons,  halades,  virelais  et  rondeaux,  kust.  uksch. 
Poésies  mss.  f*  3b4,  dans  laclkne.  A  l'endeniain, 
l'aulre,  garni  d'une  lellrc,  Dieu  sait  comment  dic- 
tée [rédigée].  Vint  rencontrer  sa  daine,  louis  xi, 
A'oun  XXXVII.  Il  XVI*  3.  Les  lettres iliclées  et  sigiii'es, 
Grandgousier....  bab.  6''ir.  i,:»'.  S.iy  gouverner  au 
son  d'une  cloche,  et  non  an  ilicié  de  lion  sens  et  en- 
tendeineni,  ID.  ib.  I,  hl.  I'uisi|ue,  par  une  faveur 
particulière  de  la  bonté  iliviiie,  curiaine  façon  de 
prière  nous  a  esté  prescripte  et  dictée  mot  à  mot 
.  par  la  liouclie  de  Dieu.  mont,  i,  3»*. 

—  ÉTVM.  l'rovenç.  elespagn.  diciar:  ital.  ditlaTe; 
du  '.«lin  dicture,  fiéiiueulutif  de  dicere,  dire(voy.  ce 
mol) 

l)iCTIO\  (di  ksion-,  en  vers,  de  trois  syllabes), 
t.  f.  Il  1"  .Manière  de  dire,  de  déhitcr  un  di.-.Couis, 
des  vers.  liiclioKluurde.  irainanle.  112*  Manière  de 
dire,  eu  égard  au  choix  et  à  rarrangeiiient  des  mois. 
L'on  doit  avoir  une  diction  pure,  la  hkly  t.  [Avant 
Corneille]  Les  anieuis  aussi  igiiuranls  (|ue  les  spec- 
taieiirs,  la  phip.irt  des  sujets  extravagants  et  ué- 
Bués  de  vraisemblance,  point  de  mœurs,  point  de 
caracières,  la  dicliiin  encore  plus  vicieuse  que 
l'acllun,  BAC.  l)i.\cours  de  reeeplion  de  77».  t'or- 
neiUi:  Il  [Voilnre|  fit  ces  vers  espagnols  que  toui 
le  monde  croyait  être  de  Lope  de  Vega,  tant  la 
diction  en  était  pure,  pei.lisso:».  "'»'•  <ie  l'Acud. 
t.  1,  p.  27»,  diins  pocGENS.  Je  corrigerai  ju.siiu'à 
ce  que  la  force  de  la  diciion  puis.<e  fane  passer  l'a- 
triiciié  du  sujet,  VOLT.  Uti.  d'ArijiulaL,  ii  juin 
4700.  Uacine  qui  a  mis  dans  la  d.clion  un  churine 
inconnu  ju.squ'à  lui,  lu.  Leii.  Smiiaroltaf,  28  lév. 
4TU1».  Lii  dicluni  desainl  Chrysoslome  est  pure,  mais 
laborieuse,  cirATKALB.  (,Vnie,  iir,  iv,  2.  On  voit  que 
jieiistr  iradnire  Hérodote  d.ins  notre  langue  acadé- 
mique, langue  de  cuur,  céréoionieuse,  roide,  ap- 
pièlée,  pauvre  d'ailleurs,  muiilce  par  le  bel  usage, 
c'est  éliangemeiil  s'abuser;  il  y  faut  employer  une 
dii:iion  naïve,  franche,  populaire  el  riclie  coiiune 
celle  de  la  Konlaine,  p.  L.  COUB.  l'rus-peclm  d'une 
trud.  d'Ilirvd.  Les  écrits  coriecls  et  s.ivants  de 
l'oil-Hoyal  excitaienldaiis  le  (larti  contraire,  jusque- 
là  tout  empieinl  <le  barbarie  scola^tique,  une  ému- 
lation de  délicatesse,  un  soin  scrupuleux  de  la  dic 
tion ,  qui  lui,  apr's  les  ouvrages  de  génie,  le 
secours  le  plus  unie  à  la  pureté  de  la  langue,  vil- 
LEMAiN,  Uict.  de  l'Acad.  Préface,  p.  xvu.  Us  uni 
tout  du  théâtre  français,  excepté  celle  grùce  adaii 
ruble  de  diction  qui  brille  dans  Esilter  ou  dans 
Iphiijénie,  lu.  Liuér.  Tubl.  du  xviii'  siècle,  2*  par 
tie,  2*  leçon.  ||  3'  Mut.  Les  synonymes  sont  piu- 
sieur.^  dictiuiu    (jui   signilieul  uiia    màmu    chose, 

LA  BVl'Y.   I. 

—  SY.N.  DICTION,  STYLE.  La  diction  est  la  manière 
de  dire;  le  siyl*  est  la  maniùe  d'écrire.  Comme 
dira  se  prend,  en  certainea  circonsiances,  pour 
écrire,  diction  se  prenJ  aussi  pour  stjle,  et  eu  est 
le  synonyme,  sans  autre  nuance  que  ceile-ci,  à  sa- 
voir que  »i)le  est  d'un  usaga  beaucoup  plus  géné- 
ral que  tliclion. 

—  liiM.  xvf  s.  Ili  s'arrestent  k  cette  diction,  du 
tout:  biqiielle  louteafuis  ne  su  lappurle  pas  au  verbe 
qui  ■^l  là  uis,  CALV.  Inslit.  2VI.  Eli  ces  premiers 
temps  là  il  y  a\oit  encore  beaucoup  de  dictions 
grecques  meslées  parmy  le  langage  latin,  amiut, 
Jluictl.  II. 

_~-  ETYM.  Provcnç.  di'cd'o,  diM'on;  «spagn.  di'c- 
nsn;  iUL  duiune;  du  laliu  diclio/i«m,  de  dii4re 
(voy.  umK). 

DlCno»NNAlRK(dl-kiio-né-r';  envers,  de  cinq 
iyllal.e»),  ».  m.    ||   f  Recueil  des  moU  d'une  lan- 


DIC 

(jne,  des  termes  d'une  science,  d'un  srt,  rangés 
par  ordre  alphabétique  ou  autre,  avec  leur  significa- 
tion. Un  bon  diclinnnaire.  Feuilleter  un  diction- 
naire. Ce  travail  m.>me  qui  nous  est  commun,  ce 
dictionnaire  qui  de  soi-même  semble  une  occupation 
si  sèche  et  si  épineuse,  nous  y  travaillons  avec  plai- 
sir: tous  les  mots  de  la  langue,  toutes  les  syllabes  nous 
paraissent  précieuses,  parce  que  nous  les  regardons 
comme  autant  d'inslruments  ipii  doivent  servir  à  la 
gloire  de  notre  auguste  prolerleur,  rac.  Disc,  à  la 
réciption  de  l'ahbé  Cntbeit.  Après  que  l'Académie 
française  eut  été  établie  par  les  leitres  paleiiles  du 
feu  roi,  le  cardinal  de  Hichelieu,  qui  par  les  mêmes 
lettres  avait  élé  nommé  proiecleur  et  chef  de  celle 
compagnie,  lui  proposa  de  travailler  premiérenieni 
à  un  diciionnaire  de  la  langue  française  el  ensuite 
à  une  grammaire,  à  une  rliélorii(ue.  à  une  poétique, 
i4c(id.  I)'C(.  de  icuo,  l'rrfnce.  Le  Dictionnaire  de 
l'Académie  a  élé  commencé  el  achevé  dans  le  siècle 
le  plus  (loiissant  de  la  langue  française;  el  c'est 
pour  cela  qu'il  ne  cite  poiiii,  parce  que  plusieurs 
de  nos  plus  célèbres  oraieurs  et  de  nos  plus  grands 
poètes  y  ont  travaillé,  et  qu'on  a  cru  s'en  devoir  te- 
nir à  leur  sentiment,  Acnd.  Dict.  de  iiî9c,  Préface. 
11  ne  suffit  pas  qu'un  ilict'oiina:re  contienne  tous  les 
mots  d'une  langui;  el  leur  exidication;  il  doit  en- 
core sur  cliaiiue  mot  en  parlicnlier  en  faire  sentir 
tous  les  divers  usages,  déterminer  s'il  est  du  stjle 
soutenu  ou  du  siyle  familier;  si  on  l'emploie  en 
l'écrivant  ou  s'il  n'est  que  de  la  conversation;  si  les 
gens  polis  s'en  servent  ou  s'il  n'esi  que  dans  la  hou 
clie  du  peuple;  enlin  il  doit  suppléer,  autant  qu'il 
esl  possible,  à  tout  ce  qu'on  ne  pourrait  acquérir 
qu'avec  beaucoup  de  peine  par  la  leciure  d'nngiand 
nombie  de  livres  et  par  le  séjour  de  plusieurs  an- 
nexes dans  le  paysilont  on  veut  apprendre  la  langue, 
Acad.  Dict.  de  I7i»,  Vrèfuce.  S'il  y  a  quelque  eu- 
viage  ipii  demande  d'êlre  evécuié  |iar  une  compa- 
gnie, c'est  le  diciionnaire  d'une  langue  vivante 
comme  11  doit  donner  l'explicalion  de»  sens  diflé- 
reiits  des  mots  qui  sont  en  usage,  il  faut  que  ceux 
qui  eiitrepiennent  d'y  travailler  aient  une  mulli- 
inde  de  coniiaisSiiiiC«>  qu'il  esl  comme  impos.silile 
de  trouver  rasseiiihlées  dans  une  môme  personne, 
Acad.  Ilicl.  de  I74n,  Pnfice.  Le  Dictionnaire  de 
l'Académie  française,  dans  lequel  on  n'avait  d'abord 
eu  poui  objet  ipie  d'êlre  mile  à  la  nalioii,  esl  devenu 
un  livre  pour  l'Europe;  la  pnlili.|ue  et  le  commerce 
ont  rendu  noire  langue  presipie  aussi  nécessaiie  aux 
étrangers  que  leur  lanj-'ue  naturelle,  Acad.  Vicl.  de 
I7ii2,/;p  ail  roi  L'Académie  lad  aujourd'hui  paraître 
la  sixième  édition  d'ur.  Dictionnaire  commencé  il  y 
a  deux  siècles  el  devenu  le  dépôt  des  formes  dura- 
bles el  des  variations  de  notre  langue,  pendant  l'in- 
lervaile  oi^  elle  a  éie  le  mieux  p. niée  et  où  elle  a 
pris  un  empire  presque  universel  en  Europe, /Iciid. 
Uici.  de  I8a5,  VILLEMAIN,  l'rrface.  Le  Dictionnaire 
de  l'Académie,  ouvrage  d'aulant  plus  utile  que  la 
langue  commence  à  se  corrom|ue\  volt.  Lctt,  l)u- 
clos,  i"  mai  1701.  Il  me  semble  aussi  <|u'on  s'é- 
lail  fait  une  loi  [dans  le  Dictionnaire  de  l'Acadéinie] 
de  ne  point  citer;  mais  un  dictionnaire  sans  citation 
esl  un  squelette,  m.  Ldt.  Dttclos,  ii  aoilt  l'Gu. 
Il  Traduire  à  coups  de  diciionnaire,  se  dit  de  ceax 
qui  ne  sont  pas  encore  familiarisés  avec  une  langue 
étrangère,  et  qui  ne  peuvent  en  lire  un  livre  sans 
recourir  à  leur  dictionnaire.  ||  Kig.  Un  dictionna:ie 
vivant,  un  homme  très-érudit.  ||  2°  Un  donne  aussi 
le  nom  de  dictionnaire  à  des  encyclofiédies  qui 
contiennent  par  ordre  alphaliéiiqiie  ou  par  ordre  de 
matières  une  science  ou  tout  ce  .|ui  concerne  un  art. 
Dictionnaire  de  mathématiques,  demédaciiie,  d'ar- 
chilectiire.  La  police  a  Mippiimé  l'Sncyclopédie; 
peut-être  y  avail-il  des  choses  qui  n'élaifiit  pas  de 
l'essence  d  un  dictionnaire  el  qu'il  aurait  été  plus 
convenable  de  ne  pas  y  metire.  volt.  Mal.  3o.  |i  On 
lionne  encore  le  nom  de  diciionnaire  àdes  livres  qui 
oITienl,  par  ordre  alpliabélique,  do.,  fans,  des  noms. 
Diciionnaire  biogiaplnqua,  géographique.  Diciion- 
naire das  conleinporains. 

—    SYN.    DICTIONNAIRK,     VOCABULAIRE,    GLOSSAIRK, 

LEXIQUE.  Ils  signilienl  en  général  luul  ouvrage  où 
un  Kiand  iiumiiie  de  mois  sont  rangés  suivant  un 
certain  ordre,  pour  les  retrouver  plus  (.icdemenl 
quand  on  en  a  besoin;  mais  il  y  a  celle  dillérciice: 
)"  que  vocabulaire  ei  glossaire  ne  s'a|>pliqueni  guère 
qu'à  de  purs  d  cliunnaires  de  mots,  au  lieu  que  dic- 
lioiiiiaiie,  en  général,  comprend  non-seuleuiFiil  les 
dictionnaires  de  langiias,  mais  encore  les  diciion- 
naiies  Insiorique»,  et  ceux  Ues  .«cieuces  el  des  ans; 
i*  que  dans  un  vocabulaire  les  mois  peuvent  n'êlie 
pas  distribués  par  ordre  alphabétique,  et  peuvent 
m^me  n'être  pas  expliqués  ou  ne  l'être  qu'en  un  seul 


DID 

mot,  sans  raisonnement;  3*  que  glossaire  ne  s'ap- 
plique guère  qu'aux  dictionnaires  de  mois  peu  con- 
nus, barbares  ou  surannés:  le  Glossaire  de  du  l'.ange; 
4*  que  lexique,  qui  s'appliquait  dans  l'antiquité  à 
un  dictionnaire  de  mots  rares  et  de  formes  difficiles, 
désigne  aujourd'hui  surtout  un  recueil  des  mots 
d'un  auteur,  par  exemple  le  lexique  d'Homère,  et 
que.  dans  les  classes,  lexique  se  dit  desabiégés  des 
dictionnaires  de  mots.    . 

—  ÊTY.M.  Diction. 

DICTON  (di-lclon) ,  ».  m.  ||  1*  Mot,  sentence  qui  a 
pas'é  en  proverbe.  Un  vieux  dicton.  Un  dicton  po- 
pulaire. Un  manant  lui  coupa  [au  loup]  le  pied  droit 
et  la  tète:  Le  seigneur  du  village  à  sa  porte  les  mit. 
Et  ce  dicton  picard  à  l'entour  fut  écrit....  la  eomt. 

Fabl.  IV,  1(1 Les  quatrains  ue  Pibrac  et  les  doctes 

tablettes  Du  conseiller  Mathieu;  l'ouvrage  est  de 
valeur.  Et  plein  de  beaux  diclnns  à  réciter  par  cœur, 
MOL.  Sgan.  se.  t.  Je  Irouve  cela  bien  troussé;  il  y  a 
là  dedans  de  petits  dictons  assez  jolis,  ID.  B.  yent. 
1,  2.  Il  2^  Mot  plaisant  et  aussi  mot  piquant  contre 
quelqu'un.  Donner  à  chacun  son  dicton. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Ceste  senlenceestoit  usitée  entre  le 
peu|)le  comme  un  dicton  commun,  calv.  /n»Ii(   (i36. 

—  ETVM.  Lat.  dictum,  dit,  participe  passif  de  di- 
cere (voy.  uirk).  Au  XVI*  siècle,  l'alsj-'rave,  p.  23, 
et  lieze  disent  qu'on  prononce  dilnn.  Diclun  est  le 
latin  diclum;  et  la  prononciation  de  cette  finale 
monlie  qu'à  l'origine  de  nuire  langue  du  moins  la 
finale  latine  um  ne  s'éloignait  pas  beaucoup  du  son 
de  notre  sjllatie  on. 

DICTl'.'tï  (di  ktom'),  ».  m.  Dispositif  d'un  juge- 
ment, d'un  arrêt. 

—  hist.  XV"  s.  Duquel  dictum  et  sentence  il  se 
trouva  fort  perpleux  et  non  sans  cause,  J.  de  troyes, 
Cliriiii.  1475.  Il  ivi*  s.  Je  prie  ceux-là  de  se  souvenir 
que  les  causes  qu'on  vient  de  prononcer  en  mon  dic- 
ton ne  sont  pas  celle»  pour  le>quelles  je  meurs, 
d'alb.  Ilist  11,  tai.  La  sentence  estant  leue,  un 
advocat  de  sa  compagnie  disputoil  de  bailler  sa  lail- 
gue  [au  bourreau],  pourceque  le  dicton  n'en  fai>oit 
pas  mention;  mais  elle  [une  protestante  condamnée 
au  siipplicej  résolut  ses  compagnons,  disaiil:  il  est 
raisonnable  que  la  langue  qui  a  le  |irivilege  de 
louer  Dieu  ail  celui  de  sauter  la  première  sur  l'au- 
tel du  sacrifice,  lu.  ib.  i,  8u.  Quand  le  greffier  eust 
achevé  de  lire  son  diduin....  cabluix,  vi,  m.  Les- 
quels prevosls  des  mareschaux....  sont  tenus  de  re- 
présenter les  dictons  ou  exiiailsdeleurs  sentences, 
rBOUMENTËAL',  l'iiiances,  3*  livie,  p.  ion. 

—  KTYM.  lat.  diclum,  dit,  de  dicere  (voy.  dibe). 
t  1)H:TVI  I E  (di-kti-i-l'),  ».  f.  Terme  de  médecine. 

Inhammaliun  de  la  rétiiiC. 

—  KtYM.  Aixvjov,  rels.  rétine. 

t  DlCTYOCAIirE  (di-kti-o  kar  p'),  adj.  Terme 
de  botanique,  ijui  a  des  fruits  réiieulés. 

—  KTYM.  iixTvcf»,  lilel,  el  xof.nô;,  fruit. 

]  DlCÏ\OUE  (dikti  o-d'),  adj.  lerme  d'histoire 
naturelle.  Oui  ressemble  à  un  réseau,  qui  est  ré- 
ticulé. 

—  flTYM    AixTvov,  filet. 

t  DlCTVni'SlB  (diktio-psie),  ».  f.  Terme  de  mé- 
decine. Aiïeclion  de  la  vue  dans  laquelle  on  aperçoit 
des  ombres  ramifiées  semblables  à  uu  réseau  lia  ou 
à  une  toile  d'araignée. 

—  f.TV.M.  iixTuov,  filet,  et  iijii;,  vue. 

I  DIC.TVOl'rfiUE  nli-kii-o-pté  r),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  les  aile»  réticulées. 

—  ÈrVM.  Ai/.Tuo».  lilel,  el  itttpov,  aile. 

t  DiCTVOHIllIlZE  (di  ktiorri-z'),  adj.  Terme  de 
botanique.  t;iii  a  des  racines  réticulées. 

—  ETVM.  Ai/.T'jov,  lilel,  et  fiU,  racine. 
DIDACTIQUE  (di-ila-kti-k'),  adj.  ||  1*  Terme  de 

littérature,  yui  e.si  propre  à  renseignement,  qui  sert 
à  l'instruction.  Le  genre  didactique.  Une  épine  di- 
ilaciique.  Loin  ces  rimeurs  cruinlifs  dont  l'esprit 
llegmatlque  (jarde  dans  se»  fureur»  un  ordre  didac- 
tique, noiL.  An  p.  II.  L'Aiiii-Luciéce  esl  un  luéma 
latin  du  nombre  de  ceux  qu'un  appelle  didactiques, 
parce  qu'ils  ont  pour  but  d'enseigner  das  vérités 
inipoitanles  ou  quelque  art  utile  à  la  vie.  maihan, 
liliiges,  Card.  de  l'alignac.  Il  importerait  de  donner 
à  ces  fables  un  oidre  plus  didactique,  J.  i,  boL'ss. 
Éni.  IV.  Il  2°  Qui  appartient  à  une  .science.  Les  ter- 
mes didactiques.  Il  3*  À.  m.  Le  didactique,  le  lan- 
gage, le  genre  didactique.  ||  4*  S.  f.  Là  didactique, 
l'art  d'enseigner. 

—  ETVM.  .^.£axTix6(,  de  iiSâ<rxttv,  enseigner, 
d'un  radical  iaax.  le  même  que  le  radical  du  latin 
ditc-iTf,  apprendre  (voy.  hiscikle). 

UIDACTIQlEllE.NT  (di-da- kti-ke-mao/,  adv. 
D'une  manière  didactique, 

—  ETYH.  Didactique,  et  le  suffixe  menl. 


DID 

+  DIDAC'H'I.K  (di-da-kti-T),  adj.  ||  1»  Terme  de 
rciolofîle.  Oui  "'»  que  iluui  doigls  k  cliaqne  pied; 
tels  sonl  le  lioeuf,  le  moiiluii,  la  clièvre.  ||  2*  Tenue 
de  mélnque  ancienne.  l'ied  composé  de  deui  dac- 
tyles, comme  innumernbilis. 

—  KTYM.  /)!....  préliie,  et  2âxTu),o«,  doigt. 

t  DIDASCAI.IE  (di-da-ska-lie).  t.  f.  Chez  les 
Grecs,  insinicliOM  donnée  par  le  poêle  aux  acteurs; 
et  aussi  trawnl  critiiiue  sur  le  nomlire  el  répoi|ue 
des  pi'res  jouées.  Le  ciioyen  Scli»ei(iliieuser  ra(>- 
porie  le  (lire  de  l'édilicn  d'Aide  [d'Aihénée]  accom- 
pai-'lié  d'une  es|iéce  de  didascalie  fort  curieuse,  p.  L. 
COUB.  II,  ajii.  (I  clipz  les  Latins,  petite  noie  placée 
en  tête  d'une  pièce  de  iliéàire  et  indi<|uaiil  l'origine 
de  la  pii'^ce,  l'époipie  de  la  représentation,  etc. 

—  ÉrY.M.  Ai&aouïXia,  de  ôiôà<jv.eiv  (voy.  DIDAC- 
TIOLE). 

t  IUDEAU  (di-dd),  ».  m.  Terme  de  pêche.  Nom 
d'un  grand  filet  de  pèche,  dunl  on  liarre  une  rivière 
pour  arrêter  le  poisson  ou  autre  clio*e.  On  dit  aussi 
diéileaii,  dif.'iiial,  guideau.  Les  lilels  de  Sl-Cloud 
ébiieiit  des  dideanx.  A»  pont  île  Sl-Cloud  il  y  a  un 
grand  dideau  suspendu  par  des  potences  et  des  pou- 
lies qu'on  tend  et  qu'on  lâche  suivant  les  occasions, 

BICIllîLKT. 

t  llIltfiCAl-DUE  (di-dé-ka-è-dr"),  aiij.  Terme  de 
minéralogie.  Cristaux  didécaèdres,  cristaux  dont  les 
facDS  odrent  la  combinaison  de  deux  solides  à  dix 
faces. 

—  f.TVM.  Pi....  préfixe,  U^%,  dix,  et  lôpa,  face. 
+  DIOELI'HK  (di-dèl-n,  atlj.  Terme  de  zoologie. 

Pniit  la  ni.itrice  e-t  doulile.  ||  .Ç.  m.  Groupe  il'ani- 
niaiix  ilont  les  Temelles  pré>enient  une  poclie  cuta- 
née alxloinin.'ile,  soutenue  par  ileux  os,  à  la  l'ace  |'os- 
térieiire  ou  supérieure  de  laipielle  se  trouvent  les 
mamelles.  ||  On  dit  aussi  didelphion. 

—  ÉTYM.  m....  préfixe,  etceXî-J;,  matrice;  parce 
que  ces  animaux  ont  pour  ainsi  dire  une  double 
matrice. 

t  IHKKLIMIOYDE  (di-dèl-fo-i-d'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  ie>semlile  à  un  didelplie. 

—  ÊTVM.  Iiidelphe,  et  elôoc,  forme. 

t  IUDIPLASE  (dinli-pla-z'),  ndj.  Terme  de  miné- 
raldgie.  Cristal  didiplase,  cristal  composé  de  deux 
rhomlioïdes  et  de  deux  dodécaèdres.  Chaux  carbo- 
natée  didiplase. 

—  ETVM.  W....  préfixe,  et  înt>,i.no;,  double. 

t  DIOLSOUE  (di-di-.^k'),  s.  m.  Genre  d'ombelli- 
fères  orifiinaires  de  la  Nouvelle- Hollande. 

—  frrVM.  Di....  préfixe,  et  dùqne. 

+  DlOOOftCAÈDUE  {di-do-dé-ka-è-dr*),  adj.  Terme 
de  mméialogie.  Cristaux  didodéca<;dies,  cristaux 
produits  par  l'union  de  deux  dodécaèdres  difTiJrents. 

—  ÊTYM.  Z/t'....  préfixe,  îwotxa,  douze,  et  Êôpa, 
face. 

t  DinBACUME  (di-dra-gm'),  «.  ^.  Une  double 
drachme. 

—  f.TYM.  Hi'....  préfixe,  et  drachme. 

•t  DIDfC.TKl'R  (di-du-kteur).  adj.  Terme  d'ana- 
tomtc.  Muscles  diducteurs  ou,  substantivement,  les 
diductpiirs,  muscles  qui   déterminent  la  diduclion. 

—  f.TVM.    Voy.    lilntCTION. 

t  DIlllCTlO.V  (li-du-ksion),  s.  f.  Terme  de  phy- 
siologie. Mouvement  latéral  exécuté  par  la  niAclioue 
inférieure  chez  tous  les  herbivores  pendant  la  mas- 
tication et,  chez  ceux  qui  ruminent,  pendant  la  ru- 
min.ition. 

—  ETYM.  Lat.  didtirtin,  de  diductiim,  supin  de 
didurere,  mener  çà  et  là,  de  di,  préfixe  laiiii  qui 
signifie  disjonction,  et  durere,  mener  (voy.  duike). 

t  I>I1)VMAI.(".1E  (di-di-mal-jie),  j. /.  Terme  de 
médecine.  Diiuleur  îles  testicules. 

—  f.TVM.   A'î'jaoï.  testicules,  et  iî)yo;,  douleur. 
t.  DIDYMK  (di-di-m"),  adj.  Terme  de  botanique. 

Oui  est  loinié  de  deux  parties  plus  ou  moins  arron- 
dies et  réunies  par  un  point  de  leur  pén|iliérie. 

—  f.TVM.  i'.vj(io;,  douille,  jumeau.  C'est  un  ré- 
duplicaiif  de  Kj'i,  de;ix  (voy.  deux). 

t  2.  DIDYMK  (di-di-m'),  s.  m.  Métal  nouveau, 
découvert  dans  la  cénle,  [uésentant  avec  lecérium 
et  le  lanthane  la  plus  grande  analogie,  el  dit  pour 
cela  jumeau  (ôtîuiji',;). 

]  DIDVMKS  (di-di-m'),  s.  m.  plur.  Terme  d'as- 
tronomie. Ancien  nom  de  la  cun.stellation  des  Gé- 
meaux. 

—  f.TVM.  Aiîup.01,  gémeaux  (voy.  DIDYME  t). 

i  DIDYMITE  (di-di-mii),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine, liillanmiaiion  des  lesiicules. 

—  f.TVM.  Ai'/usiO'.,  testicules,  et  ile,  finale  mé- 
dicale qui  indicpie  inflammation. 

I  UIDVNAME  (di-di-na-m'),  adj.  Terme  de  bota- 
mque.  Êtammes  didynames.  éiamines  qui  sont  au 
nombre  de  quatre,  dont  deux  plus  longues  que  les 


DIE 

autres  et  semWant  les  dominer.  |]  Plante  didyiiame, 
plante  appartenant  à  la  diilynamie. 

—  f.TVM.  Vi....   préfixe,  et  SOvaiiii;,  force  (voy. 

DYNAMIOIT). 

DIDVNAMIE  (di-di-na-mie),  s.  f.  Classe  du  sys- 
tème de  Linné  qui  renferme  les  plantes  \  élumiues 
didynames. 

—  f.TVM.  D'dxjrtnme. 

t  DIIiVNAMlOl'E  (di-di-nami  k'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Oui  appartitnt  à  la  didynamie.  l'Iante, 
Heur  diilynamiqne,  celle  dotii  les  élamines  sont  di- 
dynames, c'esl-.'i-dire  disposées  en  deux  paires, 
dont  l'une  est  plus  grande  que  l'autre. 

t  DIKCTA.'SH.il'E  (di-è-kla  zi-k') ,  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Cristaux  diectasiques,  cristaux  qui  ré- 
siilient  de  deux  décioisements  sur  un  même  loid 
ou  sur  un  même  angle,  l'un  en  longueur,  l'autre 
en  largeur. 

—  ÉTYM.  A'.e'xTKTi;,  écartcment,  de  t\i,  ix,  el 
Tà(7tç.  Jiction  d'éieiidre. 

t  DlîatliK  (di-è-dr'),  odj.  Terme  de  géométrie. 
Angle  dièdie,  angle  formé  par  la  rencontre  de  deui 
plans. 

—  ÉTYM.  Pi....  préfixe,  et  ESpi,  plan, 
t  DIKF  (di-éO,  s.  m.  Voy.  niÈvE. 

t  DIKNNÉAt:DHE  (di-è-nné-a-è-ilr'),  adj.  Terme 
de  minéralogie.  Cristaux  tliennéaèdres,  cristaux  of- 
frant ilix-bnil  faces,  neuf  à  chaque  sommet. 

—  f.TVM.  Di..,.  préfixe,  iwsa.  neuf,  el  lôpi,face. 

Dlf.nf^E  (ili-é-ré-z"),  .î. /'.  Il  1' Terme  de  gram- 
maire grecque  el  latine.  Division  d'une  dipblhongue 
en  deux  sylliibes.  Dans  riini,  ai  est  une  diéièse 
pour  iï7,r,  de  tïta,  la  vie.  !|  On  donne  aussi  ce  nom 
an  signe  qui  indique  la  diérèse  el  que  nous  appelons 
iréma.  ||  On  dunne  quelquefois  ce  nimi  à  la  Iraèse. 
il  2°  Sorte  de  mélaplasme  iiui  consiste  à  faire  en- 
tendre dans  nn  mol  une  syllabe  de  plus  qu'il  n'en 
a  onlinairemenl;  a.isi  diamant  est  de  deux  sylli- 
bes  en  pr.tse.  et  il  en  a  trois  en  vers,  le(;o.\Rant. 
Il  3"  Terme  de  logique.  Division  d'une  chose  en  ses 
parties  con>titulive5.  |]  4°  Terme  de  chirurgie.  Nom 
générique  par  lequel  on  désigne  les  divers  procédés 
usiiés  pour  diviser  les  tissus  organiques;  c'est  l'op- 
po.sé  de  synthèse. 

—  ÊTV.M.  AiiipeiTi;,  de  8ià,  et  otpedcç,  action  de 
prendre,  d'enlever  (voy.  iiebEsie). 

t  Dlfinfi.SILE  (di-é-ié  zi-l'),  s.  /.  Terme  de  bota- 
nique. Kruit  ca|isulaiie  sec  formé  de  plusieurs  loges 
rangées  autour  d'un  axe  commun  et  produites  par 
les  valves  rentrantes, 

—  ETYM.  Diérhe. 

t  Dlf.llfiSILlEX,  EXTfE  (di-é-ré-zi-liin,  liè-n"), 
adj.  Oui  a  les  caraMéies  de  la  diérésile. 

t  Dlf.nf.TlOl'E  (ili-é-ré-li-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
rurgie, Qui,  in  fait  d'agents  mécaniipies  ou  chimi- 
ques, est  propre  à  opérer  la  division  d'un  tissu. 

—  ETYM.   Voy.   DIÉRÈSE. 

Dlf'.SE  (di-é-z'),  s.  m.  ||  i'  Dans  la  musique  an- 
cienne, qiieli|nefois  le  demi-ton,  plus  souvent  le 
quart  de  ton.  ||  2"  Dans  la  musique  moderne,  signe 
ainsi  fnrmé  »,  et  qui  indique  qu'il  faut  hausser  la 
note  d'un  demi-ton.  DiJse  accidentel,  celui  qui  est 
mis  avant  une  noie,  par  opposition  à  ceux  qu'un 
met  &  la  clef.  Double  dièse,  signe  (|ui  augmente  la 
note  d'un  ton  entier.  ||  Se  dit  des  notes  haussées 
d'un  demi-ton,  abstraction  faite  des  signes.  Il  y  a 
deux  diè.ses  dans  le  ton  de  ré.  ||  Adj.  Nute  dièse, 
note  marquée  d'un  dièse.  |1  On  a  dit  aussi  diésis. 
Je  sens  qu'en  tons  heureux  ma  verve  se  dégorge  ; 
l'ouah!  c'est  un  diésis  que  j'avais  à  la  gorge,  re- 
GNABi),  Fol.  amour,  ii,  6. 

—  ÉTYM.  AiEiji;,  un  quart  de  ton  dans  l'ancienne 
musique,  deôur.iu,  laisser  écouler,  de  iià,  et  lr,y.i, 
envoyer. 

DIÉSfi,  f.E  (di-é-zé,  zée),  part,  passé.  Marqué 
d'un  dirse.  Note  diésée. 

Dlf.-'iEn  (di-é  zé  La  syllabe  di4  prend  un  accent 
grave  quand  celle  qui  suit  est  muette:  je  dié.se,  ex- 
cepté au  futur  et  au  comlitionnel:  je  diéserai  :  je 
diéserais),  r.  a.  Terme  de  musitpie.  Mar(|uer  une 
note  d'un  ditse,  la  hausser  d'un  demi-ton.  ||  Se  dié- 
.ser,  V.  réfî.  Ktre  diésé.  Quelles  sont,  daus  tel  lou, 
les  notes  qui  se  diùsenlT 

—  ÉTYM.  lUèae. 

\  Dlf.SlS  (di  é-zis'),  j.  m.  Voy.  dièse. 

I.  DIKtK  (di-é-l'),  s.  f.  Il  1"  Ternie  de  médecine. 
Maniiire  d'employer  réguln  remeiit  tout  ce  qui  est 
nécessaire  pour  c.nserver  la  vie,  soil  dans  la  sanié 
soit  dans  la  maladie.  La  diète  est  une  partie  essen- 
tielle de  la  médecine.  Je  ne  laisse  pourlant  pas  d'al- 
ler et  venir,  et  les  médecins  m'assurent  que  tout 
ira  bien,  pourvu  que  je  sois  exact  à  la  diète  qu'ils 
m'ont  ordonnée,  et  je  l'observe  avec  une  attention 


DIE 


1155 


incroyable,  bac.  UUre  à  son  fils,  83.  il  fThéodose] 
eiitreiena'î  sa  santé  par  un  exe-cice  modéré  el  par 
la  diète,  flRcii.  lUsl.  de  Tlieod.  iv,  so.  ||  Diète  sè- 
che, régime  dans  lequel  on  s'abstient  de  boire  le 
plus  possible  et  cpii  est  prescrit  dans  ceriaines  alfec- 
tions.  On  dit  aussi  xéroph.igie.  |l  2°Héginie  qui  cun- 
si>te  surtout  dans  l'abstention  des  aliments  et  qui 
s'applique  parliculièrement  aux  nialade.i.  M  fut  mis 
à  la  diète.  Une  diète  rigoureu.se.  Il  ne  laut  pas  pro- 
longer la  diète  au  delA  de  ce  qui  est  nécessaire. 
Il  l'rivation  de  nourriture.  Ouoi  )ne  voraces,  les 
loups  supportent  aisément  la  diéle,  biff.  Lnup. 

—  iiisr.  xtif  s.  Ki  vient  le  (laj  mélancolie  pur- 
gier,  si  convient  user  le  |la]  dicte  ke  nous  vous 
avons  dite,  alebbant,  ^  1».  Krmenjait  dit  bien  et 
rccorde  One  la  dame  soveiit  s'acurde  Au  vivre  de 
^'ailler  diete  ;  Que  sa  complesion  nel  mete  lin  mala- 
die.... BLTEu.  Il,  2ti.  Il  XV' s.  Maiuies  gins  ont 
esté  péris  Kt  sulToqnez  par  trop  soupper,  l'ar  trop 
boire  et  par  trop  laper  D  ypucras,  de  viande  et  de 
vin;  Si  fais  à  ma  dielle  fin,  E.  descii.  l'oe'sies  mss. 
{' tM,  dans  LACUH.XE.  ||  xvi' s.  Disant  la  chirurgie 
estre  plus  diflicile  que  les  deux  autres  parties,  sça- 
voir  pharmacie  et  diette,  pabê,  l'réf.  Il  est  fort  né- 
cessaire de  cognoislie  les  maladies  qui  demandent 
diette  estroitie  ou  large,  in.  Intmd.  n.  S'il  y  a  re- 
pletion  en  tout  le  corps,  faut  ordonner  la  dielle, 
vacuer,  saigner,  faire  frictions  el  baings,  ii>.  v,  5, 
Faisant  une  très  grande  diette  pour  lendro  iiauire 
famélique,  m.  v,  m.  Lors  ne  luy  faudra  ordonner 

une  diete   si  exquise  que Les  diètes  de  panades 

ne  sont  si  propres  aux  François  qu'aux  Italiens,  ID. 
IX,  B.  La  diete  de  gaiac  est  fjrt|uopie,  principalo- 
meiii  pour  la  cure  des  nodus,iu.  xvi,  ».  Kt  cespen- 
seis  ficvreux  me  font  resver  si  fort  Que  d.ete  no  jus 
ni  section  de  veine  Ne  me  sauroieul  giiarir,  ho.ns. 
Amours,  liv.  il,  m.  Nosire  dernier  roy  Herry  troi- 
sième, faisant  un  jour  la  diele  [retrnie,  repos]  à 
St-Germaiu  où  il  s'estoil  retiré  à  part  hors  de  la  cour, 
i]uil  avoit  laissée  à  l'aris,  avec  la  reyne  .sa  mère, 
URANT.  Cnpit.  éirang.  t.  il,  p.  210,  dans  lacukne. 

—  ETYM.  Aiaita,  régime  de  vie;  provenç.  espagn, 
et  ital.  di^la. 

2.  DifCTE  (dl-6-t'),  s.  (.  Il  1»  En  chancellerie  ro- 
maine, le  cliemin  qu'on  peut  faire  en  un  jour,  évalué 
à  dix  lieues.  ||  2°  Par  extension  du  sens  du  mut  hitia 
dies,  jour,  à  celui  de  réunion  à  jour  fi.\e,  assemblée 
où  l'on  règle  les  alVaires  pub  iqiies  en  certains  Riais. 
La  diète  helvétique.  On  se  prépara.t  à  la  célèbre  diète 
d  Augsbourg  (jne  Charles  V  avait  convoquée  jiour  y 
remédier  au»  troubles  ipie  le  nouvel  Évangile  cau- 
sait en  Allemagne,  iioss.  Var.  m,  jj  1. 1|  Ladièiede 
Krancfori,  réunion  des  envoyés  des  dillérents  Etats 
delà  confédération  germauiipie,  qui  délibèrent  sur 
les  afl'aiies  communes  à  cette  coulédératiun.  ||  As- 
semblée de  tous  les  chapitres  de  certains  ordres  reli- 
gieux. Il  Chez  les  béuédiuliiis,  nom  donné  au  petit 
chapitre. 

—  f.TVM.  Bas-latin,  àiela,  espace  d'un  jour, 
voyage,  cours,  de  dies,  jour.  D'après  Ménage, 
SiaiTa,  di.via  ayant  .signilié  salle  à  manger,  le  sens 
de  salle  avait  été  seul  gardé,  et  ou  l'avait  ajipliqué 
au  lieu  de  séance  d'une  a-semblée,  puis  à  l'assem- 
blée elle-même.  Mais  diète  m  ce  sens  étant  d'un 
usage  germanique  où  il  est  toujours  employé  pour 
jour  d'assemblée,  en  allemand  Tag,  U'ichulag , 
Tagaaliiitig,  il  faut  de  toute  nécessité  y  voir  le  bas- 
laiiii  diXa,  qui  vienl  en  effet  de  dies. 

}  UlfirfiUlDl':  (di-é-té-ri-d'j,  s.  f.  Cycle  de  î  an- 
nées lunaires  plus  11  jours,  imaginé  par  les  astro- 
nomes grecs  pour  faire  concorder  l'année  solaire 
avec  raniiée  lunaire. 

—  ÉTYM.  AiETT.pi;,  espace  de  deux  années,  de  8i{, 
deux,  el  {to;,  année. 

Dlfil'ÉriOl'K  (di-é  lé-ti-k'),  ||  1" /(d;.  Terme  de 
médecine.  Oui  concerne  la  diète.  Hégime  diététi- 
que. Il  2'"  S.  f.  ISranclie  de  la  médecine  qui  s'i'Ccnpe 
des  règles  i  suivre  dans  la  diète,  c'est-ii-dire  dans 
l'usage  des  choses  qui  font  la  matière  de  Ibjgièue 
privée, 

—  SYN.  hiEtétioue,  iiTGiÊNE.  Tant  que  l'hygiène 
s'est  bornée  às'occu|ier  delasanté  îles  individus,  elle 
a  été  striclement  synonyme  de  diététique,  s'occu- 
|iaiil,  comme  celle-ci,  de  régler  le  régime  général 
rpii  convient  à  une  personne  ou  à  un  animal.  Mais 
de|iuis  que  l'bygiène  s'aiipliqne  aux  règles  de  la  sa- 
lubriié  dans  les  villes,  daus  les  cani|  agites,  dans 
les  prisons,  oans  les  bopitaux,  dans  l'exercice  des 
métiers  el  des  industries,  etc.  elle  a  pris  un  sens 
qui  déliasse  beaucouj)  celui  de  la  diététique  ;  eede- 
ci  se  restreignant  à  signifier  rbygiêue  des  Indi- 
vidus, 

—  HIST.  XVI'  ».  La  seconde  partie  de  la  measoioa 


1156 


DIE 


Mt  dicta  diététique,  laquelle  donne  secours  aux  ma- 
ladies par  bonne  manière  de  vivre,  pabé,  Préface. 

—  ÊTYU.  AiauTiTixi;,  do  Siaitâv,  de  iiana.  (voy. 

DI8TE    !)• 

t  niETÉTIQUEMENT  (di-é-té-ti-ke-man),  adv. 
Conformément  aux  préceptes  de  la  diététique. 

t  DIÉTÉTISTE  (di-é-té-ti-sf) ,  s.  m.  Nom  donné  à 
une  classe  de  médecins  anciensqui  n'employaient  dans 
le  traitemen  l  des  maladies  que  des  moyens  diététiques. 

—  f.r\w.  Diète  i. 

UIÉTINE  (di-é-ti-n'),  s.  f.  Dièto  particulière.  Les 
d^étines  do  Pologne. 

—  ÉTYH.    Dièle  2. 

DIEU  (dieu),  s.  m.  \\  1*  Nom  du  principe,  unique 
ou  multiple,  qui,  dans  toutes  les  religions,  est  placé 
au-dessus  de  la  nature.  ||  8°  L'Être  infini  créateur 
et  conservateur  du  monde  dans  la  religion  chré- 
tienne, et  aussi  dans  le  mahométisme,  dans  le  ju- 
daïsme, et  parmi  ceux  qu'on  nomme  déistes.  En 
ce  sens  il  est  employé  sans  article.  C'est  Dieu  qui  nous 
lait  vivre.  C'est  Dieu  qu'il  faut  aimer,  malii.  i,  3.  Et 
Dieu  qui  tient  votre  àme  et  vos  jours  dans  sa  main , 
coKN.  l'oly.  I,  (.  Dieu  ne  veut  point  d'un  cœur  où  le 
inonde  domine,  id.  ib.  l,  <.  Dieu  laitpart  au  besoin 
de  sa  force  infinie,  id.  ib.  il,  6.  Dieu  tout  juste  et 
tout  1)011,  qui  litdans  nos  pensées.  N'impute  pointde 
trime  aux  actions  forcées,  id.  Théodore,  m,  t.  Ce  qui 
nous  vient  de  Dieu,  seul  exempt  do  la  mort,  Est  seul 
indépendant  et  du  temps  et  du  sort,  KOiR.Bélis.v,  2. 
L'Écriture  qui  connaît  mieux  les  choses  qui  sont  de 
Dieu,  PASC.  dans  cousin.  Considérez,  messieurs, ces 
grandes  puissances  que  nous  regardons  de  si  bas; 
pendant  que  nous  tremblons  sous  leur  main,  Dieu 
les  frappe  pour  nous  avertir,  uoss.  Duch.  d'Orl. 
Tout  est  vain  en  l'homme  si  nous  regardons  ce  qu'il 
donue  au  monde;  mais  au  contraire  tout  est  impor- 
tant, si  nous  considérons  ce  qu'il  doit  à  Dieu,  ID. 
ib.  L'homme  que  Dieu  a  fait  à  son  image  n'est-il 
qu'un»  ombre?  m.  ib.  Tantôt  presque  prise  [la 
reine  d'Angleterre] ,  changeant  de  fortune  à  cha- 
que qiart  d'Iieure,  n'ayant  pour  elle  que  Dieu  et 
son  co*rage  inébranlable,  id.  Heine  d'Anglet.  Dieu 
a  tenu  douze  ans  sans  relâche,  sans  aucune  con- 
solation de  la  part  des  hommes,  notre  malheu- 
reuse reine  (donnons-lui  hautement  ce  titre,  dont 
elle  a  fait  un  sujet  d'actions  de  grâces),  lui  taisant 
étudier  sous  sa  main  ces  dures  mais  solides  leçons 
[les  leçons  du  malheur],  id.  ib.  La  première  épo- 
que nous  présent-^  d'abord  un  grand  spectacle  : 
Dieu  qui  c'éele  ciel  et  la  terre  par  sa  parole,  et  qui 
fait  l'homme  à  son  imago,  lu.  llist.  i,  t.  J'aurais 
une  extiÊme  curiosité  de  voir  celui  qui  serait  per- 
suadé que  Dku  n'est  point;  il  me  dirait  du  moins 
la  raison  invincible  quia  su  le  convaincre,  la  bruï. 
XVI.  Profanes  amateurs  de  spectacles  frivoles.  Dont 
l'arreille  s'ennuio  au  son  de  mes  paroles,  Fuyez  de 
mes  plaisirs  la  sainte  austérité;  Tout  respire  ici  Dieu, 
la  paix,  la  vérité,  rac.  Esth.  Prol.  Dieu  tient  le 
cœur  des  rois  entre  ses  mains  puissantes,  id.  ib. 
i,  t.  Ce  Dieu,  maître  absolu  de  la  terre  et  descieux. 
N'est  pas  tel  que  l'erreur  le  figure  à  vos  yeux;  l'É- 
ternel est  son  nom,  le  monde  est  son  ouvrage;  11 
entend  les  soupirs  de  l'humble  qu'on  outrage.  Juge 
tous  les  mortels  avec  d'égales  lois,  Et  du  haut  de  sou 
trône  interroge  les  rois,  id.  «6.  m,  4.  Et  comptez- 
vous  pour  rien  Dieu  qui  combat  pour  nous?  id.  Àth. 
I,  2.  Dieu  laissa-t-il  jamais  ses  enfants  au  besoin? 
id.  ib.  a,  7.  Dieu  défend-il  tout  soin  et  toute  pré- 
voyance? Ne  l'offense-t-on  point  pur  trop  de  con- 
fiance? m.  ib.  m,  6.  Un  profond  philosophe  [Male- 
branche]  et  qui  aurait  saisi  la  vérité  s'il  n'avait 
voulu  la  mêler  avec  les  mensonges  des  préjugés,  a 
dit  que  nous  voyons  tout  en  Dieu;  mais  c'est  plutôt 
Dieu  qui  voit  tout  en  nous,  qui  fait  tout  e.".  nous, 
puisqu'il  est  nécessairement  le  grand,  le  .seul,  l'é- 
ternel ouvrier  de  toute  la  nature,  volt.  Vial.  26. 
Quel  commerce  entre  nous  et  Dieul  quelle  élévation 
cela  ne  donnait-il  pas  à  la  nature  humaine!  qu'il 
était  étonnant  d'oser  trouver  des  conformités  entre 
nos  jours  mortels  et  l'éternelle  existence  du  maître 
du  mondel  cuateaud.  Génie,  m,  6,  e.  II  est  bon, 
il  est  beau,  quoi  qu'on  en  dise,  que  toutes  nos  ac- 
tions soient  pleines  de  Dieu,  et  que  nous  soyons 
sans  cesse  environnés  de  Dieu,  id.  ib.  m,  B,  6.  Ame 
de  l'univers,  Dieu,  père,  créateur.  Sous  tous  ces 
i.oms  divers  je  crois  on  toi,  Seigneur;Et,  sansavoir 
besoin  d'entendre  ta  parole,  Je  lis  au  front  des  cieux 
mon  glorieux  symbole,  lamaut.  héd.  l,  ii.  Et 
moi,  pour  te  louer.  Dieu  des  soleils,  qui  suis-je?  id. 
llarm.  \,  2.  Tu  voyais  tour  à  tour  passer  sur  ces  col- 
lines L'esprit  de  la  tempête  cl  le  souffle  de  Dieu , 
ID.  Harm.  i,  ti.  Porte  ailleurs  ton  regard  sur 
Dieu  seul  arrêté  ;  Rien  ici -bas  qui  n'ait  en  soi  sa  va- 


DIE 

nité;  La  gloire  fuit  à  tire-d'aile;  Couronnes,  mitres 
d'or  brillent,  mais  durent  peu;  Elles  ne  valent  pas 
le  brin  d'herbe  que  Dieu  Fait  pour  le  nid  de  l'hiron- 
delle, y.  HUGO,  F.  d'automne,  4.  ||  Il  est  devant 
Dieu,  c'est-à-dire  il  est  mort.  ||  Dieu  sur  tout,  lo- 
cution dont  on  se  sert  pour  dire  que  l'avenir  est 
inconnu  et  qu'il  adviendra  selon  la  volonté  de  Dieu. 
If  Entre  Dieu  et  soi,  secrètement.  ||  Par  la  grâce  de 
Dieu,  formule  qu'emploient  les  princes  souverains 
pour  indiquer  qu'ils  tiennent  leur  pouvoir  de  Dieu. 
Il  II  ne  relève  que  de  Dieu  et  de  son  épée,  se  dit  d'un 
souverain  qui  n'en  reconnaît  aucun  autre  au-dessus 
de  lui,  et  se  disait  autrefois  particulièrement  du  roi 
de  France.  |j  Paix  ou  trêve  de  Dieu,  paix  imposée, 
durant  le  moyen  âge,  par  l'autorité  religieuse  aux 
seigneurs  féodaux  à  des  époques  déterminées.  |j  Ad- 
jectivement. L'Homme-Dieu,  Jésus-Christ,  par  al- 
lusion au  mystère  de  l'Incarnation.  ||  11  est  aussi 
adjectif  dans  cette  phrase  de  Bossuet  :  Tout  était 
dieu,  excepté  Dieu  lui-même,  //i4(.  ii  ,  3.  ||  3°  Locu- 
tions composées  où  le  nom  de  Dieu  est  employé. 
Il  Familièrement.  Cela  va  comme  il  plaît  à  Dieu; 
cola  va  Dieu  sait  comme,  se  dit  d'une  affaire  dont 
la  conduite  est  négligée.  {|  S'il  plaît  à  Dieu,  avec 
l'aide  de  Dieu,  Dieu  aidant,  se  dit  pour  exprimer 
le  désir,  l'espoir  qu'on  a  de  réussir.  |{  Dieu  merci, 
grâce  à  Dieu,  se  dit  pour  exprimer  le  contente- 
ment. Il  Ne  craindre  ni  Dieu  ni  diable,  se  dit  d'un 
méchant  homme  ou  d'un  homme  déterminé  que 
rien  n'arrête.  ||  C'est  un  homme  de  Dieu,  tout  de 
Dieu,  tout  en  Dieu,  se  dit  d'un  homme  fort  pieux,  fort 
dévot.  Il  Cela  lui  vient  de  la  grâce  de  Dieu,  lui  vient 
de  Dieu  grâce,  se  dit  de  tout  ce  qui  arrive  d'avanta- 
geux sans  qu'on  y  ait  contribué  par  ses  soins.  ||  De- 
vant Dieu,  Dieu  m'est  témoin.  Dieu  m'en  est  té- 
moin, sur  mon  Dieu,  formules  d'affirmation.  ||  Dieu 
sait,  locution  qui  exprime  la  négation  ou  le  doute. 
Dieu  sait  si  j'en  ai  la  pensée,  c'est-à-dire  je  n'en 
ai  certainement  pas  la  pensée.  Dieu  sait  ce  qu'il  en 
arrivera,  c'est-à-dire  ce  qui  arrivera  est  caché  dans 
l'avenir.  ||  Dieu  le  sait,  locution  qui  exprime  l'affir- 
mation ou  qui  indique  qu'on  ignore.  Je  suis  inno- 
cent, Dieu  le  sait.  Où  serons-nous  l'an  prochain? 
Dieu  le  sait.  ||  Plaise  à  Dieu,  plût  à  Dieul  locution 
qui  exprime  le  désir.  Plaise  à  Dieu  qu'il  en  soit 
ainsil  Plût  à  Dieu  qu'il  vécût  encore!  ||  Ou  dit  dans 
le  môme  sens  ;  Dieu  le  veuille!  ||  À  Dieu  ne  plaise! 
locution  exprimant  la  crainte.  Â  Dieu  ne  plaise 
qu'une  vie  si  précieuse  soit  tranchée  I  ||  Dieu  vous 
bénisse,  Dieu  vous  assiste.  Dieu  vous  entende,  Dieu 
vous  soit  en  aide;  façons  de  parler  qu'on  emploie 
(ou  plutôt  qu'on  employait,  car  cette  habitude  se 
perd)  quand  quelqu'un  éteruue,et  aussi  pour  adou- 
cir le  refus  qu'on  fait  à  un  pauvre  de  lui  donner 
l'aumône.  Ne  fût-ce  que  pour  l'heur  d'avoir  qui  vous 
salue  D'un,  Dieu  vous  soit  en  aide,  alors  qu'on  éter- 
nue,  MOL.  Sgaii.  i,  2.  ||  Dieu  vous  entende  signifie 
aussi  :  Plaise  à  Dieu.  Votre  enfant  guérira.  —  Dieu 
vous  entende  1  |{  Dieu  vous  gard'  ou  vous  garde,  an- 
cienne façon  de  parler  qui  s'employait  pour  sa- 
luer quelqu'un  en  l'abordant.  Dieu  vous  gard', 
mon  frère,  MOL.  F.  sav.u,  2.  ||  Dieu  merci  et  vous. 
Dieu  merci  et  à  vous,  locution  dont  le  peuple  se 
servait  autrefois  pour  exprimer  la  reconnaissance 
d'un  service.  ||  Pour  l'amour  de  Dieu,  dans  la 
seule  vue  de  plaire  à  Dieu  et,  par  suite,  sans  au- 
cun intérêt.  ||  Pour  l'amour  de  Dieu,  signifie  aussi 
je  vous  prie  en  grâce.  ||  Comme  pour  l'amour  de 
Dieu,  ironiquement,  exprime  qu'une  chose  a  été 
dite  ou  faite  à  contre-cœur.  Ou  lui  en  a  donné 
comme  pour  l'amour  de  Dieu.  ||  4"  Locutions  archaï- 
ques conservées  où  Dieu  est  joint  sans  préposition 
au  mot  qu'il  détermine.  Le  lever-Dieu ,  le  mo- 
ment de  la  messe  où  le  prêtre  élève  l'hostie.  ||  La 
fête-Dieu,  la  fête  du  Saint-Sacrement.  ||  Hôtel-Dieu, 
nom  donné  à  l'hôpital  principal  de  plusieurs  villes. 
Il  B"  Il  s'emploie  explétivement,  dans  le  langage  fa- 
milier, pour  ajouter  à  la  force  de  l'expression.  Belles 
comtés.  Beaux  marquisats  de  Dieu  qu'il  possédait, 
LA  FONT.  Faucon.  Diamants,  brillants,  et  belles  gui- 
nées  de  Dieu,  iiauilt.  Oramm.  a.  \\  6°  Diverses  in- 
terjections, exclamations,  où  le  nom  de  Dieu  est 
employé.  Dieul  Mon  Dieu!  Grand  Dieul  Juste  Dieul 
Bon  Dieul  Pour  Dieul  Bon  Dieul  je  tremble,  corn. 

Cid,  II,  ♦ Mon  Dieul  laissons  là  vos  comparaisons 

fades,  MOL.  i/ù.  I,  i.  Oui  frappe  l'air,  bon  Dieul  de 
ces  lugubres  cris?  boil.  Sat.  vi.  Pour  Dieul  laissez 
pousser  l'arlire  comme  il  lui  plaît,  diderot,  Lettre  à 
Mme  Riccoboni.  Dans  mes  calculs,  Dieul  quel  dé- 
boire. Si  de  ton  héros  je  parlais!  bérang.  Poète  de 
cour.  Ij  Jour  de  Dieu,  exclamation  de  colère,  d'in- 
dignation. Jour  de  Dieul  je  l'étranglerais  de  mes 
propres  mains  s'il  fallail  qu'elle  forlignât  de  l'hon- 


DIE 

nèteté  de  sa  mère,  mol.  0.  Dandin,  i,  4.  ||  Ain>' 
Dieu  m'aide  ou  me  soit  en  aide,  vieille  formule  al 
firmant  avec  solennité.  ||  Dieu  me  pardonne,  excla- 
mation par  laquelle  on  s'excuse  de  quelque  chose 
qu'on  a  fait  ou  qu'on  allait  faire.  ||  Dieu  me  pardonne 
exprime  aussi  surprise,  indignation.  Dieu  me  par- 
donne, il  m'a  pris  mon  argent!  ||  Dieu  me  damne, 
sorte  de  jurement.  Je  confonds.  Dieu  me  damne,  et  la 
mère  et  la  fille,  hauteboche,  Bourgeois  de  qualité. 
Il  7°  Avec  un  article  ou  autre  déterminatif,  Dieu 
considéré  à  un  point  de  vue  particulier.  Le  Dieu  des 
juifs.  Le  Dieu  des  chrétiens.  Le  dieu  de  Polyeucte 
et  celui  de  Néarque....  corn.  Poly.  m,  2.  Quel 
dieu  ?  —Tout  beau,  Pauline,  il  entend  vos  paroles,  id. 
ib.  IV,  3.  Les  bontés  de  mon  Dieu  sont  bien   plus 

à  chérir,   id.  ib.  iv,  3 C'est  eu  vain  qu'on  se 

met  en  défense;  Ce  Dieu  touche  les  cœurs  lorsque 
moins  on  y  pense,  u>.  ib.  iv,  3.  Les  chrétiens  n'ont 
qu'un  Dieu,  maître  absolu  de  tout,  id.  ib.  iv,  6.  El 
ne  dédaigne  pas  de  m'instruire  en  ta  foi.  Ou  toi- 
même  à  ton  Dieu  tu  répondras  de  moi,  id.  ib.  v,  2. 
Je  n'adore  qu'un  Dieu  maître  de  l'univers,  id.  ib. 
v,  3.  Et,  fabuleux  chrétiens,  n'allons  point  dans 
nos  songes,  D'un  Dieu  de  vérité  faire  un  Dieu  de 
mensonge»,  boil.  Art  p.  m.  Quatre  cent  vingt-six 
ans  après  le  déluge,  comme  les  peuples  marchaient 
chacun  en  sa  voie  et  oubliaient  celui  qui  les  avait 
faits,  ce  grand  Dieu,  pour  empêcher  le  progrès  d'un 
si  grand  mal,  au  milieu  de  la  corruption  commença 
à  se  séparer  un  peuple  élu,  Boss.  Uiat.  i,  3.  Je  suis 
le  Dieu  de  votre  père,  le  Dieu  d'Abraham,  le  Dieu 
d'Isaac  et  le  Dieu  de  Jacob,  SAa,  Bible,  Exode, 
m,  6.  Oui,  c'est  un  Dieu  caché  que  le  Dieu  qu'il 
faut  croire;  Mais  tout  caché  qu'il  est,  pour  révéler 
sa  gloire.  Quels  témoins  éclatants  devant  lui  ras- 
semblés! Répondez,  cieux  et  mers!  Et  vous,  terre, 
parlez,  l.  racine,  lieligion,  i.  Du  Dieu  que  nous 
servons  le  tombeau  profané,  volt.  Zaïre,  il,  l.  Au 
delà  de  leur  cours  [des  astres]  et  loin  dans  cet  espace 
Où  la  matière  nage  et  que  Dieu  seul  embrasse.  Sont 
des  soleils  sans  nombre  et  des  mondes  sans  fin  ;  Dans 
cet  abîme  immense  il  leur  ouvre  un  chemin;  Au 
delà  de  ces  cieux  le  Dieu  des  cieux  réside,  id.  llenr. 
vu.  Le  Dieu  que  nous  servons  est  un  Dieu  de  bouté, 
M.  1.  ciiÉNiKR,  Charles  IX,  n,  2.  Ce  Dieu  quittant 
le  monde  y  laissa  l'espérance;  Lui-même  a  tant  souf- 
fert !  il  plaindra  ma  soulfrance,  c.  uelav.  farta,  v, 
i.  Que  ma  raison  se  taise  et  que  mon  cœur  adorel 
La  croix  à  mes  regards  révèle  un  nouveau  jour; 
Aux  pieds  d'un  Dieu  mourant  puisje  douter  encore? 
Xoii;  l'amour  m'explique  l'amour,  lamart.  Uéd.  i, 
20.  Soleil,  premier  amour  de  toute  créature,  Vastes 
cieux,  qui  cachez  le  Dieu  qui  vous  a  faits,  id.  ib. 
I,  28.  Quel  fruit  porte  en  son  sein  le  siècle  qui  va 
naître?  Que  m'apporte,  ô  mon  Dieu,  dans  ses  dou- 
teuses mains  Ce  temps  qui  fait  l'espoir  ou  l'effroi 
des  humains?  id.  Harm.  i,  4,  Ou  si  d'un  Dieu  qui 
dort  l'aveugle  indifl'érence  Laisse  au  gré  du  destin 
trébucher  sa  balance,  El  livre,  en  détournant  ses 
yeux  indifférents,  La  nature  au  hasard  et  la  terre 
aux  tyrans,  id.  Méd.  i,  20.  Donnez,  pour  être  aimés 
du  Dieu  qui  se  fit  homme,  Pour  que  le  méchant 
même  en  s'inclinant  vous  nomme.  Pour  que  votre 
foyer  soit  calme  et  fraternel,  v.  UUGO ,  F.  d'au- 
tomne, 32.  Il  8°  Le  Dieu  vivant.  Dieu,  l'Éternel.  Le 
Dieu  vivant  m'est  témoin  que  son  ange  m'a  gardé, 
SACi,  Bible,  Judith,  xiii,  20.  Ainsi  du  Dieu  vivant 
la  colère  étincelle,  rac.  Eslh.  ii,  7.  ||  Le  Dieu  fort, 
le  Dieu  jaloux,  le  Dieu  des  armées,  noms  que  Dieu 
a  dans  l'Écriture  sainte  et  que  les  orateurs  chrétiens 
lui  donnent  souvent  eu  chaire.  ||Dans  un  emploi 
analogue.  Ô  serments,  ô  Palmire!  ô  vous  dieu  des 
vengeances!  volt.  Fanal,  m,  8. 119°  Le  bon  Dieu, 
Dieu.  Un  enfant  répète  après  sa  mi  re  une  prière  au 
bon  Dieu,  ciiateauu.  Génie,  i,  VI,  4.  ||  Par  exten- 
sion, l'hostie  consacrée  et  particulièrement  le  via- 
li(|iie.  Porter,  recevoir  le  bon  Dieu.  {|  Un  homme  du 
bon  Dieu,  un  homme  simple,  doux .  crédule.  Un  vrai 
Parisien  de  Paris,  un  archiparisien  dubon  Dieu,  j.i 
Rouss,  Conf.  IV.  Il  10°  Dieu,  être  surhumain  du  po- 
lythéisme qui  iirésidaitaugouvernemcnt  d'une  classe 
de  phénomènes,  d'un  astre,  d'un  domaine  de  la  na- 
ture. Les  dieux  desgentils.  Les  douze  grands  dieux, 
Jupiter,  Mars,  Neptune,  Pluton,  Vulcain,  Apollon. 
Junon,  Vesta,  Minerve,  Cérès,  Diane  et  Vénus 
Mercure  était  le  dieu  ducoiumerte.  Un  dieu  Gaulois. 
Rome  ouvrit  son  Panthéon  aux  dieux  des  nationi 
qu'elle  avait  soumises.  Les  dieux  du  premier,  duse- 
cond  ordre.  Trop  favorables  dieux,  vous  m'avez  écou- 
tée. Quels  foudres  lancez-vous  quand  vous  vous  ir- 
ritez? CORN.  Uor.  III,  (.  Pensez-vous  que  les  dieux 
vengeurs  des  innocents  D'une  main  parricide  a?-  . 
ceplenl  de  reoc*ns?  id    Uor.   v,  s.  Nos  aïoui  à 


DIE 


DIE 


DIF 


1157 


leui  gré  faisaient  un  dieu  d'un  homme,  cohn.  Puly- 
IV,  «.  Des  crimes  les  plus  noirs  vous  souillez  tous 
vos  dieux,  ID.  ib.  v,  3.  J'approuve  cependant  que 
chacun  ait  ses  dieux,    Qu'il  les  serve  à  sa  mode  et 
sans  peur  de  la  peine,  ID.  ib.  v,   6.  Les  dieux  à 
qui  les  sert  font  espérer  des  grâces,  id.  Tite  et  Bé- 
rén.  IV,  S.   Et  je  l'aurai  promis  à  la  face  des  dieux, 
iD.  Agésil.  1,  2.   Les  dieux,  premiers  auteurs  des 
fortunes  des  hommes,  rothou,  St  Gen.  v,  5.   Les 
ommes  portèrent  la  peine  de  s'ôtre  soumis  à  leurs 
sens;  les    sens  décidèrent  de  tout  et  firent,  malgré 
la  raison,  tous  les  dieux  qu'on  adora  sur  la  terre, 
Boss.  Hist.  II,  <.  Tous  les  dieux  des  peuples  sont  des 
Idoles  ;  mais  c'est  le  Seigneur  qui  a  fait  les  cieux, 
SACi,   Bible,  Paralip.  i,  te.  Voilà  de  ces  grands 
dieux  la  suprême  justice,  hac.  Théb.  m,  2.  Je  con- 
çois qu'on    reçut  d'abord  les  oracles  avec   avidité 
et  avec  joie,  parce  que  rien  n'était  plus  commode 
que   d'avoir  des   dieux  toujours  prêts  à  répondre 
sur  tout  ce  qui  causait  de  l'inquiétude  ou  de  la  cu- 
riosité, FONTEN.  Oracles,  ii,  7.  La  parole  des  dieux 
n'est  point  vame  et  trompeuse.  Leurs  desseins  sont 
couverts  d'une  nuit  ténébreuse,  volt.  Oresle,  i,  2. 
S'il  est  des  dieux  cruels,  il  est  des  dieux  propices, 
ID.  Cuèbr.  IV,  6.  Je  ne  vous  demande  pas  si  une 
planète  est  dieu,  si  le  bélier  d'Ammon  est  dieu,  si 
le  bœuf  Apis  est  dieu,  et  si  Cambyse  a  mangé  un 
dieu  en  le  faisant  mettre  à  la  broche,  id.  Dial.  29. 
Des  dieux  que  nous  servons  connais  la  différence, 
ID.  Àl2.  v,  7.  Il  Les  dieux  de  la  fable,  les  dieux  du 
polythéisme,   considérés  comme  appartenant  non 
plus  à  une  religion,  mais  à  la  mythologie.  ||  En 
dieu,  comme  un  dieu,  comme  un  être  divin,  su- 
périeur. Agir ,   parler ,   punir    ou    pardonner  en 
dieu,    VOLT,  fanât,  i,  4.  ||  Familièrement.  Comme 
un  dieu,   très-bien,  parfaitement.  Il  parle  comme 
un  dieu.  ||  Dieux!  Justes   dieuxl    Grands   dieux! 
Bons  dieux  !  loc,  interj.  dont  on  se  sert  pour  expri- 
mer des  sentiments  très-divers.  Quelles  grâces,  bons 
dieux,  ne  lui  dois-je  point  rendre!  corn.  Théodore, 
IV,  2.  Il  Jurer  ses  grands  dieux,  affirmer  avec  de 
grandes  protestations.  La  femme,  neuve  sur  ce  cas 
Ainsi  que  sur  mainte  autre  affaire.  Crut  la  chose 
et  promit  ses  grands  dieux  de  se  taire,  la  font. 
Fahl.  vni,  6.  Magdeleine....  jurait  ses  grands  dieux 
D"....  ID.  Jum.  Elle  jura  ses  grands  dieux  qu'elle 
ne  l'écouterait  de  sa  vie,  hamilt.  Grainm.  iu.  Elle 
jure  ses  grands  dieux  qu'elle  se  porte  bien,  sév.  243. 
Il  11°  Demi-dieu,  être  surhumain  d'un  ordre  infé- 
rieur dans  le  polythéisme,  ou  homme  né  d'un  dieu 
et  d'une  mortelle,  comme  Hercule.  ||  Par  extension, 
héros,   homme  supérieur  à  l'iiumanité.    C'est  par 
elle  [la  justice]  qu'un  roi  se  fait  un  demi-dieu,  corn. 
Hor.  V,  2.  De  ces  fameux  proscrits,  ces  demi-dieux 
mortels,  id.  Cinna,  i,  3.  Un  homme  issu  d'un  sang 
fécond  en  demi-dieux,  boil.  .S'a*,  v.  J'ai  vu  ce  demi- 
dieu  [Alexandre]  devenu  le  plus  cruel  des  barbares, 
après  avoir  été  le  plus  humain  des  Grecs,  volt.  Vial. 
XXIX,  i.[Essex,  d'Aumale]  Tels  qu'aux  remparts  de 
Troie  on  peint  les  demi-dieux,  id.  Uenr.  vi.  ||  12°  Par 
extension,  les  dieux  de  la  terre,  les  rois,  les  puis- 
sants du  jour.  Ce  qui  fiatte  les  ambitieux,  c'est  une 
image  de  la  toute-puissance  qui  semble  en  faire  des 
dieux  sur  la  terre,  BOSs.  Po/tl!V/ue,x,  2,  B.  ||  13"  Per- 
sonnage qui  excite  l'enthousiasme,  la  vénération ,  l'a- 
mour. Ils  le  regardaient  comme  leur  sauveur  et  leur 
dieu.  Pour  eux  c'était  un  dieu,  jl  Vous  êtes  un  dieu, 
se  dit  à  quelqu'un  dans  l'ivresse  de  l'admiration  et  de 
la  reconnaissance.  Ilest  le  dieu  du  peuple  et  celui  des 
soldats,  coRN.iVt'com.  II,  3.  Antoine  est-il  peureux  un 
dieu  plus  favorable?  volt.  Triumv.  iv,  4.  ||  Celui  qui 
aune  grande  supériorité,  qui  domine.  Le  dieu  do  la 
poésie.  Vestris  fut  surnommé  le  dieu  de  la  danse. 
Il  14°  Fig.   L'objet  d'un  culte.  L'argent  est  le  dieu 
du  jour.  Délaissés  des  faux  dieux  en  qui  vous  aviez 
mis  votre  espérance,  mass.  Car.  liech.  \\  Faire  son 
dieu,  se  faire  un  dieu  de  quelqu'un  ou  de  quelque 
chose,  avoir  pourquelqu'un,  pour  quelque  chose  un 
attachement  excessif.  11  n'aime  que  les  richesses;  il 
en  fait  son  dieu.  Elle  se  fait  un  dieu  de  ce  prince 
charmant.   Et  vous  doutez  encor  qu'elle   en  fasse 
un  amant?  rac.  Alexand.  i,  t.  Faire  son  dieu  de 
soi-même,    mass.   Car.  Immut.   Cette    engeance, 
qui  ne  connaît,   comme   vous   le  dites   si  bien  , 
que  deux  dieux,   l'intérêt   et   l'orgueil,   d'alemb. 
Lettre  au  roi  de  Prusse,  <o  juillet  <775.  ||  Prover- 
bes. Ce  que  femme  veut.  Dieu  le  veut,  c'est-à-dire 
les  femmes  viennent  ordinairement  à  bout  de  ce 
qu'elles  veulent.  ||  La  voix  du  peuple  est  la  voix 
de  Dieu,  d'ordinaire  le  sentiment  général  est  fondé 
sur  la  vérité.  Le  récit  précédent  suffit  PoM  mon- 
trer que  le  peuple  est  juge  récusable;  En  quel  sens 
«il  ik'uc  véritable  Co  que  j'ai  lu  dans  certain  lieu, 


Que  sa  voix  est  la  voix  de  Dieu?  la  font.  Vabl.  viii, 
26.  Il  Qui  donne  aux  pauvres  prête  à  Dieu,  c'est- 
à-dire  que  Dieu  récompense  ceux  qui  font  l'aumône. 
Il  L'homme  propose  et  Dieu  dispose,  c'est-à-dire 
l'issue  de  ce  que  l'homme  projette  est  dans  les  mains 
de  Dieu.  ||  Chacun  pour  soi.  Dieu  pour  tous,  se  dit 
pour  exprimer  que  chacun  défendses  intérêts,  sous  la 
protection  de  Dieu,  qui  veille  sur  tous  les  hommes. 

—  KEM.  1.  Quand  Dieu  signifie  le  créateur  incréé 
du  monde,  il  prend  un  grand  D;  dans  les  autres 
cas,  il  prend  un  petit  d.  ||  2.  Hôtel-Dieu,  lever-Dieu, 
fête-Dieu  sont  non  pas  des  ellipses  de  la  préposition 
de,  mais  un  archaïsme.  L'ancien  français,  ayant 
conservé  du  latin  deux  cas  seulement,  le  sujet  et  le 
régime,  marquait  la  possession  en  mettant  le  com- 
plément au  cas  régime.  ||  3.  Dans  Dieu  vous  gard', 
gard'  ne  devrait  pas  avoir  d'apostrojihe  ,  n'étant 
pas  pour  garde.  Dans  l'ancien  français  le  présent 
du  subjonctif  se  distinguait  du  présent  de  l'indicatif 
eu  supprimant  Ve  muet. 

—  lUST.  ix"  s.  Pro  Deo  amur.  Serment.  In  quant 
Deus  savir  et  podir  me  duuat  [me.  donne  de  savoir 
et  pouvoir] ,  ib. 

—  x°  s.  Voldrent  la  veintre  li  Deo  inimi  [les  enne- 
mis de  Dieu  voulurent  la  vaincre],  Eulalie. 

—  XI'  s.  Li  reis  Marsile  la  tient  [l'Espagne]  ki  Deu 
nen  aime,  Ch.  de  Roi.  t.  Dient  François  :  Deus! 
que  pourrat-ce  estre?  ib.  xxv.  Cil  premier  cop  est 
nostre,  Deu  merci,  ib.  xcui.  Por  Deu,  [je]  vous 
prie  que  ne  seiez  fuiant,  ib.  cxiv. 

—  xu*  s.  La  loi  Deo  [de  Dieu],  Rontisv.  p.  ^. 
Beau  sires  niés  [neveu],  entendez  moi  pour  Dé,  ib. 
p.  35.  Qui  par  nos  dex  [dieux]  veut  avoir  sauvi- 
son,  ib.  p.  <28.  Mi  dame  deu  [mes  seigneurs  dieux], 
je  vous  ai  moût  servi ,  ib.  p.  t4t.  Maisse  Dieuplaist, 
ce  ne  m'aviendra  mie,  Couci,  ii.  Jà  puis  Dex  ne  me 
doint  Joie  en  ma  vie,  ib.  u.  Diexl  car  [je]  la  peûsse 
tenir  Unseul  jouràma  volentél  ib.  m.  Douce  dame, 
car  m'otroiez  pour  Dé  Un  douz  regard  de  vous.... 
ib.  XIV.  L'apostole  [il]  salue  de  Deu  et  de  son  nom 
[en  son  nom] ,  Sax.  xiv.  Au  jour  du  jugement  quant 
Dex  tiendra  ses  plais,  ib.  xv.  E  que  vous  eussiez 
merci  e  pieté  De  mei  qui  sui  meiidis  en  estrange 
rogné;  Mais  Deu  merci  jo  ai  à  mun  vivre  à  plenté, 
Th.  le  mart.  77.  Mes  fiz  [mon  fils]  estes  en  Deu:  si 
vus  dei  chasiier,  ib.  78. 

—  xui"  s.  Car  il  ne  plut  à  Dieu  qui  tout  a  à  gar- 
der, Berte  m.  Berte  s'est  esveillie,  si  se  commande 
à  Dé,  ib.  XV.  Une  marastre  [j']  avoie,  le  cors  Dieu 
la  gravent,  ib.  xlvu.  Cele  dame  morut,  l'ame  en 
puistDiex  garder,  ib.  m.  Au  départir  lor  fis  la  loupe; 
Or  m'en  repent,  Diex  moie  coupe,  Ren.  t08)8.  Re- 
nart,  dist  Grinberz,  par  ma  foi,  Ce  est  le  miaudre 
que  g'i  voi,  Et  faitessi,  nedeloiez,  Et  je  m'en  vois, 
à  [avec]  Dieu  soiez,tb,  <«200.  Trestuitseclaimentde 
Renart,  Et  font  une  noise  si  grant  Que  en  n'oïst  pas 
Dieu  tonant,  ib.  1 1898.  Dieu  merci,  teles  malveses 
coustumes  ne  cueurent  pas,  bealm.  xxxviii,  h  5.  Se 
Diusm'ahit  [m'aide],  et  li  Paint,  et  toutes  les  saintes.... 
id.  lxiv,  to.  Dix  commanda  que  on  amast  son 
proisme  [prochain]  comme  soi  meisme,  id.  12.  Ce 
nous  sanle  [semble]  grans  porfis,  se  noz,  par  nostre 
travail,  à  l'ayde  de  Diu,  lors  poons  parfere  cest  li- 
vre, iD.  ib.  Se  Diex  morut  en  la  croiz,  ainsi  fist-il 
[S.  Louis],  joiNV.  t92.  Dex  hait  moult  poure  or- 
gueilleux, jeune  paresseux,  et  vieil  luxurieux,  le- 

BOUX  DE  LINCY,    PrOV.  t.  I,  p.    <8. 

—  XIV'  s.  Quant  le  dieu  de  fortune  ou  destinée 
donne  du  bien  assez,  quel  mestier  est  il  de  amis? 
nul,  ORESME,  Eth.  282.  Et  se  il  est  nul  autre  don 
fait  des  diex  as  hommes,  il  est  raisonnable  que  fé- 
licité soit  don  de  dieu,  id.  ib.  20.  Quand  il  y  a  trop 
grant  distance,  si  comed'un  qui  soit  fait  dieuàl'au- 
troqui  est  encor  home,  adonquos  n'y  est  pas  amisté, 

ID.  ib.  242. 

—  xv  s.  [La  roine  d'Angleterre  passa  la  mer  pour 
voir  son  mari]  Et  eut  si  bon  vent.  Dieu  mêrcy, 
qu'elle  fut  tantost  outre,  froiss.  i,  i,  308.  Connes- 
table,  dit  le  roi.  Dieu  vous  en  oye  !  m.  11,  it,  t90. 
En  nom  Dieu,  dit  messire  Robert,  le  royaume  vous 
loué-je  bien  vuider,  et  traire  devers  l'empire,  m.  i, 
1,12.  En  nom  de  Dieu,  seigneurs,  ce  respondirentles 
fuyans....iD.i,i,f33.  [Le capitaine  voulaitqu'on aban- 
donnât les  fauxbourgs,  les  bourgeois  dirent  :J  qu'ils 
se  trairoient  sur  les  champs  et  attendroient  là  la 
puissance  du  roi  d'Angleterre... .  quand  le  connestable 
ouït  leur  bonne  volonté,  si  respondit  :  ce  soit  au 
nom  Dieu,  et  vous  ne  combattrez  point  sans  moi  et 
sans  mes  gens,  id.  1, 1,27).  La  fin  de  ceulx  qui  as- 
savourent  les  choses  terriennes  est  la  mort,  les  quels 
aussi  font  de  leur  ventre  leur  dieu,  Jeh.  de  Saintré, 
ch.  B.  Ma  fille  [JeauHe  d'Arc],  estes- vous  venue 
pour  lever  le  siège  d'Orleanst  à  quoy  elle  respoud't  : 


en  nom  Dé,  dist  elle,   Chron.  du,  siège  d^OrUans, 
<429,  Bibl.  des  Chartes , 'i' sévie ,  t.  m,  p.  B04. 

—  xvi'  s.  Dieu  a  cent  mille  aies  [aides] ,  lekouX 
DE  LiNCY,  Prov.  t.  I,  p.  4  5.  Dieu  sçait  qui  est  bon 
pèlerin,  id.  16.  p.  17.  Best  riche  que  Dieu  aime, 
il  est  poure  que  Dieu  hait,  11.  est.  Precellence , 
p.  t68.  Contre  Dieu  nul  ne  peut,  id.  16.  En  peu 
d'heures  Dieu  labeure,  id.  ib.  L'homme  propose 
et  Dieu  dispose,  id.  16.  Dieu  paie  tout,  id.  16.  Qui 
du  sien  donne.  Dieu  lui  redonne,  id.  ib.  Il  ne  perd 
rien  qui  ne  perd  Dieu,  id.  *.  Qui  en  son  vivant 
met  Dieu  en  oubli,  X  la  mort  ne  luy  souvient  de 
luy,  id.  ib.  Qui  s'abbaisse,Dieu  l'essauce  [exhausse], 
ID.  ib.  Dieu  donne  le  fil  à  toile  ourdie  ,  Leroux 
DE  HNCY,  Prov.  t.  I,  p.  t6.  Dieu  est  au  prendre  et  le 
diable  au  rendre,  m.  ib.  Dieu  me  garde  de  quatre 
maisons.  De  la  taverne,  du  lombard  [lieu  de  prêt]. 
De  l'hospita!  et  de  la  prison ,  id.  ib.  Dieu  donne  le 
froid  selon  la  robbe,  id.  th.  p.  t6.  X  qui  Dieu  veut 
ayder,  sa  femme  meurt,  id.  ib.  p.  18.  De  Dieu  vient 
le  bien,  et  des  aveilles  le  miel,  id.  ib.  19.  Dict 
sans  faict  à  Dieu  deplaict;  Dict  faisant  à  Dieu  plai- 
sant, ID.  ib.  Faites  loyaulté,  et  Dieu  vous  la  fera, 
ID.  ib.  Il  ne  croit  en  Dieu  que  sur  bons  gages  [il 
est  quelque  peu  athée],  id.  ib.  p.  21 .  Salus  nous  doint 
Dieu  et  florins,  Que  prou  trouverons  de  cousins,  id. 
ib.  p.  22. 

—  ÉTYM.  Picard,  guiu,  diu,  djiu;  bourguig.  dei; 
franc-comtois,  due;  provenç.  deus,  dieus;  catal. 
deu;  espagn.  dios;  portug.  deos ;  ital.  dio;  du  latin 
deus.  Dans  le  vieux  français,  deus,  dex,  diex,  au 
nominatif;  deu,  dieu,  au  régime. 

t  DIEU-CONDUIT  (dieu-kon-dui),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Nom  qu'on  donnait  à  un  cadre  qui  portait 
l'image  du  Christ,  de  Marie  ou  d'un  saint,  sous  la 
protection  de  qui  le  navire  était  placé.  ||  Au  plur. 
Des  dieu-conduit. 

—  ÉTYM.  Dieu  conduit. 

DIEDDONNÉ  (dieu-do-né),  s.  m.  Donné  de  Dieu, 
surnom  attribué  à  des  fils  de  princes  dont  la  nais- 
sance est  regardée  comme  une  faveur  directe  du  ciel. 

—  Ktvm.  Donné  de  Dieu. 

f  DIÈVE  (diè-v'),  s.  f.  Terme  de  géognosie.  Nom 
donné,  dans  le  nord  de  la  France,  aux  dépôts  argi- 
leux qui  se  trouvent  dans  le  terrain  houilleux  et  sur 
lesquels  sont  souvent  les  nappes  d'eau  souterrai- 
nes. Il  On  dit  aussi  dief,  s.  m. 

—  ÉTYM.  Angl.  decp , profond. 

f  DIFFAMABLE  (di-fi'a-ma-br) ,  adj.  Qui  peut 
être  diffamé;  qui  mérite  d'être  diffamé. 

—  HIST.  xiV  s.  Et  pour  ce  est  le  vice  de  desat- 
trempance  plus  reprouvable  et  plus  diffamable  que 
le  vice  de  paour  ou  couardie,  oresme,  Eth.  98.  Tou- 
tesvoies  ne  s'ensuit  il  pas,  se  un  vice  est  plus  diffa- 
mable que  un  autre,  que  pour  ce  il  soit  pire,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Diffamer 

DIFFAMANT,  ANTE  (di-ffa-man,  man-t')  ,  adj. 
Qui  diffame,  qui  flétrit  la  réputation.  Cela  est  bien 
diffamant.  Ton  fils  court,  indigné  d'horreurs  si  ré- 
voltantes. Déchirer  sur  les  murs  ces  feuilles  diffa- 
mantes, lemierre,  Barnevelt,  iv,  2. 

DIFFAMATEUR,  TKICE  (di-ffa-ma-teur,  tri-s'), 
s.  m.  et  f.  Celui ,  celle  qui  diffame  par  ses  discours 
ou  par  ses  écrits. 

—  HIST.  xv«  s.  Gens  diffamateurs,  S.  d'Orl.  p.  70'i. 
DIFFAMATION   (di-ffa-ma-sion;   en   vers,    de 

cinq  syllabes) ,  s.  f.  Action  de  diffamer.  U  n'y  a  que 
voire  seule  société  qui  recevrait  véritablement  quel- 
que plaisir  de  la  diffamation  d'un  auteur  [Janse- 
nius]  qui  vous  a  fait  quelque  tort,  PASC.  Prov.  18. 
Il  Terme  de  jurisprudence.  Allégation  d'un  fait  précis 
qui  porte  atteinte  à  l'honneur  et  à  la  considération. 

—  HIST.  XIII"  s.  Car  si  nous  saura  atraper.  Que 
ne  li  porrés  eschaper  Sans  honte  et  sans  diffame- 
ment,  S'il  n'a  du  vostre  largement,  la  Rose,  11347. 
Car  se  tu  meffais  ou  mesdis.  Ou  par  tes  fais ,  ou  par 
tes  dis,  Secréement  t'en  puis  reprendre.  Pour  toi 
chastoieret  aprendre.  Sans  blesme  et  sans  diffame- 
ment,  Ou  vengierneïs  [même]  autrement, «6.  7047. 
Il  xiv  s.  La  diffamation  de  honneur  et  mauvaise 
renommée  mise  sur  un  roi  à  tort  et  sans  cause  est 
vergoigne  et  deshonneur  de  tous  les  autres  rois 
clirestiens  du  monde,  Lettre  de  Charles,  roi  de  Na- 
varre, dans  Ilist.  litt.  de  la  France,  t.  xxiv,  p.  427. 
Il  XVI'  s.  Le  roi,  voyant  leur  obstination.  Leur  fier 
reffus  et  diffamation,  Tout  animé  fait  marcher  son 

Cliantli,    J.   MAROT,  v,    163. 

—  ÉTYM.  Provenç.  difamacio;  espagn.  difama- 
cion,disfamacion;  ital.  diffamàiione ;  du  latin  di(- 
famaiionem,  de  diffamare,  diffamer.  Le  mot  usue. 
dans  l'ancien  français  était  diUamement,  et  surtout 
diffame,  s.  m. 

DIFFAMATOUIE  (di-ffama-toi-r'),  adj.  Qui  nuit 


1158 


DIF 


publiquement  &  la  rfpulïlion  de  quelqu'un.  Les  au- 
teurs ilun  écrit  (liiïaiiinloire.  p»sc.  /Vt.  •".  Oh'h" 
UU-lle  injurieux  el  ilia^iinaloire  *e  rlét«;le  dans  le 
piiMic  et  que  nous  nous  y  Irouvi.ins  noté»,  nous 
remueroii»  Iciiil  [loiir  en  Mvoir  l'auteur.  uoi.hnAL. 
Dtm.  (kinre  (le  l'AncniS'On,  Pnmiinc.  t.  II.  |>.  2">- 

SV>.  1*  i.iFKAWATOiBK.  iiiKF»MANT.  DilTani.itiiire 

se  "lit  des  panùe.s  ou  des  écrits  qui  ont  |«iiir  hut  de 
dilTamer  quelqunii;  il  a  loiijour»  un  svns  olijeciif. 
Diffamant  est  plus  général  et  se  dit  de  tout  ce 
qui  allai|ue  la  ri|Uilai:oii,  soil  au  sens  actif,  quand 
on  «itai|ue  la  répiiiiilion  :  des  disr.iiurs  dilTamaiiis; 
soit  au  sens  passif,  quand  ce  qui  est  dilLuuaiil 
apit  sur  celui  ^ni  a  f"!'  ce  qui  dillatne;  une  aclniii 
din.-ini.inle.  Il  2'  divkamant,  infamant.  Ce  qui  dif- 
fame rend  la  r«'piiiali(in  mauvaise;  ce  qui  est  iiifa- 
m.iiil  la  rend  inf.line.  On  se  didame  par  des  actes 
que  la  monde  répiiiuve;  ou  se  rend  Inranie  par  des 
actes  qui  ne  relèvent  pas  seulement  de  ri)]iiiiioii  pu 
blique,  mais  qui  louibeiil  sous  le  coup  de  la  ré- 
pression de  la  justice. 

—  HIST.  XV  s.  Giand  foison  de  litielles  diffama- 
toires, GF.RSdM,  tlitrpnijiie  au  roi  Chartes  Vl,  p.  ta. 
Kn  renioniranl  comment  on  avoit  proposé  et  semé 
paroles  diffaiiiatoircs,  monsthkl.  liv.  i,  ch.  ih. 
Il  XVI'  s.  Ayant  eu  plusieurs  fois  le  cliapilre  el  le 
fouet  diffam.iloire  pour  ses  larcin»,  Sut.  Méii.  p. 
72.  Ariest  diffamatoire,  d'aub.  llisl.  Il,  2u4. 

—  f.TVM.  Hillamer. 

niKKA.MÉ,  f,K  (di-ffa-mé,  mée),  part,  pasxi. 
Il  !•  Uoiu  la  réputation  est  devenue  mauvaise.  Dif- 
famé pour  ses  niaiivaisps  inn'urs.  Comme  si,  pour 
être  v.iire  ami,  ce  m'était  un  nioiudie  murage  d'i>- 
trc  dilTanié  dans  son  esprit,  uol'huai..  i'  dim.  uprh 
la  Hentecùle,  llon.inic.  l.  m,  p.  î'i».  |i  l'^n  parlant 
des  chuses.  Au  milieu  des  S.;ylles  el  dos  Cliarjlides, 
lieux  dillaniés  par  lanl  de  naulraj-'es,  flf.lII.  il,  1 1 3. 
|l  2'''lermede  lilasuii.  Lion  d.ll'amé,  lion  sans  queue, 
il  Armes  dilTamées,  armes  dont  un  a  reiranclié  quel- 
que pièce,  ou  auxquelles  on  a  joint  quelque  cliuse 
du  déslionoranl,  en  punition  de  quelque  crime  com- 
mis par  celui  qui  les  porte. 

DIPFAMKIt  (di-lla-mé) ,  V.  a.  ||  1"  Attaquer  dans  la 
réputation  On  aessayéde  le  dilTamerdansdeslibelles 
odieux.  Pour  mieux  les  dillanier  el  les  rendre  odieux, 
BOTBOU,  St  den.  IV,  7  {|  Faire  perdre  la  rtimiaiiuii. 
Reste  de  ces  es|irits  jadis  si  lenomniés,  Que  d'un 
coiipdesonarlMilièreadiffamés,  BOlL.Sal  x.|| 2"  Dés- 
honorer. Trouves-tu  beau,  dis-moi,  de  dill'amer  ma 
fille,  Il  faire  un  lel  scandale  à  toute  une  famille? 
HOL.  Dép.  ain.  m,  s.  Au  moins  rien  île  lumieux  ne 
nous  diffamera,  thistan.  If.  de  Chrtspe ,  ii,  i. 
Écouler  ton  amour,  ohéir  à  sa  voix.  C'était  m'en 
rendre  indigne  et  ddlamer  ton  choix,  cokn.  Cid, 
II),  *.  Emprunter  le  secours  d'aucun  pouvoir  hu- 
main. D'un  reproche  éternel  diflame.'a.l  ma  main, 
ID.  hi-dée,  IV,  6.  Ce  lonij  amas  d'uieux  que  vousdif- 
famez  tous  Sont  autant  de  témoins  qui  parlent  con- 
tre vous,  BOiL.  Hat.  V.  Dieux  vains  dont  le  cuite 
diffame  Leurs  insensés  adoialeurs,  gilb.  Ode  au  roi. 
Il  3*  Défigurer,  s;ilir,  giiter.  Vieux  en  ce  sens.  Je 
TOUS  croyais  la  béte,  Dont  à  me  diffamer  j'ai  vu  la 
gueule  prêle,  mol.  Pt.  d'Él.  i,  S.  le  l'amasse  tur- 
tout,  fécond  en  imposteurs.  Diffama  le  pajuer  par 
ses  propos  menteurs,  boil.  Ép.  ix.  jj  4"  Se  diffamer, 
V.  rifl.  ^e  faire  tort  dans  l'opiiiion  publique,  itesalir. 
J'aime  sur  le  lliéiUre  un  agréable  auteur  Oui,  sans 
se  dillauier  aux  yeux  du  spectateur,  l'ialt  par  la 
raison  seule....  id.  Art  p.  m. 

—  IIEJU.  Dillamer  et  les  mots  qui  en  dérivent  de- 
vraient se  prononcer  dillamer,  etc.  comme  fituie. 
infâme.  En  le  prononçant  d.-ffa  mer.  comme  un 
fail,  on  semble  le  rapprocher  de  affamer.  C'est  une 
confusion  radieuse  lutruduile  par  la  négligence  de 
la  prononciation. 

—  lil.sT.  xii'  s.  Mais  (nous  nous  plaignons]  de  ço 
qu'il  nus  ad  à  tel  turl  démenez,  lUimme  nialvaistis 
genz  huniz  e  defamez,  7'b.  le  mari.  I3&.  ||  xiir  s. 
Que  nulsnn  nule  du  dit  meslier  ne  sousiiengne,  en 
leurs  me.sons  ou  estuves,  bordeaus  de  jour  ne  de  nuit, 
oesiaus  ne  meseles  (lépreuxj,  re\euis  ne  autres 
gensibffame/.  de  nuit,  ^ic.  dr.>  ni^(.  ino.  Si  ne  Vi>iI-);<- 
œie  blasmer  Iteligion,  ne  diffamer,  En  qiieli|ue  abit 
quegelatiuisse  [irouvej.  la  Rose,  i  lu&t.  (jcites  nia- 
lemeni  l'eu  Jillames;  l.esse  plnrer  enfan»  et  famés, 
Besles  heblesel  varn,>ie»;  Et  lu  soies  fers  el  esUddes. 
tb.  ««Jl  ji  se sunt  maint  Tante  de  maintes,  l'ar  pa- 
roles fautes  et  faintes,  Uiiil  lescorsaruir  ne  pooioni, 
Lor  nuD  t  grain  lorl  diffaraoïenl.  i/>.  »iiiii<.  Li  arbi- 
tres a  reknable  cause  de  soi  démettre  de  l'arbitrage, 
qnant  il  est  dif.imés  ou  despisiés  de  l'une  des  par- 
ties qui  se  misirem  sor  li,  beaum.  xu,  n.  ||  iiv  s. 
Omux  qui  (ont  notez  et  diffamez  d'aucun  vice  ou 


DIF 

crime,  otifsme,  TTh"»!"  d?  MEumm.  ||tt«  s.  Ainsi  di- 
soieiit  les  Kscots  en  Escosse  à  la  venue  des  seipneiiis 
lie  France,  et  n'en  lai-oisnt  nul  compte,  mais  les 
liayoieiit  en  coiira).'e  et  les  diffamoient  en  leur  lan- 
gage ce  qu'ils  poiivoieiil,  Fuoiss.  il.  il,  2îi».  Jules 
('.(■s.ir.  qui  fut  si  vaillant  conquereur,  lanl  comme 
il  fut  en  la  contrée  d'Egyi  le,  en  fut  très  vilaine- 
ment diffamé,  llnuriq.  iv,  chap.  7.  ||  xvi-  s.  En  ce 
faisant  (un  parjure]  il  ne  tient  point  h  nous  qu'il 
|I)ieu]  ne  son  diffamé  de  mensonge,  caiv.  /n.ïl>l. 
■290.  Il  se  vautra  dans  la  litière  des  chevaux,  se  dif- 
famant la  face  de  telle  sorte,  que....  yvf.r,  p.  u4:i. 
Il  luy  coupa  la  queue....  ch.isciin  le  blasmoit  fort 
il  avoir  diffamé  un  si  beau  chien,  amyot.  Aie.  i*. 
Arisiides  par  sa  pauvreté  a  diffamé  el  rendu  odieuse 
la  justice,  comme  c>;lle  qui  fait  l'homme  pauvre, 
m.  .,4ri.v(.  r(  Calnii,  «.  liien  peu  souvent  se  departoit 
rassemblée,  que  la  tribune  aux  harengiies  ne  fu.st 
souillée  et  diffamée  de  .sang,  id.  Ci'sar,  ia.  Les  sol- 
dats |iroveiiçaux  s'estans  jetiez  parmi  liiiicl  ou  neuf 
vingts  garces  qu'ils  pilloient  el  diffamoient  de  coii|is, 
d'aih.  IIùI.  l,  335.  L'on  ne  vauldra  jà  niieulx  de 
diffamer  autruy,  li;rou.\  de  li.ncy,  l'rov.  t.  il, 
p.  339. 

—  ÊTYM.  Provenç.  diffamar;  espagn.  difamar, 
di.ifnniar;  liai,  d  i  If ani  are  ;  tiu  latin  di/fainurt';  de 
di,  sigiiifianl  retranchement,  el  fama,  renommée 
(voy.  famkux). 

OIHKf.Ilfi,  fiE  (di-féré,  rée),  part,  pa'isé.  Hen- 
voyé  k  un  aune  temps.  Cet  hymen  différé  ne  rom|il 
point  une  loi  Oui,  .sans  marquer  de  temps,  lui  des- 
tine ta  foi,  coii.N.  Cid,  V,  ».  Oiie  je  hàiais  l'assaut 
si  longtemps  différé!  volt,  t'aiiat.  Il,  1. 1|  Proverbe. 
Ce  qui  est  diilé  é  n'est  pasjierdii,  sÊv.  691. 

DlFI'f.nE.M.MENr  (di-fé-ra  nian) .  adr.  D'une  ma- 
nière <lilTéreiile.  Chacun  ajiporle  dilléremnieiit  son 
opinion  sur  celle  grande  nouvelle,  balz.  liv.  i.  letl. 
II.  Tous  deux  différemment  allèrent  sa  mémoire, 
ROTROU,  Sl-Cen.  1,  I.  Je  me  contredis,  il  est  vrai: 
acciisez-en  les  hommes,  dont  je  ne  fais  i|iie  rapior- 
ler  les  jugements,  je  ne  dis  pas  des  difféieiits  hom- 
mes, je  dis  les  mêmes  qui  jugent  si  difféienimeiit, 
LA  BRUY.  xii.  Ou'esl-ce  <iue  Jupilerî  un  corps  sans 
coriiiai.s.sance.  D'où  vient  dune  que  son  inlluence 
Agit  différemment  sur  ces  deux  hommes-ci?  la  font. 
/'ij61.  viu,  16.  Si  tout  cela  n'était  pas  arrivé,  vous 
semez  que  les  affaires  des  maisons  de  France  et 
d'Autriche  auraient  tourné  différeuimenl;  le  sys- 
tème de  l'Kuiope  aurait  changé ,  volt.  Dial.  li. 
Il  Avec  un  coniplémeiil.  Les  pri.ices  agisseut  dillé- 
remnient  des  |jariiculiers. 

—  itlST.  XIV*  s.  Differamment  soit  bien,  soit  mal, 
0RKS.MÏ,  Kth.  70.  Il  xvi-  s.  Differeutemeni,  amyot, 
Lyc.  I. 

—  ÉTYM.  Différent,  el  le  suffixe  ment.  Quand  la 
langue  changea  et  que  dijfi'rnit  ht  au  féminin  dif- 
férente.  on  forma  régulièrement,  au  xvr  siècle, 
l'adverbe  dijferentement. 

DlKFf.KENCE  (di-fé-ran-s'),  s.  f.  \\  1°  Étal  de 
ce  qui  est  différent,  de  ce  qui  est  autre.  La  diffé- 
rence de  ces  deux  objets  'l'ontefois  je  pense  Que 
nos  deux  intérêts  ont  quelque  différence,  CORN.  Pomp. 
Il,  3.  Seigneur,  nous  n'avons  pas  si  grande  ressem- 
blance tu'il  faille  de  bons  yeux  jiour  y  voir  diffé- 
rence, ID.  A'icoin.  IV,  3.  Voyant  de  plus  près  la  dif- 
lérence  qu'il  y  a  de  vous  à  elle,  je  vous  aimerai 
toute  ma  vie,  le  comte  de  nussi,  dans  hichklet. 
Quelle  différence  y  a-l-il  donc  entre  eux  et  les  jaii- 
séiiisies?  PASO.  Prov.  1.  Cherchez,  imagiiitz  parmi 
les  hommes  les  différences  les  plus  remarquables, 
vous  n'en  trouverez  pas  de  mieux  marquée  m  qui 
vous  paraisse  plus  effeclive  que  celle  qui  relève  le 
victorieux  au-dessus  des  vaincus,  Boss.  y^ui/i.  dOrl. 
Du  moment  que  des  esprits  sublimes,  pas.sanl  ue 
bien  loin  les  bornes  communes,  se  disl.nguent, 
s'iuimortalisent  par  des  c'ii  fs-d'ii-uvre,  comme  ceux 
do  Id.  votre  frère,  (|uelqiie  étrange  inégalilé  que, 
durant  leur  vie,  la  foilune  nielle  entre  eux  elles 
plus  grands  héros,  apiës  leur  mort  cette  différence 
cesse,  HAC  Disc,  de  réciplion  de  Th.  Cortu'i  le.  En- 
tre le  lion  sens  el  le  lion  goût,  il  y  a  la  différence 
de  la  cause  À  son  effet,  la  bhiy.  xil.  Des  dieux  que 
nous  servons  connais  la  différence,  volt.  Ali.  v,  7. 
Les  mortels  sont  égaux,  ce  n'est  pas  la  nais.sance, 
C'e.si  la  seule  vertu  (|ui  fait  la  ditléreiice,  id.  fan. 
I,  4.  Il  Faire  la  différence,  sentir  la  différence, 
mettre  de  la  différence,  coiinaitie,  apprécier,  distin- 
guer. Ijni  lions  esprits....  Oui  savent,  avisés,  avec- 
que  différence.  Séparer  le  vrai  bien  du  fond  de  l'ap- 
parence. REGNIER.  Sut.  v.  Un  monarque  entre  nous 
met  quelque  différence,  corn».  Cid.  1,  S.  Je  refuse 
d'un  cœur  la  va.ste  complaisance  Qui  ne  fail  du  mé- 
rite «ucune  différence,  mol.  Mit.  i,  4.  U  Mt  Tni, 


DrF 

d'elle  k  vous  je  sais  la  différence,  m.  Mélie.  I,  8, 
Peui-èlre  que  son  cœur  fera  la  dilTéicnce  Des  froi- 
deurs de  Titus  À  ma  pei.sé>éraiii:e.  rai:.  Itrrrn.  m,  2, 
Il  .semble  qu'on  vent  leur  faire  sentir  avec  osienLi- 
tioii  (aux  prêtres  qui  .s'égareni]  la  différsnce  qu'il  y 
a  d'eux  i  nous,  mass.  Confér.  Ileiruili'  pour  d«s 
curés.  Il  X  la  différence  de,  (oc.  prép.  Faisant  d'une 
manifire  différente,  faisant  autrement.  À  la  diffé- 
rence de  ces  philosophes  qui  disent  qu'on  ne  jouit 
que  du  présent,  il  ne  jouit  que  du  passé,  mo.ntf.sq. 
/,('((.  pers.  4«.  112"  Terme  de  logique.  Ce  qui  distin- 
gue entre  elles  les  espèces  d'un  même  genre.  L*  dé- 
finiiKin  est  composée  du  genre  et  de  la  différence. 
i;3°  rernio  de  niaihémalique.  Excès  d;  grandeur,  dfl 
longueur,  du  quaniité.de  |"jids  d'une  cho.se  sur  une 
nuire.  La  différence  entre  deux  quaiUilés.  Le  résultat 
de  la  soustraction  s'ap|ielle  reste. excèsoii  différence. 
Ilt;alcul  des  différences,  calcul  qui,  considéré  dans 
toute  sa  généralité,  c'est-à-dire  comme  embrassant 
le  calcul  dilléreiiliel,  a  pour  objet  les  Uns  de  la  va- 
riation des  quantilés.  ||  Calcul  aux  différences  limes 
(voy.  CA1.CLL).  Il  Terme  de  marine.  Excédant  du  ti- 
rant tl'eau  de  l'arriére  sur  celui  de  l'avant.  ||  4*  Terme 
de  liourse.  Dans  les  marchés  des  effets  publics  à 
terme,  différence  qui  existe  entre  le  prix  d'achat  et 
le  prix  de  vente,  ou  entre  le  prix  de  vente  et  celui 
de  rachat. 

—  .SVN.  1°  différence,  diversité.  Elymologique- 
menl,  la  différence  esl  ce  qui  est  écarté,  séparé;  la 
diversité  esl  ce  qui  esi  tourné  de  plusieurs  côtés. 
De  là  résulte  que  la  différence  esl  relaiive  à  des  ob- 
jets (|iie  l'on  compare,  tan. lis  que  la  diversiiè  jieut 
être  relative  à  un  .seul  el  même  objet.  Deux  hom- 
mes offrent  des  différences;  un  même  homme  offre 
de  la  diversité.  L'homme  esl  divers,  dit  Moniaigne; 
SI  on  avait  voulu  exprimer  la  même  idée  avec  diffé- 
rent, il  aurait  fallu  y  donner  un  complemenl  et 
dire:  différent  de  lui-même.  ||  2"  i>1'-fE«e.ni;e,  disi-a- 
ritê.  Li  disparilé  se  dit  d'objets  qui  ne  soni  pas  pa- 
reils, qui  n'offrent  point  de  paiilé.  Ce  mot  e~t  donc 
plus  fort  que  iliffùrence,  qui  se  borne  à  indiquer 
(pi'il  y  a  des  poinis  où  ces  objets  diffèrent.  La  diffé- 
rence de  ces  deux  propo.sitioiis  est  lég're.  La  di.spa- 
rité  de  ces  deux  propositions  est  com|ilète.  ||  3"  uir- 
FÉREN  E,  VARIÉTÉ.  La  variété  est  ce  qui. varie,  ce 
qui  présente  un  ensemble  de  formes  non  seiubli- 
blés.  Iji  variété  des  vi.sages  humains  se  caractérise 
par  Certaines  différences. 

—  lllST.  xiii*  s.  Mais  entre  aus  [eux]  a  grant  dife- 
rance,  Jten.  21255.  Et  grant  ieference  a  entre  ces 
deus  poursuites,  beaum.  lxvii,  <i.  Ne  sel  qu'est 
maus  Imal],  qui  aine  (onquej  bien  ne  senti;  La  dif- 
férence k  conoistre  l'aprent,  mâtz>eb,  p.  «3.  |l  xV  $. 
Ils  ne  font  point  grande  différence  au  (lays  d'Iuli« 
d'un  enfant  liasiard  à  un  légitime,  comm.  vu,  2. 
..  .Qu'ils  lui  conteroient  toute  la  manière  de  la-lite 
différence  [différend]  et  noise  entre  ledit  Jean  Stot- 
ton  et   Thomas  Uramplon,  loi;is  xi,  Aouo.  tut. 

—  f.TVM.  Lat.  di If ereni ta  {voy.  diffEber). 

f  mFFfiRK.NCl.ATION  (di  fé  ran-si  a-sion) ,  ».  f. 
Action  de  différencier.  La  différenciatioa  de  deux 
minéraux. 

DIFFfillENCTÉ,  ÉE  (di-fé-ran-si-é,  ée),  part. 
passé.  Marqué  par  une  différence.  Il  se  trouve  si 
différencié  des  autres  exilés,  sEv.  2in.  Il  me  semble 
qu'un  prédicateur  devrait  abandonner  toutes  ces  ai- 
visions  si  recherchées,  si  relouinées,  si  remaniées, 
si  différenciées,  i.a  rbuv.  xv. 

DlFFfiRENClEK  (di-fé-ran-si-é),  je  différenciais, 
nous  différenciions,  vous  différenciiez;  que  je  diffé»- 
rencie,  que  nous  différenciions,  que  vous  diffé- 
renciiez, f.  a.  Il  1"  Séparer  pu  la  différence.  Ces 
deux  propositions  si  analogues,  non»  le»  différen- 
cierons par  ceci....  Je  jure  comme  vous  quand  le 
jeu  me  transporte:  El  ce  qui  |«eut  tous  deux  nous 
différencier.  Vous  jurez  dans  la  chambre  el  moi  sur 
l'escalier,  bfgnabd,  Ménéclim.  1,  2.  L'ac^eni  grava 
ne  nous  .sert  que  pour  ditférencier  ceruins  mots, 
d'oliv.  Protod.  franc,  lueurs  yeux,  leurs  or.i. le», 
leur  nez  les  [les  Lapon»)  différencient  de  tous  les 
peuple»,  VOLT.  Unurt,  >i*.  l'endant  ces  trois  mois 
de  tempête.  Que  faire  san»  cdeiidner?  llomiuenl 
placer  les  jours  de  fête?  Coinnienl  les  différeiicicrt 
ghfsset,  le  Carême  tmprniiifHu.  l.oni<|u'on  sait  i|u« 
(OUI  esl  nuancé  dans  la  nature,  ou  n'est  |>oint  sur- 
pris des  diflicultés  qu'on  éprouve  lorsipi'il  «agit  d« 
différencier  les  êtres,  bon.\et,  Cofitempl.  Mal.  X, 
2».  Il  2*  Se  différencier,  t.  réfl.  Etre  distingué,  ca- 
ractérisé. Kontenelle  se  différencie  des  écrivain»  d« 
son  temps  par  une  connaissance  profomie  de»  scien- 
ces |>osilives  jointe  t  i'esprit  le  plus  fia  al  le  pluf 
discret 

—  &EM.  U  ne  faut  pas  coofoodre  différencie  . 


DIT 


DIF 


DIF 


1159 


mettre  une  différence,  et  différentier,  prendre  la 
différeiiliolle  (terme  de  matliémiilique).  Ces  deiii 
mots  sont  les  mômes;  mais  l'orthographe  les  ilifT6- 
rencie  :  difîénnce  qui  d'ailleurs  ne  s'appuie  sur  au- 
cune lionne  raison. 

—  ETVJl.  Vilprence.  Au  xvi*  slèele  on  disait  dif- 
frreiiter,  de  dilferenl.  On  le  promeiiie  et  l'insère  à 
toiiids  opinions;  et  le  diffurenle  l'on  à  soy  mesme. 
selon  le  difl'urenl  cours  des  choses,  mont,  il,  :i54. 
Il/  niesloient  cesie  privaulié  de  parler  franchement 
à  luy  parniy  leur  llatierie,  comme  une  ruze  de  des- 
gniser  et  dilTerenler  les  viandes  avec  quelque  saiilse 
aigre  el  picqnanle,  amyot,  Anion.  2'J. 

t  DIKFIÎUEXC.IO.METRE  (di-fé  ran-si-o-mè-tr'),s. 
m.  Terme  de  marine.  Instrument  de  marine  qui  sert 
à  mesurer  la  différence,  c'est-à-dire  l'immersion 
plus  çrande  de  l'arrière  que  de  l'avant. 

—  f.TVM.  Diférence,  el  mètre,  mesure. 
DlKFf.UKND  (di-fé-ran),  s.  m.  ||  1°  Contestation 

sur  quelqui-  point  détermijié.  Si  vous  conveniez  de 
pari  el  d'autre  du  vérilahle  sens  de  Jan^éiiius,  el 
que  vous  ne  fussiez  jdus  en  did'érend  qut  de  savoir 
si  ce  sens  est  héréiique  ou  non,  pasc.  Prov.  I8. 
Viitre  différend  n'étant  que  sur  ce  point,  m.  ib.  Et 
noyons  dans  l'oubli  ces  petits  différends  t.iui  de  si 
bons  guerriers  font  de  mauvais  parents,  corn.  Ilor. 
1,  4.  Tous  nos  vieux  dilTérunds  de  leur  fline  exilés, 
ID.  Undny.  V,  2.  Changez  cesilidérendsen  ile«  vœux 
mutuels,  RoTR.  Vencesl.  1,2.  Roi  je  n'hérite  point  des 
différends  du  prince,  m.  ih.  v.  2.  Et  ipiand  je  crois 
jouird'unreposapparent,LaquereiIed'autrui  devii  ni 
mon  différend,  m.  lif'lis.  iv.  8.  .le  veux  hien  aussi 
me  rapporter  à  loi,  maître  Jacques,  de  notre  dillé- 
rend,  MOL.  l'Arare,  iv,  4.  (^uand  nous  avons  quel- 
que différend  ma  sri'ur  et  moi,  la  font.  Psyché, 
L,  p.  t4o.  iMitre  deux  honrgeois  d'une  ville  S  émut 
jadis  un  dilTérend,  ID.  l-'abl.  viii,  1».  Il  juge  les  ilif- 
férends  de  son  voisinage,  fen.  Tél.  vi.  On  différend 

qui  s'élait  élevé  entre....  et   entre m.  16.  xxiii. 

Vous  nèles  p,is  hrouillés;  aniis  de  tous  les  leiups, 
Vou.>^  êtes  au-dessus  de  tous  les  dii'éreiids.  gbesset, 
Mi'diaiU,  IV.  7.  Il  2"  Le  différend  q;ii  s'élève  lui  su- 
jet du  prix  demandé  el  du  prix  offert,  quand  il  s'a- 
gil  d'achais.  l'ariagerle  dillérend,  diviser  par  moi- 
tié la  différence  qui  est  entre  les  deux  prix  et 
aclieter  ou  vendre  à  ce  prix  ainsi  inoddié. 

—  KEM.  L'Acailémie,  dans  les  quatre  premières 
éditions  (Le  son  Uiclionnaire,  a  écrit  d  If^renl  par  un 

I,  comme  l'adjeclif.  C'est  depuis  la  ciniiuiènie  édilion 
qii'e  le  écrit  dijjirend  par  un  d.  11  est  ct-rlain  que 
d'l[i!rent  adj.  el  di7/(!/eHd  sulisl.  sont  le  même  mol. 
Etiiblir  une  différence  orihographique,  esi-ce  une 
raison  suflisanie  pour  rompre  l'analogie?  Cela  tsl 
d'auiajit  moins  nécessaire  que   dans  d'auires  mois 

.  on  n'a  pins  le  même  soin  et  qu'on  n'écrit  pas  l'ii- 
cidend  sulist.  et  iiicidtnt  adj.,  expédiend  subst.  el 
expédient  ailj. 

—  ËTVM.  niFFÊREND,  DÉMÊLÉ.  Avoir  un  différend 
avec  quehpi'un,  c'est  contester  avec  lui  sur  quelque 
chose;  avoir  un  démêlé  avec  quelipi'un,  c'est  avor 
quelque  chose  à  débrouiller  avec  lui.  Le  diiréreiid 
porle  donc  sur  un  point  déierminé;  le  démêlé,  sur 
quehpie  chose  de  compliqué.  Ainsi  dans  l'exemple 
de  la  Kouialne  cité  ci-dessus,  ce  n'est  pas  un  dé- 
mêlé qiii  s'éleva  entre  deux  liuurgeois  d'une  ville  sur 
la  prééminence  entre  la  richesse  et  la  science, 

—  IIIST.  XV*  s.  Le  |iays  d'Ant;lelerre  estoil  en 
branle  el  en  différend  l'un  contre  l'autre,  froiss.  11, 

II,  4.  Il  XVI'  s.  Dieu  sera  juste  estimateur  de  noslre 
différent,  rab.  G'jrg  i,  40.  Uicles  vous  enlelechie 
ou  endelechie?  Sans  cause  sus  ce  différent  [diM'é- 
reucej  nous  ne  vous  mlerroguons,  iD.  Pant.  v,  19. 
11  y  a  un  différent  per|  eiuel  et  qui  ne  se  peut 
appointer  entre  l.i  justice  et  l'iniquiié,  calv.  Inslil. 
3»7.  Il  y  a  peu  de  différent  aux  paroles,  miiis  il  est 
grand  en  la  chose,  lu.  ib.  mu?.  Le  senni,  sur  le  dif- 
férend d'eiiire  luy  el  le  peuple....  mont.  1,  l:!2. 
S'estant  emeu  quelque  débat  et  différent  entre  les 
pasteurs....  AMVOT,  /loin.  7.  Hz  accordèrent  enire  eulx 
qn'ilz  decideioieut  ce  différend  par  le  vol  des  oi- 
seaux, iD.  ib.  14. 

—  Ktym.  Le  même  une  différent. 
DIFFÉUK.NT ,  KK 1 K  (di-fé-raii ,  ran-t'),  adj.||  1" Oui 

diffère,  qui  est  autre,  lis  sont  différents  d'humeur 
et  de  langage.  Vous  êies  très-difféientde  voire  frère. 
Mais  elle  voit  d'iiii  œil  bien  dillérenl  du  vôlre  Son 
sang  dans  une  armée  et  son  amour  dans  l'autre, 
CORN.  Ilor.  1,  I.  Seigneur,  l'occasion  fait  un  cœur 
dit(>Teiit.  m.  Nicom.  iv,  (..  Les  tiires  différents  ne 
tout  rien  à  la  chose,  lo.  Sertiir.  ni,  2.  Tous  l»s  hum- 
un;3  sont  semblables  par  les  paroles,  ce  n'ast  que  lus 
lUions  qui  les  découvrent  différtnts.  mol.  Aiiare, 
I,  t.  L'aigle,  reine  des  airs,  avec  Margot  la  pie,  Dif- 


férentes d'humeur,  de  langriga  el  d'esprit,  Et  d'ha- 
bit, Traversaient  un  bout  de  prairie,  la  pont.  Fabl. 
Xli,  II.  Hélas!  qu'il  est  déchu  de  ce  honlieur  su- 
prême! Que  vous  le  Irouvenezdillérentdelui-mêine! 
ID.  Vuésifs  viélées,  xxviu.  Et  celles  jles  .iclions)  i|ui 
sont  d'elles-mêmes  é.'ales  et  indifférentes,  devien- 
nent inégales  et  différentes,  lorsque  l'on  y  ajoute 
crtie  raison  d'uniformilé  dans  les  mêmes  eveicices, 
NICOLE,  Eus.  mnr.  3'  traité,  ch.  8.  Si  vous  regardez 
par  quelles  mains  elles  [les  viandes)  passent,  et 
toutes  les  formesdifférenies  qu'elles  prennent  avant 
de  devenir  un  mets  eX(|uis,  la  bruy.  vi.  Quand  ils 
éuiieiit d'avis  différents,  ils  étaient  si  modérési  sou- 
tenir ce  qu'ils  pens.iient  de  part  el  d'autre,  i|u'on 
aurait  cru  qu'ils  étaient  tous  il'uiie  même  opinion, 
FÉN.  Tél.  V.  Elles  [les  lois  somplualres  de  Suéde] 
ont  un  objet  rlifféient  de  celles  d'Aragon,  moniKso. 
Kspr.  vu,  5.  Il  Cela  est  différeni,  bien  différent,  lo- 
culinn  familière  qui  s'emploie  pour  exprimer  qu'on 
ne  s'aiieiidaii  pas  à  ce  qui  est  du  ou  voulu.  ||  Ces 
deux  choses  soni  différentes  comme  le  jour  el  la 
nuit,  c'esl-dire  elles  sont  extrèmeineni  difféiemes. 
Il  2*  Avec  un  nom  an  pliiiiel,  plusieurs,  ccruiins. 
Employer  différenis  moyens.  Différentes  per.soniies 
me  l'oiil  dit.  Démélrms  fii  construire  beaucoup  d'au- 
tres machines  de  diilérenle  grandeur  et  pour  diffé- 
rents usages,  BOLLiN,  llist.  anc.  Œurres,  t.  vu, 
p.  2211,  dans  POUCKNS.  ||  3°  .S.  m.  Différent,  nom 
(|iie  les  monnayeiirs  uonnaient  à  une  marque  qui 
indi(|uait  le  heu  oii  les  es|ièces  avaient  été  fabri- 
quéiis. 

—  IIIST.  XV*  S.  Sans  l'aide  des  Anglois  je  ne  me 
puis  bonnement  défendre  contre  les  Krunçois,  au 
cas  que  en  ce  pays  nous  sommes  dilTurens  ensem- 
bly  divisés],  fkiuss.  h,  II,  51).  ||  xvi*  s.  Le  prince 
de  Coudé  esloit  dt  diffeienle  opinion  à  l'admiiul, 
disant  que  la  bataille  ne  se  pouvoit  éviter,  CASitL- 
NAU,    125. 

—  f.rY.M.  mtfi'rer  2. 

t  DIKKÊKK.NTIATIOV  (di-fé-ran-si-a-sion ),  s.  f. 
Ternie  de  malliémaiiipie.  Upéralion  par  laipielle, 
une  fonction  éuinl  donnée,  ou  en  trouve  la  diffé- 
rentielle. 

—  f;TYM.  Viff ''rentier. 

Dll'Kf.llKN'ITfi.  f.K(di-fé-ran-5i-é,  ée),  part,  pas- 
sé. Oui  a  subi  1  cqiér.iiioii  Ue  la  différeniialion. 

DIKKCkK.NTIEL.  elle  idi  fé-ian-si-U,  è-l'i,  adj. 
Il  1°  Terme  de  niailirmaiique.  Qui  procèile  par  ilil- 
férences  inliniment  poules.  Uuaniiié  diff.:rentielle. 
Il  Calcul  différenliel,  calcul  dans  lequel  les  accrois 
semenis  des  varialili/s  sont  considérés  comme  iiili- 
ninieiil  peins.  Voy.  calcul.  ||  S.  /'.  Une  différen- 
tielle, accroissemenl  InHiumenl  pitit  d'une  quant  té 
varialile;  elle  a  pour  caracljnsiiipie  la  leure  d  ;  dx 
est  la  différentieile  de  X.  ||  2"  leinie  d'histoire  natu- 
relle. Oui  conci-rne  les  ilill'érences  de  deux  ob|el-. 
Diagnusùc  différentiel.  ||  3°  Terme  de  cuinnierce. 
Lroii  d.fféreiiliBl,  laxe  douanière  cnil  varie  selon  la 
provenance  des  marchandises.  ||  Tard' diffère. iliel, 
tarif  d'un  canal  ou  d'un  chemin  de  fer  i|ui,  entre 
les  divers  poiins  d'une  même  ligne,  n'esi  pas  exac- 
tement proporiionnel  aux  distances,  par  ojiposition 
à  tarif  kiluiuétni|ue. 

—  KlY.M.  DilfiTenre. 

Ull'KfillE.NTIEK  (di-fé-ran-sl-é),  v.  a.  Terme  de 
mailiémalique.  C.dcufer  cei  laines  propriétés  d'une 
courlie,  elc.  d'après  les  différences  inliniinent  |ie- 
tiles  qui  existent  enlre  deux  |iosiiions  successives 
et  forl  rapprochées  de  ses  coordonnées.  ||  l'raliqiier 
les  opérations  qui  constituent  le  calcul  différentiel; 
prendre  la  dillérenlieile. 

—  i;tvm.  Dilférfiice. 

I.  DlFKfiltEll  (di-fé-ré.  La  syllabe  fé  prend  l'ac- 
cenl  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  miieile  : 
je  diffère;  excepté  au  futur  el  au  conditionnel,  je 
différerai,  je  dillérerais,  exce|ilion  qui  n'est  pas  jus- 
tiliêe),  V.  a.  ||  1°  Itemettre  à  un  auire  temps.  Il  dif- 
féra longtemps  le  pajeiueni  de  cette  de.ie.  Ne  me 
diffère  point  la  peine  i;ui  m'est  due,  tuistan,  ila- 

ri  ne,  v,  2 Et  lois  d  nous  fautcroire  Que  nous 

n'y  sommes  pas  dignement  préparés  à  la  mort],  Et 
que  ces  doux  moments  ne  nous  soûl  dillérés  On'a- 
fin  que  nous  puissions  mériter  plus  de  gloire,  corn. 
/r/it'l.  1,  I».  SI  mon  cœur  de  tout  temps  facile  à  les 
désirs.  N'a  jamais  d'un  moiuetit  dill'éré  les  plaisirs, 
BoiL.  tuir.  II.  Mais  qui  me  vient  ici  dilléier  ma  ven- 
geance' raC.  Iloj.  IV,  6  Je  leur  écris  qu'Achille  a 
changé  de  pensée.  Et  qu'il  veul  désormais,  jusi|ues 
à  son  retour  ,  Différer  cet  hymen  que  pressait  son 
amour,  in.  Iplug  1,  t.  Mon  amant  m'adorait  et  j'ai 
tout  différé,  VOLT,  iiaîre,  v,  a.  ||  2°  V.  11.  Tarder  à. 
J  ai  différé  à  le  dire.  On  ne  doit  pas  différer  à  bien 
vivre,  d'ablancouht,  i,uct'en,  t.  1,  dans  ricuelst. 


.le  croyais  moi-même  arriver  plus  tôt,  j'ai  toujour» 
différé  à  vous  taire  réponse  jusqu'à  présent,  sBt. 
I.ill.  211  mai  iii«7.  Jusques  à  quand  ilillérerez-vousà 
nous  faire  jiislice  el  à  venger  nos  frères?  saci,  Hi- 
hle,  Haclinb.i,  vi,  22.  ||  On  le  constriiil  aussi  avec 
la  préposition  dp  et  _un  iufiniiif.  Différer  u'èlra 
heureux  après  son  incnnstance,  C'est  montrer....  th. 
CORN.  Ariane,  iv,  2.  Qui  pourra  ilifférer  de  venger 
la  querelle?  volt.  Catil.i\,  2.  ||  Ahsolunieiil.  Qu'y 
a-l-il  donc,  chrétiens,  qui  puisse  nous  empêcher  de 
recevoir,  sans  différer,  ses  inspirations  (de  la 
grâce]  ?  Boss.  Ducb.  d'Orl.  Des  amis  d'Aristie  assu- 
rons le  secours,  A  force  de  promettre,  en  différant 
toujours,  COBN.  Seilor.  iv,  2.  Demain,  sans  différer, 
je  prétends  que  l'aurore  Découvre  mes  vaisseaui 
déjÀ  loin  du  Bosphore,  rac.  ilithr.  m,  I.  Mais  ne 
din'érez  point,  clia  {ue  moment  vous  lue,  in.  Plii- 
dre,  I,  i.  C'est  un  maître  doux  et  patient....  qui 
diffère  afin  qu'on  le  prévienne,  qui  menace  pour 
une  désarmé,  mass.  Car.  Fatuse  cou fw tue.  ||  3*  Sa 
différer,  v.  réjl.  Éire  renvoyé  à  un  autre  lemus.  Ce 
mariage  se  ililV're  de  jour  en  jour.  Ce  grand  choir 
ne  se  peut  différer  à  demain,  corn.  Sophon.  n,  4. 
D'une  heure  encore,  ami,  mon  bonheur  se  diffère, 
VOLT.  Zaïre,  m,   I. 

—  IIIST.  xiv*  s.  La  chose  avoit  esté  différée  pour 
l'absence  de  lu  y,  lequel  |irincipalineiitil  desiroit  à  oc- 
cire. RF.RciiEURE,  f"  21.  rccio.  Kl  Se  l'uu  de  eulx  estoit 
malvès,  l'autre  devroilfuirou  différer  à  lui  niinistrer 
ilusien,ORKSME,  t'//i.25«.||  xvi's.  Je  diffère  d'en  trai- 
ler  jii.sques  au  passage  de  la  Uedeniption,  calv.  In- 
xlit.  77.i;ela  est  enquérir  sur  les  secrets  donlla  [ileine 
revelalion  esl  différée  an  ilernier  jour.  lu.  ib.  lu».  Eu 
différant  nos  désirs  à  l'henre  de  sa  volonté,  lu.  ib, 
732.  Jl  p.nivoii  advenir  que  le  différer  à  les  lire  eust 
psté  d'un  grand  préjudice,  mont,  ii,  42.  H  feint, 
il  ployé,  il  diffère,  selon  le  hesoing  des  circonstan- 
ces, tu.  l^a.  Il  envoya  l'un  de  ses  f.imiliers  leur  dire 
qu'i'z  différassent  leur  enliejirise  jusipies  à  une  au- 
tre meilleure  occasion,  amyot,  Péiop.  14. 

—  IÎTYM.  Lai.  dill'rrre.  de  rii.  exio-imant  écarle- 
ment.  et  ferre,  porter  :  fiorler  au  I  tn. 

2.  DIFFf.llEll  (d.-fé-ré.  La  syllabe  fé  prend  l'ac- 
cent sirave,  qn.nid  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
je  diffère,  excepté  au  futur  et  au  condilionnel  ;  je 
différerai,  je  difféi'erais),  v.  n.  Être  antre,  n'étro 
pas  le  même.  H  disait  qu'un  roi  qui  ne  f.iisail  pas 
la  guerre  ne  difféimil  en  rien  de  son  palefrenier, 
n'Ant.A.NCOiTiT,  Apniililh.  dans  richklet.  Le  mien 
d'avec  le  voue  en  ce  point  seul  diffère,  corn.  Cinna, 

v,  2 Le  sang   Ne  nous  empèclie  pas  de  différer 

de  rang.  m.  Simm,  i,  2.  Connue  nus  iniérèts,  nos 

sentiments  diffirent,'"iD.   Pump.  v,  2 Nous  ne 

différons  ni  de  cœur  ni  de  sang,  botjiou,  \'enctni, 
1,  2.  Tous  les  hommes  sont  fous,  et.  malgré  loiis 
leurs  soins.  Ne  dînèrent  enire  eux  que  du  plus  ou 
du  moins,  BOIL.  .S'ul.  tv.  ||  IJifférer  d  opinion,  d'avis, 
et,  absolument,  diffénr.  Différer  du  blanc  au  iiuir. 
Il  11  se  ciMijngiie  avec  l'auxiliaire  aïoir. 

—  IIIST.  XIV»  s.  C'esi  la  seconde  raison  à  monk- 
irer  que  eletlion  et  volenté  differeni,  oresme,  /i(/>. 
64.  Comme  elles  [les  plaies  de  tète]  se  iliffeient  en- 
ire elles,  aussi  se  diffère  ro;ieiaiion  manuel  en 
iceles,  it.  ue  monueville,  f"  ta.  ||  xv  s.  Toutefois 
moi  et  mon  jardin.  Nous  différons  eu  une  choie; 
Je  me  vueil  abreuver  de  vin,  El  d'eau  nu:. Ire 
courtil  s'airose,  basselin,  xvu.  ||  xvi*  s.  Il  ne 
diff'ere  en  rien  à  un  funiosme.  calv.  /n,ï(il.  20i.  Puis 
après  nous  verrons  comment  ils  différent  l'unda- 
vec  l'autre,  in.  ib,  7.j.  De  deux  hoiuiiies  qui  na 
différent  rien  en  mérites,  Dieu  en  laisse  l'un  der- 
rière et  choisit  l'anlre,  m.  i().  7i.o.  Nulle  forme  ne 
diffère  l'une  de  l'aultre  eiitierement,  mont,  iv,  2a». 
Les  grands  rois  ut  les  empereurs  Ne  differeni  aux 
laboureurs.  Si  quelcun  ne  chaule  leur  gloire, 
RONS.  s"o. 

—  êtym.  Lat.  dilferre,  être  différent,  m  même 
que  diffi'rre,  différer  I. 

DIFFICILE  (di-fi  si-1'),  adj.\\f  Qui  n'est  pas  fa-' 
cile.  11  esi  difficile  d'imaginer  rien  de  plus  beau. 
Vous  avouerez  à  la  fin  ipi'il  n'y  a  peut  êire  lien 
de  si  difficile  que  de  rendre  hérétiques  ceux  qui  ne  la 
sont  pas, PASC.  Prov.  i».  Lesfautesdes-olssonl  quel- 
quefois SI  lourdes  el  si  dil'licdes  à  prévoir,  qu'elles 
mènent  les  sages  en  défaut,  la  uuuy.  xi.  ||  2*  Dif- 
flcile  se  dit  aussi  des  lieux,  chemins,  fleuves  dont 
le  parcours  n'est  pas  commode.  Ainsi  vous  élargirez 
un  peu  les  voies  du  ciel  el  rélabliiez  le  chemin  que 
sa  hauteur  et  son  ilprelé  rendroni  loujouis  asscz  dif- 
ficile, BOSS.  Heine  d'Amilei  L'enlrée  de  la  rwiere 
de  Surinani  est  assez  difficile  à  cause  de  ses  Uincs 
de  sable,  baYNal,  llist.  phil.  xu ,  27.  Le  Pérou  est 
un  pays  très-difficile,  où  il  laul  contiuuelleuieot 


nco 


DIK 


cravir  desmonlaRnos,  r.iarcher  sans  cesse  dans  dos 
Rorges  et  des  défilés,  hjtTNAL.  ib.  vu,  6.  ||  3°  Oui 
donne  peine,  eiïort,  labc-jr.  Un  travail  difficile.  Un 
proMi'mo  difficile  à  résoudre.  Un  auteur,  un  texte 
difficile.  De  si  hautes  leçons,  seiRneur,  sont  diffi- 
ciles, CORN.  Sertor.  ni,  2.  La  musique  aujourd'hui 
n'est  plus  que  l'art  d'exécuter  des  choses  difficiles, 
e.  ce  qui  n'est  que  difficde  ne  plaît  point  à  la  lon- 
gue, voi.T.  Candide,  26.  ||  4°  Qui  donne  du  tour- 
ment. Nos  passions  avaient  été  difficiles  et  pénibles; 
notre  vertu  devient  commode  et  tranquille,  mass. 
Car.  rassion.  J'ai  lieu  de  soupçonner  qu'elle  est 
dans  une  situation  difficile,  Marivaux,  Marianne, 
.y  part.  Il  Temps  difficiles,  les  temps  de  troubles, 
do  misère  et  de  guerre,  durant  les(|uel3  les  gouver- 
nements ont  peine  à  régir  les  peuples,  et  les  par- 
ticuliers à  se  conserver  dans  leur  état  et  à  vivre. 
Qu'on  dise  après  cela  que  les  temps  sont  difficiles, 
qu'on  a  bien  de  la  peine  à  se  maintenir  dans  son 
état,  lîOijBDAL.  3»  dim.  après  l'âq.  Uominic.  t.  ii, 
p.  toi.  Il  6°  Homme  difficile,  difficile  à  vivre, 
homme  d'un  caractère  exigeant,  ciipricieux,  peu 
liant,  peu  accommodant.  Depuis  quelque  temps  vous 
devenez  si  difficile  h  servir,  baron,  Homme  à  bon- 
nes fort.  I,  4.  Il  fut,  quelque  temps  après,  obligé 
de  répudier  Azora,  qui  était  devenue  trop  difficile  à 
vivre,  volt.  Zadig,  3.  ||  Cheval  difficile,  cheval 
cmbrageux.  |1  Cheval  difficile  à  ferrer,  cheval  qui 
résiste  quand  on  veut  le  ferrer.  ||  Kig.  U  est  difficile 
à  ferrer,  se  dit  d'un  homme  qui  se  laisse  difficile- 
ment persuader,  conduire.  1|  6"  D'une  délicatesse 
exigeante.  Etre  difficile  sur  tout.  Difficile  sur  le 
choix  des  mots.  Ne  soyons  pas  si  difficiles;  Les 
plus  accommodants,  ce  sont  les  plus  habiles,  la 
PONT.  Fabl.  VII,  4.  L'ordinaire  destin  des  beautés 
difficiles  Est  d'avoir  des  retours  de  chagrins  inu- 
tiles, BOURSAULT,  Ésope  à  la  COUT ,  I,  4.  Je  crains 
furieusement  le  chagrin  où  vous  met  votre  mala- 
die, et  qui  vous  rendrait  peut-être  assez  difficile 
pour  ne  rien  trouver  de  bon  dans  mon  ode,  rac. 
Lettres  à  quelques  amis,  m.  l'eulètre  trop  d'a- 
mour me  rend  trop  difficile,  m.  Haj.  i,  3.  Le  roi 
est  content  de  vous;  mais  cela  ne  suffit  pas;  il  faut 
que  Dieu  le  soit  aussi,  et  il  n'est  pis  pins  difficile 
que  les  hommes,  maintenon,  Lett.  à  d'Aubigné, 
40  oct.  (685.  Je  savais  qu'elle  était  difficile  en  con- 
versations et  qu'elle  avait  droit  de  l'être,  j.  J.  rouss. 
Confess.  x.  Il  ne  faut  pas  6tre  difficile  sur  les  re- 
pas, lorsqu'on  est  si  près  de  Sjiarte,  ciiaïiîalb. 
/(in.  30.  Il  Substantivement.  Faire  le  difficile,  yue 
si  les  Luthériens  font  encore  ici  les  difficiles  et  ne 
veulent  pas  se  laisser  persuader  aux  sentiments  de 
Calixte,  qu'ils  nous  montrent  donc  ce  qu'a  fait  de- 
puis Luther  l'Eglise  romaine  pour  déchoir  du  titre 
de  vraie  église,  Boss.  Var.  xv,  (J  1 69.  ||  Proverbe. 
Jeunesse  est  difficile  à  passer,  c'est-à-dire  dans  la 
jeunesse  on  a  bien  de  la  peine  à  modérer  ses  passions. 

—  REM.  Avec  le  verbe  être  se  rapportant  à  un  su- 
jet déterminé,  dt/Vicfie  veut  à  devant  les  verbes:  Il 
est  difficile  il  contenter.  Mais  quand  le  verbe  être 
est  pris  impersonnellement,  il  faut  mettre  de  :  U 
est  difficile  de  bien  écrire. 

—  msT.  XV*  s.  Ce  qui  me  sembloit  mal-aisé  à 
faire,  mais  je  ne  vouloye  rien  rompre,  ne  faire  dif- 
ficile, COMM.  VIII,  7.  Ijxvi"?.  Il  pourroit  sembler  à 
aucuns  que  cesto  superbe  nation  feroit  la  difficile  à 
entrer  en  alliance  avec  les  chrestiens;  mais  c'est  au 
contraire,  langue,  371.  Ce  grand  mal  si  enraciné 
est  difficile  à  arracber,  m.  2.55.  El  m'ayant  dit  qu'il 
estoit  difficile  à  vomir,  je  luy  conseillay  qu'il  cra- 
pulast  [s'enivrflt] ,  paré,  xxi,  14. 

—  ÉTYM.  Provenç.  difficil;  espagn.  dificil;  ital. 
difficile;  du  latin  difficilis,  do  di....  préfixe,  et 
ficilis  pour  facilis,  de  faccre,  faire.  Si  le  mot  était 
ancien,  il  aurait,  à  cause  do  l'accent  latin  diffici- 
lis ,  la  forme  difeile,  comme  fraile,  de  fragilix. 

DIFFICILEMENT  (di-fi-si-le-man) ,  adv.  Avec  dif- 
ficulté, avei^  ■^ine.  Tout  va  bien  ;  c'est  moi  qui  vous 
le  dis,  moi  qui  espère  si  difficilement,  maintenon, 
Lett.  d'Aubigné,  16  oct.  (072. 

—  REM.  Quelquefois  on  le  met  au  commencement 
de  la  phrase,  mais  alors  on  place  d'ordinaire  le  pro- 
nom, sujet  du  verbe,  après  son  verbe:  Difficilement 
trouvera-t-on  des  gens  qui  veuillent. 

—  ÊTYM.  Difficile,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
âiUcilmmt;  espagn.  dificilmenle ;  ital.  difficilmente. 

DIFFICULTE  (ili-fi-kul-té),  *.  f.  ||  1°  Qualité  de 
ce  qui  est  difficile.  La  difficulté  des  chemins.  La 
difficulté  d'un  travail.  La  difficulté  d'un  problème. 
On  dira  que  je  cède  à  la  difficulté,  mol.  l'Étour. 
m,  i.  J'avoue,  en  la  commençant  [l'histoire  des 
malheurs  d'Henriette] ,  que  je  sens  plus  que  jamais 
la  difficulté  de  mon  entrepri.se,  boss.  neine  d'An- 


DIE 

glet.  Télémaque  trouva  de  grandes  difficultés  pour 
se  ménager  parmi  tant  de  ruis jaloux,  fén.  Tél.  xvi. 
Il  Manque  de  facilité.  Il  ne  parte  qu'avec  difficulté.  Ce 
lilessé  éprouve  de  la  difficulté  à  marcher.  ||  2°  Chose 
difficile.  Je  crus  donc  qu'il  lie  cardinal  de  Richelieu] 
surmonterait  toutes  sortes  de  difficultés,  et  que  ce- 
bii  qui  avait  pris  la  Rochelle  malgré  l'Océan,  pren- 
drait encore  bien  Corbie  en  dépit  des  pluies  et  de 
l'hiver,  voit.  if».  74.  ...les  difficultés  sont  le  champ 
des  vertus,  rotrou,  Vencesl.  u,  3.  Et  les  difficultés 
dont  on  est  combattu  Sont  les  dames  d'atour  qui 
parent  la  vertu,  mol.  l'Étour.  v,  1 1.  ||  Obscurité  d'un 
texte.  Les  difficultés  de  Thucydide.  ||  Passage  diffi- 
cile d'un  morceau  de  musique.  Les  difficultés  de 
cette  sonate.  ||  3°  Traverse,  opposition.  Je  n'y  vois 
point  de  difficulté.  Une  grave  difficulté.  Cette  af- 
faira est  pleine  de  difficultés.  Apporter  une  diffi- 
culté. Il  passa  par-dessus  la  difficulté.  Kaire  naître 
des  difficultés.  Les  hommes....  sont....  si  héris- 
sés de  difficultés....  que  je  ne  sais  par  oii  et  com- 
ment se  peuvent  conclure  les  mariages,  les  contrats, 
les  acquisitions,  la  paix,  la  trêve,  les  traités,  les 
alliances,  la  bruy.  xi.  Il  y  a  de  nouvelles  diffi- 
cultés sur  la  paix;  je  la  recommande  à  vos  prières, 
MAINTENON,  /,<■((.  OU  cord.  de  Noailles,  4  9  oct.  4  697. 
Il  Cela  peut  souffrir,  peut  éprouver  des  difficultés,  de 
grandes  difficultés,  c'est-à-dire  il  est  possible  que  la 
chose  dont  il  s'agit  soit  empêchée,  ne  réussisse  pas. 
Dans  le  sens  contraire,  cela  ne  reçoit  pas,  ne  souffre 
point  de  difficulté.  ||  Cela  ne  fait  aucune  difficulté, 
je  n'y  vois  point  de  difficulté,  il  n'y  a  pas  de  diffi- 
culté, locutions  qui  s'emploient  familièrement  pour 
exprimer  l'acquiescement.  ||  4°  Objection,  chose  em- 
barrassante. Les  dHficullés  qui  pouvaient  m'être 
faites  par  les  athées,  desc.  Rép.  ii.  Mais  avant  que 
d'entrer  en  ces  difficultés.  Souffrez  que  je  réponde 
à  vos  civilités,  cobn.  Sertor.  m,  2.  J'ai  besoin  de 
conseil  dans  ces  difficuliés,  m.  Héracl.  n,  7.  H  me 
vientunedifficultédansl'esprit,  pasc.  Prov.6.  Pour 
lever  les  plus  grandes  difficultés,  id.  ib.  8.  Que  est 
éclaircissement  était  nécessaire  et  qu'il  lève  de  dif- 
ficultés !  ID.  ib.  4  8.  Nous  avons  résolu  les  deux  pre- 
mières difficultés,  BOSS.  Or.  8.  Ce  qui  tranche,  en 
un  mot,  toute  difficulté,  id.  Ilist.  i,  7.  Dieu  a  tran- 
ché la  difficulté,  ID.  ib.  ii,  4.  Une  autre  fois  l'un 
du  conseil  des  douze  élève  une  difficulté  ;  et,  comme 
(in  ne  tombait  pas  d'accord,  il  propose  de  la  consul- 
ter en  .Sorbonne,  anquet.  Ligue,  m,  200.  Malgré 
loutes  les  difficultés  que  le  mal  répandu  .sur  la  terre 
fait  naître  dans  mon  esprit,  je  m'affermis  pourtant 
dans  l'idée  qu'un  Dieu  préside  à  notre  globe,  volt. 
Dial.  xxix,  s.  Couvrez  le  reste  de  la  toile,  et  celte 
figure  ne  vous  montrera  plus  qu'un  pharisien  qui 
propo.se  quelque  difficulté  à  Jésus-Christ,  diderot. 
Salon  de  470B,  OKurres,  t.  xiii,  p.  22,  dans  pou- 
gens.  L'éclaircis.sement  d'une  difficulté  dépend  sou- 
vent de  la  solution  d'une  autre,  et  celle-ci  d'une 
précédente,  bkrn.  de  st-pierbe.  Chaumière  ind. 
Il  Faire  de  la  difficulté,  faire  difficulté,  être  sujet  à 
objection,  en  parlant  des  choses.  Je  ne  présume  pas 
tant  de  moi  que  de  croire  pouvoir  prévoir  tout  ce  qui 
pourra  faire  de  la  difficulté  à  un  chacun,  desc.  Mé- 
dit. Préf.  40.  Il  Faire  difficulté  de  quelque  chose, 
élever  des  objections  à  l'encontre,  y  avoir  de  la 
répugnance;  éprouver  du  scrupule  à  s'en  mêler. 
Vous  ne  faites  pas  difficulté  de  permettre  l'autre, 
pasc.  Prov.  4  3.  M.  Arnaud  ne  fera  pas  de  diffi- 
culté de  l'admettre,  id.  ib.  4a.  Les  difficultés  qu'ils 
ont  faites  de  les  recevoir,  id.  ib.  Vous  n'en  de- 
vez faire  aucune  difficulté,  sÉv.  (06.  Je  ne  fais 
nulle  difficulté  de  vous  parler  des  Rochers,  id.  225. 
Le  .sénat  ne  fit  point  difficulté  do  leur  déclarer, 
BOSS.  Ilist.  III,  6 Je  ferais  quelque  difficulté  D'a- 
baisser jusque-là  votre  .sévérité,  rac.  Srit.  m,  4. 
On  dit  qu'un  pape,  pénétré  de  son  incapacité,  fit 
d'abord  des  difficultés  infimes,  montesq.  Espr.  ii, 
B.  Il  6°  Différend,  contestation.  Avoir  une  diffi- 
culté avec  quelqu'un.  ||  6°  Sans  difficulté,  loc.  adv. 

Sans  empêchement,  sans  faire  d'objections Et 

je  tiens,  quant  à  moi.  Que  tous  tels  sorts  sont  re- 
cettes frivoles;  Frivoles  sont,  c'est  sans  difficulté, 
LA  font.  Or.  Elle  était,  sans  difficulté,  la  plus  an- 
cienne ville  du  monde,  noss.  Bonté,  2.  J'ai  des  amis, 
je  les  conserverai,  puisqu'ils  n'auront  rien  à  me  dis- 
puter; je  n'aurai  jamais  d'humeur  avec  eux  ni  eux 
avec  moi,  cela  est  sans  difficulté,  volt.  Memnon. 
Il  Proverbe.  Cet  homme  est  le  père  des  difficultés, 
c'est-à-dire  il  fait  naître  sans  cesse  desdifficultés,  on 
ne  peut  rien  conclure,  terminer  avec  lui. 

—  SYN.  difficulté,  obstacle.  La  difficulté  im- 
plique qu'une  chose  est  difficile  à  faire.  L'obstacle 
n'implique  pas  cette  idée  et  signifie  qu'une  chose 
est  dsbout  devant  nous  et  s'oppose. 


niF 

—  niST.  xv  .-i.  l-oiir  avoir  repos,  et  leur  fille, 
qu'on  fai.soit  difficulté  de  leur  rendre,  comm.  vii,  3. 
Il  XVI*  s.  I^e  regret  et  difficulté  que  feit  Grandgousier 
d'entreprendre  guerre,  babel.  Garg.  l,  28. 

—  ÉTYM.  Berry,  diffigulté;  provenç.  difficuUat, 
defecultat;  espagn.  dificultad;  portug.  difliculdade  ; 
Ital.  difficultà;  du  latin  difficultatem ,  de  difpcilis 
(vov.  difficile  et  faculté). 

t  DIFFICCLTUEUSEMENT  (di-fi-kul-tu-eû-ze- 
man  ) ,  adv.  D'une  manière  difficultueuse. 

—  ÉTYM.  Difficultueuse,  et  le  .suffixe  ment. 
DIFFICULTDEUX,  EUSE  (di-fi-kul-tu-eû,  efl-z'). 

adj.  Oui  est  enclin  à  élever  ou  faire  des  difficultés  à 
tout  propos.  Un  homme  difficultueux.  Un  esprit  dif- 
ficultueux.  Un  caractère  difficultueux.  Des  difficul- 
tés! oh!  ma  comtesse  n'est  point  difficultueuse,  le- 
SAGE,  Turcaret,  iv,  2. 

—  REM.  Bouhours ,  Nouv.  rem.  :  <t  C'est  un  mot 
de  conversation  qui  passera  dans  les  livres,  si  je 
ne  me  trompe.  »  La  prédiction  de  Bouhours  s'est 
vérifiée. 

—  ETYM.  Mot  formé  irrégulièrement  de  difficulté, 
à  l'imitation  de  vertueux  et  autres  formés  réguliè- 
rement. 

t  DIFFLUENCE  (di-fnu-an-s'),  s.  f.  Terme  didac- 
tique. Etat  ou  qualité  de  ce  qui  est  diffiuent. 

—  ËTYM.  Diffiuent. 

t  DIFFLUENT,  ENTE  (di-ffiu-an,  an-l')  ,  adj. 
Terme  didactique.  Qui  s'écoule,  se  dissout  ou  s'é- 
panche de  tous  les  côtés.  ||  Terme  d'astronomie. 
Etoiles  diffluentes,  étoiles  qui  se  confondent  entre 
elles. 

—  ÉTYM.  Diffluer. 

-j-  DIFFLUER  (di-ffiu-é) ,  «.  n.  Terme  didactique. 
S'écouler  de  tous  côtés,  se  dissoudre. 

—  ÉTYM.  Lat.  diffluere,  de  di....  préfixe  latin,  et 
fluere,  fluer. 

t  DIFFORMATION  (di-for-ma-sion) ,  s.  f.  Action 
de  difformer. 

—  IIIST.  XVI*  s.  La  difformation  mauvaise  et  dam- 
née, que  ont  accoustumé  mener  les  religieux  au  dit 
prieuré.  Lettre  de  Louis  XII,  t.  i,  p.  468,  dans  la- 
CURNE.  Ils  reçoivent  les  anciens  conciles  tenus  avant 
la  difformation  [dérèglement],  d'aub.  Ilist.  i,  ob. 
U  alloit  vers  la  reformalion  par  la  dernière  des  di- 
formations,  mont.  t.  m,  p.  467,  dans  lacurnb. 

—  ÊTYM.  Difformer. 

DIFFORME  (di-for-m'),  adj.\\l°  Dont  la  forme 
irrégulière  est  laide  et  déplaisante.  Visage  difforme. 
Une  jambe  difforme.  On  ne  saurait  dire  si  Ésope  eut 
sujet  de  remercier  la  nature  ou  bien  de  se  plaindre 
d'elle;  car,  en  le  douant  d'un  très-bel  esprit,  elle 
le  fit  naître  difforme  et  laid  de  visage,  la  font.  Vie 
d'Ésope.  Il  est  si  prodigieusement  flatté  dans  toutes 
les  peintures  que  l'on  fait  de  lui,  qu'il  paraît  dif- 
forme près  de  ses  portraits,  la  bruy.  vin Quel 

aspect!  non  l'œil  humain  jamais  Ne  vit  de  plus  af- 
freux, de  plus  difformes  traits,  ducis,  Macbeth,  ii, 
6.  Il  Ce  bâtiment  est  difforme,  il  est  construit  sans 
.symétrie,  sans  art.  ||  2°  Fig.  Rien  n'est  plus  difforme 
que  le  vice.  Le  difforme  contraste  de  la  passion  qui 
croit  raisonner  et  de  l'entendement  en  délire.... 
I.  J.  Rouss.  dans  laveaux. 

—  HIST.  XVI*  s.  Tableaux  pour  le  vi.sage  de  Mon- 
sieur assez  difforme  de  lui  mesmes,  oil  il  estoit  flatté 
à  l'envers,  d'aub.  Ilist.  n,  496.  S  ils  en  recevront 
moins  d'incommodité  que  d'endurer  (comme  l'on  a 
fait  par  le  passé)  deux  difformes  [différents]  exer- 
cices de  religion,  ID.  ib.  ii,  253.  Et  le  col  [il]  luy 
dessembla  Loin  de  ses  testes  difformes,  rohs.  34o. 

—  ETYM.  Lat.  difformis,  de  di....  préfixe,  et 
forma,  forme. 

DIFFORME,  lÎE  (di-for-mé,  mée),  part,  passé. 
Médaille  ilifiormée. 

DIFFORMER  (di-for-mé),  ».  a.  Dénaturer  la  forme 
propre  d'une  monnaie,  d'une  médaille.  Il  est  dé- 
fendu aux  orfèvres  de  difformer  les  monnaies. 

—  HIST.  XV*  s.  S'en  paix  veulx  ta  vie  finir.  Quel- 
que cbiere  que  femme  face,  U  te  fault  encliner  sa 
face  [t'incliner  devant  elle]  Soit  belle,  ou  laide,  ou 
difformée,  e.  desch.  Poésies  nist.  !*■  377,  dans  la- 
CURNE.  Il  XVI*  s.  Que  trois  vices  principaux  diffor- 
moient  les  ecclésiastiques,  l'ignorance,  l'avarice  et 
la  pompe,  d'aub.  Ilist.  i,  406.  Le  Poyet  et  les  Lans 
quenets  s'avançoient  à  ce  bataillon  demi  formé,  qui 
desjà  se  difformoit;  car  la  queue  gagnoit  les  vignes, 
id.  ib.  i,  334.  Avec  un  visage  tout  difforme  de  pleurs, 
qu'elle  avoit  jettez  jour  et  nuict  depuis  les  mauvai- 
ses journées,  ID.  i6.  Il,  30.  Les  trouppes  du  prince 
deCondéqui  de  Refformezs'estoientrendusdiformez, 
ID.  ib.  II,  273.  Il  [le  langage  français]  cscoule  tons 
les  jours  de  nos  mains,  et,  depuis  que  je  vis,  s'est 
altéré  de  moitié;  nous  disons  oi'*''  ?«•  asture  [à  cette 


DIF 

heure]  parfaict;  autant  en  dict  du  sien  chaque  siè- 
cle; je  n'ay  garde  de  l'en  tenir  là,  tant  qu'il  fuyra 
et  se  difTormera  comme  il  Taict,  mont,  iv,  )I9. 

—  ETYM.  Difforme.  Anciennement  difformer  si- 
gnifiait défigurer,  dérégler,  désordonner. 

DIFFOHMITÉ  (di-for-mi-té),  s.  f.  \\i'  Vice  de  la 
conformation  extérieure  du  corps  qui  la  rend  con- 
traire aux  conditions  de  beauté  propres  à  l'espèce. 
Les  difformités  de  la  taille.  Ne  pouvant  lui  sauver 
l'œil,  du  moins  il  lui  sauva  la  difformité,  rollin, 
Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  vi,  p.  41.  ||  Par  extension. 
Les  Russes,  de  leurs  collines,  virent  tout  l'intérieur 
de  l'armée,  ses  faiblesses,  ses  difformités,  ses  par- 
lies  les  plus  honteuses,  tout  ce  que  d'ordinaire  on 
cache  avec  le  plus  de  soin  ,  seoun,  Ilist.  de  Napol. 
X,  3.  Il  2»  Fig.  Ce  sentiment  [ne  pouvoir  souffrir 
Dieu  qu'on  a  offensé]  est  faible  en  cette  vie,  où  nous 
ne  concevons  qu'imparfaitement  la  difformité  du 
péché,  NICOLE,  Ess.  mor.  2'  traité,  ch.  40.  Les  oc- 
cupatior.s  extérieures  et  continuelles  de  nos  fonctions 
nous  cachent  à  nous-mômes  cet  état  d'infidélité,  ou 
ne  nous  laissent  pas  le  loisir  d'en  approfondir  la 
difformité,  mass.  Conf.  Retraite  pour  les  curés.  La 
difformité  d'une  âme  en  qui  le  péché  habite,  m. 
Carfme,  Laiare.  Il  est  impossible  (|ii'elle  [une  Ame 
mondaine]  montre  dans  toute  leur  laideur  des  dif- 
formités qu'elle  ne  connaît  pas  et  qu'elle  aime  en- 
core, m.  ib.  C'est  une  grande  difformité  dans  la 
nature  qu'un  vieillard  amoureux....  la  bruy.  xi. 

—  BEM.  Voiture,  Lettre  125,  observe:  Il  faut  dire 
difformité;  déformité  est  mort  depuis  dix  ou  douze 
ans.  Déformiié  est  en  effet  resté  en  désuétude. 

—  SYN.  DIFFORMITÉ,  LAIDEUR.  Ces  dcux  mots  sont 
synonymes  en  ce  qu'ils  sont  également  opposés  à 
l'idée  de  beauté,  quand  on  les  applique  à  la  figure 
humaine.  Mais  la  difformité  implique  quelque  grande 
irrégularité  qui  n'existe  point  dans  la  laideur.  Un 
visage  laid  n'est  point  un  visage  difforme.  Dans  la 
difformité  la  forme  est  altérée,  perdue  ;  dans  la 
laideur  elle  est  conservée,  mais  elle  n'a  pas  les  ca- 
ractères de  la  beauté. 

—  IIIST.  xiv's.  En  ceste  très  grant  déformité, 
BERCHEURE,  ^  35,  verso.  \\  XVI'  S.  Nostre  corruption 
et  déformité  de  nature,  calv.  ln.itit.  (20.  La  beauté 
de  la  duchesse  n'estoit  que  laideur  et  difformité  au 
prix,  MARG.  Nouv.  Lxx.  Il  y  avoit  au  pais  de  Lace- 
demone  très  grande  difformité  [différence]  et  inéga- 
lité entre  les  habilans,  amyot,  Lyc.  )2.  l'outes  ses 
statues  presque  ont  l'armet  en  teste,  n'ayant  pas  les 
ouvriers  voulu  luy  reprocher  celle  difformi'.é,  ID. 
Péric.  3.  Le  reste  du  doigt  demeure;  mais  c'est  as- 
sez souvent  sans  ongle  et  avecques  difformité,  paré, 
VI,  21.  Quelque  remarquable  et  énorme  difformité 
corporelle,  mont,  ii,  86.  Difformité  est  indice  de 
virginité,  lerolx  de  lincy,  Prov.  t.  i,  p.  2(4.  Dif- 
formité n'est  pas  vice,  id.  «6. 

—  ETYM.  Difforme. 

\  DIFFRACTÉ,  ÉE  (di-ffra-kté,  ktée),  part,  passé. 
Qui  a  subi  la  diffraction.  Rayon  diffracté. 

+  DIFFRACTER  (di-ffia-klé) ,  v.  a.  Terme  de  phy- 
rique.  0[iérer  la  diffraction. 

—  ËTYM.  Lat.  diffractum,  supin  de  diffringere 
(voy.  diffhingent). 

tDlFFRACTIF,  IVE  (di-ffra-ktif,  kti-v'),  adj. 
Terme  de  physique.  Qui  produit  la  diffraction.  Pou- 
voir diffractif. 

—  ETYM.  Voy.  diffraction. 
DIFFRACTION  (di-ffra-ksion;  en  vers,  de  quatre 

syllabes),  s.  (.  Terme  de  physique.  Inflexion  que 
les  rayons  lumineux  éprouvent,  lorsque,  en  passant 
près  des  extrémités  d'un  corps,  ils  s'écartent  de  leur 
route  directe, 

—  SYN.  diffraction,  réfraction.  La  réfraction  a 
lieu  lorsque  les  rayons  lumineux,  dérangés  de  la  li- 
gne droite,  sont  tous  brisés  dans  le  même  sens  et  dans 
un  ordre  invariable.  Un  faisceau  lumineux  qui  tombe 
sur  un  prisme  de  cristal,  est  réfracté  ou  éprouve  la 
réfraction,  parce  que  les  rayons  s'étalent  de  manière 
à  former  le  spectre  solaire.  Au  contraires!  ce  faisceau 
tombe  sur  des  houppes  soyeuses,  les  divers  rayons 
étant  réfractés  selon  l'occurrence  des  brins  de  soie, 
il  résulte  dans  l'easemble  une  réfraction  qui  semble 
désordonnée  et  que  nous  nommons  diffraction. 

—  ETYM.  Diffracter. 

I  DIFFRINGENT,  ENTE  (di-ffrin-jan,  jan-t'), 
adj.  Terme  de  physique.  Qui  opère  la  diffraction. 
Surface  diffringente. 

—  ETYM  Ut.  diffringere,  de  di....  préfixe,  et 
frinqere  pour  frangere,  briser  (voy.  fragile). 

DIFFUS,  USE  (di-ffu,  fu-z'),  adj.  ||  1°  Terme  di- 
dactique. Qui  est  répandu  au  travers.  L'esprit  est  dif- 
fus dans  toute  la  substance  de  l'âme,  comme  l'âme  est 
diffuse  dans  toute  la  substance  du  corps ,  dideh.  Opin. 

mer.    DE   lA    LANGUE   FRANÇAISE 


DIF 

des  anc.  phil.  (Épicuréisme).  La  force  par  laquelle 
nous  agissons,  nous  sentons,  nous  pensons,  est  dif- 
fuse dans  toute  la  matière,  id.  ib.  (Pliilos.  péripat.). 
Il  Terme  de  pathologie.  Anévrismediffus,  tumeur  for- 
mée par  le  s;ing  épanché  hors  d'une  artère  blessée. 
Phlegmon  diffus,  phlegmonqui  n'est  pas  circonscrit. 
Il  Terme  de  botanique.  Plantes  diffuses,  plantes  qui 
étalent  lâchement  leurs  ramifications.  ll  Terme  de 
physique.  Lumière  diffuse,  lumière  répandue,  bien 
que  la  source  dont  elle  émane  soit  voilée.  ||  2°Qui  ade 
l'ampleur,  de  l'étendue.  Plus  l'esprit  se  fait  simple.... 
Plus  lors  sa  connaissance  est  diffuse  et  certaine.  Et  s'é- 
lève sans  peine  Jusqu'aux  plus  hauts  sujets,  corn.  Imi- 
tation, I,  3.  Il  Peu  usité  en  ce  sens.  Il  3°  Qui  délaye, 
étend  la  penséeoutre  mesure.  Un  avocat,  un  écrivain 
diffus.  Langage  diffus.  Quelque  soin  qu'on  apporte  à 
être  serré  et  concis  el  quelque  réputation  qu'on  ait 
1  d'être  tel,  ils  [certains  esprits  vifs]  vous  trouvent  dif- 
I  fus,  LA  BRUY.  1.  Il  Style  diffus,  sorte  de  style  redon- 
dant, où  se  trouvent  beaucoup  de  pensées  qui  ne 
tiennent  pas  directement  au  sujet  que  l'on  traite. 

—  SYN.  DIFFUS,  PROLIXE.  Défauts  du  style  con- 
traires à  la  brièveté.  Le  diffus  abonde  en  accessoires 
superflus,  en  idées  hors  d'oeuvre.  Le  prolixe  abonde 
en  paroles  qui  délayent  la  pensée  et  l'expression. 

—  HIST.  XVI'  s.  Pis  ne  fit  onc  la  teste  de  Méduse, 
Et  toutesfois  le  mal  je  n'en  refuse,  Puis  que  par  luy 
se  voit  ample  et  diffuse  Ma  loyauté,  st-gel.  72. 
Ceste  chaleur  est  diffuse  et  estendue  par  tout  le  corps, 

PARÉ,  XX,   3. 

—  ÉTYM.  Lat.  diffusus,  répandu,  part,  passif  de 
diffundere,  de  di....  préfixe,  et  fundere  ,  verser 
(voy.  fusion). 

t  DIFFUSÉ,  ÉE  (di-ffu-zé,  zée),  part,  passé. 
Terme  didactique.  Répandu  par  diffusion.  Les  plan- 
tes montrèrent  combien  est  rapide  l'action  de  la  lu- 
mière qu'elles  reçoivent  comme  par  une  sorte  de 
sens  diffusé  dans  leurs  corolles,  faye,  Comptes  ren- 
dus, Acad.  des  se.  t.  Li,  p.  998. 

DIFFUSÉMENT  (di-ffu-sé-man),  adv.  D'une  ma- 
nière diffuse,  en  délayant  outre  mesure  la  pensée. 
Je  le  fais  [je  vous  en  parle]  par  écrit  dans  la  crainte 
deraaplénitude,  qui  est  telle  que  j'aurais  appréhendé 
de  vous  parler  trop  diffusément,  st-sim.  208,  H9. 

—  HIST.  XV'  s.  Contenant  au  long  et  difi'usement 
la  manière  du  dit  homicide  et  les  causes  pour  les- 
quelles il  fut  commis  et  perpétré,  monstr.  liv.  i, 
ch.  77. 

—  ÉTYM.  Diffusé,  ou,  dans  l'ancienne  langue, 
diffuse,  et  le  suffixe  ment. 

{diffuser  (di-lfu-zé),  v.  a.  Terme  de  physi- 
que. Répandre  de  çà  et  de  là,  répandre  à  travers. 
Ce  reflet  qui  diffuse  la  lumière  dans  toute  l'étendue 
du  plan  perpendiculaire  aux  stries,  Léon  foucault, 
J.  des  Débats,  5  juin  186 1. 

—  ÉTYM.  Lat.  diffusum,  supin  de  diffundere,  ré- 
pandre (voy.  diffus). 

t  DIKFUSIBLE  (ili-ffu-zi-br),adj.  ||  1°  Qui  peut 
se  répandre  dans  tous  les  sens,  de  tous  les  côtés. 
Une  odeur  difl'usible.  ||  2°  Terme  de  physiologie.  Qui 
excite  tous  les  tissus  vivants  d'une  manière  vive 
mais  passagère,  et  réagit  promptement  sur  le  cer- 
veau :  tels  sont  l'alcool  et  i'éther.  ||  S.  m.  Tous  les 
diffusibles  sont  odorants,  inflammables  et  sujets  à 
s'évaporer. 

—  ÉTYM.  Voy.  diffus. 

t  DIFFUSIF,  IVE  (di-ffu-zif,  zi-v'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  a  une  vertu  de  diffusion.  [[Substan- 
ces diffusives,  substances  susceptibles  de  se  séparer 
d'un  mélange  soumis  au  dialyseur:  telles sontla  si- 
lice et  l'alumine  hydratées,  l'amidon,  la  ilextrine,  etc. 

—  ETYM.  Voy.  diffusior;  provenç.  diffusiu;  es- 
pagn.  difusivo  ;  ital.  diffusivo. 

DIFFUSION  (ili-ffu-zion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Terme  de  physique.  L'action  de  se 
répandre.  La  diffusion  de  la  lumière,  du  son.  ||  Par 
extension.  La  diffusion  de  la  richesse.  La  diffusion 
des  ouvrages  écrits  dans  une  langue  comprise  de 
tout  le  monde,  Ilist.  liltér.  de  la  France,  t.  xxiv, 
p.  303.  Il  2°  Nom  donné  à  la  condition  qui  fait  que, 
dans  une  réunion  de  gaz  de  densité  différente, mal- 
gré leur  superposition  par  ordre  de  densité,  et  par 
couches  horizontales  d'abord,  le  mélange  finit  par 
devenir  intime  grâce  au  déplacement  réciproque  de 
ces  gaz.  Il  3°  Terme  de  médecine.  Diffusion  d'un 
médicament  ou  d'un  poison,  sa  distribution  molé- 
cule à  molécule  dans  tous  les  tissus  par  la  circulation 
ou  l'assimilation.  ||4°  Défaut  du  langage,  du  style 
diffus.  11  n'y  avait  pas  jusqu'à  Néaulme  qui,  dans  la 
diffusion  de  son  bavardage,  ne  me  montrât  du  re- 
gret de  s'être  môle  de  cet  ouvrage,  j.  i.  houss. 
Confess.  xi.  La  diffusion  nuit  sans  doute  à  la  clarté, 
quand  on  parle  à  des  hommes  accoutumés  à  une  at- 


DIG 


1161 


tention  soutenue,  qui  savent  saisir  des  nuances 
fines,  qui  peuvent  recevoir  à  la  fois  un  grand  nom- 
bre d'idées  et  suppléer  aux  idées  intermédiaires  que 
l'on  a  supprimées,  condorcf.t,  Duhamel. 

—  ÉTYM.  Provenç.  diffusin  ;  es^iagn.  difusion; 
ital.  diffusinne ;  du  latin  diffusionem  (voy.  diffus), 

t  DIGAME  (di-ga-m'),  adj.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Qui  possède  à  la  fois  les  deux  sexes. 

—  ÉTYM.  A:ç,  deux,  et  ■(i[i.oi,  mariage. 

t  DIGAMMA  (di-ga-mma)  s.  tu.  Signe  que  les 
Éoliens  plaçaient  en  tête  des  mots  commenç:int  par 
une  voyelle,  ou  entre  deux  voyelles  dans  le  corps 
du  mot,  et  qui  équivalait  dans  les  autres  dialectes 
grecs  à  l'esprit  rude,  dans  le  latir.  au  k  ou  à  Vf.  \\  Au 
plur.  Des  digamma. 

—  ETYM.  AU,  deux,  et  gamma;  ainsi  dit  parce 
qu'il  ressemble  à  deux  gamma  l'un  sur  l'autre. 

DIGASTRIQUE  (di-g,a-stri-k'),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie.  Qui  a  deux  ventres,  deux  parties  chi.fnues 
réunies  par  un  tendon  intermédiaire.  Le  muscle  di- 
gastrique,  et,  substantivement,  le  digastrique. 

—  ÉTYM.  lU,  deux,  et  yaoTr.p    ventre. 

t  DIGÈNE  (di-jê-n'),  adj.  Te-me  d'histoire  natu- 
relle. Oui  naît  ou  s'accroît  par  doux  surfaces.  ||  Qui 
est  muni  de  deux  sexes. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  y^vo;,  race. 

t  DIGÉME  (di-jé-nie),  s.  f.  Terme  d'histoire  na- 
turelle. Génération  qui  s'effectue  par  le  concours  des 
deux  sexes. 

t  DIGEON  (di-jon) ,  s.  m.  Terme  de  marine.  Pièce 
de  bois  triangulaire  qui  remplit  le  vide  existant  sous 
la  figure  du  navire.  Voy.  digon. 

t  DIGÉRANT,  ANTE  (di-jé  ran,  ran-t'),  ad}.  Qui 
digère.  La  faculté  digérante  étant  absolument  anéan- 
tie chez  moi,  je  ne  m'expose  plus  au  danger,  volt. 
Leit.  Mme  du  Deffant,  8  fév.  (768. 

DIGÉRÉ,  ÉE  (di-jé-ré,  rée),  part,  passé.  ||  1*  Mis 
en  ordre.  Tout  était  écrit,  tout  était  digéré  par 
l'ordre  des  temps,  boss.  Hist.  ii,  4.  Il  [l'ambassa- 
deur] a  son  fait  digéré  par  la  cour  [sa  marche  lui 
est  tracée],  la  bruy.  x.  Le  sentiment,  guide  aussi 
sûr,  disons  incomparablement  plus  sûr  qu'un  savoir 
mal  digéré,  d'olivet,  Ilist.  Acad.  t.  il,  p.  104, 
dans  pougens.  ||  2"  Qui  a  subi  la  digestion.  Les  ali- 
ments digérés  par  l'estomac.  ||  3"  Fig.  Supporté, 
quoique  fâcheux.  Un  affront  reçu  et  digéré. 

DIGÉRER  (dijé-ré.   La  syllabe  gé  prend  l'accent 
grave    quand    la  syllabe   qui  suit   est   muette  :  je 
digère,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  je  di- 
gérerai, je  digérerais,  exception  qui  n'est  pas  justi- 
fiée),r.n.  '1 1°  Mettre  en  ordre,  d'après  le  sens  primi- 
tif du  latin  ùigirere,  qui  est  porter  deçà  et  delà.  Le 
sénat  devait  digérer  toutes  les  affaires,  boss.  Ilist 
III,  7.  Lois  qu'un  roi  a  digérées,  in.  ib.  ni,  3.  L'his- 
toire qu'il   avait  digérée  dès  l'origine  du  monde, 
id.  ib.  1,4.    Il  2°  Transmuer    par  la  digestion   les 
aliments  introduits  dans  l'estomac.    II  ne  peut  di- 
gérer que  des  viandes  légères  et  délicates.  Sun  esto- 
mac digère  tout.  11  n'a  pu  difiérer  son  dîner.  ||  Fig. 
L'on  se  couche  à  la  cour  et  l'on  se  lève  sur  l'intérêt: 
c'est  ce  que  l'on  digère  le  matin  et  le   soir,  le  joi:r 
et   la   nuit,   la  bruy.  viii.   jj  Absolument.  Il  digère 
bien.  Il  digère  mal.  Un  verre d'oigeat  l'empêcha  de 
digérer.  Il  a  tout  :  il  a  l'art  de  plaire.  L'art  de  nous 
donner  du  plaisir.  L'art  si  peu  connu  de  jouir.  Mais 
il  n'a  rien,  s'il  ne  digère,  volt.  LeIt.  en  vers  et  en 
prose,  81.  Digérer  un  peu  et  rire  beaucoup,  voilà 
à  quoi  je  borne  mes  prétentions,  d'alembeht,  Lett. 
d  Volt.  29  août  (764.  Il  3°  II  se  dit,  en  un  sens  ana- 
logue, dans  le   langage  médical,  de  ce  qui  procure 
la  maturation  de  quelque  humeur.  Onguent  propre 
à  digérer  une  inflammation  suppurative.  ||  4°  Terms 
de  pharmacie.  Faire  digérer  une  substance,  en  ex- 
traire  par  digestion  un   principe  utile.  {|  5°  Fig. 
Mener  à  maturité  par  un  travail  de  l'esprit  comparé 
à  la  digestion  de  l'estomac.    J'ai  conçu,   digéré, 
produit  un  stratagème,  mol.  l'Étour.  ii,(4.  Je  vous 
laisse  digérer  ces  réflexions,  sÉv.  4(t.  Je  laisse  a 
votre  bon  cœur  cette  pensée  à  digérer,  id.  i7(.  U 
faut  du  temps  pour  bien  digérer  ce  que   m'envoie 
M.  Phelippeaux,   boss.  Lett.  quiét.  288.    Pour  bien 
lire,   il   faut  digérer  la   lecture,   in.    Obi.  3.   U  a 
écrit  longtemps  après  le  commencement  de  la  ré- 
forme prétendue,  de  sorte   que,  les  matières  ayant 
déjà  été  fort  agitées  et  les  docteurs  ayant  eu  plus  de 
loisir  de  les  digérer,  la  doctrine   de  Calvin  paraît 
plus  uniforme  que   celle    des  autres,  lu.    Vur.  ix, 
§  84.  Peu  lire  et  penser  beaucoup  à  nos  lectures  est 
le  moyen  de  les  bien  digérer,  J.  J.  Rouss.  Ilél.i,  ta. 
Je  digérais  le  plan  déjà  formé  de  mes  institutions  po- 
litiques, dont  j'aurai  bientôt  à  parler,  id.  Confess. 
VIII.  Il  Absolument.  Un  esprit  qui  dévore  plus  qu'il 
ne  digère,  jj  6°  Supporter  en  silence  quelque  chose  de 

1.  —   146 


1162 


DIG 


fâcheui  n  ne  peut  digérer  les  cinq  cents  écus  que 
je  lui  arrache,  MOL.  Scapin,  li,  l  (.  Ces  coups  do 
bAtiin  me  reviennent  au  cœur;  je  ne  les  saurais 
digérer,  in.  Ue'dec.  m.  lui,  i,  6.  i,e|)è'e  lui  laisa 
digérer  .sa  disgrâce,  la  font,  Fabl.  vi,  21.  J'ai  été 
forcé  de  lui  citer  un  mot  qu'elle  a  eu  hien  de  la 
peine  i  digérer,  ;.  j.  nouss.  Ilél.  v,  2.  J'ai  un  esto- 
mac (|ui  me  joue  d'aussi  mauvais  tours  que  si  je  l'o- 
bligeais à  d  gérer  tout  ce  qui  se  Tait  et  tout  ce  qui 
se  dit  en  France,  d'alembeht,  Lett.  d  Ko((.  Bjuill. 
47114.  Il  En  c«  sens  il  se  construit  avec  que  et  le  sub- 
jonctif. Nous  avons  peine  k  digérer  que  tel  ou  tel  de- 
puis si  longtemps  nous  rendent  do  mauvais  offices, 
BounoAL.  Serm.  il' dim.  après  la  l'entec.  Uominic. 
t.  IV,  p.  28-2.  Il  II  se  construit  aussi  avec  de.  Il  ne  pou- 
vait digérer  (le  voir  ses  livres  méprisés  du  public, 
RACINE  d.ins  le  Dict.  de  poitevin.  |{  Refuser  d'ac- 
cepter, de  croire.  Dites  tout  ce  que  vous  voudrez, 
je  ne  saurais  digérer  cela,  non  plus  que  le  potage 
et  la  tarte  à  la  crème,  dont  madame  a  parlé  tantôt, 
MOL.  Crit.  se.  7.  Il  ne  put  faire  digérer  aux  Suisses  sa 
présence  substantielle,  Boss.  l'or.  4.  Ne  pouvant  di- 
gérer la  folie  que  le  mondt;  trouvait  dans  l'Évaugile, 
ID.  Ilisl.  II,  12.  Il  Cela  est  bien  dur  à  digérer,  cela  est 
difficile  àsupporterouàcroire.  ||  7''Sedigérer,«.r('/i. 
Être  digéré.  Cet  aliment  ne.se digère  pas  bien.  ||  Fig. 
Être  médité.  Ces  lectures  se  digèrent,  se  classent 
dans  l'esprit  et  y  fructifient.  ||  Être  supporté,  ac- 
cepté. Il  soutenait  que  du  principe  de  Descartes 
s'ensuivrait  la  possibilité  du  mouvement  perpétuel 
artiiiciel,  ou  d'un  efl'et  plus  grand  que  sa  cause, 
conséquence  qui  ne  se  peut  digérer  ni  en  mécani- 
que ni  en  métaphysique,  fontbn.  Leibnitz. 

—  llisr.  XIV'  s.  L'en  ne  les  apaise  pas  par  per- 
suasions ne  paroles,  mes  convient  long  temps  pour 
leur  ire  digérer,  ohf.sme,  lith.  )2».  Or  sçavez  que 
trois  choses  faict  L'art  d'alchymie  :  c'e.st  qu'il  par- 
faict  Le  métal  et  le  viviRe;Tout  premier  elle  purilie, 
Et  digère  son  esperit  :  En  ce  faisant,  rien  ne  périt, 
l'Alchim.  à  nat.  705.  ||  xv«  s.  J  ai  l'estomac  deljilité. 
Si  bien  qu'à  grant  peine  il  digère, basselin,  xii.  Mis 
en  prison  plus  merancolieuse  que  mort,  et  plus 
du  K  que  cop  de  douloire  par  non  povoir  digérer 
»on  ennui,  G.  ciiastkl.  Expos,  s.  vérité  mal  prise. 
Il  XVI'  s.  Tel  me  pensoit  empesché  à  digérer  à  pan 
moy  quelque  jalousie,  mont,  i,  77.  Je  ne  digère 
pas  bien  cette  différence  de  mots  fje  ne  la  comprends 
pas],  ID,  I,  142.  Que  nous  sert  il  d'avoir  la  panse 
pleine  de  viande,  si  elle  ne  se  digère?  id.  i,  I44.  Il 
ne  la  fil  pas  longue  après  ce  refTus,  non  plus  que  le 
comte  de  Tendes,  avec  souhçon  pour  l'un  et  pour 
l'autre  d'un  morceau  mal  digéré  [d'un  empoisonne- 
ment], d'al'B.  Ilist.  II.  28.  IJmplastre  digen.nt  les 
playes  prolumles,  angustts  et  caverneuses,  paré, 
viii;  32.  En  subtiliant  l'Iiumeiir  par  choses  emo- 
lientes  et  digerenies,  o.  de  serhes.  flco. 

—  ÊTVM.  Provenç.  digorir,  degerir;  espagn.  di- 
gerir;  ital.  digerire  ;  du  latin  digerere,  de  di....  pré- 
fixe, et  gercre,  porter  (voy.  geste)  :  porter  çà  et  là, 
parfaire,  m  il  ri  r. 

t  DltlF-STA  (dijé-sta),  s.  m.  piur.  Terme  d'hy- 
giène. Mot  latin  employé  pour  désigner  ceux  des 
agents  hygiéniques  qui  sont  ingérés  ou  digérés, 
comme  les  aliments  et  les  bois.sons. 

—  f.TVM.  Ua.  digesltts,  participe  passé  de  dige- 
rere, dijéier. 

DIGESTE  (di-jè-sf),  y.  m.  Nom  du  recueil  de 
déciaions  des  jurisconsultes,  composé  par  l'ordre  de 
l'empereur  Justinien,  qui  lui  donna  force  de  loi. 
Les  ciiaiions  qu'on  en  lire  se  man|uenl  par  ce  signe 
ff.  I.e  Digeste,  qu'on  nomme  aussi  les  l'andectes,  est 
divisé  en  cinquante  livres.  Il  entreprit  ensuite  un 
nouveau  travail  par  ordre  de  l'empereur;  ce  fut  de 
tirer  les  plus  belles  décisions  qui  se  trouvèrent  dans 
les  deux  mille  volumes  des  anciens  jurisconsultes 
et  de  les  réduire  en  un  corps  qui  fut  publié  en  033 
sous  le  nom  de  Digeste,  bollin,  Ilist.  anc.  liv. 
XXVI,  2'  part.  art.  3.  Il  fallait  que  la  rage  à  l'univers 
funeste  All.Al  encor  de  luis  embrouiller  le  Digeste. 
BOIL.  Sol.viii.  Du  Digeste  et  du  Code  ouvre-nous  le 
dédale,  Et  montre-nous  cet  art  connu  de  les  amis. 
Oui  dans  ses  propres  lois  embarrasse  ïhémis, 
ID.  Luir.  v. 

—  Hisr.  XIII' s.  En  la  digeste,  el  titre  qui  se  com- 
mence de  re  judicata  ,  Ordonn.  des  rois  de  Fr. 
1. 1,  p.  109.  En  la  digeste  de  chose  jugie'e,  ib.  p. 
»»».  Il  XVI' s.  Sçavoir  si  la  science  des  loix  réduite  en 
digestes  sous  rauilioritè  de  Justimen  a  esté  autie- 
r.us  enseignée  en  l'université  de  Paris,  pasouier, 
Hecherches,  p.  813.  dans  lacihnb. 

—  KTYN.  Lai.  digesia,  participe  passif  au  neutre 
pluriel,  les  choses  digérées,  mises  en  ordre,  de 
dtgerere  (voy.  dioereb).  Ce  nom  vient  de  ce  que 


DIG 

cet  ouvrage  est  compo.<ié  par  ordre  de  matières.  Dans 
l'ancien  français  difiesle  était  féminin,  suivant  la 
rfgle  qui  transformait  en  subslantifs  féminins  les 
siibsianiifs  latins  du  neutre  et  du  pluriel  :  la  l)i- 
ble,  btblia,  merveille,  mirabtlia,  aumaille,  ani- 
malia .  etc. 

t  DIGESTfi  (di-jÎ!sté),  t.  m.  Terme  de  pharma- 
cie. Nom  donné  aux  produits  de  l'opéralion  phar- 
maceutiijue  appelée  digestion. 

—  ETV.M.  Lai.  diyestus,  participe  passif  de  dige- 
rere, digérer. 

UIGKSTKUR  (di-jè-steur),  s.  m.  Vase  de  cuivre 
trésépais,  berméliquement  fermé  au  moyen  d'un 
couvercle  assujetti  par  une  forte  vis  de  pression.  Ce 
vase,  construit  pour  retarder  l'évapuration  des  li- 
quides et  en  élever  la  température  beaucoup  au  delà 
du  point  d'éliullition,  est  propre  à  cuire  prompte- 
ment  les  viandes  el  à  dissoudre  la  gélatine  des  os. 

—  KTYM.  Voy.  niGESTION. 

I  UIGESTIBII.ITÉ  (di-jè-sti-bi-li-té),  s.  f.  Qualité 
de  ce  qui  e.st  dig-istible.  Il  est  des  sulistiinces  répu- 
tées d'une  grande  digoslibilitè,  qui  sont  rejeiées  par 
le  vomissement  et  occasionnent  des  troubles  gastri- 
ques très-sérieux,  legoarant. 

—  ETYM.  IHgestibU. 

t  DIGESTinLE  (di-jè-sti-bl'),  adj.  Oui  peut  être 
digéré;  qui  .se  digère  facilement.  Aliment  digestible. 

—  lllST.  xiv  s La  chair  d'oyseaulx  volans  E-t 

plus  saine  el  plus  digestible  Que  nulles  autres  chairs 
ne  sont,  oace  de  la  signe,  ms.   f°  44&,  dans  la- 

CL'RNE. 

—  ÊTVM.  Provenç.  et  espagn.  digestible  ;  ital.  di- 
gestibile;  du  lalin  digestibilis,  de  digesium,  supin 
lie  diijrnre ,  digérer. 

DIGESTIF,  IVE(dijè-stif,  sti-v'),  adj.  ||  !•  Terme 
d'anatomie.  Oui  sert  à  la  digesiion.  Appareil  diges- 
tif, l'ensemble  des  organes  qui  concourent  à  l'ac- 
complissemenl  de  la  digestion.  Tube  digestif,  l'en- 
semble des  canaux  qui  font  partie  de  l'appareil 
digestif.  Il  2°  Oui  aide  à  la  digestion.  Poudre  diges- 
tive.  Les  substances  réputées  digestives  sont  en 
général  de  légers  excitants.  ||  S.  m.  L'eau  de  Seltz 
est  un  digestif.  ||  3'  Terme  de  pharmacie.  Oui  aide 
à  la  suppuration  des  plaies.  Un  onguent  digestif.  ||  S. 
m.  Un  digestif.  Le  digestif  ou  digestif  simple,  es- 
pèce d'onguent. 

—  HIST.  xvi«  s.  Médicament  digestif  [  pour  les 
plaies],  PARÉ,  V,  )0.  Dedans  la  playe  on  mettra  un 
digestif  fait  de  jaune  d'ceuf,  térébenthine,  et  huile 
rosat,  ID  VI,  18. 

—  ÉTVM.  Provenç.  digestiu;  espagn.  et  ital.  di- 
gestiro;  du  latin  digestivus ,  de  digesium,  supin  de 
digerere,  iligérer. 

DIGESTION  (di-jè-slion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1"  Terme  de  physiologie.  Fonction 
caraciérisée  par  la  dissolution,  la  liquéfaction  et 
babsorption  des  aliments  venus  du  dehors,  avec  dé- 
jection des  résidus.  Elle  se  décompose  en  digestion 
stomacale,  celle  qui  se  fait  dans  l'estomac  à  l'aide 
du  suc  gastrique;  digestion  intestinale,  celle  qui  se 
fait  dans  l'intestin  après  le  mélange  des  aliments 
avec  la  bile;  et  digesiion  des  matières  grasses,  celle 
qui  se  fait  à  l'aide  du  .suc  pancréatique.  ||  3°  Ëlabo- 
ration  des  aliments  dans  les  voies  digestives.  Diges- 
tion pénible.  Digestion  laborieuse.  Digestion  facile. 
Un  homme  ne  se  lèverait  pas  de  table  à  la  hâte,  de 
peur  de  troubler  la  digestion,  balz.  Lie.  m  .  iHt.  23. 
Cliton  n'a  jamais  eu  toute  sa  vie  que  deux  affaires, 
qui  sont  de  d!ner  le  matin  et  de  soujier  le  soir;  il 
ne  semble  né  ipie  pour  la  dige.slion,  la  bruv.  .yi.  Il 
passe  sa  vie  à  faire  la  digestion,  id.  xu.  On  ne 
mange  point  du  métal,  les  pistoles  sont  de  mau- 
vaise dige.slion,  FÉN.  l.  xix,  p.  49.  Les  tempéraments 
chez,  qui  la  digestion  est  un  peu  lente  et  l'esprit 
prompt  et  à  qui  la  casse  fait  un  bon  ellet,  durent 
d'ordinaire  plus  longtemps  que  les  corps  frais  el  do- 
dus, VOLT.  Leit.  Mme  du  Deffnnt,  i7  mai  (775.  Les 
sucs  salivaires  en  facililent  la  digestion  (des  ali- 
ments], j.  J.  Bouss.  Èm.  I.  Il  Fig.  Cela  est  de  dure 
digestion,  cela  est  difficile  à  souffrir,  à  croire,  à 
surmonter,  etc.  Je  dis  à  M.  le  prince  que  M.  le  car- 
dinal pourrait  fort  facilement  se  tromper  dans  ses 
mesures,  at  que  Paris  serait  un  morceau  de  dure 
digestion,  retz,  11,  (81.  L'affectionné  serviteur  est 
d'une  dure  digestion,  sév.  223.  Ces  retranchements 
[fortifications],  examinés  el  tournés,  furent  trouvés 
de  digesiion  II  op  dure;  ilfallul  prendre  des  détours, 
ST-siM.  ii8,3i.||i:e  livre  est  de  dure  digestion,  est 
un  morceau  de  dure  digestion,  c'est-à-dire  il  est 
difficileà  entendre,  ou  pénible  à  lire.  ||3'Terme  de 
pharmacie.  Séjour  d'une  subslance  médicinale  dans 
un  liquide  propre  à  en  extraire  quelques  principes  à 
l'aide  d'une  température  plus  élevée  que  celle  de  l'at- 


DIG 

mosphère.  ||4*Termede  médecine.  Maturation  d'une 
humeur  ou  de  tumeurs  considérées  comme  crues. 
La  digesiion  d'une  lumeur  à  l'aide  d'un  onguent. 

—  SYN.  COCTION,    DIGESTION,  MACÉRATION.    La  COC- 

lion  a  pour  but  de  préparer,*  l'aide  d»  feu,  certains 
alimenis  pour  la  nourriture,  et  certaines  autres 
choses  pour  des  emplois  divers  (par  exemple,  cuire 
des  briques).  La  digestion  pharmaceutique  a  pour 
but  d'extraire,  à  l'aide  d'un  liquide  el  d'une  tempé- 
rature plus  élevée  que  celle  de  l'atmosphère,  cer- 
tains principes  d'une  substance.  I^  macéraiinn  a  le 
même  but  queUdigestion,  emploie,  comme  elle,  un 
liquide,  maissefail  à  la  température  atmosphérique. 

—  lIlST.  XIII'  s.  El  [les  choses]  pueent  [peu- 
vent] lor  compieccions ,  Par  diverses  digestions, 
Si  changer  entre  aus  [elles],  que  cis  changes  Les 
met  souz  espèces  eslranges  Et  leur  toit  [ôiej  l'es- 
pèce première,  la  /(ose,  02»4.  ||  xiv  s.  La  nutri- 
tion ou  digesiion  se  fait  mieux  en  donnant,  ohesme, 
Elh.  30.  Comme  en  médecine  se  aucuns  savoient 
en  gênerai  que  chars  legierea  sont  de  bonne  diges- 
tion et  .saines,  id.  ib.  fso.  ||  xvi'  s.  Cela  eust  esté 
trouvé  un  peu  de  mauvaise  grâce  et  de  difficile 
digesiion,  choliéres,  Contes,  apresdin.  1. 

—  ÊTYM.  Géiiev.  digession;  provenç.  digestio; 
espagn.  digestion  ;  ital.  digeslione;  du  latin  digestio- 
nem,  de  digesium,  supin  de  d'gerere,  digérer. 

DIGITAL,  ALE  (di-ji-ta-l',  ta-l).  ||  l°.4d;.  Terme 
d'analomie.  Oui  appartient  aux  doigts.  Nerfs  digi- 
taux, ceux  qui  se  distiibuenl  aux  doigts.  ||  Appe.i- 
dices  digitaux,  appendices  ou  diverlicules  que  pré- 
senlenl  les  intestins,  et  que  l'on  a  ainsi  appelés  par 
analogie  de  forme  avec  les  doigts  d'un  gant.  ||  Im- 
pressions digitales,  dépressions  superficielles  que 
présente  la  face  interne  des  os  du  crâne  el  qui  cor- 
respondent aux  circonvolutions  cérébrales.  ||  2°  S. 
m.  Terme  de  botanique.  Champignon  appelé  plus 
ordinairement  clavaire. 

—  F.TYM.  Lat.  digiialis,  de  digitus,  doigt  (voy 
doigt). 

t.  DIGITALE  (di-ji-ta-l'),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Plante  de  la  famille  des  scrofulariées.  ainsi 
dite  de  la  forme  de  sa  corolle,  qui  ressemble  à  un 
doi^lier  renversé.  ||  Digitale  pourprée,  doiglier, 
ganielée, doigt  de  Notre-Dame  {digitalis  purpurea, 
L.),  reconnais.sahleà  ses  longs  épis  de  grandes  fleuri 
pourprées  campaniformes,  tachetées,  dans  l'inlé- 
neur  de  la  corolle,  de  points  noirs  entourés  d'un 
cercle  blanchâtre.  Elle  est  diurétique  et  diminue  la 
fréquence  des  baltements  du  cnur.  ||  Fausse  digi- 
tale, nom  vulgaire  du  dracocépliale  lirginien  (la- 
biées). Il  l'etile  digitale,  nom  vulgaire  de  la  gra- 
tiole  officinale. 

—  ÊTYM.  Digital. 

f  2.  DIGITALE  (di-ji-ta-l'),s.  f.  Terme  dépêche. 
Jeune  saumon,  très-petit.  1|  Pointe  d'oursin  fossile. 

—  f.TYM.  DiqitaK 

I  DIGITALE,  ÉË  (di-ji-la-lé,  lée),  ad;.  Terme  de 
botanique.  Qui  ressemble  à  une  digitale. 

—  ETYM    Pii/itale  I. 

f  DIGITALIKOK-ME  (  di-ji-ta-li-for-m')  ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Quia  la  formed'undé  àcoudre. 

—  ETYM.  Lat.  digitale,  dé  (voy.  vé  2),  et  forme. 
t  DIGITALINE    (di-ji-ta-li-n'),  s.     f.  Terme  de 

chimie.  Principe  actif  de  la  digitale  pourprée. 

—  ETYM.  Digitale  t. 

t  DIGITALIQUE  (  di-ji-ta-li-k' ),  adj.  Terme  de 
chimie.  Acide  digitalique,  acide  découvert  dans  la 
digitale  pourprée. 

—  ETYM.   Digitale  t. 

j  DIGITATIO.N  (di-ji-ta-sion),  s.  f.  Terme  de  bo- 
taiiiipje.  Découpure  des  feuilles  digitées.  ||  Terme  de 
zoologie.  Marque  ou  impression  en  forme  de  doigts. 
Il  Terme  d'analomie.  Nom  donné  à  ries  faisceaux  de 
fibres  musculaires  isolés  et  disposés  à  peu  près 
comme  les  doigts  de  la  main  tenus  écartés. 

—  ETVM.  Digili. 
DIGITÊ.ÉE(di-ji-lé,tée),odj.  |[  l'Oui  est  en  forma 

de  doigt.  Racine  digitée.  ||  Terme  de  botanique.  Dé- 
coupé en  forme  de  doigts,  en  parlant  de  feuilles 
composées  de  plus  de  trois  folioles.  ||  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  offre  des  digilalions.  Aile,  coquille  di- 
gitée. IJÏ'S.  m.  pJur.  Terme  de  zoologie.  Lesdigités, 
onire  de  mammifères,  contenant  ceux  qui  ont  le» 
doigts  libres  aux  quatre  pieds. 

—  ETYM.  Lat.  digitalus,  muni  de  doigts,  de  dt- 
gitus,  doigt  (voy:  doigt). 

t  DIGITIFOLIfi,  ÉE  (di-ji-ti-fo-li-é,  liée),  aij. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  feuilles  digitées. 

—  ETYM.   L.il.  digitus,  doigt,  el  falium,  feuille, 
t   DIGITIFOIIMK  (di-ji-li-lor-m'),    adj.   Terme 

d'histoire  naturelle.  Qui  a  la  forme  d'un  doigt. 

—  ÊTYM.  Lat.  digitus,  doigt,  etformt. 


à 


DIG 


DIG 


DIG 


1163 


I  DIGITIGRADE  (di-ji-ti-gra-d').  ||  i'Adj.  Terme 
de  zoologie.  Oui  marche  sur  le  bout  Jes  doigis. 
Il  i°  S.  m.  Nom  des  carnassiers  carnivores  qui ,  ayant 
le  tarse  si  le  métatarse  redressés  dans  le  sens  des 
os  de  la  jambe,  marchent  sur  les  doigis  seulement. 

—  ÊTYM.  Mot  latin  hypothétique  digitigradus, 
formé  sur  le  modèle  de  lardigradus ;  de  digilus, 
doigt,  et  gradi.  marcher  (voy.  ghade). 

t  DIGifiNKRVÉ,  ÉE  (di-ji-ti-nèr-vé,  vée),  adj. 
Terme  de  botaniiiue.  Qui  a  des  nervures  digitées, 
c'est-à-dire  partant  du  sommet  du  pétiole  en  diver- 
geant. 

—  ÊTYM.  Lat.  digitits,  doigt,  et  nervus,  nervure, 
t  DIGITIPALMÉ,  ÊE  (di-ji-ti-pa-lmé,  mée),adj. 

Synonyme  de  digitipenné. 

—  ETYM.  L<l.  digilus,  doigt,  et  palma,  paume. 
t  DIGITIPENNÉ,   ÉE  (di-ji-ti-pé-nné,  née),  adj. 

Terme  de  botanique.  Feuille  digitipennée,  feuille 
dont  le  pétiole  est  terminé  par  des  pétioles  secon- 
daires portant  les  folioles. 

—  ETYM.  Lat.  digitus,  doigt,  el  penna,  aile. 

I  DIGITIPINNÉ,  ÉE  (di-ji-ti-pi-nné,  née),  adj. 
Synonyme  de  digitipenné. 

—  ETYM.  Lat.  digilus,  doigt,  et  pinnatus,  ailé. 
f  DIGITOLÉINE  (di-ji-to-lé-i-n'),  s.  (.  Terme  de 

chimie.  Matière  grasse  trouvée  dans  la  digitale  pour- 
prée. 

—  ÉTYM.  Digit....  abrégé  de  digitale,  et  le  latin 
cleum.  huile. 

t  DIGirULE  (di-ji-tu-l'),  s.  m.  Terme  d'anatomie. 
Le  petit  doigt  de  la  main  et  du  pied.  ||  Inusité. 

—  ETYM    Diminutif  du  latin  digitus,  doigt. 

t  DIGLYPUE  (di-gli-T),  s.  m.  Terme  d'archi- 
tecture. Console  ou  corbeau  qui  a  deux  cannelures. 

—  ETYM.  AîyJuçoi:,  deôi;,  deux  fois,  et  ylûfnv, 
ciseler. 

DIGNE  (di-gn';  au  xvi'  s.  Palsgrave,  p.  23,  dit 
qu'on  prononçait  dine),  adj.  ||  1"  Qui  mérite,  en 
parlant  des  personnes.  Il  est  digne  de  récompense. 
Digne  d'être  admiré. Il  est  faux  que  noussoyonsdignes 
que  les  autres  nous  aiment;  il  est  injuste  que  nous 
le  voulions,  pasc.  Pensées,  art.  xxiv,  B6,  éd.  La- 
hure,  (800.  Approchez,  6  vous  qui  courez  avec  tant 
d'ardeur  dans  la  carrière  de  la  gloire,  âmes  guer- 
rières et  intrépides;  quel  autre  fut  plus  digne  de 
vous  commander?  noss.  Louis  de  Bourbon.  Digne 
de  notre  encens  et  digue  de  nos  vers,  boil.  Sal.vii. 
Je  mourais  ce  matin  digne  d'être  pleurée,  rac. 
Phèd.  m,  3.  Jamais  femme  ne  fut  plus  digne  de 
pitié,  ID.  t6.  II,  6.  Il  Oui  mérite,  en  parlant  des  cho- 
ses. Conduite  digne  d'éloges.  Langage  digne  d'être 
applaudi.  Exemple  digne  d'imitation.  Il  l'ofl're  une 
oraison,  il  t'offre  des  louanges.  Dignes  de  se  mêler 
à  celles  de  tes  anges,  corn.  [mit.  m,  48.  ||  Digne 
de  créance,  digne  de  foi,  se  dit  des  personnes  et 
des  choses.  ||  2°  En  mauvaise  part.  Il  est  digne  de 
punition,  de  mépris.  Celte  aclion  est  digne  d'un 
châtiment.  Car  c'en  est  une  [trahison]  enfin  bien 
digne  de  supplice  Qu'avoir  d'un  tel  secret  donné 
le  moindre  indice,  corn.  Iléracl.  ii,  l.  El  toutes 
les  hauteurs  de  sa  folle  fierté  Sont  dignes  tout 
au  plus  de  ma  sincérité,  mol.  F.  savantes,  i,  3. 
Voilà  le  digne  fruit  de  tant  de  travaux  et,  dans 
le  comble  de  leurs  vœux,  la  conviction  de  leur 
erreur;  venez,  ra.«sasiez-vous,  grands  de  la  terre, 
saisissez-vous,  si  vous  pouvez,  de  ce  fantôme  de 
gloire,  à  l'exemple  de  ces  grands  hommes  que  vous 
admirez,  boss.  Louis  de  Bourbon.  Qu'elle  nous 
parut  au-dessus  de  ces  lâches  chrétiens  qui  s'i- 
maginent avancer  leur  mort  quand  ils  préparent 
leur  confe.ssion;  qui  ne  reçoivent  les  saints  sacre- 
ments que  par  force;  dignes  certes  de  recevoir  pour 
leur  jugement  ce  mystère  de  piété  qu'ils  ne  reçoi- 
vent qu'avec  répugnance  I  ID.  Vuch.  d'Orléans. 
Il  3°  Absolument.  Honnête,  honorable;  en  ce  sens 
digne  se  met  toujours  avant  son  substantif.  Un  digne 
homme.  Un  digne  magistrat.  El  demandons  aux  dieux, 
nos  dignes  souverains....  coBN.  Nicom.  y,  tu.  Ro- 
d-igue  aime  Chimène,  et  ce  digne  sujet  De  ses  af- 
fections est  le  plus  cher  objet,  id.  Cid,  i,  7.  Quand 
je  semais  partout  la  terreur  et  l'eiïroi.  J'étais  un 
grand  héros,  j'étais  un  digne  roi,  id.  Perlhar.  i,  4. 
Que  pouvait  penser  le  prince,  si  ce  n'est  que,  pour 
accomplir  les  plus  gramles  choses,  rien  ne  manque- 
rait à  ce  digne  fils  que  les  occasions?  BOss.  Louis 
ie  Bourbon.  Paraissez,  cher  enfant,  digne  sang  de 
nos  rois,  rac.  Alhal.  v,  5.  Il  se  jeta  au  milieu  d'une 
colonne  romaine,  où  il  périt  en  di^'ne  fils  d'Amil- 
car  et  en  digne  frère  d'Annibal,  rolun,  llist.  anc. 
(Euvres,t.  i  p.  460,  dans  pougens.  Dis-leur  que  j'ai 
donné  la  mort  la  plus  affreuse  X  la  plus  digne 
femme,  à  la  plus  vertueuse,  volt.  Zaïre,  v,  to. 

Capaljle.  C'est  un  digne  sujet.  Et  s'il  n'avait  laissé 


dans  de  si  dignes  mains  L'infaillible  secret  de  vain- 
cre les  Romains,  corn.  Nie.  lu,  2,  ||  Cependant,  si  di- 
gne, en  ces  em|ilois,  est  modifié  par  quelque  autre 
mot,  on  peut  le  meltre  après  son  substaniif.  Quand, 
à  la  fin  du  repas,  il  [Pierre  I"]  vit  son  portrait 
qu'on  venait  de  peindre,  placé  tout  d'un  coup  dans 
la  salle,  il  sentit  que  les  Français  savaient  mieux 
qu'aucun  peuple  du  monde  recevoir  un  hôte  si  ili- 
gne,voLT.  llist.  de  Itu-ssie,  ii,  h.  ||  On  le  dit  aussi  des 
cho.ses;  et  alors  digne  se  met  encore  après  son  sub- 
slantiL  Une  conduite  digne.  Rien  de  plus  digne 
que  sa  conduite.  ||  4°  Convenable,  mérité;  il  se  met 
en  ce  sens,  avant  son  substantif.  On  regarde  sa 
mort  comme  un  digne  supplice,  corn.  Tais,  d'or, 
IV,  1.  Choisissez-lui,  Lépide,  un  «ligne  apparte- 
ment, ID.  Pnmp.  III,  4.  Digne  emploi  d'un  minis- 
tre.... BAC.  Brit.  III,  3.  Digne  objet  de  leur  crainte, 
ID.  Andr.  i,  4.  Le  plus  froid  mépris  De  vos  caprices 
vains  sera  le  digne  prix,  volt.  Zaire,  iv,  ï.  Vous 
daignàles  bientôt,  soit  grandeur,  soit  pitié.  Soit  plu- 
tôt digne  efiet  d'une  pure  amitié....  id.  ib.  u,  2. 
Il  5°  Qui  est  en  rapport,  qui  a  de  la  convenance,  de 
la  conformité  avec.  Il  montra  partout  une  vertu 
digne  de  sa  naissance.  Si  je  n'eusse  produit  un  fils 
digne  de  moi.  Digne  de  son  pays  et  digne  de  son 
roi,  coiiN.  C)d,  II,  9.  Mais  si  par  d'autres  soins  plus 
dignes  démon  âge,  rac.  Baj.  m,  2.  Songez-y  donc, 
madame,  et  pesez  en  vous-même  Ce  choix  digne 
des  soins  d'un  prince  qui  vous  aime.  Digne  de  vos 
beaux  yeux  trop  longtemps  captivés,  Digne  de  l'u- 
nivers à  qui  vous  le  devez,  m.  Brit.  ii,  3.  y  U  régit 
que  avec  le  subjonctif.  11  est  bien  digne  que  vous 
fassiez  quelque  chose  pour  lui.  Il  n'était  pas  digne 
qu'on  fit  quelque  chose  pour  lui.  Etes-vous  digne 
qu'on  fasse  quelque  chose  pour  vous?  ||  6°  Grave, 
réservé,  fier,  en  pariant  du  ton,  des  manières;  di- 
gne se  met  alors  toujours  après  son  substantif. 
Avoir,  prendre  un  air  digne.  C'était  une  personne 
froide,  digne,  silencieuse,  staël,  Corinne,  xiv,  i. 
Il  U  se  dit  quelquefois,  par  dénigrement,  d'une  af- 
fectation d'importance.  Elle  a  un  petit  air  digne  qui 
me  déplaît. 

—  KEM.  Digne,  employé  avec  une  négation,  ne 
se  dit  que  du  bien  :  11  n'est  pus  digne  de  récom- 
pense, il  n'en  mérite  pas.  C'est  dune  une  incorrec- 
tion dédire  :  il  n'est  pas  digne  de  votre  courroux, 
pour  :  il  ne  mérite  pas  que  vous  soyez  en  courroux 
contre  lui.  Autrement,  il  n'est  pas  digne  de  votre 
courroux,  est  très-correct,  signifiant  :  il  est  au  des- 
sous de  votre  courroux,  vous  lui  feriez  trop  d'honneur. 

—  HIST.  XI*  s.  Qiiar  il  ad  Deu  bien  et  à  gret  ser- 
vit, Et  il  est  digne  d'entrer  en  paradis,  St  Alexis, 
XXXV.  Il  XII' s.  Chers  [riches]  est  li  lieus,  si  est  digne 
l'église,  Itonc  p.  171).  ||  xui*  s.  De  la  lolie  as  femes 
m'esnierveil  ge  souvent  ;  Femme  est  plus  orgueilleuse 
que  lions  ne  serpent;  Par  femes  sommes  nous  tres- 
tuit  rais  à  torment;  Feme  nos  gita  fors  du  disne 
firmament,    Chasiie-Uusart ,    m.ï.  f  t07,  dans  la 

CURNE.   Il  xiv  s que  dame  Dieu  qui  maint  en 

Bethleent  VueiUe  garder  de  mal,  par  son  disne  com- 
manl,  Bertran....  Gucscl.  5357-53ii3.  ||  xv  s.  Celle 
oriflambe  est  une  digne  bannière  et  enseigne, 
FROiss.  II,  II,  tsa.  Et  si  leur  bataille  tourne  et  leurs 
gens  viennent  pour  les  secourir,  nous  sommes  bien 
dignes  [capables]  de  les  deconfire  tous,  le  Jouven' 
cel,  ms  p.  2J4,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  Elle  com- 
mença à  lui  dire  tous  les  propos  qu'elle  pensoit  di- 
gnes [capables]  de  le  retirer  du  heu  où  il  estoit, 
MAUG.  flouv.  LXiv.  Ce  porteur  a  vu  tout  ce  qui  est 
digne  d'escripre  de  ce  pays,  id.  Lett.  tM.  Le  bien 
de  vous  voir  est  digne  d'oublier  toute  aultie  chose 
pour  y  parvenir,  id.  ib.ix.  Si  j'estoys  digne  d'estro 
crue  sur  ces  affaires,  id.  ib.  xciv.  Je  le  vous  en- 
voie pour  vous  rendre  conte  de  moy  et  de  tout  ce 
qui  me  semble  digne  de  vous  estre  dit,  id.  ib.  cxix. 
Ceulx-lâ  sont  reputez  sages  et  dignes ,  à  qui  l'on 
mette  en  main  les  resnes  des  grands  gouverne- 
mens,  amyot,  Préf.  vu,  32.  A  fait  d'exil  les  aucuns 
revenir,  Injustement  les  autres  forbannir.  Ou  met- 
tre à  mort  sans  digne  forfaitture,  id.  Thém.  41.  Ce 
sénat  vilain,  servile,  et  corrompu,  et  digne  d'un  pire 
maistre  que  Tibère,  mont,  ii,  91. 

—  ÊTYM.  liourguig.  doigne  ;  provenç.  digne, 
deing;  espagn   digno;  ital.  deyno  ;  du  latin  dignus. 

DIGNEMENT  (di-gne-man),  adv.\\l°  D'une  ma- 
nière digne,  méritée,  en  bonne  et  aussi  en  mauvaise 
part.  Il  a  été  dignement  récompensé.  Il  a  été  châtié 
d.gnement.  Et  la  giâce  que  Dieu  mesure  à  sa  con- 
stance [de  l'homme],  D'autant  plus  dignement  l'en 
fait  venir  à  bout,  corn.  Imit.  i,  25.  Puisse  le  juste 
ciel  dignement  le  payer  !  rac.  Phèd.  iv,  6.112°  Con- 
venablement, très-bien.  Vous  venez  de  parler  du 
mien  [amant]  si  dignement,  corn.  AgésU.  I,  4.  Un 


exemple  si  grand  dignement  soutenu,  id."  Sertor. 

v,  t.  C'est  assez  dignement  répondre  â  tes  bienfaits 
Que  d'avoir  dégagé  ion  fils  de  tes  forfaits,  id.  Ilé- 
racl. IV,  5.  Peut-on  plus  dignement  mériter  la  "lu- 
ronne? ID.  Hodog.i,  0.  Il  ne  peut  dignement  vous 
confier  qu'aux  mains  A  qui  Rome  a  commis  l'empire 
des  humains,  rac.  Brit.  n,  3.  Toute  philosophie  ne 
parle  pas  dignement  de   Dieu,  de  sa  puissance,  la 

BBL'Y.  XVI. 

—  HlST.  XII*  s.  Le  premier  roi  de  France  fist 
Diex  par  son  commant  Couronner  à  ses  anges  di- 
gnement en  chantant,  Sax.  i.  ||xiv*  s.  Quiconques 
queit  [cherche]  delettacions  selon  aucune  de  ces 
trois  manières  réprouvées,  il  les  aime  plus  que  il 
ne  doit  dignement,  oresme,  Eth.  88. 

—  ÉTYM.  Digne,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  dt- 
gnamen;  espagn.  dignamente ;  ital.  deynamente. 

t  UIGNIFIKR  (di-gni-fi  é),  V.  a.  Rendte  digne, 
respectable.  Dignifier  le  travail. 

—  HIST.  xvi'  s.  Dignifié  [revêtu  de  dignité],  nicot, 
au  mot  révérence. 

—  ETYM.  Digne,  elle  \a.t.faeere,  faire. 

DIGNITAIRE  (digni-lê-r'),  f.  m.  Personnage  re- 
vêtu d'une  dif,'iiité.  Les  grands  dignitaires  de  l'Etat. 
Il  Grand  dignitaire  de  l'empire,  personnage  pourvu 
d'une  des  premières  charges,  sous  le  premier  em- 
pire français.  Il  y  avait  six  grands  dignitaires  de 
l'empire.  Il  Se  dit  au  féminin  dans  les  communau- 
tés religieuses.  Les  dignitaires,  les  religieuses  revê- 
tues des  principaux  offices. 

—  ETYM.   Voy.  DIGNITÉ. 

DIGNITÉ  (di-gni-lé;  au  xvi*  siècle,  Palsgrave, 
p.  43  et  B7,  dit  qu'on  prononçait  diniié),  s.  f. 
Il  1"  Fonction  éminentedans  l'État  ou  l'Église.  La  di- 
gnité é|iiscopale.  Le  roi  qui  s'en  souvint  â  son  heure 
fatale.  Me  laisse  comme  à  vous  la  dignité  royale, 
CORN.  Pomp.  I,  3.  Toutes  les  dignités  que  tu  m'as 
demandées,  Je  te  les  ai  sur  l'heure  et  sans  peine  ac- 
cordées, ID.  Cinna,  v,  I.  Quitte  ta  dignité  comme 
tu  l'as  acquise,  id.  ib.  iv,  2.  Ma  vie  est  en  vos 
mains,  mais  non  ma  dignité,  id.  Nie.  m,  i.  Soute- 
nir jusqu'au  bout  la  dignilé  de  reine,  id.  D.  Sanche, 
II,  ).  De  votre  dignilé  soutenez  mieux  l'éclat,  hoil. 
Lutr.  I.  Qu'est  ce  qu'une  dignité,  j'entends  surtout 
dans  les  principes  du  christianisme,  sinon  une  spé- 
cieuse servitude,  dit  saint  Basile  de  Séleucie?  iiour- 
DAL.  Dim.  de  la  Septuagés.  Dominic.  t.  i ,  p.  368.  Il 
y  a  pour  arriver  aux  dignités  ce  qu'on  appelle  la 
grande  voie  ou  le  chemin  battu;  il  y  a  le  chemin 
détourné  ou  de  traverse,  qui  est  le  plus  court,  la 
BtiUY.  VIII.  Les  versions  grecques  ni  les  versions  la- 
tines ne  nous  donnent  point  d'idées  justes  des  di- 
gnités chaldéennes  marquées  dans  Daniel  et  dans 
Êzéchiel,FLEURY,i/œur4- des /ira^/.  lit.  xxv,2"part. 
p. 325,  dans  POUGENS.  Ils  [les  Pharisiensl  étaient  des 
hommes  constitués  en  dignilé,  volt.  PA//-.  ii,  (65. 
Il  2"  En  quelques  églises,  certains  bénéfices  aux- 
quelsest  annexée  quelque  juridiction  ecclésiastique, 
quelque  prééminence  ou  quelque  fonction  parti- 
culière dans  le  chapitre,  comme  celles,  de  prévôt, 
doyen,  trésorier,  anhidiacre,  ou  dans  le  chœur, 
comme  celle  île  chantre,  etc.  ||  Personnes  qui  pos- 
sèdent ces  bénéfices.  U  ya  des  cathédrales  où  toutes 
les  dignités  portent  la  robe  rouge.  |l  3°  Se  dit  des 
choses  où  l'on  sent  éminence  et  noblesse.  U  com- 
prit toute  la  dignité  de  son  sujet.  Quand  on  n'aurait 
point  de  considération  pour  une  telle  grandeur  que 
celle  de  Dieu,  il  en  faudrait  avoir  pour  une  lellt 
vieillesse  que  celle  de  sa  parole,  et  reconnaître  le 
mérite  des  cbo-ses  anciennes,  quand  on  ne  pourrait 
pas  comprendre  la  dignité  des  choses  divines, balz. 
Socr.  clirét.  dise.  7.  Madame,  pour  lais.ser  toute  sa 
dignité  X  ce  dernier  effort  de  générosité  ,  corn. 
llérac.  II,  7.  Pour  donner  plus  de  dignité  à  l'action, 
ID.  lix.  de  Poly.  Je  sais  peu  de  mes  droits  quelle  est 
la  dignité,  volt,  ilérnpe,  iv,  2.  ||  Sens  analogue, 
en  parlanldes  personnes.  Toute  la  dignité  de  l'homme 
est  en  la  pensée;  mais  qu'est-ce  que  celte  pensée? 
qu'elle  est  sotte!  pasc.  Pensées,  art.  xxiv,  53,  éd. 
Lahure,  1 800.  On  ne  sent  pas  les  ténèbres  d'une  raison 
déchue  de  sa  dignité,  mass.  Sfys(.  Assomp.  ||  4°  Res- 
pect qu'on  se  doilà  soi-même.  Compromettre  sa  di- 
gnité. Il  a  perdu  toute  dignité.  ||  S°  Gravité  dans  les 
manières.  Ses  manières  sont  pleines  de  dignité.  Par- 
ler, agir  avec  dignilé.  Son  port  avait  de  la  dignité. 
Une  gravité  trop  étudiée  devient  comique,  ce  sont 
comme  des  extrémités  qui  se  touchent,  et  dont  la 
milieu  est  dignité,  la  bruy.  xii.  El  de  tout  cela  en- 
semble se  forme  un  air  de  dignité  qui  n'appartient" 
qu'à  la  vertu  et  que  les  dignités  mêmes  ne  donnent 
point,  PONTEN.  Dodart.  Là  brillaient  sans  orgueil  mais 
non  sans  dignité  Les  Périclès,  et  les  Alcibiades,  db- 
UW.E,  Convers.  Prol.  |{  6°  Affectation  d'importa 


<!64 


DIG 


de  grandeur.  Son  airdediRnitéfail  rire.  ||  7' Terme 
d'ïitrologie.  Si  l  nation  d'une  planète  dans  le  signe 
où  elle  a  le  plus  d'influence. 

—  lllST.  XI' s.  Que  nous  perdons  l'onur  neladein- 
le'i  Ch.  de  Rnl.  m.  ||  xif  s.  Nel  ferai,  fait  li  il;  di- 
Tlns  dignité  Ne  rendrai  à  lai  ((laïque]  humme  en 
trestut  mon  eé  [ilge],  Th.  le  mart.  *i.  ICt  quand  je 
fui  à  Londres  esliz  et  alevez  X  ceste  dignité....  ib. 
44.  Il  xiii'  s.  El  rescril  ne  vaut  riens  en  tel  qu:is, 
s'il  ne  fet  mention  de ladigneté,  lit),  de  Jost.  (4. 
Il  XIY*  s.  Il  sont   pires  en  tant  comme  il  ne  ont  en 

euli  nulle  dignité  ou  espérance  do  bien,  oiiesme, 
Elh.  88.  Le  fort  œuvre  et  sueiïre  toutes  choses  se- 
lon la  dignelé  de  la  vertu,  id.  i6.  80.  ||  xvi*  s.  Nous 
sommes  quelque  chose,  non  point  p:ir  noslre  di- 
gnité [mérite]  ,  mais  en  tant  qu'il  [Dieu]  nous  en 
estime  dignes  par  sa  grâce,  cai.v.  Inslil.  442.  [Ar- 
chimèdej  pensoit  en  cela  [p:ir  dos  applications  pra- 
tiques] avoir  corrompu  la  dignité  de  son  art,  mont. 
I,  <4I. 

—  f.TYM.  Provenç.  dignital,  dijncfaf; espagn.  di- 
gnidad;  Uni  dignilà,  degnilà;  du  latin  dignitalem, 
de  digiivs,  digne.  La  forme  originale  est  deintet  ; 
les  autres  ont  été  refaites  sur  le  laiinau  xii*  siècle. 

t  BIGON  (di  gon),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  marine. 
PiJce  de  bois  posée  entre  la  gorgére  et  l'étrave. 
Il  naton  qui  porte  une  flamme  ou  un  pavillon,  et 
qu'on  attache  au  bout  d'une  verfiue.  ||  8°  Terme  de 
pêche.  Ker  barbelé  que  l'on  .-ijuste  à  une  perche 
pour  prendre  le  poisson  plat  entre  les  rochers  à  la 
basse  mer. 

■j-  DIGONE  (di-go-n'),  adj.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. 0"!  a  deux  angles. 

—  ÈTYM.  Aiç,  deux,  et  ym-zo;,  angle. 

t  DIGOT  (di-po),  s.  m.  Terme  de  pèche.  Petit  in- 
strument appelé  aussi  aiguillette,  pour  tirer  du  sa- 
ble certains  cmiuiUages  de  mer  appelés  vulgaire- 
ment manches  de  couteau. 

1  UIGKAMME  (di-gram'),  s.  m.  Terme  de  gram- 
maire. Groupe  de  deux  lettres  dont  la  valeur  pour- 
rait s'exprimer  par  un  seul  caractère.  Gn  mouillé 
est  un  digramme.  PU  pour  /'est  un  digramme.  Ou 
est  iindigramme  pour  figurer  un  son  qui  n'a  qu'une 
lettre  dans  |.liisieiirs  langues.  C'est  encore  par  des 
digrammes  qu'on  représente  les  voix  dites  nasales, 
an,  en,  un,  etc. 

—  f.TYM.  Di....  préfixe  grec,  et  •YpôiJip.a ,  lettre. 
fDIGRESSKR  (di-gré-sé),  V.  n.  Néologisme.  Kaire 

de<  iligression.s. 

t  DIGUESSIF,  IVE  (di-grè-sif,  si-v'),  adj.  Terme 
didactii]ue.  Qui  consiste  dans  une  suite  de  digres- 
sions. 

—  ÉTYM.   Voy.   DIGRESSION. 

DIGUESSION  (di-grè-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllahi's),  s.  f.  ||  1°  Terme  d'astronomie.  Écartement 
apparent  des  planètes  par  rapport  au  soleil.  L'éten- 
due des  plus  grandes  diirressions  ou  de  ses  plus 
grands  écarts  de  cha(|ue  côté  du  soleil,  varie  de- 
puis ilii-hiiil  jusqu'à  trente-deux  degrés,  laplace, 
Kxpcs.  I,  5.  Il  2"  Ce  qui  dans  un  di.scours  s'éloi- 
gne du  sujet.  Faire  une  digression,  une  longue  di- 
gression. Mais,  sans  nous  égarer  dans  ces  digres- 
sions, BoiL.  Sat.  viii.  J'aimerais  beaucoup  mieux  le 
roman  de  Télémaque,  s'il  n'était  pas  tout  en  digres- 
sions et  en  déclamations,  volt.  Dial.  XMv,  M'  en- 
trelien. Mes  longues  digressions,  pardonnables  à 
mon  !lge  et  à  mes  dernières  amitiés,  bern.  de  st-p. 
P.  et  Virq. 

—  lllsT.  xii*  S.  Or  vus  ai  fait  ici  mult  grant  di- 
gressiun;  Car  ne  vuoil  en  l'afaire  mètre  coruptiun, 
Th.  le  mart.  «3.  ||  xvr  s.  Quant  à  la  partie  de  quoy 
il  [Guicciardin]  semble  se  vouloir  prévaloir  le  plus, 
qui  sont  ses  digressions  et  discours....  mont,  ii,  113. 

—  ETYM.  l'rovenç.  disgressio  ;  espagn.  digresioii; 
ital.  digretsione;  du  latin  digressionetn ,  de  digres- 
tum,  supin  de  digredi,  de  di  préfîxe  latin,  et 
gradi,  aller,  marcher  (voy.  crade). 

t  DIGBESSIONNAIRE  (di-grè-sio-nê-r'),  t.  m. 
Celui  qui  fait  des  digre.ssions.  Le  discours  de  Pala- 
prat  sur  le  Grondeur  et  autres,  lui  firent  donner  le 
nom  de  grand  digressionnaire,  beauchahps,  ileift. 
des  théâtres,  t.  ii,  p.  43t ,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Digression. 

+  DIGHESSIVEMEXT  (  di-grè-si-ve-man  ),  adv. 
Par  digression.  Parler  digressivement. 

—  ETYM.  Digressive,  et  le  suflixo  ment. 

t  DIGUAIL  (di-gall,  Il  mouillées),  s.  m.  Terme  de 
pêohe.  Sorte  de  grand  filet  terminé  par  une  nas.se 
et  établi  au  pied  des  digues.  ||  Au  plur.  Uiguaux. 
Il  On  dit  aussi  diguial. 

DIGUE  (di-gh'),  ».  f.  ||  i'  Levée  en  terre  ou  en 
maçonnerie  pour  contenir  des  eaux.  Les  digues  de 
Hollande.  Couper  une  digue.  Votre  miséricorde  prend 


DIL 

plaisir  à surtncnter  ma  mi.sère;  elle  s'élève  comme  un 
torrent  au-dessusd'une digue,  FÉN.  t.  xviii,  p.  (64.  On 
vous  annonce  qu'il  faut,  dans  un  moment,  ou  se  ré- 
soudre il  ouvrir  les  portes  de  votre  ville,  ou  à  crever 
vos  digues,  BAYNAL,  IHst. pMl.u ,  20.  Il  II  se  ditaussi 
de  portions  de  terrains  qui  jouent  le  rôle  de  digues. 
Où  la  mer  rompant  ses  digues  séjfara  la  terre,  vén. 
TH.  viii.  Il  2"  Fig.  Obstacle.  La  licence  a  ravagé  tou- 
tes ces  digues,  PATBU,  Plaidoyer  9,  dans  lacurne. 
Par  sa  mort,  la  digue  qui  les  retenait  fut  rompue, 
Boss.  Ilist.  i,  ».  Les  passions  rompirent  les  digues 
de  la  justice,  klêch.  le  Tellier.  Ou  sont  ces  grands 
guerriers  dont  les  fatales  ligues  Devaient  à  ce  tor- 
rent opposer  tant  de  digues?  boil.  An  p.  iv.  Cet 
élément  furieux  [la  mer]  ne  saurait  rompre  sa  di- 
gue invincible  sans  causer  des  désordres  dans  l'u- 
nivers, MASS.  Panég.  Si.  Thom. 

—  HIST.  XV'  s.  Deux  autres  villes  plus  avant  en 
allant  sur  la  marine  et  sur  les  dicques  lesquelles  on 
appelle  Tourne-Hourgue  et  Wurdeques,  FROISS.  ii , 
m ,  54.  Devant  les  digues  de  Hollande,  id.  i,  i,  18. 

—  ETYM.  Ital.  diga  ;  espagn.  dique,  qui  est  mascu- 
lin; du  germanique  :  liolland.  dtjk  ;  angl.  diu  ;  allem. 
Deich;  angl.  saxon,  die.  Le  celtique  a  aussi  le  mot  : 
gaélique,  dig,  fosse. 

t  DIGUE,  ÉE  (di-ghé,  ghée),  part,  passé.  Garni 
de  digues.  Une  rivière  diguée. 

I  DIGUEMENT  (di-ghe-maii) ,  s.  m.  Action  de  di- 
guer.  Il  Ensemble  des  digues  qui  contiennent  un 
lleuve,  une  mer. 

—  ÉTYM.  Diguer  l . 

t  1.  DIGUEK  (di-ghé),  V.  a.  Munir  de  digues.  Di- 
guer un  torient.  ||  Se  diguer,  v.  réfl.  Être  digue. 
Ce  torrent  se  diguera  dificilement. 

—  SYN.  DIGUER,  ENDiGUEB.  Diguor,  c'est  Con- 
struire une  digue.  Endiguer,  c'est  clore  en  une  di- 
gue. Mais  dans  l'usage  ces  mots  sont  équivalents. 

—  HIST.  xV  s.  U  détourna  rivières  de  leurs  cours, 
il  digua  un  bras  du  Khin,  cl.  de  la  marche,  Mém. 
p.  71),  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Digue. 

f  2.  DIGUER  (di-ghé),  V.  a.  Terme  de  manège. 
Diguer  un  cheval,  lui  donner  de  l'éperon  avec  force; 
c'est  l'opposé  de  picoter. 

—  ÉTYM.  Est-ce  une  forme  pour  daguer? 

f  DIGYNE  (di-ji-n'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Oui  a  deux  pistils  distincts  ou  un  style  surmonté 
de  deux  stigmates.  Fleur  digyiie.  ||  Terme  de 
tératologie.  Qui  a  les  organes  du  sexe  féminin 
doubles. 

—  ÉTYM.  AU,  deux,  et  yuvri,  femme,  pistil. 

t  DIGYNIE  (di-ji-nie),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  botani- 
que. Nom  de  plusieurs  classes  du  système  de  Linné, 
comprenant  les  plantes  digynes.  ||  2»  Terme  de  té- 
ratologie. Classe  de  monstres  ayant  pour  caractère 
la  présence  du  sexe  féminin  double  chez  un  individu. 

—  ÉTYM.  Digyne. 

j  DIUÉLIE  (Ji-èlie),  I.  f.  Terme  d'astronomie. 
Nom  donné  quehjuefois  à  l'ordonnée  de  l'ellipse  ter- 
restre, quand  cette  ordonnée  passe  par  le  foyer  où 
se  trouve  le  soleil. 

—  ÉTYM.  Aià,  par,  et  fi).to{,  soleil. 

t  DlUEPTAl'OUE  (di-è-pta-po-d'),  adj.  Terme  de 
zooloj.'ie.  Qui  a  quatorze  pattes. 

—  ÉTYM.  Al;,  deux  fois,  énTà,  sept,  et  noûç, 
jioSè;,  pied. 

t  DIHYDRIQUE  (di-i-dri-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Composé  dihydrique,  composé  contenant  deux 
proportions  d'hydrogène  pour  une  proportion  de 
l'autre  composant. 

—  ÉTYM.  Aiç,  deux,  etht/dr....  radical  d'hydrogène. 
t  DIIaMBE  (di  i-an-b'),  s.  m.  Pied  des  vers  grecs 

ou  latins,  composé  de  deux  ïambes. 

.  t  DIÏAMBIQUE  (di-i-an-bi-k'),  adj.  Qui  a  rapport 

au  diiambe. 

—  ÉTYM.  A'k,  deux,  et  iambe. 
DILACÊUATION    (di-la-sé-ra-sion;    en   vers,    de 

six  syllabes),  s.  f.  Action  de  dilacérer.  La  dilacéra- 
tion  d'un  papier.  La  dilacération  de  la  peau  par  un 
corps  vulnérant. 

—  HIST.  ïvi's.  Si  la  hargne  ne  peut  estre  curée, 
k  cause  de  la  trop  grande  dilacération  ou  rupture  de 
la  production  du  péritoine,  paré,  vi,   to. 

—  ÉTYM.  Lat.  dilaceralionem ,  de  dilacerare, 
dilacérer. 

DIL  ACÉRÉ,  ÉE  (di-la-sé-ré ,  rée),  porl.  passé. 
Une  plaie  dilacérée. 

DILACÉRER  (di-la-sé-ré.  La  syllabe  U  prend  un 
accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
je  dilacère,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  je 
dilacérerai,  je  dilacérerais,  exception  qui  n'est  pas 
justifiée),  e.  a.  Mettre  en  pièces.  Dilacérer  un  acte. 
U  fallut  dilacérer  les  parties  pour  extraire  le  corps 


DIL 

étranger  enfoncé  dans  le  ventre.  ||  Se  dilacérer.  m. 
réfl.  Être  dilacéré.  Le  papier  se  dilacéra,  pendant 
que  ces  gens  voulaient  se  l'arracher. 

—  HIST.  XII'  s.  Que  ocist  e  delazcrad,  lit',  dei 
Rois,  p.  64.  Il  XVI"  Comment  seroit  il  possible  de 
couper  et  dilacérer  le  col  de  la  vessie,  et  y  mettre 
plusieurs  instrumens  sans  une  extresme  douleur  1 
PAPÉ,  Introd.  2.  Ce  tendon,  pour  bien  legiere  oc- 
casion, comme  pour  quelque  petit  sault,  pour  une 
mal-marclieure,  se  rompt  et  dilacere,  id.  viii.  37. 

— ÉTYM.  Lat.  dilacerare,  de  di....  préfixe,  et  lace- 
rare,  lacérer. 

DILAPID.\TEUR,  TRICE  (di-la-pi-da-leur,  tri-s'), 
adj.  Qui  dilapide.  ||  Substantivement.  C'est  un  dita- 
pidateur. 

—  ÉTYM.  Dilapider. 

DILAPIDATION  (di-la-pi-da-sion;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f.  Action  de  dilapider.  I.a  dilapida- 
tion des  finances  de  l'État.  Coiipablededilapidation. 

—  ÉTYM.  Lat.  dilapidcuionem,  de  dilapidare, 
dilapider. 

DILAPIDÉ,  ÉE  (di-la-pi-dé,  dée),  part,  passé. 
Un  trésor  dilapidé  en  peu  de  temps. 

DILAPIDER  (di-la-pi-dé),  i).  a.  Dissiper  par  une 
dépense  excessive  et  sans  règle.  Ce  ministre  a  dila- 
pidé les  finances. 

—  HIST.  XIV'  s.  Que  l'empereur  ou  le  roi  dilapide 
et  détruise  son  royaume  ou  qu'il  soit  tyran,  toute- 
fois au  pape  n'appartient  pas  de  le  déposer,  Songe 
du  vergier,  dans  le  Dicl.  de  DociiEz.  ||  xvi'  s.  En 
moins  de  quatorze  jours  il  dilapida  le  revenu  certain 
et  incertain  de  sa  cbastellenye  pour  troys  ans,  bab. 
Pant.  III,  2. 

—  ÉTYM.  Lat.  dilapidare  ,  de  di....  préfixe  latin, 
et  lapidare,  jelter  des  pierres  (voy.  lapider)  :  pro- 
prement disperser  comme  des  pierres  qu'on  jette. 

DILATABILITÉ  (di-la-la-hi-li-té),  s.  f.  Terme  de 
physique.  Propriété  de  se  dilater,  c'est-à-dire  d'aug- 
menter de  volume  par  l'effet  de  la  chaleur,  sans 
changer  de  masse. 

—  ÉTYM.  Dilatable. 

DILATABLE  (di-la-ta-bl'),  atij.  Terme  de  physi- 
que. Qui  e.st  su>ceptible  de  dilatation. 

—  HIST.  xvi«  s.  Dilatable,  oudin. 

—  ÉTYM.  Dilater;  provenç.  et  espagn.  dilatable. 
DILATANT,  ANTE  (di-la-tan,  tant'),  adj.  Terme 

de  physique.  Qui  produit  la  dilatation.  ||  S.  m.  Terme 
de  chirurgie.  Nom  donné  à  des  corps  soit  mous,  soit 
spongieux,  soit  même  [ileins  et  non  .spongieux,  qui 
servent  à  dilater  des  trajets,  à  maintenir  des  cavités, 
à  tenir  libres  certaines  ouvertures. 

—  ÉTYM.  Dilater. 

DILATATEUR  (di-la-ta-teur),  s.  m.  ||  1'  Terme  de 
chirurgie.  Nom  de  certains  instruments  qui  servent 
soit  à  tenir  libres  et  ouverts  les  canaux  naturels  ou 
des  trajets  accidentels,  soit  à  les  dilaterou  à  les  agran- 
dir. Il  2°  Adjectivement.  Muscles  dilatateurs,  ou, 
substantivement,  les  dilatateurs,  muscles  qui,  lors- 
qu'ils se  contractent,  dilatent  les  cavités  aux  parois 
desquelles  ils  ont  leurs  insertions. 

—  ÉTYM.  Dilater. 

DILAT.ATION  (di-la-ta-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.f.\\l'  Action  de  dilater.  La  ddatation 
d'un  ballon  par  l'introduction  du  gaz  hydrogène.  La 
poitrine  et  le  poumon  ont  un  mouvement  de  dilata- 
tion et  de  contraction  qui  commence  dés  que  l'en- 
fant est  sorti  du  sein  de  sa  mère,  mairan,  Éloges, 
Bremand.  \\  2°  Terme  de  chirurgie.  Agiandissement 
contre  nature  d'un  canal  ou  d'une  ouverture,  comme 
dans  les  anévrismes,  les  varices.  ||  Piocédé  opéra- 
toire qui  a  pour  but  d'augmenter  ou  de  rétablir  le 
calibre  d'un  canal,  d'entretenir  le  trajet  de  certaines 
fistules.  Il  3°  Augmentation  dans  tous  les  sens  qu'é- 
prouvent, sans  changer  de  constitution,  les  corps 
qui  sont  soumis  à  faction  de  la  chaleur.  ||  4"  Fig. 
Terme  mystique.  Expansion  du  cœur.  U  faut  rece- 
voir ces  dons  de  Dieu  avec  dilatation,  BOSS.  Lett.  abb. 
140.  La  personne  dont  vous  me  parlez  doit  marcher 
en  dilatation,  id  Lett.  Corn.  4(2. 

—  HIST.  xiv  s.  Pour  ce  que  el  [l'artère]  soit  plus 
tost  obéissant  au  poinon  à  dilatation  et  à  constric- 
tion  en  portant  le  froit  air  au  cuer,  u.  de  monde- 
ville,  t"  24.  Il  XVI*  s.  Ils  disent  que  ce  sont  cer- 
taines pointures  d'aiguillons,  et  certaines  contric- 
tions  et  dilatations  qui  reçoivent  plus  ou  moins  par 
raison,  amïot.  De  la  terlu  morale,  23.  Par  la  di- 
latation du  cœur  et  des  artères,  l'esprit  vital,  par 
l'air  ambiant  attiré,  est  nourri,  par£,  Introd.  s. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dilatacio:  esy>»gn.  dilatacion; 
ital.  dilalaiione;  du  latin  dilatationcm,  de  di<a- 
tare,  dilater. 

DILATATOIRE  (di-la-ta-toi-r"),  s.  m.Synooyme 
peu  usité  de  dilatateur. 


DIL 


DIL 


DIL 


11G5 


—  HIST.  m*  s.  Figure  d'un  diialatoire  pour  ou- 
vrir la  bouche,  les  dents  estant  serrées ,  paré  ,  vu  ,  h  . 

—  ÈTYM.  Dilater. 

DILATÉ,  ÉK(.li-la-té,  tée), part,  passé.  ||  l"  Rendu 
plus  ample,  plus  large.  Un  trajet  fistuleux  dilaté  à 
l'aide  d'une  éponge  préparée.  ||  Terme  de  botanique. 
On  nomme  dilatée  toute  partie  qui  s'élargit  en  lame , 
de  la  base  vers  le  sommet.  {|  Terme  d'entomologie. 
Corselet  dilaté,  celui  dont  les  bords  latéraux  sont 
grands  et  avancés.  ||  2°  Qui,  par  l'action  de  la  cha- 
leur, a  augmenté  de  volume  sans  changer  de  masse. 
Les  gaz  dilatés  par  la  chaleur.  ||  3»  Fig.  Cœur  di- 
laté par  la  joie.  Entrailles  dilatées  par  la  charité. 

DILATER  <di-la-té),  v.  a.  ||  1°  Rendre  plus  am- 
ple, plus  large.  Dilater  un  ballon.  Dilater  le  canal 
de  l'urètre.  ||  2''  Terme  de  physique.  Faire  changer 
de  volume  à  un  corps  par  l'inlluence  de  la  chaleur. 
Il  Fig.  Dilater  ses  voies,  étendre  le  cercle  de  ses 
idées,  de  ses  actions.  Dilalez  vos  voies,  et  laissez 
CCS  choses  Irès-indiiïérentes,  Boss.  Leti.  Corn.  108. 
Il  3°  Fig.  Dilater  le  cœur,  le  rendre  plus  content, 
plus  accessilile  aux  bons  sentiments.  L'espérance 
qui  nous  dilate  présentement  le  cœur,  sÉv.  466. 
Dilatez  vos  cœurs  par  la  charité,  uoss.  Pcrf.  rel. 
Il  4°  Se  dilater,  v.  réfl.  Être  dilaté.  L'air  se  dilate 
par  la  chaleur.  Le  sang, étant  conduit  dans  le  cœur, 
s'y  échauffe  et  s'y  dilate  par  la  chaleur  naturelle  à 
cette  partie,  BOSS.  Connaiss.  n,  1 1.  ||  Devenir  plus 
large.  Que  je  veuille  regarder  loin,  la  prunelle  de 
l'œil  .'îe  dilate,  et  au  contraire  elle  se  resserre  quand 
je  veux  regarder  de  près,  ID.  ib.  m,  <2.  {|  S'étendre. 
Le  bien  n'est  qu'un  bien  commencé,  s'il  ne  s'a- 
chève en  se  dilatant,  balz.  2»  Disc.  s.  la  cnur.  Le 
nouveau  peuple  se  dilate  jusqu'aux  extrémités  de  la 
terre,  boss.  Hist,  u,  7.  Il  y  a  dans  l'esprit  comme 
un  levain  d'orgueil  qui  s'enfle  et  se  dilate  par  la 
science,  fléch.  Parig.  ii,  p.  233.  Qui  ne  sait  que 
l'esprit  du  siècle  est  Uii  poison  qui  s'enflamme  et  se 
dilate  par  de  tels  exemples?  id.  Marie-Thér.  \\  En 
termes  mystiques,  laisser  épaiidre  son  cœur.  Renou- 
velez-vous, dilatez-vous  sur  l'oraison,  boss.  Lelt. 
ahb.  t43. 

—  HlST.  XIV'  S.  Et  e.st  illiberalilé  un  vice  qui 
moult  se  dilate  et  extent  et  à  pluseurs  gens ,  oresme  , 
Elh.  410.  Il  XVI'  s.  C'est  lui  qui  a  pris  possession 
de  tous  peuples,  et  de  toutes  régions  du  monde, 
en  dilatant  son  royaume  partout,  calv.  Inslit.  80. 
Ces  consilerations  feront  qu'autant  que  nostre  cœur 
est  enserré  en  la  croix,  d'autant  il  sera  ddaté  de 
joie  spirituelle,  id.  ib.  567.  Les  choses  aperitives.... 
ouvrant  les  passages  et  les  dilatant,  monï.  m,  219. 
Un  instrument  qui  se  dilate  et  ouvre  par  le  bénéfice 
d'une  vis,  paré,  vu,  11. 

—  ÉTVM.  Provenç.  et  espagn.  dilalar  ;  ital.  dt'/o- 
tare,  du  latin  dilalare,  de  di....  préfixe,  et  latus, 
large  (voy.  liîV 

t  DILATICORNE  (di-la-ti-kor-n') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  des  antennes  dilatées  sur  (m  certain 
point. 

—  ÉTYM.  Lat.  dilatus,  dilaté,  el  corne. 

I  DILATION  (di-la-sion),  s.  f.  Action  de  difl'érer, 
de  retarder.  La  dilation  du  baptême  laissait  un 
grand  nombre  d'enfants  dans  la  malédiction,  pasc. 

—  HIST.  xiv  s.  U  a  bientost  délivré  et  regardé 
et  conclus  que  est  à  faire,  et  procède  briefment  à 
l'exécution  sans  grand  dilation,  osesme,  Eth.  88. 
Il  xv*  s.  Au  jugement  n'eut  nulle  dilation  de  souf- 
france ou  de  merci,  froiss.  i,  i,  60.  ||  xvi'  s.  Une 
dilation  providente  estoit  représentée  honeste  couar- 
dise, AMYOT,  Comment  discerner  le  flatteur,  23. 
L'on  compte  entre  les  plus  grandes  taultes  que  ja- 
mais feit  Antonius,  la  remise  et  dilation  de  la  ba- 
taille, ID.  Ant.  75. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  dilation;  espagn.  dilacion ; 
ital.  dilazione ;  du  latin  dilationern,  de  di....  pré- 
fixe, et  latin,  action  de  porter. 

DILATOIRE  (di-la-toi-r'),  adj.  Terme  de  juris- 
prudence. Qui  fait  dilléier,  gagner  du  temps;  qui 
tend  à  retarder  le  jugement  d'un  procès.  Moyen  di- 
latoire, liaisons  dilatoires.  Exceptions  dilatoires. 
Il  Dans  le  langage  général.  Les  formes  dilatoires 
de  la  prudence,  nodier,  dans  \e  Dict.  de  poitevin. 

—  HIST.  XIII"  s.  Les  unes  [exceptions]  por  aloii- 
gier  la  demande  qui  est  fête  contre  ii,  et  celés  apel'on 
exeptions  dilatoires,  iieai;m.  vu,  2.  jj  xvi'  s.  Qui 
de  barres  se  veut  aider,  doit  commencer  aux  decli- 
natoires  pour  venir  aux  dilatoires,  et  finalement  aux 
peremptoires;  et  si  la  dernière  met  devant,  ne  se 
peut  aider  des  premières,  loysel,  "02. 

—  ETVM.  Provenç.  dilatori;  du  latin  dilatorius 

(voy.    DILATION). 

t  DILATOIREMENT  (di-la-toi-re-man  ) ,  adv. 
Terme  de  pratique.  D'une  manière  dilatoire;  avec 


des  délais  ou  retards.  On  jugeait  une  affaire  pé- 
remptoirement quand  on  no  faisait  pas  d'écriture,  et 
dilatoirement  quand  on  en  faisait. 

—  HIST.  XIV'  s.  Que  l'en  y  procède  et  face  les 
parties  procéder,  et  à  ce  soit  tenues  par  pures  pe- 
remptoires, et  sans  mettre  en  escript  de  par  ces  dites 
parties,  se  elles  conjointement  ne  s'accordent  au 
contraire,  c'est  assavoir  au  bailler  par  escript  dila- 
toirement y  procéder,  Ordonn.  des  rois  de  France, 
t.  m,  p.  068. 

—  ÊTYM.  Dilatoire,  et  le  suffixe  ment. 
DILAYÉ,  ÉE  (di-lè-ié,  iée),  part.  pa«s^.  Retardé. 
DILAYER  (di-lè-ié),  je  dilaye,  tu  dilayes,  il  di- 

laye  ou  il  dilaie,  nous  dilayons,  vous  dilayez,  ils 
diïayent  ou  dilaient;  je  dilayais,  nous  dilayions, 
vous  dilayiez;  jedilayai;  je  dilayerai  ou  dilaierai  ou 
dilalrai;  je  dilayerais  ou  dilaierais  ou  dilaîrais;  di- 
laie, dilayez;  que  je  dilaye,  que  nous  dilayions, 
que  vous  ddayiez,  qu'ils  diïayent;  que  je  dilayasse; 
dilayant;  dilaye,  v.  a.  Renvoyer  à  un  temps  plus 
éloigné.  Dilayer  un  payement.  ||  Absolument,  llser 
de  remise.  [Le  vieillard]  imbécile,  douleur,  qui  vou- 
drait et  qui  n'ose,  Dilayant,  qui  toujours  a  l'œil  sur 
l'avenir,  Régnier,  Sat.  v.  ||  Vieux  et  se  dit  à  peine, 
même  en  parlant  d'affaires. 

—  HIST  xvi' s.  Je  luy  ordonnerois  cette  recepte, 
pour  l'esveiller  et  tenir  en  force  bien  avant  dans  les 
ans,  et  le  dilayer  des  prinses  de  la  vieillesse,  mont. 
m,  379.  Ce  que  je  veulx  faire  pour  le  service  de  la 
mort,  je  n'oserois  le  dilayer  d'un  seul  jour,  id.  iv, 
H8.  Les  ambassadeurs,  dilayans  ainsi  soubs  ces 
couleurs,  corrompirent  deux  des  plus  anciennes 
maisons  de  la  ville,  amyot,  Publ.  5. 

—  ÉTYM.  Voy.  délai.  La  plus  ancienne  formation 
était  dclaier:  Ces  pensées,  qui  m'ont  occupée,  m'ont 
éloigné  et  délayé  celles  que  j'avais  apportées  de 
Provence,  sÉv.  Lett.  27  oct.  <673. 

DILECTION  (di-lè-ksion  ;  en  vers,  de  quatre  syl- 
lalie.s),  s.  f.\\l°  Terme  de  dévotion.  Tendresse  qui 
chérit.  La  dilection  du  prochain.  Rien  ne  lui  est 
cher  [à  Dieu]  que  ces  enfants  de  sa  dilection  éter- 
nelle, que  ces  membres  inséparables  de  son  fils 
bien-aimé,  rien  ne  lui  coûte  pour  qu'il  les  sauve, 
BOSS.  Duch.  d'Orl.  U  n'y  a  rien  de  plus  noble  dans 
l'Evangile  que  cette  loi  de  dilection  [aimez  vos  en- 
nemis], FLÉcii.  Serm.i,  2a2.  Qui  êtes-vous  vous- 
même,  qu'un  enfant  de  dilection,  et  l'ouvrage  des 
miséricordes  du  Seigneur?  mass.  Av.  Dél.  de  la 
corners.  Il  2°  Titre  ou  qualité  qui  se  donnait  en  Alle- 
magne aux  électeurs.  On  disait  Sa  Dilection, comme 
on  dit  Sa  Grandeur  pour  un  évêque.  ||  J'ai  écrit  à 
Votre  Dilection,  disait  l'empereur  d'Allemagne.  ||  Sa- 
lut et  dilection,  forme  de  salut  qu'employaient  le 
pape  et  l'empereur  d'Allemagne  en  écrivant  à  cer- 
tains princes. 

—  HIST.  xiv  s.  Charles  par  la  grâce  de  Dieu  roy 
de  France,  à  nozamez  et  feaulx,  salut  et  dileccion, 
Bibl.  des  Charles,  2'  série,  t.  m,  p.  68.  ||  xV  s.  Le 
bien  commun  [il]  doit  sur  touz  préférer,  Son  peuple 
avoir  en  grant  dilection,  E.  DESCii.  Des  vertus  du 
prince.  ||  xvi'  s.  11  [Dieu]  est  esmeu  par  la  pure  et 
gratuite  dilection  qu'il  nous  porte,  à  nous  recevoir 
en  grâce,  calv.  Instil.  387.  Ce  qui  est  occasion  de 
rompre  tant  la  dilection  fraternelle  que  la  concorde 
publique,  LANOUE,  69.  Ne  retirant  point  du  tout 
nostre  dilection  de  leurs  personnes,  encores  que 
leurs  erreurs  et  meschancetez  soyent  condamnées 
de  nous,  id.  76. 

—  ÊTYM.  Provenç.  dilection;  espagn.  dileccion; 
ital.  dileiione  ;  iu  \:\i\tï  dileclionem,Ae  dilectum, 
supin  de  dih'jere,  chérir,  dedt....  préfixe,  et  légère, 
choisir  (voy.  lire). 

f  DILEMMATIQtlF.  (di-lè-mma-ti-k'),  adj.  Qui 
est  de  la  nature  du  dilemme.  Raisonnemeat  dilem- 
matique. 

—  ÉTYM.  Dilemme. 

DILEMME  (di-lè-ni') ,  s.  m.  Terme  de  logique.  Ar- 
gument présentant  deux  propositions  contraires  et 
oonditioiinelles  dont  on  laisse  l'alternative  à  l'adver- 
saire, certain  que  l'une  comme  l'autre  le  convaincra. 
Poser  un  dilemme,  il  fut  enfermé  dans  un  dilemme 
dont  il  ne  putse  tirer.  On  peut  définir  un  dilemme, 
un  raisonnement  composé  où,  après  avoir  divisé  un 
tout  en  ses  parties,  on  conclut  affirmativement  ou 
négativement  du  tout  ce  qu'on  a  conclu  de  chaque 
partie,  Porl-iloyai,  Logique,  m,  16.  Par  exemple, 
ayant  à  prouver  qu'on  ne  saurait  être  heureux  en  ce 
monde,  on  peutlefaireparcedilemme  :  lOnnepeut 
vivre  en  ce  monde  qu'en  s'abandonnant  à  ses  pas- 
sions ou  en  les  combattant,  etc.  »  ib.  Un  philosophe 
qui  a  autant  d'esprit  que  Sénèque,  ne  s'expose  point 
à  un  pareil  dilemme,  surtout  quand  il  sollicite  une 
grâce,  DIDEROT,  Règne  de  Claude  et  Nér.  11,  §  9i. 


—  ÊTYM.  AftiKit".»,  de  Sic,  deux,  et  ).ii|i(»a,  argu- 
ment :  argument  à  deux  fins  (voy.  lemme). 

t  DILÉI'IDE  (di-lé-pi-d),  adj.  Terme  d'histoira 
naturelle.  Qui  a  deux  écailles. 

—  Rtym.  Ai;,  deux,  et  ^ETciç,  écaille. 

t  DILETTANTE  (di-lè-ttan-f) ,  s.  m.  Amateur  da 
musique,  surtout  de  musique  italienne.  ||  Par  ex- 
tension, celui  qui  s'occupe  d'une  chose  en  amateur. 
Il  Au  plur.  Des  dilettanti. 

—  ÊTYM.  Ital.  dilettante,  mot  à  mot  qui  se  dé- 
lecte; de  diletlare  (voy.  délkcter). 

t  DILETTANTIS.ME  (di-lè-ltan-ti-sm') ,  s.  m.  Goût 
très-vif  pour  la  musique,  surtout  pour  la  musique 
italienne.  Quelques  dandys  essayaient  de  faire  acte 
de  dilettantisme  en  battant  la  mesure  à  faux,  en.  DB 
BERNARD,  la  Femme  de  40  ans,  §  t. 

—  ÊTYM.  Dilettante. 

DILIGEMMENT  (di-li-ja-man) ,  adi).  ||  1»  Avec 
soin,  attention.  J'ai  cherché,  examiné  diligemment. 
Il  2°  Avec  diligence,  avec  promptitude.  Allez  dili- 
gemment vous  saisir  de  ce  traître,  tristan,  ila- 
riane,  m,  3.  Le  duo  le  ramassa  diligemment,  HA- 
MiLT.  Gramm.  10.  Les  ordres  de  l'amirauté  furent 
diligemment  exécutés  cl  avec  une  exactitude  qui 
accompagne  rarement  la  diligence,  mairan,  Éloges, 
Ilalley. 

—  HIST.  xii'  S.  Et  si  penseiz  dilijentrement  à  la 
raison  de  cet  avènement,  et  bern.  622.  ||xiii*  s.  Et 
cil  qui  ceste  garde  enprendent,  le  doivent  fere  dili- 
gamment  et  rendre  conte  une  fois  en  l'au  au  se- 
gneur,  BEAUM.  lvi,  g.  Quant  ce  vint  l'endeniain, 
l'abbé  revint,  le  roy  l'oy  moult  diligenment  et  moult 
longuement,  joinv.  288.  ||  xv  s.  [Cliarles  de  Na- 
varre] leur  requeroit  et  prioitque  ils  [les  Anglois  à 
Bordeaux]  se  voulsissent  prendre  et  appareiller  dili- 
gemment de  conforter  ses  gens  et  lever  le  siège, 
FROiss.  Il,  II,  38.  Très  doulces  gens,  or  entendez. 
Et  diligaument  regardez  :  Noble  chose  voirrez  ra- 
traire  [représenter],  le  Jeu  des  trois  rois.  Voyant  la 
jeune  jouvencel  regarder  l'escu  diligentement , 
Prrceforest,t.  m,  f"  96.  ||  xvi's.  Nous  en  avons  plu» 
amplement  et  plus  diligemment  escrit  ailleurs, 
amyot,  Cam.  35. 

—  ÊTYM.  Diligent,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
diligentment,  diligenmen;  espagn.  et  ital.  diligen- 
tem'nte.  Il  y  eut  un  moment  où  la  langue,  cessant 
de  former  en  ces  adjectifs  le  féminin  comme  le  mas- 
culin, dit  régulièrement  diligentement. 

DILIGENXE  (di-li-jan-s'),  s.  /-.Kl-  Soin  attentif 
et  appliqué.  Bien  que  la  femme  eût  connaissance  du 
mauvais  effet  que  sa  diligence  à  se  parer  opérerait 
et  au  corps  et  en  l'âme  de  ceux  qui  la  contemple- 
raient ornée  de  riches  et  précieux  habits,  iasc. 
Prov.  9.  On  a  employé  à  examiner  cette  matière  la 
plus  grande  ililigence  qui  se  puisse  désirer,  id.  tb.  1 9. 
J'ai  donc  feint  une  lettre  avecque  diligence.  Comme 
d'un  grand  seigneur  écrite  à  Trufaldin,  mol.  l'E- 
tour.  Il,  t4.  Ah  !  quittez  d'un  censeur  la  triste  di- 
ligence, RAC.  lirit.  I,  2.  Vous  auriez  vu  dans  Esaïe 
les  élus  aussi  rares  que  ces  grappes  de  raisin  qu'on 
trouve  encore  après  la  vendange  et  qui  ont  échappé 
à  la  diligence  du  vendangeur,  mass.  Car.  Petit  nom- 
bre des  Élus.  Il  Faire  ses  diligences,  faire  toutes  ses 
diligences,  apporter  beaucoup  de  soin.  Alexandre 
faisait  toutes  les  diligences  imaginables  pour  décou- 
vrir.... VAUGEL.  Q.  C.  226.  Je  faisais  pour  lui  toutes 
les  diligences  qu'il  eût  dû  faire  pour  moi,  soarron, 
Rom.  eom,  11,  U.  Celles  qui  avaient  été  nommées 
avaient  fait  leurs  diligences,  sÉv.  399.  J'ai  fait  les 
diligences  qu'il  fallait  pour  vous  procurer  les  ta- 
bleaux, BOSs.  Lett.  quiét.  66.  Comme  il  paraît  par 
les  lettres  qu'on  a  encore  en  original  dans  la  biblio- 
thèque du  roi  où  il  rend  compte  de  ses  diligences, 
id.  Var.  VII,  §  01.  Je  vais  faire  mes  diligences  pour 
être  payé  de  mes  gages,  volt.  Jeannot.  ||  Terme 
de  jurisprudence.  Â  la  diligence  d'un  tel,  sur  la  de- 
mande et  la  re{juète  formée  par  une  personne.  On 
dit  aussi  poursuites  et  diligences  d'un  tel.  Dans  ce 
sens:  Faire  .ses  diligences  contre  quelqu'un.  ||  2°  Ac- 
tivité qu'on  apportedans  l'exécution  d'une  chose.  S'il 
revient  demain  avec  la  commission  faite,  sa  dili- 
gence aura  été  trè.s-graiide.  Il  mit  peudediligence  à 
faire  un  si  court  trajet.  Faire  acte  de  diligence.  Aux 
desseins  importants  la  diligence  importe,  rotrou, 
Vencesl.  m,  3.  H  faut  user  de  diligence  extrême,  la 
FONT.  Orais.  Nous  nous  sommes  plaints  que  la  mort 
a  eff.icé  pour  ainsi  dire  sous  le  pinceau  môme, 
un  tabUB-u  qui  s'avançait  à  la  perfection  avec  une 
incroyable  diligence,  bOss.  Duch.  d'Orl.  En  effet, 
quelle  diligence  I  en  neuf  heures  l'ouvrage  est  ac- 
compli, i'  [Dieu]  s'est  hâté  de  la  tirer  du  milieu 
des  iniquités,  id.  16.  Tout  dépend  du  secret  et  de  la 
diligence,  rac.  lphi.g.  iv,  to.  De  Narbas  à  mes  yeux 


1166 


DIL 


l'adroite  diligence,  volt.  Kéroj>e,  i,  ♦.  Il  Faire 
diliperice,  se  dépêcher,  se  hâter.  Quelque  dili- 
gence que  j(3  puisse  faire,  siîv.  isi.  Adraste  avait 
fait  une  Incroyalile  diligence  pour  faire  le  tour 
d'une  montagne  presque  inaocessihle,  fén.  Tél.  xvi. 
Il  En  diligence,  loc.  adv.  Promplement,  en  toute 
hâte.  Si  vous  me  l'ordonnez,  j'y  cours  en  diligence, 
CORN.  Poltj.  IV,  t.  Sur  nous  à  main  armée  il  fond 
sn  diligence,  m.  Rndog.  i,  6.  Prince,  que  lanlez- 
vous?  parlez  en  diligence,  rac.  Brit.  v,  2.  Il  se 
tourna  en  diligence  vers  le  camp  des  alliés,  fén. 
Tél.  XIX.  Il  3"  Terme  d'enseignement  religieux.  De- 
voir écrit,  sorte  de  résumé  de  la  leçon  du  prêtre 
que  font  surtout,  parmi  les  jeunes  filles,  celles  qui 
sont  les  plus  diligentes.  ||  Dans  l'enseignement 
profane,  ddigcnce  se  dit  souvent  d'un  devoir  fait 
ou  d'une  leçon  apprise  du  bon  gié  de  l'élève,  le 
professeur  ne  l'exigeant  pas.  ||  4°  Voiture  pulilique 
de  voyage,  ainsi  nommée  i  cause  de  la  rapidité  que 
les  diligences  prometlaienl  et  qu'elles  ont  en  partie 
effectuée  pour  le  parcours.  Premlre  la  diligence  de 
Bordeaux.  Il  est  parti  par  la  diligence.  Bureau  de 
diligence.  ||  Kamilièrement.  C'est  la  diligence  em- 
bourbée, se  dit  d'une  personne  trop  lente  dans  ce 
qu'elle  fait.  Il  Les  personnes  qui  sont  dans  une  dili- 
gence. I-a  diligence  dîne  en  tel  endroit.  ||  Cheval  de 
diligence,  catégorie  de  chevaux  admise  par  les  hip- 
pologues  et  propre  au  service  des  postes  et  des  dili- 
gences. Il  Diligence  d'eau,  ou,  simplement,  dili- 
gence, se  disait  pour  coche  ,  bateau  public  de 
voyage.  |{  Dans  les  chemins  de  fer,  on  nomme  dili- 
gences des  wagons  de  première  classe  qui,  devant 
recevoir  moins  de  voyageurs,  ont  en  effet  la  forme 
d'une  caisse  de  diligence.  ||  Diligence  est  une  locu- 
tion abiégée  pour  carosse  de  diligence,  qui  s'est 
dit  d'abord  (voy.  carrosse). 

—  HlST.  xui'  s.  Le  roy,  qui  metoit  grant  dili- 
gence comment  le  menu  peuple  feust  gardé,  joinv. 
3»7.  Il  XV'  s.  Monseigneur  Jean  le  Bel,  qui  grand 
cure  et  toute  bonne  diligence  mit  en  cette  matière, 
FROiss.  Prol.  [Dans  la  cour)....  ami  n'y  a,  n'amie, 
Congnoissance,  diligence,  raison.  Manière,  .sens, 
boneur,  discrétion,  E.  OEScii.  De  l'inlér.  des  cours. 
Aucuns  dient  que  diligence  passe  sens;  mais  qui  tous 
les  deux  peull  avoir  en.semble,  il  ne  fault  mie  à  at- 
teindre maintsgrands  biens,  llisl.  de  J.  Bouciq.  Pa- 
ris, tB20,  p.  332,  dans  LACURNE.  Et  fist  grant  dili- 
gence d'envoyer  vers  ces  deux  princes,  comm.  m,  H. 
Il  xvj'  s.  Sus  l'heure  envoya  le  basque  son  lacquay 
quérir  à  toute  diligence  Gargantua,  eab.  Car.  i,  2h. 
En  diligence  [à  la  h.MeJ,  langue,  62t.  Changeant 
de  chevaulx  pour  faire  diligence,  mont,  m,  95.  Ils 
font  des  extrêmes  diligences,  m.  m,  86.  Ils  marchè- 
rent en  toute  diligence  vers  Home,  amyot,  Cam.  29. 
11  ne  défendit  pas  à  ses  citoyens  ceste  diligence  de 
mesnager,  in.  Arist.  et  Calon,  5 Passant  les  di- 
ligences De  leurs  grands  tours  [des  astres],  st-gelais 
(25),  Diligence  passe  science,  cotgbave. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  et  espagn.  diligencia;  ital. 
àiligenzia;  du  latin  diligentia,  de  diligens,  diligent. 

DILIGENT,  ENTE  (di-li-jan,  jan-t'),  odj.  ||  1°  Qui 
a  de  la  diligence,  qui  s'applique  avec  attention.  Un 
écolier  diligent.  Il  est  diligent  en  ses  affaires.  ||  Qui 
a  le  caractère  de  la  diligence,  en  parlant  des  choses. 
Sans  l'avis  diligent  que  j'ai  cru  vous  devoir,  desm. 
trigone,  m,  3.  Le  berger  plut  au  roi  par  ses  soins 
diligents  ;  Tu  mérites, dit-il,  d'être  pasteur  de  gens, 
LA  FONT.  FaU.  X,  10.  Il  2°  Qui  fait  avec  activité  et 
rap'dité.  Valet  diligent.  Ouvrière  diligente.  11  est 
diligent  à  exécuter  les  ordres  qu'on  lui  donne.  Un 
iémon  diligent  qui  sans  cesse  regarde  Les  dépôts 
que  le  ciel  a  commis  à  sa  garde,  thistan.  Mariant, 
IV,  I.  Lorsqu'occu|ié  d'un  cûié,  il  envoie  reconnaî- 
tre l'autre,  le  dihgeul  officier  qui  porte  ses  ordres 
s'étonne  d'être  prévenu  et  trouve  déji  tout  ranimé 
par  la  présence  du  prince,  iioss.  Louis  de  Hourbon. 
Imposez  au  notaire  et  soyez  diligent.  Autant  que 
vous  pourrez,  à  toucher  cet  argent,  reonahd,  ilé- 
nechmes,  ii,  1. 1|  Terme  de  jurisprudence.  Partie  la 
plus  diligente,  celle  qui  agit  la  première  dans  une 
poursuite  dont  le  droit  lui  élMl  commun  avec  d'au- 
tres. Il  Kapide,  en  parlant  des  choses,  bous  leurs  pas 
diligents  le  chemin  disparaît,  boil.  Lulr.  v.  ||  3'.S'. 
m.  Le  diligent,  machine  pour  dévider  l'or  en  hrins. 
il  4"  .S.  f.  Diligente,  variété  de   tulipe  prinlamére. 

—  aEM.  Marguerite  Buffet,  Observ.  p.  33,  en  4668, 
signale  la  mauvaise  prononciation  déligent. 

—  SYN.  diligent,  prompt.  Ce  qui  différencie  ces 
deux  mots,  c'est  que  diligent  implique  toujours  une 
idée  d'application,  d'intention  qui  n'est  pas  dans 
prompt. 

—  HIST.  xni'  s.  Soiei  diligens  d'avoir  bons  pre- 
vos  et  bons  baillis,  jou.v.  3oi.||xiv«s.  Soient  les 


DIL 

maistres  deligens  de  veoir  les  tiltres,  Ordonn.  des 
mis  de  France,  t.  vu,  p.  770.  ||  xv  s.  Le  bien  com- 
mun doit  [le  prince)  sur  toiiz  luefeter,  .Son  peuple 
avoir  en  grant  dilection,  Kslre  saige  et  diligent, 
E.  DESCll.  Des  vertus  du  frince.  \\  xvi*  s.  Quand  la 
pauvreté  se  trouve  en  un  personnage  bien  vivant, 
lahorienx,  diligent,  juste,  vaillant,  alors  elle  est 
une  grande  preuve  de  magnanimité,  amyot,  Arist. 
et  Calon  comp.  «.  Ceux  qui  ne  sont  diligens  d'ob- 
server telles  différences,  LANGUE,  89. 

—  ÊTYM.  Provenç.  diligent;  espagn.  et  ital.  dili- 
gente; du  latin  diligenlem,  proprement  qui  aime, 
qui  chérit,  et,  de  là,  soigneux,  diligent,  de  dili- 
gere,  aimer  avec  choix  (voy.  dilection). 

DILIGENTE,  ÉE  (di-li-jan-té,  tée; ,  "part,  passé. 
Cet  écolier  diligente  par  son  professeur. 

UILIGENTER  (di-li-jan-té),  v.  a.  \\  i'  Presser 
quelqu'un  de  mettre  de  la  diligence.  Le  maréchal  de 
Joyeuse  se  tint  au  pont  pour  maintenir  l'ordre  et 
diligenter  tout,  st-sim.  22,  201.  Vendôme  se  mit  à 
faire  tout  ce  qui  étoit  en  lui  pour  diligenter  une 
conquête  si  différente  de  ce  qu'il  se  l'était  figurée, 
ID.  28:),  94.  (]  Absolument.  Mettre  de  l'activité.  Il 
faut  diligenter.  ||  2°  Se  diligenter,  v.  réfL  Mettre  de 
la  diligence  à  ce  qu'on  fait.  Notre  galant  s'étant  di- 
ligente Se  relira....  la  font.  ilul. 

—  ntST.  xV  s.  Lesquelz  ambassadeurs  avoient  si 
bien  diligente  que....  cgmm.  Il,  7.  ||  xvi'  s.  J'ay  faict 
ce  que  j'ay  peu  pour  diligenter  mon  voyage,  marg. 
Lelt.  30.  Je  vous  prie  vous  diligenter  en  sorte  que 
vous  ne  demeurés  après  le  roi,  id.  ib.  1 13.  Je  voys 
[vais]  coucher  à  Medine,  où  je  pense  trouver  Brion, 
et  ne  fauldray  à  le  vous  diligenter,  ID.  ib.  22.  Has- 
ter  les  mariniers  de  diligenter  et  de  se  sauver, 
mont.  1,  03.  11  diligenta  si  bien  qu'il  devancea  de 
beaucoup  ses  sommiers  qui  portoient  les  vivres, 
AMYOT,  Brutus,  31.  Fut  tellement  diligente  [on  se 
hâta  tellement],  dubellay,  Mém.  liv.  viii,  f»  248, 
dans  LACURNE. 

—  ÊTYM.  Diligent. 

f  DILOBÉ,  ÊE  (di-lo-bé,  bée),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  deux  lobes. 

—  ÊTYM.  AU,  deux,  et  lobe. 

f  DILOGIE  (di-lo-jie),  s. /■.  ||  1°  Nom  donné  par 
quelquesautenrs  modernes  à  l'antanaclase.  Il  2''Drame 
qui  se  déroule  en  deux  pièces  distinctes. 

—  ÊTYM.  Ai;,  deux,  et  Joyoi;,  pièce. 

f  DILOPUE  (di-lo-f),  adj.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Qui  porte  une  double  crête  ou  deux  huppes. 

—  ÊTYM.  Aiç,  deux,  et  Xitpo;,  huppe. 

t  DILUCIDATION  (di-lu-si-da-sion),  *.  f.  Lati- 
nisme. Éclaircis.sement. 

—  ÊTYM.  Dilucider. 

t  DILUCIDER  (di-lu-si-dé),  t).  o.  Latinisme.  Ëclair- 
cir. 

—  HIST.  XVI*  s.  Dilucider,  gudin. 

—  ÊTYM.  Lat.  dilucidare,  de  di....  préfixe,  et  luci- 
dus,  clair  (voy.  lucide). 

t  DILUÉ,  EE  (di-lu-é,  ée),  part,  passé.  De  l'al- 
cool dilué. 

f  DILUER  (di-lu-é),  v.  a.  Terme  technique.  Éten- 
dre d'eau  une  liqueur  quelconque.  ||  Séparer,  par  la 
suspension  dans  l'eau,  les  parties  des  corps  plus  di- 
visées d'avec  les  plus  grossières.  ||  Oiérer  la  dilution 
homœopalhique.  ||  Se  diluer,  v.  réjl.  Être  étendu 
d'eau. 

—  ÊTYM.  Lat.  diluere,  de  di....  préfixe,  et  luere, 
laver  (voy.  lotion). 

t  DILUTION  (di-lu-sion),  s.f.\\  1° Terme  technique. 
Action  d'étendre  d'eau  une  liqueur,  une  dissolution. 
Il  Chez  les  homœopathes,  opération  par  laquelle  ils 
atténuent  la  dose  d'un  médicament,  délayant,  pai 
exemple,  cinq  centigrammes  d'un  certain  médica- 
ment dans  une  certaine  quantité  de  liquide,  puis 
prenant  cinq  centigrammes  de  cette  liqueur  et  la 
délayant  ensuite  dans  une  quantité  égale  au  liquide 
employé  la  première  fois,  et  ainsi  de  suite  jusqu'à 
la  30*  dilution.  ||  2°  Procédé  qu'on  emploie,  en  dé- 
layant une  substance  dans  un  liquide,  pour  séparer 
les  parties  les  plus  ténues,  qui,  après  l'agitation, 
restent  les  dernières  en  su.spension,  et  sont  enle- 
vées par  la  décantation.  ' 

—  ETYM.  Lat.  di7u(io»iem  (voy.  diluer). 
fDlLUVIAL,  ALE  (di  lu-vi-al,  a-1'),  adj.  Syno- 
nyme de  diluvien.  Terrains  diluviaux. 

t  DILUVIÉ,  ÉE  (di-lii-vi-é,  ée),  adj.  Terme  de 
géologie.  Submergé  par  un  déluge. 

—  ÊTYM.   Voy.  diluvilm. 

DILUVIEN,  lENNE  (di-lu-viin,  viè-n'),  adj.  Terme 
de  géologie.  Qui  a  rapport  au  déluge.  Roches  dilu- 
viennes. Eaux  diluviennes.  ||  Dépôt  diluvien  ou  di- 
luvial,  dépôt  fort  irréguher  de  sable,  d'argile,  de 
gravier  à  gros  grains,  dont  la  formation  est  due  à 


DIM 

d'anciens  courants  considérables.  |{  Terrains  dilu- 
viens, ceux  qui  ont  été  formés  par  les  alluvions  an- 
térieures aux  temps  historiques.  Les  teirains  dlu- 
viens  recouvrent  une  grande  partie  de  la  surface 
habitable  du  globe.  ||  2°  Kig.  Pluie  diluvienne,  pluie 
très-abondante. 

—  ÊTYM.  Lat.  diliivium  (voy.  déluge). 

t  D1I.UVIUM  (di-lu-vi-om'),  s.  m.  Terme  de  géo- 
logie. Matière  des  alluvions  antérieures  aux  temps 
historiques.  Le  diluvium,  examiné  dans  une  grande 
surface,  se  montre  tantôt  calcaire,  tantôt  siliceux; 
dans  quelques  endroits ,  vers  l'embouchure  du 
Rhône,  par  exemple,  il  consiste  en  de  vastes  dé- 
pôts de  cailloux  roulés. 

—  ÊTYM.  Voy.   DÉLUGE. 

t  DÎMABLE  (di-ma-bl'),  adj.  Qui  est  sujet  à  la 
dîme. 

—  HIST.  xvi'  s.  Dimable,  mgnet,  Dict. 

—  ÊTYM.  ntmer. 

DIMANCHE  (di-man-ch'),  s.m.\\t°  Le  premier 
jour  de  la  semaine,  celui  qui  est  consacré  aux  exer- 
cices de  dévotion  chez  les  chrétiens  Le  premier 
dimanche  du  mois.  Observer,  sanctifier  le  dimanche. 
Mîre  Jeanne  avec  ses  habits  de  dimanche,  c'est  la 
plus  aimable  femme  de  village  que  j'aie  jamais  vue, 
sÉv.  (41.  Il  Brave  comme  un  dimanche  [très-bien 
paré],  Ilisl.  du  Thédire  fr.  t.  viii,  p.  184,  dans  la- 
curne.  Il  Fig.  Jour  de  fête,  de  plaisir.  Grâce  à  l'or 
de  mon  jpune  amant, Là  ioiismi->  j^uis  soi.t  desdi- 
manclies,  bérang.  Citiq  étages.  ||  Le  dimanche  gras, 
celui  qui  précède  le  mercredi  dos  Cendres.  ||  Di- 
manche se  dit  quelquefois  pour  u,,  temps  à  venir 
iniléti>rminé,  surtout  en  parlant  à  celui  qui  fait  ac- 
tuellement ce  qu'on  ne  lui  demande  pas  et  qu'il  n'a 
pas  le  temps  de  faire.  Tu  eternueras  dimanche  |Iiar- 
tliolo  parlant  à  un  domestii|ue  qui  étarnuait  sans 
cesse].  BEAUM.  Barbier,  ii,  7.  ||  Air  de  dimanche,  air 
de  fête,  de  gaieté.  Il  y  a  un  petit  air  de  dimanche 
gras  répandu  sur  cette  lettre,  qui  la  rend  d'un  goût 
nonpareil.  SÉv.  125.  ||  2°  Terme  de  marine.  Palan 
portatif.  Il  Le  plus  petit  des  palans  dont  on  fait 
usage  dans  les  grands  bâtiments.  ||  Proverbe.  Tel  qui 
rit  vendredi  dimanche  pl-urera,  rac.  l'Iaid.  i,  t. 

—  HIST.  XII'  s.  L;\  le  truevent  li  mes  [messagers] 
à  jour  de  diemaine,  Sax.  xxx.  ||  xiii'  s.  Adonc  as- 
sembla tous  li  pueples  de  Venise  à  un  diemenclie 
qu'il  fu  moult  grans  feste  de  saint  Marc,  villeil 
xxxix.  Tout  droit  un  diemenche,  ainsi  com  je  l'en- 
ten,  Berte,  ix.  C'iert  [c'éloil]  diemanclie  par  ma- 
lin, Iten.  8901.  Ce  fu  une  diinence  que  l'os  [armée] 
fu  estorniie.  Dont  oïssiés  mil  grades  soner  à  la  l)on- 
die;  Crestiien  et  paien  chascuns  s'enseigne  escrie, 
Ch.  d'A7it.  I,  422.  Donc  devez  vous  croire  ferme- 
ment touz  les  articles  de  la  foy .  lesquiei  les  apostres 
tesinoingnerit  aussi  comme  vous  oez  chanter  au  dy- 
manche  en  la  credo,  joiNv.  i9s.  ||  xvi"  s.  Naquit  un 
dimanche  ou  fiste.  Qui  n'aime  que  besogne  faite, 
LEROUX  DE  lincy,  Prov.  t.  I.   p.  97. 

—  ÊTYM.  Génev.  une  dimanche;  bourguig.  di- 
mainche;  provenç.  diniange.  dimergue,  dilzmergue; 
anc.  catal.  digmenge;  espagn.  et  poriug.  domingo; 
ital.  domentca.  L'italien,  l'espagnol  et  le  portugais 
viennent  du  latin  dominica  ou  dominicus,  sous-en- 
tendu dicv, jourdn  Seigneur,  dominus;  voy.  dom.  Le 
fiançais  est  pour  didemaine  ou  di-demenche ,  jour 
.i^  ninical,  contracté  en  diemenche,  de  quatre  syl- 
laDes.  Il  est  masculin  ou  féminin  siihant  qu'on  fit, 
(.cmme  en  latin,  dies  mascidin  ou  féminin.  Demaine 
v'çnl  de  l'adjectif  fictif  dominius,  et  demcncht  de 
domtnicus. 

t  DIMANCUIER,  lËRE  (di-man-chié,  chiè-r'),  ». 
m.  et  f.  Personne  qui  fête  régulièrement  les  di- 
manches. Il  Terme  populaire. 

—  ÊTYM.  Dimanche. 

DÎME(dî-m'),s./'.||  1°  Prélèvement  qui  se  faisait  sur 
les  Juifs  du  dixième  des  fruits  de  la  terre  pour  offrir 
au  Seigneur  ou  pour  donner  aux  lévites.  Le  Seigneur 
votre  Dieu  vous  ayant  bénis,  vous  ne  pourrez  lui  ap- 
porter toutes  ces  dîmes;  vous  vendrez  tout,  et  en 
aurez  de  l'argent  que  vous  porterez  en  votre  main, 
SACi,  Bible,  Deulèronome,  xiv,  24.  Ceux  qui,  étant 
de  la  race  de  Lévi ,  entrent  dans  le  sacerdoce,  ont 
droit,  selon  la  loi,  de  prendre  la  dîme  du  peuple, 
m.  i6.  Ép.  aux  Ilébr.  de  St  Paul,  vu,  5.  ||  Il  :e  dit 
aussi  d'un  dixième  prélevé  pour  tout  autre  cbjet. 
Alors  Abraham  lui  donna  [à  MelchisédcchJ  la  dîme 
de  tout  ce  qu'il  avait  pris,  id.  ifc.  Cenè,-:e,  xtv,  30. 
C'ert  à  lui  [Melchisédecli]  qu'd  paye  la  dlme  du  bu- 
tin qu'il  avait  gagné  sur  les  rois  \aincus.  Boss.  Uisi 
1,  3.  Il  2°  Prélèvement  que  l'Eglise  ou  le  seigneur 
fai»it  sur  les  récolles,  et  qui  en  était  ordinairement 
le  dixième.  Lever,  payer  la  dîme  des  blés,  du  vin. 
11  y  avait  des  dîmes  qui  faisaient  la  dotizième  partie. 


DIM 

la  treizième  partie.  Les  dîmes  s'alTermaient.  Toute 
votre  piété  se  réduit  à  certaines  cérémonies,  à  cer- 
taines coutumes,  k  payer  certaines  dîmes  dont  li  loi 
ne  fait  pas  mention,  EOuanAL.  5'  dim.  après  la 
Pentec.  Dnminic.  t.  ii,  p.  441.  La  dlme  n'est  point 
une  propriété;  la  propriété  ne  s'entend  que  de  celui 
qui  peut  aliéner  le  fonds;  et  jamais  le  clergé  ne  l'a 
pu,  MIRABEAU,  Colleclinn,  t.  il,  p.  H.  Il  Grosses  dî- 
mes, dîmes  qu'on  levait  sur  les  gros  fruits,  comme 
le  liléet  le  vin.  Il  Menuesdîmes,  cellesquise  levaient 
sur  les  menus  grains  et  sur  le  menu  bétail.  ||  Vertes 
dîmes,  celles  qu'on  levait  sur  les  légumes,  le  chan- 
vre, etc.  Il  Dlme  inféodée,  dîme  aliénée  par  l'Église 
et  possédée  par  des  laïques.  ||  Dlme  saladine,  impôt 
du  dixième  des  revenus  dont  furent  frappés  ceux  qui 
ne  prirent  point  part  à  la  3'  croisade.  ||  Dîmes  ecclé- 
siastiques, dîmes  possédées  sans  aucune  charge  féo- 
dale. Il  Dîmes  mixtes,  dîmes  perçues  sur  les  choses 
qui  provenaient  en  partie  des  héritages  et  en  partie 
de  l'industrie.  ||  Fig.  Lever  la  d!me,  faire  un  prélè- 
vement non  permis.  D'anciens  Gaulois....  Levaient 
la  dlme  sur  les  caves  Du  maître  qui  les  opprimait, 
BÉBANR.  Escl.  !5ra«/ots.  Il  3°  Dlme  royale,  titre  d'un 
ouvrage  de  Vauban.  Son  Altesse  Royale  ayant  formé 
le  dessein  de  faire  dans  le  royaume  quel(|ues  essais 
d'une  taille  proportionnelle  ou  dlme  qu'avait  propo- 
sée feu  M.  de  Vauban  et  qui  devait  remédier  aux  an- 
ciens et  intolérables  abus  de  la  taille  arbitraire, 
FONTEN.  Renau. 

—  HlST.  xii"  s.  No  devez  as  prclaz  défendre  u  co- 
mander  ....  ne  des  dismes  causer,  Tli.  le  mart.  79. 
Il  xiii' s.  Etntli  elleus  [l'élu]  (le  Biauvais  ladismede 
par  l'apostole  [pape],  Chr.  de  /ianis.oo.  De  <lroit 
commun,  toutes  les  dismes  doivent  estre  à  sainte 
Eglise,  BEAUM.  XI,  38.  Il  XV"  s.  Qu'elles  estoient  te- 
nues (le  rendre  à  Dieu  disme  de  tous  leurs  biens, 
LOUIS  XI.  Nouv.  XXXII.  Il  XVI"  s.  I.e  droitde  tenirdix- 
mes  en  fief  (dîmes  inféodées]  par  gens  purs  iLics, 
p.  PiTiiou,  74.  La  principale  cause  de  la  malveillance 
que  le  peuple  luy  pnrtoit  vint  de  la  décime  des 
dépouilles....  il  feil  vœu  qu'il  offriroit  aux  dieux  la 
dixme  du  butin,  amyot,  Cam.  14.  Un  veau  de 
disme  [un  grand  sol],  oudin.  Peu  de  gloire  me 
semble  accroistre  à  ceulx  qui  seulement  employent 
leurs  yeulx....  baislent  aux  mouches  comme  veaulx 
de  disme,  kaii.  Panl.  Prot.'iu  liv.  m.  itente  est 
plus  seure  que  dismes,  leroux  ue   lincy,   Prov. 

t.  I,    p.  24. 

—  ETYM.  Berry,  le  dime;  provenç.  desme,  deime, 
deyme,  dettme,  deme,  s.  m.  et  aussi  décima,  s.  f.; 
catal.  delme;  e.spagn.  dieimo  et  décima;  ital.  dé- 
cima; du  latin  decimus,  dixième,  dé  decem  (voy. 

DIX). 

t  DÎ.MÉE  (dî-mée),  s.  f.  Droit  de  lever  la  dîme. 

Avoir  In  dlmée. 

DIMKNSION  (di-man-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  \\  i°  Étendue  d'un  corps  en  tout  sens. 
Les  corps  ont  trois  dimensions,  longueur,  largeur 
et  profondeur.  Prendre  les  dimensions  d'un  édifice. 
Il  Kig.  Prendre  ses  dimensions,  prendre  toutes  ses 
mesures  pour  exécuter  une  chose.  ||  2"  Timbre  de  di- 
mension, timbre  tarifé  en  raison  de  la  dimension  du 
papier.  Se  dit  par  opposition  à  timbre  proportion- 
nel. Il  3'  Terme  d'algibre.  Degré  d'une  puissance  ou 
a'une  équation.  ||  4"  Terme  do  dessin.  Itapport  d'un 
objet  artificiel  avec  le  même  objet  prison  nature.  La 
dimension  d'un  portrait,  d'un  paysage,  d'un  tableau. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Les  muses  continuellement  occu- 
pées, l'une  à  contemplation  des  astres,  l'aultre  à  sup- 
putation des  nombres,  l'aultre  à  dimension  des  corps 
géométriques,  i\ab.  Pant.  m,  31. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dtmencio;  espagn.  dimensinn; 
ital.  dimensione;  du  latin  dimcnsionem,  de  di'mm- 
:um,  supin  de  d/melirt,  mesurer,  de  dt....  pré- 
fixe, et  inclirt,  mesurer  (voy.  mesure). 

UÎMEK  (di-mé),  v.  n.  ||  1°  Lever  la  dlme.  Dlmer 
dans  un  champ,  sur  un  vignoble.  L'abbé  dîmait  dans 
tous  ses  villages.  ||  2°  Fig.  Faire  un  prélèvement. 
Nous  laissant  dîmer  sur  un  bien  Qui  ne  vous  coOte 
presque  rien,  la  font.  Cord.  ||  Activement.  Sans 
■qu'il  me  vint  à  l'idée  de  dîmer  sur  M.  Vinat  le  pro- 
duit de  ses  asperges.  J.  i.  Rouss.  Conf.  i.  Sur  la 
table  un  pain  noir  sous  une  nappe  blanche,  Dont 
chaque  mendiant  vient  dîmer  une  tranche,  lamabt. 
.lue.  VI,   507. 

—  I\EM  Dlmer  pris  active.ment  s'appuie  sur  d'an- 
ciens exemples  (voy.  I'histobique). 

—  lllST.  XII"  s.  Ne  jà,  pour  nul  desirier.  [je]  Ne 
remaiiir.ll  [resterai]  avccquea  ces  tirans,  Qui  sont 
croisé  à  luiur  Pour  dimer  clevs  et  liourjois  et  ser- 
gens,  oiEs^K.s,  Homimcero ,  p.  97.  Vos  blez,  los 
fruia  des  vignes  il  les  dismcnis.  as  ses  serjans  il  les 
duri-ad  [donnera],  Kois  SJ.  U  xiii"  s.  Et  se  je  ne  le 


DIM 

fes,  je  peque  [pèche]  et  suis  tenus  à  rendre  ce  que 
je  disme  malve.sement,  beaum.  xi,  39. 

—  ÉTYMi-  Provenç.  desmar  ;  cataL  rfeîtnar;  es- 
pagn. dezmar;  portug.  dezimar;  ital.  decimarc;  du 
latin  drcnnare  (voy.  iiîme). 

f  niMÈllE  (di-mê-r'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Qui  est  composé  de  deux  parties,  de  doux  segments 
ou  articles. 

—  ETYM.  Ai;,  deux,  et  [lépo;,  partie. 

■f  DÎ.MERIE  (di-me-rie),  s.  f.  Étendue  d'un  terri- 
toire sur  liquel  on  avait  droit  de  dlmer. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Coutumierement  en  dismeries  d'é- 
glise n'y  a  point  de  suite,  mais  bien  en  patrimo- 
niales, loysel,  îflti. 

—  ETYM.  Dimer;  provenç.  deimaria. 

1  DIMÈTRE  (di-mè-tr'), 'adj.  Terme  de  prosodie 
grecque  ou  latine.  Qui  est  de  deux  mesures,  en  par- 
lant des  vers  îambiques  de  quatre  pieds. 

—  ETYM.  Ai;,  deux,  et  mètre. 

DÎMEUR  (di-meur),  s.  m.  Celui  qui  était  commis 
au  prélèvement  de  la  iltme. 

—  HlST.  XVI"  s.  Les  gros  dismeurs  doivent  fournir 
les  livres  des  paroisses,  loysel,  205. 

—  ÉTYM.  Dimer. 

t  DIMIDIÉ,  ÉE  (di-mi-di-é,  ée),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  est  réduit  de  moitié,  qui  ne  s'est 
développé  qu'à  demi. 

—  ÉTYM.  Lat.  dimidiatus,  de  dimidius  (voy.  demi). 
DIMINUÉ,  ÊE   (di-mi-nu-é,   ée),   part,   passé. 

Rendu  moindre.  La  fièvre  diminuée,  mais  non  cou- 
pée par  une  première  dose  de  quinquina.  Son 
royaume  est  diminué  de  dix  tribus,  Boss.  Ilist.  u, 
4.  Il  Terme  d'architecture.  Colonne  diminuée,  co- 
lonne qui  va  en  se  rétrécis.sant  de  bas  en  haut. 
Il  Terme  de  musique.  Intervalles  diminués,  inter- 
valles rendus  plus  petits  au  point  de  n'être  plus  con- 
sonnants.  La  quinte  juste  contient  trois  tons.et  demi; 
la  quinte  si  fa,  qui  n'est  que  de  deux  tons  et  deux 
demi-tcns,  est  une  quinte  diminuée  (autrefois  fausse 
quinte);  la  tierce  mineure  ul  mi  bémol  est  conson- 
naiite  ;  la  tierce  ut  dièze  mi  bémol  e.st  une  tierce  di- 
minuée. Le.s  intervalles  non  consonnants  sont  dimi- 
nués quand,  étant  déjà  mineurs,  ils  sont  encore 
diminués  d'un  demi-ton;  ut  si  est  une  septième;  ut 
si  bémol  est  une  septième  mineure,  ut  dièze  si  bé- 
mol est  une  .septième  diminuée. 

t  Dl.'^lINL'ENDO  (di-mi-nu-in-do),  adv.  Terme 
de  musique.  En  diminuant.  Indique  iju'il  faut  passer 
du  forte  au  piano,  et  du  piano  au  pianissimo,  par 
une  gradation  insenr.ible.  Il  est  opposé  à  crescendo. 

—  ÉTYM.  Ital.  diminuendo,  de  diminuere,  di- 
minuer. 

DIMINUER  (di-mi-nu-é).  ||  1"  V.  a.  Rendre  moin- 
dre. Diminuer  la  portion  de  quelqu'un.  Diminuer 
l'épaisseur  d'une  planche,  la  hauteur  d'un  bâtiment, 
la  longueur  d'une  robe.  Diminuer  sa  dépense.  Di- 
minuer le  prix  d'une  marchandise.  Ma  part  de  votre 
ennui  diminuera  la  vôtre,  nornou,  Venccsl.  m,  2. 
Vous-même  n'allez  point....  Et  de  votre  grand  nom 
diminuer  le  bruit,  bac.  ililhr.  m,  ).  Mais  soit  que 
cet  enfant  devant  elle  amené  Kilt  d'un  songe  ef- 
frayant diminué  l'alarme....  iii.Athal.  m,  3.  Le  di- 
rai-jel  mais  pourquoi  craindre  que  la  gloire  d'un  si 
grand  l.omme  puisse  être  diminuée  par  cet  aveu  ? 
BOSS.  Louis  de  Bourbon.  \\  2°  V.  n.  Devenir  moin- 
dre, se  réduire,  bai.sser,  s'alTaiblir.  La  rivière  di- 
minue. La  fièvre  a  diminué.  Sa  santé  diminue  tous 
les  jours.  Ouau'l  sur  moi  je  jette  les  yeux.  Mon  cœur 
de  frayeur  diminue,  bégnier.  Stances  rel.  Mon  es- 
prit diminue,  au  lieu  qu'à  chaque  instant  On  aper- 
çoit le  vôtre  aller  en  augmentant,  la  font.  Fabl. 
XII,  I.  Je  m'en  vais,  je  suis  emporté  par  une  force 
inévitable;  tout  diminue,  tout  fuit,  tout  disparaît 
à  mes  yeux,  boss.  Anne  de  Onni.  Ne  crois  pas  que 
pour  lui  ma  haine  diminue,  rac.  Thél.  iv,  l.  Je 
suis  toujours  très-languissant,  mon  âge  avance,  ma 
force  diminue,  mais  mon  attachement  |iour  vous  ne 
diminuera  jamais,  volt.  Letl.  d'.irgence,  21  mars 
("67.  Ils  se  sentent  diminuer  dans  l'estime  du  peu- 
ple, MASS.  J/ysf.  Pass.  ||  Maigrir.  Cet  enfant  dimi- 
nue tous  les  jours.  ||  Terme  de  marine.  Diminuer  de 
voiles,  serrer  les  voiles  qui  sont  dehors,  afin  d'af- 
faiblir le  sillage  du  vaisseau.  ||  3°  Se  diminuer,  ti.  réft. 
Devenir  moindre.  La  vie  humaine,  qui  se  poussait 
jusques  à  près  de  mille  ans,  se  diminua  peu  à  peu, 
BOSS.  Ilist.  II,  1. 

—  HlST.  xiV  s.  Et  à  celui  qui  est  povre  ou  dimi- 
nué en  pecunes  pour  la  communité,  l'en  li  fet  dons 
utiles,  OBF.SME,  Eth,  iùl.  Il  XV"  s.  De  jour  en  jour 
va  en  diminuant  De  ce  monde  la  revolucion;  Et  les 
estas  vont  en  continuant  De  mal  en  pis  à  leur  des- 
trucion,  E.  de.scii.  Poésies  mss.  f°  (22,  dans  la- 
CURNE.  Nous  sommes  diminués  d'aage,  et  la  vie  des 


DIM 


1167 


hommes  n'est  si  longue  comme  elle  le  souloit,  comm. 
Il,  6.  Il  XVI"  s.  Fay  seulement  ce  que  je  te  commande, 
sans  y  adjoiister  ne  diminuer,  calv.  Inslit.  274.  1.» 
mort  de  Selym  estant  arrivée,  la  crainte  des  princes 
se  diminua,  et  par  conséquent  le  désir  d'entrepren- 
dre, LANOL'E,  4)8.  Escrivant  en  un  siècle  auquel  la 
créance  des  prodiges  commenceoi  t  à  diminuer,  mont. 
IV,   04. 

—  ÉTYM.  Berry,  diminuiser,  diminuer;  provenç. 
diminuât,  diminuir,  denienir;  catal.  disminuir  ; 
espagn.  diminuir;  ital.  diminuire;  du  latin  dimi- 
nuere, de  di....  préfixe,  et  minuere,  rendre  moin- 
dre (voy.  MENU).  Avant  le  xiv"  siècle  on  trouve  de- 
menuiser  :  xii"  s.  Noz  despiezons  et  demenuisons 
[ces  choses].  Job,  448. 

DI.M1NCTIF,  IVE  (di-mi-nu-tif,  ti-v'),adj.||  1"  Terme 
de  grammaire.  Qui  afl'aiblit  ou  adoucit  l'idée,  en 
parlant  de  certains  dérivés  par  rapport  au  mot  dont 
ils  proviennent  :  fillette,  diablotin  sont  des  expres- 
sions diminutives  par  rapport  à  fille  et  à  diable. 
!l  S.  m.  Un  diminutif.  Les  diminutifs  expriment  une 
chose  comme  petite  :  une  mai.sonnetle  est  une  pe- 
tite maison;  un  globule,  un  petit  globe.  ||  2°  Il  se  dit 
d'un  objet  qui  est  en  petit  ce  qu'un  autre  est  en 
grand.  Qui  sont  comme  des  "Uminutifs  de  la  foudre, 
DEsc.  Météor.  7. 

—  HlST.  xvi"  s.  Aulcuns  [dieux]  moyens  entre  la 
divine  et  l'humaine  nature,  médiateurs,  entremet- 
teurs de  nous  à  Dieu,  adorez  par  certain  second  or- 
dre d'adoration  et  diminutif,  mont,  ii,  277. 

—  ETYM.  Provenç.  diminutiu;  espagn.  et  ital. 
diminutivo  ;  du  latin  diminulivus ,  de  diminuere, 
diminuer. 

DIMINUTION  (di-mi-nu-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s. /l  ||  1°  Action  de  devenir  moindie,  de 
rendre  moindre.  La  diminution  de  l'eau  dans  lès 
puits.  Il  y  a  une  grande  diminution  dans  sa  for- 
tune. Diminution  des  prix.  Diminution  de  la  fièvre. 
L'homme  du  meilleur  esprit  est  inégal;  il  souffre 
des  accroissements  et  des  diminutions,  la  bruy.  xi. 
Ma  tête  est  plus  pesante  |par  le  vin]  :  mes  idées  ne 
sont  plus  si  nettes;  je  n'ai  jamais  éprouvé  cette  di- 
minution de  moi-même  dans  mon  pays,  volt.  Dial. 
8.  Il  Absolument.  Diminution  de  prix.  Demander, 
obtenir  une  diminution.  {{  2°  Terme  d'architecture. 
Le  rétréci.ssement  d'une  colonne,  depuis  son  tiers 
jusqu'au  haut  du  fût.  ||  3"  Terme  de  grammaire.  Fi- 
gure par  laquelle  on  retranche  quel  pie  lettre  dans 
un  mot.  comme  quand  on  écrit  apercevoir  au  lieu 
d'appcici'oir  qu'on  écrivait  autrefois.  On  dit  aussi 
sou.^traction.  ||  Kigiite  de  (lensée  plus  souvent  appelée 
atténuation,  litote.  ||  4°  Terme  de  musique.  Divi>ion 
d'une  note  longue  en  plusieurs  notes  de  moindre  va- 
leur. Après  avoir  varié  en  croches  un  air  écrit  en 
blanches  et  en  noires,  on  fait  une  nouvelle  diminu- 
tion en  donnant  une  variation  en  doubles  croches. 
115°  Se  dit,  au  crochet,  d'une  ou  plusieurs  mailles 
du  tour  précédent  passées  sans  y  faire  de  mailles; 
au  tricot,  de  deux  mailles  tricotées  ensemble  ou 
d'une  maille  prise  sur  l'aiguille  sans  être  tricotée 
et  rejetée  sur  la  maille  suivante  une  fins  que  cette 
dernière  est  tricotée  elle-même.  ||  6°  Diminution 
d'espèces,  retranchement  sur  la  valeur  légale  des 
espèces  monnayées. 

—  HlST.  XVI"  s.  Il  faut  travailler  à  la  diminution 
de  cette  ample  domination  de  la  maison  d'Autriche, 
SULLY,  dans  le  Dicl.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Provenç.  diminulio  ;  espagn.  diminu- 
cion;  ital.  dt'mt'niiïione;  du  latin  diminutionem ,  do 
diminuere,  diminuer. 

t  DIMINUTIVEMENT((li-mi-nu-ti-ve-man),  adv. 
D'une  façon  diminutive,  en  diminutif.  Le  change- 
ment qui  au  xiv"  siècle  fit  que  la  langue  française 
perdit  ses  deux  cas  est  comparable,  diminutive- 
ment,  au  changement  qui,  du  latin  ayant  six  cas, 
fit  la  langue  d'oil  ayant  deux  cas. 

—  ÉTYM.  Diminutive ,  et  le  suffixe  ment. 

KIMISSOIRE  (di-mi-ssoi-r'),  s.  m.  Lettre  par  la- 
quelle; un  évêque  consent  qu'un  de  ses  diocésains  soit 
con.sacré  par  un  autre  évêque.  Obtenir  un  dimissoire. 

—  REM.  On  a  dit  aussi,  mais  moins  correcte- 
ment, démissoire.  Canaples  prétendait  donner  les 
démissoires  et  se  mêler  de  la  discipline  intérieure 
du  clergé,  st-sim.  no,  182.  Lorsque  j'allai  deman- 
der à  l'archevêque  de  vouloir  bien  obtenir  pour  moi 
ce  qu'on  appelle  un  démissoire  pour  recevoir  lea 
ordres  de  sa  main,  marmontel,  llém.  ii. 

—  Ety.M.  Lat.  dimissorius,  de  dimissum,  supia 
de dtmiMcre, renvoyer,  de  dt'....  préfixe,  etmittere, 
envoyer  (voy.  mettre) 

DIMISSORIAI,,  ALE  (di-mi-sso-ri-al,  a-l'),  adj. 
Qui  a  -.pport  à  un  dimissoire.  Lettres  dimissorialos. 

—  ÉTYM.  Dimissoire. 


1168 


DIN 


t  DIMORPHE  (di-mor-n,  adj.  Terme  d'histoire 
naliirelle.  Oui  est  suBceptible  de  prnndre  deux  for- 
mes différentes.  ||  Terme  de  minéralogie.  Substance 
(limoriilie.  substance  qui  peut  flonner  des  cristaux 
appartenant  à  deux  systèmes  différents,  ou  apparte- 
nant au  même  système,  mais  avec  de  telles  diffé- 
rences d'angles,  qu'on  ne  saurait  les  dériver  d'une 
forme  fondamentale  commune. 

—  Rtym.  Aie,  doux,  etiiopç^,  forme. 

f  ni.MORPlIlK  (di-mor-fie),  ». /■.  ou  DIMOR- 
PIIISMK  (di-mor-fi-sm'),  s.  m.  Terme  de  minéralo- 
gie, l'ropriété  qu'ont  certains  corps  <le  présenter 
deux  formes  cristallines  différentes  et  incompatibles 
géométriquement. 

—  KTYM.  Dimorphe. 

flURJY.AlHE  {(limi-i-f),  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. Oui  a  deux  musclos,  ou  deux  impressions  mus- 
culaires sur  chaque  valve. 

—  ÈTVM.  Ai;,  deux,  et  |xû;,  (luô;,  muscle. 

f  DiNAOE  (di-na-d'),  s.  f.  Terme  local  d'agricul- 
ture. Quantité  de  vit;nes  qu'un  homme  peut  labou- 
rer depuis  le  malin  jusqu'à  l'heure  do  son  dîner. 

—  f.TYM.  Dîner. 

DINANDERIE  (di-nan-de-rie),  s.  f.  Ustensiles  de 
cuivre  jaune,  tels  que  des  poêlons,  des  chaudrons  , 
les  plaques,  etc. 

—  ÈTYM.  La  ville  de  Dinant,  au  diocèse  de  Liège 
(Belgi(|ue).  Ville  très-riche,  dit  Commines,  ii,  t,  à 
cause  d'une  marchandise  qu'ils  faisoient  de  ces  ou- 
vrages de  cuyvre  qu'on  appelle  dynanderie. 

f  DINANDIER  (di-nan-dié),  î.  m.  Marchand  ou 
fabricant  d'ouvrages  de  dinanderie. 

—  ÊTYM.  Dinant,  ville  de  Belgique. 

tDÎNATOlRE  (ili-na-toi-r'),  adj.  m.  Usité  seule- 
ment dans  cette  locution,  déjeuner  dînatoire,  dé- 
jeuner qui  .sert  en  même  temps  de  dîner.  On  dit 
mieux  déjeuner-dîner. 

—  ÊTYM.  Diner. 

DINDE  (din-d'),  s.  f.  |1 1»  La  femelle  du  dindon. 
Il  Fig.  et  familièrement.  C'est  une  dinde,  une  grande 
(iiiide,  c'est  une  femme  sans  intelligence.  ||  II  se  dit 
aussi,  sans  distinction  de  sexe,  du  poulet  d'Inde. 
Jamais  je  n'ai  mangé  ni  de  meilleures  perdrix  ni 
des  dindes  si  succulentes  ni  des  truffes  si  parfu- 
mées, MARMONTEL,  Mém.  II.  ||  2°  S.  m.  Par  abus. 
Dindon,  coq  d'Inde.  Un  gros  dinde. 

—  lllST.  XVI'  s.  Celui  a  bien  rencontré,  qui  com- 
pare la  despence  des  d'Indars  et  d'Indes  à  celle  des 
mulets,  0.  DE  SERRES,  365.  Ouelle  que  soit  la  poule 
couvante  les  œufs  rie  d'Inde,  pour  le  naturel  des 
œufs,  emploiera  à  les  esclorre  environ  un  mois,  ID. 
365.  L'imporlun  piolement  des  dindes,  ID.  367. 

—  ETYM.  De  et  Inde  (Ainérique;  l'Amérique  fut 
d'abord  nommée  Inde),  à  cause  de  la  patrie  de  ces  oi- 
seaux. On  a  dit  d'abord  uncoqd'fndc.unepouied'/Hde, 
un  poulet  d'Inde;  ei^^uitc,  supi)rimanl  les  mots  coq, 
poule  ou  poulet,  on  a  dit  un  dinde,  et  une  dinde, 

DINDON  (din-don),  ».  m.  Coq  d'Inde,  gros  oiseau 
do  basse  cour,  de  l'ordre  des  gallinacés,  remar- 
quable par  sa  tête  dépourvue  de  plumes  et  garnie  de 
caroncules  érecliles,  dont  une,  placée  au-dessus  de 
la  base  du  bec,  pend  sur  le  côté;  et  par  une  queue 
arrondie  et  pouvant  se  relever  en  éventail  comme 
celle  Uu  paon.  Un  troupeau  de  dindons.  Un  dindon 
faisant  la  roue.  Ce  bel  oiseau  fut  importé  du  Mexique 
en  ICurope;  les  Espagnols  lenommaientja/io-paio, 
à  cause  de  sa  ressemblance  avec  le  paon;  toutefois 
les  Européens  perdirent  bientôt  de  vue  la  véritable 
histoire  de  cet  oiseau ,  et  le  nom  de  dindon  fit  naître 
la  croyance  populaire  de  son  origine  orientale.  Note 
43,  p.  124  du  t.  I  de  la  Trad.  franc,  de  la  Conq.  du 

Mexique,  jiar  phéscott La  voili  donc  compagne 

De  certaines  Phillis  qui  gardent  les  dindons,  la 
voKT.Fabl.  VII,  2.  Contre  les  assauts  d'un  renard  Un 
arbre  à  des  dindons  servait  de  citadelle,  m.  ib.  xii, 
t8.  Il  Garder  les  dindons,  vivre  relégué  à  la  cam- 
pagne. Il  Je  n'ai  pas  gardé  les  dindons  avec  lui,  il 
est  plus  grossièrement  familier  que  nos  relations  ne 
l'y  autorisent.  ||  Bête,  colère,  gourmand  comme  un 
dindon,  c'est-à-dire  d'une  façon  grossière.  |l  Familiè- 
rement. Il  en  sera  le  dindon ,  il  sera  le  dindon  de  la 
farce,  il  sera  dupe  dans  cette  affaire.  ||  Fig.  C'est  un 
dindon,  un  franc  dindon,  c'est  un  homme  stupide. 

—  lllST.  XVI"  s.  Dès  que  les  petits  d'Indoiis  seront 
esclos,  les  faudra  mignardement  gouverner,  o.  de 

8KRRES,  30  5,  elC. 

—  ETYM.  Dinde. 

tDINDONNADE  (din-Uonad'),  s.  f.  Maladie  pro- 
pre aux  dindons  et  qui  a  pour  caractère  des  pustules 
survenant  aux  environs  du  bec  et  aux  parties  dé- 
nuées de  plumes. 

DINDONNEAU  (din-do-nft),  ».  m.  Jeune  dindon, 
jeune  dinde.  Elever  des  dindonneaux. 


DIN 

—  ÉTYM.  Dindon. 

t  DINDONNER  (din-do-né),  t).  a.  Terme  familier. 
Attraper,  traiter  comme  un  dindon,  duper.  Je  ne 
veux  pas  me  laisser  dindonuer.  Avec  toute  sa  finesse 
il  a  été  dindonné. 

DINDONNIER,  1ÈRE  (din-do-nié,  niê-r'),  ».  m. 
et  f.  Il  1°  Celui;  celle  qui  garde  les  dindons.  Et  par- 
fois était  dindonnière  lie  la  paternelle  maison,  scar- 
RON,  Œuvres,  1. 1,  p.  307,  dans  i-ocgens.  En  ce  petit 
garçon  On  voit  le  dindonnier,  le  page  et  l'échanson , 
coLi'm  d'harlev.  Baronde  Crac,  se.  4.  ||  Dindonnière 
s'est  dit  autrefois,  par  dénigrement,  d'une  demoiselle 
de  campagne.  ||  2°  Adj.  Dans  le  style  plaisant,  la 
dindonnière gent,  lesdindons.  Lalune,  alors lui.sant, 
semblait  contre  le  sire  [le  renard]  Vouloir  favoriser 
la  dindonnière  gent,  la  font.  Fahl.  xii,  18. 

—  ÉTY.M.  Dindon. 

t  DINDOULETTE  { din-dou-lè-t'),  s.  f.  Un  des 
noms  vulgaires  de  l'hirondelle. 

DÎNÉ  (di-né) ,  s.  m.  Voy.  dîner  2. 

DÎNÉE  (di-née),  s.  f.  ||  1°  Le  dîner  que  l'on  fait 
à  l'auberge.  Il  nous  en  a  coûté  tant  pour  la  dînée. 
Mais  dès  la  dînée  le  panier  [aux  provisions]  fut  en- 
tamé, la  font.  Vie  (i'7;so)je.  Il  2°  Le  lieu  où  l'on 
s'arrête  pour  dîner  en  voyage.  Il  n'y  a  jilus  qu'une 
lieue  d'ici  à  la  dînée.  Nous  nous  reposons  à  la  dî- 
née, sÉv.  289,  X  la  dînée,  à  peine  y  avait-il  un  quart 
d'heure  que  nous  étions  arrivés  qu'il  m'aborda  d'un 
air  d'impatienceî  J.  J.  rouss.  Ilél.  ii,  2. 

—  HIST.  xni*  s qui  a  pris  disnée,  Mix  [mieux] 

puet  [peut]  perdre  repas  de  la  vcsprée  Que  11  jeUns 
[que  celui  qui  est  à  jeun]...  Bibl.  des  Chartes,  i' 
série,  t.  V,  p.  352.  ||  xvr  s.  Elle  s'entretint  depuis  la 
dînée  jusqu'à  la  soupée,  Marg.  JVoub.  xv.  L'aultre 
façon,  de  repaistre  en  chemin,  en  tumulte  et  haste, 
pour  la  disnée,  nomméement  aux  courts  jours,  est 
incommode,  mont,  iv,  40b. 

—  ÉTYM.  Voy.  dîner;  provenç.  dinada,  dinnada, 
dinnea;  ital.  desinata,  desinea. 

f  DINËME  (di-nè-m'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Oui  est  muni  de  deux  filaments  ou  tentacules  de 
chaque  côté. 

—  f.TYM.  Al;,  deux,  etviip.a,  fiL 

t.  DÎNER  (di-né),  v.n.  ||  1°  Prendre  le  repas, 
qui  se  prenait  jadis  et  qui  se  prend  encore  à  la  cam- 
pagne et  dans  les  petites  villes ,  à  midi  ou  un  peu 
avant.  Allons  dîner.  Bien  dîner,  mal  dîner,  faire 
un  bon,  un  mauvais  dîner.  Le  véritable  Amphitryon 
Est  l'Amphitryon  où  l'on  dîne,  mol.  Amph.  m,  5. 
Compère  le  renard  se  mit  un  jour  en  frais,  Et  re- 
tint à  dîner  commère  la  cigogne,  la  font.  Fabl.  i, 
(8.  Tout  est  réglé  [à  Vichy) ,  tout  dîne  à  midi,  tout 
soupe  à  sept,  tout  dort  à  dix,  tout  boit  à  six,  sev. 
356.  Alexandre  disait  que  son  gouverneur  Léonidas 
lui  avait  enseigné  que,  pour  dîner  agréablement,  il 
fallait  se  lever  matin  et  .se  promener,  du  ryer, 
Svppl.  de  Quinte- Curce,  liv.  ii,  ch.  8,  dans  Ri- 
cnKLET.  Cliton  n'a  jamais  eu,  toute  sa  vie,  que  deux 
affaires,  qui  sont  de  dîner  le  matin  et  de  souper  le 
soir,  LA  BRUY.  XI.  Je  sors  de  chez  un  fat  qui,  pour 
m'empoisonner,  Je  pense,  exprès  chez  lui  m'a  forcé 
de  dîner....  Ce  matin  donc,  séduit  par  sa  vaine  pro- 
messe, J'y  cours  midi  sonnant,  au  sortir  de  la  messe, 
HOiL.  Sal.  m.  Nous  allâmes  l'autre  jour  prendre  l'air 
à  Auteuil,  et  nous  y  dînâmes  avec  toute  la  petite 
famille,  que  M.  Despréaux  régala  le  mieux  du  monde, 
RAC.  Lett.  à  son  fils,  61.  J'attends  M.  de  Bennes  à 
dîner,  sêv.  80.  Je  doniiai  hier  à  dîner  à  la  l'ruche, 
ID.  t38.  Elle  aimerait  bien  à  vivre  règlement,  et  à 
dîner  à  midi  comme  las  autres,  id.  Lett.  e  juill. 
1676.  Il  Dlner-souper,  faire  un  dîner  qui  serve  de 
souper.  Le  czar  fut  de  là  [de  la  revue]  dîner-souper 
à  Sl-Ouen,  chez  le  duc  de  Troesmes,  st-sim.  407, 
Mi).  Il  2"  Aujourd'hui,  à  Paris  et  ailleurs,  prendre 
le  repas  qui  se  prend  de  cinq  heures  à  sept  heures  du 
soir.  Nous  dîneronsce  soir  ensemble.  Après  que  nous 
aurons  dîné,  nous  irons  au  spect;icle.  ||  Dîner  avec 
quelqu'un,  se  trouver  à  même  table  que  lui.  Il  a 
dîné  avec  les  ambassadeurs.  Nous  sommes  engagés 
à  dîner  demain  chez  elle  avec  Mme  Guibert  et  sa 
fille,  PICARD,  la  l'élite  fille,  ii,  i.  ]\  S'DIiierde, 
manger  à  son  repas.  Nous  dînâmes  de  soupe  et  de 
bouilli.  L'oiseau  n'est  plus,  vous  en  avez  dîné,  la 
FONT.  Faucon.  ||  Cela  est  plus  élégant  et  plus  cor- 
rect que  de  dire,  employant  avec;  nous  dînâmes 
avec  de  la  soupe  et  du  bouilli.  \\i'  Cet  homme  dîne 
bien,  il  mange  beaucoup.  ||  Dîner  par  cœur,  se  pas- 
ser involontairement  de  dîner.  ||  Son  assiette  dîne 
pour  lui,  se  dit  d'un  homme  qui ,  absent  d  un  dîner 
de  table  d'hôte,  n'en  paye  pas  moins  son  dîner. 
||  Familièrement.  Il  me  semble  que  j'ai  dîné  quand 
je  le  vois!  mol.  Bourg,  m,  3.  Locution  familière  qui 
s'emploie  en  parlant  d'un  homme  incommode    pu- 


DIN 

nuyeux.  |{  B°  Dîner  à  l'infinitif,  pris  substantive- 
ment. Il  a  raison  de  faire  grand  cas  du  dtner  et  du 
dormir,  VOLT.  Utt.  Damilaville,  8nov.  1702  |!  Pro- 
verbes. Quand  Alexandre  avait  dîné,  il  laissait  dîner 
ses  gens,  c'est-à-dire  il  faut  laisser  le  loisir  aux  va- 
letsdedinerà  leur  tour.  ||Oui  dort  dîne,  c'est-à-dire 
le  sommeil  tient  lieu  de  nourriture.  C'est  aussi 
une  manière  plaisante  de  rappeler  à  quelqu'un  que 
la  paresse  est  le  moyen  de  n'avoir  pas  à  manger. 
Il  Oui  s'attend  à  l'écuelle  d'aiilrui  a  souvent  mal 
dîné,  c'est-à-dire  on  est  souvent  déçu  quand  on 
compte  sur  l'aide  d'autrui.  ||  S'il  est  riche  ou  s'il  est 
si  riche,  qu'il  dîne  deux  fois,  se  dit  d'un  riche  qui, 
faisant  étalage  de  ses  richesses,  ne  peut  pourtant 
que  dîner  une  fois  comme  tout  le  monde;  se  dit 
aussi  dans  le  sens  que  la  richesse  ne  donne  pas  l'ap- 
pélit  et  qu'avec  une  fortune  très-médiocre  on  peut 
être  aussi  content  que  les  plus  opulents. 

—  HiST.  XII'  s.  En  un  chalant  entra  quant  fu  di- 
gnez  [cum  fuit  cœnatus,  quand  il  eut  dîné].  Bat. 
d'Aleschans,  v.  7011.  Li  poples,  jesque  il  vienge, 
ne  mangera,  k,ar  il  la  viande  benistrad,  puisod  ses 
liostes  se  dignerat.  Bois,  30.  Se  li  poples  se  fust 
disné,  dun  ne  serreit  de  mielz  aisied  ses  enemis  à 
pursievre?  il).  49.  Bespiindi  li  fais  prophètes,  11  fel 
viellarz:  vien  od  mei,  à  mun  ostel,  karod  [avec]  mei 
tedigneras,  ib.isn.  Venu  sunt  al  quint  jur  de  la  na- 
tivité X  Cantorbire  cil,  quant  gent  orent  digne.  En 
l'endemain  que  furent  innocent  decolô,  Th.  le  mart. 
137.  Il  XIII' s.  Devant  lo  roy  [ils]  enmainent  le  mes 
[messager],  là  filj  a  disné,  Bcrte,  lxvii.  En  maies 
mains  vos  ai  gilé,  X  Brun  lors,  qui  est  sanz  pilé;  De- 
main de  vos  sedisnera,  Ce  disner  moult  me  costera, 
lien.  15703.  Il  xiv  s.  Il  n'est  tampz  ne  .saison  qu'on 
ne  voie  passer;  I.egierement  le  passent  chil  [ceux] 
qui  ont  à  disner,  Baud.  de  Seb.  vin,  760.  H  xv's. 
Quand  ils  [les  Anglais]  se  furent  dinés,  ils  chevau- 
chèrent tous  contreval  la  rivière  de  Tuide,  froiss. 
II,  11,  (9.  Il  n'y  eut  jamais  de  si  bonnes  nopces  qu'il 
n'y  en  eust  de  mal  disnez,  comm.  i,  t4.  Dimanche 
vous  ne  pouvez  faillir  d'estre  mieux  diné,  louis  xi, 
Kouv.  xcix.  Il  xvr  s.  Pour  ce  l'on  dit  en  un  com- 
mun langaige:  En  toute  feste  en  a  de  mal  disnez, 
J.  MAROT,  v,  92.  Ils  s'assemblent  pour  disner  de  luy 
[le  manger] ,  mont.i,  244.  Qui  se  pourroit  disner  <le 
la  fumée  du  rost,  feroit  il  pas  une  belle  espargneî 
ID.  m ,  304.  Ils  disneront  devant  le  jour  au  temps 
des  plus  longues  nuicts,  afin  que  dès  l'aube  du  jour 
chacun  se  renge  à  sa  besongne,  0.  de  serres,  32. 
Disne  honnestement  et  suupe  sobrement,  Dors  en 
hault  et  vivras  longuement,  leroux  le  lincv,  Frov. 
t.  Il,  p.  195. 'C'est  bien  disnés,  quand  on  eschappe 
En  torchant  .son  nez  à  la  nappe.  Sans  desbourcer 
pas  un  denier  Et  dire  adieu  au  tavernier,  ID.  16. 

—  ETYM.  Bourguig.  daignai;  provenç.  dinar, 
dinnar,  disnar,  dirnar;  anc.  catal.  disnar;  catal. 
mod.  dinar;  ital.  desinare,  disinare.  Mot  très-con- 
troversé. On  a  proposé  le  grec  Se'.tiveîv  ;  le  sens  se- 
rait très-convenable;  mais  on  ne  trouve  nulle  pari 
un  p  dans  les  anciennes  formes,  et  surtout  on  ne  voit 
pas  comment  ce  mot  grec,  qui  n'est  ni  dans  la  lati- 
nité classique  ni  dans  la  ba.sse  latinité,  .serait  entré 
dans  les  langues  romanes.  Comme  dignare,  domine 
sont  les  premiers  mots  d'une  prière  latine  qui  se  dil  au 
commencement  du  repas,  on  a  pensé  que  le  din'T  en 
avait  pris  son  nom;le  faitest  qu'on  irouvedt'sncr  dans 
les  anciennes  formes;  et  cette  orthographe  montre 
que  les  gens  qui  s'en  servaient  admettaient  en  effet 
di'gnore  comme  l'origine  du  mot  dlfier.  Mais,  quel- 
que ancienne  que  soit  cetie  orthographe,  puisqu'elle 
appartient  à  des  textes  du  xii'  siècle,  cependant  il 
y  en  a  une  encore  plus  ancienne,  c'est  dt»nar«,  qui  se 
trouve  dans  des  textes  du  ix' .siècle  :  disnari  me  161, 
dans  les  Closes  du  Vatican,  publiées  par  'W.  Grimm. 
Cette  s  est  dans  l'italien,  et  on  la  voit  reparaître 
dans  plusieurs  formes  du  provençal  et  du  vieux  fran- 
çais. Cela  ne  peut  èiro  écarté;  et  il  faut  chercher 
une  étymologie  qui  comporte  I'».  Diez  a  proposé  de- 
cœnare;  de  ayant  le  sens  qu'il  a  dans  de-vorare,  de- 
pascere.  Cœnare  est  en  effet  très-probable;  il  aura 
donné  un  composé  de-canare  ou  dicœnare.  Que  co;- 
nare  piii.s.se  se  changer  en  ci'ner  (ital.  disinare,  de- 
sinare), c'est  ce  que  prouve  l'ancien  français  re-ct- 
ner,  faire  un  second  repas;  que  di-cœnare  puisse 
se  changer  en  disner,  disnar,  c'est  ce  que  prouve 
l'italien  biisna,  de  buccina.  M.  Scheler,  qui  donne 
son  assentiment  à  dt'cœnare,  cite  l'italien  piat'snare, 
coUatioiiner  après  souper,  qui  vient  de  pos«,  après, 
et  ccrnare,  et  qui  offre  un  exemp'e  du  changement 
de  cœnare  en  signare.  On  peut  encore  citer,  â  l'ap- 
pui du  changement  déco  latin  en  »,  le  mît  suivant: 
Dcicola,  nom  d'un  Irlandais  compagnon  de  saint 
Gall  dans  le  vi*  siècle,  devenu  Vesle  dans  la  langue 


DIO 


DIO 


DTO 


116S 


TulRaire.  Dicœnare  a  pris  le  sens  actif  :  donner 
le  repas  appelé  cœna,  sens  déj?»  fourni  parle  latin, 
ccenatus,  celui  rjni  a  dîné;  c'est  ainsi  que  dès  le 
IX"  siècle  on  a  dit  disnari  me,  j'ai  dîné.  Tout  cela 
rend  la  conjecture  de  Diez  extrêmement  probable. 
2.  DÎXER  {di-né;  \'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l's  se  lie:  des  di-né-?.  excellents)  ou  DÎ\É  (di-né), 
t.  m.  Il  1°  Repas  qui  se  faisait  autrefois  et  qui,  à  la 
campagne  et  dans  les  petites  villes,  se  fait  encore 
vers  midi.  Ouaiul  on  fait  le  dîner  à  midi,  on  soupe 
le  soir.  Alexandre  disait  que,  pour  faire  un  souper 
délicieux,  il  fallait  faire  un  sohre  dîné,  du  ryer, 
Siippl.  de  Quinle-Curce,  liv.  ii,  ch.  8,  dans  riche- 
LET.  Votre  dîné  pourtant  serait  prêt  tout  5  l'heure, 
MOL.  Sr/an.  7.  Mais  cependant  il  a  honte,  il  enrage 
De  n'avoir  pas  chez  soi  pour  lui  donner  Tant  seule- 
ment un  malheureux  dîner,  l*  font.  Fauc.  Et  je 
vais  vous  donner  un  dîner  d'ami.  —  Non.  Je  crains 
ces  dt!iers-l;\.  j'aime  la  bonne  chère,  boissy.  Dehors 
tromp.  Il,  10.  Il  Hepasqui  se  fait  aujourd'hui  de  cinq 
à  sept  heures  du  soir.  î'aire  un  bon  dîner.  Faire, 
servir  le  dtncr.  Quels  dlnés  Les  ministres  m'ont 
donnés!  bKiuNG.  Veniru.  \\  Dîner  de  garçons,  dîner 
où  il  n'y  a  que  des  hommes,  et  où  d'ordinaire  l'ap- 
prêt, la  réserve  en  paroles,  la  modération  dans  le 
boire  et  le  manger  sont  moins  observés.  X  ce  dî- 
ner de  garçons  régnait  nne  liberlé  franche,  m*r- 
MONTEi,,  Hém.  IV.  Il  Déjeuner-dtner,  voy.  dèjkuner. 
Il  2"  Tout  ce  qui  compose  un  dinor.  Vn  grand  dîner, 
i  l'heure  dite,  il  courut  au  logis  Do  la  cigogne  'On 
hôtesse.  Loua  trÈs-lort  sa  politesse,  Trouva  le  dî- 
ner cuit  l'i  point,  LA  FONT.  Fabl.  i.  t».  Reprenez 
vos  esprits,  et  souvenez-vous  bien  Qu'un  dîné  ré- 
chauffé ne  valut  jamais  rien,  BOiL.  Lutrin,  i.  \\  Pro- 
verbe. Qui  garde  de  son  dîner,  il  a  mieux  à  souper, 
c'est-à-dire  il  est  bon  de  se  préparer  des  ressources 
pour  l'avenir. 

—  HIST.  XII»  s.  Faites  un  bel  digner  à  lur  oes  fà 
leur  gré]  aturner,  e  mangeront  e  lieverunl,  e  puis 
à  lur  seignur  en  irunt,  llois,  30S.  ||  xiii"  s.  Et  à  son 
disner  le  siervi  li  rois  Henri  d'Engleterre  à  genous, 
et  tailla  devant  lui,  Chr.  de  Rains,  )0.  Après  ce 
digner  povre  et  gaste,  rutf.b.  u,  174.  ||  xv  s.  Au 
lever  du  disner,  on  mena  le  dit  herault  devers  le 
roy,  COMM.  IV,  7.  Ijxvi's.  Courle  messe  et  long  di- 
ner.  C'est  la  joie  au  chevalier,  leroux  oe  lincv, 
frov.  t.  II,  p.  iD.'i.  Court  sermon  et  long  disner,  id. 
ib.  Petit  disné  longuement  attendu  n'est  pas  donné, 
mais  chierement  vendu,  id.  ib.  p.  370.  Disner  d'avo- 
cat fun  bon  dîner],  oudin.  Court  disner,  appert 
[adroit]  valet,  id  ib. 

—  ÉT'VM.  Piner  I. 

t  DIXÈUE  (di-nê-r'),  s.  f.  Genre  de  diptères  qui 
a  pour  type  la  diiière  impériale  trouvée  souvent  sur 
les  plantes  ombellifères. 

DÎNKrTE  (di-nè-f).  s.  f.  Petit  repas  réel  ou  si- 
mulé que  font  les  enfants  en  jouant.  Faire  la  dî- 
nette. 

—  f.TYM.  Diminutif  tiré  de  dîner. 

DÎNEUR  (di-neur),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  assiste  à 
un  dîner  comme  convive.  ||  2°  Celui  qui  fait  du  dîner 
son  principal  repas.  ||  Un  beau  dîneur,  un  grand 
mangeur.  Pleins  d'appétit  et  beaux  dîneurs,  lafo.nt. 
Cord. 

—  IIIST.  xvi'  s.  C'est  un  beau  dineur  [un  gros 
mangeur],  oidin. 

—  ÊTYM.  Diner. 

t  ItlNEURE  (di-neu-r'),  s.  m.  Genre  d'hyménop- 
tères qui  a  pour  type  la  dineure  de  Geer,  d'Angle- 
terre. 

—  ÊTYM.  Aï;,  deux,  et  vcOpov,  nerf. 

t  DINITE  (di-ni-f),  s.  f.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. La  vermiculaire  fossile. 

—  ËTYM.  Aivo;,  dan^e  en  rond,  et  ite,  finale  in- 
diquant en  géologie  un  fossile. 

t  DI\OSAURIEN  (di-no-sô-riin),  s.  m.  Terme  de 
géologie.  Reptile  gigantesque  découvert  dans  l'oo- 
iithe  de  la  Grande-Bretagne. 

—  ÉTYM.  AsiMo;,  terrible,  et  uoûpa,  lézard. 

t  DINOTIIÉRIUM  (di-no-té-ri-om'),  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Grand  mammifère  pachyderme  fossile 
des  terrains  tertiaires  ou  des  sédiments  supérieurs, 
long  de  8  mètres,  et  ponant  à  la  mAchoire  infé- 
rieure deux  énormes  défenses  tournées  vers  la  terre. 

—  Rtym.  Acivô:,  terrible,  et  ÔTifiov,  animal. 
DIOCÉSAIN,  AINE  (di-o-sè-zin,  zè-n'),  s.  m.  et^. 

Il  1"  Celui,  celle  qui  est  du  dioc'se.  La  rai.son  [de 
les  quitter]  qu'il  [l-'leury,  évoque  de  Kréjus]  allégua 
à  ses  diocésains  était  l'état  de  sa  santé,  volt. 
tout»  XV.  3.  Il  2°  Adj.  Clergé  diocésain,  le  clergé 
du  diocèse.  ||  Evêque  diocésain,  et,  substantivement, 
le  diocésain,  l'évêque  du  diocèse.  J'avais  un  ami 
fort  singulier  à  mon  âge;  c'était  l'évêque  de  Char- 

DICT.    DE   LA   LANGUE    FRANÇAISE. 


très;  il  étaitmon  diocésain  àlaFerté,  st-sim.  61,  <9. 
L'on  va  quelquefois  à  la  cour  pour  en  revenir,  et  se 
faire  par  l,*!  respecler  du  noble  de  sa  province  ou  de 
son  diocésain,  la  brdy.  vni. 

—  HIST.  xvi'  s.  Aimé  et  honoré  de  ses  diocésains, 
comrne  prince  qu'il  estoit,  dfsper.  Conlfs,  xvii.  Les 
papes,  archevesqiies,  ny  evesques,  mesme  le  dio- 
césain, n'y  ont  que  veoir,  carl.  m,  5. 

—  r.TYJl.  Dincèe;  provenç.  diocesal. 

DIOCfiSE  (di-o-sè-z'),  s.  'm.  \\  i°  Nom  de  cir- 
conscriptions administratives  établies  dans  l'Asie 
mineure  par  les  Romains.  ||  Plus  lard  grande  sous- 
division  de  l'empire  romain,  sous  Constantin,  dont 
chacune  élait  gouvernée  par  un  vicaire.  ||  2" Éten- 
due de  pays  sous  la  juridiction  d'un  évoque.  Les  cours 
semblent  être  devenues  des  diocèses  communs, 
MASS.  Or.  fun.  Villars.  L'histoire  de  notre  pieux 
prélat  n'est  mêlée  qu'avec  celle  de  son  diocèse, 
ID.  ib. 

—  HIST.  xiii'  s.  II  firent  une  autre  abbaie  en  la 
diocise  de  Soissons,  qui  est  de  chanoines,  th.  Bibl. 
imp.  Suppl.  fr.  n"  632-5,  f.  220,  rerso.  Ou  s'il  se- 
monnent  plus  de  deux  jornées  loin  ou're  les  metes 
de  U  dioces  dont  il  sont,  beaum.  59.  ||  xvi"  s.  Cha- 
cune cilé  avoit  sa  diocèse,  laquelle  elle  prouvoyoit 
de  prestre,  calv.  Instit.  868.  Chacun  evesque  or- 
donnoit  les  prestres  de  son  diocèse  avec  le  conseil 
des  autres  prestres,  ID.  ib.  80s.  En  une  parùis.se  du 
diocèse  du  Mans,  desper.  Contes,  xxiv. 

—  KTYII.  àioiy.r,Gt;,  diocèse,  administration  ,  gou- 
vernement, de  Siiiy.Eïv,  administrer,  faire  le  mé- 
nage, de  cià,  et  o'ixîa,  maison  (voy.  œcuménique). 
Provenç.  dincesa,  dioccsi;  espagn.  diocesis ;  por- 
tug.  diocèse;  ital.  dincesi.  Diocèse  a  d'abord  été  fé- 
minin, conformément  à  l'étymologie. 

t  DIOCTAÈDRE  (di-0-kla-è-dr'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Cristal  dioctaèdre,  cristal  offrant,  dans 
l'ensemble  de  ses  faces,  la  combinaison  de  deux  oc- 
taèdres différents. 

—  ETYM.  A!;,  deux,  et  octaèdre. 

t  DIOCTONAL,  ALE  (di-0-ktonaI,  na-1'),  adj. 
Terme  de  minéralogie.  Cristaux  dioctonaux,  cris- 
taux dont  les  faces  offrent  la  combinaison  de  deux  so- 
lides, tous  deux  à  huit  faces,  mais  différents  l'un 
do  l'autre. 

—  ETYM.  Al;,  deux,  et  octono!. 

I  DIODGN  (di-o-don) ,  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Faucon  à  bec  bidenté.  ||  Poisson  des  mers  tropi- 
cales. 

—  EtYM.  A!;,  deux,  et  oôoù;,  oSovtoç,  dent. 

t  DIODONXfiPHALE  ( di-o-don-sé-fa-1' ),  adj. 
Terme  de  tératologie.  Monstre  diodoncépbale,  ou, 
subilantivement,  un  diodoncépbale,  monstre  dont 
la  tête  porte  une  double  rangée  d'os  dentaires. 

—  ÉTYM.  Al;,  deux,  oSoij;,  dent,  et  xssoiXri,  tête. 
DIOECIE    (di-è-sie),  ,5.   f.  Terme    de   botanique. 

Classe  du  système  de  Linné,  qui  renferme  les  plantes 
dont  les  fleurs  miles  sont  sur  un  pied  et  les  fieurs 
femelles  sur  un  autre. 

—  ETYM.  Aiç.  deux,  et  oîxi'a,  maison. 

t  DIOECIQUE  (di-è-si-k'),  adj.  Appartenant  à  la 
diœcie:  ayant  rapport  à  la  diœcie.  Plante  diœcique. 

t  DIOCboÈDRE  (di-o-gdo-ô-dr'),  s.  m.  Terme  de 
minéralogie.  Cristal  offrant  le  phénomène  deladiog- 
doédrie. 

—  ÉTYM.  A!;,  deux,  SySoûç,  huitième,  et  ëôpa, 
face, 

t  DI0GD0I5DRIE  (di-o-gdo-é-drie),  s.  f.  Terme 
de  minéraldgie.  Eiat  d'un  cristal  formant  deux  py- 
ramides à  base  carrée,  dont  les  faces  ont  deux  à 
deux  le  même  mode  d'inclinaison  sur  la  base. 

—  ÉTYM.  Diogdoèdre. 

f  DIOGGOT  (di-o-go),  s.  m.  Huile  pyrogénée, 
mêlée  de  goudron,  qu'on  obtient  en  brûlant  dans 
des  vaisseaux  clos  l'épiderme  du  bouleau,  et  qui 
donne  au  cuir  de  Russie  son  odeur  particulière, 
legoarant. 

DIOÏQUE  (di-o-ï-k'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Qui  est  relatif  à  la  disposition  des  fleurs  mâles  et  fe- 
melles sur  deux  individus  différents,  indépendam- 
ment de  toute  classification.  Une  plante  dioique,  et, 
substantivement,  une  dioïque.  Le  chanvre  est  une 
dioique. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIŒCIE. 

tDIONCOSK  (di-on-kô-z') ,  s.  f.  Terme  de  l'an- 
cienne médecine.  Nom  donné  par  les  méthodistes  à 
la  pléthore  produite  parla  diffusion  des  liquides  ou 
par  la  rétention  des  humeurs. 

—  ÉTYM.  Atôyxwii;,  deSià,  eto^'-to;,  tuméfaction. 
DIONEE  (di-o-née),  s.  f.  Terme  de  boianiqiie.  La 

sensilive  d'Amérique,  plante  dont  les  feuilles,  en 
forme  de  coquille,  se  contractent  au  moindre  attou- 
chement. En  retournant  à  notre  camp ,  nous  traver- 


sâmes un  ruisseau  tout  bordé  de  dionées,  chaTeaub 
Voy.  Amer.  422. 

—  ETYM.  A'o')v7i,  im  des  noms  de  Vénus. 
DIONYSIAOITE  (di-0-ni-zi-a-k'),  adj.   \\   1»  Terme 

d'antiquité.  Qui  concerne  Racchus.  ||  Artistes  diony- 
S'aques,  ou  artistes  de  Racchus,  nom  donné  chez 
les  Grecs  aux  comédiens.  ||  2"  S.  f.  pi.  Les  dionysia- 
ques, fêtes  que  les  Grecs  célébraient  en  l'honneur 
de  Bacchus  dans  le  mois  de  septembre. 

—  HIST.  xiv  s.  Les  dyonizialz  c'estoit  ce  que  l'en 
appelé  i  Paris  les  gieuz  où  l'en  faii  dictiez  et  rimes 
et  aucunes  foiz  on  se  met  en  diverses  figures, 
oresme.  Thèse  de  meunier. 

—  ÉTYM.  Aiovuitay-è;,  de  Atôvuffo;,  nom  de  Bac- 
chus en  grec. 

I  I.  DIONVSIEN,  lENNE  (di-0-ni-ziin,  ziè-n'), 
adj.  Qui  appartient  â  Denys.  ||  Période  dionysienne, 
période  invenlée  par  Denis  le  Petit,  abbé,  qui  vécut 
dans  le  vi*  siècle. 

—  ÉTYM.  AiovOiTtc;,  de  Aiôvuto;,  Bacchus. 

t  2.  DIONYSIEN,  lENNE  (di-o-ni-ziin,  ziè-n'). 
adj.  Terme  de  médecine.  Oui  porte  sur  les  parties 
latérales  du  front  des  végétations  cornées  compa- 
rées aux  cornes  avec  lesquelles  la  Fable  représente 
quelquefois  Bacchus. 

—  ÉTYM.  Atôvuoo;,  Bacchus 

t  DIOPSIOE  (di-o-psi-d'),  s.  m.  Terme  de  miné- 
ralogie. Minéral  du  Piémont,  d'un  gris  verdàtre, 
identique  avec  le  pyroxène. 

—  Etym.  Ai;,  deux,  etê'lt;,  vue. 

t  DIOPTASE  (di-o  pta-z').'  s.  f.  Terme  de  minéra- 
logie. Silicate  de  cuivre,  dont  les  cristaux  demi- 
transparents  laissent  voir  à  l'intérieur  leurs  cli- 
vages. 

—  ETYM.  Aià,  à  travers,  et  ôtitoiisi,  voir. 

t  t.  DIOPTRE  (di-o-pti'),  s.  m.  ferme  de  chirur- 
gie. Sorte  de  spéculum. 

—  ÉTYM.  AioTiTpov,  de  8ià,  à  travers,  et  îitro- 
[Aat,  voir. 

t  2.  DIOPTRE  (di-o-ptr'),  s.f.  Terme  d'arpentage. 
Quart  de  cercle,  instrument  armé  de  pinnules  à  tra- 
vers lesquelles  on  voit  les  objets  pour  mener  les 
angles. 

—  ÉTYM.  A'.ÔTTTpa,  instrument  d'arpentage,  de 
8ià.  Ji  travers,  et  67TTop.ai.  voir. 

DIOPTRIOUE(di-o-plri-k'),  s.  f.  Partie  de  la  phy- 
sique qui  traite  de  la  lumière  réfractée  et  des  phé- 
nomènes qu'elle  produit  en  travers;int  des  milieux 
de  densité  différente.  Ces  choses  appartiennent  plu- 
tôt à  la  médecine  que  non  pas  â  la  dioptrique, 
DESC.  Diopt.  7.  Ouvrez  la  Diopirique  de  Descnries, 
et  vous  y  verrez  les  phénomènes  de  la  vue  rappor- 
tés à  ceux  du  toucher,  dioer.  Lelt.  s.  les  aveugles. 
Il  Adj.  Télescope  dioptrique.  Le  système  dioptrique 
de  l'œil. 

—  ÉTYM.  AioTTTpixi;,  de  5i6irTpa,  dioptre  2. 

t  DIORAMA  (di  o-ra-ma).  s.  m.  Terme  de  pliy- 
sique.  Tableau  sur  toiles  de  grande  dimension,  ten- 
dues sur  un  |ilan  vertical,  éilairées  par  le  comble 
et  au  besoin  par  derrière  à  l'aide  de  grands  châssis 
vitrés,  et  que  Ies»spectateur.>,  jilacés  dans  l'obscu- 
rité, voient  à  travers  une  espèce  de  corridor  noir 

—  ÉTYM.  Aiii,  à  travers,  et  ôpana,  vue. 
tDIORA.MIQUE  (di-ora-mi-k'J,  adj.   Qui  arap- 

port  au  diorama. 

t  DIORCIIITE  (di-or-ki-f),  s.  f.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Pierre  qui  a  la  forme  de  deux  testicules 
accolés. 

—  ETYM.  Al;,  deux,  et  ôpyi;,  testicule. 

t  DIORITE  (di-o-ri-f),  s.  m.  Terme  de  minéra- 
logie. Roche  nommée  Grûnslein  par  les  Allemands, 
qui  se  compose  essentiellement  de  feldspath  et  d'am- 
phibolile,  et  qui  passe  souvent  à  une  masse  homo- 
gène. Le  diorite  porte  aussi  le  nom  de  diabase. 

—  ETYM.  Aiopiw,  dislinguer,  de  5ià,  et  ôfiia, 
voir  :  pierre  formée  de  parlies  distinctes. 

t  DIORITIQUE  (di-o-ri-ti-k') ,  adj.  Terme  da  mi- 
néralogie. Qui  contient  du  diorite. 

t  DIORTIIOSE  (ili-or-lô-z').  s.  f.  Terme  inusité  de 
chirurgie  qui  signifie  redressement,  réduction. 

—  ÉTYM.  Aiôp^MTi;,  de  6ià,  et  oc.06;,  droit. 

I  DIOSCOREE  (di-o-sko-rée),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  moderne  du  genre  igname  et  dans  le- 
quel on  distingue;  la  dioscorée cultivée, dite  igname 
blanche,  et  la  dioscorée  ailée,  appelée  vulgairement 
igname,  qui,  originaire  de  l'Inde,  esl  cultivée  aux 
Antilles  et  dans  d'autres  pays  inlertroplcaux,  ie- 
goarant. 

f  DIOSCORIEN.  lENNE  (di-o-sko-riin,  riè-n'), 
s.  m.  Faitisan  des  doctrines  de  Dioscore,  fauteur 
d'Eutychès,  qui  fut  un  célèbre  hérétique  du  v* 
siècle. 

t  DIOSCURES  (di-o-sku-r'),  s.  m.  plur.  Terme  de 

I.  —  m 


1170 


DIP 


mythologie.  Nom  donné  aux  jumeaux  Castor  et  Pol- 
lui.  Les  Dioscures.  ||  La  constellation  des  Gémeaux, 
dans  l'astronomie  grecque. 

—  ÉTYM.  Aiôoxoupoi,  de  Ai4{,  génitif  de  Zeù<, 
Jupiter,  et  xoOpo;,  uls. 

+  DIOSCURIES  (di-o-sku-rie),  *.  f.  plur.  Fête  en 
l'honneur  des  Dioscures. 

t  DIPE  (di-p'),  s.  m.  Terme  de  géologie.  Nom 
moderne  du  genre  gerboise. 

Rtym.  Aîitoy;,  de  81;,  deux,  et  noOc,  pied;  ainsi 

dit  parce  que  les  jambes  antérieures  des  différentes 
espèces  sont  très-courtes,  et  les  postérieures  fort 
longues. 

f  «IPÉRIANTIIÉ,  ÉE  (di-pé-ri-an-té,  tée),  adj. 
Terme  do  botanique.  Qui  a  deux  périantlies  ou  en- 
veloppes florales. 

—  ÊTYM.  Ai;,  deux,  et  périanthe. 

I  DIPÉTALE  (di-pé-ta-l') ,  adj.  Terme  de  botani- 
que. Qui  a  deux  pétales;  qui  est  formé  de  deux  pé- 
tales. Corolle  dipétale.  ||  On  dit  aussi  dipélalé. 

—  f.TYM.  Ai;,  deux,  ei  pétale. 

t  DIPUTIIERE  (di-ftêr'),  s.  f.  Nom  donné,  dans 
l'antiquité,  aux  peaux  d'animaux  préparées  pour 
écrire  dessus. 

—  ÊTYM.  AcçOépa,  peau  préparée,  deîsçciv,  pro- 
prement humecter,  puis  manier,  amollir. 

t  DIPHTUÊniE  (di-fté-rie)  ou  DIPIITHIÎRITE 
(di-fté-ri-f) ,  s.  f.  Terme  de  médecine.  Maladie  qui 
a  pour  caractère  la  tendance  à  la  formation  de  faus- 
ses membranes,  et  qu'on  observe  sur  les  membra- 
nes muqueuses  et  même  sur  la  peau. 

—  ÉTYM.  Aiçfispa,  membrane  (voy.  diphthère), 
et  la  finale  médicale  ite. 

t  DIPIlTIlÉniTIQUE  (di-fté-ri-ti-k'),  adj.  Qui 
appartient  à  la  diphthérite. 

t  DIPIITHONGAISON  (di- fton -ghè-zon),  s.  f. 
Terme  de  grammaire.  Formation  en  diphthongue. 
11  y  a  diphthongaison  quand,  dans  l'ancien  français, 
on  changeait  l'o  de  donner  en  la  diphthongue  oi: 
je  doin,  tu  doins,  il  doint. 

—  F.TYM.  Difihlhonguer. 

DIPUTUONGCE  (di-fton-gh'),  s.  {.  Terme  de 
grammaire.  Syllabe  formée  de  la  combinaison  de 
deux  voyelles  qui,  prononcées  par  une  seule  émis- 
sion de  voix ,  font  cependant  entendre  un  double  son  : 
rien.  Dieu,  pied,  premier,  etc.  Diphthongues  propres, 
syllabiques,  auriculaires,  ce  sont  les  vraies  diphthon- 
gues ,  celles  qui  font  entendre  deux  sons  en  une  seule 
émission  de  voix.  Diphthongues  impropres,  fausses, 
oculaires,  orthographiques,  ce  sont  les  groupes  de 
voyelles  comme  ou,  eau,  au,  qui  ne  représentent 
qu'un  son  unique.  ||  Adj.  Son  diphthongue. 

—  ÉTYM.  AiçOo-ifYci;,  de  5i;,  deux,  et  çôôyyo;,  son  ; 
provenç.  diptonge;  catal.  diftongo;  espagn.  dt'p- 
tongo;  ital.  dillongo. 

t  DIPHTUONGUER  (di-fton-ghé),  v.  a.  Donner 
le  caractère  de  la  diphthongue. 

—  ÊTYM.  Diphthongue  ;  provenç.  et  espagn.  dip- 
tongar;  ital.  dittongare. 

+  DIPUYLLE  (di-fi-l'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Oui  porte  deux  feuilles  ou  deux  folioles,  ou  qui  est 
composé  de  deux  feuilles;  tels  sont  le  calice  dans  le 
pavot,  1.1  spathe  dans  l'ail. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  çûUov,  feuille. 

+  DIPIIYLLOBRANCHE  (di-fil-lo-bran-ch'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  des  branchies  formées  de 
deux  feuillets. 

—  ÊTYM.  Diphylle,  et  branchies. 

Y  KIPLASIASME  (di-pla-si-a-sm'),  ï.  m.  Redou- 
blement d'une  consonne,  comme  appercevoir  pour 
apercevoir. 

—  ÉTYM.  Aia-iaffiaoïio;,  redoublement. 

t  DIPLE  (di-pl"),  î.  f.  Signe  «,>)  servant  aux 
critiques  grecs  à  indiquer  des  variantes  dans  les  vers 
d'Homère  ou  il  noter  des  vers  suspects  ,  et  servant 
aussi  i  indiquer  les  citations  des  saintes  Ecritures. 

—  ÉTY.M   AwÀti,  féminin  de  SitiWu;,  double 

t  DIPLOCÉPHALE  (di-plo-sé-fa-1*),  adj.  Qui  est 
affecté  de  diplocéphalie. 

—  ÉTYM.  Aiit>ôo;,  double,  et  ntifak-f),  tête. 

t  DIPLOCÉPHALIE  (di-plo-sé-fa-lie),  t.  f.  Terme 
de  tératologie.  Monstruosité  caractérisée  parla  pré- 
sence de  deux  têtes  sur  un  même  corps. 

—  ÉTYM.  Diplocéphale. 

t  niPLOfi  (  di-plo-é  ),  s.  m.  Il  !•  Terme  d'anato- 
mie.  Nom  donné  autrefois  aux  deux  tables  de  tissu 
compacte  dont  les  os  du  crftne  sont  formés.  ||  i'  Au- 
jourd'hui, nom  exclusivement  donné  à  la  substance 
•pongleuse  qui  sépare  ces  deux  tables.  ||  Tissu  de 
œêma  naturs  que  l'on  trouve  dans  l'épaisseur  des 
M  plats  en  général. 

—  HIST.  xvi-  s.  Les  cosles  à  leur  milieu  ont  res- 
Oge  de  diploé  pour  U  réception  des  veines  et  artères 


DIP 

qui  leur  baillent  nourrissement,  PARÉ,  n,  ♦.  Au  crâne 
sont  deux  tables,  entre  lesquelles  est  le  diploé,  qui 
est  une  substance  spongieuse  où  s'internent  plusieurs 
veines  et  artères,  et  quelque  similitude  de  chair, 
iD.  m,  *. 

—  ÉTYM.  Aiit)6ri,  diploé,  féminin  de  Stnlio;, 
double. 

t  DIPLOÈDRE  (di-plo-è-dr*),  s.  m.  Terme  de  mi- 
néralogie. Forme  cristalline  produite  par  la  combi- 
naison da  deux  rhomboèdres. 

—  ÉTYM.  AmXôo;,  double,  et  25pa,  face. 

•  t  DIPLOGÉNÈSE  (di-plojénè-z'j ,  s.  m.  Terme  de 
tératologie.  Monstruosité  qui,  consistant  dans  la  du- 
plication plus  ou  moins  complète  du  corps  entier, 
résulte  de  la  fusion  de  deux  fœtus  plus  ou  moins 
comi)létement  développés. 

—  ÉTYM.  A!5t).ôo;,  double,  et  févEdi;,  engendre- 
ment  (voy.  genèse). 

t  DIPLOirÉMIËDRIE  f  di-plo-é-mi-é-drie),  t.  f. 
Terme  de  minéralogie.  Élat  d'un  cristal  offrant  une 
hémiédrie  double,  mais  d'inégale  inclinaison,  et 
sans  parallélisme. 

—  ÉTYM.  A:7t>éo;,  double,  et  hémiédrie. 

I  DIPLOÏQUE  (di-plo-ik'),  adj.  Terme  d'anato- 
mie.  Qui  a  rapport  au  diploé.  Substance  diploïque. 

—  ÊTYM.  Voy.  DIPLOÉ. 

DIPLOMATE  (fli-plo-ma-f),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui 
est  chargé  d'une  fonction  diplomatique  ou  qui  s'oc- 
cupe de  diplomatie.  ||  Fig.  C'est  un  habile  diplomate, 
c'est  un  homme  qui  sait  bien  mener  une  affaire. 
Il  2°  Adj.  Qui  entend  bien  la  diplomatie.  Un  minis- 
tre diplomate. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIPLÔME.  Le  diplomate  a  été  ainsi 
nommé,  parce  que  les  diplômes  sont  des  actes  qui 
proviennent  des  princes. 

DIPLOMATIE  (di-plo-ma-sie),  s.  f.  \\  i°  Connais- 
sance des  rapports  internationaux,  des  intérêts  res- 
pectifs des  États.  ||  Relations  entre  les  Etats  entre- 
tenues au  moyen  des  ambassadeurs.  ||  Le  personnel 
des  ambassades.  La  carrière  de  la  diplomatie.  Se  des- 
tiner à  la  diplomatie.  ||  2°  Fig.  Manèges  dans  la  vie 
privée  comparés  à  ceux  des  diplomates.  C'est  un 
homme  plein  de  diplomatie.  Je  n'entends  rien  à 
toute  cette  diplomatie.  Il  a  dépensé  bien  de  la 
diplomatie.  Si  vous  voulez,  ma  chère  amie,  que  je 
vous  parle,  là,  franchement,  diplomatie  à  part,  je 
vous  mets  sous  la  protection  de  madame....  scribe 
et  G.  DELAViGNE,  le  Diplomate,  i,  3.  ||  Faire  de  la 
diplomatie,  user  d'adresse,  de  subterfuges. 

—  ÉTY.M.  Diplomate. 

t .  DIPLOMATIQUE  (di-plo-ma-ti-k'),  adj.  Qui 
appartient  à  la  diplomatie.  Agent,  document  diplo- 
matique. Le  corps  diplomatique,  les  ambassadeurs 
et  les  ministres  étrangers,  résidant  auprès  d'une 
puissance.  Vous  ne  me  croyez  pas  en  état  de  rédi- 
ger un  protocole;  et  c'est  tout  au  plus  selon  vous  si 
j'ai  la  capacité  nécessaire  pour  porter  des  dépèches 
diplomatiques,  scribe  et  g.  delà  vigne,  le  Diplo- 
mate, I,  4.  Il  Par  plaisanterie.  J'étais  seul  dans  une 
chaise  de  poste  que  je  remplissais  tout  entière  de 
ma  capacité  diplomatique,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Diplomate. 

2.  DIPLO.MATIQUE  (di-plo-ma-ti-k") ,  adj.  ||  l-Qui 
appartient  aux  diplômes;  qui  est  d'usage  pour  les 
chartes  et  diplômes.  Écritures  diplomatiques.  ||  2"  S. 
f.  La  diplomatique,  l'art  de  déchiffrer  les  anciens 
diplômes,  tels  que  les  titres  des  Églises,  des  monas- 
tères, les  chartes  authentiques,  etc.  ||  Les  connais- 
sances qui  sont  nécessaires  à  ce  déchiffrement  et  à 
l'explication  de  ces  titres. 

—  ÉTYM.  Voy.  diplôme. 

t  DIPLOMATIQUEMENT  (di-plo-ma-ti-ke-man), 
adv.  D'une  manière  diplomatique,  à  la  façon  des 
diplomates.  Je  te  nomme,  ou,  pour  parler  diploma- 
tiquement, nous  te  nommons  notre  résident  à  Mi- 
lan, p.  l.  cour.  Lett.  I,  236. 

—  ÉTYM.  Diplomatique  < ,  et  le  suffixe  ment. 

t  DIPLOMATISTE  (di-plo-ma-ti-sf),  s.  m.  Celui 
qui  s'est  livré  à  l'étude  de  la  diplomatique.  Savant 
diplomaliste. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIPLÔME. 

*.  DIPLÔME  (dl-plô-m'),  s.  m.  ||  l"  Acte  revêtu 
d'une  autorité  convenable,  par  lequel  on  accorde  à 
quelqu'un  quelque  droit  ou  quelque  privilège.  Di- 
plôme impérial,  pontifical,  etc.  Presque  tous  ces 
seigneurs  avaient  des  diplômes  de  vicaires  du  saint- 
siège,  VOLT.  Uceurs,  65.  Avec  ce  brillant  diplôuie 
de  chevalier,  on  me  donna  mon  humble  patente  de 
pèlerin,  chateaub.  Itin.  m,  40.  |{  2°  Acte  émané  de 
l'universué  ou  d'une  faculté,  conférant  un  titre  ou 
un  grade  dans  un  corps  savant.  Le  diplôme  de  ba- 
chelier, de  licencié,  de  docteur.  ||  3"  Charte,  litre, 
acte  public  émané  des  princes  o»  seigneurs. 


DIP 

—  ÉTYM.  AiTr>û)iia,  diplôme,  de  8tit).£ii>,  plier  ea 
double,  .^  cause  de  la  manière  dont  on  le  pliait. 

f  2.  DIPLO.ME  (di-plôm'),  s.  m.  Vasa  à  parois 
doubles,  entre  lesquelles  on  verse  de  l'eau,  avant 
de  le  mettre  sur  le  feu. 

—  ÉTYM.  A(Tt).Mna,  de  îi7t/ô<o,  doubler. 

t  DIPLOXEURE  (  diplo-neu-r'  ) ,  adj.  Terme  do 
zoologie.  Qui  a  un  double  système  nerveux. 

—  ÉTYM.  AiTt'/oo;,  double,  et  vcûpov,  nerf. 

f  DIPLOPIE  (di-plo-pie),  i.  f.  Terme  de  médecine. 
Lésion  de  la  vue,  dans  laquelle  on  voit  les  objets 
doubles. 

—  ÉTYM.  AiitXôo;,  double,  et  înToptai,  voir. 

t  DIPLOPTÈRE  (di-plo-ptè-r'),  ad;.  Terme  de 
zoologie.  Oui  a  les  ailes  doubles  ou  pliées  en  deux. 

—  ÉTYM.  A'.TiWo;,  double,  et  TiTepàv,  aile. 

f  DIPLOSOME  (di-ploso-m'),  adj.  Qui  est  affecté 
de  diplosomie. 

—  ÉTYM.  à'.-nlôoi,  double,  et  <j«5|ta,  corps. 

t  DIPLOSO.MIE  (di-plo-so-mie),  s.  f.  Terme  de 
tératologie.  Monstruosité  caractérisée  par  l'existence 
de  deux  corps  complets,  mais  réunis  par  une  ou 
plusieurs  parties. 

—  ÉTYM.    Voy.  niPLOSOME. 

t  DIPLOSTÉ.MONE  (di-plosté-mo-n'),  adj.  Terme 
de  botanic|ue.  Fleur  diplostéraone,  fleur  à  étamines 
en  nombre  double  des  pétales. 

—  ÉTYK.  Ai7t).6o;,  double,  et  anîfiMv,  filament. 
f  DIPLOTÉGE  (di-plo-tè-j'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Fruilsec,  indéhiscent  et  ensagé  dans  le  calice. 

—  ÊTYM.  Ai7:),ôo;,  double,  et  ■zéyoi;,  toit. 
tDIPNEUMONÉ,  ÉE  (di-pneu-mo-né,  née),  adj. 

Terme  de  zoologie.  Qui  est  muni  de  deux  poumons 
ou  de  deux  sacs  pulmonaires  seulement. 

—  ÊTYM.  Ai;,  deux,  et  tiveOiiwv,  poumon. 

t  DIPNOÉ,  ÉE  (di-pno-é,  ée),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  a  deux  modes  de  respiration;  qui  res- 
pire par  des  branchies  et  par  des  poumons. 

—  ÉTY'M.  Ai;,  deux,  et  nvori,  respiration. 

t  DIPODE  (di-po-d'),  adj.  Terme  de  zoologie.  Qui 
n'a  que  deux  pattes. 

—  ÊTYM.  Ai;,  deux,  et  Ttoù;,  itoîè«,  pied. 

t  DIPODIE  (di-po-die) ,  s.  f.  Terme  de  la  métrique 
grecque  ou  latine.  Assemblage  de  deux  pieds  de 
vers.  Sliserorum  comprend  ensemble  un  pyrrhique 
et  un  trochée  ;  c'est  une  dipodie.  ||  Mode  de  scander 
les  vers  en  prenant  deux  pieds  à  la  fois. 

—  ÊTYM.  Anto8(a,  do  Si;,  deux,  et  noO;,  jtoîè;, 
pied. 

t  DIPSACÉ .  ÉE  (di-psa-sé,  sée) ,  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  ressemble  à  la  cardère.  ||  S.  f.  Les  dip- 
sacées,  famille  de  plantes  dont  la  cardère  est  le  type. 

—  ÉTYM.  Lat.  dipsacus,  cardère. 

t  DIPSADE  (di-psa-d'),  s.  f.  Serpent  dont  la  pi- 
qûre produit  une  ciialeur  et  une  soif  excessives.  Un 
désert  vaste  et  affreux  où  il  y  avait  des  serpents  qui 
brûlaient  par  leur  souffle,  des  .scorpions  et  des  dipsa- 
des,  SACi,  Deutéron.  viii,  (5.  Aulus,  d'une  dipsade 
ayant  souffert  l'atteinte,  En  sent  i)eu  de  douleur  et 
conçoit  peu  de  crainte:  U  ne  peut  pas  d'abord  com- 
prendre le  danger  Ni  croire  le  trépas  dans  un  coup  si 
léger;  Ce  poison  toutefois,  qui  s'insinue  à  peine,  Se 
mêle  enfin  au  sang  et  court  de  veine  en  veine;  Il 
allume  partout  un  brasier  indompté  Qui  dans  tous 
les  vaisseaux  tarit  l'humidité,  brébeuf,  Fhars.  ix. 

—  ÉTYM.  Ai't'à;,  de  SiiJ/a,  soif.  , 

t  DIPSOMANIE  (di-pso-ma-nie),  s.  ^.  Terme  de 
médecine.  Nom  donné  quelquefois  au  delirium  Ire- 
mens.  appelé  aussi  folie  des  ivrognes;  affection  dans 
laquelle  le  malade  délire  et  est  affecté  de  tremble- 
ment. 

—  ÊTYJI.  Aï'}'»,  soif,  et  ijtovCot,  folie. 

<.  DIPTÈRE  (di-ptô-r'),  adj.  ||  1*  Terme  de  zoolo- 
gie. Oui  a  deux  ailes.  Insecte  diptère.  ||  S.  m.  Les 
diptères,  insectes  caractérisés  par  deux  ailes  ,  der- 
rière lesquelles  est  un  appendice  appelé  cuiUeron, 
et  par  une  bouche  organisée  pour  la  succion  seule- 
ment, tels  sont  les  mouches,  les  taons,  les  cousins. 
Il  2°  Terme  de  botanique.  Graine  diptère,  graine  qui 
est  garnie  de  deux  ailes. 

—  ÊTYM.  Ai;,  deux,  et  irvepàv,  aile. 

2.  DIPTËRE  ;di-ptê-r'),  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture. Temple  de  l'ancienne  architecture,  entouré  de 
deux  rangs  de  colonnes,  qui  formatent  t.ne  sorte  de 
portique,  nommé  aile. 

—  KTVM.  AiTTTcpo; (voy.  diptère  <). 

I  niPTÉHIQUE  (di-pté-ri-k'),  adj.  Terme  d'a:- 
chilecture.  Oui  a  rapport  an  diptère.  Vitruve  dit  que 
la  figure  de  ce  temple  était  diptéricue,  c'es<-fi-dirs 
qu'il  régnait  tout  à  l'enlour  deux  rangs  ae  coionnet 
en  forme  de  double  portique,  rollin,  Iliit.  aut 
Œuvres,  t.  XI,  t"  part.  p.  34,  dans  poucsiiis. 

—  ÊTYM.  Diptère  i. 


DIR 

tDlPTÊROCARPÉE(di-pté-ro-kar-p6e),s./'.  Terme 
de  hotaiiiquo.  Lesiliptérocarpées,  plantes  renfermant 
de  très-grands  arbres  résineux  de  l'jnde  et  de  l'ar- 
chipel Indien;  tel  est  le  camphrier  de  Bornéo. 

—  ÉTYM.  AinTEpo;,  qui  a  deux  ailes,  et  xtxpitèi;, 
fruit. 

+  DIPTÉROLOGIE  (di-pté-ro-lo-jie),  s.  f.  Traité 
des  insectes  diptères. 

—  ÉTYM.  Diptère  H,  et  Wyoc,  traité. 

t  DIPTÉRYGIEN,  lENNE  (di-pté-ri-jiin,  jiè-n'), 
adj.  Terme  de  zoologie.  Qui  a  deux  nageoires. 

—  ÉTYM.  Ai?, deux,  et TiTÉpuÇ, TtTSfUYo;,  nageoire, 
t  DIPTOTE  (di-pto-f),  adj.  Terme  de  grammaire. 

Qui  n'a  que  deux  cas.  Noms  diptotes. 

—  ÉTYM.  Aï;,  deux,  etTtiûui;,  finale,  chute. 
DIPTYQUES  (di-pti-k'),  s.  m.  plur.  \\  1»  Terme 

d'antiquité.  Deux  tablettes  réunies  par  une  charnière. 
Il  Tablettes  où  l'on  inscrivait  le  nom  des  consuls  et  des 
principaux  magistrats.  ||  2°  Anciennement,  registres 
où  les  monastères  et  certaines  églises  inscrivaient  les 
noms  des  évèques  et  des  bienfaiteurs  dont  il  devait 
être  fait  mémoire  à  la  messe  et  dans  les  prières. 
Il  3°  Se  dit  aujourd'hui,  abusivement,  de  tableaux 
ou  bas-reliefs,  recouverts  par  deux  volets  dont  la 
surface  intérieure  est  également  peinte  ou  sculptée. 

—  ÉTYM.  Aiixrjxo;,  de  5î;,  deux,  et  utOsoeiv, 
plier. 

t  DIPYRÉNÉ,  ÉE  (di-pi-ré-né,  née),  adj.  Terme 
de  bot^mique.  Dont  le  fruit  renferme  deux  noyaux. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  itupï)v,  noyau, 

t  DIPYRRHIQUE  (di-pi-rri-k'),  s.  m.  Terme  de 
prosodie  ancienne.  Pied  de  vers  composé  de  deux 
pyrrliiques  ;  c'est-à-dire  de  quatre  brèves  comme 
ànimiilà. 

—  ÉTYM.  Al;,  deux,  et  pyrrhique. 

DIRE  (di-r'),  je  dis,  tu  dis,  il  dit,  nous  disons, 
TOUS  dites,  ils  disent;  je  disais;  je  dis,  nous  dîmes; 
je  dirai;  je  dirais;  dis,  qu'il  dise;  disons,  dites, 
qu'ils  disent;  que  je  dise,  que  tu  dises,  qu'il  dise, 
que  nous  disions,  que  vous  disiez,  qu'ils  disent  ;  que 
je  disse;  disant,  dit ,  v.  a.  i°  Exprimer  par  la  pa- 
role; 2°  on  dit;  3°  dire,  pris  absolument  ;  4»  nom- 
mer, désigner;  5°  énoncer  par  écrit;  6°  réciter, 
lire,  débiter;  7°  raconter;  8°  juger,  penser,  être 
tenté  de  croire;  9"  avertir,  prévenir,  ordonner; 
^o°  offrir,  proposer;  M°  exprimer,  en  parlant  de 
choses  auxquelles  on  attribue  une  expression  ; 
<2»  voidoir  dire;  (3"  trouver  à  dire;  (4°  en  dire; 
lô»  se  le  faire  dire;  ^6°  que  dis-je?  l7°-30'' locutions 
diverses;  31°  se  dire.  ||  1°  Exprimer  par  la  parole. 
Que  dit-il?  J'ai  quelque  chose  à  vous  dire.  Vous  lui 
direz  bien  des  choses  honnêles  de  ma  part.  Il  m'a 
dit  qu'il  fallait  partir.  11  n'a  dit  qu'un  mot.  Il  dira 
quelques  paroles,  et  se  retirera.  Il  fait  son  idole  de 
son  sujet  et  tombe  dans  l'intempérance  de  ces  ora- 
teurs violents  qui  vont  toujours  plus  loin  que  leur 
but  et  ne  croient  jamais  en  dire  assez  s'ils  n'en  di- 
sent trop,  B.iLZ.  Socr.  clirét.  Disc.  lo.  Te  dirai-je 
un  penser  indigne,  bas  et  lâche?  corn.  Poly.  iii,6. 
Et  si  nous  n'aimions  point  à  nous  brouiller  l'esprit 
Ou  de  ce  que  l'on  fait  ou  de  ce  que  l'on  dit,  ID. 
Imitation,  i,  4 1.  Ne  considère  point  si  l'auteur  d'un 
tel  livre  Fut  plus  ou  moins  savant;  Mais  s'il  dit  vé- 
rité, s'il  t'apprend  à  bien  vivre,  Feuillette-le  sou- 
vent, ID.  ib.  I,  5.  Je  n'ai  point  sur  ma  langue  un 
assez  grand  empire;   De  ce  que  je  dirais  je  ne  ré- 

'  p(mdrais  pas,  mol.  ilis.  v,  1.  Tous  les  autres  comé- 
diens en  ont  dit  tous  les  maux  du  monde,  in.  Crit. 
de  l'Éc.  des  f.  7.  Je  reçois  tous  .ses  soins  avec  beau- 
coup de  joie.  J'admire  ce  qu'il  dit,  j'estime  ce  qu'il 

I        est,  ID.  Mis.  IV,  3.  Je  vous  trouve  plaisant  d'user 

I  d'un  tel  empire  Et  de  me  dire  au  nez  ce  que  vous 
m'osez  dire,  lo.  i7).  iv,  3.  Donc,  de  ce  que  je  dis  on  ne 

[  fera  nul  cas?  m.  Tart.n,  2.  Et  depuis  un  long  temps 
nous  nous  sommes  tout  dit,  iD.  Amphitr.  i,  4.  Ne 
vous  ai-je  pas  recommandé  de  me  venir  dire  d'a- 
bord tout  ce  que  vous  voyez?  m.  Mal.  imag.  u,  it. 
Parlerai-je,  monsieur,  selon  ma  conscience,  Ou 
tomme  auprès  des  grands  on  le  voit  usité?  Faut-il 
dire  la  vérité,  Ou  bien  user  de  complaisance?  id. 
Amph.  u,  I.  On  dit  à  la  cour  du  bien  de  quelqu'un 
pour  deux  raisons:  la  première,  afin  qu'il  apprenne 
que  nous  disons  du  bien  de  lui;  la  seconde,  afin 
qu'il  en  dise  de  nous,  la  eruy.  vni.  Il  dit  ridicule- 
ment des  choses  vraies,  et  follement  des  choses  sen- 
fées  et  raisonnables,  id.  xii.  Combien  tout  ce  qu'on 
dit  est  loin  de  ce  qu'on  pense!  kac.  Brit.  v,  t.  Et 
peut-être,  après  tout,  que,  sans  trop  .se  forcer.  Tout 
ce  qu'il  a  pu  dire,  il  a  pu  le  penser,  m.  Bajaz. 
m,  3.  César,  que  me  dis-tu  de  tes  fils,  de  partage? 
VOLT.  St.  de  Ces.  i,  1.  Nous  sommes  dans  un  siècle 
de  raison:  nous  trouvons  aisément  ce  qui  nous  pa- 
rait la  vérité,  et  nous  osons  le  dire,  id.  Les  oreilles,  i. 


DIR 

On  peut  avec  ce  revenu  assuré  dire  tout  ce  qu'on 
pense  de  la  compagnie  des  Indes,  du  parlement,  de 
nos  colonies,  du  roi,  de  l'être  en  général,  de 
l'homme  et  de  Dieu,  id.  ib.  3.  Lorsque  les  yeux 
chercheront  sous  les  rides  Les  traits  charmants  qui 
m'auront  inspiré.  Des  doux  récits  les  jeunes  gens 
avides  Diront  :  quel  fut  cet  ami  tant  pleuré?  bérang. 
Bonne fteiHe.  Il  Qui  vous  dit,  qui  vous  a  dit  que.... 
c'est-à-dire  sur  quoi  vous  fondez-vous  pour  dire  ou 
croire...?  Il  Dire  un  secret,  le  révéler.  Elles  [lesfillesj 
veulent  qu'on  leur  dise  tout,  et  elles  veulent  aussi 
tout  dire,  fénel.  Éduc.  des  filles,  2.  En  disant  ce 
secret  ou  faux  ou  véritable,  volt.  M.  de  Ces.  m,  2. 
Il  Dire  des  injures  à  quelqu'un,  l'injurier.  Épargnez- 
moi  cette  peine,  je  vous  supplie,  et  épargnez-vous 
à  vous-même  de  grosses  injures  que  je  pourrais  bien 
vousdiredans  ma  mauvaise  humeur,  RAC.  Lett.  à  quel- 
ques amis,  x\.  ||  Dire  à  quelqu'un  ses  vérités,  lui  re- 
présenter sans  ménagement  les  défauts  qu'il  a.  N'ap- 
prêtons point  à  rire  aux  hommes  En  nous  disant  nos 
vérités,  MOL.  Amph.  Prol.  Vous  ne  lui  voulez  mal  et 
ne  le  rebutez  Qu'à  cause  qu'il  vous  dit  à  tous  vos  vé- 
rités, ID.  Tan.  I,  <.  Il  Dire  à  quelqu'un  son  fait,  lui 
parler  vertement,  le  malmener  en  paroles.  Il  me 
donna  unsoufllet,  mais  je  lui  dis  bien  son  fait,  mol. 
Pourc.  I,  6.  Il  Dire  son  avis,  sa  pensée,  exprimer  ce 
qu'on  pense,  l'opinion  qu'on  a.  N'allez  point  là-dessus 
me  consulter  ici;  l'eut-ètre  y  pourriez -vous  être  mal 
adressée.  Et  je  suis  pour  les  gens  qui  disent  leur 
pensée,  mol.  Mis.  v,  3.  C'est  un  particuUer  qui  a 
dit  son  avis  dans  un  gros  livre  qu'on  ne  lit  point, 
VOLT.  Dial.  2.  Il  Dire  son  mot,  ajouter  son  avis  aux 
avis  déjà  exiirimés,  et  aussi  révéler  ses  intentions 
secrètes.  ||  Sans  mot  dire,  sans  dire  mot,  sans  pro- 
noncer une  parole,  et  aussi  sans  protester.  ||  Je  vous 
l'avais  bien  dit,  sorte  de  reproche  que  l'on  adresse 
à  quelqu'un  que  l'on  a  averti  de  ce  qui  allait  lui 
arriver.  Quelquefois  il  lui  disait  :  je  vous  l'avais 
bien  dit;  singulière  manière  de  consoler;  satisfac- 
tion que  la  vanité  se  donne  aux  dépens  de  la  dou- 
leur, STAËL,  Corinne,  xviii,  1.  ||  Dire  la  bonne 
avenlure,  prédire  l'avenir.  ||  Dire  pis  que  pendre  de 
quelqu'un,  dire  le  diable  de  quelqu'un,  en  dire 
toute  sorte  de  mal.  ||  Se  dire  quelque  chose  à  soi- 
même,  faire  en  soi-même  des  réflexions,  un  rai- 
sonnement. Je  me  le  suis  dit  vingt  fois.  ||  Se  dire 
l'un  à  l'autre,  se  dire  réciproquement  quelque  chose. 
Ils  se  sont  dit  qu'ils  s'aimaient.  ||  En  dire  de  sèches, 
faire  des  contes  satiriques  et  libres,  dire  des  vile- 
nies, mais  d'une  manière  qui  ne  manque  pas  de  sel. 
Il  Mon  petit  doigt  me  l'a  dit,  cela  se  dit  aux  enfants 
de  ce  qu'on  a  appris  par  des  voies  qu'ils  ignorent. 
Argan  à  Louison  :  Prenez-y  bien  garde  au  moins;  car 
voilà  un  petit  doigt  qui  sait  tout,  qui  me  dira  si  vous 
mentez ,  mol.  Mal.  imag.  ii ,  H .  ||  2° On dit,o'est-à-dire 
le  bruit  court.  On  dit  que  nous  allons  avoir  la  guerre. 
On  dit  une  singulière  nouvelle.  On  dit,  et  sans  hor- 
reur je  ne  puis  le  redire.  Qu'aujourd'hui  par  votre 
ordrelphigénieexpire,  rac.  Iph.  iv,  6.  ||  S.  m. C'est 
un  on  dit.  Ce  sont  des  on  dit.  11  ne  faut  pas  ajouter 
foi  à  tous  ces  on  dit.  ||  On  dit,  s'emploie  aussi  lorsque 
nous  voulons  parler  d'une  locution  ou  expression 
usuelle.  On  dit  en  français  savoir  gré  pour  être  re- 
connaissant. Il  3"  Dire  pris  absolument.  C'est,  comme 
vous  dites,  une  mauvaise  action.  Il  faut  se  bien 
comporter  et  laisser  dire.  De  pas  mis  avec  rien  lu 
fais  la  récidive.  Et  c'est,  comme  on  t'a  dit,  trop 
d'une  négative,  mol.  F.  sav.  ii,  6.  Le  bonhomme 
disait:  ce  sont  là  jeux  de  prince;  Mais  on  le  laissait 
dire....  LA  FONT.  Fabl.  iv,  4.  Quiconque  ne  voit 
guère  N'a  guère  à  dire  aussi,  m.  Fabl.  ix,  2.  Ils 
étaient  pêle-mêle  avec  les  ennemis,  la  rivière  entre 
deux,  comme  disent  les  goujats ,  sÉv.  1 03.  Oui,  mais 
avec  tout  cela,  diriez-vous  bien  pourquoi  Cyrus  a 
tant  conquis  de  provinces?  BOiL.  Héros  de  romans. 
Il  Comme  dit  l'autre,  locution  familière  qui  équi- 
vaut à  :  comme  on  dit,  ou  comme  dit  le  proverbe. 
Toutça,  comme  dit  l'autre,  n'a  été  que  de  l'onguent 
milon-mitaine,  mol.  Méd.  m.  lui,  m,  2.  ||  Poétique- 
ment, j'ai  dit,  il  dit,  se  mettent  à  la  fin  d'un  ré- 
cit. Elle  dit,  et  du  vent  de  sa  bouche  profane  Lui 
souffle  avec  ces  mots  l'ardeur  de  la  chicane,  boil. 
Lulr.  I.  Il  J'ai  dit,  équivaut  aussi  à  je  n'ai  plus  rien 
à  dire.  |]  Quand,  citant  un  discours,  des  paroles 
textuelles,  on  intercale  le  verbe  dire,  ce  verbe  et  son 
sujet  subissent  une  inversion,  le  sujet  se  mettant 
après  le  verbe.  Vous  allez ,  m'a  dit  notre  ami ,  à  Paris. 
Je  ferai, dit-il,  la  choseendiligence.Mais,  dira-t-on, 
cela  est  impossible.  Il  a,  m'a-t-on  dit,  l'intention  de 
[larler.  Cela,  dis-je,  est  impossible.  La  résolution  en 
est  prise,  vous  dis-je,  mol.  Mfi.  v,  l.  L'épouse  que  tu 
prends,  sans  tache  en  sa  conduite.  Aux  vertus ,  m'a- 
t-on  dit.  dans  Port-Roval  instruite....  boil.  Sal.  x. 


DIR 


1171 


Il  Dire  d'un,  dire  d'autre,  tenir  un  langage  qui  varie. 
Qu'est  ceci?  s'écria  le  mangeur  de  moutons  :  Dire 
d'un,  puis  d'un  autre!  est-ce  ainsi  que  l'on  traite  Les 
gens  faits  comme  moi?  lafont.  Fahi.  iv,  I6.  ||Dir9 
d'or,  dire,  promettre  tout  ce  qui  peut  être  désiré. 
Il  Dans  le  même  sens.  Il  dit  d'or,  et  n'a  pas  le  bee 
jaune.  ||  Dire  d'or  signifie  aussi,  par  une  sorte  d'iro- 
nie, parler  disertement,  mais  hors  de  propos,  ou 
sans  utilité.  Dans  ce  conseil  de  sages,  de  héros.  On 
entendait  les  plus  nobles  propos  :  Le  bien  public,  la 
vertu  les  inspire....  Ilsdisaientd'or  et  ne  concluaient 
rien,  volt.  Pue.  1. 1|  Bien  dire,  parler  d'une  façon 
convenable,  s'exprimer  en  bons  termes,  dire  ce  qu'il 
faut.  Ce  sera  là  que  ma  lyre.  Faisant  un  dernier 
effort,  Entreprendra  de  mieux  dire  Qu'un  cygne  près 
de  sa  mort,  malh.  n,  2.  Soyez  beau,  bien  disant,  la 
FONT.  Coupe.  Mes  paroles  sont  assez  bonnes;  je  les 
rangecommeceuxquidisent  bien,sÉv.  74.  Nous  avons 
eu  une  (>i,nversation  où  j'ai  bien  dit,  ce  me  semble, 
ID.  158.  Ainsi  berné  le  novice  interdit  Comprit  en 
soi  qu'il  n'avait  pas  bien  dit.  Et  qu'il  serait  mal- 
mené des  commères,  GRESSET,  Vert-Vert,  m.  Vous 
avez  bien  raison,  mon  cher  maître;  on  veut  tou- 
jours dire  mieux  qu'on  ne  doit  dire;  c'est  le  défaut 
de  presque  tous  nos  écrivains,  d'alemb.  Lettre  à 
Volt.  26  janv.  1767.  Quelque  génie  qu'on  ait,  on  ne 
dit  pas  mieux  qu'Homère  quand  il  dit  bien,  dider. 
Lettre  sur  les  sourds  et  muets.  \\  L'art  de  bien  dire, 
l'éloquence.  ||  Substantivement,  le  bien-dire.  Ces 
grands  orateurs  romains  qui  avaient  l'art  de  per- 
suader ce  qu'ils  voulaient  par  la  force  et  les  charme» 
de  leur  bien-dire,  marg.  buffet,  Observ.  p.  (20, 
(6B8.  Il  Être  sur  son  bien-dire,  sur  son  beau-dire, 
être  en  train  de  parler,  et  aussi  affecter  de  bien 
parler,  ou  parler  d'un  sujet  de  prédilection.  On  dit 
dans  le  même  sens  se  mettre  sur  son  bien-dire 
(voy.  BIEN-DIRE).  Il  Bien-disant,  voy.  bien-disant. 
Il  Proverbe.  Le  bien-faire  vaut  mieux  que  le  bien- 
dire,  les  bonnes  actions  sont  préférables  aux  belles 
paroles.  ||  L'Académie,  au  mot  bien-dire,  dit  que  le 
trait  d'union  ne  se  met  que  dans  la  locution  :  être 
sur  son  bien-dire;  mais  que,  dans  le  proverbe  rap- 
porté ci-dessus,  on  écrit  le  bien  dire  sans  trait  d'u- 
nion ;  puis,  citant  de  nouveau  ce  proverbe  au  verbe 
DIRE,  elle  met  le  trait  d'union:  le  bien-dire.  Il  est 
donc  loisible  de  mettre  ou  d'omettre  le  trait  d'union  ; 
et  il  vaut  mieux  le  mettre.  ||  4"  Nommer,  expri- 
mer. Vous  bénirez  le  mal  qui  vous  est  avenu,  Si  l'on 
peut  dire  un  mal  un  fortuné  veuvage,  mairet, 
Soph.  v,  6.  Qui  dit  froid  écrivain  dit  détestable 
auteur,  uoil.  Art  p.  iv La  source  du  comi- 
que :  je  dis  de  celui  qui....  la  bruy.  Disc.  s.  Tliéo- 
phr.  Mais,  mon  cher  Sidrac,  pourquoi  diies-vous 
toujours  ma  faculté  pensante?  que  ne  dites-vous 
mon  âme  tout  court?vOLT.  Les  oreilles,  4.  ||  5°  Enon- 
cer par  écrit.  Je  vous  ai  dit  dans  ma  dernière 
lettre  que....  Tel  auteur  a  dit  là-dessus  d'excel- 
lentes choses.  Cicéron  dit  dans  son  traité  de  la 
République..  Presque  tous  les  historiens  ont  dit  ce 
que  je  fais  dire  ici  à  Mithridate,  bac.  Préface  de  Mi- 
Ihridale.  \\  Il  se  dit  del'écrit  même.  Que  ditlaloiî 
X  ce  que  dit  l'histoire.  Comme  dit  le  proverbe. 
Il  6°  Réciter,  lire,  débiter.  Dire  sa  leçon.  Cet  acteur 
a  mal  dit  son  rôle.  Je  vous  dirai,  si  vous  voulez, 
pour  vous  désennuyer,  le  conte  de  Peau  d'àne  ou 
bien  la  fable  du  Corbeau  et  du  Renard  qu'on  m'a  ap- 
prise depuis  peu,  mol.  Mal.  imag.  ii,  t).  La  dé- 
mangeaison de  dire  ses  ouvrages  est  un  vice  attaché 
à  la  qualité  de  poète,  id.  Comtesse,  i.  ||  Absolu- 
ment. Cet  acteur  dit  bien,  il  a  un  bon  débit.  ||Dire 
la  messe,  célébrer  la  me.sse.  Faire  dire  une  messe 
pour  quelqu'un.  Direlesvêpres,  leschanter.  ||  Terme 
de  musique.  Il  dit  bien  les  récitatifs,  il  les  chante 
bien.  Dire  un  morceau,  exécuter  un  morceau  de 
musique.  j|  7'  Raconter.  Dis-moi  de  mon  époux  le 
véritable  jort  corn.  Perthar.  i,  3.  Je  pourrai  de 
mon  père  émouvoir  la  tendresse,  Et  lui  dire  un 
amour  qu'il  peut  vouloir  troubler,  rac.  Phèdre, 
m,  6.  Et  moi  je  suis  venu,  détestant  la  lumière, 
Vous  dire  d'un  héros  la  volonté  dernière ,  m.  ib. 
v,  6.  Je  dirai  les  exploits  de  ton  règne  paisible, 
BoiL.  Épit.  i.  Je  vais  dire  les  douleurs  de  l'Église 
persécutée,  chateaubr.  Mart.  4.  ||  Poétiquement. 
Muses,  dites....  Muse,  dis  la  colère  d'Achille.  118°  Ju- 
ger, penser,  être  tenté  de  croire.  Qu'en  dites-vous? 
Que  dira-t-on  de  vous?  Alléguant  un  grand  rhume  : 
il  ne  pouvoit  que  dire.  Sans  odorat.  ..la font.  Fab. 
vu,  7.  Il  Qui  l'eût  dit?  signifie  :  aurait-on  pu  le  pen- 
ser, l'imaginer?  Il  Substantivement.  Le  qu'en  dira- 
t-on,  les  propos  qui  se  tiennent  sur  le  compte  de 
quelqu'un.  Se  moquer,  être  au-dessus  du  qu'en  dira- 
t-on.  Braver  le  qu'en  dira-t-on.  Etre  sensible  au 
qu'en  dira-t-on.  ||  Savoir  qu'en  dire,  avoir  passé  par 


il72 


DIR 


lè,  atoireu  l'expArience  de  la  chose.  Notre  mélanco- 
liaiie en  savait  bien  iiuedire .  bègnieb  .  Sal.  vu.  Beau- 
coup il'lionni>teH  gens  en  pourraient  bien  (|uedire, 
MOI..  J?i-.  di'i  f.  m,  ï.  Vrniment  je  sais  l)ien  quen 
dire  «ev.ftBl.  ||Ne  .savoirque  dire,  élreemliarriissé. 
Cela'faisait  i|"-'  '«  l>on  sire  Ne  savait  tantôt  plus  i|ii'y 
dire.L*  fOHT.Ann.  ||  Alisolument.  Vousiiiriezque.on 
dirait  (|ue....  avec  l'imlicatir.on  penserait,  on  s'ima- 
ginerait. On  liiiait,  quand  tu  veux,  qu'elle  |la  rime] 
te  vient  chercher,  BOIL.  Sut.  ii.  On  dirait  que  le  ciel 
est  soumis  à  sa  loi,  Et  que  Dieu  l'a  iiétn  d  autre  li- 
mon que  moi,  iD.  Sat.  v.  ||  Vous  diriez  que,  on  di- 
rait que....  avec  le  subjonctif.  On  dirait  que  le  ciel, 
qui  se  fond  tout  en  eau,  Veuille  inonder  ces  lieux 
d'un  déluge  nouveau,  boil.  Sat.  vi.  On  dirait  que, 
pour  plaire,  instruit  par  la  nature,  Homère  ail  à 
Vénus  dérobé  sa  ceinture.  ID.  Art  p.  ni.  On  dirait, 
à  vous  voir  assemblés  en  tumulte.  Que  Rome  des 
Gaulois  craigne  encore  une  insulte,  ckébillon,  Ca- 
lil.  IV,  t.  Vous  (liriez  qu'il  snit  devenu  im  autre 
David,  BO.SS.  le  Tellier.  Vous  diriez  qu'il  ne  fasse 
rien  en  ce  monde,  ID.  Loi  de  Dieu,  3.  ||  Vous  di- 
riez,on  dirailii'un  fou.d'un homme  ivre, c'est-à-dire 
il  se  conduit,  il  parle  comme  s'il  était  fou,  ivre  (la  lo- 
cution s'explique  par  une  ellipse  :  on  dirait  d'un  fou, 
c'esl-à-dire  on  dirait  cela  d'un  fou,  on  dirait  que  ce 
qu'il  dit  ou  fait  est  d'un  fou,  et,  elliptiquement  :  on 
dirait  d'un  fou),  lit  l'on  dirait  d'un  tas  de  mouches 
reluisantes  Qui  suivent  en  tous  lieux  un  doux  rayon 
de  miel,  mol.  Méiic.  i,  3.  Les  trois  vieilles  femmes 
brillaient  un  des  roseaux  de  la  gerbe;  on  aurait  dit 
des  l'arques  coupantle  premier  fil  de  la  vie  de  René, 
ciiATEAUBR.  Natch.  300.  Voyez  même,  comme  les 
traits  du  même  homme  varient....  vous  diriez  de  plu- 
sieurs êtres  différents,  bern.  de  s.-p.  Uarm.  liv.  v, 
llarm.  anim.  \\  9"  Avertir,  prévenir,  ordonner, 
conseiller.  Allez  lui  dire  de  venir.  Ah!  mon  papa, 
je  vous  demande  pardon;  c'e.st  que  ma  sœur  m'a- 
vait dit  de  ne  pas  vous  le  dire,  mol.  Uni.  imag.  !i,  1 1. 
Dites-leur  qu'elles  descendent,  ID.  les  Préc.  3.  Dites 
au  roi,  seigneur,  de  vous  l'aliandoiiner,  rac.  Es- 
Iher,  11,  I.  Qu'on  dise  à  Josabeth  Que  Maihan  veut 
ici  lui  parler  en  secret,  m.  Alliai,  m,  1.  \\  Absolu- 
ment. Vous  n'avez  qu'à  dire,  locution  qui  signifie  : 
parlez  et  je  ferai  ce  que  vous  voudrez.  Comment,  co- 
quin! —  Monsieur,  vous  n'avez  rien  qu'à  dire.  Je 
mentirai  si  vous  voulez,  mol.  Ainph.  Il,  l.  |{  10°  Of- 
frir, proposer.  J'ai  trouvé  ces  objets  si  chers  que  je 
n'ai  rien  dit.  Dites-en  un  prix  raisonnable.  ||  11°  Ex- 
primer, en  parlant  des  choses  auxquelles  on  at- 
tribue une  expression.  Un  silence  respectueux  dit 
beaucoup.  Et  puisi|u'aucun  soupçon  ne  dit  rien  à 
l'hoca.",  Soyez  encor  son  lils  et  ne  vous  montrez 
pas,  CORN.  Héracl.  ii,  2.  Et  malgré  tous  vos  soins 
et  votre  adresse  à  feindre,  Mon  astre  me  dirait  ce 
que  j'avais  à  craindre.  MOL.  Ilis.  iv,3.  Qu'ai-je  fait? 
que  veut-il?  et  que  dit  ce  silence?  rac.  Bére'n.  Il,  B. 
Ce  front  satisfait  Dit  assez  à  mes  yeux  que  Poriis  est 
défait,  iD.Alei.  m,  l.  Et  ce  poison  vous  dit  les  vo- 
lontés du  roi,  iD.  Uilitrid.  v,  2.  Tout  cela  dit  assez 
que  le  trône  m'est  dû,  m.  TItéb.  iv,  3.  Et  son  si- 
lence même,  accusant  sa  noblesse,  Nous  dit  qu'elle 
nous  cache  une  illustre  princesse,  id.  Iphig.  i,  2. 
....  Vous  portez,  madame,  un  gage  de  ma  foi ,  Qui 
TOUS  dit  tous  les  jours  que  vous  êtes  à  moi,  ID.  llillir. 
II,  ♦.  Ma  pensée  au  grand  jour  partout  s'olfre  et 
s'expose;  Et  mon  vers  bien  ou  mal  dit  toujours  quel- 
que chose,  BOiL.  Éptl.  IX.  Le  cœur  ne  me  dit  rien 
pour  les  devoirs  de  la  religion,  mass.  Car.  l'rospe'r. 
Il  Le  cœur  me  le  disait  bien,  j'en  avais  le  pressen- 
timent. Il  Cette  femme  a  de  beaux  yeux,  mais  ils  ne 
disent  rien,  ils  sont  sans  expression.  ||  Cela  ne  dit 
rien  au  cœur  ni  à  l'esprit,  cela  ne  les  louche  point, 
ne  les  émeut  aucunement.  |i  Familièrement.  Cela  ne 
dit  rien,  cela  n'importe  pis  à  l'alTaire,  cela  n'em- 
pêche pas.  il  Ne  dire  rien,  se  dit  aussi  des  personnes 
dont  b'S  paroles  n'ont  guère  de  sen.s.  Voilà  bien  des 
paroles  sans  rien  dire,  Boss.  Var.  xii,  §  2.  ||  Fami- 
lièrement. C'est  beaucoup  parler  pour  ne  rien  dire. 
Il  12'  Vouloir  dire,  signifie  faire  entendre,  insinuer, 
en  parlant  des  personnes.  Que  voulez-vous  dire? 
De  quoi  s'offense-t-il?  et  que  veut-il  me  dire?  Y  va- 
l-ilde  sa  gloire  à  ne  pas  bien  écrire?  mol.  Jfii.iv,  t. 
Que  voulez-vous  donc  dire,  mes  pères?  comment  en- 
treprenez vous  de*outeiiir  après  cela  qu'aucun  jésuite 
n'est  d'avis  qu  on  puisse  tuer  pour  des  médisances? 
PASc.  Prov.  13.  Que  me  voulez-vous  dire  do  péni- 
tence cl  do  p.irdoii?  sÉv.  374.  Ce  qu'une  judicieuse 
prévoyance  n'a  pu  mettre  dans  l'esprit  des  hommes, 
une  maîtresse  plu»  impérieuse,  je  veux  dire  l'expé- 
rience, les  a  forcés  de  le  croire,  BOSs.  Hiine  d'An- 
g-et.  Il  Que  veut  il  dire?  s'est  dit  dans  le  sens  de 
pourquoi.  Son  Louis  soupire  Après  ses  appas;  Que 


DIR 

veut-elle  dire  De  ne  venir  pas?  malii.  vi,  7.  ||  Dé- 
noter, en  parlant  des  choses.  Je  ne  s.iis  ce  que 
cela  veut  dire.  Que  veut  dire  ce  retard?  ....  Ache- 
vez, seigneur,  ce  mais,  que  veulil  dire?  corn.  JVt- 
com.  III,  7.  Il  Signifier.  Que  veut  dire  ce  mot  , 
cette  phrase?  Cela  est  mal  construit  et  ne  veut  rien 
dire  II  13"  Trouver  à  dire, c'esl-à-dire  trouver  à  blâ- 
mer. Il  y  a.  il  y  a  lirai  t  b-en  à  dire,  il  y  aà  reprendre, 
à  biftmer.  Vous  trouveriez  quelque  chose  à  dire  dans 
le  ciel,  si  je  n'y  étais  avec  vous,  balz.  liv.  i.lelt.  H. 
Ce  que  je  trouve  à  dire  en  la  confidence  <iue  fait 
Cléopâtre,  corn.  Ex.  de  Pompée.  On  trouve  à  dire 
à  la  frugalité  de  vos  re|ias,sRV.  427.  L'empereur  ne 
trouve  rien  à  dire  à  ces  censures,  BOSs.  Leil.  (94. 
Ayant  eu  la  bonté  de  déclarer  qu'elle  [Voire  Ma- 
jesté] ne  trouvait  rien  à  dire  dans  celte  comédie 
qu'elle  défendait  de  produire  en  public,  mol.  \"  pla- 
ce! aurai.  ||  Trouvera  dire,  regretter  l'absence. 
Metlez-vous  donc  bien  en  tète  que  je  vous  trouve  à 
dire  plus  que  je  ne  voudrais  dans  toutes  les  parties 
oïl  l'on  m'entraîne,  mol.  Itlis.  v,  4.  Rien  ne  me 
flattait  plus  que  de  penser  que  je  manquais  au  bon- 
heur de  l'heureux  Soliman,  et  qu'on  me  trouvait  à 
dire  dans  le  sérail,  fonten.  Soliman,  Juliette. 
Il  Trouver  à  dire,  ne  pas  avoir  son  compte.  On  trou- 
vait dix  ou  douze  voix  à  dire,  patru.  Plaidoyer  te, 
dans  RiciiF.LET.  ||  Avoir  à  dire,  manquer  de.  Il  faisait 
parade  d'un  visage  remaroiiable  par  de  grandes  plaies 
et  par  un  œil  qu'il  avoit  àdirO;  BAi.z.  liv.  v,  tot.  9. 
Il  A  dire,  manquant.  Le  fourrage  revint  en  abondance, 
il  n'y  eut  pas  un  cheval  de  perdu,  ni  un  homme  à 
dire,  st-sim.  47,  48.  ||  11  y  a  bien  à  dire,  il  y  a  une 
grande  différence.  11  y  a  bien  à  dire  entre  ces  deux 
personnes.  Dans  le  même  sens,  il  y  a  lout  à  dire, 
il  11  y  a  bien  à  dire,  il  .s'en  faut  de  beaucoup.  H  y 
a  bien  à  dire  que  je  n'aie  mon  compte.  ||  14°  Kn 
dire  forme  une  locution  qui  a  différents  sens.  ||  Le 
cœur  en  dit,  on  y  a  inclination.  Si  le  cœur  vous  en 
dit,  si  cela  vous  agrée.  Et  quand  le  cœur  m'en 
dit,  j'en  prends  par  où  je  puis,  coi\n.  ilent.  i,  4. 
Et  puis-je  mais,  cliélif,  si  le  cœur  leur  en  dit?  mol. 
le  Dép.  V,  3.  Pour  peu  que  le  cœur  lui  en  d't, 
IIAMILT.  Cramm,  4.  Qu'on  s'aime  de  part  et  d'autre 
autant  que  le  cœur  en  dira,  fonten.  taure,  Suplw. 
Il  Par  extension.  Si  le  sort  nous  en  dit  [nous  est  fa- 
vorable] ,  tout  sera  bien  réglé,  mol.  l'Étour.  v,  2. 
Il  En  vouloir  dire,  être  prêt  à  faire.  D'abord,  dit-il, 
j'allais  tout  doucement  Auprès  du  lit  écouter  si  le 
sire  .S'approcherait,  et  s'il  en  voudraitdire,  la  font. 
Uandr.  ||  En  dire,  faire  des  reproches.  S'en  dire,  se 
faire  des  reproches.  Mou  cœur  s'en  est  plus  dit  que 
vous  ne  m'en  direz,  rac.  Brit.  m,  t.  Et  mon  cœur 
soulevant  mille  secrets  témoins,  M'en  dira  d'autant 
I  plus  que  vous  m'en  direz  moins,  id.  Andr.  iv,  B. 
1  il  15°  Se  le  faire  dire,  hésiter  beaucoup  à  faire  une 
i  chose;  ne  pas  se  le  faire  dire,  montrer  beaucoup 
j  d'empressement.  Charles  exigea  une  lettre  d'Auguste 
j  à  Stanislas:  le  roi  dèlrûné  se  le  fit  dire  plusd'uae 
i  fois;  mais  Charles  voulait  cette  lettre,  et  il  fa:iut 
■  l'écrire,  volt.  Charles  XII,  3.  \\  16°  Dnns  le  style 
!  élevé.  Que  dis-je?  sorte  de  retour  sur  soi,  de  transi- 
tion, d'aggravation.  Il  la  abandonné,  que  dis-je?  il 
I  l'a  dépouillé.  P'uyons  dans  la  nuit  infernale....  Mais 
j  que  dis-je?...  mon  père  y  tient  l'urne  fatale,  rac. 
Phèd.  IV,  0.  Il  17"  À  dire  vrai,  à  vrai  dire,  lociit.  ailv. 
I  En  disant  la  chose  telle  qu'elle  est.  X  dire  vrai,  il  n'a 
i  pas  rempli  l'attente  qu'on  avait  conçue  de  lui.  ||  â  dire 
vérité  même  sens.  Et  s'il  avait  mon  cœur,  à  (lire  vé- 
rité, Il  tournerait  ses  vieux  d'un  tout  autre  côté,  mol. 
i  His.  IV,  l.  Il  Pour  ainsi  dire,  locution  dont  on  se  sert 
pour  atténuer  une  expression,  pnur  la  faire  passer.  Ils 
I  sont,  pour  ainsi  dire,  morts  à  loules  les  joies.  ||  Pour 
mieux  dire,  locution  dont  on  se  sert  pour  préciser 
,  davantage  sa  pensée.  Contrainte  d'accepter  ces  mê- 
I  mes  conditions,  sans  avoir  pu  en  rien  retrancher,  y 
i  rien  ajouter,  ou,  pour  mieux  dire,  sans  avoir  pu, avec 
!  tous  leurs  efforts,  s'écarter  d'un  seul  pas  du  cercle 
étroit  qu'il  lui  avait  plu  de  leur  tr.icer,  bac.  Disc,  de 
réception  de  Th.  Corneille.  ||  18°  Dire  s'emploie  quel- 
quefois à  l'impératif  pour  appeler  l'attention.  Dites- 
moi,  venez-vous  dîner  avec  moi?  D'où  vient  donc,  je 
vous  prie,  un  tel  emportement  I  Avez-vous,  dites-moi, 
perdu  le  jugement?  MOL.  ilis.  iv,  3.  Dites-moi  un 
peu,  s'il  vous  platt,  combien  avicz-vous  d'années 
lorsque  nous  fîmes  connaissance?  m.  Mar.  fore.  2. 
Dis,  penses-lu  qu'un  jour  mon  père  nous  pardonne? 
Ducis,  Othello,  1,  8.  Il  Disons  mieux,  .sorte  de  com- 
pliment ou  de  correctif.  Il  est  l'avocat  ries  pauvres, 
disons  mieux,  il  en  est  le  père.  ||  Disons-le  s'emploie 
lorsqu'on  va  dire  quelque  vérité  fâcheuse.  Disons-le  : 
les  mesures  violemes  ne  peuvent  qu'irriter  les  es- 
prits. Disons-le  sans  figure,  il  parle  comme  un  fou 
et  pense  comme   un  homme  sage,   la   bruy.  xil. 


DIR 

I  11  19*  Qu'est-ce  à  dire  ?  s'emploie  pour  qu'est-ce  que 
'  cela  signifie?  Qu'est-ce  à  dire?  vous  murmurez. 
Celte  locution  exprime  la  surprise,  le  mécontente- 
ment. Qu'est-ce  à  dire,  monsieur?  j'apprends  par 
le  notaire  Qu'au  contrat  vous  trouvez  quelque  chose 
à  refaire,  dlfbény,  Jfar.  fait  et  rompu,  i,  9. 
Il  Ce  n'est  pas  à  dire  pour  cela  que...  Ce  n'est  pas  à 
dire  que....  locution  gouvernant  le  subjonctif,  et 
qui  a  un  sens  de  redification.  Vous  m'avez  rencon- 
tré parmi  eux,  ce  n'est  pas  à  dire  que  je  soi«  des 
leurs.  Ce  n'est  pas  à  dire  qu'ils  aient  effectivement 
parlé  pour  la  dernière  fois,  fonten.  Oracles,  cli.  ni, 
2«  part.  Il  Ce  n'est  pas  pour  dire,  locution  très-fa- 
milière qui  signifie  sans  se  vanter.  Ce  n'est  pas  pour 
dire,  mais  je  saurais  en  faire  autant.  ||  20°  C'est-à- 
dire,  loc.  conj.  qui  annonce  l'explication,  la  consé- 
quence de  ce  qui  vient  d'être  dit.  Les  quatre  lettres 
I.  N.  R.  I.  qui  sont  au  haut  de  la  croix  de  Notre- 
Seigneur  signiiient  Jcsus  Sazaremis,  rex  Judœo- 
rum,  c'esi-à-dire  Jésus  de  Nazaretli,  roi  des  Juifs. 
Et  qu'on  l'honore  ici,  mais  en  dame  romaine,  C'est- 
à-dire  un  peu  plus  qu'on  n'honore  la  reine,  corn. 
Powp.m,  4.  Le  génie  humain  pensant,  c'est-à-dire 
la  cent-millième  partie  du  genre  humain  tout  au 
plus,  \OLT.  Aventure  de  la  mémoire.  ||  C'est-à-dire 
que,  avec  un  verbe  qui  suit,  même  sens  C'est-à- 
dire  que  j'ai  consenti  à  la  transaction.  C'esi-à-dire 
que  je  paye  la  somme  demandée.  ||  21°  C'est  tout 
dire  ou  c'est  tout  dit,  il  n'y  a  rien  à  ajouter,  cela 
achève,  complète.  Il  est  fort  enfoncé  dans  la  cour, 
c'est  tout  dit;  Et  la  cour,  comme  on  sait,  ne  tient 
pas  pour  l'esprit,  mol.  Femm.  sav.  iv,  3.  Sur  l'ar- 
gent, c'est  tout  dire,  on  est  déjà  d'accord;  Ton  beau- 
père  futur  vide  son  coffre-fort,  boil.  Sat.  x.  Qui  dit 
Sillery  dit  tout;  Peu  de  gens  en  leur  estime  Lui  re- 
fusent le  haut  bout,  la  font.  Fabl.  viii,  43.  Il  Cela 
est  bientôt  dit,  se  dit,  par  antiphrase,  d'une  chose 
difficile,  ou  sur  l.iquelle  on  conserve  des  doutes 
Vous  parlez  de  trouver  d'ici  à  ce  soir  dix  mille  francs; 
cela  est  bientjt  dit.  On  a,  dites-vous,  perdu  les 
bonnes  épigrammes  grecques;  cela  est  bientôt  dit; 
mais  qu'est-ce  qui  le  prouve?  ||  C'est  beaucoup  dire, 
c'est  poser  une  limite  extrême  qui  probablemenl 
ne  sera  pas  atteinte.  Posons  le  cas  que  vous  ayez 
tout  le  bien  qu'il  faudrait,  et  c'est  beaucoup  dire, 
HAMiLT.  Cramm.  7.  ||  22°  Cela  vous  plaît  à  dire, 
exprime  que  l'on  ne  convient  pas  de  ce  qui  vient 
d'être  dit,  ou  sert  à  énoncer  un  refus.  i|  23°  Cela  va 
sans  dire;  il  va  sans  dire  que....  Cela  va  de  soi  et 
est  si  naturel  qu'il  n'est  pas  besoin  d'en  parler,  de 
le  stipuler.  Cela  va  sans  dire.  sÉv.  loo.  ||  24°  U  n'y  a 
pas  à  dire,  c'est-à-dire  l'affaire  est  décidée,  il  n'y  a 
pas  d'observations  à  faire,  il  n'y  a  pas  à  revenir  là- 
dessus.  Il  On  dit  de  même  :  il  a  beau  dire.  Celle  der- 
nière femme  eut  beau  faire,  eut  beau  dire:  Moi 
devine  1  on  se  moque:  eh!  messieurs,  sais-je  lire? 
....Point  de  raisons;  fallut  deviner  et  prédire,  LA  font. 
Fabl.  vil,  (8.  Il  25°  Cela  soit  dit  en  passant,  ou  soit 
dit  en  passant,  exprime  qu'on  mentionne  seulement 
une  chose  à  propos  d'une  autre,  ou  qu'on  fait  quel- 
que légère  plainte,  quelque  léger  reproche  en  peu 
de  mots.  |!  26°  Ce  qui  est  diiestdil.  c'est-à-dire  la  pa- 
role donnée  sera  tenue Va,  tranquillise-toi;  Ce  que 

j'ai  dit  est  dit;  repose-toi  surmui,  REGNABn,  Ugat. 
I,  2.  Il  Voilà  qui  est  dit,  locution  dont  on  se  sert  pour 
affirmer  qu'une  chose  est  convenue,  entendue.  ||  Je 
ne  vous  dis  que  cela,  locution  qui.  suivant  le  ion, 
exprime  dévouement  ou  menace.  Mon  ami,  dès  qu'il 
s'agit  de  ton  repos....  je  ne  te  dis  que  cela;  tu  dois  me 
connaître.  Si  vous  y  revenez....  je  ne  vous  dis  que 
cela.  Il  Prenez  que  je  n'ai  rien  dit,  locution  qui  an- 
nuli>  g-'elque  chose  qu'on  a  dit.  C'était  dans  voire  in- 
térêt; mais,  si  cela  vous  contrarie,  prenezque  je  n'ai 
rien  i''.l.  \\  C'est  moi  qui  vous  le  dis,  sorte  d'affirma- 
tion très-familière.  Et  laisse  venir  demain;  tu  verras 
comme  il  sera  fait  ;  c'est  moi  qui  te  le  dis,  Marivaux, 
Marianne,  il.  ||27°  F.iniilièremenl.  S'il  vient  à  bout 
de  son  entreprise,  je  Tirai  dire  à  Rome,  locution  dont 
on  se  sert  pour  exprimer  qu'on  regarde  la  chose 
comme  impossible.  Créqui  prétend  qu'Oresie  est  un 
pauvre  homme.  Qu'il  soutient  mal  le  rang  d'ambas- 
sadeur; Et  Créqui  de  ce  lang  connaît  bien  la  splen- 
deur; Si  quelqu'un  l'entend  mieux,  je  l'irti  dire  à 
Rome,  RACINE,  Épigr.  contre  Créqui  qui  avait  cri- 
tiqué Andromaque.  \\  28°  S'il  ne  dit  mol,  il  n'en  pense 
pas  moins,  c'est-à-dire  il  éccute  en  silence  cl  fait 
ses  réflexions,  ou  bien  il  se  tait,  mais  il  est  mécon- 
tent. Il  29°  X  qui  le  dis-tu?  à  qui  le  dites-vous?  lo- 
cution qui  exprime  que  celui  qui  parle  sait,  con- 
naît, a  éprouié  aussi  bien  que  qui  que  soit  ce  dont 
il  s'agit.  Il  est  difficile  de  faire  son  chemin;  à  qui  le 
dites-vous  îli  30°  Comme  qui  dirait,  locution  fanii- 
liére  qui  siguifie  une  sorte  de.  Sa  coiffure  attira  not 


regards,  c'était  comme  qui  dirait  un  turban  (voy. 
l'explication  de  cette  locution  à  comme).  ||  31°  Se 
dire.  v.  réfl.  Se  donner,  se  faire  passer  pour.  11  se  dit 
YOlre  parent.  Se  dire  malade.  Ces  perfides  tous  deux 
se  sont  dits  aujourd'hui  Et  subornés  par  vous  et  su- 
bornés par  lui.  CORN.  Mcom.  m,  8.  Kt  de  quel  droit 
.se  diraient-ils  héros,  s'ils  n'étaient  point  amoureux? 
n'est-ce  pas  l'amour  qui  fait  aujounl'hui  la  vertu 
héroïque?  boil.  Héros  de  romans.  ||  Se  dire,  être  dit. 
Cela  se  dit  partout.  Cotte  phrase  se  dit  très-bien.  La 
première  et  principale  cause  pourquoi  on  n'a  pu 
entendre  assez  clairement  aucune  des  choses  qui  se 
sont  dites  de  Dieu  et  del'ftme,  desc.  Kép.  ii,  4.  Il  y 
a  un  certain  nombre  de  phrases  toutes  faites  que  l'on 
prend  comme  dans  un  magasin  ;  bien  qu'elles'  se 
disent  souvent  sans  affectation  et  qu'elles  soient  re- 
çues sans  connaissance,  il  n'est  pas  permis  de  les 
omettre,  la  bruy.  viii.  ||  Soi-<lisant,  voy.  soi-disant. 
Il  Proverbes.  Quand  les  mots  sont  dits,  l'eau  bé- 
nite est  faiie,  se  dit  des  marchés  qui  sont  conclus. 
Il  Oui  dit  tout  n'excepte  rien.  ||  Qui  ne  dit  mot  con- 
sent, c'est-à-dire  le  silence  est  pris  pour  l'acquies- 
cement. 

—  REM.  1.  Die,  pour  dise,  au  subjonctif  est  un  ar- 
cha'isme.  Non,  je  croyais  tout  d'elle,  il  faut  que  je 
le  die,  bégnier,  Êlég.  m.  Pourquoi,  h  votre  avis, 
tant  de  périls  et  tant  de  combas?  vous  plalt-il,  ma- 
dame, que  je  vous  le  die?  bai.z.  De  la  gloire.  Ils 
n'ont  pas  besoin  que  je  leur  die  rien  davantage, 
DESC.  ilélh.  Cl.  Enc'jre  qu'on  die  que  la  foi  a  pour 
objet  des  choses  obscures,  ii).  Ur'p.  ii,  36.  Mais  en- 
core une  fois  souffrez  que  je  vous  die,  corn.  Cin- 
na,  I,  1.  Votre  ardeur  vous  séduit,  mais  quoi  qu'elle 
vous  die....  ID.  J'oly.v,  4.  Ah!  ce  n'est  pas  ces  soins 
que  je  veux  qu'on  me  die,  ID.  Pomp.  v,  a.  Veux-tu 
que  je  te  die?  une  atteinte  secrète  Ne  laisse  point 
mon  âme  en  une  bonne  assiette,  ttOL.  le  Dép.  I,  i. 
Ah!  souffrez  que  je  die,  Valère,  que  le  coeur  qui  vous 
est  engagé....  ID.  ib.  v,  9.  Faites-la  sortir,  quoiqu'on 
die,  De  votre  riche  a|)partement,  ID.  Fetiim.  sav. 
m,  2.  Gardez-vous....  d'ouvrir....  que  l'on  ne  vous 
die....  LA  FONT.  Fabl.  iv,  ts rois  et  dieux  met- 
tent, quoi  qu'on  leur  die,  Tout  en  même  catégorie, 
ID.  ib.  v,  18.  Et  puisqu'il  faut  que  je  le  die,  Rien  où 
l'on  soit  moins  préparé.  id.  ib.  viii,  t.  Quiconque 
aime  le  die  !  m.  Court.  Mais,  quoi  que  je  craignisse, 
il  faut  q\ie  je  le  die,  rac.  Bérén.  v,  6.  Cet  archaïsme, 
ainsi  autorisé,  peut  encore  être  conservé  dans  la 
poé.sie.  Il  2.  Direde,  avec  un  infinitif,  signifiant  com- 
mander, ordonner,  sont  signalés  par  Vaugelas  et  Th. 
Corneille  comme  un  gasconisme  qu'd  fall.dtéviter.Ce- 
pendant.dès  le  tem|)s  de  ces  puristes,  cette  locution 
était  employée  par  les  meilleurs  auteurs,  et  elle  est 
restée  en  plein  usage.  X  cette  époque,  l'Académie 
ne  l'approuvait  qu'avec  hésitation:  «Comme  c'est 
bien  parler  que  de  dire:  Il  lui  ordonna  d'aller,  11  le 
pria  de  faire,  l'u.sage  semble  avoir  permis  de  dire: 
Il  lui  dit  d'aller.  Il  lui  dit  de  faire,  Acad.-  Observ. 
sur  Vaugelas, p.  308.  »  ||  3.  La  deuxième  personne 
plurielle  rous  dites  représente  la  forme  latine  dici- 
tis,  avec  l'accent  sur  la  première  syllabe. 

—  HIST.  X' s.  E  si  distrent,  Fragment  de  Valen- 
ciennes,  p.  467.  Si  cum  dist  e  le  [en  le]  evangelio 
lieu  de  avant  dist,  ib.  p.  469. 

—  XI'  s.  Hom  qui  plaide  en  curt,  à  qui  curt  que 
çoseit.fi  hom  11  mette  sur  qu'il  ait  dit  chose....  Lois 
de  Guill.  28.  Dis  e  set  ans,  n'en  fut  nient  à  dire 
[il  n'y  en  a  rien  à  dire,  à  rabattre],  Penatsun  cors 
et  damne  Deu  servise,  St  Alexis,  xxxiii.  Et  dist  au 
roi  :  or  ne  vous  esmaiez,  Ch.  de  Hol.  m.  Dient 
paien  :  ainsi  peut-il  bien  estre,  ib.  iv.  Respondent 
Franc  :  Ske,  vous  dites  bien,  ib.  clxxvii. 

—  xirs.  Qu'après  nos  mors  n'en  soit  dit  negun  [nul] 
mal,  iionc.  p.  49.  [X]  mon  seigneur  dites  qu'il  me 
viegne  venir,  ib.  p.  (22.  S'uns  autres  homs  deïst  tel 
legerie,  ib.  p.  I08.  I.i  cuiverz  [le  pervers]  ne  dit 
mot,  l'ame  s'en  est  alée,  ib.  p.  (ou.  Ne  tout  [je]  ne 
cel  [cèle]  mon  cuer,  ne  tout  [je]  nel  [ne  le]  di, 
Couei,  vil.  Je  ne  di  pas  que  je  fasse  folage,  ib.  xix. 
As  fins  amans  proi  [je  prie]  qu'il  dient  le  voir  [la 
vérité],  ib.  xx.  Et  quant  uns  sens  [un  seul]  en  re- 
manoit  de  ça  [n'allait  pas  à  la  croisade] ,  Il  [Que- 
ues] lui  disoit  et  honte  et  reprouvier,  hues  d'oisi, 
Romancero,  p.  (04.  [Je]  N'en  oi  [ouis]  nului  parler, 
qui  moult  de  bien  n'en  die,  Sax.  vu.  Si  diromes  de 
Cliarle,  qui  tant  fait  à  louer,  ib.  xui.  Puis  lui  dites 
coment  Guiteclins  de  Sassogne  envers  nous  entre- 
prent,  ib.  xxi. 

—  xiii'  s.  Si  vous  dirons  des  pèlerins  dont  grant 
partie  estoit  jà  venue  en  Venise,  villeh.  xxxi.  Et 
dient  cil  qui  morir  le  virent,  que  ce  fu  uns  des 
homes  du  monde  qui  plus  bêle  fin  fist,  ID.  xxiii. 
Daine,   ce  dist  Pépins,  ou  ne  doit   pas  douter.... 


DIR 

Berle,  m.  De  ce  ne  vous  ert  [sera]  ore  nuls  Ions  ra- 
contes dis,  ib.  V.  Quant  la  messe  fut  dite,  ib.  x.  En 
son  lit  en  séant  [elle]  prist  ses  heures  à  dire,  ib. 
xiv.  Qu'ele  ne  deïst  mot  ne  que  n'osast  noiser,  ib. 
xnc.  D'eus  [je]  lairrai  à  piirler,  n'en  dirai  ore  plus, 
ib.  xxiv.  Forment  se  repeiit  Berte  que  son  nom  |  elle] 
leur  a  dit,  ib.  lui.  Laissez  tout  ce  aljr,  n'en  soit 
parole  dite,  ib.  Liv.  Sans  les  autres  richesses  que  je 
ne  sai  conter,  Qu'à  peine  les  peut-on  ne  dire  ne 
esmer  [estimer],  ib.  xcvii.  Car  [elle]  sait  bien  que 
c'est  ele  [Berle]  ....  Li  cuers  lui  dit,  pour  voir  bien 
l'en  asseûra,  i6.  cxxii.  A  peine  [elle]  put  mot  dire, 
tant  li  cuers  lui  failli,  ib.  cxxvu.  Dist  li  vilain  : 
I  Par  saint  Marcel,  Ta  pel  ert  mise  en  mon  mantel.  » 
Mes  moult  a  entre  dire  et  fere;  Qar  Renart  li  fera 
conirere,  lien.  78SB.  Maintes  gens  disent  que  en 
songes  N'a  .se  fables  non  et  mençonges,  la  Rose,  l. 
D'omroe  tra'istre  g'en  di  fi;  Puisqu'il  n'a  foi,  point 

ne  m'i  fi,  ib.  7807 Il  le  secorra  Detretout  quan- 

ques  il  porra.  Plus  liés  [joyeux]  du  faire,  au  dire 

voir.  Que   ses    amis  du  recevoir,  ib.  ilM or 

dis-tu  que  sage,  ib.  10421.  Au  voir  dire  [à  vrai 
dire],  ib.  J7465.  Qui  droitement  veut  apeler,  il  doit 
dire  ainsi,  se  c'est  por  murdre  :  Sire,  je  di  sor  tel, 
et  le  doit  nommer,  qu'il  malvesement....  beaum. 
LXi,  3.  Nus  lais  [legs]  ne  vaut  s'il  n'est  fes  de  per- 
sone  qui  soit  en  bon  sens  et  en  bonne  memore,  et 
s'il  ne  le  dit  de  se  [sa]  bouche,  m.  xxi,  8.  Le  pris 
qui  est  en  leur  chevalerie  si  est  tel,  que  quant  il 
sont  si  preus  et  si  riches  que  il  n'i  ait  que  dire.... 
JOINV.  235.  Et  li  [au  comte  de  Monfort]  distrent  que 
il  venist  veoir  le  cors  nostre  Seigneur  qui  estoit  de- 
venuz  en  sanc  et  en  char  entre  les  mains  au  pros- 
tré, ID.  1 98.  Sire,  se  vous  ne  me  lessiez  dire  que  vous 
soies  cousin  au  roy,  l'en  vous  occirra  touz  et  nous 
avec,  ID.  240.  El  pour  ce  se  doit  on  garder  et  en  tele 
manière  defi'endre  de  cest  agait,  que  en  die  à  l'en- 
nemi [au  démon]  quant  il  envoie  tele  temptacion  ; 
va  t'en,  id.  i97.  Bien  est,  ki  dit,  s'il  est  ki  fait,  pii. 

MOL'SKES,    ms.   p.  200,  dans  LACURNE. 

—  XIV"  s.  Il  est  voir  [vrai]  disant  et  véritable, 
ORESME,  Elh.  J24.  11  avienl  aucune  fois  que  par  sus- 
picion et  par  opinion  l'en  dit  faulz,  m.  ib.  173. 

—  xv°  s.  Et  (messire  Galéas]  avoit  telle  grâce  de 
tontes  gens  en  Lombardieque  chacun  l'aimoit  et  di- 
soit bien  de  lui;  ....  et  toutes  gens  disoient  mal  et 
se  plaipnoient  couvertement  do  messire  Barnabo, 
FROiss.  II,  II,  226.  [Les  cardinaux]  distrent  et  ima- 
ginèrent que  il  ne  leur  ferait  jà  bien  [Urbain  VI],  et 
que  il  n'estoit  pas  digne  de  gouverner  le  momie, 
ID.  n.  H,  48.  En  lisant  nul  n'osoit  parler  ni  mot 
dire,  car  il  vouloit  que  je  fusse  bien  entendu,  id. 
II,  III,  <3.  Et  arriva  à  un  port  que  on  dit  Cepsée 
(Chertsey  en  CornouailleJ,  id,  i,  i,  (52.  Et  me- 
noient  ma  dite  dame  d'Orléans  messire  Jaquemesde 
Bourbon  et  messire  Philippe  d'Artois,  id.  m,  iv,  t. 
Vous  Tarez,  puisque  jel'ay  dit,  la  Pass.  N.  S.  J.  C. 
Afin  que  ils  ne  s'en  poussent  excuser  et  que  plus 
ne  sceussent  que  dire....  Boueic.  i,  ch.  M.  La  plus 
belle  compagnie  qu'on  sçauroit  dire,  comm.  viii,  7. 
Je  vous  prie  que  vous  me  diez  oiije  pourrai  parler 
à  vous  à  part,  louis  xi,  No\iv.  xlvi. 

—  XVI'  s.  Ce  dire  de  S.  Pierre  a  tousjours  esté 
vray  que...,CALViN,  Instit.  327.  L'aage  me  condui- 
soit  Sans  peur,  ne  soin,  où  le  cœur  me  disoit,  mx- 
ROT,  1,  210.  Et  croyez  à  mon  dire,  Ô  charité,  ô  bonté 

indicible!  ID.  i,  265 Pour  vous  certes,  je  treuve 

Facile  chose  à  faire  un  impossible,  Et  fort  aisée  à 

dire  un  indicible,  id.  i,  359 Quand  tout  est  dit 

[après  tout],  en  tous  les  lieux  Où  je  voulois  tourner 
les  yeux,  Tout  me  rioit....  id.  iv,  (81.  Vous  savés 
combien  vostre  paine  est  nécessaire  aux  affaires 
dont  vous  portés  le  faix,  et  où  vos  amis  vous  trou- 
vent bien  à  dire,  maro.  Lett.  64.  Il  n'y  a  nulle  raison 
en  leur  affaire,  j'espère  les  trouver  bien  toust;  je 
croy  que  leur  diray  leurs  vérités,  id.  ib  (14.  Il  vous 
treuve  tant  à  dire  que  vous  diriés  qu'il  est  tout  seul, 
m.  ib.  (22.  Monseigneur,  quant  tout  est  dit  [après 
tout],  mon  principal  souci  est  do  votre  santé,  id. 
ib.  24.  C'est  à  dire  que  les  painctres  ont  la  liberté 
de  paindre  ce  qu'ilz  veulent,  rab.  Pant.  n,  5.  Vun- 
tecbrist  est  desjà  né,  ce  m'a  l'on  dict,  id.  t'b.  m,  26. 
Si  nous  avions  à  dire  l'intelligence  des  sons  de  l'Iiar- 
monie  et  de  la  voix,  cela  apporteroit  une  confusion 
inimaginable  à  tout  le  reste  de  nostre  science, 
MONT.  II,  359.  Que  .sait-on  si....  plusieurs  etiects 
des  animaux  qui  excédent  nostre  capacité  sont  pro- 
duits par  la  faculté  de  quelque  sens  que  nous  ayons 
à  dire....  id.  ii,  368.  Si  on  veult  dire  [exprimer] 
qu'un  homme  n'a  point  de  sens,  id.  i,  33.  H  disoit 
mieulx  [parlait]  sans  y  avoir  pensé,  id.  i,  4(.  Cyrus 
s'estant  enquis  que  c'estoit  à  dire  [de  ce  que  cela 
voulait  dire],  id.  i,65.II  falloit  raisonner  leur  dire 


DIR 


1173 


[en  donner  les  raisons],  m.  I,  5).  Ce  qu'il  y  a  à 
dire  [la  difl'érence]  entre  la  licence  et  la  liberté,  id. 
I,  (72.  Aprez  qu  il  les  eust  bien  laissez  dire,  il  res- 
pondit....  m.  I,  (89.  Il  y  a  bien  à  dire  (pie  ce  ne 
soit  le  mieulx  qu'il  peust  faire,  id.  i,  206.  Callicles 
dict  l'extrémité  de  la  philosophie  estre  dommagea- 
ble, ID.  I,  224.  J'aurois  prins  une  voye  plus  natu- 
relle, qui  est  à  dire,  vraye....  ID.  i,  228.  Si  vous 
dictes  :  il  fait  beau  temps,  et  que  vous  di.ssiez  vé- 
rité.... ID.  II,  205.  En  se  deshabillant,  il  trouva  à 
dire  sa  chaîne,  yver,  b30.  Le  dire  de  Thucidides 
s'accorde  mieux  avec  les  chroniques,  amyot, 
Thém.  48.  Il  commanda  que  les  autres  par  ordre 
dissent  consécutivement  leurs  advis,  id.  Cam.  65 
Il  n'y  avoit  capitaine  qui  eust  osé  dire  de  non  aux 
soudards  qui  en  demandoient  le  pillage,  id.  Mar- 
cell.  28.  Je  suis  marry  qu'il  faut  que  je  vous  die, 
que....  id.  Arist.  (0.  Antigonus  le  comparoit  à  un 
joueur  de  dez,  à  qui  les  dez  disent  fort  bien,  mais 
qui  ne  se  sçait  .servir  des  chances  qui  biy  viennent, 
id.  Pi/rrh.  57.  Qu'il  se  tcinst  tousjours  auprès  de 
son  armée  de  mer,  à  fin  que  si  la  fortune  luy  disoit 
mal  sur  terre,  il  eust  incontinent  les  forces  de  la 
marine  toutes  prestes  pour....  id.  Pomp.  un.  Il  ren- 
contra par  cas  d'adveiiture  Gœsylus  lacedaemonien, 
soy  disant  estre  envoyé  de  Lacedœmone,  id.  Dion ,  62. 
Quant  à  cela,  il  n'y  a  personne  qui  die  du  contraire, 
ID.  Brutus,  (.  La  mémoire  de  cette  bataille  qui  es- 
toit  encore  récente,  d'autant  qu'il  n'y  avoit  pas  cinq 
ans  à  dire,  les  avoit  ainsi  enflammez,  carloix,  i,  3. 
Cent  ou  six-vingts  picqueurs,  qui  avec  leurs  trompes 
disoient  la  mort  du  ceif,  id.  iv,  (2.  Dire  d'un  et 
penser  d'autre,  ii.  est.  Apol.  d'Hérodote,  p.  26, 
dans  LACURNE.  Qui  dit  ce  qu'il  sçait  et  donne  ce  qu'il 
a  n'est  pas  tenu  à  davantage,  leroux  de  lincy,  Proï. 
t.  II,  p.  (27. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dir,  dire;  catal.  dir ;  espagn. 
decir;  portug.  dizer ;  ital.  dire;  du  latin  dicere. 
Comp.  le  grec  5£Îxvu|j.i,  montrer,  goth.  taiha,  al- 
lem.  zeigen,  montrer;  mots  où  est  le  radical  iden- 
tique dir.,  deik,  taih. 

2.  DIRE  (di-r'),  s.  m.  ||  1°  Ce  qu'on  dit,  ce  qu'on 
avance,  ce  qu'on  déclare.  Le  dire  des  témoins.  Leurs 
dires  ne  sont  pas  concordants.  Les  armes  en  la  main, 
[vous]  .soutiendrez  voire  dire,  gahnier,  Bradamanle, 
IV,  4.  Sitôt  que  cette  nymphe  en  son  dire  enfiam- 
mée,  RÉGNIER,  Épit.  i.  Font  que  mourir  et  vivre  à 
leur  dire  n'est  qu'un ,  m.  Sat.  vi.  Et  chacun  en  son 
dire  [à  l'entendre]  a  droit  en  sa  requête,  id.  Sat.  ii. 
X  leur  dire,  c'étaient  des  gens  qui  voulaient  périr, 
BALZ.  Socrate,  Disc.  3.  Suivant  le  dire  d'un  ancien, 
MOL.  l'Av.  III,  5.  Tous  les  gens  querelleurs,  jus- 
qu'aux moindres  matins,  Au  dire  de  chacun  étaient 
de  petits  saints,  la  font.  Fabl.  vu,  (.  Au  dire  du 
proverbe  ancien  L'amitié  ne  remonte  guère;  Boa 
petit-fils,  je  n'en  crois  rien  Quand  je  pense  à  vous, 
ma  grand'mère,  bérang.  B.  maman.  ||  Au  dire  des 
experts,  selon  leur  avis.  ||  A  dire  d'experts,  en  vertu 
d'une  estimation  d'experts;  et  fig.  avec  force,  sans 
retenue.  Mentir  à  dire  d'experts.  ||  2°  Terme  de  pra- 
tique. Pièce  signifiée  d'avoué  à  avoué  et  renfermant 
les  moyens  et  réponses  des  parties.  ||  Toutes  obser- 
vations faites  sur  un  procès-verbal  ou  sur  un  cahier 
des  charges.  ||  3°  Le  bien-dire,  voy.  dire  ( ,  à  la  Ra 
du  n'  3. 

—  HIST.  Voy.  l'historique  de  dire  ( . 

DIRECT,  ECTE  (di-rèkt,  rè-kt';  au  pluriel  mas- 
culin Vs  ne  se  lie  jamais  :  des  avis  di-rekt'  et  pres- 
sants; la  prononciation  de  la  finale  et,  cis,  au  mas- 
culin singulier  ou  pluriel  est  mal  assurée;  on  entend 
quelquefois  prononcer  di-rè,  comme  plusieurs  pro- 
noncent rè-spè,  respect;  ce  qui  est  plus  doux  et 
plus  analogique  (voy.  respect),  adj.  ||  1°  Qui  est  en 
ligne  droite.  Roule  directe.  Mouvement  direct, 
Voiedirecte.  ||  En  lignedirecte,  sans  détour.  ||  Train 
direct,  celui  dans  lequel  on  se  rend  à  destination 
sans  changer  de  wagon.  ||  Terme  d'astronomie.  Les 
planètes  sont  directes,  quand  elles  paraissent  se 
mouvoir  vers  l'orient,  en  suivant  l'ordre  des  signes 
du  zodiaque.  ||  ferme  de  marine.  Pointage  ou  tir 
direct,  celui  dans  lequel  la  pièce  est  au  milieu  du 
sabord.  Ordre  direct  ou  naturel,  celui  dans  lequel 
chaque  vaisseau  d'une  armée  suil  le  vaisseau  qui  a 
été  désigné  comme  son  matelot  d'avant.  |{  2'  Par 
extension,  sans  intermédiaire,  immédiat.  Corres- 
pondance, communication,  action  directe.  ||  Fig  At- 
taque directe,  argument  direct,  attaque,  argument 
qui  va  droit  à  la  peraoïine,  à  la  chose.  ||  3°  Formel 
Preuve  directe.  Être  en  confadiction,  eu  opposi- 
tion directe  avec  queliju'un.  ||  4°  Terme  de  jurispru» 
dence.  Ligne  directe,  suite  des  degrés  de  parenté 
entre  des  personnes  qui  descendent  l'une  de  l'autre. 
Héritier  direct,  héritier  non  collatéral.  ||  Terme  da 


1174 


DIR 


féodalité.  Setgneur  direct,  le  seigneur  de  qui  une 
terre  relève  iramédialomcnt.  Seigneurie  directe, 
droits  d'un  seigneur  sur  une  terre  qui  relève  imm6- 
diaiement  de  lui.  H  6'  Terme  de  grammaire.  Ordre 
direct,  conslrudion  directe,  ordre,  construction  des 
mot»  selon  leur  ordre  analytique  :  sujet,  verbe,  attri- 
but. ,  Complément  ou  régime  direct,  celui  qui  com- 
plète'la  «ignilication  du  verbe  sans  le  secours  d'au- 
cune préposition;  exemple:  j"aime  mon  père.  ||  Mode 
direct,  l'indicatif.  ||  Dans  les  langues  classiques,  cas 
dirocis,  le  nominatif  et  l'accusatif.  ||  Discours  direct, 
discours  où  l'on  parle  à  la  première  personne.  ||  Ha- 
rangue directe,  celle  que,  dans  une  histoire,  l'histo- 
rien met  dans  la  bouche  du  personnage,  à  la  première 
personne.  ||  6° Terme  delogique.  Proposition  directe, 
toute  proposition  considérée  par  opposition  à  la 
proposition  inverse  (|ui  est  celle  qui  résulte  du  ren- 
versiîment  dos  termes.  ||  7°  Terme  de  mathématique. 
La  raison  directe  de  deux  quantités,  le  rapport  de  la 
première  quantité  à  la  seconde,  dans  l'ordre  môme 
où  elles  sont  énoncées.  |{  8°  Terme  de  musique. 
Intervalle  direct,  celui  que  l'on  compte  en  montant 
à  partir  de  la  busse.  Ut  sol  est  une  quinte,  parce 
qu'il  y  a  cinq  degrés  nt,  ré,  mi,  fa,  sol.  11  se  dit 
par  opposition  à  l'intervalle  renversé,  qui  a  lieu 
quand  on  transporte  la  note  aigu5  au  grave,  ou  ré- 
ciproquement la  note  grave  àl'aigu  :  soi  «(.  Il  L'accord 
direct,  l'accord  qui  a  le  son  fondamental  au  grave, 
et  dont  les  parties  sont  distribuées  selon  leur  ordre 
le  plus  rapproché,  ut  mi  sol.  Il  se  dit  de  même  par 
opposition  à  l'accord  renversé,  mi  soi  ut,  sol  ut  mi. 
Il  Mouvement  direct  ou  semblable,  celui  que  foifl 
deux  parties  qui  montent  ou  descendent  en  même 
temps. 

—  ÉTYM.  Lat.  direclus,  part,  passif  de  dirigere 
(voy.  diriger)  ;  provenç.  direct;  espagn.  directo;  ital. 
dirello. 

DIRECTE  (di-r6-kt'),  s.  f.  Terme  de  féodalité. 
Droit  d'un  seigneur  sur  le  fonds  qui  relevait  de  lui 
en  fief  ou  en  censive,  et  du  bailleur  à  emphytéose 
sur  le  fonds  emphytéotique.  Une  terre  en  directe 
de  tel  seigneur  est  celle  qui  lui  doit  les  lods  et  vente. 

—  HIST.  xvi'  s.  Le  cens  et  la  directe  son",  aussi 
imprescriptibles,  loïsel,  736. 

—  ÉTYM.  Direct. 

DIRECTEMENT  (di-rè-kte-man) ,  adv.  \\  1°  En 
droite  ligne,  tout  droit.  Les  deux  pôles  sont  directe- 
ment opposés.  Il  Directement  en  face,  tout  à  fait  vis- 
à-vis.  Il  Fig.  Cela  est  directement  opposé,  contraire 
à  vos  vues.  Ces  deux  hommes  sont  directement  op- 
posés. Ne  commettre  aucun  désordre,  et  ne  faire 
aucune  action  qui  tende  directement  ou  indirecte- 
ment à  violer  cette  paix  et  amitié,  volt.  Char- 
les Xl[,  0.  Il  2°  D'une  manière  directe,  sans  détour. 
Aller  directement  à  .son  but.  Je  vais  me  rendre 
directement  i  Paris.  Le  soleil  darde  directement  ses 
-a/ons  sur  la  place.  ||  3"  Sans  intermédiaire,  sans 
entremise.  Il  s'est  adressé  directement  au  roi.  Cor- 
respondre directement  avec  le  ministre. 

—  IIlST.  xvi'  s.  Et  directement  contre  mes  pre- 
miers exemples,  mont,  i,  4.  C'est  une  umbre  qui 
tumbe  sur  le  corps  de  la  lune,  à  cause  que  la  terre 
se  treuve  directement  entre  elle  et  le  soleil,  amyot, 
Dion,  29. 

—  ETYM.  Directe,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  di- 
rectnmenl;  espagn.  directamenle ;  \U\.direttamente. 

DIRECTEUR ,  TRICE  (di  -  ré  -  kteur ,  ktri-s') ,  s.  m. 
et  f.  Il  1°  Colui,celle  qui  dirige.  ||  Celui  qui  dirige  une 
administr.'^tion,  une  exploitation,  une  entreprise. 
Le  directeur  d'une  compagnie,  d'une  usine.  Le  di- 
recteur d'un  théâtre.  ||  Fonctionnaire  chargé  d'exer- 
cer en  chef  des  fonctions  de  surveillance  sur  une 
branche  de  l'administration  publique.  Ahl  combien 
de  cousins,  d'oncles  et  de  maris  j'ai  faits  directeurs 
enmaviel  j'en  ai  envoyé  jusqu'en  Canada,  lesage. 
Turc.  Il,  3.  Il  Directeur  général,  celui  qui  dirige  uu 
service  public  avec  plusieurs  directeurs  sous  ses 
ordres  ou  agents  ayant  un  autre  titre.  Le  directeur 
général  des  postes.  {|  Dans  le  ministère  de  la  ma- 
rine, nom  des  chefs  de  division.  ||  Directrice  de 
poste,  femme  qui  est  préposée  à  un  bureau  de 
poste.  Il  Directeur  du  jury,  magistrat  chargé  de 
diriger  les  opérations  du  jury  d'accusation.  ||  2*  Le 
directeur  do  l'Académie  française,  son  président. 
Il  II  se  dit  aussi  d'autres  compagnies  littéraires  ou 
savantes.  André  Sigismond  Margraaf,  directeur  de 
la  cla.sse  de  (ihilosophie  expérimentale  dans  l'Aca- 
démie de  lierlin,  conborcet,  Iforffroa/'.  ||  Titre  des 
chefs  de  certains  collèges,  Rollin,  Ste-Barbe.  par 
exemple.  Le  directeur  d'une  maison  d'éducation, 
i;  8"  Directeur  do  conscience, ou,  simplement, direc- 
teur, ecclésiastique  qui  dirige  la  conscience  d'une 
personne.  Consulter  son  directeur.   Chercher    un 


DIR 

guide  fidèle,  un  directeur  éclairé  et  désintéressé, 
BouiiDAL.  Serm.  <«•  dim.  après  la  Pentecôte,  Do- 
minic.  t.  iv,  p.  148.  Mais  de  tous  les  mortels, 
grâce  aux  dévotes  Smes,  Nul  n'est  si  bien  soigné 
qu'un  directeur  de  femmes,  BOiL.  Sat.  x.  C'est  ce 
qu'en  vain  le  ciel  voudrait  exiger  d'elle;  Et  peut-il, 
dira-t-elle,  en  effet  l'exiger?  Elle  a  son  directeur, 
c'est  à  lui  d'en  juger,  m.  if;.  J'insiste  et  je  vous  de- 
mande: qu'est-ce  qu'une  femme  que  l'on  dirige?  je 
vous  entends,  c'est  une  femme  qui  a  un  directeur, 
LA  ERUY.  III.  Si  le  confesseur  et  le  directeur  ne  con- 
viennent point  sur  une  règle  de  conduite,  quel  .sera 
le  tiers  qu'une  femme  prendra  pour  surarbitre?  id. 
tî).  Le  capital  pour  une  femme  n'est  pas  d'avoir  un 
directeur,  mais  de  vivre  si  uniment  qu'elle  s'en 
puisse  passer,  id.  ib.  Je  vois  bien  que  cela  seul  a  fait 
imaginer  le  spécieux  et  irrépréhensible  prétexte  du 
soin  des  ftmes,  et  semé  dans  le  monde  cette  pépi- 
nière intarissable  de  directeurs,  id.  m.  ||  Par  ex- 
tension. Je  pourrais  rapporter  des  passages  de  cet 
incomparable  directeur  des  âmes ,  boss.  Or.  s. 
Il  4°  Pendant  la  Révolution,  titre  de  chacun  des  cinq 
membres  du  directoire  exécutif.  |1  B"  Adj.  Comité 
directeur,  comité  qui  dirige. 

HIST.  xvi'  s.  Le  jugement  de  la  raison  doit  es- 

tre  le  directeur  et  le  maistre  du  donner  et  de  la  li- 
béralité gratuite,  non  pas  la  honte  de  refuser,  amyot, 
De  la  mauvaise  honte,  9. 

—  ÉTYM.  Lat.  director,  de  directum,  supin  de  di- 
rigere, diriger. 

t  DIRECTIF,  l'VE  (di-rè-ktif,  kti-v"),  adj.  Oui  a  la 
force,  la  propriété  de  diriger.  Les  princes  ne  sont 
pas  soumis  aux  peines  des  lois;  ou,  comme  parle  la 
théologie,  ils  sont  soumis  aux  lois,  non  quant  à  la 
puissance  coactive,  mais  quant  à  la  puissance  direc- 
tive, BossuET,  Politique,  iv.  i,  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  directum,  supin  .de  dirigere,  diriger. 
DIRECTION    (di-rè-ksion  ;   eii   vers,  de   quatre 

syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  de  diriger.  Il  connaissait 
les  chemins  et  se  chargea  de  la  direction  de  la  troupe. 
Il  prit  en  main  la  direction  des  affaires.  ||  2»  Terme 
de  dévotion.  La  méthode  particulière  que  suivent 
les  gens  d'Église  pour  conduire  les  âmes  dévoles 
dans  la  voie  du  salut;  fonction  d'un  directeur  de 
conscience.  On  se  jetterait  dans  des  embarras  infi- 
nis, si  on  changeait  la  direction  en  dissertation, 
BOSS.  Lett.  ahb.  co.  Souvent  une  mère,  préoccupée 
de  son  directeur,  est  mécontente  de  sa  fille  jusqu'à 
ce  qu'elle  prenne  sa  direction,  et  sa  fille  le  fait  par 
politique  contre  son  goût,  FÉN.t.  xviij  p.  79.  ||  Par 
extension.  Mme  de  Maintenoneut  la  maladie  des  di- 
rections qui  lui  emporta  le  peu  de  liberté  dont  elle 
pouvait  jouir,  st-sim.  4t3,  176.  ||  3°  Terme  de  ca- 
suistique. Action  mentale,  par  laquelle,  dans  un 
acte  douteux  ou  mauvais,  on  dirige  l'intention  vers 
un  côté  qui  n'est  ni  douteux  ni  mauvais.  Pascal  re- 
proche aux  casui-stes  d'effacer  le  péché  de  simonie 
parla  direction  d'intention,  quand,  ne  considérant 
plus  le  trafic  des  choses  saintes,  le  simoniaque  con- 
sidère le  prix  non  comme  le  prix  de  la  chose  vendue, 
mais  comme  le  motif  qui  le  détermine  à  la  trans- 
férer. Pour  vous  faire  voir  l'alliance  que  nos  pères 
ont  faite  des  maximes  de  l'Évangile  avec  celles  du 
monde  par  cette  direction  d'intention,  pasc.  Prov. 
7.  ô  mon  père,  lui  dis-je,  voilà  un  beau  fruit  de  la 
ilirection  d'intention,  m.  ib.  Montrez-moi,  lui  dis- 
je,  avec  toute  cette  direction  d'intention,  qu'il  soit 
permis  de  se  battre  en  duel,  id.  ib.  ||  4°  Administra- 
tion. Sous  la  direction  d'un  tel.  On  lui  a  confié  la 
ilirection  de  cet  établissement.  La  direction  générale 
des  postes.  ||  Fonction  de  directeur.  Je  lui  donnerai 
une  direction  en  province,  lesage,  Tiircar.  ii,  3. 
Il  Ensemble,  réunion  des  directeurs.  ||  Attributions, 
étendue  et  circonscription  d'une  direction.  Cela  n'est 
pas  dans  ma  direction.  ||  Résidence  du  directeur. 
Il  5»  Terme  de  procédure  ancienne.  Régie  que  les 
créanciers  faisaient  par  le  ministère  de  leurs  syn- 
dics ou  directeurs  de  biens  abandonnés  par  le  débi- 
teur. Il  assiste  chaque  jour  à  quelque  assemblée  de 
créanciers,  partout  syndic  de  direction,  la  bruy.  xi. 
Ceux-ci  la  firent  enfermer  comme  foUe  et  firentmet- 
tre  ses  biens  en  direction,  bern.  de  st-p.  Paul  et 
Virginie.  \\  6"  Cté  vers  lequel  une  personne  ou  une 
chose  va,  marche.  Quelle  direction  ont-ils  prise  en 
partant?  Les  grands  fleuves  prennent  leur  direction 
vers  la  mer.  Napoléon  se  dégagea  en  silence  de  l'im- 
mense attirail  qu'il  entraînait  après  lui,  et  s'avança 
sur  la  vieille  route  de  Kalougha;  il  poussa  dans 
cette  direction  pendant  quelques  heures,  annonçant 
qu'il  allait  vaincre  Kutusof  sur  le  champ  môme  de  sa 
victoire,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  ix,  (.  ||Ètre  dans  la 
direction  d'un  objet,  l'avoir  en  face.  ||Fig.  Donner 
une  bonne  direction  à  une  alTaire.  Le  gouvernement 


DIR 

ouvrit  les  yeux  sur  ces  inconvénients,  et  donna  une 
nouvelle  direction  au  commerce  des  pelleteries, 
RAYNAL,  Ilist. pliil.  XV,  10.  Il  Prendre  une  bonne, une 
mauvaise  direction,  se  lancer  dans  la  voie  du  bien  ou 
dans  celle  du  mal.  ||  7°  Côté  vers  lequel  on  dirige  ses 
recherches,  ses  travaux.  Des  essais  dans  une  bonne 
direction.  L'a.5tronome,  réduit  à  spéculer  sur  des 
phénomènes  fugitifs ,  complètement  inaccessibles 
sauf  pour  un  seul  de  ses  sens,  abordables  à  l'obser- 
vation .seule  et  nullement  à  l'expérience,  doit  s'es- 
timer heureux  d'avoir  reconnu  la  direction  où  il  faut 
marcher  pour  arriver  à  la  découverte  de  la  vérité, 
faye.  Comptes  rendus ,  Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  9U. 
Il  8°  Terme  de  mécanique.  Direction  d'une  force, 
droite  suivant  laquelle  elle  tend  à  mouvoir  les  corps 
qui  en  éprouvent  l'action.  ||  Terme  d'astronomie. 
Mouvement  d'une  planète,  suivant  l'ordre  des  signes. 
Il  Terme  de  géologie.  Ligne  que  suit  une  couche  ou 
un  filon  dans  le  sens  de  sa  longueur.  ||  Terme  de 
physique.  Direction  de  l'aimant,  la  propriété  par 
laquelle  il  se  tourne  toujours  vers  les  pôles  de  la 
terre.  || Terme  militaire.  Changement  de  direction, 
opposé  à  changement  de  front,  changement  d'une 
troupe  en  marche.  {|  9°  Terme  d'astrologie.  Calcul 
par  lequel  on  prétendait  trouver  l'explication  de  l'a- 
venir, dans  les  rapports  des  différents  points  du  ciel. 

—  ÉTYM.  Lat.  directionem,  de  directum,  supin 
de  dirigere,  diriger. 

f  DIRECTITE  (di-rè-kti-f),  s.  f.  Terme  de  cou- 
tume employé  pour  directe. 

DIRECTOIRE  (di-rè  ktoi-r'),  s.  m.  ||  1*  Conseil 
chargé  d'une  direction  publique.  Le  directoire  fédé- 
ral de  la  Suisse.  ||  Le  directoire  exécutif  et,  plus 
ordinairement,  le  Directoire  (mais  alors  avec  un  D 
majuscule),  corps  composé  de  cinq  membres  auquel 
la  constitution  de  l'an  III  avait  délégué  le  pouvoir 
exécutif.  Le  Directoire,  établi  par  la  (Convention,  fut 
renversé  par  le  coup  d'Ëlat  du  )8  brumaire  (lO  no- 
vembre 1799),  et  remplacé  par  le  gouvernement 
consulaire.  ||  Directoire  de  département,  de  district, 
administration  collective  du  département,  du  dis- 
trict, de  )790  à  l'an  VIII.  ||  Juridiction  établie  autre- 
fois à  Strasbourg.  ||  2°  Terme  de  liturgie.  Livre  où 
les  offices  de  chaquejoursont-sxactement  marqués, 
avec  les  ornements  et  les  cérémonies  de  l'Église. 
Il  3°  Rùglement  qui  fut  fait  en  1C44,  par  une  a.ssem- 
blée  de  théologiens  anglais,  pour  la  forme  et  la 
nature  des  prières  publiques. 

—  ÉTYM.  Lat.  director,  directeur. 

t  DIRECTORAT  (di-rè-kto-ra),  s.  m.  Fonctions 
de  directeur,  leur  durée.  ||  Fonctions  de  directeur 
de  l'Académie.  Je  me  souviens  d'avoir  ouï  dire  à 
M.  de  Gombaud  que,  sous  son  dircctorat,  messieurs 
de  l'Académie  ayant  opiné  plusieurs  pour  condamner 
une  stance  de  Malherbe.  ...malh.  Édition  deUénage, 
p.  292. 

—  ÉTYM.  Lat.  director,  directeur. 
DIRECTORIAL,  ALE  (di-ri-klo-ri-al ,  a-l"),  adj. 

Oui  appartient  au  Directoire,  qui  en  émane.  Pouvoir 
directorial.  Arrêtés  directoriaux.  ||  Partisan  du  Direc- 
toire. Lesdéputésdirectoriaux,  et^  substantivement, 
les  directoriaux. 

—  ÉTYM.  Lat.  director,  direcleur. 

t  DIRECTRICE  (di-ièktri-s'),  s.  f.  ||l*Voy.  di- 
recteur. Il  2"  Terme  de  géométrie.  Ligne  le  long  de 
laquelle  on  fait  glisser  ou  autour  de  Inquelle  on  fait 
tourner  une  autre  ligne  ou  une  surface,  dan»  la  gé- 
nération d'une  figure  plane  ou  d'un  solide.  La  di- 
rectrice de  la  parabole  est  une  ligne  droite  telle  que 
tous  les  points  de  la  courbe  sont  &  égale  dislance  du 
foyer  et  de  cette  droite. 

—  ÉTYM.  Directeur. 

DIRIGE,  ÉE  (di-ri-jé,  jée),  porf.paiïrf.  Il  !•  Con- 
duit vers,  tourné  vers.  La  route  dirigée  vers  la  ri- 
vière. Ses  regards  dirigés  vers  l'orient.  ||  Fig.  Ou» 
la  loi  soit  droite  et  toujours  dirigée  au  bien  public, 
j.  j.  Houss.  Ori'g.  2.  Ses  travaux,  dirigés  vers  le  bien 
public,  le  montraient  à  ses  compatriotes  comme  un 
citoyen  utile,  condorcet,  Unné.  ||  2°  Qui  reçoit  une 
direction.  Des  fouilles  dirigées  avec  intelligence. 
Une  affaire  bien  dirigée.  Un  jeune  homme  mal  di- 
rigé dans  ses  études.  ||  3°  Qui  est  soumis  à  un  di- 
recteur de  conscience.  Dirigé  par  un  bon  prêtre. 
Il  Substantivement.  'Vous  persuadez  à  vos  dirigés  de 
vous  donner  leur  bieni  volt.  Phil.  ii,  3«9. 

DIRIGEANT,  ANTE  (di-ri-jan,  jan-t'),  adj.  Qui 
a  la  principale  direction.  Minùstre  dirigeant.  Une 
secte  dirigeante.il  Terme  de  médecine.  Métlicament^ 
dirigeants,  ou,  substantivement,  les  dirigeants,  mé- 
diciimenls  auxquels  on  attribuait  la  vertu  de  diriger 
vers  tel  ou  tel  organe  l'action  des  substances  médi- 
cinales auxquelles  on  les  associait. 

DIRIGER  (di-ri-jé.  Le  i;  prend  un  e  devant  a  ou  o: 


ors 


OIS 


DIS 


1175 


je  dirigeai»,  nous  dirigeons) ,  v.  a.  ||  1°  Tourner  d'un 
côt6.  Diriger  ses  regards  sur  un  objet,  ses  pas  vers 
un  endroit.  |1  Fig.  Diriger  son  attention  sur  quelque 
chose.  On  dirigea  des  poursuites  contre  lui.  ||  Fig. 
Son  intérêt  seul  le  dirige.  ||  Diriger  ses  passions,  les 
régler.  Il  î°  Conduire,  administrer.  Diriger  des  tra- 
vaux. Diriger  une  compagnie,  une  maison  d'éduca- 
tion. Il  3°  Diriger  la  conscience  de  quelqu'un,  être 
son  directeur  de  conscience.  Qu'est-ce  qu'une  femme 
que  l'on  dirige?  l\  eruy.  iit.  Je  voudrais  qu'il  me 
fût  permis  de  crier  de  toute  ma  force  à  ces  hommes 
saints  qui  ont  été  autrefois  blessés  des  femmes  : 
Fuyez  les  femmes,  ne  les  dirigez  point,  laissez  à 
d'autres  le  soin  de  leur  salut,  id.  ib.  L'inquisition 
ayant  fait  mettre  Ignace  en  prison  parce  qu'il  diri- 
geait des  dévotes, volt.  ¥œ«rs,  139.  Il  Par  extension. 
Je  me  suis  toujours  repentie  d'avoir  voulu  diriger 
des  femmes;  les  hommes  sont  plus  traitables  et  plus 
dociles,  MAiNTENON,  Lett.  à  Mme  de  Fontenai,  t.  ii, 
p.  467,  dans  POUGENS.  114°  Terme  de  casuistique.  Di- 
riger l'intention,  tourner,  dans  un  acte  mauvais, 
son  intention  vers  ce  qui,  dans  cet  acte,  est  indif- 
foriint,  de  manière  que  le  péché  n'existe  plus.  Vous 
m'avez  assuré  qu'en  dirigeant  bien  son  intention  on 
peut  selon  vos  pères,  pour  conserver  son  honneur 
et  même  son  bien,  accepter  un  duel,  l'offrir  quel- 
quefois, tuer  en  cachette  un  faux  accusiiteur,  pasc. 
Prov.  7.  Notre  grande  méthode  de  diriger  l'inten- 
tion, dont  l'importance  est  telle  dans  notre  morale 
que  j'oserais  quasi  la  comparer  à  la  doctrine  de  la 
probabilité,  id.  ib.  Ainsi, pour  éviter  l'étornelle  mi- 
sère. Le  vrai  zèle  au  chrétien  n'étant  plus  néces- 
saire, Tu  sus,  dirigeant  bien  en  eux  l'intention,  De 
tout  crime  laver  la  coupable  action,  boil.  Sat.  xii. 
Il  5°  Terme  d'astrologie.  Tirer  une  ou  plusieurs  di- 
rections. Il  6°  Se  diriger,  v.  rêjl.  S'avancer  vers.  11 
se  dirigeait  vers  le  château. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  dirxgir;  ital.  di'ri- 
gere,  dedi....  préfixe,  et  le  latin  regere,  régir. 

DIKIMANT,  ANTE  (di-ri-man,  man-t'),  adj. 
Terme  de  droit.  Qui  rend  nul.  Empêchement  diri- 
mant ,  empêchement  qui  emporte  la  nullité  d'un  ma- 
riage. L'Église  a  fini  par  déclarer  empêchements 
dirimants  de  mariage  tous  les  degrés  d'affinité, 
ciiATEAL-B.  Génie,  i,  i,  to.  ||  Par  extension.  Que  plus 
d'une  fois  des  raisons  dirimantes  ont  ou  gêné  les 
vues  de  la  compagnie  ou  repoussé  son  suffrage, 
n'ALEMB.  Acad.  franc,  v,  p.  (02. 

t  DIRIMER  (di-ri-mé),  v.  o.  Régler,  trancher. 
Son  autorité  ne  pouvait  dirimer  les  dillérends  aux- 
quels donnaient  lieu  les  prétentions  opposées,  la- 
MEN.NAis,  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  Lat.  dirimere,  séparer,  partager,  de 
dir  pour  dis....  préfixe,  et  emere,  prendre,  ache- 
ter. 

t  DIRK  (dirk),  s.  m.  Poignard  des  montagnards 
écossais. 

t  DlRnUOMBOÉDRIQnE  (di-rron-bo-é-(lri-k'), 
od/.  Terme  de  minéralogie.  Cristaldirrhomboédrique, 
cristal  produit  par  la  réunion  de  deux  rhomboèdres 
pareils. 

—  ÉTYM.  Al;,  deux,  et  rhomboédriquc. 

■'{  DIRRIIYNOUE  (di-rrin-k'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  deux  becs  ou  deux  suçoirs. 

—  ÉTYM.  A!;,  deux,  et  ^<if/_o-,  bec. 

+  DIUUPTIF,  IVE  (di-ru-pti'f,  pli-v'),  adj.  Terme 
de  pathologie.  Qui  produit  la  rupture.  Carie  den- 
taire diruptive  ,  carie  s'étendant  obliquement  en 
bas  et  laissant  intacte  la  couronne  qui,  à  un  certain 
moment,  se  sépare  par  la  rupture  de  la  racine 
cariée. 

—  ÉTYM.  Di ....  et  le  latin  ruptum,  supin  de  rum- 
pere  (voy.  rompre). 

f  DIS....  préfixe  latin,  devenu  français,  qui  si- 
gnifie écartement,  retranchement,  comme  dans d«s- 
(rahere, distraire.  Il  est  le  même  que  le  préfixe  di...., 
et  les  étymologistes  latins  y  reconnaissent  la  pré- 
position grecque  &ii.  Ce  préfixe  a  quelquefois,  en 
latin  comme  en  français,  le  sens  négatif  :  dissem- 
blable, dissimuler. 

f  DISANT  (di-zan),  adj.  Voy.  bien-disant.  Et 
c'est  aux  mieux  disants  une  témérité  De  parler  où 
le  ciel  discourt  par  tes  oracles,  Et  ne  se  taire  pas 
où  parlent  tes  miracles,  Régnier,  Sat.  i. 

t  DISBRODER  (di-sbrodé) ,  v.  a.  Laver  la  soie 
dans  l'eau,  après  qu'elle  est  sortie  de  la  teinture. 

t  DISBUODURE  (di-sbro-du-r'),  i.  f.  Eau  dans  la- 
quelle on  a  lavé  la  soie  sortant  de  la  teinture. 

DISCALE  (di-ska-1'),  s.  f.  Terme  de  commerce. 
Déchet  dans  le  poids  d'une  marchandise,  par  suite 
de  l'évaporation  de  son  humidité. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  l'ital.  calo,  déchet, de 
calare,  baisser  (vov   caler). 


f  DISCALER  (di-ska-lé) ,  v.  n.  Terme  de  com- 
merce. Perdre  de  son  poids. 

—  ÉTYM.  Discale. 

f  DISCANT  (di-skan) ,  s.  m.  Ancien  terme  de  mu- 
sique. Voy.  DÉCIIANT. 

t  DISCEPTATION  (di-ssè-pta-sion),  s.  f.  Terme 
didactique.  Discussion  de  vive  voix  ou  par  écrit. 

—  IIIST.  XVI"  s.  La  disceptaiion  et  agitation  des 
diverses  et  contraires  ratiocinations  que  la  matière  du 
droict  souffre,  mont,  ii,  24 i. 

—ÉTYM.  Lut.  disceptatio ,  de  dîsccpîare,  discuter, 
de  dis....  préfixe,  et  captare,  prendre  :  prendre  de 
diverses  façons. 

t  DISCERNABLE  (di-sèr-na-bl'),  adj.  Qui  peut 
être  discorné. 

—  ÉTYM.  Discerner;  lat.  discernibilis. 
DISCERNÉ,    ÉE   (d\-sèr-né,    né),    part,   passé. 

Il  1°  Séparé,  mis  àpart.  On  verra  l'innocent  discerné 
du  coupable,  rac.  Esth.  ii,  6.  Abraham,  seul  dis- 
cerné de  tout  le  re,ste  des  hommes,  mass.  Carême, 
Élus.  Il  2°  Reconnu  à  l'aide  de  la  TU3.  Une  petite 
planète  discernée  à  l'aide  d'un  fort  télescope.  ||  3°Me- 
suré  suivant  le  discernement  qu'on  fait  des  person- 
nes ou  des  choses,  Avec  cette  grande  hauteur,  elle 
[la  maréchale  de  Villeroy]  avait  une  grande  poli- 
tesse, noble,  discernée,  qui  est  devenue  si  rare  et 
qui  touches!  fort,  st-sim.  2H,  96. 

DISCERNEMENT  (di-sèr-ne-man),  s.  m.  ||  1°  Ac- 
tion de  séparer,  de  mettre  à  part.  11  enverra  les 
anges  exécuteurs  de  ses  volontés  et  ministres  de  sa 
justice,  pour  faire  le  discernement  des  justes  et  des 
pécheurs,  bourd.  b»  Dim.  après  l'c'piph.  Dominic. 
t.  I,  p.  2)9.  Si  Jésus-Christ  paraissait  dans  ce  tem- 
ple pour  nous  juger,  pour  faire  le  terriMe  discerne- 
ment des  boucs  et  des  brebis,  mass.  Car.  Élus. 
Grand  Dieu  I  et  alors  que  d'oeuvres  sur  lesquelles 
j'avais  compté,  se  trouveront  mortes  à  vos  yeux! 
que  ce  discernement  sera  terrible  I  id.  Avi-nt.  Jitg. 
univ.  Son  honneur  n'entre  pour  rien  dans  le  discer- 
nement que  nous  faisons  des  choses  permises  et  dé- 
fendues, m.  Car.  Fautes  légères.  C'est  un  trait  de 
feu  vif  et  perçant  qui  va  jusque  dans  le  cœur  faire 
en  un  instant  le  discernement  délicat  de  la  passion 
et  de  l'équité,  ID.  Or.  fun.  Villeroy.  \\  2°  Action  de 
discerner,  de  distinguer  les  objets  à  l'aide  de  la  vue. 
  une  telle  distance  le  discernement  des  couleurs 
est  impossible.  ||  3°  Au  moral,  distinction  qu'on  fait 
entre  des  objets.  Ne  vous  exposez  plus  à  ce  torrent 
d'injures.  Qui,  ne  faisant  qu'aigrir  votre  ressenti- 
ment, Vous  donne  p^a  de  jour  pour  ce  discerne- 
ment, CORN,  néracl.  iv,  5.  Il  a  voulu  que  chaque 
particulier  fît  discernement  de  la  vérité,  bossuet, 
Église,  2.  De  là  ces  sanglantes  satires  contre  le  ca- 
rême, contre  le  discernement  des  viandes  à  cer- 
tains jours,  contre  les  pratiques  de  pénitence  les 
plus  usitées  par  les  saints,  dourdal.  Exhortât,  sur 
Ste  Thér.  1. 1,  p.  3I6.  Sans  se  faire  un  monstre  d'un 
vain  discernement  de  viandes,  mass.  Carême,  Yér. 
culte.  Il  Distinction  des  personnes  suivant  ce  qui  leur 
est  dû.  Il  n'a  nul  discernement  des  personnes,  la 
bbuy.  v.  Il  4°  Faculté  de  bien  ajiprécier  les  choses. 
Avec  discernement  punit  et  récompense,  corn. 
Cinna,n,  H.  D'un  fin  discernement  sa  grande  âme 
pourvue  Sur  les  choses  toujours  jette  une  droite 
vue,  MOL.  Tart.  v,  7.  Ils  en  feront  un  chapitre  jiar- 
ticulier  qu'ils  intituleront  :  De  l'esprit  de  discerne- 
ment que  Dieu  avait  donné  à  la  sainte  mère, racine, 
2'  lettre  en  réponse  à  celles  de  }1M.  Dubois  et  Bar- 
bier d'Aucourt.  Il  n'a  point  le  discernement  d'un 
capitaine,  fén.  Tél.  xii.  Après  l'esprit  de  discerne- 
ment, ce  qu'il  y  a  au  monde  de  plus  rare,  ce  sont 
les  diamants  et  les  perles,  la  bruy.  xii.  ||  L'âge  de 
discernement,  en  matière  criminelle,  se  dit  de  l'âge 
où  commence  la  responsabilité  des  actions.  ||  Agir 
sans  discernement,  sans  avoir  conscience  si  l'on  fait 
bien  ou  mal. 

—  SYN.  discernement,  jugement.  Celui  qui  dis- 
cerne use  de  la  vue  et  distingue  ce  qui  est  con- 
fondu ou  caché;  celui  qui  juge  usedela  raison  et  ap- 
précie les  conditions.  Aussi  jugement  dit-il  plus  que 
discernement.  L'homme  de  jugement  se  conduit 
avec  raison  et  sagesse;  l'homme  de  discernement 
n'a  pas  nécessairement  ces  deux  qualités,  mais  il  a 
la  netteté  d'esprit,  qui,  semblable  à  la  netteté  de 
la  vue,  aperçoit  les  choses  fines,  délicates,  difficiles 
à  voir. 

—  ÉTYM.  Discerner. 

DISCERNER  (ili-sèr-né),  v.  a.  \\  1°  Séparer, mettre 
à  part.  S'ils  disent  que  la  grâce  de  Jésus-Christ 
nous  discerne,  pasc.  P.  jés.  46.  Qui  vous  a  discernée 
de  ces  âmes  infidèles  dont  le  monde  est  si  plein? 
MASS.  Or.  fun.  Prof.  )•  ||  U  se  dit  aussi  des  choses  qui 
sépal-ent.  Los  mil^acles  discernelit  la  doctrine,  et  la 


doctrine  discerne  les  miracles,  pasc.  Penséet,  xxiii, 
f,  éd.  Lahure,  18G0.||  2°  Séparer,  distinguer,  recon- 
naître, à  l'aide  de  la  vue.  X  l'aide  du  microscope  on 
discerne  les  plus  petits  objets.  Je  ne  pus  pas  bien 
discerner  qui  était  avec  vous,  pour  ce  qu'à  cette 
heure-là  j'avais  la  tête  en  bas,  voit.  Lett.  9.  Cha- 
cun, seul  témoin  des  grands  coups  qu'il  donnait,  Ne 
pouvait  discerner  où  le  sort  inclinait,  corn.  Cid, 
IV,  3.  Vos  yeux  ont  discerné  les  hommages  du 
mien  [cœur],  volt.  Zaïre,  i,  2.  ||  Reconnaître, 
en  parlant  d'un  autre  sens  que  de  la  vue.  Il  s'élève 
un  grand  bruit,  et  mille  cris  confus  Ne  laissent 
discerner  que  vive  Héraclius,  cobn.  lléracl.  v,  7. 
Il  3°  Fig.  Faire  la  distinction.  Il  discerna  la  vérité. 
Il  s'applique  à  discerner  la  cause  du  juste  d'avec 
celle  de  l'injuste.  Que  tu  discernes  mal  le  cœur  d'a- 
vec la  mine!  id. Polyeucle,  v,  t.  Nous  avons  peu  de 
jour  à  discerner  la  feinte  D'avec  la  pure  vérité,  ID. 
[mit.  II,  B.  Faisons  par  vos  travaux  et  ma  recon- 
naissance Du  maître  et  du  sujet  discerner  la  puis- 
sance, ROTROU,  Vencesl.  m,  6.  Discerner  la  vérité 
d'avec  le  faux,  pasc.  Pens.  part,  i,  art.  2 Sa- 
chez de  l'ami  discerner  le  flatteur,  boil.  Art  p.  ch.  i. 
Discernez-vous  si  mal  le  crime  et  l'innocence?  rac. 
Phèd.  V,  3.  Vos  enfants  qui  ne  savent  pas  encore 
discerner  le  bien  et  le  mal  seront  ceux  qui  entre- 
ront en  cette  terre,  saci.  Bible,  Deutéron.  i,  39. 
Il  Absolument.  Mes  pareils  sans  péril  se  rangent  à 
sa  suite;  Le  mérite  et  le  sang  nous  y  font  discerner, 
corn.  Olhon,  I,  t.  Il  4°  Se  discerner,  i;.  ré/l.  Être  re- 
connu. Tout  ce  qui  est  mérité  se  sent,  se  -iiscerne, 
se  devine  réciproquement,  la  bruy.  v. 

—  HEM.  On  dit  discerner  d'avec  :  discerner  le  bien 
d'avec  le  mal,  et  discerner  de  :  discerner  le  bien 
du  mal  ;  et  enfin  sans  préposition  discerner  le  bien 
et  le  mal.  Dans  les  deux  premiers  cas  on  compare; 
dans  le  troisième  on  aperçoit  seulement  l'un  et  l'au- 
tre, mais  pour  les  reconnaître  et  les  séparer. 

—  lirST.  xiv  s.  Mucius  ne  sceut  discerner  se  ce 
estoit  Ii  roys  Porsennes,  berciieure,  f°  32,  recto. 
Nous  eslisons  et  prenons  à  conseilliers  gens  qui  sce- 
vent  discerner  et  congnoistre  de  grans  choses  et 
notables,  oresme,  Eth.  65.  ||  xv's.  Et  en  ces  dctrian- 
ces  [retards]  on  envoieroit  du  conseil  notables  per- 
sonnes devers  le  comte  de  Hainaut,  pour  avoir  sen 
plus  discerné  pour  respondre,  fboiss.  m,  iv,  16. 
[Ces  gens]  Qui,  pour  gouster  les  bons  vins.  Sont 
bien  fins,  Sachans  comme  on  les  discerne,  iiasse- 
lin,  xxix.  Il  XVI*  s.  La  raison  est  propre  à  nostre  na- 
ture, pour  nous  discerner  d'avec  les  bestes  brutes, 
CALV.  Instit.  195.  C'est  un  sentiment  de  la  con- 
science par  lequel  elle  discerne  entre  le  bien  et  le 
mal  suffisamment,  id.  ib.  200.  Dieu  a  accoustumé 
de  s'orner  de  certains  titres,  par  lesquels  il  se  dis- 
cerne d'avec  les  idoles  des  payens,  id.  ib.  281.  La 
nuict  n'estoit  si  obscure  que  l'on  ne  veist  du  tout 
rien,  ne  si  claire  que  l'on  peust  assuréement  discer- 
ner à  l'œil  ce  qui  se  presentoit,  amyot,  Nicias,  39. 
Il  est  bien  difficile  de  discerner  et  juger,  lequel  des 
deux  y  procéda  plus  seurement,  m.  Nicias  et  Cras- 
sus,  «.  Les  sages  nous  apprennent  assez  à  nous  gar- 
der de  la  trahison  de  nos  appétits  et  à  discerner  les 
vrays  plaisirs  et  entiers,  des  plaisirs  meslaz  et  L'i- 
garrez  de  plus  de  peine,  mont,  i,  283. 

—  ÉTYM.  Lat.  discrrnere,  de  dis....  préfixe,  et 
cernere,  voir  (voy.  cerner). 

t  DISCESSION  (di-ssè-sion),  s.  f.  Terme  d'iiistoire 
ancienne.  Manière  de  voter,  dans  le  sénat  romain, 
en  se  groupant  autour  de  celui  dont  on  adoptait 
l'avis. 

—  ÉTYM.  Lat.  discessio,  de  dis....  préfixe,  et  ces- 
sio,  de  cedere,  aller  (voy.  céder). 

f  DISCIFÈRE  (di-ssi-l'ô-r'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  porte  un  disque. 

—  ÉTYM.  Mot  latin  hypothétique  disciferus,  de 
discus,  disque,  et  ferre,  porter. 

f  DISCIFLORE  (di-ssi-flo-r'j,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  a  les  fleurs  munies  d'une  sorte  de  disque 
à  la  base. 

—  ÉTYM.  Mot  latin  hypothétique  disciflorus,  de 
discus,  disque,  et  flos,  fleur. 

f  DISCIFORME  (di-ssi-for-m'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  est  plat  et  orbiculaire,  en  forme  de  dis- 
que. 

—  ÉTYM.  Mot  latin  hypothétique  disciformis,  de 
di,ïC!4s,  disque,  et  forma,  forme. 

t  DISCICTNE  (di-ssi-ji-n'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  l'ovaire  est  implanté  sur  un  disque, 

—  ÉTYM.  Disque,  etyuvT),  femelle,  pistil.  11  vau- 
drait mieux  dire  discogyne,  pour  éviter  un  mol  hy- 
bride. 

DISCIPLE  (di-si-pl'),  s.  tn.  ||  1°  Celui  qui  reçoit 
un  enseignement.  Aristote  fut  le  disciple  de  Platon. 


1176 


DIS 


SJ  Chrysoslome  fut  disciple  de  I.ibanius,  qui  était 
un  fameux  sophiste,  maccboix,  Priif.  sur  Ifshom. 
de  St  Cnrys.  dans  iuchplet.  ||  2°  Celui  qui  adlièreà 
renseignement,  aux  doctrines  d'un  mnllre.  Un  dis- 
ciple docile,  fidùle.  L'on  dit  que  ses  disciples,  qui 
oniouraient  son  lit  lorsqu'il  mourut,  lui  ayant 
demandé  s'il  n'avait  v'f.n  à  leur  recommaniler.... 
LA  BRLV.  Disc,  sur  Théopliraste.  Xénophon  fut 
certainement  un  des  plus  illustres  disciples  de  So- 
crale;  mais  il  ne  forma  point  de  secte,  noLLiN,  llist. 
anc.  liv.  XXVI,  l"  part.  cli.  t.  Consultant  les  bota- 
nistes les  plus  célèbres,  et  se  rendant  leur  disciple 
pour  se  montrer  bientôt  digne  d'être  leur  rival,  con- 
fioncET,  Linné.  Quand  on  voit,  dans  les  témoignages 
du  temps,  la  réputation  du  grand  Arnauld,  et  qu'on 
la  cherche  dans  ses  œuvres,  on  sent  que  cet  homme 
fut  nécessairement  supérieur  à  ce  qu'il  a  laissé,  et 
qu'il  domina  surtout  par  l'action  de  ses  entretiens 
et  de  ses  disciples  et  par  la  rapidité  et  l'à-propos 
de  ses  écrits,  villemain,  Dict.  de  l'Acad.  Préface, 
p.  XVII.  Il  Les  discijiles  de  Jésus-Christ,  ceux  qui 
écoutaient  sa  parole  et  ses  enseignements,  et  aussi 
ceux  qui  aujourd'hui  sont  fidèles  k  la  doctrine  chré- 
tienne. N'osfjr  se  déclarer  son  disciple  [de  Jésus- 
Christ],  c'est  être  son  persécuteur,  mass.  Pancg. 
St  Etienne.  \\  3°  Par  analogie.  On  me  croit  son 
disciiile  [d'Annilial] ,  et  je  le  tiens  à  gloire,  corn. 
Nicnm.  n,  ï.  Un  si  vaillant  disciple  aura  bien 
le  courage  D'en  mettre  jusqu'au  bout  les  leçons  en 
usage,  li).  t().  ni,  2.  Le  disciple  [le  renard  voulant 
devenir  loup]  aussitôt  droit  au  coq  s'en  alla,  Je- 
tant bas  sa  robe  de  classe,  Oubliant  les  brebis,  les 
leçons,  b  régent,  la  font.  Fabl.  ix,  ta.  Disciple 
jeune  encor  de  ces  maîtres  fameux.  Sans  gloire  et 
cependant  calomnié  comme  eux,  ciLauRT ,  Mon  apo- 
logie. Il  Fig.  Les  disciples  de  la  vérité.  La  Provi- 
dence dont  M.  de  Pomponne  est  adorateur  et  disci- 
ple, SÉV.  388. 

—  SYN.  DISCIPLE,  ÉLÈVE.  Disciple  est  peu  usité 
dans  son  premier  sens,  qui  est  le  senspropre;  mais 
il  l'est  beaucoup  dans  son  sens  emphatique.  En  ce 
sens,  le  disciple  est  celui  qui  adhère  aux  sentiments 
d'un  maître,  sans  rien  indiquer  sur  la  manière 
dont  a  été  prise   connaissance  de   cette   doctrine. 

'élève  est  celui  qui  apprend  d'un  maître  quelque 
cience  ou  quelque  art.  Les  disciples  de  Platon;  les 
élèves  du  peintre  David,  tandis  que  ses  disciples 
«ont  ceux  qui  partagent  ses  principes  en  peinture. 
Ainsi  on  dit  les  élèves  d'un  professeur,  les  élèves 
d'un  peintre,  les  élèves  de  l'école  de  droit,  de  l'é- 
cole de  médecine,  de  l'école  polytechnique  ,  de 
l'école  normale.  Au  contraire  on  dit  les  disciples 
de  Condillac,  de  Kant;  aujourd'hui  encore  on  peut 
être  le  disciple  d'Aristote;  mais  c'est  Alexandre  qui 
fut  son  élève. 

—  lllST.  xiii'  s.  Mi  deciple  qui  o  moi  avoient  de- 
moré,  s'esloignierent  de  mui.  Psautier,  f°  48. 
Il  xiv"  s.  Arislole  fu  disciple  Platon,  okksme,  Kth. 
VI,  to.  Il  XV*  s.  Jamais  disciple  eslongné  de  son 
maistre  ne  croistra  en  science,  Perceforesl,  t.  v, 
f"  43.  Il  xvi*  s.  Disciple  passe  bien  souvent  le  mais- 
tre, BHANT.  Capit.  fr.  t.  IV,  p.  219,  dans  lacurne. 
Tel  pedagoge,  tel  disciple,  leroux  de  lincy,  Prov. 
t.  11,  p.  423. 

—  ÊTYM.  Provenç.  disciple;  espagn.  discipulo; 
il&\.  discepolo  ;  du  latin  discipu/us,  de  discere  ,  ap- 
prendre. 

DISCIPLINABLE  (di-si-pli-na-bl') ,  adj.  Capable 
de  se  soumettre  à  la  discipline.  Des  hommes  disci- 
plinables.  Une  population  disciplinable.  Tel  peuple 
est  ilisciplinable  en  naissant,  j.  j.  holss.  Conir.  ii, 
8. 11  Kig.  Làge  me  gagnait:  il  n'était  plus  question 
de  jeunesse,  ni  d'autre  artifice  pour  paraître  Jeune; 
mon  visage  là-dessus  n'était  i)lus  disciplinable,  Spéc- 
ial, fr.  t723,  dans  desfqntaines. 

—  HIST.  XV'  S.  Il  faut  qu'il  soit  disciplinalile  et 
corrigible,  non  protorve  ni  rebelle,  llist.  de  la  loi- 
ion  d'or,  dans  le  Dicl.  de  dochez.  [jxvi's.  Cette  fa- 
cilité que  nous  reconnaissons  [chez  les  oiseaux  qui 
parlent]  à  nous  fournir  leur  voix  et  haleine  si  sou|ile 
et  si  maniable,  pour  la  former  et  l'astreindre  à  cer- 
tain nombre  de  lettres  et  de  syllabes,  tesmoigne  qu'ils 
ont  un  discours  au  dedans  qui  les  rend  ainsi  disci- 
plinables  et  volontaires  ,1  apprendre,  mont,  ii,  (72. 

—  ETYM.  Uisciplmer;  provenç.  et  espagn.  disci- 
plinable; porlug.  ttisciplinaiel ;  ital.  disctplinabile. 

DISCIPLINAIRE  (di-si-pli-nê-r  ),  adj.  (.lui  cou- 
cerne  la  ilisciplme.  Le  pouvoir  disciplinaire.  Le  dê- 
Teloppement  croissant  (sous  saint  Grégoire]  des  ques- 
tions canoiiuiues  et  disciplinaires,  qui  tendaient  à 
icii)placer  les  questions  dogmatiques  suffisamment 
cl.aborées  dans  les  cinq  conciles  généraux  qui  s'é- 
lajent  tenus  jusque-là,  montalembert,  Uoines  d'Oc- 


DIS 

cidenl,  t.  ii,  p.  (39.  ||  Peines  disciplinaires,  celles 
qui  regardent  les  fautes  contre  la  discipline,  et  qui 
sont  appliquées  par  les  conseils  spéciaux  dans  cha- 
que corps,  ou  par  les  cours  supérieures  et  non  par 
les  tribunaux  ordinaires.  La  suspension  d'un  insti- 
tuteur,avec  ou  sans  privation  de  traitement,  est  une 
peine  disciplinaire. 

—  ETYM.  Discipline. 

i  DISCIPLINAIKE.MENT  (di-si-pli-nè-re-man  ), 
adr.  Conformément  à  la  discipline,  suivant  les  rè- 
gles de  la  discipline.  Condamné  disciplinairement. 

—  ÊTYM.  Disciplinaire,  et  le  suffixe  ment. 

t  DISCIPLINANT,  ANTE  (di-si-pli-nan,  nan-t'), 
adj.  Oui  établit,  produit  la  di.scipline. 

DISCIPLINE  (ili-si-pli-n'),  s.  f.  ||  1°  Instruction 
et  direction  morale.  Nous  voulons  qu  '.  chacun  soit 
sous  la  discipline,  Qu'il  souffre  la  correction.  Et 
nousnevoulons  pointqu'aucun  nous  examine,  Qu'au- 
cun censure  en  nous  une  imperfection,  corn.  Iinit. 
I,  t6.  Dompte  sous  une  exacte  et  forte  discipline  Ces 
inséparables  llatteurs  Que  l'amour  d«  toi-même  à 
te  séduire  obstine,  ID.  ib.  i,  21.  Ce  héros  élevé  sous 
une  discipline  sévère,  noss.  llist.  m,  4.  Sous  la 
discipline  du  prince  d'Orange,  son  oncle  m.iternel, 
il  [Turenne]  apprit  l'art  de  la  guerre  en  qualité  de 
simple  soldat,  fléciiier,  Turenne.  \\  2°  Il  se  dit  des 
relations  de  maître  à  disciple.  Phili|)pe  Milanch- 
thon  qui  se  rangea  sous  sa  discipline  [de  LutlierJ 
dès  le  commencement  de  ces  disputes,  et  ijui  fut  le 
plus  capable  aussi  bien  que  le  plus  zélé  de  ses  dis- 
ciples, ROSS.  Var,  i,  §  ;)5.  Ils  venaient  faire  péni- 
tence sous  sa  discipline  [de  St  BRriiardJ ,  id.  Bern.  2. 
Démocrite,  après  avoir  demeuré  longtemps  sous  la 
discipline  de  Leucippe,  résolut  d'aller  dans  les  pays 
étrangers,  fén.  Démucr.  ||  Par  extension.  ...Ce  peu- 
ple barbare  Sous  notre  discijiline  est  devenu  romain, 
COBN.  Sertor.  i,  t.  Mes  peuples  aguerris  sous  votre 
discipline,  m.  th.  v,  1.  Les  troupes  de  la  disci- 
pline dEpaminoiidas,  noss.  llist.  i,  ».  ||  3°  hègle  de 
conduite  commune  à  une  multitude,  aux  membres 
d'un  corps.  Hbscrver,  maintenir  la  discipline.  On 
réglait  hi  discipline  ecclésiastique,  Boss.  Hist.  1,11. 
Par  cette  admirable  discipline,  un  peuple  sorti  d'es- 
clavage et  tenu  quarante  ans  dans  un  désert,  arrive 
tout  formé  à  la  terre  qu'il  doit  occuper,  id.  ib.  ii,  3. 
Dans  la  pensée  qu'ils  [les  Novaliens]  avaient  que 
leur  vie  était  plus  pure  que  celle  des  autres,  à  cause 
de  la  sévérité  de  leur  discipline,  ID.  Var.  xi,  §  22. 
Je  voudrais  qu'un  prédicateur  expluiuiM  les  tradi- 
tions, les  disciplines,  l'oflice  et  les  cérémonies  de 
l'Ëglise,  FÉ.N.  t.  XXI,  p.  lue.  Les  uns  ont  fait  valoir 
l'ancienne  disciplinede l'Église,  qui,  seloneux,  per- 
mettait le  mariage  des  prêtres,  chatealb.  Génie,  i, 
i,  8.  Il  Par  extension.  Quelle  entreprise  quand  il  faut 
renverser  tous  les  préjugés  de  l'esprit  et  toute  la 
discipline  du  cœur  humain!  fléch.  Panég.  ii,  p. 
300.  Les  plaisirs  ne  troublèrent  point  la  discipline 
de  ses  mœurs,  id.  le  Tellier.  Pour  rétablir  la  dis- 
cipline (les  mœurs  si  défigurée  parmi  les  chrétiens, 
MASS.  Car.  Jeûne.  Les  lois  s'évanouissent  et  la  dis- 
cipline des  mœurs  périt,  m.  ib.  Avenir.  \\  4°  Manière 
de  se  conduire  suivant  les  règles  d'une  profession; 
ensemble  des  règles  et  devoirs  professionnels  impo- 
.sés  aux  membres  d'un  ordre,  d'une  corporation. 
Il  Discipline  judiciaire,  celle  qui  a  pour  objet  les 
devoirs  des  magistrats,  des  avocats  ou  des  officiers 
ministériels  envers  leurs  compagnies,  les  justicia- 
bles ou  les  magistrats.  |i  Conseil  de  discipline,  con- 
seil instilué  entre  les  avocats  pour  maintenir  la  dis- 
cipline de  l'ordre  et  veiller  à  l'observation  des  règles 
de  la  profession.  Il  Chambre  de  discipline, chambre 
chargée  des  mêmes  fonctions  parmi  les  avoués,  les 
notaires  et  les  huissiere,  que  le  conseil  de  discipline 
parmi  les  avocats.  ||  On  se  sert  aussi  du  mot  de  dis- 
cipline pour  exprimer  la  règle  qui  règne  dans  un 
rollége,  dans  un  établissement  d'instruction.  Il  ne 
parlait  qu'avec  enthousiasme  des  mœurs,  de  la  disci- 
pline, des  études  de  Sainte-Barbe,  marmontei.,  Mém. 
XI.  Il  5"  En  particulier,  règle  des  armées,  rapport  du 
commandement  et  de  l'obéissance.  La  discipline  fait 
la  force  des  armées.  La  discipline  est  la  dernière 
chose  qui  s'y  [à  Rome]  est  perdue,  Boss.  //ii'(.  m,  6. 
Ayant  eu  soin  de  mettre  une  exacte  discipline  dans 
le  camp,  fén.  Tél.  xviii.  c'est  au  temps  à  aguerrir 
les  troupes,  et  à  la  discipline  à  les  rendre  invinci- 
bles, VOLT.  Charles  Xll ,  2.  I^  discipline,  la  subor- 
dination, l'expérience  lui  manquent  [à  la  pospolite 
polonaise];  mais  l'amour  de  la  lil)erté  qui  l'anime  la 
rend  toiruurs  formidable,  ID.  ib.  2.  La  discipline 
militaire  doi.na  l'empire  aux  Césars  dont  tu  connais 
l'histoire;  la  discipline  monastique  donne  une  autre 
espèce  d'empire  à  ces  vice-Dieu  qu'on  appelle  pa- 
pes, u>.  Amâbed,  46*  Utire.  ||  Conseil  de  discipline, 


DIS 

tribunal  tiré  des  bataillons  de  la  garde  nat  onale 
où  l'on  juge  les  infractions  à  la  discipline  de 
ce  corps.  Il  Compagnie  de  discipline,  corps  formé 
de  militaires  condamnés  et  soumis  à  un  régime 
rigoureux  ;  ces  .soldats  se  nomment  aussi  pion- 
niers ;  on  les  applique  aux  travaux  de  terrasse- 
ment. Il  6"  Doctrine  ,  science.  Claudius  proposa 
ensuite  quelque  règlement  touchant  la  science  qui 
juge  de  l'avenir  par  les  entrailles  des  animaux,  pour 
empêcher  qu'une  discipline  si  ancienne  dans  l'I- 
talie vint  à  se  perdre  par  négligence,  perrot,  Ta- 
cite, 319.  Allez,  vous  êtes  un  impertinent,  mon 
ami,  un  homme  ignare  de  bonne  discipline,  ban- 
nissable  de  la  république  des  lettres,  moi..  Mar. 
forcé,  B.  Il  Poétiquement.  Heureux  qui,  se  livrant 
aux  sages  disciplines,  Nourri  du  lait  sacré  des  an- 
tiques doctrines.  Ainsi  que  des  talents  a  jadis  hé- 
rité D'un  bien  modique  et  sûr  qui  fait  la  liberté!  A. 
CHÉN.  Poésies  diverses,  à  il.  de  Panrje.  \\  7"  Instru- 
ment de  flagellation,  fouet  fait  de  cordelettes  ou  de 
petites  chaînes  dont  les  religieux  et  aussi  les  per- 
.sonnes  laïques  se  servent  pour  se  mortifier  ou  pour 
chiltier  ceux  qui  .sont  sous  leur  conduite.  Laurent, 
serrez  ma  liaire  avec  ma  discipline. mol.  Tart.  il,  2. 
Recevoir  à  genoux....  De  son  prieur  cioltré  vingt 
coups  de  discipline,  volt.  Disc.  \.  ||  Coups  de  disci- 
pline. Donner  la  discipline.  ||  8°  Terme  de  botani- 
que.  Discipline  de  religieuse,   amarante  à  queue. 

—  hist.  XI'  s.  Des  Sarazins  [il]  verrat  tel  disci- 
pline [destruction, carnage],  Ch.  dellol.  cxli.H  xii's. 
E  la  tue  discipline  castiat  [chAtia]  niei,e  la  lue  dis- 
cipline mei  enseigneriit  ,  Liber  psalm.  p.  20. 
il  xiii*  s.  [Elle]  Ne  briseroit  son  veu  pour  soufrir 
discepline,  Berle,  lvi.  Iluec  passent  h  Turc  (que  li 
cors  Dieu  maldiel);  De  no  crestienté  font  moult 
grantdesceplie  |carnaïe],  Cti.d'Ant.  iv,  325.  Encor 
viendra  tout  à  tens  l'eure,  Que  li  maufé  [diables], 
noir  comme  meure,  Les  tendront  [tiendront]  en  lor 
desciplines,  riîteb.  lOO.  Pour  recevoir  la  descipline 
De  componcion  entérine,  m.  il,  212.  ||  xiV  s.  La 
paour  (les  anemis  et  la  discipline  de  chevalerie  et 
le  labour  des  armes,  berchelre,  f"  1 3. Et  sont  les 
vertus  plus  permanens  et  plus  durables  que  ne  sont 
les  disciplines  ou  .sciences,  oresme,  Eth.  24.  Elle 
ordonne  devant  toutes  quelles  disciplines  et  ars  doi- 
vent estre  aux  cités,  ID.  t/j.  m.  Il  XVI'  s.  Ils  jeûnent 
et  prennent  de  très  grandes  disciplines,  maro.  Souv. 
XXX  Crassus  lui  feit  donner  le  fouet,  estimant  l'in- 
terest  de  la  discipline  plus  que....  mont.  t.  80.  La 
façon  de  leur  discipline,  c'esloit  de  leur  faire  des 
questions  sur  le  jugement  des  hommes  et  de  leurs 
actions,  id.  i,  i6I. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  disciplina;  Au 
latin  disciplina  {voy.  disciple). 

DISCIPLINÉ,  ÉE  (di-si-pli-né,  née),  pari,  passé. 
Où  règne  une  bonne  règle.  Une  maison  bien  disci- 
plinée. Il  Assujetti  à  la  discipline  militaire.  Une  ar- 
mée bien  disciplinée.  Il  [Pierre  I"]  fit  petit  à  petit 
de  nouveaux  régiments;  et  enfin,  se  sentant  maître 
de  troupes  disciplinées,  il  cassa  les  stréUtz,  qui  n'o- 
sèrent désobéir,  volt.  Charles  Xll,  i.  \\  11  se  dit 
aussi  d'autres  que  des  militaires.  Des  écoliers  bien 
disciplinés.  , 

■[  DISCIPLINEMENT(di-si-pli-ne-man),i.  m.  Ac- 
tion de  discipliner.  S'occuper  du  disciplinement  des 
troupes. 

—  ETYM.  Discipliner. 

DISCIPLINER  (di-si-pli-né),  r.  a.  ||  1' Soumettre 
à  une  règle.  Discipliner  une  maison.  ||  2°  Assujettir, 
former  à  la  discipline  militaire.  Discipliner  une 
troupe.  Le  czar  poursuivant  toujours  le  dessein  de 
discipliner  ses  troupes,  pendant  qu'il  civilisait  ses 
sujets,  volt.  Charles  XII,  2.  ||  3»  Donner  la  disci- 
pline. Il  4"  Se  discipliner,  v.  réfl.  Se  former  à  la 
discipline.  ||  Se  donner  des  coups  de  discipline. 

—  HIST.  XII'  s.  En  peu  de  terme  l'ont  tout  deci- 
pliné  [mis  à  mort,  mis  en  pièces] ,  Konc.  p.  2U2.  Car 
en  cel  jur  meesmes  qu'il  fu  si  decolpez.  Eut  esté 
saint  Thomas  treis  feiz  disciplinez.  Th.  le  mari.  150. 
Encor  faiseil  il  plus  al  cor  mal  endurer;  Chascune 
nuit  faiseit  sa  char  discipbner,  E  à  verges  tren- 
chanz  e  batre  e  descirer,  ib.  102.  ||  xiv  s.  Il  appar- 
tient à  tout  homme  bien  discipliné  enquérir  de  chas 
cune  chose  lacertaineté  selon  la  manière  et  en  tan! 
comme  la  nature  d'elle  le  peut  recevoir,  oresmk, 
Elh.  un.  Enseigner  et  discipliner  les  enfants, 
ORESME,  Thèse  de  meunier.  ||  xv  s.  Car  par  hostels 
et  par  maisons  Ka. soient  les  enfants  cerc.ier.  Et  de 
leurnatureencerchier,  L.'ioùleplus  il  s'inciinmei.1; 
Et  à  ce  les  disciplinoient.  En  quelque  labour  que 
ce  fust,  froiss.  Poésies  mss.  p.  339,  dans  laci'RNB. 

—ÉTYM.  Discipline;  provenç.  et  espagn.  discipli- 
nar;  ital.  disciplinare. 


I 


DIS 

_  mSCOBOl  E  (di-sko-bo-1'),  s.  m.  Il  l-  Athlète  m,, 
•  exerçait  à  lancer  le  disque  ou  le  palet.  ||  2»  Terme 
de  zoologie.  Famille  de  poissons  qui  ont  les  nageoi- 
res ventrales  réunies  en  disque  sous  la  gorge. 

^  ÉTYM.  Ai<rxo66Xoç,  de  Sîaxoç,  disque,   et  8âX- 
Adv,  lancer  (voy.  balistique). 

i  DISCOÏDAL,   ALE   (di-sko-i-dal,  da-l'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  ressemble  à  un  disque 

—  ÉTYM.  Discoïde. 
t  DISCOÏDE    (di-sko-i-d'),  adj.  Terme  d'histoire 

naturelle.  Oui  a  la  forme  d'un  disque  ou  d'une  sphère 
aplatie.  ||  Animal  discoïde,  animal  qui  offre  un  dis- 
que coloré  au  milieu  d'un  fond  d'une  autre  teinte 
ou  qui  est  presque  orhiculaire.  ' 

—  ÉTYM,  May-Of,  disque,  et  eTSo?,  forme. 
t  DlSCOÏnÉ,  ÉE  (di-sko-i-dé,  dée),  adj.  Terme 

didactique.  Qui  est  aplati  en  manière  de  disque 

—  ÉTYM.  Discoïde. 
t  DISCOLORE    (di-sko-Io-r'),   adj.  Qui  présente, 

dans  son  étendue,  deux  colorations  distinctes  ||  En 
botanique,  feuilles  discolores,  feuilles  dont  les  deux 
faces  offrent  une  couleur  différente. 

—  ÉTYM.  Dû...  préfixe,  et  le  latin  co^or, couleur 
t  DISCOMPTE  (di-skon-f),   s.  m.  Ancien  syno- 

nynie   d'escompte.  Les   pertes  que  Sa   Majesté    a 
souffertes  dans  les  marchés  pour  les  fournitures  des 
armées,  causées  par  des  payements  en  papier-  le  dis- 
compte que  les  ministres  ont  été  obligés  de  donner 
pour  convertir  ces  papiers  en  argent,  law,  2-  mé- 
moire sur  les  banques. 
—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  compte. 
f  DISCONTINU,    UE   (di-skon-ti-nu,   nue),  adj. 
1,1  lermedidactique.  Oui  n'est  pas  continu, qui  offre 
des  solutions  de  continuité.  ||  Terme  de  mathéma- 
tique. Fonction  discontinue,  fonction  qui  ne  varie  pas 
d  une  manière  insensible  pour  des  variations  infini- 
ment petites  de  sa  variable.  ||  Terme  de  musique  an- 
cienne. La  VOIX  discontinue,   la  voix  chantante  qui 
marche  par  tons  ou  demi-tons,  par  opposition  à  la  voix 
continue   qui  est  la  simple  parole.  ||2°  Oui  n'est  pas 
continuel    Un  phénomène  continu  ou  discontinu 
Il  ferme  de  droit.  Servitudes  discontinues,  celles  qui 
ont  besoin  du  fait  actuel  de  l'homme  pour  être  exer- 
cées; tels  sont  les  droits  de  passage,  puisage,  pacage. 

«„7  '"^li  •"'^^  ^-  Proportionnalité  discontinue, 
onESME,  Thèse  de  meunieb.  ' 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  continu. 
DISCONTINUATION   (di-skon-ti-nu-a-sion),  s.  f 

Etatde  qui  tst  discontinu;  action  de  discontinuer  La 
(  iscontinuation  des  travaux.  Les  actions  généreuses 
de  mes  aïeux,  qui  se  montraient  à  tout  le  monde 
sans  discontinuation,  faisaient  même  confesser  leur 
noblesse  à  l'envie,  Francion,  liv.iv,  p.  (64.  Une  suite 
de  fruits  qui  soit  si  bien  entendue  que,  sans  disconti- 
nua non,  on  puisse  espérer  d'en  avoir  l'été,  l'automne 
et  1  hiver,  la  QniNTiNYE,  Jardins,  Préface,  p.  xlii 

—  HIST.  xivs.  L'un  après  l'autre  sans  disconti- 
nuacion,  OBESME,  «tèsc  de  meunier.  ||  xvf  s  C'est 
alors  que  les  pères  doyvent  plus  prendre  garde  qu'il 
n  y  ait  discontinuation  à  ce  qui  ne  se  peut  former 
quen  se  continuant,  langue,  iM.  La  discontinua- 
tion des  fortifications  commencées  par  son  prédéces- 
seur, d'aub.  Uisl.  1,  342. 

—  ÉTYM.  Discontinuer. 
DISCONTINUÉ,  ÉE  (di-skon-ti-nu-é,  ée),   part. 

passé.  Les  jeux  longtemps  discontinués,  boss.  liist. 


DIS 


DISCONTINUER  (di-skon-ti-nu-é).  Ui'  V  a  In- 
terrompre une  chose  commencée.  Les  pluies  ayant 
commencé  on  discontinua  le  siège.  L'artillerie  ayant 
fa.  peu  d'effet  à  Crecy,  on  en  avait  discontinué 
1  usage,  VOLT.  Mœurs,  76.  Tout  d'un  coup  il  me  fit 
entendre  que  Mme  Dupuis  trouvait  mes  visites  trop 
fréquentes  et  me  priait  de  les  discontinuer,  j.  j  eouss 
Confess.  vii  ||  2»  V.  n.  Il  a  discontinué  dé  travailler' 
La  pluie  a  discontinué.  Jean  Hus  n'a  jamais  discon- 
tinué de  direja  messe,  boss.  Déf.  comm.  Je  pour- 
rais vous  en  parler  un  mois  de  suite  sans  disconli- 

S  ,»  '/°"-,^"i-  ^"''  '-Il  3°  Se  discontinuer,  «.  réll. 
Etre  discontinué.  Le  débarquement  se  discontinu!, 
à  cause  du  changement  du  vent. 

—  HIST.  xiv's.  Quant  les  maris  voient  qu'elles 
d.scon  muent  leur  service....  Uénagier,i,l.Tj,Ts 
Laquelle  pénible  diligence,  discontinuée  pour  peu 

des  a'rbr:''  '''"='''^°"  "'  ^'•^"  P^^^  ^^  mort'certainë 
aes  arbres,  o.  de  serres,  808.  Et  ce  fut  \\  nn'il 
commença  à  se  reposer  un  peu  de  ses    ravaux^gu 

s-rporu^ce^u."";  :i  "^'=°""""-  -«  ^'^-- 

-  ÉTYM.  T)is....  préfixe,  e\.  continuer 

t  DISCONTINUITÉ  (di-skon-ti-nu-Mé)    s  f  Dé 
n'ut,  absence  de  continuité.  La  séparatio^n  des'^^mas' 


DlC 


D2   LA    LANGUE    KKANÇA1S2. 


f„  nf,  ■?^"^"*'  [.^°""  '^'  Sardaigne]  produite  par 
tttl»  «tle  trait  principal,  l'accidenï  le  plus  Re- 
marquable de  leur  forme;  ce  trait  de  discontinuité 
se  reproduit  dans  les  chaînes  de  montagnes,  dans  les 

\ZTJ  tn-"^"',  ''  ''"'  ""=='  "^^""^  "=^  bassins  boni  ! 
lers  et  sédimentaires,  Villeneuve  -  flayosc    .Icad 
des  se   Comptes  rendus,  t.  liv,  p.  2oi.  ||  Terme  de 
^^^Tn-  ^"''!''  '^''  f°"'="°"^  discontrues 

TnT^I^;,?"'^''""""'  Provenç.  diseontinuilat. 

t  DISCONVENABLE  (di-skon-ve-na-bl'),  adj.  Qui 
ne  convient  pas.  ''      •'    ^ 

et  7n" 'w  ™?'  ^^  'ï"^'  '^^°^^  seroit  desconvenable 
et  du  tôt  contre  raison,  Ass.  de  Jérus.  108.  Se  ie 
demande  à  aucun  ce  que  je  li  aroie  preste,  en  lieu 
desconvenable  de  mi  paier,  beaum.  xxxvii,  Ù\  xw  s 
Ces  belles  âmes  si  disconvenables  et  si  dispropor- 
tionnées à  nostre  corruption,  mont,  iv,  82. 

-  iTYM.  Dis....  préfixe,  etconvenablei  provenç 
desconvenable,  descnvenable  '  ^' 

mln^'f^'^l^"^'"'™,^'''^   (di-skon-ve-na-ble- 
man)    adv.  D  une  manière  qui  ne  convient  pas 

DISCONVENANCE  (di-skon-ve-nan-s'),  s.  f.\\  l-ni. 
faut  de  convenance,  c'est-à-dire  de  rapport  de  pro- 
portion Toute  la  nature  est  pleine  de'^con^enances 
et  de  disconvenances,  de  proportions  et  de  dispro- 
portions, selon  lesquelles  les  choses  ou  s'ajustent 
ensemble  ou  se  repoussent  l'une  l'autre,  boss.  Co«n. 
V,  -.  Je  crois  que  les  idées  du  juste  et  de  l'injuste 
sont  aussi  claires  que  les  idées  de  convenance  et  de 
disconvenance,  volt.  Phil.  ignor.  32.  Selon  la  dis- 
convenance que  nous  trouvons  entre  nous  et  ces  ob- 

iZi  l'^-  ''°'"'-  •^'"^  '•  "  ^^f^"'  «^^  convenance, 
cest-â-dire  manque  de  ce  qui  convient,  agrée  La 
passion  n'est  dans  eux  que  l'amour  de  leurs  conve- 
nances et  la  haine  de  leurs  disconvenances,  bern 
DE  ST-P.  Ilarmon.  liv.  v,  Harmon.  anim.  ||  2°Termé 
de  grammaire.  Etat  de  mots  qui  ne  s'accordent  pas 

—  HIST.  XVI'  s.  La  disconvenance  aux  mœurs  pré- 
sentes de  nostre  estât,  mont,  iv,  79.  Ce  temps  n'est 
propre  qu  à  nous  amender  à  reculons,  par  disconve- 
nance plus  que  par  accord;  par  différence,  que  par 
similitude,  id.  iv,  34.  ^ 

-  ÉTYM.  Disconvenant;  provenç.  disconveniencia, 
tnien^r'"'  ^''^^^'''  '*«*<'<""'«"'«»"a;  ital.  discon- 

t  DISCONVENANT.  ANTE  (di-skon-ve-nan,  nan-t'), 
ad},  lerme  didactique.  Qui  ne  convient  pas  avec 
qui  ne  s  accorde  pas  avec.  Au  lieu  que  celle  fia  con 
vie  ion]  qui  est  'effet  de  l'évidence  est  nette,  cla™e 
et  distincte,  qu'elle  n'est  combattue  par  aucune  idée 
contraire  ou  disconvenante;  mais  plutôt  qu'elle  ex- 
clut absolument  l'incertitude,  boulainvilliers,  né- 
fut.  de  Sinnosa,  p.  t2â.  ' 

AiiT-^À^'^'  '^T^-.Tele  povreté  est  disconveniente  à 
dignité  sacerdotal,  oresme.  Thèse  de  meunier 

desconvxnent,  de..con,;,„cn;  espagn.  desconvenienté ; 
ital.  disconvemente. 

DISCONVENIR  (di-skon-ve-nir) ,  je  disconviens, 
tu  disconviens,  il  disconvient,  nous  disconvenons 
vous  disconvenez,   ils  disconviennent;   je  disconi 
venais;  je  disconvins;  je  disconviendrai;  le   dis- 
conviendrais ;    disconviens,   disconvenons;   que  je 
disconvienne,  que  nous  disconvenions;   que  le  dis- 
convinsse; disconvenant,  disconvenu,  v.  n  II  1°  Ne 
pas  convenir  d'une  chose,  la  nier;  il  ne  s'emploie 
guère  en  ce  sens  qu'avec  la  négation.  Il  ne  pouvait 
disconvenir  de  ces  vérités,  hamilt.  Gramm.i    Les 
gentils  n  ont  pu  en  disconvenir,  boss.  Hist.  n    I2 
Les  Epicuriens  vous  disent  froidement  qu'ils  ne'  dis- 
conviennent pas  que  la  nature  a  tout  fait,  que  c'est 
là  le  grand  être    volt.  Dial.  29.  On  ne  peut  discon- 
venir que  les  plantes  ne  soient  des  corps  organisés 
e    vivants     j.  j.  rouss.  Botanique,  Dictionnaire 
p;an(es.||  En  ce  sens,  disconvenir  se  conjugue  avec 
1  auxiliaire  être.  ||  2"  Ne  pas  convenir  à.  Une  recon- 
stitution de  la  dette  peut  convenir  très-mal  à  la 
nation  débitrice  et  ne  disconvenir  pas  moins  à  une 
multitude  de  ses  créanciers,  hibabeau.  Collection, 
t.  IV    p.  81.  Il  N  avoir  pas  de  convenance  réciproque 
Ces  deux  propositions  disconviennent.  ||  En  ces  deux 
sens,  il  se  conjugue  avec  le  verbe  ai;otV 

—  rem.  Après  disconvenir,  on  peut  indifférem- 
ment supprimer  le  ne,  ou  l'employer  :  Je  ne  dis- 
conviens que  cela  ne  soit  ou  que  cela  soit.  On  met 
d  ordinaire  le  subjonctif,  mais  on  peut  mettre  aussi 
I indicatif  :  Je  ne  disconviens  que  cela  est;  alors  on 
ne  met  jamais  le  ne.  . 

.1»"  "!*^'-if'' *■  "^"^'^  ^''"°"'  ™ye^  Themisto- 
cles  et  mille  autres,  combien  ils  se  sont  disconve- 
nus à  eux  mesmes  [combien  ils  ont  changé  en  gran- 
dissant!, MONï.  I,  168,  Il  est  tousjours  proclive  aux 


DIS 


1177 


femmes  de  disconvenir  à  leurs  maris,  m   „   «i 
Mes  moeurs  qui  ne  disconviennent  dé  celles  âul 
o™,   à  peine  de  la  largeur  d'un  Jouice'.!  ^^: 
--  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  cowentr 
tDISCOPHORE  (di-sko-fo-r-)    o^rTerme  d'hl 
toire  naturelle.  Qui  porte  un  disque.     ^'™'  "'^' 
poner  ^'"°?°P°î.  de«£.xoç,  disque,  et ç.'pe.v, 

discords  étouffer,  VéoLln    %lf  f 'p''°""^°'.  "«s 

mscords,  id.  m  corn,  n,  s.  Mais  leurs  sanglants  dis- 
cords qui  nous  donnent  des  maîtres,  iD.  sltor  i 
foTRor  F  "'  f'°'<^'^^"'  nos  embrassem  nts- 
pet^N  die    T'^-''  '•  ^'  ^'^'""'^  passant  sur  d^ 

me     e  u?n,!,'  ?'••  f""  "'  '■  "  ""^"^it  «"'^e  vous 
mettre  un  plus  grand  espace,  Et  que  le  ciel  vnn« 
mit   pour  finir  vos  discords,  L''un  parmi  les  vivant" 
1  autre  parmi  les  morts,  bac.   Théh.  y    ,     cà    mî 
reine     épousons  malgré  notre  disœrd,  regnIr? 
pZIT''  ^;  «-"«"^«piKr.  Dissensions  ci  "es' 
Pensant  aux  funestes  discords  Qui....  bac.  Poéses' 
<.   Dans  nos  discords  j'ai  fait  plus  d'un  nauf  âge 
Sans  fuir  jamais  la  France  et  son  beau  ciel    bébanp' 
fi;u'rNl1"r-  'l.r^V^'^-'  -^  na'stte  Ime: 
cTateaT  '"  ""'"  '"'''  °°^  ^""«s  discords,  id. 
—  REM.   L'Académie  dit  que  ce  mot  vieUht-  le, 
exemples  ci-dessus  prouvent  qu'il  n'en  e  t  Hen    et  ce 
mot  reste  très-bon  en  poésie  et  dans  la  prose  élevée 
.„T    ■      J    „'"^'^°'"''  wscorde.  Le  discordest  le 
contraire  de  l'accord;  la  discorde  est  le  contraire  de 
la  concorde.  Discorde  *t  donc  plus  et  aute  chose 
que  discord  ;  car  être  en  accord  ne  veut  pas  dfre  et  e 

estrr'!-  '  f  ""'"'T'  T^'''^''-  ^'  "ésaccord 
est  la  perte,   la  cessation  de  l'accord.  Le  discord 

m  m^^'àmr  T  ^'T°''^  "''  régné  antécédem- 
ment.  Bailleurs  discord  est  un  mot  du  style  poéti- 
que,  et  désaccord  est  de  tous  les  styles 

descort  ne  félonie,  audefr.  le  bast.  Romancero 
p.  27.  Et  veschi  [VOICI]  Salehedin,  qui  moult  es 
sages  et  poissans,  et  n'aient  autre  chose  que  le  des- 

Zl.  r  n  ,?"'  .''  ^  ™"''  ^^'-  '^'  «°^»*.  P-  <»• 
XIV'  s.  Quelle  chose  est  que  félicité,  de  ce  sont 
Il  à  discort,  ORESME,  m.  IV.  Descort  fust  meu  pour 
cause  d  une  aumusette  ou  barrette,  du  cange,  a«- 
mucella.  ||  xv  s.  Les  tenir  tous  deux  en  crainote  par 
nf°JT  p,"  '^''^°'^  °"  "^  e^toient,  comm.  „i,^. 
Il  XVI' s.  Plusieurs  maisons  ruinées  par  le  discord 
et  plusieurs  enrichies  parle  bon  accord  des  parent' 
LANOUE,  45  Et  de  mille  luths  joyeux  Le  discord 
mélodieux  Dans  mes  oreilles  resonne,  yver,  p  627 

—  ETYM.  Voy.  discorder  ;  provenç.  descort. 

2.  DISCORD  (di-skor),  adj.  m.  Terme  de  musi- 
que. Qui  n  est  pas  d'accord.  L'âme  n'est  pas  aux  sens 
cequest  à  cette  lyre  L'harmonieux  accord  que  notre 
main  en  tire;  Elle  est  le  doigt  divin....  Et  qui  des 
sons  discords  que   rendent  chaque  sens  Forme  au 

wl   ,'..  îi"^'^'/  ooncerts  ravissants,   lamart. 
i0CT-a(e,  355.  Il  Fig.  Inconséquent.  Un  esprit  discord 

—  ÉTYM.  Voy.  discorder. 

t  DISCORDAMMENT  (di-skor-da-man),  adv.  D'u.ie 
façon  discordante. 

—  HIST.  XI'  s.  Joinct  qu'à  l'adventure  ay  je  quel- 
que obligation  particulière  à  ne  dire  qu'à  demy  à 
''^™gOonfusement,   à  dire  discordamment,   mont. 

—  ÉTYM.  Discordant,  et  le  suffixe  ment. 
DISCORDANCE  (di-skor-dan-s') ,  s.  f.  ||  1'  État  de 

ce  qui  n'est  pas  d'accord  moralement.  Discordance 
de  caractères.  ||  Par  extension.  Discordance  de  cou- 
leurs. Toutes  les  recherches  et  descriptions  utiles  [des 
plantes]  étaient  perdues,  faute  de  pouvoir  décider  de 
quelle  plante  chaque  auteur  avait  parlé....  c'était 
certainement  une  perte  que  ces  pièces  devinssent 
inintelligibles  par  la  seule  discordance  des  mots  j  j 
Rouss.  Botanique.  Introduction.  \\  i°  Caractère  dé 
ce  qui  est  discord.  La  discordance  des  sons.  Inter- 
rompre un  concert  où  ta  seule  présence  Cause  des 
contre-temps  et  de  la  discordance,  hegnard,  Fol. 
am.  II,  7.  Il  Terme  de  musique.  Manque  d'accord 

—  HIST.  XIII'  s.  Amitié  est  nommée  l'une-  C'est 
bonne  volenté  commune  De  gens  entr'eus  sans  des- 
cordance  SelonlaDieu  benivoillance,  iofloje,' 4703. 

1.  —  iw 


<«78 


DIS 


K  XIV*  8.  Une  vraye  doctrine  n'a  pas  en  soy  de  con- 
trariété ;  mais  en  la  fausse  [il  y]  a  souvent  descor- 
dance,  oresme,  Thèse  de  meunier.  ||xvi'  s.  Jem'es- 
bahy  s'il  y  a  aucun  qui  ignore  que  le  vice  ne  soit 
une  inégalité  et  une  discordance  de  mœurs  qui  se 
répugnent  à  soymesme,  amyot,  Nicias  et  Crassus,2. 
Quoyqiie  la  variété  et  discordance  des  événements 
les  [ceux  qui  interprètent  les  volontés  de  Dieu]  re- 
jecle  de  coing  en  coing  et  d'orient  en  occident,  ils 
ne  laissent  de  suyvre  pourtant  leur  esteuf,  et  de 
mesme  creon  [crayon]  peindre  le  blanc  et  le  noir, 

MONT.  I,   248. 

—  f.TYM.  Discordant. 

DISCORDANT,  ANTE  (di-skor-dan ,  dan-t*),  adj. 
Il  1°  Oui  est  en  dissentiment,  qui  ne  s'accorde  pas. 
Opinions  discordantes.  Caractères  discordants. 
....  Tant  de  discordants  et  fâcheux  mariages,  bois- 
ROBERT,  Cassandre,  i,  6.  ||2"  Qui  manque  de  pro- 
portion. Les  parties  de  ce  bâtiment  sont  discordantes. 
Il  3°  Oui  n'est  pas  d'accord.  Instrument  discordant. 
Voix  discordante.  ||  Qui  manque  d'harmonie.  Des 
vers  discordants.  Une  poésie  discordante.  ||  4°  Terme 
de  géologie.  Stratification  discordante,  celle  dont 
le  système  est  formé  de  plusieurs  couches  qui  ont 
une  inclinaison  dilTérente. 

—  HIST.  xm'  s.  Et  toz  les  nons  de  cix  [ceux]  qui 
s'en  descordent  doivent  estre  mis  en  escrit  comme 
descordant,  beaum.  81.  Comment  s'acordent  en  un 
point  Deux  choses  ainsi  discordant,  Roman  de  la 
poire.  Il  XIV*  s.  Aucuns  peu  sachans  dient  que  en 
ceste  question  sont  contraires  et  discordans  théolo- 
gie et  les  drois  [le  droit],  oresme  ,  Jï(/i.  -l  02.  |1  xvi'  s. 
Celui  qui  s'accordera  bien  avec  son  père  ne  sera 
discordant  aux  commandemens  de  son  roi,  LANGUE,  47. 
Discordans  avec  leurs  plus  proches  voisins,  id.  4fl. 

DISCORDE  (di-skor-d') ,  s.  f.  ||  1°  Grave  dissension 
publique  ou  privée.  Ëtat  en  proie  à  la  discorde.  Les 
discordes  civiles.  Il  semble  qu'à  ces  mots  notre  dis- 
corde expire,  corn.  Hor.  l,  4.  Lorsqu'on  voyait  de 
toutes  parts  tant  de  haines  éclater,  tant  de  ligues  se 
former,  et  cet  esprit  de  discorde  et  de  défiance  qui 
soufflait  la  guerre  aux  quatre  coins  de  l'Europe,  rac. 
Disc,  à  l'Acad.  fr.  Quand  la  discorde  règne  dans  les 
familles,  rien  n'y  peut  demeurer  secret,  rollin, 
Ilisl.  anc.  Œuvres,  t.  vin,  p.  <44,  dans  pougens. 
La  discoïde  civile  est  partout  sur  sa  trace  [suit  par- 
tout Mahomet],  volt.  Fanât,  ii,  5.  ||  Poétiquement. 
La  discorde  en  fureur  frémit  de  toutes  parts,  rac. 
Prol.  Esth.  Déjà  de  tout  le  camp  la  discorde  mal- 
tresse Avait  sur  tous  les  yeux  mis  son  bandeau  fa- 
tal, ID.  Jph.  v,6.  La  discorde  a  toujours  régné  dans 
l'univers;  Notre  monde  en  fournit  mille  exemples 
divers,  la  font.  Fabl.  xii,  8.  ||  2°  Terme  de  mytho- 
logie. Déesse  cause  des  dissensions.  La  Discorde  aux 
crins  de  couleuvres.  Peste  fatale  aux  potentats.  Ne  fi- 
nit ses  tragiques  œuvres  Qu'en  la  fin  même  des  États, 
MALH.  m,  2.  La  déesse  Discorde  ayant  brouillé  les 
dieux.  Et  fait  un  grand  procès  là-haut  pour  une 
pomme.  On  la  fil  déloger  des  cieux;  Chez  l'animal 
qu'on  appelle  homme.  On  la  reçut  à  bras  ouverts, 
LA  FONT.  Fabl.  VI,  20.  Quand  la  Discorde  encor 
toute  noire  de  crimes.  Sortant  des  cordeliers  pour 
aller  aux  minimes,  Avec  cet  air  hideux  qui  fait  fré- 
mir la  paix,  S'arrêta  près  d'un  arbre  auprès  de 
son  palais,  eoil.  Lutrin,  i.  Viens  près  de  ces  lares 
tranq\iilles,  Tu  verras  de  loin  dans  les  villes  Mugir 
la  Discorde  aux  cent  voix,  v.  hugo.  Odes,  iv.  2. 
Il  Pomme  de  discorde,  sujet  de  discussion,  locution 
tirée  de  la  pomme  que  la  déesse  Discorde  jeta  entre 
les  dieux  avec  cette  inscription  :  à  la  plus  belle,  et 
qui  émut  entre  Junon,  Minerve  et  Vénus  une  que- 
relle d'où  sortit  plus  tard  la  guerre  de  Troie.  ||  La 
discorde  est  au  camp  d'Agramant,  phrase  prover- 
biale employée  pour  exprimer  des  discussions  gra- 
ves entre  les  hommes  faisant  partie  d'un  même 
corps,  qni  devraient  conserver  entre  eux  la  paix. 
Cette  expression  est  fondée  sur  un  passage  du  llo- 
land  furieux,  où  St  Michel  envoie  la  Discorde  dans 
le  camp  d'Agramant  ,  empereur  des  Barrasins,  et 
cette  déesse  fait  naître  coup  sur  coup  entre  les  prin- 
cipaux guerriers  des  querelles  que  l'empereur  ne 
peut  calmer  et  qui  vont  ruiner  son  parti.  ||  3°  Terme 
du  jeu  de  l'hombre.  La  réunion  des  quatre  rois. 

—  HlST.  xni*  s.  Einsi  estoit  l'os  [l'armée]  en  dis- 
corde comme  vous  oés  [entendez] ,  villeh.  lu.  La 
griindre  [la  plus  grande]  descorde  qui  i  fu,  si  fu 
dou  conte  Baudoin  de  Flandres  et  del  marchis  Bo- 
niface  de  Monferrat,  id.  cix.  Il  avoit  peor  [peurj  que 
(lescorde  ne  venist  entr'aua  [eux]  et  les  Grieus,  id. 
Lxxxvii.  Mais  or  lor  aîst  [aide]  Diex,  qui  tout  a 
k  sauver;  Quar  moult  a  grant  discorde  entre  faire 
et  penser,  Ch.  dAnt.  vii,  725.  ||  xir-  s.  Les  privées 
discordes,  beucusurb.  f»  43  verso.   ||  xvt*  s.  Par 


DIS 

la  di.scorde  les  choses  grandes  sont  amoindries  et 
ruinées,  langue, B4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  discordia;  du 
latin  discordia  (voy.  discorder). 

DISCORDER  (di-skor-dé),  V.  n.  ||  1°  Être  en  dis- 
corde. Ces  caractères  discordent.  ||  2°  N'avoir  pas  de 
convenance  réciproque.  Puis  il  [un  tableau]  est  de 
la  plus  mauvaise  couleur  et  fait  pour  discorder,  Di- 
derot, Salon  de  t7(i5,  Qiuvres,  t.  xm,  p.  H8, 
dans  pougens.  ||  3°  Terme  de  musique.  Être  discor- 
dant. Ces  instruments  discordent.  Un  piano  qui  dis- 
corde. Dans  un  concert  d'hymen,  lorsque  quelqu'un 
discorde,  Je  sais  juste  baisser  ou  hau.sser  une  corde, 
regnard,  leBal,to.  ||  Il  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire avoir. 

—  IllST.  XIII*  s.  Et  ne  vous  merveilliés  mie  de  la 
laie  [laïque]  gentse  il  se  descordoient,  quant  li  blanc 
moine  deCitiaus  quiestoient  en  l'ost  se  descordoient 
aussi,  villeh.  lu.  Parfo:,dist  li  rois,  piiisque  vous 
vous  accordés  tant,  je  ne  me  discorde  mie,  Chron. 
de  Rains,  2B.  |{  xiv*  s.  Et  à  chose  false  le  voir  [vrai] 
se  descorde  bien  tost,  oresme,  Eth.  M.  \\  xvi*  s. 
J'ay  bien  voulu  noter  en  passant  ces  poincts,  afin 
que  le  lecteur  entende  en  quoy  je  discorde  d'avec 
les  docteurs  scolastiques,  calvin, /ns(i(.  186.  Ils  ne 
peuvent  faillir  ne  discorder  du  jugement  de  Dieu, 
puis  qu'ils  ne  jugent  que  par  sa  loy,  id.  tb.  974. 

—  ÉTVM.  Provenç.  descordar;  espagn.  discordar; 
ital.  discordare;  du  latin  discordare,  de  discors, 
qui  est  en  discorde,  de  dts....  préfixe,  et  cor,  cor- 
dis,  cœur.  C'est  par  extension  que  le  mot  est  entré 
dans  le  vocabulaire  musical  ;  on  est  passé ,  ce  qui  est 
rare,  d'une  signification  morale  aune  signification 
physique.  Chorda,  corde,  n'arien  à  faire  ici,  le  la- 
tin n'écrivant  jamais  dtsc/iordare  ou  conchordare. 

t  DISCOSOiME  (di-sko-so-m') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  le  corps  en  forme  de  disque.  ||  S.  m. 
Nom  d'un  genre  d'arachnides,  et  d'un  genre  de  po- 
lypiers. 

—  ÉTYM.  Atcxaç,  disque,  et  (iw|xa,  corps. 
DISCOUREUR,  EUSE  (di-skou-reur,reû-z'),  s.  m. 

et  f.  Celui ,  celle  qui  tient  de  longs  discours ,  beaucoup 
de  discours.  Mais  de  ces  discoureurs  il  ne  s'en  trouve 
point,  Ou  pour  le  moins  bien  peu,  qui  connaissent 
ce  point,  Régnier,  Sat.  v.  Pour  la  discoureuse  dont 
vous  vous  plaignez....  elle  ne  fait  pas  à  beaucoup 
près  des    fautes  si  dangereuses  ,  balz.    liv.   vu, 

lett.  43 Impudent  discoureur,  Tu  sauras  si  mon 

bras....  MAIRET,  Soliman,  v.  6.  Paix,  discoureuse, 
MOL.  Am.  méd.  il,  2.  Fade  discoureur,  qui  n'a  pas 
plutôt  le  pied  dans  une  assemblée,  qu'il  cherche 
quelques  femmes  auprès  de  qui  il  puisse  s'insinuer, 
LA  BRUY.  V.  Vous  ne  songerez  qu'à  finir  votre  entre- 
prise, sans  daigner  même  songer  à  faire  rougir  les 
discoureurs,  maintenon,  Lclt.  au  duc  de  Noailles, 
25janv.  17t(.  Je  frémis  quand  je  pense  que  les  ar- 
mes [d'Achille]  faites  par  le  dieu  Vulcain  et  que  ma 
mère  m'avait  données,  ont  été  la  récompense  d'un 
discoureur  artificieux  [Ulysse],  fén.  Dial.  des  morts 
anciens,  B.  Nous  aurions  bien  moins  de  peine  à  ju- 
ger nos  criminels  qu'à  vider  les  différends  de  tous 
ces  discoureurs,  fonten.  Jug.  de  Piufon.ô  dis- 
coureuse insupportable,  pensa  le  vicomte,  ton  pa- 
thos me  permettra-t-il  enfin  de  placer  le  seul  mot 
que  j'aie  à  te  dire?  cii.  de  Bernard,  un  Homme  sé- 
rieux, §  XIV.  Il  En  bonne  part.  L'aimable  discou- 
reur jamais  ne  nous  occupe  De  ses  talents,  de 
son  emploi,   delille,  Coni;ers.  m. 

—  HlST.  XVI*  s.  Les  esprits  que  l'on  estime  les 
plus  subtils  et  grands  discoureurs....  iia.ro.  Nouv.  u. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISCOURIR. 

DISCOURIR  (di-skou-rir),  je  discours,  tu  dis- 
cours, il  discourt,  nous  discourons,  vous  discourez, 
ils  discourent;  je  discourais;  je  discourus:  je  dis- 
courrai; je  discourrais;  discours,  qu'il  discoure, 
discourons,  discourez,  qu'ils  discourent;  que  je  dis- 
coure, que  tu  discoures,  qu'il  discoure,  que  nous 
discourions,  que  vous  discouriez,  qu'ils  discourent; 
que  je  discourusse;  discourant,  discouru,  v.  n. 
Il  1°  Proprement,  courir  çà  et  là Ta  bonté  dis- 
court au  bien  de  tes  sujets,  Régnier,  Sat.  i.  ||  Ce 
sens,  qu'on  trouve  dans  le  xvi*  siècle,  est  tout  à  fait 
hors  d'usage.  ||  2°  Fig.  S'étendre  sur  un  sujet,  en 
parler  avec  une  certaine  méthode  et  quelque  éten- 
due. Je  te  veux  discourir  comme  je  trouve  étrange 
Le  chemin....  Régnier,  Sat.  v.  Philosophes  rê- 
veurs, discourez  hautement;  Sans  bouger  de  la 
terre,  allez  au  firmament,  id.  Sat.  ix.  Selon  l'in- 
térêt tout  le  monde  discourt,  id.  Sat.  xii.  Lors- 
que ,  nous  discourant  des  choses  de  la  terre , 
¥ol.  Sgan,  i.  On  peut  discourir  sans  fin  sur  tout 
cela,  Boss.  Lett.  Corn.  84.  On  croirait  à  vous  voir, 
dans  vos  libres  caprices,  Discourir  en  Caton  des  ver- 


DIS 

tus  et  des  vices....  boil.  Sat.  ix.  Lamoignon,  n^us 
irons,  libres  d'inquiétude.  Discourir  des  vertus  dont 
tu  fais  ton  étude,  id.  Épit.  vi.  11  [Phédon]  n'est  ja- 
mais du  nombre  de  ceux  qui  forment  un  cercle  pour 
discourir,  la  bruy.  vi.  La  sotte  envie  de  discourif 
vient  d'une  habitude  qu'on  a  contractée  de  parler 
beaucoup  et  sans  réflexion,  id.  Théophraste ,  m.  Il 
est  plus  aisé  de  bien  discourir  que  de  bien  écrire, 
maintenon,  Lett.  à  d'Àubigné,  IB  mars  1678.  [On] 
Préférait  l'art  de  bien  vivre  Â  l'art  de  bien  discou- 
rir, J.  B.  Rouss.  Odes,  IV,  3.  |1  Fig.  Et  c'est  aux 
mieux  disants  une  témérité  De  parler  où  le  ciel 
discourt  par  tes  oracles,  Et  ne  le  faire  pas  où  par- 
lent tes  miracles,  Régnier,  Sat.  i.  ||  Familière- 
ment. Discourir  sur  la  pointe  d'une  aiguille,  dis- 
courir de  choses  très-futiîes  ou  très -subtiles. 
Il  3°  Tenir  de  longs  propos.  Auteurs  d'aventures  tra- 
giques, De  quoi  n'osez-vous  discourir?  malh.  v,  23. 
11  montre  tes  faveurs,  tout  haut  il  en  discourt,  Ré- 
gnier, Élég.  II Marchons  sans  discourir,  corn. 

Cid,  II,  2.  Force-les  au  silence,  et,  sans  plus  dis- 
courir. Sauve  ta  renommée  en  me  faisant  mourir, 

iD.  ib.  Hi,  ♦ Laissons-la  discourir.  Et  ne  nous 

perdons  point  de  crainte  de  mourir,  id.  Othon,  ii,  a. 
Nous  avons  fort  discouru  de  toutes  vos  afl"aires,  sÉv. 
(18.  Il  Quelquefois  discourir  ne  signifie  rien  de  plus 
que  parler.  Eux  discourant,  pour  tromper  le  che- 
min. De  chose  et  d'autre....  la  fout.  Or ne  par- 
lons plus  de  querelle  :  c'est  fait;  Discourons  d'autre 
affaire,  MOL.  Femmes  sav.  u,  8.  ||  Ne  faire  que  dis- 
courir, ne  dire  que  des  choses  frivoles  et  inutiles. 
Il  4°  S.  m.  Le  discourir,  les  longs  discours  ....  Mais, 
ami,  laissons  le  discourir,  Régnier,  Sat.  viil. 

—  KEM.  1.  Il  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  ocoir. 
Il  2.  Dans  la  tragédie  de  Clitandre  par  Corneille,  Py- 
mante,  à  qui  Dorise crève  un  œil  avec  une  aiguille, 
fait  un  long  monolot-'ue  adressé  à  cette  même  ai- 
guille. L'éditeur  de  l'édition  de  1738  (in-l2)  se  de- 
mande (t.  I,  Avertissement,  p.  ix)  si  ce  n'est  pas  de 
là  qu'est  né  le  proverbe  :  discourir  sur  la  pointe 
d'une  aiguille.  Mais  il  n'est  pas,  ce  semble,  besoin 
d'aller  si  loin;  la  locution  s'explique  d'elle-même, 
comme  la  locution  grecque  :  être  sur  le  tranchant 
d'un  rasoir. 

—  SYN.  DISCOURIR   DE,   DISCOURIR    SUR.    DisCOurir 

sur  quelque  chose,  c'est  en  parler  avec  quelque  mé- 
thode. Discourir  d'une  chose,  c'est  en  parler  comme 
on  en  parle  dans  la  conversation. 

—  HIST.  XVI*  s.  Assez  y  a  en  ceste  nation,  Sans 
discourir  d'un  à  autre  hémisphère.  De  quoy  trop 
plus  qu'à  mes  vœus  satisfaire,  st-gel.  2ib.  Tel  dis- 
court bien  en  privé,  qui  harangueroit  mal  un  peu- 
ple, MONT.  IV,  <33.  Democritus  présupposant  une 
opinion  et  une  doctrine  fausse  en  la  philosophie,  et 
qui  induit  les  hommes  en  superstitions  infinies,  qu'il 
y  ait  des  images  bonnes  et  mauvaises  qui  discou- 
rent [errent]  par  l'air,  amtot,  P.  jEm.  t.  i  la  fin  il 
commencea  à  entrer  en  propos,  et  à  leur  discourir 
de  la  fortune  et  de  l'incertitude  des  choses  humai- 
nes, ID.  ib.  4B.  N'ayant  jamais  au  paravant  discouru 
à  par  soy  en  son  entendement,  qu'ils  esbranloient, 
en  ce  faisant,  tout  l'empire  des  Lacedaemoniens,  ib. 
Pélop.  14.  Et  n'y  avoit  celuy  qui  ne  se  meslast  de 
discourir  combien  d'avantage  ilz  auraient  sur  leurs 
ennemis  si....iD.  Marcel.  47.  En  discourant  plusieurs 
grandes  entreprises  qu'il  mettoit  en  son  entende- 
ment, il....  ID.  Pyrrh.  U.  La  reyne  [Cath.  de  Médi- 
cis]  qui  sçavoit  discourir  de  toutes  choses  très-bien 
à  propos....  brant.  Marignan.  Quant  je  vais  discou- 
rant et  des  yeux  et  d'esprit  Sur  les  perfections  qu'en 
toy  le  ciel  escrit,  amad.  jamin,  Poésies,  p.  173, dans 

1ACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  discurrere,  de  dû....  préfixe  ,  et 
currere,  courir. 

DISCOURS  (di-skour;  l't  ne  se  lie  pas:  un  di- 
skour  audacieux;  cependant  quelques-uns  la  lient  ". 
un  di-skour-z  audacieux),  j.  m.  ||  1°  Propos  de  con- 
versation, d'entretien.  [Ils]  Dressent  cent  fois  le  jour 
en  discours  une  armée,  Régnier,  Sa(.  vi.  Qu'a  de 
fâcheux  pour  toi  ce  discours  populaire  î  corn. 
Cid,  IV,  2.  Les  discours  ordinaires  des  hommes 
sont  tout  pleins  des  éloges  qu'ils  se  donnent  les 
uns  aux  autres  pour  les  qualités  d'esprit,  nicole, 
Ess.  de  mor.  l*'  traité,  ch.  6.  Je  sais  bien  les  dis- 
cours dont  il  le  faut  bercer,  mol.  l'Étour.  i,  «  Ton 
discours  de  son  cœur  est-il  bien  l'interprète?  id.  Dép. 
I,  2.  Tenez,  tous  vos  discours  ne  me  touchent  point 
l'âme,  ID.  Éc.  des  f.  v,  4.  Je  veux  que  l'on  soit 
homme,  et  qu'en  toute  rencontre  Le  fond  de  notre 
cœur  dans  nos  discours  se  montre,  id.  Mit.  l,  l. 
C'est  à  vous,  s'il  vous  plaît,  que  ce  discours  s'a- 
dresse, id.  ib.  »,  2.  Tous  ces  discours  sont  des  sot- 
tises, Partant  d'un  homme  sans  éclat;  Ce  seraien 


DIS 


DIS 


DIS 


1179 


paroles  exquises  Si  c'était  un  grand  qui  parlât,  m. 
Amph.  Il,  <.  Que  ce  discours  grossier  terriblement 
assomme  I  id.  Femm.  sav.  ii,  7.  Cessez  de  m'oppo- 
ser  Tos  discours  imposteurs.  Confesseurs  insensés, 
ignorants  séducteurs,  boil.  Epit.  xii.  Un  discours 
trop  fincère  aisément  nous  outrage,  id.  Sal.  vu. 
Pens(  :-vous  qu'ébloui  de  vos  vaines  paroles,  J'ignore 
qu'en  effet  tous  ces  discours  frivoles  Ne  sont  qu'un 
badinage,  un  simple  jeu  d'esprit?  id.  Sat.  x.  k  ces 
discourspressautsquesaurail-on répondre?  id.  Épit. 
XII.  J'ai  voulu  devant  elle  en  ouvrir  le  discours,  rac. 
Bérén.  ii,  2.  Ses  super'oes  discours  tourneront  à  sa 
honte,  ID.  Théb.  I,  6.  Madame,  quel  regard  et  quelle 
voix  sévère  Malgré  votre  discours  m'assure  du  con- 
traire !  ID.  Baj.  IV,  6.  Mais  que  sert  d'affecter  un 
superbe  discours?  id.  Iphig.  i,  i.  Oui,  vos  moindres 
discours  ont  des  grâces  secrètes,  id.  Esther,  m,  4. 
Qui  attaquent  par  des  discours  de  blasphème  les  pra- 
tiques du  culte,  MASS.  Car.  Culte.  \\  Fig.  Que  les 
pleurs  d'une  amante  ont  de  puissants  discours  I  corn 
Hor.  II,  6.  Il  Faire  des  discours,  parler  de.  Tous  les 
discours  que  je  fais,  comme  une  innocente,  de  l'hor- 
reur qu'il  faut  avoir  pour  les  femmes  qui  poussent 
cette  tendresse  un  peu  trop  loin,  et  du  mépris  que 
cela  leur  attire,  sÉv.  236.  Au  discours  qu'il  m'a  fait 
que  saurai-je  comprendre?  mol.  l^Étour.  u,  ti. 
Ces  vains  discours  que  vous  faites  contre  la  piété , 
MASS.  Car.  Avenir.  Pendant  que  Mentor  faisait  ce 
discours,  FÉN.  T^/.  v.  ||  Tenir  un  discours,  tenir  des 
discours,  môme  sens.  Est-ce  à  moi  que  l'on  tient  de 
semblables  discours?  Tu  gagnerais  autant  à  parler 
à  des  sourds,  la  font.  Fabl.  xii,  6.  Mais  quels  dis- 
cours faut-il  que  je  lui  tienne? —  L'occasion  ,  le  ciel 
pourra  vous  les  dicter,  bac.  Baj.  ii,  6.  ||De  beaux 
discours,  se  dit  de  paroles,  de  raisonnements  que 
l'on  qualifie  de  beaux,  pour  n'en  tenir  que  peu  de 
compte.  Je  sais  que  vous  parlez,  monsieur,  le  mieux 
du  monde  ;  En  beaux  raisonnements  vous  abondez 
toujours;  Mais  vous  perdez  le  temps  et  tous  vos 
beaux  discours,  mol.  lUis.  v,  t.  X  tous  ces  beaux 
discours  j'étais  comme  une  pierre,  boil.  Sot.  m. 
Il  C'est  un  autre  discours,  il  ne  s'agit  pas  de  cela. 
Il  Cela  est  bon  pour  le  discours,  ce  sont  de  ces 
choses  qu'on  dit,  mais  qu'on  n'exécute  pas.  ||  2°  Il 
se  dit  quelquefois  de  toute  espèce  de  composition 
considérée  surtout  par  rapport  à  la  diction.  Ils  at- 
tifent leurs  mots,  enjolivent  leur  phrase.  Affec- 
tent leur  discours  tout  si  relevé  d'art.  Et  peignent 
leurs  défauts  de  couleur  et  de  fard,  Régnier,  Sat.  ix. 
De  vouloir  sottement  que  mon  discours  se  dore  Aux 
dépens  d'un  sujet  que  tout  le  monde  adore,  id.  ib. 
VI.  Voulez-vous  du  public  mériter  les  amours.  Sans 
cesse  en  écrivant  variez  vos  discours,  boil.  Art  p. 
1.  Vous  savez  que  c'est  le  goût  de  notre  siècle  d'ai- 
mer le  naturel  dans  le  discours,  bayle,  Lelt.93,  )8 
mai  (691 ,  t.  I,  p.  319.  Il  Cribler  le  discours,  le  pas- 
ser au  crible,  voir  s'il  est  vrai.  Mais  pour  nous, 
moins  hardis  à  croire  nos  raisons.  Qui  réglons  nos 
esprits  par  les  comparaisons  D'une  chose  avec  l'au- 
tre.... Qui  criblons  le  discours....  Régnier,  Sat.  ix. 
Il  3"  Absolument.  Le  talent  de  discourir.  Auguste 
eut  le  discours  prompt  et  facile  qui  convient  à  un 
souverain,  dider.  Claude  et  Nér.  i,  37.  ||  11  s'est  dit 
anciennement  pour  conversation.  Un  de  mes  amis 
me  mena  un  jour  chez  une  demoiselle  appelée  Luce, 
me  disant  que  c'était  la  femme  du  meilleur  discours 
qui  se  pût  voir,  Francion ,  liv.  vi,  p.  226.  ||  4"  Terme 
de  grammaire.  La  suite  des  mots  ou  des  phrases, 
en  tant  qu'ils  expriment  nos  pensées.  ||  Les  dix 
parties  du  discours  ,  les  différentes  espèces  de 
mots.  Il  Terme  de  rhétorique.  Le  discours  familier, 
le  parler  familier.  Le  discours  écrit,  le  parler  tel 
qu'il  est  quand,  écrivant,  on  soigne  la  diction. 
Il  5°  Ce  qui,  dit  en  public,  traite  d'un  sujet  avec 
une  certaine  méthode,  et  une  certaine  longueiir. 
Prononcer  un  discours.  Un  discours  éloquent.  Ce 
discours  fit  une  vive  impression  sur  l'assemblée. 
....Ce  discours  un  peu  fort  Doit  commencer  à  vous 
léplaire,  la  font.  Fahl.  xi,  7.  Un  discours  qu'il  fit 
'.ux  ennemis  de  l'empire,  boss.  Ilist.  i,  <t.  Aucun 
:héteur  encore,  arrangeant  le  discours.  N'avait  d'un 
Xrt  menteur  enseigné  les  détours,  boil.  Ép.  ix.  Ceux 
fui,  interrogés  sur  le  discours  que  je  fis  à  l'Acadé- 
nie  française,  le  jour  que  j'eus  l'honneur  d'y  être 
eçu,  ont  dit  sèchement  que  j'avais  fait  des  carac- 
■ères,  croyant  le  blâmer,  en  ont  donné  l'idée  la  plus 
.vantageuse  que  je  pouvais  moi-même  désirer,  la 
iRUY.  Disc,  à  VAcad.  franc.  Préface.  J'ai  pris  soin 
te  m'écarter  des  lieux  communs  et  des  phrases  pro- 
'.crbiales  usées  depuis  si  longtemps  pour  avoir  servi 
t  >m  nombre  infini  de  pareils  discours  depuis  la 
taissanoede  l'Académie  française, iD.tfc.  Un  discours 
ae  prouve  jamais  rien  par  lui-même;  il  tire  tout  son 


caractère,  toute  sa  force  de  l'avant-propos,  de  l'a- 
vant-scène, de  la  nature  du  moment,  de  l'espèce 
des  interlocuteurs,  Mirabeau,  CoUection ,  t.  iv, 
p.  198.  Il  Discours  en  vers,  nom  donné  par  Voltaire 
et  depuis  par  tout  le  monde  à  une  sorte  de  disser- 
tation en  vers  sur  un  sujet  ordinairement  moral, 
comme  l'égalité  des  conditions,  le  bonheur,  etc. 
Il  Se  dit  aussi  d'ouvrages  en  prose.  Discours  sur 
les  passions  de  l'amour,  par  Pascal.  C'est  à  peu 
près  ce  que  nous  intitulons  Essai  aujourd'hui. 
Il  Composition  que  l'on  donne  dans  les  collèges 
et  qui  consiste  à  développer  en  latin  ou  en  fran- 
çais une  esquisse  dictée  par  le  maître  et  relative  au 
discours  d'un  personnage  connu  en  une  circon- 
stance donnée.  Au  concours  général,  le  prix  d'hon- 
neur est  attaché  au  discours  latin.  ||  6°  Dans  le  style 
élevé,  récit,  histoire.  J'en  sais  tout  le  discours,  mais 
dis-moi....  Régnier,  Dial.  Si  l'on  nous  fait  un  fidèle 
discours,  rac.  Iph.  iv,  t.  On  sème  de  sa  mort  d'in- 
croyables discours,  id.  Phèd.  ii,  i.  ||  7°  Discours 
sur-le-champ,  s'est  dit  pour  improvisation. 

—  SYN.  DISCOURS,  harangue,  oraison.  Discours 
est  le  terme  le  plus  général;  il  se  dit  de  tout  ce  qui 
est  prononcé  avec  une  certaine  méthode  et  une  cer- 
taine longueur:  discours  dans  les  assemblées  légis- 
latives; discours  académiques;  les  discours  de  dis- 
tribution des  prix.  La  harangue  est  un  discours  qui 
a  de  la  solennité,  et  qui  s'adresse  à  un  corps,  à  un 
roi,  à  un  personnage  constitué  en  dignité,  à  une 
armée;  on  donne  souvent  le  nom  de  harangues  aux 
discours  que  les  anciens  historiens  rapportent  comme 
ayant  été  adressés  par  les  généraux  à  leurs  troupes. 
Oraison  se  dit  ou  plutôt  s'est  dit  des  discours  des  ora- 
teurs anciens  :  les  oraisons  de  Démosthène,  de  Cicéron . 

—  HIST.  xvi'  s.  Et  lui  conta  tout  le  discours  [plan] 
de  l'entreprise  bien  au  long,  marg.  Nouv.  ux.  Il  se 
présenta  avecques  un  beau  discours  prémédité  sur... . 
mont.  I,  4  89.  Lui  qui  estoit  homme  de  bon  discours 
[sensé],  raisonnoit  en  soi  mesme  que....  desper. 
Contes ,  VI.  Les  Peloponesiens  se  fussent  bien  tost 
lassez  de  la  guerre,  ainsi  que  Pericles  leur  avoit 
prédit,  s'il  n'y  eust  eu  quelque  divine  puissance,  qui 
eust  secrettement  empesché  le  discours  de  la  raison 
humaine,  amvot,  Péric.  65.  Il  feit  depuis  peindre 
tout  le  discours  de  ceste  histoire  au  long  en  un  ta- 
bleau, ID.  Marins,  7).  Contrainte  fut  d'empescher 
le  discours  De  leur  propos....  les  marguerites  de  la 
marguerite,  f°  382,  dans  lacurne.  Discours  au  vieux 
loup  [discours  inutile],  oudin. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  discor;  ital.  discorso;  du  la- 
tin discursus,  proprement  excursion;  àe  discurrere , 
dédis....  préfixe,  et  currere,  courir. 

DISCOURTOIS,  OISE  (di-skour-toî,  tol-z'),  adj. 
Qui  n'est  pas  courtois,  qui  est  impoli.  Langage  dis- 
courtois. Un  chevalier  discourtois.  ||  Substantive- 
ment. Les  paladins  allaient  punir  l'audace  Du  dis- 
courtois dont  l'altière  menace  Se  mêle  aux  jeux  des 
paisibles  tournois,  millev.  Charlem.  à  Pavie,  v. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
courtois. 

t  DISCOPRTOISEMENT  (di-skour-toi-ze-man), 
adv.  D'une  manière  discourtoise. 

—  HIST.  xvr  s.  Ceste  ambassade  ouye,  trop  dis- 
courtoisement  fut  respondu  que....  bhant.  Ferdi- 
nand l. 

—  ÉTYM.  Discourtoise,  et  le  suffixe  ment. 
DISCOURTOISIE  (di-skour-toi-zie),  s.  f.  Manque 

de  courtoisie. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  seroit  une  notable  discourtoi- 
sie, de....  mont.  I,  8).  Aiant  receu  quelques  dis- 
courtoisies en  passant  par  les  villes  des  refformez, 
d'aub.  7/tsf.  Il,  267. 

—  ÉTYM.  Discourtois. 

DISCRÉDIT  (di-skré-di;  let  ne  se  lie  pas  dans  la 
conversation),  s.  m.  Diminution,  perte  de  crédit,  en 
parlant  des  choses  et  des  personnes.  Le  discrédit 
des  assignats,  des  billets  d'un  négociant.  Ce  minis- 
tre fut  dès  lors  en  discrédit  auprès  du  roi. 

—  REM.  D'après  Bescberelle,  discrédit  date  de 
t7)9,  époque  où  ce  mot  fut  employé  dans  divers  ar- 
rêts du  Conseil  pour  exprimer  le  peu  de  confiance  que 
le  public  avait  aux  actions  de  la  Compagnie  des  Indes. 
Le  fait  est  qu'il  n'est  dans  le  Dictionnaire  de  l'Aca- 
démie qu'à  partir  de  l'édition  de  <740.  Mais  le  verbe 
discréditer  est  ancien;  on  le  trouve  dans  Pasquier. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  crédit. 
DISCRÉDITE,  ÉE  (di-skré-di-té,  iée), part. passé. 

Tombé  dans  le  discrédit. 

DISCRÉDITER  (di-skré-di-té),  V.  o. Faire  tomber 
eu  discrédit.  Discréditer  une  marchandise,  un  papier- 
monnaie,  une  personne.  ||  Se  discréditer,  v.  réfl. 
Perdre  son  crédit. 

—  SYN.  discréditer,  décbéditer.  Des  grammai- 


riens, voulant  séparer  ces  leux  mois,  ont  dit  :  on 
discrédite  les  choses,  on  décrédite  les  personnes;  la 
marchandise  discréditée  perd  de  sa  valeur;  l'homme 
décrédité  perd  de  sa  considération.  Mais  discré- 
dit s'appliquant  à  la  fois  aux  personnes  et  aux  choses, 
ne  permet  pas  cette  distinction.  U  faut  dire  :  dis- 
créditer s'applique  à  la  fois  aux  personnes  et  aux 
choses;  décréditer  ne  s'applique  qu'aux  personnes. 

—  HIST.  XVI"  s.  Brunehaut,  jalouse  de  cette  belle 
amitié,  craignant  d'estre  desautorisée  ou  discréditée, 
fait  tant  par  ses  charmes  que  Thierry  ne  peut  habiter 
avec  sa  femme,  pasquier,  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Discrédit. 

DISCRET,  ËTE  (di-skrè ,  skrè-t') ,  od;.  ||  1»  Terme 
didactique.  Séparé,  misa  part.  |1  Terme  de  mathéma- 
tique. Quantité  discrète,  quantité  qui  se  compose 
de  parties  séparées.  Les  nombres  sont  des  quantités 
discrètes,  par  opposition  à  l'étendue  qui  est  une  ■ 
quantité  continue.  ||  Terme  de  médecine.  Variole 
discrète ,  variole  dont  les  pustules  sont  distinctes 
et  séparées  les  unes  des  autres,  par  opposition  à 
variole  confluente.  ||  2°  Fig.  Retenu  dans  ses  paroles 
et  dans  ses  actions  (le  discret  étant  comparé  à  celui 
qui  se  sépare,  se  met  à  part).  Adieu;  je  me  retire 
en  confident  discret,  corn.  Cinna,  m,  2.  En  sage 
et  discrète  personne  Maître  chat  excusait  ces  jeux, 
LA  FONT.  Fabl.  xu,  2.  J'étais  hardi  chez  mon  père, 
libre  chez  M.  Lambercier,  discret  chez  mon  on- 
cle, J.  J.  Rouss.  Confess.  i.  ||  Père  discret,  mère 
discrète,  religieux,  religieuse  qui  assiste  au  conseil 
du  supérieur.  ||  Vénérable  et  discrète  personne,  ti- 
tre d'honneur  qu'on  donnait  jadis  aux  prêtres  et  aux 
docteurs.  ||  Par  extension,  en  parlant  des  choses.  Sa 
conduite  a  été  fort  discrète.  Cette  sincérité  sans 
doute  est  peu  discrète,  bac.  Brit.  ii,  3.  L'amour  le 
plus  discret  Laisse  par  quelque  marque  échapper 
son  secret,  id.  Baj.  m,  8.  ||  Style  discret,  style  qui 
a  le  caractère  de  la  retenue,  et  où  l'on  évite  l'orne- 
ment et  le  développement.  ||  3°  Qui  sait  garder  un 
secret.  C'est  une  femme  discrète.  Je  ne  puis  vous 
dire  combien  je  suis  surpris  de  trouver  une  chose 
que  j'attendais  si  peu  de  vous,  et  de  voir  que  j'eusse 
été  si  peu  discret  en  la  première  faveur  que  vous 
m'aviez  faite  [en  laissant  voir  à  d'autres  le  cadeau 

que  vous  me  faisiez],  voit.  Lett.   23 Veuillez 

être  discret.  Et  n'allez  pas,  de  grâce,  éventer  mon 
secret,  mol.  te.  des  f.  i,  7.  ||  Substantivement.  Faire 
le  discret,  affecter  de  taire  un  secret.  Matta  qui  vou- 
lait faire  le  discret,  hamilt.  Gramm.  4. 

—  HIST.  XII*  s.  Lipoine  [la  peine]  del  cors  nepuet 
estre  estaule  [stable]  entre  les  richesces,  ne  b  obé- 
dience senz  la  poine  ne  puet  mie  estre  legierement 
discrète,  st  eern.  B68.  ||xm'  s.  Et  eskievins  doit  il 
estaulir,  ki  soient  ci  tain  [citoyens]  discret  et  de  bonne 
opinion,  tailliar,  Recueil,  p.  B09.  ||  xiV  s.  Certes, 
je  l'aim  autant  de  bonne  amour  discrée....  Baud.  de 
Seb.  I,  983.  Il  XV'  s.  Les  chroniques  rassemblées  par. 
vénérable  homme  et  discret  seigneur  monseigneur 
Jean  le  Bel,  froiss.  Prol.  Les  gentils  hommes  de 
son  royaulme  luy  vindrent  dire  qu'ilzvouloient  avoir 
ung  roy,  et  que  l'aisné  de  ses  filz  estoit  bien  au 
point  d'estre  chevalier,  et  assez  homme  discret  pour 
gouverner  le  royaulme.  Perce forest,  t.  iv,  f  t45. 

—  ÉTYM.  Provenç.  discret;  espagn.  et  ital.  dts- 
creto;  du  latin  discretus,  séparé,  divisé  (d'où  ré- 
servé, prudent,  etc.),  participe  passé  de  disccrnere 
(voy.  discerner). 

DISCRÈTEMENT  (di-skrè-te-man) ,  ad».  ||  1°  Avec 
retenue,  réserve.  Il  s'est  conduit  discrètement.  Voilà 
une  roupie  pour  réparer  le  mal  que  j'ai  fait....  m'é- 
tant  ainsi  tiré  d'affaire  discrètement....  volt.  Baba- 
bec.  Je  continuerais  ici,  monseigneur,  bien  volon- 
tiers ce  discours;  mais  je  crains  de  n'user  pas  assez 
discrètement  de  la  liberté  que  l'on  m'a  donnée, 
VOIT.  Lett.  6B.  Il  2°  Sans  dire  ce  qui  doit  être  tu.  U 
a  gardé  discrètement  le  secret  confié. 

—  HIST.  XV'  s.  J'ay  parlé  comment  peu  discrette- 
ment  luy  fut  signifié  le  mot,  comm.  vi,  <2. 

—  ÉTYM.  Discrète,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
discretamen;  catal.  discretament  ;  espagn.  et  ital. 
discretamente. 

DISCRÉTION  (di-skré-sion  ;  en  vers ,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Qualité  par  laquelle  on  discerne, 
on  juge.  L'âge  de  discrétion, l'âge  de  raison.  Un  in- 
nocent qui  n'a  pas  encore  l'âge  de  discrétion,  volt. 
Phil.  m,  US.  112°  Par  extension,  réserve,  retenue 
prudente  dans  les  paroles  ou  dans  les  actes.  Agir 
avec  discrétion.  Son  zèle  est  sans  discrétion.  User 
d'une  chose,  d'une  permission  avec  discrétion.  Il 
y  a  parmi  les  morts  une  honnêteté,  une  discrétion 
la  plus  grande  du  monde;  jamais  on  n'en  voit  sa 
plaindre  du  médecin  qui  l'a  tué,  mol.  Sléd.  m.  lui, 
m,  I.  Les  convives  [dans  l'Eldorado]  étaient  pour  la 


1180 


DIS 


plupart  des  marchands  et  des  voiluriers,  tous  d'une 
politesse  extrême,  qui  firent  quelques  questions  à 
Cocambo,  avec  la  discrétion  la  plus  circonspecte, 
VOLT.  Candide,  *T.  Bien  n'y  passait  les  bornes 
de  la  discrétion,  J.  J.  Rouss.  Confess.  ii.  Les  An- 
glais sont  les  hommes  du  monde  qui  ont  le  plus  de 
discrétion  et  de  ménagement  dans  tout  ce  qui  tient 
aux  affections  véritables, STAËL, Cortnrre, VI,  4.  ||  S'en 
mettre,  s'en  remettre  à  la  discrétion  de  quelqu'un, 
c'est-à-dire  s'en  rapporter  à  son  jugement  dans  une 
affaire.  Pourtant,  pour  cette  grande  et  fameuse 
action,  Vous  en  mites  le  prix  à  sa  discrétion,  rotr. 
Vencesl.  i,  1.  Je  t'apprendrai,  dit  en  soi-même  le 
Phrygien,  à  spécifier  ce  que  tu  souhaites,  sans  t'en 
remettre  à  la  discrétion  d'un  esclave,  la  font.  Vie 
d'Ésope.  Il  Par  extension,  se  mettre  à  la  discrétion 
de  quelqu'un,  se  livrer  entièrement  à  sa  volonté. 
Un  homme  dangereux  et  hardi  pourrait  livrer  mon 
caractère  et  l'innocence  de  mes  mœurs  à  la  discré- 
tion de  son  audace,  Spécial,  franc.  MU,  dans  des- 
FONTAiNES.  ||  Être  à  la  discrétion  de  quelqu'un,  dé- 
pendre de  sa  volonté.  Le  salut  de  l'Hespérie  sera  à 
votre  discrétion,  fén.  Tél.  xi.  ||  11  se  dit  en  parlant 
d'une  femme  qui  s'est  rendue  aux  désirs.  Votre  per- 
sonne sera  k  ma  discrétion,  mol.  le  Mar.  f.  4.  Le 
vainqueur  l'eut  à  sa  discrétion,  la  font.  Mandr. 
Il  Je  laisse  cela  à  votre  discrétion,  vous  arrangerez 
cela  comme  vous  le  jugerez  bon.  Le  bénéfice  est  de 
tant;  vous  me  ferez  ma  part;  je  laisse  cela  à  votre 
discrétion.  ||  X  discrétion,  loc.  adv.  X  volonté.  Pour 
le  pain  vous  en  aurez  à  discrétion.  Boire  à  discré- 
tion. Ce  point  B  est  pris  à  discrétion  dans  l'ellipse, 
DESC.  Viopt.  8.  Elle  [la  belette]  sortait  de  maladie; 
Là  vivant  à  discrétion,  La  galante  fit  chère  lie,  la 
FONT.  Fabl.  III,  -17.  Dans  une  île  presque  déserte 
dont  le  terrain  était  à  discrétion,  elle  ne  choisit 
point  les  cantons  les  plus  fertiles,  behn.  de  si-p. 
Paul  et  Yirg.  ||  Vivre  à  discrétion,  se  dit  de  gens, 
et  surtout  de  gens  de  guerre,  qui  se  font  donner 
par  les  habitants  d'un  lieu  tout  ce  qu'ils  veulent. 
Les  troupes  allemandes  vécurent  neuf  mois  à  discré- 
tion dans  Rome,  volt.  Mœurs,  24.  Si  vous  n'êtes 
chez  mon  capitaine  demain  matin  à  quatre  heures, 
vous  aurez  ici,  à  cinq,  trente  soldats  logés  à  dis- 
crétion, BRUEYS,  Grondeur,  m,  4  3.  ||  Se  rendre 
à  discrétion,  se  mettre  à  la  merci  du  vainqueur. 
Ixirsqu'on  désire,  on  se  rend  à  discrétion  à  celui  de 
qui  l'on  espère,  la  bruy.  xi.  ||  8°  Discrétion  des 
prix,  taux  modéré.  ||  4°  Ce  qu'on  gage  ou  ce  qu'on 
joue  sans  le  déterminer  précisément  et  qu'on 
laisse  à  la  volonté  de  celui  qui  perdra.  Gagner  une 
discrétion.  Si  je  n'eusse  point  gagé  de  vous  don- 
ner votre  portrait  pour  une  discrétion,  je  n'eusse 
jamais  cru  qu'une  personne  de  ma  qualité  et  de 
mon  humeur  eût  pu  avoir  de  la  répugnance  à  payer 
ses  dettes.  Mémoires  de  Mlle  de  Montpensier ,  p.  319. 
Il  5°  Qualité  par  laquelle  on  sait  garder  un  secret.  Il 
est  plein  de  discrétion.  Une  discrétion  éprouvée.  Il 
le  conte  au  docteur;  discrétion  française  Est  chose 
outre  nature  et  d'un  trop  grand  effort,  la  font.  Rot 
Candaule.  Mais  quoi?  vous  ne  pouvez  rien  taire;  un 
peu  de  discrétion  est  bien  rare  aujourd'hui;  les  gens 
crèveraient  plutôt  que  de  ne  point  jaser,  p.  l.  cour. 
S'  lettre  particulière. 

—  REM.  On  ne  dit  pas  :  cette  ville  s'est  rendue  à 
)a  discrét'.on  du  général;  il  s'est  rendu  à  votre 
discrétion;  mais  cette  ville  s'est  rendue  à  discrétion 
au  général  ;  il  s'esl  rendu  à  vous  à  discrétion.  On 
le  disait  autrefois;  mais  se  rendre  à  discrétion  forme 
aujourd'hui  une  locution  dans  laquelle  il  n'est  per- 
mis de  rien  intercaler. 

—  SYN.  DISCRÉTION,  RÉSERVE.  Dans  dIscrétion,  il 
y  a,  élymologiquement,  discerner;  la  discrétion 
est  donc  une  réserve  qui  discerne,  qui  est  éclairée; 
au  lieu  que  réserve  n'implique  que  le  sentiment  qui 
fait  qu'on  ne  s'avance  pas  et  qu'on  a  de  la  retenue; 
l'idée  de  discernement  n'y  est  pas  incluse. 

—  HIST.  XII'  s.  Si  mostrat  il  par  sormonte  de  dis- 
crétion, par  com  grant  songe  [soin]  on  doit  en- 
querre  les  péchiez.  Job,  BU.  Ll  clers  estcorunez; 
Deus  deit  en  lui  seeir;  Aprendre  deit  tuz  dis;  mult 
li  covient  saveir;  Discretiun  e  sens  deit  en  tuz  liuz 
aveir.  Th.  le  mart.  30.  Quand  [ils]  orent  lor  aage, 
sen  [sens]  et  discrecion....  Sax.  m.  jjxiii's.  Cil  qui 
sunt  fol  de  nature,  si  fol  qu'il  n'ont  en  eusnuledis- 
eration,  par  quoi  il  se  puissent  ne  sacent  mainte- 
nir, ne  doivent  pas  tenir  tere ,  beaum.  lvi,  ». 
Il  xiv  s.  El  pour  ce  en  tel  cas  est  mestier  de  la  sen- 
tence et  discrétion  du  juge,  orksme,  Eth.  teo.  Il 
donne  à  chascun  sans  discrettion,  id.  ib.  <08.  Ce 
doit  estre  laissié  en  la  discrecion,  prudence  et  ju- 
gement des  sages  en  chascun  cas  particulier,  id. 
lA.  M.  Il XV  s.  Très  chers  et  puissants  seigneurs,  à 


DIS 

vos  très  nobles  discrétions  plaise  vous  savoir  que  nous 
avons  reçues  très  aimables   lettres,  froiss.  ii,   ii, 

170 ami  n'y  a  [dans  la  cour] ,  n'amie,  Congnois- 

sance,  diligence,  raison.  Manière,  senz,  honeur, 
discrétion,  E.  deschamps,  Intér.  des  cours.  Si  pour- 
roit  par  aclventure  sembler  que  forte  chose  soit  que 
un  homme,  sans  avoir  grandement  estudié,  puisse 
avoir  si  bel  et  si  orné  langaige;  mais  ce  ne  doibt 
sembler  merveille  à  nul  qui  a  discrétion,  Bouciq. 
IV,  ch.  to.  Il  xvi"  s.  En  somme,  il  prétend  à  ce  seul 
but,  d'ester  discrétion  du  bien  et  du  mal,  à  ce  qu'on 
ne  fasse  plus  conscience  de  rien,  quand  on  attri- 
buera le  tout  à  Dieu,  calvin,  30).  Nous  voyons,  en 
icelluy ,  discrétion  des  odeurs  manifeste,  rab.  Faut. 
111,32.  L'empereur  leur  ha  dénoncé  que  il  n'en- 
tend point  que  ses  gens  vivent  à  discrétion,  c'est  à 
dire  sans  payer;  mais  à  discrétion  du  pape,  qui  est 
ce  que  plus  griefve  le  pape,  id.  Épi.  Se  rendre  à  la 
discrétion  de  l'ennemy,  mont,  i,  26.  On  corrompt 
l'office  du  commander,  quand  on  y  obéit  par  dis- 
crétion [volonté],  non  par  subjection,  id.  i,  co.  On 
y  mange  toute  sorte  d'herbes ,  sans  aultre  discrétion 
que  de  refuser  celles  qui  semblent  avoir  mauvaise 
senteur,  id.  i,  Ui.  Les  vieils  doibvent  vivre  à  leur 
discrétion,  sans  obligation  à  nul  certain  office,  id. 
I,  280.  Un  personnage  hazardeux  oultre mesure,  et 
hardy  sans  discrétion  es  périls  de  la  guerre,  amyot, 
Pélop.  1 .  Les  Gaulois  se  soubmirent  entièrement 
eulx  et  leurs  biens  à  la  discrétion  des  Romains,  id. 
Marcel.  9.  Sans  discrétions  de  trêves  ni  de  paix 
[sans  y  avoir  égard],  cabl.  iv,  29.  Ilavoit  fait  faire 
en  ses  pays,  discrétion  de  seize  mil  hommes,  pour 
venir  au  secours  dudit  seigneur,  m.  du  bell.  432. 
On  donne  les  offices  et  promotions,  et  non  prudence 
et  discrétion,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  ii,  p.  360. 

—  ÉTYM.  Provenç.  discretio;  espagn.  discrecion; 
ital.  discrezione;  du  latin  dticrcd'onem,  de  discre- 
tum,  supin  de  discernere  (voy.  discerner). 

DISCRÉTIONNAIRE  (di-skré-sio-nè-r' ),  adj. 
Terme  de  palais.  Pouvoir  discrétionnaire,  faculté 
donnée  à  un  juge  de  décider  en  certains  cas  selon 
son  appréciation  personnelle.  11  se  dit  aussi  du  pou- 
voir illimité  qu'un  gouvernement  prend  ou  reçoit  en 
certaines  circonstances.  La  dictature  est  un  pou- 
voir discrétionnaire. 

—  ÉTYM.  Discrétion. 

DISCRÉTOIRE  (di-.skré-toi-r') ,  s.  m.  Terme  de 
couvent.  Lieu  où  se  tiennent  les  assemblées  des  su- 
périeurs. Les  yeux  en  pleurs,  les  sens  d'horreur 
troublés.  En  manteaux  longs,  en  voiles  redoublés, 
Au  discrétoire  entrent  neuf  vénérables,  gress.  Vert- 
Vert,  ch.  IV.  Il  L'assemblée  elle-même. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  Augustins  assemblez  en  leur 
chapitre  et  discrétoire,  fav.  Thédt.  d'honn.  t.  i, 

p.  678,    dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.Lat.  discretorium,  de  discretum,  supin 
de  discernere,  séparer,  mettre  à  part. 

t  DISCRIMEN  (di-skri-mèn'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Nom  d'un  bandage  pour  la  saignée  du  front. 

—  ÉTYM.  Lat.  discrimen,  séparation  (du  même 
radical  que  discernere ,  discerner) ,  apparemment 
parce  qu'il  divise  la  tête  en  deux  parties  égales. 

t  DISCULPATION  (di-skul-pa-sion),  s.  f.  Action 
de  disculper  autrui  ou  de  se  disculper.  Sa  disculpa- 
tion n'a  pas  paru  convaincante. 

—  REM.  Il  se  trouve  dans  l'édition  du  Dict.  de 
l'Académie  de  t798. 

—  ÉTYM.  Disculper. 

DISCULPÉ,  ÉE  (di-skul-pé,  pée),  part,  passé.  Qui 
est  lavé  d'accusations.  Disculpé  des  charges  qui  pe- 
saient sur  lui. 

DISCULPER  (di-skul-pé),  v.  a.  ||  l"  Justifier  quel- 
qu'un. Ses  amis  le  disculpèrent  de  ce  qu'on  lui  im- 
putait. Ne  serai-je  pas  bien  condamnable,  et  qui  me 
disculpera  auprès  de  Dieu?  bourdal.  Instruct.  Paix 
avec  le  proch.  Exhorl.  t.  ii,  p.  350.  Du  premier  des 
Césars  on  vante  les  exploits;  Mais,  dans  quel  tribu- 
nal, jugé  suivant  les  lois,  Eùt-il  pu  disculper  son 
injuste  manie?  boil.  Sat.  xi.  Ce  qui  disculpe  le  fat 
ambitieux  de  son  ambition  est  le  soin  que  l'on  prend, 
.s'il  a  fait  une  grande  fortune,  de  lui  trouver  un  mé- 
rite qu'il  n'a  jamais  eu,  la  bruy.  vi.  J'aimai  mieux 
être  moins  disculpé  d'un  blâme  aussi  grave,  et  mé- 
nager la  famille  d'une  personne  que  j'aimais,  J.  J. 
Bouss.  Confess.  ix.  Oui  bientôt  Odéide,  en  défen- 
dant son  frère,  Saura  le  disculper  dans  l'esprit  de 
son  père,  Ducis,  Abufar,  iv,  t.\\i°  Se  disculper, 
i>.  réfl.  Se  justifier.  11  se  disculpera  sans  peine, 
croyez-moi.  Je  me  suis  disculpé  de  l'avoir  fait  [le 
discours  de  réception  à  l'Académie  française]  trop 
long  de  quelques  minutes,  la  sruy.  Disc,  à  l'Àcad. 
franc.  Préface. 

—  HIST.  xm*  s.  Et,  so  tu  viens,  bien  te  porras 


DIS 

Devant  no  soigneur  descouper,  Saint  Graal,  v.  t380. 
Le  [la]  tresisme  reson,  si  est  quant  aucuns  est  ape- 
lés  por  ocisions,  et  li  mors,  avant  qu'il  morust, 
nomma  cix  qui  ce  li  firent,  et  descoupa  celi  qui  est 

apelés,  BEAUM.  Lxiii,  2.  Il  xv:'  s De  vouloir  dire 

seulement  ce  qui  servirait  à  le  decoupler,  sans  coul- 
per  autruy,  et  ce  qui  seroit  préjudiciable  à  son 
homme,  M.  du  bell.  496. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  le  latin  eulpa,  faute 
(voy.  coulpe). 

DISCURSIF,  IVE  (di-skur-sif,  si-v'),  adj.\\  1«  Terme 
de  logique.  Qui  tire  une  proposition  d'une  autre  par 
le  raisonnement.  L'homme  a  la  faculté  discursive. 
Il  Terme  de  philosophie.  Méthode  discursive,  se  dit 
quelquefois  pour  synthèse  ou  déduction.  La  théolo- 
gie est  essentiellement  discursive.  ||  Terme  de  gram- 
maire. Mot  discursif,  nom  donné  par  Beauzée,  d'a- 
près l'abbé  Girard,  aux  conjonctions  (voy.  Encycl. 
art.  mot),  parce  qu'elles  sont  les  liens  des  proposi- 
tions, en  quoi  consiste  la  force,  l'Ame  et  la  vie  du 
discours.  Il  2°  Terme  de  dévotion.  Inquiet,  agité. 
Cette  foi  qui  fait  le  passage  de  l'état  discursif  à  l'é- 
tat contemplatif,  boss.  Lett.  àbb.  4  93.  Les  actes  qui 
étaient  alors  supprimés  sont  premièrement  les  dis- 
cursifs.... id.  Or.  8. 

—  ÉTYM.  Provenç.  discursiu;  espagn.  et  ital.  dis- 
eursivo  ;  du  latin  discursus,  raisonnement,  discours 
(voy.  ce  mot). 

DISCUSSIF,  IVE  (di-sku-sif,  si-v"),  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  a  la  vertu  de  dissiper  les  humeurs 
d'une  tumeur  ou  d'un  engorgement.  Topiques  dis- 
cussifs.  On  dit  aujourd'hui  résolutif.  ||  Substantive- 
ment. Les  discussifs. 

—  HIST.  xvi*  s.  Komentations  résolutives,  carmi- 
natives,  discutives  et  dessiccatives,  paré,  xxi,  26. 

—  ÉTYM.  Lat.  discussum,  supin  de  discutere,  dis- 
siper et  aussi  discuter  (voy.  ce  mot). 

DISCUSSION  (di-sku-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Examen  par  débat.  Cela  peut  être 
sujet  à  discussion.  La  discussion  d'un  projet  de  loi. 
II  s'éleva  une  discussion  fort  animée.  Les  discussions 
du  corps  législatif.  Les  affaires  d'État  ne  sont  pas 
traitées  avec  la  même  discussion  que  par  le  passé, 
montesq.  Lett.  pers.  430.  ||  Terme  de  mathémati- 
que. La  discussion  d'une  formule,  d'une  courbe, 
d'une  équation,  l'étude  qu'on  en  fait  pour  en  tirer 
tout  ce  qu'elles  contiennent.  ||  2°  Par  extension,  dis- 
pute, contestation.  Il  a  eu  une  discu.ssion  au  jeu. 
Il  3°  Terme  de  jurisprudence.  Recherche  et  exécu- 
tion des  biens  d'un  débiteur  pour  en  obtenir  paye- 
ment. Il  Terme  de  pratique.  Sans  division  ni  dis- 
cussion, c'est-à-dire  solidairement.  ||  Bénéfice  de 
discussion,  faculté  pour  la  caution  de  demander  que 
le  débiteur  principal  soit  préalablement  poursuivi. 
.  —  HIST.  xir  s.  Esdrecier  l'entencion  del  cuer  après 
les  vertuz,  et  nettoier  par  destroite  discussion  de 
rencerchement  tôt  ce  ke  l'om  fait,  Job,  498.  ||  xiv  s. 
Les  aucteurs  et  les  pratiques  de  médecine  font  discu- 
cion  de  cette  présente  malire  [l'hydrophobie],  H.  de 
mondeville,  f°  89. 

—  ÉTYM.  Provenç.  discussion;  espagn.  discusion; 
ital.  discussione;  du  latin  discussionem,  de  discus- 
sum, supin  de  discutere  (voy.  discuter). 

t  DISCUTABLE  (di-sku-ta-bl'),  adj.  Qui  peut  être 
discuté,  qui  est  susceptible  de  discussion.  Cela  n'est 
pas  discutable,  cela  ne  vaut  pas  la  peine  qu'on  en 
discute,  et,  plus  souvent,  cela  est  tellement  évi- 
dent qu'il  n'y  a  pas  à  discuter. 

—  ÉTYM.  Discuter. 

DISCUTÉ,  ÉE  (di-sku-té,  tée),  part,  passé.  Sou- 
mis à  la  discussion.  Un  projet  longtemps  discuté. 

DISCUTER  (di-sku-té),  v.  a.  |{  1°  Examiner  par 
un  débat.  Discuter  un  fait,  un  point  de  droit.  Nous 
discutâmes  la  question  de  savoir  si....  11  n'est  pas 
ici  question  de  discuter  les  motifs  de  l'amour  de 
Dieu,  BOSs.  4'  écrit.  ||  Discuter  quelqu'un,  discuter 
ses  droits,  ses  prétentions  à  une  admission,  à  une 
candidature.  ||  Absolument.  Nous  avons  longtemps 
discuté  là-dessus.  Discutons,  ne  disputons  pas.  En- 
fermé dans  les  faits,  il  dénombrait  et  il  détaillait, ra- 
rement ii  discutait,  haiban.  Éloges,  Petit.  ||  2" Terme 
de  jurisprudence.  Opérer  la  discussion.  Discuter  les 
biens.  Discuter  un  débiteur  en  ses  biens,  dans  ses 
biens.  ||  3°  Se  discuter,  être  discuté.  La  chose  se 
discuta  avec  beaucoup  d'habileté  de  part  et  d'autre. 

—  HIST.  xv  s.  Si  fut  la  chose  moult  bien  discu- 
tée, comme  il  affiert  à  si  pesante  besongne,  Bou- 
ciq. m,  4.  Il  XVI*  s.  Je  ne  discute  point  si  Jesus- 
Christ  a  pu  imprimer  sur  une  pierre  la  forme  de  son 
pied,  mais  je  dispute  seulement  du  fait,  calv.  «67. 
Il  dit  avoir  expérimenté  la  fiante  de  chèvre  à  discu- 
ter [dissiper]  les  tumeurs  scirrheuses,  paré,  v,  23 

—  ËTYU.   Lat.    discutere,    dissiper,  secouer,  o 


DIS 

flgurément,  examiner,  discuter,  de  dis....  préfixe, 
et  cutere,  frapper. 

t  DISCCTECR  (di-sku-teur),  s.  m.  Celui  qui  dis- 
cute, qui  soutient  des  discussions.  Ami  silencieux 
de  Mirabeau,  il  [Talleyrand]  s'était  tenu  toujours  à 
l'ombre  de  ce  grand  discuteur  dans  l'assemblée  con- 
stituante, LAMAST.  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÊTYM.  Discuter. 

f  DISÉPALE  (di-sé-pa-1'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  est  formé  de  deux  sépales  distincts. 

—  ÉTYM.  Aï;,  deux,  et  sépale. 

DISERT,  ERTE  (di-zêr,  zèr-t'),  adj.  Oui  parle 
avec  abondance  et  non  sans  élégance.   Un  homme 

disert.  Cet  avocat  est  disert un  panégyrique  [du 

roi  Henri  IV],  Où,  mollement  disert,  sous  un  sujet 
îi  grand  Dès  le  premier  essai  mon  courage  se  rend, 
îîSNiER,  Sat.  I.  Un  charlatan  se  vantait  d'être  En 
éloquence  un  si  grand  m'altre  Qu'il  rendrait  disert 
un  badaud,  la  font.  Fabl.  vi,  49.  Veut-on  de  di- 
serts orateurs,  qui  aient  semé  dans  la  chaire  toutes 
les  fleurs  de  l'éloquence?  la  bru  y  Disc,  à  l'Acad. 
Cicéron  dit  qu'il  a  vu  bien  des  gens  diserts,  c'est- 
à-dire  qui  parlaient  avec  agrément;  mais  qu'on  ne 
voit  presque  jamais  de  vrai  orateur,  fén.  t.xxi,  p.  45. 
Cicéron  loue  Varron  comme  un  homme  d'un  esprit 
pénétrant  et  d'un  savoir  profond,  non  comme  un 
îiomme  fort  disert  et  fort  éloquent,  kollin,  Hist. 
anc.  OEumes,  t.  xi,  2°  part.  p.  0)6,  dans  pougens. 
C'est,  cette  habileté  à  orner  et  à  embellir  un  dis- 
cours qui  met  de  la  différence  entre  un  homme  di- 
sert et  un  homme  éloquent,  id.  Traité  des  El.  liv. 
m,  ch.  3,  §  3.  L'homme  disert,  c'est-à-dire  qui  s'ex- 
plique seulement  avec  clarté  et  solidité,  laisse  son 
auditeur  froid  et  tranquille,  id.  ib.  \\  Par  extension. 
Un  discours  disert. 

—  SYN.  DISERT,  ÉLOQUENT.  L'homme  disert  est 
simplement  abondant,  facile,  non  sans  quelque  élé- 
gance. L'homme  éloquent  a  de  plus  la  grandeur,  la 
force,  le  feu,  la  sublimité. 

—  HIST.  xvi"  s.  Sa  voix  estoit  doulce,  sa  langue 
diserte,  et  sa  parole  aisée,  amyot,  Véric.  <i. 

—  ÉTYM.  Lat.  disertus.  Les  étymologistes  latins 
varient  :  les  uns  le  tirent  de  disserere,  mettre  en 
ordre;  mais  on  ne  voit  pas  comment  l't  serait  de- 
venu bref,  disertus;  d'autres,  avec  plus  de  vrai- 
semblance, le  tirent  de  dis....  préfixe,  et  ars,  art 
(comparez  inerte). 

DISERTEMENT  (di-zèr-te-man),  adv.  D'une  ma- 
nière diserte.  Il  peut  arriver  qu'un  pervers  écrive  et 
parle  aussi  disertement  de  la  vertu  qu'un  homme 
vertueux,  dider.  Essai  sur  Claude. 

—  HIST.  XVI"  s.  J'avois  assez  disertement  publié 
au  monde  mon  insuffisance  en  tels  maniements  pu- 
blicques,  MONT.  IV,  176.  Ceste  epistre  tesmoigne 
disertement  [clairement]  qu'il  [l'iutarque]  a  esté 
précepteur  de  Trajan,  amyot,  Préf.  xxni,  50.  Il 
avoit  le  langage  à  main  et  propre  pour  déduire  di- 
sertement un  plaidoyer,  id.  LucuU.  2. 

—  ÉTYM.  Diserte,  et  le  suffixe  ment. 
DISETTE  (di-zè-f),  s.  f.  ||  1°  Manque  de  choses 

nécessaires  et  particulièrement  de  vivres.  Année  de 
disette.  Cette  année  sera  une  année  de  disette.  La 
disette  de  (812.  La  dépendance  où  la  disette  réduit 
le  pauvre,  bourdal.  8"  dim.  après  la  Pentec.  Do- 
minic.  t.  m,  p.  loo.  Mais  quoi  !  dans  la  disette  une 
muse  affamée  Ne  peut  pas,  dira-t-on,  subsister  de 
fumée,  BoiL.  Art  p.  iv.  La  disette,  la  faim  nous 
ont  ravi  nos  frères,  du  belloy,  Siège  de  Calais,  i, 
6.  Séparés  par  la  stérilité  du  terrain  et  la  disette 
d'eau,  EAYNAL,  Hist.  phil.  vi,  23.  ||  2°  Fig.  Manque. 
Disette  de  mots,  d'idées.  C'est  ce  retranchement  de 
livres  qui  vous  jette  dans  les  Oraisons  du  P.  Cotton 
et  dans  la  disette  de  ne  savoir  plus  que  lire,  sév. 
6)2.  Nous  sommes  dans  une  grande  disette  de  prê- 
tres, Eoss.  Lett.  rel.  6.  On  dit  que  nos  dames,  par 
trop  de  délicatesse,  sont  cause,  en  partie,  de  cette 
disette  où  notre  langue  court  risque  d'être  réduite, 
ROLLiN,  hist.  anc.  liv.  xxv,  ch.  2,  art.  I,  §  2.  Vous 
vantez  avec  raison  l'extrême  richesse  de  votre  lan- 
gue [italienne]  ;  mais  permettez-nous  de  n'être  pas 
dans  la  disette,  volt.  £e((.  l'oi'OZït,  24  janv.  )70). 
Quelques-uns  ont  voulu  réparer  notre  disette  [en 
fait  de  poésie  épique]  en  donnant  au  Télémaque  le 
titre  de  poëme  épique;  mais  rien  ne  prouve  mieux 
la  pauvreté  que  de  se  vanter  d'un  bien  qu'on  n'a 
pas,  m.  Ess.  poésie  ép.  ch.  9.  {|  3°  Nom  de  la  bette- 
rave, qui  a  porté  le  nom  de  racine  d'abondance  et 
de  disette. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  si  veult  Sainte,  qui  deseure 
est  nomée,  que,  se  ele  avoit  besoigne  ne  disgete, 
loialment  que  ele  peuist  le  [la]  maison  qui  devant 
est  dite,  vendre  et  despendre  et  boire  et  mangier  et 
fuire  toute  se  [sa]  volonté,  tailliar,  Recueil,  p.  178. 


DIS 

Se  Richaus  me  [ma]  feme  caoit  [tombait]  en  poverte, 
ne  [efjeïeeust  besoigne  ne  disette, in.  jb.  p.i96.  Huit 
jours  ot  que  dormi  [il]  n'avoit.  Dont  il  moult  disete 
en  avoit,  Bl.etJeh.  4  397.  S'il  y  a  si  très  grant  famine 
que  il  aient  par  disete  jeUné  trois  jours  ou  quatre, 
on  ne  doit  pas  merveiller  se  on  vuide  le  liu  sauve 

se  [sa]  vie,  beaum.  67 Baron,   or  m'entendes, 

Asés  avez  soufertes  disietes  et  lastés;  Li  vilains  bien 
le  dist,  et  si  est  vérités.  Que  mieus  nous  vaut  par 
arme  avoir  les  chiés  [cheTs,  têtes]  coupés  Que  lon- 
guement soufrir  les  grans  caitivetés,  Ch.  d'Ant.  viii, 
458.  Et  [que  il]  les  taigne  si  près  que  il  les  face 
traire  maugré  els  loig  de  la  rivière  as  plains  chans; 
et  quant  il  seront  esloigné,  si  auront  moult  grant 
disiete  d'ewe,  Merlin,  f°  60,  recto.  Après  plenté 
[abondance]  vient  grant  disette,  leroux  de  lincy, 
Prov.  t.  II,  p.  240.  Ijxiv  s.  Car  par  ses  grans  ou- 
traiges  [dépenses  excessives]  il  giete  Lui  et  sa  femme 
en  grant  disette,  j.  de  condet,  p.  )32.  Car  li  vivres 
estoit  vilainement  faillis;  Grant  disette  y  avoient  li 
grans  et  li  petis,  Guescl.  (5233.  ||  xV  s.  Dont  les 
Anglois  eurent  moult  de  disette  et  de  cher  temps, 
froiss.  I,  I,  159.  ||xvi°s.  Il  ne  faut  que  deux  jours 
de  pluye,  et  vingt  et  quatre  heures  de  disette,  pour 
mettre  en  murmure  un  regimen,  lanoue,  203.  La 
nécessité  et  disette  de  vivres  où  il  se  treuve  le  con- 
trainct  à  ce  faire,  amyot,  Arist.  35. 

—  ÉTYM.  On  a  indiqué  un  mot  hypothétique  de- 
sita,  formé  sur  le  modèle  de  desilus,  manque;  mais 
Diez  remarque  avec  raison  que  dans  desila  ou  dest- 
tus  l'accent  est  sur  de,  et  que  par  conséquent  di- 
sette n'en  peut  venir,  et  il  indique  desecta,  chose 
rognée,  de  desecium,  supin  de  desecare,  retrancher, 
de  la  préposition  de,  et  secare,  couper  (voy.  section). 
Pourtant  il  faut  remarquer  la  forme  disgete  (peut- 
être,  vu  cette  forme,  faut-il  lire  disjete  là  où  l'on 
trouve  disiete),  qui  indiquerait  le  verbe  jeter:  la 
disgete,  l'action  de  jeter  hors,  de  priver. 

DISETTEUX,  EUSE  (di-zè-teû,  teû-z'),  adj. 
Il  1°  Qui  a  le  caractère  de  la  disette.  Si  l'on  consi- 
dère la  haine  que  les  sauvages  se  portent  de  horde 
à  horde,  leur  vie  dure  et  disetteuse,  la  continuité  de 
leurs  guerres....  raynal,  Hist.  phil.  xv,  4.  ||  2°  Qui 
est  dans  la  disette.  Une  famille  di.setteuse.  ||  S.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  manque  habituellement  des 
choses  nécessaires  à  la  vie.  Un  disetteux.  Une  di- 
setteu.se.  ||  Comme  substantif,  il  a  vieilli. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  cil  d'AndrenohIe ,  qui  leur  chars 
avoient  amenés  avec  aus  [eux],  et  povres  et  diseteus 
estoient  de  la  viande,  en  chargierent  à  moult  grant 
plenté,  V1LLEH.  CLXXVi.  Que  petis  biens  diseteus  es- 
leece  [réjouit  celui  qui  manque] ,  Poésies  mss.  du 
Vatican,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Au  temps  passé 
l'on  estimoit  un  gentil-homme  estre  disetteux,  et  ne 
mériter  d'estre  appelé  riche,  quand....  lanoue,  m. 

—  ÉTYM.  Disette. 

DISEUR,EOSE(di-zeur,zeû-z'),s.  m.  et/".  ||  1°  Ce- 
lui, celle  qui  dit.  Et  je  ne  hais  rien  tant  que  les  contor- 
sions De  tous  ces  grands  faiseurs  de  protestations, 
Ces  affables  donneurs  d'embrassades  frivoles.  Ces 
obligeants  diseurs  d'inutiles  paroles,  mol.  Mis.  i,  ). 
J'admire  la  rage  et  l'inutilité  de  ces  diseurs  de  nou- 
velles, MAINTENON,  Lettre  à  Mme  des  Ursins,  )8juill. 
1706.  Il  Diseur  de  riens,  parleur  qui  ne  dit  que  des 
choses  futiles.  La  plupart  grands  diseurs  de  rien,  Au 
grand  malheur  des  gens  de  bien,  scarron,  Virg. 
Irav.  VI.  Il  Diseur  de  bons  mots,  homme  qui  affecte 
la  recherche  des  bons  mots.  Dieu  ne  créa  que  pour 
les  sots  Les  méchants  diseurs  de  bons  mots,  la  font. 
Fabl.  VIII,  8.  Diseur  de  bons  mots,  mauvais  carac- 
tère, PASC.  Pensées,  vi,  22,  éd.  Lahure,  )880.  Di- 
seurs de  bons  mots,  mauvais  caractère;  je  le  dirais 
s'il  n'avait  été  dit,  labruy.  viii.  ||  Diseur,  diseuse  de 
bonne  aventure,  homme  ,  femme  qui  prétend  pré- 
dire l'avenir consulter.  Sur  le  sort  de  sa  géni- 

ture.  Les  diseurs  de  bonne  aventure,  la  font.  Fabl. 
VIII,  46.  La  masse  des  superstitions  lucratives  d'une 
contrée  suit  la  proportion  de  ses  prêtres,  de  ses  de- 
vins, de  ses  augures,  de  ses  diseurs  de  bonne  aven- 
ture, et  de  tous  ceux  en  général  qui  tirent  leur 
subsistance  de  leur  commerce  avec  le  ciel,  dider. 
Opinions  des  anc.  phil.  (Égyptiens) .  ||  Diseur  de  mots, 
sorcier.  Il  consultait  matrones,  charlatans.  Diseurs 
de  mots,  experts  sur  cette  alfaire,  la  font.  Mandrag. 
l'i  2°  Un  beau  diseur,  ou,  absolument,  un  diseur,  un 
homme  qui  affecte  de  bien  dire.  Tu  fais  toujours  le 
beau  diseur  et  le  grand  esprit  ;  apprends  que  j'en  sais 
plus  que  toi,  hauteeoche,  Crispin  médecin,  i,  s.  Ils 
ne  se  moquent  pas  de  lui  comme  d'un  beau  diseur  d'a- 
griculture,!. J.  Eouss.^m.  IV.  Il  Un  diseur,  un  homme 
qui  fait  des  phrases,  des  promesses.  Monsieur,  je 
ne  suis  point  un  diseur,  mais  je  vous  prie  de  croire 
que....  SÉV.  204.  [1  Proverbe.  L'entente  est  au  diseur, 


DIS 


1181 


c'est  celui  qui  a  parlé,  qui  sait  le  mieux  le  sens  Je 
ce  qu'il  a  dit. 

—  HIST.  xiii"  s.  Et  ot  discort  entre  aus  feux|,  et 
se  misent  [mirent]  en  diseurs  en  la  roine  de  France, 
Chron.  de  Rains,  243.  ||  xiv"  s.  Un  bon  ami....  ne 
croira  jà  telz  diseurs,  oeesme,  Eth.  236.  ||  xv"  s. 
Et  est  à  savoir  sur  ce  pas  cy,  que  sauve  la  grâce 
des  diseurs,  qui  ont  dict  que  nos  gens  y  fuirent  et 
allèrent  comme  bestes  sans  ordonnance,  que  ce 
n'est  mie  vray,  Bouciq.  i,  ch.  24.  ||  xvi"  s.  Mes  li- 
vres tant  beaux  diseurs,  mahot,  iv,  465.  Que 
M.  l'admirai  avoit  disposé  de  la  guerre  par  des  maxi- 
mes ministrales  et  vouloit  donner  les  diseurs  pour 
juges  aux  faiseurs,  d'aub.  Hist.  i,  4  66.  Communé- 
ment un  grand  diseur  Se  trouve  enfin  petit  faiseur, 

LEROUX  DE  LINCY,  PrOV.   t.  Il,  p.  427. 

—  ÉTYM.  Dire;  provenç.  digedor,  deiidor,  diii- 
dor;  portug.  diiedor;  ital.  dicitore. 

t  DISEXUEL,    ELLE    (di-sè-ksu-èl,    è-l'),    adj.  _ 
Mauvais  mot  pour  bissexuel. 

DISGRACE  (di-sgrà-s') ,  s.  f.  ||1» Perte  des  bonnes 
grâces  d'une  personne  puissante.  Encourir  la  dis- 
grâce du  prince.  Il  a  soutenu  héroïquement  sa  dis- 
grâce, SÉV.  348.  Le  meilleur  de  tous  les  biens,  s'il 
y  a  des  biens,  c'est  le  repos,  la  retraite,  et  un  en- 
droit qui  soit  son  domaine;  N*'*  a  pensé  cela  dans 
sa  disgrâce,  et  l'a  Oublié  dans  la  prospérité,  la 
BROY.  VIII.  La  disgrâce  éteint  les  haines  et  les  ja- 
lousies, ID.  XII.  Rien  n'est  si  voisin  de  la  faveur  que 
la  disgrâce,  maintenon,  Lett.  d'Aubigné,  3  juillet 
4  680.  Pour  languir  dans  l'éclat  d'une  illustre  dis- 
grâce, volt.  Sémiram.  ir,  4,  La  disgrâce  jette  je 
ne  sais  quoi  de  touchant  sur  les  grandes  vertus  et 
les  qualités  éminentes,  mairan,  Éloges,  Card.Poli- 
gnac.  Albuquerque  mourut  à  Goa  en  4  54  5,  sans  ri- 
chesses, et  dans  la  disgrâce  d'Emmanuel,  auquel 
on  l'avait  rendu  suspect,  raynal,  Hist.  phil.  i,  4  7. 
Il  Par  analogie.  Tous  les  hommes  sont  dans  la  dis- 
grâce de  Dieu,  paso.  Juifs,  ).  Lorsque  nous  avons 
été  assez  malheureux  que  de  tomber  dans  la  dis- 
grâce de  Dieu,  MASS.  Car.  Temples.  L'homme  est 
maintenant  en  disgrâce  chez  tous  ceux  qui  pensent, 
VADVEN.  Max.  ccxix.  Nous  sommes  tombés  d'un 
tourbillon  dont  nous  étions  le  centre,  dans  le  tour- 
billon du  soleil  d'aujourd'hui;  d'astres  que  nous 
étions  nous  sommes  devenus  lune,  ayant  par  faveur 
autour  de  nous  une  autre  petite  lune  pour  nous  con- 
soler dans  notre  disgrâce,  volt.  Dial.  xxix,  4  0. 
Il  2°  Etat,  par  rapport  aux  événements,  comparé 
à  la  disgrâce  par  rapport  à  une  personne.  Enfin 
donc  ton  amour  ne  craint  plus  de  disgrâce,  corn. 
le  Ment,  iv,  2.  J'ai  le  cœur  au-dessus  des  plus  fière» 
disgrâces,  ID.  Cid,  il,  4.  Voilà  ce  que  c'est  que  du 
monde;  la  moindre  disgrâce  nous  fait  mépriser 
de  ceux  qui  nous  chérissaient,  mol.  Préc.  48.  J'en 
juge  par  moi-même;  et  la  moindre  disgrâce.  Lors- 
que je  suis  à  jeun,  me  saisit,  me  terrasse,  id.  Sga- 
nar.  7.  J'ai  cru  que  notre  mariage  n'était  qu'un 
adultère  déguisé,  qu'il  nous  attirerait  quelque  dis- 
grâce d'en  haut,  ID.  le  Fest.  i,  3.  Ah!  malheur! 
ah!  disgrâce,  ah!  pauvre  seigneur  Sganarelle,  mi 
pourrais-je  te  rencontrer?  id.  l'Am.  méd.  i,  6.  Et 
qui  peut  mieux  que  vous  consoler  sa  disgrâce?  rac. 
Bérèn.  m,  2.  La  mort  n'est  point  pour  moi  le  com- 
ble des  disgrâces,  id.  Baj.  n,  3.  La  Discorde,  qui 
voit  leur  honteuse  disgrâce,  Dans  les  airs  cependant 
tonne,  éclate,  menace,  B0iL.I«(rtn,  iir.  Je  cours 
trouver  Lucain  ;  plein  d'une  noble  audace.  De  la  li- 
berté sainte  il  chanta  la  disgrâce,  legouv.  Épichar. 
et  Nér.  1,  3.  Il  3°  Mauvaise  grâce.  Elle  a  de  la  dis- 
grâce dans  le  maintien.  Cet  homme  met  de  la  dis- 
grâce jusque  dans  le  bien  qu'il  fait.  On  aura  craint 
sans  doute  la  disgrâce  attachée  à  la  forme  didacti- 
que, qui  effarouche  la  plupart  des  lecteurs,  Mém.  sur 
les  finances  de  l'Anglet.  trad.  de  l'anglais,  Mayence, 
4  708,  introd.  p.  4.  C'est  à  de  tels  contrastes  [la 
rudesse  et  la  servilité]  qu'il  faut  attribuer  la  dis- 
grâce allemande,  que  l'on  se  plaît  à  contrefaire  dans 
les  comédies  de  tous  les  pays,  STAËL,  Allem.m,  44. 

—  HIST.  XVI"  s.  Lors  de  la  disgrâce  dudit  d'Aubi- 
gné, il  voulut  à  toute  force  suivre  la  fortune  du 
disgracié,  d'aub.  Vie,  LVI. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
grâce. 

DISGRACIA,  ÉE  (di-sgra-si-é,  ée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  est  tombé  dans  la  disgrâce.  Un  ministre 
disgracié.  Rien  n'est  bien  d'un  homme  disgracié  ; 
vertus,  mérite,  tout  est  dédaigné  ou  mal  expliqué, 
LA  bruy.  XII.  Plus  frappés  des  talents  personnels 
que  du  pouvoir  ou  du  crédit,  ils  regardaient  alors 
comme  leur  chef  Bolingbroke  disgracié,  mais  à  qui 
la  disgrâce  avait  laissé  son  éloquence,  son  courage  et 
l'élévation  de  son  caractère,  condokcf.t,  Tronchin^ 


M  82 


DIS 


Il  Subslantivement.  les  disgraciés  ont  peu  d'amis 
à  la  cour.  ||  î*  Kig.  Le  café  est  disgracié  ici  et  par 
conséquent  je  n'en  prends  plus,  sÊv.  486.  ||  Un 
amant  disgracié,  ui;  amant  qui  a  perdu  les  bonnes 
grâces  de  sa  dame.  Matta  ne  savait  cependant  pas 
qu'il  fût  disgracié,  hamilt.  Gramm.  4.  ||  On  le  dit 
aussi,  bien  que  plus  rarement,  d'une  maîtresse 
qu'on  quille.  La  Castelmaine  est  disgraciée,  c'est 
ainsi  qu'on  en  use  dans  ce  royaume-là  [il  s'agit 
d'une  maltresse  renvoyée  pa:  le  roi  d'Angleterre), 
sÉvioNÈ,  128.  Il  3°  Disgracié  de  la  nature,  et,  abso- 
lument, disgracié,  qui  a  quelque  difformité  d'un 
aspect  désagréable.  Il  y  a  des  personnes  à  qui  Its 
défauts  siéent  bien,  et  d'autres  qui  sont  disgraciées 
par  leurs  bonnes  qualités,  la  nocHEF.  /le/î.  251. 
Ce  fut  une  fortune  pour  Mlle  d'Aubigné  d'épouser 
cet  bomme  disgracié  de  la  nature,  volt.  Louis  XIV, 
27.  Il  4°  Terme  de  marine.  Marin  disgracié,  marin 
qui  est  en  instance  pour  son  rapatriement,  et  avant 
qu'il  l'ait  obtenu. 

DISGRACtEU{di-sgra-si-é),J8disgraciais,  nous  dis- 
graciions, vous  disgraciiez;  que  je  disgracie,  que 
nous  disgraciions,  que  vous  disgraciiez,  v.  a.  Uetirer 
.ses  bonnes  grâces  à  quelqu'un.  Le  roi  l'a  disgracié. 

—  mST.  XVI'  s.  Toute  hospitalité  me  semblcroit 
disgraciée,  si  la  nécessité  m'y  avoit  enchevestré,- 
MONT.  IV,  07.  Une  vieillesse  nécessiteuse  et  disgra- 
ciée, ID.  IV,  204.  Et  ce  sera  contre  ceux  qui  se  plai- 
gnent, disans  que  l'homme  est  le  seul  animal  dis- 
gracié delà  nature....  chakron,  Sagesse,  i,  36. 

—  ÉTYM.  Disgrâce. 
BISGRACIEUSEMENT   (  di-sgra-si-eû-ze-man  ) , 

adv.  D'une  manitre  di.sgracieuse. 

—  REM.  Disgracieusement  n'est  dans  le  Diction- 
naire de  l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  t835. 

—  Etym.  Disgracieuse,  et  le  suffixe  ment. 
DISGRACIEUX,  EUSE  (di-sgra-si-eû,  eû-z'),adj. 

Il  1»  Oui  est  tout  à  fait  ilépourvu  de  grâce,  d'agré- 
ment. Un  homme  di.sgracieux.  Un  enfant  disgra- 
cieux. Il  2°  Oui  cause  une  di.sgrâce,  un  déplai.sir. 
Cela  est  tout  à  fait  disgracieux.  Son  accueil  fut  dis- 
gracieux. Il  faut  passer  vite  sur  ce  que  peut  nous 
offrir  de  disgracieux  celte  aventure. 

—  REJ).  Disgracieux  n'est  dans  le  Dictionnaire 
de  l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  1702. 

—  ÈTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
gracieux. 

t  DISGRÉGATION  (di-sgré-ga-sion) ,  s.  f.  Terme 
didactique.  Destruction  de  l'état  d'agrégation.  La 
disgrégation  des  particules  d'un  corps.  ||  Terme  d'op- 
tique ancienne,  qui  se  disait  de  la  propriété  attri- 
buée à  certaines  couleurs,  d'écarter  les  rayons  vi- 
suels et  de  rendre  la  vision  plus  nette. 

—  HIST.  XVI*  s.  Disgrégation,  ouniN. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif, 
et  un   radical   qu'on  verra  dans  aguégation. 

DISJOINDRE  (dis'-join-dr') ,  V.  a.  ||  1°  Séparer  ce 
qui  était  joint.  La  sécheresse  a  disjoint  les  jantes 
de  celle  roue.  ||  1'  Terme  de  procédure.  Séparer  deux 
ou  plusieurs  causes  pour  les  juger  à  part.  Disjoin- 
dre deux  instances.  ||  Absolument.  Sauf  à  disjoindre 
s'il  y  échet.  {|  3°  Se  disjoindre,  v.  réft.  Devenir  dis- 
joint.  Les  ais  commencent  à  se  disjoindre. 

—  HIST.  xjii*  s.  Li  rois  tint  un  coutel  à  pointe; 
Dou  col  a  la  teste  desgointe,  Ren.  20I6.  Il  fu  juglé 
que,  puisque  Pierres  avoit  joint  aveques  son  fief  ce 
qui  estoit  tenu  de  li  en  vilenage,  il  nel  pooit  des- 
joindre ne  eslongier,  beaum.  xlvii,  9.||xiv*  s.  De 
la  proportionalilé  qui  est  appellée  disjointe  ou  divi- 
sée, il  est  manifeste  que  elle  est  en  quatre  termes, 
ORESME,  fc'(/i.  (46.  Des  autres  mois  soit  [mars]  des- 
joins et  osiez  Et  de  nature  oubliez  et  haïs,  machault, 
p.  (30.  Il  XV*  s.  Le  traicté  par  lequel  [le  duc]  ne  se 
desjoingnoit  d'eulx,  comm.  ii,  9.  ||  xvi*  s.  Depuis  que 
la  bataille  [phalange]  macedoniene  est  une  fois  entre- 
ouverte  et  disjointe  ,  elle  perd  toute  sa  force  , 
AMïOT,  Flamin.  43.  Lesdits  os  se  disjoignent  et  sé- 
parent, PAKE,  XVIII,  4  3. 

—  P.TVM.  Provenç.  desjonher,  dejonher  ;  anc.  ca- 
tal.  dvijunyr;  ilal.  disgiiignere;  du  latin  disjungere, 
dédis....  préfixe,  et /ungere  (voy.  joindre). 

DISJOINT,  OINTE  (dis'-join ,  join-t'),  part,  passé 
de  disjoindre.  Qui  n'est  plus  joint.  Des  planches  dis- 
jointes. ||  Terme  de  musique.  Degré  disjoint,  pas- 
sage d'une  note  à  une  autre  qui  ne  la  suit  pas  immé- 
diatement dans  la  gamme.  ||  Terme  de  minéralogie. 
Variété  disjointe,  variété  dans  laquelle  les  décrois- 
lements  font  un  saut  brusque ,  comme  de  On  à  quatre 
ou  à  SIX. 

UISJONCTIF,  IVE  (dis'-jon-klif,  kti-v'),  adj. 
Il  i"  lermede  grammaire.  Oui  séiiare  les  idées  tout 
en  unissant  les  expressions.  Ou,  soit,  ni,  sont  des 
mots  disjonctifs.  ParUcules  disjonctives.  ||  S.  f.  U 


DIS 

disjonclive  ou.  ||  2°  Terme  de  logique.  Proposition 
disjonctive,  celle  qui  est  composée  de  deux  mem- 
bres entre  lesquels  se  trouve  une  particule  disjonc- 
tive. Il  Syllogisme  disjonctif,  celui  où  la  majeure  est 
séparée  en  deux  ou  plusieurs  membres  par  une  con- 
jonction disjonctive.  ||  8*  Terme  do  botanique.  In- 
sertion disjonclive,  insertion  dans  laquelle  les  pé- 
tales cl  les  éianiines  sont  attachés  sous  le  disque, 
par  exemple  les  simaroubées. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  por  ce  que  son  aversaire  ne 
conoist  pas  la  desjoinlive  à  la  première  parole,  que 
se  il  dit,  au  premier,  le  et,  et  il  dit,  an  donner  des 
gages,  le  ou....  Ass.  de  Jér.  i,  I44  ||  xvr  s.  Il  se 
vante  de  deux  choses  l'une,  et  fait  son  compte  de  la 
première  partie  de  la  disjonctive,  ou  qu'il  sera  roy 
de  France,  ou  moy  empereur,  M.  do  bell.  3oo. 

—  ÉTYM.  Provenç.  disjunctiu;  espagn.  disyunc- 
tivo;  ilal.  disgiunlivo;ûu  laiin  dis/uncfùuî,  dediï- 
junctum,  supin  de  disjungere ,  disjoindre. 

t  DISJONCTIFLORE  (dis'-jon-kti-ffo-r') ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  fleurs  écartées  les 
unes  des  autres. 

—  ÉTYM.  Lat.  disjunctus,  disjoint,  el  (los,  fleur. 

DISJONCTION  (dis'-jon-ksion;  en  vers,  de  qua- 
tre syllabes),  s.  f.  \\  1°  Séparation  de  deux  choses 
qui  étaient  jointes.  La  disjonction  de  deux  planches. 
Il  Terme  de  tératologie.  Anomalie  par  disjonction, 
anomalie  caractérisée  par  la  séparation  de  parties 
ordinairement  continues.  ||  2"  Terme  de  rhétorique. 
Sorte  d'ellipse  par  laquelle  on  supprime,  pour  obtenir 
plus  de  rapidité,  les  conjonctions  copulatives  qui 
seraient  naturellement  exigées,  comme  dans  ce  vers 
de  Boileaa  :  Le  faux  est  toujours  fade,  ennuyeux, 
languissant.  ||  3°  Terme  de  procédure.  Séparation 
de  deux  instances,  de  deux  procédures. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nature  ne  se  sert  d'autre  moyen 
pour  détruire  et  ruiner  toutes  les  créatures,  que  de 
discorde  et  di.sjonclion,  yver,  p.  B66.  Le  chirurgien 
est  deceu,  esiimant  qu'il  y  ait  luxation,  et  non  dis- 
jonction de  l'epiphyse  dudit  os,  paré,  xiii,  2). 

—  ÉTYM.  Lat.  disjunctio,  de  disjunctum ,  supin 
de  disjungere ,  disjoindre. 

t  DISLOCATEUR,  TRICE  (di-slo-ka-teur,  tri-s'), 
adj.  Qui  disloque.  Très-probablement  l'avenir  fera 
découvrir  d'autres  influences  dislocatrices  [dans  les 
couches  géologiques],  en  permettant  de  distinguer 
certaines  directions  qui  sont  simplement  rappro- 
chées, FOURNET,  Àcad.  des  se.  Comptes  rendus, 
t.  LV,   p.  801. 

DISLOCATION  (di-slo-ka-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  i°  Séparation  des  pièces  d'une  ma- 
chine. La  dislocation  de  la  voiture  qui  avait  roulé 
dans  un  ravin.  ||  Fig.  Le  travail  et  la  sueur  du  para-, 
phraste  [des  psaumes]  se  lisent  avec  ses  pointes  et 
ses  antithèses....  les  ciseaux,  les  marteaux  el  les 
tenailles,  les  dislocations  et  les  ruptures  se  voient  et 
se  sentent  dans  chaque  vers,  balz.  Socr.  chrét.  Disc. 
7.  Il  2°  Terme  de  chirurgie.  Luxation  d'un  membre. 
La  dislocation  de  l'épaule.  ||  Terme  de  géologie. 
Rupture  des  couches  terrestres.  Tout  porte  à  croire 
que  les  canaux  qui  amènent  à  la  surface  les  eaux  et 
les  gaz  des  sources  minérales  actuelles,  ne  sont  que 
le  résidu  des  conduits  infiniment  plus  nombreux  et 
plus  vastes  qui  se  sont  ouverts  à  chaque  époque  de 
dislocation  et  d'épanchemenl,  l.  cordier,  Acad.  des 
se.  Comptes  rendus,  t.  liv,  p.  297.  ||  3°  Terme  de 
guerre.  La  dislocation  d'une  armée,  la  répartition 
de  ses  corps  en  divers  cantonnements.  Mural  profila 
de  cette  incertitude  pour  s'arrêter  plusieurs  jours  à 
Gumbinen  et  pour  diriger  sur  les  différentes  villes 
qui  bordent  la  Vistule  les  restes  des  corps;  au  mo- 
ment de  cette  dislocation  de  l'armée  il  en  réunit  les 
chefs,  sÉGtR,  Hist.  de  Napol.  xii,  B.  ||  La  disloca- 
tion d'un  empire,  sa  dissolution  en  moindres  Étals. 
La  dislocation  de  l'empire  d'Alexandre. 

—  HIST.  xiv*  s.  Le  quart  trailié  sera  des  disloca- 
tions, n.  DE  MONDEViLLE,  f°  4.  ||  XVI*  S.  La  luxation 
qui  se  fait  par  elongation  ou  eslargissement  des 
ligamens,  n'est  pas  vraie  dislocation,  mais  est  un 
chemin  à  ce  faire,  paré,  xiv,  4.  Ceci  est  plaisant 
à  considérer:  par  la  dislocation  que  les  passions  ap- 
portent à  nostre  raison,  nous  devenons  vertueux, 
mont.  II,  327. 

—  ÉTYM.  Disloquer;  provenç.  dislocacio;  espagn. 
dislocacion. 

DISLOQUÉ,  ÉE  (di-slo-ké,  kée),  part,  passé. 
Il  1°  Oui  a  perdu  ses  emboîtements.  Une  machine 
disloquée.  Il  a*  Luxé.  Une  cuisse  disloquée.  Il  lui 
faisait  un  détail  de  bras  cassés  ,  de  jambes  dé- 
mises ,  d'épaules  disloquées  et  d'autres  aventures 
curieuses  el  divertissantes,  hamilt.  Gramm.  7. 
Il  Etre  disloqué,  tout  disloqué,  avoir  une  infirmité 
grave  qui  rend  la  station  et  les  mouvements  très- 


DIS 

difficiles.  ||  Dégingandé.  11  a  l'air  tout  disloqué. 
Il  3*  Par  extension.  Une  armée  disloquée,  une  ar- 
mée dont  les  différents  corps  ont  été  répartis  en 
leurs  garnisons  ou  cantonnements.  ||  Un  empire  dis- 
loqué, un  empire  qui  se  divise  en  moindres  Éiats. 
Il  Terme  de  littérature.  Discours  disloqué,  pièce 
disloquée,  discours  ou  pièce  dont  les  diverses  parties 
ne  se  répondent  pas  ou  ne  tiennent  pas  ensemble, 
t  DISLOQUEMENT  (di-slo-ke-man),  s.  m.  Étal  de 
ce  qui  est  disloqué.  L'Africain  se  mit  à  gambader 
malgré  le  disloquement  de  ses  membres,  chateaub. 
Xatch.  III,  4  24. 

—  ÉTYM.  Disloquer;  provenç.  delogament;  ital. 
dislocamento. 

DISLOQUER  (di-slo-ké),  ».  a.  ||  !•  Débotter  des 
pièces  d'une  machine.  Cette  lorgnette  est  disloquée. 
Il  2*  Luxer.  Disloquer  le  bras,  les  os  du  bras.  Se  dis- 
loquer le  bras.  Il  Rompre  les  articulations,  soit  par 
un  accident,  soit  par  un  supplice.  C'est  elle  [la  sy- 
nagogue] qui  veut  qu'on  l'étende  sur  la  croix  [Jésus- 
Christ],  et  qu'en  l'y  étendant  on  lui  disloque  tous 
les  membres,  bourdal.  Exhort.  Crucif.  et  mon  de 
J.-C.  t.  II,  p.  475.  Je  ne  crois  pas  qu'on  le  con- 
damne à  être  disloqué  et  brûlé  à  petit  feu,  volt. 
Roi  de  Prusse,  4  59.  Malheureusement  on  ne  convient 
pas  trop  quels  sont  les  indices  assez  puissants  pour 
engager  un  juge  à  commencer  par  disloquer  les  mem- 
bres d'un  citoyen,  .son  égal,  par  le  tourment  de  la 
question,  m.  l'ol.  et  législ.  La  méprise  d'Arras. 
Il  3°  Disloquer  une  armée,  en  répartir  les  corps  en 
leurs  cantonnements,  en  leurs  garnisons.  La  paix 
se  fit,  el  on  disloqua  l'armée.  ||  4°  Se  disloquer, 
t!.  réfl.  lîlre  disloqué.  Le  tourne-broche  s'est  dislo- 
qué. Il  tomba  et  son  bras  se  disloqua.  ||  Être  dispersé. 
Notre  société  s'est  disloquée. 

—  HIST.  XVI*  s.  Quand  les  sages-femmes,  tirans 
les  bras  des  enfans,  disloquent  les  jointures  de  l'es- 
paule  ou  de  la  cuisse,  paré,  xiv,  3.  Toutes  join- 
tures se  peuvent  delouer,iD.  iiv,  6.  Mon  ame  n'au- 
roit  jamais  la  force  de  porter  les  alarmes  et  esmotions 
qui  suivent  ceulx  qui  embrassent  tant;  elle  seroit 
incontinent  disloquée  par  celle  agitation  intestine, 
MONT.  IV,  447.  Tesmoin  Gallus  Vibius,  qui,  pour 
avoir  trop  bandé  son  esprit  à  comprendre  l'essence 
et  les  mouvements  de  la  folie,  disloca  et  desnoua 
son  jugement  si  qu'il  ne  le  peusl  remettre,  char- 
ron. Sagesse,  I,  4  7. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  le  latin  locare ,  pla- 
cer, de  locus,  lieu:chasser  desonlieu,  de  sa  place; 
provenç.  deslocar,  desloguar,  dislocar;  espagn. 
dislocar;  portug.  deslocar;  ital.  dislocare,  dùlogaie, 
dishiogare.  Delouer  dans  Paré  est  équivalent  au 
latin  delncare,  comme  louer  à  locare. 

+  DISO.ME  (di-so-m'),  adj.  Terme  de  tératologie. 
Qui  a  deux  corps. 

—  ÉTY.M.  Ai;,  deux,  et  aûiii,  corps. 

f  DISPACUE  (di-spa-ch') ,  î.  f.  Terme  de  droit  ma- 
ritime. Espèce  de  discussion  el  d'arbitrage  entre  les 
assureurs  et  les  assurés. 

—  ÉTYM.  lui.  dispaccio,  le  même  que  dépédie 
(voy.  ce  mol). 

t  DISPACHECR  (di-spa-cheur),  t.  m.  Arbitre  en 
matière  d'assurances  maritimes. 

DISPARAISSANT,  ANTE  (di-spa-rè-san,  san-l'), 
adj.  Qui  disparaît.  Il  regarde  sa  vie....  comme  l'om- 
bre qui  s'étend,  se  rétrécit,  se  dissipe,  sombre, 
vide  et  disparaissante  figure,  pléch.  Dauphi::e. 

DISPARAÎTRE  (di-spa-rê-lr'),  je  disparais,  tu 
disparais,  il  disparaît,  nous  disparaissons,  vous  dis- 
paraissez, ils  disparaissent;  je  disparaissais;  je  dis- 
parus; je  disparaîtrai;  je  disparaîtrais;  disparais, 
qu'il  disparaisse,  disparaissons,  disparaissez;  que 
je  disparaisse,  que  nous  disparaissions;  que  je  dis- 
parusse; disparaissant,  disparu,  v.  n.  ||  1*  Cesser 
de  paraître,  d'être  visible.  Les  astres  ont  disparu 
descieux.  Le  joura  disparu.  Calypso  était  sans  cesse 
tournée  vers  le  côté  où  le  vaisseau  d'Ulysse,  fen- 
dant les  ondes,  avait  disparu  à  ses  yeux,  fén.  Tél.  i. 
La  mer  a  disparu  sous  leurs  nombreux  vaisseaux, 
delille,  Enéide,  iv.  C'est  pitié  de  voir  quand  un< 
terre  tombe  entre  les  mains  de  ces  gens-là  [ceux  qui 
l'achètent  pour  la  revendre  par  petits  lols|  :  elle  se 
perd,  disparaît,  p.  L.  coiîr.  Lettre  v.  Encore  une 
étoile  qui  file,  Qui  file,  file  cl  disparaît,  bërang  , 
Les  étoiles.  ||  2*  Par  extension,  cesser  d'êfe,  d'exis- 
ter. Où  va  donc  se  rendre  cette  multitude  infinie  de 
créatures  qui  disparaissent  tous  les  jours  à  nos  yeuxî 
MASS.  Carême,  Elus.  Faisons  disparaître  La  honte 
de  cent  rois  et  la  mienne  peut-être,  hac.  Mithr. 
m,  4.  Nous  disparaîtrons,  moi  qui  suis  si  peu 
de  chose,  et  ceux  que  je  contemplais  si  avidement 
el  de  qui  j'espérais  toute  ma  fortune,  la  brl'T. 
viii.  Une  république  fameuse,  remarquable  par  la 


DIS 


DIS 


DIS 


1183 


singularité  de  son  origine....  a  disparu  de  nosjours, 
sous  nos  yeux,  en  un  moment,  paru,  Hist.  de  la 
républ.de  r!nisc,l.  i,p.  i.  J'ai  plongé  cent  peuples 
fameux  Dans  un  abîme  de  ténèbres  Où  vous  dispa- 
raîtrez comme  eux,  bérang.  Temps.  ||  On  dit  dans 
le  mCme  sens  disparaître  de.  Troie  a  disparu  de  la 
surface  de  la  terre.  Aussitôt  de  la  terre  ils  disparu- 
rent tous,  BAC.  Esth.  II,  t.  Il  On  dit  aussi  disparaître 
à.  Mourir,  disparaître  à  tout  ce  qui  nous  envi- 
ronne, entrer  dans  les  abîmes  de  l'éternité,  mass. 
Carême,  Mort.  WZ'Fig.  Être  éclipsé,  effacé.  Toute 
autre  gloire  disparut  devant  la  sienne.  Tout  dispa- 
raît dans  Rome  auprès  de  sa  splendeur  [de  l'empe- 
reur], BAC.  Bérén.  m,  2.  ||  4°  Se  retirer  dans  la  so- 
litude, dans  la  retraite,  dans  un  couvent.  C'est 
maintenant.  Seigneur,  que  je  vais  disparaître  avec 
joie  pourtoujours  au  monde,  mass.  Confir.  Fuite  du 
monde.  \\  Disparaître  de  la  scène  du  monde,  et, 
absolument,  disparaître,  cesser  de  se  montrer  dans 
le  monde.  Il  [Paracelse]  quitta  l'Alsace,  il  revint 
en  Suisse,  il  disparut  pendant  onze  ans,  dider.  Opi- 
nions des  anc.  phil.  (Théosophes).  ||  6»  Se  reti- 
rer, s'éloigner.  Et  qui  peut  faire  ainsi  disparaître 
la  reine?  corn.  Sertor.  iv,  3.  Cette  grande  armée 
[la  (lotte  hollandaise]  qui  devait  empêcher  cette 
jonction  [de  Tourville] ,  et  qui  était  à  une  île  très- 
proche  do  Belle-Ile,  est  disparue;  on  ne  sait  où  elle 
est  ailée,  SÉV.  670.  Pour  tirer  l'homme  enfin  de  ce 
désordre  extième,  Il  fallut  qu'ici-has  Dieu,  fait 
homme  lui-même.  Vint  du  sein  lumineux  de  l'éter- 
nel séjour....  A  l'aspect  de  ce  Dieu  les  démons  dis- 
parurent. loiL.  Soi.  XII.  Un  homme  habile  sait  s'il 
convient  ou  s'il  ennuie;  il  sait  disparaître  le  mo- 
ment qui  précède  celui  où  il  serait  de  trop  quelque 
part,  LA  BRUY.  V.  Et  sans  doute  elle  attend  le  mo- 
ment favorable  Pour  disparaître  aux  yeux  d'une 
cour  qui  l'accable,  rac.  Bér.  i,  3.  Un  dirait  que  je 
suis  une  ombre  qui  veut  encore  rester  sur  la  terre, 
quand  les  rayons  du  jour,  quand  l'approche  des  vi- 
vants la  forcent  à  disparaître,  stael,  Corinne, 
iviil,  5.  Il  S'éloigner  à  la  hâte.  Les  Tyriens,  jetant 
armes  et  boucliers,  Ont  par  divers  chemins  disparu 

les  premiers,  RAC.  jl(/ia!.  y,   6 Disparaissant  à 

mon  œil  désolé.  Vous  avez  traversé  cette  foule  san- 
glante, VOLT.  Scythes,  v,  4.  ||  S'esquiver  furtive- 
ment. Cet  agent  de  change  a  fait  banqueroute  et  il 
a  disparu.  On  dit  que  cette  jeune  fille  a  disparu 
avec  son  amant.  Cependant  cette  fîUe  disparaît,  et 
vous  êtes  convaincu  de  l'avoir  emmenée,  Diderot, 
Père  de  famille,  iv,  7.  ||  6°  Venir  à  manquer  subi- 
tement, en  parlant  des  personnes.  11  [le  roi]  est  parti 
à  dix  heures  sans  que  personne  l'ait  su....  au  lieu 
,  d'aller  à  Villers-Cotrets,  il  est  allé  à  Nanteuil,  où 
l'on  croit  que  d'autres  se  trouveront,  qui  sont  dis- 
parus aussi,  SÉV.  <34.  Il  II  se  dit  aussi  des  choses. 
Oui  a  pris  l'argent  qui  était  sur  cette  table?  Je  n'ai 
fait  que  tourner  la  tête  et  il  a  disparu. 

—  REM.  Disparaître  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir,   quand  on  veut  exprimer  l'action  :  ces  feux 

I  ont  disparu  tout  à  coup;  avec  l'auxiliaire  être,  quand 
1  on  veut  exprimer  l'état  :  ces  feux  sont  disparus  de- 
',       puis  longtemps. 

—  HIST.  XIII*  S.  Quant  [il]  out  ço  dit,  of  [avec]  la 
luurll  disparaît  devant  le  jur.  Éd.  le  conf.  v.  I8i3. 
Il  XVI'  s.  Pour  leur  ester  la  veue  de  son  corps.  Jésus 
Christ  ne  s'est  point  fait  invisible,  mais  seulement 
s'est  disparu,  calvin,  Instit.  H24.  Comme,  adve- 
nante  la  lumière  du  cler  soleil,  disparent  tous  lui- 
tins.  EAB.  Pant.  III,  2*.  Peu  de  jours  après  Romu- 
lus  disparut  si  estrangement  que  l'on  ne  sceut 
jamais  ce  qu'il  devint ,  amyot  ,  Rom.  43.  Ceste 
torche....  alla  disparoir  au  propre  endroit  où  les 
pilotes  avoient  délibéré  d'arriver,  id.  Timol.  <). 

—  Etym.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
paraître;  ital.  disparere.  Tandis  que  disparaître 
Tient  d'un  latin  fictif  disparescere,  disparoir,  de 
l'historique,  vient  du  latin  fictif  disparere.  Dispa- 
reiit  est  formé  aussi  de  disparere,  comme  il  appert 
de  apparet. 

t.  DISPARATE  (di-spa-ra-f),  s.  f.  Terme  vieilli. 
Incartade ,  action  capricieuse  et  déraisonnable. 
Quelle  disparate  je  vais  faire  !  sÉv.  388.  Ce  sont  ces 
disparates-là  qui  font  que  je  vous  crains  près  de 
moi,  maintenon,  Lettre,  à  d'Aubigné,  25  oct.  1685. 
Ce  qu'il  fallut  essuyer  de  disparates  de  sa  part  [du 
duc  de  Rohanjne  se  peut  imaginer,  st-sim.  g4,  69. 
Ij  On  trouve  aussi  disparade.  Ils  [le  roi  et  la  comtesse 
de  Grammont]  se  raccommodèrent,  à  condition  d'y 
plus  faire  [qu'elle  ne  fît  plus  à  Port-Royal]  de  ces 
disparades,   id.   H8,  42. 

—  ÉTYM.  Genevois,  un  disparat;  de  l'espagnol  dis- 
parate, sottise,  extravagance.  L'Académie  a  fait 
iitparate  du  féminin,  bien  qu'il  soit  masculin  en 


espagnol.  L'espagnol  disparate  tient  au  verbe  dis- 
parar,  faire  des  sottises,  des  incartades,  qui  est  le 
latin   disparare  (voy.   disparate  2). 

2.  DISPARATE  (di-spa-ra-f).  ||  i'Adj.  Qui  tranche 
fortement  sur.  L'accueil  si  contradictoire  et  si  dispa- 
rate fait  au  comte  de  Neuilly  et  au  duc  de  Surrey, 
d'alemb.  vlcad./'r.  t.  V,  p.  680.  Les  lois  générales  en- 
chaînent les  uns  aux  autres  les  phénomènes  qui 
semblent  les  plus  disparates,  laplace,  Exp.w,  14. 
Il  2°  5.  f.  Une  disparate,  défaut  d'analogie  entre 
les  mots,  entre  les  idées,  entre  les  choses.  Il  y  a 
trop  de  disparate  entre  ces  couleurs.  Ces  choses  font 
disparate.  Ce  mélange  de  magnificence  et  de  rusti- 
cité forme  une  disparate  et  non  -un  contraste, 
deux  choses  très-diflérentes  et  que  le  mauvais  goût 
confond  souvent,  m"""  de  genlis,  îcç.  d'une  gouv.l. il, 
p.  396,  dans  POUGENS.  Tout  ce  que  les  empereurs 
ont  touché  à  Athènes  forme  une  disparate  sensible 
avec  les  chefs-d'œuvre  du  siècle  de  Périclès,  cha- 
teaub.  Itin.  228. 

—  SYN.  DISPARATE,  CONTRASTE.  Un  Contraste  est 
agréable,  une  disparate  est  toujours  choquante;  en 
général,  on  peut  appeler  disparate  une  opposition 
trop  forte  et  trop  tranchante;  et  contraste,  une  op- 
position délicate  qui  ne  produit  qu'une  surprise  mo- 
dérée et  un  sentiment  plus  doux  et  plus  profond 
que  violent,  m"'  de  genlis,  Leç,  d'une  gouver- 
nante, t.  Il,  p.  397. 

—  ÈTYM.  Lat.  disparatus,  inégal,  différent,  de 
disparare,  de  dis....  préfixe,  et  parare  (voy.  pa- 
rer). Disparate  2  et  disparate  i  ont  deux  origines 
différentes,  l'un  dans  le  latin,  l'autre  dans  l'es- 
pagnol. 

t  DISPAREIL, EILLE(di-spa-rèll,  è-11',  Il  mouil- 
lées), adj.  Qui  n'est  point  pareil. 

—  HIST.  xvi"  s.  Des  compaignons  si  dispareils, 

MONT,  m,  <54. 

—  ÉTVM.  Dis....  préfixe,  et  pareil. 
DISPARITÉ  (di-spa-ri-té),  s.  f.  Qualité  do  ce  qui 

n'est  pas  pareil,  manque  de  parité.  J  avoue  que  je 
ne  comprends  pas  sur  quoi  l'on  peut  fonder  la  dis- 
parité de  cette  économie,  puisque....  boullainvil- 
LIERS,  Réfut.  de  Spinosa,  p.  t34.  Ces  vues  si  dés- 
honnêtes  et  si  communes,  qui  compensent  aux  yeux 
des  parents  l'extrême  disparité  d'âge,  dider.  Essai 
s.  Claude,  i,  §  8B.  Ont-ils  bien  examiné  la  di.sparité 
des  cas,  ceux  qui  comparent  l'exemption  de  toute 
retenue  [sur  les  rentes  àe  l'État]  avec  des  conditions 
usuraires?  Mirabeau,  Collection,  t.  iv,  p.  2C0. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ils  trouvoient  chose  délicieuse  de 
charger  les  Suisses,  quelque  disparité  qu'ilyeustde 
mille  chevaux  contre  une  juste  armée,  d'aub.  Ilist. 
I,  20t.  Si  nous  considérons  un  paysan  et  un  roy, 
un  noble  et  un  vilain,  un  magistrat  et  un  homme 
privé,  un  riche  et  un  pauvre,  il  se  présente  soub- 
dain  à  nos  yeulx  une  extrême  disparité,  qui  ne  sont 
différents,  par  manière  de  dire,  qu'en  leurs  chaus- 
ses, MONT.  I,  320.  La  disparité  si  grande  les  met 
hors  du  commerce  des  hommes,  charron.  Sagesse, 
1,  6i. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  parité;  provenç.  dis- 
paritat;  espagn.  disparidad;  ital.  disparité. 

DISPARITION  (di-spa-ri-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes) ,  s.  f.  Action  de  disparaître.  La  disparition 
d'une  comète.  ||  Absence  subite  d'une  personne  ou 
d'une  chose.  Il  n'a  pas  été  trouvé  à  son  domicile;' 
cette  disparition  excite  les  plus  étranges  rumeurs. 
La  disparition  d'une  somme  d'argent  considérable. 

—  HIST.  xvi"  s.  Disparition,  amyot,  Rom.  44. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISPARAÎTRE.  Génev.  disparution. 
DISPARU,  UE  (di-spa-ru,  rue),  part,   passé  de 

disparaître.  Qui  ne  paraît  plus,  qui  n'est  plus  visi- 
ble. On  cherchait  encore  de  l'œil  à  l'horizon  le  na- 
vire disparu.  Le  jour  est  disparu.  Quoi!  de  quelque 
côté  que  je  tourne  la  vue ,  La  foi  de  tous  les  cœurs 
est  pour  moi  disparue?  rac.  Millir.  m,  4.  Mèdes, 
Assyriens  ,  vous  êtes  disparus;  Parthes,  Carthagi- 
nois, Romains,  vous  n'êtes  plus,  L.  rac.  Relig. 
ch.  III. 

t  DISPENDIEUSEMENT  (di-span-di-eû-ze-man) , 
adv.  D'une  manière  dispendieuse. 

—  Etym.  Dispendieuse,  et  le  suffixe  ment. 
DISPENDIEUX, EUSE  (di-span-di-eû,  eil-z'),  adj. 

Qui  exige  une  grande  dépense.  Une  dispendieuse 
entreprise.  Un  état  de  maison  dispendieux.  Dans  ie 
cas  où  ils  murmureraient  du  sacrifice  de  leurs  ri- 
chesses au  rétablissement  dispendieux  des  temples 
caducs,  DIDER.  Lett.  à  Galiani. 

—  REM.  Dispendieux  n'est  dans  le  Dictionnaire 
de  l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  1762. 

—  Etym.  Lat.  dispendiosus ,  de  dispendium,  dé- 
pense, de  dispendere,  dépenser  (voy.  dépendre, 
dans  le  sens  de  dépenser). 


t  DISPENSABLE  (di-span-sa-Wp,  ad;'.  Pour  lequel 

on  peut  accorder  dispense.  Cas  dispensable. 

—  HIST.  XVI"  s.  Son  mariage  estant  déclaré  nul, 
et  la  dispense  nulle,  comme  donnée  sur  un  cas  non 
dispensable,  m.  du  bell.  iH. 

—  ÉTYM.  Dispenser. 

DISPENSAIRE  (di-span-sê-r'),  i.  m.  ||  1"  Terme 
de  médecine.  Ouvrage  contenant  la  description  des 
médicaments  simples  ou  composés,  et  les  formules 
des  préparations  officinales.  ||  Laboratoire  où  l'on 
prépare  les  substances  qui  entrent  dans  les  médi- 
caments composés.  Il  2°  Établissement  de  bienfai- 
sance institué  pour  donner  gratuitement  des  soins 
et  des  médicaments  aux  malades  indigents  qui  peu- 
vent être  traités  dans  leur  domicile.  ||  Dispensaire 
de  salubrité,  et,  absolument,  dispensaire,  établis- 
sement destiné  à  la  visite  des  filles  publiques. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISPENSER. 

t  DISPENSATAIRE  (di-span-sa-tê-r'),  s.  m.  et^. 
Celui,  celle  qui  a  reçu  une  part  dans  la  dispensa- 
tion  de  quelque  somme.  Chaque  dispensataire  des 
largesses  du  prince,  legoahant. 

—  ÉTYM.  Dispenser. 

DISPENSATEUR,  TRICE  (di-span-sa-teur,  tri-s'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  dispense  ou  distribue. 
La  justice  est  la  dispensatrice  des  peines  et  des  ré- 
compenses, FURETiÈRE.  Ils  sont  les  dispensateurs 
des  trésors  célestes,  patru,  Plaidoyer  5,  ^ans  ri- 
cnELET.  Grand  roi,  de  l'innocence  auguste  protec- 
teur, Des  peines  et  des  prix  juste  dispensateur, 
ROTROU,  Vencesl.  iv,  6.  Les  riches  sont  seulement 
dispensateurs  de  leur  snperfiu,  pasc.  Proi;.  )2.  [Les 
juges]  afin  d'y  agir  [dans  les  condamnations  à  mort] 
comme  les  fidèles  dispensateurs  de  cette  puissance 
divine  d'ôter  la  vie  aux  hommes,  ID.  ib.  H.  Le  chan- 
celier est  le  dispensateur  des  rémissions  et  des  grâces 
du  roi,  LE  MAÎTRE,  Plaidoyer  2,  dans  richelet. 
Sacrés  dispensateurs  de  la  parole  évaiigélique,  mass, 
Or.  fun.  Villeroy.  Sans  remonter  au  souverain  dis- 
pensateur des  choses  humaines,  id.  Petit,  car.  Res- 
pect. Ce  sont  les  dispensateurs  ignorants  et  infidèles 
du  sacrement  de  pénitence  tout  seuls  qui  ont  changé 
la  face  du  christianisme,  id.  Confér.  excell.  du  sa- 
cerdoce. Des  vrais  lauriers  sages  disp,ensatrices, 
Muses,  jadis  mes  premières  nourrices,  i.  b.  rouss. 
Epitr.  i,  -1.  Un  grand  ministre  est  celui  qui  est  le 
sage  dispensateur  des  revenus  publics,  montesq 
Esp.  XIII,  t5.  Prince,  ne  croyez  pas  que  ces  hom- 
mes vulgaires  Soient  les  dispensateurs  de  l'immor- 
talité, volt.  Ép.  <2.  Le  hasard,  des  hauts  rangs  ais- 
pensateur  suprême,  gilb.  Au  prince  de  Salm. 

—  HIST.  III'  S.  E  tut  cil  qui  laburent  el  champ 
nostre  Seignur,  Ne  soient  dechacié  n'esté  de  lur  te- 
nur:  Car  serf  Jesu-Crist  sunt  e  si  despensatur, 
Th.  le  mart.  73.  ||  xiv'  s.  Les  dispensateurs  et  orde- 
neurs  de  la  policie,  oresme.  Thèse  de  meunier. 
Il  XVI'  s.  Les  anges  sont  dispensateurs  et  ministres 
de  la  libéralité  de  Dieu  envers  nous,  calvin,  Instit. 
(06.  Aussi  n'en  sommes  nous  que  dispensateurs  [de 
nos  biens],  langue,  17.5.  Ayant  à  payer  à  tant  de 
gents  selon  qu'ils  ont  deservy,  un  roy  en  doibt  es- 
tre  loyal  et  advisé  dispensateur,  mont,  iv,  9. 

—  ËTVM.  Provenç.  despessaire,  despensador,  dis- 
pensador ;  espagn.  dispensador;  ital.  dispensalore , 
du  latin  dispensaforem,  de  dispensare,  dispenser. 
Dans  le  provençal,  despessaire  est  le  nominatif  du 
latin  dispensàtor,  avec  l'accent  sur  sa;  despensa- 
dor est  le  régime,  de  dispensatôrem ,  avec  l'accent 
sur  to. 

t  KISPENSATIF,  IVE  (di-span-sa-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  dispense  de.  Nul  ne  doit  être  exempt  de  la  règle 
faite  pour  tous,  et  nous  ne  devons  pas  reconnaître 
dans  les  mains  du  ministre  un  pouvoir  dispensatif 
des  lois.  Rapport  administratif,  cité  dans  legoa- 

RANT. 

—  ÉTYM.  Dispenser.  On  trouve  dispensatif  dans 
le  xiv  siècle,  mais  avec  le  sens  de:  qui  distribue, 
qui  répartit:  Mes  est  tant  seulement  juste  dispen- 
satif, ORESME,  .Ç(h.  <69. 

DISPENSATION  (di-span-sa-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes) ,  s.  f.  \\  1°  Action  de  dispenser,  de  répartir. 
La  dispensation  des  grâces,  des  récompenses.  La 
dispensation  de  prélatures,  patru.  Plaidoyer  4, 
dans  RICHELET.  Quels  pères,  quels  enfants,  quels 
citoyens  n'eussiez-vous  pas  faits  de  nous  par  la  seule 
dispensation  de  l'honneur  et  de  la  honte?  raynal, 
Hist.  phil.  1,8.  Il  2°  Administration,  conduite.  Je 
sais  qu'une  sage  dispensation  a  obligé  l'Eglise  de  se 
relâcher  des  épreuves  publiques  de  la  pénitence , 
MASS.  Car.  Élus.  J'ai  reconnu  deux  sortes  de  dispen- 
salions  dans  l'ordre  physique:  la  première  est  celle 
qui  détermine  ce  que  j'ai  nommé  la  cours  ordinaire 
de  la  nature  ;  la  seconde  u:t  celle  qui  détermine  ces 


1184 


DIS 


événements  extraordinaires  que  j'ai  nommfo  des  mi- 
racles, BONNET,  Palingén.  te'  part.  ch.  2.  ||  3« Terme 
de  pharmacie.  Opération  consistant  à  peser,  con- 
formément aux  doses  prescrites  pour  les  médica- 
ments, les  drogues  simples,  et  à  les  arranger  dans 
l'ordre  où  elles  doivent  être  mises  en  usage. 

mST.  XII»  s.  Dunkes  par  une  mervilhouse  dis- 

pensation  avient  ke....  Job,  468.  ||  xm*  s.  Autri  pro- 
priété, n'autri  possession,  Ci  ne  puet  clieoir  grâce, 
ne  dispensacion,  J.  de  meung,  Test.  4)48.  ||xv's. 
Kt  le  roi  de  Portingal  demaria  [rompit  le  mariage 
de]  la  fille  du  fils  du  comte  de  Cantebruge  par  la 
dispensation  du  pape,  froiss.  ii,  il,  t*7.  Pour  lais- 
ser le  gouvernement  Avec  la  dispensacion  [admini- 
stration] De  l'ostel  et  de  la  maison,  e.  desch.  Poé- 
lies  mss.  f°  601,  dans  lacuhne.  Leur  dist:  mes  amis, 
vous  faites  comme  celuy  qui  espouse  sa  cousine, 
puis  en  demande  dispensation,  J.  de  Saintré,  p.  535, 
dans  LACUBNE.  ||  xvi"  s.  Ils  sont  maudits,  s'ils  ne 
preschent  l'Evangile,  veu  que  la  dispensation  leur 
en  est  commise,  calvin,  Inslit.  sm.  Une  si  difficile 
dispensation  et  ordonnance  de  divers  noms  d'hon- 
neur [en  tète  des  lettres],  mont,  i,  293. 

—  ËTYM.  Provenç.  dispensation;  espagn.  dispen- 
sacion; ital.  dispetisaiione ;  du  latin  dispensatio- 
nem,  de  dispensare,  dispenser. 

ÈISPENSE  (di-span-s') ,  s.  f.  ||  1"  Au  sens  posi- 
tif, qui  dérive  directement  de  dispenser,  distribuer, 
autorisation,  permission.  Dispense  de  manger  de 
la  viande.  Le  pape  ne  donne  point  de  dispense  de 
ce  qui  est  contre  le  droit  divin.  X  Rome  on  ne  lit 
point  Boccace  sans  dispense,  la  font.  Bail,  sur  les 
romans.  ||  Dispense  de  mariage,  proprement  dis- 
pense relative  aux  empêchements,  mais  aussi,  dans 
le  droit  canonique,  aux  publications  et  au  domicile. 
On  attendait  la  dispense  de  Rome  pour  aller  à  l'au- 
tel, BABMONT.  lUéin.  VIII.  il  Indulgence,  remise.  On 
écrit  que  l'Eglise  donne  des  dispenses  des  crimes 
les  plus  atroces,  Boss.  Avert.  4.  ||  2°  Au  sens  néga- 
tif, permission  de  ne  pas  faire,  exemption.  Dispense 
de  jeûner.  Dispense  de  faire  maigre.  L'administra- 
tion accorde  des  dispenses  d'âge,  d'examen  en  cer- 
tains cas  qui  paraissent  les  comporter.  La  rigueur 
de  la  mort  se  voulut  assouvir.  Et  mon  afl"ection  n'en 

put  avoir  dispense,  malh.  vi,   20 Enfin  il  était 

homme;  On  n'a  point  pour  la  mort  de  dispense 
de  Rome,  mol.  l'Étour.  ii,  4.  D'abord  il  [Halley,  cé- 
lèbre astronome  anglais]  prit  ses  degrés  de  maître 
es  arts,  ayant  obtenu  des  dispenses  honorables  à  l'oc- 
casion de  son  voyage,  mairan.  Éloges,  Halley.  ||  Par 
extension.  Vos  souffrances  seraient  donc  le  désaveu 
de  votre  doctrine;  votre  croix,  la  dispense  de  vos 
préceptes  crucifiants,  et  votre  mort  douloureuse, 
l'adoucissement  de  votre  Évangile  ?mass.  Car.  Pas- 
sion. Il  3°  La  pièce  qui  constate  la  dispense.  Voyons 
votre  dispense. 

—  HIST.  XV»  s.  Mais  de  vin  [il]  se  faut  abstenir; 
Ne  pourroi-je  point  obtenir  Pour  cet  efl'et  quelque 
dispense?  basselin,  un.  ||  xvi°  s.  Son  mariage  es- 
tant déclaré  nul,  et  la  dispense  nulle,  comme  don- 
née sur  un  cas  non  dispensable,  M.  du  bell.  ist. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISPENSER. 

DISPENSÉ,  ÉE  (di-span-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Réparti.  Des  récompenses  dispensées  à  ceux 
qui  les  méritaient.  ||  2°  Qui  a  exemption  de....  Dis- 
pensé de  jeûner.  Dispensé  du  service  militaire,  en 
raison  de  ses  infirmités. 

DISPENSER  (di-span-sé),  t'.  a.  \\  1°  Départir,  dis- 
tribuer. Et  qu'à  bien  dispenser  les  choses,  11  faut 
mêler,  pour  un  guerrier,  i  peu  de  myrte  et  peu 
de  roses.  Force  palme  et  force  lauriers,  malh.  iv, 
6.  L'autorité  de  l'homme  est  de  peu  d'importance, 
Et  passe  en  un  moment;  Mais  cette  vérité  que  le 
ciel  nousdispense  Dure  éternellement,  CORN.  Imit.i, 
B.  Les  siens  qu'il  agrandit,  les  grâces  qu'il  dispense, 
HOTROO,  Vencesl.  I,  6.  Au  point  que  la  nuit  semble 
effacer  les  couleurs,  Dispense  le  sommeil  et  charme 
les  douleurs,  brébeuf,  Phars.  ii.  Il  est  besoin  d'une 
grande  sagesse  pour  dispenser  la  connaissance  de 
la  vérité,  arnauld.  Fréquente  communion.  Pré- 
face. Quant  à  son  temps,  bien  sut  le  dispenser: 
Deux  parts  en  fil,  dont  il  soûlait  passer  L'une  à  dor- 
mir et  l'autre  à  ne  rien  faire,  la  font.  Son  épitaptie 
(aile  par  lui-même.  Qui  dispense  la  réputation? 
l'ASC,  dans  cousin.  La  sagesse  qui  dispense  les  grâ- 
ces, Boss.  le  Tellier.  Dieu  qui  dispense  les  maux 
selon  les  forces,  fléch.  Aiguillon.  11  leur  dispense 
avec  mesure  Et  la  chaleur  des  jours  et  la  fraîcheur 
des  nuits,  bac.  Athal.  \,  i.  Elle  dispensa  de  grandes 
louanges  à  l'éducation  qu'on  donnait  à  Saint-Cyr, 
MAINTKNOH,  Ult.  à  Mm»  de  Caylus,  18  nov.  (7t6. 
Gouverner  les  celliers  et  dispenser  le  vin,  rollin, 
//l'tl   anc.  Gf-.'uire»,  t.  vu,  p.  258,  dans  pougens.  Il 


DIS 

[le  soleil]  dispense  les  jours,  les  saisons  et  les  ans 
A  des  mondes  divers  autour  de  lui  flottants,  volt. 
Ilenr.  vi.  ||  2°  Terme  di?  pharmacie.  Préparer.  Vieux 
en  ce  sens.  Di.spenser  la  thériaque.  Les  statuts  des 
épiciers  portent  que  les  aspirants  à  la  maîtrise  dis- 
penseront leurs  chefs-d'œuvre  en  présence  de  tous 
les  maîtres,  furetière.  [J  3°  Au  sens  positif,  qui  dé- 
rive directement  du  sens  de  distribuer,  mais  qui  a 
vieilli.  Dispenser  à,  autoriser,  permettre  de  faire 
quelque  chose  qui  est  défendu.  Quoi  I  s'il  aimait  ail- 
leurs, serais-je  dispensée  X  suivre  à  son  exemple 
une  ardeur  insensée?  corn.  Poly.  m,  2.  ||  4°  Au  sens 
négatif  qui  est  seul  usité  aujourd'hui.  Dispenser 
de,  permettre  à  quelqu'un  de  ne  pas  faire  quel- 
que chose  qui  est  ordonné.  Dispenser  du  jeûne. 
Dispenser  de  faire  maigre.  Le  grand  âge  dispense 
d'aller  à  la  guerre.  Seigneur,  c'est  me  ranger  plus 
que  vous  ne  pensez  Sous  ces  austères  lois  dont  vous 
me  dispensez,  bac.  Plièd.  ii,  2.  ||  Fig.  Et  le  soin 
de  sa  gloire  à  présent  la  dispense  De  se  porter 
pour  vous  à  cette  violence,  corn.  Nicom.  iv,  6.  Dis- 
pense ma  valeur  d'un  combat  inégal,  id.  Cid,  ii,  2. 
11  [Pilate]  se  contente  de  demander  qu'on  le  délivre, 
ou  qu'on  le  dispense  de  le  condamner  [Jésus-Christ] , 
MASS.  Car.  Pass.  Il  en  était  de  ces  dîners  comme  de 
beaucoup  d'autres  où  la  société,  jouissant  d'elle- 
même,  dispense  l'hôte  d'être  aimable,  pourvu  qu'il 
la  dispense  de  s'occuper  de  lui,  marmont.  Mém.  x. 
Votre  bras,  votre  gloire  ont  combattu  pour  vous,  Et 
dispensent  d'aïeux  un  guerrier  comme  vous,  Ducis, 
Othello,  I,  7.  Il  Absolument.  L'occasion  convie, 
aide,  engage,  dispense,  cobn.  Suite  duMenleur,  m, 
B.  Il  5°  Dispenser,  sans  régime  indirect,  absoudre 
ou  relever  d'une  faute  commise.  Le  pape  seul  peut 
dispenser  en  cas  de  simonie.  Il  faut  qu'on  soit  dis- 
pensé pour  obtenir  deux  bénéfices.  ||  6°  Il  se  dit  en 
termes  de  civilité  à  l'impératif,  pour  demander  la 
permission  de  ne  pas  faire  quelque  acte  de  politesse. 
Dispensez-moi  de  vous  reconduire.  Dispensez-moi 
de  vous  aller  voir  si  souvent.  Il  faut  que  tes  conseils 
m'aident  à  repousser....  Madame,  au  nom  des  dieux, 
veuillez  m'en  dispenser,  corn.  Rodog.  m,  (.  Adieu, 
dispensez-Tnoi  de  parler  là-dessus,  id.  Sertor.  iv,  3. 
Il  II  se  dit,  aux  autres  modes,  pour  décharger,  d'une 
façon  polie,  du  soin  de  faire,  de  dire.  Je  l'ai  dis- 
pensé de  m'accompagner.  Je  vous  dispense  d'en 
dire  davantage.  Il  7°  Se  dispenser,  v.réjl.  Être  dé- 
parti. Les  honneurs  se  dispensent  quelquefois  au 
hasard.  ||  8°  Se  dispenser  à,  prendre  la  permission 
de  faire.  Quand  je  me  dispensais  à  lui  mal  obéir, 
corn.  Rodog.  i,  B.  Ma  curiosité  pour  ce  demi-quart 
d'heure  S'osera  dispenser....  id.  Uél.  m,  6.  Et  c'est 
aussi  pourquoi  ma  bouche  se  dispense  X  vous  ouvrir 
mon  cœur  avec  plus  d'assurance,  mol.  Dép.  am.  n, 
I.  Je  finis,  mon  très-cher  monsieur,  en  vous  deman- 
dant pardon  de  ma  longueur,  mais  surtout  de  ce  que 
je  me  dispense  si  familièrement  à  m'écarter  de  mon 
sujet  avec  vous,  qui  avez  l'esprit  si  juste  et  si  déli- 
cat, BAYLE,  Lett.  à  Minutoli,  3i  janv.  t673.  ||  On  a 
dit,  dans  le  même  sens,  se  dispenser  de.  On  passe 
aisément  d'un  degré  à  l'autre;  ce  qui  s'est  fait  par 
une  nécessité  invincible,  on  prend  droit,  on  se 
dispense  de  le  faire  sans  nécessité,  patru.  Plaid. 
6.  Il  Se  dispenser  avec  doude,  en  ce  sens,  a  vieilli. 
Il  9°  S'exempler  de,  prendre  la  permission  de  ne 
pas  faire.  Il  s'est  dispensé  d'aller  à  son  bureau. 
C'étaient  des  superstitions  respectables  par  leur 
ancienneté,  autorisées  par  les  lois  de  l'Empire  et 
par  le  consentement  de  presque  tous  les  peuples, 
dont  il  fallait  se  dispenser,  mass.  Car.  hnmut.  de 
la  loi.  Il  S'excuser  de  faire,  s'abstenir.  Comme  assez 
près  des  murs  il  avait  son  escorte,  Je  me  suis  dis- 
pensé de  le  mettre  plus  loin,  corn.  Sertor.  iv,  3. 
Dans  les  visites  qui  sont  faites  Le  renard  se  dispense 
et  se  tient  clos  et  coi ,  la  font.  Fabl.  m,  3. 

—  REM.  On  notera  dispenser  à,  se  dispenser  à, 
dans  Corneille  et  dans  Molière.  Dispenser  à,  c'est 
permettre  de;  dispenser  de,  c'est  exempter  de.  Au 
reste,  dispenser  à  a  vieilli,  et  la  signification  s'en 
est  obscurcie. 

—  HlST.  xiii*  s.  Puisque  li  mariages  fu  malvès  el 
commencement,  il  ne  pot  jamés  estre  bons,  se  toute 
le  [la]  vérité  du  meffet  n'est  contée  en  sainte  Eglise, 
et  que  li  apostoles  [le  pape]  ne  voille  sor  ce  dispenser, 
BEAUM.  LVii,  H.  Il  XV'  S.  Le  rol  qui  s'escript  de  Por- 
tingal et  qui  n'a  nul  droit  à  la  couronne,  car  il  est 
bastard  non  dispensé,  froiss.  ii,  m,  19.  ||xvi*s.  Il 
dispensoyt  son  temps  en  telle  faczon  que  il  s'esveil- 
loyt  entre  huit  et  neuf  heures,  rab.  Gar.  i,  2i.  Puis 
que  voulez  que  je  poursuive,  o  sire,  L'œuvre  royal 
du  Pseautier  commencé  :  ....D'y  besongner  me  tiens 
pour  dispensé  [autorisé],  marot,  iv,  208.  Par  les 
anges  il  dispense  ses  bénéfices  envers  les  hommes, 


DIS 

et  fait  ses  autres  œuvres,  calv.  [nstil.  (08.  Au  rest 
la  pluspart  se  dispense  [permet]  de  faire  la  collalioj 
morselloire,  comme  ils  disent,  in.  ib.  100(.  Il  faat 
se  soubmettre  du  tout  à  l'auctorité  ou  du  tout  s'en 
dispenser,  mont.  1,  204.  Mal  dispenser  son  loisir, 
m.  i,  289.  Il  y  en  a  qui  conseillent  de  se  dispenser 
quelques  fois  à  boire  d'autant,  pour  relascher  l'ame, 
ID.  Il,  14.  Les  voylà  à  dispenser  [disposer]  leurs  en- 
gins, ID.  III,  <20.  Ils  ne  jouirent  point  du  privilège 
de  l'aage,  qui  les  dispensoit  d'aller  à  la  guerre, 
AMYOT,  llarcell.  t.  Que  le  pape  ne  pouvoit  dispen- 
ser [excuser,  donner  dispense]  une  femme  d'avoir 
espousé  les  deux  frères,  m.  du  bell.  488.  De  peur 
que,  .se  voulant  dispenser  [permettre]  de  tailler  ces 
arbres  hors  saison,  cela  ne  les  fist  périr,  o.  de  ser- 
res, 810.  De  dispenser  [permettre]  la  mère  de  fa- 
mille de  se  lever  tard,  ordinairement,  ne  se  peut, 

ID.  819. 

—  KTYM.  Provenç.  dispensar,  despensar;  espagn. 
dispensât;  ital.  dispensare  ;  i\x  latin  dispensare,  de 
dis,...  préfixe,  et  pensare,  distribuer,  peser  (voy. 
penser).  Le  sens  primitif  est  répartir,  distribuer; 
puis  on  passe  au  sens  de  accorder  permission,  ce 
qui  est  une  répartition,  distribution;  là  le  sens  se 
partage ,  et  dispenser  veut  dire  tantôt  permettre  da 
ne  pas  faire  (par  exemple  dispenser  déjeuner),  tan- 
tôt permettre  de  faire. 

t  DISPEUMATIQUE  (di-spèr-ma-ti-k'),  adj.  Sy- 
nonyme (le  disperme. 

t  DISPERME  (di-spèr-m'),  odj.  Terme  de  botani- 
que. Qui  renferme  deux  graines  seulement.  Fruit 
disperme. 

—  ÉTYM.  AU,  deux,  et  <m6p(ia,  graine. 
DISPERSÉ,  ÉE  (di-sper-sé,    sée),    part,  passé. 

Il  1°  Jeté,  poussé  çà  et  là.  D'un  frère  dans  la  mer 
les  membres  dispersés,  corn.  Médée,  l,  ♦.  C'est 
une  mère  ravie  X  ses  enfants  dispersés  Qui  leur  tend 
de  l'autre  vie  Ces  bras  qui  les  ont  bercés,  lamart. 
llarm.  ii,  (.  ||  Détruit,  en  jetant  les  débris  çà  et  là. 
Le  bûcher  par  mes  mains  détruit  et  renversé  Dans 
le  sang  des  bourreaux  nagera  dispersé,  rac.  Iphig. 
v,  2.  Il  Fig.  Et  pour  fruit  de  cette  sortie  [du  cloî- 
tre] On  n'a  qu'une  âme  appesantie  Et  des  désiis 
flottants  dans  un  cœur  dispersé,  corn.  Imit.  i,  20. 
i|  2°  Réparti  çà  et  là.  Les  troupes  dispersées  dans  les 
cantonnements.  ||  Seditdes  personnes  ou  des  choses 
écartées  les  unes  des  autres.  On  apercevait  dans  la 
campagne  quelques  hameaux  dispersés.  ||  3°  Dissipé, 
mis  en  fuite.  Les  attroupements  dispersés  par  la 
gendarmerie.  Après  un  long  combat  tout  son  camp 
dispersé,  bac.  Milhr.  i,  4. 

DISPERSER  (di-spèr-sé),  v.  a.  \\  l'  Jeter,  pousser 
çà  et  là.  Disperser  les  débris  de  quelque  chose. 
Il  Détruire  en  jetant  çà  et  là  les  débris.  Ils  disper- 
seront vos  cabanes,  ils  se  jetteront  sur  vos  trou- 
peaux, raïnal,  Uist.phil.n,  48.  ||  2°  Répartir  ci 
et  là,  diviser.  Disperser  des  troupes  en  cantonne- 
ment. Quel  dommage  de  disperser  une  collection 
aussi  précieuse  1  Le  printemps  dispersa  cette  bril- 
lante société.  Il  3°  Mettre  en  fuite,  dissiper.  La  force 
armé»  dispersa  les  séditieux.  Le  seul  bruit  de  ce 
prince  au  palais  arrêté  Dispersera  soudain  chacun 
de  son  côté,  corn.  Iléracl.  m,  4.  Que  de  ton  nom 
la  terreur  les  disperse!  rac.  Esth.  m,  3.  Vous,  ce- 
pendant, allez  Disperser  promptement  vos  amis  as- 
semblés, id.  Baj.  IV,  6.  Roi,  peuple....,  tout  se  vit 
disperser,  id.  Eslh.  m,  4.  ||  4°  Se  disperser,  v.  réft. 
Être  dispersé.  La  foule  se  dispersa.  Hé  quoi  !  tout 
se  disperse  et  fuit  sans  me  répondre  ?  rac.  Athal. 
m,  4.  Le  général  Stenau  fit  ferme  un  moment  avec 
deux  régiments;  le  moment  d'après,  il  fut  lui-même 
entraîné  dans  la  fuite  générale  de  son  armée,  qui 
se  dispersa  avant  d'être  vaincue,  voltaire,  Char- 
les xn,  2. 

—  HIST.  XT*  S.  S'on  n'y  pourvoit,  royaumes,  tu 
te  pers;  Un  cuer  vaillant  puet  ton  fait  radrecier;  Si- 
non, partout  sera  cilz  mos  dispers  :  François  per- 
dent leur  temps  à  conseillier,  e.  deschamps,  Con- 
seils des  François.  Il  XVI' s.  Lesligamensse  dispersent 
pareillement  es  membranes  et  muscles  pour  les  ren- 
forcir,  PARÉ,  I,  4  0. 

—  ÊTYM.  Lat.  dispersum,  supin  du  verbe  di'spw- 
gere,  de  di....  préfixe,  dans  le  sens  distributif,  el 
spargere,  répandre  (voy.  épars);  provenç.  disper- 
ger;  catal.  dispergir;\\3.\.  dispergere.  L'ancien  fran- 
çois  avait  dispers,  formé  directement  du  participe 
passif  dispersus. 

t  DISPERSIF,  IVE  (di-spèr-sif,  si-v'),  adjectif. 
Il  1'  Terme  de  physique.  Oui  produit  le  phénomène 
de  la  dispersion.  {|  Phénomène  dispersif,  décompo- 
sition de  la  lumière  blanche.  Il  Pouvoir  dispersif  d'une 
substance,  le  quotient  qu'on  obtient  en  divisant  sa 
dispersion  par  son  indice  moyen  diminué   d'una 


DIS 


ns 


DIS 


1185 


moitié  (l'indice  moyen  de  réfraction  est  celui  qui 
appartient  à  la  lumière  moyenne  du  spectre). 
Il  2°  Kig.  Qui  a  le  caractère  de  la  dispersion,  qui 
n'est  pas  concentré.  Dans  le  moyen  âge  le  gouver- 
nement était  dispersif. 

—  f.TY.M.  Disperser. 

DISPERSION  (di-sp^r-sion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  de  disperser,  état  de  ce 
qui  est  dispersé.  La  dispersion  des  villages  dans  cette 
campagne.  La  dispersion  des  Juifs.  La  dispersion 
des  corps  d'armée  étant  indispensable  pour  qu'ils 
pussent  trouver  des  subsistances  dans  ces  déserts, 
celle  nécessité  tenait  Napoléon  loin  des  siens,  SÉ- 
GUR,  Uist.  de  fiapol.  v,  2.  ||  Dans  le  langage  bibli- 
que, les  dispersions  d'Israël,  les  parties  disjointes 
d'Jsraël.  Vous  avez  rassemblé  les  dispersions  d'Israël, 
MASS.  Car.  Culte.  ||  2°  Mise  en  fuite.  Le  czar  apprit, 
à  moitié  chemin,  la  bataille  de  Nerva  et  la  dis- 
persion de  tout  son  camp,  volt.  Charles  XI l,  2. 
I|  3°  Terme  de  physique.  Quantité  dont  un  rayon  de 
lumière  s'élargit  par  l'eiïet  de  la  réfraction.  ||  Point 
de  dispersion ,  le  point  où  commence  la  réfraction 
des  rayons- 

—  ÉTYM.  Provenç.  dispersio;  espagn.  dispersion; 
Mal.  dispersione ;  du  latin  dispersionem,  de  disper- 
sum,  supin  de  dispergere,  disperser. 

DISPONDÉE  (di-spon-dée) ,  s.  m.  Terme  de  pro- 
sodie grecque  et  latine.  Double  spondée  ou  pied 
composé  de  deux  spondées  ou  de  quatre  longues. 

—  ÉTYM.  Lat.  dispondeus ,  de  SiuiiôvScio;,  de  Si?, 
deux,  et  (T7tov5eîoc,  spondée  (voy.  ce  mot). 

DISPONIBILITÉ  (di-spo-ni-bi-li-té) ,  s.  f. \\  l' Qua- 
lité de  ce  qui  est  disponible.  La  disponibilité  d'une 
grosse  somme  d'argent.  Recouvrer  la  disponibilité 
de  ces  deux  armées  [armées  russes  employées  con- 
tre la  Turquie]  était  d'une  extrême  importance, 
quelque  plan  de  campagne  qu'on  adoptât,  thiers, 
7/is(.  du  cons.  et  de  l'emp.  xliii.  ||  2°  Terme  de  ju- 
risprudence. Faculté  de  disposer  de  ses  biens.  Dis- 
ponibUité  de  biens.  La  disponibilité  des  biens  est 
entiJre  toutes  les  fois  qu'il  n'existe  au  moment  du 
décès  ni  descendants  ni  ascendants.  ||  3° État  de  mi- 
litaires en  non-activité,  mais  qui  peuvent,  au  pre- 
mier moment,  être  rappelés.  Ofticieren  disponibilité. 
Il  Dans  les  administrations  civiles,  étatdes  employés 
qui  sont  provisoirement  écartés  de  leur  emploi  par 
punition  ou  autrement.  ||  4°  Au  plur.  Terme  de 
banque.  Les  disponibilités,  les  fonds  disponibles. 
L'encaisse  n'avait  pas  diminué,  et  même  les  dispo- 
nibilités avaient  plutôt  augmenté. 

—  ÉTYM.  Disponible. 

DISPONIBLE  (di-spo-ni-bl'),  adj.  \\  1°  Dont  on 
peut  disposer.  Somme,  revenu  disponible.  ||  2°  Terme 
de  jurisprudence.  Biens  disponibles,  portion,  quo- 
tité disponible,  biens  dont  on  a  la  faculté  de  dispo- 
ser à  titre  gratuit.  Les  meubles  et  les  acquêts  sont 
des  biens  disponibles.  ||  3°  Terme  de  bourse.  Se  dit 
des  marchandises  vendues  au  comptant  et  placées 
en  entrepôt  hors  Paris,  pour  éviter  les  droits  d'oc- 
troi. ||  Substantivement.  Le  disponible,  l'ensemble 
de  ces  marchandises.  ||  4°  Qui  est  en  disponibilité. 
Officier  disponible. 

—  HIST.  XIV' s.  Son  mieulx  doncq  n'est  li  mieulx 
possible,  Ains  ce  que  luy  est  disponible,  Tr.  d'alch. 
762,  Il  XVI'  s.  Héritiers  d'un  trespassé  mobibaires 
sont  capables  de  debtes  et  contracts  du  trespassé, 
comme  aussi  sont  les  héritiers  des  acquests  ou  au- 
tres biens  disponibles,  où  qu'ils  soient  situez,  Cou- 
tiimier  gén.  t.  i,  p.  703. 

—  ÉTYM.  Mot  latin  hypothétique  disponibilis ,  de 
disponere,  disposer,  de  dis....  préfixe,  dans  le  sens 
iistributif,  etponere,  mettre  (voy.  pondre). 

DISPOS  (di-spô.  Chifflet,  Gramm.  p.  2t6,  dit  que 
l's  ne  se  prononce  pas,  même  devant  une  voyelle; 
aujourd'hui,  dans  le  parler  soutenu,  on  la  lie  :  un 
homme  di-spô-z  et  agile),  adj.  m.  Propre  à  tout  ce 
qui  demande  de  l'agilité.  [Il]  Le  traversa  d'un  dard 
par  un  jaloux  ennui  De  le  voir  plus  dispos  et  plus 
léger  que  lui,  Tristan,  Panihée,  i,  4.  Mon  élo- 
quence est  sans  seconde,  Je  suis  de  la  langue  dis- 
pos, Et  n'ai  su  me  taire  à  propos,  benserade.  Bal- 
let de  la  nuit,  2»  entrée  de  Protée,  dans  richelet. 
LOrs,  dispos  du  talon,  je  vais  comme  un  chat  mal- 
gré, RÉGNIER,  Sat.  XI.  Que  le  mo'  que  voici,  chargé 
le  lassitude,  A  trouvé  l'autre  mo\  frais,  gaillard  et 
lispos,  MOL.  Amphit.  ii,  <.  ||  Il  se  dit  aussi  de  l'es- 
jrit,  du  moral.  L'échange  des  penscrs  veut  une  âme 
dus  vive ,  Des  sens  moins  paresseux ,  un  esprit  plus 
lispos,  UEULLE,  Convers.  ii. 

—  HEM.  Cet  adjectif  n'a  point  de  féminin.  11  est 
lommage  qu'on  ne  reprenne  pas  ce  féminin  qui  est 
lans  l'historique  et  il  faut  louer  ceux  qui  tentent  de 
a  remettre  en  usage  :  Pour  les  pauvres  toujours 

mCT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISK. 


attentive  et  dispose.  Elle  leur  détaillait  jusqu'à  la 
moindre  chose,  bhizeux,  dans  ie  Dict.  de  poitevin. 

—  HIST.  XV*  s.  Qui  trop  au  mesnage  pense  El  qui 
compte  sa  despense.  N'ayant  en  l'esprit  repoz.  Ne 
peut  vivre  bien  dispoz,  basselin,  xxxii.  ||  xvi"  s. 
Les  plus  dispos  des  Basques  qui  sautoient  la  mu- 
raille apprirent  à  leurs  ennemis  à  la  franchir  aussi, 
d'aub.  Uist.  I,  295.  11  les  trouvèrent  toutes  trois 
belles,  disposes  et  esveillées,  desper.  Contes,  v. 
Comba,  qui  estoit  dispost  et  fort,  le  poussa  et  ren- 
verse par  terre,  carl.  vi,  40.  Ny  baladins  aux  dis- 
postes gambades,  rons.  778. 

—  ÉTYM.  Lat.  dispostus,  contracté  de  dîsposi'/Ks, 
participe  passif  de  disponere,  disposer,  de  dis.... 
préfixe,  et  ponere,  mettre  (voy.  pondre). 

t  DISPOSANT,  ANTE  (di-spfl-zan,  zan-t'),  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  fait  une  disposition  par  dona- 
tion entre  vifs  ou  par  testament. 

DISPOSÉ,  ÉE  (di-spô- zé  ,  zée),  part-  passé. 
Il  1°  Arrangé.  Les  feuilles  disposées  autour  de  la 
tige.  Toutes  choses  disposées  en  un  ordre  admira- 
ble. Il  2°  Préparé  pour,  en  parlant  des  choses.  Une 
salle  disposée  pour  un  bal.  ||  Absolument.  Jamais 
sédition  ne  fut  mieux  disposée,  rotrou,  Vencesl. 
V,  8.  Il  3°  Préparé  à,  en  parlant  des  personnes.  Les 
cœurs  disposés  par  la  parole  du  prédicateur  à  pro- 
fiter d'une  bonne  doctrine.  Il  est  fort  bien  disposé 
pour  sa  conscience,  sÉv.  4<2.  ||  Absolument.  Je  suis 
catholique  aussi  soumis  qu'aucun  autre  aux  déci- 
sions de  l'Église,  et  tellement  disposé  que  personne 
ne  craint  davantage  de  préférer  son  sentiment  par- 
ticulier au  sentiment  universel,  eoss.  Var.  Pré- 
face. Il  4°  Porté  à.  Disposé  à  servir  ses  amis.  Je  me 
sens  disposé  au  travail.  Est-elle  enfin  disposée  à 
partir?  rac.  Bérén.  iv,  6.  Je  vois  qu'à  m'obéir  vous 
êtes  disposée,  id.  Uithr.  m,  5.  ||  Être  bien  ou  mal 
disposé  pour  quelqu'un,  être  pour  lui  dans  des  dis- 
positions favorables  ou  défavorables.  Je  vous  assure 
qu'il  est  bien  disposé.  Quelques-uns  des  principaux 
d'Étolie  se  plaignirent,  mais  d'un  ton  modeste,  que 
les  Romains,  depuis  la  victoire,  ne  paraissaient  pas 
aussi  bien  disposés  pour  leur  nation  qu'ils  l'avaient 
été  auparavant,  rollin,  Ilist.  anc.  Ctiuxres,  t.  viii, 
p.  29B,  dans  pouoENS.  Il  B"  Qui  a  une  certaine  dis- 
position de  corps  ou  d'esprit.  Il  est  disposé  à  s'en- 
rhumer. Il  est  disposé  aux  mathématiques. 

DISPOSER  (di-spô-zé),  v.  a.  \\  1°  Arranger,  dis- 
tribuer d'une  certaine  manière.  L'architecte  a  bien 
disposé  les  appartements  de  cette  maison.  Disposer 
un  jardin.  Disposer  avantageusement  les  troupes  et 
l'artillerie  pour  le  combat.  J'en  ai  l'ordre  et  je  vais 
disposer  ma  cohorte  A  garder  cependant  les  dehors 
de  la  porte,  corn.  Théod.  v,  2.  Ce  ne  fut  que  dans 
ce  temps,  selon  M.  Dodwell,  que  ''liucydide  tra- 
vailla réellement  à  la  composition  de  ^on  Histoire 
dont  il  avait  jusque-là  ramassé  et  dispose  'es  maté- 
riaux avec  un  soin  incroyable,  rollin,  Hisi  anc. 
XXV,  ch.  II,  art.  5.112°  Approprier,  préparer  pour 
une  circonstance.  On  a  disposé  cette  salle  pour  le 

bal X  vous  servir  je  vais  tout  disposer,  rac. 

Iphig.  m,  7.  Un  architecte  ne  fait  pas  le  marbre 
qu'il  emploie  à  un  édifice,  il  le  dispose,  vauven. 
invention.  \\  Par  extension.  Disposer  utilement  son 
temps.  Et  maître  de  soi-même,  en  soi-même  il  dis.- 
pose  Tout  ce  qu'il  se  propose  De  produire  au  dehors, 
CORN.  Imitation,  i,  3.  Nous  ne  pensons  presque 
point  au  présent;  et,  si  nous  y  pensons,  ce  n'est  que 
pour  en  prendre  des  lumières  pour  disposer  l'ave- 
nir, pasc.  Pensées,  i,  art.  6.  ||  Disposer  les  affaires, 
les  arranger  de  manière  que  telle  fin  soit  atteinte. 
Il  3°  Préparer  quelqu'un  à  quelque  chose.  Disposer 
quelqu'un  à  la  mort.  L'horreur  d'un  mal  plus  grand 
vous  y  doit  disposer,  corn.  Héracl.  v,  6.  Le  mal- 
heur vainement  à  la  mort  nous  dispose;  On  la  brave 
de  loin;  de  près  c'est  autre  chose,  J.  B.  rouss.  le 
BiUheron  et  la  Mort.  \\  Disposer  quelqu'un  pour  uns 
opération,  ou  à  une  opération,  le  disposer  à  ou  pour 
prendre  les  eaux, etc.  le  préparer  par  certains  moyens 
médicaux  à  une  opération,  aux  eaux,  etc.  i|  Donner 
au  corps  une  certaine  propension  vers  ceci  ou  cela. 
Votre  peur  vous  dispose  plus  à  la  petite  vérole  que 
la  présence  de  la  petite  vérole  même,  "maintenon, 
Lelt.  Urne  de  Caylus,  6  oct.  1716.  ||  Absolument. 
Une  alimentation  insuffisante  et  une  habitation 
froide  et  humide  disposent  à  la  pbthisie.  ||  4°  Enga- 
ger, déterminer.  On  ne  la  put  disposer  à  donner 
cette  satisfaction  au  roi,  maucroix,  Schisme,  liv.  i, 
dans  RICHELET.  Ciel,  dispose  à  la  paix  le  cœur  de 
Polynice,  rac.  Théb.  i,  o.  Cette  princesse  chré- 
tienne qui  passa  la  mer  avec  un  évêque  de  Soissons, 
disposa  son  mari  à  recevoir  le  baptême,  comme 
Clotilde  avait  soumis  Clovis,  volt.  Moeurs,  Religion 
du  temps  de  CharUm.  ||  B°  Y.  n.  Régler,  prescrire, 


décider.  La  loi  ne  dispose  que  pour  l'avenir.  Vous 
êtes  maître  ici,  commandez,  disposez,  corn.  Sert. 
v,  4.  Il  On  dit  dans  le  même  sens,  en  disposer.  Tu 
vois  comme  le  ciel  autrement  en  dispose,  id.  Cid, 
v,  7.  La  prudence  des  dieux  autrement  en  dispose, 
ID.  Uor.  III,  B.  Il  Dans  ce  sens  et  en  style  adminis- 
tratif, on  dit  disposer  que.  Le  premier  article  de  ca 
règlement  dispose  que  tous  les  employés  doivent 
être  à  leur  poste  à  neuf  heures.  Cet  emploi  n'est 
pas  élégant.  ||  6°  Aliéner  des  biens.  Les  mineurs 
ne  peuvent  disposer  de  leur  bien.  Disposer  de  son 
bien  par  testament,  patru.  Plaidoyer  2,  dans  ri- 
chelet. Il  dispose  de  ce  qu'il  a  en  votre  faveur, 
SÉV.  115.  On  trouva  [à  Rome]  un  moyen  de  conci- 
lier à  cet  égard  [testaments]  les  lois  avec  la  vo- 
lonté des  particuliers  :  il  fut  permis  de  disposer  de 
ses  biens  dans  une  assemblée  du  peuple,  et  chaque 
testament  fut  en  quelque  façon  un  acte  de  la  puis- 
sance législative,  montesq.  Espr.  xxvii.  |{  7°  Kaire 
de  quelqu'un  ou  de  quelque  chose  ce  que  l'on  veut, 
l'avoir  à  sa  disposition.  Disposez  de  moi  pour  vous 
servir.  Croyant  en  leur  esprit  que  de  tout  je  dispose 
[c'est  la  Fortune  qui  parle] ,  Régnier,  Sat.  xiv.  Mais 
pour  en  disposer,  ce  sang  est-il  à  vous?  corn,  l'ohj. 
IV,  3.  Comme  sans  leur  avis  les  rois  disposent  d'elles 
[les  princesses]  Pour  affermir  leur  trône  ou  finir 
leurs  querelles,  id.  Rodog.  m,  4.  Elle  seule  en  ces 
lieux  d'elle-même  dispose,  m.  Nicom.  ii,  3.  II  suivit 
à  la  fin  de  plus  sages  conseils  ;  Au  lieu  de  ses  amours 
il  servit  sa  patrie  ;  Son  prince  disposa  du  reste  de  sa 
vie,  la  FONT.  Poésies  mêlées,  63.  Vous  disposez  des 
péchés  à  votre  gré,  pasc.  Prov.  16.  Je  sais  que  l'É- 
glise peut  disposer  diversement  de  cette  discipline 
extérieure,  id.  ib.  14.  Les  gens  de  guerre  dispo- 
saient de  l'empire,  boss.  Uist.  m,  7.  Cependant,  à 
les  voir  enflés  de  tant  d'audace.  Te  promettre  en 
leur  nom  les  faveurs  du  Parnasse,  On  dirait  qu'ils 
ont  seuls  l'oreille  d'Apollou,  Qu'ils  disposent  de 
tout  dans  le  sacré  vallon,  boil.  Disc,  au  roi.  Que 
le  ciel  à  «on  gré  de  ma  perte  dispose!  rac.   Théb. 

II,  2.  Chacun  peut  à  son  gré  disposer  de  son  âme, 
ID.  Andr.  m,  i .  Ne  pourrai-jo  sans  vous  disposer  de 
ma  fille?  id.  Iphig.  iv,  6.  L'on  a  bientôt  disposé  de 
son  autorité  et  de  ses  suffrages  [d'un  homme  public], 
dès  qu'on  a  connu  sa  fai blesse, mass.  Car.  Passion. 
Il  Fig.  Le  dépit,  la  vengeance  et  la  honte  et  l'a- 
mour. De  mes  sens  soulevés  disposent  tour  à  tour, 
VOLT.  Brutus,  1,1.  Il  Dieu  a  disposé  de  lui,  il  est 
mort.  Il  8°  Se  disposer,  v.  réft.  Être  placé,  arrangé 
d'une  certaine  manière.  Comme  les  feuilles  se  dis- 
posent admirablement  sur  leurs  tiges!  Il  Être  pré- 
paré pour.  Et  que  tout  s8  dispose  à  leurs  contente- 
ments, CORN.  Cid,  I,  2.  Quel  spectacle  pour  elle 
aujourd'hui  se  dispose!  rac  Andr.  n,  5.  ||  Faire  ses 
dispositions,  se  tenir  prêt  à.  Il  se  disposait  à  partir. 
Je  vois  qu'il  faut  le  perdre;  et  plus  je  m'y  dispose, 
Plus  je  doute  si  je  le  puis,  corn.  Agésilas,  m,  1.  Tu 
ne  peux,  me  dis-tu,  souffrir  beaucoup  de  choses; 
En  vain  tu  t'y  résous,  en  vain  tu  t'y  disposes,  id 
Imit.  m,  12.  Je  me  dispose  à  commencer  l'office 
cette  après-dînée,  boss.  Lett.  abb.  102.  Je  sais  qu'i\ 
se  dispose  à  venir  me  parler,  rac.  Alex,  iv,  i.  X 
marcher  sur  mes  pas  Bajazet  se  dispose,  id.  Baj. 

III,  2.  Il  Proverbe.  L'homme  propose  et  Dieu  dis- 
pose, se  dit  pour  exprimer  que  la  réussite  des  pro- 
jets de  l'homme  ne  dépend  pas  de  lui,  mais  d'une 
puissance  supérieure.  Quoi  que  nous  proposions, 
c'est  Dieu  seul  qui  dispose;  Et,  pour  trouver  sa  voie, 
homme,  il  te  faut  sa  main,  corn.  Imit.  i,  19. 

—  HIST.  XIV'  s.  Quant  j'avoie  lieu  et  espace  e' 
temps,  je  ne  me  disposoie  pas  à  ce,  Ménagier,  i,  3. 
Ceulx  qui  sont  bien  disposez  selon  le  corps  jugent 
bien  et  selon  vérité  des  viandes,  oresme,  Ëlh.  70. 
|]  XV'  s.  Baise  moi ,  mon  pauvre  cueur.  Et  de  mol 
dispose,  basselin,  l.  Et  disposèrent  les  aucuns  de 
leurs  consciences  [se  confessèrent] ,  car  l'entreprins 
estoit  bien  doubteuse,  comm.  n,  13.  ||  xvi'  s.  C'est 
l'entendement  qui  dispose  tout,  qui  agit,  qui  do- 
mine.... MONT.  1,  163.  Ce  qu'on  sçait  droictemtnt, 
on  en  dispose,  sans  regarder  au  patron,  m.  ib. 
Comme  des  corps  mal  unis  qu'on  empoche  sans  or- 
dre, treuvent  d'eulx  mesmes  la  façon  de  se  joindre 
et  s'emplacer  les  uns  parmy  les  aultres,  souvent 
mieux  que  l'art  ne  les  eusl  sceu  disposer,  in.  iv,  80. 
Tout  cela  ensemble  les  disposa  aux  maladies,  amyot, 
Corn.  48.  Après  avoir  ordonné  et  disposé  des  plus 
grandes  et  principales  charges  de  son  estât,  il 
tumba  en  une  maladie,  id.  ib.  62.  Et  comme  on 
l'importuna  de  disposer  de  son  enterrement,  j'or- 
donne ,  dit-il,  que  mon  corps  soit  escorché.... 
d'aub.  Uist.  i,  67. 

—  ÉTYM.  Vis....  préfixe,  et  poser;   mais  pose/- 
étant  d'uu  tout  autre  radical  que  le  latin  ponere,  il 

I.  —  UO 


1186 


DIS 


faut  admcltre  dans  disposer  une  influence,  pour  le 
iens,  (lu  latin  ditporilus,  de  dispnnare. 

i.  DISPOSITIF,  IVE  (ili-spa-7.i-lif,  ti-v"),  adj. 
Terme  de  médecine.  Qui  prépare,  qui  dispos».  Peu 
usité. 

IlIST.  xiv  s.  Des  causes  [des  ulcères]  les  unes 

•ont  materiaulz  [matérielles],  les  autres  dispositives, 

II.  DE  MONDEVILLE,  S°  72,  fCrsO. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISPOSER. 

J.  DISPOSITIF(di-sp8-7,i-tif),  s.  m.  ||  l'  Terme  de 
jurisprudence.  Les  dispositions  d'une  loi.  |{  La  partie 
du  jugement. qui  contient  la  décision  des  juges. 
Il  2°  Terme  de  mécanique.  Plan  suivant  lequel  une 
chose  a  été  établie.  On  a  fait  à  l'Opéra  l'essai  d'un 
nouveau  dispositif  de  la  rampe,  destiné  à  éclairer 
les  acteurs  pendant  les  représentations,  mobin. 
Comptes  rendus  ,  Àcad.  des  se.  t.  lu,  p.  454. 

—  IlIST.  xv«  s.  Ce  n'estoient  que  paroles  narra- 
tives, et  non  dispositives  ne  eflectuelles,  juven.  dks 
URsiNS,  tlist.  de  Charles  VI,  p.  294,  dans  lacurne. 

—  fTYM.  VOV.   DISPOSER. 

DISPOSITION  (di-sp«-zi-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes) ,  s.  f.  ||  1°  Distribution  selon  un  certain  or- 
dre. La  disposition  des  parties  du  corps  vivant.   La 
disposition  des  lieux  était  favorable  à  la  cavalerie. 
La  disposition  d'un  appartement.  Je  crois  vous  avoir 
déjà  mandé  la  disposition  de  tout  l'été,   et  que 
Mme  la  dauphine  le  passera  ici,  par  une  raison  qui 
plaît  à  tout  le  monde,  maintenon,  Lett.  d'Aubigni! , 
21  mai  1083.  Il  Fig.  Les  mesures  qu'il  [Dieu]  a  pri- 
ses dans  la  disposition  de  mon  salut,  bourdal.  Ca- 
rême, I,  Prddcstin.  382.  Se  tirer  de  la  disposition 
de  Dieu  [sortir  de  l'ordre  établi  par  lui],  fléch.  m, 
278.  Il  2°  Terme  de  rhétorique.  La  seconde  des  par- 
ties do  la  rhétorique,  celle  par  laquelle  on  dispose 
dans  le  meilleur  ordre  ce  que  l'on  a  trouvé  par  l'in- 
vention. Il  Dans  le  langage  commun,  la  distribution 
des  parties  d'un  discours.  La  disposition  est    une 
partie  essentielle  et  qu'on  ne  peut  négliger.  ||  3°Terme 
de  littérature.  La  disposition  d'un  ouvrage,  le  plan 
de  cet  ouvrage.   ||  4°  Terme  de  tactique  militaire. 
Arrangement  des  troupes  pour  livrer  bataille.  Pren- 
dre ses  dispositions.  Vauban  a  fait  des  dispositions 
admirables,  maintenon,  Lett.  Mme  de  St-Géran, 
t    nov.    tess.    Soit   qu'une    première    disposition 
échouant,    leurs  généraux  n'en  sussent  pas  chan- 
ger. SÉOUR,  Ilist.  de  Nap.  vu,  lO.  ||  5°  Terme  d'as- 
trologie.  État  des  astres  et  de  leurs  aspects.  L'ho- 
roscope ou  le  thème  n'était,  dans  cette  prétendue 
science  ,    autre   chose  que  la  disposition   des  as- 
tres, du  ciel  et  des  aspects  des  planfetes  au  point 
de  la  naissance  de  quelqu'un.  ||  6°  Au  plur.  Pré- 
paratifs.   Il    faisait  ses    dispositions    pour    partir. 
Il  7°  Manière  d'être,  en  parlant  du  tempérament, 
do  la  santé.  La  disposition  habituelle  du  corps.  Il  est 
visible  que  l'Ame  se  trouve  assujettie  par  ses  sensa- 
tions aux  dispositions  corporelles,  Boss.  Conn.  m, 
2.  Il  Etre  en  bonne  disposition,  se  porter  bien.  Être 
en  mauvaise  disposition,  se  porter  mal.  Comprenez- 
vous  bien  la  joie  que  j'aurai ,  si  je  vous  revois  avec 
cet  aimable  visage  qui  me  plaît,   un  embonpoint 
raisonnable,  une  gatté  qui  vient  quasi  toujours  de 
la  bonne  disposition  ?  sÉv.  341 .  ||  Fig.  Nous  les  trou- 
vâmes qui  nous  attendaient  en  bonne  disposition, 
c'est-à-dire  à  table  et  mangeant.  ||  Manière  d'être  de 
l'âme,  des  sentiments.  Sonder  les  dispositions  de 
quelqu'un.  11  s'agit  encore  de  l'honorer  [Dieu],  et 
pour  cela  de  joindre  à  cette  disposition  de  nécessité 
les  dispositions  de  convenance,  de  piété,  de  perfec- 
tion, DOURDAL.  Dim.  oct.  du  S.  Sacrem.  t.  n,  p.  3H. 
Mentor  profita  de  cette  heureuse  disposition ,  fén. 
Tél.  XI.  Steinbeck  profita  de  cette  disposition  des 
esprits  qui,  dans  un  jour  de  bataille,  vaut  autant 
que  la  discipline  militaire,  volt.  Charles  XII,  6. 
Cependant  va  chercher  ta  maltresse ,  et  l'instruis 
Des  dispositions  oiS  tu  vois  que  je  suis,  piron,  Mê- 
trom.  IV,  3.  Il  8"  Tendance.  La  taille  de  cet  enfant 
a  quelque  disposition  à  se  contourner.  ||  Fig.  Il  se 
sent  une  grande  disposition  à  être  votre  ami.  J'avais 
déjà  quelque  disposition  à  cette  crainte,  voit.  Lett. 
23.  Il  9°  Aptitude,  en  bonne  ou  en  mauvaise  part. 
Il  a  de  grandes  dispositions  à  l'étude.  Les  mauvaises 
dispositions  de  ce  jeune  homme.  Le  choix  des  études 
doit  être  subordonné  aux  dispositions  naturelles  de 
l'esprit,  BONNET,  CEuvrts  mêlées,  t.  xviii,  p.  <78, 
dans  POnoENs.  ||  Absolument  et  alors  toujours  pris 
en  bonne  part.  Il  a  beaucoup  do  dispositions.  ||  lO"  In- 
tention, dessein.  Sa  disposition   à  vous  servir  est 
manifeste.  Il  était  en  disposition  de  tout  révéler, 
BOSS.  Déf.  U  honte  du  pénitent,  jointe  au  peu  de 
disposition  de  s'examiner,   flech.   Serm.  ii,  250. 
Il  11-  Terme  de  philosophie  scolastique.  Disposition 
prochaine,  état  prochain  où  est  une  chose  pour  re- 


DIS 

cevoir  une  nouvelle  qualité,  une  nouvelle  forme; 
en  sens  contraire,  disposition  éloignée.  ||  12'"  Pou- 
voir, faculté  de  disposer.  Ce  ministre  a  la  disposi- 
tion de  beaucoup  d'emplois.  Tout  est  ici  à  ma  dis- 
position. Il  laissa  la  place  à  la  disposition  des  alliés, 
d'ablancourt,  ylrrien,  liv.  tv,  dans  bichrlet.  Ma 
santé  n'ayant  pas  encore  été  telle  qu'elle  me  puisse 
laisser  la  libre  disposition  de  moi-même,  balz.  liv.  1, 
lett.  6.  Elle  laisse  à  la  seule  disposition  de  sa  volonté 
les  suites  de  sa  destinée,  mAss.  Car.  Prière  2. 
Avoir  en  sa  disposition  de  grands  biens,  iD.  Confér. 
Us.  d.  m'en.  cccUs.  Il  Je  .serai,  je  me  mets  à  votre 
disposition,  c'est-à-dire  selon  le  cas,  je  vous  obli- 
gerai si  vous  en  avez  besoin  ,  j'attendrai  que  vous 
veniez  me  parler,  je  vous  donnerai  satisfaction,  etc. 
!|  13°  Manière  d'employer,  de  disposer  de.  Rendons 
justice  à  l'esprit  de  sagesse  et  d'équité  qui  a  fait 
concourir  M.  le  comte  de  Maurepas  à  une  disposition 
si  utile  des  fonds  publics,  condobcet,  Haurepas. 
Il  Action  de  régler  par  testament,  par  volonté  der- 
nière. Les  dispositions  les  plus  sages  des  princes 
mourants  sont  souvent  peu  respectées  après  leur 
mort  et  rarement  exécutées,  rollin,  Mist.  anc.  Œu- 
vres, t.  X  , p.  43,  dans  pougkns.  I|  Terme  de  jurispru- 
dence. Action  dedispoiîer  de  son  bien.  Di.sposition  à 
titre  gratuit.  Cette  disposition  que  Jésus-Christ  a  faite 
en  notre  faveur  [dans  son  testament],  BOSS.  m,  Pass. 
t.  Il  En  ce  sens,  il  se  dit  souvent  au  pluriel.  Dispo- 
sitions testamentaires.  (|  14°  Chaque  point  réglé  par 
une  loi,  par  un  arrêt.  Se  conformer  aux  disposi- 
tions d'une  loi.  d'une  ordonnance.  La  loi  des  douze 
tables  est  pleine  de  dispositions  très-cruelles,  mon- 
TKSQ.  Expr.  VI,  <6.  Mais  vous  n'avez  pas  voulu  don- 
ner à  cette  disposition  un  effet  rétroactif,  Décret  du 
23  floréal,  an  11,  rapport  Cambon,  p.  92.  Vous  ne 
ferez  que  généraliser  une  disposition  dont  le  despo- 
tisme avait  senti  quelquefois  la  nécessité,  ib.  ||  Ab- 
solument. La  disposition  de  la  loi,  ce  que  la  loi  or- 
donne, prescrit.  Cela  est  de  la  disposition  du  droit, 
patru.  Plaidoyer  3,  dans  ricmf.let.  ||  Et  par  oppo- 
sition, la  disposition  de  l'homme,  ce  qu'une  per- 
sonne peut  prescrire  par  acte  entre-vifs.  C'est  une 
maxime  que  la  disposition  de  l'homme  fait  cesser 
la  disposition  de  laloi.||  Dispositions  d'un  jugement, 
le  dispositif  d'un  jugement  par  opposition  au  préam- 
bule et  aux  motifs.  ||  15°  Etat  d'un  corps  qui  est  dis- 
pos. La  fête  des  jeux  isthmiens  était  proche;  c'est 
un  spectacle  où  de  tout  temps  il  aborde  un  nombre 
infini  de  monde  pour  deux  raisons:  l'une,  que,  s'y 
fai.sant  toutes  sortes  de  combats  d'adresse,  de  force 
et  de  disposition....  halh.  Le  xxxiii*  livre  de  Tite 
Live,  chap.  32.  Il  a  toujours  servi  le  roi  à  genoux, 
avec  cette  disposition  que  les  gens  de  quatre-vingts 
ans  n'ont  jamais,  sF.v.  Lett.  du  17  j'utn  t087. 
Il  Vieilli  en  cette  acception. 

—  HIST.  xn'  s.  De  ces  ténèbres  soi  vit  avironneit 
li  prophètes,  qui  ne  pout  trespercier  les  deventrai- 
neteiz  [choses  intérieures]  de  la  divine  disposition, 
Jnb,  469.  Ilxiv's.  Tu  n'es  pas  toutes  heures  en  une 
disposition,  ains  trouveras  que  ce  qui  aucune  fois 
te  semblera  bon  de  faire,  l'autre  fois  te  semblera 
mauvais,  Ménagier,  i,  ».  ||  xv*  s.  Les  choses  en  ce 
royaume  estoient  en  bonne  disposition,  et  avoit  faict 
plusieurs  notables  conquestes,  juvén.  df.s  desins, 
Charles  Yl,  <380.  Et  allégua  la  disposition  du  temps 
et  la  saison,  comm.  iv,  8.  ||  xvi*  s.  Il  appert  que  le 
tout  advient  par  son  ordonnance  et  disposition  [de 
Dieu],  CALV.  Instit.  763.  Madame  a  fort  bien  reposé 
ceste  nuict;  je  continueray  à  vous  escripre  de  sa 
disposition  [santé],  maho.  Lett.  68.  La  bienséance 
extérieure,  la  disposition  de  la  personne  se  doibt 
façonner  quand  et  quand  l'ame,  mont.  1,  482.  La 
disposition  [l'ordre]  de  cette  armée  n'est  aulcune- 
ment  barbare,  id.  i,  230.  D'addresse  et  de  disposi- 
tion, je  n'en  ai  point  eu,  et  suis  fils  d'un  père  très 
dispos,  iD.iii,  43.  Les  devis  [projets],  dit-il,  sont  en 
ma  pleine  disposition ,  et  les  efTects  en  celle  de  fortune 
et  du  roy,  amyot,  Préf.  xx,  48.  Ce  fut  le  premier 
qui  attribua  la  disposition  et  le  gouvernement  du 
monde  à  une  pure  et  simple  intelligence,  id.  Péric. 
6.  Ce  qui  avoit  esté  ordonné  par  le  testament  ou 
autre  disposition  de  dernière  volonté,  P.  piTnou,  25. 
Et  en  ung  bal  royal,  il  avoit,  par  sa  disposition  et 
bonne  grâce,  la  principale  vogue,  carl.  vi,  3«. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dispositio,  despoxition,  des- 
poseeio  ;  espagn.  disposicion;  ital.  disposiiione ;  d\x 
latin  dispositionem ,  de  dis....  préfixe,  et  porilïo, 
action  de  mettre  (voy.  posiTios). 

DISPnOPORTION  (di-spro-por-sion  ;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  ,î.  f.  ||1°  Défaut  de  proportion  entre 
deux  ou  plusieurs  choses.  Il  y  avait  trop  de  dispro- 
portion entre  la  corruption  et  la  beauté,  BOSS.  i. 
Prof.  2.  Toute  la  nature  est  pleine  de  convenances 


DIS 

et  de  disconvenances,  de  proportions  et  de  dispro- 
portions selon  lesquelles  les  choses  s'ajustent  ensem- 
ble ou  se  repoussent  l'une  l'autre,  id.  Connaiss.  v, 
2.  Si  l'on  ne  le  voyait  de  ses  propres  yeux,  pour- 
rait-on jamais  s'imaginer  l'étrange  disproportion  que 
le  plus  ou  le  moins  de  pièces  de  monnaie  met  entre 
les  hommes?  la  bruv.  vi.  C'est  dans  la  dispropor- 
tion de  nos  désirs  et  de  nos  facultés  que  consiste 
notre  misère,  J.  J.  fooss.  Ém.  11.  ||  2°  Dispropor- 
tion se  dit  aussi  dans  le  même  sens  en  n'énonçant 
qu'un  seul  terme  de  la  comparaison  et  en  omettant 
l'autre  ou  les  autres.  Une  disproportion  de  fortune. 
La  grande  disproportion  d'âge  et  l'extrême  répu- 
gnance de  la  jeune  personne  me  firent  concourir 
avec  la  mère  à  détourner  ce  mariage,  j.  j.  rolss. 
Confess.xn.  Jene  reconnais  pointde  disproportion; 
La  nature  et  l'amour  ne  l'ont  jamais  admise,  la 
CHAi.ssÉE,  Gouvem.  v,  b.  |{  Disproportion  du  corps, 
se  ditdu  corps  d'une  personne,  d'un  animal  dont 
toutes  les  parties  n'ont  pas  entre  elles  la  proportion 
convenable. 

—  HIST.  xvi'  s.  S'ils  consideroyent  bien  la  dispro- 
portion qu'il  y  a  de  la  vertu  antique  à  la  moderne, 
ils  seroyent  plus  retenus,  langue,  354.  Ma  haulteur 
[d'un  roi]  m'a  mis  hors  du  commerce  des  hommes; 
il  y  a  trop  de  disparité  et  de  disproportion,  mont. 

I,   S34. 

—  ÉTYJl.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
proportion. 

DISPROPORTIONNÉ,  ÉE  (di -spro-por-sio-né, 
née),  adj.  Qui  n'est  pas  proportionné,  qui  manque 
de  proportion,  en  parlant  d'objets  que  l'on  compare. 
Los  jambes  et  le  buste  de  ce  bossu  sont  dispropor- 
tionnés. Leurs  âges  sont  trop  disproportionnés.  ||  11 
se  dit  dans  le  môme  sens,  en  n'énonçant  qu'un  seul 
termede  la  comparaison.  Une  taille  disproportionnée. 
Il  Oui  n'est  pas  en  proportion,  en  rapport.  Des  liai- 
sons disproportionnées.  ||  Il  se  construit  avec  la  pré- 
position d.Tout  ce  qui  lui  est  disproportionné,  p.asc. 
dans  COUSIN.  Des  louanges  disproportionnées  à  vos 
actions,  FÉN.  Tél.  iv.  Pour  que  le  prince  puisse  lever 
un  droit  si  disproportionné  à  la  valeur  de  la  chose  ,  , 
MONTESO.  Espr.  XIII,  8.  Il  St-Simon  l'a  construit  avec 
la  préposition  de  ;  ce  qui,  bien  que  moins  usité,  ne 
paraît  pas  fautif.  Lorsqu'une  fille  [en  Espagne]  s'est 
mise  en  tête  d'épouser  un  homme,  quelque  dispropor- 
tionné qu'il  soit  d'elle,  elle  et  le  galant  le  font  savoir 
au  vicaire  de  la  paroisse  delà  fille,  st-sim.  90,  <86. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  gravité  et  perfection  de  sa  vertu 
estoit  trop  disproportionnée  à  la  corruption  de  ce 
siècle  là,  ahyot,  Phocion,  4.  Il  avoit  un  peu  la 
teste  longue  et  desproportionnée  en  grosseur  au  reste 
de  sa  personne,  ID.  Péricl.  3.  Ces  belles  âmes  si 
di.sconvenaliles  et  disproportionnées  à  nostre  cor- 
ruption, MONT,  rv,  82.  L'orgueil  rend  l'ame  aussi 
disproportionnée,   que  l'hydropisie  fait  les  corps, 

LANGUE,   328. 

—  ETYM.  Disproportion. 

+  DISPROPOKTIONNEL,  ELLE  (di-spro-por-sio- 
nèl,  nè-l'),  adj.  Terme  didactique.  Qui  n'est  point 
proportionnel.  Des  quantités  disproportionnelles. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
proportionnel. 

t  DISPROPORTIONNELLEMENT  (di-spro-por- 
sio-nè-le-man),  adv.  D'une  manière  qui  n'est  pa» 
proportionnelle. 

—  ÉTYM.  Disproportionnel. 

f  DISPROPORTIONNÉMENT  (di-spro-por-sio-né- 
man),  adv.  D'une  manière  disproportionnée. 

—  ÉTYM.  Disproportionné,  et  le  suffixe  ment. 

t  DISPROPORTIONNER  (di-spro-por-sio-né),  v. 
a.  Rendre  disproportionné;  détruire  les  proportions. 
Il  en  est  de  même  des  répartitions  qui  se  font  par 
feux  ou  fouages,  comme  en  Bretagne,  Provence  ei 
Dauphine,  où,  quelque  soin  qu'on  ait  pris  de  les 
bien  égaler,  la  suite  des  temps  les  a  dérangées  et 
disproportionnées  comme  les  autres,  vauban,  Dlme, 
p.  9. 

—  ÉTYM.  Disproportion. 

DISPUTARLE  (di-spu-ta-bV) .  adj.  Oui  peut  être 
disputé,  contesté.  Chez  les  philosophes,  tout  ce  qui 
n'est  point  de  la  foi  ni  des  principes  est  dispulahle, 
COBN.  la  Suivante,  tpitre.  Prétendez-vous  être  un 
docteur  grave?  cela  serait  fort  disputable,  pascal, 
Héfut.  de  la  rép.  à  la  tv  lett. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ceste  partie  de  la  vie  de  Caton, 
est  disputable  et  mal  aisée  à  soudre,  amyot,  Cat. 
d'Vtiq.  30.  Les  advanlages,  que  l'homme  prêtent! 
sur  les  bestes,  mais  qui  sont  disputables,  et  qui 
peust-estre  sont  au  retours  pour  les  bestes  contre 
les  hommes....  charron.  Sagesse,  i,  35. 

—  ÉTYM.  Lat.  disputabilis ,  de  disputare,  dis- 
puter. 


DIS 

t  DISPUTAILLBR  (di-spu-ta-llé,  Il  mouillées, 
et  non  di-spu-la-ié),  v.  n.  Terme  familier.  Disputer 
fréquemment  et  longtemps. 

—  HrsT.  xvr  s.  DisputaiUer,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Disputer. 

t  UISI'DTAILLERIE  (di-spu-ta-lle-rie,  Il  mouil- 
lées, et  non  di-spu-ta-ye-rie),  s.  f.  Terme  familier. 
Disputes  longues  et  fréquentes. 

—  ÉTYM.  DisputaiUer. 

t  DISPUTAILLEUU,  EUSE  (di-spu-ta-lleur,  lleû- 
z',  H  mouillées),  s.m.  et  f.  Terme  familier.  Celui, 
celle  qui  disputaiUe,  qui  aime  à  disputer. 

—  Ktym.  DisputaiUer. 

t  DISPUTANT  (di-spu-lan) ,  s.  m.  Celui  qui  dispute. 
I!  ne  fut  plus  question  des  trois  hypostases  entre 
les  disputants,  volt.  Phil.  ii.  387.  Je  distinguai 
toujours  do  la  religion  Les  malheurs  qu'apporta  la 
superstition....  J'ai  dit  aux  disputants,  l'un  sur  l'au- 
tre acharnés  :  Assez,  impertinents,  assez,  infortu- 
nés, Très-sots  enfants  de  Dieu,  chérissez-vous  en 
frères,  Et  ne  vous  mordez  point  pour  d'absurdes 
chimùres,  m.  Ép.  97. 

f  DISPUTATION  (di-spu-ta-sion),  s.  f.  Discussion 
régulière  entre  deux  ou  plusieurs  personnes.  A  bas 
les  disputations  cardinales  et  quodlibétaires,  v. 
HUGO,  dans  le  Dict.  de  poitevin.  ||  Écrit  en  forme 
de  discussion. 

—  IIIST.  XIII'  s.  Il  me  conta  que  il  [y]  ot  une 
grand  disputoison  ou  moustier  de  Clugni,  joinv. 
198.  Il  xv°  s.  Avant  l'entreprise  du  quel  voyage  il 
eut  mainte  disputation,  sçavoir  s'il  iroit  ou  non, 
COMM.  VII,  Prol.  Il  xvi*  s.  Je  n'emploierai  pas  grand 
peine  à  polir  ceste  disputation,  calv.  32. 

—  ÉTYM.  Provenç.  disputatio ;  ital.  disputaiione; 
du  latin  disputationem ,  de  dispulare  ,  disputer. 
Disputoison  est  la  forme  ancienne  et  régulière;  dis- 
putation est  refait  et  calqué  sur  le  latin. 

DISPUTE  (di-spu-f),  s.  f.  ||  1°  Discussion  entre 
deux  ou  plusieurs  personnes  sur  un  point  de  théo- 
logie, de  philosophie  ou  de  science.  De  quoi  sert 
une  longue  etsiUitile  dispute  Sur  mille  ohscurités  où 
l'esprit  est  déçu?  corn.  Imitation,  i,  3.  Ceux  qui 
ont  voulu  entrer  en  dispute....  pasc.  Prov.  4.  C'est 
ouvrir  une  nouvelle  dispute,  boss.  i"  écrit.  Cet  ou- 
vrage, qui  d'abord  pourrait  paraître  contentieux, 
se  trouvera,  dans  le  fond,  beaucoup  plus  tourné  h 
la  paix  qu'à  la  dispute,  ID.  Var.  Préface.  Leurs  dis- 
putes, leurs  contradictions  et  leurs  équivoques 
rendront  témoignage  à  la  vérité  catholique,  id. 
ib.  Combien  de  nos  adversaires  me  diront,  quoi- 
que sans  sujet,  que  je  suis  sorti  de  mon  carac- 
tère et  de  mes  maximes  en  abandonnant  la  modé- 
ration qu'ils  ont  eux-mêmes  louée  et  en  tournant  les 
disputes  de  religion  à  des  accusations  personnelles 
et  particulières!  id.  ib.  En  sorte  que  l'ardeur  de 
leurs  disputes  insensées  et  leur  religion  arbitraire 
est  devenue  la  plus  dangereuse  de  leurs  maladies, 
ID.  Heine  d'Anglel.  Ces  disputes  [sur  l'épiscopat  et 
la  liturgie]  n'étaient  encore  que  de  faibles  commen- 
cements par  où  ces  esprits  lurbulants  faisaient 
comme  un  essai  de  leur  liberté,  id.  th.  Quant  à  la 
méthode  de  cet  ouvrage,  on  y  verra  marcher  les 
disputes  et  les  décisions  dans  l'ordre  qu'elles  ont 
paru,  sans  distinction  des  matières,  id,  Var.  Préf. 
On  ne  sait  point  précisément  dans  quel  temps  Quinte 
Curce  a  vécu;  c'est  le  sujet  d'une  grande  dispute 
parmi  les  savants,  rollin,  Hist.  anc.  liv.  xxv, 
ch.  II,  art.  2.  Les  disputes  métaphysiques  ressem- 
blent à  des  ballons  remplis  de  vent  que  les  combat- 
tants se  renvoient;  les  vessies  crèvent,  l'air  en  sort, 
ilne  reste  rien,  volt.  Jentii,  7.  ||  Être  en  dispute, 
avoir  une  discussion.  En  quoi  êles-vous  en  dùspule 
avec  les  jansénistes?  pasc.  Ptov.  4.  ||  Être  en  dis- 
pute, être  l'objet  d'une  discussion.  Elle  n'explique 
rien  de  ce  qui  pouvait  être  en  dispute,  pasc.  Prov.  3. 
Ce  sont  des  bibliothèques  vivantes,  prêtes  à  fournir 
diverses  recherches  sur  tout  ce  qui  peut  tomber  en 
dispute;  mais  ces  richesses  semées  sur  un  fonds  qui 
ne  produit  rien  de  soi,  les  laissent  souvent  dans 
l'indigence,  th.  corn.  Disc,  de  récept.  à  l'Académ. 
Il  L'esprit  de  dispute,  l'inclination  h  disputer  sur 
des  questions  subtiles.  L'esprit  de  dispute  et  d'abs- 
traction qui  gâta  pendant  tant  de  siècles  la  philoso- 
phie de  nos  écoles,  raynal,  Uist.  phil.  i,  8.  ||  Dis- 
putedemots,  discussion  qui  roulesur  unedistinction 
de  mots.  Les  disputes  de  mots  sont  toujours  des  dis- 
putes de  choses;  car  tous  les  gens  de  bonne  foi  con- 
viendront qu'ils  ne  tiennent  à  tel  ou  tel  mot  que  par 
préférence  pour  telle  ou  telle  idée,  stael,  Allem. 
Ui,  ti.  Il  Hors  de  dispute,  sans  dispute,  incontes- 
table. 11  est  hors  de  dispute  que  le  religieux  qui  a 
pour  soi  une  opinion  probable  n'est  point  tenu  d'o- 
béir.... PASC.  prov.  6.  La  justice  est  sujette  i  dispu-  ' 


DIS 

tes;laforce  esttrès-reconnaissableetsansdispute,  id. 
Pensées,  1. 1,  p.274,édit.  Lahure.  LeducLanti,  beau- 
frère  du  duc  de  Bracciano,  le  premier  laïque  de  Rome 
sans  dispute  d'aucun,  ST-siM.  63,  )4t.||2°  Dispute, 
actes  ou  discussions  publiques,  qui  se  faisaient  dans 
les  écoles  sur  des  questions  de  théologie  ou  de  philo- 
sophie. Il  3°  Débat  où  l'on  a  querelle.  Il  y  a  eu  une 
dispute  entre  eux.  Je  n'étais  pas  fort  satisfait  de  sa 
conduite,  et  nous  avions  le  plus  souvent  dispute  en- 
semble, MOL.  Am.  Méd.  i,  f.  Entrer  en  dispute  avec 
un  bourru,  hamilt.. Gramm.  4.  Nous  venons  d'avoir 
une  dispute,  le  bon  abbé  et  moi,  si!v.  2B9.  ||  Être 
en  dispute,  se  disputer.  ||  Querelle.  11  y  a  une  dis- 
pute dans  la  rue.  ||  Chercher  dispute.  Il  cherche  dis- 
pute à  ses  voisins.  ||  4°  Action  de  disputer  une  chose. 
Va-t'en,  et  ne  rends  plus  la  victoire  douteuse,  La 
dispute  déjà  m'en  est  assez  honteuse,  corn.  Ilor. 
II,  0.  L'âme  regarde  ces  honneurs  que  le  monde 
vante  :  et  aussitôt  elle  en  voit  le  fond,  elle  voit  l'or- 
gueil qu'ils  inspirent,  et  découvre,  dans  cet  or- 
gueil, et  les  disputes  et  les  jalousies  et  tous  les  maux 
qu'il  entraîne,  BOSS.  la  Vallière.  ||  Mettre  une  chaire 
à  la  dispute  [la  mettre  au  concours],  gui  patin, 
Lelt.  Dccxcii.  Locution  tombée  en  désuétude. 

—  SYN.  1.  DISPUTE,  DÉBAT.  La  dispute  est  une  con- 
versation entre  deux  ou  plusieurs  personnes  à  l'oc- 
casion d'un  point  de  théologie,  de  philosophie  ou 
même  de  science,  sur  lequel  elles  sont  d'avis  différent. 
Le  débat  est  un  échange  de  discours  entre  deux  ou 
plusieurs  personn  ;s  sur  un  objet  soumis  soit  à  une 
assemblée  soit  à  un  tribunal,  ||  2.  dispute,  discus- 
sion, voy.  disputer.  Il  3.  dispute  de  mots,  discus- 
sion DE  MOTS,  Dispute  de  mots,  débat  dans  lequel 
on  croit  disputer  des  choses,  et  où  l'on  ne  dispute  en 
réalité  que  sur  les  mots;  discussion  de  mots,  exa- 
men du  sens  exact  et  rigoureux  des  mots. 

—  HIST.  XVI'  s.  Au  reste,  en  laissant  la  dispute 
des  mots,  je  commenceray  à  traiter  de  la  chose, 
CALV.  Instit.  "4.  La  doctrine  de  Platon,  venant  à 
estre  publiquement  receue,  osta  la  mauvaise  opinion 
que  la  commune  avoit  de  toutes  telles  disputes, 
AMYOT,  Nicias,  42. 

—  ÉTYM.  Voy.  disputer;  provenç.  espagn.  et  ital. 
disputa. 

DISPUTÉ,  ÉE  (di-spu-té,  tée),  part,  passé.  Mis 
en  dispute,  en  discussion.  Ces  neuf  années  s'écou- 
lèrent avant  que  j'eusse  pris  aucun  parti  touchant 
les  difficultés  qui  ont  coutume  d'être  disputées  entre 
les  doctes,  desc.  Méth.  m,  7.  ||  Fig.  Qui  est  l'objet 
d'une  lutte.  Victoire  longtemps  disputée. 

DISPUTER  (di-spu-té),  ii.  n.  ||  1»  Avoir  une  dis- 
pute sur  un  point  de  théologie,  de  philosophie,  de 
morale,  de  science,  etc.  Je  ne  dispute  jamais  du 
nom,  PASC  Prov.  f.  Quand  je  croyais  que  vous  dis- 
putiez de  la  vérité  ou  de  la  fausseté  des  proposi- 
tions, je  vous  écoutais  avec  attention,  car  cela  tou- 
chait à  la  foi,  id.  ib.  tl.  De  quoi  disputiez-vous, 
sinon  du  sens  de  cet  auteur?  id.  ib.  <8.  Disputez, 
me  dit-il,  contre  le  P.  Bauny,  je  vous  fais  un  ré- 
cit et  vous  contestez  contre  moi;  il  ne  faut  jamais 
disputer  sur  un  fait,  m.  ib.  B.  Le  libertinage  d'es- 
prit, la  fureur  de  disputer  des  choses  divines  sans 
fin,  sans  règle,  sans  soumission,  bOss.  Reine  d'Angl. 
Une  autre  fois  je  mettrai  mes  raisonnements  par 
écrit  pour  disputer  avec  vous,  mol.  D.Juan,  i,  2.  Je 
me  sens  en  humeur  de  disputer  contre  vous,  id.  ib. 
in,  <.  Le  chemin  étant  long  et  partant  ennuyeux. 
Pour  l'accourcir ils  disputèrent,  LAF0NT.fa6J.ix,  (4. 
Nous  disséquons  des  mouches,  dit  le  philosophe, 
nous  mesurons  des  lignes,  nous  assemblons  des 
nombres,  nous  sommes  d'accord  sur  deux  ou  trois 
points  que  nous  entendons,  et  nous  disputons  sur 
deux  ou  trois  mille  que  nous  n'entendons  pas,  volt, 
ilicrom.  7.  ||  Disputer  si,  débattre  la  question  de 
savoir  si.  On  dispute  dans  l'école  si  la  logique  est 
une  science  ou  un  art.  ||  Ne  pas  disputer  que,  avec 
le  subjonctif,  ne  pas  contester.  On  ne  dispute  pas 
qu'il  ne  soit  écrit,,.,  boss.  Hist.  ii,  13.  ||  2"  Avoir 
sur  une  chose  quelconque  une  vive  discussion.  Nous 
disputons  en  vain  et  ce  n'est  que  folie  De  vouloir  par 
sa  perte  acquérir  Emilie,  corn.  Cinna,  m,  ).  Mon 
nom  seul  est  coupable,  et,  sans  plus  disputer.  Pour 
te  faire  innocent  tu  n'as  qu'à  le  quitter,  id,  lléracl. 
IV,  4,  Quoi  qu'en  votre  faveur  Marcelle  lui  dispute. 
Il  mande  Théodore,  et  la  veut  prom|itement  Faire 
conduire  au  lieu  de  son  bannissement,  id.  Théod. 
IV,  2.  Il  eut  contentement  :  non-seulement  on  dis- 
puta, mais  on  se  querella,  et  on  se  sépai-a  sans 
avoir  trop  envie  de  se  revoir  de  plus  de  huit  jours, 
RAC.  Lettres  à  Boileau,  6.  Ah  !  vous  deviez  du  moins 
plus  longtemps  disputer,  id.  Brit.  m,  7.  Eh  bien! 
i-égnez,  cruel,  contentez  votre  gloire;  Je  ne  dis- 
pute plus....  ID.  Bérén.  iv    5.  Je  viens  pour  vous 


DIS 


1187 


combattre  et  non  pour  disputer,  volt.  D.  Pèdre, 
IV,  2.  Je  dispute  toujours  le  plus  tard  que  je  puis, 
C0LI.1N  d'harlev.  Optimiste,  iv,  7.  ||  Disputer  sui 
la  pointe  d'une  aiguille,  avoir  une  dispute  pour  dei 
choses  sans  valeur.  ||  Disputer  de  la  chapoàl'évêque, 
disputer  à  qui  appartiendra  une  chose  qui  ne  peut 
être  à  aucun  de  ceux  qui  .se  la  disputent.  ||  Poéti- 
quement. Nous  étions  contraî'nts  de  disputer  contre 
les  flots  pour  rattraper  le  dessus  de  ce  mât,  fénel. 
Tél.  VI.  Il  3°  Fig.  Rivaliser.  Ne  voudriez-vous  point 
disputer  de  la  gloire,  de  la  bonté,  avec  la  femme 
d'Auguste?  BALZ.  Disc,  à  la  régente.  Je  crois  que 
c'est  principalement  en  ceci  [être  content  de  son 
sort]  que  consi.stait  le  secret  de  ces  philosophes  qui 
ont  pu  autrefois  se  soustraire  à  l'emiiire  de  la  for- 
tune, et,  malgré  les  douleurs  et  la  pauvreté,  dis- 
puter de  la  félicité  avec  leurs  dieux,  desc.  Méth 
in,  4.  Quoiqu'elles  soient  filles  du  soleil  et  do  l'au- 
rore et  qu'elles  disputent  de  l'éclat  avec  les  perles 
et  les  diamants,  voit.  Lelt.  73.  Ce  jeu  où  les  peuples 
ont  disputé  de  la  puissance,  bqss.  Hist.  iii,  2.  Ua 
peu  de  prospérité  fait  disputer  de  faste  le  publicain 
avec  les  princes  du  peuple,  mass.  Car.  Rich.  Dans 
la  corruption  une  cour  endormie,  Avec  son  empe- 
reur disputant  d'infamie,  legouvé,  Épich.  et  Néron, 
1,  2.  Il  Fig.  Ce  n'est  pas  que  le  mensonge  ne  se  glo- 
rifie souvent  des  mêmes  titres,  et  qu'il  n'y  ait  parmi 
les  hommes  de  vieilles  erreurs  qui  semblent  dispu- 
ter avec  la  vérité  de  l'ancienneté  de  leur  origine, 
MASS.  Car.  Vérité  de  la  rel'igion.  ||  Disputer  à.  Je 
suis  un  pauvre  pâtre,  et  ce  m'est  trop  de  gloire  Que 
deux  nymphes  d'un  sang  le  plus  haut  du  pays  Dis- 
putent à  se  faire  un  époux  de  mon  fils,  mol.  Mcli- 
certe,  i,  4.  Le  peuple  disputait  avec  la  noblesse  à 
qui  agirait  le  plus  par  cesmaximes,  BOss.//ii(.  m,  o. 
Il  4°  V.  a.  Faire  de  quelque  chose  l'objet  d'une  lutte 
contre  quelqu'un.  Cet  écolier  a  disputé  la  première 
place.  Le  régiment,  bien  commandé,  disputa  long- 
temps le  terrain  contre  des  forces  supérieures.  Et 
que  serait  heureux  qui  pourrait  aujourd'hui  Dispu- 
ter cette  place  et  l'emporter  sur  lui  !  corn.  Nicom. 
I,  2.  Une  troupe  hardie  M'a  voulu  de  nos  murs  dis- 
puter la  sortie,  rac.  Théb.  i,  3.  Mais  par  de  vrais 
combats,  par  de  nobles  dangers,  Leur  disputer  les 
cœurs  du  peuple  et  de  l'armée,  id.  Baj.  m,  4.  C'est 
ainsi  que  Néron  sait  disputer  un  cœur,  id.  Brit. 
m,  8.  Quand  de  Britannicus  la  mère  condamnée 
Laissa  de  Claudius disputer  l'hyménéo,  id.  ib.  iv,  2. 
11  excelle  à  conduire  un  char  dans  la  carrière ,  X  dis- 
puter des  prix  indignes  de  ses  mains,  id.  ib.  iv,  4. 
Que  ces  rois,  qui  pouvaient  vous  disputer  ce  rang, 
Sont  prêts  pour  vous  servir  de  verser  tout  leur  sang, 
ID.  Iphig.  I,  3.  Quoi!  vous  ne  savez  pas  Que  le  rhi- 
nocéros me  dispute  le  pas?  la  font.  Fabl.  xir,  21. 
Ils  n'avaient  rien  à  lui  disputer  sur  l'équipage  et  la 
magnificence,  ham'.lt.  Gramm.  6.  Pendant  que  nos 
soldats  luttaient  encore  avec  l'incendie  et  que  l'ar- 
mée disputait  au  feu  cette  proie  [Moscou],  sKgur, 
Uist.  de  Napol.  viii,  6.  Les  femmes  de  Livie,  cel- 
les qui,  consacrées  jadis  aux  soins  de  sa  beauté, 
luttaient  pour  elle  contre  le  temps  et  disputaient  aux 
années  quelques-uns  de  ses  charmes,  sont  placées  à 
côté  d'elle  en  de  petites  urnes,  stael,  Corinne, 
v,  2,  Il  Fig.  Disputer  le  terrain,  soutenir  vivement 
ses  opinions,  ses  intérêts  dans  un  débat.  ||  Terme  de 
marine.  Disputer  le  vent,  courir  des  bordées  pour 
gagner  le  vent  sur  d'autres  bâtiments.  ||  Le  disputer 
à  quelqu'un,  prétendre  l'égaler.  Thèbes  le  pouvait 
disputer  aux  plus  belles  villes  de  l'univers,  lioss. 
Hist.  lit,  3.  Il  Se  disputer  une  personne,  une  chose, 
c'est-à-dire  disputer  entre  soi  une  personne,  une 
chose,  se  dit  de  plusieurs  personnes  qui  veulent  la 
posséder.  Ces  deux  femmes  se  sont  longtemps  dis- 
puté un  amant.  Chacun  se  disputait  la  gloire  de  l'a- 
battre, RAC.  Andr.  v,  3.  Entre  Sénèque  et  vousdis- 
putez-vous  la  gloire,  S  qui  m'effacera  plus  tôt  de  sa 
mémoire,  id.  Brit.  i,  2.  Des  lambeaux  pleins  de 
sang  et  des  membres  affreux  Que  des  chiens  dévo- 
rants se  disputaient  entre  eux,  id.  Athal.  ii,5.  Plu- 
sieurs villes  se  disputent  l'honneur  d'avoir  donné  le 
jour  à  Homère,  barthél.  /Inach. /nlrod.  i"  partie. 
Il  Fig.  Mille  objets  se  disputaient  nos  regards,  Àcad. 
Il  5°  Familièrement.  Disputer  quelqu'un,  lui  faire 
querelle.  Mme  de  Pontchartrain  le  disputa  [le  ba- 
ron de  Breteuil],  et  pour  fin  lui  dit  qu'elle  pariaii 
qu'il  ne  savait  pas  qui  avait  fait  le  Pater,  st-sim. 

62,  48. 

—  REM.  1.  Disputer  quelqu'un,  pour  dire  lui  faire 
querelle,  n'est  pas  dans  le  Dictionnaire  de  l'Acadé- 
mie; mais  il  est  du  langage  familier  et  autorisé  par 
ijuelques  écrivains.  |1  2.  Se  disputer,  v.  réfl.  Avoir 
une  querelle  :  ils  se  sont  longtemps  disputés  enseiu- 
ble;  il  se  disputa  avec  son  portier.  Cette  locution 


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DFS 


est  aussi  dii  langage  tout  à  fait  familier;  mais  elle  est 
condamnée  par  les  grammairiens  qui  veulent  qu'on 
diu  •.  ils  ont  longtemps  disputé  ensemble  ;  il  disputa 
âTec  son  porlier.  Le  fait  est  que  cette  locution  n'a  en 
M  hveur  ni  la  grammaire  ni  l'autorité  des  écrivains. 
SYN.  pispuTEn,  DiscuTEH.  Ces  deux  mots  ex- 
priment une  opposition  de  pensée  ou  de  sentiment; 
mais,  d'aprts  leur  élymologiu,  l'opposition  dans  le 
dernier  tombe  sur  la  nature  de  la  chose  dont  on  dis- 
cute, et  dans  le  premier  elle  est  plulflt  dans  les  es- 
nriis  qui  pensent  différemment.  Do  lit  l'idée  do 
querelle  qui  s'attache  toujours  à  la  dispute,  tandis 
qu'elle  n'est  pas  dans  la  discussion.  Oui  discute  a 
raison,  et  qui  dispute  a  tort,  dit  Huhlières  dans  le 
poSme  des  Disputes. 

—  HIST.  xir*  s.  De  pluisurs  altres  choses  unt  en- 
tr'elsdesputé,  Dunt  um  ne  m'a  encore  acointié  n'a- 
certé,  No  tut  ne  puet  pas  estre  en  mun  livre  noté, 
Th.  le  mart.  m.  E  des  bestes  e  des  oisels  e  des 
peissuns  desputad.  Rois,  24(.  ||  xiif  s.  Aussi  vous 
di  je,  fistli  roys,  que  nulz,  se  il  n'est  très  bon  clerc, 
ne  doit  disputer  à  eulz  [les  Juifs],  joinv.  tes. 
Il  xiv  s.  Les  autres  esludient  ou  desputent  ensem- 
ble, OBESME,  Eth.  a82. 

—  ÉTYM.  Lat.  dispitlare,  de  dis....  préfixe,  et 
jmiare,  penser  (voy.  putatif);  provenç.  desputar; 
espagn.  disputar;  ital.  disputare. 

DlSl'UTEUR,  EUSE  (di-spu-teur,  teû-z'),  s.  m. 
et  f.  Il  1°  Celui,  celle -qui  aime  à  disputer  d'objets  de 
controverse.  Zwingle  fut  tué  dans  une  bataille,  et  ce 
disputeur  emportésut  montrer  qu'il  n'était  pas  moins 
hardi  combattant,  boss.  Var.  iv,  §  3.  Les  Grecs, 
grands  disputeurs,  ne  cessèrent  d'embrouiller  la  re- 
ligion par  des  controverses,  montesq.  Rom.  22. 
Il  Adj.  Ils  étaient  vains,  indiscrets,  disputeurs,  tou- 
jours occupés  de  mots  et  de  faits  inutiles,  pleins  de 
subtilités  qui  ne  persuadent  personne,  fén.  Dial. 
des  morts  mod.  4.  On  se  querellait  depuis  long- 
temps sur  la  Trinité,  lorsque  Arius  se  mêla  de  la 
querelle  dans  la  disputeuse  ville  d'Ale,xandrie,  volt. 
dans  LAVEAUX.  X  force  de  di.sputer  contre  l'Église 
romaine,  le  clergé  protestant  prit  l'esprit  disputeur 
et  pointilleux,  J.  J.  Bouss.  dans  la  veaux.  ||  2°  Celui, 
celle  qui  aime  à  élever  des  discussions  sur  quoi  que 
ce  soit.  C'est  un  disputeur  insupportable.  Mais  je  n'ai 
point  encor  tracé  le  disputeur,  Dans  le  choc  des 
avis  intrépide  lutteur,  delille,  Cnnvers.  Ii. 
j  — ÊTYM.  Disputer;  provenç.  disputaire,  di.îpu(a- 
dor;  espagn.  disputadnr  ;  ital.  disputatore.  On  trouve 
.di'spufateur  dans  Montaigne:  Ces  disputateurs  qui, 
'pour  combattre  Épicurus  et  se  donner  beau  jeu.... 

U,  (16. 

DISQUE  (di-sk'),  t.  m.  ||  !<■  Sorte  de  palet  très- 
pesant,  ordinairement  en  pierre,  quelquefois  en 
fer,  et  de  forme  ronde  et  aplatie,  que  les  anciens 
s'exerçaient  à  lancer.  Le  jeu  du  disquo.  Que  j'ai- 
mais à  le  voir....  Lancer  le  disque  au  loin  d'une  main 
assurée  I  lamaut.  Uéd.  ii,  3.  ||  2°  Nom  donné  géné- 
ralement à  un  corps  solide,  mince,  de  forme  circu- 
laire, ayant  deux  surfaces  parallèles.  ||  Plateau.  Une 
table....  vient  offrir  à  son  avide  main  Et  les  fuman- 
tes chairs  sur  les  disques  d'airain,  Et....  a.  chên. 
r.  I .  Il  S"  Terme  d'astronomie.  Le  corps  rond  du  soleil 
ou  de  la  lune,  tel  qu'il  se  présente  à  notre  vue.  Le 
disque  de  la  lune.  L'astre  des  nuits,  perçant  un 
nuage  funèbre,  Roulait  au  haut  des  cieux  son  dis- 
que ensanglanté,  m.  j.  chiîn.  Charks  IX,  v,  2. 
Il  4*  Terme  d  optique.  Grandeur  d'un  vjrre  de  lu- 
nette. Il  6*  Terme  de  botanique.  Partie  de  la  sur- 
face d'une  feuille  qui  est  comprise  entre  les  bords. 
Il  Portion  centrale  d'un  assemblage  de  fleurs  con- 
stituant une  ombelle.  |1  Surface  élargie  d'un  pédon- 
cule de  synanthérée,  qui  supporte  les  fleurons.  ||  Les 
fleurons  du  centre  dans  une  fleur  radiée.  ||  Corps 
charnu  qui,  dans  beaucoup  de  plantes,  placé  sur 
le  réceptacle,  tantôt  est  resserré  sous  l'ovaire  (dis- 
que hypogync),  tantôt  le  déborde  un  peu,  ou  s'é- 
tend bien  avant  sur  la  partie  interne  du  calice  (dis- 
que périgyne),  ou  semble  repousser  l'insertion  des 
étamines  vers  l'orifice  de  ce  dernier  (disque  épi- 
gyne).  ||6°  Terme  de  zoologie.  Partie  de  l'aile  des 
insectes  qui  se  trouve  comprise  entre  les  bords. 
i|  Partie  convexe  d'une  coquille  bivalve.  ||  Corps 
ou  dernier  tour  de  spire  d'une  coquille  univalve. 
Il  7*  Terme  de  chemin  de  fer.  Plaque  ronde,  habi- 
tuellement rougo  d'un  côté  et  blanche  de  l'autre, 
qui  tourne  et  indique  par  sa  couleur  que  la  voie  est 
libre  ou  non.  ||  8°  Demi-disque,  nom  vulgaire  d'une 
espuce  du  genre  girelle  (poussons). 
■•  7"  '■^J*''  '■"'■  ''""".■  erec.  8t<Txo;;  comparez 
lallem.riscJi;  danois,  riùHr;  angl.  desk,  table.  Voy. 
DAIS,  qui  est  le  même  mot. 

BISQUISITION  (di-ski-zi-sion),»./.  Recherche 


DIS 

curieuse.  Que  l'on  regarde  ce  que  vous  avez  lait  de- 
puis dix  ans,  vos  disquisitions ,  vos  dissertations , 
vos  réflexions,  vos  considérations ,  vos  observations, 
on  n'y  trouvera  aucune  chose,  sinon  que  les  propo- 
sitions ne  sont  pas  dans  Jansénius,  bac.  ('•  lettre 
à  l'auteur  des  imaginaires.  De  froides  disquisitions 
sur  les  faits  sont  les  charges  et  les  servitudes  de 
l'histoire,  chateaubr.  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  I.al.  disquisitionem ,  de  disquisitum , 
supin  do  disquirere,  rechercher,  de  dis....  préfixe, 
et  qiuirere,  chercher  (voy.  querib). 

t  DISUESPECTDEDX,  EUSE  (dis'-rè-spè-ktu-eù, 
eù-z') ,  adj.  Qui  manque  de  respect  pour.  Ce  con- 
tempteur si  déterminé  de  l'immortalité,  cet  homme 
si  disrespectueux  de  la  postérité,  dider.  Salon  de 
1707,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  37,  dans  pougzns.  ||  l'eu 
usité.  On  dit  irrespectueux. 

—  ÊTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
respectueux. 

t  DISRUPTION  (dis'-ru-psion) ,  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Rupture,  fracture. 

—  ÉTYM.  Lat.  disrupdoncm,  de  dwrup(um,  su- 
pin de  diVrwmpere,  de  dis....  préfixe,  et  rumpere , 
rompre  (voy.  homphe);  provenç.  disruptio. 

t  «ISSECTELU  (di-sè-kteur),  s.  m.  Celui  qui  dis- 
sèque. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISSECTION. 

DISSECTION  (di-sè-ksion  ;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  de  disséquer,  c'est-à-dire 
opération  par  laquelle  on  divise  méthodiquement  et 
l'on  met  à  découvert  les  différentes  parties  d'un  corps 
organisé  pour  en  étudier  la  disposition  et  la  struc- 
ture. La  dissection  d'un  animal.  Qu'on  fasse  ajuster 
cette  salle  proprement,  afin  d'y  bien  recevoir  tous 
ceux  qui  me  feront  l'honneur  de  se  trouver  à  la  dis- 
section du  corps  que  me  doit  envoyer  le  maître  des 
hautes  oeuvres,  nAUTEROCiiE,  Crispin  médecin,  u, 
I .  Puis  d'une  femme  morte  avec  son  embryon  II  faut 
chez  du  Verney  voir  la  dissection,  boil.  Sat.  x.  On 
faisait  dans  son  Académie  [de  Pierre  le  Grand]  des 
dissections  de  quelques  morts,  volt.  Charles  XII, 
t.  Il  Blessure  de  dissection,  piqûre  qu'on  se  fait  en 
disséquant  et  qui  donne  quelquefois  lieu  aux  acci- 
dents les  plus  graves.  ||  Terme  de  chirurgie.  Partie 
de  certaines  opérations  où  l'on  dissèque  les  organes 
comme  un  anatomiste  fait  sur  un  corps  mort.  Dans 
quelques  cas  de  hernie  étranglée,  on  fait  la  dissec- 
tion de  la  tumeur  couche  par  couche.  ||  2°  État  d'un 
corps  disséqué.  Venez  voir  une  dissection  bien  faite. 
Il  On  dit  aujourd'hui  de  préférence  préparation. 
Il  3°  Fig.  Examen  attentif,  scrupuleux.  Faisons,  au- 
tant qu'il  nous  est  possible,  la  même  dissection  de 
notre  âme  que  Dieu  en  fera  dans  son  jugement  der- 
nier, BOURDAL.  Pensées,  t.  i,  p.  364. 

—  HlST.  xvi*  s.  Ils  se  sont  estudiés  d'entendre  son 
architecture  admirable  par  dissections  anatomiques, 
paré,  Préf. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissectionem ,  de  dissectum,  supin 
de  dissecare,  de  dis....  préfixe,  et  secare,  couper 
(voy.  section). 

DISSEMBLABLE  (di-ssan-bla-bl') ,  adj.  \\  1»  Qui 
n'est  pas  semblable.  Objets  tout  à  fait  dissemblables. 
Horrata  et  Dioxippe  se  battent  enfin  en  duel  avec  des 
armes  dissemblables,  vaugel.  Q.  C.  498.  Après  des 
fortunes  si  différentes  et  des  mœurs  si  dissemblables , 
tous  deux  [le  juste  et  l'injuste]  tomberaient  égale- 
ment dans  un  oubli  étemel,  m/lSS.  Âv .  Jugem.  univ. 
Les  vertus  les  plus  dissemblables  ne  réussissent  qu'à 
s'attirer  les  mêmes  reproches,  id.  Car.  Injust.  du 
monde.  ||  Dissemblable  à.  Une  volonté  particulière 
contraire  ou  dissemblable  à  la  volonté  générale.  Je 
leur  suis  cependant  dissemblable  en  ce  point,  mair. 
Soliman,  iv,  4.  Reprochons-nous  les  vices  qui  ne 
nous  permettent  pas  de  ressembler  aux  gens  de  bien , 
loin  de  leur  reprocher  les  vertus  qui  nous  les  ren- 
dent dissemblables,  mass.  Car.  Injust.  du  monde. 
Il  Dissemblable  de....  dans  le  même  sens.  L'Église, 
en  cela  dissemblable  des  autres  mères  qui  mettent 
hors  d'elles-mêmes  les  enfants  qu'elles  produisent, 
noss.  Fr.  Bourgoing.  Tout  ce  qui  est  inférieur  à 
l'infini  en  est  infiniment  dissemblable,  fén.  Kxist. 
275.  Il  %■>  S.  m.  Les  dissemblables,  nom  donné  aux 
Ariens,  parce  qu'ils  enseignaient  que  le  Verbe  était 
en  tout  dissemblable  au  Père. 

—  HIST.  XIV*  s.  Cestui  Hostilius  ne  fu  pas  tant 
seulement  dissemblables  à  Numa,  berciieube,  f"  U. 
Personne  non  pareille  et  dissemblable,  ID.  ^  22, 
fcrio.  L'une  significacion  est  loing  et  dessemblable 
de  l'autre,  oresmk,  Eth.  Ki\.  En  toutes  amistés  de 
personnes  dessemblables  ou  non  pareilles,  faire  à 
chescun  reirihucion  selon  proporcion  est  ce  qui  fait 
equalité,  id.  16.  247.  ||  xvi*  s.  Puis  que  tant  de  cau- 
tères et  saignées  de  auoY  on  s'est  aidé,  depuis  vingt 


DIS 

et  deux  ans,  n'ont  en  rien  profité,  il  faut  nécessai- 
rement se  servir  de  moyens  dissemblables  [autres], 
LANGUE,  9).  Je  n'enten  pas  mettre  en  ce  rang  [des 
flatteurs]  les  vertueux  courtisans,  que  j'estime  leur 
estre  aussi  dissemlilables  que  l'or  et  l'argent  sont 
du  plomb,  ID.  499.  L'un  rendroit  la  portniicturo 
difforme,  et  l'autre  dissemblable  [non  ressemblante 
au  modèle],  amyot,  Cim.  5. 

—  ÉTYM.  Vis préfixe,    dans  le  sens  négatif, 

et  semblable. 

t  DISSEMBLABLEMENT  (di-ssan-bla-ble-man), 
adi;.  D'une  manière  dissemblable. 

—  ÉTYM.  Dissemblable,  et  le  suffixe  ment. 
DISSEMBLA^XE  (di-ssan-blan-s'),  t.  f.  Manque 

de  ressemblance.  ||  Sorte  d'opposition  par  laquelle 
on  remarque  les  différences  entre  deux  objets. 

—  HIST.  xii*  s.  En  eus  aveit  plusors  formances, 
Varielez  e  dessemblances,  benoît,  ii,  t420.  ||  xiV  s. 
11  fut  esgardé  que  nul  ne  pust  faire  monnoie  sem- 
blant à  la  monnoie  le  roy,  qu'il  n'y  eust  dessem- 
blance  aperte,  et  devers  crois  et  devers  piles,  Or- 
donn.  des  rois  de  France,  t.  i,  p.  6(4. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  l'ancien  français  sem- 
blance  (voy.  semblant);  provenç.  dessemblama, 
dessemlama;  catal.  desscmblansa. 

+  DISSEMBLANT,  ANTE  (di-ssanhian,  blant'), 
adj.  Synonyme  peu  usité  de  dissemblable.  Le  Lapon 
et  le  Nègre  si  dissemblants  entre  eux,  buffon,  dans 
le  Dict.  de  poivevin. 

t  DISSEMBLER  (di-ssan-blé),  ».  n.  Ne  pas  res- 
.sembler,  être  dissemblable.  Rien  ne  dissemble  plus 
de  lui  que  lui -môme,  DIDEROT,  le  Neveu  de  Rameau. 

—  HIST.  XV*  s.  Foulz  est  vieulz  homs  qui  jeûna 
famme  prenl....  di.çsemblés  sont  en  leur  marier, 
EUST.  DESCH.  Ballade  du  temps  présent. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
sembler;  ou  plutôt  Diderot  a  fait  ce  terme  d'après 
dissemblable,  comme  sembler  se  rattache  à  «em6(a(/ie. 

DISSÉMINATION  (di-ssé-mi-na-sion ;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  par  laquelle  les  graines 
se  dispersent  naturellement  sur  la  terre,  à  l'époque 
de  la  maturité;  manière  dont  les  plantes  répandent 
leurs  graines  mûres.  La  dissémination  des  graines. 
Il  Dissémination  des  germes,  hypothèse  dans  laquelle 
on  suppose  que  les  germes,  étant  préexistants,  sont 
disséminés  et  vont  se  loger  là  où  ils  doivent  se  déve- 
lopper. Dans  cette  hypothèse  de  la  dissémination ,  les 
germes  d'une  espèce  donnée  ne  peuvent  se  dévelop- 
per que  dans  les  touts  organiques  de  même  espèce; 
ils  sont  les  seuls  qui  renferment  les  conditions  né- 
cessaires au  développement,  bonnet,  Contempl.  nat, 
QCuvres,  t.  viii,  p.  67,  dans  pougens.  |12°  Par  ex- 
tension. Ijt  dissémination  des  idées.  La  dissémina- 
tion des  Européens  sur  toute  la  surface  de  l'Amérique. 

—  ÉTYM.  Disséminer. 

DISSÉMINÉ,  ÉE  (di-ssé-mi-né,  née),  part,  passé. 
Il  1°  Semé  çà  et  là.  Le  pollen  disséminé  par  les  vents. 
Il  2°  Par  extension.  Les  troupes  disséminées  ne  pu- 
rent opposer  de  résistance  nulle  part.  Des  colons 
disséminés  d;ins  de  vastes  contrées.  Les  opinions 
nouvelles  disséminées  parmi  le  peuple.  ||  Terme  de 
géologie.  Parties  disséminées,  parties  accessoires 
d'une  roche  qui  sont  réunies  en  paquets  ou  pelotons 
dans  certains  points  de  celle  roche. 

t  DISSÉ.MINEMENT  (  di-ssé-mi-ne-man  ),  s.  m. 
État  de  ce  qui  est  disséminé.  Le  disséminement  des 
troupes  autrichiennes  depuis  Bâle  jusqu'à  Manheim, 
THiERS,  Ilist.  de  la  Révol.  dans  legoarant. 

—  ÉTYM.  Disséminer. 

DISSÉMINER  (di-ssé-mi-né),  V.  a.  ||  fSeme-, 
éparpiller  çà  et  là.  Le  vent  dissémine  les  graines  de 
certains  végétaux.  ||  Par  extension.  On  dissémina  les 
troupes  dans  les  différentes  villes  de  la  province. 
Disséminer  les  erreurs.  Ainsi,  l'empereur,  fatigué, 
souffrant,  accablé  de  trop  de  soins  de  toute  espèce, 
et  forcé  à  des  ménagements  pour  ses  lieutenants, 
disséminait  le  pouvoir  comme  ses  armées,  malgré 
ses  préceptes  et  ses  anciens  exemples,  .=égur,  llisl. 
de  Nap.  vi,  10.  ||  2°  Se  dis.séminer,  ».  rif/l.  Être  dis- 
séminé. Les  graines  se  disséminent  par  le  vent.  Ces 
bruits  alarmants  se  disséminèrent  rapidement. 

—  HIST.  XVI*  s  Ceste  veine  est  appellée  mesente- 
rique,  pource  qu'elle  est  di.sseminée  presque  par 
tout  le  mésentère,  paré,  i,  21. 

—  ÉTYM.  Lat.  disseminare.  de  dis....  préfixe,  et 
seminare,  semer,  de  semen,  semence  (voy.  séminal). 

DISSENSION  (di-ssan-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),*./'.  Diversité  des  sentiments  ou  des  in- 
térêts. Si  les  maux  et  les  dissensions  de  l'Église 
semblent  croître  et  s'aigrir  chaque  jour  de  plus  en 
plus,  MASS.  Confir.  Excell.  du  sacerd.  ||  Discorda 
causée  par  cette  diversité.  Dissension  domestique. 
Les  dissensions  civiles.  Celui  qui  sème  desdissensioni 


_.^aSÈÊÉÊÊÊÊÊÊÊÊÊaÊÈSUim^. 


DIS 


DIS 


DIS 


1189 


enlre  les  frères,  SACI,  Bible,  Prov.  de  Salomon, 
71,  49.  On  le  vil  foudroyer  un  prince  dont  le  crédit 
fomentait  la  dissension,  mass.  Vanig.  St  Bern. 

—  HIST.  XIV'  s.  Une  ville  souvent  se  pert  Par  inal 
soing  ou  par  traïson.  Par  famine  ou  discencion, 
MA:iiAtiT,  p.  <I4.  On  ne  savoit  en  tout  le  monde. 
Tant  comme  il  tient  à  la  reonde,  Païs,  règne  ne 
ret;ion  Qu'il  n'i  eilst  dissention,  id.  p.  69.  La  dis- 
sension tousjours  commence  par  autre  et  la  paix  par 
toy,  Uénagicr,  i,  o.  Entre  les  consuls  avoit  dissen- 
cion,  li  quels  des  deux  dedieroit  la  maison  de  Mer- 
cure, BERCiiEURE,  (°  37,  reclo.  ||  XVI*  S.  Je  di  qu'il  ne 
faut  pas  par  dissention  legierement  abandonner  une 
Kglise,  en  laquelle  est  gardée  en  son  entier  la  doc- 
trine principale  de  nostre  salut,  calv.  [mtit.  822. 
Arracher  la  semence  des  dissensions,  m.  ib.  858. 
Homme  aimant  dissention ,  d'aller  donner  à  un  tiers 
chose  qui  n'estoit  pas  sienne,  pour  le  mettre  en  dé- 
bat contre  les  anciens  possesseurs,  mont,  iv,  20. 

—  ÉTVM.  Provenç.  dissenlio,  dieentio,  dessession, 
accession;  espagii.  discension;  ital.  dissensione ;  du 
latin  dissensionem ,  de  dissensum ,  supin  de  dis- 
sentire  (voy.  dissentir). 

t  DISSENTER  (di-ssin-teur),  s.  m.  Mot  anglais 
qui  signifie  non-conformiste,  ne  reconnaissant  pas 
la  religion  anglicane.  Un  vicaire,  un  dissenter  as- 
siègent leurs  derniers  moments  [des  Anglais],  volt. 
Phil.  II,  238.  \\Au  plur.  Des  dissenlers. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISSENTIR. 

t  DISSENTÉRISME  (di-ssin-té-ri-sm'),  s.  m.  Ëtat 
des  dissidents  ou  dissenters  d'Angleterre;  leurs  opi- 
nions. 

—  f.TYM.  Dissenter. 

DISSENTIMENT  (di-ssan-ti-man),  s.  m.  Diffé- 
rence dans  la  manière  de  sentir,  de  voir.  Ils  sont 
en  dissentiment.  Les  dissentiments  font  naître  les 
discordes. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  vengeance  divine  présuppose 
nostre  dissentiment  entier,  pour  sa  justice  et  pour 
nostre  peine,  mont,  dans  lacurne. 

—  ÉïYM.  Dissentir. 

t  DISSENTIR  (di-ssan-tir),  je  dissens,  tu  dissens, 
il  dissent,  nous  dissentons,  vous  dissentez,  ils  dis- 
sentent; je  dissentais;  je  dissentis;  je  dissentirai; 
je  dissentirais;  dissens,  dissentons;  que  je  dissente, 
que  nous  dissentions;  que  je  (iissentisse;  dissen- 
tant; dissenti,  v.  n.  Être  en  dissentiment.  Pierre 
a  la  grâce  efficace  pour  un  tel  bon  vouloir  précis, 
j'en  conviens;  donc  il  formera  ce  bon  vouloir  pré- 
cis, je  le  nie;  peut-être  n'en  fera-t-il-rien;  qui  sait 
CB  qu'il  choisira?  qui  sait  si,  pouvant  dissentir,  en 
cas  qu'il  le  veuille,  il  ne  voudra  pas  effectivement 
dissentir?  fén.  t.  m,  p.  295. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  leur  avoit  déclaré  les  causes 
mouvantes  iceus  protestants,  en  certains  principaux 
points,  à  dissentir  de  l'Eglise  romaine,  m.  du  sel- 
lât, 306.  Afin  qu'il  vienne  consentir  ou  dissentir, 
PASQuiER,  Recherches,  p.  747,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissentire,  de  dis....  préfixe,  eisen- 
lire,  avoir  une  opinion  (voy.  sentir). 

t  DISSÉPALE  (di-ssé-pa-l'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  e.st  muni  de  deux  sépales. 

—  ÉTYM.  Acç,  deux,  et  sépale. 

t  DISSÉQUANT,  ANTE  (di-ssé-kan,  kan-t'),  odj. 
Terme  de  médecine.  Anévrisme  disséquant,  tu- 
meur disséquante,  anévrisme,  tumeur  qui  sépare 
les  tissus  comme  ferait  une  dissection. 

DISSÉQUÉ,  ÉE  (di-ssé-ké,  kée),  part,  passé. 
tl  1°  Préparé  par  dissection.  Les  nerfs  de  la  face  ha- 
bilementdisséqués.  ||  Fig.  Examiné  minutieusement. 
Cet  écrit  disséqué  par  la  critique.  ||  2°  Terme  de  bo- 
tanique. Feuilles  disséquées,  feuilles  étroites  qui 
semblent  être  coupées  en  long  comme  avec  un 
scalpel. 

DISSEQUER  (di-ssé-ké.  La  syllabe  se  prend  un 
accent  grave  quand  elle  est  suivie  d'une  syllabe 
muette  :  je  diss"que,  excepté  au  futur  et  au  condi- 
tionnel :  je  disséquerai,  je  disséquerais,  exception 
qui  n'est  pas  justifiée) ,  v.  a.  \\  1'  Terme  d'anato- 
inie.  Ouvrir,  diviser  les  parties  d'un  cadavre  ou 
d'une  plante  pour  en  étudier  la  structure.  La  partie 
fut  disséquée  avec  soin.  On  a  disséqué  les  plantes, 
iei  animaux,  et,  si  l'on  veut,  la  lumière;  on  a  ana- 
lysé l'air;  en  connaissons-nous  mieux  la  strucfure 
inlime  des  plantes  et  des  animaux?  bonnet,  l'alin- 
gén.  12"  partie,  ch.  4.  Vain  espoir!  s'écriera  le  trou- 
peau d'Epicure,  Et  celui  dont  la  main,  disséquant 
la  nature.  Dans  un  coin  du  cerveau  nouvellement 
décrit.  Voit  penser  la  matière  et  végéter  l'esprit, 
lamakt.  Médit,  i,  5.  ||  Absolument.  Il  dissèque 
bien.  Se  piquer  en  disséquant.  ||  2°  Fig.  Disséquer  un 
ouvrage  d'esprit,  en  faire  une  analyse  minutieuse 
pour  le  critiquer. 


—  Etym.  Lat.  dissecare,  de  dis....  préfixe,  et  ie- 
care,  couper  (voy.  section). 

DISSÉQUEUK  (di-ssé-keur),  s.  m.  Celui  qui  dis- 
sèque. Certain  fraler  grand  disséqueur  do  corps,  J. 
B.  Ror.ss.  Ép.  I,  to. 

—  SYN.  mssEcrEUR,  disséqueur.  Ces  deux  mots 
signifient  exactement  la  même  chose,  mais  dissec- 
teur est  un  terme  purement  technique  :  c'est  un  ha- 
bile dissecteur.  Disséqueur  se  prend  par  moquerie 
ou  par  ironie  pour  celui  qui  a  la  manie  de  disséquer, 
comme  dans  l'épigraname  de  Rousseau. 

—  ÉTYM.  Disséquer. 

DISSERTATEUR  (di-sèr-ta-teur),  s.  m.  Celui  qui 
disserte,  avec  un  sens,  peu  favorable,  de  pédan- 
tisme  ou  de  bavardage.  Et  nombre  de  dissertateurs 
qui  raisonnent  à  l'infini  manquent  du  sentiment, 
VAUVEN.  Du  goût.  Notre  dissertateurperd  bientôt  de 
vue  les  romans  pour  s'égarer  dans  une  digression 
sur  les  tragédies  modernes.  Année  littéraire,  1767, 

t.  II,  p.  69. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissertator,  de  dissertare,  dis- 
serter. 

t  DISSERTATIF,  IVE  (di-sèr-ta-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  appartient  à  la  dissertation;  qui  a  quelque  rap- 
port avec  une  dissertation. 

—  ÉTYM.  Disserter. 

DISSERTATION  (di-sèr-ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Examen  de  quelque  point  de  doc- 
trine, soit  de  vive  voix,  soit  par  écrit.  Une  disser- 
tation savante.  Vingt-cinq  à  trente  dissertations  ou 
mémoires  que  donna  M.  Halley  dans  l'espace  de 
neuf  à  dix  ans  qu'il  demeura  à  Londres,  presque 
tous  remplis  d'idées  neuves,  singulières  et  utiles, 
mairan.  Éloges,  Halley.  J'ai  lu  deux  ou  trois  cents 
dissertations  sur  ce  grand  objet  [l'âme];  elles  ne 
m'ont  jamais  rien  appris,  volt.  Dial.  xxiv,  2. 
Il  Sorte  de  composition  qu'on  donne  à  faire  aux  éco- 
liers dans  les  classes  de  philosophie  des  lycées  ou 
collèges  et  aux  aspirants  à  la  licence  dans  les  facul- 
tés des  lettres.  Dissertation  latine.  Prix  de  disser- 
tation française. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissertationem,  de  dissertare, 
disserter. 

DISSERTER  (di-sèr-té),  t'.  n.  Faire  une  disserta- 
tion; discourir  méthodiquement.  Il  a  longuement 
disserté.  Près  de  lui  [un  général] ,  des  officiers  d'ar- 
mes savantes  dissertaient  encore  ...  dans  notre  siè- 
cle, que  quelques  découvertes  encouragent  à  tout 
expliquer,  ceux-là,  au  milieu  des  souffrances  aiguës 
que  leur  apportait  le  vent  du  nord  [en  Russie,  dans 
l'hiver  de<8l2],  cherchaient  la  cause  de  cette  con- 
stante direction,  SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  XI,  10.  {|  Il 
se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  REM.  St-Simon  a  employé  au  sens  passif  le 
participe  passé  :  S'il  se  met  quelque  matière  en 
délibération  fictive  ou  effective ,  cela  retombe  dans 
les  cas  qui  viennent  d'être  dissertes,  et  ne  tient 
que  par  hasard  à  la  cérémonie,  398,  <84.  Cela  ne 
doit  pas  être  imité. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissertare,  fréquentatif  de  disse- 
rere, de  dû.. ..préfixe,  et  serere,  enlacer  (voy.  série, 
sermon)  :  proprement,  étendre  en  lacs,  en  série,  et 
d'une  façon  distincte  à  cause  de  dis. 

t  D1Ss'eRTEUR,EUSE  (di-sèr-teur,  teû-z'),  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  soutient,  développe  une  opi- 
nion. Ne  craignez  point  de  faire  la  disserteuse,  ne 
craignez  point  de  joindre  aux  grâces  de  votre  per- 
sonne la  force  de  votre  esprit,  volt.  Corresp.  dans 
LA veaux. 

—  ÉTYM.  Disserter;  lat.  dissettor,  de  disserere 
(voy.  disserter). 

DISSIDENCE  (di-ssi-dan-s'),  s.  f.  État  d'esprits 
qui  ne  s'accordent  plus.  Dissidence  d'opinions.  Cette 
proposition  a  produit  une  dissidence  fâcheuse. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissidentia,  de  dissidens,  dissident. 
DISSIDENT,   KNTE   (di-ssi-dan  ,    dan-t')  ,    adj. 

Il  1°  Oui  est  en  dissidence  sur  un  point  de  doctrine 
avec  le  plus  grand  nombre,  ou  avec  une  église  offi- 
cielle. Secte,  faction  dissidente.  ||  2°  Substantive- 
ment. Les  presbytériens  sont  des  dissidents  en  An- 
gleterre. Le  ministère  est  trop  occupé  des  parlements 
pour  songer  à  persécuter  les  dissidents  de  France, 
VOLT.  iett.  Pomaret,  24  oct.  <77).  Ces  dissidents 
persécutés  deviendront  persécuteurs,  lorsqu'ils  se- 
ront les  plus  forts,  diderot.  Salon  de  4767,  QBu- 
rrcs,  t.  XV,  p.  <«8,  dans  pougens.  ||  Les  dissidents 
de  Pologne,  les  luthériens  et  les  grecs  schisinati- 
ques. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissidrns,  de  dissidere,  être  dissi- 
dent, proprement,  être  écarté,  dedîs....  préfixe,  dans 
le  sens  de  séparation,  et  sedere,  être  assis  (voy.  seoir). 

i  DISSIGNE  (di-ssi-gn').  ||  l'.S.  m.  Terme  d'algèbre. 
Variation  de  signe.  |]  i"  Adj.  Quantités,  lermesdissi- 


gnes,  quantités,  termes  qui  ont  des  signes  diffé- 
rents. Est  opposé  à  consigne.  |{  Peu  usité. 

—  ÊTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif,  et 
signe. 

DISSIMILAIRE  (di-ssi-ml-lê-r'),  adj.  Qui  est 
d'un  autre  genre,  d'une  autre  espèce.  On  distingue 
deux  sortes  de  parties  dans  les  corps  organisés  :  les 
parties  similaires  et  les  parties  dissimilaircs,  bon- 
net, Contempl.  nat.  tO'part.  ch.  26.  ||  Terme  de 
physique.  Corps  dissimilaire,  corps  dont  la  poussière 
diffère  sensiblement  par  sa  couleur  de  la  couleur 
de  la  masse.  ||  Terme  de  minéralogie.  Cristal  dissi- 
milaire, cristal  dont  les  bords  et  les  angles  sur  les- 
quels agissent  les  décroissements,  en  subissent  cha- 
cun deux,  à  l'exception  d'un  bord  ou  d'un  angle  qui 
ne  subit  qu'un  seul  décroissement.  ||  Terme  de  zoo- 
logie. Opercule  dissimilaire,  opercule  qui  n'a  pas 
la  forme  de  la  coquille.  ||  Charnière  dissimilaire, 
charnière  d'une  coquille  bivalve  qui  n'est  pas  sem- 
blable sur  les  deux  valves. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  parties  composées  sont  dites 
dissimilaires  au  contraire  de  ce  que  nous  avons  dit 
[parce  qu'on  les  peut  diviser  en  parties  différentes] , 
PARÉ,  I,   Préf. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  dans  le  sens  négatif ,  et 
similaire. 

t  DISSIMILARITÉ  (di-ssi-mi-!a-ri-té),  s.  f.  Qua- 
lité de  ce  qui  est  dissimilaire.  Quoi  qu'il  en  soit  de 
la  similarité  ou  de  la  dissimilaritô  organique  des 
germes  dans  le  même  individu....  bonnet,  Consid. 
corps  organ.  Œuvres,  t.  vi,  p.  45,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Dissimilaire. 

t  DISSIMILITUDE  (di-ssi-mi-Ii-tu-d') ,  s.  f.  Dé- 
faut de  similitude,  de  ressemblance.  ||  Terme  de 
rhétorique.  Figure  de  pensée  qui  développe  les  dif- 
férences de  deux  objets  rapprochés  d'abord  comme' 
analogues. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  les  vices  extrêmes  ont  plus 
grant  dissimilitude  l'un  à  l'autre  que  eulx  n  ont  au 
moyen,  0RESME,  frt.   32.   |1  xvi' s.  Dissimilitudo , 

LANGUE,  638. 

—  ÉTYM.  flî's....  préfixe,  et.  similitude. 
DISSIMULATEUR,  TRICE  (di-ssi-mu-la-teur,  tri- 

s'),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  dissimule.  Arsace  et 
Valons,  qui  avaient  fait  phis  d'une  fois  une  fausse 
abjuration  de  l'arianisme,  étaient  de  subtils  dissi- 
mulateurs et  féconds  en  expressions  trompeuses,  boss. 
Var.  2'  instr.  pastor.  §  m.  Le  monde  est  plein  de 
dissimulateurs  de  la  vérité,  mass.  Avent,  Épiphan. 
Ainsi  dans  les  mages  elle  [l'étoile  d'Orient]  forme 
des  adorateurs;  dans  les  prêtres,  des  dissimula- 
teurs; dans  Hérode,  un  persécuteur,  id.  t6.  Les  gens 
de  bien  tout  seuls  vous  excusent,  vous  justifient, 
sont  les  apologistes  de  vos  vertus,  ou  les  sages di.s- 
simulateursdevos  vices,  id.  Car.  Injust.  du  monde. 
\\Jdj.  Un  silence  dissimulateur. 

—  HIST.  xvi'  s.  Je  vous  prie  dire  que  j'ay  eu  af- 
faire aux  plus  grans  dissimuleurs  et  gens  où  il  se 
treuve  aussy  peu  d'honneur  qu'il  est  possible,  marg. 
Lett.  47.  Dissimulatrice,  cotorave. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissimulatorem,  de  dissimulare, 
dissimuler. 

DISSIMULATION  (di-ssi-mu-la-sion  ;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  de  dissimuler  ses  sen- 
timents, SOS  desseins.  User  de  dissimulation.  Avoir 
recours  à  la  dissimulation.  La  dissimulation  n'est 
pas  aisée  h.  bien  définir....  c'est  un  certain  art 
do  composer  ses  paroles  et  ses  actions  pour  une 
mauvaise  fin,  la  bruy.  Théophr.  i.  On  ne  donne 
presque  jamais  aux  princes  qu'une  maxime,  qui  est 
celle  de  la  dissimulation;  elle  est  fausse,  et  fait  tom- 
ber dans  de  grands  inconvénients,  maintenon.  Avis 
à  la  duch.  de  Bourg,  t.  m,  p.  209,  dans  pougens. 
.\  l'abri  delà  dissimulation,  les  courtisans  s'embras- 
sent, les  femmes  se  complimentent,  et  les  auteurs 
se  saluent  de  loin,  DUFRESNY,  Double  veuvage ,  m ,  2. 
Il  2°  Caractère  de  l'homme  dissimulé.  Il  est  d'une 
dissimulation  profonde.  ||  3°  Acte  de  dissimulation; 
feinte  de  ne  pas  voir  ou  savoir.  Je  ne  pouvais,  avec 
mes  petites  dissimidations,  parer  l'évidence  de  son 
amour,  Marivaux,  Mariane,  2»  part. 

—  HIST.  XV'  s.  Jean  Lyon  savoit  tout  de  certain 
qu'il  avoit  jà  tant  courroucé  le  comte  que  jamais 
n'en  viendroit  à  paix;  et,  s'il  y  venoit  par  voie  de 
dissimulation,  bien  savoit  qu'il  en  mourroit,  Fnoiss. 
II,  II,  55.  Ceste  paoureuse  dissimulation  clost  à  tous 
la  bouche,  gerson,  Harengue  au  roi  Charles  Yt , 
p.  4  8.  Il  XVI'  s.  La  dissimulation  que  vous  faites  d'es- 
tre  tant  chaste  ne  vous  a  de  rien  servi,  marg.  Nouv. 
XXII.  Ils  devindrent  plus  violents  en  commandant  à 
leurs  subjec'.s,  après  qu'ilz  eurent  osté  ;e  masque  et 
la  dissimulation  de  leur  puissance  absolue,  iMTOi 
Démétr.  22 


1190 


DIS 


—  ÉTYN.  ut.  dissimulationem,  de  dissimulart , 

diisimnler. 

DISSIMULE,  ÉE  (di-ssi-mu-lé,  lée),  part.passé. 
Il  1°  Caché  par  dissimulation.  Ses  vrais  sentiments 
longtemps  dissimulés.  Recours  des  impuissants, 
haine  dissimulée,  cobn.  Hodog.  ii,  (.  ||  2°  Oui  est 
accoutumé  à  dissimuler.  C'est  un  homme  dissimulé. 
Un  homme  di.ssimulé....  loue  ouvertement  et  en 
leur  présence  ceux  à  qui  il  dresse  de  secrùles  em- 
bûches, et  il  s'afflige  avec  eux,  s'il  leur  est  arrivé 
quelque  disgrSce,  la  bruy.  Théophr.  i.  Inquiùte, 
troublée,  Je  ne  me  sentais  pas  as.se/.  dissimulée;  De 
mon  front  effrayé  je  craignais  la  pâleur,  rac.  Brit. 
m,  7.  Il  Substantivement.  Un  dissimulé.  Vous  n'ùtos 
qu'une  dissimulée,  du  fbesnï,  E^pr.  contrad.  3. 
Il  II  se  dit  aussi  des  choses  dans  le  même  sens.  Un 
caractère  dissimulé.  Il  [Callisthfne]  n'était  pas  né 
pour  la  cour,  oi'i  il  faut  avoir  un  esprit  souple, 
pliant,  accommodant,  quelquefois  même  fourbe  et 
perfide,  mais  au  moins  dissimulé  et  flatteur,  bol- 
lin,  Uist.  anc.  OKmres,  t.  vi,  p.  477,  dans  pou- 
gens.  Un  extérieur  plus  dissimulé  que  moduste, 
MARIVAUX,  Paysan  pan.  2'  part. 

DISSIMULER  (di-ssi-mu-l('>) ,  ».  a.  \\  1°  Ne  pas 
laisser  apercevoir  ce  qu'on  a  dans  l'flmo.  Dissimuler 
sa  haine.  II  dissimula  sa  joie.  Dissimulez,  Seigneur, 
cet  aveugle  courroux,  rac.  Esth.  m,  <.  ||  Ab.solu- 
ment.  Il  ne  sait  pas  l'art  de  dissimuler.  Qui  ne  sait 
pas dissimulernesaitpas régner,  Parolede  Louis XI. 
Dissimulez,  seigneur,  c'est  tout  ce  que  je  veux, 
RAC.  Andr.  m,  t.  On  peut  bien  dissimuler  un  pou 
pour  rendre  service  à  ses  amis,  maintenon,  Lelt. 
à  Mmede  St  Géran,  2  févr.  1887.  Hors  dix  ou  douze 
amis,  à  qui  je  puis  parler.  Avec  toute  la  cour  je 
vais  dissimuler,  volt.  Inriiscr.  2.  ||  2°  Cacher,  taire. 
On  lui  dissimula  son  malheur.  C'est  en  ces  actions 
dont  l'honneur  est  blessé,  Qu'un  père  tel  que  vous  se 
montre  intéressé....  Lui-même  il  y  prend  part  lors- 
qu'il les  dissimule, cobn. //or.  v,  t.  Et  lorsqu'on  dissi- 
mule un  cri  me  domestique, iD.Poiy.  III,  6.  ||  Dissimu- 
ler une  partie  de  sa  fortune,  sonactif.  ||  Sediss'muler 
quelquechose  àsoi-môme,  ne  pas  s'avouer,  ne  pas 
reconnaître  une  chose.  Je  ne  me  dissimule  pas  le 
danger  oii  je  suis.  Il  se  dissimula  longtemps  sa 
faiblesse.  ||  3°.  Paraître  ne  pas  remarquer,  ne  pas 
ressentir.  Dissimuler  un  affront,  une  injustice. 
....Que  Home  dissimule  Ce  que  dès  sa  naissance 
elle  vit  en  Romule,  corn.  Hor.  v,  3.  Il  dissimule 
les  mauvais  offices,  la  bruy.  viu.  Asdrubal  aima 
mieux  dissimuler  de  petites  injures  que  de  s'atti- 
rer une  guerre  ouverte  et  déclarée,  vertot,  Ué- 
vol.  rom.  IX,  p.  372.  ||  Absolument.  ThéoBose  était 
informé  de  ces  désordres  et  dissimulait  sagement 
jusqu'à  ce  qu'il  fût  en  état  d'y  remédier,  fléch. 
Hist.  de  Théodose,  II,  u.  ||  4°  Rendre  moins  appa- 
rent. Cette  robe  dissimule  les  défauts  de  la  taille. 
Il  5°  Se  dissimuler,  v.  réfl.  Être  dissimulé,  caclié. 
L'amour  ne  peut  se  dissimuler  longtemps.  ||  Fami- 
lièrement. Ne  pas  se  laisser  voir,  se  cacher,  en  par- 
lant des  personnes.  Il  se  dissimula  au  milieu  de  la 
foule.  Il  Se  retirer  d'un  salon  sans  bruit,  de  manière 
que  personne  ne  se  dérange. 

—  REM.  Di.ssimuler  suivi  de  que  veut  le  subjonc- 
tif: il  dissimula  qu'il  eût  eu  part  à  cette  affaire.  Ne 
pas  dissimuler  veut  l'inilicatif  :  je  ne  dissimule  pas 
que  j'ai  changé  d'avis;  ou  le  subjonctif  avec  ne  :.  je 
ne  dissimule  pas  qu'il  n'en  soit  ainsi.  Ne  pas  se  dis- 
simuler veut  le  subjonctif  ou  l'indicatif:  je  ne  me 
dissimule  pas  que  mes  sentiments  ont  beaucoup 
changé,  ou  n'aient  beaucoup  changé.  Le  subjonctif 
n'est  employé  que  quand  il  est  lui-même  précédé 
de  la  particule  ne  qui  paraît  bien  être  la  cause  pro- 
chaine de  ce  mode. 

—  SYN.  NE  PAS  dissimuler,  NE  PAS  SE  DISSIMULER. 

Je  ne  dissimule  pas  veut  dire  je  ne  cherche  pas  à 
tacher  :  je  ne  dissimule  pas  qu'il  en  est  ainsi.  Je  ne 
me  dissimule  pas  veut  dire  je  ne  me  fais  pas  illu- 
sion, je  conçois  sans  pouvoir  en  douter:  je  ne  me 
dissimule  pas  qu'il  en  est  ainsi. 

—  HIST.  XIV"  s.  Servius  se  est  asis  en  la  sée  royiU, 
et  aucuns  jugemens  a  déterminé;  les  autres  il  a  re- 
mis au  jugement  du  roy,  et  a  dissimulé  qu'il  s'en 
consoilleroit  ovecques  lui,  bebcheube,  f  2),  recto. 
Il  dissimuloient  leur  injures,  m.  f"  «2,  verso. 
Il  XV'  s.  Le  chevalier  dissimula  au  mieux  qu'il  put, 
et  se  départit  de  la  présence  des  seigneurs,  kboiss. 
n,  II,  45.  Esgrans  cours  fault  souvent  faire  le  soiirt, 
Qu'on  ne  voit  rien  et  qu'on  ne  .scet  parler,  Kaire 
plaisir,  soufrir,  dissimuler,  e.  deschamps.  De  la 
manière  désire  à  la  cour.  Et  disoient  aucuns  que 
di.ssimuler  estoit  un  rain  [rameau]  de  trahison, 
CHU.  DE  pisAH,  Ilist.  de  Charles  Y,  m,  26.  Et  al- 
lant «n  cet  habit  dissimulé,  il  fut  prins  par  ung  ap- 


DIS 

pelle  Robinet  le  Ueuf,  comm.  v,  7.  S'il  n'y  a  ma- 
tière, ilz  [les  juges]  trouvent  la  façon  de  dissimuler 
à  ouyr  les  parties  et  les  tesmoings  pour  tenir  la  per- 
sonne et  destruire  en  despcnso,  in.  v,  (8.  ||  xvi*  s. 
Et  d'autant  plus  se  déclara  apiès  sa  mort  [d'un 
homina],  qu'elle  s'cstoit  dissimulée  durant  sa  vie, 
HABG.  Nouv.  IX.  Et  quelquefois  alloit  par  villes  en 
habit  dissimulé,  pour  mieux  entendre  la  vérité  de 
toutes  sortes  d'affaires,  desper.  Contes,  vi.  S'il  eust 
pu  dissimuler  que  le  prince  de  Condé  avoit  eu  part 
à  la  conjuration....  castelnau,  (O.  Le  roy,  après 
l'avoir  reconforté  de  sa  maladie,  qui  toutesfois  es- 
toit  dissimulée  [simulée],  m.  du  dell.  84.  Il  eu  fut 
toujours,  tant  qu'il  vescut,  amoureux,  et  ne  le  dis- 
simuloit  pas.encor  qu'il  fut  hors  d'aaged'eslre  aimé, 
AMYOT,  Sylla,  72.  Pour  retenir  un  amant  en  ser- 
vage. Il  faut  aimer  et  non  dissimuler  [feindre], 
BONS.  218.  En  vain  elle  dissimule  Ne  sentir  le  mal 
qui  croist;  Sa  flame,  qui  son  cœur  brusle,  Claire 
au  visage  apparoist,  id.  49I.  J'aime  mieulx  estre 
importun   et  indiscret   que  flatteur  et  dissimulé, 

MONT,  m,  63. 

—  ÉTY.M.  Lat.  diisimulare ,  de  dis....  préfixe, 
et  .limulare  (voy.  simuler).  La  plus  ancienne  forme 
éuil  dissembler,  d'où  l'anglais  dissembler,  celui  qui 
dissimule. 

DISSIPATEUR,  TUICE  (di-si-pa-teur,  tri-s'),  s. 
m.  el  f.  Celui,  celle  qui  dissipe  sa  fortune  dans  le 
désordre.  Quel  dissipateur!  Un  insensé  dissipateur. 
\\Adj.  Une  cour  follement  dissipatrice.  Un  fils  dissi- 
pateur succède  à  un  père  avare,  raynal,  Uist. 
phil.  IV,  1.  Le  public  parut  trembler  un  moment 
que  l'urgence  des  besoins  ne  vous  rendît  moins  scru- 
puleux sur  les  engagements  d'une  administration 
dissipatrice,  Mirabeau,  Collection,  t.  iv,  p.  281. 

—  SYN.  dissipateur,  prodigue.  Dissipateur  dit 
plus  que  prodigue.  Un  homme  est  prodigue  quand 
il  fait  facilement  de  la  dépense  et  qu'il  n'épargne 
pas  son  bien;  mais  cela  n'implique  pas  qu'il  le  dis- 
sii)e;  sa  prodigalité  peut  ne  pas  aller  jusqu'à  enta- 
mer absolument  sa  fortune.  Au  contraire  le  dissipa- 
teur fait  si  bien  que  bientôt  il  ne  lui  reste  rien  de 
la  sienne. 

—  HlST.  XV*  s.  Tu  n'es  femme  que  de  despence  Et 
dissiperesse  de  biens,  e.  desch.  Poésies  mss.  f- 379, 
dans  LACUBNE.  ||  xvi'  s.  Selon,  le  bon  législateur. 
Qui  fut  des  maulx  le  vray  dissipateur,  les  Tri.  de 
Pétrarque,  trad.  du  baron  d'Oppède,  i'ee,  dans 
lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissipator,  de  dissipare,  dissiper; 
provenç.  dissipayre;  c'atal.  dissipator;  espagn.  di- 
sipalor  ;  ital.  dissipatore.  Le  provençal  dissipayre 
est  au  nominatif,  du  latin  dissipator;  le  régime  est 
dissipador,  de  dissipatàrem. 

DISSIPATION (di-si-pa-sion;  en  vers,  decinqsylla- 
hes),s.f.  Il  1°  Action  de  dissiper,  de  disperser,  de  faire 
disparaître.  Tous  les  combats  s'y  passent  [sur  mer]  en 
coups  de  canon,  en  dissipation  de  vaisseaux  que  l'on 
croit  avoir  coulés  et  qui  se  retrouvent  au  bout  d'un 
mois,  sÉv.  577.  Je  ne  trouve  que  des  occasions  de  le 
[trouble]  faire  naître  et  de  l'augmenter  dans  ceux 
dont  j'en  avais  attendu  la  dissipation,  pasc.  dans  cou- 
sin. Je  lus  l'endroit  où  vousme  marquiez  votre  peine 
sur  la  dissipation  des  biens  de  Port-Royal  par  une 
garnison,  maintenon, /,«((.  Card.de Noailles,  (7  nov. 
1707.  Il  2°  Action  d'évaporer,  déperdition.  La  dissipa- 
tion de  l'humidité  de  la  terre.  La  dissipation  des  es- 
prits animaux.  Cela  adoucissait  le  sang,  réparait  les 
dissipations,  sÉv.  sol.  ||  Kig.  Vous  représentez  l'es- 
prit de  la  république  après  la  dissipation  de  son 
corps,  balz.  liv.  v,  lett.  2.  ||  3°  Emploi  prodigue  et 
mal  entendu.  I.a  dissipation  des  finances.  Ils  bâtis- 
sent leur  maison  du  débris  et  de  la  dissipation  de 
tout  un  royaume ,  balz.  7*  discours  sur  la  cour.  Les 
dissipations  du  patrimoine  de  Jésus-Christ  en  meu- 
bles, en  trains,  en  équipages,  bourd.  Sévérité  érang. 
2«  avent,  p.  436.  ||  Kig.  La  dissipation  que  vous  avez 
faite  de  ses  grâces  [de  Dieu],  mass.  Aient,  Délai. 
Il  Au  plur.  Dépenses  folles  et  ruineuses.  Il  s'est 
ruiné  par  ses  dissipations.  ||  4°  Relâchement  d'appli- 
cation, liberté  qu'on  s'accorde  de  se  réjouir,  pour 
soulager  l'esprit  et  le  corps.  Il  vous  faut  un  peu  de 
dissipation.  Je  me  persuade  tous  les  jours  de  plus 
en  plus  que  la  solitude  est  nécessaire  pour  servir 
Dieu,  et  que  la  di,ssipation  est  très-dangereuse,  mais- 
tenon,  Lett.  abbé  Gobelin,  20  mai  1675.  j|  Etat 
d'un  esprit  qui  ne  s'applique  pas.  La  dissipation  de 
son  esprit  est  cause  qu'il  ne  fait  rien.  Que  si  le  com- 
merce des  hommes  et  la  dissipation  de  l'esprit,  iné- 
vitable dans  les  grands  emplois,  ont  laissé  quelque 
impureté  dans  une  vie  aussi  sage  et  aussi  chré- 
tienne.... FLÊcii.  le  Tellier.  ||  Vie  où  l'on  se  livre  à 
tous  les  amusements.  Vivre  dans  la  dissipation.  La 


DIS 

dissipation,  l'ivresse  de  son  âge,  Une  ville  où  loi  l 
plaît,  un  monde  où  tout  engage,  gresset,  lléch.i.  c 

—  HIST.  XVI*  s.  S'esjouis.sant  [la  divinité]  de  la 
ruyne  et  dissipation  des  choses  par  elle  créées  et 
conservées,  mont,  ii,  250. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissipasion;  espagn.  dissipa- 
don;  ital.  dissipaiione ;  du  latin  dissipationem,  de 
dissipare.  dissiper. 

DISSIPÉ,  ÉE  (di-si-pé,  pée),  part,  passé. 
Il  1°  Qu'on  a  fait  évanouir.  Les  vapeurs  dissipées 
par  le  soleil.  Un  orage  dissipé  avant  qu'il  éclalTit.  La 
vaiiilé  des  choses  humaines,  tant  de  fois  étalée 
dans  cette  chaire,  ne  se  montre  que  trop  d'elle- 
même,  sans  le  secours  de  ma  voix,  dans  ce  sceptre 
sitôt  tombé  d'une  royale  main  et  dans  une  si  haute 
majesté  si  promptement  dissipée,  boss.  Uarie-Thér. 
Il  2°  Dispersé.  Les  groupes  séditieux  dissipés  par  la 
force  armée.  Les  forces  de  l'Egypte  et  de  l'Orient 
qu'Antoine  menait  avec  lui  sont  dissipées,  id.  Ilitt. 
I,  9.  [Il]  Rassemble  les  débris  d'un  parti  dissipé, 
VOLT.  Sémiram.  v,  l.  ||  3"  Perdu  en  \aines  dépen- 
ses. Cet  archiduc,  qui  était  venu  conquérir  le 
royaume  d'Espagne,  n'avait  pas  de  quoi  payer  son 
chocolat;  tout  ce  que  la  reine  Anne  lui  avait  donné 
était  dissipé,  volt.  Jenni,  4.  C'est  son  bien  dissipé 
[du  vieillard],  c'est  son  fils,  c'est  sa  femme.  Ou  les 
douleurs  du  corps  si  pesantes  à  l'âme,  a.  chénibh, 
Élég.  33.  Il  4°  Oui  se  laisse  partager,  distraire  par 
les  soins,  les  occupations,  les  amusements.  Cet  es- 
prit simple,  uni,  stable,  pur,  pacifique.  En  mille 
soins  divers  n'est  jamais  dissipé,  cobn.  Imitalion, 
I,  3.  Vous  m'offririez  le  laurier  d'Euripide,  Si, 
comme  lui,  dans  quelque  roche  aride,  Pour  re- 
cueillir mon  esprit  dissipé.  J'allais  chercher  un  sé- 
pulcre escarpé,  :.  B.  Rouss.  Ép.  i,  i.  ||Être  dissipé, 
manquer  d'attention,  être  très-léger.  ||  Vie  dissipée, 
vie  livrée  aux  distractions  et  aux  amusements.  Je  ne 
confonds  point  cette  gaieté  dissipée  avec  le  plaisir 
sensible  et  passionné  que  doit  causer  la  vue  de  ce 
qu'on  aime,  du  fresny.  Double  veuvage,!,  i. 
L'homme  dissipé  est  également  incapable  d'aiïtC' 
tiens  profondes  et  durables,  baynal, //ts/.  phil.  xv, 
4.  Il  .S',  m.  el  f.  Un  jeune  dissipé.  Une  jeune  dissipée. 

DISSIPER  (di-si-pé),  v.  a.  \\l°  Faire  évanouir  en 
disséminant,  en  écartant.  Le  brouillard  fut  dissipé. 
Le  soleil  dissipe  les  ténèbres.  Le  sommeil  dissipe 
les  fumées  du  vin.  Vous  avez  fait  un  amas  et  un 
trésor,  mais  c'était  un  amas  de  poussière  que  le 
vent  a  emporté  et  dissipé,  bourdal.  3*  dim.  après 
l'Épiph.  Dominic.  t.  i,  p.  124.  Les  Syracusains  ne 
rasent  pas  seulement  la  citadelle,  mais  tous  les  pa- 
lais des  tyrans,  et  fouillent  jusqu'à  leurs  tombeaux 
qu'ils  renversent  et  dissipent,  rollin,  Uist.  anc. 
CEuvres,  t.  v,  p.  328,  dans  pougens.  ||  Dissiper  un 
orage,  l'empêcher  d'éclater.  ||  Et,  figurément.  L'es- 
time où  l'on  vous  tient  a  dissi|ié  l'orage.  Et  mon 
mari  de  vous  ne  peut  prendre  d'ombrage,  mol. 
Tart.  IV,  6.  Il  Fig.  Dissiper  les  illusions,  les  doutes 
de  quelqu'un,  l'en  délivrer.  Le  coup  de  cette  indi- 
gnité Rabat  en  nous  la  vaine  gloire,  Dissipe  ses  va- 
peurs, et  rend  à  la  mémoire  Le  souci  de  l'humilité, 
CORN.  Imit.  1,  12.  Il  Écarter  loin  de  soi.  Ah!  dissi- 
pez ces  indignes  alarmes.  Il  a  trop  bien  senti  le  pou- 
voir de  vos  charmes,  rac.  Andr.  ii,  1. 1|  2°  Disper- 
ser. La  gendarmerie  dissipa  les  attroupements.  Lui 
.seul  mit  à  vos  pieds  le  Parthe  et  l'Indien,  Dissipa 
devant  vous  les  innombrables  Scythes....  rac  £»//i. 
m,  4.  Que  fera-t-il ,  madame?  et  qui  peut  dissiper 
Tous  les  flots  d'ennemis  prêts  à  l'envelopperT  id. 
Iphig.  V,  3.  Décimus,  l'ayant  poussé  [Antoine]  hors 
de  l'Italie,  écrivit  au  sénat  qu'il  avait  dissipé  son 
armée,  vertot,  Rév.  rom.  xiv,  p.  332.  La  tempête 
ayant  dissipé  la  moitié  de  leurs  vaisseaux,  une  par- 
tie do  ces  conquérants,  échappés  au  naufrage,  fu- 
rent mis  à  la  chaîne,  volt.  Uceurs  de  l'Esp.  el  des 
Uusutm.  Tancrède  a  dissipé  Le  reste  d'une  armée 
au  carnage  échappé,  id.  Tancr.  v,  4.  ||  Par  analo- 
gie. Dissiper  les  factions.  Accourue  pour  dissiper  la 
conjuration,  BOss.  Uist.  i,  6.  Vous  dissiperez  l'en- 
nemi [le  démon]  avec  toute  sa  malice,  lu.  Lett. 
Corn.  100.  Que  peuvent  contre  lui  [Dieu]  tous  les 
rois  de  la  terre?  En  vain  ils  s'uniraient  pour  lui 
faire  la  guerre;  Pour  dissiper  leur  ligue,  il  n'a  qu'à 
se  montrer;  Il  parle,  et  dans  la  poudre  il  les  fait 
tous  rentrer,  rac.  Esth.  i,  3.  ||  3°  Consumer  en  dé- 
penses folles,  excessives.  Dissiper  son  patrimoine. 
[Nos  ancêtres]  Moins  appliqués  à  dissiper  ou  à  gros- 
sir leur  patrimoine  qu'à  le  maintenir,  [ils]  le  lais- 
saient entier  à  leurs  héritiers,  la  brut.  vu.  Il  ne 
songeait  qu'à  dissiper  les  trésors  que....  fên.  Tél.  u. 
Il  Dissiper  son  temps,  sa  jeunesse,  perdre  son 
temps,  sa  jeunesse.  Elle  voit  dissiper  sa  jeunesse 
eu  regrets,  Mon  amour  en  fumée,  et  son  bien  en 


DIS 


DIS 


DIS 


iV3\ 


proc^s,  SAC.  Plaid,  i,  6.  [(  Cette  phrase  a  été  criti- 
quée i  on  a  dit  qu'il  fallait  se  dissiper;  mais  on  peut 
entendre  :  elle  voit  qu'on  dissipe....  1|  4°  Distraire, 
récréer.  Venez  avec  nous;  cela  vous  dissipera.  Ce 
qui  nous  dissipa  fut  la  visite  d'un  de  nos  amis.  Loin 
que  la  joie  et  les  plaisirs  dont  tout  le  monde  paraît 
enivré,  me  dissipent  et  m'amusent....  gbaffiony, 
lettres péruv.  28.  ||  Absolument.  La  promenade  dis- 
sipe. Il  Jeter  dans  la  dissipation.  Les  compagnies 
qu'il  fréquentait  l'ont  dissipé.  Les  affaires  nous  dis- 
sipent, le  repos  nous  amollit,  mass.  Car.  Pricret. 
Le  monde,  au  milieu  duquel  vous  vivez,  a  deux 
pernicieux  effets  :  il  nous  dissipe  et  il  nous  cor- 
rompt, BOURD.  w  dim.  après  la  Pentec.  Dominic. 
t.  ni,  p.  383.11  5°  r.n.  Terme  de  physiologie.  Per- 
dre par  le  mouvement  vital.  On  dissipe  par  l'exer- 
cice. Les  unaus  dissipent  peu  et  engraissent  par  le 
repos,  nuFF.  Unau.  ||  B'  Se  dissiper ,  v.  réft.  Être 
dissipé,  se  perdre.  L'eau  se  dissipe  dans  le  vide  à 
la  température  ordinaire.  L'orage  se  dissipe  et  les 
cieux  sont  ouverts,  botr.  Herc.  monr.  v,  3.  Un 
nuage  qui  se  dissipait  de  dessus  mes  yeux,  fén. 
Tél.  IV.  Il  Fig.  Mes  craintes  se  sont  dissipées.  Et  tout 
co  bruilflatteur  de  notre  renommée,  Comme  il  n'est 
que  fumée,  Se  dissipe  en  vapeur,  corn.  Imit.  i,  3. 
Sa  flamme  se  dissipe  et  va  s'évanouir,  ID.  Poly.i,  t. 
Voilà  comment  se  dissipent  les  meilleurs  avis  et  com- 
ment aussi  se  ruinent  les  plus  puissants  empires, 
iiOLLiN,  nist.  anc.  aiurres,t.  viii,  p.  371,  dans 
rouGENS.  Il  7"  Se  disperser.  La  foule  ameutée  ie  dis- 
sipa. Tous  s'étant  dissipés  çà  et  là,  vaugel.  Q.  C. 
301.  Il  8°  Être  perdu  en  dépenses  folles  ou  excessi- 
ves. Que  leur  famille  s'éteindrait;  que  tous  leurs 
grands  biens  se  dissiperaient,  nioole,  Ess.  de  mor, 
)"  traité,  ch.  4.  ||  9°  Se  distraire.  Vous  travaillez 
trop;  il  vous  faut  dissiper.  Pour  me  dissiper  en  des 
pensées  inutiles  de  l'avenir,  pascal,  dans  cousin. 
11  faut  promptement  que  je  me  dissipe,  sévig.  75. 
Adieu,  madame,  dissipez-vous,  soupez,  mais  sur- 
tout digérez,  volt.  Lett.  Mme  du  DcffanI,  30  mars 
j  <775.  Il  Être  livré  àla  dissipation.  Le  duc,  se  livrant 
sans  cesse  à  de  nouvelles  folies,  se  dissipait  par  ses 
inconslances,  hamilt.  Gramm.  to. 

—  HIST.  XIV*  R.  Les  choses  qui  encores  erent  jeu- 
nes et  nouvelles  eussent  esté  dissipées  et  destruites 
par  discordes,  BEnciiEuiiE,  f"  28,  recto.  ||  xv"  s.  Par 
ces  vices  se  dissiperoit  non  pas  seulement  Testât  de 
la  royale  seigneurie,  mais  chascun  des  trois  estaz 
suhjetz  qui  gardent  et  entretiennent  cest  estât  sou- 
verain, GERSON,  Harengue  au  roi  Charles  VI,  p.  <6. 
Il  XVI*  s.  Des  mouches  mesmes  pourront  dissiper 
une  armée,  mont,  ii,  t90.  Nostre  veiller  n'est  ja- 
mais si  esveiUé  qu'il  purge  et  dissipe  bien  à  poinct 
les  resveries,  m.  ii,  309.  Je  n'ay  rien  acquis, 
non  plus  que  dissipé,  m.  iv,  69.  Depuis,  la  roine 
fit  dissiper  les  arbres,  jardins,  allées  et  cabinets,  et 
de  plus  les  édifices  de  plaisir  des  Tournelles  [où 
Henri  II  avait  été  blessé  mortellement],  cette  place 
luy  estant  en  exécration,  d'aub.  Hist.  i,  85. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissipar,  discipar,  decipar; 
espagn.  disipar;  ital.  dissipare;  du  latin  dissipare, 
de  dis....  préfixe,  et  de  l'ancien  latin  supare,  jeter 
(dans  F'estus),  rattaché  au  sanscrit  xip,  jeter;  al- 
lem.  schippen. 

t  DISSITIFLORE  (di-ssi-ti-flo-r'),  adj.  Terme  de 
hotanique.  Dont  les  fleurs  sont  écartées  les  unes  des 
autres. 

—  ÊTYM.  Lat.  dissitus,  séparé,  de  disserere,  de 
dis....  préfixe,  et  serere,  semer  (voy.  saison),  et 
flos.  fieur. 

t  DISSITIVALVE  (di-ssi-ti-val-v'),  adj.  Terme  de 
loologie.  Qui  est  formé  de  plusieurs  valves  distinctes 
et  écartées  les  unes  des  autres. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissitus  (voy.  le  précédent) ,  et 
xalve. 

t  DISSOCIABLE  (di-sso-si-a-bl'),  adj.  Qu'on  peut 
dissocier  ou  séparer. 

—  HlST.  xvr  s.  11  n'est  rien  si  dissociable  et  so- 
ciable que  l'homme  :  l'un  par  son  vice,  l'autre  par 
sa  vertu,  mont,  i,  274. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissociabilis ,  de  dissociare,  dis- 
socier. 

t  DISSOCIATION  (di-sso-si-a-sion),  s.  f.  Action 
de  dissocier.  La  dissociation  des  éléments  d'un  corps. 

—  HIST.  XVI»  s.  Il  a  rompu,  par  le  passé,  les  au- 
tres traictés  qui  ont  esté  faits  de  me  marier;  dont, 
entre  autres,  y  en  eut  un  si  proche,  que  la  disso- 
ciation en  fut  comme  un  miracle  de  Dieu,  l'Amant 
retsuscité,  p.  414,  dans  lacurne. 

—  ÉTrM.  Dissocier. 

•t  DISSOCIÉ,  ÉE  (di-sso-si-é,  ée),  part.  pas.ié. 
Les  éléments  des  corps  organiques  dissociés  après 
U  mort  par  les  affinités  chimiques. 


f  DISSOCIER  (di-sso-si-é),  je  dissociais,  nous  dis- 
sociions, vous  dissociiez;  que  je  dissocie,  que  nous 
dissociions,  que  vous  dissociiez,  v.  a.  ||  1°  Rompre 
une  association,  dissoudre  une  société.  ||  2°  Disjoin- 
dre, désagréger.  Dissocier  les  éléments  d'un  corps. 
Il  3°  K.  rc/7.  Se  dissocier,  se  disjoindre,  se  désagré- 
ger. Les  poudres  fulminantes  sont  dos  composés 
dont  les  éléments  .se  dissocient  si  facilement  et  si 
subitement  que  le  moindre  frottement  suffit  pour  les 
faire  éclater. 

—  HlST.  XVI*  s.  Dissocier,  oddin,  Dict. 

—  ÉTYM  Lat.  dissociare,  de  dis....  préfixe,  et 
sociare,  associer  (voy.  social). 

DISSOLU,  0E  (di-sso-lu,  lue),  adj.  \\  i°  Livré  à 
ladissolution,  à  la  débauche.  Des  pécheurs  dissolus, 
scandaleux,  devenus  tout  d'un  coup  des  pénitents 
humiliés,  mass.  Confér.  Excell.  du  sacerd.  Monique 
pleurait  Augustin  dissolu  et  infecté  des  erreurs  les 
plus  monstrueuses;  mais  Monique  ne  le  pleurait  pas 
comme  perdu,  m.  Confér.  Zèle  contre  les  vices. 
Il  2*  En  parlant  des  choses.  Vie  dissolue.  Si  cela  est, 
on  n'entendra  plus,  à  vos  tables,  de  ces  discours 
dissolus  dont  elles  ont  été  jusqu'à  présent  tant  de  fois 
profanées,  bourdal.  6*  dim.  après  la  Pentec.  Do- 
minic. t.  III,  p.  39.  Qui  porte,  dans  toutes  les  na- 
tions étrangères,  des  mœurs  dissolues,  fén.  Dial. 
des  morts  anc.  1 5.  Un  souverain  pieux  entouré  d'une 
cour  dissolue,  mass.  Car.  Mot.  de  conv. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ainsi  font  les  mauvais  pasteurs 
qui  errent  toute  jour  es  lieux  dissolus,  et  vont  à  la 
taverne,  Modus,  f»  lxvi,  verso.  Rertran  de  Guës- 
chn,  qui  ci  est  descendus,  A  fait  de  France  issir 
deables  dissolus,  Guescl.  8424.  ||xv*  s.  Et  quant  la 
matière  eut  fort  esté  débattue,  fut  le  conseil  fort 
dissolu  [irrésolu],  et  entre  les  serviteurs  des  princes 
y  avoit  plusieurs  paroles,  juvén.  Charles  VI,  <380. 
Il  xvr  s.  En  habitz  pompeux,  dissoluz  et  lascifz, 
RAB.  Pant.  IV,  Prol.  Le  commun  populaire,  qui 
paravant  se  passoit  à  peu,  en  devint  superflu,  sump- 
tueux  et  dissolu,  amyot,  Péric.  t6.  Ceste  vie  disso- 
lue fut  cause  de  luy  augmenter  sa  maladie,  ID. 
SyUa,  73.  Sans  souffrir  que  l'on  y  feist  ne  que  l'on 
y  dist  aucune  chose  dissolue,  in.  Sertnr.  40.  Défen- 
dant de  passer  obligation  en  lieu  dissolu  [taverne, 
mauvais  lieu].  Nouveau  coût,  géne'r.  t.  ii,  p.  t3(, 
dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissolut;  espagn.  disoluto ; 
ital.  dissoluto;  du  latin  dissolutus,  de  dissolvere, 
dissoudre  (voy.  dissoudre).  Le  sens  propre  est  déta- 
ché, délié,  déchaîné;  et  de  là  le  sens  de  :  rui  a 
perdu  le  lien,  le  frein  moral. 

t  DISSOLUHILITÉ  (di-sso-lu-bi-li-té),  s.  f.  Etat 
de  ce  qui  est  dissoluble. 

—  ÉTYM.  Dissohible. 

DISSOLUBLE  (di-sso-lu-W),  adj.  \\  1°  Terme  de 
chimie.  Qui  peut  être  dis.sous.  Celte  substance  est 
dissoluble  dans  Teau.  ||  2°  Terme  de  jurisprudence. 
Qui  peut  être  rompu.  Cet  officiai  ne  pensa  pas  comme 
celui  de  Strasbourg,  que  le  mariage  de  Lévi  avec 
Meiidel-Cerf  fût  nul  ou  dissoluble,  volt.  Dict.  phil. 
Mariage. 

—  HIST.  xiv*  s.  Et,  pour  certain,  teles  amistés 
sont  legierement  dissolubles  et  de  legier  deffaites, 
0RESME,  Eth.  i33. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissolubilis ,  de  dissohere  {disso- 
lucre]  (voy.  dissoudre). 

DISSOLUMENT  (di-sso-lu-man) ,  adv.  D'une  ma- 
nière dissolue.  Vivre  dissolument. 

—  REM.  L'Académie  devrait  mettre  d'accord  dis- 
solument, qui  n'a  point  d'accent  circonflexe,  avec 
résolument,  qui  en  a  un. 

—  HIST.  xiii*  s.  Borgois  qui  vivent  dissoluement , 
Liv.  de  just.  3t . 

—  ÉTYM.  Dissolu,  et  le  suffixe  ment. 

t  DISSOLUtE  (di-sso-lu-té),  s.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Résultat  d'une  dissolution. 

—  ÉTYM.  Voy.  DISSOLUTION. 

DISSOLUTIF,  IVE  (di-sso-lu-tif,  ti-v') ,  adj.  Qui 
a  la  vertu  de  dissoudre.  ||  On  dit  plutôt  aujourd'hui 
dissolvant;  cependant  il  est  vrai  de  dire  qu'il  y  a 
une  difl'érence  entre  ces  deux  mots  :  dissolvant  ex- 
prime l'acte,  et  dissolutif  la  puissance. 

—  HIST.  xvi'  s.  Les  figues  ont  un  sel  en  elles  si 
fort  corrosif  et  dissolutif,  que....  palissy,  235. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissolutiu;  espagn.  disolu- 
tivo  ;  ital.  dmoiutu'O;  du  latin  dtssoiulum  ,  supin 
de  dissolvere  (voy.  dissoudre). 

DISSOLUTION  (di-sso-lu-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Séparation  des  parties  d'un  corps 
par  voie  de  décomposition.  Tomber  en  dissolution. 
il  Terme  d'ancienne  pathologie.  Dissolution  des  hu- 
meurs, du  sang,  la  trop  grande  luidité  du  sang, 
des  humeurs.  [|  2°  Terme  de  rhétor.que.  Nom  donné 


quelquefois  à  la  figure  appelée  ordinairement  dis 
jonction.  ||  3°  Terme  de  chimie.  Action  de  dissoudr  i 
une  substance  dans  un  liquide.  La  dissolution  d': 
sel  dans  l'eau.  ||  Union  moléculaire  d'un  liquide  avpc 
un  corps  solide,  liquide  ou  gazeux,  de  manière  a 
former  un  nouveau  liquide  homogène.  La  dissolu- 
tion a  lieu  le  plus  souvent  entre  un  solide  et  un  li 
quide,  et  plus  rarement  entre  un  gaz  et  un  liquide, 
ou  entre  deux  liquides.  Dissolution  ou  solution  sa- 
turée, dissolution  renfermant,  du  corps  dissous,  la 
plus  grande  quantité  qu'elle  en  puisse  contenir  sans 
en  rien  laisser  déposer  ou  cristalliser.  Un  sel  en 
dissolution  dans  de  l'eau.  ||  Le  liquide  même  qui  en 
résulte.  11  avala  la  dis.solution.  Je  pris  dans  un  fla- 
con de  la  dissolution  d'alcali  fixe,  j.  j.  houss.  Ém.  m. 
Il  4°  Fig.  Disjonction.  La  dissolution  du  corps  et  de 
l'Ame.  Il  Absolument.  Mort  naturelle.  Nos  dissolutions 
sont  toujours  prochaines.  ||5°  Ruine.  L'État  parut 
menacé  d'une  entière  dissolution.  ||  6°  Séparation  des 
personnes  qui  composent  une  réunion  quelconque. 
La  dissolution  d'une  confrérie.  ||  Retrait  des  pou- 
voirs d'une  assemblée.  Ladissvjlution  delà  chambre, 
d'un  conseil  municipal.  Le  droit  de  dissolution,  le 
droitqu'ale  pouvoir  exécutifdedissoudre  uneassem- 
blée,  legislativeouautre.il  7°  Terme  de  jurisprudence. 
Anéantissement  d'un  état  juridique.  La  dissolution 
d'une  société,  de  la  communauté,  d'un  mariage, 
signifie  que  la  société,  la  communauté,  le  mariage 
n'existe  plus.  ||  Dans  le  langage  général,  rupture, 
cessation.  J'avais  vu  renverser  tous  mes  anciens 
projets  par  la  dissolution  de  mon  ménage  et  par 
l'établissement  d'un  nouveau,  j.  3.  rouss.  Confess. 
XII.  Il  8°  Dérèglement  de  moeurs,  débauche.  Vivre 
dans  la  dissolution.  Ne  vous  laissez  point  aller  aux 
excès  du  vin,  d'ov^  naissent  les  dissolutions,  saci, 
Bible,  St  Paul,  Ép.  aux  Éph.  v,  ta.  Salomon  n'a- 
dora les  dieux  des  femmes  étrangères  que  pour  se 
calmer  sur  ses  dissolutions,  mass.  Car.  Vér.  de  la 
relig.  Les  discours  des  impies,  les  dissolutions  des 
mondains,  id.  ib.  Passion.  Les  dissolutions  de  vos 
mœurs  passées,  id.  ji'>.  Samarit.  Les  dissolutions  du 
paganisme,  id.  Myst.  Absoute.  Tant  de  dissolutions 
capables  d'attirer  la  colère  du  ciel  sur  les  plus  justes 
entreprises,  in.  Or.  fun.  Louis  le  Grand. 

—  HIST.  xiii*  s.  Par  jonesce  s'en  va  li  bons  En 
toutes  dissolucions.  Et  siut  [suit]  les  maies  com- 
paignies  Et  les  desordenées  vies,  (a  Rose,  4466. 
Il  XIV*  s.  Celui  qui  est  cause  de  la  dissolucion  ou 
départie  de  tele  amisté,  oresme,  Eth.  264.  Chas- 
cun des  corps  où  ceste  dissolution  se  arreste  est  in- 
divisible, iD.  Thèse  de  meunier.  L'en  y  mengoit  et 
buvoit  à  excès,  et  y  faisoit  l'en  pluseurs  dissolucions, 
ID.  ib.  L'en  puet  [on  peut]  fere  par  dissolucion ,  au 
feu,  sain  [graisse]  de  bestes.H.  de  mondeville,  f"  40. 
Il  xvi*  s.  Nous  appelons  improprement  desespoir 
cette  dissolution  volontaire  [le  suicide],  mont,  h, 
39.  La  manière  dont  usoit  Alcibiades  au  maniement 
des  affaires  de  la  republique,  estoit  pleine  d'afi'ele- 
rie,  de  dissolution  et  de  flatterie,  amyot.  Aie.  et 
Cor.  comp.  2.  La  dissolution  qu'ont  soufferte  les 
morts  Les  prive  de  leur  sens,  mais  ne  destruit  les 
corps,  d'aub.  Trag.  liv.  vu.  A  la  desolution  du  ma- 
riage. Nouveau  coutum.  ginér.  t.  ii,  p.  216. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissolucio  ;  espagn.  disolucion; 
ital.  dissolusione ;  du  latin  dissolutionem ,  de  disso' 
lutum,  supin  de  dissolvere  (voy.  dissoudre). 

DISSOLVANT,  ANTE  (di-ssol-van ,  van-l'),  adj. 
Il  1°  Terme  de  chimie.  Qui  a  la  propriété  de  dissou- 
dre, en  parlant  d'un  liquide.  L'action  dissolvante  de 
l'eau.  Il  2°  S.  m.  L'eau  régale  est  le  dissolvant  de 
l'or.  Les  alchimistes  supposaient  l'existence  d'un  dis- 
solvant universel,  qu'ils  appeloient  alcahest.  Le  dis: 
solvant  que  l'estomac  rend  par  les  glandes  dont  il  est 
comme  pavé  dans  son  fond  pour  y  faire  la  diges- 
tion.... Boss.  Connaiss.  m,  6.  ||  Fig.  Cause  qui  amène 
la  dissolution ,  l'affaiblissement  des  pouvoirs  publics, 
de  l'opinion  publique,   des  mœurs  communes. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissolvens,  de  dissolvere  (voy.  dis- 
soudre). 

DISSONANCE  (di-sso-nan-s') ,  s.  f.  ||  1°  Réunion 
de  sons  qui  ne  s'accordent  pas,  qui  ne  vont  pas  en- 
semble, qui  font  à  l'oreille  un  effet  désagréable. 
Il  Par  analogie.  Certaines  couleurs  jointes  forment 
comme  une  dissonance  pour  les  yeux.  ||  2°  Disso- 
nance dans  le  style,  mélange  disparate  de  formes 
Il  Terme  de  grammaire.  Réunion  de  plusieurs  syl 
labes  dures.  ||  3°  Terme  de  musique.  Accord  disso- 
nant, c'est-à-dire  composé  de  notes  qui,  prises  en- 
semble, forment  un  son  composé  agréable,  mais 
qui  demande  pourtant  à  se  résoudre  sur  un  autre. 
Dans  l'accord  soi  si  ré  fa,  cette  septième  fa  est 
une  dissonance  qui  appelle  l'accord  parfait  ut  sol 
mi  pour  s'y  résoudre.  Préparer  une  dissonance,  faire 


1192 


DIS 


•nleiidie  la  n.tjmo  note  comme  consonnance  dans 
un  accord  précédent.  Résoudre  une  dissonance,  la 
faire  descendre  diatoniiiuement  sur  une  conson- 
nance. Sauver  une  dissonance,  la  préparer  et  surtout 
la  résoudre.  |{  Fig.  Sauver  une  dissonance,  faire 
disparaître  quelque  difficulté.  Vous  avez  lésiné  sur 
les  frais;  et,  dans  l'harmonie  du  bon  ordre,  un  ma- 
riage inégal,  unjugement  inique,  un  passe-droit 
évident  sont  des  dissonances  qu'on  doit  toujours 
préparer  et  sauver  par  l'accord  parfait  de  l'or, 
BEAUM.  Barbier  de  Sév.  ii,  8.  |1  Dissonance  majeure, 
celle  qui  su  sauve  en  montant.  Dissonance  mineure, 
celle  qui  se  sauve  en  descendant.  Dissonance  propre, 
celle  qui  est  soumise  à  la  préparation  ;  dissonance 
impropre,  celle  qui  n'y  est  pas  soumise. 

—  IlEM.  En  mettant  deux  n  dans  sonner,  son- 
nant, résonnance,  consonnance,  etc.  on  ne  conçoit 
pas  ce  qui  a  porté  r.\cadémie  à  n'en  mettre  qu'une 
dans  dissonance,  dissonant,  dissoner,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissonanlia,  de  dissonans,  dis- 
sonant. 

niSSON.^NT,  ANTE  (di-sso-nan,  nan-f),  adj. 
Il  1°  Qui  ne  s'accorde  pas,  qui  forme  ensemble  un 
son  désagréable  à  l'oreille.  Cris  dissonants.  Voix  dis- 
sonante. Instrument  dissonant.  ||Fig.  S'il  est  au  fond 
de  l'àme  du  personnage  qu'il  introduit  un  sentiment 
secret,  écoutez  bien  et  vous  entendrez  un  ton  dis- 
sonant qui  le  décfclera,  dider.  El.  de  Hichardson. 
Il  2*  Terme  de  grammaire.  Désagréable  à  l'oreille 
parla  réunion  de  syllabes  dures.  Phrase  dissonante. 
Style  dissonant,  ||  3°  Terme  de  musique.  Accord  dis- 
sonant, celui  qui  ne  peut  terminer  un  chant  et  qui 
doit  se  résoudre  sur  un  accord  parfait.  Note  disso- 
nante, dans  un  accord,  celle  qui  forme  dissonance 
avec  la  basse ,  et  qui  demande  à  se  résoudre  sur  une 
note  de  l'accord  suivant.  Dans  l'accord  de  septième 
sol  si  ré  fa,  sol  si  ré  forment  un  accord  parfait.  La 
septième  fa  est  dissonante  et  doit  se  résoudre  sur 
le  mi  dans  l'accord  d'ut  sol  mi. 

—  HIST.  xni*  s.  Cil  fleuves  court  si  joliement  Et 
maine  si  grant  dissonent.  Qu'il  resone,  tabourne  et 
timbre  Plus  souef  que  tabour  ne  timbre,  la  Rose, 
dans  LACURNE.  ||  xvi'  s.  Tout  ce  mien  procéder  est 
un  peu  bien  dissonant  à  Los  formes,  mont,  m,  242. 

DISSONER  (di-sso-né) ,  «.  n.  Faire  dissonance,  ou 
être  dissonant,  dans  le  premier  sens  seulement, 
car  dissoner  n'est  pas  un  terme  de  musique. 

—  HIST.  XV*  s.  Se  riens  y  a  qui  dissone  à  hon- 
neur, je  y  renonce,  révoque  et  desavoe,  G.  chastel. 
Expos,  sur  vérité. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissonar;  espagn.  disonar; 
du  latin  dissonare,  de  dis....  préfixe,  et  sonare, 
sonner. 

DISSOUDRE  (di-ssou-dr),  je  dissous,  tu  dissous, 
il  dissout,  nous  dissolvons,  vous  dissolvez,  ils  dis- 
solvent; je  dissolvais;  point  de  passé  défini  (pour- 
tant rien  n'empêcherait  l'Académie  d'adopter  je  dis- 
solus, et,  par  conséquent,  l'imparfait  du  subjonctif, 
que  je  dissolusse);  je  dissoudrai;  je  dissoudrais; 
dissous,  qu'il  dissolve,  dissolvons,  dissolvez,  qu'ils 
dissolvent;  que  je  dissolve,  que  nous  dissolvions; 
dissolvant;  dissous,  dissoute,  e.  a.  ||  1°  Défaire. 
Dénouer.  Ce  réseau  me  retient;  ma  vie  est  en  tes 
mains;  Viens  dissoudre  ces  nœuds,  la  font.  Fabl. 
viii,  22.  Il  i°  Terme  de  chimie.  Opérer  la  dissolu- 
tion d'un  corps  solide,  c'est-à-dire  le  combiner  avec 
un  liquide  de  manière  à  détruire  complètement 
l'agrégation  de  ses  molécules.  L'eau  dissout  le  sel,  le 
sucre.  Suivant  cet  habile  physicien  [le  Roi],  l'air  dis- 
sout l'eau,  comme  l'eau  dissout  les  sels, bonnet,  Us. 
feuill.  plant.  2*  xvppl.\\  far  extension.  Tantôt  c'est 
un  feu  qui  va  di.ssoudre  les  montagnes,  mass.  Car. 
Parole.  ||  3"  Terme  de  médecine.  Faire  disparaître, 
rissoudre  un  engorgement.  ||  4° Fig.  Défaire,  ruiner 
comme  par  dissolution.  Son  ouvrage  [du  Créateur] 
était  concerté  avec  tant  d'ordre  qu'il  eût  pu  défier 
la  durée  des  siècles  et  que  rien  d'étranger  n'en  eût 
pu  jamais  dissoudre  ni  altérer  même  l'harmonie, 
MASS.  Car.  Mort.  Law  dissolvait  la  monarchie  par 
ses  chimériques  remboursements,  montesq.  Espr. 
II,  ♦.  Il  Produire  la  mort  naturelle,  ô  Lycoris,  c'est 
ici  qu'avec  toi  je  voudrais  être  dissous  par  le  temps, 
BERN.  DE  st-p.  Yoy.  en  Silésie.  ||  6°  Terme  de  juris- 
prudence. Annuler.  Dissoudre  une  société  de  com- 
merce. Dissoudre  un  mariage,  une  communauté. 
Il  Dans  le  langage  général,  faire  cesser.  Pressé  par 
le  bonhomme  Deluc  et  par  mon  propre  penchant, 
je  ne  songeai  à  retourner  à  Paris  que  pour  dissou- 
dre mon  ménage,  j.  j.  nouss.  Conf.  vm.  ||  6"  Reti- 
rer les  pouvoirs.  Dis,soudre  une  assemblée  politique. 
Dissoudre  par  une  ordonnance,  user  légalement  de 
la  faculté  que  le  pouvoir  exécutif  a  de  renvoyer  une 
chambre  avant  l'expiration  des  pouvoirs  qu'elle  tient 


DIS 

des  électeurs.  Dissoudre  par  la  force,  ôter  par  la 
violence  et  un  coup  d'État  à  une  chambre  ses  pou- 
voirs. Il  7°  Se  dissoudre,  tJ.  réfl.  Subir  la  dissolution. 
Le  sucre  se  dissout  dans  l'eau.  Il  voyait  chaque  jour 
sur  la  terre  arrosée,  L'aurore  se  dissoudre  en  perles 
de  rosée,  Les  bois  se  revêtir  de  leurs  manteaux  flot- 
tants, lamart.  Uarm.  ii,  t».  ||  Avec  ellipse  du  pro- 
nom se.  Faire  dissoudre  une  substance  dans  un 
acide.  Il  Être  annulé.  Le  mariage  se  dLssout  par  la 
mort  d'un  des  conjoints.  La  société  se  dissout  dans 
le  moment  que  les  associés  n'agissent  plus  en  as- 
sociés, PATRU,  Plaidoyer  6 ,  dansBicuELET.  ||  Cesser 
ses  fonctions  en  parlant  d'un  corps  élu.  L'assemblée 
s'est  dissoute.  ||  Se  séparer  en  parlant  de  personnes 
qui  s'étaient  réunies.  Le  rassemblement  insurrec- 
tionnel s'est  dissous.  ||  Être  détruit.  Les  derniers  ef- 
forts d'une  âme  qui  se  défend  contre  le  trépas  et 
d'une  machine  qui  se  dissout,  mass.  Car.  Impéii. 
finale. 

—  REM.  La  conjugaison  de  ce  verbe  est  difficile. 
Il  n'est  point  de  ciment  que  le  temps  ne  dissoude 
(il  faut  dissolve),  scarron,  Sonnet.  La  majeure 
partie  du  fromage  se  dissoivit,  thenard.  Chimie, 
t.  IV,  p.  573,  édit.  de  1832  (il  faudrait  se  dissolut, 
si  ce  passé  était  usité,  comme  il  devrait  l'être). 

—  HIST.  xm*  s.  Mes  quanque,  par  bonne  raison, 
Volt  Diex  conjoindre  et  atremper.  Fors  et  bons  et 
sages  sans  per,  Jà  ne  voldra  ne  n'a  volu  Que  ce  soit 
jamès  dissolu,  la  Itose,  <9296.  11  loist  [il  est  loisi- 
ble] à  cascun,  quant  il  li  plest,  à  demander  se  [sa] 
part  de  le  [la]  marceandise,  selon  ce  qu'il  en  paia, 
et  ainsi  dessource  la  compaignie,  beaum.  xxi,  3. 
Il  xiv  s.  Comme  les  membres  ou  parties  du  corps 
d'un  homme  qui  sont  dissolûtes  et  hors  de  leur  fer- 
meté et  bonne  disposition  par  une  maladie  appellée 
tremeur,  oresme,  Eth.  3(.  Se  tele  amistédoit  estre 
tantost  dissolue  et  cesser,  m.  ib.  264.  Mieux  te  vau- 
droit  faire  autre  office  Oue  tant  dissoudre  et  distil- 
ler Tes  drogues....  Nat.à  l'alchim.  err.  37.||xvi'  s. 
Des  vapeurs  estoyent  formées  grosses  nues,  les- 
quelles dissolues  en  pluyes,  toute  la  région  estoytà 
plaisir  arrousée,  rab.  Pant.  iv,  61.  Voila  comme 
il  faut  rejoindre  la  charité  qui  auroit  esté  dissoute 
par  nostre  faute,  cal  vin,  Instit.  490.  Us  dissoudent 
ou  rompent  autant  qu'en  eux  est  le  lien  d'unité, 
ID.  ib.  815.  Ce  grand  bastiment  ayant  esté  desmis  et 
dissoult,  mo.nt.  I,  12).  Ces  pierres  se  dissolvoyenlà 
l'humidité  du  temps,  paiissy,  43.  Elles  se  dissou- 
dent, et  lors  la  langue  tronve  aisément  le  goust, 
ID.  53.  N'ai  os  qui  n'ait  lajoiwture  dissoute,  marot, 
IV,  26).  Castoreum  dissout  aveo  fort  vinaigre,  pari!, 
XX  bis,  4.  Dissoudant  dedans  syro;)  violât,  ID.  ib.  <5. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dissolvre,  dicsolver;  espagn. 
disolver;  ital.  dissolvere;  du  latin  iissolvere,  do 
dis....  préfixe,  et  solvere,  délier  (voy.  ,V)lution). 

DISSOCS,  OCTE  (di-ssoû,  ssou-t'),  j.'r^.  passé 
de  dissoudre.  ||  Qui  a  subi  la  dissolution  dans  un 
liquide.  Un  sel  dissous  dans  l'eau.  Cléopàtre  prit  une 
grosse  perle,  qu'elle  jeta  dans  une  tasse,  et,  quand 
elle  l'eut  vue  di.ssoute,  elle  l'avala,  citri.  Trium- 
virat, 3'  partie,  ch.  12,  dans  richelet.  ||  Annulé. 
Une  société  dissoute  par  un  jugement.  ||  Détruit. 
L'empire  d'Alexandre  dissous  après  sa  mort. 

DISSUADÉ,  ÉE  (di-ssu-a-dé,  dée),  part,  passé. 
Dissuadé  par  ses  amis  de  prendre  part  à  cette  af- 
faire. 

DISSUADER  (di-ssu-a-dé),  v.  a.  Détourner  par 
conseil.  Dissuader  quelqu'un  d'une  entreprise.  Je  la 
dissuadai  de  se  donner  à  lui,  corn.  Pulchér.  n,  l. 
Il  me  blArae,  il  me  dissuade,  il  m'arrête,  et  c'est 
pour  me  trahir!  dider.  Père  de  famille,  m,  5. 

—  HIST.  XVI'  s.  Phocion  n'en  fut  pas  d'avis,  ains 
le  dissuada  [cela],  amyot,  Phoc.  22.  Le  devin  dis- 
suada à  Pyrrhus  de  jurer,  dLsant....  id.  Pyrrh.  12. 
Il  ne  s'estoit  pas  mis  en  devoir  de  leur  dissuader 
qu'ils  ne  feissent  ligue  olTensive  et  défensive  avec 
eux,  ID.  Aie.  22. 

—  ÉTYM.  Lat.  dissuadere,  de  dis....  préfixe,  et 
îuodere,  persuader. 

t  DISSUASIF,  IVE  (di-ssu-a-zir,  zi-v"),  adj.  Qui 
dissuade;  propre  à  dissuader. 

—  HIST.  XVI'  s.  Dissoiiif ,  H.  estienne,  Dict. 

—  ÉTYM.  Voy.   DISSOAMION. 

DISSUASION  (di-ssu-a-zion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  t.  f  Action  de  dissuader.  Cette  lettre, qui 
devait  dessiller  les  yeux  à  cet  amant  passionné,  aug- 
menta sa  flamme;  et,  ne  s'arrètant  pas  encore  uux 
dissuasions  de  sa  maîtresse,  il  la  poursuivit  plus  ar- 
demment, PERROQUET,  Vie  de  R.  Lulle,  p.  o. 

—  HIST.  xvi'  s.  Et  comme  les  hommes  difficile- 
ment s'esloignent  de  leurs  inclinations,  aussi  les 
dissuasions  dont  usèrent  les  chefs  furent  différen- 
tes, LANOl'E,  634. 


DIS 

—  ÉTYM.  Lat.  dissuasiohem,  Aedissuasum,  su- 
pin de  dissuadere ,  dissuader. 

DISSYLLABE  (di-sil-la-b'),  adj.  Terme  de  gram- 
maire. Oui  est  de  deux  syllabes.  Mot  dissyllabe. 
Il  S.  m.  Ce  vers  est  composé  de  dissyllabes. 

—  ÉTYM.  Lat.  disyllabus,  de  iiuMaBoQ,  de  8l<, 
deux ,  et  ouX/oêi^ ,  syllabe.  Vs  a  été  doublée  dans 
ce  mot  pour  lui  conserver  le  son  dur. 

DISSYLLABIQUE  (di-sil-la-bi-k'),  adj.  Terme  de 
grammaire.  Quia  deux  syllabes;  qui  est  de  deux 
syllabes.  Mot,  vers  dissyllabique.  ||  Qui  est  composé 
de  tous  mots  de  deux  syllabes.  Vers  dissyllabique. 

—  ÉTYM.  Dissyllabe. 
tDISTACHYÉ,  ÊE  (di-sta-ki-é,  ée),  adj.  Terme 

de  botanique.  Qui  porte  deux  épis;  dont  les  fleurs 
sont  disposées  en  deux  épis. 

—  ÉTYM.    Al;,  deux,  et  axr/yi,  épi. 
DISTANCE  (di-stan-s') ,  s.  f.  \\'l'  Espace  qui  sépare 

un  lieu  d'un  autre.  La  distance  de  Paris  à  Versailles  est 
de  dix-huit  kilomètres.  Il  parcourut  rapidement  cette 
longue  distance.  Mais  comme  assez  souvent  ladistance 
des  lieux  Affaiblit  dans  le  cœur  ce  qu'elle  cache  aux 
yeux,  CORN.  Tais,  d'or,  ii,  t.  Nous  sommes  trop  éloi- 
gnés ou  trop  proches  pour  être  dans  la  distance  qu'il 
faut  pour  en  faire  un  juste  discernement,  la  brut. 
Disc  s.  T'/K'oph)-.  Ils  l'avaient  accompagné  jusqu'à  une 
certaine  distance  delà  caverne,  fEnel.  Tél.  xviii. 
Tunnebrige  est  à  la  même  distance  de  Londres  que 
Fontainebleau  est  de  Paris,  iiamilt.   Cramm.  <o. 
Dans  celte  vaste  domination,  des  courriers   placés 
de  diilance  en  distance  instruisaient  rapidement  la 
cour  de  tout  ce  qui  arrivait  dans  les  provinces  les 
plus  reculées,  haynal,  Hisi.  phil.  vi,  ».  Le  temps, 
qui  accroît  les  forces,  abrège  les  distances,  ID.  ib. 
VII,  18.  Entre  nous  l'Océan  mit  en  vain  sa  distance, 
c.  delav.  Paria,  n,  l.  ||  Terme  de  droit.  Dislance 
légale,  éloignement  en  raison  duquel  les  délais  de 
justice  sont  calculés.  Chaque  dislance  de  trois  my- 
riamètres  augmente  ces  délais  d'un  jour.  ||  Terme 
d'art  militaire.  L'espace  laissé  entre  les  rangs  ou  les 
subdivisions  d'une  colonne,  par  opposition  à  l'in- 
tervalle qui  est  l'espace  qui  isole  les  groupes  princi-  . 
paux  d'une  ligne  de  bataille.  ||  Terme  d'astronomie.  ! 
Distance  apparente  de  deux  astres,  angle  sous  le-  ' 
quel  on  voit  de  la  terre  l'espace  qui  est  entre  eux. 
Distance  polaire,  zénithale  d'un  astre,  la  dislance 
angulaire  de  cet  astre  au  pôle,  au  zénith.  ||  Terme 
d'architecture.  Point  de  distance,  point  d'où  il  faut 
considérer  l'élévation  d'un  édifice  pour  en  bien  sai- 
sir l'ensemble.  ||   Terme  de  perspective.  Point  de 
distance,  point  de  concours  à  l'horizon  sous  un  an- 
gle de  45  degrés.  ||  Distance  explosive,  le  plus  grand 
intervalle  qui  puisse  exister  entre  un  corps  conduc- 
teur électriséetun  corps  à  l'état  neutre  qui  en  sou- 
tire l'éleclricilé  par  étincelle,   jj  Tenir  à  dislance, 
empêcher  d'approcher.  Le  général  tenait  toujours 
l'ennemi  à  distance.  Tenez-le  toujours  à  quelque 
distance  de  votre  personne,  i.  J.  Rouss.  Ém.  y. 
Il  Fig.  Tenir  à  distance,  repousser  la  familiarité  par 
une  réserve  calculée.  Je  puis  l'instruire  au  moins 
combien  sa  confidence  Entre  un  sujet  et  lui   doit 
laisser  de  distance,  rac.  Brit.  i,  2.   ||  2°  Intervalle 
qui  sépare  dans  le  temps.  La  distance  entre  l'élablis- 
sement  de  l'empire  à  Rome  et  sa  chute  est  d'envi- 
ron quatre  siècles  et  demi.  Ceux  que  la  dislance  des 
temps  et  des  lieux  éloigne  de  nos  regards.  ]|  3"  Fig. 
La  distance  qu'il  y  a  entre  vouloir  et  faire.  De  le 
croire  à  l'aimer  la  distance  est  petite,  corn,  le  Kent. 
IV,  9.   Vous  savez  combien  votre  naissance  Entre 
l'empire  et  vous  avait  mis  de  distance,  rac.  Brit. 
IV,  2.  Ce  rang  entre  elle  et  vous  met-il  tant  de  dis- 
tance ?id.  Bérrfn.  i,  1.  La  distance  qu'il  y  a  de  l'hon- 
nête homme  à  l'habile  homme  s'affaiblit  de  jour  à 
autre,  la  bruy.  xu.  Des  distances  l'amour  peut  rire, 
L'amitié  n'en  supporte  point,  bérano.  Com.  de  Lise. 

—  HEM.  On  dit  :  la  distance  des  lieux;  la  distance 
d'un  lieu  à  un  autre;  la  distance  entre  ces  deux  lieux. 

—  HIST.  XIII*  s.  Si  font  bien  diverses  dislances. 
Sans  mireors,  grans  descevances.  Sembler  choses 
entr'eus  lointaines  Estre  conjointes  et  prochaines, 
la  Rose,  1840».  ||  xvi*  s.  Sylla  les  alla  charger  en 
ce  trouble,  ayant  passé  en  diligence  ce  qu'il  y  avait 
de  dislance  entre  les  deux  armées,  AMïOT,.Çy/io,  40. 
Ce  que  je  veux  et  ce  que  je  mérite  Sont  séparé."  d« 
si  longue  distance  Que  mes  faveurs  et  ma  force  petits'  | 
Font  l'un  à  l'autre  ennuy  et  résistance,  st-oel.  isi. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  dislancia;  ital.  dii- 
lanxia;  du  latin  dislanlia,  de  dislans,  distant.  | 

t  DISTANCÉ,  ÉE  (di-stan-sé,  sée),  adj.  Dépassé  j 

à  la  course.  Ce  cheval  d'abord  distancé  par  les  au-  ! 
très  coureurs.  ||  Fig.  Distancé  dans  la  carrière  de$ 

honneurs  par  des  compétiteurs  plus  heureux.  ||Ab-  j 

solument.  Un  cheval  distancé.  Vous  aérez  distaooé.  , 


DIS 

•)  DISTANCER  (di-stan-sé.  Le  c  prend  une  cédille 
devant  o  et  o;  distançant,  nous  distançons),  *'.  o. 
l'erme  de  course  et  de  paris  sur  les  chevaux  qui  cou- 
rent. Il  se  dit  du  cheval  qui  en  dépasse  un  autre  dans 
la  course.  ||  Fin.  Cet  élive  distance  ses  camarades. 

—  ETYM.  Dislance. 

DISTANT,  ANTE  (di-stan,  stan-t'),  adj.  Q\i\  est 
à  une  certaine  dislance,  en  parlant  des  lieux.  Ces 
deux  villes  sontdistanlesl'unede  l'autre  de  cent  kilo- 
mètres. Un  homme  qui  était  à  cùté  rie  Josèphe,  re- 
çut un  coup  de  pierre  qui  lui  emporta  !a  tC'ie;  cette 
pierre  était  lancée  par  une  machine  distante  de  375 
pas,  BOLLiN,  Hist.  anc.  CEuvres,  t.  xi,  2"  partie, 
p.  613,  dans  PO'JOENS.  N'est-il  pas  infiniment  plus 
simple  de  supposer  au  globe  que  nous  habitons  un 
mouvement  de  rotation  sur  lui-même,  que  d'imagi- 
ner, dans  une  masse  aus.si  considérable  et  aussi 
distante  que  le  soleil,  le  mouvement  extrêmement 
rapide  qui  lui  serait  nécessaire  pour  tourner  en  'un 
jour  autour  de  la  terre'?  la  place,  Expos,  ii,  t. 
Il  II  se  dit  aussi  en  parlant  du  temps.  Ces  deux  épo- 
ques ne  sont  pas  fort  distantes.  Comme  la  vieillesse 
est  l'âge  le  plus  distant  de  l'enfance,  pasc.  Préface, 
Vide.  Il  Terme  de  botanique.  Se  dit  d'organes  de 
même  nature  qui  sont  plus  écartés  sur  la  tige  ou  sur 
les  rameaux  que  ne  le  sont  d'ordinaire  les  organes 
semblables.  ||  Terme  d'entomologie.  Antennes  dis- 
tantes, celles  qui  sont  écartées  l'une  de  l'autre  à 
leur  origine. 

—  KIST.  xiv  S.  Et  nous  disons  de  ce  qui  est  plus 
distant  et  plus  dissemblable  aumoien,  que  il  lui  est 
plus  opposé  et  plus  contraire,  oresme,  K(h.  53. 
Il  XVI"  s.  Et  trouva  l'on  que  la.  victoire  avoit  esté 
gaignée  le  mesme  jour  que  le  bruit  s'en  estoit  levé 
à  Rome,  combien  que  les  lieux  soient  distans  l'un 
de  l'autre  de  plus  de  douze  cents  cinquante  lieues, 

AMYOT,  /'.   i£m.  41. 

—  ETYM.  Lat.  di'Hans,  de  di....  préfixe,  et  stans, 
qui  est  debout .  de  stare  (voy.  stable). 

t  DISTÉGE  (di-.stè-j') ,  adj.  Terme  de  minéralogie. 
Cristal  distége,  cristal  qui  offre  deux  sommets  su- 
perposés. 

—  ÊTYM.  A;«,  deux,  et   TÉfo;,  toit. 

t  DISTÉ.MONE  (di-sté-mo-n'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  a  deux  étamines. 

—  ETYM.  Aï;,  deux,  et  jTr,[).u>i,  filament. 
DISTENDRE  rdi-stan-dr'),  je  distends,  tu  distends, 

il  distend,  nous  distendons,  vous  distendez,  ils, dis- 
tendent; je  distendais;  je  distendis -.je  distendrai;  je 
distendrais;  distends,  distendons;  que  je  distende, 
que  nous  distendions;  que  je  distendisse;  distendant, 
distendu,  v.  o.  ||  1°  Causer'. un  gonllement  excessif. 
Des  aliments  lui  distendaient  l'estomac.  On  distendit 
le  ballon  en  y  introduisant  le  gaz.  ||  Causer  une  ex- 
tension trop  considérable.  Cet  effort  lui  dislendit  l'ar- 
ticulation du  poignet.  Il  2°  Se  distendre,  v.  réfl.  Être 
distendu.  La  peau  se  distend  par  l'effet  de  certaines 
enflures.  Dans  ce  mouvement  nocturne,  silencieux, 
à  travers  champs,  d'une  colonne  composée  d'hommes 
affaiblis.. de  blessés  et  de  femmes  avec  leurs  enfants, 
on  n'avait  pu  marcher  assez  serrés  pour  ne  pas  se 
distendre,  se  désunir  et  perdre  dans  l'obscurité  la 
trace  les  uns  des  autres,  sEgur,  IHst.  de  Nap.  x,  8. 

—  IIIST.  xvi*  s Survient  tumeur  à  la  partie, 

laquelle  distend  les  lèvres,  et  estant  distendues,  le 
fil  les  coupe,  PARÉ,  vil,  5. 

— •  ÉTYM.  Lat.  diilendere,  de  dis....  préfixe,  et 
tendere.  tendre. 

DISTENDU,  UE  (di-stan-du,  due),  part,  passé 
de  distendre.  La  panse  des  ruminants  distendue  par 
les  gaz. 

DISTENSION   (di-stan-sion ;   en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1"  Tension  considérable  qui  résulte 
d'un'gonfiement  intérieur.  La  distension  d'un  esto- 
mac chargé  d'aliments.  ||  i'  Extension  trop  considé- 
;         rable.  La  distension  d'une  courroie.  ||  Terme  de  mé- 
I        decine.   Tiraillement,  en  sens  opposé,  des  tissus, 
i        des  parties  ligamenteuses   d'une  articulation,  qui,v 
I         ^ortéeà  un  certain  degré,  constitue  l'entorse. ||  Terme 
':        de  vétérinaire.  Synonyme  d'entorse.  Distension  du 
I        boulet,  de  l'épaule,  de  la  cuisse.  On  dit  aussi  dis- 
I        tension  miLsculaire,    pour  signifier  la  lésion   des 
1        muscles  qui  subissent  une  extension  trop  forte. 

—  HIST.  XVI*  s.  P,ar  dessus  le  nombril  le  péritoine 
est  plus  espais,  afin  qu'il  enilure  et  soutienne  la 
distension  illeo  faite  par  1», ventricule,  paré,  i,  <2. 

--  ÉTYM.  Lat.  disiensinnem,  de  distensum.  su- 
pin de  dislcnderc,  distendre. 

î  DISTHivNE  (di-sté-n'),  s.  m.  Terme  de  minéra- 
logie. Minéral  qu'on  trouve  presque  toujours  sous 
la  forme  de  deux  cristaux  allongés. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  oOévo;,  force,  par  allu- 
sion à  sa  double  vertu  électrique. 

DICT.  DE  LA  LANGUE   FRANÇAISE. 


DIS 

t  DISTICniASE  (di-sli-ki-a-z')  ou  DISTICHIASIS 

(di-stiki-a-zis'),s.  m.  Terme  de  médecine.  Anoma- 
lie caractérisée  par  une  rangée  de  cils  surnumérai- 
res dont  une  direction  vicieuse  porte  la  pointe  sur 
le  globe  de  l'œiL 

—  ÉTYM.  AuTTixi'am;,  de  SU,  deux,  et  atlya^, 
rangée. 

I  niSTICHOPHYLLE  (di-stiko-fi-1') ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  les  feuilles  disposées  sur  deux 
rangs. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  oTtx';>  rangée,  et  çûWov, 
feuille. 

t  DISTIGMATE  (di-sti-gma-f),  nd;.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  est  muni  de  deux  stigmates. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  stigmate.  ' 
f  DISTIGMATIE  (di-sti-gnia-sie),  s.  f.  Terme  de 

botanique.  État  d'une  plante  qui  a  deux  stigmates; 
section  de  plantes  munies  de  deux  stigmates. 

—  ÉTYM.  Distigmate. 

t  DISTILLABLE  (di-sti-la-bV),  adj.  Qui  peut  être 
distillé. 

—  HiST.  xtT  S.  Touchant  les  herbes,  infinies  es- 
pèces y  en  a  il  de  distillables,  o.  DE  sehbes,  890. 

—  ÉTYM.  Distiller. 

DISTILLATEUR  (di-sti-la-tenr),  s.  m.  Celui  qui 
obtient  par  distillation  les  alcools,  les  eaux-de-vie 
et  autres  produits.  Le  baume  n'est  baume  que  tel 
qu'il  coule  de  l'arbre  qui  le  produit;  ce  qui  passe 
par  les  mains  des  distillateurs,  par  l'alambic  des 
apothicaires,  est  quelque  autre  chose,  balz.  Socr. 
chrét.  Disc.  7.  ||  Fig.  Le  sommeil  est  un  grand  dis- 
tillateur de  pavots  et  de  mandragores,  et  il  sait 
faire  des  fards  qui  valent  mieux,  sans  comparaison, 
que  tout  le  blanc  et  tout  le  rouge  d'Espagne,  voit. 
t.ett.  128. 

—  HIST.  xvT  S.  Je  loue  grandement  les  distilla- 
teurs et  tireurs  d'essences,  palissv,  209;  Un  petit 
fourneau  semblable  à  ceux  des  distilleurs,  0.   de 

SERRES,  870. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif  dùtillator,  de  distillare,  dis- 
tiller. 

DISTILLATION  (di-sti-la-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Opération  par  laquelle  on  sépare, 
au  moyen  du  feu  et  dans  des  vaisseaux  clos,  les 
parties  "volatiles  d'une  substance  d'avec  ses  parties 
fixes.  Il  Distillation  des  grains,  opération  par  laquelle 
de  l'alcool  est  tiré  des  grains.  La  distillation  des 
L'rains  fut  prohibée,  baynal,  llist.  phil.  v,  9. 
I|  2°  Terme  de  chimie.  Art  de  distiller.  Distillation  sè- 
che, celle  qui  s'opère  sans  addition  d'eau,  et  qui  a 
presque  toujours  pour  effet  de  décomposer  les  corps. 
I!  3°  Produit  obtenu  par  distillation.  Voilà  de  belles 
distillations.  P.eu  usité  en  ce  sens. 

—  HIST.  xvi'  s.  Distillation  est  une  extraction  et 
effusion  d'humeur,  découlante  goutte  à  goutte  par 
alambic,  paré,xxvi,  I.  Et  le  tout  ensemble  soit  mis 
en  l'alembic  de  verre,  et  distillé  tu  balnco  Maria; 
et  de  ceste  distillation,  en  soit  souvent  mis  aux 
yeux,  ID.  XV,  21. 

—  ÉTYM.  Provenç.  distillatio;  espagn.  destila- 
cion ;  ital.  dittilazione  ;  du  latin  dislillationem,  de 
distillare,  dùstiller. 

DISTILLATOIRE  (di-sti-la-toi-r') ,  adj.  Oui  appar- 
tient h  la  distillation.  Appareil,  opération  distilla- 
toire.  Il  Terme  de  botanique.  Plante  dislillatoire,- 
plante  dont  la  feuille  se  remplit  d'un  liquide  sécrété 
par  les  parois  mêmes.  La  népenthe  distillatoire. 

—  HIST.  XVI"  s.  Que  les  vaisseaux  distillatoires 
soient  ou  déterre  plombée  ou  de  verre,  paré,  xxv,  3. 

—  ÉTYM.  Disliller. 

DISTILLÉ,  fiE  (di-sti-lé,  lée),  part.  passd.W  l' Sou- 
mis à  la  distillation.  De  l'eau  distillée.  ||  2°  Qui  est 
filtré  goutte  à  goutte.  Ton  sang  qui  chaque  jour  à 
longs  flots  distillés  S'échappe  vers  ton  frtre  et  six 
rois  immolés,  corn.  Attila,  v,  3.  113°  Fig.  Qui  est 
raffiné  comme  si  la  distillation  y  avait  passé.  Si  la 
Marans  et  l'abbé  Testu  ne  vous  avaient  accoutumée 
aux  choses  fines  et  distillées,  sÉv.  2<17.  ||  S'emploie 
aussi  très-familièrement  dans  quelques  jeux.  Voilà 
un  carambolage  distillé. 

DISTItLER  (di-sti-lé),  v.  a.  J|  1"  Laisser  cotiler 
goutté  à  goutte.  Ses  lè.vres  sont  comme  des  lis  qui 
distillent  la  plus  pure  myrrhe,  saci,  Cant.  descant. 
V,  )2.  Il  Par  extension.  La  lune,  qui  se  penche  au 
bord  de  la  vallée.  Distille  un  jour  égal,  une  aurore 
voilée.  Sur  ce  golfe  silencieux,  lamart.  Uarm.  i,  tu. 
Il  Fig.  F.pancher.  Il  distilla  sa  rage  en  ces  tristes 
adieux,  boil.  Sat.  u  En  blâmant  .ses  écrits,  ai-je, 
d'un  style  affreux.  Distillé  sur  sa  vie  un  venin'dan 
gereux?iD.  Sat.  ix.  Au  leverde  Sejan....  11  distille  à 
longs  traits  son  absurde  malice,  volt.  Disc.  3.  -Ma 
haine  sans  péril  distilla  ses  poisons,  c.  delav.  Vê- 
pres sicil.  I,  I.  Dans  les  palais  et  sous  le  chaume. 


DIS 


1193 


Moi,  dit  la  sœur,  j'ai  de  mes  mains  Distillé  la 
miel  et  le  baume  SITr  les  souffrances  des  humains, 
BÉRANG.  Les  deux  sœurs  de  charité.  \\  2°  Va])oriser 
un  liquide  par  la  chaleur,  pour  en  condenser  en- 
suite les  vapeurs  par  le  refroidissement  et  les  re- 
cueillir goutte  à  goutte.  Distiller  du  vin,  des  grains, 
pour  en  faire  de  l'eau-de-vie.  Distiller  des  plantes 
aromatiques,  pour  en  extraire  l'essence.  ||  Fig.  Se  dis- 
tillerle  cerveau,  soumettre  son  cerveau  à  une  sorte 
de  distillation,  se  donner  beaucoup  de  peine  de  tête. 
Tous  oes  gens-là  se  distillent  le  cerveau  pour  fairs 
accroire  que....  volt.  Phil.  11,  258.  Je  me  suis  avisé 
de  mettre  par  écrit  les  raisons  qui  pourraient  justi- 
fier ces  juges;  je  me  suis  distillé  la  'tête  pour  trou- 
ver de  quoi  les  excuser,  m.  Lett.  Damilaville, 
24  janv.  (763.  Il  Par  extension,  .distiller  du  miel,  se 
dit  du  travail  lie  l'abeille.  Comme  on  voit  les  frelons, 
troupe  lâche  et  stérile,  Aller  piller  le  miel  que  l'a- 
beille distille,  BOIL.  Sat.  1.  ||  3°  Fig.  et  tiès-familiS- 
rement.  Distiller  un  coup,  l'exécuter  avec  habileté. 
Distiller  un  carambolage.  ||  4°  V.  n.  Coaler  lente- 
ment. Des  gouttes  d'eau  distillent  de  la  voûte.  De  ta 
couronne....  Le  miel  abondamment  et  la  manne  dis- 
tille, RÉGNIER,  Sat.  1.  Un  soldat  coupant  du  pain,  on 
aperçut  des  gouttes  de  sang  qui  en  distillaient,  vaugel. 
Q.  C.  IV,  2.  Que  dirai-jedes  lieux  où  le  baume  odo- 
rant Distille  goutte  à  goutte  en  larmes  précieuses? 
MALFiL.  Génie  de  Virg.  \\  Fig.  Ce  peuple  réprouvé  [les 
Juifs]  ne  sert  plus  qu'à  montrer  la  malédiction  et  la 
vengeance  divine  qui  distille  sur  lui  goutte  à  goutte, 
FÉN.  t.  XVII,  p.  29t.  Il  5°  Se  distiller,  v.rcjl.  Etre 
distillé.  Les  vins  se  distillent  pour  la  fabrication  des 
eaux-de-vie.  L'action  qui  convertit  le  suc  des  vian- 
des en  sang  n'est-elle  pas  aisée  à  connaître,  si  on 
considère  qu'il  se  distille,  en  passant  et  repassant 
par  le  cœur,  plus  de  cent  ou  deux  cents  fois  en  cha- 
je  jour?  DESC.  Uéth.  v,  8.  ||  Fig.  Mais  je  m'arrête 
trop  et  je  laisse  mon  maître  Se  distiller  en  pleurs  et 
s'enivrer  peut-être,  regnard,  ic  i?ai,  se.  3.  ||  Fig. 
Employer  des  tours  fins  et  délicats.  Le  duc  de  Cois- 
lin  veut  retourner  à  la  couchée  déceler  le  vilain,  et 
se  distiller  en  honte  et  en  excuses,  sx-siM.  05,  84. 
Villars  se  distilla  publiquement  et  tous  les  jouis  en 
respect  pour  le  maréchal  de  BoiifMers.  iD.  259,  221. 

—  HIST.  XIV"  s.  Mieulx  te  vaiidroit  faire  aulreiOf- 
fice  Que  tant  dissoudre  et  distiller  Tes  drogues.... 
Nature  à  l'alch.  err.  37.  ||  xvi'  s.  C'est  trop  fringue 
pour  une  jeune  fille.  Car  on  congnoist  au  parler 
i[ui  distille  De  vostre  bec,  iiu'estes  grant  escolliere, 
j.  MAROT,  v,  260.  Tu  te  distiUes  le  cerveau  Pour 
faire  un  poème  nouveau  ,idubell.  iv  ,  te,,  recto.  La 
soleil  donne  vie,  agite,  et  sa  chaleur  Distille  dans 
les  os  sa  céleste  vigueur,  id.  iv,  7{,  verso.  Et  fut  le 
poison,  à  ce  qu'ilz  disent,  une  eaue  froide  comme 
filas,  qui  distille  d'une  roche  estant  au  territoire  de 
la  ville  de  Nonacris,  amyot,  Alex.  (23.  Distiller, 
c'est  un  art  et  moyen  par  lequel  la  liqueur  ou  hu- 
midité d'aucunes  choses,  par  la  vertu  et  force  du 
feu,  ou  de  chaleur  semblable,  est  extraite  et  tirée, 
estant  premièrement  subtilisée  en  vapeur,  puis  res- 
serrée et  espaissie  par  froideur,  aucuns  appellent 
cest  art  sublimer.  —  On  peut  distiller  sans  chaleur 
[filtrer],  comme  nous  voyons  es  choses  qui  sont  dis- 
tillées en  forme  de  collatures,.PARÉ,  xxvi,  I.  Faut-il 
qu'en  pleurs  je  distille  ma  vie?  R0NS..63a. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dislillar;  cat?).  destillar;  es- 
pagn. destilar;  ital.  distillare;  du  latin  distillare, 
de  di....  préfixe,  etsd'îto,  goutte.  Le  latin  dit  aussi 
destillare,  dont  distillare  n'est  peut-être  qu'une  al- 
tération, car  ici  le  sens  du  préfixe  de  est  bien  pré- 
férable à  celui  du  préfixe  dis. 

DISTILLERIE  (di-sti-le-rie),  s.  f.  Établissement 
oii  l'on  distille.  Une  distillerie  d'eau-de-vie.  ||  Métier 
de  distillateur.  Il  s'est  mis  dans  la  distillerie. 

—  ÉTYM.  Distilleur,  qui  se  trouve  dans  l'histori- 
que de  mSTILLATEUR. 

DISTINCT,  TE  (di-stin,  stin-kt';  il  y  a  trois  ma- 
nières différentes  de  prononcer  ce  mot  au  masculin  : 
les  uns  disent  di-stinkt',  les  autres  di-stiiik';  d'au- 
tres enfin  di-stin  ;  cette  dernière  maniibre  a  pour  elle 
l'analogie;  c'était  celle  du  temps  de  Chifflet,  qui  dit, 
Gramm.  p.  208  :  le  0  ni  le  (  ne  se  prononcent;  au 
plur.  masc.  le  c  ni  le  (  ni.l's  ne  se  prononcent  : 
dis-tin),  ad/.  Il  1°  Que  l'on  distingue,  différent.  Les 
articlesd'un  compte  doivent'être  distincts.  Ces  deux 
questions  sont  ilistincles  et  séparées  l'une  de  l'autre. 
Avant  que  le  soleil  eiU  enfanté  les  ans.  Que  tout 
n'était  qu'un  rien ,  et  que  même  le  temps,  Confus,  n'é- 
tait distinct  en  trois  diverses  faces,  Régnier,  Poème 
sacré.  ||  Terme  de  botanique.  Se  dit  d'un  organe  qui 
n'a  ni  connexions  ni  adiiércnces  avec  les  organes 
voisins  112°  Qui  s'aperçoit,  se  discerne.  Peu  à  peu 
les  objets  devinrent  distincts.  ||  Qui  se  fait  bien 

I.  —  150 


H94 


DIS 


entendre.  Une  voix  distincte.  Des  paroles  distinctes. 
Il  8°  Clair,  précis.  Notion  distincte.  Nous  conser- 
vons un  souvenir  plus  ou  moins  distinct  des  divers 
traits,  soit  physiques,  soit  mnrauj,  par  lesquels  ils 
[les  olijets]  so  sont  montrés  à  nous  successivement, 
BONNET,  Ess.  analyt.  Ame,  cli.  24. 

lllST.  XIV'  s.   Mais  quand  ces  deux  spermes 

[éléments]  disloincls  Sont  as.seml)lez  et  bien  con- 
joincls  Kn  leurs  plus  petites  parties.  Trait,  d'aï- 
chim.  81.  .Sus  la  jointure  du  coûte  n'est  pas  nus 
[nul]  os  distincte  ne  devisé  des  autres,  H.  de  hon- 

BEVII.LE,  (°  32. 

—  f.TYM.  Lat.di'ilinclu»,  iedistinguere  (voy.  ms- 

TINOttKn). 

DISTINCTEMENT  (dl-stin-kte-man),adtf.I|  l'D'une 
manière  distincte,  qui  fait  discerner,  entendre.  Pro- 
noncer distinctement.  J'ai  oublié  de  vous  dire  que, 
pendant  que  j'étais  sur  le  mont  Pagnole  à  regarder 
l'atlaque,  le  It.  P.  de  la  Chaise  était  dans  la  tran- 
chée et  même  fort  près  de  l'attaque,  pour  la  voir 
plus  distinctement,  bac.  LelU  à  Boileau,  <8.  En 
s'en  approchant  comme  de  plus  pr6s  pour  connaître 
jilus  distinctement  ces  différentes  parties,  on  voit 
que  le  corps  est  une  machine  composée  d'une  infi- 
nité de  tuyaux  et  de  ressorts....  nicole,  Ess.  de  mor. 
<"  traité,  ch.  3.  ||  2'"  D'une  manière  distincte,  qui 
fait  comprendre,  s.iisir  nettement.  Assez  distincte- 
ment on  me  l'a  fait  entendre,  Tristan,  ilort  de 
Chrispe,  iv,  2.  Mais  les  songes  suivis  Et  (|ui  distinc- 
tement marquent  les  aventures,  hotrou,  Vencesl. 
IV,  (.  Les  hommes  ont  commencé  par  donner  diffé- 
rents noms  aux  choses  qui  leur  ont  paru  distincte- 
ment différentes,  buff.  Rat. 

—  ItEM.  Distinctement  est  un  provincialisme,  fau- 
tif d'ailleurs,  qu'il  faut  éviter  et  qui  se  trouve  dans 
cette  phrase  de  Saussure,  Alpes,  t.  i,  p.  604:  Je  ne 
voyais  pas  distinctement. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Il  nous  faudra  distinctement  [en 
faisant  une  di.stinction]  considérer  ces  deux  chcses, 
CALV.  Inslit.  tvo.  Oui  en  jugeroit  en  détail  et  dis- 
tinctement, pièce  à  pièce,  rencontreroit  plus  sou- 
vent à  dire  vray,  mont,  ii,  2.  La  pluspart  ne  peut 
pas  distinctement  entendre  ce  qu'il  avoit  dit,  amyot, 
Flamin.  (9. 

—  ÉTVM.  Distincte,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
distinct ament;  espagn.  et  ital.  distintamente. 

DISTLNCTIF,  IVE  (di-stin-ktif,  kti-v'),  adj.  Qui 
sert  à  distinguer.  Les  caractères  distinctifs  d'un 
genre,  d'une  espèce. 

—  ItF.M.  Distinctif  n'est  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  que  depuis  l'édition  de  t740. 

—  ÊTYM.  Distinct. 

DISTINCTION  (di-stin-ksion;  en  vers,  de  quatre 
syllabe.s),  s.  f.  ||  1°  Action  de  distinguer.  U  fait  trans- 
porter les  blessés  sans  distinction  de  Français  ou 
d'ennemis,  mass.  Or.  fun.  Conly.  Tu  sais  trop  la 
distinction  des  péchés  véniels  d'avec  les  mortels, 
Boss.  Marie-Tliér.  Si  vous  savez  faire  la  distinction 
de  l'état  des  uns  et  des  autres,  m.  Anges.  Dans  la 
guerre  la  distinction  entre  le  héros  et  le  grand 
homme  est  délicate,  la  bruy.  ii.  Vous  me  trouverez 
sur  les  livres  de  Platon,  qui  traitent  de  la  spiritua- 
lité de  l'âme,  de  la  distinction  d'avec  le  corps,  ou 
la  plume  à  la  main  pour  calculer  les  distances  de 
Saturne  et  de  .lupiter,  id.  vi.  D'où  est  venue  dans 
l'Eglise  cette  distinction  de  ceux  qui  sont  du  monde 
d'avec  ceux  qui  n'en  sont  pas?  mass.  Car.  Samar. 
Si  l'Évangile  avait  des  distinctions  à  faire....  id.  ib. 
Immul.  L'universalité,  jointe  à  l'éminence  des  ver- 
tus guerrières,  était  le  caractère  de  distinction  do 
l'invincible  Condé,  bouhours,  Nouv.  rem.  Rien  n'y 
manque  que  l'intelligence  et  !e  pinceau  de  Rubens, 
la  magie  de  l'art,  la  distinction  des  plans,  dider. 
Salon  de  t787,  Œuvres,  t.  xv,  p.  40,  dans  pou- 
OF.NS.  Il  La  distinction  du  bien  et  du  mal,  connais- 
sance morale  de  ce  qui  est  bon  et  de  ce  qui  est  mau- 
vais. Il  2"  Terme  de  logique.  Explication  des  sens 
divers  d'une  proposition.  Par  le  moyen  d'une  dis- 
tinction, il  échappera  à  la  difficulté  qu'on  lui  fait. 
Vous  n'avez  pu  désavouer  cela,  mais  vous  y  faites 
une  distinction,  pasc.  i'roi'.  18.  On  a  vu  un  sem- 
blable succès  de  l'opinion  de  tuer  pour  des  médi- 
sances; car  elle  est  aujourd'hui  arrivée  à  une  per- 
mission pareille  sans  aucune  distinction,  m.  tb.  i3. 
Oue  d'inutiles  questions,  Oue  de  distinctions  fri- 
voles! CHAUL.  Contre  l'esprit.  Les  distinctions  du 
dialecticien  sont  utiles  dans  le  cours  de  la  vie,  iuder. 
Opin.  des  ane  p/iil.  {pyrtiwnisme  p/ii'l.).  Entre  le 
conseil,  l'approimlion  et  le  silence,  n'est-il  point  de 
(lislinclion  à  faire?  id.  liègne  de  Claude  et  ffér.  i, 
S  78.  Il  Terme  de  droit  canonique.  Titre  contenant 
plusieurs  questions.  ||  S-  Ce  qui  établit  une  préfé- 
rence, une  prérogative.  La  dùtinclion  des  rangs. 


DIS 

Traiter  quelqu'un  avec  distinction.  Les  distinctions 
qui  plaisent  à  ceux  qui  les  reçoivent  offensent  les 
autres,  Trévoux.  De  quelque  superbe  distinction  que 
se  flattent  les  hommes,  ils  ont  tous  une  même  ori- 
gine, et  cette  origine  est  petite,  boss.  Duch.  d'Orl. 
U  y  avait  entre  eux  des  distinctions  extérieures  qui 
empêchaient  qu'on  ne  prit  la  femme  du  praticien 
pour  celle  du  magistrat  et  le  roturier  ou  le  simple 
valet  pour  le  gentilhomme,  la  druy.  vu.  Il  n'y  a 
que  les  distinctions  qui  affligent  dans  les  commu- 
nautés, parce  qu'elles  humilient,  maintenon,  Lett. 
Urne  Clapion,  31  mars  t700.  C'était  une  grande 
distinction,  lorsque  quelqu'un  pouvait  avoir  le  bon- 
heur d'entretenir  un  moment  Pythagore,  fén.  Pyth. 
Toutes  les  petites  distinctions  furent  pour  lui,  volt. 
Zadig,  lO.  Content  de  son  sort,  il  ne  désirait  ni  for- 
tune ni  distinctions;  et  il  n'en  avait  point  obtenu, 
parce  qu'il  est  plus  commode  de  les  accorder  il  ceux 
qui  les  demandent  qu'à  ceux  qui  savent  les  mériter, 
condorcet,  d'Alembert.  ||  Un  officier  de  distinction, 
officier  remarqué  pour  son  mérite.  ||  Un  personnage 
de  distinction,  personnage  d'un  rang  élevé.  ||  Em- 
ploi, charge  de  distinction,  emploi  important,  ho- 
norable. Il  En  un  sens  ironique  et  défavorable.  X 
quelles  marques  peut-on  ici  vous  reconnaître,  qu'à 
des  distinctions  de  crime  et  d'ignominie?  mass.  Car. 
Passion.  \\  4°  Ce  qui,  dans  la  tenue,  a  un  caractère 
d'élégance,  de  noblesse  et  de  bon  ton.  Avoir  de  la 
distinction,  un  air  de  distinction.  La  distinction  des 
manières.  ||  Ce  sens  paraît  être  récent;  car  on  ne  le 
trouve  pas  dans  les  auteurs  anciens. 

—  HIST.  xii"  s.  E  mustrad  [et  il  montra]  le  orde- 
nement  e  les  destinctiuns  des  pruveires  [prêtres] 
e  des  diacnes  e  des  ordenez,  itois,  244.  ||  xiv*  s.  Et 
sont  moult  de  gens  qui  glorifient  et  honorent  indiffe- 
rentementsans  distinttion  et  les  bons  et  les  malvès, 
ORESME,  Eth.  t22.  Il  xV  S.  Ayjodit  en  mon  prologue, 
que  je  traicteray  de  noblece  de  courage,  chevalerie 
et  sagece,  en  distinction  do  trois  parties,  christ,  de 
PISAN,  Charles  V,  i,  ch.  3.  ||  xvi'  s.  Il  faut  lors  ob- 
server l'autre  distinction  entre  les  crimes  et  fautes 
plus  legieres,  calv.  Instit.  980.  Sans  distinction  de 
parenté  [sans  regarder  à  la  parenté],  mont,  i,  tt4. 
Le  philosophe  Antisthene  ostoit  toute  distinction 
entre  leur  vertu  [des  femmes]  et  la  nostre,  id.  m, 
388.  Au  paravant  les  chevaliers  romains  seoientpesle 
mesie  parmy  le  menu  peuple  ainsi  que  chascun  se 
rencontroit,  et  le  premier  qui  y  meit  distinction  fut 
M.  Otho,  AMYOT,  Cicéron,  18. 

—  ÉTYM.  Provenç.  distinctio,  distiminn;  espagn. 
distincion;  ital.  dislimione ;  du  latin  distiiiclionem , 
àedistinclum,  supin  de  distinguere,  distinguer. 

t  DISTINCTIVEMENT  (di-stin-kti-ve-man),  adv. 
D'une  manière  distinctive.  Que  toutcequiest  est  en 
soi  et  par  soi,  auquel  cas  je  l'appelle  substance;  ou 
qu'il  est  distinctivement  en  autrui  et  par  autrui,  et 
pour  lors  je  l'appelle  mode  de  substance,  boullain- 
villiers,  Réfut.  de  Spinosa,  p.  1 1. 

—  ÉTYM.  Distinctire,  et  le  suffixe  ment. 
DISTINGUÉ,  ÉE  (di-stin-ghé,  ghée),  part,  passé. 

Il  1°  Oui  n'est  pas  confondu.  Ces  jumeaux  à  peine 
distingués  l'un  de  l'autre  par  leurs  parents.  Les  di- 
vers sens  d'un  mot  distingués  avec  sagacité.  La  con- 
sécmtion  et  la  manducalion  sont  des  actions  distin- 
guées, BOSS.  Euch.  2.  Il  2°  Reconnu  par  quelqu'un 
des  sens.  Les  traits  du  voleur  distingués  à  la  clarté  de 
la  lune.  Les  émanations  du  lièvre  distinguées  par  le 
nez  du  chien.  ||  3°  Oui  reçoit  des  marques  de  distinc- 
tion. Ils  furent  fort  distingués  à  la  cour,  hamilt. 
Gramm.  4.  Elle  eut  l'honneur  d'être  distinguée  par 
Tambonneau,  id.  l'b.  9.  ||  4°  Oui  porte  le  caractère  de 
la  disiinction,  del'émînence,  en  parlant  des  person- 
nes. Un  personnage  distingué.  Des  savants  distin- 
gués. Il  me  suffit  de  vous  faire  souvenir  qu'il  se  dis- 
tingua dans  une  compagnie  si  distinguée,  fléch. 
Montausier.  Si  la  personne  doit  être  distinguée  [dans 
la  tragédie],  sa  douleur  doit  être  commune,  c'est- 
à-dire  d'une  nature  à  être  sentie  de  tous,  ciiateaub. 
Génie,  ii,  li,  8.  ||  En  parlant  des  choses.  Naissance 
distinguée.  Estime  distinguée.  Je  lui  dis  tout  bas  que 
je  ne  voulais  point  de  linge  si  distingué,  Marivaux, 
Mariane,  1"  partie.  Il  faut  convenir  que  ce  temps  a 
bien  changé  [l'infériorité  de  la  chirurgie],  s'il  faut 
en  juger  par  les  marques  distinguées  de  protection 
dont  Sa  Majesté  les  honore,  dider.  Lett.  s.  la  chi- 
rurgie. Il  On  termine  souvent  une  lettre  en  disant  : 
je  suis  avec  une  considération  très-distinguée  votre 
très-humble  et  très-obéissant  serviteur. 

DISTINGUER  (di-stin-ghé),  i).  o.  ||  1*  Ne  pas  con- 
fondre. Distinguer  les  temps,  les  lieux.  Distinguer 
les  objets  par  des  noms  différents.  La  nature  a  dis- 
tingué les  diverses  races  d'hommes  par  des  traits 
fraDDants.  l  votre  avis  est-ce  pour  avoir  vaincu  les 


DIS 

Suisses  que  François  I"  est  appelé  grand,  ou  pour 
le  distinguer  du  petit?  balz.  liv.  i,  lett.  ».  Que  l'on 
a  bien  fait  de  distinguer  les  hommes  par  l'extérieur 
plutôt   que  par  les  qualités  intérieures!  qui  passera 
de  nous  deux?  qui  cédera  la  place  à  l'autre?...  il  a 
quatre  laquais,  je  n'en  ai  qu'un,  cela  est  visible,  il 
n'y  a  qu'à  compter,  c'est  à  moi  de  céder,  pasc. 
Pensées,  v,  7,  éd.  Lahure,  1800.  Ma  muse,  en  l'at- 
taquant,  charitable  et  discrète.   Sait  de  l'homme 
d'honneur  distinguer  le  poète,  boil.  Sa(.  ix.  Faire 
par  les  couleurs  distinguer  ses  valets,  id. Sa(.  v.  Éle- 
vée avec  lui  dans  le  sein  de  sa  mère,  J'appris  à  dis- 
tinguer Bajazet  de  son  frère,  rac.  Baj.  i,  4.  Distin- 
guait-on entre  les  premiers  fidèles  ceux  qui  étaient 
du  monde,  de  ceux  qui  n'en  étaient  pas?  mass.  Car. 
Samar.  ||  2'  Terme  de  logique.  Spécifier  chaque  sens 
qu'une  proposition  peut  recevoir.  Pour  raisonner  ri- 
goureusement, il  faut  distinguer  les  points  essen- 
tiels de  la  question.  ||  Absolument.  Votre  proposition 
est  trop  générale;  distinguons.   La  science  de  dis- 
tinguer n'est  connue  que  des  sages,  patru.  Plai- 
doyer 1 ,  dans  BiciiELET.  ||  3'  Reconnaître  par  quel- 
qu'un des  sens.  Il  était  si  tard  qu'on  ne  pouvait  plus 
distinguer  les  objets.  Di.stinguer  les  voix,  les  odeurs, 
les  sons.  On  ne  les  distinguait  pas  à  la  parole,  la 
BRUY.  v.  Il  Fig.  Discerner  par  l'opération  de  l'esprit. 
Distinguer  les  divers  sens  d'un  mot.  Distinguer  la 
vérité  d'avec  les  figures,  fléch.  Serm.  i,  71.  Atten- 
tif à  distinguer  le  mérite,  fén.  Tél.  xvi.  Ils  ne  peu- 
vent plus  distinguer  un  sentiment  d'avec  un  senti- 
ment, MONTESQ.  Gnide,  iv.  Distinguons  la  sensation 
du  sentiment,  buff.  dans  laveaux.  ||  4°  Élever  au- 
dessus  du  commun,  en  parlant  des  choses  qui  dis- 
tinguent. Voilà  ce  qui  distingue  ce  grand  siècle. 
Oue  si   son  rang  la  distinguait,  j'ai  eu  raison  de 
vous  dire  qu'elle  était  encore  plus  distinguée  par 
son  mérite,  boss.  Duch.  d'Orl.  Les  Hollandais,  pre- 
miers fondateurs  de  la  colonie,  y  établirent  cet  es- 
prit d'ordre  et  d'économie,   qui  distingue  partout 
leur  nation,  raynal,  Hist.  phil.  xvii,  28.  ||  Abso- 
lument. Comme  vous  voulez  être  regardé,  vous  vou- 
lez aussi  regarder;  et  rien  ne  vous  touche  ni  dans 
les  autres  ni  dans  vous-même  que  ce  qui  étale  de  la 
grandeur  et  ce  qui  distingue,  boss.  Concupisc.  9.Vous 
I  aimez,  dans  la  vertu  même,  tout  ce  qui  distingue. 
I  tout  ce  qui  attire  les  regards  publics,  mass.   Myst. 
I  CEuvr.  de  Miser.  ||  6"  Élever  au-dessus  du  commun 
ipar  quelque  marque.  Je  veux  qu'on  me  distingue, 
et,  pour  le  trancher  net,  L'ami  du  genre  humain 
n'est  pas  du  tout  mon  fait,  mol.  Vis.  i,  1.  Il  a  passé 
des  premiers  à  la  nage,  on  l'a  distingué,  sÉv.  149. 
Vous  avez  bien  caressé,  ménagé,  distingué  la  bonne 
baronne,  id.  229.  Je  vous  distingue  en   tout,  sur 
tout  et  partout,  maintenon,  Lett.  à  l'abbé  Gobelin, 
t.  Il,  p.  2,  dans  POuuENS.  Le  maréchal  d'Humières 
était  bien  avec  !e  roi,  qui  le  distinguait  fort,  st-sim. 
23,  12.   Il  me  semble  qu'on  le  distingue  beaucoup 
et  qu'on  a  de  grands  égards  pour  lui,  montesq. 
Lett.  pers.  48.  ||  Distinguer,  se  dit  aussi  d'une  femme 
qui  remarque  un  homme  avant  de  s'attacher  à  lui. 
Dans  le  fond,  je  le  distinguais,  voilà  tout;  et  dis- 
tinguer un  homme,  ce  n'est  pas  encore  l'aimer, 
MARIVAUX,  l'Heur,  stratag.  i,  4.  Mais  celui  que  vos 
yeux  justement  distinguèrent,  volt.   Tancr.  i,  6. 
Il  6°  Se  distinguer,  v.réfi.  Être  séparé,  n'être  pas 
confondu.  [L'âme]  Se  mêlant  tout  à  fait  avec  ce  corps 
qu'elle  anime,  à  la  fin  elle  a  peine  à  s'en  distinguer, 
BOSS.  Conn.  v,  1 .  Les  sciences  ne  se  distinguent  pas 
moins  par  leurs  méthodes  que  par  leur  objet,  et  il 
n'est  pas  toujours  bon  de  tran.sporter  de  l'une  à  l'au- 
tre les  procédés  d'investigation  et  les  habitudes  in- 
tellectuelles nées  de  l'emploi  continu  de  tel  ou  tel 
genre  de  recherche,  faye.  Comptes  rendus,  Acad. 
des  se.  t.  LU,  p.  00.  ||  Apparaître,  se  montrer.  Le» 
maisons  commençaient  à  se  distinguer  sur  le  rivage. 
Il  Être  distingué  comme  éminent.  Se  distinguer  dans 
les  lettres.  Son  style  se  distingue  par  l'élégance.  Ils 
ne  songeaient  qu'à  se  distinguer  des  autres  hommes, 
BOSS.  Ilist.  II,  5.  On  se  fait  honneur  de  celte  hon- 
teuse nécessité  [de  manger],  et,  bien  loin  de  s'en 
humilier,  on  s'en  sert  à  se  distinguer  des  autrea, 
quand  on  est  en  état  d'y  apporter  plus  d'appareil  et 
d'ostentation,  nicole,  Ess.  de  mor.  i"  traité,  ch.  6. 
[Il]  S'est  distingué  dans  Rome  en  ces  jours  de  car- 
nage, volt.  Trium».  III,  4.  ||  H  s'emploie  quelquefois 
en  mauvaise  part,  dans  ce  sens  :  Néron  s'est  distin- 
gué, entre  les  premiers  Césars,  par  ses  cruautés. 

—  REM.  Des  grammairiens  ont  cherché  à  établir 
une  nuance  de  sens  entre  distinguer  une  chose  d'une 
autre,  et  distinguer  une  chose  d'avec  une  autre. 
Miis,  avec  quelque  attention  qu'on  examine  la  pré- 
position composée  d'aree,  il  est  impossible  d'aper- 
cevoir une  différence  sensible  avec  le  simple  emploi 


DIS 


DIS 


DIS 


1195 


de  Is  préposition  de.  Cependant  on  peut,  par  motif 
de  clarté,  préférer  d'avec,  quand  il  y  a,  dans  la 
phrase,  plusieurs  mots  entre  les  objets  qu'on  dis- 
tingue; par  exemple,  dans  ce  passage  de  d'Alem- 
Ijert  :  Le  temps  fera  distinguer  ce  que  nous  avons 
pensé  d'avec  ce  que  nous  avons  dit,  d'aleub.  Lett. 
à  Volt.  21  juillet  (767. 

—  SYN.  DISTINGUER,  DISCERNER.  Distinguer  est 
plus  général  que  discerner.  On  distingue  à  l'aide  de 
tous  les  sens;  on  ne  discerne  que  par  le  sens  de 
la  vue.  Ajoutons  que  distinguer  se  rapporte  plus 
aux  apparences  extérieures,  et  discerner  aux  limi- 
tes :  je  distingue  le  vice  de  la  vertu  en  général,  et 
je  discerne  le  iioint  précis  où  la  vertu  poussée  à 
l'excès  devient  vice. 

—  HlST.  XIII'  s.  Nul  ne  set  si  bien  distinter,  Qu'il 
en  ose  ung  seul  mot  tinter,  la  Rose,  H099.||  xvi»  s. 
En  Thrace  le  roy  estoit  distingué  de  son  peuple, 
d'une  plaisante  manière,  mont,  i,  328.  Ils  ont  des 
offices  distinguez  [distincts]  de  potagers  et  de  ros- 
tisseurs,  id.  m,  21».  Us  ont  distingué  de  nous  mes- 
mes  la  honte  excessive,  la  honte  simple,  et  la  ver- 
gongne,  amïot,  Uauv.  honte,  3. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dislinguir,  destinguir;  catal. 
dùlingir;  espagn.  distinguir  ;  ital.  distinguere;  du 
latin  distinguere,  de  di....  préfixe,  et  stinguere, 
proprement  piquer,  ficher  (voy.  stigmate). 

t  DISTINGUO  (di-stin-go).  Terme  d'argumenta- 
tion scolastique,  signifiant  je  distingue,  et  qu'on 
emploie  pour  indiquer  que,  dans  une  proposition, 
l'on  accorde  une  partie  (concède)  et  nie  l'autre  (nego) , 
ou,  simplement,  que  l'on  fait  une  distinction.  Dis- 
tinguo, mademoiselle;  dans  ce  qui  ne  regarde  point 
sa  possession ,  concedo;  mais  dans  ce  qui  la  regarde, 
nego,  MOL.  Mal.  imag.  n,  7.  ||  S.  m.  Mais,  mon  père, 
ne  me  donnez-vous  pas  une  fausse  joie?  n'est-ce 
point  ici  quelque  chose  de  semblable  à  cette  suffi- 
sance qui  ne  suffit  pas?  j'appréhende  furieusement 
le  distinguo;  j'y  ai  déjà  été  attrapé,  pasc.  Proi'.  i. 

—  ÉTYM.  L3.i.  distinguo,  je  distingue  (voy.  ms- 
tingder). 

(.  DISTIQUE  (di-sti-k'),  *.  m.  Terme  de  prosodie 
grecque  et  latine.  Deux  vers  renfermant  un  sens 
complet,  surlout  lorsque  l'un  est  hexamètre  et  l'au- 
tre pentamètre.  {{  Terme  de  versification  française. 
Pièce  composée  de  deux  vers  seulement.  Guichard, 
d'un  long  quatrain  tu  fais  un  long  distique;  Retran- 
che encor  deux  vers,  tu  seras  laconique,  leiîrun, 
Épigr.  contre  Guichard. 

—  ÉTYM.  Ai<jTi-/.oç,  de  51;,  deux,  et  <rtîy,oi;,  ran- 
gée et,  par  extension  ,  vers,  de  oTiîJstv,  piquer  (voy. 
Étiquette  et  stigmate). 

t  2.  DISTIQUE  (di-sti-k'),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Rangé  en  deux  séries  le  long  d'un  axe  com- 
mun. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  le  précédent. 

I  DISTOME  (di-sto-m'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Qui  a  deux  bouches.  ||  S.  m.  Nom  d'un  genre  d'en- 
tozoaires.  Le  distome  du  sang  {distomum  hœmalo- 
bium) ,  entozoaire  qui  existe  dans  la  veine  porte  et 
ses  ramifications,  et  qui  est  commun  chez  l'homme 
en  Egypte. 

—  ÊTYM.  A!;,  deux,  et  oréiia,  bouche. 

t  DISTORDRE  (di-stor-dr'),  je  distords,  tu  dis- 
tords, il  distord,  nous  distordons,  vous  distordez, 
ils  distordent;  je  dislordais;  je  distordis;  je  distor- 
drai; je  distordrais;  distords,  qu'il  distorde,  distor- 
dons; que  je  distorde,  que  nous  distordions;  que  je 
distordisse;  distordant;  distordu,  v.  a.  ||  1°  Altérer 
par  une  torsion  la  configuration  d'un  objet.  ||  2°  Don- 
ner une  distorsion  ou  entorse.  ||  3"  Se  distordre,  v. 
réfl.  Être  distordu.  Dans  une  attaque  d'épilepsie,  la 
bouche  se  distord.  |!  Verbe  usité  et  qui  manque  daus 
le  Dictionnaire  de  l'Académie. 

—  HIST.  xvi'  s.  Les  malades  se  distordent  les  mem- 
bres avec  tremblement,  PARÉ,  XXIII,  44. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  tordre. 

t  DISTORDU,  UE  (di-stor-du,  due),  part,  passé 
de  distonire.  Une  articulation  distordue. 

t  DISTORS,  ORSE  (di-stor,  stor-s'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  est  de  travers  ou  contourné. 

—  ÉTYM.  Dis....  préfixe,  et  tors. 
DISTORSION   (di-stor-sion;  en   vers,  de  quatre 

syllabes),  s.  f.  \\  1"  Action  de  distordre.  La  paralysie 
du  nerf  facial  produit  la  distorsion  de  la  face.  Si 
l'irradiation  propre  de  l'objet  était  aussi  considérable 
que  nous  sommes  ici  obligés  de  le  supposer,  les 
images  en  contact  auraient  présenté  des  particula- 
rités de  distorsion  bien  connues  qui  auraient  éveillé 
.'attention  des  observateurs,  paye,  Comptes  rendus, 
Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  88.  |1  2°  Terme  de  chirurgie. 
Action  de  tiraillement  qui  produit  l'entorse.  La  dis- 
torsion des  ligaments.  La  distorsion  d'un  bras. 


—  HIST.  XVI'  s.  Par  solution  de  continuité,  comme 
playe,  dislocation,  fracture,  distorsion,  contusion, 

PARÉ,  V,  21. 

—  ÉTYM.  Lat.  dislortionem,  de  dis....  préfixe,  et 
tortio  (vey.  torsion). 

t  DISTRACTIF,  IVE  (di-stra-ktif,  kti-v'),  adj. 
Synonyme  de  distractile. 

—  ÉTYM.   Lat.  distraclum,  supin  de  distrahere 

(voy.  nlSTRAIRE). 

t  DISTRACTILE  (di-stra-kti-1'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  s'écarte  naturellement.  ||  Terme 
de  botanique.  Connectif  distractile,  celui  qui  tient 
sensiblement  écartées  les  loges  de  l'anthère. 

—  ÉTYM.   Lat.  distractum,  supin  de  distrahere 

(voy.  DISTRAIRE). 

DISTRACTION  (di-stra-ksion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Démembrement,  séparation 
d'une  partie  d'avec  son  tout.  Tout  cela  nous  a  en- 
couragés à  demander  la  distraction  de  notre  petit 
pays  d'avec  les  fermes  générales,  volt.  Lctt.  Du- 
pont, io  sept.  (775.  Il  Distraction  d'une  somme  d'ar- 
gent, action  de  l'employer  autrement  qu'on  ne  doit 
ou  qu'on  ne  s'est  proposé.  ||  Ancien  terme  de  chimie. 
Désunion  des  éléments  qui  composent  un  corps, 
lorsqu'elle  s'opère  avec  difficulté.  ||  2°  Terme  de  ju- 
risprudence. Répétition,  par  un  tiers,  d'une  terre, 
d'un  objet  compris  à  tort  dans  une  saisie.  Faire  une 
demande  en  distraction.  ||  Distraction  de  juridiction, 
action  d'ôter  à  un  juge,  et  d'attribuer  à  un  autre  la 
connaissance  d'une  cause.  ||  Distraction  de  dépens, 
attribution,  pour  ses  honoraires  et  frais,  à  un  avoué 
des  dépens  adjugés  à  sa  partie.  ||  3°  Inattention  aux 
choses  présentes.  Faire  une  chose  par  distraction.  Il 
sortit  soudainement  de  sa  distraction.  L'incivilité 
n'est  pas  un  vice  de  l'âme,  elle  est  l'efi'et  de  plusieurs 
vices,  de  la  sotte  vanité,  de  l'ignorance  de  ses  de- 
voirs, de  la  paresse,  de  la  distraction,  du  mépris 
des  autres,  de  la  jalousie,  la  bruy.  xi.  La  vie  de 
b  Fontaine  ne  fut,  pour  ainsi  dire,  qu'une  distrac- 
tion continuelle;  au  milieu  de  la  société,  il  en  était 
absent,  diderot.  Notice  sur  la  Fontaine.  \\  Chose 
faite  par  distraction.  Voilà  une  distraction  un  peu 
forte.  X  mes  distractions  faites  grâce,  madame;  Nul 
autre  objet  que  vous  ne  règne  dans  mon  âme,  ké- 
GNAHD,  Distrait,  v,  7.  Et  ma  main  qu'il  portait  à  sa 
bouche,  répondis-je,  mon  père,  est-ce  encore  une 
distraction?  Marivaux,  Marianne,  3*  part.  114»  Toute 
diversion  qui  détourne  l'âme  ou  l'esprit.  Chercher 
des  distractions.  Une  distraction  agréable.  Les  dis- 
tractions du  monde.  Heureux  qui  peut  bannir  de 
toutes  ses  pensées  Les  vains  amusements  de  la  dis- 
traction! CORN.  Imit.  1,21.  Cette  aventure  n'a  fait 
aucune  distraction  à  sa  rêverie,  SÉV.  4o.  Rien  ne  me 
donne  de  distraction,  je  suis  toujours  avec  vous, 
iD.  (5.  Les  hommes  dans  un  grand  temple  de  cèdre; 
les  femmes  dans  un  autre,  de  peur  des  distractions, 
VOLT.  Princ.  de  Babyl.  3.  Pour  dérober  Piccini  aux 
distractions  de  Paris,  je  l'engageai  à  venir  travailler 
près  de  moi  dans  ma  maison  de  campagne,  mar- 
MONTEL,  Mém.  X.  Elle  savait  par  expérience  que  la 
réflexion  et  les  sacrifices  ont  moins  de  pouvoir  sur 
les  hommes  passionnés  que  la  distraction,  stael, 
Corinne,  vi,  (.  Quand  on  s'est  habitué  à  une  vie 
de  distractions,  on  éprouve  toujours  une  sensation 
mélancolique  en  rentrant  en  soi-même,  dût-on  s'y 
trouver  bien,  id.  ib.  xv,  3. 

—  lllST.  xvi'  s.  On  ouit  soudain  le  bruit  et  la  dis- 
traction de  ceulx  qui  estoient  à  la  cueue  de  leur  ar- 
mée [attaqués  par  une  embuscade],  amyot,  Ma- 
rius,  37. 

—  ÉTYM.  Lat.  distractionem,  de  distractum,  su- 
pin de  distrahere  (voy.  distraire). 

DISTRAIRE  (di-strô-r'l ,  je  disirais,  tu  distrais,  il 
distrait,  nous  distrayons,  vous  distrayez,  ils  dis- 
traient; je  distrayais,  nous  distrayions,  vous  dis- 
trayiez; point  de  parfait  défini;  je  distrairai;  je 
distrairais;  distrais,  qu'il  distraie,  distrayons,  dis- 
trayez, qu'ils  distraient;  que  je  distraie,  que  nous 
distrayions,  que  vous  distrayiez,  qu'ils  distraient; 
point  d'imparfait  du  subjonctif  ;  distrayant;  distrait, 
t'.  a.  Il  1°  Séparer,  démembrer.  On  a  distrait  cette 
province  de  sa  domination.  La  nature  divine  ne  peut 
être  ni  séparée,  ni  distraite,  boss.  Trin.  \\  Distraire 
une  somme  d'argent,  l'employer  à  un  objet  autre 
que  celui  auquel  elle  était  destinée.  De  cette  somme 
il  faut  distraire  tant.  ||  2°  Terme  de  jurisprudence, 
ôter,  enlever  quelque  partie  d'un  tout.  Distraire 
une  terre  d'un  apanage.  ||  Opposition  à  fin  de  dis- 
traire, opposition  qui  a  pour  objet  une  distraction 
ou  répétition  de  quelque  chose  compris  à  tort  dans 
une  saisie.  ||  Distraire  quelqu'un  de  ses  juges  na- 
turels, le  traduire  devant  une  juridiction  excep- 
tionnelle. [I  Terme  d'ancienne  jurisprudence.  Dis- 


traire la  juridiction,  se  pourvoir  devant  un  juga 
incompétent,  jj  3°  Détourner.  Rien  n'a  pu  le  dis- 
traire de  cette  résolution  funeste.  Je  l'encourage- 
rais au  lieu  de  le  distraire,  corn.  Ilor.  ii,  6.  Césut 
la  voit  partir  sans  oser  la  distraire,  id.  ib.  v,  8.  Et  j'y 
cours  de  ce  pas,  rien  ne  m'en  peut  distraire,  mol, 
Sgan.  I8.  Si  de  son  amitié  j'ai  voulu  vous  distraire, 
sac.  Brit.  IV,  3.  Les  dieux  de  ce  dessein  puissent-ils 
le  distraire!  id.  i6.  iv,  4.  ||  4°  Détourner  l'esprit  d'un 
objet,  d'une  occupation.  Il  ne  faut  pas  distraire  les 
gens  qui  travaillent.  ||  On  dit  dans  le  même  sens, 
distraire  d'une  personne,  en  détournerla  pensée  qui 
s'y  fixait.  Tout  ce  qui  me  distrayait  d'elle  ne  pou- 
vait que  m'être  désagréable,!,  j.  nouss.  Confuss.iV. 
Il  Détourner  l'esprit  d'une  pensée  triste.  11  faut  tâ- 
cher de  distraire  les  affiigés.  Quoi!  de  ces  noirs  en- 
nuis rien  ne  peut  vous  distraire?  ducis,  Ahiifar, 
II,  2.  Il  Dans  le  même  sens,  distraire  la  douleur, 
l'inquiélude,  y  faire  diversion.  Adieu;  puisse  du 
moins  ce  peu  que  je  te  donne  De  ta  triste  mémoire  - 
effacer  tes  malheurs.  Et,  .soigné  par  tes  mains,  dis- 
traire tes  douleurs!  A.  chén.  Idylles,  la  Liberté. 
Il  Absolument.  Eh  bien!  cela  distrait  toujours  un 
peu  :  il  vaut  mieux  quereller  que  soupirer,  mari- 
vaux,  Secr.  surp.  de  l'amnur ,  i,  l.  ||5°Se  distraire, 
v.réfï.  Etre  séparé,  disjoint.  Un  fief,  une  fois  réuni 
au  domaine  de  la  couronne,  ne  pouvait  plus  s'en 
distraire.  ||  Fig.  Détourner  son  esprit.  Il  s'est  distrait 
de  son  affliction  par  un  voyage.  De  son  image  en  vain 
j'ai  voulu  medislraire,  rac.  Bn'I.n,  2.  ||  Absolument. 
Se  distraire,  se  livrer  aux  distractions,  aux  amuse- 
ments. J'ai  besoin  de  me  distraire.  C'est  une  misé- 
rable condition  de  la  nature  humaine,  que  cette 
nécessité  de  se  distraire,  stael,  Corinne,  xvi,  7. 
Il  Se  distraire,  devenir  distrait,  être  en  proie  à  dos 
absences  d'esprit.  Sans  se  distraire  à  force  de  com- 
battre les  distractions,  et  sans  s'inquiéter  de  leur 
fréquent  retour,  fén.  Êduc.  des  filles,  p.  295,  dans 

POUGENS. 

—  REM.  1.  J.  J.  Rousseau  a  dit  (Confess.  i)  :  Trop 
d'autres  goiîts  me  distraiseiit  ;  et  {Confess.  vi)  :  L'exer- 
cice me  distraisantsur  mon  état.  Ce  sont  de  grosses 
fautes;  il  faut  :  distraient  et  distrayant.  ||  2.  Si  le 
parfait  défini  de  l'indicatif  et  l'imparfait  du  subjonctif 
manquent  aujourd'hui,  c'est  seulement  par  défaut 
d'habitude.  Autrefois  ces  temps  existaient,  et  l'on 
pourrait  les  reprendre  :  je  distrayis,  que  je  dis- 
trayisse. 

—  SYN.  distraire,  divertir.  De  ces  deux  mots, 
l'un  signifie,  élymologiquement,  tirer  de  côlé  et 
d'autre,  l'autre  tourner  de  côlé  et  d'autre.  Mais  de 
là  ils  ont  pris  respectivement  une  signification  qui 
les  dilTérencie  :  le  divertissement  est  beaucoup  plus 
que  la  distraction;  on  se  divertit  quand  on  se  livre 
à  divers  amusements,  tels  que  spectacles,  bals, 
fêtes,  repas;  pour  se  distraire,  il  n'est  pas  besoin 
de  tout  cela;  il  suffit  de  quelques  plaisirs  môme  so- 
litaires, de  quelques  simples  satisfactions. 

—  HIST.  xv*  s.  De  leurs  meurs  ne  te  distrais,  Ains 
y  soies  entendus,  e.  descu.  Laij  du  roy.  ||  xvi'  s. 
Or  vous  ay  dit,  sans  aller  au  contraire  De  vérité, 
le  triumpliant  mystère,  Ainsy  qu'ay  peu  d'œil  et 
plume  distraire,  J.  hauot,  p.  109,  dans  lacirne. 
Poulser  le  mespris  de  la  mort  jusques  à  tel  degré 
que  de  l'employer  pour  se  distraire  des  [s'arracher 
aux]  honneurs,  richesses,  mont,  i,  2  50.  La  philoso- 
phie veult  qu'au  chastiment  des  ofl'enses  receucs, 
nous  en  distrayons  la  cholere,  id.  IV,  t63.  Lysima- 
chus,  se  trouvant  de  loisir  audemourant,  et  non  dis- 
trait d'autres  affaires,  s'en  alla  incontinent  faire  la 
guerre  à  Pyrrhus,  amyot,  Pyrrhus,  25.  Hz  alloicnt 
espians  les  moyens  de  le  distraire  et  divertir  qu'il 
n'assistas!  au  sénat,  id.  C.  d'Utiq.  29.  S'approchans 
deLiUiers,  ville  distraitte  de  deux  lieues  par  de  là 
Pernes,  du  bellay,  Mém.  liv.  viii,  f°  2*9,  dan? 
lacurne. 

—  ÉTYM.  Wallon,  distrit;  provenç.  distraire;  ca- 
lai, disiraurer;  espagn.  distraer;  portug.  distrahir; 
ital.  distrarre;  du  latin  distrahere,  de  dis....  pré- 
fixe, et  trahcre,  tirer  (voy.  traction,  traire). 

DISTRAIT,  AITE  (di-strè,  strê-t'),  part,  passé 
de  distraire.  Il  !•  Démembré,  séparé.  Une  province 
distraite  de  l'empire.  Une  somme  d'argent  distraite. 
Il  2°  Un  accusédistraitdeses  juges  naturels.  ||  3° Dé- 
tourné, déconseillé.  Distrait  par  ses  amis  d'une  en- 
treprise hasardeuse.  ||  4°  Qui  est  détourné  de  l'ap- 
plication, de  l'attention.  Nos  esprits  étaient  donc 
également  distraits,  corn.  Sertor.  iv,  3.  Je  me  fuis,  je 
m'oublie,  et  mes  espritsdistraits  Se  plaisent  à  les  sui- 
vre [les  Muses],  et  retrouvent  la  paix,  a.  ciitn.  Élég. 
4.  Je  ne  m'étonne  plus  qu'interdit  et  distrait  Votre 
père  ait  paru  nous  revoir  à  regret,  rac.  Iphig.  ii,  ♦. 
Il  5°  Qui  a  des  distractions,  des  absences  d'esprit. 


119G 


DIS 


Il  est  ainguli&rement  distrait.  Il  vous  dit  non  pour 
OUI,  eui  pour  non;  il  appelle  Une  femme  monsieur, 
et  moi  mademoiselle;  Prend  souvent  l'un  pour  l'au- 
tre et  va  sajis  savoir  où;  On  dit  iiu'il  est  distrait; 
moi  je  le  prends  pour  fou,  hkgnar»,  Distrait,  il, 
<.  Siiuveiit  pensif,  plus  souvent  distrait,  mais  le 
plus  charmant  des  convives,  lorsque,  sans  distrac- 
tion, il  se  livrait  à  nous,  marmonï.  ift'm.  vi.  ||  Sub- 
stantivement. La  Bruytrea  peint  le  distrait Vous, 

monsieur  le  distrait.  Vous  êtes  là  debout  p.nnté 
comme  un  piquet,  bkgnaro,  le  Distrait,  v,  B.  ||  Kn 
parlant  des  choses.  Air  distrait.  Regarder  d'un  oeil 
disirait,  regarder  sans  apporter  une  grande  atten- 
tion  Je  fuis  des  yeux  distraits  Qui,  me  voyant 

toujours,  ne  me  voyaient  jamais,  bac.  Bérén.  i,  4. 

t  DISTUAYANT,  ANTE  (di-slrè-ian,  i-in-t'),  adj. 
Oui  donne  une  distraction.  Lecture  0  strayante. 
l'armi  ces  exercices  il  comprend  les  occupations  les 
l'ius  distrayantes,  Boss.  Or.  t.  Les  discours  inutiles 
et  distrayants,  id.  Visite,  î. 

t  «ISTRIDUABLE  (di-stri-bu-a-bl'),  ad}.  Qui  peut, 
qui  doit  être  ilistifbrié. 

—  REM.  D'ordinaire,  les  adjeclits  en  ahle,  qui 
ont  bien  le  sens  passif,  ne  prennent  pas  le  régime 
des  verbes  pa'^sifs.  Aussi  ne  faut- il  pas  imiter  cet 
exemple  de  Saint-Simon  :  Le  fils  du  comte  de  Ton- 
nerre donne  toono  livres  aux  pauvres,  distribuables 
par  le  cardinal  de  Noallles,  st-sim.  ib7,  240. 

—  HIST.  XVI*  s.  Et  de  plus  la  somme  de  CnOOO  li- 
vres distribuables  à  St  Auban  et  à  ses  compagnons, 

DAUB.   Ilist.  II,   374. 

—  ÊTVM.  Distribuer^ 

DISTKinUÉ,  ÉE  (di-stri-bu-é,  ée),  part,  ■passif. 
Il  1°  Héiiarli.  Les  aumônes  distribuées  par  des  mains 
bienfaisantes.  L'eau  distribuée  dans  la  campagne 
par  de  nombreuses  rigoles.  Je  ne  comprends  pas,  je 
vous  l'avoue,  pourquoi  on  veut  empêcher  de  répan- 
dre dans  le  royaume  et  en  Europe  quatre  mille  exem- 
plaires de  l'Encyclopédie,  lorsqu'il  y  en  a  déjà  qua- 
tre mille  de  distribués,  d'alemb.  iett.  à  Voltaire, 
»  mars  1770.  Si  les  eaux  de  l'Artibonite  sont  jamais 
distribuées  avec  intelligence,  une  partie  considé- 
rable de  ce  quartier  se  couvrira  silrement  de  cannes, 
BAYNAL,  Ilist.  phil.  xiir,  40.  Il  2°  Des  appartements 
bieir  distribués,  mal  distribués,  c'est-à-tlire  dont  la 
disposition  est  commode,  mal  commode.  ||  Terme 
de  peinture.  Un  ouvrage  bien  distribué.  Des  jours 
bien  distribués.  Des  ombres  mal  distribuées. 

DISTRIBUER  (di-slribu-é),  v.a  \\  1"  Répartir, 
partager  entre,  dispenser.  Distribuer  des  aumônes, 
une  somme  d'argent.  Ces  rares  talents  qui  sont  dis- 
tribués aux  hommes  extraordinaires.  Distribuer  des 
annonces  aux  pas.sants.  Si  pour  distribuer  et  le  prix 
et  les  peines,  rotbou,  Bélis.  v,  5.  Il  [Cyrus]  ne 
prodiguait  pas  leo  gr'àces,  il  les  distribuait,  ROLLtN, 
Ilist.  anc.  OCtares,  t.  iv,  p.  460.  Le  public,  qui 
laisse  assez  paisiblement  les  mathématiciens  (dont 
il  ne  connaît  que  les  noms)  régler  les  rangs  entre 
eux  et  se  distribuer  la  gloire  à  leur  gré,, n'eut  pas 
la  même  indulgence  pour  un  géomètre,  littérateur 
et  philosophe,  condohcet,  d'^/emk'rl.  ||  Distribuer 
un  travail  entre  des  ouvriers.  ||  Répandre  en  divi- 
sant. Ces  conduits  distribuent  l'eau  dans  les  diffé- 
rents quartiers  de  la  ville.  ||  2°  Terme  de  jurispru- 
dence. Distribuer  un  procès,  commettre  iin  juge 
pour  l'examiner.  ||  3°  Diviser  en  disposant  en  un  cer- 
tain ordre.  Cet  auteur  a  distribué  avec  art  toutes  les 
parties  de  son  sirjBt.  Distribuer  avec  goût  les  orne- 
ments d'un  édifice.  Servius  qui  avait  distribué  les 
citoyens  en  six^classes,  montesq.  Esp.  xi,  49.  Il  y 
a  un  art  inspiré  par.  le  bon  goilt  dans  la  manière 
rie  distribuer  les  images,  diuer.  Salon  de  t767, 
t.  XIV,  dans  pOLCtNS.  Il  remplissait  toutes  les  par- 
ties des  instruments  ou  de  la  voix,  distribuant  des 
traits  de  mélodie  et  d'harmonie,  ainsi  qu'un  peintre 
habile  aurait  distribué  sur  la  toile  les  couleurs  et  le.s- 
ombres  pour  en  composer  son  tableau,  HAKjtiONT. 
ilém.  X.  Il  Dislribtrer  un  appartement,  en  disposer 
les  pièces  selon  certains  usages.  ||  4°  Terme  d'im- 
primerie. Distribuer  les  lettres,  et,  absolument,  dis- 
tribuer, répartir  dans  les  cassetins  les  différertts 
caractères  après  le  tirage.  ||  Distribuer  les  balles, 
répartir  l'encre  bien  également  sur  la  surface  des 
cuirs.  On  dit'  dans  le  même  sens  distribuer  le  rou- 
leau. Il  5°  Appliquer,  en  parlant  de  cou|is,  de  ho- 
rions. Distribuer  des  oups  de  poing,  des  bourrailes. 
C'était  [le  pape  Jules  II]  un  vieux  soldat  turbulent 
qur  aimait  la  guerre  comme  un  fou,  toujours  à  che- 
val, toujours  le  casque  en  tète,  distribuant  des  bé- 
nédictions et  des  con|>s  de  sabie,  volt.  Amabed, 
47*  leiire.  ||  6"  Se  drstribuer,  v.  refl.  Être  distribué, 
réparti.  Le  médiateur  par  qui  se  distribuent  les  bien- 
faits. Il  Etre  répandu  par  des  canaux  ou  des  routes 


DIS 

réglées.  Le  aang  se  distribue  du  cœur  dans  les  ar- 
tères. , 

—  IIlST.  xiv*  s.  Leur  distribuant  les  terres  que  l'en 
avoit  tolues  [enlevée*]  aus  anemis,  behcheiire,  f°  22, 
verso.  Il  distribuoierit  les  champs,  vingnes,  mesonsà 
ceux  qui  là  vouloient  aler  demourer,  id.  f°  2.  Mal 
distribuer  ce  qui  doit  eslre  donné  pour  Dieu,  àléna- 
gier,  I,  3.  Et  est  manifeste  que  un  homme  ne  peut  pas 
bien  convivre  avec(|ues  grant  multitude  familiaire- 
ment,  ne  soy  distribuer  entre  tant  de  gens,  oresme, 
Eth.  287.  Affin  qu'il  puissent  justement  distribuer 
les  honneurs  et  les  paines,  id.  t6.  47.  ||  xvi*  s.  Si 
tost  qu'ilz  estoient  arrivez  à  l'aage  de  sept  ans,  il 
les  prenoit  et  les  distribuoit  par  trouppes  pour  les 
faire  nourrir  ensemble,  amïot,  Lyc.  33. 

—  lîTVM.  Provenç.  et  esjiagn.  distribuir;  ital. 
distribuire ;  du  latin  distribuere,  de  dis....  préfixe, 
et  tribuere,  accorder  (voy.  tribut). 

t  DISTRIBUTAIRE  (di-stri-bu-tê-r"),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  a  reçu  une  part  dans  les  distribi/- 
tions  de  quelques  objets.  Chaque  distributaire  des 
secours  communaux.  ||  Mot  proposé  par  Legoarant 
et  formé  sur  le  modèle  de  donataire. 

—  KTYM.  Distribuer. 

DISTUIBUTECR,  TRICE  (di-stri-bu-teur,  tri-s'), 
9.  m.  et/".  Celui,  celle  qui  distribue.  Je  ne  suis  pas  sûr 
lie  ceux  qui  sont  les  maîtres  et  les  distributeurs  des 
grâces, BOURDAi..  Sur  larécomp.  dessaints,  t"avent, 
p.  9.  Il  la  rend  la  distributrice  de  ses  grâces,  mass. 
Mysi.  .^isonipl.lj  Dans  certaines  communes  de  France 
où  il  n'y  a  pas  de  direction  des  postes,  il  se  trouve 
un  bureau  de  distribution  tenu  par  un  distributeur 
ou  une  distributrice,  legoarant.  Il  demeure  chez 
la  distributrice  des  lettres.  ||  Distributrice  se  disait 
autrefois  d'une  marchande  qui  vendait  des  rafraî- 
chissements à  la  Comédie  française.  Il  y  avait  deux 
distributrices,  l'une  auprès  des  loges  et  l'autre  à 
l'entrée  du  parterre. 

—  HIST.  xiv"  s.  Dieu,  qui  est  roy  des  roys  et  dis- 
tributeur des  royaumes,  obesme.  Thèse  de  meunier. 
fl  XV"  s.  Sages  dislribueurs  et  conseillers  loyaulx  de 
la  personne  du  roy,  christ,  de  pisan,  Charles  V, 
II,  t7.  Il  XVI'  s.  11  eslablit  Lysander  pour  toute  pro- 
vision, commissaire  des  vivres  et  distributeur  des 
chairs,  amyot,  Lysand.  44. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  distribuidor;  ital. 
distribulore;  du  latin  distribulorem,  de  distribu- 
tum,  supis  de  distribuere ,  distribuer. 

DISTRIBUTIF,  IVE -(di-stri-bu-tif,  ti-v'),  adj. 
Il  1°  Oui  a  la  vertu  de  distribuer,  le  caractère  de  la 
distribution.  Les  propriétés  distribulives  qui  procu- 
rent dans  le  corps  vivant  la  nutrition.  {|  Justice  dis- 
tributive,  celle  qui  répartit  les  récompenses  et  les 
peines.  C'est  un  acte  de  ta  justice  qu'on  appelle  dis- 
tributive,  uoss.  Aumône,  2.  ||  2°  Terme  de  gram- 
maire et  de  logique.  Qui  sépare  et  individualise, 
par  opposition  à  collectif.  Sens  distributif,  celui  dans 
lequel  on  considère  une  multitude,  suivant  tous  les 
individus  qui  la  composent.  Ce  qui  est  vrai  dans  le 
sens  distributif  ne  l'est  pas  toitjours  dans  le  sens 
collectif.  Il  Noms  de  nombre  distributifs,  en  latin 
les  mots  singuli,  bini,  terni,  etc.  en  français  les 
locutions  :  un  à  un,  deux  à  deux,  trois  à  trois,  etc. 

—  HIST.  xiv  s.  Prince  [principal]  distributif, 
ORESME,  Thèse  de  meunier.  ||  xvi"  s.  Les  parties  re- 
tentrices,  concoctrices,  distributives,  assimilatives 
et  expulsives,  paré,  i,  t. 

—  ÉTYM.  Provenç.  distributiu;  espagn.  et  ital. 
distributivo  ;  du  latin  dislribuUvus ,  de  distribuere, 
distribuer. 

DISTRIBUTION  (di-slri-bu-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f^  \\  1°  Action  de  distribuer.  La  distri- 
bution du  saiig  dans  les  artères.  La  distribution  des 
rôles.  La  distribution  du  travail.  La  bonne  distribution 
de  l'eau  est  une  condition  essentielle  delà  salubrité 
des  grandes  villes.  Les  conditions  économiques  d'une 
distribution  d'eau  aux  habitants  de  Paris.  Tenez  la 
main  à  ce  que  la  distribution  du  vin  aux  équipages 
des  vaisseaux  se  fasf,o  avec  de  pareilles  mesures  [con- 
formes  aux  étalons],  seignelay.   Aux  intendants, 

1679,  dans  JAL La  consolation  D'avoir  fait  de 

ses  biens  la  distribution  Répand  au  fond  du  cœur 
un  repos  sympathique,  Certaine  quiétude  et  douce 
et  balsamique,  regnard,  Ugat.  iv,  6.  L'économie 
des  revenus  et  des  frais  de  perception,  l'abolition 
des  privilèges  onéreux  au  commerce  et  à  l'agricul- 
ture, et  une  plus  égale  distribution  de  l'impôt  sur 
toutes  les  classes,  étaient  les  remèdes  qu'il  fallait 
appliquer  à  la  grande  plaie  de  l'P.tat,  harmontel, 
ilém.xu.  Il  La  distribution  des  prix,  solennrté  par 
laquelle  on  donne  des  récompenses,  dans  un  col- 
lège, d;ins  un  concours,  dans  une  académie,  dans 
un  comice  agricole,  à  ceux  qui  lès  ont  méritées. 


DIS 

Il  Ëtat  de  ce  qui  est  distribué,  réparti.  l,a  distribu- 
fion  des  animaux  suivant  les  régions,  des  plantes 
suivant  les  altitudes.  ||  T  Service  du"  facteur  qui 
l>oi  te  les  lettres  à  domicile.  La  distribution  des  let- 
tres. Il  Lettres  à  distribuer.  Voilà  de  la  distribution. 
Il  3°  Ternie  d'économie  politique.  Distribution  des  ri- 
chesses ou  des  revenus,  ensemble  de  conditions  sui- 
vant lesquelles  la  richesse  est  répartie  entre  les 
différents  membres  de  la  société.  ||  4"  Terme  de  pro- 
cédure. Répartition,  entre  les  créanciers,  des  de- 
niers provenant  de  la  saisie  d'un  débiteur.  Distribu- 
tion par  contribution.  |{  Ancien  terme  de  palais.  Re- 
gistre dans  lequel  le  greffier  garde-sacs  au  parlement 
insérait  toutes  les  requêtes  de  commtttttur,  pour 
qu'elles  fussent  ensuite  remplies  par  le  président. 
Il  6°  Ce  que  l'on  distribue  à  des  chanoines  pour  leur 
droit  de  présence  au  service  divin.  Recevoir  double 
ilistribution.  Distribution  manuelle.  |l  6"  Disposition 
par  division,  ordonnance.  La  distribution  d'une  ma- 
tière |)ar  chapitres.  La  distribution  des  parties  d'un 
discours.  Il  y  a  dans  cetouvrage  [Introducliort  à  l'his- 
toire de  Charles- Quint]  un  calme  de  raison,  une 
.sagedistriliution  de  parties,  quelque  chose  de  régu- 
lier et  de  progressif  à  la  fois,  qui  plaît  à  la  pensée, 
viLLEM.  LiiV-r.  franc,  xviii*  siècle,  2'  part.  *•  leç. 
Il  Terme  de  peinture.  La  distribution  du  jour  et 
des  ombres  dans  un  tableau.  Pour  former  ce  vil 
coloris,  ces  distributions  de  lumières,  ces  dégrada- 
tions de  couleurs,  fén.  Eiist.  8.  ||  Terme  de  rhéto- 
rique. Figure  qui  consiste  à  énumérer  par  ordre 
les  qualités  d'un  sujet.  ||  7°  Division  intérieure  d'un 
appartement.  Une  distribution  bien  entendue. 
il  8°  Terme  d^imprimerie.  Action  de  répartir  les  ca- 
ractères dans  leurs  cassetins  après  le  tirage.  |{  Les 
caractères  mêmes  à  distribuer. 

—  HIST.  xiv*  s.  Estoient  redevables  à  Rome,  Par 
païer  distribucions  [tributs],  Peuples  de  toutes  na- 
cions  Que  le  jour  queuvre  de  lumière,  c.  guiart, 
Us,  (°  140,  dans  lacurne.  Tous  confessent  et  dient 
que,  en  faisant  justice,  il  convient  en  distribu- 
cions faire  selon  la  dignité  des  personnes,  ohesue, 
Eth.  146.  Il  XV"  s.  Que  chascun  sanz  faire  arres- 
tée,  Viegne  à  César  sanz  delaier,  Sa  dislribucion 
[taxe]  paier,  Nativ.  de  J.  C.  Mystère.  \\  xvi'  s.  La 
distribution  estoit  telle,  qu'on  prouvoyoit  i  la  nour- 
riture des  ministres,  et  qu'on-ne  laissoit  point  les 
lioures  en  arrière,  Calvin,  Institut.  864.  La  distri- 
bution et  ordre  d'un  convoy,  mont.  I,  t7.Ces  distri- 
butions de  deniers,  amyot,  Péric.  n. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dislribucio;  espagn.  distribu- 
cion;  ital.  di.ï(ri(;uîione; du  latin dislributionem,  de 
distribuere,  distribuer. 

DISTRIBUTIVEMENT(di-stri-bu-ti-ve-man),adr 
Terme  de  logique.  En  un  sens  distributif.  Que  Ifc 
connaissance  de  ces  procès  appartienne  distributi- 
vement,  savoir  est  à  nostre  cour  de  parlement  pour 
ce  qui  concerne  la  police,  et  à  nos  dits  élus  pour  ce 
qui  concerne  la  perception,  Ordonn.  du  20  juillet 

4022. 

—  ÉTYM.  Distributive,  et  le  suffixe  ment. 
DISTRICT  (di-strik':]irononciation  mal  fixée:  les 

uns  disent  di-slrikt',  en  prononçant  toutes  les  con- 
sonnes finales;  les  autres  disent  di-strik;  d'autres 
enfin  di-stri  ;  nos  anciens,  qui  de  districlutn  avaient 
fait  détroit,  avaient  évité  cette  accumulation  de  con- 
sonnes finales  toujours  peu  agréable  à  notre  oreille), 
s.  m.  Il  1°  Terme  de  pratique  ancianne.  Étendue 
d'une  juridiction.  Un  juge  ne  peut  juger  hors  de 
son  district.  ||  Fig.  Cela  n'est  pas  de  mon  district, 
cela  n'est  pas  de  ma  compétence.  ||  2'  Subdivision 
de  déparlement  établie  par  la  loi  du  22  décembre 
1789.  Les  districts  étaient  moins  étendus  que  les 
arrondissements  actuels.  Le  directoire  du  district. 
Il  Par  extension, un  territoire  quelconque  d'une él«n- 
due  limitée.  Un  petit  district,  qui  y  avait  conservé 
son  indépendance,  la  conserve  encore;  ce  canton 
fortuné....  raynal,  Ilist.  phil.  m,  27.  ||  3'  Par  ana- 
logie, compartiment.  Les  différents  districts  de  la 
nature.  M.  Polier  était  profondément  versé  dans 
toutes  les  sciences  qui  étaient  proprement  l'objet  de 
sa  vocation  et  dont  le  district  est  si  étendu;  il  n'y 
en  avait  aucune  sur  laquelle  il  ne  fût  instruit,  tis- 
SOT,  Santé  des gens'de  lettres,  p. 76,  édit.Techener. 
Il  Département, charge.  Le  poste  n'était  pas  mauvais, 
parce  qu'ayant  le  district  des  pan.seaients  et  des 
drogues,  je  vendais  souvent  aux  hommes  de  bonnes 
médecines  de  cheval,  beaum.  Varb.  deSév.  l,  a. 

—  HIST.  xni'  s.  bours  et  chastiaux  et  viles,  fer- 
metés et  destrois,  Derte,  Lxi.  \]  xvt's.  Us  se  disoient 
des  environs  du  dislric  de  Gibraltar,  carl.  v,  H. 

—  ÉTYM.  VOV.  l'ÊTROIT. 

t  DISTRIGLYPUE  (di-strlgli-P),  voy.  WIRI- 
GLYPUE. 


DIT 


DIT 


DIV 


H97 


f  4.  DISTYLE  (di-sti-l"),  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture. Porche  formé  de  deux  colonnes. 

—  f.TYM.  Ai«,  deux,  et  otOXo;,  colonne. 

f  2,  UlSTï'LE  (di-sti-l'),  odj.Terme  do  botanique.' 
Qui  a  deux  styles. 

—  ÉTYM.  Aie  deux,  et  style. 

>.  DIT,  DITE  (di,  di-t'),  part,  passé  de  dire. 
Il  I»  Ces  paroles  dites  avec  fermeté.  Un  discours 
bien  dit.  Cela  dit.  il  partit.  Aujourd'hui  ce  qui  ne 
vaut  pas  la  peine  d'être  dit,  on  le  chante,  bkaum. 
Ilarb.  de  Sév.  i,  2.  ||  Tout  est  dit,-  tout  est  expliqué, 
convenu.  |1  Tout  est  dit.  signifie  quelquefois  tout  est 
fini,  terminé.  Tout  est  dit,  le  pauvre  m.illieureux 
a  cessé  de  soun"rir.  ||  Voilà  qui  est  dit,  voilà  qui  est 
arrêté.  ||  C'est  une  chose  dite,  c'est  une  chose  ré- 
solue. Il  C'est  bien  dit,  s'emploie  pour  marquer  ap- 
probation. Il  Je  ne  veux  pas  qu'il  soit  dit  que.... 
il  ne  sera  pas  dit  que....  c'est-à-dire  je  ne  veux  pas 
que  telle  ou  telle  chose  arrive.  ||  Se  le  tenir  pour 
dit,  ne  plus  oser  revenir  à  la  charge.  Il  se  le  tint 
pour  dit,  et  n'en  parla  plus.  Son  cousin  ne  se  le 
tint  pas  pour  dit,  hamilton,  Gramm.  8.  ||  Se  te- 
nir pour  dit,  être  assuré  que....  Je  saurai,  de  ma 
part,  expliquer  ce  silence.  Et  me  tiendrai  pour  dit 
tout  le  mal  que  j'en  pense,  mol.  ilis.  v,  2.  Je  me 
tins  pour  dit  que  je  n'avais  pas  besoin  de  trans- 
pirer, SÉV.  363.  Il  faut  vous  tenir  une  bonne  fois 
pour  dit  que  ....  Boss.  iet(.  abf).  <70.  Je  me  tiens 
pour  dit  qu'ils  ne  m'imiteront  pas,  j.  J.  Rouss.  ^m. 
IV.  Il  X  l'heure  dite,  à  l'heure  fixée.  X  l'heure 
dite,  il  courut  au  logis  De  la  cigogne'  son  hôtesse, 
LA  FONT.  Fab.  1,  (8.  ||. C'est  bientôt  dit,  ce  n'est 
pas  aussi  facile  à  faire  qu'àdire.  ||  Mettons  qu'il  n'y 
ait  rien  de  dit,  je  retire  ma  proposition,  n'en  par- 
lons plus.  Il  2°  Surnommé.  Charles  V,  di-t  le  Sage. 
Il  3' Terme  de  pratique.  Ledit  sieur,  ladite  maison, 
audit  lieu,  mondit  seigneur,  locutions  employées 
pour  rappeler  qu'il  a  été  déjà  question  de  ces  per- 
sonnes, de  ces  choses.  ||  On  remarquera  que,  dans 
ces  façons  tecluiiques  de  parler,  on  a  pris  l'habitude, 
San.?  motif  grammatical,  peut-être  par  imitation  de 
monsieur,  madame,  etc.  d'écrire  sans  les  séparer 
dit  et  l'article  ou  les  pronoms  possessifs  auxquels  ce 
mot  est  joint  :  ledit,  ladite,  lesdits,  audit,  auxdits, 
mondit,  sondit,  nosdits,  vosdits,  sesdits.  ||  On  dit 
dans  le  même  sens  :  susdit,  ci-dessus  dit,  ci-devant 
dit,  ci-après  dit.  Ces  locutions  ont  vieilli,  sauf  sus- 
dit, qui  s'écrit  en  un  seul  mot. 

2.  DIT  (di;  le  (  se  lie;  au  pluriel,  l's  se  lie:  des 
di-7.  inexacts),  s.  m.  \\  l"  Mot,  propos,  maxime  no- 
table. Un  dit  mémorable.  Les  dits  et  gestes  des  an- 
ciens. En  ces  mots  Minerve  plaida....  A  ses  dits  le  ciel 
s'accorda;  Et  chacun  dit  vive  d'Avaux,  voit.  l'oé- 
sies,  dans  richelet.  Vous  savez  que  ses  dits  sont 
remarquables,  sÊv.  <36.  On  ne  conte  que  ses  dits 
pleins  d'esprit,  id.  413.  [NavaiUes]  C'était  un  grand 
homme,  maigre,  jaune,  poli,  qui  ne  laissait  pas 
d'avoir  des  dits  et  des  naïvetés  étranges,  ST-siM.  74, 
2)5.  Il  Dits  et  redits,  beaucoup  de  propos  s.ur  un 
môme  sujet.  Voilà,  mon  cher  comte,  ce  qui  s'est 
passé;  je  n'y  ajouterai  pas  les  dits  et  les  redits  des 
dames  sur  l'ecclésiastique  qui  a  servi  au  salut  de 
mon  frère  ,  maintenon,  Lett.  à  U.  de  Noailles, 
4t  juin  (703.  Onques  ne  fut  plus  parfaite  donzelle; 
Tant  par  miroirs  que  par  dits  et  redits  (La  belle  sut- 
de  la  beauté  le  prix,  chaul.  À  lime  de  Valois.  ||  C'est 
un  normand,  il  a  son  dit  et  son  dédit.  Une  vieille 
coutume  normande  permettait  d'annuler  ou  de  ra- 
tifier un  contrat  dans  les  vingt-quatre  heures  qui 
suivaient;  de  là  la  locution  :  avoir  son  dit  et  son  dé- 
dit, être  sujet  à  se  dédire,  à  revenir  sur  sa  promesse. 
Il  2"  Terme  d'ancienne  procédure.  Pièce  exposant  les 
faits.  J'écris  sur  nouveaux  frais  ;  je  produite,  je  four- 
nis De  dits,  de  contredits,  d'enquêtes,  compulsoi- 
res....  RAC.  Plaid.  1,  7.  ||  3°  Titre  qu'on  donnait, 
dans  le  moyen  âge,  à  certaines  compositions  narra- 
tives et  qui  signifiait  récit,  fable.  Le  dit  du  bœuf. 

—  msT.  xn*  s.  Et  si  orons  [cuirons]  son  dit  et 
son  penser,  Itonc.  p.  (80.  Vous  povez  bien  savoir 
par  ma  chançon  Et^t-mes  dis  que  je  n'aim  se  vous 
non,  Couci,  ii.  Bien  [je]  me  deUsse  targier  [tarder] 
De  chanson  faire  et  de  dis  et  de  chans,  quesnes. 
Romancero,  p.  66.  Si  l'ocist  felenessement  pur  ven- 
gier,  à  sun  dit,  la  mort  sun  frère  Asael,  Rois,  432. 
Il  xui"  s.  S'il  dit  par  amendement,  li  dis  pot  estre 
dis  par  li  ou  par  aucun  des  autres,  beaum.  v,  8. 
li  xiv"  s.  Et  se  il  ne  ont  en  eulz  tele  dignité  ou  va- 
leur, leur  dit  est  une  dérision.,  oresme,  Elk.  244. 

—  ÉTYM.  Lat.  diclum.  de  dicere,  dire  (voy.  niKE).' 
t  DITAXION   (di-ta-ksi-on),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Fruit  capsulaire  contenant  deux  rangées 
de  loges. 

—  tTYM  Ai;,  deux,  et  tàÇi;,  rangée. 


tDITÉTRAÊDRE  (di-té-tra-è-dr"),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Cristaux  difétraèdres,  cristaux  qui  pré- 
sentent deux  tétraèdres. 

—  Etyh.  Ai;,  deux,  et  tétraèdre. 

•f  DITIIÉISME  (di-té-i-sm'),  s.  m.  Système  reli- 
gieux dans  lequel  on  reconnaît  deux  premiers  prin- 
cipes, dont  l'un  est  le  principe  du  bien,  l'autre  ce- 
lui du  mal.  La  religion  de  Zoroastre  est  un  dithéisme. 

—  ETYM.  Ai;,  deux,  et  théisme. 

t  DITUIONIQUK  (di-ti-o-ni-k'),  adj.  Terme'  de 
chimie.  Acides  dithioniques,  acides  du  soufre  qui 
renferment  2  équivalents  de  radical.  Tels  sont  l'acide 
hyposulfureux,  l'acide  hyposulfurique. 

—  ETYM.  Al;,  deux,  et6eïov,  soufre. 
DITHYRAMBE  (di-ti-ran-b'),  s.  m.   ||  1°  Terme 

d'antiquité.  Poème  lyrique  en  l'honneur  de  lîacchus 
et  du  vin.  ||  Danse  accompagnée  de  chant  et  de 
musique  instrumentale  en  l'honneur  de  Bacchus. 
|12''Aujourd'hui,  poème  qui  se  rapproche  de  l'ode 
par  le  mouvement  et  l'enthousiasme  et  qui  en  dif- 
fère par  l'irrégularité  des  slauces.  ||  3°  Fig.  et  fami- 
Uèrement.  Grandes  louanges.  Il  entonna  un  dithy- 
rambe en  son  honneur.  ||  En  ce  sens,  dithyrambe  a 
souvent  un  sens  moqueur,  qui  vient  de  la  niiture 
même  de  ce  poème  :  le  dithyrambe  éiant  consacré 
au  dieu  du  vin,  les  poêles  essayaient  de  peindre 
leur  ivresse  par  un  style  et  des  pensées  décousues. 

—  ÉTYM.  Ai6'Jpauëo;,  surnom  de  Bacclius. 
DITIIYRAMBIOIIE  (di-ti-ran-t)i-k') ,  adj.  |l  1°  Qui 

appartient  au  dithyrambe,  Poésie  dithyrambique. 
J'entonne  sur  les  troubadours  Un  chant  dithyram- 
bique, BÉRANG.  Troubad.  ||  2°  Fig,  et  familièrement. 
Des  louanges  dithyrambiques.  ||  Même  remarque 
que  pour  dithyrambe. 

—  liiST.  XVI'  s.  Pean  dithyrambique  à  la  santé, 
BAÏF.  Passe-temps,  II. 

—  ÉTYM.  Dithyrambe. 

t  DITUYRE  (di-ti-r'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Qui  est  formé  de  deux  valves. 

—  ETYM.  AiOypo;,  de  Si;,  deux,  et  Oûpot,  porte. 

t  DITION  (di-sion),  s.  f.  Empire,  autorité De 

voir  cette  femme  [Mme  du  Maine],  qui  avait  tant 
osé  assurer  qu'elle  renverserait  l'État,  de  la  voir 
rager  entre  quatre  murailles  de  la  dition  de  M.  le 
duc,  ST-siM.  B23.  Il  Inusité. 

—  ÉTYM.  Lat.  ditionem,  autorité,  de  dore,  don- 
ner (voy.  datif). 

DITO  (di-to).  Mot  invariable.  Terme  de^ommerce. 
Déjà  dit,  énoncé.  On  l'emploie  pour  éviter  la  répé- 
tition d'un  objet  déjà  désigné.  Vingt  sacs  de  café 
à  tant;  trente  dilo  à  tant. 

—  ÉTYM.  Mot  qui  semble  formé  de  dit  (voy.  dit  t), 
comme  secundo  l'est  de  secundus. 

t  DITO  ME  (di-to-m'),  adj,.  Terme  d'histoire  na- 
turelle. Qui  est  fendu  en  deux,  bivalve. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  xéiiveiv,  couper  (Yoy. 
tome). 

DITON  (di-ton),  s.  m.  \\  1°  Terme  de  musique  an- 
cienne. Espace  de  deux  tons  considérés  d'ensemble 
et  sans  les  diviser.  ||  2°  Terme  de  musique  moderne. 
Intervalle  qui  comprend  deux  tons  dans  la  propor- 
tion de  quatre  àcinq(tierce  majeure).  La  proportion 
du  semi-diton  est  de  cinq  à  six.  Ceux  qui  ont  l'o- 
reille la  plus  délicate  ne  sont  pas  encore  assez  sen- 
sibles pour  reconnaître  la  différence  qu'il  y  a  entre 
certains  sons....  il  y  en  a  qui  ne  mettent  point  de 
différence  entre  une  octave  et  trois  ditons,  malebr. 
Recherche,  vi,  4. 

—  ÉTYM.  AiTovo;,  de  Si;,  deux,  et  xôvo;,  ton. 

t  DlTRlGLYPHE  (di-tri-gli-T),  s.  m.  Terme  d'ar- 
chitecture.  Espace  compris  entre  deux  triglyphes. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  et  triylyphe. 

t  DITRINOME  (di-tri-no-m'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Cristal  ditrinome,  cristal  produit  par  trois 
lois  de  décroissement  qui  agissent  chacune  sur  deux 
points  différents. 

—  ETYM.  Al;,  deux,  Tp't;,  trois,  etv6|io;,  loi. 

t  DITROCUÉE  (di-tro-chée),  s.  m.  Terme  de  mé- 
trique ancienne.  Pied  grec  ou  latin  composé  de  deux 
trochées,  comme  flùctûôsd.  On  l'appelle  aussi  di- 
•chorée.      * 

—  ÉTYM.  Ai«,  deux,  et  trochée. 

f  DITROPE  (di-tro-p'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Ovule  diti'ope,  ovule  réfléchi,  dont  le  funicule  dé- 
crit un  tour  de  spire  venant  placer  l'ovule  dans  la 
posiiion  d'un  ovule  droit. 

—  ÉTYM.  Ai;,  deux,  ettpiTteiv,  tourner. 

f  DIITIER  (di-tié),  s.  m.  Nom,  dans  la  poésie 
du  moyen  âge,  d'une  sorte  de  composition  analogue 
au  dit  (voy.  wt  2). 

—  HIST.  xv  s.  Et  je  ai  esté  bien  de  toutes  les  par- 
ties et  des  hostels  des  rois,  et  par  especial  de  la 
noble  roine  Mme  Philippe  de  Haynaut....  et  la  ser- 


vois  de  beaux  dittiés  et  traités  amoureux,  proiss. 
m,  IV,  t.  Il  XVI'  s.  Mais  ceste  vierge  en  voix  mieux 
accordée  Que  orgues  ne  luZj  chanta  ce  beau  dicté, 

MABOT,    II,    2G3. 

—  ÉTYM.  Dicter,  qui  avait  pris  la  signification  de 
compenser  en  vers  ou  en  prose. 

t  DITTOLOGIE  (ditto'-lo-jie),  s.  f.  Terme  de  gram- 
maire. Nom  donne  quelquefois  à  la  synonymie. 

—  ÉTYM.  AiTTo;,  double.,  et  Xôyo;,  trailé:  traité 
des  sens  doubles. 

t  DIURÈSE  (di-u-rè-z'l,  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Excrétion  abondante  d'urine. 

—  ETYM.  AïoOpriOi;  (voy.  hhjbétioue). 
DIURÉTIQUE   (di-u-ré-ti-k'),  adj.  111"  Terme  de 

médecine.  Qui  augmente  la  sécrétion  de  l'urine.  Le 
vin  blanc  est  diurétique.  Remède  diurétique.  Quel- 
que bon  Lavement  fort  et  diurétique;  Voilà  ce  qii'il 
vous  faut,  REGNAHD,  Légat.  11,  li.||S.  m.  Un  bon 
diurétique.  Les  diurétiques.  ||  2°  Qui  urine  fréquem- 
ment. Et  je  ne  voudrais  pas  jurer  que  quelques-uns 
de  ces  maudits  ci'bns....  ne  pissassent  contre  les 
orgues  renversées,  ces  animaux  étant  fort  diuréti- 
ques de  leur  nature,  scarron,  Rom.  com.  ch.  t6. 
Il  Inusité  en  ce  sens. 

—  HIST.  XVI'  s.  Galien  recommande  fort  le  miel 
et  les  diurétiques....  d'autant  qu'ils  provoquent  et 
esmeuvent  les  urines,  parÊ,  xi,  io. 

—  ÉTYM.  Aioupr.Tixo;,  de  6ià,  à  travers,  et  où- 
petv,  pisser. 

t.  DIURNAL(di-ur-nal).s.  m.  Nom  d'une  sorte  de 
bréviaire,  oii  l'on  a  recueilli  les  prières  qui  sont 
chaque  jour  à  l'usage  des  gens  d'Église.  ||  Au  plur. 
Des  diurnaux. 

—  ETYM.  Lat.  diurnalis,  de  diurnus,  diurne. 

t  2.  DIURNAL,  ALE  (di-ur-nal,  nal'),  adj.  Terme 
d'antiquité  romaine.  Les  actes  diurnaux,  sorte  de 
journal  qui  paraissait  dans  l'ancienne  Rome  et  in- 
formait le  public  des  actes  du  gouvernement  et  des 
principales  nouvelles.  Les  actes  diurnaux,  ces  jour- 
naux profanes  qui  succédèrent  aux  annales  consa- 
crées.... le  clerc,  des  Journaux  ches  les  Romains, 
p.  t34v||On  ditaussi  actes  diurnes. 

—  ÉTYM.  Diurnal  t. 

DlURNE(di-ur-n'),  arfj.ll  l'Quisefaildansunjour. 
Tous  les  astres  participent  au  mouvement  diurne  de 
la  sphère  céleste,  la  place.  Expos,  t,  2.  ||.  Mouve- 
ment diurne  de  la  terre,  sa  rotation  sur  elle-même. 
Il  Mouvement  diurne  d'une  planète,  se  djt  du  nom- 
bre de  degrés  que  yiarcourt  la  planète  dans  l'es- 
pace de  24  heures.  ||  Cercle  diurne,  cercle,  paral- 
lèle à  l'équateiir,  qu'un  astre  semble  parcourir  dans 
un  jour  par  l'effet  delà  rotation  de  la  terre.jl  Terme 
de  physique.  Variations  diurnes,  mouvements  ré- 
guliers et  périodiijues  que  l'aiguille  de  déclinaison 
éprouve  en  un  jour  à  L'est  ou  à  l'ouest  du  méridien 
magnétique.  ||  2°  Terme  de  botanique.  Qui  s'ouvre 
et  se  ferme  pendant  le  jour.  Fleur  diurne.  ||  Terme 
de  zoologie.  Oiseaux  diurnes,  ou,  substantivement, 
les  diurnes,  les  oiseaux  de  proie  qui  volent  le  jour, 
le  vautour,  le  faucon,  par  opposition  aux  rapaces 
nocturnes,  comme  la  chouette,  le  duc.  ||  Substan- 
tivement. Le  diurne,  sorte  de  papillon  de  jour. 
Il  Terme  de  médecine.  Se  dit  des  maladies,  et  parti- 
culièrement des  fièvres  dont  les  paroxysmes  re- 
viennent pendant  le  jour.  Fièvre  diurne.  Névralgie 
diurne.  ||  3"  Actes  diurnes,  voy.  diurnal  2. 

—  SYN.  DIURNE,  quotidien,  JOURNALIER.  Diurne 
se  dit  de  ce  qui  occupe  un  jour  entier  :  le  mouve- 
ment diurne  de  la  terre.  Quotidien  se  dit  de  ce  qui 
revient  régulièrement  chaque  jour  :  notre  pain  quo- 
tidien. Journalier  se  dit  de  ce  qui  se  présente  tous 
les  jours  mais  sans  les  remplir  comme  dans  le  cas 
de  diurne,  et  sans  être  régulier,  comme  dans  le 
cas  de  Quotidien  :  l'expérience  journalière. 

ÉTYM.   Lat.  dius,  conservé  dans  la  locution 

tub  dio.  Comparez  l'allem.  Tag,  l'angU  day,  jour. 

t  DIV  (div'),  s.  m.  Voy.  dive  2. 

t  DIVA  (di-va),  adj.  f.  Mot  italien  qui  .signifie 
divine  et  se  dit  quelquefois  en  parlant  des  cantatri- 
ces en  renom"  La  diva  Malibrau. 

t  DIVAGATEUR,  TKICE  (di-va-ga-teur,  tri-s'), 
adj.  Néologisme.  Qui  divague,  qui  aime  à  divaguer. 
Un  esprit  divagateur. 

—  ÉTYM.  Divaguer. 

DIVAGATION  ( di-va-gasion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  jurisprudence.  Action 
de  vaguer  ou  de  laisser  vaguer  çà  et  là.  La  divaga- 
tion des  animaux  mallais?nls  est  interdite.  Il  Sortie 
hors  du  Ijt,  en  parlant  d'une  rivière.  Une  couplede 
pignons  établie  sur  une  r.vière  non  encaissée  et  non 
endiguée.,.,  met  une  limite  aux  divagations  possi- 
bles de  celle-ci  en  amont,  dausse,  Comptes  ren- 
dus, Âcad.  des  se.  t.  lv,  p.  766.  ||  2°  Fig.  Action  de 


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DIV 


DIV 


DIV 


divaguer,  de  s'écarter  de  son  sujet,  en  parlant 
ou  en  écrivant.  Se  jeter,  se  perdre  dans  de»  divaga- 
tions intei minables.  ||  Par  extension,  les  divagations 
d'un  aliéné. 

—  HisT.  XVI*  s.  Dieu,  qui  donne  cette  paix,  ne 
l'esté  pas  pour  tels  mouvements  nécessaires  ni  pour 
les  distractions  et  divagations  de  l'esprit,  quand 
elles  sont  involontaires,  si  François  de  sales,  dans 
le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.   Voy.  DIVAGUES. 

niVAGUER  (di-va-ghé),  V.  n.  ||  1»  Errer  çîi  et  là. 
Qu'il  est  dur  au  contraire  et  scandaleux  d'en  voir 
[des  religieux]  S'égarer  chaque  jour  du  cloître  et  du 
devoir.  Divaguer  en  désordre  et  s'empresser  d'affai- 
res.... CORN.  Imit.  1,  25.  Lo  monde  et  ses  plaisirs 
s'écoulent  et  nous  gônent;  Et  quand  à  divaguer 
nos  désirs  nous  entraînent.  Ce  temps  qu'on  aime  à 
perdre  est  aussitôt  passé,  id.  ib.  i,  20.  ||  Cet  emploi 
a  vieilli;  mais  on  pourrait,  imitant  Corneille,  le  ra- 
jeunir comme  a  fait  M.  de  Lamartine  :  Je  n'étais  plus 
qu'une  âme  errante  qui  divaguait  çà  et  là  dans  la 
camp:igne  pour  user  les  jours,  Ùrasiella,  iv,  2. 
Il  2°  Sortir  de  sonlit.enparlantd'une  rivière.  ||  Terme 
de  jurisprudence.  Errer  à  l'abandon,  en  parlant 
des  animaux  malfaisants  ou  des  fous.  Laisser  diva- 
guer un  fou.  Ces  bestiaux  divaguent.  ||  3°  Fig. 
S'écarter  sans  raison  de  son  sujet.  Cet  homme  ne 
suit  aucun  raisonnement,  il  ne  fait  que  divaguer. 
Il  On  dit  dans  ce  sens  qu'un  aliéné  divague.  ||  Il  se 
conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HiST.  xvi*  s.  Se  dissipent  et  divaguent  par  ci 

parla,    MONT.  t.  Il,   p.  3J9,  danSLACURNE. 

—  ETYM.  Lat.  divagari,  de  di,  préfixe,  et  vagari 
(voy.  vaguer). 

+  DIVAGUEUR,  ECSE  (di-va-gheur,  gheû-z'),s. 
m.  et  /".  Néologisme.  Celui,  celle  qui  divague. 

—  ÉTYM.  Divaguer. 

DIVAN  (di-van),  s.  m.  ||  1°  Chambre  du  conseil 
d'État  de  Turquie,  qui  est  dans  la  seconde  cour  du 
sérail.  Il  L'assemblée  même  de  ce  conseil,  présidée 
par  le  sultan  ouïe  grand  vizir.  Le  grand  vizir  est  le 
chef  du  divan.  Le  sultan  indigné  tit  assembler  un 
divan  extraordinaire,  et  y  parla  lui-même,  ce  qu'il 
ne  fait  que  très-rarement,  volt.  Charles  XII,  6. 
Il  Audience  donnée  par  le  grand  seigneur.  ||  Tribunal 
de  justice.  Un  troisième  vous  déférera  au  petit  divan 
d'une  petite  province,  et  vous  serez  légalement  em- 
palé, VOLT.  Dict.  phil.  Sens  commun.  ||  Chancellerie 
de  la  Porte.  ||  Ministère  ottoman.  Pour  engager  le 
divan  à  déclarer  la  guerre  au  czar,  volt.  Russie, 
I,  (9.  Il  2°  Par  extension  et  par  plaisanterie.  Quand 
on  fut  sûr  de  la  conversion.  Le  vieux  divan  [les 
vieilles  nonnes]  ,  désarmant  sa  vengeance.  De 
l'exilé  borna  la  pénitence,  gresset,  Verl-Vert , 
IV.  Il  3°  Sorte  de  sofa.  Je  me  couchai  sur  un  divan 
dans  l'angle  de  la  salle,  cuateaub.  llin.  72.  ||  Salon 
garni  de  coussins.  ||  4°  Se  dit  d'une  collection  de 
poésies  arabes  dontchacune  s'appelle  ghazel.  Goethe 
a  composé  un  recueil  de  poésies  orientales  qu'il  a 
nommé  divan. 

—  ÊTYM.  Arabe,  dioudn,  conseil,  recueil  de 
poésies. 

t  DIVANI  (di-va-ni),  s.  m.  Kom  d'une  écriture 
particulièrement  usitée  dans  les  divans  ou  bureaux 
de  la  chancellerie  à  Constantinople. 

—  ÉTYM.  Divan. 

t  DIVARICATION  (di-va-ri-ka-sion),  s.  f.  Terme 
didactique.  Action  d'écarter  deux  parties  qui  se  joi- 
gnent à  leur  origine;  état  des  parties  divariquées. 

—  ÉTYM.  Divariqué. 

t  DIVARIQUÉ,  EE(di-va-ri-ké,  kée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Rameaux  divariqués,  rameaux  qui 
s'écartent  brusquement  les  uns  des  autres  dès  leur 
origine.  Pédoncules  divariqués,  pédoncules  dont 
les  ramifications  s'écartent  les  unes  .des  autres  sans 
former  des  angles  très-ouverts. 

—  ÉTYM.  Lat.  dirorica/us,  de  di....  préfixe,  et 
varicare,  écarter  les  jambes. 

i.  DIVE  (di-v')  ,  adj.  f.  Divine.  Vieux  mot  qui 
ne  se  dit  plus  guère  que  dans  cette  phrase  de  Ua- 
belais  :  I.adive  boutedie. 

—  ÉTYM.  Lat.  divus;  grec,  6ïo?;  sanscrit,  deva, 
dieu,  de  div,  ciel. 

2.  DIVE  (di-v'),  s.  f.  Sorte  de  déesse  subalterne 
dans  la  mythologie  persane.  Les  dives  et  les  péris. 
Il  On  le  trouve  aussi  au  masculin  et  écrit  div  comme 
nom  de  démons  dans  la  mythologie  persane. 

—  ÉTYM.  Persan,  diu,  le  même  que  le  latin  di- 
vus, le  grecSio;,  le  sanscrit  dera,  divin,  dieu. 

t  DIVKLLE.NT,  ENTE  (di-vàl-lan,  lan-l'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  arrache  qui  sépare.  ||  Terme 
d'ancienne  chimie.  Affinité  uivellento,  celle  à  la- 
quelle on  attribuait  la  double  décomposition  do  deux 


solutions  salines  mises  en  présence,  et  qui  semblait 
arracher  les  bases  aux  acides. 

—  ÉTYM.  Lat.  diveltere,  de  dû...  préfixe,  et  vel- 
lere,  arracher. 

DIVERGENCE  (di-vèr-jan-s'),  ï.  f.  ||  !•  Terme  de 
géométrie.  Situation  de  deux  lignes  qui  vont  en  s'6- 
cartant.  ||  Terme  d'optique.  Divergence  des  rayons 
lumineux.  ||  Terme  de  minéralogie.  Disposition  d'ai- 
guilles, de  cristaux  ou  de  tissus  filamenteux  ou  ca- 
pilliformes,  en  manière  de  rayons  qui  s'écartent 
d'un  même  centre.  ||  2°  Fig.  La  divergence  des 
opinions,  des  idées. 

—  ÉTYM.  Divergent. 

DIVERGENT,  ENTE  (di-vèr-jan,  jan-t'),  adj. 
Il  1"  Terme  de  géométrie.  Qui  va  en  s'écartant  l'un 
de  l'autre,  en  parlant  des  lignes,  des  rayons.  Li- 
gnes divergentes.  ||  Terme  d'algèbre.  Série  diver- 
gente, celle  dont  les  termes  croissent  continuelle- 
ment et  qui  est  impropre  au  calcul.  Il  Terme  d'optique. 
Rayons  divergents,  ceux  qui,  partant  d'un  même 
point,  vont  toujours  en  s'éloignant  l'un  de  l'autre, 
comme  les  deux  côtés  d'un  angle  rectiligne.||  Terme 
de  botanique.  Qui  s'écarte  d'un  centre  conamun. 
Il  Terme  de  jardinage.  Rameau  divergent,  rameau 
très-écarté  de  la  tige.  ||  Terme  de  grammaire.  Alté- 
rations divergentes,  changements  successifs  qui  ont 
produit  des  mots  difiérents,  quoique  le  primitif  soit 
le  même  :  tels  sont  article  et  orteil,  venus  l'un  et 
l'autre  d'articulus.  \\  2°  Fig.  Qui  ne  s'accorde  pas. 
Ces  deux  hommes  ont  des  idées  fort  divergentes. 
Les  opinions  divergentes  qui  se  forment  dans  le 
public. 

—  ÉTYM.  Diverger. 

t  DIVERGENTIFLORE  (di-vèr-jan-ti-flo-r'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  fleurs  divergentes. 

—  ÉTYM.  Divergent,  et  le  latin  flos,  floris,  (leur. 
DIVERGER  (di-vèr-jé.  Le  g  prend  un  e  muet  quand 

il  est  suivi  d'un  a  ou  d'un  o  ;  nous  divergeons,  je 
divergeais),  v.  n.  S'écarter  de  plus  en  plus  l'un  de 
l'autre,  en  parlant  des  lignes,  des  rayons.  Ces  deux 
lignes  divergent.  Quand  le  soleil  était  descendu  à 
l'horizon,  ses  rayons,  brisés  par  les  troncs  des  ar- 
bres, divergeaient  dans  les  ombres  de  la  forêt,  en 
longues  gerbes  lumineuses,  bern.  de  st-p.  l'aul  et 
Virg.  Il  Par  extension.  Les  autres  [poissons]  se  ba- 
lancent mollement  sur  les  vagues,  ou  divergent  d'un 
centre  commun,  comme  d'innombrables  traits  d'or, 
cuateaub.  Génie,  l,  v,  4.  L'obscurité,  le  doute,  ont 
brisé  sa  boussole  [de  la  foi] ,  Et  laissent  diverger  au 
vent  de  la  parole  L'encens  des  nations,  lamart. 
Harm.i,  6.  ||  Fig.  Des  opinions  qui  divergent  beau- 
coup l'une  de  l'autre. 

—  REM.  Diverger  ne  se  trouve  dans  le  Diction- 
naire de  l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  ^  836, 
et  divergence,  et  divergent,  à  partir  de  l'édition 
de  1762. 

—  ÉTYM.  Lat.  divergere,  de  d«....  préfixe,  eiver- 
gere,  s'incliner. 

t  DIVERGl-NER^^e,  ÊE  (di-vèr-ji-ner-vé,  vée), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  a  des  nervures  diver- 
gentes. 

—  ÉTYSI.  Diverger,  et  nervure. 

DIVERS,  ERSE  (di-vêr,  vèr-s';  Vs  se  lie  :  di-ver- 
z  ouvrages),  adj.  ||  1°  Qui  présente  plusieurs  faces, 
plusieurs  côtés,  plusieurs  aiiparences.  Un  objet  di- 
vers. On  continua  la  campagne  avec  des  succès  di- 
vers. Ah!  Dieul  qu'un  divers  mal  diversement  me 
point  1  RÉGNIER,  Dial.  Selon  l'objet  divers  le  goût 
est  différent,  corn.  0(/»o;i,iv,  4.  On  voit  d'un  œil 
divers  des  nœuds  si  différents,  m.  llor.  m,  i.  Je 
sais  leur  divers  ordre  [des  vertus],  et  de  quelle  na- 
ture Sont  les  devoirs  d'un  prince  en  cette  conjonc- 
ture, ID.  Cinna,  iv,  4.  Où  vous  eûtes  trois  ans  la 
fortune  diverse,  id.  Iléracl.  iv,  4.  Tout  en  tout  est 
divers;  ôtez-vous  de  l'esprit  Qu'aucun  être  ait  été 
composé  sur  le  vôtre,  la  font.  Fabl.  ix,  ri.  Du 
reste,  en  quoi  répond  au  sort  toujours  divers  Ce  train 
toujours  égal  dont  marche  l'univers?  id.  ib.  n,  <3. 
Il  11  se  dit,  dans  le  même  sens,  des  personnes.  C'est 
ce  qui  m'oblige  d'avouer,  à  la  honte  dç  la  nature 
humaine,  que  l'homme  est  un  animal  bien  divers 
et  bien  bigarré,  BALZ.  Socr.  chrét.  Disc.  <o.  Ô  com- 
bien l'homme  est  inconstant,  divers,  Faible,  léger, 
tenant  mal  sa  parole  I  la  font.  Cioch.  \\  2°  Différent. 
Les  divers  sens  d'un  mot.  Mille  astres  divers.  Les 
opinions  diverses.  La  fable  offre  à  l'esprit  mille  agré- 
ments divers,  boil.  Art  p.  m.  De  tant  d'objets  di- 
vers le  bizarre  assemblage  Peut-être  du  hasard  vous 
parait  un  ouvrage,  hac.  Athal.  Il,  5.  La  nature  fé- 
conde, ingénieuse  et  sage,  Par  ses  dons  partagés 
ornant  cet  univers.  Parle  à  tous  les  humains,  mais 
sur  des  tons  divers,  volt.  Temple  du  goût.  \\  3°  Au 
ptur.  Quelques,  plusieurs.  H  a  parlé  à  diverses  per- 


sonnes. Il  envoie  i  diverses  fois  ses  serviteors,  boss. 
Uist.  II,  )3.  La  ville  est  partagée  en  diverses  so- 
ciétés qui  sont  comme  autantde  petites  républiques, 

la  BRUV.   VII. 

—  HIST.  XI'  s.  Et  Hongre  et  Boulgre  et  tante  gent 
diverse,  Ch.  de  Uol.  ccvi.  ||  xu*  s.  Pierres i a  de  di- 
verse color,  Konc.  p.  79.  Il  XIII' s.  Mainte  diverse  gent 
leur  convint  trespasser,  Ilerle,  m.  Moulfu  la  fausse 
vieille  et  diverse  [fourbe]  et  renoite  [renégate],  ib. 
cxxxvi.  Se  li  tens  fust  un  poi  divers  [mauvais],  la 
Iluse,  448.  Virgiles  meisme  tesmoipne  Quejà  famé 
n'iert  tant  estable  Qu'el  no  soit  diverse  et  muable, 
ib.  <G53|.  Le  Nil  est  divers  de  toutes  autres  ri- 
vières, joiNV.  219.  Seneschal,  fist-elle,  vraiement 
je  le  feroie  volontiers;  mez  le  roy  est  si  divers  que, 
si  il  le  savoit  que  je  l'eusse  promis  sanz  li,  il  ne  me 
leroit  jamez  aler,  id.  28*.  ||  xiV  s.  Estoit  Frede- 
gonde  diverse  et  de  grant  cruauté,  Chron.  de  St-De- 
nis,  t.  i,  f°  B8,  dans  lacurne.  |1  xv's.  Se  une  femme 
avoit  mauvais  mari,  rude  et  divers,  elle  venoit  au 
remède  vers  ce  bon  maistre,  LOUis  xi,  JVou».  lxxix. 
Il  XVI'  s.  Jecroisayséementd'un  aultre  deschosesdi- 
versesàmoy,  mont,  i,  202.  Nos  âmes  sontsouventagi- 
tées  de  diverses  passions,  m.  i,  209.  Certes  c'est  un 
subject  merveilleusement  vain,  divers  et  ondoyant, 
que  l'homme;  il  est  malaysé  d'y  fonder  jugement 
constant  et  uniforme,  iD.i,  4.Tousjours  l'eau  va  dans 
l'eau  et  toujours  est-ce  Mesme  ruisseau,  et  tousjours 
eau  diverse,  la  boétie,  480.  Contemplant  divers  ta- 
bleaux ,  diverses  tapisseries ,  divers  animaulx  , 
poissons,  oyseaulx,  et  autres  marchandises  qui  es- 
toient  par  les  halles  du  port,   rabel.  Pant.  iv,  2. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  divars;  provenç.  divers;  es- 
pagn.  et  portug.  diverso  ;  du  latin  diversut,  de  di..  . 
préfixe,  et  versus,  tourné  (voy.  version). 

DIVERSEMENT  (di-vèr-se-man),  adv.  De  diverse 
manière.  On  parle  diversement  de  sa  mort.  Chacun 
.selon  son  sens  en  croit  diversement,  rotr.  St-Gen. 
II,  8.  Chacun  diversement  soupçonne  quelque  chose, 
CORN.  Cinna,  iv,  B.  Là  nous  n'avons  rien  su  que  de 
la  renommée.  Qui  par  un  bruit  confus  diversement 
semée....  iD.  Rodog.  1,  t.  La  même  erreur  les  fait 
errer  diversement,  boil.  Sat.  iv.  Ainsi,  pour  Vol- 
taire et  pour  lui,  la  vie  avait  été  perpétuellement  mais 
diversementagitée,  marmontel,  J/e'in.  r.  Les  Russes 
parlent  diversement  de  leur  général  et  de  leur  em- 
pereur; pour  nous,  comme  ennemis,  nous  ne  pou- 
vons juger  nos  ennemis  que  par  les  faits;  or  telles 
furent  leurs  paroles,  et  leurs  actions  y  répondirent, 
SÉGUR,  Uist.  de  Nap.  viii,  9. 

—  UIST.  xiii*  s.  Ki  divers  cuntes  veut  traitier, 
Diversement  deit  comencier,  marie,  Uilon.  De  for- 
tune me  tourne  diversement  la  roe,  Berte,  xxxiu. 
Il  xiv  s.  Toute  vertu  est  faite  etcorrumpueparunes 
meismes  choses  faites  diversement,  oresme,  £(/i.34 

—  ÉTYM.  Diverse,  et  le  suffixe  ment. 

t  DIVERSICOLORE  (di-vèr-si-ko-lo-r') ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Dont  la  couleur  varie  d'un  indi- 
vidu à  un  autre. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  diversicolor ,  de  diversus, 
divers,  et  color,  couleur. 

t  DIVERSIF,  IVE  (di-vèr-sif,  si-v'),  adj.  Néolo- 
gisme. Qui  opère  une  diversion.  Mouvement  di- 
versif. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIVERSION. 

t  DIVERSIFIABLE  (di-vêr-si-fi-a-W),  adj.  Néo- 
logisme. Que  l'on  peut  diversifier. 

—  ÉTYM.  Diversifier. 

t  DIVERSIFICATION  (di-vèr-si-fi-ka-sion),  s.  f. 
Action  de  diversifier. 

—  HIST.  xiv  S.  Selon  la  diversification  de  la  re- 
flexion de  lumière  causée  de  l'aer  ou  d'aucunes  va- 
peurs, ORESME,  Thèse  de  meunieb. 

—  ÉTYM.  Voy.  DIVERSIFIER. 

DIVERSIFIÉ,  ÊE  (di-vèr-si-fi-é,  ée),  part,  passé. 
Rendu  divers.  Des  nuances  diversifiées.  Et  elle  [la 
loi  de  Dieu]  n'exigerait  rien  de  pénible  de  ceux  dont 
les  jours  ne  sont  diversifiés  que  par  la  diversité  des 
plaisirs  I  uass.  Car.  Immut.  de  la  loi.  Toute  notre 
vie  n'est  qu'un  art  diversifié  d'éviter  l'ennui,  )D. 
Car.  Temps. 

DIVERSIFIER  (di-?èr-si-fi-é),  je  diversifiais,  nous 
diversifiions,  vous  diversifiiez;  que  je  diversifie,  que 
nous  diversifiions ,  que  vous  diversifiiez ,  v.  a. 
Il  1"  Rendre  divers.  11  faut  diversifier  les  choses  si 
l'on  veut  qu'elles  plaisent.  Diversifier  les  attitudes 
en  un  tableau.  En  diversifiant  nos  passions  nous  ne 
faisons  que  diversifier  nos  amertumes,  mass.  Car. 
Dcgoiils.  Comme  il  [Richardson]  a  diversifié  le  re- 
mords et  le  repenlirl  comme  il  a  diversifié  le  regret 
du  mécompte  et  la  douleur  de  la  faute  commise  1 
vuxemain,  Littérature  (ranç.  xviii'  siècle,  2»  part. 
{"leçon.  Il  Absolument.  Eh  bien  !  dit  Xantus ,  qui 


DIV 

prétendait  l'attraper,  achète-moi  demain  [pour  un 
repas]  ce  qu'il  y  a  de  pire  ;  ces  mêmes  personnes 
viendront  chez  moi,  elje  veux  diversifier  [faire  ser- 
vir d'autres  mets] ,  la  font.  Vie  d'Ésope.  \\  2°  Se  di- 
versifier, v.re'ft.  Devenirdivers.  Des  nuances  qui  se 
diversifient  à  l'infini.  Les  passions  se  diversifient  à 
la  présence  ou  à  l'absence  des  ol)jets  et  par  la  faci- 
lité ou  par  la  difficulté  de  les  acquérir, eoss.  Con- 
l.iaiss.  m,  1 1. 

I  —  HIST.  xin'  s.  Nuls  ne  porroit  trover  en  terre 
jDous  [deux]  homes,  tant  seûst  enquerre,  Qu'insin 
par  tôt  se  ressemblassent,  Qu'il  ne  se  diversifias- 
sent, Tmage  du  monde,  t,  de  nature,  cornent  ele 
mrc.  Les  mesures  se  diversifient  selonc  la  coustume 
de  cascune  vile,  eeaiim.  xxvi,  t Amours  me  ta- 
rie [tourmente].  Et  tant  me  diversefie  Qu'on  en  di- 
roit  articles  plus  de  cent,  Ane.  voés.  fr.  Vatican, 
dans  LACUBNE.  Il  XV  s.  Elle  [la  chair  de  brebis]  di- 
verseffie  son  nourrissement  selon  l'aage;  car  tous 
aigneaux,  quant  ils  allaitent,  sont  mauvais  à  man- 

gier,  Ms.  de  Turin ,  f°  BO.  ||  xvi»  s En  meslant  et 

diversifiant  la  vie  de  l'homme  du  sentiment  de  bien 
et  de  mal,  à  fin  qu'il  n'y  en  ait  pas  un  qui  la  passe 
entièrement  pure  et  nette  de  tout  malheur,  amyot, 
P.  Mm.  57.  Notre  guerre  a  beau  se  multiplier  et  di- 
versifier en  nouveaux  partis,  mont,  m,  o.  L'église 
peuii  eslendre  et  diversifier  les  prières  selon  le  be- 
soin de  notre  instruction,  ID.  I,  39B.  Nulnesepour- 
roit  dire  asseuré,  ayant  affaire  avec  un  prince  infi- 
niement  diversifié  [inconstant],  pasquieh,  Lettres, 

t.    I,   p.  4  56,  dans  LACtlRNE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  diversifiar,  diversificar ;  es- 
pagn.  diversificar ;  ital.  diversificare ;  latin  fictif, 
diversificare ,  de  diversus,  divers,  et  le  suffixe  fi- 
care,  faire. 

t  DIVERSIFLOKE  (di-vèr-si-fio-r'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  les  fleurs  ne  se  ressemblent  pas 
toutes,  les  unes  régulières,  les  autres  irrégulières. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  diversiflorus,  de  diversus, 
divers,  et  flos,  fleur. 

t  DIYEBSIFOLIÉ,  ÉE  (di-vèr-si-fo-li-é,  èe),adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  feuilles  à  formes  dis- 
semblables entre  elles. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  diversifolius ,  de  diversus, 
divers,  et  folium,  feuille. 

t  DIVERSIFORJIE  (di-vèr-si-for-m') ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Dont  la  forme  est  sujette  i  varier. 

—  ÉTYM.  Lat.  fictif,  diversifùrmis,  de  diversus, 
divers,  et  forma,  forme. 

DIVERSION  (di-vèr-sion;  envers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Opération  par  laquelle  on  détourne 
l'ennemi  ou  on  le  force  à  se  détourner.  La  diver- 
sion qu'il  voulait  faire  en  Syrie,  Boss.  Jlist.  i,  9.  Il 
ordonna  aux  cavaliers  de  se  disposer  pour  faire  di- 
version, HAMILT.  Gramm.  6.  Si  Darius  eût  fait  une 
puissante  diversion  daus  U  Macédoine,  comme  le 
lui  conseillait  Memnon,l'un  de  ses  généraux....  rol- 
UN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  xi,  2'  part.  p.  300,  dans 
POUGENS.  Le  général  Amherst,  qui  devait  faire  une 
diversion  du  côté  des  lacs,  ne  paraissait  point,  ray- 
NAL,  Hist.  phil.  XVI,  2).  Il  Par  extension  et  familiè- 
rement, diversion  se  dit  d'une  maladie  attaquant 
une  autre  partie  que  celle  où  elle  était  d'abord  fixée. 
La  diversion  que  la  goutte  fait  aux  entrailles  de 
M. de  Grignan.sÉv.  580.  ||  2°  Fig.  Action  d'agir  sur 
l'esprit  ou  le  cœur  comme  fait  une  diversion  mili- 
taire sur  l'ennemi.  Des  diversions  agréables.  Des  di- 
versions honnêtes.  Cette  diversion  rompit  à  propos 
•l'entretien.  Je  ne  trouve  pas  que  nulle  chose  puisse 
faire  diversion  à  l'application  que  j'ai  pour  vous, 
SÉV.  38S.  Peut-on  voir  un  spectacle  plus  digne  de 
faire  de  grandes  diversions?  ID.  605.  Cela  me  fait 
une  diversion,  sans  m'éloigner  de  mon  sujet,  id.  24. 
Je  comprends  que,  n'ayant  nulle  diversion  et  n'é- 
tant entourée  que  de  cette  afiaire,  vous  n'avez  au- 
cun repos;  vous  ne  dormez  point,  vous  tomberez 
malade,  ID.  Lett.  <3  nov.  4  073.  Elle  ne  cherchait 
qu'à  faire  diversion  à  sa  douleur,  le  comte  de  bussi, 

dans  BICHELET. 

—  HIST.  xiV  s.  Saigniée  faite  pour  la  diversion 
des  humours  qui  courent  encore ,  ii.  de  mondeville  , 
f°  43,  verso.  Ilxvi*  s.  Lequel  renfort  serviroit  beau- 
coup, mesmementpourl'oposer  aux  Tartares,  si  les 
Turcs  les  faisoyent  donner  dans  les  pals  des  chres- 
tiens,  pour  faire  diversion,  lanoue,  440.  Les  pen- 
sionnaires estoient  trompez  à  tous  coups  pour  la  di- 
version des  deniers  au  cabinet,  d'aub.  Hist.  m, 
t88.  Je  me  sauve  de  telles  trahisons  en  mon  propre 
giron,  non  par  une  inquiète  et  tumultuaire  curio- 
sité, mais  par  diversion  plus  tost  et  resolution ,  mont. 

M,   82. 

—  ÉTYM.  Lat.  diversus,  écarté,  détourné,  de  di- 
terfere  (voy.  divebtib). 


DIV 

t  mVERSISPORfi,  TÎE(di-vèr-si-spo-ré,  rée),adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  contient  des  graines  de 
formes  diverses. 

—  ÊTYM.  Divers,  et  spore. 

DIVERSITE  (di-vèr-si-té),  s.  f.  État  de  ce  qui  est 
divers.  Des  diversités  manifestes.  Telle  est  la  loi  du 
ciel  dont  la  sage  équité  Sème  dans  l'univers  cette 
diversité,  corn.  Cinna,  u,  1.  Et  la  diversité  soit 
des  temps  soit  des  lieux  Demande  à  notre  ardeur 
de  difl'érents  offices,  in. /mi(.  i,  )9.  Diversité  c'est 
ma  devise,  la  font.  Pâté.  ....  Ce  n'est  pas  sur  l'ha- 
bit Que  la  diversité  me  plaît,  c'est  dans  l'esprit, 
ID.  Fabl.  IX,  3.  Je  vous  plains  de  ne  pas  aimer 
les  histoires;  il  y  en  a  de  si  belles;  on  est  si  aise  de 
se  transporter  un  peu  en  d'autres  siècles;  cette  di- 
versité donne  des  connaissances  et  des  lumières, 
SÉV.  612.  Patariens,  Poplicains,  Toulousains,  Albi- 
geois, Cathares,  c'était,  sous  des  noms  divers  et 
souvent  avec  quelque  diversité,  des  sectes  de  Mani- 
chéens venus  de  la  Bulgarie,  boss.  Var.  xi,  §  56. 
La  diversité  du  terroir  dont  toutes  les  provinces  du 
royaume  sont  composées,  vauban,  Dime,  p.  164. 
Quelque  diversité  qui  se  trouve  dans  les  complexions 
ou  dans  les  mœurs,  le  commerce  du  monde  et  la 
politique  donnent  les  mêmes  apparences ,  la bruy.  xi. 
Chaque  jour  le  génie  et  la  diversité  Viennent  nous 
enrichir  de  quelque  nouveauté,  gresset,  Méch. 
II,  7.  Eh!  la  diversité  Des  forces,  des  talents,  des 
esprits,  des  courages  Aurait  ava»t  trente  ans  con- 
fondu vos  partages,  M.  J.  chén.  Gracques,  ii,  3. 

—  HIST.  xiii*  s.  La  diversité  des  frères  ne  croist 
pas  le  numbre  [des  degrés]  ;  car  il  n'a  [n'y  a]  nulle 
difl'erence  de  par  qui  aucun  soit  mon  frère,  Liv,  de 
jost.  226.  Tels  esteit  la  diversetez  De  cels  qu'en  cel 
champ  ad  troVez,  mabie.  Purgatoire,  987.  Ge  haï 
les  diversitez  de  péchiez.  Psautier,  f°  )l9.||xiv«s. 
L'empereur  osta  Seguin  le  comte,  de  leur  terre, 
pour  son  méfait,  et  pour  ses  maulvaises  meurs,  et 
pour  la  diversité  [méchanceté]  qui  en  luy  estoit,  et 
si  cruelle  que  à  peine  le  povoit  on  souffrir,  Chrnn. 
de  St-Denis,  t.  i,  f"  teo,  dans  lacurne.  Grant  di- 
versité de  langage,  Ménagier,  n,  5.  ||  xv"  s.  [Une 
grosse  tempête  vint  interrompre  la  bataille  sur  mer 
de  messire  Robert  d'Artois  à  l'encontre  de  messire 
Louis  d'Espagne]  si  n'en  sait  on  à  qui  bonnement 
donner  l'honneur,  car  ils  se  partirent  tous  maugré 
eux  et  par  la  diversité  du  temps,  froiss.  i,  i,  197. 
En  ce  temps  que  je  empris  à  faire  mon  chemin  et 
de  aller  devers  le  comte  deFoix,  pourtant  que  je  res- 
soignois  [craignais]  la  diversité  du  pays  où  je  n'a- 
vois  oncques  esté  ni  entré,  id.  ii,  m,  6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dit'ersi(ot;espagn.  diversidad; 
ital.  dit;ersi(d;  du  latin  diversitatem,  de  d'iversus, 
divers. 

DIVERTI,  lE  (di-vèr-ti,  tie),  part,  passé  de  divertir. 
11 1° Tourné  d'un  autre  côté,  distrait.  Une  douleurs! 
forte  et  si  peu  divertie,  malh.  v,  16.  Je  l'écoutais 
avec  une  attention  si  peu  divertie,  qu'il  ne  m'échap- 
pait pas  un  seul  mot  de  ce  qu'il  disait,  balz.  Arist. 
ou  de  la  cour,  avant-propos.  Alors  la  puissance 
du  royaume  n'était  point -divertie  ailleurs;  toutes  nos 
forces  furent  jointes  ensemble  pour  cet  effet  [le  siège 
d'Amiens],  et  toute  la  France  se  trouva  devant  une 
place,  VOIT.  Lett.  74.  Si  l'homme  était  heureux,  il  le 
serait  d'autant  plus  qu'il  serait  moins  diverti,  comme 
les  saints  et  Dieu,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  275,  édit. 

Lahure Hé  quoil  toujours  ma  flamme  divertie  1 

MOL.  Fdch.  II,  2.  Il  2°  Amusé,  récréé.  Diverti  par 
le  spectacle.  ||  3°  Dilapidé  par  malversation.  De  l'ar- 
gent diverti.  Les  levées  se  trouvaient  retardées,  les 
deniers  divertis  ou  mal  appliqués;  on  fatiguait  mal 
à  propos  le  soldat,  anquet.  Lig.  m,  364.  L'un  vient 
secrètement  implorer  mes  avis  Sur  les  fonds  d'une 
caisse  un  peu  trop  divertis,  poisson,  Procureur 
arbitre,  se.  2. 

tDIVERTICULE  (  di-vèr-ti-ku-1' ) ,  s.  m.  Terme 
d'anatomie.  Appendice  creux  et  en  forme  de  cul  de 
sac,  comme  ceux  que  présente  quelquefois  l'intestin 
grêle. 

—  ÉTYM.  Lat.  diverticulum ,  de  divertere  (voy. 
divertir). 

DIVERTIR  (di-vèr-tir),  v.  a.  ||  1°  Tourner  d'un 
autre  côté,  détourner,  écarter.  X  ce  coup  vainement 
j'ai  voulu  résister;  Je  ne  l'ai  diverti  ni  n'ai  pu  l'évi- 
ter, ROTROu,  Antig.  v,  3.  Après  de  si  beaux  coups 
qu'il  a  su  divertir,  mol.  l'Étour.  m,  1.  Votre  feinte 
douceur  forge  un  amusement  Pour  divertir  l'efl'et 
de  mon  ressentiment,  id.  D.  Garde,  iv,  8. 1|  2°  Fig. 
Divertir  quelqu'un,  détourner  son  esprit  vers  un  au- 
tre côté.  Divertir  quelqu'un  de  ses  occupations.  Elle 
n'a  plus  d'attraits  pour  autre  que  pour  lui;  Qui  l'en 
veut  divertir  perd  son  temps  et  sa  peine,  racan, 
Herg.  l,  2,  Licidas.  Dans  les  grandes  affaires  que 


DIV 


1199 


vous  îràiîez  maintenant,  je  croyais  que  c'eût  été 
être  perturbateur  du  repos  public,  que  de  vous  di- 
vertir, par  une  mauvaise  lettre,  de  la  moindre  de 
vos  pensées,  voit.  Lett.  2.  Quand  de  sa  folle  erreur 
vous  l'aurez  diverti,  corn.  Othon,  i,  1.  Je  pense 
qu'à  la  fin  je  pourrai  bien  sortir;  Yiendra-t-il  point 
encor  quelqu'un  me  divertir?  mol.  Fdch.  m,  3. 
Le  dessein  était  de  découvrir  les  intentions  de  ce 
prince,  de  le  divertir  de  son  entreprise,  fléch. 
Hist.  de  Théodose,  m,  71.  Quoi  de  plus  digne  de 
son  ministère  et  de  plus  respectable  môme  aux  yeux 
du  monde,  de  ne  pouvoir  être  diverti  par  toutes  les 
sollicitations  humaines  ni  de  la  sainteté  do  ses  fonc- 
tions, ni  du  service  de  ses  frères?  mass.  Confér. 
Fuite.  Un  esprit....  qui,  sans  beaucoup  d'effort,  re- 
trouve en  un  instant  la  pensée  et  le  souvenir  des 
vérités  éternelles  dont  on  l'avait  diverti,  id.  ib.  Je 
ne  prétends  pas  amuser  la  victime  pour  la  divertir 
de  la  pensée  du  glaive  et  du  bûcher,  m.  Prof,  re- 
lig.  IV.  Il  Détourner,  en  parlant  de  l'esprit,  des 
idées,  etc.  Les  autres  ne  feraient  que  divertir  votre 
attention,  desc.  Diopt.  3.  Quelle  heure  de  repos  a 
diverti  mes  craintes?  malh.  v,  2i.  Pour  divertir  un 
peu  son  esprit  de  cette  tristesse,  vaugel.  Q.  C.  693. 
Cherchant  à  divertir  cette  tristesse,  nous  sommes 
allés  nous  promener  sur  le  port,  mol.  Scapin,  n, 
1 1 .  Comme  il  faudrait  des  exemples  et  entrer  dans 
un  détail  qui  pourrait  divertir  notre  idée  de  l'objet 
principal  de  ce  traité,  boullainvilliers,  Iléfut.  de 
Spinosa,  p.  153.  ||  3°  Amuser,  récréer.  Il  faut  le 
divertir.  Le  bal  la  divertit  beaucoup.  L'ayant  cher- 
ché longtemps:,  afin  de  divertir  L'ennui  que  de  sa 
perte  il  pouvait  ressentir,  corn.  Rodog.  v,  4.  En- 
core une  lettre,  direz-vous,  mon  cher  maître!  oui 
vraiment,  et  c'est  pour  vous  divertir  d'une  idée  qui 
m'a  passé  par  la  tête,  d'alemb.  Lett.  à  Volt.  12  janv. 
1776.  Il  Absolument.  Cléante:  J'ai  cru  vous  divertir. 
—  Argan  :  Les  sottises  ne  divertissent  point,  mol. 
Mal.  imag.  ii,  6.  ||  4°  Dilapider  par  fraude  ou  mal- 
versation. On  l'accuse  d'avoir  diverti  des  titres  qui 
lui  avaient  été  confiés.  Divertir  des  effets  d'une  suc- 
cession. Divertir  les  fonds  de  l'Étal.  (|  5°  Se  divertir, 
V.  réfî.  S'écarter,  se  détourner.  Tu  ne  t'es  jamais 
diverti  De  suivre  le  juste  parti,  malh.  iv,  5.  ||  Se 
distraire,  se  récréer.  Il  faut  vous  divertir  par  un 
autre  entretien,  rotrob,  Antig.  m,  2.  Tout  est  cou- 
vert d'un  air  gai  [à  la  cour],  et  vous  diriez  qu'on 
ne  songe  qu'à  se  divertir,  boss.  Anne  de  Gons.  Met- 
tez-vous donc  en  tête  que  je  ne  me  divertis  pas  si 
bien  que  vous  pensez,  mol.  Mis.  v,  4.  La  médisance, 
pour  se  divertir,  disait  que  le  roi  de  Pologne,  pour 
se  divertir  aussi,  avait  eu  quelques  légères  disposi- 
tions à  ne  pas  haïr  la  mère,  et  que  ce  petit  garçon 
était  son  fils,  sév.  Lett.  25  sept.  1876,  ||  Se  divertir 
à.  Se  divertir  au  jeu,  à  la  chasse.  Elles  se  divertis- 
saient à  danser.  |1  Se  moquer,  se  rire  de.  Tous  ces 
Normands  voulaient  se  divertir  de  nous;  On  ap- 
prend à  hurler,  dit  l'autre,  avec  les  loups,  bac. 
Plaid.  1,  1.  Cela  sera  plus  sûr  que  de  se  divertir 
de  lui  ;  car,  à  la  fin ,  il  pourrait  bien  se  divertir  de 
vous,  MARIVAUX,  Paysan  parv.  i"  part.  p.  29,  dans 

POUGENS. 

■  —  HIST.  XV'  S.  Or  povez  vous  bien  voir  comment 
mon  songe  est  diverti  à  ma  grant  perte,  Percefo- 
rest,  t.  II,  f"  19.  Il  XVI*  s.  Lui  qui  les  eaux  profondes 
En  désert  convertit.  Et  les  sources  des  ondes  As- 
sèche et  divertit,  marot,  iv,  3I9.  Nos  courages 
s'amollissent  et  divertissent  par  l'accouplage  des 
femmes,  mont,  ii,  75.  Combien  de  fois  m'a  cette 
besongne  diverti  de  cogitations  ennuyeuses?  id.  m, 
76.  L'argent  provenu  des  amendes,  es  quelles  avoient 
esté  condemnez  ceulx  qui  desroboient  et  divertis- 
soient  l'eau  publique  à  Athènes,  amyot,  TMm.  55. 
Tout  ce  que  les  devins  ordonnèrent  estre  fait  pour 
divertir  les  menaces  des  sinistres  prodiges,  fut  fait, 
ID.  Fab.  37. 

—  ÊTYM.  Lat.  divertere,  de  di....  préfixe,  et  ver- 
tere,  tourner  (voy.  version). 

t  DIVERTISSABLE  (di-vèr-ti-sa-bl'),  adj.  Néolo- 
gisme. Qu'on  peut  divertir.  Cet  homme  n'est  pas  fa- 
cilement divortissable. 

—  ÉTYM.  Divertir. 

DIVERTISSANT,  ANTE  (di-vèr-ti-san,  san-t'), 
adj.  Il  1°  Qui  divertit,  récrée.  C'est  un  homme  diver- 
tissant. Spectacle  tout  à  fait  divertissant.  Bannissant 
la  tristesse,  ordonnez  à  vos  sens  De  vous  entretenir 
d'objets  divertissants, TRISTAN,  Panthée,n,2.  ||  2° Qui 
plaît,  qui  excite  l'intérêt.  Après  tout  on  verra  bien  que 
cette  histoire  [des  Variations]  est  d'un  genre  tout  par- 
ticulier; qu'elle  a  dû  paraître  avec  toutes  ses  preuves 
et  munie,  pour  ainsi  dire,  de  tous  côtés;  et  qu'il  a 
fallu  hasarder  de  la  rendre  moins  divertissante,  pour 
la  rendre  plus  convaincante  et  plus  utile,  boss  Vv- 


1200 


DIV 


préface.  Plus  le  po6te  dans  l'épopée  gavue  un  juste  mi- 
lieu entre  les  choses  divines  et  les  choses  humaines,^ 
plus  il  devient  divenissanl,  pour  parler  comme  Des- 
préauT,  ciiATF.Aim.  Ccni'c, II,  1,2.  i|  Vieilli  en  ce  sens. 
DIVKRTISSKMENT  (di- vtr- ti-se-man  ),  s.  m. 
Il  1°  Action  de  divertir,  de  récréer.  Les  divertisse- 
ments du  carnaval.  Se  livrer  aux  divertissements. 
Ils  ont  pris  leur  plaisir  et  leur  divertissement  de 
toutes  les  actions  de  la  vie  humaine,  balz.  liv.  vi, 
lett.  6.  Hors  des  fonctions  d'ambassaileur  et  aux 
heures  de  divertissement,  il  s'entretenait  avec  les 
hons  livres,  id.  Socr.  chrét.  Disc.  tn.  Je  me  prépare 
désormais  à  me  donner  du  divertissement  et  à  ré- 
parer comme  il  faut  le  temps  que  j'ai  perdu,  mol. 
Kar.  forcé,  *.  11  ne  manque  jamais  d'y  avoir  auprès 
des  personnes  des  rois  un  grand  nombre  de  gens 
qui  veillent  à  faire  succéder  le  divertissement  à  leurs 
affaires,  et  qui  observent  tout  le  temps  de  leur  loisir 
pour  leur  fournir  des  plaisirs  et  des  jeux,  pasc. 
Pensées,  jv,  1,  éd.  Lahure,  tsoo.  La  seule  chose 
qui  nous  console  de  nos  misères  est  le  divertisse- 
ment, et  cependant  c'est  la  plus  grande  de  nos  mi- 
sères, car  c'est  cela  qui  nous  empêche  princi|ia- 
lemenl  de  songer  à  nous  et  qui  nous  fait  perdre 
insensiblement, iD.  ib.  On  change,  cela  faitdu  diver- 
tissement, sÉv.  602.  Un  lecteur  sage  fuit  un  vain 
amusement.  Et  veut  mettre  à  profit  son  divertisse- 
ment, DoiL.  Art  p.  IV.  On  se  gâte  le  goût  pour  les 
divertissements  comme  pour  les  viandes;  on  s'ac- 
coutume tellement  aux  choses  de  haut  goût,  que  les 
viandes  communes  et  simplement  assaisonnées  de- 
viennent fades  et  insipides,  fén.  Éduc.  filles,  ch.  v. 
Pour  moi,  j'aurais  craint  que  vous  ne  vous  fussiez 
donné  le  divertissement  de  me  prendre  par  mes 
propres  paroles,  ponten.  Aur)USte,Arétin.  ||  2°  Terme 
de  thé.ltre.  Nom  d'intermèdes  de  danse  et  de  chant 
dans  un  opéra.  Pièce  h  divertissements.  J'eus  le 
temps,  dans  cet  intervalle,  de  faire  l'ouverture  et 
le  divertissement;  ce  divertissement,  tel  qu'il  est 
gravé,  devait  être  en  action  d'un  bout  à  l'autre, 
>.  J.  Bouss.  Confess.  vin.  ||  Terme  de  musique.  Mor- 
ceau d'un  genre  facile  et  léger,  composé  pour  un 
ou  plusieurs  in.struments.  Passages  de  la  fugue  d'é- 
cole qui  servent  de  transitions  pour  promener  le  su- 
jet principal  dans  différents  tons.  ||  3°  Action  de  dé- 
tourner, par  fraude  ou  malversation,  des  effets,  des 
fonds.  Le  divertissement  des  deniers  publics. 

—  HIST.  XVI'  s.  Eux  feroyent  une  saillie,  de  la 
Tille,  avec  cinq  ou  six  mille  chevaux  et  quelques 
harquebusiers,  pour  troubler  et  faire  un  divertisse- 
ment [diversion],  langue,  451.  Jusques  à  ce  que, 
par  ce  fourvoyement  et  divertissement  [les  pommes 
d'or  jetées  à  Atalanle],  l'advantage  de  la  course  luy 
demeura  [à  Hippomène],  mont,  m,  294. 

—  ÉTYM.  Divertir. 

DIVIDENDE  (di-vi-dan-d'),  s.  m.  \<  l'  Terme  d'a- 
rithmétique. Nombre  à  diviser  dans'l'opépalion  ap- 
pelée division.  Le  quotient  exprime  combien  de  fois 
le  dividende  contient  le  diviseur.  i|  Adj.  La  fraction 
dividende,  la  fraction  qui  est  à  diviser  par  une  au- 
tre. Il  2°  Terme  de  commerce.  Part  qui  revient, 
dans  la  liquidation,  à  chaque  créancier  ou  associé, 
il  Intérêt  qui  revient  à  chaque  associé  ou  action- 
naire dans  le  revenu  d'une  compagnie.  Ledividende 
est  de  tant  par  action.  Toucher  un  dividende.  Mal- 
gré l'autorité  de  la  Sorbonne  qui  avait  déclaré  le 
dividende  des  actions  usuraire,  raynal,  Ilist.  phil. 

IV,  20. 

f.TYM.  Lat.  dividendus,  devant  être  divisé,  de 
dividere,  diviser  (voy.  ce  mot). 

t  DIvrDIVI  (di-vi-di-vi),  s.  m.  Nom  indigène  du 
ca-salfinia  coriaria,  légumineuse  de  la  Colombie 
dont  les  gousses  comprimées  renferment  une  pulpe 
astringente  et  amère. 

DIVIN,  INE  (di-vin,  vi-n';  devant  une  voyelle, 
la  Syllabe  in  garde  le  son  nasal  comme  dans  indigne, 
et  l'n  se  lie:  di-vin-n  amour;  d'autres  filent  la  na.sa- 
lilé:  di-vi-n  amour),  ad;'.  ||  !•  Oui  est  de  Dieu,  qui 
appartient,  qui  est  propre  à  Dieu.  La  divine  Provi- 
dence. La  justice  divine.  Aucun  n'est  digne  ici  de 
ces  gr.lces  divines.  Qui  parmi  tant  de  maux  et  parmi 
tant  d'épines  Versent  du  haut  du  ciel  la  consolation, 
CORN.  Itnit.  i,  20.  La  volonté  divine  étant  elle-même 
sa  règle,  boss.  Loi  de  Dieu.  Les  mœurs  antiques 
qu'ils  [Homère  et  Hésiode]  nous  représentent,  et 
les  vestiges  qu'ils  gardent  encore,  avec  beaucoup 
de  grandeur,  de  l'ancienne  simplicité,  ne  servent 
pas  peu  à  nous  faire  entendre  les  antiquités  beau- 
coup plus  reculées  et  la  divine  simplicité  de  l'Écri- 
ture, m.  Ilisi,  I,  fl.  Après  cela,  docteur,  va  pAlir 
sur  la  Uible,  Perce  la  sainte  horreur  de  ce  livre  di- 
vin. Confonds  dans  un  ouvrage  et  Luther  et  Calvin, 
BOiL.  Soi.  vm.  Est-ce  l'esprit  divin  q>ii  s'empare  de 


DIV 

moi?  Rxc.  Alhal.  ni,  7.  ô  divine,  ô  charmante  loi  I 
ô  justice!  fi  bonté  suprême I  Que  de  raisons,  quelle 
douceur  extrême  D'engager  à  ce  Dieu  son  amour  et 
sa  foi!  ID.  ib.  I,  4.  Un  caractère  divin  qui  perdrait 
son  existence  au  delà  d'une  circonférence  donnée  se- 
rait un  caractère  chimérique  et  illusoire,  mibaueau. 
Collection,  t.  iv,  p.  34(.  Leur  tombe  est  sur  la  cbl- 
line;  Mon  pied  le  .sait,  la  voilà;  Mais  leur  essence 
divine.  Mais  eux,  Seigneur,  sont-ils  là?  lamart. 
llarm.  ii,  t.  1|  Les  personnes  divines,  les  trois  per- 
sonnes de  la  Trinité.  Le  Verbe  divin,  le  Fils  de  Dieu. 
Il  L'Etre  divin.  Dieu.  Comme  il  ne  se  peut  rien  filer 
de  ce  qui  fait  la  perfection  de  l'Etre  divin,  il  ne  se 
peut  aussi  rien  filer  à  la  créature  de  ce  qui  fait  la  dé- 
pendance de  l'être  créé,  BOSs.  Libre  arb.  m.  ||  2°  Oui 
est  dû  à  Dieu.  Le  service  divin.  Le  culte  divin.  Ô 
qu'il  est  doux  de  voir  une  ferveur  divine  Dans  les 
religieux  nourrir  la  saintetél  cobn.  Unit,  i,  25. 
Il  II  s'applique  aussi  aux  dieux  du  paganisme  et  à  ce 
qui  s'y  rapporte.  Les  êtres  divins.  Les  oracles  divins. 
Les  Romains  décernaient  les  honneurs  divins  i  leurs 
empereurs.  ||  Mis  au  nombre  des  dieux.  Le  divin 
Auguste.  Il  3°Fig.  Oui  est  au  dessus  de  la  nature.  Il 
y  a  là  quelque  chose  de  divin.  ||  4°  Excellent,  par- 
fait en  son  genre.  Une  divine  poésie.  Tant,  selon 
leurs  discours,  leurs  oeuvres  sont  divines,  hégnier, 
Sat.  II.  J'oserais  bien  juger  que  vos  divins  appas.... 
CORN.  Pomp.  II,  I.  Mille  pierres  de  prix  sur  ses  bords 
étalées  D'un  mélange  divin  éblouis.sent  les  yeux,  m. 
Medée,  11,  B.  Je  chante  bien  ses  airs,  il  en  fait  de 
divins,  SÉV.  (44.  Le  divin  Cicéron,  dont  le  nom  glo- 
rieux.... VOLT.  Triumv.  11,  1. 1|  Dans  le  même  sens, 
mais  familièrement.  Vous  êtes  divine.  Cela  est  di- 
vin. Il  5°  On  donne  quelquefois  à  divin  les  degrés 
de  comparaison,  de  la  môme  façon  qu'on  les  donne 
à  humain.  ||  Dans  le  sens  propre.  Et  des  pleurs 
de  la  nuit  le  sillon^boit  la  pluie,  Et  les  lèvres  des 
fleurs  distillent  leur  encens.  Et  d'un  sein  plus  lé- 
ger l'homme  aspire  la  vie.  Et  l'esprit  plus  divin 
se  dégage  des  sens,  lamart.  llarm.  11,  «.  ||  Dans 
le  sens  figuré,  bon  par  excellence.  El  le  plus  ado- 
rable et  plus  divin  objet,  rotbou,  Vencesl.  11,  2.  Il 
faut  que  je  revienne  encore  à  vous  pour  vous  dire 
la  joie  que  j'ai  de  l'estime  que  je  vous  vois  pour  le 
second  tome  d'Abadie;  vous  savez  de  quelle  manière 
je  vous  en  ai  parlé;  c'est  le  plus  divin  de  tous  les 
livres,  sÉv.  Lett.  (3  août  1688.  Sans  la  langue  en 
un  mot,  l'auteur  le  plus  divin  Est  toujours,  quoi 
qu'il  fasse,  un  méchant  écrivain,  boil.  Art  p.  i. 
Il  6°  S.  m.  Le  divin,  ce  qu'il  y  a  de  divin,  de  dû  à 
des  causes  occultes,  supérieures.  Le  divin  dans  les 
maladies,  selon  Hippocrate. 

—  HlST.  XIV*  s.  Non  mye  comme  luy,  mais  comme 
très  sage  divin  [théologien],  Chron.  de  St  Denis, 
t.  I,  f°  320,  dans  LACUBNE.  De  toutes  1er.  choses  qui 
sont  en  nous  c'est  la  très  plus  divine,  oresme,  Eth. 
317.  Et  semblablement  des  hommes,  nous  béatifions 
ceulx  qui  sont  très  parfects  et  comme  divins  et  très 
bons  excellemment,  id.  ib.  28. 

—  ÈTYM.  Provenç.  devin,  divin;  espagn.  et  itaU 
divino  ;  du  latin  dirinus,  du  radical  div  (voy.  Div). 
Divin  a  eu  le  sens  de  théologien,  sens  qui,  passé 
de  France  e'n  Angleterre,  est  resté  dans  ce  dernier 
pays. 

t  DIVINATEUR,  TRICE  (di-vi-na-teur,  tri-s'), 
î.  m.  et/'.  Celui,  celle  qui  pratique  la  divination. 
Il  Adj.  Oui  devine,  qui  prévoit.  Sens  divinateur. 

—  ETYM.    Voy.  DIVINATION. 

DIVIN.ATION  (di-vi-na-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  1"  Art  chimérique  de  savoir  et  de 
prédire  l'avenir  par  des  sortilèges  ou  de  fausses 
sciences,  telles  que  l'astrologie,  la  chiromancie, 
l'interprétation  des  songes,  etc.  Monsieur,  des  gens 
m'ont  dit  que  vous  étiez  fort  savant  en  médecine  et 
surtout  en  l'art  de  divination,  hauteroche,  Cris- 
pin  méd.  11,  8.  Si  un  homme  ou  une  femme  a  un 
esprit  de  Python,  ou  un  esprit  de  divination,  qu'ils 
sotent  punis  de  mort,  SACi,  Bible,  Lévit.  xx,  27. 
Les  plus  sensés'd'enlre  les  païens  savaient  bien  ce 
qu'il  fallait  penser  de  tout  ce  qui  regarde  l'art  de  la 
divination,  bollin,  Ilist. anc.  Œuvres,  t.  v,  p.  27, 
dans  pouGENS.  ||  Par  extension.  C«  fut  par  une  sorte 
de  divination  que  Champollion  pénétra  le  .sens  de 
maint  hiéroglyphe.  J'admets  dans  ce  travail  [l'his- 
toire conjecturale]  de  hautes  qualités  de  l'esprit,  la 
sagacité,  la  divination  du  bon  sens  et  celle  de  l'é- 
rudition, viLLF.M.  Litt.  franc.  18*  siècle,  2»  part. 
4'  leçon.  Il  2°  Pratiques" divinatoires.  Les  Romains 
avaient  plusieurs  sortes  de  divinations. 

—  ETYM.  Provenç.  divinacio;  ital.  divinazione; 
du  latin  dirinationem,  de  divinare  (voy.  deviner). 

DIVINATOIRE  (di-vi-na-toi-r'),  adj.  Qui  appar- 
tient à  la  divination.  Les  arts  divinatoires;  Sa  tasse 


niv 

divinatoire  [de  Joseph]  dans  laquene  11  prena  ses 
augures,  volt.  Phil.  iv,  t  to.  ||  Baguette  divinatoire, 
bapuelte  qui  est  faite  en  forme  de  fourche  et  qui, 
tournant  dans  les  mains  de  celui  qui  en  tient  les 
deux  fourchons  au  moment  où  il  passe  au-dessus 
d'une  source,  d'une  mine,  est  supposée  lui  indiquer 
que  là  est  une  source,  une  mine.  ||  Dans  le  langage 
de  l'école,  interprétation  divinatoire,  interprétation 
conjecturale,  arbitraire. 

—  HIST.  XVI* 's.  Par  cette  voye  se  gaigne  le  crédit 
des  fables  divinatoires,  mont._ii,  363. 

—  ETYM.    Voy.    DIVINATION. 

DIVINEME.NT  (di-vi-ne-man  ),  ad».  ||  1*  Par  la 
vertu  divine.  Noé,  ayant  été  divinement  averti  de  ; 
ce  qui  devait  arriver....  mass.  Panég.  SI  Benoit. 
Il  2°  Par  extension,  excellemment,  parfaitement. 
Elle  s'habille  divinement.  Bourdaloue  prêche  divi- 
nement bien  aux  Tuileries,  sÉv.  7.  Tout  est  meublé 
divinement,  tout  est  magnifique,  m.  299.  Je  l'ai 
vu,  il  est  divinement  bien  logé  à  ce  faubourg,  m. 
322.  Aristote  a  parlé  divinement,  quand  il  a  dit  de 
l'entendement  et  de  sa  séparation  d'avec  les  organes 
ce  que  nous  venons  de  rapporter,  bops.  Connaiss. 
I,  17.  Esther  est  divinement  écrite,  et  ne  peut  être 
jouée,  VOLT.  Lett.  Chabanon,  t3janv.  1706. 

—  REM.  Ce  n\o\.  divinement,  soit  seul,  soit  suivi 
du  mot  bien,  est  blâmé  par  Henri  Estienne  (.Vo'io, 
Inng.  p.  427,  4  30),  comme  une  profanation,  dîas 
ces  phrases;  il  parle  divinement  bien,  il  chante  di- 
vinement bien,  il  joue  du  luth  divinement,  etc. 
L'usage  en  a  prévalu  malgré  cet  anathème  ou  pé- 
dantisme  qui  dénonce  comme  profanation  les  hyper- 
boles les  plus  naturelles  à  l'homme. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  se  trouva  divinement  remis  dès 
la  première  iiuict  d'âpre!  ses  oUations  et  sacrifices, 

MONT.   I,    98. 

—  ETYM.  Divine,  et  le  suffixe  ment. 

t  DIVINISATION  (di-vi-ni-za-sion),  s.  f.  Action 
de  diviniser.  La  mythologie  est  la  divinisation  conti- 
nue des  phénomènes  de  la  nature  et,  subsidiaire- 
ment,  des  vertus  et  des  passions  humaines,  bêville, 
Itev.  germ.  \"  févr.   I803,  p.  442. 

—  ftTVH.  Diviniser. 

DIVINISÉ,  ÉE  (di-vi-ni-zé,  zée),  par'.patsé.  Mis 
au  rang  des  dieux.  Les  empereurs  romains  divinisés 
après  leur  mort. 

DIVINISER  (di-vi-ni-zé),  «.  O.  ||  1°  Attribuer  le 
caractère  divin,  mettre  au  rang  des  dieux.  Les  an- 
ciens divinisaient  les  héros.  ||  Par  extension.  Platon 
divinisa  le  monde  en  lui  donnant  une  âme,  volt. 
Dial.  XXIX,  6.  Les  palens.ont  divinisé  la  vie,  el  ies 
chrétiens  ont  divinisé  la  mort,  staël,  C'iriune,  iv , 
2.11  2°  Kig.  Exalter  au-dessus  de  tout.  Non-seulement 
dè'les  permettre  [certaines  actions]  et  de  les  tolérer, 
mais  de  les  approuver,  mais  de  les  canoniser,  mais, 
si  j'ose  me  servir  de  ce  terme,  de  les  diviniser, 
iioubdal.  6*  di'm.  après  l'Épiph,  Dominic.  t.  j, 
p.  289.  Les  cruels  dont  la  rage,  au  nom  de  ta  jus- 
tice Divinise  le  meurtre....  d'à vrigny,  Jfanncd'vlrc. 
IV,  t.  Il  Absolument.  11  honore  ou  flétrit,  accuse  ou 
divinise;  A  sa  voix  la  vertu  triomphe  et  s'éternise, 
millev.  Plaisirs  dii  poêle. 

HIST.  xvi*  s.  Sainte  et  sacrée  ivresse,  qui,  au 

contraire  de  la  corporelle,  nous  aliène  non  du  sens 
spirituel,  mais  des  sens  corporels,  qui  ne  nous  he- 
besle  ni  abestit  pas,  ains  nous  angelise  et,  par  ma- 
nière de  dire,  divinise,  st  fbançois  de  sales,  dans 
le  Dict.  de  dociiez. 

—  ETYM.  Divin. 

DIVINITÉ  (di-vi-ni-té),  t.  f.  Il  1*  Qualité  de  ce 
qui  est  divin.  Les  oracles  deviennent  galimatias  par 
la  mauvaise  disposition  de  l'organe  qui  les  rend;  ils 
perdent  l'opinion  de  leur  première  divinité,  et  n'ac- 
quièrent point  les  grâces  de  l'éloquence  humaine, 
BALZ.  Socr.  chrét.  Disc.  <o.  ||  Divinité  de  Jésus- 
Christ,  nature  divine  par  laquelle  il  est  une  des 
personnes  de  la  Trinité  el  qui  avuit  été  niée  par  les 
Ariens.  Arius  et  ses  partisans  y  furent  appelés  [an 
concile];  on  les  ouït,  on  les  convainquit,  on  les 
condamna;  la  divinité  de  Jésus-Christ  fut  reconnue, 
FLiîcH.  Hist.  de  Théod.  n,  s.  ||  2*  Parla  métonymiedu 
concret  pour  l'abstrait,  l'être  divin  lui-même,  dieu 
ou  dénsse.  Les  divinitésdu  Styx.  Sombresdivinités, 
les  dieux  infernaux.  Divinité  favorable.  Divjnité  ter- 
rible. Avant  qu'un  culte  impie  se  fût  taillé  des  divi- 
nités de  bois,  mass.  Carême,  Vérité.  On  peut  ré- 
duire à  trois  points  et  à  trois  questions  prim  ipales 
les  sentiments  des  anciens  piiilosophes  sur  la  divi- 
nité :  I*  si  la  divinité  existe;  '.i'quelle'Cst .sa nature; 
3"  si  elle  préside  au  gouvernement  du  momie  et 
si  elle  prend  soin  des  affaires  du  genre  humain, 
ROLUN,  Hist.  ane.  liv.  xxiu,  ch.  ii^  art.  1.  [  Dans  1« 
poème  épique]  Chaque  vertu  devient  une  divinité, 


DIV 

BOiL.  Art  p.  m.  Il  3°  Par  antonomase,  le  vrai  Dieu. 
Il  semble  que  ce  sentiment  [de  la  toute-puissance 
de  Dieu]  n'est  pas  moins  gravé  dans  l'esprit  des 
hommes  que  celui  de  leur  liberté,  puisqu'ils  com- 
prennent, dans  les  vœux  qu'iU  font  et  dans  les  ac- 
tions de  grAces  qu'ils  rendent  à  la  divinité,  plu- 
sieurs choses  qui  ne  leur  arrivent  que  par  leur  liberté 
ou  celle  des  autres,  boss.  Libre  arb.  3.  Du  séjour 
bienheureux  de  la  divinité,  rac.  Esth.  l'rol.  Un  en- 
voyé de  la  divinité  Eût  semblé  moins  terrible  au 
peuple  épouvanté,  delav.  Vêpres  sicil.  v,  2.  ||  4°  Par 
extension,  ce  qu'on  adore,  ou  qu'on  est  censé  ado- 
rer. Je  jure  donc  par  vous, ô  pitoyable  reste.  Ma  di- 
vinité seule  après  ce  coup  funeste....  cobn.  W.  de  P. 
v,  I.  Ni  l'or  ni  la  grandeur  ne  nous  rendent  heu- 
reux; Ces  deux  divinités  n'accordent  à  nos  vœux 
Que  des  biens  peu  certains,  des  plaisirs  peu  tran- 
quilles, LA  FONT.  Phil.  et  Baucis.  Une  divinité  vo- 
lage [la  mode]  Nous  anime  et  nous  conduit  tous, 
BEHNis.  Il  5°  Fig.  Femme  très-belle.  C'est  une  divi- 
nité. Sachez  que  je  m'impute  à  trop  de  lâcheté 
D'entendre  mal  parler  de  ma  divinité  [la  femme  que 
j'adore],  mol.  l'Élour.  m,  3 

—  HIST.  XIII"  s.  Ainsinc  preeschier  le  soloient  Ja- 
dis par  Paris  la  cité  Li  mestre  de  divinité  [théolo- 
gie], la  Rose,  <t496.  ||xiv'  s.  Si  seront  20  escolier 
enfant  en  gramaire  et  30  en  logique  et  en  philoso- 
phie et  20  en  théologie  ou  en  divinité,  du  cange, 
ars. 

—  ÉTYM.  Provenç.  divinitat;  espagn.  divinidad; 
ital.  divinità;  du  latin  divinitatem,  de  divinus, 
divin.  Dans  l'ancien  français  ce  mot  signifie  théolo- 
gie, d'où  l'anglais  divinily,  qui  a  ce  sens. 

DIVIS  (di-vi),s.  m.  Terme  de  jurisprudence. 
Partage.  Demander  le  divis.  Posséder  par  divis. 

—  ÉTYM.  Lat.  divisus,  part,  passif  de  dividere 
(voy.  diviser). 

t  DIVISANT,  ANTE  (di-vi-zan,  zan-t"),  adj.  Qui 
divise.  Dieu  n'a  pas  fait  la  mauvaise  volonté;  mais, 
en  la  divisant  d'avec  la  bonne,  il  l'assujettit  à  l'or- 
dre et  la  fait  servir  à  la  beauté  de  l'univers  et  de 
l'Église;  il  faut  donc  entendre  dans  Dieu,  lorsqu'il 
agit  dans  les  pécheurs,  cette  opération  divisante, 
BOSS.  dans  le  Dict.  de  dochez. 

t  DIVISE  (di-vi-z'),  s.  f.  Terme  de  blason.  Pièce 
qui  n'a  que  la  moitié  de  sa  largeur  ordinaire  ou  qui 
est  divisée.  ||  Fasce  qui  n'a  en  hauteur  qu'une  demi- 
partie  des  sept  de  la  largeur  de  l'écu. 

—  ÉTYM.  I,at.  divisa,  part.  fém.  passif  de  divi- 
dere, diviser  (voy.  ce  mot). 

DIVISÉ,  ÉE  (di-vi-zé,  zée),  part,  passé. \\l'  Sé- 
paré par  parties.  Un  parterre  divisé  en  plusieurs 
compartiments.  Voilà  les  enfants  de  Dan  divisés  par 
familles,  SACi,  Bible,  Nombres,  xxvi,  42.  ||  Se  dit, 
en  botanique,  de  tout  organe  qui,  bien  que  formé 
en  apparence  d'une  seule  pièce,  se  partage  profon- 
dément en  plusieurs  partiesqui  vont  jusqu'à  sa  base. 
Il  Terme  de  blason.  Se  dit  de  la  fasce,  de  la  bande 
qui  n'ont  que  la  moitié  de  leur  largeur.  ||  2"  Qui  n'a 
pas  de  contact  avec,  de  rapport  avec.  Du  reste  des 
humains  ils  semblent  divisés,  rac.  Esth.  ii,  i.||  Fig. 
Cette  àme,  d'avec  soi  tout  à  coup  divisée.  Reprend 
de  ses  remords  la  chaîne  mal  brisée,  corn.  Sertor. 

I,  <.  Il  3°  Terme  de  mathématique.  Qui  a  subi  l'opé- 
ration de  la  division.  <oo  divisé  par  10  donne  lo. 
a  divisé  par  x  s'écrit  |.  ||  4°  Qui  est  en  discorde. 
Tenez  toujours  divisés  les  méchants;  La  sûreté  du 
reste  de  la  terre  Dépend  de  là....  la  font,  fables, 
vu,  8.  Vos  yeux  ne  verront  plus  tous  ces  chefs  en- 
nemis Divisés  d'intérêt  et  pour  le  crime  unis,  volt. 
ifér.  I,  t. 

t  DIVISÉMENT  (di-vi-zé-man),  adv.  Séparément. 
11  [Dieu]  est  sa  propre  cause  :  il  existe  par  lui-même, 
infini  comme  il  est;  et  rien  ne  peut  être  conçu  di- 
visément  dans  son  être  substantiel,  boullainvil- 
LiEBS,  Réfulalion  deSpinosa,  p.  67. 

—  HIST.  xiv'  s.  Ordonnons  que  inventoire  soit  fait 
de  tous  les  escriptz  de  la  Chambre,  et  les  corrigiez 
mis  d'un  part,  et  les  autres  d'autre,  et  chascuns  es- 
criptz d'un  pays  mis  ensemble  en  huches  devisie- 
ment,  Ordon».  janv.  4319.  Ils  usent  de  teles  amis- 
lés  diviséement,  ORESME,  Eth.  240, 

—  ÉTYM.  Divisée,  et  le  suffixe  ment. 

DIVISER  (di-vi-zé),  v.  a.  ||  1°  Séparer  par  par- 
ties. Diviser  un  corps  avec  un  instrument  tranchant. 
Diviser  un  sermon  en  trois  points.  Mais  parce  qu'elle 
voit  avec  la  Bithynie  Par  l'ci.?  eceptres  conquis  trop 
de  puissance  unie.  Il  tant  la  diviser,  corn.  Nicom. 

II,  3.  Si  la  reine  en  eût  été  crue,  si,  au  lieu  de  di- 
viser les  armées  royales  et  de  les  amuser,  contre 
»on  ivis,  aux  sièges  infortunés  de  HuU  et  de  Gloces- 
ler,  on  eût  marché  droit  à  Londres,  l'affaire  était 
déridée  ,  et  cette  campagne  eût  fini  la  guerre,  Boss. 

nUT.    DE    LA    LANGUK    FRANÇAISE. 


DIV 

Heine  d'Angkt  Rohault  assure  qu'un  cube  d'or  de 
5  lignes  et  </7  est  divisé  par  des  ouvriers  en  051690 
parties  égales  à  la  base.ROLUN,  Traité  des  El. \iv.vi, 
art.  3  et  4.  Ce  mage  divisa  en  plusieurs  parties  ce 
qui  n'avait  pas  besoin  d'être  divisé,  volt.  Babouc. 
Il  Terme  de  typographie.  Diviser  un  mot,  le  séparer 
en  deux  parties,  dont  la  première  reste  à  la  fin  d'une 
ligne.  Il  Fig.  Il  faudra  que  je  perde  ou  divise  son 
cœur,  ROTR.  Iferc.  m.otir.  n,  2.  |[  Séparer  par  par- 
ties pour  partager.  Je  divisai  mon  argent  entre  eux. 
X  ce  tendre  dépôt  du  sort  abandonné  Je  divisai  le 
pain  que  le  .sort  m'a  donné,  volt.  Guèb.  iv,  e.  Il 
fonde  les  cités,  familles  immortelles.  Et,  pour  les 
soutenir,  il  élève  les  lois.  Qui,  de  ces  monuments 
colonnes  immortelles.  Du  tem|ile  social  se  divisent 
le  poids,  LAMART.  Harm.  ii,  1.  ||  Absolument.  Éta- 
blir des  divisions.  Diviser  et  classer.  ||  2°  Par  ex- 
tension, séparer  l'un  de  l'autre.  11  fuit  pour  mieux 
combattre,  et  cette  prompte  ruse  Divise  adroite- 
ment trois  frères  qu'elle  abuse,  corn.  Hor.  iv,  2. 
Il  3°  Diviser  se  dit  avec  de  et  d'avec.  Vous  diriez 
qu'il  [Jésus-Christ]  ne  saurait  se  passer  d'eux,  et 
que  son  royaume  ne  lui  plairait  pas  s'il  ne  le  pos- 
sédait en  leur  compagnie  et  s'il  ne  leur  en  faisait 
part;  il  ne  veut  pas  même  que  son  père  les  divise 
de  lui  dans  son  afTection ,  boss.  2»  serm.  pour  la 
Toussaint,  m.  Ces  mers  qui  divisent  la  Grèce  d'avec 
l'Italie,  FÉN.  Tél.  xii.  Rien  de  plus  matériel  que  la 
théogonie  antique;  loin  qu'elle  ait  songé,  comme 
le  christianisme,  à  diviser  l'espri,t  du  corps,  elle 
donne  forme  et  visage  à  tout,  même  aux  essences, 
même  aux  intelligences,  v.  hugo,  Cromwell,  préf. 
Il  Ces  exemples  prouvent  que  Voltaire  a  eu  tort  de 
blâmer  Corneille  d'avoir  dit  :  Une  Ame  d'avec  soi 
divisée  (voy.  divisé).  ||  4° Terme  de  mathématiques. 
Diviser  un  nombre,  une  quantité,  une  grandeur  par 
une  autre,  chercher  combien  de  fois  cette  autre  est 
contenue  dans  la  première.  ||  5°  Semer  la  discorde, 
la  désunion  entre  les  personnes.  Lorsque  deux  fac- 
tions divisent  un  empire,  corn.  Sertor.  m,  2.  J'au- 
rai pu  jusqu'ici  brouiller  tous  les  chapitres.  Diviser 
cordeliers, carmes  et  cèlestins,  boil.  Lutr.  i.  Si  une 
maison  est  divisée  contre  elle-même,  il  est  impos- 
sible que  cette  maison  subsiste,  saci.  Bible,  Év. 
S(  Ifarc,  m,  25.  Mais  que  notre  intérêt  jamais  ne 
nous  divise,  volt.  Triumv.  i,  4 Diviser  les  es- 
prits. Aigrir  des  gens  brouillés  ou  brouiller  des 
amis,  GBEssET,  Méchant  iv,  4.  Cet  arrangement 
mêlait  trop  des  hommes  qui  ne  pouvaient  s'unir,  et 
la  jalousie  divisa  bientôt  ceux  qu'un  intérêt  mo- 
mentané avait  unis,  raynal,  Hist.  phil.  xiv,  44. 
Il  Absolument.  Diviser  pour  régler.  ||  6°  Se  diviser, 
V.  réfl.  Être  séparé  en  parties.  L'armée  se  divisa. 
Seul  on  s'acquitte  mieux  d'une  grande  entreprise; 
Le  travail  s'affaiblit  alors  qu'il  se  divise,  rotr.  Antig. 
m,  6.  Tout  le  temps  de  l'histoire  romaine  depuis 
Romulus  jusqu'à  Auguste,  qui  est  de  763  ans,  peut 
se  diviser  en  cinq  parties,  rollin.  Traité  des  Et. 
liv.  y,  chap.  4,  3"  psrt.  §4.  ||  Fig.  C'est  en  cetle  sorte 
que  les  esprits  une  fois  émus,  tombant  de  ruines  en 
ruines,  se  sont  divisés  en  tant  de  sectes,  boss.  Reine 
d'Anglet.  Si  Dieu  tire  un  si  grand  bien  de  l'hérésie 
même,  il  le  tire  d'une  manière  encore  plus  douce 
et  plus  avantageuse  des  troubles  qui  s'excitent 
parmi  les  enfants  de  l'Église,  sans  qu'aucun  d'eux, 
pour  cela,  se  divise  de  son  unité,  arnauld.  Apolo- 
gie poitr  les  saints  Pères,  préf.  ||  7°  Terme  d'arith- 
métique. Contenir  un  certain  nombre  de  fois.  Vingt- 
cinq  se  divise  exactement  par  cinq.  ||  8°  N'être  pas 
de  même  opinion.  Les  juges  se  divisèrent  sur  la 
question  de  droit,  ciiateaub.  Natch.  u,  243.  ||  Etre 
en  dissension.  Les  esprits  se  divisèrent  bientôt. 

—  REM.  Lorsqu'on  dit  diviser  en,  les  substantifs 
qui  suivent  doivent  être  employés  sans  article  :  Le 
poème  dramatique  se  divise  en  tragédie  et  en  comé- 
die, et  non  pas  :  en  la  tragédie  et  en  la  comédie. 

—  SYN.  diviser,  partager.  Diviser,  c'est  séparer 
les  parties  d'un  tout;  partager,  c'est  faire  les  parts 
ou  portions;  de  sorte  que,  dans  partager,  il  y  a 
une  idée  d'attribution  qui  n'est  pas  dans  diviser.  On 
divisa  l'armée,  c'est-à-dire  qu'on  en  fit  deux  ou  plu- 
sieurs corps  séparés;  on  partagea  l'armée,  c'est-à- 
dire  qu'on  en  attribua  les  parts  à  tel  ou  tel  officier, 
à  telle  ou  telle  occupation.  Pourtant  diviser  étant 
plus  général  que  partager,  peut  s'employer  pour'ce 
verbe  ;  seulement  alors  la  nuance  d'attribution  dis- 
paraît. 

—  HIST.  XII'  s.  [Dieu]  chi  devisât  la  Ruge  mer  en 
divisiuns.  Liber  psalm.  p.  242.  ||  xiii"  s.  Quant  tu 
avéras  tôt  devisé  que  li  nombres  deseuie  sera  men- 
res  [moindres]  de  celi  desous....  Comput,  S°  4  6. 
Il  xiv*  s.  Au  pié  de  la  montaigne  qui  devise  France 
et  Italie,  Mcnagier,  i,  ».  ||  <"■"  s.  Quand  il  entre 


DIV 


1201 


au  cœur  de  l'homme  de  se  diviser  d'une  congréga- 
tion, CALV.  /ns(t(.  824.  Pourquoy  se  diviseroyent- 
eltes  d'ensemble?  id.  ib.  842.  La  mer  a  joinct  des 
terres  qui  esloyent  divisées,  comblant....  mont,  i, 
234.  Aussitost  que  la  raison  perd  ce  grand  chemin, 
elle  se  va  divisant  et  dissipant  en  mille  routes  di- 
verses, in.  Il,  250. 

—  ÉTYM.  Lat.  divisttm,  supin  de  dividere,  de  di, 
préfixe,  et  d'un  radical  vid^re,  que  quelques-uns 
rattachent  à  l'étrusque  iduo  (voy.  ides),  et  d'autres 
kvidêre,  voir,  par  abréviation  de  la  voyelle.  Dans 
les  autres  langues  romanes  la  dérivation  est  faite 
de  l'infinitif:  provenç.  devire,  devexir,  dividir ,  di- 
viiir;  espagn.  dividir;  ital.  dividere. 

DIVISEUR  (di-vi-zeur),  s.  m.  Hl»  Terme  d'arith- 
métique. Nombre  par  lequel  on  en  divise  un  autre. 
Il  Commun  diviseur,  nombre  qui  en  divise  plusieurs 
autres.  Le  plus  grand  commun  diviseur,  le  plus 
grand  nombre  qui  est  commun  diviseur  entre  plu- 
sieurs nombres.  ||  Diviseur  premier,  nombre  qui  en 
divise  un  autre,  mais  qui,  étant  lui-même  un  nom- 
bre premier,  n'a  pas  de  diviseur.  Les  diviseurs  pre- 
miers de  48  sont  2  et  3.  ||  Fraction  diviseur.  On  di- 
vise une  fraction  par  une  fraction  en  multipliant  la 
fraction  dividende  par  la  fraction  diviseur  renver- 
sée. Il  Adj.  Le  nombre  diviseur.  |{  2°  Terme  de  mé- 
tier. Appareil  diviseur,  se  dit  d'un  certain  système 
de  vidanges. 

—  HIST.  XVI'  s.  En  division  ne  sont  requis  que  deux 
nombres,  c'est  asçavoir  le  diviseur  ou  partiteur  et 
le  nombre  à  partir,  de  la  hoche,  Arismetique, 
î°  9,  verso. 

—  ÉTYM.  Lat.  divisor,  de  divisum,  supin  de  di- 
videre (voy.  diviser). 

DIVISIBILITÉ  (di-vi-zi-bi-li-té),  s.  f.  Qualité  de 
ce  qui  peut  être  divisé.  La  divisibilité  de  tout  nom- 
bre pair  par  2.  ||  Propriété  générale  de  la  matière 
pondérable,  en  vertu  de  laquelle  elle  peut  être  sé- 
parée en  parties  de  plus  en  plus  ténues,  jusqu'à  ce 
qu'elles  échappent  à  nos  sons  et  à  nos  instruments- 
L'esprit  se  perd  dans  la  divisibilité  de  la  matière; 
le  sentiment  le  plus  reçu  est  que,  quelque  division 
qui  ait  été  faite  de  la  matière,  quelque  petites  que 
soient  ces  parties,  elles  peuvent  encore  être  divisées 
à  l'infini,  rollin.  Traité  des  Et.  liv.  vi,  art.  3  et  4. 
La  divisibilité  de  la  matière  à  l'infini  est  une  vérité 
géométrique  et  une  erreur  physique,  bonnet,  OEu- 
vres  mêlées,  t.  xviii,  p.  80,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Divisible. 

DIVISIBLE  (di-vi-zi-bl'),  adj.  ||  1°  Qu'on  peut  di- 
viser. Plusieurs  philosophes  ont  prétendu  que  la 
matière  est  divisible  à  l'infini.  Tout  ce  qui  se  di- 
vise, se  divise  en  parties  divisibles;  et  ces  parties, 
en  d'autres  parties  divisibles;  donc  il  n'y  a  point 
de  divisible  qui  soit  le  plus  petit  divisible,  dide 
ROT,  Opin.  des  anc.  phil.  (Ifobbisme).  ||  2°  Terme 
de  mathématiques.  Qui  contient  exactement  un  cer- 
tain nombre  de  fois.  Six  est  divisible  par  deux  et 
trois.  Il  3"  Terme  de  législation.  L'obligation  est 
divisible  ou  indivisible  selon  qu'elle  a  pour  objet 
une  chose  qui  dans  la  livraison,  ou  un  fait  qui 
dans  l'exécution  est  ou  n'est  pas  susceptible  de 
division,  soit  matérielle,  soit  intellectuelle  {Code 
civil). 

—  HIST.  XIV*  s.  L'en  doit  savoir  que,  en  toute  chose 
continue  et  divisible,  l'en  peut  prendre  ce  qui  est 
plus  et  ce  qui  est  moyen  etcequiest  egual,  oresme, 
Elh.  44. 

—  ÉYTM.  Lat.  divisibilis,  de  divisum,  supin  de 
dmdcre.(voy.  diviser). 

fDIVISlBLEMENT  (di-vi-zi-ble-man),  adv.  D'une 
manière  divisible. 

—  ÉTYM.  Divisible,  et  le  suffixe  ment. 

t  DIVISIF,  IVE  (di-vi-zif,  zi-v'),  a4j.  Qui  di- 
vise, qui  sert  à  diviser.  Propriété  divisive.  ||  Terme 
de  chirurgie.  Bandages  divisifs,  ceux  qui  tiennent 
certaines  parties  écartées  l'une  de  l'autre. 

—  ÉTYM.  Lat.  divisum,  supin  de  dividere  (voy. 
diviser)  ;  provenç.  diviiiii. 

DIVISION  (di-vi-zion;  en  vers,  de  quatre  sylla- 
bes), s.  f.  Il  1»  Opération  par  laquelle  on  réduit  un 
corps  solide  en  parties  plus  ou  moins  ténues.  On 
trouve,  dans  l'art  et  dans  la  nature,  des  divisions 
qui  vont  infiniment  plus  loin  qu'on  ne  peut  l'imagi- 
ner, hollin.  Traité  des  Et.  liv.  vi,  art.  3  et  ♦. 
Il  Terme  de  minéralogie.  Division  mécanique,  pro- 
priété qu'ont  un  grand  nombre  de  cristaux  de  se 
partager  dans  des  directions  planes.  ||  Terme  de  chi- 
rurgie. Séparation  fortuite  et  accidentelle  de  parties 
naturellement  réunies;  dans  ce  sens  il  est  synonyme 
de  solution  de  continuité;  ou  séparation  méthodique 
de  ces  parties  opérée  par  le  chirurgien  dans  des  vues 
de  guérison.  i|  Terme  d'imprimerie.  Petit  tiret  qui  sa 


4202 


DIV 


met  au  bout  d-'une  ligne,  entre  une  parité  d  un  mot 
et  ceUe  qui  est  rejette  à  la  ligne  suivante.  ||  2'  Dis- 
tribution par  parties.  La  division  d'une  histoire  par 
chapitres.  La  division  de  la  France  en  départements. 
La  division  de  la  circonférence  en  degrés.  La  divi- 
sion d'un  immeuble,  d'un  héritage.  La  division  d'une 
somme  d'argent.  ||  Terme  d'économie  politique.  Di- 
vision du  travail,  organisation  du  travail  de  telle  sorte 
que  chaque  ouvrier,  n'en  faisant  qu'une  seule  partie 
toujours  la  même,  acquière  ainsi  un  grand  degré 
d'habileté.  Adam  Smith  a  très -ingénieusement  re- 
marqué combien  ce  qu'il  a  le  premier  appelé  la  divi- 
sion du  travail,  augmente  sa  puissance  productive, 
j.  B.  SAï,  Cours,  1840,  t.  I,  p.  t66.  ||  En  général, 
division  du  travail,  division  des  opérations  indus- 
trielles, de  manière  que  chacune  soit  accomplie 
par  une  personne  différente.  L'essence  de  la  divi- 
sion du  travail  est  que  chaque  travailleur  fasse  con- 
stamment la  même  besogne,  ID.  ib.  t.  i,  p.  <"*. 
Il  Terme  de  pratique.  Bénéfice  de  division,  exception 
par  laquelle  la  caution  obtient  que  le  créancier  divise 
sa  demande  entre  tous  les  oofidéjusseurs.  ||  Sans  di- 
vision ni  discussion,  solidairement  l'un  pour  l'au- 
tre, et  un  seul  pour  le  tout.  ||  En  langage  de  corps 
délibérants,  division  de  la  question,  de  l'article,  dé- 
libiralion  séparée  sur  les  divers  points  que  présente 
une  question,  ou  sur  les  divers  paragraphes  d'un 
article.  Il  Dans  le  parlement  anglais,  manière  de 
consulter  l'opinion  de  la  chambre,  en  faisant  pas- 
ser d'un  côté  de  la  salle  tous  les  membres  qui  adop- 
tent la  mesure  proposée,  et  de  l'autre  tous  ceux  qui 
la  rejettent.  ||  Scrutin  par  division,  vote  individuel, 
par  opposition  au  vote  par  assis  oulevé.||3°  Par- 
tie divisée,  séparée  d'un  tout.  Une  division  terri- 
toriale, administrative.  Les  divisions  du  mètre  sont 
le  décimètre,  le  centimètre,  le  millimètre.  Les  divi- 
sions d'un  livre.  ||  En  botanique,  division  se  dit  pour 
segment  ou  découpure  naturelle  d'une  feuille,  lobe 
d'un  calice,  d'une  corolle.  Corolle  à  cinq  divisions. 
Il  4°  Terme  de  guerre.  Division  active,  réunion  de 
deux  et  quelquefois  de  trois  brigades  d'infanterie 
ou  de  cavalerie,  toujours  accompagnées  d'artille- 
rie, de  génie  et  d'équipages  militaires.  Général  de 
division.  Les  soldats  de  Ney  et  ceux  de  la  division 
Gudin,  veuve  de  son  général,  y  étaient  rangés  sur 
les  cadavres  de  leurs  compagnons  et  sur  ceux  des 
Busses,  au  milieu  d'arbres  à  demi  brisés,  sur  une 
terre  battue  par  les  pieds  des  combattants,  sÉGun, 
flist.  de  Nap.  vi,  8.  ||  Terme  de  manœuvre.  Réunion 
de  deux  compagnies  ou  de  deux  pelotons.  Former 
les  divisions.  ||  Division  militJiire,  circonscription 
territoriale  composée  généralement  de  plusieurs 
départements  et  placée  sous  le  commandement  d'un 
général  de  division.  ||  B"  Terme  de  marine.  Réu- 
nion de  trois  bâtiments  de  guerre  au  moins,  sous 
la  direction  du  chef  le  plus  haut  en  grade  ou  le 
plus  ancien  par  date  de  brevet,  si  les  trois  capi- 
taines sont  de  même  grade.  Une  armée  navale  se 
divise  en  trois  escadres,  et  chaque  escadre  en 
trois  divisions.  ||  Chef  de  division,  autrefois  capi- 
taine de  vaisseau  pourvu  d'une  commission  qui  lui 
donnait  le  droit  de  commander  plusieurs  vais- 
seaux. Il  Compagnie  de  marins  organisés  militai- 
rement. Il  6°  Terme  d'administration.  Réunion  de 
bureaux  sous  la  direction  d'un  commis  supérieur. 
Un  chef  de  division.  ||  7"  Dans  un  lycée  ou  un 
collège,  portion  d'une  même  classe  placée  sous  la 
direction  d'un  professeur  distinct.  Les  deux  divi- 
sions de  la  troisième.  ||  8°  Terme  de  calcul.  Opéra- 
tion qui  a  pour  but,  connaissant  un  produit  et  un 
de  ses  facteurs,  de  trouver  l'autre  facteur  ;  et,  parti- 
culièrement, en  arithmétique,  opération  par  la- 
quelle on  cherche  combien  de  fois  un  nombre  est 
contenu  dans  un  autre.  ||  9"  Terme  de  rhétorique. 
Partie  d'un  discours  qui  consiste  à  diviser  en  plu- 
sieurs points  tout  ce  que  l'on  a  à  dire.  La  division 
rentre  dans  les  parties  destinées  à  instruire;  elle 
en  est  souvent  la  première.  ||  10°  Fig.  Désunion, 
discorde.  U  arriva  de  grandes  divisions  parmi  les 
Phrygiens,  d'ablancourt,  Arrien,  liv.  ii,  dans 
RiCHELET.  L'abondance,  augmentant  les  forcés, 
engendrait  les  divisions,  id.  Tacite,  liv.  i,  dans  ri- 
CHELET.  Et  leur  division  que  je  vois  à  regret,  Dans 
iron  esprit  charmé  jette  un  plaisir  secret,  corn. 
Cid,  u,  6.  Et  rendre  un  calme  heureux  à  nos  di- 
visions, ID.  Sertor.  m,  4.  I.a  division  se  mit  dans 
la  nouvelle  réforme,  boss.  Var.  a.  Quel  ropect 
n'avait-elle  pas  pour  le  souverain  pontife  vicaire  de 
Jésus-Christ  et  pour  tout  l'ordre  ecclésiastique?  qui 
pourrait  dire  combien  de  larmes  lui  ont  coûté  ces 
divisions  toujours  trop  longues  et  dont  on  ne  peut 
demander  la  fin  avec  trop  de  gémissements!  le  nom 
même  et  l'ombre  d?  division  faisait  horreur  à  la 


DIV 

reine,  comme  à  toute  âme  pieuse,  id.  Uarie-Thér. 
Les  deux  Gracques,  en  flattant  le  peuple,  commen- 
cèrent les  divisions  qui  ne  finirent  qu'avec  la  répu- 
blique, ID.  Hist.  1,  ».  Jeter  la  division  parmi  leurs 
ennemis,  id.  ib.  m,  6.  Cependant  et  ma  haine  et 
ses  prétentions  Sont  les  moindres  sujets  de  nos  di- 
visions, RAC.  Uilhr.  1,  t.  U  y  a  entre  les  sciences 
et  les  richesses  une  ancienne  et  irréconciliable  di- 
vision, fo.itek.  JloUe.  Et  laissant  Rome  heureuse  et 
sans  divisions,  volt.  M.  de  César,  i,  3.  U  est  -op 
vrai  que  les  divisions  Ont  régné  trop  longtemps 
entre  nos  deux  maisons,  id.  Tancr.  i,  I.  Différents 
dans  leurs  genres,  mais  placés  dans  la  même  car- 
rière, rivaux  sans  divisions,  concurrents  dignes  de 
s'estimer....  les  Corneille,  les  Bossuet,  les  Racine, 
les  Fénelon....  gresset.  Dise,  de  réceptionà  l'Acad. 

—  HIST.  xn»  s.  Faiz  fu  ses  heumes  [son  haume] 
pargrant  division  [habileté],  llonc.  p.  Bl.  Qu'il  nous 
en  fasse  voire  division  [vraie  séparation]  ,ib.  p.  166. 
Dévorer  le  verrez  [aux  lions]  par  mil  divisions,  ib. 
p.  200.  Gardez  [ayez  soin]  que  li  message  [les  mes- 
sagers] soient  mis  en  prison;  Nous  en  ferons  justice 
à  no  devision  [à  notre  volonté],  Sas.  xxv.  ||  xiii's. 
Se  feme  requiert  que  division  soit  fête  des  biens 
son  mari,  du  vivant  du  mari,  on  ne  doit  pas  obéir 
à  sa  requeste,  beaum.  lvii,  2.  Se  tu  as  bien  devisé, 
multeplie  celé  devision;  et  quant  tu  l'averas  multe- 
plié....  Comput,  f"  15.  Il  XIV*  s.  Le  samedi  devantla 
division  des  apostres,  l'an  mcccxxi,  Bibl.  des  Char- 
tes, 4«  série ,  t.  m ,  p.  272.  ||  xvi'  s.  L'espérance  que 
ceste  licence  augmenteroit  les  parts  et  les  brigues 
de  la  division  et  empescheroit  le  peuple  de  se  reii- 
nir  et  de  se  fortifier  contre  lui  par  leur  concorde  et 
unanime  intelligence,  mont,  m,   84. 

—  ÉTYM.  Provenç.  devision,  deveiio;  espagn. 
division;  ilal.  divisione;  du  latin  divisionem,  de 
dtDisitm,  supin  de  dividere  (voy.  diviser). 

DIVISIONNAIRE  (di-vi-zio-nê-r"),  odj.  Qui  appar- 
tient à  une  division,  à  une  circonscription.  Inspec- 
teur divisionnaire.  ||  Professeur  divisionnaire,  Ou, 
substantivement,  un  divisionnaire,  professeur  d'une 
division,  quand  le  nombre  trop  grand  des  élèves 
oblige  à  diviser  une  classe.  Le  professeur  de  la  <" 
division  est  le  titulaire,  et  les  autres  professeurs 
sont  dits  professeurs  divisionnaires;  ils  ont  aussi 
porté  le  titre  de  professeurs  agrégés,  professeurs 
adjoints.  |1  Terme  de  guerre.  Général  divisionnaire, 
et,  substantivement,  un  divisionnaire,  général  de 
division.  Le  plus  ancien  divisionnaire  de  l'armée. 
Capitaine  divisionnaire,  capitaine  qui  dirige  les 
mouvements  d'une  division.  ||  Monnaie  division- 
naire, monnaie  qui  représente  les  divisions  de  l'u- 
nité monétaire,  chez  nous  du  franc,  telles  que  les 
pièces  de  50  centimes  et  de  20  centimes. 

—  ÉTYM.  Divinion. 

DIVORCE  (di-vor-s'),  s.  m.  ||  l»  Rupture  légale  du 
mariage  du  vivant  des  époux.  Prononcer  le  divorce. 
Le  divorce,  autorisé  par  le  Code  Napoléon,  fut  aboli 
dans  les  premières  années  de  la  Restauration.  Il  y 
a  cette  différence  entre  le  divorce  et  la  répudiation, 
que  le  divorce  se  fait  par  un  consentement  mutuel, 
à  l'occasion  d'une  incompatibilité  mutuelle;  au  lieu 
que  la  répudiation  se  fait  par  la  volonté  et  pour  l'a- 
vantage d'une  des  deux  parties,  indépendamment 
de  la  volonté  et  de  l'avantage  de  l'autre,  montesq. 
Espr.  XVI,  16.  Le  divorce  aujourd'hui  si  commun 
aux  Romains,  corn.  Pomp.  ii,  1.  Régnez;  qui  fait 
les  lois  peut  bien  faire  un  divorce,  lo.  Othon,  l,  3. 
....  Tite  fit  tôt  après  De  Bérénice  à  Rome  admirer  les 
attraits;  Pour  elle  avec  Martie  il  avait  fait  divorce. 
id.  Tite  et  Bérén.  i,  1.  Le  landgrave,  sans  faire 
divorce  avec  sa  femme,  en  prit  une  autre,  boss. 
Avert.  4.  Moïse  fut  le  premier  qui  permit  le  di- 
vorce, à  cause  de  la  dureté  de  cœur  des  Juifs, 
LE  MAlTHE,  Plaidoyer  «,  dans  richflet.  Trop  heu- 
reux, si  bientôt  la  faveur  d'un  divorce  Me  soulageait 
d'un  joug  qu'on  m'imposa  par  force,  rac.  Brit.  ii, 
2.  Il  2°  Fig.  Séparation.  Une  vertu  brutile  Que  son 
mérite  aveugle  et  qu'un  faux  jour  d'honneur  Jette 
en  un  tel  divorce  avec  le  vrai  bonheur,  corn.  Aicom. 
III,  2.  Que  le  bon  soit  toujours  camarade  du  beau.... 
Mais  comme  le  divorce  entre  eux  n'est  pas  nouveau, 
LA  FONT.  Fabl.  VII,  2.  Ce  divorce  avec  le  monde  a 
été  plus  de  corps  que  d'esprit,  bourd.  Pensées,  t.  ii, 
p.  462.  L'état  de  chrétien  sur  la  terre,  un  état  de 
divorce  avec  les  sens,  mass.  Av.  Disp.  Ne  devait-il 
pas  exiger  de  vous  un  divorce  entier  et  sans  retour 
avec  les  objets  de  nos  passions?  id.  ib.  Commxtnion. 
Les  paroles  et  les  pensées  N'étaient  point  en  divorce 
encore,  la  motte,  Fabl.  ii,  7.  ||  Faire  divorce  avec, 
renoncer  à.  11  a  fait  divorce  avec  les  plaisirs.  Et  qu'il 
est  malaisé  de  faire  un  plein  divorce  Avec  la  douce 
amorce  Que  chacun  porte  au  cœurl  corm.  Imit.  i, 


DIV 

3.  Avec  les  faux  Romains  ell'i  [Rome]  a  fait  plein 
divorce,  id.  Sertor.  m,  2.  U  demeure  à  ces  mots 
sans  parole  et  sans  force.  Tous  ses  sens  d'avec  lui 
font  un  soudain  divorce,  id.  Attila,  v,  6.  Rien  n'é> 
chappe  à  sa  vue,  et  le  sommeil  sans  force  Fait  avec 
sa  paupière  un  éternel  divorce,  id.  Toi»,  d'or,  l,  4. 
Nous  y  'aisons  divorce  pour  un  moment  avec  ros 
passions,  mass.  Car.  Confess.  ||  3"  Dissension  entre 
parents,  amis,  etc.  Il  est  en  divorce  avec  tout  le 
monde.  Ils  ont  assez  longtemps  joui  de  nos  divor- 
ces, CORN.  Ilor.  1,  4.  La  ville  calmée  N'a  plus  à  re- 
douter le  divorce  inte.stin  Du  soldat  insolent  et  du 
peuple  mutin,  id.  Pomp.  iv,  3.  L'hymen  où  je  pré- 
tends ne  peut  trouver  d'amorces  Au  milieu  d'une 
ville  où  régnent  les  divorces,  id.  Sertor.  iv,  2.  Tu 
mets  dans  tous  mes  sens  le  trouble  et  le  divorce;  Je 
veux  ne  t'aimer  plus,  et  n'en  li  pas  la  force,  id. 
rois,  d'or,  II,  2. 

—  HIST.  XVI*  s.  On  appelle  hérétiques  et  schisma- 
tiques  ceux  qui,  en  faisant  un  divorce  en  l'Eglise, 
rompent  l'union  d'icelle,  calv.  Instit.  839.  La  féli- 
cité de  ces  frères  apporta  le  divorce  [désunion], 
fondé  sur  ce  que  Mahomet  le  cadet  ne  voulut  point 
payer  de  tribut  à  Hamet  son  aisné,  d'aub.  Hist. 

I,  35. 

—  ÉTYJI.  Provenç.  divorsi;  espagn.  divorcio;  ital. 
divorzio;  du  latin  dnordum,  de  di....  préfixe,  et 
vertere,  tourner  (voy.  version). 

DIVORCÉ,  ÉE  (di-vor-sé,  sée),  part,  passé.  Qn\ 
a  fait  divorce.  Femme  divorcée.  ||  Substantivement. 
Un  divorcé.  Les  divorcés. 

DIVORCER  (di-vor-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vant o  ou  o:  nous  divorçons;  je  divorçais),  v.  n. 
Il  1°  Faire  divorce.  On  divorçait  très-facilement  k 
Rome.  Les  deux  époux  demandèrent  à  divorcer.  Par 
malheur  sa  femme  était  sige;  Mais  aussi  Robin  di- 
vorça, bérang.  Ami  Robin.  \\i'  Fig.  Les  anges  cé- 
lèbrent les  noces  de  ces  femmes  qui  ont  divorcé  avec 
la  terre  pour  s'unir  au  ciel,  chateaub.  Natch.  iv, 
177.  Le  divorce  est  en  pratique  Aujourd'hui  pour 
bien  des  gens;  Plus  d'un  grave  politique  Divorce 
avec  le  bon  sens;  Le  financier  qui  nous  pille  Divorce 
avec  le  crédit;  Et  plus  d'un  auteur  qui  brille  Fait 
divorce  avec  l'esprit,  étienne,  dans  girault-duvi- 

VIER. 

—  KEM.  Divorcer  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir,  quand  on  veut  exprimer  l'action  :  cette  femme 
a  divorcé  hier;  avec  l'auviliaire  é(re,  quand  on  veut 
exprimer  l'état:  celte  ftmme  est  divorcée  depuis 
longtemps. 

—  HIST.  xiv*  S.  Mariage  divorcé,  boutillier, 
.Somme  rurale,  p.  727,  dans  laclrne.  ||  xvi*  s.  Vous 
avez  mis  en  butte  Ciceron,  comme  s'il  estoit  à  louer 
de  s'estre  diverse  d'avec  sa  femme  Terenlia,  Contes 
de  cholières,  f°  193,  dans  lacurne. 

—  ËTYM.  Bas-lat.  divortiare,  de  dirorttum,  di- 
vorce. 11  y  avait  l'adjectif  desvorce:  Tant  que  de 
son  corps  soit  desvorce  L'ame....  j.  Ije  meung,  Tr. 

1161. 

t  DIVULGATEUR,  TRICE  (di-vul-ga-teur.  tris'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  divulgue,  qui  publie. 

—  HIST.  xvr  s.  Divulgateur,  ocdin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Divulf/uer. 

DIVULGATION  (di-vul-ga-sion;  envers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Action  de  divulguer;  résultat  de  cette 
action.  La  divulgation  d'un  secret.  Effrayons  d'abord 
la  Suzanne  sur  la  divulgation  des  offres  qu'on  lui 
fait,  beaumarch.  Ilar.  de  Fig.  i,  4.  Afin  de  provo- 
quer pour  la  mémoire  de  Fouquet  un  réveil  de 
l'attention  publique,  il  faudrait  apporter  un  con- 
tingent de  divulgations  nouvelles,  carné,  Revue 
des  Deux-Mondes,   16  mars  1803,  p.  342. 

—  HIST.  XVI' s.  Si  vous  tiendrai -je  ma  promesse: 
c'est  de  jamais  plus  ne  nous  voir,  après  la  divulga- 
tion de  nostre  amitié,  marg.  Nouv.  lxx. 

—  ÉTYM.  Lat.  divutgationem  (voy.  divulguer). 
DIVULGUÉ,  ÉE  (di-vul-ghé,  ghée),  part,  posté. 

La  nouvelle  bientôt  divulguée.  Mes  faits  par  la  ga- 
zette en  tous  lieux  divulgués,  corn.  Uent.  i,  3. 

DIVULGUER  (di-vul-ghé),  V.  a.  Porter  k  la  con- 
naissance du  public  ce  qui  était  ignoré.  Divulguer 
un  secret.  Ils  n'ont  point  de  faveur  qu'ils  n'aillent 
divulguer,  mol.  Tart.  m,  3.  Je  ne  sais  qui  m'arrêta 
et  retient  mon  courroux,  Que,  par  un  prompt  avis 
de  tout  ce  qui  se  passe.  Je  ne  coure  des  dieux  di- 
vulguer la  menace,  RAC  Iphig.iv,  1.  Ce  fut  Pliiio- 
laQs  qui  divulgua  la  doctrine  de  Pythagore,  didkb. 
Opin.  des  anc.  phil.  (Pythagorisme).  S'il  arrive 
qu'une  invention  favorable  aux  progrès  des  sciences 
et  des  arts  parvienne  à  ma  connaissance,  je  brûle 
de  la  divulguer,  in.  Peinture  en  cire,  OEuiTcs, 
t.  IV,  p.  371 ,  dans  pougens.  ||  Se  divulguer,  v.  réfl. 
Etre  divulgué.  Des  mystères  qui  se  divulguent. 


DIX 


DIZ 


DOC 


1203 


—  HIST.  xvt'  S,  La  chose  en  fut  toute  divulgjée 
par  la  ville,  amyot,  Ponp.  02. 

—  ÈTYM.  Provenc.  et  espagn.  divulgar;  ital.  di- 
tolgare;  rtu  latin  divulgare,  de  di....  préfixe,  et 
tutgui,  le  public  (voy.  vulgaire). 

t  «IVULSION  (di-vul-sion) ,  s.  f.  Terme  didacti- 
que. Action  d'arraclier,  do  séparer  avec  violence. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  plus  voisin  mal  qui  nous  me- 
nace [nous,  la  Francel,  ce  n'est  pas  altération  en 
la  masse  entière  et  solide,  mais  sa  dissipation  et  di- 
Vulsion,  MONT.  IV,  87. 

—  ÉTYM.  Lat.  divulsionem,  de  di....  préfixe,  et 
vtilsio,  arrachement. 

DIX  (on  prononce  dis',  quand  il  est  seul  et  quand 
il  est  final  :  nous  sommes  dis';  on  prononce  aussi 
dis',  quand  il  est  substantif:  un  dis'  de  cœur;  Vx  se 
lie  et  se  prononce  i  devant  une  voyelle  et  une  h 
muette:  di-z  arbres,  di-z  hommes;  il  devient  muet 
devant  une  consonne  ou  une  h  aspirée  :  di  francs, 
di  harengs;  quand  dix  fait  partie  d'un  nombre  com- 
posé, il  se  prononce  comme  s:  diz'  sept,  diz'  huit, 
diz'  neuf),  adj.  numéral  cardinal,  des  deux  genres. 
111°  Nombre  formé  de  deux  fois  cinq.  Neuf  plus  un 
égale  dix.  Le  nombre  dix.  Dix  écus.  Nous  sommes 
dix.  Et  trois;  Quand  nous  serons  à  dix,  nous  fe- 
rons une  croix,   mol.  l'Élour.  i,  n C'est  folie 

De  compter  sur  dix  ans  de  vie,  la  font.  Fabl.  vi, 
H  S).  Aussitôt  l'édit  fut  affiché  dans  Suse,  et  les  dix 
fils  d'Aman  furent  pendus,  saci.  Bible,  Esther,  ix,  t4. 
Il  Par  exagération.  On  vous  l'a  dix  fois  répété,  c'est-à- 
dire  plusieurs  fois,  souvent.  ||  Dix  lignes,  une  courte 
lettre,  quelques  mots  par  écrit.  Ma  sœur  de  Radouay 
trouve  le  moyen  de  louer  en  dix  lignes  toute  la 
communauié,  maintenon,  Mme  du  Perron,  (saoùt 
<7n.||Terme  de  chasse.  Cerf  dix  cors,  celui  qui 
est  dans  sa  ?•  année.  Cerf  dix  cors  jeunement,  celui 
qui  n'a  que  6  ans.  ||  En  composition.  Soixante-dix  ou 
soixante  et  dix;  quatre-vingt-dix,  quatre-vingt  et 
dix.  Quel  âge  croyez- vous  bien  que  j'aie?  —  Je  crois 
que  tout  au  plus  vous  pouvez  avoir  vingt-six  ou 
vingt-sept  ans.  —  Ah!  ah!  ah!  ah!  ah!  J'en  ai  qua- 
tre-vingt-dix, mol.  Mal.  imag.  m,  U.  ||  2°  Pris  pour 
un  adjectif  numéral  ordinal,  dixitme.  Chapitre 
dix.  Livre  dix.  Louis  dix,  dit  le  Hutin.  ||  3°  S.  m.  Le 
dix  dii  mois,  le  dixième  jour  du  mois.  ||  Sans  de:  le 
dix  mai  (voy.  de).  ||  Absolument,  le  dix,  quand  le 
mois  est  connu  d'ailleurs.  Nous  sommes  le  dix. 
Il  4°  Nom  de  certaines  cartes  marquées  de  dix  points. 
Le  dix  de  cœur.  Un  quatorze  de  dix.  ||  Le  chiffre  x. 
Un  dix  romain.  ||  5°  Conseil  des  Dix,  tribunal  su- 
prême composé  de  dix  nobles  à  Venise. 

—  HIST.  XI*  S.  Ou  diz  ou  vint,  Cli.  de  Roi.  m. 
Il  XII*  s.  De  l'or  d'Espagne  vaut  dis  mille  mangons, 
liuiic.  p.  29. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deix,  dex;  catal.  deu;  espagn. 
diei;  portug.  des;  ital.  dieci;  du  latin  decem;  grec, 
BÉxa;  goth.  laihun ;  allem.  zchn;  angl.  ten;  bas- 
bret.  dek;  zend,  data;  sanscrit,  daça. 

DIX-HUIT  (diz'-uit;  pour  la  prononciation  du  t 
dans  huit,  voyez  huit),  adj.  numér.  cardinal,  des 
deux  genres.  Nombre  qui  se  compose  de  dix  et  huit. 
Il  Se  dit  pour  dix-huitième.  Louis  dix-huit.  Page  dix- 
huit.  On  écrit  d'ordinaire  Louis  XVIH,  le  <  8  du  mois. 
Il  En  ce  sens  il  se  comporte  comme  un  substantif 
masculin.  Le  dix-huit  du  mois.  ||  Terme  de  ty- 
pographie. In  dix-huit,  format  d'un  livre  dans  le- 
quel la  feuille,  pliée  en  dix-huil  parties,  forme 
trente-six  pages.  Il  s'indique  ordinairement  par 
in-18. 

fDIXHUITAIN  (diz'-ui-tin),  s.  m.  Terme  de 
commerce.  Se  disait,  dans  le  midi,  d'une  espèce  de 
drap  dont  la  chaîne  était  formée  de  dix-huit  cents 
fils. 

—  ÉTYM.  Dix-huit. 

DIX-UUITIËME  (diz'-ui-tiê-m'),  adj.  numér. 
Nombre  ordinal  de  dix-huit.  ||  La  dix-huitième  par- 
tie ou,  substantivement,  le  dix-huitième,  chaque 
partie  d'un  tout  divisé  en  dix-huit  parties  égales. 
Il  S.  f.  Au  piquet,  une  dix-huitième,  série  des  huit 
cartes  d'une  couleur,  ainsi  dite  parce  qu'elle  compte 
dix-huit  points. 

—  HI6T.  xii"  s.  El  dise  uitme  an  lu  rei  Josie,  ki 
lores  en  Jérusalem  regnad,  Itois,  429. 

DIX.-1IUIT1ÈMEMENT  (diz'-ui-tiè-me-man),  adv. 
En  dix-huitième  lieu. 

DIXIÈME  (di-ziê-m').  ||  1»  Adj.  numér.  Nombre 
ordinal  de  dix.  Le  dixième  jour.  La  dixième  fois.  Je 
suis  le  dixième.  Chapitre  dixième.  ||  2°  S.  m.  La 
dixième  partie.  Il  s'en  faut  d'un  dixième.  ||  Dixième 
de  guerre,  décime  pour  franc  perçu  en  sus  des  droits 
d'enregistrement.  ||  Impôt  extraordinaire  que  le  roi 
levait  autrefois.  On  n'osa  imposer  le  dixième  que 
dans  l'année  47to  ;  mais  ce  dixième,  levé  à  la  suite 


de  tant  a  autres  Impôts  onéreux,  parut  si  dur  qu'on 
n'osa  pas  l'exiger  avec  rigueur;  le  gouvernement 
n'en  retira  pas  vingt-cinq  millions  annuels,  à  qua- 
rante francs  le  marc,  volt.  Louis  XIV,  30.  |]  3°  S. 
f.  Terme  de  musique.  Intervalle  de  9  degrés  diato- 
niques ou  d'une  octave  et  d'une  tierce. 

—  HIST.  XI'  s.  La  disme  eschele  [escadron],  est 
des  barons  de  France,  Ch.  de  Uol.  ccxxiii.  ||  xii°  s. 
Guiteclins  de  Sassoigne  0  [avec]  son  frère  Gozon ,  Lui 
di.seme  des  rois  du  lignage  Mahom,  Sont  entré  en 
ta  terre....  Sax.  xiv.  |j  xiii'  s.  Ele  en  la  buscherie 
prent  la  disisme  boise  [bûche],  Berte,  LXii.  Et  fist 
Salehedins  par  sa  courtoisie  renvoïer  la  dame,  li 
[elle]  desime  de  crestiens  et  dix  demoisieles  en  Acre , 
Chron.  de  Bains,  f  12.  Et  passâmes  de  là  à  tout  vint 
chevaliers,  dont  il  estoit  li  disiesme  et  je  disiesme, 
jciNV.  208.  Il  XVI'  s.  La  dixième  partie,  amyot, 
Cam.  B. 

—  ÉTYM.  Provenç.  deien;  catal.  desé ;  espagn. 
deceno;  ital.  decimo;  du  latin  decimus.  Decimxis 
avec  l'accent  sur  de  a  donné  régulièrement,  dans 
l'ancien  français,  disme  ;  dixième  ou  dmsme  est  une 
forme  allongée  par  l'addition  de  la  finale  ordinale 
esimuç. 

DIX1ÈMEME5T  (di-ziê-me-man),  adv.  En  dixième 
lieu. 

—  ÉTYM.  Dixième,  et  le  suffixe  ment. 

DIX-NEUF  {diz'-neuf;  voy.  neuf,  pour  la  pro- 
nonciation de  i'/),  adj.  numér.  cardinal,  des  deux 
genres.  Nombre  qui  se  compose  de  dix  et  neuf.  |{  11 
s'emploie  pour  dix-neuvième.  Page  dix-neuf.  ||  Subs- 
tantivement, le  dix-neuf  du  mois. 

DIX-NEU"VIÈME  (diz'-neu-viê-m'),  adj.  numér. 
Nombre  ordinal  de  dix-neuf.  Le  dix-neuvième  nu- 
méro. Il  S.  m.  Un  dix-neuvième,  chaque  partie  d'un 
tout  divisé  en  dix-neuf  parties  égales.  ||  S.  f.  Terme 
de  musique  et  d'acoustique.  La  dix-huitième  note 
après  une  première,  c'est-à-dire  la  double  octave  de 
la  quinte.  Une  corde  sonore  se  divise  spontanément 
en  six  parties  égales,  et  fait  entendre  la  dix-neu- 
vième de  la  note  fondamentale. 

—  HIST.  xii*  s.  Ço  fud  li  dise-nofme  an  del  règne 
lu  [le]  rei  de  Babilonie,  Rois,  435. 

DIX-NEUVIÈ.MEMENT  (diz'-neu-viê-me-man ) , 
adv.  En  dix-neuvième  lieu. 

—  ÉTYM.  Dix-neuvième,  et  le  suffixe  ment. 

DIX-SEPT  (diz'-sè;  voy.  sept  pour  la  prononcia- 
tion), adj.  mimer.  cardtno(,  des  deux  genres.  Nombre 
qui  se  compose  de  dix  et  sept.  ||  Il  se  dit  pour  dix- 
septième.  Page  dix-sept.  Louis  dix-sept.  ||  Substan- 
tivement, le  dix-sept  du  mois. 

DIX-SEPTIÈME  (diz'-sè-tiê-m'),  adj.  numér.  Nom- 
bre ordinal  de  dix-sept.  ||  S.  m.  Un  dix-septième, 
une  partie  d'un  tout  divisé  en  dix- sept  parties 
égales.  Il  S.  f.  Au  piquet,  une  dix-septième,  une  suite 
de  sept  cartes  de  la  même  couleur,  de  l'as  au  huit 
ou  du  roi  au  sept,  ainsi  dite  parce  qu'elle  compte 
dix-sept  points.  ||  Terme  de  musique  et  d'acousti- 
que. La  seizième  note  après  une  première,  c'est-à- 
dire  la  double  octave  de  la  tierce.  Une  corde  sonore 
se  divise  d'elle-même  en  cinq  parties  égales,  et  fait 
entendre  la  dix-septième  en  même  temps  que  le  son 
fondamental. 

DIX-SEPTIËMEMENT  (diz'-sè-tiê-me-man),  adv. 
En  dix-septième  lieu. 

—  ÉTYM.  Dix-septième,  et  le  suffixe  ment. 
DIZAIN  (di-zin),  s.  m.  ||  1°  Petite  pièce  composée 

de  dix  vers.  1|  2°  Nom  de  dix  grains  de  chapelet,  qui 
ont,  à  l'un  et  l'autre  bout  du  dizain,  un  gros  grain 
dit  pater.  \\  3°  Paquet  de  dix  jeux  de  cartes.  Un 
dizain  de  cartes. 

—  REM.  L'Académie  écrit  dizain  par  un  i  et  sixain 
par  un  x;  pourtant  dix  a  un  a;  comme  six,  et  sixain 
se  prononce  comme  dizain.  C'est  une  anomalie  à 
corriger,  c'est-à-dire  qu'il  faut  mettre  dans  les  deux 
cas  i  ou  X. 

—  ÉTYM.  Dix. 

DIZAINE  (di-zè-n') ,  s.  f.  ||  l"  Total  composé  de 
dix  personnes  ou  de  dix  choses.  Une  dizaine  de  per- 
sonnes. Une  dizaine  de  francs.  ||  Une  dizaine  se  dit 
quelquefois  pour  un  nombre  indéfini  qui  approche 
de  dix.  Il  y  avait  là  une  dizaine  de  personnes. 
Il  2°  Terme  d'arithmétique.  Collection  de  dix  unités. 
Les  dizaines  et  les  centaines.  ||  3°  Anciennement. 
Nom  d'une  certaine  division  d'un  quartier  d'une  ville. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  romains  tyrans  s'adviserent 
encores  d'un  aultre  poinct,  de  festoyer  souvent  les 
dizaines  publiques,  abusant  cette  canaille  comme  il 
falloit,  qui  se  laisse  aller,  plus  qu'à  toute  autre 
chose,  au  plaisir  de  la  bouche,  LA  boétie,  De  la 
servitude  volontaire. 

—  ÉTYM.  Dix;  provenç.  desena;  espagn.  deema; 
ilal.  dierina 


DIZEAU  (di-zî) ,  ».  m.  Tas  de  dix  gerbes  de  blé , 
de  dix  bottes  de  fom.  Mettre  les  gerbes  en  dizcau. 
Il  Les  agriculteurs  de  certaines  localités  emploient 
ce  mot  pour  désigner,  en  général,  un  tas  de  gerbes. 
Il  Au  plur.  Des  dizeaus. 

—  ÉTYM.  Dix. 

DIZENIER  (di-ze-nié)  ou  DIZAINIEU  (di-zè-nié), 
s.  m.  Autrefois,  chef  d'une  dizaine  ou  portion  d'un 
quartier  de  ville.  Les  dizeniers  de  Paris.  Des  dize- 
niers,  des  centeniers  furent  astreints  à  des  devoirs 
journaliers,  volt.  Mœurs,  59. 

—  HIST.  XV'  s.  [Jean  Lyon]  ordonna  secrètement 
à  tous  les  capitaines  des  blancs  chaperons....  aux 
deceniers,  et  leur  dit....  froiss.  ii,  ii,  B3. 

—  ÉTYM.  Dizaine;  bourguig.  dixenei;  provenç. 
desenier,  dexenier;  anc.  calai,  desener. 

f  DJÉRID  (djé-rid),  s.  m.  Nom  arabe  d'une  course 
à  cheval,  où  l'adresse  consiste  à  lancer  en  l'air  et  à 
rattraper  une  sorte  de  javelot  ou  bâton  nommé  aussi 
djérid,  leooarant.  L'exercice  du  djérid,  qui  exige 
beaucoup  d'adresse,  est  d'un  grand  usage  en  Tur- 
quie et  fait  essentiellement  partie  de  l'éducation 
militaire,  pihan,  Gloss.  de  mois  tirés  de  l'arabe. 

—  ÉTYM.  Arabe,  djérid,  javelot. 

t  DJERME  (djfcr-m') ,  s.  f.  Terme  de  marine.  Nom 
d'un  petit  navire  qui  fait  la  navigation  de  la  côte 
d'Alexandrie  et  du  Nil. 

t  DJINN  (djin'),  s.  m.  Nom,  chez  les  Arabes, 
d'un  mauvais  esprit  ou  démon.  Les  djinns  funè- 
bres. Fils  du  trépas.  Dans  les  ténèbres  Pressent 
leurs  pas,  hugo.  Orient.  28. 

—  ÉTYM.  Arabe,  djinn,  démon  invisible  qui  in« 
spire  ou  tourmente  les  hommes. 

D-LA-RÉ  (dé-la-ré).  Ancien  terme  de  musique 
par  lequel  on  désignait  le  ton  de  ré. 

t  DO  (do),  s.  m.  Nom  par  lequel  les  Italiens  d'a- 
bord et  après  eux  presque  tous  les  maîtres  de  chant 
ont  remplacé  dans  la  solmisation  la  syllabe  ut  qu'ils 
trouvaient,  avec  raison,  sourde  et  peu  favorable  au 
chant.  Ces  do  n'étaient  pas  bien  marqués.  ||  Au 
plur.  Des  do. 

—  ÉTYM.  Ital.  do. 

t  DOBOLE  (do-bu-l'),  s.  m.  Terme  d'iohthyologle. 
Un  des  noms  vulgaires  du  leucisque  dobule,  appelé 
aussi  meunier  et  qui  est  Table  dobule  de  certains 
auteurs,  leooarant. 

f  DOCÈTE  (do-sè-f),  s.  m.  Partisan  du  docé- 
tisme. 

—  ÉTYM.  AoxriTriç,  de  Soxeîv,  croire  à  une  appa- 
rence. 

t  DOCÉTISME  (do-sé-ti-sm'),  s.  m.  Secte  chré- 
tienne du  II"  siècle  qui  prétendait  que  Jésus  n'était 
né,  mort  et  ressuscité  qu'en  apparence. 

—  ÉTYM.  Docèle. 

t  DOCHMAÏQUE  (do-kma-i-k'),  s.  m.  Terme  da 
poésie  grecque  et  latine.  Pied  composé  de  cinq  syl- 
labes, une  brève,  deux  longues  et  deux  brèves. 

—  ÉTYM.  Aoxp.o!îxoi;,  de  Soy.n^n,  nom  d'une  cer- 
taine mesure  de  longueur. 

fDOCHMIAQUE  (do-kmi-a-k'),  adj.  Le  vers 
dochmiaque,  ou,  substantivement,  le  dochmiaque, 
sorte  de  vers  grec  ou  latin  dans  lequel  entrait  la 
pied  nommé  dochmius. 

tDOCHMlUS  (do-kmi-us'),  s.  m.  Terme  de  métri- 
que grecque  et  latine.  Pied  de  cinq  syllabes,  com- 
posé d'un  ïambe  et  d'un  crétique,  ou  d'un  bacchius 
et  d'un  ïambe,  c'est-à-dire  d'une  brève,  deux  lon- 
gues, une  brève  et  une  longue. 

—  ÉTYM.  Aôyjxtoç,  de  8oxp.T|,  nom  d'une  certaine 
mesure  de  longueur. 

DOCILE  (do-si-1'),  adj.  Il  1°  Qui  a  de  la  disposi- 
tion à  se  laisser  instruire,  conduire.  Un  enfant  do- 
cile aux  leçons  de  ses  maîtres.  On  dit  que  le  grand 
peintre,  ayant  fait  un  ouvrage.  Des  jugements  d'au- 
trui  tirait  cet  avantage,  Que,  selon  qu'il  jugeait  qu'ils 
étaient  vrais  ou  faux.  Docile  àson  profit,  réformait 
ses  défauts,  bégnier,  Sat.  xii.  Heureux,  heureux 
mille  fois  L'enfant  que  le  Seigneur  rend  docile  à  ses 
lois,  RAC.  Athal.  11,  9.  Cette  vérité  n'avait  pu  trou- 
ver leurs  esprits  dociles,  mass.  Car.  Fausse  con- 
fiance. Je  voudrais  qu'à  mes  vœux  heureusement 
docile....  VOLT.  Fanât.  1,  ).  ||  Substantivement.  Le 
docile  et  le  faible  sont  susceptibles  d'impressions  : 
l'un  en  reçoit  de  bonnes,  l'autre  de  mauvaises,  la 
BBUY.  xvl'II  2°  En  parlant  des  animaux.  Un  bœuf 
docile  au  joug.  Le  cheval  et  l'éléphant  sont  doci- 
les. Rendre  docile  au  frein  un  coursier  indompté, 
BAC.  Phèd.  I,  t.  Il  3°  Il  se  dit  aussi  des  choses  qui 
se  prêtent,  qui  obéissent.  Tu  fais  d'un  sable  aride 
une  terre  fertile,  Et  rends  tout  mon  jardin  à  tes  lois 
si  docile,  BOiL.  Épit.  XI.  Il  fallut  qu'au  travail  son 
corps  rendu  docile  Forçât  la  terre  avare  à  devenir 
fertile,  iD.  ib.  m.  Tel  qu'un  ruisseau  docile  Obéit 


1204 


DOC 


i  la  main  qui  détourne  son  cours,  bac.  Fsth.  ii,  9. 
Les  penchants,  d'abord  si  dociles,  se  soulèvent  con- 
tre le  joug,  MASS.  Or.  (un.  l'rofess.  relig.  Serm.  2. 
Sous  votre  joug  heureux  baisser  un  front  docile, 
voi.T.  Àli.  I,  t.  Ibrahim,  dont  le  bras  docile  à  l'E- 
ternel.... ID.  Fanât,  m,  6.  Éclairez  seulement  ma  do- 
cile ignorance,  ID.  ib.  m,  8.  Sur  une  onde  tran- 
quille Voguant  .soir  et  malin.  Ma  nacelle  est  docile 
Au  soul'flo  du  destin,  bërano.  Ma  nacelle. 

—  HIST.  XVI'  s.  Combien,  et  aux  loix  de  la  reli- 
gion, et  aux  loix  politiques,  se  treuvent  plus  dociles 
et  aysez  à  mener,  les  esprits  simples  et  incurieux, 
que  les  esprits  surveillants  et  paidagogues  des  cau- 
ses divines  et  humaines I  mont,  ii,  235. 

•  —  ÉTYM.  Lat.  docilis,  de  docere,  enseigner,  qui 
avait  donné  le  verbe  docer:  E  ne  doceiet  lor  salut, 
Fragm.  de  Valenc.  p.  408. 

DOCILE.MENT  (do-si-le-man),  adv.  Avec  doci- 
lité. Recevoir  docilement  les  avis.  Il  a  écouté  doci- 
lement mes  leçons.  Afin  que  les  peuples,  soumis 
aux  lois  de  l'État  comme  à  celles  de  la  nature  et  re- 
connaissant le  même  pouvoir  [divin]  dans  la  forma- 
tion de  l'homme  et  dans  celle  de  la  cité,  obéissent 
avec  liberté  et  portassent  docilement  le  joug  de  la 
félicité  publique,  i.  3.  Rouss.  Contrat,  il,  7, 

—  ETYM.  Docile,  et  le  suffixe  ment. 
tDOClLlSER  (do-si-li-zé),  «.  a.  Rendre  docile. 

—  HIST.  XVI'  s.  Dociliser,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Docile. 

DOCILITÉ  (do-si-li-té) ,  s.  f.  Disposition  naturelle 
&  se  laisser  instruire,  conduire.  La  docilité  des  es- 
prits. Il  se  soumit  avec  docilité.  Il  n'est  pas  donné 
à  tous  de  monter  eu  chaire  et  d'y  distribuer  en  mis- 
sionnaire ou  en  catéchiste  la  parole  sainte;  mais  qui 
n'a  pas  quelquefois  sous  sa  main  un  libertin  à  ré- 
duire et  à  ramener,  par  de  douces  et  insinuantes 
conversations,  à  la  docilité?  la  bruy.  xvi.  Il  sait 
qu'en  nous  condamnant  les  uns  les  autres,  nous  au- 
torisons le  monde  à  nous  refuser  à  tous  également 
son  re.spect  et  sa  docilité,  mass.  Conférences,  Zèle 
contre  les  vices.  Non,  des  mystères  saints  l'auguste 
obscurité  Ne  me  fait  point  rougir  de  ma  docilité, 
louis  BAC.  Relig.  vi.  Le  peuple  se  façonne  à  la  do- 
cilité, volt.  Oryhel.  m,  4. 

—  HIST.  XV'  s.  Estre  flexible  à  toute  docilité  et  à 
la  compréhension  du  hault  savoir,  jehan  lemaire, 
Pallas  parlant  à  Paris. 

—  ÉTYM.  Lat.  docilHas,  de  docilis,  docile. 
DOCIMASIE  (do-si-ma-zie),  s.  f.  ||  1°  Partie  de  la 

chimie  qui  enseigne  à  connaître  la  nature  et  les  pro- 
portions des  métaux  utiles  contenus  dans  les  mélan- 
ges naturels  ou  artificiels.  |{  2"  Terme  de  médecine 
légale.  Docimasie  pulmonaire,  ensemble  des  épreu- 
ves auxquelles  on  soumet  les  poumons  d'un  fétus, 
à  l'effet  de  constater  s'il  a  respiré,  et,  par  consé- 
quent, s'il  est  sorti  vivant  du  sein  de  la  mère. 

—  ÉTYM.  Aoxijiaaia,  épreuve. 

DOCIMASTIQUE  (do-si-ma-sti-k') ,  adj.  ||  1°  Qui  ap- 
partient à  la  docimasie.  Le  roi,  désirant  porter  au 
plus  haut  point  les  connaissances  sur  la  métallurgie 
et  exploitation  des  mines,  crée,  enl'Hùlel  des  mon- 
naies à  Paris,  une  chaire  de  métallurgie  docimasti- 
que,  Arrêt  du  conseil  d'État,  H  juin  t778.  112°  S.f. 
La  docimastique,  l'ensemble  de  tout  ce  qui  se  rap- 
porte à  la  docimasie. 

—  HEM.  Docimasique  qu'on  trouve  quelquefois 
est  un  barbarisme. 

—  ETYM.  Aoxi|j,aoTixi; ,  de  ioxniâÇeiv,  éprouver, 
reconnaître. 

t  DOCK  (dok),  s.  m.  ||  1"  Vaste  bassin  entouré  de 
quais,  dans  lequel  entrent  les  vaisseaux  pour  dépo- 
ser leurs  cargaisons  ou  opérer  leur  chargement. 
Il  i°  Cale  couverte  pour  la  construction  des  vaisseaux. 
l|  Dock  de  carénage  à  flot,  ou  dock  flottant,  sorte 
de  cale  rectangulaire,  ancrée  dans  un  bas.sin  assez 
vaste  pour  contenir  les  plus  grands  navires  du  com- 
merce, et  servant  là  où  l'abatage  en  carène  est  dif- 
ficile ou  impossible.  ||  3°  Établissement  commercial 
comprenant  des  bassins  et  des  magasins  et  un  sys- 
tème de  warrants  et  de  consignations  pour  l'entre- 
pôt des  marchandises.  ||  Anciennement  dogue.  Puis- 
que le  nommé  de  Noos  a  achevé  le  dessin  et  le  plan 
du  dogue  qui  doit  être  construit  à  lirest,  seigne- 
lAY,  d  du  Sueil,  (67»,  dans  jal.  ||.au  plur.  Des 
docks. 

—  ÉTYM.  Holl.  dok,  bassin. 

DOCTE  (do-kt'),  adj.  ||  1»  Instruit,  versé  en  toute 
sorte  de  connaissances  littéraires.  L'homme  docte 
sert  moins  que  l'homme  pacifique,  cor.n.  Imit. 
u,  3.  [11]  N'a  point,  pour  les  tromper,  une  assez 
docto  main,R0TH0u,S{Ccn.  i,7.  Et  jamais,  comme 
nous,  en  bonne  com[]agnie,  On  ne  voit  chez  les 
gens  souper  voire  génie  ;  Dans  nos  doctes  cafés  par 


noc 

hasard  entrez-vous,  l'un  vous  montre  du  doigt, 
l'autre  sort  en  courroux,  Gilbert,  Ifon  apologie. 
Il  Par  raillerie,  une  docte  matrone,  une  femme  sa- 
vante. Il  Fait  habilement,  en  parlant  des  choses.  Je 
laisse  aux  peintres  à  admirer  le  docte  mélange  des 
couleurs  aussi  bien  que  leur  application,  l'ablan- 
coujtT,  Lucien,  Zeuxis  ou  Antiochus.  Et  que  va 
devenir  cette  docte  harangue?  cohn.  Agésil.  v,  7. 
Il  2°  On  donne  quelquefois  l'épithèle  de  doctes  aux 
Muses;  de  là  doctes  veilles  peut  prendre  le  sens 
d'oeuvre  poétique.  ||  3°  En  un  sens  plus  restreint, 
qui  est  versé  dans  les  choses  d'érudition.  Le  docte 
Saumaise.  Cet  auteur  [TiUemont]  a  fort  examiné 
les  sources,  est  judicieux,  net  et  docte,  précis 
dans  sa  chronologie  et  dans  ses  citations,  qui  sont 
très-copieuses,  bavle,  Lett.  9t ,  28  mars  )69t,  t.  i, 
p.  316.  Une  personne  humble,  qui  est  ensevelie 
dans  le  cabinet,  qui  a  médité,  clierclié,  calculé, 
confronté,  lu  ou  écrit  pendant  toute  sa  vie,  est  un 
homme  docte,  la  bruy.  ii.  Ahl  bon,  voilà  parler 
en  docte  janséniste,  Alcippe,  et  sur  ce  point  si  sa- 
vamment touché.  Desmares  dans  Saint-Koch  n'au- 
rait pas  mieux  prêché,  BoiL.  Sat.  x.  ||  En  parlant 
(les  choses.  De  doctes  leçons.  ||  4°  5.  m.  pi.  Les  doc- 
tes, les  gens  habiles  dans  les  choses  littéraires, 
et,  plus  particulièrement,  dans  les  choses  d'érudi- 
tion. Ce  cours  d'études  au  bout  duquel  on  a  cou- 
tume d'être  reçu  au  rang  des  doctes,  desc.  Méth. 
I,  0.  Les  doctes  font  difi'érentes  supputations  pour 
faire  cadrer  ce  temps  au  juste,  boss.  llist.  ii,  4. 
Souvent  où  le  riche  parle  et  parle  de  doctrine,  c'est 
aux  doctes  à  se  taire,  à  écouter,  à  applaudir,  s'ils 
veulent  du  moins  ne  passer  que  pour  doctes,  la 
BRUV.  XII.  Annat  n'était  ni  docteur,  ni  docte,  volt. 
Louis  IIV,  37.  De  vrais  doctes  quoique  docteurs, 
ID.  Louis  Xr,  43. 

—  SYN.  DOCTE,  savant.  Savant  est  plus  compré- 
hensifque  docte.  On  dit  d'un  homme  qui  possède 
les  sciences  mathématiques,  les  sciences  naturelles 
qu'il  est  savant  et  non  docte.  On  dit  d'un  homme 
qui  est  versé  dans  les  choses  d'érudition  qu'il  est 
docte;  mais  on  dit  aussi  qu'il  est  savant. 

—  HIST.  XVI'  s.  U  n'y  a  passage,  affin  de  parler 
niaisement  aussi  bien  que  les  doctes,  qui  ne  soit 
farcyde  science,  iloyen  deparvenir,  dans  lacurne, 
au  mot  niaisement. 

—  ÉTYM.  Ital.  dotio;  du  latin  dodus,  participe 
passif  de  docere,  enseigner. 

DOCTEMENT  (do-kte-man),  adv.  ||  1°  D'une  ma- 
nière savante,  habile.  Traiter  doctement  une  ma- 
tière. Quel  colosse  de  bronze  et  taillé  doctement, 
TRISTAN,  Ifort  de  Chrispe,  i,  3.  Avoir  le  pouvoir 
prochain  de  voir,  lui  dis-je,  c'est  avoir  bonne  vue, 
et  être  en  plein  jour,  car  qui  aurait  bonne  vue  dans 
l'obscurité  n'aurait  pas  le  pouvoir  prochain  de  voir, 
selon  vous,  puisque  la  lumière  lui  manquerait;  sans 
quoi  on  ne  voit  point.  Doctement,  me  dit-il,  pasc. 
Prov.  t.  Il  2° Ironiquement,  avec  pédanterie.  Il  nous 
a  prouvé  doctement  les  vérités  les  plus  triviales. 

—  ÉTYM.  Docte,  et  le  suffixe  ment. 

DOCTEUR  (do-kteur),  s.  m.  ||  l"  Celui  qui  ensei- 
gne, qui  dogmatise.  Vous  devriez  brûler  tout  ce 
meuble  inutile,  Et  laisser  la  science  aux  docteurs  de 
la  ville,  MOL.  F.  sav.  u,  7.  Notre  docteur  bientôt  va 
lever  tous  ses  doutes,  boil.  Sot.  x.  On  chassa  ces 
docteurs  prêchant  sans  mission,  id.  Art  p.  m.  Soyez 
donc  vous-même,  6  mon  Dieu,  le  docteur  intérieur 
des  fidèles  qui  m'écoutent,  mass.  Car.  Jeûne.  \\  Les 
docteurs  de  l'Église,  ceux  qui  enseignent  les  vérités 
du  christianisme,  et,  particulièrement,  les  Pères  de 
l'Kglise  dont  les  doctrines  ont  dominé,  tels  que 
saint  Athanase,  saint  Augustin,  etc.  ||  Il  se  dit  aussi 
des  principaux  maîtres  de  la  scolastique;  et  alors 
docteur  est  d'ordinaire  accompagné  d'une  épilhète. 
Le  docteur  angélique,  saint  Thomas.  Le  docteur  sé- 
raphique,  saint  Bonaventure.  Le  docteur  admirable, 
Roger  Bacon.  Le  docteur  subtil,  Jean  Duns  ou  Scot. 
Le  docteur  invincible,  Ockam,  chef  des  nominaux. 
Le  docteur  illuminé,  R.  LuUe.  ||  Les  docteurs  de  la  loi 
dans  l'Ancien  Testament,  ceux  qui  enseignaient  et 
interprétaient  la  loi  judaïque.  Malheur  à  vous,  doc- 
teurs de  la  loi,  qui  vous  êtes  saisis  de  la  clef  de  la 
science,  et  qui,  n'y  étant  point  entrés  vous-mêmes, 
l'avez  encore  fermée  à  ceux  qui  y  voulaient  entrer, 
SACi,  Bible,  Év.St  Luc,  xi,  76.  C'était  [ÉléazarJ  un 
vénérable  vieillard,  âgé  de  quatre-vingt-dix  ans, 
docteur  de  la  lui,  dont  la  vie  avait  toujours  été  pure 
et  innocente,  hollin,  Hisl.  anc.  Œuvres,  X.  viii, 
p.  629,  dans  POUOENS.  |{  En  mauvaise  part.  Va,  ne 
présume  pas  que,  quoi  que  je  te  jure.  De  tes  nou- 
veaux docteurs  je  suive  l'imposture,  corn.  Poly. 
V,  2.  Leur  subtil  conducteur  [Croniwell]  qui,  en  com- 
battant, en  dogmatisant,  en  mêlant  mille  person- 


DOL 

nages  divers,  et  faisant  le  docteur  et  le  prophète 
aussi  bien  que  le  soldat  et  le  capitaine....  boss.  Riine 
d'Anglet.  Les  docteurs  d'une  science  orgueilleuse 
promettaient  la  sagesse  à  leurs  disciples,  hass.  Pa- 
raphr.  Ps.  xviii.  ||  Dans  un  sens  général.  Faire  le 
docteur,  prendre  le  ton  de  docteur,  faire  l'hoome  ca- 
pable; se  donner  un  air  capable.  ||  2'  Celui  qui  es» 
habile  en  quelque  chose  que  ce  soit.  N'y  ayant  rien 
de  plus  injuste  que  de  blâmer  la  doctrine,  à  cause 
des  fautes  où  tombent  les  docteurs,  boss.  Var.  u.  Ce 
serait  multiplier  étrangement  les  docteurs  et,  à  force 
de  doctrine,  renverser  toute  l'économie  et  toute  la 
conduite  du  monde,  boubdal.  Peniies,  t.  it,  p.  340. 
Il  Par  extension.  Et  les  femmes  docteurs  ne  sont  point 
de  mon  goût,  mol.  Femm.  sav.  i,  3.  ||  Fig.  Que  fil-ilî 
le  besoin,  docteur  en  stratagème.  Lui  fournit  celui- 
ci...,  la  FONT.  Fabl.  X,  4.  Il  3°  Celui  qui  est  promu 
au  plus  haut  grade  d'une  faculté,  après  avoir  écrit 
et  soutenu  une  ou  deux  thèses,  suivant  la  faculté. 
Docteur  en  théologie,  en  droit,  en  médecine.  Doc- 
teur es  lettres,  es  sciences.  Le  docteur  es  lettres 
doit  présenter  et  soutenir  une  thèse  latine  et  une 
thèse  française.  Le  grade  de  docteur.  Être  reçu  doc- 
teur. Passer  son  examen  de  docteur.  Laisse  là  saint 
Thomas  s'accorder  avec  Scot,  Et  conclus  avec  moi 
qu'un  docteur  est  un  sot,  boil.  Sat.  viii.  C'est  ce 
schisme  [entre  les  chrétiens  d'Orient  et  ceux  d'Occi- 
dent] que  quelques  docteurs  de  l'université  de  Paris 
crurent  éteindre  tout  d'un  coup  en  donnant  un  mé- 
moire à  Pierre  le  Grand,  volt.  Russie,  ii,  9.  {|  Doc- 
teur-médecin, médecin  qui  a  le  titre  de  docteur. 
Il  Docteur-régent,  se  disait  autrefois  d'un  docteur 
qui  enseignait  publiquement  ||  Anciennement.  Doc- 
teur in  utroque  jure,  et,  elliptiquement,  docteur 
in  utroque,  docteur  en  droit  civil  et  en  droit  canon. 
Il  Fig.  et  famihèrement,  homme  instruit  à  la  fois 
dans  deux  branches  de  connaissances.  114°  Médecin 
(par  ellipse  pour  docteur  en  médecine).  Consulter 
son  docteur.  Faire  venir  le  docteur.  ||B"  Instrument 
qui  sert  à  racler  ou  à  essuyer  le  cylindre  graiù 
qu'on  emploie  pour  l'impression  sur  toile. 

—  HIST.  XII'  s.  Si  cum  Ii  saint  escrit  mustrent  e 
Ii  doctur,  Deus  rove  les  apostles  e  que  lur  succes- 
sur  E  tut  cil  qui  laburent  el  champ  nostreSeignur, 
Ne  seientdechacién'ostédelurtenur,  Th.  lemarl.  73. 
Il  xiv"  s.  Ne  au  père  ne  doit  l'en  pas  le  honeur  que 
l'en  doit  à  un  sage  comme  à  son  dotteur  ou  mais- 
Ire,  obesme,  Eth.  202.  Il  IV'  s.  Manyant  toute  la 
viande.  Comme  docteur  en  médecine,  Qui  tient  ma- 
lades en  commande,  villon.  Hep.  [ranch.  j|  xvi'  s. 
Docteur  en  toute  lourdise  [ignorant],  oudin.  Cu- 
riosités. De  jeune  docteur  argument  cornu,  lebolx 

DE  USCY,  Prov.  t.  II,  p.  4  28. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  doctor;  ital.  dil- 
tore;  du  latin  doctorem,  de  doctum,  supin  de  doce- 
re, enseigner. 

t  DOCTISSIME  (do-kti-ssi-m'),  adj.  Très-docte. 
Terme  de  plaisanterie. 

—  ÉTYM.  Lat.  doctissimxis ,  superlatif  de  dodus, 
docte. 

DOCTORAL,  ALE  (do-kto-ral,  ra-l"),  adj.\\  1*  Qui 
appartient  au  doctorat.  Bonnet  doctoral.  Les  exa- 
mens doctoraux.  Faut-il  avoir  reçu  le  bonnet  docto- 
ral. Avoir  extrait  Gamache,Isambert  et  Duval?BoiL. 
Ép.  xii.  Il  2°  Par  extension.  Ton  doctoral,  ton  tran- 
chant et  plein  d'une  supériorité  superbe.  Des  airs 
doctoraux. 

—  HIST.  XVI'  s.  Nous  n'avons  que  faire  de  consul- 
tations et  interprétations  doctorales,  mont,  iv,  276. 
U  yaignorance  abecedairo,qui  va  devant  la  science, 
une  aultre  doctorale,  qui  vient  aprez  lasuience,  id. 

I,  389. 

—  ÉTYM.  Voy.  docteur. 

t  DOCTORALEMENT  (do-kto-ra-le-man),  adv. 
D'un  ton  doctoral.  Prononcer  doctoralement  que 
ces  réponses  ne  sont  pas  satisfaisantes,  sans  se  met- 
tre en  devoir  de  le  prouver,  dider.  Essai  t.  Claude, 

II,  §  t09. 

—  ÉTYM.  Doctorale,  et  le  suffixe  ment. 
DOCTORAT  (do-kto-ra;  le  (  ne  se  lie  pas),  t.  m. 

Le  plus  haut  grade  d'une  faculté, le  grade  de  docteur. 
Parvenir  au  doctorat.  Les  épreuves  du  doctorat.  Ii 
[le  prince]  est  traité  d'altesse  sérénissime,  et  le  pro- 
viseur de  Sorbonne  la  lui  donne  dans  ses  lettres  de 
doctorat,  st-sim.  b8,  224.  ||  Les  examens  du  docto- 
rat. Pas,çer  son  doctorat. 

—  ÉTYM.  Voy.  DOCTEUR. 

DOCTORERIE  (do-kto-re-rie) ,  s.  f.  Enseiflhle  des 
actes  qu'on  fait  en  théologie  pour  être  reçu  docteur 

—  ÉTYM.   Voy.    DOCTEUR. 

t  DOCTORESSE  (dokto-rè-s'),  s.  '.  Femme  doc- 
teur, terme  de  plaisanterie  employé  par  J  J  Rous- 
seau. Ce  motif,  qui  n'agit  que  sur  les  imes  vraiment 


DOC 

ïimantes,  est  nul  pour  tous  nos  dvictetirs  et  nos 
doctoresses,  Prom.  8, 

—  ÊTYM.    Voy.  DOCTEUR. 

t  rOCTORlFIER  (do-kto-ri-fi-é),  V.  a.  Terme  de 
j/laisanlerie.  Donner  le  litre  de  docteur,  faire  docteur. 

—  Ilisr.  XV"  s.  Thomas  de  Pisan,  doctorifiéàBoIon- 
gne  la  Grasre  en  science  de  médecine,  christ,  de 
pisAN,  dans  i'IIist.  lilt.  de  la  Fr.  t.  xxiv,  p.  47). 

—  ÉTYM.  Latin  fictif  doctorificare ,  de  doctor, 
docteur,   et  ficare  pour  facere,  faire. 

DOCTRINAIRE  (rto-ktri-nê-r'),  s.  m.  ||  1°  Prêtre 
ou  clerc  séculier  de  la  doctrine  chrétienne.  Le  mot 
de  religionnaire  n'est  pas  français;  il  vient  du  même 
pays  que  celui  de  doctrinaire;  et  ce  fut  sans  doute 
un  prédicateur  gascon  qui  le  débita  le  premier  dans 
les  chaires  de  Paris,  balz.  Socr.  chret.  Disc.  HO". 
\\Adj.  Un  prêtre  doctrinaire.  ||  2°  Terme  politique 
introduit  sous  la  Restauration.  Homme  politique 
dont  les  idées,  subordonnées  à  un  ensemble  de  doc- 
trines, étoient  semi-libérales  et  semi-conservatri- 
ces. M.  Guizot ,  par  la  nature  de  son  esprit  aussi 
bien  que  par  ses  antécédents,  appartenait  à  une 
fraction  de  la  chambre  [en  tsic]  qui,  tout  en  sou- 
tenant le  ministère,  s'était  plus  d'une  fois  distinguée 
de  lui,  et  dont  le  chef  reconnu,  M.  Royer-CoUard, 
recevait  déjà  du  fiain  jaune  réfugié  [journal  fran- 
çais créé  à  Bruxelles]  un  nom  devenu  célèbre  de- 
puis, le  nom  de  doctrinaire,  duvergier  de  hau- 
RANNE,  Ilist.  du  gouvern.  parlement,  t.  m,  p.  634. 
Il  Adjectivement.  Les  opinions  doctrinaires.  La  pla- 
nète doctrinaire  Qui  sur  Gand  brillait  Veut  servir 
de  luminaire  Aux  gens  de  juillet,  bérang.  liestaur. 

—  HIST.  XIV"  S.  Philosophes  cachent  haults  sens, 
Oui  ne  s'adressent  aus  enfans;  Quant  citent  les  me- 
taulx  vulgaires,  C'est  par  figures  doctrinaires,  Tr. 
d'akh.  502 

—  ÊTYM.  Doctrine. 

t  DOCTRINAIREMENT  (do-ktri-nê-re-man) ,  adv. 
Selon  le  système  des  doctrinaires. 

—  ÈTYH.  Doctrinaire,  et  le  suffixe  ment. 

I.  DOCTRINAL,  ALE  (do-ktri-nal ,  na-F),  adj. 
Il  1°  Qui  se  rapporte  à  une  doctrine  quelconque.  Un 
résumé  doctrinal.  On  pense  à  Rome  à  faire  une  ex- 
position doctrinale,  boss.  Lett.  quiét.  365.  jj  Dialo- 
gues doctrinaux,  dialogues  de  Platon  où  il  a  établi 
dogmatiquement  les  points  fondamentaux  de  sa  doc- 
trine. Il  2°  Qui  se  rapporte  aux  matières  de  doctrine 
dont  s'occupaient  les  docteurs  des  universités.  Un 
jugement  doctrinal.  ||  Avis  doctrinal,  sentiment  d'un 
docteur  en  théologie.  Avis  doctrinal  de  Luther,  de 
Bucer  et  de  Mélanchthon  en  faveur  de  la  poly- 
gamie, Boss.  Yar.  vu,  Sommaire.  \\  Par  extension. 
Le  cardinal  de  Rohan  était  attentif  à  se  mettre  bien 
avec  les  évèques,  à  se  les  attirer,  et  à  se  conserver 
rattachement  de  toute  la  gent  doctrinale,  st-sim. 

246,   32. 

—  IllST.  XV*  S.  Ma  chiere  dame,  dist  le  jeune  Ga- 
difer,jepensoye  estrevenuàjourdejoyeetdesoulas; 
mais  il  me  semble  que  je  revoys  [revais]  à  l'escole. 
Gadifer,  beau  fils,  dist  la  royne,  la  joye  que  le  père 
et  la  mère  font  à  leurs  enfans  doit  estre  doctrinale, 
l'erceforest ,  t.  ni,  f°  85.  ||  xvi'  s.  Par  la  succession 
doctrinale  de  leur  costé,  ils  mettent  en  avant  le  ca- 
talogue des  tesmoins  de  vérité,  d'aub.  Uist.  i,  65. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  doctrinal;  portug. 
doutrinal;  ital.  doctrinale;  du  latin  doclrinalis , 
de  doctrina,  doctrine. 

t  2.  DOCTRLNAL  (do-ktri-nal),  s.  m.  Nom,  dans 
le  moyen  âge,  d'ouvrages  qui  étaient  destinés  à 
l'enseignement. 

—  HJST.  xiu"  s.  Dant  Agrecisme  et  Doctrinal  Lui 
escloperentson  cheydd,  Bataille  des  sept  arts.  \]  xvi"s. 
Le  doctrinal  de  sapience,  d'aub.  Conf.  i,  2.  Ce  n'est 
pas  aux  hommes  de  buffeler  [souflletler]  les  femmes; 
ne  te  souvient-il  pas  de  ce  que  dit  le  petit  doctrinal? 
Merlin  Coccaie,  t.  i,  p.  (54,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Doctrinal  t. 

t  DOCTRINALEMENT  (do-ktri-na-le-man),  adv. 
D'une  manière  doctrinale. 

—  ÉTYM.  Doctrinale,  et  le  suffixe  ment. 

t  DOCTRINARISME  (do-ktri-na-ri-sm') ,  s.  m.  Sys- 
tème politique  desdoctrinaires.  ||  Parextension,  tout 
système  dogmatisant.  11  faisait  le  procès  à  cet  esprit 
de  goguette  et  de  malice,  à  ce  bon  sens  grivois  qui 
profane  tout,  qui  réduit  tout  à  sa  moindre  valeur,  et 
qui  ne  se  sauve  de  tous  les  fanatismes,  de  tous  les 
doctrinarismes  comme  de  toutes  les  préciosités, 
qu'aux  dépens  du  respect  et  de  l'idéal,  sainte-beuve, 
Sur  Itenan,  Constitutionnel,  9  juin  4862. 

—  ÉTYM.  Doctrinaire. 

DOCTRINE  (do-ktri-n'),  s.  f.  \\  1°  L'ensemble  des 
[dogmes,  soit  religieux  soit  philosophi(iues,  qui   di- 
rigent un  homme  dans  l'interprétation  des  faits  et 


DOD 

dans  la  direction  de  sa  conduite.  La  doctrine  de  Pla- 
ton, d'Aristote,  de  .iiint  Thomas.  Il  n'y  eut  jamais 
de  maître  plus  rigoureux  que  Luther,  ni  de  tyran- 
nie plus  insupportable  que  celle  qu'il  exerçait  dans 
les  matières  de  doctrine,  boss.  Yar.  v,  §  <6.  Quoi- 
que, dans  la  doctrine  des  Pères,  la  justification  d'un 
pécheur  soit  le  plus  grand  de  tous  les  ouvrages  de 
Dieu,  bourd.  t3"  dim.  après  la  Pentec.  Dominic, 
t.  m,  p.  363.  Il  [le  prêtre]  les  nourrit  du  pain  de 
la  doctrine  et  de  la  vérité,  mass.  Confér.  Excell.  du 
sacerd.  S  peine  a-t-il  embrassé  la  saine  doctrine, 
qu'il  en  devient  le  défenseur,  fléch.  Tur.  C'est 
ainsi  que  Luther,  au  Vatican  rebelle.  Établit  iuk- 
ment  sa  doctrine  nouvelle,  m.  j.  ciién.  Charles  IX, 
m,  2.  Il  2°  Théorie  relative  îi  un  point  particulier  de 
la  religion,  de  la  philosophie  ou  de  la  science.  La 
doctrine  de  la  métempsycose.  La  doctrine  des  con- 
ditions d'existence  opposée  à  la  doctrine  des  causes 
finales.  Les  doctrines  médicales.  Persuadés  que  toute 
doctrine  des  moeurs  doit  tendre  à  les  réformer,  la 
bruy.  Dises.  Théophr.  ||  3°  Opinion.  Doctrine  politi- 
que. Doctrine  juridique.  Flotter  à  tout  vent  de  doc- 
trine. Il  4°  Savoir  dans  les  choses  d'enseignement,  de 
dogmes,  de  philosophie.  Homme  d'une  profonde 
doctrine,  il  éclaira  toute  l'Église  par  sa  doctrine. 
Arruntius,  célèbre  par  sa  doctrine,  perrot,  Tac- 299. 
Toi  qui  de  ta  doctrine  assistes  les  chrétiens,  roth. 
St  Gen.  IV,  4.  Si  l'âge  des  hommes  eût  pu  s'étendre 
à  un  plus  grand  nombre  d'années,  il  serait  arrivé 
qut  ieur  vie  aurait  été  cultivée  par  une  doctrine 
universelle,  et  qu'il  n'y  aurait  eu  dans  le  monde  ni 
art  ni  science  qui  n'eût  atteint  sa  perfection,  la 
BRUY.  Disc.  s.  Théophr.  Elle  [la  science  acquise  par 
l'élude]  montre  beaucoup  de  doctrine  et  ne  fait 
point  de  conversions,  fléch.  Pane'g.n,  p.  05.  Étant 
entrés  dans  cette  fonction  difficile  et  formidable  [le 
sacerdoce]  sans  vocation,  sans  doctrine,  sans  con- 
naissance des  règles,  mass.  Confér.  Excell.  du  sacerd. 
Il  Terme  d'école.  Décisions  et  commentaires  des  au- 
teurs. Interprétation  par  voie  de  doctrine.  ||  5°  Doc- 
trine chrétienne,  nom  d'une  congrégation  de  clercs 
réguliers,  instituée  par  César  de  Bus,  en  (592,  à 
Avignon,  pour  enseigner  la  religion  au  peuple.  Les 
Pères  de  la  doctrine  chrétienne,  dits  aussi  doctri- 
naires. ||  6°  Frères  de  la  doctrine  chrétienne,  reli- 
gieux laïques  institués  à  Reims  en  4  680  par  J.  B. 
de  la  Salle,  pour  enseigner  gratuitement  aux  en- 
fants du  peuple  les  principes  de  la  religion  et  les 
éléments  de  l'instruction  primaire.  On  les  nomme 
aussi  les  Frères  ignorantins,  ou,  absolument,  les 
Frères.  Cet  enfant  va  à  l'école  des  Frères.  ||  7°  Sous 
la  Restauration,  la  doctrine,  système  politique  qui, 
voulant  concilier  la  monarchie  avec  la  liberté,  cher- 
chait à  y  parvenir  par  un  ensemble  de  dogmes  po- 
litiques. Il  L'ensemble  des  personnages  politiques  qui 
adhéraient  à  ce  système. 

—  HIST.  xiii's.  Plus  [elle]  l'aime  [Berte]  que  ses 

filles  pour  sa  bone  doctrine,  Berte,  lvi La  gent 

de  par  le  raine  [royaume]  Venoient  tuit  à  sa  doc- 
trine En  l'église  de  Palestine  Por  aprendre  à  chas- 
tement vivre,  HUTEB,  II,  126.  Il  XIV"  s.  Comme  aucun 
chante  bien  ou  fait  ymaiges  ou  aultres  besognes 
sans  art  et  sans  doctrine  par  son  engin  qui  est  à  ce 
naturellement  enclin....  oresme,  Prol.  ||  xv  s.  Pe- 
tis  enfans  fait  doubteus  [il  est  difficile]  dotriner  ;  Cir 
dotrine  leur  est  trop  haineuse,  e.  desch.  Femm.  et 
enfants.  Comment,  beau  neveu,  dit  la  dama,  vou- 
lez-vous yssir  de  ma  doctrine  qui  ne  tend  fors  à 
l'honneur  et  au  prouffit  de  vous  et  de  nostre  lignage? 
Madame,  dist  le  chevalier,  de  vostre  doctrine  ne  de 
vostre  conseil  ne  veulx  yssir,  Perceforest,  t.  y, 
f°  98.  Il  xvi"  s.  Sur  la  doctrine  la  force  ne  domine, 

LEROUX  DE  LINOY,   PrOV.  t.  II,  p.  418. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  doctrina;  ital.  dot- 
trina;  du  latin  doctrina,  de  doctum,  supin  de  do- 
cere,  enseigner.  Palsgrave,  p.  61,  remarque  qu'on 
prononçait  dotrine. 

DOCtJMENT  (do-ku-man),  s.  m.  \\  1°  Chose  qui 
enseigne  ou  renseigne;  titre  ,  preuve.  Un  document 
précieux.  Les  documents  font  défaut  pour  établir  ce 
point  d'histoire.  Documents  relatifs  à  l'histoire  de 
France.  |{  2°  Anciennement,  leçon,  enseignement. 
Faites  voir  que  vous  profitez  des  bons  documents 
qu'on  vous  donne,  mol.  Comtesse,  19.  Mettez-vous 
bien  dans  la  mémoire,  et  retenez  ces  documents, 
HAMiLT.  Grarnm.  4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  document;  espagn.  et  ital.  do- 
cumenta; du  latin  documentum,  de  docere,  ensei- 
gner. 

t  DODÉCA....  préfixe  signifiant  douze,  de  Sii- 
ôexa,  de  fSÙM,  deux,  et  6éxa,  dix. 

t  DODÉCACORDE  (do-dé-ka-kor-d') ,  s.  m.  Terme 
de  musique.  Système  de  musique    par  lequel   on 


DOD 


1205 


ajoute  quatre  nouveaux  tons  aux  huit  qui  existent 
déjà  dans  le  chant  ecclésiastique  romain. 

—  ÉTYM.  Dodéca....  préfixe,  et  corde. 

t  DODÉCADE  (do-dé-ka-d'),s.  f.  Douzaine,  groupe 
de  douze  choses  ou  personnes.  Les  éonsdes  gnosti- 
ques  étaient  classés  par  dodécades. 

—  ÊTYM.  AoiSixa,  douze. 

DODÉCAÈDRE  (do-dé-ka-è-dr'),  s.  m.  Terme  de 
géométrie.  Solide  terminé  par  douze  faces.  ||  Dodé- 
caèdre régulier,  ou,  absolument,  dodécaèdre,  so- 
lide régulier  formé  de  douze  pentagones  égaux.  Que 
Dieu  se  proposa  d'arranger  les  quatre  éléments  sui- 
vant les  dimensions  d'un  dodécaèdre,  \oi.t.  Dial. 
XXIX,  6.  Il  Terme  de  minéralogie.  Cristal  dont  la  sur- 
face est  composée  de  douze  facettes  triangulaires, 
quadrangulaires  ou  pentagones,  toutes  égalijs  et 
semblables.  J 

—  ÉTYM.  AuSexâeSpoç,  deStiîexa,  douze,  etfïSpa, 
face.  / 

t  DODÉCAIÎDRIQUE  (do-dé-ka-é-dri-k' ),  adj. 
Terme  didactique.  Oui  a  rapport  au  dodécaèdre. 

—  ÉTYM.  Dodécaèdre. 

t  DODÉCAGONAL,  ALE  (do-dé-ka-go-nal ,  na-I'), 
adj.  Qui  a  douze  angles.  Champs  dodécagonaux. 
Figure  dodécagonale.  ||  Il  se  dit  aussi  d'un  solide 
dont  la  base  est  un  dodécagone.  Pyramide' dodéca- 
gonale. Prismes  dodécagonaux. 

—  ÊTYM.  Dodécagone. 

DODÉCAGONE  (do-dé-ka-go-n').  ||  1°  Adj.  Ancien 
synonyme  de  dodécagonal.  ||  2°  S.  m.  Polygone  de 
douze  côtés.  Dodécagone  régulier,  celui  dont  tous 
les  côtés  et  tous  les  angles  sont  égaux. 

—  ÉTYM.  AuSsxâywvo;,  de  SwSexa,  douze,  etyiiiS- 
vo;,  angle. 

tDODÉCAGYNE  (do-dé-ka-ji-n'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  douze  pistils,  en  parlant  d'une 
fleur.  Il  Qui  appartient  à  la  dodécagynie. 

—  ÉTYM.  Dodéca...  préfixe,  et  fj^-^i,  femelle, 
pistil. 

t  DODÉCAGYNIE  (do-dé-ka-ji-nie),  s.  f  Terme 
de  botanique.  Ordre  du  système  de  Linné  renfer- 
mant les  plantes  qui  ont  douze  à  dix-neuf  pistils. 

—  ÉTYM.  Dodécagyne. 

t  DODÉCANDRE  (do-dé-kan-dr'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  douze  étamines.  ||  Qui  appartient  à 
la  dodècandrie. 

—  ÉTYM.  flodeco....  préfixe,  et  àvrip,  mâle,  éta- 
mine. 

DODÈCANDRIE  (do-dé-kan-drie) ,  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Classe  du  système  de  Linné  qui  ren- 
ferme les  plantes  dont  les  fleurs  ont  de  douze  à  dix- 
neuf  étamines. 

—  ÉTYM.  Dodécandre. 

t  DODÉCANOME  (do-dé-ka-no-m') ,  adj.  Terme 
de  minéralogie.  Cristal  dodécanome,  cristal  dans 
lequel  on  observe  douze  lois  de  décroissembnt. 

—  ÉTYM.  jOod^co....  préfixe,  etv6[jioç,  loi. 
tDODÉCAPÉTALE(do-dé-ka-pé-ta-l'), adj.  Terme 

de  botanique.  Dont  les  fieurs  ont  douze  pétales. 

—  ÉTYM.  Dodéca....  préfixe,  et  p^(a/e. 

t  DODÉCAPÉTALÉ,  ÉE  (do-dé-ka-pé-ta-lé,  lée), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  a  douze  pétales.  Fleur 
dodécapétalée. 

—  ÉTYM.  Dodécapétale. 

t  DODÉCASTYLE  (do-dé-ka-sti-0,  adj.  Temple 
dodécastyle,  temple  grec  ayant  douze  colonnes  sous 
le  fronton. 

—  ÉTYM.  i)od^ca....  préfixe,  etoTÛXo;,  colonne, 
t  DODÉCATÉMORIE  (do-dé-ka-té-mo-rie),  s.  f. 

Terme  d'astronomie  ancienne.  Nom  donné  aux  trento 
degrés  dont  chaque  signe  du  zodiaque  est  composé. 

—  ÉTYM.  AwoexaTïijAÔptov,  de  ôwSéxaToç,  dou- 
zième, et  |j.6piov,  partie;  la  dodécatémorie  étant  la 
douzième  partie  du  zodiaque. 

t  DODELINEMENT  (do-de-li-ne-man),  s.  m.  Ac- 
tion de  dodeliner.  Le  dodelinement  grotesque  de  ce 
palmipède  [le  canard],  déjà  assez  disgracié  de  la 
nature.  Presse  scientifique,  taei ,  t.  i,  p.  302. 

—  ÉTYM.  Dodeliner. 

t  DODELINER  (do-dé-li-né) ,  V.  a.  Bercer,  cares- 
ser, remuer  doucement.  Dodeliner  un  enfant.  ||  Do- 
deliner la  tête,  ou  de  la  tète,  la  remuer  doucement 
comme  quelqu'un  qui  dort  sur  une  chaise.  La  plu- 
part des  jeunes  femmes....  dodelinaient  la  tête  avec 
une  mignardise  toute  séduisante,  CH.  de  Bernard, 
la  Femme  de  40  ans,  §  1. 1|  Vieux  mot  qui  se  dit 
encore  dans  le  langage  familier. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ainsi  marmotant  de  la  bouche  et 
dodelinant  de  la  teste,  alloit  voir  prendre  quelquu 
connilaux  fiUets,  bab.  Garg.  i,  82. 

—  ÉTYM.  Voy.  DODINER. 

■f  DODINAGE  (do-di-na-j') ,  s.  m.  Mouvement  me- 
suré que  l'on  communique,  dans  la  sens  de  sa  Ion- 


V20G 


DOG 


gueur.  Ma  chausse  d'un  blutoir  à  farine  ||  Manière 
(le  polir  les  clous  à  tapissier. 

—  ETYM.  Dodtner. 

f  DODINE  (ilo-di-n'),  t.  f.  Ancienne  sorie  de  mets. 
Ija  repas  était  plein  de  plusieurs  et  divers  mangers 
eitrêmemcnl  bons...  comme  de  la  dodine,  de  la 
menestre,  et  d'autres  telles  sauces  friandes  et  déli- 
cates, les  Œuvres  de  Lucian,  etc.  Paris,  Bicher, 
«6(3,  liv.  1,  1*  266,  dans  franc.  HiCBEL,ilr(;ot,  me- 
nestre. 

«ODINER  (do-di-iié).  Wl'V.a.  Bercer,  balancer. 
Il  2°  V.  n.  Terme  d'horlogerie.  Osciller.  Ce  pendule 
dodine  bien.  Sur  quoi  Legoarant  remarque  :  «  Plu- 
sieurs horlogers,  en  m'assurant  ne  pas  connaître  ce 
terme,  omis  dans  les  ouvrages  de  Berthoud,  m'ont 
dit  qu'on  se  sert,  en  ce  sens,  du  verbe  osciller,  et 
que  dès  lors  dodiner  était  employé  seulement  par 
l'horloger  qui  en  aura  donné  connaissance  à  un 
membre  de  l'Académie.  »  ||  S"  Se  dodiner,  v.  réfl. 
Se  bercer,  et  fig.  avoir  beaucoup  de  soin  de  sa  per- 
sonne. Il  est  toujours  à  se  dodiner. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  en  lui  piquant  la  teste  et  dodi- 
minant  de  douce  main,  on  lui  coppe  les  cheveulx 
en  forcelant,  Chron.  des  ducs  de  Bourg,  ii,  26.  Vin 
par  trop  prins  trouble,  rougit  les  yeux,  et  affoiblit 
la  vue  et  le  cliief,  et  fait  dodiner  et  trembler,  le 
ciiEV.  DE  LA  TOUR,  Instruct.  à  ses  filles,  f"  44,  dans 

LACURNK. 

—  ÉTYM.  Ce  mot,  dont  le  sens  propre  est  remuer, 
semble  se  rattacher  à  un  radical  dod,  signi5ant  ba- 
lancement, et  qui  fierait  dans  l'anglais  U>  doddle, 
se  laisser  aller  nonchalamment,  et,  nasalisé,  dans 
l'italien  dondnlare,  dodiner,  dandiner.  Cependant 
d'autres  raltaclient  dodiner  à  dodo. 

t  DODINETTE  (do-di-nè-f),  î. ^.  Usité  seuleruent 
dans  cette  chanson  des  berceuses  :  Dodol  dodinette  1 
dodol  dodino! 

—  RrY.M.  Dodiner. 

DODO  (do-do).  Il  l"  Sorte  d'interjection  du  lan- 
gage des  nourrices  qui  signifie  dors.  Au  soir  des 
ans  doit  sembler  doux  Ce  chant  qui  nous  a  char- 
més tous  :  Dodo,  l'enfant  do.  L'enfant  dormira  tan- 
tôt, BÉRANG.  Nourrice.  ||  2°  S.  m.  Par  extension, 
sommeil.  Faire  dodo,  dormir.  ||  3°  Lit  dans  le  lan- 
gage enfantin.  Il  est  dans  son  dodo.  Aller  à  dodo. 
Il  4"  Un  des  noms  vulgaires  du  dronte. 

—  HIST.  XV  s.  Quant  n'ont  assez  fait  dodo  Ces 
petitz  enfanchonnés....  CH.  d'obl.  Chans. 

—  ÊTYM.  Dodo  semble  une  altération  de  dors, 
dors,  par  un  adoucissement  de  prononciation  habi- 
tuel aux  no\irrices. 

f  DODONÉE  (do-do-née),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  sapindacées  renfermant  de  petits  arbres 
ou  des  arbrisseaux  qui  croissent  sous  les  tropiques. 

DODU,  CE  (do-du,  due),  adj.  \\  1°  Oui  est  bien 
en  chair.  Ces  pigeons  sont  dodus,  mangez  sur  ma 
parole,  boil.  Sat.  m.  Comme  ils  sont  dodus  et  gras. 
Ces  bons  citoyens  du  Maine  1  bérang.  Chapons. 
Il  2"  Oui  a  un  embonpoint  ferme  et  de  bonne  na- 
ture. Les  tempéraments  chez  qui  la  digestion  est  un 
peu  lente  et  l'esprit  prompt  et  à  qui  la  casse  fait  un 
bon  effet,  durent  plus  longtemps  que  les  corps  frais 
et  doilus,  VOLT.  Lett.  M.  du  Deffant,  (7  mars  <775. 
Bras  dodas,  bouche  rosée,  beaum.  Barbier  de  Sév. 
Il,  2.  Il  Suh'.tantivement.  Oh!  pour  cela,  madame,  il 
n'y  a  rien  à  dire;  vous  avez  pris  là  un  mari  de  bonne 
mine,  un  gros  dodu  que  tout  le  monde  aimera, 
MARIVAUX,  Pays.  parv.  6*  part.  t.  m,  p.  67,  dans 

POUOENS. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  II  y  avait  dans  l'an- 
cien français  dondat'ne,  sorte  de  cornemuse;  il  y  a 
encore  dondon;  dodu  s'y  rattacherait-il,  à  cause 
que  la  cornemuse  est  gonflée  et,  pour  ainsi  dire, 
dodue?  Scheler  indique  le  frison  dodd,  bloc,  masse, 
ou  bien  le  radical  dod  qui  est  dans  dodeliner,  dodi- 
ner, le  rapport  de  balancement  et  de  corpulence 
n'ayant,  dit-il,  guère  besoin  d'être  justifié. 

DOGARESSE  (do-ga-rè-s'),  s.  f.  La  femme  d'un 
doge.  Sa  femme  [du  doge] ,  qu'on  'appelait  la  do- 
garesse  et  qui  jusque-là  [le  xvi"  s.]  avait  été  cou- 
ronnée, ne  peut  plus  porter  la  couronne  ni  se  faire 
accompagner  hors  du  palais  par  d'autres  femmes 
que  par  celles  de  sa  famille,  daru  ,  Uist.  de  Venise, 
vaux,  9. 

—  ÊTYM.  Ital.  dogaressa  (voy.  doge). 

DOGAT  (do-ga),  s.  m.  La  dignité  de  doge;  durée 
de  celte  magistrature.  L'nistoire  de  la  dignité  du- 
cale pourrait  se  diviser  en  trois  périodes  :  la  pre- 
nuiire,  de  l'an  697,  époque  à  laquelle  on  rapporte 
la  création  du  dogat,  jusqu'au  commencement  du 
II'  siècle,  vers  l'an  tosï...;  la  seconde  époque 
commence  avec  le  xi»  siècle  et  finit  vers  le  milieu  du 
xin'..,  ;  c'est  àpaitir du xiu* que  commence  un  nou- 


DOG 

vel  ordre  de  chose»....  à  chaque  vacance,  on  ajoule 
au  serment  du  doge  des  formules  qui  restreignent 
son  autorité,  daru,  Ilist.  de  Venise,  xxxix,  9. 

—  CTVM.  Doge. 

DOfiK  (do-j') ,  s.  m.  Chef  de  l'ancienne  république 
de  Venise  dont  l'autorité  était  plus  nominale  qu'ef- 
fective. L'amour  prête  son  nom  à  un  nomhre  infini 
de  commerces  qu'on  lui  attribue,  et  oiS  il  n'a  non 
plus  de  part  que  le  doge  à  ce  qui  se  fait  à  Venise, 
LA  ROCHKF.  liéflex.ll.  La  dignité  de  doge  fut  tou- 
jours élective;  on  pouvait  y  être  appelé  sans  siéger 
actuellement  dans  les  conseils,  sans  y  avoir  même 
siégé....  on  voit  assez  ce  que  pouvait  être  un  ma- 
gistrat, asservi  par  une  représentation  continuelle, 
privé  de  toute  autorité,  n'ayant  pas  la  liberté  de 
sortir  de  la  capitale  sans  permission,  réduit  à  la 
condition  de  simple  particulier  dts  qu'il  était  séparé 
de  son  conseil,  doté  d'un  revenu  si  médiocre  qu'il 
suffisait  à  peine  à  sa  dépense,  toujours  entouré 
dans  ses  fonctions  et  continuellement  surveillé  dans 
sa  vie  domestique,  enfin  à  qui  on  avait  interdit  jus- 
qu'à la  faculté  de  donner  sa  démission;  il  avait, 
comme  les  rois  de  Sparte,  la  majesté  d'un  roi  et 
l'autorité  d'un  citoyen,  daru,  hist.  de  Ven.  xxxix,  9. 
Il  Ordre  du  doge,  nom,  à  Venise,  d'un  ordre  mili- 
taire dont  le  Doge  était  le  clief  et  qi!'.  -.iit  pour 
marque  une  croix  à  douze  pointes.  |'  Chei  de  l'an- 
cienne république  de  Gênes. 

—  ÉTYM.  Ital.  doge,  doge,  proprement  duc  (voy. 
duc). 

t  DOGESSE  (do-jè-s'),  s.  f.  La  femme  d'un  doge. 
On  trouve  plus  souvent  dogaresse. 

—  ÉTYM.  Doge. 

t  DOOLINGE  (do-glin-j'),  S.  f.  Terme  de  pêche. 
Kspèce  de  baleine. 

DOGMATIQUE  (do-gma-ti-k'),  ad).  \\  1°  Qui  a 
rapport  au  dogme.  Terme  dogmatique.  {|  2°  Qui  at- 
tache de  la  certitude  à  un  certain  nombre  d'opi- 
nions, particulièrement  d'opinions  philosophiques. 
Platon  est  un  philosophe  dogmatique.  Seulement 
pouvons-nous  dire  qu'en  fait  de  sciences  les  hommes 
sont  nés  dogmatiques  et  hardis,  et  qu'il  leur  en 
coûte  plus  d'effort  pour  être  timides  et  pyrrhoniens, 
FONTEN.  Mery.  ||  Théologie  dogmatique,  exposition 
des  croyances  chrétiennes.  ||  Philosophie  dogmati- 
que, se  dit,  par  opposition  à  philosophie  .sceptique, 
de  celle  qui  établit  des  dogmes.  {|  3°  Qui  dogmatise, 
qui  s'exprime  d'une  manière  impérieuse  et  tran- 
chante. Un  esprit  dogmatique.  C'est  la  profonde 
ignorance  qui  inspire  le  ton  dogmatique,  la  brut.  v. 
Mes  notes  au  bas  des  pages  des  pièces  de  Corneille 
pourront  former  une  poétique  complète,  sans  avoir 
l'insolence  et  l'ennui  du  ton  dogmatique,  volt. 
Lett.  d'Ârgental,  26  juin  1 70).  ||  Style  dogmatique, 
style  qui  procède  par  dogmes,  par  affirmations.  Il 
semble  qu'il  fuie  le  style  dogmatique,  balz.  liv.  vi, 
lett.  5.  Il  4°  S.  m.  Partie  dogmatique  d'un  ouvrage. 
Cet  historique  [de  l'instruction  sur  les  états  d'orai- 
son] apprit  des  choses  infinies  et  fit  lire  le  dogmati- 
que, st-sim.  46,  23.  Bûlingbroke  a  séparé  le  dog- 
matique d'avec  l'historique,  volt.  Philos,  m,  5. 
Il  5°  Style  dogmatique.  Cela  n'est  usité  que  dans  le 
dogmatique.  ||  6°  Partisan  du  dogmatisme;  celui  qui 
est  attaché  à  une  doctrine  dogmatique.  Un  dogmati- 
que. Il  Anciens  philosophes  qui  raisonnaient  sur  des 
principes  qu'ils  croyaient  certains,  par  opposition  aux 
pyrrhoniens  et  aux  autres  sceptiques  qui  croyaient 
tout  douteux.  Il  Les  dogmatiques  ou,  adjectivement, 
les  médecins  dogmatiques,  nom  d'une  secte  de 
médecins,  dans  l'antiquité,  qui  s'occupaient  parti- 
culièrement à  rechercher  par  le  raisonnement  l'es- 
sence même  des  maladies  et  leurs  causes  cachées, 
mais  qui,  par  compensation  et  en  vertu  même  de 
leurs  idées,  recommandaient  l'élude  de  l'anatomie. 
Il  Celui  qui  dogmatise.  Missionnaires  d'athéisme  et 
très-impérieux  dogmatiques,  J.  J.  rouss.  l'rom.  3. 
Il  7°  S.  f.  La  dogmatique,  l'ensemble  des  dogmes 
d'une  religion.  La  dogmatique  chrétienne. 

—  ÉTYM.  AoYliaTixè;,  de  Sôyiia,  dogme. 
DOGMATIQUEMENT   (do-gma-ti-ke-man),   adi: 

Il  1°  D'une  manière  dogmatique.  Philosopher  dog- 
matiquement. Il  2°  D'un  ton  décisif.  Aussi  atteiul-il 
que  chacun  se  soit  expliqué  sur  le  sujet  qui  s'est  of- 
fert, pour  dire  dogmatiquement  des  choses  toutes 
nouvelles,  la  bruy.  v. 

—  ÉTYM.  Dogmatique,  et  le  suffixe  ment. 
DOGMATISER   (do  gma-li-zé) ,  v.  n.  ||  1°  Établir 

des  dogmes.  Mais,  sans  nous  égarer  dans  ces  di- 
gressions. Traiter,  comme  Senaut,  toutes  les  pas- 
sions. Et  les  distribuant  par  classes  et  par  titres, 
Dogmatiser  en  vers  et- rimer  par  chapitres,  boil. 
Sat.  VIII.  Les  grands  hommes  dogmatisent,  le  peu- 
ple croit,  VAOVEH.  Nouv.  mea.  4  3.  ||  2°  Enseigner 


DOG 

une  doctrine  religieuse  ou  philosophique.  Comme 
il  [Cromwell]  eut  aperçu  que,  dans  ce  mélange  infini 
de  sectes  qui  n'av.nient  plus  de  règles  certaines,  le 
plaisir  de  dogmatiser,  sans  être  repris  ni  contraint 
par  aucune  autorité  ecclésiastique  ni  séculière,  était 
le  charme  qui  possédait  les  esprits,  boss.  Heine 
d'Anglel.  J'ai  prêché  publiquement,  dit-il  à  Caïphe 
qui  l'interrogeait  sur  ce  point,  et  je  n'ai  jamais  do- 
gmatisé, boubdal.  6' dm.  après  l'iipiph.  Dominic. 
t.  I,  p.  286.  Il  3°  Se  mêler  de  raisonner  là  où  rien 
ne  nous  y  autorise.  C'était  principalement  des  fem- 
mes qui  dogmatisaient  sous  le  voile  de  la  sainteté, 
BOss.  Étais  d'orais.i,  H.  Si  vous  saviez  comme 
elle  dogmatise  sur  la  religion,  sÉv.  36.  Ceux  qui 
dogmatisent  sur  ce  qu'ils  n'entendent  pas,  volt. 
ifœurs,  45.  Il  Débiter  ses  discours  d'un  ton  senten- 
cieux et  tranchant.  11  dogmatise  sur  tout.  ||  4"  Acti- 
vement J'ai  dogmatisé  l'inconstance  Et  prêché 
l'infidélité,  chaulieu,  dans  le  Dict.  de  poitevin. 
L'emploi  actif  se  trouve  dans  l'historique. 

—  HIST.  XV*  s.  Au  commencement  de  l'église, 
pluseurs  dogmatisèrent  contre  la  perdurable  virgi- 
nité de  nostre  Dame,  gerson,  dans  le  Dictionn.  de 
DOCHEz.  Il  XVI'  s.  Il  a  esté  basti  pour  prêcher  cl 
dogmatizer  une  nouvelle  religion,  carl.  viii,  t2. 

—  ÉTYM.  Dogme. 

DOGMATISEUR  (do-gma-ti-zeur  ) ,  s.  m.  Celui 
qui  jirend  le  ton  dogmatique.  C'est  un  grand  dogma- 
tiseur. 

—  ÉT'YJI.  Dogmatiser. 

t  DOGMATIS.ME  (do-gma-li-sm'),  i.  m.  Doctrine 
de  ceux  qui  ont  des  dogmes,  c'est-à-dire  de  ceux  qui 
admettent  des  certitudes.  ||  Disposition  de  l'esprit  à 
affirmer  et  à  croire,  par  opposition  à  scepticisme. 

—  HIST.  xvi'  s.  Qu'irai-je  choisir?  ce  qu'il  vous 
plaira,  pourvu  que  vous  choisissiez;  voilà  une  sotte 
response,  à  laquelle  pourtant  tout  le  dogmatisme  ar- 
rive, MONT.  II,   232. 

—  ÉTYM.  Dogmatiser. 

DOGMATISTE  (do-gma-ti-sf),  s.  m.  Celui  qui, 
partisan  des  doctrines  du  dogmali.sme,  aflirme  des 
certitudes  philosophiques.  Vous  êtes  donc  les  plus 
absurdes  des  dogmatistes  ou  les  plus  outrés  des  pyr- 
rhoniens, DiDER.  Souv.  Pens.  phil.  65. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  prince  des  dogmalistcs  et 
philosophes,  Aristote ,  qui  pen,se  si  bien  avoir  as- 
seuré  sa  doctrine  sur  des  raisons  inexpugnables, 
cholières.  Contes,  t.  ii.  Après  dinée  4,  p.  130, 
dans  pouGENS.  Voilà  comment  des  trois  générales 
sectes  de  philosophie,  les  deux  font  expresse  pro- 
fession de  dubitation  et  d'ignorance;  et,  en  celle  des 
dogmatistes  qui  est  troisième,  il  est  aysé  à  descou- 
vrir que  la  pluspart  n'ont  prins  le  visage  de  l'asseu- 
rance  que  pour  avoir  meilleure  mine,  hont.  il,  236. 

—  ÉTYM.  Dogmatiser. 

DOGME  (do-gm'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  théologie 
et  de  philosophie.  Point  de  doctrine  établi  comme 
fondamental,  incontesté,  certain.  Les  dogmes  de  la 
religion.  Le  dogme  de  la  vie  future.  Les  dogmes  de 
la  philosophie  cartésienne.  Encore  que  ces  senti- 
ments n'eussent  point  passé  en  dogme,  BOSs.  Hist. 
Il,  6.  Et  par  un  dogme  faux  dans  nos  jours  enfanté, 
Des  devoirs  du  chrétien  rayer  la  charité,  boil.  Ép. 
XII.  Malgré  l'exemple  impur  d'une  cour  despotique 
[ils]  Gardent  l'austérité  des  dogmes  du  Portique, 
legol'vé,  Épichar.  et  Héron,  i,  3.  El  tant  d'écrits 
savants  entassés  drns  nos  murs  Ont  chargé  mon  es- 
prit de  leurs  dogmes  obscurs,  delav.  Porto,  u,2. 
Il  2°  Collectivement,  le  dogme,  l'ensemble  des 
dogmes  de  la  religion  chrétienne.  La  formation  du 
dogme.  Professeur  de  dogme.  Bossuet  fut  l'oracle 
du  dogme. 

—  HIST.  xvr  s.  Je  suis  bien  marry  que  nous 
n'ayons  une  douzaine  de  Laertius  [Histoire  des  phi- 
losophes anciens  par  Diogène  Laerce],  ou  qu'il  ne 
soit  plus  estendu  ou  plus  entendu;  car  je  ne  consi- 
dère pas  moins  curieusement  la  fortune  et  la  vie  de 
ces  grands  précepteurs  du  monde  que  la  diversité 
de  leurs  dogmes  et  fantaisies,  mont,  dans  le  Dict. 
de  DOCiiEz. 

—  ÉTYM.  à6yu.a,  opinion,  pensée,  dogme. 

DOGRE  (do-gr'),  *.  m.  ||  1"  Bâtiment  dont  la  na- 
vigation ordinaire  était  de  la  Hollande  au  Dogre- 
banc  (mer  du  Nord)  sur  lequel  il  allait  pêcher  la 
morue,  jal.  Non-seulement  avec  la  petite  escadre 
que  vous  commandez,  vous  pouvez  extraordinaire- 
ment  incommoder  le  commerce  de  Hollande,  mais 
encore  ruiner  entièrement  leur  pêche,  en  mettani 
à  rançon  tous  les  dogres  que  vous  trouverez  sur  le 
Dogrehanc,  eeignelay,  à  Panctié,  (678,  dans  ial. 
Il  2'  Aujourd'hui  bâtiment  dont  la  mâture  consiste 
en  un  grand  mât,  un  mât  d'artimon  et  un  beaupré, 
et  qui  fait  le  grand  cabotage  et  le  long  cours. 


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—  ÉTYM.  HoU.  doggcr,  nom  d'une  espèce  de 
navire. 

DOGUE  (do-gh'),  s.  m.  111°  Gros  chien  de  garde  à 
nez  écrasé  et  à  lèvres  pendantes.  Ce  loup  rencontre 
un  dogue  aussi  puissant  que  beau,  la  font.  Fabl. 
I.  6.  Les  dogues  gémissants,  en  hurlements  funè- 
bres App9i!ent-ils  leur  maître  errant  dans  les  ténè- 
bres? Ducis,  Oscar,  i,  2.  ||  Être  d'une  humeur  de 
dogue,  avoir  de  l'humeur  comme  un  dogue,  et, 
simplement,  être  comme  un  dogue,  être  de  très- 
mauvaise  humeur.  Je  ne  réponds  pas  maintenant, 
parceque,  en  vérité,  je  suis  d'une  humeur  de  do- 
gue, p.  L.  COUR.  Lett.i,  Ml.  Il  2°  Homme  violent 
qui  se  lance  ou  qu'on  lance  contre  quelqu'un.  Du 
faubourg  Saint-Médard  les  dogues  aboyèrent.  Et  les 
renards  d'Ignace  avec  eux  se  glissèrent,  volt. 
Ép.  xcv.  Nous  ajoutons  que  les  fanatiques  ignorants 
qui  ont  écrit  contre  lui  [Montesquieu]  avec  tant 
d'amertume  et  d'insolence  n'ont  connu  aucune  de 
ses  véritables  erreurs,  et  que  nous  révérons  avec  les 
honnêtes  gens  de  l'F.urope  tous  les  passages  après 
lesquels  ces  dogues  du  cimetière  Saint-Médard  ont 
aboyé,  m.  Dict.  phil.  Lois  (Esprit  des).  ||  3°  S.  m. 
pi.  Terme  de  chasse.  Chiens  dont  on  se  sert  pour 
assaillir  et  coiffer  les  sangliers  et  les  loups.  ||  4°  Terme 
de  marine.  Dogue  d'amure,  trou  pratiqué  dans  le 
plal-bord  du  navire,  entre  le  grand  mit  et  le  màt 
de  misaine,  mais  plus  près  de  celui-ci  que  de  l'au- 
tre; ainsi  dit,  parce  qu'il  avait  à  son  orifice  exté- 
rieur un  masque  de  chien  aboyant,  jal.  Aujourd'hui 
le  dogue  d'amure  est  supprimé. 

—  HIST.  XV*  s.  En  un  matin,  en  m'esbatant  X 
une  fille  qui  a  vogue,  Seurvint  une  grant  vielle  do- 
gue De  la  quelle  nefuz  content,  Œuvres  de  It.  Col- 
lerije,  p.  149,  dans  lacurne.  ||xvi's.  Qui  le  maslin 
villageois,  A  veu  tombé  sous  la  force  Du  généreux 
dogue  anglois,  dubell.  ii,  5o,  verso. 

—  ÉTYM.  Angl.  dog,  chien. 

t  DOGUER  (SE)  (do-ghé),  ».  ré(l.  Se  heurter  de 
la  tête,  se  battre  à  coups  de  tète,  en  parlant  des 
'  moutons  et  des  béliers.  Les  béliers  se  doguent  sur- 
tout dans  le  temps  de  la  monte,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Dogxie. 

t  DOGUET  (do-ghè),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Pe- 
tite morue.  ||  Nom  de  l'aigrefin  à  Dunkerque. 

DOGUIN,  INE  (do-ghin,  ghi-n'),  s.  m.  et  f.  MAle 
et  femelle  de  petits  dogues.  Le  doguin  vient  du 
dogue  d'Angleterre  et  du  petit  danois,  buffon, 
Chien. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dogue. 

DOIGT  (doi  ;  le  (  se  lie  dans  le  parler  soutenu  :  un 
doi-t  effilé;  au  plur.  \'s  se  lie  :  des  dot-z  effilés),  s. 
m.  Il  I"  Chacune  des  parties  distinctes  et  mobiles 
qui  terminent  les  mains  et  les  pieds  de  l'homme.  Le 
doigt  indicateur,  le  doigt  qui  vient  après  le  pouce. 
Le  doigt  du  milieu,  le  doigt  le  plus  long.  Le  doigt 
annulaire,  celui  qui  vient  après  le  doigt  du  milieu. 
Le  petit  doigt.  Ton  aiguille  à  mon  doigt  est  un  faix 
bien  léger,  roth.  Herc.  m.  i,  4.  D'abord  avec  son 
haleine  II  se  réchauffe  les  doigts,  la  font.  Fables, 
y,  7.  Il  se  fit  une  quatrième  guerre  à  Geth,  où  il  se 
trouva  un  grand  homme  qui  avait  six  doigts  aux 
pie'ls  et  aux  mains,  c'est-à-dire  vingt-quatre  doigts, 
SACl ,  Bible,  Rois,  ii,  21,  20.  Cydias,  après  avoir 
toussé,  relevé  .sa  manchette  et  ouvert  les  doigts, 
débite  gravement  ses  pensées  quintessenciées,  la 
BBUY.  V.  Leur  doigt  mystérieux  [des  sorcières]  se 
posait  sur  leur  bouche,  ducis,  tlacbeth,  ii,  6  La 
biche....  Broutait  entre  ses  doigts  [de  Jocelyn]  de 
tendresjetsde  saule,  lamart.  Joc.  m,  <09.  ||  Comp- 
ter sur  ses  doigts  ou  avec  ses  doigts,  faire  par  ce 
moyen  un  calcul  qu'on  ne  peut  faire  de  tête.  |j  Par 
extension.  Compter  sur  ou  par  ses  doigts,  supputer 
avec  attention.  Moi....  Qui  compte  tous  les  jours  vos 
défauts  par  mes  doigts,  boil.  Sa(.  ix.  Cent  fois  dans 
la  route  il  avait  calculé  par  ses  doigts  le  fond  de  sa 
fortune,  dider.  Regrets  s.  sa  robe  de  chambre. 
Il  Terme  de  pêche.  Pêcher  au  doigt,  se  dit  quelque- 
fois pour,  tenir  la  ligne  à  la  maii)  sans  canne.  ||  Les 
doigts  lui  démangent,  se  dit  de  quelqu'un  qui  a  en- 
vie de  se  battre  ou  d'écrire  contre  ([uelqu'un.  ||  Ka- 
milièremenl.  X  lèche-doigts,  se  dit  des  choses  à 
manger  qui  sont  données  en  trop  petite  quantité. 
Le  plat  était  bon,  mais  il  n'y  en  avait  qu'à  lèche- 
doigts.  Il  Mettre  son  doigt  au  feu  d'une  chose,  en 
être  tellement  sûr  qu'on  se  condamnerait  à  mettre 
le  doigt  dans  le  feu  si  elle  faisait  défaut.  Notre  lé- 
giste eût  mis  son  doigt  au  feu  Que  son  épouse  était 
toujours  fidèle,  la  font.  Cai.  |1  Montrer  du  doigt, 
faire  avec  le  doigt  le  geste  de  montrer.  D'un  œil 
moqueur  les  Grâces  infidèles  Montrent  du  doigt  mon 
réduit  délaissé,  béhang.  f  ui(e  de  /'omour.  ||  Fig. 
Montrer  quoiqu'un  du  doigt,  au  dcrgt,  s'en  moquer. 


Faut-il  que  désormais  à  deux  doigts  on  te  montre. 
Qu'on  te  motte  en  chansons  et  qu'en  toute  rencontre 
On  te  rejette  au  nez  le  scandaleux  affront  Qu'une 
femme  mal  née  imprime  sur  ton  front?  mol.  Sgan.  9. 
Aussi  plus  elle  [sa  femme]  brille,  Plus  on  le  montre 
au  doigt,  SÉI1ANG.  Pel.  h.  gris.  ||  Mettre  le  daigt  sur  la 
bouche,  signe  qui  indique  de  garder  le  silence.  Son- 
gez qu'Harpocrate,  l'un  de  nos  plus  grands  dieux, 
a  toujours  le  doigt  sur  la  bouche,  volt.  Taureau 
blanc,  ch.  i.  ||  C'est  une  bague  au  doigt,  se  dit 
d'une  chose  de  prix  dont  on  peut  toujours  se  dé- 
faire avec  avantage,  et  aussi  d'un  avantage  consi- 
dérable, dignité,  place,  faveur,  etc.  qui  échoit  à 
un  homme.  ||  Familièrement.  Il  croit  que  pour 
réussir  il  ne  faut  que  remuer  et  soufder  les  doigts, 
c'est  un  homme  avantageux  qui  croit  que  tout  lui 
est  facile.  ||  Familièrement.  Mon  petit  doigt  me  l'a 
dit,  phrase  dont  on  se  sert  avec  les  enfants,  pour 
leur  faire  croire  que  l'on  sait  la  vérité  sur  quelque 
chose  qu'ils  ne  veulent  pas  avouer;  on  fait  souvent, 
en  disant  ces  mots,  le  geste  de  mettre  son  petit 
doigt  dans  son  oreille.  Voilà  mon  petit  doigt  qui  me 
dit  quelque  chose  que  vous  avez  vu  et  que  vous  ne 
m'avez  pas  dit,  mol.  liai.  imag.  n,  il.  ||  Donner 
sur  les  doigts,  infliger  une  correction  manuelle. 
Il  Par  extension.  Donner  sur  les  doigts,  faire  éprou- 
ver un  échec.  Nicératus,  ayant  considéré  que,  pour  le 
mépris  que  les  ennemis  faisaient  de  sa  faiblesse,  ils 
ne  marchaient  jamais  qu'en  désordre,  s'imagina 
qu'il  y  avait  moyen  de  leur  donner  sur  les  doigts, 
MALii.  Le  xxxiii'  livre  de  Tite  Live,  chap.  14.  ||  Fig. 
Donner  sur  les  doigts,  réprimander,  châtier.  Momus 
en  donne  [de  sa  marotte]  sur  les  doigts  Du  grand 
que  l'on  encense,  bérang.  Marotte.  ||  Avoir  sur  les 
doigts,  être  châtié,  réprimandé,  moqué.  Le  railleur 
sera  raillé  et  il  aura  sur  les  doigts,  ma  foi,  mol.  Im- 
promptu, 3.  Il  Mordre  ses  doigts,  acte  réel  qui  est 
un  signe  d'impatience,  d'embarras,  de  préoccujia- 
tion.  J'ai  beau  frotter  mon  front,  j'ai  beau  mordre 
mes  doigts,  boil.  Sat.  vu.  ||  Fig.  Se  mordre  les 
doigts,  se  repentir  d'une  chose.  Il  a  refusé,  main- 
tenant il  s'en  mord  les  doigts.  En  leur  rivage  dis- 
courtois [ils]  En  ont  depuis  mordu  leurs  doigts, 
SCARBON,  Virg.  trav.  vi.  Les  trois  en  ont  regret  et 
se  mordent  les  doigts,  la  font,  ilazet.  ||  Ils  sont 
comme  les  deux  doigts  de  la  main,  se  dit  de  deux 
amis  très-intimes.  Vous  êtes  présentement  les  deux 
doigts  de  la  main,  sÉv.  447.  Monsieur  de  Marseille 
vint  hier  au  soir;  nous  dînons  chez  lui;  c'est  l'af- 
faire des  deux  doigts  de  la  main,  m.  Lett.  23( ,  t.  m , 
p.  87,  danspouGENS.  Mme  de  Roquelaure  et  Mme  de 
la  Vieuville  étaient  de  tout  temps  les  deux  doigts  de 
la  main,  st-sim.  t90,  158.  Dans  celte  !amille-là,  ils 
sont  unis  comme  les  doigts  de  la  main,  G.  sahd, 
dans  le  Dict.  de  poitevin.  |1  Familièrement.  11  y  met 
les  quatre  doigts  et  le  pouce,  se  dit  d'un  homme  qui 
prend  avidement  et  malproprement  dans  un  plat  ce 
qui  est  à  sa  portée;  et,  par  extension,  de  celui  qui 
agit  sans  ménagement  et  sans  délicatesse  |{  Ne  faire 
œuvre  de  ses  dix  doigts,  vivre  dans  la  fainéantise. 
Il  Atis  ne  vaut  pas  seulement  un  doigt  du  person- 
nage [il  lui  est  très-inférieur] ,  la  font.  Petit  chien. 
Il  Toucher  du  doigt,  toucher  au  doigt,  voir,  compren- 
dre clairement.  C'est-à-dire  qu'il  faut  toucher  au 
doigt  la  chose,  mol.  Sgan.  I2.  Viens,  maraud, viens, 
je  te  veux  bien  faire  toucher  au  doigt  ta  poltro- 
nerie,  prends  garde,  m.  Fest.  de  Pierre,  m,  7. 
J'espère  trouver  le  moyen  de  faire  toucher  au  doigt 
sa  mauvaise  foi,  boss.  Avert.  e.  L'espérance  qui 
nous  fait  toucher  au  doigt  le  temps  où  nous  serons 
ensemble,  SÉV.  456.  Oyez-le  bien,  vous  toucherez 
au  doigt  Que  l'Iliade  est  un  conte  plus  froid  Que 
Cendrillon,  Peau-d'Âne  ou  Barbe-Bleue,  j.b.  rouss. 
Épigr.  II,  14.  j'i  On  trouve  voir  au  doigt  et  à  l'œil, 
ce  qui  ne  paraît  pas  bon.  Elle  a  fait  voir  au  doigt  et 
à  l'œil  que....  SÉV.  32t.  ||  On  trouve  aussi  tou- 
cher au  doigt  et  à  l'œil,  ce  qui  ne  paraît  pas  bon 
non  plus.  Il  est  à  propos  d'en  donner  une  idée  plus 
sensible  et  qui  fasse  toucher  au  doigt  et  à  l'œil  la 
grandeur  du  défaut,  vauban,  Dlme,  p.  229.  ||  Se 
mettre  le  doigt  dans  l'œil,  se  faire  un  tort,  du  mal. 
En  vendant  sa  campagne  pour  acheter  des  rentes,  il 
s'est  mis  le  doigt  dans  l'œil.  ||  Être  servi  au  doigt  et 
à  l'œil,  être  servi  ponctuellement.  |1  Familièrement 
et  par  plaisanterie.  Cette  montre  va  au  doigt  et  à 
l'œil,  elle  est  mauvaise,  il  faut  toucher  souvent  à 
l'aiguille.  Il  Vous  avez  mis  le  doigt  dessus,  c'est-à- 
dire  vous  avez  deviné.  Chacun  a  justement  mis  le 
doigt  sur  la  source  du  mal,  boss.  Ftsite,  2.  Vous  avez 
mis  le  doigt  sur  le  but,  la  plupart  des  sermons  sont 
des  raisonnements  de  philosophes,  fén.  t.  xxi ,  p.  97. 
Sire,  Votre  Majesté  a  mis  le  doigt  dessus,  volt. 
Dial.  27.  Il  2°  Les  cinq  doigts,  la  main  entière.  Je 


lui  donnai  de  mes  cinq  doigts  Au  beau  milieu  ds 
son  minois,  scarron,  Virg.  trav.  ii.  Je  répondis 
en  lui  couvrant  la  face  De  mes  cinq  doigts....  volt. 
Pauvre  diable.  ||  3°  Le  bout  du  doigt.  Si  jamais 
un  philosophe  aveugle  et  sourd  de  naissance  fait 
un  homme  à  l'imitation  de  celui  de  Descartes,  j'ose 
vous  assurer,  madame,  qu'il  placera  l'âme  au  bout 
des  doigts,  dider.  Lett.  sur  les  aveugles,  Cliuvres, 
t.  11,  p.  200,  dans  pol'gens.  ||  Fig.  Il  se  gratte  la 
tête  du  bout  du  doigt,  se  dit  de  quelqu'un  qui  a 
quelque  chagrin,  quelque  inquiétude.  ||  Au  boutdeg 
doigts,  d'une  manière  facile,  aisée,  sans  peine.  Ce 
taponnage  vous  est  naturel,  il  e.st  au  bout  de  vos 
doigts,  SÉv.  42.  Il  Avoir  mal  au  bout  du  doigt,  avoir 
un  mal  léger.  Lui  [Monsieur]  et  Madame  n'avaient 
pas  mal  au  bout  du  doigt  que  le  roi  n'y  allât  dans 
l'instant,  st-sim.  93,  217.  ||  Prendre  au  bout  des 
doigts,  saisir  violemment;  locution  inusitée  aujour- 
d'hui. La  peste  [qui  a  sévi  dernièrement]  était  une 
petite  maladie  en  comparaison  de  celle-ci  qui  prend- 
tout  le  monde  au  bout  des  doigts,  balz.  livre  iv, 
lett.  26.  Il  Avoir  des  yeux  au  bout  des  doigts,  avoir 
le  toucher  très-fin,  faire  avec  habileté  des  ouvrages 
demain  délicats. ||  Avoir  de  l'esprit  au  bout  des  doigts, 
être  adroit  aux  ouvrages  de  la  main.  {|  Avoir  de  l'es- 
prit jusqu'au  bout  des  doigts,  avoir  beaucoup  d'es- 
prit. Il  Toucher  du  bout  du  doigt,  toucher  légère- 
ment, ne  pas  trop  appuyer.  Il  ne  toucha  que  du 
bout  du  doigt  l'endroit  endolori.  Et  fig.  C'est  un  sujet 
délicat,  il  ne  faut  y  toucher  que  du  bout  du  doigt. 
Il  Toucher  une  chose  du  bout  du  doigt,  la  toucher 
du  doigt,  se  dit  en  parlant  d'une  chose  qui  esi  près 
d'arriver.  Nous  touchons  du  bout  du  doigt  de  bien 
graves  événements.  ||  Savoir  une  chose  sur  le  bout 
du  doigt,  la  savoir  parfaitement.  Savoir  une  per- 
sonne sur  le  bout  du  doigt,  la  connaître  parfaite- 
ment. Il  sait  sa  leçon  sur  le  bout  du  doigt.  Je  sais 
mon  donJuan  sur  le  bout  dudoigt,MOL./''es(.i,  2.  Je 
sais  tout  cela  surl'extrémité  du  doigt.  — Quelle  pi  lié  I 
on  dit  savoir  une  chose  sur  le  bout  du  doigt,  et  non 
.sur  l'extrémité  du  doigt,  boil.  frajm.  d'undialogue 
contre  ceux  qui  font  des  vers  latins.  \\  4°  Terme  de 
musique.  Avoir  des  doigts,  de  bons  doigts,  c'est- 
à-dire  avoir  les  doigts  très-agiles,  très-forts,  très- 
exercés.  Il  Terme  d'escrime.  Avoir  des  doigts,  conser- 
ver à  ses  doigts  le  jeu  convenable,  lorsque  la  main 
s'enlève  en  déployant  un  coup  ou  en  se  replaçant. 
Il  5°  Doigt  mouillé,  manière  entre  enfants  de  décider 
certains  litiges,  et  où  un  d'eux,  après  avoir  mouillé 
un  de  ses  doigts,  les  présente  tous  à  ses  camarades 
pour  qu'ils  en  choisissent  chacun  un;  celui  qui 
prend  le  doigt  mouillé  gagne  ou  perd  suivant  ce  qui 
a  été  convenu.  Tirons  au  doigt  mouillé  à  qui  aura 
cette  bille.  ||  6°  Le  doigt  de  Dieu,  sa  puissance,  son 
intervention.  Le  doigt  de  Dieu  a  paru  visiblement 
en  celte  rencontre.  I.e  doigt  de  Dieu  était  dans 
cette  œuvre,  boss.  llist.  ii,  12.  Ses  divins  attributs 
[de  Dieu]  paraissent-ils  mieux  dans  les  cieux  qu'il  a 
formés  de  ses  doigis,  que  dans  ces  rares  talenls 
qu'il  distribue  comme  il  lui  plaît  aux  hommes  extra- 
ordinaires? ID.  Louis  de  Bourbon.  Je  vois  le  doigt 
de  Dieu  marqué  dans  nos  malheurs,  volt.  Alg.  v,  7. 
Il  7°  Terme  de  zoologie.  Nom  donné  aux  prolonge- 
ments qui  terminent  les  membres,  à  partir  des  os 
métatarsiens  et  métacarpiens.  Les  doigts  des  chats 
sont  armés  de  griffes.  ||  Terme  d'Iiippiatrique.  E.'itré- 
mité  du  pied  du  cheval  formée  de  trois  phalanges, 
l'os  du  paturon,  l'os  de  la  couronne  et  l'os  du  pied. 
Il  Chacun  des  deux  articles  de  la  pince  des  crusta- 
cés. Il  8°  Par  analogie,  les  doigts  d'un  gant.  ||  9°  Doigt, 
grandeur  équivalente  à  un  travers  de  doigt.  Il  s'en 
fautseulementde  deux  doigts.  Un  mouchoirnoir,  de 
deux  grands  doigts  trop  court,  LA  font.  Or.  Ce  vent 
vous  avait  jetée  sous  une  arche  à  deux  doigts  du  pi- 
lier, sÉv.  36.  Oh  I  la  pesante  croix  !  Dit  M.  de  la  Marti- 
nière,  Carie  nom  de  Martin  était  crû  de  trois  doigts, 
LAMOTTE,  Fabl.  V,  17.  ||  Un  doigt  de  vin,  une  très- 
petite  quantité  de  vin.  Il  est  bon  de  prendre  tous 
les  matins  un  doigt  de  vin  avant  de  sortir.  Ma 
grand'mère,  un  soir  à  sa  fête.  De  vin  pur  ayant  bu 
deux  doigts,  bérang.  Ma  grand'mère.  ||  Par  exagé- 
ration. Cette  femme  met  un  doigt,  deux  doigts  de 
rouga,  elle  met  beaucoup  de  rouge.  ||  Faire  un  doigt 
de  cour  à  une  femme,  lui  dire  des  galanteries,  lui 
faire  un  moment  la  cour.  ||  Être  à  deux  doigts  de  sa 
ruine,  de  sa  perte,  en  être  fort  proche.  Ahl  Cliton. 
je  me  trouve  à  deux  doigts  de  ma  perte,  corn. 
Ment,  m,  8.  La  guerre  est  pour  sa  vie  un  agréable 
orage  Qui  le  porte  sans  cesse  à  deux  doigts  du  nau- 
frage, MAIR.  Soliman,  i,  1.  Ils  étaient  à  deux  doigts 
de  tomber  dans  la  rivière,  sÉv.  363.  Être  toujours 
à  deux  doigts  de  la  mort,  id.  628.  ||  Terme  de  pê- 
che. Se  dit  quelquefois  de  la  graadeur  des  mailles. 


1208 


DOI 


Deux  doigts,  six  doigts.  ||  10°  Terme  (l'astronomie. 
Un  doigt,  une  des  douze  parties  égales  on  lesquelles 
on  divise  le  disque  du  sol«il  et  de  la  lune.  Cotte  di- 
tigion  sert  à  mesurer  la  grandeur  des  éclipses. 
|i  11-  Mesure  de  longueur  égyptienne  et  grecque, 
yalant  dix -huit  millimètres.  ||  12»  Doigt  marin, 
le  solen  manche  de  couteau,  sorte  de  coquillage. 
Il  13'  Petite  pièce  de  la  cadrature d'une  montre  ou 
pendule  à  répétition,  qui  entre  carrément  sur  l'arbre 
du  barillet  du  ressort  du  petit  rouage;  autre  pièce 
servant  à  faire  sonner  les  quarts.  ||  Proverbes.  Il  ne 
faut  pas  mettre  le  doigt  entre  le  bois  et  l'écorce, 
ou  entre  l'arbre  et  l'écorce  il  ne  faut  pas  mettre  le 
dnigi,  c'est-à-dire  il  ne  f:mt  pas  s'ingérer  dans  les 
alTaires  des  personnes  naturellement  unies.  |i  Les 
cinq  doigts  de  la  main  ne  se  ressemblent  point, 
c'est-à-dire  il  ne  faut  pas  exiger  une  exacte  ressem- 
blance entre  les  personnes,  entre  les  caractères, 
entre  les  choses. 

—  IIIST.  xt*  s.  Del  dei  après  le  polcier  [pouce], 
toi*  de  Guill.  13.  Contre  deus  deies  [à  deux  doigts 
près)  l'ad  du  forrer  [fourreau]  jetée  [son  épée],  Ch. 
de  Roi.  XXXIII. 

—  XII'  s.  Ses  blanches  mains,  ses  doigts  Ions  et 
tretis,  Couci,  v.  N'es  hrabenchuns  n'est  pas  de  la 
fin  demurance.  N'es  Klamencs,  n'es  Engleis,  ne  en 
tuz  cels  de  France,  Car  en  sun  petit  dei  en  tient 
Deus  la  balance.  Qui  met  tant  cum  li  plest  noz  mes- 
faizen  suffrance,  Th.  le  mari.  <57. 

—  XIII*  s.  Car  onques  mieudres  dame  n'otenson 
doi  anel,  Bvrte,  lxxxv.  Symons  vient  à  licrtain,  si 
la  prent  par  la  doie,  ib.  cxvii.  Por  ce  veus  tu  la 
rose  avoir;  Mes  tu  n'en  es  pas  à  deus  doie,  C'est  ce 
qui  la  pel  t'amegroie,  la  Base,  402i.  Je  n'oserai  nu- 
lui  vcoir  :  Entre  gent  ne  devrai  seoir.  Que  l'en  mi 
monsterroit  au  doi  :  Or  ne  sai-je  que  fere  doi,  nu- 
TEB.  II,  80.  Laquelle  Nichole  se  trouva  si  perdue  en 
toutos  les  parties  de  son  cors  qu'ele  n'en  sentoit 
riens,  fors  sanz  plus  en  deux  doiz  de  la  main  dés- 
ire, c'est  à  savoir  en  celui  que  l'en  apele  mire  [le 
doigt  médecin,  le  doigt  annulaire],  et  en  celui  que 
l'en  apele  le  moion  ou  le  lonc,  du  cange,  digilus, 

—  XIV"  s.  Et  monstre  n'en  doit  esire  au  doit,  Puis 
qu'il  ne  fait  que  ce  qu'il  doit,  bruyant,  dans  Ména- 
gier,  t.  ii,  p.  <9. 

—  XV'  s.  Et  se  tenoient  par  la  main  au  doigt  les 
deux  enfans,  fboi.ss.  ii,  ii,  i20.  D'icelui  cop  fut  ble- 
r.ié  le  (lit  Pierre  au  doi  médicinal  de  lamain  dextre, 
DU  CANGE,  digilus.  Nuz  com  le  doy  [nu  comme  la 
main) ,  e.  desch.  Poésies  mss.  f»  66t  ,  dans  lacubne. 
Valsons  raison  et  justice  à  dix  doigts[de  tout  notre 
pouvoir],  iD.  ib.  f"  104.  Aimer  du  petit  doy  [aimer 
faiblement],  Perceforest,  t.  v,f°  43.  Aidez  à  vostre 
serviteur,  Qui  est  mieulx  pris  que  par  le  doy.  Ou 
mort  me  voy,  en.  d'orl.  Uondel  de  Fredet.  Tu  de- 
monstres,  comment  Dieu  se  retire  à  mi.sericorde  et 
clémence,  et  que  pourung  doy  de  service  à  luy  fait 
de  bon  cueur  humble,  il  en  rend  fruit  à  cent  dou- 
bles, CHASTELAiN,  Exposit.  S.  Vérité.  Mez  n'en  estes 
-pas  à  deux  doie.  Que  la  pucellc  à  vous  atouche; 
Vous  n'avez  mais  dens  en  la  bouche  :  Elle  aroitbeau 
mary  en  vous!  Naliv.  de  S.  S.  J.  C. 

—  xvi'  s.  Recepte  de  laquelle  il  ne  se  fault  servir 
tant  qu'il  y  a  un  doigt  d'espérance  de  reste,  mont. 
II,  30.  Séjournant  quelque  peu  à  Villeneuve  pour 
boire  un  doigt,  despeb.  Contes,  xxvi.  Je  m'en  vai 
escrire  au  roi  de  Navarre  deux  doigts  de  pappier.... 
d'aub.  Ilist.  II,  4 1 3.  Les  compagnies  de  chevaux  légers 
curent  sur  les  doits  par  ceux  d'Avignon,  id.  ib.  i, 
920.  Ces  deux  sieurs,  que  l'on  appelloit  les  deux 
doigts  de  la  main,  cabl.  ii,  ii.  Nous  disons  d'une 
viande  apprestée  fort  friandement  ;  vous  en  mange- 
riez vos  doigts;  ils  en  ontcuidé  manger  leurs  doigts, 
H.  est.  Conformité,  p.  )28.  Ne  mets  ton  doigt  en 
anneau  trop  estroit,  le  roux  de  uncy,  Prov.  t.  ii, 
p.  3B4.  Qui  a  mal  au  doy  gésir  en  doit,  id.  tb.  381. 
Faire  voir  à  l'œil  et  loucher  au  doigt,  ATuits  de  Stra- 
parole,  t.  ii,  p.  m»,  dans  lacurne.  La  veue  [visite 
des  juges  en  des  lieux]  doit  eslre  faite  aux  quatre 
angles  de  l'héritage,  de  bout  en  bout,  de  long  en 
long,  à  l'oeil  et  au  doigt,  Grand  Covtumicr  de  la 
Fr.  p.  370,  dans  lacurne.  Nous  ne  sommes  si  pro- 
ches du  port  que  nous  puissions  espérer  si  tost  le 
fonds.  —  Au  contraire,  respondit-il,  pour  toutseur, 
je  sens  et  csgratigne  la  terre  des  petits  doigts  [or- 
teils], {Amantressusc.p.  25,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Nivernais,  dei;  ital.  di(o,  et,  au  fémi- 
nin, dila;  du  latin  digilus,  rattaché  au  radical  san- 
scrit diç,  montrer.  Dans  l'ancien  français,  à  côté  de 
floit,  on  troBve  doie,  au  féminin,  comme  dita  dans 
l'italien. 

«.DOIGTÉ,  ÉE  (doi-té,  tée),  part,  passé.  Mor- 
ceau bien  doigté,  c'est-à-dire  écrit  de  manière  à  ne 


DOL 

[las  contrarier  le  mouvement  naturel  des  doigts  sur 
tel  ou  tel  instrument.  Un  morceau  très-bien  doigté 
pour  le  piano  peut  l'être  fort  mal  pour  le  violon,  et 
réciproquement. 

2.  DOIfiTR  (doi-té),  ».  m.  Voy.  doigter. 

t.  DOIGTKR  (doi-té).  ||  1*  V.  n.  Terme  dé  musi- 
que. Poser  les  doigts  comme  il  convient  pour  jouer 
de  certiiinsin.slruments.  ||  2°  V.  a.  Exécuter  un  mor- 
ceau en  employant  les  doigts  comme  il  convient. 
Doigtez  bien  ce  passage.  ||  Indiquer  sur  la  miisi(]ue, 
par  des  chiffres,  le  doigt  dont  l'exécutant  doit  se 
servir  pour  chaque  note.  Doigter  un  air,  un  passage. 

—  F.TYM.  Doigt. 

2.  DOIGTER  ou  DOIGTÉ  (doi-té),  s.  m.  Terme 
de  musique.  Manière  d'employer  les  doigts  sur  le 
clavier  d'un  piano,  le  manche  d'un  violon,  d'une 
guitare.  Cette  sonate  est  belle,  mais  le  doigter  en 
est  très-difficile. 

—  f.TYM.  Doigt. 

DOIGTIER  (doi-tié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais  ;  au  plur. 
l's  se  lie  :  les  doi-tié-z  et....),  s.  m.  ||  1°  Doigt  de 
gant  qu'on  met  pour  couvrir  un  doigt.  Un  doigtier 
de  cuir.  ||  Espèce  de  fourreau  en  forme  de  doigt  de 
gant,  dont  on  revêt  un  doigt  malade.  ||  2°  Mouchoir 
de  toile  porté  au  petit  doigt  de  la  main  gauche  par 
les  clianoines  de  Keims  célébrant  au  grand  autel. 
Il  3°  Dé  de  cuivre  à  l'usage  du  passementier.  ||  4°  Un 
des  noms  vulgaires  de  la  digitale  pourprée  et  de  la 
clavaire  digitée. 

—  lllST.  xv"  s.  Un  doittier  de  cinq  dyamants  en 
aneaulx  d'or  esmaillez,  c'est  assavoir  un  annel  en 
façon  de  rabot,  de  laborde.  Émaux,  p.  264.  Le 
.suppliant  print  furtivement  aucuns  annaus  ou  ver- 
gesd'argentestansenung  doittier [éorin],  ducange, 
digitale.  ||xvi'  s.  L'artifice  de  mettre  un  poucierou 
doigtier  (édit.  de  IBM  :  dettier) ,  paré,  xVii,.  io. 

—  lîTYM.  Doigt;  wallon,  detikè. 

■(■  DOINT  (douin),  anc.  3"  pers.  du  sing.  du  subj. 
du  verbe  donner.  Or,  prions  Dieu  qu'il  leur  doint 
paradis,  rouss.  Épig.  m,  24. 

—  HIST.  XII*  s.  Jà  puis  Dex  [Dieu]  ne  me  doint 
Joie  en  ma  vie....  Couci,  ii.  ||  xvi*  s.  Dieu  tout-puis- 
sant te  doint  pour  t'etretiner  Les  quatre  coins  du 
monde  à  gouverner.  Tout  pour  le  bien  de  la  ronde 
machine  Que  pour  autant  que  sur  tous  en  es  digne, 
MAROT,  Épitre  au  roi  pour  avoir  été  dérobé  par 
son  valH. 

f  DOIS  (dot),  s.  m.  Voy.  DOIT  2. 

I.  DOIT  (doi),  s.  m.  Terme  de  commerce.  Voy. 
DEVOIR,  verbe. 

f  2.  DOIT  (doi)  ou  DOIS  (doi),  s.  m.  Petit  cours 
d'eau,  terme  usité  en  Normandie,  en  Bretagne  et 
ailleurs.  Au  passage  d'un  pont  ou  sur  le  bord  d'un 
dois,  la  FONT.  Letl.  xix.  ||  En  Normandie  on  pro- 
nonce doué. 

—  HIST.  XII*  s.  [Dans  l'été]  Que  reclarcist  li  dois 
en  la  fontaine,  Couci,  xiii.  Les  oreilles  sont  voie  et 
dois  Par  où  vient  ju.squ'au  cuerlavoix,  ciirestifn 
DE  TROYES,  dans  lacurne.  Enscment  [semblable- 
ment]  va  com  loutre  par  vivier,  Quant  les  poissons 
fait  en  la  dois  mucier,  Garin  le  loh.  i,  264.  Vin- 
drent  jusque  al  muni  dei  duit  dei  ewe.  Rois,  <2". 
Il  XIII*  s.  En  tout  le  monde  n'ot  si  bele,  L'iaue  est 
tousdis  [toujours]  fresche  et  novele.  Qui  miitet  jour 
sourt  à  grans  ondes  Par  deux  doiz  creuses  et  par- 
fondes,  la  liose,  lB4o. 

—  ÊTYM.  Latin,  ductus,  conduit,  de  ducere,  con- 
duire (voy.  duibe).  Le  féminin  la  dois  vient  de  duc- 
do,  conduite,  et  est  un  des  très-rares  exemples  où 
la  forme  française  dérivée  du  nominatif  des  noms 
latins  en  o,  onis,  nous  a  été  conservée. 

t  DOITE  (doi-f),  s.  f.  Terme  qui  sort  à  compa- 
rer la  grosseur,  l'égalité  du  fil,  dans  un  môme  ou 
dans  plusieurs  écheveaux,  etc.  Voilà  deux  pelotons 
qui  p.nraissent  de  la  même  doite,  tandis  que  ce 
troisième  est  d'une  doite  plus  grosse.  Ce  que  vous 
filez  là,  est  d'une  jolie  doite,  legoahant. 

—  ÊTYM.  Doigt. 

t  DOITÊE  (doi-tée) ,  t.  f.  Une  petite  longueur  de 
fil. 

—  SYN.  DoiTitE,  AIGUILLIÎE.  L'aiguillée  a  une  lon- 
gueur presque  déterminée,  et  il  en  estdifl"éremment 
de  la  doitée  qui  peut  fournir  plusieurs  aiguillées, 
sans  toutefois  être  jamais  d'une  grande  longueur, 
ou  se  trouver  même  plus  courte  que  l'aiguillée  :  c'est 
donc  un  terme  plus  vague  :  Je  ne  veux  pas  le  pelo- 
ton; donnez-moi  seulement  une  doitée,  une  petite 
doitée,  une  forte  doitée,  une  doitée  d'environ  deux 
aiguillées,  legoabant. 

I.  DOL  (doi),  s.  m.  Terme  de  jurisprudence. 
Tromperie,  fraude.  X  moins  qu'il  n'y  ait  fraude  ou 
doi  du  procureur....  «ontesq.  Espr.  xxix,  to.  Je 
craindrais  toujours  que  le  doi  Ne  m'en  dépossédât 


sous  ombre  de  justice.  Et  qu'un  jour  le  maître  du 
.sol  Ne  revendiquât  l'édifice,  lamotte,  dans  dfs- 
fontaines.  Il  Manoeuvres  frauduleuses  qui  détermi- 
nent quelqu'un  à  contracter. 

—  HIST.  XV*  s.  Quant  je  considère  et  pense  i 
mes  faits,  je  me  recorde  que  j'ay  par  fraude  et  dnil, 
despouillé  la  cilé  et  le  temple  de  Jherusalem  d'or  cl 
d'argent,  Ilist.  de  la  Toison  d'or,  1. 1,  f*54.  ||xvi*s. 
Quant  à  Martius,  ce  fut  par  doi  et  tromperie  qu'il 
jetta  les  Romains  en  guerre  contre  les  Volsques, 
AMVOT,  Alcib.  et  Cor.  comp.  3. 

—  ÉTYM.  Provenc.  doi;  espagn.  et  ital.  dolo;  du 
latin  dolus;  grec,  îoXo;;  comp.  l'anglo-saxon  doi, 
erreur. 

f  2.  DOL  (doi),  s.  m.  Gros  tambour  dont  on  se 
sert  dans  la  musique  militaire. 

—  ÉTYM.  Probablement  le  latin  dolium,  tonneau, 
par  assimilation  de  forme. /(oii'um  avait  donné  doil: 
Cuves,  doits  et  autre  sorte  de  vaisselle  à  vin,  Cou- 
tumier  gén.  t.  ii,  p.  672. 

t  DOLABELLE  (do-la-bè-1') ,  s.  f.  Petite  doloire, 
sorte  d'instrument  aratoire. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dolabre. 

t  DOLABRE  (do-la-br') ,  s.  f.  Espèce  de  hache  de 
guerre  du  moyen  âge. 

—  ÉTYM.  La  t.  dolabra  (voy.  doi-OIBe). 

t  DOLABRIFORME  (do-la-'bri-for-m'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  a  quelque  chose  de  la  forme 
d'une  doloire.  Feuilles  dolabriformes. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif  dolabriformis,  de  dolabra, 
dolabre,  et  forma,  forme. 

t  DOLAGE  (dp-la-j'),  s.  m.  Action  de  doler. 

—  ÉTYM.  Doier. 

DOLCE  (dol-tchè),  adv.  Terme  de  musique  em- 
prunté à  l'italien,  indiquant  une  expression  douce 
dans  l'exécution. 

—  ÉTYM.  Ital.  doke,  doux,  du  latin  dulcis,  doux 
(vov.  doux). 

DOLÉ,  ÉE  (do-lé,  lée),  part,  passé.  Des  douves 
dolées. 

DOLÉANCE  (do-lé-an-s') ,  s.  f.  \\  l"  Plainte  au  su- 
jet d'un  grief.  Faire,  conter  ses  doléances.  11  en  fai- 
sait sa  plainte  une  nuit;  un  voleur  Interrompit  la 
doléance,  la  font.  FaW.  ix,  ib.  Que  je  n'entende 
plus  vos  sottes  doléances,  mol.  Sgan.  i.  Essaye  avec 
(les  pleurs,  de  tendres  doléances.  De  faire  à  ses  des- 
seins de  douces  violences,  A.  chén.  233.  Il  m'écri- 
vit lettres  sur  lettres,  pleines  de  doléances  et  de 
griefs  auxquels  je  pouvais  encore  moins  remédier 
qu'à  ceux  que  j'avais  pour  mon  compte,  3.  i.  nouss. 
Confess.  xi.  Libéraux,  dans  vos  doléances.  Pour- 
quoi donc  vous  en  prendre  à  moi?  bébang.  Ventru 
aiixél.  112°  Autrefois,  et  seulement  au  pluriel,  de- 
mandes ou  repré.sentations  qui  étaient  faites  dans 
les  cahiers  des  états  généraux. 

—  HIST.  XV"  s.  Oui ,  comme  parent,  envoyoit  faire 
doIeance  de  la  mort  rie  ladite  marquise,  comm.  vin, 
9.  En  cette  aigre  doteance  et  à  regret  demeura  au- 
cuns jours,  LOUIS  XI,  Nouv.  c. 

—  ÉTYM.  Doleant,  très-ancienne  forme  pour  do- 
lent (voy.  dolent);  provenc.  dolensa,  dolentia;  es- 
pagn. dolencia;  ital.  dolema,  doglienia;  formes 
correctes  qui  viennent  du  latin  dolens.  Doléanrp 
était  inexplicable  tant  qu'on  n'avait  pas  l'adjeciif 
doleant. 

t  DOLEAC  (do-lô),  s.  m.  Outil  pour  donner  b 
forme  à  l'ardoise. 

—  ÉTYM.  Doler. 

DOLEMMENT  (do-la-man),  adv.  D'une  manière 
dolente.  Le  maréchal  [de  Noailles]  s'écrie  dolcm- 
ment  qu'il  a  une  migraine  à  mourir,  st-sim.  2I  i  , 
03.  Je  vois  déjà  le  ministre  des  finances  venir  do- 
lemment  vous  présenter  un  nouveau  certificat  de 
notre  ruine,  Mirabeau,  Collection,  t.  iv,  p.  83. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  vinrent  à  Damiette,  et  furent 
recheu  liementetdolentement,  Chron.  de  Rains,  iio 

—  ÊTYM.  Dolent,  et  le  suffixe  ment.  Dnlentcmcut 
rient  du  féminin  dolente,  qui  se  trouve  dans  de 
très-anciens  textes. 

DOLF,NT,  ENTE  (do-lan,  lan-t'),  adj.  \\  1"  Qui 
souffre  et  se  plaint.  Une  femme  dolente.  Mais  nonob- 
stant l'elTort,  dolent  en  son  courage....  Rf.GMKR, 
Flég.  V.  Mais  si  le  sentiment  de  la  misère  humaine 
Vous  fait  avoir  pitié  d'une  dolente  reine,  mair. 
Sophon.  III,  4 La  trop  dolente  mère  Fit  dans  l'a- 
bord force  larmes  couler,  la  font.  Fauc.  Mais  j'a- 
vais, lui  viv.int,  le  teint  d'un  chérubin,  L'embon- 
point merveilleux,  l'œil  gai,  l'âme  contente.  Et  je 
suis  maintenant  ma  commère  dolente,  mol.  Sganar. 
II.  On  ne  voit  plus  sa  fille,  et  la  pauvre  Isabelle  In- 
visible et  dolente  est  en  prison  chez  elle,  haC.  Plaid. 

I,  6 Que  ma  fille  Va  ranimer  U  dolente  famille  ! 

VOLT.  Enf.  pmd.  l,  t.  ||  Qui  exirime  la  douleur. 


DOL 


DOI. 


DOM 


1209 


Un  langafje  dolent.  Une  mine  dolente.  Et  vous  êtes 
de  celles  Ou'un  air  triste  et  dolent  rend  encore  plus 
belles,  MAiR.  Sofhnn.  m,  2.  [Celte  muse]  Qui,  le 
glaive  il  la  main,  du  diiidi"  me  ornée.  Vient  au  peuple 
assemlilé.  d'une  dolente  voix,  l'ienrerles  grands  mal- 
heurs, le.s  empires,  les  rois,  a.  ciiRn.  Éti'g.  x.  Ainsi, 
mon  oncle,  vous  tenez  toujours  à  ce  mariage,  dit  le 
jeune  homme  d'une  voix  dolente,  en.  de  bkknard, 
la  Femme  de  40  ans,  §  v.  ||  2"  Substantivement. 
Lauzun  imagina .  se  portant  k  merveille,  de  faire  le 
dolent  et  de  demander  la  permission  d'aller  aux 
eauxd'Aix-la-CIiapelle,  ST-siM.  149,  (73.  Kxceptez-en 
quelques  vieilles  dolentes,  Des  jeunes  sœurs  jalouses 
surveillantes;  11  était  cher  à  touie  la  maison,  oaES- 
SET.rcrl-fcrt,  1.  Messire  Jean  Chouart  confortait  le 
dolent,  assistait  le  mourant,  P.  L.  coi)R.  i,  '92. 

—  REM.  Aujourd'hui,  dans  l'usage  le  plus  ordi- 
naire, dolent  emporte  une  idée  de  moquerie  ou  du 
moins  d'exagération  dans  la  plainte. 

—  HIST.  X'  s.  E  por  els  es  doleants  [tu  es  dolent 
pour  eux],  Fragm.  de  Valenc.  p.  488.  ||xi"  s.  Fran- 
ceis  mourront,  f.harles  en  ert  [sera]  dolent,  Ch.  de 
Roi.  Lxxiv.  Il  XII*  s.  [Il]  Fera  maint  cuer  dolant, 
lionc.  p.  20.  Tex  [tels]  as  ocis,  dont  more  en  ert 
[sera]  dolente,  ib.  p.  76.  [La  flamme]  Dont  tantes 
fois  [je]  me  claim  dolnnt  et  las,  Couci,  xi.  Se  nuls 
morist  [mourut]  pour  avoir  cuer  dolent....  ib.  xxii. 
De  ce  [je]  sui  au  cuer  dolente,  Que  cil  n'est  en  cest 
païs,  nAME  DE  FAIKLE,  dans  Couci.  Ensi  en  sunt 
chacié  li  parent  .saint  Thomas,  Vunt  en  autre  païs 
dolent,  chaiiife  las,  E  portent  lur  enfanz,  lur  robes 
e  lur  dras.  Th.  lemart.  64.  Por  coi  est  doneie  la  lu- 
mière al  dolent  e  vie  à  ceaz  [ceux]  ki  en  amer- 
tume d'aumes  [d'âmes]  sunt?Jofc,  464.  ||  xiii' s.  Si 
en  furent  moult  dolent  et  moult  irié,  et  moult  en 
eurent  grant  pitié,  vii.leh.  xci.  Car  cil  qui  a  le  cuer 
dolent,  Sauhiés  de  voir  [vrai],  il  n'a  talent  De  dan- 
cier  ne  de  karoler,  la  Rose,  333.  Nus  n'en  est  plus 
dolens  que  cil  qui  le  cop  dona,  beaum.  lxix,  s. 
Il  XV*  s.  Tant  lui  déplut  ce  dolent  départir,  qu'on- 
ques  mot  ne  sut  dire,  louis  xi,  JVimi'.  xxii.  ||  xvr  s. 
Robes  de  prix  et  joyaulx  [nous]  mismes  bas.  Pour 
prendre  noir,  la  dolente  couleur,  Guidon  d'ennuy 
et  mortelle  douleur,  J.  marot,  v,  2II.  Il  veut  que 
l'on   applique  la  ventouse   sus  la  partie  dolente, 

PARÉ,  XV,   C8. 

—  ÊTYM.  Lat.  dolens,  de  dolere  (voy.  dolloir)  ; 
norm.  do»V//an(.  Quanti  la  forme  dolcant,  qui  est 
dans  un  très-ancien  texte,  et  qui  est  confirmée  par 
doleaiice.  elle  suppose  un  verbe  dvloier  ou  do- 
hier,  dérivé  de  douloir 

DOLER  (do-lé),  «.  o.  ||  1°  Aplanir,  unir' avec  la 
doloire.  ||  Dégrossir  à  la  doloire  les  douves  des  fu- 
tailles. Il  2°  Parer  et  amincir  les  morceaux  de  peau 
destinés  à  faire  des  gants.  ||  3°  Ebaucher  les  cornes 
des  an  maux  pour  en  faire  des  cornets  à  jouer. 
114"  Enlever  les  bavures  de  plomb  qui  se  sont  for- 
mées dans  la  lingotière. 

—  HtSï.  xn*  s.  E  en  l'entrée  furent  dous  us  [huis] 
peiiz,  mais  n'i  oiu  fors  une  entrée  e  les  poz  [pals, 
pieux]  furent  dolez  à  cinc  costez,  Rois,  249.  Les 
lances  ploient  et  arçonnent;  Et  amiiedeus  [toutes 
deux)  en  pièces  volent;  As  cspées  les  escus  [bou- 
cliers] dolent  Et  les  hiaumes  et  les  haubers,  la 
Charrette.  2684.  jj  xiil*s.  La  charrelie  de  cloies  à 
eschafauder,  de  tout  merrien  à  doler,  doit  un  de- 
nier de  tonlieu,  Lir.  des  met.  323.  ||  xv*  s.  Par  le 
conseil  du  duc  fut  défendu,  en  proposant  plusieurs 
e-cusalioiis,  plus  tendans  à  excuser  et  doler  sa 
faulie  que  autrement,  juv.  des  uns.  Charles  ¥[, 
<3SH.  Il  xvi*  s.  Les  deux  ou  trois  jours  avant  la  ba- 
taille furent  employez  à  doler  des  tronçons  plustost 
que  des  lances,  tant  celle  sorte  d'arme  estoit  lors  en 
estime,  d'aUB.  Ilisl.  i,  213.  lis  pourront  doler  cy 
après  ce  que  j'ay  grossièrement  esbauclié,  M.  du 
BELL,  l'réf.  J'aimerois  mieux  combattre  le  diable 
que  contre  une  femme  qui  est  pire  que  trente  dia- 
bles; tant  plus  que  doleras  ses  espaules  et  son  es- 
chine  avec  un  lourd  baston,  tant  plus  elle  vomira 

I     contre  toy  des  injures  et  des  vilenies,  beblin  coc- 
[     CaIe,  t.  I,  p.  1 64,  dans  lacurne, 

—  ÊTVM.  Provenc.  et  espagn.  dolar;  du  latin  do- 
lare,  doter. 

t  DOLÉIÎINE  (dolé-ri-n')  ou  DOLÉRITE  (do-lé- 
,  ri-l'),  s.  f.  Terme  de  minéralogie.  Espèce  de  roche 
I  granilifurme  qui  fait  partie  des  terrains  volcani(|ues. 
I  —  ETY.\t.  AoXepo;,  trompeur,  à  cause  de  la  res- 
i  «emblance  qu'ont  les  roches  de  cette  espèce  avec  la 
dionte. 

t  DOLET  fdo-lè),  s.  m.  Synonyme  de  sulfate  de 
fer  calciné  ou  rouge,  et  de  péroxydn  de  fer. 

t  DULIAIKE  (do-li-0-r'),  adj.  Terme  do  zoologie 
Qui  rassemble  à  un  dolium. 

DICT.   DK  I,A   LANGUE  FItANCAISE, 


tDOLIC  (do-!ik)  eu  DOLIQUE  (do-li-k"),  ».  m. 
Genre  do  légumineuses  originaires  des  pays  chauds 
et  dont  une  espèce  est  dite  haricot  noir. 

—  r;TYM.  Ao)i7o;,  haricot. 

t  DOLICHOCÉPHALE  (do-li-ko-sé-fa-l'),  adj. 
Dont  la  botle  crânienne,  vue  par  sa  partie  supé- 
rieure, est  ovale,  la  plus  grande  longueur  l'empor- 
tant environ  d'un  quart  sur  la  plus  grande  largeur. 
Les  races  dolichocéphales.  I.esNéo-Calédoniens  sont 
dolichocéphales,  à  cause  de  l'étroitesse  des  diamè- 
tres transverscs,  BOunoAREL,  Comptes  rendus,  Acad. 
des  se.  t.  LI,  p.  HHI8.  Il  S.  m.  Les  dolichocéphales. 

—  F.TVM.  AoXiyoç,  long,  et  xeçocXt),  tête. 

t  DOLICllOCÈUE  (do-li-ko-sê-r'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  de  longues  antennes. 

—  ÈTYM.  Ao>.i-/ô;.  long,  et  xipa;,  corne. 

t  DOLICHODÈiîE  (do-liko-dê-r') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  le  cou  long. 

—  f.TYM.  Ao>7.ôç.  long,  et  Séç,:i\,  cou. 

I  DOLICHOLITIIE  (do-li-ko-li-f) ,  s.  f.  Terme  de 
zoologie.  Vertèbre  fossile  de  poisson;  encrine  fos- 
sile. 

—  ÉTYM.  Ao)i7i;,  long,  etXi'Ooc,  pierre. 

•]  DOLIcnOPODE  (do-li-ko-po-d'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  a  de  longues  pattes. 

—  ÊTYM.  AoJixo;,  long,  et  itoO;,  pied. 
DOLIMAN    (du-li-man),  s.  m.    Nom   d'un   habit 

turc,  sorte  de  longue  robe  de  dessus,  avec  des  man- 
ches étroites,  boulonnées  au  poignet.  Fidèle  ou 
musulman.  Vêtu  d'un  justaucorps  o;.  bien  d'un 
doliman ,  volt.  Loi  nat.  2.  ||  Se  dit  quelquefois  pour 
dolman.  Il  [le  vrai  soldat]  porte  un  doliman  percé 
dans  les  mêlées,  v.  iioco.  Orient,  ts. 

—  REM.  On  a  dit  dolomon  au  xvii*  siècle  :  Leurs 
habits  [des  seigneurs  polonais]  étaient  pour  la  plu- 
part de  toile  d'or  persique  à  fleurs  ou  de  velous  plein 
de  diverses  couleurs  les  plus  rares  du  Levant,  dou- 
blés de  fourrures  d'un  prix  inestimable;  car  elles 
étaient  de  pointes  de  zibelines  ou  de  peaux  de  pied.s 
de  panthères,  qui  sont  autant  ou  plus  chères  que 
les  martres,  selon  la  quantité  des  mouchetures  qui 
s'y  rencontrent;  sous  ces  vestes  ou  dolomons  ils 
avoient  de  riches  tuniques,  le  laboureur,  Foy.  de 
la  reine  de  Pologne,  p.  143,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Turc,  thoulâmet,  vêtement  que  les  Turcs 
portent  sous  la  pelisse. 

t  DOLIOLE  (do-lio-l'),  s.  f.  Terme  de  zoologie. 
Articulation  cylindrique  d'encrines  fossiles. 

—  ÉTY.M.  Lat.  doliolum,  petit  tonneau,  diminutif 
de  doii'um. 

t  DOLIUM  (do-li-om'),  s.  m.  Nom  scientifique  du 
genre  tonne  (mollusques). 

—  ÉÏYM.  Lat.  dolium,  tonneaU; 

DOLLAR  (do-lar),  s.  m.  Monnaie  d'argent  des 
Etats-Unis,  dont  la  valeur  est  de  5  fr.  40  c. ,  comme 
la  piastre  forte  d'Espagne. 

—  ÉTYM.  Anglais,  dollar,  transformation  de  l'al- 
lemand Thnler,  écu. 

DOLMAN  (dol-man),  s.  m.  Veste  à  manches  fai- 
sant parlie  de  l'uniforme  des  hussards. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  doliman.  Le  dolman  fut 
importé  en  France  sous  Louis  XIV  par  des  soldats 
hongrois,  qui  le  tenaient  des  Turss. 

t  DOLMEN  (dolmen')  ou  DOLMIN  (dol-min'), 
I.  m.  Monument  formé  d'une  grande  pierre  plate 
posée  sur  deux  pierres  dressées  verticalement,  qu'on 
trouve  en  différentes  parties  de  l'Europe,  surtout 
dans  l'Armorique  et  en  Angleterre,  qu'on  attribue 
généralement  aux  druides  et  aux  Celtes,  et  que 
.i'autres  disent  a|ipartenir  à  un  peuple  antérieur  et 
plus  sauvage.  Au  pied  du  dolmin  étaient  appuyée» 
deux  autres  pierres  qui  en  soutenaient  une  troisième 
couchée  horizontalement,  chateaub.  Mart.  306. 
Il  ^11  plur.  Des  dolmens,  prononcé  comme  au  sin- 
gulier. 

—  ÉTYM.  GaoL  tolmen,  table  de  pierre,  de  toi, 
table,  et  mcn,  pierre. 

t  DOLOIR  (do-loir),  s.  m.  Sorte  de  couteau  de 
gantier  pour  doler  les  peaux. 

DOLOIRE  (Jo-loi-r'),  s.f.  ||  1°  Hache  de  tonnelier, 
qui  sert  pour  aplanir  le  bois  et  tailler  les  cerceaux. 
Armé  d'une  doloire,  et  ceint  d'un  tablier  de  peau, 
1. 1.  Rouss.  ^in.  III.  Il  2°  Instrument  de  maçon  pour 
corroyer  la  chaux  et  le  sable.  ||  3"  Terme  de  blason. 
Hachesans  manche.  ||  4°  Terme  de  botanique.  Feuil- 
les en  doloire  ou  dolabriformes,  feuilles  cylindri- 
ques à  leur  base,  planes  et  élargies  en  dessus, 
épais.ses  d'un  côté  et  tranchantes  de  l'autre.  Il  5"  Terme 
de  chirurgie.  Bandage  en  doloire,  celui  dont  les 
circonvolutions  vont  en  biaisant,  de  sorte  que  cha- 
que tour  couvre  les  deux  tiers  du  précédent. 

—  HlST.xiii"  s.  Qui  dont  veist  les  durs  vilains  er- 
rer, Et  doleoires  et  coigniées  porter....  Li  charois 


de  Nymes,  y.  905.  Li  carpentier  qui  après  vindrent, 
Grans  coignies  en  leurs  coul  tindrent,  Doloueres 
et  besaguesOrent  i  leur  costez  pendues,  Rou,  dans 
nu  CANOE.  bisacuta.  \\  xv*  s.  Mis  en  prison  plus 
merancolieuse  que  mort,  et  plus  dure  que  cop  de 
doiiloire,  G.  ciiastel.  Erpos.  sur  vérité  mal  prise. 

Il  xvi*  s Qu'elle  eusi  la  tesie  couppée  comme 

l'on  f.nit  en  France  avec  une  espée,  et  non  avec  une 
dolouere  à  la  façon  d'Angleterre,  castelnau,  32. 
Les  instrumens  de  ce  mesnage  [la  coupe  des  taillis] 
sont  doloiresou  haches  bien  triinchantes,  avec  les- 
quelles le  bois  se  coupera  de  tous  costés,  de  peur 
d'en  rien  escorcer  n'esclatter,  o.  de  serres,  sus. 

—  ÉTYM.  Lat.  dolabra,  pour  doloire;  et  un  mot 
hypothétique  do/a(orm,  pour  do/coi're  ou  doulouere. 

t  DOLO.MIE  (dû-lo-mie)  ou  DOLOMITE  (do-lo- 
mi-t'),  s.  f.  Terme  de  minéralogie.  Variété  de  car- 
bonate de  chaux,  sorte  de  marbre  primitif  de  cou- 
leurblanche  et  à  grain  fin  qui  devient  phosphorique 
par  le  frottement. 

—  ÉTYM.  Dolomieu,  célèbre  naturaliste,  qui  a 
découvert  et  étudié  celle  suhstan-^e. 

t  DOLO.MISATION  (do-lo-mi-7a-.sion),  «./■.  Terme 
de  minéralogie.  Formation  de  ro(.hes  dolomitiquea. 

+  DOLOMITIQUE  (do-lo-mi-ti-k'),  ailj.  Termede 
minéralogie.  Qui  contient  de  la  dolomie. 

t  DOLORIFIQUE  (do-lo-ri-fi-k'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Oui  cause  de  la  douleur. 

—  HlST.  XVI*  s.  Evacuation  de  la  matière  dolori- 
fique,  PARÉ,  XXV,  6. 

—  ÉTYM.  Lat.  dolorificus,  de  dolor,  douleur,  et 
du  suffixe /icu.?,  qui  fait. 

t  DOLOSIF,  IVE  (do-lo-zif,  zi-v'),  adj.  Terme  de 
droit.  Oui  lient  du  doL  Stipulation  dolosive. 

—  ÉTYM.  Dol  I. 

DOM  (don),  s.  m.  111°  Titre  d'honneur  que  l'on 
donnait  à  certains  religieux,  entre  autres  aux  béné- 
dictins. Le  bon  Calmet  ou  dom  Calmet  (car  les  béné- 
dictins veulent  qu'on  leur  donne  du  dom)....  volt. 
T)icl.  phil.  Job.  ||  A  Avignon,  p'ace  des  Doms,  la 
place  où  se  trouve  le  château  des  papes.  ||  Par  assi- 
milation plaisante  avec  un  moine.  Dom  pourceau 
criiiit  en  chemin....  la  font.  Fnbl.  vin,  12,  ||  2°  Titre 
d'honneur  particulier  aujourd'hui  à  la  langue  por- 
tugaise, comme  don  l'est  à  la  langue  espaj;nole. 

—  ItlST.  xi°  s.  Danz Oliviers  a  liait  .sa  bone  espée, 
Ch.  de  Roi.  cv.  Dient  ?'ranceis  :  Dannes  Deus  nous 
ait  [aide].  «6.  ccxliii.  Fors  seul  Tierri  le  frère  dam 
Geit'roid,  îb.  ccLXXVii.  Après  celui  [ils]  eslurenl  dan'. 
Garin  le  Pohyer,  Sax.  iv.  |{  xiii'  s.  M.'s  or  nous  di- 
tes, dans  trichierres  [seigneur  trompeur].  Quant 
ces  paroles  apreistes,  Ou  [au]  droit  sens  pourquoi 
nés  [ne  les)  preïsles?  la  Rose,  I60(>2.  Seez  Irestoiit, 
et  vous,  dans  rois.  Vous  seez  tanlost  et  isnel,  FI. 
et  Blanch.  850.  ||  xv*  s.  Là  estoit  damp  abbé,  qui 
point  ne  .s'espargnoit,  froiss.  i,  i,  88.  ||  xvi*  s. 
Battaille  navale  qui  s'est  gaignée  s  >ubs  la  conduicte 
de  dom  Joan  d'Austria,  mont,  i,  249. 

—  ÉTYM.  Provenç.  don,  dompn;  espagn.  don; 
portug.  dom;  ital.  donna;  du  latin  dominus,  sei- 
gneur. La  forme  dam  ou  damp  est  équivalente  à  dom 
ou  dompn,  à  cause  de  la  tendance  qu'a  eue  la  langue 
de  changer  le  son  o  ou  on,  en  a  ou  an:  par  exem- 
ple, domina,  dame;  l'en,  l'on,  etc.;  le  p  provient 
d'une  inlercalation  familière  à  la  langue  après  l'm 
ou  l'n,  comme  dans  dompter,  de  domare,  tempta- 
lion,  de  tentationem,  etc  On  tire  dominus.  de  do- 
mw.s,  maison;  miiis  le  suffixe  ifnHS,avec<  bref,  n'a 
pas.  dans  la  latinité,  le  sens  possessif;  aussi  les 
étymologistes  ont-ils  cherché  à  y  voir  une  forme  ver- 
bale, répondant  au  grec  56aevo;,  au  .sanscrit  da- 
manas,  et  signifiant  celui  à  qui  a  été  donné....  d'oii 
possesseur. 

DOMAINE  (do-mè-n"),  s.  m.  \\  1°  Terme  de  juris- 
prudence. Pos.session  d'un  bien;  propriété.  Il  y 
a  plusieurs  manières  d'acquérir  le  domaine  d'une 
chose.  Il  Domaine  direct  ou  éminenl,  appartenant 
au  seigneur  et  donnant  droit  à  l'hommage  ou  à  une 
redevance;  domaine  utile,  comprenant  la  percep- 
tion des  fruits.  Pépin  n'avait  pas  eu  le  domaine 
direct  de  tous  les  États  que  posséda  Charlemagne, 
VOLT.  Ilœurs, 16.  Il  2°  Bien  foncier  possédé.  Avoir  un 
petit  domaine.  ||  Domaine  oongéable,  en  Bretagne, 
tenure  avec  faculté,  pour  le  propriétaire,  de  con- 
gédier à  toute  époque.  ||  Propriété  foncière  des- 
linée  à  l'exercice  de  l'industrie  agricole,  composée 
de  terres  arables,  forêts,  prairies,  p.'tlurages,  etc. 
pourvue  de  liâlimenis  d'habitation  et  d'exploitation. 
Un  beau  domaine.  Engager  son  domaine.  Cela  fait 
paille  de  son  domaine.  Qui  n'a  vu  d'autre  mer  que 
la  Marne  ou  la  Seine  Et  croit  que  tout  finit  où  finit 
son  domaine,  bacan,  dans  richelet.  ||  Ensemble  da 
biens  ruraux  où  se  trouve  un  chftteau  ou  une  maison 

I.  —  \52 


1210 


DOM 


d'habitation  pour  le  maître.  ||  Domaine  royal,  au 
moyen  âge,  territoire  possédé  directement  par  le 
roi     à  l'exclusion   des   grands  feudataires.  ||   Par 
eitension  et  poétiquement,  les  terres  que  possède 
■n  souverain.  J'y  souscris;  de  Tournai  les  trop  san- 
glantes plaines  Avec  les  champs  de  Reims  rentrent 
dans  nos  domaines,  lrherc. Frédég.  Bruneh.  iv,  2. 
IIS*  Le  domaine  public,  ou  domaine  de  l'État,  ou 
domaine  national,  et,  absolument,  le  domaine  ou 
les  domaines,  l'ensemble  des  biens  qui  appartien- 
nent à  l'Etat.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Domaine 
public,  objets  consacrés  à  un  service  public  et  ad- 
ministrés par  l'État,  tels  que  les  routes,  les  rivières 
navigables,  les  fortifications;  et  domaine  de  l'État, 
olijets  possédés  par  l'État  de  la  même  manière  que 
par  les  particuliers  et  dont  le  produit  est  versé  au 
trésor.  Le  domaine  public  est  inaliénable.  ||  Le  do- 
maine de  la  couronne,  biens  qui  font  partie  de  la 
liste  civile  du  souverain.  ||  Le  domaine  privé,  les 
biens  particuliers  du  prince.  ||  Domaine  extraordi- 
nawe,  sous  le  premier  empire  français,  ensemliledes 
biens  acquis  par  la  conquête  ou  parles  traités  et  qui 
étaient  à  la  disposition  de  l'empereur.  ||  Domaines 
nationaux,  biens  qui,  à  l'époque  de  la  première  ré- 
volution, furent  enlevés  soit  au  clergé  et  aux  corpo- 
rations soit  aux  émigrés,  et  vendus  aux  particuliers. 
Il  Domaine  fixe,  ancien  domaine  des  rois  de  France, 
composé    de    seigneuries,  terres,    possessions,   et 
droits  spécialement  consacrés  à  la  couronne.  ||  An- 
ciennement, domaine  forain,  domaine  du  roi,  qui 
était   une  imposition,  pour   les   nécessités   de   la 
guerre,    sur   les    marchandises    entrant   dans     le 
royaume  ou  en  sortant.  ||  4°  Domaine  public,  ce  qui 
n'est  pas  susceptible  d'appropriation  privée,  dont  la 
jouissance  est  laissée  à  tous.  ||  Fig.  Être,    tomber 
dans  le  domaine  public,  se  dit  des  productions  des 
auteurs,  des  artistes,  des  inventeurs,  dont  le  pro- 
duit a  cessé  de  leur  appartenir.  ||  5°  Le  domaine, 
l'administration  des  domaines  de  l'État,  ou  l'admi- 
nistration des  domaines  de   la  couronne.   Plaider 
contre  le  domaine.  Directeur  de  l'enregistrement  et 
des  domaines.  ||  6°  Terme  d'économie  politique.  Do- 
maine agricole,  nom  donné  à  la  totalité  des  terres 
mises  en  culture  dans  un  pays.  L'étendue  du  do- 
maine agricole  de  la  France  était,  en  1840,   de 
60  614  973  hectares  ou  26  623  lieues  carrées.  ||  7°  Fig. 
Possession  comparée  métaphoriquement  à  celle  d'un 
domaine.  Ce  temps  [de  la  mort],  hélas!  embrasse 
tous  les  temps  :  Qu'on  le  partage  en  jours,  en  heu- 
re», en  moments.  Il  n'en  est  point  qu'il  ne  com- 
prenne Dans  le  fatal  tribut;  tous  sont  de  son  do- 
maine, LA  FONT.  Fabl.  VIII,  t.  Toutes  nos  pensées 
qui  n'ont  pas  Dieu  pour  objet  sont  du  domaine  de 
la  mort,  boss.  Duch.  d'Orl.  Tous  les  aînés  étaient 
du  domaine  de  Dieu,  m.  ii,  Purif.  2.  Le  meilleur 
de  tous  les  biens,  s'il  y  a  des  biens,  c'est  le  repos, 
la  retraite  et  un  endroit  qui  soit  son  domaine,  la 
BRUY.  VIII.  Elle  [Alecton]  jjura  par  Pluton  Que  toute 
l'engeance  humaine  Serait  bientôt  du  domaine  Des 
déités  de  là-bas,   la  font.  Fabl.  viii,  20.  ||  Être, 
n'être  pas  du  domaine  de,  être,  n'être  pas  de  la 
compétence  de.   La  partie  des  sciences  qui  tom- 
bait sous  les  sens  et  qui,  pour  le  public,  pouvait 
être  un  objet  de  curiosité,  était  aussi  de  son  do- 
maine, MAHM0NTEL,  Mém.  VI.  ||  8"  Tout  Ce  qu'embrasse 
un  art,  une  science.  Agrandir  le  domaine  d'un  art. 
Le  domaine  de  "éloquence.  ||  9°  Puissance ,  autorité, 
souveraineté.  Il  a  voulu  nous  laisser  un  certain  do- 
maine sur  nos  actions,  boss.  iv.  Prof.  2.  Dieu  qui 
a  un  domaine  supérieur  et  absolu  sur  nous,  bour- 
dal.  Dim.  de  la  Scptuag.   Dominic.  t.  i,  p.  346. 
Dans  le  choix  que  Dieu  fait  pour  produire  le  plus 
ou  le  moins  parfait,  il  ne  faut  point  chercher  d'autre 
raison  que  sa  supériorité  infinie  et  son  domaine  sou- 
verain sur  tout  ce  qu'il  peut  faire,  fén.  t.  m,  p.  69. 
—  HIST.  XI'  s.  E  por  le  dener  que  li  seignurs  dur- 
rad  [donnera],  si  erent  quites  ceuls  [ceux]  qui  mei- 
nent  [habitent]  en  soun  demaine.  Lois  de  Guill.  18. 
Il  XIII*  s.  Cil  tint  en  son  demaine  tout  jusqu'en  Jer- 
salem,  Ch.  d'Ant.  y,  979.  Vinz  livrées  de  terre  qu'il 
[Thibaut  de  Champagne]  tient  en  som  demoyne, 
nu  GANGE,  dominium.  Fief  que  je  tenoie  en  purde- 
mainne,  beaom.  xlvii,  8.  Vous  avez  en  vo  garde  et 
en  vostre  demoine  Les  biens  du  crucefix  et  le  saint 
patrimoine,!,  de  meuno,  Test.  651.  ||  iV  s.  Ou  [au] 
vieil  temps,  grant  renom  couroit  De  Creseide,  Yseud, 
Elaine,  Et  mainte  autre,  qu'on  nommoit  Parfaiotes 
en  beaulté  haultaine;  Mais,  au  derrain,  en  son  de- 
maine La  mort  les  prist  piteusement,  en.   d'orl. 
Bal.  «I. 

ÉTYM.  Bas-Iat.  domanium;  provenç.  domaine; 
eipagn.  et  ital.  dominio;  du  latin  dominium,  de  do- 
mtnus,  leigneur  (voy.  dom). 


DOM 

DOMANIAL,  ALE  (do-ma-ni-al,  a-1'),  adj.  Qui 
est  du  domaine  de  l'État  ou  de  la  couronne.  Droit 
domanial.  Biens  domaniaux.  Grégoire  VII  préten- 
dait être  le  seigneur  suzerain  et  domanial  de  l'Es- 
pagne, VOLT.  Mœurs,  te. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  domanialis,  de  domanium 
(voy.  domaine). 

t  DOMANIALISER  (do-ma-ni-a-li-zé),«.  o. Terme 
d'administration.  Joindre  au  domaine. 

—  ÉTYM.  Domanial. 

i  DOMANIALITÉ  (do-ma-ni-a-Ii-té),  s.  f.  Terme 
d'administration.  Qualité  de  ce  qui  est  domanial, 
de  ce  qui  fait  partie  du  domaine. 

—  ÉTYM.  Domanial. 

t  DOMANIER  (do-ma-ni-é),  s.  m.  ||  1°  Ancienne- 
ment, employé  de  l'administration  des  domaines. 
Le  domanier  leur  avait  prouvé  généreusement  qu'elles 
n'avaient  pas  assez  estimé  leur  héritage,  volt. 
l'Homme  aux  40  écus,  Audience.  ||  2°  Celui  qui 
prend  une  tenure  à  domaine  congéable.  ||  S"  Adj.  Qui 
concerne  le  domaine.  Droits  et  exploits  domaniers. 

—  ÉTYM.  Bas-latin,  domarierius,  de  domanium 
(voy.  domaine). 

t  DOMANITE  (do-ma-nif),  s.  f.  Terme  de  miné- 
ralogie. Schiste  bitumineux. 

f  DOMBEY  (don-bè),  s.  m.  Nom  d'un  bœuf  sau- 
vage qui  appartient  au  groupe  des  bonases. 

t  DOMBÉYE  (dom-bè-ye),  s.  f.  Plante  exotique, 
ainsi  dite  de  Dombey,  naturaliste  célèbre. 

DÔME  (d&-m'),  s.  m.  \\  1"  Terme  d'architec- 
ture. Construction  en  forme  de  demi-sphère  creuse 
surmontant  un  grand  édifice.  Le  dôme  de  St-Pierre 
à  Rome.  Le  dôme  du  Val-de-Grâce.  Le  dôme  du 
Panthéon.  Philander  et  Barbare  croient  que  tho- 
lus  est  ce  que  nous  appelons  la  lanterne  d'un 
dôme,  PERRAULT,  Vilruve,  iv,  7,  en  note,  à  la 
fin.  Il  Dôme  à  pans,  dôme  dont  le  plan  est  poly- 
gonal. Dôme  surbaissé,  celui  qui  forme  une  por- 
tion de  spliéroïde  aplati.  Dôme  surmonté,  celui 
qui  forme  une  portion  de  sphéroïde  allongé.  ||  Par 
extension,  voûte.  L'antique  alléluia  de  Jacob  fait 
retentir  le  dôme  des  églises,  ciiateaub.  Génie,  i,  i, 
7.  C'est  la  religion  qui  fait  gémir,  au  milieu  de 
la  nuit,  la  vestale  sous  ses  dômes  tranquilles,  ID. 
ib.  III,  I,  t.  Il  2°  Par  analogie.  Dôme  de  verdure, 
voûte  de  feuillage.  Les  dômes  des  forêts  que  les 
brises  agitent.  Bercent  le  frais  et  l'ombre  et  les 
chœurs  des  oiseaux,  lamart.  llarm.  ii,  6.  ||  Le 
dôme  des  cieux,  la  voûte  céleste.  Oh!  que  tes  cieux 
sont  grands  et  que  l'esprit  de  l'homme  Plie  et  tombe 
de  haut,  mon  Dieu!  quand  il  te  nomme.  Quand, 
descendant  du  dôme  où  s'égaraient  ses  yeux ,  Atome , 
il  se  mesure  à  l'infini  des  cieux!  lamart.  llarm.  ii, 
4.  Il  3°  Nom  que  l'on  donne,  en  plusieurs  villes  d'I- 
talie et  d'Allemagne,  à  l'église  principale,  que  cette 
église  ait  ou  non  une  coupole.  Le  dôme  de  Milan. 
Il  4°  Terme  de  marine.  Sorte  de  grand  capuchon  de 
planches  qui  couvre  l'escalier  par  où  on  descend  du 
gaillard  d'arrière  sur  le  pont.  ||  B°  Partie  supérieure 
du  fourneau  à  réverbère.  ||  Réceptacle  métallique 
d'une  chaudière  tubulaire,  dans  lequel  le  conduit  à 
vapeur  prend  son  origine.  1|  Couverture  d'une  cas- 
solette ,  d'un  encensoir. 

—  HiST.  xv  s.  Comme  il  [Charles  VIII]  appro- 
choit  de  la  ville  de  Pavie ,  ceux  du  clergé  lui  vin- 
rent au  devant  en  fort  honorable  procession,  et  en 
ceste  manière  il  fut  conduit  jusquesù.  la  grant  église 
appellée  le  dôme,  P.  desrey,  Voy.  de  Charles  Vlll 
à  Ifaples,  p.  201,  dans  lacurne.  |1  xvi°  s.  L'église 
de  St  Laurent  qui  est  le  grand  domme  de  Gènes,  J. 
d'auton,  Ann.  de  Louis  XII,  p.  t02,  dans  lacurne. 
Le  dosme  sur  la  couverture,  portant  la  principale 
fenesire  pour  entrée  et  issue  aux  pigeons,  ensemble 
les  nids  seront  disposés  comme  sera  monstre,  o.  de 

SERRES,    384. 

—  ÉTYM.  Lat.  doma,  domatis,  maison,  église, 
qui  se  trouve  dans  saint  Jérôme,  et  qui  vient  du 
grec  ôû|j.a, maison.  L'ital.duomo,  d'après Diez,  vient 
du  latin  domus  Dt't,  maison  de  Dieu;  mais  pourquoi 
séparer  duomo  de  domo,  et  le  rattacher  à  domus? 

DOMEKIE  (do-me-rie)  ».  {.  Espèce  de  bénéfice 
ecclésiastique  dont  le  possesseur  porte  le  titre  de 
dom.  M.  de  Noailles  avait  été  quinze  ans  à  Cliâlons 
[évêque],  et  il  avait  la  domerie  d'Aubrac,  abbaye 
sous  un  titre  particulier,  st-sim.  32,  m. 

—  ÉTYM.  Dom,  titre  d'abbé. 

t  DOMESTICATION  (do-mè-sti-ka-sion),  j.  [. 
Action  de  domestiquer.  Dans  ces  derniers  temps  on 
a  tenté  la  domestication  d'espèces  restées  sauvages 
jusqu'à  présent.  La  domestication  est  distincte  de 
l'acclimatement  et  de  la  naturalisation  qui  la  précè- 
dent toujours. 

—  ÉTYM.  Domestiquer, 


DOM 

DOMESTICITÉ  (do-mè-sti-si-té) ,  ».  f.  \\l'  Condi- 
tion d'une  personne  qui  est  au  service  d'une  autre, 
La  domesticité  a  remplacé  l'esclavage.  ||  Collective- 
ment, l'ensemble  des  domestiques  d'une  maison.  La 
chère  Suzanne,  chargée  de  toute  la  confiance,  sera 
notre  surintendante,  commandera  la  domesticité, 
BF.AUMARCH.  Ifcre  coup.  I,  4.  Il  2°  État  de  dépen- 
dance, de  servitude,  dans  lequel  vivent,  relative- 
ment à  l'homme,  les  animaux  qu'il  entretient  et 
modifie  pour  ses  besoins  ou  ses  plaisirs.  La  domes- 
ticité est  un  effet  de  l'instinct  sociable.  Je  ferai 
connaître  jusqu'où  ces  variétés  [dans  les  animaux] 
peuvent  aller,  soit  par  l'influence  du  temps,  soit 
par  celle  du  climat,  soit  enfin  par  celle  de  la  do- 
mesticité, cuviEH,  Rivol.  p.  (t. 

—  ÉTYM.  Domestique. 

DO.MESTI0UE  (do-mè-sti-k'),  adj.  \\  l'  Qui  appar- 
tient à  la  maison ,  à  l'intérieur  de  la  famille.  Ser- 
vices domestiques.  Des  soins  domestiques.  L'hygiène 
domestique.  Les  vertus  domestiques.  Moi,  sans  con- 
sidérer aucun  nœud  domestique,  CORN.  Othon,  m, 
3.  Pleurons  dans  la  maison  nos  malheurs  domes- 
tiques, ID.  7/or.  IV,  7.  On  pleure  injustement  des 
pertes  domestiques,  Quand  on  en  voit  sortir  des  vic- 
toires publiques,  ID.  ib.  IV,  S.  Et  lorsqu'on  dissimule 

un  crime  domestique,   id.  Poly.  m,  6 Nous 

connaissons  des  personnes  de  condition  qui  ont 
appréhendé  des  morts  domestiques  que  Dieu  a  peut- 
être  détournées  à  leur  prière,  qui  ont  été  cause  ou 
occasion  de  tant  de  misères  qu'il  serait  à  souhaiter 
qu'ils  n'eussent  pas  été  exaucés,  pasc.  Lett.  <7  oct. 
t65t.  La  vertu  De  tout  exemple  domestique  Est 
universelle  et  s'applique  En  bien,  en  mal,  en  tout; 
fait  des  sages,  des  sots.  Beaucoup  plus  de  ceux- 
ci....  LA  FONT.  Fabl.  xji,  iO.  i  quelle  espèce  de  sei 
devoirs,  publics  ou  particuliers,  de  religion  ou 
domestiques,  a-t-elle  manqué?  fléch.  Jfane-CiA', 
Un  coup  imprévu  de  tempête  civile  et  domestique 
jette  sur  des  bords  étrangers  cette  princesse  infortu- 
née qui  l'honorait  de  sa  bienveillance,  id.  Mme  d'Ai- 
guillon. N'est-ce  pas  elles  [les  filles]  qui  soutiennent 
les  maisons,  qui  règlent  tout  le  détail  des  choses  do- 
mestiques? FÉN.  Educ.  Filles,  ch.  i.  Le  chien  est 
le  seul  animal  dont  la  fidélité  soit  à  l'épreuve;  le 
seul  qui  entende  son  nom  et  qui  reconnaisse  la  voix 
domestique,  buff.  C/it'en.  ||  Esprit  domestique,  ma- 
nière de  voir  et  de  sentir  qui  concentre  tout  dan» 
l'intérieur  de  la  maison.  Je  n'aime  pas  l'esprit  do- 
mestique, MARIVAUX,  Jeux  de  l'am.  et  du  hasard, 
i,  7.  Il  Chez  les  anciens,  les  dieux  domestiques,  les 
pénates,  et,  par  extension,  l'intérieur  de  la  de- 
meure. Les  autres  [assassinés]  dans  le  sein  de  leurs 
dieux  domestiques,  corn.  Ct'nna,  l,  3.  |1  Tribunal 
domestique,  tribunal  de  famille  qui  chez  les  Ro- 
mains jugeait  certains  crimes  domestiques.  Quand 
il  [Tibère]  voulut  punir  quelque  dame  romaine  au 
delà  de  la  peine  portée  par  la  loi  Julie,  il  rétablit 
contre  elle  le  tribunal  domestique,  mohtesq.  Esp. 
vil,  <3.  Il  2°  Qui  a  rapport  au  ménage.  L'économie 
domestique.  ||  3°  Il  se  dit  par  opposition  à  étranger. 
Les  troubles  domestiques  de  la  France.  ||  Fig.  Qu'elle 
ne  demeure  pas  en  terre,  qu'elle  est  domestique  du 
ciel,  qu'elle  loge  dans  le  sein  de  Dieu,  pasc.  dans 
COUSIN.  Il  Substantivement  et  vieux  en  cet  emploi.  Et 
les  étrangers  ont  démenti  l'histoire  que  les  domesti- 
ques avaient  publiée,  balz.  le  Prince,  ch.  v.  ||  4°  Qui 
appartient  à  l'individu  même,  par  opposition  à  ce 
qui  lui  est  étranger.  Nous  nous  étonnons  quelquefois 
que  les  Pères  de  l'Église,  faisant  le  portrait  d'une 
conscience  déréglée,  nous  la  dépeignent  comme  un 
bourreau  domestique  qui  tourmente  le  pécheur, 
boubdal.  9'  dim  après  la  Pentec.  Dominic.  t.  m, 
p.  464.  En  me  défendant  de  ces  ennemis  domesti- 
ques [les  passions]  qui  sont  nés  avec  moi  et  dans 
moi  et  qui  conspirent  à  me  détourner  de  la  sainte 
résolution  que  j'ai  formée,  id.  Pensées,  t.  i,  p.  4)5. 
||5«  État  domestique,  état  d'une  personne  qui  sert 
moyennant  des  g.iges.  |1  S"  En  parlant  des  animaux , 
il  se  dit  par  opposition  à  sauvage,  lin  animal  do- 
mestique. Un  animal  à  l'état  domestique.  1|  7'  S.  m. 
et  f.  Personne  payée  pour  le  service  de  la  maison. 
Un  domestique  actif.  Une  bonne  domestique.  Les 
gages  des  domestiques.  Heureux  de  ne  devoir  à  pas 
un  domestique  Le  plaisir  ou  le  gré  des  soins  qu'il» 
se  rendaient,  la  font.  Phil.  et  Bauc.  Par  un  seul 
dome-stique  on  est  bien  mieux  setvi,  collin  d'har- 
LEV.  Optim.  IV,  5.  Il  8°  S.  m.  Anciennement  il  s« 
disait  des  individus  attachés  à  une  grande  maison, 
même  quand  ils  étaient  gentilshommes  et  que  l'em- 
ploi était  important.  Pour  toute  réplique  Failes-eo 
faire  essai  par  quelque  domestique,  corn.  Rodog, 
v  4.  N'appréhendez-vous  point  que  tous  vos  do- 
mestiques Ne  soient  déjà  gagnés  par  mes  sourdes 


DOM 


DOM 


DOM 


1211 


pratiques?  corn.  Nicom.  v,  7.  Peut-être  en  domes- 
tique est-il  auprès  de  moi,  id.  Suréna,   ii,  2.  Sus- 
pendez votre  douleur,  fidèles  domestiques  de  cette 
princesse,  fléch.  Marie-Thir.  J'ai  découvert  au  roi 
\         les  sanglantes  pratiques  Que  formaient  contre  lui 
deux  ingrats  domestiques,  rac.  Esf/i.  i,l.  Louis  XI  : 
On  dit  que  vous  avez  écrit  mon  histoire.  —  Com- 
mines  :  Il  est  vrai,  et  j'ai  parlé  en  bon  domestique, 
j        FÉN.  t.  XIX,  p.  307.  Un  domestique  d'un  grand  sei- 
!        gneur  employa   l'intercession   de  M.  le  dauphin, 
'        j'entends  de   celui  qui   mourut  en  <7U,  pour  se 
faire  nommer  à  une  place  vacante,  d'olivet,  Ilist. 
Aead.  t.  n,  p.  33,  dans  pougf.ns.  Les  détails  de  la 
fondation  d'une  ville  leur  plaisent  moins  [aux  es- 
prits  superficiels]    que   la   témérité  d'un   homme 
!        [Charles  XII]  qui  brave  dix  mille  Turcs  avec  ses  seuls 
1        domestiques,  volt.  l'Homme  aux  40  écus,  Un  ion 
\        souper.  \\Le   grand  domestique,  titre  d'un  officier 
[        de  la  cour  de  Constantinople,  dans  le  Bas-Empire. 
'        Il  9°  Terme  collectif.  Les  gens  de  service.  Un  nom- 
1        breux  domestique.  Ses  équipages  [de  Monseigneur] 
et  son  domestique  étaient  à  leurs  ordres  [de  Mlle  de 
Lislehonne  et  de  Mme  d'Épinay],  st-sim.  96,  15. 
Il  10»  L'intérieur  d'un  ménage.  Qu'il  les  admette 
jusque  dans  son  domestique ,  la  bruy.  xi.  Ils  entrent 
dans  les  plus  petits  détails  du  domestique,  m.  Théo- 
phr.  IV.   Point  de  hauteur;  soyez  ferme  et  douce 
dans  votre  domestique,  maintenon,  Lelt.  Mmed'Ila- 
vrincourt,   24  févr.  t705.  Ces  personnes  qui,  ren- 
fermées dans  un    domestique  frugal  et  mal   aisé..., 
MASS.  Carême,  Jeûne.  L'humeur  et  la  hauteur  dans 
un  domestique,  m.  Car.  Culte.  Elle  répand  sur  tout 
son  domestique  un  air  de  licence,  m.  Pet.  carême, 
Vices.  Il  [Plutarque]   eut  la  joie  de  trouver,  dans 
son  domestique  et  dans  l'intérieur  de  sa   famille, 
toute  la  paix  et  la  satisfaction  qu'il  pouvait  désirer, 
ROLLiN,  IHst.  anc.  liv.  xxv,  ch.  îi,  art.  i,  §  2. 

—  REM.  Domestique,  adjectif,  avec  la  préposition 
de,  a  été  employé  par  Pascal;  cela  peut  très-bien 
s'imiter;  c'est  d'ailleurs  un  archaïsme;  Calvin  a  em- 
ployé cette  construction  (voy.  l'historique). 

—  HlST.  xm"  s.  Ou  vergier  ot  arbres  domesches, 
Qui  chargoient  et  coins  et  pesches,  Chastaignes, 
nois,  pommes  et  poires,  la  Rose,  <365.  ||  xiv"  s.  Ce 
mesmes  est-il  des  bestessauvaiges,  desdommesches, 
voire  des  bestes  champestres,  Ménagier,  i,  6.  Quant 
aux  chamberieres  et  varlets  d'ostel  que  l'en  dit  do- 
mestiques.... ib.  n,  3.  Pensez  des  autres  oiseaulx 
domesches,  car  ils  ne  pevent  parler,  ib.  ||  xV  s. 
Yvre  valet  et  enragié  qui  tue.  Et  ennemi  privé  et 
domestique,  eust.  desch.  Poésies  mss.  f"  3i4,  dans 
LACDRNE,  au  mot  lunatique.  Brebis,  beufs,  les  oi- 
seaulx volans,  tout  bestail  domesche  et  sauvaige, 
ib.  f"  470.  Hz  regardèrent  avant  au  parfond  de  la 
praerie,  et  veirent  qu'il  y  avoit  vaches  domestes, 
Pcrceforest,  t.  ii,  f»t.||xvi"s.  Un  domestique  de 
feu  mon  père,  mont,  i,  too.  Il  y  a  une  voye  com- 
mune aux  payons  et  aux  domestiques  de  l'Eglise 
pour  cercher  Dieu,  calv.  Instit.  < 8.  Il  y  a  abon- 
dcnce  d'hommes  que  les  guerres  domestiques  ont 
grandement  exercitez  aux  armes,  langue,  402. 
H.  de  Scorbiac,  le  capitaine  Portai,  ung  de  mes 
subjectz  et  serviteur  dome.stique,  est  appelant  en 
vostre  compagnye  d'une  sentence  que  ses  parties 
ont  obtenue  contre  luy.  Lettres  de  Henri  IV,  t.  i, 
p.  300.  Femme  vefve  qui  se  remarie  avec  son  do- 
mesticque  ordinaire  [valet]  perd  son  douaire,  Cou- 
tumier  yt'.'  ■'-■".  t.  n,  p.  782.  Il  est  fils  du  grand 
marquis  Vivian  nostre  ami  domestique,  Nuits  de 
Straparole,  t.  i,  p.  205,  dans  lacrune. 

—  Etym.  Provenç.  domesgue,  dometgue,  domes- 
tic,  domestegue ;  oatal.  domestic;  espagn.  et  ital. 
domestico.  Le  latin  domesticus  ayant  l'accent  sur 
mes,  la  forme  régulière  et  primitive  est  domesche  i 
on  a  commencé  au  xiV  siècle  à  la  remplacer  par 
domestique,  calqué  sur  le  latin;  puis  domesche  est 
tombé  dans  l'oubli. 

t  DOMESTIQUÉ,  ÉE  (do-mè-sti-ké,  kée),  part, 
passé.  Amené  à  l'état  domestique.  Les  animaux  do- 
mestiqués. 

DOMESTIQUEMENT  (do-mè-sti-ke-man) ,  adv.  En 
qualité  de  domestique,  à  la  manière  d'un  domes- 
tique. Servir  quelqu'un  domestiquement.  ||  Dans  la 
familiarité.  Il  vit  domestiquement  avec  nous. 

—  HlST.  XVI*  s.  Un  gentilhomme  qui  estoit  do- 
mestiquement à  son  service,  carl.  i,  33.  Hantant 
avec  luy  fort  privéement  et  domestiquement,  Mém. 
du  Bell.  liv.  iv,  f"  tl4,  dans  lacoene. 

—  ÉTYM.  Domestique,  et  le  suffixe  ment;  pro- 
venç. dumestgamen. 

t'HOMESTIQUER  (do-mè-sli-ké),  v.  a.  Rendre 
domestique  un  animal  sauvage.  |j  Sa  domestiquer, 
».  rifl.  Tel  animal  se  domestiqua  difficilement. 


—  HIST.  xvi*  S.  Oyseaulx  tant  bien  faictî  et  do- 
mestiquez, que,  partans  du  chasteau  pour  s'esbat- 
fre  es  champz,  prenoient  tout  ce  que  rencontroicnt, 
rab.  Garg.  i,  65.  Nous  ajouterons  le  ris,  afin  qu'-în 
le  domestiquant  chez  nous,  en  puissions  estre  ac- 
commodés, 0.  DE  serres,  4)9.  Parquoy  il  uous  faut 
tenir  fermes  et  ne  nous  laisser  pipper  aux  escrits  et 
persuasions  de  ceux  qui,  après  avoir  fardé  et  desgui.sé 
l'impiété,  la  veulent  domestiquer  avec  nous,  qui  la 
devons  chasser  comme  un  horrible  monstre,  langue, 
t37  Ce  sont  ici  les  premiers  propos  qu'ils  sèment, 
et  après  qu'on  s'est  plus  domestiqué  avec  eux,  ils 
descouvrent  davantage  les  secrets  qu'ils  n'osent  pas 
si  tost  mettre  en  évidence,  id.  boi.  Il  [un  chien]  se 
domestiquera  avec  les  autres,  et  apprendra  h  aller 
au  couple,  salnove,  Vénerie,  p.  264,  dans  lacurne. 

—  ÉTtM.  Domestique;  provenç.  domesgar,  do- 
mesjar.  Ce  mot,  qu'on  a  donné  souvent  comme  un 
néologisme,  remonte  au  xvi*  siècle. 

t  DOMICELLE  (do-mi-sè-l'),  s.  m.  Espèce  de  per- 
roquet. 

DOMICILE  (do-mi-si-F),  s.  m.  ||  t°  L'habitation 
fixe  ou  la  plus  ordinaire  de  quelqu'un.  Il  a  établi, 
fixé  son  domicile  h  Paris.  Violation  de  domicile. 
Entretenir  de  ses  richesses,  de  ses  revenus  et  de 
ses  ameublements  un  homme  qui  n'a  ni  rentes  ni 
domicile,  la  bruy.  v.  ||  En  termes  de  droit,  le  lieu 
où  la  personne  est  présumée  être  quant  à  l'exer- 
cice de  ses  droits  et  à  l'accomplissement  de  ses 
fonctions.  Le  domicile  est  au  lieu  du  principal  éta- 
blissement. Code  civil,  art.  t04.  ||  Domicile  d'ori- 
gine, celui  du  père  et  de  la  mère  d'une  personne. 
Il  Domicile  de  secours,  lieu  où  l'homme  nécessi- 
teux a  droit  aux  secours  publics.  ||  Domicile  élu, 
par  opposition  à  domicile  réel,  celui  qui  est  indiqué 
pour  l'accomplissement  d'un  acte  juridique.  ||  Do- 
micile politique,  le  lieu  où  l'on  exerce  ses  droits 
politiqjies.  Le  domicile  politique  de  tout  Français 
est  dans  le  département  où  il  a  son  domicile  réel; 
néanmoins  il  pourra  le  transférer....  Loi  électorale 
du  5  février  <8(7.  ||  Élection  de  domicile,  déclara- 
lion  faite  que  l'on  choisit  tel  ou  tel  lieu  pour  y 
exercer  ses  droits  politiques,  pour  recevoir  toute  as- 
signation, etc.  Il  faudrait,  pour  détruire  ces  preuves, 
m'opposerun  acte  formel  d'élection  de  domicile  ail- 
leurs, p.  L.  CGDR.  Au  conseil  de  préf.  à  Tours.  ||  Dans 
le  langage  commun,  élire  domicile,  se  fixer  en  quel- 
que lieu Je  crois  qu'en  cette  ville  Le  diable  a  pour 

jamais  élu  son  domicile,  regn'Ard,  Ménech.  ii,  2. 
Depuis  le  donjon  de  Vincennes  et  les  différents  farts 
du  royaume  où  je  n'avais  pas  élu  domicile,  mais  où 
j'ai  été  arrêté  pour  différents  motifs....  Mirabeau, 
Collection,  t.  iv,  p.  tes.  ||  X.  domicile,  loc.  adv. 
Dans  la  demeure  même.  Bains  à  domicile.  Secours 
à  domicile.  Exploit  signifié  à  domicile.  ||  2°  Terme 
d'astrologie.  Signe  du  zodiaque  dans  lequel  on  dit 
qu'une  planète  a  plus  de  puissance  qu'ailleurs.  Le 
soleil,  étantau  Lion,  est  dans  son  domicile. 

—  HIST.  XIV"  s.  Si  fut  tenu  en  la  prinson  Long- 
temps sans  cause,  sans  raeson.  Et  print  l'en  ses 
chasteaux  et  villes.  Ses  forteresses,  ses  domicilies, 

Liv.  du  bo7i  Jehan,  189,  192.  ||xvi«  s Est  tenu 

d'y  élire  domicile,  loysel,  896.  Le  domicile  s'ac- 
quiert par  an  et  jour,  et  se  prend  au  lieu  où  l'on 
couche  et  levé,  au  jour  St  Rémi,  id.  911. 

—  ÉTYM.  Provenç.  domicili;  espagn.  et  ital.  do- 
micilio;  du  latin  domicilium,  de  domus,  maison. 

DOMICILIAIRE  (do-mi-si-li-ê-r') ,  adj.  Qui  con- 
cerne le  domicile.  Visite  domiciliaire,  descente  faite 
par  autorité  de  justice  au  domicile  de  quelqu'un. 

—  HIST.  xvi"  s.  Le  seigneur  peut  faire  arrester  les 
fruicts  de  la  terre  estant  en  son  fief,  qui  lui  doit  re- 
devance jusques  à  plege  de  droict,  quand  le  déten- 
teur n'est  domiciliaire  [domicilié]  ne  estager  du  dit 
seigneur,  Coutumier  génér.  t.  ii,  p.  762. 

—  ÉTYM.  Domicile. 

DOMICILIÉ,  ÉE  (do-mi-si-li-é,  ée),  part,  passé. 
Qui  a  une  demeure  fixe.  Il  est  domicilié  dans  telle 
commune.  Si  je  me  présentais  pour  voter  à  Paris 
où  on  me  dit  domicilié,  p.  l.  cour.  Au  conseil  de 
préfect.  à  Tours.  Il  était  domicilié  dans  Rome,  pa- 
TRU,  Oraison  pour  Archias,  dans  richelet.  ||  Par 
extension,  en  parlant  des  animaux.  Le  renard  sait 
se  mettre  en  sûreté,  en  se  pratiquant  un  asile  où 
il  s'établit,  où  il  élève  ses  petits;  il  n'est  point  ani- 
mal vagabond,  mais  animal  domicihé,  euff.  Re- 
nard. Les  singes,  habitants  domiciliés  de  ces  forêts, 
se  jouent  dans  leurs  sombres  rameaux,  bern.  de 
s. -p.  P.  et  Virg.  \\  Terme  de  pêche.  Poissons  domi- 
ciliés, poissons  qui  se  trouvent  toute  l'année  sur  les 
mêmes  côtes.  ||  S.  m.  Terme  d'antiquité  grecque. 
S  Athènes,  les  domiciliéa  [niTomoi],  étrangers  éta- 
blit dans  ta  ville,  tant  on  être  cltoïnnit, 


DOMICILIER  (SE)  (do-mi-si-li-é),  je  me  domici- 
liais, doraioihions,  domiciliiez; que  je  me  domicilie  ; 
domiciliions,  domiciliiez,  v.  réfl.  Établir,  fixer  sou 
domicile. 

—  ÉTYM.  Domicile. 

t  DOMIFICATION  (do-mi-fi-ka-sion),  s.  f.  Terme 
d'astrologie.  Action  de  domifier. 

—  HlST.  XVI"  s.  Les  enchantements,  le  commerce 
des  esprits  des  trespassés,  les  prognostications,  les 
domifications,  mont,  n,  315, 

—  ÉTYM.  Domifier. 

t  DOMIFIER  (do-mi-fi-é) ,  v.  a.  Terme  d'astrolo- 
gie judiciaire.  Diviser  le  ciel  en  douze  parties,  qui 
s'appellent  maisons,  pour  dresser  un  horoscope. 

—  ÉTYM.  Lat.  fictif,  domificare,  de  domus,  mai- 
son, et  du  suffixe  ficare. 

t  DOMINANCE  (do-mi-nan-s') ,  s.  /.  Qualité,  ca- 
ractère de  ce  qui  est  dominant.  Le  but  d'Hippo- 
crate  était  d'observer  les  maladies,  de  voir  s'il  ne 
serait  pas  possible  de  trouver  la  raison  de  leur  do- 
minance  et  de  leurs  retours  dans  les  circonstances 
de  l'exposition  du  sol,  de  l'état  de  l'air,  cabanis, 
dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  Dominant. 

DOMINANT,  ANTE  (do-mi-nan,  ran-t'),  adj. 
Il  1°  En  parlant  des  cho.ses,  qui  domine,  qui  pré- 
vaut. Goût  dominant.  Passion  dominante.  Comme 
elle  [la  passion  du  trône]  est  la  première,  elle  est 
la  dominante,  corn.  Tite  et  Bér.  i,  2.  Je  veux,  je 
tâche  en  vain  d'éviter  par  la  fuite  Ce  charme  domi- 
nant qui  marche  à  votre  suite,  m.  Attila,  m,  2. 
Vous  savez,  me  dit- il,  que  la  passion  dominante  des 
personnes  de  cette  condition  [les  gentilshommes] 
est  ce  point  d'honneur  qui  les  engage  à  toute  heure 
à  des  violences,  pasc.  Prov.  7.  N'en  doutons  pas, 
chrétiens:  Dieu  a  préparé  dans  son  conseil  éternel 
les  premières  familles  qui  sont  la  source  des  nations, 
et,  dans  toutes  les  nations,  les  qualités  dominantes 
qui  devaient  en  faire  la  fortune,  Boss.  Marie-Thér. 
L'inclination  dominante  de  notre  ame,  mass.  Ca- 
rême, Culte.  Il  l'aimait  trop  pour  que  l'aventure 
des  diamants  eût  fait  sur  son  cœur  une  impression 
dominante,  vglt.  l'Ingénu,  19.  ||  Religion  domi- 
nante, religion  qui  domine  dans  un  pays  et  qui  est 
celle  de  l'État.  {|  2°  En  parlant  des  personnes,  qui 
domine,  qui  eierefe  l'autorité.  Cet  ordre  et  cette 
suite  si  scrupuleuse  sont  peu  dignes  de  la  liberté 
de  l'esprit  de  Dieu  [dans  les  psaumes],  sont  des 
marques  de  contrainte  et  de  servitude,  sont  des 
chaînes  et  des  fers  que  brise  et  met  en  pièces, 
du  premier  coup,  cet  esprit  dominant  et  souverain, 
BAi.z.  Socr.  ehrét.  Disc.  7.  Un  grand  nombre  de 
villes  obtenaient  pour  leurs  concitoyens  le  droit  de 
citoyens  romains,  et,  unies  par  leur  intérêt  au  peu- 
ple dominant,  elles  tenaient  dans  le  devoir  les  villes 
voisines,  boss.  Hist.  m,  6.  Il  est  le  seigneur  domi- 
nant de  tout  le  quartier,  la  bruy.  vi.  L'esprit  do- 
minant assujettit  les  autres  à  son  tribunal,  vauven. 
Max.  281.  Malheur  à  la  réputation  du  prince  qui 
est  opprimé  par  un  parti  qui  devient  le  dominant, 
montesq.  Rom.  1. 1|  3°  Terme  de  droit  féodal.  Un  fief 
dominant,  un  fief  qui  avait  sous  lui  d'autres  fiefs. 
On  dit  dans  le  même  sens  seigneur  dominant. 
Il  4°  Terme  de  jurisprudence.  Fonds  dominant,  ce- 
lui en  faveur  duquel  est  établie  une  servitude,  pai 
opposition  à  fonds  servant,  celui  qu'elle  frappe. 
Il  5°  Terme  de  grammaire.  Voix  ou  voyelle  domi- 
nante dans  une  diphlhongue,  celle  sur  laquelle  la 
voix  s'arrête.  Dans  le  mot  diable  il  y  a  la  diph- 
thongue  t'a,  où  l't  n'a  qu'un  son  très-fugitif;  o  est 
la  voix  dominante.  ||  6°  Les  cordeliers  nomment  père 
dominant,  dans  chacune  de  leurs  provinces,  un 
supérieur  principal,  dont  l'autorité  est  absolue  sur 
tous  les  autres.  |J  7°  Terme  de  minéralogie.  Forme 
dominante  d'un  cristal,  le  solide  géométrique  sim- 
ple auquel  on  peut  le  rapporter  en  ne  considérant 
que  les  faces  les  plus  étendues. 

DOMINANTE  (do-mi-nan-f) ,  s.  f.  ||  1°  Terme  de 
plain-cbant.  La  note  que  l'on  répète  le  plus  sou- 
vent à  quelque  degré  que  l'on  soit  de  la  finale. 
Chaque  ton  du  plain-cbant  a  sa  dominante  propre. 
Il  2°  Terme  de  musique  moderne.  La  cinquième 
note  au-dessus  de  la  tonique  ou  fondamentale. 
Il  Sous-dominante,  la  quatrième  note  au-dessus  de 
la  tonique.  ||  Accord  de  dominante,  celui  qui  se 
pratique  sur  la  dominante.  |1  8°  Terme  de  gram- 
maire. La  voyelle  principale  de  la  syllabe  ou  des 
deux  syllabes  dont  se  forme  une  rime. 

DOMINATEUR,  TRICE  (  do-mi-na-teur,  tri-s'), 
s.  m.  et  f.  Il  1°  Celai,  celle  qui  domine.  O  voyage 
bien  différent  de  celui  qu'elle  avait  fait  sur  la  même 
mer,  lorsque,  venant  prendre  possession  du  sceptre 
de  la  Grande-Bretagne,  elle  voyait,  pour  ainsi  dira. 


I 


Î2I2 


DOM 


DOM 


DOM 


les  ondes  se  courber  sous  elle  et  soumettre  toutes 
leurs  vagues  à  la  dominatrice  des  mers!  Boss.  Reine 
i'Anglel.  Il  sortira  de  Jacob  un  dominateur  qui  per- 
dra les  restes  de  la  cité,  saci,  Bible,  Nnmhr.  xxiv, 
*n.  Ces  brigands  sacrilèges,  Décent  peuples  vaincus 
dominateurs  cruels,  volt.  Taticr.  v,  t.   Ces  iiisu- 
l.iires  étaient  plus  robustes  et  plus  braves  que  leurs 
dominateurs,  id.  I.nuis  XV,  40.    Du  cœur   humain 
sombres  dominatrices,  C'est  vous  surtout,  fougui^u- 
ses  passions....  delu.le,  Conrers.  ii.  ||  Kig.  À  sa 
gauche  [d'une  redoute]  et  à  portée  de  son  feu,  un 
mamelon   s'élève   comme  le  dominateur  de  cette 
plaine,  il  est  couronné  d'une  redoute  formidable, 
SÉGUR,  //lit.  de  Napnl.  vu,  5.  ||  Terme  d'astrologie. 
Dominateur  ou  seigneur  dominant,  nom  donné  à 
l'astre  qui  a  le  plus  de  degrés  de  puissance  dans  un 
horoscope.  ||  2"  Adj.  Un  esprit  dominateur.  Un  peu- 
ple dominateur   peut   s'affranchir  de   tout   impôt, 
parce  qu'il  n'gne  sur  des  nations  sujetles,  montesq. 
Esp.  xm,  42. ■  Vais.5eau  dominateur  de  l'onde,  le- 
PBANC  DE  POMP.  Ode,  la  Poésie  chrétienne.  11  y  avait 
dans  Kené  quelque  chose  de  dominateur -qui  s'em- 
parait fortement  de  l'âme,  chateaub.  Natch.  il,  203. 
La  grande  armée  ron.>ierva   son  air  de  souveraine; 
vaincue   par   les   éléments,   elle   garda   devant   les 
hommes  ses  formes  victorieuses  et   dominatrices, 
SÉGUR,  Hist.  de  Napol.  xii,  5.  Le  candidat  à  la  dé- 
putailon   lança   dans   l'espace   par-dessus  ses    lu- 
nettes un  de  ces  regards  dominateurs  dont  il  croyait 
l'elTet    irrésistible,  en.   de  deknabd,  la   Cinquan- 
taine, §  I. 

—  HIST.  XVI'  S.  Que  la  doctrine  divine  tient  mieulx 
son  reug  à  part,  coname  royne  et  dominatrice,  mo.nt. 

I,  400. 

—  ÉTYM.  Lat.  dominalor,  de  dominari,  do- 
miner. 

■f  DOMINA  TIF,  IVE  (do-mi-na-tif,' ti-v'),  ad}. 
Oui  a  le  caractère  de  la  domination. 

—  HiST.  xiv  s.   Droit  dominatif,  oresme,  Thèse 

de  MEUNIER. 

—  ETYM.  Dominer. 

DOMINATION  (do-mi-na-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Autorité  qui,  acceptée  ou  non 
des  subordonnés,  s'exerce  pleinement  Esprit  de  do- 
mination. Secouer  une  dominalion  tyrannique.  La 
domination  de  l'âme  sur  le-corps.  La  flatterie  bénit 
les  dominations  injustes  et  fait  des  vœux  pour  la 
prospérité  des  méchants,  balz.  le  Prince,  v.  Il 
étendit  sa  dominalion  sur  la  .Syrie,  boss.  Ilisl.  i,  7. 
Que  sur  toute  tribu,  sur  toute  nation.  L'un  d'eux 
[lils  de  David)  établirait  sa  domination,  bac.  Athal. 
1,  t.  Des  hommes  impies  qui  méprisent  toute  domi- 
nalion, MASS.  Carême,  Vérité  de  la  ni.  Générale- 
ment parlant,  de  toutes  les  dominations  étrangères, 
aucune  ne  fut  jamais  moins  à  charge  que  celle  des 
Romains,  à  peine  leur  joug  se  faisait-il  sentir,  hol- 
LiN,  Ilisl.  anc.  Qùivres,  t.  ix,  p.  432,  dans  pou- 
gens.  Voilà  ce  qui  reste  d'une  vaste  domination,  un 
souvenir  obscur  et  vain!  voi-ney.  Ruines,  2.  Quel- 
que dure  que  fût  pour  mui  la  dominalion  de  ma 
belle-mère,  je  n'aurais  peut-être  jamais  eu  la  force 
de  changer  de  .«ilualion,  stael,  Corinne,  xiv,  3. 
Il  2°  Terme  de  théologie.  Les  dominations,  un  des 
ordres  de  la  hiérarchie  céleste,  qui  est  le  quatrième 
en  commençant  par  les  séiapliius.  Parmi  tant  de 
trônes,  d'ardeurs,  de  dominations,  nul  ne  se  senlit 
assez  de  force  pour  s'offrir  en  sacrifice,  cuatealb. 
Génie,  :,  v,  4. 

—  HIST.  XII*  S.  Le  tuen  règne,  règne  de  tuz  se- 
cles,  e  la  tue  dominaciun  en  Iule  generaciun  e  ge- 
neraciun.  Liber  psalm.  p.  225.  ||  xiv  s.  Concupi- 
scence aura  dominacion  et  seigneurie  par  dessus 
raison.  —  La  mutation  des  dominations  et  majeslez 
du  monde,  oresme.  Thèse  de  meunier.  Leurs  do- 
minations et  seigneuries  en  eu.ssent  plus  duré  et  en 
meilleur  estât,  id.  ib.  /'roi.  Ji\  jour  vous  n'en  are/,  la 
domination.  Se  par  force  n'avez  conquis  la  mansion, 
Cuescl.  5060.  Car  encor  revenrez  en  dominacion, 
Kt  de  vos  aiiemis  vous  prendrez  vengisoii,  ib.  8972. 
Sire,  che  dist  Madoines,  bien  croire  vous  doit-on;. 
Car  quant  un  chetis  vient  en  dominalion ,  Plus  d'or- 
geul  a  en  li^i  qu'en  un  prinche  de  non,  Baud.  de 
Seb.  xui,  6110.  Il  xvi'  s.  Or  esloit  la  dominalion  de 
ces  trois  personnages  qu'ilz  appelèrent  le  triumvi- 
rat, pour  beaucoup  de  causes  odieuse  et  haïe  des 
Uomaiiis,  amïot,  Anton.  24. 

—  Etym.  l'rovenç.  dominalion;  espagn.  domina- 
cion; iial.  dnminaiione;  du  latin  dominad'onem,  de 
dominari,  dominer. 

t  D().\UNE  (do-mi-n'),  s.  f.  Terme  de  minéralo- 
gie. Espèce  de  marn-î  pétrifiée  f.icile  à  polir,  que 
l'on  trouve  dans  une  rivière  de  l'Ile  d'Amboine. 

DOU'Mfi,  ËE  (do-mi-n4,  née),  pari.  patsé.\\  i'  Qui 


est  assujetti.  Un  mari  dominé  par  sa  femme.  ||  2°  Qui 
est  placé  au-dessous.  La  campagne  dominée  par  un 
donjon. 

JWMINKR  (do-mi-né),  v.  n.  ||  !•  Exercer  la  domi- 
nation. Celle  puissance  domine   sur  les  mers.  Les 
Francs n'admellent  [lointde  femme  à  dominer,  corn. 
Allila,  I,  2,  Les  hommes  veulent  être  esclaves  quel- 
que part  et  puiser  là  de  quoi  dominer  ailleurs,    la 
Biiuy.  viii.  L'Arabe  impérieux  domine  en  llalie,  volt. 
Tancr.  iv,  2.  Le  czar  partageait  avec  Charles  XII  la 
gloire  de  dominer  en  Pologne,    id.   Russie,  i,  14. 
Mais  on  veut  dominer  aussitôt  qu'on  est  libre,  sau- 
RiN,  Spartac.  v,  6.  ||  Dominer  sur.  Un  gueux  a  un 
chien  pour  avoir  un  êire  sur  qui  dominer,  saint- 
Foix,   Ess.   Ports,    Œuvres,   t.  iv,   p.   173,  dans 
pouGi-NS.   Le    hardi  Soliman   insolemment  domine 
Sur  les  fcniles  champs  couronnés  par  l'Etna,  vol- 
taire,   Tancr.  i,  t.  Le   Français  domine  surloutes 
les  régions,  pour  ce  qui  e.st  d'agrément  ou  de  ma- 
gnificence, et  son  art  de  plaire  est  un  des  secrels 
de   sa   fortune  et  de  sa  puissance,  raynal,   liist. 
phil.  XIX,  B.    Il    2°  Avoir  la  prépondérance,  préva- 
loir. Il  domine  au  conseil,  dans  la  compagnie.  De 
la  même  main  dont  ce  grand  liomme  [Kichelieu]  sa- 
pait les  fondements  de  la  monarchie  d'Espagne,  il  a 
daigné  jeter  ceux  de  votre  établissement,  et  con- 
fier à  vos  soins  la  pureté  d'une  langue  qu'il  voulait 
faire  entendre  et  dominer  par  toute  l'Europe,  coiiN. 
Disc,  derécept.  à  l'Acad.  Dieu  ne  veut  pas  d'un  cœur 
où  le   mon(ie   domine,  m.  Polt/.  l,  t.  Prince,  que 
voulez-vous  d'un  cœur  préoccupé  Sur  qui  domine 
encor  l'ingrat  qui  l'a  trompé?  ID.  Tois.  d'or,  ii,  6. 
Dominer  sur  la  nature,  pasc.  dans  cousin.  En  lais- 
sant dominer  les  sens,  boss.  Ilist.  ii,  il.  Deux  sortes 
de  gens  fleurissent  dans  les  cours,  et  y  dominent 
dans  divers  temps,  les  hbertins  et  les  hypocrites, 
LA  BRUY.  XVI.  Je  ne  sais  quoi   qui  la  met  [l'âme] 
au-dessus  des  craintes,  des  espérances,  de  la  répu- 
tation et  des  opprobres  et  de  tout  ce  qui  domine  sur 
la  conduite  du  reste  des  hommes,   mass.    Confér. 
Fuite.  Vos  lois  laissent  tout  à  l'aîné  et  rien  aux  ca- 
dels,  c'est  l'intérêt  qui  a  dicté  cette  loi  bizarre;  ap- 
paremment les  aînés  l'ont  faite,  ou  les  pères  ont 
voulu  que  les  aînés   dominassent,  volt.  Dial.  s. 
Il  3°  Êlre  le  plus  apparent,  avoir  le  plus  de  force, 
en  parlant  des  choses.  Cette  figure  domine  dans  le 
tableau.  Pour  moi  j'aime  surlout  que  le  poivre  do- 
mine, BOiL.  Sat.  m.  Cette  humilité  profonde  qui  do- 
mine si   fort  dans  son  caractère,  mass.  St  l'ranç. 
Il  4°  Dépasser  en  hauteur  ce  qui  environne.   Sa  tèle 
domine  au-dessus  de  la  foule.  Notebourg  était  une 
place  tri''s-forte ,  bâtie  dans  une  île  du  lac  Ladoga, 
et  qui,  dominant  sur  ce  lac,  rendait  son  possesseur 
maître  du  cours  de   la  Neva,  volt.   Ihis.ne,   i,   12. 
Il  5"  V.  a.  Tenir  en  domination,  maîtriser.  Les  am- 
bitieux n'ont  aucun  moyen  de  se  distinguer  ni  par 
leur  naissance,  ni  par  leur  grandeur,  ni  par  leur 
esprit,  puisque  la  mort,  qui  égale  tout,  les  domine 
de  tout  côlé  avec  tant  d'empire,  et  que,  d'une  main 
si  prompte  et  si  souveraine,  elle  renverse  les  têtes 
les  plus  respectées,  boss.  Duch.  d'Orl.  Vous  domi- 
nerez sur  plusieurs  nations,  et   nul  ne  vous  domi- 
nera, SACi,  Rible,  Deutéron.  xv,  (6.  ||  Use  dit  des 
cho-ses  qui  prennent  de  l'empire.  Je  ne  veux  point 
que  la  mauvaise  bonle  et  la  timidité  dominent  vo- 
tre cœur,  FÉN.  Tél.  xxiii.  La  mode  domine  les  pro- 
vinciales; mais  les  Parisiennes  dominent  la  mode 
et  la  savent   plier  chacune  à  son    avantage,  j.  J. 
ROUSS.  Ilél.  Il,  21.   Les  plus  grandes  contradictions 
que  le  czar  éprouva  quand  il  voulut  créer  un  em- 
pire et  former  des  hommes,  vinrent  de  sa  femuie; 
elle  était  dominée   par  la  superstition,  si    souvent 
attachée  à  son  sexe,  volt.  Russie,  ii,  lO,  ||  S'Avoir, 
par  sa  hauteur,  une  sorte  de  dominalion  sur  l'espace 
environnant.  Une  hauteur  qui  domine  le  cours  de 
la  rivière.  Ce  Grec  dont  l'œil  au  loin  observe  nuit  et 
jour  L'horizon  de  nos  mers  que  domine  la  tour,  le- 
MERC.  Agamemn.  i,  4.   ||  7°  Se  dominer,  ti.  réjl.  Se 
commander  à  soi-même.  En  cette   pénible  circon- 
stance il  sut  se  dominer. 

—  RE.M.  Pascal  a  dit  dominera,  pour  dominer 
sur  .-Qui  eût  dit  à  vos  généraux  [des  jésuites]  qu'un 
temps  élail  proche  où  ils  domineraient  en  mœurs 
à  l'Église  universelle?  pasc.  dans  coisiN.  C'est  un 
archaïsme  comme  on  peut  voir  dans  riiistorique. 

—  HIST.  xvi"  s.  Si  c'est  promesse,  où  en  est  l'ac- 
complissement, veu  que  Cain  a  esté  veinou  de  pé- 
ché, auquel  il  devoit  dominer?  CALVIN,  In.ilit.  245. 
Pour  monstrer  la  grande  convoitise  d'avoir  qui  do- 
minoil  en  luy,  on  allègue  deux  principaux  argu- 
mens,  amvot,  Crass.  2.  Sans  celte  hemoragie  il 
n'auroit  pu  se  moiigener  à  cause  du  sang  bouillant 
qui  le  dominoit  naturellement,  d'adb.  Vie,  xxvii. 


La  Tartarie  est  dominée  par  le  Cbam,  id.   Uisi 

I,  42. 

—  ÈTYM.  Lat.  dominari,  dominer,  dedomt'niit, 

seigneur  (voy.  dom). 

DOMINICAIN,  AINE  (do-mi-ni-kin,  liè-n').  s.  m. 
et  f.  Il  1°  Ileligieux.  religieuse  de  l'ordre  de  Saint-Do- 
minique; ordre  '|ui,  instiiué  en  (2i«  à  l'occasion  del» 
doctrine  des  Albigeois  que  ce  saint  comballit,  four- 
nit des  prédicaleurs  évangéliques  renonçMit  à  toii^ 
pour  s'appliquer  uniquement  à  cet  emploi  ;  d'où  iii 
ont  élé  nommés  aussi  frères  prêcheurs.  Cet  ordre 
suit  larègledeSaint-Augusiin  ;  l'habit  est  blanc  en 
laine;  pour  sortir,  les  dominicains  portent  un  man- 
teau noir.  Il  2°  Nom  d'une  espèce  du  genre  moineau 
(pyrgita  domittirana ,  cuv,). 

—  ÉTY.M.  Lat.  Dominicus,  saint  Dominique,  nom 
dérivé  de  dnminus  (voy.  dom). 

DOMINICAL,  ALE  (do-mi-ni-kal,  Ita-l'),  adj. 
||l°Oui  appartientauseigneiir.  Lesjoursdominicaur. 
L'oraison  dom  i  11  icale,  le  Pater.  Qu'est-ce  que  l'oraLson 
dominicale?  c'est  le  précis  de  toutes  les  deman- 
des que  nous  devons  faire  à  Dieu,  bourdal.  Pen- 
sées, t.  Il,  p.  5i.  Il  Lettre  dominicale,  ou,  substan- 
tivement, la  dominicale,  lettre  qui,  pendant  toute 
l'année,  est  le  signe  du  jour  du  mois  cù  tombe  le 
dimanche.  On  désigne  le  premier  jour  de  l'année 
par  la  lettre  A,  le  second  jour  par  13,  le  troisième 
jour  par  C,  et  ainsi  de  suite  jusqu'au  se|Jtième  qui 
est  désigné  par  G;  alors  on  recommence  par  la 
lettre  A,  qui  s'applique  au  huitième  jour;  puis  on 
continue  de  la  sorte  jusqu'à  la  fin  des  années  com- 
munes; de  celte  manière,  la  même  lettre  convient 
à  tous  les  mêmes  jours  de  la  semaine,  et  la  lettre 
dominicale  est  celle  qui  tombe  aux  dimanches. 
Il  2°  .S.  f.  Sermon  du  dimanche,  hors  de  Pavent  et 
du  carême.  Les  dominicales  de  Bourdaloue.  Prêcher 
la  dominicale  dans  une  église,  y  prêcher  tous  les 
dimanches  de  l'année.  ||  3°  S.  m.  Linge  sur  lequel 
les  femmes  recevaienl  le  corps  du  Seigneur,  ne  pou- 
vant le  recevoir  sur  les  mains  nues.  Il  Voile  dont  les 
femmes  se  couvraient  la  tête  en  allant  communier. 

—  HIST.  XVI"  s.  L'héritage  vendu  par  décret  ne 
peutestre  déchargé  de  cens  foncier  et  droit  seigneu- 
rial deu  sur  iceluy,  encore  que  le  seigneur  justi- 
cier ou  foncier  ne  soit  opposé  par  son  devoir  domi- 
nical [de  seigneur],  A'ouv.  coulum.  ginér.  t.  ii, 
p.  882. 

—ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  dominical;  ital.  domi- 
nicale ;àa\s[\ndomiriicalis,i\e  dominus  (voy.  dom). 

t  UO.MINICALIER  (io-mi  ni-ka-lié),  s.  m.  Prédi- 
caleur  qui  montait  en  chaire  tous  les  dimanches. 
Il  Inusité. 

—  ETY.M.  Dominical. 

DOMINO  (do-mi -no),  s.  m.  ||  1°  Espèce  de  robe 
que  les  prêtres  portaient  l'hiver  par-dessus  leur 
surplis,  qui  avait  une  pioce  de  drap  leur  couvrant 
la  tête,  et  qui  a  servi  de  premier  modèle  pourl'ha- 
bit  de  bal  et  de  mascarade  qui  porte  ce  nom  au- 
jourd'hui. Il  Capuchon  noir,  dit  plus  souvent  camail, 
que  les  ecclésiastiques  mettent  aux  offices  pendant 
l'hiver.  Il  2°  Costume  de  bal  masqué  ou  costumé  qui 
consiste  en  une  robe  avec  un  capuchon  ou  camail. 
Domino  noir.  Domino  rose.  J'ai  le  même  domina 
que  la  comtesse,  il  me  prend  pour  elle,  saurin, 
Mœurs  du  temps,  se.  <8.  ||  La  personne  qui  porte 
ce  costuma  Les  dominos  étaient  nombreux  à  ce  bal 
masqué.  Intriguer  un  domino.  Je  rîmarquai  un  do- 
mino rose.  Il  3»  Jeu  composé  de  vingt-huit  pièces 
plates  d'os  ou  d'ivoire,  recouvertes  d»-  juis  noir  en 
dessous  et  marquées  en  dessus  d'un  certain  nombre 
de  points  de  toutes  les  combinaisons  possibles  de- 
puis le  double  blanc  jusqu'au  double  six.  Placer  un 
domino,  le  mettre  à  côté  d'un  autre  déjà  placé,  et 
qui  a  sur  sa  moilié  libre  exactement  le  même  nom- 
bre de  points.  Faire  domino,  placer  son  dernier  do- 
mino, gagner  la  partie.  ||  On  dit  elliptiquement  do- 
mino pour  annoncer  que  l'on  fait  domino.  ||  4°  Fruit 
d'un  prunier  non  greffé,  ainsi  dit  à  cause  que  celle 
prune  est  noire.  ||  5"  Nom  d'une  espèce  d'oiseau  du 
genre  gros-bec  (coccothraustci  punclu'ata,  vieill.). 

ETYM.  Bas-laL  domt'no.  vêtement  de  tête  pour 

les  prêtres,  de  dominicale  dans  le  sens  de  coiffure 
qu'on  mettait  pour  aller  communier,  de  dominut, 
le  Seigneur,  l'eucharistie  (voy.  dom).  Le  jeu  a  été 
ainsi  nommé  à  cause  du  revêtement  noir  que  chaque 
dé  poite  en  dessous. 

DOMINOTKRIE  (  do-mi-no-te-rie),  t.  f.  Toutes 
sortes  de  papiers  imprimés  et  coloriés  servant  aux 
jeux,  tels  que  le  loto, l'oie,  etc.  Articles  Je  doaiino- 
lerie.  Dominoterie,  autrement  papier  peint,  le  cent 
pesant,  charge,  toile,  estimé  «6  livre»,  Déctar.  du 
roi,  nov.  t64u.  Tarif. 

—  ETYM.  Domino. 


DOM 


DOM 


DOM 


1213 


DOMISOTIER  (do-mi-no-tié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  les  donii-no-tié-z  et....),  s. 
m  II  1°  Marchand  ou  fabricant  de  dominolerie.  Il 
était  enjoint  aux  syndics  des  lil)raires  de  visiter  les 
aominoliers,  iniagers,  tapissiers,  afin  qu'ils  n'im- 
prima.ssent  aucune  peinture  dissolue,  FURETtÈnE, 
Dût.  Il  2°  Prunier  n.ui  greffe. 

—  HiST.  XVI"  S.  Clercz  de  grefTes,  dominotiers, 
palenoslriers  ...  hab.  Pronostication,  6. 

—  f.TYM.  Pomino. 

t  DOMITE  (do-mi-t'),  s.  f.  Terme  de  minéralo- 
gie. Roche  (variété  de  trachyte)  qui  forme  la  plus 
grande  partie  du  Puy-de-Dôme,  en  Auvergne. 

—  ÊTYM.  Dôme,  qui  se  trouve  dans  le  nom  du 
Puy-de-D(5me. 

DO.M.M.\C.E  (do-ma-j'),  ».  m.  ||  1"  Préjudice  ou 
dégât  causé  à  quelqu'un,  à  quelque  chose.  Réparer 
un  dommage.  Les  dommages  faits  par  la  grêle  sont 
grand.^.  El  ce  n'est  qu'à  dessein  de  pourvoir  aux 
dommages  Que  du  Vésuve  ardent  ont  causés  les  ra- 
vages, coiN.  Tileel  Bér.  iv,  I.  En  considérant  le  dom- 
mage que  l'Élat  en  recevrait,  pasc.  Prov.  13.  lion 
gentilhomme  et  qui,  dans  son  courroux.  N'avait  en- 
cor  tonné  que  sur  les  choux.  Plus  ne  savait  appor- 
ter de  dommage,  la  font.  Papef.  Tous  délais  y  font 
du  dommage,  in.  Nie.  ||  Perte.  Ils  mirent  en  commun 
le  gain  et  le  dommage,  la  font.  Fab.  I,  6.  jj  2°  Kig. 
X  son  dommage, c'est-à-dire  en  souffrant  un  mal,  un 
tort,  une  perle.  Ces  arrogants,  à  leur  dommage,  Ap- 
prendront un  autre  langage,  mal»,  vi,  8.  Croire  en 
voyant  son  visage  Que  le  ciel  l'ait  formé  si  heau  pour 
mon  dommage,  régnifr,  Èidg.i.  \\  3°  C'est  dom- 
mage, c'est  bien  dommage,  c'est  grand  dommage, 
quel  dommage!  manières  d'exprimer  ce  <|ue  cer- 
taines choses  ont  de  fâcheux,  de  regrettable.  C'est 
dommajieque  ce  livre-là  ait  été  condamné  à  Rome, 
PASC.  Prm.  4.  Rien  ne  resta  qu'une  ferme  au  pau- 
vre homme,  Et  peu  d'amis,  même  amis  Dieu  sait 
comme;  Le  plus  zélé  de  tous  se  contenta.  Comme 
chacun,  de  dire  :  c'est  dommage,  la  font.  Favc. 
C'eût  été  dommage  qu'elle  n'eùtpas  réii.ssi,  iiamilt. 
Gramm.  H.  Ménager  mourut  d'apoplexie  à  Paris, 
fort  riche,  sans  avoir  été  marié;  ce  fut  dommage, 
pour  sa  probité,  sa  modestie,  sa  capacité,  st-sim. 
357,  214.  Du  Héron,  dont  ce  fut  grand  dommage. 
fut  tué  avec  ."lO  officiers  et  4(io  ou  500  hommes,  ID. 
<20,  64.  C'est  bien  dommage  qu'elle  soit  devenue 
si  laide,  volt.  Candiiie,  27.  ||  Ironiquement,  c'est 
dommage,  c'est  vraiment  domm:ige.  Il  ne  m'accuse 
pas,  c'est  dommage.  ||  Dans  un  autre  sens  ironicjue 
et  par  une  sorte  de  défi.  C'est  dommage  qu'il  ne 
s'attaque  pas  à  moi,  je  l'en  ferais  repentir.  1|  C'e»t 
grand  dommage  que....  il  est  fort  à  legretter  que.... 
Et  tous  deux  ajoutèrent  :  c'eût  été  grand  dommage 
qu'il  eût  été  pendu,  volt.  Zatlig,  7.||  L'Académie, 
dans  ses  remari|ues  sur  Vaugelas,  ne  voulait  pas 
qu'on  dit  :  c'est  un  grand  dommage;  mais  cela  est 
trop  rigoureux.  C'était  un  grand  dommage  que  des 
hommes  si  religieux  ne  fu.ssent  pas  plus  éclairés  et 
ne  plaçassent  pas  mieux  leur  culte,  rollin,  llisl.  anc. 
Œuvres,  t.  vm,  p.  309,  dims  lacurne.  ||  4°  Terme 
(te  jurisprudence.  Dommages  et  intérêts,  ou  dom- 
mages-intérêts, somme  allouée  à  quelqu'un  pour 
l'indemniser  d'un  préjudice.  Demander  des  domma- 
ges-inléréts.  On  pouvait  après  la  condamnation 
payer  les  dommages  et  intérêts,  montesq.  Espr. 
VI,  m.  Il  Eu  dommage,  c'est-à-dire  en  causant  du 
dégâl.  Ce  bétail  a  éié  trouvé  en  dommage. 

—  nr.M.  1.  Après  c'est  dommage  que....  on  met 
le  subjonctif;  cependant  la  Fontaine  a  mis  l'indica- 
tif: C'est  dommage,  Garo,  que  tu  n'es  point  entré 
Au  consed  de  celui  que  proche  ton  curé,  Fabi.ix,  i. 
Cette  licence,  qui  ne  choque  ni  règle,  ni  analogie, 
peut  être  imitée.  |I2.  llest  dommage  que....  au  lieu 
de  c'est  dommage  que....  a  été  condamné  par  Mé- 
nage; cependant  ce  tour  est  correct,  et,  quoique  un 
peu  archaitpie,  pourrait  être  employé  eu  bonne  [ilace. 

—  IllST.  XI'  s.  Cil  à  qui  il  arrail  le  damage  fait, 
lois  de  GuiH.  5.  Kust  i  li  reis,  n'i  eussions  damage, 
Ch.  de  Ilol.  Lxxxv.  Moût  grant  domage  lui  est  apa- 
reût,  ib.  cl.  De  cens  de  France,  il  fuit  mult  grant 
damage,  ib.  ccxLix.  ||  xii'  s.  Grant  daumage,  itnnc. 
p.  14.  X  maint  amant  [ils]  ont  fait  ire  et  damage, 
Couri,  XIX.  Car  je  n'i  voi  mon  prou  ne  mon  do- 
maige,  olfsnf.s,  linmaniero,  p.  H5.  Noveles....  De 
due)  et  de  demage  et  de  confusion,  Sax.  xiv.  Bien  a 

creû  li  rois  conseil  île  son  damage,  ib.  xxvi Ce 

•eroit  trop  v-Iains  cens.  Qui  feroit  il'un  domage 
deus,  ciiestikks  DE  troies,  dans  holland,  p.  269. 
Il  XIII'  s.  Si  lor  avint  uns  grans  domages....'viLLEn. 
U.  Dont  ce  fu  moult  grant  damage,  quar  moult  es- 
toient  preudome  et  vaillant  durement,  id.  xxi.  Et 
aussi  n'entendons  noz  pas  que  le  baillix  doie  eslre 


trop  soufrans  en  cose  qui  porte  damace  ne  despil  à 
son  seigneur  ne  à  soi,  beaum.  to.  Por  ce  met  on 
serjans  à  ses  hestes  garder  que  elles  ne  voisent  en 
damace,  ne  en  forfot,  m.  xxix,  4.  Garder  de  dama- 
che,  ID.  70.  Grant  donmage  nous  firent  au  partir, 
de  ce  que  ils  boulèrent  le  feu  en  la  fonde  [bazar] , 
là  où  toutes  les  marchandises  estoient  et  tout  l'avoir 
de  poiz  [objets  qui  se  vendentau  poids],  joinv.  2io. 
Souspirant  pour  l'umain  lignage,  El  penssis.  [pen- 
sif] au  cruel  domage  Qui  de  jor  en  jor  i  avient,  RU- 
teb.  <00.  Il  xiv*  s.  Saufalant,  sauf  venant,  et  ces- 
sant voz  domaige,  Girart  de  Ross.  y.  (234.  ||  xv  s. 
Les  soudoyers  de  Cambrisis  eurent  congé  et  accord 
d'entrer  en  Hainaut,  et  d'y  faire  aucune  envaye  ou 
chevauchée  au  dommage  du  pays,  fhoiss.  i,i,  toc. 
Et  y  furent  morts  messire  Jean  de  Berlelle  et  plu- 
sieurs autres,  dont  ce  fut  dommage,  id.  ii,  ii,  2J5. 
Avoit  donné  sa  fille  en  mariage  au  fils  du  seigneur 
de  Croy,  long  temps  avoit,  et  disoit  y  avoir  dom- 
mage, COMM.  I,  2.  D'autres,  au  contraire,  qui  veoient 
brusler  et  destruyre  tout  le  pays,  voulurent  paix 
au  dommage  de  ce  que  ce  fust,  id.  ii,  3.  |{  xvi'  s. 
Et  à  nostre  esvident  dommage,  mont,  i,  99.  C'est 
dommage  que  les  gents  d'enteiulement  ayment  tant 
la  brierveté,  id.  i,  too.  Les  hommes  bien  souvent 
portent  plus  patiemment  un  dommage  qu'ilz  ne  font 
une  injure,  amvot,  Timol.  43.  Et  luy  escrivirent 
les  epiiores  qu'il  eust  à  marcher  incontinent  au 
dommage  des  Thebains,  id.  Agésil.  47.  Après  dom- 
maipe  chascun  est  saige,  génin,  llc'créat.  t.  Il, 
p.  234.  Dommage  suit  la  fausse  honte,  Leroux  de 
LINCY,   Pror.  t.  II,  p    2S9. 

—  ÉTYM.  Berry,  demage,  d'mage ;hoarg\ng.  dom- 
meige;  picard,  damage;  anc.  e^pagn.  domage.  Le 
provençal  damnalge,  dampnafjc.el  l'italien  dannag- 
g>o  viennent  d'une  forme  latine  fictive  damnaticum, 
dérivée  de  damnum,  lequel  a  donné  dam  (voy.  ce 
mol);  cela  n'est  pas  douteux.  Mais  le  français  offre 
plus  de  difficultés;  les  formes  anciennes  son  tdamnge, 
domage,  daumage. demage,  damace,  damache,  dou- 
mage.  La  forme  domage  est  aussi  ancienne  (|iie  la 
forme  damage  ;  or  on  sait  très-bien  que  l'o  latin  se 
change  très-  facilement  en  o  (dame,  de  domina,  etc.)  ; 
mais  il  arrive  très-rarement  qu'au  coniraire  l'a  la- 
tin se  change  en  o  ;  c'est  là  une  première  difficulté. 
On  remarquera  en  outre  que  l'altération  de  l'o  en 
e  (demage)  n'est  pas  rare;  mais  que  dans  des  mois 
de  ce  genre  l'a  s'atténue  rarement  en  e.  De  plus  la 
finale  aticum  donne  régulièrement  0.17e;  mais  elle 
ne  donne  ni  acen\  ache;  or  ces  deux  formes  se  trou- 
vent dans  le  xiii*  siècle;  c'est  là  une  seconde  diffi- 
culté. Enfin  une  troisième  difficulté,  c'est  que,  s'il 
venait  de  damnum,  on  devrait,  comme  en  proven- 
çal, trouver  quelquefois  le  mot  écrit  damnage;  or, 
l'historique  n'en  coniient  aucun  exemple.  Toutes 
ces  raisons  portent  à  croire  qu'on  ne  peut  faire 
droit  à  toutes  les  formes  françai.ses  qu'en  supposant 
un  thème  dnmacium,  domaticum.  Mais  d'où  vient 
un  tel  th'me?  du  latin  domnre,  tourné  au  sens  de 
causer  un  tort?  du  germanique  :  anglo-saxon,  dom; 
anglais,  doom,  condamnation,  ruine,  perle?  Celle 
dernière  conjecture  paraît  avoir  quelque  proba- 
bilité, non  sans  admettre  une  infiuence  du  proven- 
çal dnmnalge,  pir  assimilation.  L'ancien  espagnol 
domage  ne  se  range  pas  non  plus  sous  dumnum. 

DOMMAGEABLE  (do-ma-j;i-bl'),  adj.  Qui  cause 
ou  porte  dommage.  H  conclura  que  le  loisir  de  ce 
particulier  était  dommageable  à  la  république,  balz. 
Aris  écrit.  Son  bois  (d'un  cerf],  dommageable  orne- 
ment. L'arrêtant  à  chai|ue  moment....  la  font. 
Fiibl.  VI,  9.  Supposé  que  cette  guerre  regarde  pré- 
cisément l'État,  vnus  avez  dû  regarder  si  elle  esl 
plus  utile  que  dommageable,  fén.  t.  xxii,  p  2S9. 
....As-tu  perdu  l'esprit  De  faire  un  testament  qui 
m'est  si  dommageable?  "regnahd,  le  Légat,  iv,  7. 
Demandez  à  un  homme  public  une  grSce  injuste, 
onéreuse  au  peuple  et  dommageable  à  l'Ét-it,  mass. 
Pane'g.  St  J.-Uapi.  Le  poids  de  la  guerre  avait 
forcé  le  roi  aux  conditions  les  plus  honteuses  et  les 
plus  dommageables,  st-sim.  331,  134. 

—  HIST.  XIV  s.  Et  des  trois  cho.^es  fugibles  et  con- 
traires, l'une  est  mal  lait  et  deshoneste  ;  l'autre  est 
mal  nuisible  ou  domage'able;  et  l'autre  esl  mal 
triste  ou  tristece  et  desplai.sance,  obesme,  Eth.  38. 
Spasme  est  accident  damagable,  H.  de  mondeville. 
f°  47,  verso.  Il  XV' s.  Après  la  déconfiture,  qui  là  fut  si 
grande  et  si  grosse  pour  les  Gascons,  et  si  domma- 
geable, FROiss.  I,  I,  2JI.  Il  XVI' s.  Toute  autre  .science 
est  dommageables  ceiuy  qui  n'a  la  science  de  la  bouté, 
MONT.  I,  (49.  Ce  qu'il  metloil  en  avant  estoit  dom- 
mageable  au   public.   AMYOT,    Arist.  8 Qu'elles 

sont  bonnes  ou  mauvai^s,  utiles  ou  dommageables, 
à  suyyre  ou  fuyr,  charron,  Sagesse,  i,  )9. 


—  ÉTYM.  Dommage,  par  l'intermédiaire  de  l'an- 
cien verbe  domager.  L'ancienne  langue  s'est  beau- 
coup servie  de  domageux  :  xiV  s.  Ce  n'estoit  pas 
profitable   cho.se,    mais  domageuse  que....  H.  DB 

MO.VDEVILLE,    f"    17,    tersO. 

t  DO.MMAGEABLEMENT  (do-ma-ja-ble-man), 

adv.  D'une  manière  dommageable. 

—  IlIST.  xvi'  s.  On  eust  failli,  à  l'adventure, 
moins  dommageablemenl,  s'inclinant  vers  l'indul- 
gence, MONT.  I,   18.1. 

—  ÉTYM.  Dommageable,  et  le  suffixe  ment. 
DOMPTABLE   (don-tabi'),   adj.    Qui   peut   être 

dompté,  soumis  à  la  discipline.  Ce  cheval,  ce  ca- 
ractère n'est  pas  domptable.  La  fortune  est  domp- 
table, et  l'amour  ne  l'est  pas,  du  ryer,  l'hémist. 
II,  ). 

—  Iîtym.  Dompter. 

+  DO.MPTAIBE  (don-tê-r'),  s.  m.  Terme  d'agri- 
culture. Bœuf  dressé  qu'on  attelle  avec  un  bœuf 
non  encore  façonné  au  joug  pour  y  façonner  ce 
dernier. 

—  f.TYM.  Dompter. 

DOMPTfi,  ÉE  (don-lé,  tée),  part,  passé.  ||  1°  Dont 
on  a  fait  fléchir  la  résistance.  Et  nos  voisins  domp- 
tés m'apprenaient  que  sans  lui  Nos  rois  contre  Sylla 
n'étaient  qu'un  vain  appui,  corn.  Sertor.  v,  (/ 
Si  ton  cœur  pour  le  cloître  a  de  la  répugnance.  Jus- 
qu'à grossir  l'orgueil  de  tes  sens  révoltés.  Regarde 
ce  que  f  ni  tant  d'autres  mieux  domptés,  id.  Imit. 
I,  25.  Il  Vaincu.  Un  ennemi  dompté.  Demi-dompié, 
vaincu  à  demi.  [Il]  Se  retourne  et  les  croit  déjà 
demi-domplés,  corn.  Ilor.  iv,  2.  ||  2°  En  parlant  de« 
animaux.  L'éléphant,  une  fois  dompté,  devient  le 
plus  doux  et  le  plus  obéissant  de  tous  les  animaux, 
HUFF.  Éléphant. 

t  DOMPTEMENT  (don-te-man),  s.  m.  Action  de 
dompter;  état  de  ce  qui  est  dompté.  Ledomplement 
des  animaux  sauvages.  • 

—  HIST.  XVI'  s.  Domptement,  r.  estienne,  Dict. 

—  f.TYM.  Dompter. 

DO.MPTEU  (  !on-lé  ;  le  p  ne  se  fait  jamais  sentir; 
et  c'est  une  faute  de  le  prononrer),  v.  a.  \\  l'  Faire 
fléchir  la  résistance.  César  dompta  les  Gaulois. 
Dompter  la  sédition.  Ils  sont  domptés  par  les  mi- 
sères de  la  guerre,  vaugel.  ().  C.  liv.  iv,  dans  ri- 
ciielet.  Il  verra  comme  il  faut  dompter  les  nations, 
conN.  Cid.  I,  7.  Est-il  quel(|ue  ennemi  qu'à  présent 
je  ne  dompte?  if.  ib.  iv,  2  II  dompta  les  mutins, 
RAC.  liérén.  i.  4.  Hélas!  avec  plaisir  je  me  faisais 
conter  Tous  les  noms  des  pays  que  vous  allez  domp- 
ter, iD.  Iphig.  IV,  4.  Il  Fig.  Faire  céder.  Et  je  vois 
dans  son  cœur  de  tendres  mouvements  A  dompter 
la  fierté  des  plus  durs  s  ntiments,  mol.  le  Dép.ii, 
3.  Vos  yeux  ont  su  dompter  ce  rebelle  courage,  rac. 
rhèd.  v,  3  Est-ce  quelque  mépris  qu'on  ne  puisse 
dompter?  in.  Mithr.  iii,  B.  Tu  m'as  prêté  ton  bras 
pour  dompter  les  humains;  Dompte  aujoiird  hui 
Brutus;  adoucis  son  courage,  volt.  M.  de  Ces.  i,  1. 
lésais,  pour  dompter  les  plus  impérieux.  Qu'il  faut 
souvent  moins  d'art  que  de  mépris  pour  eux,  id. 
Catil.  m.  6.  L'antiquité  eût  élevé  des  autels  à  ce 
vaste  et  puissant  génie  [Franklin]  qui,  au  profit  des 
mortels,  embrassant  dans  sa  pensée  le  ciel  et  la 
lerrei,  sut  dompter  la  fouilre  et  les  tyrans,  mipabeau, 
Colleciion,  t.  m,  p.  3!i4.  (|  Il  se  dit  aussi  des  senii- 
rnents,  des  pa.ssions  dont  on  triomphe.  Dompter  ses 
passions  Dompte  la  gourmandise,  et  plus  facile- 
ment Des  sentiments  charnels  tu  dompteras  le  reste, 
CORN.  Imit.  I,  19.  Le  patient  vaut  mieux  que  le 
fort,  et  celui  qui  dompte  son  cœur  vaut  mieux  qne 
celui  qui  prenil  des  villes,  noss.  Dtich.  d'Orl  ||  2"  En 
parlant  des  animaux,  les  assujeltir,  leur  faire  per- 
dre leur  caractère  indépendant  et  sauvage,  liompter 
un  cheval.  La  fière  panthère  ne  s'apprivoise  pas  pro- 
prement: on  ne  peut  que  la  dompter;  on  la  dresse 
même  pour  la  chasse,  bonnet,  Con/empi.  nal.'ii'part. 
ch.  9.  Il  3°  Se  dompter,  v.  réft.  Faire  la  loi  à  ses 
passions.  Apprends  à  te  dompter,  volt.  Ah.  i,  4. 
Il  Se  contenir.  Je  voyais  sa  fureur  à  peine  se  domp- 
ter, COBN.  Pomp.  IV,  t.  La  nature  est  trop  forte  et 
mon  cœur  s'est  dompté,  id.  Hodog.  iv,  3. 

—  REM.  L'Académie  devrait  supprimer  le  p  de 
dompter,  lettre  qui  ne  se  prononce  pas,  qui  n'est 
pas  étymologique,  et  qui  provient  d'une  vicieuse 
tendcice  qu'avait  le  moyen  âge  à  mettre  un  p 
après  une  m  ou  une  n;  d  où  lemptation,  qui  est 
resté  en   anglais. 

—  iliST.  XII'  s.  Maint  félon  ai  danté  corne  cheval 
à  frain,  Hou,  ms.  f  3i,  dans  laci'rne.  ||  xiil'  s.  Leur 
orgueil  et  leur  folie  donta  Dieux  par  peines  et  par 
travauz.  Psautier,  f"  433.  Il  est  sage  et  bien  dontés 
[élevé].  Poésies  mss.  t.  iv,  p.  (349,  Jans  lacurnb. 
,„.Li  oisiaus  débonnaire  qui  touz   est   dontaz  et 


1214 


DON 


DON 


DON 


»pru,  Fabliaux  nus.  t.  n,  f  iM,  dans  lacurn'E. 
Or  9ui  si  povres  devenus,  One  ge  n'ai  fors  à  grant 
dangier  Ne  q\ie  Ijoivre,  ne  f|iie  mangier....  Tant  me 
set  danicr  et  mestir  Povrelé  qui  tout  ami  toit  [en- 
lèTe],  la  Rose,  8ori4.  Cuidiés-vous  donc  qu'Amors 
consente  Que  je  refraigne  et  que  je  dente  le  cuer 

qui  est  trestout  siens  quites,  ib.  3090 Il  [Appius] 

ne  pooit  donter  La  puccle  qui  n'avoit  cure  Ne  de  li 
ne  de  sa  luxure,  ib.  6620.  ||  xiv*  s.  La  gent  des 
Equcs  esloit  damptée  et  sousmise,  beucheure,  f°  00, 
verso.  Dompter  le  pooir  des  tribuns,  id.  f"  47,  rcrso. 
Il  XVI'  s.  Une  aigre  imagination  me  tient;  je  trouve 
plus  court,  que  de  la  dompter,  la  changer,  mont. 
m,  299. 

—  ÉTYM.  Berry,  donxer;  provenç.  dnmlar,  domp- 
tar,  dompdar;  du  latin  domitare,  fréquentatif  de 
domarc  (lequel  a  donné  directement  l'espagnol  domar; 
l'ital.  domare);  comparez  le  grec  Sopiâu;  l'allem.  sàh- 
men;  l'angl.  to  tame.  Palsgrave,  p.  23,  au  xvi*  siècle, 
remarque  qu'on  prononce  donter.  11  s'en  est  peu 
fallu  que  la  prononciation  danler  n'ait  prévalu, 
comme  celle  de  dame  au  lieu  de  dôme;  danler  a  été 
très-usité  et  était  dû  à  l'inclination  que,  pendant  un 
certain  temps,  la  langue  eut  de  changer  on  en  an. 

DOMPTEUR  (don-teur),  i.  m.  ||  1°  Celui  qui 
dompte,  qui  triomphe.  Ils  [ces  beaux  yeux]  seront 
ravis  de  voir  à  leurs  pieds  le  dompteur  de  Galas  [gé- 
néral autrichien],  et  de  faire  connaître  que  celui 
qui  a  été  le  bouclier  de  toute  la  France  n'aura  pu 
se  mettre  à  couvert  de  leurs  coups,  voit.  Lelt.  es. 
Clermont,  le  désespoir  du  dompteur  de  la  Gaule 
[César],  chapelain,  Pucelle,  vi.  Puissent  mes  vers 
mériter  tant  de  grâce  Que  d'être  offerts  au  domp- 
teur des  humains  [Louis  XIV],  Accompagnés  d'un 
mot  de  votre  bouche,  i.a  font.  Poésies  mêlées,  li, 
X  Mme  de  Fontanges.  Théodose  se  voyait  pour  la 
seconde  fois  dompteur  des  tyrans  et  maître  absolu 
des  deux  empires,  flécii.  Ifist.  de  Théodose,  iv,  60. 
Il  Fig.  Gaul  prépare  son  vaisseau,  dompteur  des  va- 
gues, chateaub.  Gaul,  252.  ||  2°  Celui  qui  triomphe 
du  caractère  sauvage  des  animaux.  Un  dompteur  de 
lions. 

—  IIIST.  XV'  S.  [Les  Romains]  Attisés  de  convoi- 
tise et  d'orgueil  pour  estre  en  leur  temps  les  aigles 
du  monde  et  dompteurs,  chastelain,  Chron.  des 
ducs  de  Bourg.  Proesme. 

—  ÊTYM.  Dompter. 

DOMPTE-VENIN  (don-te-ve-nin),  S.  m.  Nom 
vulgaire  et  spécilique  de  la  plante  appelée  autrefois 
asclépiade  {asclepias  vincetoxicum ,  L.). 

—  ÉTYM.  Dompter,  lenin,  à  cause  des  propriétés 
prétendues  de  cette  plante  contre  les  venins. 

4 .  DON  (don) ,  s.  m.  Il  l"  Action  d'accorder  gratui- 
tement à  quelqu'un  la  propriété  ou  la  jouissance  de 
quelque  chose;  la  chose  ainsi  accordée.  Faire  un 
don  à  quelqu'un,  lui  faire  don  de  quelque  chose. 
De  riches  dons.  Il  lui  fit  don  d'une  terre.  Tu  n'es 
point  charmé  des  richesses;  Les  dons  ne  te  peuvent 
tenter;  Et  tu  n'en  saurais  accepter  Que  pour  en 
faire  des  largesses,  chapelain.  Ode  au  card.  de  Ri- 
chelieu, dans  bichelet.  J'eus  toujours  pour  suspects 
les  dons  des  ennemis,  corn.  Médée,  iv,  4.  Mais 
commet-on  un  crime  indigne  de  pardon  Quand  la 
reconnaissance  est  au-dessus  du  don?iD.  Cinna, 
II,  4.  Pour  jouir  de  ses  dons  faut-il  l'assassiner?  id. 
ib.  III,  3.  Je  crois  qu'on  doit  trouver  plus  de  fé- 
licité A  posséder  un  bien  sans  l'avoir  mérité;  J'es- 
time plus  un  don  qu'une  reconnaissance;  Qui  nous 
donnerait  plus  que  qui  nous  récompense,  id.  Ilen- 

ieur,  I,  2 Qui  veut  un  don  ne  doit  pas  l'exiger, 

ID.  Toison,  IV,  4.  Pourrais-je  refuser  les  dons  de 
votre  main?  id.  Sertor.  11,  2.  Car  de  prêter,  à  moins 
que  sur  bons  gages,  Point  de  nouvelle;  on  oublia 
les  dons,  Et  le  mérite,  et  les  belles  raisons  De  Fé- 
déric,  et  sa  première  vie,  la  font.  Fauc.  Je  n'ai 
que  faire  de  vos  dons,  mol.  l'Av.  iv,  5.  Il  est  bien 
moins  content  du  don  que  de  la  manière  dont  il  lui 
a  été  fait,  la  bruy.  viii.  Les  spectacles,  les  dons, 
invincibles  appas,  Vous  attiraient  les  cœurs  du  peu- 
ple et  des  .soldats,  rac.  Brit.  iv,  2.  J'accepte  tous 
les  dons  que  vous  me  voulez  faire,  iD.  Phèd.  11,  3. 
Il  En  purdon,  c'est-à-dire  de  la  façon  la  plus  gratuite. 
Elle  leur  donnait  en  pur  don  cette  visite,  sév.  446. 
Il  Faire  don  de  son  cœur,  accorder  à  quelqu'un  son 
entière  amitié,  et,  s'ils'agit  d'une  femme,  lui  vouer 
un  profond  amour.  ||  Le  don  d'amoureuse  merci,  les 
faveurs  qu'une  femme  accorde  à  un  homme.  ||  Dans 
les  contes  de  fée,  don  se  dit  de  quelque  faculté 
extraordinaire  accordée  par  une  fée  à  un  enfant 
qu'elle  favorise.  La  fée  lui  fit  un  don.  1|  2°  Par 
analogie,  ce  qui,  comparé  à  un  don,  vient  de  Dieu, 
de  la  nature,  etc.  Et  comme  si  vos  feux  étaient  un 
don  faUl,  Il  en  fait  un  présent  lui-même  à  son 


rival,  COBN.  Poly.  iv,  6.  Chacun  a  son  don  de 
Dieu,  et  il  faut  prendre  garde  de  ne  pas  vouloir  le 
servir  dans  le  don  d'un  autre,  nicolk,  Ess.  mor. 
2'  traité,  ch.  iv.  Force?  du  corps,  capacité,  santé, 
noblesse,  beauté,  dons  de  la  nature  et  par  consé- 
quent du  Créateur,  bourd.  Jfyit.  Concept,  de  la 
Vierge,  1. 11,  p.  1 7.  Dans  cette  religion  Dieu  a  reu- 
tcrmé  tous  les  dons  :  le  don  des  miracles,  le  don 
des  langues,  le  don  de  prophétie,  le  don  de  science, 
le  don  de  sagesse,  id.  Serm.  20'  dim.  après  la 
Pcnlec.  Dominic.  t.  iv,  p.  246.  J'envisage  les  dons 
qu'il  a  reçus  du  ciel,  pléch.  le  Tellier.  Il  com- 
mande au  soleil  d'animer  la  nature.  Et  la  lumière 
est  un  don  de  ses  mains.  Mais  sa  loi  sainte,  sa  loi 
pure,  p:st  le  plus  riche  don  qu'il  ait  fait  aux  humains, 

RAC.  Alhal.i,  4 De  tous  les  dons  des  cieui  11  est 

orné  dès  son  enfance,  id.  Athal.  11,  9.  Que  de  dons 
du  ciel  ne  faut-il  pas  pour  régner?  une  naissance 
auguste,  un  air  d'empire  et  d'autorité....  la  bruv. 
X.  Si  vous  saviez  connaître  le  don  de  Dieu,  mass. 
Car.  Rech.  \\  Les  dons  de  la  terre,  ses  productions. 
Les  dons  de  la  fortune,  les  richesses.  ||  Poétique- 
ment. Les  dons  de  Cérès,  le  blé,  le  pain.  Le  linge 
orné  de  fleurs  fut  couvert,  pour  tout  mets.  D'un 
peu  de  lait,  de  fruits  et  des  dons  de  Cérès,  la  font. 
Phil.  et  Baucis.  ||  Les  dons  de  Flore,  de  Bacchus, 
du  printemps,  les  fleurs,  le  vin,  la  verdure.  ||Dans 
le  rite  grec,  saints  dons,  nom  des  symboles  du 
corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ.  ||  Avoir  le  don  des 
langues,  se  dit  des  apôtres  qui  reçurent  de  Jésus- 
Christ  la  faculté  de  parler  toutes  les  langues,  et, 
par  analogie,  de  ceux  qu'on  suppose,  dans  les 
contes  de  fées  ou  autres,  savoir  les  langues  à  mesure 
qu'ils  en  ont  besoin,  sans  les  avoir  apprises.  Il  avait 
le  don  des  langues  aussi  bien  que  le  Sirien,  volt. 
Microm.  8.  ||  En  un  sens  différent,  avoir  le  don  des 
langues,  se  dit  de  ceux  qui  ont  une  facilité  toute 
parliculière  pour  apprendre  les  langues.  ||  Avoir  le 
don  des  larmes,  se  dit  de  ceux  qui  pleurent  à  vo- 
lonté, et  aussi  de  ceux  qui  pleurent  trop  facilement. 
M.  de  Vardes  répondit  parfaitement  bien  et  d'un  air 
pénétré,  et  ce  don  de  larmes  que  Dieu  lui  a  donné 
ne  fit  pas  mal  son  effet  dans  celte  occasion,  sÉv.  Lelt. 
26  mai  4  682.  Il  3°  Fig.  Qualité,  avantage  naturel.  La 
nature  le  combla  de  ses  dons.  Elle  a  le  don  de  plaire. 
Et  l'art  et  le  pouvoir  d'affermir  des  couronnes  Sont 
des  dons  que  le  ciel  fait  à  peu  de  personnes,  corn. 
//or.  v,  3.  Monsieur,  quand  une  femme  a  le  don  de 
se  taire,  id.  le  Ment,  i,  4.  Je  n'ai  pas  le  don  dépla- 
cer si  juste  les  noms  sur  les  visages,  sÉv.  29.  Vous 
avez  le  don  de  vous  faire  aimer  quand  il  vous  plaît, 
et  quelquefois  plus,  beaucoup  plus  que  vous  ne 
voudriez,  id.  432.  Il  avait  le  don  de  faire  valoir  les 
choses,  iiamilt.  Gramm.  2.  Ils  n'avaient  pas  trop  le 
don  de  plaire,  id.  i5.  4.  ||  Familièrement  et  ironi- 
quement. Il  a  le  don  de  me  déplaire.  Il  a  le  don 
de  rendre  mauvaises  les  meilleures  choses,  sÉv. 
441.  Il  4°  Offrande.  [Ce  juste  juge.]  Qui  jusque  dans 
ton  cœur  sait  lire  ton  péché.  Qu'aucun  don  n'é- 
blouit, qu'aucune  erreur  n'abuse,  corn.  /mi(.  1,24. 
Il  me  nourrit  des  dons  offerts  sur  son  autel,  rac. 
Àlhal.  II,  7.  Il  5'  Terme  de  droit.  Donation.  Don 
mutuel  entre  époux.  D'un  souverain  pouvoir  il 
[le  roi]  brise  les  liens  Du  contrat  qui  lui  fait  un 
don  de  tous  vos  biens,  mol.  Tatt.  v,  7.  Tout  l'a- 
vantage qu'homme  et  femme  conjoints  par  mariage 
se  peuvent  faire  l'un  à  l'autre,  c'est  un  don  mutuel 
entre  vifs,  id.  Mal.  imag.  i,  9.  ||  Terme  d'an- 
cienne coutume.  Don  mobil  [écrit  sans  e],  avan- 
tage que  la  femme  accordait  en  Normandie  sur  sa 
dot,  pour  aider  aux  dépenses  du  ménage.  ||  6°  Au- 
trefois ,  en  un  sens  particulier,  certaines  grâces 
utiles  accordées  par  le  prince.  Ils  ont  avis  de  cette 
aubaine,  et  en  demandent  le  don  au  roi.  ||  Don 
d'aubaine,  de  bâtardise,  de  déshérence,  etc.  don 
que  le  roi  faisait  des  objets  qui  venaient  à  lui 
échoir  par  droit  d'aubaine,  de  bitardi.se,  de  déshé- 
rence, etc.  Il  7°  Don  gratuit,  taxe  que  le  roi  deman- 
dait au  clergé  assemblé  en  corps,  et  qui,  accordée 
par  le  clergé,  était  payée  par  tous  les  bénéfices 
du  royaume.  Les  états  des  provinces  faisaient  aussi 
des  dons  pratuits.  Savez-vous  ce  que  nous  [la  pro- 
vince de  Bretagne]  donnons  au  roi  pour  témoigner 
notre  reconnaissance?  deux  millions  six  cent  mille 
livres,  et  autant  pour  le  don  gratuit;  c'est  juste- 
ment cinq  millions;  que  dites-vous  de  cette  petite 
somme?  sÉv.  Lelt.  t"  janv.  4674.  Les  filles  de 
Chaillot  m'écrivent  sur  leur  affaire  du  don  gratuit, 
et  me  prient  de  vous  presser  parce  que  le  temps  s'é- 
coule, MAiNTKNON,  LcIt.  Card.  de  Noailles,  23  juill. 
4  7(J0.  Il  8°  Terme  de  commerce.  Ce  que  les  mar- 
chands en  gros  ont  coutume  de  déduire  sur  le  poids 
net  de»  marchandises.  ||  ••  Terme  d'alchimie.  Don 


céleste,  la  matière  de  la  pierre  philosophale  ||  Pro 
verbe.  Il  n'y  a  pas  de  plus  bel  acquêt,  il  n'y  a  si 
bel  acquêt  que  le  don,  c'est-à-dire  il  n'y  a  point 
de  plus  belle  acquisition  que  le  don,  il  n'y  a  pas 
de  bien  plus  agréablement  acquis  que  celui  qui  est 
donné. 

—  SYN.  DON,  PRÉSENT.  Ledon  est  ce  qu'on  donne; 
le  présent  est  ce  qu'on  présente.  Dès  lors,  toutes 
les  fois  que  la  chose  donnée  ne  pourra  être  présen- 
tée, c'est  don  qui  devra  être  employé  :  il  lui  fit  don 
de  son  cœur,  et  non  présent. 

—  HiST.  XI*  s.  Et  tote  Espaigne  [il]  tiendra  par 
vostre  don,  Ch.  de  Roi.  xv.  ||  xii'  s.  Li  soit  li  dons 
donez,  Ronc.  p.  4  0.  Par  amistié  [je]  vous  en  faiz  ci 
le  don,  ib.  p.  29.  Un  don  [je]  vous  quier,  c'est  le 
cor  de  Rolant,  ib.  p.  39.  Berarz  de  Montdidier  en  a 
perdu  le  don  [d'une  dame];  Rois,  vous  lui  otroias- 
tes,  or  l'ont  Saisne  en  prison,  Sax.  xiv.  ||  xni*  s. 
Li  don  qu'on  prend  lient  la  gent ,  leroux  de 
LiNCY,  Prov.  t.  II,  p.  329.  BiÇn  ot  11  rois  Pépins 
moût  riches  dons  donnés,  Berle,  xxiv.  Et  s'il 
ne  vous  devoit  déplaire,  Ge  le  vous  requerroie  en 
don,  la  Rose,  340).  Se  li  dons  qui  li  fufez,  parfust 
trop  outrageus  [excessif]  et  tropdesheritans  les  au- 
tres hoirs,  BEAUM.  VII,  20.  Il  xiv  s.  Il  est  raisonna- 
ble que  félicité  soit  don  de  Dieu,  oresme,  Eih.  20. 
Il  XVI'  s.  Croire  est  de  don,  non  point  de  mérite, 
CALV.  Instil.  452.  Il  n'est  si  bel  acquest  que  de  don, 
LOYSEL,  6B5.  Don  mutuel  [ailleurs  donation  mu- 
tuelle], soit  entre-vifs,  soit  par  testament,  ne  se 
peut  révoquer,  ID.  603.  Elle  fut  honorée  par  Apollo 
du  don  de  prophétie,  amyot.  Agis  et  Cléom.  41. 
Plus  cher  estre  un  don  que  chose  achaptée  voit-on, 
GÉNiN,  Récréai,  t.  n,  p.  247.  Le  don  humilie  ro- 
chier  et  mont,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  u,  p.  329. 
Petit  don  est  le  hain  [hameçon]  du  plus  grand 
don,  ID.  ib.  p.  370.  Tel  don,  tel  donneur,  id.  tb. 
p.  424. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  don;  catal.  do; 
portug.  dom;  ital.  dono;  du  latin  donum;  comparez 
le  grec  8wpov. 

2.  DON  (don) ,  s.  m.  DONA  (do-na),  i.  f.  Titre 
d'honneur  particulier  aux  nobles  d'Espagne  et  de 
PortugaL  Don  Juan  d'Autriche.  Dona  Inès  de  Cas- 
tro. Il  On  écrit  souvent  doiia,  qu'on  prononce  do-gna. 

—  ÉTYM.  Lat.  dominus  (voy.  dom),  et  domina 
(voy.  dame). 

t  DONACE  (do-na-s') ,  s.  f.  Genre  de  coquillages 
bivalves,  que  l'on  mange  sur  les  cfltes  de  la  Manche 
et  de  la  Méditerranée. 

—  ÉTYM.  AovaÇ,  roseau. 

f  DONAT  (do-na),  s.  m.  Dans  l'ordre  de  Malte, 
laïque  à  qui  le  grand  maître  conférait  la  demi-croix 
pour  services  rendus  à  la  religion. 

—  ÉTYM.  Lat.'donafws,  qui  a  reçu  en  don  (la  croix). 
DONATAIRE  (do-na-tê-r') ,  s.'m.  et  f.  Terme  de 

droit.  Celui,  celle  à  qui  une  donation  est  faite.  La 
donation  a  été  acceptée  par  le  donataire. 

—  llIST.  XVI'  s.  Donataire  mutuel  est  tenu  avan- 
cer les  obsèques  et  funérailles,  et  dettes  du  prede- 

Cedé,  LOYSEL,   664. 

—  ÉTYM.  Lat.  donatarius ,  de  donare  (voy. 
donner). 

DONATEUR,  TRICE  (do-na-teur,  tri-s'),  s.  m.  et 
f.  Terme  de  droit.  Celui,  celle  qui  fait  donation. 
Voyons  ce  que  notre  donateur  a  voulu  faire,  patru. 
Plaidoyer  3,  dans  richelet.  On  s'attire  des  pré- 
sents de  cinq  cent  mille  écus  (]ue  l'on  n'emploie 
pas  entièrement  en  expériences  de  physique,  selon 
l'intention  du  donateur,  fonten.  Ànacréon,  Àris- 
tote. 

—  HIST.  xvi*  S.  Jean  s'est  dit  estre  ministre  de 
l'eau,  et  Jésus  estre  le  donateur  du  S.  Esprit,  calv. 
Inslil.  KI54. 

—  ÉTYM.  Lat.  denator,  de  donare  (voy.  donher). 
t  DONATIF  (do-na-tif),  s.  m.  Présent  qu'on  fait 

à  quelqu'un.  Cet  auteur  a  eu  mille  écus  du  roi,  ce 
n'est  pas  une  pension ,  c'est  un  donatif.  ||  Tombé  en 
désuétude. 

—  ÉTYM.  Lat.  donativum,  donatif,  qui  était,  cher 
les  Romains,  une  largesse  faite  par  l'empereur  au 
peuple  ou  aux  soldats;  de  donare  (voy.  donner). 

DONATION  (do-na-sion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  !•  Terme  de  droit.  Acte  par  lequel 
une  personne  donne  gratuitement  une  chose  à  une 
autre;  se  dit  plus  spécialement  de  la  donation  cnlre- 
vifs.  Révoquer  une  donation.  La  donation  porte  une 
clause  qu'il  faut  examiner,  patru.  Plaidoyer  S, 
dans  RICHELET.  Et  je  vais,  de  ce  pas,  en  fort  bonne 
manière.  Vous  faire  de  mon  bien  donation  entière, 
MOL.  Tartufe,  m,  7.  Je  vois  ma  faute  aux  choses 
qu'il  me  dit.  Et  la  donation  m'embarrasse  l'esprit, 
ID,  tb.  IV,  8.  Mademoiselle  fit  une  donation  à  M.  de 


DON 

Lauzun,  sÉv.  io.  Charlemagne  exerça  dans  Home 
même  l'autorité  souveraine  en  qualité  de  palrice, 
e*.  confirma  au  saint-siégeles  donations  du  roi  son 
père,  Boss.  Hist.  i,  u.\\  Terme  de  jurisprudence. 
Donation  à  cause  de  mort,  donation  faite  dans  la 
prévoyance  de  la  mort,  avec  faculté  de  révoquer 
l'acte  après  le  péril  passé.  {|  Donation  contractuelle, 
donation  faite  dans  un  contrat  de  mariage,  soit  par 
les  époux, soit  par  des  tiers.  ||  Donation  manuelle, 
donation  faite  sans  écrit  et  par  la  seule  remise  de 
la  main  à  la  main.  |{  2°  Acte  qui  constate  le  don. 
Transcrire  une  donation. 

—  HIST.  xtv"  s.  Et  pour  ce  leurs  donacions  ne 
sont  pas  illiberales,  oresme,  Eth.  t09.  ||  xvf  s.  Le 
signe  visible  nous  est  baillé  pour  nous  seeler  la  do- 
nation de  la  chose  invisible,  calv.  Instit.  <)0l.  Do- 
nation entre- Tifs,LoysEL,  662.  La  donnaison  de- 
meura en  sa  force,  comme  faite  entre  vivants,  carl. 

I,    3J. 

—  ÊTYM.  Berry,  dounaison,  donnaison;  pro- 
veno.  donatto  ;  espagn.  dojiariore  ;  ital.  dono^tone  ; 
du  latin  donationem,  de  donare  (voy.  donner).  La 
forme  ré.i^ulière  est  donaison,  la  finale  ationem  se 
changeant  en  aison;  exemple  :  orationem,  oraison. 

t  DONATISME  (do-na-ti-sm'),  s.  m.  Hérésie  des 
donatistes. 

DONATISTE  (do-na  ti-st') ,  s.  m.  Nom  d'anciens 
hérétiques,  selon  lesquels  il  n'y  avait  plus  d'É- 
glise qu'en  Afrique,  qui  niaient  qu'il  y  eût  des  bons 
ailleurs,  qui  rebaptisaient  leurs  adeptes,  et  qui  te- 
naient le  Fils  pour  moindre  que  le  Père,  et  le  Saint- 
Esprit  pour  moindre  que  le  Fils. 

—  ÊTYM.  Lat.  donatista,  de  Donatus,  évêque  de 
Carthage  et  chef  de  la  secte. 

DONC  (don  ou  donk,  suivant  les  cas  :  on  prononce 
don,  sans  lier  le  c,  quand  il  est  placé  dans  le  mi- 
lieu de  la  phrase  et  qu'une  voyelle  ne  le  suit  pas  : 
Allons  don  nous  promener;  jusqu'à  quand  préten- 
dez-vous don  me  dicter  des  lois?  Au  contraire,  on 
prononce  donk  en  faisant  sentir  le  c,  quand  donc 
commence  ou  termine  la  phrase:  Vonk  vous  devez 
l'aider;  que  pourrait-ce  être  donk?  Cependant  on 
dit  plutôt  adieu  don,  que  adieu  donk.  On  prononce 
donk  et  on  lie  le  c,  quand  donc,  placé  dans  le  mi- 
lieu de  la  phrase,  est  suivi  d'une  voyelle:  votre  frère 
est  don-k  arrivé?  Même  en  ce  dernier  cas,  Chif- 
flet,  Gramm.  p.  208,  remarque,  pour  son  temps, 
qu'on  prononçait  don  sans  lier  :  qu'est-il  don  arri- 
vé?), conj.  Il  1°  Sert  à  marquer  la  conclusion  qu'on 
tire  d'un  raisonnement.  Vous  avez  fait  une  f.iute, 
il  faut  donc  la  réparer.  Il  se  plaint,  on  l'a  donc  mal- 
traité. Je  pense,  donc  Dieu  existe,  car  ce  qui  pense 
en  moi  je  ne  le  dois  point  à  moi-même,  la  bruy. 
XVI.  Il  2°  Exprime,  en  général,  qu'une  chose  est 
ou  doit  être  la  conséquence  d'une  autre.  Donc  un 
nouveau  labeur  à  tes  armes  s'apprête,  maui.  ii,  12. 
Donc  votre  aïeul  Pompée  au  ciel  a  résisté  Quand  il 
a  combattu  pour  notre  liberté,  corn.  Cinna,  11,  <. 
Donc  jusqu'à  l'oublier  je  pourrais  me  contraindre, 
ID.  t6.  IV,  3.  Il  3°  Sert  souvent  de  simple  transition 
pour  revenir  au  sujet  après  une  digression.  ||  4°  Sert 
à  marquer  une  sorte  d'étonnement,  la  surprise  que 
l'on  éprouve  d'une  chose  à  laquelle  on  ne  s'attendait 
point,  ô  sort,  voilà  donc  de  tes  coups?  Et  je  n'ai 
donc  vaincu  que  pour  dépendre  d'elle?  rac.  An- 
drom.  I,  2.  Je  suis  donc  un  témoin  de  leur  peu  de 
puissance?  m.  ib.  11,  2.  Mais  pourquoi  donc  ces 
pleurs,  ces  regrets,  cette  fuite?  volt.  Zaïre,  m,  7. 
Qu'est-ce  donc  que  l'amour?  a-t-il  donc  tant  d'em- 
pire? ID.  Orphel.  III,  4.  Il  5°  Sert  aussi  à  rendre  plus 
pressante  une  demande,  une  injonction.  Dites  donc 
ce  qu'il  y  a.  Gare  donc!  |1  6°  Ironiquement,  allons 
donc!  marque  d'incrédulité,  dedéfi.  Lui,  oser  pren- 
dre la  parole  en  cette  occasion;  allons  donc! 

—  REM.  1.  Et  donc  qui  se  disait  au  commen- 
cement du  xvii*  siècle ,  et  que  Vaugelas  admet 
encore,  n'est  plus  usité. ||  2.  Donques  est  une  forme 
ancienne,  encore  employée  pur  Molière,  et  que  la 
poésie  pourrait  se  permettre.  Donques,  si  le  pou- 
voir de  parler  m'est  ôté.  Pour  moi,  j'aime  autant 
perdre  aussi  l'humanité,  mol.  le  Dép.n,  7.  Donques 
votre  lumière  a  donné  de  l'ombrage.  Donc  vous  êtes 
couvert  d'un  éternel  nuage,  mair.  Sophon.  v,  9. 

—  HIST.  x«  s.  Dune,  ço  dixit,  si  fut  Jonas,  Fragm. 
de  Yalenc.  p.  468.  ||  xi'  s.  Dune  [il]  rendra  le  chatel 
[l'avoir] ,  Lois  de  Guill.  4.  Heli  qui  dune  [alors]  ert 
[était]  evesques,  flots,  2.  Pechet  fereit  qui  dune 
lui  fesist  plus,  Ch.  de  Roi.  xvi.  ||xn's.  Donc  die, 
et  nous  l'orons  [ouïrons],  flonc.  p.  22.  Qui  m'ira 
donc  mes  angardes  faisans?  t'b.  p.  34.  Diexl  que 
ferai?  dirai  lui  [à  elle]  mon  courage?  Irai-je  lui 
dont  s'amour  demander?  quesnes,  Roma7uero, 
\)-  83.  Et  quant  j'ai  mis  en  lui  [elle]  m'enteucion, 


DON 

Dont  ne  doi-je  chanter,  se  de  lui  [elle]  non,  Couct, 

II.  Donques  ai-je toute  joie  enhaïe,  ib Diex!  ifau- 

drai-je  donc?  Oïl,  par  Dieu,  tels  est  ma  destinée. 
Et  tel  destin  m'ont  doné  li  félon,  ib.  vi.  Se  fins  amis 
....Doit  joie  avoir  pour  servir  leaument.  Dont  doi-je 
bien  [lar  droit  estre  joieus,  «6.  vu.  Qui  dont  veist 
le  duc  sur  un  cheval  gascon  Poindre  parmi  les 
rues....  Sax.  viii.  Quant  l'aurez  salué,  don  lui  dites 
cornent  Guiteclins  de  Sassogne  envers  nous  entre- 
prent,  ib.  xxi.  ||  xiii"  s.  Se  vous  voulez  la  serve  par 
no  [notre]  conseil  mener.  Dont  ne  lui  faites  mie  du 
cor  la  vie  ester,  Berte,  xcvii.  ||  xvi"  s.  Qui  est  celuy 
doncques  si  inhumain.  Qu'en  tout  ennuy  ne  loue 
ce  bon  Pore?  marot,  i,  297.  Qui  dira  donc,  qu'un 
seul  cas  fortuit  Soit  entre  nous,  il  n'est  pas  bon 
chrestien,  ID.  i,  299.  Quelqu'un  donc  me  disoit 
l'aultre  jour  que....  mont,  i,  <68.  Le  premier  donc- 
ques  qu'il  desfeit  fut  un  voleur  nommé  Periphetes, 
AMY0T,  Thés.  10. 

—  ÉTVM.  Provenç.  donc,  dune,  doncas,  alors, 
donc;  catal.  doncs;  anc.  espagn.  doncas;  anc.  ital. 
dunqua;  ital.  mod.  dunque;  pays  de  Corne,  donch; 
vénitien,  donca.  Ce  mot  présente  des  difficultés.  On 
trouve  dans  de  très-anciens  textes  ad  tune  pour 
alors;  Diez  en  tire  adonc,  ce  qui  en  effet  explique 
la  substitution,  dans  toutes  les  langues  romanes, 
du  (J  au  {  de  tune;  et  il  regarde  adonc  comme  la 
forme  primitive,  et  donc  comme  une  abréviation 
par  aphérèse  de  la  première  voyelle.  Cela  est  très- 
satisfaisant  pour  le  sens,  donc  ayant  eu  évidemment 
la  signification  d'aîors,  et  le  passage  d'alors  à  donc 
se  comprenant  sans  peine.  Mais,  sans  parler  du 
retranchement  de  l'a  initial  ilans  le  français,  qui  en 
offre  si  peu  d'exemples  avérés,  les  formes  en  as, 
doncas,  en  a,  dunqua,  en  e,  dunque,  ne  se  prê- 
tent pas  à  la  dérivation  de  tune,  tandis  qu'elles  se 
prêtent  à  la  dérivation  de  unquam,  ce  mot  ayant 
donné  tmca,  unqua,  oncas,  onke ;  de  sorte  que, 
qnnnt  à  la  forme,  donc  serait  de-unquam;  mais 
alors  c'est  le  sens  qui  fait  difficulté.  Ces  deux  alter- 
natives étant  posées,  on  peut  penser  pourtant  que 
cet  adverbe  composé  de-unquam  a  pris  la  signifi- 
cation d'alors  et  les  significations  subséquentes, 
comme  l'adverbe  composé  de-usque  a  pris  le  sens 
de  jusque. 

1 1.  DONDAINE  (don-dè-n'),  s.  f.  Terme  militaire 
du  moyen  âge.  Machine  pour  lancer  de  grosses 
pierres. 

—  IIIST.  XV*  s.  Et  veez  ci  venir  le  trait  d'une  don- 
daine  que  ceux  de  l'ost  laissèrent  aller,  froiss.  11, 

II,   234. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue,  à  moins  que  ce  ne 
soit  une  onomatopée. 

t  2.  DONDAINE  (don-dè-n'),  s.  f.  Instrument  à 
vent  fait  comme  une  cornemuse  et  usité  dans  le 
moyen  âge.  ||  Mot  qui  s'applique  encore  à  des  re- 
frains de  chansons  triviales,  et  qui  est  ordinaire- 
ment accolé  au  mot  dondon.  La  faridondaine,  la 
faridondon. 

—  ÉTYM.  Peut-être  une  onomatopée. 
DONDON  (don-don),  s.  f.  ||  1°  Femme  ou  fille  qui 

a  beaucoup  d'embonpoint  et  de  fraîcheur.  Une  grosse 
dondon.  Une  jolie  dondon.  Cependant  la  reine  Didon 
Perdait  sa  face  de  dondon,  scarron,  Yirg.  trav, 
dans  lerodx,  Dict.  comique.  ||  2°  S.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  du  dronte. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  paraît  avoir  de  l'analogie  avec 
dondaine  et  même  avec  dodu.  Mais,  dans  l'état  ac- 
tuel, on  ne  peut  rien  dire  de  plus. 

t  DONDOS  (don-dos'),  s.  m.  Nom,  au  Congo,  des 
enfants  blancs  ou  albinos  qui  naissent  des  nègres. 

f  DONGUIS  (don-gri),  s.  m.  Terme  de  commerce. 
Toile  de  coton  des  Indes. 

f  DONILLAGE  (do-ni-Ua-j',  Il  mouillées),  s.  m. 
Terme  de  métier.  Voy.  douillage,  dont  donillage 
est  une  fausse  lecture. 

t  DOMLLEUX,  ECSE  (do-ni-Ueû,  lleû-z',  Il 
mouillées),  adj.  Terme  de  métier.  Voy.  douilleux, 
dont  donilleux  est  une  fausse  lecture. 

DONJON  (don-jon),  s.  m.  ||  1»  Grosse  tour  cré- 
nelée ajoutée  à  un  château  qu'elle  domine  et  servant 
de  forteresse  en  cas  de  nécessité.  Le  donjon  de  Vin- 
cennes.  Il  conserve  les  ruines,  les  restes  de  don- 
jons, les  tours  abandonnées,  tout  ce  qui  pourrit  et 
tombe,  p.  L.  COUR.  Lettres  au  Censeur,  6.  ||  Fig. 
Heureux  d'avoir  su  vous  défendre.  J'accours  des 
célestes  donjons,  bébang.  Bfiicfs.  112°  Tourelle  sur 
une  plate-forme.  ||  3°  Petit  pavillon  élevé  au  comble 
d'une  maison. 

—  HIST.  xii*  s.  Itant  sachez  e  créez  bien.  Ne  re- 
maindra  en  Flandres  rien,  Dangon  ne  tur  ne  forte- 
lesce,  BENOIT,  II,  13391.  Comme  l'en  porreit  mètre 
en  cest  danjon,  Gérard  de  Ross.  p.  319.  Abatre  ses. 


DON 


1215 


donjons,  Ronc.  p.  <l.  [Chevalier]  Qu'il  ot  faiit  adou- 
ber en  son  maistre  donjon,  Sax.  vni.||  xiii'  s.  Quant 
li  rois  monta  el  doignon.  Lai  de  Uelion.  Por  quant 
tant  s'estoit  esloigniez  Qu'à  Malpertuis  s'est  adreciez 
Son  fort  chastel  et  sa  meson,  Sa  forteresce,  son 
ilonjon.  Où  il  ne  crient  [craint]  ost  ne  asaut,  Ren. 
H  344.  ||xv'  s.  Tout  ainsi  que  le  donjon  d'une  for- 
trece  est  assis  en  la  plus  fort  place  du  chastel,  christ. 
DE  PISAN,  Charles  V,  11,  t. 

—  ÉTYM.  Provenç.  donjon,  dome.jo,  dompnhon ; 
bas-lat.  àomnio,  domgio,  donjo.  Il  faut  un  mot  qui 
prête  à  la  double  forme  donjon  et  dan;'on;  le  proven- 
çal prouve  que  la  forme  par  on  est  la  primitive;  l'on 
sait  que  la  forme  par  on  devient  irès-facilement  e«  dans 
l'ancien  français  {voluntas,  volonté,  volonté).  Tout 
cela  conduit  à  un  bas-latin  masculin  domnionem, 
ce  qui  domine,  la  tour  maîtresse.  La  nécessité  d'a- 
voir un  oau  radical  écarte  l'irlandais  daingean,  lieu 
fortifié,  puisque  la  forme  primitive  est  par  on  et  non 
par  on.  Il  faut  écarter  aussi  l'irlandais  diln,  lieu 
fortifié,  indiqué  par  Diez,  puisque  cela  ne  rendrait 
aucun  compte  de  l'm  qui  est  dans  plusieurs  formes  : 
dompnhon,  domnio.  Grandgagnage a  mis  en  avant 
une  autre  étymologie  :  le  flamand,  dune,  dung, 
donk,  suffixe  fréquent  dans  les  noms  de  heux  des  pays 
flamand  et  rhénan,  et  signifiant  un  lieu  élevé  au- 
dessus  d'un  marais;  on  trouve  même  ursidongus 
expliqué  par  tanière  de  l'ours;  il  est  disposé  à  y  voir 
le  fadical  de  donjon;  mais  comment  en  tirer  dom- 
mV)  et  dompnhon  ? 

DONJONNÉ,  ÉE  (don-jo-né,  née),  adj.  Terme 
de  blason.  Se  dit  des  tours  et  des  châteaux  qui  sont 
munis  de  tourelles. 

—  ÉTYM.  Donjon. 

t  DON  JUAN  (don-ju-an),  s.  m.  Séducteur, 
homme  sans  mœurs  et  sans  conscience,  mais 
agréable  dans  ses  manières,  et  se  faisant  un  jeu  de 
perdre  les  femmes  de  réputation.  Un  Don  Juan  de 
bas  étage.  Traitez-moi  de  perfide  et  d'ingrat,  ap- 
pelez moi  Don  Juan  et  Lovelace,  ce  sera  bien  dit, 
CH.  DE  BERNARD,  le  Gendre,  §  v. 

—  ÉTYM.  C'est  le  nom  et  le  caractère  du  princi- 
pal personnage  dans  le  Festin  de  Pierre  de  Molière. 

t  DON-JUANIQUE  (don-ju-a-ni-k') ,  adj.  Tiré  du 
précédent,  dans  le  style  familier.  Aux  termes  de 
l'article  4  de  notre  société  don-juanique  et  méphisto- 
phélélique,  ch.de  Bernard,  laPeau  dulion,  §  xn. 

DONNANT,  ANTE  (do-nan,  nan-t'),  adj.  Qui 
aime  à  donner.  La  maréchale  de  Noailles  vit  encore 
en  patriarche  de  sa  nombreuse  famille,  fort  riche  et 
fort  donnante,  st-sim.  2H,  94.  ||  Proverbe.  Don- 
nant donnant,  signifie  qu'on  ne  veut  donner  une 
chose  qu'en  en  recevant  une  autre. 

DONNE  (do-n'),  s.  f.  Terme  du  jeu  de  cartes.  Ac- 
tion de  donner,  de  distribuer  les  cartes.  Perdre  sa 
donne.  ||  Proverbe  usité  à  tous  les  jeux  où  donner 
est  un  avantage  :  Qui  mal  donne  perd  sa  donne. 

—  ÉTYM.  Donner. 

t.  DONNÉ,  ÉE  (do-né,  née),  part. passé.  ||  1°  Dont 
la  possession  est  accordée  gratuitement.  Un  cheval 
donné.  ||  Absolument.  Donné  1 00  francs  au  comité  de 
bienfaisance.  ||  Fig.  Et  ses  justes  faveurs  aux  mérites 
données  Feront  ressusciter  l'excellence  des  arts, 
MALI!.  II,  4.  Il  2°  Abandonné.  Comme  dans  une  place 
au  pillage  donnée,  malh.  t,  4.  ||  3°  Bataille  donnée, 
bataille  engagée  ei  menée  à  terme.  La  bataille  de 
Waterloo  donnée  et  perdue  par  les  Français  le  IH 
juin  tsib.  Et  qu'enfin  la  bataille  allait  être  donnée, 
CORN.  Hor.  I,  1.  Il  4°  Rendu,  prononcé,  en  parlant 
d'un  arrêt.  Ne  sachant  si  son  arrêt  est  donné,  pasc. 
Préf.  gin.  ||  5°  Consacré.  Chômons  :  c'est  faire  assez 
qu'aller  de  temple  en  temple  Rendre  à  chaque  im- 
mortel les  vœux  qui  lui  sont  dus;  Les  jours  donnés 
aux  dieux  ne  sont  jamais  perdus,  la  font.  Filles 
de  Minée.  ||  6°  Terme  de  mathématiques.  Connu  et 
servant  à  la  solution  d'un  problème.  Le  nombre 
donné.  Le  polygone  donné.  Les  quantités,  les  figures 
données.  L'arrangement  que  les  planètes  gardent 
entre  elles  selon  leurs  distances  données,  volt.  Dial. 
XXIV,  <7.  Qu'est-ce  que  la  guerre  ?  un  métier  de 
barbares,  où  tout  l'art  consiste  à  être  le  plus  fort  , 
sur  un  point  donné,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  vu,  8. 
Il  Par  extension.  Dans  un  espace,  dans  un  temps 
donné,  dans  un  certain  espace,  dans  un  certain 
temps.  Il  7"  Terme  de  chasse.  Animal  bien  donné 
aux  chiens,  se  dit  d'un  animal  bien  attaqué  et 
promptemeut  lancé.  |1  Proverbe.  C'est  un  marché 
donné,  c'est  marché  donné,  c'est  donné,  se  dit 
pour  signifier  qu'une  chose  a  été  vendue  très-peu 
cher.  Quand  une  Mancini  ne  fait  qu'une  folie  comme 
celle-là,  c'est  donné,  sÉv.  Lett.  3i  juin  <080.  Tout 
Corneille  commenté  en  cinq  ou  six  volumes  in-t», 
c'est  marché  donné  pour  deux  louis,  volt.  Lett. 


I 


1216 


DON 


d'ArgmIal,  9  août  I7«).  Il  X  che\<il  donné  on  ne 
reg.-i'rile  point  i  la  bouchn,  à  l.i  l)ride,  c'est-à-dire 
un  cadeau  est  toujours  le  bien  reçu. 

f  DONNÉ  (do-né),  s.  m.  Autrefois  soldat  inva- 
lide dont  on  mettait  l'eotretien  à  la  cliar(?e  d'ab- 
bayes. Un  donné  de  la  Trappe,  d'un  esprit  fort  su- 
périeur à  son  état,  qu'on  appelait  frère  Cliauvier, 
conduis't  ce  valet  de  clianil)re....  st-sim.  «1 ,  2S. 

—  IIIST.  XVI' s.  Ordonnant  aux  al)bés  de  donner 
aux  siropjats  pension  annuelle  pour  le  re-te  de  leur 
vie;  et  dure  cesie  institution  jusques  aujourd'hui, 
que  l'on  appelle  ung  donné,  <iui  se  court  et  se  brigue, 
quand  il  vacque,  par  tous  les  soldats  qui....  carl.  m,  ». 

—  ÉTVM.  Donné  I. 

t.  DONNÉK  (ilonée),  s.  f.  ||  !•  Le  point  sur  lequel 
on  fonde  un  raisonnement,  et  qui  est  reconnu.  Il  faut 
partir  de  celle  donnée.  Les  données  de  l'observation. 
Si  un  homme  raisonne  mal,  c'est  qu'il  n'a  pas  les 
données  pour  raisonner  mieux,  iiiderot.  Sur  le  li- 
vre de  l'Esprit.  ||  2°  Donnée  dramatique,  et,  en  gé- 
néral, donnée  dans  un  ouvrage  littéraire,  ce  qui 
est  d'abori  supposé  et  admis  d'après  la  nature  des 
personnages;  et,  siibsidiairement,  l'arrangement, 
la  disposition  du  fond  principal.  La  donnée  dans  le 
roman  A'Ondine,  c'est  la  puissance  des  esprits  élé- 
mentaires, particulitTement  des  ondins  ou  esprits 
des  eaux;  dans  la  tragédie  de  Uédee,  c'est  le  ca- 
ractère altier,  vindicatif  et  la  puissance  surnatu- 
relle de  cett"  enchanteresse.  (  Les  Données,  ou- 
vrage d'Euclide  traitint  divers  cas  où  certaines 
choses  sont  con^-idérées  comme  données. 

—  ÉTYM.  Donné. 

t  2.  DONNftE  (do-née),  s.  f.  Distribution  d'argent 
aux  pauvres.  l'iu^  la  donnée  avait  été  nombreuse, 
plus  la  charcutit're  était  aise,  By'-MM.  355,  )8i. 
Il  C'est  une  donnée,  c'est  un  excellent  marché. 
Il/puilles  de  mûrier  jetées  sur  les  claies  pour  un 
repas  des  vers  à  soie. 

—  HIST.  XIV" s.  Moult  de  nobles  joiaux  pour  faire 
la  donnée  Aux  vaillants  che>aliers  de  Guiene  la  lée, 
Guesclin.  0861.  1  xv"  s.  Kt  en  tous  les  aniversaires 
et  donnée  générale  à  tous  ceux  qui  la  vouloient 
prendre,  chkist.  ne  pisan,  Charles  V,  m.  60. 
Il  xvi«  s.  Ceux  qui  conseilloient  et  esioient  d'avis  que 
l'on  f\A  des  données  publiques,  amyot,  Cor.  22. 

—  ÊTYM.  Donné  «. 

DONNER  (do-né),  v.  a.  <•  Faire  don  ou  dona- 
tion; 2° accorder;  3» procurer;  4°  causer,  être  cause 
de;  h'  communiquer,  transmettre;  6°  donner  la 
vie;  7°  faire  le  sacrifice  de;  8".remettre;  9»  atlri- 
buer,  supposer;  10°  donner  pour,  vouloir  faire  pas- 
ser pour;  n°  donner  un  rival,  en  parlant  <rune 
femme  qui  préfiire  un  homme  à  un  auire;  12°  four- 
nir; 13°  apporter,  pré.senter;  I4°  donner,  en  par- 
lant de  certaines  munificences  qu'on  fait;  1 6° .don- 
ner une  pièce  de  tliéAlre,  la  faire  jouer  ou  la 
tepré.senter;  lu" oclroyor,  concéder;  17°  consacrer; 
18°  donner  à,  abandonner;  <9°  donner  du  monsei- 
gneur; 20"  exposer,  énoncer;  21°  prescrire,  im- 
poser; 22°applii|ucr  sur  une  personne;  23°  donner, 
en  parlant  de  ch.oses  qui  fournissent;  24°  produire; 
26° donner  un  enfant,  le  mettre  au  monde;  20°  don- 
ner, suivi  de  certains  noms  et  formant  une  locu- 
tion dont  le  sens  est  déterminé  par  le  nom;  27° per- 
mettre: 28°  donner  la  main;  29°  donner  une 
couche;  3ii°  donner  le  feu  trop  chaud;  3|» donner, 
terme  lie  jeuxde  cartes  et  deje,u  de  paume;  3:!°  don- 
ner carrière;  33°  donner,  eu  termes  de  vénerie; 
34°  donner,  en  termes  de  marine;  35°  donner  à, 
suivi  d'un  verbe  à  l'infinilif;  36°  le  donner  en; 
37°  en  donnera  quelqu'un,  en  donner  d'une;  38°  en 
donner  du  long  et  du  large;  30°  se  donner,  donner 
à  soi;  s'en  donner;  40°  donner,  rerbeneulre,  donner 
à  la  grosse;  4|°  heurter  contre;  4i"iloniier(laiis  un 
piège;  43"diinner  sur, donner  à, donner  au  travers; 
44°  donner  dans  un  passage,  s'y  eng.iger:  45»char- 
gei  dans  un  combat;  48"  être  situé;  47°  donner 
des  deux;  4«°  s'allonger,  en  termes  de  marine: 
49°  donner  du  cor,  en  sonner;  Bo°  se  donner,  verbe 
réfléchi,  faire  don  de  soi-même,  être  donné;  51°  se 
vouer;  5-2°  se  livrer,  se  rendre;  53°  prendre  un 
mari;  64°  s'ofTrir,  se  présenter;  65°  être  publié; 
6«°  .s'adonner;  57°  se  donner  pour,  se  faire  passer 
pou.  ;  58°  être  engagé,  en  parlant  d'une  bataille. 

1°  Faire  don  ou  donation  de  quelque  cho.se  à 
quelqu'un.  Donner  des  élrennes.  Donner  l'aumône. 
11  lui  a  donné  celte  maison  en  toute  propriété.  Que 
TOUS  doniura-l-oii  au  jour  de  l'an?  Won  gentil- 
homme, donnez,  s'il  vous  plail,  aux  garçons  quel- 
que chose  pour  boire,  mol.  liourgeois.  u,  9.  Refuser 
ce  qu'on  donne  esi  bon  à  faire  aux  fous,  iij.  Dcp. 
am.  i,a.  Elle  avait  une  magnificence  royale,  et  l'on 
*ûl  dit  qu'elle  perdait  ce  qu'elle  ne  donnait  pas, 


DON 

B0S5.  Reine  d'Anglet.  On  ne  doit  point  donner  le 
corps  de  Jésus-Christ  à  ceux^qui  retombent  toujours 
dans  les  mêmes  crimes,  pasc.  Prov.  I8.  Je  te  donne 
d'Aman  les  biens  et  la  puissance,  îiAC.  Rsth.  m.  7. 
11  dit  au  comte  Piper  qu'il  était  plus  (lalté  de  don- 
ner que  de  gagner  des  royaumes,  vouT.  Charles 
XII,  2.  Ce  prince,  qui  ne  perdait  jamais  une  occa- 
sion d'honorer  le  mérite  dans  ses  ennemis,  lui  [à 
un  officier  qui  avait  défendu  contre  lui  une  place] 
donna  une  épée  de  sa  main,  lui  fit  un  présent  consi- 
dérable d'argent,  et  le  renvoya  sur  parole,  id.  ib. 
2.  Vous  refuserez  grilce  où  j'en  voudrais  donner, 
CORN.  Allila,  m,  2.  Il  Fig.  Il  n'en  donnerait  pas  sa 
part  aux  chiens  ou  au  chat,  il  prétend  bien  avoir 
pan  à  ce  dont  il  .s'agit.  ||  Familièrement  et  ironi- 
quement. On  lui  en  donnera,  c'est-à-dire  il  n'aura 
pas,  ce  n'est  p.-ispour  lui  (|ue....  Ce  malotru  courtise 
cette  demoiselle;  on  lui  en  donnera,  d'aussi  jolies 
filles.  Nigaud!  on  lui  en  donnera  des  nigauds 
comme  moi;  dans  un  an  j'aurai  vingt-trois  ans  et 
demi,  VAnE,  Niçoise,  se.  (i.||  Donner  à  Dieu,  di- 
riger vers  Dieu  l'intention  de  quelque  chose.  Vous 
accordez  aux  hommes  l'eiïet  exiérieur  et  matériel 
del'aciion,  et  vous  donnez  à  Dieu  le  mouvement 
spirituel  et  intérieur  de  l'intention,  pasc.  Prov.  7. 
Il  Absolument.  Tel  donne  à  pleines  mains  qui  n'o- 
blige personne;  La  façon  de  donner  vaut  mieux 
que  ce  qu'on  donne,  coiin.  Itent.  i,  ).  Il  est  plus 
digne  d'un  prince  de  donner  que  de  recevoir, 
d'ablanc.  Apopltlh.y\.i,  dansRicuELET.  S'il  donne, 
il  est  prodigue,  et  s'il  épargne,  avare,  botb.  Ven- 
cesl.  I,  t.  Vous  joignez  aux  bienfaits  un  air  si  gra- 
cieux Ou'on  ne  vit  jamais  dans  le  monde  De  roi  qui 
donnftt  plus  ni  qui  sût  donner  mieux,  la  font. 
Poésies  mêlées,  Liv,  Firsqiie  au  roi.  Soutenons  bien 
nos  droits;  sot  est  celui  qui  donne,  C'est  ainsi  devers 
Caen  que  tout  Normand  raisonne,  boil.  Épit.  n.  Il 
y  a  du  plaisir  à  rencontrer  les  yeux  de  celui  à  qui 
on  vient  de  donner,  la  bruy.  iv.  La  libéralité  con- 
siste moins  adonner  beaucoup  qu'à  donner  à  propos, 
m.  ib.  C'est  rusticité  que  de  donner  de  mauvaise 
grSce;  le  plus  fnrt  et  le  plus  pénible  est  de  donner; 
que  coùte-t-il  d'y  ajouter  un  sourire?  m.  viii.  Il 
faut  avouer  qu'il  s'est  trouvé  des  hommes  qui  refu- 
saient plus  honnêtement  que  d'autres  ne  savaient 
donner  ;  qu'on  a  dit  de  quelques-uns,  qu'ils  se  fai- 
saient si  longtemps  prier,  qu'ils  donnaient  si  sè- 
chement et  chargeaient  une  grilce  qu'on  leur  ar- 
rachait de  conditions  si  désagréables,  qu'une  plus 
grande  grilce  était  d'obtenir  d'eux  d'êire  dispensés 
de  rien  recevoir,  m.  ib.  L'on  remarque,  dans  les 
c.iurs,  des  hommes  avides....  si  vous  demandez: 
que  font  ces  gens  à  la  cour?  ils  reçoivent  et  envient 
tous  ceux  à  qui  l'on  donne,  id.  ib.  ||  Il  donnerait 
iusqu'à  sa  chemise,  c'est  un  homme  d'une  extrême 
libéralité.  ||  En  jurisprudence,  donner  et  retenir  ne 
vaut,  c'est-à-dire  celui  qui  fait  une  donation,  ne 
peut,  sous  peine  de  nullité  de  l'acte,  y  ajouter  une 
clause  qui  en  détruise  l'elTet;  et.  dans  le- langage 
général,  on  ne  peut  avoir  la  disposition  de  la  chose 
qu'on  a  donnée.  ||  Faire  l'aumûne.  Qui  donne  aux 
pauvres  prête  à  Dieu,  v.  iiuoo,  Feuill.  d'aiit.  32. 
Donnez,  méch.nnts.  Dieu  vous  pardonne;  Donnez, 
ô  bous.  Dieu  vous  bénit!  id.  Voix,  2.  ||  î°  Accorder. 
Donner  sa  fille  en  mariage  à  quelqu'un.  Il  m'a 
donnée  à  vous,  et  nul  autre  que  moi  N'a  droit  de 
l'en  dédire  et  me  choisir  un  roi,  cobn.  Nicom.  i,  t. 
Il  Dans  le  même  sens.  Son  père  lui  donna  pour 
mari  un  jeune  homme  trùs-recommandahle.  On  lui 
ilonna  pour  femme  une  jeune  fille  appartenant  à 
une  famille  distinguée.  La  femme  qu'il  s'est  don- 
née. Il  On  dit  dans  un  sens  analogue,  donner  un 
domestique  à  quelqu'un,  l'attacher  à  son  service. 
Arlequin,  vous  êtes  à  présent  à  monsieur;  vous  le 
servirez,  je  vous  donne  à  lui,  Marivaux,  Fausses 
cnnfid.  1,  8.  Il  3"  Procurer.  Donner  un  précepteur, 
des  mattres  à  son  fils.  La  passion  donne  de  l'élo- 
quence. Cela  donne  du  poids  à  votre  opinion,  la 
confirme,  l'appuie.  Sans  donner  à  ses  pas  une  règle 
ceriaine,  U  erre  vagabond  où  le  pied  le  conduit, 
malii.  I,  4.  Le  fer  qui  les  tua  [les  innocents]  leur 
donna  cette  grâce.  Que,  si  de  faire  bien  ils  n'eu- 
rent pas  l'espace.  Ils  n'eurent  pas  le  temps  de 
faire  mal  aussi,  m.  i,  4.  Kt  les  siens  ,  secondant  la 
force  de  ses  coups,  Lui  donnent  le  moyen  de 
joimlre  son  époux,  maib.  Uort  d'Asdrub.  v,  (.  Nous 
devons  bien  chérir  celte  venu  parfaile  Oui  de  nos 
ravisseurs  nous  donne  la  défaite,  corn.  Uédée,  iv, 
3  Possédez  le  repos  comme  vous  le  donnez,  roir. 
liélis.  I,  6.  Je  veux  donner  la  vie  et  la  paix  aux 
Romains,  du  byf.b,  Scévole,  v,  0.  Donnez  un  digiie 
chef  à  de  si  dignes  bras,  brébeuf,  i'/tarî.  v.  Donne 
enfin  quelque  trêve  à  ces  vagues  pensées.  Donne 


DON 

:;jelque  relâche  à  ces  vastes  souhaits  in.  ib  Mais 
qiianil  tout  l'univers  au  trouble  s'abmdonne.  Oui 
peut  donner  la  paix  si  la  mort  ne  la  donne? ID.  ib. 
J'ai  voulu  vous  donner  les  moyens  de  me  plaire, 
RAC.  Androm.  iv,  3.  Et  il  n'y  a  pas  nu  être  appilé 
la  vie  qui  donne  le  sentiment  à  un  corps  orpniisél 
voi.T.  Dial.  VIII,  2.  Impatient  de  donner  un  roi  à  la 
Pologne,  il  proposa  au  prince  Alexandre  de  mon- 
ter sUr  le  trône,  dont  la  fortune  s'opiniâtraii  à  écar- 
ter son  frère,  m.  Charles  XII,  2.  ||  Se  donner, 
donner  à  soi,  faire  qu'on  ait. qu'on  possède.  Il  brûle 
d'être  à  Home,  afin  d'y  recevoir  Du  mallru  qu'il  s'y 
donne  et  l'ordre  et  le  pouvoir,  corn.  Serlor.  I.  2. 
Donne-toi  pour  unique  but  Le  grand  œuvre  de  tor. 
salut,  m.  Imil.i,  2:1.  Un  homme  de  mérite  se  donne, 
je  crois,  un  joli  spectacle,  lorsque  la  même  place.... 
dont  il  est  refusé,  il  la  voit  accorder  à  un  homme 
qui  n'a' point  d'yeux  pour  voir,  ni  d'oreilles  pour  en- 
tendre, ni  d'esprit  pour  connaître,  la  bruy.  viii. 
Celte  considération  universelle  qu'il  s'était  donnée 
par  sa  victoire,  il  l'augmentait  en  ne  perdant  pas 
un  moment  pour  en  profiter,  volt.  Itussie,  i,  t». 
Tancréde'  en  se  donnant  un  maître  despotique,  id. 
Tancr.  i,  t.  Ne  sentez-vous  pas,  si  vous  êtes  de 
bonne  foi,  que  les  hommes  ne  se  donnent  r-en  et 
qu'ils  sont  sous  la  main  d'un  maître  absolu  ?  lu.  DiaU 
VII,  2.  les  Anglais  all'rent  atiaquer  dans  le  nou- 
veau monde  l'ennemi  qu'ils  venaient  de  se  donner, 
RAYNAL,  llisl.  phil.  X,  9.  ||  Se  donner  du  bon  temps, 
se  divertir.  ||  4°  Causer.  Cela  lui  a  donné  bien  de  la 
peine.  Donner  de  l'appéiit.  Cela  donne  bnnne  opi- 
nion de  lui.  Et  ses  trois  frères  morts  par  la  main 
d'un  époux  Lui  donneront  des  pleurs  bien  plus  jus- 
tes qu'à  vous,  CORN.  Ilor.  iv,  4.  Je  viens  de  voir 
pour  mes  péchés  cette  méchante  rapsodie  de  l'École 
des  femmes;  je  sais  encore  en  défaillance  du  mal 
de  cœur  que  cela  m'a  donné,  mol.  Critique,  3. 
Il  Donner  de  la  peine  à  quelqu'un,  lui  imposer  une 
occupation  fatigante.  ||  Se  donner  la  peine,  avoir 
soin  de.  Il  semble  que  l'on  devrait  déculer  sur  cela 
avec  plus  de  précaution  et  se  donner  .seulement  la 
peine  de  douter  si....  la  brcy.  xii.  ||  Par  poliiesse. 
Donnez-vous  la  peine  de  vous  asseoir  ||  Se  donner  de 
la  peine,  travailler  beaucoup,  se  fatiguer.  ||  Se  donner 
du  tourment,  du  chagrin,  etc.  être  tourmenté,  cha- 
griné. Comme  tout  fait  ombrage  aux  soucis  qu'il  se 
lionne!  cobn.  Imit.  ii.  3.  La  plus  briUanie  fortune 
ne  mérite  point  ni  le  tourment  que  je  me  donne, 
ni  les  petitesses  où  je  me  surprends,  ni  les  humi- 
liations ni  les  hontes  que  j'essi.ie,  la  bruy.  viu. 
Il  Donner  bien  de  l'exercice,  susciter  bien  des  em- 
liarras.  C'esi  une  mauvaise  affaire  et  qui  lui  donnera 
bien  de  l'exercice.  ||  Se  donner  une  entorse,  se  don- 
ner un  accès  de  fièvre,  causer  à  soi-même  une  en- 
torse, un  accès  de  fièvre.  ||  Inspirer.  Et  vous  ai-je 
ordonné  D'éteindre  tout  le  feu  que  je  vous  ai  donnéT 
CORN.  Othon,  i,  5.  La  reine,  qui  surtout  craint  de 
vous  voir  régner.  Vous  donne  des  terreurs  pour  vous 
faire  éloigner,  id.  Rodog.  m,  2.  Je  n'a\ais  pas  beau- 
coup d'envie  de  me  trouver  à  cette  course,  mais  j'y 
veux  aller  exprès  et  employer  toute  chose  pour  lui 
donner  de  l'amour,  mol.  Princ.  d'El.  U,  6.  Je  donne 
aux  immortels  la  peur  que  j'ôte  aux  hommes,  bo- 
TROU,  Hercule  mourant,  i,  I.  Il  étonna  tous  ceux 
qui  pensaient  l'étonner.  Et,  n'ayant  pas  d'effroi, 
mérita  d'en  donner,  bbêbeuf,  Phars.  v.  Comme  je 
trouve  bien  plus  important  de  donner  au  momie  de 
l'horreur  de  vos  opinions  sur  ce  sujet  que  de  justi- 
fier la  fidélité  de  mes  citations,  pasc.  Prov.  I4. 
Malgré  la  juste  horreur  que  son  crime  me  donne, 
bac.  Andr.  iv,  3.  Je  voudrais  qu'il  me  liaitit  encore, 
reprit  la  dame  en  poussant  des  cris;  je  le  méritais 
bien,  je  lui  avais  donné  de  la  jalousie,  volt.  Zadig, 
9.  Il  5°  Communiquer,  transmeitre.  Donner  la  peste. 
Il  est  à  craindre  que  cet  enfant  ne  donne  la  rou- 
geole, la  coqueluche  à  ses  frères.  Ceux  qui  avaient 
prévenu  le  danger  mortel  de  la  petite  vérole  en  se 
la  donnant,  in.  Louis  XIV,  41.  j|  Donner  ses  goûts, 
son  humeur  à  quehju'un,  lui  inspirer  les  goûts, 
l'humeur  que  l'on  a  soi-même.  Les  Espagnols  enfin 
t'ont  donné  leur  fureur,  id.  Ali.  v,  6.  |{  6°  Donner 
la  vie,  engendrer,  amener  à  l'existence.  Vous  saiei 
donc  quel  .sang  vous  a  donné  la  vie?  bac.  ..41/iai  iv, 
4.  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  donner  1  être.  Cènes 
vos  sentiments  font  assez  reconnaître  Qui  vous  donna 
la  main  et  qui  vous  donna  l'être,  cobn.  Piimp.  m, 
4.  Il  Par  extension.  Donner  la  vie,  rendre  la  santé. 
Il  était  tiès-malade;  l'air  de  la  campagne  lui  adonné 
la  vie.  li  Kig.  Donner  la  vie  à  quelqu'un,  causer  une 
vive  joie  à  quehpi'un  qui  était  dans  la  douleur.  Il 
tirer  d'une  extrême  inquiélude.  Cette  bonne  nou- 
velle lui  a  donné  la  vie.  ||  Par  opposition.  Donner  II 
mort,  tuer,  faire  mourir.   £née  donna  la  mart  i 


DON 

Turnus.  Ce  poison  donne  une  prompte  mort.  Ce 
jour  va  vous  donner  la  naissance  et  la  mort,  volt. 
Œdipe,  m,  4.  ||  Se  donner  la  mort,  se  tuer  soi- 
même.  Il  Par  exagération.  Donner  la  mort  à  quel- 
qu'un, lui  causer  une  extrême  douleur.  ||  7°  Faire 
le  sacrifice  de.  Donner  sa  vie,  son  sang  pour  la  pa- 
trie. Mais  c'en  est  une  [générosité]  encor  d'un  plus 
illustre  rang ,  Quand  on  donne  au  public  les  inté- 
rêts du  sang,  corn.  Cid,  iv,  2.  ||  8°  Remettre.  Je  le 
lui  ai  donné  k  lui-même.  Je  lui  ai  donné  le  flam- 
beau dans  les  mains.  Donner  un  paquet  au  messa- 
ger. Ce  qu'on  donne  aux  méchants  toujours  on  le 
regrette;  Pour  tirer  d'eux  ce  qu'on  leur  prête,  Il 
faut  qu'on  en  vienne  aux  coups,  la  font.  Fabl.  ii, 
7.  Çà,  donnez-moi  que  j'aille  acheter  votre  esclave 
[il  s'agit  d'argent  à  mettre  dans  la  main],  mol. 
l'Étour.  11,  7.  Le  mis-tu  [un  enfant]  dans  ses  bras? 
—  Oui,  je  le  lui  donnai,  volt.  Œdipe,  v,  3.  Stein- 
beck se  fit  donner  de  force  plus  qu'il  n'avait  de- 
mandé ;  on  exigea  même  de  la  ville  une  contribu- 
tion, iD.  Charles  XII,  2.  ||  Fig.  Donner  des  verges 
pour  se  fouetter,  fournir  nous-mêmes  ce  qui  sera  em- 
ployé contre  nous.  ||  Livrer.  Donner  de  la  marchan- 
dise à  crédit.  Donner  quelque  chose  à  l'essai.  Donner 
en  dépôt.  Donner  de  l'ouvrage  à  faire.  ||  Céder  en 
échange,  en  retour;  offrir  un  prix.  Donnez-moi 
votre  couteau  pour  mon  canif.  Me  donnez-vous  cela 
pour  dix  francs?  Il  Donner  un  pois  pour  avoir  une 
fève,  donner  un  œuf  pour  avoir  un  bœuf,  c'est-à- 
dire  faire  un  présent  de  peu  de  valeur,  afin  d'en 

p  recevoir  un  d'un  plus  grand  prix.  ||  Par  exagération. 
Je  n'en  donnerais  pas  une  obole,  pas  un  fétu.  Je  ne 
donnerais  pas  un  sou  de  notre  métier,  mol.  Mal. 
imag.  i,  ».  ||  Je  donnerais  tout  au  monde,  tout  ce 
que  je  possède,  pour  que  cela  ne  fût  pas;  c'est-à- 
dire  je  ferais  tous  les  sacrifices.  Du  meilleur  de 
mon  cœur  je  donnerais  sur  l'heure  Les  vingt  plus 
beaux  louis  de  ce  qui  me  demeure....  mol.  Tart.  v,  4. 
Je  donnerais  volontiers  la  moitié  de  ma  fortune  pour 
qu'en  ce  moment  vous  eussiez  mon  âge. —  Et  moi, 
mon  ami,  répondit  le  vieillard,  en  souriant  triste- 
ment, je  donnerais  pour  cela  ma  fortune  entière, 
dussé-je  payer  ce  rajeunissement  d'une  petite  pro- 
menade en  votre  compagnie  au  bois  de  Boulogne  ou 
à  Vincennes,  ch.  de  Bernard,  la  Cinquantaine, 
$  XI.  Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  je  donne- 
rais dix  ans  de  ma  vie,  je  donnerais  je  ne  sais 
combien,  je  ne  sais  quoi.  ||  9°  Attribuer,  supposer. 
On  lui  donne  un  tel  pour  collaborateur.  Quel  âge 
lui  donne-t-on?  Quelques  voyageurs  donnent  au 
Sénégal  un  cours  de  huit  cents  lieues.  On  ne  don- 
nerait pas  cinquante  ans  à  cet  homme  qui  toutefois 
en  a  près  de  soixante-dix.  Elle  donne  son  enfant 
à  un  tel,  c'est-à-dire  elle  dit  qu'un  tel  est  le  père 
de  cet  enfant.  Â  des  fantômes  vains  donnez  moins 

■  de  pouvoir,  corn.  fois,  d'or,  i,  3.  Et  l'on  pourrait 
donner  à  la  nécessité  Ce  qui  n'est  qu'un  effet  de  la 
légèreté,  m.  Perthar.  i,  4.  Je  me  souviens  toujours 
du  soir  qu'elle  eut  envie  de  voir  Damon,  sur  la  ré- 
putation qu'on  lui  donne  et  les  choses  que  le  public 
a  vues  de  lui,  mol.  Critique,  2.  J'ignore  le  détail 
du  crime  qu'on  vous  donne,  m.  Tart.  v,  6.  Le  pre- 
mier tableau  que  j'ai  vu  à  Chantilly  est  une  tête  de 
St  Jean-Baptiste  qu'on  donne  au  Titien,  fén.  t.  xix, 
p.  462.  Vous  donnez  aux  bonnes  œuvres  des  gens 
de  bien  des  motifs  corrompus,  mass.  Car.  Injust.  du 
monde.  L'auteur  de  cet  ouvrage  est  inconnu;  quel- 
ques-uns le  donnent  à  Tacite,  d'autres  à  Ouintilien, 
mais  sans  beaucoup  de  fondement,  rollin,  Hisl. 
anc.  Œuvres,  t.  xi,  2'  part.  p.  697,  dans  pougens. 
Il  Se  donner,  donner  à  soi,  s'allribuer.  Ne  vous 
donnez  sur  moi   qu'un    pouvoir    légitime,    corn. 

Pomp.  IV,  3 l'àne  en  se  donnant  tout  l'honneur 

de  la  chasse,  la  font.  Fabl.  ii,  (9.  Nonnius  par 
ce  traître  est  mort  assassiné;  N'avons-nous  pas  sur 
lui  le  droit  qu'il  s'est  donné?  volt.  Catil.iv,  4. 
Il  10°  Donner  quelqu'un,  quelque  chose  pour,  vou- 
loir faire  passer  quelqu'un,  quelque  chose  pour.... 
Je  ne  vous  le  donne  pas  pour  un  homme  dont.... 
hamilt.  Gramm.  4.  Ces  penchants  que  vous  nous 
donnez  pour  invincibles,  ne  les  avez-vous  pas  raille 
fois  surmontés?  mass.  Car.  Samarit.  ||  11°  Donner 
un  rival,  en  parlant  d'une  femme  qui  préfère  un 

homme  à.un  autre Palmire,  à  mes  pieds,  par 

un  arrêt  fatal  Insulte  à  Mahomet  et  lui  donne  un 
rival,  VOLT.  Fanât,  u,  4.  ||  12°  Fournir.  Donner  des 
sûretés,  un  gage.  Donner  des  preuves,  des  marques 
d'estime.  ||  Donner  des  témoignages  de,  faire  preuve 
de.  Après  tant  de  témoignages  invincibles  qu'ils  ont 
donnés  de  leur  foi,  pasc.  jProw.  <6.  ||  Donner  lieu 
matière,  sujet  à....,  fournir  le  sujet,  l'occasion.  Ne 
nous  donnez-vous  pas  sujet  de  juger  que  ce  n'est 
point  Dieu  que  vous  considérez  dans  cette  crainte? 

DICT.     DE  LA  LANGUE   FRANÇAISS. 


DON 

ID.  ib.  13,  Il  Manifester.  Donner  des  signes  d'embar- 
ras. Il  ne  donnait  plus  aucun  signe  de  vie.  ||  Fig. 
Ne  pas  donner  signe  de  vie,  ne  pas  répondre,  ne 
pas  se  mouvoir,  ne  pas  agir.  ||  13°  Apporter,  présen- 
ter. Donnez-moi  mes  habits,  un  siège.  Voulez-vous 
mettre  votre  habit?— Oui,  donnez-le-moi,  mol. 
Bourg,  ii,  8.  ||  14°  U  se  dit  de  certaines  munifi- 
cences qu'on  fait.  Donner  un  repas,  une  fête.  Don- 
ner un  bal.  Ce  n'est  ici  qu'un  bal  à  la  hâte;  mais, 
l'un  de  ces  jours,  nous  vous  en  donnerons  un  dans 
les  formes,  mol.  Pr^c.  <3.  ||  15°  Donner  une  pièce, 
se  dit  de  l'auteur  qui  fait  représenter  une  pièce  de 
théâtre.  C'est  une  répétition  que  je  fais  faire  en 
province,  pour  donner  la  pièce  à  Paris,  quand  vous 
le  jugerez  à  propos,  volt.  Lettres  en  vers  et  en 
prose,  73.  Il  Donner  une  pièce,  se  dit  des  acteurs, 
du  théâtre  qui  représentent  une  pièce.  Le  Théâtre 
Français  donne  aujourd'hui  ma  pièce,  piron,  ifé- 
trom.  I,  8.  Il  Fig.  Donner  la  comédie,  faire  rire  de 
soi.  Ce  fut  une  seconde  comédie  que  le  chagrin 
de  notre  ami  ;  il  la  donna  en  galant  homme  à  toute 
l'assemblée,  et  chacun  demeura  d'accord  qu'on  ne 
pouvait  pas  mieux  jouer  qu'il  fit,  mol.  Critique,  6. 
Il  16°  Octroyer,  concéder.  Donner  audience.  Donner 
un  délai.  On  lui  donna  la  meilleure  place.  Et  qui 
peut  nier  qu'après  Dieu  Sa  gloire  [de  Henri  IV], 
qui  n'a  point  d'exemples.  N'ait  mérité  que  dans  nos 
temples  On  lui  donne  le  second  lieu?  malh.  ii,  4. 
Profitez  du  moment  que  mon  amour  vous  donne, 
RAC.  Mithr.  IV,  4.  ||  Je  ne  lui  donne  pas  six  mois  à 
vivre,  je  pense  qu'avant  six  mois  il  sera  mort.  Je  ne 
donne  pas  deux  années  aux  ennemis  de  la  raison  et  de 
l'Ëtat  pour  rentrer  dans  le  bon  sens  [avant  deux  ans 
ils  seront  rentrés],  volt.  Lett.ahbéMignot,  24  juin 
)  771 .  Il  17°  Consacrer.  Donne  aux  saints  devoirs  d'un 
chrétien  Tout  ce  que  Dieu  te  donne  à  vivre,  corn. 
Imit.i,  23.  Il  18°  Donner  à,  abandonner.  Pareils 
ministres  sont  loin  de  rien  donner  au  hasard,  balz. 
Avis  écrit.  La  première  règle  est  de  ne  pas  se  déter- 
miner au  hasard,  et,  dans  l'affaire  de  l'éternité,  ne 
rien  donner  à  l'opinion  et  à  l'exemple,  id.  ib.  Sa- 
lut. S'il  est  vrai  qu'un  grand  donne  plus  à  la  for- 
tune, lorsqu'il  hasarde  une  vie  destinée  à  couler 
dans  les  ris,  le  flaisir  et  l'abondance,  qu'un  par- 
ticulier qui  ne  risque  que  des  jours  qui  sont  mi- 
sérables, il  faut  avouer  aussi  qu'il  a  un  tout  autre 
dédommagement,  qui  est  la  gloire  et  la  haute  ré- 
putation, LA  BRUY.  IX.  Il  Laisser  prévaloir.  Il  a  beau- 
coup donné  à  la  faiblesse  paternelle.  Sire,  ne  don- 
nez rien  à  mes  débiles  ans,  cohn.  llor.  v,  3.  Ce 
qu'on  vous  voit  ici  donner  à  la  nature,  m6l.  Psyché, 
II,  t.  Quelque  sobres  qu'ils  soient,  ils  donnent  à  la 
volupté  ce  qu'ils  pensent  donner  à  la  seule  néces- 
sité, PASC.  Frov.  4.  Il  craignait  toujours  de  trop 
donner  à  la  nature,  Boss.  Louis  de  Bourbon.  Il  n'a 
rien  donné  au  plaisir,  rien  à  l'intérêt,  id.  Pensées, 
14.  On  donne  souvent  à  la  vanité  ce  qu'on  croit  don- 
ner à  la  vérité,  mass.  Car.  Tiédeur,  2.  Ce  n'est  pas 
une  constance  de  philosophe;  il  ne  donne  rien  aux 
spectateurs,  id.  Or.  (un.  Conty.  L'on  y  donne  quel- 
quefois [dans  les  cours]  les  dehors  à  la  piété,  pour 
réserver  plus  sûrement  le  cœur  à  l'amertume  de  la 
jalousie,  id.  Or.  (un.  Dauphin.  Notre  régularité 
n'est  qu'une  décence  que  nous  donnons  au  monde 
et  au  sérieux  de  notre  état,  id.  Confér.  Zèle  c.  les 
scand.  \\  Absolument.  Il  [un  prédicateur]  ne  croit 
pas  qu'on  puisse  sans  péché  donner  à  ses  plaisirs 
quand  on  a  des  créanciers;  les  dépenses  lui  parais- 
sent des  vols  qui  nous  ôtent  le  moyen  de  faire  jus- 
tice, sÉv.  379.  I)  19°  Familièrement.  Donner  du 
Monseigneur  à  quelqu'un,  lui  donner  ce  titre  par 
flatterie.  A  chaque  vers  il  vous  a  donné  de  la  divi- 
nité et  a  fait  des  exclamations  si  hautes  qu'on  a  pu 
les  ouïr  du  grand  chemin,  balz.  liv.  vu,  lett.  35.  X 
son  avènement  dans  le  monde,  au  lieu  de  votre  Ex- 
cellence, il  se  faisait  donner  de  votre  Doctrine,  id. 
le  Barbon.  De  l'écrit  obligeant  le  sien  [son  cœur] 
tout  transporté  Ne  me  donnait  pas  moins  que  de  la 
déité,  mol.  Dép.  a,  4.  ||  Donner  du  respect  à  quel- 
qu'un, terminer  une  lettre  qu'on  lui  écrit  par  des 
expressions  qui  marquent  le  respect.  Ne  vous  ai-je 
pas  donné  du  cordialement?  sÉv.  440.  Je  n'ai  point 
encore  bien  vu  comment  est  pour  vous  celui  à  qui 
vous  donnez  de  ïobéissant  et  qui  n'aurait  que  de 
l'affectionné  sans  son  maître ,  maintenok  ,  Lett. 
Duc  de  Noailles,  l «'  mars  1 7H .  |1  Se  donner  de  l'Ex- 
ceUence,  se  faire  donner  le  titre  d'Excellence.  Vous 
qui  vous  donnez  de  la  Hautesse  et  de  l'Éminence, 
LA  BRUY.  XII.  Il  20°  Exposer,  énoncer.  Donner  ses 
raisons.  Donner  pour  prétexte.  Donner  la  descrip- 
tion d'un  objet.  ||  Faire  connaître,  communiquer. 
Je  ne  vous  fais  point  d'excuses  de  ne  vous  avoir  pas 
dit  hier  la  nomination  de  M.  l'évique  d'Angers  que 


DON 


1217 


le  roi  m'avait  donnée  en  secret,  maintenon,  Lett, 
Card.  de  Noailles,  24  mars  <70e.  ||  21°  Imposer, 
prescrire,  assigner.  Donner  un  pensum.  Donner  un 
nom  à  une  plante,  un  titre  à  un  ouvrage.  ||  Donner 
le  nom  à  un  enfant,  le  tenir  sur  les  fonts  baptis- 
maux. Il  Donner  ordre  à  quelque  chose,  y  pourvoir. 
Donne  pour  ce  grand  jour  [la  mort] ,  donne  ordre 
à  tes  affaires,   corn.   Imit.  i,  24.  ||  Donner  le  mot 
d'ordre,  ou,  absolument,  le  mot,  fixer  le  mot  par 
lequel  des  patrouilles  et  des  factionnaires  se  recon- 
naissent. ||  Fig.  Donner  le  mot  d'ordre,  donner  la 
direction  dans  une  affaire,  dans  un  parti.  ||  Se  don- 
ner le  mot,  convenir  de,  s'entendre  pour.  Légistes, 
docteurs,   médecins,   quelle  chute   pour  vous,    si 
nous  pouvions  tous  nous  donner  le  mot  de  devenir 
sages  !   la  bru  y.  xii.  ||  Donner  des  lois  à  un  pays  , 
en  être  le   législateur.  Selon  a  donné  des  lois  à 
Athènes.  ||  Fig.  Donner  des  lois,  commander  en 
maître.  Qui,  tout  vaincu  qu'il  est,  bravant  le  nom 
de  roi.  Dans  vos  propres  États  vous  donnerait  la 
loi,  CORN.  Pomp.  I,  1.  Né  pour   donner  des  lois, 
commencez  par  vous-m^me,  roteou,  Vencesl.  i,  1. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  donner  la  loi.  Pense, 
mortel,  à  t'y  résoudre  [à  la  mort];  Ce  sera  bientôt 
fait  de  toi;  Tel  aujourd'hui  donne  la  loi  Qui  demain 
ne  sera  que  poudre,  corn.  Imit.  i,  23.  ||  Par  analo- 
gie. Donner  des  fers,  mettra  dans  la  servitude.  [Us] 
Se  disputent  l'honneur  de  nous  donner  des  fers, 
VOLT.  Tancr.  i,  1. 1|  22°  Appliquer  sur  une  personne. 
Donner  des  remèdes.  Donner  les  sacrements.  Don- 
ner la  question.  ||  Donner  un  coup,  frapper.  Don- 
ner un  coup  de  poing.  Donner  un  coup  de  hache. 
Quand  on  nous  donne  un  soufflet,  doit-on  l'endurer 
plutôt  que  de  tuer  celui  qui  le  veut  donner,  ou  bien 
est-il  permis  de  tuer  pour  éviter  cet  affront?  pasc. 
Prov.  t4.  Il  Donner  un  coup  de  rabot,  de  lime,  de 
peigne  à  quelque  chose,  passer  le  rabot,  la  lime, 
le  peigne  une  ou  plusieurs  fois  sur  quelque  chose. 
Il  Donner  un  revers,  donner  du  revers,  frapper  avec 
le  revers  de  la  main.  Et  fig.  Toutefois  n'allez  pas, 
sur  cette  sûreté,  Donner  de  vos  revers  au  projet  que 
je  tente,  mol.  l'Étour.  n,i.  \\  Donner  un  coup  de  pied, 
frapper  avec  le  pied.  Le  cheval  lui  donna  un  coup  de 
pied.  Il  Par  ellipse  du  mot  coup.  Donner  à  quelqu'un 
du  pied  dans  le  derrière.  ||  Fig.  et  familièrement.  Il 
ne  se  donne  pas  de  coups  de  pied,  se  dit  d'un  homme 
qui  parle  trop  avantageusement  de  lui-même.  ||  Par 
une  autre  figure.  Donner  un  coup  de  pied  chez 
quelqu'un,  jusqu'à  tel  endroit,  y  aller.  ||  Donner 
un    coup    d'épaule,    secourir   quelqu'un,    aider   à 
quelque  chose.  Il  a  besoin  d'un  coup  d'épaule  pour 
réussir  dans  ses  démarches.  L'affaire  n'avance  point; 
ne  pourriez-vous  pas  y  donner  un  coup  d'épaule? 
Il  Le  cheval  donne  un  coup  de  collier,  quand  il  ap- 
puie fortement  sur  le  collier  pour  tirer.  Et  fig.  don- 
ner un  coup  de  collier,   faire  un  effort  grand  et 
momentané.  11  y  a  beaucoup  de  besogne  ;  pour  l'a- 
chever, il  faut  donner  un  coup  de   collier.  Nous 
avons  donné  un  bon  coup  de  collier  è.  cette  affaire. 
Il  23°  Donner,  en  parlant  de  choses  qui  fouinissent. 
Cette  fontaine  donne  de  l'eau  à  toute  la  ville.  |i  24°  Pro- 
duire. Ces  terres  ont  beaucoup  donné  l'année  der- 
nière. Son  commerce  lui  donne  de  quoi  vivre.  Cette 
école  a  donné  des  peintres  célèbres.  ||  Absolument. 
Les  pêchers  ont  donné  avec  abondance,  la  broy. 
XII.  Il  Fournir  une  humeur.   La  plaie  donne  beau- 
coup de  pus.  Il  Et  absolument.   La  plaie  ne  donne 
plus.  Il  25°  Donner  un  enfant,  se  dit,  par  rapport 
au  mari  ou  même  à  l'État,  d'une  femme  qui  met  un 
enfant  au  monde.  Ils  donnent  des  enfants  à  l'État, 
et  les  élèvent  avec  honnêteté,  volt.  Dial.  xxvi.  Pen- 
sées détachées.  Le  ciel  bénit  nos  feux,  tu  me  donnas 
un  fils,  M.  J.  CHÉN.  Gracques,  i,  4.  ||  26°  Donner, 
suivi  de  certains  noms,  forme  une  locution  dont  le 
sens  correspond  à  celui  du  verbe  dont  le  nom  dé- 
rive, ou  du  moins  est  déterminé  par  le  nom.  Don- 
ner assaut.  Donner  la  bastonnade.  Donner  à  quel- 
qu'un son  congé.  ||  Donner  l'alarme,  avertir  de 
l'approche  de  l'ennemi.  Les  sentinelles  donnèrent 
l'alarme.  Fig.  Avertir  de  quelque  danger,  inspirer 
quelque  crainte.  Donner  une  alarme  bien  chaude; 
et  elliptiquement,  dans  le  langage  familier,  la  don- 
ner bien  chaude.  ||  Donner  bataille,  se  dit  de  deux 
armées  qui  combattent.  La  bataille  fut  donnée  dans 
les  plaines  de  la  Belgique.  Résous-toi  donc,  Por-    ■ 
senne,  à  ce  péril  extrême  De  donner  chaque  instanl 
des  combats  pour  toi-même,  du  ryer,  Scévole,  iv,  6. 
Si  les  ennemis  veulent  une  bataille,  elle  est  donnée 
présentement,  maintenon,  Lett,  Due  de  Noailles, 
2  août  )7I0.  C'est  maintenant  qu'on  donne  un  com- 
bat véritable,  volt.  Catil.  v,  3.  ||  Donner  une  baie, 
donner  la  baie,  tromper.  Le  sort  a  bien  donné  la 
baie  à  mon  espoir,  uol.  l'Étour.  u,  *3.  ||  Donner 

I.  —  153 


1218 


DON 


une  camîide,  des  cassades,  faire  accroire  quelque 
choao  à  quoiqu'un.  Il  Donner  un  conseil,  conseiller. 
Kt  quand  tu  peux  donner  un  conseil  salutaire  Qui 
le»  portiT  h  bien  faire,.  Donne-t'en  le  plus  ample  et 

10  plus  prompt  avis,  corn.  Itnù.  i,  21.  |1  Donner  la 
bénédiction,  bénir.  Donner  l'absolution,  absoudre. 
Donner  l'exclusion,  exclure.  Donner  attention,  être 
attentif,  écouter  attentivement.  Donner  croyance, 
croire,  ajouter  foi.  ||  Donner  des  bornes  à  ses  désirs, 
à  ses  projets,  les  borner,  les  limiter.  ||  Donner  un 
libre  cours  à,  laisser  toute  liberté  de  se  mani- 
fester. Donner  un  libre  cours  à  ses  larmes,  à  sa 
colère.  ||  Donner  cours  à  une  monnaie,  la  faire  re- 
cevoir. ||  Donner  cours  à  une  nouvelle,  à  une  opi- 
nion, la  divulguer,  la  propager.  Ne  vous  imagi- 
nez pas  que  j'aie  dessein  de  donner  cours  à  une 
nouvelle  opinion....    hai.z.    Socr.    ehrét.   Disc.   7. 

11  Donner  bon  exemple,  donner  le  bon  exemple, 
être  exemplaire  en  sa  conduite.  Sage  dans  sa  vie, 
dans  ses  mœurs,  il  donne  un  exemple  qui  prêche 
mieux  que  les  missionnaires,  p.  h.  coun.  Réponse 
aux  anonymes ,  1. 1|  Donner  exemple,  donner  l'exera- 
Dle,  en  bonne  ou  en  mauvaise  part,  être  le  premier 
à  faire  quelque  chose.  ||  Donner  jour  à  une  affaire, 
en  faire  naître  l'idée,  l'occasion.  ||  Donner  des  le- 
çons, être  professeur,  enseigner.  Il  gagne  sa  vie  en 
donnant  des  leçons.  Et,  figurément,  donner  des  le- 
çons, instruire,  faire  rentrer  en  soi-même.  L'infor- 
tune lui  a  donné  des  leçons.  Celui  qui  rtgne  dans 
les  cieux  et  de  qui  relèvent  tous  les  empires....  est 
aussi  le  seul  qui  se  glorifie  de  faire  la  loi  aux  rois 
et  de  leur  donner,  quand  il  lui  plaît,  de  grandes  et 
de  terribles  leçons,  boss.  Reine  d'Anglet.  \\  En  un 
autre  sens  et  familièrement,  donner  une  leçon,  in- 
fliger une  réprimande,  une  correction,  ou,  en  par- 
lant des  choses,  faire  réfléchir,  instruire  par  une 
fâcheuse  expérience.  Cela  lui  a  donné  une  leçon. 
Avez-vous  quelques  nouvelles  à  me  donner?  —  Non 
des  nouvelles,  mais  une  leçon. — Venant  de  vous, 
madame,  elle  n'a  rien  qui  puisse  blesser  :  je  suis 
encore  dans  l'âge  où  on  les  reçoit,  et  depuis  long- 
temps madame  est  dans  celui  où  on  les  donne, 
8CBIBE,  la  Calomnie,  m,  9.  ||  Donner  parole,  don- 
ner sa  parole,  promettre  formellement.  Il  m'a  donné 
parole  de  venir.  Il  m'a  donné  sa  parole  qu'il  vien- 
drait. Il  Donner  des  paroles,  de  belles  paroles,  amu- 
ser par  de  belles  promesses,  sans  avoir  aucune 
intention  de  les  tenir.  ||  Donner  passage,  laisser 
passer.  Elbing,  bâtie  sur  un  bras  de  la  Vistule,  no 
profita  pas  de  la  faute  des  Dantzickois  ;  elle  balança 
trop  adonner  pa.ssage  aux  troupes  suédoises,  volt. 
Charles  XII,  2.  |1  Donner  des  louanges,  des  éloges, 
louer.  Le  roi  son  mari  lui  a  donné  jusqu'à  la  mort 
ce  bel  éloge,  qu'il  n'y  avait  que  le  seul  point  de 
la  religion  où  leurs  cœurs  fussent  désunis,  boss. 
Heine  d'Anglet.  ||  Donner  ses  pensées  à  quelque 
chose,  les  y  appliquer.  Et  donnez  vospensers  à  des 
objets  meilleurs,  maib.  Sophon.  v,  6.  ||  Donner  des 
pleurs,  des  regrets,  pleurer,  regretter.  Au  malheur 
des  vaincus  donnait  toujours  des  pleurs,  cobn.  Hor. 
I,  1.  L»  déplorable  état  où  je  vous  abandonne  Est 
bien  digne  des  pleurs  que  mon  amour  vous  donne, 
ID.  l'oly.  IV,  3.  J'approuve  cependant  les  regrets 
qu'on  lui  donne,  Ducis,  Ilamlet,  i,  t.  ||  Donner 
rendez-vous,  donner  un  rendez-vous,  assigner  un 
lieu,  une  heure,  pour  se  rencontrer.  ||  Terme  de 
procédure.  Donner  assignation,  assigner  par  un 
exploit  à  comparaître  devant  le  juge.  ||  Donner  jour, 
donner  heure,  fixer  un  jour,  une  heure  pour  un 
rendez-vous,  une  affaire,  etc.  Je  lui  ai  donné  heure 
dans  la  soirée.  ||  Donner  un  rôle  h  un  acteur,  char- 
ger un  acteur  de  jouer  un  rôle.  Je  ne  me  souviens 
point  du  tout  d'avoir  donné  aucun  rêle  cette  année  ; 
je  n'ai  aucun  ambassadeur  au  tripot,  et  vous  êtes 
maître  absolu,  volt.  Lett.  nichelieu,  15  juillet  1763. 
Il  Donner  son  temps  à  quelqu'un,  à  quelque  chose, 
employer  son  temps  pour  quelqu'un,  pour  quelque 
chose.  Le  roi  prend  tout  mon  temps;  je  donne  le 
resteàSaint-Cyr,  à  qui  je  voudrais  lo  tout  donner, 
MAiNTENON.  Lettre  d  Urne  Brinon,  t.  ii,  p.  233, 
dans  POUGENS.  ||  Donner  sa  journée,  sa  soirée  & 
quelqu'un,  la  passer  avec  lui.  11  nous  a  donné  le 
peu  de  temps  qu'il  h  passé  à  Paris.  Passons  chez 
Octavio,  et  donnons-lui  le  reste  D'un  jour  autant 
heureux  que  je  l'ai  cru  funeste,  rac.  Brit.  v,  3. 
Il  Donner  du  temps  à  quelque  chose,  employer  à 
cette  chose  un  certain  espace  de  temps.  Il  se  lève 
de  très-bonne  heure,  et  donne  sa  matinée  au  tra- 
»ail  du  cabinet.  Si,  tandis  que  je  donne  aux  veil- 
les ,  aux  alarmes  Des  jours  toujours  à  plaindre  et 
toujours  enviés....  id.  ib.  ii,  s.  1|  Donner  tort  à 
quelqu'un,  dire  qu'il  a  tort;  lui  donner  raison, 
dire  qu  il  a  raison.  ||  Se  donner  des  torts,  se  rendre 


DON 

coupable  d'un  tort.  Il  s'est  donné  des  torts  dans  la 
nipture  de  ce  mariage.  ||  Donner  l'air,  faire  pa- 
raître. Cela  lui  donne  l'air  d'un  fou.  ||  En  un 
même  sens.  La  licence  leur  donnait  je  ne  sais  quoi 
de  farouche,  fén.  Tdl.  xvi.  ||  Se  donner  l'air  gai , 
un  air  de  gaieté,  se  montrer  gai.  ||  Se  donner  des 
airs  de....,  s'attribuer  sans  raison  une  qualité.  Il  se 
donne  des  airs  de  savant.  Se  donner  des  airs  de 
grandeur.  ||  Se  donner  des  airs,  de  grands  airs, 
affecter  des  manières  au-dessus  de  sa  condition. 
Il  Donner  un  arrêt,  une  sentence,  les  rendre,  les 
prononcer.  Il  Donner  des  ridicules  à  quelqu'un,  le 
rendre  ridicule,  le  rendre  l'objet  de  la  risée.  Ils 
vous  ont  donné  des  ridicules;  que  ne  leur  en  don- 
nez-vous? VOLT.  Dial.  9.  Il  Donner  un  tour  piquaiit 
à  sa  pensée,  rendre  une  pensée  d'une  façon  pi- 
quante. Donner  un  mauvais  tour  aux  actions  les 
plus  innocentes,  les  présenter  d'une  manière  qui 
les  fasse  paraître  mauvaises.  ||  Donner  un  sens 
favorable,  défavorable  à interpréter  d'une  ma- 
nière favorable,  défavorable.  Je  ne  vois  rien  de  si 
ridicule  que  cette  délicatesse  d'honneur  qui  prend 
tout  en  mauvaise  part,  donne  un  sens  criminel 
aux  plus  innocentes  paroles  et  s'offense  de  l'ombre 
des  choses,  mol.  Critique,  3.  ||  27°  Permettre. 
Qui  nous  donnera  que  nous  puissions  perdre  cette 
partie  de  notre  liberté?  boss.  i,  Véture,  4.  Oui  me 
donnera  que  vous  veniez  dans  mon  âme  pour  en 
prendre  possession!  mass.  Avent ,  Dispositions. 
Donnez-moi,  sur  le  penchant  de  la  vie,  d'en  tracer 
le  cours  sans  m'égarer,  bern.  de  st-p.  Jlarm. 
liv.  V,  Harm.  hum.  Oh!  qui  m'aurait  donné  d'y 
sonder  sa  pensée.  Lorsque  le  souvenir  de  sa 
grandeur  passée  Venait  comme  un  remords  l'as- 
saillir loin  du  bruit?  lamart.  Méd.  ii,  7.  ||  Im- 
personnellement et  au  passif.  Il  fut  donné  à  celui-ci 
[Crom-well]  de  tromper  les  peuples  et  de  prévaloir 
contre  les  rois,  boss.  Heine  d'Anglet.  C'était  à  elle 
qu'il  était  donné  de  rassembler  les  gentils,  id.  Uist. 
II,  12.  Puisqu'il  t'est  donné  d'entrer  dans  le  royaume 
de  la  nuit,  fén.  TiH.  xvtii.  Il  n'est  pas  donné  à  l'homme 
de  porter  plus  loin  la  vertu  [que  saint  Louis],  volt. 
Mœurs,  68.  ||  28°  Donner  la  main,  présenter  la  main 
pour  qu'on  la  prenne,  ce  qui  est  une  sorte  de  civi- 
lité. La  réconciliation  est  faite;  il  lui  a  donné  la 
main,  ils  se  sont  donné  la  main.  Adieu,  donne  la 
main;  que  malgré  ta  jalouse,  J'emporte  chez  Pluton 
le  nom  de  ton  épouse,  corn.  Mddée,  v,  6.  ||  Donner 
la  main  à  une  dame,  la  prendre  par  la  main  pour 
la  conduire.  ||  Donner  la  main,  céder  le  pas,  la  place 
d'honneur..  Donner  la  main  chez  soi.  Cette  locution 
vieillit;  on  dit  plutôt  donner  le  pas.  ||  Donner  sa 
main,  se  dit,  dans  le  style  élevé,  d'une  femme  qui 
épouse  un  homme.  Vous  donnez  votre  main,  vous 
donnez  vos  États,  volt.  Sémiramis,  m,  s.  ||  Terme 
de  manège.  Donner  la  main,  lâcher  la  bride  au  che- 
val. ||Fig.  Donner  les  mains,  céder;  locution  tirée  du 
latin  où  elle  se  dit  du  vaincu  qui  tend  les  mains,  en 
signe  qu'il  se  rend.  De  façon  que  le  philosophe  fut 
obligé  de  donner  les  mains,  la  font.  Vie  d'Ésope. 
Il  Par  extension.  Donner  la  main  ou  les  mains  à 
quelque  chose,  la  favoriser.  Pourvu  que  votre  cœur 
veuille  donner  les  mains  Au  dessein  que  j'ai  fait  de 
fuir  tous  les  humains,  mol.  Mis.  v,  7.  Donne  la 
main  à  mon  dépit,  et  soutiens  ma  résolution ,  id. 
B.  Cent.  III,  0.  ||  Donner  le  bras,  présenter  son  bras 
à  demi  fléchi  à  une  personne  pour  qu'elle  y  passe 
le  sien.  On  donne  le  bras  pour  fournir  nn  appui, 
mais  aux  dames  ce  n'est  d'ordinaire  qu'une  simple 
politesse.  ||  Donner  le  bras,  se  dit  aussi  de  celui  ou 
celle  qui  passe  son  bras  dans  celui  d'un  autre.  Elle 
donnait  le  bras  à  son  mari.  ||  Donner  la  patte,  se 
dit  des  animaux,  et  particulièrement  des  chiens 
dressés  à  offrir  la  patte.  Que  fait-il  [un  petit  chien]  ? 
il  donne  la  patte.  Puis  aussitôt  il  est  baisé,  la  font. 
Fab.  IV,  6.  Il  29°  Terme  de  peinture.  Donner  une 
couche,  étendre  une  couche  de  peinture,  un  en- 
duit, sur  un  objet.  ||  30°  Donner  le  feu  trop  chaud, 
trop  ardent  à  la  viande,  la  faire- rôtir  à  trop  grand 
feu.  Dans  le  même  sens,  donner  le  four  trop  chaud 
à  du  pain,  à  do  la  pâtisserie.  ||  Donner  un  fou  doux, 
un  feu  de  chasse,  appliquer  aux  diverses  opérations 
le  feu  qui  leur  convient.  ||  31°  Terme  de-jeu.  Distri- 
buer. Donner  les  cartes.  Et,  absolument,  donner. 
C'est  à  vous  à  donner.  Je  donne,  il  en  prend  six,  et 
demande  à  refaire,  mol.  Fdch.  n,  2.  ||  Donner  beau 
jeu,  donner  des  cartes  favorables.  Et,  figurément, 
donner  beau  jeu  à  quelqu'un,  lui  présenter  une  oc- 
casion favorable  de  faire  ce  qui  lui  convient.  ||  Au 
jeu  de  paume,  donner  beau,  jouer  la  balle  de  ma- 
nière qu'elle  soit  facile  à  prendre.  Et,  figurément, 
donner  beau  ou  la  donner  belle  â  quelqu'un,  don- 
ner à  quelqu'un  une  bonne  occasion  de  faire  ou  de 


DON 

dire  quelque  chose.jl  Ironiquement.  Vous  me  I»  don- 
nez belle,  vous  me  trompez,  vous  vous  moquez. 
Cet  inconnu,  dit-il,  nous  la  vient  donner  belle  D'in- 
sulter ainsi  notre  ami,  la  pont.  Fahl.  xii,  2.  ||  Dans 
le  même  sens,  vous  me  la  donnez  bonne.  ||  Donner 
le  reste,  livrer  la  balle  ouïe  volant  à  son  partenaire 
do  manière  qu'il  ne  puisse  les  renvoyer.  Je  lui  ai 
donné  son  reste.  ||  Fig.  Donner  son  reste  à  quel- 
qu'un, le  battre,  le  corriger.  Il  ne  fera  plus  le  ta- 
pageur, je  lui  ai  donné  son  reste.  ||  Par  une  autre 
figure,  donner  son  reste  à  quelqu'un,  ne  laisser 
aucune  de  ses  assertions  sans  réponse.  Vous  avei 
beau  raisonner,  monsieur  est  frais  émoulu  du  col- 
lège, et  il  vous  donnera  toujours  votr^  reste,  moi. 
Mal.  imag.  ii,  7.  |j  32°  Terme  de  msnége.  Donner 
carrière  à  un  cheval ,  le  laisser  libre  de  courir. 
Il  Fig.  Donner  carrière,  laisser  liberté  d'agir.  Don- 
ner carrière  à  ses  passions,  à?on  esprit.  ||  Se  donner 
carrière,  se  laisser  aller  au  sentiment  qui  emporte, 
à  l'impulsion  qu'on  ressent.  ||  Se  donner  carrière 
aux  dépens  d'autrui,  s'en  moquer.  ||  33°  Terme  de 
vénerie.  Donner  à  courre,  détourner  et  remettre 
l'animal  que  l'on  chasse.  ||  Donner  le  relais,  lâcher 
après  la  bête  les  chiens  placés  en  relais.  ||  Donner 
le  cerf  aux  chiens,  lancer  le  cerf.  ||  Même  sens, 
donner  les  chiens,  la  meute.  On  donna  les  chiens  à 
propos.  ||34°Termede  marine.  Donner  la  bande,  se 
dit  d'un  bâtiment  incliné  sur  le  côté.  ||  Donner  telle 
voile  à  tel  autre  bâtiment,  marcher  aussi  bien  que 
ce  dernier  sans  avoir  comme  lui  cette  voile  déployée. 
Il  Donner  tant  pour  la  lame,  augmenter  le  sillage  , 
quand  on  est  vent  arrière.  ||  Donner  chasse  ou  la 
chasse  à  l'ennemi,  le  poursuivre;  et,  en  général, 
poursuivre.  L'aigle  donnait  la  chasse  à  maître  Jean 
lapin,  LA  FONT.  FaU.  ii,  8.  ||  35°  Donnera,  suivi 
d'un  verbe  à  l'infinitif,  présenter,  remettre.  Donnez- 
nous  à  manger.  Il  lui  donna  un  livre  à  lire.  Don- 
nez-moi ce  paquet  à  porter.  Si  le  roi  dans  l'instant, 
pour  sauver  le  coupable,  Ne  lui  donne  à  baiser  son 
sceptre  redoutable,  bac.  Esth.  i,  3.  ||  Je  donnerais 
ma  tête  à  couper  que  cela  est  ainsi,  se  dit  pour 
affirmer  quelque  chose  de  la  manière  la  plus  posi- 
tive. Il  Donner  â  teter  à  un  enfant,  le  faire  teter. 
Il  Donner  à  laver,  présenter  une  cuvette  et  de  l'eau 
pour  qu'on  se  lave  les  mains.  ||  Donner  à  boire  et  h 
manger,  tenir  auberge.  J|  Donner  du  fil  â  retordro 
â  quelqu'un,  lui  susciter  des  difficultés,  des  embir 
ras.  Il  Donner  à  connaître,  faire  connaître.  Le  ro- 
mords  du  péché  se  trouvera  dès  l'heure  même  à  l'en- 
trée de  ton  cœur,  ce  qui  nous  donne  à  connaît.' 
que  ce  remords  est  à  la  tête  de  toutes  les  gràre^. 
BOURD.  0"  dim.  après  la  Pentec.  Dominic.  t.  i:i, 
p.  151.  Il  Donner  à  discourir,  à  parler,  faire  di.'ic  "i 
rir,  faire  parler.  Ce  serait  trop  donner  à  discourir 
au  monde,  cobn.  le  Ment,  ii,  1. 1|  En  mauvaise  part, 
donner  à  parler,  faire  tenir  de  soi  de  mauvais  pro- 
pos. Cette  femme  par  ses  imprudences  donne  à  par- 
ler d'elle.  Il  Donner  à  rire,  se  rendre  un  objet  de 
moquerie.  Il  y  a  longtemps  que  vos  façons  de  faire 
donnent  à  rire  à  tout  le  monde,  mol.  Bourg,  genl. 
III,  3.  Il  Donner  à  penser,  à  songer,  susciter  des  ré- 
flexions dans  l'esprit  de  quelqu'un,  l'inquiéter.  Cola 
lui  donna  fort  à  penser.  ||  Donner  à  entendre,  insi- 
nuer. On  nous  donne  à  entendre  que  nous  ne  pou- 
vons plus  rester  ici.  ||  Donner  à  courir,  à  travailler, 
mettre  dans  la  nécessité  de  courir,  de  travailler. 
Il  36°  Familièrement.  Le  donner  en  dix,  en  cent, 
donner  quelque  chose  àdeviner  ou  à  faire  ou  à  su!>- 
porter;  locution  dans  laquelle  Je  est  un  mot  indé- 
terminé (voy.  le).  Hé  bien!  en  sommes-nous  enfin 
venus  à  bout?  Je  !o  donne  en  six  coups  au  fourbe  le 
plus  brave,  mol.  l'Étour.  ii,  7.  C'est  un  chef-d'œuvre 
que  d'avoir  inventé  un  habit  sérieux  qui  ne  fût  pas 
noir;  et  je  le  donne  en  six  coups  aux  tailleurs  les 
plus  éclairés,  id.  Bourgeois,  ii,  8.  Si  je  suis  affligé; 
ce  n'est  pas  pour  des  prunes;  Et  je  le  donnerais  à 
bien  d'autres  qu'à  moi  De  se  voir  sans  chagrin  an 
point  où  je  me  Toi,  m.  Sgan.  16.  Devinez-la;  je 
vous  le  donne  en  trois,  sÉv.  9.  ||  On  dit  aussi  dans 
le  même  sens  je  vous  donne,  sans  le  mot  le.  Et  J8 
donne  aux  plus  fins  à  pouvoir  en  ce  jour  Vous  re- 
connaître pour  l'amour,  MOL.  Psyché,  m,  1. 1|  37°  En 
donner  à  quelqu'un,  lui  en  donner  d'une,  lo  trom- 
per, mentir.  Il  est  mort!  quoi!  monsieur,  .vous  m'en 
donnez  aussi,  cobn.  le  Ment,  iv,  3.  Et  vous  laissant 
passer  pour  ce  que  vous  vouliez.  Je  vous  en  donnai 
plus  que  vous  ne  m'en  donniez,  id.  ib.  v,  «.  I» 
viens  de  tout  entendre  et  voir  ton  artifice....  Tu 
payes  d'imposture  et  tu  m'en  as  donné,  mol.  »'b- 
tour.  1,10.  Pour  toi  premièrement  et  pour  ce  bon 
apôtre  Qui  veut  m'en  donner  d'une  et  m'en  jouer 
d'une  autre,  iD.  ib.  n,  R.  ||  Par  similitude  de  con- 
struction. Donner  d'une  chose,   vouloir  1»   fair» 


DON 

accroire.  On  aous  a  donné  d'une  convalescence  pleine 
de  langueur,  sSv.  378.  ||  En  donner  d'une,  se  dit 
d'une  femme  qui  trompe  son  mari,  ou  d'un  homme 
qui  séduit  la  femme  d'un  autre.  Nos  femmes,  ce 
dit-il,  nous  en  ont  donné  d'une,  la  font.  Joc.   Ohl 
oh!  l'homme  de  bien,  vous  m'en  voulez  donner, 
MOL.  Tart.  IV,  4  7.  ||  En  donner  à  garder,  tromper, 
abuser.  X  la  fin  je  triomphe,  et  l'on  ne  m'en  don- 
nera plus  à  garder,  pagan.  Pupille,  se.  2).  ||  Pour 
l'explication  de  la  préposition  de  dans  la  locution  en 
donner  d'une,  voy.  le  n"  39.  ||  38°  En  donner  du 
long  et  du  large  à  quelqu'un,  lui  en  donner  tout  du 
long  de  l'aune,  le  battre  violemment  ou  lui  en  faire 
accroire.  Donnons-en  à  ce  fourbe  et  du  long  et  du 
large,  mol.  l'Étour.  iv,  7.  ||  39°  Se  donner,  donner 
<i  soi,  acheter  pour  soi.  Je  me  suis  donné  une  mon- 
tre pour  mes  étrennes.  II  se  lit  habiller  depuis  les 
pieds  jusqu'à  la  tête  et  se  donna  du  linge.  |1  Se  don- 
ner patience,  patienter.  J'avais  bien  de  la  peine  à 
me  donner  patience.  |1  Se  donner  garde,  se  défier, 
éviter.  Donnez-vous  garde  de  ce  mauvais  pas.  ||  On 
dit  aussi  se  donner  de  garde,  tournure  dans  laquelle 
de- garde  est,  partitivement,  le  complément  direct 
de  se  donner.   Donnez- vous-en  bien  de  garde,  sei- 
gneur, si  vous  voulez  m'en  croire,  mol.  Pr.  d'Ll. 
m .  2.  Je  venais  l'avertir  de  se  donner  de  garde,  id. 
l'Étnur.  IV,  4 .  Il  C'est  de  la  même  façon  que  Mme  de 
Sévigné  a  dit  se  donner  d'un  air  au  lieu  de  se  don- 
ner un  air.  Si  je  voulais,  je  me  donnerais  d'un  air 
de  solitude,  sêv.  384.  ||  C'est  enfin  de  la  même  façon 
qu'on  dit  en  donner  d'une.  ||  Familièrement.  S'en 
donner,  lâcher  le  frein  à  un  désir,  à  un  besoin, 
aux  amusements.  Que  je  vais  m'en  donner  et  me 
mettre  en  beau  train  De  raconter  nos  vaillantises  ! 
MOL.  Amph.  ni,  e.  Pour  cette  nuit  il  faut  que  je 
m'en  donne  [à  dormir],  rac.  Plaid,  i,  t.  Les  di- 
manches, point  ne  défends  La  joie  à  ces  pauvres 
enfants;  J'aime  alors  qu'on  s'en  donne,  bérang. 
Mon  curé.  \\  On  dit  dans  un  sens  analogue  s'en  don- 
ner jusqu'aux  gardes.  S'il  eût  été  de   l'humeur  de 
Don  Quichotte,  il  eût  trouvé  là  de  quoi  s'en  donner 
jusqu'aux  gardes,  et  il  se  fût  cru  pour  le  moins  Es- 
plandianouAmadis,  scarron,  Bom.com.  i,  9.  Enfin 
le  souper  vint  bon  ou  mauvais;  la  Rapinière  buttant 
qu'il  s'enivra,  et  la  Rancune  s'en  donna  aussi  jus- 
qu'aux gardes,  iD.  ib.  i,  ■».  ||  Se  donner  au  coeur  joie 
de  quelque  chose,  ou  s'en  donner  à  cœur  joie,  en 
jouir  pleinement.  ||  Populairement,  se  donner  des  ta- 
lons, du  talon  dans  le  derrière,  se  livrera  une  vive 
joie,  se  moquer  de  tout  ce  qui  peut  arriver,  et  aussi 
passer  son  temps  en  toute  sorte  de  divertissements. 
Donner,  v.  n.  jj  40°  Donner  à  la  grosse,  placer 
son  argent  à  la  grosse    aventure.  ||  41°  Heurter 
contre.  La  voiture  donna  contre  la  muraille.  Le  na- 
vire alla  donner  contre  un  écueil.  Une  balle  se  ré- 
fléchit quand  elle  donne  contre  la  muraille,  desc. 
Uonde,  4  4.  Ceux  qui  restaient  allèrent  donner  con- 
tre les  chaînes  des  navires  et  furent  tous  ou  assom- 
més ou  faits  prisonniers,  fléch.  Hist.  de  Théodose, 
m,  84.  Il  Atteindre.  Il  était  si  preste  à  donner  où  il 
tirait  qu'il  tuait  les  oiseaux  en  volant,  vaugel.  Q. 
C.  4)  4 .  Disputer  avec  son  valet  lequel  donnera  mieux 
dans  un  blanc  avec  des  flèches,  la  bruy.   Théoph 
27.  Il  Frapper,  porter  un  coup.  Et  je  veux  pour  si- 
gnal que  cette  même  main  Lui  donne,  au  lieu  d'en- 
cens, d'un  poignard  dans  le  sein,  corn.  Cinna,  i, 
3.   Mais  on  sait  au  moins,  ce  dit-on.   Que  Pallas 
donna  du  bftton  X  l'écrivain  de  cette  histoire,  scar 
RON,  Virg.  trav.  viii.  Elle  lui  donnera  sur  sa  vilaine 
joue,  sÉv.  70.  Il  vous  donnera  de  son  épée  dans  le 
ventre,  hamilt.  Gramm.  4  0.  j)  Terme  de  manège 
Donner  daps  les  cordes,  se  dit  d'un  cheval  attaché 
par  le  caveçon  entre  les  deux  piliers,  lorsque,  en 
avançant,  il  tend  également  les  deux  cordes.||  Terme 
de  marine.  Donner  à  la  côte,  aller  échouer  à  terre 
par  nécessité,  ou  faire  naufrage'.  ||  Donner  sur  les 
doigts  à  quelqu'un,  le  frapper  sur  les  doigts,  etfig. 
le  tancer.  ||  Donner  sur  les  oreilles  à  quelqu'un,  le 
frapper,  le  maltraiter.  Je  te  donnerai  sur  les  oreilles, 
MOL.  Pourc.  CI,  9.  Il  Donner  du  nez  en  terre,  tom- 
ber la  face  en  avant,  et  fig.  échouer  dans  une  en- 
treprise. Il  Donner  de  la  tête  contre....,  se  heurter 
la  tête  contre.  Il  donna  de  la  tête  contre  la  muraille 
et  se  blessa  grièvement.  1|  Fig.  Ne  savoir  où  donner 
de  la  tête,  ne  savoir  que  faire,  que  devenir.  ||  Donner 
tête  baissée  dans  quelque  chose,  s'y  porter  avec 
ardeur  et  avec  une  sorte  d'aveuglement.  ||  Très-fa- 
milièrement. Donner  de  cul  et  de  tète,  se  frayer  un 
passage  en  heurtant  et  poussant,  et  fig.  employer 
tout  ce  que  l'on  a  de  force  et  de  ressources  pour  réus- 
sir. ||  Par  extension.  Le  soleil  donne  à  plomb.  Le  vent 
donne  dans  les  voiles.   Los  Suédois  s'avancèrent  la 
baïonnette  au  bout  du  fusil,  ayant  au  dos  une  neige 


DON 

furieuse  qui  donnait  au  visage  des  ennemis,  volt. 
Charles  Xll,  2.  ||  Donner  dans  la  tête,  être  capi- 
teux, en  parlant  d'un  vin.  Ce  vin  donne  dans  la  tête. 
Il  42°  Donner  dans  un  piège,  dans  un  filet,  être 
pris  à  ce  piège,  dans  ce  filet.  ||  Fig.  Se  laisser  pren- 
dre par.  Il  est  homme  enfin  à  donner  dans  tous  les 
panneaux  qu'on  lui  présentera,  mol.  Pourc.  i,  4  11 
ne  faut  point  douter  qu'elle  ne  donne  à  pleine  tète 
dans  cette  tromperie,  lo.^im.  magn.  iv,  4.  Ils  don- 
neront dans  les  filets  de  nos  célestes  pêcheurs,  boss. 
.47idr^, 4. L'infortuné  Caméron  donna  dans  le  piège, 
HAMILT.  Gramm.  3.  ||  Donner  dans,  se  laisser  aUer  à 
Puisque  vous  y  donnez,  dans  ces  vices  du  temps, 
MOL.  Mis.  1,  4 .  De  qui  l'humeur  coquette  et  l'esprit 
médisant  Semblent  si  fort  donner  dans  les  mœurs 
d'à  présent,  m.  ib.i,  4.  Vous  donnez  furieusement 
dans  le  marquis!  id.  VAv.  i,  6.  Les  riches  bijoux, 
les  meubles  somptueux  où  donnent  ses  pareilles 
avec  tant  de  chaleur,  m.  ib.  li,  6.  Vous  n'avez 
garde  de  donner  dans  ce  défaut,  sÉv.  494.  Car- 
lostad  donna  dans  des  nouveautés,  du  moins  Luther 
l'en  accuse,  et  il  est  vrai  qu'il  était  dans  une  grande 
liaison  avec  les  Anabaptistes,  boss.  Var.  u,  §  4i. 
L'orgueil  donne  dans  des  projets  insensés,  m.  Mar. 
Th.  Je  ne  m'étonne  pas  que  Léger  ait  donné  dans 
cette  erreur,  id.  Yar.  4  4.  Elle  était  d'une  confiance 
à  donner  dans  tout  ce  qu'on  voulait,  hamilt.  Gramm. 
7.  N'avez-vous  point  de  honte  de  donner  dans  les 
vi.sions  d'un  jaloux?  id.  ib.  8.  D'où  vient  que  vous- 
même,  qui  paraissez  avoir  de  l'homme  de  bon  sens, 
vous  avez  donné  dans  cette  rêverie?  fonten.  Arté- 
mise,  liaimond  Lulle.  Si  le  fils  de  François  I"  don- 
nait dans  les  opinions  des  réformés,  volt.  Phil.  ii, 
25.  Philon,  qui  vivait  en  Egypte  au  temps  de  Jésus- 
Christ,  donna  tête  baissée  dans  les  allégories  et  dans 
le  sens  mystique,  didek.  Opin.  des  anc.  phil.  U"'''f^)- 
J'ai  cru  bonnement  à  la  charte;  j'ai  donné  dans  la 
charte  en  plein;  je  le  confesse,  à  ma  très-grande 
honte,  P.  l.  cour.  Réponse  aux  anonymes,  4.  ||  11 
se  dit  aussi  des  personnes  par  lesquelles  on  se  laisse 

captiver Que  diriez-vous  qu'un  roi,  cherchant  à 

plaire.  Comme  un  aventurier,  donniU  dans  la  ber- 
gère? REONARD,  Démocr.  II,  5.  Il  S'occuper  beau- 
coup de.  J'admire  qu'on  donne  avec  tant  d'action 
dans  les  choses  du  dehors,  sÉv.  4B7.  Elle  vous  doit 
apprendre  à  ne  pas  donner  dans  les  choses  exté- 
rieures, BOSS.  Lett.  Corn.  4  09.  De  quelque  indiffé- 
rence qu'elle  eût  donné  dans  cette  intrigue,  hamilt. 
Gramm.  8.  ||  Se  plaire  excessivement  à.  Tout  le 
monde  donne  là  dedans  aujourd'hui,  on  ne  court 
plus  qu'à  cela;  et  l'on  voit  une  solitude  efi'royable 
aux  grands  ouvrages,  lorsque  des  sottises  ont  tout 
Paris,  MOL.  Critique,  7.  ||  User  habituellement.  Les 
esprits  justes  donnent  naturellement  dans  la  méta- 
phore, LA  BRUY.  I.  Empêchez-la  de  donner  dans  la 
justice  de  croire,  et  dans  le  respectueux  attache- 
ment, SÉV.  60.  Il  Donner  dans  le  sens  de  quelqu'un, 
être  de  même  sentiment  que  lui.  Descartes,  pour 
l'aimant,  donne  fort  dans  mon  sens,  mol.  Femmes 
sav.  m,  2.  Il  évite  de  donner  dans  le  sens  des  au- 
tres et  d'être  de  l'avis  de  quelqu'un,  la  bruy.  v. 
Il  Donner  dans  les  yeux,  dans  la  vue  de  quelqu'un, 
à  quelqu'un,  l'éblouir,  le  tenter  par  un  certain  éclat. 
Ce  sont  les  rayons  et  les  éclairs  de  ces  grandes  vé- 
rités.... qui  me  donnent  dans  la  vue,  balz.  liv.  iv, 
lett.  6.  La  robe  de  Médée  a  donné  dans  mes  yeux, 
CORN.  Médée,  ii,  5.  ||  Fig.  Donner  dans  l'oeil,  don- 
ner dans  les  yeux,  donner  dans  la  vue,  plaire.  Ce 
jeune  homme  parait  avoir  donné  dans  l'œil  à  ma 
fille.  Tu  n'en  conviens  pas,  mais  cette  demoiselle 
t'a  donné  dans  l'œil.  Ils  se  sont  donpé  dans  l'œil 
réciproquement.  Ce  M.  le  comte  qui  va  chez  elle  lui 
donne  peut-être  dans  la  vue,  mol.  Bourg,  gent.  m, 
9.  Il  43°  Donner  sur  un  plat,  y  revenir  à  plusieurs 
fois,  en  manger  à  plusieurs  reprises.  ||  Donner  sur, 
s'attacher  à,  rechercher  de  préférence.  J'ai  cette 
manie  de  vouloir  donner  généralement  sur  tout  ce 
qu'il  y  a  de  plus  beau,  mol.  Préc.  4  0.  ||  Donner  à, 
mordre  à.  Voilà  l'appât;  il  y  a  donné,  boss.  ii.  Dé- 
mons, 2.  Il  Donner  à,  croire.  Enfin  il  est  constant 
que  l'on  n'a  point  donné  Au  bruit  que  contre  vous 
sa  malice  a  tourné,  mol.  ilis.  v,  4 .  Ce  sont  ces  âmes 
volages  et  dissipées  qui  donnent  à  tout  sans  ré- 
flexion, BOURDAL.  Exhorl.  Char.  env.  les  pauvres, 
t.  i,p.  38.  Il  Donner  chez,  fréquenter.  Nous  donnions 
chez  les  dames  romaines,  Et  tout  le  monde  là  par- 
lait de  nos  fredaines ,  mol.  Femmessav.  ii,  4.  ||  Don- 
ner au  travers  de,  se  jeter  au  milieu  de.  Je  donnai 
tout  au  travers  d'un  sable  mouvant  où  j'enfonçai  jus- 
ques  au  menton,  uamilt.  Gramm.  7.  ||  Fig.  Donner 
au  travers,  employer  sans  discernement.  Un  homme 
qui  donne  au  travers  des  purgations  et  des  saignées, 
MOL.  Mal.  im.  iii,  3.  ||44°  Donner  dans  un  passage, 


DON 


I'2l9 


s'y  engager.  La  troupe  donna  dans  une  rue  étroite 
et  s'y  embarrassa.  Un  régiment,  trompé  par  l'obs- 
curité, dépassa  la  première  ligne,  et  alla  donner 
tout  au  milieu  des  cuirassiers  russes,  qui  l'assailli- 
rent et  le  mirent  en  désordre,  ségur,  Ilist.  de  Na- 
pol.  VII,  6.  Il  Terme  de  marine.  Donner  à  pleines 
voiles  dans  une  passe,  y  entrer  toutes  voiles  dehors. 
Il  Fig.  Donner  à  pleines  voiles  dans  un  parti,  dans 
une  opinion,  les  embrasser  avec  ardeur,  sans  ré- 
serve. Il  45°  Charger  dans  un  combat.  Le  régiment 
donna  vaillamment,  et  fut  très-maltraitô.  Je  ne  vous 
dirai  point  comment  les  miens  donnèrent,  tristan, 
Mort  de  Chrispe,  i,  3.  Enfin  Horace  seul  est  par- 
tout où  l'on  donne,  du  ryer,  Scévole,  i,  3.  Déjà  les 
deux  armées....  N'attendaient,  pour  donner,  que  le 
commandement,  corn.  //or.  i,  3.  Le  maréchal  a 
donné  sur  l'arrière-garde  des  ennemis,  sÉv.  34  3. 
On  donna  sans  quartier  sur  ces  deux  Franguis  [sou- 
ris de  France]  qui  voulaient  faire  la  loi  aux  autres, 
fén.  t.  XIX,  p.  68.  Les  bas  officiers  ont  refusé  de  . 
donner,  ayant  peu  d'envie  de  combattre  avec  la  no- 
blesse, p.  L.  COUR.  I,  202.  Il  Par  extension,  donner 
sur,  critiquer  vivement,  censurer,  parler  mal.  Vous 
auriez  bien  pu  vous  passer  de  donner  sur  les  dévo- 
tes en  faisant  le  portrait  de  Mme  d'Aubigné,  main- 
tenon,  Lett.  d'Aubigné,  4  9  déc.  4  084.  ||  46°  Être 
situé.  La  maison  donne  sur  la  rue.  Les  croisées 
donnent  sur  le  jardin.  Si  le  mur  du  jardin  qui 
donne  sur  la  rue,  M.  J.  chén.  Fénelon,  ii,  4. 
Il  47°  Donner  des  deux,  piquer  vigoureusement  de 
l'éperon  le  cheval  pour  accélérer  sa  marche.  X  tra- 
vers champs  s'enfuit,  donne  des  deux,  la  font.  Or. 
Il  48°  Terme  de  marine.  S'allonger,  en  parlant  d'un 
cordage  ou  d'une  toile  à  voile.  ||  49°  Donner  se  dit, 
en  quelques  circonstances,  pour  faire  entendre  un 
son.  Donner  du  cor,  en  sonner.  Le  chien  donne  de 
la  voix,  il  aboie  en  chassant. 

Se  donner,  v.  réfl.  \\  50°  Se  donner,  faire  don  de 
soi-même.  U  [Dieu]  vous  donne  des  lois,  il  se 
donne  lui-même,  rac.  Alhal.  i,  4.  Le  blé  pour 
se  donner,  sans  peine  ouvrant  la  terre.  N'atten- 
dait point  qu'un  bœuf  pressé  de  l'aiguillon  Tra- 
çât à  pas  tardifs  un  pénible  sillon,  boil.  Ép.  lu. 
[|  Être  donné.'  Cela  ne  se  vend  pas,  cela  se  donne. 
il  Être  vendu.  Cela  se  donne  partout  à  tel  prix. 
Il  51°  Se  vouer.  Les  commencements  de  Luther,  du- 
rant lesquels  Mélanchthon  se  donna  tout  à  fait  à  lui, 
étaient  spécieux,  boss.  Var.  v,  §  4.  Ceux  qui  se 
donnent  à  Dieu,  pasc.  dans  cousin.  On  voudrait  tout 
quitter,  si  l'on  se  donnait  à  Dieu,  mass.  Or.  fun. 
Prof.  4.  Ceux  qui  ont  eu  le  bonheur  de  se  donner 
à  Dieu,  ID.  Avent,  Disp.  \\  52°  Se  livrer,  se  rendre. 
Hérode  est  contraint  de  se  donner  au  vainqueur, 
BOSS.  Hist.  I,  9.  Ces  pçuples  se  donnèrent  au  roi  de 
Perse,  ID.  Déf.  \\  53°  Se  donner,  dans  le  style  élevé, 
en  parlant  d'une  femme  qui  prend  un  mari.  Plai- 
gnez-vous, haïssez,  mais  ne  vous  donnez  pas.  De- 
meurez en  état  d'être  toujours  ma  femme,  corn. 
Sertor.  ni,  4.  Loin  de  me  retenir  par  des  conseils 
jaloux,  Elle  me  conjurait  de  me  donner  à  vous,  bac. 
Baj.  v,  4.  Hélas!  peut-on  deux  fois  se  donner  en  sa 
vie?  volt.  Alg.ni,T.\\  U  se  dit  aussi  d'une  femme 
qui  accorde  les  dernières  faveurs.  Elle  s'est  donnée  à 
lui.  Donnez-vous,  ne  vous  donnez  pas.  Ce  sera  tou- 
jours même  afi'aire;  Pour  qui  ménagez-vous  les  tré- 
sors de  l'amour?  LA  FONT.  Petit  cM'en.  ||54°  S'offrir, 
se  présenter.  X  se  donner  lui-même  en  spectacle 
aux  Romains,  rac.  Brit.  m,  4.  ||  55°  Être  publié.  Il 
s'est,  depuis  quelque  temps,  beaucoup  donné  de 
brochures  sur  les  alTaires  publiques.  Un  écrit  scan- 
daleux sous  votre  nom  se  donne,  boil.  .^j?.  vi.  ||Être 
représenté,  en  parlant  d'une  pièce  de  théâtre.  Cette 
comédie  s'estdonnéecinquante  l'ois  de  suite.  ||  56°S'a- 
donner.  En  se  donnant  au  plaisir,  pascal,  dans 
cousin.  Il  [Bossuet]  s'était  déjà  donné  aux  oraisons 
funèbres,  volt.  Louis  II V,  32.  ||  57°  Se  donner 
pour,  se  faire  passer  pour.  Il  parle  de  roture  devant 
des  roturiers  oui  sont  riches  et  qui  se  donnent  peut 
nobles,  la  bruy.  xi.  Il  s'était  donné  pour  grand  po- 
litique, HAMILT.  Gramm.  7.  Vous  vous  étiez  donné 
pour  une  âme  forte,  mass.  Av.  Jugem.  Voilà  où  en 
sont  presque  tous  ceux  qui  se  donnent  dans  le 
monde  pour  incrédules,  mass.  Car.  Doutes.  H  58°  Sa 
dit  d'une  bataille  qui  s'est  engagée.  Le  roi  Auguste 
demandait  pardon  de  la  victoire,  protestant  que  la 
bataille  s'était  donnée  malgré  lui;  que  les  Russes 
et  les  Polonais  de  son  parti  l'y  avaient  obligé,  volt. 
Russie,  I,  4  6. 

Proverbes.  X  donner  donner,  à  vendre  vendre, 
c'est-à-dire  il  faut  se  comporter  selon  la  circonstance, 
donner  si  l'on  donne,  vendre  si  l'on  vend.  ||  Qui 
donne  tôt  donne  deux  fois,  c'est-à-dire  on  ajouta 
au  prix  d'une  grâce  en  ne  la  faisant  pas  attendre. 


1220 


DON 


Il  Donner  lard,  c'est  refuser.  ||  Oui  donne  au  com- 
mun ne  donne  à  pas  un,  c'est-à-dire  personne  ne 
nous  sait  de  gré  de  ce  que  nous  donnons  au  public. 
Il  Oui  peu  donne  veut  qu'on  vive,  c'est-à-dire,  qui 
donne  peu  fait  espérer  qu'il  donnera  encore  une  au- 
tre fois.  Il  Oui  donne  ce  qu'il  aime  ne  prend  ce  qu'il 
désire.  ||  On  ne  donne  rien  pour  rien. 

—  REM.  1.  Donner  faisait  jadis  au  subjonctif,  que  je 
doin,  que  tu  doins,  qu'il  doint;  celte  forme  se 
trouve  encore  dans  des  auteurs  du  xvii*  siècle  et 
mSme  du  xviii*  :  X  tous  époux  Dieu  doint  pareille 
joie,  LA  FONT.  Diable.  Dieu  le  doint  pour  guerdon 
de  tes  œuvres  si  saintes....  hégnieh,  Sat.  xiii.  Or 
prions  Dieu  qu'il  leur  doint  paradis,  J.  B.  nouss. 
Épig.  m,  24.  Cette  forme  peut  encore  être  em- 
ployée dans  le  style  épigraramatique,  marotique. 
Il  2.  Donner  faisait  jadis  au  futur,  je  donrai,  et,  au 
conditionnel,  je  donrois.  Régnier  a  encore  cette 
forme  :  Mais  de  ce  côté-là  je  leur  donrois  quittance, 
Sat.  XII.  Étant  déjà  failli  de  cœur.  Oui  me  donra 
de  la  vigueur?  id.  Stances  relig.  \\  3.  Dans  en  don- 
ner d'une,  la  locution  complète  est  :  il  en  avait 
deux,  il  m'en  a  donné  d'une  (voy.  l'historique). 

—  HIST.  IX'  s.  In  quant  Deus  savir  et  podir  me 
dunat  [donne],  Serment. 

—  X*  s.  Mult  laetatus,  por  que  Deus  cel  edre  [ce 
lierre]  li  donat  à  sun  repausement,  Fragm.  de  Va- 
lent, p.  468. 

—  XI'  s.  Si  est  raisun  que  il  dunge  dix  solz,  lois  de 
Guill.  6.  Je  nen  ai  ost  qui  bataille  lui  done,  Ch.  de 
liol.  il.  Vous  lui durrez ors  [ours]  etlions  et  chiens, 
ib.  III.  Se  Deus  ce  dunet  que  je  de  là  repaire  [re- 
vienne], ib.  XX.  Sire,  dist  Guenes,  dunez  mei  le  con- 

gié,  ib.  XXV Oui  tel  conseil  lui  dunent,  ib. 

XXVIII.  De  cops  ferir,  recevoir  et  duner,  ib.  xc. 
Respont  li  quens  :  Deus  le  me  doinst  venger  I  ib. 
cxvi.  Li  noms  joyeuse   [à]  l'espée  fut  dunét,   ib. 

CLXXIX. 

—  x:r  s.  Dogner  se  warde  [se  donner  garde] ,  saint 
HEHNARD,  Sermons  mss.  dans  lacurne.  Sur  son  escu 
[il]  li  va  grant  cop  doner,  Ronc.  p  6i.  Oue  mort 
[ilj  lui  dogne,  que  désirée  l'a,  ib.  p.  <75.  Aussi  com 
vous  le  me  poez  doner,  Ouant  vous  plaira,  le  me 
poez  retraire,  Couei,  ii.  Et  si  bel  ueil  [ses  beaux 
yeux],  vair  et  riant  et  clair,  M'orent  ainz  pris  que 
(jej  m'osasse  doner,  ib.  vi.  Or  le  [mon  cœur]  doinst 
Diex  &  droit  .port  arriver;  Car  il  s'est  mis  en  mer 
sans  aviron,  ib.  x.  [Je]  N'en  donroie  le  désir  Pour 
tout  l'avoir  dessouz  ciel,  ib.  xii.  [Amour]  Qui  tout 
me  done  à  vous  entièrement,  ib.  xvi.  En  vostre 
amor,  qui  donra  mort  ou  vie,  ib.  xxi.  Li  cuens  de 
Blois  devroit  bien  mercier  Force  d'amours  qui  lui 
dona  amie,  ib.  xxi.  Fol  est  et  gars  qui  à  dame  se 
done,  QDESNES,  Romancero,  p.  86.  Donez  moi.  Si- 
res [Dieu],  que  [je]  ne  soie  oubliée.  Et  [que]  mes 
amis  aviegne  à  lavesprée,  ib.  p.  38.  Et  cume  l'ar- 
che vint  en  l'ost,  li  poples  Deu  dona  un  merveilleus 

cri,  que  tute  la  terre  rebundi,  Rois,  i& Vostre 

merci,  biau  frère;  D'or  en  avant,  sui-je  vostre  do- 
née;  Car  je  me  doing  à  vos  sans  demorée,  Raoul 
de  C.  224 

—  xiu'  s.  [Ils]  Ne  donroient  de  moi  la  monte  d'un 
festu,  Berle,  li.  Si  lui  donriens  [donnerions]  no 
terre  et  trestout  notre  avoir,  ib.  Lxv.  Car  me  donez 
un  don,  par  amor  [je]  le  vous  pri,  ib.  lxxi.  Vous 
quidiés  que  li  rois  françois  m'eust  tant  donné  à  faire 
que  je  ne  pousse  cha  venir,  Chron.  de  Rains,  p.  76. 
Jà  n'auré  mal  por  itel  songe.  —  Sire,  fet-ele,  Diex 
le  donge!  Ren.  4  6(5.  Li  rois  Phoronous  raeismes, 
Oui,  si  comme  nous  apreïsmes,  Ses  lois  au  pueple 
grec  donna,  la  Rose,  8787.  Li  ribaus  dist  en  au- 
dience :  Sire  juges,  donnés  sentence  Por  moi  ;  car 
la  pucele  est  moie  [mienne],  ib.  6»24.  Après  te 
doins  en  pénitence,  Oue  nuit  et  jor  sans  repen- 
tence  En  bien  amer  soit  ton  penser,  ib.  2243.  Ce 
que  la  chasuble  estoit  de  sarge  de  Reins,  senefie 
^ue  la  croiserie  sera  de  petit  esploil,  aussi  comme 
vous  verres,  se  Dieu  vous  donne  vie,  joinv,  299. 
Et  de  ce,  fist  le  roy,  vous  en  doins  je  un  exemple 
du  conte  de  Bretaigne,  id.  200.  Quant  il  orent  ce 
fait  ou  deux  fois  ou  trois,  un  de  nosserjans  tint  son 
glaive  parmi  le  milieu  et  le  lança  à  un  des  Turs  à 
cheval,  et  li  en  donna  parmi  les  costes,  id.  231.  11 
dit  que  il  en  donroitcuer  à  ses  ennemis,  m.  2(4. 

—  xiv  s.  Guillaume  Robelin,  donné  et  rendu 
[liommo  qui  s'est  donné  et  rendu]  de  nostre  amé  et 
féal  cousin  le  comte  de  Sancerre,  du  canoë,  douati. 
Tu  as  oy  dire  ung  proverbe  qui  est  bon  :  s'aucun  ne 
donne,  on  lui  lault  [prend] ,  Jfodus,  ^  Lxvin,  verso. 
Le  nom  de  élection  le  donne  à  entendre,  car  il  si- 
gnifie que  la  chose  eslisible....  oresme,  Eth.  66.  Li 
vilains  nous  en  a  une  belle  donnée.  Qui  nous  a  fait 
\uuir  et  reg?rder  la  bée,   Gucscl.  M06.  Puisqu'à 


DON 

vous  deux  plait  bien  de  ce  fait  otroier.  Je  vous  en 
donne  jour  devenir  au  champier,  ib.  4696. 

—  XV'  s.  Car  ne  voloie  là  que  nuls  Sceuist  que  je 
fuisse  en  penser.  Car  donné  euisse  à  penser  X  ceux 
qui  tout  à  paix  cstoient  Et  qui  avec  moi  s'esbatoient, 
FROiss.  Espinetle  amour.  Appareille-toi  de  venir  à 
notre  feste,  je  te  promets  que,  si  je  te  rencontre 
sur  les  rangs,  à  la  joule,  je  le  te  donnerai  belle  ou 
tu  à  moi,  ID.  III,  IV,  80.  Une  [fusée]  vint  donner 
contre  la  croysée  de  la  fenestre  où....  comm.  i,  b. 
En  leur  donnant  bienàeongnoistre,  id.i,  (O.  Voyant 
ne  povoir  donner  remède,  id.  i,  13.  Puis  voulut  dé- 
partir et  donner  la  bonne  nuit  au  bourgeois  et  à  sa 
compagnie,  louis  xi,  Nouv.  i.  Ce  pauvre  clerc  fut 
puni  par  la  façon  que  est  dit  et  par  le  faux  donner- 
à-entendre  [rapport]  de  son  compagnon,  id.  ib.  xlii. 
Eulx  estant  sur  la  mer,  par  grant  orage  de  temps, 
force  de  vent  et  tourmente  de  mer,  ilz  furent  con- 
trains de  donner  à  terre  en  la  coste  d'Angleterre, 
Ultres  patentes  de  Charles  VU,  viriville,  p.  77. 
Non  a,  je  ne  sçay  sije  songe;  Je  n'ay  point  aprins 
que  je  donge  Mes  drapz  en  dormant  ne  veillant. 

Patelin Nulz  ne  peut  mieulz  secourir  Ne  ne 

doit,  tant  com  sa  personne,  Autruy;  car  nature  le 
donne  [le  suggère],  e.  desch.  Poésies  mss.  f*  -133, 
dansLACURNE.  Quant  la  pucelle  l'aura,  je  le  tien- 
drai moult  bien  employé;  car  la  grande  beauté  de 
son  viaire  [visage]  donne  bien  [mérite  bien]  que 
prouesse  en  soit  faicte  et  mainte  chevalerie ,  Perce- 
forest,  1. 1,  f°  4  33. 

—  XVI'  s.  Le  roy,  tant  humain  quoique  homme, 
ne  fist  mourir  à  qui  il  peut  pardonner;  voyant  le  cas 
à  lui  seul  toucher ,  lui  donna  la  corde  [le  sauva  d'être 
pendu],  et  voulut  que  nul  des  autres  pour  ce  forfait 
encoureyt  mort,  j.  d'auton.  Annal,  de  Louis  XII, 
f°  4  40,  dans  lacurne.  Aulcuns  vouloient  leur  don- 
ner la  chasse,  rab.  Garg.  i,  48.  Madame,  donnez 
vous  guarde  de  tumber,  id.  Pant.  ii,  46.  Donnez 
dessus  à  vostre  ma.st,  gualantement  à  la  vieille  es- 
crime, ID.  ib.  II,  29.  Ma  mignonne.  Je  vous  donne 
Le  bon  jour,  marot,  ir,  4)4.  Je  donrois  quinze  à 
l'Aretin,  Et  si  gaignerois  la  partie, id.  ii,  4  40.  Quant 
l'occasion  s'y  donnera,  vous  connoistrés  que  vous 
n'avez  point  amé  personnes  ingrates,  marg.  Lettre 
4  70.  Le  bruit  que  chacun  lui  donnoit  d'estre  l'un  des 
plus  adroits  et  hardis  aux  armes  qui  feusl  de  son 
temps,  iD.  Nouv.  4.  Donnons  à  l'ordre  politique  de 
les  souffrir  patiemment,  mont,  i,  4  3.  Donner  parole 
[à  quelqu'un]  de....  id.  i,  47.  Donner  prinse  à.... 
ID.  I,  24.  Se  donner  plus  d'affaire  que,...  ID.  i,  33. 
L'imagination  donne  la  fiebvre  et  la  mort  à  ceulx 
qui  la  laissent  faire,  Id.  i,  9I.  Je  vous  donne  à  pen- 
ser s'il  y  a  une  seule  des....  id.  i,  07.  Les  quatre 
années  qu'il  m'a  esté  donné  de  jouir  de....  id.  i, 
24  9.  Où  que  je  veuille  donner,  il  me  fault  forcer 
quelque  barrière  de  la  coustume,  m.  i,  458.  Il  fault 
donner  jusques  aux  dernières  limites  du  plaisir,  id. 
I,  284.  Se  donnera  la  mort  [se  tuer],  m.  i,  3oo.  Je 
leur  donne  [je  concède]  que  ce  soit  le  pire  accident 
de  nostre  estre,  id.  i,  303.  Au  dedans,  ou  nuls  yeuli 
ne  donnent  que  les  nostres,  id.  m,  4  8.  Ne  regar- 
dans  sinon  qu'à  se  doniier  du  bon  temps,  lanoue, 
495.  Il  vint  une  louve  qui  leur  donna  la  mammelle, 
AMYOT,  iiom.  3.  Si  alloient  les  Sabins  donner  droit 
dedans  [ce  bourbier],  n'eust  esté  le  danger  de  Cur- 
tius  qui  les  en  garda,  id.  ib.  27.  Ceste  bataille  fust 
donnée  le  dernier  jour  de  febvrier,  id.  Publ.  46.  Il 
alla  donner  de  la  teste  tant  qu'il  peut,  contre  un  des 
degrez,  id.  Tim.  46.  Il  se  donna  du  tout  à  servir 
à  la  chose  publique  tant  qu'il  vescut,  ID.  Pélop.  7. 
On  le  tourne  de  sorte  que  le  soleil  luy  donne  tous- 
jours  dedans  les  yeux,  id.  Artajc.  20.  Deux  heures 
après,  nos  estradiots  se  donnent  au  chemin  de  Plu- 
viers, d'aub.  Uist.  n,  4  92.  Qui  tost  donne,  deux 
fois  donne,  H.  est.  Pre'cell.  p.  4  84.  Petit  don,  lon- 
guement attendu ,  n'est  pas  donné ,  mais  bien  vendu , 
id.  ib.  Il  en  avoit  deux,  il  m'en  a  donné  d'une. 
Contes  d'Eutrap.  p.  464,  dans  lacurne.  Plus  donne 
qui  peu,  tost  et  de  son'  gré,  que  qui  plus,  tard  et 
contre  son  gré,  génin.  Récrit,  t.  ii,  p.  247.  Qui 
prend  se  vend;  qui  donne  s'abandonne.  Contes  de 
Songecreux,  f°  476,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Berry,  douner;  wallon,  diner;  bourg, 
denot;  provenç.  et  espagn.  donar;  portug.  doar  ; 
ital.  donare;  du  latin  donare,  de  donum,  don;  com- 
parez le  grec  Soiivat,  le  sanscrit  da,  le  latin  dare. 

DONNEUR,  EUSE  (do-neur,  neù-z'),  s.  m.  et  f. 
||l"CeIui,  celle  qui  donne.  Celle  qui  reçoit  ne  s'en- 
gage à  rien,  et  le  donneur  est  pris  pour  dupe,  dan- 
court.  Bourg,  à  la  mode,  m,  40.  Le  monde  est 
plein  de  ces  donneurs  avares....  la  motte.  Fables, 
V,  49.  Il  Donneur  d'eau  bénite,  celui  qui,  se  tenant 
auprès  d'un  bénitier  dans  une  église,  offre  de  l'eau  { 


DON 

bénite  aux  personnes  qui  entrent.  I|  Fig.  Un  donneur 
d'eau  bénite  de  cour,  et,  simplement,  un  donneur 
d'eau  bénite,  celui  qui  fait  de  belles  promesses  sans 
avoir  aucune  envie  de  les  tenir.  ||  En  mauvaise 
part,  celui,  celle  qui  donne  des  choses  dont  on  n'a 

que  faire  ou  qui  sont  sans  valeur Je  ne  hai« 

rien  tant  que  ces  contorsions  De  tous  ces  grands 
faiseurs  de  protestations,  Ces  affables  donneurs 
d'embrassades  frivoles,  mol.  Uis.  i,  1.  De  tous  cô- 
tés lui  vient  des  donneurs  de  recette,  la  font.  Fabl. 
VIII,  3.  Pour  l'arracher  à  ces  donneuses  d'éduca- 
tion.... J.  J.  Bouss.  Ém.  IV.  Pour  fermer  la  bouche, 
une  fois  pour  toutes,  à  tous  ces  donneurs  d'avis,  id. 
Confess.  xii.  ||  Donneur  de  mort  subite,  nom  qu'on 
donne  quelquefois,  dans  le  langage  familier,  à  dei 
duellistes  exercés  qui  tuent  ou  blessent  immanqua- 
blement leur  adversaire.  ||  2°  Terme  de  commerce. 
Un  donneur  d'aval,  celui  qui  se  rend  caution  so- 
lidaire d'un  obligé  par  une  lettre  de  change.  Don- 
neur d'ordre,  celui  par  ordre  duquel  une  lettre  de 
change  est  tirée.  Donneur  de  valeurs,  celui  qui  fait 
les  fonds  d'une  lettre  de  change.  ||  Donneur  à  la 
grosse,  celui  qui  fait  un  prêt  à  la  grosse. 

—  HIST.  XII'  s.  Establis,  sire,  duneurde  lei  [loi] 
sur  els.  Liber  psalm.  p.  40.  ||  xiii'  s.  Et  s'il  estoit 
larges  donnere.  Aussi  iert  il  biaus  despendere  [dé- 
pensier], PH.  mouskes,  ms.  p.  783,  dans  lacurne. 
Mais  Diex  qui  est  doneres  de  joie  souveraine , Berle,  L. 
Li  fol  large  donneor,  la  Rose,  v.  7664.  ||  xvi's.  Celui 
qui  n'espargnera  pas  justice,  sera  donneur  de  paix 
et  tranquillité,  Bouciq.  ii,  ch.  7.  ||xvi'  s.  En  maint 
bon  lieu  j'ay  donné  mainte  chose.  Que  l'on  prenoit, 
sans  penser  le  donneur  Prétendre  rien  du  prenant 
que  l'honneur,  marot,  i,  40l.  Et  asseuroit  ce  don- 
neur de  bons  jours  [charlatan]  que  c'estoit  la  vraie 
mandrjigore,  p.  boistuau.  Histoires  prodigieuses. 

—  ÉTYM.  Provenç.  donaire, donador  ;  portug. do- 
nor;  ital.  donalorc;  du  latin  donatorem,  de  donare 
(voy.  donner).  Dans  le  provençal  et  l'ancien  fran- 
çais, donaire,  donerc  est  le  nominatif  singulier  de 
donâtor;  donador,  doneor  est  le  régime,  de  doiiatô- 
rem;  au  pluriel,  le  nominatif  est  doneor,  le  régime 
doneors. 

t  DON  QUICHOTTE  (don-ki-cho-f),  s.  m.  Héros 
du  célèbre  roman  de  Cervantes,  qui  va  chercher 
des  aventures  à  mener  à  fin  et  des  torts  à  redresser. 
Il  Fig.  Celui  qui  se  fait  le  champion  de  causes  qui 
ne  sont  pas  siennes.  C'est  un  vrai  Don  Quichotte. 
Dons  Ouichottes  de  l'arbitraire.  Allons,  morbleu,  de 
la  valeur  1  bérano.  Christophe.  \\  Se  dit  aussi  d'une 
personne  grande  et  très-maigre. 

I  DON-QUICHOTTISME  (don-ki-cho-ti-sm'),  s.  m. 
Fohe  du  Don  Quichotte,  habitude  ou  manie  de 
soutenir,  à  tort  et  à  travers,  quelquefois  même 
par  les  armes,  la  justice,  la  vertu,  les  bonnes 
mœurs,  etc.  C'est  du  don-quichottisme  tout  pur. 
S'adresser  à  l'amant  [pour  sauver  la  vertu  de  la 
femme]  avait  un  caractère  de  don-quichottisme  par 
trop  ridicule,  ch.  de  Bernard,  Un  acte  de  vertu. 

DONT  (don;  le  t  se  lie  :  les  choses  don-t  on  parle), 
pronom  relatif,  ou,  mieux,  conjonctif,  c'est-à-dire 
ayant  la  force  d'une  conjonction  et  liant  ensemble 
deux  propositions;  il  ne  se  prend  qu'au  cas  oblique 
marqué  par  de  et  il  est  des  deux  genres  et  des 
deux  nombres.  {|  1°  De  qui,  duquel,  de  laquelle, 
desquels,  desquelles;  il  s'applique  aux  personnes 
et  aux  choses.  L'homme  dont  vous  connaissez  la 
probité,  dont  la  probité  est  connue.  La  dame  dont 
vous  avez  épousé  la  sœur.  Les  personnes  dont  vous 
avez  entendu  parler.  Les  maisons  dont  vous  voyez 
les  façades.  Celui  dont  vous  avez  reçu  un  secours. 
Quelques  titres  dont  ces  grands  hommes  soient 
revêtus.  La  marine  rentra  presque  dan#  l'état  dont 
Louis  XIV  l'avait  tirée.  Ne  doutez  pas  du  bras  dont 
partiront  les  coups,  corn.  Poly.  v,  6.  C'est  moi, 
vous  dis-je,  moi,  dont  le  patron  le  sait,  mol.  Âm. 
magnif.  m,  7.  Messieurs  les  maréchaux,  dont  j'ai 
commandement,  id.  Jft's.  ii,  7.  Et  principalement 
ma  mère  étant  morte,  dont  on  ne  peut  m'ôter  le 
bien,  i».  l'^lt».  ii,  4.  Comme  ami  de  son  maître  de 
musique,  dont  j'ai  obtenu  le  pouvoir  de  dire  qu'il 
m'envoie  à  sa  place,  id.  Mal.  im.  ii,  4.  Vous  des- 
cendez en  vain  des  aïeux  dont  vousêtez  né,  et  tout 
ce  qu'ils  ont  fait  d'illustre  ne  vous  donne  aucun  rang, 
ID.  Fest.  de  P.  iv,  6.  Il  n'y  a  que  saint  Thomas  d'A- 
quin  dont  Luther  a  voulu  douter,  je  ne  sais  pour- 
quoi, si  ce  n'est  que  ce  saint  était  jacobin....  Boss, 
Var.  m,  60.  Ces  étoiles  extraordinaires  dont  on 
ignore  les  causes,  et  dont  on  sait  encore  moins  ce 
qu'elles  deviennent  après  avoir  disparu,  la  brut.  h. 
Hélas  .'je  me  consume  en  impuissants  efforts.  Et  rentre 
au  trouble  affreux  dont  à  peine  je  sors,  rac.  Iphig. 
V,  1 11  est  un  Dieu  dans  les  cieux  Dont  le  bras 


DON 


DON 


DON 


1221 


soutient  l'innocence,  Et  confond  des  méchants  l'or- 
gueil ambitieux,  J.  B.  Rouss.  Odes,  i,  4.  La  duchesse 
de  Mazarin  ne  laissa  de  regrets  qu'à  Saint-Evremont, 
dont  la  vie,  la  cause  de  la  fuite  et  les  ouvrages  sont 
si  connus,  st-sim.  69,  <28.  Opprobre  malheureux  du 
sang  dont  vous  sortez,  volt.  Zaïre,  m,  *.  Les  mé- 
chants servent  à  éprouver  un  petit  nombre  de  jus- 
tes répandus  sur  la  terre,  et  il  n'y  a  point  de  mal  dont 
il  ne  naisse  un  bien,  id.  Zadig,  ch.  xx.  Le  premier 
pas,  mon  fils,  que  l'on  fait  dans  le  monde  Est  ce- 
lui dont  dépend  le  reste  de  nos  jours,  id.  l'indiscr. 
ï,  t.  Un  désert  dont  il  [l'aigle]  défend  l'entrée  et 
l'usage  de  la  chasse  à  tous  les  autres  oiseaux,  buff. 
Aigle.  On  attribue  à  la  cigogne  des  vertus  morales 
dont  l'image  est  toujours  respectable  :  la  tempé- 
rance, la  fidélité  conjugale,  la  piété  filiale  et  pater- 
nelle, ID.  Cigogne.  N'auront-ils  vu  Cassandre  en- 
voyée à  Mycène  Que  pour  remplir  le  rang  dont  vous 
chassez  la  reine?  lemerc.  Âgamemn.  iv,  <.  ||Dùnt, 
avec  un  pronom  possessif  qui  suit  et  qui  se  rap- 
porte à  la  personne  de  laquelle  dont  dépend.  On  a 
peine  à  placer  Osymandias,  dont  nous  voyons  de  si 
magnifiques  monuments  dans  Diodore,  et  de  si 
belles  marques  de  ses  combats,  Boss.  Bist.  m,  3. 
Celui  dont  les  larmes  auront  effacé  l'histoire  de  ses 
péchés,  MASS.  Avent,  Bonh.  ||  Dont  quelqu'un,  un 
desquels.  Souffrez  donc  que  pour  lui  je  garde  un 
peu  d'estime  ;  La  sienne  dans  la  cour  lui  fait  mille 
jaloux.  Dont  quelqu'un  a  voulu  le  perdre  auprès 
de  vous,  CORN.  Nie.  m,  8.  ||  i'  De  quoi.  Ce  dont 
je  vous  ai  parlé.  Voilà  ce  dont  il  s'agit.  ||  On  peut 
supprimer  ce  dans  le  style  familier  et  en  dis  cas 
comme  celui-ci  :  Ah  !  poltron ,  dont  j'anrage  I  Lâche  I 
vrai  cœur  de  poule,  mol.  Sgan.  2(.  ||  Dans  la  langue 
du  xvii*  siècle,  ce  se  supprimait  couramment,  et  il 
est  dommage  que  cette  ellipse,  qui  allégeait  la 
phrase,  soit  tombée  en  désuétude.  Elle  se  meut  un 
peu  plus  vite;  dont  la  raison  est  évidente,  desc. 
Météor.  i.  Etc'est  dont  je  vous  plains  qu'après  un  tel 
service  On  puisse  contre  lui  me  demander  justice, 
CORN.  Uor.  V,  2.  C'est  dont  je  ne  veux  point  de  té- 
moin que  Valère,  id.  ib.  v,  3.  Hélène  est  arrivée, 
dont  je  suis  ravie,  sÉv.  262.  Cela  était  juste,  elle 
roi  le  leur  avait  ordonné,  dont  elles  [les  princesses, 
filles  du  roi]  furent  fort  piquées,  st-sim.  24,  )6. 
IIS"  Dont  signifiant  par  lequel,  par  laquelle,  par  les- 
quels, par  lesquelles le  rigoureux  sort  dont  vous 

m'êtes  ravie,  malh.  v,  22.  Je  sais  ce  que  je  dois, 
madame,  au  grand  service  Dont  vous  avez  sauvé 
l'héritier  de  Maurice,  corn.  Héracl.  ii,  6.  Ce  favo- 
rable aveu  dont  elle  t'a  séduit,  id.  ib.  iv,  4.  Savez- 
vousles  raisons  dont  il  peut  se  défendre  ?ID.  Toison 
d'or,  II ,  2.  Redis-moi  les  raisons  dont  tu  l'as  apai- 
sée, ID.  tf>.  IV,  4.  Et  vous  devez  aux  dieux  compte 
de  tout  le  sang  Dont  vous  l'avez  vengé  pour  monter 
à  son  rang,  id.  Cinna,  II,  ).  Sont-ce  là  les  appas 
dont  le  sage  Porsenne  Croit  attirer  à  soi  le  cœur 
d'une  Romaine?  DU  ryer,  Scévole,  m,  3.  La  beauté 
me  ravit  partout  où  je  la  trouve,  et  je  cède  faci- 
lement à  celle  aouce  violence  dont  elle  nous  en- 
traîne, MOL.  D.  Juan,  i,  2.  Après  quelques  pa- 
roles dont  je  tâchai  d'adoucir  la  douleur  de  cette 
charmante  affligée....  id.  Scapin,  i,  2.  La  bassesse 
de  ma  fortune,  dont  il  plaît  au  ciel  de  rabattre  l'am- 
bition de  mon  amour,  ID.  Am.  magn.  i,  <.  Du  coup 
dont  ma  raison  vient  d'être  confondue,  rac.  Andr. 
m,  I.  X  louer  l'ennemi  dont  je  suis  opprimé,  id. 
Brit.  u,  6.  L'ordre  dont  Amurat  Autorise  ce  mons- 
tre à  ce  double  attentat,  id.  Baj.  v,  n.  L'indigne 
paix  dont  il  veut  vous  surprendre,  id.  Alex,  i,  2. 
Si  le  refus  était  à  faire,  je  le  ferais  encore,  malgré 
la  profonde  misère  dont  il  plaît  au  ciel  de  m'éprou- 
ver,  MAiNTENON,  Lett.  à  llichelieu,  3  mars  )660. 
Quel  pouvoir  a  brisé  l'éternelle  barrière  Dont  le  ciel 
sépara  l'enfer  et  la  lumière?  volt.  Sémir.  m,  2.  Et 
brisa  les  liens  dont  j'étais  enchaîné,  m.  j.  chén. 
CEdipe  roi,  v,  2.  ||  Terme  de  bourse.  Dont  un,  dont 
dix,  etc.  expressions  qui  déterminent  la  quotité  de 
la  prime  dont  l'abandon  annule  un  marché.  Si  l'on 
dit  que  le  4  )/2  vaut  92  fr.  dont  un,  que  l'Orléans 
vaut  1460  dont  dix,  cela  signifie  qu'on  payant  i  fr, 
pour  100  fr.  de  rente,  ou  lO  fr.  par  action,  l'ache- 
teur (ou  le  vendeur  dans  certains  cas)  a  le  droit 
d'annuler  le  marché. 

—  REM.  1.  Les  grammairiens,  Vaugelas  en  tête, 
déclarent  qu'il  ne  faut  pas  dire  dont  pour  d'oil, 
comme  :  le  lieu  dont  je  viens  ;  que  c'est  très-bien 
parler  que  de  dire  la  maison  dont  il  est  sorti,  pourvu 
que  maison  signifie  race;  mais  que,  si  maison  était 
pris  au  propre,  il  faudrait  mettre  d'où  il  est  sorti. 
Pourtant  l'usage  des  meilleurs  écrivains  ne  se  cou- 
forme  pas  à  cette  régie  :  Le  mont  Aventia  Dont  il 
l'aurait  vu  faire  une  horrible  descente,  corn.  Nie. 


V,  2.  Rentre  dans  le  néant  dont  je  t'ai  fait  sortir, 
RAC.  Baj.  II,  I.  Abîmes  redoutés  dont  Ninus  est 
sorti,  VOLT.  Sémir.  v,  6.  Ma  vie  est  dans  les  camps 
dont  vous  m'avez  tiré,  id.  Fanât,  ii,  t.  Je  me  traîne 
encore,  ce  me  semble,  à  une  assez  petite  distance 
du  rivage  dont  il  me  repousse,  d'alemb.  Lett.  Itoi  de 
Prusse,  28  oct.  1 766.Voy.  l'historique.  ||  î.  Le  substan- 
tif duquel  dont  est  le  régime,  se  met  immédiatement 
après  dont  :  L'homme  dont  la  vertu  est  admirée.... 
(à  moins  d'inversion  :  L'homme  dont  à  tous  les  yeux 
brille  la  vertu;  ce  qui  est  peu  usité),  ou  se  sépare 
de  dont  quand  il  n'est  pas  sujet:  L'homme  dont  on 
admire  la  vertu.  {|  3.  Dont  ne  peut  être  régime  d'un 
complément  précédé  lui-même  d'une  préposition. 
Ainsi  Molière  a  fait  une  construction  très-dure  et 
qu'il  ne  faut  pas  imiter,  en  disant:  L'objet  de  votre 
amour,  lui  dont  à  la  maison  Votre  imposture  enlève 
un  brillant  héritage,  Dép.  am.  ii,  l.l|4.  Ordinai- 
rement dont  suit  immédiatement  son  antécédent  : 
L'homme  dont  vous  parlez.  Mais  il  peut  s'en  sépa- 
rer, particulièrement  dans  la  prose  soutenue  et  dans 
la  poésie  :  Comme  le  mal  fut  prompt  dont  on  le  vit 
mourir....  mol.  Dép.  am.  ii,  1.  La  tristesse  est  heu- 
reuse dont  vous  êtes  le  consolateur,  balz.  liv.  vi, 
lett.  t.  Il  6.  Dont  peut  joindre  à  une  phrase  princi- 
pale deux  propositions  secondaires  liées  entre  elles 
parla  conjonction  que,  même  lorsqu'il  n'est  complé- 
ment que  de  la  seconde:  La  maison  dont  je  sais  que 
vous  êtes  propriétaire.  Ce  sont  particulièrement  ces 
dernières  pour  qui  je  suis,  et  dont  je  sens  fort  bien 
que  je  ne  pourrai  me  taire  quelque  jour,  mol.  Ép. 
dédie,  de  l'École  des  f.\\  6.  Dont  régit  le  subjonctif 
quand  il  est  précédé  d'une  phrase  interrogative  ou 
qui  marque  un  doute,  un  désir,  une  condition  :  Pen- 
sez-vous que  le  jeu  soit  une  passion  dont  on  doive 
se  défier?  ||  7.  U  y  a,  dans  le  xvii"  siècle,  plusieurs 
exemples  de  dont,  se  rapportant  non  au  verbe  du 
membre  de  phrase  qu'il  lie,  mais  à  une  incise  qui  com- 
mence ce  membre  de  phrase.  La  dure-mère  bat  sans 
cesse  le  cerveau,  dont  les  parties  étant  fort  pres- 
sées, il  s'ensuit  que  le  sang  et  les  esprits  sont  aussi 
fort  pressés,  BOss.  Connaiss.  ii,  6.  Ils  outrent  tou- 
tes choses,  les  bonnes  et  les  mauvaises,  dont  ne 
pouvant  ensuite  supporter  l'excès,  ils  l'adoucissent 
par  le  changement,  la  bruy.  xi.  Il  est  fâcheux  que 
cette  manière  de  lier  des  phrases,  qui  est  si  com- 
mode, n'ait  pas  passé  dans  la  langue  moderne. 
Il  8.  C'est  un  pléonasme  aujourd'hui  condamné,  que 
de  dire  :  C'est  de  lui  dont  je  tiens  la  nouvelle  ;  il 
faut  :  C'est  lui  dont  je  tiens  la  nouvelle,  ou  C'est  de 
lui  que  je  tiens  la  nouvelle.  Dans  le  xvii'  siècle,  ce 
pléonasme  était  toléré:  Ce  n'est  pas  de  vous,  ma- 
dame, dont  il  est  amoureux,  mol.  Am.  magnif. 

II,  3. 

—  HIST.  X*  S.  El  li  enortet  [exhorte],  dont  lei  non- 
que  chielt  [dont  il  ne  lui  importe] ,  Qued  elle  fuiet 
le  nom  christien,  Eulalie.  Per  cel  edre  [par  ce 
lierre]  dunt  cil....  Fragm.  de  Valenc.  p.  408.  E  cum 
cil  lo  fisient  dunt  ore  aveist  odit  [et  comme  ceux  le 
faisoient  dont  ore  avez  ouï],  ib.  p.  469. 

—  XI"  s.  Li  naïfs  [le  serf  natif]  qui  departet  de  la 
terre  dunt  il  est  nez,  Lois  de  Guill.  33.  [Besans] 
Dont  bien  porrez  vos  soldeiers  loer,  Ch.  de  Roi.  ix. 
Icele  terre,  ce  dist,  dont  il  esteit,  ib.  Lxxvi.  Le  blanc 
haubert  dunt  la  maille  est  menue,  ib.  en.  [La  lance] 
Dunt  nostre  sire  fust  en  la  croix  navret,  ib.  clxxix. 

—  XII'  s.  Dont  [desquels]  [je]  pris  les  chiefs  [tê- 
tes], Ronc.  p.  26.  Li  douze  per  dont  [par  lesquels] 
Charles  est  puissans,  ib.  p.  27.  Pour  Guenelon  dont 
[il]  a  fait  mesagier  [duquel  il  a  fait  un  messager], 
ib.  p.  3).  Et  mi  desconfort  greignor  Dont  je  morrai 
sans  retor.  Coud,  i.  Douce  dame,  je  ne  vous  os 
[ose]  rover  [demander]  Ce  dont  amors  ne  me  rove 
pas  taire,  ib.  ii.  [Amour]  Dont  jà  [je]  ne  quier  [de- 
mande] issir,  ib.  viii.  Â  peines  ert  [sera]  acomplis 
Li  servirs  dont  j'atentgré,  ib.  xii.  Plus  [je]  me 
confort  as  biens  dont  ele  [ma  dame]  est  pleine,  ib. 
xiv.  Jà  de  mon  cuer  n'islra  mais  la  semblance  Dont 
[ma  dame]  me  conquist  as  mos  pleins  de  douçor, 
ib.  xvi.  Voir,  il  n'est  rien  dont  je  soie  en  tristour, 
ib.  XVII.  Ce  est  la  riens  dont  je  sui  plus  espris, 
ib.  [Le  grant  amour]  Dont  je  l'ai  tant  dedens  mon 
cuer  amée  [aimée] ,  ib.  N'est  pas  amors  dont  on  se 
peut  movoir  [l'amour  dont  on  peut  se  retirer  n'est 
pas  un  véritable  amour],  ib.  xviii.  Je  ne  tieng  pas 
i'amor  à  droit  partie.  Dont  il  convient  morir  ou  trop 
amer  [aimer],  ib.  Et  si  [ils]  meurent  [émurent] 
ensemble  meslée  et  contençon.  Don  la  guerre  dura 
tante  mainte  saison ,  Sax.  m.  Dont  [pour  cela]  [ils] 
firent  la  bataille  sur  deux  hommes  jugier  [remettre 
la  bataille  à  deux  champions] ,  ib.  iv.  Là  fu  morz 
Oliviers  et  ses  compains  Rolans,  Li  douze  pair  de 
France,  don  Karles  est  dolanz,  ib.  v,  II  fait  creuser 


souz  terre  à  pic  et  à  martel  X  ses  engigneors  [ingé- 
nieurs], dont  out  pris  maint  chaste!,  th.  ix. 

—  xni*  s.  X  ce  temps  dont  vous  ai  l'histoire  co- 
mencie,  Berfe,  u.  Dont  [c'est  pourquoi]  doi  je  pren- 
dre en  gré  se  j'ai  froit  et  poverte  [pauvreté],  ib. 
XXXV.  Dont  vient  si  bêle  dame  parmi  cest  bois  ramé? 
ib.  XLV.  Et  dont  estes-vous  née?  dites  en  vérité,  ib. 
Il  voit  son  mantel  gris  dont  ele  ert  [était]  afublée, 
ib.  XLvi.  Dame,  esgardez,  fait- il,  [ce]  dont  je  vous 
fais  présent,  «6.  XLVii.  Dont  venez  vous  si  seule 
parmi  ce  gant  [bois]  feuillu?  ib.  li.  Diexl  fait-ele,  dont 
vient  si  faite  deablie?  ib.  lxxii.  Que  tout  lui  ferai 
rendre  ce  dont  ele  est  saisie ,  tb.  De  vous  afestoier 
[je]  n'ai  ore  pas  loisir, 'Dont  il  me  poise  si  que  j'en 
cuide  mourir,  ib.  lxxxvii.  Il  dit  qu'ele  est  nice  et 
foie,  Dont  [c'est  pourquoi]  tant  demore  à  la  karole 

[danse],  la  Rose,  8498 Tu  dois  estre  Moult  liés 

[joyeux] ,  dont  tu  as  si  bon  mestre  Et  seignor  de  si 
haut  renom,  ib.  4270. 

—  xv  s.  Dont  plusieurs  chevaliers  en  furent  cour- 
roucés, FROiss.  I,  I,  10.  Leur  venue  et  chevauchie 
fut  sçue  en  la  dite  ville,  dont  s'armèrent  secrète- 
ment ceux  de  Lille,  et  se  mirent  en  trois  aguets,  afin 
que  cils  ne  leur  pussent  mie  eschapper,  m.  i,  i, 
108.  Une  femme  qui  venoit  du  pèlerinage  s'assit  en 
my  le  marché;  on  lui  demanda  dont  ello  venoit,  id. 
II,  II,  B2.  Et  restitua  les  dictes  terres;  dont  le  comte 
son  filz  fut  fort  troublé,  comm.  i,  l.  Si  leur  en- 
nuyoit-il  dont  ledit  duo  de  Bourgongne  mettoit  tant 
[tardait  tant]  à  les  secourir,  id.  v,  4.  Toulefîois  de- 
puis fist  le  contraire,  dont  le  roy  conceut  ceste  lon- 
gue hayne,  in.  i,  2. 

—  XVI'  s.  Et  n'has-tu  pas  ton  franc  arbitre  Pour 
sortir  d'ond  tu  es  entré?  mabot,  i,  204.  Je  pense 
que  c'est  un  enfer,  Dont  jamais  je  ne  sortiray,  jd. 
ib.  Anne,  ma  sœur,  d'ont  me  vient  le  songer  Qui 
toute  nuit  par  devers  vous  me  maine?  id.  m,  m. 
La  généalogie  et  anticquité  dond  nous  est  venu 
Gargantua,  rab.  Garg.i,  1.  Je  retourne  faire  scale  au 
port  dont  suys  yssu,  id.  tb.  i,  9.  Mais,  dy  je,  dond 
venez?  où  allez?  id.  Pant.  v,  17.  Je  le  renvoyrois 
bien  dond  il  est  venu,  à  grandz  coupz  d'anguillade, 
ID.  ib.  V,  18.  Gouets,  petilz  coutteaulx  dont  les  en- 
fans  cernent  les  noix,  id.  ib.  i,  27.  La  mansuétude 
dont  ilz  usarent  envers  les  Bretons,  id.  tb.  i,  60. 
Puisque  prenés  la  paine  à  m'escripre,  dont  me  falo- 
tes ung  merveilleux  plaisir,  marc.  Lett.  3.  Encores 
me  desplaist-il  bien  dont  elle  a  sy  peu  de  compai- 
gnie,  craignant  qu'elle  s'ennuye,  id.  tb.  Vous  savés 
combien  vostre  paine  est  nécessaire  aux  affaires  dont 
vous  portés  le  faix,  id.  tb.  64.  On  dit  tant  de  bien 
de  vostre  justice  que  je  ferois  mal  de  le  vous  celer, 
saichant  très  bien  que  vous  en  donnés  la  gloire  à 
celuy  dont  elle  vient,  id.  ib.  126.  Ils  pensèrent  que 
cette  sorte  de  vengeance  debvoit  estre  plus  aigre 
que  la  leur,  dont  ils  commencèrent  de  quitter  leur 
façon  ancienne  poursuyvre  cette  cy,  mont,  i,  240. 
Estant  malade  de  la  maladie  dont  il  mourut,  ID. 
m,  89.  La  violence,  dont  elle  [la  guerre]  agit,  est 
espouvantable  et  donne  effroy,  lanoue,  160.  The- 
seus  le  tua;  dont  il  fut  si  aise,  que....  amyot.  Thés. 
10.  Or  sus,  Titus,  et  toy  Valerius,  que  ne  respon- 
dez  vous  à  ce  dont  on  vous  accuse?  id.  Publ.  8.  Si- 
ramnes  respondit  à  ceulx  qui  s'esbahissoient  dont 
venoit  que  ses  devis  estoient  si  sages,  et  ses  efl'ect.'» 
si  peu  heureux,  id.  Préf.  xx,  47.  La  vitesse  dont 
elle  va,  la  boëtie,  173.  Qu'elle  remeist  chasque 
chose  au  lieu  dont  elle  la  prendroit,  id.  185.  J'ay 
mes  valets,  dont  il  y  a  toujours  quelqu'un  d'entre 
eux  qui  accuse,  l'autre  qui  se  justifie,  id.  204. 

—  ÉTYM.  Provenç.  don;  espagn.  et  portug.  donde; 
de  l'adverb,,  composé  de-unde,  de  la  préposition  la- 
tine de,  et  l'adverbe  unde,  d'où. 

t  DONTE  (don-t'),  s.  f.  Nom  que  les  luthiers  don- 
nent au  ventre  de  certains  instruments,  tels  que  le 
téorbe,  le  luth,  etc.  qui  est  fait  d'éclisses  taillées, 
ployées  en  côtes  de  melon,  et  collées  sur  le  tasseau. 

+  DONVILLE  (don-vi-l'),  s.  m.  Espèce  de  poire. 

DONZELLE  (don-zè-l') ,  s.  f.\\l'  Fille  ou  femme 
de  distinction.  Je  devais  l'épouser;  mais  je  ne  veux 
plus  d'elle.  —  Plus  de  moi  I  —  Quoi  !  Crispin  !  — 
Elle  fait  la  donzelle.  Monsieur,  et,  s'il  vous  plaît, 
je  ne  suis  point  un  sot,  hauteroche.  Nobles  dt 
prov.  u,  3.  Il  Cet  emploi  est  tout  à  fait  tombé  en 
désuétude.  ||  3°  Fille  ou  femme  dont  on  parle  très- 
familièrement.  Lors  à  bon  chat  bon  rat,  et  la  pau- 
vre donzelle  Était  pour  en  avoir  profondément  dans 
l'aile,  scARRON,  Jodelet,  i,  1. 1|  Fille  ou  femme  dont 
on  parle  légèrement,  d'un  ton  de  mépris.  11  a  quitté 
sa  donzelle.  Quelle  donzelle  !  L'air  précieux  n'a  pas 
seulement  infecté  Paris;  il  s'est  aussi  répandu  dans 
les  provinces;  et  nos  donzelles  en  ont  humi  leui 
bonne  part,  mol.  Préc,  l.  Ces  insatiables  donzelle; 


h 


1222 


DOR 


ne»  harpies!  Faisaient  la  guerre  à  nos  écuelles, 
SCARHON,  Virg.  trav.  m.  \\  8»  Nom  vulgaire  d'un 
poisson,  Vophidie  barbue,  dite  aussi  demoiselle. 

•  -  HIST.  xm"  s.  Et  chevalier  et  damoiseles,  Es- 
quier,  bourgois  et  danseles,  Amadas  et  Ydoine, 
n'  8»S7.  Il  XVI'  s.  L'autheur  du  jeu  vient  proposer 
que  le  iloiizel  ou  la  donzelle  que  l'on  a  choisy.... 
DES  ACCORDS,  lligarT.  Acrostiches. 

—  ËTYM.  Provenç.  domella;  catal.  donsella;  es- 
pagn.  doncella;  ital.  doniella;  du  bas-latin  domi- 
nicella,  diminutif  de  domina  (voy.  dame).  Dans 
l'ancienne  langue  on  disait  doncele  ou  dancele;  et, 
au  masculin,  doncel  ou  dancel,  damoiseau. 

t  DOQUET  (do-kè),  4-.  m.  Terme  de  musique. 
Ouatrième  partie  de  trompette  d'une  fanfare  de  ca- 
valerie. On  dit  aussi  toquet  (voy.  ce  mot). 

DORADE  (do-ra-d'),  s.  f.  Poisson  de  mer  à  écailles 
dorées.  ||  Dorade  chinoise,  poisson  du  genre  cyprin 
qu'on  appelle  aussi  poisson  rouge.  ||  Terme  d'astro- 
nomie. Constellation  de  sept  étoiles,  qui  est  dans 
l'hémisphère  austral. 

—  HIST.  xvrs.  Dorades,  rougets,  gournauds, 
merlus,  paré,  xxiv,  22.  Les  terroirs  pierreux  et 
sablonneux  [il  s'agit  d'étangs]  nourrissent  les  trui- 
tes, barbeaux,  gardons,  carpes,  goujons,  dorades, 

0.  DE  SERRES,  425. 

—  ÉTYM.  Forme  provençale  du  participe  passé 
équivalente  à  dorée  (voy.  dorer). 

DOKADILLK  (do-ra-df-U' ,  Il  mouillées),  s.  f.  Un 
des  noms  vulgaires  d'ime  fougère,  le  cétérac  of- 
ficinal, appelé  aussi  doradille  d'Espagne. 

f  DORAUON  (do-ra-don),  s.  m.  Nom  vulgaire  et 
spécifique  d'un  poisson,  la  coryphène  doradon. 

f  DORAGE  (do-ra-j'),  s.  m.  ||  Action  de  dorer. 
Il  Terme  de  cuisine.  Couche  légère  de  jaune  d'œut 
dont  on  enduit  le  dessus  de  la  pâtisserie.  ||  Action 
de  couvrir  d'une  belle  étoffe  un  chapeau  commun 
pour  le  faire  paraître  plus  fin. 

—  ÉTYM.  Dorer. 

+  DOBCADË  (dor-ka-d')  ou  DORCAS  (doi-kas'),  s. 
f.  Espèce  d'antilope. 

—  ÉTYM.  Aopxâç. 

DORE,  ÉE  (do-ré,  rée),  part,  passé.  ||  1'  Re- 
couvert d'une  couche  d'or.  Un  livre  relié  en  veau  et 
doré  sur  tranche.  De  l'argent  doré.  Ces  palais  tout 
dorés  qu'assiège  la  misère,  M.  J.  ciién.  Grucques, 
M,  3.  Que  font  ces  nains  si  bien  parés  Sur  des  trô- 
nes à  clous  dorés?  bérang.  Bon  Dieu.  A  la  vue  de 
tstte  ville  dorée  [Moscou,  dont  les  coupoles  étaient 
oarées] ,  de  ce  noeud  brillant  de  l'Asie  et  de  l'Eu- 
rope, de  ce  majestueux  rendez-vous  où  s'unissaient 
le  luxe,  les  usages  et  les  arts  des  deux  plus  belles 
parties  du  monde,  nous  nous  arrêtâmes....  ségur, 
Hist.  de  Hap.  vin,  4.  ||  2"  Qui  est  fait  d'or.  11 
faudrait  craindre  peu  pour  la  toison  dorée,  corn. 
J'ois.  I,  I .  Mais  si  Plutus  revient  de  sa  source  do- 
rée Conduire  dans  mes  main»  quelque  veine  éga- 
rée, A.  CHÉN.  Fragments,  p.  <"I.  ||  Siècle  doré, 
âge  doré,  s'est  dit  pour  âge  d'or.  Vivre  au  siècle 
de  Marie  Sera  vivre  au  siècle  doré,  malii.  iu,  2. 
Il  3°  Il  se  dit  des  objets  qui  sont  d'un  jaune  bril- 
lant. Jaune  doré.  Cheveux  d'un  blond  doré.  ||  Qui 
a  une  belle  couleur,  en  parlant  du  rûti.  Ce  chapon 
est  bien  doré.  ||  Pâtisserie  dorée,  pâtisserie  enduite 
d'un  mélange  de  jaune  d'oeuf  et  de  beurre.  ||  4°  Fig. 
Riche,  brillant.  Quand  je  vois  un  homme  doré  dé- 
crier le  luxe,  j.  j.  nouss.  llél.  ii,  40 Ces  rois, 

cour  dorée  et  nombreuse,  Qui  naguère  peuplait 
d'une  tente  poudreuse  Le  vestibule  impérial  I  y.  bugo, 
Odes,  m,  7.  ||  Être  doré  comme  un  calice,  avoir 
des  habits  chargés  de  galon  ou  de  broderies  d'or. 
Il  Jeunesse  dorée,  nom  donné  à  des  jeunes  gens  de 
la  classe  riche  et  moyenne  qui,  à  Paris,  s'étaient 
associés,  en  <7ii4,  pour  soutenir  les  thermidoriens. 
Il  6°  Fig.  Qui  est  comme  embelli  par  une  couche  d'or. 
....par  des  fers  dorés  se  laissent  entraîner,  corn. 
Cinna,  n,  i.  Mots  dorés  en  amour  font  tout,  la 
FONT.  Pâté.  M.  le  duc  d'Orléans  nous  fit  un  discours 
bien  doré  pour  nous  persuader  de  n'innover  rien, 
ST-siM.  417,  27.  Les  vertus  les  plus  sublimes  N'é- 
taient que  des  vices  dorés,  lamabt.  Ilarm.  m,  B. 
Il  Familièrement.  Avoir  la  langue  dorée,  avoir  l'art 
d'endoctriner,  de  séduire.  ||  Vers  dorés,  vers  sen- 
tencieux attribués  à  Pythagore.  |{  La  légende  dorée, 
nom  de  l'histoire  des  saints  par  Jacques  de  Yoragine. 
Il  6"  Terme  de  vénerie.  Fumées  dorées,  ou,  substan- 
tivement, les  dorées,  fumées  du  cerf  qui  sont  jau- 
nes. Il  7°  S.  m.  Dorure.  Le  doré  d'une  glace.  ||  8°  Doré 
de  soufre,  espèce  d'agaric.  ||  Proverbes.  X  vieille 
mule  frein  doré,  se  dit  des  vieilles  femmes  qui  se 
parent,  d'une  marchandise  qu'on  pare  pour  s'en 
défaire.  ||  Bonne  renommée  vaut  mieux  que  ceinture 
dorée  (voy.  ttiMiuRu) 


DOR 

t  DORËB  (do-rée),  s.  f.  ||  1°  Tranche  de  pain  fort 
mince,  sur  laquelle  on  a  étendu  une  légère  couche 
de  beurre  ou  de  confitures.  ||  2°  Ancien  synonyme 
générique  de  zée,  et  nom  vulgaire  d'un  poisson,  le 
gée  forgeron,  dit  aussi  truie  et  poisson  Saint-Pierre. 
Il  3"  Terme  de  chasse.  Voy.  dohS. 

—  ÉTY'M.  Doré. 

t  DORËME  (do-rê-m'),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Nom  de  genre  de  plantes  ombellifères,  ayant  le  port 
du  panais,  sécrétant  une  gommerésine.  Le  dorema 
ammoniacum  fournit  la  gomme  ammoniaque. 

DORÉNAVANT  (do-ré-na-van),  adv.  de  temps.  \ 
partir  de  ce  moment,  à  l'avenir.  Nous  nous  sommes 
levés  ce  mois-ci  à  six  heures  du  matin;  dorénavant 
nous  nous  lèverons  à  cinq.  Cessez,  dorénavant, 
pensers  irrésolus,  D'épargner  des  enfants  que  je  ne 
verrai  plus,  corn,  ttédée,  v,  2.  Crois  que  doréna- 
vant Chi  mène  a  beau  parler;  Je  no  l'écoute  plus  que 
pour  la  consoler,  ID.  Cid,  iv,  3.  Qu'ils  soient  doré- 
navant ton  unique  entretien,  id.  Uor.  iv,  6.  Au 
lieu  de  déplorer  la  mort  des  autres,  grand  prince, 
dorénavant  je  veux  apprendre  de  vous  à  rendre  la 
mienne  sainte,  hoss.  Louis  de  Bourbon.  Le  peuple 
romain,  ayant  abattu  les  Gaulois  et  les  Africains, 
ne  voit  plus  rien  à  craindre  et  combat  dorénavant 
sans  péril,  id.  Hist.  i,  8.  ||  Corneille  a  employé 
dorénavant  dans  le  sens  de  depuis  lors:  Et  le  tronc 
sous  les  flots  roule  dorénavant,  l'omp.  ii,  2. 

—  REM.  Doresenavant  est  une  forme  archaïque  et 
actuellement  inusitée. 

—  IlIST.  xii"  s.  D'ore  en  avant  serons  nous  com- 
peignon,  JJonc.  p.  140.  Or  est  l'amors  coneiie  et  pro- 
vée;  D'or  en  avant  [je]  serai  à  vos  devis  [disposi- 
tion], OUESNES,  Romancero,  p.  toi.  \\  xui'  s.  Si 
auroie  dès  ore  en  avant  mestier  [besoin]  de  repo- 
ser, viLLEH.  xxxix.  Et  11  metés  bien  en  convent 
[convention]  Que  jamès  dès  or  en  avant  Ne  ferés 
riens  qui  lui  desplese,  laUose,  3)B4.  ||  xv"  s.  Or 
soit  Dieu  gracié  et  mercié  :  car  je  mourray  plus  m 
paix  dorénavant,  puisque  je  say  que....  froiss.  i, 
i,  47.  Il  XVI'  s.  Et  dez  lors  en  avant  traicta  humai- 
nement luy  et  les  siens,  mont,  i,  2.  Nostre  mes- 
compte  ne  pourroit  d'ores  en  avant  excéder  vingt  et 
quatre  heures,  id.  iv,  477.  Et  nous  aussi  doresna- 
vant  en  escrivant  le  reste  de  sa  vie  n'u.sorons  plus 
d'autre  nom,  amïot.  Public.  4  9. 

—  ÉTYM.  Formé  de  la  préposition  de,  ore  [heure] , 
en,  et  avant  :  do  l'heure  présente  en  avant;  génev. 
dorénavant  -(prononcé  do-ran-na^ant ,  ran  comme 
dans  l'an;  cette  prononciation  est  aussi  celle  de 
plusieurs  provinces),  et  d'ores  en  avant. 

DORER  (do-ré),  v.  a.  ||  1'  Couvrir  d'or  moulu  ou 
d'or  en  feuilles.  Dorer  un  calice.  Dorer  à  la  pile. 
L'opulence  a  doré  Jusqu'à  ta  couchette, bérang. ii- 
sette.  Il  Cet  homme  est  fin  à  dorer,  il  est  très-fin, 
par  allusion  à  l'or  qui  doit  être  très-fin  pour  être 
employé  en  dorage.  ||  Terme  de  pharmacie.  Dorer 
une  pilule,  la  recouvrir  d'une  mince  couche  d'or  pour 
que  le  goût  n'en  soit  pas  senti.  ||  Fig.  Dorer  la  pilule, 
adoucir  par  des  paroles  flatteuses  les  regrets  que 
cause  une  chose  désagréable.  Le  seigneur  Jupiter 
sait  dorer  la  pilule,  mol.  Amph.  m,  u.  La  pilule, 
à  vrai  dire,  était  assez  amère;  Mais  il  sut  la  dorer, 
et,  pour  me  satisfaire.  D'un  bon  contrat  de  quatre 
mille  écus  II  augmenta  la  dot....  la  font.  Contrat. 
Il  Fig.  Dorer  les  fers,  cacher  sous  quelque  apparence 
ce  qu'une  servitude  a  de  déplaisant  ou  de  honteux. 
Toute  autre  liberté  n'est  qu'un  long  esclavage  Qui 
cache  ou  qui  dore  ses  fers,  corn.  Imit.  i,  2).  ||  Abso- 
lument. Dorer  sur  bois,  appliquer  de  l'or  sur  des  mor- 
ceaux de  sculpture,  comme  cadres  pour  tableaux, 
pieds  de  table ,  etc.  ||  Dorer  sur  tranche,  appliquer  de 
l'or  sur  la  tranche  d'un  livre.  ||  Terme  de  tireur 
d'or.  Appliquer  plusieurs  couches  d'or  en  feuilles  sur 
un  lingot  d'argent.  ||  2°  Donner  une  teinte  d'or. 
Les  rayons  du  soleil  doraient  le  sommet  des  mon- 
tagnes, FÉN.  Tél.  m.  Dès  que  l'aurore  vint  dorer 
l'horizon,  Ulysse  prit  sa  tunique  et  son  manteau,  id. 
t.  XX!,  p.  337.  Des  couleurs  du  matin  tu  dores  les  co- 
teaux, LAMART.lf^d.  11,23.  Il  Le  soleil  dore  les  mois- 
sons, c'est-à-<lire  les  jaunit  en  les  faisant  mûrir. 
Il  Fig.  [Ô  vie!]  Que  tu  sais  bien  dorer  ton  magique 
lointain  1  Qu'il  est  beau  l'horizon  de  ton  riant  ma- 
lin! lamart.  Ilarm.  iv,  n.  ||  Terme  de  pâtisserie. 
Etendre  du  jaune  d'oeuf  délayé  sur  de  la  pitisserie. 
Il  Terme  de  marine.  Dorer  un  vaisseau,  l'enduire 
de  suif  à  l'extérieur.  ||  3°  Se  dorer,  v.  réfl.  Être  en- 
duit d'une  couche  d'or.  Le  bronze  se  dore  avec  la 
pile  électrique.  ||  Prendre  une  teinte  d'or.  Les  mois- 
sons, les  raisins,  les  champs  se  dorent.  ||  Fig.  De 
vouloir  sottement  que  mon  discours  se  dore  Aux 
dépens  d'un  sujet....  réonieh,  Sat.  vi. 

—  HIST.  xii'  s.  [Il]  Ceint  Durandart  dont  li  poins 


UOR 

[la  poignée]  fu dorez,  Uonc.  p.  36.  ||  xiii'  s.  QuensTi 
haut  doré  d'envie,  De  félonie  fretté.  De  faire  cheva- 
lerie N'estes  vous  mie  alosé,  hues  de  la  ferté,  flo- 
mancero,  p.  4  87.  Cest  oignementqueci  veez,  Dequoi 
estes  oinz  et  dorez.  Fabliaux  mss.  n'  7998,  dan» 
LACURNE.  De  rechief  que  lormier  [selliers]  puissent 
bien  dorer  et  estamer  toute  bone  œuvre,  tir.  det 
met.  362.  Il  xiv'  s.  Ains  n'i  ot  traîson  faite  ne  devi- 
sée,  Ne  receû  argent,  ne  monnoie  dorée,  Guetcl. 
8389.  Veoir  ne  pui  [je  ne  peux]  la  dorée  toison,  Ne 
les  Indes  ne  de  Rouge  mer  onde,  machaut,  p.  4  32. 
Il  XV'  s.  Ils  ouvrirent  le  casier,  où  ils  trouvèrent  le 
pauvre  prisonnier,  doré  et  empapiné  d'œufs,  de 
fromage  et  de  lait  et  autres  choses  plus  de  cent, 
LOUIS  XI,  Nouv.  Lxxiii.  Il  XVI' s.  Les  roynes  à  cousté 
de  leurs  roys;  la  dorée  sus  le  carreau  jaulne,  l'ar- 
gentée sus  le  carreau  blanc  [aux  échecs],  rab.  Pant. 
V,  24.  Comment,  seigneurs,  refusez  vous  à  ouïr  un 
personnage  qui  a  le  langage  si  bien  doré?  amïot, 
Démoslh.  sa.  Les  poinctures  de  quoy  la  poésie  a 
embelly  l'aagedoré,  mont,  i,  235.  On  n'oseroit  quasi 
comparoistre  en  bonne  compagnie,  qu'on  ne  .soit 
doré  comme  un  calice,  langue,  461.  Sa  libéralité 
y  estoit  sur-tout  trfes-necessaire  ;  d'aultant  que  s'il 
n'eust  amplement  doré  ses  parolles,  il  n'eust  pas.... 
CAHL.  X,  24.  L'urine  est  dorée  et  jaune,  paré,  In- 
trod.  4B.  Les  mots  et  sentences  dorées,  pasquier. 
Recherches,  p.  542,  dans  lacurne.  Je  faisoye  un 
somme  doré  [excellent] ,  Sans  point  la  nuit  me  res- 
veiller,  l'Amant  rendu  cordelier,  p.  526,  dans  la- 
curne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  daurar;  espagn.  dorar;  por- 
tug.  dourar  ;  ital.  dorare;  du  latin  deaurarc,  de  la 
préposition  de,  qui  exprime  ici  l'action  d'étendre, 
et  aurum,  or  (voy.  or,  s.  m.). 

DOREUR,  EUSE  (doreur,  reû-z'),  t.  m.  et  f.  Ce- 
lui ,  celle  qui  travaille  en  dorure.  Doreur  sur  bois. 
Doreur  en  cuivre.  Les  maladies  des  doreurs. 

—  HIST.  nv  s.  X  Jacques  Leblond ,  doreur  gra- 
veur  pour  des   espérons,   se  laborde,  Évmuc, 

p.  254. 

—  ÉT'YM.  Dorer;  provenç.  dauraire,  daurador; 
catal.  daurador;  espagn.  dorador;  portug.  doura- 
dor;  ital.  doratore.  Dans  le  provençal,  dauraire  est 
le  nominatif,  et  daurador,  le  régime. 

t  DORIDÉ,  ÉE  (do- ri-dé,  dée),  adj.  Terme  da 
zoologie.  Qui  ressemble  à  une  doris,  genre  de  mol- 
lusques nus. 

DORIEN,  lENNE  (do-riin,  riè-n'),  adj.  ||  f  Pro- 
pre aux  Dorions.  Le  dialecte  dorien,  et,  substanti- 
vement, le  dorien,  le  dialecte  que  parlaient*  les 
Doriens.  Le  dorien  était  parlé  dans  tout  le  Pélopon- 
nèse, dans  la  Sicile,  dans  la  partie  de  l'Italie  appe- 
lée la  grande  Grèce;  il  a  été  suivi  par  Pindare, 
Théocrite ,  Archimède,  et  par  les  philosophes  pytha- 
goriciens. Il  2°  Terme  de  musique.  Le  mode  dorien. 

—  ÉTYM.  Aùpeç,  les  Doriens,  une  des  principales 
races  grecques. 

+  DORIMÈNE  (do-ri-mè-n'),  s.  m.  Œillet  pana- 
ché, pourpre,  sur  un  fond  blanc. 

t  DORINE  (do-ri-n'),  s.  f.  Genre  de  plantes  de  la 
famille  des  saxifragées,  dont  deux  espèces  croissent 
en  France  au  bord  des  ruisseaux,  où  elles  sont  man- 
gées au  printemps  par  les  bestiaux. 

DORIQUE  (do-ri-k'),  adj.  ||  1"  Terme  de  gram- 
maire. Qui  est  propre  aux  Doriens.  Dialecte  dori- 
que. Génitif  dorique.  Les  chœurs  des  tragédie» 
et  des  comédies  du  théâtre  athénien  offrent  beau- 
coup de  formes  doriques,  burnoup,  Gramm.  grec- 
que, §  394.  Il  Substantivement.  Le  dorique.  Le 
dorique  a  été  premièrement  en  usage  parmi  les 
Lacédémoniens  et  ceux  d'Argos;  ensuite  il  passa 
dans  i'fîpire,  dans  la  Libye,  la  Sicile,  Rhodes  et 
Crète  ;  c'est  celui  qu'ont  suivi  Archimède  et  Théo- 
crite, tous  deux  de  Syracuse,  et  Pindare,  rolun, 
Hist.  anc.  Œuvres,  t.  ii,  p.  507.  ||  2°  Terme  d'archi- 
tecture. Ordre  dorique,  le  second  des  cinq  ordres, 
dans  lequel  le  rapport  de  la  hauteur  de  la  colonne 
à  son  diamètre  est  de  8  modules  ;  on  le  place  entre 
le  toscan  et  l'ionique,  parce  qu'il  a  plus  de  module» 
que  le  toscan  et  moins  que  l'ionique;  il  se  distingue 
par  sa  simplicité.  Dorus,  fils  d'Hellen  et  de  Is 
nymphe  Opique,  roi  d'Achaïe  et  de  tout  le  Pélo- 
ponnèse, ayant  autrefois  fait  bâtir  un  temple  à 
Junon  dans  l'ancienne  ville  d'Argos  ,  ce  temple 
se  trouva  par  hasard  être  de  cette  manière  que 
nous  appelons  dorique,  Perrault,  fifrure,  iv,  4. 
Comme  ils  ne  savaient  pas  bien  quelle  proportion 
il  fallait  donner  aux  colonnes  qu'ils  voulaient  mettra 
à  ce  temple,  ils  cherchèrent  le  moyen  de  les  faire 
assez  fortes  pour  soutenir  le  faix  de  l'édifice  et  do 
les  rendre  agréables  à  la  vue;  pour  cela,  ils  prirent 
la  mesure  du  pied  d'un  homme,  qui  est  la  sixième 


DOR 

partie  de  sa  hauteur,  sur  laquelle  mesure  ils  four- 
nirent leur  colonne,  en  sorte  qu'à  proportion  de 
cette  mesure  qu'ils  donnèrent  à  la  grosseur  de  la 
tige  de  la  colonne,  ils  la  firent  six  fois  aussi  haute 
en  comprenant  le  chapiteau;  et  ainsi  la  colonne  do- 
rique fut  premièrement  mise  dans  les  édifices,  ayant 
la  proportion,  la  force  et  la  beauté  du  corps  de 
l'homme,  id.  l'b.  ||  Substantivement.  On  a  rappelé  le 
dorique,  l'ionique  et  le  corinthien;  ce  qu^n  ne  voyait 
plus  que  dans  les  ruines  de  l'ancienne  Rome  et  de  la 
vieille  Grèce,  devenu  moderne,  éclate  dans  nos  por- 
tiques et  dans  nos  péristyles,  la  bruy.  i.  ||  Le  do- 
rique grec,  le  véritable  ordre  dorique,  tel  qu'il  était 
employé  par  les  Grecs;  le  dorique  romain,  altération 
latine  du  dorique  grec.  {|  Un  dorique,  un  petit  ordre 
de  pilastres.  Un  dorique  règne  dans  tous  les  dehors 
de  la  maison,  id.  vi. 

—  ÊTYM.  A(optx6{. 

DORLOTÉ,  ÉE  (dor-lo-té,  tée),  part,  passé. 
Comme  j'aime  à  être  dorlotée,  je  ne  suis  pas  fâchée 
que  vous  me  plaigniez  un  peu,  sÉv.  266. 

DORLOTER  (dor-lo-té),  V.  a.  ||  1°  Traiter  délicate- 
ment. Cette  mère  dorlote  son  enfant.  La  joie  que 
j'aurais  de  posséder  une  belle  femme,  qui  me  dor- 
lotera, et  me  viendra  frotter  lorsque  je  serai  las, 
MOL.  War.  F.  se.  2.  [Un  médecin]  Dorlotant  une 
longue  barbe.  Dont  le  parfum  est  de  rhubarbe,  De 
coloquinte  et  d'opium,  l'Espadon  satirique,  dans 
RICHELET.  Il  2°  Se  dorloter,  v.  réfl.  Se  traiter  délica- 
tement. Aimer  à  se  dorloter.  Ne  songez  qu'à  vous 
faire  une  santé  qui  dure;  Dorlotez-vous  sur  le  ten- 
dre duvet,  CHAUiiEU,  Ép.  du  duc  de  Nevers  à  Jf.  de 
Tendôme. 

—  HIST.  XVI»  S.  On  me  frotteroit,  on  me  pigne- 
roit,  on  m'accoustreroit,  on  m'adoreroit,  on  me 
doreroit,  on  me  dorlotteroit,  despeb.  Cymb.  mundi, 
<63.  Ce  n'est  pas  pour  vous  faire  peigner,  et  frisot- 
ter comme  elle,  ni  pour  dorloter  vostre  barbe.  Pè- 
lerin, d'amour,  t.  11,  p.  608,  dans  lacurne.  Pen- 
sez qu'elle  s'estoit  ainsi  dorlotée  [parée]  pour  mieux 
plaire  à  son  mari,  ehant.  Dames  gai.  t.  i,  p.  18, 
dans  LACUBNE.  Si  elle  les  dorelotte  [caresse]  et  si 
par  ces  délices  Ils  dorment  en  son  sein,  taiiureau, 
Dial.  f°  4 HT,  dans  lacurne.  L'Allemand  qui  pour 
drolotter,  flatter  et  mignarder  sa  femme,  choliêhes. 
Contes,  t.  II,  Après  din.  m,  p.  97,  dans  lacurne.  La 
bonne  demoiselle  veut  estre  drelottée,  ib.  t.i,  p.  47. 

—  ÉTYM.  Dorelot  ou  dorlot,  dont  voici  des  exem- 
ples: xm*  s.  Si  l'esgarda  et  enama.  Si  li  dist:  si 
mar  acointai,  0  dorlotin  diva  Robin,  Mignot  Robin, 
tes  oex  [yeux]  mar  esgardai;  Se  cis  maus  ne  m'as- 
souage,  je  morrai,  Poésies  mss.  t.  m,  p.  <2B7,  dans 
lacurne.  Il  XV*  s.  C'est  ce  qui  me  fait  estre  en  grâce 
Ung  fin  mignon,  un  dorelot  [un  joli  cœur],  coquill. 
Vonol.  de  la  botte  de  foin.  ||  xvi"  s.  La  quelle  me 
traittoit  et  entretenolt  mignotement  comme  ung  pe- 
tit dorelot,  rab.  t.  m,  p.  76,  dans  lacurne.  Car 
je  cognossois  la  mignote  Estre  bien  frisque  etdore- 
lote.  Œuvres  de  R.  de  Collerye,  p.  63,  dans  la- 
curne. Dorelors  [sorte  de  joyau],  oddin,  Dt'ct.  Comme 
on  voit,  dorlot  signifie  un  favori,  un  joli-cœur, 
et  aussi  un  joyau;  d'où  dorloter  a  eu  le  sens  de  ca- 
resser et  de  parer.  On  a  voulu  tirer  dorlot  de  or  ou 
dorer;  Scheler  approuve  cette  étymologie;  cepen- 
dant on  ne  voit  pas  comment  on  pourrait  faire  une 
pareille  dérivation.  Diez  propose  l'anglo-saxon  deôr- 
ling,  favori,  ou  le  kymri  dorlawd,  même  sens; 
bas-bret.  dorlôi,  dorlô,  caresser.  La  dérivation  cel- 
tique est  la  plus  plausible. 

tDORLOTINE  (dor-lo-ti-n'),  s.  f.  Sorte  de  dor- 
meuse assez  longue  pour  s'y  coucher  entièrement. 

—  ÉTYM.  Dorloter. 

t  DORMAILLER  (dor-ma-llé,  ii  mouillés),  v.  n. 
Dormir  mal,  dormir  d'une  façon  interrompue. 

—  HIST.  XIII"  s.  En  dormillant  li  respondi ,  En 
eslepas  [aussitôt]  se  rendormi,  FI.  et  lilaneheft.  v, 
262»,  dans  DU  cange,  Gloss.fr.  ||  xvi's.  Dormailler, 
OUDIN,  Dict. 

—  ÉTYM.  Dormir,  avec  la  terminaison  fréquenta- 
tive et  péjorative  ailler,  comme  dans  criailler. 

t  DORMAN  (dor-man),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  torpille. 

—  ÉTYM.  Dormant. 

DORMANT,  ANTE  (dor-man,  man-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  dort.  La  belle  au  bois  dormant.  Titre  d'un 
conte  de  fée.  jj  Terme  de  blason.  Animal  dormant, 
animal  placé  dans  l'attitude  du  sommeil.  ||  Poéti- 
quement, tranquille,  où  l'on  dort  bien. Trouvoz-lo- 
moi  bien  sombre  [un  manoir],  Bien  calme,  bien 
dormant,  Couvert  d'arbres  sans  nombre,  Dans  le 
silence  et  l'ombre  Caché  profondément,  v.  hugo, 
Odes,  V,  26.  Il  Substantivement.  Les  sept  dor- 
mants,  sept  frères  qui,  suivant  la  légende   reli- 


DOR 

gieuse,  fuyant  la  persécution,  furent  murés  par 
ordre  de  Dêce,  dans  une  caverne  où  on  les  re- 
trouva endormis  sous  Théodose  le  Jeune.  N'avons- 
nous  pas  dans  l'Église  grecque  la  fable  des  sept  dor- 
mants? VOLT.  Phil.  IV,  44< .  Il  2°  Fig.  Il  se  dit  de  ce 
qui  reste  en  place  sans  remuer.  Une  eau  dormante. 
Tantôt  son  bras  actif  desséchant  les  marais.  De  leurs 
dormantes  eaux  délivre  les  guérets,  delille,  Géorg. 

I.  Il  Fig.  C'est  une  eau  dormante,  se  dit  d'une  per- 
sonne qui  cache  des  passions  vives  sous  un  air  tran- 
quille. Je  ne  me  fie  pas  à  toutes  ces  eaux  dormantes. 
Il  Châssis  dormant,  châssis  qui  ne  se  lève  point. 
Il  Pont  dormant,  celui  qui  ne  se  lève  point,  par 
opposition  au  pont-levis.  ||  Serrure  dormante,  ser- 
rure à  pêne  dormant ,  celle  qui  ne  se  ferme  pas 
seule,  et  dont  il  faut  pousser  le  pêne  avec  la  clef. 
Il  Verre  dormant,  lucarne  vitrée,  par  laquelle  on  a 
droit  de  prendre  du  jour  sur  l'héritage  d'un  voisin, 
et  qui  ne  doit  jamais  s'ouvrir.  ||  Terme  de  pêche. 
■Ligne  dormante,  ligne  qui  reste  fixée  dans  l'eau 
sans  que  le  pêcheur  la  tienne.  ||  Terme  de  marine. 
Manœuvres  dormantes,  les  manœuvres  d'un  navire 
qui  ne  sont  jamais  dérangées,  telles  que  les  hau- 
bans. Il  3°  S.  m.  Dans  le  haut  d'une  porte  carrée  ou 
cintrée,  frise  ou  châssis  de  bois  attaché  dans  la 
feuillure  et  servant  de  battement  aux  vantaux.  Un 
dormant  de  croisée.  Poser,  sceller  un  dormant,  jj  Un 
dormant  de  table ,  plateau  garni  de  cristaux,  qui 
reste  au  milieu  de  la  table  pendant  tout  le  repas. 
Il  Terme  de  marine.  Nom  des  bouts  fixes  des  corda- 
ges, c'est-à-dire  de  la  partie  qui  demeure  attachée, 
tandis  que  l'autre  est  employée. 

—  mST.  XV"  s.  Et  avoient  [les  Gantois]  au  devant 
de  eux  un  grand  flaschier  d'eau  dormante ,  proiss. 

II,  u,  <54.  Il  xvi*  s.  En  murs  mitoyens  il  est  loisible 
d'avoir  fenestre  sur  son  voisin,  à  verre  et  fer  dor- 
mans,  à  neuf  pieds  de  hauteur  du  rez-de-chaussée, 
LOYSEL,  286.  Voyans  la  rivière  dormante  comme  un 
maretz,  amtot,  Lumll.  44. 

DORMEUR,  EUSE  (dor-meur,  meû-z'),  s.  m.  eif. 
Celui,  celle  qui  dort,  qui  dort  beaucoup,  qui  aime  à 
dormir.  Étant,  comme  vous  êtes,  la  meilleure  dan- 
seuse, la  meilleure  dormeuse,  et  la  plus  éloquente 
fille  du  monde,  voit.  Lett.  64.  Le  dormeur  s'é- 
veilla, tant  il  en  [de  son  songe]  fut  surpris,  la  font. 
Fab.  XI,  4.  Pinuce  au  même  instant  Fait  le  dor- 
meur, ID.  Berc.  J'avais  été  jusque-là  grand  dor- 
meur, I.  3.  Rouss.  Confess.  vi.  ||  Nom  d'un  poisson. 

—  HIST.  XVI*  s Les  sommeilleux  et  dormars, 

puisque  l'endormy  ne  sçauroit  ny  luy  mesme  faire 
son  debvoir,  ny  le  faire  faire  aux  autres,  la  boétie, 
2to.  Jamais  dormeur  ne  feit  bon  gué,  leroox  de 

LINCT,   PrOV-  t.  Il,    p.  321. 

—  ÉTYM.  Dormir;  provenç.  et  espagn.  dormidor; 
ital.  dormitore. 

DORMEUSE  (dor-meû-z'),  s.  f  Sorte  de  voiture 
de  voyage  où  l'on  peut  s'étendre  pour  dormir. 
Il  Demi-dormeuse,  voiture  du  même  genre.  Je 
me  suis  bien  douté  que  ma  petite  demi-dormeuse, 
que  j'appelle  ma  commode,  et  que  j'avais  fait  faire 
exprès  dans  mon  village,  me  serait  inutile,  volt. 
Lett.  Richelieu,  20  juillet  1 774.  ||  Sorte  de  fauteuil 
ou  de  chaise  longue  où  l'on  peut  dormir. 

—  ÉTYM.  Dormeur. 

t  DORMILLE  (dor-mi-ir.  Il  mouillées),  s.  f  Un 
des  noms  du  poisson  appelé  aussi  loche. 

fDORMILLEUSE  (dor-mi-Ileû-z'),  s.  f.  Un  des 
noms  vulgaires  de  la  torpille. 

—  ÉTYM.  Dormir. 

t  DORMILON  (dor-mi-lon),  s.  m.  Espèce  de  singe 
du  Mexique. 

DORMIR  (dor-mir),  je  dors,  tu  dors,  il  dort,  nous 
dormons,  vous  dormez,  ils  dorment;  je  dormais; 
je  dormis;  je  dormirai;  je  dormirais;  dors,  qu'il 
dorme,  dormons;  que  je  dorme,  que  nous  dor- 
mions; que  je  dormisse;  dormant,  v.  n.  ||  1°  Repo- 
ser dans  le  sommeil.  Il  dort  profondément.  Le  ma- 
lade va  mieux ,  il  a  dormi  d'un  bon  somme.  Il  dormait 
quelquefois  dans  le  jour.  Pourras-tu  dans  son  lit 
dormir  en  assurance?  corn.  Nicom.  v,  i.  Trop  dor- 
mir fait  mal  à  la  tète.  Et  trop  dormir  c'est  vivre 
en  bête,  scahron,  Yirg.  trav.  vu.  Guillot,le  vrai 
Guillot,  étendu  sur  l'herbette.  Dormait  alors  pro- 
fondément, la  FONT.  Fabl.  ni,  ».  Cette  réflexion 
embarrassant  notre  homme.  On  ne  dort  pas,  dit-il, 
quand  on  a  tant  d'esprit,  m.  ib.  ix,  4.  T'attendre 
aux  yeux  d'autrui,  quand  tu  dors,  c'est  erreur,  id. 
ib.  XI,  3.  Je  ne  dormirai  point  sous  de  riches  lam- 
bris; Mais  voit-on  que  le  somme  en  perde  de  son 
prix?  ID.  ib.  XI,  4.  Ce  n'est  qu'à  prix  d'argent  qu'on 
dort  en  cette  ville,  boil.  Sat.  vi.  C'est  là  que  le 
prélat,  muni  d'un  déjeuné,  Dormait  d'un  léger 
somme,  attendant  le  dîné,  m.   Lutr.  1.   Mais  tout 


DOR 


1223 


dort  et  l'armée  et  les  vents  et  Neptune,  rac.  Iphig. 
1, 1.  La  vie  est  un  sommeil;  les  vieillards....  ont  eu 
un  songe  confus,  informe  et  sans  aucune  suite;  ils 
sentent  néanmoins,  comme  ceux  qui  s'éveillent, 
qu'ils  ont  dormi  longtemps,  la  brut.  xi.  Tout  dort, 
tout  est  tranquille;  et  l'ombre  de  la  nuit....  volt. 
Zaïre,  v,  8.  La  nuit  finissait,  il  était  quatre  heures, 
tout  dormait  encore  dans  les  bivouacs  de  Delzons, 
hors  quelques  sentinelles,  quand  tout  à  coup....  s«- 
GUH,  IHst.  de  Napol.  ix,  2.  ||  Dormir  à  bâtons  rom- 
pus, être  réveillé,  se  réveiller  plusieurs  fois  sans 
pouvoir  faire  un  somme  continu.  ||  Dormir  comme 
un  loir,  dormir  beaucoup,  profondément,  à  cause 
que  le  loir  est  un  animal  hibernant,  qui  dort  plu- 
sieurs mois  de  suite  pendant  l'hiver.  On  ditde  même, 
dormir  comme  une  marmotte.  ||  Dormir  comme  une 
souche,  être  profondément  endormi.  ||  Dormir  tout 
debout,  ou,  simplement,  dormir  debout,  n'en 
pouvoir  plus  de  sommeil,  être  accablé  par  le  som- 
meil, au  point  de  s'assoupir  sans  être  couché  ou 
assis.  Il  Conte  à  dormir  debout,  propos  fabuleux 
qui  ne  méritent  aucune  créance.  Voilà  ce  qui 
s'appelle  des  contes  à  dormir  debout,  sÉv.  73. 
Les  contes  à  dormir  debout  que  l'on  vous  fait, 
ID.  256.  Il  Dormir  sur  l'une  et  l'autre  oreille,  et, 
plus  souvent,  sur  les  deux  oreilles,  dormir  pro- 
fondément, et,  figurément,  être  plein  de  sécurité. 
....  Je  lui  conseille  De  dormir,  s'il  se  peut,  d'un  et 
d'autre  côté,  la  font.  Coupe.  ||  Dans  un  sens  op- 
posé, ne  dormir  que  d'un  œil,  être  en  une  vigilance 
inquiète.  Certain  jaloux  ne  dormant  que  d'un  œil, 
ID.  On  ne  s'avise....  \\  Dormir  en  lièvre,  dormir 
les  yeux  ouverts,  et,  figurément,  être  toujours  sur 
le  qui-vive.  Cette  crainte  maudite  M'empêche  de 
dormir  sinon  les  yeux  ouverts,  la  font.  Fabl.  11,  i  4. 
Il  II  n'en  dort  pas,  se  dit  d'un  homme  qu'une  vive 
espérance,  une  crainte  incessante,  une  préoccupa- 
tion assiège  constamment.  ||  Fig.  Le  feu  qui  semble 
éteint  souvent  dort  sous  la  cendre,  corn.  Rodog. 
III,  4.  Il  2°  Dormir  se  dit  aussi  de  ce  qu'on  a  nommé 
le  sommeil  des  plantes.  Le  soir,  de  nos  jardins  par- 
courez les  carreaux;  Voyez,  ainsi  que  nous,  sur 
leurs  tiges  baissées  S'assoupir  de  ces  fleurs  les  têtes  - 
affaissées.  Et,  dormant  au  lieu  même  où  veilleront 
leurs  sœurs.  Du  nocturne  repos  savourer  les  dou- 
ceurs, delille.  Trois  règnes,  vi.  jj  3°  Dans  le  lan- 
gage biblique,  dormir  avec  une  femme,  passer  la 
nuit  avec  elle.  Sa  maltresse  [de  Joseph]  le  prit  par 
son  manteau,  et  lui  dit  encore  :  Dormez  avec  moi, 
SACI,  Bible,  Genèse,  xxxix,  12.  ||  4°  Dormir  con- 
struit avec  des  substantifs  et  ayant  en  apparence, 
mais  en  apparence  seulement,  le  sens  actif.  Le 
malade  a  dormi  plusieurs  heures  de  suite.  ||  Dormir 
la  grasse  matinée  (c'est-à-dire  dormir  pendant  la 
grasse  matinée),  dormir  jusqu'à  onze  heures  ou 
midi.  Vous  deviez  être  au  lit  toute  cette  journée,  Oa 
tout  du  moins  dormir  la  grasse  matinée,  poiss.  le 
Fol  raisonnable,  dans  le  roux,  Dict.  comique  ||  Dor- 
mir sa  réfection,  dormir  autant  qu'on  en  a  besoin, 
c'est-à-dire  dormir  autant  que  la  réfection  l'exige. 
Le  sommeil  est  nécessaire  à  l'homme;  et  lorsqu'on 
ne  dort  pas  sa  réfection  il  arrive  que....  mol.  Princ. 
d^Él.  Prol.  Il  6°  Dans  le  style  élevé,  il  se  dit  du  som- 
meil de  la  mort.  Elle  va  descendre  à  ces  sombres 
lieux,  à  ces  demeures  souterraines,  pour  y  dormir 
dans  la  poussière  avec  les  grands  de  la  terre,  avec 
ces  rois  et  ces  princes  anéantis....  boss.  Duch.  d'Orl. 
Vous  serez  vo'^s-mêmo  réduit  en  poudre  au  milieu 
des  incirconcis,  et  vous  dormirez  avec  ceux  qui  ont 
été  passés  au  fil  de  .l'épée,  SACI,  Bible,  Ézéchiel, 
XXXII,  28.  Ses   vices   dormiront  avec  lui  dans  la 

poussière  du  tombeau,  mass.  Car.Impén c'est  ici 

que  dorment  nos  aïeux,  Ducis,.4ft«/'.  n,  7.  J'ai  suivi 
mon  époux  jusqu'aux  tombes  sacrées  Où  dorment 
des  Césars  les  cendres  révérées,  m.  j.  chén.  Tibère, 
III,  1.  Les  morts  dorment  en  paix  dans  le  sein  de 
la  terre;  Ainsi  doivent  dormir  nos  sentiments  éteints, 
A.  DE  MUSSET,  PotoVs  nouv.  Nuit  d'octobre.  ||  6* Fig. 
Être  en  repos,  en  sécurité.  Nous  ne  connaissons  que 
notre  confiance  dans  le  ministre  et  le  malaise  que 
nous  éprouvons  :  nous  ne  dormons  que  parce  qu'on 
dort  au  pied  du  Vésuve,  Mirabeau,  Collection, 
t.  m,  p.  2S2.  Il  7°  Fig.  Ne  point  agir  quand  on  de- 
vrait le  faire.  Aux  menaces  du  fourbe  on  doit  ne 
dormir  point,  mol.  Tart.  v,  3.  L'habitude  de  se 
laisser  voler  par  ses  domestiques,  jointe  à  la  vigi- 
lance du  coupable,  à  qui  son  maître  ne  pouvait 
reprocher  d'avoir  dormi  dans  son  service,  le  por- 
tèrent à  la  clémence,  hamilt.  Gramm.  ti.  Tu 
dors,  Brutus  ,  et  Rome  est  dans  les  fera,  volt. 
ilf.  de  Ces.  11,2.  Dans  tous  les  lieux,  sans  cesse, 
ouvrant  l'œil  et  l'oreille.  En  paraissant  dormir  le 
gouvernement  veille,  ducis,  Othello,  11,  7.  jj  En 


1224 


DOR 


matière  féodale,  quand  le  vassal  dort,  le  seigneur 
veille,  ou  quand  le  seigneur  dort,  le  vassal  veille, 
c'est-à-dire  quand  l'un  des  deux  néglige  d'user  de 
«es  droits  ,  l'autre  en  profite.  ||  FamililTemenl. 
Cet  homme  ne  dort  pas,  se  dit  d'un  homme  à  l'af- 
fût de  toutes  les  circonstances  qui  lui  sont  favora- 
bles. Il  Dormir  sur  une  affaire,  la  conduire  len- 
tement, doucement.  ||  Laisser  dormir  un  ouvrage 
d'esprit,  attendre  pour  en  mieux  juger  que  l'ima- 
gination soit  refroidie.  Oui  je  dormais  sur  un  petit 
volume  Qui  me  vaudra  d'être  encore  étrillé,  béhang. 
Gohier.  ||  Laisser  dormir  une  affaire,  attendre  pour 
y  donner  suite.  ||  Laisser  dormir  les  lois,  en  suspen- 
dre momentanément  l'exécution.  Sparte  elle-même 
a  laissé  dormir  ses  lois,  j.  J.  Bouss.  Contr.  iv,  6. 
Il  Laisser  dormir  ses  fonds,  ses  capitaux,  ne  pas 
les  faire  valoir.  ||  Laisser  dormir  noblesse,  se  disait 
autrefois  lorsqu'un  gentilhomme,  qui  voulait  faire 
le  commerce,  déclarait  qu'il  n'entendait  être  com- 
merçant que  pendant  un  certain  temps.  1|  8°  Kester 
immobile,  être  sans  mouvement,  en  parlant  des 
choses.  Il  fait  beau  pêcher  où  l'eau  dort.  ||  On  dit 
qu'un  sabot,  qu'une  toupie  dorment,  quand  le  mou- 
vement qui  les  anime  est  si  rapide  qu'ils  semblent 
immobiles.  ||  Fig.  Dormir  comme  un  sabot,  dormir 
profondément.  ||  Terme  de  marine.  On  dit  que  le  sa- 
blier dort,  quand  on  a  oublié  de  le  retourner  ;  qu'une 
rose  des  vents  dort,  quand  elle  ne  tourne  pas,  le 
bâtiment  changeant  de  route.  Laisser  dormir  l'hor- 
loge, oublier  de  la  remonter.  ||  9°  V.  a.  Dans  le 
langage  élevé  et  dans  cette  seule  locution,  dormir 
son  sommeil.  Dormez  votre  sommeil,  riches  de  la 
terre,  et  demeurez  dans  votre  poussière,  boss.  le 
Tellier.  Tous  les  riches  ont  dormi  leur  sommeil, 
et,  lorsqu'ils  se  sont  éveillés,  ils  n'ont  rien  trouvé 
dans  leurs  mains,  saci.  Bible,  Psaumes,  lxxi,  6. 
Il  Par  une  même  figure  grammaticale,  mais  dans 
le  langage  familier,  dormir  un  bon  somme,  avoir 
un  bon  sommeil  pendant  un  long  espace  de  temps. 
Il  C'est  par  analogie  de  cet  emploi  que  A.  de  Musset 
a  hasardé  dormi  au  passif:  Suis-je  pas  belle  encor? 
pour  trois  nuits  mal  dormies  Ma  joue  est-elle  creuse 
et  mes  lèvres  blêmies?  dans  le  Dict.  de  poitevin. 
Il  On  trouvera  à  l'historique  :  dormir  une  éter- 
nelle nuit.  Cela  pourrait  aussi  très-bien  se  dire. 
Il  10°  S.  m.  Le  long  dormir  est  exclu  de  ce  lieu, 
LA  FONT.  Papef.  Que  les  soins  de  la  Providence 
N'eussent  pas  au  marché  fait  vendre  le  dormir  Comme 
!e  manger  et  le  boire,  id.  Fabl.  viii,  2.  ||  Proverbes. 
Il  n'y  a  pas  de  pire  eau  que  celle  qui  dort,  c'est-à- 
dire  il  faut  se  défier  des  gens  qui  ne  manifestent 
rien  de  ce  qu'ils  ressentent.  Mais  il  n'est,  comme 
on  dit,  pire  eau  que  l'eau  qui  dort,  mol.  Tart.  i,  4. 
Il  Oui  dort  dîne,  c'est-à-dire  en  dormant  on  s'en- 
graisse aussi  bien  qu'en  mangeant.  Ce  proverbe  se 
prend  aussi  dans  un  sens  moqueur,  pour  reprocher 
l'indolence  à  un  paresseux,  et  lui  faire  enfendre  que, 
s'il  ne  travaille  pas,  il  ne  dînera  qu'en  songe.  ||  Le 
bien,  la  fortune  lui  vient  endormant,  c'est-à-dire 
il  devient  riche  sans  rien  faire.  Les  biens  nous  vien- 
nent en  dormant,  je  vous  assure,  hegnard.  Retour 
impr.  se.  t.  ||  Jeunesse  qui  veille  et  vieillesse  qui 
dort,  c'est  signe  de  mort.  ||  Il  ne  faut  pas  réveiller  le 
chat  qui  dort,  il  ne  faut  pas  renouveler  une  méchante 
affaire  qui  est  assoupie.  X  l'historique,  on  trouve  : 
réveiller  le  chien  qui  dort,  ce  qui  est  mieux. 

—  REM.  Les  douze  heures  que  j'ai  dormi  et  non 
dormies.  L'apparence  de  verbe  actif  disparaît  quand 
on  restitue  l'ellipse:  Les  douze  hwurin  pendant  les- 
quelles j'ai  dormi. 

—  HIST.  XI"  s.  Charles  se  dort,  li  empereres  ri- 
ches, Ch.  de  Roi.  LV.  Par  touz  les  prez  or  se  dor- 
ment li  Franc,  ib.  CLXXX.  ||  xn'  s.  Oue  il  m'avint 
anuit  [cette  nuitj  en  mon  dormant,  Ronc.  p.  teii. 
Ne  fausse  amors  ne  veut  que  s'entremete  De  moi 
laisser  dormir  ne  reposer,  Couci.  11  dormirent  lur 
somne.  Liber  psalm.  p.  toi.  Li  dormirs  est  partiz 
de  mes  eauz  [yeux],  Machabées,  i,  6.  ||xiii's.  Là 
dormirent  la  nuit,  ii.  de  valenc.  ii.  Anuit  avecques 
moi  [je]  ferai  Bertain  dormir,  Berte,  xiii.  De  peine 
et  de  travail  [elle]  dort  si  ferm  et  si  dur,  ib.  xli. 
Nus  seller  ne  autres  ne  doit  sele  tainte  garnie  livrer, 
devant  que  ele  est  esté  vernicie,  se  ce  n'est  sele 
dormant,  Liv.  des  met.  2)3.  Trop  de  ledes  choses 
aviennent  A  ceux  qui  tex  [tels]  dormirs  maintien- 
nent, la  Rose,  (3664.  L'en  [on]  se  dort  le  soir  [dans 
une  navigation]  là  où  en  [on]  ne  scet  se  l'en  se 
trouvera  ou  fons  de  la  mer,  joinv.  210.  ||  xiV  s. 
Quant  l'en  dort,  il  ne  appert  pas  ne  n'est  manifeste 
qui  est  bon  ou  qui  est  malvois,  oresme,  Elh.  30. 
Celui  qui  don  ne  vit  pas,  tors  de  tele  vie  comme 
Tit  une  plante,  id.  ib.  3h.  Mais  Jehan  tint  leurs 
parolles  Droictement  comme  frivolles,  Et  leur  di- 


DOR 

soit:  Vous  faictes  tort;  Vous  esveillez  le  chien  qui 
dort,  liv.  du  bon  Jehan,  t033.  ||  xv*  s.  Le  deable, 
qui  oncques  ne  dort,  resveilla  ceux  de  Bruges, 
Fiioiss.  Il,  II,  62.  Nos  gens  ne  dormirent  mie,  ains 
saillirent  contre  eux  par  grande  hardiesse  à  qui 
mieulx  mieulx,  Bouciq.  ii,  ch.  22.  Il  fit  faire  sa  sé- 
pulture pour  dormir  ses  jours,  Hist.  de  Louis  III, 
duc  de  Bourbon,  p.  371,  dans  lacurne.  Et  tant  fil 
qu'il  se  trouva  en  la  chambre  où  la  levriere  se  dor- 
moit,  LOUIS  XI,  Nouv.  xxviiL  {|  xvi*  s.  L'esprit  trou- 
blé de  mon  cher  père  Ancbise  En  mon  dormant 
haste  mon  entreprise,  dubell.  iv,  («,  reclo.  Filz  de 
déesse,  en  quelle  seureté  Es-tu  icy  au  dormir  ar- 
resté  Si  longuement?  m.  iv,  22,  verso.  Mais  quand 
l'homme  a  perdu  ceste  douce  lumière,  La  mort  luy 
fait  dormir  une  éternelle  nuict,  id.  vi,  17,  recto. 
Nos  voisins  ne  dorment  pas,  et  n'ont  que  trop  de 
connoissance  de  nos  desordres,  lanoue,  22».  Age- 
silaus  dit  que  pour  ce  jour  là  il  falloit  laisser  dor- 
mir les  loix,  AMYOT,  Agésil.  49.  Les  vents  sont  as- 
soupis, les  bois  dorment  sans  bruit,  bons.  744.  Qui 
dort  grasse  matinée,  trotte  toute  la  journée,  leroux 
DE  LiNCY,  Prov.  t.  II,  p.  389.  Trop  dormir  cause 
mal  vestir,  id.  ib.  p.  429.  L'autre  sauvage  qui  avoit 
cependant  dormy  [perdu  connaissance]  du  coup  que 
le  chevalier  du  dragon  lui  avoit  donné.  Don  Flores 
de  Grèce,  f°  cxx,  dans  lacurne.  Neantmoins  en  y 
avoit-il  bien  de  telx  qui  eussent  eu  grand  mestier 
[besoin]  de  dormir  le  vin  qu'ilz  avoient  beu  à  oul- 
trage,  menard,  Hist.  de  du  Guescl.  p.  528,  dans  la- 
curne. Essuyez  de  tristes  yeux  Le  long  gémir;  Et 
me  donnez  pour  le  mieux  Un  doux  dormir,  la  Mar- 
guerite des  marguerites,  cité  dans  Revue  de  l'instr. 
publique,  19  juin  1802,  p.  186. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  dremi  ;  Berry,  dourmir  ; 
provenç.  dormir,  durmir ;  espagn.  dormir;  ital. 
dormire;  du  latin  dormire.  Dans  l'ancienne  langue, 
dormir  prend  la  forme  réfléchie,  comme  d'autres 
verbes  neutres  la  prenaient  et  la  prennent  encore. 
La  conjugaison  je  dors,  tu  dors,  il  dort,  etc.  n'est 
point,  dans  la  vérité,  une  irrégularité;  ces  formes 
suivent  la  conjugaison  latine  :  dôrmio,  dormis,  dor- 
mit, etc.  où  l'accent  est  sur  dor. 

BOKMITIF,  IVE  (dor-mi-tif,  ti-v')  ,  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  provoque  le  sommeil.  Potion  dor- 
mitive.  Molière  dans  le  Malade  imaginaire  fait  de- 
mander pourquoi  l'opium  fait  dormir?  On  répond 
que  c'est  parce  q.u'il  a  une  vertu  dormitive,  où  vous 
voyez  que  c'est  répondre  en  termes  différents  la 
même  chose  que  ce  qui  est  en  question,  dumabsais. 
Logique,  art.  xiii,  n°  3.  ||  S.  m.  Un  dormitif. 

—  HIST.  XVI'  s.  On  doit  user  de  clysteres  dormi- 
tifs,  paré,  xxiv,  28. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  dormilivus,  de  dormitum, 
supin  de  dormire ,  dormir. 

t  DORMITION  (dor-mi-sion),  s.  f.  Terme  ecclé- 
siastique. La  manière  dont  la  sainte  Vierge  quitta 
la  terre  pour  aller  au  ciel;  parce  qu'une  pieuse  tra- 
dition apprend  que  sa  mort  ne  fut  qu'une  espèce  de 
sommeil,  et  qu'elle  fut  enlevée  au  ciel  par  une  as- 
somption  miraculeuse,  dont  l'Église  célèbre  la  fête 
le  15  d'août. 

—  HIST.  XIII*  s.  Une  nuit  iert  [il  était]  en  dormi- 
sons.  Si  li  vint  une  avisions  [vision]....  PH.  MOus- 
KEs,  ms.  p.  340,  dans  lacurne.  Dormition,  ou  cange, 
dormia. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dormtao;  espagn.  dormtci'on; 
ital.  dormisione  ;  du  latin  dormt'ttoncm,  de  dor- 
mire, dormir. 

f  DOROIR  (do-roir) ,  s.  m.  Terme  de  pâtissier. 
Sorte  de  petite  brosse  avec  laquelle  on  dore  la  pâ- 
tisserie. 

—  ÉTYM.  Dorer. 

DORONIC  (do-ro-nik) ,  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  synanthérées,  dont  une  espèce,  le 
doronicum  pardalianches ,  jouit  des  mêmes  pro- 
priétés que  l'arnica  et  est  cultivée  dans  les  jardins, 
à  cause  de  sa  floraison  précoce.  ||  Nom  spécifique 
du  séneçon  doronic.  ||  Doronic  à  feuilles  de  plan- 
tain ,  ancien  nom  de  l'arnica  de  montagne. 

—  ÉTYM.  On  dit  que  c'est  l'altération  d'un  nom 
arabe. 

t  DOROTnÉE  (do-ro-tée),  s.  f.  Espèce  de  libel- 
lule ou  demoiselle. 

—  ÉTYM.  Dorothée,  nom  de  femme,  de  Smpov, 
don,  et  Oeà;,  dieu. 

t  DORQUE  (dor-k'),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
d'un  cétacé,  la  phocène  orque,  dite  aussi  épaulard. 

—  ETYM.  On  trouve,  dans  Cotgrave,  dorque,  es- 
pèce de  navire. 

DORSAL,  ALK  (dor^,  sa-l'),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie.  Qui  appartient  au  dos.  L'épine,  la  région 
dorsale.  Les  muscles  dorsaux.  Face  dorsale,  région 


DOR 

dorsale,  la  face  convexe  de  certaines  parties,  de  h 
main,  du  pied,  de  la  langue,  etc.  ||  Artère  et  veine 
dorsale  de  la  langue,  rameaux  de  l'artère  et  de  la 
veine  qui  se  distribuent  à  la  face  dorsale  de  la  lan- 
gue. Il  Le  muscle  grand  dorsal,  et,  substantive- 
ment, le  grand  dorsal,  un  des  grands  muscles  du 
dos.  Il  Consomption  ou  phthisie  dorsale,  terme  vague 
qui  se  dit  le  plus  souvent  pour  carie  des  vertèbres 
avec  abcès.  ||  Phthisie  dorsale  a  été  anciennement 
employé  pour  signifier  les  pertes  séminales.  ||  S.  f. 
La  dorsale,  nageoire  située  sur  le  dos  des  pois- 
sons. 

—  HIST.  XIV*  s.  L'autre  partie  [d'une  veine]  tent 
au  bras  par  dehors,  et  est  dite  dorsal,  h.  de  mondb- 
viLLE,  ^  22.  Il  XVI*  s.  Le  long  de  l'espine  dorsale, 
PARE,  XVI,  t2.  Les  muscles  obliques  descendans  et 
dorsaux,  id.  i,  8. 

—  ÉTYM.  Lat.  dorsum,  dos  (voy.  dos). 

t  DORSCH  (dorch'),  s.  m.  Petite  morue  de  la  mer 
Baltique. 

t  DORSÉ,  ÉE  (dor-sé,  sée),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Dont  le  dos  est  coloré  autrement  que  le  reste 
du  corps. 

~  ÉTYM.  Lat.  dorsum,  dos. 

t  DORSET  (dor-sè),  adj.  Race  dorset,  race  de 
moutons  du  Dorsetshire,  en  Angleterre,  remarqua- 
ble par  sa  précocité,  sa  fécondité  et  l'aptitude  des 
femelles  à  donner  du  lait.  ||  Substantivement.  Les 
dorsets,  les  moutons  de  la  race  dorset. 

+  UORSIHRANCHE  (dor-si-bran-ch') ,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  porte  des  branchies  sur  le  dos. 

—  ÉTYM.  Lat.  dorsum,  dos,  et  branchies. 

t  DORSIPARE  (dor-si-pa-r') ,  odj.  Terme  de  zoo- 
logie. Dont  les  petits  se  développent  dans  la  peau 
du  dos  de  la  mère. 

—  ÉTYM.  Lat.  dorsum,  dos,  et  parère,  enfanter. 
t  DORSIPÈDE  (dor-si-pè-d'),  adj.  Terme  de  loo- 

logie.  Qui  a  des  pattes  insérées  sur  le  dos. 

—  ÉTYM.  Lat.  dorsum,  dos,  et  pes,  pied. 

f  DORSO....  Préfixe  qui,  dans  le  langage  anato- 
mique,  se  joint  à  différents  mots  pour  exprimer 
qu'il  s'agit  du  dos.  Muscle  dorso-costal. 

—  ÉTYM.  Lat.  dorsum,  dos. 

t  DORSTÊNIE  (dor-sté-nie),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Genre  de  plantes  urticées,  voisines  des 
figuiers. 

—  ÉTYM.  Un  nom  propre. 

DORTOIR  (dor-toir) ,  s.  m.  Salle  commune  où 
sont  les  lits  dans  un  collège ,  dans  une  communauté 
religieuse,  etc.  J'ai  toujours  compris  qu'il  était  fort 
fâcheux  de  coucher  dans  les  dortoirs  des  demoi- 
selles, et  je  regarde  cette  obligation  comme  une  si 
grande  austérité  que  je  voudrais  qu'il  ne  s'en  prati- 
quât guère  d'autres  chez  nous,  maintenon,  Leit. 
à  Mme  R....  *i  oct.  t893. 

—  HIST.  xn*  s.  Vint  i  li  abbes,  cui  Diex  gart  d'en- 
combrier.  Qui  fist  la  dame  en  son  dortoir  mucier, 
Raoul  de  C.  288.  ||  xiii*  s.  Dortor  et  refretor  avoient, 
belle  yglise,  Vergier,  praiaux  et  treilles,  trop  biau 
leu  à  devise,  ruteb.  184.  Encore  sachez  que  j'ay  oy 
conter  à  un  preudhomme  qui  gisoit  ou  [au]  dor- 
touer  où  l'abbé  dormoit....  joinv.  209.  ||  xv*  s.  Et 
madame  la  roine  tint  la  cour  et  sa  feste  au  dortoir, 
et  eut  bien  séant  à  table  soixante  dames  qu'elle  avoit 
priées,  froiss.  i,  i,  3i. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dormtdor,  dormitori;  itaL 
dormitorio ;  du  latin  dormilorium,  de  dormire, 
dormir. 

DORURE  (do-ru-r"),  s.  f.  ||  1*  Or  étendu  sur  les 
objets.  Une  épaisse  dorure.  De  ces  rondeaux  [de 
Benserade]  un  livre  tout  nouveau  À  bien  des  gens 
n'a  pas  eu  l'art  de  plaire;  Mais,  quant  à  moi, 
j'en  trouve  tout  fort  beau.  Papier,  dorure,  images, 
caractère.  Hormis  les  vers  qu'il  fallait  laisser  faire 
A  la  Fontaine,  le  comte  d'olonne,  dans  richelet. 
Il  2°  L'action,  l'art  de  dorer.  ||  i'  Objets  dorés. 
C'est  sous  l'habit  rustique  d'un  paysan  et  non  sous 
la  dorure  d'un  courtisan  qu'on  trouvera  la  force, 
J.  J.  Rouss.  Sciences.  Des  soldats  ont  détruit  le  fa- 
meux Térence  de  Bembo,  pour  avoir  quelques  do- 
rures dont  il  était  orné,  p.  l.  cour.  Letl.  i,  37. 
Il  Marchand  de  dorures,  celui  qui  fait  le  commerce 
des  matières  d'or  et  d'argent,  ou  des  matières  do- 
rées et  argentées.  ||  4°  Préparation  de  jaunes  d'ceufs 
pour  dorer  les  pâtes;  couleur  jaune  donnée  à  l'aide 
de  cette  préparation.  ||  Dorure  de  carême,  œufs  de 
brochet  détrempés  avec  un  peu  d'eau  dont  on  se 
sert  en  carême  pour  jaunir  les  échaudés  et  les  piè- 
ces de  four. 

—  HIST.  XIV*  s.  Froumentée,  venoison,  dorure, 
gelées  de  poisson,  Ménagier,  u,  4.  ||  xvi*  s.  Juno 
m'a  chargé  en  passant  que  je  luy  apporte  quelque 
dorure,   quelque    jaseran,   ou  quelque   ceinture. 


DOS 

DESPBR.  Cr/mbal.  75.  Il  leur  fU  rendre  par  les  cor- 
saires leurs  bagues  et  dorures,  yveb,  p.  612. 

—  ÊTYM.  Dorer;  provenç.  dauradura;  espagn. 
doradura;  ital.  doratura. 

tDORYLE  (do-ri-l'),  s.  m.  Espèce  de  papillon. 
Il  Genre  de  coléoptères  qui  a  pour  type  le  doryle 
jcanthope. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  le  nom  propre  Dorylas. 
t  DORYPHORE    (do-ri-fo-r'),  s.  m.  ||  1°  Terme 

d'antiquité.  Nom  que  les  Grecs  du  Bas-Empire  don- 
naient aux' soldats  de  la  garde  impériale,  qui  étaient 
armés  d'une  demi-pique.  ||  2"  Genre  de  coléoptères 
renfermant  de  grands  et  beaux  insectes  originaires 
d'Amérique,  et  dont  la  poitrine  est  armée  d'une 
longue  pointe  dirigée  en  avant. 

—  ÉTYM.  A6pu,  lance,  et  <popô;,  qui  porte. 
DOS  (dô;  dans  la  conversation  \'s  ne  se  lie  pas  : 

un  dô  énorme;  Vs  ne  se  lie  hors  de  la  conversation 
que  dans  cette  locution  :  dos  à  dos,  dites  :  dô- 
za-dfl) ,  s.  m.  ||  1*  Partie  du  corps  de  l'homme  et 
des  animaux  depuis  les  épaules  jusqu'aux  reins 
ou  lombes,  et  qui  est  postérieure  chez  l'homme 
et  supérieure  chez  les  animaux.  Le  dos  d'un  che- 
val. Porter  sur  le  dos.  Tomber,  s'étendre  sur  le 
dos.  11  faut  remettre  encor  le  harnais  sur  le  dos, 
TRISTAN,  Mort  de  Chrispe,  m,  2.  Depuis  plus  d'une 
semaine  Je  n'ai  trouvé  personne  à  qui  rompre 
les  os;  La  vertu  de  mon  bras  se  perd  dans  le  re- 
pos, Et  je  cherche  quelque  dos  Pour  me  remettre 
en  haleine,  moi,.  Amph.  i,  2.  Les  mains  liées  der- 
rière le  dos,  FÉN.  Tél.  i.  Sur  le  dos  des  gens  du  vil- 
lage Après  boire  il  cassait  les  pots,  bérang.  Enfant 
delà  maison.  \\  L'épine  du  dos,  la  colonne  verté- 
brale. Il  Le  dos  au  feu,  le  ventre  à  table,  se  dit  de 
ceux  qui,  en  dînant,  ont  le  dos  tourné  vers  un  bon 
feu;  et,  figurément,  de  ceux  qui  se  donnent  toutes 
leurs  aises.  ||  Familièrement.  Il  n'a  pas  une  chemise 
sur  son  dos,  une  chemise  à  se  mettre  sur  le  dos, 
il  n'a  rien  à  se  mettre  sur  le  dos,  se  dit  d'une  per- 
sonne extrêmement  pauvre.  ||  Dans  un  sens  opposé. 
C'est  une  femme  qui  met  tout  sur  sou  dos,  c'est 
une  femme  qui  dépense  en  toilette  tout  ce  qu'elle  a 
ou  gagne.  ||  Fig.  et  familièrement.  Le  dos  lui  dé- 
mange, se  dit  d'une  personne  qui  fait  tout  ce  qu'il 
faut  pour  qu'on  la  batte.  ||  Faire  le  gros  dos,  se  dit 
des  chats  lorsqu'ils  relèvent  leur  dos  en  bosse,  ce 
qui  arrive  le  plus  souvent  lorsqu'on  les  caresse  en 
leur  passant  la  main  sur  le  dos,  dans  le  sens  de  la 
tète  à  la  queue,  et  aussi  lorsque  l'animal  est  en  colère. 
Il  Par  extension.  Faire  le  gros  dos,  s'est  dit  d'une 
espèce  de  contorsion  qu'affectaient  les  petits-maîtres 
à  Paris,  mettant  une  main  dans  la  ceinture  de  la 
culotte ,  et  l'autre  dans  la  veste ,  et  par  là  faisant  un 
gros  dos  voûté,  comme  un  matou,  leroux,  Dict. 
comique.  Qui  faisant  le  gros  dos,  la  main  dans  la 
ceinture,  Viennent  pour  tout  mérite  étaler  leur 
figure,  HEGNARU,  le  Joueur,  i,  2.  Puis  m'appuyant 
sur  Scipion  et  faisant  le  gros  dos,  je  gagnai  une 
salle,  LESAGE  ,  Gil  Bios,  x,  3.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Faire  le  gros  dos,  ou  faire  gros  dos,  faire 
l'important,  l'homme  capable.  Le  fils  de  Saumery, 
à  force  de  faire  l'important  et  le  gros  dos,  imposait 
à  une  partie  de  la  cour,  st-sim.  7i  ,  172.  ||  Plier  le 
dos,  céder.  Laissez  passer  la  bourrasque,  pliez  le 
dos.  Et  aussi  être  humble  devant  ses  supérieurs  :  il 
n'a  jamais  su  plie/  le  dos.  ||  Mettre  quelque  chose 
sur  le  dos  de  quelqu'un,  l'en  rendre  responsable. 
Je  suis  bien  aise  de  savoir  que  le  pont  d'Avignon 
est  encore  sur  le  dos  du  coadjuteur;  c'est  donc  lui 
qui  vous  y  a  fait  passer,  SÉV.  35.  ||  (iela  ira  sur  son 
dos,  se  dit  d'une  perte,  d'un  dommage  qui  sera  mis 
au  compte  de  quelqu'un.  Il  faut  que  tout  le  mal 
tombe  sur  notre  dos,  mol.  Sgan.  <7.  Le  roi  s'était 
flatté  toute  sa  vie  de  faire  pénitence  sur  le  dos 
d'autrui,  ST-SIM.  250,  77.  ||  Battre  quelqu'un  sur  le 
dos  d'un  autre,  faire  à  quelqu'un  des  reproches, 
des  critiques  qui  retombent  sur  un  autre.  C'est  sur 
mon  dos  que  vous  avez  battu  Platon.  ||  Il  se  laisse 
tondre  la  laine  sur  le  dos,  se  dit  d'un  homme  trop 
débonnaire  ou  insouciant  qui  se  laisse  dépouiller, 
voler.  Dans  le  même  sens,  se  laisser  manger  la 
laine  sur  le  dos.  ||  U  a  été  battu  dos  et  ventre,  on 
lui  en  a  donné  sur  le  dos  et  partout,  se  dit  d'un 
homme  qui  a  été  violemment  battu.  Un  peuple  qui 
le  pousse  à  bout.  Et  qui,  dos  et  ventre  et  partout, 
Le  batte  et  toute  sa  cohorte,  scarbon,  Virg.,  trav.  iv. 
Il  Être  sur  le  dos,  être  couclié  ou  allité.  Voilii 
trois  semaines  que  je  suis  sur  le  dos.  ||  Tourner 
le  dos ,  présenter  son  dos  ,  au  lieu  de  présenter 
la  partie  antérieure  du  corps.  Les  sages  quelque- 
fois, ainsi  que  l'écrevisse.  Marchent  à  reculons, 
tournent  le  dos  au  port,  la  font.  Fabl.  xii,  lo.  La 
noblesse  supplie  le  roi  de  réformer  limmudestie  de 

JjlCV.    DE    LA    L/iNûUE    f iU.NÇAl;.:. 


DOS 

son  clergé,  qui  cause  et  parle  haut  et  tourne  le  dos 
à  l'autel,  sÉv.  Lett.  <o  janv.  < 674.  ||  Fig.  .Tourner  le 
dos  à  la  mangeoire,  se  mettre  dans  une  situation 
contraire  à  la  chose  qu'on  veut  faire.  ||  Tourner  le 
dos  dans  une  bataille ,  fuir  devant  l'ennemi.  Ils 
tournèrent  le  dos  quand  tu  fus  assailli,  malh.  i,  4. 
Il  Tourner  le  dos,  s'éloigner  un  moment.  Je  n'ai 
fait  que  tourner  le  dos,  il  était  déjà  parti.  Dès  que 
j'ai  eu  le  dos  tourné,  sÉv.  480.  ||  Tourner  le  dos  à 
quelqu'un,  lui  témoigner,  en  lui  tournant  effective- 
ment le  dos,  son  mécontentement,  son  mépris.  Le 
roi,  pour  toute  réponse,  lui  tourna  le  dos  brusque- 
ment, MARMONTEL,  Mém.  IV.  ||  Il  tourno  le  dos  où  il 
veut  aller,  se  dit  d'un  homme  qui,  au  lieu  d'aller  où 
il  veut,  prend  un  chemin  tout  opposé.  ||  Fig.  Tourner 
le  dos,  ne  pas  voir,  dédaigner.  Je  leur  tournerai  le 
dos,  et  non  la  visage,  au  jour  de  leur  perte,  saci, 
Bible,  Jirimie,  xviu,  17.  Lorsque  Dieu  courroucé 
vous  tournera  le  dos.  En  des  feux  sans  lumière,  en 
des  nuits  sans  repos  Vous  expierez  vos  vices,  eacan, 
2*  psaume.  Nous  tournons  le  dos  à  la  vérité,  boss. 
Resp.  2.  Que  fait  donc  un  poète  qui  finit  tout?  U 
tourne  le  dos  à  la  nature,  diderot.  Salon  de  (707, 
Œuvres,  t.  xiv,  p.  450,  dans  pougens.  j|  Avoir  bon 
dos,  avoir  un  dos  sur  lequel  on  peut  frapper  forte- 
ment; et,  figurément  et  familièrement,  avoir  bon 
dos,  être  en  état  de  supporter  une  perte,  ou  bien 
être  insensible  aux  railleries.  Il  ne  s'agit  que  de 
mille  écus;  M.  Turcaret  a  bon  dos,  il  portera  bien 
encore  cette  charge-là,  lesage  ,  'Surcaret,  i,  2. 
Il  Avoir  bon  dos  signifie  aussi  ne  pas  s'épouvanter 
des  reproches.  Mettez  les  fautes  sur  moi ,  j'ai  bon 
dos.  Dans  une  autre  nuance  :  On  s'en  prend  tou- 
jours à  moi  [on  m'accuse  de  tout]  ;  il  est  vrai  que 
j'ai  bon  dos  [que  je  suis  souvent  en  faute].  ||  Avoir 
le  dos  solide  se  dit  comme  avoir  les  reins  solides, 
avoir  de  grandes  ressources.  C'est  un  homme  qui 
fait  cent  entreprises  à  la  fois,  mais  il  a  le  dos  so- 
lide, c'est-à-dire  il  a  les  capitaux  suffisants.  ||  Dos  à 
dos ,  figure  de  danse  dans  laquelle  le  danseur  et  son 
vis-à-vis  passent  l'un  derrière  l'autre  sans  se  regar- 
der. Il  Fig.  et  familièrement.  Mettre  les  gens  dos  à 
dos,  renvoyer  deux  personnes  qui  sont  en  diffé- 
rend, sans  donner  aucun  avantage  à  l'une  ni  à 
l'autre.  U  se  dit  souvent  dans  les  comptes  rendus  de 
procès  :  On  les  a  renvoyés  dos  à  dos.  ||  Porter  sur 
le  dos,  porter  une  charge  qui  est  placée  sur  le  dos. 
U  avait  un  sac  sur  le  dos.  ||  On  dit  au  dos  dans 
cette  locution  :  avoir  le  sac  au  dos,  c'est-à-dire  por- 
ter le  sac  mUitaire,  être  sohiat.  ||  Fig.  Avoir,  por- 
ter quelqu'un  sur  son  dos,  en  être  obsédé,  ennuyé. 
Il  Populairement.  J'en  ai  plein  le  dos,  j'en  suis 
très-fatigué,  ennuyé.  ||  Être  sur  le  dos  de  quel- 
qu'un, l'importuner,  l'obséder.  U  est  toujours  sur 
mon  dos.  ||  Populairement.  Scier  le  dos  de  quel- 
qu'un, l'ennuyer,  le  fatiguer.  Il  me  scie  le  dos. 
Il  X  dos,  derrière  soi.  J'avais  à  dos  une  campagne 
immense  qui  ne  m'avait  été  annoncée  que  par  l'ha- 
bitude d'apprécier  les  distances  entre  des  objets  in- 
terposés, DIDEROT,  Salun  de  (767,  Œuvres,  t.  xiv, 
p.  (85,  dans  pouGENS.  Il  Fig.  Se  mettre  tout  le  monde 
à  dos,  avoir  chacun  contre  soi.  Quoi,  volage,  pre- 
nez-vous donc  Pour  vous  mettre  à  dos  les  jésuites.... 
Coquilles,  rosaire  et  bourdon,  béhang.  l'èler.  de  Li- 
sette. Il  Avoir  quelque  chose  à  dos,  ne  pouvoir  s'en 
séparer.  Quittons-nous  cette  ville  unique.  Nous  voya- 
geons Paris  à  dos,  bérang.  /.  de  Paris.  ||  2°  Terme 
d'anatomie.  Partie  postéiieuie  chez  l'homme,  su- 
périeure chez  les  animaux,  du  tronc  depuis  la 
dernière  vertèbre  cervicale  ju.squ'à  la  dernière  lom- 
baire. Il  3°  Terme  de  manège.  Dos  de  carpe,  ou  de 
mulet,  dos  convexe.  Dos  double,  dos  de  cheval, 
dans  lequel  on  remarque  un  léger  sillon  médian. 
Il  Le  dos  présente  une  légère  concavité;  s'il  est  trop 
concave,  l'animal  est  dit  ensellé.  Le  dos  large  ac- 
cuse un  fort  développement  des  muscles  et  l'ampleur 
de  la  poitrine.  Le  dos  court  annonce  beaucoup  de 
force.  Le  dos  long  est  moins  fort  que  le  dos  court. 
Il  4°  Par  analogie,  la  partie  postérieure  de  certaines 
choses.  Le  dos  d'un  habit,  dune  chaise.  Qui  pre- 
naient, sur  le  dos  de  leurs  chaises,  de  ces  postures 
aisées  et  galantes  qui  marquent,  qu'on  est  au  fait 
des  bons  airs,  maiuvaux,  Mnriamie  2'  part.  ||  Le 
dos  d'un  couteau,  le  dos  d'un  rasoir,  la  partie  op- 
posée au  tranchant.  ||Le  dos  d'un  billet,  d'un  acte, 
le  revers.  |1  Le  dos  du  nez,  de  la  main,  du  pied,  de  la 
langue,  la  partie  supérieure  du  nez,  de  la  main,  du 
pied,  de  la  langue.  ||  Terme  de  botanique.  Le  dos 
d'une  strie,  la  partie  saillante.  Le  dos  d'une  graine, 
celle  des  faces  qui  est  comprimée  et  tournée  du 
côté  des  parois  du  péricarpe.  Le  dos  d'une  feuille, 
sa  face  inférieure.  ||  Terme  d'entomologie.  La  partie 
supérieure  du  misothorax  et  du  prothorax;  l'une 


DOS 


1225 


ou  l'autre  de  ces  parties,  jl  Le  dos  d'un  livre,  la  par- 
lie  opposée  à  la  tranche.  ||  Terme  de  reliure.  Dos 
brisé ,  dos  d'un  livre  tellement  fait ,  que  le  livra 
que  l'on  ouvre  demeure  de  lui-même  tout  ouvert. 
U  leur  faut  des  livres  à  dos  brisés,  des  livres  qui  si 
tiennent  ouverts  sur  la  table,  lesné,  la  Reliure, 
p.  113,  (820.  L'époque  de  l'introduction  des  dos 
brisés  en  France  est  très-incertaine....  il  y  a  à  peu 
près  cinquante  ans  que  cette  espèce  de  reliure  est  de- 
venue de  mode,  id.  ib.  p.  (86.  ||  5°  Dans  le  style  élevé 
et  dans  la  poésie ,  la  partie  supérieure.  Cependant  sur 
le  dos  de  la  plaine  liquide....  rac.  Phèdre,  v,  6. 
Nous  montions  sur  le  dos  des  vagues,  fén.  Tél.  iv. 
I|  6°  En  dos  d'âne,  en  configuration  du  dos  d'un 
àiie,  c'est-à-dire  telle  qu'il  y  ait  un  talus  incliné 
des  deux  côtés.  Toit,  pont  en  dos  d'âne.  Les  rues 
étroites  et  sans  pente,  quoique  le  terrain  soit  en  dos 
d'âne,  sont  toujours  bourbeuses,  raynal,  Uist.  phil. 
xiu,  43.  Il  Dos  d'âne,  ustensile  dont  se  servent  les 
bouchers.  ||  Terme  de  marine.  Dos  d'âne,  ouverture 
en  demi-cercle,  faite  à  certains  bâtiments,  pour  cou- 
vrir le  bout  de  la  manivelle  du  gouvernail.  ||  7°  Terme 
de  jardinage.  Dos  de  bahut  ou  dos  de  carpe,  se  dit 
d'une  certaine  manière  de  relever  le  terrain  d'un 
parterre.  \]S'  Dos  brûlé,  quadrupède  du  genre  pa- 
resseux (acfte'e  aï).  Il  Dos  bleu,  un  des  noms  de  la 
sittelle.  Il  Dos  rouge,  nom  d'un  oiseau  de  la  Guyane, 
le  tangara  septicolore  (granivores). 

—  HIST.  XI'  s.  Tute  l'eschine  [il]  lui  desevre  du 
dos,  Ch.  de  Roi.  xci.  De  ceus  d'Espaigue  qui  ont 
les  dos  tournez,  ib.  CLxxiv.  ||  xir  s.  En  son  dos  [il] 
vest  un  blanc  aubert  dopler  [doublé],  Ronc,  p.  49. 
Il  XIII'  s.  Se  Tybers  de  son  dos  la  grant  rue  ne  tert 
[n'essuyé,  sur  la  claie]....  Berte,  xcili.  Si  mist  ar- 
rière dos  toute  couardie,  et  se  feri  en  els  l'espée 
traicte,  H.  de  valenc.  xi.  Quand  li  roi  Ferrans  et 
sa  gent  virent  qu'il  ne  poroit  plus  endurer,  si  tour- 
nèrent le  dos,  et  Angles  encaucierent  [poursuivi- 
rent] jusques  à  la  nuit  osoure,  Chron.  de  Rains, 
p.  78.  Nus  [nul]  chevax  qui  porte  à  dos  ne  doit 
paier  que  obole  de  chaucie,  Liv.  des  met.  275. The- 
mis,  quant  oï  larequeste.  Qui  moult  estoit  bonne 
et  honeste.  Lors  conseilla  [à  Deucaiion  et  à  Pyrraa] 
qu'il  s'en  alassent.  Et  qu'il  après  lor  dos  gîtassent 
Tantost  les  os  de  lor  grant  mère,  la  Rose,  (7322. 
La  dame,  qui  aler  voloit  Au  moustier  si  com  el  so- 
loit,  Geta  en  son  dos  sa  chemise.  Et  puis  si  a  sa 
robe  prise,  ruteb.  324.  Le  roy  m'apela  là  où  je  me 
seoie  avec  les  riches  hommes  du  pays,  de  là  en  un 
prael,  etmefîst  le  dos  tourner  vers  eulz,  joinv.  282. 
Il  xiv'  s.  Bien  dix  mille  Espaignols  des  meilleurs 
qu'il  y  a  [il]  Mist  en  une  bataille,  et  bien  les  ar- 
ruusta.  Une  rivière  au  dos,  qui  couroit  par  de  là, 
Guescl.  ((060.  Ne  pourront  prendre  de  corroyer  un 
dos  [peau]  que  deux  sols  six  deniers,  Ordonn.  des 
rois  de  Fr.  t.  ii,  p.  305.  Flamens  flst  assalir,  point 
ne  les  espargna;  Cliil  tournèrent  les  dos;  car  cas- 
cuns  s'esmaia  [s'effraya].  Quant  Henrisleur  failli.... 
Baud.  de  Seb.  vi,  574.  ||  xv  s.  Et  quand  les  Anglois 
y  chevauchent  [en  Ecosse],  il  convient  que  leurs 
pourveances,  si  ils  veulent  vivre,  les  suivent  tou- 
jours à  dos  [par  derrière],  fboiss.  u,  ii,  228.  Nous 
faisons  doute,  quoi  qu'il  vous  ait  mandé  ni  quoi  qu'il 
dise  ni  promette,  que  il  ne  vous  tournast  le  dos,  id. 
II,  II,  39.  L'un  d'iceuli  compaignons  fist  bas  dos  au 
suppliant  et  à  l'un  des  autres,  et  montèrent  par 
dessus  un  petit  mur,  du  cange,  dorsum.  Porter  har- 
nois  sur  vostre  doux,  Bibl.  des  Chartes,  i'  série, 
t.  V,  p.  302.  J'ai  toujours  porté  sur  mon  dos  Paine, 
travail  à  grant  planté;  Ne  nulle  choses  n'ay  hanté. 
Dont  on  dye  qu'aye  failly,  en.  d'oul.  Compl.  de 
l'amant  et  de  l'amour.  Et  se  riens  y  a  d'offense  pas- 
sée, prestement  après  le  pardon  fait  est  mise  dar- 
riere  le  dos,  G.  chastel.  Expos,  s.  vérité.  Ayant  1« 
dos  au  feu  et  le  ventre  à  la  table,  basselin,  ii. 
Jehanne  fait  la  beste  à  deux  dos,  Perrette  est  ung 
peu  trop  pansue,  L'aultre  est  feutrée  sur  le  dos, 
Pource  qu'elle  est  ung  peu  bossue,  coquill.  llono- 
lagui  des  perruques.  Cinq  cent  dos  de  fines  martres 
gebelines,  J.  de  Sainlré,  p.  2(0,  dans  lacurne.  Bois 
qui  esloit  croissant  sur  les  dodasnes  des  fossez  de  la 
dite  ville,  du  cange,  ramilise.  Le  supphant  bailla 
à  Perrinet  de  laquarre  ou  du  doulx  de  la  main  gaul- 
che  en  arrière  main  sur  la  joue ,  id.  dodus.  Tous  les 
rivaiges  ou  dosdasnes  qui  au  prieur  appartenoient, 
ID.  ib.  Et  sur  le  dos  [de  la  lettre]  :  Au  deleal  Girard.... 
LODis'xi,  JVouv.  XXVI.  Le  bon  mari  print  place  en 
une  chaire  à  dos,  id.  ib.  xxix.  ||  xvi*  s.  Il  charge  sus 
son  dours  les  deux  pretieuses  coingnées,  rabel. 
Pant.  IV,  Nouv.  prol.  Frère  Jean  daulha  Rouge-mu- 
seau, dours  et  ventre,  bras  et  jambes,  id.  Pant. 
IV,  (0.  Je  voy  le  dos  d'une  mer  Couppê  de  rames 

légères,  du    dellay,  m,  4)   verso et  qui   se 

I.  —  154 


ri2C 


DOS 


donne  los  D'avoir  porté  son  vieil  père  fAnchiso]  à  son 
doa,  DU  BELLAY,  IV,  28,  verso.  Brief,  haut  et  bas, 
en  face  et  à  dos,  à  dexlro  et  à  gauche  nous'Bomraes 
assiégez  et  assaillis,  calvin,  Instit.  791.  Les  Fla- 
mans  qui  nous  aimoyent.  et  lesquels  on  a  contrains 
de  nous  haïr,  de  quelle  allégresse  nous  sauleroyent- 
tli  à  dos!  LANGUE,  24.  Il  disoit  que,  pour  devenir 
riche,  il  no  falloit  que  tourner  le  dos  à  Dieu,  cinq 
ou  six  bons  ans,  despéb.  CoMes,  LV.  Mais  pensez 
qu'en  chaude  colère,  M.  de  Rachaut  lui  donna  à 
dos  [la  battit],  ID.  16.  t.  i,  p.  273,  dans  lacurne. 
Ses  parens  maternels  lui  tournèrent  tous  le  dos  en 
haine  de  la  Religion,  d'aub.  Yie,  xxi.  A  peine  fut-il 
parti  que  la  reine  mère,  qui  en  fut  avertie,  lui  mit 
à  dos  plusieurs  parfis  pour  le  prendre,  U).  ib.  XLiii. 
Doux-d'asne....  dosd'asne,  ID.  Wisl.  11,  280.  Les  uns 
à  dos  renversés,  estendus,  Les  uns  à  ventre,  en"leur 
long  espandus,  au.  jaMïn,  Poésies,  f°  29,  dans 
LACURNE.  Ont  ditete.scrit  ce  que  bon  leur  a  semblé, 
rempli  trois  feuillets  de  papier  en  dos  et  en  ventre 
[le  recto  et  le  verso],  Nnuv.  toulum.  génér.  t.  m, 
p.  283.  Parce  que  Soorates  avoit  la  chair  dure,  qu'il 
avoit  bon  dos,  qu'il  portoit  tout....  cholièbes.  Con- 
tes, t.  II,  Après-dtn.  ji,  p.  46,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Berry,  dous;  provonç.  et  anc.  cataL 
dort,  dos;  espagn.  et  portug.  dorso;  ital.  dorso, 
dosso;  du  latin  dorsum.  La  suppression  de  l'r  du  la- 
tin dans  dos  est  remarquable,  d'autant  plus  qu'elle 
se  trouve  aussi  dans  le  provençal  et  dans  l'italien,  à 
côté  de  la  forme  en  r.  Au  xvi'  siècle,  quelques  écri- 
vains avaient  repris  l'r  étymologique. 

t  DOSABLE  (dô-za-bl') ,  adj.  Dont  on  peut  faire 
le  dosage.  L'acide  nitrique  et  l'ammoniaque,  sans 
se  saturer  nécessairement  équivalent  à  équivalent, 
se  rencontrent  régulièrement  en  quantité  dosable 
dans  toutes  les  eaux  pluviales,  bahral,  Acad.  des 
se.  Comptes  rendus,  t.  lvi,  p.  768. 

+  DOSAGE  (dô-za-j') ,  s.  m.  Terme  de  chimie.  Dé- 
termination, en  poids,  des  divers  composants  d'une 
substance.  ||  Terme  de  pharmacie.  Action  de  déter- 
niner  la  dose  d'un  médicament  ou  de  mettre  la  dose 
prescrite. 

—  iÈTYM.  Doser. 

DOSE  (dô-z') ,  s.  f.  Il  1°  Quantité  d'un  médica- 
ment, soit  simple,  soit  composé,  qui  doit  être  ad- 
ministrée à  un  malade.  Une  forte  dose.  Ordonner 
l'opium  à  haute  dose.  Le  quinquina  redonné  dans 
sa  dose  ordinaire,  sév.  697.  ||  Quantité  précise  de 
chacun  des  ingrédients  qui  doivent  entrer  dans  un 
médicament  composé.  ||  2°  Chaque  partie  d'un  mé- 
dicament prise  en  une  fois.  Prendre  un  remède  eu 
plusieurs  doses.  ||  3°  La  quantité  de  ce  qui  entre 
dans  un  composé  quelconque.  Dans  le  métal  dont 
on  fait  les  cloches  il  entre  une  certaine  dose  de 
zinc.  La  dose  de  poivre  qu'on  doit  mettre  en  une 
sauce.  Il  4°  Par  extension,  une  quantité  quelconque. 
Dès  qu'elle  avait  pris  sa  dose  de  vin ,  hamilt. 
Gramm.  a.  ||  Fig.  Je  voulus  prendre  une  petite  dose 
de  morale,  sÉv.  89.  Sa  naissance  doit  donner  une 
dose  de  respect  à  ceux  qui  savent  vivre,  id.  226. 
Effectivement  la  dose  des  paroles  y  est  [dans  un 
livre]  beaucoup  trop  forte  par  rapport  à  celle  des 
choses,  FONTEN.  Leibmit  Chaque  homme  a  sa  dose 
d'imperfection  et  de  aemence,  volt.  Princ.  d'Àct.  24. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  bref  le  vin  prins  sobrement 
Est  tou.sjours  une  bonne  choze,  Je  n'en  prendray 
que  ceste  dozc,  bassel.  lx.  ||  xvi*  s.  Et  n'oublia  le 
demeurant  de  la  poudre,  sans  y  regarder  dose, 
poids,  ne  mesure,  mabg.  Soiw.  lxviii. 

—  ÉTYM.  Lat.  dosis,  de  ôûffiç,  action  de  donner, 
de  Siôôvai,  donner  (voy.  don). 

DOSE,  ËE  (dô-zé,  zée),  part,  passé.  Mis  par  dose. 
L'acide  sulfurique  dosé  soigneusement. 

DOSER  (dA-zé) ,  V.  u.  Terme  de  pharmacie  et  de 
chimie.  Indiquer,  mettre  la  quantité  des  ingrédients 
qui  doivent  entrer  dans  une  préparation.  ||  Absolu- 
ment. Il  a  mal  dosé. 

—  HIST.  xvi'  s.  U  lui  apprint  à  doser,  à  mixtion- 
ner,  k  brouiller,  et  toutes  telles  besognes,  desper. 
Contes,  L\i.  On  parle  de  Thadée  médecin  florentin, 
lequel,  estant  apelé  par  aucuns  princes  italiens, 
n'eut  pas  dosé  à  moins  de  cinquante  escus,  CHOUi- 
«Ks,  Contes,  f-  49,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Dose. 

t  DOSIN  (do-zin),  î.  m.  Coquille  bivalve  du  Sé- 
négal (la  Vénus  concentrique). 

t  DOSSAGE  (do-sa-j'),  *.  m.  Terme  d'ancienne 
coutume.  Droit  que  payaient  ceux  qui  faisaient  la 
pelleterie. 

—  HIST.  zv«  f.  Les  feulpiers  [fripiers]  doivent 
cJMMCun  an  deux  deniers  de  dossage  le  jour  de  la  St 
André;  item  les  pelotiers,  de  dossage,  chascun  deux 
deniers,  le  jour  de  laSt  André,  du  canoë,  dosioflium. 


DOS 

—  ÈTYM.  I!ns-lat.  doitum ou dorium ,  avec  le  sens 
de  peau  (voy.  dos). 

t  DOSSE  (do-s'),  t.  f.  Grosse  planche  qui,  étant 
sciée  d'un  côté,  conserve  son  écorCe  dans  l'autre; 
c'est  la  première  planche  qu'on  enlève  d'un  arbre 
pour  l'équarrir.  On  l'appelle  aussi  dosse-flache.  Les 
dosses,  chênes  et  entrevoux  de  toutes  longueurs 
seront  comptés  trois  toises  pour  deux,  et  les  droits 
seront  perçus  comme  de  la  planche,  à  proportion 
des  longueurs.  Déclaration,  22  oct.  (7)  B,  Tarif.  \\  Les 
planches  prises  après  les  dosses  se  nomment  oontre- 
dosses.  Il  Planche  qui  sert  à  soutenir  la  surface  d'une 
tranchée,  quand  on  craint  l'éboulement  des  terres. 
Il  Se  dit  de  ])lanches  très-épaisses  qu'on  place  d'étage 
en  étage  sur  unéchafaud  pour  tenir  lieu  de  plancher. 
Il  Terme  du  jeu  d'osselets.  Le  côté  de  l'osselet  qui  est 
bombé,  par  opposition  à  celui  où  il  y  a  un  creux. 

—  HIST.  xiv*  s.  Le  suppliant  eust  aussi  une  ais- 
selle nommée  dosse,  qui  fut  portée  en  l'astelier  du  dit 
suppliant,  qui  est  faiseur  de  nefs,  du  cange,  dossa. 

—  ÉTYM.  Le  mot  paraît  venir  de  dos,  à  cause  que 
le  côté  non  équarri  de  ces  planches,  restant  rond, 
forme  comme  un  dos. 

fDOSSERET  (do-se-rè),  s.  m.  ||  1"  Terme  d'ar- 
chitecture. Nom  d'un  petit  pilastre  saillant,  qui  sert 
quelquefois  à  soutenir  une  voûte.  ||  Petit  jambage 
dans  l'épaisseur  d'un  mur,  pour  former  le  pied-droit 
d'une  porto  ou  d'une  croisée.  {|  2°  Pièce  de  fer  que 
l'on  adapte  au  dos  d'une  scie  pour  la  rendre  plus 
solide.  Il  Plaques  de  fer  réunies  qui  renferment  et 
soutiennent  une  lime  fort  mince.  ||  3°  Terme  de  me- 
nuiserie. Espace  qui  reste  entre  l'angle  d'une  pièce 
et  l'arête  de  la  baie  d'une  croisée  ou  d'une  porte. 
Il  Terme  de  maçon.  Nom  donné  au  petit  exhausse- 
ment du  mur  de  pignon  ou  face  avec  ailes  pour  re- 
tenir une  souche  de  cheminée.  On  dit  aussi  dossier. 

—  HIST.  xv*  s.  La  chaire  du  roy  Louis  XI  estoit 
couverte  d'un  veloux  bleu,  semé  de  fleurs  de  lys  en 
lances  d'or,  et  y  avoit  ciel  et  dosseret  de  mesme, 
DU  TiLLET,  Rec.  des  rois  de  France,  p.  4(3,  dans 
LACURNE.  Un  dousselet  à  mettre  sur  la  teste  d'un 
roy  ou  d'un  duc  estant  à  table,  de  veloux  blanc,  du 
GANGE,  dorsale. 

—  ÉTYM.  Dossel,  dousselet,  diminutif  de  do»;  le 
changement  est  facile  entre  l'r  et  l'I. 

DOSSIER  (dô-sié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
y  s  se  lie:  des  dô-sié-z  élégants),  s.  m.  ||  1»  Le  dos 
de  certains  sièges,  d'un  canapé,  d'un  fauteuil. 
Il  2°  Dossier  du  lit,  la  traverse  ou  la  planche  qui 
soutient  le  chevet  de  certains  lits.  La  pièce  d'étoffe 
qui  sert  à  couvrir  cette  planche.  ||  Le  fond  d'une  voi- 
ture, contre  lequel  on  appuie  le  dos.  Se  dit  aussi 
en  parlant  des  baignoires.  ||  Terme  de  vannier.  La 
partie  do  la  hotte  qui  appuie  sur  le  dos  de  celui  qui 
la  porte.  ||  Terme  de  marine.  Large  planche  placée 
à  l'arrière  d'un  canot,  entre  les  officiers  et  le  patron. 
Il  3°  Terme  de  plomberie.  Le  derrière  d'une  cuvette. 
Il  Espèce  de  chape  composée  de  deux  branches  de  fer 
réunies  dans  un  seul  manche,  entre  lesquelles  on 
introduit  la  queue  d'une  lime  pour  régler  la  profon- 
deur d'une  denture.  ||  Terme  de  maçon.  'Voy.  dos- 
seret. Il  4°  Terme  de  pratique.  Liasse  de  papiers  en- 
filés avec  un  tiret  de  parchemin,  et  sur  le  premier 
desquels  on  écrit  le  nom  de  la  partie.  ||  Carton  ou 
chemise  qui  renferme  tous  les  papiers  concernant 
une  affaire,  ou  fous  les  documents  relatifs  à  un  in- 
dividu, comme  les  dossiers  de  l'Université.  Exami- 
ner, dépouiller  un  dossier.  On  me  dit  que  le  dos- 
sier, les  pièces  [du  procès]  sont  retournées  à  Paris, 

p.  L.  COUR.  H,  324. 

—  HIST.  XV'  S.  Item  un  ciel  ou  doussier  de  drap 
de  laine,  que  l'empereur  de  Constantinople  donna 
à  Monseigneur,  du  cange,  dorsale.  ||xvi's.  lldon- 
noit  audience,  estant  assis  en  une  chaire  à  dossier 
renversé  en  arrière,  amyot,  Rom.  it. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  doriortnHi,  durserium,  de  dor- 
sum, dos  (voy.  dos).  Dans  le  sens  du  n°  4,  dossier 
a  été  tiré  de  dos,  parce  que  les  paperasses  forment 
un  paquet  bombé  qu'on  a  comparé  à  un  dos. 

i  DOSSIÈRE  (dô-siê-r'),  s.  f.  Morceau  de  cuir 
large  et  épais  qu'on  met  sur  la  selle  du  cheval  de 
limon  et  dans  lequel  entrent  les  limons.  ||  Partie  du 
dos  d'une  cuirasse. 

—  HIST.  XIII*  s.  Quiconques  veut  ostre  bourelier 
à  Paris,  c'est  à  savoir  feseres  de  coliers  à  cheval  et 
de  dossieres  de  seles....  estre  le  puet  franchement, 
iti'.  des  met.  220. 

—  ÉTYM.  Dossier. 

t  DOSSO'VER  (do-so-ié),  V.  a.  Terme  de  parche- 
minier.  Exprimer  l'eau  qui  se  trouve  dans  les  peaux, 
du  côté  de  la  chair. 

—  ÉTYM.  Dos,  avec  ie  sens  de  peau  (roy.  dos,  & 
l'historique}. 


DOT 

DOT  (dot';  au  pluriel,  le  t  se  prononce  aussi:  les 
dot';  l'f  ne  se  lie  pas:  des  dot'  en  argent;  cepen- 
dant quelques-uns  la  lient  :  des  dot'-z  en  argent) . 
s.  f.  Il  !•  Ce  qu'on  donne  à  une  fille  en  mariage,  le 
bien  qu'elle  apporte  à  son  mari.  Une  riche  dot.  Et 
il  s'engage  à  la  prendre  sans  dot,  mol.  Vàv.  i,  7, 
Lorsqu'on  s'offre  de  prendre  une  fille  sans  dot,  on 
ne  doit  point  regarder  plus  avant,  id.  ib.  1,  10.  Je 
sais  qu'avec  mes  voeux  vous  me  jugez  capable  De 
vous  porter  en  dot  un  bien  considérable,  id.  Femm. 
sav.  v,  t.  iEgine  qu'on  vous  propose,  et  qui,  avec 
une  riche  dot,  apporte  de  riches  dispositions  à  la 
consommer,  et  fout  votre  fonds  avec  sa  dot,  la  BBCt. 
XIV.  Il  Par  extension.  Mes  filles  n'ont  pour  dot  que  le 
nom  de  leur  père,  cohn.  Agésil.  m,  2.  Quand  on  ne 
prend  en  dot  que  la  seule  beauté.  Le  remords  est 
bien  près  de  la  solennité,  mol.  VÉtour.  iv,  b.  1|  Fig. 
Elle  [ta  victoire]  n'est  qu'un  effet  du  malheur  qui 
me  suit.  Je  l'ai  porté  pour  dot  chez  Pompée  et  chez 
Crasse,  corn.  Pomp.  m,  4.  Voyant  ce  que  pour  dot 
[l'appui  d'un  parti]  Rome  lui  veut  donner,  id.  Ser- 
tor.  1,2.  Ce  n'est  qu'au  meurtrier  que  Mahomet  te 
donne.  Quelle  effroyable  dot!  volt.  Fanât,  iv,  ». 
Il  Terme  de  jurisprudence.  Ce  que  la  femme  apporte 
au  mari  pour  soutenir  les  charges  du  ménage.  Une 
dot  mobilière.  ||  2°  Apport  que  fait  au  couvent  une 
fille  qui  entre  en  religion.  ||8'  Se  dit  aussi,  abusive- 
ment, de  ce  qu'on  donne  à  un  fils.  Ils  ont  eu  cha- 
cun, le  mari  et  la  femme,  30  000  francs  de  dot. 

—  REM.  Molière  a  fait  ce  mot  masculin:  L'ordre 
est  que  le  futur  doit  doter  la  future  Du  tiers  du  dot 
qu'elle  a,  Éc.  des  femmes,  iv,  2;  C'est  une  raillerie 
que  de  vouloir  me  constituer  son  dot  de  toutes  les 
dépenses  qu'elle  ne  fera  point,  l'Av.  11,  6  (des  édi- 
tions, rajeunissant  le  texte,  ont  mis  sa  dot).  Vau- 
gelas  et  Perrot  d'Ablancourt  le  faisaient  aussi  mas- 
culin. C'est  un  archaïsme.  Mais  Ménage  remarque 
que  le  féminin  l'emportait.  Patru  voulait  qu'on  éoii- 
vît  dote,  et  Regnard  a  suivi  cette  orthographe  dans 
le  Bal,  se.  i4,  pour  rimer  avec  tl  radote:  Je  fais 
arrêt  sur  vous,  sur  la  fill^et  la  dote. 

—  HIST.  XVI*  s.  Elle  estoit  jeune  et  n'avoit  point 
encore  oui  dire  ce  mot  de  dot;  lequel  ils  disent  en 
certains  endroits  du  royaume,  et  principalement  en 
Lyonnois,  pour  douaire;  et  pensoit  qu'on  eust  dit 
que  cet  homme  eut  mangé  le  dos  ou  l'eschine  de  la 

femme,  despér.  Contes,  xlv Laquelle  aura  pour 

son  dot  400000  escus,  d'aub.  Hist.  i,  46. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  dot,  s.  f.;  espagn.  et  ital.  dote; 
bas-lat.  dotum;  du  latin  dos,  qui,  représentant 
dot-s,  se  rapporte  à  l'adjectif  verbal  îotds,  donné, 
et  dérive  du  radical  SoO  dans  SoOvai  et  do  dans  do-num 
(voy.  don).  Dotum  explique  le  masculin  qui  a  été 
souvent  donné  à  dot  ;  et  l'exemple  de  Despériers  té- 
moigne qu'au  XVI*  siècle  le  I  ne  se  faisait  pas  sentir. 

DOTAL,  ALE  (do-tal,  ta-l'),  adj.  Terme  de  ju- 
risprudence. Qui  est  relatif,  qui  appartient  à  la  dot. 
Constitution  dotale.  Deniers  dotaux.  ||  Régime  do- 
tal, régime  de  contrat  de  mariage  où  des  précau- 
tions, telles  que  l'inaliénabilité  de  la  dot,  sont  prises 
pour  conserver  la  dot  de  la  femme. 

—  HIST.  XVI*  s.  Dettes  privilégiées  sont  deniers 
dotaux,  LOYSEL,  684.  Soit  asservie  à  un  phrygien 
prince.  Avec  Didon  sa  dotale  province,  ûubku,.  iv, 
9,  recto. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  dotal;  Ital.  dotale; 
du  latin  dotalis,  de  dos,  dot. 

DOTATION  (do-ta-sion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Action  de  doter  une  église,  une  com- 
munauté, un  prince  du  sang,  c'est-à-dire  de  lui  as- 
signer des  fonds  et  des  revenus.  Faire  une  dotation. 
La  dotation  du  prince  fut  votée  par  la  chambre. 
Il  Le  fonds,  le  revenu  assigné.  La  dotation  de  laLé- 
gion  d'honneur.  La  dotation  d'un  prince  du  sang. 

—  HIST.  XV'  s.  Pour  ce  qui  est  du  corps,  il  fut 
mené  et  conduit  en  sépulture  à  Loches  fort  honora- 
blement, dans  l'cglisB  collégiale  de  Nosfre  Dame,  où 
elle  avoit  fait  plusieurs  belles  fondations  et  dota- 
tions, j.  CHARTIKR,  Uist.  de  Charles  VII,  p.  i»3, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dololion;  calai.  doJaetd;  es- 
pagn. dolaci'on;  ital.  dotaxione;  du  latin  dolad'o- 
nem,  de  dolare,  doter. 

DOTÉ,  ËB  (do-té,  tée),  part,  passé.  ||  1' Qui  l 
reçu  une  dot.  Fille  nchement  dotée.  ||  2'  Qui  a  reçu 
une  dotation.  Que  de  maisons  saintes  dotéesl  uass 

Panég.  St  Louis.  ||  Fig Au  bien  public  s'immo- 

lant  par  malice,  Vengeraif-il  le  goût,  proscrirait-ll 
le  vice.  Pour  l'étrange  plaisir  de  perdre  son  repos. 
D'être  gratifié  de  la  haine  des  sots,  Doté  sur  vos 
journaux  d'une  rente  d'injures?  oilbebt,  Uon  apo- 
logie. 

t  DOTEL  (do-tèl),  s.  m.  Espèce  de  mouij  tu 


DOU 


DOU 


DOU 


122T 


I 


Sénégal  ;  Tiom  que  donne  Adanson  k  la  moule  noire , 

'.EOOARANT. 

DOTER  (do-té),  1).  o.  ||  1*  Pourvoir  d'une  dot.  Ce 
père  a  doté  sa  fille  de  trente  mille  francs.  Doter  des 
filles  pauvres.  Il  a  doté  sa  nièce  qui  n'avait  rion. 
Il  %'  Faire  une  dotation,  assigner  un  revenu  à  un 
établissement,  à  un  corpS;  il  un  prince,  etc.  Doter 
un  hôpital,  une  église,  un  prince  ,  etc.  ||  8°  Fig.  Les 
grâces  dont  la  nature  l'avait  dotée.  Je  veux  que  la 
valeur  de  ses  aïeux  antiques  Ait  fourni  de  matière 
aux  plus  vieilles  chroniques.  Et  que  l'un  des  Ca- 
pets,  pour  honorer  leur  nom.  Ait  de  trois  fleurs 
de  lis  doté  (quelques  éditions  lisent  doré)  leur  éous- 
son,  BOIL.  Sat.  v.  Le  ciel  nous  dote  D'une  ma- 
rotte Tour  à  tour  grave  et  quinteuse  et  falote,  bé- 
KANG.  Troubad.  L'espérance  aux  ailes  brillantes  Sur 
vous  se  plaît  à  voltiger;  De  combien  de  formes 
riantes  Vous  dote  son  prisme  léger  I  m.  Aniiiv. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  dotar;  ital.  dotare; 
du  latin  dniare,  de  dos,  dot. 

t  DOTHIÉNENTÉRIE  (  do-ti-é-nan-té-rie  ) ,  t.  f. 
Terme  de  médecine.  Fièvre  continue,  caractérisée 
par  une  éruption  intestinale,  souvent  par  des  désor- 
dres dans  les  fonctions  des  poumons  et  du  cerveau, 
par  des  taches  à  la  peau,  et  analogue,  en  beaucoup 
de  points,  aux  fièvres  éruptives. 

—  ÉTYM.  Ao6i:^v,  bouton,  et  Ivtjpov,  intestin. 
C'est  une  faute  d'écrire,  comme  on  fait  souvent, 
dothinmtérie. 

DOUAIRE  (dou-ê-r"  ;  on  a  prononcé  et  on  pro- 
nonçait encore  au  commencement  de  ce  siècle 
dou-a-r') ,  s.  m.  Portion  de  biens  qui  est  donnée  à 
une  femme  par  son  mari  à  l'occasion  du  ma- 
riage, dont  elle  jouit  pour  son  entretien  après  la 
mort  de  son  mari,  et  qui  descend  après  elle  à  ses 
enfants.  Assigner  un  douaire.  Stipuler  un  douaire, 
il  y  en  a  d'aucunes  qui  font  du  mariage  un  com- 
merce de  pur  intérêt,  qui  ne  se  marient  que  pour 
gagner  des  douaires,  que  pour  s'enrichir  par  la  mort 
de  ceux  qu'elles  épousent,  et  courent  sans  scrupule 
de  mari  en  mari  pour  s'approprier  leurs  dépouilles, 
MOL.  Val.  imag.  ii,  7.  L'épreuve  la  plus  rude  que 
cette  reine  [Henriette-Marie]  eut  à  soutenir  fut  de 
solliciter  un  douaire  de  veuve  auprès  de  l'homme 
qui  l'avait  faite  veuve  [Cromwell],  ciiateaub.  Stuarts, 
<»i.  Il  Douaire  coutumier,  se  disait  autrefois  du 
douaire  établi  et  ordonné  par  la  coutume.  l|  Douaire 
préfix  ou  conventionnel,  celui  qui  consiste  eu  une 
certaine  somme  déterminée  par  les  conventions  ma- 
trimoniales. Il  Jamais  mari  ne  paya  douaire,  s'est 
dit  pour  exprimer  que  la  mort  civile  du  mari  ne 
donne  pas  lieu  à  la  demande  du  douaire.  ||  Ancien- 
nement, demi-douaire,  mi-douaire,  pension  ali- 
fflentaire  accordée  en  certains  cas  (séparation,  lon- 
gue absence,  mort  civile  du  mari)  à  la  femme,  du 
vivant  du  mari. 

—  HIST.  xii'  3.  Devien  mes  homs,  je  te  ferai  doaire, 
[don],  Jlonc.  p.  t4B.  [Nostre  terre]  Que  la  niere  Deu 

tient  à  son  lige  doaire,  Sax.  xxxi.  ||  xm'  s Je  li 

donai  sans  detri  [sans  retard],  Tôt  de  bon  gré,  mon 
fin  ouer  en  doaire  [don],  oaces  brullés.  Poésies 
mss.  avant  t300,  t.  i,  p.  257,  dans  lacuhne.  Chil 
qui  sont  sem*ns  sor  doaire  ne  poent  contremander, 
BEAUM,  61.  Fors  du  cbastel  et  de  la  tor  La  getent, 
et  de  son  douaire  ;  Ne  li  lessent  en  nul  repaire  A 
qu'ele  se  puisse  acouper,  Ne  penre  repast  ne  sou- 
per, RUTEB.  Il,  t87.  Il  XIV*  s.  Sa  chiere  compaigne 
et  espouse  Blanche  de  Brayban  doit  avoir  la  tierce 
partie  de  toute  sa  terre  par  raison  de  douaire,  du 
CANGE,  dos.  Il  XV*  s.  Quant  ta  femme,  qui  plaint  et 
pleure,  Quant  tu  te  gis  au  lit  mortel,  En  ta  maison, 
8n  ton  hostel,  Et  se  complaint  de  son  douaire  [gé- 
mit de  se  voir  veuve] ,  e.  desch.  Poésies  mss.  f"  60t , 
dans  LACURNE.  Il  fut  apointè  par  devant  l'official 
d'Amiens  que  icellui  Michault  prendrolt  à  mariage 
icelle  jeune  fille,  par  lui  defflorée,  ou,  se  ce  ne 
laisoit,  il  seroit  tenu  de  lui  faire  douaire,  du  canoë, 
dos.  Il  XVI"  s.  Douaire  propre  aux  enfants  est  une  lé- 
gitime coutumiere  prise  sur  les  biens  de  leur  père, 
par  le  moyen  et  bénéfice  de  leur  mère,  loïsel,  (58. 
Tant  que  la  femme  et  les  enfants  vivent,  le  douaire 
est  en  incertitude,  et  s'appelle  douaire  égaré,  in. 
472  Douaire  coutumier  saisit,  id.  <46.  Douaire  pro- 
fil, ou  convenance,  ne  saisissoit  point,  et  se  devoit 
demander  en  jugement,  m,  146.  Au  coucher  la 
femme  gagne  sou  douaire,  leroux  de  lincï,  Frov. 

tu,    p.  428. 

—  ÉïYM.  Wallon,  doiâ,  doiar;  provenç.  dotaire; 
du  bas-latin  dotarium,  de  dolore  (voy.  do'teb). 

DOUAIRIER  (dou-ê-rié) ,  s.  m.  Terme  de  droit 
ancien.  Enfant  qui  se  tenait  au  douaire  de  sa  mère 
ou  renonçant  à  la  succession  de  son  père. 

—  HIST.  XVI*  s.  On  ne  peut  estre  héritier  et  douai- 1 


rier  [pour  être  douairier,  l'enfant  doit  avoir  rtnoneé 
à  la  succession  de  son  père],  lotsei.,  t»i. 

—  ÉTYM.  Douaire. 

DOUAIRIËItE  (dou-ê-riê-r';  on  a  prononcé  au- 
trefois dou-a-riè-r'),  adj.  f.  \\  1°  89  dit  d'une  veuve 
qui  jouit  d'un  douaire  (en  parlant  de  personnes  d'un 
rang  distingué).  Reine,  duchesse  douairière.  ||  Sub- 
stantivement. Jamais  Mme  la  douairière  de  Uohan 
ne  leur  a  dit  un  seul  mot,  patru.  Plaidoyer  2, 
dans  RICHBLET.  Il  a°  Femme  ftgée,  dans  le  style  fa- 
milier. Une  vieille  douairière. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  douairière  lotit,  et  l'héritier 

choisit,  LOYSBL,  tB7. 

—  ÉTYM.  Douaire.  On  disait  aussi  douagère  :  xiv«  s. 
Marie  de  Monceaux,  comme  douagiere,  a  joy  et  usé 
par  long  temps  de  la  ditte  terre,  du  qange,  doa- 
geria. 

DODANE  (dou-a-n'),  s.f.\\  1' Taxe  établie  sur 
les  marchandises  à  l'entrée  et  à  la  sortie  d'un  État. 
Les  bagages  des  ambassadeurs  sont  exempts  de 
douane.  ||  8'  Administration  chargée  de  percevoir 
les  droits  à  l'entrée  et  à  la  sortie  des  marchandises. 
Commis  de  la  douane.  Droits  de  douane.  Les  com- 
mis de  la  douane  remirent  généreusement  à  Xantus 
le  sou  pour  livre,  la  font.  Ki'e  d'Esope.  Là  où  il  y 
a  du  commerce,  il  y  a  des  douanes;  l'objef  du  oom- 
Eterce  est  l'exportation  et  l'importation  des  mar- 
chandises en  faveur  de  l'État;  et  l'objet  des  douanes 
est  un  certain  droit  sur  cette  même  exportation  et 
importation,  aussi  en  faveur  de  l'Ëtat,  montesq. 
Esp.  XX,  13.  Il  Fig.  Il  me  paraît  que  la  douane  des 
pensées  est  plus  sévère  que  celle  des  fermiers  géné- 
raux ,  et  qu'il  est  plus  aisé  de  faire  passer  des  étoffes 
en  contrebande  que  de  l'esprit  et  de  la  raison,  volt. 
Lett.  Damilaville,  te  avril  4  765.  ||  3»  Bureaux  de 
cette  administration.  Faire  visiter  des  marchandises 
à  la  douane.  ||  Une  ligne  de  douanes,  une  série  de 
postes  de  la  douane  qui  se  donnent  la  main  et  ne 
permettent  pas  que  rien  passe  sans  être  visité. 

—  HIST.  XV*  s.  Durant  ces  jours-là  il  alla  voir  les 
douannes  tant  de  marchandises  qu'es  autres  douan- 
nes  où  l'on  faisoit  les  galées  etgaliennes,  nefs  et 
navires,  et  où  on  forgeoit  choses  appartenant  aux 
dites  navires,  André  de  la  vignb,  Voy.  de  Char- 
les ¥111  à  flapies,  p.  )40,  dans  lacurnk.  ||  xvi*  s. 
Nos  fermes  de  la  busche,  pied-fourché,  poisson  de 
mer,  vin  vendu  «n  gros,  douanne  et  autres.  Arrêt 
du  Conseil  d'État,  27  oot.  (598. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dnana;  catal.  duana,  aduana; 
espagn.  et  portug.  aduana;  ital.  dogana.  Ménage 
le  tire  du  grec  Soxôv»),  lieu  où  l'on  reçoit  des  mar- 
chandises; très-bonne  étymologie,  si  elle  rendait 
compte  des  formes  espagnoles  où  a-duana  paraît 
indiquer  l'article  arabe  al;  dès  lors  le  mot  se  rat- 
tacherait à  l'arabe  addiuân  (al  divdn) ,  maison  ou 
lieu  où  se  réunissent  les  administrateurs  des  finan- 
ces pour  le  recouvrement  des  droits  (voy.  divan). 
Il  est  de  fait  que  dans  les  textes  du  moyen  ftge  on 
trouve  souvent  le  mot  duana  rattaché  aux  Sarra- 
sins; Diez  en  cite  plusieurs  exemples.  On  a  dit  en- 
core que  dogana  venait  de  doge  et  signifiait  un  im- 
pM  perçu  au  profit  du  doge  sur  les  marchandises 
importées  à  Venise.  Pour  cette  étymologie,  comme 
au  reste  pour  les  autres  ici  rapportées,  il  faudrait 
savoir  quelque  chose  sur  les  circonstances  dans  les- 
quelles le  mot  de  aouane  s'est  produit. 

f  DOCANER  (dou-a-né),  v.  a.  Terme  d'admini- 
stration. Mettre  le  plomb  sur  les  objets  présentés  à 
la  douane. 

—  ÉTYM.  Douane. 

DOUANIER  (dou-a-nié;  l'r  ne  se  lie  jamais  ;  au 
pluriel,  l'ï  se  lie  :  des  dou-a-nié-z  actifs),  s.  m. 
(1 1°  Commis  de  la  douane.  ||  2*  Adj.  Douanier,  doua- 
nière, qui  a  rapport  à  la  douane.  Le  démembrement 
douanier  de  l'Allemagne,  qui  serait  un  vrai  ana- 
chronisme dans  nos  jours  de  fusions  douanières, 
J.  des  Débats,  t*' janv.  4  863. 

—  ÉTYM.  Douane;  ital.  doganiere. 

t  DOUAR  (dou-ar),  s.  m.  ||1°  Village  temporaire 
que  construisent  les  Arabes  pasteurs  en  alignant 
leurs  tentes  en  rues.  ||  8*  Fraction  de  tribu,  eu  Al- 
gérie. 

—  ÉTYM.  Arabe,  adoudr,  pluriel  de  ddr,  habi- 
tation. 

DOUBLAGE  (dou-bla-j') ,  s.  m.  ||  1°  Terme  de  droit 
féodal.  Double  redevance  exigée  en  certaines  occa- 
sions. Il  8°  Terme  de  manufacture.  Action  de  joindre 
deux  fils  simples.  ||  3*  Terme  de  typographie.  Répé- 
tition de  mots  ou  de  lettres.  ||  4*  Terme  de  marine. 
Bande  de  toile  qui  sert  de  renfort  dans  certaines 
parties  de  la  face  d'une  voile.  ||  Revêtement  de  la 
carène  d'un  navire  en  feuilles  de  cuivre. 

—  HIST.  xvi*  s.   Loyaux  aides  sont  presque  ordi- 


nairement la  doublage  [le  double]  des  devoirs,  lot- 
sel,  607. 

—  ÉTYM.  Doubler. 

t  DOUBLANT,  ANTB  (dou-blan,  blan-t'),  ad}. 
Il  1°  Terme  de  théltre.  Qui  est  propre  à  doubler  un 
rôle,  un  acteur.  ||  8"  Terme  d'anciennes  finance». 
Taille  doublante,  taille  double. 

—  HIST.  ivi*  s.  Toutes  tailles  personnelles,  fran- 
ches ou  serves,  sont  doublana  une  année  et  non 
l'autre,  Kouv.  coût,  génér.  p.  4  223. 

DOUBLE  (dou-bl'),  adj.  num^raj  multiplicatif. 
Il  1"  Formé  de  deux  choses  semblables  ou  de  même 
nature.  Un  double  rang  de  colonnes.  ||  Acte  double, 
acte  fait  en  deux  exemplaires.  On  dit  en  termes  de 
palais  :  Il  est  fait  double  entre  les  parties.  ||  Double 
louis,  pièce  d'or  valant  deux  louis.  Double  hecto- 
litre, futaille  contenant  deux  hectolitres.  {|  Double 
décalitre,  mesure  qui  contient  une  fois  autant  que  le 
décalitre.  On  dit  de  môme  double  boisseau.  {|  Terme 
de  jurisprudence.  Double  droit,  droit  payé  pour  dé- 
faut d'enregistrement  de  certains  actes  dans  les  dé- 
lais de  la  loi.  ||  Double  décime,  second  décime  éta- 
bli pour  des  besoins  temporaires  du  budget,  ||  Terme 
de  grammaire.  Lettre  double,  lettre  qui  est  compo- 
sée de  deux  autres,  comme  as,  os,  ou  quia  la  valeur 
de  deux  autres,  comme  l'a  qui  se  prononce  comme 
M.  Il  Terme  de  lansquenet.  Doubla  carte,  celle  qui 
est  déjà  venue  deux  fois.  ||  Fig.  Jouer  sur  carte  dou- 
ble, avoir  un  avantage  que  les  autres  n'ont  pas.  Il 
a  la  faveur  des  ministres,  il  joue  sur  carte  double. 
Il  Terme  de  trictrac.  Double  doublet,  se  dit  quand 
les  points  des  dés  sont  pareils,  et  que  l'on  bat  ou 
remplit  de  deux  façons.  ||  Au  domino,  double-as, 
double-deux,  etc.  dé  sur  lequel  l'as,  le  point  deux,  etc. 
est  répété.  |1  Serrure  à  double  tour,  serrure  où  il 
faut  tourner  deux  fois  la  clef.  ||  En  arithmétique  et 
algèbre,  raison  double,  rapport  de  deux  quantités 
dont  l'une  est  double  de  l'autre.  ||  En  géométrie, 
point  double,  le  point  où  se  coupent  deux  branches 
d'une  courbe.  ||  Terme  d'astronomie.  Étoile  double, 
groupe  de  deux  étoiles  qui  à  l'œil  nu  ne  s'offre  que 
comme  un  seul  astre,  mais  qui,  au  télescope,  se 
sépare  en  deux,  dont  l'une  tourne  autour  de  l'autre. 
Il  Terme  de  physique.  Double  réfraction,  phé- 
nomène qui  consiste  en  ce  que  chaque  rayon, 
qui  traverse  certains  cristaux,  se  partage  en  deux 
rayons  suivant  chacun  une  route  différente.  ||  Terme 
de  chimie.  Sel  double,  celui  qui  résulte  de  la 
combinaison  de  deux  autres  sels.  ||  Terme  de  bo- 
tanique. Fleurs  doubles,  celles  dont  le»  étamines 
et  les  pistils  se  sont  convertis  en  pétales,  soit 
naturellement,  soit  par  la  culture.  Calice  double, 
celui  qui  est  entouré  d'un  involucre  formant  en  quel- 
que sorte  un  second  calice.  ||  Périanthe  double,  ce- 
lui qui  est  composé  d'un  calice  et  d'une  corolle. 
Il  2°  Par  extension.  Ce  fut  un  double  malheur.  La 
double  autorité  qu'il  exerce.  Et  le  sang  par  un  dou- 
ble et  secret  artifice  Parle  en  vous  pour  Phooas 
comme  en  lui  pour  Maurice,  cobn.  Uéracl.  v,  s.  Al- 
lons, ne  vous  faites  point  dire  ce  qu'il  n'est  point 
nécessaire  d'entendre,  et  consentez,  ainsi  que  moi, 
à  ce  double  hyménée,  mol.  l'Avare,  v,  se.  dern.  Par 
un  double  divorce  ils  s'unirent  tous  deux,  hac.  Brit. 
II,  a.  Il  nous  a  déployé  l'ordre  dont  Amurat  Auto- 
rise ce  monstre  à  ce  double  attentat,  m.  Baj.  v,  14. 
M.  de  Mairan,  mon  double  confrère  à  l'Académie 
française  et  à  celle  des  sciences,  vient  de  mourir  à 
quatre-vingt-treij®  ans,  d'albmb.  Lett.  au  roi  de 
Prusse,  24  Avf.y'TI.  ||  En  jurisprudence,  double 
lien,  .parenté  entre  enfants  d'un  même  père  et  d'une 
même  mère.  ||  Mot  à  double  entente,  mot  qui  pré- 
sente deux  sens.  ||  3"  Terme  de  musique.  Double 
croche,  note  à  deux  barres  ou  crochets.  La  double 
croche  vaut  en  durée  la  moitié  d'une  croche.  Si 
Orphée  Rameau  veut  couvrir  cette  misère  de  dou- 
bles croches,  volt.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  «. 
Il  Intervalle  double,  intervalle  qui  excède  l'étendue 
d'une  octave.  ||  Double  fugue,  fugue  à  deux  sujets. 
Il  4°  Terme  de  commerce  et  de  banque.  Tenue  des 
livres  en  partie  double  ou  à  partie  double,  ma- 
nière de  tenir  les  livres  qui  consiste  à  reconnaître 
à  la  fois  un  débiteur  et  un  créancier,  dans  la  rédai;- 
tion  d'un  article  quelconque,  soit  de  recette,  soit 
de  dépense.  Compter  en  partie  double.  |)  Terme 
de  comptabilité.  Double  emploi ,  ce  qui  a  été  porté 
deux  fois  en  recette  ou  en  dépense;  et,  dans  le 
langage  général,  tout  ce  qui  fait  inutilement  ré- 
pétition. Il  5°  Terme  de  médecine.  Fièvre  double, 
fièvre  intermittente,  qui,  outre  les  accès  de  la 
fièvre  simple,  a,  dans  les  jours  intercalaires,  des 
accès  qui  se  corre.'spondent.  |l  Double-quotidienne, 
fièvre  intermittente  qui  a,  chaque  jour,  deux  ac- 
cès. Il  Double-tierce,  fièvre  intermittente  qui  paraît 


1228 


DOU 


composée  de  deui  tierces,  c'esl-à-diro  qu'elle  pré- 
sente un   accès   tous  les  jours  comme   la  quoti- 
dienne, dont  elle  diffère  en  ce  que  les  accès,  de 
deux  jours  l'un,  sont  dissemblables  d'heure  et  sou- 
vent de  caractère  et  se  correspondent  respectivement 
en  tierce.  Tué  do  la  fièvre  double-tierce,  sÉv.  280. 
Il  Double-quarte,  fièvre  intermittente  qui  se  montre 
sous  deux  formes  différentes:  dans  l'une,  deux  ac- 
cès on  un  jour,  et  apyrexie  les  deux  jours  suivants, 
après  quoi  la  fièvre  reparaît  comme  la  première  fois  ; 
dans  l'autre  un  accî'S  deux  jours  de  suite  et  apyrexie 
le  troisième;  puis  l'accès  du  quatrième  jour  corres- 
pond avec  le  premier  accès,  et  celui  du  cinquième 
avec  le  second.  {|  6°  Terme  de  jeu.  Coup  double,  se 
dit  de  l'action  déjouer  ou  do  gagner  deux  Tois  la  mise 
ordinaire.  ||  Au  trictrac,  gagner  trou  double  ou  bre- 
douille, prendre  douze  points  de  suite.  Gagner  par- 
tie double  ou  bredouille,  prendre  les  douze  trous 
de  suite.  ||  Terme  de  chasse.  Faire  coup  doul)le,  tuer 
deux  pièces  de  gibier  d'un  seul  coup  de  fusil.  ||  Fig. 
Vardes  a  extrêmement  plu  à  Termes,  et  Termes  à 
Tardes;  leurs  esprits  se  sont  frappés  d'un  agrément 
égal;  c'a  été  un  double  coup,  sév.  367.117"  Terme 
de  musique.  Double  quatuor,  réunion  de  deux  pre- 
miers violons,  deux  seconds  violons,  deux  altos,  deux 
violoncelles.  ||  Morceau  composé  pour  un  double  qua- 
tuor. Il  y  a  des  doubles  quatuors  de  Mendelssohn. 
Il  8°  Fig.  11  s'emploie  comme  augmentatif.   Double 
bière.  Encre  double.  Ah!  le  double  bourreau  qui  me 
va  tout  gâter,  mol.  l'Étour.  m,  4.  Ah  chien  !  ah 
double  chien!  mâtine  de  cervelle, id.  ib.  v,  <.  Double 
fils  de  putain  de  trop  d'orgueil  enflé,  iD.i4mpft.  ni, 
7.  Double  pendard;  ah!  je  suis  assassiné,  fegnard. 
Sérénade,  26.  Ah  !  la  double  enragée  ;  c'est  donc  elle 
qui  a  donné  à  ma  fille  la  connais.sance....  dancodrt, 
Chev.  à  la  mode,  v,  *.  Lamberg  ne  nommait  plus 
Giudice  que  le  double  traître,  st-sim.  4C9,  202.  ||  Dou- 
ble bidet,   bidet  de  plus  haute  taille  que  les  bidets 
ordinaires.  ||  Dans  les  rubriques   ecclésiastiques. 
Fête  double,  jour  où  deux  fêtes  se  rencontrent  en- 
semble; et  aussi  jour  où  l'office  est  plus  solennel 
qu'à   l'ordinaire.    Fêtes  semi-doubles,    celles  qui 
tiennent  le  milieu  entre  les  fêtes  doubles  et  les  sim- 
ples. Il  9°  Oui  a  de  la  duplicité,  qui  trompe  par  des 
paroles  ou  des  actions  à  deux  faces.   Ton  père  va 
descendre,  âme  double  et  sans  foi,  corn,  le  Ment. 
n,  3.  Ame  double  et  traîtresse.  Tu  portes  sans  or- 
gueil le  nom  de  ta  maltresse,  botr.  Hercule  mou- 
rant, II,  3,  Oses-tu  me  parler,  âme  double  et  traî- 
tresse? mol.  le  Dép.  I,  8.  Ah!  traître,  scélérat,  âme 
double  et  sans  foi,  id.  Sgan.  ta.  Dieu  qui  maudit 
ceux  qui  sont  doubles  de  cœur,  pasc.  Prov.  <  3.  Ceux 
qui  sont  dissimulés  et  doubles  de  cœur  attirent  sur 
eux  la  colère  de  Dieu,  sAci,  Bible,  Job,  xxxvi,  <3. 
Endurcis-toi  le  cœur;  sois  arabe,  corsaire,  Injuste, 
violent,  sans  foi,  double,  faussaire,  boil.  Sat.  viii. 
Être  double,  dissimulé,  perfide,  mass.  Car.  Prosp. 
On  petit  cacher  aux  hommes  les  basses  dissimula- 
tions d'un  cœur  double,  in.  ib.  Mélange.  \\  Double 
mesure,  double  poids,  mesure,  poids  que  le  mar- 
chand a  en  double ,  et  dont  l'un  est  faux  et  sert  pour 
les  chalands.  Le  double  poids  et  la  double  mesure 
sont  deux  choses  abominables  devant  Dieu,  SACi, 
Bible,  Prov.  de  Salom.  xx,  to.  ||  10°  S.  m.  Quantité 
une  fois  plus  grande.  Être  condamné  au  double.  Ga- 
gner le  double.  Louis  de  Bade  se  trouva  le  double  plus 
fort  que  le  maréchal  de  Choiseul,  st-sim.  40,  209. 
Genève  fut  plus  peuplée  du  double,  plus  industrieuse, 
plus  commerçante,  volt.  Mœurs,  ''iS.  Il  est  forcé 
de  faire  le  double  du  chemin,  t.  4.  rouss.  Èm.  1. 
Il  Jouer  à  quitte  ou  à  double,  à  quitte  ou  double, 
jouer  quitte  ou  double,  jouer  une  dernière  partie 
qui  acquittera  celui  qui  a  déjà  perdu  ou  qui  doublera 
le  gain  de  celui  qui  a  déjà  gagné.  On  dit  aussi  el- 
liptiquement :  quitte  ou  double.  ||  Fig.  La  reine  pres- 
que au  désespoir,  résolut  de  jouer  à  quitte  ou  à  dou- 
ble, BETZ,  m,  362.  Ce  remède  se  peut  mettre  en 
comparaison  avec  la  poudre  du  bonhomme;  il   est 
même  un  peu  violent;  mais  aussi  on  joue  à  quitte 
ou  à  double,  sÉv.  338.  ||  Doubles  de  voirines,  pierre 
fine  collée  sur  verre  ou  sur  cristal  de  couleur,  et 
ainsi   doublée  d'épaisseur,   doublée  aussi  d'éclat, 
mais  d'une  manière  factice  et  quelquefois  fraudu- 
leuse, DE  LABORDE,  imaxix ,  p.  254.  ||  11°  Cliose  Sem- 
blable ou  symétriquement  pareille.  Le  double  d'un 
corps  de  logis.  ||  Copie.  Le  double  d'un  tableau.  ||  Du- 
plicata. Le  double  d'un  compte.  Le  double  d'un  acte , 
d'un  traité.  Elle  aura  un  inventaire;  elle  en  mettra 
un  double  entre  les  mains  de  la  supérieure,  Boss. 
Mgl.  Elle  savait  que  j'avais  fait  mettre  un  chiffre 
dans  les  langes  de  l'aîné,  elle  me  demanda  le  dou- 
ble de  ce  chiffre;  je  le  lui  donnai,  J.  J.  ROUSS.  Con- 
fess.  n,  M  Objet  pareil.  Avoir  des  doubles  dans  sabi- 


DOU 

bliothèque,  avoir  plusieurs  exempl.iires  d'un  mémo 
auteur.  Avoir  des  doubles  dans  une  collection,  avoir 
plusieurs  échantillons  de  la  même  espèce.  11  finit 
par  découvrir  en  Auvergne,  chez  un  pharmacien 
do  petite  ville,  l'herbier  du  botaniste  Charles,  qui 
avoit  accompagné  Tournefort  dans  son  voyage  au 
I.ev.int;  il  en  obtint  les  doubles,  qu'il  classa  et  qui 
font  encore  partie  des  plantes  qu'il  légua  au  Jardin 
du  roi,  CAP,  Philibert  Commerson.  \\  Dans  certaines 
superstitions  populaires,  fantôme  qui  présente  l'i- 
mage d'une  personne  menacée  de  mort.  ||  Au  jeu  de 
domi.nos,  un  double  se  dit  presque  exclusivement 
pour  dé  double.  Poser  un  double.  J'avais  trois  dou- 
bles dans  mon  jeu.  ||  12°  Mettre,  plier  une  cho-se  en 
double,  en  plusieurs  doubles.  Or,  comme  il  plut  au 
ciel,  en  trois  doubles  plié,  Régnier,  Sat.  xi.  ||  Terme 
de  marine.  La  partie  d'un  cordage,  d'une  voile  qui 
revient  sur  elle-même.  ||  13°  Terme  de  musique. 
Double  d'un  air,  le  même  air  qu'on  figure  .sur  le 
simple  par  l'addition  de  plusieurs  notes  qui  varient 
et  ornent  le  chant.  On  dit  aujourdhui  variation. 
Il  14°  Terme  de  théâtre.  Acteur,  actrice  qui  remplace 
le  chef  d'emploi  dans  les  rôles  que  celui-ci  joue  en 
premier.  La  pièce  a  été  jouée  par  les  doubles.  On 
dit  dans  le  même  sens  donner  un  rôle  en  double. 
Il  Doublure  en  est  le  synonyme  aujourd'hui  plus 
usité.  Il  15°  Petite  pièce  ronde  de  cuivre  qui  por- 
tait d'un  côté  la  figure  du  roi  et  de  l'autre  trois 
fleurs  do  lis,  et  qui  faisait  la  sixième  partie  du  sou, 
ou  deux  deniers.  Que  tout  se  pervertisse,  il  ne  m'en 
chaut  d'un  double,  Régnier,  Sat.  vi.  Non;  il  vous 
rendra  tout  ju.sques  au  dernier  double,  mol.  École 
des  fem.  v,  4.  J'ai  le  secret  de  les  renvoyer  satisfaits 
[les  créanciers],  sans  leur  donner  un  double,  id.  le 
Fest.  IV,  2.  Je  vous  jure  que  vous  ne  les  auriez  pas 
Pes  fagots],  s'il  s'en  fallait  d'un  double,  id.  Méd. 
m.  lui,  I,  8.  Il  n'y  a  point  de  monsieur  maître  Jac- 
ques pour  un  double,  id.  l'Av.  m,  6.  ||  16°  Jouer  le 
double,  c'est-à-dire  feindre,  biaiser,  parler,  ouagir 
autrement  qu'on  ne  pense.  ||  17°  S.  f.  La  double,  le 
premier  des  quatre  ventricules  dans  les  ruminants, 
dit  la  panse.  ||  18°  Nom  de  différentes  plantes  et  ani- 
maux où  le  mot  double  entre  en  composition.  ||  Dou- 
ble-aiguillon, espèce  du  genre  bahste.  On  dit  aussi 
double-épine,  s.  f.  ||  Au  plur.  Des  doubles-aiguil- 
lons. Il  Double-bosse,  s.  f.  Nom  vulgaire  et  spéci- 
fique de  Vanlennaire  double-bosse,  poisson  acan- 
thoptérygien.  ||  Double-cloche,  s.  f.  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  datura,  le  datura  fastueux,  dit  aussi 
pomme  épineuse  d'Egypte,  legoarant.  ||  Double- 
cloche  est  aussi  un  des  noms  vulgaires  de  la  prime- 
vère des  jardins.  ||  Double-dent,  s.  f.  Synonyme  de 
didymode,  genre  de  mousses  dont  le  nom  serait 
mieux  écrit  didymodon,  legoarant.  ||  Double-dent, 
s.  m.  Nom  d'une  famille  do  mammifères.  Voy.  dupli- 
cidenté.  Il  Double-scie,  s.  f.  Nom  vulgaire  de  la  bi- 
serrule  pélecin,  légumineuse,  dite  aussi  bateline, 
LEGOARANT.  ||  Double-tacho ,  s.  m.  Espèce  de  poisson 
delà  Méditerranée,  le  labre  bimaculé  (acanthopté- 
rygiens).  ||  Double-vessie,  s.  f.  Nom  vulgaire  donné 
au  diphyscion  feuille,  espèce  unique  dans  le  genre 
diphyscion  (mousses).  ||  19°  Double,  adv.  Voir  dou- 
ble, voir  comme  si  les  objets  étaient  doubles.  Payer 
double,  payer  deux  fois  le  prix  ordinaire.  |{  20°  Au 
double,  en  double,  loc.  adv.  Une  fois  de  plus.  Et 
quand,  avec  toute  sorte  de  génércsité,  je  vous  aurais 
payé  au  double  tout  ce  que  je  vous  dois,  voit.  Letl. 
43.  C'e.st  bien  raison  qu'au  double  on  le  leur  rende, 
LA  FONT.  Rém.  Ils  me  rendent  cette  complaisance  au 
double,  sEv.  671.  Des  remèdes  qui  ne  nous  rétablis- 
sent qu'avec  plus  de  peine  et  qui  nous  coûtent  au 
double  pour  remplacer  les  pertes  que  nous  avons  eu 
le  rialheur  de  faire,  mass.  Car.  Dégoûts.  ||  Mettre  les 
morceaux  en  double,  manger  à  la  hâte.  ||  Terme  de 
marine.  En  double,  promptement.  ||  21°  A  double, 
en  deux  personnes.  Insensiblement,  je  me  sentis 
isolé  et  seul  dans  cette  même  maison  dont  aupara- 
vant j'étais  l'âme,  et  où  je  vivais  pour  ainsi  dire  à 
double,  I.  J.  ROUSS.  Confess.  vi.  |{  Proverbe.  Double 
jeûne,  double  morceau,  c'est-à-dire  qu'un  homme 
sans  principes  se  livre  d'autant  plus  à  sa  passion 
que  la  chose  est  plus  défendue. 

—  msT.  XI'  s.  Forfait  [condamné]  fust  [il]  u  [au] 
duble  de  ce  que  altre  fust  forfait.  Lois  de  Guill.  2. 
De  son  haubert  [il]  li  derompit  les  dubles,  Ch.  de 
Roi.  xcviii.  [Ils]  Tranchent  les  cuirs  et  les  fuz  [des 
escus]  qui  sont  dubles,  ib.  CCLXI.  ||  xil's.  Tôt  li  plu- 
sor  [hauberts]  en  sont  doble  treslis  [à  double  treil- 
lis], Ronc.'p.  43.  El  lors  voit  Diex  la  doble  péni- 
tence, quesnes.  Romancero,  p.  96.  Clerc  ne  doivent, 
fait-il,  à  voz  leiz  obéir.  Ne  pur  un  sul  [seul]  mes- 
fait  duble  peine  suffrir,  Estre  desordené  e  puis  des 
cors  périr.  Th.  le  mari.  27.  E  quatre  duble  la  ber- 


DOU 

beiete  [la  petite  brebis]  rendrad ,  Roii,  *  6».  jl  xiil*  s. 
Car  sa  joie  lui  ert  [sera]  à  cent  doubles  doublée, 
Berte,  Lxxxn.  Et  par  vérité  [ils]  se  vantoient  Qu'il 
au  double  i  gaaigneroient,FI.  et  BJ.  4  3)3.  Auju  [jeu] 
à  double  [vous]  porterés  [vous  doublerez  le  jeu]; 
Se  gaaigniés,  tôt  li  rendes,  ib.  2)45.  L'eve  n'estoit 
nule  fois  trouble,  Ainçois  estoitidus  clere  à  double, 
N'est  esmeraude  ne  rubis,  h'abl.mss.n'ms,  ^  357, 
dans  LACURNE.  Cil  doivent  conter  en  lor  rechoites 
[recettes]  tout  le  pris  des  cozes  qu'il  vendirent  et 
par  escris  doubles,  dont  li  sires  en  ait  l'un,  beadm. 
xxix,  )4.  Si  moultiplia  tant  et  amenda  que  les  ven- 
tes, les  saisinnes,  les  achas  et  les  autres  choses  va- 
loient  à  double  que  quant  li  roys  y  prenoit  devant, 
joiNV.  297.  Ilxiv  s.  Et  est  ceste  condicion  double, 
ORESME,  Eth.  4) .  Il  XV*  Et  estoit  toujours  bien  monté 
de  bons  coursiers,  de  doubles  roncins  et  de  gros  pa- 
lefrois, FBOiss.  I,  I,  324.  Ces  longs  glaives  aux  fers 
tranchans  affilés  de  Bordeaux,  dont  ils  se  veoient 
empalés,  que  les  mailles  de  leurs  cottes  ne  leurdu- 
roient  néant  plus  que  toile  doublée  en  trois  doubles, 
ID.  II,  II,  )84.  Mon  frère,  je  vous  envoyé  le  double 
des  repparacions  de  l'église  monseigneur  Saint  Eu- 
troppe  de  Xainles  que  le  prieur  m'a  envoyées.  Let- 
tre de  Louis  XI,  dans  Bibl.  des  Chartes,  *•  série, 
t.  I,  p.  )7.  Ilxvi's.  Vous  meschans,  lavez  vos  mains; 
vous  doubles,  purgez  vos  cœurs,  calvin,  Instil. 
473.  Qu'ils  n'estoient  pas  suffisans  pour  l'entretenir 
la  moitié  de  l'année;  et  que,  s'il  ne  plaisoit  au  rot 
lui  en  bailler  la  moitié  au  double,  il  seroit  contraint 
de  se  retirer,  marg.  JVouv.  xvii.  Il  y  a  doubles  loix, 
celles  de  l'honneur  et  celles  de  la  justice,  mont,  i, 
))9.  Il  est  marry  qu'il  ne  .soit  double,  triple  ou  qua- 
druple, et  qu'il  n'ayt  plusieurs  âmes,  pour  les  con- 
ferrer  toutes  à  ce  .subject,  id.  i,  2)6.  Si  nous  ser- 
rons l'œil  par  dessoubs,  les  choses  nous  semblent 
doubles,  ID.  370.  Il  estoit  si  petit  qu'on  l'eust  bien 
mis  dans  une  bourse  d'un  double,  despér.  Contes, 
XLiii.  Je  croy  bien  qu'il  s'en  trouve  de  tels;  mais  je 
les  blasme  au  double,  de  ce  que  leurs  inclinations, 
sans  estre  aidées,  courent  si  viste  au  mal,  langue, 
)43.  C'estoit  un  homme  double,  qui  avoit  intelli- 
gence avec  l'une  et  l'autre  partie,  amvot,  Alc.&o. 
Estant  vestue  d'une  robbe  de  pourpre  double  [teinte 
deux  foi.s],  ID.  Marius,  29.  Courir  en  lice  à  qui  gai- 
gneroit  le  prix  de  la  course  double,  id.  Démétr.  23. 
Faire  une  bonne  et  forte  ligature  avec  menue  ficelle 
ou  filet  en  plusieurs  doubles,  paré,  v,  )7.  C'est  une 
race  à  part  qu'on  appelle  double,  que  celle  qui  se 
remplit  de  deux  chevreaux  en  une  ventrée,  o.  de 
SERRES,  330.  Les  soucis,  ainsi  deschargés,  produi- 
sent gaiement  leurs  belles  fleurs  grosses  et  doubles, 
ID.  674.  Double  vai.sseau  [bain-marie],  cotgrave. 

—  Etym.  Provenç.  et  espagn.  doble;  portug.  do- 
bro;  ital.  doppio;  du  latin  duplex  ou  duplus,  de  du 
pour  d«o,  deux,  et  ptex,  représentant  pitcare,  plier. 

DOUBLÉ,  ÉE(dou-blé,blée),  pari. pois^.  ||  l'Aug- 
menté une  fois  en  sus.  Une  somme  doublée.  Votre 
garde  est  doublée  et  par  un  ordre  exprès  Je  vois  ici 
deux  rois  observés  de  fort  près,  cobn.  Attila,  m,  2. 
Il  Terme  de  mathématique.  Raison  doublée,  rapport 
de  carrés.  Seize  à  quatre  est  en  raison  doublée  de 
quatre  à  deux.  ||  Terme  de  musique.  Répété  exacte- 
ment à  l'unisson  ou  à  l'octave  sans  changement 
dans  l'harmonie.  La  partie  de  second  violon  dou- 
blée par  l'alto.  Les  violoncelles  doublés  par  les  bas- 
sons et  les  trombones.  1|  Terme  de  médecine.  Fièvre 
doublée,  fièvre  intermittente  qui  le  môme  jour  a  deux 
accès  se  correspondant  respectivement.  La  fièvre 
double-tierce  diffère  de  la  tierce  doublée  en  ce  que, 
dans  celle-ci,  il  y  a  deux  accès  tous  les  deux  jours 
et  un  jour  d'intermittence,  et  dans  celle-là  un  accès 
tous  les  jours.  ||  2°  Garni  d'une  doublure.  Il  y  a  ha- 
bit, veste  et  culotte,  d'un  bel  et  bon  drap  bien  fin, 
tout  uni,  doublé  de  soie  rouge;  rien  n'y  manque, 
MARIVAUX,  Paysan  parv.  3°  part.  t.  ui,  p.  <2»,  dans 
pougens.  Il  Fig.  C'est  un  hypocrite  doublé  d'un  dé- 
bauché, c'est-à-dire  il  est  à  la  fois  hypocrite  et  dé- 
bauché. Il  8°  Terme  de  théâtre.  Remplacé  par  un 
double.  Il  Fig.  Il  est  impossible  que  le  secrétaire 
d'État  ne  le  soit  [ministre  d'Étal] ,  à  moins  d'être 
doublé  par  un  père  ou  un  beau-père,  st-sim.  «6,  90. 
Un  confesseur,  qui  n'était  doublé  de  personne,  ne 
devait  point  alors  quitter  les  environs  du  lit  [du  roi], 
ID.  4)6,  249.  Il  4°  Bille  doublée,  bille  faite  au  dou- 
blé. Il  6*  S.  m.  Terme  de  billard.  Le  djublé,  manière 
de  faire  une  bille  en  la  faisant  frapper  contre  une 
bande.  Jouer  au  doublé.  ||  6°  Doublé,  objet  recou- 
vert d'une  mince  plaque  d'argent  ou  d'or.  On  dit 
plus  souvent  plaqué. 

DOUBLEAU  (dou-blô),  i.  m.  Terme  de  charpente. 
Forte  solive  d'un  plancher  qui  porte  les  chevêtres. 
Il  Solive  qui  sert  à  former  le  plancher  d'un  moulio 


DOU 

à  vent.  \\Adj.  Arcs-doubleaux,  premiers  arcs  qui  for- 
ment lesvoûtes,  d'un  pilier  à  l'autre. 

—  HIST.  XIV*  s.  Deux  doubloaux  [paires  de  vases] 
d'trgent  blanc,  à  mectre  vin,  de  lacorde,  Émaux, 

p.  264. 

—  lîTYM.  Double. 

t  DOUBLE-AUBIER  (dou-blô-biù) ,  s.  m.  Aubier 
recouvert  de  bois  parfait,  et  qui  est  le  produit  d'une 
lésion  occasionnée  par  le  froid  dans  un  arbre.  {|  Au 
plur.  Des  doubles-aubiers. 

t  DOUBLE-BEC  (dou-ble-biik) ,  s.  m.  Sorte  de  cuil- 
ler à  l'usage  des  ciriers.  1|  Au  plur.  Des  doubles- 
becs. 

t  DOUBLE-BÉCASSINE  (dou-ble-bé-ka-si-n'),  ï.  f. 
Grande  bécassine.  |{  Au  plur.  Des  doubles-bécas- 
sines. 

t  DOUBLE-BOUCHE  (dou-ble-bou-ch') ,  s.  m.  Es- 
pèce de  coquille.  |l  Au  plur.  Des  doubles-bouches. 

t  DOCBLE-BULBE  (dou-ble-bul-b'),  s.  f.  Espèce 
d'iris.  Il  Au  plur.  Des  doubles-bulbes. 

I  DOUBLE-CANON  (dou-ble-ka-non) ,  s.  m.  Ca- 
ractère d'imprimerie,  entre  le  gros  canon  et  le  tri- 
ple-canon. Il  Au  plur.  Des  doubles-canons. 

t  DOUBLE-CHAÎNE  (dou-ble-chê-n'),  s.  m.  For- 
çat qui  porte  une  chaîne  double.  ||  Au  plur.  Des 
doubles-chaînes. 

t  DOUBLE-CHALOUPE  (dou-ble-cha-lou-p'),  s.  f. 
Chaloupe  de  dimension  plus  grande  que  celles 
qu'on  embarque  sur  les  bâtiments.  Les  doubles- 
chaloupes  servent  dans  les  ports. 

t  DOUBLE-FEUILLE  (dou-ble-feu-U',  Il  mouil- 
lées), s.  f.  Plante  orchidée  commune  en  France. 
Il  Au  plur.  Des  doubles-feuilles. 

t  DOUBLE-FRONT  (dou-ble-fron),ady.m.  Surnom 
donné  à  Janus.  Du  temple  du  dieu  double-front  Les 
portes  se  condamneront,  Parnasse  des  Muses,  dans 
le  Dict.  de  besche  belle. 

t  DOUBLE- MACREUSE  (dou-He-ma-kreû-z') ,  s. 
f.  Espèce  de  canard  {l'anas  brun). 

t  DOUBLE-MAIN  (dou-ble-min),  s.  f.  Terme  de 
musique.  Mécanisme  qui,  dans  les  nouvelles  orgues 
à  clavier,  sert  à  renforcer  les  effets.  ||  Au  plur.  Des 
doubles-mains. 

t .  DOUBLEMENT  (dou-ble-man) ,  adv.  De  deux 
manières-,  à  un  degré  double.  Je  vous  suis  double- 
ment obligé.  Quand  on  connaît  la  faute,  on  man- 
que doublement,  corn.  Médée,  ii,  6.  Les  accusateurs 
d'Ésope  furent  punis  doublement,  pour  leur  gour- 
i  raandise  et  leur  méchanceté,  la  font.  Vie  d'Esope. 
Malheureux  et  doublement  malheureux  Idoménée  ! 
FÉN.  Tél.  X.  Et  donner  à  propos  c'est  donner  dou- 
blement, c.  delav.  Une  famille  au  temps  de  Lu- 
ther, se.  4. 

—  HIST.  XIV"  S.  Si  comme  ceulx  qui  font  mal  et 
sont  ivres,  il  doivent  doublement  estre  blâmez  et 
punis,  ORESME,  Eth.  72.  Ilxvi's.  Et  les  larrons  sont 
doublement  punis  qu'ailleurs,  mont,  i,  tu. 

—  ÉTYM.  Double,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  do- 
hlamen;  catal.  dobladament ;  espagn.  dobladamenle; 

'  porlug.  dobradamenle  ;  ital.  doppiamente.  Le  cata- 
lan, l'espagnol  et  le  portugais  représentent  doubto- 
ment. 

2.  DOUBLEMENT  (dou-ble-man),  s.  m.  ||  1»  Ac- 
tion de  doubler.  Doublement  des  consonnes.  ||  2°  Terme 
de  guerra;,  Mouvement  par  lequel,  un  rang  de  sol- 
dats esv  iiiis  su.  deux.  ||  3°  Histoire  des  anciennes  as- 
I      semblées  politiques.   Doublement  du  tiers,  disposi- 
i     tion  par  laquelle  le  tiers  état  avait  un  nombre  de 
[     députés  égal  à  celui  des  députés  des  deux  autres 
[     ordres  réunis.  ||  i°  Terme  de  musique.  Doublement 
des  notes  d'un  accord,  emploi  simultané,  en  har- 
monie, du  même  son   par  deux  ou  plusieurs  par- 
lies  différentes.  ||  B"  Terme  de  manège.  Tout  chan- 

I  gement  de  direction.  ||  6°  Terme  de  marine.  Renfort 
que  l'on  procure  aux  deux  pièces  ou  parties  d'un 

i  écart.  Peu  usité.  ||  7°  Terme  d'eaux  et  forêts.  Suren- 

I'  chère  qui  augmente  le  prix  seulement  de  moitié. 

'i  H  8»  Autrefois,  dernière  enchère  qui  se  faisait  dans 

II  la  huitaine,  après  l'adjudication  des  fermes  et  do- 
'\  maines  du  roi.  Cette  enchère  était  le  double  du  tier- 

cement,  et  devait  contenir  neuf  fois  l'enchère  cou- 
'     rante. 

—  HTST.  XV"  s.  Mieulx  le  faisoiont  les  mariez, 
mesmes  les  dômes  en  gaboient  ies  pucelles,  et  di- 
soiont  que  los  amans  par  amours  n'aymoien,  plus 
«iloyaument  qu'ilz  souloient  faire,  et  que  tous  es- 
toient  anéantis  par  leurs  doublemenz  [duplicité], 
Perceforest,  t.  vi,  f°  74.  ||  xvt'  s.  J'ai  entreprins  une 
chose  impossible  et  qui  peut,  au  lieu  d'augmenter 
mon  contentement,  estre  doublement  de  mon  mal- 
heur, MARG.  Nouv.  IV.  Se  mettent  les  dits  tierce- 
ment  et  doublement  sur  la  première  mise,  c'est  à 
dire  que,  si  la  première  mise  est  de  dix  livres,  le 


DOU 

tiercement  sera  de  cent  sols,  et  le  doublement  de 
dix  livres.  Coût,  génér.  t.  i,  p.  888. 

—  ÉTVM.  Doubler. 

DOUBLER  (dou-blé),r.  o.  ||l«Ajouterune  chose 
à  une  autre  de  même  valeur,  augmenter  d'une  fois 
autant,  multiplier  par  deux.  Doubler  le  nombre,  la 
dépense,  la  peine.  Doubler  ses  capitaux.  {|  Doubler 
un  corps  de  logis,  joindre  un  autre  corps  de  logis  à 
la  face  de  derrière  de  celui  qui  est  déjà  fait.  Ce  fut 
cette  année  qu'on  doubla  la  galerie  de  Diane  [à  Fon- 
tainebleau], ce  qui  donna  de  beaux  appartements, 
ST-siM.  97 ,  27.  ||  Doubler  le  pas,  aller  plus  vite.  J'al- 
lais doublant  le  pas  comme  un  qui  fend  le  vent,  Ré- 
gnier, Sat.  X.  Elle  doubla  le  pas  pour  s'en  appro- 
cher, hamilt.  Cramm.to.  Courons,  doublons  le  pas, 
Pour  le  trouver  [le  bonheur],  là-bas,  là-bas,  bérang. 
Bonh.  Il  Terme  de  guerre.  Doubler  les  rangs,  mettre 
un  rang  sur  deux.  Doubler  l'étape,  faire  étape 
double.  Il  Terme  de  marine.  Doubler  le  sillage,  faire 
plus  de  sillage.  {|  Terme  de  typographie.  Répéter  un 
mot,  une  ligne ,  un  alinéa.  ||  Rejeter  le  mot  final 
d'un  vers  à  l'extrémité  d'une  autre  ligne.  ||  Doubler 
les  reins,  se  dit  d'un  cheval  qui  voûte  le  dos.  ||  Fig. 
Ne  perds-je  pas  assez  sans  doubler  l'infortune,  Et 
perdre  encor  le  bien  d'avoir  l'esprit  égal?  coen.  Agé- 
sil.  Il,  8.  Il  2°  Terme  de  musique.  Doubler  une  par- 
tie, la  faire  répéter  à  l'unisson  ou  à  l'octave  par  un 
ou  plusieurs  autres  in.struments,  sans  changer  l'har- 
monie, et  uniquement  pour  renforcer  le  son.  On  a 
remarqué  que  le  trio  Veillons  mes  sœurs  de  Zémire 
et  Azor  n'est  réellement  qu'un  duo,  pui.sque  la  troi- 
sième partie  y  double  constamment  une  des  deux 
autres.  ||  3°  Garnir  d'une  doublure.  Doubler  un 
manteau,  une  robe.  ||  Doubler  un  vaisseau,  le  revê- 
tir de  planches,  et  aussi  y  mettre  un  doublage  en 
cuivre.  ||  4°  Mettre  en  double.  Doubler  du  fil,  une 
serviette.  ||  5°  Terme  de  théâtre.  Remplir  un  rôle  en 
l'absence  du  chef  d'emploi.  Doubler  un  rôle.  Lors- 
qu'un acteur  de  province  se  présente  pour  doubler 
les  premiers  rôles,  volt.  Lett.  Richelieu,  27  mai 
1767.  Il  Par  extension,  doubler  un  acteur.  ||  Fig.  et 
absolument,  servir  en  second.  Le  maréchal  de  Vil- 
leroy  doubla  comme  maréchal  sous  M.  de  Luxera- 
bourg,  et  le  maréchal  de  Joyeuse  sous  M.  de  Lorge, 
ST-siM.  22,  253.  ||  6°  Terme  de  collège.  Doubler  une 
classe,  en  suivre  les  cours  une  seconde  année. 
Il  7°  Terme  de  billard.  Doubler  une  bille,  la  faire 
au  doublé.  ||  Terme  de  jeu  de  paume.  La  balle  a  dou- 
blé, elle  a  touché  deu.<  fois  la  terre.  ||  8°  Terme  de 
marine.  Doubler  un  cap,  le  franchir.  Sous  le  règne 
de  Jean  II,  prince  éclairé,  qui  fit  faire  une  applica- 
tion nouvelle  de  l'astronomie  à  la  navigation,  les 
Portugais  doublèrent  le  cap  qui  est  à  l'extrémité  de 
l'Afrique,  baynal,  Ilist.  phil.  i,  3.  Nous  voulions 
tous  deux  à  la  fois  Doubler  le  même  promontoire, 
V.  HUGO,  F.  d'aut.  9.  Cette  locution  vient  de  ce  que, 
pour  franchir  un  cap,  on  le  longe  deux  fois.  ||  Dou- 
bler un  autre  bâtiment,  le  passer  de  vitesse.  {|  Terme 
de  vénerie.  Doubler  ses  voies,  se  dit  d'un  cerf  qui 
par  ruse  revient  sur  ses  pas.  ||  9°  V.  n.  Devenir  dou- 
ble. Leur  nombre  a  plus  que  doublé.  ||  Terme  de  ma- 
nège. On  cheval  qui  double  des  reins  est  celui  qui 
fait  plusieurs  sauts  de  suite.  En  un  autre  sens,  on  dit 
qu'on  double  quand  on  quitte  une  ligne  pour  en 
suivre  une  autre.  ||  Terme  de  marine.  Doubler  sur 
les  avirons,  redoubler  d'ardeur  et  de  force  dans  la 
manœuvre  des  avirons,  ce  qui  se  commande  ainsi  ; 
Doublez!  double!  ||  Terme  de  construction.  Rappor- 
ter et  sceller  des  bandes  de  pierre  derrière  les  tran- 
ches de  marbre.  ||  10°  Se  doubler,  v.  réfl.  Devenir 
double.  En  cette  belle  société,  les  douleurs  se  par- 
tagent et  les  joies  se  doublent,  balz.  liv.  v,  lett.  -17. 
—  HIST.  xn'  s.  Par  totens  [partout  temps]  doblent 
li  félon  les  cols  [coups]  dont  il  bleciet  chaent  [tom- 
bent bles.sés].  Job,  B08.  Et  Tierris  les  ot  [ouït]  bien, 
sa  force  enadoplé,  iîonc.  p.  )9S.  [Cela]  Mefaitdobler 
mes  talens  [mes  désirs]  De  .servir  à  [selon]  mon 
pooir,  Couci,  xii.  ||  xiii°  s.  Car  sa  joie  lui  ert  [sera|  à 
cent  doubles  doublée ,  Berte,  lxxxii.  Angoisseux  fui 
[je  fus],  moult  troublez  Por  le  péril  qui  fu  doublez,  la 
Rose,  1730.  Tant  eUst  la  langue  doblée  En  diverses  | 
plicacions  X  trover  escusacions,  ib.  18324.  Et  se 
pains  est  aportés  à  charrette  ou  à  cheval  ou  à  asne 
dedens  les  bones  [bornes]  de  la  foire,  sa  coustume 
[taxe]  ausi  doublera,  Liv.  des  met.  3U.  ||xiv"  s.  Si 
leUmier  double  sa  menée,  c'est  à  dire  qu'il  s'efforce 
de  crier  et  qu'il  tire  plus  fort  qu'il  ne  faisoit ,  Jfodus , 
ms.  f°  21 ,  dans  lacurne.  Et  supposé  qu'il  puist  en  ce 
point-ci  régner.  Et  que  Dieux  si  ne  veille  la  ven- 
gencemonstrer,  llestlassus  poissans  pour  l'amende 
doubler,  Guescl.  t5i9i.  ||  xv  s.  Par  ces  six  notes 
qui  sont  appellées  titre  mi /'o soi  fei,  l'on  puet  apren- 
dra  à  chanter,  acorder,  doubler,  quintoyer,  tier- 


DOU 


1229 


coier,  tenir,'  deschanter,  e.  desch.  Poésies  mss. 
T°  395.  Il  XVI'  s.  Un  fascheux  corps  vestu  d'un  satin 
gras,  Un  satin  gras  doublé  d'un  fascheux  corps,  ma- 
rot,  m,  84.  Haye,  haye,  dist  le  pilot,  double  le 
cap,  et  les  basses.  Doublé  est,  respondoyent  les 
matelotz,  rab.  Pant.  iv,  22.  Ils  aiment  mieux  que 
l'injure  leur  soit  doublée,  que  de  penser  comment 
ils  rendront  la  pareille,  calv.  Instit.  (207.  'Voilà 
quand  et  quand  à  'Villeneufve  la  garnison  renforcée, 
les  gardes  doublées,  d'aub.  Hist.  n,  61.  Terrefort 
en  doublant  le  pas  va  se  jetter  en  la  tranchée,  m.  ib. 
ir,  1B0,  Estant  pres.sé  de  partir  si  promptement,  il 
n'avoit  eu  loisir  de  faire  doubler  [copier]  lesdites 
informations,  m.  du  bell.  485.  C'est  ung  passe  temps 
que  de  veoir  ung  lièvre  doubler  et  redoubler,  palsgr. 

p.  682. 

—  ÉTITM.  Bourguig.  dâblai;  provenç.  et  espagn. 
doblar;  portug.  dobrar;  Ital.  doppiare;  du  latin 
duplicare,  de  duplex  (voy.  double). 

t  DOUBLERIE  (dou-ble-rie  ),  s.  f.  Action  d'un 
homme  double,  trompeur,  perfide. 

—  HiST.xiii's.  Traïson  ne  doublerie,  Poésies  mss. 
du  Vatican,  dans  lacurne. 

—  ÉTYia.  Double. 

DOUBLET  (dou-blS  ;  le  <  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie;  des  dou-blè-z 
élégants;  doublets  rime  avec  traits,  succès,  paix), 
s.  m.  Il  1°  Faux  brillant  formé  de  deux  morceaux  de 
cristal  qui,  joints  ensemble,  ont  entre  eux  une 
feuille  colorée.  ||  2°  Sorte  de  loupe,  instrument  d'op- 
tique. Le  doublet,  comme  la  loupe,  est  un  mtcro- 
.scope  simple,  c'est-à-dire  ne  renversant  pas  les  ob- 
jets. Il  3°  Terme  de  trictrac.  Coup  de  dés  amenant  le 
même  point.  Doublet  d'as,  de  deux.  Terne  encore; 
les  doublets  me  poursuivent,  dider.  Père  de  fam.  i, 
2.  Il  Fig.  Mlle  de  Fontangesplut  assez  au  roi  pour 
devenir  maîtresse  en  titre  [en  même  temps  quo 
Mme  de  Montespan]  ;  quelque  étrange  que  fût  ce 
doublet,  il  n'était  pas  nouveau,  st-sim.  4H ,  158. 
Il  Terme  de  jeu,  au  pharaon,  signifiant  deux  mêmes 
cartes  qui  viennent  ensemble.  ||  Terme  de  jeu  de 
billard.  'Voy.  doublé.  ||  4°  Nom  donné  à  des  mots 
qui,  étant  les  mêmes  au  fond,  ne  diffèrent  que  par 
quelque  particularité  d'orthographe  et  de  pronon- 
ciation, mais  auxquels  l'usage  a  attribué  des  acceo- 
tions  spéciales,  par  exemple  attaquer  et  attacher, 
créance  et  croyance,  etc.  ||  5°  Instrument  dont  les 
Jjlondiers  .se  servent  pour  assembler  un  ou  plusieurs 
fils  de  soie  en  un  seul;  on  dit  aussi  doubloir.  ||  Outil 
pour  mesurer  et  courber  les  fils  de  fer  qui  forment 
les  dents  des  cardes;  on  dit  aussi  doubleur. 

—  HIST.  XIII"  s.  Ung  doublet  [sorte  d'étoffe]  ot 
chascun  vestu  D'un  vert  samit  pourpoint  menu, 
Roman  d'Athis,  dans  du  cange,  dup/odes.  ||  xvi" s. 
Considère  un  doublet,  tu  trouveras  aucuns  lapidaires 
qui  font  de  fort  belle  couleur  de  ruby  et  de  grenad, 
de  quelque  sang  de  dragon  ou  autre  matière,  et, 
ayant  taillé  deux  pièces  de  cristal,  ils  en  teindront 
une  de  cette  couleur  rouge,  et  puis  mastiqueront 
l'autre  dessus  icelle,  palissy,  289. 

—  ÉTYM.  Double. 

t  DOUBLETÉ  (dou-bleté),  adj.  m.  Terme  de  com- 
merce. Tatt'etas  doubleté,  tafl'etas  façonné  dont  la 
fleur  offre  deux  couleurs. 

—  ÉTYM.  Double. 

DOUBLET  TE  (dou-blè-f) ,  s.  f.  Terme  de  musi- 
que. Celui  des  jeux  de  l'orgue  qui  sonne  l'octave  au- 
dessus  du  prestant. 

—  ÉTYM.  Double. 

DOUBLEUR,  EUSE  (dou-bleur,  bleû-z') ,  î.  m.  et 
f.  Il  1°  Terme  de  fabrique.  Celui ,  celle  qui  double  la 
laine,  la  soie  sur  le  rouet.  Défense  à  tous  ouvriers, 
ouvrières,  dévideuses,  doubleurs  et  autres  d'em- 
ployer de  l'huile  dans  le  travail  desdits  ouvrages  de 
.soies.  Arrêt  du  conseil,  30  mars  1700.  ||  2"  S.  m. 
Ouvrier  qui  fixe  une  plaque  mince  d'un  métal  pré- 
cieux sur  la  surface  d'un  métal  plus  commun. 
Il  3°  Terme  de  physique.  Instrument  pour  apprécier 
l'état  électrique  de  l'air.  ||  4°  Terme  de  métier.  'Voy. 
doublet. 

—  ÉTYM.  Doubler.  Il  y  avait  dans  l'ancien  fran- 
çais doblere  au  nominatif,  dobleor  au  régime,  celui 
qui  double.  Ha!  fet  li  vilains,  bêle  suer,  Voirement 
est  Diex  hom  doublere,  Fabl.  mss.  a°  72)8,  f  828, 
dans  LACURNE. 

t  DOUBLEUSE  (dou-bleû-z') ,  ».  f.  Machine  qui 
engage  une  seconde  fois  la  canne  à  sucre  entre  les 
cylindres  du  moulin. 

—  ÉTYM.  Doubler. 

t  DOCBLIER  (dou-bli-é),  s.  m.  Râtelier  douDio 
au  milieu  d'une  bergerie. 

—  ÉTYM.  Double. 

t  DOUBLIÈRK  (dou-bli-ê-r'),  s.  f.  Terme  rural  de 


J2TÎ0 


DOU 


certaines  localités.  Bête  qui  porte  deux  petits.  ||  Bre- 
bis de  deux  ans. 

—  ÉTYM.  Double.  ,       „ 

t  DOUBLIS  (dou-bli)  ,s.m.  Rang  de  tuiles  qui  s'ao- 
croclient  au  cours  des  lattes,  immédiatement  au- 
dessus  de  la  chanlatte,  et  faisant  partie  d'un  égout. 
Il  Doublis  ouredoublis,  partie  basse  d'un  treillage. 

—  ÉTYM.  Double. 

+  DOnBLOlR  (dou-bloir),  s.  m.  Machine  soutenant 
les  bobines  sur  lesquelles  on  a  dévidé  le  (il  ou  la 
soie  qu'on  veut  doubler.  On  dit  aussi  doublet. 

—  ETYM.  Doubler. 

DOUBLON  (dou-blon) ,  s.  m.  ||  1"  Monnaie  d'or  es- 
pagnole valant  20  fr.  3k  c,  ou  40  fr.  va  c.  ,ou  81  fr. 
52  c.  Un  jour  donc  l'animal,  qui  ne  songeait  qu'à 
ntiire,  Détachait  du  monceau  tantôt  quelque  dou- 
blon. Un  jacobus,  un  ducaton,  Et  puis  quelque 
noble  à  la  rose,  la  font.  Fabl.  xii,  3.  ||  2°  Terme 
d'imprimerie.  Faute  des  ouvriers  lorsqu'ils  compo- 
sent deux  fois  le  même  mot,  la  même  phrase. 
Il  3°  Nom,  dans  quelques  cantons,  des  poulains  ou 
des  veaux  de  deux  ans.  ||  4°  Feuille  de  tôle  ployée  en 
deux.  Il  5°  S.  m.  plur.  Languettes  de  métal  doublées 
avant  de  passer  sous  le  laminoir. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  François  simples  paravant. 
Sont  par  doublons  devenus  doubles:  Et  les  dou- 
blons tournez  en  vent,  Ou  bien  en  cuivre  et  rouges 
doubles,  Sat.  Mén.  p.  173.  Une  jument  laictant  avec 
son  poulain;  un  doublon  doublonné  de  jument, 
Coutum.  génér.  t.  11,  p.  482. 

^  ÉTYM.  Espagn.  dobion.de  dobîe.double;  parce 
que  le  doublon  n'est  pas  une  monnaie  déterminée 
par  elle-même,  mais  plutôt  le  double  d'une  autre. 
L'unité  étant  l'écu  de  2  piastres  ou  to  fr.  i»  c,  il 
y  a  le  douMon  de  2  écus,  le  doublon  de  *  éous  et 
celui  de  8  écus. 

\  DOCBLONNE  (dou-blo-n') ,  s.  f.  Nom,  dans 
l'ouest,  de  la  mule  de  deux  ans. 

—  ÉTYM.  Doublon. 

f  rOUBLOT  (dou-Ho) ,  s.  m.  Fil  de  laine  double 
servant  à  faire  les  lisières  des  droguets. 

—  ÉTYM.  Double. 

DOUBLURE  (dou-blu-r'),  S.  f.  ||  1°  ËlolTe  dont  un 
habit,  un  manteau  est  doublé.  ||  Terme  de  carros- 
sier. Panneaux  de  bois  blanc  placés  dans  l'intérieur 
des  voitures  pour  porter  la  matelassure  et  la  garni- 
ture d'étoffe.  Il  Terme  de  tabletterie.  Or  ou  argent 
dont  sont  revêtues  les  tabatières  d'écaillé,  de  vernis' 
ou  autres,  quand  le  dessus  n'est  pas  de  la  même 
matière.  ||  Terme  de  construction.  Bandes  ou  dalles 
de  pierre  que  l'on  rapporte  sous  les  tranches  de  mar- 
bre. Il  Défaut  occasionné  par  une  soudure  manquée. 
Il  2°  Terme  de  théâtre.  Celui  qui  joue  les  rôles  en 
l'absence  du  chef  d'emploi.  La  pièce  fut  jouée  par 
des  doublures.  ||  Ce  mot  ne  se  prend  guère  qu'en 
mauvaise  part.  On  dirait  bien  d'un  bon  acteur  qu'il 
en  double  un  autre,  mais  non  pas  qu'il  en  est  la 
doublure.  Au  commencement  de  ce  siècle  Armand 
doublait  Fleury  au  Théâtre-Français;  ce  n'était  pas 
une  doublure.  ||  Proverbe.  Fin  contre  fin  ne  vaut 
rien  pour  doublure  ou  n'est  pas  bon  h  faire  dou- 
blure, c'est-à-dire  entreprendre  de  tromper  aussi 
fin  que  soi,  c'est  perdre  sa  peine. 

—  ÉTYM.  Doubler;  provenç.  et  espagn.  dobla- 
dura;  portug.  dobradura;  ital.  doppiatura. 

f  DOCC  (douk),  ».  m.  Espèce  de  guenon  de  la  Co- 
chinchine,  le  lasiopyge  nemée.  On  a  écrit  aussi  dok; 
dok  ou  doue  signifiant,  dans  le  pays,  singe,  LEGOA- 

RANT. 

t  DOUCE  (dou-s'),  s.  f.  Terme  de  métallurgie. 
Mine  douce  de  fer. 

—  ÉTYM.  Doux. 

DOUCE-AMÈRE  (dou-sa-mê-r') ,  s.  ^.  Sous-arbris- 
seau du  genre  morelle  {solanum  dulcamara,  L.), 
dont  les  tiges,  d'une  saveur  un  peu  amère,  laissent 
un  arrière-goût  sucré,  et  qui  est  employé  dans  cer- 
taines affections  de  la  peau.  ||  Au  plur.  Des  douces- 
amères,  qu'on  prononce  comme  au  singulier. 

—  ÉTYM.  Doux,  amer. 

DOUCEATRE  (dou-sa-tr'),  adj.  Qui  est  d'une 
douceur  fade.  Goût  douceâtre.  Une  eau  douceâtre. 
Lorsque  le  vin  sort  de  la  grappe  il  a  une  douceur 
fade,  et,  lorsqu'il  n'est  pas  entièrement  fait,  il  a  une 
âcreté  rude;  mais  quand  il  a  suffisamment  bouilli, 
il  perd  son  goût  douceâtre,  le  p.  couaBEviLLE,  dans 

MSFONTAINES. 

—  REM.  L'e  après  le  c,  dans  douceâtre,  est  la  trace 
de  l'ancien  usage  qui,  lorsqu'on  n'avait  pas  encore 
introduit  le  c  à  cédille,  mettait  un  c  après  le  C  pour 
indiquer  que  le  c  se  prononçait  comme  une  s.    • 

—  HIST.  xvi'  s.  Une  médecine  douceâtre,  des- 
PÉR.  t'onlM,  xci, 

—  ÉTYM.  Doux,  avec  la  finale  péjorative  dire. 


DOU 

DOUCEMBNT  (dou-se-man),  adv.  \\  !•  D'une  ma- 
nière douce,  délicate,  légère.  Frotter  doucement. 
Frapper,  toucher  doucement.  Marcher  doucement. 
La  fortune  passa,  l'éveilla  doucement,  El  lui  dit  : 
mon  mignon,  je  vous  sauve  la  vie,  la  pont.  Fabl. 
V,  H.  Elle  voyait  facilement  sa  .sœur  qu'un  rayon 
de  lumière  éclairait  doucement,  staél,  Corinne, 
xvii,  B.  Il  2°  Lentement.  Pour  délasser  le  soldat  que 
cette  expédition  avait  fatigué,  il  revint  doucement  à 
Babylone,  vauoel.  0-  C.  694.  Mon  avis  c'est  d'y  aller 
tout  doucement  à  pied,  sév.  t03.  Si  l'on  travaille  tous 
les  jours  aussi  doucement  qu'aujourd'hui,  le  procès 
durera  encore  un  temps  infini,  id.  Letl.  2*  nov.  (664, 
Il  3°  X  voix  basse,  sans  bruit.  Parler  doucement; 
Je  me  suis  doucement  esquivé  sans"  rien  dire,  mol. 
Fdch.  I,  t.  Il  4°  Doucement,  tout  doucement,  o'est-à- 
direpeu  àpeu,  graduellement.  Allezdoucementpour 
les  austérités,  boss.  LctI.  Corn.  (24.  Si  elles  [vos 
opinions]  paraissaient  tout  à  coup  dans  leur  dernier 
excès,  elles  causeraient  de  l'horreur;  mais  le  pro- 
grès lent  et  insensible  y  accoutume  doucement  les 
hommes  et  en  Ôte  le  scandale,  pasc.  Prov.  13.  J'ap- 
proche tout  doucement  du  moment  où  les  philosophes 
et  les  imbéciles  ont  la  même  destinée,  volt.  Lett. 
d'Argence,  3  sept.  (770.  ||5°  D'une  manière  calme, 
modérée ,  sans  éclat.  Je  reçois  doucement  toutes  les 
réprimandes  que  vous  me  faites  sur  ce  sujet,  voit. 
Leit.  25.  H  l'a ,  grâces  aux  dieux,  doucement  amené 
[le  prince],  COBN.  ATi'com.  i,  5.  Et  la  haine  à  mon  gré 
les  fait  plus  doucement  [les  divorces]  Que  quand.... 
iD.  JUracl.  III,  (.  Mais  proposer  de  front  ou  vouloir 
doucement  Contre  ce  qu'il  résout  tourner  son  senti- 
ment. C'est  ce  que  nous  n'osons  ni  moi  ni  pas  un 
autre,  m.  Attila,  iv,  (.  L'amour  de  Perpenna  le 
fera  révolter;  SouflTrez  qu'un  peu  de  temps  douce- 
ment le  ménage,  iD.  Sertor.  iv,  2.  Je  veux....  Le 
chasser  avec  gloire,  et  mêler  doucement  Le  prix  de 
.son  mérite  à  mon  ressentiment,  id.  Nicom.  n,  (. 
Je  prends  tout  doucement  les  hommes  comme  ils 
sont,  MOL.  Mis.  I,  1.  On  ne  peut  pas  mieux  dire;  en 
effet  il  est  bon  D'aller  tout  doucement....  in.  Sga- 
nar.  (3.  Vous  voulez  doucement  m'annoncer  mon 
arrêt,  colun  d'harlev.  Optimiste,  m,  (t.  ||  Aller 
doucement  en  besogne  a  aussi  le  sens  d'agir  molle- 
ment. Il  6°  Avec  bonté,  sans  sévérité.  Reprendre 
quelqu'un  doucement.  Aussi  furent-ils  [les  Juifs]  tou- 
jours doucement  traités,  BOss.  Ilist.  ii',  B.  ||  7°  Com- 
modément, agréablement,  avec  douceur.  Passer  le 
temps  doucement  avec  ses  amis.  C'est  mourir  dou- 
cement, mais  enfin  c'est  mourir,  corn.  Théod.  v,  8. 
On  se  perd  doucement  quand  on  pera  ce  qu'on 
hait;  Et  qui  tue  en  mourant  doit  mourir  satisfait, 
BOTR.  Hercule  mour.  11,  2.  ||  Dans  une  certaine  ai- 
sance. On  peut  vivre  doucement  à  la  campagne  sans 
grande  dépense,  ||  8»  Médiocrement  bien.  Comment 
va  le  malade?—  Tout  doucement,  bien  doucement. 
Il  9°  Doucement  s'emploie  elliptiquement  pour  aver- 
tir quelqu'un  de  trop  prompt,  de  trop  vif.  Douce- 
ment, monsieur,  vous  ne  songez  pas  que  vous  êtes 
malade,  MOL.  Jfoî.  tmoff.  I,  5.  Doucement!  diras-tu, 
que  sert  de  s'emporter?  boil.  Sat.  viii. 

. —  HIST.  XI*  s.  Et  vers  François  humbles  est  dulce- 
ment,  Ch.  de  Sol.  lxxxix.  ||  xii°  s.  Si  doucement  ne 
fu  trahis  nus  [nul]  hom,  Couci,  vi.  Là  couronna  sa 
famé  Guiteclins  11  poissanz;  Doucement  la  baisa  et 
estraint  par  les  fians,  Sax.  v.  ||  xiii*  s.  Si  vos  pri 
[je  vous  prie]  moût  doucement  que  vos  m'i  laissiés 
aler,  villeh.  cxvi.  Au  palefroy  la  montent  sa  gent 
moût  doucement,  Berte,  ix.  Quant  11  rois  Pépins 
l'ot  [ouït]  si  doucement  parler,  ib.  cxii.  ||  xv  s.  Ce 
ban  fait,  on  en  fit  un  autre  de  par  la  ville  de  Bru- 
ges, que  chacun  et  chacune  reçut  bellement  et  dou- 
cement en  ses  hostels  les  bonnes  gens  de  Gand, 
FROiss.  n,  II,  66.  Et  lors  le  roy  benignement  et  doul- 
cement  luy  pardonna  et  faisoit  ce  qu'on  vouloit,  ju- 
vÉNAL,  Charles  VI,  (407.  ||  xvi*  s.  Ce  lion  s'appro- 
cha tout  doulcement  de  moy,  mont,  ir,  (93.  i  celle 
fin  que,  s'il  advient  qu'on  les  perde,  qu'on  en  sup- 
porte la  peine  plus  doulcement,  amyot,  De  la  tran- 
quillité, (6. 

—  ÉTYM.  Douce,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  dol- 
iament,  douisomenf  ;  espagn.  dulcement  ;  portug. 
docemenie;  ital.  dolcemenie. 

t  DOUCERETTE  (dou-se-rè-f) ,  s.  f.  Fille  ou  femme 
qui  affecte  un  air  doux. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  douce,  doux. 

t  DOUCEREUSEMENT  (dou-se-reû-ze-man) ,  adv. 
D'une  manière  doucereuse. 

—  ÉTYM.  Doucereuse,  et  le  suffixe  ment. 
DOUCEREUX,  EUSE  (dou-se-reû,  reû-z'),  adj. 

Il  1"  Qui  est  doux  sans  être  agréable  au  goût.  Et  qui 
[vin],  rouge  et  vermeil,  mais  fade  et  doucereux, 
N'avait  rien  qu'un  goût  plat  et  qu'un  déboire  af- 


noiJ 

freux,  BOiL.  Sat.  m.  ||  i'  Fig.  Qui  a  un  agrément, 
une  douceur  fade.  Peignez  donc,  j'y  consens,  les 
héros  amoureux,  Mais  ne  m'en  faites  pas  des  bergers 
doucereux,  boil.  Art  p.  m.  Tomyris  :  Un  mad/igal 
que  j'ai  fait  ce  matin  pour  le  charmant  ennemi  que 
j'aime,—  Minos;  Hélas!  qu'elle  est  doucereuse!  id. 
Héros  de  romans.  Ces  doucereux  Renauds,  ces  in- 
sensés Rolands,  ÎD.  Sat.  x.  ||  Sulistantivemenî.  Un 
doucereux.  Votre  Clitandre  dont  vous  me  parlez  et 
qui  fait  tant  le  doucereux,  est  le  dernier  des  hommes 
pour  qui  j'aurais  de  l'amitié,  mol.  Kis.  v,  4,  Je 
laisse  aux  doucereux  ce  langage  affecté,  boil.  Sat. 
IX.  Il  11  se  (lit  aussi  des  choses.  Pour  un  enfant  mal- 
traité. Dit  Iris,  votre  langage  Me  paraît  bien  dou- 
cereux, CHAUL.  L'am.  et  l'amitié.  Ce  n'est  pas  un 
tissu  de  mots  doucereux,  la  brot.  i.  Les  propos 
doucereux  dont  on  veut  l'amuser,  j.  J.  rouss.  Ém.  v. 
Il  3*  Oui  aune  douceur  affectée.  Ces  gens-là,  quoi- 
que doucereux,  Sont  quelquefois  bien  dangereux, 
scARHON,  Virg.  trav.  vi.  Je  ne  suis  ni  doucereuse, 
ni  importune,  maintenon,  Lett.  d'Aubigné,  22  juil- 
let (080.  Il  y  a  des  vieillards  doucereux,  circon- 
spects, pleins  de  ménagements,  comme  s'ils  avalent 
leur  fortune  à  faire,  volt.  Lett.  Mme  du  Defjant, 
(6  janv.  (76(.  Il  II  se  dit  aussi  des  choses.  Sa  figure 
effrayante  et  doucereuse  m'est  bien  restée,  et  j'ai 
peine  à  mo  le  rappeler  sans  frémir,  1.  J.  souss. 
Confess,  m. 

—  HIST.  XIII»  s.  Lors  estuet  [il  fiiut]  jones  gens 
entendre  X  estre  gais  et  amoureus  Por  le  tens  bel 
et  doucereus,  la  Uose,  80.  Et  espérance  me  ramené 
Un  pensé  doucereus  et  frois  [frais],  Homan  de  la 
Poire.  Il  XIV*  s.  Qui  croit  paroles  doucereuses  Sou- 
vent les  trouve  venimeuses,  LEROUX  de  ukct  ,  Prov. 
t.  II,  p.  387.  Il  XVI*  s.  0  doux  parler  dont  les  mots 
doucereux  Sont  engravés  au  fond  de  ma  mémoire! 
BONS.  30.  Reray  Belleau,  ce  doucereux  et  gentil 
poêle,  DES  ACCORDS,  Bigarr.  f»  79,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Picard,  douc/iereux;  wallon,  d<iûcrèse; 
rouchi,  doucreux;  de  douceur,  anciennement  dow- 
cor,  d'où  doucereux  par  atténuation  de  l'o,  comme 
dans  Pancienne  forme  dolereus,  douloureux.  Dana 
l'ancienne  langue,  doucereus  n'avait  pas  un  sens 
péjoratif. 

(.  DOUCET,  ETTE  (dou-sè,  sè-t'),  adj.  Diminu- 
tif de  doux.  Il  ne  se  dit  que  des  personnes.  Et  tout 
ce  qui  de  jour  la  fait  voir  si  doucette,  Régnier,  Sot. 
IX.  Vous  êtes  si  gente  et  doucette,  id.  Uac.  X  tout 
ce  qu'on  disait,  doucet,  je  m'accordais,  id.  Sat.  x. 
....Vous  faites  la  discrète.  Et  vous  n'y  touchez  pas, 
tant  vous  scmblez  doucette,  mol.  Tarl.i,  (.||  Sub- 
stantivement. Et  faisant  le  doucet  de  parole  et  de 
geste,  RÉGNIER,  Sa(.  viii.  Sur  ce  point  Jeanne  ar- 
rive, et  faisant  la  doucette,  id.  ib.  xi.  Mon  fils,  di; 
la  souris,  ce  doucet  est  un  chat,  la  pont.  Fabl.  vi,  ». 

—  HIST.  XII*  s.  Au  commencer  [je]  la  trovai  si 
doucete,  Qu'onc  ne  cuidai  par  li  [elle]  maus  endu- 
rer, Couci,  VI.  Il  XV* s.  Si  futcest  enfant  bel  et  dou- 
cet, et  très  plaisant  à  nourrir,  Bouciq.  i,  2.  ||  xvi*  8. 
Nymphette  que  j'idolâtre.  Ma  doucette,  ma  sucrée, 
rons.  309. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  doux;  provenç.  dosset, 
doussel. 

I  2.  DOUCET  (dou-sè),  s.  m.  ||  1*  Variété  de  rai- 
sin. Il  Variété  de  pomme  à  cidre,  nommée  aussi 
rouget  et  muscadet.  ||  2*  Doucet,  poisson  dit  aussi 
callionyme  lyre,  ou  souris  de  mer. 

(.  DOUCETTE  (dou-sè-f),  ».  f.  Sorte  de  mâche, 
la  valérianelle  cultivée, 

—  ÉTYM.  Doucet;  bourgulg.  douçote. 

f  2.  DOUCETTE  (dou-sè-f) ,  s.  f.  Terme  de  com- 
merce. Légère  étoffe  de  soie.  |j  Sorte  de  soude  de 
mauvaise  qualité.  ||  Mélasse  ou  sirop  de  sucre  appelé 
aussi  roussette. 

—  ÉTYM.  Doucet. 

DOfCETTE.MENT  (  dou-sè-te-man  ) ,  adv.  Tout 
doucement.  Terme  familier. 

—  HIST.  XVI*  S.  Chanter  doucettement,  hahot, 

II,  249. 

—  ÉTYM.  Doucette,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
dolsettamen. 

DOUCEUR  (dou-seur),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de  ce  qui 
est  doux.  Ce  fruit  a  de  la  douceur.  La  douceur  d'un 
parfum.  La  douceur  de  son  chant.  La  douceur  de  la 
peau.  Il  Au  plur.  Des  choses  douces  au  goût.  Accep- 
tez cependant  quelque  peu  de  douceurs.  Fort  pro- 
pres en  ces  lieux  à  conforter  les  cœurs;  Les  sèches 
sont  dessous,  celles-ci  sont  liquides,  corn.  Suite 
du  M'-nt.  II,  6.  Merveille  qui  m'as  enchanté  Par  tes 
douceurs  et  tes  pistoles.  Sache  un  peu  mieux  les 
partager;  Et,  si  tu  veux  nous  obliger  X  dépeindra 
aux  races  futures  L'éclat  de  tes  faits  inouïs,  Garda 
pour  toi  les  confitures.  Et  nous  accable  de  louis, 


DOU 

CORK.  Suite  dit  Ment,  m,  2,  Mille  l)onbon3,  mille 
uiquiscs  douceurs  Chargeaient  toujours  les  poches 
de  nos  soeurs,  ohesset,  Ver-Yert.  \\S.  f.  plur.  Les 
parties  d'une  gravure  les  plus  délicates,  les  moins 
chargées  de  tailles,  et  les  plus  éclairées.  |1  Fig. 
Les  ombres,  les  flambeaux,  les  cris  et  le  silence 
Et  le  farouche  aspect  de  ses  fiers  ravisseurs  Rele- 
vaient de  ses  yeux  les  timides  douceurs,  rac.  Brit. 
II,  8.  Il  2°  Se  dit  de  la  température  et  des  climats 
qui  n'ont  rien  d'excessif  en  froid  ou  en  chaud.  La 
douceur  de  la  température.  Je  songeais  à  la  Tou- 
raine  où  j'avais  déjà  été  et  qui  me  plaisait  beaucoup, 
tant  pour  la  douceur  du  climat  que  pour  celle  des 
habitants,  J.  i.  Rouss.  Confess.  xi.  ||  3°  Qualité  mo- 
rale répondant  à  la  qualité  physique  de  douceur. 
Avoir  de  la  douceur.  Un  air  de  douceur.  Prendre 
quelqu'un  par  la  douceur.  Rome  sait  observer  tout 
ce  qu'elle  a  promis.  Et  traite  avec  douceur  tous 
ceux  qu'elle  a  soumis,  mair.  Mort  d'Àsdruial,  m, 
5.  J'essaierai  tour  à  tour  la  force  et  la  douceur,  rac. 
Brit.  m,  5.  Dieu,  notre  Dieu  sans  doute  a  versé 
dans  son  coeur  Cet  esprit  de  douceur,  id.  Esther, 
II,  9.  Il  affecte  pour  vous  une  fausse  douceur,  m. 
Athal.  I,  ).  Et  la  douceur  peut  tout  sur  notre  vo- 
lonté, VOLT.  Àls.  IV,  <.  La  modeste  douceur  Donne 
un  prix  aux  vertus  et  sied  à  la  valeur,  id.  Tancr. 
1,2.  Le  voilà  [le  roi  de  Prusse]  ce  savant  que  la 
gloire  environne,  Qui  préside  aux  combats,  qui 
commande  à  Bellone,  Qui,  du  fier  Charles  Douze 
égalant  le  grand  cœur,  Le  surpasse  en  prudence, 
en  esprit,  en  douceur,  id.  ÉpUre  ui.  ||  Douceur  de 
coeur,  amour  pour  une  femme.  Il  se  rend  complai- 
sant à  tout  ce  qu'elle  dit,  Et  pourrait  bien  avoir 
douceur  de  cœur  pour  elle ,  mol.  Tart.  m ,  < . 
Il  4*  Modération,  mesure.  J'aime  qu'avec  douceur 
nous  nous  montrions  sages,  mol.  Tart.  iv,  3.  ||  6°  Ce 
qui  flatte  l'âme  comme  les  substances  douces  flattent 
le  goût.  Ceux  qui  jouissent  de  toutes  les  douceurs  de 
la  vie.  Joignons  à  la  douceur  de  venger  nos  parents. ... 
COR».  Cinna,  i,  i.  Quand  l'homme  se  possède, 
et  que  les  créatures  N'ont  aucunes  douceurs  qui 
puissent  l'arrêter,  ID.  Imit.  i,  26.  Saintes  dou- 
ceurs du  ciel,  adorables  idées,  id.  Poly.  iv,  2. 
Si  vous  pouviez  comprendre  et  le  peu  qu'est  la 
Tie,  Et  de  quelles  douceurs  cette  mort  est  suivie  1 
ID.  ib.  IV,  3.  Ils  se  sont  privés....  Des  charmantes 
douceurs  d'élever  votre  enlance,  id.  A't'com.  i,  2. 
....  Vous  seul  refusez  les  douceurs  de  la  paix,  id. 
Sertor.  iv,  3.  Et  ce  sont  des  douceurs  exquises  que 
des  louanges  éclairées,  mol.  Bourg,  gent.  I,  i.  Le 
plaisir  d'aimer,  sans  l'oser  dire,  a  des  peines,  mais 
il  a  aussi  ses  douceurs,  pasg.  de  l'Amour.  Soit  que 
l'impossibitité  dont  parle  saint  Paul  veuille  dire  qu'en 
effet  il  n'y  a  plus  de  retour  à  ces  premières  dou- 
ceurs qu'a  goûtées  une  âme  innocente,  quand  elle 
y  a  renoncé  avec  connaissance,  Boss.  Anne,  de  Gonx. 
Les  douceurs  du  monde  nous  sont  interdites,  et 
nous  nous  privons  des  douceurs  de  la  religion, 
BOtiRD.  Exhort.  sur  l'observ.  des  règles,  1. 1,  p.  21 8. 
Ahl  si  le  seul  amour  qu'il  eut  pour  sa  patrie  Le  ren- 
dit insensible  aux  douceurs  de  la  vie....  rac.  Thé- 
haide,  m,  ♦.  [Que]  J'aille  vanterpartout  la  douceur 
de  ses  fers,  id.  Alex,  m,  2.  S'il  [l'amour]  a  quelque 
douceur,  n'osez-vous  l'essayer?  id.  Phèdre,  1,  1. 
Le  c<Eur  peut  se  tromper,  l'amour  et  ses  douceurs 
Pourront  coûter,  Palmyre,  etdu  sang  et  des  pleurs, 
VOLT.  Fanât,  m,  s.  J'oublierai  dans  la  douceur  de 
leur  société  [de  mes  amis]  la  sottise  que  j'ai  faite 
ce  matin,  lo.  Uemnon.  La  douceur  de  te  voir  ne 
m'est  donc  point  ravie,  id.  Tancr.  11,  7.  [La  santé] 
Bien  sans  qui  tou.s  les  biens  n'oflrent  point  de  dou- 
ceurs, A.  ciiÉN.  Elég.  VI.  La  vie  eut  bien  ^our  moi 
de  volages  douceurs;  Je  les  goûtais  à  peine,  et  voilà 
que  je  meurs  ,  id.  tb.  vn.  Livre-toi  sans  alarme  aux 
douceurs  du  repos,  lemerc.  Agamemn.v,i.  Us  [ces 
bois]  n'auront  point,  mon  fils,  de  lieu  trop  solitaire 
Pour  protéger  des  jours  dont  je  sens  la  douceur,  c. 
BÉLAv.  Paria,  iir,  4.  ||  6°  Dédommagement.  Cela  lui 
a  valu  quelque  douceur.  Cette  conduite  lui  a  attiré 
ùllUe  petites  douceurs,  SÉV.  452.  Elle  en  tomba 
d'accord,  promit  quelques  douceurs,  la  pont.  Fian- 
cée. Il  Petit  profit  qu'on  donne  à  quelqu'un  pour  re- 
connaître sa  peine.  Faites  cela,  il  y  aura  quelque 
petite  douceur  pour  vous.  ||  7°  Au  plur.  et  rarement 
ou  singulier,  paroles  flatteuses.  C'est  une  douceur 
qu'on  vous  dit  en  passant.  Je  lui  ai  dit  toutes  vos 
douceurs  là-dessus,  sÉv.  31.  Elle  me  prie  de  vous 
dire  mille  douceurs  de  sa  part,  id.  68.  Je  ne  veux 
dire  aucune  douceur  à  M.  de  Grignan,  id.  6U. 
Il  Ironiquement.  Injures.  Il  [l'abbé  Cotin]  achevait 
de  lire  .ses  vers;  Ménage  entra;  Mademoiselle  les  fit 
voir  à  Ménage,  sans  lui  en  nommer  l'auteur;  Mé- 
nage les  trouva  ce  qu'efl'ectivement  ils  étaient,  dé- 


DOU 

testables  ;  là-dessus  nos  deux  poSte»  se  dirent  à  peu 
près  l'un  à  l'autre  les  douceurs  que  Molière  a  si  agréa- 
blement rimées,  d'olivet,  Hist.  de  l'Acad.  t.  11, 
p.  i90,  dans  POUGENS.  ||  Propos  galants  adressés  par 
les  hommes  aux  femmes.  Nous  les  gâtons  par  nos 
douceurs,  mol.  Princ.  d'Él.  m,  2.  Et  goûter  le  plaisir 
de  m'ouïr  dire  des  douceurs,  id.  G.  Dandin,  11,  4.  Il 
lui  conte  des  douceurs, iD.Fourbcr.  I,  6.  Et  d'aller, 
à  l'abri  d'une  perruque  blonde,  De  ses  fades  douceurs 
fatiguer  tout  le  monde,  boil.  Sat.  iv.  118°  En  dou- 
ceur, toc.  adv.  Avec  douceur,  en  bien-être.  Où  l'on 
puisse  en  douceur  couler  quelque  moment,  corn. 
Ment.  I,  t.  Il  Peu  à  peu.  Mais  je  suis  pris  ailleurs; 
près  d'un  objet  vainqueur  Je  fais  à  petit  bruit  mon 
chemin  en  douceur,  regnard.  Distrait,  11,  7. 
Il  Terme  de  métier.  Par  une  gradation  insensible. 
Amincir  une  planche  en  douceur,  y  Terme  de  ma- 
rine. Filer  en  douceur,  amener  en  douceur,  filer 
sans  secousse  un  cordage  tendu.  ||  Avec  modéra- 
tion, ménagement,  sans  éclat.  De  prévenir  l'éclat 
où  ce  coup-ci  m'expose,  Et  faire  qu'en  douceur 
passât  toute  la  chose,  mol.  le  Dép.  m,  3.  En 
faisant  cette  union  [des  ministres] ,  Harcourt,  qui 
tout  en  douceur  donnait  la  loi,  voulut  que  Mme  des 
Ursins  y  fût  comprise,  st-sim.  144,  99.  L'un  fait 
beaucoup  de  bruit  qui  ne  lui  sert  de  guères;  L'autre 
en  toute  douceur  laisse  aller  les  affaires,  mol.  Éc. 
des  f.i,  \.  Il  De  manière  à  ne  pas  blesser.  C'est 
un  conseil  que  je  lui  ai  donné  en  douceur.  C'est 
une  pilule  un  peu  amère  qu'il  faut  lui  faire  avaler 
en  douceur.  ||  Prendre  les  choses  en  douceur,  les  ac- 
cepter sans  se  formaliser  de  ce  qu'elles  peuvent  avoir 
de  désobligeant.  ||  Dans  la  douceur,  même  sens. 
Je  souhaite  fort  que  les  choses  aillent  dans  la  dou- 
ceur, MOL.  Festin,  v,  3.  Les  choses  iront  dans  la 
douceur,  in.  l'Av.  v,  2.  ||  Proverbe.  Plus  fait  dou- 
ceur que  violence,  la  font.  Fabl.  Vl,  3. 

—  HIST.  XII'  s.  Dame  Dex  pères,  par  la  vostre 
dousor....  jRonc.  p.  108.  Au  renouveau  de  la  douçor 
d'esté,  Coud,  xiv.  Ja  de  mon  cuer  n'istra  [ne  sor- 
tira] mais  la  semblance.  Dont  [ma  dame]  ma  con- 
quistas  mots  pleins  de  douçor,  ib.  xvi.  J'ai  tant  de 
joie  et  j'ai  tant  de  dousour.  Que  me  partir  n'en 
pourroie  à  nul  jour,  tb.  xvn.  Â  la  douçor  du  tens 
qui  raverdoie  Chantent  oisel  et  florissent verger,  ib. 
XXI,  Tant  requistnuit  et  jur  lamere  alcreaturQu'ele 
li  tramesist  santé  de  sadolur.  Qu'à  lui  vint  une  nuit 
la  dame  de  dulcur.  Th.  le  mart.  94.  ||  xiii*  s.  Et 
moult  leur  prist  grant  pitié  de  la  grant  douceur  qu'il 
virent  au  duc,  villeh.  xli.  Chascuns  lui  porte  bo- 
nor,  douçor  et  compaignie,  Berte,  LX.  ||  xv  [Lo 
comte  de  Flandre]  requeroit  par  douceur  que  ces 
blancs  chaperons  fussent  mis  jus,froiss.  ii,  ii,  53. 
Et  estoit  tout  le  pays  pour  le  comte,  excepté  les 
quatro-mesliers  dont  aucunes  (touceurs  venoienton 
la  ville  de  Gand,  id.  ii,  ii,  <48.  Il  faut  avoir  mau- 
vaise beste  par  douceur,  leroux  de  lincy,  Prov. 
t.  n,  p.  310.  Il  xvi"  s.  Il  n'y  avoit  doulceur  aucune 
dont  ilz  se  peussent  sustenter  avec  le  pain,  amyot, 
Eutn.  21. 

—  ÉTYM.  Picard,  doucheur ;  provenç.  dolxor, 
doussor;  espagn.  dulxor;  ital.  dolciore;  du  latin 
dulcorem,  de  duleis,  doux.   ' 

DOUCHE  (dou-ch'),  s.  f.  Colonne  de  liquide  d'une 
hauteur  et  d'un  diamètre  déterminés  qu'on  dirige 
sur  une  partie  du  corps  où  elle  agit  par  le  choc  et 
par  la  température.  Douche  descendante,  douche 
dans  laquelle  la  colonne  du  liquide  tombe  verticale- 
ment. Douche  latérale,  celle  dans  laquelle  la  co- 
lonne de  liquide  est  dirigée  horizontalement.  Douche 
ascendante,  celle  qui  arrive  de  bas  en  haut.  Donner, 
recevoir  une  douche.  On  m'a  assuré  qu'on  prend 
la  douche  à  Vichy,  sÉv.  2G7.  ||  Par  plaisanterie,  on 
appelle  douche  tout  liquide  jeté  sur  une  personne. 
Il  lui  jeta  une  potée  d'eau  au  visage  ;  quelle  douche  1 
Il  Par  extension,  on  l'a  dit  même  d'un  liquide  pris 
intérieurement,  et  particulièrement  du  vin.  Après 
un  coup  de  romanée ,  La  douche  ayant  calmé  mes 
sens.  J'ai  maudit  ma  muse  obstinée  i  railler  les 
hommes  puissants,  bérang.  Guérison. 

—  REM.  Dans  les  anciens  dictionnaires,  à  côté  de 
douche,  on  trouve  douge,  qui  est  tombé  en  désué- 
tude. -        ■»-»-■•  :■ 

—  SYN.  DOUCHE,  AFfusiON.  La  douche  vient  d'une 
certaine  distance  et  a  une  force  d'impulsion.  L'af- 
fusion  se  fait  de  près  et  n'a  aucune  force  d'impul- 
sion. 

—  ÉTYM.  liai,  doccia;  espagn.  ducha,  gouttière 
(voy.  doucher). 

DOUCUÉ,  EE  (dou-ché,  chée),  part,  passé.  La 
partie  douchée. 

DOUCUER  (dou-ché),  V.  a.  Arroser  par  la  dou- 
che. On  m'a  douché  le  genou.  1|  Se  doucher,  v.  réft. 


DOU 


1231 


Sa  donner  une  douohe.  Avec  ceilains  appareils  on 
peut  se  doucher  soi-même. 

—  ÉTYM.  Douche;  ital.  docciore;du  latin  fictif  duc- 
tiare,  fréquentatif  de  ducere,  conduire  (voy.  duirE). 

t  DOUCIIECR,  EUSE  (dou-cheur,  cheû-z'),  ». 
m.  et  f.  Nom,  dans  les  maisons  de  santé,  de  celui 
ou  celle  qui  administre  les  douches. 

—  ÈTYM.  Doucher. 

i.  DOUCI,  lE  (dou-si,  aie),  part,  possède  doucir 
Glace  doucie.  ^ 

—  ÉTYM.  Doux. 

t  2.  DOUCI  (dou-si)  ou  DOUCHI  (dou-chi),  ».  m. 
Opération  par  laquelle  on  prépare  les  glaces  à  rece- 
voir le  poli  ;  état  d'une  glace  ainsi  préparée. 

—  ÉTYM.  Doux. 

1 1  ■  DOUCIN  (dou-sin) ,  s.  m.  Variété  de  pommier 
sauvage,  qui  sert  de  sujet  pour  la  greffe. 

—  ÉTYM.  Doux. 

t2.  DOUCIN  (dou-sin),  s.  m.  Nom,  dans  quel- 
ques localités,  de  l'eau  douce  mêlée  d'eau  de  mer, 
de  l'eau  saumâtre. 

—  ÉTYM.  Doux. 

DOUCINE  (dou-si-n'),  s.  f.  ||  1°  Terme  d'architec- 
ture. Moulure  de  corniche  moitié  convexe  et  moitié 
concave,  qui  se  nomme  aussi  gueule  droite  ou  ren- 
versée suivant  sa  position.  ||  Rabot  dont  le  menuisier 
se  sert  pour  pousser  des  moulures.  ||  Ouverture  de 
croisée  dont  la  coupe  est  faite  en  doucine.  ||  2°  An- 
cien nom  d'une  œuvre  d'orfèvrerie.  Les  calices  se- 
ront marqués  et  contre-marqués  au  bouge ,  fausse- 
coupe  et  couvercle;  les  vases,  suages  ou  doussines 
(sic)  forgées,  et  carrés  du  pied,  seront  marqués  du 
poinçon  du  maître,  Hèglem.  orf.Jlo  déc.  t679.     j 

—  ÉTYM.  Dans  la  langue  du  xv""  et  du  xvi"  siècle, 
doucine,  doulcine  signifiait  une  trompette  (sans 
doute  de  doux,  à  cause  de  sa  douceur)  ;  il  est  pos- 
sible que  le  nom  de  la  trompette  ait,  à  cause  de 
sa  forme,  passé  à  l'ouvrage  d'orfèvrerie,  puis  de  là 
à  l'architecture. 

t  DOUCINELLE  (dou-si-nô-l') ,  s.  f.  Variété  de 
raisin. 

DOUCIR  (dou-sir),  v.  a.  Donner  le  poli  à  une  glace 
avant  de  l'étamer.  Doucir  à  la  roue. 

—  ÉTYM.  Doux. 

t  DOUCISSAGB  (dou-si-sa-j'),  s.  m.  Action  de 
doucir. 

—  ÉTYM.  Doucir. 

BOUE,  ÉE  (dou-é,  ée),  part,  passé.  \\  1°  Qui  a 
reçu  un  douaire.  |[  2"  Fig.  Qui  a  en  partage.  Elle 
était  douée  de  toutes  les  vertus.  |i  Un  homme  heu- 
reusement doué,  un  homme  pourvu  de  qualités  heu- 
reuses. Il  11  se  dit  quelquefois  alisolumenl.  C'est  un 
homme  doué,  c'est  un  homme  qui  a  reçu  de  la  na- 
ture des  qualités,  des  talents. 

DOUELLE  (dou-è-r),s. /■.  (|  1°  Terme  d'architec- 
ture. Parement  intérieur  ou  extérieur  d'un  voussoir. 
La  réunion  de  toutes  les  douelles  intérieures  forme 
l'intrados,  et  celle  de  toutes  les  douoUes  extérieures 
est  appelée  l'extrados  de  la  voûte,  legoarant.  ||La 
courbure  d'une  voûte.  C'est  abusivement  que  douelle 
est  employée  dans  ce  dernier  sens  par  certains  au- 
teurs, qui  appellent  l'intrados  douelle  intérieure 
(comme  le  dit  l'Académie  au  mot  intrados)  et  don- 
nent à  l'extrados  le  nom  de  douelle  extérieure,  m. 
Il  2°  Nom  donné  quelquefois  aux  douves  de  ton- 
neau. 

—  HIST.  XIV*  s.  Icellui  suppliant  prist  furtivement 
environ  soixante  pièces  de  douelle*  à  faire  tonneaux, 
DU  cange,  doela. 

—  ÉTYM.  Berry,  douelle,  douve,  merrain;  du 
bas-latin  doela,  de  doa,  doga  (voy.  douve). 

DOUER  (dou-è),  v.  a.  \\  1°  Terme  de  droit.  Assi- 
gner un  douaire  à  celle  qu'on  épouse.  Je  dis  que  le 
futur  peut,  comme  bon  lui  semble.  Douer  la  future, 
MOL.  Ec.  des  f.  IV,  2.  Il  2°  Dans  le  langage  général, 
gratifier,  accorder,  en  parlant  de  Dieu,  de  la  na- 
ture, des  génies,  des  fées.  La  nature  l'a  doué  d'heu- 
reuses facultés.  On  ne  saurait  dire  si  Ésope  eut  su- 
jet de  remercier  la  nature  ou  bien  de  se  plaindre 
d'elle;  car,  en  le  douant  d'un  très-bel  esprit,  elle 
le  fit  naître  difTorme  et  laid  de  visage,  la  font.  Vie 
d'Ésope.  Malheureuse,  les  dieux  ont-ils  doué  tes 
pleurs  De  ces  charmes  puissants  qui  fléchissent  les 
cœurs?  desfontaines. 

—  HIST.  XII*  s.  Toute  sa  terre  nequident  [néan- 
moins] m'a  donée;  De  Ribemont  iert  [sera]  ma  feme 
ioée,  Raoul  de  C.  224.  ||  xiu«  s.  Vouliez  que  vostre 
mère  m'amedes'amourdoe,  Berte,  xxxm.  Li  enfant 
de  le  [la]  première  feme  emportent  le  [la]  moitié  doi;i 
lor  mère  fu  douée,  beaum.  xiii,  2.  Li  prestres  ftt 
dire  à  l'omme  quant  ilespouse  [célèbre  le  mariage]  : 
Du  douaire  qui  est  devises  entre  mes  amis  et  les  tiens, 
tedeu,  iD.tb.Troppou  [peu]  fu  de  tiex  [tels]  homm'^s 


1232 


DOU 


ne  de  si  bien  doez,  Puis  que  Diex  fu  por  nous  en 
sainte  croix  cloez,  t.  de  meuno,  Test.  ("3.  ||  xv  s. 
Raporter  la  besongne  en  tel  point  que  la  pucelle 
soit  tenue  do  vous  regracier,  et  qu'elle  puisse  avoir 
occasion  de  vous  aymer,  et  vous  douer  de  son  geiit 
corps,  Ferceforest,  t.  ii,  ^  8.  ||  xvi'  s.  Icy  chez 
luy,  où  par  dévote  emprise  Fonda,  bastit,  et  doua 
ceste  église,  mabot,  m,  240. 

—  ÉTïM.  Provenç.  et  espagn.  dotar;  ilal.  dolare; 
du  latin  âtlare,  de  dos,  dotis,  dot  (voy.  dot). 

f  DOUKT  (doué,  monosyllabu) ,  s.  m.  Voy.  doit. 

—  HIST.  XVI*  s.  11  s'en  va  porter  un  fais  de  dra- 
peaux [langes]  à  un  douet  qui  estoit  sur  le  chemin, 
despêr.  Contes,  xxxvi. 

t  DOUGE  (dou-j') ,  s.  m.  Ciseau  plat  pour  fendre 
les  ardoises. 

t  DOCIL  (doull'.  Il  mouillées),  s.  m.  Vaisseau 
pour  le  transport  du  raisin  au  pressoir. 

—  Etym.  Lat.  dolium,  tonneau. 

t  BOUILLAGK  (dou-lla-j',  H  mouillées),  s.  m. 
Terme  de  manufacture.  Mauvaise  fabrication  des 
étoffes  de  laine,  qui  vient  de  ce  que  l'on  n'y  a  pas 
employé  des  trames  de  la  même  qualité  dans  toute 
la  longueur  d'une  piSce. 

—  ËTYM.  Voy.  douilleux. 

DOUILLE  (dou-U',  Il  mouillées,  et  non  dou-ye), 
s.  f.  La  partie  creuse  et  cylindrique  de  certains  in- 
struments en  fer,  au  moyen  de  laquelle  ils  s'adap- 
tent à  un  autre  corjis.  La  douille  d'une  baïonnette, 
d'une  bêche.  ||  Petit  tuyau  soudé  sur  le  cûté  d'un 
appareil  de  distillation.  ||  Nom  généralement  donné 
aujourd'hui  aux  cartouches  toutes  préparées  pour 
les  fusils  de  chasse  qui  se  chargent  par  la  culasse. 
Une  boite  de  douilles.  Je  fabrique  moi-même  mes 
douilles. 

—  HIST.  XIV  s.  Entre  les  barbillons  [de  la  flèche] 
et  la  douille  du  fer,  llénagier,  ii,  6.  ||  xV  s.  Sa 
lance  rompit  auprès  de  la  douelle,  /.  de  SaiiUré, 
p.  250,  dans  LACUBNE.  Il  xvi*  s.  Le  fer  de  la  lance 
entra  tout  dedans  la  teste  avec  la  douille,  et  bien 
deux  doigts  du  bois,  m.  du  bell.  co7. 

—  ÉTYM.  On  a  indiqué  l'allemand  Dille,  douille; 
provincial.  Tulle;  anc.  haut-allein.  tuola,  tenant  au 
latin  doia,  gouttière.  Mais  Diez  a  signalé  la  vraie  éty- 
mologie  :  le  bas-latin  ductile,  gouttière,  de  duclilis 
(T3y.  ductile).  An-douille  a  la  même  origine  et  vient 
du  bas-latin  in-ductile.  Douelle  ayant  été  dit  pour 
douille,  et  douille  pour  douelle  (voy.  Nouv.  coût, 
génér.  t.  ii,  p.  <086),  il  y  a  eu  confusion  entre  ces 
deux  mots. 

DOUILLET,  ETTE  (dou-Uè,  llÈ-f,  Il  mouillées, 
et  non  dou-yè),  adj.  \\  1°  Doux  et  mollet.  Lit,  oreil- 
ler bien  douillet.  Il  Tendre  et  délicat.  Peau  douillette. 
Il  2°  Trop  sensible  aux  petites  impressions  désagréa- 
bles. 11  ne  faut  pas  êlre  si  douillet.  Il  Substantive- 
ment. Faire  le  douillet.  C'est  une  douillette.  Bon, 
bon,  messieurs,  dit-il,  vous  êtes  des  douillets,  volt. 
Roi  de  Prusse,  68. 

—  HIST.  xvi°  s.  lisse  tenoient  par  bandes,  joyeulx, 
mignars,  douillet/,  aulcuns;  aultres  tristes,  graves, 
sévères,  rechignez,  kab.  Pont,  iv,  68.  Voyez  ceste 
perche  d'oyseaulx,  comment  ilz  sont  douillets  et  en 
bon  poinct,  des  rentes  qui  nous  viennent  de  ïou- 
raine,  id.  ib.  v,  6 Ou  bien  que  les  froides  ge- 
lées Eussent  faict  mourir  les  œillets  Qu'elle  lient  si 
chers  et  douillets,  st-gel.  77.  Si  bien  qu'on  ne  peut 
s^avoir,  X  la  voir  et  à  le  voir.  Laquelle  ou  de  la 
(leurette.  Ou  d'ello^st  la  plus  douiUelte,  bons.  653. 
Pour  ce  il  faut  de  l'argent  à  couvrir  nostre  corps. 
Oui  de  lui-mesmo  est  tendre  et  douillet  par  dehors, 

10.  9U6. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'ancien  adjectif  douille  ou 
doille,  qui  signifiait  mou,  et  qui  provient  de  l'ad- 
jectif duclilis,  qui  se  prête  au  maniement  (voy.  duc- 
tile). Il  ne  faut  pas  le  confondre  avec  le  lorrain 
deuil,  qui  signifie  dolent,  douloureux,  sensible; 
on  dit  d'une  pjrtie  qui  a  reçu  un  coup  :  cela  m'est 
deuil  ;  deuil  paraît  un  adjectif  formé  du  verbe  dou- 
loir  comme  le  substantif  français  deuil. 

DOUILLETTE  (dou-llè-f.  Il  mouillées,  et  non 
dou-yè-t') ,  s.  f.  Pardessus  da  soie  ouatée.  II  portait 
habituellement  une  douillette.  Je  me  suis  fait  faire 
une  bonne  douillette.  Rose  en  douillette,  en  four- 
rure. Ici  contrôla  froidure,  Vient  m'offrir  un  doux 
soutien,  uÉRANo.  Hiver. 

—  ÉTYM.  Douillet. 

DOUILLETTEMENT  (dou-llè-te-man,  U  mouil- 
lées) ,  adv.  D'une  manière  douillette.  U  était  couché 
douillettement  sur  un  lit.  L'enfant  est  lumineux  ut 
douillettement  fait,  DIDEROT,  Salon  de  n<i7,  Œu- 
irtt,  t.  XIV,  p.  343,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Douillett»,  et  Je  suffixe  ment. 
TDOUlLLKTTEtt  (dou-Uè-lé,  Il  mouUlées),  t'.  o. 


DOU 

Avoir  des  soins  excessifs  pour  une  personne.  ||  Se 
douilletter,  v.  réfl.  Se  traiter  d'une  manière  douil- 
lette. 

—  ÉTYM.  Douillet. 

tDODlLLEUX,  EUSE(dou-lleux,  lleû-z',  {(  mouil- 
lées), adj.  Terme  de  manufacture.  Oui  a  du  douil- 
lage.  Pièce  douiUeuse,  pièce  ridée  et  mal  unie,  qui 
n'est  pas  carrée,  et  d'une  égale  largeur. 

—  ÉTYM.  Le  radical  est  sans  doute  l'adjectif  doutik, 
mou,  qui  vient  du  latin  duclilis  (voy.  douillet). 

t  DOUILLON  (dou-Uon ,  Il  mouillées)  ,s.m.  Terme 
de  commerce.  Laine  de  qualité  inférieure. 

—  ÉTYM.  Voy.  douilleux. 

t  DOULES  (dou-l'),  s.  m.  Le  doules  à  queue  ru- 
bannée  (dules  twniurus,  Cuvier),  poisson  dit  ha- 
reng à  l'île  de  la  Héunion. 

DOULEUK  (dou-leur),  s.  f.  ||  !•  Impression  ano- 
male et  pénible  reçue  par  une  partie  vivante  et  per- 
çue par  le  cerveau;  souffrance  physique.  Sentir, 
éprouver  une  douleur,  de  la  douleur  dans  un  mem- 
bre. Une  douleur  aiguë.  La  douleur  que  cause  une 
incision.  La  douleur  est  différenle  suivant  les  parties 
qui  sont  lésées.  Ne  croyez  pas  que  ses  excessives  et 
insupportables  douleurs  aient  tant  soit  peu  troublé 
sa  grande  âme,  Boss.  Duch.  d'Orl.  La  santé  que 
j'appelle  et  qui  fuit  mes  douleurs,  a.  chén.  hlég.  vi. 
C'est  son  bien  dissipé,  c'est  son  fils,  c'est  sa  femme. 
Ou  les  douleurs  du  corps  si  pesantes  à  l'âme,  id.  ib. 
xxxin.  C'est  une  douleur  terrible,  mais  qui  n'a  rien 
de  hideux,  diderot,  Salon  de  iial ,  OEurres, 
t.  XIV,  p.  301 ,  dans  pougens.  \\Auplur.  Les  souf- 
francesde  l'accouchement.  Elle  est  dans  les  douleurs. 
Les  grandes  douleurs  ont  commencé.  Ma  fille  sentit 
de  petites  douleurs,  sÉv.  6.  ||  2°  Soutïrance  qui  est  à 
l'Ame  ce  que  la  soufl'rance  physique  est  au  corps. 
Navré  de  douleur.  Que  j'ai  de  douleur  de  voir  que 
Dieu  vous  abandonne!  pasc.  l'rov.  17.  Nous  ne  son- 
geons plus  qu'il  y  ait  eu  un  comte  de  Guiche  au 
monde  :  vous  vous  moquez  avec  vos  longues  dou- 
leurs, sÉv.  Lett.  28  déc.  Hi73.  Cette  autre  sorte  de 
douleur  qu'on  appelle  repentir,  BOSs.  Libre  arb.  2. 
11  faut  dans  la  douleur  que  vous  vous  abaissiez;  Pour 
me  tirer  des  pleurs  il  faut  que  vous  pleuriez,  boil. 
Art  p.  III.  Il  devrait  y  avoir  dans  le  cœur  des 
sources  inépuisables  de  douleur  pour  de  certaines 
pertes,  la  bruy.  iv.  Il  vit  chargé  de  gloire,  acca- 
blé de  douleurs,  rac.  Uitlir.  v,  *.  La  douleur  qui 
se  tait  n'en  est  que  plus  funeste,  id.  ^ndrom.  m,  3. 
De  quel  nom  sa  douleur  me  va-t-elle  appeler"?  id. 
ib.n,&.  Je  te  laisse  trop  voir  mes  honteuses  dou- 
leurs, ID.  Phèdre,  i,  3.  Vos  amis  et  les  miens.... 
Viennent  de  confier  leur  douleur  àNarcisse,  id.  Brit. 
m,  6.  La  douleur  est  injuste;  et  toutes  les  raisons 
Oui  ne  la  flattent  point  aigrissent  ses  soupçons,  id. 
ib.  i,  2.  Elle  aura  devant  lui  fait  parler  ses  dou- 
leurs, ID.  Baj.  m,  3.  Dans  sa  douleur  elle  se  trou- 
vait malheureuse  d'être  immortelle,  kén.  Tél.  i. 
Votre  lettre,  que  la  douleur  a  écrite,  pénètre  mon 
cœur,  VOLT.  Lett.  d'Argental,  23  déc.  ^774.  Le  jour, 
sur  leur  tombeau,  j'allais  verser  des  pleurs.  Et  je 
veillais  la  nuit  pour  sentir  mes  douleurs,  st-lam- 
iiERT,  Saùons,  hiver.  Ne  le  lui  proposez  pas  comme 
une  dissipation;  les  grandes  douleurs  y  répugnent; 
il  faut  à  leur  insu  tâcher  de  les  distraire  et  les  trom- 
per pour  les  guérir,  marmontel,  ilém.  i.  Je  nomme  en 
général  douleur  ou  déplaisir  toute  situation  de  mon 
âme  qu'elle  aime  mieux  ne  pas  éprouver  qu'éprou- 
ver, bonnet,  Oliuvres  mêlées,  t.  vm,  p.  2G5,  dans 
POUGENS.  Le  ciel  rit  à  la  terre,  et  la  terre  fleurit; 
Aréthuse  serpente  et  plus  pure  et  plus  belle;  Une 
douleur  plus  tendre  anime  Philomèle,  a.  chén. 
Élég.  XXVI.  De  douleur  en  douleur  je  traverse  la 
vie,  Ducis,  Abufar,  m,  2.  Quelquefois  la  douleur 
n'est  pas  loin  de  la  joie,  id.  Oscar,  i,  2.  Je  ne  sais 
pourquoi  dans  le  trouble  de  la  douleur  on  est  plus 
capable  de  superstition  que  de  piété,  stael,  Co- 
rinne, xviii,  6.  Tu  fais  l'homme,  ô  douleur,  oui, 
l'homme  tout  entier,  Comme  le  creuset  l'or.... 
lamart.  Barm.  Ii,  7.  ||  Fig.  et  familièrement.  Ava- 
ler la  douleur,  boire  un  coup.  Allons,  avalez  la 
douleur.  C'est  une  ironie  au  buveur  qui  feint  de  ne 
vouloir  plus  boire.  ||  3°  Fig.  Expression  de  la  dou- 
leur. Les  douleurs  tie  l'élégie.  Un  chant  plein  de 
douleur.  Le  comique,  ennemi  des  soupirs  et  des 
pleurs.  N'admet  point  en  ses  vers  de  tragiques  dou- 
leurs, boil.  Art  p.  m.  {|  Proverbes.  X  la  Chandeleur, 
grande  douleur,  c'est-à-dire  grande  froidure.  Ce  dic- 
ton, la  Chandeleur  étant  le  2  février,  ne  paraît  pas 
fondé;  on  peut  croire  qu'il  n'a  été  suggéré  que  par 
la  consonnauce,  laquelle  a  fourni  en  effet  un  certain 
nombre  de  mots  ou  de  locutions  incompréhensibles. 
Il  Pour  uu  plaisir  mille  douleurs. 

—  UiST.  Xi'  s.  Ce  estdeladulor....  ioii  de  Guil.  13. 


DOU 

Deus!  quel  dulur  que  11  Franceis  nel  savent!  Ch.de 
Hol.  uv.  Sur  piez  se  dresse,  mais  il  a  grant  duiur, 
ib.  CLXiii.  Il  ïii*  s.  Icil  feront  as  Cristiens  dolor, 
Ronc.  p.  *i.  Lors  [ils]  se  plaignent  sans  doloi. 
Coud,  I.  One  mais  n'avint  en  France  nule  si  granx 
dolors,  Sax.  xxvii.  Ezechie  e  David  e  maint  autre 
plusur,  Quant  il  orent  mesfait  vers  Deu  lur  crea- 
tur,  Mult  sunt  humilié  e  furent  en  dolur  K  repen- 
tant es  quers  [cœurs]....  Th.  le  mart.  78.  {|  xiir  s. 
Se  bien  ne  vous  prouvez  [si  vous  ne  vous  compor- 
tez bien],  de  la  dolor  [je]  morrai,  Berte ,  vil.  Ne 
la  très  grant  dolor  qu'il  en  ont  démené,  ib.,  cm. 
Il  XV' s.  Et  envoyèrent  le  corps  messire  Grignard  de 
Mauny  à  ses  deux  frères,  qui  le  reçurent  à  grand 
douleur,  froiss.  i,  i,  99.  ||  xvi*  s.  Le  meilleur  re- 
mède que  je  sache  pour  les  douleurs  présentes,  c'est 
d'oublier  les  joies  passées,  despér.  Cymbal.  i'.>T. 
Quant  ils  ont  incisé  un  membre,  ils  ne  laissent  pas 
la  partie  dolente  en  sa  douleur  et  en  son  tourment, 
amyot,  Comment  discerner  le  flatl.  de  l'ami,  63. 
Douleur  de  teste  veult  manger.  Douleur  de  ventre 
veult  purger,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  i,  p.  216. 
X  chacun  sa  propre  douleur  semble  plus  grève  et  la 
greigneur  [plus  grande],  id.  ib.  t.  u,  p.  2î6.  Au 
départir  sont  les  douleurs,  ID.  ti;.  p.  232. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  dolor;  portug  dir ; 
ital.  dolore;  du  latin  dolorem. 

DODLOIIl  (SE)  (dou-lûir),  v.  réft.  Usité  seulement 
à  l'infinitif  et  encore  rarement;  il  est  dommage 
que  ce  verbe  si  commode  et  si  expressif  soit  tombé 
en  désuétude.  Ilesseulir  de  la  douleur,  se  plain- 
dre. On  l'entendit  se  douloir  d'une  façon  lamenta- 
ble. Et  faut  bien  que  çasoit  vrai,  car  j'ai  commencé 
à  me  douloir  dans  tous  les  membres,  beaum.  Rarù. 
de  Sév.  II,  6.  Il  Régnier  l'a  encore  employé  au  pri- 
sent :  Mais  ce  dont  je  me  deulx  est  bien  une  autre 
chose,  Sat.  vi. 

—  HIST.  X"  S.  Doleants,  Frag.  de  Valenc.  p.  4JC. 
Tu  douls  mult  ad  [à]....  ib.  p.  460.  E  io  [je]  non  [ne] 
dolreie  de  tanta  miflia  hominum,  si  perilut  erenl 
[étaient]?  t'b.  ||  xii's.  Bien  est  droit  que  je  medueiUe, 
Couci,  viii.  Jo  duil  sur  tel,  chier  frère  Jonathas,  bel* 
e  amiables,  que  jo  amoue  [aimais]  si  cum  la  merc 
sun  fil  qui  n'ad  mais  un,  Jîois,  <23.  De  Di;u  aie/, 
lieneicun.ki  dulez ensemble  od  mei,tb.  9(.  ||xiirs. 
Forment  lui  deult  li  cuers,  moût  fut  en  grand  e»- 
moi,  Jierle,  vu.  Ce  u'estoitpas  merveille  se  li  cueis 
lui  douloit,  ib.  xxvm.  Si  qu'encore  s'en  deulenl  cil 
de  ceste  lignie,  ib.  cxliv.  Je  départi  de  li  [d'eil-j 
outre  mon  gré;  C'estoit  là  riens  dont  je  plus  me  dj- 
loie,  ANONYME,  dans  Couct.  Roonel  ne  lor  ^o.■,l 
[voulut]  mot  dire,  Einçoiz  plore  moult  et  sospire; 
Moult  li  diautle  dos  et  l'eschine,  Ren.  18756.  Car  ii 
cuers  de  riens  ne  se  diaul,  Quant  li  oel  [les  yeuxj 
voient  ce  qu'il  viaat  [qu'il  veut],  la  Rose,  2761.  Li 
oignemens  moult  me  valu.  Mes  toutes  voies  me  dolu 
La  plaie,  si  que  la  dolor  Me  faisoit  muer  la  color, 
ib.  (880.  Tant  ai  amé,  tantaim,  tantamerai,  Ke  je 
m'en  duel  et  dueluc  [du  latin,  dolui]  etdaurai  Très- 
tous  les  jours  que  je  serai  en  vie,  Bibl.  des  Chartes, 
4"  série,  t.  V,  p.  490.  Se  le  [la]  partie  contre  qui  le  com- 
mandement est  fes,  se  deut  [plaint],  il  se  pot  traire 
ausegneur,  beaum.  23.  A  le  [la]  requeste  du  pais  ou 
d'aucun  de  cix  [ceux]  qui  s'en  daurroieut  jplain- 
draient] ,  id.  xxv,  7.  ||  xiv  s.  Selon  amitié  qui  appai- 
tient  à  communication  de  nature  humaine ,  un  ami  sa 
doit  esj'oir  du  bien  de  l'autre  et  douler  dumal,OHESUE, 
Elh.  20.  Temps  doulu  [temps perdu,  temps  dont  ou 
se  deult] ,  Traité  d'alch.  279.  |{  xV  s.  Celle  chose 
ne  peut  longuement  durer  ainsi,  que  le  pays  ne  s'en 
aperçoive  et  dueille,  Faoïss.  iu,iv,  50.  Dict  le  pro- 
verbe :  où  la  dent  se  deult,  la  langue  va,  Bouciq.  iv, 
ch.  7.  Et  luy  douloit  bien  de  cette  division,  comh. 

I,  15.  La  royne  d'Arragon  se  doulustde  la  sentence 
que  le  roy  donna  au  prouffit  du  roy  de  Castille,iD. 

II,  8.  Il  XVI'  s.  Au  despartir,  cette  très  noble  dame, 
Doulante  en  cueur,  navrée  jusqu'à  l'ame,  J.  marot, 
V,  86.  Mais  le  vrai  dueil  scez  tu  bien  qui  le  porleT 
C'est  cestui-là  qui  sans  tesmoin  se  deut,  id.  m, 
175.  U  vous  deult  de  ce  baiser-cy,  ID.  lu,  (92.  Je 
m'en  voys  au  train  de  tressaillir,  comme  d'une  fa- 
veur nouvelle,  quand  aulcune  chose  ne  me  lieult, 
mont,  m ,  307.  L'inconvénient  dont  toy  et  moy  nou» 
deuiUuns,  la  boétie,  34l.  Ils  doutent  si  la  parti» 
qui  se  courrouce ,  qui  appelé,  qui  se  deult,  quis'es- 
jouit  en  nous,  peut  bien  obeïr  à  la  raisou,  àhyot, 
Delà  icrtu  morale,  s. 

—  ÉTYM.  Normand,  douler;  Betty,  se  doler,  u 
douler;  provenç.  et  espagn.  doler;  calai,  dàlrer, 
dôldrer;  portug.  doer;  ital.  dolere;  du  latiu  dolere. 

DOULOUREUSEMENT  (dou-lou-reil-ze-man),  adv. 
Avec  douleur  physique.  Malade,  elle  gisait  doulou- 
reusement dans  un  mauvais  lit.  ]|  Avec  un  senliiaanl 


DOU 


DOU 


DOU 


1233 


du  douleur,  ou  un  ton  de  douleur.  Être  douloureu- 
sempnt  affecté  de  la  mort  d'un  ami.  11  se  plaignait 
douloureusement. 

—  UIST.  XIII*  s.  Oui  tousjoursme  batoit  moût  dou- 
lereusemeut,  Bcrle.XLVu.  ||  xiv*  s.  Et  en  la  fin  perdi 
doulereuscraent  corps  et  enffans  et  biens  et  sa  feme, 
ORKSMK,  £1/1.  22.  Il  XV"  s.  Et  n'oy  de  vous  aucune- 
ment Nouvelle  pour  avoir  liesse:  Pourquoy  vis  dou- 
loreuseuient,  Ma  dame,  ma  seule  maistresse,  cii. 
D'oiiL.  Bal.  63.  Il  xvi«  s.  La  reine  racontoit  doulou- 
reusement [en  alieclant  la  douleur]  les  entreprises 
ues  Guisards,  d'aub.  llist.  ii,  3^6. 

—  ETYM.  Douloureuse,  et  le  suffixe  ment;  pro- 
veiiç.  dolorosaiiien,  doloyrosament ;  espagn.  et  ital. 
dolorosnmi'nte. 

DOlLOUltEUX,  ECSE  (dou- lou-reû,  reû-z'), 
adj.  Il  1°  Oui  cause  de  la  douleur  physique.  Une  plaie 
douloureuse.  Une  opération  douloureuse.  Ahl  quel 
âpre  luuniient,  (|uels  douloureux  abois!  cokn.  Ué- 
dée,  V,  6.  Mais  il  faut  vous  quitter,  ma  mort  est 
douloureuse,  volt.  Tancr.  v,  6.  ||  2°  Qui  est  endo- 
lori. Il  a  le  pied  douloureux.  La  partie  douloureuse. 
Dans  la  périioaite  le  ventre  est  tiès-douloureux. 
Il  3°  Oui  exprime  la  douleur.  Des  plaintes  doulou- 
reuses. Aux  élans  redoublés  de  sa  voix  douloureuse, 
Tous  ses  valets  tremblants  quittent  la  plume  oiseuse, 
BoiL.  Lutrin,  iv.  La  sultane,  à  ce  bruit  feignant  de 
s'efTrayer,  Par  des  cris  douloureux  eut  soin  de  l'ap- 
pnyer,  rac.  Baj.  i,  t.  Hélas!  sur  son  visage  J'en- 
trevis de  la  mort  la  douloureuse  image,  volt.  Ui- 
rope ,  m,  4.  Hélas!  il  m'observait  d'un  regard 
douloureux,  ID.  Fanât,  iv,  4.  C'est  un  chant  dou- 
loureux dont  mon  cœur  a  besoin,  dlcis,  Othello, 
V,  2.  Il  4"  Oui  cause  de  la  douleur  morale.  Un  dou- 
loureux devoir.  Une  séparation  douloureuse.  Exem- 
ple à  l'univers  De  l'amour  la  plus  tendre  et  la  plus 
malheureuse  Dont  i\  puisse  garder  l'histoire  doulou- 
reuse, RAC.  Bérén.  v,  7.  Tant  de  jours  douloureux! 
tant  d'inquiètes  nuits!  ID.  Baj.  m,  7.  Ce  bonheur 
douloureux,  cette  tendre  langueur,  L'aliment,  le 
plaisir  et  le  charme  du  coeur,  uucis,  Abuf.  iv,  ». 
Combien  il  m'est  douloureux  de  vous  voir  courir  à 
votre  perte!  fén.  Tél.  vu.  ô  nuit,  nuit  douloureuse  1 
et  loi  tardive  aurore.  Viens-tu?  vas-tu  venir?  es-tu 
bien  loin  encore?  a.  chén.  Élég.  xxiil. 

—  HlST.  XI'  s.  Oue  deviendrai,  duluruse,  chai- 
tive?  eu.  de  Uni.  cxci.  Es-vous  le  chaple  [combat] 
et  dulurus  e  pesmes,  ib.  ccxlvii.  ||  xii*  s.  Eu  France 
crut  si  doloros  tourment,  Bonc.  p.  67.  Las  [liens] 
dolereus  qui  si  m'ont  mal  bailli,  Couci,  vu.  Mais 
nul  partir,  sachez,  quoi  que  nus  [nul]  die.  N'est  do- 
lereusque  d'ami  et  d'amie,  ib.  xxiv.  Irons  venger  la 
honte  dolereuse  Dont  chascuns  doit  estre  irés  [cour- 
roucé] ei  hoiiteus,  qijesnes,  liomanc.  p.  84.  Au  Mans 
avons  sofert  doleirose  quinzaine,  Sax.  xxx.  Quant 
Deus  ot  lait  Adam  e  mis  en  parailis,  l'ur  le  mesfait 
qu'il  fist  ne  fu  il  ])as  ocis.  Mais  en  cest  dolereus 
mund  fu  en  chartre  mis,  ï'/i.  le  mart.  31.  ||xui'  s. 
[Elle  reçut]  Maint  douleréus  maudit  [malédiction], 
basset,  à  recelée,  Bette,  Lxxxii.  Mes  li  dolereus  vens 
de  bise  A  contre  li  bataille  emprise,  Et  le  contraint 
par  estovoir  Toutes  ses  undes  à  movoir,  la  Rose, 
6001.  [Images]  Qui  ne  sunt  migiiotes  ne  cointes; 
Ains  sunt  dolereuses  et  tristes,  ib.  60B.  Et  l'autre 
respondi  que.  se  le  roy  se  croise,  ce  ieit  [ce  sera] 
une  des  doMlloureuses  journées  qui  oiiques  feust  en 
France,  joinv.  21)».  ||  xiV  s.  Helas!  que  je  suis  mal- 
heureuse. Et  sur  toutes  plus  doloreu-<e,  Quant  je 
pense  à  toy,  genre  humain,  Nat.  à  l'alch.  err.  2. 
Il  XV'  s.  Après  tant  de  maies  nuits  et  jours  dolou- 
reux,  LOUIS  XI,  Aoui;.  lxxii.  ||  xvi'  s.  Voire  et  si 
bien  qu'en  aymai  tant  fort  une,  Que  nuict  et  jour 
j'en  estoye  douloureux,  J.  mabot,  y,  33).  Tendon, 
sur  lequel  se  font  les  mules  [engelures]  tant  dolo- 
reusps,  PABÉ,  IV,  3D.  Là  dessus  [pour  les  sujiplicps] 
ils  sont  en  grand'  peine:  car  si  les  tormeiits  .sont 
violents,  ils  sont  courts;  s'ils  sont  longs,  ils  ne  sont 
pas  assez  douloureux  i>  leur  gré,  mont,  m,  1 19. 

—  ÉTYM.  Provenç.  doloros,  doloiros;  espagn.  et 
ital.  doloroso;  du  latiii  dolorosus,  de  dolor,  dou- 
leur. 

t  DOCM  (doum') ,  s.  m.  Nom  arabe  de  la  crucifère 
thébaiqne,  plante. 

t  DOCPION  (dou-pi-on) ,  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Sorte  de  soie  grossière  qui  provient  des  co- 
cons doubles. 

—  ETYM.  Ital.  doppio,  double  (voy.  double). 

t  T)OURAH  (dou-ra) ,  t.  m.  Nom  que  l'on  donne 
au  sorgho  en  Egypte.  ||  On  écrit  aussi  doura.  Le  sol 
n'dITie  que  des  chardons,  entremêlés  de  chélives 
plantations  de  coton,  de  doura,  d'orge  et  de  fro- 
ment,  CHATEAUB.   Itin.  II,    (22. 

t  DOURO  (dou-ro),  t.  m.  Nom,  en  Espagne,  de 

DltT.    DE  LA    LANGUE   rilAiNÇAISt;, 


la  piastre  forte,  qui  est  de  cinq  francs  quarante  cen- 
times. Il  Au  plur.  Des  douros. 

—  ETYM.  Espagn.  duro,  dur,  solide;  peso  dura, 
poids  d'argent  d'une  once,  d'où  duro,  monnaie 
d'argent  du  poids  d'une  once. 

f  DOUSSIN  (dou-sin) ,  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  l'oursin  comestible. 

—  HiST.  xvi*  s.  Doucin,  douloin  [hérisson  de 
mer],  cotgrave. 

DOUTE  (dou-f),  s.  m.  ||  1"  Incertitude  où  l'on  est 
sur  la  réalité  d'un  fait,  la  vérité  d'une  assertion. 
Avoir  du  doute.  Lever  tous  les  doutes.  Est-ce  qu'il 
peut  y  avoir  du  doute  à  cela  If  ....ôie-moi  d'un  doute; 
Connais-tu  bien  don  Difcgue?  corn.  Cid,  ii,  2.  ôtez- 
moi  donc  de  doute  Et  montrez-moi  la  main  qu'il 
faut  que  je  redoute,  m.  Bodog.  v,  4.  Mille  et  mille 
témoins  te  mettionl  hors  de  doute,  ID.  A'icom.  m, 
5.  Rendez  sans  différer  mes  doutes  éclaircis,  gom- 
BAUD,  Danaides,  i,  2.  Des  témoins  de  sa  mort  vien- 
nent à  tous  moments  Condamner  votre  doute  et  vos 
retardements,  rac.  Mithr.i,  3.  Un  moment  quel- 
quefois éclaircit  plus  d'un  doute,  id.  Iphig.  ii,  B. 
Délivrez  mon  esprit  de  ce  funeste  doute,  ID.  Phèd. 
I,  3.  Il  Être  en  doute,  douter.  Vous  êtes  en  doute  Ce 
qu'elle  a  plus  parfait,  ou  l'esprit,  ou  le  corps,  malb. 
V,  23.  Il  vous  a  obligé  de  vous  expliquer  une  chose 
dont  je  n'étais  point  en  doute,  balz.  liv.  vi,  lett.  3. 

En  êtes-vous  en  doute?  corn.  Nicom.  i,  2 tu 

ne  meurs  point  de  honte  Qu'il  faille  que  de  lui  je 
fasse  plus  de  compte.  Et  que  ton  père  même,  en 
doute  de  ta  foi.  Donne  plus  de  croyance  à  ton  valet 
qu'à  toi!  ID.  Hent.  v,  3.  ||  Laisser  une  chose  en 
doute,  ne  pas  l'éclaircir.  Laissez  la  chose  en  doute, 
et  du  moins  hésitez  Tant  qu'on  ait  par  leur  bouche 
appris  leurs  volontés,  ID.  (ÎKd.  m,  2.  ||  Laisser  quel- 
qu'un en  doute,  ne  pas  dissiper  son  incertitude.  Il 
m'a  laissé  plus  en  doute  que  je  n'étais,  fén.  Tél.  ix. 
Il  Mettre  en  doute,  révoquer  en  doute,  contester  la 
vérité  d'un  fait.  Jusques  ici,  madame,  aucun  ne  met 
en  doute  Les  longs  et  grands  travaux  que  votre  amour 
vous  coûte,  CORN.  Bodog.  ii,  3.  Je  n'ai  jamais  mis 
en  doute  que  vous  ne  m'ayez  écrit,  SÉV.  39o.  Il  ne  ré- 
voque pas  les  miracles  en  doute,  Boss.  Hist.ii,  (2. 
Il  Dans  le  même  sens.  On  n'en  fait  aucun  doute,  corn. 
Sure'na,  i,  2.  ||  Mettre  en  doute  signifie  aussi  con- 
tester l'obligation  de  quelque  devoir.  L'obéissance  est 
mise  en  doute,  BOss.  Wtïf.  II,  1. 1|  2°  Terme  de  rhéto- 
rique. Figure  par  laquelle  l'orateur  paraît  douter  de  ce 
qu'il  doit  énoncer.  On  dit  plutôt  dubitation.  ||  3°  Scep- 
ticisme. Une  philosophie  qui  n'aboutit  qu'au  doute. 
Un  doute  éclairé  peut  quelquefois  servir  de  flambeau, 
d'olivet,  llist.  Acad.  t.  ii,  p.  (40,  dans  pougens.  Le 
doute  est  bien  plus  le  résultat  des  lumières  vagues 
que  de  l'ignorance,  Mirabeau,  Collection,  t.  iv, 
p.  1 10.  Il  Ijoute  méthodique  de  Descartes,  méthode 
qui  consiste  à  rejeter  provisoirement  toutes  les  idées 
qu'on  a  reçues.  ||  Défaut  de  croyance  à  une  religiun 
révélée.  Le  doute  est  un  blasphème,  volt,  l'anat. 
IV,  3.  Il  serait  à  souhaiter  qu'un  doute  universel  se 
répandit  sur  la  surface  de  la  terre,  et  que  tous  les 
peuples  voulussent  bien  mettre  en  question  la  vérité 
de  leurs  religions,  dider.  Pensées  philos.  n°  30. 
Il  4°  Difficulté,  scrupule.  J'ai  encore  un  doute  à 
vous  proposer,  pasc.  Prov.  6.  Mlle  de  Duras  ayant 
quelque  doute  sur  la  religion,  boss.  Conf.  ||  Conjec-' 
ture,  soupçon.  J'en  ai  quelques  doutes.  ||  Appréhen- 
sion, crainte.  Dans  le  doute  d'un  accident  fâcheux, 
il  faut  prendre  ses  précautions.  Que  si  j'avais  le 
moindre  doute  d'avoir  failli  et  de  mériter  vos  me- 
naces, voit.  Lett.  68.  Dans  le  doute  mortel  dont  je 
suis  agité,  rac.  Phèd.  l,  (.  ||  5°  Sans  doute,  loc. 
adv.  Assurément,  certes.  Viendrez-vous  demain? 
sans  doute.  ||  Ironiquement.  Me  prêterez-vous  encore 
de  l'argent?  —  Sans  doute;  je  contribuerai  à  toutes 
vos  folies.  Il  Selon  toutes  les  apparences.  Sans  doute 
à  nos  malheurs  ton  cœur  n'a  pu  survivre,  rac.  Alex. 
IV,  t.  Il  II  est  sans  doute  que,  avec  l'indicatif,  on  ne 
peut  douter.  Il  est  sans  doute  qu'il  sulfit  d'avoir  ap- 
pris une  fois....  pasc.  Prov.  3.  Il  est  sans  doute 
qu'il  ne  se  servit  pas  des  termes  d'acheter  ni  de  ven- 
dre, rj.  ib.  (2.  Il  est  sans  doute  que  je  suis  un  hé- 
rétique, ID.  ib.  (6.  Il  Sans  doute  que  s'emploie  aussi 
pour  probablement,  tout  en  tête  de  la  phrase.  Sans 
doute  qu'il  n'y  a  plus  pensé.  ||  6°  Hors  de  doute, 
incontestable,  certain.  Cela  est  hors  de  doute.  Il  est 
hors  de  doute  qu'il  réussira.  Son  acquittement  est 
hors  de  doute.  Jusqu'à  ce  qu'elle  ait  vu  votre  hymen 
hors  de  doute,  coHN.Perf/iar. ii,  3.  ||  Proverbe.  Dans 
le  doute  abstiens-toi,  c'est-à-dire  quand  une  action 
est  douteuse,  il  est  plus  prudent,  plus  sage,  plus 
honnête  de  s'en  abstenir.  |{  Le  doute  est  le  commen- 
cement de  la  sagesse. 

—  UE.M.  1.  .Mettre  en  doutt,  dans  une  phrasa  né- 


gative ou  interrogative,  suivi  de  que,  demande  la 
particule  ne  ;  Lorsqu'on  me  trouvera  morte,  il  n'y 
aura  personne  qui  mette  en  doute  que  ce  ne  soi» 
vous  qui  m'aurez  tuée,  mol.  C.  Dand.  m,  8.  Ce- 
pendant le  ne  peut  se  supprimer  ;  Je  ne  mets  pas 
en  doute  que  cela  soit.  ||  2.  Coûte  a  été  longtemps 
féminin;  il  l'est  encore  dans  Malherbe  :  Nos  doutes 
seront  éclaircies.  Et  mentiront  les  prophéties....  m, 
t.  La  seule  chose  Oui  m'empêche  la,xoort.  c'est  la 
doute  que  j'ai,  v,  t3.  Rolrou  aussi  le  tait  féminin  • 
Son  mépris  parait  trop,  ma  doute  n'est  point  vaine, 
Bilis.  I,  6. 

—  HIST.  XII*  s.  Sans  doute  [crainte]  de  périr, 
Couct,  xvni.||  xui's.  Là  s'aresterent-il  à  grant  doute, 
car  il  doutèrent  [craignirent]  cens  de  fors,  et  autant 
doutoient-il  ceus  dedons,  villeh.  cxxxvii.  Et  pour 
chou  [ce]  qu'il  ot  paour  et  doute  que  ses  chevaus 
ne  feust  mors  ou  meshaignés,  il  s'en  tourna  le  petit 
pas,  H.  DE  VALENC.  IV.  Car  donc,  quel  part  la  pointe 
[de  l'aiguille  aimantée]  vise,  La  tiesmontaigne  [le 
nord]  est  là  sans  doute.  Lais  inédits,  p.  iv.  Et  li 
autre  [larrecins]  sont  en  doute,  à  savoir  se  c'est 
larrecins  ou  non,  beaum.  xxxi,  1.||iiv's.  Eustrace 
fait  ici  une  double....  oresme,  t't/».  Bl.  Une  double 
semble  apparoir  en  ce  qu'il  dient,  id.  «6.  vi,  tl. 
Il  XV'  s.  Pour  la  doute  [crainte]  des  rebellions, 
FROiss.  Il,  II,  27.  Sans  doute,  si  ce  n'eust  esté....  le 
roy  n'eust  jamais  souffert....  comm.  vi,  ï.  Et  y  met- 
toient  grans  doubles  aucuns,  veu  que  à  leurs  dos 
n'avoyent  nulles  places  pour  eux  retirer,  id.  i,  2. 
Le  duo  [de  Bourgongne]  lui  fist  faire  [à  Louis  XI] 
son  logis  [à  Péronne],  et  l'asseura  fort  de  n'avoir 
nulle  doubte  (le  roy  estoit  entré  en  grant  paour  ap- 
prenant l'arrivée  de  ses  malvueiUans  auprès  du  duc 
de  Bourgongne),  iD.  ii,  B.  ||  xvi*  s.  N'en  faictes 
doubte  aucune,  j.  mabot,  v,  21.  Cela  ne  se  peut 
révoquer  en  doute,  calv.  Instit.  784.  Il  n'y  a  nulle 
doute  que  c'est  une  exhortation  que  Dieu  lui  fait, 
ID.  ib.  268.  Vous  m'en  avés  escript  si  honnestement 
que  jamais  je  n'en  ay  faict  une  seule  doubte,  maro. 
Lett.  (Ot.  Puisqu'on  est  en  doubte  du  plus  court 
chemin,  il  fault  tenir  le  droict,  mont,  i,  (32.  Il  n'y 
a  point  de  doubte  qu'il  ne  soit  plus  beau  de  pardon- 
ner.... iD.  I,  (32.  Oui  y  peult  faire  doubte  [qui  peut 
en  douter]?  id.  i,  (74.  La  chose  est  de  soy  tant  no- 
toire, que  la  doute  en  seroii  trop  plus  déraisonna- 
ble, que  la  preuve  nécessaire,  amyot,  Pref.  xviii, 
47.  Non  seulement  le  commun  peuple  (lottoit  et 
branloit  en  ce  doubte,  mais  aussi  les  sénateurs,  id, 
Numa,  ♦.  Les  reformez,  eslevezde  leurdroict,  esii- 
mO'Bnt  toutes  doutes  effacées,  d'aub.  Hist.  1,  (29. 
On  l'empeschoit,  tant  sur  la  révérence  du  traitté, 
comme  sur  le  doute  de  l'exécution,  m.  ib.  i,  (85. 

—  ÉTYM.  Substantif  abstrait  de  douter;  bour» 
giiig.  dote;  provenç.  dopte,  dubte,  s.  m.;  catal. 
dubte;  espagn.  duda;  portug.  diiida;  ital.  dotta. 
Doute  a  été  d'abord  féminin  dans  la  langue;  c'est 
vers  la  fin  du  xvi'  siècle  que  le  genre  en  commence 
à  devenir  incertain ,  et  que  quelques-uns  le  font  tan- 
tôt féminin,  tantôt  masculin.  Palsgrave,  p.  26,  re- 
marque qu'on  écrit  double,  et  qu'on  prononce  dou(e. 
Ce  mot,  dans  l'ancienne  langue,  à  côté  du  sens  de 
doute,  a  aussi  celui  de  crainte. 

DOUTER  (dou-té),  v.  n.  ||  1°  Ne  savoir  si  l'on  doit 
croire  ou  ne  pas  croire  quelque  chose.  Je  doute 
qu'il  vienne.  Je  ne  doute  pas  qu'il  ne  vienne.  Dou- 
tez-vous que  je  sois  malade?  S'il  y  a  quelque  justiot» 
dans  le  ciel,  comme  personne  n'en  doute....  balz. 
liv.  I,  lett.  3.  Us  n'osent  plus  douter  de  nous  avoir 
surpris,  corn.  Cid,  iv,  3.  Et  je  doute  comment  vous 
portez  cette  mort,  id.  Uor.v,  2.  Je  doute  quel  rival 
s'en  fait  mieux  écouter,  id.  Suréna,  ii,  3.  Il  ne  faut 
point  douter  qu'il  fera  ce  qu'il  peut,  mol.  l'Étour.  il. 
8.  Et  je  ne  doute  point,  quoi  qu'il  n'en  ait  rien  dit, 
Que  tu  ne  sois  de  tout  le  complice  maudit,  id.  ib.  iv 
7.  Avons  dire  vrai,  je  doute  fort  que  vous  puissiez 
réussir,  ID.  Princ.  d'Él.  m,  2.  Je  ne  doute  point  que 
la  vraie  dévotion  ne  soit  la  source  du  repos,  la  brut. 
XIV.  Ne  doutez  point,  seigneur,  que  ce  coup  ne  la 
frappe,  Qu'en  reproches  bientôt  sa  douleur  ne  s'é- 
chappe, RAC  Brit.  III,  (.Doutez-vous  que  l'Euxin  ne 
me  porte  en  deux  jours  Aux  lieux  où  le  Danube  y  vient 
finir  son  cours?  id.  «ithr.  m,  (.  Thésée  est  mort, 
madame,  et  vous  seule  en  doutez,  id.  Phèd.  ii,  4. 
Je  doute  que  le  ris  excessif  convienne  aux  hommes 
qui  son»  mortels,  la  bruy.  xi.  Je  doute  que  ce  fût 
toi  qui  serais  en  reste,  J.  I.  ROUSS.  Hél.  VI,  5. 
Il  Douter  si.  Je  doute  si  je  serai  en  mesure  d'ac- 
complir ma  promesse.  Dorante  :  Et  quel  est  ce 
portrait? —  Lise  :  Le  faut-U  demander.  Et  dotitez- 
vous  si  c'est  ma  maîtresse  elle-même?  corn.  Suit* 
du  lient.  II,  6.  Ingnit,  je  doute  encor  si  je  n« 
t'aime  point,  rac.  Andr.  iv,  5.  Livrer  Psyché  aux 

-....,-  I.  —  155 


1234 


DOU 


désir»  d'un  monstreT  y  avait-il  de  la  justice  à  cela? 
aiiMi  les  parents  de  la  bellp  doutèrent  longtemps 
j'ils  oWiraient,  la  font.  Psyché,  i,;).  30  ||  Dou- 
ter qui,  quels,  ne  pas  savoir  qui....  quels....  Ce 
Siige  inébranlable  [Caton],  avant  que  de  Pompée 
Il  eût  vil  la  vaillance  injustement  tromiiée.  Doutant 
à  qui  l'État  devait  être  soumis.  Dans  l'un  et  l'autre 
chef  voyait  ses  ennemis,  bréubuf,  Phars.  ix.  Ainsi, 
de  tous  cfltés  lorsque  souffle  l'orage,  La  mer  doute 
à  i]ucls  vents  doit  obéir  sa  rage,  deulle,  TtoU 
règnes,  v.  ||  Douter  où,  ne  pas  savoir  en  quel  lieu. 
OÙe  les  Romains,  pressés  de  l'un  à  l'autre  bout,  Dou- 
tent où.  vous  serez  et  vous  trouvent  partout,  bac. 
Mithr.  m,  ).  ||  2"  Douter  de  quelqu'un,  n'avoir 
pas  confiance  en  lui.  Cet  homme  est  suspect;  on 
doute  de  lui  dans  son  parti.  On  doutait  de  sa 
probité.  Et  l'on  doute  d'un  cœur  qui  n'a  point 
combattu,  cohn.  Poly.  i,  3.  Je  me  fais  de  sa 
peine  une  image  cliarm.inte,  Et  je  l'ai  vu  douter  du 
cœur  de  son  amante,  rac.  BtU.  ii,  ».  Il  doute  de 
sa  fille  et  de  ses  sentiments,  volt.  Zaïre,  il,  4. 
Par  la  fortune  Athènes  détrônée  Maudit  Philippe  et 
douta  de  .ses  dieux,  béiiang.  Waterl.  ||  3°  Élre  dans 
le  scepticisme  soit  à  l'égard  des  dogmes  de  la  révé- 
lation, soit  à  l'égard  des  propositions  de  la  philoso- 
phie. Il  n'a  jamais  douté  des  mystères  de  la  reli- 
gion. Il  Absolument.  C'est  avoir  beaucoup  avancé  que 
(l'avoir  seulement  appris  à  douter.  Non  que  j'imi- 
tasse pour  cela  les  sceptiques,  qui  ne  doutent  que 
pour  clouter,  et  affectent  d'être  toujours  irrésolus, 
Di;sc.  Méth.  m,  6.  C'est  une  partie  de  bien  juger 
que  de  douter  quand  il  faut,  noss.  ConnaUs.  i,  <u. 
Et  qu'aux  derniers  moments  les  beaux  esprits  qui 
doutent  Ne  sont  pas  assurés  que  les  dieux  les  écou- 
tent, BOUHSAULT,  Ésope  à  la  cour,  m,  3.  Leibnitz  ne 
savait  pas  douter  assez,  bonnet,  Œuvres  mêlées, 
t.  xviii,  p.  93,  note  7,  dans  pougens.  ||  4°  Hésiter. 
Il  ne  douta  pas  un  seul  instant.  Il  doutait  de  rece- 
voir un  tel  présent  Que  ferez-vous?  —  J'en  doute, 
CORN.  Suréna,  ii,  4.  Pourriez-vous  un  moment  dou- 
ter de  l'accepter?  rac.  Àthal.  m,  *.  Et  vous  doutez 
oncor  d'a.sservir  ses  fureurs,  volt.  Orphel.  v,  l. 
Il  Ne  douter  de  rien,  trancher  les  questions  qu'on 
ne  conuaît  pas  bien,  se  jeter  sans  réflexion  dans 
des  entreprises  hasardeuses.  Les  grands,  une  fois 
corrompus,  ne  doutent  de  rien,  dider.  Règne  de 
Claude  et  Néron,  i,  §  2».  ||  Ne  douter  de  rien  signi- 
fie aussi  se  faire  illusion,  voir  tout  du  beau  céfté. 
Il  II  ne  doute  jamais,  il  ne  suspend  jamais  son  ju- 
gement, sa  décision.  ||  6°  N'être  pas  sûr  de  conser- 
ver. Elle  s'était  trouvée  malade  jusqu'à  faire  douter 
de  sa  vie,  ecarr.  Rom.  corn.  ch.  xiii.  ||  6°  Se  douter, 
I).  réfl.  Conjecturer,  soupçonner.  Je  ne  me  doutais 
pas  qu'il  vint.  Pouvais-je  me  douter  qu'il  dût  venir 
si  tôt?  Je  me  doutais  qu'il  viendrait.  Elle  s'est  dou- 
tée de  ce  qui  su  faisait.  Je  me  doute  qu'il  viendra 
me  voir.  Je  me  doiite  à  peu  près  quel  est  le  gou- 
verneur, tbista»,  Panthéc,  i,  i Je  m'en  dou- 
tais, seigneur,  que  ma  couronne  Vous  charmait 
bien  du  moins  autant  que  ma  personne,  corn. 
Nicom.  I,  2.  Je  me  doutais  bien  aussi  que  les  pro- 
phéties auraient  été  entièrement  fau.sses  à  l'ét^ard 
de  Vardes,  sév.  Lett.  27  mars  <e7<.  ||  Ne  pas  se  dou- 
ter, ignorer,  ne  pas  soupçonner.  Moi  qui....  Pour 
mourir,  d'aucun  mal  ne  me  fusse  douté,  régnikr, 
Sat.  XIII.  Il  y  voit  des  choses  qui  lui  sont  nouvelles 
dont  il  ne  se  doutait  pas,  la  bhuy.  xi. 

—  KEM.  1.  Douter  suivi  de  que  veut  toujours  le 
subjonctif:  Je  doute  que  cela  soit  vrai.  ||  2.  Lorsque 
la  phrase  est  négative,  le  verbe  au  subjonctif  prend 
ne.  Oui,  je  ne  doute  point  que  l'hymen  ne  vous 
plaise,  MOL.  Éc.  des  F.  ii,  6.  Je  ne  crois  pas  qu'on 
puisse  douter  que  Ninus  ne  se  soit  attaché  à  l'O- 
rient, Boss.  Hist.  III,  4.  Tous  eurent  le  courage 
de  lui  être  fidèles;  et  lui,  de  ne  pas  douter  qu'ils 
ne  le  fussent,  d'alemb  Eloges,  milord  Maréchal. 
Cependant  on  peut  supprimer  le  ne  :  Je  ne  doute 
pas  que  cela  soit  vrai.  ||  3°  Si  la  phrase  est  in- 
terrogative,  on  met  ordinairement  ne  :  Doutez- 
vous  que  cela  ne  soit  vrai?  cependant  ne  peut 
être  supprimé:  Doutez-vous  que  cela  soit  vrai? 
1  4.  En  cet  emploi,  dotiter  peut  se  tourner  par  ré- 
voquer en  douJ^  et  alors  on  peut,  s'il  s'agit  d'une 
action  qui  n'est  pas  encore  faite,  mettre  le  futur  de 
l'indicatif  :  Je  ne  doute  pas  qu'il  fera  tout  ce  qu'il 
pourra.  ||  6.  Corneille  a  dit:  Outre  que  le  succès  est 
encore  à  douter,  Iléracl.  m,  t.  L^-dessus  Voltaire 
remarque:  «  Le  succès  est  à  douter  est  un  solécisme. 
On  ne  doute  pas  une  chose,  elle  n'est  pas  doutée. 
iM  verbe  douter  exige  toujours  la  préposition  de.  » 
Cela  est  incontestable  dans  l'usage  actuel.  Mais  dans 
l'usage  ancien  il  un  était  autiemeni  ;  et  Corneille  a 
souioment  usé  d'un  archaïsme:  douter,  dans  l'an- 


DOU 

cien  français,  est  actif  et  signifie  craindre,  tenir 
pour  suspect.  Cet  archaïsme  se  trouve  aussi  dans 
Miilière:  Sous  couleur  de  changer  de  l'or  que  l'on 
doutait,  l'Élour.  II,  7.  ||  6.  Douter  dans  l'ancienne 
langue  signifiait  redouter;  se  douter  signifia  d'abord 
avoir  peur,  puis,  par  une  extension  facile,  imagi- 
ner, soupçonner.  Se  douttr  rentre  donc  dans  la  ca- 
tégorie des  verbes  se  connaître,  s'apercevoir,  s'en- 
tendre, voy.  s'apercevoir,  Remarque  2. 

—  HIST.  XI'  s.  Et  Sarazin  nés  [ne  les]  ont  mie  du- 
tez  [craints],  Ch.  de  Roi.  xc.  Et  l'amiralz  ne  le 
craint  ne  nel  dule,  ib.  cclxi.  ||  xii*  s.  De  ce  ne  vous 
dotez  [n'en  doutez  pas],  th.  p.  3(.  S'en  serez  plus 
doté  [ainsi  vous  en  .serez  plus  redouté],  ib.  p.  35. 
Que  m'amor  ne  soit  doulitée  [mise  en  doute],  Couci, 
I.  De  vous  prier  [je]  me  dout  et  fais  hardi  [jo  crains 
et  ose],  ib.  VII.  Aiiiçois  me  doute  [je  crains]  qu'en 
trestout  mon  aage  [je]  Ne  puisse  assez  li  [elle]  et 
s'amor  servir,  ib.  xix.  Ahl  gentis  rois,  quand  Dieux 
vous  fist  croiser.  Toute  Egypte  douloit  vostre  re- 
nom, QUESNES,  liomancero,  p.  too.  Seignor,  par 
tel  manière,  jà  nuls  n'en  soit  dotans,  Fu  meûe  la 
guerre  entre  Saisnes  et  Francs,  Sax.  v.  ||xiii"s.  Et 
ne  fu  mie  merveille  se  k  s'en  doubta  [en  eut  peur], 
villeb.  clxii.  Bien  ferai  la  besoigne,  de  ce  n'esluet 
[il  ne  faut]  douter,  Berle,  xvu.  Car  moût  [elle]  dou- 
toil  la  bise,  qui  ert  [était]  tranclians  et  fiere,  ib.  xl. 
Tant  doute  [elle  craint]  à  couroiicer  Dieu  et  sainte 
Maiie,  ib.  cxix.  Et  s'ele  l'a  [ce  vœu]  voué,  jà  mar 
en  douterez,  [elle]  Ne  le  briseroit  mie  pour  l'or  de 
dix  citez,  ib.  cxxi.  Il  ne  doutent  pluie  ne  vent  Ne 
nule  autre  cbde  grevant,  la  Rose,  2743.  Lor  de- 
mandes doivent  esire  mises  en  escrit;  et  ctles  dont 
li  exécuteur  se  doutent  qu'eles  ne  sont  pas  vraies, 
il  les  convient  prouver  as  demandeurs,  beaum.  xii, 
31.  Il  XIV'  s.  S'il  n'i  avoit  que  moi  avec  ma  bonne 
gent.  Si  ne  doubté-je  mie  qu'as.sez  prochainement 
De  Henri  et  des  siens  n'ayez  le  vengement,  Guescl. 
16974.  Le  suppliant  doublant  rigueur  de  jastice, 
DU  CANGE,  abscrttandus.  \\  x\' s.  Je  feray  volontiers 
et  de  bon  cœur  ce  que  vous  me  commandez,  à  mon 
loyal  pouvoir,  jamais  n'eu  doutez,  fboiss.i,  i,  47.  Or 
vous  dis  que  le  sire  de  Beaujeu,  qui  estoit  dedans, 
capitaine  de  Mortaigne  et  moult  sage  guerioyeur, 
s'estoit  bien  douté  de  ces  assauts,  id.  i,  i,  t3£>.  Le 
clerc  se  douta  du  chevalier,  car  il  estoit  crueux, 
ID.  m,  22.  Les  bourgeois  de  la  ville,  qui  doutèrent 
le  leur  à  perdre,  leurs  femmes  et  leurs  enfants,  re- 
gardèrent que,  au  long  aller,  ils  ne  se  pourroient 
tenir,  id.  i,  i,  224.  Très-noble  et  douté  seigneur 
monseigneur  Jean  de  Hainaut,  id.  Prol.  Pour  po- 
voir  parler  au  roy  en  bonne  seureté  [le  connestable] , 
car  il  doubloit  de  sa  personne  comme  celluy  qui 
sçavoit  toute  la  conclusion  qui  avoit  esté  prinse 
[contrelui]  àBouvines,  comm.  m,  n.  Doublant  qu'ils 
ne  feissent  ouverture  à  luy  et  à  son  frero,  id.  i,  2. 
Il  ne  fault  doubler  que  nul  jour  sans  perte  et  gaigne 
ne  se  passa  tant  d'ung  coté  que  d'autre,  mais  de 
choses  grosses  il  n'y  avoit  riens,  id.  i,  9.  Je  ne  sçay 
s'ils  disoient  ainsi  à  part;  je  me  double  que  non, 
ID.  Il,  9.  Et  ne  fault  point  doubler  à  ce  que  ceulx 
qui  esloient  avec  le  roy  n'eussent....  id.  m,  3. 
Il  xvi*  s.  Quand  nous  voyons  des  voUeurs,  qui  ont 
commis  quelque  meurtre  ou  iarrecin,  nous  ne  dou- 
tons point  de  leur  imputer  la  faute  et  de  les  con- 
damner, CALV.  Instit.  224.  Je  me  double  que  ne 
croyez  asseurement  ceste  estrange  nativeté,  bab. 
Garg.  1,8.  Aul  tre  chose  ne  me  ameine ,  sinon  le  de- 
sir  de  sçavoir  ce  dont  j'ay  doubté  toute  ma  vie,  m. 
ib.  II,  (8.  Adoncqucs  le  roy  argenté  change  de  place, 
doublant  la  furye  de  la  royne  aurée,  id.  ib.  ii,  26. 
Je  me  double  que,  en  Portugal,  y  ayt  quelque  sédi- 
tion, ID.  Épil.  9.  Pour  qi  oy  je  me  double  que  il  y  a 
de  la  fourbe  en  son  cas,  id.  ib.  to.  Haulsent  l'espaule 
à  mode  de  Lombars .  Doubtans  [ne  croyant  pas] 
qu'on  eust  dessus  Gènes  victoire,  J.  marot,  v,  26. 
Nos  AUemans  quelque  petit  doublèrent,  Voyans  ce 
roch  quasi  inaccessible,  ID.  v,  27.  Je  croy  (jue  vous 
ne  doubles  pas  que  mille  occasions  ne  nous  oustent 
de  ce  monde,  suivant  la  voulenté  de  celuy  qui  nous 
y  mit,  MARG.  Lett.  B5.  Je  me  double  d'estre  au  .sej)- 
tiesme  mois  [de  ma  grossesse],  qui  y  est,  après 
l'huitiesme,  le  plus  dangereux,  id.  ib.  77.  Je  peii- 
soys  aller  (ligner  à  Amiens,  mais  me  doublant  que 
j'y  trouverois  une  poure  maison  bien  desoiée,  je 
digneray  icy,  ID.  i6.  <33.  Vous  advertir  non  seule- 
ment de  ce  que  je  say,  mais  de  ce  que  je  double, 
pour  nous  en  conduire  par  vostre  advis,  id.  ib.  m. 
La  maladie  du  cardinal  d'Armaignac  est  une  fièvre 
tierce,  mais  tant  aiguë,  que  ceux  qui  ne  le  con- 
gnoissent  iloubtent  sa  vie,  id.  ib.  140.  C'est  une  science 
de  laquelle  ils  doublent  que  l'homme  .soit  capable. 
îiONT.  Il,  230.  La  profession  des  pyrrhcniens  est  de 


DOU 

doubler  et  enquérir,  id.  h,  230.  Nous  doublon»  sur 
Ulpian,  et  redoublons  encore  sur  Barlolus,  id.  iv, 
236.  Il  commencea  à  se  doubler  de  la  vtrité,  AHror, 
Rom.  8.  Je  ne  m'en  fierois  pas  à  ma  propre  mère, 
doublant  que  par  mesgarde  elle  ne  meist  la  febvs 
noire  en  cuidant  mettre  la  blanche,  id.  AU.  4U.  U 
cria  à  haulte  voix  à  ses  gens  de  pied  qu'ilz  le  suy- 
vissenl  hardiment,  et  qu'ilz  ne  doubtaisent  du  rien, 
id.  Timol.  37.  Il  n'y  en  avoit  pas  un  seul  de  qui  il 
se  iloubtast,  ne  de  qui  U  se  deffiast  tout  comme  il 
faisoit  de  Metellus,  ID.  Marins,  49.  Et  si  douUoit 
aussi  d'un  autre  costé  de  prendre  son  chemin  par 
la  montagne,  pour  autant  qu'il  estoit  long,  ui.  iu- 
cull.  28. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  dôltai;  provenç.  duptar, 
doptar;  calai,  duhtar;  espagn.  dudar ;  portug.  du- 
nidar;  ital.  dottare;  du  latin  dubitare,  d'un  radical 
dub,  qui  se  trouve  dans  dubius  et  qui  signifie  dou- 
ble; grec,  8oiâ!;eiv,  de  8010;,  double. 

t  DOUTEUR  (douleur),  s.  m.  Celui  qui  doute. 
Que  je  hais  ceux  qui  font  les  douleurs  de  miracles  I 
Montaigne  en  parle  comme  il  faut  dans  les  deux 
endroits  (d'autres  éditions  ont  douteux,  qui  est 
peut-être  une  ancienne  prononciation  de  douleur), 
PASC.  Pensées,  t.  i,  p.  38»,  édit.  Lahure.  Du  dou- 
leur et  de  l'ailorateur,  vult.  Dial.  20. 

—  SYN.  DOUTEUR,  SCEPTIQUE.  Le  doutcuT  est  celui 
qui  doute  :  un  douleur  de  miracles,  comme  dit 
Pascal  ;  le  douleur  n'a  point  de  système  général  de 
doute  ;  le  sceptique  en  a  un. 

—  HiST  XIII'  s.  Roïne  sui  de  France,  jà  n'en  soil 
nuls  doutere,  Bcrte,  cxiii. 

—  ÉTYM.  Provenç.  duptador,  craintif;  du  latin du- 
bitatorem ,  de  dubitare ,  douter.  L'ancien  français 
doutere  est  au  nominatif,  du  latin  dubitàtor,  avec 
l'accent  sur  tu. 

DOUTECSEMENT  (dou-teû-ze-man) ,  adv.  Avec 
doute,  d'une  façon  douteuse.  Il  ne  peut  soulTrir  qu'on 
parle  de  la  victoire  douteusement,  balz.  liv.  viii, 
lett.  2.  On  sait  si  douteusement  ce  qu'on  sait,  que 
j'aime  presque  autant  ne  rien  savoir,  m"'  de  scudëkv, 
Conversation  de  l'envie,  dans  ricuelet.  Dont  il  ma 
parlé  plus  douteusement  que  la  première  fois,  BOss. 
Lett.  quiét.  412.  Les  gens  de  bonne  foi  devraient 
traiter  douteusement  des  choses  douteuses,  le  chs- 
valier  de  méhé,  dans  richelet. 

—  HlST.  xV  s.  Humblement  et  douteusement 
[avec  crainte]  il  servoit  amour  et  sa  dame,  Bou- 
ciq.  I,  8.  Il  XVI'  s.  La  lune  l'accumpaigne,  ornement 
de  la  nuict,  Qui  d'une  autre  clarté  douteusement 
reluit,  DUBELL.  IV,  7t ,  rcclo.  Advantage  bien  doub- 
teusement  acquis,  mont,  i,  15. 

—  ÉTYM.  Douteuse,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
doptosamen;  espagn.  dudosamente. 

DOUTEUX,  EUSE  (dou-teû,  teù-z),  adj.  ||  1°  Qui 
est  sujet  à  doute,  à  incertitude.  Un  succès  douteux. 
La  leçon  du  manuscrit  est  douteuse.  U  ne  lui  donna 
que  des  paroles  douteuses.  6  parole  douteuse  !  On 
peut  dire  Hypermnestre  heureuse  et  nialiieureuse, 
GOMBAUD,  Vana'ides,  v,  2.  Avec  de  tels  seconds  rien 
n'est  pour  vous  douteux,  corn.  Nicom.  m,  8.  Son 
cours  [de  la  justice]  lent  et  douteux  fait  perdre 
trop  de  larmes,  iD.  Cid,  m,  2.  La  victoire  demeura 
longtemps  douteuse  entre  les  deux  peuples,  boss, 
Hist.  1,  8.  Cette  prédiction  ne  pouvait  lui  être  dou- 
teuse, FLÉCH.  t.  I,  p.  389.  Aux  yeux  embarrassés  des 
juges  les  plus  sages,  Tout  sens  devint  douteux,  tout 
mot  eut  deux  visages,  boil.  Sat.  xii Du  jour  il- 
lustre et  douloureux  Qui  décida  du  sort  d'un  long 
siège  douteux,  rac  Beri^n.  i,  3.  Cet  effroi  que  le 
redoutable  et  douteux  avenir  de  la  guerre  doit  in- 
spirer, MIRABEAU,  Collection,  t.  m,  p.  32i.  Mille 
douteux  discours  démentant  ces  discours  Ëgaraicnt 
mon  e.sprit  et  m'abusaient  toujours,  lemerc.  Aga- 
memn.  1,  1.  Il  2°  Dont  on  doute,  dont  on  n'est  pas 
sûr,  suspect,  en  parlant  des  personnes  et  des  cho- 
ses. Probité  douteu.se.  Homme  douteux.  Trois  mem- 
bres de  ce  comité  sont  pour  nous,  les  autres  svat 
douteux.  Ceux  qui  prennent  des  conseils  intéressés 
et  corrompus,  ou  même  douteux  et  suspects,  pour 
se  déterminer  dans  les  alTaires  importantes,  boss. 
Politique,  x,  11,  ts.  Lorsque  nous  vous  exhortons» 
fuir  les  conversations  profanes,  les  commerces  sus- 
pects, les  plaisirs  douteux....  mass.  Car.  Fausse 
conf.  Biens  qu'il  avait  accumulés  par  des  voies  si 
douteuses  pour  le  salut,  mass.  Av.  Mort  du  pétk. 
Il  Pièce  douteuse,  pièce  de  monnaie  qu'on  peut 
soupçonner  d'ê're  fausse  ou  de  bas  aloi.  ||  Dan- 
gereux. La  tendresse  n'est  point  de  l'amour  d'un  hé- 
ros; Il  est  douteux  pour  lui  d'écouter  les  sanglots, 
corn.  Siir^no,  v,  3.  ||  Mot  douteux,  mot  qui  peut 
être  interprété  d'une  manière  blessante.  Et  pour  le 
moindre  mot  douteux  J'étranglerais  im  homme  o-i 


DOU 


DOU 


DOU 


i235 


(leur,  scabhon,  Virg.  trav.  vn.  ||  Mot  douleux  si- 
gnifie aussi  un  mot  de  la  correction  duquel  on  n'est 
pas  sûr.  Il  3°  Jour  douteux,  lumière,  clarté  douteuse, 
jour,  lumière  qui  permet  à  peine  de  distinguer  les 
objets.  Au  jour  faible  et  douteux  des  astres  qui  pAlis- 
sent,  Ducis,  Wacheth,  ir,  3.  La  douteuse  lueur  [de  la 
înne] ,  dans  l'ombre  répandue,  lam.^bt.  Iff'd.  ii,  2. 
Il  Fig.  Ou'entrcvois-je,  6  destin,  dans  ta  clarté  dou- 
teu';e?DUCis,0(/ipJi(),ii,<.  ||  4°  Terme  de  grammaire. 
Noms  douteux,  noms  dont  le  genre  n'est  pas  fixé  \s.t 
l'usage.  Voyelle  douteuse,  voyelle  qu'on  peut  faire 
longue  ou  brève  à  volonté.  US"  Qui  doute,  indécis. 
Il  regardeen  arrière  et,  douteux  de  son  choix.  Lors- 
que sa  voix  l'appelle,  écoute  une  autre  voix,  corn. 
Poly.  I,  \.  Oui  jTaxile,  mon  cœur,  douteux  en  ap- 
parence.... BAC.  Alex.  IV,  s.  Il  6°  Timide,  méfiant. 
[I,e  vieillard]  Imbécile,  douteux,  qui  voudrait  et  qui 
n'ose,  BiîGNiER,  Sat.  v.  Il  [le  lièvre]  était  douteux, 
inquiet.  Un  souffle,  une  ombre,  un  rien  tout  lui 
donnait  la  fièvre,  la  font.  Fahl.  ii,  u.  Plus  qu'au- 
cun des  mortels  par  la  honte  abattu.  En  vain  j'arme 
contre  elle  une  faible  vertu;  Ainsi  toujours  douteux, 
chancelant  ou  volage.. ..  noiL.  Ép.  m.  [j  7"  S.  m.  Ce  qui 
est  douteux.  Risquer  le  certain  pour  le  douteux. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  ta  face  de  moi  [tu]  tordras  En 
la  fin,  qui  est  tant  doutouze,  Et  à  cha<cun  est  pé- 
rilleuse, Psnumesen  vers,  dans  liber  psalm.  p.  269. 
Et  sachiés  que  ce  fu  une  des  plus  douteuses  [redou- 
tables] choses  qui  onques  fust  à  faire,  villeh.  lxx. 
Et  se  ce  est  chose  douteuse,  fai  le  enquerre  par 
sages  gens  isnellement  [promptement]  et  diligen- 
mont,  joiNV-  301.  ||  xiv  s.  Labourer  environ  icelui 
[membre],  qui  est  jà  spasme,  par  douteuse  méde- 
cine, R.  DE  MONDEviLLE,  f"  66.  Il  sembli!  que  los  ex- 
trêmes soient  doubteux,  ORESME,  Eth.  126.  Du  quel 
dommage  la  cause  ne  fu  mie  doubteuse,  BEBCHEtRE, 
f"  40,  verso.  ||  xv  s.  Le  premier  jour  du  doubteux 
mois  de  mars,  R.  df.sch.  Poésies  mss.  f°  <28,  dans 
LACURNE.  Il  xvi's.  Bien  cognoissant  qu'en  guerre  pé- 
rilleuse Seur  [sûr]  est  l'allrT,  doubteux  est  le  retour, 
j  MAROT,  V,  76.  Si  vous  recitez  simplement  une  cause 
à  l'advocat,  il  vous  y  respond  chancellant  et  doub- 
teux, MONT,  n,  326.  Considérant  l'imbécillité  du 
genre  humain  et  la  difficulté  du  choix  ez  choses 
nouvelles  et  doubteuses,  m.  i,  330.  Le  style  oubl- 
ieux et  doubteux  des  oracles,  id.  ii,  3B8.  Le  messa- 
gfr  faignit  que  l'issue  en  avoit  esté  doubteuse, 
AMYOT,  Fab.  7.  Nasica  escrit  qu'il  eut  une  fort  as- 
pre  et  doubteuse  rencontre  à  la  cyme  de  la  mon- 
tagne, ID.  P.  yEm.  26.  Ayant  connu  aux  mines  du 
chirurgien  que  sa  plaie  estoit  douteuse,  d'aub. Fie, 

IXVI. 

—  ÉTYM.  Doute;  provenç.  d&ptos ;  catal.  dubtos; 
espapn.  dudoso;  portug.  duridoso;  ital.  dotloso. 

f  DOUTIS  (dou-ti),  s.  m.  Terme  de  commerce. 
Toile  de  coton  blanche  des  Indes. 

DOUVAIN  (dou-vin),  s.  m.  Bois  qui  sert  à  faire 
des  douves,  des  barils,  et  d'autres  ouvrages  de 
de  même  nature. 

—  ÉTVM.  Douve. 

(.  DOUVE  (dou-v'),  s.  {.  Il  l»  Nom  de  planches 
disposées  en  rond  qui  forment  le  corps  du  tonneau 
et  qu'on  fait  tenir  ensemble  avec  des  cercles.  Six 
douves  de  poinçon  servaient  d'ais  et  de  barre,  Ré- 
gnier, Sat.  XI.  Il  2°  Fossé  servant  de  limite  aux 
champs  et  d'écoulement  aux  eaux.  ||  Terme  de  forti- 
fication. Douve  de  fossé,  paroi  des  fossés  de  la  for- 
tification ancienne.  {|  Terme  de  construction.  Mur 
d'un  bassin  quand  il  n'est  que  d'une  assise  ou  deux. 
Il  Caverne  que  les  habitants  des  bords  de  la  Loire 
creusent  dans  le  roc  pour  s'y  loger.  ||  3°  Planche  sur 
laquelle  on  met  les  peaux  de  veaux  pour  les  ratisser 
et  en  enlever  les  parcelles  de  tan. 

—  aiST.  xii"  s.  Sovent  en  i  a  d'enversez  Jus  ez 
grans  doves  des  fossez,  benoIt,  v.  H864.  Il  i  ont 
mis  du  feu  tout  rasé  [ras]  un  tonel;  Les  douves 
sont  emprises,  si  rompent  li  cercel,  Sax.  ix.||  xiii's. 
Tout  cil  qui  ont  arbres  souz  le  [la]  forterece  de  le 
[la]  vile,  ke  il  les  aient  fait  couper  à  quatre  pies 
près  de  la  deuve,  tailliar.  Recueil,  p.  125.  El  liu 
où  il  apert  mix  [mieux],  ou  par  bonnes  [bornes] 
anciennes  qui  sont  trouvées,  ou  par  douves  ancien- 
nes de  fossés  qui  sont  trouvées,   bealm.  xxv,  9. 

]  xiv  s.  Lesquels  trois  variés  feussent  revenuz  ar- 
mez d'esptes  et  de  dagues,  et  leurs  visages  estou- 
pez  et  muciez  de  leurs  chaperons  au  long  d'une 
douve  et  fossé  tenant  au  bail  de  la  ditte  ville,  du 
GANGE,  doura.  Il  xv*s.  Et  vindrent  ardoir  la  ville  de 
Cousiesur  lesdouvesdelamer,  fboiss.  liv.iii,  p.  167, 
dans  LACURNE.  Les  murs  estoient  tous  rasez,  et  po- 
Toient  [les  assiégés]  saillir  par  où  ils  vouloient,  et 
y  avoit  seulement  ung  peu  de  douve,  ne  jamais  ne  y 
cit   fossûz,  car  le   fons  est  très-aspre  et  très-dur, 


COMM.  II,  U.  Ils  avoient  droit  d'avoir  près  d'icoulx 
maretz  certains  grans  fossez  ou  (lâches,  appeliez 
douvres;  esquels  douvres,  quant  la  rivière  de  Marne 
se  desvoye  et  est  hors  de  son  chanel,  se  arrcste.... 
nn  CANGE,  doura.  [[xyi"  s.  Le  fossé  appartient  à  ce- 
lui sur  lequel  est  le  rejet;  car  qui  douve  a,  si  a 
fossé,  LOYSEL,  289.  Quand  les  tonneliers  veulent 
retirer  une  douve  du  dedans  au  dehors,  paré, 
viii,  6.  Oui  a  la  douhe  du  fossé  du  costé  de  son  hé- 
ritage, pareillement  le  fossé  lui  appartient,  no 
CANGE,  doha.  Auquel  lieu  l'avant-garde  de  l'armée 
huguenotte  se  présenta  en  bataille  j'isques  sur  les 
dubes  du  faux-bourg  St-Ladre  [de  Poitiers],  castel- 

NAU,   247. 

—  ÉTYM.  Normand  douve,  fossé  d'eau  croupis- 
sante ;  wallon ,  dèwe;  provenç.  dogua,  creux,  ca- 
vité; ital.  doga,  douve  de  tonneau,  et  raie,  bordure 
d'étofl'e;  milanais,  dofa,  même  sens;  bas-latin, 
doga,  qui  se  trouve  dans  Grégoire  de  Tours  avec  le 
sens  de  conduit  (fossas  in  circuitu  fieri  jussit,  ne 
forte  dogis  occultis  lymphae  deducerentur  in  fon- 
tem,  cité  dans  du  Cange)  ;  allem.  Daube;  hoU.  duig; 
suisse,  dauge,  tous  mots  germaniques  qui  signi- 
fient douve  de  tonneau.  Voilà  toutes  les  formes  mises 
sous  les  yeux  du  lecteur;  maintenant,  il  y  a  dans  la 
latinité  le  mot  doga  qui  signifie  vase,  coupe,  et  que 
du  Cange  a  rattaché  aTéc  raison  au  grec  Snx'fi ,  ré- 
servoir; Diez,  partant  de  là,  a  établi  la  série  des 
sens:  réservoir  d'eau,  fossé,  rebord  du  fossé,  ce 
qui  retient  le  liquide  dans  un  tonneau,  la  douve, 
et  même  rebord,  encadrement,  un  des  sens  de 
l'italien  doga  qui  signifie  aussi  raie,  bordure.  La 
transformation  littérale  est  parfaitement  justifiée  : 
doga  se  change  en  doure,  comme  rogare  en  rou- 
ver,  dans  l'ancien  français. 

2.  DOL'VE  (dou-v'),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Nom  vulgaire  de  deux  espèces  de  renoncules  qui 
croissent  dans  les  marais.  Grande  douve,  nom  vul- 
gaire de  la  renoncule  langue.  Petite  douve,  nom 
vulgaire  de  la  renoncule  fiammule. 

—  ÉTVM.  Le  nom  de  la  douve,  fossé,  a  été  sans 
doute  transporté  à  la  douve,  plante  qui  croît  dans 
les  douves  pleines  d'eau,  dans  les  marais. 

f  3.  DOUVE  (dou-v'),  s  f.  Terme  de  zoologie. 
Sorte  de  ver  qui  se  trouve,  par  maladie,  dans  le 
foie  des  moutons  (distoma  hepaticum). 

—  ÉTYM.  Peut-être  le  foie  rempli  de  douves  a-t-il 
été  comparé  à  une  douve  marécageuse. 

f  DOUVE  (dou-vé),  adj.  m.  Foie  douve,  nom, 
chez  les  bouchers,  du  foie  des  moutons,  quand  il  est 
rempli  de  douves. 

—  ÉTYM.  Douve  3. 

■j-  DOUVEIXE  (dou-vè-l'),  s.  f.  Terme  de  construc- 
tion. Petite  douve. 

—  HIST.  XVI'  s.  Que  chacun  cent  de  douelles  de 
bois,  appelle  merain,  servant  à  faire  poinçons  et 
fusts  neufs....  Arrêt  du  Parlem.  16  sept.  t677. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  douve;  douelle,  diminutif 
de  douhe  (voy.  l'hist.  de  douve  t). 

t  DOUVILLE  (dou-vi-l'),  s.  f.  Variété  de  poire 
d'automne. 

DOUX,  DOUCE  (doû,  dou-s';  l'a:  se  lie  :  dou-z  et 
poli),  adj.  Il  1°  Dont  la  saveur  e.st  agréable,  qui  n'a 
rien  de  rude.  Amande,  orange  douce.  Pomme  douce. 
Contre  la  maxime  de  médecine,  que  toutes  les- 
cho.^es  douces  se  tournent  en  bile,  voit.  Lett.  B7. 
Il  Sauce  douce,  sauce  faite  avec  du  sucre  et  du 
vinaigre.  Il  Mets  trop  doux,  mets  trop  sucré.  ||  Vin 
doux,  jus  de  raisin  qui  n'a  pas  encore  fermenté,  et 
qui  est  doux  au  goût.  ||  Qui  manque  d'assaisonne- 
ment. Une  sauce  trop  douce.  ||  Qui  n'est  pas  salé. 
Eau  douce,  celle  des  lacs  et  des  rivières,  par  oppo- 
sition à  celle  de  la  mer.  ||  Familièrement.  Marin 
d'eau  douce,  se  dit  par  raillerie  d'un  homme  qui 
n'a  navigué  que  sur  les  rivières  ou  qui  a  peu  navi- 
gué. Il  Un  médecin  d'eau  douce,  s'est  dit  pour  mau- 
vais médecin  et  qui  ne  sait  que  prescrire  de  l'eau 
claire.  |{  2°  Par  extension,  qui  fait  sur  les  sens  une 
impression  agréable.  Une  chose  douce  au  toucher. 
Un  poil  doux  comme  la  .soie.  Une  douce  odeur.  Doux 
parfum.  Doux  accents.  Doux  murmure.  Un  doux  zé- 
phyr. Air  doux.  Temps  doux.  Un  doux  sommeil.  Une 
contrée  fertile,  douce,  aimable,  riante....  mass.  Car. 
Salut.  Ainsi,  dans  les  dangers  qui  nous  suivent  en 
croupe.  Le  doux  parler  ne  nuit  de  rien,  la  font. 
Fabl.  m ,  12.  Oh  I  que  j'aime  bien  mieux  cet  auteur 
plein  d'adresse  Qui ,  sans  faire  d'abord  de  si  haute 
promesse.  Me  dit  d'un  ton  aisé,  doux,  simple,  har- 
monieux.... BoiL.  Art  p.  m.  Chantez  le  saule  et  sa 
douce  verdure,  ducis,  Othello,  v,  2.  Il  a  des  vête- 
ments plus  doux,  un  asile  mieux  défendu  contre 
l'injure  des  saisons,  raynal,  Ilist.  phil.  xvii,  4. 
Il  il  fait  doux  [c'est-à-Jire  la  température  de  l'air 


e,st  douce,  tiède],  sÉv.  00.5.  ||  Une  douce  influence, 
une  influence  lente  et  salutaire.  ||  Un  doux  sommeil, 
un  sommeil  tranquille.  ||  3°  Oui  n'a  rien  de  difficile, 
de  fatigant.  Un  escalier  doux.  Pente  douce.  ||  Voi- 
ture douce,  voiture  qui,  bien  suspendue,  ne  secoue 
pas  ceux  qui  sont  dedans.  ||  Pluie  douce,  pluie  me- 
nue, qui  n'est  pas  froide,  avec  un  temps  calme. 
Il  Lime  douce,  lime  dont  les  aspérités  sont  fines  et 
peu  saillantes.  ||  Vue  douce,  vue  où  il  y  a  d'agréa- 
bles repos,  tels  que  des  prés,  de  petits  bois,  etc. 
Il  Terme  de  peinture.  L'effet  d'un  tableau  est  doux, 
quand  il  présente  une  juste  grailation  des  clairs  aux 
ombres,  des  couleurs  brillantes  aux  couleurs  graves. 
Doux  en  ce  sens  s'oppose  à  dur.  ||  Purgaiion  douce, 
purgatif  doux,  purgation,  purgatif  qui  agit  sans 
tranchées.  |1  Chaleur  douce,  chaleur  modérée.  ||  l'eu 
doux,  feu  qui,  dans  les  opérations  de  cuisson,  n'est 
pas  poussé  vivement.  ||  Il  se  dit  de  certains  métaux 
purs  et  peu  cassants.  Cuivre  doux.  Le  for  doux,  par 
opposition  au  fer  aigre  qui  est  cassant.  ||  Terme  de 
gravure.  Se  dit  d'un  métal  que  le  burin  coupe  aisé- 
ment et  nettement.  ||  Gravure  en  taille-douce,  ou, 
simplement,  taille-douce,  gravure  qui  se  fait  avec 
le  burin  ou  l'eau-forte  sur  des  planches  de  cuivre; 
l'art  de  faire  cette  gravure.  ||  Taille-douce,  voy. 
taille.  Il  4°  Terme  de  grammaire.  Les  consonnes 
douces  sont  b,  g  et  d,  par  opposition  aux  con- 
sonnes fortes  qui  sont  p,  k,  t.  ||  Terme  de  gram- 
maire grecque.  Esprit  doux,  signe  en  forme  de  vir- 
gule, qui  se  met  sur  les  voyelles  initiales  qui  ne 
doivent  pas  être  aspirées  -,  il  se  met  aussi  sur  le  pre- 
mier de  deux  p  qui  se  suivent  :  ff.  ||  B"  Fig.  Oui  lait 
sur  l'esprit  ou  le  cœur  une  impression  comparée  à 
celle  que  font  le  miel  et  le  sucre  sur  le  goût.  Il  est 
doux  de  vivre  en  liberté.  Vous  dire,  sans  que  tant  de 
personnes  l'entendent,  ce  que  je  sens  pour  vous,  com- 
bien votre  absence  m'est  insupportable  et  votre  mé- 
moire m'est  douce,  voit.  Lett.  42.  Agréable  colère! 
Digne  ressentiment  à  ma  douleur  bien  doux  !  corn. 
Cidji,  ».  L'exemple  est  la  plus  douce  et  la  plus  forte 
loi,  ID.  Imit.  Il,  3.  [Les religieux]  Parlent  peu,  dor- 
ment peu,  se  lèvent  du  matin ,  Prolongent  l'orai.son, 
prolongent  la  lecture ,  Et  sous  ces  dures  lois  font  une 
douce  fin,  iD.tt>.i,2B.  [devoirs]  ....  que  vous  êtes  doux 
à  mon  cœur  amoureux,  id.  Poly.  u,  4.  Les  plus  doux 
de  mes  vœux  enfin  sont  exaucés,  id.  ttodog.  iv,  2.  Kt 
ces  grands  cœurs,  enflés  du  bruit  de  leurs  combats, 
Souverains  dans  l'armée  et  parmi  leurs  soldats.  Font 
du  commandement  une  douce  habitude,  m.  Ntcom. 
Il,  <.  Porte,  porte  ce  cœur  à  de  plus  douces  chaî- 
nes, ID.  ib.  V,  i.  Tout  ce  qui  naît  de  doux  en  l'a- 
moureux empire,  la  font.  Adonis.  Cet  espoir  est 
bien  doux  à  des  cœurs  offensés,  mol.  Don  Juan,  m, 
6.  C'est  ainsi  qu'une  femme  en  doux  amusements 
Sait  du  temps  qui  s'envole  employer  les  moments, 
boil.  Sat.  x.  Vous  trouverez  ailleurs  des  entretiens 
plus  doux,  RAC.  Théb.  y,  3.  Un  bonheur  si  commun 
n'a  pour  moi  rien  de  doux,  id.  ib.  v,  4.  Et  tout  in- 
grat qu'il  est,  il  me  sera  plus  doux  De  mourir  avec 
lui,  que  de  vivre  avec  vous,  id.  Andr.  iv,  3.  J'y 
consens;  porte-lui  cette  douce  nouvelle,  id.  Brit. 
II,  2.  Ce  port  majestueux,  cette  douce  présence.... 
10.  Bérén.  i,  B.  C'est  une  vengeance  douce  à  celui 
qui  aime  beaucoup  de  faire,  par  tout  son  procédé, 
d'une  personne  ingrate  une  très-ingrate,  la  bruy. 
IV.  S'il  est  doux  et  naturel  de  faire  du  mal  à  ce  que 
l'on  hait,  l'est-il  moins  de  faire  du  bien  à  ce  que 
l'on  aime?  id.  ib.  ô  doux  espoir  à  mon  cœur  éperdu , 
volt.  Als.ii,  3.  Doux  bocage,  adieu;  je  succombe. 
Tu  m'avertis  de  mon  destin;  De  ma  mort  la  feuilli! 
qui  tombe  Est  le  présage  trop  certain,  millevoye, 
la  Chute  des  (milles.  Soleil  si  doux  au  déclin  de 
l'automne.  Arbres  jaunis,  je  viens  vous  voir  encor, 
bérang.  Àd.  à  la  camp.  Le  23,  le  quartier  impérial 
était  à  Borowsk;  cette  nuit  fut  douce  pour  l'empe- 
reur [qui  se  crut  maître  de  la  ruute  de  sa  retraite 
I  hors  de  Moscou],  ségur,  Hist.  de  Nap.  ix,  2).  Ils 
I  [les  clairons]  parlaient  un  langage  Connu  de  mon 
'  oreille  et  doux  à  mon  courage,  delav.  Paria,  i,  ^ 
!  Il  Faire  les  doux  yeux,  ou  les  yeux  doux,  cherche: 
I  à  plaire.  Ne  fais  point  les  doux  yeux;  je  veux  ètr» 
facile,  MOL.  le  Dép.  iv,  4.  Â  Colin  toujours  alerte, 
Ne  faites  pas  les  yeux  doux,  bérang.  ilfère  aveugle. 
Il  Faire  les  doux  yeux  à  une  femme,  chercher  à  ga- 
gner ses  bonnes  grâces  ||  Billet  doux,  billet  d'amour, 
de  galanterie.  |;  Les  doux  propos,  paroles  de  galan- 
terie, d'amour.  ||  Familièremejit.  Entre  doux  et  ha- 
gard, c'est-à-^dire  moitié  rude  et  moitié  doux;  et  aussi 
ni  bien  ni  mal,  ou  encore  avec  un  mécontentement 
masqué  sous  une  apparence  de  douceur.  Comment 
l'a-t-il  reçu?  entre  doux  et  hagard.  ||  6°  Qui  n'a  rien 
de  pénible,  de  rigoureux,  de  cruel.  Une  morale 
douce.  Une  douce  raillerie.  Le  service  est  fort  doux 


1236 


DOU 


dan»  celle  maison.  Le  supplice  esl  trop  doux,  Et  sans 
ies  voir  d'un  œil  trop  sévère  ou  trop  doux,  corn. 
f^id  I  I Soit  que  l'issue  en  soil  douce  ou  fu- 
neste,id.  Pomp.  m,  t.  Je  n'ai  donc  pas  besoin  d'un 
visage  plus  doux,  ID.  Nicom.  I,  'i.  Que  Home  a  des 
conseils  plus  justes  et  plus  doux,  m.  t'b  v,  B.  La 
remonirance  est  douce,  obligeante,  civile,  m.  Toii. 
d'or,  1,  «.  Durant  tout  ce  temps  et  dans  les  tour- 
ments inouïs  de  sa  dernière  maladie  où  ses  maux 
s'augmentèrent  jusqu'aux  derniers  excès,  elle  n'a 
eu  à  se  repentir  que  d'avoir  une  seule  fois  souhaité 
une  mort  plus  douce,  boss.  Anne  de  Onni.  Enfin, 
tout  ce  qu'amour  a  de  nœuds  plus  puissants,  Doux 
reproches,  transports  sans  cesse  renaissants,  bac. 
Itérin.  II,  2.  Seigneur,  de  mes  malheurs  ce  sont  là 
les  plus  doux,  iD.  Kithr.  i,  2.  Il  ne  faut  jamais  ha- 
sarder la  plaisanterie,  môme  la  plus  douce  et  la  plus 
permise,  qu'avec  des  gens  poli^.  ou  qui  ont  de  l'esprit, 
LABBUY.v.  Dans  la  Lithuanie  plus  anciennement  réu- 
nie, où  une  administration  douce,  des  faveurs  habile- 
ment distribuées  et  une  plus  longue  habitude  avaient 
fait  oublier  l'indépendance,  siîgijr,  llist.  de  Napol. 
VIII,  I.  Il  7°  Oui  a  de  la  bénignité,  de  l'indulgence, 
do  l'humanité.  Un  hommedoux.  Des  mœurs  douces. 
....  En  ce  grand  bruit  le  sort  nous  est  si  doux  Que 
nous  n'avons  encor  rien  à  craindre  pour  vous,cor(J. 
Iléracl.  II ,  2.  Qu'il  [le  ciel]  vous  soit  aussi  doux  que 
vous  m'êtes  barbare,  rotr  Antig.  v,  9.  Madame 
fut  douce  envers  la  mort,  comme  elle  l'était  envers 
tout  le  monde,  eoss.  Duch.  d'Orl.  Le  secours  De 
quelque  dieu  plus  doux  qui  veille  sur  ses  jours,  rac. 
Iphig.  I,  ï.  Dieux  plus  doux,  vous  n'avez  demandé 
que  ma  vie,  m.  t6.  v,  t.  Hé!  qui  jamais  du  ciel  eut 
des  regards  plus  doux?  ID.  Esth.  ii,  *.  Les  dieux  me 
seraient-ils  plus  doux?  volt.  GCdipe,  i,  t.  Héros 
terrible  et  doux  à  tous  tes  ennemis,  m.  Triumv. 
ni,  7.  Vous  qu'un  astre  plus  doux  semblait  avoir 
formée,  m.  Adélaïde,  i,  2.  Rendez-vous,  je  vous 
prie,  un  peu  plus  doux  à  vivre,  boissy,  Sageétnurdi, 
II,  5.  Il  Doux  comme  un  agneau,  se  dit  d'une  per- 
sonne qui  est  pleine  de  bonté,  de  docilité.  Avec 
Destin  seul  il  était  doux  comme  un  agneau,  scar- 
BoN,  Rom.  com.  i,  5.  ||  On  dit  dans  le  même  sens 
doux  comme  une  fille,  et  même,  avec  quelque  li- 
terie dans  le  langage,  doux  comme  une  pucelle. 
Votre  petit  Allemand  paraît  extrêmement  adroit  au 
lion  abbé;  il  est  beau  comme  un  ange,  et  doux  el 
honnête  comme  une  pucelle,  si?v.  Lett.  7  oct.  (076. 
Philosophe  comme  Spinosa,  doux  comme  une  fille, 
VOLT.  Lett.  d'Argental,  22  déc.  177(.  ||  8°  En  parlant 
des  animaux,  qui  n'est  pas  méchant.  Un  cheval 
doux.  Ce  chien  est  doux.  Ni  loups  ni  renards  n'é- 
piaient La  douce  et  l'innocente  proie,  la  font.  Fabl. 
vn,  (.  Il  9°  Doux-amer  s'est  dit  de  ce  qui  a  à  la  fois 
quelque  chose  de  doux  et  quelque  chose  d'amer. 
IJne  satire,  où,  d'un  œil  doux-amer.  Tout  le  monde 
s'y  voit,  bégnier,  Sat.,  xii.  ||  10"  Doux,  adv.  Douce- 
ment Vos  paroles  ....  Résonnent  doux  à  nos  oreil- 
les, ID.  Mac.  On  va  mieux  quand  on  va  doux,  la 
tt)NT.  Cord. Il  Familièrement.  Filer  doux,  demeurer 
dans  la  soumission;  ne  rien  répliquer  à  une  injonc- 
tion, à  une  réprimande.  Monsieur,  n'est-il  pas  temps? 
Et  moi  de  filer  doux,  eéonieb,  Sat.  xi.  Il  fut  con- 
traint de  filer  doux,  scaru.  Rom.  com.  n,  8.  Ce  moi 
qui  le  seul  moi  veut  être,  Ce  moi  qui  m'a  fait  filer 
doux,  MOL.  Amph.  Il,  t.  En  vain  tu  files  doux,  id. 
ii>.  II,  3.  Il  II  a  avalé  cela  doux  comme  lait,  se  dit 
de  celui  qui  ne  s'est  point  ressenti  d'un  affront  qu'on 
lui  a  fait;  et  aussi  d'une  personne  acceptant  avec 
satisfaction  les  louanges  qui  lui  sont  données;  et, 
finalement,  d'un  homme  simple  à  qui  l'on  fait  croire 
ce  qu'on  veut.  ||  11*  Tout  doux,  loc.  interj.  fami- 
lière, dont  on  se  sert  pour  retenir  quelqu'un  qui 
s'emporte,  qui  s'oublie.  Tout  doux  :  et,  s'il  esl  vrai 
que  ce  soit  chose  faite.  Voulez-vous  l'approuver, 
cette  chaîne  secrète?  mol.  le  Dép.  m,  8.  Mon  Dieul 
tout  doux;  vous  allez  d'abord  aux  invectives;  est-ce 
que  nous  ne  pouvons  pas  raisonner  ensemble  sans 
nous  emporter?  id.  Mal.  imag.  i,  B.  J'ai  vu,  dit-il, 
un  chou  plu»  grand  qu'une  maison;  Et  moi,  dit 
l'autre,  un  pol  aussi  grand  qu'une  église.  Le  pre- 
mier se  moquant,  l'autre  reprit  :  Tout  doux;  On  le 
fit  pour  cuire  vos  choux,  la  font.  Fabl.  ix,  «.  ||  li'S. 
m.  Ce  qui  est  doux.  Passer  du  grave  au  doux,  du 
plaisant  au  sévère,  boil.  Art  p.  i.  C'était  la  force  et 
la  sévérité  qui  sortait  du  doux  et  du  clément,  mass. 
Or.  (u.'i.  Dauph.  11  [le  rossignol]  saute  du  grave  à 
l'aigu  du  doux  au  fort,  cuateaub.  Génie,  i,  v,  5. 
Il  Familièrement.  Faire  le  doux,  la  douce,  affecter 
une  fausse  douceur.  ||  X  la  douce,  cri  des  rues  de 
Paris  annonçant  des  cerises  douces  à  vendre.  ||  Po- 
pulairement. À  la  douce,  tout  doucement,  ni  bien 
m  mal. Comment  vous  porlez-vous?  —  X  la  douce. 


DOU 

Il  Proverbes.  Les  douces  paroles  n'écorchent  point 
la  bouche,  se  dit  pour  reprocher  à  quelqu'un  de  ne 
s'être  pas  exprimé  avec  la  douceur  convenable.  ||  Ce 
qui  est  amer  à  la  bouche  est  doux  au  cœur,  se  dit 
pour  inviter  les  gens  à  prendre  une  médecine  désa- 
gréable; et,  figurément,  se  soumettre  à  quelque 
chose  qui  déplaît. 

—  HIST.  XI*  s.  Li  empereres  Charles  de  France 
dulce.  Cit.  de  Roi.  ii.  Terre  de  France,  mont  estes 
dulz  pals,  ib.  cxxxviii.  Isscnl  de  mer,  viennent  as 
ewes  dulcs,  ib.  clxxxvii.  ||  xii'  s.  Et  vers  Franzois 
fu  doux  e£  souploiant,  ib.  p.  3S.  Beaus  douz  amis, 
de  moi  aiez  pitié,  ib.  p.  »2.  Moult  m'a  amors  ator- 
née  Douce  paine  el  biau  labor,  Couci,  l.  Tuil  mi 
penser  sont  à  ma  douce  amie,  ib.  ii.  Et  se  je  truis 
[trouve]  ma  dame  o  le  douz  nom  Pleine  d'orgueil  et 
dame  sans  guenlon....  ib.  Se  j'en  travail  [souffre], 
je  n'en  sai  qui  blasmer.  Fors  ses  douz  ieus  el  son 
simple  viaire,  ib.  Las!  pourquoi  l'ai  de  mes  ieuz 
regardée,  La  douce  rien  qui  fausse  amie  a  nom? 
ib.  VI.  Quant  li  estes  el  la  douce  saisons  Font  feuille 
el  flor  et  les  prés  raverdir,  «6.  xiii.  La  douce  voiz 
du  loussignol  [rossignol]  sauvage,  ib.  xix.  Quanlje 
recort  la  simple  courtoisie  Et  les  douz  mots  dont 
[elle]  seul  [a  coutume]  à  moi  parler,  ib.  xxii.  Le 
martir  saint  Denis,  qui  [cui,  à  qui]  dulce  France 
apent,  Th.  le  mari.  )49.  Ez  [voici]  une  espie  qui 
vint  de  France  douce,  Que  envola  dans  Imbers  de 
Peronne,  Raoul  de  C.  229.  ||  xiii' s.  Segnor  el  da- 
mes, ce  esl  la  boene  fesle  que  nos  faison  hui;  ce 
est  lafeste  del  doue  saint  Esperit  que  Diex  envoia  à 
ses  aposteles,  Serm.  de  Maurice  de  Sully,  dans  Arch. 
des  miss,  scientifiques,  t.  v,  p.  tB*.  Cooins  sonl  de 
diverses  manières:  si  com  doue  et  aigre;  li  doue 
sont  f roi t  et  sec,  albrant,  f"  B3.  Qu'il  ne  menguce 
mie  viande  faite  de  miel  ne  nul  doue  fruit  vert,  id. 
r°  22.  À  l'issue  d'avril  un  temps  dous  eljoli,  Berle,  i. 
Onque  si  douce  chose  [que  Berle]  ne  vi  ne  n'acoin- 
tai,  ib.  lvii.  Biaus  très  dous  fils,  fait-elle,  com- 
ment osas  penser....  «b.  III.  Lasse!  mais  ne  verrai  ma 
douce  chère  mère,  ib.  xviii.  Li  s 'Cons  biens  eslDous- 
Parlers,  Qui  a  fait  à  mains  bacheiers  Kl  à  maintes 
dames  secors,  la  Rose,  2683.  Et  l'autre  plaignoil  son 
doiich  cuer:  Jamais  nus  [nul]  nen  erl  de  tel  fuer 
[qualité).  Lai  d'Iqnaurés.  \\  xiv*  s.  A  son  douch  re- 
gard et  al  vis  [visage] ,  j.  de  condet  ,  p.  <  07.  ||  xv*  s. 
Douce  parole  fraint  grant  ire,  froiss.  Poésies  vtss. 
p.  374,  dans  lacurne.  Le  comte,  qui  est  à  toutes  da- 
mes et  damoiselles  doux  et  amoureux,  en  ot  pitié, 
m.  II,  m,  ti.  Chez  cest  avocat  d'eau  douce.  Pate- 
lin. Le  porter  doulz  [supporter  patiemment],  Perce- 
forest,  t.  IV,  f"  65.  Il  xvi"  s.  Les  fleuves  doux,  et  les 
undes  sallées,  marot,  h,  B8.  Une  pente  douice  et 
insensible,  mont,  i,  82.  Des  routes  gazonnées  et 
doux  fleurantes,  m.  i,  «76.  Un  naturel  doulx  et 
traictable,  id.  i,  (95.  Vie  douloe  el  aysée,  id.  i, 
219.  Je  fais  plus  volontiers  les  doulx  yeulx  au  ciel 
pour  le  remercier  que  pour  le  requérir,  id.  iv,  67. 
Elle  cuida  lui  avoir  fait  avaler  sa  colère  aussi  douce 
que  sucre,  desper.  Contes,  cxxvn.  Le  barbare  es- 
tant homme  cault  et  malicieux,  parlant  tout  doulx, 
le  recoiifortoit,  amyot,  Crass.  42.  Il  avoil  naturelle- 
ment le  visage  fort  doulx  et  fort  beau,  m.  liumè- 
nes,  21.  Grattant  tout  doulx  le  sanglier  hérissé,  id. 
Comment  refrén.  la  colère,  37.  Le  second  soir,  la 
mer  estant  plus  douce,  l'escarmouche  fut  plus 
chaude  et  de  plus  prés,  d'aub.  Hisl.  n,  80.  Douce 
est  la  mort  qui  vient  subite  et  brève,  bons.  6.  En 
grandeur  douce  fiere.  Poésies  de  loys  le  caron, 
f"  22 ,  dans  lacurne.  Doulx  grave  (doucement  grave] , 
COTGRAVE.  Doux  inhumain  [doucement  inhumain], 
nicot,  Dict.  Dardant  au  ciel  sa  douce  amere  peine, 
JACQUES  TAHUREAU,  Poésies,  f°  (79,  dans  lacubnk. 
La  doux  bruyante  harpe,  baïf,   Œuvres,  ['    32, 

dans  LACURNE. 

—  ËTYM.  Provenç.  dolx,  dos,  dous;  calai,  dois; 
espagn.  dulce;  portug.  doce;  ital.  dolce;  du  latin 
dulcis,  doux. 

t  DOUX-AGNEL  (dou-za-gnèl)  ou  BOUX-X-L'A- 
GNEAU  (dou-za-la-guô),  î.  m.  Variété  de  pomme 
à  cidre,  du  Bocage,  du  Colenlin,  etc. 

I  DOUX-AUX- GUÊPES  (dou - z6 - ghê - p") ,  s.  m. 
Variété  de  pomme  à  cidre. 

t  DOUX-BALLON  (dou-ba-lon) ,  s.  m.  Variété  de 
pomme  à  cidre. 

t  DOUX-VERT  (dou-vêr),  s.  m.  Variété  de  pomme. 

t  DOUZAIN  (ilou-zin),î.  m.  ||  1°  Petite  monnaie  de 
lavaleurde(2  deniers,  autrement  un  sou.  11  aime  fort 
le  douzain,  pour  dire  il  aime  l'argent,  Acad.  édit. 
de  (696.  Ce  n'était  qu'un  maraud,  mais  il  a  fait  for- 
tune; Puisqu'il  a  du  douzain,  il  est  démaraudé, 
TH.  CORN,  la  Comtesse  d'orgueil,  I,  3.  ||  Inusité  pré- 
sentement. Il  3°  Nom,  dans  certaines  provinces,  d'uo 


DOT] 

cadeau  de  noces  que  la  mariée  reçoit  de  sa  famille 
ou  do  celle  de  son  mari,  et  qui  consiste  en  douzai* 
nés  de  certains  objets.  ||  8*  Petite  pièce  composée 
de  douze  vers.  ||  4°  Un  douzain  de  caries,  un  double 
sixain. 

—  HIST.  XIII*  s.  Un  dosin  d'avaine  [une  certaine 
mesure],  nu  cangf.,  dosinus. 

—  ÊTVM.  Douze. 

DOUZAIXE  (dou-z^-n'),  t.  f.  coUeelif.  ||  1*  Douze 
objets  de  même  nature.  Une  douzaine  d'œufs.  Trois 
douzaines  de  serviettes.  ||  Demi-douzaine,  la  moitié 
d'une  douzaine.  J'aurais  donné  une  demi-douzaine 
de  nos  demoiselles  pour  elle,  maintenon,  Lett.  d 
Urne  de  Caylus,  (5  déc.  (7(B.  ||  Familièrement.  X 
la  douzaine,  se  dit,  par  dénigrement,  de  quelqu'un 
ou  de  quelque  chose  de  fort  ordinaire.  L'on  te  fera 
la  moue,  et,  pour  fruit  de  ta  peine.  Ce  n'est,  ce 
dira-t-on,  qu'un  poêle  à  la  douzaine,  bégnier.  Sot. 
IV.  Hé  !  finissez,  rimeur  à  la  douzaine;  Vos  abrégés 
sont  longs  au  dernier  point,  j.  b.  rouss.  Ép.  Il,  3. 
Il  II  ne  s'en  trouve  pas  treize  à  la  douzaine,  ou  il  n'y 
en  a  pas  treize  à  la  douzaine,  se  dit  de  quelque  chose 
qui  ne  se  rencontre  pas  communément.  ||  2"  Quantité 
indéterminée,  mais  se  rapprochant  de  douze,  lis 
n'étaient  guî-re  qu'une  douzaine  de  per.sonne3.  Ce 
sonl  une  douzaine  de  petites  Iles,  depuis  trois  jus- 
qu'à huit  lieues  de  circonférence,  raynal,  llist. 
phil.  XIV,  3(.  Il  3°  Ancien  nom  d'une  sorte  de  drap. 
Draps  du  pays  d'Angleterre,  appelés  douzaine,  de 
la  valeur  de  huit  livres  l'aune.  Tarif  du  <«  avril 
(007. 

—  HI.ST.  XIII*  s.  X  bone  estraine  Mengié  en  a  une 
dozaine.  Tant  que  lot  ot  le  ventre  plain,  Ren.  3988. 
Se  je  m'esmai  [me  tourmente] ,  je  n'en  puis  mais; 
Qu'or  n'ai  ne  dousaine  ne  fais.  En  ma  meson.  De 
busche  por  ceste  seson,  ruteb.  4  6.  ||  xiv*  s.  Que  li 
prevosl  de  Paris  soit  tenu  par  son  serment  à  visiter 
le  portement  de  la  douzaine  [les  douze  sergents  du 
chastelet  de  Paris]  chacun  mois,  et  punir  ceux  qui 
mal  se  porteront,  Ordonn.  des  rois  de  Fr.  t.  i, 
p.  742.  El  les  terres  qui  sient  au  dessus  du  dii  clos, 
qui  contiennent  trois  dozaines  de  terre  [mesure  de 
terre  qui  exige  un  douzain  de  semence],  nu  cange, 
dosenum.  ||  xv*  s.  Un  mauvais  cœur  en  décourage 
deux  douzaines  de  bons,  froiss.  ii,  m,  (9.  ||ivi*s. 
Un  avocat  en  parlement,  qui  estoil  bien  au  compte 
de  la  douzaine  (du  commun],  desper.  Contes,  xix. 
Chrysippus  disoit  qu'un  philosophe  fera  une  douzaine 
de  culebuttesen  public,  voire  sanshaultde  chausses, 
pour  une  douzaine  d'olives,  mont,  ii,  349. Tels  sont 
si  clair-semez,  qu'il  seroil  bien  difficile  d'en  trouver 
quinze  à  la  douzaine,  froumenteau.  Finances,  m, 
livre,  p.  437. 

—  ÉT'yM.  Doute;  bourguig.  dôsnine;  provenç. 
dotsma;  calai,  datsena;  espagn.  docena;  portug. 
duzia;  ital.  duizina. 

DOUZE  (dou  z'),  adj.  numéral  invariable.  ||  1*  Dix 
et  deux.-  Douze  francs.  Les  douze  apôtres.  Six  mul- 
tiplié par  deux  fait  douze.  Dans  les  derniers  mo- 
ments où  il  ne  connaissait  plus  aucun  de  ceux  qui 
étaient  autour  de  son  lit,  quelqu'un,  pour  faire  une 
ex|iérience  philosophique,  s'avisa  de  lui  demander 
quel  était  le  carré  de  douze;  il  répondit  dans  l'in- 
stant et  apparemment  sans  .savoir  qu'il  répondait, 
cent  quarante-quatre,  fonten.  Lagny.  ||  Absolu- 
ment. Les  douze,  les  douze  apôtres.  Alors  l'un  des 
douze,  appelé  Judas  Iscariole,  s'en  alla  trouver  le 
prince  des  prêtres.  ||  Le  comité  des  douze,  conseil 
composé  de  douze  personnes,  durant  la  Révolution. 
Il  En  artillerie,  une  pièce  de  douze,  une  pièce  <iont 
le  boulet  pJse  douze  livres.  ||  2°  Douzi'me.  Page 
douze.  Chapitre  douze.  Le  numéro  douze.  Loui» 
douze  le  père  du  peuple.  ||  Douze  pour  douzièmo 
s'écrit  le  plus  souvent  en  chiffres  arabes  ou  ro» 
mains  :  le  numéro  )2,  Louis  XII,  le  (2  du  mois. 
Il  3°  .S.  m.  Le  nombre  douze.  Le  produit  de  doufâ 
multiplié  par  cinq.  ||  Au  loto  el  ailleurs,  le  numéro 
douze.  Ces  douze  sonl  peu  marqués.  ||  Le  douze,  le 
douzième  jour.  Le  douze  du  mois,  le  douze  de  la 
maladie.  ||  4°  Un  in-douze  ou,  comme  on  l'écrit 
d'ordinaire,  un  in-(2,  un  livre  dont  chaque  feuille 
forme  douze  feuillets  ou  vingt-quatre  pages.  ||  Au 
plur.  Des  in-douze  ou  des  in-(2.  ||  5°  Terme  de  musi- 
que. Douze-quatre,  douze-huit,  douze-seize,  noms 
de  trois  espèces  de  mesures  à  quatre  temps,  où  cha- 
cun comprend  troisnoires,  ou  trois  croches,  ou  trois 
doubles  croches,  et  qui  s'écrivent  Vi  V>  H-  '^*' 
dénominations  sonl  peu  usitées,  parce  que  la  divi- 
sion de  chaque  temps  en  deux  parties  esl  plus  habi- 
tuelle que  la  division  en  trois;  mais  les  noms  sont 
quelquefois  nécessaires.  ||  6*  Je  vous  dis  el  vous 
douze,  espèce  de  rébus  ou  de  calembourg  trivial, 
jouant  sur  dis  ou  dix  et  douze  et  signifiant  :  je  vous 


D0\ 


DRA 


DRA 


1237 


cortifle.  Je  vous  dis  et  vous  douze  que  loua  ces  mé- 
decins.... MOL.  Uéd.  m.  lui,  ii,  ). 

—  HIST.  XI'  s.  Douze  serjanz  les  ont  bien  con- 
reez,  Ch.  de  Uni.  xi.  Ilxif  s.  Si  combalrai  as  [avec 
les]  doce  conpeignons,  llonc.  p.  40.  ||  xin' s.  Et  à 
cel  jor  seroierit  esleus  li  douze  qui  l'empereour  dé- 
voient eslire,  VILLEH.  ax. 

—  ÉTYM.  Boi'fruig.  doie;  provenç.  dotie;  catal. 
dnisp;  espafçn.  doce;  portup.  dose;  ital.  dodici;  àti 
iatin  dundrcim,  de  duo,  deux,  et  dccem,  dix. 

DOUZIÈME  (doi!  ziê-m').  ||  l'  Adj.  numér.  ordinal 
de  douze.  Le  douzième  siicle.  ||  2°  Suhslaniivement. 
Il  est  le  douzi{:me  s;ir  la  liste.  ||  Le  douzième  jour 
du  mois.  Je  reçois  votre  lettre  du  I2«.  ||  3°  La  dou- 
zième partie.  Il  a  eu  pour  sa  part  un  douzième  de 
la  somme.  ||  4°  S.  f.  Terme  de  musique.  Intervalle 
de  onze  degrés  conjoints;  octave  de  la  quinte.  D'où 
naîtront  deux  consonnances,  une  douzième  et  une 
quinte,  desc.  IIus. 

—  HTST.  XI'  S.  Il  jurra  [jurera]  sei  dudzime  main 
[lui  douzième  personne]  que....  Lois  de  Guill.  4. 
I]  xiii'  s.  Cis  rois  Clotaires  fu  douzimes,  pu.  mous- 
KES,  ms.  p.  41,  dans  lacurne.  ||  xv  s.  Ainsi  furent 
menés  les  Parisiens  en  ce  temps,  pour  donner  exem- 
ple à  toutes  autres  bonnes  villes  du  royaume  de 
France,  et  furent  mis  sus  les  subsides,  gabelles, 
aides,  fouages,  douzième,  trezieme,  et  toutes  ma- 
nières de  telles  choses,  et  le  plat  pays  avec  ce,  tout 
riffléj-FROiss.  liv.  m,  p.  232,  dans  lacurne. 

—  ÉTY5I.  Dnuse ;  provenç.  doien,  dof^en;  catal. 
dotsé;  espaga.  doceno;  portug.  duodecimo;  ital. 
dodicesimo. 

DOl'ZIË.MEMFKT  (dou-ziê-me-man),  adv.  En  dou- 
zième lieu.  J'examinerai  douzièmement.... 

—  ÉTYM.  Douzième,  et  le  suffixe  ment. 
f  DOCZIL  (dou-zi),  s.  m.   Petite  cheville  qui  sert 

à  boucher  le  trou  fait  à  un  tonneau  pour  en  tirer 
du  vin.  Mettre  un  douzil.  ôler  le  douzil. 

—  HIST.  xiv' s.  Douisil,  DU  GANGE,  ditciculus. 
Il  XVI'  s.  Il  faudra  tordre  le  douzil ,  et  bouche  close, 
BAB.  Garg.  i,  3.  Ce  n'estoit  pasceluy  qui  fit  couper  le 
douzil  de  son  vin  de  Gascogne,  d'aub.  Confess.i,  8. 

—  ÉTYM.  Berry,  doisil,  duizi,  duzi,  dui;  pro- 
venç. dozil;  du  bas-latin  duciculus,  diminutif  de 
dtix,  qui  conduit,  petit  tuyau;  le  nom  ayant  été 
transporté  du  trou  à  la  petite  cheville  qui  le  bouche. 

1  UOXOI.OGIE  (do-kso-lo-jie),  s.  f.  Petit  verset 
qui  se  récite  à  la  fin  des  psaumes  et  qui  commence 
par  Gloria  Patri.... 

—  ÉTYM.  AoJoXofia,  de  SéÇa,  gloire,  et  Wyos, 
discours. 

DOYEfî  (do-iin;  plusieurs  disent  doi-iin),  s.  m. 
Il  1°  Titre  de  dignité  ecclésiastique.  Le  doyen  du 
sacré  collège.  Doyen  d'une  église  collégiale,  le 
chef  du  chapitre.  Doyen  d'une  église  cathédrale, 
la  seconde  personne  du  ctiapitre.  ||  Doyen  rural, 
curé  de  campagne  qui  était  commis  pour  un  cer- 
tain temps,  afin  de  terminer  les  différends  nés 
entre  les  curés.  ||  Par  plaisanterie.  Le  demeurant 
des  rats  tint  chapitre  en  un  coin  Sur  la  nécessité 
présente;  Dès  l'abord,  leur  doyen,  personne  fort 
prudente,  Opina  qu'il  fallait,  et  plus  tôt  que  plus 
tard.  Attacher  un  grelot  au  cou  de  Rodilart,  la 
FONT.  FabL  II,  2.  Ce  chapitre  que  Momns  fonde 
Chez  eux  manquera  de  doyen,  bf.rang.  Âge  futur. 
Il  2°  Titre  du  directeur  d'une  faculté  universitaire. 
Le  doyen  de  la  Kaculté  des  lettres,  de  l'École  de 
droit,  de  l'Ëcole  de  médecine.  ||  Autrefois  le  doyen 
était  électif,  La  Faculté  de  médecine  qui  .se  choisit 
tous  les  deux  ans  un  chef  qu'on  appelle  doyen.... 
FONTEN.  Geoffroy.  \\  3°  Le  plus  ancien  de  .son  corps. 
Il  devint  de  bonne  heure  doyen  de  l'Académie,  et  le 
resta  longtemps,  condorcet,  ifanrepas.  \\  Par  ex- 
tension, le  plus  Agé.  Si  vous  n'avez  que  .soixante 
ans,  je  suis  votre  doyen.  ||  Le  doyen  d'âge,  celui 
qui,  dans  un  corps,  est  le  plus  âgé.  Dans  les  assem- 
blées législatives,  avant  que  le  bureau  soit  formé, 
le  doyen  d'âge  est  président  du  bureau  provisoire. 

—  lllST.  xii"  s.  Li  evesques  de  Lundres  i  ala  dreit 
clamer;  Ses  deiens  est,  ço  dit:  par  dreit  la  deit  por- 
ter [la  croix];  Des  mains  la  li  voleit  par  vive  force 
oster,  T/i.  le  mart.  38.  ||  xin'  s.  Et  qui  veut,  il  puet 
appeler  de  degré  en  degré,  si  come  du  dien  à  l'e- 

;       vosque,  et  de  l'evesque  il  l'arcevesque,  beaum.  lxi, 

I      6B.  Lors  je  ramentu  le  légat  comment  le  dien  de 

')       Malrut  nous  avoit  fait  trois  processions  en  la  mer  par 

I       trois  samedis,  et  le  tiers  samedi  nous  arrivâmes  en 

;       Cypre,  joisv.  si8.  ||  xiv  s.  Comme  en  icellui  mes- 

lier  de  boucherie  soit  accoustumé  chascun  an  eslire 

un  certain  officier  appelle  le  doyen  du  dit  mestier, 

DU  GANGE,  dccanus  7.  ||  xv*  s.  Jacques  la  Jaschere, 

qui  avoit  esté  souverain  doyen  des  mestiers,  mons- 

TBEUT,  t.  II,  f°  152,  dans  lacurne.  Il  XVI'  s.  Ser- 


gens  ou  doyens  de  justice  ne  peuvent  cstre  gardes 
ni  achepteurs  de  gages  par  eux  pris  par  exécution, 
directement  ou  autrement,  Nouv.  coulum.  génér. 

t.  n,  p.  (093. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dega,  degua;  catal.  degd;  es- 
pagn.  decano;  portug.  dcdo;  ital.  decano;  du  latin 
decanus,  doyen,  proprement  supérieur  de  dix,  de  de- 
cetn,  dix. 

t  DOYENNE  (dp-iè-n'),  s.  f.  La  plus  âgée  de  deux 
ou  plusieurs  femmes.  ||  La  supérieure  dans  certains 
chapitres,  dans  certaines  abbayes  de  filles. 

—  ÉTYM.  Doyen. 

DOYENNÉ  (do-ièné;  plusieurs  disent  doi-iè-né), 
s.  m.  Il  1°  Dignité  de  doyen  dans  une  église.  ||  L'ha- 
bitation du  doyen.  Aller  au  doyenné.  ||  Une  des  di- 
visions du  diocèse  dans  l'ancienne  juridiction  ecclé- 
siastique. Il  2°  Terme  de  jardinage.  ï'oire  de  doyenné 
ou,  simplement,  un  doyenné,  une  poire  d'automne 
très-fondante,  ordinairement  peu  parfumée.  Doyenné 
gris,  de  meilleure  qualité.  Doyenné  crotté,  espèce 
demi-fondante,  quelquefois  un  peu  pierreuse,  mais 
excellente  au  goût.  Doyenné  du  comice,  doyenné 
d'hiver,  excellente  poire  qui  mûrit  de  décembre 
en  mai. 

—  ÉTYM.  Doyen. 

t  DOYENNETÉ  (do-ié-ne-té),  s.  f.  Qualité  de 
doyen  lorsqu'il  s'agit  d'âge. 

fDRABAN  (dra-ban),  s.  m.  Sorte  de  garde  du 
corps  chez  les  rois  du  nord  de  l'Europe.  Une  seconde 
volée  mit  le  brancard  en  pièces  et  renversa  le  roi; 
de  vingt-quatre  drabans  qui  se  relayaient  pour  le 
porter,  vingt  et  un  furent  tués,  volt.  Charles  XII,*. 
Charles  [XII]  dit  qu'il  s'appelait  Cari  et  qu'il  était 
draban,  id.  ib.  3.  ||  Voy.  traban. 

t  DRACÉNACÊ,  ÉE  (dra-sé-na-sé,  sée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  ressemble  au  dragonnier 
(dracamn). 

t  DRACËNE  (dra-sê-n'l ,  s.  f.  Terme  d'antiquité.  La 
femelle  de  l'animal  fabuleux  qu'on  appelait  dragon. 

—  ÉTYM.  Lat.  draca;na  (voy.  dragon). 

t  I.  DRACHE  (dra-ch'),  s.  f.  Voy.  drèche. 

f  2.  DRAGUE  (dra-cb'),  s.  f.  Terme  de  pêcheurs 
de  Terre-Neuve.  Huile  de  morue  non  encore  épu- 
rée. 

DRACHME  (dra-gm'.  Quelques-uns  écrivent 
dragme,  dit  l'Académie),  s.  f.  ||  1"  Terme  d'anti- 
quité. Poids  grec  qui  était  de  3  grammes  24  centi- 
grammes. Il  Monnaie  grecque  d'argent,  valant  69  cen- 
times. Chaque  bomme  de  mer  recevait  une  drachme 
de  paye,  sans  ce  que  les  capitaines  de  navire  don- 
naient en  particulier  aux  rameurs  du  premier  rang, 
ROLLiN,  Ilist.  anc.  OlAtvres,  t.  m,  p.  632,  dans 
pouGENs.  Il  2°  Dans  les  anciennes  mesures  de  phar- 
macie, synonyme  du  gros  ou  huitième  partie  de 
l'once. 

—  HIST.  XIII' s.  Drame,  alebrant,  f°  18.  ||xiv'  s. 
....  je  tien  pour  le  meilleur  Qu'à  tout  compter  et 
bien  penser  [peser]  à  drame,  Je  vol  assez  puisque 
je  voi  ma  dame,  machaut,  p.  t32.  ||xv"s.  Car  telz 
a  hui  bien  de  quoy,  Qui  n'ara  vaillant  une  drame, 
eust.  desch.  Poésies  mss.  f"  89,  dans  lacurne. 
Il  XVI' s.  One  Hecuba,  Andromache  ou  Priam  D'en- 
nui et  peur  ne  gousterent  tel  dragma.  Voyant  Hec- 
tor saillir  contre  les  Grccz,  J.  map.ot,  v,  87. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dragma ;espagn.  dracma;  ital. 
dramma;  du  latin  dracftma;  du  grec  Spa/fir;,  de 
6pàÇ,  une  pincée,  de  êpàsascv,  prendre,  saisir. 

f  DRACINE  (dra-si-n'),  s.  f.  Substance  organique 
trouvée  dans  le  sang-dragon  {drac.rna}. 

t  DRACOCÉPnALE  (dra-ko-sé-fa-l') ,  s.  m.  Plante 
d'ornement  à  grandes  (leurs  bleues  et  pourprées. 
Dracocépbale  de  Moldavie  (dracocephalum  molda- 
vicum),  dite  aussi  tête  de  dragon,  moldavic,  mé- 
lisse des  Canaries.  Dracocéphale  virginien,  dit  vul- 
gairement fausse  digitale. 

—  ÉTYM.  Apàxtov,  dragon,  et  xeçaXr),  tête. 

t  DRACONCULE  (dra-kon-ku-1') ,  s.  m.  ||  l"  Terme 
de  zoologie.  Poisson  du  genre  callionyme  dit  aussi 
dragonneau.il  2°  Terme  de  botanique.  Nom  spéci- 
fique d'un  gouet  et  d'une  armoise.  ||  Nom  donné  par 
d'anciens  auteurs  aux  deux  plantes  précédentes,  à 
la  ptarmique  vulgaire  et  au  poiygonuni  historié, 
legoarant. 

—  ÉTYM.  Lat.  dracuneulus,  diminutif  de  draco, 
dragon. 

t  t.  DRACONIEN,  lENNE  (dra-ko-niin,  niè-n'), 
adj.  D'une  excessive  sévérité,  en  parlant  de  lois. 
Code  draconien.  Lois  draconiennes. 

—  ÉTYM.  Dracon,  législateur  d'Athènes  qui  avait 
prononcé  la  peine  de  mort  pour  tous  les  délits. 

t  2.  DRACONIEN,  lENNE  (dra-ko-niin,  niè-n'), 
adj.  Terme  de  zoologie  Qui  ressemble  U  un  dragon. 

—  ÉTYM.  ApâxMv,  dragon. 


t  DRACOMNE  (dra-ko-ni-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Le  même  que  dracine.  Voy.  ce  mot. 

t  DRACONITE  (dra-ko-ni-f) ,  s.  f.  Terme  de  géo- 
logie. Pierre  roulée;  polypier  fossile. 

—  ÉTYM.  Apinuv,  dragon,  et  la  finale  ite  qui ,  en 
géologie,  indique  un  fossile. 

t  DRACONTE  (dra-kon-f) ,  s.  m.  ou  DRACONTIB 
(dra-kon-tie) ,  s.  f.  Voy.  dracontion. 

t  DRACONTIASE(dra-kon-ti-a-z'),  s.  /'.Terme de 
médecine.  Maladie  fréquente  en  Afrique,  en  Asie, 
en  Amérique,  surtout  parmi  les  esclaves,  et  causée 
par  le  dragonneau. 

—  ÉTYM.  ApâxMv,  nom  qui  a  été  donné  au  dra- 
gonneau, avec  la  finale  médicale  ase. 

t  DRACONTION  (dra-kon-ti-on),  s.  m.  Terme  d« 
botanique.  Genre  de  typbacées,  dans  lequel  on  dis- 
tingue le  dracontion  perforé  (Antilles)  de  Linné,  dit 
liane  franche,  liane  percée  et  feuille  percée,  legoa- 
RANT.  Il  On  trouve  aussi  dracontie  et  draconte. 

—  ÉTYM.  ApaxôvTiov,  nom  de  l'arum  dracuneu- 
lus, deôpâxtov.  dragon. 

t  DRACONTIQUE  (dra-kon-ti-k') ,  adj.  Terme  d'as- 
tronomie. Qui  a  rapport  au  nœud  de  la  lune.  Mois 
dracontique,  temps  de  la  révolution  de  la  lune,  par 
rapport  à  son  noeud.  Voy.  dragon. 

tDRACONTISOME(dra-kon-ti-so-m'),i.m.Terme 
d'anatomie.  Genre  de  monstres,  nomméainsi  parce 
qu'il  présente  de  l'analogie  avec  la  disposition  des 
petits  reptiles  iguaniens  appelés  dragons. 

—  ÉTYM.  Apâxuv,  dragon,  et  oû|xx,  corps. 
tDRACONTOCÉPHALE(dra-kon-to-sé-fa-r) ,  o^;. 

Terme  de  zoologie.  Qui  a  une  tête  de  dragon. 

—  ÉTYM.  ApâxMv,  îpâxovToç,  dragon,  et  xcçaX^, 
tête. 

■f  DRAGAGE  (dra-ga-j'),  s.  m.  Voy.  draguage. 

t  DRAGAN  (dra-gan),  s.  m.  Terme  d'ancienne 
marine.  Extrémité  de  la  poupe  d'une  galère,  oii  est 
inscrite  la  devise. 

t  DRAGANTE  (dra-gan-f),  *.  f.  Un  des  noms 
vulgaires  de  l'astr^ale  tragacanthe. 

— ÉTYM.  Voy.  adS,gante. 

t  DR  AGE  (dra-j'),  s.  f.  Nom,  chez  les  brasseurs ,  de 
la  farine  ou  du  grain  bruisiné,  après  qu'il  est  brassé. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  de  drache  i . 

DRAGÉE  (dra-jée),  s.  f.  ||  l"  Amandes  diverses 
recouvertes  de  sucre  très-fin  et  durci.  Un  cornet  de 
dragées.  Bourré  de  sucre  et  brûlé  de  liqueurs. 
Vert- Vert,  tombant  sur  un  tas  de  dragées,  En  noir 
cyprès  vit  ses  roses  changées,  gresset,  l'ert- Kert,  i v. 
Il  Dragées  de  baptême,  boîtes  de  dragées  que  le  par- 
rain est  dans  l'usage  de  donner  à  sa  commère  et  à 
l'accouchée.  ||  Fig.  et  par  plaisanterie.  Oui  d'un  bap- 
tême de  cour  Voyez  en  nous  [jésuites]  les  dragées, 
BÉRANG.  iîré.  pères.  ||  Dragées  d'attrape,  dragées  fort 
amères.  ||  Fig.  et  familièrement.  Avaler  la  dragée, 
avoir  quelque  déboire.  ||  La  dragée  est  amère,  cela 
est  difficile  à  supporter.  ||  Terme  de  pharmacie. 
Dragées  vermifuges,  dragées  préparées  en  substi- 
tuant aux  amandes  le  semen-contra.  Dragées  purga- 
tives, dragées  faites  avec  le  jalap.  Dragées  de  Saint- 
Roch,  baies  de  genièvre  recouvertes  de  sucre  et  qui 
sont  diurétiques.  ||  2'  Menu  plomb  de  chasse.  Pe- 
tite, grosse  dragée.  Il  Ce  fusil  écarte  la  dragée,  les 
grains  de  plomb  qu'il  lance  s'écartent  trop  les  uns 
des  autres.  ||  Fig.  et  populairement.  Écarter  la  dra- 
gée, laisser  échapper  de  petites  parties  de  salive 
en  parlant.  ||  3°  Terme  d'agriculture.  Mélange  de 
grains  qu'on  laisse  croître  en  herbe  pour  les  che- 
vaux. Il  Dragée  de  cheval,  blé  sarrasin.  ||  Fig.  Tenir 
la  dragée  haute  à  quelqu'un,  lui  fnire  bien  payer 
ce  qu'il  désire,  ou  le  lui  faire  beaucoup  attendre; 
locution  tirée  de  cette  dragée  qu'on  met  plus  ou 
moins  haut  pour  les  bêtes.  ||  i°  Terme  de  minéralo- 
gie. Dragées  de  Tivoli,  petites  concrétions  calcaires 
qu'on  trouve  dans  un  ruisseau  sortant  du  lac  de 
Tivoli  (Italie).  ||  S"  Cocon  renfermant  un  ver  à  soie 
qui  n'a  pu  se  transformer  en  nymphe. 

—  HIST.  xni'  s.  Nus  cervoisiers  ne  puet  [peut] 
ne  ne  deit  faire  cervoise  fors  de  yaue  et  de  grain, 
c'est  à  savoir  d'orge  de  mestuel  et  de  dragie,  l.iv. 
des  met.  30.  ||  xiv  s.  [Philippe  le  Bel  et  le  pape  Clé- 
ment] ....  Deceste  maie  dragée  [les  juifs]  Ontchres- 
tienté  desrengée,  Hist.  de  France  à  la  suite  du  ro- 
man de  Fauvel,  ms.  dans  lacurne.  Dragée,  sucre 
rosat,  noisettes  confites,  Ménagier,  u,  4.  ||  xV  s. 
Il  n'y  a  jà  point  bonne  dragée,  S'elle  ne  sent  s.i 
confiture,  martial.  Vigiles  de  Charles  VII,  t.  il, 
p.  41 ,  dans  lacurne.  Six  livres  de  dragées  pour  ser- 
vir en  un  drageoir,  de  laborde.  Émaux,  p.  25B. 
Il  XVI'  s.  Une  boite  de  dragées....  Le  chevalier  pré- 
senta sa  dragée  en  une  boete  d'argent,  yver,  p.  6(4. 
Monsieur  se  poUrmenant  avec  son  frère  et  le  roi 
de  Navarre  faillit  à  estre  tué  dans  le  fossé  d'une 


1238 


DRA 


ni«sch»nte  pièce  chargée  de  dragée,  d'abb.  ffn(. 
II,  M.  Le  duc  fait  boire  un  saWe  de  400  coups  à  l'es- 
cadron du  roi,  qui,  aiant  avalé  coite  dragée,  donne 
dans  cette  forest  de  lances,  m.  ib.  m,  231.  Dragées 
estrar.gss  et  de  toutes  conllcurs,  les  unon  estans  en 
façon  do  besie,  les  a\itres  en  façon  d'hommes, 
femmes  et  oysoaulx,  P.  cnoooE,  dans  lerocx  de 
LISCY,  Hibl.  des  Ch.  6«  série,  t.  ii,  p.  »««. 

Etym.   liourgnig.  draigée;  provenç.  dragea; 

catal.  rfmflcya;  espagn.  gragm;  portug.  grnngea; 
ilal.  trcgqca;  bas-latin,  dragala,  trngpmata,  iles- 
r.ert,  fruit,  du  pluriel  grec  TpctyripiaTa,  friandises, 
de  Tpayslv  ou  ■zpw-fîtv,  manger  (voy.  truite). 

I.  DnATiEOin  (ilra-joir),s.  m.  Sorte  de  soucoupe 
dans  laquelle  on  servait  des  dragées  sur  la  fin  du 
repas.  ||  Sorte  de  cornet  dans  lequel  on  perlait  sur 
soi  des  dragées. 

—  IIIST.  x;v«  s.  Aiguières,  hanaps  à  pié,  deux 
dragouers,  IHi'nngifr,  ri,  ■*.  Un  drageoir  d'or,  à  deux 
cuillers  d'or,  à  donner  espices,  nE  i.APORnE,  Émavx, 
p.  256.  Un  (.'r.'ind  dragoer  d'argent  doré,  esmaillé 
dedens  et  dehors  h  tournois  de  seigneurs  et  de  da- 
mes, m.  th.  Il  XVI*  s.  t'n  grand  drajouer  qui  chemine 
[o'cst-,\-dire  roulant],  garny  de  lapiz  et  de  cristal, 
au  has  du  drajouer  il  y  a  une  tortue,  id.  ib.  p.  256. 

—  ÊTYM.  Dragée. 

t  2.  PRAGEOIR  (dra-joir),  s.  m.  Petit  creux  fait 
avec  le  tour  dans  l'intérieur  d'un  cercle.  ||  Filet  pra- 
tiqué avoc  le  tour  sur  l'extérieur  d'un  cercle. 

DllAGEON  (dra  jon),  s.  m.  Nouvelle  pousse  qui 
natt  di'  la  racine  d'un  végétal ,  tout  près  de  sa  tige  ou 
même  de  la  portion  souterraine  <le  celle-ci,  et  qu'on 
peut  détacher  pour  la  replanter  ailleurs,  legoarant. 

—  HIST.  XVI"  s De  peur  que,  les  vents  rompans 

les  bons  drageons  de  la  vifine,  n'eussiés  paraprès 
moien  de  la  remettre  par  bas,  o.  nR  peruf.s,   170. 

—  Etym.  Ménage  propose  le  latin  tradux  qui  a  en 
effet  le  sens  de  drageon;  mais  comment  de  tradux 
former  dragenn?  liiez,  avec  |ilus  de  raison,  recourt 
à  l'allemand:  gothique,  draiiy'an,  pou.sser;  anc. 
h.  allem  treibjan,  par  l'intertnédiaire  d'un  mot  fic- 
tif treibjo.  ' 

DRAGKONXEH  (dra-jo-né),  ».  n.  Pousser  des 
drageons.  Cette  plante  a  drageonné.  ||  Il  se  conjugue 
avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  Etym.  Drageon;  Berry,  drogeasse. 
DRAfiOMAN  (dra-go-man),  s.  m.  Voy.  dbogman. 
DRAGON  (dra-gon),  s.  m.  ||  1"  Animal  fabuleux 

qu'nn  représente  avec  des  griffes,  des  ailes  et  une 
queue  de  serpent.  Mais  que  me  servira  cette  vaine 
poursuite,  Si  toujours  les  dragons  sont  prêts  à  t'en- 
lever?  corn.  Médée,  V,  8.  Quand  un  autre  dragon, 
qui  n'avait  qu'un  seul  chef  Et  bien  plusd'une  queue.... 
I.A  kont.  Fabl.  I,  <2.  Indomptable  taureau,  dragon 
impétueux.  Sa  croupe  se  recourbe  en  replis  tor- 
tueux, RAC.  l'hèd.  V,  6.  (I  Terme  de  blason.  Reptile 
qu'on  représente  avec  deux  pieds  et  une  longue 
queue,  sans  ailes.  Dragon  monstrueux,  .se  dit  d'un 
dragon  ailé.  ||  Fig.  Un  dragon  de  vertu,  femme 
d'une  vertu  aust'Te  et  farouche,  et  le  plus  souvent 
affectée,  car  dragon  de  vertu  se  prend  moins  en 
bonne  qu'en  mauvaise  part.  Ces  dragons  de  vertu, 
ces  honnêtes  diablesses,  Se  retranchent  toujours  sur 
leurs  sages  prouesses,  mol.  Éc.  de»  (.  iv,  8.  ||  Fig. 
Faire  le  dragon,  montrer  une  vertu  farouche.  Mais 
toi,  ne  peux-tu  rien  tirer  de  ta  boutique;  J'ai  faille 
diable  à  quatre.  —  Et  j'ai  fait  le  dragon,  regnard, 
le  Bal,  3.  Tu  ne  feras  plus  le  dragon,  belle  bru- 
nette,  FAVART,  Cherch.  d^fltprit,  se.  <2.  fl  Endormir 
ie  dragon,  tromper  la  surveillance  d'un  gardien  sé- 
vère, locution  prise  du  dragon  de  la  mythologie 
qui,  ne  dormant  jamais,  gardait  la  toison  d'or.  U 
fallait  commencer  par  endormir  le  dragon,  hamilt. 
Cramni.  4.  ||  C'est  un  vrai  dragon,  un  petit  dra- 
gon, se  dit  familièrement  d'une  femme  vive  et  aca- 
riSlre,  et  d'un  enfant  mutin.  Pour  peu  que  l'on  s'op- 
pose à  ce  que  veut  sa  tête.  On  en  a  pour  huit  jours 
d'effroyable  tempête  ;  Elle  me  fait  trembler  dèsqu'elle 
prend  .son  ton;  Je  ne  sais  où  me  mettre,  et  c'est  un 
vrai  dragon,  mol.  Fem.  soi-.  Il,  9.  ||  a'Nom  d'un  an- 
rien  étendard  sur  lequel  était  figuré  un  dragon. 
Il  3"  Dans  le  style  de  l'Ecriture,  le  dragon  infernal, 
ou,  simplement,  le  dragon,  le  démon.  Des  abo- 
minations suggérées  par  le  dragon  à  ceux  qui  sui- 
vent son  parti,  pasc.  l'rov.  i*.  ||  Le  Dragon  renversé, 
ancien  ordre  de  chevalerie,  institué  par  l'empereur 
Sigismond  à  l'occasion  du  concile  de  Constance  et  de 
la  condamnation  de  Jeanlluss  et  de  Jérôme  de  Pra- 
gue. Il  i'  Fig.  Souci,  inquiétude,  remords,  chimère. 
Hélas I  de  quoi  ne  me  souvieus-je  point?  les  moin- 
dres ciioses  me  sont  chères;  j'ai  mille  dragons,  SÉV. 
<».  Ce  m'eût  élé  un  dragon  perpétuel  de  n'avoir  pas 
rendu  les  derniers  devoirs  à  ma  tante,  id.  m».  Je 


DRA 

me  sens  coupable  d'une  partie  de  vos  dragons,  ro. 
333.  Je  suis  assurée  que  deux  ou  trois  mois  vous 
ont  quelquefois  défiguré  vos  dragons....  que  vous 
ne  les  avez  pas  reconnus,  m.  l'b.  ||  Ce  mot,  très- 
usité  dans  ce  sens  au  xvii*  si''cle,  du  moins  chez 
Mme  de  Sévigné,  ne  l'est  plus  guère  aujourd'hui. 
Il  5"  Dans  l'ancienne  armée,  nom  d'une  cavalerie 
légère  qui  combattait  tantôt  à  cheval,  et  tantôt  à 
pied,  et  qui  avait  des  colonels  et  dgs  sergents  comme 
l'infanterie,  et  des  cornettes  comme  la  cavalerie, 
lîientôt  vole  après  eux  ce  corp_s  fier  et  rapide.  Qui, 
semblable  au  dragon  qu'il  eut  jadis  pour  guide. 
Toujours  prêt,  toujours  prompt,  de  pied  ferme, 
en  courant.  Donne  de  deux  combats  le  spectacle  ef- 
frayant, voi.t.  Fnntenm/.  M.  de  I.ouvois  nous  envoie 
de  tous  côtés  des  jésuites  et  des  dragons,  id.  l'In- 
génu, 8 Les  dragons,  race  assez  peu  dévote.  Ne 

parlaient  là  que  langue  de  gargote;  Charmant  aux 
mieux  les  ennuis  du  chemin.  Ils  ne  fêtaient  que  le 
patron  du  vin,  GRESSET,  Verl-Vert,m.  ||  Aujourd'hui, 
dragon,  espèce  de  soldat  de  cavalerie  qui  appartient 
à  la  cavalerie  de  ligne.  Un  régiment  de  dragons.  Il 
[l'Empereur]  sentait  des  bandes  de  Cosaques  rôder 
sur  les  flancs  et  derrière  lui  :  cent  cinquante  dra- 
gons de  sa  vieille  garde  ne  venaient-ils  pas  d'être 
rencontrés,  assaillis,  écrasés  par  une  foule  de  ces 
barbares?  ségur.  Hist.  de  Sap.  viii,  )0.  ||  Les  dra- 
gons sont  souvent  pris,  comme  les  grenadiers,  les 
hussards,  pour  le  type  de  la  licence  et  de  la  brus- 
querie militaire.  N'est-il  pas  à  craindre  que,  loin 
de  votre  surveillance,  il  n'abuse  de  sa  liberté  et  ne 
commette  quelqu'une  de  ces  étourderies  qui  mal- 
gré l'excuse  de  l'âge  ont  parfois  des  résultats  fort 
graves?  —  Cela  est  à  craindre  en  effet,  mais  qu'y 
faire?  un  apprenti  dragon  ne  peut  pas  être  cloîtré 
comme  une  religieuse,  ch.  de  Bernard,  la  Peau  du 
linn,  §  X.  Il  6"  Espèce  de  lézard  de  l'Inde,  muni 
d'ailes  membraneuses.  ||  Poisson  du  genre  pégase. 
Il  Ancien  nom  de  la  vive.  ||  Oiseau  d'Amérique.  ||  Sang 
de  dragon,  voy.  sang-dragon.  ||  T  Terme  d'astro- 
nomie. Constellation  de  l'hémisphère  boréal.  ||  La 
tête  et  la  queue  du  dragon,  les  deux  points  où  l'or- 
bite de  la  lune  coupe  le  plan  de  i'écliptique,  et 
auprès  desquels,  la  lune  se  rencontrant  en  con- 
jonction ou  en  opposition,  se  font  les  éclipses 
de  soleil  ou  de  lune.  Ces  deux  points  se  nomment 
aiis.si  les  nœuds.  (|  8°  Nom,  dans  l'ancienne  hippi.a- 
trique,  de  la  tache  hlanchfttre  qui  .se  dessine  dans  le 
cristallin  du  cheval,  lorsque  la  cataracte  commence 
à  s'y  former.  {|  Par  extension.  Sorte  de  tache  dans 
l'oeil  de  l'homme  (ce  mot  n'a  point  d'usage  dans  le 
langage  médical).  Argus  et  ses  cent  luminaires,  Non 
pas  tous  aux  prunelles  claires,  Les  uns  mauvais,  les 
autres  bons.  Et  plusieurs  ayant  des  dragons,  scah- 
ron,  Yirg.  trav.  vii.  Roux,  mal  fait,  borgne,  et  un 
dragon  dans  l'œil,  marmont.  Me'm.  viii.jl  S.  m.  plur. 
Points  ou  taches  qui  se  rencontrent  dans  le  diamant. 
Il  9"  Terme  de  marine.  Voile  d'élai  de  hune  d'un 
lougre.  Il  Dragon  d'eau,  ancien  nom  de  la  trombe. 
C'est  un  de  ces  gros  tourbillons  que  les  mariniers 
appellent  trompes,  pompes  ou  dragon»  d'eau;  ce' 
sont  comme  de  longs  tubes  ou  cylindres  formés  de 
vapeurs  épaisses,  lesquelles  louchent  les  nues  d'une 
de  leurs  extrémités  et  de  l'autre  la  mer  qui  parait 
bouillonner  toutautour.  Voyage  deSiam,  liv.i  (t.  i, 
p.  37).  Il  Dragon  de  vent,  ancien  nom  de  l'ouragan. 
Il  10°  Anciennement,  dragon  volant,  pièce  d'artille- 
rie de  32  livres  de  balles.  ||  U"  Nom  donné  par  les 
anciens  chimistes  au  salpêtre.  ||  Dragon  mitigé,  le 
mercure  doux. 

—  HIST.  XI'  s.  Serpenz  et  guivres,  dragon  et  aver- 
sier,  Ch.  de  Roi.  clxxxi.  Le  dragon  [il]  porte,  à  qui 
la  gent  s'alie  [se  rallie] ,  ib.  cxu.  ||  xu"  s.  X  une  part 
est  au  roi  avisé  Por  le  dragon  que  il  voit  ventoler. 
Et  l'ori flambe  esgarda  par  delez,  Garin,  dans  du 
cange,  draco.  Ge  sui  frères  des  dragons  et  compains 
des  ostrusces.  Job,  p.  44(.  ||  xni*  s.  Tu  freinsis  [bri- 
sas], sire  Dieux,  les  chiés  [tètes]  del  dragon,  Psau- 
tier, {°ss.  Ne  sai  quel  gent  nous  trouverons;  En  leurs 
enseignes  ont  dragons;  Ce  souloient  Romains  porter; 
Ce  nous  fait  moult  à  redouter.  Roman  d'Àthis,  dans 
DU  CANOË,  drilco.  Mes  li  autres  vint  au  devant,  'lot 
autresi  com  un  dragon,  Renart  sesi  au  peliçon,  iie;i. 
2493t.  Dragons  volans  et  estenceles  Font-il  par  l'air 
sembler  esteles.  Qui  des  ciex  en  cheant  descendent. 
Si  cum  les  foies  gens  entendent,  la  Rose,  t»H6. 
Jà  tornassent  aus  Frans  li  Sarrasin  félon.  Quant  li 
dus  i  sorvient,  qui  porloit  le  dragon,  Ch.  d'Ant.  Il, 
823.  Il  XIV*  s.  Et  fu  fait  serment  les  uns  aux  autres 
que,  se  aulcun  d'eux  estoit  pour  ce  pris,  se  a.ssem- 
bleroienl  à  Saint  Innocent....  et  après  ce  se  par  aul- 
cun d'iceulx  eust  esté  fait  vouler  le  dragon  [si  quel- 
qu'un d'entre  eux  se  fût  mis  en  campagne],  du 


DBA 

CANGE,  draco.ll  xv's.  Monseigneur  Bertran  tient  son 
fié  de  nostre  sire  le  roy  par  baronnie,  et  doit  à  nos- 
tre  sire  le  roy  son  service,  c'est  à  sçavoir  de  cinq 
chevaliers,  et  doit  porter  le  dragon  du  duc  de  Nor- 
mandie, nu  canoë,  draco.  \\  xvi*  s.  Ces  politique.! 
ont  des  dragons  [arquebusiers  à  cheval  ainsi  nom- 
més dès  I5R5]  sur  les  champs,  qui  prennent  tous  Tos 
pacquets,  Sat.  Mén.  p.  90.  Il  faut  tirer  hors  la  veine 
peu  à  peu....  tous  les  auteurs  luy  ont  donné  le  nom 
de  rêva....  si  le  dragon  [dragonneau]  vient  à  sup- 
purer.... PARÉ,  VI,  23.  Six  jours  après,  je  la  trouvai 
hors  la  porte  Montmartre,  sur  un  cheval  de  hast, 
qui  rioit  à  gorge  despinyée  et  s'en  alloit  avec  les 
chassemarées,  pour  avec  eux  faire  voler  son  dragon 
'se  mettre  en  campagne],  et  retourner  en  son  pays, 
ID.  XIX,  56. 

—  ÉTYM.  Provenç.  drae,  dragon;  espagn.  dragon; 
ital.  dragone.  Dans  le  provençal,  dracest  le  nominatif 
(lu  latin  dràco,  avec  l'accent  sur  dri;  et  dragon  c^\ 
le  régime,  de  droci^nem,  avec  l'accent  surcd.  Quant 
aux  dragons,  sorte  de  cavalerie,  Voltaire  dit  :  L'o- 
pinion la  plus  vraisemblable  sur  l'origine  du  mot 
dragon  est  qu'ils  portèrent  un  dragon  dans  leurs 
étendards,  sous  le  maréchal  de  Brissac,  qui  institua 
ce  corps  dans  les  guerres  du  Piémont,  volt.  Fim- 
tenoy,  note  nn.  Us  eurent  d'abord  le  nom  d'arque- 
busiers à  cheval;  puis  le  drapeau  aura  donné  le 
nom  aux  soldats.  Il  n'y  a  rien  à  faire,  ce  semble, 
pour  cette  étymnlogie,  du  latin  drungut,  qui  si- 
gnifie une  troupe  de  soldats. 

DRAGONNADE  (dra-go-na-d'),  ».  f.  Persécutions 
exercées  contre  les  protestants  par  Louis  XIV,  et 
dans  lequelles  les  dragons  fur'ent  particulièrement 
employés  :  on  les  mettait  en  logement  chez  les  pro- 
testants, et  toute  licence  leur  était  permise.  Le  ju- 
gement des  Calas  n'a  fait  soufl^rir  qu'une  famille; 
mais  la  dragonnade  de  M.  de  Louvois  a  fait  le  mal- 
heur du  siècle,  volt.  Lett.  Ternes,  sept.  (786. 

—  Etym.  Dmgon. 

t  t.  DRAGONNE  (dra-go-n'),  adj.  f.  \\  1*  Mission 
dragonne,  se  dit  des  dragons  envoyés  par  Louis  .\IV 
dans  lesCévennes,  pour  forcer  les  protestants  à  se 
convertir  au  catholicisme.  ||  2"  X  la  dragonne,  loe, 
adv.  D'une  façon  hardie,  leste,  égrillarde.  Tant  il 
trouva  la  langue  à  la  dragonne  Plus  de  bel  air  que 
les  termes  de  nonne,  ghesset,  Vert-Vert,  ch.  m. 

2.  DRAGONNE  (dragon'),  s.  f.  \\  1*  Cordon  ou 
galon  qui  orne  la  poignée  d'une  épée.  Dragonne  ie 
laine,  de  cuir,  de  buffle.  Les  feux  du  polygone,  Et 
la  bombe  et  la  sabre,  et  l'or  de  la  dragonne  Fur'  it 
ses  premiers  jeux  [à  Napoléon],  v.  iiugo,  Crcp  '. 
Il  Anciennement,  batterie  de  tambour  particulièio 
aux  dragons.  ||  î*  Grand  lézard  de  Cayenne. 

—  ÉTYM.  Dragon. 

t  DRAGONNE,  ÊE  (dra-go-né,  née),  adj.  Terme 
de  bla.son.  Animaux  dragonnes,  animaux  auxquels 
on  ajoute  une  queue  ou  des  ailes  de  Jragon. 

—  ÉTYM.  Dragon. 

t  DRAGONNEAU  (dra-go-nô),  s.  m.  ||  1*  Terme 
de  médecine.  Ver  filiforme  qui  se  loge  dans  le  tisu 
cellulaire  des  membres  inférieurs  particulièrement, 
connu  aussi  sous  le  nom  de  veine  de  Médine.iî*  Terme 
d'ichthyologie.  Nom  spécifique  d'un  callionyme. 
mieux  nommé  le  callionyme  draconcule  (acauilm- 
plérygiens),  legoarant.  113°  Terme  de  véiérina,re. 
Synonyme  de  dragon.  ||  4°  Grain  de  couleur  qui  nuit 
à  la  pureté  d'un  diamant. 

—  HIST.  XVI*  s.  Dragonneau  est  un  animal  sem- 
blable à  un  ver  long  et  large,  qui  se  meut  enlre 
cuir  et  chair,  aux  jambes,  paré,  Inlrod.  i\. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dragon. 

f  DRAGONNER  (dra-go-né),  r.  a.  Dragonner 
quelqu'un,  le  tourmenter.  |j  Se  dragonner,  t).  rcf. 
Se  créer  des  chagrins,  des  soucis.  Vous  êtes  si  facile 
à  vous  dragonner,  sév.  698.  ||  Peu  usité. 

—  mST.  xvi*s.  C'est,  monsieur, dit  M.deGrignan, 
ce  qui  me  dragonne  l'esprit,  carl.  i,  38.  Ce  qui  plus 
me  trouble  et  dragonne  l'ame,  est  que...  ID.  vu,  28 

—  ETYM.  Dragon. 

DRAGONNIKR  (dra-go-nié),  i.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Grand  et  gros  arbre  exotique  d'où  découle, 
pendantles  fortes  chaleurs,  une  substance  résineuse 
appelée  sang-dragon,  et  dont  une  espèce  (draccna 
lerminalis,  L.)  a  des  feuilles  d'un  rouge  pourpre 
foncé. 

—  ÊTY'M.  Dragon. 

f  DRAGCAGE  (dra-ga-j'),  s.  m.  Action  de  dra- 
guer. Il  Action  de  se  servir  du  filet  nommé  drague. 

—  ETYM.  Drague. 

t.  DRAGUE  (dra-ghl,  «.  f.  jj  1*  Sorte  de  pelle  re- 
courbée et  munie  d'un  long  manche,  qui  sert  à  ti- 
rer du  sable  des  rivières  et  à  curer  des  puits. 
Il    Machine   pour   enlever  Im   tourbe   submergée. 


DRA 


DM 


DRA 


i2;{'j 


Il  s*  Terme  d'agriculluro.  Draauo  à  claie,  instru- 
ment propre  à  approfondir  les  labuurs  sans  raLiener 
à  la  surface  la  terre  du  fond.  ||  3"  Terme  du  marine. 
Bourrelet  qui  garnit,  de  chaque  côlé,  le  fond  d'une 
embarcaiion  destinée  à  échouer.  {|  Nom  d'un  gros 
cordage  qui  sert  à  pêcher  une  ancre  ou  d'autres 
choses  dans  la  mer.  ||  Nom  d'uu  cordage,  dit  plus 
souvent  hrague,  qui  sert  à  tenir  les  pièces  de  cauon 
fermes  qu^md  elles  tirent.  ||  4°  Terme  de  pèche.  Es- 
pèce de  filet  à  manche  pour  pêcher  à  la  traîne  et 
particulièrement  pour  les  coquillages;  au  Las  de  ce 
filet  se  trouve  une  racloire  en  fer  dont  le  froltemeat 
contre  le  fond  fait  sauter  dans  le  sac  les  huilres,  les 
moules,  etc.  legoarant.  La  drague,  dans  quelques 
rui.sseaux  affluents  du  Mississipi,  amène  de  grandes 
huîtres  à  perles,  chateaub.  Voyage  Amer,  iv,  <4. 
Il  Ou  a  dit  aussi  dreige.  Les  rets  de  la  dreige  auront 
les  mailles  d'un  pouce  neuf  ligues  en  carré,  et  les 
trumeaux  ou  hameaiix  qui  sont  attachés  des  deux  cos- 
tez  du  filet  auront  les  leurs  de  neuf  pouces  en  carré, 
Ordoiin.  aoiit  J08l.  ||  5°  Terme  de  vitrier.  Pelit 
pinceau  de  poil  de  chèvre  dont  on  se  sert  pour 
marquer  le  verre,  avec  du  hlanc  broyé.  ||  6"  Grand 
fleuret  pour  faire  des  trous  profonds  quand  on  fait 
sauter  des  roches  à  la  mine. 

—  ÉTYM.  Angl.  drag,  crochet,  filet;  du  l'anglo- 
saxon  dràge. 

2.  DUAGUE  (dra-gh'),  s.  f.  Orge  cuite  qui  demeure 
dans  le  brassiu  après  qu'on  a  cuit  la  bière. 

—  HIST.  xm*  s.  Mais  mon  pain  resamble  becuil; 
U  est  fait  d'orges  ou  de  droe,  nu  cangk,  drascus. 

—  ÉTYM.  Wallon,  drdhe;  rouchi,  draque;  de 
l'anc.  Scandinave  dregg;  angl.  dreg,  lie,  dépôt.  Ce- 
pendant Scheler  est  disposé  à  n'y  voir  qu'une  forme 
variée  de  drêche  (voy.  ce  mot). 

DRAGUE,  ÉE(dra-ghé,  ghée),  part,  passé.  Net- 
toyé à  la  drague.  Un  canal  dragué. 

DRAGUEK  (dra-ghé),  v.  a.  ||  1°  Nettoyer  à  la  dra- 
gue 01  avec  un  bateau  dragueur.  ||  2°  Terme  de 
marine  Traîner  le  cordage  dit  drague  sur  le  fond 
de  la  mer.  Draguer  une  ancre,  chercher  à  saisir  avec 
la  drague  une  ancre  dont  la  bouée  est  perdue. 
Draguer  un  câble  ou  toutautre objet,  chercher  aies 
retirer  de  l'eau  à  l'aide  de  grappins.  ||  Draguer  le 
fond,  ae  dit  d'une  ancre  qui  ciiasse.  ||  3"  Terme  de 
pêche.  Prendre  des  coquillages  avec  une  drague. 

—  ÊTYM.  Drague  *. 

t  URAGUE'rrE  (dra-ghè-f),  s.  f.  Terme  de  pê- 
che. Petite  drague. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  drague  i. 
DRAGUEOR,  EUSE  (lira-gheur,  gheil-z') ,  s.  m. et 

f.  Il  1°  Celui,  celle  qui  s'occupe  principalement  de  dra- 
guer, de  prendre  à  la  drague  du  poisson,  des  huî- 
tres, etc.  Il  2"  S.  m.  Bateau  qui  porte  une  machine 
propre  à  draguer,  à  nettoyer  un  fond  île  rivière, 
de  port,  etc.  |1  Adj.  Bateau  dragueur.  ||  3^  Bâtiment 
normand  destiné  à  la  pêche  du  hareng,  de  la  morue. 
Il  On  a  dit  aussi  dreigeur.  Si  les  filets  d'uu  bateau 
dreigeur  sont  arrêtés  et  retenus  par  quelques  an- 
cres, en  sorte  qu'il  ne  puisse  dériver,  Ordonnance, 
aoilt  4  681. 

—  ÉTYM.  Draguer. 

t  DRAILLE  (dra-ir.  Il  mouillées),  s.  f.  Terme  de 
marine.  Cordage  placé  verticalement  sur  l'avant  ou 
sur  l'arrière  d'un  màt  pour  servir  à  la  manœuvre , 
ou  d'une  voile  d'étai  qui  y  est  tenue  par  des  cos.ses 
ou  rocambeaux,  ou  d'une  voile  carrée  attachée  à  une 
vergue  qui  glisse  le  long  de  ce  cordage  quand  on  la 
hisse  ou  qu'on  l'amène,  jal. 

t  DRAIN  (drin),  s.  m.  Terme  d'agriculture.  Fosse 
de  drainage.  ||  Tuyau  de  terre  cuite  avec  une  solu- 
tion de  continuité  sur  le  dessus,  servant  à  recevoir 
l'eau  dans  l'opération  du  drainage. 

—  ÉTYM.  Angl.  drain,  fossé  d'écoulement. 

t  DRAINAGE  (dré-na-j'),  s.  m.  Terme  d'agricul- 
ture. Art  d'assainir  les  terres  trop  humides  au  moyen 
de  rigoles  souterraines  que  l'on  garnit  intérieure- 
ment de  pierres  ou  de  fascines,  de  briques  ou  de 
>.uiles;  ou  remplace  le  plus  souvent  ces  rigoles  par 
des  ti  yaux  en  terre  cuite,  dits  drains,  legoarant. 
Il  Fig.  Le  drainage  des  écus,  se  dit  des  éous  retirés 
de  la  circulation  comme  l'eau  du  sol. 

—  ÉTSM.  Drainer. 

t  DRAINE  (drè-n'),  s.  f.  Espèce  de  grive  {turdus 
viscirnrus). 

t  DRAINER  (drè-né),  v.  a.  Terme  d'agriculture. 
Faire  écouler  l'eau  surabondante  d'un  terrain  au 
noyen  de  tuyaux  percés  sur  le  dessus,  et  placés  en- 
viron à  t  mètre  de  profondeur  avec  une  inclinaison 
suffisante  pour  l'écoulement  des  eaux.  Drainer  un 
marais.  Terrain  drainé.  ||  On  draine  les  plantes  en 
caisse  ou  en  pot  en  remplissant  le  fond  da  ces  vases 
do  pierrailles  ou  de  gravier. 


—  ÉTYM.  AngL  (0  drain,  filtrer,  épuiser,  tarir; 
anglo-sax.  drehnigeaii.. 

t  URAlNErrE  (drè-nè-t'j,  j.  f.  Terme  de  pêche. 
Filet  dont  on  se  sert  à  la  dérive  pour  prendre  de  pe- 
tits poissons.  On  dit  aussi  drivouette. 

—  ÉTYM   Dranet. 

f  DRAINEUR  (diè-neur),  s.  m.  Celui  qui  opère 
un  drainage. 

—  ÉTYM.  Drainer. 

t  DRAIURE  (drè-in-r'),  s.  f.  Voy.  dhayure. 

t  DRAfLËE  (dra-kée),  s.  (.  Genre  d'orchidacées 
établi  pour  une  plante  de  la  Nimvelle-Hollande. 

DUAMATiyUE  (dia-ma-ti-k'),  adj.  ||  1°  Qui  ap- 
partient au  théâtre,  à  la  comédie  ou  à  la  tragédie, 
h'art  dramatique.  Œuvre,  composition  dramatique. 
Poète  dramatique.  Le  genre  dramatique.  Bien  que, 
selon  Aristote ,  le  seul  but  de  la  poésie  dramatique 
soit  de  plaire  aux  spectateurs  et  que  la  plupart  de 
ces  poèmes  leur  aient  plu,  je  veux  bien  avouer  tou- 
tefois que  beaucoup  d'entre  eux  n'ont  pas  atteint  le 
but  de  l'art,  corn,  i"  dise.  On  appelle  poëme 
dramatique  celui  par  lequel  on  fait  parler  ou  agir 
sur  le  théitre  les  personnages  mêmes,  à  la  diffé- 
rence de  poëme  épique,  où  le  poète  ne  fait  que  ra- 
conter de  son  chef,  indirectement  et  de  suite,  les 
aventures  de  ceux  dont  il  parle,  rollin,  Uist.  anc. 
Œuvres,  t.  v,  p.  <07,  dans  pougens.  La  poésie 
dramatique,  qui  ne  consiste  qu'en  imitation  et  ne 
tend  qu'à  divertir  en  remuant  les  passions,  était  une 
invention  plus  nouvelle,  pleury.  Mœurs  des  Israé- 
lites, titre  XV,  2«  part.  p.  tï9,  dans  pougens.  Le 
génie  dramatique  se  compose  de  l'esprit  public,  de 
l'histoire,  du  gouvernement,  des  mœurs,  enfin  de 
tout  ce  qui  s'introduit  chaque  jour  dans  la  pensée, 
STAËL,  Corinne,  vu,  2.  Les  Romains  n'avaient  pas, 
comme  les  Grecs,  la  passion  des  représentations 
dramatiques,  lu.  ib.  iv,  6.  ||  Artiste  dramatique, 
comédien.  1|  Musique  dramatique,  musique  propre 
aux  pièces  de  théâtre.  ||  Censure  dramatique,  cen- 
sure qui,  examinant  les  pièces  de  théâtre,  en  re- 
tranche, en  corrige  certains  passages,  ou  même 
interdit  absolument  la  représentation.  Elle  [une 
pièce  de  Thompsonl  ne  fut  pas  jouée,  parce  qu'à 
cette  époque  la  censure  dramatique  commençait  à 
fleurir  en  Angleterre,  villemain,  LiUér.  Tabl.  du 
xvm'  siècle,  2»  partie,  2«  leçon.  ||  2"  Par  extension  . 
qui  émeut  vivement  le  spectateur,  l'auditeur,  le 
lecteur.  Situation,  sujet,  récit  dramatique.  ||  3°  S. 
m.  Le  genre,  la  forme  dramatique.  Il  réussit  dans  le 
dramatique.  Certains  poètes  sont  sujets  daus  le  dra- 
matique à  de  longues  suites  de  vers,  la  bruy.  i. 
Il  Ce  qui  excite  l'intérêt,  l'émotion.  11  y  a  bien  du 
dramatique  dans  cette  scène. 

—  ÉTYM.  Aao(|j.aTixoî .  de  ô(/â[j.a,  drame. 

t  DRAMATIQUEMENT  (dra-ma-ti-ke-man),  adv. 
D'une  manière  dramatique.  Deux  jours!  quand  on 
aime ,  c'est  l'éternité ,  répondit  dramatiquement 
Vanois,  CH.  de  Bernard,  le  l'aratonnerre. 

—  ÉTYM.  Dramatique,  et  le  suffixe  ment. 

f  DRAMATISER  (dra-ma-tizé) ,  v.  a.  Néologisme. 
Rendre  dramatique.  Les  têtes  exaltées  éprouvent  un 
bes  an  inné  de  dramatiser  leur  existence  à  leurs 
propres  yeux,  o.  sand,  dans  le  Vicl.  de  besche- 
relle. 

—  ÉTYM.  ApanatiÇsiv ,  de  8pâ(ia,  drame.  Ce  mot 
est  du  à  Mercier  (voy.  la  rem.  à  dramaturge). 

DRAMATISTE  (dra-ma-ti-st  ) ,  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  écrit  pour  le  théâtre.  ||  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  Drame. 

DRAMATURGE  (dra-ma-tur-j'),  s.  m.  Celui  qui 
fait  des  ouvrages  dramatiques.  Pourquoi  le  grand 
modèle  des  dramaturges,  Shakspeare,  n'a-t-il  pas 
lui-même  pris  ses  sujets  parmi  le  peuple?  mar- 
montel,  dans  le  Dict.  de  bkscherelle. 

—  REM.  Ce  mot  se  prend  presque  toujours  dans 
un  sens  défavorable.  On  l'a  d'abord  appliqué  à  Mer- 
cier, comme  il  nous  l'apprend  dans  son  Diction- 
naire néologique. 

—  ÉTYM.  AfaixoToupyè;,  de  Sfâiia,  drame,  et 
spYov,  œuvre  (voy.  organe). 

\  DRAMATURGIE  (dra-ma-tur-jie),  s.  f.  Art  de  la 
composition  des  pièces  de  théâtre.  ||  Manie  de  com- 
poser des  pièces  de  théâtre.  ||  Ce  mot,  comme  drama- 
turge, se  prend  presque  toujours  en  mauvaise  part. 

— ÉTYM.  Dramaturge. 

t  DRAMATURGIQUE  (dra-ma-tur-ji-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  la  dramaturgie. 

DRAME  (dra-m'),  s.  m.  \\  1°  Toute  pièce  de  théâ- 
tre soit  tragique,  soit  comique.  Les  drames  de 
Shakspeare.  Les  drames  de  Victor  Hugo.  ||  Drame 
lyrique,  opéra.  ||  2°  En  un  sens  plus  restreint,  pièce 
de  théâtre  en  vers  ou  en  prose  et  d'un  genre  mixte 
entre  la  tragédie  et  la  co.iicdio.  Drame  historique. 


C'est  dans  la  premiers  moitié  du  xvin*  siècle  qu'on 
a  commencé  à  faire  des  drames;  un  des  premiers 
est  le  Préjugé  à  la  mode  de  la  Chaussée.  Vous  in- 
juriez toujours  notre  pauvre  siècle.  —  Pardon  de  la 
liberté;  qu'a-t-il  produit  pour  qu'on  le  loue?  sot- 
tises de  toute  espèce,  la  liberté  de  penser,  l'attrac- 
tion, l'électricité,  le  tolérautisme,  l'inoculation,  le 
quinquina,  l'encyclopédie  et  les  drames,  bkaumahch. 
Barbier  de  Séville,  i,  3.  J'eus  la  faiblesse  de  voua 
présenter  en  différents  temps  deux  tristes  drames; 
production  monstrueuse,  comme  on  sait;  car,  entre 
la  tragédie  et  la  comédie,  on  n'ignore  plus  qu'il 
n'existe  rien,  id.  ib.  Préface.  \\  3"  Fig.  Suite  d'évé- 
nements qui  émeuvent,  qui  touchent.  De  la  grotte 
en  lisant  je  refais  le  chemin;  Du  drame  de  ses  jouri 
[de  Jocelyn]  j'explore  le  théâtre,  lamaht.  Joe. 
Épil.  I.  Nous  avons  devant  les  yeux  les  restes  d'un 
drame  [débris,  dans  un  terrain  géologique,  d'un 
animal  dévoré  par  un  autre]  qui  s'est  passé  depuis 
si  longtemps,  que  personne  ne  saurait  compter  le 
nombre  des  siècles  qui  nous  en  séparent.  Presse 
scienli/ique,  1803,  t.  i,  p.  i». 

—  KEM.  Dramatique  est  un  néologisme  du  xvn* 
siècle,  et  drame  n'est  dans  le  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie qu'à  partir  de  l'édition  de  <  702;  au  sens 
figuré,  il  est  encore  plus  récent.' 

—  ÉTYM.  Apâ|j.a,  drame,  proprement  action,  de 
6pâv,  faire  (voy.  drastiqbe). 

t  DRAN  (dran),  s.  m.  Terme  de  marine.  Drosse 
de  basse  vergue. 

t  DRANET  (dra-nè),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Pe- 
tite seine  dont  on  se  sert  sur  la  Manche. 

—  ÉTYM.  Angl.  dragnet,  de  (o  drag,  traîner,  et 
net,  filet. 

t  DRANGUEL  (dran-ghèl),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Sorte  de  filet  dont  les  mailles  sont  très-serrées. 

t  DRANGUETTE  (  dran-ghè-t' ) ,  s.  f.  Terme  de 
pêche.  Voy.  lraguette. 

DRAP  (dra;  le  p  ne  se  lie  jamais:  un  dra  étoffé; 
au  pluriel,  Vs  se  lie:  des  dra-z  éioffés;  draps  rime 
avec  mâts,  pas,  rats,  etc.),  s.  m.  ||  !•  Étoffe  dont 
la  chaîne  et  la  trame  sont  en  laine  et  dont  le  tissu 
est  couvert  d'un  duvet  plus  ou  moins  fin,  produit 
par  les  opérations  du  lainage  et  du  foulage.  Drap 
fin.  Gros  drap.  Une  pièce  de  drap.  Un  habit  de 
drap.  Il  Drap  de  pied,  pièce  de  drap  ou  de  velours 
noir  qu'on  étend  sur  un  prie-dieu.  ||  Vouloir  avoir 
le  drap  et  l'argent,  c'est-à-dire  vouloir  avoir  la 
chose  qu'on  achète,  et  ne  pas  la  payer;  locution 
tirée  de  la  farce  de  Patelin,  qui  emporte  le  drap  et 
ne  le  paye  pas.  Cela  se  dit  aussi,  par  extension,  de 
celui  qui  retient  ce  qu'il  a  vendu  et  le  prix  qu'il  a 
reçu.  Il  Tailler  en  plein  drap,  couper  un  vêtement 
dans  la  pièce  du  drap;  et  fig.  avoir  plein  pouvoi.- 
dans  une  affaire,  pleine  disposition  de  l'argent,  etc. 
Beau-père,  on  dit  bien  vrai,  quant  à  moi  j'y  sous- 
cris: On  a  beaufaire,  il  faut  prendre  femmeàParis, 
L'on  y  taille  en  plein  drap,  regnakd,  le  Bal,  se.  7. 
Il  Drap  mortuaire,  pièce  d'étoffe  de  laine,  dont  on 
couvre  le  cercueil  des  personnes  mortes,  noir  pour 
les  personnes  mariées,  blanc  pour  les  personnes  non 
mariées.  11  se  baisse  à  l'instant,  et  croit  .se  satisfaire. 
Mais  il  n'aperçoit  plus  que  le  drap  mortuaire.  Dont 
on  avait  couvert  la  princesse  des  cieux,  oodeau, 
l'Assomption,  dans  richelet.  ||  Drap  mortuaire,  nom 
d'une  couleuvre  de  Ganjam  (Bengale)  (coluber  inor- 
tuarius).  \\  Nom,  parmi  les  marchands,  de  l'olive  lu- 
gubre (univalves,  mollusques).  ||  Nom  d'un  insecte  du 
genre  cétoine  (cétoine  stictique,  coléoptères).  ||  .Nom 
du  marbre  lumachelle.  |]  2°  Par  extension.  Drap  d'or, 
de  soie,  tissu  d'or,  de  soie.  Levez  donc  ce  drap  d'or 
et  voyons  ce  qu'il  cache,  mair.  Soliman,  v,  4.  ||  Ab- 
solument. Les  quatre  draps,  quatre  sortes  d'étoffes. 
Aucun  ne  pourra  être  reçu  marchand  et  maître  dudit 
état,  s'il  ne  fait  chef-d'œuvre,  dans  le  bureau  com- 
mun, sur  l'un  <les  quatre  draps  ci-après  nommés,  sa- 
voir sur  le  velours  plein,  le  satin  plein,  le  damas,  le 
brocart  d'or  ou  d'argent,  Ordommnces  des  march. 
de  draps  d'or,  etc.  9  juillet  (667.  ||  Camp  du  drap 
d'or,  entrevue  de  François  I"'  et  d'Henri  VIII,  près 
d'Ardres  en  t520,  où  une  grande  magnificence  fut 
étalée.  ||  Drap  d'or,  ancien  nom  d'une  tulipe.  De 
cette  (leur,  il  passe  au  drap  d'or,  la  bruy.  xiii. 
Il  Drap  d'or,  variété  de  prune;  variété  de  poire.  Nom 
donné  par  les  horticulteurs  au  crocu*  méxinque. 
Il  Drap  d'or,  nom  vulgaire  du  cône  textile  (mollus- 
ques). ||  Drap  d'argent,  nom,  parmi  les  marchands, 
d'une  coquille  univalve  (le  cône  moucheté,  oumieux 
le  cône  sablé,  legoarant).  ||  Drap  de  soie,  nom, 
parmi  les  marchands,  d'une  coquille  univalve,  le  cône 
géographique.  ||  3°  Morceau  de  toile  ou  de  coton  large 
ordinairement  de  deux  mètres,  qu'on  étend  le  long 
du  matelas  et  du  lit  et  daus  lequel  on  enveloppe 


12/»0 


DRA 


le  traversin.  Une  paire  de  draps.  Des  draps  blancs. 
La  princesse,  enfin  moins  superbe,  Ouvre  au  ga- 
lant ses  draps  de  lin,  béhang.  Priw.  ||  Combattre 
contre  ses  draps,  contre  son  chevet,  avoir  peine  à 
se  lever.  ||  Entre  deux  draps,  au  lit.  Perdus....  Tout 
démon  long  entre  deux  draps,  iiéonieb,  Epit.  m.  Le 
meilleur  de  ce  conte  Entre  deux  draps  pour  Renaud 
sa  passa,  la  font.  Orais.  Quoi!  même  dans  ton  lit, 
cruel   entre   deux  draps....  BOIL.   Lutr.  iv.  Pour  te 
guérir  de  cette  sciatique.  Qui  te  retient  comme  un 
paralytique  Entre  deux  draps  sans  aucun  mouve- 
nient,  maIthe  adam,  Hondeau.  La  manie  de  M.  de  lié- 
thune  étaitde  se  mettre  entre  deux  draps,  àquelque 
heure  qu'il  voulût  faire  .ses  dépêches,  st-sim.  (82, 
186.   Il   Mettre    quelqu'un    dans    de    beaux    draps 
blancs,  lui  donner  un  lit  dont  les  draps  sont  blancs 
et  beaux;  et  fig.  mettre  quelqu'un  dans   de  beaux 
draps,   le   compromettre,    le  mettre  dans  une  fâ- 
cheuse position.  Ah  I  coquines  que  vous  êtes;  vous 
nous  mettez  dans  de  beaux  draps  blancs,  à  ce  que 
je  vois!    MOL.  l'réc.  <».  (|   Être  dans  de  mauvais 
draps,  et,  ironiquement,  dans  de  beaux  draps,  être 
dans  une  mauvaise  situation.  La  compagnie  de  Jésus 
est  dans  de  mauvais  draps,  d'alemb.  Lelt.  à  Yolt. 
31  mars  ilii-2.  ||  Dans  beaucoup  de  lieux,  on   tire 
le  drap  sur  la  face  d'une   personne   qui   vient  de 
mourir.  ||  Familièrement.    Ce  malade,   cet   enfant 
ne  se  soutient  non  plus  qu'un  drap  mouillé,  il  ne 
jieut  se  tenir  sur  ses  jambes.  ||  Terme  de  vénerie. 
Drap  de  curée,  toile  sur  laquelle  on  étend  les  par- 
ties du  cerf  données  aux  chiens  en  curée.  ||  4°  Drap 
marin  ou  drap  de   mer,  espèce  de  laine  feutrée 
qui  recouvre  la  plupart  des  coquille»,  formant  à 
leur  surface  un  épiderme  qui  en  cache  les  brillantes 
couleurs.  ||   Proverbes.  Les  lisières  valent  i)is  que 
le  draji,  pour  dire  que  les  gens  des  frontières  sont 
pires  que  les  gens  de  l'intérieur  du  pays.  ||  Au  bout 
de  l'aune  faut  le  drap,  signilie  qu'on  trouve  la  fin 
de  toutes  choses.  ||  11  n'y  a  que  cela  de  drap,  pour 
dire  :  contentez-Tous  de   ce  qu'il  y  a.  ||  Les  plus 
riches  en  mourant  n'emportent  qu'un  drap,   non 
plus  que  les  plus  pauvres,  locution  tirée  du  lin- 
ceul dans  lequel  on  ensevelit  les  morts  et  qui  est 
tout  ce  qu'ils  emportent  de  leur  fortune  ou  de  leur 
puissance. 

—  HlST.  XII'  s.  En  Alexandre  [Alexandrie]  en  fu 
li  dras  faitis  [faitj,  Ronc.  p.  24.  Tous  ses  dras  [ha- 
bits] [il]  a  rompu»  et  dépecez,  «6.  p.  <07.  Les  (Iras 
de  soie  desrompr»  et  deschirer,  ib.  p.  4  77.  ||  xm'  s. 
[Rue  qui]  .Ne  fust  toute  couverte  de  dras  très  riche- 
ment, Berte,  ix.  Eî  le  drap  [du  manteau]  en  fu  fait 
au  royaume  de  Frise,  ib.  xxxi.  11  deit  jurer  sur  sains 
que  il  nen  a  que  la  robe  de  son  veslir,  et  les  dras 
de  son  lit,  Ass.  de  Jér.  i,  489.  Les  aunes  à  auner 
les  dras  et  les  toiUes,  beaum.  xxvi,  (6.  L'une  des 
dames  qui  le  gardoit  li  vculoit  traire  le  drap  sus  le 
visage,  et  disoit  que  il  estoit  mort,  joinv.  207. 
Il  XIV"  s.  [Le  prévôt  des  marcliands  envoya  à  Charles , 
duc  de  Normandie]  deux  draps,  ung  de  per  [per.s], 
et  l'autre  de  rouge,  pour  ce  que  le  duc  fist  faiie  des 
chapperons  pour  luy  et  pour  ses  gens  tels  comme 
ceux  de  Paris  les  portoient,  Chron.  deSt  Denis,  t.ii, 
f»  244,  dans  lacukne.  ||  xv«  s.  Un  puissant  homme 
de  la  ville  qui  estoit  des  draps  [habillé  aux  dépens] 
du  roi,  FROiss.  ii,  ii,  445.  Et  sist  à  table  [le  roi 
d'Angleterre]  en  draps  fourrés  d'ermines,  de  ver- 
meille escarlate,  sans  manches,  id.  i,  i,  273.  Draps 
de  haute  lice  ouvrés  à  Arras  en  Picardie,  ID.  liv.  iv, 
p.  26»,  dans  LACUBNE.  À  icelle  piteuse  procession 
fut  mené  le  mareschal  de  France  Bouciquaut  tout 
nuil,  fors  de  ses  petits  draps,  Bouciq.  l,  ch.  2B.  Les 
chambres  tendre  de  drapz  d'or  De  haulte  lice;  y  ot 
encor  Draps  faitz  de  l'istoire  de  Troye,  eust.  uesch. 
i'oe'ïiVs  mss.  f°  456,  dans  lacukne.  Cheval,  poulain 
ne  jumeut  n'ay,  Ne  drap  linge  où  l'en  puist  gésir, 
ib  t'HO.  Et  je  m'en  rioye  en  moy-mesme  entre  les 
draps,  tes  ibJoyes,  p.  4  20 .  |xvi'  s.  Voyant  tant  de  drap 
d'or  [tant  de  seigneurs]  monter,  jean  d'auton,  An- 
nales de  Louis  XII,  p.  449,  dans  lacubne.  Et  y  eussiez 
esté  couché  en  blancs  draps,  pour  une  marque  inef- 
façable de  vostre  desloyauté,  Sa(.  ilén.  p.  1 40. Defiez- 
vous  des  gens  qui  ne  voyent  le  jour  que  par  une  fe- 
nestre  de  drap  [les  moines],  leboux  du  lincï,  Prov. 
t.  i,  p.  24.  X  drap  meschant,  belle  monstre  de- 
vant, ID.  ib.  t.  Il,  p.  466. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  drat;  provenç.  drap;  anc. 
espagn.  et  portug.  Irapo;  ilah  drappo  ;  lias-lat. 
drappus;  d'un  mot  germanique  (ce  qu'indique  la 
variation  des  langues  romanes  entre  le  d  et  le  1), 
conservé  dansl'angl.  trapping,  décoration,  tenture, 
«rua  Burnouf,  Yafna,  notes,  p.  xlviii,  rattache  au 
r.end  rirafcha,  drapeau.  Dans  l'ancien  français  drap 
/wi'f  signifiait  toile. 


DRA 

t  DRAPA  DE  (dra-pa-d'),  s.f.  Terme  de  commerce. 

Espèce  de  serge. 

—  liTVJi.  Drap. 

i  DRAPANT  (dra-pan),  s.  m.  ||  1°  Anciennement, 
celui  qui  fabrique  les  draps  de  laine.  Par  tel  drapant 
ou  serger  [fabricant  de  .serge]  que  ce  soit,  Hèglem. 
sur  les  manutact.  art.  30,  aollt  166!).  ||  2°  Planche 
sur  laquelle  le  papetier  met  les  feuilles  de  papier,  à 
mesure  qu'il  les  lève  de  dessus  les  feutres.  ||  Dra- 
pant de  la  chaudière,  planche  sur  laquelle  ou  glisse 
la  forme  remplie  de  pAte. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quand  je  parle  des  marchands, 
je  compren  les  drapiers  drajians,  usant  de  ce  mot  là 
généralement,  n,  est.  Apol.  pour  lUrod.  p.  234, 
dans  lacubne. 

DRAPÉ,  ÉE  (dra-jié,  pée),  part,  passé.  \\  1°  Garni 
d'un  drap  de  laine.  Au  roulement  des  tambours  dra- 
pés, des  grenadiers  portaient  le  corps  de  leur  \aillant 
capitaine,  chateaub.  Génie,  iv,  i,  )  l.  ||  Bas  drapés, 
bas  dont  le  tissu  imite  le  drap.  ||  Ternie  de  bota- 
nique. Garni  de  poils  tellement  courts  et  serrés  qu'ils 
forment  une  sorte  de  tissu.  Les  feuilles  du  bouillon- 
blanc  sont  drapées.  ||  2°  Fig.  et  familièrement,  cri- 
tiqué, de  qui  on  dit  du  mal.  Drapé  d'importance  par 
ses  camarades. 

DRAPEAU  (dra-pô),  s.  m.  ||  1°  Au  sens  primitif, 
pièce  de  drap;  ce  qui  sert  à  emmaillotter  un  enfant. 
On  dit  pluiot  aujourd'hui  lange.  ||  2°  Pelit  morceau 
de  drap  que  le  batteur  d'or  tient  entre  ses  doigts. 
Il  Terme  de  relieur.  Drapeau  à  l'or,  linge  avec  le- 
quel le  doreur,  après  avoir  tout  terminé,  enlève 
l'or  superflu  en  frottant  toutes  les  places,  et  qu'il 
conserve  à  part  jusqu'à  ce  qu'il  soit  suffisamment 
chargé  de  métal.  ||  3"  Haillon,  vieux  morceau  de 
linge.  Us  semblaient....  Crier  en  se  moquant:  Vieux 
langes,  vieux  drapeaux,  kégnieh,  Sal.  x.  ||  Il  ne  se 
soutient  non  plus  qu'un  drapeau  mouillé,  se  dit  d'un 
homme  faible  au  physique  ou  au  moral.  ||  Vieilli  en 
ce  sens.  ||  4°  Pièce  d'étoffo  qui,  mise  au  IJout  d'une 
lance,  sert  à  distinguer  par  ses  couleurs  les  nations 
ou  les  partis,  et  aussi  à  donner  un  signal.  Le  dra- 
peau blanc.  Le  drapeau  tricolore.  Viens,  mon  dra- 
peau, viens,  mon  espoir;  C'est  à  loi  d'essuyer  mes 
larmes;  D'un  guerrier  qui  verse  des  pleurs  Le  ciel 
entendra  la  prière  :  Oui  je  secouerai  la  poussière  Qui 
ternit  tes  nobles  couleurs,  bérang.  Vieux  drapeau. 
Il  Être  sous  les  dra|ieaux,  sous  le  drapeau,  être  en 
activité  de  service.  Outre  ces  troupes  tenues  sous 
le  drapeau,  chaque  village  entretenait  un  franc  ar- 
cher, VOLT. if ûBurs ,  80.  Il  Par  métonymie,  l'état  mi- 
litaire, ou  plutôt  l'armée.  L'honneur  du  drajieau. 
Il  Au  plur.  Les  drapeaux,  les  armées  d'une  puis- 
sance, d'un  prince.  Combattre  sous  les  drapeaux 
de  la  France.  11  suivit  les  drapeaux  de  Charles  XII. 
j'attaque  sur  son  trône  une  reine  orgueilleuse  Qui 
voit  sous  ses  drapeaux  marcher  un  camp  nombreux, 
bac.  Athal.  IV,  3.  De  quelle  noble  ardeur  pensez- 
vous  qu'ils  se  rangent  Sous  les  drapeaux  d'un  roi 
longtemps  victorieux...?  id.  Slithr.  m,  4.  ||  Fig.  Se 
ranger  sous  les  drapeaux  de  quelqu'un,  prendre 
parti  pour  lui.  ||  Fig.  On  m'a  crié  :  l'occasion  est 
bonne.  Tous  les  partis  rapprochent  leurs  drapeaux 
[se  réconcilient] ,  bérang.  De  prof.  ||  Fig.  J'ignore 
[il  s'agit  de  vieilles  qui  portent  la  marque  de  vilaines 
maladies]  dessous  quels  drapeaux  elles  ont  com- 
battu.... REGNIER,  Sa(.  XI.  Il  5°  F.n  un  sens  restreint, 
l'enseigne  il'une  troupe,  d'un  régiment  d'infanterie. 
Jusque-là  le  127' avait  marché  sans  aigle;  car  alors  il 
fallait  conquérir  son  drapeau  sur  le  champ  de  bataille, 
pour  prouver  qu'ensuite  on  saurait  l'y  conserver, 
sÉGUR,  Hist.  de  Napol.  vi,  8.  Les  malades  ne  se  sé- 
parèrent pas  seuls  de  l'armée;  un  gnind  nomlire  de 
soldats,  dégoûtés  et  rebutés  d'une  part,  de  l'autre 
poussés  par  un  esprit  d'indépendance  et  de  pillage, 
renoncèrent  volontairement  à  leurs  drapeaux,  m. 
ib.  VI,  0.  Il  Battre  au  drapeau,  exécuter  une  cer- 
taine batterie  de  tambour  q.ii  a  lieu  lorstju'un  ré- 
giment reçoit  ses  drapeaux,  ses  étendards  ou  ses 
guidons.  Il  Dans  l'ancienne  armée,  enseigne  de  cha- 
que compagnie,  les  drapeaux  d'un  çégiment  signi- 
fiant le  drapeau  de  tout  le  régiment  et  les  enseignes 
des  diverses  compagnies.  Et  aussi  charge  d'en.sei- 
gne.  Le  roi  a  donné  un  drapeau  à  ce  brave  soldat. 
Il  6°  Pièce  d'étoffe  d'une  couleur  ou  d'une  autre, 
dressée  pour  quelque  indication.  Dans  les  villes  as- 
siégées, on  place  un  drapeau  noir  sur  les  hôpitaux, 
pour  avertir  l'assiégeant  de  ne  pas  diriger  jon  feu 
sur  ces  asiles.  ||  Drapeau  rouge,  drapeau  qui,  en 
vertu  d'un  décret  de  la  Constituante,  devait  être  dé- 
ployé chaque  fois  que,  proclamant  la  loi  martiale, 
on  se  préparait  à  disperser  un  rassemblement  fac- 
tieux. ||  Drapeau  rouge,  signal  de  lalliement  pris 
Quelquefois  par  une  insurrection,  ou  par  cert.iincs 


DRA 

opinions  démocratiques  exaltées.  ||  Drapeau  noir,  pa- 
villon de  quelques  corsaires.  |(  7°  Terme  de  chirur- 
gie. Bandage  destiné  à  maintenir  un  appareil  sur 
le  nez.  ||  Nom  vulgaire  du  ptérygion. 

—  HIST.  XII'  s.  Dessired  out  [il  eut  déchirél  ses 
drapels,  puis  puldre  surlechief,  Hot»,  p.  4  8.  |l  xm' s. 
Tantli  bâtent  et  os  et  pel,Que  plusfu  mal  d'un  viez 
drapel,  Ben.  9254.  Renart  a  prisas  mains  la  croiz, 
Si  lor  e.scrie  à  haute  voiz  :  Dauz  Rois,  tenez  vostre 
drapel,  ib.  4 1289.  Icis  venirs,  icis  alers  [ces  venues 
et  ces  allées]  Font  as  amans  sous  lor  drapiaus  [ha- 
bits] Durement  ameigrir  lor  pians,  la  Rose,  'ii-hl . 
Il  XVI'  s.  Nous  éplucherons  maintenant  les  linges  et 
drapeaux  aux(|uels  ils  emmaillottent  les  âmes  en- 
dormies, CALVIN,  64 Et  s'en  va  porter  un  faii 

de  drapeaux  [linge]  àundouet....  desper.  Contes, 
xxxvi.  Elle  n'osoit  pas  descendre  à  la  cave,  à  cause 
qu'elle  étoit  en  ses  Deaux  drapeaux  [vêtements] ,  ti>. 
XLVii.  F'aut  mettre  un  dra[ie:iu  en  double,  trempé 
en  syrop  de  roses  seiches,  dedans  la  playe.  p.vré, 
XV,  30.  M.  le  mareschul  de  Brissac  luy  donna  son 
guidon  de  cent  hommes  d'armes,  et  tel  dr^ippeau 
ne  se  donnoit  le  temps  passé,  et  mesme  d'un  si 
grand  mareschal  que  celuy  là,  à  jeunes  gens  qui 
n'eussent  fait  de  fort  signalées  monstres  de  leur 
valeur,  brant.  Cap.  fr.  t.  m,  p.  327,  dans  la- 
cubne. Le  feu  s'augmente  de  peu  à  peu,  comme 
vous  voyez  qu'il  fait  en  un  drapeau  de  fuesil 
[amorce,  amadou],_BOUGHET,  Serées,  liv.  i,  p.  4  87, 
dans  lacubne. 

—  ETy.M.  Diminutif  de  drap;  bourguig.  draipéa; 
Berry,  drapiau,  lange;  norm.  drapct,  linge;  pro- 
venç. drapel;  catal.  drapet;  espagn.  trapillu;  por- 
tug. trapinho ;  ital.  dra/jello. 

t  DR.\PELË'r  (dra-pe-lè),  s.  m.  Pelit  drapeau, 
petit  morceau  de  linge.  Vie.Ui. 

—  HIST.  xvr  s.  Après  que  la  petite  fille  eust  esté 
bien  lavée  et  nettoyée  dfedans  le  baing,  et  envelop- 
pée dedans  les  bl.incs  dra|ipelets,  Nuils  de  Sliapa- 
rôle,  t.  I,  p.  242,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Drapel  (voy.  dbapeau). 

DRAPER  idra-pé),  v.  a.  ||  1°  Recouvrir  de  drap 
noir  en  signe  de  deuil.  Draper  un  tambour.  Les  carros- 
ses furent  drapés.  ||  Absolument.  Le  souverain  draie 
de  violet.  En  Espagne,  la  reine  mère  mourut;  elle  était 
sœur  de  l'empereur  et  seconde  femme  de  Philippe  IV, 
qui  de  sa  première  femme  avait  eu  notre  reine  Marie- 
'riiérèse,  en  sorte  que  le  roi  en  drafia  pour  un  an  sans 
regret,  st-sim.  36,  464.  Le  roi  déclara  à  la  mort  du 
roi  d'Espagne,  qu'il  draperait,  id.  82,  06.  ||  2°  Me:- 
tre  de  petits  morceaux  de  drap  aux  sautereaux  d  un 
clavecin,  d'une  épinette.'  ||  3°  Garnir  de  drapenis. 
Draper  un  lit,  une  fenêtre.  ||  4°  Terme  de  peinture. 
Habiller  une  figure  de  vêtements  amples,  ou  la  re- 
présenler  habillée  de  vêlements  amples.  Draper  une 
figure.  Il  Absolument.  Le  talent  de  bien  draper.  C'est 
un  sac  d'où  sortent  une  tête  et  deux  bras;  il  faut 
draper  large,  sans  doute;  mais  ce  n'est  pas  ainsi, 
mnF.ROT,  Salon  de  1705,  (Jtuvres ,  t.  xui,  p.  24. 
Il  5"  Fig.  et  familièrement,  dire  beaucoup  de  mal 
de  quelqu'un.  Que  nous  puissions  draper  comme  ils 
font  nos  écrits,  hégnieb,  Sat.  IX.  On  dit  qu'on  l'a 
drajié  dans  certaine  satire,  boil.  Sot.  lu.  Quand 
Despréaux  fut  sifflé  sur  son  ode,  Ses  partisans 
criaient  par  tout  Paris:  Pardon,  messieurs,  le  pau- 
vret s'est  mépris;  Plus  ne  louera,  ce  n'tst  pas  sa 
méthode;  Il  va  ilra|ier  le  sexe  féminin,  fonten. 
madrigal.  Une  épître  au  colonel  où  je  le  drapai  de 
mon  mieux,  i.  i.  Bouss.  Conf.  iv.  ||  6°  Terme  de 
relieur.  F'rotter  avec  le  drap  fin.  On  dit  aussi  ser- 
ger. Il  7°  Se  draper,  V.  nfl.  En  parlant  des  acteurs, 
disposer  son  cosluine  à  l'antique.  ||  Fig.  Se  draper, 
prendre  une  altitude  théâtrale,  se  faire  remarquer 
par  sa  pose.  ||  8°  Ironiquement.  Se  draper  dans  sa 
vertu,  dans  sa  probité,  vanter  sa  vertu,  sa  probité, 
comme  si  l'on  s'en  faisait  un  manteau.  Cela  se  dit 
surtout  d'une  vertu,  d'une  probité  affectée  plutôt 
que  réelle.  ||  9°  Ils  se  sont  joliment  drapés,  ils  ont  dit 
beaucoup  de  mal  l'un  de  l'autre. 

—  HlST.  XIII' s.  Nus  ne  puet  [peut]  mettre  aigne- 
lins  avec  laine  pour  draper,  et  se  il  le  fet,  il  est  de 
chascune  drapée  en  dix  sous  damende,  Liv.  des 
met.  42t.  Il  XVI'  s.  Lessez  les  fleurs,  o  déesses  na- 
pées.  Et  appeliez  les  fontalles  nayades.  Et  aux  fo- 
rests  de  verdure  drapées  Allez  quérir  satiies  et 
dryades,  jk.vn  d'auton.  Annales  de  Louis  III,  ms. 
f'-isi,  dans  LACUBNE.  Oudart  se  chausse  de  son 
guantelet  :  et  de  dauUier  Chicquanous,  et  de  drapper 
Chicquanous,  BAB.  Panl.  iv .  44.  Tant  plus  avant 
nous  entrons  en  ce  propos. et  plus  ces  bons  seigneurs 
ici  draperont  sur  la  tissure,  étions,  à  nos  dépens, 

MABG.  Nouv.  XX Comme  la  grande  quantité  de 

fir.cs  laines,  se   diappans  dedans  le  royaume,   et 


DRA 


DRE 


DRE 


1241 


transportées  es  psïs  voisins,  pour  estre  ouvrées, 
en   rendent  hon  tesraoipnnge,  0.   de  skures,  318. 

—  f.TYM. /)rop.  Drnper,  dans  le  sens  de  critiquer, 
est  le  terme  de  peinture  détourné  pour  signifier  cou- 
vrir d'une  draperie  ridic\ile,  railler,  se  moquer. 

DRAPERIE  (dra-pe-rie),  s.  (.  \\  1°  Manufacture  de 
drap.  Une  importante  draperie.  ||  2°  Le  commerce 
du  drapier  et  les  articles  (le  ce  commerce.  Établir 
une  draperie.  Vendre  de  la  draperie.  ||  3°  Terme  de 
peinture  et  de  sculpture.  Représentation  de  vête- 
ments amples  et  llottants  dont  l'artiste  couvre  les  fi- 
gures. Que  les  draperies  soient  jetées  noblement, 
que  les  plis  en  soient  amples,  qu'ils  suivent  l'ordre 
des  parties,  les  faisant  voir  dessous  par  le  moyen 
des  lumières  et  des  omBres,  do  fbesnoi,  dans  ri- 
CHELET.  Il  Draperie  mouillée,  draperie  qui  semble 
être  l'imitation  d'un  linge  mouillé  appliqué  sur  le 
modèle.  ||  i'  Ornements  de  tapisserie  à  grands  plis. 
Les  hommes  aiment  tellement  la  draperie  qu'ils  ta- 
pissent jusqu'aux  chevaux,  vauven.  JVout).  max.  t). 
Il  Par  extension.  Les  convolvulus  suspendent  de- 
vant son  nid  [de  la  poule  d'eau]  leurs  draperies  de 
verdure,  chateaub.  Génie,  i,  v,  7.  ||  5°  Draperie 
d'enseigne,  l'étofTe  d'une  enseigne,  d'un  drapeau, 
d'un  étendard.  Il  6"  Anciennement,  office  qui,  dans 
la  maison  du  roi,  s'occupait  de  draper.  X  la  mort 
du  roi,  Laval,  profitant  de  la  débandade  de  la  dra- 
perie, avait  obtenu  du  régent  de  draper,  st-sim. 

463,    20. 

—  HIST.  ïiii*  S.  M^s  tout  aussi  com  draperie  Vaut 
miex  que  ne  fet  l'reperie,  Valurent  mieux  cil  qui  jà 
furent  De  cels  qui  sont  et  il  si  durent,  huteb.  230. 
Il  XV*  s.  En  celle  ville  de  Saint-Lo  en  Cotentin  avoit 
trfis  grand  draperie  et  grosse,  et  grand  foison  de 
riches  bourgeois,  fboiss.  i,  i,  270.  {|  xvi'  s.  Et  ce 
disant,  avec  un  gros  baston  et  à  tour  de  bras  com- 
mença à  ruer  sur  sa  draperie  [son  dos],  despeb. 
Contes,  vin.  Plusieurs  en  nos  cours  en  ay-je  veu 
tels  qui,  craignans  de  parler  des  hommes  de  peur 
de  la  touche,  se  mettoient  sur  la  draperie  des  pau- 
vres dames,  brant.  Des  dames  galantes,  6'  dis- 
cours. 

—  ÉTYM.  Drapier;  provenç.  draparia;  catal.  dra- 
prria;  espagn.  traperia;  ital.  drapperia. 

DRAPIER  (dra-|iié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  an  plu- 
riel, l's  se  lie  :  les  dra-pié-z  et  les  draps),  s.  m. 
Il  l"  Fabricant,  marchand  de  draperie.  ||  Adj.  Mar- 
chand drapier.  ||  Au  fém.  i}ne  drapière,  une  mar- 
chande de  drap.  ||  2"  Un  des  noms  du  martin-pê- 
cbeur,  dit  aussi  garde-boutique,  deux  noms  donnés 
à  cet  oiseau  parce  qu'on  s'imagine  i  tort  que, 
mort  et  placé  dans  une  armoire,  il  empêche  lis 
draps,  les  étoffes  d'être  attaqués  par  les  teignes. 

-—  HIST.  XIII'  s.  Li  draper  de  Paris  establirent 
entre  eus,  qu'il  ne  creroient  [confieraient]  à  nul 
nules  de  lour  denrées,  Liv.  de  just.  n.  Se  li  dra- 
piers ne  t'en  veut  croire,  Si  t'en  rêva  droit  à  la  foire. 
Et  va  au  change,  ruteb.  28.  ||  xiv*  s.  Justice  est 
gardée  en  communication  politique,  quand  on  fait 
au  corduennierretribucioncondigne  pour  ses  chau- 
cemens,  et  au  drapier  pour  ses   draps,  oresme, 

Elh.  247. 

—  ÉTYM.  Drap;  provenç.  draper,  drapier;  ital. 
drappiere. 

t  DRAPIÈRE  (dra-piê-r'),  s.  f.  Grosse  épingle 
courte  dont  les  marchands  se  servent  pour  fermer 
leurs  ballots. 

—  ÉTYM.  Drap. 

fDR.ASSE  (dra-s'),  s.  m.  Genre  d'araignées. 

DRASTIQCE  (dra-sti-k'),  adj.  Terme  de  médecine. 
Qui  purge  énergiqiiement.  ||  S.  m.  Les  drastiques, 
les  purgatifs  énergiques,  tels  que  le  jalap,  labryone, 
le  nerprun,  la  coloquinte. 

—  ÉTYM.  ApiffTixô;,  qui  optre,  de  5piv,  faire. 

t  DR.WE  (dra-v'),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  crucifères  la  plupart  alpines.  La  drave 
Ternale,  dite  par  les  jardiniers  mignonnette;on  la 
nomme  aussi  quelquefois  piloselîe. 

t  DRAVIDIQUE  (dra-vi-di-k'),  adj.  Langues  dra- 
vidiques,  celles  des  langues  de  l'Inde,  dont  les  ra- 
dicaux n'ont  rien  de  commun  avec  les  radicaux 
sanscrits,  et  qui  paraissent  avoir  été  les  idiomes 
lies  mdig^nes  avant  l'invasion  des  hommes  parlant 
.«.inscrit.  Le  tamoul  est  une  langue  dravidique. 

—  ÉTYM.  Vravida,  nom  d'un  canton  de  l'Inde. 
fDRAVOIRE  (dra-voi-r'),  s.  f.  Voy.  drayoire. 

■j-  URAW-BACK  (drô-bak),  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Remboursement,  fait  à  la  sortie  de  certains 
tlioduits  fabriqués,  d'une  somme  équivalente  au 
droit  d'entrée  qu'a  payé,  sous  forme  de  matière 
première,  le  produit  qu'on  exporte.  ||  Au  plur. 
Des  draw-backs.  ||  Maintenant  on  l'écrit  plutôt  sans 
trait  d'union  ;  drawback. 

DKT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


~  ÉTYM.  Antl.  âraw-haek,  remise,  de  to  draw, 
tirer,  et  hach,  en  arrière. 

f  DRAYAGE  (drè-ia-j'),  s.  m.  Echameraent  des 
peaux  destinées  au  tannage. 

t  DRAITER  ( drè-ié ),  V.  a.  Ëcharner  les  peaux 
avec  la  drayoire. 

—  ÉTYM.  On  peut  conjecturer  que  drayer  est  une 
corruption  de  draguer  dans  le  sens  de  tirer,  net- 
toyer. 

t  DRAYOIRE  (drè-ioi-r'),  s.  f.  Couteau  pour 
drayer. 

—  ÉTYM.  Drayer. 

f  DRAYURE  (drè-iu-r'),  s.  f.  Rognure  de  cuir 
enlevée  du  côté  de  la  chair  avec  la  drayoire. 

—  ÉTYM.  Drayer. 

PRÊCHE  (drê-ch'),  s.  f.  ||  1"  Orge  fermentée  dont 
on  a  arrêté  la  germination  au  moyen  de  la  chaleur 
et  que  l'on  emploie  pour  la  préparation  de  labiî're. 
Il  2°  Résidu  de  l'orge  germée  et  concassée  qui  a  servi 
à  la  fabrication  de  la  bière. 

—  ÉTYM.  Wallon,  drdhe;  namurois,  drauqiie; 
rouchi,  draqne,  drache.  On  le  tire  du  germanique: 
anc.  haut-allem.  drescnn;  allem.  mod.  dreschen,  bat- 
tre le  blé;  de  sorte  que  la  drêche  serait,  étymologi- 
quement,  quelque  chose  de  moulu. 

t  f.  DRÈGE  (drè-j'),  s-  f.  Voy.  dreige. 

f  2.  DRÈGE  (drè-j'),  s.  f.  Peigne  de  fer  servant  à 
séparer  la  graine  de  lin  d'avec  ses  tiges. 

t  DRÈGER  (dré-jé.  L'accent  aigu  est  conservé  dans 
toute  la  conjugaison  :  je  drége,  suivant  l'habitude  de 
l'Académie  qui  conjugue  ainsi  ces  verbes  :  je  pro- 
tège, etc.;  le  g  prend  un  e  devant  0  et  o  :  dré- 
geant),  v.  a.  Peigner  le  lin  avec  la  drège. 

t  DREIGE  (drè-j'),  s.  f.  Terme  de  pèche.  Grand 
tnmail  pour  les  gros  poissons;  pêche  qui  se  .'ait 
avec  ce  tramail.  Voy.  drague. 

t  DREIGEUR  (drè-jeur),  adj.  m.  Terme  de  pêche. 
Bateau  dreigeur,  bateau  dont  on  se  sert  pour  pêcher 
à  la  dreige.  Voy.  draguedr. 

t  DRELIGNE  (dre-li-gn'),  s.  f.  Nom  du  bar  sur 
quelques  côtes. 

t  DRELIX  (dre-lin),  s.  m.  Onomatopée  qui  re- 
présente le  son  d'une  clochette.  Les  drelins  de  la 
sonnette.  Ma  sonnette  ne  fait  pas  assez  de  bruit.... 
drelin,  drelin,  drelin,  mol.  Mal.  im.  i,  t.  ||  Drelin 
dindin.  Pauvres  fous,  battons  la  campagne;  Que  nos 
grelots  tintent  soudain;  Comme  les  beaux  mulets 
d'Espagne,  Nous  marchons  tous  drelin  dindin,  bé- 
RANG.  Couplet.  Il  Se  dit  aussi  du  bruit  que  font  les 
buveurs  en  frappant  contre  leurs  verres  avec  les 
couteaux.  Le  drelin  dindin  des  verres. 

t  DRENNE  (drè-n'),  s.  f.  Espèce  de  merle.  |I  Es- 
pèce lie  grive. 

t  DRÈPANOPnORE  (dré-pa-no-fo-r'),  adj.  Terme 
d'antiquité.  Armé  de  faux.  Chariot  drépanopliore. 

—  ÉTYM.  AoÉiravov,  faux,  et  çopà;,  qui  porte. 

t  DRESSAGE  (drè-sa-j') ,  s.  m.  ||  1°  Action  de  dres- 
ser, (te  redresser  le  fil  destiné  à  faire  des  aiguilles  ou 
des  épingles.  Le  dressage  des  aiguilles.  ||  2°  Action 
de  dresser  une  glace,  un  miroir,  etc.  ||  3°  Terme  de 
métallurgie.  Préparation  des  meules  de  carbonisa- 
tion. Il  Opération  par  laquelle  on  rend  droites  et 
planes  les  barres  de  métal  qui  viennent  d'être  éti- 
rées. Il  4*  Opération  qui  consiste  à  ébarber  chaque 
yerre  de  montre  en  rognant  avec  des  ciseaux  plats  et 
longs  les  bords  qui  dépassent  la  circonférencedonnée 
par  le  moule.  H  5"  Partie  de  l'éducation  qui  a  pour  but 
d'habituer  les  animaux  aux  allures,  au  travail,  au 
genre  d'exercice  dont  l'homme  a  besoin.  ||  6°  Terme 
de  jardinier.  Palissage  à  sec  qui  se  fait  après  la  taille. 

—  ÉTYM.  Dresser;  Berry,  dressage,  dersage,  ha- 
billement. 

f  DRESSE  (drè-s'),s.^.  Morceau  de  cuir  qui  se  met 
entre  les  deux  semelles  d'un  soulier  pour  le  redres- 
ser quand  il  tourne.  H  La  dresse  d'un  devis,  rédac- 
tion d'un  devis,  cappeau,  Comp.  des  Alvines,  p.  143, 

—  ÉTYJI.  Voy.  DRESSER. 

DRESSÉ,  ÉE  (drè-sé,  .sée),  part,  passe.  ||  1°  Mis 
droit.  Des  quilles  dressées.  Un  cheval  qui  a  les  oreilles 
dressées.  Dites-moi  dans  quels  lieux  ces  tentes  sont 
dressées,  volt.  Triumv.  iv,  3.  Tout  ce  que  bâtit 
l'homme  est  bîlti  sur  le  sable.  Ce  qu'il  dresse  est 
dressé  pour  le  vent  du  désert,  v.  Huco,  Voix  intér. 
28.  Il  Terme  de  botanique.  Perpendiculaire  au  plan 
de  la  base.  Tige  dressée,  celle  qui  s'élève  de  la  ra- 
cine perpendiculairement  à  l'horizon.  Feuille  dres- 
sée, celle  dont  la  direction  approche  plus  ou  moins 
de  celle  de  la  tige  ou  du  rameau  qui  la  porte.  Calice 
dressé,  celui  dont  les  divisions  s'élèvent  peu  à  peu 
parallèlement  à  l'axe  rationnel  de  la  fleur.  ||  2°  Dirigé. 
.Si  j'étais  aux  spectacles,  je  trouvais  cent  lorgnettes 
dressées  contre  ma  figure,  montesq.  Lett.  pers.  30. 
Il  3°  Préparé,    disposé.  Hôpitaux  dressés  pour  les 


mettre  [les  pauvres]  à  l'abri  d'une  importune  men- 
dicité, FLÉcii.  il.  de  Mont.  Si  cette  paix....  Couvrait 
contre  vos  jours  quelques  pièges  dressés?  rac.  Brit. 
V,  I.  Un  festin  que  Rose  apprête, Gatment  par  nou.i 
est  dressé,  bêrang.  Hiver.  ||  4"  Rédigé.  Vous  voyez 
par  tout  cela  combien  celte  bulle  est  défectueuse 
dans  la  manière  dont  elle  est  dressée,  pasc.  l'rov. 
1 9.  L'acte  de  leur  séparation  est  dressé  chez  le  no- 
taire, LA  BRDY.  v.  Il  5°  Qui  a  reçu  l'éducation  con- 
venable pour  certains  exercices,  pour  certains  ser- 
vices.  Des  soldats  bien  dressés.  Une  femme  de 
chambre  dressée  au  service.  ||  Par  extension.  Un 
cheval,  un  chien  bien  dressé.  ||  6°  .S.  m.  Qualité 
d'un  animal  parfaitement  dre.ssé.  Avoir  le  dressé. 

t  DRESSÉE  (drè-sée),  s.  f.  Terme  d'épinglier. 
Botte  de  fil  de  cuivre  d'environ  25  livres.  Faire  une 
dressée.  ||  Terme  de  chaufournier.  Couche  de  pierre» 
dans  un  four  cylindrique,  où  l'on  brille  du  charbon 
de  bois. 

—  ÉTYM.  Dressé. 

t  DRESSEMENT  (drè-se-man),  s.  m.  Action  do 
redresser  le  fil  de  cuivre  destiné  à  faire  les  épin- 
gles. 

—  HIST.  XVI'  s.  Estant  le  dressement  [action  d'as- 
surer les  droits]  des  dits  créditeurs  tiré  en  longueur, 
Kouv.  coulum.  génér,  t.  I,  p.  46). 

—  ÉTYM.  Dresser. 

DRESSER  (drè-sé),  v.  a.  ||  1°  Lever  et  tenir  droit. 
Dresser  la  tète.  Dresser  un  mSt.  Ce  cheval  dresse 
les  oreilles.  Les  deux  jeunes  faunes  qui  sont  à  ses 
côtés  ont  dressé  leurs  oreilles  pointues,  dioehot. 
Salon  de  neb.  Œuvres,  t.  xni,  p.  i7.  ||Fig.  Cette 
parole  fait  dresser  les  oreilles,  se  dit  d'une  parole 
qui ,  pour  un  motif  quelconque,  excite  vivement  l'at- 
tention. Mais  que  Foy,  dans  ce  moment  de  verve 
applaudi  de  toute  la  France,  prélude  une  espèce 
d'apostrophe,  on  dresse  l'oreille  aussitôt,  l'alarme 
est  au  camp,  les  muets  parlent,  tout  s'émeut,  p.  L. 
COUR.  Lett.  X,  t.  I,  p.  220.  Cette  locution  est  une 
image  tirée  des  animaux  qui  en  effet  dressent 
leurs  oreilles.  ||  2°  Eriger,  élever.  Dresser  des  sta- 
tues. Dresser  un  trophée.  Et  dresser  un  tombeau 
témoin  de  son  malheur.  Qui  le  soit  de  sa  gloire 
et  de  notre  douleur,  corn.  Sertor.  v,  8.  Le  roi 
Antiochus  dressa  l'abominable  idole  de  la  déso. 
lation  sur  l'autel  de  Dieu,  SACI,  Bible,  Machab.  i, 
I,  57.  Vous  qui  vous  êtes  préparé  un  sépulcre,  qui 
vous  êtes  dressé  un  monument  avec  tant  d'appareil 
dans  un  lieu  élevé,  et  qui  vous  êtes  taillé  dans  la 
pierre  un  lieu  de  repos,  id.  ib.  haïe,  xxii,  16.  On 
leur  a  dressé  des  statues  et  des  monuments  superbes, 
MASS.  Or.  fun.  Danph.  On  lui  dressera  des  monu- 
ments superbes  pour  éterniser  ses  conquêtes,  id. 
PH.  car.  Tent.  \\  3»  Établir,  disposer.  Dresser  la 
table.  Dresser  un  triomphe,  une  pompe  funèbre. 
Dresser  un  échafaiid.  Dresser  un  lit.  Dresser  un 
buffet.  Qu'au  plus  haut  de  ce  mont  un  bûcher  soit 
dressé,  rotrou,  llercule  mour.  IV,  B.  Mon  barbon 
serait  heureux  d'être  de  sa  suite,  et  de  grossir  le 
train  que  vous  lui  dressez,  balz.  à  Ménage.  Si  de 
ces  grands  apprêts  pour  la  cérémonie.  Que  depuis 
si  longtemps  on  dresse  à  si  grand  bruit,  corn.  Tita 
et  Bérén.  i,  3.  On  fait  dresser  un  appareil  de  pompe 
funèbre  pour  satisfaire  à  cliaqne  point  de  l'oracle, 
LA  FONT.  Psyché,  I,  p.  32.  Après  avoir  fait  pendant 
la  nuit  un  butin  immense,  les  Macédoniens  dressè- 
rent leur  camp,  rollin,  Hist.anc.  OKuvres,  t.  viii, 
p.  77,  dans  POUGENS.  ||  Dresser  une  batterie,  mettre 
en  batterie  des  canons,  de  manière  qu'ils  puissent 
diriger  leur  feu  sur  un  point.  ||  Fig.  Dresser  ses  bat- 
teries, prendre  ses  mesures  pour  faire  réussir  un 
projet  qui  peut  rencontrer  de  l'opposition.  ||  Dre.sser 
de  bonnes  batteries,  employer  de  puissants  moyens. 
Il  Dres.ser  un  piège,  des  embilches  à  quelqu'un. 
Dresser  une  embuscade,  vaugel.  Q.  C.  liv.  m,  dans 
RicuELET.  Il  ne  pense  pas  que  personne  veuille  lui 
dresser  des  pièges,  la  bruï.  ii.  On  me  l'avait  bien 
dit  que  ces  femmes  coquette.s.  Pour  faire  réussir  leurs 
pratiques  secrètes.  Des  nouveaux  débarqués  s'in- 
formaient avec  soin,  Pour  leur  dresser  après  quelque 
piège  au  besoin,  regnard,  Ménechmes,  ii,  ♦.  ||  Fig. 
Je  saurai....  L'ériger  en  tyran  par  mes  propres  con- 
seils. De  sa  perte  pour  lui  dresser  les  appareils,  corn. 
Perihar.  ii,  2.  Et  sll  faut  par  ba.sard  qu'un  ami  vous 
trahisse,  Que  pour  avoir  vos  biens  on  dresse  un  ar- 
tifice? MOL.  iifts.  I,  t.  Pour  lequel  des  deux  princes 
au  moinsdres.sez-vous  cet  artifice?  m.  Amants  magn. 
IV  4.  Il  4°  Terme  de  cuisinier.  Dresser  une  volaille, 
l'arranger  de  manière  qu'on  puisse  la  mettre  à 
la  broche.  Dresser  un  plat,  le  disposer  de  manière 
qu'il  soit  prêt  à  être  servi.  ||  Terme  de  pitissier. 
Dresser  une  pièce,  en  faire  les  bords.  Dresser  un 
pâté.  Il  Terme  de  métier.  Unir,  aplanir,  rendra  droit. 

I.  —   I5& 


1242 


DRE 


Dresser  une  planche.  Dresser  une  allée,  te  sculp- 
teur étend  sa  règle  sur  le  bois,  il  le  forme  avec  le 
rabot,  Il  le  dresse  à  l'éqiierre,  saci.  Bible,  Isaïe, 
XLiv,  U.  Il  Terme  d'arcliiiecture.  Dresser  d'aligne- 
ment, élever  un  mur  au  cordeau,  jj  Terme  de  char- 
pentier. Dres'ier  une  pifcce  de  bois,  la  cingler  au 
cordeau,  quand  on  veut  l'équarrir.  ||  Terme  de  me- 
nuisier. Dresser  le  bois,  l'ébauclier  et  l'a|)lanir. 
Il  l'erme  de  maçon.  Dresser  une  pierre,  en  équarrir 
li.'S  parements  de  tous  les  cfltés.  ||  Terme  de  jardi- 
nage. Dresser  une  palissade,  couper  les  branches 
qui  s'écartent.  Dresser  une  planche,  la  préparer 
pour  recevoir  ce  qu'on  y  voudra  semer  ou  planter. 
Il  Ternie  de  paveur  EnToncur  le  pavé  également. 
Ce  pavé  n'est  pas  bien  dressé,  il  le  faut  mieux  unir. 
Il  Terme  de  relieur.  Dresser  un  livre,  le  battre  uni- 
ment. Il  Terme  de  tableltier.  Disposer  des  pièces  de 
tabletterie  en  longueur,  largeur  et  épaisseur  avant 
de  les  creu'^er.  ||  Terme  d'imprimeur.  Dresser  une 
forme,  ranger  les  papes  qui  doivent  composer  une 
forme,  k  mesure  qu'elles  sont  achevées  sur  la  galée, 
et  en  faire  l'imposition  les  unes  sur  les  autres  pour 
en  assurer  le  registre.  ||  Terme  de  tonnelier.  Kendre 
droites  les  douves  d'un  tonneau  devant  un  feu 
sombre.  ||  Terme  de  cloiitier.  Effacer  les  courbures 
du  fil  de  métal  dont  on  fait  des  clous.  ||  Terme  de 
chapelier.  Donner  au  feutre  la  figure  d'un  chapeau, 
après  qu'il  a  été  foulé.  ||  Niveler  les  pnintes  d'une 
carde  II  Limer  une  aiguille  après  qu'on  en  a  formé 
la  pointe,  et  qu'elle  a  été  pniiiçoniiée;  la  faire  pas- 
ser sous  le  marteau  après  qu'elle  a  été  recuite. ||  Terme 
de  corilonnier.  Polir  la  lige  d'une  botte  avec  la  main. 
Il  Dresser  un  niveau,  aplanir  un  terrain.  ||  Dresser 
(lu  linge,  le  repasser.  Dresser  une  cravate,  un  jabot. 
On  ne  dit  plus  guère  aujourd'hui  que  repasser, 
du  moins  à  Paris.  ||  8°  Diriger,  tourner.  Vieux  en 
ce  sens.  Ceux  qui  traversent  ces  plaines  observent 
les  astres  la  nuit  pour  dresser  leur  route  comme  sur 
la  mer,  vaucel.  Q.  C.  *v3.  Dressons  notre  prome- 
nade, ma  fille,  vers  cette  belle  grotte  où  j'ai  promis 
d'aller,  MOL.  Am.  magn.  iv,  ♦.  ||  Terme  de  marine. 
Diriger  en  droite  ligne.  Dresser  la  barre.  Dresser  sa 
route  vers  le  nord.  ||  Terme  de  vénerie.  Dresser  la 
voie,  faire  rabattre  quehiues  chiens  découplés,  pour 
diriger  des  chiens  frais  que  l'on  veut  découpler  et  leur 
indiquer  la  voie.  Se  tirer  d'un  embarras  causé  par  les 
ruses  de  l'animal  que  l'on  chasse.  ||  Fig.  Dresser  son 
in  lention ,  la  di  riger  vers  une  bonne  6n,Ac(Td.  ||  6"  Tra- 
cer ou  mettre  par  écrit.  Dresser  le  plan  d'un  ouvrage, 
une  carte  de  géographie,  un  tableau  statistique.  Je 
dressai  à  peu  près  mon  plan  [de  la  Thébaiiie]  sur 
les  Phéniciennes  d'Euripide,  bac.  Préface  de  la  Thé- 
boide.  Il  Dresser  un  mémoire,  extraire  du  livre  jour- 
nal les  articles  des  ouvrages  qu'on  a  faits,  des  mar- 
chandises qu'on  a  fournies,  pour  en  demander  le 
payement.  On  dit^ans  un  sens  analogue  dresser  un 
compte,  un  inventaire.  Il  est  aussi  capable  de  ma- 
nier de  l'argent  ou  de  dresser  des  comptes  que  de 
porter  les  armes,  la  bruy.  ii.  ||  Rédiger  dans  une 
certaine  forme  prescrite.  Dresser  la  minute  d'un 
acte.  Dresser  un  contrat.  Le  président  Viole  devait 
dresser  les  articles  de  son  mariage  [du  prince  de 
Conti],  LA  RociiEP.  Uém.  <66.  Allons  vite  en  dresser 
un  écrit,  mol.  Tnrt.  m,  7.  Un  nouvel  arrêt  qu'il 
vient  de  dresser  contre  les  hérétiques,  UASS.  Panég. 
Si  Thnm.  \\  7"  Instrime,  former.  Dresser  la  jeunesse 
au  métier  des  armes.  Il  dresse  son  valet  à  sa  ra^de. 
Dresser  un  soldat.  Dresser  un  chien  à  la  chasse. 
Dresser  un  chien  à  rapporter.  Des  animaux,  les  uns 
sont  plus  faciles  à  dresser  que  les  autres,  desc.  UélU. 
V,  0.  Oui  veut  entendre  ce  que  c'est  véritablement 
qu'apprendre  el  la  diiïérence  qu'il  y  a  entre  ensei- 
gner un  homme  el  ilresser  un  animal....  boss.  Con- 
tiaiss.  v,  6.  Je  voudrais  qu'on  le  dressât  peu  à  peu 
au  secret,  en  l'accoutumant  à  ne  pas  redire  ce  qu'on 
lui  aura  confié,  maintk.von,  Leit.  à  Unie  de  Ven- 
ladnur,  I4  juin  nih.  ||  8°  V.  n.  Cela  fait  dresser  les 
cheveux  h  la  léte,  ou  sur  ta  tête,  se  dit  de  ce  qui 
cause  une  horreur  excessive.  Des  pas.sages  que  vous 
fabriquez  à  plaisir  et  qui  font  dresser  les  cheveux 
à  la  tèle  des  simples,  pasc.  Prov.  t5.  Les  cheveux 
cependant  me  dressaient  à  la  tête,  boil.  Snl.  m. 
Cliaiiue  mol  sur  mon  front  fait  dresser  mes  cheveux, 
Sac.  Phèd  IV,  6.  Cette  horreur  qui  fait  dresser  les 
cheveux  sur  la  tête,  vên.  Tél.  ii.  Les  cheveux  dres- 
sent encore  sur  la  tèle,  au  souvenir  de  ces  jours  de 
meurtre,  chateaub.  Génie,  iv,  i,  I.  ||  En  termes 
de  cliasse,  on  du  d'un  chien  qu'il  dresse  ou  qu'il 
Ta  le  droit,  pour  dire  qu'il  suit  les  vraies  traces  de 
la  bêle.  Il  Dresser  par  les  fuites,  se  dit  d'un  animal 
qui,  après  avoir  fait  plusieurs  ruses,  fuit  et  perce 
AMK  devant  lui.  ||  9°  Se  dresser,  v.  rifl.  Se  tenir 
îlroit  ou  levé.  S*  dresser  sur  la  pointe  du  pied.  Moins 


DRE 

honteux  d'être  chu  que  de  s'être  dressé,  Régnier, 
Sat.  X.  Ses  cheveux  se  dressent  sur  sa  tête,  fén. 
Tél.  xviii.  Il  Se  dresser,  être  instruit,  formé.  Le 
chien  est  né  pour  le  caresser  [l'homme],  pour  se 
dre.sser  comme  il  lui  plaît,  id.  Exist.  \9.  \\  Proverbe. 
Un  bon  oiseau  se  dresse  lui-même,  se  ditjiour  signi- 
fier qu'un  bon  naturel  n'a  pas  besoin  d'instruction. 

—  KRM.  Bouhours  prétendait  qu'on  pouvait  dire, 
il  est  vrai,  dresser  des  embûches,  mais  non  dresser 
un  piège;  et  que  là  le  terme  propre  était  tendre 
un  piège.  Mais  l'usage  l'a  emporté  sur  cette  difficulté 
de  puriste;  non  sans  raison,  à  cause  de  l'emploi 
très-fréquent  qu'on  a  fait  de  dresser  dans  le  sens 
de  disposer,  arranger. 

—  HIST.  XI*  s.  Fianceis  se  dressent,  si  se  mettent 
sur  piez,  Ch.  de  Hol.  lxxxviii. 

—  xii*  s.  Devant  le  roi  [il]  s'en  vint  le  chef  [la 
tête]  drecié,  Uonc.  p.  (86.  Li  evesque  se  sunt  encun- 
tre  lui  drecié;  De  la  cruiz  [croix]  l'unt  blasmé  qu'il 
porte,  e  cbaslié.  Th.  le  mart.  i». 

—  XIII' s.  Et  quant  Johannis  oï  ce,  si  assis!  [assié- 
gea] maintenant  le  Dimot,  et  dreçaentorseise  grans 
perrieres,  villf.ii.  clx.  Au  jardin  [ils]  orent  fait 
dresser  la  maistre  tente,  Berle,  x.  En  son  séant  [il] 
se  dresce,  ib.  xv.  Li  rois  se  dresce  en  pies,  ib.  xvii. 
Or  est  Renart  en  grant  péril;  11  drece  la  qeiie  en 
l'arçon,  Qar  moult  doute  mors  [morsure]  de  gain- 
gnon  [chien],  Ben.  (832.  II  se  dressoit  sus  ses  es- 
triers  et  estendoit  les  bras  à  tout  [avec]  l'espée, 
joiNV.  251.  Ces  sept  articles  de  foy  vraie.  Oui  dres- 
cent  quanque  pecliié  plaie  [tout  ce  que  le  péché 
blesse],  Sont  figurés  en  maintes  guises,  }.  de 
MEUNG,  Tr.  tio. 

—  XIV*  s.  Pour  ce  ne  commandera  pas  le  maistre 
qui  ordene  des  viandes,  que  l'en  dresse  ou  livre  pour 
chascun  six  telles  mesures,  oresme,  Eth.  44. 

—  xv*  s.  Ils  entrèrent  tantost  es  plus  appareillés 
vaisseaux  qu'ils  trouvèrent  là,  et  dressèrent  leurs 
voiles,  et  nagèrent  tant  qu'ils  purent  après  le  dit 
messire  Louis,  fhoiss.  i,  i,  (82.  Et  voyoient  tout  le 
pays  tourner  avec  la  roine  et  son  ains-né  fils,  et 
dresser  et  esmouvoir  contre  eux  [Hue  le  Dépensier 
et  Edouard  II],  m.  I,  i,  20.  Pour  dresser  toutes  cho- 
ses et  mettre  et  reformer  en  bon  estât,  id.  ii,  ii, 
219.  Là  avoit  la  femme  du  chevalier  si  grand  paour 
que  tous  les  cheveus  lui  dressoient,  et  se  muçoit  en 
sa  coiîverture,  ID.  ii,  m,  22.  Uns  preudoms  fut  en 
unvillaige,  Qui  devoit  donner  à  disner  i  un  homme 
de  son  linaige;  Si  ot  fait  fèves  atorner  Au  lart;  mais, 
qtiant  il  fit  drecier.  Les  fèves  trouva  seulement  Sanz 
le  lart....  eust.  descii.  Poésies  mss.  f  285,  dans  la- 
CUBNE.  Pour  venir  les  ayder  [les  Anglais,  au  cas 
qu'ib  eussent  fait  une  expédition  en  France]  adres- 
ser et  loger  et  conduyre  aux  champs,  comm.  iv,  B. 
Quant  les  princes....  Dieu  leur  drece  ung  ennemi 
dont  nul  ne  se  doubtcroit....  id.  i,  7.  Or  voyez  les 
choses  qui  se  dressoient  pour  courre  sus  audit  duc 
de  Bourgongne,  id.  m,  (. 

—  XVI*  s.  Ces  propous  achevez,  dressa  sa  paroUe 
vers  ses  officiers,  et  seullement  leur  dist....  bab. 
Pant.  V,  2(.  Les  Ubles  furent  promptemenl  dres- 
sées, puys  furent  couvertes  de  nappes  très  pretieu- 
ses,  ID.  ib.  V,  23.  Les  argentées  [pièces  du  jeu 
d'échec]  ,  dissimulans  leur  dueil  ,  luy  dressarent 
occultement  en  embuscade  ung  archier  en  angle 
lointain,  lo.  ib.  v,  a.  Dressans  escarmouches,  fai- 
sans embuscades,  compousans  trefves,  id.  ib.  v,  3(. 
Pour  lequel  chemin  dre.sser  et  esgualer,  on  ha  des- 
moly  et  abliattu  plus  de  deuz  cens  maisons,  id.  Épi. 
8.  Les  saincts  n'ont  jamais  plus  grande  matière  de 
desespoir,  que  quand  ils  sentent  la  main  de  Dieu 
dressée  pour  les  confondre,  CALV.  Instit.  437.  Pource 
qu'ilz  n'y  peurent  pas  vivre,  ilz  dressèrent  leur  che- 
min premièrement  en  Italie,  amyot,  TItés.  (8.  Près 
du  parc  01:1  les  jeunes  hommes  se  dressent  aux 
exercices  de  la  personne,  id.  «6.  4B.  Il  y  feit  dres- 
ser un  lict,  ID.  Rom.  6.  Romulus  leur  dressa  em- 
busche  sur  le  chemin,  id.  ib.  37.  Les  plus  rebours 
poulains  sont  ceulx  qui  deviennent  les  meilleurs 
cbevaulx,  quand  ilz  sont  domptez,  faits  et  dressez 
ainsi  comme  il  appartient,  id.  Thém.  3.  Dres.ser 
trophée  d'une  victoire,  mont,  i,  (5.  J'y  ai  esté  assez 
soigneusement  dressé  en  mon  enfance  [à  la  civilité], 
ID.  1,  62.  Hz  luy  ont  dressé  cette  querelle  apostée, 
ID.  I,  97.  Je  n'ay  dressé  commerce  avecijues  aulcun 
livre  solide  sinon....  id.  i,  (54.  On  luy  dressoit  des 
sentiers  au  travers  des  bayes  de  leurs  bois,  id.  i, 
247.  Un  bon  souper  qu'on  avoit  dressé  chez  luy,  id. 
11,  36.  Où  le  compas  et  la  règle  sont  gauches,  les 
bastiments  qui  se  dressent  à  leur  mesure....  id.  ii, 
374.  Les  hommes  qui  oui  peur  dressent  souvent  les 
cheveux,  pah£,  Intrud.  (8.  Il  dressoit  [levait] 
deux  compagnies,  afin  qu'il  se  jettast  daw  la  Reole, 


DRl 

MONTiuc,  Xém.  t.  II,  p.  75,  dans  hcurne.  M.  de 
Mayenne  l'importunoit  sur  les  assignations  d'argent 
qui  lui  avoient  esté  promises  par  les  articles  de  sa 
capitulation,  disant  n'en  pouvoir  estre  dressé  [payé], 
pasquier,  Lettres,  t.  11,  p.  589,  dans  LACtiiiNE. 

—  ÊTYM.  Berry,  se  dresser,  se  derser,  s'habiller- 
norm.  se  drechier,  s'habiller;  picard,  drécher ;  pro- 
venç.  dressar,  drcissar,  dreçar;  aiic.  espagn.  dire- 
%ar;  ital.  drixiare,  diriisare ;  l'italien  et  l'espagi.o! 
indiquent  l'étymologie  di-riisare,  de-reiar,  du 
préfixe  di  ou  d',  et  un  verbe  fictif  rectiare,  rendis 
droit,  dérivé  de  reclus,  droit  (voy.  rectitude).  Le 
français  dresser,  dreciir,  drechier  est  pour  de-ret- 
ser ,-rerirr ,-rechier.  Le  seps  d'habiller  qu'a  eu  dres- 
ser est  demeuré  dans  l'anglais  :  (0  dress,  babiller. 

t  DRESSEl'R  (drè-seur),  s.  m.  \\  l-Celui  qui  dresse. 
La  vérité  est  qu'il  [celui  qui  dressa  le  prince  de  Ca- 
rignan  aveugle|  en  usa  comme  les  dresseurs  de 
chiens  :  il  employa  la  faim,  la  bastonnade....  st-sim. 
23( ,  87.  Il  2°  Ouvrier  qui  ouvre  les  peaux  destinées 
à  faire  des  gants.  ||  Celui  qui  enfonce  les  pavés  avec 
la  demoiselle.  ||  Charbonnier  qui  dispose  les  bûches 
dans  le  four.  ||  Tuyau  pour  redresser  les  canies. 

—  HIST.  XVI*  s.  Moqueurs,  dresseurs  [ceux  qui 
critiquent,   redressent],    abuseurs,   trompereaulx, 

ROG.  DE  COLLERYE,    ŒuVTet ,  p.  443,  danS  LACURHE, 

—  ÊTYM.  Dresser. 

t  DRESSEUSE  (drè-seû-z') ,  s.  f.  Nom  donné,  dans 
certains  départements,  à  l'ouvrière  dont  le  métier 
est  de  repasser  le  linge,  legoarant. 

—  ÊTYM.  Dresseur. 

t  DRESSOIR  (drè-soir),  s.  m.  ||  1*  Anciennement, 
aux  XIV*  et  xv*  siècles,  élag^re  sur  laquelle  on  pla- 
çait, dans  la  salle  des  festins,  les  grandes  pièces 
d'orfèvrerie;  dans  les  autres  chambres,  toutes  cho- 
ses flatteuses  à  montrer;  et,  dans  la  cuisine,  les  plats 
et  mets,  avant  de  les  porter  dans  la  salle,  de  la- 
BORDE.  Il  2'  Aujourd'hui,  armoire  sans  portes  où  l'im 
range  la  vaisselle,  et  les  objets  dont  on  se  sert  ."i 
tout  instant  dans  une  cuisine.  ||  UulTel  pour  farc 
égoutter  les  plats,  les  assiettes.  ||  3°  Petit  outil  de 
fer  creux  qui  sert  aux  filassiers  pour  redresser  les 
dents  d'unséran.  ||  Instrument  pourdresser  la  feuille 
d'étain  d'une  glace.  ||  Plaque  de  fer  pour  dresser  les 
pierres  de  graveur.  |1  Plaque  de  fer  servant  au  polis- 
sage des  diamants.  ||  Sorte  de  banc  pourdresser  des 
échalas.  ||  4°  Terme  de  jardinier.  Planche  longue  de 
(■",30  el  large  de  O",  20,  munie,  au  milieu,  d'un 
manche  avec  lequel  les  jardiniers  maraîchers  bor- 
dent le  terreau  sur  leurs  couches. 

—  HIST.  XIV*  s.  Deux  dreçoirs  mis  es  chambr.  s 
du  roi  [au  Louvre],  de  labobbe.  Émaux,  p.  250. 
Un  drechoir  fermant  à  clef,  id.  ib.  p.  267. 

—  ÉTYM.  Dresser;  picard ,  drèche,  drechoir  ; 
Berry,  dressoué,  dersoué,  buffet,  étagère. 

•f  DRET,  DRETTE  (drè,  drè-t'),  adj.  Ancienne 
prononciation  de  droit  (.  Blanc,  poli,  bien  formé, 
de  taille  haute  et  drette,  la  font.  Cas  de  consc. 

t  (.  DRILL  (dril),  s.  m.  Instrument  qui  sert  à  la 
fois  de  charrue  et  de  semoir. 

—  ËTYM.  Angl.  (0  drill,  semer  en  ligne. 

f  2.  DRILL  (dril),  s.  m.  Grand  singe  d'Afrique, 
à  tête  noire. 

(.  DRILLE  (dri-U',  Il  mouillées,  et  non  dri-ye), 
s.  m.  Il  1°  Fantassin,  soldat  à  pied.  Il  ne  se  disait 
guère  que  par  raillerie.  Inusité  en  ce  sens.  Nul  de 
tous  ces  affiquets  Dont  on  pare  nos  drilles....  Cela 
se  faisait  il  du  temps  De  Jean  de  Vert?  Chanson  du 
XVII*  dans  fr.  michel,  anjnt.  Non,  je  veux,  ma 
fille,  Éprouver  ce  dnUe ,  V  École  desamours  griiois, 
(754,  se.  ( ,  dans  fr.  michel.  Se  peut  il  qu'une  hon- 
nête fille....  En  franche  servanle  s'habille?  C'est 
pour  l'amour  de  quelque  drille,  ib.  se.  6.  Le  luxe 
et  la  bonne  chère  avaient  corrompu  nos  armées, 
surtout  en  Flandre;  des  haltes  froides  n'y  étaient 
plus  que  pour  des  drilles,  st-sim.  aïo,  83.  ||  2*  Au- 
jourd'hui el  familièrement.  Un  vieux  drille,  un  sol- 
dat qui  a  vieilli  dans  le  service;  et,  figurémenl,  un 
homme  qui  a  vieilli  dans  la  ruse,  dans  les  mauvai- 
ses affaires,  dans  le  libertinage.  ||  Un  bon  drille,  un 
bon  compagnon.  Je  suis  vraiment  un  bon  drille, 
VADÉ,  Nicaise,  se.  7.  ||  Un  pauvre  drille,  un  pauvre 
diable.  On  trouva  qu'il  ne  valait  rien  [le  raisonne- 
ment du  chien]  ;  Ou  vous  sanyla  le  pauvre  drille 
[chien],  LA  font.  Fabl.  xi,  3. 

—  ÊTYM.  Ménage  et.  à  sa  suite,  M.  Fr.  Michel 
le  tirent  de  soudard  par  l'intermédiaire  de  soudrillef 
mais  on  ne  voit  pas  comment  l'apocope  de  sou  au- 
rait pu  se  faire.  Diez  le  tire  de  l'ancien  haut-«ila- 
mand  drigii,  garçon,  serviteur,  ce  qui,  concordant 
bien  pour  le  sens  el  la  forme,  paraît  être  la  vriir 
étymologie.  L'anglais  a  lo  drill,  et  l'allemand  dril- 
len ,  enseigner  l'exercice  à  un  soldat. 


DRÔ 

t  2.  DRIIXE  (dri-ir),  s.  f.  Espèce  de  porte-foret 
dont  on  se  sert  ilaus  beaucoup  d'arts.  Dit  aussi  trépan. 

—  lîTYM.  Aiigl.  (0  drill,  percer. 

I  DRILLIÎR  (dri-Ué,  Il  mouillées),  ».  n.  Courir, 
aller  vite  et  légèrement.  Voyez  comme  il  drille, 
Académie,  édit.  de  «7(8.  Toute  lacourdrille  vers  la 
Guiunne,  scarbon,  dans  biciiklet.  Je  m'en  vais  tout 
de  bon  prom[itement  t'étriller,  Si  tu  ne  fuis  bien 
vite  et  ne  pense  à  driUer,  llist.  du  théâtre  français, 
t.  X,  p.  4  17,  dans  LACUBNE.  Il  Tombé  en  désuétude. 

—  uisT.  XVI'  s.  11  scmbloit  voir  une  armée  dril- 
lante  de  fourmis  qui  porte  et  traisneen  sa  fourmil- 
liere  tout  ce  ([u'elle  trouve,  carx-oix,  v,  4. 

—  ETYM.  L'ori^!ne  en  parait  être  le  verbe  anglais 
(0  drill,  qui  signifie  percer,  s'échapper.  Driller  avait 
aussi  le  sens  de  briller  :  Comme  le  feu  dans  la  four- 
naise. Enseveli  dessous  la  braise.  Drille  et  flamboyé 
estincelant,  R.  belleau.  Œuvres,  t.  i,  p.  20,  dans 
LAcuKNE.  On  ne  voit  point  au  ciel  tant  d'estoiles 
(lambanles  Driller  au  firmament....  rons.  846  (voy. 
BRILLER  2;  on  a  confondu  ce  briller  et  driller). 

Ul(ILLh:S  (dri-ir,  «mouillées,  et  non  dri-ye),î. 
f.  plur.  Terme  de  commerce.  Nom  de  vieux  chiffons 
de  clianvre  ou  de  lin  qui  servent  à  la  fabrication  du 
papier.  Linge  vieil,  vieux  drapeaux,  drilles,  Tarif 
des  droits  de  (604. 

—  HlST.  XVI'  s.  Sommes  nous  prests....  Bien  ar- 
mez. —  Il  ne  nous  fault  drille,  Ree.  de  farces,  p.  34a. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  drille,  guenille;  driller,  ra- 
masser de  vieux  cliifTons  ;  l'éiymologie  en  parah 
celtique  :  kymri,  dryll,  lamijean.  drrjUiaw,  mettre 
en  pièces;  bas-bret.  trul  (l  mouillée),  chiffon. 

t  DRILLEUX,  KUSE  (dri-Ueù,  Uuû-z',  Il  mouil- 
lées) .  adj.  Terme  vieilli.  Couvert  de  haillons. 

t  DRILLIER  (dri-llé.  Il  mouillées),  s.  m.  Terme 
de  commerce.  Celui  qui  ramasse  et  vend  les  vieux 
chiffons.  On  dit  maintenant  chiffonnier. 

—  f.TYM.  Drilles. 

+  DRIMYRRIIIZÉES  (dn-mi-rri-ïée),  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Nom  donné  par  quelques  botanistes 
à  la  famille  des  amomacées. 

—  ÉTYM.  Apiaùç,   acre,  et  (li^a,  racine. 
DRISSE  (dri-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Cordage 

destiné  à  hisser  ou  élever  à  la  place  qu'il  doit  tenir 
un  pavillon,  une  flamme,  une  vergue  ou  tout  autre 
objet.  Il  Fausse  dri.sse,  drisse  supplémentaire. 

—  ÉTYM.  Ital.  driita,  de  driaare,  dresser  (voy. 
ce  mot). 

t  DRIVONETTE   (dri-vo-nè-t'),  s.  f.  Voy.  dhai- 

NETTE. 

t  DROC  (drok) ,  s.  m.  Un  des  noms  de  l'ivraie. 

—  ÉTYM.  Peut-être  le  bas-breton  droufc,  chose 
mauvaise. 

i  DROGMAN  (dro-gman),  s.  m.  Interprète  dans  les 

!        échelles  du  Levant.  Je  me  rendis  chez  le  drogman 
de  Son  Excellence, chateaub.  Itin.  68. 

—  BEM.  Voltaire  a  dit  drogoman  (c'est  la  forme 
provençale  ou  italienne)  :  C'est  quelquefois  un  dro- 
goman, c'est-à-dire  un  interprète  du  divan  qui  ob- 
tient cette  place,  volt.  Russie,  xi,  ). 

—  HlST.  xiii"  s.  Li  empereres  entra  en  une  cham- 
bre, et  n'i  mena  fors  l'empereris  sa  famé,  et 
son  drughemant  et  son  chancelier,  et  les  quatre 
messages,  villeh.  lxxxvi.  11  avoit  gens  illec  (jui  sa- 
voient  le  sarrazinois  et  le  françois,  que  l'en  appelé 
drugemens  qui  eiiromançoient  [mettaient  en  roman] 
le  sarrazinois  au  conte  Perron,  joinv.  242. 

—  ÉTYM.  Provenç.  drngoman;  ital.  drogmano, 
drogomanno;  bas-lat.  dragumanus,  drocinandus, 
turchimannus ;  bas-grec,  Spa-yoûiiavoç ;  le  même 
que  truchement  (voy.  ce  mot). 

t  DROGMANAT  (dro-gma-na) ,  s.  m.  Qualité, 
ronctions  (fe  drogman. 

—  ÉTYM.  Drogman. 
t.  DROGUE  (dro-gh'),  s.  f.  \\  1°  Nom  générique 

des  ingrédients  propres  à  la  teinture  et  à  la  chimie. 
Acheter,  vendre  des  drogues.  ||  Nom  générique  des 
matières  premières  avec  lesquelles  les  pharmaciens 
préparent  les  médicaments.  Je  voulais  vous  dire, 
monsieur,  que  vos  drogues....  —  Monsieur,  je  ne 
vends  point  de  drogues.  —  Que  vendez-vous  donc, 
monsieur'?  —  Monsieur,  je  vends  des  médicaments, 
BRILLAT-SAVARIN,  Physiologie  du  goût,  Variétés, 
n"  V.  Il  Kig.  11  débile  bien  sa  drogue,  il  sait  bien 
faire  valoir  sa  drogue,  se  dit  pour  signifier  qu'il 
I  charlatan,  qu'il  fait  passer  une  chose  pour  plus 
lu'elle  ne  vaut.  ||  Par  extension  et  par  déiiigre- 
iiient,  épiées.  Il  faut  l'assaisonner  de  drogues  qui 
la  déguisent,  3.  i.  rouss.  Ém:  ii.  ||  2°  Ce  qui  est 
mauvais  en  son  genre.  J'ai  donné  de  biin  argent 
Il  et  il  ne  m'a  envoyé  que  de  la  drogue.  Ce  drap  n'est 
que  de  la  drogue.  L'on  jugea  qu'il  y  avait  moins 
d'inconvénient  à  laisser  croire  un  pou  de  conojrt 


DRO 

avec  l'Espagne,  qu'à  ne  pas  préparer  par  un  canal 
ordinaire  non  odieux  et  favorable,  les  drogues  que 
l'envoyé  d'Espagne  nous  allait  débiter,  st-sim.  2, 
248.  On  a  tant  fail  de  ces  drogues  [odes],  que  je  n'ai 
pas  voulu  donner  la  mienne,  volt.  Lelt.  envers  elen 
prose,  63.  Il  Voilà  de  bonne  drogue,  se  dit  ironique- 
ment d'une  chose  dont  on  ne  fait  aucun  cas.  Je  le 
crois  bien;  voilà  de  belles  drogues  que  des  jeunes 
gens  pour  les  aimer,  MOL.  l'Av.  n,  6.  {|  3°  Bouts  de  fer 
ou  ferrailles.  ||  4°  Un  des  noms  de  l'ajonc.  ||  5°  Aller 
en  drogues,  s'est  dit  jadis  pour  aller  en  maraude. 

—  HlST.  xiV  s.  Mieulx  te  vauldroit  faire  autre  of- 
fice. Que  tant  dissoudre  et  distiller  Tes  drogues  pour 
les  congeler  Par  alambics....  Nat.  à  l'alch.  err.  38. 
Il  XV"  s.  Il  n'y  a  chez  l'apothicaire  De  drogue  que 
je  prise  mieux.  Que  ce  bon  vin,  qui  me  fait  faire  Le 
sang  bon  et  l'esprit  joyeux,  basselin,  xxv.  ||  xvi'  s. 
On  farcissoit  ses  viandes  de  drogues  odoriférantes 
de  telle  sumptuosité,  qu'un  paon  et  deux  faisands 
reveiioient  à  cent  ducats,  pour  les  apprester  selon 
leur  manière,  «ont.  i,  393. 

—ÉTYM.  Provenç.  drogua;  espagn.  et  ital.droja; 
angl.  drug.  Les  étymologistes  anglais  tirent  di-ug 
de  l'anglo-saxon  dryge,  sec;  Frisch  et  Diez  tirent  le 
mot  roman  du  hollandais  trooh,  sec  {dryge  et  Iroofc 
sont  le  même  mot);  de  sorte  que  la  drogue  serait  la 
chose  séchée,  la  plante  séchée,  etc.  pour  les  usa- 
ges de  la  pharmacie.  On  a,  dans  le  celtique,  kimry 
drwg,  bas-breton  droug,  drouk,  irland.  droch,  qui 
expriment  en  général  tout  ce  qui  est  mauvais,  mais 
qui,  rendant  compte  du  sens  de  chose  mauvaise,  ne 
rendent  pas  compte  du  sens  d'ingrédient.  La  série 
des  significations  paraît  être  ingrédient,  et,  comme 
les  ingrédients  pharmaceutiques  sont  souvent  fort 
désagréables,  chose  mauvaise. 

3.  DROGUE  (dro-gh'),  s.  f.  Sorte  de  jeu  usité 
parmi  les  soldats,  qui  se  joue  avec  des  cartes,  et 
dans  lequel  le  perdant  porte  sur  le  nez  un  petit 
morceau  de  bois  fendu  pinçant  le  nez  et  dit  dro- 
gue. Jouer  à  la  drogue.  Porter  la  drogue.  Avoir 
deux,  trois  drogues  sur  le  nez. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

DROGUÉ,  ÉE  (dro-ghé,  ghée),  part,  passé.  Qui 
a  pris  beaucoup  de  drogues,  de  médicaments.  Un 
enfant  débile  et  constamment  drogué.  ||  Pour  quoi 
on  fait  prendre  des  drogues.  Une  gastralgie  droguée 
mal  à  propos. 

t  DROGUEMENT  (dro-ghe-man) ,  s.  m.  Action  de 
droguer. 

—  HlST.  XVI'  s.  Et  quand  bien  ces  droguemens 
rencontreroient  [réussiraient],  o.  de  serbes,  306. 

—  ÉTYM.  Droguer  t. 

t.  DROGUER  (dro-ghé),  v.  a.  ||  1°  Faire  prendre 
beaucoup  de  drogues  à  un  malade.  Il  recommande 
de  ne  jamais  droguer  les  enfants,  j.  i.  bouss.  Ém.  i. 
Il  Droguer  un  m.-il,  faire  prendre  beaucoup  de  dro- 
gues pour  ce  maL  Plus  on  drogue  ce  mal,  et  tant 
plus  il  s'empire,  Régnier,  Sat.  xv.  ||  Kalsilier,  alté- 
rer la  qualité  d'une  sulislance.  Droguer  du  vin,  des 
liqueurs.  ||  2°  Se  droguer,  t).  réft.  Prendre  des  dro- 
gues, il  ne  faut  pas  trop  se  droguer. 

—  ÉTYM.  Drogue  t. 

t  2.  DROGUER  (dro-ghé),  e.  n.  Jouer  à  la  drogue. 
Il  Fig.  et  populairement,  attendre  en  perdant  son 
temps  et  s'ennuyant  beaucoup.  Il  l'a  fait  longtemps 
droguer  à  la  porte. 

—  ÉTYM.  Drogue  2. 

1.  DROGUERIE  (dro-ghe-rie),  s.  f.  Commerce  de 
drogues;  les  articles  de  ce  commerce.  Faire  la 
droguerie.  Vendre  de  la  droguerie. 

—  HlST  XV"  s.  Cet  anneau  congnois  je  bien;  car 
je  donnai  l'anneau  à  Lancelotet  toutes  mes  drogue- 
ries [menus  objets],  Lancelol  du  lac.t.l,  f"'160,dans 
LACURNE.  Il  XVI"  S.  Les  chèvres  vont  paislre  la  cime 
des  espines  et  arbrisseaux  :  s'attachant  plustost  à 
telles  drogueries  de  peu  de  valeur,  qu'à  herbages 
de  la  prairie,  o.  de  serres,  327.  Les  femmes  font 
amas  de  telles  menues  drogueries  [substances  répu- 
tées médicamenteuses]  pour  en  secourir  le  peuple, 
usant  de  mesme  recepte  à  cinquante  malades,  mont. 

IIl,  220. 

—  ÉTYM.  Drogue  <. 

t  2.  DROGUERIE  (dro-ghe-rie),  s.f.  Terme  do 
mer.  La  pêche  et  la  préparation  du  hareng. 

—  ÉTYM.  "Voy.  brogueur  2. 

DROGUET  (dro-ghè  ;  le  (  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
l'\  se  lie  :  les  dro-ghè-z  et....),  s.  m.  |{  1°  Autrefois 
étoffe  de  laine  de  bas  prix,  qui  était  une  espèce  do 
drap,  mais  fort  mince  et  fort  étroit,  fubktièbe.  Le 
droguet  était  une  espèce  de  serge  moitié  fil  et  moi- 
tié laine;  il  s'en  faisait  aussi  tout  de  laine.  Droguet 
ou  petit  drap,  première  qualité;  chaîne,  laine 
d'Auxois  ou  de  Berry,  peignée;  trame,  belle  laiue 


DRO 


1243 


deSégovie,  cardée,  Tableau  annexé  aux  îetl.  pat. 
du  22  juillet  (780,  Champagne.  Un  petit  Français, 
habit  verl  pomme,  vesie  de  droguet,  ra''.lail  un  vio- 
lon de  poche,  CHATEAUBR.  Itin.  m,  H7.  |{  Par  mé- 
pris, c'est  du  droguet,  c'est  chose  de  peu  de  va- 
leur. Il  Fig.  ivoire  droguet  [notre  litléra'iire)  ne  vaut 
pas  le  velours  d'Athènes;  mais  on  l'a  si  bien  bnidé 
qu'il  est  à  la  mode  dans  toute  l'Kurope,  volt.  Lelt. 
Arnaud,  <"' juin  (77).  ||  2°  Aujourd'hui,  étoffe  bro- 
chée (de  laine  et  coton,  ou  de  laine,  coton  ei  soie, 
ou  quelquefois  de  soie),  dont  les  fils,  formant  les 
dessins  brochés,  passent  à  l'envers  d'un  dessin  à 
l'autre  sans  être  tissés  dans  le  fond  de  l'étoffe.  Dro- 
guet de  laine.  Droguet  de  soie. 

—  ÉTYM.  Drogue  i ,  parce  que  le  droguet  était 
une  étoffe  de  peu  de  valeur. 

tDROGUEïIER  (dro  ghe-tié),  s.  m.  Terme  de 
commerce.  Fabricant  de  droguet. 

—  ÉTYM.  Droguet. 

t  1.  DROGUEUR  (dro-gheiir),  s.  m.  Terme  fami- 
lier. Médecin  qui  aime  à  médicamenter. 

—  ÉTYM.  XVI"  s.  Un  marchand  drogueur  ou  espi- 
cier,  BouCHET,  Serées,  liv.  i,  p.  <04,  dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Droguer  i. 

t  2.  DROGUEUR  (dro-gheur),  s.  m.  Terme  de 
mer.  Nom  donné  au  navire  qui  péchait  et  séchait  le 
hareng  pour  le  rapporter  saur. 

—  HlST.  XVI"  s.  En  l'an  1625,  le  jour  de  St  Maur, 
<6*  jour  de  janvier,  la  mer  fut  si  desbordée....  que 
de  celte  grande  et  furieuse  marée  furent  jettes  et 
portés  jusques  dedans  les  fossés  du  cbasieau  do 
Graville  28  navires  drogueurs  allant  à  la  pescbe  des 
harencs  et  maquereaux,  llém.  de  la  fondation  delà 
ville  française  de  Grâce,  p.  7,  dans  jal. 

—  ÉTYM.  Holland.  droog,  sec,  drongen,  sécher; 
anglo-saxon,  drigan,  sécher;  allem.  trocken,  sec. 

t  3.  DROGUEUR  (dro-gheur),  ».  m.  Terme  d'ar- 
got. Espèce  de  filous  qui  quêtent  pour  des  infortu- 
nes imaginaires. 

DROGUIER  (dro-ghié;  l'rne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, l'î  se  lie  :  les  dro-ghié-z  et  les  drogues),  s.  m. 
Cabinet  ou  boîte  portative  où  l'on  serre  les  drogues. 
Il  Collection  des  échantillons  de  médicaments  sim- 
ples, rangés  dans  un  ordre  mélhodi(|iie  ||  Ancien- 
nement, partie  des  ouvrages  des  \élérinaires  où  ils 
traitaient  de  l'élude  des  médicaments  ou  drogues. 

—  ÉTYM.  Drogue  f. 

DROGUISTE  (dro-ghi-st'),  s.  m.  Marchand  do 
drogues.  ||  Ad).  Épicier  droguiste. 

—  ÉTYM.  Drogue  l . 

1.  DROIT,  DROITE  (droi,  droi-t';  le  t  se  lie:  un 
homme  droi-t  et  juste;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  les 
hommes  drol-z  et  justes;  la  prononciation  dret,  qui 
est  normande,  était  encore  usitée,  à  côté  de  l'au- 
tre, dans  le  xvii"  siècle;  Vaiigelas  était  pour  dret), 
adj.  Il  l''Oui  n'a  ni  courliure  ni  llexton  ni  iiiclinai- 
.son  d'aucun  côté.  Une  ligne  droite.  ||  En  droite  li- 
gne, directement.  Ce  chemin  vous  coiidiiii  en  droite 
ligne  à  la  maison  du  garde.  ||  Fig.  Procréez  des  en- 
fants Oui  puissent  hériter  de  vous  en  dniiie  ligne, 
regnard,  le  Légat,  v,  8.  |{  La  droite  voie,  en  lermes 
de  dévotion,  la  voie  du  salut.  ||  Le  droit  chemin,  lo 
cliemin  le  plus  court;  et,  figurém^nt.  la  voie  de 
l'honneur,  de  la  probité.  On  dit  dans  le  même  sens 
la  ligne  droite.  {|  Avoir  la  taille  droite,  n'avoiraucuiie 
inflexion  vicieuse  d.ins  la  taille.  ||  Êire  droit,  se 
tenir  droit,  avoir,  tenir  le  corps  dans  une  position 
où  il  ne  soit  ni  courbé  ni  fléchi.  Levez  la  tête 
encor,  soyez  droite,  approchez;  Faut-il  tendre  tou- 
jours le  dos  quand  vous  marchez?  regnard,  le 
Distrait,  l,  4.  En  général  les  mères  exhortent  leurs 
filles  à  se  conduire  avec  sagesse;  mais  elles  insis- 
tent beaucoup  sur  la  néce.ssité  de  se  tenir  droites, 
d'effacer  leurs  épaules....  Barthélémy,  Anacharsis, 
ch.  28.  Il  On  dit  qu'un  homme  est  droit  comme  un 
jonc,  comme  un  éclialas,  comme  un  cierge,  comme 
un  sapin,  comme  une  statue,  comme  un  I,  pour 
signifier  qu'il  se  tient  bien  droit.  Te  voilà  sur  tes 
pieds  droit  comme  une  statue;  Dégourdis-toi,  cou- 
rage! allons,  qu'on  s'évertue,  hac.  Plaid,  m,  3. 
Il  Ironiquement.  Cela  est  droit  comme  lajamiied'un 
chien.  Il  Terme  de  botanique.  Qui  n'a  point  de  cour- 
bure; droit  diffère  de  dressé,  en  ce  qu'il  indique 
seulement  que  la  partie  n'a  aucune  courbure,  quelle 
qu'en  soit  la  direction,  verticale,  oblique  ou  hori- 
zontale. Il  ferme  d'anatomie.  Se  dit  des  p.irties  dont 
la  direction  est  de  haut  en  bas,  ou  de  lias  en  haut, 
quand  le  corps  se  trouve  debout.  ||  Dents  droites, 
celles  dont  la  direction  est  perpendiculaire  à  l'axe 
des  mâchoires.  ||  Les  aiiatomistes  donnent  ce  nom 
à  un  grand  nombre  de  muscles.  Le  muscle  droit 
de  i'abdomen.  jj  Terme  de  manège.  On  dit  qu'un 
cheval  est  droit  sur  ses  jambes,  quand,  le  devant  du 


12H 


DRO 


boulet  tdmbant  d'aplomb  sur  la  couronne,  le  canon 
et  le  paturon  se  trouvent  sur  une  même  ligne. 
Il  Ternie  de  marine.  Mettre  la  liarre  droite,  placer 
la  barre  du  (fouvernail  paralltlement  à  la  quille. 
Il  Terme  d'architcciure.  0;>posé  à  Liais.  Une  porte 
droite,  un  berceau  droit,  sont  la  porte  et  le  berceau 
de  voûte  dont  la  direction  est  perpendiculaire  à 
l'entrée.  ||  2"  Terme  de  géométrie.  Une  ligne  droite, 
le  plus  court  chemin  d'un  poiut  à  un  autre.  ||  Sub- 
stantivement. Une  droite,  une  ligne  droite.  Deux 
droites  convergentes.  Le  cercle  étant  composé  d'une 
infinité  de  droites  infiniment  petites,  volt.  Newt. 
Il,  9.  Il  Angle  droit,  angle  formé  par  deux  lignes 
perpendiculaires  l'une  à  l'autre.  ||  Un  droit,  un 
angle  droit,  dans  cette  phrase  ou  phrase  analogue  : 
les  trois  angles  d'un  triangle  valent  deux  droits. 
Il  Prisme  droit,  celui  dont  les  deux  bases  sont  per- 
])eiidiculaires  aux  arêtes.  Cylindre  droit ,  solide 
firme  par  la  révolution  d'un  rectangle  autour  d'un 
des  côtés.  Cône  droit,  solide  formé  parla  révolution 
d'un  triangle  rectangle  autour  d'un  des  côtés  de 
l'angle  droit.  ||  Sphère  droite,  terme  d'astronomie 
ou  de  cosmographie,  signifiant  que  la  sjihère  cé- 
leste nous  paraît  tourner  droit  sur  nos  têtes.  La 
sphère  est  droite  pour  nous,  quand  notre  horizon 
liasse  par  les  pôles  du  monde.  ||  3°  Qui  n'est  pas 
couché,  qui  est  debout.  Il  est  droit  sur  ses  pieds. 
Il  4°  Qui  a  le  poids  voulu ,  la  valeur  voulue. 
Il  Monnaie  droite  de  poids,  pièce  qui  a  le  poids 
prescrit  par  les  ordonnances.  ||  Terme  de  mon- 
nayeur.  Titre  droit,  voy.  titrk.  ||  Fig.  Honnête, 
équitable,  sans. détours.  Un  homme  droit  et  simple. 
Avoir  une  intention  droite.  Il  redressera  son  juge- 
ment, pourvu  qu'une  droite  volonté  le  rende  atten- 
tif à  son  objet  et  à  lui-même,  boss.  Cotmains.  i,  (7. 
Comme  toute  conscience  n'est  pas  droite,  tout  ce  qui 
est  selon  la  conscience  n'est  pas  toujours  droit, 
nouiiDAL.  Sur  la  fausse  consc.  <"  avenl,p.  <46.  Uu 
homme  simple  et  druit  de  cœur,  qui  craint  Dieu  et 
fuit  le  mal,  SACi,  Sible,  Job,  i,  8.  [IIJ  N'a  le  cœur 
a.ssez  droit  ni  les  mains  assez  pures,  rac.  Àlhal. 
m,  6.  Votre  cœur  n'était  pas  droit  devant  le  Sei- 
gneur, MASS.  Aient,  Jug.  Il  faut  le  dire  à  l'honneur 
des  lettres,  la  philosophie  fait  un  cœur  droit,  comme 
la  géométrie  fait  l'esprit  juste,  voi-T.  Dicl.  philos. 
Locke.  Il  Sain,  judicieux.  La  droite  raison.  Cet  homme 
a  l'esprit  droit,  le  sens  droit.  ||  6°  Droit,  adv.  Eu 
droite  ligne,  directement.  Viser  droit.  Écrire  droit. 
Le  coup  lui  donna  droit  dans  la  poitrine.  Que  notre 
àme  s'envole  en  paradis  tout  droit,  hêgnieh,  Sal.  vi. 
Je  vais  droit  au  sénat  que  je  trouve  assemblé,  du 
BYF.R,  Scévole,  11,  3.  Je  m'en  allai  droit  aux  Jaco- 
bins, PASC.  Prov.  2.  Mère  écrevisse  un  jour  à  sa 
lille  disoit  :  Comme  tu  vas,  bon  Dieu!  ne  peux-tu 
marcher  droit?  la  fo.nt.  l'abl.  xii,  )0.  Chez  le  mar- 
chand tout  droit  il  s'en  alla,  ID.  Fabl.  viii,  ta.  La 
[chatte]  perfide  descend  tout  droit  À  l'endroit  Oii  la 
laie  était  en  gésine,  id.  Fabl.  m,  6.  Une  lettre  qui 
m'est  venue  droit  de  Pans,  sÉv.  8i.  Faut-U  croire, 
d'après  Lucaiii,  que  les  Arveines  descendaient  tout 
droit  des  Troyens? chateaub.  Ciermont,  tuo.  ||  Mar- 
cher droit,  aller  droit  devant  soi.  Marcher  droit  à 
l'ennemi,  d'ablancolrt,  Àrrien,  liv.  i,dans  riciie- 
LET.  Il  Fig.  Marcher  droit,  se  bien  comporter.  Vous 
devez marclier  droit  pour  n'être  pas  berné,  MOL.  ;^c. 
des  f.  1,  t.  Tu  n'as  qu'à  marcher  droit  quand  tu  seras 
soiis  ma  garde,  J.  J.  houss.  Uél.  i,  7.  ||  On  dit  dans 
un  sens  analogue,  aller  droit.  Quel  prétexte I  cette 
femme  ne  va  pas  droit  avec  moi,  Marivaux,  le  Leji, 
se.  6.  Cent  fois  je  t'ai  vu  marcher  à  la  fortune,  et  ja- 
mais aller  droit,  beaum.  Figaro,  in,  B.  ||  Fig.  D'une 
manière  directe.  Aller  droit  à  ses  fins.  Une  autre 
voix  allant  si  droit  au  cœur,  la  font.  Belph.  Cela 
va  droit  à  demander  des  gardes,  sÊv.463.  J'y  trouve 
un  petit  endroit  allant  droit  au  cœur,  id.  43.  ||  Al- 
ler droit  au  fait,  ne  pas  chercher  de  circonlocu- 
tions, en  venir  tout  de  suite  à  ce  qui  est  essentiel. 
Le  bon  abbé,  qui  va  droit  au  fait,  crut  que  nous 
étions  riches  i  jamais,  SÊV.  434.  ||  Penser  droit,  ne 
pas  se  tromper.  Vous  n'avez  point  pensé  droit  sur 
la  cassolette,  sév.  2(5.  Je  vous  prie  de  me  mander 
si  je  pense  droit,  id.  343.  ||  6°  Terme  de  pratique. 
Chacun  en  droitsoi,  chacun  pour  ce  qui  le  concerne 
et  selon  les  droits  qu'il  a;  en  droit  signifiant  dans  la 
direction,  et,  figuiément,  dans  l'appartenance. 
11  7"  S.  m.  Terme  de  manège.  Promener  un  cheval 
par  le  droit,  le  faire  aller  sur  une  ligne  droite,  sans 
se  traverser  ni  se  jeter  de  côté.  ||  Terme  de  vénerie. 
Prendre,  chasser,  avoir  ou  tenir  le  droit,  se  dit  du 
chien  qui  prend  ou  suit  bien  la  voie.  ||  Terme  de 
jeu  de  paume.  Les  droits,  le  côté  de  la  raquette  qui 
est  opposé  au  revers  et  oii  les  cordes  sont  unies. 
I!  Uaus  le  langage  des  ouvriers,   placer  une  chose 


DUO 

au  droit  d'une  auire,  les  placer  de  manière  qu'elles 
se  répondent  exactement. 

—  RE.M.  On  peut  dire  en  parlant  à  une  femme  : 
marchez  droit,  ou  marchez  droite,  suivantque  droit 
est  pris  adverbialement  ou  adjectivement;  mais  le 
sens  n'est  pas  le  même  :  marcher  droit,  signifie 
marcher  en  ligne  droite;  marcher  droite,  signifie 
marcher  en  tenant  le  corps  droit. 

—  HlST.  xr  s.  Cil  qui  custivent  [cultivent]  la  terre, 
ne  deit  l'um  travailler  [tourmenter],  se  de  leur 
droite  censé  non.  Lois  de  Guill.  33.  Menez  serez 
dreit  à  Ais  le  siet  [le  siège,  la  demeure],  Ch.  de 
Ilol.  XXXV.  Dreiz  empereres,  veiz  me  ci  eu  présent, 
ib.  XXII. 

—  xu*  s.  Par  droite  félonie,  Jlonc.  4  0.  [Ils  ont] 
Droites  les  astes  [lances]  aus  bons  espiez  moulus, 
ib.  p.  4B.  Droit  en  sa  chambre  [elle]  en  est  courant 
allée,  ib.  p.  (46.  [Plantes]  Belles  et  droites,  fres- 
ches  et  verdoiant,  ib.  p.  1B6.  Tout  droit  à  lilaive 
[ils]  en  sont  devant  aie,  ib.  p.  (06.  Puis  qu'en  vous 
sont  tout  mal  esteint.  Et  tout  bien  à  droit  aUimé, 
Couci,  III.  Or  le  doinst  [mon  cœur]  Diexàdroit  port 
arriver;  Car  il  s'est  mis  en  mer  sans  aviron,  i6.  x. 
Et  sachez  bien,  plus  n'en  orrez  [ouïrez]  parler; 
Car  je  n'i  vol  nule  droite  raison,  id.  ib.  Se  vostie 
home  vous  veulent  par  droite  foi  aider,  Sax.  vi. 
Mais  sache  tant  li  rois,  nostre  empereres  drois.... 
ib.  xviii.  Tut  dreit  devant  la  sale  est  à  pié  descen- 
duz;  Laiens  en  est  entrez....  Tk.  le  mart.  s». 

—  xm'  s.  Et  chevauchierent  les  batailles  ensi 
corne  eles  estoient  devisées,  par  dessus  le  port, 
jusques  en  droit  le  palais  de  Blaquerne,  villeh. 
Lxxiv.  Au  droit  terme  que  li  dus  [le  duc]  leur  dist, 
il  revindrent  au  palais,  id.  xiii.  Que  droit  au  point 
du  jour  convient  qu'ele  s'atire  [se  pare],  Berte.xiv. 
Quant,  pour  venir  droit  ci,  [tu]  me  mets  en  la  sente, 
«6.  XLviii.  Qui  bien  la  regardast  à  droit  et  à  loisir. 
Bien  deist  que  plus  belle  ne  peûst-on  choisir  [voir], 
ib.  Lxiii.  Comme  droit  hoir  de  France  [ils]  font  Pé- 
pin couroner,  ib.  m.  [La  couronne]  Cent  mile  mars 
valoitet  plus,  à  droite  vente,  ib.  x.  [Elle]  Ne  sait 
quel  part  aler  pour  trouver  la  plus  droite  [directe 
voie],  ib.  xxix.  [Une  robe]....  si  coiUie  et  jointe 
[ajustée],  Qu'il  n'i  ot  une  seule  pointe  Qui  à  son  droit 
ne  fust  assise,  la  Rose,  (22i.  Je  ferai  quanque  vous 
vodrois  [voudrez],  Fet  Bel  acueil,  car  il  est  drois 
[juste] ,  Puisque  Dangier  l'a  otroié,  «6.  3262.  C'est 
de  la  sainte  vile  qui  tant  fait  à  loer,  Jherusalem  l'a- 
pele  qui  droit  la  veut  nomer,  Ch.d'Ant.  i,  7.  Et  cil 
quemin  furent  fet  à  droite  ligne,  es  liex  [lieux]  où 
ligne  se  pooit  porter  sans  empeequement  [empêche- 
ment] de  très  grant  montaigne,  beaum.  xxv,  2.  li 
y  a  bien  un  autre  cas  que  de  droit  apel,  id.  lxi,  2. 
Pour  les  copz  des  engins  aus  Sarrazins,  lesquiex 
avoient  seize  engins  tous  drois,  joinv.  220. 

—  xiV  s.  Là  ne  se  pot  tenir  de  dire  sa  raison  : 
ISertran,  vous  alez  droit,  si  ait  m'ame  pardon, 
Guescl.  (3675. 

—  XV*  s.  Argent  fait  avoir  bénéfices;  Et  fait  des 
drois  venir  les  tors,  Et  des  tors  les  drois  au  re- 
tors, FROiss.  Le  dil  dou  florin.  [Eustache  de  Sl- 
l'ierre  à  ses  concitoyens]  Je,  en  droit  moi,  ai 
si  grand  espérance  d'avoir  grâce  et  pardon  en- 
vers notre  Seigneur,  si  je  muir  pour  ce  peuple 
sauver,  que  je  veuil  estre  le  premier,  ID.  i,  i,  32(. 
C'est  que  vou?  veuilliez  encharger  les  armes  de 
France  et  e'i.'jarteler  d'Angleterre,  et  vous  appeler 
roi  de  France,  et  nous  vous  tiendrons  pour  droitioi 
de  France,  et  obéirons  à  vous  comme  au  roi  de 
FraJice....  id.  1,  i,  OB.  Et  fut  chacun  armé  et  monté 
à  la  droite  mie-nuit,  id.  i,  i,  37.  Dieu  les  fit,  ainsi 
comme  par  droit  miracle,  détourner  [hors  de  leur 

chemin],  id.  i,  1,  (8 Et  prirent  terre  sur  le  sa- 

blon  et  sur  le  droit  rivage  de  la  mer,  sans  havre  et 
sans  droit  port,  id.  i,  i,  (8.  Ou  temps  de  lors,  cil 
qui  mouroient.  En  enfer  tout  droit  avalloient,  Tuit 
y  alloient  ,c'en  est  lasomme,  la  Passion  de  N.  S.  J.  C. 
Le  roy  d'Angleterre,  après  avoir  receu  sou  argent, 
se  mist  à  chemin  droit  à  Callais,  cohm.  iv ,  (  < . 

—  XVI'  s.  Les  autres  exercent  droites  [vraies]  bri- 
ganderies,  en  saccageant  les  maisons....  Calvin, 
Intlil.  (210.  Quand  on  est  en  doubte  du  plus  court 
chemin,  il  fault  tenir  le  droict,  uont.  i,  (32.  Il  y 
avoit  une  grande  isle.dioictà  la  bouche  du  des- 
troit,  ID.  I,  2)0.  J'ay  veu  le  roy  Henri  II  ne  pouvoir 
nommera  droict  un  gentilhomme  de  ce  quartier  de 
Gascoigne,  id.  i,  344.  De  biais  ou  de  droict  fil,  ID. 
u,  363.  Elle  s'appeloit  en  son  droit  nom  Acca  La- 
reulia,  amïot,  lloin.  0. 

—  ÊTVM.  Berry  et  picard,  drci  ;  génev.  t:cneî 
droit  à  midi,  à  midi  juste,  U  droit  d  une  étoffe, 
l'endroit ;provenç.  dreit,  dreg,dreich,dret,  drech; 
catal.  dret;  espagu.  dtrecho;  portug.  dereilo,  di- 


1)110 

r«t(o;  ital.  drillo,  direlto;  du  latin  directut,  par- 
ticipe passé  de  dirigne  (voy.  iubiger). 

2.  DROIT,  DKOITK  (droi,  droit),  adj.  ||  1*  Qui 
est  opposé  à  gauche,  c'est-à-dire  opposé  au  côté  où 
est  le  cœur.  I.e  bras  droit.  La  main  droite.  L'aile  droite 
dune  armée.  ||  Fig.  Être  le  bras  droit  de  quelqu'un, 
être  son  agent  principal,  indispen.sable.  ||  En  fait 
d'aumône,  Il  ne  faut  pas  que  la  main  gauche  sache 
ce  que  fait  la  droite,  ou  que  votre  gauche  ne  sache 
point  ce  que  fait  votre  droite,  c'esl-àdire,  évitez 
avec  soin  de  faire  connaître  vus  bonnes  œuvres,  évi- 
tez l'ostentation  de  la  charité.  Car  toujours  leur  main 
gauche  ignore  Ce  que  leur  main  droite  a  donné, 
LAMARTINE,  Cantate  pour  les  enfants  d'une  maison 
de  charité.  ||  La  rive  droite  ou  la  droite  d'une  ri- 
vière, se  dit  du  rivage  placé  à  la  droite  d'une 
personne  qu'on  sujijiose  être  sur  la  rivière  et  en 
descendre  le  courant.  ||  Le  côté  droit  d'une  as- 
semblée, celui  qui  est  à  la  main  droite  du  pré- 
sident. Il  Le  ventricule  droit  du  cœur,  celui  qui 
reçoit  le  sang  veineux  et  qui  est  situé  dans  la 
portion  du  cœur  qui  regarde  le  bras  droit.  ||  2"  S. 
f.  La  droite,  le  côté  droit.  La  droite  du  tableau. 
Il  Donner  la  droite  à  quelqu'un,  le  placer  à  sa  droite 
pour  lui  faire  honneur.  ||  Lsi  dioite,  la  main  droite. 
Le  fils  de  l'homme  est  assis  à  la  droite  de  Dieu, 
MASS.  Carême,  Pu».  ||  La  droite,  l'aiIe  droite  d'une 
armée.  La  droite  de  l'ennemi.  ||  Dans  nos  a.ssembléei 
parlementaires,  la  droite,  les  membres  qui  siégeaient 
au  côté  droit  et  qui,  opposés  aux  idées  révolution- 
naires, soutenaient  les  choses  et  les  personnes  at- 
taquées par  laUévolution.  Trouvez-moi  une  tournure 
plus  propre  [que  l'apostrophe]  à  étonner  la  droite, 
à  mouvoir  le  ventre"?  p.  L.  cour,  i,  2(».  ||  3°  Poéti- 
quement ou  dans  le  style  biblique,  la  main.  Ce 
Uomain  a  brûlé  sa  droite  triomphante,  du  rter, 
Scécole,  v,  i.  Les  ministères  saints  qu'il  [un  théolo- 
gien] appelle  les  ouvrages  de  la  droite,  pasc.  /'rot>. 
2,  rifutaiion.  Que  votre  main  se  fasse  sentir  à  tous 
vos  ennemis;  que  nul  de  ceux  qui  vous  haïssent  n'é- 
chappe à  votre  droite,  saci.  Bible,  psaume  xx,  ti. 
Comme  un  jouet  vivant  ta  droite  m'a  saisi ,  lamaut. 
Méd.  1,  2.  Tous  deux  [Napoléon  et  sou  fils]  sont 
morts;  Seigneur,  votre  droite  est  terrible!  v.  Huco, 
Crép.  v.  Il  4°  X  droite,  loc.  adi.  Du  côté  droit.  Tour- 
ner à  droite.  Prendre  à  droite.  ||  Subslantivement, 
dans  le  langage  miUtaire,  un  à  droite,  mouvement 
d'une  troupe  qui  se  dirige  du  côté  droit.  ||  Terme 
de  d^inse.  À  d.''oiie,  expression  abrégée  pour  chas- 
sez à  droite,  faites  un  cliassé  à  droite.  ||  k  droite  et 
à  gauche,  des  deux  côtés  du  corps.  Frappera  droite 
et  à  gauche.  La  Baguenodière  ne  put  dabord  que 
les  pousser  des  coudes  à  droite  et  à  gauche,  ses 
mains  étant  embarrassées  dans  sa  casaque,  scah- 
RON,  lioman  corn,  u,  (7.  |{  De  tous  côtés.  11  entend 
à  droite  et  à  gauche  différents  propos  sur  son 
compte.  Il  Prendre  à  droite  et  à  gauche,  recevoir 
de  toutes  mains,  tirer  de  l'argent  de  difléreutcs  per- 
sonnes. 

—  KEM.  A  droit,  parce  qu'on  sous-entendait  cêté, 
s'est  dit,  dans  le  xvu*  siècle,  au  lieu  de  à  droite, 
que  nous  disons  aujourd'hui;  c'est  un  archaïsme. 
Mon  cœur  ou  à  droit  ou  à  gauche  est  tout  plein  de 
vous,  SÊV.  425.  Les  voyageurs  sans  guide  assez  .sou- 
vent s'égarent.  L'un  à  droit,  l'autre  à  gauche  ... 
BoiL.  Sal.  IV. 

—  IllST.  xvi"  s.  Le  coup  déclina  k  droict  par  la 
brusque  hastivelé  de  Pantagruel,  rab.  Pant.  11,  2;'. 
Cette  apparence  de  verisimilitude  qui  les  faict  pren- 
dre plustosl  à  gauche  qu'à  droicte,  augmentez  la, 
MONT,  u,  318.  Il  estendit  sa  main  dro.cte  sur  le  feu, 
AUYOT,  Pttbl.  33,  Or  s' estoient  les  chevaliers  romanis 
tous  jetiez  en  la  poincle  gauche,  comme  nous  avons 
desja  dit,  en  inleutiou  d'enveloppe;  U  droite  do 
Cjesar  par  derrière,  id.  César,  58. 

—  ÊTYM.  Provenç.  drech.  On  a  jiréteudu  que  droit 
venait  du  latin  deiler,  par  permutation  de  l'r;  mais 
dexter  avait  donné  diestre  qui  a  été  usité  jusqu'au 
XVI'  siècle,  époque  à  laquelle  droit  a  commencé  à 
l'emporter.  Droit  en  ce  sens  n'est  pas  aulie  cbo»e 
que  le  précédent  (voy.  droit  (),  direct  ayant  été 
dit  pour  dextre,  comme  gauche,  qui  proprement 
signifie  de  travers,  a  été  pris  pour  setustre.  L'ital.en 
ri  KO  (du  bitin  reclus)  qui  signifie  drott,  opposé  à  gau- 
che, le  prouverait,  si  autre  preuve  était  nécessaire. 

3.  DROIT  (droi;  le  (  se  lie:  un  droi-t  onéreux;  au 
pluriel,  r*  se  be:  des  droî-z  onéreux),  s.  m.  \\  1*  Ce 
qui  est  droit,  ce  qui  est  fondé  sur  la  rectitude  du 
sens  ou  du  cœur.  Cela  est  contre  tout  droit  et  rai- 
son. J'ai  pour  moi  le  droit  et  U  raison.  Le  droit 
n'est  autre  chose  que  la  raison  même,  et  la  raison 
la  plus  certaine,  puisque  c'est  la  raison  reconnue 
par  le  coaseulemeut  des  hommes,  uoss.  Yar.  Xurt. 


DRO 


DRO 


DRO 


1245 


v«,  §  33.  Il  II  ne  se  dit  guère  en  cet  emploi  que 
juiiit  a»  mot  raison.  ||  Avec  droit,  conformément 
au  droit.  M,i  coltire  avec  droit  condamne  ma  raison, 
BOTBOU,  Bélis.  V,  6.  Il  2°  Ce  qui  est  conforme  à  la 
loi,  ce  qui  a  rapport  à  la  loi.  Il  a  le  droit  pour  lui. 
Point  de  droit.  Question  de  droit.  Distinguer  le 
droit  et  le  fait.  Kn  fait  et  en  droit.  Kn  droit  il  a 
raison.  On  examine  deux  questions,  l'une  de  fait  et 
l'auue  de  droit ,  pasc.  Provinc.  t.  ||  Bon  droit, 
mauvais  droit,  ce  qui  est  bien  ou  mal  fondé  en 
légalité.  Je  me  garderai  bien  de  vouloir  qu'on 
le  [un  arrêt]  casse;  On  y  voit  trop  à  plein  le  bon 
droi'.  maltrailé,  mol.  ilis.  v,  (.  Mais  qui  voulez-vous 
donc  qui  pour  vous  sollicite? —  Qui  je  veux?  la 
raison,  mon  bon  droit,  l'équité,  id.  ib.  I,  t.  S'il  a 
fait  gagner  le  procès  à  celui  qui  n'a  pas  bon  droit, 
PASC.  Prov.  8.  Ce  qu'un  juge  prend  d'une  des  par- 
ties qui  a  mauvais  droit,  ID.  ib.  ».  ||  Par  extension. 
X  lion  droit,  selon  toute  raison.  C'est  à  bon  droit 
qu'on  recommande  la  tempérance.  [Je]  Leur  ai  dit 
la  langueur  Dont  votre  majesté  craint  à  bon  droit 
la  suite,  la  font.  Fabl.  viii,  3.  C'est  à  bon  droit 
que  l'on  condamne  à  Rome  L'évêque  d'ïpre,  au- 
teur de  vains  débats,  lo.  Bail,  sur  Escobar.  Au 
bout  de  quelque  temps  l'homme  va  voir  son  or;  Il 
ne  retrouva  que  le  gîte.  Soupçonnant  i.  bon  droit 
son  compère....  id.  Fabl.  x,  6.  ju'àbon  droit  votre 
gloire  en  tous  lieux  est  semée!  bac.  Phèd.  li,  2. 
Oui  pourrait  en  douter?  moi;  cependant  j'avoue 
Que  d'un  rare  savoir  à  bon  droit  on  le  loue,  gilb. 
le  XVIW  siècle.  |]  Faire  droit,  rendre  bonne  justice. 
Il  s'empressait  de  faire  droit  à  tous,  Boss.  Pensées, 
27.  Est-ce  li  faire  droit?  est-ce  là  comme  on  juge'/ 
HAC.  Plaid.  I,  7.  Il  Faire  droit  à  une  demande,  sta- 
tuer sur  une  demande,  et,  en  un  sens  plus  général, 
l'accorder.  ||  Kn  procédure,  avant  faire  droit,  avant 
de  juger  définitivement.  Jugement  «  ant  faire  droit. 
Il  Substantivement.  Prononcer  uu  avant  faire  droit. 
Il  Donner  droit  à  quelqu'un,  lui  donner  raison.  ||  De 
droit,  loc.  adv.  En  vertu  de  la  loi.  Possesseur  de 
droit.  Il  De  droit,  de  plein  droit,  sans  qu'il  y  ait  ma- 
tière i  contester  légitimement.  Ses  grâces  appar- 
tiennent de  droit  aux  pauvres,  boss.  Serm.  sept. 
Les  honneurs  n'appartiennent  de  droit  qu'à  des  âmes 
modérées,  fléch.  Ilont.  La  défense  est  de  droit,  la 
vengeance  est  infâme,  M.  j.ohén.  Charles  IX,  iv,  t. 
Il  En  jurisprudence.  De  droit,  sans  qu'il  soit  besoin 
-  d'une  décision  judiciaire,  ou  d'une  sommation  préa- 
lable. Il  Familièrement.  Plus  que  de  droit,  plus  qu'il 
ne  convient.  Si  la  belle  Plus  que  de  droit  ne  se  mon- 
trait cruelle,  la  font.  Orais.  ||  X  qui  de  droit ,  à  une 
personne  ayant  droit  spécial  ou  confiance.  L'héritage 
échut  à  qui  de  droit.  ||  3°  Faculté  reconnue,  natu- 
relle ou  légale,  d'accomplir  ou  de  ne  pas  accom- 
plir un  acte.  Droit  de  chasse,  de  pêche.  Droits  ci- 
vils. Droits  politiques.  Droits  imprescriptibles.  Les 
droits  des  peuples.  Le  droit  de  propriété.  Trans- 
porter ses  droits.  Relâcher  de  son  droit.  Les 
droits  d'un  prince  sur  un  trône.  Lui  qui  n'a  pour 
l'empire  autre  droit  que  ses  crimes,  cohn.  Uèracl. 

1,  î.  Chacun  a  le  droit  de  défendre  son  bien,  pasc. 
Prov.  1.  La  seconde  (part]  par  droit  me  doit  échoir 
encor,  la  font.  Fabl.  i,  «.  Ce  que  cette  chaire, 
ce  que  ces  autels,  ce  que  l'Ëvangile  que  j'an- 
nonce et  l'exemple  du  grand  ministre  dont  je  cé- 
lèlire  les  vertus,  m'oblige  à  recommander  plus  que 
toutes  choses,  c'est  les  droits  sacrés  de  l'Église, 
BOSS.  Je  Tellier.  Madame,  j'ai  sur  lui  de  véritables 
droits.  Que  je  saurais  sauver  du  caprice  des  lois, 
RAC.  Phéd.  u,  2.  Rome  me  fit  jurer  de  maintenir 
ses  droits,  id.  Bérén.  iv,  5.  Leurs  usages,  leurs 
droits  ne  sont  point  mon  exemple,  volt.  Zaïre,  i, 

2.  Quel  droit  as-tu  reçu  d'enseigner,  de  prédire? 
—  Le  droit  qu'un  esprit  vaste  et  ferme  en  ses  desseins 
A  sur  l'esprit  grossier  des  vulgaires  humains,  id. 
Fanal,  u,  B.  Il  pense,  en  m'immolaut  à  ses  secrets 
desseins,  Appuyer  de  mes  droits  ses  droits  trop  in- 
certains, ID.  Sémiram.  u,  t.  Je  perds  le  plus  beau 
droit,  celui  de  faire  grâce,  id.  Guèb.  iv,  2.  ||  Droit  de 
copie,  droit  de  propriété  qu'un  liljiaire  acquiert  sur 
un  ouvrage  littéraire,  imprimé  ou  manuscrit.||  Avoir 
droit  de,  avoir  qualité  U"gale  ou  autre  pour  quelque 
chose.  Lui  seul  a  droit  d'entrer  dans  le  s,inctuaire 
véritable,  mass.  ilyst.  Pur.  di.'^p.  ||  Et  qu'elle  [Rome] 
seule  a  droit  sur  l'empire  du  monde,  mair.  Mort. 
d'Àsdr.  Il,  i.  Il  Aller  sur  les  droits  de  quelqu'un,  lui 
ôler  ce  qui  lui  appartient.  Ce  serait  aller  sur  les  droits 
de  ma  fille,  sÉv.  2.  ||  Dans  la  philosophie  morale,  droit 
se  dit  par  opposition  à  devoir.  ||  Terme  de  pratique. 
Une  fille  usante  et  jouissante  de  ses  droits,  une 
fille  majeure  qui  a  la  disposition  de  son  bien.  ||  Dé- 
claration des  droits  de  l'homme,  manifeste  publié  par 
la  Constituante  en  (789  et  exposaul  les  droits  que 


l'on  regardait  alors  comme  devant  appartenir  à  tous 
les  hommes,  à  tous  les  citoyens;  tout  exposé  sem- 
blable qui  précède  une  constitution.  ||  Droits  acquis, 
ceux  qui  viennent  du  fait  de  l'homme  ou  de  conven- 
tions, par  opposition  à  droits  naturels.  ||  Droits  na- 
turels, ceux  que  l'on  regarde  comme  appartenant 
à  tout  homme  en  sa  simple  qualité  d'être  humain. 
Il  Droit  de  cité,  la  bourgeoisie,  les  droits  qui  ap- 
partiennent à  un  citoyen,  à  un  bourgeois.  ||  Droit 
d'aînesse,  droit  qui  fait  passer  l'héritage  entre  les 
mains  de  l'aîné  d'une  famille.  ||  Fig.  L'invention  des 
arts  étant  un  droit  d'aînesse,  la  font.  Fobi.  m,  (. 
Il  Les  droits  féodaux,  les  droits  qui  appartenaient 
aux  seigneurs  sur  leurs  vassaux  et  leurs  serfs. 
Droit  de  glaive,  droit  de  connaître  des  crimes  qui 
méritent  la  peine  de  mort  ou  une  autre  peine  af- 
flictive.  Il  Droit  du  seigneur,  droit  par  lequel  un 
seigneur  avait  la  première  nuit  d'une  nouvelle 
mariée.  Et  tous  vos  tendrons  Subiront  l'honneur 
Du  droit  du  seigneur,  bérang.  Carab.  ||  Avoir 
droit  sur  la  vie  de  quelqu'un,  pouvoir  en  disposer. 
Et  jamais  on  n'a  droit  sur  ceux  [les  jours]  du  sou- 
verain, COHN.  Cinna,  v,  2 Quel  droit  aviez-vous 

sur  cette  illustre  vie?  id.  Pomp.  m,  2.  Il  a  sur  nous 
un  droit  et  de  mort  et  de  vie,  ID.  Uor.  v,  2.  Un  parti- 
culier n'a  pas  droit  sur  la  vie  d'un  autre,  pasc.  i^rot;. 
(4.  La  Grèce  a-t-elle  encor  quelque  droit  sur  sa  vie? 
bac.  Àndrom.  i,  2.  ||  Le  droit  du  plus  fort,  la  vio- 
lence. Il  usait  du  droit  de  la  force  avec  autant  d'as- 
surance, avec  aussi  peu  de  remords,  que  s'il  avait 
connu  le  droit  divin,  le  droit  politique  et  le  droit 
civil,  BAY.NAL,  Hist.  phil.  xiv,  37.  ||  Dans  le  même  sens. 
....  Rome  est  dessous  vous  par  le  droit  de  la  guerre, 
CORN.  Cinna,  u,  < .  Ces  monlagnes  de  morts.... Sont  les 
titres  affreux  dont  le  droit  de  l'épée,  JustifiantCésar, 
a  condamné  Pompée,  iD.Pomp.  1,1.  ||  Dequeldroit?... 
en  vertu  de  quel  droit,  c'est-à-dire  de  quelle  rai- 
son, de  quelle  autorité....  De  quel  droit  les  Français 
portant  partout  leurs  pas...?  volt,  Tancr.\,  i.  ||  Cor- 
neille a  dit  :  à  quel  droit?  X  quel  droit  voulez-vous 
vous  emparer  du  mien  [bien]?  Tbéod.  v,  B.  ||  Pren- 
dre droit  sur,  s'appuyer  sur,  s'autoriser  de.  Je  prends 
droit  là-dessus  contre  le  bramin  même,  la  font. 
Fabl.  IX,  7.  Ils  prendront  droit  de  me  persécuter, 
MOL.  2»  placet.  Je  prends  droit  sur  ce  qu'il  nous  a 
lui-même  avoué,  boss.  Déf.  comm.  ||  Fig.  En  par- 
lant des  choses.  De  qui  le  faux  brillant  prend  droit 
de  m'éblouir,  corn.  Hor.  m,  1. 1{  Être  en  droit  de, 
avoir  le  droit  de.  Vous  m'aurez  mise  en  droit  de 

disposer  de  moi,  tu.  corn.  Ariane,  iv,  4 Oui 

vous  pouvez  tout  dire.  Vous  en  êtes  en  droit.... 
MOL.  Mis.  v,  7.  Pour  être  en  droit  de  lui  dire  mes 
sentiments,  sév.  44.  L'honneur  qu'il  vous  a  fait 
vous  met  en  droit  de  le  remercier,  id.  49o.  Elle  n'é- 
tait plus  en  droit  d'en  faire  [des  reproches] ,  hamilt. 
Gramm.  <).  Le  père  est  en  droit  de  punir  ses  en- 
fants, fén.  Tél.  viii.  Où  chaque  famille  se  crut  en 
droildesefairejuslice,iD.  ib.xxiii.  ||  Ètreen  droit, au 
xvui*  siècle,  se  disait  des  choses,  et  Voltaire  blâme 
avec  raison  cette  locution.  Vous  lirez  dans  nos  livres 
nouveaux  de  philosophie  que  les  éclipses  sont  en 
droit  d'effrayer  le  peuple,  volt.  Dict.  phil.  Lan- 
gues. \\  i°  Ce  qui  donne  une  influence,  une  auto- 
rité morale,  etc.  Ne  pas  méconnaître  les  droits 
du  sang,  de  l'amitié.  Mais  vous  ne  savez  pas  ce 
que  c'est  qu'une  femme,  Vous  ignorez  quels  droits 
elle  a  sur  toute  l'âme,  corn.  Poly.  i,  t.  La  na- 
ture en  tout  temps  garde  ses  premiers  droits, 
ID.  Hor.  III,  4.  Je  défendrai  mes  droits  fondés 
sur  vos  serments,  bac  Iphig.  iv,  6.  Elle  était  en 
état  de  reprendre  ses  premiers  droits  sur  le  cœur  du 
roi, HAMILT.  Gramm.  u.  De  l'hymen,  de  l'amour  il 
faut  venger  lesdroits,  volt.  Mx.  m,  B.  Qui  connais- 
saient les  droits  de  l'hospitalité,  id.  Oreste,  iv,  B.  Il 
n'y  avait  plus  pour  les  vestales  qu'à  descendre  de 
ce  haut  point  de  considération,  par  ce  droit  éternel 
des  révolutions  qui  entraînent  les  empires  et  les  re- 
ligions mêmes,  Hist.  des  vestales,  dans  desfontai- 
NEs.  Je  fais  le  philosophe  ici;  mais  si  j'avais  affaire 
à  lui,  je  verrais  si  cet  homme  a  tort  de  s'habiller 
ainsi,  et  si  ces  habits  superbes  ne  reprendraient  pas 
sur  mon  imagination  les  droits  que  ma  morale  leur 
dispute,  MARIVAUX,  dans  desfontaines.  Cet  avan- 
tage n'a  point  de  droit  sur  mon  esprit,  lamotte, 
dans  desfontaines.  Je  me  fais  de  vos  éloges  un  droit 
sur  votre  loisir,  l'abbé  uouteville,  dans  desfon- 
taines. Il  Avoir  droit  de,  avoir  lieu,  sujet  de.  Le 
Capitole  a  droit  d'en  craindre  un  coup  de  maître, 
CORN.  JVicom.  m,  2.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses.  Sans 
doute  un  tel  service  aura  droit  de  me  plaire,  cobn. 
Sertor.  u,  4.  Sa  présence  toujours  a  droit  de  vous 
charmer,  :d.  Polyeucte,  v,  3.  Ce  traitement,  ma- 
dame, a  droit  de  vous  surprendre,  rac.  Alex,  v,  3, 


Il  5*  Ensemble  des  règles  qui  régissent  la  conduite 
de  l'homme  en  société,  les  rapports  sociaux.  |{  En- 
semble des  lois  et  des  coutumes  qui  régissent  chaque 
peuple.  Droit  français.  Droit  romain.  ||  Ensemble 
des  règles  propres  à  une  partie  de  la  législation. 
Droit  commercial.  Droit  maritime.  Droit  rural. 
Il  Droit  canonique  ou  droit  canon,  ensemble  des  lois 
de  l'Église.  Comme  j'avais  pris,  à  d^ux  fins,  mes 
premières  inscriptions  à  l'école  du  droit  canon... 
mabmont.  Uém.  ii,  p.  <72.  ||  Droit  naturel,  ensem- 
ble des  règles  communes  à  tous  les  hommes,  rè- 
gles qui  dérivent  de  la  nature  de  l'homme.  Le 
droit  naturel  se  lie  à  la  morale;  l'un  et  l'autre  ont 
le  même  fondement  et  à  peu  près  le  même  objet, 
BONNET.  Œuvres  mêlées,  t.  xviii,  p.  t'S,  dans 
POUGENS.  Il  Droit  naturel,  droit  idéal  vers  lequel 
doivent  tendre  les  législations.  ||  Droit  positif,  droit 
établi  par  le  pouvoir  social  chez  chaque  peuple. 
Il  Droit  des  gens,  droit  commun  à  tous  les  hommes 
et  admis  pour  tous.  ||  Droit  des  gens,  droitqni  règle 
les  rapports  des  différentes  nations,  ou  d'individus 
de  différentes  nations.  Le  droit  des  gens  est  natu- 
rellement fondé  sur  ce  principe  :  que  les  diverses 
nations  doivent  se  faire  dans  la  paixle  plus  de  bien, 
et  dans  la  guerre  le  moins  de  mal  qu'il  est  possible, 
sans  nuire  à  leurs  véritables  intérêts,  montesq. 
Espr.  I,  3.  Il  Droit  des  neutres,  règles  que  les  puis- 
sances belligérantes  doivent  observer  à  l'égard  de 
celles  qui  ne  prennent  pas  part  à  la  guerre,  surtout 
dans  ce  qui  a  rapport  au  commerce.  ||  Droit  civil, 
droit  qui  règle  les  intérêts  privés.  Il  se  prend  par 
opposition  à  droit  canonique,  droit  public,  droit 
criminel,  droit  commerciaL  ||  Droit  public,  droit  qui 
règle  l'organisation  de  l'Éiat,  les  rapports  de  l'État 
et  des  citoyens,  les  rapports  des  nations  entre  elles. 
Il  Droit  constitutionnel  ou  politique,  droit  qui  con- 
cerne la  forme  du  gouvernement  et  les  pouvoirs 
publics.  Il  Droit  administratif,  droit  qui  règle  l'ap- 
plication du  droit  public.  ||  Droit  divin,  droit  consi- 
déré comme  établi  par  Dieu.  ||  Droit  divin,  droit  par 
lequel  les  princes  tiennent  leur  autorité  de  Dieu  et 
non  de  la  volonté  des  peuples  qu'ils  gouvernent.  Mo- 
narchie de  droit  divin.  ||  Droit  humain,  droit  fondé 
uniquement  sur  la  nature  des  hommes  et  sur  leurs 
conventions,  sans  intervention  divine  ou  religiouse. 
Ses  titres  n'étant  pas  de  droit  humain,  il  prétend 
qu'ils  sont  de  droit  divin;  mais  nous  sommes  assu- 
résqu'ils  sont  de  droit  diabolique,  volt.  Lelt.  Mille, 
13  sept.  1771.  Il  Droit  social,  droit  positif  et  conven- 
tionnel de  l'homme  en  société,  par  opposition  au 
droit  naturel.  {|  Droit  international,  ensemble  des 
lois  qui  régissent  les  nations  entre  elles.  |(  Droit  di- 
plomatique, ensemble  de  tous  les  rapports  qui  peu- 
vent s'établir  entre  les  diverses  nations  par  suite  Je 
contrats  formels;  réunion  de  toutes  les  stipulations 
faites  de  peuple  à  peuple.  {|  Droit  politique,  syno- 
nyme de  droit  public.  Il  Droit  privé,  synonyme  de 
droit  civil.  ||  Droit  domestique  ou  de  famille,  partie 
du  droit  civil  réglant  tout  ce  qui  se  rapporte  aux  in- 
térêts des  époux,  des  enfants,  en  un  mot  de  la  fa- 
mille. ||  Droit  criminel,  ensemble  des  lois  qui  défi- 
nissent les  infractions  contre  la  paix  et  la  sécurité 
du  pays  et  des  habitants,  en  règlent  la  poursuite  et 
en  fixent  les  peines.  ||  Droit  commercial,  ensemble 
des  coutumes  et  des  lois  écrites  destinées  à  régler 
les  relations  des  négociants  entre  eux  pour  les  opé- 
rations de  leur  commerce.  Il  Droit  maritime,  en- 
semble des  lois,  règlements  et  usages,  suivis  pour 
la  navigation,  le  commerce  par  mer,  et  dans  les 
rapports  soit  de  paix,  soit  d'hostilité  des  puissances 
navales  entre  elles.  ||  Droit  judiciaire,  collection  des 
lois  concernant  l'organisation  de  la  justice  et  Jes 
formes  de  la  procédure.  ||  Droit  militaire,  ensemble 
des  règles  qui  établissent  les  devoirs  de  l'homme  de 
guerre  et  punissent  toutes  les  infractions  à  ces  de- 
voirs. ||  Droit  religieux,  partie  de  la  législation  qui 
règle  la  célébration  extérieure  du  culte.  ||  Droit  ro- 
main, règles  prescrites  dans  la  république  romaine 
et  dans  l'empire  romain  par  les  lois  proprement 
dites,  par  les  plébiscites,  les  sénatus-consultes,  les 
constitutions  des  princes,  les  édits  des  magistrats, 
etc.  Il  Droit  français,  ensemble  des  lois ,  des  coutu- 
mes et  des  institutions  qui  ont  été  ou  qui  sont  en- 
core en  vigueur  en  France.  ||  Droit  écrit,  droit  ré- 
digé et  promulgué  par  le  législateur.  Droit  non 
écrit,  droit  établi  par  l'usage  et  la  coutume.  ||  Droit 
écrit,  nom  donné  au  droit  romain,  qui  s'observait 
dans  plusieurs  provinces  de  France.  Le  Dauphiné, 
la  Provence,  le  Languedoc,  la  Guyenne,  le  Lyon- 
nais étaient  des  pays  de  droit  écrit.  ||  Droit  coutu- 
mier,  droit  fondé  sur  la  coutume.  Un  avocat  devait 
savoir  le  droit  coutumier.  ||  Droit  féodal,  partie  de 
la  science  du  droit  qui  avait  pour  objet  de   régler 


1246 


DRO 


les  rapports  des  seigneurs  féodaux,  soit  avec  le  su- 
zerain, soit  entre  eux,  soit  avec  leurs  vassaux. 
Il  Droit  ancien,  droit  antérieur  à  I780.  Droit  nou- 
TCâu,  droit  postérieurà  (789.  ||  Droit  intermédiaire, 
lois  rendues  depuis  <789  jusqu'au  code  civil.  ||  Droit 
commun,  celui  qu'on  observe  généralement,  ainsi 
dit  par  opposition  aux  dispositions  qui  l'abrogent  en 
certains  cas,  et  que  par  ces  motifs  on  nomme  ex- 
ceptionnelles. Il  Droit  de  la  guerre,  certaines  régies 
qu'on  doit  observer  en  faisant  la  guerre.  ||  On  dit 
que  telle  disposition  ou  partie  de  la  législation  est 
de  droit  étroit,  c'est-à-dire  qu'il  faut  rigoureuse- 
ment en  appliquer  les  termes  et  le  texte,  parce 
qu'elle  s'éloigne  des  principes  généraux  et  du  droit 
commun.  Les  nullités  et  les  incapacités  sont  de  droit 
étroit.  Il  6*  Connaissance,  science  des  lois.  Étudier  le 
droit.  École  de  droit.  Professeur  en  droit.  Les  étu- 
diants, les  élèves  en  droit.  Ëtudieren  droit,  faire  son 
droit,  fréquenter  les  écoles  où  Ion  enseigne  le  droit. 
Un  homme  admirable  pour  enseigner  le  droit,  SÊV. 
438.  Il  Connaissance  de  ce  qui  est  juste  et  équitable. 
Il  7°  Impôt,  taxe.  Droits  d'octroi,  dédouane,  d'en- 
registrement. Un  fou  de  cour  prenait  un  droit  sur 
les  filous  et  sur  les  filles  publiques,  volt.  Ucsuts, 
82.  Il  Demi-droit,  amende  fixée  à  la  moitié  du  droit, 
et  de  laquelle  sont  passibles  ceux  qui  n'ont  point 
fait,  dans  le  délai  voulu,  la  déclaration  desbiensà 
eux  transmis,  ou  qui  n'ont  pas  payé  dans  le  dé- 
lai voulu  les  droits  auxquels  cette  transmission 
est  soumise.  ||  Droit  d'ancrage,  somme  payée  par 
un  navire  qui  jette  l'ancre  dans  un  port  ou  sur  une 
rade.  Sa  Majesté  a  vu  ce  qu'il  écrit  concernant  le  droit 
d'ancrage;  et,  comme  il  n'y  a  rien  de  plus  légitime 
que  le  droitde  M.  l'amiral,  c'est  audit  sieur  Demuyn 
à  examiner  si,  du  temps  de  M.  le  duc  de  Vendôme 
et  de  M.  le  duc  de  Beaufort,  le  droit  d'ancrage  ne 
se  payait  pas  pour  les  bâtiments  qui  étaient  char- 
gés de  marchandises  pour  les  arsenaux.  Lettre  du 
i  juin  («79,  dans  JAL.  ||  Droits  réunis,  sous  le  pre- 
mier empire,  les  impôts  qui  portent  maintenant  le 
nom  de  contributions  indirectes.  L'administration 
des  droits  réunis.  ||  Fig.  Sur  tous  ses  compagnons 
Atropos  et  Neptune  Recueillirei.t  leur  droit....  la 
FONT.  Fabl.  vu,  a.  Il  8°  Salaire  donné  à  quel- 
qu'un par  la  taxe,  par  un  règlement.  Droit  de  si- 
gnature. Droit  de  présence.  ||  Droit  d'avis,  ce  que 
l'on  donne  à  une  personne  pour  des  instructions 
utiles  qu'elle  a  fournies.  Celte  locution  a  vieilli. 
Il  Terme  de  chasse.  Droit  des  chiens,  nom  de  quel- 
ques morceaux  qu'on  leur  donne  en  curée,  tels 
que  la  cervelle  et  le  col.  Menus  droits,  les  parties 
intérieures  de  l'animal,  qu'on  attache  à  la  fourche 
pour  le  dernier  salaire  des  chiens.  ||  9°  X  droit  ou  à 
tort,  loc.  adv.  Justement  ou  injustement.  ||  X  tort 
et  à  droit,  sans  examiner  si  la  chose  est  juste  ou  in- 
juste. Il  veut  ce  qu'il  veut,  à  tort  et  à  droit.  ||  Pro- 
verbes. Où  il  n'y  a  pas  de  quoi ,  le  roi  perd  son  droit, 
signifie  qu'il  est  inutile  de  rien  réclamer  aux  insol- 
vables. Il  Bon  droit  a  besoin  d'aide,  veut  dire  qu'il 
ne  faut  pas  négliger  la  sollicitation  dans  les  meil- 
leurs procls.  Il  Abondance  ou  surabondance  de 
droit  ne  nuit  pas.  ||  C'est  le  droit  du  jeu,  signifie 
que  la  coutume  est  d'agir  ainsi. 

—  REM.  Dans  la  locution  avoirdroit,  le  mot  droit, 
étant  sans  article,  ne  peut,  à  la  rigueur,  être  re- 
présenté par  le  pronom  le.  Cependant  on  ne  con- 
damnera pas  des  phrases  aussi  claires  que  celle-ci  : 
Chacun  croit  toujours  avoir  droit,  lors  même  qu'il 
ne  l'a  pas,  bouroal.  4a*  dtm.  après  laPentec.  Do- 
mint'c.  t.  m,  p.  340. 

—  lilST.  IX*  s.  Si  cum  om  per  droit  son  fradra 
[frère]  salvar  dist  [doit]. ...Serment. 

—  XI*  s.  Conseil  d'orguel  n'est  dreiz  que  à  plus 
mont  [monte],  Ch.  de  Roi.  xv.  Paien  ont  tort,  et 
chrestien  ont  dreit,  ib.  Lxxvii.  Tu  me  snisis  ne  à 
dreitne  à  tort,  ib.  clxvii.  Conseillez-mei  à  dreit  et 
à  honur,  t6.  CLXxiv.  De  Guenelon  car  me  jugez  le 
dreit,  ib.  ccLXxiii.  [11]  Fait  cens  garder  très  que 
dreiz  en  sera,  ib.  cclxxx.  Deus  face  bui  entre  nous 
deus  le  dreit,  ib.  cclxxxv. 

—  XII*  s.  Son  bon  droit,  flonc.  p.  ti.  Bers  [vail- 
lant] est  li  rois,  drois  est  que  l'on  le  sache,  ib. 
p.  t6«.  Ancui  verrons  nostre  grant  droit  monstre 
[prouvé],  ib.  p.  tss.  Bien  [je]  sai  qu'en  vous  amer 
n'ai  droit,  S'amor  nem'i  eUstdoné,  Coud,  ut.  Dont 
[donc]  doi-je  bien  par  droit  estre  joieus,  ib.  vu.  Je 
ne  tieng  pasl'amor  à  droit  partie,  Dont  il  convient 
mourir  ou  trop  amer  [aimer],  ib.  xxi.  |Ce  roi)  Qui 
servise  et  chevage  nous  requiert  tantes  fois;  De  che- 
vage  est  pechiés;  mais  du  servir  est  drois,  Sax. 
xviii Ne  t'csmaier  mie,  empereres  courtois,  Tou- 
jours te  conduira  U  créance  et  tes  drois  [ton  droit],  ii>. 

—  XIII*  s.  Nostre  droit  ne  seroit  mie  conté  par 


DRO 

tout  [nos  raisons  ne  seraient  pas  expliquées  partout], 
villeh.  xxxviii.  Ne  doit  mourir  qui,  de  tout  pris, 
se  rent  :  Non  voir  [vraiment]  par  droit....  f.ustache 
LE  PEINTRE,  dans  Coud.  Doiens  en  fu  rois  Flores, 
ce  fu  raison  et  drois,  Berte,  lxi.  Bons  rois,  faites 
qu'il  soient  tost  à  leur  droit  offert  [qu'ils  aient  ce 
qu'ils  méritent],  ib.  xciii.  Me  sire  li  rois  vous  se- 
mont  et  ajorne  à  Paris,  sa  cité,  d'ui  en  quarante 
jours,  pour  faire  droit  par  vos  pers  de  çou  [ce]  qu'il 
vous  demandera  corne  son  home  lige,  Chron.  de 
Rains,  t32.  Quant  li  derreniers  jors  vendra,  Que 
mors  son  droit  des  cors  prendra,  Car  icel  jor,  bien 
le  recors,  Ne  nous  toldra  [ôtera]  fors  que  le  cors,  la 
Rose,  8)70.  Chascuns  qui  de  droit  escript  use,  ib. 
8226.  Et  que  ses  homes  et  sonpueple  et  totes  ma- 
nières de  gens  alant  et  venant....  fussent  menés  et 
justiziés  à  dreit  et  à  rai.son,  Ass.  de  J.  i,  22.  La 
resonporquoi  sainte  Eglise  ne  doit  pas  garantir  les 
robeors  de  cemins,  si  est  tele  que  tuit  crestien,  de 
droit  commun ,  doivent  sauf  aler  et  sauf  venir  par 
les  cemins,  beaom.  xi,  20.  Selon  le  droit  naturel, 
cascuns  est  frans,  id.xlx,  4  9.  Nus  drois  ne  doit  estre 
vendus,  m.  xxxiv,  33.  Nous  Looys,  par  li  grâce  de 
Dieu,  roy  de  France,  establissons  que  touz  nos  bail- 
lifs....  facent  serement  que....  il  feront  droit  à  chas- 
cun  sans  excepcion  de  persones,  joinv.  294.  Et  je  li 
diz  :  Sire ,  il  seroit  à  bon  droit  que  il  vous  en  avenist 
aussi  comme  il  fist  à  Madame  de  Bourbon,  ID.  287. 

—  XIV*  s.  Et  juste  le^'al  ou  droit  positif  est  ce  en 
quoy  il  ne  avoit  pas  différence  ou  comancement, 
OBESME,  Eth.  456.  En  ceste  vie  humaine,  ceulx  qui 
font  operacions  de  bonnes  choses  et  de  très  bonnes 
oeuvres,  il  sont,  à  droit  dire,  nobles,  excellens  et 
beneurés,  id.  ib.  4  9.  Et  à  ce  sont  pluseurs  drois  ca- 
nons et  civils,  ID.  ib.  462.  Superhabundance  est  vi- 
cieuse, et  deffaute  est  vitupérée  et  blasmée,  et  le 
moien  est  loé  et  à  droit  mis,  iD.  ib.  44.  Ce  appar- 
tient plus  à  la  science  de  droit,  id.  ib.  61.  Mais  on 
dit,  il  est  vrai,  et  li  sages  l'afie,  Que  li  dioiz  à  la 
fois  [parfois]  a  bien  mestier  d'aye  [besoin  d'aide] , 
Guescl.  5462. 

—  XV*  s.  Le  héraut  a  droit;  j'ai  eu  tort  de  lui  blas- 
mer,  froiss.  ii,  ii,  242.  Or  me  laissez,  dit  GalanJ, 
faire  avant  le  droit  de  l'espée;  car  nul  ne  la  doit 
avoir  qui  n'en  puisse  le  poing  [la  poignée]  empoi- 
gner, et  lors  pourrez  vous  bien  veoir  se  elle  sera 
mienne,  Lancelot  du  lac,  f°  407,dans  lacchne.  Et 
le  roy,  regardant  le  faict,  en  vouloit  faire  justice, 
comme  appartient  de  droict  à  un  chasoun  faire,  al. 

chabt.  Cliarles  Yll La  beaulté  De  celle  que 

l'on  doit  nommer  Par  droit  la  plus  belle  de  France, 
CH.  d'obl.  Bal.  35.  Si  le  contraignit  nature,  qu'elle 
eut  ses  droits  de  repos,  et  de  fait,  bien  fermement 
s'endormit,  louis  xi.  Août),  xi. 

—  XVI*  s.  Morgant,  pour  son  profîciai  ^t  menuz 
droictz,  lui  donna  neuf  niuiz  de  bière,  rab.  Pant. 
Il,  30.  Faire  droict  à  un  chascun,  id.  ib.  m,  4.  Bon 
droict  ha  mestier  d'aide,  id.  ib.  X  tort  ou  à  droict, 
MONT.  I,  22.  Par  ce  moyen  ils  aiguisoient  ensemble 
leur  entendement ,  et  apprenoient  le  droict  [le  juste] , 
ID.  I,  4  5).  Le  membre  moins  malade  s'appelle  sain, 
et  à  bon  droict,  id.  iv,  4  34.  Je  suis  ici  pour  te  faire 
droit,  et  non  pas  à  moy,  amyot,  Arist.  9.  Quand  le 
prince  est  absent,  tousjours  le  droict  a  tort,  bons. 
880.  X  bon  droit  aider  on  doit,  leboux  de  linct, 
Prov.  t.  Il,  p.  226.  Force  passe  droit,  id.  ib.  p.  3oo. 
Force  n'est  pas  droit,  ID.  ib.  Droict  escript  est  ce  qui 
est  baillé  par  escript,  comme  les  loix  et  les  statuts 
ou  estahlissemens  qui  sont  baillés  au  peuple,  et  sont 
les  loix  appellées  droict  civil,  et  les  decretales  droict 
canon.  Droict  non  escript  est  ce  que  long  usage  a 
conformé,  ou  les  longues  coustumesqui  sont  confer- 
mées  par  l'assentement  de  ceux  qui  en  usent,  et 
sont  tenues  comme  droict,  Gr.  coul.  de Fr.  p.  403, 
dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Droit  4;  provenç.  dreit,  dreich,  dret; 
catal.  dret;  espagn.  direcho;  portug.  dereito,  di- 
reito;  ital.  dritto,  diritlo. 

DROITEMENT  (droi-te-inan),  adv.  D'une  manière 
droite,  équitable,  avec  droiture.  Agir,  penser,  ju- 
ger droitement.  L'homme  juge  droitemeut,  lorsque, 
sentant  ses  jugements  variables  de  leur  nature,  il 
leur  donne  pour  règle  les  vérités  éternelles,  boss. 
Connaiss.  iv,  6.  Ceux  qui  mettent  la  vertu  trop 
haut....  ne  doivent  pas  se  vanter  d'aller  droitement, 
sous  prétexte  qu'ils  semblent  chercher  une  régula- 
rité plus  scrupuleuse,  ID.  Cornet. 

—  KEM.  Bouhours  {Nouv.  Remarques),  répondant 
à  ceux  qui  condamnaient  cet  adverbe,  dit:  «  Il  est 
employé  par  des  personnes  d'une  grande  politesse; 
il  faudrait  être  bien  hardi  pour  le  condamner.  » 

—  HlST.  xii's.  La  loi  Jesu  as  tenu  droitement, 
Ronc.  p.  402.  Il  XIII*  s.  Après  chevaucha  droileMient 


DRO 

à  une  autre  cité  qui  avoit  non  Arredoie,  viileh. 
cLii.  Il  xv*  s.  Si  fut  cette  chose  si  approchée,  que, 
ilruitement,  la  nuit  de  l'an,  la  chose  fut  arresté* 
d'estre  faite,  fkoiss.  i,  i,  326.  ||  xvi*  s.  Ce  qu'on 
sçait  droictemeiit  [bien],  on  en  dispose  sans  regar- 
der au  patron,  sans  tourner  les  yeuli  vers  son  livre, 
mo.nt.  I,  463.  Usant  de  son  éloquence  droittemenl 
et  librement  pour  la  defen.se  de  la  justice,  id.  Publ. 
).  U  coula  un  bandeau,  qui  tomba  droittement  sur 
la  teste  de  Timoleon,  id.  Timol.  lo. 

—  ÉTYM.  Droite,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
dreilamen,  drechamen;  catal.  drelament;  espagn. 
dereclamente ;  portug.  direitamente ;  ital.  drilla- 
meiite,  diriltamenle. 

DROITIEK,  ÈRE  (droi-tié,  tiê-r'),  adj.  Qui  seseit 
mieux  de  la  main  droite  que  de  la  main  gauche.  Il 
est  droitier  et  non  gaucher.  ||  Subst.  Lts  droitiers. 

—  HlST.  XVI*  s.   Droictier  [adroit],  ouDiw,  Dict. 

—  ÉTYM.  Droit  i. 

DROITURE  (droi-tu-r'),  *.  f.  ||  1*  Direction  qui  ne 
s'écarte  ni  à  droite  ni  à  gauche.  La  droiture  du  che- 
min. Il  Vieilli  en  ce  sens.  ||  En  droiture,  loc.  adv. 
Directement,  en  droite  ligne.  Combien  voulez-vous 
pour  me  mener  en  droiture  à  Venise?  volt.  Cand. 
4  9.  Je  prends  le  parti  de  t'envoyer  cette  lettre  en 
droiture  à  Genève,  t.  j.  bouss.  Ilél.  v,  )3.  ||  Fig. 
Tout  est  bon  et  va  en  droiture,  boss.  Lett.  quiit.  296. 
Les  espérances  de  négocier  en  droiture  avec  les 
Persans  s'évanouirent,  volt.  Russie,  u,  42.  ||  La  lo- 
cution en  droitureest  en  usage,  bien  que  droiture  au 
sens  propre  ait  vieilli.  ||  Terme  de  graveur.  Taille 
roide,  longue  et  mal  contournée.  ||  2*  État  d'un  es- 
prit droit  et  judicieux.  Force  et  droiture  d'esprit.  U 
sentit  par  la  droiture  de  son  esprit  que  cet  art  de 
prédire  [astrologie]  ne  pouvait  être  que  chimérique, 
et  il  craignit  par  délicatesse  de  religion  que  les  suc- 
cès ne  fussent  la  punition  de  ceux  qui  réussissaient, 
FONTEN.  Cassini.  ||  3°  État  d'une  âme  droite  et  loyale. 
Agir  avec  droiture.  La  droiture  du  cœur.  Ocher  un 
grand  fonds  de  perfidie  sous  des  apparences  de  droi- 
ture, BOUHOUBS,  d'^ubusïon,  bv.  u,  dans  biche- 
let.  Il  faut  faire  une  déduction  équivalente  à  tout 
cela  comme  d'un  temps  perdu;  en  quoi  il  faut  u.ser 
d'une  grande  droiture,  vaub.  Dîme,  p.  «2.  Une 
■Ime  sans  droiture,  sans  vérité,  mass.  Av.  Jugement. 
M.  le  duo  de  Berry  avait  de  la  droiture;  il  ne  se 
doutait  seulement  pas  ni  de  fausseté  ni  d'artifice, 
ST-siM.  294,  23.  ô  mes  hérosi  cœurs  faits  pour  la 
droiture.  Faits  pour  l'amour,  la  sagesse  et  la  paix  I 
HALFiL.  Narcisse,  ch.  l.  Un  mortel  généreux  con- 
naît mal  l'imposture;  Aisément  dans  un  autre  il 
croit  voir  sa  droiture,  nucis,  Macbeth,  i,  4, 

HlST.  xii*  s.  Vainque  pitié,  douce  dame,  et 

droiture,  Couct,  xi.  LasI  chascun  chante,  etjeplor 
et  souspir.  Et  si  n'est  pas  droiture  ne  raisons,  ib, 
xiii.  Amors,  amors,  je  muir  [meurs]  et  sans  droi- 
ture [justice),  t6.  p.  4  26.  De  sainte  iglise  en  puet  la 
droiture  (les  droits]  périr,  El  as  clers  et  as  lais  puet 
à  perle  venir.  Th.  le  mart.  uo.  ||  xiii*  s.  Si  vous 
prie,  biaus  niés  [beau  neveu],  que  vous  m'aidié» 
ma  droiture  à  garder,  Chron.  de  Rains,  47).  Et 
puis  apriès  la  daumiiiue  [dalmalique]  en  quoi  on  lit 
l'Evangile,  qui  doiliestre  blance  et  senefie  droiture, 
ib.  p.  4  04.   Kenart  s'en  va  grant  aleiire;  Li  lévrier 

viegnent  à  droiture,  Ren.  suts [IIJ  mis  aroil  à 

sa  droiture  Le  grant  orguel  qui  le  fait  révéler  [re- 
beller, révolter].  Et  en  verroit  [viendrait]  plustost 
à  repentance.  Poésies  mss.  t.  iti,  p.  4  2b7,  dans  la- 
CURNE.  D'amors  est  itel  la  droiture.  Et  fu,  et  tosjors 
sera;  Cuer  qui  en  li  maint  [demeure]  et  dure.  S'il 
est  bon,  mels  [mieux]  en  vaudra,  ib.  t.  ii,  p.  579. 
Son  n'en  rent  au  sengneur  aucune  de  ses  droitures, 
ch'est  à  savoir  chens  [cens],  rentes  ou  redevances, 
BF.At;M.  xxiv,  8.  Car  quant  dant  Denier  [l'argent] 
vient  en  place.  Droiture  faut,  droiture  efface,  Bu- 
teb.  2'22.  Li  commandementde  droit  sont  cist:  Vivre 
honestement,  garder  soi  de  grever  autrui,  rendre  à 
chascun  sa  droiture,  le  Conseil  de  pierre  de  font. 
477.  Il  XV*  s.  Il  faisoit  lever  les  rentes,  les  tonlieui 
[impôts],  les  vinages,  les  droitures  et  toutes  les  reve- 
nuesque....  fhoiss.  i,  i,  65.  AJonc  firent  au  corps 
toutes  ses  droictures  honnorahlement  comme  il 
apparlenoit  à  ung  roy,  et  l'enterrèrent  leans,  Lan- 
celot du  lac,  t.  ut,  1*  1)3.  Il  XVI*  s.  Ce  me  semble 
contre  droicture  [équité],  l.  marot,  v,  300.  Pour 
reparer  l'offense  très  amere,  Qu'Eve  commist  contra 
toute  droicture....  id.  v,  334.  Par  le  feu  et  violente 
des  coings  nous  ramenons  un  bois  tortu  à  sa  droic- 
tre,  mont,  iv,  204. 

—  ÉTYM.  Droit  4;  provenç.  dreiluro,  dretura , 
drechura;  espagn.  derechura;  portug.  diretiuru  , 
ital.  dri'tdira,  di'rtdura. 

t  DROITURIER,  lËRE  ( droi-tu-r^i ,  riè-r*),  aJ 


DRO 


DRO 


DRO 


1247 


Oui  ïime  la  droiture.  Surnom  de  quelques  princes; 
autrement  il  est  vieux.  ||  S.  m.  Terme  de  féodalité. 
Seigneur  qui  avait  des  vassaux  relevant  de  lui  et 
payant  pour  leurs  fiefs  les  droits  dits  droiture  ou 
droitures. 

—  HIST.  XII' s.  Loiaus  amors,  et  fine  et  droitu- 
riere,  Couci,  ïviii.  Deus  [D;en]  est  si  droituriers,  ne 
poet  faireforsdroit,  Th.  le  mari.  <20.  ||  xni*  s.  Nostre 
Dame  [elle]  en  gracie,  la  dame  droituriere,  ISerte, 
XII.  Cil  qui  veut  estre  loiax  baillis  et  droituriers  doit 
avoir  en  li  dix  vertus....  BEAUM.  17.  ||  xiv  s.  Ce  n'est 
pas  chose  droitluriere  ne  raisonnable  en  nulle  ma- 
nière de  ensuir  les  fortunes  en  jugeant  de  la  félicité 
ou  de  la  misère  d'un  homme,  oresme,  Eth.  23. ||  xvi*  s. 
Aucuns  blasment  les  ordonnances  de  Lycurgus,  di- 
sant qu'elles  sont  bien  ordonnées  pour  rendre  les 
hommes  buUiqueui  et  vaillans,  non  pas  justes  ni 
droitiuriers,  amyot,  Lyc.  68.  Suyvre  la  voye  battue 
et  droicturiere,  mont,  ii,  224. 

—  ÊTYM.  Droiture;  provenç.  dreiturier,  àrechu- 
rier;  anc.  catal.  dreturer;  espagn.  derechurero ;  ital. 
diritturiere. 

t  DROLATIOtTE  (drô-la-ti-k'),  ad).  Qui  a  de  la 
drôlerie,  qui  fait  rire.  Des  conversations  drolatiques. 
Les  cent  contes  drolatiques,  ouvrage  d'Honoré,  de 
Balzac,  dans  lequel  il  a  essayé  d'imiter  le  style  et 
même  l'orthographe  de  nos  vieux  auteurs  de  contes 
du  XVI'  siècle,  comme  l'indique  le  titre  même  du 
livre  :  Les  cent  contes  drolatiques ,  coUiget  es  ab- 
baïes  de  Touraine,  et  mis  en  lumière  par  le  sieur  de 
Balzac,  pour  l'esbattement  des  pantagruelistes  et 
non  aullres. 

—  REM.  On  a  pris  l'habitude  d'écrire  ce  mot 
sans  accent  circonilexe,  bien  que  drôle  en  ait  un. 

—  HIST.  XVI' s.  Drolaticque,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Drôle. 

t  DnOLATIQUEMENT  (  drô-la-ti-ke-man  ) ,  adv. 
D'une  façon  drolatique. 

—  ÉTYM.  Drolatique,  et  le  suffixe  ment. 
DROlE  (drô-l'),  s.  m.  Il  1°  Se  dit  d'un  homme  ou 

d'un  enfant  qui,  ayant  quelque  chose  de  décidé,  de 
déluré,  ne  laisse  pas  d'exciter  quelque  inquiétude, 
et  sur  lequel  d'ailleurs  on  s'attribue  quelque  supé- 
riorité. Je  veux  savoir  absolument  quel  est  ce  drôle 
avec  qui  elle  a  des  intelligences  ,  hauteroche  ,  le 
Cocher,  se.  3.  Le  drôle  a  si  bien  fait  par  son  hu- 
meur plaisante  Qu'il  possède  aujourd'hui  cinq  mille 
écus  de  rente,  scabron.  Don  Japhet,  i,  i.  Les 
comédiens  étaient  de  grands  drôles  bien  faits,  ha- 
MiLT.  Gramm.  to.  [Longepierre]  C'était  un  drôle, 
intrigant,  de  beaucoup  d'esprit,  doux,  insinuant, 
ST-siM.  100,  61.  Monsieur  Judas  est  un'drôle  Qui 
soutient  avec  chaleur  Qu'il  n'a  joué  qu'un  seul  rôle, 
BÉRANG.  Judas.  Il  On  le  dit  aussi  des  animaux  dans 
les  fables.  Ce  brouet  fut  par  lui  servi  sur  une  assiette; 
La  cigogne  au  long  bec  n'en  putattraper  miette.  Et  le 
drôle  eutlapéle  tout  en  un  moment, la  font.  Fabl.i, 
<8.Le  loup....  Revient  voir  si  son  chien  n'est  pas  meil- 
leur à  prendre;  Mais  le  drôle  était  au  logis,  id.  ib. 
IX,  10.  Il  Faire  de  son  drôle,  mener  une  vie  de 
galanterie.  J'ai  fait  de  mon  drôle  comme  un  au- 
tre, MOL.  la  l'rinc.  ii,  2.  J'ai  ouï  dire  que  vous  fai- 
siez de  votre  drôle  avec  les  plus  galantes,  id.  Fourb. 

1,  6.  Il  Ce  mot,  comme  le  mot  de  coquin,  s'emploie 
très-bien  pour  exprimer  le  mécontentement  actuel, 
sans  exclure  les  sentiments  affectueux  Comman- 
dant, s'écria-t-il  après  l'avoir  lue  [la  lettre  de  son 
neveu],  y  a-t-il  dans  votre  escadron  de  chasseurs 
d'Afrique  une  place  pour  un  drôle  que  je  renie  et  que 
je  déshériterai  ?  CH.  de  Bernard,  la  Femme  de  40  ans, 
S  vu.  Il  En  un  sens  tout  à  fait  injurieux,  un  mauvais 
drôle,  ou,  simplement,  un  drôie,  une  personne  mé- 
prisable. C'est  un  drôle.  Je  ne  suis  point  un  drôle, 
et  je  suis  honnête  homme,  collin  d'harlev.  M.  de 
Crac,  se.  (7.  ||  2°  Adj.  Qui  a  quelque  chose  de  sin- 
gulier et  de  plai-sant.  Cet  homme-li  est  bien  drôle. 
Voilà  qui  est  drôle.  Un  conte  fort  drôle.  Ah  !  ah  I  ahl 
mafoi,  cela  est  tout  à  fait  drôle,  aoL.Uourg.  gent.  iv, 
7.  Vous  êtes  tout  à  fait  drôle  comme  cela,  id.  ib.  m, 

2.  Cela  est  plaisant,  oui,  ce  mot  de  mariage;  iln'est 
rien  da  plus  drôle  pour  les  jeunes  filles,  id.  liai, 
imag.i,  6.  Je  ne  saurais  vous  voir  et  m'empêcherde 
rire;  Je  n'ai  vu  de  ma  vie  un  plus  drôle  de  corps, 

BoURSAïax,  Ésope,  ii,  6 Depuis  plus  d'un  jour  Je 

l'éludie  et  je  l'examine;  C'est  bien  la  plus  drôle  de 
mine!  eavart,  Soliman,  ii,i,  1. 1|  Drôle,  en  ce  sens, 
se  prend  substantivement,  et  se  construit  avec  la 
préposition  de  et  un  substantif  (voy.  pour  cette  con- 
st-uction  la  préposition  de  au  n"  3 ,  et  diable  au 
n°  12).  C'était  la  régence  alors;  Et  sans  hyperbole, 
G^âce  aux  plus  drôles  de  corps,  La  France  était  folle, 
BÉRANG.  Gaudr.  \\  En  cet  emploi,  il  se  dit  aussi  au 
féminin  (drôle,  et  non  drôlesse).  Une  drôle  d'idée.  | 


One  drôle  de  femme.  J'ai  une  drôle  d'idée  dans  la 
tête,  c'est  qu'il  n'y  a  que  des  gens  qui  ont  fait  des 
trasédies,  qui  puissent  jeter  quelque  intérêt  dans 
notre  histoire  s^che  et  barbare,  volt.  Lett.  d'Àrgen- 
son,  2»  janv.  <74o.  Il  est  comique  que  le  bien  d'un 
Parisien  soit  en  Souabe;  mais  la  chose  est  ainsi;  la 
destinée  est  une  drôle  de  chose,  id.  Lett.  Urne  de 
Fhrian,  tt  avril  )7G7.  Imaginez  toutes  les  contra- 
dictions, toutes  les  incompatibilités  possibles,  vous 
les  verrez  dans  le  gouvernement,  dans  les  tribu- 
naux, dans  les  spectacles  de  cette  drôle  de  nation, 
m.  Candide,  22.  Pendant  que  je  vous  fais  ces  lignes 
trêiî-sensées,  voici  une  drôle  d'aventure,  p.  L.  cour. 
Lett.  I,  <68. 

— REM.  Les  dérivés  drolatique,  drôlement,  drô- 
lerie se  rapportent  au  sens  de  drôle  adjectif,  et  non 
de  drôle  substantif. 

—  niST.  XV'  s.  Tous  les  droUes  mes  compaignons. 
Quand  d'eux  me  viendra  souvenir.  Auront  part  en 
mes  oraisons,  basselin,  lui.  La  goutte  un  droite 
n'affronte,  Qui  boit  sans  songer  au  compte;  Avares 
en  sont  .saisis.  Qui  ont  les  escus  moisis,  id.  xxxii. 
Il  xvi'  s.  Draule,  des  accords  ,  Bigarr.  f°  «36,  dans 

LACURNE. 

—  ETYM.  Génev.  drôle,  garçon,  sans  signification 
mauvaise.  On  a  indiqué  le  Scandinave  troll,  mau- 
vais génie,  mais  le  sens  et  l'orthographe  font 
difficulté.  Diez  y  voit,  avec  raison,  le  même  mot 
que  l'allera.  drollig,  plaisant;  angl.  droU;  à  quoi 
on  peut  comparer  le  Hamand  drol,  l'anc.  scandin. 
drioli,  le  gaélique  droll,  qui  signifient  un  homme 
lourd  et  gauche.  On  remarquera  à  côté  de  cela  l'or- 
thographe draule,  qui,  si  elle  était  plus  appuyée, 
ne  cadrerait  pas  avec  ces  rapprochements. 

DROLEMENT  (drô-Ie-man) ,  adv.  Terme  familier. 
D'une  manière  drôle.  11  s'est  drôlement  tiré  d'affiire. 
Il  S'emploie  ironiquement  dans  les  réponses  pour  in- 
diquer que  c'est  tout  le  contraire.  Vous  avez  reçu 
votre  argent?  —  Oui,  drôlement;  je  n'ai  eu  que  des 
sottises. 

—  ETYM.  Drôle,  et  le  suffixe  ment. 

DRÔLERIE  (ilrô-le-rie),  s.  f.  |]  1°  Trait  de  gail- 
lardise ou  de  bouffonnerie.  Voilà  une  plaisante  drô- 
lerie. Les  charlatans  amusent  le  peuple  avec  mille 
drôleries.  ||  2°  Chose  de  peu  de  valeur,  bagatelle. 
Hé  bien,  messieurs,  qu'est-ce?  me  ferez-vous  voir 
votre  petite  drôlerie?  mol.  Bourg,  gent.  i,  2.  Je  viens 
de  remettre  à  l'ami  Thiriot  une  copie  de  ma  petite 
drôlerie,  que  vous  me  paraissez  avoir  envie  de  lire, 
d'alemb.  Lett.  à  Volt.  22  sept.  <760.  Ma  petite  drô- 
lerie [traduction],  dont  vous  me  demandez  des  nou- 
velles, est  assez  dégrossie,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  2t9. 

—  HIST.  XVI"  s.  Le  clergé  leur  est  en  risée,  de- 
puis qu'on  a  fait  la  monstre  générale  qu'ils  appel- 
lent la  drôlerie,  et  de  laquelle  mesmes  ils  font  faire 
des  tableaux  contre  les  deffences  du  légat,  d'aub. 
Ilist.  III,  292.  Le  roy  confessa  n'avoir  receu  en  sa 
vie  aultant  de  plaisir  pour  une  droUerie  champestre, 
CARL.  III,  9.  Les  peintres,  maçons,  orfèvres,  me- 
nuysiers,  et  telles  sortes  d'ouvriers,  se  sont  addonez 
à  ce  qu'ils  appellent  drauleries,  st-jul.  Ilesl.  hisl. 
p.  676,  dans  LACURNE.  On  donne  le  los  à  la  reyne 
Ysabelle  de  Bavière,  femme  du  roy  Charles  sixième, 
d'avoir  apporté  en  France  les  pompes  et  les  gorgia- 
setez  pour  bien  habiller  superbement  et  gorgiase- 
ment  les  dames;  mais,  à  voir  dans  les  vieilles  ta- 
pisseries de  ce  temps  des  maisons  de  nos  roys  où 
sont  pourtraittes  les  dames  ainsi  habillées  qu'elles 
estoient  pour  lors,  ce  ne  sont  que  toutes  droUeries, 
bilTeries  et  grosseries  au  prix  des  belles  et  superbes 
façons,  coiffures,  gentilles  inventions  et  ornemens 
de  nostre  reyne,  brant.  Dames  illustres,  p.  2H, 
dans  LACURNE. 

—  ETYM.  Drôle. 

DRÔLESSE  (drô-lê-s'),  s.  ^.  Terme  de  mépris. 
Fille  ou  femme  d'une  conduite  mal  réglée,  quelque- 
fois scandaleuse.  Je  n'ai  rencontré  au  lieu  d'elle 
qu'une  drôlesse  et  un  abbé  périgourdin,  volt.  Can- 
dide, 24. Il  Femme  dont  on  fait  peu  de  cas.  La  drô- 
lesse, un  matin,  s'en  vint,  bonjour,  bonne  œuvre, 
Jusqu'à  notre  maison  porter  ce  beau  chef-d'œuvre, 
REGNARD ,  Démocrite,  v,  6.  Vous  ne  me  parlez 
point  de  l'autre  tripot  sur  lequel  on  doit  jouer  Pan- 
dore; j'ai  tâté  dans  ma  vie  à  peu  près  de  tons  les 
maux  qui  furent  renfermés  dans  la  boîte  de  cette 
drôlesse,  volt.  Le((.  d'Argental,  e  juin  17U8. 

—  HIST.  XVI' s.  Je  vous,  renvoie  à  Chioé,  Galla  , 
Lesbia  et  autres  droUesses,  cholières,  Contes,  t.  i, 
Matinée  v,  p.  <63,  dans  pougens. 

—  ETYM.  Drôle. 

DROMADAIRE  (dro-mâ-dê-r*) ,  s.  m.  ||  !<>  Espèce 
de  chameau  à  une  seule  bosse,  renommé  pour  sa 
vitesse.  ||  Terme  d'injure  populaire  et  très-bas.  Va,  i 


grand  dromadaire.  ||  2°  Espèce  de  papillon.  ||  Poisson 
des  mers  d'Amboine.  ||  Insecte  hyménoptère. 

—  HIST.  XIII'  s.  Quant  il  sot  [sut]  que  ses  fieus  [son 
fils]  ert  [était]  des  François  ravis,  Tenroment  en 
pleura,  durement  fu  maris,  U  prist  un  dromadaire 
tout  cargié  de  samis,  Si  l'envoie  à  l'ost  Dieu....  Ch. 
d'Ant.  VI,  tOB. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dromadari,  dromedari,  dro- 
modari;  espagn.  et  ital.  dromedario ;  du  latin  dro- 
medarius,  dérivé  du  grec  5pop.ài;,  dromadaire,  pro- 
prement coureur,  de  Spéiioc,  course. 

t  DROMALECrORE  ( dro-ma-lè-kto-r'),  ».  m. 
Terme  de  zoologie.  Les  dromalectores,  famille  d'oi- 
seaux qui  comprend  les  gallinacés  coureurs. 

—  ÉTYM.  Ap6(j.oç,  course,  et  àXixTMp  ,  coq. 

DROME  (dro-m'),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  marine.  Fa- 
got, fai-sceau  ou  radeau  composé  de  pièces  de  bois 
travaillé  ou  non.  Les  mâts  de  hune  de  rechange,  les 
vergues,  les  gros  espars  composent  la  drome  que 
porte  un  navire  sur  son  pont  entre  les  deux  mâts  de 
l'avant,  jal.  ||  Drome  des  embarcations,  se  dit,  dans 
un  arsenal,  de  la  réunion  des  chaloupes  et  canots 
des  bâtiments  non  armés.  ||  Cordage  qui  arrête  la 
bouée  sur  les  filets  de  pêche.  ||  2°  La  plus  forte  des 
pièces  de  charpente  qui  contiennent  le  marteau  d'une 
grosse  forge. 

—  ÉTYM.  Basque  vulgaire,  drôma;  bas-breton, 
droum.  Du  reste,  origine  inconnue.  Cependant  il 
n'est  pas  impossibled'y  rapporter  le  provençal  dromo, 
plate-forme,  rattaché  au  grec  Spôiio;,  course,  lieu 
de  passage. 

f  DROMÉE  (dro-mée),  s.  m.  Casoar  de  l'Australie. 

—  ÉTYM.  Apofjieù;,  coureur. 

f  DROMIE  (dro-mie),  s.  f.  Genre  de  décapodes 
(crustacés),  ayant  pour  type  la  dromie  vulgaire 
qui  se  trouve  dans  l'Océan  et  dans  la  Méditerranée. 
Il  Genre  de  cgléoptères,  presque  tous, européens, 
que  l'on  trouve  au  printemps  sous  les  écorces  et 
sous  les  pierres. 

—  ETYM.  Ap6|Xot,  course. 

f  DROMON  (dro-mon),  s.  m.  Sorte  de  barque  lé- 
gère. 

—  HIST.  XI'  s.  Sire  est  par  mer  de  quatre  cenz 
dromunz,  Ch.  de  Roi.  cxvii.  |{  xiii'  s.  Lors  fait  les 
charpentiers  mander  Por  celé  barge  conmencer,  De 
trente  piez  fu  le  dromont,  Li  maz  en  fu  droit  contre 
mont,  Blanchandin,  dans  du  cange,  dromones. 

—  ÉTYM.  Anc.  scandin.  drômundr;  moyen  haut 
allem.  tragmunt,  dragmunt;  du  latin  dromo,  dro- 
monis,  vaisseau  très-rapide,  de  6p6[io;,  course. 

t  DROMORNITHE  (dro-mor-ni-t'j,  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Nom  générique  des  oiseaux  qui  ne  sont 
aptes  qu'à  marcher  et  à  courir. 

—  ÉTYM.  Apôfj.0?,  course,  et  ipviç,  oiseau. 

t  DROMOSCOPIQUE  ( dro-mo -sko- pi- k'),  adJ. 
Terme  didactique.  Qui  est  relatif  à  l'étude  de  la 
course,  de  la  marche  d'un  curseur.  ||  Secteur  dro- 
moscopique,  secteur  muni,  en  dessous,  d'une  por- 
tée qui  permet  de  l'engager  dans  l'une  ou  l'autre 
des  ouvertures  circulaires  de  la  règle  rhumUée  (voy. 
kiiumbé),  et  qui  sert  à  corriger  rapidement  et  sans 
calcul  les  relèvements  et  les  routes. 

—  ÉTYM.  Apoixo;,  course,  et  oxoTteïv,  examiner, 
t  DRONGO  (dron-go),  s.  m.  Nom  d'un  oiseau  in- 
sectivore, edolius  cristatus,  dit  aussi  roi  des  cor- 
beaux. 

t  DRONTE  (dron-t'),  s.  m.  Oiseau  qu'on  a  trouvé 
dans  l'île  de  France  et  l'Ile  Bourbon,  mais  dont  la 
race  paraît  être  éteinte  aujourd'hui. 

t  DROPACISME  (dro-pa-si-sm'),  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Application  d'un  emplâtre  de  poix  pour 
arracher  les  cheveux  ;  évulsion  des  cheveux  par  le 
moyen  de  cet  emplâtre. 

—  ÉTYM.  Apo)7toxi<7(iôc ,  de  SpûnocÇ,  empUtre  da 
poix. 

t  DROPAX  (dro-paks'),  s.  m.  Sorte  d'emplâtre 
composé  de  poix  et  d'huile,  qui  sert  i  arracher 
les  cheveux  et  qu'on  nomme  vulgairement  calotte. 

—  ÉTYM.  ApÛTiaS,  emplâtre  de  poix. 

t  DROSCUKI  (droch-ki),  s.  m.  Petit  équipage  à 
quatre  roues,  bas,  découvert,  à  un  ou  deux  che- 
vaux, fort  commua  en  Russie,  et  que  l'on  voit  quel- 
quefois à  Paris. 

—  ÉTYM.  Mot  russe. 

t  DROSOMÈTRE  (dro-zo-mè-tr') ,  ».  m.  Instrument 
destiné  à  mesurer  combien  il  tombe  de  rosée  cha- 
que jour. 

—  ETYM.  Apô<TO(,  rosée,  et  (is'xpov,  mesure. 

t  DROSOMÉTRIE  (dro-zo-mé-trie),  s.  f.  Mesure 
de  la  rosée  qui  tombe  chaque  jour. 

t  DROSSE  (dro-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  ||  1»  Bra- 
gue  du  canon.  Drosse  est  une  corde  qui  perce  l'af- 
fût sur  la  culasse  du  canon  et  tient  des  deux  bouts 


1248 


DRU 


aux  boucle»  du  sabord,  le  p.  FonumER,  Uydroqra- 
phie  ((«♦••I),  dansUL.  Il  2*  Dro'se  de  racnge.  Les 
basses  vergues  et  la  vergue  d'artimon,  après  avoir 
Été  élevées  k  leur  place  au  haut  des  mftts  qui  doi- 
vent les  soutenir,  sont  liée?  à  ces  mêmes  m»ls  par 
un  cordage  nommé  drosse  de  racage,  bomme  (t7B2), 
dans  JAL.  Il 3*  Drosse  de  gouvernail,  nom  d'un  cor- 
dage qui  s'enroule  sur  le  cylindre  de  la  roue  du  gou- 
vernail, et  qui,  passant  par  des  poulies  disposées  à 
cet  effet,  va  s'attacher  par  ses  deux  bouts  à  la  lôte 
de  la  barre  du  gouvernail,  pour  la  tirer  tantôt  à 
droite,  tantôt  à  gauche,  et  placer  par  ce  moyen  le 
gouvernail  dans  la  position  où  il  do^t  être  pour  agir 
utilement  sur  la  direction  du  navire,  jal. 

—  ÊTYM.  Corruption  de  trosse;  espagn.  troxa; 
ital.  troua. 

t  DROSSER  (dro-sé),  «.  a.  Terme  de  marine.  En- 
traîner un  navire  vers  la  terre,  le  serrer  contre  la 
terre.  Ce  navire  est  drossé  par  le  courant,  jal. 

—  ÊTYM.  Drosse;  la  force  qui  entraîne  le  navire 
agissant  comme  une  drosse. 

t  DROSSEUR  (dro-seur),  *.  m.  Voy.  DBODSSEnR. 

t  DROUE  (droû),  s.  f.  Nom  vulgaire  de  diverses 
graminées  qui  fournissent  un  fourrage  de  mauvaise 
qualité. 

t  DROniLLET  (drou-Uè,  H  mouillées),  t.  m. 
Terme  de  pêche.  Petit  filet  qui,  monté  sur  des  per- 
ches, est  présenté  par  les  pêcheurs  à  l'opposite  du 
cours  de  la  marée  pour  prendre  les  petits  poissons. 

t  DROUILLETTE  (drou-Uè-f,  H  mouillées),  s.  f. 
Terme  de  pêche.  Sorte  de  filet  en  forme  de  manet, 
pour  le  maquereau. 

t  DRODINE  (drou-i-n'),  s.  f.  Espèce  de  havre-sac 
que  les  chaudronniers  de  campagne  portent  derrière 
le  dos  et  qui  contient  leurs  outils. 

—  ÉTYM.  Bas-bret.  drouin,  havre-sac. 

I  DROUINIER  (drou-i-nié),  s.  m.  Nom  des  chau- 
dronniers ambulants.  On  trouve  aussi  drouineur. 
Les  drouineurs  ou  raccommodeurs  de  chaudrons, 
ambulants  et  étrangers,  Loi  des  patentes  de  Bel- 
gique, du  2t  mai  <819. 

—  ÊTYM.  Drouine. 

t  DROUSSAGE  (drou-sa-j'),  ».  m,  Cardage  en 
gros  de  la  laine. 

t  DROCSSK  (drou-s') ,  s.  f.  Carde  qui  commence 
le  travail  du  cardage. 

t  DROUSSER  (drou-sé),  V.  a.  Carder  la  laine  en 
long  avec  la  droussette. 

t  DROUSSETTE  (drou-sè-f) ,  s.  f.  Grosse  carde 
qui  commence  à  préparer  le  cardage. 

t  DROUSSEUR  (drou-spur),  s.  m.  Ouvrier  dont 
l'emploi  est  d'engraisser  la  laine  avec  de  l'huile  et 
de  la  carder  avec  de  grandes  cardes  de  fer,  Dict. 
des  arts  et  m.  Amst.  (767,  Drapier.  \\  Celui  qui 
donne  le  lustre  au  drap. 

DRU,  DRUE  (dru,  drue),  adj.  ||1'  Bien  venant, 
venant  serré,  en  parlant  de  l'herbe,  des  blés,  etc.  Ces 
blés  sont  fort  drus.  L'herbe  était  haute  et  drue, 
VAUGKL.  Q.  C.  liv.  m,  dans  RicHELET.  Il  Par  exten- 
sion. Une  pluie  drue  et  menue.  ||Dru,  adv.  D'une 
manière  serrée.  Il  pleut  dru.  Semer  dru.  Les  balles 
pleuvaient  dru  comme  mouches.  ||  Fig.  Vivement, 
sans  façon.  Vous  y  allez  dru.  Allant....  Plus  dru 
qu'une  navette  au  travers  d'un  métier,  Régnier, 
,Sat.  X.  Haussant  et  baissant  les  mains  dru  et  menu 
sur  ses  cuisses,  scarron,  flomo»  corn,  ii,  7.  De 
telles  gens  il  est  beaucoup  Qui  prendraient  Vau- 
girard  pour  Rome,  Ktqui,  caquetant  au  plus  dru, 
Parlent  de  tout  et  n'ont  rien  vu,  la  font.  Fabl.  iv, 
7.  Caquet-bon-bec  alors  de  jaser  au  plus  dru.  Sur 
ceci,  sur  cela,  sur  tout,  id.  ib.  xii,  n.  Le  nœud 
du  mariage  Damne  aussi  dru  qu'aucuns  autres 
états,  ID.  Belph.  Eh!  mais,  mais....  mon  oncle,  un 
peu  de  patience;  comme  vous  allez  dru  sur  les 
questions!  pont  de  vesle,  Somnamb.  se.  2.  ||  f  Par 
extension,  .se  dit  des  personnes  que  l'on  compare 
à  une  herbe  drue,  bien  venant,  vif  et  gaillard. 
Je  te  promets  à  ce  printemps  Une  petite  camusette. 
Friponne ,  drueet  jolielte,  Avec  qui  l'on  t'enfermera; 
l'uis  s'en  démêle  qui  pourra,  la  font.  Poésies  mê- 
lées, XXXII,  pour  oignon,  chien  de  Son  Altesse  royale. 
Malgré  moi  l'on  m'a  jointe  avec  vous.  Vous  vieux 
penard,  moi  fille  jeune  et  drue,  m.  Cal.  Lucrèce 
jeune  et  drue  et  bien  taillée,  id.  Uandr.  La  fillette 
était  drue,  honnête  toutefois,  id.  Cas.  La  petite 
femme  est  à  cet  hôtel  de  la  Rochefoucauld,  toute 
gaillarde  et  toute  drue,  sÉv.  389.  Catherine  de  Na- 
varre, dit-on,  fut  fille  amoureuse  et  drue,  qui  eut 
un  mari  débile,  p.  l  cour.  Lett.  i,  33».  ||  Il  se  dit 
dei  petits  oiseaux  assez  forts  pour  s'envoler  du  nid. 
Ces  moineaux  sont  drus  comme  père  et  mère.  ||  Par 
extension.  Bel  enfant  de  quinze  ans  dru  comme  père 
et  mère,  scarron,  dans  richelet. 


DRU 

—  HIST.  XI»  S.  Tout  [il]  l'abat  mort  au  pré  sur 
l'erbe  drue,  Ch.  deRnl.  en.  |l  xii*  s.  I>e  premier  jour 
demai,oi^druzest  li  herbois  [herbage] ,  .<îa,i;.  xxxiii. 
Il  xiii*  s.  l'arlonopex  fu  sainz  et  driiz,  Parlonop. 
ms.  f"  140,  dans  lacurnr.  Enlorles  ruissiaus  et  les 
rives  Des  fontaines  cleres  et  vives,  Poignoit  l'erbe 
freschete  et  drue,  la  Rose,  )4oi.  ||  xiv  s.  Et  tout 
entre  François  [ils|  commencent  à  geter  De  pierres 
et  caillous  qu'il  voudrent  aporler;  Aussi  dru  vont  en 
l'air  qu'on  voit  pluie  voler,  Guescl.  t9)7ft.  Car  aussi 
dru  que  nege  chet  sur  les  arbrisseaux,  Voloient 
viretons  [dards]  et  flesches  et  carreaux,  ib.  2(ii78. 
Il  XV*  s.  Si  eut  par  devant  la  cité  maint  assaut  et 
maint  butin  et  drue  escarmouche,  froiss.  i,  i,  68. 
Là  eut  fait  plusieurs  grands  appertises  d'armes,  et 
ne  s'y  espargna  le  roi  d'Angleterre  néant,  mais  es- 
toit  toudis  entre  les  plus  drus,  m.  I,  I,  328.  Un  bois 
durement  fort  et  dru  d'espines  et  de  ronces,  m.  ii, 
II,  <64.  Du  païs  les  plus  friches  dames.  Moût  riche- 
ment et  bel  arrées,  Drut  perlées  et  offrisiées  [pa- 
rées d'orfrois],  m.  Poésies  mss,  f°  <65,  dans  la- 
cuhne.  Il  XVI»  s.  Nous  sommes  druz;  chagrin  ne 
nous  suit  raye,  marot,  ii,  231.  Composons  luy  (je 
vous  prie)  un  libelle.  Oui  pique  dru,  et  qui  morde 
à  loisir....  id.  n,  387.  Le  soleil  nous  eslance  si  dru, 
sans  cesse,  nouveaux  rayons  les  uns  sur  les  autres, 
que....  MONT.  I,  271.  X  mesure  que  ces  espines  do- 
mestiques sont  drues  et  desliées,  elles  nous  mor- 
dent plus  aigu,  m.  IV,  71.  La  plus  âgée  qui  estoit 
mure  et  drue,  desper.  Contes,  v.  Considérant  l'hor- 
reur que  faisoit  à  voir  un  front  de  bataille  dont  il 
sortoit  tant  de  fers  de  picques  et  si  drues....  amyot, 
P.  jEm.  31.  En  après  te  faut  espandre  dru  et  menu 
la  poudre,  paré,  xxv,  28. 

—  ÉTYM.  Provenç.  drut;  génois,  druo,  dense, 
épais;  piémontais,  dru,  fertile,  en  parlant  du  sol. 
On  a  fait  venir  ce  mot  de  dur  par  métathèse;  mais 
ni  le  sens  ni  le  (  du  provençal  ou  de  l'ancien  fran- 
çais ne  permettent  cette  dérivation.  Dru  vient  pro- 
bablement du  celtique  :  kimry,  drud,  hardi  ;  gaéli- 
que, drûth,  volontaire;  Cornouailles,  dn»,  beaucoup; 
bas-bret.  drus,  gras.  Quel  quo  soit  le  sens  primitif 
en  celtique,  le  sens  primitif  en  français,  d'après  les 
textes,  est  celui  d'herbe  drue;  c'est  par  extension  que 
dru  s'est  appliqué  aux  personnes.  11  y  avait  dans 
l'ancien  français  un  autre  mot  dru,  drue,  qui  si- 
gnifiait un  fidèle,  un  amant,  une  amante;  un  sub- 
stantif, druerie;  dru  en  ce  sens  est  d'origine  germa- 
nique. 

f  DRUE  (drue) ,  s.  f.  Nom  d'une  espèce  d'alouette. 
I  DRUGE  (dru-j'),  s.  f.  Pousse  surabondante  de 
pois. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue,  à  moins  que,  malgré 
Vu,  on  ne  le  rattache  à  drageon.  11  y  a  dans  l'ancien 
français  druge,  qui  signifie  fuite,  retraite,  et  qui  a 
d'autres  significations  mal  déterminées. 

f  DRUGEON  (dru-jon),  s.  m.  Extrémité  de  la 
druge. 

—  ÉTYM.  Druge.  On  trouve  dans  Cotgrave  et  dans 
Oudin  drugeonnemertt,  action  de  pousser  des  reje- 
tons. 

I  DRUIDAL,  ALE  (dru-i-dal,  da-l'),  adj.  Qui  ap- 
partient aux  druides.  ||  Fig.  et  par  plaisanterie.  La 
fureur  druidale  [des  prêtres]  surtout  a  élé  extrême 
quand  les  vérités  annoncées  par  le  grand  l.éeliga 
[Galilée]  ont  été  démontrées  aux  yeux  dans  une  ré- 
publique voisine,  volt.  Dial.  XXIX,  7. 

—  ÊTYM.  Druide. 

DRUIDE  (dru-i-d'),  s.m.  Nom  des  prêtres  parmi 
les  Celtes  de  la  Gaule,  de  la  Grande-Bretagne  et  de 
l'Irlande.  Ces  prêtres  formaient  une  corporation  et 
enseignaient  leur  doctrine  dans  un  poème  de  vingt 
mille  vers  qui  ne  s'écrivait  jamais  et  se  transmettait 
uniquement  de  mémoire  en  mémoire.  Et  le  druide 
craint,  en  abordant  ces  lieux.  D'y  voir  ce  qu'il 
adore  et  d'y  trouver  ses  dieu»  bréb.  Pharsale,  m. 
Les  druides,  qui,  entre  plusieurs  autres  choses,  dit 
Jules  César,  qu'ils  apprenaient  à  la  jeunesse,  ensei- 
gnaient particulièrement  ce  qui  regarde  le  mouve- 
ment des  astres  et  la  grandeur  du  ciel  et  de  la  terre, 
rollin,  Ilist.  anc.  t.  xiii,  liv.  xxvii,  ch.  ii,  p.  169, 
dans  POUGENS.  Gaulois.  Germains,  Français,  en  des 
bois  homicides.  Offraient  aux  dieux  le  sang  versé 
par  leurs  druides,  lkmehc.  Clovis,il,  3.  M.  de  Mar- 
cellus  chérit,  dans  les  forêts,  le  .souvenir  des  drui- 
des, et,  pour  cola,  ne  veut  pas  qu'on  exploite  aucun 
bois,  qu'on  abatte  même  un  arbre,  le  plus  creux, 
le  plus  caduc...  p.  l.  coir.  Lettre  v.  Où  sont  ces 
druides  qui  élevaient  dans  leurs  collèges  sacrés  une 
nombreuse  jeunesse?  chateaubr.  Mnrt.  ix.  Tentâ- 
tes veut  du  sang,  il  a  parlé  dans  le  chêne  des  drui- 
des, id.  ib. 

—  ÊTYM.  Latin,  druida;  du  celtique  :  bas-bret. 


DRY 

derf  ou  derv,  chêne  (comp.  drtadf.).  Les  druides 
furent  ainsi  nommés  du  culte  qu'ils  rendaient  aux 
chênes  ;  «  Les  druides  n'ont  rien  de  plus  sacré  que 
le  gui  et  l'arbre  où  il  croît,  pourvu  que  ce  soit  un 
chêne;  de  plus  ils  choisissent  pour  eux  des  forêt» 
de  chênes,  et  n'accomplissent  aucune  cérémonie 
sans  feuillage  de  cet  arbre:  de  sorte  qu'on  pourrait 
expliquer  le  nom  qu'ils  portent  par  un  mot  grec,  » 
PLINE,  XVI,  44.  Le  mot  grec  Spù;,  chêne,  est  de 
même  racine  que  le  celtjc|ue  derv. 

DROIDESSE  (drui-df;-s'),  ».  f.  Prêtresse  de» 
Gaulois.  Velléda,  une  faible  druidesse,  voilà  donc 
tout  ce  qui  vous  reste  aujourd'hui  pour  accomplir 
vos  sacrifices!  cnATEAUBR.tif arj.  ix. 

—  ÊTYM.  Druide. 

DRUIDIQUE  (dru-i-di-k'),  adj.  Qui  a  rapport  aux 
druides.  Un  autel  druidique.  A  l'extrémité  d'une 
côte  dangereuse,  sur  une  grève  où  croissent  k 
peine  quelques  herbes  dans  un  sable  stérile ,  s'élève 
une  longue  suite  de  pierres  druidiques....  chatealbb. 
Mart.  X. 

—  ÉTYM.  Druide. 

DRUIDISME  (dru-i-di-sm'),  ».  m.  Religion  des 
druides,  qui  enseignaient  que  les  âmes  ne  péris- 
saient pas  mais  passaient  en  d'autres  personnes,  et 
qui  avaient  unedoctrine  sur  les  astres,  leurs  mouve- 
ments, la  grandeur  du  monde  et  de  la  terre,  la 
nature  des  choses,  la  force  et  la  puissance  des 
dieux. 

—  ÊTYM.  Druide. 

t  DRUPACÉ,  ÉE  (dru-pa-sé,  sée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  est  de  la  nature  du  drupe;  qui 
ressemble  à  un  drupe.  Péricarpe  drupacé.  ||  S.f.plur. 
Drupacées,  tribu  de  la  famille  des  rosacées,  qui 
contient  tous  les  genres  dont  le  fruit  est  un  drupe. 

—  ÉTYM.  Drupe. 

DRUPE  (dru-p'),  s.  m.  Terme  de  botanique.  Fruil 
charnu  indéhiscent,  qui  renferme  un  noyau,  comme 
la  cerise,  la  pêche  et  la  noix  levêtue  de  son  brou. 
Il  Quelques  auteurs  font  drupe  du  féminin. 

—  ÉTYM.  Latin,  drupa  ou  dnippa,  de  îpuitntrî, 
de  îpûc,  arbre,  et  néirceiv,  mûrir,  cuire  :  qui  mû- 
rit sur  l'arbre. 

f  DRUPftOLE  (dru-pé-o-l')  ouDRUPOLE  (dru-po- 
1'),  s.  m.  Terme  de  botanique,  l'etit  drupe.  |{  Quel- 
ques auteurs  font  drupéole  du  féminin. 

t  DRUPÉOLE,  ÉE  (dru-pé-0-lé,  lée),  arij.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  l'apparence  d'un  petit  drupe  par 
sa  nature  succulente  en  dehors,  ligneuse  en  de- 
dans. 

t  DRUPIFËRE  (dru-pi-fê-r'),  adj.  Terme  de  boU- 
nique.  Qui  porte  des  drupes. 

—  ÊTYM.  Lat.  drxipa,  et  ferre,  porter. 

f  DRUSE  (druz'),  s.  f.  Terme  de  minéralogie. 
Cavité  existant  en  certaines  roches,  et  tapissée  de 
cristaux.  ||  Masse  pierreuse  ayant  une  forme  de  ro- 
gnon. 

—  ÉTYM.  Allem.  Drûse,  glande. 

t  DRUSIFORME  (dru  zi-for-m').  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  a  la  forme  d'une  druse. 

—  ÊTYM.  Druse,  et  forme. 

t  DRUSILLAIRE  (dru-zil-lê-r'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  aiTecle  la  forme  de  rognon. 

—  ÉTYM.  Druse. 

t  DRUSIQUE  (dru-zl-k'),  adj.  Terme  de  minéra- 
logie. Qui  a  la  forme  d'un  rognon. 

—  ÊTYM.  Drxise. 

t  DRUZELLE  (dru-zè-l'),  ».  f.  Variété  de  pêche. 
■  DRYADE  (dri-a-d'),  ».  ^.  ||  1°  Terme  du  poly- 
théisme gréco-lalin.  Divinilés  qui  faisaient  leur  de- 
meure dans  les  bois,  et  qui  y  présidaient.  Le  poëte 
ne  rencontrait  que  des  faunes,  il  n'entendait  que 
des  dryades,  chateaub.  Génie,  il,  v,  ).||a"Terme 
de  botanique.  Genre  de  la  famille  des  rosacées,  dont 
une  espèce,  dryas  octopitala,  est  une  plante  vivace 
des  pâturages  élevés  et  des  régions  froides. 

ÉTYM.  Aouà;,  de  5pO;,  chêne,  et  aussi  arbre. 

t  DRYADE,  ÉE  ('Iri-a-dé,  dée),  adj.  Terme  de 
bolanii|ue.  Qui  croît  sur  les  troncs  des  chênes.  ||  S. 
f.  plur.  Les  dryadées,  tribu  des  rosacées  contenant 
les  framboisiers,  ronces,  fraises,  potentilles,  etc. 

—  ÉTYM.  ApO;,  arbre. 

f  DRYIN  i,dri-in),  ».  m.  Poisson  appelé  aussi  ap- 
pât ou  équille(nmmndi/<f»). 

t  DRYITE  (dri-i-t'),  ».  f.  Terme  de  minéralogie. 
Bois  pétrifié,  qu'on  a  cru  reconnaître  pour  du  chêne. 

—  ÊTYM.  ApOç,  chêne,  et  la  finale  ite,  qui  en 
géologie,  désigne  un  fossile. 

t  DRYOPHILK  (dri-o-fi-l'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  croit  ou  habite  dans  les  forêts. 

—  ÉTYM.  Apâ;,  arlire,  et  çOioç,  ami.  Dryopkile 
signifie  plutôt  aimé  des  chênes  que  aimant  les  chê- 
nes; voy.  le  suffixe  phile. 


DUA 

DD  (du),  art.  masc.  contracté  pour  de  le.  Les  bou- 

clies  du  Rhône.  C'est  un  étrange  fait  du  soin  que 
vous  prenez  X  me  venir  toujours  jeter  mon  âge  au  nez, 
MOL.  Ëc.  des  maris,  i,  ) .  ||  Du,  c'est-à-dire  par  le,  avec 
Je.  Qui  n'apaisaient  les  dieux  que  du  sang  des  mortels, 
BAC.  Àndr.  II,  2.  C'est  acheter  la  paix  du  sang  d'un 
malheureux,  lo.  ib.  ii,  4.  Tu  lui  parles  du  cœur, 
lu  la  cherches  des  yeux,  m.  ib.  iv,  6.  Et  notre  der- 
nier roi  courbé  du  faix  des  ans,  volt.  Zaïre,  ii,  *. 

—  HIST.  XI"  s.  X  la  grant  feste  St.  Martin  del  pé- 
ril, Ch.  de  Ilol.  X.  Il  xii'  s.  Et  del  mostier  tous  les 
huis  desferraa  [ouvrit],  Ronc.  p.  174.  Ces  [ceux-là] 
conduit  Murgalez  do  règne  [royaume]  d'Alfanie, 
Sax.  VII.  Qu'à  tous  les  biens  doumont  [monde]  [je] 
doie  faillir,  Couci,  xx.  \\  xiii-  s.  Dou  duel  [deuil] 
qui  y  fu  fais  ne  convient  il  mie  parler,  car  trop  fu 
merveillement  grant,  villeh.  xxiii.  Seigneur,  ce 
dist  Pépins,  [ilj  n'i  a  fors  du  haster,  Berte,  m.  Je 
n'ai  de  quoi  do  pain  avoir,  buteb.  3.  ||  xV  s.  C'est 
dommage  du  gentilhomme,  quand  il  est  ainsi  mort, 
FROiss.  I,  i,  30,  Il  XVI'  s.  J'en  arracheray  au  moins 
du  gemissen].?nt,  mo.nt.  I,  B. 

—  ÊTYM.  Del.  pour  de  le,  écrit  et  sans  doute  pro- 
noncé suivant  les  temps  et  les  lieux,  dou,  do,  du. 

t.  dC,  due  (du,  due),  port,  passe  de  devoir. 
Il  1°  Qui  fait  l'objet  d'une  dette.  Argent  dû  depuis 
longtemps.  ||  2°  Fig.  Une  réprimande  due  à  son  im- 
pertinence. Tu  sais  ce  qui  l'est  dû,  tu  vois  que  je 
sais  tout,  CORN.  Cinna,  v,  t.  Rien  n'est  plus  dû  â 
la  vanité  que  la  ris6e,  pasc.  Proo.  H.  Ils  s'imagi- 
nent que  tout  leur  est  dû,  Boss.  Serm.  Sept.  Par 
cette  fin  terrible  et  due  à  ses  forfaits,  bac.  Alhal. 
V,  8.  Le  sentiment  se  plaît  surtout  à  donner  ce  qui 
n'est  pas  dû,  stael,  Corinne,  xx,  4.  ||  3°  Terme  de 
pratique.  Un  acte  en  due  forme,  acte  rédigé  con- 
formément à  la  loi  et  revêtu  de  toutes  les  formalités 
voulues.  Il  Jusqu'à  due  concurrence,  jusqu'à  la  con- 
currence de  la  somme,  de  la  quantité. 

—  ÉTYM.  Part,  passif  barbare  dehùtus,  de  debere 
(voy.  DEVOIR,  verbe),  formé  comme  bevutus,  hv„ 
anciennement  beû,  de  bibere,  boire. 

2.  dC  (du),  s.  m.  Il  1°  Ce  qui  est  dû  à  quelqu'un.. 
Demander  son  dû.  Je  ne  réclame  que  mon  dû.  Peut- 
être  qu'il  eut  peur  De  perdre,  outre  son  dû,  le  gré 
de  sa  louange,  la  font.  Fabl.  I,  M.  Ah!  faute  ir- 
réparable! moi,  domestique  renvoyé,  lui  demander 
mon  dû!  p.  l.  cour,  i,  14B.  ||  2°  Fig.  Ce  à  quoi 'on 

est  obligé vous  avez  faille  dû  de  votre  office. 

CORN.  Suite  du  Ment,  i,  4.  Et  qu'au  dû  de  ma 
charge  on  ne  me  trouble  en  rien,  mol.  Tort,  v,  4. 
Allons,  monsieur,  faites  le  dû  de  votre  charge,  et 
dressez-lui-moi  son  procès  comme  larron  et  comme 
suborneur,  id.  VAv.  v,  3. 

—  HiST.  xiv  s.  Quant  le  duo  ot  congié  eO,  Et  au 
roi  ot  fait  son  deû,  X  son  pays  s'en  va  venir,  Liv. 
du  bon  Jeh.  1698.  ||  xvi*  s.  Comme  le  deub  de  vostre 
charge  vous  obligeoit,  Lett.  de  Henri  IV,  8  mars 

1596,  t.  IV,    p.  522. 

—  ÉTYM.  DÛ  *. 

\  DUALISME  (du-a-li-sm') ,  s.  m.  \\  1°  Système  re- 
ligieux ou  philosophique,  suivant  lequel  l'univers 
a  été  formé  et  continue  d'exister  par  le  concours  de 
deux  principes  également  nécessaires,  également 
éternels,  et,  par  conséquent,  indépendanls  l'un  de 
l'autre.  Le  manichéisme  est  un  dualisme.  Si  l'on 
réfléchit  bien  sur  le  dualisme,  je  crois  qu'on  le 
trouvera  encore  plus  absurde  que  l'idolâtrie,  st-foix, 
Kss.  Paris,  CKuvres,  t.  iv,  p.  304,  dans  pougens. 
112°  Système  chimique  qui  suppose  que,  les  sels 
étant  des  composés  binaires  formés  par  la  combinai- 
son d'un  acide  et  d'une  base,  tout  autre  composé  a 
une  disposition  moléculaire  semblable. 

—  Rtvm.  Lat.  dualis  (voy.  duel  2). 

\  I/UALISTE  (du-a-li-sf) ,  adj.  Qui  a  le  caractère 
di  dualisme.  Le  système  dualiste.  ||  S.  m.  Celui  qui 
admet  le  dualisme. 

(■DUALISTIQUE  (du-a-li-sti-k'),  adj.  ||  1»  Terme 
ds philosophie  religieuse.  Qui  a  rapport  au  dualisme, 
qui  a  les  caractères  du  dualisme.  |1  2°  Terme  de  chi- 
mie. Qui  a  rapport  au  dualisme  ou  supposition  que 
tous  les  composés  sont  binaires. 

t  DUALITÉ  (du-a-li-té),  s.  f.  ||  i«  Terme  de  méta- 
physique. Caractère  de  ce  qui  est  double  en  soi.  La 
dualité  de  l'être  humain.  Le  nombre  trois  était  dit 
parfait,  parce  qu'il  est  composé  de  l'unité  et  de  la 
dualité.  Il  2'  Terme  de  grammaire.  Le  caractère,  l'u- 
sage du  duel. 

—  HIST.  xiv  s.  Philosophes  de  monts  et  vaulx, 
Considerans  son  unité.  Qui  sortoit  de  dualité,  Re- 
troicissans  le  double  type....  L'ont  appelé  dragon  vo- 
hnl,  Traité  d'alch.  92. 

—  ÉTYM.  Lat.  dualis  (voy.  diel  2);  provei  c. 
d\iaUtot. 

DICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


DUC 

t  DUARCHIE  ( du-ar-chie ),  s.f.  Terme  d'anti- 
quité. Gouvernement  de  deux  rois,  comme  à  Lacé- 
démone. 

—  ÉTYM.  Aûo,  deux,  et  ipxsiv,  commander. 

f  DUB  (dub),  s.  m.  Espèce  de  lézard  d'Afrique, 
t  DUBITATEUR   (du-bi-ta-teur),  s.  m.  Celui  qui 
a  l'habilude  de  douter,  qui  est  sceptique. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  uns  ont  estimé  Plato  dubita- 
teur;  les  auUres,  dogmatisie,  mont,  ii,  230.  Il  esla- 
blit  cette  chose  resoluement ,  maintenant  partout 
ailleurs  sa  manière  dubitatrice    et   ambiguë ,  m. 

H,  309. 

—  ÉTYM.  Lat.  dubitalor,  de  dubitare  (voy.  dou- 
ter). 

DUBITATIF,  I-VE  (du-bi-la-tif,  ti-v'),  adj.  Terme 
de  grammaire  et  de  logique.  Qui  exprime  le  doule. 
Conjonction  dubitative.  Proposition  dubitative.  La 
particule  dubitative  ne. 

—  HIST.  xiv  s.  C'est  dubitatif,  car  nous  devons 
tousjours  douter....  h.  de  mondeville,  f°  3i,  verso. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dubitaliu;  e-pagn.  et  ilal.  du- 
bitativo;  du  lat.  dubitalivus ,  de  dubitare  (voy.  dou- 
ter). 

DUBITATION  (du-bi-ta-sion) ,  s.  f.  Terme  de  rhé- 
torique. Figure  de  pensée  par  laquelle  l'orateur  sem- 
ble hésiter  entre  plusieurs  mots,  plusieurs  partis  à 
prendre,  plusieurs  sens  à  donner  à  une  action. ||  Ac- 
tion de  révoquer  en  doute»  Ceci  est  un  fait  dont  la 
ttubitation  est  une  preuve  d'inexpérience,  et  la  né- 
gation une  preuve  d'ignorance. 

—  lilST.  xvi"  s.  Cicero....  se  tenant  tousjours  sous 
la  dubitation  de  l'Académie,  mont,  ii,  228. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dubitatio;  espagn.  dubilacion; 
ital.  diibitazione ;  du  latin  dubilationem,  de  dubi- 
tare, douter  (voy.  douter). 

t  DUBlTA'nvEMENT  (du-bi-ta-ti-ve-man),  adv. 
D'une  manière  dubitative. 

—  ÉTYM.  Dubitative,  et  le  suffixe  ment. 

* .  DUC  (duk) ,  s.  m.  ||  1°  Terme  de  féodalité.  Sou- 
verain d'un  duché.  Le  duc  de  Normandie.  ||  Duo  et 
pair,  duc  qui,  en  vertu  de  son  duché,  était  pair  du 
royaume.  ||  2°  Titre  le  plus  élevé  parmi  la  noblesse 
de  France,  après  celui  de  prince.  11  reçoit  chez  lui 
des  marquis  et  des  ducs.  ||  Duc-duc,  titre  de  certains 
grands  d'Espagne  qui  réunissaient  plusieurs  duchés 
en  leur  jjorsonne.  ||  S"  Titre  de  quelques  princes 
souverains.  Le  duc  de  Parme.  Le  grand-duc  de 
Berg,  titre  qui  fut  porté  quelque  temps  par  Mural. 
Il  Le  grand-duc  de  Russie,  l'héritier  présomptif  de 
la  couronne  de  Russie.  ||  4°  Terme  de  jeux.  Quinola 
due,  as  duc,  se  dit,  au  reversis,  d'un  quinola,  d'un 
as  donné  en  certaine  circonstance. 

—  HIST.  XI'  s.  Il  en  apelet  et  ses  dux  et  ses  contes, 
Ch.  de  Roi.  ii.  ||  xii*  s.  Naymes  !i  dus  qui  moût  fit 
à  loer,  Ronc.  p.  32.  Li  dux  Miles  le  voit,  ne  luLfu 
mie  bon,  Sax.  viii.  Qui  donc  ve'ist  le  duc  sur  un 
cheval  gascon....  ib.  Hieu  cumandat  à  un  sun  duc 
Abadacer,  ke  il  preisl  le  cors,  sil  jetasl  el  champ 
Naboth  de  Jesrael,  7iois,  p.  377.  E  cumandad  que  jo 
fusse  ducs  sur  tut  le  pople  de  Israël,  ib.  t42.||  xiu's. 
Dont  empruntèrent  li  message  dui  cens  mars  en  la 
ville,  et  les  baiUierent  au  duo,  pour  commencier  la 
navie,  villeh.  xx.  Et  quant  li  dus  leur  livra  les 
soies  Chartres  [ses  chartes]....  id.  xix.  La  royne 
adestrerent  duc  et  conte  et  princier,  Berte,  n.  Duo 
est  la  première  dignité,  et  puis  contes....  Liv.  de 
jost.  07.  Il  xiv  s.  El  à  cest  propos  Homerus  le  poète 
raconte  et  parle  de  Dyomedes  un  duc  de  Grèce  et 
delletor  un  duc  deTroye....  obesme,  £(/i.  83.||  xv's. 
Le  duc  et  la  ducoise  aussi  De  Braibant  moult  je  ro- 
grasci  [remercie] ,  froiss.  Buisson  de  jonecc.  Pou- 
dre de  duc  [sorte  d'épicerie]  pour  l'ypocras  Te  con- 
vient, et  maint  lopin  cras;  Sucre  blanc  pour  les 
tartelettes,  eust.  desch.  Poésies  mss.  f»  497  ,  dans 
LACURNE.  Il  XVI'  s.  On  donnera  à  l'accouchée  un  pres- 
sis  de  chapon  ou  un  chaudeau  où  il  y  aura  du  saf- 
fran  et  un  peu  de  poudre  de  duc,  paré,  xvii;,  34. 

—  ÉTYM.  Provenç.  duc;  portug.  duque;  ital.  duce, 
duca;  du  latin  dux,  chef,  proprement  celui  qui  con- 
duit. L'ancien  «ançais  faisait  au  nominatif  li  dus, 
el  au  régime  le  duc,  au  nomin.  plur.  liduc,  au  ré- 
gime les  dus. 

2.  DUC  (duk),  s.  m.  ||  1°  Oiseau  nocturne  de  la  fa- 
mille des  chouettes ,  qui  se  distingue  par  des  plumes 
en  forme  de  cornes  ou  d'oreilles.  Grand  duc,  un  des 
noms  vulgaires  du  bubon  européen.  Moyen  duc,  le 
hibou,  ou  mieux  Vote  commun.  Petit  duc,  \a  scops 
européen.  ||  2°  Poisson  des  mers  du  Japon  (chétodon 
duc) ,  dit  aussi  duchesse. 

—  HIST.  XVI*  s.  Encores  que  la  chasse  aux  oisil- 
lons avec  la  chouete  ou  au  duc,  semble  n'apparte- 
nir qu'aux  enfans....  0.  DE  SEaRES,  996.  11  se  sauva 
des  premiers,  et  s'appelloit  le  duc  de  Sulmone;  les 


DUC 


1249 


ducs  voilent  bien  aussi  roide  quelquesfois  que  les 
autres  oyse.Mix,  brant.  launni;, 

—  ÉTYM.  Ainsi  dit,  parce  qu'on  a  cru  qu'il  servait 
de  duc,  c'est-à-dire  de  guide,  à  certains  oiseaux. 

DUCAL,  ALE  (du-kal,  ka-l'),  adj.  ||  1°  Qui  ap- 
partient, qui  est  propre  à  un  duc.  Manteau  ducal. 
Couronne  ducale,  couronne  qui  était  ouverte  et 
garnie  de  huit  feuilles  ou  fleurons.  Les  palais  du- 
caux. Albert,  marquis  de  Brandebourg,  se  rendit 
maître  de  la  Prusse,  qui  prit  alors  le  nom  de  Prusse 
ducale,  ciiateaub.  Génie,  iv,  v,  2.  Et  le  bandeau 
ducal  ceindra  bientSt  sa  tête,  ancelot,  Fiesquc, 
II,  7.  Il  Anciennement,  à  'Venise,  la  dignité  ducale, 
le  dogal.  Il  2°  Grand-ducal,  qui  appartient,  qui  est 
propre  à  un  grand-duc,  à  une  grande-duchesse. 
Manteau  grand-ducal.  Cour  grand-ducale.  Les  palais 
grand-ducaux.  Il  Dans  cet  adjectif  composé,  grand 
demeure  invariable.  ||  3°  S.  f.  Ducale,  lettre  patente 
du  sénat  de  'Venise. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  duc  [le  doge]  la  print  par  la 
main  après  l'avoir  salUiée,  el  osié  son  chappeau  du- 
chal,  p.  choque,  dans  leroux  de  lincy,  Bibl.  des 
Chart.  B'  série,  t.  ii,  p.  177. 

ÉTYM.  Duc  t. 
DUCAT  (du-ka;  le  l  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  Palsgrave,  au  xvi*  siècle,  p.  24,  remar- 
(|ue  que  le  (  se  lie;  au  pluriel,  l's  se  lie:  du-ka-z  et 
ducatons;  ducats  rime  avec  mais,  repas,  etc.),  s.  m. 
Il  1°  Monnaie  d'or  fin  dont  la  valeur  varie  de  dix  à 
douze  francs,  selon  les  pays;  il  porte  ordinairement 
d'un  côté  la  tête  du  prince  d.ins  les  Étals  duquel  il 
a  été  frappé,  et  de  l'autre  côté  ses  armes.  L'avare 
n'a  plaisir  qu'en  ses  doubles  ducats,  Régnier,  Sat. 
IX.  Un  homme  accumulait;  on  sait  que  celte  er- 
reur Va  souvent  jusqu'à  la  fureur;  Celui-ci  ne  son- 
geait que  ducats  et  pistoles,  la  font.  Fabl.  xii,  3. 
Il  2°  Le  ducat  d'argent  vaut  environ  la  moitié  du 
ducat  d'or.  ||  3°  Adj.  Or  ducat,  l'or  qui  est  au  lilre 
des  ducals. 

—  HIST.  XVI' s.  Jocondalle,  nouveaux  tallars,  du- 
cats de  sainct  Estienne,  et  pislolels,  rons.  B90. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ducal;  espagn.  et  portug.  du- 
cado;  ilal.  ducalo;  monnaie  ainsi  dite  à  cause  ds 
l'effigie  d'un  duc,  soit  de  Venise,  soit  de  Florence, 
soit  de  Gênes. 

DUCATON  (du-ka-ton),  s.  m.  Ducat  d'argent.  D^-- 
caton  ue  Venise,  de  Hollande.  Le  ducaton  est  mar- 
qué comme  le  ducat  d'or;  il  vaut  environ  cent  sol» 
de  notre  monnaie.  Il  était  si  propre,  dit-on.  Qu'il 
n'eût  pas  pour  un  ducaton  Voulu  rien  manger  sans 
fourchette,  scarron,  Virg.  trav.  i.  Mais  le  moindre 
ducaton  Ferait  bien  mieux  mon  afi'aire,  la  font. 
Fabl.  I,  20. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  ducat. 

t  DUCÊNAIRE  (du-cé-nè-r')  ou  DUCENTAIRE 
(du-san-tê-r'),  adj.  De  deux  cents;  qui  compte  pal 
deux  cenis. 

—  ÉTYM.  Lat.  jfuceni  ou  duccnti,  œ,  a,  deui 
cents,  de  duo,  deux,  et  ccnlum,  cent. 

DUCHÉ  (duché),  s.  m.  ||  1°  Seigneurie,  princi- 
pauté à  laquelle  le  titre  de  duc  est  attaché.  Les  an- 
ciens duchés  de  Normandie,  de  Bretagne.  ||  2°  Du- 
ché-pairie, s.  in.  el  f.  Duché  auquel  la  pairie  était- 
attachée,  lin  duché-pairie  ou  une  duché  pairie.  Un 
ancien  duché-pairie,  autrefois  érigé  pour  une  mai- 
son, et  depuis  érigé  pour  une  autre,  n'était  à  l'é- 
gaid  de  cette  terre  qu'un  véritable  renouvellement, 
ST-siM.  18,  209.  Il  3°  Duché  femelle,  duché  que  les 
femmes  peuvent  posséder  et  qui  se  transmet  par 
elles.  Il  4°  Grand-duché,  État  dont  le  souverain  a  le 
litre  de  grand-duc  ou  dont  la  souveraine  s'appelle 
grande-duchesse.  Le  grand-duché  de  Berg,  de  Tos- 
cane. 

—  REM.  Duché  a  été  longtemps  féminin.  Les  étals 
deladuché  furent  convoqués,  patru,  Plaidoyer  13, 
dans  RiciiELET.  Les  mutins  qui  s'étaient  attroupés 
dans  sa  duché  de  Rohan....  sÉv.  206.  Il  a  donné 
cette  duché  à  son  fils,  id.  60I. 

—  HIST.  xii*  s.  De  vingt  roiaumes  et  de  cent  du- 
cbeté,  Ronc.  p.  ti7.  ||  xiu'  s.  Lors  dona  li  empere- 
res  Baudoins  au  conte  Looys  de  Bloys  la  ducheé  de 
Nique  qui  bien  estoit  uns  des  plus  grans  honeurs 
[fiefs]  de  toute  la  terre  de  Romenie,  villeh.  cxxvi. 
Et  ainsi  n'ouvra  [n'agit]  mie  Godefrois  de  Buillon , 
qui  rendi  sa  duceé  à  tous  jours,  et  i  ala  [à  la  croi- 
sade] purement  dou  sien,  Chron.  de  Uains,  497. 
Il  XV*  s.  La  duché  de  Bretagne,  froiss.  i,  l,  iB'î. 
Parce  que  la  duché  de  Milan  est  tenue  en  fief  de 
l'empereur,  comm.  i,  9. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ducal,  dugat;  espagn.  et  por- 
tug. ducado;  ital.  ducolo.  Le  provençal,  l'espagnol, 
l'italien  et  duché,  s.  m.  viennent  du  bas-lalin  duca- 
tus,  de  dux,  duc;  le  vieux  français  ducheé,  d'où  la 

I    _.    157 


1250 


DUE 


duché,  vient  du  latin  fictif  ductfolcm,  qualité   de 

•Ju".  .  ,, 

DUCIIKSSE  (du-chè-s'),  s.  f.  ||  1°  La  femme  d  un 
duc;  celle  qui  possède  un  duché.  Madame  la  du- 
chesjo.  Mme  de  Fonlanges  est  duchesse  avec  vingt 
mille  écus  de  pension;  elle  recevait  aujourd'hui 
dans  son  lit;  le  roi  y  a  été  publiquement,  SÉV.  418. 
Il  Grande -duches.sc,  femme  d'un  grand-duc,  et 
aussi  celle  qui  a  le  même  rang  qu'un  grand-duc, 
ou  qui  possède  un  grand-duché.  En  épousant  un 
grand-duc,  elle  est  devenue  grande-duchesse.  La 
grande-duchesse  de  Toscane.  Les  filles  de  l'empereur 
de  Russie  prennent  le  titre  do  grandes-duchesses. 
Il  2°  Duchesse  se  prend  ironiquement  en  parlant 
d'une  femme  qui  affecte  de  grands  airs.  EUe  fait  sa 
duchesse  ou  la  duchesse.  ||  3"  Sorte  de  lit  de  repos  à 
dossier.  ||  Lit  à  la  duchesse,  grand  lit  avec  quatre 
colonnes  supportant  un  baldaquin  et  des  rideaux. 
Il  4°  Duchesse  d'Angoulême  ou,  simplement,  du- 
chesse, nom  d'une  grosse  et  belle  poire  très-fon- 
dante. Il  5°  Lettres  à  la  duchesse,  se  dit  d'une  écri- 
ture dans  laquelle  les  pleins  tiennent  la  place  des 
déliés,  et  réciproquement.  ||6°  Nœud  de  rubans  que 
les  femmes  portaient  autrefois  sur  le  front.  ||  7°  Pois- 
son appelé  aussi  duc  (voy.  duc  2). 

—  HlST.  XII'  s.  Â  la  duchesse  qui  tant  vous  seult 

amer,  lionc.  p.  <77.  ||  xiii'  s Car  durement  lui 

poise  De  ce  que  morte  estoit  sa  fille  la  duchoise, 
Berte,  Lxii.  Cornent  li  rois  Loeys  prit  à  feme  la  du- 
coise  Elienor,  Chron.  de  Rains,  p.  t.  Ces  empere- 
res,  ces  duchesses,  Ces  roïnes  et  ces  contesses,  la 
Rose,  41781.  Il  xiV  s.  Et  soy  faisans  duchesse  et 
meneresse  des  autres  vierges,  [Clélie]  s'en  est  en- 
trée ou  Tybre,  berciieure,  f°  32,  verso.  \\  xvi"  s. 
Platon  dit  que  prudence  est  la  duchesse  de  toutes 
vertus,  CAHTUENY,  Voy.  du  chev.  errant,  t°  t52,  dans 

LACUENE. 

—  ÉTYM.  Duc;  provenç.  duquessa,  duguessa;  es- 
pagn.  duquesa;  portug.  duquexa;  ital.  duchessa. 

t  DUCUOX  (du-chon),  s.  m.  Petite  coquille  du 
Sénégal. 

t  UCCQUET  (du-kè),  i.  m.  Un  des  noms  du  hi- 
bou. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  duc  2. 

!  f  DOCUOIUE  (du-kroi-r'),  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Prime  accordée  au  commissionnaire  qui  ré- 
pona  des  personnes  auxquelles  il  vend  la  marchan- 
dise. 

—  ÉTYM.  Du  et  croire;  croire  est  ici  un  infinitif 
pris  substantivement  :  avoir  du  croire,  avoir  ob- 
tenu de  la  confiance. 

DUCTILE  (du-kti-1'),  adj.  Terme  de  métallurgie. 
Oui  peut  être  tiré,  allongé,  étendu  sans  se  rompre. 
L'or  est  le  plus  ductile  de  tous  les  métaux.  On  fa- 
brique le  papier,  on  file  les  métaux  ductiles,  volt. 
Russie,  I,  9.  Lorsque  le  bouton  qui  doit  former  la 
branche  commence  à  s'étendre,  ce  n'est  qu'une  ma- 
tière ductile  qui,  par  son  extension,  devient  un  fi- 
let herbacé,  BUFP.  De  la  vieilletse  et  de  la  mort. 

—  HIST.  xvi"  S.  Le  roi  le  trouva  enfin  las  de  sa 
besongne  malreconnue,  et  ductile  à  reparer  les  brè- 
ches de  sa  maison,  d'aub.  Ilist.  m,  335. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  duclil;  ital.  duttile; 
du  lat.  ductilis,  qui  peut  être  conduit,  de  duclum, 
supin  de  duccre,  conduire  (voy.  duire). 

t  DUCTILIMÊTRE  (du-kti-li-mè-tr'),  s.  m.  Terme 
didactique.  Marteau  pour  évaluer  la  ductilité  des 
métaux. 

—  ËTYM.  Ductile,  et  mètre,  mesure. 
DUCTILITÉ  (du-kti-li-té',-.v.  f.  Qualité  de  ce  qui 

est  ductile.  Quoique  ces  deux  membranes  [de  la 
tige]  soient  devenues  solides  et  ligneuses  par  leurs 
surfaces  intérieures,  elles  conservent,  à  leurs  sur- 
faces extérieures,  do  la  souplesse  et  do  la  ductilité, 
BUFFON,  De  la  vieillesse  et  de  la  mort.  \\  Propriété 
qu'ont  cerlains  corps  de  s'étendre  en  fils  sans  se  rom- 
pre, lorsqu'on  les  passe  à  la  filière.  La  ductilité  de 
l'or  est  telle  qu'avec  un  gramme  de  ce  métal  on  dore 
un  fil  d'argent  d'un  myriamètre. 

—  ÉTYM.  Ductile;  catal.  ductilitat;  espagn.  dwc- 
tilidad;  ital.  duttilità. 

DUËGNE  (du-è-gn'),  s.  f.  ||  1°  Gouvernante  char- 
gée de  veiller  sur  la  conduite  d'une  jeune  personne. 
Tu  verras  ce  que  c'est  qu'une  duègne  de  dix-huit 
ans,  I.  j.  Kouss.  Ilél.  i,  7.  ||  2°  Nom  qu'on  donne 
ordinairement  à  une  vieille  femme  qui  est  chargée 
de  la  conduite  d'une  jeune.  Marceline  :  C'est  une  si 
lolie  personne  que  madame.  —  Suzanne  :  Eh  mais, 
assez  pour  désoler  madame.  —  Marceline  :  Surtout 
bien  respectable.  —  Suzanne  :  C'est  aux  duègnes  à 
lêtre.  —  Marcebne,  outrée  :  Aux  duègnes!  aux 
duègnes!  beaumarcu.  Mar.  de  l'ig.  i,  6.  ||  Terme 
M  théâtre.  Emploi  de  duègne.  Jouer  les  duègnes. 


DUl 

—  ÉTY.M.  Espagn.  diicna,  duègne,  proprement 
dame,  du  latin  domina  (voy.  dame). 

(.  DUEL  (du-ùl'),  s.  m.  Il  1°  Combat  singulier, 
c'est-à-dire  combat  entre  deux  hommes.  Elle  aime 
en  ce  duel  son  peu  d'expérience,  cobn.  Cid,  v,  4. 
Il  est  temps  ou  jamais  que  je  vous  satisfasse  El  qu'un 
duel  enfin  entre  mon  frère  et  moi....  boirou.  An- 
lig.  i,  6.  Et  ta  seule  beauté  causa  notre  duel,  m. 
Ilerc.  mour.  i,  4.  Le  vainqueur  ofl"rit  le  duel  au 
nouveau  roi,  Boss.  Ilist.  m,  4.  ||  2°  Duel  judiciaire, 
combat  singulier  ordonné  autrefois  par  la  justice 
et  admis  comme  preuve  juridique  dans  les  questions 
douteuses.  Le  duel  a  décidé  de  l'innocence  des  hom- 
mes, des  accusations  fausses  ou  véritables,  la  bruy. 
XIII.  Louis  le  Jeune,  en  tics,  avait  ordonné  que, 
pour  une  dette  qui  n'excéderait  pas  cinq  sols,  le 
duel  ne  pourrait  avoir  lieu,  saint-foix,  Ess.  Paris, 
Œuvres,  t.  iv,  p.  70,  dans  pougens.  Philippe  le 
Bel  défendit  le  duel  en  matière  civile;  et  l'on  put 
plaider  sans  être  obligé  de  se  battre,  id.  ib.  t.  m,  p.  t  o. 
Il  3°  Combat  singulier  entre  deux  personnes  privées 
et  pour  des  ofifenses  privées.  Duel  au  pistolet,  à  l'é- 
pée.  Duel  au  premier  sang,  duel  qui  doit  s'arrêter  à 
la  première  blessure ,  même  légère,  d'un  des  combat- 
tants. Montrez-moi  qu'il  soit  permis  de  se  battre  en 
duel,  PASC.  Prov.  7.  Un  duel  met  les  gens  en  mau- 
vaise posture.  Et  notre  roi  n'est  pas  un  monarque 
en  peinture,  mol.  Fdch.  i,  to.  Combien  de  gens  s'al- 
laient autrefois  battre  en  duel,  en  déplorant  et  en 
condamnant  cette  misérable  coutume  et  se  blâmant 
eux-mêmesde  lasuivre!  nicole,  Ess.  mor.  ("traité, 
ch.  XI.  Ces  saintes  ordonnances  contre  le  duel  que 
Votre  Majesté  vient  de  renouveler,  bourdal.  Purif. 
de  la  Vierge,  Hyst.  t.  ii,  p.  t03.  Me  direz- vous  qu'un 
duel  témoigne  qu'on  a  du  cœur,  et  que  cela  suffit 
pour  efl'acer  la  honte  ou  le  reproche  de  tous  les  au- 
tres vices?  j.  I.  Eouss.  Hél.  i,  57. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ces  hommes  survivans  h  leur  honte 
eussent  presché  le  malheur  du  duel,  d'aub.  Fœn. 
1,  9.  Par  la  mesme  erreur  qui  a  fait  donner  ce  nom 
[estoc]  aux  duels  [sorte  d'épée],  id.  Ilist.  ii,  48). 
Ce  grand  duel  et  ce  poignard,  id.  Fœn.  i,  t.  Mon 
duel,  la  massacroire,  id.  ib.  m,  0. 

—  ÉTYM.  Lat.  duellum. 

2.  DUEL  (du-èl),  s.  m.  Il  1°  Troisième  nombre  dans 
la  langue  grecque  et  dansquelquesautres,  le  sanscrit 
par  exemple,  qui  désigne  deux  objets.  ||  2°  Adj. 
Qui  exprime  le  duel.  Le  huron  a  un  duel  comme 
le  grec,  et  deux  premières  personnes  plurielles  et 
duelles,  ciiateaub.  jlineV.  tl3.  ||I1  faut  remarquer 
que  cet  emploi  est  inusité. 

—  ÉTYM.  Lat.  dualis,  de  duo,  deux. 
DUELLISTE  (du-è-li-sf) ,  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  se 

bat  en  duel.  Il  fut  condamné  comme  duelliste.  Le 
ministre  de  la  justice  ose  prendre  sur  lui  de  tempé- 
rer la  sévérité  de  la  loi  contre  les  duellistes,  dider. 
Ess.  s.  Ciaude.  Il  2°  Celui  qui  se  bat  souvent  en  duel. 
Un  duelliste  de  profession.  Un  duelliste  exercé. 

—  ÉTYM.  Duel  i.  On  trouve  dans  le  xvi'  siècle 
duelliant  et  duellion. 

f  DUETTINO  (du-è-lti-no),  s.  m.  Composition 
musicale  à  deux  parties  obligées,  ordinairement 
très-courte.  ||  Au  plur.  Des  duettinos. 

—  ÉTYM.  Ital.  duettino,  diminutif  de  duetto,  qui 
est  lui-même  un  diminutif  de  duo. 

f  DUGONG  (du-gon) ,  s.  m.  Genre  de  mammifères 
de  l'ordre  des  cétacés,  qu'on  trouve  dans  les  mers 
de  la  Malaisie,  du  nord  de  l'Australie  et  dans  la  mer 
Ilouge. 

DUIRE  (dui-r'),  verbe  vieilli  et  familier  et  dont 
la  conjugaison  est  tombée  en  désuétude  excepta  aux 
temps  et  personnes  suivantes  :  présent  de  l'indica- 
tif, il  duit,  ils  duisent;  imparfait,  il  duisait;  futur, 
il  duira;  conditionnel,  il  duirait.  |{  1°  F.  n.  Convenir 
à  quelqu'un,  être  de  sa  convenance.  Genre  de  mort 
qui  ne  duit  pas  X  gens  peu  curieux  de  goûter  le 

trépas,  la  font.  Fabl.  ix,  46 Choisissez  des 

tons  un  peu  moins  hauts;  Horace  en  a  de  tous; 
voyez  ceux  qui  vous  duisent,  id.  Clymène,  Comédie. 
Tout  duit  aux  gens  heureux,  m.  liém.  Du  reste, 
coupez,  taillez,  tranchez,  rognez,  et  ne  laissez  de 
tout  cela  que  ce  qui  vous  duira,  dider.  Salon  de 
(767,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  (37,  dans  pougens.  ||  Im- 
personnellement. S'il  vous  duit,  nous  pourrons  don- 
ner au  public  un  joli  volume,  p.  l.  cour.  Leit.  i, 
364.  Il  2°  V.  a.  Terme  de  fauconnerie.  Dresser  un 
oiseau  de  proie. 

—  HIST.  XI'  s.  11  duist  sa  barbe,  afaita  son  guernon 
[moijslachel ,  Ch.  de  Roi.  xv.  ||xn*  s.  Bien  sont  [il 
sut]  esprevier  duire  et  ostour  e  falcon,  wace,  Rou,  v. 
3825.  Il  xni's.  Si  orrez  [entendrez]  vraie  ystoire,  dont 
li  ver  sont  bien  duit,  Berte,  xxxvi.  Et  quant  li  oel 
[les  j'eiu]  sunt  en  déduit,  Il  sunt  si  apriset  si  duit, 


DUL 

Que  .seus  [seuls]  ne  sevent  avoir  joie,  Ains  vuelent 
que  li  cuers  s'esjoie,  Et  font  les  maus  assoagier, 
la  Rose,  2740.  {|  xiv»  s.  En  la  manière  que  l'en  duit 
et  chastie  un  asne  ou  un  autre  bestc  de  labeur, 
onESME,  Eth.  320.  Il  XV'  s.  Celuy  qui  tout  duict,  et 
maistre  estoit  de  mener  telles  danses,  et  qui  peu  les 
craignoit,  Bouciq.  m,  2.  ||  xvi' Considérant  la  justice 
et  bonté  du  Père  céleste,  en  ce  qu'il  le  chastie,  il  se 
duira  par  cela  à  patience,  calv.  Inttit.  648.  Gar- 
gantua doutant  dequelle  faczon  mieulxduiroyentles 
cliausses  on  dict  orateur.. ..bab.  Garg.  i,  20.  LesLa- 
cedemoniens  ,  nation  sur  toutes  duicte  à  combattre 
de  pied  ferme,  mont,  i,  *8.  Après  sept  ans  ils  le 
duisoient  [l'enfant]  à  monter  à  cheval  et  aller  à 
lâchasse,  id.  i,  (50.  C'estoit  la  principale  science 
et  vertu  à  quoy  il  vouloit  duire  cette  nation,  id.  ii, 
346.  L'exemple  de  Cyrus  ne  duira  pas  mal  en  es 
lieu,  id.  IV,  (0.  Dame  Venus  est  ores  mon  déduit, 
Et  de  Bacchus  le  breuvage  me  duit,  Les  dons  aussi 
des  muses,  amyot,  Solon,  68.  Toute  chose  est  de 
tel  prix  qu'elle  est  aimée  ou  qu'elle  duit,  cèNiN, 
Récréations,  t.  ii,  p.  250.  De  tel  seigneur  mesgnée 
duyte  [proverbequi  revientà:  tel  maître,  tel  valet], 
Roiier  histor.  i,  3. 

—  ÉTYM.  Picard,  duire,  dresser,  et  aussi  conve- 
nir, plaire;  wallon,  dure,  être  expédient;  environs 
de  Paris,  dnebien  duit,  âne  bien  dressé;  provenç. 
duire,  durre,  conduire,  instruire;  du  latin  ducere, 
conduire.  La  série  des  sens  est  conduire,  guider, 
instruire,  façonner,  et  de  là,  au  neutre,  convenir, 
être  expédient.  Con-duire,  de  conducere,  sé-duire, 
de  seducere,  prouvent  surabondamment  que  dutre 
vient  du  latin  ducere,  que  l'on  rapproche  du  germa- 
nique :  gothique,  tiu/10;  ancien  haut  allem.  iiu/ia, 
tirer,  mots  dont  le  radical  est  tuh. 

t  DUIS  (dui),  s.  m.  Lit  créé  à  l'aide  de  digues 
parallèles  entre  lesquelles  les  eaux  qui  divaguaient 
sur  une  surface  se  trouvent  réunies  pour  les  besoins 
de  la  navigation. 

—  ÉTYM.  Lat.  diictus,  conduit  (voy.  doit). 

f  (.DUIT,  DUITE  (dui,  dui-t'),  ad}.  Façonné, 
dressé.  Il  n'est  pas  duit  à  cela,  Acad.  édit.  de  lOOfl. 
Duit  au  travail,  duit  à  combattre,  scarbon,  Virg. 
trav.  dans  leroox,  Dict.  comique.  ||  Vieux. 

—  ÉTYM.  Part,  passé  de  duire. 

t  2.  DUIT  (dui) ,  s.  m.  Terme  de  pêche.  Chaussée 
formée  de  pieux  et  de  cailloux  en  travers  d'une  ri- 
vière ou  d'un  petit  bras  de  mer  pour  arrêter  le  pois- 
son lors  du  jusant. 

—  ÉTYM.  Probablement  le  latin  ductus  (voy. 
doit). 

f  DUITE  (dui-t') ,  s.  f.  Fil  que  la  navette  conduit 
depuis  une  lisière  jusqu'à  l'autre,  dans  l'ourdissage 
d'une  étoffe  quelconque.  ||  Terme  de  rubanier.  La 
portion  de  la  chaîne  qui  lève  ou  baisse  à  chaque 
mouvement  de  marche.  ||  Fausse  duite,  défaut  de 
fabrication  dans  les  élolTes,  pravenant  d'un  jet  de 
la  trame  qui  ne  passe  pas  régulièrement  dans  les 
fils  de  la  chaîne,  à  cause  d'un  défaut  d'égalité  dans 
les  fils  des  lisses. 

—  ÉTYM.  Le  participe  duit,  de  duire,  dans  le  sens 
de  conduire. 

t  DUITTE  (dui-f) ,  s.  f.  Terme  de  marine.  Nom 
donné  à  de  très-petits  torons  provenant  de  flls  de 
caret  très-menus,  servant  à  faire  de  la  ligne  d'a- 
marrage et  du  petit  filin. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  duite. 

t  DULCAMARINE  (dul-ka-ma-ri-n') ,  S.  f.  Terme 
de  chimie.  Substance  qui  se  trouve  dans  la  douce- 
amère. 

—  ÉTYM.  Lat.  dulcamara,  douce-amère. 

t  DULCIFIANT,  ANTE  (dul-si-fi-an,  an-t'),  adj 
Oui  adoucit.  Quelque  petit  clystère  dulcifiant,  mol. 
if^d.  m.  lui.  II,  7. 

DULCIFICATIOX  (dul-si-fi-ka-sion),  I. /.  Action 
de  dulcifier;  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Dulcifier. 

DULCIFIÉ,  ÉE  (dul-si-fi-é,  ée),  part,  passé. 
Il  1°  Rendu  doux.  ||  Terme  d'ancienne  chimie.  Esprit 
de  nitre  dulcifié,  esprit  de  sel  dulcifié,  nom  donné 
à  des  mélanges  d'acide  nitrique  et  d'alcool,  d'acide 
chlorhydrique  et  d'alcool,  dits  maintenant,  le  pre- 
mier acide  azotique  alcoolisé,  et  le  second  acide 
chlorbydrique  alcoolisé.  ||  2°  Fig.  Radouci.  Voilà 
tout  mon  courroux  Déjà  dulcifié;  qu'en  dis-tuî  rom- 
pons-nous? MOL.  Dép.  am.  iv,  4. 

DULCIFIER  (dubsi-fi-é),jedulcifiais,  nous  dulci- 
fiions;  que  je  dulcifié,  que  nous  dulcifiions,  t.  a- 
Terme  de  pharmacie.  Rendre  doux ,  tempérer  l'â- 
creté,  l'acidité,  la  force  d'un  liquide  en  le  mêlant 
avec  un  autre  liquide  plus  doux.  On  dulcifié  les  aci- 
des minéraux  au  moyen  de  l'alcool.  ||  Kig.  et  dans  le 
style  plaisant.  Que  voulez-vous  donc  faire  avec  ces 


DUN 

chanires-ci?- -  J'en  veux  dulcifier  mon  amoureux 
souci,  SCARRCN,  D.  Japliet.  iv,  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  fictif,  dulcificare,  de  dulcis,  doux, 
et  facere,  faire. 

t  DULCIMER  (dul-si-mèr),  s.  m.  Espèce  de  gui- 
lare  des  pays  du  Nord  dont  les  cordes,  remuées  avec 
les  épingles  de  fer  ou  de  cuivre,  rendent  une  liar- 
monie  assez  agréable. 

DULCINÉE  (dul-si-née),  s.  f.  Nom  badin  et  sou- 
vent moqueur  qu'on  donne  à  une  maltresse.  II  était 
aux  pieds  de  sa  Dulcinée.  C'est  donc  une  impéra- 
trice que  votre  Dulcinée,  CH.  de  Bernard,  laFemme 
de  40  atis,  §  2. 

—  IIIST.  XV*  S.  C'est  pitié  s'ils  font  jojo  Trop  ma- 
tin, les  (loulcinés  [douillets],  ch.  d'orl.  Chans. 

—  Ety.M.  Dérivé  du  latin  dulcis,  doux.  Dans  le 
sens  de  maîtresse,  ce  mot  vient  de  don  Quichotte, 
lui  avait  choisi  pour  son  héroïne  l'incomparable 
Dulcinée  du  Toboso. 

t  nrLCINISTE  (dul-si-ni-sf),  s.  m.  Nom  d'héré- 
'.iquesduxiv'siècle,  qui  prêchaient  le  r^gnedu  Saint- 
Es|)nt  après  celui  du  Fils,  qui  avait  duré  depuis  la 
naissance  de  Jésus-Christ,  comme  celui  du  Père 
avait  duré  auparavant  depuis  la  création  du  monde. 

—  ÊTYM.  Dulcin  de  Novarre,  qui  fut  brûlé  sous 
:e  pape  Clément  V. 

t  DULCITER  (dul-si-tèr) ,  adv.  /a(m  qui  signifie 
.loucement,  et  qui  est  pris  avec  ce  sens  dans  le 
style  badin  et  moqueur.  Dulciter,  papa,  chacun  son 
affaire,  eeaumarch.  Barbier  de  SdvÛle,  11,  H. 

DDLIE  (ilu-lie),  s.  f.  Terme  de  théologie.  Le  culte 
de  dulie,  culte  de  respect  et  d'honneur  que  l'on  rend 
aux  saints,  par  opposition  au  culte  de  latrie  qu'on 
rend  à  Dieu  seul. 

—  IllST.  XVI'  s.  Latrie  en  grec  signifie  autant 
qu'honneur;  dulie  est  servitude;  et  toutesfois  ceste 
différence  n'est  pas  tousjours  observée  en  l'Escriture, 
CALV.  Inslit.  67. 

—  ÉTYM.  AomXUo.  ,  servitude ,  de  8où).o;  ,  es- 
clave. 

t  DtJLIEN  (du-liin),  s.  m.  Sectaire  arien  du 
IV'  siècle,  qui  prétendait  que  le  Verbe  était  non  pas 
fils  du  Père,  mais  son  serf. 

—  ÉTYM.  Aou)iavo;,  de  ào'Arii,  esclave,  serf. 
DÛMENT  (du-man),  adv.  Terme  de  pratique.  En 

due  forma.  La  chose  a  été  bien  et  dûment  constatée. 
Il  Par  extension,  dans  le  langage  général,  mais 
souvent  avec  une  nuance  de  moquerie,  de  badinage, 
comme  il  faut,  d'une  façon  due,  convenable.  Un  per- 
sonnage Dûment  atteint  de  cocuage,  la  font. 
Coupe.  Notre  défunt  était  en  carrosse  porté.  Bien 
et  dament  empaqueté,  ID.  Fabl.  vu,  U. 

—  HlST.  xiv's.  Or  n'est-il  p."s  double  que  à  don- 
ner deuement  il  se  ensuit  bien  faire  et  bien  ouvrer, 
crf.sme,  Eth.  103.  Il  XV'  s.  Et  relata  son  message  bien 
et  duement,  ainsi  qu'il  appartenoit,  froiss.  1,  i,  H 9. 
Il  xvi*  s.  [Les  roys  juroient]  qu'ilz  regneroient  bien 
et  duement  selon  les  loix,  amyot,  Pyrrk.  9. 

—  ÉTYM.  Due,  et  le  suffixe  ment. 

f  DUiMlCOLE  (du-mi-ko-l'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  vit  d'ans  les  taillis,  dans  les  buissons. 

—  ÉTYM.  Lat.  dumicola,  de  dumus,  buisson,  et 
colère,  habiter. 

DUNE  (du-n') ,  s.  f.  Monticule  de  sable  sur  les 
bords  de  la  mer.  Les  dunes,  ces  monticules  sablon- 
neux qui,  si  l'industrie  de  l'homme  ne  parvient  à 
les  fixer  par  des  végétaux  convenables,  s'avancent 
vers  l'intérieur  des  terres,   cuvier,   Itévol.   p.  37. 

—  HIST.  XV' s.  Les  François  ne  pouvoient  venir 
que  par  les  dunes  sur  le  rivage  de  la  mer,  froiss. 
I,  I,  317.  Il  XVI'  s.  Sur  cette  gayeté,  l'archiduc  mar- 
che sur  les  dunes  de  sable  qui  sont  au  bord  de  la 
mer  avec  neuf  compagnies  d'ordonnances,  d'aub. 
Hist.  m,  629. 

—  ÉTYM.  Espagn.  et  ital.  dwm,  du  latin  dnnum, 
en  grec  Soùvov,  mots  signifiant  hauteur,  et  donnés 
comme  celtiques  par  les  auteurs  anciens;  ils  exis- 
tent encore  dans  le  celtique  moderne  :  kymri,  ir- 
landais et  gaél.  dun,  tertre;  bas-bret.  fun,  col- 
line. 

DUNETTE  (du-nè-f),  s.  f.  Terme  de  marine.  Étage 
élevé  à  la  partie  postérieure  du  gaillard  d'arrière 
d'un  navire  ;  le  plancher  en  est  à  la  hauteur  d'environ 
cinq  pieds  et  demi  (dans  un  vaisseau)  au-dessus  du 
gaillard,  et  s'étend  du  mât  d'artimon  au  couronne- 
ment, servant  de  plafond  à  la  chambre  du  conseil 
et  à  quelques  chambres  destinées  au  capitaine  et  à 
d'autres  officiers,  jal.  ||  La  partie  supérieure  de  la 
dunette.  Se  promener  sur  la  dunette.  Nous  montfimes 
sur  la  dunette  pour  voir  de  plus  loin. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  d'avantage  dès  ce  temps  où 
commença  une  si  furieuse  et  continuelle  batterie 
d'artillerie  contre  les  dunettes  [petits  fortins]  qu;  les 


DUP 

Anglois  avoienl  fait  bastir  avec  une  incroyable  des- 
pense pour  la  secureté  des  navires  entransau  havre 
de  Boulogne,  Oraison  du  chancelier  de  France, 
1B50,  dans  JAL. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dîme,  hauteur. 

DUO  (du-o),  s.  m.  Il  1°  Terme  de  musique.  Mor- 
ceau fait  pour  être  chanté  par  deux  voix  ou  exécuté 
par  deux  instruments.  Duo  de  flûte,  de  violon.  De 
beaux  duos.  On  appelle  duo  une  musique  à  deux 
voix,  quoiqu'il  y  ait  une  troisième  parlie  pour  la 
basse  continue,  et  d'autres  pour  la  symphonie,  j.  j. 
Rouss.  Dict.  de  musique.  \\  2°  Fig.  et  ramilièrement. 
Duo  d'injures,  échange  de  mots  grossiers.  ||  Au 
plur.  Des  duos. 

—  ÉTYM.  Itai.  duo,  du  latin  duo,  deux. 

+  DUODÉCIMAL,  ALE  (du-0-ilé-si-mal,  ma-1'), 
adj.  Terme  d'arithmétique.  Qui  se  compte,  se  divise 
par  douze.  Système  duodécimal,  système  de  numéra- 
tion, dont  la  base  serait  le  nombre  douze  et  qui  em- 
ploierait par  conséquent  onze  chiffres  significatifs 
et  un  zéro. 

—  ÉTYM.  Lat.dwo,  deux,  et  décimal. 

t  DUODÉCIMO  (du-o-dé-si-mo) ,  adv.  Se  dit  pour 
douzièmement,  quand  on  énumère  une  série  d'objets 
ou  d'articles  rangés  par  primo,  secundo,  etc.  11  s'é- 
crit souvent  ti°. 

—  ÉTYM.  Lat.  duodecimo  loco,  en  douzième  lieu. 
t  DUODÉCUPLE  (du-o-dé-ku-pl'),  adj.  Qui  con- 
tient douze  fois.  Un  nombre  duodécuple  d'un  autre. 

—  ÉTYM.  Lat.  duodecim,  douze. 

t  DUODÊNAIRE  (du-o-dé-nô-r'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Oui  est  disposé  par  douzaine. 

—  ÉTYM.  Lat.  duodenarius,  venant  de-  duodeni, 
qui  va  par  douze,  de  duo,  deux,  et  dcni,  dix. 

fDUODÉNAL,  ALE  (du-0-dé-nal,  na-1'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  ou  a  rapport  au 
duodénum.  Artères  et  veines  duodénales. 

—  ÉTYM.  Duodénum,  et  la  terminaison  adjective 
al,  signifiant  :  qui  appartient  à,  qui  est  de  la  na- 
ture de. 

t  DUODÉNITE  (du-o-dé-ni-f),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Inflammation  du  duodénum. 

—  ÉTYM.  Duodénum,  et  la  finale  médicale  ite, 
qui  indique  inflammation. 

DUODENUM  (du-o-dé-nom'),  s.  m.  Terme  d'ana- 
tomie. Première  portion  de  l'intestin  grêle,  ainsi 
nommée  de  ce  que  la  longueur  n'en  est  guère  que 
de  douze  travers  de  doigt. 

—  REM.  L'Académie  ne  met  point  d'accent;  mais 
elle  note  qu'on  en  prononce  un. 

—  HlST.  XVI'  s.  Trois  gresles,  appelés  duodénum, 
jéjunum  et  iléon....  le  premier  a  esté  ainsi  nommé, 
à  cause  qu'il  est  quasi  comme  un  changement  de 
ventricule  en  intestin,  selon  la  longitude  de  douze 

doigts,   PARÉ,  I,    )5. 

—  ÉTYM.  Lat.  duodeni,  douze. 

DUODI  (du-o-di),  s.  m.  Le  deuxième  jour  de  la 
décade,  dans  le  calendrier  républicain. 

—  ÉTYM.  Lat.  duo,  deux,  etdies,  jour. 

t  DUODR.\ME  (du-o-dra-m'),  s.  m.  Pièce  drama- 
tique où  il  n'y  a  que  deux  interlocuteurs. 

—  ÉTYM.  Lat.  duo,  deux,  et  drame. 

DUPE  (du-p'),  s.  f.  Il  1°  Personne  qui  a  été  jouée, 
trompée,  ou  qu'il  est  facile  déjouer,  d'abuser.  Isi- 
dore est  entre  les  mains  du  cavalier  qu'elle  aime;- 
vous  êtes  pris  pour  dupe,  mol.  Sicil.  se.  20.  Lui  qui 
connaît  sa  dupe  et  qui  veut  en  jouir.  Par  cent  de- 
hors fardés  a  l'art  de  l'éblouir,  ID.  Tart.  1,  2.  Kt 
ne  pense  pas,  toi,  trouver  ta  dupe  aussi  [me  trom- 
per], m.  le  Dép.  iv,  4.  Et  moi,  la  bonne  dupe  à 
trop  croire  un  vaurien,  id.  l'Ét.  11,  B.  Allez,  vous 
êtes  une  vraie  dupe,  m.  Bourg,  gent.  m,  4.  Ne 
point  mentir,  être  content  d\i  sien.  C'est  le  plus 
sûr;  cependant  on  s'occupe  X  dire  faux  pour  attra- 
per du  bien;  Que  sert  cela?  Jupiter  n'est  pas  dupe, 
LA  FONT.  Fabl.  V,  1.  Vous  le  croyez  votre  dupe; 
s'il  feint  de  l'être,  qui  est  plus  dupe  de  lui  ou  de 
vous?  LA  BRUY.  V.  Un  homme  d'esprit  et  d'un  ca- 
ractère simple  et  droit  peut  tomber  dans  quelque 
piège;  il  ne  pense  pas  que  personne  veuille  lui 
en  dresser  et  le  choisir  pour  être  sa  dupe,  m.  n. 
Il  faut  opter  des  deux,  être  dupe  ou  fripon,  re- 
GNARD,  Joueur,  I,  7.  Le  désir  de  gagner  qui  nuit 
et  jour  occupe  Est  un  dangereux  aiguillon;  Sou- 
vent, quoique  l'esprit,  quoique  le  cœur  soit  bon,  On 
commence  par  être  dupe.  On  finit  par  être  fripon, 
M'"'DEsnouLiÈRKS,  Réflcxions  diverses.  Il  est  très- 
malaisé  que  la  plupartdesprincipauxd'un  État  soient 
malhonnêtes  gens,  et  que  les  inférieurs  soient  gens 
de  bien;  que  ceux-l<\  soient  trompeurs,  et  que  ceux- 
ci  consentent  à  n'être  que  dupes,  montksq.  Esp^  m, 
5.  Il  I1upo,  bien  que  se  rapportant  à  un  nom  ou  à 
un  pronom  au  pluriel,  se  met  au  singulier,  quand  il 


DL'P 


1251 


s'agit  d'un  seul  et  même  moyen  employé  pour  trom- 
per. Nous  fûmes  la  dupe  de  son  stratagème.  ||  Use 
met  au  pluriel  quand  il  s'agit  de  duperies  successives. 
Nous  fûmes  les  dupes  de  ses  stratagèmes.  ||  Faire  des 
ilupos,  abuser  de  la  confiance  d'un  certain  nombre 
lie  porsoimes,  les  tromper,  leur  soustraire  de  l'ar- 
gent, etc.  Si  je  vous  rends  dupe  une  fois,  c'est  pour 
vous  empêcher  d'en  faire,  imeeht.  Jaloux  sans 
amour,  m,  1. 1|  Journée  des  dupes,  le  U  novembre 
(030,  jour  où  Richelieu,  que  l'on  croyait  disgracié, 
reprit  son  autorité  auprès  du  roi,  et,  par  extension, 
tout  événement  qui  tourne  à  la  confusion  de  ceux 
qui  comptaient  sur  le  succès.  C'est  une  journée 
des  dupes.  ||  Élre  la  dupe  d'une  alTaire,  d'un  mar- 
ché, n'y  pas  trouver  son  compte,  y  perdre.  ||  Fig. 
Notre  esprit  est  la  dupe  de  notre  cœur,  sÉv.  278. 
Son  cœur  était  souvent  la  dupe,  plus  souvent  encore 
l'esclavedesesengagements,  hamii.t.  Gramm.  6.  Et, 
dupe  des  méchants, la  générosité  Offre  trop  d'avan- 
tage à  leur  iniquité,  lemerc.  Frddég.  et  llruneh.  . 
m,  i.  Il  2°  Adj.  La  suite  fera  voir  que  ces  derniers 
ne  seront  pas  les  plus  dupes,  pasc.  Pror.  2.  Allez, 
j'étais  trop  dupe,  et  je  vais  ne  ])lus  l'être,  mol. 
Mis.  V,  6.  Il  3'  Dupe,  sorte  de  jeu  de  cartes,  appelé 
quelquefois  jeu  de  Florentini. 

—  REM.  La  Fontaine  a  fait  dupe  masctdin.  Du  fil 
et  du  soufflet  pourtant  embarrassé.  Un  des  dupes 
un  jour  alla  trouver  un  sage,  Fabl.  ix,  8.  Mais  c'est 
une  faute;  dupe,  comme  on  verra  à  l'historique  et 
à  l'étymologie,  est  le  nom  féminin  d'un  oiseau;  et 
l'on  ne  peut  pas  plus  dire  un  dupe  qu'on  ne  pour- 
rait dire  un  linotte  pour  un  homme  étourdi. 

—  HlST.  xV  s.  Le  quel  Nobis  dist  au  suppliant 
qu'il  alast  avecques  lui  en  l'osteloùpend  l'enseigne 
des  petits  sollers,  et  que  il  avoit  trouvé  son  homme 
ou  la  duppe,  qui  est  leur  manière  de  parler  et  que 
ilz  nomment  jargon,  quant  Hz  trouvent  aucun  fol 
ou  innocent  qu'ilz  veullent  décevoir  par  jeu  ou  jeux 
et  avoir  son  argent,  nu  cange,  dwphri/as.  ||  xvi'  s. 
Cependant  venoyt  son  diseur  d'heures ,  empalt- 
tocqué  comme  uneduppe,  rabel.  Garg.i,  21.  Pen- 
sent ilz  bien  avoir  affaire  à  une  duppe,  de  vous 
paistre  de  ces  fouaces?  id.  ib.  i,  32.  Et  feussent  ilz 
aussi  huppez  que  dupes  de  marays,iD.  Pan*.  11,  (2. 
Panurge  curieusement  considéra  sa  forme  [du  pape- 
gaut]....  puis  s'écria  :  en  mal  an  soyl  la  besle,  il 
semble  une  duppe.  Parlez  bas,  dit  Editus,  il  a  au- 
reilles.  Se  ha  bien  une  duppe  [aussi  une  huppe  en 
a-t-elle  bien] ,  dit  Panurge,  ID.  ib.  v,  8. 

—  ÉTYM.  Berry,  duhe,  la  huppe.  On  a  proposé 
l'allemand  (de  la  Souabe)  diippel,  imbécile.  Mais 
dupe  est  du  féminin  et  a  été  le  nom  de  la  huppe, 
oiseau  qui  passe  pour  un  des  plus  niais.  De  la  sorte 
la  huppe  ou  la  duppe  fut  prise,  dans  le  jargon  ou  ar- 
got du  temps,  pour  une  personne  aisée  à  tromper, 
sens  que  pigeon  a  de  nos  jours.  Chevallet  a  nws  en 
lumière  cette  étymologie,  qui  est  la  véritable.  Main- 
tenant duppe  ou  dupe  est-il  une  altération  de  ftuppe? 
cela  est  possible,  sans  être  certain. 

DUPÉ,  ÉE  (du-pé,  pée),  part,  passé.  Pris  pour 
dupe.  Dupé  par  un  habile  fripon.  Un  philosophe  as- 
sure Que  toujours  par  leurs  sens  les  hommes  sont 
dupés,  la  font.  Fabl.  vu,  18.  ||  Il  se  dit  aussi  <le 
l'attente,  de  l'espérance,  etc.  S'il  ne  faut  que  cou- 
rir, leur  attente  est  dupée;  J'ai  le  pied  pour  le  moins 
aussi  bon  que  l'épée,  corn. /iïu.rio/i  comt^we,  ni,  8. 

DUPER  (du-pé),  V.  a.  \\  l"  Prendre  pour  dupe, 
tromper.  Ils  s'entendirent  pour  le  duper.  Paris  est 
un  grand  lieu  plein  de  marchands  mêlés  :  L'en"et 
n'y  répond  pas  toujours  à  l'apparence.  On  s'y  laisse 
duper  autant  qu'en  lieu  de  France,  corn.  Ment. 
I,  1.  Je  sais  les  tours  rusés  et  les  subtiles  trames 
Dont....  savent  user  les  femmes,  Et  comme  on  est 
dupé  par  leurs  dextérités,  mol.  Éc.desf.  I,  1.  Quoi  1 
parce  qu'un  fripon  vous  dupe  avec  audace  Sous  le 
pompeux  éclat  d'une  austère  grimace.  Vous  voulez 
que  partout  on  soit  tout  comme  lui,  Et  qu'aucun 
vrai  dévot  ne  se  trouve  aujourd'hui?  id.  Tart.  v,  ). 
Un  bigot  orgueilleux  qui,  "dans  sa  vanité,  Croit  du- 
per jusqu'à  Dieu  par  son  zèle  alTccté,  boil.  Sat.  x. 
Tous  ceux  qui  ont  commercé  avec  les  Chinois  con- 
viennent unanimement  que  l'on  ne  saurait  prendre 
tropdoprécautions,  si  l'on  ne  veut  pas  en  être  dupé, 
RAYNAL,  His(.  phii.  I,  21.  Il  Absolument.  Il  ne  cherche 
qu'à  duper.  Il  11  se  dit  aussi  de  certains  sentiments 
que  l'on  trompe.  Je  dupais  son  inconstance,  parce 
que  tous  les  jours  je  lui  renouvelais  sa  maîtresse, 
et  c'était  comme  s'il  en  avait  changé,  marivaux, 
Marianne,  V  part.  ||  2°  Se  duper,  t;.  réfl.  Desfripons 
qui  se  dupent  l'un  l'autre. 

—  ÉTYM.  Dupe;  Berry,  dubé,  huppé. 

DUPERIE  (du-pe-rie),  s.  f.  ||  1°  Ce  qui  fait  qu'on 
est  dupe.  C'est  une  franche  duperie.  Regardant  le 


4252 


DUP 


pnr  amour  du  bien  public  comme  une  duperie  ou 
comme  une  jactance,  mahmontix,  Mém.  xii.  X  ce 
risque  f:ital,  je  vis,  je  me  confie;  Et  dût  ce  nnble 
instinct,  sublime  duperie,  Sacrifier  en  vain  i'exi- 
stence  à  la  mort,  J'aime  à  jouer  ainsi  mon  .Ime  avec 
le  sort,  LAMART.  Ilarm.  iv,  ti.  H  2»  Ëlat  de  dupe. 
Pour  voir  jusqu'où  va  la  duperie  des  hommes  avec 
nous,  MARIVAUX,  Marianne,  l"  part. 

—  ÉTYM.  Duper. 

DDPEUR  (du-peur),  î.  m.  Celui  qui  dupe.  Un  du- 
peur  dupé.  ||  Fig.  Un  dupeur  d'oreilles,  lecteur  qui 
est  assez  habile  pour  faire  trouver  bons,  quand  11 
les  récite,  des  vers,  un  morceau, médiocres  par  la 
pensée  ou  par  l'expression.  On  a  dit  que  Delille  était 
un  grand  dupeur  d'oreilles  à  cause  de  son  talentpour 
réciter  ses  vers. 

—  f.TYM.  Duper. 

DDPLIC.\TA  (du-pli-ka-la),  s.  m.  Double  d'un 
acte,  d'une  quittance,  d'une  dépêche.  Expédier  un 
acte  en  ou  par  duplicata.  Que  les  chambres  du  par- 
lement s'asseml)lassent  pour,  en  leur  présence,  y 
être  fait  ouverture  du  testament,  et  les  duplicata  du 
dit  testament  être  envoyés  à  tous  les  parlements  du 
royaume,  st-sim.  304,  52.  On  dépêcha  un  second 
courrier  avec  un  duplicata,  volt.  Hussie,  II,  (.  11 
fit  quatre  duplicata  de  celte  lettre  ,  m.  Taureau,  6. 
Il  Par  extension  et  danslo  stylo  badin,  représenta- 
lion,  image.  Jaloux  de  donner  à  ma  belle  Le  dupli- 
cata de  mes  traits,  je  demande  quel  est  l'Apelle  Le 
plus  connu  pour  ses  portraits,  désaugiers,  l'Atelier 
du  peintre,  chanson. 

—  REM.  On  no  voit  pas  pourquoi  l'Académie,  met- 
tant un  s  dans  des  opéras,  n'écrit  pas  aussi  des  du- 
plicatas, des  Iriplicatas. 

—  ÉTYM.  Plur.  neutre  do  duplicatus,  participe 
passif  de  dupHcare,  doubler  (voy.  doubler). 

t  DUPLICATEUR  (du-pli-ka-teur),  s.  m.  Terme 
de  physique.  Instrument  propre  à  réunir  des  quan- 
tités d'électricité  trop  faibles  pour  être  apprécia- 
bles &  l'électroraètre  le  plus  sensible. 

—  ÉTY,M.   Voy.  DUPLICATION. 

t  DUPLICATIF,  IVE  (du-pli-ka-tif,  ti-v'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  double,  qui  opère  la  dupli- 
cation. 

—  ÉTYM.  Lat.  duplicare,  doubler  (voy.  doubler) ; 
provenç.  dtiplicatiu. 

t  DUPLICATILE  (du-pli-ka-ti-l'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  est  susceptible  de  se  ployer  en  travers. 

—  ÉTYM.  Lat.  duplicare,  doubler  (voy.  doubler). 
DUPLICATION  (du-pli  ka-sinn),  s.  f.  ||   1»  Terme 

de  géométrie.  Action  de  doubler  une  quantité.  |{  Du- 
plication du  cube,  problème  qui  consiste  à  con- 
struire un  cube  double  d'un  cube  donné  en  volume 
et  à  faire  cette  construction  sans  employer  d'autres 
instruments  que  la  règle  et  le  compas.  Le  problème 
des  deux  moyennes  proportionnelles  pour  parvenir 
à  la  duplication  du  cube,  qui  n'a  jamais  pu  être 
résolu  géométriquement  que  par  M.  Descartes, rol- 
LIN,  Ilist.  anc.  t.  xni,liv.  xxvit,ch.  t ,  p.  133,  dans 
POUGENS.  Il  2°  Terme  de  musique.  Dans  le  plain- 
chant,  sorte  de  périélèse  qui  se  fait  en  doublant  la 
pénultième  note,  lorsque  cette  note  est  du  degré 
immédiatement  inférieur  à  la  dernière.  {{  3°  Terme 
de  botanique.  Mode  do  multiplication  particulier  à 
quelques  genres  de  végétaux  microscopiques. 

—  lllST.  xvr  s.  Ceste  fraction  d'air  fait  double 
gon,  dont  la  duplication  est  appellée  écho,  paré, 
IV,  (0. 

—  ÉTYM.  Provenç.  duplicatio;  espagn.  duplica- 
cion;  ilal.  diiplicazione;  du  latin  duplicationem , 
de  duplicare,  doubler  (voy.  doubler). 

t  DUPLICATO-DENTELR,  ÊE  (du-pli-ka-lo-dan- 
te-lé,  lée),  od;.  Terme  de  botanique.  Dont  les  den- 
telures sont  elles-mêmes  dentelées. 

—  ÉTYM   Lat.  duplicatus,  doublé,  et  denteld. 

t  DUPLIOATUIIE  (du-pli-ka-tu-r'),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Êiat  d'une  chose  plate  et  mince  qui  est 
repliée  sur  elle-même.  La  duplicature  du  péri- 
toine. La  peau  du  polype  peut  n'être  pas  simple, 
elle  peut  être  composée  de  deux  membranes  prin- 
cipales dont  la  duplicature  fournit  un  nouvel  esto- 
mac, BONNKT,  Consid.  corps organ.  Œuvres,  t.  vi, 

p.   68,    dans  POUGENS. 

—  IllST.  xvi'  s.  Les  veines  et  artères,  estant  en- 
trées au  crâne  s'insèrent  en  la  duplicature  de  la 
dure-mere,  faite  à  la  division  du  cerebelle  et  du 
cerveau,  pabè,  ni,  B. 

—  f.TYM.  lat.  duplicare.  doubler  (voy.  doubler). 
t  DUPLICIDENTÊ,  ÉE  (du-pli -si-dan-té,  tée),  adj. 

Terme  de  botanique.  Qui  a  des  dents  douilles.  ||  S. 
m.  Terme  do  zoologie.  Les  duplicidentésou  doubles 
dents,  famille  do  mammifères  rongeurs,  dite  à  pré- 
sent famillo  dus  léporins. 


DUR 

—  ÉTYM.  Lat.  duplex,  double,  et  denté. 
DUPLICITÉ  (du-pli-si-té),  s.  f.  ||  f  Etat  de  ce  qui 

est  double.  Certains  verres  donnent  une  duplicité 
d'images  du  même  objet.  Il  s'y  rencontre  [dans  celle 
pièce]  une  duplicité  de  lieu  particulier,  corn.  h'x. 
de  Cinna.  ||  2"  Terme  d'anatomie  pathologique.  Du- 
plicité par  inclusion,  synonyme  d'inclusion  mon- 
strueuse, c'est-à-dire  de  la  monsiruosilé  où  un  corps 
vivant  en  renferme  un  autre.  {|  3°  Fig.  Caractère 
d'une  âme  qui  est  double,  qui  présente  une  appa- 
rence trompeuse  et  contraire  à  ce  qui  est  au  fond; 
mauvaise  foi.  Puisque  votre  probabilité  rend  les 
bons  sentiments  de  quelques-uns  de  vos  auteurs 
inutiles  à  l'Eglise  et  utiles  seulement  à  votre  politi- 
que, ils  ne  servent  qu'à  nous  montrer  la  duplicité 
de  votre  coeur,  PAsc.  Prov.  i3.  Sa  société  [de  M.  de 
Turenne]  communiquait  une  horreur  pour  la  fri- 
ponnerie et  pour  la  duplicité,  qui  mettait  tous  ses 
amis  au-dessus  des  autres  hommes,  sÉv.  Lett. 
38  août  (075. 

—  HIST.  xiu*  s.  Tous  jors  i  troverés  sophime,  Oui 
la  conséquence  envenime,  Se  vous  avéssotilité  D'en- 
temlre  la  duplicité,  la  llose,  <2317.  ||  xv  s.  Ne  fu- 
mée de  haine,  ne  tache  quelconque  de  mensonge 
ou  duplicité,  GERSON, //arcnjue  au  roi  Charles  VI, 
p.  <5.  ||xvi'  s.  Toutefois  qu'il  y  ait  encore  quel- 
qtie  duplicité  [double  nature]  et  meslange  en  lame 
mesme,  et  quehpie  diversité  de  nature  et  différence 
entre  la  partie  raisonnable  et  l'irraisonnable ,  amyot  , 
De  la  vertu  morale,  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  duplicitas,  de  dupZcx(voy.  double). 
DUPLIQUE  (du-pli-k'),s.  f.  \\  1°  Terme  de  pratique 

ancienne.  Réponse  à  une  réplique.  Les  dupliques 
furent  abolies  par  l'ordonnance  de  («67.  |[  Dans  le 
langage  général,  toute  espèce  de  réponse  à  une  ré- 
plique. On  n'a  omis  que  ce  que  ce  premier  écrit 
omet,  qui  est  un  fatras  de  répliques  et  de  dupliques 
départ  et  d'autre,  st-sim.  398,  (I6.[|2°  Adj.  An- 
cien terme  de  musique.  Consonnance  duplique, 
consonnance  exprimée  par  un  rapport  double  du 
rapport  qui  exprime  une  autre  consonnance. 

—  ÉTYM.  Voy.  dupliquer. 

DUPLIQUER  (du-pli-ké) ,  V.  n.  Terme  de  pratique 
ancienne.  Fournir  des  dupliques.  Mme  du  Maine  ne 
se  rebuta  point,  et  se  mit  à  répliquer,  à  dupliquer, 
et  à  faire  les  derniers  efforts  pour  l'emporter,  st- 
sim.  378,  115. 

—  HIST.  xv*  S.  Si  duplica;  Le  douloureux  qui 
l'ouit  replica.  Et  son  propos  de  tous  points  applica, 
AL.  CHAUTiEB,  le  Débat  des  deux  fortunes.  S'ensuit 
la  seconde  lettre  du  roy  Henry,  duplicant  à  la  se- 
conde lettre  du  duc  d'Orléans,  monsthel.  1. 1,  f"  1 1, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  duplicare,  doubler. 
DUPOXDIUS  (du-pon-dius'),  s.  m.  Terme  d'an- 
tiquité romaine.  Monnaie  valant  deux  as. 

—  ÉTYM.  Lat.  dupondius,  de  duo,  deux,  et  pon- 
dus, poids  (voy.  poids). 

t  DUPPION  (du-ppi-on),  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Voy.  DOUPION. 

DUQUEL  (du-kèl),  adj.  conjonctif  m.  sing.  com- 
posé de  du  et  de  quel.  Voy.  lequel. 

DUR,  DURE  (dur,  du-r'),  adj.  \\  1°  Difficile  à  pé- 
nétrer, à  entamer,  opposé  à  tendre,  à  mou.  Le  fer 
est  un  métal  très-dur.  Du  pain  dur.  Un  lit  dur.  Du 
bois  dur  à  fendre.  Une  pierre  dure  à  casser.  Pauvre 
ignorant  I  et  que  prétends-tu  faire?  'fu  te  prends  à 
plus  dur  que  toi,  la  font,  l'abl.  v,  lO.  j]  Un  œuf 
dur,  œuf  cuit  jusqu'à  ce  que  le  blanc  et  le  jaune 
soient  pris,  congelés.  ]|  Terme  d'anatomie.  Parties 
dures,  organes  ou  tissus  qui  présentent  beaucoup 
de  consistance,  comme  les  os,  les  dents,  les  car- 
tilages, par  opposition  à  d'autres  parties  qui  offrent 
peu  de  résistance  et  qu'on  appelle  molles.  |]  2°  Qui 
oppose  de  la  résistance.  Ce  fusil,  ce  pistolet  est  dur 
à  la  détente.  |]  Fig.  et  familièrement.  Être  dur  à  la 
délente,  à  la  desserre,  c'est-à-dire  ne  pas  donner 
facilement  de  l'argent,  être  avare.  Le  seigneur  Har- 
pagon est  le  mortel  de  tous  les  mortels  le  plus  dur 
et  le  plus  serré;  il  n'est  point  de  service  qui  pousse 
sa  reconnaissance  jusqu'à  lui  faire  ouvrir  les  mains, 
MOL.  i'^rarc,  ii,  5.  ]]  Dur  à  digérer,  de  digestion  dif- 
ficile. 11  Fig.  et  familièrement.  Cela  est  dur  à  digé- 
rer, ou  cela  est  de  dure  digestion,  c'est-à-dire  peu 
supportable,  difficile  à  croire,  ou  très  ennuyeux  (en 
parlant  de  livres). ||  Dur  i  cuire,  de  cuisson  difficile. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Dur  à  cuire,  c'est-à-dire 
difficile  à  manier,  à  faire  marcher,  à  plier  aux 
usages,  en  parlant  surtout  des  gens  qui  ont  pris 
leur  pli.  On  l'emploie  même  substantivement.  C'est 
un  dur  à  cuire.  Au  plur.  Des  durs  à  cuire,  qui  se 
prononce  comme  le  singulier,  sans  faire  sentir  ]'s. 
Il  Cette  marchandise  est  dure  à  la  vente,  elle  se  vend 


DUR 

difficilement.  ||  Eaux   dures,   celles  gui,   chargéec 
de  sels  calcaires,  ne  sont  pas  propres  à  cuire  les  lé- 
gumes, j]  Vin  dur,   vin   qui  a  beaucoup   d'àprelé. 
Il  3°  En  parlant  de  certaines  facultés  qui  ne  s'enr- 
cent  qu'avec  peine.  Etre  dur  d'oreille,  avoir  l'oreille 
dure,  n'entendre  que  les  sons  qui  ont  de  la  force 
Il  Avoir  la  tête  dure,  ne  pas  com[irendre  facilement. 
On  dit  dans  le  même  sens  avoir  l'intelligence  dure. 
Il  Terme  de  manège.   Cheval  dur,  cheval  qui  n'a 
point  de  sensibilité  ni  à  l'éperon  ni  au  fouet.  Réac- 
tions  dures,   fortes  secousses,    communiquées  au 
corps  à    chaque   poser  des  membres  pendant  les 
allures  de  certains  chevaux.  ||  Kig.  Mais  il  est  des 
esprits  durs,   indisciplinables.  Dont  on  ne  peut  ve- 
nir à  bout,  CORN.  Imit.  u,  3.  ||  i"  Qui  est  désagréa- 
ble à  l'oreille.  Une  voix  dure.  Un  style  dur.  Des 
vers  durs.  Une  modulation  dure  à  l'oreille.  Maudit 
soit  l'auteur  dur  dont  l'âpre  et  rude  verve....  boil. 
Vers  en  style  de  Chapelain.  Il  y  a  une  extrême  iné- 
galité entre  les  ouvrages  d'Ausone;  son  style  est 
dur;  mais  la  dureté  est  le  moindre  vice  de  ses  poé- 
sies, ROLLiN,  I{ist.  anc.  t.  xii,  liv.  xxv,  ch.  i", 
art.  2,  g  3,  p.  147,    dans  POUGENS.  ||  Terme  de  mu- 
sique.  Se  dit  des  intervalles  ou  des   accords  qui 
blessent  l'oreille  par  leur  dissonance.  B  dur  se  di- 
sait autrefois  du  si,  qu'on  désignait  alors  par  B,  et 
qui  était  beaucoup  plus  difficile  à  entonner  que  leit 
bémol  (voy.  bécarre).  ||Oui,  dans  les  arts  du  dessin 
ou  de  la  calligraphie,  est  marqué  trop  fortement, 
a  des  contours  roides  ou  heurtés.  Un  dessin  dur. 
Les  traits  de  cette  écriture  sont  durs.  ]|  Un  crayon 
dur,  un  pinceau  dur,  un  crayon,  un  pinceau  qui 
tracent  des  traits  durs.  ||  Dans  la  peinture.  Dont  le 
dessin  est  dur  ou  dans  lequel  les  lumi'res  et  les  om- 
bres contrastent  durement.  Un  tableau  dur.  Des  tons 
durs.  L'effet  de  ce  tableau  est  dur.  ||  11  se  dit  aussi 
en   ce  sens,  de  celui  qui  peint.  C'est  un  peintre 
dur.  Il  5°  Pénible,  affligeant,   difficile   à   suppor- 
ter. Une  réprimande  bien  dure.  Les  soldats  mè- 
nent une  vie  fort  dure.  Dans  cette  dure  extrémité, 
trouvez  bon  qu'elle  vous  conjure  de  l'aimer,  r.v- 
tru.  Harangue  à  la  reine  de  Suède,  dans  riche- 
let.  Mais  en  ce  dur  combat  de  colère  et  de  flamme 
U  déchire   mon   cœur   sans   partager  mon   âme, 
coBN.  Cid,  m,  3.   11  est   plus  dur  d'appréhender 
la  mort  que  de  la  souffrir,  la  bruy.  Xi.   Mais  il 
m'est  désormais  trop  dur  de  reculer,  bac.  Baj.  iv, 
7.  Quelque  dure  que  soit  la  loi  qu'on  vous  im- 
pose.... ID.  Athal.  V,  2.  Je  n'avais  pas  songea  dé- 
sirer pour  moi  cette  place;  mais  il  m'était  dur  de  la 
voir  remplie  par  un  autre,  j.  J.  bouss.  Conf.  v.  Vous 
n'en  faites  que  trop  la  dure  expérience,  Ducis,  Lear, 
III,  0.  Le  malheur  est  moins  dur  à  supporter  qu'a 
craindre,  ID.  Oscar,  i,  2.  A  moi-même  il  me  dit  les 
choseslesplusdures,  boissy,  Deh.  tromp.t,  *.  ||  6" Ri- 
goureux par  le  froid.  Un  climat  dur.  Un  hiver  dur. 
Un  temps  dur.  ||  Fig.  Les  temps  sont  durs,  c'est-à-dire 
on  a  bien  de  la  peine  à  vive  par  le  temps  qui  court. 
Il  y  aura  toujours  des  gens  riches  qui  diront  que  le 
temps  est  dur,   volt.  Ult.  Damilaville,  20   févr. 
(706.  Eh  bien I  voisin,  comment  va  le  commerce? — 
Fort  mal,  le  temps  est  dur,  champport,  March.  de 
Smynie,  se.  10.  |1  7°  Qui  est  sans  bonté,  sans  huma- 
nité. Cet  homme  est  dur  et  sec.  11  est  fort  dur  pour 
ses  domestiques.  U  a  le  cœur  plus  dur,  étant  fils  d'un 
tyran,  corn.  Héracl.  v,  2.  Leurs  cœurs  deviennent 
plus  durs  que  la  pierre  et  que  le  bronze,  bourdal. 
Wyst.  Vassion  de  J.  C.   t.  i,  p.  28«.  La  cour  est 
comme  un  édifice  bâti  do  marbre,  je  veux  dire 
qu'elle  est  composée  d'hommes  fort  durs,  mais  fort 
polis,  LA  bhuy.  VIII.  Il  Dans  le  même  sens,  en  par- 
lant des  dehors,  des  manières,  des  discours,  etc. 
Un  regard  dur.  Des  manières  dures.  Il  lui  refusa  en 
termes  durs.    Une  réponse  dure  et  désobligeante. 
Jamais  homme  ne  fut  plus  compatissant  avec  une 
physionomie  plus  dure,  volt.  Joint,  O.  Ses  traits 
durs  et  pensifs  ont  un  calme  odieux,  lemerc.  Fré- 
dég.  et  Bruneh.  m.  2.  ||8»  Qui  supporte  la  fatigue, 
la  peine.  Un  homme  dur  au  travail ,  à  la  peine.  Celle 
espèce  d'opulence  permettait  aux  colons  d'avoir  un 
a,ssez  grand  nombre  de  chevaux  qui  n'étaient  pas 
beaux,  mais  durs  à  la  fatigue  et  propres  à  faire  sur 
la  neige  des  courses  prodigieuses,  raynal,  Ilist. 
phil.  XVI,  13.  Il  Avoir  la  vie  dure,  résister  aux  cau- 
ses de  mort.  Avoir  la  vie  dure  comme  un  chat 
Il  a  la  vie  bien  dure,  sÉv.  292.  ||  Rendre  à  quel- 
qu'un la  vie  dure,  lui  faire  bien  du  mal,  lui  don- 
ner bien  de  la  peine.  ||  9*  Dur,  adv.  Difficilement. 
Entendre  dur.  ||   Fig.  et   familièrement.   11  croit 
dur  comme  fer  tout  ce  qu'on  lui  dit,  il  est  très- 
crédule.  Il  10»  S.  m.  Terme  d'art.  Le  dur  est  le  con- 
traire  du  moelleux.  1|  U-  Dure,  s.  f.  La  terre  nue. 
J'ai  bu  chaud,  mangé  L-xiid  et  couché  sur  la  dure, 


DUR 

RÉCNiïR,  Sat.  II.  De  peur....  Oue  son  lit  ne  dé- 
fonce, il  dort  dessus  la  dure,  in.  t'b.  xiv.  Il  faut 
souffrir  la  faim  et  coucher  sur  la  dure,  boii..  Sat. 
viiL  II  Proverbe.  Quand  l'un  veut  du  mou,  l'autre 
veut  du  dur,  se  dit  de  deux  personnes  qui  ne  s'ac- 
cordent pas. 

—  HIST.  XI*  s.  Ki  dune  li  vit  son  grant  dol  [deuil] 
démener....  Mult  fust  il  dur,  ki  n'estoût  [qui  ne 
dût]  plurer,  St  Alexis,  Lxxxvi.  Dur  sont  li  cop,  et 
H  chaples  [combat]  est  grefs ,  Ch.  de  Roland , 
cxxv.  Il  XII'  s.  11  lace  l'eume  [haume],  qui  si  fu  dur 
tenprez,  Ronc.  p.  30.  La  bataille  est  moût  merveil- 
leuse et  dure,  ib.  p.  «♦.  Frère  Olivier,  com  dure 
destinée!  l'b.  p.  175.  Tant  par  vous  truis  [je  vous 
trouve]  touz  temps  sauvage  et  dure,  Couct,  xi.  S'on- 
qiies  nus  [nul]  homs  por  dure  départie  [départ]  Ot 
[eut]  cuer  dolent,  je  l'aurai  par  raison,  ib.  xxiv. 
Il  xm*  s.  Tybers,  ce  dist  Morans,  dur  cuer  as  corne 
pierre,  Berle,  xx.  De  peine  et  de  travail  [elle]  dort 
si  ferm  et  si  dur,  ib.  xli.  Seneschal,  vous  savés 
que  je  vous  ai  moult  amé,  et  ma  gent  me  dient  que 
il  vous  treuvent  dur;  comment  est-ce?  joinv.  257. 
Il  xiv  s.  Et  ceulz  qui  ont  fait  moult  de  maulz  tris 
prans  et  très  durs,  obesme,  Eth.  207.  Quant  vous 
vouidreï,  prenez  bataille;  Nous  avons  la  peau  assez 
dure,  Et  de  fouir  [fuir]  si  n'avons  cure,  tti).  dubonJe- 
han,  (309.  Il  xv  s.  Si  s'accorda  Ile  duc  de  Bretagne], 
mais  ce  fut  à  dur,  à  ce  que  ses  gens  en  avoient  fait, 
FBOiss.  II,  II,  82.  Si  ne  vous  chaille,  si  les  Anglois 
tiennent  maintenant  les  champs  et  s'ils  empruntent 
un  petit  de  pays  à  nous;  sachez  que  c'est  à  grand 
dur  Idommage]  pour  eux,  ID.  n,  m,  44.  Lui  fit 
prier  qu'il  se  voulust  déporter  et  retraire,  et  qu'il 
estoit  trop  dur  conseillé  contre  lui,  quand  il  ardoit 
l'héritage  de  son  fils  le  comte  de  Blois,  id.  i,  i,  88. 
Là  eut  mainte  parole  retournée  et  mainte  mise  en 
avant,  car  dur  sembloit  et  contraire  aux  cardinaux 
de  défaire  ce  que  fait  en  avoient,  id.  m,  iv,  07. 
Et  combattirent  et  assaillirent  si  dur  Albrecht  et 
sa  route  qu'ils  furent  desconfis,  id.  i.  i,  ii3.  Les 
Escots  sont  durs  et  hardis  et  fort  travaiUaiis  en 
armes  et  en  guerre,  id.  i,  i,  34.  Combien  que 
Arfaran  fut  moult  aagé,  si  estoit  il  dur  et  robuste, 
Perceforest,  t.  vi,  f"  I2.  L'atteignit  sur  le  dur  du 
heaulme,  et  luy  trancha  le  chapeau  d'acier,  ib. 
t.  1,  f»  26.  Il  xvi*  s.  Coucher  sur  la  dure,  mont,  i, 
27».  Quand  il  commencea  à  apprendre  les  lettres, 
il  se  trouva  dur  d'entendement,  et  tardif  à  com- 
prendre, AMYOT,  Cat.  d'Ut.  2.  11  avoit  l'ouye  un 
peu  dure,  id.  ifc.  80.  Chevaucher  un  cheval  allant 
dur,  PARÉ,  VI,  t4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  dur;  espagn.  et  ital.  duro;  du 
latin  durus. 

tDCRABILITÉ  (du-ra-bi-li-té) ,  s.  f.  Terme  didac- 
tique. Qualité  de  ce  qui  est  durable.  La  durabilité 
d'une  chose. 

—  ÉTYM.  Provenç.  durablelal;  ital.  durabilitd, 
du  latin  durabililatfm ,  de  durabitis,  durable.  On 
trouve  durableté  en  d'anciens  textes. 

DURABLE  (du-ra-hl'),  adj.  Capable  de  durer 
longtemps.  Des  monuments  durables.  Non,  non, 
elle  a  bien  fait  de  m'être  favorable,  Voyant  mon  feu 
si  grand  et  ma  foi  si  durable,  malh.  v,  4.  Don  pré- 
cieux, inestimable  présent,  si  seulement  la  posses- 
sion en  avait  été  plus  durable,  boss.  Diich.  d'Orl. 
Si  quelque  chose  pouvait  élever  les  hommes  au-des- 
sus de  leur  infirmité  naturelle,  si  l'origine  qui  nous 
est  commune  soufTrait  quelque  distinction  solide  et 
durable  entre  ceux  que  Dieu  a  formés  de  la  même 
terre....  id.  l'b.Ou  que  d'un  beau  trépas  la  mémoire 
durable....  bac.  Phèd.  m,  5.  ô  réveil  plein  d'hor- 
reur I  fi  songe  peu  durable!  id.  Athal.  ii,  9.  Que 
de  courtes  joies,  que  de  chagrins  durables!  mass. 
Or.  fun.  Profess.  rel.  Serm.  3.  Si  les  calamités  pu- 
bliques sont  si  durables....  id.  Confér.  Excell.  du 
sacerd.  Les  penchants  durables  et  comme  ineffa- 
çables du  vice,  ID.  t'b.  Vocat.  à  l'état  ecclésiast.  i. 
Je  léguerai  la  France  à  ma  race  durable,  lemebc. 
Frédég.  et  Bruneh.  m,  5. 

—  HlST.  XI'  s.  Briés  [bref]  est  cis  secles,  plus  du- 
rable atendeiz,  St  Alexis,  ex.  ||  xv  s.  Ce  qui  est 
fondé  sur  vertu  est  très  durable,  et  en  vient  bien  et 
joye,  Bouciq.  i,  ch.  7. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  durable;  portug. 
duravel;  ital.  durabile;  du  latin  durabitis,  de  du- 
rare,  durer. 

+  DURABLEMENT  (du-ra-ble-man),  adv.  D'une 
manière  durable.  Les  ennemis,  plus  soigneux  de 
ri  s'avancer  solidement  et  commodément  que  de  se 
H  hâter  de  pénétrer,  avaient  préféré  les  grands  sièges 
U  pour  se  porter  plus  sûrement  et  plus  durablement 
n  en  avant,  st-sim.  245,  ts.  Nous  comprenions  dans 
les  éléments  de  la  propriété  tout  ce  que  l'intelligence 


DUR 

et  la  prévoyance  humaine  parviennent  à  créer  et  à 
s'approprier  durablement  pour  la  conservation  de 
l'homme,  mollien,  Mém.  d'un  miniitre  du  trésor, 
t.  I,  p.  t42. 

—  KTYM.  Durable,  et  le  suffixe  ment;  ital.  dura- 
bilmente. 

DURACINE  (du-ra-si-n'),  s.  f.  Pèche  dont  la  chair 
a  une  certaine  dureté. 

—  lilST.  xvi*  s.  Les  auberges  de  jaune  doré,  Ju- 
racines,  aians  la  chair  ferme,  sont  fort  prisées, 

0.  DE  SEBBES,   078. 

—  RTYM.  Lat.  duracinus. 

t  DURAMEN  (du-ra-mèn'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  donné  au  bois  parfait  ou  bois  propre- 
ment dit. 

—  ÉTYM.  Lat.  duramcn,  bois  dur  de  la  vigne,  de 
durare,  durer. 

t  DURANDAL  (du-ran-dal) ,  i.  f.  Nom  de  l'épée  de 
Roland,  et,  par  extension,  toute  épée  de  chevalier. 
Le  chevalier  jurait  par  sa  durandal  et  son  aquilain, 
sa  fidèle  épée  et  son  coursier  rapide,  chateaub. 
Génie,  iv,  v,  4. 

—  HIST.  XII' s.  Je  ferrai  [frapperai]  tant  de  duran- 
dart  m'espée,  Garin,  dans  du  canoe,  durissimus.  [Il] 
Tint  Durandars,  dont  li  brans  fu  lettrés,  Roman  de 
Roncevaux,  ib.  ||  xm"  s.  Si  tenoit  encores  Durendal 
l'espée,  si  vaut  autant  à  dire  comme  donne  grand  cop 
ou  fier  durement  Sarrazins,  du  cange,  16.  Durandal 
ot  [eut]  à  non  li  brans  [épée],  C'est  à  dire  durs  cos 
[coups]  donans,  ph.  mouskes,  Chron.  v.  8002,  1. 1, 
p.  3)7.  Il  XVI'  s.  Vien,  Attropos,  et  me  couppe  la 
teste  De  Durandal  ou  Joyeuse  ou  Clarence,  Ou  de 
Courtain  ou  Flamberge  qu'est  preste;  Ainsi  auray 
de  mes  maulx  alegeance,  Chasse  et  départ  d'a- 
mour,   p.  242,    dans  LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue;  tout  au  plus  peut-on 
conjecturer  que  ce  mot  renferme  le  radical  dur,  du- 
rer, et  signifie  l'épée  solide,  résistante,  durable. 
En  tout  cas  ce  mot  est  très-ancien;  car  on  lit  du- 
rindarda  au  portail  de  la  cathédrale  de  Vérone,  la- 
quelle est  du  IX*  ou  X'  siècle  ;  ce  qui  exclut  une  ori- 
rigine  arabe,  bien  qu'on  lise  dans  les  Quatre  fils 
Aymon,  v.  8B1,  éd.  de  Bekker,  Durendal  comme 
nom  d'un  émir.  L'étymologie  de  Ph.  Mouskes  vient 
directement  de  la  Chronique  du  faux  Turpin,  de 
vita  Caroli  magni  et  Rolandi,  ch.  xxiii,  p.  66,  de 
l'édition  Ciampi,  Florence,  t822  :  Duranda  inter- 
pretantur  durum  ictum  cum  ea  dans;  quze  frangi 
nuUo  modo  poterat;  prius  deficiat  brachium  quam 
spata. 

DURANT  (du-ran),  prép.  ||  1°  Dans  la  durée  de, 
pendant  l'intervalle  de.  Jugez  durant  ce  temps  ce 
que  vous  pourrez  faire,  cobn.  Pomp.  11,  4.  Durant 
les  brouilleries  de  la  Grèce,  Êpaminondas,  Thébain, 
se  signala  par  son  équité  et  par  sa  modération  au- 
tant que  par  ses  victoires,  Eoss.  IHst.  i,  8.  Annibal 
victorieux  durant  seize  ans  est  vainement  rappelé  et 
ne  peut  défendre  sa  patrie,  in.  ib.  i,  8.  Les  Sarra- 
sins reçurent  de  grands  coups  durant  l'empire  de 
Léon,  id.  ib.  I,  tl.  Si  jamais  l'on  peut  dire  que  la 
voie  du  chrétien  est  étroite,  c'est  durant  les  persé- 
cutions, id.  Reine  d'Anglet.  Madame,  ou  je  me 
trompe  ou  durant  vos  adieux  Quelques  pleurs  ré- 
pandus ont  obscurci  vos  yeux,  bac.  Brit.  v,  3. 
Ainsi,  ce  roi  qui  seul  a,  durant  quarante  ans,  Lassé 
tout  ce  que  Rome  a  de  chefs  importants,  id.  Milhr. 

1,  1.  Hélas!  durant  ces  jours  de  joie  et  de  festins.... 
ID.  Eslh.  1,1.  Des  flammes  vengeresses  vont  punir 
durant  l'éternité  l'erreur  fugitive  d'un  songe  agréa- 
ble, MAES.  Car.  Jîiche.  Il  2°  Durant  peut,  par  inver- 
sion, se  mettre  après  son  régime.  Elle  aura  cette 
fortune  sa  vie  durant.  On  vous  parle  une  heure  du- 
rant, et  vous  ne  répondez  point  à  ce  qu'on  vous  dit, 
MOL.  ifar.  fore.  se.  6.  Ses  lettres  sont  toujours,  deux 
mois  durant,  l'ornement  de  toutes  les  poches,  sév. 
401.  On  voit  cinquante  ans  durant  qu'on  n'exerce 
contre  eux  aucune  rigueur,  boss.  Var.  <i.  ||  3°  Du- 
rant que,  conjonct.  Dans  le  temps  que....  Durant 
que  l'oreille  il  me  llatte,  bégnieb,  Sat.  vin.  Je  vous 
dirai  que,  durant  qu'il  dormait,  je  me  suis  dérobée 
d'auprès  de  lui,  MOL.  G.  i^aiîd.  III,  (2.  Durant  que  le 
peuple  errait,  boss.  Ilist.  11,  3.  Ainsi,  durant  que 
Stentor  lisait,  ils  étaient  proprement  à  la  comédie, 
FONTEN.  Jugement  de  Plulon.  ||  Durant  peut  être 
séparé  de  que  par  quelques  mots  d'incise.  Durant 
près  de  vingt  ans  que  ce  professeur  a  enseigné  la 
grammaire. 

—  REM.  1.  Des  grammairiens  ont  condamné  du- 
rant que  comme  vieilli;  il  est  trop  autorisé  par  de 
bons  écrivains  et  trop  logique  pour  qu'on  le  rejette. 
Il  2.  Marg.  Buffet  recommande  de  ne  pas  dire:  11 
vous  a  attendu  quatre  heures  durant,  mais:  Il  vous 
a  attendu  quatre  heures,  Observ.  p.  m,  U08.  Cette 


DUR 


12î)3 


remarque  n'est  pas  valable;  les  exemples  rapportés 
la  mettent  ,^  néant. 

—  SYN.  CUBANT,  PENDANT.  Duratit,  participe  du 
verbe  durer  pris  pour  préposition,  garde  sa  signi 
fication  primitive;  mais  pendant  n'implique  point 
cette  signification.  Ainsi  l'on  dira:  durant  la  cam- 
pagne, les  ennemis  se  sont  tenus  enfermés  dans 
leurs  places;  et  c'est  pendant  cette  campagne  que 
s'est  livrée  la  bataille  dont  vous  parlez. 

—  HIST.  XIII'  s.  Le  mariage  durant,  li  chevaliers 
aceta  un  fief  et  en  fist  homage  au  conte,  eeaum. 
XII,  HO.  Il  xV  s.  Ce  temps  durant,  ot  le  roi  de  France 
et  son  conseil  plusieurs  consaulx,  fboiss.  Il,  II,  200. 
Il  XVI'  s.  Là  commença  l'assaut  et  très  cruelle  alarme  ; 
Durant,  les  pionniers  besoingncnt  fort  et  ferme, 
j.  MAROT,  p.  HO,  dansLACiJBNE.  Durant  que  regnoit 
Martius,    AMïOT,   Numa ,   16.  Durant  le  chemin, 

MONT.  1,71. 

—  ÉTYM.  Durant,  participe  de  durer,  pris  adver- 
bialement ou  prépositivement  ;  provenç.  duran, 
durant;  espagn.  et  ital. durante. 

t  DURANTISTE  (du-ran-ti-sf)  .  s.  m.  Partisan 
de  Durante  ou  de  la  mélodie,  opposé  aux  partisans 
de  Léo  ou  de  l'harmonie. 

—  ETY.M.  Durante ,  compositeur  italien  qui  vivait 
dans  la  première  moitié  du  xviii"  siècle. 

t  DUR-BEC  (dur-bèk) ,  s.  m.  ||  1°  Nom  d'un  genre 
d'oiseaux  insectivores.  Le  dur-bec  énucléateur,  dit 
vulgairement  dur -bec,  dur-beo  rouge,  ou  gros 
pivoine  ou  gros-bec  du  Canada,  le  strobilipliage 
énucléateur.  ||  2°  Un  des  noms  donnés  à  la  chenille 
de  Valtelabe  Bacchus  (coléoptères),  dite  aussi  hure- 
bec  et  chenille  de  la  vigne.  ||  Au  plur.  Des  durs-becs. 

DURCI,  lE  (dur-si,  sie),  part,  passé  de  durcir 
Rendu  dur.  Des  bStons  durcis  au  feu. 

DURCIR  (dur-sir).  ||  1°  V.  a.  Rendre  dur.  Le  soleil 
avait  durci  la  terre.  1|  Kig.  Endurcir  fortifier  contre 
la  mollesse.  On  les  durcissait  aux  travaux,  boss.  n, 
Sent.  t.  Il  2°  Y.  n.  Devenir  dur.  L'argile  durcit  au 
feu.  Il  Faire  durcir  un  œuf,  le  cuire  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  dur.  Il  3°  Se  durcir,  v.  réft.  Devenir  dur.  La 
pierre  se  durcit  à  l'air. 

—  HIST.  xvi*  s.  Pour  se  durcir  au  mal  et  au  tra- 
vail, MONT.  II,  49.  Ils  estoient  si  durcis  à  la  peine 
que....  ID.  II,  96. 

—  ÉTYM.  Dur. 

DURCISSEMENT  (dur- si -se- man  ),  i.  m.  Acte 
de  se  durcir;  état  de  ce  qui  est  durci.  Le  durcisse- 
ment des  œufs  dans  l'eau  bouillante. 

—  ÉTYM.  Durcir. 

t  DTjnCISSEUR  (dur-si-seur),  adj.  m.  Qui  dur- 
cit. On  aperçoit  dans  cette  série  [une  série  de  sub- 
stances] deux  corps  de  la  série  précédente  ;  les  autres 
sont  également  aigres  et  durcisseurs,  ciiancour- 
Tois,  Acad.des  se.  Comptes  rendus,  t.  lvi,  p.  254. 

t  DURDO  (dur-do),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Pois- 
son du  genre  scienne  qu'on  appelle  aussi  corbeau. 

DURÉE  (du-rèe),  s.  f.  ||  1°  Absolument.  La  conti- 
nuation indéfinie.  L'espace  et  la  durée.  Pour  suivre 
dans  cette  ouverture  que  l'Écriture  nous  donne, 
que  chacun  contemple  cette  durée  infinie  qui  le 
précède  et  qui  le  suit,  et  qu'y  voyant  sa  vie  renfer- 
mée, il  regarde  ce  qu'elle  en  occupe,  Nicole,  Ess. 
de  mor.  t"  traité,  ch.  m.  |1  2°  Espace  de  temps  que 
dure  quelque  chose.  La  durée  d'un  règne.  Vous  avez 
résolu  de  nous  voir  demeurer  En  une  obscurité  d'é- 
ternelle durée,  malh.  iv,  3.  Que  tout  ce  qui  m'a  plu 
doit  être  de  durée,  cobn.  D.  Sanch.  ni,  4.  Votre 
félicité  sera  mal  assurée  Dessus  un  fondement  de  si 
peu  de  durée,  id.  Perthar.  m,  2.  Nos  termes  sont 
pareils  par  leur  courte  durée,  la  font.  Fahl.  xi,  8. 
Mais  hélas!  tout  ce  qu'elle  aimait  devait  être  de  peu 
de  durée,  boss,  Anne  de  Gonz.  J'en  ai  trop  prolongé 
la  coupable  durée  [de  ma  vie],  bac.  l'hèd.  i,  3. 
Même  tu  leur  promis  de  ta  bouche  sacrée  Une  pos- 
térité d'éternelle  durée,  id.  Esih.  i,  4.  En  ce  temple 
où  tu  fais  ta  demeure  sacrée,  Et  qui  doit  du  soleil 
égaler  la  durée,  in.  Athal.  m,  7.  Par  la  suite  des 
temps  et  par  la  durée  des  siècles,  mass.  Car.  Con- 
{ess.  Cette  grande  puissance  temporelle  des  papes 
en  Italie  ne  fut  pas  de  durée,  volt.  Mœurs,  49.  ||  De' 
durée,  ioc.  adv.  signifiant  qui  résiste. à  l'usure,  à  la 
fatigue.  Une  étofi"e  de  durée.  Tout  homme  qui  s'es- 
souffle dans  le  travail  fait  plus  que  sa  force  ne  lui 
permet,  et  par  conséquent  n'est  pas  bon  ouvrier, 
c'est-à-dire  ouvrier  de  durée,  la  quintinïe.  Jar- 
dins, I,  ^. 

—  SYN.  TEMPS,  DURÉE.  La  durée  ne  présente 
d'antre  idée  que  celle  d'une  persistance.  Le  temps 
y  ajoute  l'idée  du  nombre;  c'est  une  persistance  ou 
une  durée  évaluée;  et  de  là  vient  que,  quand  ou 
passe  à  l'éternité  qui  est  infinie,  on  supprime  bien 
l'idée  du  temps,  mais  on  ne  peut  pas  supprimcf 


<'254 


DUR 


celle  do  la  duréi:.  En  d'autres  termes,  les  choses 
auraient  une  durée,  quand  même  nous  no  saurions 
la  rapporter  b.  aucune  unité;  mais  le  temps  propre- 
ment dit  n'y  serait  pas,  puisqu'il  serait  impossible 
de  nombrer  cette  durée. 

—  HIST.  XII'  s.  I.'ame  s'en  part,  n'i  put  avoir  du- 
rée, Ronc.  p.  <47.  Car  joie  a  courte  durée,  Qui  avient 
par  tel  folor,  Couci,  1. 1|  xiii*  s.  [Elle]  Ne  peOst  vers 
tel  peine  avoir  nule  durée  [résister  à  une  telle  peinej, 
lierte,  xlvi.  Nulz  n'est  seQrs  d'avoir  longue  durée; 
Se  vous  moriez  ains  que  fussiez  amez,  .Sans  joie 
avoir,  auriez  vo  vie  usée,  cdnelif.r,  dans  Uibl.  des 
Chartes,  4»  série,  t.  y,  p.  38.  Ge  et  toutes  autres 
créatures  avomes  corte  durée.  Psautier,  !°  <2o.  Si 
a  danz  Nobles  li  Lions  Novelement  la  pes  [paix]  ju- 
rée, Se  Dieu  plaisi,  qui  aura  durée,  Ren.  <760. 
Il  XV'  s.  Et  ne  purent  oncques  les  Escots  avoir  vic- 
toire ni  durée  contre  lui  [Edouard  I"],  froiss.  i,  i, 
2.  Il  XVI'  s.  Un  ouvrage  de  longue  durée,  amyot, 
Péric.  28.  Ainsi  l'amour  tardive  est  de  longue  du- 
rée, noNS.  239.  Tout  terme  qui  finit  n'a  pas  longue 
durée,  id.  675. 

—  ÉTYM.  Provenç.  durada;  ital.  durata;  d'un 
part,  passif  latin  durata,  de  durare  (voy.  DUREn). 

t  Ï'UKELIN  (du-re-Iin),  s.  m.  Chêne  à  larges 
feuilles,  «Jit  aussi  chêne- rouvre  ou  roure. 

DUREMENT  (du-re-man),  adv.  \\  1°  D'une  ma- 
nière dure.  Être  couché  durement.  1|  2°  D'une  ma- 
nière qui  fait  sur  l'oreille  l'efTst  d'un  corps  dur  pour 
le  toucher.  Quand  on  aura  dit  qu'il  versifie  dure- 
ment, tout  sera  dit,  d'ouvet,  Hist.  Acad.  t.  ii, 
p.  (68,  dans  POUGENS.  Il  Dans  un  sens  analogue,  en 
peinture  et  en  sculpture.  Muscles  durement  expri- 
més. Il  3°  Fig.  D'une  manière  qui  agit  sur  les  senti- 
ments, sur  le  moral,  comme  un  corps  dur.  Répondre 
durement.  On  condamne  durement  cette  coutume 
desLacédémonieris  comme  pouvant  porter  les  jeunes 
gens  à  peu  respecter  en  d'autres  occasions  le  bien 
d'autrui,  rolun,  Traité  des  Et.  liv.  v,  3'  part.  ch.  2. 
Il  4°  Avec  austérité.  Le  religieux  vivait  très-dure- 
ment, cnATEAUB.  dans  le  Dict.  de  bescherelle. 

—  BIST.  XI'  s.  N'i  a  celoi  qui  durement  ne  plort, 
Ch.  de  Itol.  cxxxv.  ||  xii'  s.  Par  Mahomet,  ferez 
[frappez]  i  durement,  nonc.  p.  (29.  [Elle]  ot  un 
anel  où  durement  se  fie,  ib.  p.  (02.  Lors  vous  truis 
[trouve]  je  cruel  si  durement,  Couci,  x.  Quant  ot 
[ouït]  li  reis  Henris,  [que]  l'arcevesques  s'en  fui. 
Durement  s'en  marri,  e  si  conseillier  tuit.  Th.  le 
mart.  63.  F,  vit  une  dame  ki  se  baignoit  en  un  so- 
lier  del  altre  part;  si  fud  durement  belle,  Rois,  (54. 
Il  XIII'  s.  Dont  ce  fu  moult  grant  damage,  quar 
moult  estoicnt  preudome  et  vaillant  durement,  viL- 
LEH.  XXI.  Quant  il  oîrent  que  li  marchis  venoit,  si 
«•lièrent  encontre  li,  et  l'ennorerent  moult  durement, 
II).  XXVII.  Moult  i  ot  de  ceus  qui  mauvaisement  le 
tindrent,  dont  il  furent  moult  durement  blasmé, 
ID.  xxir.  Il  XV'  s.  Et  en  abattirent  ce  jour,  si  comme 
on  dit,  plus  de  soixante  [ennemis];  car  ils  estoient 
grands  et  forts  chevaliers  durement,  froiss.  i,  i, 
3(.  Si  en  virent  nullui  [les  Escots  avaient  décampé 
pendant  la  nuit],  dont  ils  [les  Anglais]  furent  moult 
durement  esbahis,  id.  i,  i,  42.  Hxvi"  s.  Il  traitloit 
ses  subjects  durement  et  violentement ,  amyoï, 
Pxjrrh.  8. 

—  ETYM.  Dure,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  du- 
ramen,  durament;  espagn.  et  ital.  duramente.  Dans 
tout  le  moyen  âge,  durement  signifie  souvent  beau- 
COUT),  très,  fort;  il  a  gardé  ce  sens  dans  le  langage 
populaire  de  quelques  provinces  :  nous  avons  du- 
rement marché.  De  même  on  y  dit  avec  l'adjectif: 
nous  avons  fait  un  dur  feu,  un  bon  feu;  c'est  une 
dure  terre,  une  terre  bonne  et  productive. 

DUHE-MËRE  (du-re-mfi-r'),  s.  f.  Terme  d'anato- 
mie.  La  plus  extérieure  et  la  plus  forte  des  trois 
membranes  qui  enveloppent  l'encéphale  et  la  moelle 
épinière. 

—  IllST.  XIV'  s.  Et  la  dure-mcre  est  ainsi  dite, 
car  cle  envolepe  durement  le  cervel,  ii.  dk  mondk- 
viLLB,  f"  IB.  Il  xvi'  s.  Iceluy  nerf  est  couvert  de  deux 
membranes  dudit  cerveau,  à  sçavoir  dure  et  pie- 
mero,  paré,  i,  (O. 

—  f.TYM.  Membrane  dite  dure,  parce  qu'elle  est 
d'un  tissu  très-résistant,  et  mère,  parce  qu'elle  pro- 
tège les  centres  nerveux. 

t  DCRE-PEAU  (du-re-p6),  s.  f.  Variété  de  raisin. 
\\Au  plur.  Des  dures-peaux. 

OITRER  (du-ré) ,  v.  n.  ||  1°  Être  dur  contre  les  cau- 
»es  de  destruction,  continuer  d'être,  persister  à  être. 
Les  pyramides  d'Egypte,  si  anciennes,  durent  en- 
core. Il  Fig.  Quand  on  saura  mon  crime  et  que  la 
flamme  dure,  corn.  Cid,  m,  4.  Dure  à  jamais  le 
mal,  s'il  y  faut  ce  remède!  id.  Ilor.  i,  3.  Dure, 
dure  »  jamais  l'esclavage  de  Rome!  m.  Cwna,  ni, 


DUR 

3.  Tant  qu'il  verra  durer  ces  restes  du  parti,  id. 
Pomp.  II,  4.  Ni  que  d'^s  sentiments  que  j'aime  à 
voirdurer....  id.  A'irom.  iv,  3.  Vousne  voyezdonc  pas 
qu'elle  a  peine  à  durer  [ma  haine] ?  id.  Sertor.  m, 

4.  Et  n'eût  tout  mon  bonheur  que  deux  jours  à  du- 
rer, ID.  ib.  v,  B.  La  mémoire  de  Sem  a  toujours 
duré  dans  le  peuple  hébreu,  doss.  llist.  i,  2.  ||  Du- 
rer à  quelqu'un,  en  parlant  d'un  sentiment,  d'une 
idée,  persister  en  lui.  C'est  le  dernier  remède;  et 
s'il  y  faut  venir,  Et  que  de  mes  malheurs  cette  pitié 
vous  dure,  corn.  Cid,  m,  2.  Si  l'envie  que  vous 
avez  de  me  connaître  vous  dure  encore,  venez, 
scarbon,  Rom.  com.  2'  part.  ch.  (9.  Ah!  méritez, 
mon  fils,  que  cet  amour  vous  dure,  botrou,  Vcn- 
cesl.  I,  (.  Il  Faire  durer,  prolonger.  On  fera  durer 
cette  privation  aussi  longtemps  qu'on  voudra,  boss. 
Pass.  Il  2°  Ne  pas  s'user,  ne  pas  dépérir  facilement. 
Ce  drap  dure  beaucoup.  Meubles  faits  de  manière  à 
durer  longtemps,  fén.  Tdt.  xii.  ||  Il  est  bien  neuf, 
il  durera  longtemps,  se  dit  d'un  niais  qui  n'a  pas 
TU  le  monde.  |{  3°  11  se  dit  du  temps  qui  se  prolonge. 
Marcelle  en  ma  faveur  agit  trop  lentement.  Et  laisse 
trop  durer  cet  ennuyeux  moment,  corn.  Théod.  iv, 
(.  Et  nos  jours  criminels  ne  pourront  plus  durer 
Qu'autant  qu'à  sa  clémence  il  plaira  l'endurer,  id. 
Ilor.  V,  2.  Mes  amis,  l'hiver  dure,  et  ma  plus  douce 
étude  Est  de  vous  raconter  les  faits  des  temps  pas- 
sés, VOLT.  Gertrude.  Puisse  ce  sentiment  que  je  vous 
inspire  aujourd'hui  durer  autant  que  ma  vie,  dit 
Corinne,  ou  du  moins  puisse  ma  vie  ne  pas  durer 
plus  que  lui!  STAËL,  Corinne,  v,  a.  ||  4°  Sembler 
long.  Ce  n'est  qu'avec  ceux  que  j'aime  que  les  heures 
ne  me  durent  pas,  balz.  liv.  m,  lelt.  (O.  Ce  sont 
les  seuls  charmes....  qui  sont  capablesd'évoquer  la 
paix  et  de  la  faire. voir  encore  à  la  terre  après  une 
si  longue  absence  et  qui  lui  dure  si  fort,  m.  Disc, 
à  la  régente.  Un  moment  loin  de  vous  me  durait 
une  année,  bac.  Théb.  n,  (.  J'eus  l'honneur  de  voir 
Mme  de  Maintenon,  avec  qui  je  fus  une  bonne  par- 
tie d'une  après-dlnée,  et  elle  me  témoigna  même 
que  ce  temps-là  ne  lui  avait  pas  duré,  id.  Leit.  à 
Boileau,  5.  Je  sais  que  ce  délai  lui  dure  autant  qu'à 
moi,  J.  j.  Eouss.  Ilél.  iv,  8.  j|  Impersonnellement. 
Il  me  dure  que  vous  soyez  de  retour.  ||  S°  En  par- 
lant des  personnes,  continuera  vivre.  Il  s'est  fait  ad- 
mirer tant  qu'ont  duré  ses  frères ,  corn.  Hor. 
III,  6.  Son  fils  ne  dura  guère,  doss.  Hist.  i,  7. 
Il  Fig.  Se  conserver  dans  ses  dignités,  dans  son  cré- 
dit, dans  sa  fortune,  etc.  Il  est  aisé  de  durer, 
quand  on  s'accommode  aux  conjonctures,  mass. 
Vérité  de  la  religion.  \\  6°  Supporter,  rester,  vivre 
avec.  Et  je  ne  puis  Durer  plus  longuement  à  la 
peine  oii  je  suis,  Régnier,  Élég.  ii.  Quelle  séche- 
resse de  conversation  I  on  n'y  dure  point,  on  n'y 
tient  pas,  mol.  Prée.  B.  Pensez-vous  que  je  puisse 
durer  à  ses  turlupinados  perpétuelles?  id.  Critique, 
(.  Il  a  tant  bu  que  je  ne  pense  point  qu'on  puisse 
durer  contre  lui,  id.  G.  Dand.  m,  12.  Ne  pouvant 
plus  durer  en  tel  tourment,  la  font.  Rich.  La  pe- 
tite vérole  le  prit  avec  une  telle  corruption  qu'on  ne 
pouvait  durer  dans  la  chambre,  sév.  (28.  Il  aimait 
Veret  [un  château],  quand  il  n'était  pas  obligé  d'y 
demeurer;  il  ne  peut  plus  y  durer,  parce  qu'il 
n'ose  en  sortir,  id.  343.  Elle  était  assise,  elle  ne 
peut  durer  au  lit,  id.  Leil.  20  avril  (672.  Aurait-on 
pu  durer  huit  jours  chez  vous  aiec  un  cœur  droit 
et  sincère?  fénel.  Dial.  des  morts  mod.  (6.  ||  Ne 
pouvoir  durer  avec  quelqu'un,  ne  pouvoir  plus  vivre 
avec  lui.  11  faudrait  une  plus  grande  pénétration  et 
une  plus  grande  patience  que  la  mienne  pour  pou- 
voir vous  entendre  et  pour  pouvoir  durer  avec  vous, 
BARON,  Homme  à  b.  fort,  i,  4.  Comme  en  revenant 
à  nous,  nous  n'y  trouvons  que  nous-mêmes,  c'est- 
à-dire  un  cœur  vide  de  vrais  plaisirs,  nous  ne 
pouvons  durer  avec  nous-mêmes,  mass.  Wyst.  Pen- 
tecôte. Un  si  aimable  homme  et  une  femme  si  mer- 
veilleuse ne  duraient  pas  aisément  ensemble,  st- 
siM.  66,  (01.  Augicourt  se  contenta  de  dire  qu'il 
l'avait  bien  servi  [M.  de  Louvois],  mais  qu'il  n'y 
avait  plus  moyen  de  durer  avec  lui,  id.  (34,  237. 
Il  Familièrement.  Ne  pouvoir  durer  en  place,  être 
agité,  tourmenté.  Cette  personne  ne  saurait  durer 
en  place,  sév.  bo7.  ||  Ne  pouvoir  durer  en  sa  peau, 
être  agité,  tourmenté  par  quelque  désir.  Tant  se  la 
mit  le  drôle  en  la  cervelle.  Que  dans  sa  peau  peu  ni 
point  ne  durait,  la  font.  Coc.  ||  Ne  pouvoir  durer 
de  froid,  de  chaud,  au  froid,  au  chaud,  en  être 
extrêmement  incommodé.  Il  Proverbe.  Il  faut  faire 
vie  qui  dure,  se  dit  quand  on  parle  de  ménage 
et  qu'on  veut  empêcher  la  dissipation  de  la  fortune, 
de  la  santé,  des  forces.  Afin  de  faire  vie  qui  dure, 
SÉV.  606.  Il  On  dit,  dans  le  même  sens,  faire  feu 

;  qui  dure.  Buvez,  mangez,   dormez,  et  faisons  feu 


DUR 

qui  dure,  rag.  Plaid,  i,  (.  [j  Durer  se  conjugue  areo 
l'auxiliaire  avoir. 

-=-  msT.  XI'  s.  Qui  durerat  à  trestout  ton  edage 
[âge],  Ch'.deRol.  xx.  [Il]  Fiertdel'espieu,  tant  com 
hanste  [lance]  lui  duret,  ib.  en.  Iceste  honte  durreit 
[durerait]  à  lor  vivant,  ib.  cxxvii.  ||  xii' s.  Ke  poit 
durer  que  (il  ne  peut  tarder  que]....  Jfonc.  p.  *.  [Il] 
Servira  vous,  tant  com  poradurer  [tant  qu'il  vivra], 
ib.  p.  32.  Jà  après  vous  [je]  ne  doi  un  jor  durer,  ib, 
p.  09.  Tresqu'à  la  porte  est  la  chace  durée ,  ib.  p.  (40. 
Se  il  durast  [vécût] et  eûst  longue  vie,  ib.  p.  (6B.  Tant 
com  durront  li  siècle,  en  sera  reparlance,  ib.  p.  (»7. 
Comment  me  puetlicuers  au  cors  durer  Qu'il  ne  s'en 
part?  Couci,  xxii.  Dont  la  guerre  dura  tante  mainte 
saison,  Sax.  m.  Il  tenoit  un  espié  dont  la  hante  ert 
entire;  Ne  peut  nuls  homs  durer  sur  pieds,  cui  il  en 
fire  [frappe],  ib.  x.  ||  xiii'  s.  Et  dura-il  bien  cis  frons 
[de  bataille]  trois  arbalestrées,  villeh.  lxxvii.  Onc- 
ques ,  ce  croi ,  mais  une  créature  N'ot  tant  de  mal  por 
aimer  loiaument;  Si  en  morrai,  se  longuement  me 
dure,  EUST.  le  peintre  dans  Couci.  Et  troverent  si 
grant  mortalité  de  Sarasinsqueàpeine  pooient  il  du- 
rer pour  la  pueur,  Chron.  de  Rains,  p.  (Ol.  Chas- 
cuns  des  pans  [du  mur]  cent  toises  dure,  Si  est  au- 
tant Ions  comme  lés,  la  Rose,  3820.  Comment  vit  bons 
et  comment  dure  En  tele  poine,  n'en  tel  ardure?  16. 
2699.  Babiloine,,si  com  je  pens.  Dure  vingt  liues 
lie  tos  sens,  FI. et  Bl.  (787,  Maltalent  muevent  entie 
home  et  feme,  qui  sunt  ensanlle  par  mariage,  si 
que  il  ne  poent  [peuvent]  durer  ne  manoir  ensanlle, 
BEAUM.  lvii,  (.||xiv«  S.  Et  par  ses  fausses  euvres 
qu'il  a  volu  ouvrer.  S'a  fait  après  la  mort  tellement 
regretter  Qu'on  disoit  :  c'est  dommages  qu'il  avoit 
tant  duré,  Guescl.  (5(87.  ||  xv  s.  Disoient  les 
fols  [de  Gand]  :  Si  Audenarde  estoit  d'acier,  si  ne 
pourroit  elle  durer  contre  nous,  quand  nous  vou- 
drions, froiss.  II,  II,  63.  Vous  y  prendrez  terre  [en 
Normandie]  à  votre  volonté;  ne  jà  nul  ne  vous  vien- 
dra au  devant  qui  rien  vous  dure;  car  ce  sont  gens 
en  Normandie  qui  oncques  ne  furent  armés,  id.  i, 
I,  204.  Jeu  qui  trop  dure  ne  vault  rien,  ch.  d'obl. 
Rondeau.  Le  vaillant  père  dont  cy-dessus  avons 
parlé  ne  dura  au  fils  que  deux  ans  après  sa  nais- 
sance, Boueiq.  1,  ch.  2.  Qui  dure  vaint  [celui  qui 
tient  le  plus  longtemps  a  l'avantage] ,  le  Jouiencei, 
ms.  p.  B08,  dans  lacubne.  ||  xvi'  s.  Ils  estoient  for- 
cez et  astreinctz  y  demeurer  perpétuellement  leur 
vie  durante,  RAB.  Garg.  i,  62.  Considérant  les  diffi- 
cultés ausquelles  il  avoit  duré  desjà  si  longtemp» 
pour  se  sauver,  mont,  i,  (38.  Cette  amitié  ayant  si 
peu  à  durer  et  ayant  si  tard  commencé,  id.  i,  2(3. 
Il  leur  ottroya  la  paix,  soubz  condition  que,  l'espace 
de  neuf  ans  durans....  amyot,  Thés.  (8.  Dedans  le 
temps  que  dura  l'authorité  d'un  seul  gouverneur, 
ID.  Péric.  26.  La  montée  qui  duroit  environ  un  quart 
de  lieue  n'estoit  pas  fort  roide  ny  couppée,  id.  i»- 
cuil.  53....  Une  joye,  un  plaisir,  que  les  plus  grands 
Césars  Ne  sentirent  jamais  :  mais  courte  elle  me 
dure,  BONS.  238. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  esp.  durar;  ital.  durare;  du 
latin  durare,  durer,  durcir,  de  durus,  dur. 

(.  DDRET,  ETTE  (du-rè,  rè-t'),  adj.  Un  peu  dur. 
Ce  mouton  est  duret.  La  chaise  mal  faite  et  durette, 
scARRON ,  Virg.  trav.  vi. 

—  HIST.  xiii'  s.  Car  eles  sanlent  [semblent]  bitn 
duretés.  Lai  d'Tgnatirès.  ||  xV  s.  Son  corps  est  gent, 
drois  et  Ions,  Sain,  hault  assis,  petit,  rons,  Et  bien 
dures,  froiss.  Poésies  mss.  p.  233,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  dur. 

f  2.  DCRET  (duré),  s.  m.  Variété  de  pomme. 
Il  Espèce  d'érable  des  Alpes. 

DURETÉ  (du-re-té),  s.  f.  ||  1°  Propriété  qu'ont 
les  corps  solides  de  résister  à  ce  qui  tend  à  en  en- 
tamer la  substance.  La  dureté  du  fer.  (1  Défaut  de 
mollesse,  de  la  qualité  tendre.  La  dureté  de  ce  mor- 
ceau de  boeuf.  La  dureté  d'un  lit.  ||  2°  Terme  de  pa- 
thologie. Tumeur  dure.  Le  palper  fit  sentir  une  du- 
reté dans  le  ventre.  ||  Dureté  de  ventre,  constipation. 
Il  3'  Défaut  de  sensibilité  de  l'oreille.  Cet  homme  a 
une  grande  dureté  d'oreille.  1|  4°  Défaut  de  sensibi- 
lité, d'humanité.  Grande  dureté  de  cœur.  La  dureté 
pour  les  pauvres.  Un  peu  de  dureté  sied  bien  aux 
grandes  âmes,  corn.  Suréna,  v,  3.  Quoi!  dans  la 
dureté  ces  cœurs  d'acier  s'obstinent  I  id.  Ilor.  m.  î. 
Mais  si  la  dureté  de  votre  aversion  Nomme  encor 
notre  amour  une  rébellion,  id.  Rodog.  iv,  3.  Ils  ha- 
bitaient un  bourg  plein  de  gens  dont  le  cœur  Joi- 
gnait aux  duretés  un  sentiment  moqueur,  la  font. 
Phil.  et  Baucis.  Tant  il  a  de  dureté  pour  les  pau- 
vres, PASC.  Prnv.  (2.  Quelle  dureté  est  semblable  à 
la  nôtre,  si  un  accident  si  étrange  [la  mort  de  la  du- 
chesse], qui  devrait  nous  pénétrer  jusqu'au  fond 
de  r&me,  ne  fait  que  nojs  étourdir  pour  quelque? 


DUR 


DUV 


DYN 


1255 


moments  I  Boss.  Duch.  d'Orl.  C'est  là  que  lui  est  non- 
^ulement  permise,  mais  en  quelque  façon  ordon- 
née, une  pieuse  dureté  pour  voir  sans  se  troubler  le 
trouble  d'un  pure,  bourd.  Petisées,  t.  ii,  p.  3"2. 
Rien  ne  vous  a  pu  vaincre,  et  votre  dureté  Aurait 
dû  dans  son  cours  arrêter  ma  bonté,  bac.  Brit.  iv, 
2.  Trouve  en  lui  d'un  rival  toute  la  dureté,  id 
Uilhr.  IV,  t.  Il  Dans  le  même  sens,  en  parlant  des 
paroles,  des  dehors,  des  manitTes.  La  dureté  de 
cette  réponse  l'atterra.  La  dureté  du  regard,  des 
traits.  Cet  officier  lui  parla  avec  la  dernière  dureté, 
et  lui  reprocha  sa  faute  d'une  manière  propre  à  le 
jeter  dans  le  désespoir,  bollin,  Traité  dea  Et.  liv.  v, 
i'  part.  ch.  II,  art.  i.  \\Axtplur.  Paroles  dures,  of- 
fensantes. Vendôme  s'emportant  de  plus  en  plus 
[contre  Roquelaure] ,  lui  répliqua  des  duretés,  ST- 
siM.  27,  53.  Je  tombe  des  nues  quand  vous  m'écri- 
vez que  je  vous  ai  dit  des  duretés,  volt.  Roi  de  Pr. 
128.  Moi,  je  vous  dois  ici  dire  vos  vérités.  Et  vais 
d'un  bon  avis  payer  vos  duretés,  boissy,  Deh.  tromp. 
H,  6.  Il  B°  Excessive  sévérité.  La  dureté  d'im  gou- 
cernement.  La  dureté  d'un  régime  politique.  Je  sais 
de  votre  loi  la  dureté  barbare,  volt.  Tancr.  n,  6. 
Il  6°  La  dureté  du  travail,  l'opiniâtreté  au  travail. 
On  est  plus  flatté  de  certaines  théories  brillantes  où 
la  finesse  de  l'esprit  semble  avoir  plus  de  part  que  la 
dureté  du  travail,  fonten.  Rolle.  \\  7°  Qualité  qui 
est  pour  l'oreille  ce  que  la  dureté  est  pour  le  tou- 
cher. Dureté  de  prononciation.  Dureté  de  style.  La 
dureté  de  ces  vers.  ||  Qualité  qui  pour  la  vue  est  ce 
que  la  dureté  est  pour  le  toucher.  La  dureté  des  con- 
tours. Dureté  de  crayon,  de  pinceau.  La  dureté  des 
tons.  Cela  donne  à  l'effet  du  tableau  quelque  dureté. 
Il  8°  La  dureté  d'un  climat,  d'un  hiver,  la  rigueur 
de  la  température  qui  s'y  fait  sentir.  Pour  adoucir 
en  moi  cette  âpre  dureté  Des  climats  où  mon  sort 
en  naissant  m'a  jeté,  volt.  Orphel.  iv,  4.  ||  La  dureté 
du  temps,  la  rigueur  de  la  température;  et  fig,  la 
m'sère,  la  souffrance  qui  pèse  sur  une  ville,  sur  un 
pays  en  certaines  circonstances  mauvaises. 

—  HIST.  XIII'  s.  Se  la  durté  d'eûr  [la  rigueur  de 
l'heur,  de  la  fortune]  me  nel  envoie.  Poésies  mss. 
du  Vatican,  dansLAcuRNE.  Les  duriez  que  la  royne 
Blanche  fist  à  la  royne  Marguerite  furent  tiex  [telles] 
que  la  royne  Blanche  ne  vouloit  soufrir  à  son  pooir 
que  son  fils  feust  en  la  compaingnie  sa  femme,  joinv. 
28).  Il  XIV*  s.  Laquelle  dureté  avironne  la  fistule 
par  (ledens,  ii.  de  mondeville,  f°  80  bis.  ||  xv  s. 
Print  les  lettres,  et  puis  les  leut  par  grand  loi- 
sir, et  trouva  comment  piteusement  le  roy  dom 
Piètre  luy  rescrivoit  et  luy  signifîoit  ses  durtés 
[embarras]  et  pouretés,  froiss.  liv.  i,  p.  297,  dans 
LACURNE.  Obéirent,  mais  ce  fut  à  trop  grant  durlé 
[avec  beaucoup  de  peine],  id.  ib.  p.  2B3.  Or  pren 
garde  à  la  durté  De  ton  aage  [jeunesse]  et  l'orfenté, 
Eusr.  DEscn.  Poésies  mss.  b  95,  dans  lacurne. 
Il  XVI' s.  Mais  quelle  durté  est  soubs  vos  peaux  tant 
doucettes?  mabot,  m,  to.  Hz  ont  vescu:  ce  qui  est 
une  façon  de  parler,  dont  usent  quelquefois  les  Ro- 
mains, quand  ilz  veulent  éviter  la  dureté  de  ceste 
rude  parole  de  dire:  il  est  mort,  amyot,  Cicércn, 
25.  La  dureté  du  temps  avoit  rendu  février  de  peu 
d'effet  aux  sorties  qui  se  firent,  d'aub.  Ilist.  ii,  95. 
Au  milieu  du  cor  se  trouve  une  petite  dureté  noire, 
PARÉ,  V,  21. 

—  ÉTYM.  Lat.  duritatem,  de  durus,  dur.  L'an- 
cien français  avait  aussi  duresse,  du  latin  duritia, 
plus  anciennement  encore  duretie  :  x'  s.  PerJud<eos 
porquant  il  en  celé  duretie  e  en  celé  encredulilet 
permessient  [demeurassent]....  Fragm.  de  Yalçnc. 
p.  469.  Mais  duretie  n'est  qu'une  forme  orthogra- 
phique, et  se  prononçait  sans  doute  duresse,  comme 
l'indique  l'accent  de  duritia. 

t  DURGAN  (dur-gan),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  barbeau,  poisson. 

t  DURUAM  (du-ram').  Race  de  durham,  ou,  ad- 
jectivement, race  durham,  race  bovine  anglaise, 
caractérisée  par  la  précocité  du  développement,  par 
l'aptitude  à  prendre  la  graisse,  par  son  peu  de  ré- 
sistance à  la  fatigue  ;  ce  qui  en  fait  une  bête  de  bou- 
cherie. Il  Substantivement.  Un  durham,  un  bœuf  de 
la  race  de  durham. 

—  ETYM.  Durham,  contrée  d'Angleterre  où  cette 
race  a  été  formée. 

DURILLON  (du-ri-llon.  Il  mouillées,  et  uon  du- 
ri-yon),  s.  m.  \\  1°  Sorte  de  dureté,  produite  par  des 
frottements  rudes  fréquemment  répétés.  11  avait 
comparé  ses  mains  nerveuses  et  converties  en  du- 
rillons avec  deux  petites  mains,  plus  blanchettes, 
plus  délicates  que  le  lis,  volt,  le  Crocheteur  borgne. 
Il  2°  Partie  dure  dans  le  marbre,  analogue  au  nœud 
dans  le  bois.  ||  3°  Imperfection  d'un  canon  de  cara- 
bine, produite  par  le  défaut  d'homogénéité  du  métal. 


—  HIST.  xiV  s.  Fendez  le  fanoil  [fenouil]  par  mi 
et  estez  le  dureillon  du  dedans,  Uénagier,  ii,  B. 
Il  xvi' s.  Clou,  nommé  des  vulgaires  cors,  qui  sont 
durillons  qui  viennent  aux  jointures  des  orteils, 
PARÉ,  v,  21. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  dur;  bourguig.  duroillon. 

t  DCRILLONNER  (SE)  (du-ri-Uo-né,  Il  mouil- 
lées) ,  t).  réfl.  Terme  didactique.  Se  couvrir  de  du- 
rillons. 

—  étwi.  Durillon. 

t  DURISSIME  (du-ri-ssi-m'),  adj.  Très-dur.  Il  ne 
se  dit  que  par  plaisanterie.  Cette  volaille  est  du- 
rissime. 

—  ÉTY.M.  Lat.  durissimus,  superlatif  de  durus, 
dur. 

DURIUSCULE  (du-ri-u-sku-l'l,  adj.  Terme  do  plai- 
santerie. Un  peu  dur.  11  [le  pouls]  est  duriuscule, 
MOL.  Mal.  imag.  Ii,  9.  Il  y  a  quelques  vers  durius- 
cules,  je  ne  hais  pas  qu'un  Spartacus  soit  quelque- 
fois un  peu  raboteux,  volt.  Lell.  Saurin,  5  mai  1700. 

—  ÉTYM.  Lat.  dunuscuius, diminutif  de  durus, dur. 
t  DuniVENTRE  (du-ri-van-tr' ),  adj.  Terme  de 

zoologie.  Qui  a  le  ventre  dur. 

—  ÉTYM.  Lat.  durus,  dur,  et  venter,  ventre. 

t  DURMENT  (dur-man) ,  s.  m.  Terme  de  métallur- 
gie. Pièce  qui  appartient  aux  jumelles  d'un  bocard. 

t  DURMENÏOU  (dur-man-tou) ,  s.  m.  Terme  de 
métallurgie.  Pièce  qui ,  dans  les  forges  catalanes , 
tient  l'empoise  des  tourillons. 

DUUMVIR  (du-om'-vir),  s.  m.  Terme  d'antiquité 
romaine.  Nom  de  certains  magistrats  ou  juges  qui 
étaient  ordinairement  au  nombre  de  deux.  Le  tri- 
bunal des  duumvirs.  ||  Nom  donné  aux  deux  mem- 
bres les  plus  influents  du  comité  de  salut  public, 
Robespierre  et  Saint-Just. 

—  ÉTYM.  Lat.  duumvir,  de  duo,  deux,  et  tir, 
homme. 

t  DUTJMVIR.\L,  ALE  (du-om'-vi-ral,  ra-1'),  adj. 
Qui  a  rapport  aux  duumvirs.  Les  offices  duumviraux. 

DUUMVIRAT  (du-om'-vi-ra),  s.  m.  Dignité,  charge 
de  duumvir;  temps  de  son  exercice. 

—  ÉTYM.   Lat.  duumviratus,  de  duumvir. 
DUVET  (du-vé;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 

ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  les  du-vè-z-et....; 
duvets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m. 
Il  l'Kom  donné  aux  premières  plumes  dont  se  couvre 
le  jeune  oiseau,  et  qui  ne  se  perdent  jamais  com- 
plètement. Quelques  oiseaux,  tels  que  le  canard,  l'oie, 
i'eider,  etc.  conservent  beaucoup  de  duvet;  on  le 
recueille  chaque  année  pour  en  faire  des  coussins. 
Oreiller  de  duvet.  ||  Duvet  d'autruche,  dit  autrement 
laine-ploc  ou  poil  d'autruche ,  dont  il  y  a  deux 
sortes  :  i°  le  fin  d'autruche,  qui  est  employé  par 
les  chapeliers  dans  la  fabrique  des  chapeaux  com- 
muns; 2°  le  gros  d'autruche,  qui  sert  à  faire  les  li- 
sières des  draps  fins  destinés  à  la  teinture  en  noir. 
Il  Par  extension,  lit  de  plume.  Là,  parmi  les  dou- 
ceurs d'un  tranquille  silence.  Règne  sur  le  duvet 
une  heureuse  indolence,  boil.  Lutr.  i.  Grâce  aux 
amours,  bercé  par  l'espérance.  D'un  lit  plus  doux 
je  rêve  le  duvet,  béhang.  Dieu  des  b.  gens.  \\  Fig. 
Les  pêches  sont  couvertes  d'un  petit  duvet.  Ce  gazon 
fin  qui  semble  faire  le  duvet  de  la  terre,  buff.  Mor- 
ceaux choisis,  p.  16.  Il  2° Première  barbe  d'un  jeune_ 
homme. Guerrier  de  quarante  ans  au  profil  sérieux, 
Jeune  homme  au  blond  duvet,  jeune  fille  aux  doux 
yeux,  V.  HUGO,  Crép.iv.  ||  3°  Poil  fin  et  court  qui 
croît  principalement  en  hiver,  autour  des  poils  plus- 
gros  qui  forment  le  pelage  d'un  certain  nombre  de 
quadrupèdes.  ||  4°  Terme  de  botanique.  Sorte  de  coton 
qui  recouvre  certaines  feuilles,  certaines  tiges,  cer- 
taines écailles  des  boutons  des  arbres.  ||  5°  Terme 
de  commerce.  La  matière  première  des  cachemires. 
Il  Criblures  de  cochenille. 

—  HIST.  XIV*  s.  Un  bon  lit  de  duvet,  draps  et 
couverture,  Uénagier,  i,  9.  ||  xv*  s.  De  bon  duvet 
falotes  voslre  litière,  eust.  ijescii.  Poésies  mss. 
f»  234,  dans  LACUBNE,  au  mot  litière.  \\  xvr  s.  La 
douceur  d'ycelluy  dumet,  rab.  Garg.  i,  13. 

—  ÉTYM.  Normand,  d^umet;  bas-lat.  duma;  du 
germanique  :  allem.  Daune ;  danois,  dyne;  angl. 
down.  Ces  formes  germaniques  auraient  dû  donner 
dunet;  mais  il  est  survenu  une  double  altération  de 
la  consonne  en  m  et  en  v. 

-[  DUVETÉ,  ËE  (du-ve-té,  tée),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  est  couvert,  garni  de  duvet. 

—  HIST.  XVI"  s.  Duvetté,   COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Duvet. 

DUVETEUX,  EUSE  (du-ve-teû,  teù-z'),  adj.  Qui 
tient  du  duvet,  qui  ressemble  au  duvet.  Poils  duve- 
teux. Matières  duveteuses.  ||  Terme  de  fauconnerie. 
Oiseau  duveteux,  oiseau  qui  a  beaucoup  de  plumes 
très-courtes,  molles  et  délicates  proche  de  la  chair. 


—  ÉTYM.  Duvet. 

t  DTfADE  (di-a-d'),  s.  f.\\V  Terme  didactique. 
Le  nombre  deux,  une  paire,  une  couple.  ||  Dyado 
littéraire,  deux  auteurs  qui  travaillent  ensemble. 
En  ce  sens,  ce  mol  est  d'un  langage  recherché. 
||2°Termede  philosophie  grecque.  La  dyade,  l'être 
qui  se  détache  de  la  monade  ou  de  Dieu  (dans  le 
système  pythagoricien). 

—  ÉTYM.  Auà;, réunion  de  deux,  de  Sûo,  deux. 

t  DYARCIIIE  (di-ar-chie) ,  s.  f.  Gouvernement 
de  deux  magistrats  souverains,  de  deux  rois  qui 
sont  collègues.  La  dyarchie  à  Sparte. 

—  ÉTYM.  Aûo,  deux,  et  àpxeiv,  commander. 

■f  DYKE  (di-k'),  s.  m.  Terme  de  géologie.  Filon 
éruptif,  de  formation  ignée,  qui  remplit  l'intervalle 
entre  les  deux  parois  d'une  fracture.  Un  immense 
dyke  ferrugineux  tout  de  minerai  hématite,  Presse 
scientifique,  1802,  t.  ii,  p.  293. 

—  ÉTYM.  Angl.  dyke,  filon;  comparez  digue. 
fDYME,  terminaison  adoptée  par  Isidore  Geoffroy- 

Saint-Hilaire  pour  les  noms  génériques  des  monstres 
doubles  supérieurement  et  simples  inférieurement, 
et  qui  est  le  représentant  du  grec  ciSviao; ,  ju- 
meau. 

t  DYNAME  (di-na-m'),  s.  m.  ou  DYNAMIE  (di-na- 
mie),  s.  f.  Terme  de  mécanique.  L'unité  du  travail 
avec  laquelle  on  évalue  la  force  utile  d'une  machine, 
la  puissance  d'un  moteur,  et  qui  est  le  travail  né- 
cessaire pour  élever  mille  kilogrammes  à  un  mètre 
de  hauteur.  La  force  d'un  homme  équivaut  à  cent 
dynamies  par  jour,  si  dans  ce  temps,  en  douze 
heures  de  travail,  il  peut  élever  cent  mètres  cubes 
d'eauiun  mètrede  hauteur,  legoarant. 

—  ÉTYM.  AOva[j.(ç,  force. 

t  DYNAMIDE  (di-na-mi-d'),  s.  m.  Nom  collectif 
désignant  le  calorique,  la  lumière,  l'électricilé  elle 
magnétisme  considérés  ensemble. 

—  ÉTYM.  AOvaiii;,  force. 

t  DYNAMIE  (di-na-mie),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  mé- 
canique. Voy.  EYNAME.  Il  2°  Terme  de  médecine 
État  augmenté  des  propriétés  vitales  des  tissus. 

—  ÉTYM.  Aijvot(i.i;,  force. 

+  DYNAMIOLOGIE  (di  -  na  -  mi-  0  -  lo  -  gie) ,  s.  f 
Terme  didactique.  Traité  sur  les  forces  considérées 
abstraitement. 

—  ÉTYM.  Aûvajii;,  force,  et^ôyo?,  traité. 
DYNAMIQUE  (di-na-mi-k') ,   s.  f.  ||  1°  Partie  des 

mathématique:!  qui  traite  du  mouvement.  Traité  de 
dynamique.  ||  En  un  sens  plus  restreintetplususuel, 
partie  de  la  mécanique  qui  étudie  les  différents  mou- 
vements, celle  qui  traite  de  l'équilibre  portant  le  nom 
de  statique.  ||  2°  Àdj.  m.  et  f.  Terme  de  mathéma- 
tique. Qui  concerne  le  mouvement.  Problème  dyna- 
mique. Pouvoir  dynamique.  Effet  dynamique,  celui 
que  produisent  des  forces  qui  font  sortir  un  corps  du 
repos.  Il  Terme  de  biologie.  Etat  dynamique,  par 
opposition  à  état  statique,  c'est-à-dire  l'état  d'un 
organisme  considéré  en  fonction,  par  opposition  au 
même  organisme  considéré  dans  sa  composition. 
Cette  notion  a  été  étendue  à  la  sociologie,  où  l'on 
considère  l'état  d'activité  et  l'état  décomposition. 

—  ÉTYM.  Auvaiiixô;,  de  Sûvïjiiç,  force. 

■|-DYN.\MISME(di-na-mi-sm'),s.în.Terme  de  philo- 
sophie.Systèmequi  supposeque  la  matière  est  animée 
de  forces  immanentes,  au  lieu  de  la  considérer 
comme  mue  par  des  forces  extrinsèques  et  mécani- 
ques. Ainsi,  en  astronomie,  le  système  des  tourbillons 
de  Descartes  est  un  mécanisme;  celui  de  la  gravi- 
tation est  un  dynamisme.  ||  Dans  les  systèmes  médi- 
caux, dynamisme  s'est  dit,  en  un  sens  différent, 
d'une  hypothèse,  aujourd'hui  abandonnée,  où  l'on 
considère  les  forces  comme  agissant  indépendam- 
ment des  conditions  organiques. 

—  ÉTYJI.  AiJvo([ii;,  force. 

fDYNAMISTE  (di-na-mi-st),  S.  m.  Partisan  du 
dynamisme  en  physique.  {|  Partisan  du  dynamisme 
en  biologie. 

DYNAMOMÈTRE  (di-na-mo-mè-tr'),  s.  m. 
Il  1°  Terme  de  mécanique.  Instrument  qui  sert  il 
évaluer  en  poids  la  force  et  les  effets  d'un  moteur. 
Il  2°  Nom  des  instruments  employés  à  mesurer  la 
force  musculaire  de  l'homme  et  des  animaux. 
Il  3°  Terme  d'opticien.  Instrument  pour  mesurer  le 
grossissement  d'une  lunette.  On  trouve,  en  cet  em- 
ploi, dynamètre,  qui  est  mal  fait. 

—  ÉTYM.  Aûvaiii;  force,  et  (iÉTpov,  mesure.  La 
formation  est  incorrecte  et  devrait  être  dynami- 
mètre  ou  dynamiomètre,  les  noms  grecs  en  t;, 
lo;  prenant  en  composition  t  ou  io  et  non  o,  par 
exemple  physiologie. 

+  DYNAMO.MÉTRIE  (di-na-mo-mé-trie),  s.  f. 
Terme  didactique.  Mesure  des  forces. 

—  ÉTYM.  Dynamomètre. 


125G 


DYS 


f  DYNAMOSCOPE  (aina-mo-sko-p'),  J.  m.  InsUu- 
ment  qui  sert  A  la  dynamoscopie. 

—  f.TYM.  Aûvoiii:,  force,  et  axonsiv,  examiner. 

t  DYNAMOSCOPIE  (di-namosko-pie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Kiamen  qui  se  pratique  en  plaçant 
l'un  des  doigts  do  la  main  d'un  homme  dans  le  con- 
duit auditif;  on  entend  alors  un  bruit  continu  très- 
«emblalile  à  un  l)Ourilonnement,  et,  par  intervalles 
irré«"liers,  des  crépitations  bien  distinctes  du  bruit 
de  bourdonnement.  I.a  force  et  la  continuité  de  ce 
bruit  sont  en  rapport  avec  la  force  et  la  santé  de 
l'individu  qu'on  examine. 

—  ÉTYM.  Di/nomoscope. 

DYNASTE  (di-na-si'),  s.  m.  Terme  d'antiquité. 
Titre  de  certains  petits  souverains. 

—  ÉTYM.  AvvâciTïiç,  homme  puissant,  de  Sijva|Aat, 
pouvoir. 

DYNASTIE  (di-na-stic),  s.  f.  Succession  de  sou- 
verains d'une  même  famille.  Tes  fils  s'entre-tueroni  ; 
ta  courte  dynastie,  Exécrable  à  jamais,  bientôt 
anéantie....  lemruc.  Clovis,  v.  ».  ||  Suite  de  rois.  Les 
dynasties  égyptiennes  de  Manéthon.  Les  Egyptiens 
comptaient  trente  dynasties ,  qu'ils  prétendaient 
avoir  duré  trente-six  mille  cinq  cent  vingt-cinq  ans 
et  qui  finirent  à  Nectanébo. 

—  ÉTYM.  A'jvaoTei'a,  puissance,  de  SuvioTr)?,  dy- 
nasle. 

t  DYNASTIQUE  (dina-sti-k'),  adj.  Qui  concerne 
une  dynastie.  Les  intérêts  dynastiques.  ||  Qui  défend 
une  dynastie  régnante.  Journal  dynastique.  {|  Sub- 
stantivement. Les  dynastiques,  les-  partisans  d'une 
dynastie. 

—ÉTYM.  Dynastie. 

tDYOSTYLE(di-o-sti-l'),  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture. Façade  formée  de  deux  colonnes. 

—  ÉTYM.  Aûo,  deux,  et  ortûXoi;,  colonne. 
fDYS....  préfixe  qui  est  le  préfixe  grec  Sùç,  et  qui 

exprime  que  la  chose  est  difficile,  mauvaise. 

t  DYSCHROÏE  (di-skro-ie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Mauvaise  couleur  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  y.pota,  couleur. 
+DYSCiniOMATEUX,  EUSE  ("di-skro-ma-teû,  leû- 

z'),  adj.  Terme  de  médecine.  Dermatoses  dyschro- 
mateuses,  celles  qui  sont  caractérisées  par  un  chan- 
gement de  couleur  seulement  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Dtjs....  préfixe,  etypt5|ia,  couleur. 
tDYSCHROMATIOUE(di-skro-ma-ti-k'),  adj. 

Terme  didactique.  Qui  est  d'une  mauvaise  couleur. 
|(  Qui  altère  la  couleur. 

—  ÉTYM.  D'is....  préfixe,  et  xp^l*»,  couleur. 
tJ)YSCUROMATOPSIE{di-skro-ma-to-psie),  s.  f. 

Terme  de  médecine.  Afl'ection  du  sens  de  la  vue 
dans  laquelle  certaines  couleurs,  ne  pouvant  point 
être  appréciées,  sont  confondues  avec  celles  qui 
restent  seules  perceptibles.  On  la  nomme  aussi  dal- 
tonisme chromatique. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  y.fû>\ijx,  couleur,  et 
ii{/iç,  vue. 

tDYSCINÉSIE  (di-ssi-né-zie) ,  s.  f.  Term-s  de  mé- 
decine. Diminution  ou  abolition  des  mouvements 
volontaires. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  xCvtiitiç,  mouvement. 
DYSCOI.E  (di-sko-1'),  adj.  Difficile  à  vivre,    de 

mauvaise  humeur.  Comme  je  ne  puis  empêcher 
ceux  [lesévêques]  qui  sont  à  Paris  d'être  de  l'assem- 
blée et  qu'il  peut  y  en  avoir  de  dyscoles,  j'y  fourre- 
rai lesévêques  ih  parlibus ,  st-si.m.  350,  lus.  Votre 
enfant  dyscole  gâte  tout  ce  qu'il  touche,  J.  J.  houss. 
Ém.ii.  Il  Peu  usité. 

—  HIST.  xiv  s.  Amisté  est  moins  faite  en  gens  de 
dure  conversation  et  en  viellars,  de  tant  come  il 
«ont  plus  discoles,  oresme,  Eth.  238. 

—  ÉTYM.  A'jdxoXoç,  difficile  à  vivre,  de  Sic,  mal, 
et  xéXov,  aliment;  proprement  qui  n'a  pas  d'appétit. 


DYS 

t  DYSCRASIE  (di-skra-ziel,  s.  f.  Terme  de  méde 
cine.  Mauvaise  mixture  des  humeurs,  mauvaise 
constitution. 

—  HIST.  xiv  s.  Discrasie  de  seul  foie,  discrasie 
de  seul  esplain  [rate],  h.  de  mondeville,  f°  67,  wrso. 

—  ÉTYM.  A'jCTxpauia,  de  80;,  mal,  et  xpisi?, 
mélange  (voy.  crase). 

t  DYSCRASIER  (di-skra-zi-é),  v.  a.  Terme  de 
médecine.  Rendre  dyscrasique. 

—  llisr.  xiv  s.  Se  le  membre  ulcéré  ou  tout  le 
cors  soient  discrasiés,  rectefie  la  discrasiation,  ii. 
de  mondeville,  f»  73. 

—  ÉTYM.  Dyscrasie. 

t  DYSCRASIQUE  (di-skra-zi-k'),  adj.  Qui  a  rapport 
à  la  dyscr.isie. 

tDYSÉCEE  (di-zé-sée),  s.  ^. Terme  de  médecine. 
Dureté,  fail)lesse  de  l'ouïe.  La  dysécée  est  le  premier 
degré  de  la  surdité. 

—  ÉTY.M.  AucTTixota,  de  8ù;,  difficilement,  et 
àxoOetv,  entendre. 

t  DYSENTERIE   (di-san-te-rie),    s.  f.  Voy.  dys- 

SENTEBIE. 

t  DYSENTÉRIQUE   (di-san-té-ri-k') ,  adj.   Voy. 

DYSSENTÉBIQUE. 

t  DYSESTIIÉSIE  (di-zê-sté-zie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Affaiblissement  ou  abolition  de  l'action 
des  sens. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  aWSrjTii;,  sensation. 
fDYSLALIE  (di-sla-lie),  s. /".Terme  de  médecine. 

Articulation  difficile  des  paroles. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  XoXeïv,  parler. 

tDYSLOCHIE  (di-slo-cbie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Difficulté  ou  suppression  de  l'écoulement  des 
lochies. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  lochies. 
fDYSLYSINE  (di-sli-zi-n'),  s./".  Terme  de  chimie. 

Matière  résinoïde,  difficile  à  dissoudre  dans  l'alcool 
bouillant,  et  trouvée  d.-ins  la  bile. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  Xûaii;,  solution. 

f  DYSMÉNIE  (di-smé-nie),  *.  f.  Synonyme  de 
dysménorrhée. 

t  DYSMÉNORRHÉE  (di-smé-no-rréo),  s.f.  Terme 
de  médecine.  Écoulement  difficile  des  règles;  men- 
struation difficile. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  utiv,  mois,  menstrues, 
et  ^éstv,  couler. 

fDYSMNÉSIE  (di-smné-zie) ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Affaiblissement  de  la  mémoire. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  (ivrjïi;,  mémoire. 
fDYSODIE  (di-zo-die),  s.f.  Terme  de  médecine. 

Fétidité  des  matières  exhalées  ou  sécrétées. 

—  ÉTYM.  A'jowôia,  de  8ù;,  mal,  et  êiltiv,  avoir 
une  odeur. 

+  DYSOPIE  (di-zo-pie),  i.  f.  Terme  de  médecine. 
Affaiblissement  de  la  vue. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  i>^,  vue. 
fDYSOSMIÉ  (di-zo-smie),  t.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Afi'aiblissement  du  sens  de  l'odorat. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  è(7|xr|,  odeur. 

DYSPEPSIE  (di-spù-psie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Difficulté  à  digérer;  digestion  dépravée.  Je 
veux....  que  vous  tombiez  dans  la  bradypepsie;  de 
la  liradypepsie  dans  la  dyspepsie;  de  la  dyspepsie 
dans  l'apepsie,  mol.  Mal.  imag.  ni,  6. 

—  ÉTY.M.  A'JSJit'J'ioc ,  de  6ù;,  mal,  et  néimit,  di- 
gérer, cuire. 

{  DYSPEPTIQUE  (di-spê-pti-k'),  adj.  ||  1°  Terme  de 
médecine.  Qui  a  rapport  à  la  dyspepsie.  ||  2*  Qui  est 
alfecté  de  dyspepsie,  et,  substantivement,  un  dys- 
peptique. 

—  ÉTYM.  Dyspepsie. 

tDYSPIIAGIE  (di-sfa-jie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Difficulté  d'avaler. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  ç»T£ïv,  manger. 


DZI 

t  DYSPIIONIE  (di-sfo-nie),  ».  f.  Terme  de  mèds 
cine.  Altération  de  la  voix  et  de  la  parole. 

—  ÉTYM.  Dys  ...  préfixe,  et  çMvf,,  voix. 
tDYSPIIORIE  (di-sfo-rie),  j.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Êlat  de  malaise  et  d'anxiété. 

—  ÉTYM.  A'j<;fop(a,  de  8i{,  mal,  et  fépetv,  por- 
ter. 

DYSPNÉE  (dis-pnée),  t.  f.  Terme  de  médecine 
Difficulté  de  respirer. 

—  msT.  xvf  s.  La  dispnœe  ou  difficulté  de  res- 
pirer, PABÉ,  XX  bis,  (0. 

—  ÉTYM.  Aij(7Ttvoia,deSi;,  mal,  et  ir/eîv,  respirer. 

DYSSENTERIE  (di-san-te-rie),  ï.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Phlegmasiedu  gros  intestin  caractérisée  par 
de  fréquentes  évacuations  de  matiiires  muqueuses  ou 
puriformes,  souvent  mêlées  de  sang,  avec  tran- 
chées, sentiment  d'ardeur  dans  le  trajet  du  côlon 
et  ténesmes.  L'armée  fut  décimée  par  la  dyssen- 
torie. 

—  KEM.  La  véritable  orthographe  serait  dysente- 
rie, puisque  c'est  la  reproduction  du  mot  grec; 
l'Académie  devrait  réformer  ces  deux  tt. 

—,  HIST.  XVI'  S.  Les  félons  ou  dysenteries,  me- 
lancholies,  etc.  paré,  v,  19. 

—  ÉTYM.  Ause'/TEpia,  de  8ù{,  mal,  et  êvvtpov,  en- 
trailles. 

DYSSENTÉRIQUE  (di-san-tê-ri-k') ,  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  appartient  à  la  dyssenterie.  Flux 
(lyssentérique.jj  Substantivement.  Undyssentérique. 
Les  dyssentériques  de  l'armée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  grand  flux  de  rentre  dysenté- 
rique, PARÉ,  VI,   19. 

—  ÉTY.M.  AuoEvTepixi?,  de  îuffevTepîa,  dyssen- 
terie. 

t  DYSSPERMATISME  (di-spèr-ma-ti-sm'),  s.  m. 
Terme  de  médecine.  Emission  difficile  du  sperme. 

—  ÉTYM.  Dys....  et  sperme. 

t  DYSSYMÉTRIE  (di-ssi-mélrie),  s.f.  Terme  di- 
dactique. Défaut  de  symétrie.  " 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  symétrie. 

t  DYSSYMÉTRIQUE  (di-ssi-mé-lri-k"),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  manque  de  symétrie. 

—  ÉTYM.  Dyssymétrie. 

t  DYSTHANASIE  (di-sta-na-zie),  ». /•.  Terme  de 
médecine.  Mort  pénible  et  douloureuse. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  6ivaio;,  mort. 
tDYSTHÉLAZIE  (di-sté-lazie),  ».  f.  Terme  de 

médecine.  Inaptitude  à  allaiter. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  eriXdÇetv,  allaiter. 

t  DYSTHYMIE  (di-stimie),  I.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Abattement  de  l'âme. 

—  ÉTYM.  AuoOuiita,  de  cùi;,  mal,  et  Oy|ii<,  le 
moral. 

■f  DYSTOCIE  (di-sto-sie),  S.f.  Terme  d'obsté- 
trique. Accouchement  laborieux. 

—  ÉTYM.  Dys....  préfixe,  et  tôxoç,  accouche- 
ment. 

DYSURIE  (di-zu-rie),  ».  f.  Terme  de  médecine. 
Difficulté  à  uriner. 

—  HIST.  xvi'  s.  La  dysurie,  quand  on  a  douleur 
en  pissant,  paré,  xx  fci's,  2i. 

—  ÉTYM.  Ayooupia,  de  5i{,  mal,  et  oîpov,  urine 

(voy.   URINE). 

t  DYSURIQDE  (di-zu-ri-k') ,  adj.   Qui  a  rapport  à 

la  dvsurie. 

t  DYTIQUE  (di-ti-k'),  adj.  Terme  d'ornilliologie 
et  d'entomologie.  Qui  plonge.  ||  .S.  m.  Les  dyliqurs, 
famille  d'oiseaux  comprenant  ceux  qui  ont  l'habi- 
tude de  plonger.  ||  Genre  de  coléoptères  qui  a  pour 
type  le  dytique  très-large. 

—  ÉTYM.  AOeiv,  plonger. 

t  DZIGGUETAI  (dzi-ghe-tè),  ».  m.  Espèce  de 
cheval  de  Tartarie,  cheval  hémione,  dit  ausïi  lié- 
mione. 


E 


EàU 


EAU 


E  (é),.i.m.  Cinquièmeletlrede  l'alphabet  et  seconde 
Toyelle.  Il  Dans  l'écriture  et  dans  l'impression,  l'E 
majuscule  se  met  par  abréviation  pour  Excellence  ou 
Eminence.  Il  Dans  la  logique  scolastique,  E  était  le 
signe  des  propositions  générales  et  négatives.  ||  Dans 
les  ouvrages  de  navigation  et  de  géographie,  E  si- 
gnifie le  point  de  l'est.  ||  Dans  le  calendrier,  E  est  la 
cinquième  lettre  dominicale.  ||  Terme  de  musique.  E 
ou  E-si-nii,  pour  mi-sol-si-mi,  indique  le  ton  de  mi. 

—  REM.  I.  Quand  on  parle  des  e,  on  confond,  et 
c'est  à  tort,  l'e  écrit  et  l'e  prononcé.  E  écrit:  il  y  en  a 
quatre  sortes  :  l'e  muet  comme  dans  âme;  l'e  aigu 
comme  d.ins  bnnté;  l'e  grave  comme  dans  procès; 
et  l'e  circonflexe  comme  dans  l^(e.  E  prononcé:  l'e 
muet  se  divise  en  deux  :  e  muet  faiblement  articulé, 
comme  dans  âme,  figuré  aussi  par  ent,  comme  dans 
ils  aiment,  ils  furent;  et  l'e  muet  sonnant  comme 
la  voyelle  eu,  .-îeulement  un  peu  abrégée,  dans 
le,  ce,  me,  etc.;  il  y  a  donc  deux  prononciations 
distinctes  sous  cette  écriture  unique.  L'e  aigu 
se  divise  en  deux:  é  fermé  comme  dans  bonté;  il 
est  souvent  figuré  par  ai  comme  dans  je  trompai, 
parcï,  comme  dans  vom  voyez  ;  l'autre  moins  fermé, 
comme  le  premier  e  dans  été ,  sévère,  etc.  ;  ce  se- 
cond e  moins  fermé  est  figuré  de  façons  très-diver- 
ses :  par  é  comme  dans  les  exemples  précédents,  par 
ai  comme  dans  le  premier  ai  de  j'aimai,  par  e 
comme  dans  Noël,  secte,  par  ait  comme  dans  trait, 
par  et  comme  dans  sujet,  par  ect  comme  dans  res- 
pect, par  aid  comme  dans  laid,  par  egs  comme  dans 
legs,  par  ef  comme  dans  chef-d'œuvre.  L'e  ouvert 
est  simple,  mais  il  se  figure  très-diversement  aussi  : 
par  é  comme  dans  fête,  par  ai  comme  dans  faite, 
par  es  comme  dans  les,  tes,  mes,  par  es  comme 
dans  procès,  dès,  par  aix  comme  dans  paix,  faix, 
par  ais  comme  dans  j'aimais,  par  aie  comme  dans 
monnaie,  par  aient  comme  dans  ils  aimaient,  par 
er  comme  dans  terre,  guerre,  par  ai  comme  dans 
'iaiVe.  Ainsi,  dans  l'écriture,  il  y  a  quatre  e:  l'e 
muet,  1'^  aigu,  l'è  grave,  1'^  circonflexe;  mais  cette 
écriture  répond  très-mal  à  la  prononciation  qui,  elle, 
distingue  quatre  e  très-diversement  écrits,  l'e  muet 
proprement  dit,  l'e  fermé,  l'e  moins  fermé,  et  l'e 
tout  à  fait  ouvert.  ||  i.  L'e  muet  à  la  fin  d'un  mot  laisse 
tomber  la  voix  d'une  manière  très-douce,  et  que  Vol- 
taire a  heureusement, caractérisée:  Vous  nous  re- 
prochez nos  e  muets  comme  un  son  triste  et  sourd 
qui  expire  dans  notre  bouche,  mais  c'est  précisé- 
ment dans  ces  e  muets  que  consiste  la  grande  har- 
monie de  notre  prose  et  de  nos  vers;  empire,  cou- 
ronne, diadème,  flamme,  tendresse,  victoire,  toutes 
ces  désinences  heureuses  laissent  dans  l'oreille  un 
son  qui  subsiste  encore  après  le  mot  commencé , 
comme  un  clavecin  qui  résonne  quand  les  doigts 
ne  frappent  plus  les  touches,  volt.  lett.  Tovazxi,  24 
janv.  I76t.  Il  3.  Onélidedanslaprononciationl'emuet 
quand  il  est  suivi  d'une  voyelle  ou  d'une  h  muette,  et 
on  lie  la  syllabe  à  laquelle  il  était  attaché  avec  le  son  de 
cette  voyelle,  de  sorte  que  les  deux  mots  n'en  forment 
plus  qu'un  dans  la  prononciation  :  une  na-p'  [nappe] 
ouvrée;  un  menton  à  tri-pl'  [triple]  étage;  il  est  d- 
pr'  [âpre]  au  jeu,  etc.  i|  4.  L'e  se  fait  sentir  dans  le 
pronom  le,  surtout  lorsqu'il  termine  une  phrase  : 
prenex-le,  dites  prené-leu.  Mais  en  poésie  l'e  du  pro- 
nom le  s'élide  entièrement,  lorsque  la  lettre  qui 
suit  (e  est  une  voyelle  :  forcez-le  à  vous  défendre  ou 
fuyez  avec  lui;  dites  :  for -se -l'a  vous  défendre. 
Il  6.  Lorsqu'il  y  a  plusieurs  e  non  accentués  de  suite 
dans  une  phrase,  on  doit,  par  une  alternative  aussi 
con.^tante  que  les  consonnes  qui  précèdent  ou  qui 
suivent  cet  e  sans  accent  le  permettent,  en  élider 
un  pour  appuyer  sur  l'autre,  en  les  prenant  doux 
à  deux  comme  dans:  je  ne  le  reprendrai  pas;  dites: 
jeu  n'  leu  reprendrai  pas.  Au  reste  c'est  surtout  l'o- 
reille que  l'on  doit  consulter  dans  des  cas  sembla- 
bles. Il  6.  E  .suivi  de  n(  final  est  nul  dans  la  pronon- 
ciation aux  troisièmes  personnes  de  tous  les  verbes: 
ils  étaient,  ils  voyaient;  prononcez:  Hz' été,  il 
eo-iV.Autrefoiscetecomptaitdans  les  vers:  estaient, 
prononcé  en  trois  syllabes,  sans  doute  es-to-yen(. 
Il  7.  Lorsque  l'e  muet  est  suivi  de  s  comme  marque 
du  pluriel,  et  que  le  mot  qui  vient  après  commence 
par  une  voyelle  ou  une  h  muette,  il  y  a  liaisoz 
di  cette  s  avec  la  voyelle  initiale  du  mot  suivant  ; 

DICT.    DE   LA    LANGUE   FltANÇAISE, 


do  favorables  auspices,  des  arbres  abattus,  dites: 
de  fa-vo-ra-ble-z  auspices;  des  ar-bre-z  abattus.  Il  en 
est  de  même  quand  cet  e  muet  est  écrit  par  ent,  le 

I  se  lie  :  ils  veulent  avoir;  dites  :  ils  veu-le-t  avoir. 

II  8.  Dans  quelques  cas,  l'e  est  purement  de  pronon- 
ciation après  le  g;  il  indique  que  le  g  garde  la  pro- 
nonciation de  j'  qu'il  avait  dans  les  autres  temps  du 
verbe  :  manger,  il  mangea  (man-ja) ,  mangeons 
(man-jon),  etc.  Autrefois,  avant  l'emploi  de  la  cé- 
dille, on  se  servait  également  de  l'e  pour  indiquer 
que  le  c  conservait  le  son  de  l's  ;  il  commencea. 
\\9.E,  marqué  d'un  tréma  (ê,  ê),  indique  dans  la 
finale  gue  que  cette  finale  se  prononce  gû  et  non  ylie. 
DansJVoei,  le  tréma  est  tout  à  fait  inutile;  c'est  un 
reste  d'une  ancienne  orthographe  où  il  importait  de  ne 
pas  prendre  noel  pour  nœl.  Il  l'est  aussi  dans  poète 
et  poème,  que  l'on  devrait  écrire  poète,  poème. 
Il  10.  E  féminin,  se  dit  quelquefois  de  l'B  muet; 
E  masculin,  de  l'E  fermé.  ||  11.  E  entre  souvent 
dans  la  voyelle  nasale  qui  sonne  comme  in  :  rien, 
examen,  et  dans  la  voyelle  nasale  qui  sonne  comme 
an  :  rendre,  talent.  Il  sonne  comme  un  a  ouvert 
dans  femme,  prudemment,  etc. 

—  HIST.  XIII*  s.  Après  vous  conterai  de  l'E;  N'a  de 
long  gueres  ne  de  lé  [large]  ;  Petit  et  courbé  le  veez 
[voyez],  Senefiance  de  l'ABC,  jubinal,  t.ii,  p.  277. 

—  ÉTYM.  É  latin,  répondant  à  l's  et  à  l'ri  grecs, 
qui  se  rapportent  l'un  et  l'autre  à  l'/ie  et  à  l'hhetk  de 
l'alphabet  phénicien. 

t  ÉAQCE  (é-a-k') ,  s.  m.  Fils  de  Jupiter  et  roi 
de  l'île  d'Égine;  il  fut  après  sa  mort  le  troisième 
juge  des  enfers,  avec  Minos  et  Rhadamanthe. 

EAU  (o;  mais  au  pluriel  on  prononce  les  ô.  Bèze  , 
XVI*  siècle,  dit  que  eau  se  prononce  eo,  un  e  fermé  se 
faisant  entendre  avec  o  en  un  seul  son),  s./".  ||l°Sub- 
stance  liquide,  transparente,  sans  saveur  ni  odeur, 
réfractant  la  lumière  et  susceptible  de  dissoudre  un 
grand  nombre  de  corps.  Eau  de  source,  de  pluie.  Eau 
courante,  dormante.  L'eau  se  trouve  dans  la  nature 
à  trois  états,  solide,  liquide,  gazeuse.  Une  goutte 
d'eau.  Tant  de  seaux  d'eau  que  j'ai  tirés  au  puits 
pour  elle!  mol.  Bourg,  gent.  m,  9.  Ne  crains  pas, 
mon  cher  enfant,  que  l'abondance  de  l'eau  alTai- 
blisse  ou  refroidisse  ton  estomac,  lesace,  Gil  Blas, 
II,  3.  Apportez-moi  un  verre  deau,  mol.  Comt. 
d'Escarb.  vi.  ||  L'eau  potable  (par  opposition  à  eau 
pure),  eau  qui  se  boit  et  qui,  pour  être  bonne,  doit 
être  limpide,  inodore  et  d'une  .saveur  agréable,  te- 
nir en  dissolution  une  proportion  convenable  d'air 
atmosphérique  et  d'acide  carbonique,  dissoudre  fa- 
cilement le  savon  et  être  propre  à  la  cuisson  des  lé- 
gumes secs.  Il  Eau  marécageuse,  eau  des  marais,  des 
mares,  des  étangs,  qui  est  toujours  chargée  de  ma- 
tières végétales  et  animales  en  putréfaction.  ||  Eau 
de  mer,  eau  amère,  chargée  de  sels  et  principalement 
de  sel  de  cuisine,  et  remplissant  le  vaste  bassin  des 
mers.  ||  Eau  distillée,  celle  qu'on  obtient  en  distil- 
lant l'eau  de  pluie  ou  de  rivière,  et  qui  ne  contient 
plus  ni  matières  solides  ni  oxygène.  Il  Eau  claire, 
par  opposition  à  l'eau  bourbeuse  ou  à  l'eau  mê- 
lée d'une  substance  utile  ou  agréable.  ||  Fig.  Eau 
claire,  un  résultat  illusoire.  Mais  quoi!  que  feras-tu 
que  de  l'eau  toute  claire?  TraveHé  sans  repos  par 
ce  démon  contraire.  Tu  vois  qu'à  chaque  instant  il 
te  fait  déchanter,  mol.  l'Étour.  m,  t.  Près  du  beau 
sexe  un  vieux  barbon  Ne  fait  que  de  l'eau  claire, 
DANCOURT,  Eaux  de  Bourbon  ,  i)!tert.  ||  Ne  sentir 
que  l'eau,  être  insipide.  ||  Eau  rougie,  eau  mêlée 
d'une  légère  quantité  de  vin  rouge.  ||  Eau  panée, 
eau  dans  laquelle  on  a  fait  tremper  du  pain  grillé 
pour  en  adoucir  la  crudité.  ||  Eau  ferrée,  eau  dans 
laquelle  on  a  éteint  un  fer  rouge  ou  fait  rouiller 
des  clous.  L'eau  ferrée  est  fortifiante.  ||  Eau  battue, 
eau  qu'on  a  versée  plusieurs  fois  d'un  vase  dans  un 
autre.  ||  Eau  blanche,  boisson  alimentaire  formée 
par  l'eau  et  la  farina  ou  le  son  et  qu'on  donne  aux 
animaux  domestiques.  {|  Eau  de  savon,  eau  dans  la- 
quelle du  savon  est  dissous.  ||  Eau  d'empois,  eau 
dans  laquelle  on  a  mis  de  l'empois.  ||  Voie  d'eau, 
ce  que  contiennent  les  deux  seaux  d'un  porteur 
d'eau.  Il  Familièrement.  Un  buveur  d'eau,  celui  qui 
ne  boit  que  de  l'eau,  ou  qui  met  beaucoup  d'eau 
dans  son  vin.  ||  11  ne  gagne  pas  l'eau  qu'il  boit,  il 
ne  vaut  pas  l'eau   qu'il  boit,  se  dit  d'un  homme 


inutile,  fainéant.  ||  Être  au  pain  et  à  l'eau ,  n'avoir 
que  du  pain  à  manger  et  de  l'eau  à  boire.  On  le  mit 
en  prison,  au  pain  et  à  l'eau.  ||  Tenir  eau,  se  dit 
d'un  vase,  d'un  envier,  etc.  qui,  n'ayant  ni  trou, 
ni  fissure  par  oii  l'eau  puisse  couler  ou  suinter,  la 
retient.  Par  ce  moyen,  vous  verrez  s'il  tient  eau, 
LA  FONT.  CuD.  Il  Gare  l'eau  là-bas,  se  dit  quand  ou 
veut  jeter  de  l'eau  par  les  fenêtres,  surtout  dans  les 
villes  où  il  n'y  a  pas  de  conduits  pour  les  eaux  mé- 
nagères. Par  extension,  on  le  dit  de  tout  ce  qu'on 
jette  par  les  fenêtres.  ||  Porter  de  l'eau  à  la  rivière, 
ou  porter  l'eau  à  la  mer,  donner  à  quelqu'un 
qui  est  riche,  apporter  une  chose  qui  abonde 
déjà.  Où  vas-tu,  insensé  que  tu  es?  tu  vas  porter 
de  l'eau  à  la  rivière,  lesage,  Estev.  Gonzalez, 
ch.  VI.  Il  C'est  une  goutte  d'eau  dans  la  mer,  se  dit 
d'une  quantité  très-petite  qu'on  ajoute  à  une  quantité 
extrêmement  grande.  ||  Terme  de  manège.  Abattre 
l'eau,  essuyer  le  corps  d'un  cheval  sortant  de  l'eau  ou 
en  sueur.  ||  Rompre  l'eau  à  un  cheval,  l'interrompre, 
l'obliger  à  boire  à  plusieurs  reprises.  ||  Se  ressem- 
bler comme  deux  gouttes  d'eau,  se  ressembler  par- 
faitement. J'aurai  le  plaisir  de  voir  des  créatures  qui 
seront  sorties  de  moi,  de  petites  figures  qui  me  res- 
sembleront comme  deux  gouttes  d'eau,  mol.  flar.  for. 
2.  Il  Fig.  Aller  à  l'eau  chez  un  autre,  empiéter  sur 
ce  qui  est  à  lui.  N'allez  point  à  l'eau  chez  un  autre, 
LA  FONT.  Pâté.  Il  On  dit  qu'un  domestique  est  allé 
à  la  bonne  eau,  quand  il  est  trop  longtemps  à  re- 
venir d'un  message.  ||  Il  faut  qu'il  fasse  voir  de  son 
eau,  qu'il  montre  de  son  eau,  se  dit  d'un  homme 
qui,  n'étant  pas  connu,  doit  montrer  ce  qu'il  sait 
faire.  Qu'ils  montrent  de  leur  eau,  qu'ils  entrent  en 
carrière,  ni'.GNiEn,  Sat.  ix.  ||  Il  n'y  a  que  de  l'eau  à 
boire,  se  dit  d'une  industrie  qui  n'ofl're  que  de  mé- 
diocres bénéfices.  Il  fallait  qu'il  [le  P.  Campanelle] 
donnât  de  son  côté  de  grandes  espérances;  sans 
cela  il  n'y  a  pas  de  l'eau  à  boire  dans  ce  métier-là 
[d'astrologue],  fén.  t.  xix,  p.  414.  ||  Croyez  cela, 
et  buvez  de  l'eau,  c'est  à  peu  près  la  même  figure, 
autrement  tournée,  en  parlant  d'une  chose  absurde, 
c'est-à-dire  croyez-le  et  vous  n'y  gagnerez  rien. 
Il  II  se  noierait  dans  un  verre  d'eau,  se  dit  d'un 
homme  malhabile  à  qui  il  arrive  malheur  dans  tout 
ce  qu'il  touche.  ||  C'est  une  tempête  dans  un  verre 
d'eau,  se  dit  de  violentes  querelles,  de  violents  tu- 
multes dans  un  tout  petit  cercle.  On  a  appelé  les 
commotions  de  la  république  de  Genève  des  tem- 
pêtes dans  un  verre  d'eau.  ||  Il  jouerait  les  pieds 
dans  l'eau,  se  dit  d'un  homme  possédé  de  la  pas- 
sion du  jeu.  Il  Tenir  le  bec  dans  l'eau,  voy.  bec. 
Il  Vert  d'eau,  vert  semblable  au  vert  de  l'eau.  On 
dit  dans  le  même  sens  couleur  d'eau.  Une  étofl'a 
couleur  d'eau.  ||  Il  a  mis  de  l'eau  dans  son  vin,  se 
dit  d'un  homme  dont  la  colère  est  tombée,  dont  les 
prétentions  ont  baissé.  ||  Epreuve  de  l'eau,  épreuve 
à  laquelle  la  justice  du  moyen  Sge  soumettait  un 
accusé.  Les  épreuves  dont  l'usage  était  le  plus  uni- 
versellement adopté  étaient  celles  de  l'eau  froide  et 
de  l'eau  chaude.  Les  seigneurs  ecclésiastiques  qui 
ne  possédaient  pas  un  champ  clos,  rendaient  aussi 
la  justice  :  si  le  plaideur  avait  demandé  l'épreuve  de 
l'eau  froide,  on  lui  liait  les  membres  et  on  le  plon- 
geait nu  dans  la  cuve  ;  si  son  corps  ne  surnageait  pas, 
le  jugement  de  Dieu  décidait  sa  culpabilité;  dans 
le  cas  contraire,  son  innocence;  l'épreuve  de  l'eau 
chaude  était  ]dus  cruelle  :  il  fallait  que  le  cham- 
pion qui  s'y  soumettait  n'éprouvât  aucune  douleur 
dans  les  flots  de  cette  eau  brûlante,  barginet, 
Hist.  du  gouv.  féod.  ii,  2.  ||  2»  Dans  l'ancienne  phi- 
losophie naturelle,  l'un  des  quatre  éléments  qui 
constituaient  toute  chose.  Les  éléments,  le  feu, 
l'air,  etla  terre,  et  l'eau,  RAC.Piai'd.  m,  3.  ||  On  dit 
des  enfants  qu'il  les  faut  garder  de  feu  et  d'eau 
jusqu'à  seiit  ans.  ||  C'est  le  feu  et  l'eau,  se  dit  de 
deux  choses  contraires,  ou  de  deux  personnes  qui 
difi'èrent  essentiellement  de  sentiments  et  d'opi- 
nions. Il  3°  Terme  de  chimie.  Corps  composé,  qui 
résulte  de  la  combinaison  de  88,91  parties  d'oxy- 
gène avec  11,09  d'hydrogène  en  poids,  et,  en  vo- 
lume, de  <  d'oxygène  et  de  2  d'hydrogène.  ||  Eau 
oxygénée,  deutoxyde  d'hydrogène,  peroxyde  d'hy- 
drogène. Il  Eau  de  cristallisation,  l'eau  que  les  sels 
retiennent  en  combinaison  lorsqu'ils  cristalli.sent. 

I.  —  15a 


1258 


EAU 


Il  Eau  de  constilulion,  celle  qui  fait  partie  d'un  sel  de 
telle  manière  qu'on  ne  peut  la  lui  enlever  par  la  cha- 
leur etc.  sans  en  changer  la  cristallisation  et  les 
réactions  chimiques  ;  tandis  que  l'eau  de  cristalli- 
«ation  est  chassée  sans  que  ces  propriétés  changent. 
Il  Eau  mfere,  résidu  d'une  dissolution  salme  qu'on  a 
fait  cristalliser,  lorsque  celte  eau,  épaissie,  refuse 
de  donner  des  cristaux.  ||  Eau  de  carrière,  eau  qu'on 
rencontre  dans  les  pores  de  la  plupart  des  roches, 
surtout  de  celles  qui  appartiennent  aux  terrains 
stratifiés.  ||  4°  Mer,  rivière,  étang,  lac.  Et  l'eau 
grosse  et  rapide  et  la  nuitassez  noire,  corn.  Cinna, 

IV,  2.  Nous  ressemblons  tous  à  des  eaux  courantes, 
Boss.  Duch.  d'Orl.  Nous  allons  sans  cesse  au  tom- 
beau, ainsi  que  des  eaux  qui  se  perdent  sans  re- 
tour, ID.  ib.  C'est  lui  qui  me  sauva  de  ce  grand  péril 
que  vous  savez  que  je  courus  dans  l'eau,  mol.  l'Av. 

V,  4.  Etlaflammeàla  main  lessuivre  sur  les  eaux, 
BAC.  And.  I,  2.  Quand  on  a  une  expérience  fonda- 
mentale sur  la  vitesse  de  l'eau,  par  exemple,  celle 
de  M.  Guglielmini,  par  laquelle  une  eau  qui  est 
totnbée  de  la  hauteur  d'un  pied  de  Bologne  parcourt 
en  une  minute  2)6  pieds  6  pouces  d'un  mouvement 
égal,  on  a  sa  vitesse  pour  toutes  les  chutes  possi- 
bles, FONTEN.  Gvglielmini.  \\  X  Paris,  l'autre  côté 
de  l'eau  signifie  la  rive  gauche  de  la  Seine,  Il  de- 
meure de  l'autre  côté  de  l'eau.  Passer  l'eau,  aller 
sur  la  rive  gauche  de  la  Seine.  ||  Fig.  Des  gens  de 
delà  l'eau,  des  gens  mal  instruits  des  nouvelles  et 
des  affaires  du  temps.  ||  Les  grandes  eaux,  af- 
flux d'eau  de  pluie  ou  de  neige  qui  grossissent  les 
rivières  et  les  fleuves.  Il  est  arrivé  que  les  glaces  et 
grandes  eaux  de  cette  année  ont  endommagé  deux 
piles  et  avants-becs,  et  que  nombre  de  pierres  des 
arcades  ont  été  emportées.  Conseil  d'État,  4  janv. 
4678.  Il  Eau  plate,  celle  qui  n'a  pas  de  mouvement 
dans  un  terrain  dont  la  pente  ne  lui  en  donne 
pas.  Il  Être  comme  le  poisson  dans  l'eau,  comme 
le  poisson  hors  de  l'eau,  être  dans  une  position 
très-agréable,  dans  une  position  pleine  d'angoisse. 
Il  Se  mettre  dans  l'eau  de  peur  de  se  mouiller,  se 
jeter  dans  le  mal  qu'on  veut  éviter.  Fin  comme 
Gribouille,  qui  se  met  dans  l'eau  de  peur  de  la 
pluie,  se  dit  d'un  homme  a.ssez  sot  pour  s'exposer  à 
de  grands  dangers  à  l'effet  d'en  éviter  un  très- 
petit.  Il  Pleine  eau,  se  dit  de  la  rivière  où  l'on  va 
nager  librement,  par  opposition  aux  bassins  fermés 
où  l'on  s'exerce.  Faire  une  pleine  eau,  sortir  du 
bassin  fermé  et  aller  nager  en  pleine  rivière.  ||  Fig. 
Nager  en  grande  eau,  être  en  pleine  fortune.  Être 
en  grande  eau,  être  dans  l'abondance  et  dans  la  sé- 
curité. Puis  bientôt  en  grande  eau  naviguer  à  sou- 
hait, BOIL.  Sa(.  X.  Nous  verrons  désormais  Pu jségur 
nager  en  plus  grande  eau,  st-sim.  )2(t,  138.  ||  Eau 
douce  se  dit  de  l'eau  des  rivières,  des  lacs,  des 
étangs  et  des  fontaines,  par  opposition  à  l'eau  de 
mer.  Poisson  d'eau  douce.  ||  Familièrement,  marin 
d'eau  douce,  homme  qui  n'a  navigué  que  sur  les 
rivières,  ou,  par  extension,  homme  qui  a  peu  na- 
vigué en  mer.  ||  Fig.  Médecin  d'eau  douce,  médecin 
qui  ne  donne  que  des  remèdes  faibles  et  sans  effi- 
cacité, ou  qui  donne  peu  de  remèdes.  ||  Eau  trou- 
ble, eau  d'une  rivière  ou  d'un  étang  qui  est  mé- 
langée de  limon  et  qui  convient  pour  certaines 
pêches.  Pêcher  en  eau  trouble,  et  fig.  faire  des 
affaires  peu  honorables.  ||  On  dirait  qu'il  ne  sait 
pas  troubler  l'eau,  qu'il  ne  sait  pas  l'eau  troubler, 
se  dit  d'un  homme  qui  paraît  simple  et  qui  ne  l'est 
pas.  Il  Fig.  Tomber  dans  l'eau,  ne  pas  réussir.  Cette 
affaire  est  tombée  dans  l'eau.  La  requête,  que  le 
régent  n'avait  renvoyée  à  personne,  était  tombée 
dans  l'eau,  st-sim.  4o4,  3B.  ||  Revenir  sur  l'eau  se 
dit  d'un  homme  qui,  tombant  dans  l'eau,  reparaît 
à  la  surface.  ||  Fig.  Revenir  sur  l'eau,  se  dit  d'un 
homme  qu'on  croyait  abîmé  et  qui  rétablit  ses  af- 
faires. La  Bazinière,  fameux  financier,  puis  tréso- 
rier de  l'épargne,  fut  longtemps  en  prison,  puis 
revint  sur  l'eau,  st-sim.  iso,  67.  ||  Se  dit  aussi  d'un 
projet  qu'on  croyait  abandonné  et  qui  est  remis 
sur  le  tapis.  La  loi  de  dotation  est  revenue  sur 
l'eau.  Il  Terme  de  vénerie.  Battre  l'eau,  se  dit  de 
la  bêle  qui  se  jette  dans  la  rivière  ou  un  étang  pen- 
dant qu'on  la  poursuit.  ||Fig.  Battre  l'eau,  prendre 
une  peine  inutile.  Tu  vois  qu'à  chaque  instant  il  te 
fait  déchanter.  Et  que  c'est  battre  l'eau  de  pré- 
tendre arrêter....  mol.  l'Étourdi,  m,  1.  C'est  battre 
l'eau,  monsieur,  lui  dis-je  [à  Beauvillier],  que 
répéter  toujours  la  môme  chose,  st-sim.  334,  <29. 
Il  Se  jeter  à  l'eau,  se  noyer  exprès.  ||  Se  jeter  dans 
l'eau,  se  mettre  à  l'eau,  entrer  dans  l'eau  pour  quel- 
que dessein.  llXl'eau!  cri  pour  jcterquelqu'unàl'eau, 
et  cri  de  marchand  d'eau.  ||  Fig.  Coup  dans  l'eau, 
coup  d'épée  dans  l'eau ,  se  dit  d'une  injure  qui  porte 


EAU 

à  faux  ou  d'une  tentative  sans  résultat.  ||  Les  eaux 
sont  basses,  se  dit  d'une  rivière  dont  le  niveau  a 
baissé,  et  fig.  l'argent  mancpie.  ||  Nager  entre  deux 
eaux,  nager  en  mettant  sous  l'eau  la  tête  qu'on  ne  re- 
tire que  pour  respirer,  et  fig.  se  ménager  entre  les 
différents  partis.  Le  P.  de  la  Rue,  jésuite  de  tous 
points,  passa  toujours  pour  nagera  la  superficie, 
entre  deux  eaux  [dans  la  controverse  sur  le  quié- 
tisme],  ST-SIM.  45,  2).  Pour  éviter  bien  des  maux. 
Veut-on  suivre  ma  recette?  Que  l'on  nage  entre  deux 
eaux,  EÉnANG.  Petits  coups.  \\  D'ici  là  il  passera  de 
l'eau  sous  les  ponts,  se  dit  quand  on  croit  qu'une 
chose  ne  se  fera  pas  de  sitôt  ou  ne  se  fera  jamais. 
Il  Laisser  couler,  courir  l'eau,  ne  point  se  soucier 
comme  vont  les  affaires.  ||  Faire  venir  l'eau  au  mou- 
lin, faire  venir  de  l'argent  à  la  maison,  donner  du 
débouché  à  une  industrie.  ||  Le  fil  de  l'eau,  le  cou- 
rant. ||X  fleur  d'eau,  à  la  surface  de  l'eau.  ||  Terme 
de  marine.  Faire  eau,  avoir,  en  parlant  d'un  na- 
vire, quelque  trou  par  où  l'eau  de  mer  s'introduit. 
Alcibiade  ne  renversera-t-il  pas  ma  barque  qui 
est  vieille  et  qui  fait  eau  partout?  fén.  t.  xix, 
p.  211.  Il  Voie  d'eau,  ouverture  faite  à  la  carène 
d'un  navire  et  par  laquelle  l'eau  entre  dans  le  bJti- 
ment.  ||  Faire  de  l'eau,  faire  provision  d'eau  douce, 
pour  la  navigation.  ||  Ligne  d'eau,  celle  que  le  ni- 
veau de  la  mer  trace  sur  un  bâtiment  chargé.  ||  Re- 
cevoir un  coup  à  l'eau,  être  percé  à  l'eau,  recevoir 
un  coup  de  canon  dans  quelque  partie  du  bordage 
qui  est  cachée  par  l'eau.  ||  Les  eaux  d'un  navire,  son 
sillage.  Il  Être  sur  l'eau  d'un  autre  vaisseau,  le  suivre 
et  faire  la  même  route.  ||  Être  dans  les  eaux  d'un 
navire,  gouverner  dans  le  même  sillage,  et  fig. 
être  dans  les  eaux  de  quelqu'un,  être  de  son 
parti,  de  son  opinion.  ||  Eaux  fermées,  eaux  prises 
par  la  glace.  Eau  maigre,  eau  peu  profonde. 
Même  eau,  celle  qui  ne  donne  pas  de  change- 
ment au  sondage.  |f  Haute  eau  et  basse  eau,  se 
dit  de  la  marée  haute  et  basse.  |{  Eaux  mortes, 
petite  marée;  eaux  vives,  grande  marée.  |1  B°  Eau 
jaillissante,  eau  qui  sort  de  terre  par  un  jet.  ||  Par 
extension,  eaux  jaillissantes,  ou,  absolument,  les 
eaux,  les  eaux  de  Versailles  ou  de  tout  autre  lieu  où 
sont  disposés  des  conduits  qui  lancent  l'eau  en  jets 
et  la  versent  en  nappes.  ||  Donner  les  eaux,  faire 
jouer  les  eaux  de  Versailles  en  l'honneur  d'un  per- 
sonnage. Il  6"  Eaux  minérales,  eaux  qui  se  sont 
chargées  de  substances  fixes  ou  volatiles  dans  leur 
filtration  à  travers  certains  terrains.  ||  Eaux  miné- 
rales artificielles,  celles  que  l'art  prépare  en  imita- 
tion des  eaux  minérales  fournies  par  la  nature. 
Il  Absolument,  Les  eaux.  Faire  une  cure  d'eaux.  Les 
eaux  de  Baréges,  d'Aii,  de  Spa.  Il  faut  cette  pré- 
paration avant  que  de  prendre  les  eaux,  sÉv.  272. 
Il  Le  lieu  où  se  prennent  les  eaux.  Il  parle  d'aller 
aux  eaux,  sév.  40.  Vous  pouvez,  madame,  aller  aux 
eaux,  noss.  Lett.\quiét.  38.  ||  7°  Eau  de  riz,  eau 
d'orge,  eau  dans  laquelle  on  a  fait  bouillir  du  riz, 
de  l'orge.  ||  Eau  de  veau,  eau  de  poulet,  bouillon 
très-léger  de  veau,  de  poulet.  On  me  fait  prendre  tous 
les  jours  de  l'eau  de  poulet,  sÉv.  280.  US- Eau  bénite, 
eau  consacrée  par  le  prêtre.  |{  Faire  l'eau  bénite, 
faire  la  cérémonie  de  la  bénédiction  de  l'eau.  J'ou- 
blie de  dire  que,  pendant  cette  eau  bénite,  d'autres 
gardes  du  corps  gardèrent  et  garnirent  l'hôtel  de 
Conti,  ST-siM.  220,  223.  ||  Eau  bénite  de  cour,  ex- 
pression proverbiale  pour  exprimer  les  vaines  pro- 
testations d'amitié  ou  de  protection.  Donneur  d'eau 
bénite,  faiseur  de  promesses  en  l'air.  ||  Populaire- 
ment. Eau  bénite  de  cave,  le  vin.  ||  Eau  grégo- 
rienne, eau  bénite  mêlée  de  vin  et  de  cendres  pour 
purifier  les  égli-ses  polluées.  ||  Le  baptême.  Il  lave  nos 
forfaits  dans  une  eau  salutaire,  corn.  Polyeucte,  i, 
t.  J'aflais  moi-même  Répandre  sur  son  front  l'eau 
sainte  du  baptême,  volt.  Zaïre,  ii,  3.  ||  Eau  lus- 
trale, eau  consacrée  chez  les  païens  aux  lustrations 
et  aux  ablutions.  ||  9"  Pluie.  H  tombe  de  l'eau.  Le 
ciel  est  couvert,  nous  aurons  de  l'eau.  Le  ciel  se  fond 
tout  en  eau.  Il  va  venir  de  l'eau.  ||10°Sucdes  fruits, 
des  légumes.  Ces  pêches,  ces  melons  ont  beau- 
coup d'eau.  Il  11°  Larmes.  Pleurez,  pleurez,  mes 
yeux,  et  fondez-vous  en  eau,  La  moitié  de  ma  vie  a 
mis  l'autre  au  tombeau,  corn.  Cid,  m,  3.  Ce  visage 
charmant  tout  en  eau  devant  moi,  lamaht.  Joc. 
m,  KO.  ||lî"Salive,  seulemenldans  cette  locution  : 
L'eau  en  vient  à  la  bouche.  X  l'occasion  de  l'im- 
pression que  les  viandes  font  sur  le  cerveau ,  l'eau 
vient  à  la  bouche,  et  on  sait  que  cette  eau  est  pro- 
pre à  ramollir  les  viandes,  à  en  exprimer  le  sue,  à 
nous  les  faire  avaler,  noss.  Connaiss.  m,  2.  1|  Fig. 
Se  dit  de  ce  qui  excite  un  désir  de  possession.  L'eau 
m'en  vient  .t  la  bouche,  kégn.  le  Bal,  7.  ||  13°  Sueur. 
L'eau  lui  coulait  du  front.  Je  suis  en  eau;  prenons 


EAU 

un  peu  d'haleine,  mol.  Éc.  des  femmes,  n,  ï.  I.b 
dos  chargé  de  bois  et  le  corps  tout  en  eau ,  BOlL. 
P.  div.  28.  Maintenant,  afin  qu'un  prédicateur  ail 
bien  fait,  il  faut  qu'en  sortant  de  la  chaire  il  soit 
tout  en  eau,  fén.  t.  xxi,  p.  107.  Sous  ce  ttmbeau 
gît  un  pauvre  écuyer.  Qui  tout  en  eau  sortit  du  jeu 
de  paume,  J.  B.  bouss.  Ép  m,  22.  ||  Suer  sang  et 
eau,  se  donner  une  peine  infinie.  Je  suais  sang  et 
eau  pour  voir  si  du  Japon  II  viendrait  à  bon  port 
au  fait  de  son  chapon,  rac.  Plaid,  m,  3.  ||  14°  Sé- 
rosité. Ampoules  pleines  d'eau.  L'eau  qui  sort  quand 
on  lève  un  vésicatoire.  ||  15°  Urine.  Lâcher  ou 
faire  de  l'eau.  ||  16°  Au  pluriel.  Eaux,  nom  vul- 
gaire du  liquide  amniotique,  de  celui  qui  entoure 
le  fœtus  dans  l'oeuf.  ||  Fausses  eaux,  écoulement 
plus  ou  moins  abondant  de  sérosité,  qui  a  lieu 
par  les  parties  génitales  à  certaines  époques  de  la 
grossesse,  sérosité  qui  s'était  accumulée  entre  l'am- 
nios  et  le  chorion,  et  qu'il  ne  faut  pas  vnfondre 
avec  les  eaux  et  le  liquide  amniotique.  ||  17°  Terme 
de  vétérinaire.  Eaux  aux  jambes,  maladie  cuta- 
née qui  a  son  siège  au  pied  et  à  la  partie  infé- 
rieure de  la  jambe,  chez  le  cheval,  et  dont  le 
symptôme  caractéristique  est  le  suintement  d'une 
humeur  à  travers  les  pores  de  la  peau.  ||  18°  Lustre, 
brillant  des  diamants  et  des  perles.  Dans  le  com- 
merce, on  entend  par  eau  la  transparence  du  dia- 
mant, Dict.  des  arts  et  met.  Amsterd.  1"07,  au  mot 
joaillier.  Les  perles  que  Cléopatre  avait  en  pendants 
étaient  d'un  prix  inestimable,  soit  pour  l'eau  ou  pour 
la  grosseur,  citri.  Triumvirat,  3°  partie,  ch.  12, 
dans  RicHELET.  Ce  diamant  fut  appelé  le  Hégenl  ;  il 
est  d'une  eau  admirable  et  pèse  plus  de  BOO  grains, 
ST-SIM.  466,  128.  La  drague,  dans  quelques  ruis- 
seaux [affluents  du  Mississipi],  amène  de  grandes 
huîtres  à  perles,  mais  dont  l'eau  n'est  pas  belle, 
CHATEAUB.  Voy.  Amer.  4IB.  ||Terme  de  tanneur. 
Donner  de  l'eau,  donner  du  lustre.  Donner  trois 
eaux  au  veau.  ||  Terme  de  chapelier.  Donner  de  l'eau 
à  un  chapeau,  lui  donner  du  lustre.  ||  Terme  de  ma- 
nufacture. Donner  de  l'eau  à  une  étoffe,  lui  faire 
prendre  le  lustre  en  la  mouillant  légèrement  et  en 
la  froissant  sous  la  presse  ou  sous  la  calandre.  Et 
pourront  ainsi  lesdits  teinturiers  donner  l'eau  et  le 
lustre  à  toutes  sortes  d'étoffes  de  soie,  Règlem.  svr 
les  manxtf.  août  1C69,  Teint,  en  soie,  laine  et  fil, 
art.  80.  Il  19°  Eau-de-vie,  le  produit  de  la  distilla- 
tion du  vin  et  des  liqueurs  spiritueuses.  Eau-de-vie 
de  Cognac.  Eau-de-vie  de  grain.  ||  Terme  de  com- 
merce. Petites  eaux,  alcool  très-peu  fort,  résultant 
d'une  première  distillation  et  n'ayant  pas  subi  de 
rectification,  dont  on  se  sert  pour  ramener  à  un  de- 
gré inférieur  des  eaux-de-vie  naturelles  qui,  par  un 
coup  de  feu,  sortent  de  l'alambic  avec  un  degré  trop 
élevé.  Il  20°  Dans  l'ancienne  chimie  on  appelait  eau 
tout  liquide  qui  semblait  à  la  vue  avoir  à  peu  près 
la  consistance  de  l'eau,  soit  que  l'eau  y  entrât  pour 
la  plus  grande  partie,  comme  dans  l'eau-forte,  l'eau 
seconde,  etc.  soit  qu'elle  n'y  fût  que  pour  très- 
peu,  comme  dans  l'eau-de-vie.  ||  21°  Eau,  liqueur 
artificielle  extraite  de  diverses  substances  ou  pré- 
parée avec  diverses  substances.  ||  Eau  acidulé  ou 
eau  gazeuse,  eau  pure  chargée  de  cinq  fois  son 
volume  d'acide  carbonique.  ||  Eau  blanche  ou  eau 
végéto-minérale,  ou  eau  de  Goulard,  mélange  d'eau 
minérale  et  de  sous-acétate  de  plomb  liquide.  ||  Eau 
de  Botot,  eau  pour  les  soins  de  la  bouche,  appelée 
sans  doute  ainsi  du  nom  de  l'inventeur.  ||  Eau  cé- 
leste, liquide  bleu  obtenu  en  versant  de  l'ammo- 
niaque liquide  dans  de  l'eau  distillée  tenant  en 
dissolution  du  sulfate  de  cuivre.  ||  Eau  de  Cologne, 
liqueur  composée  de  diverses  huiles  volatiles  de 
romarin,  de  fleur  d'oranger,  de  lavande,  que  l'on 
dissout  dans  l'alcool  et  auxquelles  on  ajoute  en- 
suite de  l'eau  de  mélisse  et  de  l'alcoolat  de  romarin. 
Il  Eau  d'Egypte  ou  eau  grecque,  ou  eau  mexicaine , 
ou  eau  africaine,  solution  d'azotate  d'argent  em- 
ployée pour  noircir  les  cheveux.  ||  Eau-forte,  acide 
azotique  du  commerce.  ||  Uneeau-forteestaussi  une 
estampe  tirée  sur  une  planche  préparée  à  l'eau-forle. 
Il  Eau  générale,  alcoolat  composé  avec  une  foule  de 
plantes  aromatiques  et  des  substances  balsamiques  et 
résineuses.  ||  Eau  de  goudron,  liquide  odorant  et  aci- 
dulé qu'on  obtient  en  faisant  macérer  le  goudron  dans 
l'eau.  Il  Eau  impériale,  alcoolat  composé  avec  un 
grand  nombre  de  plantes  aromatiques.  ||  Rau  de  ja- 
velle, chlorite  de  potasse  liquide.  ||  Eau  de  lavande, 
mélange  d'essence  de  lavande,  de  teinture  d'amnre, 
d'eau  de  Cologne  ex  d'alcool.  ||  Eau  de  Luce,  liquide 
laiteux,  d'une  odeur  forte,  d'une  saveur  acre  8 
caustique,  que  l'on  emplo'e  dans  les  évanouisse 
ments,  en  aspiration  par  le  nez,  ou  à  l'intérieu/ 
(quelques  gouttes  dans  un  verre  d'eau  sucrée).  |i  Eau 


EAU 


EAU 


EliA 


1259 


pliagédénique,  solution  de  chlorhydrate  de  chaux,  te- 
nant en  suspension  du  deutoxyde  do  mercure.  ||  Eau 
régale,  mélange  d'acides  chlornydrique  et  azotique  , 
dont  on  se  sert  pour  dissoudre  l'or  et  le  platine. 
Il  Eau  de  la  reine  de  Hongrie,  nom  donné  à  l'alcoo- 
lat de  romarin.  {|  Eau  rouiUée,  la  même  que  l'eau 
ferrée,  voyez  au  numéro  t.  ||  Eau  seconde,  acide 
nitrique  affaibli;  se  dit  aussi  d'une  lessive  causti- 
que de  potasse  ou  de  soude  connue  encore  sous  le 
nom  de  lessive  des  savonniers  et  dont  se  servent 
les  peintres.  |1  Eau  sédative  ,  liqueur  composée 
d'ammoniaque  liquide,  d'alcool  camphré,  de  sel  ma- 
rin et  d'eau  commune.  ||  Eau  spiritueuse,  liqueur 
obtenue  en  di.stiUant  de  l'alcool  sur  des  substan- 
ces végétales  à  principes  volatils.  L'eau  .spiritueuse 
se  nomme  aujourd'hui  alcoolat.  ||  Eau  sulfureuse, 
dissolution  de  sulfure  de  sodium  cristallisé,  de  car- 
bonate da  soude  cristallisé  et  de  chlorure  de  so- 
dium. Il  Eau-de-vie  allemande,  nom  d'un  très-fort 
purgatif.  Il  Eau  vulnéraire,  eau  aromatique  em- 
ployée par  le  vulgaire,  dans  les  coups  et  contusions. 
Il  22°  Eau  d'ange,  ancienne  eau  aromatique,  ana- 
logue à  l'eau  de  rose  ou  à  celle  de  fleur  d'orange. 
X  la  main  droite,  près  de  l'autel  [il  s'agit  d'un  bap- 
tême], il  y  avait  une  table  sur  laquelle  étaient 
deux  carreaux  de  drap  d'or,  avec  un  grand  vase 
d'eau  d'ange,  malh.  ie((.  à  Peirese,  23  juin  16U. 
Il  23°  Eaux  et  forêts,  voy.  forêt.  || -Proverbes. 
L'eau  est  entrée  dans  ses  souliers  par  le  collet  de 
son  pourpoint,  se  dit,  par  une  méchante  plaisante- 
rie, d'une  personne  qui  s'est  noyée.  ||  Si  on  l'en- 
voyait à  la  rivière,  il  n'y  trouverait  point  d'eau, 
se  dit  d'un  homme  malhabile  qui  ne  sait  pas  trouver 
les  choses  les  plus  communes.  ||  Eau  qui  dort,  ca- 
ractère sournois  et  doucereux.  11  n'y  a  pire  eau  que 
l'eau  qui  dort.  Il  n'est,  comme  on  dit,  pire  eau  que 
l'eau  qui  dort,  mol.  Xart.  i,  t.  ||Tant  va  la  cruche 
à  l'eau,  voy.  cruche. 

—  P.EM.  Eaux  est  un  pluriel  collectif,  comme  airs, 
cieux.  Quand  on  dit  se  perdre  sous  les  eaux,  périr 
dans  les  eaux,  les  eaux  dans  ces  phrases  n'indiquent 
pas  plusieurs  eaux,  mais  une  collection  ou  quantité 
indivise,  jullien.  Toutefois  eau  a  aussi  un  pluriel 
qui  n'est  pas  collectif  :  j'ai  bu  des  eaux  de  Vichy  et 
de  Spa,  c'est-à-dire  de  l'eau  de  Vichy  et  de  l'eau  de 
Spa;  les  eaux  d'Arcueil  et  de  Grenelle,  c'est-à-dire 
l'eau  d'Arcueil  et  l'eau  de  Grenelle. 

—  H!ST.  XI"  s.  E  s'il  a  eaarere  larecin  amendé, 
ait  [qu'il  aille]  à  l'ewe  [à  répreuve  de  l'eau].  Lois 
de  Guill.  4  7.  Li  val  profond  et  les  ewes  courant, 
Ch.  de  Roi.  cxxxvi.  Issent  de  mer,  viennent  as  ewes 
douces,  ib.  clxxxvii.  Et  li  evesque  les  ewes  beneïs- 
sent,  ib.  cclxvui.  {|  xii'  s.  L'algue  du  cuer  lui  est  es 
els  [yeux]  montée,  Ronc.  p.  48.  Que  l'iave  seul  [a 
coutume  de]  percer  la  pierre  bise,  Couci,  xi.  lluec 
curreit  une  ewe  de  mestier  en  mestier;  Là  se  bai- 
gnoit  li  sires  pur  sa  char  refreidier,  Th.  le  mart. 
94.  Il  xiii's.  X  la  cort  ont  l'auge  criée.  Et  li  vallet 
l'ont  apportée;  Quant  ont  lavé,  si  sont  asis,  Le  beau 
desconna,  dans  Àrch.  des  missions  scientifiques, 
t.  V,  p.  (68.  Entre  deus  augues  moult  bruians  Sist 
la  cités,  qui  moult  fu  grans,  16.  p.  170.  S'aucuns 
est  accuseis  qu'il  ait  aucuns  ochis  et  on  ne  le  poet 
prover  par  tesmongnages  loiaus,  il  se  doit  purgier 
del  fait  par  le  jugement  del  aiguë  froide,  tailliar. 
Recueil,  p.  491.  Et  l'autre  lui  retrempe  de  fresche 
eaue  en  son  vin  [lui  verse  de  l'eau  fraîibe  en  son 
vin],  Berte,  lv.  Car  d'une  sorce  vient  si  haute  L'ewe, 
qu'el  ne  puet  faire  faute,  la  Rose,  20690.  Trop  la 
tere  est  couverte  de  yaue  et  de  nege,  beaum.  tx,  8. 
Li  evesques  du  Pui  de  bien  faire  lor  prie,  La  porte 
!or  ovri,  au  nom  sainte  Marie,  De  l'aive  beneoito 
lor  fait  grant  départie,  Ch.  d'Ant.  viii,  193.  Tôles 
ces  ewes  qui  sont  teles  naturelment  [minérales],  si 
les  puet  on  faire  par  artefice,  si  com  de  faire  boulir 
soufra  en  ewe  douce  et  ensi  des  autres,  alebrant, 
P  s.  En  cel  vasciel  l'arcideclin  Fist  Dieux  servir, 
d'aige  fait  vin,  ph.  mouskes,  ms.  p.  283,  dans  la- 
cURNE.  Il  XIV*  s.  De  ceste  condition  a  moult  de  gens 
en  ce  monde,  qui  noent  [nagent]  entre  deux  eaux, 
ilodus,  f°  Lxvii,  lerso.  C'est  l'elixir  et  eau  de  vie. 
En  qui  toute  ouvre  est  assouvie,  Nat.  à  l'alch.  err. 
1031.  ||xv'  s.  Et  furent  mis  ens  es  navires  et  balle- 
nieres  plus  de  deux  mille  chevaux,  lesquels  avoiant 
pourveancede  foin,  d'avoine,  litière  et  d'eau  douce 
bien  et  largement,  froiss.  ii,  m,  32.  Se  hastoient 
les  Anglois  de  passer  cette  Beauce  pour  le  danger 
des  yauves  dont  ils  estoient  à  grand  mesohef  pour 
eux  et  pour  leurs  chevaux,  id.  u,  ii,  69.  Si  estoient 
[les  chevaux]  foulés  et  oppressés,  combien  qu'ils 
eussent  esté  bien  gouvernés  et  approvendés  de  foins, 
d'avoine  et  d'algue  douce,  id.  ii,  m,  33.  11  estoit 
le  mois  de  mai  que  les  eaues  sont  en  leur  douceur, 


id.  Il,  II,  228.  Si  entendit  bien  le  duc  que  c'estoit 
ung  personnage  forgié,  et  qu'on  venoit  quérir  eaue 
de  loing  puits,  G.  ciiastel,  Chr.  d.  d.  de  Bourg. 
2*  partie,  ch.  66.  Entre  deux  eaues,  comme  le  pois- 
son noue  [nage],  en.  d'orl.  Bail.  lUB.  Me  partis 
bien  malin  du  dict  port  de  Sapience  avec  mes  dictes 
galées,  pour  m'en  venir  mon  chemin  devers  Gennes, 
en  volonté  de  lever,  au  port  de  Ion,  eaue  dont  mes 
dictes  galées  estoient  mal  fournies,  Bouciq.  hist. 
Paris,  (620,  p.  258,  dans  lacurne.  Eve  qui  court 
ne  porte  point  d'ordures,  leroux  delincy,  Prov. 
t.  i,  p.  65.  Il  n'a  pas  soif  qui  de  eau  ne  boit,  lo.ib. 
p.  66.  Il  XVI"  s.  Il  semble  qu'ils  n'aient  fait  que  battre 
l'eau  en  priant  et  que  Dieu  ait  fait  le  sourd,  Calvin, 
Inst.  732.  Il  se  retourna  vers  la  muraille  comme 
pour  faire  de  l'eau,  et  là  rompit  ses  lettres,  mako. 
iVour.xxi.  Ayant  ces  deux  amants  comploté  de  faire 
un  pertuis  en  l'eau  [fuir]  et  prendre  la  route  d'An- 
gleterre, YVER,  p.  617.  L'eau  leur  venoit  à  la  bou- 
che, tant  elles  desiroyent  de  taster  seulement  un 
petit  morceau  de  friandises,  langue,  134.  Par  le 
moyen  de  la  grande  et  longue  despense,  l'eau  est 
venue  à  leur  moulin,  id.  334.  La  distillation  des 
eaux  et  essences  tirées  de  toutes  sortes  d'herbes, 
racines  et  Heurs,  id.  479.  Ptisane,  eau  bouillie,  eau 
d'amendes,  'paré,  y,  9.  Eau  forte,  huile  de  vitriol, 
ID.  v,  13.  Eau  fort  qui  aura  servi  aux  orfèvres, dite 
eau  bleue,  id.  xvi,  15.  La  nourrice  sa  gardera  de 
boire  eau  crue,  mais  la  fera  bouillir,  id.  vi,  15.  Eau 
deinareschal  [ferrée],  id.  vi,  19.  Eau  de  forge,  id. 
VI,  22.  Eau  d'orge,  eau  cuitte,  en  laquelle  on  mettra 
mie  de  pain,  que  nous  appelions  eau  panée,  ou 
bien  hippocras  d'eau  ou  eau  bouillie  puis  meslée 
avec  syrop  rosat,  violât  ou  aceteux,  id.  viii,  14. 
Eau  de  Damas  [sorte  de  parfum],  id.  ix,  13.  Eau 
forte  esteinte  [dite  eau  de  séparation].  Eau  alumi- 
neuse,  eau  des  alkemistes.  Les  ulcères  seront  tou- 
chées de  l'eau  de  sublimé,  ou  de  celle  qui  aura  servi 
aux  orfèvres,  id.  xvi,  13.  Les  restaurans,  coulis, 
pressiseteau  de  chair,  id.  xxiv,  22.  De  la  manière 
de  distiller  l'eau  de  vie  appelée  l'ame  ou  l'esprit  du 
vin.— Si  tu  veux  avoir  l'eau  de  vie  excellente,  la  faut 
rectifier  deux  ou  trois  fois,  voire  jusqu'à  sept,  lo. 
XXVI,  8.  L'eau  ardant  autrement  dit  l'eau-de-vie, 
0.  DE  serres,  230.  Elle  ne  sera  jamais  sans  avoir  des 
eaux,  céleste,  impériale,  de  vie,  id.  887.  L'eau  fort, 
posée  doucement  avec  du  cotton  dans  la  dent  creuse, 
en  appaise  la  douleur,  et  la  fait  casser  estant  cor- 
rompue, id.  903.  La  pommade  sera  lavée  dans  eau 
nate,  ou  dans  eau  de  Damas,  ou  eauroze  musquée, 
ID.  008.  Et  l'eau  clairette  façonneras  ainsi  :  mettes 
tremper  en  une  chopine  d'eau  de  vie  de  la  plus  fine, 
trois  onces  de  canelle  triée,  etc.  id.  936.  Le  laver 
quelquefois  avec  de  l'eau  d'ange,  ou  de  nalTe,  ou  de 
roze,  ID.  945.  L'eauve  une  foys  eschauffée  emprend 
plu  tost  gelée,  génin.  Récréations,  1. 11, p.  243.  Vous 
en  feriez  acroire  de  belles  aux  gens  de  là  l'eau. 
Contes  de  ciiolières,  f°  06,  dans  lacurne.  Nicolas 
Roland,  homme  voué  avec  une  passion  extraordi- 
naire au  fait  de  la  ligue,  et  sous  ce  titre  avoit  esté 
créé  eschevin  de  Paris,  la  première  année  des  trou- 
bles l'an  1688;  toutefois,  quelque  temps  après,  il 
commença  de  mettre  de  l'eau  sur  son  feu  [à  mettre 
de  l'eau  dans  son  vin,  à  en  rabattre  de  son  exalta- 
tion] ,  PASQ.  Lett.  t.  II,  p.  309,  dans  lacurne.  Eau 
quoye  jour  et  nuit  Noyé,  submerge  et  nuit ,  leroux 
DE  LiNCY,  Prov.  t.  I,  p.  66.  Eau  trouble ,  gain  du 
pescheur,  id.  ib.  Dans  un  mortier,  de  l'eau  ne  pile, 
iD.  ib.  L'eau  fait  pleurer,  le  vin  chanter,  id.  ib. 
C'est  folie  puiser  l'eau  au  crihleau,  id.  ib.  1. 11,  p.  262. 

—  ÉTVM.  Génev.  aiguë;  picard,  iau,  ieu;  wallon , 
ait«e;  Berry,  aie  {effe,  signifiant  eau,  se  trouve 
dans  le  nom  de  plusieurs  localités  du  Berry);  bour- 
guig.  éa;  provenç.  aigua,  aicyo/catal.  ayjua;espagn. 
et  portug.  agua;  anc.  ital.  aigua;  ital.  mod.  acqua; 
du  latin  aqua;  gaeliq.  ab,  abh,  aba,,  eau;  himry, 
CM),-goth.  a/it'0;anc.  haut-allem.  oJia;  zend,  dfs; 
sanscr.  ap  ou  dpas.  Le  mot  eau  de  la  langue  litté- 
raire actuelle  provient  d'une  forme  picarde  qui  était 
iaue  et  se  prononçait  sans  doute  iave;  du  moins  en 
vers  elle  est  toujours  de  deux  syllabes;  puis  elle 
s'est  contractée  en  eau  monosyllabe,  et  la  forme 
eve  ou  eghe  est  restée  dans  la  catégorie  des  patois. 
Il  n'y  a  pas  d'autre  étymologie  à  chercher  que  le 
latin  aqua,  qui  a  donné  régulièrement  eve  ou  ewe, 
comme  equa,  cavale,  avait  donné  ive  ou  iwe. 

t  EAUBÉNITIER  (ô-bé-ni-tio),  s.  m.  Synonyme 
présentement  inusité  de  bénitier.  Les  eaubénitiers 
seront  marqués  et  contre-marqués  au  corps,  collet 
du  pied  et  goupillon,  liègl.  orfévr.  30  déc.  1679. 

—  ÉTYM.  Eau ,  et  bénitier. 

t  EAUBURON  (ô-bu-ron) ,  s.  m.  Nom  vulgaire  de 
plusieurs  champignons 


EAU-DE-VIE,  voy.  eau. 

EAU-FORTE,  voy.  eau. 

ÉBAHI,  IE(é-ba-i,  ie),  part.patiéde  ébahir.  Jeté 
dans  un  grand  étonnement.  Mais  toi  qui  tiens  nos  sens 
et  nos  yeux  ébahis,  mairet,  Soliman,  m,  9.  Et  si  de 
tant  d'amour  tu  peux  être  ébahie,  corn.  Polij.  m, 
2.  Prêchez,  patrocinez  jusqu'à  la  Pentecôte,  Vous 
serez  ébahi,  quand  vous  serez  au  bout,  Que  vous  no 
m'aurez  rien  persuadé  du  tout,  mol.  Éc.  des  fem- 
mes, I,  1.  Vous  serez  ébahi  que  vos  juges  auront 
été  sollicités  contre  vous,  id.  Scapin,  11,  8.  Pier- 
rots et  paillasses  Charment  sur  les  places  Le  peuple 
ébahi,  uérang.  Cocag. 

—  SYN.  ébahi,  ébaubi.  L'ébahi  est  celui  à  qui  l'é- 
tonnement  fait  ouvrir  la  bouche;  l'ébaubi,  celui  que 
l'étonnement  fait  balbutier. 

ËBAIIIR  (S')  (é-ba-ir;  Palsgrave,  xvi«  s.  p.  1», 
dit  que  l'ft  est  aspirée),  v.  réfl.  Rester  la  bouche  ou- 
verte, s'étonner,  être  surpris.  On  s'ébahit  à  la  vue 
d'un  événement  imprévu  ou  d'un  spectacle  agréable. 

—  HEM.  L'ancien  français  faisait  e'fta/iir  actif  ;  il  est 
fâcheux  qu'il  ne  soit  plus  que  réfléchi. 

—  L'IST.  XII"  s.  Moût  fu  vassaus  [brave]  qui  n'i 
fust  esbaïs,  Ronc.  p.  72.  Moult  fj']  ai  esté  longue- 
ment esbahis,  Qu'onques  n'osai  chanson  à  faire  em- 
prendre,  Couci,  v.  Car  sa  beautez  me  fait  tant  es- 
bahir.  Que  je  ne  sai  devant  Ii  nul  langage,  ib.  xix. 
E  cist  temples  lur  iert  [sera]  en  essample,  si  que 
tuit  icil  ki  i  passeront,  forment  se  esbaïrunt,  flots, 
268.  Ilxiii"  s.  Lors  s'en  est  Bel-accueil  fois  [fui].  Et 
je  remès  [restai]  tous  esbahis.  Honteux  et  mas 
[abattu],  Rose,  2964.  [La  maison]  tremble  toute 
effraée,  Tant  se  sent  foibleet  esbaée,  et  pourfendue 
de  cievaces  En  plus  de  cinq  cens  mile  places,  ib. 
6136.  Il  xiv"s.  Or  est  celui  qui  est  fort  ou  preuz,  da 
tele  condicion  que  il  ne  s'esbahist  pas  et  est  sans 
paour  en  la  manière  que  bon  homme  peut  esire, 
ORESME,  lith.  80.  Et  parceque  tristece  esbahit,  l'on 
pert  son  jugement,  id.  ib.  98.  Aiezbon  cuer  en  vous, 
pour  Dieu  le  fruit  de  vie  ;  Car  homs  qui  s'esbahit,  il 
est  mors  à  moitié,  Guescl.  18385.  Cilz  parla  hau- 
tement si  que  tuit  l'ont  oï.  Ne  fut  couars  ne  nices, 
ne  fist  pas  l'eboï,  Girart.  de  Ross.  v.  1389.  ||xv"  s. 
X  l'endemain  la  truie  [machine  de  siège]  fut  levée 
au  plus  près  qu'ils  purent  de  Bergerac,  qui  grande- 
ment esbahit  ceux  de  la  ville,  inoiss.  11,  11,  7.  Et 
si  les  esbahyssoit  l'yver  qui  s'approchoit,  comm. 
IV,  6.  Il  xvi"  s.  Ils  s'esbahissoient  comment  il  laissoit 
ainsi  eschapper  le  poinctde  son  occasion,  amvqt, 
Pyrrh.  20. 

—  ÉTYM.  Wallon ,  esbawi;  provenç.  esbair;  ital. 
sbaire;  de  es....  préfixe,  et  le  radical  baïr,  étonner, 
qui  est  dans  le  rouchibo/it,  étonnant, dans  l'espagnol 
em-bair,  faire  illusion,  et  dans  l'italien  bâfre, 
étonner,  et  que  les  étymologistes  regardent  comme 
dérivé  àebah,  exclamation  naturelle  d'étonnement. 
Comp.  pourtant  bayer,  béer. 

ÉBAHISSEMENT  (é-ba-i-se-raan),  s.  m.  Etat  do 
celui  qui  est  ébahi.  Cet  événement  a  causé  un 
ébahissement  général. 

—  HIST.  XVI"  s.  Esbahissemeat,  amyot,  Cam.  40. 

—  fiTYM.  Ébahir. 

f  ÉBALAÇON  (é-ba-la-son),  s.  m.  Ancien  terme 
de  manège.  Espèce  de  ruade. 

t  ÉBARBAGE  (é-bar-ba-j'),  s.  m.  Action  d'ébarber. 

—ÉTYM.  Ébarber. 

ÉBARBÉ,  ÊE  (é-bar-bé,  bée),  part,  passé.  Une 
plume  ébarbée. 

+  ÉBARBEMENT  (é-bar-be-man),  s.  m.  L'action 
d'ébarber;  le  résultat  de  cette  action.  ||  Terme  do 
chirurgie.  Action  d'enlever  avec  le  bistouri,  ou  avec 
les  ciseaux,  des  productions  morbides  végétantes. 

—  ÉTYM.   Ébarber. 

ÉBARBER  (é-bar-bé),  v.  a.  \]  i°  Rogner  les 
barbes  des  plumes,  et  ce  que  l'on  compare  à  ces 
barbes  dans  le  papier,  dans  la  taille  d'une  gra- 
vure. Il  2°  Couper  le  chevelu  des  plantes  ou  des 
arbres  qu'on  met  en  terre.  ||  Tondre  une  haie,  une 
charmille.  ||  Couper  les  racines  que  les  ceps  devigno 
poussent  à  fieur  de  terre.  113°  Terme  de  paveur.  Dé- 
grossir les  joints  ou  le  paremeijt  du  pavé  préalable- 
ment. 114° 'l'erme  de  fondeur,  ôtor  les  bavures  du 
plomb.  Ébarber  les  tables,  en  ôter  le  sable  avec  des 
brosses  avant  de  les  mettre  sur  leur  laminoir. 
Il  5°  Terme  de  typographie.  Ébarber  une  lettre, 
abattre  avec  un  instrument  tranchant  un  talus  qui 
marque  au  tirage.  Ébarber  une  feuille,  un  volume, 
couper  les  fausses  marges.  |j  6°  Te.-me  de  chirurgie. 
Pratiquer  l'ébarbement. 

—  HIST.  XVI"  s.  Allez  direàS?.ii.l-L>i>lais  qu'il  se  fasse 
esbarber  et  couper  ses  cheveux,  puisque  voilàd'Au- 
bigné  de  retour  de  son  voyage,  d'aub.  Vie,  lxxii. 

—  ÉTY.M.  É  pour  PS...  préfixe  (voy.  es...)  et  barbe. 


12G0 


VMA 


finAUBOIR  (ébar-boir),  *.  m.  Oulil  qui  sert  à 
ébarber. 

—  ÊTYM.  Ébarber.  .        , ,      , 
tÉBAlUllIKE(é-barbu-r'),s./'.  Cequi  se  détache 

d'une  chose  qu'on  éb.irbe.  Toutes  les  ébarbures  de 
l'or  s'enlèvent  avec  du  coton  en  rame,  ilanuel  du 
relieur,  p.  233,  idit.  bobet,  <827.  ||  Petite  élévation 
qui  se  forme  sur  la  planche  du  graveur,  à  chaque 
coup  de  burin. 

—  ETYM.  Ébarber. 

tf.BARDOIR  (é-bar-doir),  s.  m.  Sorte  de  grattoir 
à  trois  côtés,  dont  se  servent  les  menuisiers. 

t  ÉBAUOUIU(é-ba-rou-ir),c.  a.  Terme  de  marine. 
Dessécher,  en  parlant  de  l'action  du  soleil  qui  dé- 
joint les  bord:iges  des  navires.  Navire  ébaroui. 

■t-ÉBAROUlSSAGE(é-ba-rou-i-sa-i'),  s.  m.  Terme 
de  marine.  Dessèchement  qui  disjoint  les  douves  des 
futailles,  les  bordages. 

ÉBAT  (é-ba;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire ;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  é-ba-z  animés  ; 
ébats  rime  avec  pas,  m.lts,  etc.),  s.  m.  \\  1°  Mouve- 
ments folâtres  du  corps.  L'enfant....  Avecques  ses 
pareils  se  platt  en  ses  ébats,  eégnieb,  Sat.  v.  Les 
couvents  où  les  pensionnaires  ont  beaucoup  d'ébats, 
de  courses,  J.  J.  bouss.  Éin.  v.  Les  enfants  qui  sui- 
vaient ses  ébats  [du  mouton]  dans  la  plaine,  a.  chén. 
S68.  Il  2°  l'asse-temps,  divertissement,  ô  bois, 
ô  prés,  ô  monts,  ses fidî^les ébats!  hégnieh,  Plainte. 
Souvent  en  ces  ardeurs  la  mort  qu'on  se  propose. 
Ne  semble  qu'un  ébat,  qu'une  ardeur,  qu'une  rose, 
BOTR.  St  Gen.  iv,  2.  Je  m'y  rends  avec  vous,  l'ébat 
m'en  sera  cher,  id.  Bélis.iv,  2.  Pour  vos  ébats  nous 
nourrirons  nos  filles,  la  font.  Berc.  ||  Prendre  ses 
ébats,  se  livrer  au  divertissement.  Deux  vieilles  di- 
saient tout  bas  :  Belzébuth  prend  ses  ébats,  bérang. 
Cott.  Puisque  le  tyran  est  à  bas ,  Laissez-nous  prendre 
nos  ébats,  id.  liequêle.  ||  S'Ausing.  Terme  de  chasse. 
Promenade  qu'on  fait  faire  aux  chiens  pour  leur  santé. 

—  REM.  Aujourd'hui  ébat  ne  se  dit  guère  qu'au 
pluriel.  11  serait  bon  de  faire  comme  Rotrou  et  de 
maintenir  l'usage  du  singulier. 

—  IIIST.  XV'  s.  Et  se  atlendoit  l'heure  de  voir  cest 
esbat  [le  passage  de  la  rivière  qui  devait  s'effectuer], 
COMM.  I,  9.  Ceux  qui  par  gloire  dient  :  je  ne  suis 
pas  clerc,  je  laisse  faire  à  mon  conseil,  je  me  fie  en 
eulx,  et  puis,  sans  assigner  autre  raison,  s'en  vont 
en  leurs  esbatz,  m.  ii,  «.  Se  trouvèrent  ensemble 
enbiirque,  qui  estl'esbatde  Venise,  et  où  cliacun 
va  selon  les  gens  qu'il  a,  id.  vu,  ib.  ||  xvf  s.  J'ap- 
prins  le  grec  par  forme  d'esbat  et  d'exercice,  mont. 
I,  9B.  Ce  maistre  menoit  tous  les  jours  leurs  enfans 
à  l'esbat  hors  de  la  ville,  amyot,  t'om.  <7. 

—  ÉTYM.  Voy.  ébattre. 

lîBATTEMENT  (é-ba-te-man) ,  s.  m.  ||  1°  Action  de 
s'ébattre,  de  se  récréer.  Toi,  des  maux  qu'ils  me 
font,  prends  ton  éhattement,  malh.  i,  4.  L'ébatle- 
ment  jjourrait  nous  en  être  agréable.  Vous  plalt-il 
de  l'avoir?  eh  bien,  gageons  nous  deux,  la  font. 
Fabi.  VI,  3.  Les  familles  sortent  de  leurs  villages 
pour  prendre  part  à  ces  ébattements  (des  noces], 
ciiATEAiiB.  Amer.  f.  ||  2°  Eliattenient  d'une  voiture, 
son  balancement  entre  les  brancards. 

—  SYN.  Ebat,  ëbattement.  Ces  deux  mots  ne  dif- 
fèrent que  parce  que  ébat  désigne  plus  particuliè- 
rement l'état,  et  éhattement,  l'action  de  celui  qui 
s'ébat. 

—  HIST.  XIV*  s.  En  certains  esbattemens  comme 
luiltes  ou  courses  pour  soy  eschauffer  et  exerciter, 
OBESME,  Elh.  04.  Comme  il  .suit  ainsi  que  en  cesle 
vie  et  en  conversation  humaine  un  repos  soit  en 
gieu  ou  en  esbatement,  id.  ib.  <30.  ||  xv's.  En  telle 
manière  que  tous  ceux  et  celles  qui  le  liront  [son 
ouvrage],  verront  et  orront  [entendront],  y  puis- 
sent prendre  esbatement  et  plaisance,  fboiss.  j'rol. 
Et  tout  ca  disoit  par  farce  et  esbatlement,  car  il 
estoit  et  est  toujours  très  gracieux  et  nouveau  et 
bien  plaisant  gentilhomme,  louis  xi,  Nouv.  lvii. 
Il  xvi*  s.  Les  dames  se  trouvoient  aux  esbatemens 
publiques  et  assistoient  à  veoir  les  jeux,  amyot, 
ï/i^s.  22. 

—  ÊTYM.  Ébattre. 

ÉBATTRE  (S')  (é-ba-tr'),  V.  réfl.  Il  se  conjugue 
comme  battre.  ||  fSe  donner  un  mouvement  folâtre. 
Elle  était  descendue  avec  ses  compagnes  pour  s'é- 
battre sur  le  rivage,  d'ablancourt,  Lucien,  t.  i, 
dans  iuchelet.  La  gazelle  s'allait  ébattre  innocem- 
ment, LA  FONT.  Fabl.  XII,  15.  Mes  camarades  ve- 
naient me  chercher  pour  m'ébattre  avec  eux,  J.  :. 
t.ouss.  Confess.  i.  Là,  qu'il  coure,  qu'il  s'ébatte,  m. 
fin.  II.  112'  Se  divertir.  Tu  hras  ces  vers  où  jeune 
je  m'ébats,  régn.SoI.  i. 

—  REM.  Ébattre  est  aujourd'hui  un  verbe  réfléchi, 
étonne  peut  l'employer  acUvemenl,  Mais  autrefois, 


comme  on  iteutlevoirà  l'historique,  il  s'employait 
activement  ;  il  y  a  donc  faute  contre  l'usage  et  ar- 
chaïsme, mais  non  faute  contre  la  langue  dans  ce 
vers  de  I.amartine  (non  qu'il  ait  songé  à  un  ar- 
chaïsme) :  Nous  regardions  le  fletive  ébattre  son 
rivage,  Ch)Ue  d'un  ange,  récit,  p.  ti.  Ébattre  doit 
vouloir  dire  folâtrer  contre  son  rivage. 

—  lllST.  xiu'  s.  11  s'esbat  iluec  et  solace,  0  [avec] 
ses  gens,  car  plus  bêle  place.  Ne  plus  biau  lieu  por 
soijoer.  Ne  porroit-il  mie  trover,  la  Rose,  v.  6IB. 
Si  m'en  allai  seus  [seul]  esbatant  Par  le  vergier  de 
rà  en  là,  ib.  f3io.  ||  xv  s.  Devi.sant  et  esbattant 
avec  ses  gens,  louis  xi',  Nouv.  lxx.  ||  xvi'  s.  Alors, 
pour  temporiser  et  esbaltre l'assemblée  magnifique, 
furent  laschez  quatre  terribles  et  fiers  Uuraux,  bab. 
Sciom.  Nature  s'est  esbattue  à  montrer  combien  elle 
estoit  bonne  ouvrière,  en  façonnant  votre  corps  si 
parfait,  yver,  p.  687.  Veoir  un  enfant  s'esbatlre  à 
blesser  un  chien,  mont,  i,  <»7.  L'un  d'une  chose 
esbat  sa  vie.  L'autre  d'une  autre  à  volonté,  bons.  373. 
....  Et  pendant  que  jeunes  nous  sommes,  Esbatre 
la  fleur  de  nos  ans,  id.  Bit. 

—  ÉTYM.  Picard,  e.^batu,  content,  réjoui  ;  pro- 
venç.  esbafre,  battre ,  réjouir;  ital.  .«6a(tere;de  cî... 
préfixe,  et  battre;  le  sens  étant  agiter  en  battant, 
dissiper,  et,  de  là,  divertir. 

ÉBAUBI,  lE  (é-bô-hi,  bie),  adj.  Terme  très-fami- 
lier. Interdit,  surpris,  au  point  de  bégayer.  Je  suis 
toute  ébaubie  et  je  tombe  des  nues,  mol.  Tart.  v,  5. 
Ils  seront  très-bien  éhaubis  Quand  ils  nous  verront 
partis,  m.  Bourg,  gent.  Ballet  des  nations.  Je  suis 
émerveillée,  Toute  ébaubie  et  toute  consolée,  volt. 
Enfant  prod.  v,  7.  Or,  diamants,  émeraudes,  ru- 
bis. Tout  disparaît  à  ses  yeux  éhaubis,  i».  Bégueule. 

—  iiiST.  XIII*  s.  S'il  savoit  ce  meschief,  moût  [il] 
seroit  esbaubis,  Berte,  xxx.  Et  mont  en  fu  de  cuer 
dolente  et  esbaubie,  ib.  lxxii.  ||  xiv  s.  Charles  touz 
ababis....  Girart  de  Boss.  v.  396;i.  liertran  estoit  mon- 
tez, poures  fut  ses  roncins,  Nulz  homs  ne  l'ache- 
last  quatre  florins  petis;  Il  en  estoit  honteux  et 
forment  esbaubis,  Guescl.  v.  325. 

—  ÉTYM.  Picard,  ébeubi;  Berry,  abaubis;  de 
es....  préfixe,  et  le  latin  baibuî ,  bègue:  proprement, 
rendu  bègue,  étonné. 

[  ÊBAUCIIAGE  (é-bô-cha-j'),  s.  m.  \\  l'Action 
d'ébaucher.  ||  2°  Terme  de  potier.  Action  de  donner, 
avec  les  mains  seulement,  sans  moule  ni  appui,  une 
forme  quelconque  à  la  terre  molle. 

—  ÉTYM.  Ébaucher. 

ÉBAUCHE  (é-b(5-ch'),  s.  f.  ||  1°  Préparation  d'un 
ouvrage  de  peinture,  de  sculpture  dans  laquelle  les 
partiesprincipalessontseulementindiquees.il  Terme 
de  graveur.  Faire  l'ébauche,  mettre  par  masses  les 
ouvrages  de  gravure  au  premier  trait  de  burin. 
Il  2°  Mouvement  de  montre  dégrossi  et  prêt  à  passer 
dans  les  mains  de  l'ouvrier  qui  doit  le  perfectionner. 
Il  3°  Fig.  Premiers  essais,  premier  développement 
d'une  chose,  esquisse.  Tu  demeures  surpris  et  chan- 
ges de  couleur  à  ce  discours  ;  ce  n'est  là  qu'une 
ébauche  du  personnage  ;  et,  pour  en  achever  le 
portrait,  il  faudrait  bien  d'autres  coups  de  pinceau, 
mol.  Don  Juan,  i,  t.  Agréez  que  ma  muse  Achève 
un  jour  cette  ébauche  confuse,  la  font.  Fabl.xu, 
(5.  Après  cette  légère  ébauche  du  mérite  de  son 
beau-frère,  iiamilt.  Gramm.  a.  Développant  déjà, 
dans  les  premières  ébauches  de  nos  passions,  tout 
ce  que  nous  devons  être,  mass.  Car.  Voc.  Des  restes 
de  sa  droiture,  il  en  fait  les  ébauches  de  ses  pas- 
sions, ID.  Panég.  St  Thomas.  \\  4°  Production 
informe  et  grossière.  De  votre  éclat  et  de  votre  lu- 
mière. Je  ne  suis  qu'une  ébauche  imparfaite  et  gros- 
sière, BOTR.  Bélis.  III,  7.  La  première  hypothèse 
que  l'esprit  humain  a  imaginée  pour  expliquer  les 
apparences  des  mouvements  planétaires  n'a  dû  être 
((u'une  ébauche  imparfaite  de  cette  théorie,  laplace, 
Expos.  I,  H . 

—  SYN.  ÉBAUCHE,  ESQUISSE.  L'ébauche  est  le  com- 
mencement même,  encore  informe  du  travail,  d'où 
l'œuvre  sortira  accomplie.  L'esquisse  n'en  est  que  le 
trait,  que  le  plan  et  n'entre  dans  l'oeuvre  que  comme 
préparation. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉBAUCHER. 

ÉBAUCHÉ,  EE(é-bô-ché,  chée),  part,  passé.  Qm 
est  en  ébauche.  Tirer  une  Diane  ou  une  Minerve 
hors  d'un  bloc  de  marbre  qui  n'est  point  encore 
ébauché,  desc.  Méth.  ii,  6.  On  s'attendait  à  une  ba- 
taille; le  terrain  s'y  prêtait;  des  ouvrages  étaient 
ébauchés,  mais  tout  avait  été  abandonné  et  l'on  n'é- 
prouvait pas  la  plus  légère  résistance,  sEgur,  Uist. 
de  Nap.  viii,  4.  ||  Fig.  Les  anciens  les  ont  trouvées 
[les  sciences]  ébauchées  par  ceux  qui  les  ont  pré- 
cédés, PASC.  Préf.  Vide.  Plus  malheureux,  je  meurs, 
à  ma  gloire  arraché,  Et  mon  plus  digne  ouvrage 


EBA 

est  à  peine  ébauché,  millev.  Élég.  liv.  ii,  Virgile. 
Du  jour  où  la  nature,  au  néant  arrachée.  S'échappa 
de  les  mains  comme  une  oeuvre  ébauchée....  lamart 
Médit.  1,7. 

tÉBAUCHE.MENT{é-b6-che-man),  s.  m.  Action 
d'ébaucher.  Depuis  le  premier  trait  de  l'ébauche- 
ment  d'un  si  grand  dessein....  balz.  Socrate,  Dise, 
prem. 

—  ÉTYM.  Ébaucher. 

ÉBAUCHER  (é-bô-ché),  t).  a.  \\  1°  Terme  de  pein- 
ture et  de  sculpture.  Disposer,  en  commençant  un 
ouvrage,  les  masses  et  les  parties  principales.  ||  Fig. 
Mais,  pour  mon  frère  l'ours,  on  ne  l'a  qu'ébauché, 
LA  font.  Fabl.  I,  7.  Il  Terme  de  menuiserie.  Ébau- 
cher le  bois,  le  dégrossir.  ||  Terme  de  cordier.  Net- 
toyer le  chanvre  en  le  passant  dans  l'ébaucboir. 
Il  2°  Préparer,  commencer. On  va  bientôt,  madame, 
achever  à  vos  yeux,  Ce  qu'ébauche  par  là  votre 
abord  en  ces  lieux,  corn.  Tois.  d'or,  v,  2.  Et  l'amour, 
qui  m'apprend  le  faible  des  amants.  Unit  vos  plus 
doux  vœux  à  mes  ressentiments.  Pour  me  faire 
ébaucher  ma  vengeance  en  Plautine,  Et  l'achever 
bientôt  par  .sa  propre  ruine,  id.  Othon,  iv,  B.  Mes 
secours  en  Judée  achevèrent  l'ouvrage.  Qu'avait  des 
légions  ébauché  le  suffrage,  id.  Tit.  et  Bér.  m,  B. 
Il  3°  Donner  une  idée  d'une  chose.  Pour  épargner 
un  plus  long  détail  des  recherches  géométriques  de 
M.  BernouUi,  il  suffira  d'ébaucher  ici  l'idée  de  la 
théorie  des  courbes  qui  roulent  sur  eiies-mêmes, 
FONTEN.  BernouUi.  ||  4°  S'ébaucher,  v.  réfl.  Être 
ébauché,  préparé.  Pendant  que  ce  travail  s'ébau- 
chait. 

—  REM.  On  lit  dans  Chateaubriand  :  Les  lèvres 
d'Akansie  ébauchèrent  un  sourire  d'admiration  et 
de  gratitude,  Natch.  m,  <i4.  Cette  figure  ne  paratl 
pas  correcte.  Dirait-on  ébaucher  un  clin  d'œil,  un 
bâillement? 

—  HIST.  XV*  s.  Huet,  prend  cette  pierre  bise,  Sy 
l'esboche  à  ton  grant  martel,  ilir.  de  sainte  Gen. 
Il  XVI*  s.  Celui  qui  opine  le  premier  doit  esbaucher 
tous  les  poincls  principaux,  condë.  Mémoires, 
p.  B58.  Ma  consultation  esbauche  un  peu  la  matière, 
et  la  considère  legierement  par  ses  premiers  visages, 

MONT.   IV,    bl. 

—  ÉTYM.  £j....  préfixe,  et  bauche,  sorte  de  mor- 
tier à  bâtir  :  tirer  de  la  baucbe,  préparer,  dé- 
grossir. Cependant  il  y  a  l'italien  sboao,  ébauche, 
qui  vient  de  boiza,  boxîo,  bloc  de  pierre;  cela  va 
très-bien  pour  le  sens  avec  ébauche,  ébaucher; 
moins  bien  pour  la  forme,  quoiqu'on  trouve  l'or- 
thographe esbocher;  mais  les  autres  composés  dé- 
baucher, em-baucher  conviennent  bien  mieux  k 
baxtche  ou  bauge  qu'à  l'italien  bono  ou  botta.  Tou- 
tefois il  n'est  pas  impossible  qu'il  y  ait  eu  confusion 
de  deux  radicaux,  l'un  français,  bauche  ou  bauge; 
l'autre  italien,  bosza,  bosio. 

t  ÉBAUCHEUR  (é-bô-cheur) ,  s.  m.  ||1*  Celui  qui 
commence  les  mouvements  de  montres  et  de  pen- 
dules. Il  2°  Cylindre  pour  étirer  la  loupe. 

—  ÊTYM.  Ébaucher. 

ÉBAUCHOIR  (é-bô-choir),  s.  m.  Outil  dont  les 
sculpteurs  se  servent  pour  ébaucher  et  modeler.  Je 
connais  votre  âme,  l'ébaucboir  vous  tombera  des 
mains  et  vous  pleurerez,  dideb.  Lett.  à  Falc. 
Il  Grand  peigne  à  dents  droites  et  grosses,  pour 
donner  la  première  façon  au  chanvre.  ||  Ciseau  pour 
ébaucher  des  mortaises.  ||  Outil  d'acier  eu  forme  de 
ciseau  pour  bretteler  la  sculpture. 

—  ÉTYM.  Ébaucher. 

ÉBAUDI,  lE  (é-bô-di,  die),  part,  passé.  Mis  en 
allégresse.  Il  s'en  alla  tout  ébaudi  de  cette  bonne 
nouvelle.  On  bat  des  mains,  et  l'auteur  ébaudi  Se 
remercie  et  pense  être  applaudi,  volt.  Ép.  80. 

ÉBAUDIR  (é-bô-dir),«.  a.  ||  l'Terme familier.  Met- 
tre en  allégresse.  Je  voulais  tant  soit  peu  m'ébaudir 
les  esprits,  sCARRON,Jocieic(,  iv,  4.  J'ébaudirai  Votre 
Excellence  Par  des  airs  de  mon  flageolet,  volt. 
Leit.  en  vers  et  en  prose,  *.  ||  2°  S'ébaudir,  c.  réfl. 
Devenir  ébaudi.  Allons  nous  ébaudir  et  dîner  tous 
ensemble,  boursault.  Mots  à  la  mode,  se.  tB.  Pour 
n'avoir  pas  l'air  d'un  parent  malheureux,  je  m'é- 
baudi.ssais  à  la  noce,  chateaub.  Itin.  ii,  8. 

—  HIST.  XI.  s.  Si  s'esbaldissent  Franc,  Ch.  de 
Roi.  cxiv.  Il  XII*  s.  Pour  iiostre  roi  devons  estre  es- 
baudi  [pleins  de  courage],  Ronc.  p.  B6.  Li  eslor  [le 
combat]  fu  durement  esbaudis,  ib.  p.  72.  Ne  pour- 
quantil  manja  assez  tout  à  loisir,  E  ad  fait  bol  sem- 
blant pur  les  suens  [siens]  esbaudir.  Th.  le  martyr, 
47.  jlxili's.  Et  quant  il  furent  acreu  de  gent,  si  s'es- 
baudirent  plus,  et  chevauchierent  plus  seurementque 
devant,  villeh,  clv.  Car  chascun  qui  de  ses  amorf 
Oit  [entend]  parler,  moult  s'en  esbaudit,  la  Rose, 
S687.  Il  XV*  s.  Pour  esbaudir  armes,  et  chevalerie 


accroistre,  monstr.  i,  2.  ||  xvi'  s.  L'yvresse  donne 
aux  personnes  d'aage  le  courage  de  s'esbaudir  en 
danse  et  en  la  musique,  mont,  h,  iO. 

—  ÉTYSI.  Es....  préfixe,  et  l'ancien  adjectif  iaud, 
bald,  liardi;  provenç.  haut;  ital.  baldo  ;  de  l'anc; 
ïllem.  bald,  hardi;  angl.  bold;  wallon,  ebadi;  pro- 
venç. esboldir,  esbaudir  ;  anc.  ilal.  sbaldire. 

ÊBAUDISSEMENT  (é-bô-di-se-man),  s.  m.  Terme 
familier.  Action  de  s'ébaudir;  état  de  celui  qui  s'est 
ébaudi. 

—  msT.  XV'  s.  Si  firent  lors  par  toute  la  noble  ville 
d'Orléans  grand  joie  et  moult  grands  esbaudisse- 
ments,  quand  ils  se  virent  et  connurent  ainsi  estro 
délivrés  de  leurs  faux  adversaires,  monstr.  11,  69.  Los 
bgieretés  et  esbaudissements  des  jeunes  nobles 
hommes,  al.  chartier,  Giuvres,  p.  434. 

—  ÊTYM.  Ébaudir;  provenç.  esbaudiment. 

t  ÉBE  ou  EBBE(&-b'),  s.  f.  Nom,  sur  les  côtes  de 
Normandie,  du  reflux  de  la  mer.  ||  Proverbe.  Ce  qui 
vient  de  flot  s'en  retourne  d'ébe,  se  dit  d'un  bien 
mal  acquis,  et  est  équivalent  à  :  Ce  qui  vient  de  la 
flûte  s'en  va  par  le  tambour. 

—  lllST.  xtv  s.  Nous  ne  voulons  mye  que  la  ab- 
sence de  temps  lour  [leur]  soit  prejudiciele,  pour 
quoy  ilz  soient  riens  en  damage;  et  si  le  desseisi  eit 
esté  en  la  terre  sainte  en  pèlerinage,  adonques  soit 
accouaté  un  an  et  un  jour,  et  un  ebbe  et  un  flot 
pour  les  delays  de  la  mer,  britt.  Loisd'Angl.  f"  HB, 
dans  LACUBNE. 

—  ÊTYM.  Angl.  ebb,  reflux;  allem.  Ebbe.. 

t  ÉBÉNACÊ,  ÉE  (é-bé-na-sé,  sée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  ressemble  à  l'éb^ne.  ||  S.  f.  Les 
ébénacées,  famille  de  plantes  d'arbres  ou  d'arbus- 
tes, la  plupart  des  régions  tropicales  d'Afrique  et 
d'Asie,  et  dont  l'ébène  est  le  type. 

—  ÉTYM.  Ébène,  et  la  finale  acé  qui  indique  ap- 
partenance. 

ÊBÈNE  (é-bè-n'),  s.  f.  ||  1»  Bois  de  l'ébénier.  L'é- 
bène  est  remarquable  par  son  beau  noir,  son  grain 
uni  et  sa  dureté;  elle  est  formée  par  le  duramen; 
l'aubier  est  sans  usage.  Meubles  d'ébène.  ||  Ébène 
fossile,  lignite  ou  jayet.  1|  On  se  sert  du  mot  ébène 
pour  caractériser  un  noir  trèsl'oncé.  Noir  d'ébène. 
Il  Fig.  Des  cheveux  d'ébène,  des  cheveux  très-noirs. 
Sur  ton  sein  leurs  flots  onduleux  Retombent  en 
tresses  d'ébène,  lamabt.  Médit.  1,  9.  ||  2°  Ébène 
jaune,  nom  vulgaire  de  la  bignonieleucoxylon,  qui, 
pour  certains  auteurs,  est  lu  bignonie  des  Antilles 
et  dont  le  bois  est  parfois  nommé  ébène,  legoa- 
BANT.  Il  Fausse  ébène,  un  des  noms  vulgaires  du 
cytise  ioburnum,  dit  encore  faux  ébénier,  et  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  le  cytise  des  Alpes,  quoique 
celui-ci  ait  parfois  reçu  les  mêmes  noms  vulgaires, 

LEGOARANT. 

—  REM.  Le  genre  de  ce  mot  a  varié  ;  on  le  trouve 
au  masculin  dans  Voltaire  :  Je  vis  Martin  Fréron, 
à  la  mordre  attaché,  Consumer  de  ses  dents  tout 
l'ébène  ébréché ,  Dial.  de  Vég.  et  du  vieillard. 
Mais,  dit  Ménage,  il  est  féminin,  comme  le  fout  tous 
les  ébénistes.  Le  féminin  a  en  effet  prévalu. 

—  HIST.  xm'  s.  Cis  arbres  a  à  nom  benus,  Jà  un 
seul  point  n'en  ardra  fus  [feu],  Flor.  et  Blancheft. 
V.  61 5. -Nuls  tabletier  ne  puet  mètre  avec  buis  nule 
autre  manière  de  fust  qui  ne  soit  plus  chier  que 
buis,  c'est  à  savoir,  cadre,  benus,  biesil  et  ciprès, 
Liv.  des  met.  <73.  ||  xvi's.  Non  toute  terre  porte  tout; 
ludie  seule  porte  lenoirebene,  rab.  PonMv,  54. 

—  ÉïYM.  Provenç.  eba,  s.  f.  ;  catal.  espagn.  et 
ilal.  ebano;  du  latin  ebenus,  du  grec  Jêevo;  ;  du  sé- 
mitique :  hébreu,  hobnim. 

ÉBÉNÉ,  ÉE  (é-bé-né,  née),  part,  passé.  Du  bois 
ébéné. 

ÉBÊNER  (é-béné.  La  syllabe  bé  prend  un  accent 
grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'ébène, 
excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  j'ébénerai, 
j'ébénerais) ,  v.  a.  Donner  à  du  bois  la  couleur  de 
l'ébène. 

—  ÉTYM.  Ébène. 

ÉBÉNIER  (é-bé-nié;  l'rne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  des  é-bé-nié-z-élégants) ,  s.  m.  Arbre  des 
Indes, qui  fournit  l'ébine  {diospyros  ebenum).  \\  Faux 
ébénier,  arbrisseau  d'agrément,  nom  vulgaire  du 
cytise  laburnum.  \\  Ébénier  de  montagne,  la  bau- 
hinie  acuminée  (légumineuses).  ||  Ébénier  d'Orient, 
l'acacie  lebbeck  (légumineuses),  dite  encore  acacia 
du  Malabar  ou  bois  noir  du  Malabar  ;  c'est  la  mimose 
lebbeck  de  Linné,  legoabant.  ||  Ébénier  épineux, 
un  palmier  du  Brésil,  nommé  dans,  le  pays  ayri  ou 

haîri,    LEGOABANT. 

—  ÉTYM.  Ébène. 

iÉBÉMN,  UNE  (é-bé-nin,  ni-n'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  est  d'ébène,  couleur  d'ébène. 

—  illST.  xvi*  s.  Le  col  grosset,  courte  l'oreille.  Et, 


EBL 

dessous  un  nez  ebenin.  Un  petit  mufle  lyonin  [il 
s'agit  d'un  chien],  nu  bellaï,  vu,  39,  verso. 

—  lîTYM.  Ébène. 

ÉBÉNISTE  (é-bé-ni-sf) ,  s.  m.  Menuisier  qui  tra- 
vaille l'ébène  et  les  autres  bois  et  fait  des  meubles. 

—  ÉTYM.  Ébène. 

ÉBÉNISTERIE  (é-bé-ni-ste-rie) ,  s.  f.  L'art  de  l'ébé- 
niste, et  aussi  les  ouvrages  que  fait  l'ébéniste. 

—  RE.M.  Ce  mot  est  mal  formé,  puisqu'il  suppose 
ébènistier;  il  devait  être  ébénislie. 

—  ÉTYM.  Ébénistie. 

t  ÉBEUGEMENT  (ébèr-je-man) ,  s.  m.  Opération 
qui  consiste  à  raviver  les  talus  des  berges,  lorsqu'on 
cure  les  cours  d'eau. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  berge. 

t  ÉBERGUER  (é-bèr-ghé) ,  t>.  o.  Terme  de  pêche. 
Êberguor  le  poisson,  prendre  les  morues  vivantes, 
ouvrir  le  ventre  et  en  extraire  les  entrailles,  leur 
arracher  les  yeux,  couper  la  queue,  puis  pratiquer 
une  incision  annulaire  au-dessous  desou'ies  en  enle- 
vant la  peau  du  dos  et  les  nageoires  supérieures.  Les 
morues  éberguées  sont  attachées  à  des  lignes  et 
traînées  dans  l'eau  à  la  remorque  du  bateau  de 
pêche.  De  l'aveu  de  tous,  un  procédé  si  simple 
ajoute  singulièrement  à  la  saveur  du  poisson,  qu'on 
met  en  soupe. 

—  ÉTYM.  La  ville  de  Bergen,  où  cette  préparation 
paraît  invariablement  appliquée. 

j  ÉBERNER  (é-bèr-né),  v.  a.  Essuyer  les  excré- 
ments d'un  enfant.  Les  Français  sont  comme  les 
enfants  qui  braillent  lorsqu'on  les  éberne,  beau- 
MARCH. ,  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  Yoy.    ÉBRENER. 

t  ÉBERNEUR(é-bèr-neur),  s.  m.  Celui  qui  essuie 
les  excréments  d'un  enfant  au  maillot.  Laissez-le 
devenir  historiographe,  instituteur,  correcteur,  éber- 
neur  des  enfants  de  France  et  tout  ce  qu'il  voudra, 
volt.  Lett.  à  d'Alembert,  dans  laveaux. 

—  ÉTYM.  Dit  par  métathèse  pour  ébreneur,  i'é- 
brener;  mais  ces  métathèses  sont  des  barbarismes. 

t  ÉBERTAUDER  (é-bèr-tô-dé) ,  V.  a.  Terme  de 
manufacture.  Tondre  un  drap,  une  étoffe  de  laine 
en  première  coupe. 

—  ÉTYM.  £pour  es....  préfixe,  et  bertauder. 

t  ÉBÊTIR  (é-bê-tir),  v.  a.  Rendre  bête.  Quand 
ils  l'eurent  ébêti,  volt,  dans  laveaux. 

—  REM.  On  dit  plus  souvent  et  beaucoup  mieux 
abêtir.  Ébélir  est  fait  en  dépit  de  l'analogie. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  béte. 

t  ÉBEURRER  (é-beu-rè) ,  v.  a.  ôler  le  beurre  du 
lait. 

—  HIST.  XIV'  s.  Un  sextier  de  bon  lait  non  esburré, 
Ménagier,  11,  4.  (|  xvi's.  Tant  meilleur,  tant  plus 
délicat,  et  tant  plus  pesant  se  trouvera  le  fourmage, 
que  moins  aura  esté  esbeurré  :  d'autant  qu'avec  le 
beurre  s'en  va  la  fleur  et  la  graisse  du  lait,  0.  de 

SERRES,    287. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  beurre. 
fÊBEYLIÈRES  (é-bè-liê-r'),  s.f.pl.  Ouvertures 

ménagées  pour  l'écoulement  des  eaux. 

-j-  ÉBIBER  (é-bi-bé),  v.  a.  Faire  disparaître  un 
liquide  par  une  action  opposée  à  l'imbibilion. 

—  HIST.  xvi*  s.  On  peut  donner  quelques  poudres, 
tablettes  ou  opiates,  pour  ebiber,  absorber  et  con- 
sommer les  humidités  superflues  du  ventricule, 
PARÉ,  XX  bis,  14. 

—  ÊTYM.  Lat.  ebibere,  de  e,  hors,  et  bibere,  boire 
(voy.  boire). 

t  ÉBIONITE  (é-bi-o-ni-f) ,  s.  m.  Hérélique  qui 
croyait  que  le  Christ  était  un  homme  né  naturelle- 
ment de  Joseph  et  de  Marie,  et  que  l'observation 
de  la  loi  de  Moïse  était  obligatoire. 

—  ÉTYM.  Ébion,  hérésiarque  vers  l'an  70  de  l'ère 
chrétienne.  Selon  Renan,  Vie  de  Jésus,  liv,  i,  cb. 
u  ,  de  l'hébreu  ébion,  pauvre,  saint,  ami  de  Dieu. 

f  ÉBISÈLEMENT  (é-bi-zè-le-man) ,  s.  m.  Action 
d'ébiseler. 

t  ÉBISELER  (é-bi-ze-lé.  La  syllabe  sel  double  l'i 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'ébiselle)  ,v.a. 
Donner  une  forme  conique  à  un  trou.  Ebiselerune 
planche,  la  couper  en  dessous  en  inclinant. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  biseau. 

t  ÉBISELURE  (é-bi-ze-lu-r') ,  s.  f.  Résultat  de 
l'action  d'ébiseler. 

f  ÉBLIS  (é-blis') ,  f .  m.  Nom  de  l'ange  destruc- 
teur des  djinns,  dont  il  est  parlé  dans  le  Coran,  et 
qui  fut  précipité  lui-même  aux  enfers,  par  suite  de 
sa  révolte  contre  Dieu. 

—  ÉTYM.  Arabe,  ablis,  désespéré,  diable. 
ÉBLOUI,  lE  (é-blou-i,  ie),  part,  passé.  Dont  l'oeil 

a  perdu  momentanément  la  faculté  de  voir  par  un 
trop  grand  éclat  de  lumière.  Ébloui  par  les  éclairs. 
On  voyait  dans  la  vaste  campagne  briller  au  soleil 


EBL 


1261 


les  casques,  les  cuirasses  et  les  boucliers  des  en  nemis  ; 
les  yeux  en  étaient  éblouis,  fén.  Tdl.  x.  ||  Fig.  Sou- 
vent tout  ébloui  d'une  vaine  étincelle corn.  Jmit. 

II,  6.  Kt  du  peuple  ébloui  maîtrisant  les  suffrages, 
volt.  Tancr.i,  ).  ||  Devenu  fier,  orgueilleux.  Ébloui 
de  sa  naissance,  de  sa  fortune. 

ÉBLOUIR  (é-hlou-ir) ,  v.  a.  \\  1*  Frapper  les  yeux 
par  un  éclat  qu'ils  ne  peuvent  soutenir.  Le  soleil 
m'éblouissait.  Mes  yeux  sont  éblouis  du  jour  que  je 
revoi,  BAC.  Phèd.  1,  3.  ||  2°  Fig.  Produire  sur  les 
yeux  de  l'esprit  le  môme  elTet  qu'une  lumière  trop 
vive  sur  les  yeux  du  corps.  Mais  n'espère  non  plus 
m'éblouirde  parjures,  cobn.  Cinn.iv,  6.11s  ont  été 
éblouis  de  celte  somme,  sÉv.  384.  De  quelque  côté 
que  je  suive  les  traces  de  sa  glorieuse  origine,  je  ns 
découvre  que  des  rois,  et  partout  je  suis  ébloui  aa 
l'éclat  des  plus  augustes  couronnes,  boss.  Duch. 
d'Orl.  Tout  éclairée  qu'elle  était,  elle  n'a  point 
présumé  de  ses  connaissances,  et  jamais  ses  lu- 
mières ne  l'ont  éblouie,  iD.  ib.  Celle  nouveauté 
éblouit  les  yeux  du  peuple,  id.  Uist.  11 ,  B.  Sans  se 
laisser  éblouir  par  le  bonheur  des  événements , 
ID.  ib.  III',  8.  L'admirable  Julie  ne  se  laissa  point 
éblouir  à  l'éclat  des  dignités  du  siècle,  fléch. 
Mme  de  Mont.  Ce  jour,  ce  triste  jour  frappe  encor 
ma  mémoire.  Où  Néron  fut  lui-même  ébloui  de  sa 
gloire  ,  BAC.  Brit.  i,  1.  Mes  promesses  aux  uns 
éblouirent  les  yeux  ,  id.  ib.  iv ,  2.  Inventez  des 
raisons  qui  puissent  l'éblouir,  id.  Baj.  11,  o.  Veu- 
lent-ils m'éblouir  par  une  feinte  vaine?  id.  P/ièd. 
V,  4.  Tantôt  m'éblouissant  de  tes  riches  trésors, 
ID.  Alhal.  V,  0.  Il  croyait  m'éblouir  par  ses  pro- 
messes, FÉN.  Tél.  II.  Fortune  dont  la  main  couronne 
Les  forfaits  les  plus  inouïs,  Du  faux  éclat  qui  t'en- 
vironne. Serons-nous  toujours  éblouis?  J.  B.  Rouss. 
Ode  à  la  fortune.  \\  Absolument.  Le  monde  n'éblouit 
jamais  tant  que  quand  on  le  voit  de  loin  sans  l'avoir 
jamais  vu  de  près  et  sans  être  prévenu  contre  sa 
séduction,  vÈn.  Éduc.  filles ,  p.  274,  dans  pouge.ns. 
Promets,  donne,  conjure,  intimide,  éblouis,  volt. 
Mérope,  i,  4.  ||  3°  S'éblouir,  v.  réjl.  Se  laLsser  fasci- 
ner, étourdir,  enorgueillir.  Je  n'ose  m'éblouir  d'un 
peu  de  nom  fameux,  cobn.  Sertur.  11,  2.  Je  ne  m'é- 
blouis  point  de  celte  illusion,  m.  ib.  m,  2.  Moi,  je 
m'éblouis  moins  de  la  splendeur  du  rang ,  id.  Agés. 
I,  t.  Il  se  possède  assez  pour  ne  pas  s'éblouir  de 
son  bonheur,  uamilt.  Gramm.  <i.  Je  l'ai  vu  s'é- 
blouir, je  l'ai  vu  s'ébranler,  volt.  Brut,  m,  2. 

—  REM.  1.  Bossuet  a  dit  se  laisser  éblouir  par 
des  sons  :  Ne  nous  laissons  pas  éblouir  par  un  son 
confus  de  paroles,  m,  Écrit.  Voy.  à  l'historique 
un  emploi  semblable  dans  les  phrases  d'Amyot. 
Il  2.  Éblouir,  mot  si  ancien  dans  la  langue  et  si  usité 

dans  tous  les  temps,  manque,  chose  singulièie, 
dans   la  1"  édilion  du  Dictionnaire  de  l'Académie. 

—  HIST.  xui'  s.  Nient  plus  qu'on  puet  el  solel  es- 
garder,  Pour  chèque  trop  en  esbloistli  rais,  mâtz- 
NER,  p.  21.  11  sont  lot  esblo'i  aussi  comme  li  ors 
[l'ours],  EUTEB.  233.  Il  xiv  s.  Tant  fu  surprise,  au 
cuer,  d'amour  qui  lamaistrie;  Laveûe  lui  trouble, 
si  fu  toule  esbleuie; Quant  descendre  cuida,  à  terre 
cliiet  [tombe]  flasliie,  Boud.  de  Seb.  11,  »ui.  |1  xvs. 
Car  quant  vostre  beauté  luira  Sur  moi,  si  fort  es- 
bloira  Mes  yeux,  que  je  ne  verrai  goutte ,  CH.  d'obl. 
Bal.  60.  Je  voy  faucon  quant  il  getle  sa  croe.  Et  lan- 
neret,  que  pluseurs  sont  si  mos  [mous],  Qu'il  faillent 
bien;  car  le  temps  les  esbloe,  e.  desch.  Poésies 
mss.  f°  229,dansLACURNE,au  mot  lanneret.  \\  xvi's. 
Qui  a  vu  un  clair  soleil  tout  à  coup  estre  esbloui  et 
obscurci  d'une  espaisse  nuée,  yver,  p.  630.  La- 
quelle tempeste  donnoit  aux  barbares  par  devant, 
leur  battant  les  visages,  et  leur  esblouissant  les 
yeux,  amyoï,  Tim.  38.  Il  lui  vint  une  taie  sur  les 
yeux  qui  lui  esblouit  la  veue,  :d.  ib.  49.  Il  trouva 
Antonius  preschant  les  soudars,  et  eulx  tous  esblouis 
et  attendris  par  la  douceur  de  son  éloquence,  lu. 
Mar.  81.  Le  peupla  se  prit  à  crier  si  fort,  qu'un 
corbeau,  volant  à  l'instant  par  dessus,  s'en  esblouit 
et  tomba  emmy  la  presse  du  peuple,  id.  Pomp.  39. 
Un  langage  élégant  et  brave  esblouit  les  oreilles 
de  l'escoutant,  qu'il  ne  puisse  sainement  juger  de  ce 
qu'il  signifie,  ID.  Comment  il  faut  ouir,  il. 

—  ÉTYM.  fs.... préfixe,  et  un  radical  quiestaussi 
dans  le  provençal,  em-blauzir,  étonner,  d'origine  in- 
certaine. On  a' proposé  bleu  :  faire  bleu  devant  les 
yeux;  il  est  certain  qu'au  quatorzième  siècle  on  a 
dit  esbleuir.  Mais  Diez  objecte  que  bleu,  de  l'alle- 
mand biau,  n'aurait  pas  pris  un  x  en  provençal  pour 
éviter  un  hiatus  (et,  en  effet,  blavenc,  blaveza,  elc 
dérivés  de  b(au,  et  non  pasb(ouîenc,biauïeiO,  etc.). 
I!  se  range  donc  de  l'avis  de  Grandgagnage,  qui  in- 
dique l'ancien  haut-allemand  biddi,  interdit,  incer- 
tain. Il  faut  noter  esbJoer,  lui  indique  plutôt  bleu  qua 


12C2 


liBO 


l'âllomaml  blôdi.  Y  aurait-il  deux  thèmes  qui  so 
seraient  confondus  dans  le  français  esbloir.  l'un  fran- 
çais, l'autre  provençal;  l'un  esbleuir,  esbloer,  l'au- 
tro  emlilauiir? 

ÉBLOUISSANT,  ANTE  (é-blou-i-san,  san-t'),  ad]. 
Dont  l'éclat  éblouit.  Des  éclairs  éblouissants.  ||  Par 
extension.  Une  toilette  éblouissante.  Cette  éblouis- 
sante beauté.  La  vive  rougeur  de  Mme  de  Main- 
tenon  rendait,  dans  cet  instant,  sa  figure  éblouis- 
sante, CENLis,  Mme  de  Maintenon,  t.  ii,  p.  20, 
dans  pouCKNS.  Elle  aimait  trop  le  bal;  c'est  ce  qui 
l'a  tuée  ,  Le  bal  éblouissant  ,  le  bal  délicieux  , 
V.  HUGO,  Orient.  33.  ||  Fig.  Le  titre  éblouissant  de 
général  d'armée,  corn,  l'ulch.  11,  i.  De  tant  de 
vanités  l'éblouissante  image,  corn.  Imit.  11,  7.  Il  y 
a  dans  quebiues  femmes  un  esprit  ébloui.ssant  qui 
impose,  laiiruy.  m.  Cetargument.frès-éblouissant, 
lansle  fond  n'est  qu'un  sophisme,  VOLT.  Ilétaph.  "!■ 
ÉBLOUISSEIUENT  (  é-blou-i -se -man  ),  s.  m. 
Il  1°  Trouille  de  la  vue  causé  par  une  éclatante  lu- 
mière. C'est  une  lumiùre  et  comme  un  éblouissement 
qui  les  gène,  mass.  Av.  Épiph.  ||  Éblouissement  so- 
laire, état  de  la  vue  quand,  sortantdu  grand  jour  où 
nous  voyions  très-bien,  nous  descendons  dans  une 
cave  et  y  sommes  d'abord  aveuglés.  ||  Trouble  de  la 
vue  causé  par  quelque  incommodité,  telle  qu'une  con- 
gestion cérébrale.  Il  m'a  pris  tout  à  coup  des  éblouis- 
sements,  trist.  SI.  de  Chrispe,  m,  4.  ||a°  Fig.  La 
grande  estime  que  nous  avons  pour  quelques  pré- 
dicateurs peut  venir  de  notre  éblouissement  et  do 
notre  illusion,  balzac,  dans  riciielet.  Quoiqu'il 
ne  soit  pas  certain  que  le  cœur  ait  part  à  tous  les 
éblouissements  de  l'esprit,  nicolle,  Essais,  t.  viii, 
2«  partie,  p.  77,  lettre  xi,  dans  pougens.  Descartes 
ne  parle  pas  de  l'efîroi  qui  provient  d'un  éblouisse- 
ment de  notre  esprit  au  sujet  d'un  objet  épouvan- 
table,  liERN.  DE  ST. -p.  Ilarin.  v. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  lui  prenoit  un  esblouissement 
d'yeulx,  et  un  tournoyementde  teste,  soudain  qu'il 
entendoil  le  son  des  trompettes,  amyot,  Arat.  so. 

—  ÉTYJI.  Éblouir. 

■\  ÉBOUGNAGE,  s.  m.  Terme  de  jardinage.  Action 
d'éborgner. 

—  ÉTYM.  Éborgner. 

ÉBORGNÊ,  ÉE  (é-bor-gné,  gnée) ,  part,  passé.  Qui 
a  perdu  un  œil.  Un  homme  éborgné.  Qu'une  jambe 
de  bois  te  siérait  assez  bien.  Et  qu'après  nos  guerres 
finies  Tu  viendrais  avec  grâce  encore  aux  Tuileries, 
Éborgné,  clopinant,  nous  servir  d'entretien,  chau- 
LiEu,  au  chevalier  de  Bouillon,  4  704. 

t  ÉBORGNEMENT  (é-bor-gne  man) ,  s.  m.  Action 
d'éborgner;  état  de  celui  qui  est  éborgné. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  nom  d'ésclaire,  en  latin  chelidn- 
nium,  est  donné  à  ceste  herbe,  à  cause  que  d'icelle 
les  arondelles  guérissent  leurs  petits  de  l'esborgne- 
iient,  selon  la  commune  créance,  0,  deserres,  05. 

—  ÊTYM.  Éborgner.  • 

ÉBORGNER  (é-bor-gné),  c. a.  j]  1" Rendre  borgne. 
11  fut  éborgné  d'un  coup  de  fleuret.  Qui  casse  le 
museau,  qui  son  rival  éborgné,  réon.  Sat.  x. 
Ulysse  éborgna  Polyphème,  D'ABLAKCylpophl/icgme, 
dans  riciielet.  La  petite  vérole  avait  éborgné  Phe- 
lipeaux,  mais  la  fortune  l'avait  aveuglé,  st-sim. 
28,  02.  Il  Par  exagération,  éborgner  quelqu'un,  lui 
faire  grand  mal  à  l'œil.  Parbleu  I  d'un  coup  de  poing 
il  faut  que  je  t'éborgne,  hauteroche,  Appar.  tromp. 
III,  0.  Il  2"  Par  extension.  Éborgner  une  maison,  ôter 
le  jour  à  une  maison  par  quelque  bâtiment  qu'on 
fait  devant.  ||  Terme  de  jardinage.  Supprimer,  k  la 
taille  des  arbres  fruitiers,  les  yeux  inutiles  qu'on 
ébourgeonnerait  plus  lard.  Éborgner  une  brindille, 
en  ôter  l'œil  terminal.  ||  Fig.  Diminuer,  rabaisser. 
Vous  qui....  vos  amis  épargnez  Et  de  mauvais  dis- 
cours leur  vertu  n'éborgnez,  réon.  Sat.  vu.  ||  8"  S'é- 
borgner,  v.  riffl.  Se  crever  un  œil  ou,  par  exagé- 
ration, se  faire  grand  mal  h  l'œil.  Le  malicieux 
comédien,  qui  était  homme  às'éborgner  pour  faire 
perdre  un  œil  à  un  autre,  tira  le  pauvre  marchand 
par  le  bras,  scarh.  Rom.  com.  I,  6.  jl  S'éborgner,  se 

crever  un  œil  l'un  à  l'autre allons,  messieurs, 

êtes-vous  fous?  On  n'y  voit  pas;  ils  vout  s'éborgner, 
par  saint  George  1  v.  iiuoo,  Marion  Velorme,  11,  3. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Le  cyclope  ekosgné,  D'Achille  le 
bouclier,  Circe  au  chef  bien  peigné,  RONs.  Épisodes 
de  l'Iliade,  «24. 

—  ÊTYM.  i' pour  M....  préfixe,  et  borgne;  picard, 
ibornifler. 

t  ÉBOTTER  (é-bo-té),  v.  a.  Couper  la  tête  d'un 
clou,  d'une  épingle.  ||  Couper  les  grosses  branches 
d'un  arbre. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bot  ou  bout. 

t  ÉBOUFFER(S')  (é-bou-fé) ,  ».  réft.  S'ébouffer  de 
rire,  pouffer  de  rire  Ne  manquez  pas  de  le  dire, 


ÉBO 

Dit  Momes'ébouTfant  de  rire,  scarr.  Typhon,  chant; 
II,  dans  LEROUX,  Vict.  com. 

—  HIST.  XIII'  s.  i  tant  s'en  va,  si  les  esbuffe  Par 
sa  malice  et  par  sa  bufi'e,  Fabliaux  mss.  n°  7214, 
f'  239,  dans  lacurne.  ||  xiv's.  Lequel frapa tellement 
le  pot  sur  la  table,  qu'il  fut  rompu,  dont  la  ser- 
voise  [bierre]  qui  dedans  estoit  vola  et  esbouffa  sur 
le  suppliant,_  du  cange,  buffare. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bouffer  oapouffer, 
qui  sont  un. 

t  ÉBOUILLANTER  (é-bou-Uan-té,  JJ  mouillées), 
V.  a.  Tremper  les  cocons  dans  l'eau  bouillante,  pour 
tuer  les  chrysalides. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bouillant. 
ÉBOKILLI,  lE  (é-bou-lli,  llie,  Il  mouillées,  et  non 

é-bou-yi),  part,  passé.  Sauce  trop  ébouiUie. 

ÉBOUILLIU  (é-bou-llir,  Il  mouillées,  et  non  é-bou- 
yir),t).  n.  Il  se  conjugue  comme  bouillir.  Se  consu- 
mer, diminuer  à  force  de  bouiUir.  Ne  laissez  point 
tant  ébouillir  le  pot.  ||  11  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire être.  Le  pot  sera  bientét  ébouilli,  si  vous  ne 
diminuez  pas  le  feu. 

—  HIST.  XIV*  S.  Et  dit  Homerus  que  Hetor  mons- 
troit  la  forte  et  aspre  vertu  de  lui  par  chascune  de 
ses  deux  narines,  par  lesquelles  l'en  voit  le  sang  es- 
boulir,  ORESME,  Elh.  80.  Entre  le  roy  d'Angleterre 
et  le  roy  de  France  Philippe  se  e.sbouli  et  esmu  des- 
cort,  Chr.  fr.  mss.  deNangis,  sous  l'an  <<89,  dans 
lacubne. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  esbuliri  ital.  ebollire;  du  latin 
ebullire,i\e  e,ex,  et  buUire,  bouillir  (voy.  bouillir). 

i  ÉBOULAGE  (é-hou-la-j') ,  s.  m.  Défaut  d'une 
étoffe,  dit  aussi  clak-iùre,  qui  provient  d'une  trame 
mal  bobinée. 

ÉBOULÉ,  ÉE  (é-bou-lé,  lée),  part,  passé.  Qui 
s'est  renversé  en  roulant.   Une  muraille   éboulée. 

ÉBOULEMENT  (é-bou-Ie-man),s.  m.  ||  1°  Chute  de 
ce  qui  s'éboule.  L'éboulement  d'un  tertre.  L'éboule- 
ment  d'une  muraille.  C'était  un  sentier  déjà  fort 
roide  par  lui-même,  et  qui,  l'étant  encore  devenu 
davantage  par  un  nouvel  éboulement  des  terres, 
montrait  un  abîme  qui  avait  plus  de  mille  pieds  de 
profondeur,  roll.  }lisl.  anc.  OfCuvres,  t.  i,  p.  39e, 
dans  pouGENS.  ||  2°  État  d'une  chose  éboulée  ;  amas 
de  choses  éboulées. 

—  ÉTYM.  Ébouler. 

ÉBOULER  (é-bou-lé).  Il  1°  F.  o.  Renverser  en  fai- 
sant rouler.  Le  blaireau  se  défend  en  reculant, 
éboule  de  la  terre,  afin  d'arrêter  ou  d'enterrer  les 
chiens,  bufp.  Blaireau.  \\  2°  V.  n.  Se  renverser  en 
roulant.  Au  moment  où  nous  y  mettions  le  pied,  le 
sable  a  éboulé.  Ce  monticule  est  éboulé  depuis  hier. 
Il  On  emploie  l'auxiliaire  aroir  pour  marquer  l'ac- 
tion ;  l'auxiliaire  être  pour  marquer  l'état.  ||  3°  S'é- 
bouler, V.  réft.  Être  renversé  et  rouler.  Le  terrain 
s'était  rendu  ferme  et  ne  s'éboulait  point,  vaugel. 
Q.  C.  liv.  IV,  ch.  6,  dans  riciielet.  Ses  oreillers 
s'éboultrent,  f,\gon,  Journ.  de  lasanté  du  roi,  1707, 
p.  312.  Il  Fig.  Ou  la  fortune  s'éboule,  ou  elle  se  refait, 
rayn.  Uist.  pliil.  IV,  i. 

—  SYN.  s'ébouler,  s'écrouler.  Étymologique- 
ment,  s'ébouler  c'est  tomber  comme  une  boule; 
s'écrouler  c'est  être  renversé  par  des  ébranlements 
(voy.  crouler).  Dès  lors,  au  propre,  ces  deux  mots 
seront  synonymes  quand  l'idée  de  rouler  ne  fera  rien 
à  l'affaire  ;  mais  quand  cette  idée  ne  pourra  être 
écartée,  s'ébouler  sera  le  mot  propre  et  non  s'écrou- 
ler :  ainsi  un  tas  de  sable  s'éboule,  il  ne  s'écroule 
pas.  Au  figuré,  c'est  s'écrouler  qui  s'emploie  de 
préférence  :  on  dit  qu'un  empire  s'écroule  et  non 
qu'il  s'éboule.  On  n'approuvera  donc  pas  ces  vers  : 
Ne  vous  troublez  donc  pas  d'un  mot  nouveau  qui 
tonne,  D'un  empire  éboulé,  d'un  siècle  qui  s'en  va, 
lamart.  Uarm.  iv,  <3. 

—  HIST.  xiu*  s.  Mais  les  ondes  forment  s'esbou- 
lent,  Qui  la  nef  dehurtentet foulent,  Roi  Guillaume, 
p.  130,  dans  du  cange,  gloss.  fr.  Toutes  amendes 
qui  sont  por  empiremens  do  quemins,  si  comme  por 
esbouler quemins,  beauu.  xxv,  (o.||xvi*  s.  Ils  ar- 
rachoient  les  paulx  [pieux]  et  esbouloient  la  levée 
de  la  closture  du  camp  pour  lui  donner  entrée, 
amyot,  Anton.  22.  Tout  alentour  de  sa  sépulture  le 
rivage  s'esboula,  id.  ib,  9(. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  bouU:  rouler,  tomber 
comme  une  boule  ;  bourguig.  éboli,  v.  a.  :  Ail'  éboli 
muraille  et  tor,  il  éboula  muraille  et  tour. 

t  ÉBOULEUX,  EUSE  (é-bou-leû,  leù-z'),  adj.  Sujet 
à  éboulement.  Dans  les  terrains  ébouleux  on  plante 
des  arbres  à  longues  racines,  comme  les  acacias; 
on  retient  ainsi  fortement  les  terres,  Pretse  tcien- 
lifique,  1861,  t.  lit,  p.  230. 

—  ÉTYM.  Ébouler. 

ËBOULIS  (é-bou-li),    s.  m.  Amas  de  matières 


éboulées.  ;|  Terme  de  géologie.  Dépôt  moderne  for- 
mant un  talus,  un  amas. 

—  ÉTYM.  ^6ou/er. 

f  ÉBOUQUETER  (é-boii-ke-té.  Le  t  se  double 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'ébouquette. 
j'ébouquelterai),  v.  a.  Terme  de  jardinage.  Couper  la 
bout  du  bourgeon  à  feuilles,  afin  de  fortifier  le  fruit. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bouquet. 

t  ÉBOUQUEUR ,  EUSE  (é-bou-keur,  keû-z'),  ».  m. 
et  f.  Voy.  épincf.tteur. 

t  ÉBOUQUINER  (é-bou-ki-né) ,  ».  a.  Terme  de 
chasse.  Détruire  ou  prendre  les  bouquins  (lièvres 
mâles,  lapins  mâles)  qui  sont  de  trop  dans  les  lieux 
réservésaux  chasses. Ébouquiner  un  bois,  un  parc. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bouquin. 

1  ÊBOURGEONNAGE  (é-bour-jo-na-j') ,  s.  m.  Ac- 
tion d'ébourgeonner. 

—  lliST.  XXI*  S.  Esbourjonnage,  cotorave. 

—  ÊTYM.  Ébourgeonner. 
ÉBOURGEONNÉ,  ÉE  (é-bour-jo-né,    née),  part 

passé.  Dont  on  a  ôté  les  bourgeons.  Les  vignes  étant 
ébourgeonnées. 

t  ÉBOURGEONNEAU  (é-bour-jo-nô),  /.  m.  Sy- 
nonyme d'ébourgeonneur. 

ËBOURGEONNEMENT  (ébour-jo-ne-man),  ».  m 
Terme  de  jardinage.  Opération  qui  consiste  à  re- 
trancher une  partie  des  bourgeons,  pendant  la  pé- 
riode de  végétation,  à  l'effet  de  régler  la  pousse  de 
l'arbre  et  de  déterminer  la  position  des  branches, 
de  faire  reporter  sur  les  bourgeons  réservés  ou  sur 
les  fruits  la  sève  en  circulation,  ou  enfin  de  don- 
ner aux  fruits,  lorsque  les  arbres  en  sont  chargés, 
plus  d'air  et  de  lumière. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esbourgeonnement,  cotgravb. 

—  ÉTYM.  Ébourgeonner. 
ÉBOURGEONNER  (é-bour-jo-né),  ».  a.  Terme  de 

jardinage.  Pratiquer  l'ébourgeonnement.  ||  Absolu- 
ment. On  ébourgeonne  au  printemps. 

—  HIST.  XV*  s.  Les  vignes  sont  continuellement 
fouyes,  et  les  esbourjonne  l'en,  l'roufficts  champ, 
et  ruraux,  vu,  6.  ||xvi's.  Esbourgeonner,  c'est  à 
dire  ester  les  rejets  superflus,  o.  de  serres,  i70. 

—  ÉTYM.  JÏ  pour  es...  préfixe,  et  bourgeon. 

t  ÉBOURGEONNEnR(é-bour-jo-neur)  ,s.  m.  Celui 
qui  coupe  les  bourgeons,  en  parlant  de  certains  in- 
sectes et  oiseaux.  ||  On  dit  aussi  ébourgeonneaii. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esbourgeonneur,  coigrave. 

—  ÉTYM.  Ébourgeonner. 
tÉBOURGEONNOIR  (é-bour-jo-noir) ,».  m.  Terme 

d'agriculture.  Instrument  servant  à  couper  les  bour- 
geons et  les  rameaux  que  la  main  ne  peut  atteindre. 

—  ÉTYM.  Ébourgeonner. 

i  ÉBOURIFFANT,  ANTE  (é-bou-ri-fant,  fan-t*), 
adj.  Néologisme  du  langage  comique.  Qui  ébouriflfe, 
qui  surprend  extrêmement.  Succès  ébouriffant.  Ex- 
pression ébouriffante. 

ÉBOURIFFÉ,  ÉE  (é-bou-ri-fé,  fée),  adj.  Terme 
familier.  ||  1°  Dont  la  coiffure  est  en  désordre.  Cette 
femme  est  tout  ébouriffée.  ||  On  dit  de  même  che- 
veux ébouriffés.  |12°  Fig.  Agité,  troublé.  Il  est  tout 
ébouriffé.  J'ai  fait  sur  cette  pièce  un  commentaire 
qui  est  extrêmement  profond  et  merveilleux  ;  M.  Joli 
de  Henri  pourrait  en  être  tout  ébouriffé,  volt.  i<(t. 
d'Argental,  7  août  17C2.  Mon  pauvre  Damilavillo 
est  tout  ébouriffé  delà  crainte  de....  id.  Lett.  d'Ar- 
gental, ♦  janv.  1767. 

—  REM.  L'Académie  ne  connaît  ébouriffé  que 
comme  adjectif;  elle  n'a  pas  le  verbe  ébouriffer. 

t  ÉBOURIFFER  (é-bou-ri-fé),».  O. Terme  familier. 
Mettre  la  coiffure  en  désordre.  S'ébouriffer  les  che- 
veux. Il  Fig.  Surprendre  extrêmement,  rendre  tout 
interdit.  Il  S'ébouriffer,». r<(/l.  Ébourifferses chevetii; 
au  fig.  s'étonner. 

—  ÉTYM.  Ce  semble  un  dérivé  irrégulier  et  plai- 
sant de  ioiirre  :  mettre  les  cheveux  en  désordre 
comme  do  la  bourre.  Scheler  est  plus  disposé  h  le 
rattacher  à  bourrasque. 

■fÉBOURRER  (é-bouré),  ».  O.  Terme  de  cor-, 
royeur.  Ôter  la  bourre  des  peaux. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  grain  de  l'espeautre  e.sbourré 
et  despouiUé  de  ses  pellicules,  o.  de  serbes,  107. 
Voy  le  tendre  bourgeon  qui  s'enfle  et  qui  découvre, 
S'esbourant  peu  à  peu,  une  gemme  qui  s'ouvre, 
REMY  BELLEAU,  Berger,  t.  i,  p.  4,  dans  lacubne. 
Usancealbanoise  est  d'escarmoucher,  et  esbourer  la 
meslée,  et  puis  se  retirer  à  quartier,  après  avoirdonnô 
l'alarme,  merlih  coc.*iE,  t.  11,  p.  239,  dansLACURNE. 
Fremillent  en  leur  camp,  comme  on  voit  les  fourmi» 
briller  [driUer]  quand  on  esbourre  leur  fourmiUiere, 
Vray  et  parf.  amour,  f  3i4,  dans  lacurbs. 

—  ÉTYM.  i's....  préfixe,  et  tourre. 
ÉBOUSINÊ,  ÉE  (é-bou-zi-né,  née),  part,  passé. 

Pierres  ébousiaécs. 


ÉBR 


ÉBR 


lïBR 


1263 


EBOUSIN'ER  (é-bou-zi-:ié) ,  v.  a.  Terme  de  ma- 
çonnerie. Bbousiherurje  pierre,  la  dépouiller,  avec 
la  pointe  du  marloau,  des  parties  tendres  qui  en 
font  l'eitéricur,  et  pénétrer  jusqu'au  vif. 

—  ÉTYM.  E  pour  es....  préfixe,  et  housin. 
tÊBODTAGE  (ébou-ta-j') ,  s.  m.  Terme  de  point 

d'Alençon  (dentelle  réseau).  Action  d'ébouterles  fils 
restés  sur  la  dentelle. 

fÉBOOTER  (é-bou-té),  i'.  a.  \\  1°  Couper  le  bout 
de....  Ebouler  une  pièce  do  bois.  ||  2°  Terme  de  point 
d'Alençon.  Couper,  éplucher  et  enlever  les  fils 
adhérents  au  parchemin  et  à  la  dentelle ,  dans  la 
aentelle  réseau. 

—  f.TYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bout. 

t  ÉBOUTEUSE  (é-bou-teû-z') ,  s.  f.  Terme  de  point 
d'Alençon  (dentelle  réseau;.  Celle  qui  éboute. 

f  ÉBO0TURER  (é-bou-tu-ré),  v.  a.  Terme  d'hor- 
ticulture. Enlever  les  boutures. 

—  f.TVM.  É  pour  es....  préfixe,  et  Jioulure. 

t  ËBRACTÉOLÉ,  ÉE  (é-bra-kté-o-lé,  lée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Oui  est  dépourvu  de  brao- 
léoles. 

—  Ktym.  é  pour  es....  préfixe,  et  bractéole. 

t  ÉBRAISOIR  (é-brè-zoir),  s.  m.  Pelle  pour  tirer 
la  braise  d'un  fourneau. 

—  ËTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  braise. 

t  ÉBRANCHAGE  (é-bran-cba-j') ,  i.  m.  Synonyme 
d'ébranchement. 

ÉBRANCUÊ,  ÉE  (é-bran-ché,  chée) ,  part.  pass^. 
Dont  on  a  coupé  les  branches.  Des  ormeaux  ébran- 
,chés. 

ÉBRANCPIEMENT  (é-bran-che-man) ,  s.  m.  Action 
de  couper  ou  de  casser  les  branches  d'un  arbre;  ré- 
sultat de  cette  action.  Le  cahier  des  charges  oblige 
les  adjudicataires  des  coupes  à  ébrancher  les  sapins 
avant  de  les  abattre...  l'ébranchement  est  au  moins 
inutile  pour  les  arbres  qui  doivent  tomber  sur  les 
endroits  trop  peuplés,  ou  sur  les  clairières,  ou  sur 
les  chemins  de  vidange,  dralet.  Traité  des  forêts 
d^arbres  résineux,  Toulouse,  (820,  p.  193.  ||  Terme 
de  jardinage.  Action  de  couper  les  branches  d'un 
arbre  pour  le  faire  croître  en  hauteur,  lui  donner 
une  forme  particulière,  en  diriger  la  pousse  ou 
le  débarrasser  de  branches  excédantes. 

—  HlST.  xiir  s.  Il  fu  jugié  que,  si  tost  comme  li 
acusemens  fu  fes  [fait]  de  fausseté,  ce  fu  action  per- 
soneleet  esbrancemens  de  laquerele,  qui  devant  es- 
toit  réelle,  beaum.  vi,  34.  {|  xvi's.  Nouveaux  arbres, 
ou  renouvelles  par  esbranchemens,  o.de  serr.  666. 

—  ÉTYM.  Ébrancher. 

ÉBRANCHER  (é-bran-ché),  v.  a.  Couper  ou  cas- 
ser une  partie  des  branches  d'un  arbre  ou  la  totalité. 
Un  jour  dans  son  jardin  il  vit  notre  écolier  Qui, 
grimpant  san«  égard  sur  un  arbre  fruitier.  Gâtait 
jusqu'aux  boutons,  douce  et  frêle  espérance;  Même 
il  ébranchait  l'arbre....  la  font.  Fahl.  ix,  5.  Ulysse 
abattit  vingt  arbres  en  tout,  les  ébrancha  avec  sa 
hache,  les  polit  et  les  dressa,  fén.  t.  xxi,  p.  338.  Ar- 
bres... courbés  sous  les  tempêtes,  Mais  dont  la  fou- 
dre seule  ose  ébrancher  les  têtes,  lamart.  Joc.  ii,  "o. 
Il  Terme  de  jardinage.  Pratiquer  l'ébranchement. 
Il  Fig.Les  uns  dans  leurs  greniers,  fondant  des  ré- 
publiques. Les  autres  ébranchant  les  verges  mo- 
narchiques, VOLT.  Pégase.  Le  despote  arrache  l'ar- 
bre, le  sage  monarque  l'ébranche,  id.  Mœurs, 
64.  L'Académie,  moins  hardie  que  nos  grands 
écrivains,  ou,  si  l'on  veut,  plus  timide  en  mas.se 
que  dans  chacun  de  ses  membres,  n'avait-èlle  pas 
trop  restreint  les  richesses  de  notre  langue,  trop 
ébranché  le  vieux  chêne  gaulois?  villemaik,  Dict. 
de  VAcad.  Préface. 

—  HlST.  XIII*  s.  Cil  [les  biens]  qui  sunt  tenu  en  fief 
poent  [peuvent]  en  tele  manière  estre  estrangié  ou 
esbranquié,  qu'il  sunt  forfait  au  signeur,  braum.  li, 
<».  Il  xiV  s.  Esbranchier  à  la  main  les  fueiUes  d'en- 
tour  et  non  le  milieu  [de  la  bette],  ilétmgier,  ii,  2. 
Il  XVI'  s.  Peu  de  saules  se  sauvent  qu'on  esbranche 
en  sève,  o.  de  serres,  8io. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  branche;  picard,  c'bran- 
Jter;  provenç.  esbrancar. 

t  ÉBRANCHOIU  (é-bran-choir) ,  s.  m.  Terme  de 
jardinage.  Serpe  qu'on  manie  au  bout  d'une  perche. 

—ÉTYM.  Ébrancher. 

ÉBRANLÉ,  ÉE  (é-bran-lé,  lée),  part,  passé.  ||  1°  X 
.  qui  ou  à  quoi  un  mouvement  d'oscillation  a  été  com- 
muniqué. Les  maisons  ébranlées  par  les  secousses 
du  tremblement  de  terre.  Le  Taygéte  et  les  autres 
monts  furent  ébranlés  jugque  dans  leurs  fondements; 
plusieurs  de  leurs  sommets,  détachés  de  leur  place, 
s'écroulèrent,  rollin,  Litt.  anc.  Œuvres,  t.  m, 
p.  as*.  Il  2°  Kig.  Un  trône  ébranlé.  Rassurez  vos 
Étatapar  sa  chute  ébranlés,  rac.  Alex,  iv,  2.  Et  des 
Césars  un  jour  la  puissance  ébranlée,  volt.  Guèbr. 


i,  4.  Il  Une  santé  ébranlée  par  les  peines  morales. 
Il  Nerfs  ébranlés,  état  nerveux  dû  à  des  soulTrances 
physiques  ou  à  des  émotions  morales.  ||  3°  Emu, 
séduit,  touché.  Ebranlé  dans  sa  ré.solulion  par  les 
raisons  qu'on  lui  donna.  Son  esprit  ébranlé  par 
les  objets  présents,  corn.  //or.  i,  t.  U  tùche  à  raf- 
fermir leurs  âmes  ébranlées,  id.  Cinna,  iv,  <. 
Quand  on  est  loin,  la  raison  n'est  pas  si  ébran- 
lée; mais  elle  l'est  étrangement  en  la  présence  de 
l'objet,  PASC.  Disc,  sur  Vamour. 

ÉBRANLEMENT  (é-bran-le-man) ,  s.  m.  \\V  Etat 
de  ce  qui  est  ébranlé.  L'ébranlement  des  vitres  par 
les  commotions  du  tonnerre.  Les  sons  excitent  des 
ébranlements  sensibles  au  tact,  i.  J.  rolss.  Ém.  ii. 
Il  Les  petits  ébranlements,  ébranlements  de  trem- 
blement de  terre,  où  l'aire  de  la  surface  mise  en 
mouvement  n'excède  pas  un  carré  de  cent  kilomètres 
de  côté.  Il  2°  Fig.  L'ébranlement  des  fortunes,  du 
crédit,  des  empires,  des  Etats.  J'avoue  que  la  trans- 
formation totale  du  gouvernement,  par  rapport  aux 
finances,  cause  un  ébranlement  actuel  qui  blesse  un. 
certain  nombre  de  gens,  Lett.  sur  le  nom-eau  syst. 
de  finances,  dans  desfontaines.  ||  L'ébranlement  de 
sa  santé  date  de  la  perte  de  sa  fille.  L'ébranlement 
des  nerfs.  ||  3°  Emotion.  Si  près  de  voir  sur  soi 
tomber  de  tels  orages.  L'ébranlement  sied  bien  aux 
plus  fermes  courages,  cobn.  Hor.  i,  H.  Craignons 
ces  grands  ébranlements  de  l'ame  qui  préparent 
l'ennui  et  le  dégoût,  yf.yi.Éduc.  filles,  ch.  B. 

—  hist.  XVI"  s.  J'ai  dit  en  mon  esbranlement  :  Je 
suis  rejette  du  regard  de  tes  yeux.  —  David  confessa 
qu'il  a  esté  sujet  h  beaucoup  d'esbranlemens,  calv. 
Inst.  434.  Souventes  fois  advient  une  commotion 
ou  esbranlement  au  cerveau,  paré,  viii,  i.En  ceste 
bataille,  laquelle  eut  plusieurs  esbranlements  en 
l'une  et  l'autre  partie,  amyot,  Cor.  4. 

—  ÉTYM.  Ébranler. 

ÉBRANLER  (é-bran-lé),  v.  a.  ||  1°  Faire  branler, 
mettre  en  branle,  communiquer  un  mouvement 
d'oscillation.  Ebranler  une  cloche.  Les  détonations 
du  canon  ébranlaient  les  airs.  Devant  qu'il  soitdeux 
ans,  Je  veux  que  l'on  me  voie  avec  des  airs  fendants. 
Dans  un  char  magnifique,  allant  à  la  campagne. 
Ébranler  les  pavés  sous  six  chevaux  d'Espagne, 
regnard,  Mc'nechmes,  iv,  2.  Il  loge  sa  mollesse  en 
unriche  palais,  Et,  derrière  un  char  d'or  promenant 
trois  valets.  Sous  six  chevaux  pareils  ébranle  au  loin 
la  rue,  gilb.  à'  K///«  sièc/e.  \\  Faire  chanceler.  Le  tor- 
rent ébranie  les  rochers.  Le  canon  de  l'assiégeant 
avait  ébranlé  la  muraille.  Il  ébranla  en  peu  de  temps 
une  partie  du  mur  avec  les  machines,  d'ablancourt, 
Arr.  liv.  i,  dans  riciielet.  Sur  ses  antiques  fonde- 
ments. Venait-il  ébranler  la  terre?  rac.  Athal.  i,  4. 
Le  sacristain,  bouillant  de  zèle  et  de  courage.  Le 
prend  [un  Quinault],  se  cache,  approche,  et,  droit 
entre  les  yeux.  Frappe  du  noble  écrit  l'athlète  auda- 
cieux; Mais  c'est  pour  l'ébranler  une  faible  tempête; 
Le  livre  sans  vigueur  mollit  contre  sa  tète,  boil. 
Lutrin,  v.  ||  Communiquer  un  mouvement.  Sur  l'ais 
qui  le  soutient  auprès  d'un  Avicenne,  Deux  des  plus 
forts  mortels  l'ébranleraient  à  peine,  boil. /.uJrin,  v. 
Et  d'un  bras,  à  ces  mots,  qui  peut  tout  ébranler, 
Lui-même  se  courbant,  s'apprête  à  le  rouler  [le  lu- 
trin], id.  ib.  III.  Il  2° Terme  de  manège.  Ebranler 
son  cheval  au  galop,  le  faire  passer  du  p:is,  du  trot 
ou  dequelque  autre  allure,  àcelledu  galop.  {|  3°  Met- 
tre en  désordre.  Le  feu  d'une  batterie  formidable 
ébranla  la  première  ligne  de  l'ennemi.  L'apparition 
des  gendarmes  ébranla  la  foule  ameutée.  ||  4"  Fig. 
Faire  chanceler.  La  ligue  ébranla  le  trône  des  Va- 
lois. Le  manque  d'héritiers  ébranlait  sa  province, 
CORN.  Œdipe,  v,  4.  Et  ma  tête  abattue  ébranlerait 
la  vôtre,  id.  Serlor.iv,  3.  Mais,  si  tu  les  soutiens, 
qui  peut  les  ébranler?  Rkc.  Alh.  m,  7.  Des  scandales 
qui  peuvent  ébranler  leur  foi,  mass.  Car.  Rcsp.  hum. 
Et  si  de  vos  fiatteurs  la  funeste  malice  Jamais  dans 
votre  coeur  ébranlait  la  justice,  voi.t.  Brut,  m,  6. 
Au  midi,  les  séditions,  l'ignorance  et  l'indiscipline, 
tous  les  genres  de  corruption  qui  dégradent  un  peu- 
ple, ébranlaient  depuis  un  siècle  l'empire  Ottoman, 
RAYNAL,  Ilist.  phil.  v,  23.  ||  Faire  branler,  rendre  peu 
ferme,  rendre  incertain.  Il  ébranla  ma  résolution. 
La  frayeur  de  la  mort  ébranle  le  plus  ferme,  Théo- 
phile, Poésies,  dans  riciielet.  Jaloux  des  bons 
desseins  qu'il  tàched'ébranler,  CORN.  Poij/eMcte,  i,  t. 
Et  reconnaissez-vous  que  tout  ce  qu'il  m'a  dit.  Par 
quelque  impression  ébranle  mon  esprit?  id.  Nicom. 
IV,  <.  Raffermis  ma  vertu,  qu'ébranlent  tessou[iirs, 
boil.  Lutrin,  ii.  Et  les  dons  achevant  d'ébranler  leur 
devoir,  rac.  liajax.  i,  t.  Un  amour  qu'il  peut  vou- 
loir troubler.  Mais  que  tout  son  pouvoir  ne  pourrait 
ébranler,  id.  Phèd.  m,  6.  Les  plus  affreux  périls 
no  sauraient  m'ébranler,  lamotte,  [nès,iv,  2.  Ses 


menaces  n'ont  pu  ébranler  ma  fidélité,  leïaob, 
Diabl.  boit.  ch.  5.  {|  Modifier  les  convictions,  le» 
sentiments.  Depuis  qu'on  commence  à  être  ébrani* 
par  la  raison,  pasc.  dans  cousin.  Le  peuple  est 
ébranlé,  ne  perdons  point  de  temps,  corn.  Hérael. 
i,  B.  Si  vous  êtes  ébranlés  par  l'autorité  de  M.  Ju- 
riou,  Boss.  Avert.  1.  Mais  le  dessein  est  pris,  rien 

ne  peut  m'ébranler,  rac.  Mithrid.  iv,  4 De  ce 

soupir,  que  faut-il  que  j'augure?  Du  sang  qui  se 
révolte  est-ce  quelque  murmure?  Croirai-jo  qu'une 
nuit  a  pu  vous  ébranler?  id.  Iphig.  i,  3.  Les  plus 
grandes  merveilles.  Sans  ébranler  ton  cœur,  frap- 
peront tes  oreilles?  id.  Alhal.  i,  f.  Thémistocle  eut 
ici  besoin  de  toute  son  adresse  et  de  toute  son  élo- 
quence pour  ébranler  le  peuple,  rollin,  llist.  anc. 
Œ.uvres,  t.  m,  p.  227 ,  dans  pol'gens.  Ainsi  périt,  à 
l'âge  de  trente-six  ans  et  demi ,  Charles  XII,  roi  de 
Suède,  après  avoir  éprouvé  ce  que  la  prospérité  a 
de  plus  grand  et  ce  que  l'adversité  a  de  plus  crue!, 
sans  avoir  été  amolli  par  l'une  ni  ébranlé  un  mo- 
ment par  l'autre,  volt.  Charles  XII,  s.  ||  Ebranler 
la  gravité,  faire  presque  rire.  Madame  la  Dauphins 
ne  put  tenir  plus  longtemps  les  éclats  de  rire  ;  la 
majesté  du  roi  en  pensa  être  ébranlée,  sÉv.  602. 
Il  Ebranler  la  santé,  les  nerfs,  rendre  la  santé 
moins  solide,  les  nerfs  plus  susceptibles,  ||  5°  S'é- 
branler, V.  réfl.  Recevoir  un  mouvement  d'oscilla- 
tion, être  mis  en  branle.  Les  cloches  s'ébranlaient. 
La  porte  s'ébranla  sous  les  coups  répétés.  ||  Se  mettre 
en  mouvement  pour  se  porter  en  avant.  Deux  régi- 
ments s'ébranlèrent  pour  charger  l'ennemi.  Elle 
pâlit,  s'ébranla  pour  aller  à  lui,  iiamilt.  Gramm.io. 
S'ébranlant  tous  ensemble,  ils  couraient  de  toutes 
leurs  forces  contre  les  barbares,  roll.  llist.  anc. 
Œuvres,  t.  iv,  p.  t55.  11  fallut  qu'un  Italien,  le 
colonel  Delfanti,  s'élançàt  le  premier;  alors  les  sol- 
dats s'ébranlèrent,  et  la  foule  suivit,  ségur,  Kist.  de 
Nap.  IX,  t3.  Il  Se  mettre  en  mouvement  pour  se  re- 
tirer, s'enfuir.  L'infanterie  ne  put  soutenir  un  feu 
si  vif  sans  s'ébranler.  Les  Suédois  consternés  s'ébran- 
lèrent, et,  le'  canon  ennemi  continuant  à  les  écraser, 
la  première  ligne  se  replia  sur  la  seconde,  et  la  se- 
conde s'enfuit,  y QVt.  Charles XI l,i.  Il  Fig.  Il  répon- 
dit, sans  s'ébranler,  que  la  bataille  n'était  pas  encore 
perdue,  puisqu'il  n'avait  pas  encore  combattu,  Re- 
lation des  campagnes  de  Ilocroi,  dansLEnoux,  Dtct. 
comiq.  Et  si  ce  cœur  s'ébranle?  corn.  Poli/eucte,  ii. 
6.  Ne  t'ébranle  donc  point  dans  les  tentations.  Ne 
t'inquiète  point  de  leurs  inquiétudes,  id.  Irait  11, 9. 
Le  sang  à  ces  objets  facile  à  s'ébranler,  rac.  Iph, 
IV,  ^.  Les  esprits  s'ébranlaient,  volt.  Fanât  11,  2. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ces  iiaroles  esmeurent  et  esbran- 
lerent  la  plus  part  de  l'armée  de  Demetrius,  amïoi  , 
Ptjrr.  22.  Les  hommes  d'armes  commencèrent  à  se 
mettre  au  galop;  le  bataillon  de  gens  de  pied  s'es- 
branlaaussi  après  eux,  id.  Alex.  63.  Ilest  messeant 
de  s'esbranler  pour  la  menace  du  coup,  mont,  i,  49. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  branler. 
ÉBRASfi,  ÉE   (é-bra-zé,  zée),  part,  passe.  Une 

porte  ébrasée. 

ÉBRASEMENT  (é-bra-ze-man),  s.  m.  Terme  d'ar- 
chitecture. Action  d'ébraser.  ||  Quantité  dont  le  côté 
de  l'embrasure  s'écarte  de  la  perpendiculaire  au  mur. 
Ainsi  l'ébrasement  est  trop  faible  lorsque  le  côté  de 
l'embrasure  ne  s'écarte  pas  assez  du  plan  vertical 
perpendiculaire  à  celui  de  la  façade,  et  l'embrasure 
n'est  pas  assez  profonde  si  on  laisse  trop  d'épaisseur 
au  mur  d'appui  de  la  fenêtre,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Ébraser. 

ÉBRASER  (ô-bra-zé),  v.  a.  Terme  d'architecture. 
Elargir  à  l'intérieur,  suivant  un  plan  oblique,  la  baie 
d'une  porte,  d'une  fenêtre. 

—  ÉTYM.  Voy.  embrasure,  dont  le  radical  est  le 
même.  Dans  l'ancien  français ,  eshraser  signifia 
mettre  en  feu,  en  braise;  ce  qui  n'a  point  place  ici. 

ÉBRÉCHÉ,  ÉE  (é-bré-ché,  chée),  port,  passé. 
Il  1»  A  quoi  on  a  fait  des  brèches.  Un  couteau  éliréché. 
Dieu  vous  a  remis  le  glaive  de  sa  puissance  et  celui 
de  sa  justice,  prenez  garde  do  les  lui  rendre  ébré- 
chés,  CHATEAUB.  A'otc/i.  Il,  2) 2.  Il  Par  extension.  Un 
pot  ébréchô.  Un  chaudron  ébréché,  la  bourse  d'une 
montre,  régn.  Sat.  xi.  ||  2°  Fig.  Entamé,  diminué. 
Une  fortune  ébréchée  par  des  banqueroutes.  Une 
réputation  ébréchée. 

t  ÉBRÈCUEMENT  (é-brè-che-man),  s.  m.  Action 
d'ébrécher  ;  résultat  de  cette  action. 

—  HlST.  XVI'  s.  Esbrechement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Ébrécher. 

ËBBÉCUER  (é-bré-clié.  La  syllabe  bré  prend  l'ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'ébrèche,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel,  où, 
sans  raison,  elle  garde  l'accent  aigu  :  j'ébrécberai, 
j'ébrécherais),  v.  a.   ||   1°  Faire  une  brèche   à  un 


12G4 


ÉBR 


instrument  tranchant.  [Une  éclancho  de  mouton 
d'une  grande  (luret6|  Ëbrécliant  le  couteau,  témoi- 
gnait son  courage,  réon.  Sa»,  x.  A-t-il  donc  ùbréclié 
le  sabre  de  son  père?  v.  HUGO,  Oncnt.  7.  ||  S'é- 
bréchcr  une  dent,  en  faire  sauter  un  morceau, 
lia*  Fig.  Kntamer,  diminuer.  Ebrécher  sa  fortune 
par  le  jeu. Cela  a  (Sbréché  sa  réputation.  j|  3°  S'ébré- 
cher  V.  r('fl.  Le  couteau  s'ébréchera,  si  vous  cou- 
pez un  corps  si  dur. 

—  HiST.  xiir  s.  Nus  [nul]  boutoniernedoit  vendre 
ne  avoir  oevre  esbrecliiée,  c'est  à  savoir  fendue  oi'i 
elle  se  doit  sauder  [souder],  Liv.  des  mél.  <«5, 
Il  XVI*  s.  On  scie  les  dents  esbrecliées,  noires  et  pour- 
ries, PARÉ,  Introd.  2. 

—  r.TYJl.  É  pour  es....  préfixe,  et  brèche;  picard , 
éberkfr;  génev.  ébercher,  éberchure. 

ÉDBENE,  ÉE  (ébre-né,  née),  part,  passé.  Torché. 
Un  enfant  ébrené. 

ÉBRKNER  (ébre-né.  La  syllabe  bre  prend  un  ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'étiriine,  j'ébrènerai),  t).  o.  Nettoyer  un  enfant  qui 
s'est  sali  dans  son  maillot. 

—  ÉTVM.  J^  pour  es....  préfixe,  et  bran. 

f  ÉBRENKUR,  EUSE  (é-bre-neur,  neù-z'),  s.  m. 
et^.  Celui,  celle  qui  ébrène  un  enfant.  Lavrillière  était 
tout  feu  roi,  conséquemment  tout  bâtard  [dévoué  au 
feu  roi  et  à  ses  bâtards] ,  lié  avec  eux  par  la  Main- 
tenon  leur  ébreneuse,  ST-SIM.  BI4,  76. 

—  ÉTYM.  Ébrener. 

\  ËBRlÉTfi  (é-bri-é-té) ,'  s.  f.  Terme  didactique. 
Etat  d'une  personne  ivre.  Une  légère  ébriété. 

—  HIST.  xvi*  s.  L'ebrieté  et  yvrognerie,   pabé, 

XX,    2B. 

—  ÉTYH.  Provenç.  ebrietat;  espagn.  ebriedad ; 
ital.  ebrictà;  du  lat.  ebrietatem,  d'ebrius  (voy.  ivre). 

t  ÉBRIEUX,  ECSE  (é-bri-eù,  eù-z'),  odj.  Terme 
de  médecine.  Qui  a  rapport  à  l'ivrognerie.  Folie 
ébrieuse. 

—  f.TYM.  Lat.  ebriosus,  de  ebrius,  ivre  (voy.  ivbe). 
t  ÊBKILLADE   (é-bri-Ua-d',    Il    mouillées),  s.  /". 

Terme  de  manège.  L'action  de  secouer  une  des  deux 
rênes  pour  faire  tourner  un  cheval.  ||  Vieilli. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  l'italien  bri- 
glia,  bride  (voy.  bride). 

t  ÉBRIOSITÉ  (é-liri-6-zi-lé),  s.  f.  Terme  didacti- 
que. Habitude  de  l'ivresse. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ebriosité,  cotgrave. 

—  Rtym.  Lat.  ebriosus,  enclin  à  l'ivresse;  d'ebrius, 
ivre  (voy.  ivre). 

t  ÉBRONDEUR  (é-bron-deur),  s.  m.  Terme  de 
métallurgie.  Ouvrier  de  tréfilerie,  qui  est  chargé 
d'enlever  l'oxyde  produit  par  le  chauffage  du  fer  au 
contact  avec  l'air  atmosphérique. 

t  ÉBROUAGE  (é-brou-a-j') ,  s.  m.  Immersion  des 
laines  dans  l'eau  de  son. 

—  f.TYM.  Ébrouer  i. 

flÔBROUDAGE  (é-brou-da-j'),  s.  m.  Action  de 
passer  un  fil  métallique  dans  la  filière. 

—  hVrvM.  Ébroudir. 

f  ÉBROUDEUR  (é-brou-deur),  s.  m.  Ouvrier 
chargé  de  l'ébroudage. 

—  F.TYM.  ^fcroudi'r. 

■[  ÉBROUDl  (é-bron-di) ,  s.  m.  Fil  métallique  qui 
a  subi  l'i'broudage.  On  trouve  aussi  ébroudin. 

—  ÊTYM.  Ébroudir. 

+  ÉBROUDIR  (é-brou-dir),  v.  a.  Passer  un  fil  mé- 
tallique il  travers  la  filière. 

—  ÊTYM.  Peut-être  é  pour  es....  préfixe,  et  l'an- 
cien français  broiider  qui  s'est  dit  pour  iiroder. 

ÉBROUÉ,  ÉE  (é-hrou-é,  ée),  part,  passé  d'é- 
brouer (.  Des  étoffes  ébrouées. 

ÉBROUE.MENT  (é-brou-man) ,  s.  m.  ||  l''Terme  de 
vétérinaire.  Sorte  d'éternument  chez  les  animaux 
domestiques,  qui  consiste  en  une  expiration  forte  et 
sonore,  mais  volontaire  et  sans  caractère  convulsif, 
accompagnée  d'une  vivesecoussedelatête.  ||  2°Terme 
de  manège.  Ronflement  du  cheval  surpris  ou  eflrayé. 
11  ne  cessa  de  discourir  de  sa  promenade  à  cheval, 
de  son  cheval,  des  frasques  de  son  cheval  sur  le 
gazon,  des  ébrouements  de  son  clieval  dans  les 
terres  labouréps,  chateaub.  mémoires,  t.  xi,  p.  322. 

—  ËTYM.  Ébrouer. 

1.  ÉBROUER  (é-brou-é),  v.  a.  Terme  de  métier. 
Laver,  passer  dans  l'eau  une  piécede  toile  oud'étolTe 
pour  en  ôter  les  fils,  les  pailles  et  autres  ordures. 
Le  son  et  les  eaux  dures  étant  bonnes  pour  ébrouer, 
liessécher  et  dégraisser  les  bleus,  Instr.  gén.  pour 
ia  teinture  des  laines,  (8  mars  <07i,  art.  <4. 

—  HIST.  XV'  s.  Ne  pourra  nul  mouiller  les  draps 
jusqu'à  ce  qu'ils  soient  scellez  tous  e.scruz,ou  qu'ils 
aient  prins  congié  aux  boujonneurs  de  Its  esbrouer 
seulement,  du  cange,  csborrore. 

—  F.TYM.  Allem.  bni.'icn,  laver  à  l'eau  cliaude: 


ÉBU 

origine  d'autant  plus  probable  que  le  mot  paraît  ap- 
partenir au  nord  de  la  France. 

2.  ÉBROUER  (S')  (é-brou-é),t>.  r^/I.  |1 1°  Terme  de 
vétérinaire.  Faire  ébrouement.  ||  Par  extension.  Ks- 
trées  revint  à  soi  le  premier,  se  secoua,  s'ébroua,  re- 
garda la  compagnie  comme  un  homme  qui  revient  de 
l'autre  monde,  st-pim.  6I4,  60.  ||a*  Terme  de  ma- 
nège. Souffler  de  surprise  ou  de  frayeur,  en  parlant 
du  cheval. 

—  HIST.  xv's.  Lesquelx  buefs  de  ce  s'esbruierent 
et  fuirent,  du  cange,  brugitus.  Le  suppliant  bouta 
le  feu  en  la  grange,  qui  se  esbrouit  tellement  que  la 
dite  grange  fut  bruslée,  n.ib.  ||xvi*s.  Esbrouez  des 
nazines,  Médec.  des  chev.  p.  te,  dans  lacubne.  S'il 
advient  que  le  loup  ait  passé  les  hurtes  de  ceux  qui 
seront  à  la  garde  des  filets,  on  jettera  incontinent 
après  ses  fes-ses  un  court  baston  pour  l'esbrouer  et 
haster  d'avantage,  à  ce  qu'il  n'ait  la  cognoissance 
du  filet,  FoiJiLLOux,  Vénerie,  (°  t20,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Origine  obscure.  On  a  songé  à  bourre, 
le  cheval  faisant  sortir  de  ses  naseaux  comme  une 
bourre.  Mais  cela  ne  convient  ni  aux  sens  ni  aux 
formes  diver.ses  du  mot.  Qn  a  indiqué  le  bas-breton 
broeg,  brouei,  emportement,  mouvement  de  co- 
lère. Diez  remarque  que  brave,  s'il  a  existé  dans 
l'ancienne  langue  (ce  qui  est  très-vraisemblable),  y 
a  existé  sous  la  forme  brou  ou  breu,  comme  bleu 
ou  blou;  et  que  c'est  de  là  qu'il  a  donné  é-brouer, 
rendre  bruyant,  emporté,  et  ra-brouer,  maltraiter 
en  parole.  Cette  étymologie  ingénieuse  est  plau- 
sible. 

+  ÉBROCEUSE  (é-brou-eù-z'),  s.  f.  Femme  qui 
casse  des  noix. 

—  ÉTYM.  £'  pour  es....  préfixe,  et  brou  de  noix. 

t  ÉBROUSSER  (é-brou-sé),  v.  a.  Terme  rural. 
ElTeuiller  un  arbre.  |1  Ébourgeonner  la  vigne.  On 
trouve  aussi  ébrosser. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  brosse,  dans  le 
Sens  de  broussailles. 

t  ÉBROUTER  (é-brou-té) ,  v.  a.  Terme  de  magna- 
nerie. Ébrouter  la  feuille,  la  débarrasser  des  petites 
ramilles  avec  lesquelles  elle  a  été  cueillie  et  qui 
pourraient   blesser  les  vers  à  soie  encore  jeunes. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  brout. 
ÉBRUITÉ,  ÉE  (é-brui-té,  tée),  part,  passé.  Mis 

dans  le  bruit  public.   Une  nouvelle    promptement 
ébruitée. 

t  ÉBRUITEMENT  (é-brui-te-man) ,  s.  m.  Action 
d'ébruiter. 

—  ÉTYM.  Ébruiter. 

ÉBRUITER  (é-brui-té),  v.  a.  ||  1°  Mettre  dans  le 
bruit  public,  divulguer.  Il  ne  faut  point  ébruiter 
cela,  cela  me  donnerait  un  ridicule  qui  me  ferait 
perdre  mon  crédit,  dancourt,  les  Anioteurs,  m, 
1 6.  Je  craignais  que  le  régent  ne  se  jetftt  où  il  pou- 
vait, pour  former  un  délai,  dans  l'espérance  de 
faire  ébruiter,  puis  échouer  la  chose,  st-sim.  5)0, 
257.  Il  2°  S'ébruiter,  t>.  réfl.  Se  répandre  dans  le 
public.  Les  mauvaises  nouvelles  s'ébruitent  facile- 
ment. 

—  HIST.  XVI'  s.  Entre  ceux  qui  ne  s'esbruyent 
point  autrement  [qui  ne  font  pas  de  bruit],  il  y  aura 
tel  [avocat]  qui  avec  sa  plume  gaignera  la  demy 
douzaine  d'escus  par  jour,  Contes  de  choliéres, 
f°  229,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  brui(. 

f  ÊBRUN  (é-lirun),  s.  m.  Terme  d'agriculture. 
Un  des  noms  vulgaires  du  blé  ergoté. 

ÉBUARD  (é-bu-ar),  s.  m.  Coin  de  bois  fort  dur, 
qui  sert,  au  lieu  d'un  coin  de  fer,  à  feudre  le  bois. 

—  ÉTY'M.  Origine  inconnue. 

t  ÉbCCHETER  (é-bu-che-té) ,  r.  n.  Ramasser  des 
brins  de  bois  pour  en  faire  des  fagots. 

—  HIST.  XVI*  s.  Une  vieille  sempiterneuse  esbus- 
cheloit  et  amassoit  du  bois  par  la  dicte  forest , 
RABEL.  t.  II,  p.  (60,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  bûchette. 

t  ÉBULLIOSCOPE  (é-bul-li-0  sko-p'),  *.  »n.  Nom 
d'appareils  imaginés  pour  mesurer  au  moyen  de 
l'éliullition  la  richesse  alcoolique  des  spiritueu.T. 

—  ÉTYM.  Lat.  ebullire,  bouillir,  etoxoiteïv,  exa- 
miner; mot  hybride  et  mal  fait;  on  pourrait  dire 
zéoscope  ou  bullispice. 

ÉBULLITION  (é-bul-li  sion  ;  en  vers,  de  cinq 
.syllabes),  s.  f.  ||  1°  Mouvement  d'un  liquide  soumis 
à  l'action  d'un  feu  assez  fort  pour  le  mettre  en  va- 
peur et  produire  ainsi  des  bulles  qui  viennent 
crever  à  la  surface.  Il  est  singulier  que  des  expé- 
riences directes  nous  fassent  connaître  des  ani- 
malcules qui,  dans  l'état  de  germe,  résistent  à  la 
chaleur  de  l'ébullition  ,  bonnet,  Lett.  div.  t.  xii, 
p.  49,  dans  pouGENS.  Les  Arabes  tirent  le  sel  de 
l'eau  par  ébullition,  CHATEAUB.  Itin.  »,  (  72. ||  2°  Terme 


•    EGA 

de  chimie.  Effervescence,  dégagement  de  bulle» 
d'air  par  suite  du  mélange  de  certaines  substances. 
L'ébullition  de  l'eau  de  Seltz.  ||  3'  Terme  de  méde- 
cine. Nom  d'éruptions  apyrètiques,  de  três-courte 
durée  et  déterminées,  pour  l'ordinaire,  soit  par  un 
régime  échauffant,  soit  par  une  affection  morale 
vive.  Souvent  son  sang  s'allume  et  son  corps  se  cou- 
vre d'ébuUitions,  bern.  de  st-p.  Harmonies,  vi. 
Il  4°  Fig.  Les  ébuUitions  de  sa  colère.  Je  suis  pour 
le  bon  sens  et  ne  saurais  souffrir  les  ébullilions  de 
cerveau  de  nos  marquis  de  Mascarille,  mol.  Crit.  t. 

—  SYN.  ébullition,  effervescence.  Ces  deux  mots 
ne  peuvent  être  rapprochés  à  titre  de  synonymes 
que  quand  il  s'agit  du  mouvement  présenté  par  une 
liqueur  non  soumise  à  la  chaleur.  L'ébullition  est 
la  formation  de  bulles:  ainsi  le  vin  de  Champagne 
présente  une  ébullition  ;  l'effervescence  est  aussi  une 
formation  de  bulles,  mais  avec  dégagement  de  cha- 
leur, ce  qui  n'a  pas  lieu  dans  l'ébullition. 

—  HIST.  XIV*  s.  Et  les  fueiUes  de  mauves  soient 
boillies   par  boine  ebuUicion,  ii.   de  mondeville 
f°  40 ,  fcrso.  Il  XVI"  s.  Vous  avez  le  sang  trop  chaud, 
qui  vous  cause  par  son  ébullition  tous  ces  caprices 
desper.  Contes,  cxxvii. 

—  ÊTYM.  Provenç.  ebullicio;  espagn.  ebulicion; 
ital.  ebulliiioTK ;  du  lat.  ebuUitionem ,   i'ebuUire 

(voy.   ÉBOHlLLin). 

+  ÉBUBNATION  (é-bur-na-sion),  s.  f.  Terme  de 
pathologie.  Encroûtement  de  certaines  tumeurs  par 
des  phosphates  et  carbonates  calcaires;  ossification 
des  cartilages  articulaires  ;  passage  d'un  os  à  uq* 
degré  de  compacité  considérable. 

—  ÉTliT».  Éburné. 

t  ÉBURNE  (é-bur-n'),  s.  f.  Terme  de  conchylio- 
logie. Nom  du  genre  appelé  ivoire  dans  plusieurs 
ouvrages,  et  qui  a  pour  type  l'éburne  canaliciilée. 

—  ÉTYM.  Voy.  éburné. 

t  ÉBURNÉ,  ÉE  (é-bur-né,  née),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  blancheur  et  l'apparence 
de  l'ivoire;  qui  s'est  converti  en  ivoire.  ||  Terme  de 
pathologie.  Exostose  éburnée,  cartilages  éburnés, 
exostose,  cartilages  qui  ont  subi  l'éburnation.  j|  Sub- 
stance éimrnée  des  dents,  l'ivoire  des  dents. 

—  ÉTYM.  Lat.  ebumeus,  d'ivoire,  de  ebur,  ivoire 
(voy.  ivoire). 

fÉBURNÉEN,  ENNE  ( é-bur-né-in  ,  né-è-n")  ou 
ÉBURNIN,  INE  (é-bur-nin,  ni-n'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  a  les' caractères  de  l'ivoire. 

—  HIST.  xvi*  s.  Eburnin,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Lat.  ebumeus,  d'ivoire  (voy.  ivoire). 

t  ÉBURNIFICATION   ( é-bur-ni-fi-kasion ),   s.  f. 

Voy.   ÉRURNATION. 

•fÉBURNIN,  adj.  Voy.  ébubnÉen. 

ÉCACIIÉ,  ÉE  (é-ka-ché,  cbée),  part,  passé.  Écrasé 
en  aplatissant.  Des  noix  écachées.  Ragotin....  pous- 
sant la  porte  de  l'autre  côté,  la  fit  donner  si  rude- 
ment contre  le  visage  de  la  pauvre  dame  qu'elle  en 
eut  le  nez  écaché,  scarron,  Itom.  corn,  ii,  (o.  ||  Nez 
écaché,  nez  camus  et  aplati. 

t  ÉCACIIEMENT  (é-ka-che-man),  s.  m.  Terme  de 
métier.  Action  d'écacher;  état  de  ce  qui  est  écaché. 

—  ÉTYM.  Écacher. 

ÉCACUER  (é-kaché),  t\  a.  ||  1"  Écraser  en  apla- 
tissant. Écacher  du  sel.  La  justice  et  la  vérité  sont 
deux  pointes  si  subtiles,  que  nos  instruments  sont 
trop  émoussés  pour  y  toucher  exactement;  s'ils  y 
arrivent,  ils  en  écachentia  pointe,  et  appuient  tout 
autour,  plus  sur  le  faux  que  sur  le  vrai,  pass.  Pen- 
sées, 1. 1,  p.  2B1),  éd.  Lahure.  Arrête,  dieu  muet,  n'é- 
cache  point  mon  Jiois,  th.  corn.  Berger  extrav.  v,  a. 
Ils  [les  éléphants]  écachentetdétrui.sentdii  fois  plus 
de  plantes  avec  leurs  pieds  qu'ils  n'en  consomment, 
buff.  Éléphant.  Je  ne  vois  d'autre  parti  que  de 
prendre  son  enfant,  et  que  de  l'écacber  contre  la 
terre,  dider.  Nouv.  l'ens.  philos.  09.  !|  î"  Terme  de 
lamineur.  Aplatir  le  fil,  en  le  faisant  passer  entre 
deux  cylindres  d'acier.  ||  Terme  de  papeterie.  Com- 
primer en  tous  sens,  entre  les  mains,  les  feuilles 
de  papier  qui  viennent  d'être  achevées.  ||  Terme  de 
cirier.  Pétrir  la  cire  pour  la  rendre  molle.  ||  Dresser 
une  lime,  une  faux,  un  croissant  sur  la  meule. 
Il  3»S'écacher,  v  réfl.  Être  écaché.  Uue  pointe  qui 
s'écache. 

—  HIST.  XIII*  s.  [Il]  Ne  l'a  triblée  n'csquachie 
[une  racine],  Ainçois  la  menja  sanz  tribler,  hen. 
25)06.  Tantl'ont  tiré  etdesachié,  Ouetot  l'ont  mort 
etesquachié.  ib.  (2760.  Lefium  csttouzjours  trou- 
ble, dont  ceulz  du  pais  qui  boire  en  welent  [veu- 
lent] ,  vers  le  soir  le  prennent  et  esquachent  quatre 
amandes  ou  quatre  fèves,  joinv.  2îo.  Et  dit  ainsi  • 
que  qui  vouloit  tuer  premier  la  serpent,  il  li  devoit 
esquacher  le  cliief,  id.  2(9.  ||  xvi*  s.  Automne  aussi, 
qui  les  membres  tachés  Avoit  par  tout  de  raiiins 


EGA 

escachés,  mabot,  iv,  68.  L'utilité  des  ongles  est  de 
grater,  prendre  et  tenir,  escacher  et  tuer  les  petits 
animaux,  pahé,  iv,  20.  Clioses  qui  contondent, 
meurtrissent  et  escachent,  id.  vin,  38. 

—  ËTYJl.  Picard,  écoocher;  norm.  écancher.  Le 
simple  cacher  se  trouve  dans  Ronsard  (....  à  pieds 
descliauï  cache  la  vin  nouveau,  740),  dans  le  wal- 
lon qualii,  couper,  le  namurois  quachi,  couper, 
le  rouclii  quoissier,  blesser.  Grangagnage  le  tire 
du  hollandais  kwetsen,  blesser,  meurtrir;  allem. 
quetsclien;  angl.  to  quash.  Mais  les  formes  ancien- 
nes, qui  n'ont  point  d's  dans  la  finale,  et  la  forme 
picarde  ne  s'y  accoident  pas  bien.  Il  faut  donc  se 
tourner  du  côté  de  Diez,  qui  y  voit  le  parallèle  de 
l'espagnol  cocho,  serré,  pressé;  ital.  quaffo;  pro- 
venç.  quait;  sarde,  callare,  aplatir  en  serrant;  le 
tout' venant  du  participe  latin coactus,  serré,  pressé 

(VOV.  CACnER). 

t  TÎCACUEUR  (é-ka-cheur),  s.  m.  Ouvrier  qui 
aplatit  le  fil  de  métal  en  le  faisant  passer  entre  deuï 
meules.  ||  Celui  qui  pétrit  la  cire  pour  la  rendre  ma- 
niable. Il  Celui  qui  dresse  les  limes  ou  les  croissants 
■sur  la  meule. 

—  illST.  XVI"  s.  Tireur,  batteur  d'or  et  d'argent, 
autrement  appeliez  escacheurs,  Ord.  tB86. 

t  KCAFFEll  (é-ka-fé),  V.  a.  Terme  de  vannier. 
Partager  l'osier  en  deux  dans  le  sens  de  son  épais- 
seur. 

t  ÉCAFLOTE  (é-ka-fio-f) ,  s.  f.  Peau  de  légumes 
qui  reste  diins  la  passoire,  quand  la  purée  est 
passée. 

—  lllST.  XV'  s.  J'avoie  [étant  enfant],  dessous  un 
escame  [escabeau],  D'escafotles  [sens  indéterminé] 
un  grand  grenier,  froiss.  Poésies  mss.  dans  lacurne. 
L'escu  à  trois  eschafottes  d'argent,  Perceforest, 
t.  II,  f°  129.  Il  XVI*  s.  Escafete  [grande  coquille  de 
moule  de  rivière],  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Est-ce  un  diminutif  de  scalfa  qui  se 
trouve  dans  du  Cange  pour  cosse? 

t  ÉCAGNE  (é-ka-gn'),  s.  f.  Portion  d'un  éoheveau 
qu'on  a  divisé. 

—  IllST.  xV  s.  Certaines  escaignes  de  fil,  ni; 
CANGE,  eschaota.  \\  xvi*  s.  Escagne,  nicot.  Escaigne, 

oOÏGBAVE. 

—  ÉTYM.  Bas-Iat.  scagna.  Origine  incertaine. 
Comparez  êcheveau. 

f  ÉCAILLAGE  (é-kâ-lla-j'.  Il  mouillées),  s.  m. 
il  1°  Action  d'enlever  les  écailles.  ||  Action  d'écailler 
les  huîtres,  de  les  ouvrir.  ||2°  Terme  d'arts.  Défaut 
d'une  poterie,  d'une  peinture  qui  s'écaille.  ||  3°  Action 
de  délaclier  par  écailles  le  sel  qui  est  demeuré  ad- 
hérent à  une  chaudière. 

—  ÉTY.M.  Écailler. 

ÉCAILLE  (é-kù-ir,  Il  mouillées,  et  non  é-kâ-ye), 
s.  f.  Il  1°  Nom  des  lames  plates  et  minces  qui  cou- 
vrent la  peau  des  poissons  et  de  certains  reptiles. 
Lorsque  Psyché  alla  à  cette  fontaine,  le  monstre  se 
réjouissait  au  soleil,  qui  tantôt  dorait  ses  écailles, 
tantôt  les  faisait  paraître  de  cent  couleurs,  la  font. 
Psyché,  II,  177.  Tout  son  corps  est  couvert  d'écaillés 
jaunissantes,  rac.  Phèd.  v,  6.  ||  Les  mailles  d'une  ar- 
mure, les  plaques  qui  forment  certaines  armes  dé- 
fensives. Il  2°  Petites  plaques  cornées  qui  garnissent 
les  pattes  des  oiseaux  et  la  queue  de  certains  mam- 
mifères comme  la  queue  du  castor.  ||  3°  Enveloppe 
dure  qui  couvre  et  défend  le  corps  de  certains  mol- 
lusques. Écailles  d'hullre.  ||  Kig.  Laisser  les  écailles, 
s'emparer  de  tout  le  profit  d'une  affaire,  c'est-à-dire 
manger  l'bultre  et  laisser  les  écailles  aux  autres. 
Tenez,  la  cour  vous  donne  à  chacun  une  écaille, 
la  fo.nt.  Fabl.  ix,  9.  Et  par  ce  bel  arrêt  terminant 
la  bataille  :  Tenez,  voilà,  dit-elle,  à  chacun  une 
écaille,  BoiL.  Épît.  11.  Un  tiers  sans  droit  mangea 
l'huître  et  laissa  les  écailles  aux  prétendants,  st-sim. 
65,  79.  Il  4°  Terme  de  commerce.  Substance  prove- 
nant des  grandes  plaques  épidermiques  ou  cornées 
qui  recouvrent  la  carapace  d'une  tortue  marine  ap- 
pelée chelonia  imbricata.  Une  tabatière  d'écaillé. 
Il  5°  Terme  de  botanique.  Nom  d'organes  appendi- 
culaires  fort  différents  que  l'on  a  comparés  à  des 
écailles  de  poisson  et  qui  s'insèrent  à  la  tige  dans 
toute  ou  la  plus  grande  partie  de  leur  base  qui  n'est 
pas  pédiculée.  ||  Terme  de  pathologie.  Nom  de  petites 
lamelles  formées  de  cellules  épidermiques  plus  ou 
moins  nombreuses  et  se  détachant  d'elles-mêmes 
dans  certaines  affections  cutanées.  ||  Poussière  ré- 
pandue sur  les  ailes  des  lépidoptères.  ||  6"  Par  analo- 
gie, tout  ce  qui  se  détache  des  corps  en  petites  par- 
ties minces  et  légères,  comme  dans  un  vieux  tableau 
qui  tombe  par  écailles.  ||  Écailles  de  bronze,  de  fer, 
de  marbre,  petites  parties  qui  tombent  du  cuivre  ou 
du  bronze  lorsqu'on  le  met  en  œuvre;  du  marbre 
lorsflu'on  le  taille  en  bloc  ;  et  du  fer  lorsqu'on  le 

DlCT.   D2   LA  LANGlt;    flHANÇAISE. 


EGA 

forge  en  armes  tranchantes.  ||  Terme  de  monnaie. 
Écaille  d'acier,  poudre  d'acier  qui  se  met  sous  le 
carré  pour  le  hausser  plus  ou  moins.  ||  Terme  de 
métallurgie.  Croûte  mince  qui  se  forme  à  la  surface 
du  fer  qu'on  échauffe.  ||  7°  Fig.  Causes  de  l'aveugle- 
ment de  l'esprit.  Voilà  les  écailles  qui  tombent  de 
ces  yeux  fermés  à  la  lumière ,  fên.  t.  xvii,  p.  300. 
[Cette  réprimande]  Ce  fut  pour  mon  père  un  coup 
de  tonnerre;  les  écailles  lui  tombèrent  des  yeux, 
sT-siM.  VII,  91.  Une  si  énorme  bévue  aurait  ou- 
vert les  yeux  des  chrétiens,  si  l'ignorance  no  les 
avait  pas  couverts  d'éoailles,  volt.  Phil.  v,  368.  Je 
ne  peux  croire  que  des  anges  [M.  et  Mme  d'Argen- 
tal,  que  Voltaire  appelait  ses  anges]  qui  écrivent  si 
bien  aient  tort  sur  ce  Droit  du  seigneur  [comédie  de 
Voltaire];  cependant  les  écailles  ne  sont  pas  encore 
tombées  de  mes  yeux,  id.  Lett.  d'Argental,  <4  janv. 
<76).  118°  Terme  d'architecture.  Nom  de  petits  or- 
nements, en  forme  d'écaillés  de  poisson,  couchées 
l'une  sur  l'autre,  qu'on  taille  sur  les  moulures  ron- 
des. Il  Ornements  en  forme  d'écaillé  de  poisson,  que 
l'on  emploie  dans  la  menuiserie,  la  broderie,  la  ta- 
pisserie, etc.  Il  Ardoises  étroites  et  arrondies  dans 
le  bout  de  la  partie  visible  et  servant  à  la  couver- 
ture des  dômes.  ||  9°  Écaille  de  mer,  ou,  simple- 
ment, écaille,  pierre  pour  broyer  les  couleurs. 
Il  Tesson  sur  lequel  le  savonnier  fait  couler  un  peu 
de  savon  pour  juger  s'il  est  assez  cuit.  1|  10°  Terme 
de  relieur.  Sorte  de  rouge  écarlale.  Une  belle  écaille. 
L'écaillé,  qui  n'est  plus  guère  en  usage  aujourd'hui, 
se  fait  avec  une  forte  décoction  de  bois  de  Fernam- 
bouo,  auquel  on  joint  de  l'alun  et  même  de  la  co- 
chenille, LESNÉ,  la  Reliure,  p.  200.  ||  11°  Écaille  de 
Bergame,  espèce  d'ancienne  tapisserie.  i|  12°  Grande 
écaille,  nom  d'un  chétodon,  poisson. 

—  HIST.  xn'  s.  De  saint  Jame  l'escale  [l'écailIe 
des  pèlerins  de  St  Jacques],  r/i.  lemart.  i58.||  xiu's. 
On  ne  doit  pas  selon  l'escaille  Juger  li  quels  noyaus 
vaut  mieux,  la  Uort,  jubin.  ii,  274.  Tandis  que  le 
roy  eslc.it  à  Sayette,  li  apporta  l'en  une  pierre  qui 
se  levoit  par  escales,  la  plus  merveilleuse  du  monde, 
joiNV.  281.  Il  xivs.  Oes  [œufs]  de  galines  cuis  0 
[avec]  leur  escaiUes,  11.  de  mondeville,  f°  44,  verso. 
Les  escaiUes  des  escrevisses,  Méiiagier,  11,  5.  ||  xv'  s. 
L'escaille  [croûte]  dudit  pain  osiée,  eust.  desch. 
Poésies  mss.  dans  lacurne.  1|  xvi'  s.  U  estoit  de  lu- 
nettes caparasFonné,  comme  une  tortue  d'escailles, 
RAB.  Pant.  v,  )8.  Jeunes  eufans  à  grand'peine  sor- 
tis de  l'escaille,  caly.  Instit.  878.  Lesquels  venins 
sont  comme  litarge,  ceruse,  piastre,  escai Ile  d'ai- 
rain, limeure  de  plomb,  etc.  paré,  xxiii,  6.  Re- 
faire les  defautes  de  massonneries,  charpentages , 
couvertures  d'escailles  [ardoises] ,  JVouu.  coutum. 
génér.  t.  11,  p.  75.  Estoit  armé  d'une  escaille  cou- 
verte de  velours  verd,  un  morion  doré  en  teste,  et 
une  hallebarde  dorée  à  la  main,  montluc,  l^ém. 
t.  I,  p.  653,  dans  laclrne. 

—  ÉTYM.  Wallon,  haie;  anc.  wallon,  escaille; 
namurois,  scaie;  rouchi,  écale;  ital.  scaglia;  du 
germanique:  golh.  skalja,  tuile  ;  allem.  Schale, 
écaille. 

ÉCAILLÉ,  ÉE  (é-kl-llé,  liée,  U  mouillées,  et  non 
é-kà-yé),;)ar(.pass^.  ||  l°Dontonaenlevé  les  écailles. 
Carpe  écaillée.  1 1  2°  Qui  se  lève ,  se  détache  par  écailles , 
par  plaques  minces  et  légères.  Peau  écaillée.  Email- 
lure  écaillée.  Marbre  écaillé. ||  3°  Couvert  d'écaillés. 
Animaux  écaillés.  De  grands  corps  énormes  qui  volent 
sur  la  mer....  et  qui  viennent  jetersur  le  riv.iye  des 
penr  inconnus  tout  écaillés  de  fer,  fonten.  Les 
Mondes,  2°  soir.  H  y  a  beaucoup  d'espèces  d'ani- 
maux qui  engendrent  sans  copulation,  comme  les 
poissons  écaillés,  les  huîtres,  les  pucerons,  volt. 
L'homme  aux  idécus,  mariage.  Le  budget....  qui, 
laissant  à  Ilots  l'or  couler  de  ses  plaies.  Traîne  un 
ventre  splendide  écaillé  de  monnaies,  v.  hug.  Crép.  4. 
Il  Terme  de  blason.  Animal  écaillé,  animal  dont  les 
écailles  sont  dessinées  d'un  autre  émail  que  le  corps. 
Il  porte  de  sable  au  crocodile  d'argent  ombré  et 
écaillé  de  sinople. 

f  ÉCAILLEMENT  (é-kâ-lle-man ,  U  mouillées), 
s.  m.  Il  1°  Action  d'ôler  les  écailles,  la  coquille.  L'écail- 
lementdeshultres.il  2°  Action  de  s'écailler.  L'écaille- 
ment  d'un  tableau.  ||  3°  Écailles  de  cuivre  que  ven- 
dent les  chaudronniers. 

—  HIST.  XVI'  s.  Escaillement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Écailler. 

i.  ÉCAILLER  (ô-kâ-llé,  «mouillées,  et  non  é-kà- 
yé),  V.  o.  Il  1°  Dépouiller  des  écailles  un  poisson, 
une  huîlre,  etc.  Écailler  une  carpe,  des  huîtres. 
Il  2°  S'écailler,  v.  réfl.  S'enlever  par  écailles  comme 
les  enduits  de  plâtre.  !|  On  dit  qu'un  tableau  s'é- 
caille, lorsqu'il  s'en  'Ulache  de  petites  croûtes  et 
parcelles. 


EGA 


1265 


—  HIST.  XIII'  S.  Petit  valt  [vaut]  noiz,  qui  ne  l'os- 
quaille  ;  Li  noeax  [noyau]  gist  dedans  l'eschailla, 
Hisl.  de  sainte  Leoc.  mss  de  Saint-Germain,  dans 
LACURNE.  Il  XV"  S.  Ailleurs  avez  escaille  noix.  Voua 
sçavez  tout  le  sens  du  monde;  Tout  science  en  vous 
liabunde,  eust.  desch.  Poésies  mss.  dans  lacurne. 
Que  nul  paintre  ne  pajgne  ymage  de  bois  viel, 
pour  ce  que  la  dicte  ymage  se  retrairoit  après  qu'il 
seroit  paint,  et  pour  ce  que  la  painture  sescaille- 
roit  et  ne  dureroit  point,  Ordonn.  décemb.  4490. 
Il  XVI'  s.  Il  trouva  bien,  en  peu  de  temps,  en, quoi 
dépenser  l'argent  qu'il  avoit  apporté,  comme  celui 
qui  escailloit  bien  sa  jeunesse,  yver,  p.  c4o.  Il  a 
le  corps  armé  d'un  cuir  escaille  et  très  dur  comme 
celuy  du  crocodile,  paré.  Licorne,  7. 

—  ÉTYM.  Écaille;  ital.  scagtiare. 

2.  ÉCAILLER,  ËRE  (é-kâ-llé,  Uê-r",  ÎJ mouillées, 
et  non  é-kâ-yé,  yê-r'),  s.  m.  et  f.  Celui  ou  cellequi 
vend  et  ouvre  des  huîtres. 

—  ÉTYM.  Écaille. 

tÉCAILLETTË  (é-kâ-llè-f.  Il  mouillées),  s.  f. 
Petite  écaille. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'écaillé. 

ÉCAILLEUX,  EUSE  (é-kà-Ueû,  Ueû-z',  Il  mouil- 
lées, et  non  é-kâ-yeû),  adj.  ||  1°  Qui  est  suscep- 
tible de  s'enlever  par  écailles.  Ardoise  écailleuse. 
Il  2°  Terme  d'histoire  naturelle.  Couvert  ou  formé 
d'écaillés.  ||  Terme  d'analomie.  Oui  a  de  l'analogie 
avec  les  écailles.  Portion  écailleuse  du  temporal.  Su- 
ture écailleuse,  suture  temporo-pariètale. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ces  os  sont  dits  escailleux,  pour 
ce  qu'ils  ressemblent  à  une  crouste  ou  incrustation, 
par  quoi  ils  se  brisent  aisément,  paré,  iv,  (. 

—  ÉTYM.  Écaille;  ital.  scaglioso. 

t  ÊCAILLON  (é-kà-llon,  »  mouillées),  s.  m.  Prin- 
cipal ouvrier  d'une  ardoisière. 

—  ÉTYM.  Écaille,  dans  le  sens  d'ardoise. 

t  ÉCAILLURE  (é-kâ-llu-r'.  Il  mouillées),  s.  f. 
Pellicule  qu'on  enlève  de  la  surface  du  plomb  avec 
le  grattoir. 

—  HIST.  XVI'  F.scaillure,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Écailler. 

<.  ÉCALE  (é-ka-l'),  s.f.  ||  1°  Enveloppe  qui  couvre 
la  coque  des  noix.  ||  2'  Gousse  dans  laquelle  se  trou- 
vent les  fèves,  les  pois.  ||  3°  Coquille  d'ceuf.  ||  4°  Au 
pi.  Fragments  de  grès  propres  à  paver  des  lieux 
de  peu  d'importance,  ou  les  débords.  |{  5°  Portion 
de  soie  dont  les  fils  sont  contenus  par  une  gomme 
blanche  et  légère. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  écaille  ;  Berry,  échoie. 

t  a.  ÉCALE  (é-ka-I'),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  marine. 
Voy.  escale.  Il  2°  Trou  dans  lequel  se  place  l'ouvrier 
monnayeur  qui  met  les  flans  sur  le  carré. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  à'escale. 

ÉGALÉ, ÉE(é-ka-lé,lée), part.  pass^.  ||  l'Dépouillé 
de  son  écale.  Des  noix  écalées.  ||  2°  Terme  rural. 
Terre  écalée,  celle  qui,  dans  certains  cantons,  ne 
faisant  partie  d'aucune  exploitation,  se  loue  isolé- 
ment, sans  bâtiment. 

ÉGALER  (é-ka-lé),  v.  a.  ||  1°  ôter  l'écale.  Écaler 
des  noix.  ||  2°  S'éoaler,  i>.  réfl.  Se  détacher  de  l'écale. 
Les  noix  très-mûres  s'écalent.  ||  Terme  de  métier. 
Se  séparer  par  lames,  en  parlant  d'une  pièce  de  bois. 

—  ÉTYM.  Écale  i  ;  Berry,  échaler;  bourguign. 
échaillai. 

t  ÉCALECSE  (é-ka-leû-z),  s.  f.  Femme  qui  casse 
des  noix. 

—  ÉTYM.  Écaler. 

t  ÉCAî.OT  (é-ka-lo) ,  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  hanneton. Il  Espèce  de  noix. 

t  ÉCALURE  (é-ka-lu-r) ,  s.  f.  Terme  de  com- 
merce. Pellicule  dure  de  certains  fruits.  Ecalure  de 
café. 

—  ÉTYM.  Écaler. 

f  ÉCANG  (é-kan),  s.  m.  Terme  rural.  Instrumenl 
pour  écanguer. 

f  ÉCANGAGË  (é-kan-ga-j'),  *.  m.  Action  d'écan- 
guer;  effet  de  cette  action. 

t  ÉCANGUER  (é-kan-ghé),  v.  a.  Terme  rural. 
Broyer  le  chanvre  ou  le  Un  pour  en  détacher  la 
paille. 

f  ÉCANGUEUR  (é-kan-gheur) ,  t.  m.  Ouvrier  qu  1 
écangue  le  lin  ou  le  chanvre. 

t  ÉCAQUEUR  (é-ka-keur),  s.  m.  Terme  de  pêch  e 
Celui  qui  est  chargé  de  caquer  le  hareng. 

—  ÉTYM.  Caque. 

ÉCARBOCILLÉ,  ÉE  (é-kar-bou-llé ,  liée,  H  mouil- 
lées, et  non  é-kar-bou-yé) ,  part,  passé.  Il  reçut  un 
coup  dans  la  face  et  eut  le  nez  tout  écarbouillé 

ÉCARBOUILLER  (é-kar-bou-llé,  Il  mouillées,  et 
non  é-kar-bou-yé),  v.  a.  Terme  populaire.  Réduire 
en  fragments,  en  écachant.  Écarbouiller  la  tête. 
Enfin,  finit  la  destinée  Du  redoutable  Alcionée,  De 

t.  —    'ro 


66 


ÉCA 


sa  masse  l'écarbouillant,  scabk.  Gigantom.  cli.  v, 
dans  i.r.iioiix,  Dicl.  com'^wf.  ||  S'écarbociiller,  v. 
réH.  être  écaroouillé.  Il  s'écarlioiiilla  en  toml>ant. 
Il  Beaucoup  de  personnes  prononcent  escarliouiller. 

HIST.  XVI*  s.  Ez  unKsescarbouilloil  la  cervelle, 

ez  antres  rompoit  bras  et  jambes,  babel.  Garg.  i, 
27.  Ny  pins  ny  moins  que  font  ceux  qui  sont  pic- 
quez  de  l'escorpion  ;  le  plus  souverain  remède  qu'ils 
ont,  c'est  de  le  tuer  ou  l'escarbouilter  et  l'appliquer 
sur  la  morsure  et  playe  qu'il  a  faite,  brant.  Dames 
gai.  t.  I,  p.  97,  dans  lacurne. 

—  Etym.  Champen.  éiraboinller ;  Bruxelles,  scra- 
bouillrs,  le  résidu  du  charbon  non  entièrement  con- 
sumé. La  forme  du  mot  montre  que  c'est  excar- 
hnnculare,  réduire  en  charbon,  et,  de  là,  mettre 
en  pièces  (voy.  escabboucle). 

t  ÉCARDONNEUR  (é-kar-do-neur),  ».  m.  Un  des 
noms  vulgaires  du  chardonneret. 

ÉCARLATE  (é-kar-la-t') ,  s.  f.  ||  1'  Teinture  rouge 
fort  vive.  Il  Ecarlate  de  Venise,  écarlate  faite  avec 
l'alun,  la  crème  de  tartre  et  .e  kermès.  ||  Écarlate 
des  Gobelins,  la  même  que  l'écarlate  de  Veni.se. 
Il  Écarlate  de  Hollande,  celle  que  l'on  obtient  en 
traitant  la  cochenille  par  la  c-îme  de  tartre  et  le 
chlorure  d'étain;  la  découverte  n'en  remonte  qu'à 
l'année  )6ï0;  elle  se  (it  en  Hollande;  c'est  avec  cette 
écarlate  qu'on  teignait  le  drap  pour  les  compagnies 
rouges  du  roi.  Une  belle  écarlate.  Les  exportations 
de  ce  sol  se  réduisaient,  pour  l'Europe,  à  une 
herbe  connue  sous  le  nom  d'orseille,  et  qui  est 
employée  dans  les  teintures  en  écarlate,  raynal, 
Hist.  phil.  XI,  (8.  I]  Yeux  bordés  d'écarlate,  yeux 
rouges  sur  le  bord.  La  vieille  leur  parla  en  ces  ter- 
mes :  Je  n'ai  pas  eu  toujours  les  yeux  éraillés  et 
bordés  d'écarlate,  volt.  Candids,  ti.  ||  2°  Drap 
fin  d'un  rouge  éclatant.  Un  manteau  d'écarlate.  Y 
voit-on  des  savants....  Endosser  l'écarlate  et  se  four- 
rer d'hermine?  boil  Sat.  viii.  Ces  fenêtres  étaient 
parées  en  dehors  de  pots  de  fleurs  et  de  tapis  d'écar- 
late, STAËL,  Corin.  ii,  t.  Gens  vêtus  d'or  et  d'é- 
carlate. Pendant  un  mois  chacun  vous  flatte,  bé- 
SANG.  Vieux  hab.  ||  3°  Écarlate  s'est  dit  aussi  d'une 
coque  adhérente  au  quercus  conif'.ra,  formée  par 
vin  insecte  dit  kermès,  et  servant  à  la  teinture  en 
écarlate.  Graine  d'écarlate.  Le  coccus  ou  cocct^m 
fournissait  aux  anciens  la  belle  couleur  et  la  belle 
teinture  que  nous  nommons  écar.ate,  qui  le  dispu- 
tait en  quelque  sorte  à  la  pourpre  pour  la  beauté  et 
l'éclat,  BOLL.  Uist.  anc.  Œuvres,  t.  x,  p.  658,  dans 
POUGENS.  Il  i'  Adj.  De  couleur  d'éca:<.ate.  Des  rubans 
écartâtes. 

—  HIST.  XII*  s.  Donc  devint  li  sainz  hom  plus 
vermcilz  quant  ço  vit,  Oue  nen  est  escarlate.  Th. 
le  mart.  (38.  ||  xiii*  s.  Et  li  firent  faire  reube  [robe] 
d'escarlate  fourée  de  vair,  Chr  de  nains,  )0D.  Une 
chape....  D'escrelate  si  est  fourée,  Amad.  et  Yd.  ms. 
6087.  Une  tente  toute  faite  de  bone  escarlate  fine, 
jomv.  2H.  Quiconques  vent  escarlat/îs  à  Paris,  ens 
haies  ou  en  son  hostel,  Liv.  des  met.  337.  ||xiv*s. 
Miiis  la  douce,  courtoise  et  franche  Vestu  ot  une 
cote  blanche  D'une  escarlate  riche  et  belle  Qui  fu, 
cecroi,  faite  à  Bruselle,  machaut,  p.  46.  ||  xv*  s.  Et 
fut  ce  jour  le  roi  de  Portingal  vestj  de  blanche  es- 
carlatte  à  une  vermeille  croix  de  Saint  Georges, 
FROiss.  Il,  III,  4i.||xvi's.  Elle  vous  avoit  puis 
après  Mancherons  d'escarlate  verte,  Robbe  de  pers 
large  et  ouverte,  marot,  i,  20i.  Vieille  qui  as  joue 
et  narine  Bordées  de  crasse  et  de  farine....  Et  les 
yeux  d'escarlate  vive,  du  bellat,  vu,  6»,  recto. 
Quand  vos  péchez  seroyent  rouges  comme  l'escar- 
late,  si  seront  ils  blancs  comme  la  ne;?e,  langue, 
3).  Tormentille,  graine  d'escarlate  et  de  genevre, 
PABé,xxiv,  37.  Il  y  a  des  pommes  qui  rendent  le  cidre 
clairet  comme  vin  françois  :  entre  lesquelles  celle 
appellée  en  Cotentin  escarlate  le  fait  rouge,  o.  de 
SEBRES,  247.  l'out  ainsi  que,  pour  juger  du  lustre 
de  l'escarlatte,  on  nous  ordonne  de  passer  les  yeux 
pardessus,  en  la  parcourant  à  diverses  venes,  soub- 
daines  reprinses  et  réitérées,  mont,  ii,  loo. 

—  ÊTYM.  Provenç.  escarlat,  escarlata;  espagn. 
et  portug.  escarlate;  ilal.  sr.arlatto ;  allem.  Schar- 
iach;  angl.  scartet;  gaél.  scarlaid.  On  a  indiqué 
comme  origine  l'arabe  ou  persan  escarlat,  serkelat; 
mais  ces  mots  sont  modernes  et  paraissent  venir, 
l'un  du  français  ou  de  l'espagnol,  l'autre  de  l'an- 
glais. Cela  écarté,  reste  le  latin  galaticus,  de  Ga- 
lalia,  la  Galatie,  province  d'Asie  où,  dans  l'anti- 
quité, on  recueillait  bpaucoup  de  kermès;  galaticus 
nihor  a  signifié  en  effet  écarlate.  Cette  conjecture 
est  très-pl.iusible;  elle  serait  tout  à  fait  aûre  si  l'on 
trouvait  quelque  forme  intermédiaire  entre  galati- 
cut  et  escarlaie.  Au  xv  siècle  écarlate  parait  signi- 
fier iloïïo  en  général. 


EGA 

t  ÊCARLATIN  (ékar-la-tin),  s.  m.  Terme  do 
commerce.  Sorte  d'étoffe  de  laine  rouge. 

—  Etvm.  Érarlale. 

ÊCARLATI.VE  (é-kar-la-ti-n'),  adj.  {.  Voy.sCAB- 
LATiNE.  Scarlatine  n'est  plus  usité. 

t  ÉCARNKR  (é-kar-né),  v.  a.  Briser,  détacher  les 
carnes,  les  angles  extérieurs  d'un  objet. 

—  ÉTYM.  É  poure?....  préfixe,  et  carrte,  coin. 
ÉCARQUILLÉ,  ÉE  (é-kar-ki-llé,  liée,  U  mouillées, 

et  non  é-kar-ki-yé,  yée),  part,  passé.  Ouvert  d'une 
manière  ridicule.  Des  yeuxécarquillés.  |I  Écartéd'une 
manière  ridicule.  Les  jambes  écarquillées.  Et  par 
qui  nous  voyons  ces  messieurs  les  galants  Marcher 
écarquillés  ainsi  que  des  volants,  mol.  Éc.des  mar. 

I,  <• 

ÉCARQUILI.EMENT  (é-kar-ki-lle-man ,  J/ mouil- 
lées, et  non  é-kar-ki-ye-man) ,  s.  m.  Action  d'écar- 
quiller. 

—  iilST.  XVI*  s.  Les  escarquillements  et  les  se- 
cousses, MONT.  III,  330. 

—  ÉTYM.  Écarqviller. 

ÉCARQUILLER  (é-kar-ki-llé,  H  mouillées,  et  non 
é-kar-ki-yé),  v.  a.  ||  1°  Ouvrir  d'une  manière  ridi- 
cule. Écarquiller  les  yeux.  M'as-tu  de  tes  gros  yeux 
assez  considéré?  Comme  il  les  écarquille  et  parait 
effaré!  mol.  Amph.  m,  2.  Les  spectateurs,  dans  une 
nuit  profonde,  Êcarquillaient  leurs  yeux  et  ne  pou- 
vaient rien  voir,  florian,  Fables,  Lanterne  magique. 
Il  Écarter  d'une  manière  ridicule.  Écarquiller  les 
jambes.  Ses  deux  jamlies  écarquillant,  scabr.  Virg. 
trav.  II.  Il  2°  S'écarquiller,  v.  réft.  Ses  jeux,  ses 
jambes  s'écarquillent. 

—  HIST.  XVI*  s.  Riclet,  qui  connoissoit  son  mais- 
tre,  prit  sa  chemise  entre  les  dents,  escarquille  les 
ongles,  et  tournant  les  yeux  en  la  teste  avec  un 
grand  bruit....  n'AUB.Fœn.  m,  24.  Les  malades  ontles 
narillesescarquilléeset  la  face  horrible  avoir,  pabé, 

VI,  2.  Ses  yeulx  sont  si  très  esquarquillez  de  force 
de  boyre,  qu'il  les  a  aussi  rouges  qu'ung  furon  [fu- 
ret], PALSGB.  p.  457.  Escarquille  toy,  et  je  chasserai 
ces  brebis  entre  tes  jambes,  id.  p.  738. 

—  ÉTYM.  Le  Berry  dit  quarquille,  un  lobe,  une 
cuisse  de  noix,  de  quartier,  prononcé  quarquié. 
Est-ce  là  l'origine  à'é-quarquiller?  ou  bien,  comme 
on  a  prononcé  aussi  écartiller,  écarquiller  doit-il 
être  considéré  comme  le  même  que  écartiller,  qui 
se  rapprocherait  sans  peine  de  écarteler? 

t .  ÉCART  (é-kar  ;  le  t  ne  se  lie  jamais;  un  é-kar 
habile;  au  pluriel,  \'s  ne  se  lie  pas  :  des  é-kar  habiles; 
cependant  quelques-uns  la  lient  :  des  é-kar-z  ha- 
biles), s.  m.  Il  1°  Terme  de  jeu.  Les  cartes  dont  le 
joueur  se  défait.  Faire  son  écart.  Regardez  l'écart. 
Je  ne  sais  si  souvent  vous  jouez  au  piquet  ;  Mais 
au  moins  faites-vous  des  écarts  admirables,  mol. 
lÉtour.  IV,  8.  Il  2°  X  l'écart,  loc.  adv.  En  un  lieu  dé- 
tourné, écarté.  Nous  pouvons  à  l'écart,  sur  ces  rives 
du  Phase,  Parler  en  sûreté  du  feu  qui  vous  em- 
brase, COBN.  Tois.  d'or,  ii,  t.  Il  va  mourir  à  l'écart 
sur  la  montagne,  mass.  Av.  Divinité  de  J.  C.  \\  A 
part.  Je  vous  demande  que  nous  nous  tirions  à  l'é- 
cart, MOL.  Sicil.  (3.  Il  se  tenait  à  l'écart,  n'osait 
lever  les  yeux  sur  elle,  hamilt.  Gramm.  a.  Elle 
prit  à  l'écart  Mentor  pour  le  faire  parler,  fén.   Tél. 

VII.  Il  Sejeter  àl'écart,  faire  des  digressions,  s'écarter 
du  sujet.  Il  se  jette  à  l'écart  à  tout  moment,  sÉv. 
476.  Il  Mettre  à  l'écart,  mettre  en  réserve.  11  met  à 
l'écart  une  partie  de  son  revenu  pour  les  besoins 
imprévus.  Il  Mettre  à  l'écart,  faire  abstraction,  ne 
pas  tenir  compte.  J'ai  trop  mis  à  l'écart  le  nom  d'im- 
pératrice, corn.  Pulch.  IV,  2.  Il  Mettre,  laisser 
quelqu'un  à  l'écart,  ne  pas  le  faire  participer  à  un 
avantage,  à  une  affaire,  etc.  Et  celle  qu'à  l'écart 
laissera  cet  arrêt,  mol.  Mélic.  i,  4.  ||  Mettre  à  l'é- 
cart, se  dit  aussi  de  choses  qu'on  n'emploie  pas.  X 
l'égard  de  la  collection  des  actes  publics  d'Angle- 
terre par  Thomas  Rymer,  il  n'y  a  qu'à  la  parcourir 
pour  être  convaincu  qu'il  a  mis  beaucoup  de  pièces 
à  l'écart,  st-foix.  Est.  Paris,  Œuvres,  t.  v,  p.  8. 
il  3°  Action  de  s'écarter  de  sa  direction,  de  se  jeter 
de  cAté.  Son  cheval  a  eu  peur,  il  a  fait  un  écart. 
Il  Terme  de  danse.  Mouvement  du  pied  pour  se  jeter 
de  côté.  Faire  un  écart.  ||  4°  Terme  de  vétérinaire. 
Entorse  de  l'articulation  des  membres  antérieurs  du 
cheval,  accompagnée  de  claudication,  et  devant 
son  nom  à  ce  qu'on  croyait  autrefois  que  la  cause 
qui  produisait  cette  lésion  écartait  le  membre  du 
thorax.  L'écart  très-léger  s'appelle  faux  écart,  et 
celui  qui  e-t  porté  au  plus  haut  degré,  entr'ou- 
verture.  ||  5°  Terme  de  critique  littéraire.  Espèce  de 
vide  entre  deux  idées  qui  n'ont  point  de  liaison  in- 
termédiaire ou  de  transition,  et  que  l'on  approuve 
néanmoins  dans  la  poésie  lyrique  quand  il  ne  nuit 
pas  à  la  clarté.  Les  écarts  ne  doivent  se  trouver 


ÉCA 

que  dans  les  sujets  qui  peuvent  admeltre  des  pan- 
sions vives,  parce  qu'ils  sont  l'effet  d'une  Snr.e 
troublée,  batteix.  De  la  poésie  lyrique,  ch.  m. 
Il  6°  Digression  excessive,  développement  étranger 
au  sujet  que  l'on  traite.  Les  écarts  d'un  avocat. 
Il  7°  Toute  action  par  laquelle  on  s'écarte  de  U 
raison,  de  la  morale,  de  la  bienséance,  etc.  Vous 
êtes  si  fertile  en  pareils  contre-temps.  Que  vos 
écarts  d'esprit  n'étonnent  plus  les  gens,  mol.  VÉ- 
tour.  I,  6.  Faut-il  l'abandonner  à  lui-même,  aa 
moment  qu'il  fait  les  plus  grands  écarts?  j.  j.  rodss. 
Ém.  IV.  Adieu  donc,  quittez-vous;  cette  privation 
Expiera  ses  écarts  et  sa  rébellion .  lemerc.  Frédég. 
et  Brun,  iv,  2.  Il  [l'Empereur]  s'attacha  à  leur  per- 
suader l'utilité,  la  justice  et  la  néce.ssité  de  cette 
guerre  pa  guerre  de  Russie];  mais  l'un  d'eux  sur- 
tout l'interrompait  avec  impatience  ;  car,  dès  qu'une 
discussion  était  établie,  Napoléon  en  souffrait  les 
écarts,  SÉGUR,  Ilist.  de   Nap.  ii,   2.  ||  8°  Localité 

écartée il  soit  incessamment  dressé  des  états  de 

tous  les  hameaux  et  écarts,  des  villes,  bourgs  et  pa- 
roisses de  leurs  départements.  Déclarât,  du  Roi, 
4  mai  (688.  Les  remaniements  des  circonscriptions 
postales  ont  atteint  près  de  dix  mille  communes 
rurales,  .sans  compter  les  écarts  et  hameaux  qui  en 
dépendent,  Dictionn.  des  pontes  aux  lettres,  Aver- 
tissement, t84B.  Il  9°  Terme  de  marine.  Jonction  de 
deux  pièces  de  bois  ou  de  deux  bordages  entaillés. 
Il  Jonction  de  laizes  de  toile,  qui  se  rejoignent 
dans  leur  longueur,  soit  bout  à  bout,  soit  lorsqu'il 
il  y  a  lieu  à  remplacer  de  la  toile.  ||  10°  Terme  de  pa- 
veur. Fragments  de  grès  propres  à  revêtir  les  four- 
nils, etc.  Il  Terme  de  charpente.  La  longueur  dont 
les  bois  se  croisent  dans  les  entures  et  les  assem- 
blages. 

—  HIST.  rv*  s.  Et  cil  qui  voit  sa  femme  aller  En 
lieu  de  gibier  àl'escart,  A-t-il  cause  de  grumelerî 
coqiiillabt,  dans  le  Dict.  denocnEZ.  ||  xvi's.  11  em- 
plissoit  les  villes  et  places  fortes  qqi  estoient  à  l'es- 
cart ,  d'armes,  d'argent  et  de  bons  combatans, 
amyot,  p.  Mm.  ts.  Loing  de  ses  gens  se  retirant  à 
part,  S'en  va  plorer  chaudement  à  l'esquart,  id. 
Comment  il  faut  lire  les  poêt.  33.  Craignant  que  le 
chagrin  dans  lequel  il  estoit  ne  luy  fist  faire  quelque 
escart,  Mém.  de  Dug.  ch.  32.  Us  sont  allez  la  placer 
sur  un  rochier  à  l'escart,  emmy  des  ronces,  mont. 

I,  (76.  X  l'escart  lui  estant  venu  encore  un  roy,  il 
fit  son  reste,  d'adb.  Fœn.  iv,  to.  X  la  veue  de  quoi 
trois  autres  compagnies  qui  dévoient  armer  la  queue 
du  Prince,  prirent  l'escart,  lo.  ib.  m,  273.  Ni  d'un 
pré  l'oisiveté.  Ni  l'escart  [solitude]  d'un  rivage.  Ne 
nous  met  à  sauveté  De  l'amoureux  servage,  tyer, 
p.  675. 

—  ÉTYil.  Voy.  écarter;  ital.  jcorfo,  écart  aux 
cartes. 

f  2.  ÉCART  (é-kar;  le  (  ne  se  lie  pas),  ».  m. Terme 
de  blason.  Quart  d'un  écu  partagé  en  quatre  par- 
ties. Les  armes  principales  de  la  maison  se  mettent 
au  I"  et  au  4'  écart,  c'est-à-dire  à  ceux  de  la  partie 
supérieure  de  l'écu  ;  on  place  aux  deux  autres  les 
armes  des  alliances  et  de  la  ligne  mat'?rnelle.  Inventa 
tous  ces  noms  de  cimier  et  d'écart,  boil.  Sat.  v. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  quart  (voy. 
écarteler). 

t  ÊCARTABLE  (é-kar-ta-bl') ,  adj.  Qui  peut  ou 
qui  doit  être  écarté.  Avoir  un  jeu  écartable.  Cette 
carte  est-elle  écartable?  ||  Terme  de  fauconnerie. 
Faucon  écartable,  faucon  qui  a  la  coutume  de 
monter  en  essor  quand  le  chaud  le  presse. 

t.  ÉCARTÉ,  ÉE  (é-kar-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  à  l'écart.  Les  cartes  éciirtées.  Bien  écarté. 
Il  2°  Séparé,  éloigné.  Les  doigts  écartés.  Horace  les 
voyant  l'un  et  l'autre  écartés,  cobn.  Hor.  iv,  2. 
Cependant  trouvez  bon  qu'en  ces  extrémités  Je  tâche 
à  rassembler  nos  Parthes  écartés,  id.  Itodog.  m,  2. 
Préparez-vous,  madame,  à  voir  de  tous  côtés  Voler 
vers  vous  les  cœurs  par  Thésée  écartés,  rac.  Phèd. 

II,  I.  Et  quoiqu'après  sa  mort  l'un  de  l'autre  écar- 
tés. Nous  avons  su  toujours  nous  aimer  et  nous 
taire,  m.  Baj.  i,  4.  Il  rencontra  vers  les  plaines  de 
Sennaar  l'armée  persane  qui  allait  combattre  l'ar- 
mée indienne;  il  s'adressa  d'abord  à  un  soldat  qu'il 
trouva  écarté,  volt.  Babouc.  ||  Terme  d'entomologie. 
Pattes  écartées,  pattes  éloignées  les  unes  des  autres 
à  leur  base.  ||  3°  I.solé,  retiré.  Une  maison  écartée. 
Parmi  la  foule  d'un  grand  peuple  fort  actif  et  plus 
soigneux  de  ses  propres  affaires  que  curieux  de  celles 
d'autrui,  j'ai  pu  vivre  aussi  solitaire  et  retiré  que 
dans  les  déserts  les  plus  écartés,  dbsc.  Hélh.  m,  7. 
Mais  bientôt  elle  a  pris  des  chemins  écartés,  rac. 
Bril.  V,  8.  Elle-même  a  choisi  cet  endroit  écarté, 
ID.  Baj.  1,  I.  Regagnez  l'Hellespont  et  ces  bords 
écartés  Oii  vos  aïeux  errants  jadis  furent  jetés,  iv. 


ÉCA 

Esth.n\,  t.  Dans  un  endroit  écarté  de  l'île,  pén.  Tél. 
VI.  Il  4°  Mis  à  l'écart,  non  choisi.  Candidat  écarté. 
2.  ÉCARTÉ  (é-kar-té),  s.  m.  Jeu  de  cartes  qui, 
analogue  à  la  triomphe,  se  jouo  à  deux,  et  dans 
lequel  on  écarte.  Une  partie  d'écarté.  Si  tu  n'as  que 
dix  ans  à  vivre,  il  faut  les  passer  gaiement;  je  te 
défle  à  l'écarté,  scribe,  Xaurice,  nouvelle,  §  viii, 

—  ÊTYM.  Écarté  4. 

ÉCARTELÉ,  ÉE  (é-kar-te-lé,  lée),  part,  passé. 
Il  1°  Déchiré  en  quatre  quartiers.  Êcartelé  par  ordre 
de  la  justice.  112°  Terme  de  blason.  Êcu  êcartelé, 
écu  partagé  en  quatre  par  une  ligne  horizontale  et 
une  perpendiculaire.  Êcartelé  d'azur  et  d'argent. 

ÉCARTÈLEMENT  (é-kar-tè-le-man),  s.  m.  ||  1°  Ac- 
tion d'écarteler.  L'écartèlement  était  un  supplice 
atroce.  ||  2°  Terme  de  blason.  Partage  des  armoiries 
en  quatre  parties. 

—  ÉTYM.  Écartehr. 

ÉCARTELER  (é-kar-te-Ié.  La  syllabe  te  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
j'écartèle  ,  j'écartèlerai)  ,  v.  o.  ||  1°  Mettre  en  quatre 
quartiers,  faire  tirer  par  quatre  chevaux  un  con- 
damné. Â  quatre-vingt-quatre  ans,  il  [CarvajalJ  fut 
êcartelé,  sans  montrer  aucun  remords  du  passé, 
sans  montrer  aucune  inquiétude  sur  l'avenir,  ray- 
t>\L,  Hist.  phil.  VII,  8.  Il  2°  Concasser,  en  parlant  des 
grains  de  blé.  La  farine  vient  si  grossière  qu'elle  est 
encore  en  masse  avec  le  son;  le  blé  n'est  qu'écarlelé, 
Dict.  des  arts  et  met.  Amsterd.  4  707,  Meunier. 
Il  3°Terme  de  blason.  Partager  l'écu  en  quatre.  Ëcar- 
teler  un  écusson.  Ce  serait  ici  le  lieu  d'expliquer  mon 
nom  et  mes  armes,  et  comment,  avec  un  nom  que 
je  ne  porte  point,  et  la  moitié  des  armes  que  j'é- 
cartèle, c'était  [de  la  part  de  Louvroy]  prétendre  en 
effet  être  de  ma  maison,  st-sim.  <94,  94.  Vous  ver- 
rez ces  gens-là  [les  parvenus]  armorier  leurs  équi- 
pages, écarteler  leurs  écussons,  p.  l.  cour,  ii,  308. 
Il  Absolument.  Il  écartèle  de  telles  et  telles  armes. 

—  HIST.  XII'  s.  En  la  fin  son  hiaume  escartele  Au 
chevalier  mes  sire  Yvains ,  Chevalier  au  Lyon, 
V.  860.  Bernier  feri  [il  frappa  Bernier]  sor  son  es- 
cut  devant,  En  deux  moitiés  li  esquartele  et  fent, 
Raoul  de  C.  272.  ||  xiii'  s.  Et  après  il  fit  cerquier  le 
[la]  teste  du  mort,  et  trouva  le  test  esquartele  en 
tele  manière  que  ce  ne  peust  estre  fet  d'espée,  beaum. 
Lxix,  18.  Par  le  gré  du  roy  il  esquartela  ses  armes, 
qui  sont  vermeilles,  aus  autres  de  France,  pource- 
que  11  roys  l'avoit  fait  chevalier,  joinv.  269.  i|  xv*  s. 
Si  vous  voulez  faire  une  chose....  c'est  que  vous 
veuilliez  encharger  les  armes  de  France  et  equar- 
teler  d'Angleterre,  et  vous  appeler  roi  de  France, 
FROiss.  I,  I,  95.  Tant  avoit  fait  d'armes,  que  son 
heaulme  luy  cheoit  escartele  sur  ses  espaules,  Per- 
ceforest,  t.  v,  f°  88. 

—  ÉTYM.  Wallon,  ^d/eîer.-provenç.  esquartelar; 
portug.  esquartelar,  esquartajar ;  ilal.  squartare; 
du  latin  ex,  et  quarlellus,  diminutif  de  quartus, 
quart.  Écarteler,  (iest  proprement  partager  en  qua- 
tre. On  remarquera  l'exactitude  de  l'italien  qui,  écri- 
vantscarfare,  écarter,  de  carta,  carte,  écritigwor- 
tare,  de  quartus,  quart. 

ÉCARTELURE  (  é-kar-te-lu-r' ),  s.  f.  Terme  de 
blason.  Division  de  l'écu  en  quatre  parties.  Pour  les 
armes,  ils  [les  Chabots]  ont  toujours  conservé  leurs 
chabots  en  écartelure,  st-sim.  I60,  202. 

—  HIST.  xv  s.  Faulx  homme,  plain  de  venin, 
digne  de  mort  et  d'esquartelure,  G.  ciiastel.  Exp. 
sur  la  vér.  mal  prise. 

—  ÉTYM.  Écarteler. 

ÊCARTEMENT(é-kar-te-man), s.m.  Action  d'écar- 
ter, de  séparer;  état  de  ce  qui  est  écarté.  L'écarte- 
ment  des  doigts.  ||  Disjonction  de  ce  qui  devrait 
être  joint.  L'écartement  des  ais  de  cette  porte  laisse 
entrer  un  vent  coulis.  ||  Terme  de  monnaie.  État  du 
bouton  de  métal  qui,  dans  l'essai  de  la  coupelle, 
s'écarte  et  se  fend,  parce  qu'il  n'a  pas  eu  assez  de 
chaleur. 

—  ÉTYM.  Écarter. 

ÉCARTER  (é-kar-té) ,  v.  a.  \\  1°  Terme  de  jeu. 
Mettre  à  part,  rejeter  des  cartes  dont  on  ne  veut 
pas  se  servir.  Notre  homme  écarte  et  ses  as  et  ses 
rois,  LA  FONT.  Coupe.  J'en  avais  écarté  la  dame  avec 
le  roi,  MOL.  Fâcheux,  n,  2.  ||  Absolument.  Bien 
écarter.  Mal  écarter.  Les  joueurs  n'ont  pas  mal 
écarté,  et  la  rentrée  a  fait  gagner  la  partie,  volt. 
Leit.  Frusse,  60.  ||  2°  Par  extension,  séparer. 
Ecarter  les  jarabts,  les  bras.  Il  écarta  tout  dou- 
cement le  feuillage  et  aperçut  la  jeune  tille.  Écarter 
un  rideau.  D'un  souflle  l'aquilon  écarte  les  nuages. 
RAC.  Ësth.  m,  3.  N*'*  arrive  avec  grand  bruit,  il 
écarte  le  monde,  se  fait  faire  place....  la  bruy.  viii. 
Il  8"  Eloigner.  On  l'écarta  du  lit  de  sa  mère  mou- 
rante. Ou  écarta  tous  les  témoins.   La  fureur  des 


ÉCA 

eaux  Presque  aux  yeux  de  l'Épi  re  écarta  nos  vais- 
seaux, bac.  Andr.  1,  4.  Et  ma  jeunesse  même  écarte 
loin  de  moi  Tous  ceux  qui  dans  le  cœur  me  réser- 
vent leur  foi,  m.  Brit.  i,  *.  Mais  ce  lien  du  sang 
qui  nous  joignait  tous  deux.  Écartait  Claudius  d'un 
lit  incestueux,  id.  16.  iv,  2.  Ici  tout  vous  retient, 
et  moi  tout  m'en  écarte,  m.  Milhr.iu,  t.  Laissez- 
moi  de  l'autel  écarter  une  mère,  m.  Iphig.  i,  5.  Sa 
douleur  profonde  M'ordonne  toutefois  d'écarter  tout 
le  monde,  m.  Phèd.  I,  2.  Malgré  ce  même  exil  qui 
va  les  écarter,  m.  ih.  iv,  6.  Les  sénateurs  et  les 
prêtres  allèrent  se  jeter  à  ses  pieds  pour  le  conjurer 
d'avoir  pitié  de  la  ville  et  d'obtenir  une  capitulation 
de  Sylla;  il  les  écarta  à  coups  de  traits,  et  les 
chassa  de  sa  présence,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  X,  p.  147,  dans  POUGENS.  Ecartons-les  [les  en- 
nemis] de  nos  frontières;  qu'ils  soient  obligés  par 
la  terreur  de  nos  armes  de  nous  demander  la  paix, 
vertot,  Hév.  rom.  v,  p.  36.  Eurycli-s,  écoulez  : 
écartez  la  victime,  volt.  Mérope,  m,  4.  ||  Fig. 
J'écarte  de  vos  jours  un  péril  manifeste,  rac.  Baj. 
II,  1.  Ces  lois  qui  de  la  terre  écartant  les  misères.... 
VOLT.  Zaïre,  i,  i.  La  nouvelle  York  [New-York] 
fut  administrée  par  les  lieutenants  du  prince  avec 
assez  d'adresse  pour  écarter  de  leur  personne  l'in- 
dignation des  colons,  raynal,  Hist.  phil.  xvii,  25. 
Elle  pouvait  écarter  la  réHexion,  et  non  se  sou- 
straire à  la  souffrance ,  genlis,  Mlle  de  Clermont, 
p.  171,  dans  POUGENS.  ||  Écarter  quelqu'un,  le 
mettre  à  l'écart,  l'éloigner  des  postes  qu'il  pourrait 
occuper.  ||  4°  Faire  faire  un  écart,  un  détour,  dé- 
tourner. Écarter  quelqu'un  de  la  bonne  voie.  ||  5°  An- 
ciennement, divertir,  s'approprier,  en  parlant  d'ar- 
gent  Il  avoit  connaissance  de  certains  arrêts 

qui  condamnaient  à  mort  les  comptables  qui  écar- 
taient les  deniers  du  roi,  l'Art  de  plumer  la  poule 
sans  crier,  x*  avanture,  p.  H  2,1 13,  dans  franc.  Mi- 
chel, argoI.||  S'Ecarter  le  plomb,  se  dit  d'un  fusil 
qui  n'est  pas  juste,  qui  ne  lance  pas  son  plomb 
bien  serré.  ||  Absolument.  Ce  fusil  écarte.  ||  Popu- 
lairement. Écarter  la  dragée,  cracher,  en  parlant, 
au  visage  de  ceux  avec  qui  on  est.  Ensuite  une 
vieille  carogne,  qui  écartait  la  dragée,  prit  la  pa- 
role, Rec.  de  pièces  com.  dans  leboux,  Dict.  comi- 
que. Il  7°  S'écarter,  v.  réfl.  Être  mis  dans  l'écart. 
Les  as  s'écartent  quelquefois.  |{  Présenter  un  écarle- 
ment.  Ses  doigts  s'écartèrent,  et  la  pomme  tomba. 
La  foule  s'écarte  pour  lui  laisser  passage.  ||  S'éloi- 
gner. S'écarter  du  bon  chemin.  La  poussière  qu'on 
jette  sur  une  pirouette  pendant  qu'elle  tourne  s'en 
écarte  aussitôt,  desc.  Monde,  xi.  Et  plus  de  votre 
cœur  il  [Dieu]  paraît  s'écarter.  Plus  par  vos  actions 
songez  à  l'arrêter,  boil.  Épit.  xii.  Quand  je  suis 
seul,  je  fais  au  plus  brave  un  défi;  Je  m'écarte,  je 
vais  détrôner  le  sofi;  On  m'élit  roi,  mon  peuple 
m'aime,  la  font.  Fabl.  vu ,  to.  Selon  qu'il  vous  me- 
nace ou  bien  qu'il  vous  caresse,  La  cour  autour  de 
vous  ou  s'écarte  ou  s'empresse,  rac.  Brit.  iv,  i. 
Mais  ne  t'écarte  point,  prends  un  guide  fidèle,  id. 
Iphig.  I,  1.  Loin  de  l'aspect  des  rois  qu'il  s'écarte, 
qu'il  fuie,  id.  Fsth.  m,  \.  Ceux  qui  veillaient  sur 
vous  se  sont  tous  écartés,  volt.  Soph.  n,  ).  La 
chèvre  aime  à  s'écarter  dans  les  solitudes,  à  grim- 
per sur  les  lieux  escaroés....  buff.  C/ièïre.  ||  Écar- 
tez-vous, éloignez-vous.  Ne  vous  écartez  pas,  ne  vous 
éloignez  pas.  Ne  vous  écartez  pas,  vous  n'aurez  pas 
la  peine  de  revenir  de  loin;  et  vous  aussi,  Nanette; 
j'ai  à  vous  parler  à  toutes  deux,  dancoubt.  Prix  de 
l'arquebuse,  se.  2.  J'entends  du  bruit,  la  fête  vient 
à  nous;  écartez-vous  un  moment  et  revenez,  la- 
MOTTE,  Minutolo,  se.  44.  Qu'aucun  d'eux  ne  s'é- 
carte, volt.  Orphel.  11,  7.  ||  Fig.  Il  s'écarta  des  en- 
seignements qu'il  avait  reçus.  Je  suivrai  la  raison 
dont  vous  vous  écartez,  du  ryer,  Scévole,v,  6.  Les 
examinateurs  s'étant  voulu  écarter  un  peu  de  cette 
méthode,  pasc.  Prov.  3.  Jamais  de  la  nature  il  ne 
faut  s'écarter,  boil.  Art  p.  m.  On  n'y  arrive  [à  la 
raison]  que  par  un  ohemin ,  et  on  s'en  écarte  par 
mille,  LA  BRUY.  XI. 

—  HIST.  XVI"  s.  Mener  vie  solitaire  es  lieux  escar- 
tez  de  la  compagnie  des  hommes,  amïot,  Num.  6. 
Les  sergents  faisans  escarter  la  presse  meirent  la 
main  sur  luy  pour  l'emmener,  id.  Publ.  il.  Les 
Tlioscans  s'effroyerent  tellement,  que  la  pluspart  se 
desroba  du  camp  et  s'escarta  çà  et  là,  id.  16.  16. 
Des  façons  escartées  [en  dehors  de  l'usage]  et  parti- 
culières, mont.  I,  120.  La  baleine  le  suit  sans  cesse; 
et  si  de  fortune  elle  l'escarte  [le  perd],  elle  va  er- 
rant çà  et  là,  ID.  II,  (9*.  Les  mers,  les  isles  escar- 
tées [lointaines],  id.  ii,  282.  J'ai  plus  de  soing  de 
la  santé  quand  elle  me  rit,  que  quand  je  lay  escar- 
tée,  ID.  IV,  07.  S'il  est  trouvé  que  quelqu'un  ait  es- 
carté  ou  caché  les  siennes  [armes],  il  sera  pendu  et 


ECC 


1267 


estranglé,  carl.  vin,  fi.  Assemblez  ils  [les  loupsj 
vont  assaillir  quelques  haras  de  chevaux,  et,  s'ils 
peuvent,  les  font  esquarter,  afin  de  se  saisir  de  quel- 
qu'un des  poullains  pour  l'estrangler  et  manger, 
fouilloux,  Véner.iii,  dansLACURNE. 

—  ÉTYM.  Génev.  s'escarter;  ital.  scartnre,  faire 
un  écart  aux  cartes;  angl.  dis-card,  écarter  aux 
cartes;  de  es....  préfixe,  et  carte.  C'est  de  l'écart 
aux  cartes  que  tous  les  sens  d'écarter  sont  prove- 
nus. Il  y  a  dil  avoir  grande  tendance  à  confondre 
escarter  et  esquarter  (dont  on  a  du  moins  esquar- 
teler);  aussi  trouve-t-on  l'orthographe  esquarter. 

t  ÉCARTEDR  (é-kar-teur) ,  s.  m.  Dans  les  com- 
bats de  taureaux,  celui  qui  provoque  l'animal.  L'é- 
carteur  reçut  un  coup  de  corne  dans  la  poitrine. 

ÉCARTILLEMENT,  s.    m.  ÉCARTILLER,  V.  a. 

Voy.   ÉCARQUlLLEMENT,    ÉCARQUILLER. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  le  bas-latin  quar- 
tillare,  mettre  par  quartiers;  le  même  (|ue  écarteler. 

f  ÉCARVER  (é-kar-vé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Joindre  ensemble  deux  pièces  de  bois  ou  deux  bor- 
dages  entaillés. 

—  ÉTYM.  Probablement  le  préfixe^...,  et  car'ielle, 
sorte  de  clou. 

f  ÉCATIR  (é-ka-tir),  «.  a.  Donner  aux  draps  un 
apprêt,  un  lustre. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  cod'r. 

f  ÉCATISSAGE  (é-ka-ti-sa-j'),  s.  m.  Action  d'é- 
catir  les  draps. 

—  ÉTYM.  Écatir. 

fÉCATlSSEUR  (é-ka-ti-seur),  j.  m.  Ouvrier  chargé 
de  l'écatissage. 

—  ÉTYM.  Écatir. 

t  ÉCATOIR  (é-ka-toir),  s.  m.  Ciselet  dont  le  four- 
bisseur  se  sert  pour  sertir  les  pièces  séparées  d'une 
garde  d'épée  et  les  faire  tenir  dans  la  monture. 

t  ÊCAUDE  (é-kô-d'l,  s.  f.  Nom  donné  en  Nor- 
mandie à  de  petits  bateaux  très-étroits  servant  à 
parcourir  les  fossés,  les  petits  cours  d'eau.  Les  habi- 
tants payaient  des  redevances  pour  le  droit  d'avoir 
écaude  ou  bateau,  afin  de  pêcher  ou  d'aller  couper 
quelques  joncs  sur  ces  mar.iis,  robin,  Il ém.  sur  les 
marais  de  Cléiille  (Calvados),  )78| ,  p.  22. 

t  ÉCAUDÉ,  ÉE  (é-kô  dé,  dée),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  n'a  pas  de  queue,  qui  a  perdu  la  queje, 
qui  a  une  queue  très-courte.  |{  S.  m.  plur.  Les  écau- 
dés,  reptiles  batraciens. 

—  ÉTYM.  Lat.  e,  sans,  et  cauda,  queue. 

t  ÉCAVESSADE  (é-ka-vé-sa-d'),  s.  ^.  Terme  de 
manège.  Action  de  secouer  le  cavesson,  pour  rendre 
un  cheval  docile.  Mot  vieilli. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  careçon. 

f  ECRASE  (è-kba-z'),  s.  f.  Terme  de  rhétorique. 
Synonyme  de  digression. 

—  ÉTYM.  'ExSadiç,  sortie,  de  ix,  hors,  et  pot- 
vEiv,  aller. 

t  ECEOLIQUE  (è-kbo-li-k'),  adj.  Terme  de  méde- 
cine. Qui  détermine  l'expulsion,  i'avortement. 

—  ÉTYM.  'Ex6oX:^,  expulsion,  de  ix,  hors,  et 
pâHeiv,  jeter. 

t  ECCATUARTIQUE  (è-kka-tar-ti-k'),  adj.  Terme 
de  médecine.  Synonyme  de  catliariique. 

—  ÉTYM.  'Ex,  hors,  et  cathartique. 

ECCE  HOMO  (è-ksé-o-mo),  s.  m.  ||  1»  Tableau, 
statue  représentant  Jésus-Christ  couronné  d'épines. 
Il  2°  Fig.  Homme  pâle  et  maigre.  C'est  un  véritable 
ecce  homo. 

—  ÉTYM.  Lat.  ecce,  voici,  et  homo,  l'homme; 
ce  sont  les  mots  prononcés  par  Pilate  en  présen- 
tant Jésus-Christ  au  peuple. 

t  ECCÉITÉ  (è-ksé-i-té),  s.  f.  Terme  de  scolastique. 
Ce  qui  indique  la  qualité  d'être  présent,  comme 
si  cette  qualité  pouvait  exister  sans  l'objet.  De  là  ces 
entités,  cesquiddités,  ceseccéités  et  toutes  les  bar- 
baries de  l'école,  volt.  Dialogues,  xxiv,  2. 

—  ÉTYM.  Lat.  ecce,  voilà. 

ECCHYMOSE  (è-kki-mô-z') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Tache  livide,  noirâtre  ou  jaunitre,  formée 
par  le  sang  eitravasé  dans  le  tissu  lamineux  sot;*- 
cutané. 

—  HIST.  xvi"  s.  Par  contusion  se  fait  souvente. 
fois  une  ecchymose,  c'est  à  dire  effusion  de  sang 
sous  le  cuir  musculeux,  avec  coagulation  dudit 
sang,  sansplayes,  fahé,  viii,  b. 

—  ÉTYM.  'Exy/JiJLWiiK;,  de  ix,  hors,  et  xvnis ,  hu- 
meur (voy.  CHYME.) 

t  ECCHYMOSE,  ÉE  (è-kki-mû-zé,  zée),  part. 
passé.  Un  œil  ecchymose. 

fECCUYMOSER  (é-kki-mô-zé),  ».  o.  Terme  do 
médecine.  Produire  une  ecchymose.  Des  tissus  peu- 
vent être  ecchymoses  par  des  coups.  ||  S'ecchymoser, 
ti.  réft.  Être  afiéctô  d'ecchymose,  le  membre  trop 
serré  s'ecchymosa. 


I 


1268 


Ȍ 


—  ÉTYM.  Ecchymose. 

f  ECCHYMOTIQUE  (è-kki-mo-ti-k') ,  adj.  Terme 
Ao  médecine.  Oui  est  de  la  nature  de  l'ecchymose. 

—  F.TYM.  'Ex/uttoiTixo;,  de  cx/.'jp.m(ji;, ecchymose. 
t  ECCI-ÉSIAliQL'E  (è-k!é-zi-ar-k'),   s.  m.  Espèce 

de  sacristain  d;ins  l'ancienne  église  grecque. 

—  ÉTYM.  'ExxXrjdia,  église,  et  ipy.eiv,  com- 
manJer. 

ECCLÉSIASTE  (È-klé-zi-a-st') ,  s.  m.  Nom  de  l'un 
des  livres  sapientiaux  de  l'Ancien  Testament,  attri- 
bué à  Salomon.  |{  L'auteur  de  ce  livre.  L'Ecclésiaste  , 
après  avoir  commencé  son  divin  ouvrage  par  les  pa- 
roles que  j'ai  récitées,  après  en  avoir  rempli  toutes 
les  pages  du  mépris  des  choses  humaines,  veut 
enfin  montrer  à  l'homme  quelque  chose  de  plus 
solide,  et  conclut  tout  son  discours  en  lui  disant  : 
Crains  Dieu  et  garde  ses  commandements,  boss. 
Duch.  (fOri.  ||Au  sens  propre,  prédicateur.  Dans 
une  lettre  qu'il  écrivait  aux  évêques,  qu'on  appe- 
lait, disait-il,  faussement  ainsi,  il  [Luther]  prit  le 
titre  d'ecclésiaste  ou  de  prédicateur  de  Vitemberg, 
que  personne  ne  lui  avait  donné,  boss.  Var.  i,  §  27. 

—  ETYM.  'Exx).Tiaioi<JTr,;,  de  ixxXïiTia,  assemblée 
(voy.  Eglise):  mot  à  mot,  le  prédicateur. 

BCCI.ÉSIASTIQUE  (è-klé-zi-a-sti-k"),  adj.  ||  1°  Qui 
appartient  à  l'église,  au  clergé.  L'ordre  ecclésias- 
tique, liiens  ecclésiastiques.  Auteur  ecclésiastique. 
Il  Ecoles  ecclésiastiques,  écoles  destinées  à  former  des 
sujets  pour  le  sacerdoce.  ||  Lettres  ecclésiastiques, 
«'est  dit,  au  moyen  âge,  des  lettres  onciales.  ||  Cet 
adjectif  se  met  après  le  substantif:  les  personnes  ec- 
clésiastiques, les  censures  ecclésiastiques.  \\i°S.m. 
Celui  qui  est  attaché  à  l'Eglise,  prêtre.  Un  respec- 
table ecclésiastique.  ||  3°  Un  des  livres  sapientiaux  de 
l'Ancien  Testnment,  composé  par  Jésus,  fils  de  Sirach, 
et  regardé  comme  apocryphe  par  les  protestants. 

—  IlIST.  XVI*  s.  Les  pairs  ecclésiastiques,  nonob- 
stant leur  profession ,  estoient  tenus  d'assister  nos 
roys  en  leurs  guerres,  non  seulement  de  leurs  amis 
et  serviteurs,  mais  de  leur  personne  aussi,  mont.  I, 
332. 

—  ÉTYM.  Lat.  ecclesia.Uicus ,  de  ecclesia  (voy. 
ÉGLISE).  Dans  les  anciens  textes  on  ne  trouve  que 
fcc'.esial  (lois  eclesiaus.  Th.  le  mart.  7B)  et  ecle- 
»ias(e  (personnes  eclesiastes,  Ass.  de  Jérus.  I,  30). 

ECCLÊS1ASTIQUE.MENT  (è  klé-zi-a-sti-ke-man) , 
adv.  En  ecclésiiistique.  Vivre  ecclésiastiquement. 

—  ÉTYM.  Ecclésiastique,  et  le  suffixe  ment. 

t  ECCOPÉ  (è-kko-pé) ,  s.  f.  l»erme  de  chirurgie. 
Division  faite  à  une  partie  quelconque  par  un  in- 
strument tranchant  qui  a  agi  dans  une  direction 
oblique  à  la  surface,  sans  occasionner  une  perte  de 
substance. 

—  ÉTYM.  'Exxcijti^,  de  ix,  et  xôtiteiv,  couper. 
KCCOPROTIQUE  (è-kko-pro-ti-k'),  adj.  Terme  de 

médecine.  Qui  purge  doucement,  laxatif.  ||  S.  m.  Les 
eccoprotiques. 

—  ÉTYW.  'ExxoTtpwTixèî,  de  ix,  hors,  etxôitpos, 
ordure,  excrément. 

ECCRINOLOGIE  (è-kkri-no-lo-jie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Partie  de  la  médecine  qui  traite  des  ex- 
crétions. Il  Tris-peu  usité. 

—  ÉTYM.  'ExxpivEiv,  sécréter,  et  Xôyo;,  discours 
(voy.  logique) ;  èxxpiveiv,  de  ix,  hors,  et  xpivEw, 
séparer  (voy.  cuise). 

t  ECDÉ.UIQUE  (è-kdé-mi-k'),  adj".  Terme  de  mé- 
decine. Maladie  ecdémique,  maladie  qui  tient  à  des 
causes  étrangères  aux  localités  et  qui  n'attaque  pas 
les  masses,  par  opposition  à  endémique  et  épidé- 
mique.  Aujourd'hui,  dans  l'Occident,  la  lèpre,  quand 
elle  s'y  voit,  est  ecdémique. 

—  ÉTYM.  'Ex,  hors,  et  ÔTino;,  peuple. 

t  ÉCEPPER  (é-sé-pé),  v.  a.  Arracher  le  cep. 

—  HlST.  xvi's.  Il  jura  Dieu  et  la  digne  puissance, 
que  de  leurs  vignes  il  n'i  demourroit  cep,  branche, 
ne  racine  qui  ne  fut  coppée  ou  esceppée,  tant  que 
jamais  ne  porteroit  substance,  menard,  Ilist.  de 
B.  du  Guescl.  p.  4G9,  dans  lacubnb 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  cep. 
ÉCERVELÊ,  ÉE(é-sèr-ve-lé,  lée).  ||  1°  Adj.  Qui  est 

sans  cervelle,  sans  prudence.  C'est  une  tête  éoerve- 
lée.  Il  a»  S.  m.  et  f.  Des  écervelés.  Amour,  dit  la 
sœur  de  Psyché,  me  voilà  venue  ;  notre  étourdie 
de  cadette  m'a  assurée  que  tu  voulais  m'épouser.... 
je  me  doutais  bien  que  tu  la  répudierais  pour  l'a- 
mour de  moi;  car  c'est  une  écervelée,  la  font. 
Ptyché,  II,  p.  iBi.  Oui?  cet  écervelé  [Alexandre] 
qui  mit  l'Asie  en  cendre?  boil.  Sat.viii.  Je  ne  lai 
jamais  vu,  mais  on  m'en  a  parlé  Comme  d'un  petit 
fat  et  d'un  écervelé,  begnabd,  Ois(r.  i,  4. 

—  HIST.  xui»  s.  Et  une  piere  des  engiens  à  ceous 
[ceuxjdedens  li  cheï  [tomba]  sour  la  tieste,  et  fu  tous 
esciervelés,  et  fu  portés  au  tref  [à  la  tente]  le  roi, 


ECU 

Chr.  de  Itains,  i't.  \\  w  s.  Lui-mesme  se  fiappa 
d'un  pot  d'cstain  plusieurs  coups  en  la  teste,  tant 
qu'il  s'escorvela  et  en  mourut,  monstr.  I,  ((4. 

—  ÉTYM.  1;  pour  Ci....  préfixe,  et  cervelle.  Es- 
cerveler  veut  dire  au  propre  faire  sortir  la  cervelle 
hors  de  la  tête  brisée. 

ÉCUAFAUD  (écha-fô;  le  d  ne  se  lie  pas:  un  é- 
cha-fô  élevé;  au  pluriel,  l'j  se  lie:  des  é-cha-fô-z 
élevés),  t.  m.  ||  1°  Assemblage  de  pièces  de  bois  for- 
mant un  plancher  élevé  sur  lequel  travaillent  les 
ouvriers  en  bâtiment.  ||  Fig.  Si  chaque  jour  ajoute 
à  l'immensité  des  sciences,  chaque  jour  les  rend 
plus  faciles,  les  méthodes  se  multiplient  avec  les 
découvertes,  l'échafaud  s'élève  avec  l'édifice,  tur- 
GOT,  2*  Disc,  en  Sorbonne.  Les  pièces  justificatives 
sont  l'échafaud  avec  lequel  on  bltit,  mais  l'échafaud 
ne  doit  plus  paraître  quand  on  a  construit  l'édifice, 
VOLT.  Lett.  Schomalof,  i4  nov.  (761.  ||  a-  Estrade 
de  laquelle  on  voit  un  cortège,  une  cérémonie.  Si 
l'on  attend  une  entrée,  il  a  sa  place  sur  un  écha- 
faud,  LA  BBUY.  VII.  Les  échafauds  étaient  déjà  dres- 
sés tout  autour,  et  déjà  les  personnes  les  plus  cu- 
rieuses commençaient  à  s'y  placer,  lesage.  Diable 
boiteux,  ch.  viii.  ||  Par  extension  et  plaisanterie, 
l'estrade  sur  laquelle  jouent  les  comédiens.  Je  con- 
clus donc,  et  je  conclus  bien  qu'il  faut  faire  impri- 
mer sa  drogue  [une  pièce]  ;  ensuite  les  comédiens 
donnent  notre  orviétan  sur  leur  échafaud,  s'ils 
le  veulent  ou  s'ils  peuvent,  volt.  Lett.  Cliabanon, 
22  déc.  t766.  Il  S"  Plancher  élevé  pour  l'exposi- 
tion ou  l'exécution  des  criminels.  C'est  une  nature 
perverse,  il  finira  sur  l'échafaud.  Je  demande  sa 
mort....  Non  pas  au  lit  d'honneur,  mais  sur  un  écha- 
faud, CORN.  Cid,  IV,  B.  Adieu,  sur  l'échafaud  por- 
tez le  cœur  d'un  prince,  botrou,  Yencesl.  v,  4.  Le 
crime  fait  la  honte  et  non  pas  l'échafaud,  th.  cobn. 
Essex,  IV,  5.  Dans  trois  jours  nous  verrons  le  phé- 
nix des  guerriers  Laisser  sur  l'échafaud  sa  tête  et 
ses  lauriers,  hoil.  Sat.  xi.  Ces  disciples  ont  aban- 
donné Jésus-Christ  pendant  sa  vie....  et  ils  le  con- 
fesseront sur  les  échafauds  après  sa  mort,  mass. 
Hyst.  Ue'surrect.  Au  pied  de  l'échafaud  j'essaie  en- 
cor  ma  lyre,  a.  ciiémer,  27I.  J'ai  cru  voir  dans 
un  songe  horrible  Un  échafaud  dressé  pour  moi, 
BÉRANG.  M.  Stuart.  (I  4"  Terme  de  marine.  Grand 
treillis  de  bois  sur  lequel  on  fait  sécher  la  morue  à 
Terre-Neuve.  Beaucoup  de  marins  disent  chafaud. 

—  HIST.  XIII*  s.  Genius,  sans  plus  terme  mètre. 
S'est  lors,  por  miex  [mieux]  lire  la  leire.  Selon  les 
faiz  devant  contés,  Sor  un  giant  e«chafaut  montés, 
la  Rose,  t9784.  Je  aloie  en  la  chapelle  le  roy,  et 
trouvai  le  roy  qui  estoit  monté  en  Teschafaut  au  re- 
liques, et  fesoit  aporler  la  vraie  croiz  aval,  joinv. 
299.  Ou  chafaut  que  l'on  ot  establi,  m.  303.  ||  xv*s. 
Et  avoit,  sur  l'un  des  lez  des  lices,  faits  grands  es- 
charfaulx,  pour  les  seigneurs  voir  la  bataille  des 
deux  champions,  fboiss.  11,  m,  49.  Tous  les  jeunes 
et  nouveaux  chevaliers  [seoient]  dessous  [le  roi]  sur 
bas  eschafauds  couverts  de  draps  d'or,  m.  11,  11,  74. 
Il  xvi*  s.  Il  monta  à  un  echafaut  du  cinquième  estage 
pour  voir  travailler  ses  ou^rie^s,  d'aub.  l't'e,  cxlvi. 
A  combien  de  sortes  d'esprits  doit  satisfaire  celui 
qui  expose  son  talent  sur  un  eschaffaut  si  élevé,  où 
il  a  pour  spectateurs  l'univers,  autant  de  juges  que 
de  lecteurs,  ID.  llist.  préf.  3.  [Elisabeth]  fut  me- 
née de  la  prison  au  palais  et  de  l'eschafl'aut  au 
throsne,  lo.  Ilist.  I,  <8.  Les  poètes  tragiques,  du 
chafaultoù  ils  jouoient  leurs  tragédies,  espandirent 
plusieurs  paroles  injurieuses  contre  luy,  amvot, 
Thésée,  ts.  Qui  feit  monter  Néron  sur  l'échafaud 
avec  une  masque  sur  le  visage  et  des  brodequins 
aux  jambes,  ne  furent-ce  pas  les  louanges  des  flat- 
teurs? in.  Comment  discerner,  etc.  24.  Quand  je  voy 
ung  François  escripre  en  grec  ou  en  latin,  il  me 
semble  que  je  voy  ung  masson  vestu  des  habits  de 
philosophe  ou  de  roy  qui  \eult  reciter  une  farce  sur 
les  chaufaux  de  la  bazoche,  tiiory,  Champfteury , 
dansJAUBEBT,  Gloss. 

—  ÉTYM.  Saintong.  chafaud;  Berry,  châfaud, 
chaiifaud;  en  certaines  parties  de  la  Bourgogne, 
chafaud,  grenier  à  foin;  provenç.  cadafalc;  anc. 
catal.  cadafal;  espagn.  cadalso;  portug.  cadafaiso; 
ital.  catafalco;  bas-lat.  scafaldus,  scadafallum; 
angl.  s<a([ol.  La  série  des  formes  conduit  à  un  ra- 
dical fait  ou  fald,  conjoint  à  un  préfixe  qui,  bien 
que  trè.s-alléré ,  laisse  voir  cado  ou  cata;  c'est  donc 
le  même  que  catafalque. 

ÉCHAFAUDAGE  (é-cha-fô-da-j'),  s.  m.  ||  l'Ac- 
tion d'établir  les  échafauds  nécessaires  à  un  travail 
de  b.ltiment.  ||  L'assemblage  de  ces  échafauds.  Un 
échafaudage  en  planches,  en  bois  de  charpente, 
lia-  Fig.  Préparatifs,  préparation.  Tout  cet  écha- 
faudage fut  en  pure  perle.  ||  Raisonnements  cap- 


ECH 

tieux,  vain  étalage.  Un  échafaudage  de  maximo  s 
pompeuses.  Lisez,  dans  nos  grands  romans,  les  con  • 
versations  amoureuses  ;  c'est  un  échafaudage  d  0 
sentiments  hors  de  nature,  la  harpe,  Cour*  de  lif- 
ter, t.  vu,  p.  194,  dans  polgens. 

—  ÉTYM.  Échafauder.  On  trouve  eehafaudis  dan  s 
Monstrelet,  i,  46. 

ÉCHAFAUDÊ,  ÉE  (é-cha-fô-dé,  dée),  part.  pcuU 
Une  doctrine  mal  tchafaudée. 

ÉCHAFAUDER  (é-cha-fô-dé).  ||  1*  F.  n.  Faire  un 
échafaudage  pour  travailler  à  un  bâtiment,  A  une 
décoration.  Ils  ont  été  longtemps  à  échafauder.  |{  Il 
se  conjugue  avec  l'auxiliaire  acoir;  les  maçons  on* 
échafaudé.  ||  a*  V.  a.  Fig.  Préparer  une  œuvre.  J'ou 
bliais  de  vous  dire  que  le  paresseux  Linant  écha 
faude  son  Sabinus,  volt.  Lett.  en  vert  et  en  prose, 
28.  j]  3°  Terme  d'ancienne  législation.  Faire  monter, 
par  sentence  du  juge,  un  criminel  sur  un  échafaud 
et  l'y  exposer.  |{  4"  S'échafauder,  ti.  réfl.  Préparer 
l'échafaudage  sur  lequel  on  veut  s'élever,  l'estrade 
sur  laquelle  on  veut  paraître.  Les  maçons  s'écha- 
faudèrent  à  la  hâte.  Ces  charlatans  furent  longs  à 
s'échafauder.  115°  Fig.  S'élever,  s'aider,  se  créer  des 
appuis.  Il  faut  achever  de  suite  ceux  [les  échelons] 
dont  Vaudemont  s'échafauda,  pour  voir  le  tout  d'une 
même  vue,  st-sim.  (78,  (30.  Albergoti  savait  s'é- 
chafauder et  aller  de  l'un  à  l'autre,  ID.  466,  (68. 
Il  Être  échafaudé,  être  soutenu  comme  par  un  écha- 
faud. Savoir  si  le  développement  des  organes  pulmo- 
naires correspond  au  développement  de  la  région 
thoracique;  base  sur  laquelle  s'échafaudent  toutes 
les  conséquences  physiologiques.  Comptes  rendus, 
Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  B09. 

—  IllST.  XIII*  s.  La  charretée  de  cloies  [claies] 
à  eschaufauder  doit  un  denier  de  tonlieu,  Liv.  des 
met.  32.1.  Il  xv*  s.  Dieu  sait  comment  j'eschaffaul- 
doie.  Et  à  la  fois  j'entrelardoie  En  parlant  de  sa 
drapperie.  Patelin,  42(.  ||xvi*  s.  Sur  quoy  les  car- 
dinaux françois  et  l'ambassadeur  du  roy  ne  failli- 
rent de  chatfauder  et  baslir  des  remonstrances  à  un 
chacun  à  part,  m.  du  bell.  (8i.  Celui  qui  est  trouvé 
avoir  fait  un  faux  témoignage,  suborné  des  témoms, 
ou  avoir  fait  un  faux  serment,  sera  puni  par  estre 
escliafaudé  et  marqué  à  l'une  des  joues  avec  une 
clef  brûlante,  Nouveau  coustum.  géiiér.  t.  i,  p.  605. 
Ils  n'avoient  pas  seulement  l'art  d'eschaflaulder, 
n'y  sçachanis  aultre  fine'^se  que  de  haulser  autant 
de  terre  contre  leur  bastiment,  comme  il  s'esleve, 
pour  l'oster  aprez,  mont,  iv,  20. 

—  ÉTYM.  Échafaud;  Beny,  chdfauder,  chaufau- 
der;  saintong.  chafauder. 

ÉCHA  LAS  (é-cha-ia  ;  l'sse  lie  :  un  é-cha-lâ-z  aigu), 
s.  m.  Il  1°  Hilton  de  longueur  variable  auquel  on  at- 
tat^e  un  cep  de  vigne.  Botte  d'échalas.  Les  rois  boi- 
ront. Tous  en  rond;  Les  lauriers  serviront  D'écha- 
las à  nos  vignes,  bérano.  Grande  orgie.  \\  Fig.  C'est 
un  vraiéchalas,  se  dit  de  quelqu'un  qui  est  maigre 
et  mince.  (La  Chaise,  capitaine  de  la  Porte]  C'était 
un  grand  échalas,  prodigieux  en  hauteur,  st-sim. 
50,  85.  Il  Se  tenir  droit  comme  un  échalas,  affecter 
de  se  tenir  fort  droit.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
il  a  avalé  un  échalas.  ||  a*  Bâton  de  frêne  propre 
à  faire  une  raquette.  ||  3°  Se  dit  des  tringles  pour 
treillage. 

—  HIST.  XIII*  s.  Eschalaz,  bren  [son],  fuerre, 
tuile,  ne  doivent  point  de  chaucie,  Liv.  des  met. 
278.  Lance  [il]  portoit  bêle  à  mesure.  Qui  fu  fête 
d'un  escalas.  Fabliaux  mss.  n''76(5,  t.  11,  f°<92, 
dans  lacubne.  ||  xiv*  s.  Pour  ce  que  en  icelles  vignes 
failloit  mettre  et  employer  lors  environ  dix  javelles 
d'eschalas,  du  cange,  cîc/iaia(;i'i«.  ||  xv*  s.  Six  jar- 
bes  d'escalas  ou  escharsons,  in.  16.  Eschalassons  ou 
basions  à  ploieret  soustenir  vigne,  m.  ib.  ||  xvi's.  On 
les  [les  vignes]  supporte  avec  paisseaux,  eschallals, 
charniers,  diversement  nommés  selon  les  endroits, 

0.   DE   SERRES,    (78. 

—  ÉTYM.  Berry,  charasson,  charisson,  charnier; 
picard,  écarais;  piémont.  scaras ;  l>as-lat.  eschara, 
scaratus,  scaritio;  du  bas-latin  carratium,  écha- 
las (avec  prothèse  de  es),  du  grec  x"P»îi  P'eu. 

ÉCHA  LASSÉ,  ÉE  (é-cha-la-sé,  sée),  part,  passé. 
Muni  d'échalas.  Vignes  échalassées. 

ÉCUALASSEMENT  (é-cha-la-se-ma  a) ,  s.  m.  Ac- 
tion d'échalasser  la  vigne. 

—  ÉTYM.  Échalasser. 

ËCHALASSER  (é-cha-la-sé),  v.  a.  Garnir  la  vigoe 
d'échalas. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  notoire  différence  qu'il  y  t 
entre  les  vignes  échalassées  à  celles  qui  sont  portéo.' 
par  les  arbres,  o.  de  serres,  (66. 

—  ÉTYM.  Échalas. 

ËCIIALIEK  (é-cha-lié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,   i'j  se  lie  :   des  é-cha-lié-z  élevés],  *.  m 


ÈCH 

Il  !•  Petite  échelle  placée  contre  une  haie  el  servant 
à  passer  par-dessus.  ||  2°  Clôture  faite  de  branches 
d'arbre,  pour  fermer  aux  bestiaux  l'entrée  d'un 
champ. 

—  iiIST.  XIV'  s L'une  part  du  pont  fondi  Par 

ne  sai  quele  mescheance,  En  tel  sens  que  li  rois  de 
France  Vint  à  l'yauve  sans  eschaliers,  g.  guiart, 
ms.  ^  60,  dans  lacibne.  ||  xvi-  s.  Il  se  chausse,  il 
s'habille,  et  fut  aussitost  prest  qu'un  chien  auroit 
sauté  un  eschalier,  despbr.  dans  le  Dicl.  de  dochez. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  escalier. 

t  ÊCUALIS  (é-cha-li),  s.  m.  Terme  rural.  Passage 
''■-dessus  d'une  haie  sèclie. 

—  ÊTYM.    Yoy.  ÉCHALIER. 

ÉCHALOTE  (é-cha-Io-f),  s.  f.  \\  1»  Plante  pota- 
gère, de  la  famille  des  asphodélées,  du  genre  ail, 
cultivée  pour  ses  bulbes  employées  comme  assaison- 
nement dans  l'économie  domestique  {allium  asca- 
lonicum,  L.),  et  pour  ses  feuilles  qu'on  mange  de 
diverses  façons.  Une  sauce  aux  échalotes.  ||  Échalote 
d'Espagne,  un  des  noms  vulgaires  ûeValliximscoro- 
doprason,  (lit  aussi  rocambole.  ||  2°Nom  donné  quel- 
quefois à  la  languette  de  certains  instruments  de 
musique. 

—  HiST.  xin*  s.  Services  sans  eûr  ne  vaut  une 
escalone,  Alixandre,  p.  4)3.  Tuit  cil  qui  sont  de- 
hors Paris,  et  vendent  à  Paris  auz,  oingnons,  poi- 
raus,  civos,  naveaus  ou  eschaloingnes,  doivent  chas- 
cun  quatre  deniers  por  la  porée  le  roy,  Liv.  des 
mM.  334.  Il  XVI"  s.  C'est  des  feuilles  qu'on  tire  la 
principale  commodité  des  eschalotes,  les  mangeans 
crues  en  salades,  et  cuites  en  plusieurs  viandes  où 
elles  sient  très  bien,  dont  elles  portent  aussi  le  nom 
d'appetils,  o.  ke  serres,  bI5. 

—  ÉTYM.  Lat.  ascalnnia,  de  Ascaln,  ville  de  Phé- 
ricie,  d'où  on  apporta  cette  plante.  Eschalote  est 
une  altération  de  escalone,  forme  ancienne  du  mot. 

t  ÉCHAMPEAC  (6-chan-pô),  s.  m.  Terme  de  po- 
che. Extrémité  où  l'on  attache  l'hameçon  aux  lignes 
qui  servent  à  la  poche  de  la  morue. 
]  t  ÊCHAMPELÉ,  ÉE  (é-chan-pe-lé,  lée),  adj. 
Terme  rural.  Qui  n'a  pas  formé  de  boutons  avant 
les  chaleurs,  en  parlant  de  la  vigne. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  En  Bourgogne,  on 
dit  que  les  vignes  sont  champelées ,  quand  elles  gè- 
lent l'hiver  avant  la  végétation. 

P.CUAMPIR  (é-chan-pir),  v.  a.  Terme  de  pein- 
ture. Imiter  le  relief,  faire  sortir  du  champ  du  ta- 
bleau, par  des  teintes  appropriées. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  champ. 
ÉCHANCRÉ,  ÉE  (é-chan-kré,  krée),  part,  passé. 

Un  corsage  bien  échancré,  corsage  dont  le  tour  du 
cou  est  coupé  comme  il  faut.  Des  manches  échan- 
crées.  La  chasuble  n'était  point  échancrée  à  l'endftit 
des  épaules  comme  à  présent,  fén.  t.  xxi,  p.  I07. 
Il  Qui  offre  une  entaille  naturelle  ressemblant  à 
une  échancrure.  Feuilles  échancrées.  Pétales  échan- 
crés. 

ÉCHANCRER  (é-chan-kré),  v.  a.  Tailler,  évider 
de  l'éloffe,  du  cuir  ou  du  bois  en  forme  de  crois- 
sant. Il  Par  extension.  Le  temps,  qui  toujours  mar- 
che, avait  pendant  deux  nuits  Échancré,  selon 
l'ordinaire.  De  l'astre  au  front  d'argent  la  face  cir- 
culaire, LA  FONT.  Fabl.  XI,  0.  Il  S'échancrer,  v.  réfl. 
Être  échancré.  Le  rivage  s'échancrait  en  cet  en- 
droit. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  chancre  .-enta- 
mer comme  fait  un  chancre.  On  trouve  chancrer  dans 
Ronsard,  948  :  La  robe  estoit  de  pourpre  meonine. 
Perse  en  couleur,  chancrée  à  la  poitrine. 

ÉCHANCRURE  (é-chan-kru-r'),  s.  f.  Coupure  en 
forme  de  croissant,  de  demi-cercle.  ||  Une  échancrure 
de  manche,  ce  qu'on  enlève  à  la  manche,  en  haut 
du  côté  qui  se  trouve  monté  au  devant  du  corsage, 
pour  que  la  manche  ne  fasse  pas  de  plis.  ||  Terme 
de  géologie.  Empiétement  en  forme  d'arc  de  la  mer 
sur  les  côtes.  Il  paraît  par  les  échancrures  de  toutes 
les  terres  que  l'Océan  baigne,  que  les  deux  hémi- 
sphères ont  perdu  plus  de  20UU  lieues  de  terrain, 
VOLT.  Mœurs,  changements.  \\  Il  se  dit  aussi  d'une 
trouée  à  travers  les  montagnes.  ||  Terme  de  botani- 
que et  d'anatomie.  Entaille  naturelle  occupant  le 
sommet  ou  la  base  d'une  feuille  ou  de  toute  autre 
surface  plane,  et  n'atteignant  jamais  la  moitié  de 
son  étendue. 

—  ilIST.  XVI*  s.  L'eschancreure  où  passe  le  talon, 

PARÉ,   XIII,  27. 

—  ÉTYM.  Échancrer. 

t  ÉCUANDOLE  (é-chan-do-1') ,  s.  f.  Petit  ais  de 
morrain  dont  on  couvre  les  maisons  en  certains  lieux. 

—  HlST.  rvi'  s.  Eschandole,  nicot. 

—  ÉTYM.  Bas-Iat.  scandola,  scanâula,  de  scin- 
(luln,  ais,  de  scindere,  fendre. 


fîcn 

ÉCHANGE  (é-chan-j'),  s.  m.  \\  1°  Cliangement 
d'une  personne,  d'une  chose  contre  une  autre.  Le 
roi  Henri  IV  fit  un  échange  de  la  Bresse  contre  le 
marquisat  de  Saluées.  Vous  en  fîtes  l'échange,  et, 
prenant  Martian,  Vous  laissâtes  pour  fils  ce  prince 
à  ce  tyran,  corn.  lUracl.  II,  \.  Mais  quitter  l'un 
pour  l'autre  est  un  échange  heureux,  m.  Tnis.  d'or, 
IV,  t.  Parce  que  pour  échange  on  veut  avoir  mon 
cœur,  ID.  rhéod.  i,  t.  Vous  feriez  un  échange  et 
non  pas  une  perte,  rotbou,  Vencesl.  ii,  i.  Mentor 
conseilla  à  Idoménée  de  faire  avec  les  Peucètes, 
peuple  voisin,  un  échange  de  toutes  les  choses  su- 
perflues qu'on  ne  voulait  pas  souffrir  dans  Salente, 
avec  ces  troupeaux  qui  manquaient  aux  Salenlins, 
FÉN.  Te'i.  XIII.  Il  L'échange  des  prisonniers,  opéra- 
tion, entre  deux  puissances  belligérantes,  qui  con- 
siste à  rendre  les  prisonniers  qu'on  a  faits  pour 
ceux  que  l'ennemi  a  faits.  Cartel  d'échange.  Il  en- 
voie à  Décie  en  proposer  l'échange  [de  Sévère  pri- 
sonnier], CORN.  Poly.  I,  4.  Il  Terme  de  jurisprudence. 
Contrat  par  lequel  les  parties  se  transmettent  re.s- 
pectivement  une  chose  autre  qu'une  somme  d'ar- 
gent. Il  2°  Terme  d'économie  politique.  Change- 
ment réciproque  do  choses  entre  deux  personnes 
qui  y  consentent  librement  toutes  deux.  L'échange 
des  services.  L'échange  des  produits.  L'échange  est 
une  transaction  amiable  dans  laquelle  les  deux 
contractants  gagnent  toujours  tous  deux,  OE  tracy, 
Traité  de  la  volonté  et  de  ses  effets,  ch.  i.  La  so- 
ciété est  purement  et  uniquement  une  série  conti- 
nuelle d'échanges,  m.  ib.  ||  Commerce  d'échange, 
commerce  qui  se  fait  sans  argent  et  par  le  seul 
échange  des  marchandises.  Aux  échanges  l'homme 
s'exerce;  Mais  l'impôt  barre  le  chemin,  bérang. 
Contreb.  Le  commerce  ne  donne  qu'en  proportion 
de  ce  qu'il  reçoit;  il  n'est  au  fond  qu'un  échange  de 
valeur  pour  valeur,  raynal,  Hisl.  phil.  xix,  to.  La 
monnaie  ne  sert  dans  les  échanges  que  comme  in- 
strument, J.  B.  SAY,  Cours,  1840,  t.  I,  p.  338. 
Lorsqu'on  vend  son  blé  ou  son  vin,  ce  n'est  pas 
pour  consommer  l'argent  qu'on  en  tire;  c'est  pour 
l'employer  à  l'achat  des  objets  dont  on  aura  besoin  ; 
dans  la  réalité,  on  échange  ce  qu'on  vend  contre 
ce  que  l'on  achète....  les  conséquences  de  la  théorie 
des  échanges  se  résolvent  en  des  trocs  que  l'on  fait 
des  produits  entre  eux....  id.  ib.  t.  i,  p.  339.  L'oeu- 
vre du  génie  n'est  pas  un  fonds,  mais  un  produit, 
ce  qui  est  tout  différent;  la  communication  n'est 
pas  une  récolte,  c'est  le  fait  môme  de  l'échange, 
ce  que  les  jurisconsultes  appellent  tradition,  les 
gens  de  commerce  livraison,  proijohon.  Les  majo- 
rais littéraires,  part,  i,  §  7.  ||  Libre  échange,  théo- 
rie qui  soutient  que  les  communications  commer- 
ciales entre  les  peuples  doivent  être  aiïranchies 
des  prohibitions  et  des  impôts  élevés;  prali(iue  de 
cette  théorie.  ||  3°  Communication,  envoi  récipro- 
que. Un  échange  de  courriers.  Échange  de  pouvoirs 
qui  se  fait  entre  plénipotentiaires.  Il  y  eut  là-dessus 
un  échange  de  notes  diplomatiques.  L'échange  des 
ratifications  de  ce  traité  est  fait.  Et  je  ne  songe 
point  que  tu  me  répondras;  Pour  être  proposés, 
ces  illustres  échanges  Veulent  être  signés  d'un  nom 
que  je  n'ai  pas,  a.  de  musset.  Poésies  nouv.  Lett. 
à  Lamartine.  ||  Fig.  Un  échange  de  bons  offices,- 
d'injures.  1|  4°  En  échange  de,  au  lieu  de,  à  la  place 
de.  Il  m'a  donné  son  cœur  en  échange  du  mien, 
ECARRON,  Don  Japhel,  iv,  I.  Ah!  prenez  en  échange 
une  vie  agitée.  Que  loin  du  sol  natal  l'orage  a 
transplantée,  delav.  Paria,  i,  t.  ||  5»  Ancienne- 
ment, échanges,  droits  de  lods  et  ventes  des  biens 
échangés  contre  des  rentes,  ou  d'héritages  contre 
héritages,  suivant  les  déclarations  des  20  mars  t873 
et  février  (674.  ||  Druits  seigneuriaux  et  féodaux 
faisant  partie  des  petits  domaines.  ||  6°  Action  de 
faire  disparaître  le  grain  du  papier.  ||  Terme  d'horlo- 
gerie. Roue  ou  pignon  d'échange,  roue  ou  pignon 
qui  sert  à  changer  la  direction  d'un  mouvement. 

—  REM.  Échange  a  été  fait  quelquefois  féminin 
au  commencement  du  xvii"  siècle.  Autrement  il 
aurait  pensé  faire  une  échange,  et  non  pas  un  plai- 
sir, MALH.  le  Traité  des  bienf.  de  Sénèque,  ii,  3i. 

—  HIST.  XI"  s.  Deus  I  se  jel  pert,  jà  n'en  aurai  es- 
cange,  Ch.  de  Roi.  lxv.  ||  xiu"  s.  Si  li  requist  qu'il 
li  donast,  en  eschange  de  celé  terre,  le  royaume  de 
Salenique,  ville»,  cxii.  Convenence  d'escange  doit 
estre  tele  que  cascune  partie  doit  garantir  à  toz  jors 
ce  qu'il  baille,  beaum.  xixiv,  10.  ||  xvi"  s.  11  accorda 
que  l'on  eschangeroit  les  prisonniers  en  rendant 
homme  pour  homme....  quand  l'eschange  eut  esté 
ainsi  fait....  amyot,  Fab.  (9.  Le  contre  eschange 
qu'ilz  fisrent  entre  eulx  fut  tel:  Cîesar  abandonna 

Ciceron,  ».  Cic.  &8 Que  la  France  enyvrée  Soit 

grosse  d'un  beau  printemps.  D'un  printemps  qui 


KCII 


1269 


tousjours  dure,  Et  qui  surmonte  l'injure  Et  les  es- 
changes  des  temps,  r.  belleau,  Berger.  S'  s,  dans 

lacurne. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  change;  ital. 

■tcambio. 

ÉCHANGÉ,  ÉE  (ô-chan -je,  jée^,  part,  passé. 
Il  1°  Donné,  remis  pour  quelqu'un  ou  quelque  chose. 
Des  prisonniers  échangés.  Une  terre  échangée  pour 
une  m.nison.  ||  Fig.  De  bons  offices  échangés  entre 
eux.  Il  2°  Transmis  par  communication  réciproque. 
Des  pouvoirs  échangés  par  des  ambassadeurs.  Les 
ratifications  échangées.  Quelques  mots  échangés 
rapidement. 

t  ÉCHANGEABÎHTÊ  (é-chan-ja-bi-li-té),  s.  f. 
Qualité  de  ce  qui  est  siLsceptible  d'échange. 

—  ÉTYM.   Échangeable. 

ÉCHANGEARLE  (é-chan-ja-bl'),  adj.  Qui  peut 
être  échangé.  Un  prisonnier  de  guerre  échangeable 
contre  un  autre.  ||  Qui  est  susceptible  d'entrer  dans 
le  commerce  d'échange.  Produits  échangeables.  Va- 
leurs échangeables. 

—  ÉTYM.  Échanger. 

t .  ÉCHANGER  (é-chan-jé.  Le  g  prend  un  e,  quand 
il  est  suivi  d'un  a  ou  d'un  o;  nous  échangeons;  j'é- 
changeais), u.  a.  Il  1°  Donner  et  recevoir  par  échange. 
Échanger  une  chose  pour  une  autre.  Ils  échangent 
le  sacrifice  pour  de  l'argent,  pasc.  Pror.  6.  Sans  si- 
monie, on  put  contre  un  bien  temporel  Ha'dimen* 
échanger  un  bien  spirituel,  boil.  Sat.  xii.  L'on  peut 
sans  effort  Échanger  la  tiare  avec  un  diadème,  oui- 
raud,  llachab.  Il,  «.  Mansfeld  eût  échangé  sans  un 
destin  fatal  Le  casque  du  guerrier  contre  un  ban- 
deau royal,  béni,  constant,  Walst.  iv,  6.  Oh!  qu'ils 
sont  loin  ces  jours  si  regrettésl  J'échangerais  ce 
qu'il  me  reste  à  vivre  Contre  un  des  mois  qu'ici  Dieu 
m'a  comptés,  bérang.  le  Grenier.  \\  Échanger  des 
prisonniers,  rendre  les  prisonniers  qu'on  a  contre 
ceux  qu'a  l'ennemi.  ||  2°  Se  communiquer,  se  re- 
mettre réciproquement.  Échanger  des  pouvoirs. 
Échanger  des  notes,  des  ratifications.  ||  Fig.  Échan- 
ger des  compliments,  des  injures,  des  coups  de  poing. 
Ils  échangèrent  à  voix  basse  des  demi-mots  avec 
leurs  collègues.  Échanger  un  sourire.  Enfants,  en 
rêve  on  dit  qu'avec  les  anges  Vous  échangez,  la  nuit, 
les  plus  doux  mots,  bérang.  Tombeaux  de  juillet. 
Il  Ces  vaisseaux  ont  échangé  quelques  coups  de  ca- 
non,  ils  se  son  t  la  ncé  quelques  boulets.  ||  3°  Soumettre 
le  papier  aux  manipulations  de  l'échange.  ||  Terme, 
de  draperie.  Placer  au  milieu  du  carton  les  plis  du 
drap  qui  étaient  sur  la  tranche.  ||  4"  V.  n.  Faire 
échange.  Dans  ces  temps  oil  l'Asie  échangeait  d'ar- 
mes et  de  mœurs  avec  l'Europe,  ciiateaub.  Génie, 
IV,  II,  8.  Le  pâtre  plaçait  ailleurs  d'autres  témoins 
de  cette  pastorale  astronomie;  il  échangeait  d'an- 
nales avec  le  firmament;  et,  de  même  qu'il  avait 
écrit  les  fastes  des  étoiles  parmi  ses  troupeaux,  il 
écrivait  les  fastes  de  ses  troupeaux  parmi  les  éloiles, 
m.  ib.  I,  IV,  3.  Il  Cet  emploi  ne  se  trouve  que  dans 
Chateaubriand ,  et  n'est  peut-être  pas  fort  sur. 
[|  5°  S'échanger,  v.  réfl.  Être  donné  par  échange. 
Ces  marchandises  s'échangent  facilement.  ||  Être 
donné  par  communication  réciproque.  Les  ratifica- 
tions s'échangèrent  bientôt.  ||  Fig.  Des  regards  me- 
naçants, des  gestes  de  défi  s'échangeaient  entre  eux. 

—  SYN.  échanger,  troquer.  L'échange  se  fait  de 
toute  espèce  de  marchandises  et  de  toutes  les  fa- 
çons. Au  contraire  le  troc  a  un  sens  restreint  et  se 
fait  proprement  de  choses  de  service,  de  meubles, 
d'elTets,  de  bijoux,  etc.  et  surtout  de  la  main  à  la 
main  ;  le  commerce  avec  les  sauvages  se  fait  par  troc. 

—  HIST.  XIII"  s.  Si  comme  se  je  vendoie  ou  don- 
noie  ou  escangoie  ou  enconvenençoie  aucune  coze  à 
plusieurs  personnes,  beau.m.  vi,  <7.  {|  xvi*  s.  11  ac- 
corda que  l'on  eschangeroit  les  prisonniers  en  ren- 
dant homme  pour  homme,  amyot,  Fab.  t9.  Cyrus 
lui  demanda  s'il  le  vouldroit  eschangerà  un  royaume, 
MONT.  I,  217.  Ses  rentes  et  domaines  se  sont  eschan- 
gez  en  pasquages  bien  maigres,  m.  i,  232.  s'ils  eus- 
sent peu  eschanger  leur  sagesse  avec  la  santé,  lu. 

II,   204. 

—  ÉTYM.  Échange;  provenç.  escambiar,  escan- 
jar;  ital.  scambiare. 

t  2.  ÉCHANGER  (é-chan-jé) ,  v.  a.  Laver  le  linge 
à  l'eau  pour  lui  enlever  tout  ce  qu'il  est  possible  de 
dissoudre  sans  le  secours  des  alcalis. 

ÉTYM.  Échanger  est  un  barbarisme,  mais  très- 
usuel  parmi  les  blanchisseuses  et  né  de  l'assimilation 
de  essanqer  (voy.  ce  mot),  qui  est  le  seul  correct. 

t  ÉCHÀNGEUR  (é-chan-jeur),  s.  m.  Celui  qui  fait 
des  échanges.  Comme  la  valeur  de  tous  les  objets 
d'échange  n'a  d'autre  mesure  que  le  besoin  et  la 
mesure  des  échangours,  il  est  évident  que,  dans 
l'Inde,    nos   marchandises   valent   très-peu    |pour 


■ 


1270 


ËCH 


nousj,  tandis  que  ceUes  que  nous  y  achetons  valent 
beaucoup  [pour  nous],  ratnal,  Hùt.  phil.  v,  38. 

—  ÉTYM.  Échanger  I. 

t  ÉCHANGISTE  té-chan-ji-sf),  s.  m.  Libre  échan- 
giste, celui  qui  est  partisan  du  libre  échange. 

—  ÉTYM.  Echanger. 

t  ÉaiANLATE  (é-chan-la-f),  s.  f.  Voy.  chan- 

lATE. 

ÉCHANSON  (é-chan-son),  s.  m,  \\  1°  Officier  dont 
les  fonctions  consistent  à  servir  à  boire  aux  rois  et 
»ux  princes.  Ganymède  est  l'échanson  de  Jupiter, 
fai  gagné  depuis  peu  le  premier  échanson,  thistan, 
Uariane,  n,  3.  ||  2°  Fig.  Toute  personne  qui  sert  à 
boire.  Je  serai  votre  échanson. 

—  msT.  xiii*  s.  11  aiment  miex  les  eschançons 
Et  les  kei  [cuisiniers]  et  les  bouteilliers,  Que  les 
chanters  ne  les  veilliers,  ruteb.  ii,  61.  ||  xiv  s.  Son 
eschançon  ala  lors  Guesclin  apeler,  Et  lui  ala  tan- 
tost  enjoindre  et  commander  Qu'il  face  du  bon  vin 
à  plenté  amener,  Guescl.  v.  20(24. 

—  ËTYM.  Espagn.  escanciano;  portug.  escancâo; 
du  germanique  :  anc.  haut-allem.  scencan,  versera 
boire,  scenco,  celui  qui  verse  à  boire;  bas-lat.  scan- 
cio,  scanlio,  dans  la  Loi  Salique;  allem.  moil.  sclien- 
ken,  verser  à  boire. 

ÉCIIANSONNERIE  (é-chan-so-ne-rie) ,  s.  f.  Corps 
des  échansons.  {|  Un  des  communs  de  la  maison  du 
roi  où  se  faisait  la  distribution  du  vin. 

—  Hisr.  XIV»  s.  Et  commandons  aus  mestres  de 
nostre  hostel  qu'il  se  pregnent  garde  que  nosfre  es- 
chançonerie,  nostre  cuisine,  et  tous  autres  raestiers 
et  offices  de  nostre  hostel,  soient  si  bien  et  diligem- 
ment gardez,  que  nuls  périls  ne  puissent  avenir, 
Ordonn.  16  nov.  tSI8. 

—  ÉTYM.  Échanson,  comme  si  le  mot  échanson- 
nier  s'était  formé. 

fÉCHANT  (é-chan),  S.  m.  Terme  rural.  Inter- 
valle entre  deux  rangées  de  vigne  qu'on  ensemence 
ou  qu'on  plante. 

t  ÉCHANTIGNOLLE  (é-chan-ti-gno-l') ,  s.  f.  Nom 
donné  aux  deux  petites  pièces  de  bois  qui,  dans  un 
comble,  soutiennent  les  tasseaux. ||  Nom  donné  à  deux 
pièces  de  bois  réunies  aux  brancards  qui  servent  à 
soutenir  l'essieu  des  roues  de  devant.  ||  S.  f.  plur. 
Terme  de  marine.  Sorte  de  forts  taquets  qu'on  voit 
sous  les  flasques  de  l'afTùt  de  certaines  bouches  à  feu. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  une  dérivation  d'un  mot 
fictif  canlinu.1,  canliniolus,  qu'autorise  le  bas- 
latin  chantellus,  cantellus,  morceau  de  quelque 
chose  (TOy.  chantead). 

t  ÉCHANTIL  (é-clian-ti),  s.  m.  Mot  qui  s'est  dit 
autrefois  pour  étalon  de  mesure.  Mesures  ordinaire- 
ment échantillées  sur  la  matrice  de  bronze  qui  est 
au  Saint-Esprit....  pour  servir  d'étalonnement  et 
d'échar.tils  à  toutes  les  mesures,  Bail  Gautier, 
«  mars  I660. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  un  diminutif 
de  eant,  coin,  morceau  (voy.  champ  2). 

t  ÉCUANTILLER  (é-chan-ti-Ué),  v.  a.  Voy.  élUan- 
TILLONNER.  Par  le  sieur  Cartier,  un  nombre  suffisant 
d'aréomètres  ou  pèse-liqueurs,  par  lui  fabriqués, 
échantiUés  et  marqués  de  son  poiuçon,  Arrêt,  28 mars 
1 783 ,  Cour  des  Aides. 

—  HIST  XIII*  s.  Peuvent  et  doivent  tenir  et  avoir 
boisseaut  et  mesure  de  vinz  et  de  oile,  qui  doivent 
estre  escandilliez  à  la  mesure  du  seignour,  du  cange, 
escandilare. 

—  ÉTYM.  Échantil. 

ÉCHANTILLON  (é-chan -ti-llon,  Il  mouillées,  et 
noné-chan-ti-yon),  s.  m.  |{  1°  Petit  morceau  d'étoffe 
qu'on  coupe  d'une  pièce  pour  servir  de  montre  de 
toute  la  pièce.  ||  Petite  quantité  d'une  marchandise 
servant  de  montre.  Échantillon  de  blé,  de  vin.  On 
contait  qu'Arlequin,  l'autre  jour,  à  Paris,  portait 
une  grosse  pierre  sous  son  petit  manteau;  on  lui 
demandait  ce  qu'il  voulait  faire  de  cette  pierre;  il 
dit  que  c'était  un  échantillon  d'une  maison  qu'il 
voulait  vendre,  SÉv.  76.  {|  Kig.  Juger  do  la  pièce  par 
l'échantillon,  juger  d'une  chose  par  ce  qu'on  en 
montre.  ||  î°  Aperçu,  idée  d'une  chose.  Quelle  con- 
solation pour  eux  [mes  parents]  que  d'apprendre 
combien  je  suis  pourvue  richement;  et  si,  avant 
que  d'entrer  dans  la  tombe,  ils  voyaient  au  moins 
un  échantillon  des  douceurs  et  des  avantages  dont 
je  jouis  I  LA  FONT.  Psyché,  l,  p.  63.  Dont  ceux  [les 
prodiges]  de  Muise  n'étaient  que  les  échantillons, 
PAsc.  Juifi,  55.  Ce  n'est  qu'un  petit  échantillon  de 
sa  mauvaise  humeur,  mol.  iléd.  malgré  lui,  m, 3. 
Il  Donner  un  échantillon  de  >on  savoir-faire,  mon- 
trer ce  dont  on  est  capable.  ||  Fragments  de  passages 
détachés  d'un  ouvrage  et  propres  à  faire  juger  du 
reste.  ||  8°  Terme  d'architecture.  Dimensions  et  for- 
mes déterminées  par  les  règlements  pour  certaines 


ECU 

espèces  de  matériaux.  Brique,  tuile,  pavé,  bois  d'é- 
chantillon. Il  La  mesure  qui  sert  de  règle  pour  rendre 
égale  la  grandeur  de  toutes  ces  choses.  ||  i°  Terme 
de  marine.  Force  et  dimension  des  pièces  de  bois  qui 
servent  aux  constructions  navales.  Ce  bâtiment  est 
d'un  grand  échantillon, d'un  faible  échantillon,  c'est- 
à-dire  la  charpente  do  sa.muraille  a  beaucoup,  peu 
d'épaisseur.  Les  défauts  les  plus  essentiels  qui  se  trou- 
vent dans  tous  les  vaisseaux  bâtis  à  Toulon  dont  il 
est  fait  mention  dans  ce  devis,  consistant  en  ce 
qu'ils  ne  sont  pas  assez  forts  où  les  membres  se  joi- 
gnent et  qu'ils  ne  sont  pas  bâtis  de  bois  d'un  assez 
gros  échantillon  â  proportion  de  leur  grandeur, 
SEiGNELAY,  à  du  QuesHC ,  12  févr.  leso,  dans  jal. 
Il  5°  Terme  do  chevalier  de  l'arquebuse.  Marque 
qu'on  prend  pour  preuve  de  quelque  beau  coup  qu'on 
a  fait.  C'est  un  coup  à  prendre  échantillon.  ||  6°  Terme 
de  commerce.  Contre-partie  de  la  taille  sur  laquelle 
les  débitants  marquent  la  quantité  de  marchandise 
qu'ils  vendent  à  crédit.  1|  7°  Outil  d'horloger  pour 
égaliser  les  roues  de  rencontre.  ||  Outil  de  char- 
pentier et  de  menuisier  pour  donner  aux  pièces 
l'épaisseur  convenable.  ||  8°  Terme  de  fonderie  de 
canon.  Nom  d'une  planche  dans  laquelle  sont  en- 
taillées toutes  les  différentes  moulures  du  canon, 
Dict.  des  arts  et  met.  Amst.  1767,  fondeur  en 
bronze.  \\  Terme  de  construction.  Partie  des  ardoises 
non  recouverte  par  les  ardoises  superposées. 

—  HIST.  XIII'  s.  Se  li  noviaus  talemelier  [boulan- 
ger] pert  son  eschantillon  une  fois  ou  plusieurs  de- 
dans les  quatre  années  desus  dites,  il  devra,  à  chas- 
cune  fois  qu'il  le  perdra,  un  chapon  ou  xi  deniers 
por  le  chapon,  Liv.  des  met.  8.  ||  xiv  s.  Tant 
minèrent  adonc,  ce  sachiez  sans  faillir.  Que  par  des- 
soubs  les  murs  pueent  [peuvent]  bien  avenir;  Des- 
souz  le  fondement  font  la  terre  ravir,  X  forts  eschan- 
teillons  [solives]  la  firent  soustenir,  Guescl.  v.  4020. 
Il  IV*  s.  Tous  dis  [toujours]  en  cotiant  [côtoyant]  le 
bois.  Tant  alames  à  ceste  fois  Devant  nous  à  l'es- 
cantillon  [au  coin] ,  proiss.  Poésies  mss.  dans  la- 
CURNE.  Peut  bien  estre  que  ses  parents  l'eussent 
plus  hautement  mariée  et  ne  l'eussent  pas  baillée  au 
bonhomme,  se  ne  fnst  un  petit  eschantillon  qu'elle 
a  fait  en  sa  jeunesse,  je  ne  sçay  par  quelle  malad- 
venture,  qui  lui  advint  par  chaude  cotte,  dont  le  bon- 
homme n'avoit  rien  sceu,  les  Quinge  joies  du  ma- 
riage, p.  63,  dans  LACURNE.  Petit  musequin  éveillé. 
Preste  à  donner  l'eschantillon  X  quelque  grobis  es- 
maiUé,  Contrefaisant  l'esmeriUon ,  coquillart, 
Enquête  de  la  simple  et  de  la  rusée.  \\  xvi*  s.  Le 
marchand  qui  faict  montre  et  parement  du  plus 
riche  eschantillon  de  sa  marchandise,  mont,  iv, 
»17.  Semant  icy  un  mot,  icy  un  aultre  eschantillon 
deprins  de  leur  pièce,  id.  i,  376.  Après  tant  de  tra- 
vaux et  de  fatigues  [c'est  Alexandre  qui  parle  après 
sa  mort],  ne  me  contes  qu'un  chacun  fit  eschantil- 
lon de  mon  empire  à  son  profit,  pasquier.  Recher- 
ches, p.  «02,  dans  lacurne,  au  mot  croupe. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  ec/ianti;,- wallon, /lomion; 
espagn.  escanlillon. 

t  ÉCHANTILLONNAGE  (é-chan-ti-Uo-na-j' ,  Il 
mouillées,  et  non  é-chanti-yo-na-j'),  s.  m.  Action 
d'échantillonner,  de  disposer  par  échantillon.  L'é- 
chantillonnage du  fil. 

ÉCHANTILLONNÉ,  ÉE  (é-chan-ti-llo-né,  née, 
H  mouillées,  et  non  é-chan-ti-yo-né,  née),  part, 
passé.  Dont  on  a  coupé  un  échantillon.  Une  pièce 
échantillonnée.  ||  Disposé  par  échantillon.  Du  fil 
échantillonné.  ||  Rendu  conforme  à.  un  modèle.  Un 
poids  échantillonné. 

ÉCUANTU.LONNER  (é-chan-ti-llo-né  ,  et  non 
é-chan-ti-yo-né),  v.  a.  ||  1°  Terme  de  commerce. 
Couper  des  échantillons  d'une  pièce  d'étoffe.  ||  Dis- 
poser par  échantillon.  Échantillonner  du  fil.  Il  2° Con- 
fronter un  poids,  une  mesure,  etc.  avec  un  modèle. 
Les  poids  de  ce  trébuchet  ont  été  marqués  et  échan- 
tillonnés à  la  Monnaie.  ||  3»  Terme  de  corroyeur. 
Couper  les  issues  des  peaux.  ||  4°  S'échantillonner, 
V.  réfl.  Être  échantillonné.  Ces  poids  s'échantillon- 
nent à  la  Monnaie. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  lui  estoit  avis  que  son  drap 
n'eust  pas  esté  bien  employé,  s'il  n'en  eust  eschan- 
tiUonné  [enlevé]  quelque  lopin  et  caché  en  la  lietle 
ou  coffre,  desper.  Contes,  XLvm.  11  ne  se  trouve 
aucunes  pièces  jaulgées,  marquées  ny  eschantil- 
lonnées....  lesquels  jaulgeurs  auront  et  prendront 
pour  chacun  muid  12  deniers  tournois,  et  pour  cha- 
cun eschantillon  qu'ils  bailleront  aux  tonneliers 
6  sols,  Édit,  fév.  1690.  Ces  nations  eslrangeres  es- 
chantillonnerent  en  parcelles  Testât  de  Rome,  pas- 
quier, Recherdies,  p.  2l ,  dans  lacurne.  Circuit 
de  quatre  ou  cinq  armées  qui  lui  echantlllonnoient 
toujours  quelque  lopin  de  son  grand  et  pesant  corps 


ECH 

d'armée,  sully,  Mém.  1. 1,  p.  28»,  danj  lachine. 

—  ÉTYM.  Échantillon. 

t  ÊCHANVRER  (é-chan-vré) ,  v.  a.  Terme  rural. 
Enlever  les  plus  grosses  chènevottes  de  la  filasse. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  chanvre. 

t  ÉCHANVROIR  (é-chan-vroir) ,  s.  m.  Instrument 
pour  échanvrer. 

—  ÉTYM.  Échanvrer. 

t  ÉCHAPOTER  (é-cha-po-té),  v.  a.  Terme  de  po- 
tier. Enlever  les  parties  endommagées  de  la  porce- 
laine. 

—  ÉTYM.  É  pour  ei....  préfixe,  et  chapoter,  tail- 
lader. 

tÉCHAPOTIN  (é-cha-po-tin),  I.  m.  Instrument 
pour  échapoter. 

ÉCHAPPADE  (é-cha-pa-d'),  ».  f.  \\  1*  Terme  de 
gravure.  Coup  de  burin  fait  par  accident,  quand 
l'outil  échappe,  sur  une  partie  déjà  gravée.  ||  i°  Sé- 
paration verticale  ménagée  entre  des  poteries  qu'on 
fait  cuire  au  four.  Enfourner  en  échappade.  ||  8*  En 
échappade,  à  la  dérobée.  Allez,  laissez-nous  faire; 
nous  savons  bien  ce  qui  nous  va,  et  croyez  qu'une 
calèche  a  bien  ses  petits  avantages.  — •  Et  ces  avan- 
tages? —  D'abord,  les  regards  partent  en  échappade 
(c'est  son  mot);  le  haut  du  visage  est  dans  l'ombre; 
le  bas  en  paraît  plus  blanc...  dider.  Jdémoires,  etc. 
t.  m,  p.  66,  Lettre  124,  27  sept.  1789. 

—  ÉTYM.  Échapper. 

ÉCILAPPATOIRE  (é-cha-pa-toi-r'),  s.  f.  Excuse 
frivole,  subterfuge  pour  .s'échapper,  pour  sortir 
d'embarras.  Honorable  défaite  1  heureuse  échappa- 
toire I  Encores  derechef  me  la  fallut-il  boire,  Ré- 
gnier, Sat.  vni.  Expliquer  dune  manière  qui  lui 
laissât  quelque  échappatoire,  Boss.  Var.  4.  Si  nous 
les  pressons  de  nous  montrer  une  église  de  leur 
croyance,  toujours  visible,  ils  se  préparent  une 
échappatoire,  m.  ib.  16.  Mme  la  duchesse  se  mit  à 
appeler  Mme  de  Chartres  mignonne;  monsieur  le 
sut,  il  en  sentit  le  ridicule  et  l'échappatoire  de  l'ap- 
peler madame,  et  il  éclata,  st-sim.  24,  I6. 

—  HIST.  XV*  s.  Quant  au  second  point  [l'esclave 
chrétien  Uvré  au  Soudan],  Jacques  Cueur  dit  qii'il 
ne  savoit  ni  avoit  sceu  rien  de  son  eschappatoire 
[fuite]  ni  de  sa  reddition,  math,  de  couci,  llist.  de 
Charles  VU,  p.  692,  dans  lacurne.  Nenny,  il  soit 
à  mort  jugé;  Ce  n'est  rien  qu'un  eschapatore  [la  de- 
mande du  baptême].  Et  pourroit  faire  pis  encore 
Qu'oncques  ne  fist....  Hiit.  du  Théâtre  fr.  t.  il, 
p.  371 ,  dans  LACURNE.  Il  XVI*  s.  Ils  répliqueront  que 
....  qui  [ce  qui]  est  un  autre  eschapatoire  ramassé 
en  l'eschole  des  sophistes,  lequel  est  de  nulle  valeur, 
LANOUE,  76.  Ce  que  d'autres  objectent,  que....  est 
aussi  bien  une  évasion  eschappatoire,  calv.  Instit. 
l87o.  Si  elles  [les  plaies]  s'empirent  demain,  demain 
nous  y  pourvoirons  d'aultres  eschappatoires,  mont. 

IV,  276. 

—  ÉTYM.  Échapper,  avec  la  finale  aloire,  au 
lieu  de  ciré,  justifiée  par  le  bas-latin  ezcapatum, 
supin  de  excapare. 

t  ÉCHAPPE  (é-cha-p') ,  s.  f.  ||  1*  Terme  de  fau- 
connerie. Oiseau  d'échappé,  oiseau  qui  s'est  déve- 
loppé de  lui-même  et  sans  qu'on  ait  pris  aucun  soin 
pour  l'élever.  ||  Action  de  laisser  échapper  le  gibier 
qu'on  tient  en  main,  pour  lancer  sur  lui  l'oiseau  de 
proie.  Il  2°  ^u  plur.  Pièces  du  métier  à  galon.  ||  Quel- 
ques-uns font  ce  mot  masculin. 

—  ÉTYM.    Voy.    ÉCHAPPER. 

ÉCHAPPÉ,  ÉE  (é-cha-pé,  pée),  part,  passé. 
Il  1*  Soustrait  à....  par  la  retraite,  par  la  fuite. 
Échappé  de  la  prison.  Échappé  des  mains  des  en- 
nemis. Il  te  tarde  déjà  qu'échappé  de  mes  mains, 
Tu  ne  coures  me  perdre  et  me  vendre  aux  Romains, 
RAC.  ililhr.  m,  ).  Tel  d'un  coup  incertain  par  un 
prêtre  frappé.  Mugit  un  fier  taurcau.de  l'autel 
échappé,  DELiLLE,  En.  ii.  ||  Terme  de  fauconnerie. 
Gibier  échappé,  gibier  auquel  on  donne  l'échappe. 
Il  Un  cheval  échappé,  un  cheval  qui  s'est  débarrassé 
du  cavalier  ou  de  la  voiture,  et  qui  court  sans  per- 
sonne qui  le  guide  ;  et  fig.  un  jeune  homme  indo- 
cile, emporté.  ||  Substantivement.  Vous  couriez  par 
le  monde  comme  deséchappés,  volt. /)iaJ.  xxviii,  t. 
Il  Un  échappé  des  petites-maisons,  un  insensé,  jj  Un  : 
échappé  de  prison,  un  homme  mal  vêtu,  à  mine 
suspecte.  J'avais  plus  l'air  d'un  échappé  de  galères 
que  d'un  enfant  de  famille,  lf.sage,  Cuim.  d'Àlfar. 
II,  2.  Il  Proverbe.  N'est  pas  échappé  qui  traîne  son 
lien,  celui  qui  garde  le  souvenir  dune  p.ission  n'en 
est  point  encore  délivré.  ||  2°  Par  extension,  sauvit 
de....  Échappé  à  une  mort  imminente.  Lucrèce  était 
échappée  aux  blondins,  la  font.  Uandr.  Les  enfanU 
d'Israël,  lorsque,  échappés  de  la  mer  Rouge  et  tour- 
nant les  yeux  vers  ces  abîmes  d'eau....  mass.  Vrof, 
rel.  Serm.  1 .  Échappée  aux  périls  et  aux  orages  du 


ECU 


ËCH 


lîCH 


1271 


siècle  MASS.  Prof.  rel.  Serm.  t.  Avec  un  seul  guer- 
rier (ie  la  mort  échappée,  J'ai  [moi  Juliej  marché 
quelque  temps  dans  celle  lie  escarpée,  volt.  Triumv. 
n,  ♦.  Il  3°  Fig.  Oui  a  été  dit  ou  fait  sans  volonté  ou 
sans  conscience.  Des  paroles  échappées  è  la  colère. 
Aucun  gémissement  à  ton  coeur  échappé,  cobn. 
il.  dePomp.  II,  2.  N'envoyer  ni  désirs  vers  le  propre 
intérêt  Ni  regards  échappés  vers  le  propre  mérite, 
ID.  Imit.  II,  9.  Des  espérances  vagues,  quelques  pa- 
roles échappées  au  dépit,  nul  dessein  formé,  volt. 
Lett.  SchoHvalo[f,  22  nov.  1769,  ||4°  Terme  de  pein- 
ture. Jour  échappé,  voy.  échappée.  ||  5°  Terme  de 
manège.  Qui  est  engendré,  en  parlant  du  cheval, 
d'un  étalon  et  d'une  cavale  qui  sont  de  différentes 
races.  Un  cheval  échappé  de  normand.  ||  Substanti- 
vement. Un  échappé  de  barbe,  un  cheval  né  d'un 
étalon  de  race  barbe  et  d'une  jument  d'une  autre 
race.  ||  Fig.  et  familièrement,  Se  dit  d'un  homme 
qu'on  soupçonne  appartenir  à  telle  ou  telle  race. 
C'est  un  échappé  de  juif.  Les  fratricelles,  moines 
échappés  de  l'ordre  de  Saint-François,  saint-foix, 
Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  iv,  p.  344.  ||  Un  échappé 
d'Esope,  un  homme  contrefait,  bossu  par  devant  et 
par  derrière.  Regarde  Dorilas,  cet  échappé  d'Esope, 
Qu'on  ne  peut  discerner  qu'avec  un  microscope, 
Dont  le  corps  de  travers  et  l'esprit  plus  mal  fait 
D'un  Thersite  à  nos  yeux  retracent  le  portrait, 
Poète  anonyme  dans  ricbelet. 

ÉCHAPPÉE  (é-cha-pée) ,  s.  f.  ||  1»  Action  d'échap- 
per. Mme  Guyon  faisait  des  échappées  de  Paris  chez 
le  duc  de  Bourgogne,  et  y  faisait  des  instructions  à 
ces  dames  [de  Morlemart,  Morslein,  etc.],  st-sim. 
H  ,  <09.  Lions  nos  fortunes,  •(  voyageons  par  toute 
l'Espagne,  faisons  cette  petite  échappée;  elle  est 
pardonnable  à  deux  enfants  de  famille,  lesage,  JE'if. 
Gonzalei,  ch.  48.  ||  Fuite  de  bestiaux  qui  se  répan- 
dent dans  les  bois,  les  terres,  les  prés  mis  en  dé- 
fends. ||  Terme  de  chasse.  Chasser  l'échappée,  se 
dit  des  chiens  qui  sont  hors  de  la  piste  du  gibier. 
Il  2°  Fig.  Action  par  laquelle  on  s'échappe  en  quelque 
chose  d'imprudent,  d'irréfléchi,  d'insolite.  C'est  une 
échappée  de  jeune  homme.  Sans  lui  faire  faire  cette 
échappée,  corn.  Examen  de  Sert.  Sans  cette  petite 
échappée  dont  vous  vous  accusez  si  galamment, 
VOLT.  Lctt.  Dorât,  8  janv.  1767.  ||  3°  Espace  ménagé 
pour  le  tournant  des  voitures,  à  leur  entrée  dans 
une  cour,  dans  une  remise.  ||  Terme  d'architecture. 
L'espace  compris  entre  les  marches  d'un  escalier 
tournant  et  le  dessous  de  la  révolution  supérieure, 
entre  la  voûte  et  les  marches  d'un  escalier  de  cave. 
Il  Terme  de  marine.  Rétrécissement  sensible  dans 
les  façons  de  l'ar/ière  d'un  navjre.  ||  4°  Échappée 
de  vue,  vue  resserrée  entre  des  collines,  des  mai- 
sons. Je  craindrais  que  la  moindre  échappée  de 
Tue  n'fitât  beaucoup  d'agrément  à  cette  promenade, 
J.  J.  Rouss.  llél,  IV,  <).||Terme  de  peinture.  Vue 
éloignée,  lointain  dans  un  paysage  ou  dans  un  ta- 
bleau. ||  Échappée  de  lumière,  lumière  qu'on  sup- 
pose passer  entre  plusieurs  corps,  et  qui  éclaire  une 
partie  du  tableau.  ||  5°  Instant  de  beau  temps.  Pro- 
filons de  cette  échappée  de  beau  temps,  et,  abso- 
lument, de  cette  échappée.  ||  6°  Par  échappées,  loc. 
adv.  Par  intervalles,  i  la  dérobée.  Il  dit  de  bonnes 
choses  par  échappées.  Les  pauvres  gens  n'avaient  de 
leur  amour,  Encor  joui,  sinon  par  échappées,  la 
FONT.  Gag.  Il  X  l'échappée,  à  la  dérobée. 

—  ÉTYM.  Échappé. 

ÉCHAPPEMENT  (é-cha-pe-man),  s.  m.  ||  1°  Action 
d'échapper,  de  sortir  avec  violence.  L'échappement 
de  la  vapeur  d'une  locomotive.  Tuyau  d'échappe- 
ment. Il  2°  Terme  de  mécanique  et  d'horlogerie. 
Mécanisme  qui  sert  à  modérer,  à  régulariser  le 
mouvement,  et  qui  consiste  en  ce  que  le  balancier 
insère  un  petit  appendice  entre  les  dents  de  la 
dernière  roue,  de  manière  à  n'en  laisser  échapper 
qu'une  seule  à  chaque  oscillation.  Enfin  un  jour, 
au  milieu  de  la  classe,  dont  ses  distractions  l'empê- 
chaient souvent  de  suivre  les  travaux,  il  saisit  tout 
d'un  coup  le  mécanisme  de  l'échappement  [d'une 
horloge]  qu'il  cherchait  vainement  depuis  plusieurs 
mois,  coNDORCET,  Vaucanson.  Les  montres  à  gous- 
set, ainsi  que  les  pendules,  ont  deux  sortes  d'échap- 
pement, l'un  à  recul  et  l'autre  à  repos;  le  premier  est 
celui  qui  est  fait  à  roue  de  rencontre,....  le  deuxième 
est  aussi  nommé  échappement  à  cylindre;  il  a  été 
inventé  par  le  célèbre  Graham,  horloger  anglais  de 
ce  siècle  :  c'est  en  effet  un  véritable  cylindre  creux 
dans  son  milieu;  il  sert  de  tige  au  balancier  hori- 
zontal, Dict.  des  arts  et  met.  Amst.  <767.  Horloger. 
il  Échappement  libre,  ainsi  appelé  &  cause  de  sa 
disposition  qui  permet  au  balancier  de  parcourir 
librement  la  plus  grande  partie  de  son  oscillation 
sans  être  influencé  par  la  forcé   motrice,  toujours 


un  peu  inégale,  malgré  les  soins  qu'on  y  apporte. 
Tout  chronomètre  ou  garde-temps  a  un  échappe- 
ment libre,  LEGOARANT.  Il  3°  Terme  d'architecture. 
Échappée,  espace  entre  un  escalier  et  le  plafond. 

—  HIST.  xV  s.  En  icelle  année  fut  pratiqué  l'es- 
chappement  du  conte  de  Dampmartin,  lui  estant  en 
la  bastide  Sainf-Anthoine,  Us.  relatif  à  Louis  XI, 
Bibl.  des  Chartes,  4"  série,  t.  l,  p.  2C6. 

—  ÉTYM.  Échapper. 

ÉCHAPPER  (é-cha-pé  ,  v.  n.  ||  1°  Échapper  de.... 
s'enfuir,  s'en  aller.  Échapper  de  prison.  ||  Absolument. 
N'en  dois-je  point  garder?  donc  il  faut  avoir  soin  De 
le  nourrir  [ce  peuple  de  souris]  sans  qu'il  échappe, 
LA  FONT.  Fabl.  XI,  9.  L'cau  si  tluide,  si  insinuante, 
si  propre  h  échapper,  fén.  Exist.  1 3. 1|  Se  sauver  de. 
Une  confiance  sans  raison  d'échapper  de  tous  les 
dangers,  nicole,  Ess.  de  mor.  t"  traité,  ch.  4.  Un 
jugement  dont  personne  n'échappait,   boss.  Hist. 

III,  3.  S'il  y  en  a  qui  échappent  de  l'orage,  ID.  Brièv. 
Après  un  naufrage  d'où  il  était  échappé,  il  voulut 
en  action  de  grâces  participer  au  sacrement  de  l'au- 
tel, BOURD.  Pensées,  t.  11,  p.  367.  Leurs  noms  sont 
échappés  du  naufrage  du  temps,  boil.  Sat.  v.  Vous 
n'êtes  pas  encore  échappé  de  sa  rage,  hac.  Àthal. 

IV,  2.  Vous  avez  beaucoup  à  remercier  Dieu  d'en 
être  échappé  à  si  bon  marché,  id.  Lett.  à  son  fils, 
4).  Si  nous  échappons  de  cette  tempête,  fén.  Tél.  1. 
J'ai  su  de  quel  danger  échappe  Brunehaut,  lemerc. 
Fréd.  et  Bruneh.  m,  7.  ||  2°  Échappera,  se  sous- 
traire à,  se  dérober  à.  Échapper  à  la  mort.  La  vola- 
tile échappe  à  sa  tremblante  main,  la  font.  Phil. 
et  Bauc.  Seigneur,  quelque  Troyen  vous  est-il  échap- 
pé? RAc.  Androm.  1,  4.  Comment  à  tant  de  coups 
serait- il  échappé?  id.  lUithr.  v,  -l.  Depuis  qu'à 
Pharaon  ce  peuple  est  échappé,  id.  Athal.  m,  7. 
Crois-moi,  ce  monstre  affreux  ne  doit  point  t'échap- 
per,  ID.  Phèd.  11,  5.  Neuf  fois  ce  vaisseau  [l'Eglise] 
qui  ne  doit  point  périr  était  échappé  au  naufrage, 
CHATEAUB.lfart.  4.  ||  Avec  l'auxiUaire  OTOiV.  Ulysse, 
Ulysse,  m'avez-vous  échappé  pour  jamais?  pén. 
Tél.  xxiv.  Il  Vous  ne  m'échapperez  point,  c'est-à-dire 
il  faut  vous  expliquer ,  consentir  à  ce  que  je  désire  de 
vous.  Vous  ne  m'échapperez  point;  il  faut  parler,  il 
faut  vous  nommer,  M"'  de  genlis,  Th.  d'éduc.  la  Cur. 
IV,  6.  Il  Fig.  Il  ne  put  échapper  au  dilemme  de  son 
adversaire.  ||  3°  Être  soustrait,  être  dérobé.  La  vie 
nous  échappe.  L'autorité  lui  échappa.  Voilà  les  tours 
que  me  fait  la  mienne  [imagination]  atout  moment; 
il  me  semble  que  tout  ce  que  j'aime,  tout  ce  qui 
m'est  bon  va  m'échapper,  sÉv.  97.  Luxembourg,  au 
désespoir  de  se  voir  échapper  une  si  facile  campa- 
gne, se  mit  à  deux  genoux  devant  le  roi  et  ne  put 
rien  obtenir,  st-sim.  h,  4  27.  ||  Use  dit  aussi  des 
personnes  qui  meurent,  qui  disparaissent.  La  prin- 
cesse leur  échappait  parmi  des  embrassements  si 
tendres,  et  la  mort  plus  puissante  nous  l'enlevait 
entre  ces  royales  mains,  boss.  Vuch.  d'Orl.  ||  Il  se 
dit  encore  des  personnes  dont  les  sentiments  chan- 
gent. Mme  de  Montespan  s'aperçut  que  le  roi  lui 
échappait,  lorsque  le  mal  était  sans  remède,  M'""  de 
CAïLUS,  Souvenirs,  p.  ni,  dans  pougens.  Si  nos 
princes  sont  doux,  ils  sont  opiniâtres  ;  et,  s'ils  échap- 
pent une  fois,  leur  fuite  est  sans  retour,  ID.  t'b.  p.  IB7. 
Il  4°  N'être  pas  saisi  par  les  sens,  compris  par  l'intel- 
ligence. Des  insectes  si  petits  qu'ils  échappent  à  la 
vue.  Rien  n'a  échappé  à  leur  prévoyance,  PASC. 
Prov.  6.  Je  vois  que  rien  n'échappe  à  votre  pré- 
voyance, HAC.  Baj.  II,  (.  Rien  n'échappe  aux  re- 
gards de  notre  curieuse,  boil.  Sat.  x.  Quand  le  sens 
m'échappe,  je  me  mets  en  colère,  sÉv.  6B.  Je  suis 
sûr  qu'à  une  seconde  lecture  tout  au  plus  il  ne  leur 
en  sera  rien  échappé,  fonten.  Préf.  des  mondes. 
Tel  que  le  vieux  pasteur  des  troupeaux  de  Neptune, 
Prêtée,  à  qui  le  Ciel,  père  de  la  Fortune,  Ne  cache 
aucuns  secrets.  Sous  diverse  figure,  arbre,  flamme, 
fontaine,  S'efforce  d'échapper  à  la  vue  incertaine 
Des  mortels  indiscrets,  j.  b.  houss.  Odes,  au  comte  du 
Luc.  Ce  qui  est  fin,  délicat  ou  profond  vous  échappe, 
M"*  DE  GENLIS,  Veillées  du  chdt.  t.  11,  p.  496,  dans 
ponoENS.  Il  Avecl'auxihaire  avoir.  Quand  on  lit  pour 
s'instruire,  on  voit  tout  ce  qui  a  échappé  lorsqu'on  ne 
lisait  qu'avec  les  yeux,  volt.  Lett.  Mme  du  Delfant, 
13  oct.  4759.  Il  5°  Sortir  de  la  mémoire.  J'ai  beau 
chercher  dans  mon  esprit,  son  nom  m'échappe.  Tant  j 
d'autres  dont  les  noms  lui  sont  même  échappés,  1 
RAC.  Phèd.  1,4.  J'ai  retenu  le  chant,  les  vers  m'ont  ; 
échappé,  J.  b.  bouss.  1  oés.  div.  ||  6°  N'être  plus  tenu,  ! 
retenu.  La  plume  lui  échappa.  Le  livre  qu'il  lisait  j 
échappa  de  ses  mains.  Le  nom  seul  de  J  unie  échappe 
de  sa  bouche,  rac.  Brit.  v,  8.  M'est-il  en  ta  présence 
échappé  des  soupirs?  la.  Alex,  iv,  4.  Le  fils  de  Caton,  ' 
gendre  de  Paul  Emile,  après  avoir  fait  des  prodiges 
de  valeur,  perdit  malheureusement  son  épée,  oui  lui 


échappa  de  la  main,  bolun,  Hist.  anc.  Œuvres, 
t.  IX,  p.  4  34,  dans  pougens.  Sa  redoutable  épé« 
échappe  de  sa  main,  volt.  Henr.  x,  (66.  ||Fig. 
Voyant  la  victoire  qui  échappe  de  ses  mains,  PÉPt. 
K(.  xvii.Si  celui  qui  est  en  faveur  ose  s'en  prévaloir 
avant  qu'elle  lui  échappe,  la  bbdy.  viii.  |1  Laisser 
échapper,  ne  pas  tenir,  ne  pas  retenir.  Laisser  échap- 
per un  soupir,  un  cri,  un  mot,  un  .«ecret.  ||  7°  Être  fait 
ou  dit  par  mégarde,  par  imprudence.  Un  geste,  lui 
échappant,  trahit  ce  qu'il  avait  dans  l'âme.  Laisser 
échapper  une  bévue,  une  faute.  Ce  mot  ne  m'a  jamais 
échappé  sans  remords,  corn  .  Œdipe,  v,  7.  Peut-être, 
si  la  voix  ne  m'eût  été  coupée,  L'affreuse  vérité  me  se- 
rait échappée,  bac.  Phèd.  iv,  B.  |{  Absolument.  Une 
parole  échappe,  et  elle  tombe  de  l'oreille  du  prince 
bien  avant  dans  sa  mémoire  et  quelquefois  jusque 
dans  son  cœur,  la  bbuy.  viii.  |1  Impersonnellement, 
et  avec  les  auxiliaires  être  ou  onotr.  Il  lui  échappera 
quelque  sottise.  Il  lui  échappe  parfois  des  réponses 
impertinentes.  Il  m'était  échappé  d'en  faire  confi- 
dence, CORN.  Hér.n,  4.  Dans  les  recherches  de  sa  foi, 
il  lui  avait  échappé  quelques  doutes,  fléch.  M.  de 
Mont.  Jamais  il  ne  m'a  échappé  une  seule  parole  qui 
pût  découvrir  le  moindre  secret,  fén.  Tél.  m.  L'un 
de  mes  amis  qui  a  promis  de  parler  ne  parle  point  ; 
l'autre  parle  mollement;  il  échappe  à  un  troisième 
de  parler  contre  mes  intérêts  et  contre  ses  inten- 
tions, LA  brut.  viii.  Il  [Tonnerre]  était  fort  mal 
dans  la  petite  cour  par  ses  bons  mots;  il  lui  avait 
échappé  de  dire  qu'il  ne  savait  ce  qu'il  faisait  dans 
cette  boutique,  st-sih.  24,  30.  Ce  mot  m'est 
échappé,  pardonnez  ma  franchise,  volt.  Henr.  n. 
Il  II  se  dit  des  œuvres  littéraires  ou  autres  qu'on 
laisse  se  produire.  Je  recueille  les  moindres  billets 
qui  échappent  de  vos  mains  comme  les  feuilles  de 
la  Sibylle,  voit.  Lett.  8I .  MM.  Cramer  m'ont  rendu 
un  très-mauvais  service,  en  publiant  les  fadaises  qui 
me  sont  souvent  échappées,   volt.    Lett.  Boisay , 

I  déc.  4  770.  Il  II  se  dit  encore  des  sentiments  qui  se 
font  jour  involontairement.  Les  crimes  échappent 
toujours  par  quelque  endroit,  boss.  Var.  vi,  §  9. 
Comme  ensuite  sa  joie  lui  échappe  et  ne  peut  plus 
se  dissimuler,  comme  il  plie  sous  le  poids  de  son 
bonheur!  la  bbuy.  viii.  ||  La  patience  lui  échappe, 
sa  patience  est  à  bout,  il  est  sur  le  point  d'entrer  en 
colère.  118"  Absolument.  S'enfuir,  se  perdre.  L'occa- 
sion échappera  pendant  ce  temps-là,  l'âme  un  peu 
reposée  reviendra  à  son  bon  sens,  boss.  Libre  arb.  7 
Si  la  nécessité  de  cette  loi  est  prouvée,  il  faut  la 
faire,  quoique  dans  un  temps  moins  favorable  que  ce- 
lui qu'on  a  laissé  échapper,  raynal,  Hist.  phil.  xiit, 
63.  Il  Se  dérober  par  une  échappatoire.  Le  ministre 
Jurieu  croyait  échapper;  et,  pour  pallier  le  mieux 
qu'il  pouvait  les  blasphèmes  de  son  parti....  boss.  Var, 
2'  avert.  §  4  4.  ||  9»  Se  tirer  d'une  maladie,  guérir. 
Les  médecins  assurent  qu'il  échappera.  Il  sera  bien 
heureux  s'il  en  échappe,  sév.  344.  Sans  que  vous 
puissiez  craindre  d'en  échapper,  la  bbuy.  xii.  Les 
esclaves  qui  auraient  été  abandonnés  par  leurs  maî- 
tres étant  malades  seraient  libres  s'ils  échappaient, 
MONTESQ.  Esp.  XV,  4  7.  ||  10°  Terme  de  manège.  Lais- 
ser échapper,  ou  faire  échapper  un  cheval  de  la 
main,  le  faire  partir  de  la  main,  le  pousser  à  toute 
bride.  ||  11°  Y.  a.  Éviter.  Il  a  échappé  la  prison.  Le 
piège  est  échappé  ;  fuyons,  retirons-nous,  botrou, 
Bélis.  IV,  3.  Qu'un  enfant  ait  échappé  tous  les  pé- 
rils, SÉV.  328.  Il  ne  faut  point  qu'ils  se  flattent  d'a- 
voir échappé  l'anathème  qu'ont  mérité  les  Pélagiens, 
sous  prétexte  qu'ils  ne  le  sont  qu'à  demi,  boss.  Var. 
XIV,  add.  §  4.  J'ai  échappé  la  mort  à  telle  rencon- 
tre, id.  Brièv.  Nul  ne  peut  échapper  les  mains  de 
Dieu,  m.  Polit.  VII,  6,  9.  Des  dangers  qu'il  avait 
échappés  dans  un  siège,  fléch.  Œuvres  compl- 1.  k, 
p.  336,  1782.  IIFarailierement.il  ne  l'échappera  pas, 
c'est-à-dire  il  n'évitera  pas  ce  qui  le  menace.  ||  L'é- 
chapper belle,  échapper  à  quelque  grand  p.éril  ou  in- 
convénient. La  pudeur  de  Mlle  Temple  l'avait  échappé 
belle,  HAMILT.  Gramm.  40.  Je  viens  de  l'échapper  bien 
belle,  je  vous  jure,  mol.  Éc.  des  f.  iv,  6.  Nous  l'avons 
endormant,  madame, échappé  belle,  id.  Fem.  s.  iv, 
3.  Il  Voy.  à  BEAU  la  remarque  sur  l'orthographe  : 
nous  l'avons  échappé  belle,  qui  devrait  être:  nous 
l'avons  échappée  belle,  jj  12°  S'échapper,  v.  réfl.  S'é- 
vader, s'enfuir.  S'échapper  de  prison.  Pour  s'échap- 
per de  nous.  Dieu  sait  s'il  est  allègre,  hac.  Plaid. 
I,  4.  Ma  fille  de  l'autel  cherchant  à  s'échapper,  id. 
Iphig.  IV,  8.  Incapables  de  tromper.  Ils  ont  peine 
à  s'échapper  Des  pièges  de  l'artifice,  id.  Esih.  lu, 
9.  [Socrate  porta  Xénophon]  jusqu'à  ce  que  le  che- 
val qui  s'était  échappé  eût  été  repris,  fén.  Socr. 

II  13°  Se  dérober  un  moment  à  quelque  société.  11 
s'échappa  un  moment  pour  une  affaire  urgente.  Je 
m'échapperai  quelquefois  pour  l'aller  embrasser. 


i'2l2 


ECU 


rioss.  lett.  div.  i.  Je  me  suis  échappée,  Tandis  qu'à 
l'arrêter  sa  mire  est  occupée,  rac.  Brit.  m,  7.  Tout 
le  momie  est  encore  dans  le  salon  ;  on  joue;  et  moi, 
à  minuit,  je  me  suis  échappée  pour  venir  m'enfer- 
mer  dans  ma  chambre  avec  vous,  m"  ue  gf.nlis, 
Adèle  et  Thénd.  /.«((.  «2.  ||  14°  Sortir,  s'épandre. 
L'eau  s'échappe  des  fentes  d'un  rocher.  Des  pleurs 
s'échappent  de  ses  yeux.  Ahl  qu'un  seul  des  soupirs 
que  mon  cœur  vous  envoie,  S'il  s'échappait  vers 
elle,  y  porterait  de  joie!  rac.  Andr.  i,  4.  Ce  feu  que 
j'avais  su  contraindre  S'irrite  en  s'échappant  et  ne 
peut  plus  s'éteindre,  volt.  Brut,  ii,  4.  Et  mon  cœur 
qui  le  suit  s'échappe  loin  do  moi,  ID.  Fanât,  m,  *0, 
Ouand  l'univers  créé  s'échappa  de  ses  mains,  c.  de- 
lAV.  Paria,  i,  t.  ||  15°  Céder  à  son  emportement, 
se  laisser  aller  à  des  paroles  ou  à  des  actions  incon- 
sidérées, légères,  condamnables.  Cela  empêche  qu'on 
ne  s'échapptî  en  des  paroles  déshonnôtes,  d'ablan- 
COURT,  Apnphlhegmes,  dans  richelet.  Vous  vous 
échapperez  sans  doute  en  sa  présence,  corn.  Poly. 
II,  (.  i  quoi  bon  ces  mouvements  jaloux?  Je  sors 
pour  ne  me  point  échapper  devant  vous,  th.  corn. 
l'Inconmi,  iv,  2. 11  s'échappait  jusqu'à  due....  Boss. 
Yar.  K  Ils  fies  peuples]  ont  dans  le  fond  du  cœur  je 
ne  sais  quoi  d'inquiet  qui  s'échappe,  si  on  leur  Ole 
ce  frein  nécessaire  [celui  de  la  religion],  ID.  Jieine 
d'Ànglet.  On  s'est  échappé  dans  une  rencontre;  on 
a  parlé,  agi  mal  à  propos,  uoubd.  Pensées,  t.  il, 
p.  214.  U  ne  s'éch.ippe  pas  avec  les  hommes  [il  est 
froid],  LA  BRLY.  XI.  Parmi  les  verres  et  les  pots.  On 
vit  ce  maître  de  la  terre  S'échapper  en  joyeux  pro- 
pos, CHAUL.  À  Kme  de  Lassay.  Ne  douiez  point, 
seigneur,  que  ce  coup  ne  la  frappe,  Qu'en  repro- 
ches bientôt  sa  douleur  ne  s'échappe,  rac.  Brit.  m, 
4.  Lorsqu'un  vieux  fou  s'échappe  D'êlre  amoureux 
sur  ses  vieux  ans,  11  faut  qu'il  mette  la  nappe  Et 
qu'on  boive  à  ses  dé|)ens,  regnabd,  Sérén.  se.  17. 
Moi-même,  je  m'en  échappe  [je  me  le  permets]  sou- 
vent, sans  y  penser,  mérè,  Œuvres  poslh,  p.  78. 
Wme  de  Lauxun  s'échappa  plus  d'une  fois  avec  le  roi, 
plus  souvent  avec  la  maîtresse,  st-sim.  5,  72.  |j  Un 
espiit  qui  s'échappe,  se  dit.  d'un  homme  qui  a  par 
moments  une  espcce  de  folie.  Il  a  des  moments  où 
son  esprit  s'échappe,  mol.  Méd.  m.  lui,  ii,  i .  ||  16°  Se 
découdre,  en  parlant  d'une  étolTe.  Cette  couture  s'é- 
chappe, ou,  neutralement,  elle  échappe.  |{  17°  Terme 
d'horticulture.  Pousser  de  grandes  et  belles  bran- 
ches qui  ne  fructifient  pas.  Ce  pêcher  s'échappe, 
ou,  neutralement,  échappe.  Cet  arbre  s'échappe, 
il  le  faut  retenir,  la  quintinye,  Jardins,  1. 1,  dans 

RICHELET. 

—  UE.M.l.  Quand  échapper  signifie  s'enfuir,  il  faut 
de:  il  échappe  de  prison;  s'il  signifie  être  sauvé  de, 
on  met  à  ou  de:  il  a  échappé  au  naufrage  ou  du 
naufrage;  s'il  signifie  se  soustraire  à,  on  met  à:  il 
a  échappé  à  la  mort,  aux  llammes.  U  a  échappé  de 
prison  signifie  qu'il  s'est  enfui  de  la  prison;  il  a 
échappé  k  la  prison  ou  il  a  échappé  la  prison,  si- 
gnifie que,  courant  le  risque  d'êire  emprisonné,  il 
l'a  évité,  jl  2.  S'échapper  veut  toujours  de  et  jamais 
à.  Il  8.  Échapper  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir, 
quand  ou  veut  exprimer  l'action;  avec  être,  quand 
on  veut  exprimer  l'état.  Ainsi  dans  ce  vers  de  Racine  : 
Quelque  ïroyen  vous  est-il  échappé?  U  faut  est,  puis- 
que le  poète  veut  dire:  reste-t-il  quelque Troyen  qui 
vous  ait  échoppé?  Mais,  si  l'on  rappelait  le  meurtre 
de  Priam  par  Pyrrhus  dans  le  sac  de  Troie,  il  fau- 
drait dire:  Priam  vous  a-t-il  échappé?  ||  4.  D'après 
l'Académie,  échapper,  dans  le  sens  de  n'être  pas 
saisi,  compris,  .se  conjugue  avec  le  verbe  atotr. 
Pourtant  Kontenelle  s'est  .servi  du  verbe  être;  et  on 
ne  voit  pas  en  effet  pourquoi  il  y  aurait  obligation 
d'employer  le  verbe  aiotr.  ||  5.  D'après  l'Académie, 
échapper,  signifiant  être  fait  ou  dit  par  mégarde, 
veut  toujours  l'auxiliaire  (Ire.  Cette  décision  est,  en 
fait,  contraire  à  l'usage  d'excellents  auteurs  (voy. 
les  exemples);  et,  en  grammaire,  il  n'y  a  aucune 
raison  pour  qu'en  cet  emploi  on  ne  puisse  signifier 
aus.si  l'état  ou  l'action  avec  les  auxiliaires  être  ou 
aiot'r. 

—  lliST.  XI*  s.  Kar  Icist  [il  est  permis]  à  faire  da- 
mage à  altre  par  poUr  [peur]  de  mort,  quant  per  el 
[par  autre  moyen]  ne  pot  eschaper.  Lois  de  Guill. 
3».  S'uns  en  escape,  morz  es  et  confondus,  Ch.  de 
jRoI.  ccxc. 

—  xii°  s.  Se  truis  [si  je  trouve]  Rolant,  vis  [vif, 
vivant]  non  puet  escaper,  ilonc.  40.  Li  doze  pair 
n'en  e»camperont  mie,  ib.  43.  Jà  cil  d'Espaigne  u'es- 
campcront  entier,  i6.  83.  Eschapez  [il]  fu  [de  pri- 
son] par  Breh.is  sa  moillier  [sa  femme],  ib.  120.  Et 
fors  de  son  poing  destre  li  eschappa  l'espée,  ib.  l»«. 
Mais  retrait  m'a  en  la  folour  [folie]  Mes  cuers  [mon 
cœur],  dont  [delaqueUe]  [je]  l'avoie  escapé,  Couci, 


ECH 

III.  X  peine  [je]  sui  sans  mourir  eschapez,  ib.xiv. 
Et  eschapés  de  périlleuse  voie,  ib.  p.  (24  Si  [il] 
comanda  sor  tôle  rien  [sur  toute  chose]  L'enfant  à 
garder  par  maistrie,  Sor  lur  menbres  et  sor  lor  vie. 
Qu'il  n'en  chapt  ne  qu'il  ne  fuie,  benoît,  ii,  13718. 
Si  com  chascuns  estoit  eschapez  de  la  hart,  Sax. 
xxix.  Merci  al  croatur.  Que  sûmes  eschapé  de  si 
grant  deshonur.  Th.  le  mort.  109. 

—  xiii'  s.  Car  de  moût  grant  péril  furent  eschapé, 
viLLEM.  cv.  Ainsi  eschapa  Bcite  Tybert  sans  .son 
congé,  Bcrle,  xxi.  Puisqu'ele  est  eschapéo,  au  meil- 
leur nous  tenons  [tenons-nous  à  ce  qu'il  y  a  de 
mieux] ,  ib.  xxni.  Si  j'avoie  cent  vies....  Ne  me  pour- 
roit  pas  estre  une  seule  eschapée....  i6.  xLvi.  Se  berte 
nous  eschapé  [nous  quille],  jamais  joie  [je]  n'aurai, 
ib.  Lvii.  Bien  [elle]  voit  [que]  par  autre  torne  pourra 
eschaper,  ib.  cxii.  Et  li  ruis  l'helippes  et  II  autre 
prince  li  mandèrent  que....  s'il  ne  le  rendoit  dans 
tier  jour,  il  n'en  escaperoit,  fors  par  la  hart,  Chron. 
du  Uains,  3G.  Se  Diex  plaist,  je  ne  morrai  pas, 
Ainçois  en  escliapcrai  bien,  Jien.  26787.  Par  les  jus- 
tices qui  trop  délaient,  sont  maint  malfeteur  escapé 
et  maint  mal  fut,  beaum.  40.  Et  en  tels  degrés  de 
lignage  se  pot  fere  mariages,  puisqu'il  escape  le 
quart,  ID.  XIX,  6.  Et  il  respondi  que  il  enlendoit 
que  j'avoie  l'apostume  en  la  gorge,  par  quoi  je  ne 
pouoie  e,schaper,  joinv.  241.  Honniz  soit  qui  por 
endeter  Laira  bone  vie  amener;  Adès  la  voit  on  es- 
chaper, Â  quel  chief  que  doie  torner,  colin  muset, 
dans  llist.  litlér.  de  la  France,  t.  xxiii,  p.  655. 

—  XIV"  s.  Le  sanglier  vient  aux  lévriers,  Et  ilz  le 
prennent  volentiers;  Au  regarder  a  grant  plaisance; 
A  l'ung  échappe,  à  l'autre  lance,  Et  font  un  grant 
tourniement,  Modus,  f°  cxii. 

—  XV"  s.  Si  se  mit  dans  un  vaisseau  qu'on  appelle 
lique  à  tout  ce  de  gens  qu'il  avoit  eschappés,  froiss. 
I,  I,  182.  Si  avons  entendu  qu'il  n'y  esciiappe  jour- 
née qu'il  n'y  ait  jouste,  Perceforest,  t.  v,  f°  80.  Le 
cheval  effroyé  et  espouvantô  se  eschampade  costé, 
ou  recula  parmi  de  grosses  pierres,  du  cange,  es- 
capium. 

—  XVI"  s.  Ce  lévrier  n'esohappoyt  ni  lièvre  ni  re- 
gnard  devant  luy,  rab.  Garg.  i,  42.  Ainsi  commen- 
ceoyt  escamper  de  la  chambre,  mais....iD.  Z'ant.  m, 
17.  Richelieu  parlementa,  et  composa  à  armes  et 
bagues  sauves:  les  soldats  eschapperent  aux  chefs 
pour  le  bagage  seulement,  d'aub.  Uisl.  i,  220.  Ici 
il  faut  faire  distinction  en  tels  accidens  des  capitu- 
lations qui  se  faussent  avec  le  gré  des  chefs,  ou  seu- 
lement par  la  mutinerie  des  gens  de  guerre,  ce  que 
nous  appelions  en  tel  cas  eschapper,  id.  ib.  i,  313. 
Huict  qui  eschapperent  la  première  fureur  furent 
gardez  pour  le  bourreau,  id.  ib.  u,  204.  Se  sentant 
défaillir  et  eschapper  du  cheval,  mo.\t.  i,  le.  Il  leur 
eschappe  de  belles  paroles,  mais....  id.  i,  140.  Si 
cette  iiiperie  m'eschappe  à  veoir,  au  moins  ne  m'cs- 
chappe  il  pas  à  veoir  que  je  suis  très  pipable,  id. 
i,  81.  Si  quelqu'un  se  defaisoit  en  prison,  celuy-là 
m'est  eschappe,  disoit-il,  id.  li,  383.  Perseus,  lui 
embrassant  les  genoulx,  se  laissa  eschapper  de  la 
bouche  des  paroles  si  lasches  et  de  si  viles  prières, 
que....  AMïOT,  P.jEm.  44.  Le  jeune  Marins,  voyant 
bien  qu'il  ne  pouvait  eschapper  qu'il  ne  fust  pris, 
se  desfeit  luy  mesme,  ID.  Sylla,  67.  Celui  n'est  es- 
chappe, qui  traîne  son  lien,  u.  est.  Apol.  d'ilér. 

XXVI. 

—  ÉTYM.  Picard,  écaper;  bourguig.  échaipé; 
lierry,  achapper;  provenç.  espagn.  et  portug.  esca- 
par ;  ital.  scampare.  En  lisant  l'historique,  on  verra 
qu'il  y  a  deux  formes,  escaper  el  escamper;  elles  ré- 
pondent à  deux  étymologies  différentes  :  escaper  vient 
de  ex-cappare ,  sortir  de  la  cappe,  se  mettre  à  dé- 
couvert (l'italien,  remarque  Diez,  a  incappare, 
tomber  dans)  ;  escamper  vient  de  ex-campare,  sor- 
tir du  champ,  s'en  aller.  On  trouvera  dans  un  exem- 
ple du  XII"  siècle  chapt  au  subjonctif  pour  eschapt  ; 
mais  c'est  une  faute;  le  simple  chaper  ne  pourrait 
rien  signifier,  et  ici  le  vers  est  faulif,  manquant 
d'une  syllabe,  il  faut  donc  lire  eschapt. 

t  ÉCUAQUETTE  (é-cha-kè-f) ,  *.  f.  Voy.  échau- 
guette. 

t  ÉCUARBOT  (é-char-bo),  s.  vi.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  châtaigne  d'eau,  ou  trape  nageante, 
ou  macre. 

—  ËTYM.  Le  même  que  escarbot  (voy.  ce  mot), 
p.ir  une  assimilation  de  forme. 

ECUARDE  (é-char-d') ,  s.  f.  ||  1°  Piquant  de  char- 
don. Il  2°  Par  extension,  nom  donné  aux  petits  corps 
aigus,  ligneux  ou  métalliques,  qui  s'introduisent  ac- 
cidentellement dans  l'épaisseur  de  la  peau.  ||  3°  Un 
des  noms  vulgaires  de  l'épinoche,  poisson. 

—  HIST.  XIII"  s Que  se  garde  Du  poisson  qui  a 

dure  escharde,  OEorFRoi  w.  paris.  Ifs  6»i2,  1*50, 


ECU 

dansLACL'RNR.  [Bois]  et  pleins  de  nens  et  escUardeui 
[garnis  d'échardes],  la  Hose,  978.  ||  xiv"  s.  De  fust 
ardi  mainte  escharde  [il  tinlla  maint  morceau  da 
bois],  G.  guiart.  Us.  f-  lo,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s. 
....  Par  choses  aiguës  et  piqua:ites,  comme  d'une 
aiguille,  flèche,  espine,  escharde,  pare,  viii,  18. 

—  ÉTYM.  Ital.  scardo;  espagn.  escardar,  ôier  les 
chardons;  dulatin  carduiu,  chardon,  avec  l'addition 
du  préfixe  ex,  es.  Le  sens  propre  est  piquant  de  char- 
don. Il  y  a  dans  l'ancien  français  un  verbe  eschar- 
der,  escarder,  qui  veut  dire  carder,  puis  mettre  en 
fragments. 

t  ÉCUARDONNACE  (é-char-do-na-j"),  s.  m.  Ac- 
tion d'enlever  les  chardons.  L'échardonnage  se  fait 
soit  avec  la  main  recouverte  d'un  gant,  soit  en  cou- 
pant la  racine  avec  une  lame  de  fer  emmanchée. 

ÉCUARDON.NÉ,  ÉE  (é-char-do-né,  née),  part. 
passé.  Un  champ  échardonné. 

ÉCIIARUONNER  (é-char-do-né),  V.  a.  Débarras- 
ser par  l'échardonnage. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  el  chardon. 
tÊCIIARUO.NNET  (é-char-donè),  *.  m.  Espèce 

de  houlette  pour  couper  les   chardons. 

—  ÉTYM.  Echardonner. 

t  ÊCIIARDON'NOIR  (é-char-do-noir),  t.  m.  Syno- 
nyme d'échardonnet. 

t  ÉCIIARNAGE  (é-char-na-j'),  j.  m.  Synonyme 
d'écharnement. 

—  ÉTYM.  Écharner. 

ÉCUARNÉ,  ÉE  (échar-né,  née),  port,  passé. 
Peaux  écharnées. 

t  ÊCUARNEMENT  (é-char-ne-man),  s.  m.  Terme 
de  mégisserie.  Action  d'enlever  les  parties  charnues 
que  le  boucher  a  laissées  adhérentes  à  une  peau, 
ainsi  que  les  pattes,  les  oreilles,  les  tétines. 

—  ÉTYM.  Écharner. 

ÉCUARNER  (é  char-né),  ».  a.  Terme  de  cor- 
royeur.  Opérer  l'écharnement.  Un  outil  d'acier  t.-ah- 
chant  à  deux  manches  que  l'on  nomme  i-outeau  à 
écharner  et  qui  est  à  peu  près  semblable  à  ia  plana 
d'un  charron,  Dict.  des  arts  et  met.  Amst.  1787, 
llégissier. 

—  ÉTYM.  Êpoures....  préfixe,  et  cham,  ancienne 
forme  de  chair. 

ÉCIIARNOIR  (é-char-noir) ,  s.  m.  Terme  de  cor- 
royeur.  Instrument  avec  lequel  on  écharne. 

fecHARNURE  (é-char-nu-r'),  s.  f.  Terme  de  cor- 
royeur.  Reste  de  chair  détachée  de  la  peau.  L'or- 
donnance du  20  octobre  I7u2  défend  de  jeter  dans 
la  rivière  les  écharnures  ni  autres  immondices. 
Il  Façon  donnée  au  cuir  qu'on  écharne. 

—  lllST.  XV"  s.  Nul  ne  jette  clkarongne  de  bestes, 
cornes,  escharnures,  raclures  de  peaux  et  autres 
ordures  es  rues,  Ordon.  des  maires,  p.  25,  dans 
lacurne. 

—  ÉTYM.  Écharner. 

ËCIIARPE  (é-char-p'),  s.  f.  ||  1°  Large  bande  d'é- 
toffe portée  en  forme  de  baudrier  ou  de  ceinture. 
Sortons  et  lui  laissons  cette  écharpe  à  la  main, 
rotrou,  Bélis.  IV,  2.  Il  Porter  une  écharpe  aux  cou- 
leurs de  sa  dame,  ce  qui  se  disait  aussi  porter  l'é- 
charpe  de  sa  dame.  ||  Fig.  La  nature....  D'une 
écharpe  de  monts  entourant  l'Helvélie,  iiasson, 
Helv.  1.  ||2°  Insigne  de  certaines  dignités.  L'écharpe 
de  maire.  ||  Insigne  de  guerre  ou  de  parti.  Une 
écharpe  blanche.  Une  écharpe  tricolore.  Là  brillent 
sous  deux  croix,  vain  signe  des  partis,  L'écharp* 
de  la  pourpre  et  l'écharpe  d'Iris,  lemebcier,  Cliar- 
les  17,  m,  2.  Il  Changer  décharpe,  changer  de 
parti.  Plusieurs  se  sont  trouvés  qui  ,  d'écliarpe 
changeant.  Au  danger,  ainsi  qu'elle  [la  chauve- 
souris]  ,  ont  fait  souvent  la  figue,  la  font.  Fabl.  u. 
5.  Notre  maire  tourne  à  tout  vent,  Décliarpa  il 
change,  bébang.  Vendanges.  ||  3°  Ornement  que 
les  femmes  portent  en  sautoir,  ou  qui ,  entou- 
rant les  épaules,  a  les  deux  bouts  ramenés  par  de- 
vant. Une  écharpe  de  dentelle.  Une  jeune  beauté. 
Dont  le  vent  fait  voler  l'écharpe  obéissante,  a.ciié!». 
200.  Une  écharpe  d'azur  enveloppait  ses  formes  di- 
vines [de  Gabriel],  chatealb.  Mart.  ii,  87.  ||  Terme 
de  tapissier.  Nom  donné  à  deux  morceaux  d'étoffe 
coupés  en  biais  et  accompagnant  une  pente  dans  1» 
décoration  des  deux  côtés  d'une  alcôve.  ||  4"  DanJage 
passé  au  cou  pour  soutenir  un  bras  malade.  Il  a  le 
bras  en  écharpe.ji  Espèce  de  bandage  destiné  à  tenir 
l'avant-bras  fléchi  sur  le  bras  et  appliqué  contre  iâ 
poitrine.  ||  Fig.  et  par  plaisanterie.  Avoir  l'esprit  en 
écharpe,  être  distrait,  préoccupé.  ||  Kig.  Le  lit  est 
l'écharpe  de  la  jambe,  le  lit  est  nécessaire  à  uni 
jambe  malade.  ||  5"  En  écharpe,  loc.  adv.  Obliqu»- 
ment.  Coup  de  sabre  donné  en  écharpe,  de  travers- 
Il  Terme  d'artillerie.  Batterie  en  écharpe,  celle  qui 
bat  quelque  endroit  obliquement  ou  de  côté.  TifW 


RCII 


ÉCH 


ECH 


1273 


en  écharpe.  L'artillerie  russe,  supérieure  en  nom- 
bre, manœuvrait  au  galop;  elle  prenait  en  écharpe 
et  en  flanc  nos  lignes  qu'elle  abattait,  jégur,  flist. 
de  Sap.  IX,  10.  ||6°  Terme  J'arcliitecture.  Espèce 
de  ceinture  qui  paraît  serrer  les  coussinets  des  vo- 
lutes aui  cli.Tpitea'jx  des  colonnes  ioniques.  ||  PiJ^ce 
placée  diagonalement  dans  un  bâti  de  menuiserie, 
il  Pièce  du  biti  d'un  parquet.  {|  7"  Ternie  de  ma- 
çoniieiie.  Cordage  qui  sert  à  retenir  ou  à  conduire 
les  enxins  pour  lever  des  fardeaux.  ||  Nom  d'une 
pièce  di  fer  ou  de  bois  qui  soutient  la  roue  d'une 
poulie  et  qui  porte  le  boulon.  ||  Pièce  de  bois  au  bout 
de  laquelle  est  attachée  une  poulie  et  qui  fait  l'office 
d'une  demi-chèvre.  ||  Tirant  de  fer  qui,  dans  une 
porte  d'écluse,  empêche  les  assemblages  de  céder 
sous  l'action  continue  du  poids  de  cette  porte. 
Il  8*  Terme  de  marine.  Pièce  de  bois  contournée, 
partant  du  dessus  des  bo.ssoirs,  tribord  et  bâbord, 
et  se  terminant  par  une  courbe  derrière  la  tète  de 
la  figure,  à  l'extrémité  de  l'étrave.  ||  9"  Exhausse- 
ment établi  suivant  la  ligne  de  plus  grande  pente 
d'une  route  inclinée,  pour  arrêter  les  eaux  pluviales 
et  les  forcer  à  s'écouler  dans  les  fossés.  j|  Tranchée 
en  forme  de  crois.sant  faite  dans  les  terres  pour  ra- 
masser les  eaux  dispersées  d'une  montagne.  ||  10°  Es- 
pèce de  poisson. 

—  HIST.  xiii'  s.  Et  c'est  li  pains  que  doivent  meire 
li  pèlerin  en  leur  esquerpe,  nu  cangk,  escerpa.  Or 
voit  Henarl  fere  l'estuet  [qu'il  faut  le  faire] ,  Escrejie 
et  bordon  prent,  si  muet  [il  s'en  va),  Si  est  entrez 
en  son  chemin,  Ren.  (3152.  S'il  veut  porter  espée, 
porte  la  chainte  desoz  son  surcot,  et  non  pas  à  es- 
querpe, BEAUM.  Lviii,  13.  Cel  abbé  de  Clieminon 
si  me  donna  m'escliarpe  et  mon  bourdon,  joinv. 
209.  Et  au  prendre  congié  que  il  fesoit  à  eulz,  li 
mettoienl  en  [dans  son]  escharpe  grant  foi.son  d'or 
et  d'argent,  m.  208.  ||  xiv  s.  Quant  à  ceux  qui  gar- 
doienl  le  bastion  de  Vendosme,  ils  le  part.igerent 
en  escharpe  de  bonne  heure,  et  l'espaule  qu'ils  y 
firent  estoit  assez  avantageuse,  d'aub.  llist.  ii,  3G9. 
Jusqu'aux  fers  d'or  sur  les  escarpes  de  velours,  qui 
avoient  en  ce  temps  la  grande  vogue,  cahloix,  v,  32. 
On  doit  mettre  le  bras  en  escharpe,  supportant  le 
coude,  PABÊ,  VIII,  42.  La  soie  se  monstre  plus  belle 
en  petites  qu'en  grandes  escharpes  ou  escheveaux, 

0.  DE  sEBHEs,  4i<5.  Un  maiiteau  en  escharpe,  la 
cape  sur  une  épaule,  mont,  i,  ii)2. 

'  —  Etym.  Espagn.  charpa;  ital.  sciarpa,  ciarpa. 

Le  sens  propre  est  poche,  sacoche  pendue  au  cou; 
ce  qui  justifie  l'étymologie  germanique  donnée  par 
!         Diez  :  anc.  haut-allem.  scherbe,    poche;Uas-Khin, 
'   .     sc/iirpe;  Brème,  schrap.  Le  sens  de  morceau  d'éiolTe 
;         taillé  obliquement  ne  paraît  que  tardivement.  Sche- 
ler  pense  que,  en  ce  dernier  sens,  écharpe  vient  de 
l'ancien  verbe  charper  ou   dtarpir,  tail  er,    décou- 
per. Mais  il  n'est  pas  besoin  de  faire   intervenir  ce 
I         verbe,    ce  senilile;   l'^thurpe,  poche,  était  su.spen- 
due;   ce   sont  ces    liens  qui    ont   donné  le   nom  à 
Vécharpe,  qui  soutient  le  bras  ou  une  arme,  et  dont 
la  forme  fut  déterminée  par  l'usage. 

ÉCIURPK,  ÊE  (é-charpé,  pèe),  part,  passé  de 
écharper  t.  Taillé  en  pièces.  Le  régiment  écharpe 
dans  cette  rencontre  meurtrière. 

t  fiCllARPEMENT  (é-char-pe-man),  s.  m.  Terme 
militaire.  Marcha  d'une  trouj'O  qui  écharpe,  c'est- 
à-dire  qui  marche  diagonalement. 

—  f.TYM.  Écharper  s. 

i.  ÉClIAItPEK  (é-char-pé1,  V.  a.\\  1"  Faire  une 
grande  blessure  avec  un  instrument  tranchant.  On 
lui  a  écharpe  le  corps  à  coups  de  sabre.  Écharper 
qiiel(|u'un.  Oui  peut  dans  sa  fureur  m'écharper  ou 
m'occire,  hauterociie,  l' Àtnant  qui  ne  flalle  pas, 

1,  t.  Il  11  se  ditaiissi  d'un  chirurgien  maladroit  II  a, 
dans  cette  opération,  écharpe  son  patient.  ||  2° Tail- 
ler en  pièces.  Les  fanatiques  du  Languedoc  et  des 
Cévennes  occupaient  des  troupes  qui  en  écliarpaient 
quelques  pelotons  de  temps  en  temps,  st-sim.  128, 
I(i7.  Il  Fig.  Je  ne  con.sentisà  laisser  écharper  ma  ré- 
ponse, qu'à  condition  que  vous  donneriez  parole  po- 
sitive de  ne  plus  répliquer,  df.sfontaunes.  ||  3°  Di- 
viser certaines  matières  en  les  battant  ou  en  les 
cardant.  114°  S'écharper,  v.  réft.  Se  faire  récipro- 
quement de  grandes  entailles,  ou  se  tailler  en  piè- 
ces. Ces   deux   régiments  se   sont  écharpés. 

—  Etym.  picard,  écarper.  Écharper,  en  ce  sens, 
ne  peut  venir  A'echarpe;  c'est  une  autre  conjugaison 
d'esc)iaT7)ir  ou  charpir,  ancien  verbe  signifiant  met- 
tre en  pièces (voy,  charpie). 

t  2.  ÉCU.VRPEK  (é-char-pé),  v.  a.  Terme  de 
maçon  et  de  chiirpentier.  Faire  passer  autour  d'un 
fardeau  un  cercle  pour  le  lever  en  y  attachant  une 
écharpe  à  laquelle  tient  une  poulie. 

—  ÉTYM.  Écharpe. 

nirT.  DE  LA  i.ANnrr  mAxcAisr;. 


t  3.  ÉCHARPKR  (é-char-pé),  v.  n.  Terme  mili- 
taire. Marcher  diagonalement  ou  en  écharpe. 

—  Ety.m.  Écharpe. 

t  ÉCIIARPILLER  (é-char-pi-Ué,  Ji  mouillées), 
t'.  a.  Il  1°  Terme  du  langage  familier.  Mettre  en 
pièces.  Il  2°  Terme  de  tapissier.  Diviser,  avant  de 
l'employer,  le  crin  neuf  qui  est  tressé. 

—  ETYM.  Forme  dérivée  de  écharper  t. 

1 1.  ÉCIIARS,  ARSE  (é-char,  char-s'),  adj.  Vieux 
mot  qui  se  dit  d'une  monnaie  qui  est  au-dessous 
du  titre  légal.  ||  S.  m.  Ce  qui  manque  à  l'aloi  d'une 
pièce.  Cette  monnaie  a  tant  d'èchars. 

—  ÊTYM.  C'est  l'ancien  adjectif  eschars,  qui  si- 
gnifie avare;  provenç.  oscars,  escas;  espagn.  es- 
caso;  ital.  scarso;  angl.  scarce;  d'après  Muratori, 
approuvé  par  Diez,  d'un  participe  bas-latin  excarp- 
sus,  de  excarpere,  excerpere,  resserré,  réduit;  d'où 
les  acceptions  dans  les  langues  romanes. 

t  2.  ECIIARS,  ARSE  (é-cliar,  char-s'),  adj.  Terme 
de  marine.  Les  vents  écliars  sont  des  vents  faibles 
qui  changent  subitement  d'un  rhumb  à  l'autre. 

—  ÊTYM.  Un  vent  échars  (voy.  le  précèdent)  est 
un  vent  avare,  c'est-à-dire  très-faible,  qui  donne 
peu. 

tÉCHARSER(é-char-sé).||  l'V.a.  Diminuerle titre 
d'une  ])ièce  de  monnaie.  ||  2°  V.n.  Terme  de  marine. 
Varier,  faiblir,  en  parlant  du  vent.  Le  vent  écharse. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉCHARS  I   et  2. 

f  ÉCHARSEÏÊ  (é-char-se-té) ,  s.  f.  Terme  de  mon- 
naie. Défaut  d'une  pièce  qui  n'est  pas  du  titre  or- 
donné. 

—  ETYM.  Échars.  Écharseté  voulait  dire  avarice. 
ÉCIIASSE  (é-cha-s'),  s.  ^.  ||  1°  Bâton   garni   d'un 

étrier  auquel  on  attache  le  pied  pour  marcher  dans 
les  terres  marécageuses  ou  sablonneuses.  Marcher 
avec  des  écliasses.  ||  Fig.  Être  monté  sur  des  échas- 
ses,  avoir  de  longues  jambes.  {|  Se  dit  aussi  de  souliers 
très-hauts.  C'était  [M.  le  ducj  un  petit  homme  len- 
Iru,  monté  sur  des  échasses;  tant  ses  souliers  étaient 
hauts,  ST-siM.  83,  2:14.  Il  Par  une  seconde  figure, 
monter  sur  des  échasses,  s'efl'orcer  de  se  grandir 
dans  l'opinion  des  autres.  Le  nain  monte  sur  des 
échasses;  Que  de  nains  couronnés  paraissent  des 
géant.»!  volt.  Lett.  Prusse,  t  n.  |i  Monté  snrdes échas- 
ses, qui  se  guindé,  qui  emploie  les  grandes  paroles, 
les  grands  sentiments.  [Canillac]  Toujours  sur  les 
échasses  pour  la  morale,  riip.inenr,  la  plus  rigide 
probité,  le  débit  des  sentences  et  des  maximes,  st- 
sim.  393,  79.  Il  2°  Fig.  Des  échasses, des  choses  qui  font 

paraître  plus  grand Ces  vers....  Montés  sur  deux 

grands  mots  comme  sur  deux  échas.ses,  boil.  Saf.iv. 
L'hyperbole  aux  longues  échasses,  gbesset,  les  Om- 
bres. Les  échasses  de  l'étiquette  (juindent  bien  haut 
un  coeur  bien  bas,  béra.ng.  Vertu  de  Lis.  ||  3"  Ternie  de 
maçon.  Règles  de  bois  entaillées,  qui  serventà  mar- 
quer la  longueur  et  la  largeur  des  pierres  lorsqu'on 
les  taille.  ||  Perches  qui  servent  à  soutenir  les  bou- 
lins pour  échafauder.  ||  4°  Terme  de  zoologie.  Genre 
d'oiseaux  à  jambes  très-longues. 

—  HIST.  XII'  s.  Fêtes  eschace  de  fresne  ou  de  seû 
[sureau].  Bat.  d'Aleschans,  v.  (520.  ||  xm"  s.  S'avoit 
un  pié  chaucié.  Et  l'autre  avoit  trenchié.  Si  aloit  à 
eschace  [avec  une  jambe  de  bois],  Fabliaux  mss. 
ri°  7218,  f°  269,  dans  lacjrne.  ||  xvi"  s.  11  le  fault 
juger  par  luy  mesme,  non  par  ses  atours....  la  t)ase 
n'est  pas  de  la  statue;  mesurez-le  .sans  ses  esclias- 

ses,    MONT.   I,   325. 

—  ETYM.  'Wallon,  /lèse;  namurois,  chache;  rou- 
chi,  écase,  écache;  de  l'ancien  flamand  sc/iae/se, 
échasse;  hoUand.  schaats,  échasse  et  patin. 

t  ÉCUASSERl  (é-cha-se-ri),  s.  m.  Variété  de 
poire  fondante. 

ÉCIIASSIER  (é-cha-sié;  Vr  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  les  é-cha-sié-z  à  longues  jambes), 
s.  m.  "Terme  d'histoire  naturelle.  Ordre  d'oiseaux 
qui  semblent,  à  cause  de  leurs  jambes  longues  et 
dénudées,  être  montés  sur  des  échas.ses. 

—  HIST.  xiii*  s.  Il  ne  fu  ne  clop  [boiteux]  n'es- 
chacier  [héquiUard],  Ainz  s'en  vet  poignant  toz  les 
sauz,  Ren.  28082. 

—  ETYM.  Échasse;  provenç.  eschassier,  monté  sur 
des  échasses,  estropié. 

ÉCHAL'BOULÉ,  É£  (é-chô-bou-lé),  adj.  Qui  a  des 
échauboulures. 

—  HIST.  XVI'  s.  Eschaubouillé,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  chaud,  et  boule, 
ampoule. 

fXIIACBOCLCRE  (é-chô-bou-lu-r'),  s.  f.  Nom 
vulgaire  des  petites  élevures  rouges  qui  viennent 
quelouefoissur  la  peau  pendant  les  chaleurs  de  l'été, 
et  causent  une  vive  démangeaison.  ||  Terme  de  vé- 
térinaire. Maladie  exanthématique  particulière  au 
cheval  et  au  bœuf. 


—  HIST.  XVI'  s.  Eschauhouillure,  cotoravi. 

—  ÉTYM.  Échauboulé ;  saintong.  chaubnullure. 

t  *■  ÊCHAlîDAGK  (é-chô-da-j'j,  s.  m.  Nom  que 
l'on  donne  dans  quelques  provinces  à  l'action  de  la- 
ver la  vai.sselle.  ||  Action  de  passer  de  l'eau  chaude 
dans  les  feuillettes  neuves  pour  s'assurer  qu'elles  ne 
fuient  pomt. 

—  ÉTYM.  Échauder  i. 

+  2.  ECHAUDAGE  (  é-chô-da-j'),  ».  m.  Macéra- 
tion, dans  un  lait  de  chaux,  des  subrtances  desti- 
nées à  la  préparation  de  lacolIeforte.il  Lait  de  chau 
qui  sert  à  blanchir  les  murs;  cette  opération  elle 
même.  , 

—  ETYM.  Échauder  2. 

1.  ÉCHAUDÉ,  ÉE  (é-chô-dé,  dée),  part,  passé 
d'échauder  l.\\V  Lavé  à  l'eau  chaude.  Un  coch'-'nde 
laitéchaudé.  |1  2°  lirûléavec  de  l'eau  chaude.  Ecûaudé 
par  la  chute  d'une  cafetière  bouillante.  ||  Chaléchaudé 
craint  l'eau  froide,  c'est-à-dire  quand  on  a  éprouvé 
quehiue  grande  peine,  quehiue  désappointonient, 
on  en  redoute  jusrpi'à  l'apparence.  Quoique  chat 
échaudé  ait  la  réputation  de  craindre  l'eau  froide.... 
VOLT.  Lett.  en  ters  et  en  prose,  )06.  ||  On  dit  dans 
un  sens  analogue  :  chien  échaudé  ne  revient  pas  en 
cuisine.  Il  3°  Terme  de  la  préparation  des  harengs 
péchés.  Harengs  échaudés  ,  harengs  qui  ont  été 
poussés  à  un  feu  tiop  vif.  {|  4°  Terme  rural.  Blé 
échaudé,  blé  diuit  le  grain,  maigre  et  flétri,  con- 
tient peu  de  farine,  (iraines  échaudées,  graines 
qui ,  semées  sur  une  csuche  très-chaude,  ont  de 
la  sorte  perdu  leur  germe. 

2.  ÉCHAUDÉ  (é-chô-dé),  s.  m.  Espèce  de  petit 
gâteau  de  pâte  échaudée  (c'est-à-dire  mise  dans 
l'eau  bouillante  pendant  vingt  minutes  environ), 
d'oeufs,  de  beurre  et  de  seL 

—  HIST.  xiii'  s.  Nus  talemeliers  [houlanger]  ne 
puet  cuire  au  jour  de  la  feste  aux  mors,  se  ce  ne 
sont  eschaudés  a  donner  por  Dieu,  Liv.  des  met.  H. 
Il  xiV  s.  Eschaudés  chauls,  pommes  de  rouvel  ros- 
îtes, et  dragées  blanches  dessus,  Menagier,  il,  4, 

—  ETY.M.  Échaudé  I  ;  picard,  écaudé. 

t  ÉCIIAUUE.VIENT  (é-chô-de-man),  s.  m.  Terme 
rural.  Ëtat  du  blé  et  des  graines  qui  sont  échau- 
dés. 

—  ÊTYM.  Échauder  i. 

i.  ÉCUAUDER  (é-chô-dé),  t'.  a.  ||  1°  Brûler  lé- 
gèrement et  très-vite.  ||  2°  En  un  sens  restreint,  cau- 
ser une  brûlure  par  l'action  d'un  liquide  boudiant. 
Le  maladroit  m'a  échaudé.  [{  Fig.  et  familièrement. 
Être  échaudé,  éprouver  une  (lerte,  un  dommage.  J'ai 
été  échaudé  dans  celte  allaire.    |{   3°  Laier  avec  de 

I  eau  bouillante.  Echauder  une  cruche,  un  vase  de 
verre.  ||  Dans  queli]ues  provinces,  laver  la  vais- 
selle. Il  Oter  le  poil  d'un  cochon  de  lait  par  le  moyen 
de  l'eau  chaude.  Voilà  un  cochon  de  lait. qu'il  faut 
échauder.  ||  Jeter  de  l'eau  chaude  sur  quelque  chose. 
Échauder  de  la  pâte.  ||  Échauder  des  feuillettes,  y 
passer  de  l'eau  bouillante  pour  s'assurer  qu'elles  ne 
fuient  pas.  ||  4°  S'échauder,  t).  réfl.  Se  brOler  avec 
de  l'eau  bouillante.  Elle  s'est  échaudée  en  retirant 
la  marmite  du  feu.  ||  Fig.  Éprouver  quelque  dom- 
mage. La  plupart  de  ces  princes.„.  Vont  s'échau- 
der en  des  provinces  Pour  le  profifde  quelque  roi, 
LA  FONT.  Fabl.  IX,  (7.  Il  Terme  rural.  Les  plantes  s'é- 
chaudentlorsque,  étantchargéesde  vapeurs,  le  soleil 
fait  noircir  les  bourgeons. 

—  HIST.  xii*  s.  Par  cel  conseil  pesme  [très-mau- 
vais] e  oscur  Auront  esté  vers  tei  parjur,  E  tes  co- 
mandemenz  despiz;  Or  en  sunt  eschaudez  e  quiz 
[cuits];  Apaie  t'ire  e  asuage  [adoucis],  benoît,  ii, 
8786.  Il  XIII'  s.  Eschauder,rostir,escorchier  Les  pois- 
sons de  mer  et  de  flueves,  Ren.  20370.  Ce  me  doit 
bien  cspoenter  [épouvanter],  Qu'eschaudés  doit  iave 
douter,  ib.  (794.  EtcommencierenlSarasinsà  gieter 
grosses  pierres  et  pieusagus,  et  versoient  par  les  fe- 
niestres  aiguë  boudant  pour  cresliens  escauder, 
Chron.  de  llains,  206.  ||  xiv  s.  Car  il  estoit  jouere 
[joueur]  as  dés,  Dont  souvent  en  fu  escaudés  Tout 
sans  aiwe  [eau]  caude  ne  fu  [feu],  1.  de  condé, 
p.  (31.  Il  XV'  s.  Qu'on  meure  de  faim  ne  vueil  pas, 
Mais  le  trop  hasté  s'eschaulda  [prit  chaud];  Il  con- 
vient aler  pas  à  pas,  cii.d'obl.  Compl.  de  l'amaniel 
l'amour.  11  ne  sçait  quel  dueil  est  d'eschauder,  qui 
onques   ne  senti't  le   l'eu,   Perceforest .  t.  vi.  f°  7(. 

II  XVI'  s.  Je  veulx  qu'ils  donnent  une  nazarde  à  Plu- 
tarque  sur  mon  nez,  et  qu'ils  s'eschauldeiit  à  inju- 
rier Seneque  en  moy,  munt.  ii,  vs.  Une  opinion 
pourlaquelle  il  n'eusl  pas  voulu  s'eschaulder  le  buul 
du  doigt,  ID.  Il,  326.  ....  Qui  l'empesche  de  se  re- 
soulilre,  craignant  de  s'eschauder  en  son  jugement, 
charron,  Hagesse,  u,  ((. 

—  ÉTYM.  £  pour  es....  préfixe,  et  chaud;  waUoD, 
bulle,  hauder;  provenç.  escaudar;  ital.  scaldan. 

l.  —  160 


1274  ÊCl- 

t  s.  ÉCBArrER  (é-chô-dê) ,  V.  a.  Terme  de  con- 
itniction.  Donner  *iii  (ilaforpls  plusieurs  couches  de 
chfiu<  ''leiiite  01  claire  avant  île  les  passer  au  Manc. 

_  ETVM.  li  pour  es....  préfixe,  et  chaux  (\oy. 
CHAi'Di'B).  (  liauder  ei  f/inuifr  sont  deux  formations 
peu  r<>(.'uli"res  de  cliaux ;  la  preinic're  sa  dit  des 
rouchei"  de  cliaui  qu'on  donne,  la  seconde  de  l'ac- 
lion  de  passer  des  grains  à  la  chaux. 

t  r.CllAntKL'R,  KL'SE  (6-chô-deur,  deû-z'), 
.  m.  cl  /■  i^elui,  celle  qui  échaude. 

—  frvM   fixhauder  <. 

■(  RCIlAl'ld  (é-chô-di),  t.  m.  Voy.  ÉcnADDis. 

j  ECIIAUHILI.ON  (é-chô-dl-llon,  Il  mouillées), 
it.  m.  Morceau  de  fer  que  l'on  présente  au  feu,  afin 
de  le  souder  quand  il  est  chaud.  ||  On  trouve  aussi 
cliaudiUon. 

—  f:TY.M.  Échauder. 

j  ÈCllAt'DIS  (é-chô-di),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Grosse  houcle  de  fer  dans  laquelle  on  passe  la  liure 
du  lieaiipré. 

ECIIAL'DOIR  (é-chô-doir),  s.  m.  ||  l«Lieu  où  l'on 
échaude.  ||  Vaisseau  qui  sert  à  échauder.  ||  2°  Lieu 
et  vaisseau  où  les  teinturiers  écliaudent  et  dégrais- 
sent leurs  laines.  ||  3"  Lieu  pavé,  dans  les  abattoirs, 
où  les  hDiicliers  préparent  les  liêtes  qu'ils  ont  tuées. 

IIIST.  XVI'  s.  Visiter  une  fois  la  semaine  pour 

le  moins  toutes  les  liergeries,  bouveries,  tueries,  es- 
corclieries.  esch.iudciueis,  estalles  et  autres  lieux  où 
lesdils  liouciiers  uni  accoutumé  do  iiictire  et  retirer 
leurs  bestiaux  vils  ou  morts,  Lell.pat.  1 3  mars  i£.(i8. 

—  f.TVM    /•'f/iiiiider  I. 

t  r.CIIAlIiLKKfé-chô-dur'),  !./■.  Effet  produit  sur 
la  peau  par  un  corps  trop  chauil,  et,  spécialement, 
par  l'eau  tiouill.inte.  Il  a  une  échaudure  à  la  main. 

—  f.TVM.  f:ilioniler  1. 

r.C.UAI'KFAlSO.N  (é-chô-fè-zon),  *.  f.  Terme  du 
laiiKafrc  vul^•all•e.  lii(lis|upsition  qui  se  manifeste  par 
quelque  éruption  a  la  peau. 

—  iiisr.  XV  s.  La  parolle  de  eschaulTaison  et  de 
félonie  luy  faillit,  mais  non  pas  la  voulenté  de  (lis 
dire,  AL  ciiAHT.  l'Esp.  ou  ion.vol.  des  trois  vertus. 
llxvi's.  Ouaiiil  l'humeur  vieille  alors  des  eaux  lais- 
sée. Fut  par  l'ardeur  du  cler  soleil  pressée  D'es- 
cha'uffaison  ,  mah.  iv,  34.  Joint  à  cela  les  solicita- 
lions  de»  jesmles  et  de  Home,  et  eiicor  quelques 
eschaufaisons  de  l'amliassjideur  d'Kspa^ne,  d'aub. 
IlisI  111.  ■'•'•  Si  le  lait  estoil  de  mauvaise  odeur 
comme  d'eschaulTaison,  c'est  signe  decUaleur  et  de 
sang  adii.ste,  pake,  xviii,  2i>. 

—  r.TVM.   Eiliitulfer. 

CCIIAI'I'PAM',  A.VTE  (é-chô-fan,  fan-t'),  adj. 
Il  !•  Oui  échaiilTe,  i]ui  augmente  la  chaleur.  Des 
corps  échauiraiits.  ||  i°  Qui  aui-'inente  la  chaleur  ani- 
male. Aliment,  remède  échauffant.  ||  Dans  lelangat:e 
vulgaire,  aliment  échauffant,  aliment  qui  resserre 
le  ventre.  ||  -S.  m.  Aliment,  médicament  de  nature  à 
échauffer,  c'est-à-dire  à  exciter  l'action  organii|fie 
dos  divers  systèmes  de  l'économie,  à  accélérer  la 
circulation  et  accroître  par  conséquent  la  chaleur 
animale.  Ne  prenez  pas  d'échauffants. 

—  f.TVM.  Ecliaulfrr. 

■f  f.C.llAL'FHî' (é-ch4-r),  t.  f.  Terme  de  tannerie. 
Étuve  dans  laquelle  on  dispose  les  peaux  à  laisser 
a;ler  les  poils  dont  elles  sont  couvertes. 

—  f.TVM.   itdiaiilfer. 

ftCllAUFKfi,  f.K.  (échô-fé,  fée),  part,  passé. 
Il  1*  Oui  asulii  l'action  de  la  chaleur.  Le  mur  échauffé 

parlesrayonsdu  soleil.  ||  2°  Fig d'une  laide  femme 

ils  ont  l'Ame  échauffée,  RCa.Nitn,  Sut.  vu.  Échauffé 
du  vin  et  du  la  tiéliauchc,  ils  montent  tout  armés 
au  haut  du  reinp.irt,  d'aiilancouht,  ^rr. liv.i,  dans 
mciiEi.KT.  Il  donne  aux  songesde  son  esprit  échaull'é 
le  poids  des  révélations,  uvss.  Ateiil.  Cire.  Je  les 
trouvai  écliauffés  sur  une  dispute  la  plus  mince 
(lu'on  se  puisse  imaginer.  yoNttSQ.  Leit.  pers.  i&. 
Échauffés  par  l'espoir  ou  glacé."  par  la  crainte,  volt. 
l/f'inpi',  I,  4.  Il  11  se  dit  aussi  iie  la  télé,  de  la  poi- 
trine, où  une  chaleur  incommode  et  même  morlmle 
se  fait  sentir. On  a  la  poitrine  échauffée,  dascourt, 
Ctphale  et  l'rncris,  l'riiliigue.  ||  3°  Teint  échaulTô, 
teint  marqué  de  taches  rouges,  de  boulons,  signes 
d'échauffemenl.  lia  le  leinl  écliaullé,  la  bhuy.  vt. 
Il  Dans  le  langage  vulgaire.  Oinstipé.  ||  i"  Bois 
échaullé.  liois  qui  commence  il  se  gâter,  à  se  pour- 
rir il  5"  S.  m  Nom  tW'tiui  à  une  Certaine  odeur  rance 
due  k  la  chaleur,  à  l'HntassMment.  Celle  viande  sent 
récUnutré.  i>  hié  sent  l'échaullv. 

I  l-.r.llAl  FFf.K  (é-chéléi),  i.  f.  Première  opéra- 
tion di'Mji.iun  iTs  pour  chauffer  le  fourneau. 

—  K.rvM    hyiuti(i[é. 

tCllAl  KFF.MKXT  (é-chft  fe-man),  ».  m.  |l  !•  Ac- 
tiou  d'écbaulfer.  L'écliaulfemenl  des  terres  par  l'ac- 
tion solaire.  ||  2*  Augmentation    de  chaleur  dans 


ECH 

l'économie  animale,  caractérisée  par  un  sentiment 
d'ardeur,  par  de  la  soif,  par  la  constipation,  par 
des  ébuUitions  et  des  démangeaisons  dans  tout  le 
corps,  par  un  teint  animé.  ||  3'  Dans  le  langage  vul- 
gaire, synonyme  de  constipation.  ||  Se  dit  quelque- 
fois pour  désigner  uneblennorrhagielégére.||  Terme 
de  vétérinaire.  Êchauffement  de  la  fourchette,  ma- 
ladie du  pied  des  solipédes.  ||  4*  Ëiat  de  grains,  de 
farines  qui  ont  subi  un  commencement  de  fermen- 
tation par  la  chaleur. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Comment  puis  je  sentir  eschauffe- 
ment  pareil  A  celuy  qui  est  prés  de  sa  flamme  di- 
vine? DU  BELLAY,  VI,  8,  rcclo.  Et  là  attirer  la 
garnison  de  Ca.stel-Jaloux  par  divers  eschauffements 
[provocationsl ,  d'aub.  Ilist.  ii,  285, 

—  Etym.  Échauffer;  provenç.  escalfament. 
ÊCHAUFFEIt  (é-chô-fé) ,  v.  a.  ||  1°  Kendre  chaud. 

Le  soleil  échauffe  la  terre.  Les  oiseaux  échauffent 
leurs  petits  souS  leurs  ailes.  ||  2°  Causer  un  excès  de 
chaleur  dans  l'économie  animale.  Les  liqueurs  al- 
cooliques échauffent  le  corps.  ||  Absolument.  Ce 
n'est  pas  par  la  nature  des  aliments  que  le  maigre 
échauffe,  J.  J.  bouss.  Ém.  i.  ||  Dans  le  langage  vul- 
gaire, se  dit  pour  constiper.  Certains  aliments 
échauffent.  {|  Terme  de  vénerie.  Échauffer  les  fai- 
sans, leur  donner  une  nourriture  échauffante,  afin 
d'exciter  à  la  ponte  les  jeunes  femelles.  ||  3"  Il  se  dit 
aussi  de  l'aclion  qui  cause  une  sorte  de  fermenta- 
tion et  d'altération  dans  les  substances  organi- 
ques. Ils  y  contractaient  une  moisissure,  une  es- 
pèce de  mousse  qui  les  échauffait,  raynal,  Uisl. 
phii  XVI,  17.  Il  4°  Fig  Échauffer  quelqu'un,  lui 
donner  une  sorte  de  chaleur  morale  qui  l'excite, 
l'enflamme,  l'irrite.  S'il  est  prompt  et  bouillant, 
le  roi  ne  l'est  pas  moins;  El  comme  à  l'échauffer 
j'appliquerai  mes  soins....  corn.  Nicom.  lit,  2. 
Laissons  cette  matière  qui  t'écliauffe  un  peu  trop, 
MOL.  Critique,  <.  ||  11  se  dit  aussi  des  choses.  Pour 
échauffer  notre  amour,  B0--S.  Euch.  3.  Echauffant 
par  mes  pleurs  ses  soins  trop  languissants,  UAC.Uaj. 
IV,  I.  Echauffer  mes  transi.orls  trop  lents,  trop 
retenus,  ID.  Fliéd.  iv,  4.  Figuie-toi  Pyrrhus,  les 
yeux  étincelants,  El  de  sang  tout  couvert  échauf- 
fant le  carnage,  m.  Andr.  ni,  8.  ||  Absolument.  Les 
conseils  de  la  vieillesse  éclairent  sans  échauffer, 
comme  le  soleil  de  l'hiver,  vauv.  ilax.  eux.  ];  5°  Fa- 
milièrement. Échauffiir  les  oreilles,  impatienter, 
irriter.  Ketire-toi,  te  dis-je,  et  ne  m'échauffe  pas 
les  oreilles,  mol.  j4rarc,  ii,  3.  Qu'elle  ne  vienne 
pas  m'échauffer  les  oreilles,  iD.  Fem.  sav.  m.  8. 
Il  Echauffer  le  sang,  la  bile,  la  tête  à  quelqu'un, 
l'iiriler.  Mes  yeux  sont  trop  blessés;  et  la  cour  et  la 
ville  Ne  m'offrent  rien  qu'objets  à  m'échauffer  la  Iule, 
MOL.  Mi".  I,  (.Si  vous  m'échauffez  la  tète,  je  vous 
ferai  rire  d'une  autre  sorte,  ID.  l'Aiare,  m,  6.  11 
ne  fallait  pas  grand'cnose  pour  leur  échauffer  la  télé, 
IIAMILT.  Gramm.  4.  ||  6°  Terme  de  vénerie.  Échanff'er 
la  voie,  la  suivre  avec  ardeur.  ||  7"  Terme  de  manu- 
facture. Échauffer  une  étoffe,  la  rider  en  la  fouknt 
trop.  118"  S'échauffer,  f.  réfl.  Devenir  chaud.  Les 
continents  s'échauffent  pendant  l'été.  Il  avait  la 
fièvre  et  ne  put  s'échauffer  auprès  d'un  bon  feu 
Piiichérie  répétait  des  vers,  en  se  promenant  à 
grands  pas  pour  s'échauffer,  m"'  de  genlis,  Veil 
le'cs  du  c/idl.  t  I,  p.  i-u,  dans  pougens.  ||  9°  Se 
donner  une  irritation.  Ne  courez  pas  tant,  vous 
vous  échaufferez.  Il  s'est  échauffé  en  travaillant 
trop.  Il  On  dit  de  même  :  11  est  trop  sédentaire; 
son  sang  s'échauffe.  ||  10°  Fig.  S'animer,  s'exciter. 
Puisque  chacun,  dil-il,  s'échauffe  en  ce  discord, 
CORN.  Ilor.  m,  2.  Tu  me  contais  alors  IHiistoire 
de  mon  père;  Tu  sais  combien  mon  âme,  atten- 
tive à  la  voix,  S'échauffait  au  récit  de  ses  nobles 
exploits,  RAC.  l'Iiid.  1,1.  Uon  homme  s'échauffa 
là -dessus  d'un  zèle  dévot,  pasc.  l'rov.  (.  Un 
homme  s'échauffe  lui-même  par  de  faux  raison- 
nements, Boss.  Ciinn.  de  Dieu,  (.  À  mesure  qu'il 
s'échauffait  contre  l'Eglise,  ID.  i'ar.  t.  On  dira  peut- 
être  que  le  sujet  ne  valait  guère  la  peine  i|u'on  s'é- 
chaulTàt;  car  de  quoi  s'agissait-il?  de  savoir  si  les 
Heurs  et  les  fruits  suffi.saieiit  pour  établir  les 
genres....  roNTEN.  Tournefort.  Puis,  s'échauffani 
peu  à  peu.  il  se  répandit  en  reproches  et  en  injures 
contre  les  Romains  en  général  et  personneliemenl 
contre  Quintiiis,  bollin,  Ilist.  anc  Œuvres,  t.  viii. 
p.  362,  dans  poiOENS.  Le  peuple  s'échauffera  pour 
un  acteur  comme  il  aurait  lait  pour  les  affaires, 
MOXTESQ.  t'spr.  m,  2.  Il  11'  Se  mettre  en  colère, 
s'emporter.  C'était  se  moquer  que  de  s'échauffer 
ainsi  pour  rien,  iumilt  Cramm.  t.  ||  S'échauffer  en 
son  harnois,  parler  de  quelque  chose  avec  beaucoup 
de  véhémence  et  d'émolion.  ||  12°  Par  extension.  La 
dispute   s'échauffe.  Le  jeu  s'échauffe.  l.es  brigues 


ÉCH 

s'écbautTent,  vacgel.  Q.  C.  Ut.  iv,  dans  iucirei.ET. 
La  guerre  s'échauffe  tous  les  jours,  «év.  148.  D« 
parole  en  p#"ole  le  différend  s'écbautfa  jusqu'à  tel 
point  que  la  femme  demanda  son  bien  et  voulut  s« 
retirer  chez  ses  parents,  la  font.  Vie  d'Ésope.  Si, 
pour  éprouver  et  châtier  ses  enf.ints,  il  [Dieu]  per- 
met que  la  persécution  s'échauffe  contre  eux,  boss. 
Polit.  VI,  ii.e.Le  premier  ministre  des  Indes  elle  nô- 
tre .soutinrent  dignement  les  droits  de  leurs  maîtres; 
la  querelle  s'échauffa,  volt.  Babouc.  ||  13*  Terme  de 
chasse.  S'échauffer  sur  la  voie,  se  dit  des  chiens  qui 
suivent  la  voie  avec  trop  d'ardeur.  ||  14*  On  dit  que 
des  substances  organiques,  grains,  farines,  eus. 
s'échauffent,  quand  elles  ont  subi  un  commence- 
ment de  fermentation  par  la  chaleur  succédant  à 
l'humidité.  Ce  grain,  celle  farine  risque  de  s'é- 
chauffer dans  ce  lieu.  ||  Proverbe.  Les  cabareliers, 
le  mauvais  train  échauffent  les  maisons,  c'e5t-à-<lire 
ils  y  logent  les  preciers,  sitSt  qu'elles  sont  bities 
et  avant  qu'elles  v^  <nt  sèches. 

—  IIIST.  XII*  s  iu  --.d  li  reis  fut  de  grant  aage,  et 
quant  l'um  le  c  "^'J,  eschaulfer  ne  poeit,  lloit, 
p.  220.  Il  xm"  s.  Av  anateur  meîsme  moult  souvent  il 
jouoit,  Et  li  uns  et  j  autres  forment  s'y  eschauffoit, 
Jeudedet,  jlbin.  t.  il,  23i.  [La  dame]  Qui  aukei 
[un  peu]  est  jàeskaufée  Del  fu  [feu]  dunt  Gui;emer 
se  sent,  marie,  Guijemi-r.  Tant  que  mon  cors  [j'] 
eusse  un  peut  eschaufé,  Uerte ,  xlv.  Car  aussi  com 
quant  est  li  pors  [sanglier]  Eschauffés  des  chiens 
par  effors.  Et  il  à  tous  estai  leur  livre.  Tant  que  les 
pluiseurs  à  mort  livre,  Bi.  et  Jeh.  t.  4360.  Li  ti/ 
deable,  li  maufé.  L'ont  si  en  amer  [aimer]  échaufé, 
la  Rose,  0416.  Ele  tint  ung  brandon  ffamant  lllam- 
banl]  En  sa  main  destre  dont  la  llame  A  eschauffée 
mainte  dame,  ib.  3138.  Les  chevaus  estoieni  lassez 
et  le  jour  esloit  eschaufé,  jqinv.  227||xiv*s.  Cer- 
tains esbateniens,  comme  Inities  ou  cour.ses,  pour 
soy  escliauffer  et  exercitcr,  obesue,  Etii.  «4.  Ainsi 
grans  menaces  coroint,  Mais  les  Bretons  tout  escou- 
toint  Sans  s'eschauffer  ne  poy  ne  grant,  Litre  du 
bon  Jehan,  v.  3212.  De  l'un  coslé  et  l'autre  pensuent 
de  frapjier,  Ainsi  que  la  bataille  se  prist  à  eschauf- 
fer,  Guescl.  v.  t9i63.  Touie  personne  qui  s'eschaufTe 
en  sa  parole  n'est  mie  bien  attrempée  en  son  sens, 
Hénagier,  i,  8.  ||  xv*  s.  Madame  sa  mère,  qui  fut 
toute  ensoignéede  le  rapaiser,  tant  estoii  eschauffé 
elaïré,  froiss.  i,  i,  luu.  ||xvi*s.  Hanibal  avoit 
faicl  espandre  du  feu  par  tout  son  ost  pour  eschauf- 
fer  ses  soldais,  mont.i,  201.  M.  L'admirai,  qui  n'es- 
toit  pas  novice  es  affaires  d'cstat,  prévoyant  que  le 
jeu  s'alloil  eschauffer,  lanoue,  646.  Elle  pendit  sur 
le  feu  un  grand  vaisseau  plein  de  vin,  el  pendant 
qu'il  eschauffoit....  tveb,  p.  667.  Toute  rigueur 
s'amollit  par  prière;  Tout  gentil  coeur  sesthauDe 
d'amitié,  bons.  756.  Essayant  par  des  manières  in- 
sinuantes de  l'eschaufer  en  sa  faveur,  J/em.  juf 
Uuyucscl.  13.  Benoist  monsieur,  dil  Pan urge,  vous 
vous  eschauffez  dans  voslre  harnois,  à  ce  que  je  voy 
et  cognoy,  bab.  l'ant.  iv,  7. 

—  ETVM.  É  pour  es....  préfixe,  et  chauffer;  pi- 
card, écaufer;  provenç.  escatfar. 

ÉCIlAl'FKOl'UÉE  (é-chô  fou-rée),  I. /■.  ||  1*  En- 
tre[irise  téméraire,  mal  concertée.  ||  2°  Terme  de 
guerre.  Itencontre  imprévue.  Il  venait  de  se  passer, 
non  loin  de  là,  une  éch.iullourée  sur  laquelle  Murât 
se  taisait;  notre  avant-garde  avait  été  culbutée.... 
séglr,  Wisl.  de  fiapol.  iv,  8.  ||  3*  Terme  de  prati- 
que. Incident  de  procédure  qui  tourne  mal  pour  la 
partie  qui  l'a  fait  naître.  ||  4*  Terme  de  jeu  d'écheci. 
Coup  hardi,  mais  malheureux. 

—  ETVM.  Le  peuple  dit  échaffourée.  Le  fait  est 
qu'il  y  a  dans  la  langue  du  xvi*  siècle  le  verbe  chaj- 
fourer  ou  chauffourer  ;  Tousjours  se  vauliroit  par  le« 
fanges,  sechauirouroit  le  visaige,  bab.  6'arg.  i,ii  ;  U 
ratissoil  le  papieî,  chauffouroii  le  parchemin,  lo.  ib.; 
Leur  retraite  mesnie  est  pleine  de  corruption,  l'idèâ 
de  leur  amendement  chaffourée,  most.  m,  206.  Ce 
même  verbe  se  tiouve  avec  le  préfixe  es  :  Je  suis 
bien  marry  qu'il  m'ait  fallu  apporier  cet  exemple  et 
le  mettre  icy,  d'autant  qu'il  est  d'une  personne  pri- 
vée el  de  basse  condition,  pour  ce  que  j'ay  dviilieré 
do  n'escafourer  mon  papier  de  si  peines  personnes, 
brant.  Dames  gai.  t.  ii.  p.  64,  dans  lacurne.  Échauf- 
fourée  vient  sans  doute  de  ce  verlie;  mais  chaufuw- 
rer  d'où  vicnt-il?  Le  verbe  (ourrer  parait  bien  y 
être;  quant  au  préfixe  c'ia  ou  chau,  on  peut  croire 
que  c'est  l'adject  f  chaud  :  fourrer  dans  le  chaud, 
c'esl-à-dire  dans  le  feu,  de  manière  pourtant  à  s'en 
retirer,  à  n'y  pas  périr. 

f.CllAL'FFl'HE  (é-chù-fu-r',,  s.  f.  Petite  rougeur 
qui  vient  sur  la  peau  dans  une  échauffaison.  ||  Aclio,i 
de  s'échauffer,  en  parlant  des  substaiices  ijrganiqoes 
qui  fermentent  et  s'allèrent. 


ËCH 

—  msT.  xm»  s.  Mist  l'en  son  sein,  si  l'eschanta; 
1,1  serppnz  par  l'eschaufeare  Est  revenus  à  sa  na- 
ture,  Fnbliaur  mss.  dans  laclane. 

—  ETYM.  fi.chmiffn. 

ÉcnALT.rKrrE  (é-chô-ghè-f),  ï.  f.  Espèce  de 
puérile  de  bois  qui  est  placée  sur  un  lieu  élevé  el 
Oïl  l'on  mel  une  senlinellc. 

—  SYN.  ÉCHAUGUETTE,    GUÉBITE.  L'échaUgUeUe  BSt 

en  bois;  la  guérile  peut  être  en  bois  ou  en  pierre. 

—  IIIST.  XII'  s.  Mil  escliargaile  les  gailcnt  en  veil- 
lant, «nnc.  p.  (U.||xiii's.  La  nuit  fis!  l'escliargaile 
Godefrois  de  Bouillon,  Ch.  (VAnlinche,  m,  704. 
Commandée  fui  l'eschauguette  X  ceulx  d'Alhenes.... 
Trois  mille  hommes  de  nuit  veilleront.  Oui  toute  l'osl 
e.schaugueterent.  Alliis,  dans  du  cakge,  scaraguryla. 
Il  XVI'  s.  Or  y  avoil-il  enlre  leurs  deux  camps  une 
Initie  forte  d'a.ssiette  et  couverte  de  bocages  à  l'en- 
tour,  cl  y  avoit  des  eschoguettes,  dont  on  pouvoit 
descouvrir  de  loin  vers  l'un  el  l'autre  camp,  amyot. 
Uarc.  47.  Les  anciens  nous  servent  d'eschaugueltes 
pour  voir  de  loin  ,  pabé  ,  Au  lecteur.  Los  guerres  ci- 
viles nous  mettent  cliascun  en  eschauguetle  en  sa 
propre  maison,  mont,  iv,  loo. 

—  ÉTY'M.  Bas-iat.  scaragttaita ,  du  germanique  : 
suédois,  scara;  allem.  Scliaar,  troupe,  bamie,  et 
guetter  (voy.  guetter)  :  troupe  qui  fait  le  guet. 

ÉCll.AULEn  (é-cholé),  v.  a.  Voy.  chauler. 

t  lîCIIAU.ME  (é-chô-m'),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Voy.  F.ciioME. 

T  ÉCIlADMEn  (échô-mé),  V.  a.  Terme  rural.  Ar- 
racher le  chaume,  le  pied  du  blé  après  la  moisson. 
Êchaumer  un  champ. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  chaume. 

t  ÉCIIACX  (é-chô),  s.  m.  Terme  rural.  Rigole 
pour  l'écoulement  des  eaux  ou  pour  l'irrigation. 

—  Etysi.  Ce  paraît  être  une  corruption  de  éche- 
nal.  /'chenaux. 

ÈC.IIK  (è-ch'),  s.  f.  Terme  de  pêche.  Voy.  aiciie. 

—  iriST.  xiv  s.  Lip'ie  et  ameçon  avec  esche  de 
char,  Hénagier,  II,  6.  se  tu  veulx  faire  bonne  esche 
[amadou)  pour  alumer  du  feu  au  fusil,  ib.  ii,  6. 

—  ETYM.  Lai.  esca,  aliment,  amorce. 

t  ÉCIIEaBLE  (é  ché-a-lil'),  adj.  Terme  de  com- 
merce. Qui  peut,  qui  doit  échoir.  Un  eflet  échéable 
à  telle  époque.  On  dit  mieux  échéant. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Héritages  redevables  de  coustume 
echeable,  comme  de  cliair,  pain  ou  grain  assis  en 
la  prt^voslé  de  Troyes,  sont  eclieablès  et  mainmor- 
tables,  S'nureau  coust.  génér.  t.  m,  p.  272, 

—  ETYM.  Éclioir. 

ÊCHÊANXE  (é-ché-an-s'),  s.  f.  \\  1»  Époque  du 
payement  d'une  créance,  d'une  rente,  d'un  billet, 
d'un  fermage,  etc.  Négociant  embarrassé  toutes  les 
fois  que  les  échéances  arrivent.  Le  payement  se  fait 
rarement  aux  échéances  convenues;  el  ce  manque- 
ment de  foi  a  toujours  divisé  la  colonie  et  les  mé- 
tropoles, BAYNAL,  llist.  phil.  XIII,  67.  ||  2°  Dans  le 
langage  de  la  procédure.  Terme  d'un  délai.  Le  mois 
a  trente  jours;  jusqu'à  celte  échéance  Jeûnerons- 
nous,  par  votre  foi'?  la  font.  Fabl.  x,  16. 

—  HlST.  xiii'  s.  S'aucune  tele  esquence  est  es- 
queue  à  l'omme  avant  qu'il  ait  espousé,  beacm.  xiii, 
<a.  Esqueance,  si  est  quant  héritages  esquiet  de 
costé  par  le  [la]  defaute  de  ce  que  cil  qui  muert  n'a 
nul  enfant,  m.  xiv,  3. 

—  ETY.M.  Échoir;  provenç.  escazenxa;  espagn. 
escaencia;  ilal.  scadcma. 

t  ÊCUÊAiNXlER  (é-ché-an-sié),  t.  m.  Terme  de 
commerce.  Carnet  de  négociant,  pour  inscrire  les 
échéances  des  effets  à  recevoir  ou  î  acquitter, 

—  ETYM.  Échoir. 

ÉCIIÉANT  (é-ché-an),  part,  présent  du  verbe 
échoir.  Un  billet  échéant  dans  le  courant  d'avril. 
Les  termes  échéant  en  juillet.  ||  U  s'emploie  quel- 
quefois adjectivement.  Les  billets  échéants.  Les 
termes  échéants. 

ECHKC  (é-cliék;  au  pluriel,  des  é-chtk;  l's  ne  se 
lie  pas:  des  é-chùk  inattendus;  cependant  quelque.s- 
uns  la  lient;  des  échèk-z  iiiatlendus),  i.  m.||  1°  Terme 
qu'on  emploie  au  jeu  d'échecs  chaque  fois  qu'on  at- 
taquai le  roi  ou  qu'on  met  la  reine  en  prise.  Échec 
au  roi.  Echec  à  la  reine.  U  se  couvrit  di  l'échec  par 
un  pion  On  ne  peut  se  couvrir  de  l'échec  du  cava- 
lier. Kdire  échec.  Ë  ro  en  échec,  |i  Échec  et  mat,  se 
(lit  q  and  le  roi  ne  peut  plus  se  couvrir  ni  se  reiirer, 
ce  qui  ilécide  du  ga  n  de  la  partie.  Faire  le  roi  échec 
cl  mal.  Kiireéi  hec  et  mat,  g  giier  la  partie.  Mon  ro 
e-t  e.'l.ec  oi  mat,  ou  je  suis  échec  et  mal,  c'est-à- 
<li.re  j'ai  iierdu  la  partie.  ||  Fig.  Kl  n'était,  quel  qu'il 
1  lU,  mu  eau  dedans  le  plai  Oui  des  yeux  ou  des  niaiii> 
n'.  n.  un  éclie.-  et  mal,  réonier,  Sal.  x.Nous.'e  trou 
vâme^  [.M.  de  Pomponne]  et  les  dames  qui  nous  reçu- 
rent fort  gaiement;  on  causa  tout  le  soir;  on  joua 


ECU 

aux  échecs;  ah!  quel  échec  et  mat  on  lui  préparait  j 

i  Saint-Germain  {aa  destitution  ;  I  sÉv.  380,  La  vie  de  I 
la  cour  est  un  jeu  sérieux,  mélancolique,  qui  ap- 
plique; il  faut  arranger  ses  pièces....  el  après  toutes  j 
ses  rêveries  et  toutes  ses  mesures  on  est  échec,  el 
quelquefois  mat,  la  briiy.  viii.  Le  roi  qu'on  n'osait 
ni  SI  courir  ni  abandonner  fut  échec  el  mat,  volt. 
Leit.  Prusse,  67.  ||  Ëcliec  et  mat,  sorte  de  proposi- 
tion elli|ilique  pour  dire  (|u'on  n'a  [las  réussi,  qu'on 
a  échoué  dans  une  entreprise.  Échec  el  mat,  se  dit 
le  vieillard  en  se  rasseyant  tranquiUeuienl;  par- 
bleul  voilà  une  maltresse  femme,  ch.  de  bebnard, 
la  Femme  de  4o  ans.  §  x.  |1  Tenir  en  échec,  nieltre 
dans  l'impossibilité  d'agir, de  prendre  une  résolution. 
Si  vous  voulez  qu'il  puisse  trouver  la  vérité,  chassez 
cet  animal  [une  mouche  bourdonnante],  qui  tient  sa 
raison  en  échec  et  trouble  celte  pui.ssanle  intelli- 
gence qui  gouverne  les  villes  el  les  royaumes,  pasc. 
Pensées,  t.  i,  p.  268,  éd.  La  hure,  tsoo.  Ne  savez- 
vous  pas  comment  les  jansénistes  les  tiennent  en 
échec?  m.  Prav.  >.  Vous  lui  supposez  une  audace, 
une  présomption  qui  tient  ses  lumières  en  échec, 
MARIVAUX,  dans  desfontaines.  Il  Tenir  en  échec,  se 
dit  aussi  d'une  troupe  de  guerre  qu'on  empêche 
d'agir.  De  là  ils  tinrent  en  échec  leur  ennemi,  qui 
souffrait  également  et  de  la  chaleur  du  climat  et  du 
défaut  de  rafraîchissements,  bavnal,  llist.  phil.  x, 
16.  Il  2°  Dommage,  revers.  Sa  fortune  a  éprouvé  un 
échec  considérable.  Etside  quelqueéchec  notre  faute 
est  suivie,  Nous  disons  injures  au  sort,  la  font. 
Fabl.  vil,  44.  Pourquoi  sortirait-il  d'une  situation 
brillante,  quoique  non  assurée,  pour  se  jeter  dans 
une  situation  si  critique  oii  le  moindre  échec  pouvait 
tout  perdre,  où  toul  revers  serait  décisif?  sf.cub, 
Iliit.  de  Napnl.  il,  4.  ||  Perte  considérable  éprouvée 
par  une  armée.  L'échec  d'Inkowo  venait  de  décider 
Napoléon;  dix  mille  chevaux  russes,  dans  une  ren- 
contre d'avant-garde,  avaient  culbuté  Sébastian!  el 
sa  cavalerie,  id.  ib.  vi,  I. 

—  h;st.  xiii'  s.  Au  roc  [avec  le  roc,  la  tour]  [il] 
en  prist  un  grant  tropel.  Et  dist  eskec;  moult  li  fu 
bel,  FI.  et  Bl.  fl.  v.  2II7.  [Il]  L'assailli  pur  II  des- 
confire, Eschec  et  mat  li  ala  dire,  la  llose,  fi67G. 
Il  xvi' s.  Ainsi,  à  divers  tours  de  vieille  guerre,  les 
endommageoit,  et  conduisoit  tellemenl  ses  entre- 
prises que  sur  ses  ennemis  avoii  tousjnurs  eschec  à 
i'advantage,  jean  d'auton.  Annales  ae  Ln-iis  Ail, 
p.  134,  dans  LACURNE.  L'artillerie  fit  son  -is  hec 
[coup]  dans  les  Mutinades,  d'aub.  llist.  m,  303.  Une 
grande  sortie  sur  le  reste  fit  un  merveilleux  eschec 
sur  les  Turcs,  carloix,  i,  4i.  M.  de  Vieilleviile,  qui 
avoit  laissé  M.  le  prince  de  la  Uoche-sur-Yoïi  en 
peine  de  lui,  le  voulut  bien  lever  de  cet  eschec  [in- 
quiétude], ID.  IV,  4. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉciiFcs.  Il  y  avait  dans  l'ancien 
français  escheq,  eschieq,  eschac,  qui  signifiait  butin 
et  que  Diez rattache  àl'ancien  hauta!lemandic/i(î/i, 
butin ,  le  c  empêchant  de  raltacner  ce  mot  à 
échoir. 

ÊCUECS  (é-chJ;  l's  se  lie:  des  é-chè-z  en  ivoire), 
s.  m.plur.  Il  1°  Jeu  qui  se  joue  à  deux  personnes,  sur 
undamierdec>4cases,  avec  huit  pièces  ethuitpionsde 
chaque  côté.  Le  premier  joueur  d'échecs  du  royaume, 
HAMiLT.  Gramm.  iO.  ||  Aux  échecs  les  fous  sont  les 
plus  près  des  rois,  signifie  qu'à  la  cour  et  prés  des 
princes  les  gens  peu  raisonnables  sont  souvent  en 
grande  faveur.  Les  fous  sont  aux  échecs  les  plus 
proches  des  rois,  régnieb,  Sat.  xiv.  ||  Kig.  Il  se  passa 
en  Flandre  des  choses  plus  intéressantes;  ce  fut  d'a- 
bord un  beau  jeu  d'échecs  [savantes  opérations  mi- 
litaires], et  plusieurs  marches  du  prince  d'Orange, 
ST-siM.  80,  91.  Il  2°  L'ensemble  des  pièces  de  ce  jeu. 
Des  échecs  en  ivoire. 

—  HlST.  XI*  s.  As  eschecs  jouent  li  plus  saige  et  li 
viel,  Ch.  de  iiol.  viii.  ||  xii*  s.  D'eschas,  de  rivière 
et  de  chasse,  [je]  Voil  que  du  tout  [il]  aprenge  et 
sace  [sache],  be.noît,  v.  h 637.  ||  xiii*  s.  Puis  aprist 
il  as  tables  et  as  eschas  jouer,  l'arise  la  duchesse, 
DU  GANGE,  scacatus.  Joweir  aux  escas  et  ez  tables, 
ID.  ib.  Il  XV'  s.  Et  trouva  le  comte  de  Hainaul  son 
neveu  qui  jouoit  aux  eschecs  au  comte  de  Kamur, 

FBOISS.   I,  1,   HO. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escac;  espagn.  et  portug.  xa- 
que;  du  persan  slia,  roi.  La  locution  échec  et  mat, 
qui  signilie  en  persan  :  le  roi  est  mort,  a  donné  le 
nom  au  jeu  et  aux  pièces  du  jeu. 

t  ÉCIIÉE  (é-cliée),  s.  f.  Ouautité  de  fîl  que  l'on 
place  à  la  fois  sur  le  dévidoir. 

—  ETYM.  H  parait  tenir  au  bas-latin  eschaota, 
écheveaii  (voy.  Echeveau). 

t  ÉCliELADE  (é-che-la-d'),  s.  f.  Assaut  donné  à 
l'aide  d'échelles.  On  chercha  à  prévenir  les  éclie- 
lades  en  donnant  plus  de  relief  aux  courtines  [des 


ÈCH 


1275 


châteaux  forts],  Hist.  littéT.  de  la  France,  t.  xxir, 

p.  7119. 

—  ETYM.  tcheler. 

t  rciIKI.AiiK  (e-che-Itt-J") ,  I,  m.  Terme  de  droit 
couliiniier.  liroil  île  poser  une  éclieiie  sur  l'béiilagc 
d'aulrui.  afin  de  recoiiatruire  ou  de  reparer  un  bA- 
tiinenl  ou  un  mur.  ||  'lerme  de  uiclalluigie.  J'arlie 
du  fourneau  des  grosses  foiyes. 

—  IIIST.  xvi'  s.  La  tolérance  ou  souffrance  d'au- 
cun qui  a  soulTcrt  aulruy  avoir  vuiie,  aigousl  ou  tu- 
chellage  en  son  htritage,  ne  donne  ne  fail  acqucir 
jouissance  contre  luy,  sans  tiltre  exprès,  Couslum. 
génér.  t.  i,  p.  79. 

—  ETYM.  Échelle. 

■t  fiCIIELEH  (é-che-lé.  Vl  se  double  quand  la  syl- 
labe qui  suit  est  muelle  :  j'échetle.  j'échellerai).  ».  a. 
Il  1°  E.scalader  en  appliquant  l'échelle.  Il  échelle 
la  muraille.  Je  ne  vois  échelcr  ni  rempart  ni  mu- 
raille, Parnasse  des  muses,  dans  leboix,  Ihct.  co- 
mique.\\2°  Terme  militaire.  Synonyme  d'échelon- 
ner. Il  3"  Terme  d'ancienne  législation.  Exposer  un 
criminel  sur  une  échelle  pour  lui  faire  faire  amende 
honorable. 

—  lltST.  XIII*  s.  Pour  la  grant  cité  de  Dieu  prendre, 
Et  pour  les  cieulx  beaux  escheller,  nu  canoë,  es- 
chaltare.  \\  xiv*  Il  perçoit  [vou|  le  chasiel  qui  estoit 
aliimez.  C'est  assavoir  qui  est  esclanez  à  tous  lez, 
Pour  la  double  de  ce  qu'il  ne  fust  eschelez,  liuescl. 
V.  6506.  Il  XV'  s.  Ains  gagnoient  et  conqueroieiit 
villes  el  forts  chasleaiix  souvent,  les  uns  sur  les 
autres,  par  force  et  par  poiirchas,  par  embler  et 
par  escheler  de  nuit  ou  de  jour,  fBoiss.  i,  i.  3S4. 
....  Mariez  qui  autre  femme  prentEsl  eschellez  selon 
le  droit  des  cours;  Dame  à  aiui,  qui  fait  un  antre 
amant.  Doit  estre  mise  en  lescliiplle  d'amours,  eust, 
DESCII.  Poésies  mss.  dans  LACUB^K.  ||  xvi*  Nos  opi- 
nions s'enlenl  les  unes  sur  les  autres,  nous  eschel- 
lons  ainsi  de  degré  en  degré,  mont,  iv,  237.  Au 
haut  justicier  appartient  la  c^gnoissance  des  cas  et 
crimes  punissables  de  mor',  ./lutilation  de  membres 
et  autres  peines  corpor''Jieâ,  connue  fustiger,  fouet- 
ter, pilonser,  eschelle. ,  marquer,  Cousltim.  génér. 
t.  I,  p.  870.  Les  rats  e,sclielaiis  le  colombier  plus 
facilemenl  par  les  eiicoigneures  de  dehors,   o.   de 

SEBBES,    38-2. 

—  ETYM.  Échelle;  provenç.  escalar,  tscaliar, 
espagn.  escalar;  ital.  »ca/arc.  On  trouve  aussi  et- 
caler  au  xvi' siècle  :  Il  avoit  escallé  une  maison,  ravi 
une  fille  el  tué  quatre  ou  cinq  personnes  de  qui  elle 
estoit  héritière,  d'aub. /■'œn.  iv,6. 

■[  ÊCIIKLET  (é-che-lè),  s. m.  Genre  de  passeieaux 
lénuiroslres. 

—  ETYM.  Échelle,  à  cause  que  ces  oiseaux  sont 
grimpeurs. 

ÉCIIKI.ETTE  (é-che  IM") ,  t.  f.  \\  1°  Sorte  de  pe- 
tite écholle  allachéeà  côlé  du  bàl  pour  y  accrocher 
des  gerbes,  des  bottes  de  foin  ou  des  légumes,  etc. 
Il  2°  Ridelle  qu'on  met  sur  le  devant  d'une  char- 
rette, el  qui  sert  à  retenir  la  charge.  ||  3'  Outil  de 
passementier.  ||  4°  Terme  de  musi(]ue.  Instrument 
dit  aussi  régale,  formé  de  lames  de  bois  dur  qu'on 
touche  avec  une  petite  boule  d'ivoire  attachée  à  une 
petite  baguette.  ||  5°  Terme  de  marine.  Laize  de  toile 
à  voile,  dont  la  tête  ne  correspond  pas,  suivant  It 
droit  fil,  à  la  laize  qui  est  au-dessus.  116°  Grimpe- 
reau  de  muraille,  oiseau. 

—  HlST.  XII'  s.  Et  li  poitrax  fu  à  or  estelé.  Tôt 
environ  d'escheletes  ovré;  Quant  li  chevax  a  un 
petit  alez.  L'or  retentist  et  a  un  son  gelé,  .lgo/on(, 
dans  DU  GANGE,  Gloss.  fr.  ||  xvi'  s.  Les  rasteliers  ou 
escheletes,  ou  draches ,  diversement  nommées, 
esquelles  les  grains  des  raisins  se  tiennent,  o.  uE 
SERRES,  2ns.  On  y  accomodeia  au  dev.ml  une  es- 
cheleie  portant  de  petits  degrés,  par  les<|iiels  la  pou- 
laille  se  rendra  aisément  dans  le   geliiiier,  lu.  348. 

—  ETYM.  Diminutif  d'<'t7ic//e. 

t  ÊCIIELEL'It  (é-che-leur),  s.  m.  Anciennement, 
soldat,  homme  hatiile  à  monter  à  l'escalade. 

—  HlST.  XV'  s.  Icellui  Guilleteau  disl  au  su|iplianl, 
que  le  sire  de  Poui  [qui  élan  en  pn.son]  avoil  lait 
venir  deux  des  meilleurs  esclialleiix  de  sou  pays, 
qui  avoient  failli  deux  fuis  à  le  meitre  hors,  nu  cawsk, 
eschallare. 

—  ÉTVJi.  Écheler. 

f  6(:ilELlEB(é-che-lié),  *•  m  Terme  de  construc 
tion.  Longue  pièce  de  bois  traver:iée  par  des  cheville 
pour  descendre  dans  une  carrière,  oiunter  à  ul 
engin,  etc. 

—  ETV.«.  Échelle. 

t.  ÉCHELLE  (é-chè-r),î  /■.  {|  1°  Machine  composée 
de  deux  longues  pièces  de  bois  servant  de  supports 
à  des  bâtons  disposes  de  manière  à  former  uu  esca- 
lier. Monter  à  l'échelie.  Tenir  l'échelle.  On  punit 


1276 


ECH 


comme  voleurs  ceui  qui  tiennent  le  pied  de  1  échelle. 
Tenir  l'échelle  pendant  qu'il  monte,  pasc.  Prov.  6. 
Vous  seul,  Seigneur,  vous  seul,  une  échelle  à  la 
main  Vous  poriâies  la  mort  jusque  sur  leurs  mu- 
railles, RAC.  Itér^n.i,  3.  Il  Échelle  double,  échelle 
qui  sert  pour  monter  à  l'assaut  et  où  deux  soldais 
montent  de  rnuil,  et  aussi  éclielle  qui  est  composée 
de  deux  échelles  réunies  par  le  sommet  à  l'aide 
d'une  charnière,  et  qui  peut  servir  sans  être  appuyée 
contre  un  mur  ou  un  arbre.  ||  Kchelle  à  incendie, 
échelle  de  fer  portée  sur  un  chariot  et  se  repliant 
sur  elle-même,  qu'on  emploie  dans  les  incendies. 
Il  Kig.  Tenir  l'échelle,  aider  à  l'élévation  de  quel- 
qu'un. Il  A[rrès  lui  il  faut  tirer  l'éclielle,  c'est-à-dire 
on  ne  peut  mieux  faire  que  lui  :  locution  qui  signi- 
fie que  l'homme  qui  a  monté  a  fait  la  besogne,  et 
qu'on  peut  tirer  l'échelle,  élant  inutile  qu'un  autre 
nonte  aprfcs  lui.  Lui  fit  concevoir  tant  d'audace, 
)u'il  en  monta  sur  le  Parnasse,  Puis  lira  l'échelle 
jprès  soi,  MAlTBE  ADAM,  dans  RicHELKT.  11  fiut  tirer 
l'échelle  après  celui  là,  mol.  UM.  m.  lui,  ii,  •. 
Il  Faire  la  courte  échelle  à  quelqu'un,  joindre  les 
mains  de  manière  que  le  camarade  puisse  y  poser 
un  pied,  puis  porter  l'autre  sur  une  épaule  et  s'éle- 
ver ainsi  jusqu'aux  fruits  d'un  aibre,  jusipi'à  la  fe- 
nêtre d'une  maison,  etc.  Je  lui  ai  fait  la  courte 
échelle,  et  il  a  atteint  cette  branche.  ||  Fig.  Faire  la 
)ourte  échelle,  aider  quelqu'un  à  se  pousser.  Ce  n'est 
pas  là  ce  que  je  vous  demande;  est-il  bon  cama- 
rade? peut-Il  pousser  les  autres?  les  faire  valoir? 
'es  élever?  leur  faire  la  courte  échelle?  scribe,  la 
Camnradcrie,  ii,  i.  ||  Terme  de  jurisprudence.  Tour 
de  l'échelle,  servitude  qui  donne  au  propriétaire  du 
b'Stiment  auquel  elle  est  due  le  droit  de  placer  une 
échelle  sur  l'héritage  du  voisin  pour  réparer  son 
mur.  On  nomme  aussi  tour  de  l'échelle  un  espace 
d'un  mttrc  qu'un  propriétaire  possède  au  delà  d'un 
mur  de  clôture.  Il  Fig.  Ce  qui  est,  à  cause  de  son 
usage,  comparé  à  une  échelle.  Encelade  fendra  ce 
péiiilile  fardeau  Qui  mi  «ervit  d'échelle,  et,  depuis, 
de  t<imbeau ,  BOTR.  Ilerc  "nour.  m,  a.  Sur  un  bois 
glorieux  Qui  fut  moins  unei-roix  ipi'une  échelle  des 
cieux,  ID.  SI  Gen.  ii,  8.  ||  2°  Échelle  de  corde,  sorte 
d'échelle  faite  de  corde  et  qui  s'attache  à  l'aide  de 
crochets  au  point  où  l'on  veut  monter.  Elle  attacha 
à  un  balcon  une  échelle  de  soie  que  le  comte  lui 
av.nit  donnée,  et  fit  entrer  par  là  ce  seigneur  dans 
l'appartement  de  sa  maîtresse,  lesaue  ,  Diable 
boit.  4.  Il  Échelle  de  meunier,  escalier  droit  et  à 
jour.  Il  "Terme  de  marine.  Tout  degré,  tout  escalier 
fixe  ou  mobile.  Échelle  rie  dunette.  ||  3°  Potence. 
Autrefois  l'échelle  était  l'ins  gne  de  la  haute  jus- 
tice. Je  sais  me  démêler  prudemment  de  toutes  les 
galanteries  qui  sentent  tant  soit  peu  l'échelle,  mol. 
Avare,  n,  1. 1|  4*  Échelle  sociale,  ensemble  des  di- 
verses conditions  de  la  société  considérées  dans  leur 
superposition  respective.  ||  Échelle  des  êtres,  théorie 
philosophique  qui  suppose  que,  depuis  la  matière 
brute  et  les  derniers  des  êtres  organisés  jus'|u'aux 
plus  élevés,  il  y  a  une  série  non  interrompue  d'êtres 
de  plus  en  plus  parfaits.  Quand  on  aura  la  nomencla- 
ture exacte  de  toutes  les  espèces  que  notre  globe 
renferme,  alors,  et  seulement  alors,  on  pourra  dire 
si  l'échelle  des  êtres  naturels  e.st  réellement  inter- 
romjiue,  bonnet,  Cons.  corps  or gan  Œarres.  t.  v, 
p.  m.  L'échelle  de  la  nature  pourrait  n'être  pas 
simple,  et  jeter  de  côté  et  d'autre  des  branches 
principales  qui  pousseraient  elles-mêmes  des  bran- 
ches subordonnées,  id.  Contempl.  tiat.  3'  partie, 
ch.  26.  Il  Échelle  de  Jacob,  échelle  mystérieuse  al- 
lant de  la  terreau  ciel  et  vue  par  Jacoli  en  songe. 
Il  B°  Terme  de  géographie  et  de  topographie.  Ligne 
divisée  en  parties  égales  et  placée  au  bas  d'une 
carte  ou  d'un  plan  pour  servir  de  mesure,  chacune 
des  divisions  répondant  à  une  longueur  connue  telle 
que  lieue,  mille,  mètre,  kilomètre,  etc.  Caite,  plan 
sur  une  giaiide,  sur  une  petite  échelle.  Plan  à  l'é- 
chille  d'un  dix-millième,  d'un  cenl-millième,  c'esl- 
à-diie  que  toutes  les  dislances  sont  dans  la  ré.i- 
lilé  luoiiO  fois,  looooii  fois  aussi  grandes  qu'elles 
sont  fi(;urées  sur  le  plan.  ||  Fig.  Travailler  sur  une 
grande  échelle,  faire  un  ouvrage  de  grande  pro- 
portion, faire  de  grandes  affaires.  On  dit  aussi,  en 
un  sens  opposé  :  sur  une  petite  échelle.  I|  Terme 
de  perspective.  Échelle  de  front,  division  des  par- 
ties égales  sur  la  ll^;ne  horizontale,  parodie  à  la 
ligne  de  la  terre:  échelle  'uyante,  division  des  par- 
ties inégales  et  de  plus  en  plus  petites  sur  une  ligne 
de  côté,  depuis  la  ligne  de  terre  jusqu'au  point  de 
Tue.  I,  6'  Miijen  de  mesurt.  Je  calcul.  Il  faut  se  faire 
une  échelle  pour  y  rapporter  les  mesures  qu'on 
prend,  j.  j.  rouss.  ^m.  v.  ||  Échelle  de  proportion, 
tableau  induiuant  par  des  divisions  linéaires  ou  par 


ÉCH 

des  nombres  les  variations  éprouvées  par  des  valeurs 
commerciales.  Il  Fig.  Nous  avons  en  morale,  pour 
évaluer  les  crimes,  une  autre  échelle  de  proportion, 
LA  HARFE,  Cours  de  lillér.  t.  v,  p.  2:12,  Ledentu, 
I8'J5.  Il  Terme  de  fondeur.  Échelle  campanaire  (du 
latin  campana,  cloche],  règle  qu'ont  les  fondeurs 
pour  proporiionner  la  longueur,  la  largeur  et  l'é- 
paisseur d'une  cloche  à  son  poids,  et  pareillement 
celles  de  son  battant,  pour  lui  faire  rendre  certain 
son.  Il  Terme  de  teinturerie.  Un  certain  nombre  de 
nuances  dont  les  teinturiers  varient  leurs  couleurs. 
Il  7°  Terme  de  mathématique.  Échelle  arithmétique, 
nom  de  la  progression  arithmétiiiuo  yiar  laquelle  se 
règle  la  valeur  relative  des  chiffres  simples  dans  un 
système  quelconque  de  numération.  ||  Échelle  lo- 
garithmique, ligne  droite  divisée  en  parties  im'gales 
et  qui  représente  les  logarithmes  des  nombres  ou 
ceux  des  sinus  et  des  tangentes.  ||  8°  Terme  de  phy- 
sique. Échelle  d'un  baromètre,  d'un  thermomètre, 
les  différents  degrés  qui  marquent  sur  ces  instru- 
ment? les  mouvements  des  liquides  qu'ils  contien- 
nent. Il  Échelles  des  ponts,  divisions  arbitraires, 
ou  véritables  mesures  linéaires,  indiquées  sur  les 
piles  des  ponts  pour  faire  connaître  la  hauteur  de 
l'eau  au-dessus  d'un  point  qui  est  le  zéro  de-  l'é- 
chelle, et  qui  est  établi  soit  à  l'étiage  ,  soit  au  ni- 
veau des  points  les  moins  profonds  du  lit.  L'échelle 
du  Pont-lîoyal,  à  Paris.  ||  9°  Terme  de  musique. 
Échelle  diatonique,  succession  des  tons  rie  la 
gamme.  Échelle  chromatique,  .série  des  douze 
demi-tons  que  contient  une  octave  dont  on  a  divisé 
chaque  ton  entier  en  deux  parties  censées  égales. 
Échelle  enharmonique,  série  d'intervalles  moindres 
d'un  demi-ton,  et  communément  appelés  quarts  de 
ton  ou  commas,  sur  la  consnlérition  desquels  est 
fondé  le  genre  enharmonique.  Il  suffit  d'examiner 
son  échelle  [du  chant  grégorien)  pour  se  convaricre 
de  sa  haute  origine,  ciiateaub.  Génie,  m,  t,  2. 
Il  10°  Terme  de  marine.  Proprement,  lieu  où  un  bâ- 
timent pousse  à  terre  une  échelle  ou  une  planche 
pour  y  opérer  le  débarquement  de  ses  passagers  ou 
de  ses  marchandises,  jal.  |i  Échelles  du  Levant,  nom 
de  certaines  villes  de  commerce  qui  sont  sur  la  Médi- 
terranée, vers  le  Levant,  telles  que  Smyrne,  Alep,  le 
Caire,  etc.  où  plusieurs  nations  de  l'Europe  tiennent 
des  consuls  et  ont  des  bureaux  qui  se  nomment 
comptoTS.  Ce  qui  pressera  le  grand  vizir  de  se  ré- 
soudrb  proniptement,  ou  de  satisfaire  l'ainbas-sa- 
deiir  ou  de  laisser  embarquer  tous  les  Français  des 
échelles,  DU  quesne.  Lettre  à  Seignelay,  8-24  oct 
1681,  dans  JAL.  Il  Échelles  barbaresques,  places  si 
tuées  sur  les  côtes  de  la  Uaibaiie.  Aben  Hamet  s'em- 
barqua à  l'échelle  de  Tunis,  chateaub.  Dcrn.  Abeuc. 
153.  Il  11  se  dit  aussi  d'autres  localités  de  lOiient. 
Toutes  ces  liaisons  avec  les  difiérenles  échelles  de 
l'Inde  font  entrer  chaque  année  vingt-cinq  à  trente 
millions  dans  le  Bengale,  ravnal,  //is(.  phil.  m,  3u. 
Il  Faire  échelle,  relâcher  dans  un  port  du  Levant.  On 
(lit  plus  souvent  faire  escale.  ||  11°  Terme  de  marine. 
Sorte  de  bec  très-avancé  ayant  la  figure  d'un  triangle 
équilatéral  qu'on  a  comparé  à  l'une  des  parties 
d'une  échelle  double  et  qui  se  trouve  dans  quel- 
ques-uns des  bâtiments  latins  de  la  Méditerra- 
née. ||  12°  Sorte  de  crible  pour  neitoyer  le  grain. 
Il  13°  Terme  de  botanique.  Échelle  de  Jacob,  la  po- 
lémoine  bleue  [yolemonium  cvruleum,  L.). 

—  HIST.  XII'  s.  Par  iloec  est  es  chambres  Roberz 
del  Broc  entrez;  X  eschielesiad  les  chevaliers  mun 
tez.  Th.  le  mart.  (44.  ||  xiu'  s.  Et  II  Venicien  furent 
en  la  mer,  es  nez  [nefs]  et  es  vaissiaus,  et  drecie- 
rent  les  eschieles  et  les  mangoiiiaux  et  les  pierriercs. 
viLLEii.  LXXiv.  Il  font  eschiel  [s'échelonnent]  en  la 
mer,  ce  est  à  dire  qu'il  s'esloingnent  de  le  antre 
entor  de  cinq  milles,  et  ensi  se  partent  [s'tcartent] 
le  une  jouste  l'autre  vingt  nés  [nefs],  si  que  cent 
miles  tienentde  mer;  et  tantost  qu'il  voient  aucune 
nef  de  mercaant,  il  font  luminaire  de  feu  le  une  à 
l'autre,  et  en  cestes  manières  ne  pot  aler  nule  nef 
pour  cete  mer  qu'il  ne  l'auent  [ayeiit).  loy.de  Marc 
l'ol,  ch.  183,  p.  224,  dans  jal.  Cil  qui  jurent  vilai 
nement  de  Dieu  et  de  nostre  dame  doivent  estre  mis 
en  esqiieleune  horedu  jour,  BEAiM.  42.  Il  fist  meure 
un  orfèvre  en  l'eschieie  à  Cezaire,  en  braie  et  en 
chemise,  joinv.  aaa.  ||  xv  s.  Si  y  eut  là  [au  siège  dt 
Duras]  lait  sur  les  eschelles  plusieurs  grands  apper- 
tises  d'armes,  froiss.  ii,  11,  4i.  L'n  geniilhomme 
nommé  Verdun,  par  l'adveu  et  du  con.sentement  du 
duc  de  Bretagne,  prit  d'eschelle  les  places  de  Conao 
et  deSaiiit-Maigrin,  berry.  Chroniques  depuis  I402, 
p.  434,  dans  LACl'RNE.  Il  xvi°  s.  S'arresterent  au  pied 
des  degrez  de  l'eschelle  [escalier]  par  où  l'on  monte 
■en  la  salle  du  chasteau,  jean  d'auton.  Annales  de 
Louis  XII,  p.  31»,  dans  lacurnb.  Elles  furent  ap- 


ÉCH 

pelées  climacides,  comme  qui  diroit  eschelieres, 
pour  autant  qu'elles  se  courboient  à  quatre  pieds  et 
faisoient  eschelles  de  leur  dos  aux  femmes  des  princes 
et  des  loys.  m.  Cnm.  dise.  (<■  (latt.  7.  Ils  ont  avec 
eulx  douze  charrettes  d'eschales,  de  la  mesure  qu'il 
les  faull,  CABLOix,  v,  23.  Les  ennemis  vindient  avec 
un  grand  nombre  d'eschelles  bonnes,  et  bien  diiublei 
et  renforcées,  martin  du  sell.  4iio.  Pilori  et  es- 
chelles sont  signes  de  hautes  justices;  et  qui  peut 
avoir  et  faire  l'un,  il  peut  semblablement  avoir  et 
faire  l'autre,  C'-nslum.  génér.  t.  i,  p.  44. 

—  Rtym.  Wallon,  haie;  nam.  chau/e;  picard, 
ékelle;  Berry,  échalle  ;  provenç.  et  espagn.  ejcolo; 
ital.  scala  ;  du  latin  scala. 

t  2.  ÉCHELLE  (é-chè-l'),  t.  f.  Anciennement, 
échelle  tactique,  évolution  ou  disposition  de  l'an- 
cienne tactique.  Ce  mot,  qui  s'appliquait  surtout  \ 
la  cavalerie,  répondait  à  escadron  ou  à  subdivision 
de  colonne. 

—  Etym.  Ce  mot  est  un  reste  de  l'ancien  français 
eschele,  signifiant  escadron:  De  François  sont  les 
premières  escheles,  Ch.  de  Rnl.  ccivi;  Quant  nostre 
gent  les  virent,  si  firent  quatre  eschieles,  villeu. 
LXiv;  Et  li  emperere  Henris  voit  [va]  sermonant 
deschiele  en  eschiele,  henri  de  valenc.  vi.  C'est 
l'ancien  français  ticliiere;  le  provençal  esqueira, 
escala;  anc.  catal.  eschala;  ilaU  schiera;  du  germa- 
nique: anc.  haut-allem.  scara;  allem.  Schaar;  sué- 
dois, scara,  troupe;  de  l'anc,  haut  allem.  i^carjan, 
skerjan,  disposer,  ordonner.  Esquiere  s'est  confondu 
avec  eskiele  par  assimilation  fautive. 

t  ÉCI1ELLE.MENT  (é-chè-le-man) ,  s.  m.  Action 
d'écheler,  d'escalader. 

—  HIST.  xiv  s.  plusieurs  bonnes  villes,  chas- 
tiaulx  et  forteresces  estoient  prises  tant  par  eschele- 
ment,  comme  autrement,  du  canoe,  eichalare. 

—  ElYM.  Écheler. 

ÉCUELON  (é-cho-lon),  i.  m.  ||  1°  Chacune  des 
petites  pièces  de  boiS  qui  fo'ment  les  degrés  de  l'é- 
chelle. D  échelon  en  échelon  on  arrive  au  haut  de 
l'échelle.  |{  ferme  de  marine.  Marche,  coche  ou  ta- 
quet servant  à  poser  les  pieds  pour  monter.  ||  2°  Fig. 
Ce  qui  sert  de  degré  d'intervalle  en  intervalle.  Nous 
pouvons  supposer  dans  l'échelle  de  noire  globe  au- 
tant d'échelons  que  nous  connaissons  d'espèces;  les 
dix-huit  à  vinvit  mille  espèces  de  plantes  qui  com- 
posent nos  herbiers  sont  donc  dix-huit  à  vingt  mille 
échelons  de  l'échelle  terrestre,  bonnet,  Contempl. 
nat.  2°  part.  ch.  ai.  ||  3°  Fig.  Ce  qui  sert  à  l'éléva- 
tion ,  à  l'avancemenL  Je  vous  supplie  de  ne  pas  souf- 
frir que  je  tombe  dés  le  premier  échelon  de  ma  for- 
tune, BiLZ.  liv.  vu,  letl.  Bi.  Il  Le  dernier  échelon, 
l'échelon  le  plus  élevé,  le  point  le  plus  élevé.  Tous 
les  hommes  étaient  montés  au  dernier  échelon  de 
la  folie,  VOLT.  Dial.  10.  ||  En  un  sens  contraire,  la 
dernier  échelon,  le  premier  échelon,  le  point  le 
plus  bas.  Quand  l'homme  atteint  au  plus  haut  degré 
de  civilisation,  il  est  au  dernier  échelon  de  la  mo- 
rale, ciiATKAUB.  Génie,  1,  m,  3.  ||  Descendre  d'un 
échelon,  descendre  un  échelon,  descendre  de  son 
rang,  de  son  grade,  au  rang,  au  grade  inférieur. 
Il  4°  Terme  d'art  militaire.  Disposer  des  troupes  par 
échelons,  les  dis|>oser  sur  divers  plans,  de  manière 
qu'elles  puissent  se  soutenir  et  se  remplacer.  ||  Il  se 
dit  aussi  de  postes  dispo.sés  d'espace  en  espace. 
Quelques  postes  militaires  placés  dans  quatre  villes 
en  cendre  ne  suffisaient  pas  pour  garder  une  route 
de  quatre-vingt  treize  lieues;  car  on  n'avait  pu  éta- 
blir que  quelques  échelons,  toujours  trop  espacés  sur 
une  si  longue  échelle,  séour,  llisl.  de  Napol.  vin,  9. 

—  HIST.  xiii's.  De  l'eschieie  les  eschilons  Ainsinc 
copons,  et  l'essillons  De  ses  amis,  qu'il  n'en  saura 
Jà  mot,  que  perdus  les  aura,  la  Rose,  (I85B.  Puis 
a  les  escaillons  moult  bien  amesurés.  De  l'un  deus 
pies  à  l'autre  à  tant  les  a  esmés  [estimes],  Ch.  d'Aiit. 
VI,  363.  Il  XVI'  s.  Les  pretendans  à  la  couronne  trou- 
vent tous  les  eschelons  jusipies  au  marchepied  du 
throsne,  et  petits  et  aisez,  mais....  d'alb.  llisl.  Ul, 
288.  Le  premier  eschelon  pour  parvenir  à  ce  grand 
bien  de  paix  est  la  trefve,  carl.  ix,  49. 

—  ËTYM.  Échelle;  picard,  écailton;  provenç.  es- 
caln,  scalo. 

ÉCHELONNÉ,  ÉK  (é-che-lo-né,  née),  pari,  passé. 
Des  postes,  des  régiments  échelonnés. 

ÉCIIELOXXER  (é-che-lo  né),r.  a.  Terme  d'art  mi- 
litaire. Han^îer  par  échelons.  Échelonner  des  troupes. 
Il  S'échelonner,  r.  réfl.  Se  mettre  par  échelons. 

—  ETVM.  Échelon. 

t  ÊCUENAL  (é-che-nal),  ».  m.  Gouttière  en  bois 
pour  recevoir  l'eau  des  toits.  ||  Rigole  servant  da 
conduite  au  métal  fondu  pour  couler  une  clocfae, 
un  canon.  ||  On  dit  aussi  écheneau. 

—  HIST.  XVI'  S.  Si  sur  mur  mitoyen  ou  parsonnier 


ËCH 


ECH 


ÊCH 


1277 


sont  posez  eschenets  et  chanletles  communs  à  rece- 
voir les  eaux  des  deui  maisons  joignantes,  Nouv. 
coust.  qénér.  t.  ii,  p.  H 37. 

—  Étym.  Cheneau  ;  bourguig.  échenet,  gout- 
tière. 

t  fiCnÈVE(é-kè-n')ou  ÊCIIÉN'ÉIDE  (é-lié-né-i-d'), 
».  m.  Poisson  qui  se  fixe  aux  rocliers  et  aux  vais- 
seaux par  un  (lis(|ue  dentelé  qu'il  porte  sur  la  lête. 

—  ÊTYM.  "E/evT.t;,  de  ix^tv,  retenir,  et  vaûç,  na- 
vire. 

i  lîniF.NEAU  (é-che-nô) ,   s.  m.  Voy.  éciienal. 

ÉCIIKNILLAGE  (é-che-ni-Ua-j'.  Il  mouillées,  et 
nnn  é-clie-ni-ya-j'),  s.  m.  Action  d'écheniller.  La  loi 
du  26  ventôse  an  iv  prescrit  au  propriétaire  et  au 
fermier  l'échenillage  sur  les  arbres,  les  haies  et  les 
buissons. 

—  f.TVM.  Écheniller. 

ÊCHEMLLÊ,  ÉE(é-che-ni-lIé,  liée,  ZJ  mouillées, 
et  non  é-che-Di  yé,  yée) ,  part,  passé.  \\  1°  Arbres 
échenillis.  ||  2"  Terme  de  construction.  Grbs  éche- 
nillé.  pierre  écbenillée,  grès,  pierre  piquée  avec 
le  marteau,  i)ui  y  fiffure  iniantité  de  petiles  liynes 
courl'es.  ou  tortueuses,  eu  lOrme  de  clienilles. 

ECHE>'1I.LER  (é-che-ni-llé,  H  mouillées,  et  non 
é-che-ni-jé),  v.  a.  Terme  rural.  Débarrasser  des 
chenilles.  Un  maître  ordonne  qu'on  échenille  les 
arbres  de  son  jardin,  volt.  Babouc. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  chenille;  pi- 
card. H-e"'Ver. 

t  ÉCIIENILLECR  (é-che-ni-lleur.  Il  mouillées, 
et  non  é-che-ni-yeur),  s.  m.  ||  1°  Terme  rural.  Ou- 
vrier qui  éch'  nille  les  arbres.  ||  2°  Terme  de  zoologie. 
Genre  d'oiseaux  qui  vivent  uniquement  de  chenilles 
et  qui  appartiennent  à  la  zone  torride  où  il  y  a  en 
toute  saison  des  chenilles  ou  des  larves  de  che- 
nilles. Il  Tout  animal  qui  détruit  les  chenilles  dans 
les  jardins. 

—  ÈTYM.  Écheniller. 

ÉCHEXILLOIR  {é-che-ni-lloir ,  Il  mouillées,  et 
non  é-ctie-ni-yoir),  s.  m.  Instrument  dont  on  se  sert 
pour  écbendier. 

—  tTYM.  Écheniller. 

t  ftCUENO  (é-che-no),  s.  m.  Terme  de  fondeur. 
Bassin  de  terre  fine  et  parfaitement  liée,  en  forme 
de  carré  long,  ayant  communication  avec  le  canal 
du  fourneau  devant  lequel  il  est  placé,  et  recevant 
la  matière  en  fusion,  Dict.  des  aris  et  met.  Amst. 
176;,  fondeur  en  bronze.  ||  On  trouve  aussi  éche- 
ne?u,  qui  est  la  véritable  orthographe. 

—  -  ÉTYM.   Voy.    ÉCHENAL. 

ÉCHEVEAU  (é-che-vô),  s.  m.  ||  1°  Certaine  lon- 
gueur de  brins  de  fil,  en  coton,  en  soie,  en  laine, 
en  chanvre  ou  lin,  moulinés;  ces  brins  sont  roulés 
en  forme  de  cercle  et  atlacliés  à  une  partie  de  ce 
cercle  par  le  bout  qui  en  réunit  tous  les  tours  et 
qui  s'appelle  centaine.  Les  filles  du  village....  Pei- 
gnaient leurs  longs  cheveux  qui  pendaient  en  dehors 
[des  balcons  I  Comme  des  écheve,.ux....  lamart.  Joc. 
I,  34.  Il  Terme  do  commerce.  Assemblage  de  dix 
échevettes.  Dans  la  filature  du  coto.i,  l'écheveau 
français  métrique  doit  avoir  mille  mètres.  ||  2°  Kig. 
Affaire  ou  narration  d'afl'aire  longue  et  embrouillée. 
C'est  un  écheveau  qui  ne  finirait  point,  sÉv.  tC7. 

—  HIST.  xiv*  s.  Le  suppliant  print  trois  eschez  de 
filet,  DU  GANGE,  eschaita.  Six  ou  huit  eschiefs  de 
fil  blanc,  ID.  ti).  Il  XV' s.  Abusé  m'a  et  fait  entendre.... 
Du  matin  qu'estoit  le  serain....  D'une  tour  un  moulin 
à  vent.  Et  d'une  baye  ung  escheieau,  vu-lon, 
G.  test,  double  ballade.  Deux  esclievetes  de  fil, 
BU  GANGE,  esc/moto.  Trois  eschevaulx  ou  escaignes  de 
fil,  lu.  ib. 

—  ÊTYM.  Pic.  ékignée,  écagnon,  écaigne,  écane, 
échet.  e'ckit;  gériev.  èchevelte;  wallon,  echè;  rou- 
chi,fc/iè,  e'què;  bas-lat.  eschaola.  Les  formes  de 
l'ancienne  langue  ou  du  patois,  telles  que  escaigne, 
ékignée,  écagnon,  écaigne,  écane,  viennent  del'an- 
glaj.i i/xcin,  écheveau,  lequel  provient  probablement 
duieltique  :  gail.sgein,  sgeinne;  irl.  sgaine,  éche- 
veau. Les  formes  qui  ont  un  t  ou  une  f,  esckaola, 
eschez,  eschiols,  échet,  échil,  ne  paraissent  pas  pou- 
voir y  être  rattachées;  à  ces  formes  tiennent  sans 
douli-  eclné,  quantité  de  fil  sur  un  dévidoir.  D'autre 
part  la  langue  a  aussi  echeau,  ancien  terme  qui 
désignait  une  sorte  de  buis  pour  la  tonnellerie  (Cha- 
cun eclieau  de  grand  bois  à  faire  pipes,  Arr.  du 
parlein.  16  sept.  1577),  et  esrheveau,  poutre  (Icel- 
luy  trayné  après  eulx,  menacé  de  pendre  à  l'escbe- 
vcau  de  sa  maison  ou  au  premier  arbre  qu'ilz  trou- 
veroient,  Ordonn.  juillet  1498).  On  a  proposé  pour 
éclMeau  l'élyiuologie  es-chevel,  comme  qui  diroit 
échevelé;  le  sens  n'est  pas  bon.  Scheler  propose 
scapellus,  diminutif  du  latin  fcapus,  rouleau  ;  sca- 
pellut  pourrait  donner  en  effet  eschevel,  et  le  sens 


de  poutre  ou  poutrelle  qu'a  6\iescheveau  vient  gran- 
dement à  l'appui  de  l'opinion  de  Scheler. 

ÉCHEVELÉ,  ÉE  (é-cheu-ve-lé,  lée;  commedeux 
e  muets  se  suivent,  le  premier  prend  le  son  de  eu), 
adj.  Il  1°  Oui  a  la  chevelure  éparse  et  flottante.  Elle 
accourt  l'oeil  en  feu,  la  tèteéchevelée,  boil.  Lutr.  ii. 
Ou  tel  que  d'Apollon  le  ministre  terrible,  Impatient 
du  dieu  dont  le  souffie  invincible  Agite  tous  ses 
sens.  Les  yeux  étincelants,  la  tête  échevelée,  Du 
temple  fait  mugir  la  demeure  ébranlée  Par  ses  cris 
impuissants,  J.  B.  Bot'ss.  Ode  au  comte  du  Luc. 
C'était  un  jeune  homme  d'une  figure  charmante; 
pAle,  échevelé,  baigné  de  pleurs,  il  était  à  genoux 
au  chevet  de  mon  lit.  M"*  de  gf:nlis,  Mlle  de  la 
Fayette,  p.  36,  dans  lacubne.  Un  de  ces  soirs  fa- 
meux, chers  au  peuple  romain,  Oii  des  temples 
secrets  la  Vénus  impudique  Sortait  échevelée,  une 
torche  à  la  main,  A.  de  musset,  Poés.  nour.  Lelt. 
à  Lamartine.  ||  Poète  échevelé,  s'est  dit,  sous  la  Res- 
tauration et  depuis,  pour  poète  romantique;  tantôt 
par  raillerie  et  tantôt  sérieusement,  comme  dans 
ce  vers  :  ô  poètes  sacrés,  échevelés,  sublimes! 
V.  HUGO,  F.  d'aut.  38.  Il  2°  Par  extension,  pendant 
et  en  désorilre.  Qu'un  jeune  homme  soit  frappé  de 
l'effet  d'une  cascade....  le  bruit,  les  masses  d'om- 
bres, les  plantes  échevelées,  la  neige  de  l'écume, 
tout  se  gravera  dans  la  mémoire  de  l'élève,  cha- 
TEAUB.  Dessin,  m.  Le  Danube  qui,  par  cinq  fleuves, 
Tombe  échevelé  dans  la  mer,  v.  HUGO,  Orient,  ta. 

—  HIST.  XI*  s.  Là  vint  curante  cum  femme  for- 
senede,  Bâtant  ses  palmes,  criant,  eschevelede, 
St  Alexis,  Lxxxv.  ||  xin'  s.  Ele  saut  sus  comme  des- 
vée.  Toute  nue  et  eschevelée,  Ren.  288.  ||  xv  s. 
Nymphes   adonc ,    pleurans    eschevelées,    marot, 

IV,    68. 

—  ÉTYM.  Écheveler;  Berry,  égêvé.  On  a  dit  aussi 
desrhevelé. 

t  ÉCHEVFXER  (é-cheu-ve-lé;  comme  deux  c 
muets  sfl  suivent,  le  premier  prend  le  son  de  eu. 
L'i  se  double  devant  les  e  muets),  v.  a.  Laisser  fiot- 
ter  sa  chevelure,  mettre  en  désordre  la  chevelure. 
Il  S'écheveler,  t).  réfl.  Sa  crinière  s'échevelle. 

—  HIST.  xvi'  s.  Elles  ont  beau  s'écheveler  et  s'es- 
gratigner,  mont,  m,  (77. 

—  ÊTYM.  lias-lat.  excapillare  (si  quis  mulierem 
excapillaverit,  Lex  salica,  p.  tss],  de  ex,  et  ca- 
pilhis,  cheveu. 

t  ÉCUEVELLEMENT  (é-che-vé-le-man) ,  s.  m. 
Action  d'échcveler;  état  de  celui  qui  est  échevelé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Eschevellement,  oudin. 

—  ÉTYM.  Écheveler. 

t  ÉCUEVETTE  (é-che-vè-f) ,  s.  f.  Terme  de 
commerce.  Petit  écheveau.  ||  Dans  la  filature  du 
coton,  le  dixième  de  l'écheveau. 

—  ÊTYM.  Voy.  écheveau. 

ÉCUEVIX  (é-che-vin),  s.  m.  Anciennement,  ma- 
gistrat municipal.  S'il  [le  roi]  ne  le  veut  [avancer 
des  fonds],  afin  d'y  satisfaire.  Aux  échevins  on  dira 
franchement  :  L'argent  surtout  est  chose  nécessaire, 
LA  FONT.  Ballade  à  Fouquet  pour  faire  obtenir  à  Châ- 
teau-Thierry une  subvention  à  l'effet  de  réparer  le 
pont.  Il  Dans  les  Pays-Bas,  magistrats  adjoints  aux 
bourgmestres.  ||  Dans  certaines  provinces,  nom  des 
marguilliers.  |{  Homme  de  loi  nommé  par  le  sei- 
gneur pour  rendre  la  justice  aux  vassaux. 

—  HIST.  xiii'  s.  Li  archevesques  GuUlaumes,  qui 
devoit  paiier  les  frais  dou  coronement,  les  demanda 
et  requist  à  eschevins  de  Rains,  Chr.  de  Bains,  (66. 
Il  xv  s.  Et  puis  establit  [le  cumte  de  Monifort  à 
Rennes]  baillis,  prevos,  eschevins,  sergens  et  tous 
autres  officiers,  froiss.  i,  i,  <5I.  ||  xvi'  s.  Echevin 
tournant  le  droit  au  contraire....  De  peu  d'estime  et 
de  basse  mise,  leroux  de  lingy,  Prov.  t.  ii,  p.  375. 

—  ÉTYM.  Espagn.  esclavin;  ital.  scabino,  schia- 
vino;  ba.s-lat.  scabinus  ;  du  germanique  :  ancien 
saxon,  scepeno;  anc.  Iiaut-allem.  sceffeiio,  sceffen; 
allem.  Scheffen,  Schojfe,  de  schaffen,  régler,  or- 
donner. 

ÉCHEVINAGE  (é-che-vi-naj'),  s.  m.  Fonction 
d'échevin.  ||  Temps  de  cette  fonction.  ||  Corps  des 
échevins. 

—  HIST.  XIII'  s.  En  son  eskevinage,  Il  eut  bien  le 
tesmoignage,  Par  foi ,  k'il  fit  la  tadle  à  point,  Poés. 
mss.  dans  lacurne.  L'arcevesque  Guillaume  Blance- 
main,  qui  tant  valu  à  son  tans  qu'il  restablit  esche- 
vinnage  à  Rains  et  fit  moult  de  biens,  Chr.  de  Bains, 
p.  9.  ||xv'  s.  Et  fut  l'eschevinaige  osté,  et  ordonné 
qu'il  n'y  auroit  plus  nuls  eschevius,  lUVES.   des 

URS.  cil.  VI,  43S2. 

—  ÉTYM.  Échevin. 

fÊCllEVlNAL,  ALE  (é-che-vi-nal,  na-1'),  adj. 
Oui  concerne  le  corps  des  échevins  ou  une  munici- 
palité. 


—  HIST.  XVI'  8.  X  charge  d'en  tenir  registres  et 
bailler  lettres  eschennalles,  Coust.  génér.  t.  u, 
p.  963. 

—  ÉTYM.  Échevin. 

t  ÉCIIIDNÉ  (é-ki-dné),  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Genre  d'animaux  de  la  famille  des  édentés  et  qui 
vivent  dans  des  terriers. 

—  ÉTYM.  'Eyiêva,  vipère,  par  une  mauvaise  as- 
similation des  longs  et  forts  piquants  des  échidnés 
avec  les  crochets  de  la  vipère. 

t  ÉCUIDNIXE  (é-ki-dni-n'),î.^.  Terme  de  chimie. 
Substance  organique  qui  est  le  principe  venimeux 
du  venin  de  la  vipère. 

—  ÉTYM.  'Eyiôva,  vipère. 

+  ÉCIIIF,  IVE  (é-chif,  chi-v'),  adj.  Terme  de 
fauconnerieet  vénerie.  Farouche,  gourmand.  Chien, 
oiseau  échif. 

—  HIST.  XIII'  s Ne  soiez  mie  eschiex  De  lui 

monstrer  ce  que  tu  vois.  Fabliaux  mss.  n°  76IB, 
t.  II,  f»  166,  dansLACuBNE.  Ijxiv  s.  Garde  que  tu  sois 
garnyd'un  oyselet  vif,  à  lui  mettre  [au  faucon]  ou  [au] 
piè  l'endemain  au  point  du  jour;  et  s'il  le  prent  as- 
prement,  si  lui  este  le  chap|ieron....,  et  se  tu  vois 
qu'il  suit  trop  eschif  [farouche],  si  lui  remet  le  cha- 
peron, Mddus,  ms.i'  Mi,  dans  lacubnr. 

—  ÉTYM.  C'est  l'ancien  adjectif  eschiu,  eschif, 
timide,  farouche,  chiche;  provenç.  esquiu;  espagn. 
esquiva;  itaL  schivo;  de  l'allemand  sclieu,  timide, 
farouche  (voy.  esquiver). 

t  ÉCHIFFE(é-chi-r)  ou  ÉCBIFFRE(é-chi-rr'),«.m. 
Terme  d'architecture.  Mur  rampant  par  le  haut,  qui 
porte  les  marches  d'un  escalier.  U  y  a  des  échiffres 
de  bois. 

—  HIST.  xiv  s.  Celui  qui  devoit  faire  le  guet  en 
icelle  eschiphe,  du  cange,  eschifa.  Comme  de  nou- 
vel en  la  forteresse  de  la  ville  de  Montsanion  soient 
cheuz  et  ruinez  deux  pans  des  murs,  ensemble  les 
eschilTes  qui  sus  estoient,  id.  ib.  ||  XV  s.  Lesquels 
linceux  le  suppliant  lia  par  les  deux  cornets  et  les 
attacha  à  une  escliiffe  ou  petite  maisonnette,  id.  l'i». 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  eschiffa,  schiffa,  chiffa,  mai- 
sonnette, guérite,  mot  qui  s'est  réiluit  à  signifier 
une  partie  de  bâtiment  et  qui  semble  le  même  que 
achoppe. 

t  ÊCHIGNOLE  (é-chi-gno-1') ,  s.  f.  Espèce  de 
fuseau  dont  on  se  sert,  en  faisant  de  la  ganse,  pour 
mêler  ensemble  les  différents  brins  de  soie  ou  de  fil. 

—  ÉTYM.  On  peut  croire  que  ce  mot  est  de  même 
radical  que  escaigne,  eschagne,  qui  signifiait  éche- 
veau (voy.  ce  mot,  à  l'étymologie). 

fÉCUlLLON  (é-chi-llon,  U  mouillées),  s.  m. 
Terme  de  marine.  Nuage  noir  dont  la  queue  forme 
une  trombe  ou  un  siphon  (Levant). 

t  ÉCUIMYS  (é-ki-mis'),  s.  m.  Genre  de  mammi- 
fères de  l'Amérique  méridionale,  à  corps  couvert 
supérieurement  d'un  mélange  de  piquants  aplatis  et 
de  poils,  et  terminé  par  une  longue  queue  revêtue 
d'écaillés  et  de  poils. 

—  ÉTYM.  'Exivoç,  hérisson,  et  |xO;,  rat. 

4.  ÉCUINE  (é-chi-n'),  s.  f.  Épine  du  dos,  longue 
colonne  située  entre  la  tête  et  le  ba.ssin.  L'écbine 
j'allongeais  comme  un  âne  rétif,  Régnier,  Sat.  viii. 
Le  long  de  ton  échine  Je  grimperai  premièrement, 
la  FONT.  Fabl.  m,  6.  L'animal  à  longue  échine  [la 
belette],  id.  ib.  iv,  6.  Tandis  que  Colletet,  crotté 
jusqu'à  l'échiné.  Va  mendier  son  pain  de  cuisine  en 
cuisine,  boil.  Sat.  i.  ||  Frotter  l'échiné,  ajuster 
l'échiné,  donner  des  coups  de  bâton  sur  le  dos. 
Mais  si  ce  monsieur  dont  j'ons  frotté  l'échiné....  hau- 
TEHOCBE,  Nobles  de  province,  i,  ii.  Ahl  vous  y 
retournez!  Je  vous  ajusterai  l'échiné,  mol.  .4)Hp/i. 
III,  7.  Il  Fig.  Courber  ou  plier  l'échiné,  se  soumettre 
bassement.  ||  Il  a  l'échihe  souple,  flexible,  il  est 
prêt  à  toutes  les  complaisances  pour  ses  supérieurs. 
Il  Longue  échine,  maigre  échine,  personne  fort 
maigre. 

—  HIST.  XI'  s.  Toute  l'eschine  [il]  lui  desevre  du 
dos,  Ch.  de  Bol.  xci.  Sur  les  eschines  qu'il  ont 
enmi  les  dos,  ib.  ccxxxii.  ||  xiii*  s.  Et  lessiez  ester 
lesgelines.  Oui  trop  ont  megres  les  eschines,  Ben. 
2880.  Oliphans  [l'éléphant]  sor  sa  haute  escbine,  la 
Rose,  18009.  Et  tante  torte  eschine  et  tant  ventres 
enflés.  Et  tante  jambe  torse  et  tant  pies  bestornés, 
Ch.  d'Ant.  VIII,  449.  ||xv'  s.  Si  très  grands  coups 
s'entredonnerent  es  larges,  que  à  tous  deux  les 
eschines  convint  ployer  et  les  lances  voler  en  pièces, 
Boucic.  1,  (6.  Il  XVI' s.  Ung  Atlas  à  la  grande  es- 
chine, RAB.  Paiit.  III,  8.  Encor'  le  logis  de  l'artil- 
lerie gardé  par  les  Suisses  fianquoit  les  deux  costés 
et  battoit  en  eschine  le  devant  de  ce  corps  de  garde 
[pour  le  protéger],  d'aub.  Hist.  i,  287.  Aians  ren- 
versé Rassi  et  son  enseigne,  ils  lont  tourner  l'es- 
chine à  Sarrion,  id.  iO.  m,  36.  Un  garçon  de  tsaiis 


1278 


ECH 


oui  nageoil  da  l'eschine  quatre  ou  cinq  lieues  quand 

U  TOuloit,   ID.   tb.  Il,  31)6. 

—  ÏTYM.  HoiirKuign.  échaigne;  wallon,  sikrenn, 
skreiun;  provonç.  esiiuma,  esiiuena;  espagn.  es- 
querta;  ita!.  schicnn.  Spde'se  ch:ingsant  pas,  dans 
l'ouest  iIbs  contrées  romands,  on  sq,  il  faut  rejeler 
le  latin  spina  qui,  d'ailleurs,  avec  son  t  long,  n'aii 
rait  pas  été  changé  en  e  ou  en  ie.  l'ar  es  considé- 
rations, Diez  propose  l'ancien  h.iut-oUem.md  ikina, 
aiguille,  piquant.  Cependant  il  faut  pre  dre  en  <  on- 
siUi-ntion  le  celtique  :  cornwall.  chein,  dos,  bas- 
breton  kein,  qui  ont  pu  f.icilement  devenir  eski.in 
ou  skein,  et  déterminer  la  transformation  de  spina. 

2.  KCIIIXE  (é-chi-n'),  s.  f.  Terme  d'architecture, 
ornement  dit  aussi  ove,  semblable  à  des  châtaignes 
ouvertes,  qui  se  met  au  chapiteau  do  la  colonne 
ionique.  I|  Moulure  qui  forme  un  quart  de  rond  ou 
une  autre  poriion  de  courba,  et  qui  est  placée  au- 
dessous  dn  tailloir  dans  le  chapiteau  dorique. 

—  f.TYM.'K/tvoç,  hérisson;  parce  (|ue  la  coque 
hérissée  de  la  châtaigne  ressemble  à  un  hérisson. 

<.  ÉClllXIÎ,  ÉE(é-chiné,  née),  part,  pasié.  As- 
somméile  coups,  excédé  de  fatigue. 

f  2.  ficuiNÉ,  F.K  {é-kirié  ,  née),  adj.  Terme 
d'hisloiie  natiirelle.  Qui  est  hérissé  de  poils  roides 
et  piquants.  L'involucre  de  la  châtaigne  est  échiné. 

—  KrvM.  'K/îvoc,  hérisson. 

ÉCHINÉE  (é-'chi-née),  s.  f.  Quartier  du  dos  d'un 
cochon. 

—  HiST.  XIII»  s.  Tout  le  colpa  li  dus  [le  duc  le 
coupa  d'un  coup  d'épée|  très  parmi  l'eschiiiée, 
L'une  moilié  del  Turc  clieï  emm:  la  prée,  Elli  autre 
remaint  en  la  sele  dorée,  Chans.  d'Anl.  iv,  792. 
I|  xiv  s.  Veno'son  aux  souppes,  oes  [oies]  salées  et 
eschinées,  Hénagier,  ii,  4.||xvi'  s.  Les  jambes,  les 
oreilles,  les  langues,  les  eschinées,  jusqu'aux  moin- 
dres extrémités  et  particules,  tout  s'emploie,  o.  de 

SERRES,  835. 

—  ETVM.  ùhine  K 

t  ÉCIlI.Vf.EN,  E.VNE  (é-ki-nê-in,  né-è-n"),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Oui  ressemble  au  hérisson, 
lis.  m.  p/ur.  Les  écliinéens,  famille  de  mammifères 
qui  a  pour  tjpe  le  genre  liérissoa. 

—  Rrvji.   'Kyîvo;,  hérisson. 

tïClll\ELI.k  (é-kinè-1'j,  s.  f.  Genre  d'algues 
d'eau  douce. 

—  f.TYM.  'E/Tvo;,  hérisson. 

ÉCIILNEU  (é-'chi-né),  v.  a.  ||  1°  Rompre  l'échiné. 
Il  2°  Tuer  dans  une  mêlée,  dans  une  déroute.  Les  pay- 
sans écliini'rcnt  tous  les  fuyards.  ||  Familièrement. 
Se  faire  échiner,  se  dit  d'une  troupe  de  guerre  qui, 
dans  un  combat,  essuie  de  grandes  pertes.  Ce  ré- 
giment s'e^t  fait  échiner  à  l'attaque  de  la  redoute. 
Il  3"  Échiner  de  coups,  assommer  quelqu'un.  On 
vous  happe  notre  homme.  On  vous  l'échine.  on  vous 
l'assomme,  la  font.  Fabl.  xii,  22.  ||  Absolument. 
De  ces  gens  qui  ne  parlent  que  d'échiner,  mol. 
Scapin,  u,  8.  ||  4°  S'échiner,  v.  rc'/i.  Sa  rompre 
l'échine.  ||  Fig.  S'excéder  de  fatigue,  se  donner 
beaucoup  de  peine.  Qu'il  a  de  mail  ah!  sans  doute 
il  s'échine;  U  est  souvent  debout  toute  la  nuit; 
Comme  il  conduit,  disons-nous,  sa  machine  [sa 
place,  sa  fonction]  ! —  C'est  sa  machine,  amis,  qui 
le  conduit,  pons  (de  Verdun),  Contes  et  poésies  di- 
verses, p.  76. 

—  REM.  Le  peuple  prononce  volontiers  échigner. 
Mes  enfants,  on  ne  vous  défend  pas  de  poursuivre 
les  ennemis  quand  ils  s'enfuiront,  mais  je  ne  veux 
pas  que  vous  alliez  vous  faire  échigner  mal  à  propos 
sur  la  contrescarpe  de  leurs  autres  ouvrages  [paroles 
da  Vauban],  rac.  Leit.  àBoileau,  «juin  <(i92. 

—  Etvm.  Échine  *. 

t  ÊCIII.\mE(é-ki-ni-d'),  t.  m.  Terme  de  zoolo- 
gie. Les  échinides,  les  oursins. 

—  RTYM.  'Kyïvoç,  hérisson. 

t  ÉCULMPf.bE  (é-ki-ni  pè-d'),  adj.  Terme  de 
zoolof-'ie.  Qui  a  les  pattes  hérissées  de  poils  roides 
ou  de  piquants. 

—  F.TYM.  Lat.  echinus,  hérisson,  et  pes,  pied. 

•f  f.CIIlNITE  (é-ki-ni-f),  s.  m.  Oursin  de  mer 
pétrifié  ou  fossile. 

—  F.TYM.  'Ey.ïvoi;,  hérisson,  et  la  finale  t(e  qui 
en  géologie  indii|ue  un  fossile. 

t  ECIIIXOCAHPE  (é-ki-no-kar-p'),  adj.  Terme 
de  boianniue.  Oui  a  le  fruit  hérissé  de  pointes 
roide..  Il  S.  m.  Grand  arbre  de  l'Ila  de  Java. 

—  rrvM.  'E/ivo;,  hérisson,  et  xap^ti;,  fruit. 

i  f.(.IIINOCi)0L'E  (é-ki-no-ko-k'),  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Genre  d'enlozoaires  cesloîdes  qu'on 
rencontre  souvent  en  quantité  considérable  dans  les 
bydatidus. 

—  FTVM.  *E/îvo;,  hérisson,  et  xéxx.oc,  grain. 

t  ECUU(OU£UME  (é-ki-no-der-m"),  adj.  Terme 


ÉCH 

de  zoologie.  Qui  a  la  peau  hérissée  de  tubercules, 
de  pointes  ou  d'épines.  ||  Nom  d'animaux  rayonnes 
ou  radiaires  ."i  peau  dure  ou  pourvue  de  pièces  cal- 
caires. Il  Ou  dit  aussi  écliinoderniaire. 

—  f.TYM.   'E/ivo;,  hérisson,  et  Ssfiia,  peau. 

t  ÉCUI.NOÏUÉ  (6-kino-i-d),  adj.  lermi)  de  zoo- 
logie. Oui  ressemble  à  un  oursin. 

—  F.TY.M,  T/îvo;,  hérisson,  et  eîoo;,  forme. 

j  ftCUIiNO.MYlK  (é-ki-no-mi-ie),  *./.  Genre  de 
dijitères. 

—  F:tym.  'Eyïvoç,  hérisson,  et  \i.wa,  mouche. 

■\  ÉCIIINON  (ô-clii-non),  s.  m.  Terme  rural,  lioîte 
cylindrique  dans  laquelle  on  met  le  caillé  dont  on 
veut  faire  du  fromage. 

t  ÉCIILNOI'E  (é-ki-no-p'),  s.  m.  Genre  de  floscu- 
Icuses  qui  renferme  des  plantes  vivaces,  indigènes 
des  contrées  chaudes  de  l'Europe. 

—  F.TYM.  'Eyivoî,   hérisson,  etitoû;,  pied. 

t  ÉCIILNOI'ÉES  (é-ki-no-pée),  s.  f.  plur.  Famille 
de  plantes  à  Heurs  composées,  qui  a  pour  type  le 
genre  échinope. 

t  ÉCIIlNOl'llORE(é-ki-no-fo-r'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  porte  des  épines. 

—  F.TYM.   'E/tvoç.  hérisson,  et  çopoç,  qui  porte. 
f  ÉCIII.NORliUYNQUE     (é-ki-no-rin  k') ,    s.    m. 

Terme  de  zoologie.  Gc  nre  d'entozoaires  qui  ne  se 
trouvent  pas  chez  l'homme.  L'échinorrhynque  géant 
est  très-commun  chez  le  cochon  et  le  sanglier;  on 
le  rencontre  aussi  chez  le  mouton. 

—  ETYM.  'E/îvo;,  hérisson,  et  fOf/.o;,  beo. 

t  ÊCIIINOSI'EKAIE  (é-ki-no-spèr-m')'.  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  des  graines  hérissées  de  poils 
rudes. 

—  ÊTYM.  "E/îvoç,  hérisson,  et  (rtlpua,  graine. 

t  ÉCIIINOSTOME  (é-ki-no-sto-m'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  la  bouche  hérissée  de  dents  ou 
de  crochets. 

—  ÊTYM.  'F./îvoç,  hérisson,  et  wtôiioc,  bouche. 

t  fiCllI.VULR',  f.E  (é-ki-nu-lé,  lée) ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Oui  est  hérissé  do  petites  épines 
ou  de  petits  tubercules. 

—  £TYM.  Lat.  echinus,  hérisson,  et  le  suffixe 
diminutif  vlé.  • 

f  ÉCIIIXURE  (é-ki-nu-r'),  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. Qui  a  la  queue  hérissée  d'épines. 

—  F.TYM.   'Exîvo;,  hérisson,  et  oOpà,  queue. 

t  ÉCIIIOGLOSSE  (é-ki-o-glo-s') ,  s.  m.  Genre  de 
plantes  de  la  famille  des  orchidées. 

—  F.TYM.  'E/iî,  vipère,  el  ylûxraa ,  langue. 

fÉCIIlOÏDE  (é-ki-o-i-d'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  la  semence  a  de  la  ressemblance  avec 
la  tète  d'une  vipère. 

—  ÊTYM.  'Iv/i:,  vipère,  et  ttSoc,  forme. 
ÉClI10lIKTE,ÉE(é-chi-ke-té,  tée),  ad;. ||  l»Terme 

da  blason.  Divisé  en  carrés  semblables  à  ceux  d'un 
échiquier.  L'écu  est  échiqueté  lorsqu'il  a  au  moins 
vingt-quatre  carreaux.  On  spécifie  le  nombre  de 
lignes  ou  de  traits  que  portent  ces  carreaux.  Fasce 
échiquetée  d'argent  et  de  gueules  de  trois  traits. 
Il  2"  Terme  didactique.  Rangé  comme  les  cases  d'un 
échiquier. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  aussi  mourut  un  escuyer  de 
Bretagne  qui  s'armoit  de  gueules  à  deux  chevrons 
eschiquetés  d'or  et  d'azur,  froiss.  ii,  ii,  <i.  ||xvrs. 
Haultains  esprits  extraits  de  gentillesse.  Nobles  en- 
fants de  Millan  la  cité.  Ornez,  vestus  en  extrême 
richesse,  Drap  d'or,  velours  eschiqueté  sans  cesse. 
Pour  demonstrer  la  prodigalité,  j.  haroi,  p.  <69, 

dans  LACL'RNF.. 

—  ÊTYM.  Il  n'est  pas  douteux  que  eschiqueté,  dans 
l'exemple  de  J.  Marot,  ne  soit  le  môme  que  déchi- 
queté (voy.  ce  mot),  es  au  lieu  de  de.  U  n'est 
guère  douteux  non  plus  que  eschiqueté,  en  termes 
de  blason,  ne  se  rapporte  4  échiquier;  mais,  comme 
ladérivation  d"c.<c/ii(juicr  en  eschiqueté  n'est  pas  pos- 
sible, on  doit  supposer  qu'il  y  a  eu  confusion  par  as- 
similation de  eschiqueté  avec  escbiquier.  La  forme 
régulière  est  eschequé  (eneschiquier),  qui  se  trouve 
en  effet. 

ÉCHIQriER  (é-chi-kié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  Vs  se  lie  :  des  é-chi-kié-z  ornés),  s.  m. 
Il  1°  Table  divisée  en  carrés  alternativement  blancs 
et  noirs,  sur  laquelle  on  joue  aux  échecs  et  aux 
dames.  |!  Fig.  Champ  de  bataille.  L'empereur  alors 
dit  à  Belbard  que  rien  n'était  encore  assez  dé- 
brouillé ;  que,  pour  faire  donner  ses  réserves,  il 
voulait  voir  plus  clair  sur  son  échiquier,  eêcuh, 
//i.«l.  de  Nap.  vu  .  to.  ||  En  échiquier,  toc.  adv.  l'ar 
carrés  alternés.  En  forme  d'échiquier  les  plats  ran- 
gés sur  table,  Régnier,  Sal.  x.  ||  On  dit  que  des  ar- 
bres sont  plantés  en  échiquier,  lorsque,  représentant 
plusieurs  carrés,  ils  olTrent  des  lignes  droites,  de 
quelque  côté  qu'on  les  regarde,  c'est-à-dire  lors- 1 


ECU 

qu'ils  «ont  plantés  à  tous  les  angles  des  carrés  d'un 
échiquier  tracé  fictivement  sur  le  terrain.  ||  Terme 
de  menuiserie.  Espèce  de  compartiment  compnné  de 
carrés  disposés  parallèlement  aux  eûtes  Ue  l'ouvrago 
Il  2°  Terme  de  blason.  Se  ilit  de  l'écu  diviseen  i-li'- 
sieurscarré.s,  les  uns  de  métal  et  les  autres  de  couleur. 
Il  En  échiquier,  voy. EcillOL'ETE.  Il  8"0rdre  pariicuiicr 
de  marche  des  vaisseaux  qui  naviguent  de  coii.ser\e. 
Il  Terme  militaire.  Position  de  iroopes  ainsi  nom- 
mée parce  qu'elle  a  quel<|ue  ressemblance  avec  le§ 
cases  de  la  table  du  jeu  d'échecs.  Former  l'échiquier. 
Disposer  en  échiquier.  ||4*  Abaque  ou  table  i  cump' 
ter,  dont  on  se  servait  |viur  la  perceplioii  des  Im- 
pôts. Il  Assemblée  des  hauts  justiciers  de  .'^orman.lie, 
érigée  en  parlement  par  Louis  XII  en  HOS).  El  ayant 
eu  l'honneur  jAlençon]  d'avoir  été  longtemps  lapa- 
nage  de  l'un  des  enfants  da  France,  eu  laquelle  pour 
celle  con.sidération  soûlait  être  l'échiquier  souve- 
rain du  pays  qui  lut  supprimé  et  uni  à  notre  parle- 
ment de  Rouen  par  le  décésde  Françoisduc  d'Alen- 
çon,  en  l'an  ^^«4  seulement,  Éd't,  mai  laae. 
Il  6"  En  Angleterre,  juridiction  qui  lègle  toutes  les 
a(laires<les  finances.  La  cour  del  échiquier.  Le  chan- 
celier de  l'échiquier.  ||  Billeisde  l'écliiquier,  nom  des 
bons  du  trésor  en  Angleterre.  ||  Trésor.  Cette  ma- 
done [N.-D.  de  l.orelte]  plus  riche  qu'aucun  roi  de 
la  terre,  car  il  ne  sort  jamais  un  sclielling  de  son 
éihiiiuier,  volt.  Phi/,  v,  a7i.  ||6°Ternie  depéthe. 
Granil  filet  carré  soutenu  par  deux  demi-cerceaui 
et  attaché  au  bout  d'une  longue  perche.  ||  Espèce 
de  patron  sur  lequel  les  vitriers  prennent  leurs  me- 
sures. Il  7"  Nom  vulgaire  d'une  espèce  du  genre 
henpérie,  papillon  diurne. 

—  HIST.  xii'  s.  Adoniram  fud  maistre  del  csche- 
kler  [trésor]  e  de  receivre  les  treùz  (tributs]. 
Rois,  p.  238.  Il  xiii*  s.  Au  chief  du  paies  d'une  part 
S'asist  Ysengrin  et  Renart,  Devant  eus  deus  un 
escbiquier,  lien.  2K94(.  Sur  un  bon  lit  (elle)  .s'est 
ajiuiée;  La  coilte  [couette]  fu  à  cschekers  De  deux 
pailles  ben  faiz  et  chers,  La\  del  désiré.  Moult  [il] 
lui  a  prié  au  premier  D'à  lui  juer  à  re>kekier,  fl, 
et  ni.  2215.  La  soussele  est  d  un  paiie  cier  [cher|, 
Très  bien  ovrée  à  eskekier,  ib.  )I7».  l'iv*  s.  L'on 
apele  escbiquier  (en  Normandie]  assemblée  de  hau- 
tes justices,  auxquiex  il  appartient  à  corriger  et  à 
amender  ou  à  faire  amender  tout  ce  que  les  badlis 
et  les  autres  meneurs  [moindres]  justiciers  ont  ma- 
lement  jugé,  du  canoe,  scacarium.  Un  grand  échi- 
quier garny  d'argent  doré,  et  sont  les  ecliecs  de 
jaspre  et  île  cristal,  LeIt.  pat.  l*  janv.  1414. 

—  ÉTYM.  Échecs;  provenç.  escaquier;  ital.  scac- 
chiere.  Quant  à  la  signification  de  écliiquier,  pour 
cour  de  finance,  trésor,  elle  vient  de  ce  que  cette 
cour  tenait  ses  séances  avec  une  table  recouverte 
d'un  tapis  divisé  en  carreaux  comme  un  échiquier. 
C'est  ainsi  que  bureau,  étofl'e ,  a  pris  le  sens  de 
table  sur  laquelle  on  écrit,  et  d'oflice  où  l'on  ex- 
pédie les  affaires. 

f  ËCIllTE  (é-ki-t'),  s.[.  Genre  d'apocynées,  ayant 
pour  type  l'échite  biflore,  arbuste  volubile. 

—  ETYM.  "Exu,  serpent. 

t  ÉCIlITÉEs'(é-ki-lée),  ».  f.  plur.  Tribu  de  la 
famille  des  apocynées  ayant  pour  type  le  genre 
échite. 

ÉCHO  (é-ko),  s.  m.  ||  1*  Repétition  plus  ou  moins 
distincte  d'un  son  heurtant  contre  un  corps  qui  le 
réfléchit.  Écho  simple,  celui  qui  ne  répèle  les  sons 
qu'une  fois;  écho  multiple,  celui  qui  les  répèle  plu- 
sieurs fois;  écho  monosyllabique,  celui  qui  ne  ré- 
pète qu'une  syllabe;  écho  polysyllabique,  celui  qui 
répèle  plusieurs  syllabes.  Encore  oit-on  |entend-onJ 
l'écho  redire  leurs  chansons,  Régnier,  Dial.  L'écho 
se  plaît  à  redire  les  chansons  des  bergers  et  à  ex- 
primer le  son  rustique  de  leurs  musettejj  dans  le 
creux  de  quelque  rocher,  d'ablancourt,  lucien. 
Louange  d'une  maison.  Reine  des  Ilots,  sur  la  barque 
rapide.  Vole  en  chantant,  au  bruit  des  longs  échus; 
Les  vents  sont  doux,  l'onde  est  calme  et  limpide; 
Le  ciel  sourit;  vogue,  reine  des  fiots,  bêrang.  Je 
Prisonnier.  De  tant  d'échos  résonnant  jusqu'à  nous, 
Les  plus  lointains  nous  semblent  les  plus  doux, 
BÉRANG.  Couplets  à  des  Uauritiens.  Pauvres  en- 
fants! l'écho  murmure  encore  L'air  qui  berça  votre 
premier  sommeil,  m.  le  Suicide.  ||  Lieu  où  l'écho 
est  reproduit.  Ils  faisaient  répéter  les  doux  sous  de 
leurs  (lûtes  à  tous  les  échos  d'alentour,  fên.  Tél.  il. 
Les  cris  dont  je  faisais  retentir  les  écnos  de  ce 
rivage,  ID.  ib.  xv.  Fatiguant  de  mes  cris  les  échos 
du  rivage,  ntcis.  Oscar,  u,  ».  Ciil  vaste  et  pur, 
daigne  encor  me  sourire;  Échos  des  bois,  repetei 
mes  adieux,  bëha.ng.  Adieux.  \\  Adoier  l'écho,  cher- 
cher la  solitude,  l'écho  se  trouvant  ordinairement 
entre  les  rochers.  Détache  ton  amour  des  faux  biens 


l'CH 


ÉCH 


ÉCII 


1279 


que  tu  périls;  Adore  ici  l'écho  qu'adorait  Pytha- 
goro,  Prête  avec  lui  l'oreille  aux  célestes  co:]cerls, 
UMABT.  lUédit.  1,  8.  Il  Adore  l'écho  dans  la  tem- 
pête, retire-toi  dans  la  solitude  lors  des  troubles 
politiques.  Il  Kig.  Que  tous  les  échos  me  redisent 
celle  chiirmaiiie  nouvelle,  sév.  34i.  ||  2° Répétition. 
J'écoute  peu  ces  bruits  que  le  peuple  répète,  Échos 
tumultueux  d'une  voix  plus  secrète,  volt.  Sémir. 
11,  3.  Oui  ne  sait  d'adleurs  comment  les  alarmes  se 
propagent,  comment  la  vérité  même  dénaturée  par 
les  craintes  exagérées,  par  les  échos  d'une  grande 
ville....  MIRABEAU,  Collection,  t.  I,  p.  263.  Je  dois 
trembler;  car  moi,  qui  suis  prophète.  Je  vois  de 
loin  l'oubli  fondre  sur  vous;  [.Mes  vers)  De  tant 
d'échos  dont  la  voix  vous  répète,  L'un  meurt,  puis 
l'autre,  et  puis  cent,  et  puis  tous,  bF.rang.  l'In- 
octavo.  L'hymne  éternel  de  la  prière  Trouvera  par- 
tout des  échos,  lamart.  Ilarm.  i,  <.  ||  Personne  qui 
répète  ce  qu'un  autre  a  dit.  Ce  n'est  point  ici  un 
écho  ou  une  voix  empruntée,  patru,  Plaidoyer  7, 
dans  RicHELET.  Quel  favorable  écho,  pendant  que  je 
soupire.  Répète  mes  frayeurs  avec  un  tel  empire? 
CORN.  rots,  d'or,  m,  6.  Mais  je  ne  puis  du  tout  ap- 
prouver sa  chimère,  Et  me  rendre  l'écho  des  choses 
qu'elle  dit,  mol.  Femm.  sav.  i,  3.  Voili  comme  ils 
en  parlent,  et  plusieurs  échos  répondent,  sév.  i68. 
Je  vous  prie  de  ne  pas  confier  ceci  à  vos  échos,  ID. 
446,  Ménippe  est  l'oiseau  paré  de  divers  plumages 
qui  ne  sont  pas  à  lui;  il  ne  parle  pas,  il  ne  sent  pas, 
Il  ré|ièle  des  sentiments  et  des  discours,  se  sert 
même  si  naturellement  de  l'esprit  des  autres,  qu'il 
y  est  le  premier  trompé  et  qu'il  croit  souvent  dire 
son  goût  ou  expliquer  sa  pensée,  lorsqu'il  n'est  que 
l'écho  de  quel(|u'uii  qu'il  vient  de  quitter,  la  bhuy. 
II.  Nous  décidons  ainsi,  crédules  que  nous  sommes; 
One  d'échos  comptés  pour  des  hommesl  lamotte, 
Fabl.  V,  15.  Loin  de  ce  médisant  infâme.  Qui  de 
l'imposture  et  du  blâme  Est  l'impur  et  bruyant 
écho,  GBESSET,  Chartreuse.  On  a  vu  trop  d'auteurs 
échos  des  erreurs  accréditées  de  l'antiquité,  voLr. 
]Oœurs,  144.  Hobbes  n'a  été  que  l'écho  de  tous  les 
gens  sensés,  ID.  Dial.  xxiv,  3.  ||  3°  Terme  de  mu- 
sique. Répétition  adoucie  d'un  certain  nombre  de 
notes.  Il  Terme  de  guitiriste.  Note  en  écho,  noie 
qui  se  fait  avec  la  main  gauche  seule,  dont  les 
doigts,  pn  s'appiiyant  sur  lacor.le,  lui  communi(|uent 
un  petit  mouvement  qui  fait  entendre  un  son  très- 
faible.  Il  Terme  île  littérature.  Sorte  de  vers  dont  la 
dernière  syllabe  se  ré[)èle  et  ajoute  au  sens  qu'elle 
complète;  cette  dernière  syllabe  répétée  est  comp- 
tée comme  un  vers.  En  voici  un  exemple  :  L'on  voit 
des  commis  Mis  Comme  des  princes,  Qui  jadis  sont 
venus  Nus  De  leurs  provinces.  ||  Terme  de  peinture. 
Echos  de  lumière,  rappels  de  lumière  en  des  plans 
différents.  Il  4"  S.  f.  Dans  la  mythologie,  Nymphe, 
fille  de  l'Air,  qui  ne  put  se  faire  aimer  de  Narcisse, 
et  qui,  ayant  été  changée  en  rocher,  ne  conserva 
que  la  voix.  Écho  n'est  plus  un  son  qui  dans  l'air 
retentisse.  C'est  une  nymphe  en  pleurs  qui  se  plaint 
de  Narcisse.  BOiL.  Art  p.  m. 

—  lilST.  xui'  s.  Eqo  si  respont  en  la  tour  Des 
grands  coups  que  refiert  entuur,  liai,  des  7  arts. 

—  ETYM    'll/ù,  son,  et  Écho,  nymphe. 

t  FXIIOÏ0l!K(é-ko-i-k'),  adj.  Terme  de  littérature 
ancienne.  Les  Latins  ont  nommé  échoïque  un  vers 
terminé  par  deux  mots  qui  riment  ensemble,  par 
exemple  :  Exeicet  mentes  fralernas  gratia  raro, 
tERVius,  Centimètre.  ||  Au  xvi*  siècle,  on  ajipela  vers 
en  écho  ou  vers  échoique  un  vers  dont  les  deux  der- 
niers mots  sont  pareils,  exemple  :  Qu'est-ce  enfin  du 
plus  grand  monarque  terrien  ?  rien,  pibrac.  Qu'es- 
tois-je   avant  qu'entrer  eu  ce  passage?  sage,   du 

BELLAY. 

—  ETYM.  Écho. 

ËCIIUIK  (é  choir),  r.  n.  lln'aque  les  temps  et  per- 
sonnes qui  suivent  :  il  échoit  ou  il  échet,  ils  échoient, 
ils  échéent;  il  échoyait;  il  échut,  ils  échurent;  il 
écherra  ou  échoira;  il  écherrait  ou  échoirait;  qu'il 
échoie,  qu'il  échût;  échéant;  échu,  échue.  L'Acadé- 
mie dit  que  il  échoit  se  prononce  comme  il  échet;  cela 
ne  paraît  pas  conforme  à  l'usage;  la  prononciation 
échoit  est  même  [ilus  fréquente  que  la  prononciation 
échet.  i;  1°  Être  dévolu  par  le  sort.  Les  immeubles 
que  les  époux  possèdent  au  jour  de  la  célébration  du 
mariaf-'ooii  qui  leur  échoient  pendant  son  cours,  Code 
cn-ii.art.  llci.La  longue 'pai lie |  échet  sans  faute  au 
déreiideur,  la  font.  Juge.  Japhet,  connu  sous  ce  nom 
dans  les  pn6les,rut  aussi  adoré  sous  celui  deNeptune, 
p.irie  que  les  pays  maritimes  lui  échurent,  rollin, 
Traili^  de.\  Ht.  1' |i;irt.  ch.  I.  Andromac|iie  à  Pyrrhus 
est  écliiieen  partage,  ciiateaubruN,  Troyennes,  i, 
6. 11 2°  Terme  de  pratique.  Si  le  cas  y  échoit,  y  échet, 
ou,  simplement,  s'il  y  échet,  c'est-à-dire  si  l'occa- 


sion se  préiente,  s'il  y  a  lieu.  |1  Le  cas  échéant,  c'est- 
à-dire  à  l'occasion,  en  telle  circonstance.  ||  Se  faire, 
avoir  lieu,  à  un  certain  temps  préfixe.  Le  terme 
échoit  à  la  Saint-Jean.  La  première  année  de  la 
rente  écherra  en  )0I5,  patru.  Plaidoyer  3,  dans 
RiciiELET.  Il  3°  En  termes  de  palais,  il  s'est  ditautre- 
fois  des  peines  imposées  aux  délits  ou  crimes.  À  cela, 
il  y  échoit  amende.  ||4°  En  parlant  des  personnes, 
échoir  bien,  échoir  mal,  avoir  bonne  ou  mauvaise 
chance.  Je  suis  mal  échu.  Vous  ne  sauriez  que  bien 
échoir.  Pour  un  enfant  qui  sort  du  monastère,  C'é- 
tait échoir  en  dignes  compagnons!  grkss.  Vert-Vert, 
m.  Il  Cet  emploi  d'échoir  a  vieilli.  |{  Echoir  se  con- 
jugue avec  l'auxiliaire  ^tre. 

—  HiST.  xii*  s.  Cui  escheoit  l'honor  [le  fief]  et 
l'héritage,  ifionc.  p.  4  69.  Mais  se  piliez  me  pooit 
escheoir,  Couci,  xviii.  ||  xtii'  s.  Se  li  héritages  est 
esqueùs  à  plusors  persones  d'un  meisme  degré  de 
lignage,  beaum.  47.  ||  xiv*  s.  Ce  est  si  corne  il  es- 
chiet,  0KES.\iE,  l'th.  167.  Il  XV*  s.  Or  escheï  que  le 
sire  de  Faguoelles  estoit  monté  sur  un  coursier  trop 
melancolieux  et  malenfrené,  froiss.  i,  i,  si.  Nous 
ne  pouvons  émouvoir  guerre  au  roi  de  France.... 
sans  escheoir  en  sentence  d'excommunication,  id. 
I,  I,  95.  En  ce  temps  eschurent  PasqNes  si  haut,  que 
environ  Pasques  closes  on  eut  l'entrée  du  mois  de 
mai,  ID.  I,  I,  194.  Il  xvi'  s.  L'éternel  est  ma  por- 
tion, mon  sort  m'est  très  bien  escheu,  calv.  Insl. 
800.  La  principale  partie  est  escheute  aux  evesques 
et  aux  prestres  des  villes,  m.  ib.  879.  Il  n'escheoit 
pas  de  recompense  à  une  vertu  qui  est  passée  en 
coustume,  mont,  h,  66.  Des  dieux  11  ne  [leult  venir 
aucun  mal  à  l'homme,  sinon  pour  son  plus  grand 
bien,  quand  il  y  escheoit,  et  pour  un  medecinal 
efi'et,  ID.  ji,  146.  Le  jour  de  son  retour,  par  cas 
d'adventure,  escheut  au  propre  jour  que....  amyot, 
AU.  69.  11  n'en  peult  advenir  que  peu  d'avantage, 
s'il  luy  succède  bien,  et  au  contraire  perle  univer- 
selle du  total,  s'il  luyeschet  mal,  id.  l'élnp.  4. 

—  Etyji.  Picanl,  ékerre ,  échoir,  ékeu,  échu; 
wallon,  heure;  provenç.  eschazer;  ital.  scadere  ; 
du  latin  fictif  ex-cadere,  de  ex  et  cadere  (voy. 
ciiom). 

t  ÉCIIOME  (é-cho-m'),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Cheville  de  bois  ou  de  fer,  qui  va  en  diminuant  par 
les  deux  bouts,  et  qui  sert  à  tenir  les  rames. 

—  ÊTYM.  Espagn.  escalmo;  ital.  scalmo,  scarmo; 
du  latin  icalinus. 

j  ÉClIO.MÈlUE  (é-ko-mè-tr'),  t.  m.  Terme  de 
physique.  Règle  divisée  servcyit  à  mesurer  les  rap- 
ports des  sons. 

—  f.TYM.  'll/ù,  son,  et  mètre,  mesure. 

t  ÉCllO-tlÉTItlE  (é-ko-mé-trie),  s.  f.  Terme  d'ar- 
chitecture. Art  de  calculer,  de  combiner  la  réflexion 
des  sons. 

—  ÉTYM.  Écho,  et  mètre,  mesure. 

t  P.CIIOI'PAGE  (é-cho-pa-j'),  s.  m.  Action  d'é- 
chopper. .__^ 

—  f.TYM.  Échopper. 

1.  ÉCHOPPE  (é-cho-p'),  s.  f.  Petite  boutique  en 
planches,  ordinairement  biltie  en  appentis.  Ces  Tar- 
tares  étaient  assis  devant  leurs  portes,  les  jambes 
croisées,  sur  des  espèces  d'échoppes  ou  de  tables  de 
bois,  CHATEAUB.  Ilinèr.  24. 

—  REM.  On  a  dit  c/iope  ;  Qu'il  soit  permis  aux  dits 
jurais  et  bouigeois  [de  Bordeaux]  de  bâtir  et  faire 
construire  des  chopes,  tant  au  dedans  qu'au  dehors 
de  la  dite  ville,  le  long  et  attachées  aux  murs  d'icelle, 
Arrêt,  24  mars  ice4. 

—  lllST.  XV'  s.  On  tombe,  on  glisse,  on  chef,  on 
chope;  Quant  on  a  pleuré  demy  larme.  C'est  fait. 
Il  n'y  pert  [parait]  à  l'escliope,  coquillart,  p.  134. 
dans  lacurne.  Et  le  lendemain  fuient  les  eschoppes 
et  boutiques  ouvertes,  cl.  de  la  marche,  dans  le 
dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-allem.  schupfa,  boutique  ; 
allem.  Schoppen;  angl.  shop. 

2.  ÉCHOPPE  (é-cho-p'j,  s.  f.  Pointe  d'acier,  à 
l'usage  des  graveurs,  pour  graver  sur  le  cuivre,  à 
l'eau-forte.  Quand  on  voulait  faire  l'essai  d'une  masse 
d'argent,  on  en  tirait  quelques  grains  parle  moyen 
d'un  petit  instrument  nommé  échoppe;  on  mettait 
Cette  petite  quantité  d'argent  sur  des  charbons  ar- 
dents, et  on  jugeait  de  son  titre  par  sa  couleur  plus 
ou  moins  blanche;  cejte  méthode  s'appelait  faire 
l'essai  à  la  rature  ou  à  l'échuppe,  Dict.  des  arts  et 
mil.  Amst.  1767,  essayeur.  ||  Nom  que  les  serru- 
riers donnent  aux  ciseaux  qui  servent  à  leurs  gra- 
vures grossières. 

—  iilsT.  XVI'  s.  Eschople,  ouorn. 

—  ETYM.  Ane.  franc,  eschalpre,  dans  Diez,  cou- 
teau à  racler;  espagn.  escoplo;  portug.  escopro; 
du  latin  scalprum,  ratissoire.  On  trouve  escopel, 


au  sens  d'aiguillon  à  bœufs:  xv*  s.  Icellui  Andrieu 
lui  rebouta  le  cop  d'un  escopel  ou  baston  qu'L 
avolt  apporté  en  menant  sesbœiifz,  du  canoë,  «- 
coparius.  Ce  paraît  être  une  altération  pour  Pîcor- 
pel  ou  escarpel;  esp:ign.  scuryelo ;  liai,  scarpello; 
du  latin  scatpeltum ,  diminutif  de  scalprum. 

ÉCHOPPÉ,  ÉE  (é-cho-pé,  pée),  part,  passé. 

ÉCHOPPER  (é-cho-pé),  V.  a.  Travailler  avec 
l'échoppe. 

—  HIST.  XV'  s.  Le  dit  duo  [de  Bourgogne],  de  sa 
personne,  se  gouverna  moult  prudentement....  et 
fut  enferré  de  deux  lances  de  première  venue,  dont 
lui  perça  la  selle....  et  lui  eschoppa  décote  scahar- 

nois,   MONSTR.  I,    267. 

—  ÊTYM.  Échoppe  2.  Le  sens  à'esehopper  dans 
l'historique  va  fort  bien  avec  le  sens  étymologique  : 
instrument  île  fer  qui  racle. 

ffiCUOPPlER,  lËUE  (é-cho-pié,  piè-r'),  s.  m. 
et  f.  Petit  marchand,  petite  marchande  établie  dan» 
une  échoppe. 

—  lllST.  XIV*  s.  Jacobus  dictus  l'eschoppier,  et 
Johanna  dicta  l'eschopiere,  du  canoë,  escoparius. 
Il  xv  s.  Une  belle  et  gente  demoiselle,  femme  d'un 
eschoppier,  louis  xi,  Nouv.  iv.  ||  xvi'  Tous  taver- 
niers,  eschopiers  et  autres  vendans  denrées,  Nouv. 
coust.  génér.  t.  i,  p.  321. 

—  ETYM.  Échoppe  I. 

ÉCHOL'ACE  (é-chou-a-j'),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Situation  d'un  bâtiment  dont  la  quille  porte  sur  le 
fond  de  la  mer.  On  fit  à  Ambleteuse  l'épreuve  de  sa 
proposition  sur  deux  galères  qu'on  échoua,  et  elles 
soutinrent  l'échouage  pendant  quinze  jours  sans 
aucun  inconvénient,  fonten.  Chazelles.  \\  Plage 
unie  sur  la  côte,  où  s'arrêtent,  en  touchant  sans 
danger,  les  navires  de  petite  dimension.  Dans  la 
Méditerranée,  les  pécheurs  de  sardines  viennetil  à 
l'échouage  en  rentrant  de  leur  expédition,  legoa- 
RANT.  Il  Action  d'aller,  de  s'arrêter  au  lieu  où  est 
l'échouage. 

—  SY.N.  L'échouage  est  toujours  volontaire  et  dif- 
fère en  cela  de  l'échouement,  legoarant. 

—  ETYM.  Échouer. 

ÉCHOUÉ,  ÉE(é-chou-é,  ée),  part. passé.  \\  l'  Qui, 
touchant  le  fond,  ne  peut  plus  llotter.  Navire  échoué 
Baleine  échouée.  {|  Substantivement.  Celui  qui  a 
échoué,  qui  a  fait  naufrage.  L'avis  de  celui-ci  fut 
d'abord  trouvé  bon  Par  les  trois  échoués  aux  bonis 
de  l'Amérique,  la  font.  Fabl.  x,  I6.  ||  2°  Kig.  Qui 
n'a  pas  réussi.  Je  le  plains,  je  le  tiens  échoué, 
ce  rigide  censeur,  il  s'égare  et  il  est  hors  de  route; 
ce  n'est  pas  ainsi  que  l'on  prend  vent  et  que  l'on 
arrive  au  délicieux  port  de  la  fortune,  la  bhuy.  xii. 
Un  esprit  frivole  et  léger  n'est  capable  de  rien,  et 
tout  ce  qu'il  entreprend  on  le  compte  déjà  pour 
échoué,  MASS.  Car.  Inconst. 

ÉCHOL'EMEXT  (é-chou-man),  s.  m.  Action  d'un 
navire  qui  touche  un  haut  fond,  un  rocher,  un 
écueil,  etc.  et  s'arrête  faute  d'eau  suffisante  puur  le 
retenir  à  Ilot.  Le  navire  est  souvent  défoncé  par 
l'échouement,  legoarant.  ||  Kig.  L'échouement  des 
deux  partis. 

—  HIST.  XVI*  S.  Escho'.;ement,  ouom. 

—  ÊTYM.  Échouer. 

■  ÉCHOUER  (é-chou-é),  v.  n.  1|  1°  Arriver  à  l'é- 
chouemeiil,  toucher  un  haut  fond  (écueil  ou  sa- 
ble), de  manière  à  ne  pouvoir  plus  fiotter;  ce  qui 
est  toujours  un  accident.  Le  navire  échoue  sur  un 
écueil.  Nous  échouâmes  en  vue  du  port.  Une  ba- 
leine a  échoué  sur  nos  côtes.  ||  Fig.  Soit  que  le 
laurier  nous  couronne....  Soit  que  des  simples  Heurs 
que  la  beauté  moissonne.  L'amour  pare  nos  hum- 
bles fronts.  Nous  allons  échouer  tous  au  même  ri- 
vage, lamart.  ili'd.  II,  1 1.  Il  Par  une  autre  figure.  Ne 
pas  réussir,  en  parlant  des  personnes.  FédCrio 
échoua  Contre  ce  roc  [ce  cteur  insensible]  et  le 
nez  s'y  cassa,  la  font.  Faucon.  Pierre  vint  échouer 
contrôla  voix  dune  simple  femme,  mas.  Car.  Mort. 
Si  vous  échappez  d'un  péril,  vous  venez  bientôt 
échouer  à  un  autre,  id.  Prof.rel.  serin,  t.  Où  l'une 
[nationj  échoue  une  autre  recommence.  Dieu  nous 
a  dit  :  Peuples  je  vous  attends,  bèranO.  Quatre 
âges.  \\  Il  se  dit  aussi  des  choses.  Nos  rêsr.lutions 
viennent  échouer  contre  nos  penchants,  mass.  Av. 
Conc.Voilà  où  viendront  échouer  les  vaines  relierions 
des  sages,  id.  Car.  Avenir.  La  plupart  îles  projets 
de  la  cour  de  perse  échouaient  pour  l'ordinairt-  par 
sa  lenteur  dans  l'exécution,  roi.lin,  llist.  anc. 
Œuvres,  t.  v,  p.  464,  dans  LACt;Rî«E.  Il  est  d' s 
temps  où  tout  l'efforl  humain  Tombe  sou.^  la  fo  .uiio 
et  se  débat  en  vain.  Où  la  prudence  échoue,  nii 
l'art  nuit  à  soi-même,  volt.  Uarmnne,  ii,  i.  Non, 
n'appréhendez  pas  que  ma  fortune  échoue  A  ce  hon- 
teux écueil  des  succès  d'Aonibal,  skURia ,  Spartae.  i, 


1280 


RCL 


3  Tout  l'art  de  nos  Œdipes  échouerait  devant  cette 
énigme,  Dict.de  l'Académie.  ||  Faire  échouer,  em- 
pêcher le  succès.  Il  fail  toujours  tout  échouer,  sÊv. 
812.  Il  a  fait  échuuer  votre  fortune,  mass.  Car. 
Pard.  Il  2"  Arriver  à  l'échouage.  Les  navires  ca- 
boteurs échouent  dans  Ips  havres,  les  ports,  etc. 
Il  3°  y.  a.  Conduire  an  navire  à  l'échouage  pour  le 
réparer  ou  le  nettoyer.  Lo  capitaine  échoua  son  na- 
vire. Après  cette  expédition,  il  échoue  ses  canots, 
$es  pri.ses,  et  se  rend  avec  la  frégate  seule  à  la 
Tortue,  baynai,, //ùf.  phil.  x,  )0.  ||  Jeter  un  navire 
à  la  côte  pour  le  soustraire  à  la  prise  par  l'ennemi 
et  en  sauver  l'équipage.  ||  Faire  faire  naufrage. 
....  Ilaplantédans  iamer  des  écueils  artificiels  pour 
échouer  les  Hottes  de  ses  ennemis,  balz.  le  Prince, 
ch.  XI.  Vieilli  en  ce  dernier  sens.  ||  Fig.  Ce  qui  avait 
paru  à  tous  les  autres  comme  des  écueils  contre  les- 
quels il  fallait  craindre  d'échouer  le  vaisseau,  boss. 
Corn.  Il  4"  S'échouer,  v.  réft.  Se  jeter  à  la  côte. 
Le  capitaine  aima  mieux  s'échouer  que  de  se  laisser 
prendre.  Malheureusement  on  ne  trouve  que  quatre 
ou  cinq  brasses  d'eau,  et  on  est  réduit  à  s'échouer, 
baynal,   Ilisi.  phil.  vni,  <o. 

—  REM.  On  emploie  les  auxiliaires  aiiotV  ou  être, 
suivant  qu'on  veut  exprimer  l'action  d'échouer  ou 
l'état  qui  résulte  de  cette  action  :  le  vaisseau  a  échoué 
et  est  échoué;  le  dessein  a  et  est  échoué. 

—  HIST.  xvi"  s.  Leurs  galères  flottoient  en  mer, 
et  les  autres  estoient  appuyées  et  eschouées  ferme- 
ment contre  la  terre,  amyot,  LucuUus,  23.  Le  reste 
des  vaisseaux  ancra  pour  garder  les  eschouez,  u'aub. 
Hist.u,  300. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  Diez  propose  le  latin 
cautes,  rocher,  écueiL 

ÉCHU,  UE  (é-chu,  chue),  part,  passé  du  verbe 
échoir.  Arrivé  par  dévolution.  Le  gros  lot  lui  est 
échu.  Andromaque  à  Pyrrhus  est  échue  en  partage, 
CHATEAUBBUN,  Troymties ,  i,  6.  ||  Dont  le  terme  est 
arrivé.  Terme  échu.  Fermage  échu. 

t  ÉCUCTE  (é-chu-f),  s.  f.  Terme  d'ancien  droit. 
Droit  accordé  aux  seigneurs  de  succ(';der  dans  cer- 
taines circonstances  à  leurs  mainmortables;  la  suc- 
cession elle-même.  Je  ne  veux  ni  main  morte,  ni 
échute  dans  ce  petit  coin  de  terre  que  j'habite;  je 
ne  veux  être  ni  serf  ni  avoir  des  serfs,  volt.  Letl. 
Perret,  28  déc.  )77i. 

—  ÉTYM.  Ancien  féminin  du  participe  passé  échu. 
f  ÉCliMABLE  (é-si-ma-bl'),  adj.  Arbre  écimable, 

arbre  que  l'on  peut  écimer  ou  étêler. 

—  ETYM.  Écimer. 

f  ÉCIMAGE  (é-si-ma-j') ,  s.  m.  Action  d'écimer 
les  arbres. 

—  ÊTVM.  Écimer. 

ÊCIMÉ,  ÊE  (é-si-mé,  mée) ,  part,  passé.  Arbre 
éciraé.  Il  Terme  de  bla.son.  Chevron  écimé,  chevron 
dont  la  pointe  est  emportée. 

ËCIMER  (é-si-mé),  V.  a.  Couper  la  cime  des 
arbres. 

—  HIST.  XVI*  s.  Us  disent  que  la  perfection  de 
santé  trop  vigoreuse,  il  nous  la  faut  essimer  et  ra- 
battre par  art,  mont,  m,  97.  J'aimerois  egualement 
qu'on  m'ostast  la  vie,  que  si  on  me  l'essimoit  et  re- 
trenchoit.  id.  iv,  UG. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  cime. 

t  ECKLOME  (è-klo-nie),  s.  f.  Genre  delà  tribu 
des  laminariées  (phycées). 

—  ÊTYM.  Nom  d'un  botaniste. 
ÉCLABOUSSÉ,    ÉE    (é-kla-bou-sé,    sée),    part. 

passé.  Couvert  d'une  boue  qui  rejaillit.  Éclaboussé 
par  une  voiture  qui  allait  grand  train.  ||  Fig.  Oui  a 
reçu  des  éclaboussures  ou  désagréments.  Éclaboussé 
dans  une  mauvaise  alTaire. 

ÉCLABOUSSEMENT  (é-kla-bou-se-man^,  s.  m. 
Action  d'éclabousser 

—  ÉIYM.  Éclaboussfr. 

ÉCLABOUSSER  (é-kla-bou-sé),  «.  o.  ||  1°  Faire 
rejaillir  de  la  boue  sur  quelqu'un,  sur  quelque  chose. 
Guenaud  sur  son  cheval  en  passant  m'eclabousse, 
BOIL.  Sol.  VI.  11  avait  un  carrosse  qu'il  quitta  parce 
qu'il  St  réflexion  qu'il  éclaboussait  des  gens  qui  va- 
laient mieux  que  lui,  lesage,  Diable  boit.  ch.  I7. 
Le  char  de  l'opulence  M'eclabousse  en  passant, 
BÉRANO.  Vocation.  La  guerre....  Vous  fit  [canons] 
pour  la  bataille,  et  nous  vous  avons  pris,  Pour  vous 
éclabousser  des  fangesde  Paris,  v.  iiuoo,  Voix  int. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Éclabousser  tout  le  monde, 
étaler  un  luxe  insolent.  Un  comédien  qui  éclabousse 
insolemment  le  poète  qui  le  nourrit,  oubliant  qu'il 
n'est  plus  rien  quand  il  n'a  plus  de  rôle  à  jouer, 
ST-Foix,  Eis.  Paris,  CEiivres,  t.  m,  p.  4)9.  ||  2°  S'é- 
dahousser,  v.  rifl.  Faire  rejaillir  sur  soi  de  la  boue. 
Il  s'éclaboussa  en  sautant  le  ruisseau. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  cheval  esclahouta  un  escuier, 


JACO.  LE  BOUVIER,  Chron.  depuis  4  402,  dans  lacurne. 
Floridas  fiert  Nabur  à  travers,  et  lui  fait  la  teste 
voler  si  près  de  Bruyant  qu'il  fust  esclaholé  du 
sang,  Perceforest,  t.  I,  f*  89.  Hennericq  d'un 
baston  qu'il  avoil  frappa  en  la  dite  eau,  tellement 
que  la  grigneur  partie  des  supplians  furent  escla- 
botez  et  mouliez  (mouillés),  du  cange,  ellulare. 
Iciilluy  Loysel  feri  d'un  baslon  contre  terre  pour 
eschaboter  ung  mont  d'enfans  qui  estoient  assez 
prés,  II).  )b.  Il  XVI*  s.  Esclahocher,  cotgbave. 

—  ÊTYM.  La  plus  ancienne  forme  est  esclahoter, 
qui  paraît  une  transformation  irrégulière  de  l'ancien 
verbe  esclafer,  qui  veut  dire  faire  éclater,  et  dont 
le  radical  claf  ou  clif  se  trouve  sans  doute  dans 
clifoire  (voy.  ce  mot).  Mais,  à  mesure  qu'on  s'est 
éloigné  de  la  forme  primitive  pour  se  fixer  à  écla- 
bousser, l'usage  n'y  a  plus  vu  qu'un  composé  tel 
quel  d'éclat  et  de  boue. 

ÉCLABOUSSURE  (é-kla-bousu-r'),  s.  f.  ||l°Boue 
qui  a  rejailli  sur  <!uelqu'un  ou  sur  quelque  chose. 
Il  Un  manteau  couvert  d'éclaboussures.  {|  S.  f.  pi. 
Terme  de  vénerie.  Gouttes  d'eau  que  la  béte  fait 
jaillir  sur  les  branches,  les  herbes  et  les  pierres  qui 
sont  des  deux  côtés  du  ruisseau  qu'elle  longe  ou  tra- 
verse. Il  2°  Par  extension,  fragment  détaché  d'un 
corps.  Li'après  BufTon,  les  comètes  sont  des  écla- 
boussures du  soleil.  Il  3°  Fig.  Désagrément  qui  ar- 
rive par  contre-coup.  11  a  fait  une  sottise,  et  j'en  ai 
eu  les  éclaboussures.  ||  Quand  deux  hommes  se  bat- 
tent, on  dit  que  celui  qui  s'approche  d'eux  s'expose 
à  recevoir  des  éclaboussures,  c'est-à-dire  quelqu'un 
des  coups  qu'ils  se  destinaient. 

—  HIST.  XV*  s.  Si  c'estoit  maladie  contagieuse, 
vous  ne  seriez  pas  sûrement  si  près  sans  avoir  des 
esclabotuies,  louis xi,  Afout).  xxvi.  Esclabousseure, 
Perceforest,  t.  v,  f°  to,  dans  lacurne.  La  dite 
mouUeure  [mouillure]  et  esclaboteure,  du  cange, 
ellulare.  ||xvi*  s.  Si  vostre  cerf  y  a  passé,  il  n'aura 
pas  manqué  d'y  faire  sauter  de  l'eau  comme  sur  des 
pierres,  s'il  y  en  a  qui  excédent,  que  vous  verrez 
mouillées  par  endroits,  ce  qui  est  plus  ordinaire 
dans  les  rivières  et  torrents....  c'est  ce  qui  se  doit 
appeller  eclaboussure,  salnove,  Vénerie.,  p.  <87, 
dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Éclahousser. 

j  ÉCLADOUÈRE  (é-kla-dou-ê-r').  s.  f.  Terme  de 
chasse.  Sorte  de  filet  pour  prendre  les  oiseaux. 

ÉCLAIR  (é-klêr),  s.  m.  ||  1*  Lumière  vive  et  sou- 
daine qui,  s'échappanl  du  sein  des  nuages,  précède 
ordinairement  le  bruit  du  tonnerre  et  est  produite 
par  les  masses  d'électricité  atmosphérique,  quand 
elles  se  transportent,  à  travers  l'air,  d'un  nuage  à 
un  autre,  ou  d'une  partie  à  une  autre  d'un  même 
nuage.  Pareille  à  ces  éclairs  qui  dans  le  fort  des 
ombres  Poussent  un  jour  qui  fuit  et  rend  les  nuits 
plus  sombres,  corn.  Wor.  m,  t.  Ni  les  éclairs  ni  le 
tonnerre  N'obéissent  point  à  vos  dieux,  bac.  Esth. 
I,  5.  Les  éclairs  sont  moins  prompts,  volt,  ilérope, 
v,  6.  Il  Fig.  Le  propre  jour  du  triomphe  du  défen- 
seur de  Lille  fut  celui  même  de  l'éclair  qui  précéda 
la  foudre  lancée  contre  celui  qui  n'avait  pas  voulu  le 
secourir,  st-sim.  221,  8.  |{  Éclairs  en  nappes,  éclairs 
très  éiendus,  diffus  et  formés  par  une  lumière  qui 
illumine  une  gran<le  partie  du  ciel.  ||  Éclairs  de  cha- 
leur, ceux  qui  paraissent  à  peu  près  dans  l'horizon 
et  qui  ne  sont  suivis  d'aucun  bruit,  parce  que  le 
nuage  où  ils  se  montrent  est  trop  éloigné  pour  que 
le  son  se  fasse  entendre.  )|  Éclairs  fulminants,  éclairs 
linéaires  formés  par  un  trait  de  lumière  blanche  ou 
purpurine,  et  parcourant  en  zigziig  une  grande 
étendue  du  ciel  ;  ilssont  les  plusdangereux.|l  Éclairs 
sphériques,  éclairs  en  forme  de  globes  de  feu  et  mar- 
chant lentement  dans  l'espace;  ils  sont  rares.  ||  2°  Par 
extension,  toute  apparition  subite  et  rapide  delà 
lumière.  Un  éclair  de  soleil  à  travers  la  pluie.  Ou 
d'un  plomb  qui  fuit  l'œil  et  part  avec  l'éclair.  Je  vais 
faire  la  guerre  aux  habitants  de  l'air,  boil.  Épit. 
VI.  Dieu  propice,  6  Bacclius,  toi  dont  les  flols  divins 
Versent  le  doux  oubli  de  ces  maux  qu'on  adore; 
Toi  devant  qui  l'amour  s'enfuit  et  s'évapore.  Comme 
de  ce  cristal  aux  mobiles  éclairs  Tes  esprits  odo- 
rants s'exhalent  dans  les  airs,  a.  eut».  Èlég.  xxii. 
Un  intervalle  alTreux,  un  farouche  silence  Pour  un 
instant  succède  à  ce  terrible  bruit;  Quand  un  cou- 
pable attend  le  coup  de  la  vengeance.  Telle  est  l'hor- 
rible pause  entre  l'éclair  qui  luit.  Et  la  foudre  qui 
part,  et  la  mort  qui  la  suit,  masson,  Uclv.  vu. 
Il  Les  feux  que  semblent  jeter  les  pierres  précieuses 
et  les  cristaux,  et  qui,  provenant  de  la  réfraction  de 
la  lumière,  ne  durent  qu'un  instant.  Cette  parure 
lance  des  éclairs.  ||  Terme  de  chimie.  Lumière  étin- 
celante  qui  parait  à  la  surface  du  bouton  d'or  et  d'ar- 
gent qui  reste  sur  la  coupelle.  L'opération  [de  l'essai 


ÈCL 

à  la  coupelle]  est  finie  lorsque  la  surface  a  été  bi  c: 
nettoyée,  qu'il  ne  se  forme  plus  de  crasse,  et  q  ue 
l'argent  devient  tout  à  coup  net  et  brillant;  c'est  ce 
que  les  ouvriers  nomment  l'éclair,  Dict.  des  arts  et 
m't.  Amst.  1707,  mines.  Ce  qui  s'appelle,  en  terme» 
de  l'an,  faire  l'éclair,  ib.  essayeur.  ||  Terme  de 
rner.  Éclair  de  harengs,  éclat  de  lumière  qui  paraît 
sur  mer,  lorsque  les  harengs  passent  en  troupes,  et 
qui  ressemble  assez  à  la  lumière  des  écla.rs.  ||  3"  Fi;;, 
Tout  ce  qui  présente  de  l'éclat ,  de  la  vivacité.  Hélas  ! 
sans  frissonner,  quel  cœur  audacieux  Soutiemlrail 
les  éclairs  qui  partaient  de  vos  yeux?  bac.  Eslh.  u, 
7.  Des  éclairs  de  ses  yeux  l'œil  était  ébloui,  m.  ib, 
II,  B.  C'est  ce  corps  endurci .  ce  port  audacieux.  Ce 
bras  toujours  armé,  cet  éclair  de  ses  yeux,  nucis, 
Mach.  II,  2.  Les  éclairs  qui  sortaient  des  yeux  du 
vieillard  le  rendaient  semblable  à  Dieu,  chatkaih. 
Atiila,  281.  Il  II  se  dit  aussi  de  ce  qui  brille  dans  le 
style.  J'en  avais  reçu  d'elle  une  [lettre]  fort  bril- 
lante et  qui  jetait  partout  des  éclairs,  méhé,  Ût'u- 
xres poslh.  t.  u,  p.  88.  ||4*  Se  dit  pour  caractériser 
loul  ce  qui  se  montre  el  disparaît  promptement.  Mais 
comme  un  jour  d'hiver  où  le  soleil  reluit.  Ma  joie 
en  moins  d'un  rien  comme  un  éclair  s'enfuit,  Ré- 
gnier, Sat.  X.  M.  de  1 a  passé  ici   comme  un 

éclair,  sÉv.  443.  Pendant  cet  heureux  temps  passé 
comme  un  éclair.  Je  me  couchais  sans  feu  dans  le 
fort  de  l'hiver,  mol.  Sijan.  2.  Mais  plus  prompt  que 
l'éclair  le  passé  nous  échappe,  bac.  Eslh.  ii,  s. 
Godet,  évoque  île  Chartres,  se  montrait  rarement  à 
la  cour,  et  toujours  comme  un  éclair,  st-sim.  34, 
(35.  Il  Un  éclair  de  génie,  une  inspiration  soudaine. 
Un  éclair  de  passion,  transport  soudain.  ||  Comme 
un  éclair,  se  dit  de  quelqu'un  qui  va  très-vite.  U 
baisa  la  main  et  partit  comme  un  éclair,  bamilt. 
Gramm.  6.  Kamenez-moi  comme  un  éclair  à  Con- 
stantinople,  et  vous  serez  payé  sur-le-champ,  volt. 
Cand.  27.  Il  5°  Nom  donné  sur  les  côtes  de  la  Manche 
aux  anomies  (mollus(|ues).  ||  6°  Sorte  de  gâteau. 

—  HIST.  xiii'  s.  Seur  la  terre  apariireni  h  esclaire 
de  tes  tonnoires.  Psautier,  f"  92.  ||  xvi*  s.  Jà  la 
nuyt  estoit  si  obscure  qu'on  ne  voyoitcomballre  que 
à  l'esclair  du  feu  de  l'arliUerie,  qui  tiroit  si  très 
menu  (jue  tonnerre  n'eustlàesié  ouy.JEAN  d'auton, 
Annales  de  Louis  XII,  ms.  dans  lacub>e.  Sans  la 
joye  de  vous  vuir  en  telle  santé  que  tous  les  votre» 
doivent  désirer,  je  n'eusse  sceu  porter  cet  esclair 
d'ung  si  grant  bien  si  mal  receu  [la  visite  de  son 
frère],  marg.  Leit.  cxxix.  Hz  remplirent  toute  la 
plaine  d'un  esclair  d'acier  et  d'une  lueur  de  cuivre, 
AMYOT,  P.  Mm.  30.  Il  se  leva  une  tempesle  de  ton- 
nerres efl'rovables  el  d'esclairs  ardents  parmy.  id. 
Timol.  38.  L'esbiouit  de  sa  splendeur  et  de  son  es- 
clair, charron.  Sagesse,  p.  33i,  dans  lacurne. 
Force  flambeaux  lujsans  comme l'esclaire.  Tant  que 
la  nue  en  faisoit  la  nuict  claire,  la  àtarguertte  des 
llarguerites,  f  ibd,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Voy.  éclairer.  Bourgulgn.  éclar.  Le 
XTir  s.  a  esclaire,  et,  dans  un  texte  anglo-normand, 
esclair,  Éd.  le  conf.  v.  35uo.  Dans  les  anc.ens 
temps,  esparl,  éclair,  espardre,  éclairer  (du  latin 
spargere,  répandre)  était  le  mot  le  plus  usueL 

ÉCLAIRAGE  (é-klè-ra-j'),  s.  m.  Action  de  disl-i- 
buer  habituellement  une  lumière  artificielle  dans 
une  Ville,  dans  un  grand  établissement.  Éclairage 
à  l'huile.  Éclairage  au  gaz.  Les  telles  expériences 
d'éclairage  électrique  que  tout  Pans  admirait  '-es 
jours-ci  près  du  palais  des  Tuileries,  faye,  Comptis 
rendus,  Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  376.  ||  Gaz  d'éc.ai- 
rage,  le  bicarbure  d'hydrogène,  ou  hydiogène  bi- 
carboné.  |1  Action  de  se  procurer  une  lumière  ar;:- 
ficielle  dans  les  maisons.  Mon  éclairage  me  coula 
tant.  Il  Action  de  donner  une  lumière  artificielle 
dans  les  escaliers,  dans  les  cours  d'une  maison.  Je 
paye  tant  pour  l'éclairage. 

—  ÉTYM.  Éclairer. 

t  ÉCLAIRANT,  ANTE  (é-klè-ran.  ran-t'),o<y.  Q'.ii 
a  la  propriété  d'éclairer,  de  produire  l'éclairage. 
Gaz  éclairant.  Huile  donnant  une  flamme  bien  éclai- 
rante. Ces  différences  d'intensité  lumineuse  el  de 
couleurs  [d'un  bolide]  expliquent  la  variation  des 
nuances  éclairantes  que  j'avais  remarquées  sur  le  vi- 
sage de  mon  fils  et  sur  les  corps  qui  nous  entou- 
raient, DESLONGCUAMPS,  Complet  Tendus ,  Acad.  det 

se.  t.  LV,   p.  595. 

—  HIST.  XVI*  s.  De  nostre  terre  en  faire  un  astre 
esclairant  et  lumineux?  mont,  n,  i&5. 

ÉCLA IRCI,  lK(éklèr-si,  sie),  pari,  passé  d'éclaircir. 
Il  1*  Hendu  clair.  Le  ciel  tout  à  coup  éclairci.  ||  Sul)- 
stantivement.  Il  y  eut  un  peu  d'éclairci,  le  ciel  devint 
clair  pendantquelques  moments.  H  Fig. Écoutez- moi, 
voyez  d'un  œil  mieux  éclairci  Les  desseins,  la  con- 
duite et  le  cœur  de  Coucy,   volt.  Adélaïde,  l.  ♦• 


ÉCL 

Il  Éclairi-,  qui  a  reçu  de  la  lumière  (ce  sens  a  vieilli). 
Mais  parce  qu'ils  '[le  soleil  et  la  lune]  font  toujours 
leur  chemin  d'une  extrême  vitesse,  ils  ne  seront 
guère  en  cette  conjonction,  et  tout  incontinent  se 
trouveront  l'un  d'un  cfité  et  l'autre  de  l'autre,  et  la 
terre  sera  éclaircie  comme  elle  était,  malh.  le  Traité 
des  hienf.  de  Sénèque,  v,  8.  ||  2°  Rendu  plus  net. 
Voix  éclaircie.  ||  3°  Rendu  moins  épais.  Une  sauco 
éclaircie  avec  un  peu  d'eau.  ||  4"  Rendu  moins  serré. 
Des  cheveux  éclaircis.  Catilina....  Dans  nos  rangs 
éclaircis  a  terminé  ses  jours,  volt.  Catilina,  v,  3.  La 
campagne  déjà  regorgeait  de  carnage  ;  Par  la  fuite 
et  la  mort  tous  les  rangs  éclaircis  N'offraient  aux  yeux 
des  chefs  que  des  bandes  flottantes,  masson,  helv. 
viii.  Quand  la  foule  a  été  éclaircie,  de  quatre  à  cinq 
heures  du  matin,  la  soirée  a  été  charmante,  picabd 
et  MAZÊRES,  Trots  quartiers,  m,  2.  ||  5°  Rendu  intel- 
ligilile,  manifeste.  Un  passage  obscur,  éclairci  par 
un  docte  commentaire....  Mais  le  crime  est  trop  bien 
éclairci,  bbifaut,  Nirms,  u,  ».  Au  moment  de  voir 
son  sort  éclairci,  la  défiance  et  le  découragement 
succédaient  dans  son  cœur,  genus,  Veillées  du  châ- 
teau, t.  III,  p.  243,  dans  pouGENs.  ||  6°  Instruit,  in- 
formé. C'est  de  quoi  je  suis  mal  éclairci,  corn. 
ifent.  I,  5.  De  tous  vos  sentiments  mon  cœur  est 
éclairci,  eac.  Bérén.  iv,  B.  Seigneur,  vous  en  serez 
tôt  ou  tard  éclairci,  ID.  Mithr.  ii,  3.  Le  bâcha,  d'a- 
bord [dès  qu'il  est]  éclairci,  fait  distribuer  des  coups 
de  hAton,  montesq.  Espr.  vi,  4  1. 

ÊCLAIIICIE  (é-klèr-sie) ,  s.  f.  \]  i°  Terme  de  ma- 
rine. Endroit  clair  qui  paraît  au  ciel  en  temps  de 
brouillard.  Une  éclaircie  s'est  faite  dans  les  nuages. 
Il  2*  Espace  découvert,  dégarni  d'arbres,  dans  un 
bois.  Il  3°  Terme  d'eaux  et  forêts.  Mode  d'exploita- 
tion qui  laisse  les  arbres  assez  rapprochés  pour  gar- 
nir le  bois  et  assez  espacés  pour  bien  croître.  Méthode 
des  éclaircies,  voy.  réensemencement.  ||  Terme  de 
jardinage.  Éclaircie  des  fruits,  action  d'ôter  les  fruits 
qui  sont  trop  pressés  ou  en  trop  grande  abondance. 

—  HIST.  XVI'  s.  Advint  que,  sur  l'eclaircie  du 
jour,  sortit  de  sa  chambre,  et  regarda  en  mer  tout 
autour  de  lui  et  au  loin  tant  que  sa  vue  put  aviser, 
j.  d'auton,  Chron.  t.  iv,  p.  t94,  dans  jal. 

—  ÉTYM.  Éclairci;  Berry,  éclairdie,  éclardie, 
éclairzie,  éclairdîie. 

ÉCLAIRCIR  (é-kièr-sir),  v.  o.  ||  1°  Rendre  clair, 
plus  clair.  Le  vent  a  éclairci  le  temps.  ||  Rendre  moins 
sombre.  La  nuit  moins  sombre,  Autour  de  ce  palais 
semble  éclaircir  son  ombre,  arnault,  Sylla,  i,  6. 
Il  Kig.  N'éclaircirez  -  vous  point  ce  front  chargé 
d'ennuis?  rac.  Iphig.  Il,  2.  Êclaircissez  ce  front  où 
la  tristesse  est  peinte,  id.  Eslher,  m,  < .  ||  2°  Donner 
plus  de  netteté.  Éclaircir  la  voix.  Êclaiicir  la  vue. 
Il  3°  Rendre  plus  brillant.  Éclaircir  de  la  vaisselle, 
une  arme.  ||  Éclaircir  le  teint,  le  rendre  plus  pur. 
Il  Éclaircir  une  couleur,  lui  donner  une  teinte 
moins  foncée.  I|  Polir  les  clous  d'épingle  en  les  re- 
muant dans  un  sac  avec  du  son.  ||  Repasser  légère- 
ment les  bas  au  chardon.  ||  Lustrer  une  peau,  du 
côté  de  la  fleur,  avec  le  suc  de  l'épine-vinette. 
Il  4°  Rendre  moins  épais,  en  parlant  d'un  liquide. 
Éclaircir  une  sauce,  un  sirop.  ||  5°  Rendre  moins 
serré,  moins  compacte.  Éclaircir  une  forêt.  La  fusil- 
lade éclaircissait  les  rangs.  Les  séparations  et  les 
longs  désespoirs  N'ont-ils  pas  éclairci,  dis-moi,  ses 
cheveux  noirs?  lam.  Joc.  vi,  2*8.  ||  Arracher  une 
partie  de  ce  qu'on  a  semé  ou  planté.  Éclaircir  une 
planche  de  laitues.  On  n'éclaircit  point  l'oseille, 
parce  qu'elle  ne  saurait  être  trop  drue.  ||  Familière- 
ment, lia  bien  éclairci  son  bien,  il  en  a  mangé  une 
bonne  partie.  |{  6°  Avec  un  nom  de  chose  pour  ré- 
gime direct,  rendre  clair,  intelligible,  débrouiller. 
Éclaircir  des  faits.  Éclaircir  un  mystère,  une  ques- 
tion. X  cette  fois,  Dieu  merci!  les  choses  vont  être 
éclaircies,  mol.  Georges  Dandin,  m,  8.  Ce  terme 
est  équivoque,  il  le  faut  éclaircir,  boil.  Art  p.  I. 
Éclaircis  promptenient  ma  triste  inquiétude,  bac. 
Hiéb.  III,  ).  Êclaircissez  le  trouble  oii  vous  jetez 
mon  âme,  lu.  Brit.  ii,  6.  Un  moment  quelquefois 
éclaircit  plus  d'un  doute,  id.  Iphig.  ii,  I.  Denis 
d'Haï icarnasse  avait  conduit  son  histoire  jusqu'au 
commencement  de  la  première  guerre  punique,  et 
il  s'était  arrêté  à  ce  terme ,  parce  que  son  plan  était 
d'éclaircir  la  partie  de  l'histoire  romaine  la  moins 
connue,  bOllin,  Hist.  anc.  t.  xii,  liv.  xxv,  ch.  2, 
art.  i  ,  §  2.  Il  7»  Avec  un  nom  de  personne  pour  ré- 
gime direct,  instruire,  informer.  Vous  nous  êclair- 
cissez de  votre  trahison,  mairet,  M.  d'Asdrubal,  iv, 
^.  Les  meilleurs  auteurs  nous  éclaircissent  du  bon 
usage,  MÉBÈ,  Œuvres  posth.  t.  i,  p.  133.  Je  vous 
en  éclaircirais  de  bon  cœur,  pasc.  Prov.  1.  Si  vous 
trouvez  quelques  obscurités  en  ce  récit,  je  pourrai 
vous  en  éclaircir  do  vive  voix,  lu.   Expérience  du 

DICT.    DE   LA    LANGEE    FRANÇAISE. 


ÉCL 

Puy-de-Dôme,  p.  (87.  S'il  refusait  de  l'éclaircir  sur 
ce  point,  boss.  Lelt.  Corn.  8.  11  faut  [je  dois]  plei- 
nement vous  en  éclaircir,  bourdal.  Dominicales, 
IV,  Aveurjle-né,  480.  Mon  cœur  plus  à  loisir  vous 
éclaircira  mieux,  bac.  Brit.  m,  7.  De  tous  ceux 
[crimes]  que  j'ai  faits  je  vais  vous  éclaircir,  m.  ib. 
IV,  2.  0  ciell  combien  de  fois  je  l'aurais  éclaircie. 
Si  je  n'eusse  à  sa  haine  exposé  que  ma  vie,  id. 
Bajai.  Il,  6.  De  vos  desseins  secrets  on  est  trop 
éclairci,  id.  Iphig.  11,  4.  Je  veux  de  tout  le  crime 
être  mieux  éclairci,  m.  Phèd.  v,  4.  Je  tremble;  hâ- 
tez-vous d'éclaircir  votre  mère,  id.  Athal.  n,  2.  l'our 
éclaircir  Brisacier  de  son  sort,  hamilt.  Gramm.  7. 
Eh  bienl  madame,  il  faut  que  vous  m'éclaircissiez, 
VOLT.  Zdire,  iv,  6.  ||  Absolument.  Les  distinctions 
qui  n'éclaircissent  de  rien,  méré.  Œuvres  posth. 
t.  I,  p.  402.  Il  8°  S'éclaircir,  v.  réjl.  Devenir  clair. 
Son  visage  a  changé,  son  teint,  s'est  éclairci,  mol. 
Am.  méd.  m,  6.  Dans  le  moment  où  le  ciel  com- 
mençait à  s'éclaircir,  fén.  Tél.  i.  ||  Fig.  L'horizon 
s'éclaircit,  l'avenir  est  moins  menaçant.  ||  Devenir 
moins  épais.  La  liqueur  s'éclaircira  peu  à  peu  par 
le  repos.  ||  Devenir  moins  serré.  L'âge  vient,  les  che- 
veux s'éclaircissent.  La  troupe  s'éclaircissait  peu  à 
peu,  vaugel.  Q.  C.  liv.  viii,  dans  riciielet.  ||  Cesser 
d'être  obscur,  se  débrouiller.  Toutefois  attendons 
que  son  sort  s'éclaircisse,  rac.  Uithr.  n,  6.  Tous 
vos  doutes,  mon  fils,  bientôt  s'éclairciront,  id. 
Athal.  IV,  1.  Il  S'instruire  d'une  chose.  11  met  tout 
en  usage  afin  lie  s'éclaircir,  cobn.  Héracl.  v,  2.  Je 
puis  le  lire  tout  entier  pour  m'en  éclaircir,  pasc. 
Prov.  I.  Quoi!  de  vos  sentiments  je  ne  puis  m'é- 
claircir?  rac.  Baj.  n,  1.  \\  S'expliquer,  avoir  ub 
éclaircissement.  Les  querelles  viennent  souvent 
faute  de  s'éclaircir. 

—  REM.  Les  grammairiens  disent  qu'éclaircir, 
dans  le  sens  d'instruire,  informer,  doit  toujours 
avoir  un  régime  indirect;  et  ils  blâment  Racine  qui 
en  a  fait  un  usage  fréifueiit  sans  régime  indirect 
(voy.  les  exemples),  Voltaire  qui  a  fait  de  même, 
et  Corneille  qui  a  dit  s'éclaircir,  s'instruire,  sans 
régime  indirect.  Cette  règle  ne  paraît  fondée  sur 
rien.  Seulement  on  doit  remarquer  que  cet  usage 
d'éclaircir  a  un  peu  vieilli. 

—  SYN.  éclaircir,  expliquer.  On  éclaircit  ce  qui 
était  obscur,  parce  que  les  idées  y  étaient  mal  pré- 
sentées. On  explique  ce  qui  était  difficile  à  com- 
prendre. Éclaircir  un  texte,  c'est  en  ôter  les  obscu- 
rités; l'expliquer,  c'est  en  donner  le  sens,  soit  que 
le  passage  fût  obscur  ou  non. 

—  HIST.  XI'  s.  Esclargiz  est  li  vespres  et  li  jurz, 
Ch.  de  Roi.  cxxxv.  Et  esclargie  est  la  sue  [la  sienne] 
grant  ire,  ib.  ccxciii.  ||  xii'  s.  Amont  au  ciel  où  joie 
e.st  esclarcie,  Ronc.  p.  t74.||xiii*  s.  Tout  droit  à 
l'ajourner,  quant  devra  esclarcir  [faire  clair],  Berte, 
XIII.  De  là  [elle]  se  départi  à  une  aube  esclaircie, 
ib.  Lxxii.  Et  qui  bien  entendrait  la  letre.  Le  sens 
verroiten  l'escripture  Oui  esclarcist  la  chose  oscure, 
la  Rose,  7202.  Jorde  veue  ne  fut  ne  perdre  ne  gaai- 
gnerquerele,  ainçois  est  un  délais  que  coustume 
donne  pour  esclaircir  ce  dont  débat  est,  beaum. 
IX,  6.  Il  esclarchissent  les  cozes  que  lor  anchisseur 
[ancêtres]  tinrent  orbement  [cachées],  id.  xxiv,  5. 
Li  airs  est  clers,  nés  [net]  etseris,  Etli  ciex  trestous 
esclaircis,  FI.  et  Bl.  4  3B5.  {|  xv*  s.  Je  vous  es- 
claircirai  ce  fait  tout  pleinement  et  ainsi  qu'il  fut 
démené,  froiss.  ii,  u,  io7.  Dame,  dictes moypour- 
quoy  vous  pleurez,  s'il  vous  plaist.  Certes,  sire  che- 
valier, se  je  y  cuydoye  avoir  prouffit,  je  le  vous 
diroye.  Dommage,  dist-il,  n'y  avez  vous  jà,  se 
Dieu  plaist;  car  se  je  vous  puis  ayder,  je  vous  ayde- 
rai  à  esclarcir  vostrecuer,  à  mon  pouvoir,  Laneelot 
du  lac,  t.  II,  f°  32,  dans  lacurne.  Pour  un  peu  es- 
claircir ceste  matière,  comm.  vi,  2.  ||  xvi'  s.  Quelle 
excellence  auroit  l'ame  de  l'homme  si  elle  n'estoit 
esclaircie  de  sa  lumière  [de  Dieu]?  calv.  Inst.  193. 
Conceptions  informes  qu'ils  ne  peuvent  desmesler 
et  esclarcir  au  dedans,  ni  par  conséquent  produire 
au  dehors,  mont.  1,  488.  Afin  que  nous  en  ayons  le 
jugement  plus  e.çcldircy  et  plus  ferme,  id.  i,  370. 
Pour  s'esclaircir  de  la  vérité  du  faict,  id.  u,  4». 
Escourter  et  esclaircir  le  branchage,  id.  m,  98.11s 
ne  furent  pas  plustot  au  large  en  mer  que  le  temps 
commencea  à  s'esclaircir,  amyot,  AÛ.  68.  Ils  se 
ruèrent  sur  l'endroit  des  ennemis,  où  il  les  condui- 
sit, et  feirent  tant  qu'ils  esclaircirent  la  place, 
id.  p.  Mm,  35.  U  n'y  en  a  pas  un  duquel  il  n'ait 
encore  esclarcy  la  renommée  en  escrivant  ou  par- 
lant honorablement  de  luy,  id.  Cicér.  29.  Les  ails 
s'esclaircissent  par  certaines  définitions,  divisions, 
paré,  Au  lecteur.  Elle  engendre  une  curiosité  per- 
nicieuse de  se  vouloir  esclaircir  du  son  mal,  chabr. 
Sagesse,  i,  29. 


ECL 


1281 


—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  clair,  avec  l'addition 
du  son  sifllant  devant  la  terminaison;  Herry,  éclfiiT' 
dir,  éclardir,  éclainir,  éclairdzir;  provonç.  cvi/ar- 
iir,  esclarzeiir ;  catal.  esclarir;  éSpagn.  et  portug. 
esclarecer. 

t  ÉCLAIRCISSAGE  fé-klèr-si-sa-j'),  ».  m.  Opéra- 
tion qui  consiste  à  polir  et  à  doucir  à  la  meule  lej 
verres  de  montre. 

—  ÉTYM.  Éclaircir. 

t  ÉCLAIUCISSANT,  ANTE  (ékièr-si-san,  san-t'), 
adj.  Qui  éclaircit,  exi)lique.  Un  événement  [cluite 
du  duc  de  Noailles]  m'a  paru  mériter  de  préfériT 
pour  cette  fois  une  suite  plus  éclaircissante  des 
choses  qui  l'ont  amené,  à  un  scrupule  trnp  exact  des 
temps  même  peu  éloignés,  st-sim.  479,  IS5. 

ÊCLAIRCISSEMEM'  (é-klêr-si-se-man  ),  s.  m. 
Il  1°  Explication  d'une  chose  obscure.  L'éclaircis.se- 
ment  de  ce  passage.  Donner  des  éclaircissements. 
Je  vous  en  donnerai  l'éclaircissement,  pasc.  Prov. 
5.  Voilà,  Mentor,  ce  que  vous  désirez  de  savoir; 
vous  connaissez  maintenant  l'origine  de  cette  guerre 
et  quels  sont  vos  ennemis.  Après  cet  éclaircisse- 
ment, Télémaque....  FÉN.  Tél.  X.  ||  2"  Ex|ilication 
demandée  sur  des  actes  ou  des  paroles  dont  le  carac- 
tère a  paru  équivoque,  blessant.  Je  veux  avoir  un 
éclaircissement  avec  vous.  Épargnez  à  mon  cœur 
cet  éclaircissement,  bac.  Bér.  m,  4.  Vous  cruin- 
drez-vous  sans  cesse?  et  vos  embrassements  Ne  se 
passeront-ils  qu'en  éclaircissements?  id.  Brit.  i,  2. 
Les  éclaircissements  sont  indignes  de  moi,  id.  Iph. 
III,  3.  Le  roi  n'a  point  voulu  d'autre  éclaircisse- 
ment, ID.  ib.  u,  3 Olil  qui  va  rondement  Ne 

daigne  pas  entrer  en  éclaircissement,  piiiON,  ilétrom. 
II,  4.  Je  réponds  à  votre  lettre  du  17  de  mars,  et 
je  vous  demande  en  grâce  qu'après  ce  dernier  éclair- 
cissement il  ne  suit  plus  jamais  question  entre  nous 
d'une  affaire  si  désagréable,  volt.  Lett.  Dorât, 
23  mars  4767.  ||  Un  homme  à  éclaircissement,  s'est 
dit  d'un  dueUiste,  d'un  homme  toujours  prêt  à  de- 
mander des  éclaircissemenis.  Il  3"  'ferme  d'eaux  et 
forêts.  Synonyme  d'éclaircie. 

—  HIST.  XVI*  s.  11  y  a  plus  de  quarante  ans  que  je 
travaille  et  me  peine  à  l'éclaircissement  et  perfection 
de  la  chirurgie,  pabé.  Dédie. 

—  ÉTYM.  Éclaircir  ;  piovenç.  esclariiment. 

t  ÉCLAIRCISSEUR  (é-klèr-si-seur  ),  s.  m.  Ou- 
vrier qui  décrasse  et  éclaircit  le  fil  de  laiton,  etc. 

—  ÉTYM.  Éclaircir. 

4 .  ÉCLAIRE  (é-klê-r') ,  s.  f.  L'éclairé  ou  la  grande 
éclaire,  la  chélidoine  des  botanistes.  Petite  éclaire, 
renoncule  ficaire. 

—  HIST.  XV'  s.  Au  joly  mois  que  clers  ont  figure 
jaulne....  Que  l'on  voit  le  pré  de  fleurs  repainturé 
Et  ces  beaulx  bois  de  feuilles  verdoyer,  Perce forest, 
1. 1,  f°  78.  Il  xvi's.  Ce  nom  d'esclaire  est  donné  à  celle 
herbe  à  cause  que  d'icelle  les  arondelles  guérissent 
'eurs  petits  de  l'esborgneuieut,  0.  de  serres,  6I5. 
Deux  esclaires  y  a-il,  petite  et  grande;  ceste-là 
aussi  ditte  herbe  aux  escrouelles,  m.  616. 

—  ÉTYM.  Éclairer,  à  cause  que  cette  plante  était 
supposée  éclaircir  la  vue. 

f  2.  ÉCLAIRE  (é-klè-r'),  s.  f.  Terme  de  pêche. 
Ouverture  par  laquelle  le  pécheur  de  morue  fait 
tomber  le  poisson  dans  la  cale  du  vaisseau. 

—  ÉTYM.  Éclairer,  parce  que  cette  ouverture  est 
un  jour.  En  Normandie,  éclaire  (ou  éclair,  s.  m.) 
se  dit  pour  soupirail  de  cave. 

ÉCLAIRÉ,  KE  (é-klè-ré,  rée),  part,  passé.  ||  l-Oui 
reçoit  une  lumière.  La  terre  éclairée  par  le  soleil, 
par  la  lune.  Il  Être  nourri,  logé,  éclairé,  avoir  la 
nourriture,  le  logement  et  l'éclainige.  |l  Cet  apjiar- 
tement  est  bien  éclairé,  mal  éclairé,  le  jour  y  |>é- 
iiètre  d'une  manière  suffisante,  insuffisante.  ||  Fig. 
....  les  lieux  Honorés  par  les  pas,  éclairés  par  le.» 
yeux  De  l'aimable  et  jeune  bergère  Pour  qui,  sou» 
le  fils  de  Cythère,  Je  servis,  engagé  par  mes  pre 
miers  serments,  la  font.  Fabl.  ix,  2.  ||  2°  Qui  a  beau- 
coup de  clartés,  de  lumière  sur  les  choses.  Homme 
éclairé.  Juge  éclairé.  L'âge  le  rendra  plus  éclairé 
en  honnêtes  gens,  mol.  Crit.de  VÉc.  des  femmes,  6. 
Tout  éclairée  qu'elle  était,  elle  n'a  po'nt  présumé  de 
ses  connaissances,  et  jamais  ses  lumières  ne  l'ont 
éblouie,  boss.  Duch.  d'Orl.  Un  peuple  éclairé  des 
lumières  de  l'Évangile,  mass.  Profession  religieuse. 
Sermon  4.  Allons  dans  celte  immense  région  liyper- 
borée  [la  Russie],  qui  était  si  barbare  il  y  a  quatre- 
vingts  ans  et  qui  est  aujourd'hui  si  éclairée  et  si  in- 
vincible, volt.  Voyage  de  la  raison.  Il  repartit 
accompagné  d'Acunha  et  d'Artieda,  deux  jésuites 
éclairés,  qu'on  chargea  de  vérifier  ses  observations 
et  d'en  faire  d'autres,  raynal,  Hist.  phil.  ix,  44. 
Il  On  dit  de  même  :  jugement  éclairé,  critique 
éclairée.  Vous  avez  l'esprit  trop  éclairé  pour  ne  pas 

I,  —  lei 


128i 


ÉCL 


TOir  de  quelle  source  partent  les  choses  qu'on  vous 
dit,  MOL.  Sieil.  4i.  Un  si  bas,  si  honleui,    si   faux 
ehrisliaiiisme  Newaut  pas  des  l'Ialons  l'éclairé  pah'a- 
nisme,  boil    Éptt.  xii.  Il  aurait  cru  manquer  à  la 
partie  la  plus  essenlielle  de  son  élat  [juge],  si,  comme 
i!  sentait  ses  internions  droites,   il  ne  les  rendait 
éclairées,  flèch.  Lamoir/non.  \\  S°  Éilairci,   mis  en 
évidence.  Ainsi  la  fraude,  s'il  y  en  eût  pu  avoir,  eût 
élé  éclairée  da  trop  près  pour  réussir,   Boss.  Ilist. 
II,  ta.  Le  dédale  des  cœurs  en  ses  détours  n'enserre 
Rien  qui  ne  soit  d'abord  éclairé  par  les  dieux,  la 
FONT.  Fabl.  IV,    t9.  Il  Observé,  espionné.   Il  était 
éclairé  de  trop  près  pour  pouvoir  dérober  longtemps 
la  connaissance  de  son  intrigue.  {|  Ce  jardin  est  trop 
éclairé,  c'est-à-dire  la  vue  des  voisins  y  pénètre  trop. 
—  SYN.  CLAIRVOYANT,  ÉCLAIKÊ,  INSTRUIT.  Le  clair- 
voyant est  celui  qui  y  voit  clair;   l'éclairé,  celui 
qui  a  des  clartés;  l'instruit,  celui  qui  a  de  l'instruc- 
tion. Il  y  a  cette  différence  entre   clairvoyant  et 
éclairé,  que  le   premier  se  dit  des  lumières  natu- 
relles, et  le  second  des  lumières  acquises.  On  est 
clairvoyant   par  un  don  de  la  nature;  on  devient 
églairé  par  l'élude  et  la  réflexion.  Ce  qui  distingue 
l'homme  éclairé  de  l'homme  instruit,  c'est  que  le 
premier  a  des  clartés  des  choses  et  que  l'autre  a  sim- 
plement connaissance  des  choses  ;    un  homme  in- 
struit peut  n'être  pas  éclairé;  cette  dernière  qualité 
impliquant  que  l'on  sait  faire  une  application  con- 
venable des  lumières  acquises.  Ajoutons  que  l'in- 
struction peut  se  composer  de  notions  qui  ne  sont 
pas  justes.  Ainsi  la  théorie  chimique  avant  Lavoi- 
sier  était  un  tissu  d'erreurs;  celui  qui  saurait  par- 
faitement toute  cette  théorie  et  les  preuves  qu'on 
croyait  en  avoir,  serait  instruit  sans  doute,  mais 
fort  peu  éclairé. 

tÉCLAlRKME^T  (é-kU-re-man),  s.  m.  L'action 
d'éclairer.  Dans  l'hiver  de  4755  à  t756,  un  grand 
nombre  de  particuliers  firent  allumer  la  nuit  des 
lanternes  devant  leurs  maisons  pour  éclairer  la  rue 
et  ils  conlinut'rent  cet  éclairement  pendant  tout 
•'hiver,  j.  picot,  Hist.  de  Genève,  t.  m,  p.  303, 
iansHiiMBERT,  Gloss. 

—  HIST.  XIII'  s.  Se  demain  atendés  Jusqu'à  l'es- 
îlairement  [jusqu'au  jour],  Ch.  d'AM.  vi,  457. 
,1  xv  s  Furent  merveilleux  tonnerres,  corrusca- 
lions  et  esclairemens,  juv.  des  ursins,  Ilist.  de 
Charles  VI,  p.  H6,  dans  lacukne. 

—  ETYM.  Éclairer;  provenç.  esclairaYnefi. 
ÉCLAIRER  (6-klè-ré) ,  V.a.  ||  1»  Répanilre  la  clarté 

sur.  La  lune  éclaire  nos  nuits.  Jupiter  est  éclairé  par 
quatre  satellites  ou  lunes.  L'incendie  éclairait  au 
loin  la  campagne.  Prends  garde  que  jamais  l'astre 
qui  nous  éclaire....  rac.  Phèd.  iv,  2.  Et  le  jour 
a  partout  éclairé  mes  combats,  id.  Alex,  iv,  2. 
X  peine  un  faible  jour  vous  éclaire  et  me  guide,  id. 
Iph.  1,  t.  Et  toi,  soleil,  et  toi  qui,  dans  celte  con- 
trée, Reconnais  l'héritier  et  le  vrai  fils  d'Atrèe,  Toi 
qui  n'osas  du  père  éclairer  le  festin.  Recule,  ils 
t'ont  appris  ce  funeste  chemin,  id.  Iph.  v,  4.  {|  On 
dit  poétiquement  que  le  jour  éclaira  un  événe- 
ment pour  indiquer  le  jour  oïl  cet  événement  s'est 
passé.  La  journée  Qui  devait  éclairer  notre  illustre 
hyménée,  bac.  Iph.  iv,  4.  Ce  jour  presque  éclaira 
vos  propres  funérailles,  m.  liérén.  i,  3.  J'espère 
que  liientôi  ces  voûtes  embrasées  Du  sénat  et  du 
peuple  éclairant  le  tombeau....  volt.  Brut,  u,  2.  Les 
jours  qui  suivent  ces  jours  de  destruction  éclairent 
des  forfaits  d'un  autre  genre,  ravnal,  Ilist.  phil. 
VII,  7.  Il  Poétiquement.  Tant  que  le  jour  l'éclaire, 
tant  qu'il  vit.  Tandis  que  le  soleil  éclaire  ce  perfide.... 
BAC.  £'.vl/i.  II,  *.  Il  Kig.  Mlle  de  Flamarens  disait 
qu'il  [M.  de  Forcalquier,  homme  de  beaucoup  d'es- 
prit] éclairait  une  chambre  en  y  entrant,  le  phêsi- 
DENi  HKNAULT,  Uétn.  p.  183,  in-8,  1865.  ||  Terme  de 
jeu.  Eclairer  le  tapis,  mettre  devant  soi  la  somme  que 
l'on  veut  jouer.  ||  2°  Fig.  Éclaircir,  porter  la  lumière. 
Nous  saurons  éclairer  jusqu'au  fond  de  son  âme, 
TRISTAN,  lf.de  Chrispe,  u,  2.  LeSeigneurqui  éclai- 
rera les  ténèbres  les  plus  épaisses,  flécii.  Serm. 
I,  »7.  Voudriez-vous  qu'on  mil  au  grand  jour  toutes 
les  faiblesses  secrètes,  toutes  les  indignités  que  l'œil 
de  Dieu  a  éclairées?  mass.  Car.  Enf.  prod.  Lescieux 
à  nous  nuire  attachés,  Ont  éclairé  la  nuit  oii  nous 
étions  cachés,  volt.  Orph.  i,  3.  Si  j'allais,  éclairant 
cet  abîme  odieux.  Dans  toute  son  horreur  le  mon- 
trer à  tes  yeuxl  Ducis,  Lear,  l,  4.  Il  me  sérail 
aisé  d'éclairer  le  dessein  Qu'a  pu  former  la  haine 
enfermée  en  tonsein,  lemerc.  Agam.iv,  B. Informe- 
moi  do  tout;  c'est  à  toi  d'éclairer  Les  désordres  se- 
crets que  je  puis  ignorer,  id.  ib.  UI,  3.  L'art  n'a 
pas  de  détours  qu'un  œil  perçant  n'éclaire,  id. 
Charlet.VI,  i,  2.  La  reine  dont  les  yeux  pouvaient 
éclairer  l'ombre,  Qui  sur  ce  grar-'    -"cret  étend  son 


ÉCL 

voile  sombre,  briff.  Ninus,  u,  2.  ||  8*  Mettre  en 
évidence.  La  même  parure  qui  a  autrefois  embelli 
sa  jeunesse  éclaire  les  défauts  de  sa  vieillesse,  la 
BRUY.  m.  Il  4'  Donner  la  lumière  intellectuelle.  Aucun 
n'est  éclairé  de  rayons  si  puissants,  Aucune  âme  si 
haut  ne  se  trouve  ravie...  corn.  /mit.  ii,  ».  Quoi  I 
j'étouffe  en  mon  cœur  la  raison  qui  m'éclaire  I  rac. 
Andr.  v,  4.  Lorsque  ta  raLson  par  l'âge  confirmée, 
Pour  éclairer  ta  foi  te  prêtait  son  flambeau,  volt. 
Zaïre,  i,  l.  Dès  que  l'âge  éclaira  votre  faible  raison, 
DELAV.  Tipr.  sic.  I,  3.  Il  Donner  des  lumières,  de 
l'intelligence,  détromper.  Allons  en  [du  peuple]  éclai- 
rer l'aveuglement  fatal,  corn.  Pol.  ii,  6.  Le  ciel  en 
un  moment  quelquefois  nous  éclaire,  ID.  D.  Sanche, 
i,  &.  Faites  choix  d'un  censeur  solide  et  salutaire. 
Que  la  raison  conduit  et  le  savoir  éclaire,  boil. 
Art  p.  IV.  Qu'il  entre;  ses  avis  m'éclaireront  peut- 
être,  RAC.  Esth.  II,  4.  Ciel!  daigne  m'éclairer,  id. 
ib.  m,  4.  Votre  crime  aujourd'hui  m'éclaire  sur  le 
mien,  lamotte,  Inès,  m,  6.  Trop  tard  sur  les  mal- 
heurs de  Nîmes,  On  éclairerait  ta  bonté,  bérang. 
Math.  Brun.  \\  5°  Terme  de  peinture.  Disposer  la  lu- 
mière dans  un  tableau.  Ce  peintre  éclaire  bien  tous 
ses  tableaux.  |{  6"  Surveiller,  épier,  observer.  Ils 
éclairent  ses  pas,  en  quelque  endroit  qu'il  aille.  Ils 
lisent  les  premiers  les  lettres  qu'on  lui  baille,  racak, 
Berg.  i,  t.  Constance  deviendra  l'espion  de  Licine, 
Et,  l'éclairant  de  près,  fera  toujours  savoir.... 
TRISTAN,  M.  de  Chrispe,  i,  3.  On  l'éclairera  de 
si  près  qu'il  ne  fera  rien  sans  que  nous  le  sachions, 
scARR.  ilom.  com.  ii,  t2.  Au  diable  le  fâcheux  qui 
toujours  nous  éclaire,  mol.  l'Étourdi,  i,  4.  J'ai 
voulu  vous  parler  en  secret  d'une  afl'aire,  Et  suis 
bien  aise  ici  qu'aucun  ne  nous  éclaire ,  ID.  Tart. 
m,  3.  Il  m'importe  de  ne  pas  oublier  que  les  hommes 
m'éclairent,  qui  que  je  sois  et  quoi  que  je  fasse,  et 
qu'ils  sont  en  possession  de  méjuger,  bourd.  Cor^mc, 
t.  I,  p.  249.  Ceux  même  dont  les  yeux  les  devaient 
écla'irer,  bac.  Baj.  i,  i.  On  m'épia,  on  m'éclaira  de 
si  près,  qu'on  s'aperçut  que  j'avais  avec  Célie  des 
entreliens  nocturnes , lesage ,  Gusm.  d'A Ifar. ch.  viii. 
Il  7°  Terme  de  guerre.  Éclairer  l'ennemi,  en  obser- 
ver, surveiller  les  mouvements.  ||  Éclairer  sa  mar- 
che, faire  reconnaître  exactement  le  chemin,  le 
terrain  qu'on  va  parcourir,  pour  savoir  si  l'ennemi 
n'en  occupe  pas  quelque  point.  Pendant  que  Key 
attaquait.  Murât  éclairait  ses  flancs  avec  sa  cavale- 
rie, sÉGUR,  Ilist.  de  Nap.  vi,  7.  \\8'  Y.  n.  Jeter  une 
lueur.  Celte  bougie  éclaire  mal.  Le  gaz  éclaire  bien. 
Les  vers  luisants  éclairent  pendant  la  nuit.  La  lune 
éclaire  sans  échauffer.  Mon  astre  dans  la  nuit  éclaire 
en  ce  bocage,  desmabets,  Mirame,  ii,  4.  ||  9°  Éclai- 
rer à  quelqu'un,  faire  qu'il  y  voie  à  l'aide  d'une  lu- 
mière  les  matelots   Jamais  ne  méprisent  les 

flots.  Quelque  phare  qui  leur  éclaire,  malh.  iv,  b. 
Il  11  se  dit  aussi  d'une  personne  que  l'on  précède  ou 
auprès  de  qui  on  se  tient  pour  qu'elle  voie  clair.  Éclai- 
rez à  monsieur.  ||  Absolument.  Eclairez.  Allez  éclai- 
rer. Il  Aujourd'hui  on  le  fait  actif  abusivement  en 
ce  sens.  Éclairez  monsieur.  Éclairer  une  personne 
qui  descend  un  escalier.  {|  10°  Y.  imp.  Il  éclaire, 
il  fait  des  éclairs.  Il  a  éclairé  toute  la  nuit.  Il  se 
conjugue  avec  l'auxiliaire  at;otr.  ||  Par  extension.  Il 
apparlieut  à  Dieu  d'éclairer  et  de  tonner  dans  les 
consciences,  boss.  Par.  de  Pieu, <.  Dieu  a-t-il  tonné 
et  éclairé  sur  une  montagne  ?1D.  i,  Pent.  1. 1|  11"  S'é- 
clairer, v.  réfl.  Recevoir  de  la  lumière.  La  campagne 
s'éclaira  peu  à  peu  des  rayons  de  la  lune  qui  mon- 
tait sur  l'horizon.  ||  Fournir  à  son  éclairage.  Il  faut 
bien  de  l'argent  à  Paris  pour  se  loger,  se  nourrir, 
se  chaulTer,  s'éclairer.  ||  Fig.  Acquérir  des  lumières, 
des  connaissances.  Les  esprits  commencent  à  s'é- 
clairer. Le  pays  s'éclaire.  ||  Terme  militaire.  Éclai- 
rer sa  marche.  Cet  officier  ne  faisait  pas  un  mouve- 
ment sans  s'éclairer.  ||  Proverbe.  La  chandelle  qui  va 
devant  éclaire  mieux  que  celle  qui  va  derrière ,  c'est-à- 
dire  il  vaut  mieux  faire  du  bien  de  son  vivant  que 
d'obliger  par  son  testament  ses  héritiers  à  en  faire. 
—  HIST.  XI*  s.  Par  main  [matin]  en  l'aube,  si  com 
li  jurz  esclaire,  Ch.  de  liol.  lu.  Tout  li  païs  en  re- 
luist  et  esclaire,  tb.  clxxxvi.  || xii*  s.  Au  matinet, 
quand  il  dut  esclarer,  flonc.  p.  8.  En  mer  se  met- 
tent, quant  l'aube  est  esclarée,  t6.  p.  <  18.  Quant  la 
saison  du  duuz  tems  s'a.sseQre,  Que  biaus  estez  se 
rasraine  [rassérène]  et  esclaire,  Lors  [je]  chanterai.... 
CoHci,  p.  t25.  De  duel  [dueil]  morrai  et  d'ire  se  mon 
cuer  [je]  n'en  esclaire  [éclaircis,  décharge],  Sax. 
XXXI.  Il  XIII*  s.  Princes  avers  [avare]  ne  se  doit  avan- 
cier;  Car  bien  doner  toute  valeur  esclaire,  Pot?.iiVs 
mss.  du  Vatican,  dans  lacurne.  Bien  doit  poine 
[peine]  plaire,  Qui  cuer  obscur  enlumine  et  esclaire, 
OACES  BRÛLÉS,  Poés.  mss.  dansLACURNE.  Autre  devise 
[je]  n'en  vool  faire  [do  Blonde] ,  Fors  taul  que  sa 


ÉCL 

biautés  esclaire  Trestous  les  lieux  où  ele  vient, 
Bl.  et  Jeh.  4709.  Quant  li  quens  [le  comte]  l'ol  ensi 
parler,  si  li  esclaira  h  cucrs  et  dist  à  la  contesse, 
Chr.  de  Bains,  2I4.  Atant  ont  laissié  le  plaidiet 
Jusqu'au  demain  à  l'esclairier,  Ren.  ntHt.  11  e>t 
bon  que  nous  esclairons  quele  contrariétés  tau 
[toit,  supprime]  le  premier  [testament|,  quant  il  n'e» 
pas  rapelés  especialement,  beadm.  xii,  42.  jj  xvi*  ». 
[Phebus]  Pleure,  et  pleurant  tant  se  despite  et 
deult,  Que  plus  au  monde  esclairer  il  ne  veult, 
MAROT,  IV,  76.  Hero  tandis,  qui  des  créneaux  es- 
claire, De  son  manteau  couvrait  la  lampe  claire,  id. 
IV,  t<8.  Quand  il  tonne  ou  esclaire,  mont,  i,  2». 
Ses  ouvrages,  présentez  d'un  lustre  qui  nous  es- 
claire à  la  vertu,  id.  i,  tôt.  Si  j'esloffois  l'un  de 
mes  discours  de  ces  riches  despouilles,  il  esclaireroit 
par  trop  la  bestise  des  aultres,  id.  i,  tB8.  Le  dragon 
fourbit  et  esclaire  ses  yeulx  avec  du  fenoil,  id.  u, 
17).  Il  tonnoit,  il  esclairoit  en  harenguant,  et  il 
portoit  sur  sa  langue  une  fouldre  terrible,  amvot, 
Péricl.  (3.  Séjour  en  tout  temps  également  esclaire 
d'une  lumière  pure  et  nette,  id.  ib.  74.  Elle  les 
contraignit  d'entrer  et  approcher  du  lict,  tenant 
elle  mesme  la  lampe  pour  leur  esclairer,  id.  Pélop. 
66.  Hz  avoient  craint  que  Caton  ne  fust  eleu  prêteur, 
de  peur  qu'il  ne  les  esclairast  de  trop  près,  ou  qu'il 
n'empeschast  leurs  desseings,  id.  Cat.  d'Utiq.  66.  Et 
parce  que  le  roy  de  Navarre,  alors  prisonnier,  estoit 
esc'»  ré  de  trop  près,  il  fut  arresté  qu'Aubigné  se 
tien  11  oit  auprès  de  Fervacques,  d'aub.  Fie,  xxviil. 
Un  Oi'i  (sin  Ga.spar  Baronius,  que  Dieu  âvoit  esclaire 
des  luiii  «res  de  l'évangile,  id.  ib.  cxxix.  U  le  sup- 
plia de  l'«  i  esclarer  [informer,  instruire],  carloix, 
VI,  18.  jâ  leur  esclaire  au  rais  de  mon  flambeau, 

BONS.  95«. 

—  ÉTYM.  f^pour  et....  préfixe,  et  dair;  protenç. 
esclairar;  itnl   tchiarare. 

t  ÉCLAIRh»  ra  (éklè-rè-f),  ».  f.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la   'caire  (voy.  éclaibe). 

fiCLAIREtJR  /•  klè-reur),  i.  m.  Terme  de  guerre. 
Soldat  qui  va  à  V  découverte.  Enfin  une  dernière 
hauteur  reste  à  a>i»sser;  efle  touche  à  Moscou, 
qu'elle  domine;  c'esi  eMontdu  Salut;  noséclaireurs 
l'eurent  bientôt  cou  vîné,  sêgub,  Ilist.  de  Kap. 
VIII,  4.  Il  Terme  de  ma  Me.  Bâtiment  de  guerre  qui, 
détaché  d'une  escadre,  >a  à  la  découverte. 

—  HIST.  XVI*  s.  EsclajiBlir,  oudin. 

—  ÊTYM.  Éclairer. 

+  ÉCIAMÉ,  ÉE  (é-kla-mé,  mée),  adj.  Terme 
d'oiselier.  Oiseau  qui  a  la  patte  ou  l'aile  cassée. 
Serin  éclamé. 

—  HIST.  xiii*  s.  Celé  citez,  ce  dist  li  vers.  Est 
fermée  de  quatre  portes.  Qui  ne  sont  esclames  ne 
tortes,  Fahl.  mss.  n°72i8,  f°  3)4,  dans  lacubne. 
Ne  sa  mère  la  dame  Blanche,  Qui  ne  fu  chiche  ne 
e.sclanche,  Ilist.  de  France  d  la  suite  du  roman  de 
Fauvel,  ms.  n*  68)2,  ^  85,  dans  lacurnb.  ||  xv*  s. 
Le  bras  esclenc  [gauche],  Éiang.  des  quen.  p.  4  47. 
Il  XVI*  s.  Eslans  longs  et  esclames,  telle  espèce  de 
cerfs  sont  fort  vigoureux,  fouulloui,  Yéntrie,!"  t9, 
dans  lacubne. 

—  ETYM.  Esclamé,  resté  dans  le  langage  des  oi- 
seliers, est  sans  doute  une  altération  à'esclame,  qui 
signifie,  dans  le  plus  ancien  exemple,  quelque  dé- 
fecluo.sité  corporelle;  esclame  à  son  tour  lient  ii 
esclanche,  qui  a  un  sens  analogue;  cl  esilanche  est 
l'ancien  adjectif  Cic/onc/ie  (wallon,  hieing,  clinche, 
hlinch^,  qui  signifiait  gauche,  senestre  :  xiii*  s. 
....si  fiert  lehardel.  De  la  hache  à  la  mein  esclanche, 
Si  grant  cop  que  le  hardel  trenche,  Ren.  2327».  Ce 
dernier  mot  vientdu  germanique:  anc.  haut-allem. 
slinc;  flamand,  slink;  allem.  link,  gauche;  du 
verbe  slinken,  devenir  faible,  mince. 

t  RCLAMl'SIE  (è-klan-psie),  t.  f.  ||  1*  Terme  de 
médecine.  Afl'ection  convulsive  des  enfants  dans  le 
bas  âge.  il  2"  Affection  convulsive  alîeclant  les  fem- 
mes dans  l'étal  de  puerpéralité,  et  que  caractérisent 
des  accès  le  plus  ordinairement  accompagnés  ou 
suivis  de  l'abolition  des  facultés  sensorialesetictel- 
lectuelles. 

—  ET^'M.  '£xXa|x<{<i(,  manifestation  subite,  _  de 
ix,  et  ><i|jimiv,   brifler. 

t  ÉCLAMPTIQUK  (è-klan-pli-k'),  adj.  Quia  rap- 
port à  l'éclampsie. 

—  ETYM.  Eclampsie. 

ÉCLANCHK  (é-klan-ch'),  t.  f.  Epaule  de  mouton 
séparée  du  corps  de  l'animal. 

—  HEM.  Jusqu'en  i8:iB l'Académie  déclarait, après 
Furetière,  que  l'éclanche  était  la  cuisse  au  mouton 
séparée  de  l'animal,  autrement  le  gigot.  C'est  le  sens 
qu'a  ce  mot  dans  les  passages  suivants  :  Est-il  un 
plus  grand  plaisir  au  monde  que  de  commander  dans 
son  petit  empire,  d'y  êlre  maître  de  son  plat  et  d  y 


recevoir,  au  sortir  de  la  broche,  une  éclanche  de 
mouton  encore  toute  brûlante?  dassouct,  Aientur. 
ch.  V,  cité  par  Ch.  Nisaril,  Curiosités  de  l'étijm. 
franc,  p.  227;  Eclanche  de  moi  tant  chérie.  Près 
de  (Jui  jamais  étourneau  Au  sage  humain  ne  lit  en- 
vie, Auprès  d'une  perdrix  rôlie,  Gigot,  que  tu  me 
semblés  beau  !  id.  «6. 

—  HiST.  XVI*  S.  Panade,  gelée,  jus  d'eclanche  de 
mouton,  PARÉ,  XV,  27.  Lesespaules,  les  esclanges, 
les  gigots,  BAB.  t.  IV,  p.  27,  dans  lacubne. 

—  ÊTYM.  Picard,  éclainche,  épaule;  wallon, 
clinche  di  vai,  longe  de  veau.  Origine  inconnue  et 
sens  mal  déterminé,  puisque  Rabelais  semble  dis- 
tinguer de  l'épaule  aussi  bien  que  du  gigolVéclanche, 
On  a  proposé  l'ancien  haut-allemand  hlancha,  flanc. 
On  a  proposé  aussi,  dans  le  môme  idiome,  l'ancien 
haut-allemand  scinca,  jambe;  suédois,  skanka;  al- 
lem.  Schinken,  jambon;  mais  VI  manque  ici.  Enfin 
Génin,  Récréât,  t.  ii,  p.  <3»,  rattache  l'édanche  à 
l'ancien  adjectif  esclanche.  gi.ache  (voy.  l'historique 
d'tCLAMË),  disant  que  le  cavalier  qui  monte  à  cheval 
a  la  main  gauche  du  cAté  de  l'épaule  du  cheval , 
qu'ainsi  le  cAté  antérieur  de  l'animal  a  été  dit  son 
cAté  gauche,  et  que  éclanche  doit  signifier  épaule. 

t  ÉCLANCHEH  (é-klan-ché) ,  v.  a.  Voy.  écran- 

CHEH. 

ÉCLAT  (é-kia;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  ékla-z  incon- 
sidérés; éclats  rime  avec  appas,  mâts),  s.  m. 
Il  1°  Partie  détachée  d'un  corps  dur  par  une  force 
subite,  instantanée.  Un  éclat  d'une  branche  rom- 
pue. Il  fut  blessé  d'un  éclat  de  pierre.  [Je  vis]  en 
mille  éclats  d'acier  choir  et  voler  vos  armes,  botb. 
Bélit.  V,  6.  L'essieu  crie  et  se  rompt,  l'intrépide 
Hippolyte  Voit  voler  en  éclats  tout  son  char  fracassé , 
RAC.  Phèd.  v,  ».  À  Luxembourg,  blessé  d'un  éclat 
de  grenade,  mass.  Or.  ^un.  Conty.  \\  Fente,  commen- 
cement de  séparation ,  de  rupture  dans  une  pièce  de 
bois.  Il  2°  Son,  bruit  soudain  et  violent.  Les  éclats  du 
tonnerre.  Â  tous  les  éclats  de  risée  il  haussait  les 
épaules  et  regardait  le  parterre  en  pitié,  mol.  Crit. 
«.  Je  rabais  aborder,  quand  d'un  son  plein  d'éclat 
L'autre  m'a  fait  prendre  la  fuite,  la  font.  Fabl.  vi, 
&.  Ces  paroles  à  quoi  Gelasle  ne  s'attendait  point, 
et  qui  firent  faire  un  petit  éclat  de  risée,  l'interdi- 
rent un  peu,  ID.  Psyché,  i,  p.  8».  Elle  fit  un  éclat 
de  rire  si  naturel  que....  SÉV.  484.  Avocat,  De 
votre  ton  vous-même  adoucissez  l'éclat,  rac.  Plaid. 
ni,  3.  Que  la  foudre  en  éclats  ne  tombe  que  sur  moi, 
VOLT.  Zaïre,  ii,  3.  Entends-tu  ces  clameurs,  en- 
tends-tu ces  éclats?  id.  Fanât,  v,  2.  Qu'est-ce, 
amis?  nos  éclats,  nos  jeux  se  ralentissent?  A.  chén. 
Élég.  xxii.  Mais  quels  éclats,  amis?  c'est  la  voix  de 
Julie: Entrons;  6  quelle  nuiti  joie,  ivresse, folie,  id. 
Éli'g.  XXIV.  Eudore  prononça  ces  paroles  avec  un  grand 
éclat  de  voix,  CHATEADB.  Mart.  n ,  20. ||  Fig.  Un  éclat  de 
tonnerre,  c'est-à-dire  quelque  chose  de  foudroyant, 
d'atterrant.  Quel  revers  imprévu,  quel  éclat  de  ton- 
nerre! CORN.  l'erthar.  m,  8.  Sur  moi  seuldoit  tomber 
l'éclatde  la  tempête,  id.  Cid,  ii,  9.  ||  3°  Manifestation 
remarquable,  violente,  bruyants.  Ce  grand  éclat 
qu'elle  laisse  faire  à  son  amour,  corn.  Ex.  duCid.  Leur 
amour  importun  viendrait  avec  éclat  Par  des  cris, 
par  des  pleurs  troubler  notre  combat,  id.  Ilor.  u, 
8.  Mais  je  ne  comprends  point  toute  cette  conduite. 
Ni  comme  à  cet  éclat  la  reine  vous  contraint,  id. 
JVt'com.  m,  4.  Jusqu'au  dernier  éclat  poussez  la  fré- 
nésie, id.  Sert.  IV,  2.  C'étaient  de  vains  éclats  de 
générosité  Pour  rehausser  ta  gloire  avec  impunité, 
ID.  Perthar.  v,  3.  Et  pourtant  votre  gloire  a  fait  de 
tels  éclats  Que  les  filles  de  roi  ne  vous  manqueront 
pas,  ID.  Suréna,  i,  3.  Faites  de  votre  flamme  un 
éclat  glorieux,  mol.  la  Princ.  i,  t.  Un  parti  qui 
causa  quelque  émeute  civile....  L'obligea  d'en  sortir 
une  nuit  sans  éclat,  id.  l'Étourdi,  iv,  l.  11  craint 
,  les  éclats  qu'elle  fera  en  apprenant  cette  nouvelle, 
SÉV.  367.  Dont  il  était  sur  le  point  de  faire  de  l'é- 
clat, LA  BRUY,  xiv....  après  l'éclat  et  les  pas  que  j'ai 
faits,  BAC.  Bérén.  v,  6.  Qu'importe  de  faire  un  grand 
éclat  pour  sortir  des  mains  d'un  homme  corrompu? 
PÉN.  Tél.  xiii.  Il  crut  qu'il  pouvait  se  dispenser  à  son 
âge  de  faire  un  éclat  dans  Borne  [en  se  convertis- 
.■îant] ,  MASS.  Cor-  liesp.  hum.  On  se  réconcilie  pour 
éviter  un  certain  éclat  désagréable,  m.  ib.  Pard. 
L'outrage  et  le  danger  Du  malheureux  éclat  d'un 
amour  pissager,  volt.  Zaïre,  i,  (.  De  son  premier 
courroux  vous  voyez  les  éclats,  dccis.  Othello,  i,  7. 
Ces  éclats  d'un  courroux  peut-être  légitime,  benj. 
COUSTANT,  Watsiein,  m,  3.  ||  Faire  éclat,  divulguer. 
LesecrPt  est  ."i  vous,  et  je  serais  ingrat  Si,  sans  votre 
congé,  j'osais  en  faire  éclat,  corn.  Iléracl.  ii,  2. 
Il  Faire  éclat,  se  livrera  quelque  manifestation  vio- 
lente. L'hôte  s'étant  le, S  commence  à  faire  éol"!,  la 


ÉCL 

FOUT.  Berc.  \\  Faire  éclat,  se  dit  aussi  des  choses  dont 
li  manifestation  est  violente.  La  rupture  fit  éclat.  X 
cause  du  grand  éclat  que  cela  ferait,  boss.  Lett.  quiit. 
(74.  Cette  afl'aire  avait  fait  un  trop  grand  éclat  pour 
être  dissimulée,  id.  Var.  i.  Une  aventures!  publique 
fit  l'éclat  qu'on  peut  imaginer,  hamilt.  Gramm.  9. 
Il  En  venir  à  un  éclat,  en  venir  à  une  extrémité  vio- 
lente. Emporté  jusqu'à  l'éclat,  vindicatif  jusqu'à  la 
fureur,  mass.  Car.  Culte.  \\  Manifestation  qui  fait 
scandale.  Mais  c'est  peu  des  soupçons;  il  en  fait 
des  éclats,  mol.  D.  Gare,  iv,  8.  Ce  n'est  point  mon 
humeur  de  faire  des  éclats,  id.  Tart.  m,  4.  Mais  je 
suis  bonne  et  ne  veux  point  d'éclat,  la  font.  Gag. 
Mais  que  deviendras-tu,  si,  folle  en  son  caprice, 
N'aimant  que  le  scandale  et  l'éclat  dans  le  vice.... 
BoiL.  Sat.  I.  Vous  rendez  la  rupture  difficile  et  l'éclat 
inévitable,  mass.  Car.  pdques.  |fV  Intensité  avec 
laquelle  une  vive  lumière  et,  par  suite,  une  surface 
polie,  une  couleur  animée  frappent  l'œil;  aspect 
brillant.  L'éclat  du  soleil.  L'éclat  des  fleurs.  L'éclat 
des  couleurs.  Le  Verbe  qu'il  engendre  éternellement 
en  se  contemplant  lui-même,  qui  est  l'expression 
parfaite  de  la  vérité,  son  image,  son  fils  unique, 
l'éclat  de  sa  clarté  et  l'empreinte  de  sa  substance, 
BOSS.  llist.  Il,  8.  Enfin  le  jour,  un  jour  sombre  pa- 
rut; il  vint  s'ajouter  à  cette  grande  horreur  [l'in- 
cendie de  Moscou],  la  pAlir,  lui  ôter  son  éclat,  sÉo. 
Ilist.  de  Nap.  viii,  6.  ||  U  se  dit  aussi  des  yeux,  du 
teint.  L'éclat  du  teint.  Je  n'aurais  adoré  que  l'éclat 
de  ses  yeux,  cobn.  Polyeucte,  iv,  5.  Et  quoique 
d'un  autre  œil  l'éclat  victorieux  Etit  déjà  prévenu 
le  pouvoir  de  vos  yeux,  bac.  Andr.  iv,  6.  Le  roi 
n'avait  jamais  aimé  que  des  femmes  dans  tout  l'éclat 
de  la  première  jeunesse,  genlis,  Mme  de  Uainlen. 
t.  I,  p.  64,  dans  potJGENS.  Il  Avoir  de  l'éclat,  se  dit 
d'une  femme  qui  est  dans  le  brillant  de  la  jeunesse 
et  dont  la  peau  a  de  vives  couleurs.  Jeune  et  belle, 
elle  avait  sous  ses  pleurs  de  l'éclat,  la  pont.  Matr. 
C'était  une  figure  de  plus  d'éclat  qu'elle  n'était  tou- 
chante ,  hamilt.  Gramm.  8.  ||  5"  Magnificence, 
splendeur.  L'éclat  des  habits,  des  toilettes.  L'éclat 
des  cérémonies.  Comme  Anselme  vivait  avec  assez 
d'éclat,  LA  font.  Petit  chien.  Les  rois,  non  plus  que 
le  soleil,  n'ont  pas  reçu  en  vain  l'éclat  qui  les  en- 
vironne; il  est  nécessaire  au  genre  humain,  et  ils 
doivent,  pour  le  repos  autant  que  pour  la  décora- 
tion de  l'univers,  soutenir  une  majesté  qui  n'est 
qu'un  rayon  de  celle  de  Dieu,  boss.  Marie-Thér.  11 
aimait  les  choses  qui  ont  de  l'éclat,  fén.  Tél.  xxii. 
Irais-je,  adulateur  sordide.  Encenser  un  sotdans  l'é- 
clat. Amuser  un  Crésusslupide,  Et  monseigneuriser 
un  fat?  GEESSET,  Chartreuse.  ||  Aimer  l'éclat,  aimer 
les  choses  fastueuses.  ||  6' Fig.  Ce  qui,  dans  les  pen- 
sées, dans  le  style,  a  comme  un  éclat  de  lumière.  Celte 
pensée,  ce  discours  a  de  l'éclat.  La  facilité  qu'ils  ont  à 
parlerdonne  un  certain  éclata  leurs  pensées, quoique 
fausses,  qui  les  éblouit  eux-mêmes,  nicole,  Traiti 
des  moyens  de  conserver  la  paix  avec  les  hommes. 
Nicole  dit  que  l'éloquence  et  la  facilité  donnent  un 
certain  éclat  aux  pensées;  cette  expression  m'a  paru 
belle  et  nouvelle;  le  mot  d'éclat  est  bien  placé;  ne 
le  trouvez-vous  pas?  sÉv.  98.  ||  7°  Il  se  dit  aussi,  au 
sens  moral,  de  tout  ce  qui  resplendit  comme  une 
lumière,  comme  des  rayons.  La  guerre, en  tel  éclat 
a  mis  votre  valeur,  corn.  Hor.  ii,  t.  De  tels  remer- 
clments  ont  pour  moi  trop  d'éclat,  id.  ib.  iv,  2.  Je 
l'aime,  mais  l'éclat  d'une  si  belle  flamme,  Quelque 
brillant  qu'il  soit,  n'éblouit  pas  mon  âme,  id.  M.  de 
Pompée,  II,  1.  Meurs;  mais  quitte  du  moins  la  vie 
avec  éclat,  id.  Cinna,  iv,  2.  Remettez  en  éclat  la 
puissance  absolue,  m.  Nicom.  ii,  2.  Tout  me  parait 
facile  en  l'éclat  où  je  suis,  id.  Tois.  d'or,  v,  3.  Cette 
pièce  eut  d'abord  grand  éclat  sur  le  théâtre,  id. 
Ex.  de  D.  Sanche.  Tous  les  discours  sont  des  sot- 
tises Partant  d'un  homme  sans  éclat,  mol.  Amph. 
Il,  1.  La  gloire  de  Jésus-Christ  a  eu  un  si  grand  éclat 

que....  BOSS. //i«(.  II,  a Lecœur  les  suit,  et  tous 

gardent  le  rang  Que  leur  don  ne  leur  charge  ou  l'éclat 
de  leur  sang,  Perrault,  dans  richelet.  Il  doit  au 
sang  d'Hector  tout  l'éclat  de  ses  armes,  rac.  Andr. 
1,  4.  Mais  je  veux  faire  au  moins  la  chose  avec  éclat, 
ID.  Plaid.  II,  (4.  M.  de  Turenne  vit  ajouter  un  nou- 
vel éclat  à  sa  gloire,  hamilt.  Gramm.  5.  Arts  trop 
pernicieux  dont  l'éclat  les  captive,  volt.  Tancr.  l, 
).  Le  nom  de  Solamir,  l'éclat  de  sa  vaillance,  id. 
ib.  rv,  5.  Du  faux  éclat  qui  t'environne.  Serons- 
nous  toujours  éblouis?  J.  B.  BOUSS.  Ode  à  la  fortune. 
Une  action  d'éclat.  Qui  surprit  à  la  fois  le  peuple 
et  le  soldat,  sauhin,  Sparlacus,  ii,  <.  En  vain  pour 
s'étayer  du  nom  de  mes  aïeux.  Par  l'éclat  des  em- 
plois Charles  flatlait  mes  yeux,  c.  delav.  Vép.sicil. 
l,  t.  Tout  cet  éclat  dont  l'Europe  est  si  fière,  Tout 
ce  savoir  qui  ne  la  défend  pas,  S'engloutira  dans 


ÉCL 


1286 


les  flots  de  poussière  Qu'autour  de  moi  vont  soule- 
ver tes  pas,  PÉRANG.  Chant  du  cosaque.  ||  8*  Terme 
de  muiéralogie.  Éclat  de  Jersey,  pierre  à  aiguiser. 
Il  9°  Variété  de  pomme. 

—  HIST.  xm'  s Li  chevaus  contre  l'areste  D'un 

fossé  vient  de  tel  esclate  Que  11  ribaus  à  terre  flato 
[tombe].  Si  qu'à  poi  qu'il  ne  se  tua.  Fabliaux  mts. 
n°  7218,  f"  236,  dans  lacubne.  ||  xiV  s.  De  quodura 
baculo  vocato  esclate,  du  canoe,  tclata.  Tels  cula 
[coups]  es  hiaiimes  se  donnèrent,  Les  lances  volent 
paresclas,  j.DECONDET,  p.  32.  ||xv's.  Encore  ara  lil 
aura]  nape  trop  mal  buée,  Orde,  oras.se,  noire  ccm 
corniUat;  Aucune  foiz  à  la  table  clouée.  Sans  plus 
ester,  tant  qu'il  en  dure  esclat  [lambeau],  eust. 
DESCH.  Poésies  mss.  dans  lacubne.  Yssit  du  ciel  plu- 
sieurs grans  esclas  de  tonnoire,  espartissemens  et 
merveilleuse  pluye,   Chron.  scandai,  de  Louis  II, 

p.  < 50,  dans  laci:bne,  au  mot  mars lors  j'enpon- 

gne  ung  esclat  j  de  bois]  ;  Dessus  le  nez  lui  en  fais  un 
escript  En  ce  bourdel  où  tenons  nostre  estât,  Vil- 
lon, Ball.\\xv\'  s.  Cet  esclat  [brillant  fait  d'armes] 
porta  dans  le  Bearn  leurs  nouvelles  ensemble  et  l'es- 
tonnement,  d'aub.  Ilisl.  i,  294.   Pluviaud  estropié 

d'un  esclat  de  canon,  id.  ib.  i,  29S l'our  ouïr 

dans  l'air  un  bruict  de  grand  esclat,  id.  ib.  ii,  2». 
Ton  regard  dans  le  cœur,  dans  le  sang  m'est  entré 
Comme  un  esclat  de  foudre  alors  qu'il  tend  la  nue, 
bons.  227.  Mais,  à  bien  parler,  [l'honneur]  c'est  l'es- 
clal  d'une  belle  et  vertueuse  action....  charbon,  So- 
gesse,  i,  es. 

—  ÊTYM.  Voy.  éclater;  wallon,  skia. 

t  ÉCLATA  BLE  (é-kla-ta-bl) ,  ad;.  Qui  est  suscep- 
tible de  se  fendre,  de  se  briser  par  éclat. 

—  HIST.  XVI'  s.  On  ne  peut  adoucir  entièrement 
les  grenades  aigres,  ni  engarder  d'esclaler les  escla- 
tables,  0.  de  skbbes,  697. 

—  ÊTYM.  Éclater. 

ÉCLATANT,  ANTE  (é-kla-tan,  tan-t'),  adj.  ||  1°  Qui 
a  de  l'éclat.  Une  lumière  éclatante.  Une  robe  écla- 
tante. Une  éclatante  blancheur.  ||  Fig.  Le  mérite  a 
toujours  des  charmes  éclaiants,  corn.  Serlor.  ii,  i. 
Quoique  ce  ne  fût  pas  une  beauté  éclatante,  hamilt. 
Gramm,  b.  Cette  gloire  dont  je  le  vois  déjà  tout 
éclatant,  bodbd.  Car.  m,  Persévér.  chréi.  Mb.  Neuf 
guerriers  éclatants  de  beauté,  de  j"unesse.  Bril- 
laient au  premier  rang,  delille,  Enéide,  xn.  Dans 
l'Elysée  des  anciens,  on  ne  trouve  que  des  héros, 
qui  avaient  été  heureux  ou  éclatants  dans  le  monde, 
CHATEAUB.  Génie,  I,  VI,  6.  Il  2°  Qui  fait  un  grand 
bruit.  Le  chant  éclatant  des  oiseaux.  Une  éclatante 
fanfare.  Tous  en  même  temps  Poussons  jusques  au 
ciel  mille  cris  éclatants,  cobn.  Cid,  iv,  3.  {|  Par  ex- 
tension, qui  a  de  la  sonorité.  Une  voûte  éclatante. 
Il  3"  Qui  frappe  l'esprit,  qui  se  fait  remarquer  en 
bonne  et  en  mauvaise  part,  en  parlant  des  choses. 
Un  exemple  éclatant  de  telle  ou  telle  chose.  Des 
preuves  éclatantes.  Des  marques  éclatantes.  Une 
victoire  éclatante.  A  moi,  par  un  valet,  cet  affront 
éclatant!  mol.  l'Étoxir.  iv,  8.  Notre  vengeance,  pour 
être  différée,  n'en  sera  pas  moins  éclatante,  m.  Fes- 
tin,  m,  6 Toi,   Lamoignon,    que  le  rang,    la 

naissance.  Le  mérite  éclatant  et  la  haute  éloquence 
Appellent  dans  Paris  aux  sublimes  emplois,  boil. 
Ép.  VI.  Mais  moi  qui....  Ai  vu  de  mes  pareils  les 
malheurs  éclatants,  rac.  Bnj.  iv,  7.  Du  mérite  écla- 
tant cette  reine  jalouse,  id.  Athal.  i,  I.  Oui,  c'est 
un  Dieu  caché  que  le  Dieu  qu'il  faut  croire;  Mais, 
tout  caché  qu'il  est,  pour  révéler  sa  gloire.  Quels 
témoins  éclatants  devant  lui  rassemblés  I  Répondez, 
cieux  et  mers,  et  vous,  terre,  parlez,  lol'is  racine. 
Religion,  I.  C'est  le  frivole  honneur  d'un  refus  écla- 
tant, VOLT.  Triumv.  u,  4.  Lyciis,  fils  d'Ëvéïion, 
que  les  dieux  et  le  temps  N'osent  jamais  troubler 
tes  destins  éclatants!  a.  chén.  Idylle,  le  Mendiant. 
Il  4°  Qui  fait  éclat.  Les  plus  grands  déplaisirs  sont 
les  moins  éclatants,  corn.  Perthar.  m,  3.  ||  5°  S.  f. 
Terme  d'artificier.  Eclatante,  fusée  qui  donne  un 
feu  très-brillant. 

ÉCLATÉ,  ÊE  (é-kla-té,  tée),  pari,  passé.  Fendu 
par  éclats.  Un  mât  éclaté.  Dans  un  trou  garni  da 
cannes  éclatées,  on  jette  le  maïs  et  la  folle  avome, 
ciiATEAUB.  Amer.  3».  Il  Terme  de  blason.  Êcu  éclaté, 
écu  dont  les  divisions  sont  tracée»  non  en  Iigno 
droite,  mais  en  zigzags,  comme  s'il  avait  été  rompu 
violemment.  Lance  éclatée,  chevron  éclaté,  lance,, 
chevron  rompu. 

f  ÉCLATEMENT  (ékla-te-man),  î.  m.  Action  d'é- 
clater; résultat  de  cette  action.  Sur  cent  fusils  & 
deux  coups  qui  éclatent,  l'éclatement  a  lieu  quatre- 
vingt-quinze  fois  dans  le  canon  gauche,  parce  que 
c'est  le  canon  où  par  mégarde  on  met  presque  tou- 
jours double  charge.  Tout  le  monde  a  vu  un  vi- 
trier, armé  d'une  petite  pointe  de  diamant,  tracer 


1284 


ÉCL 


!ur  le  verre  un  imperceptible  sillon  qui  en  fend  la 
crofllo  et  qui  permet  ensuite  de  le  diviser  par  écla- 
tement, BAiiiNET.  /(«•««  des  Deux-Mondes,  <B  févr. 
(»B6,  p.  816.  IITermeilejar.linaKC  Action  de  faire 
éclalér  une  liranctie  trop  vigoureuse. 

—  MiST.  XVI'  s.  Il  lomlia  une  pierre  du  ciel  avec 
un  hoirilile  esclatement,  paré,  Monstres,  app.  iv. 
Ans  hauts  cris  de  leurs  misérables  veufves,  aus  es- 
clatemens  de  leurs  petits  enfans,  M.  du  bellay,  Mém. 
t.  V,    p.  382,   dans  LACURNE. 

—  KTYM.  Éclat. 

ÉCLATlill  (é-kla-té) ,  V.  n.  ||  1°  Se  bri.ser  par  éclats. 
La  branche  trop  pliée  éclata.  ||  Faire  explosion.  La 
mine  éclaïa.  La  bombe  éclate  en  tombant.  L'incen- 
die avait  déjà  éclaté.  X  chaque  instant  il  appelait  et 
faisait  répéter  cette  fatale  nouvelle  [les  préparatifs 
de  l'incendie  de  Moscou];  cependant  il  se  retran- 
chait encore  dans  son  incrédulité,  quand,  vers  deux 
heures,  il  apprit  que  le  feu  éclatait,  ség.  Hùt.  de 
Nap.  VIII,  6.  L'attention  de  l'empereur  était  alors 
fixée  sur  sa  droite,  quand  tout  à  coup,  vers  sept 
heures,  la  bataille  éclata  à  sa  gauche,  id.  ib.  vu,  8. 
Il  Fig.  La  bombe  va  éclater,  il  va  survenir  quelque 
malencontre,  quelque  grand  mystère  va  être  connu. 
Il  2°  Faire  entendre  un  bruit  soudain  et  violent. 
Le  tonnerre  éclata.  C'est  en  éclatant  sur  nos  têtes 
Oue  la  foudre  nous  éclaira,  bérang.  Orage.  \\  Fig. 
....sur  eux  quelque  orage  est  tout  près  d'éclater, 
RAC.  Iph.  II,  8.  Il  Parler  à  très-haute  voix.  Je  l'en- 
tends de  l'antichambre,  il  grossit  la  voix  à  me- 
sure qu'il  approche;  le  voilà  entré:  il  rit,  il  crie, 
il  éclate,  la  bruy.  v.  |I  3°  Eclater  de  rire,  rire  avec 
effusion  et  d'une  manière  bruyante.  Ce  passage 
pensa  rompre  notre  entrelien,  car  je  fus  sur  le  point 
d'éclater  de  rire  de  la  bonté  et  douceur  d'un  .brû- 
leur de  grange,  pasc.  l'rov.  S.  ||  Absolument.  Écla- 
ter, rire  bruyamment.  De  peur  d'éclater  à  son 
nez,  sÉv.  20.  il  en  rit  jusqu'à  éclater,  la  bruy.  v. 
Il  4"  Manifester  son  ressentiment,  sa  colère,  son 
chagrin,  par  de  vives  paroles,  par  des  pleurs,  par 
des  cris.  Ne  crains  pas  toutefois  que  j'éclate  en  in- 
jures,corn.  Cm»io,lv,6.  Vous  voudriez  que  je  prisse 
feu  d'abord  contre  eux,  et  qu'à  leur  exemple  j'al- 
lasse éclater  promptemenl  en  invectives  et  en  in- 
jures, MOL.  Impr.  3.  Mademoiselle  éclata  en  pleurs 
et  en  cris,  sÉv.  lO.  Darius'avait  enfin  éclaté  contre 
la  Grèce,  Boss.  Ilist.  i,  8.  Que,  saisi  d'un  indigne 
courroux.  En  reproches  honteux  j'éclate  contre  vous, 
fikC.  Alex.  IV,  2.  Toute  la  Grèce  éclate  en  murmures 
confus,  ID.  Andr.  i,  <.  Après  cela.  Madame,  éclatez 
contie  un  traître,  u>.  ib.  iv,  6.  Les  ennemis  se  mi- 
rent en  quartiers  de  fourrages,  non  sans  force  que- 
relles d'avoir  tant  éclaté  en  menaces  et  de  n'avoir 
rien  pu  exécuter,  st-sim.  40,  220.  ||  Absolument. 
Et  pour  peu  qu'on  le  pousse,  il  est  près  d'éclater, 

COBN.  Pomp.  IV,  i il  fautqu'enfin  j'éclate,  Que 

je  lève  le  masque  et  décharge  ma  rate,  mol.  Femm. 
sav.  II,  7.  Le  roi  n'éclata  point;  les  cris  sont  in- 
décents X  la  majesté  souveraine,  la  font.  Fubl.  xii, 
<2.Âce  propos  le  galant  éclata,  id.  Rich.  Après  avoir 
tant  enduré  pour  votre  satisfaction,  je  pense  qu'à 
la  fin  j'éclaterai  pour  la  mienne,  pasc.  Prov.  8. 
Puisi|u'on  la  pousse  jusqu'à  Home,  il  faudra  écla- 
ter malgré  nous,  BOss.  Lett.  quiét.  il*.  Moins  on 
osait  éclater,  plus  le  mal  était  violent,  fén.  Tél. 
XIII.  Ceux  d'Antioche ,  qui  haïssaient  mortelle- 
ment Ammonius,  crurent  qu'il  était  temps  d'é- 
clater, roll.  Ilist.  anc.  Œurr.  t.  ix,  p.  340,  dans 
poi  GENS.  Terriblement  liianford  éclatera,  voLT. 
Prude,  II,  ».  X  ces  mots,  il  me  fut  impossible  de  me 
contenir  davantage,  j'éclatai,  genus,  Veillées  du 
château,  t.  m,  p.  404,  dans  pougens.  X  peine  fut- 
elle  hors  de  la  chambre  que,  ne  pouvant  plus  se 
contenir,  elle  éclata  sans  ménagement  et  sans  me- 
sure, ID.  Mme  de  Mainlenon,  t.  i,  p.  40.  ||  5°  Se 
manifester  d'une  manière  qui  frappe  les  yeux,  les 

esprits l'ire  divine,  Bientôt  contrainte  d'éclater. 

Dans  un  triste  nùant  vous  va  précipiter,  corn.  Imit. 
II,  6.  Votre  faveur  pour  nous  éclata  la  première,  id. 
Pomp.  m,  2.  Mais  le  plus  sûr  pour  vous  est  que  sa 
mort  éclate,  id.  lléracl.  m,  4.  Votre  zèle  pour  moi  vi- 
siblement éclate,  MOL.  l'Étour.  v,  3.  Une  vie  d'action 
qui  éclate  en  événements  nouveaux,  pasc.  Amour. 
La  grandeur  de  la  foi  éclate  bien  davantage  lors- 
qu'on tend  à  l'immortalité  par  les  ombres  de  la  mort, 
ID.  dan»  COUSIN.  Quoique  cette  noce  n'ait  p,.s  éclaté, 
SÉV.  226.  Un  prodige  qui  a  éclaté  aux  yeux  de  tout 
le  peuple,  boss.  Ilist.  11,  8.  L'année  d'auparavant, 
c'est  à-dire  en  (532,  le  roi  avait  déjà  épousé  Anne 
de  IJoulen  en  secret;  elle  était  grosse,  et  il  était 
temps  .léclaier,  id.  Var.  vu.  Dis-lui  par  quels  ex- 
plmts  leurs  noms  ont  éclaté!  bac.  Andr.  IV,  t.  Sa 
reconnaissance  Ne  peut-elle  éclater  que  par  sa  dé- 


KCL 

pendance?  id.  Brit.  1,  2.  Enfin  l'heure  est  venue 
Qu'il  faut  que  mon  secret  éclate  à  votre  vue,  id. 
Mithr.  III,  4.  Est-ce  Dieu,  sont-ce  les  hommes  Dont 
les  œuvres  vont  éclater?  id.  Eslh.  11,  9.  La  mauvaise 
conduite  de  celte  personne  vient  d'éclater,  «ass. 
Car.  Médis.  Le  nom  de  ce  Romain  qui  vainquit  Mi- 
thridate,  Par  ses  travaux  guerriers  a  bien  moins 
éclaté  Que  par  la  volupté  tranquille  et  délicate  Que 
lui  fit  savourer  la  molle  oisiveté,  la  fare.  Ode  sur 
la  paresse.  En  4  061,  la  disgrâce  de  M.  Fouquet 
ayant  éclaté,  le  premier  commis  fut  mis  à  la  Béis- 
tille,  OLivET,  Hist.  Acad.  t.  11,  p.  287,  dans  pou- 
gens.  Il  Se  produire  avec  violence.  La  conspiration 
éclata.  On  craint  que  la  révolte  n'éclate.  Éclatez, 
mps  douleurs,  à  quoi  bon  vous  contraindre?  corn. 
Ilor.  IV,  4.  Ne  pouvez-vous  haïr  sans  que  la  haine 
éclate?  id.  Cinna,  I,  2.  Mais  puisque  le  péril  a  fait 
parler  l'amour.  Je  veux  bien  qu'il  éclate  et  se  mon- 
tre en  plein  jour,  id.  Tois.  d'or,  v,  4.  Ce  feu  long- 
temps caché  éclîtla  dans  la  conspiration  d'Amboise, 
BOSS.  Var.  40.  La  vengeance  devait  éclater  sur  les 
Juifs,  id.  Hist.  II,  7.  Pour  la  veuve  d'Hector  .ses 
feux  ont  éclaté,  bac.  Andr.  i,  4.  Et  les  feux  mal 
couverts  n'en  éclatent  que  mieux,  id.  ib.  u,  2.  Et 
ma  joie  à  vos  yeux  n'ose-t-elle  éclater?  id.  Iphig. 
II,  2.  Eh  bien!  votre  colère  éclate  avec  raison,  m. 
Phèd.  I,  3.  Cet  amour  si  puissant,  ce  charme  de 
ma  vie,  Dans  toute  son  ardeur  n'avait  point  éclaté, 
VOLT.  Zaïre,  iv,  4.  ||  Faire  éclater,  provoquer.l'ex- 
plosion.  Combien  je  vais  sur  moi  faire  éclater  de 
haines!  bac.  Andr.  m,  7.  ||  Faire  éclater,  rendre 
manifeste.  Emilie  en  mourant  va  tout  faire  éclater, 
CORN.  Cinna,  iv,  7.  Les  rebelles  font  éclater  la  puis- 
sance, BOSS.  Ilist.  Il,  4  3.  Il  a  fait  à  son  tour  éclater 
sa  bonté,  rac.  Alex,  m,  3.  Ce  zèle  que  pour  lui  vous 
fîtes  éclater,  id.  Esth.  m,  4.  Dieu  faisait  éclater  aux 
yeux  du  peuple  cette  communication,  boss.  Ilist. 
u,  4.  Souffrez  quelques  froideurs  sans  les  faire  éclater, 
bac.  Brit.  1,  2.  Il  6°  Frapper  par  l'intensité  de  la  lu- 
mière. Le  soleil  éclatait  au  haut  du  firmament.  L'or 
éclate  dans  sa  parure.  Le  plumage  éclate  de  brillantes 
couleurs.  Jamais  en  son  habit  doré  Tant  de  richesses 
n'éclatèrent,  malh.  iv,  6.  Éclater  de  satin  ,  de  per- 
les, de  rubis,  bégnier,  Sat.  xiii.  Quoi!  pour  voir 
sur  sa  tète  éclater  ma  couronne,  corn.  Pomp.  11,  4. 
L'or  éclate  en  ses  vêtements,  bac.  Eslh.ii,  9.  Le 
feu  divin  qui  éclatait  dans  ses  yeux,  fén.  Tél.  xi. 
Les  habits  [de  Mentor  devenu  Minerve]  éclatent 
comme  les  vives  couleurs  dont  le  soleil  en  se  levant 
peint  les  sombres  voûtes  du  ciel,  id.  ib.  xxiv.  Dieu 
d'un  sourire  a  béni  la  nature;  Dans  leur  splendeur 
les  cieux  vont  éclater;  Reviens,  ma  voix,  faible  mais 
douce  et  pure  :  U  est  encor  de  beaux  jours  à  chan- 
ter, bérang.  le  Malade.  ||  Fig.  Mais  il  est  mort,  ma- 
dame, avec  toutes  les  marques.  Dont  éclatent  les 
morts  des  plus  dignes  monarques,  corn.  Pomp.  v, 

3.  Une  soudaine  joie  éclatant  sur  son  front,  id.  Ilor. 
1,  4.  La  joie  qui  éclatait  malgré  elle  sur  son  visage, 
fén.  Tél.  I.  Les  plaisirs  éclataient  sur  leurs  visages, 
ID.  ib.iv.  Madame  de  Castries  avait  une  physionomie 
qui  éclatait  d'esprit  et  qui  tenait  encore  plus  parole, 
ST-SIM.  42,  262.  Il  Faire  éclater,  donner  de  l'éclat. 
Allons  faire  éclater  sa  gloire  aux  yeux  de  tous, 
corn.  Poly.  Il,  6.  Dieu  choisit  cette  maison  pour  y 
faire  éclater  sa  puissance,  pasc.  Mir.  9.  Dieu  se  plut 
à  faire  éclater  la  gloire  de  ses  martyrs,  boss.  Hist. 
1,  4  1,  Les  héros  qui  ont  fait  éclater  leur  courage 
dans  les  combats,  fén.  Tél.  xiv.  ||  7°  V.  a.  Briser 
en  éclats.  Prenez  garde  de  trop  baisser  cette  bran- 
che, de  peur  de  l'éclater,  la  quintinye,  Jardins, 
dans  ricuelet.  ||  Terme  de  jardinage.  Séparer  les 
racines  ou  les  pousses  d'une  plante,  de  manière  à  la 
multiplier.  ]|  Terme  d'orfèvrerie.  Enlever  l'émail  qui 
ornait  une  pièce  d'or.  ||  8°  S'éclater,  v.  réjl.  Se  bri- 
ser en  éclats.  Le  mât,  chargé  de  voiles,  s'éclata. 
De  ces  dards  joints  eîi.semble  un  seul  ne  s'éclata, 
LA  font.  Fabl.  IV,  4  8.  ||  9°  S'éclater,  faire  explosion. 
C'est  alors  que  ses  cris  en  tonnerres  s'éclatent,  malh. 
I,  4.  Il  S'éclater  de  rire,  et,  absolument,  s'éclater, 
faire  de  grands  rires.  En  ce  beau  saut  m'éclatant 
comme  un  fou,  bégnieh,  Sat.  xi.  La  surprise  est 
cause  qu'on  s'éclate  de  rire,  desc.  Pass.  4  78.  Le  pre- 
mier qui  les  vit  de  rire  s'éclata,  la  font.  Fabl.  m, 

4.  Les  nonnains  s'éclatent  de  rire,  id.  Tabl.  Quand 
je  vins  à  une  Latone  de  bois  qui  était  très-mal  faite, 
je  m'éclatai  de  rire,  fonten.  i'ormenùque,  Théocr. 
deChio.  ||  Archaïque  et  inusité  en  l'emploi  du 
n"  ». 

—  REM.  Éclater  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir, 
quand  on  veut  marquer  l'action  :  l'arbre  a  éclaté  sous 
mes  yeux  ;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  on  veut  mar- 
quer l'état:  l'arbre  est  éclaté  depuis  ce  matin. 

—  HIST.  XVI*  s.  J'ay  cuydé  demeurer  pour  une 


ËCL 

chuste  que  je  fciz,  où  je  m'e-clalay  !a  peau  dessus 
le  genoul  de  près  d'un  empan,  uaro.  Letl.  47.  À 
ces  motz  tous  les  vénérables  dieux  et  déesses  s'es- 
claterent  de  rire,  eab.  Pant.  Prol.  nout'.  Nous  en- 
tendismes  en  l'aer  ung  son  haull  et  strident,  conim 
si  quelque  groz  chesne  esclattoyt  en  deux  pièces, 
m.  16.  V,  4  6.  Si  le  bruit  esclatant  d'une  arquebusada 
vient  à  me  frapper  les  aureilles,  mont,  i,  60.  Un 
accoustrement  riche,  et  de  couleur  esclatante,  ID. 
m,  4  74.  Gaigner  une  bresche,  régir  un  peuple,  ce 
sont  actions  esclatanles,  id.  m,  203.  Lors  la  cholere 
esclate  touts  ses  efforts  à  la  première  charge,  m. 
m,  35t.  X  la  fin,  à  force  de  tirer  [ses  chausses],  il 
esclata  [déchira]  tout,  desper.  Contes,  xxix.  Con- 
tre-fente se  fait  quand  l'os  est  fracturé,  fendu  ou 
esclaté  autre  part  qu'à....  paeé,  viii,  4.  La  fouldre 
n'esclate  jamais  la  nue  pour  se  lancer  çà  bas,  qu'il 
ne....  id.  IX,  2*  dise.  Lors  le  fer  devenoit  si  aigre 
et  si  esclatant,  que  l'on  ne  le  pouvoit  plus  battre 
ne  forger,  amyot,  Lyc.  4 S.  Et  si  avoit  sa  voix  un 
vigueur  et  fermeté  telle,  qu'elle  ne  se  rompoit 
ny  ne  s'esclattoit  jamais,  ID.  Cal.  d'Ut.  9.  [Lèvent] 
Fait  ores  esclater  les  rives  d'un  grand  bruit,  bons. 
278.  Je  voy  l'esclair  du  bel  acier  des  armes  Sous  le 
soleil  s'esclatter  jusqu'aux  cieux,  id.  »8I. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  sklaté;  provenç.  et  catal.  escla- 
tar  ;  de  l'anc.  haut  allem.  skleiadn,  rompre;  allem. 
mod.  tchleissen,  schlitgen  (la  diphthongue  et  de 
l'anc.  haut-allem.  correspond  d'ordinaire  à  Va  fran- 
çais). Diez  y  rattache  l'italien  schiantare  (avec  une 
n  parasite,  comme  dans  Jonfro,  loutre),  mettre  en 
pièces  ;  sicil.  scatlari.  On  comprend  comment  le  sens 
de  se  rompre  en  éclats  a  passé  par  une  métaphore 
aussi  bien  au  sens  de  bruyant  qu'au  sens  de  bril- 
lant, le  son  qui  se  fait  entendre,  la  lumière  qui 
brille  étant  comme  un  ^c/a(qui  va  frapper  les  oreilles 
ou  les  yeux.  L'ancien  français  avait  esclate,  race, 
extraction  ;  celui-là  vient  de  l'ancien  haut-allemand 
slahta,  race;  allem.  Geschlecht. 

fÉCLECTlCIEN,  lENXE  (é-klè-kti-sien,  siè-n'), 
adj.  Synonyme  d'éclectique.  Les  philosophes  éclec- 
ticiens,  et,  substantivement,  les  éclecticiens. 

—  ÉTYM.  'Voy.  éclectique. 

t  ÉCLECTICISME  (é-klè-kti-si-sm"),  s.  m.  Syno- 
nyme peu  usité  d'éclectisme.  Mon  ami,  j'ai  toujours 
suivi  la  méthode  de  Téclecticisme;  j'ai  pris  dans 
toutes  les  sectes  ce  qui  m'a  paru  le  plus  vraisembla- 
ble, volt.  Dial.  23. 

—  ÉTYM.  'Voy.  éclectique. 

ÉCLECTIQUE  (é-klè-kti-k'),  odj".  ||  1»  Terme  de 
philosophie.  Qui  admet  ce  que  chaque  système  pa- 
raît offrir  de  bon.  Philosophie  éclectique.  ||  2°  11  se 
dit  de  ceux  qui  professent  cette  doctrine.  Un  phi- 
losophe éclectique.  \[S.  m. Un  éclectique,  lesécle.c-' 
tiques.  L'épicurien ,  l'éclectique  goûtaient  ensemble 
les  douceurs  de  la  société,  VOLT.  Phil.n,  4  87.  ||  Il  se 
dit  aussi  de  médecins  qui  ont  appliqué  la  méthode 
éclectique  aux  systèmes  médicaux.  |{  Dans  le  lan- 
gage ordinaire,  se  dit  de  tout.  Eclectique  en  litté- 
rature, en  politique,  en  religion. 

—  ÉTYM.  'Eit).Exxix4;,  de  èxX^ifEiv,  choisir,  la 
même  que  le  latin  eligere,  élire  (voy.  élire). 

f  ÉCLECTIQUEMENT  (  é-klè-kti-ke-man  ),  adv 
D'une  manière  éclectique;  comme  les  éclectiques. 

—  ÉTYM.  Éclectique,  et  le  suffixe  ment. 

t  ÉCLECTISER(é-klè-kti-zé),  v.  n.  Néologisme. 
Procéder  d'après  la  manière  éclectique. 

—  ÉTYM.   Voy.  ÉCLECTIQUE. 

ÉCLECTISME  (é-klè-kti-sm') ,  s.  m.  ||  1»  Philoso- 
phie éclectique,  doctrine  de  philosophes  anciens, 
dits  aussi  syncrétistes,  qui  essayaient  de  réunir 
dans  un  même  système  les  systèmes  antérieurs.  ||  De 
nos  jours,  philosophie  qri  a  essayé  de  faire  un 
système  nouveau  avec  des  théories  triée»  dans  les 
systèmes  antérieurs,  et  particulièrement  avec  des 
idées  prises  au  platonisme,  à  Descartes,  à  Kantet  à 
l'école  écossaise.  ||  8°  Secte  de  médecins  fondée  par 
Agathinus,  disciple  du  médecin  Athénée,  dite  aussi 
hectique,  parce  qu'elle  s'attachait  à  certains  prin- 
cipes, et  épisynthétique,  parce  qu'elle  ajoutait  en- 
semble différents  principes.  ||  De  notre  temps,  doc- 
trine des  médecins  éclectiques. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉCLECTIQUE. 

t  ÉCLEFIN(ékle-en),  *.  m.  Petite  espèce  de 
morue,  dite  aussi  daguet. 

—  ÉTYM.    Voy.  AIGREFIN. 

t  ÉCLEGME  (é-klè-gm')  ou  mieux  ËCUGME 
(é-kli-gm'),  s.  m.  Terme  de  pharmacie.  Nom  donné 
autrefois  à  des  médicaments  dont  on  enduisait  des 
bâtons  de  réglisse  pour  qu'ils  fussent  sucés  lente- 
ment. 

—  ÉTYM.  "EKitifiio,  de  ix.  et  Xei'xciv,  lécher, 
I  sucer. 


ECL 

tÊCLI  (é-kli),  s. m.  Terme  de  marine  Languette 
de  Liois  éclaté. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉCLIÉ. 

t  ÉCLIÉ,  ÊE  (é-kli-é,  ée),  adj.  Terme  de  marine. 
Pièce  de  bois  écliée ,  pièce  de  bois  qui  éclate  par 
l'effet  d'une  flexion  plus  ou  moins  considérable. 

—  HIST.  XII'  s.  [Il]  vait  le  duc  ferir  k  bandun 
Parmi  l'escu  d'oràliun,  Que  la  lance  froisse  e  esclie, 
HENolT,  Chr.  V.  33666,  t.  ni,  p.  64.  ||  xvi'  S.  Quant  la 
chair  jusqu'à  l'os  est  gastée  et  pourrie,  incontinent 
après  l'os   corrompu  s'esclie ,  paré,  t.  m,  p.  645. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-allem.  kliozan,  fendre  (voy. 
scussk). 

t  ÉCLINGURE  (é-klin-gu-r'),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Synonyme  de  râblure. 

ÉCLIPSE  (é-kli-ps') ,  s.f.\\i'  Terme  d'astronomie. 
Disparition  apparente  d'un  astre,  résultant  de  l'in- 
terposition d'un  autre  corps  céleste  entre  cet  astre 
et  l'observateur.  Éclipse  partielle.  Éclipse  totale. 
Eclipse  annulaire.  Éclipse  du  soleil  ou  solaire,  obs- 
curcissement du  soleil  par  l'interposition  de  la  lune. 
Éclipse  de  lune,  obscurcissement  de  la  lune  par 
l'interposition  de  la  terre.  Éclipse  apparente,  celle 
dans  laquelle  l'astre  éclipsé  n'est  pas  privé  de  lu- 
mière; éclipse  vraie,  celle  dans  laquelle  au  con- 
traire le  corps  éclipsé  est  complètement  privé  de 
lumière.  Les  éclipses  des  satellites  de  Jupiter.  L'é- 
ciipse  arriva  précisément  à  l'heure  marquée,  ce 
qui  le  fit  regarder  comme  un  homme  divin,  rol- 
UN,  Hist.  anc.  t.  xiii,  liv.  xxvi,  ch.  3,  art.  4,  p.  63, 
dans  pouGENS.  ||  Vent  de  l'éclipsé,  courant  atmo- 
sphérique provoqué,  dans  une  éclipse  de  soleil  et 
dans  un  temps  calme,  par  le  passage  du  cône 
d'ombre  de  la  lune,  qui  refroidit  sensiblement  la 
partie  de  l'air  obscurcie.  ||  2°  Fig.  Obscurcissement 
de  ce  qui  a  un  édat  intellectuel  ou  moral.  Souve- 
nez-vous de  ce  temps  de  désordre  et  de  trouble, 
où  l'esprit  ténébreux  de  discorde  confondait  le  droit 
avec  la  passion,  le  devoir  avec  l'intérêt,  la  bonne 
cause  avec  la  mauvaise;  où  les  astres  les  plus  bril- 
lants souffrirent  presque  tous  quelque  éclipse.... 
PLÉCHiER,  Turenne.  La  vertu  la  plus  pure  et  la  plus 
brillante  a  ses  taches  et  ses  éclipses,  mass.  Carême, 
M(d.  Il  3»  Familièrement.  Faire  une  éclipse,  s'ab- 
senter, disparaître  tout  à  coup.  Au  cas  qu'il  l'in- 
terrogeât sur  la  petite  éclipse  qu'il  venait  de  faire, 
ST-ÉVREMOND,  daiis  LEROUX,  Dict.  comique. 

—  HIST.  XIII*  s.  Li  éclipses  est  li  defaute  du  solel 
•t  de  la  lune,  Compul,  f°  <4.  Por  ce  n'est  preus 
l'amor  de  li,  N'onc  à  prodomme  n'abeli,  Nil  n'est 
drois  qu'elliabelisse,  Quant  por  si  poichiet  [tombe] 
en  esclipse,  la  Ifose,  5372.  ||  xiv"  s.  La  terre  est 
entre  le  soleil  et  la  lune  ;  donc  est  esclipse  de  lune, 
ORESME,  Eth.  V.  Il  xV  s.  Coquart  qui  as  l'esclipse  en 
l'entendement,  G.  chastel.   Exposition  sur  vérité 

mal  prise D'or  sera  et  d'argent  grantesclipces, 

EUST.  DESCH.  Poéaies  mss.  dans  lacurne.  Et  pour  ce 
que  de  tous  biens  est  esclipce,  ib.  11  lui  conta 
Teclipse  [absence]  de  poisson  qui  estoit  en  la  ville, 
LOfis  XI,  JVouD.  xcix.  Il  XVI'  s.  Ceste  année,  seront 
tant  d'ecclipses  du  soleil  et  de  la  lune....  rab.  Pan- 
tagr.  Prwiostication,  ch.  ii. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eclipsis,  esclipses,  clipse; 
espagn.  éclipse;  itaU  eclisse;  de  éxXen}';?,  de  èxXEt- 
TiEiv,  faire  défaut,  de  i-n,  et  XeÎTteiv,  quitter. 

ÉCLIPSÉ,  ÉE  (é-kli-psé ,  psée)  ,  part,  passé. 
Il  1*  Obscurci  par  l'interposition  d'un  corps  céleste. 
Le  soleil  éclipsé  par  la  lune.  La  lune  éclipsée  par 
la  terre.  Et  par  tout  l'univers  sa  lumière  [du  soleil] 
éclipsée,  TRISTAN,  Mariane,  v,  2.  {|  2°  Fig.  En  par- 
lant des  choses,  qui  a  subi  une  sorte  d'éclipsé, 
d'obscurcissement.  Des  murs  de  Constantin  la  splen- 
deur éclipsée,  VOLT.  Fanât,  ii,  5.  Tu  connais,  cher 
ami,  mes  grandeurs  éclipsées,  id.  Scythes,  i,  3. 
Que  dis-je?  sa  raison  souvent  est  éclipsée,  ducis, 
Haml.  I,  *.  Il  3°  Qui  n'existe  plus,  qui  a  disparu. 
Mais  sitôt  que  d'un  trait  de  ses  fatales  mains 
La  parque  l'eut  rayé  [Molière]  du  nombre  des  hu- 
mains, Onreconnutle  prix  desamuse  éclipsée,  boil. 
Jîp.vii.  Ces  jours  si  beaux  et  si  tôt  éclipsés,  malfil. 
narcisse,  i.  Elles  prêtent  leur  forme  à  toutes  mes 
pensées;  Je  les  vois,  je  les  vois;  elles  me  disent  : 
Tiens,  Puis  autour  d'un  tombeau  dansent  entrela- 
cées, Puis  s'en  vont  lentement,  par  degrés  éclip- 
sées, V.  HUGO,  Orient,  xxxiii,  2.  ||  4°  En  parlant  des 
personnes,  rejeté  dans  une  situation  inférieure. 
Éclipsé  par  un  rival  plus  heureux. 

tÉCLIPSEMENX  (é-kli-pse-man),  s.  m.  L'action 
d'éclipser. 

—  HIST.  XVI*  s.  L'eclipsement  nouveau  des  dix 
jours  du  pape  [suppression  de  dix  jours  lors  de  la 
léforme  grégorienne  de  l'année],  mont,  iv,  t6«. 

—  Stym.  Éclipser. 


ÉCL 

ÉCLIPSER  (é-kli-psé),  r.  a.  ||  1°  Intercep'ter  la 
lumière  d'un  astre.  La  lune  éclipse  le  soleil.  La 
terre  éclipse  la  lune.  ||  2°  Obscurcir,  faire  dispa- 
raître. La  nuit  n'a  pas  encore  éclipsé  la  lumière, 
M.  J.  ciiénier,  Tib.  III,  4.  Il  Fig.  A  la  faveur  de  ces 
éminences,  on  éclipse  une  des  trois  vertus  théolo- 
gales, Boss.  Nouv.  myst.  to.  \\  3°  Surpasser,  effacer. 
Corneille  éclipsa  tous  ses  prédécesseurs.  Leurs  traits 
sont  peu  réguliers;  mais,  si  elles  ne  sont  pas  belles, 
elles  ont  de  la  physionomie  qui  supplée  à  la  beauté 
et  l'éclipsé  quelquefois,  j.  j.  Rouss.  Hél.  ii,  2<. 
Toutes  les  sciences  sont  sujettes  à  ces  révolutions; 
la  gloire  de  l'auteur  d'une  découverte  éclipse  celle 
des  savants  qui  l'ont  préparée  et  ne  leur  laisse  de 
droits  qu'à  la  reconnaissance  publique,  condorget, 
Duhamel.  Il  [Walter  Raleigh]  avait  une  passion  ex- 
trême pour  tout  ce  qui  avait  de  l'éclat,  une  réputa- 
tion qui  éclipsait  les  plus  grands  noms....  raynal, 
Hist.  phil.  XIII,  6.||  4°  S'éclipser,  v.réfl.  Disparaître 
derrière  un  corps.  Le  soleil  s'éclipse  derrière  la  lune. 
Il  Avec  ellipse  du  pronom  se.  Uu  accident  pareil 
Devrait  faire  d'borreur  éclipser  le  soleil,  mair. 
Solim.  V,  H.  Il  5°  Disparaître  à  la  dérobée.  Que 
fait-il?  il  s'éclipse,  il  part,  la  font.  Pet.  chien.  Quoi  I 
le  seigneur  Ésope  en  croit  donc  être  quitte.  Pour 
m'avoir  en  passant  daigné  rendre  visite;  Et  son 
zèle  se  borne  à  me  voir  une  fois,  Après  s'être  éclipsé 
pendant  cinq  ou  six  mois,  boursadlt,  Ésope  à  la 
cour,  I,  4.  Il  s'aperçut  bien  à  la  surprise  qu'on  fit 
paraître,  que  l'on  n'ignorait  pas  pourquoi  il  s'était 
éclipsé,  LESAGE,  Diab.  boit.  20.  SUmislas  [Leczinsky] 
s'était  éclipsé  de  son  armée,  volt.  Charles  XII,  7. 
A  la  veille,  morbleu,  d'avoir  un  régiment.  Planter 
là  l'univers,  s'éclipser  brusquement.  Quitter  Lon- 
dre  et  la  cour  pour  sa  maudite  terre  I  gresset, 
Sidnei,  i,  <.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses  qui  dispa- 
raissent. Je  croyais  mettre  la  main  sur  ce  livre; 
mais  il  s'est  éclipsé.  L'argent  s'éclipse  vite  au  jeu. 
Il  6°  Être  effacé,  perdre  de  sa  puissance,  de  son  cré- 
dit. Tel  brille  au  second  rang  qui  s'éclipse  au  pre- 
mier, volt.  Ilenr.  i. 

—  HIST.  XIII"  s.  C'est  l'amor  qui  vient  de  fortune, 
Qui  s'esclipse  comme  la  lune.  Que  la  terre  ohnuble 
et  enumbre,  la  Uose,  4800.  l|xv*  s.  De  vivre  toute 
policie....  lors  estoit  toute  esclipcie,  S'Aristote  n'y 
eust  ouvré.  Quia,  par  son  sens,  recouvré  Le  peuple 
de  vivre  à  raison,  eust.  desch.  Poés.  mss.  dans 
LACURNE.  Lune  et  soleil  seront  souvent  esclipst,  ib. 
Il  XVI*  s.  Il  s'en  alla  la  queue  entre  les  jambes,  et 
s'esclipsa,  paré,  m,  p.  694.  Il  advint  que  le  soleil 
éclipsa  soudainement,  et  le  jour  faillit,  amyot, 
Péricl.  67. 

—  ÉTYM.  Éclipse;  provenç.  eclipsar,  eclipciar ; 
espagn.  eclipsar;  ital.  ecclissare. 

ÉCLIPTIQUE  (é-kli-pti-k'),  s.  f.  ||1*  Terme  d'as- 
tronomie ancienne.  Orbite  que  le  soleil  paraît  dé- 
crire annuellement  autour  de  la  terre.  Ce  qui  prouve 
que  l'orbite  solaire  est  plane;  on  la  nomme  éclip- 
tique,  FRANCŒUR,  Uranographie ,  t"  partie.  ||  Par 
extension,  le  même  cercle  étendu  jusqu'à  la  sphère 
des  fixes  et  devenant  ainsi  un  grand  cercle  fixe  de 
la  sphère.  On  donne  aussi  ce  nom  [d'écliptique]  au 
grand  cercle  fixe  suivant  lequel  ce  plan  prolongé 
va  couper  la  sphère  céleste,  id.  ib.  ||  2°  Chez  les 
modernes,  orbite  de  la  terre  décrite  en  un  an  au- 
tour du  soleil.  D'après  cela  le  Centre  de  la  terre 
décrit  autour  du  soleil  immobile  dans  l'espace  une 
courbe  plane  et  fermée....  son  axe  est  emporté  dans 
le  vide  et  demeure  parallèle  dans  toutes  ses  posi- 
tions, formant  avec  le  plan  de  son  orbite  qui  est 
l'écliptique  un  angle  constant  de  06"  38',  francœur, 
Uranographie,  *"  partie.  Il  avait  une  pensée  plus 
singulière  et  plus  sujette  à  contestation  sur  l'obli- 
quité de  l'écliptique  par  rapport  à  l'équateur;  tous  les 
astronomes  la  posent  constante,  et  il  la  croyait  dé- 
croissante, mais  seulement  d'une  minute  en  cent 
ans,  de  sorte  que,  dans  un  temps  très-long  qui  se  dé- 
termine aisément,  l'écliptique  viendrait  à  se  mettre 
dans  le  plan  de  l'équateur,  et  les  deux  pôles  ver- 
raient ensemble  le  soleil  pendant  quelques  années, 
fonten.  Louville,  Le  point  où  l'écliptique  de  la  terre 
coupe  l'équateur,  volt.  Newton,  m,  io.  C'est  à 
l'inclinaison  de  l'écliptique  sur  l'équateur  qu'est  due 
la  différence  des  saisons,  laplace.  Expos,  i,  2. 
Il  Axe  de  l'écliptique,  droite  perpendiculaire  au  plan 
de  l'écliptique  et  passant  par  le  centre.  ||  Pôles  de 
l'écliptique,  extrémités  de  l'axe  de  l'écliptique  sur 
la  sphère  céleste.  |13°.<ldj.  Qui  a  rapport  aux  éclipses. 
Conjonction  écliplique.  Doigts  écliptiques,  les  douze 
parties  en  lesquelles  on  divise  le  diamètre  apparent 
d'un  astre  éclipsé.  Limites  écUptiques,  valeurs  ex- 
trêmes où  peuvent  seulement  avoir  lieu  les  éclipses. 

—  ÉTYM.  'Ex),einTixè«  (voy.  éclipse),  parce  que 


ÉCL 


1?,85 


c'est  davis  ce  cercle  qu'ont  lieu  toutes  les  éclipses 
du  soleil  ou  de  la  lune;  provenç.  ecliptic;  espagn. 
ecliptico. 

ÊCLISSE  (é-kli-s'),  s.  f.  ||  1'  Éclat  allongé  de  bois 
Les  bourreaux  enfoncent  dans  les  plaies  de  l'ami  rie 
Chactas  des  échsses  de  pin  enflammées,  ciiateaub. 
Natch.  Il,  SI.  Le  boulet  plein  pénètre  plus  avant 
[dans  la  cuirasse  de  fer  d'un  vaisseau] ,  mais  il  en- 
lève une  espèce  de  bouchon  de  fer,  tandis  que 
l'obus  éclate  et  projette  de  toutes  parts  un  nombri 
épouvantable  de  morceaux  de  métal  et  d'éclisses, 
fonvielle.  Presse  scientifique,  <863,  t.  i,  p.  452. 
Il  2°  Nom  qu'on  donne  au  bois  de  fente  et  aux 
petits  ais  qui  servent  à  faire  des  ouvrages  légers, 
il  Osier  tendre  et  plané  pour  border  le  moule  du 
panier.  ||  Bois  plat  et  mince  dont  on  fait  les  côtes 
d'un  luth,  les  parois  d'un  violon.  ||  Petit  ais  de  bois 
qui  soutient  les  plis  d'un  soufflet.  ||  3*  Terme  de 
chirurgie.  Nom  donné  aux  soutiens  de  bois,  ou 
d'autre  matière,  qui  s'appliquent  sur  les  fractures. 
Il  Terme  de  vétérinaire.  Petites  attelles  qu'on  ap- 
plique sous  le  pied  du  cheval  pour  maintenir  le  pan- 
sement de  plaies  de  la  sole  et  de  la  fourchette. 
Il  4°  Rond  d'osier  sur  lequel  on  fait  égoutter  le  lait 
caillé  et  le  fromage.  ||  Second  rang  de  tronçons  de 
bois  disposés  dans  un  fourneau  pour  faire  du  char- 
bon. Il  5°  S.  f.  pi.  Terme  de  pêche.  Ancien  instru- 
ment de  pêche. 

—  HIST.  XI*  s.  Envers  le  ciel  envolent  les  escicles, 
Ch.  de  Hol.  lv.  ||  xii*  s.  Bastuns  de  rosel  (roseau] 
pesceed  [brisé]  qui,  si  l'um  se  apuied,  tost  falscd  e 
despiesced;  e  entrent  les  esclices  en  la  charn  e  per- 
cent la  main.  Rois,  408.  ||  xiii*  s.  0  lui  ert  [avec  lui 
était]  li  rois  de  Galice,  Qui  fait  de  mainte  lance  es- 
chce, 'Partonopex  de  Blois,  ms.  f°lBt,  dans  la- 
curne. Il  xvi'  s.  Avant  que  mettre  le  caillé  dans  les 
esclisses  ou  cagerottes,  o.  le  serres,  287.  Sus, 
troupeau,  deslogeons,  j'ay  d'esclisse  et  d'osier.  Ache- 
vant ma  chanson,  achevé  mon  panier,  rons.  732. 

—  ÉTYM.  Picard,  éclèche,  morceau  de  bois 
menu;  eclisses,  brins  de  bois;  nofm.  écliche,  éclat 
de  bois.  Le  même  que  cime  (voy.  ce  mot). 

ÉCLISSÉ,  ÉE  (é-kli-sé,  sée),  part,  passé.  Une 
fracture  éclissée. 

4.  ÉCLISSER  (é-kli-sé),  V.  o.  Terme  de  chirurgie 
Mettre  des  eclisses  le  long  d'un  membre  fracturé. 

—  HIST.  xii*  s.  Ses  tronçons  brise,  si  lui  est  es- 
cliciez,  Ronc.  p.  65.  ||  xvr  s Et,  te  baisant,  me- 
ner les  bœufs  en  pasturage,  Esclisser  des  paniers,  et 
faire  du  fromage,  rons.  793.  Cages  d'ozier  et  de 
ronces  escarrées  et  pertuisées  avec  une  brochette 
rougieaufeu,  et  esclissées  de  petits  barreaux,  r.  bel- 
LEAU,  Berger,  t.  i,  p.  74,  dans  lacurne,  au  motco- 
casse. 

—  ÉTYM.  Éclisse. 

t  2.  ÉCLISSER  (é-kli-sé),  V.  a.  Terme  do  faucon- 
nerie. On  éclisse  les  oiseaux  de  proie  en  leur  jetant 
quelques  gouttes  d'eau  avec  le  doigt. 

—  HIST.  xvi*  s.  Quand  tu  le  mettras  coucher  [l'oi- 
seau], lui  eclisse  un  peu  d'eau  au  visage,  afin  qu'il 
frotte  ses  yeux  aux  jointes  de  ses  ailes,  pouilloux, 
Fauconn.  f°  62,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.   Voy.  GLISSOIRE. 

t  ÉCLISSETTE  (é-kli-sè-f) ,  s.  f.  Petite  éclisse. 

ÉCLOPPÉ,  ÉE  (é-klo-pé,  pée),  adj.  Terme  fami- 
lier. Dont  la  marche  est  pénible,  en  raison  de  quel- 
que mal  aux  jambes.  ||  Terme  de  blason.  Écu  écloppé, 
écu  taillé  et  tranché  inégalement. 

t  ÊCLOPPER  (é-klo-pé),  V.  a.  Rendre  boiteux. 
Il  S'éclopper,t).r^/Z.  Devenir  écloppé.  L'un  s'écloppe, 
l'autre  s'enivre  et  se  fend  la  tèle;  qu'on  est  à  plain- 
dre de  ne  pouvoir  s'en  passer  1  dider.  Est-il  bout 
est-il  méchant?  1,  9. 

—  HEM.  1.  L'Académie  écrit,  avec  un  seul  p, 
clopin,  dopant  et  clopiner;  et  elle  en  met'deux  à 
écloppé;  c'est  manquer  à  l'an.ilogie.  ||  2.  L'Acadé- 
mie a  écloppé,  adjectif,  et  n'a  pas  éclopper,  verbe, 
qui  est  de  tout  temps  dans  la  langue. 

—  HIST.  xm*  s.  Il  n'i  a  borgne  n'esclopé,  Ren. 
4604.  Se  vos  Pinte  vengier  peinez  Et  sa  .seror  dame 
Copée,  Que  Renart  a  si  esclopée,  ib.  (007«. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  l'ancien  adjectif  clop 
(voy.  clopin-clopant). 

ÉCLORE  (é-klo-r'),  v.  n.  défectueux  qui  n'a  que 
les  temps  suivants  :  j'éclos,  tu  éclos,  il  éclôt,  nous 
éclosons,  vous  éclosez,  ils  éclqsent;  j'éclqsais;  j'é- 
clôrju;  j'éclôrais;  que  j'éçlose;  éclos,  éclose.  L'Aca» 
demie  met  un  accent  circonflexe  sur  le" futur  et  le 
conditionnel  et  n'en  met  pas  sur  je  clorai,  je  clo- 
rais; c'est  pécher  contre  l'analogie.  ||  1°  Sortir  de 
l'oeuf,  naître.  Les  serins  éolosent.  Elle  bâtit  un  ni  d. 
pond,  couve,  fait  éclore  X  la  hâte;  le  tout  alla  du 
mieux  qu'il  put,  la  font.  Fabl.  iv,  M.  On  connaît 


1286 


ECL 


«3  fours  des  Égyptiens,  dans  lesquels  ils  font  éclore 
à  la  foi»  des  centaines  ou  même  des  miUiers  de  pou- 
lets ;  M.  de  Kéaumur  était  parvenu  à  simplifier  beau- 
coup cette  pralique  si  ancienne  des  Égyptiens,  et  à 
la  mettre  h  la  portée  des  gens  de  la  campagne,  bon- 
NKT,  Contimpl.  nat.  (jtuvres,  t.  viii,  p.  3JB,  note  I. 
Il   On  le  (lit  aussi  des  œufs  d'où  sortent  les  petits. 
Les  œufs  sont  éclos  ce  matin.  ||  Kig.  Vingt  ans  au 
plus,   bonhomme,   attends   encore;   L'œuf   édôra 
sous  un  rayon  des  cieux,  bérano.  Comète.  ||  2°  S'ou- 
vrir, en  parlant  des  graines,  des  fleurs.   Une  Heur 
qui  commence  à  éclore,  pp.n.  Tél.  m.  Ces  végétaux 
pui.ssants  qu'en  Per.«e  on  voil  éclore,  volt.  Sémir. 
IV,  2.  Les  coquelicots  et  les  bluets  éclosent  dans  des 
oppositions  ravissantes,    dern.    hh  st-p.    Éliid.  v. 
IJ  3°  Commencer  à  paiallre.  Le  jour  est  près  d'éclore. 
0,  si  de  mon  désir  l'efTot  pouvait  éclore.  Que  sous 
de  douces  lois  nous  pourrions  nous  aimer  I  botrou, 
St-Gcn.  m,  6.  Ma  vie  à  peine  a  commencé  d'éclore; 
Je  tomberai  comme  une  fleur  Oui  n'a  vu  qu'une  au- 
rore, BAC.  Esth.  1,  6.  Le  triste  regret  de  voir  éclore 
une  vie  qui  a  été  aussitôt  éteinte,  mass.  Avert.  Dé- 
lai.  Quoique  cette  intrigue  eût  été  menée  depuis 
un  fort  longtemps,  elle  le  fut  cependant  avec  tant 
desi'cret  jusqu'au  temps  même  où  elle  devait  éclore, 
qu'on  n'en  sut  rien  pendant  la  vie  de  Lysandre, 
BOLLiN,   Ilist.  anc.    ()Kuvre.i,   t.  iv,   p.  264,   dans 
POUGENS.  On  sent....  Qu'une  forme  périt,  afin  qu'une 
autre  éclose,  lamart.  Jnc.  ii,  84.  ||  Faire  éclore, 
produire.  Faire  éclore  des  projets.  Dès  que  l'impres- 
sion frtii  éclore  un  poète,  11  est  e.sclave  né  de  celui 
qui  l'achète,  boil.  Sal.  ix.  Chaque  instant  fait  éclore 
une  nouvelle  horreur,  volt.  Orph.  i,  B. 

—  REM.  Eoîore  se  conjugue  avec  le  verbe  être: 
les  œufs  sont  éclos. 

—  HIST.  XVI*  s.  L'œuf  duquel  esclorera  l'aspic  mor- 
tel qui....  YVER,  p.  640.  Dès  le  mois  de  septembre, 
les  vents  et  les  |iluyes  commencent  à  s'esclore  d'es- 
trantje  façon,  carl.  m,  20.  On  n'attendoit  pas  le 
jour  esclore  pour  venir  aux  attelliers,  id.  v,  4.  Le 
primr.l  de  Lyon  ne  dort  ny  jour  ny  nuict,  pour  es- 
clorre  un  escrit  qui  fera  poser  les  armes  à  tout  le 
monde,  Sat.  Min.  p.  t99.  Les  pigeons  pâtés  es- 
clorront  des  œufs  de  poule  commune,  si  on  les  leur 
suppose  au  lieu  des  leurs,  0.  de  serbes,  3B7.  La 
gouvernante  attendra  avec  patience  que  les  œufs 
soient  esclos....  elle  secourra  les  premiers  poussins 
escloans  qui  souventesfois  ne  peuvent  sortir  de  la 
coque,  ID.  3B9.  Au  commencement  de  mai  les  oy- 
sons  esclouent,  id.  S^^.  Deux  serpents  s'y  glissèrent, 
et  feirent  des  œufs  dedans  et  les  esclouirent,  amïot, 
les  G^acques,  24.  Son  sein  vous  esclouit,  gardez  de 
l'offenser  (Dieu),  bons.  27b.  Fu.st-ce  en  hyver,  les 
roses  s'esclou'ront,  id.  74t.  Trous  esclous  [ouverts], 
EAB.  Garg.  i,  I3. 

—  ÊTVM.  Wallon,  hlôre;  provenç.  esdaure,  es- 
dure;  espagn.  et  portug.  exduir;  ital.  esdudere. 
Les  formes  exduir,  esdudere  viennent  du  latin 
exdudere,  de  ex,  hors  de,  et  daudere,  fermer  (voy. 
CLORE);  les  formes  en  o  ou  en  au  viennent  d'une 
forme  non  latine  exclaudere,  ou,  si  l'on  veut,  di- 
rectement du  préfixe  es  et  de  dore  ou  daure. 
Ëdnre,  c'est,  étymologiquement,  fermer  hors. 

ÉCLOS,  OSK  (é-klô,  klô-z'),  part,  possède  éclore. 
Il  1°  Sorti  de  l'œuf.  Des  poussins  à  peine  éclos.  ||  î*  Oui 
est  né,  qui  se  montre.  Vois  que  sur  ce  beau  sein  les 
lis  à  peine  éclos....  botrou.  Hercule  m.  i,  B.  [J'ai 
vu]  tomber  sous  les  coups  d'un  trépas  glorieux  Ces 
fruits  à  peine  éclos  déjà  mûrs  pour  les  cieux,  id. 
SlGen.  II,  7.  N'est-ce  pas  toi,  voyant  le  monde  à 
peine  éclos  Oui....  Fis  croire  au  premier  homme.... 
DOiL.  .Sal.  XII.  Nos  jardins  ont  encor  des  roses;  Où 
régnent  les  amusements,  Il  est  toujours  des  Heurs 
écloses,  Kt  les  plaisirs  font  le  printemps,  gresset, 
au  P.  Bougeant.  Mes  yeux  cherclient  en  vain  leurs 
fleurs  Iralches  écloses,  c.  delà  vigne,  Horc.  choisis 

par  FElJGÊRE,  p.  337. 

ÉCLOSION  (é-klô-zion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Action  d'éclore,  de  sortir  de  l'œuf.  L'é- 
closion  des  petits.  Pouvait-on,  en  bouchant  par  dif- 
férents moyens  l'ouverture  des  cellules ,  retarder 
plus  ou  moins  la  sortie  ou  l'éclosion  des  petits  pi- 
pas, sans  intéresser  leur  vie?  BONNET,  Observ.  pipa 
014  crapaud  de  Sxtrinam,  (Mîuvres,  t.  xi,  p.  226, 
dans  poi'GENS.  ||  Épanouissement  des  fleurs. 

—  ÉTYM.  Éclos. 

ECLL'SE  (éklu-z'),  t.  f.  \\  l'  Construction  en  ma- 
çonnerie faite  pour  retenir  au  besoin,  dans  sa  partie 
appelée  la  chambre  de  l'écluse,  l'eau  nécessaire  pour 
faire  monter  ou  descendre  d'un  bief  à  un  autre  le 
biiteau  qui  parcourt  un  canal,  legoarant.  Les  ba- 
joyers  d'une  écluse.  Les  portes  d'une  écluse.  Ouvrir, 
fermer,  lever,  baisser  l'écluse,  c'est  par  abréviation 


ECO 

pour  Ouvrir,  fermer  la  porte,  lever,  baisser  la  vanna 
de  l'écluse.  Il  Ecluse  de  chasse,  construction  parti- 
culière destinée  à  retenir  toute  l'eau  nécessaire  pour 
cha.sser  par  son  courant  la  vase  et  le  sable  qui  .sans 
cela  obstrueraient  un  port,  une  gare,  etc.  lkgoabant. 
Il  Ecluse  de  fuite,  écluse  destinée  à  vider  le  trop- 
plein  donné  par  une  écluse  de  chasse.  ||  Écluse  sim- 
ple, celle  qui  ne  peut  soutenir  les  eaux  qu'à  un  seul 
niveau  à  la  fois.  Écluse  double,  celle  qui  peut  les 
retenir  à  deux  hauteurs.  Écluse  carrée,  celle  qui  n'a 
qu'un  seul  vantail.  ||  Fig.  En  ouvrant  les  écluses  du 
cœur,  elle  fait  que  le  sang  circule  plus  vite,  desc. 
Pass.  ttb.  Mais  avant  qu'il  ISchSt  les  écluses  des 
cieux,  BoiL.  Sat.  m.  ||  ï°  Terme  de  pêche.  Parc  de 
pierre  pour  retenir  du  poisson  amené  par  la  marée. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  si  tosl  comme  Sarrasin  sorent 
que  li  rois  ot  passé  le  flun  [fleuve],  si  firent  clore  les 
escluses  et  firent  tenir  le  (lun,  Chron.de  Ilains,  207. 
Il  XVI'  s.,  L'eau  s'assemble  au  dessus  du  moulin  dans 
un  grand  réceptacle,  par  d'aucuns  appelle  escluse, 
qui,  après  estre  rempli,  verse  l'eau  par  le  dessus, 
estant  fermée  la  bonde  d'embas,  laquelle  on  ouvre 
quand  il  est  question  de  faire  moudre  le  moulin, 
0.  DE  SERRES,  760.  Il  y  a  de  petites  rivières  qui  sont 
retenues  par  excluses,  p.  ciiooue,  dans  leroux  dk 
LiNCY,  Bibl.  des  Chartes,  6'  série,  t.  ii,  p.  (76. 

—  Étym.  Bas-lat.  exdusa,  qui  se  trouve  dans  les 
plus  anciens  textes,  la  Loi  des  Visigoths,  Grégoire 
de  Tours  et  Fortunat  :  exdusa  aqua,  eau  exclue 
(dont  le  nom  a  passé  à  la  construction  qui  l'exclut, 
la  retient),  de  exdudere,  de  ex,  hors  de,  et  claudere, 
fermer  (voy.  clore)  ;  allem.  Schleusse. 

t  ÊCLCSEAD  (é-klu-z6),  S.  m.  'Voy.  Bcldsettb. 

ÉCLUSÉE  (é-klu-zée),  ».  f.  ||  1°  La  quantité  d'eau 
que  doit  recevoir  la  chambre  d'une  écluse  pour  y 
faire  entrer  un  bateau  qui  descend,  ou  pour  en 
faire  sortir  celui  qui  remonte  le  canal,  legoabant. 
(I  2°  Terme  de  commerce.  La  quantité  de  bois 
flotté  qui  par««B  pendant  la  durée  de  l'ouverture 
d'une  écluse,  ^our  une  éclusée  des  dits  bols  de  20 
à  22  voies,  est  dû  à  plusieurs  officiers  t2  livres, 
16  sols,  10  deniers,  Dédar.  du  S2  oct.  t7)B,  Tarif. 
Il  3°  Masse  d'eau  accumulée  de  distance  en  distance , 
dans  des  rivières  dont  l'eau  n'est  pas  assez  abon- 
dante pour  porter  en  tout  temps  les  bateaux  et  les 
trains  de  bois,  par  des  barrages  qu'on  ouvre  à  jour 
et  à  heure  fixes.  Lâcher  l'éclusée.  Vendredi  il  y 
aura  éclusée.  Il  y  a  des  rivières  qui  ne  sont  navi- 
gables que  par  éclusées. 

—  ÊTYM.  Écluse. 

t  ÊCLUSER  (é-klu-zé),  v.  a.  Faire  passer  un  ba- 
teau par  une  écluse.  ||  Garnir,  munir  d'écluses.  Fer- 
mer au  moyen  d'une  écluse. 

—  ÊTYM.  Écluse. 

t  ÉCLUSETTE  (é-klu-zè-f),  s.  f.  Nom  d'un  cham- 
pignon réputé  malfaisant  (l'agaric  élevé),  dit  aussi 
écluseau  et  coulemelle. 

ÉCLCSIER,  1ERE  (é-klu-zié,  ziê-r'),  t.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  gouverne  une  écluse  et  qui  en  perçoit 
le  péage.  ||  Àdj.  Porte  éclusière,  porte  d'une  écluse. 

—  ETYM.  Écluser. 

t  ËCLYSE  (tk-li-z'),  s.  f.  Terme  de  musique  an- 
cienne. Accident  qui  faisait  baisser  une  note  de  trois 
quarts  de  ton. 

—  ÊTYM.  'ExîiuiTiç,  de  èx,  et  Xûmc,  action  de  délier. 

t  ËCMÈLE  (èk-mè-1'),  adj.  Terme  de  musique  an- 
cienne. Oui  ne  se  prête  pas  à  la  mélodie,  en  par- 
lant des  sons  de  la  parole. 

—  ETYM.  'Ex,  hors,  et  iaûoî,  chant. 
I  ÉCOBAN  (é-ko-ban),  s.  m.  Terme  de  marine. 

Ancien  synonyme  d'écubier. 

t  ËCOBUAGE  (é-ko-bu-a-j'),  s.  m.  Terme  d'agri- 
culture. Opération  qui  consiste  à  enlever  la  couche 
superficielle  du  terrain  et  à  brûler  sur  place  les  ma- 
tières organiques  qu'elle  renferme. 

—  ÊTYM.  Ecobuer. 
t  ECOBUE  (é-ko-bue),  s.  f.  Terme  d'agriculture. 

Nom  donné,  en  Anjou,  à  l'instrument  qui  .sert  à 
écobuer  et  qui  est  une  sorte  de  pelle  de  fer  légère- 
ment courbée,  plus  large  au  tranchant  qu'à  la  douille  ; 
un  manche  de  bois  y  est  adapté  sous  un  angle  de 
46  degrés  environ.  ||  S.  f.  pitjr.  Petites  broussailles 
et  racines  enlevées  aux  terres  défrichées. 

t  ÉCOBUER  (é-ko-bu-é),  v.  a.  Terme  d'agricul- 
ture. Pratiiiuer  l'écobuage. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  doivent  le  droit  de  champart 
et  de  terrage,  quand  ils  egobuent,  à  la  cinquième 
gerbe,  finuv.  const.  gêner,  t.  iv,  p.  4io. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  On  trouve  dans  l'an- 
cien français  esccbalre,  dont  le  sens  est  indéter- 
miné :  Sur  les  rivages  et  les  pors  Par  où  li  ewage 
s'embatent.  Qui  tant  souvent  vous  escobatent.  Main- 


ECO 

dans  LACUBNE.  Écobuer  se  ratlache-t-il  à  acoubt, 
balais;  bas-lat.  escobare,  balayer?  Faut-il  voir, dans 
la  première  partie  du  mot,  escot,  bâton,  comme  dan» 
HopercheP  Dans  le  nom  normand  d'une  plante: 
l'herbe  à  l'écopisse  (herbe  qui  fait  saliver  sans  doute 
et  qneje  ne  connais  pas,  le  heuicher,  Add.  àVeuai 
sur  la  flore  popul.  de  Normandie,  p.  ?/,  escopitse 
vient  de  l'ancien  verbe  esrnpir,  cracher. 

t  ÉCOCUELAGE  (é-ko-cbe-la-j'l,  «.  m.  Terme  d'a- 
griculture. Action  d'ècocbeler. 

t  ÉCOCHELER  (é-ko-che-lé.  VI  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette:  j'écochelle),  e.  a. 
Terme  d'agriculture.  Ramasser  avec  deux  râteaux  les 
tiges  céréales  que  la  faux  a  étendues  en  les  coupant. 

t  ECOEUKÉ,  ÉE  (é-keu-ré,  rée),  part,  passé.  Qui 
a  perdu  le  cœur,  à  qui  le  cœur  manqiie,  dégoûté. 
Je  suis  écœuré. 

t  ÉCOEURER  (é-keu-ré),  v.  a.  Faire  perdre  le 
cœur,  dégoûter.  Cette  odeur  m'écœure.  |[  Fig.  Un 
pareil  langage  m'écœure.  ||  S'écœurer,  ».  réfl.  Qu'a- 
vait-il besoin  d'entrer  là  pour  s'écœurer?  ||  Mot  po- 
pulaire et  très-usité. 

—  HIST.  XVI*  s.  Escœurer  [dégoûter],  onniN. 

—  ÊTYM.  £î....  préfixe,  et  ctcur;  Berry,  écceur- 
der,  acœurir.  Anciennement  escuerer  avait  le  sens 
propre  de  percer  le  cœur. 

ECOFRAI  (é-ko  frè)  ou  ÉCOFROI  (é-ko-froi),  ». 
m.  Sorte  de  grosse  table  sur  laquelle  les  artisans  en 
cuir  taillent  leur  ouvrage. 

—  ETYM.  Bas-lat.  escofferiut,  marchand  de  cuir; 
vieux  franc,  escoffraie,  boutique  où  l'on  vend  du 
cuir;  de  l'allemand  Schuh,  soulier;  angl.  shoe; 
goth.  sknh.  On  avait  aussi  escoerie,  objets  en  cuir: 
xiii*  s.  Chascuns  fardeaulx  d'escoerie  ou  de  freperie 
doit  deux  deniers,  nti  cange,  escoeria. 

ÊCOLNÇOK  ou  ECOINSO.N  (é-koin-son) ,  ».  m.  Tra- 
vail de  menuiserie,  meuble  appliqué  à  l'angle  d'une 
chambre.  Une  armoire  en  écoinçon.  ||  Pierre  qui  fait 
l'encoignure  de  l'embrasure  d'une  porte  ou  d'une 
croisée. 

—  illST.  ivi*  s.  Escoinçon,  Nouveau  eoutJ.  gêner. 
t.  n,  p.  H37. 

—  ÊTYM.  Es....  préfixe,  et  coin;  formé  de  eoi'i, 
comme  arcon  de  arc,  par  le  suffixe  augmentatif  on. 

t  ÉCOLÂGE  (é-ko-la-j'),  ».  m.  ||  1*  Eut  de  celui 
qui  est  à  l'école;  enseignement  d'école.  ||  2*  Frais 
d'école,  droit  que  paye  chaque  écolier.  Les  conseils 
municipaux  déterminent  le  prix  d'écolage  dans  les 
écoles  communales. 

—  HIST.  xvi*  s.  11  envoya  quérir  Aristote,  en  lui 
payant  un  très  honorable  salaire  pour  l'escholage 
de  son  fils,  amyot,  Alex.  (o.  On  peut  continuer  à 
tout  temps  l'estude,  non  pas  l'escholage,  uont.  m, 
4  34.  Le  bureau  de  l'aiimosne  est  journellement 
chargé  de  celles  personnes  qu'il  convient  assister 
pour  leur  vivre,  apprentissage  de  mestier  ou  esco- 
lage,  ou  bien  pour  les  secourir  en  leurs  maladies, 
Coutum.  génér.  t.  i,  p.  ti48. 

—  ÊTYM.  École. 
éCOLAtRE  (é-ko-là-tr'),  ».  m.  Ecclésiastique  dans 

les  cathédrales,  dont  la  principale  fonction  est  d'en- 
seigner aux  jeunes  gens  qui  se  destinent  au  service 
de  l'Eglise,  les  humanités  et  les  devoirs  de  la  pro 
fession  qu'ils  veulent  embrasser.  ||  Chanoine  qui  av:  il 
une  prébende  l'obligeant  d'enseigner  gratuitement 
la  philosophie  et  les  lettres  humaines  à  ses  con- 
frères et  aux  pauvres  écoliers  du  royaume. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  n'y  avoit  église  cathédrale  en 
laquelle  n'y  eust  prébende  affectée  pour  le  salaire 
de  celui  qui  enseigneroit  les  lettres  ordinaires,  et 
une  autre  pour  celui  qui  vacqueroit  à  l'enseigne- 
ment de  la  théologie;  le  premier  esioit  appelé  es- 
colastre,  le  second  théologal,  pàsquier,  Recherches 
liv.  IX,  p.  767,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  seholaster,  ds  »ehoIa,  école. 
t  ÉCOLÂTRIE  (é-ko-lâ-trie),  ».  f.   Charge,  em- 
ploi d'écolâtre. 

—  ETYM.  Écoldlre. 
ÉCOLE  (é  ko-l') ,  ».  f.  Il  1*  Eublissement  où  l'on 

enseigne  les  éléments  des  lettres,  des  sciences,  des 
arts.  Ouvrir  une  école.  Maître  d'école.  Ecole  de  des- 
sin. Ecole  primaire Les  loups  de  son  temps  n'al- 
laient point  à  l'école,  bégnier,  Sal.  m.  ||  Ecoles 
chrétiennes,  écoles  instituées  au  commencement 
du  xvii*  siècle  par  Lasalle  pour  les  enfants  pauvres. 
Il  Écoles  charitables,  institut  pour  enseigner  au 
enfants  à  lire,  à  écrire  et  à  connaître,  aimer  et  ser- 
vir Dieu;  il  fut  fondé  en  I6S«  par  un  minime  d'A- 
miens, le  P.  Barri.  ||  Tenir  école,  enseigner.  Lo 
noble  poursuivit  :  Moi  je  sais  le  blason;  j'en  veux 
tenir  école,  la  font.  Fabl.  x,  <«.  ||  Il  en  tiendrait 
école,  c'est-à-dire  il  sait  très-bien  cela.  ||  Renvoyer 


tenez  bien  vostre  franchise,  Roman  de  Brut,  f**8,  j  quelqu'un  à  l'école,  lui  faire  sentir  son  ignorance 


ECO 

Il  Faire  l'école  buissonniêre,  manquer  la  classe  en 
parlant  d'un  écolier,  et,  figurément, manquer  à  des 
exercices,  à  des  fonctions  (voy.  buissonnieb).  |{  Pren- 
dre le  chemin  de  l'école,  prendre  le  chemin  le  plus 
lonsf.  |l  Dire  les  nouvelles  de  l'école,  découvrir  le 
secret  d'une  compagnie,  d'une  coterie,  dire  ce  qu'il 
faudrait  taire.  ||   2°  Établissement  d'un  ordre  plus 
élevé  ou  d'un  ordre   |ilus  spécial.  Entrer  à  l'École 
polytechnique,  à  l'Ecole  normale.  Kéformer  le  corps 
des  sciences  ou  l'ordre  établi  dans  les  écoles  pour 
les  enseigner,   desc.  Méth.  il,   2.  Il  me  semblait 
n'avoir  fait  autre  profit,  en  tâchant  de  m'instruire, 
sinon  que  j'avais  découvert  de  plus  en  plus  mon 
ignorance;    et  j'étais  en  l'une  des  plus  célèbres 
écoles  de   l'Europe,  où   je  pensais  qu'il  devait  y 
avoir  de  savants  hommes,  s'il  y  en  avait  en  aucun 
endroit  de  la  terre,  id.  ib.  t,  6.  Il  y  en  eut  [des 
jirisonniers  suédois  transportés  en  Sibérie]  qui  en- 
seignèrent les  langues,   les  mathématiques;  ils  y 
■  iablircnt  même  des  écoles  publiques  qui,  avec  le 
l..-mps,  devinrent  si  utiles  et  si  connues,  qu'on  y 
'  iivoyait  des  enfants  de  Moscou,  volt.  Charles  XII, 
i.  Il  École  centrale,  nom  des  écoles  publiques  créées 
dans  chaque  département  par  la  Convention  en  1 796. 
Il  École  centrale  des  travaux  publics,  nom  primitif 
do  l'École  polytechnique,  en  (795.  {|  Aujourd'hui, 
École  centrale  des  arts  et  manufactures,  établisse- 
ment où  l'on  forme  des  ingénieurs  civils.  ||  École 
polytechnique,  école  où  l'on  donne  une  instruction 
générale  dans  les  sciences  mathématiques,  physi- 
ques et  chimiques  à  des  jeunes  gens  pour  les  pré- 
parer à  différents  services  publics,  civils  et  mili- 
taires. Il  Ecole  normale,  établissement  où  l'on  fornse 
les  jeunes  gens  pour  le  professoral  dans  les  lycées. 
Il  École  de  St-Cyr,  établissement  où  l'on  forme  des 
officiers  pour  l'infanterie  et  la  cavalerie.  ||  Écoles 
d'application,  nom  donné  en  général  aux  écoles 
spéciales  dans  lesquelles  ne  sont  admis  que  les  su- 
jets qui  ont  terminé  leurs  études  générales.  École 
d'application  du  corps  d'état-major,  école  destinée 
à  former  des  officiers  pour  le  service  de   l'état- 
major.  École  d'application  du  génie  maritime,  école 
destinée  à  former  des  ingénieurs  pour  la  construc- 
tion des  vaisseaux   et   les  travaux  de   la   marine. 
École  d'application  d'artillerie   et  du  génie,  école 
de  Metz  qui  ne  reçoit  que  des  jeunes  gens  sortant 
de  l'Êjole  polytechnique  et  qui  forme  des  officiers 
pour  l'artillerie  et  le  génie.  ||  École  des  arts  et  mé- 
tiers, établissement  où  l'on  enseigne  les  arts  méca- 
niques. Il  École   des     beaux-arts,    école   où    l'on 
enseigne  la  peinture,  la  sculpture   et  l'architec- 
ture. Il  En  parlant  du  vaisseau  sur  lequel  est  éta- 
blie l'école  de  marine,  on  dit  le  vaisseau-école.  11 
est  professeur  sur  le  vaisseau-école.  ||  3°  Le  local  où 
l'école  est  établie.  ||  4°  Par  extension,  tous  les  élèves 
d'une  école.  Toute  l'école  est  à  la  promenade.  ||  Les 
écoles,  les  élèves  des  écoles  de  droit,  de  médecine, 
polytechnique,  normale,  etc.  116°  Terme  militaire. 
Ecole  de  peloton,  école  de  bataillon,  les  exercices 
(le   peloton,   de  bataillon.  ||  6°  Fig.   Se  dit  de  ce 
qui  forme  ou  éclaire  par  l'expérience.  Trois  scep- 
tres conquis  Font  voir  à  quelle  école  il  ei^  a  tant 
appris,  CORN.  Nicom.  m,  2.  Et  ses  illustres  soins 
ouvraient   à    ses    sujets  L'école    de   la   guerre   au 
milieu  de  la  paix,  id.  Attila,  ii,  6.  Tous  les  in- 
grats iront   en   foule   à   votre   école.   Puisqu'on   y 
devient  quitte  en  payant  de  parole,  id.  Théodore, 
l,  2.  C'est  une  école  que  votre  conversation,  et  j'y 
viers  tous  les  jours  attraper  quelque  chose,    mol. 
Comt.  d'Escarb.  )).  Ohl  le  bel  argutuent  digne  de 
leur  école l   hoil.  Ép.  xii.  La  cour  fut  pour  lui  une 
école  de  sagesse  et  de  vertu,  bouhoubs,  Auhusson, 
liv.  I,  dans  bichelet.  Les  plaisirs  publics  sont  de- 
venus des  écoles  de  lubricité,  mass.  Carême,  Élus. 
Il  n'est  pas  étonnant  queCarihage,  partie  de  la  pre- 
mière école  du  monde  pour  le  commerce,  je  veux 
dire  de  Tyr,  y  ait  un  succès  si  prompt  et  si  con- 
stant, EOLLiN, //is(.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  2(1,  dans 
fOUOENS.  Dans  l'école  du  crime  et  dans  l'art  des  ty- 
rans, VOLT.  M.  de  Ces.  m,  7.  Je  me  console  de  mon 
ii-norance  par  la  pensée  que  cette  terre  sur  laquelle 
(.us  rampons  n'est  que  l'école  destinée  à  nous  four- 
nir les  premiers  rudiments  de  la  science,  bonnet, 
iitt.  div.  Œuvres,  t.  xii,    p.   426,  dans  pouuens. 
k  l'école  des  mœurs  et  de  la  pauvreté.  J'ai  senti  le 
bienfait  de  mon  adversité,  docis,  Abufar,  i,  5.  De 
nos  jours,  après  la  commotion  terrible  de  la  France, 
une  intelligence  politique  nous  a  été  donnée   par 
«ette  rude  école  des  événements,  villem.  Litt.  franc. 
iviii*  siècle,   2*  part.  4«  leç,  ||  L'école  du   monde, 
l'expérience  et  les  manières  que  donne  le  monde, 
la  société.  Sainville  a  grand  besoin  de  l'école  du 
'oonde,  lachaussee    Gouv.  î,  2.  ||  Familièrement. 


ECO 

Être  à  l'école  do,  vivre  au  milieu  de  gens  sur  les- 
quels on  se  règle.  On  juge  bien  qu'étant  t  telle 
école  [chez  des  religieuses],  Point  ne  manquait 
du  don  de  la  parole  L'oiseau  disert....  gresset, 
Vert-Vert,  ii.  ||  Être  à  bonne  école,  être  sous  la  di- 
rection d'une  personne  habile.  Il  faut  qu'on  vous 
ait  mise  à  quelque  bonne  école,  mol.  Éc.  des  f. 
V,   4.  Il  On    dit   par  opposition,   être  à  mauvaise 

école Ma  foi,  tant  pis  pour  vous;   Je  ne  m'y 

connais  pas,  ou  bien,  sur  ma  parole,  Vous  êtes  là, 
m'amie,  en  très-mauvaise  école,  regnard,  ife'iiechr/i. 
Il,  3.  Il  II  s'est  dit  pour  maître  ou  maîtresse.  Que  j'ap- 
prenne, si  vieux,  d'une  si  jeune  école,  eotrou, 
Antigone,  iv,  6  ||  1'  Manière,  ton  d'écolier;  ma- 
nières gauches,  pôdantes.  Il  .sent  l'école.  Ce  visage 
et  ce  port  n'ont  point  l'air  de  l'école,  corn.  Ment. 
I ,  H .  Momus  a  pris  pour  adjoints  Des  rimeurs  d'école , 
BÉRANG.  Gaudr.  118"  Enseignement  de  la  théologie 
et  de  la  philosophie  suivant  la  méthode  et  les  prin- 
cipes des  écoles  du  moyen  âge.  Saint  Thomas  d'Aquin 
est  appelé  l'ange  de  l'école.  J'userai,  s'il  vous  pLît, 
librement  des  mots  de  l'école,  desc.  Méth.  iv,  4. 
Philippe  Auguste  aima  les  lettres,  accueillit  et  pro- 
tégea les  savants;  les  écoles  de  Paris  devinrent  cé- 
lèbres; on  y  accourut  des  provinces  et  des  pays 
étrangers,  st-foix,  Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  m, 
p.  <6.  Il  II  se  dit  aussi  dans  un  sens  plus  général  de 
l'ensei^-nement  oral  ou  même  écrit.  Le  langage  de 
l'école.  Écoute  donc,  mon  fils,  écoute  mes  paroles; 
Elles  passent  de  loin  cet  orgueilleux  savoir,  Que  la 
philosophie  étale  en  ses  écoles,  corn.  /mil.  m,  3. 
Il  Combats  d'école,  lutte  entre  docteurs  sur  des 
points  de  doctrine.  Il  a  laissé  tonner  dans  leurs 
chaires  frivoles  Les  chefs  impérieux  de  ces  combats 
d'écoles,  LEMiEBRE,  Bamevelt,  i,  2. 119"  Secte  ou 
doctrine  de  quelque  philosophe  ou  docteur  célèbre. 
L'école  de  Platon,  d'Aristote.  L'école  d'Hippocrate. 
11  sortit  de  l'école  de  l'yihagore  d'illustres  disciples 
qui  firent  un  honneur  infini  à  leur  maître,  eollin, 
Hist.  anc.  Œ^uvres,  t.  m,  p.  473,  dans  pougens. 
Il  10°  Caractère  commun  à  des  œuvres  d'art,  de  lit- 
térature ou  de  science.  L'école  classique.  L'école 
romantique.  L'école  de  Port-Royal.  L'école  de  Vol- 
taire. Il  Ecole  flamande,  école  d'Italie,  école  fran- 
çaise, etc.  suite  de  peintres  célèbres  qui  ont  tra- 
vaillé dans  le  goût  de  ces  pays,  et  dont  la  plupart 
étaient  Flamands,  Italiens,  Français,  etc.  ||  Faire 
école,  se  dit  d'un  homme  de  lettres,  d'un  artiste 
dont  le  genre  ou  la  maajère  ont  des  imitateurs. 
il  En  termes  de  musique.  Il  y  a  de  l'école  dans  ce 
choeur.  C'est  un  morceau  d'école.  ||  11°  École  histo- 
rique, manière  d'écrire  l'histoire  où  l'on  cherche 
surtout  à  déduire  les  causes  et  l'enchaînement  des 
événements,  la  suite  des  institutions  et  l'état  des 
moeurs,  par  opposition  à  école  descriptive,  laquelle 
s'occupe  surtout  de  raconter.  En  Angleterre,  l'école 
historique  éprouvait  le  besoin  de  donner  à  toutes 
choses,  non  pas  la  régularité  formaliste  du  dix- 
septième  siècle,  mais  une  sorte  de  justesse  phi- 
losophique, viLLEMAiN,  Litt.  franc,  xviii*  siècle, 
2'  part.  4"  leç.  ||  École  historique,  opinion  qui  veut 
faire  prévaloir  dans  la  politique  les  données  de 
l'histoire.  École  historique,  se  dit  souvent  par  op- 
position à  école  rationaliste  ou  école  philosophi-- 
que.  Il  12°  Terme  de  manège.  Ce  cheval  a  de  l'école , 
il  a  été  dressé  au  manège.  ||  Basse  école,  les  exer- 
cices par  lesquels  les  élèves  apprennent  à  monter 
à  cheval.  ||  Haute  école,  les  exercices  de  la  voltige. 
Il  Cheval  hors  d'école,  cheval  qui  a  oublié  son  exer- 
cice. Il  Pas  d'école,  allure  employée  pour  modérer 
l'ardeur  d'un  jeune  cheval.  ||  13°  Terme  de  trictrac. 
Faire  une  école,  oublier  de  marquer  les  points  que 
l'on  gagne,  ou  en  marquer  mal  à  propos.  Il  jouait 
tout  de  travers,  écoles  sur  écoles,  Dieu  sait,  hamilt. 
Gramm.  lu.  Une  école  maudite  Me  coûte  en  un  mo- 
ment douze  trous  tout  de  suite,  eegnard,  le  Joueur, 
i,  4.  Il  Mettre  à  l'école,  marquer  l'école,  marquer 
pour  soi  les  points  que  l'aiiversaire  a  oublié  de  mar- 
quer ou  a  maripiés  de  trop.  On  ne  compte  pas,  on 
ne  marque  pas  l'école  de  l'école,  c'est-à-dire  que, 
si  l'adversaire  a  oublié  de  marquer  une  école,  on 
ne  peut  pas  compter  cette  école.  ||  Fig.  Il  a  fait  une 
école,  il  a  fait  une  faute  de  conduite.  En  l'accusant 
aussi,  moi,  j'ai  fait  une  école,  picard,  Médiocre  et 
rampant,  m,  9.  ||  Par  exclamation.  Quelle  école I 
c'est-à-dire,  quelle  sottise!  ||  Proverbe.  On  est  savant 
quand  on  revient  de  l'école,  c'est-à-dire  celui  qui 
vient  de  recevoir  une  information,  un  renseigne- 
ment, ne  commet  plus  la  faute  qu'il  commettait 
auparavant. 

—  HlST.  XI*  s.  Puis  ad  escole  li  bons  pedre  [père] 
le  mist,  Saint  Alexis,  vu.  ||  ïiii"  s.  Bêle,  nous  nous 
entra'mions.  Quant  à  l'cscole  aprenions.  Romane, 


ECO 


1287 


p.  62.  [Sainte  Elisabeth]  Escole  fu  de  bannes  mors 
[moeurs]  ;  Examples  fu  de  penitance ,  Et  droiz  mi- 
reors  [miroir]  d  ignorance,  ruteb.  u,  467.  H.scolei 
porriez  tenir,  Et  riches  homes  devenir,  Ren.  2ii37. 
Moult  soi,  fist-ele,  à  bonne  escole,  Quant  de  mon  ami 
oi  [j'entends]  parole,  la  Rose,  2691.  Car  Platon  di- 
soit  en  s'escole  Que  donnée  nous  fu  parole  Por  eusei- 
gnier  et  por  aprendre,  ib.  7i3t.  Si  n'avoit  aillors 
grans  escoles  De  roicliaus  [roitelets]  et  torteroles, 
De  chardonneraus,  d'arondeies,  th.  661.  Li  roisres- 
pont  :  Por  vostre  amor  Ferai  aprendre  lilancheflor. 
Es-les-vous  aiideus  [les  voilà  tous  deux]  à  escolo, 
FI.  et  Bl.  2IB.  Il  xjv"  s.  Bien  pert  [paraît]  à  son 
parler  qu'il  fut  à  bonne  escoule,  Girart  de  Ross.  ï. 
1391.  Il  XV"  s.  Philippe  [d'Artevelle]  retint  bien  de 
son  escole  et  de  sa  doctrine  [de  Piètre  du  Bois];  car 
il  n'ot  mie  esté  longuement  dans  l'office  de  gouver- 
ner Canil,  quand  il  en  fit  tuer  et  décoller  devant  lui 
douze,  FRoiss.  Il,  II,  121.  Il  xvi's.  Je  ne  sache  point 
meilleure  eschole  que  le  voyager,  mont,  iv,  io4. 

—  ÉTYM.  Wallon,  sicoll,  sukall;  provenç.  fsco/a; 
espagn.  escuela;  ital.  scuola;  du  latin  schnla,  du 
grec  ffX°W,  temps  de  loisir,  de  repos,  et,  par  suite, 
temps  donné  aux  travaux  d'esprit.  C'est  par  elli[ise 
qu'on  a  dit  école  au  trictrac  pour  exprimer  la  faute  : 
l'expression  pleine  était  envoyer  d  fécole,  parce 
que,  les  coups  étant  très-variés  à  ce  jeu,  il  faut 
avoir  une  très-grande  habitude  pour  ne  rien  ou- 
blier. On  a  dit  ensuite  école  pour  l'oubli  qui  faisait 
renvoyer  d  l'école,  puis  faire  une  école,  compter 
une  école,  l'école  de  l'école,  etc.  de  là  le  mot  a 
passé  dans  le  langage  général. 

ÉCOLIER,  IEKE  (é-ko-lié,  liê-r'),  s.  m.  et  f.  ||  1°  Ce- 
lui ou  celle  qui  va  à  l'école,  qui  est  dans  un  établis- 
sement d'instruction.  Le  maître  et  les  écoliers.  C'est 
une  de  ses  bonnes  écolières.  Je  hais  les  pièces  d'é- 
loquence Hors  de  leur  place  et  qui  n'ont  point  de 
fin;  Et  ne  sais  bêle  au  monde  pire  Que  l'écolier,  si 
ce  n'est  le  pédant,  la  font.  Eabl.  ix,  6.  Jeune  et 
charmante  Deshoulières,  Naguère  entre  les  écoliè- 
res. Et  maintenant,  depuis  le  prix,  Maîtresse  entre 
les  beaux  esprits,  benserade  ,  dans  l'oésies  de 
Deshoulières,  t.  ii,  p.  2i7.  ||  Tour,  malice  d'éco- 
lier, espièglerie.  ||  Faute  d'écolier,  faute  grossière. 
Ce  général  a  fait  une  faute  d'écolier.  ||  Prendre 
le  chemin  des  écoliers,  le  chemin  le  plus  long, 
s'amuser  en  route.  ||  Fig.  Je  ne  te  réponds  pas 
qu'au  retour,  moins  timide.  Digne  écolière  enfin 
d'Angélique  et  d'Armide,  Elle  n'aille  à  l'instant, 
pleine  de  ces  doux  sons.  Avec  quelque  Mèdor  pra- 
tiquer ces  leçons,  boil.  Sat.  x.  Son  grand  bonheur 
[de  Newton]  a  été  non-seulement  d'être  né  dans  un 
pays  libre,  mais  dans  un  temps  où,  les  imperti- 
nences scolastiques  étant  bannies,  la  raison  seule 
était  cultivée;  le  monde  ne  pouvait  être  que  son 
écolier,  et  non  son  ennemi,  volt.  Dict.  phil.  New- 
ton. Il  2°  Par  extension,  personne  peu  experte  dans 
son  art.  Ce  n'est  qu'un  écolier.  Il  est  encore  éco- 
lier. Un  poSme  excellent  où  tout  marche  et  se 
suit....  Jamais  d'un  écolier  ne  fut  l'apprentissage, 
boil.  Art  p.  m.  ||  3"  Nom  qu'on  donnait  aux  étu- 
diants qui  fréquentaient  les  universités  du  moyen 
âge.  Il  Le  titre  d'écolier  se  portait  dans  le  monde. 
Seigneur  écolier,  je  viens  d'apprendre  que  vous 
êtes  le  seigneur  Gil  Blas  de  Santillane,  lesage,  6't{ 
Blas.[H'  Adj.  Terme  de  commerce.  Papier  écolier, 
sorte  de  papier  qui  sert  aux  écoliers.  ||  Proverbe. 
Les  écoliers  ont  passé  par  là,  se  dit  dans  certaines 
parties  de  la  Normandie,  quand  un  grand  vent  a 
fait  des  dégiits,  par  allusion  aux  dégâts  que  font  les 
écoliers  non  surveillés. 

—  REM.  Autrefois  écolier  se  disait  de  tous  ceux 
qui  recevaient  l'enseignement,  soit  élémentaire,  soit 
supérieur  :  les  écoliers  de  l'université.  Aujourd'hui 
il  ne  se  dit  plus  que  des  élèves  des  lycées  ou  col- 
lèges et  des  écoles  élémentaires.  Pour  les  autres  on 
dit  étudiants  ou  élèves  :  les  élèves  ou  étudiants  en 
droit,  en  médecine;  les  élèves  de  l'Ecole  polytech- 
nique, de  l'École  normale,  etc. 

—  HlST.  xir  s.  Escoler  [habile]  fu  en  la  loi  pae- 
nie  [religion  païenne],  Ronc.  p.  26.  ||xiv  s.  Certes 
avarice  a  motilt  d'escoliers,  Ménagier,  i,  3.  ||  xv"  s. 
Pire  ne  trouverez  que  escouliers,  leroui  de  lincy, 
Prov.  t.  Il,  p.  128.  Le  maistre  apprent  en  apprenant 
son  escolier,  Perceforesi,  t.  ii,  f"  36.  De  bon  mais- 
tre se  part  voulenliers  bon  escolier,  et  le  bon  fruict 
de  bonne  ente,  ib.  t.  i,  !°  m.||xvi's.  Cela  sent 
son  escolier  latin  [c'est-à-dire  c'est  un  homme  gros- 
sier], FAUCH.  Lnng.  et  poés.  fr.  p.  36,  dans  lacl'kne. 
Belistres  que  le  commun  peuple  de  ce  pays  là  ap- 
pelle escolliers  errans,  JVuiM  de  Straparole,  t.  u, 
p.  .191.  À  l'escoliere  [par  ignorance],  oudin. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  sicoli;  piovenç.  et  espagn.  es- 


■ 


1288 


ECO 


colar;  catal.  escold;  ital.  scolaro;  du  latin  scholarit, 
de  tchola,  école. 

t  ÉCOLLAGK  (é-ko-Ia-j'),  «•  "»•  Terme  de  tanne- 
rie. .Synonyme  d'écharnement  des  peaux. 

f  ÉCOIXETÉ,  EE  (é-ko-le-té,  tée),  ad).  Terme 
d'orfèvrerie.  Se  dit  des  ouvrages  échancrés,  arron- 
dis et  étrécis  qui  ne  srnt  pas  à  pans. 

t  ÉCOLLETER  (6-ko-le-té.  Le  t  se  double  quand 
la  .syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'écollctte),  v.  a. 
Élargir  au  marteau  une  pièce  dont  le  haut  a  la  forme 
et  le  profil  d'un  vase. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉCOLLETTE. 

t  ÊCOLLETrE  (é-ko-lè-f),  s.  f.  Terme  d'orfèvre. 
Diminution  dans  la  circonférence. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  collet. 
ÉCONDUIRE   (é-kon-dui-r') ,   «.  o.    Se    conjugue 

comme  conduire.  |{  l'Éloigner  avec  plus  ou  moins  de 
ménagement  quelqu'un  de  chez  soi,  d'une  société. 
On  réconduisit  de  cette  société  dans  laqueUe  il  s'é- 
tait glissé.  Ne  manque  pas  d'éconduire  tous  ceux  qui 
se  présenteront,  picard,  Provine.  à  l'aris,  iv,  6. 
112°  Par  extension,  se  défaire  par  quelque  adresse 
d'une  personne  qui  nous  demande  quelque  chose. 
Éconduire  un  lion  rarement  se  pratique,  la  font. 
Fabl.  IV,  <2.  Le  roi  [Philippe  V]  l'en  éconduisit 
[M.  de  Savoie,  du  souper]  par  des  excuses,  sous 
prétexte  que  ses  officiers  n'étaient  pas  arrivés,  ST- 
siM.  <07,  Hi).  En  plaisantant  ainsi,  vous  croyez 
m'éconduire,  nu  fbény,  Mariage  fait  et  rompu,  m, 
a.  Impudents,  toujours  pleinsd'un  espoir  téméraire, 
Qu'on  éconduit  toujours  sans  pouvoir  s'en  défaire, 
LA  CHAUSSÉE,  FréjuQ.  à  la  mode,  iv,  4.  {{  Proverbe. 
Vous  ne  serez  pas  battu  et  éconduit  tout  à  la  fois, 
se  dit  pour  encourager  quelqu'un  à  faire  une  de- 
mande. 

—  MIST.  xv  s.  Nul  de  ceste  faulte  ne  se  peust  es- 
conduire  [excuser],  Perceforesl,  t.  iv,  f"  Ma.  Le  dit 
evesque  considérant  que  bonnement  il  ne  se  povoit 
esconduire  n'excuser,  qu'il  ne  fait  assistance  et  ayde 
à  ceux  de  son  pays,  monsthel.  t.  ii,  f»  60,  dans 
LACUBNE.  Il  XVI*  S.  L'emperour  luy  fist  option  de 
choisir  ce  que  plus  en  Rome  luy  plairoyt,  avecques 
promesse  jura  de  non  l'esconduyre ,  quoique  il  de- 
mandast,  rab.  Pont,  m,  <9.  Allons-y  ensemble,  je 
vous  supplye  ne  me  esconduire,  je  vous  seray  ung 
Achates,  ID.  ib.  m,  47.  Do  ceulx  les  prières  n'ont 
jamais  esté  esconduictes  qui  ont  médiocrité  requiz, 
ID.  ih.  IV,  iVouu.  proi.  Il  avoit  esté  assez  honteuse- 
ment esconduit  de  sa  requeste,  amyot.  Thés.  46. 

—  ÊTYM.  Si  on  lit  l'historique,  on  verra  que  éco/n^ 
duire  n'a  nulle  part  le  sens  de  conduire  hors,  et 
qu'il  signifie  toujours  s'excuser,  refuser.  On  remar- 
quera aussi  que  l'historique  ci-dessus  ne  le  donne 
qu'à  partir  du  xv*  sitcle;  si  ce  verbe  existe  anté- 
rieurement, il  est  extrêmement  rare;  mais  en  place 
se  trouve,  dans  l'usage  le  plus  général  et  le  plus 
fréquent,  escondire  qui  signifie  refuser  et  qui  a  éty- 
mologiquementce  sens,  venant  de  ex-condicere ,  se 
défaire  par  des  paroles.  Escondire  existe  aussi  dans 
le  provençal  qui  n'a  pas  éconduire,  raison  de  plus 
pour  croire  qu'éconduire  est  une  altération  d'escon- 
dire,  altération  produite  par  une  fausse  assimila- 
tion de  sens  et  de  forme.  Mais,  une  fois  l'assimila- 
tion faite,  éconduire  a  pris  le  sens  de  conduire  hors, 
qui  lui  appartient  légitimement,  tandis  que  celui  de 
se  défaire  par  des  excuses,  qui  lui  a  été  attribué, 
ne  lui  appartient  pas  et  apiiartient  à  l'autre  verbe, 
à  escondire.  Si  la  langue  n'avait  pas  commis  cette 
fautive  confusion,  elle  aurait  gardé  eicondire  pour 
se  défaire  par  .des  paroles,  et  créé  éconduire  pour 
écarter,  éloigner.  C'est  une  règle  beaucoup  plus 
étendue  qu'on  ne  le  croirait,  que  des  mots  se  con- 
fonder.J  ainsi  avec  d'autres,  et  que  nous  nous  ef- 
forçons d'y  trouver  ou  d'y  créer  des  analogies  qui 
permettent  de  rapporter  le  mot  à  la  racine  appa- 
rente, bien  qu'il  y  soit  tout  à  fait  étranger  à  l'o- 
rigine. 

t  ÉCONDUISEUR  (é-kon-dui-zeur),  t.  m.  Celui  qui 
a  l'habitude  d'éconduire,  de  refuser.  Voysin  était 
un  homme  à  peine  visible  et  fâché  d'être  vu,  re- 
frogné,  éconduiseur,  qui  coupait  la  parole,  st-sim. 

Ï36,    «44. 

—  ÉTYM.  Éconduire. 

ÉCONDUIT,  DITE  (é-kon-dui,  dui-t"),  part,  passé 
do  éconduire.  ||  1"  Éloigné,  écarté.  Econduit  d'un 
salon  où  il  était  devenu  suspect.  ||  8°  Dont  on  s'est 
défait  par  quelque  excuse.  Se  voyant  éconduit  et 
moqué,  il  ne  garde  plus  de  mesure,  le  comte  de 
Bussi,  dans  ricuelet.  Pourquoi  vous  regardez-vous 
comme  éconduit  [en  disgrâce]?  sév.  4H.  Éconduit, 
il  insiste;  repoussé,  il  tieut  bon;  qu'on  le  chasse, 
Il  revient;  qu'on  le  batte,  il  se  couche  &  terre, 
P.  L.  cour.  Simple  discours. 


tco 

t  ÉCONDUITE  (é-kon-dui-f),  s.  f.  Action  d'écon- 
duire, de  refuser.  Une  éconduile  polie,  mais  slche 
aux  premières  femmes  qui  voudraient  tenter  cette 
familiarité  [tirer  à  part  le  duc  d'Orléans],  empêchera 
sûrement  qu'aucune  s'y  hasarde,  st-sik.  3»9,  43. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Esconduite,  pasquier,  Lettres, 
t.  II,  p.  348,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Éconduit.  Esconduite  ne  doit  pas  re- 
monter plus  haut  que  esconduire.  Dochez  cite  cette 
phrase  de  Froissart  :  11  convient  que  de  vous  je  sois 
aimé,  nulle  esconduite  ne  m'en  pourroit  osier.  La- 
citation  est  inexacte;  le  texte  porte:  Car  nul  escon- 
dit  ne  m'en  pourroit  oster,  i,  i,  <66,  ce  qui  rentre 
dans  l'ancien  verbe  escondire. 

ÉCONOMAT  (é-ko-no-ma;  le  t  ne  se  lie  pas), t. m. 
Il  1°  Charge,  office  d'économe.  L'économat  d'un  col- 
lège. Il  Bureaux  de  l'économe.  Commis  d'économat. 
Il  2°  Administration  des  revenus  d'un  bénéfice  con- 
sistorial  pendant  la  vacance.  L'économat  de  mes 
abbayes  étant  censé  tenu  de  la  plus  grande  rigueur 
des  lois,  je  croyais  être  obligé  en  conscience  d'en 
prendre  l'administration,  retz,  i,  7.  Pour  être  éco- 
nome de  quelque  bénéfice,  H  faut  avoir  des  lettres 
d'économat  du  roi,  fkvret.  De  l'abus,  i,  8,  dans 
RiCHELET.  Louis  XIV  Confia  à  Pelisson  le  revenu  du 
tiers  des  économats,  volt.  Louis  XIV,  36.  ||  Bureau 
établi  pour  l'administration  des  bénéfices  vacants 
qui  étaient  à  la  nomination  du  roi. 

—  ÊTYM.  Économe,  et  la  terminaison  at,  qui  in- 
dique l'état,  la  profession. 

t.  ÉCONOME  (é-ko-no-m'),  s.  m.  ||  1*  Celui  qui 
est  chargé  de  la  dépense  d'une  maison,  de  l'adminis- 
tration du  matériel  d.ins  une  grande  maison.  L'é- 
conoma  des  invalides.  L'économe  d'un  lycée,  d'un  col- 
lège, d'un  hôpital.  ||  Fig.  Le  ciel  nous  envoya,  dans  ces 
temps  corrompus.  Le  sage  et  doux  pasteur  des  brelis 
de  Fréjus  [le  cardinal  Fleuri],  Économe  sensé,  ren- 
fermé dans  lui-même,  Et  qui  n'affecta  rien  que  le 
pouvoir  suprême,  volt.  Ép.  xcv.  ||  S.  m.  et  f.  Reli- 
gieux ou  rehgieuse  qui  a  soin  de  la  dépense  de  la 
maison.  Le  père  économe.  La  mère  économe.  On 
regarde  les  revenus  de  l'Église  comme  des  biens  à 
soi  ;  je  vous  prouverai  que  vous  n'en  êtes  que  les 
économes,  mass.  Confér.  Revenus  ecclés.  ||  2°  Celui 
qui  était  autrefois  nommé  par  le  roi  pour  adminis- 
trer les  revenus  d'un  évêché,  d'une  abbaye,  etc. 
pendant  la  vacance.  |{  3°  Économe  séquestre,  celui 
entre  les  mains  de  qui  on  mettait  des  biens  en  sé- 
questre. 

—  HIST.  xiv*  s.  Et  cuidon  ou  dison  que  teuli  [tels] 
sont  bons  yconomes  et  bons  politiques,  oresme, 
Eth.  <76.  Yconome,  celui  qui  ordene  et  dispense  les 
choses  appartenans  à  un  hostel  ou  à  une  maison, 
ID.  Thèse  de  meunier.  ||  xvi*  s.  Ny  plus  ny  moins 
que  l'on  voit  un  bel  arbre  que  le  vent  ébranle,  et 
l'a  à  demy  penché;  vient  quelque  bon  œconome  ou 
hortolan,  qui  le  vient  appuyer,  et  dure  quelque 
temps  et  produit  du  fruit,  brant.  Cap.  franc,  t.  i, 
p.  68,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  œconomxis,  du  grec  oixovô(j.oç,  de 
oTno;,  maison  (oTxoç  est  le  même  que  le  latin  ficus, 
d'oii  f  ICI  nus,  voy.  voisin),  et  de  v6|ao;,  adminis- 
tration. On  remarquera  que  Oresme  écrit  yconoine, 
ce  qui  est  la  prononciation  de  la  syllabe  grecque  oi. 

2.  ÉCONOME  (é-ko-no-m'),  adj.  Qui  sait  épargner 
la  dépense.  Un  homme,  une  femme  économe. ||  Fig. 
Être  économe  de  louanges,  de  paroles,  louer  peu, 
parler  peu.  ||  Substantivement.  Le  plus  riche  des 
hommes,  c'est  l'économe,  le  plus  pauvre  c'est  l'a- 
vare, CHAMFORT,  dans  le  Dicl.  de  poitevin. 

—  REM.  Il  se  met  toujours  après  le  substantif;  un 
ministre  économe. 

—  ÊTYM.  Économe  t. 

ÉCONOMIE  (è-ko- no-mie),  s.  f.  ||  1*  Bon  ordre 
dans  la  conduite  et  l'administration  de  tout  établis- 
sement qui  s'alimente  par  la  production  et  la  con- 
sommation. L'économie  est  le  jugement  appli(jué 
aux  consommations,  j.  b.  say.  Traité,  *6H,  p.  455. 
L'économie  ne  veut  rien  consommer  en  vain;  l'ava- 
rice ne  veut  rien  consommerdu  tout,iD.»6.  {{  Écono- 
mie domestique  ou  privée,  administration  d'un 
ménage  privé,  d'une  maison.  C'est  une  erreur  dans 
l'économie  domestique,  ainsi  que  dans  la  civile, 
que....  J.  J.  Rouss.  Uél.  iv,  10.  L'économie  privée 
nous  enseigne  à  régler  convenablement  les  consom- 
mations de  la  famille  ,j.  b.  say, rroil^,  4sn  ,  p.  453. 
Il  Économie  rurale ,  l'ensemble  des  règles  et  des 
moyens  qui  font  obtenir  de  la  terre  la  plus  grande 
somme  de  produits,  aux  moindres  frais,  et  pendant 
un  temps  indéterminé ,  ainsi  que  les  principes  qui  doi- 
vent guider  dans  l'emploi  de  ces  produits.  ||  Écono- 
mie poUtique,  science  qui  traite  de  la  production, 
de  la  distribution  et  do  la  coosommatioD  des  ri- 


ECO 

chesses.  Traité  d'économie  politique.  Il  a  quitté  l 
théologie  pour  l'histoire,  comme  vous  pour  l'éco- 
nomie pohtique,  volt.  Lett.  Merellet,  U  juillet  )7«!). 
L'économie  politique  regarde  les  intérêts  de  quelque 
nation  que  ce  soit,  ou  de  la  société  en  général, 
J.  B.  SAY,  Court,  <840,  t.  u,  p.  510.  L'économiB 
politique  n'est  pas  autre  chose  que  l'économie  de  la 
société,  iD.ti).  1. 1,  p.  4.  Il  L'économie  politique  parait 
avoir  désigné  anciennement  la  politique  théorique, 
ce  qui  a  rapport  à  la  constitution  intérieure  et  exté- 
rieure des  États,  Trotl^  d'économie  politique,  par 
A.  DE  mont-ciibestien,  Roueu,  4615.  ||  Économie 
publique  ou  nationale,  observations  et  règles  qui 
concernent  les  intérêts  d'une  nation  considérée  en 
particulier,  jj  Économie  sociale,  l'ensemble  des  con- 
ditions morales  et  matérielles  des  sociétés.  Se  dit 
aussi  pour  économie  politique.  ||  Économie  indus- 
trielle, l'ensemble  des  moyens  et  des  règles  de  U 
production  industrielle.  L'économie  industrielle, 
qui  n'est  que  l'application  de  l'économie  poUliquo 
aux  choses  qui  tiennent  à  l'industrie,  J.  b.  sat, 
Cours,  1840,  t.  i,  p.  34  II  Économie  charitable, 
étude  des  règles  pratiques  de  la  chanté  et  de  l'or- 
ganisation des  institutions  de  bienfaisance.  ||  2?  Fig. 
Bon  emploi  d'une  choso  quelconque,  Ce  n'est  pai 
assez  d'avoir  de  grandes  qualités;  il  faut  en  avoir 
l'économie,  LA  ROCHEF.  /(<-/7m.  <59.  ||  3*  Epargne 
dans  la  dépense.  On  met  dans  les  finances  un  lieux 
prodigue  qui,  en  sa  jeunesse,  a  fait  cession  de 
biens,  mais  qui  parle  admirablement  de  l'écono- 
mie, BALZ.  Arist.  ou  de  la  cour,  Disc.  2.  Je  le 
trouve  original  sur  l'économie,  sév.  3)7.  Une  grosse 
chère,  une  petite  économie,  hamilt.  Cramm.  't. 
Comme  la  perte  au  jeu  allait  à  des  sommes  asseï 
fortes,  elle  déplut  à  l'économie  de  M.  Colbert,  qui  en 
parla  au  roi,  même  avec  quelque  soupçon,  fonteb. 
Dangeau.  J'appellerais  volontiers  l'économie  la  ao- 
conde  providence  du  genre  humain,  mibabeau.  Col- 
lection, t.  V,  p.  410.  Les  biens  qu'acquiert  une  utile 
industrie.  Ou  ceux  que  la  vertu  doit  à  l'économie, 
M.  J.  CHÉN.  Gracques,  u,  3.  Mais  vivre  en  tout  d'é- 
conomie. Moins  prodiguer  et  mieux  jouir....  Mes 
amis,  ce  n'est  pas  vieillir,  bérano.  Vieillesse. 
Il  Économie  de  bouts  de  chandelle,  voy.  cha»- 
delle.  Il  Construire ,  exécuter  des  travaux  par 
économie,  construire  sans  l'intervention  d'un  en- 
trepreneur, en  traitant  directement  avec  les  ouvriers 
et  les  fournisseurs.  ||  Le  résultat  de  l'épargne,  l'ar- 
gent mis  de  côté.  Faire  des  économies.  |  4*  Arran- 
gement réciproque  et  concourant  des  parties  d'un 
ensemble,  soit  matériel,  soit  intellectuel.  Il  n'est 
pas  juste  que  tout  un  corps  souffre  et  que  sin 
économie  soit  troublée  pour  mettre  quelqu'un  de 
ses  membres  plus  à  son  aise  que  les  autres,  vau- 
BAN,  Dlme,  p.  107.  L'économie  d'une  pièce  de 
théâtre,  rac.  Déd.  de  Britann.  Rien  ne  vous  est 
caché  de  l'économie  des  corps,  la  bru  y.  xiv.  Tout 
est  disposé  dans  l'univers  avec  une  économie  digne 
de  l'auteur  de  la  nature,  mass.  Carême,  Prosp.  Ce 
qu'on  admire  dans  Démosthène,  c'est  le  plan,  la 
suite,  l'économie  du  discours,  rollin.  Traité  des 
Et.  liv.  IV,  ch.  1.  Je  ne  connais  d'erreurs  capitales 
en  physique  que  celles  qui  nous  donnent  une  fausse 
économie  de  la  nature,  volt.  Uem.  sur  un  ouv.  de 
phys.  La  division  de  l'Église  universelle  en  diverses 
sections  ou  diocèses  est  une  économie  d'ordre  et  de 
police  ecclésiastique,  Mirabeau,  Collection,  t.  iv, 
p.  .•i42.  Il  L'économie  présente,  le  monde  tel  qu'il  est 
constitué.  L'âne  est  placé  dans  l'économie  présente 
bien  au-dessus  de  l'araignée,  et  il  conservera  dans 
un  autre  état  la  prééminence  qu'il  a  sur  elle,  Bon- 
NET,  Palingénés.  u*  part.  ch.  3.  ||  L'ancienne  éco- 
nomie, s'est  dit  quelquefois  pour  l'ancienne  loi, 
l'ancien  testament.  Il  y  avait  eu  sous  l'ancienne  éco- 
nomie des  miracles  ou  des  signes  d'une  très-trande 
publicité,  ID.  ib.  (»*  part.  ch.  7.||6*  Ensemble  des 
parties  qui  constituent  l'homme  ou  les  animaux; 
l'ensemble  des  lois  qui  régissent  l'organisation  des 
animaux  et  des  végétaux.  Le  moindre  vaisseau  qui 
se  rompt  ou  qui  se  bouche,  interrompant  le  cour» 
du  sang  et  des  humeurs,  ruine  l'économie  de  tout 
le  corps,  NICOLE,  Ess.  de  vior.  t"  traité,  ch.  4.  Lé- 
tude  profonde,  que  M.  Duhamel  avait  faite  de  l'éco- 
nomie végétale,  lui  avait  montré  entre  les  plantes 
et  les  animaux  une  foule  d'analogies  frappantes, 
coNDOBCET,  Dithomel. 

—  HIST.  XIV*  s.  ïconomie  est  art  de  gouverner 
ung  hostel  et  les  appartenances  pour  acquérir  ri- 
chesses, ORESME,  Eth.  )(.  Il  XV*  s.  Semences  ne  m 
manient  mie.  L'homme  n'en  sçait  œconomie,  Traiii 
d'alchim.  832.  jj  xvi*  s.  Feraulez,  qui  sentoit  poiseï 
sur  ses  espaules  l'importunité  de  l'œconomie,  ainsi 
qu'elle  faict  à  moy,  mont,  i,  3|7. 


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1289 


I 


—  Ë7  m.  Lat.  ceconomia,  du  grec  olxovo(iîa  (voy. 

économe). 

ÉCONOMIpPE  (é-ko-no-mi-k'),  adj.  \\  1"  Qm  con- 
cerne l'ailministration,  le  ménage  d'une  maison, 
d'une  exploilation.  {|  Écrivain  économique  s'est  dit 
autrefois  pour  économiste,  seul  usité  aujourd'hui. 
Il  2"  Oui  réduit  les  frais,  la  dépense.  Cheminée  éco- 
nomique. Procédé  économique.  |{  Oui  coûte  peu  de 
frais.  Chauffage  économique.  ||  3"  S.  f.  L'économi- 
que, ce  qui  concerne  le  gouvernement  d'une  fa- 
mille, d'un  État.  C'est  une  rtgle  d'économicpie  aussi 
bien  que  de  politique.  Peu  usité.  ||  L'Économique, 
titre  d'un  traité  de  Xéaophon  sur  l'administration 
des  biens  pri\és. 

—  IIIST.  XIV  s.  Et  tel  juste  qui  est  du  mari  à  sa 
feme  est  dit  juste  yconomique,  dresme,  Eth.  (55. 
Il  XVI' s.  Eu  la  police  œcoiiomiqiie,  mou  père  avoit 
cet  ordre  que  je  sç.iis  louer,  mais  nullement  ensuy- 

Vre....   MONT.  I,  257. 

—  f.TYM.  Lat.  ceconomicus ,  du  grec  oîxovoiaixoî 

(voy.  ÉCONOME). 

ÉCONO.MIQUEMENT  (é-ko-no-mi-ke-man),  odii. 
Il  1°  Avec  économie,  à  peu  de  frais.  Vivre  économi- 
quement. Mes  éludes  et  surtout  une  longue  pratique 
des  navires  à  vapeur  m'ont  amené  à  trouver  le  moyen 
d'exécuter  beaucoup  d'autres  manœuvres  utiles,  de 
naviguer  économiquement  suivant  les  circonstan- 
ces... PARIS,  Comptes  rendus,  Acad.  des  se.  t.  ui, 
p.  344.  Il  2°  Selon  les  principes  de  l'économie  poli- 
tique. Traiter  économiquement  une  question. 

—  ÉTYM.  Économique,  et  le  suffixe  ment. 
ÉCONOMISÉ,    ÉE   (é-ko-no-mi-zé,   zée),   part. 

passé.  Il  1"  Administré  avec  économie.  Il  avait  dressé 
le  catalogue  d'une  biblioth'que  générale  bien  enten- 
due, économisée  et  complète,  pour  qui  n'eût  voulu 
que  bien  savoir,  fonten.  Des  Billetles.\\i°  Épar- 
gné, mis  de  côté.  De  l'argent  économisé.  ||  Fig.  Quel- 
ques heures  économisées  à  grand'peine. 

ÉCONOMISER  (é-ko-no-mi-zé),  u.  a.  ||  1"  Adml- 
nisirer  avec  économie.  Ce  régisseur  a  bien  écono- 
misé la  propriété  qui  lui  était  confiée.  On  économise 
son  temps,  son  crédit,  sa  sauté,  aussi  bien  que  ses 
richesses,  j.  b.  say.  Cours,  )8io,  t.  il,  p.  237. 
Il  2°  Faire  des  é|>argnes  sur  la  dépense,  sur  la  con- 
sommation. Économiser  le  bois,  la  chandelle.  ||  Ab- 
solument. Oui  économise  s'enrichit.  Il  3°  Fig.  Écono- 
miser son  temps,  ses  forces.  Vunez  apprendre  de 
moi  à  économiser  les  ressources  de  notre  âme  et  les 
bienfaits  de  la  naiure,  graffigny,  Lett.  péruv.  38. 

—  SYN.  économiser,  épargner.  Bien  que  ces  deux 
mots  proviennent  d'une  origine  toute  difl'érenle,  ils 
ont  un  sens  dans  lequel  on  ne  discerne  qu'à  peine 
quelque  nuance  précise.  Économiser,  épargner,  faire 
des  économies,  faire  des  épargnes,  c'est  toujours 
faire  que  la  recette  l'emporte  sur  la  dépense  et  que 
cet  excès  soit  mis  de  côté,  en  réserve.  La  petite  dif- 
férence qu'on  peut  apercevoir  entre  ces  deux  mots, 
c'est  que  épargner  s'applique  plus  particulièrement 
aux  petites  sommes  recueillies  une  à  une,  et  écono- 
miser à  leur  ensemble;  de  là  l'idée  de  petitesse 
pour  les  épargnes,  tandis  que  les  économies  s'en- 
tendent aussi  de  fortes  sommes. 

—  ÉTYM.  Économie. 

ÉCONOMISTE  (é-ko-no-mi-sf),  s.  m.  Celui  qui 
s'occu|ie  spécialement  d'économie  politique.  ||  Les 
économistes,  les  écrivains  qui,  au  xviii"  siècle,  s'oc- 
cupèrent les  premiers  des  questions  de  richesse  so- 
ciale, et  formèrent  une  espèce  de  secte  ou  de  cote- 
rie. Je  n'ai  point  lu  l'ouvrage  de  M.  Necker;  s'il 
blâme  les  économistes  d'avoir  dit  du  mal  de  Colbert, 
il  me  parait  qu'il  a  grande  raison,  volt.  Lett.  de  la 
Harpe,  2  sept.  J773. 

—  ÉTYM.  Économie,  et  la  finale  iste. 

ÉCOPE  (é-ko-p'),  s.  f.  Il  1°  Terme  de  marine.  Sorte 
de  pelle  de  bois  étroite,  creuse,  et  munie  d'un 
manche,  qui  sert  à  vider  l'eau  entrée  dans  une 
embarcation,  jj  2°  Grande  cuillère  employée  pour 
enlever  de  dessus  le  dé|iÔt  un  liquide  clarifié  dont  la 
surface  trop  peu  élevée  au-dessus  du  sol  ne  permet 
pas  de  se  servir  du  siphon,  et  lorsque  le  vase  con- 
tenant ne  peut  être  perforé  pour  y  adapter  une 
cannelle,  legoarant.  113°  Sorte  de  petite  soucoupe 
tr's-évasée,  peu  profonde,  ordinairement  en  bois, 
avec  laquelle  les  fermières  écrément  le  la't,  legoa- 
Bant.  Il  4°  Terme  de  jardinage.  Ustensile  en  bois 
dont  on  se  sert  pour  arroser. 

—  RE.M.  L'Académie  renvoie  à  escope.  Écope, 
malgré  ce  renvoi,  qui  paraît  présenter  csccpe  comme 
plus  usilé,  est,  sur  la  Seine  et  parmi  les  gens  de 
métier,  la  seule  prononcialion  qui  soit  en  u.-^age. 

—  ÉTYM.  Voy.  ESCOPE. 

fÉCOPERCHE  (é-ko-pèr-ch') ,  s. /■.  Machine  qui 
sert  à  élever  des  pierres,  des  fardeaux,  et  qui  fait 

DICT.    DE   L\   LAtJGUE    FRANÇAISE. 


partie  d'une  grue,  d'un  engir,  ou  s'y  ajoute.  ||  Pièce 
debout  avec  une  poulie  en  tête.  \\S.  f.  plur.  Terme 
de  maçon.  Grandes  perches  pour  échafauder. 

—  hist.  xiv  s.  Lates  et  escorberges,  du  cange, 
escoparius.  ||  xv"  s.  Escoperche,  ID.  ib. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc.  e.ïi;o(,  bâton,  morceau  de 
bois  (voy.  écot  2),  et  perche,  comme  estamperche 
(voy.  DU  CANGE,  etarcliartea)  de   estant,  et  perche. 

t  ÉCOQUER  (é-ko-ké),  v.  a.  Terme  de  chasse.  Dé- 
truire ou  prendre  les  coqs  surabondants,  nuisibles 
aux  couvées,  parmi  les  faisans,  les  perdrix,  etc. 
On  dit  aussi  écoqueter. 

—  F.TYM.  É  p  ur  es....  préfixe,  et  coq. 

•f  ÉCOQUETER  (é-ko-ke-lé) ,  v.  a.  Voy.  écoqucb. 
j  ÉCOKÇAGE  (é-kor-sa-j'),  s.  m.  Action  d'éuorcer. 

—  HIST.  XIV  S.  Escorcbage  [presiation  pour  le 
droit  de  prendre  des  écorces],  du  cange,  escorciare. 

—  ÉTYM.  Écnrcer. 

ÉCORCE  (é  kor-s'),  s.  f.  ||  1°  Enveloppe  de  la  tige 
des  [liantes  ligneuses.  L'écorce  du  chêne.  ||  Écorce 
du  Pérou,  le  quinquina.  Du  temps  de  la  Fontaine 
on  disait  l'écorce  du  kin:  Ce  dieu,  dis-je,  louché  de 
l'humaine  misère,  Produisit  un  remède  au  plus  grand 
de  nos  maux  :  C'est  l'écorce  du  kin,  seconde  pana- 
cée; Loin  des  peuples  connus  Apollon  l'a  placée, 
LA  font.  Quinquina,  1. 1|  Dans  le  langage  précis  de 
la  botanique,  enveloppe  extérieure  du  tronc  et  des 
branches  des  plantes  dicotylédones,  composée  de 
quatre  parties  distinctes:  l'épiderme,  le  liége,  la 
couche  herbacée  et  le  liber.  ||  2°  Par  extension,  en- 
veloppe de  certains  fruits.  Écorce  d'orange,  de  gre- 
nade. Il  Familièrement.  Quand  on  a  pressé  l'orange, 
on  jette  l'écorce,  c'est-à-dire  on  néglige  celui  dont 
on  n'a  plus  besoin.  ||  3"  L'écorce  du  globe,  les  cou- 
ches de  terrain  qui  forment  la  croilte  solide  et  la 
superficie  du  globe  terrestre.  ||  4"  Fig.  La  superficie 
des  choses,  l'apparence.  Le  vulgaire  s'arrête  à  l'é- 
corce et  aux  apparences,  patru.  Plaidoyer  7,  dans 
richelet.  Le  peuple  qui  voit  tout  seulement  par  l'é- 
corce, corn.  Il  or.  V,  2.  Ceux  qui  parlent  avec  tant 
de  facilité  ne  s'attachent  d'ordinaire  qu'à  l'écorce 
des  choses,  st-évremond,  dans  richelet.  Nous  ne 
connaissons  que  la  surface  et  l't'corce  de  la  plupart 
des  choses,  nicole,  Ess.  de  mor.  t"  traité,  ch.  s. 
Il  plaît,  il  charme,  il  touche,  à  n'en  voir  que  l'é- 
corce; Au  fond,  l'esprit  et  lui  sont  peut-être  en  di- 
vorce, iiOLRSAULT,  Èiope,  I,  3.  Ici  [chez  les  grands] 
se  cache  une  sève  maligne  et  corrompue  sous  l'é- 
corce de  la  politesse,  LA  BRUY.  IX.  Nous  pensions  voir 
à  fond  les  vérités  que  Dieu  nous  a  révélées,  et  nous 
n'en  touchions  que  l'écorce  grossière,  kén.  t.  xviii, 
p.  7.  Vous  regarderez  cette  régularité  apparente 
qui  vous  rassurait,  cette  écorce  de  \ertu  comme  un 
linge  souiUé,  mass.  Conf.  Retraite.  Le  pécheur  ne 
voit  de  tout  ce  qui  est  autour  de  lui  que  la  surface 
et  l'écorce,  id.  Panr'g.  St  lien.  L'abbé  de  Poligiiac 
était  amusant  en  récit,  possédait  l'écorce  de  tous 
les  arts,  st-eim.  i53,  23B.  J'ai  vu  mille  peines  cruelles 
Sous  un  vain  masque  de  bonheur,  Mille  petitesses 
réelles  Sous  une  écorce  de  grandeur,  gbesset,  Char- 
treuse. Croyez-vous  qu'en  ne  me  donnant  pas  plus 
de  peine  que  je  n'en  prends,  je  pourrai  un  jour  avoir 
du  moinsl'apparence  de  quelques  talents....  l'écorce? 
c'est  tout  ce  que  je  voudrais,  m™*  de  genlis.  Théâ- 
tre d'éduc.  l'Enf.  gâté,  i,  3.  Il  est  bien  naturel  que, 
dans  Is  sein  du  monde  où  l'on  a  le  plus  de  désir  et 
d'intérêt  de  se  faire  valoir,  toutes  les  écorces  soient 
séduisantes  et  tous  les  moyens  de  plaire  et  d'inté- 
resser mieux  calculés  qu'ailleurs ,  m.  Mlle  de  la 
Fayette,  p.  H5,  dans  pougens.  ||  6"  Terme  d'archi- 
tecture. La  partie  latérale  des  volutes  du  chapiteau 
ionique.  ||  6°  Écorce  de  citron,  belle  espèce  de  cône, 
sorte  de  coquille.  ||  Proverbes.  Il  ne  faut  pas  juger 
de  l'arbre  par  l'écorce,  il  ne  faut  pas  juger  d'après 
les  apparences.  ||  Juger  du  bois  par  l'écorce,  juger 
du  dedans  par  le  dehors.  On  juge  du  bois  par  l'é- 
corce Et  du  dedans  par  le  dehors  ;  Considérez  de  près 
nos  corps,  Et  jugez  quels  nous  devons  être,  scar- 
RON,  Yirg.  trav.  liv.  vu.  ||  11  ne  faut  point  mettre  le 
doigt  entre  l'arbre  et  l'écorce,  et,  plus  souvent, 
avec  inversion,  entre  l'arliie  et  l'écorce  il  ne  faut 
pas  mettre  le  doigt,  c'est-à-dire  il  n'est  jamais  pru- 
dent d'intervenir  dans  les  querelles  de  famille.  Mo- 
lière a  plaisamment  interverti  le  proverbe  :  Appre- 
nez que  Cicéron  dit  qu'entre  l'arbre  et  le  doigt  il 
ne  faut  pas  mettre  l'écorce,  Méd.  m.  lui,  i,  \. 

—  HIST.  XIII'  S.  Les  escus  [il]  froisse  et  fent.  corn 
s'il  fussent  d'escorce,  aul'Efr.  le  bast.  Romancera , 
p.  IB.  Biaus  noiaux  gistsoz  foilileescorce,  Leroux  de 
LINCV,  Prov.  t.  1,  p.  07.  Car  ce  que  l'en  a  pour  noiant 
[rien].  Tant  le  va  l'en  plus  viltoiant.  L'en  nel  prise 
pas  une  escorce,  la  Rose,  139U9.  ||  xiv  s.  Souffert 

i  avoint  trop  de  meschance.  Gardant  le  royaume  de 


France  D'oppression,  de  tort,  de  force;  Des  vis  [de 
visages]  sembloint  à  une  escorsse,  Liv.  du  bon  Je- 
han,  2708.  Il  XV'  s.  Dessoubz  sure  escorche  gist  la 
doux  miel,  et  la  souffrance  est  bonne  quant  en  la  fin 
elle  tourne  en  joye,  Perceforest,  t.  m,  !°  39.  ||  xvi's. 
L'espérance,  qui  est  toujours  compagne  du  malheur, 
lui  tint  escorce  [le  trompa,  l'abusa],  l'assurant  que 
s'amie  porioit  bien  la  part  de  cet  ennui,  web, 
p.  640.  On  ne  doit  mettre  le  doigt  entre  l'escorce  et 
le  bois,  H.  est.  De  la  précell.  du  long.  fr.  p.  l!'4. 
....Tout  l'imparfiil  de  mon  escorce  liumaine,  roxs. 
89.  Leurs  bastimeiits  [des  peuplades  du  noiivau 
monde]  sont  fort  Inngs.  et  capables  de  deux  ou  Iroil 
cents  âmes,  estoffez  d'escortes  de  grands  arbres, 
MONT,  i,  237. 

—  ÉTYM.  Picard,  écnrche;  wiiUon,  loise;  anc. 
wallon,  xhorche,  ihnise;  namur.  chiiiche ,  ptoveiiç. 
esrnrsa,  catal.  escorxa;  ital.  scorza;  du  latin  cor- 
ticem,  écorce,  avec  la  prosthèse  de  l's  ou  es  dé- 
terminée par  excorticnre ,  écorcher. 

ECORCE,  ÊE  (é-kor-sé,  sée),  part,  passé.  Un 
chêne  écorce. 

t  ÊCORCEMENT  (é-kor-se-man ),  i.  m.  Action 
il'écorcer;  résultat  de  celte  action.  Le  chêne  qui 
était  le  moins  en  sève  dans  le  temps  de  l'écorce- 
ment,  buff.  Exp.  sur  les  végét.  2'  mém. 

—  HIST.  XVI'  s.  Escorcement,  ocdin. 

—  ÉTYM.  Écorce. 

ÉCORCER  (é-kor-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vant a  eto;  écorçant,  écorçons),  v.  a.  Dépouiller 
de  l'écorce.  Écorcer  des  aunes,  des  peupliers.  Tantôt 
lisant,  tantôt  écorçant  quelque  tige.  Suivant  d'un 
œil  distrait  l'insecte  qui  voltige,  lahart.  Joc.  iv, 
37.  Il  Par  extension.  Écorcer  le  riz,  le  débarrasser 
de  son  enveloppe.  ||  S'écorcer,  v.  réfl.  Se  dépouiller 
de  son  écorce.  Un  arbre  qui  s'écorce. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Décoction  de  figues  seiches,  len- 
tilles escorcées  [excortiquées]....  paré,  xxii,  2.  On 
ne  peut  arracher  les  feuilles  à  poignées  que  souvent 
les  branches  n'en  soient  escorcées  et  quelquefois 
esclatées,  o.  de  serres,  460. 

—  ÊtYM.  Écorce;  proveiiç.  escorsar;  ital.  scor- 
sare.  Escorcer  vient  d'escorte,  et  escorcher  vient  du 
lalin  excorticare ;  mais  ces  deux  mots  sont  si  voisin» 
par  l'étymologie  que  l'ancien  usage  les  a  quelquefoij 
confondus:  xiv  s.  Escorchez  les  amandes,  el  les 
broyez,  Uénagier,  i,  B;  xvi*  s.  Il  n'est  (|u'ung  fol  qui 
veult  vendre  ses  cbesnes  pour  en  faire  du  fuaille 
[combustible]  avant  qu'il  les  escoiche,  palsgrave,  ' 
p.  444. 

t  ÉCORCIIANT,  ANTE  (è-kor-chan,  chan  f), 
adj.  Qui  écorche.  Ce  sens  propre  est  inusité.  ||  Fig. 
Qui  fait  mal  à  la  gorge  ou  à  l'oreille  par  la  dureté 
lie  la  prononciation  ou  du  son.  Croyez-vous  ijuc  la 
hauteur,  un  héros,  tout  le  camp  ennemi,  et  mille 
autres  heurtements  semblables  ne  soient  pas  plus 
écorchants  qu'une  simple  rencontre  de  voyelles  que 
nos  règles  interdisent?  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
20  mars  1770. 

ÊCORCUÉ,  ÉE  (é-kor-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1°  Dont  la  peau  a  été  enlevée.  Un  cheval  écorché. 
Il  Terme  de  blason.  Animaux  écorchés,  animaux 
peinis  tout  entiers  de  gueules,  c'est-à-dire  de  cou- 
leur rouge.  Il  2°  Rançonné,  à  qui  on  fait  payer  trop 
cher.  Il  n'y  a  point  de  gîte,  point  ii'bôtellerie  où 
l'on  soit  mieux  traité  et  moins  écorché  qu'on  l'est  à 
Magallon,  lesage,  Cusm.  d'Alfar.  li,  «.  ||  3°  S.  m. 
Terme  de  dessin.  Figure  d'étude  laissant  voir  les 
muscles  à  nu.  Dessiner  d'après  l'écorché.  114°  Nom 
vulgaire  et  commercial  du  cône  strié,  coquillage. 

ÉCORCUE-CUL  (À)  (é-kor-che-ku,  1'/  ne  se  pro- 
nonce jamais),  loc.  adv.  et  très-faiiiilière.  En  glis- 
sant, en  se  traînant  sur  le  derrière.  Ces  enfants 
jouent  à  écorche-ciil.  ||  Fig.  et  bassement.  A  contre- 
cœur. 11  n'a  rendu  ce  service  qu'à  écorche-cul. 

—  HIST.  XVI'  s.  Au  bout  de  cela  le  médecin  mit  le 
nez  à  terre,  le  pied  passé  dans  un  estrier.  el  si  fit 
encore  quelque  chemin  trainé  à  I  e>corche-cul, 
n'AUB.  Fœn.  m,  7.  La  froideur  de  Baron  acheva 
l'entreprise;  car  on  l'y  traiiioit  à  l'escorche-cul.  et 
pourtant  il  cerchoit  toutes  les  difficultés  et  longueur, 
qu'd  pouvoit  inventer,  id.  Ilisl.  u,  «i. 

—  ETYM.  Écorcher,  et  eut. 

ÉCOUCUÉE  (é-kor-chée),  s.  f.  Nom  vulgaire  du 
coquillage  que  les  zoologistes  appellent  conus  geo- 
graphiciis. 

t  ÉCORCHELER  (é-kor-che-lé) ,  r.  a.  Terme  ru- 
ral. Meltie  en  las  les  javelles  d'avoine. 

t  ÉCOUCIIEMENT  (ekor-che-man) .  s.  m.  Action 
d'écorcher.  L'écoichemeiil  des  castors  se  fait  en  com- 
mun après  la  chasse,  chatfaub.  Amer.  <3<. 

—  HIST.  xvi'  s.  Escorchement,  oudjn. 

—  ÉTYM.  Écorcher. 

i   —     162 


1290 


ECO 


ÉCORCHE»  (é-kor-ché),  v.  a.  ||  1"  Dépouiller  un 
animal  de  sa  peau.  Écorcher  un  cheval.  Je  veux  être 
Êcorché  vif  si....  la  ko.nt.  Gag.  Il  le  livra  aux  exé- 
cuteurs, et  leur  commanda  de  l'écorcher  tout  vif, 
do  le  couclier  ensuite  tout  de  travers  sur  trois  croix, 
et  d'élendre  sa  peau  à  part  sur  les  pieux  dressés  tout 
auprès,  bolli.n,  IHsI.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p.  218, 
dans  pouoKNS.  Il  Bassement  et  (ig.  Ecorcher  le  re- 
nanl,  vomir.  ||  Écoicher  l'anguille  par  la  queue, 
commencer  [lar  où  l'on  devrait  finir,  par  ce  qu  il  y 
a  de  plus  diflicile.  {|  Il  crie  comme  si  on  l'écor- 
cliait,  ou  avant  qu'on  ne  l'écorclie,  se  dit  d'un 
homme  qui  se  plaint  sans  grand  sujet.  ||  2°  Enle- 
ver une  partie  de  la  peau.  Vous  m'avez  écorché 
la  jamlie.  Je  me  suis  écorché  le  hras.  ||  Par  exten- 
sion. Les  ch.irretles  en  passant  ont  écorché  cet 
arbre.  Les  essieux  des  roues  écorchent  en  passant 
les  murailles.  ||  Terme  militaire.  Écorcher  une  forti- 
fication, î'endummager  extérieurement.  Il  Fig.  Ecor- 
clier  une  matière,  en  parler  superficiellement  ou 
inexactement.  M.  de  NoaiUes,  qui  écorchait  la  super- 
ficie de  tout,  n'avait  jamais  pu  rien  approfondir  en 
aucun  genre,  st-sim.  33:i,  tus.  Je  ne  fai§  ici  qu'é- 
corcher  la  matière  que  j'aurai  lieu  ailleurs  d'étendre 
davantage,  id.  606,  i63.  ||  3'  Kaire  mal  au  palais,  à 
la  gorge.  Ce  vin  vous  écorché  le  palais,  la  gorge. 
Il  Par  extension.  Ce  mol  [Hershalaim,  JérusalemJ 
écorchait  le  gosier  d'un  Athénien,  volt.  Mœurs, 
Veluge.  ||  Ecorcher  l'oreille,  les  oreilles,  mal  pronon- 
cer les  mets,  ou,  en  musique,  produire  des  sons  dis- 
cordants. Platon: Ah!  elle  m'écorche  les  oreilles, boil. 
Kilos  de  roman.  ||  l>ar  extension,  faire  de  la  peine, 
déplaire.  Le  beau  sexe  était  sauvage;  Il  ne  l'est  plus 
maintenant;  Et  des  louanges  pareilles  De  nos  dames 
d  à  présent  N'écorchenl  point  les  oreilles,  la  font. 
Cand.  Il  4°  Familièrement.  Écorcher  les  auteurs,  les 
entendre  imparfaitement,  les  expliquer  à  grand' 
peine.  ||  Écorcher  une  langue,  la  parler  d'une  ma- 
nière incorrecte.  Toutes  deux  [ces  dames]  écor- 
chent l'italien,  p.  L.  couH.  l.etl.i,  29.  \\  Ecorcher 
l'n  mot,  le  nom  de  quelqu'un,  le  mal  prononcer. 
Il  6"  Exiger  au-dessus  du  prix  des  fournitures, 
des  vacations,  etc.  U  faut  être  raisonnable  et  ne 
pas  écorcher  les  gens.  On  est  écorché  dans  cette 
hôtellerie.  U  ne  faut  pas  écorcher  les  malades, 
MOL.  Mal.  I,  (.  Avec  sept  hommes  nous  nous  char- 
geons de  tiindre  et  d'écorcher  les  Français  pour 
votre  compte,  p.  i.  colb.  i,  228.  |{  6°  ferme  de 
fondeur  en  bronze.  Écorclier  la  figure,  diminuer  la 
grosseur  de  la  figure  de  terre  qui  sert  de  noyau. 
Il  7°  S'éoorcher,  v.  réfl.  iR  faire  une  écorchure. 
S'écnrclier  en  se  grattant.  ||  Fig.  II  ne  s'écorche  pas, 
se  dit  de  quelqu'un  qui  parle  trop  avanlageu.sement 
de  soi-même.  |i  Subir  une  perte  superficielle  de  sub- 
stance. La  couverture  d'un  livre  relié  en  veau  s'é- 
corche facilement.il  Proverbes.  Beau  parlern'écorche 
point  la  langue,  c'est-à-dire  il  ne  coilte  pas  plus  de 
parler  civilement  que  d'une  façon  arrogante.  ||  Au- 
tant fait,  autant  vaut  celui  qui  tient  que  celui  qui 
écorcbe,  c'est-à-dire  le  receleur  est  aussi  punissable 
que  le  vol'iur,  ou,  en  général,  le  complice  autant 
que  l'auteur  principal.  ||  U  ressemble  aux  anguilles 
de  Melun  (voy.  anguille),  il  crie  avant  qu'on  l'é- 
corche,  c'est  à-dire  il  se  plaint  avant  de  sentir  le 
mal.  Viilre  cœur  crie  avant  qu'on  ne  l'écorche,  mol. 
fréc.  10.  Il  U  faut  tondre  ses  brebis  et  non  pas  les 
écorcher,  c'esl-à-dlie  II  ne  faut  exiger  des  sujets, 
des  cnntriliuahles  que  ce  qu'ils  peuvent  donner. 
Il  H  n'y  a  rien  de  plus  difficile  à  écorcher  que  la 
queue,  c'est-à  dire  la  fin  d'une  affaire  est  souvent  le 
plus  difficile.  La  queue  en  sera  difficile  à  écorcher. 

—  IIIST.  XII' s.  Cliartain,  Borgoignon  e  Franceis 
'Virent  qu  orent  [ce  qu'eurent)  fait  li  Daneis,  Cum 
lur  lices  (retranchements)  sunt  esforcées  De  cors 
[cuirs]  des  Lestes  escorchées,  benoît,  ii,  6065,  Au- 
tres! fait  il  faute  e  force.  Qui  lient  le  pié  cum  qui 
escorce,  ID.  7373.  Faites  le  traîtor  trestout  vif  es- 
chorcer,  Hone.  p.  2uo.  [Ils  nous  voulaient]  Escor- 
chier  et  livrer  à  lor  ours  en  chaaine,  Sax.  ixx. 
....A  quel  martire  Sera  cist  chevaliers  rendus?  lert- 
11  escorcbiez  ou  pendus,  Noicz  ou  ars  en  feu  d'es- 
pines?  la  Charrette,  tio.  ||  xni*  s.  Qu'un  los  [loup] 
seit  escurchiez  tuz  vis;  Si  seit  li  sanz  e  la  pel  mis 
Sur  vostre  pis  [poitrine]  dusqu'à  demein  ;  Lors  vus 
sentirez  tresiut  sein,  mabie,  Fabi.  69.  De  si  grant 
force  governa.  Que  lotes  les  mains  s'cscorcha  Au 
povernail  que  il  tenoit,  lien.  22970.  L'en  no  puet 
osier  <le  sa  pel  Le  leu,  tant  qu'il  soit  escorchlés,  Jà 
tant  n'iert  batu  ne  torchiés,  la  Ilote,  12201.  El  por  ce 
ou  il  orent  or  cbler.  Firent-ils  la  terre  escorchier, 
i().  9606.  El  si  dist  on  un  proverbe,  que  cil  qui  à  une 
fois  escorche,  deus  ne  trois  ne  tont,  beaum.  xlt, 
37.  [Chevall  Ou'onques  non  laissast  acorchier,  bd- 


ÉCO 

TEB.  274.  Asnes,  chevaus  et  muls  [ils]  faisoient  es- 
corchier; Si  manjuont  la  char  en  l'aue  et  el  rostier, 
Cl.  d'Ant.  VII,  269.  i  l'escorcher  gardez  la  pel, 
LEBOux  DE  LiNCY,  Prov.  t.  I,  p.  176.  Li  prince  e 
cunte,  et  li  barun  Ne  vont  queranl  si  gloire  nun, 
Povres  eschoichent  e  defulent  [foulent,  oppri- 
ment], Edouard  te  conf.  v.  3745.  {|  xiV  s.  Ne  pren 
de  les  gens  que  tes  rentes,  Soit  en  blez,  en  cens 
ou  en  ventes;  Car  se  tu  les  vues  [veux]  escorchier, 
Miex  le  vaurroit  estie  un  porchier,  haciiaut.  p.  120. 
Estuiz  de  cuir  escorcbiez  aux  armes  de  France,  In- 
teiit.  des  livres  de  Charles  V,  art.  202,  dans  la- 
CUBNE.  Il  XVI'  s.  Tu  escorches  le  latin  ;  par  Si  Jan ,  je 
le  feray  escorcher  le  regnard,  car  je  t'escorcheiay 
tout  Vif,  BAB.  Pant.  Il,  8.  J'estime  que  si  on  vouloit 
escorcher  le  peuple,  qu'ils  y  coiisenliroyenl  moyen- 
nant qu'ils  eussent  un  petit  lopin  de  la  peau,  la- 
ngue, 240.  On  leur  bailloit  leur  orge  toute  mondée 
et  escorchée,  à  fin  qu'ilz  la  cuisissent  mieulx  et  la 
digérassent  plutost,  amyot,  Kumènes,  22.  À  l'escor- 
cher la  queue  est  pire,  ler.  de  lincy,  Prov.  t.  i, 
p.  175.  Nul  ne  peut  faire  latrines  el  retraits,  cloac- 
ques,  fours,  puits  et  esgouts  d'eau  sur  son  héritage 
contre  l'héritage  d'autrui,  sinon  que  la  muraille 
moyenne  demeure  entière  et  sans  estre  escorchée, 
Nouv.  coustum.  gêner,  t.  Il,  p.  1057.  Meslons-y 
les  femmes  :  qui  n'a  ouï  parler  à  Paris  de  celle  qui 
se  feil  escorcher,  pour  seulement  en  acquérir  le 
teint  plus  frais  d'une  nouvelle  peau?  mont,  i,  308. 

—  ÊTY.M.  Berry,  acorcher;  waiion.  hoirsi;  namur. 
choircM;  provenç.  escorgar,  escorteyar;  calai,  es- 
corxar;  espagn.  el  portug.  escorchar ;  ital.  scorti- 
care;  du  bas-latin  excorticare,  de  ex,  et  cortex, 
écorce.  On  a  voulu  le  tirer  de  excoriare;  mais  le  ch 
de  plusieurs  des  langues  romanes  mène  nécessaire- 
ment à  excorticare. 

ÉCORCUERIE  (é-kor-che-rie),  s.  f.  ||  1°  'Voirie  où 
l'on  écorché  les  bêles.  ||  2°  Fig.  Auberge  où  l'on  fait 
payer  plus  cher  qu'il  ne  faut.  C'est  une  vraie  écor- 
cherie.  ||  Demande  excessive.  L'indemnité  annuelle 
de  cinquante  mille  francs,  demandée  par  la  ferme 
générale,  serait  une  écorcherie  dont  il  n'y  a  point 
d'exemple, VOLT.  iett.  Mmede  St-Julien,  looct.  1775. 

—  HIST.  xv  s.  Se  fusse  des  hoirs  Hue  Capel  [Ca- 
pet] ,  Oui  fut  exlraict  de  boucherie.  On  ne  m'eust 
parmy  ce  drapel  Faicl  boyre  à  celle  escorcherle, 
VILLON,  Bail,  sur  l'appel.  \\  xvi'  s.  Mais  Françoys 
endurcis  X  la  tuerie  Les  assomoient  comme  en 
escorcherie,  J.  marot,  v,  133.  Trois  cents  [Hugue- 
nots] furent  liez  deux  à  deux  et  menez  à  l'escor- 
cherie  [à  la  mort),  d'aud.  Ilist.  1,  130.  Es  poisson- 
neries, escorcheries,  cemelieres....  paré,  xxjv,  3. 

—  ÉTYM.  Écnrcheur. 

ÉCORCHEUR  (é-kor-cheur),  s.m.\]l'  Celui  qui 
écorché  les  bêtes  mortes.  ||  2°  Terme  d'injure.  Celui 
qui  rançonne  ses  clients.  Le  malheureux  cultivateur 
.  ..  qui  se  voit  encore  enlever  le  dixième  de  sa  ré- 
colte par  son  curé,  ne  le  regarde  plus  comme  son 
pasteur,  mais  comme  son  écorcheur,  qui  lui  ar- 
rache le  peu  de  peau  qui  lui  reste,  volt.  l'Homme 
aux  40  écus,  Impôts  payés  à  l'étranger.  ||  3°  S.  m. 
ptur.  Les  écorcheurs,  brigands  qui  dé.-olèrent  au 
XIV*  siècle  une  partie  de  la  France.  ||  4"  Nom  de 
plusieurs  espèces  de  pies-grièches  qui  attaquent  les 
petits  oiseaux. 

—  liiST.  XIII'  s.  Le  hansart,  l'escorcheor  [couteau 
à  écorcher],  Partnnop.  v.  6126,  Ce  sont  les  mes- 
tiers  frans  de  la  vile  de  Paris  qui  ne  doivent  point 

de  guet  auroy:  chasubliers les  escorcheurs  de  la 

ville  de  Paris,  Liv.  des  met.  426.  ||  xv  s.  Lesquels 
on  nommoit  au  commun  langage  les  escorcheurs; 
el  la  cause  pourquoy  ils  avoienl  ce  nom,  si  estoit 
pour  tant  que  toutes  gens  qui  estoient  rencontrés 
d'eux,  estoient  devestuz  de  leurs  habiUemens  tout 
au  net  ju.sques  à  la  chemise;  et  pour  ce,  quand 
iceulx  relournoienl  ainsi  nuds  et  devestuz  en  leurs 
lieux,  on  leur  disoit  qu'ils  avoienl  esté  entre  les 
mains  des  escorcheurs,  monstrelet,  dans  du  cange, 
escorchera.  \\  xvi'  s.  On  a  veu,  pour  escorcher  des 
bœufs  et  autres  bestes  mortes  de  peste,  l'escorcheur 
mourir  subitement,  paré,  xx:v,  3.  Bon  escorcheur 
choie  la  peau,  lkholx  de  lincy,  Prov,  1. 1,  p.  175. 

—  ETYM.  Écorclier. 

ECORCHURE  (é-kor-chu-r"),  s.  f.  Plaie  légère  de 
la  peau  ou  des  membranes  muqueuses  produite  par 
un  frottement  violent.  Elle  s'est  fait  une  écorchure 
aux  yeux,  sÈv.  202.  En  très-bonne  santé  j'arriverais 
ici.  Si  je  n'étais  porteur  d'une  large  écorchure,  re- 
gnard, Distr.  Il,  1. 

—  HIST.  xiii's.  U  il  i  a  escorcheûre,  U  plaie  i  est 
par  aventure.  Ifs.  Sl-Jean.  jj  xiv*  s.  Escorcheures  de 
trop  grande  confiica'.ion,  H.  DE  mondeville,  f"  76. 

—  ETYM.  Écorchw. 


t  ÊCORCIER  (é-kor-«ié),  t.  m.  Terme  de  tann  - 
rie.  Le  magasin  oii  sont  mises  les  écorcei  de  chêne. 

—  ETYM.  Ëcoree. 

t  ÉCORE  (é-kor'),  f.  f.  Terme  de  marine.  Syno- 
nyme d'accore  qui  est  plus  usité. 

—  ÉTYM.  Norm.  ^core,  poutre  ou  pierre  qui  soutient 
quelque  chose;  duhaut-allem.<corro,cdte  escarpée; 
anglo-sax.  score;  angl.  shore,  rivage,  accore,  élai. 

t  ÉCORER  (é-ko-ré),  ».  a.  Terme  de  marine.  Sou- 
tenir au  moyen  d'écores. 

—  ETYM.  Écore  ;  norm.  icortr,  soutenir  au  moyen 
de  quelque  appui. 

t  ÊCOKEt'R  (é-ko-reur),  t.  m.  Terme  de  pêche. 
Homme  chargé  par  l'équipage  de  tenir  compte  du 
poisson  livré  aux  marchands. 

+  ÉCORiNH  (é-kor-n'),  t.  f.  Action  d'écorner,  do 
diminuer,  atteinte,  dommage.  Celte  première  écorne 
[diminution  des  prérogatives  des  maréchaux)  les 
mortifia  fort,  et  le  maréchal  de  Villeroy  surtout, 
ST-siM.  15»,  70.  Chaque  écorne  le  réveillait  et  le 
rendait  plus  attentif,  id.  415,  218. 

—  HIST.  XVI*  s.  Oue  les  ennemis,  estans  plus  forts, 
nous  feroient  recevoir  une  escorne,  langue,  650. 
C'eusl  esté  une  escorne  notable  pour  eux  [de  fuir], 
puisque  leur  alarme  ne  provenoit  que  de  deux  pres- 
tres  et  deux  ivrognes,  d'aub.  Yie,  lx.  Ceux  qui  re- 
çoivent escorne  dans  leur  mariage  sont  appeliez  cor- 
nards.  Contes  de  cholières,  f'  182,  dans  lacubne. 

—  ETYM.  Voy.  ÉCORNER. 

ÉCORNÉ,  ÊE  (è-kor-né,  née),  part,  passé.  \\  1*  Qui 
a  perdu  une  corne  ou  ses  cornes.  Un  bœuf  écorné. 
Il  2°  Dont  un  angle  est  cassé.  Livre  écorné.  ||  Dés 
écornés,  dés  émoussés  par  le  frottement.  ||  8°  Fig. 
Fortune  écornée,  fortune  qui  a  subi  desdiminutions. 

t  ÉCORNEMENT  (  é-kor-ne-man),  *.  m.  Action 
d'écorner;  étal  de  ce  qui  est  écorné. 

—  HîST.  XVI'  s.  Escoraement,  oodim, 

—  ETYM.  Écorner. 

ÉCORNER  (é-kor-né),  v.  o.  ||  1*  Rompre  une  corne 
à  un  animal.  Écorner  un  taureau.  ||  Par  exagération 
Il  fait  un  vent  à  écorner  les  bœufs,  le  vent  est  très- 
violent.  Il  2°  Par  extension,  casser  un  angle,  une 
partie  à  un  objet.  Ecorner  une  table,  une  pierre, 
un  bastion.  Lorsqu'un  polype  s'est  collé  à  une  roche, 
on  ne  peut  l'en  arracher  sans  écorner  la  roche  même, 
FÉN.  t.  XXI,  p.  344.  Oui  peut  se  résoudre  à  passer  un 
rocher  sans  l'écorner?  j.  j.  rouss.  Ém.  v.  ||  Ecorner 
un  livre,  casser  un  des  coins  de  la  couverture. 
Il  3'  Fig.  Écorner  son  bien,  en  vendre,  en  dissiper 
une  partie.  Écorner  son  revenu,  dépenser  une  par- 
lie  du  capital.  ||  4*  Terme  militaire.  Écorner  un 
convoi,  en  surprendre  une  des  extrémités.  Le  duc 
d'Hanovre  essaya  d'embarrasser  Vlllars  dans  son 
retour,  pour  tâcher  à  l'écorner  el  à  lui  faire  rendre 
gorge ,  ST-RIM.  1 83 ,  1 99.  Il  5°  Dans  le  sens  d'écorni- 
ller.  De  tous  ceux  que  son  crédit  avait  fait  rétablir 
dans  une  partie  de  leurs  biens,  il  avait  écorné 
quelques  petites  choses,  hamilt.  Gramm.  9.  ||  6'  S'é- 
corner, V.  réfl.  Perdre  une  corne  «u  ses  cornes.  La 
vache  s'est  écornée  en  se  battant  dans  la  prairie. 
Il  Fig.  Son  bien  s'écorne  tous  les  jours,  le  capital 
en  diminue. 

—  HIST.  xir  s.  Et  nos  fuions  comme  Duef  escorne. 
Bat.  d'Aleschans,  v.  6538.  ||  xiii'  s.  Amors  m'a  si  es- 
corne mon  afaire  Qu'amer  [aimer]  ne  l'os....  Thibaut, 

Chansons,  dans  lacurne.  |I  xV  s D'appeller  ses 

voisins,  Ses  oncles,  parents  el  cousins,  Pour  sa  po- 
vre  femme  escorner  [prise  en  adullère].  Et  affin 
qu'ilz  soient  plus  enclins  De  consentir  la  séparer, 
coquillart,  p.  64,  dans  lacurne.  ||xyi's.  Tril>oul- 
let  fut  ung  fol,  de  la  teste  o^corné,  Aussi  saige  i 
trente  ans  que  le  jour  qu'il  fut  né,  J.  mahot,  v,  155. 
Un  jour  je  trouvai  Panurge  quelque  peu  escorne 
[confus]  et  taciturne,  rab.  t.  11,  p.  166,  dans  la- 
curne. Le  baron,  luy  ayant  escorne  une  partie  de 
sa  troupe,  importuna  tellement  le  reste  qu'il  y  de- 
meura quantité  de  bagage,  d'aub.  Hisl.  m,  244.  Les 
chèvres  escornées  de  nature  ne  sont  tant  sujetes  à 
avorter  que  les  cornues,  0.  de  serres,  329.  Ce  grand 
personnage,  se  volant  ainsi  escorne  [moque]  par  son 
client,  PASQUiEB,  Recherches,  p.  749,  dans  lacurne. 
Vous  avez  planté  votre  fantaisie  sur  certain  monceau 
[d'argent],  il  n'est  plus  à  vostre  service,  vous  n'ose- 
riez l'escorner,  mont,  i,  SI6. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  corne;  Berry, 
écorner ,  écroner ,  élêter  ua  artre;  provenç.  escor- 
nar  ;  ital.  icornare. 

ÉCORSIFLE,  ÉE  (é-kor-ni-flé,  fiée),  port,  passé. 
Des  dîners  écorniflés. 

ÉCORNIFLER  ( é-kor-ni-dé ),  «.  O.  Prendre,  sa 
faire  donner  çà  et  là  de  l'argent,  un  dîner,  etc.  Il 
va  écornifler  un  dîner  où  il  peut. 

—  HIST.  XVI' s.  Je  m'en  vois  escoroif fiant,  iwr  cy 


ECO 


par  là,  des  livres  les  sentences  qui  me  plaisent, 

MOHT.  I,  U3. 

—  ÊTYM.  Dérivation  irrégulière  et  plaisante  a'é- 
eomrr;  picard,  ecornifier,  écorner.  On  trouve  aussi, 
au  XVI*  siècle,  esrornicher  et  escorniser. 

ÉCORNIFLEKIE  ( é-kor-ni-lle-rie ),  s.  f.  Action 
d'écorniller.  11  ne  vit  que  d'écorninerie. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Reservant,  par  ceste  effrontée  es- 
corniflleiirie,  les  deux  tiers  de  son  revenu,  cabloix, 
IX,  3. 

—  ÊTYM.  Écornifleur. 

ÉCORNIFLEUR,  EUSE  (é-kor-nifleur,  fleû-z  ), 
s.  m.  et  /■.  Il  1»  Celui ,  celle  qui  écornille.  Comme  ils 
[les  rats]  pouvaient  gagner  leur  habitation,  L'écor- 
nilleur  [le  renard]  étant  à  demi-quart  de  lieue, 
1\  FONT.  Fabl.  X,  I.  Aussitôt  que  l'on  eut  servi, 
Tout  aussitôt  nous  fut  ravi  Par  ces  franches  écorni- 
lleuses  [les  harpies],  scarbon,  Virg.  (rat),  liv.  m. 
Nous  sommes  dans  ces  lieux  à  l'abri  des  visites,  Des 
sols  écornilleurs  et  dfs  froids  parasites,  begnard, 
Vémocr.  i,  3.  ||  2°  Par  extension,  celui  qui  s'empare 
de  quelque  chose  qui  n'est  pas  à  lui.  Je  vous  envoie 
six  exemplaires  de  la  deuxième  édition  du  Commen- 
taire [sur  les  délits  et  les  peines];  je  ne  risque  que 
cette  demi-douzaine,  crainte  des  écorni (leurs,  volt. 
iett.  Christin,  25  févr.  t767.  ||Les  écornifleurs  du 
Parnasse,  les  plagiaires.  Tous  les  petits  écorniHeurs 
du  Parnasse,  volt.  Lelt.  Vamilaville,  a  sept.  1706. 

—  HIST.  XVI' s.  Escornifleur  poursuivant  de  re- 
peue  franche,  amyot,  dans  le  Zlict.  de  DOCiiÈz. 

—  ÊTYM.  Ecornifler. 

ÉCORMJRE  (é-kor-nu-r'),  s.  f.  Éclat  emporté  de 
l'angle  d'une  pierre,  d'un  meuble.  |{  Brèche  occa- 
sionnée par  l'enlèvement  de  l'angle  d'une  pierre, 
d'un  marbre,  etc. 

—  ETYM.  Écorner. 

f  ÊCOSSAIN  (é-ko-sin),  ad},  m.  Terme  rural  de 
quelques  contrées.  Grain  écossain,  grain  de  froment 
auquel  la  balle  reste  attachée  lors  du  battage. 

—  ETYM.  Ecosse. 

t  ÉCOSSAIS,  AISE  (é-ko-sê,  sê-z'),  s.  m.  et  f. 
Il  1"  Nom  du  peuple  qui  habite  la  partie  septentrio- 
nale de  111e  de  la  Grande-Bretagne.  ||  S.  m.  L'écos- 
sais, le  dialecte  parlé  dans  les  basses  terres  en  Ecosse 
et  qui  est  très-voisin  de  l'anglais.  ||  2°  Adj.  Terme 
de  commerce.  Étoffes  écossaises,  étoffes  à  carreaux 
et  à  lignes  croisées  carrément  de  diverses  couleurs. 
I|  Écossais  se  prend  substantivement  pour  désigner 
une  certaine  disposit'on  "le  couleurs  dans  les  étof- 
fes. Un  bel  écossais.  L'écossais  est  a  li  mode. 

—  ETYM.  Ainsi  dit,  f)arce  que  ces  étoffes  ressem- 
blent au  tartan  des  montagnards  écossais. 

t  ÉCOSSAISE  (é  ko-sô-z'),  s.  f.  Terme  de  métal- 
lurgie. Instrument  de  fer  pour  fourgonner. 

I  ÉCOSSAS  (é-ko-sâ),  s.  m.  Terme  de  sculpture. 
Sorte  de  feuille  convexe  formant  palmelte. 

—  ETYM.  Ecosse. 

I  ECOSSE  (é-ko-s') ,  s.  f.  Enveloppe  des  fèves,  des 
pois,  etc.  Mot  encore  usité  et  qui  se  trouve  dans  le 
Dicl.  de  l'Académie  de  t7(8  et  dans  riciielet. 

—  HlST.  XVI'  s.  Les  noisilles  ou  avelaines  seront 
prinses  en  rame  ou  en  escosse,  pour  confire  ;  l'on  les 
cuillira  devant  qu'elles  aient  grené,  encore  fort  ten- 
dres, avec  leur  coque  ou  escosse,  o.  de  serres,  860. 

—  ETYM.  Le  même  que  cosse,  avec  s  ou  es  épen- 
thélique. 

ECOSSE,  £e  (é-ko-sé,  sée),  part,  passé.  Des  pois 
écossés. 

ÉCOSSER  (é-ko-sé),  t).  a.  Tirer  de  la  cosse.  Écos- 
ser  des  fèves.  ||  S'écosser,  v.  réjl.  Sortir  de  la  cosse. 
Ces  pois  s'écossent  facilement. 

—  HIST.  XII"  s.  Des  fèves  [ils]  ont  plus  d'un  mui 
escosse.  Bat.  d' Aleschans ,  v.  6649.  ||  xiv*  s.  Les  fèves 
doivent  estre  mengées  le  jour  qu'elles  sont  escossées, 
hénagier,  ii,  2. 

—  ETYM.  E  pour  fî....  préfixe,  et  cosse. 
ÉCOSSEUR,  EUSE  (é-ko-seur,  seù-z'),  s.  m.  elf. 

Celui,  celle  qui  écosse  des  pois,  des  fèves. 

—  ETYM.  Ecosser. 

f  ÉCOSSONEUX  (é-ko-so-neû),  î.  m.  Un  des 
noms  vul|.;aires  du  bouvreuil. 

—  ÊTYM.  Ancienne  prononciation  i'écossoneur , 
l'oiseau  qui  écossone  les  fruits,  les  légumes;  écos- 
soner  venant  d'écosson,  dérivé  d'écosse  et  ayant 
même  sens. 

<.  PcoT(é-ko;  le(ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  l'î  se 
I  ie  :  les  é-ko-z  et....;  écots  rime  avec  repos,  travaux-, 
chaux,  eanx,  etc.),  s.  m.  ||  1°  Quote-part  à  payer  par 
chaque  convive  dans  un  repas  pris  à  frais  communs. 
Un  gros  écot.  Oue  j'en  paye  l'écot,  rempli  jusqu'à  la 
gorge,  KKUNIER,  Sa(.  v.  Jouent-ils  gros  jeu?  Ce  n'est 
que  pour  leur  écot,  bamilt.  Gramm.  3. 1|  Kig.  11  paya 
bien  son  écot,  se  dit  d'un  homme  agréable,  à  t<>,ble, 


ECO 

en  société,  ce  qui  fait  qu'on  lui  donne  volontiers  à 
dîner.  Or  est  passé  ce  temps  oti  d'un  bon  mot,  Stance 
ou  dixain,  on  payait  son  écot,  deshouliêres.  Ron- 
deau, t.  I,  p.  19.  Il  II  se  dit  aussi  de  tout  ce  qui 
cause  un  plaisir.  Un  tel  bous  a  apporté  de  bonnes 
nouvelles,  il  a  bien  payé  son  écot.  Quand  elles  virent 
que  je  ne  mangeais  plus,  elh-s  firent  rouler  l'entre- 
tien sur  la  musique,  et  toutes  ensemble  me  priè- 
rent de  payer  mon  écot  de  quelque  air  nouveau 
d'Italie,  LESAGE,  Guztn.d'Alfar.yi,  <.||2°  Une  com- 
pagnie de  gens  qui  mangent  ensemble  dans  une 
auberge,  dans  un  cabaret.  Il  y  a  deux  écots  dans  ce 
jardin.  Laissons-les  ensemble,  et  allons  parcourir 
un  peu  tous  les  écots  de  la  nouvelle  guinguette, 
DANCOURT,  Impromptu  de  Surène,  se.  <6.  Le  père 
et  moi  mangeons  des  gâteaux,  mais  Emile  est  de 
l'écot  des  femmes,  i.  J.  Rouss.  Ém.  v.  Heureux 
l'écot  où  la  commère  Apportait  sa  pinte  et  son 
verre  !  eérang.  Mme  Grc'g.  \\  Fig.  Parlez  à  votre  écot, 
se  dit  à  une  personne  se  mêlant  de  parler  à  des  gens 

qui  ne  lui  adressent  pas  la  parole Taisez-vous, 

vous;  parlez  à  votre  écot;  Je  vous  défends,  tout  net, 
d'oser  dire  un  seul  mot,  mol.  Tart.  iv,  3.  Locution 
que  l'on  exjiUque  en  remarquant  que  :  Parlez  à  votre 
écot,  signifie  parlez  à  votre  compagnie,  et  non  à 
nous.  Il  Être  de  tous  écots,  se  mêler  de  toutes 
choses.  Il  n'arrive  rien  dans  le  monde  Qu'il  ne 
fadle  qu'elle  en  réponde  [la  Fortune]  ;  Nous  la  fai- 
sons de  tous  écots,  LA  font.  Fabl.  v,  tl.  ||  3°  La 
totalité  de  la  dépense  que  l'on  fait  pour  un  repas. 
Un  seul  a  payé  l'écot  pour  tous.  Un  écot  de  vingt 
francs.  ||  Proverbe.  11  a  beau  se  taire  de  l'écot,  qui 
rien  n'en  paye,  c'est-à-dire  un  homme  ne  doit  pas 
parler  d'une  chose  qui  ne  lui  coûte  rien. 

—  HIST.  xiii"  s.  Canepius  a  esté  fustés  [battu]  pour 
conter  esquos  [sorte  de  vol  où  l'on  fait  payer  un 
autre  pour  soi]  et  pour  mellées  [batteries]  et  pour 
sairemens  trespassés,  nu  cange,  compulare.  Lors 
fu  li  las  [le pauvre  diable]  à  mal  repos;  De  la  sale, 
s'en  ist  le  trot.  Il  a  bien  payé  son  escot,  lien. 
(96(14.  Cil  à  périlleux  escot  vait.  Qui  croit  famé  qiw 
lecunchie.  Poésies  mss.  du  Vatican,  dansLACURNE. 
X  escot  [à  frais  communs]  vivoient  andoi  [tous  deux] 
Li  frère....  Fabliaux  mss.  dans  lacurne.  ||  xiv  s. 
Je  croi,  se  j'en  buvoie  [du  vin]  et  se  vous  me  te- 
niez. Que  mes  esoos  seroit  souffisamment  paiez, 
Guescl.  3076.  Les  quelz  compaignons  dinerent  en 
une  taverne,  et  ainsi  qu'ils  abutoient  leur  escot.... 
DUCANGE,  abbocatio.  \\  xV  ».  Et  disoit  Jean  Lyon  : 
Tenez-vous  tout  aises,  buvez  et  mangez,  et  ne  vous 
effrayez  de  choses  que  vous  despendiez  :  tel  payera 
temprement  vostre  escot  qui  ne  vous  donroit  pas 
maintenant  un  diner,  froiss.  ii,  ii,  62.  Quant  je  te 
daigne  tenir  ne  apeler  à  son  escot,  Dti  cange,  avil- 
lare,  U  faut  que  vous  payez  l'escot,  Ou  vous  la.s.serez 
le  surcot,  villon,  la  Repue  franche  des  galans  sans 
souci.  Il  XVI'  s.  Mais  parlons  ung  peu  par  escot,  doc- 
teur subtil,  RAB.  Pant.v,  <6.Le  pourceau  de  Pyrrho 
est  ici  de  nostre  escot  [avis,  parti],  mûnt.  i,  302. 
Qui  à  la  table  dort  doibt  payer  l'escot,  génin.  Ré- 
créât, t.  II,  p.  248.  Conter  d'escot  pour  quelqu'un 
[payer  pour  lui],  brant.  Cap.  fr.  t.  i,  p.  2),  dans 

LACt^BNE. 

—  ETYM.  "Wallon,  sico;  provenç.  escot;  espagn. 
et  portug.  escole;  ital.  scolto;  bas-lat.  scotum;  du 
germanique  :  anc.  frison,  scot;  allem.  Sckoss;  angl. 
scot,  shot;  le  celtique  a  aussi  le  mot  :  anc.  gaèliq. 
sgot;  tous  mots  qui  ont  la  signification  d'impôt,  con- 
tribution. 

2.  ÉCOT  (é-ko) ,  s.  m.  Il  1°  Terme  d'eaux  et  forêts. 
Nom  donné  aux  grosses  branches  et  aux  troncs  qui 
n'ont  pas  été  bien  dépoudlés  de  leurs  menues 
branches,  assez  près  de  l'écorce,  de  sorte  qu'il  y 
reste  des  bouts  excédants.  Quelques  petits  écots  re- 
cueillis le  long  des  chemins....  sismondi,  l'Irlande 
en  <834,  Bibl.  univ.  de  Genève,  mai  1836.  ||  Souche 
qui  éclate  quand  on  coupe  l'arbre.  ||  Terme  de  blason. 
Keprésentation  d'un  tronc  d'arbre  garni  de  quelques 
branches  rompues;  tronc  ou  branche  d'arbre  dont  les 
menues  branches  ont  été  coupées.  ||  2°  Petit  bloc 
d'ardoise  qui  reste  adhérent  aux  foncées. 

—  HIST.  XVI"  s.  Je  lui  estai  lors  de  la  patte  un 
grand  escot  qu'il  y  avoit,  mont,  ii,  tos, 

—  ÊTYM.  Espagn.  escoto;  du  germanique  :  anc. 
h.  allem.  scuï;  allem.  Schoss;  angl.  shoot;  suédois, 
skate;  allem.  schiessen,  pousser  des  rejetons. 

t  ÉCÔTAGE  (é-kô-ta-j') ,  s.  m.  Technologie.  Ac- 
tion d'enlever  les  côtes  du  tabac.  ||  Opération  par 
laquelle  le  tréfileur  enlève  au  fil  de  fer  les  côtes  qui 
y  sont  restées. 

—  ÊTYM.  tkôter. 

t  ÊCOTARU  (é-ko-tar),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Pièce  de  bois  qu'on  met  en  saillie  sur  les  côté»  d'un 


ECO 


1291 


vaisseau  pour  empêcher  que  les  haubaoi  na  portent 
contre  le  bordage. 

—  ÊTYM.  Écot    2. 

tÉCOTÉ,  ÉE(é-ko-té,têe5  ad;.  Terme  de  blason. 
Se  dit  des  troncs  et  des  brauihes  dont  les  menue: 
branches  ont  été  coupées. 

—  ETYM.  Écot  2. 

t  ÊCtÎTER  (é-kê-té),  V.  a.  Enlever  la  côte  des 
feuilles  de  tabac.  ||  Travailler  le  fil  de  fer  de  manière 
à  enlever  les  côtes.  ||  S'écôter,  v.  réft.  Ces  feuilles 
s'écôtent  aisément. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  côte. 
tÉCÔTEUR  (é-kô-teur),  s.  m.  Ouvrier   qui  tra- 
vaille à  l'écôlage  du  fer.  ||  Celui  qui  écOte  le  tabac. 

—  ETYM.  Écôler. 

t  ÉCOUAILLES  (é-kouà-ir.  Il  mouillées),  s.  f.pl. 
Terme  rural.  Laine  que  l'on  coupe  sous  la  cuisse  et 
la  queue  des  moutons  et  qui  est  de  basse  qualité. 

—  ÉTYM.  É  pour  es,  et  queue,  écrit  autrefois 
coue  (voy.  coaille). 

t  ÉCOUAN'E  ou  ÉCOUENNE  (ékoua-n'),  s.  f. 
Il  1°  Terme  de  monnaie.  Sorte  de  lime  propre  aux 
ajusteurs,  servant  à  réduire  les  espèces  d'or  et  d'ar- 
gent au  poids  ordonné.  {|  2°  Terme  de  taldetier. 
Après  cela,  il  dégrossit  les  copeaux  avecrècoueiine, 
qui  est  un  instrument  de  fer  d'un  pouce  et  demi  de 
largeur  et  d'environ  sept  pouces  de  longueur;  il  a 
par-dessous  des  dents  d'acier  qui  y  sont  ajoutées  et 
rivées.  Cet  instrument  fait  l'office  d'une  espèce  de 
grosse  râpe.  Quand  ce  copeau  a  été  dégrossi,  ou 
achève  de  le  parer  par  le  moyen  de  l'écoiiennette, 
qui  n'est  autre  chose  qu'une  écoiienne  plus  petite, 
Dict.  des  arts  et  met.  Amsterd.  <767.  Tabletier. 

—  ETYM.  On  peut  conjecturer  é....  préfixe,  et 
couenne,  ce  qu'on  enlève  ainsi  étant  comparé  à 
une  cmienne. 

t  ÉCOUANER  (é-koua-né),  v.  a.  Terme  de  mon- 
naie. Réduire  les  espèces  d'or  et  d'argent  au  poids 
ordonné. 

—  ÉTYM.  Écouane. 

t  ÉCOUANETTE  (  é-koua-nS-t')  ,  s.  f.  Petite 
écouane  {voy.  écouane). 

■\  ÉCOUCITE  (ékou-ch') ,  s.  f.  Outil  pour  préparer 
le  lin  et  le  chanvre. 

f  ÉCOUCIIER  (é  kou-ché),  ».  o.  Préparer  le  lin 
et  le  chanvre  avec  l'écouchc. 

\  ÉCOIIEXN'E  (é-koua-n'),  s.  f.  Voy.  écouane. 

f  ÉCOUER  (é-kou-é),  v.  a.  Couper  la  queue. 
Écolier  un  chien. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  queue  (voy. 
queuk). 

f  ÉCOtTET  (é-kou-è),  s.  m.  Terme  de  mer.  Nom 
d'un  cordage  qui  va  en  diminuant  par  un  bout. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  queue. 

t  ÉCOUFLE  (é-kou-fl'),  s.  m.  Sorte  de  milan, 
Dict.  de  l'Acad.  de  (762.  ||  Nom  du  cerf-volant  dans 
quelques  provinces. 

—  IIIST.  XV"  s.  Ceste  roys  [filet]  est  bonne  pour 
prendre  oyseaulx  qui  raenguent  charognes,  comme 
eggles,  corbeaux,  escouflles,  Modus,  ms.  f°  I7), 
dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Diez  proposn  une 
conjecture  :  comme  on  a  nommé  des  coups  de  dés 
d'api-èsdes  oiseaux  de  proie  (par  exemple  terzeruolo, 
coup  de  dés,  dérivé  deI(r3i(oio,  tieicelei),  pourquoi 
n'aurait-on  pas  nommé  un  oiseau  de  proie  d'après  un 
coup  de  dés?  En  allemand,  Schupfer  (de  scliupfen, 
jeter)  a  signifié  un  coup  de  dés,  et  est  littéralement 
escofre,  escoufre,  escoufle.  D'un  autre  côté,  le  bas- 
breton  a  skoul,  milan;  mais  la  finale  ne  serait  pas 
expliquée.  (Voir  aux  aduitions.) 

ÉCOULÉ,  ÉE  (è-kou-lé,  lèe),  part,  passé.  ||  1'  Qui 
a  passé,  cheminé  comme  une  eau  courante.  L'inon- 
dation enfin  écoulée,  on  visita  les  lieux.  ||  Fig.  'Vous 
voilà,  vains  honneurs,  qui  m'enflez  le  courage. 
Écoulés  en  un  jour  comme  l'eau  d'un  orage,  rotrou, 
Bélisaire,  v,  4.  ||  2'  Passé,  en  parlant  du  temps. 
Les  années  écoulées.  Douze  ans  sont  écoulés  depuis 
le  jour  fatal.  Qu'un  libraire,  imprimant  les  essais 
de  ma  plume.  Donna  pour  mon  malheur  un  trop 
heureux  volume,  boil.  Épit.  vi.  Les  six  mois  écou- 
lés, la  reine  voulut  partir,  m""  de  genlis.  Veillées 
duchdt.  t.  m,  p.  420,  dans  pougens.  ||  3°  Vendu 
successivement.  Des  marchandises  écoulées  avanta- 
geusement. 

ÉCOULEMENT  (é-kou-le-man) ,  s.  m.  \[  l'  Mouve- 
ment des  liquides  qui  suivent  leur  pente,  des  fiuide» 
qui  ne  sont  plus  contenus.  L'écoulement  des  eaux  . 
Il  Terme  d'hydraulique.  Sortie,  par  un  orifice,  d'un 
liquide  hors  du  vase  qui  le  contient.  ||  2°  Fig.  Co 
choix  de  serviteurs  fidèles,  intrépides.  Qui  soulagent 
tes  soins,  mais  sur  qui  tu  présides.  Et  dont  tout  le 
pouToir  qui  fait  tant  de  jaloux  N'est  qu'tin  écoule- 


V292 


ECO 


ECO 


ment  de  tes  ordres  sur  nous,  corn.  ««'?'«"<'»f"' f  " 
foi  le  doux  écoulement  de  votre  «me  dans  sa  bonté, 
Boss  Lett   Corn.  122.  Si  "notre  âme  n'éiait  secourue 
oar  celte  activité  infatigable  qui  répare  les  écoule- 
ments perpétuels  de  notre  esprit,  nous  ne  durerions 
mi'un  ins.knt,  vauven.   Nouv.  max.  01.  |!  3-  Terme 
de  médecine.  Sortie  d'une  humeur  fournie  par  un 
organe  malade  ou  non.  Dans  la  morve,  il  y  a  écou- 
lement  par  le   nez.   L'écoulement  des  menstrues. 
Il  Absolument  et  en  dehors  de  la  médecine,  se  dit 
d'un  diminutif  de  blennorrhagie.   ||  4°  Terme   de 
commerce.  L'écoulement  des  produits,  des  marcban- 
dises,  la  vente  successive  de  ces  produits,  ie  ces  mar- 
cliandises.  ||  B»  Il  se  dit  aussi  de  la  foule  qui  pusse, 
d'un  corps  de  troupes  qui  traverse  quelque  passage 
étroit.  Il  y  avait,  à  l'issue  du  pont,  sur  l'autre  rive, 
un  marais  oil  beaucoup  de  chevaux  et  île  voilures 
s'élaient  enfoncés,  ce  qui   embarrassait  encore   et 
retarilait  l'écoulement,  SF.CUH,  tlist.  de  Xap.  xi,  0. 
f.CODLER  (S')  (é-kou-lé),  r.  réft.  \\  1°  Couler  hors, 
en  parlant  d'un  liquide  ou  d'un  fluide.  L'eau  s'écoule. 
Le  gaz  s'écoule  clans  les  conduits,  laissez  à  ce  tor- 
rent le  temps  de  s'écouler,  bac.  Dérén.  m,  *.  |{  Par 
extension.  De  quelque  superbe  distinction  que   se 
flattent  les  hommes.  Ils  ont  tous  une  même  oriyine, 
et  cette  origine  est  petite;  leurs  années  se  poussent 
successivement  comme  des  flots;  ils  ne  cessent  de 
s'écouler,  noss.  Duch.  d'Orl.  ||  Fig.  S'évanouir,   se 
perdre.  C'est  une  chose  horrible  de  sentir  s'écouler 
tout  ce  qu'on  possède,  pasc.  Pensées,  part.  11,  17. 
Ce  qui  lui  est  le  plus  cher  s'écoule  à  tout  moment, 
ID.  Conv.  des  P.  Le  bonheur  des  méchants  comme 
un  torrent  s'écoule,  bac.  Ath.  11,  7.  Tu  vis  dans  ces 
plaisirs  si  chers  à  ton  jeune  âge  De  tes  nobles  aïeux 
s'écouler  l'Iiéritige,  anxelot,  Fiesque,  i,  *.  ||  2°  Se 
passer,  en  parlant  du  temps,  l.e  temps  qui  s'écoule 
depuis  Moïse  jusqu'à  Jésus-Christ,  BOSs.  Hist.  1,  4. 
X  quoi  vos  jours,  vos  années  se  sont-elles  écoulées? 
MASS.  Car.  Hotifs  de  conv.   Nos  soirées  s'écoulaient 
sans  ennui  chez  la  reine  ou  chez  madame  la  Dau- 
phine,  M"*  pe  genus,  Mme  de  Mainlenon,  1. 1:,  p.  42, 

dans  poUGENS Les  lieux  où  jadis  s'écoula  mon 

enfance,  M.  J.  chén.  Charles  l.ï,  1.  i.  Voisin  des 
champs  où  mon  enfance  S'écoula  sous  un  chaume 
obscur,  BÉBANO.  Retour.  La  source  de  mes  jours 
comme  eux  [des  ruisseaux]  s'est  écoulée,  Eile  a  passé 
sans  bruit,  sans  nom  et  sans  retour,  lamart.  Wt'd. 
I,  6.  Il  3°  Cheminer  à  la  suite  les  uns  des  aulres,  et 
s'en  aller,  en  parlant  d'une  foule.  Pe  moment  en 
moment  votre  garde  s'écoule,  c'jbn.  Mcam.  v,  6. 
Les  Barbares,  les  voyant  venir,  s'écoulèrent  des 
deux  côtés  des  montagnes,  d'adlancourt,  Arrien, 
liv.  I,  dansRiciiELET.  La  foule  Avec  un  bruit  confus 
par  les  portes  s'écoule,  boil.  Lutrin,  i.  Enfin,  avant 
minuit,  cet  amas  de  troupes  s'écoula  vers  0.strowno; 
au  tumulte  le  plus  eiïroyahie  succéda  le  plus  pro- 
fond silence,  ségur,  Hisl.  de  Nap.  iv,  7.  X  pas 
lents,  l'oeil  baissé,  les  amis  s'écoulèrent,  lamart. 
Socr.  341 .  Il  Familièrement.  S'en  aller  sans  riin  dire, 
s'esquiver.  Je  dis  à  M,  de  Beauvillier  que  je  ne  me 
sentais  pas  capable  de  vivre  heureux  avec  une  autre 
qu'avec  sa  fille,  et,  sans  attendre  de  réponse,  je 
m'écoulii,  ST-siM.  15,  174.  Il  4°  Terme  de  navigation 
fluviale.  Faire  écouler  le  Ilot,  faire  descendre  jus- 
qu'au port  les  bois  jetés  â  bûche  perdue  sur  une  ri- 
vière ou  sur  un  ruisseau.  ||  5"  Terme  de  commerce. 
Se  vendre  successivement.  Cetie  marchandise  s'é- 
coule par  une  foule  de  débouchés.  ||  V.  a.  Dans  le 
même  sens,  débiter,  vendre.  Écouler  des  marchan- 
dises, des  denrées.  ||  6°  Terme  de  tanneur.  Faire 
égoutier.  Écouler  le  cuir. 

—  HEM,  Avec  les  verhes  voir,  laisser,  sentir,  etc. 
et  surt  ut  faire,  on  peul  supprimer  le  pronom  per- 
sonnel de  s'dconler.  Je  laissai  écouler  l'eau.  Voir 
écouler  sa  vie  loin  de  vous,  sEv.  28B. 

—  IllST.  xiii'  s.  Feme  est  plus  escoulant  que  n'est 
darset  en  Loire,  Chasiie  ilusart,  nis.  dans  lacurne. 
Il  xv  s.  Celui  qui  à  Passelion  se  combaltoit  fut  tulle- 
ment  escoulé  de  son  sang,  qu'il  ne  se  peut  plus  te- 
nir i  cheval,  Percefnrtst,  t.  V,  f"  20   ||  xvi'  s.  Beau- 
coup de  temps  s'escoula,  qui  donna  moyen  k  ses 
adversaires   de  s'avantager  sur  lui;    lanole,    5H1. 
Qu'il  se  souvienne  qu'il  est  périlleux  de  heurter  con- 
tre la  fureur  françoise,  laquelle  pourtant  s'escoulera 
soudain,  id.  687.'  Afin  que  les  fidèles  ne  se  laissas- 
sent escouler  aux  resveries  des  payens,  calv.  hislit. 
100.  Comme  le  corps  sescoule  par  faute  de  manger, 
ID.  ift.  1M«.   Elle   perdit  la  raison,  et,  ne  pouvant 
passer  au_  long  d'un  banc,  s'escoula  au  long  il'une 
|at>e  et  .enfuit,  maro.  Nouv.xv.  Alors  touies  les 
t^  Iprln'.'T  "  :,*'»o»'l'-ances de  Themistocles  ses- 
çou^reut  hor.  de  la  mémoire  des  Grecs,  amvot, 
nwm.  »..  Par  quoi  le  bruit  s'en  escoula  aussitost 


hors  de  Rome,  comme  incertainement  il  y  estoit 
entré,  m.  Paul  Mm.  4l.  Soudain  qu'il  leur  advient 
quelque  changement  de  fortune,  ils  [les  flatteurs] 
s'escoulent  et  se  tirent  arrière,  lo.  Cummenl  dise, 
le  (lait,  de  l'ami,  4.  Je  ne  souhaitte  point  me  pou 
voir  transformer,  Comme  feit  Jupiter,  en  pluye 
jaunissante.  Pour  escouler  en  vous  d'une  trace  glis- 
sante Cest  ardeur  qui  me  fait  en  cendres  consom- 
mer, DU  BELLAY,  V,  38,  reclo.  Iteganlant  escouler 
le  sang  de  sa  playe,  mont,  i,  328.  Du  cerveau  l'arae 
s'escoule  par  le  reste  du  corps,  id.  ii,  295-  On  voit 
escouler,  des  pères  aux  enfants,  non  seulement  les 
marques  du  cor[is....  id.  ii.  SOO.  Celle  infinie  marée 
d'hommes  qui  s'escoula  en  Italie  sons  Brennus,  id. 
III,  08.  J'ay,  sans  offense  de  poids  ou  passifve  ou  ac 
tifve,  escoulé  tantost  une  longue  vie,  id.  iv,  187, 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  couler. 
f  1.  ÉCOL'FE  (é-kou-p"),  s.[.  Terme  rural.  Sorte 

de  large  pelle  de  fer. 

—  ÈTYM.  Le  même  que  ieope  ou  escope. 
f  2.  ÊCOUPE  (é-kou-p'),  s.  [.  Terme  de  marine. 

Balai  pour  nettoyer  un  bateau. 

ÊTYM.  Le  même  que  l'ancien  français  escoube, 

escouhle,  qui  signifie  balai  (voy.  écouvette). 

t  ÉCOIIUGÉE  (é-kour-jée),  s.  f.  Fouet  qui  est  fait 
de  plusieurs  courroies  de  cuir.  ||  Coup  do  ce  fouet. 
Il  ajoute  qu'il  a  eu  cinq  fois  trente-neuf  coups  de 
fouet,  ce  qui  fait  en  tout  cent  quatre-vingt-quinze 
écourgéessur  les  fesses,  volt.  Amabed,  3*  lettre. 

ETYM.  Le  même  que  escourgée. 

ÉCOCHGEON  (é-kour-jon),  s.  m.  Voy.  escobbgeon. 
ÉCOUKTÊ,  ÉE  (é-kourté,  tée),  pari,  passé. 
Il  1°  Rendu  trop  court.  Une  robe  écourlée.  ||  2-'  À  qui 
on  a  retranché  quelque  partie  apparente  et  allongée 
du  corps,  comme  les  oreilles,  la  queue  ou  une  par- 
tie de  la  queue.  Cheval  écourté.  ||  Substantivement. 
X  ces  mots  il  se  fil  une  telle  huée.  Que  le  pauvre 
écourté  ne  put  être  entendu,  la  font.  Fabl.  v,  6. 
Il  3°  Trop  abrégé.  Un  récit  écourté. 

ÉCOURTEU  (é-kour-té) ,  v.  a.  ||  1°  Couper  trop 
court.  Écourter  un  manteau.  ||  2°  Couper  la  queue, 
les  oreilles,  en  parlant  des  animaux.  Écourter  un 
cheval,  un  chien.  ||  3"  Fig.  Abréger  trop,  en  parbint 
d'un  ouvrage  d'esprit.  L'auteur  a  écourté  cette  scène 
lie  sa  comédie.  {|  11  se  dit  aussi  d'autre  chose  que  les 
ouvrages  d'esprit.  Nous  avons  écourté  notre  voyage. 
114°  S'écourler,  v.  rt/I.  Être  trop  abrégé.  Une  scène 
si  importante  n'aurait  pas  dû  s'écourter. 

HIST.  x;i"  s.  La  couele  e  l'estamine  oui  dessuz 

cel  [sous  cela]  Ii  ber.  Mais  de  pans  e  de  manches 
les  oui  fait  cscurier;  Car  ne  voleit  al  siècle  sa  vie 
demustrer,  Th.  le  mari.  IBO.  Mais  le  jur  de  Noël, 
quant  il  oui  sermoné,  De  saint  iglise  aveil  Koliert 
del  Broc  sevré  [séparé),  Qui,  l'autre  jur  devant,  li 
out  fait  tel  vilté.  Qu'il  Ii  oui  sun  sumier  [cheval]  de 
la  coue  [queue]  escurté,  ib.  131. 

ÊTYM.  Wallon,  charter;  provenç.  escortar;  ital. 

scortare;  du  latin  excurtare,  de  ex,  et  curtus,  court. 
X  côté  d'escourter,  il  y  avait  dans  l'ancienne  lan- 
gue eicourcier,  escmircer,  verbe  trés-usité;  calai. 
escursar;  espagn.  escorsar,  qui,  au  fond  étant  le 
même  que  écourter,  représente  pourtant  une  forme 
un  peu  difl'érente  :  bas-lât.  ex-curtiare. 

t  ÉCOUSS.\GE  (ékou-sa-j'),  s.  m.  Nom  détaches 
de  la  faïence,  qui  sont  produites  par  la  fumée  ou 
les  doigts  sales  des  ouvriers. 

t  ÉCOUSSE  (é-kou-s') ,  s.  f.  Voy.  ÉCOUCHE. 
ÉCOUTANT,  ANTE{é-kou-tan,tan-t'),fldj.  ||  l-Qui 
écoule.  Il  Par  plaisanterie.  Avocats  écoulants,  ceux 
qui  n'ont  poini  de  pratique,  qui  ne  plaident  point 
et  ne  fréquentent  le  barreau  que  pour  écouter.  ||  2°  S. 
m.  Celui  qui  écoute,  dans  le  langage  familier  el  ba- 
din  N'avons-noiis  point   ici  quelque   écoutanl? 

MOL.  J't'ioiir.  III,  6.  11  ne  faut  jamais  dire  aux  gens: 
Écoutez  un  bon  mol,  oyez  une  merveille;  Savez- 
voiis  si  les  écoutants  En  feront  une  estime  à  la  vô- 
tre pareille?  la  font.  Fabl.  xi,  ».  Us  disputent  aiec 
hardiesse  et  confiance....  et  celte  gaieté  de  visage 
leur  donne  souvent  l'avantage  dans  ropinion  des 
écoutants,  PASC.  Pensées,  t.  I,  p.  îs-").  éd.  Labure. 
Il  Au  plur.  Les  auditeurs.  Il  faut  entendre  l'oiiiiiion 
des  écoulants.  J'ai  vu  dans  le  palais  une  robe  mal 
mise  Gagner  gros  ;  les  gens  l'avaient  prise  Pour 
maître  tel,  qui  traînait  après  soi  Force  écoutants.... 
LA  font.  Fabl.  vu,  15.  ||  Terme  d'histoire  ecclésias- 
tique. Pénitent  admis  aux  instructions,  mais  obligé 
de  se  retirer  dans  la  nef  pendant  les  prières. 

—  IllST.  xiii*  s.  Si  est  mestiers  [boooin]  que  il 
soit  soulrans  et  bien  escoutans  de  ce  qui  est  dit 
contre  lui,  beaum.  v,  ». 

1.  ÉCOUTE  (é-kou-t'),  t.  f.  Il  1*  Lieu  propre  à 
écouter  ce  qui  se  dit.  Il  y  avait  des  écoutes  dans 
les  couvents,  dans  les  collèges.  H  Fig.  Être  aux  écoi.' 


ECO 

tes,  être  attentif  à  ce  qui  se  dit.  Harlay  aux  écoutei 
tremblait  à  chaque  ordinaire  de  Bretagne,  «t-sim. 
42,  240.  Il  2'  Terme  d'art  militaire.  Puits  de  mine 
ou  galerie  d'où  l'on  peut  entendre  si  le  mineur  en- 
nemi travaille  et  chemine.  ||  8°  S.  f.  plur.  Terme  de 
chasse.  Oreilles  du  sanglier.  ||  4°  Adj.  Sœur  écoute, 
religieuse  envoyée  au  parloir  pour  accompagner 
celle  qu'on  demande  et  ouir  ce  qu'on  lui  dit. 

—  HtST.  xv  s.  El  les  convenoit  envoyer  aucunes 
escoutes  demie  lieue  loin  de  la  ville,  froiss.  i,  i, 
31.  Il  fil  le  guet  et  se  mict  aux  escoutes  pour  savoir 
ce  qu'il  queroit,  LOUls  xi ,  Nour.  Lxxxv.  Le  portier 
vint  lors  aux  escoutes,  et  demanda  quels  gens  c'es- 
loient  qui  demandoient  l'entrée,  Perci-fnreit,  t  m, 
('  149.  [Ils]  saillirent  au  jardin,  puis  fermèrent  l'Iiuy» 
après  eiilx,  affin  que  personne  ne  les  sujvi.st,  et 
ilz  s'arresterent  en  une  escoulé,  Laneelnt  du  lac, 

es- 


t.  Il,  dans  LACLRNE.  ||  xvi'  s.  Jamais  mon  esprit, 
tant  tous  jours  en  transe  aux  escoutes  de  ladvenir 
pour  le  regard  du  bien  public,  n'a  jette  cesle  crainte 
arrière  de  soy,  amïot,  Paul  £m.  68.  Ceux  là  sur 
le  soir,  s'avançans  avec  leurs  vedettes  jiisques  où 
se  posoient  les  escoutes  des  ennemis,  s'abouchèrent 
avec  eux,  d'aL'b.  llisl.  m,  344.  Quatre  sages  che- 
valiers ou  escuyers  sont  nommez  escoutes,  pour 
rapporter  et  dire  ce  que  les  combatans  à  outrance 
diront  el  feront,  la  colomb.  Th.  dhonn.  t.  Ii,  p.  81 , 
dans  LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Voy.  écouteb;  provenç.  etcout,  s.  m.; 
catal.  escolta;  espagn.  escucha;  portug.  escuta;  ital. 
ascolta.  L'ancien  français  avait,  comme  le  proven- 
çal, escnut,  s,  m. 

2.  ÉCOUTE  (é-kou-f),  s.  f.  Terme  de  manne. 
Cordage  attaché  au  coin  inférieur  d'une  voile  pour 
servir  à  la  déployer  et  à  l'étendre.  ||  Avoir  le  vent 
entre  deux  écoutes,  être  sous  l'allure  du  vent  ar- 
rière. ||  Être  sous  l'écoute  d'un  bâtiment,  êlre  près 
de  lui  sous  le  vent.  ||  Coup  d'écoute,  action  de  forcer 
sa  voilure  par  une  brise  fraîche,  soit  pour  essayer 
la  solidité  de  la  mâture,  soit  dans  une  chasse  ou 
pour  toute  autre  cause  urgente.  |1  Fausse  écoule, 
cordage  qui  se  place  momentanément,  pour  renfor- 
cer les  écoutes,  pendant  un  coup  de  vent. 

HIST.  xvi'  s il  contemple  mas.  Maintenant 

le  timon,  il  rhabille  les  contes.  Les  carreaux  et  lei 
ais  et  les  tables  dissoutes,  ronsard,  319. 

—  ÉTYM.  Génev.  cscôte,  corde  qui  sert  à  diriger 
la  voile;  espagn.  et  portug.   cscola;  ilal.  jco((a;du 
germanique:  suéilois,  skot;  allem.  Schole;  danois, 
skiiid  :  angl.  sheil  ;  holland.  schoot  ;  do  l'ancien  haut 
alli'm.sf(5j,  lambeau  ;anglu-sax.scfa(;  goth.  skautt^ 
ÉCOUTÉ,  ÉE  (é-koulé,  tée),  pari    passif.  ||  f  * 
qui  on  prête  l'oreille.  Écoulé  d'une  nombieuse  as- 
semblée. Il  2»  Fig.  Pour  qui  on  a  déférence,  atten- 
tion.  Un   homme  fort   écouté.  Du  monarque  lui- 
même  il  est  fort  écoulé,  benj.  cjNST.  Walslein,  i, 
1.  Il  A  quoi  on  cède,  on  se  rend.  N'importe,   si  U 
flamme  en  est  mieux  écoulée,  cobn.  Théudore,  ly, 
s.  Une  loi  de  rigueur  Contre  vous  après  tout  serait- 
elle  écoutée?  VOLT.  Tancr.  ii,  1. 1|  3»  Terme  de  ma- 
nège. Des  mouvements  écoutés,   mouvements  faiti 
avec  beaucoup  de  précision.  Il  Pas  écoulé,  un  pas 
d'école,  un    pas   niccourci,    qui  écoute  ies  talons, 
c'est-à-dire  qui  ne  se  jette  ni  sur  l'un  ni  sur  l'autre. 
ÉCOUTER   (è-kou-lé),  v.  a.  \\  1»  Prêter   l'oreille 
pour  entendre,  prêter  son  attention  à  ce  qu'on  vous 
dit.  Écoutez-moi  attentivement.  Écouter  la  leçon  du 
maître.  On  l'embrasse  à  plu.sieurs  reprises,  on  croil 
l'aimer,  on  lui  parle  à  l'oreille  d:<ns  le  cabinet....  on 
a  soi-même  plus  de  deux  oreilles  pour  l'écouter, 
L*  brut.  m.  Pourquoi  voyons-nous  tant  de  gens  qui , 
nés  avec  de  l'esprit,  ne  savent  cependant  ni  causer 
ni  écouler  les  aulres?  c'est  qu'on  les  a  mis  de  trop 
bonne  heure  dans  le  momie,   M"'  de  gknlis,  Adèle 
el  Tliéott.  t.  Il,    lett.  33,    p.   276,  dans   pocokks. 
Il  2°  Absolument.    Je   suis   venu   ici   pour  écouter. 
Écoute  cependant  et  tiens  mieux  ta  parole,   coni». 
Cinna,  v,  1.  Ayant,  dis-je,  du  temps  de  re:ite  pouf 
brouter.  Pour  dormir  et  pour  écouler  D'où  vient  le 
vent,  il  laisse  la  tortue....  la  font.  Fabl.  vi,  10.  Il 
[Théophilej  écoute,   il  veille  sur  tout  ce  qui  peul 
servir  de  pâture  i  son  esprit  d'intrigue,  de  média- 
tion ou  de  manège,  la  bbuvêbe,  ix.  11  seiait  bien 
à  souhaiter  pour  vous  que  vous  puissiez  être  souvent 
en  si  bonne  c  mpagnie,  et  vous  en  pourriez  retiret 
un  grand   avantage,  pourvu  qu'avec  un  homme  tel 
que  M.  Despréaux  vous  eu.ssiez  plus  de  soin  d'écouter 
que  de  parler,  rac.  Lett.  à  son  fils,  iv.  Vois  quel  est 
Mahomet;  nous  sommes  seuls;  écoute  :    esiiisam- 
bilieux,  tout  homme  l'est  sans  doute,  volt.  Jfofco- 
met,  II,  6.  Je  ne  l'entendais  plus  et  j'écoutais  en- 
core,  iiLcis,  Othello,  I,  s.  Tu  parles,  mot  cœur 
écoute;  Je  soupire,  tu  m'entends;  Ton  œil  compte 


ECO 


goutte  h  gouKe  Les  larmes  que  je  répands,  lamahi. 
ISarm.  i,  8.  ||  Terme  de  tliéJlre.  Cet  acteur  sait 
écouter,  se  dit  d'un  acteur  qui  est  bien  en  scène 
quand  l'interlocuteur  lui  paile.  |1  Écoute!  écoulez! 
Apostrophe  pour  appeler  quelqu'un  ou  pour  fixer 
l'alteiiliou.  Il  Écouter  aux  portos,  commettre  des  in- 
discrétions de  curiosité,  et  aussi  se  tenir  au  cou- 
rant des  choses  secrStes.  Vous  avez  raison,  il  ne  faut 
pas  qu'on  nous  surprenne  écoutant  aux  portes, 
PICARD,  Collatér.  IV,  7.  ||  N'écouler  que  d'une 
oreille,  faire  peu  d'attention,  ne  faire  aucun  cas  de 
ce  qu'on  dit.  Il  Sonnez  comme  il  écoute,  se  dit  à  une 
personne  qui  veut  fnire  écouter  un  liruit  qui  n'existe 
pas  réi'ilement.  Ce  semble  une  contre-petterie  plai- 
sante pour  :  écoutez,  comme  il  sonne.  ||  Par  plai- 
sanleiie.  Un  écoute  s'il  (.Isut,  un  moulin  auquel 
l'eau  manque  souvent,  ou  qui  ne  va  que  par  écluses; 
et  lift,  un  homme  faible  que  la  moindre  cliose  arrête; 
une  promesse  illusoire.  Il  3°  Par  extension.  Écouter, 
donner  aud.ence,  entendre  une  réclamation,  une 
demande,  une  observation.  Notre  sage  magistrat 
écoulait  également  le  riche  et  le  pauvre,  Boss.  le 
Tellier.  Je  sitis  bien  bon,  dit-il,  d'écouter  ces  gens- 
là,  LA  FONT.  Fabl.  X,  2.  Écoutez  tout  le  monde,  as- 
sidu consultant;  Un  fat  quelquefois  ouvre  un  avis 
important,  boil.  Artpiv.  Tout  va  vous  obéir,  si  le 
vainqueur  m'écoute,  rac.  Alex,  m,  3.  ||  Écouler 
quelqu'un  en  confession,  recevoir  sa  confession. 
Il  Écouter  un  amant,  ne  pas  repousser  ses  hommages. 
Et  je  n'obtiendrai  point,  seigneur,  qu'elle  m'écoute, 
Jusqu'à  ce  qu'elle  ait  vu  votre  hymen  hors  de  doute, 
CORN.  Per'hiir.  ii,  3.  Sur  cette  trahison  [d'un  mari] 
on  la  plaint,  elle  écoute;  Et  cet  on  quelquefois  qui 
se  fait  écouter.  Trouve  un  heureux  moment  dont  il 
sait  profiter,  hautebochk,  Appar.  tromp.  n,  6.  Eh 
bien,  madame,  hé  bien,  écoutez  donc  Oreste,  rac. 
^ndr.  II,  t.  Hélasl  pour  mou  malheur  je  l'ai  trop 
écouté  [Pyrrhus],  id.  ib.  Il,  t.  J'adore  depuis  six 
mois  une  femme  charmante;  j'en  suis  écouté,  elle 
seule  peut  faire  le  bonheur  de  ma  vie,  lesage, 
Diable  boil.  ch.  v.  ||  Accueillir,  ne  pas  repousser. 
Mais  écouteriez-vcus  les  conseils  d'une  femme? 
CORN.  Cinna,  iv,  3.  Le  choix  est  glorieux  et  vaut 
•••ie.)  qu'on  l'écoute ,  mol.  Tart.  il,  4.  l'our  écouter 
jamais  une  offre  si  honteuse,  rac.  Alex,  i,  t.  11 
est  vrai,  si  le  ciel  eût  écouté  mes  vœux....  id.  Baj. 
11!,  4.  Et  si  l'on  veut,  madame,  écouter  vos  dis- 
cours, Ma  main  de  Claude  même  aura  tranché  les 
jours,  ID.  Brit.  v,  6.  Les  lois  n'écoutent  pas  l'amitié 
paternelle,  volt.  Tancr.  ii,  2.  ||  4°  Se  lai.sser  aller 
à  un  sentiment  ou  à  une  passion.  Sabine,  écoulez 
moins  la  douleur  qui  vous  pousse,  corn.  //or.  v,  3. 
C'etlt  été  démentir  mon  nom  et  ma  naissance,  Et 
ne  point  écouter  le  sang  de  mes  parents,  Oui  ne 
crie  en  mon  cœur  que  la  mort  des  tyrans,  id.  Iléracl. 
m,  2.  Ahisi  vous  écoutez  cet  injuste  courroux,  id. 
Sert.  IV,  2.  J'écoutais  avec  idaisir  mille  chimères 
ridicules  qui  vous  peignaient  innocent  à  mon  cœur, 
MOL.  le  Festin  de  P.  i,  3.  J'écoute  comme  vous  ce 
que  l'honneur  m'inspire,  bac.  Alex,  i,  2.  Pylade, 
je  suis  las  d'écouter  la  raison,  id.  Andr.  m,  i.  J'é- 
coute trop  peut-être  une  imprudente  audace,  id. 
Baj.  II,  6.  Je  n'écoutai  que  ma  passion,  fén.  TH.  I. 
Mais  n'écoutai-je  point  un  espoir  trop  (latleur?  volt. 
Brut.  III,  4.  Et  si  je  n'écoutais  que  ta  honte  et  ma 
gloire,  id.  Zaïre,  m,  4.  Permettez-moi,  César, 
d'écouter  l'espérance,  m.  j.  ciiiîn.  Tibère,  iv,  2. 
Il  Écouter  trop  son  mal,  s'en  affecter  trop  vive- 
ment, se  trop  ménager.  ||  5"  Terme  de  manège. 
Écouter  son  cheval,  être  attentif  à  ne  point  le  dé- 
ranger de  ses  airs  quand  il  manie  bien.  ||  On  dit 
qu'un  pas  écoute  les  talons,  quanil  il  ne  se  jette  ni 
sur  l'un  ni  sur  l'autre  talon.  ||  6'  S'écouter,  t).  réfl. 
Prêter  attention  aux  pensées  qui  surgissent  dans 
l'esprit.  En  ce  moment,  aucune  nécessité  de  posi- 
tion, aucun  sentiment  d'amour-propre  ne  pouvait 
forcer  Napoléon  à  combattre  ses  propres  raisonne- 
ments et  l'empêcher  de  s'écouter  lui-même,  sêgur, 
Ilisl.  de  Nap.ii,  4.  ||  N'écoutez  que  vous-même,  ne 
consultez  que  vos  piopres  inspirations.  ||  S'écouter 
parler,  et,  absolument,  s'écouter,  se  dit  de  quel- 
qu'un qui  parle  lentement  et  qui  affecte  de  bien 
dire.  Vous  êtes  bien  maîtresse  de  mettre  de  la  pé- 
danterie dans  vos  phrases,  de  vous  écouter  en  par- 
lant, M—  DE  GENLis,  Adèle  et  Théod.  t.  m,  lett.  23, 
p.  (79,  dans  polgens.  ||  Se  laisser  aller  à  l'intérêt 
pour  soi-même.  Je  me  prie,  en  pleurant,  d'oser 
rompre  ma  chaîne;  Le  fer  libérateur  qui  percerait 
mon  sein.  Déjà  frappe  mes  yeux  et  frémit  sous  ma 
main;  Et  puis  mon  coeur  s'écoute  et  s'ouvre  à  la 
faiblesse  :  Mes  parents,  mes  amis,  l'avenir,  ma  jeu- 
nesse.... A.  CHÉN.  Élég.  xxxvi.  i|  S'écouter,  ménager 
«es  forces,  sa  santé.  11  s'écoute  trop.  Il  ne  laul  pas 


ECO 

s'écouter.  On  se  fait  violence ,  on  ne  s'écoute  point, 
on  croit  qu'à  force  de  prendre  sur  soi,  à  la  tin  on 
accoutumera  le  corps  à  obéir  et  à  nous  suivre, 
MASS.  Confe'r.  sur  le  jubilé.  11  [  Maisons]  est  surpris 
d'un  léger  dévoiement  dans  ce  temps  de  crise  où 
il  n'avait  pas  le  temps  de  s'écouter,  st-sim.  401, 
238.  J'étais  persuadé  que  toute  production  natu- 
relle, agréable  au  goût,  ne  peut  être  nuisible  au 
corps;  cependant  je  m'écoutai  un  peu  tout  le  reste 
de  la  journée,  houss.  Prom.  7. 

—  HIST.  X'  s.  Elle  n'out  eskoltet  les  mais  consei- 
llers, Kulalie.  \\  xi*  s.  Messe  et  matines  a  li  ""eis  es- 
culté,  Ch.  de  llol.  xi.  ||  xu*  s.  Sire  compeing  |com- 
pagnon],  plait-i!  vous  [vous  platt-il]  escouter?  Bonc. 
p.  47.  Li  emperere  s'esiut  [s'arrêta],  si  escota,  ib. 
p.  95.  Si  vous  daignez  ma  prière  escouter,  Couci, 
xiii.  Dune  l'a  fait  l'apostoiles  en  sun  estant  lever, 
E  comanda  à  lire  les  leis  e  escuUer,  Th.  le  mart.  67. 
Parole,  sire,  kar  tis  serfs  [ton  serviteur]  esculte, 
Rois,  XII.  E  home  félon  de  Israël  vindrent  là,  li  rois 
ne  les  vot  [voulut]  escotier,  ilachabées,  i,  <o. 
Il  XIII'  s.  Plaise  à  la  hautece  de  ta  maestê  escouter 
m  '  oroison,  Psautier,  f"  t04.  Encores  est  leens  sans 
doute  Déduit  orendroit,  qui  escoute  X  chanter  gais 
rossignolés,  la  Rose,  v.  0)2.  En  une  lande  il  s'a- 
resta,  Por  sa  muete  [meute]  k'il  escouta.  Lai  de 
He'lion.  ||  xv  s.  [Il  doit]  le  poure  oïr,  le  plaintif  es- 
couter ,  ELST.  DESCH.  Des  verlus  nécessaires  au 
prince.  Et  sembloit  bien  qu'ils  escoutassent  qui  se- 
roit  le  plus  fort  ou  le  roy  ou  les  seigneurs,  comm. 
I,  2.  Il  XVI'  s.  Il  me  faut  ici  adjurer  les  lecteurs  non 
pas  d'escouter  à  mes  gloses,  mais  de  donner  quelque 
lieu  à  la  parole  de  Dieu,  calv.  Instit.  6H.  Frère 
Jean,  escoute  icy,  je  ne  suys  point  ingrat,  et  ne 
le  fuz,  ne  seray,  rab.  Pant.  iv,  8.  Quelque  bon 
desseing  qu'ayt  un  juge,  s'il  ne  s'escoute  de  prez 
[se  surveille]....  mont,  ii,  323.  J'escoute  à  mes  res- 
veries,  parce  que  j'ay  à  les  enrooller,  id.  m,  7a. 

—  ÉTYM.  Bourguign.acoi<(ot;Berry  et  picard,  acou- 
ter;  wall.  hoûler;  namur.  choi2(fr;rouclii,  ascouter  ; 
provenç.  escotar,  escoular;  catal.  escollar;  espagn. 
escuchar;  portug.  cscutar;  ital.  ascollare;  dulatin  au.i- 
cullare.  Caper,  grammairien  latin,  remarque  qu'il 
ne  faut  point  prononcer  ascultare,  ce  qui  prouve 
que  cette  prononciation  était  populaire.  C'est  celle 
que  les  langues  romanes  entretenue;  quelques-unes 
ont  changé  l'as  initial  en  es,  par  une  méprise  très- 
naturelle,  tant  de  mots  commençant  par  es.  Les 
élymologistes  croient  que  auscultare  est  composé 
de  aus,  ancienne  forme,  oreille,  et  cultare  ou 
clutare,  fréquentatif  de  cluere,  entendre  :  perce- 
voir par  l'oreille. 

ÉCOUTEUR,  EUSE  (é-kou-teur,  teû-z'),  s.  m. 
et  f.  Il  1°  Celui  qui  écoute,  qui  prête  l'oreille  à  ce 
qu'on  lui  dit,  à  ce  qui  est  dit.  Je  connais  peu  d'é- 
couteurs aussi  intelligents.  Les  bons  écouteurs  font 
les  bons  parleurs,  méré,  Œuvres  posih.  t.  i,  p.  23. 
Il  2°  Celui,  celle  qui  écoute  par  indiscrétion.  C'est 
un  écouteur  aux  portes.  Vous  me  savez  assez  ma- 
ligne pour  persifler  les  écouteurs,  j.  j.  rouss.  Hél. 
V,  to.  Il  3»  Adj.  Cheval  écouteur.  On  dit  plus  ordi- 
nairement cheval  écouteux. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escoutadnr  ;  espagn.  escucha- 
dor  ;  portug.  escutador;  ital.  ascoltatore;  du  latin 
auscultatorem,  à'auscultare,  écouter. 

ÉCOUTEUX  (é-kou-teù),  adj.  m.  Terme  de  ma- 
nège. Cheval  écouteux,  cheval  distrait  parles  objets 
qui  le  frappent,  et  aussi  cheval  qui  ne  part  pas  de 
la  main  franchement  et  ne  fournit  pas  tout  ce  qu'on 
lui  demande. 

—  ÉTYM.  Ancienne  prononciation  d'écouteur. 
ÉCOUTILLE  (é-kou-ti-11' ,    U   mouillées,   et  non 

é-kou-ti-ye),  s.  f.  Ouverture,  petite  ou  grande,  gé- 
néralement de  forme  quadrangulaire,  faite  au  pont 
d'un  navire  pour  établir  une  communication  entre 
deux  étages  et  pour  faciliter  le  chargement  et  le 
déchargement  du  navire,  jal.  L'écoutille  d'avant, 
d'arrière.  Fermer  les  écoutiUes. 

—HIST.  XVI' s.  Pantagruel,  tenant  ung  Heliodore 
grec  en  main,  sus  un  strapontin  [hamac]  on  [au]  bout 
des  escoutilles  sommeilloyt,  rab.  Pant.  iv,  83.  Tost 
après  un  caporal  du  chasieau  vint  faire  sa  visite,  ou- 
vrit lesescouliUes  [du  bateau],  d'aub.  Ilist.  m,  3ifl. 

—  ÉTYM.  Espagn.  escoldla;  portug.  escolillia; 
angl.  scuitle,  qu'on  dit  tiré  du  français.  Origine  in- 
connue. Escoulille  &  signifié  le  panneau  qui  recou- 
vre l'ouverture  :  Escoutilles  sont  grands  panneaux 
par  lesquels  on  ouvre  les  ponts  et  tillac  pour  des- 
cendre ou  tirer  de  grands  fardeaux  d'un  vaisseau, 
le  p.  fournier,  dans  jal.  En  raison  de  ce  sens,  on 
a  proposé  un  dérivé  de  scutum,  écu;  mais  le  mot 
paraît  récent,  et,  dans  un  mot  récent,  scutum  ne 
peut  donner  écoutille.  Au  lieu  de  cela,  il  est  permii 


ECR 


1293 


de  conjecturer  une  dérivation  de  écoute  t ,  l'écoutille, 
qui  fait  communiquer  deux  étages,  ayant  été  com- 
parée à  une  écoule,  lieu  propre  à  écouter. 

t  ÉCOUTILLON  (é-kou-ti-llon,  H  mouillées),  j.m. 
Terme  île  marine.  Petite  ouverture  pratiqi  ée  dans 
le  panneau  d'une  écoutille,  ou  contre  les  mâts,  dans 
les  ponts  supérieurs,  pour  recevoir  la  pied  d'un 
mât  de  hune,  etc. 

—  ÉTYM.  Écoutille. 

t  ÉCOUTOIR  (é-kou-toir),  ».  m.  Cornet  dont  let 
personnes  qui  ont  l'oreille  dure  se  servent  pour 
mieux  entendre.  Déjà,  pour  secourir  sou  oreille  un 
peu  dure,  Orgon  vers  lui  tourne  son  écoutoir,  D»- 

LILLE,  Conv.   I,    370. 

—  ÉTYM.  Écouler. 

t  ÉCOUVEITE  (é-kou-vè-f),  s.  f.  Petit  balai  qui 
sert  au  maréchal  à  ramasser  le  charbon  dans  le  foyer 
et  àlhumecterd'eau.  ||  Longue  brosse  à  manche,  qui 
sert  à  l'apprêteur  pour  asperger  d'eau  les  plaques 
employées  à  chauffer  les  étoffes  pendant  le  pressage. 

—  HIST.  XV'  s.  Non  est,  le  deust  on  vif  brusler 
Comme  un  chevaucheur  d'escouvetes,  villon,  dans 
LACUHNE.  Il  xvi=  s.  Ratissoires  et  escouvettes  [balais 
de  bouleau] ,  desqu^lz  nosilitz  salpestriers  seront 
tenuz  se  meubler  et  fournir,  Ordonn.  )3  fév.  (543. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'ancien  français  escoube, 
balai  ;  provenç.  escoba;  du  latin  scôpa,  balai  ;  gêner. 
écovel,  écoré;  ital.  scopetta. 

ÊCOUVILLON  (é-kou-vi-llon,  JZ mouillées,  et  non 
é-kou-vi-yon),  s.  m.  ||  1°  Linge  attaché  à  un  long 
bilton ,  avec  lequel  les  boulangers  nettoient  leur 
four.  Une  table  de  pierre  qu'elle  couvrit  d'une 
nappe  qui  avait  tout  l'air  d'un  écouvillon  de  four, 
lesage,  Gusman  d'Alf.  i,  4.  ||  î» Terme  d'artillerie. 
Instrument  de  bois,  ordinairement  couvert  d'une 
peau  de  mouton  ayant  la  laine  en  dehors,  dont  ie» 
canonniers  se  servent  pour  nettoyer  l'àme  du  ca- 
non lorsqu'il  a  tiré. 

—  HIST.  xni'  s.  Com  li  escoveillon  à  un  fornier, 
Roman  d'Audigier,  ms.  dans  lacurne.  ||  xiV  s. 
Comme  l'exposant  feust  alez  par  esbatement  avec 
plusieurs  autres  venir  une  a.ssemblèe  d'enfen.i  qui 
faisoient  certains  gieus  appeliez  les  escouvillons, 
qui  se  fontchascun  le  dimenche  des  bramions  après 
vespres,  du  cange,  brando.  Escouvillon  de  four, 
id.  torsorium.  ||  xv  s.  Sec  et  noir  comme  escour 
villon,  VILLON,  Pelit  lestam. 

—  ÉTYM.  Wallon,  hoiîtton;  namur.  chorion;  di- 
minutif d'escoube,  balai,  à  l'aide  d'un  double  suf- 
fixe ill-on,  le  premier  diminutif,  le  second  aug. 
mentatif  (voy.  écouvette). 

ÉCOUVILLONNÉ,  ÉE  (é-kou-vi -llo -né,  née, 
(J  mouillées),  part,  passé.  Pièce  écouvilloiinée. 

ÉCOUVILLONNER  (é-kou-villo  né,  U  mouillées, 
et  non  é  kou-vi-yo-né),  v.  a.  Nettoyer  avec  l'écou- 
viUon.  Il  Terme  de  métallurgie.  Mouiller  légèrement 
le  charbon. 

—  ÉTYM.  Écouvillon. 

fECPllONÈME  (èk-fo-nê-m'),  s.  m.  Terme  didac- 
tique. Élévation  soudaine  de  la  voix  par  des  interjec- 
tions et  des  expressions  imparfaites,  qui  sont  l'effet 
de  quelque  surprise  ou  de  quelque  passion  violente. 

—  ÉTYM.  'Exçu)vYi[i(i,  de  ix  exprimant  élévation, 
etçaivV),  voix. 

t  ECPURACnQUE  (èk-fra-kti-k') ,  adj.  Terme  do 
médecine.  Synonyme  d'apéritif. 

—  ÉTYM.  'ExçpixTixôc,  de  éx,  hors,  et  çpàddeiv, 
boucher,  c'est-à-dire  déboucher. 

f  ECPIESME  (èk-pi-è  sm'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Sorte  de  fracture  du  crâne  dans  laquelle  les 
esquilles,  enfoncées  en  dedans,  compriment  les 
membranes  du  cerveau. 

—  ÉTYM  "ExTiieoiia,  de  èx,  hors,  et  itifteiv, 
comprimer. 

I  ÉCRAI  (é-krè),  t.  m.  Terme  rural.  Milieu  deU 
raie  faite  par  la  charrue. 

—  ÉTYM.  Serait-ce  une  fausse  orthographe  pooi 
ecrest ,  à'écréter  ? 

f  ÊCRAIMER  (é  krè-nié),  J.m.  Ancien  nom  des 
layeliers.  Les  maîtres  de  la  communauté  des  layo- 
tiers  de  Paris  se  qualifient  maîtres  layetiers  écrai- 
niers  de  la  ville  et  faubourgs  de  Paris,  Dict.  des 
arts  et  met.  Amsterd.  t767,  layetier. 

—  ÉTYM.  Écran. 

ÉCRAN  (é-kran),  s.  m.  ||  1°  Sorte  de  meuble  dont 
on  se  sert  pour  se  garantir  de  l'action  directe  du 
feu.  Il  Sorte  d'éventail  qu'on  tient  à  la  main  pour  !• 
même  objet.  ||  Par  extension.  L'iris  est  un  écran  qui 
ne  laisse  arriver  à  la  rétine  les  rayons  lumineux 
que  par  l'ouverture  pupiUaire.  jj  Fig.  Il  se  mit  de- 
vant moi  pour  me  servir  d'écran.  H  1°  Plaque  sus- 
pendue devant  le  foyer  d'une  forge.  ||  Cercle  de  bois 
couvert  d'une  toile  dont  les  verriers  s'entourent  la 


1294 


ÉCR 


lête  II  Toile  blanche  tendue  sur  un  châssis  dont  les 
de'i'inateurs  et  les  Rraveurs  se  servent  pour  amor- 
tir l'éclat  (lu  jour.  ||  Terme  <le  physique.  Tableau 
blanc   sur  lequel  on  fait  tomber  l'image  d'un  objet. 

„IST.  jiv»  s.  Kscren  [contre le  feu],  du  cange, 

anlyjiira.W  xvf  s.  Vins  se  jella  au  devant  de  lui, 
■j  bien  qu'il  n'eut  que  quelques  rifllades  au  col,  à  la 
main  gauche  et  à  la  cuisse,  mais  son  escran  Vins 
en  eut  par  la  hanche  qu'on  crust  avoir  esté  guéri 
par  enchantemens,  d'aub.  Ilist.  ii,  63. 

—  Etym.  Angl.scrccn,  d'origine  douteuse,  comme 
le  root  français.  Diez  le  tire  de  l'allemand  schragen, 
chose  dressée,  comme  /Ion  de  fladen.  D'autres  le 
tirent  de  l'ancien  haut  allemand  scranna,  banc. 

t  ÉCRANCllER  (é-kraa-ché),  V.  a.  Effacer  les 
faux  plis  d'une  étoffe. 

t  fiCRASAGE  (é-kra-za-j') ,  s.  m.  Action  d'é- 
craser. 

—  f.TYM.  Écraser. 

t  ÉCRASANT.  ANTE  (é-ltra-zan,  zan-f),  adj. 
Qui  écrase.  ||  Par  extension.  En  termes  de  guerre, 
forces  écrasâmes,  forces  de  beaucoup  supérieures. 
Il  Fig.  Oui  étourdit,  qui  humilie.  Le  ridicule  est 
d'un  poids  écrasant  chez  la  nation  qui  aime  le  plus 
à  rire  en  Europe,  p.  l.  cour,  ii,  305. 

ÉCRASÉ,  EE  (é-kra-zé,  zée),  part,  passé. 
111°  lirisé  par  une  forte  compression,  par  un  choc 
violent.  Un  colimaçon  écrasé  par  le  pied  du  prome- 
neur. Les  toits  écrasés  par  les  bombes.  L'un  écrasé 
subilement  Sous  le  débris  d'un  bâtiment  A  fini  ses 
jours  et  ses  vices,  corn.  Imilat.  i,  23.  ||  Terme  de 
chemin  de  fer.  Rail  écrasé,  rail  dont  le  champignon 
est  décollé  sur  une  partie  plus  ou  moins  étendue. 
Il  2°  Fig.  Le  peuple  est  écrasé  sous  le  poids  des  im- 
pôts. Oui,  mais  bientôt  lui-môme  entra  eux  deux 
écrasé.  Leur  ferait  à  se  joindre  un  chemin  trop 
aisé,  CORN.  Atlila,  iv,  4.  Auteur  des  maux  de  tous, 
il  est  à  tous  en  butte,  Et  fuit  le  monde  entier  écrasé 
sous  sa  chule,  m.  Pomp.  i,  1. 1|  Mis  dans  l'infério- 
rité, dans  l'ombre.  Pour  me  voir  écrasé  de  son 
orgueil  jaloux,  volt.  Sém.m,  B.  Ce  jeune  homme  se 
Toit  écrasé  par  mon  fils  d'une  si  terrible  manière, 
qu'il  est  à  craindre  que  l'amour-propre  ne  le  con- 
duise promptement  à  la  jalousie,  m-'  de  genlis, 
fhi'dtre  d'éduc.  le  Voyageur,  i,  4.  ||  3"  Très-aplati. 
Comble  écrasé.  Nez  écrasé.  Les  temples  sont  tous 
obscurs,  écrasés  et  surchargés  d'ornements  du  plus 
mauvais  goût,  kaynal,  Ilist.  phil.  ix,  20.  Ce  sont 
toujours  des  dômes  plus  ou  moins  écrasés,  plus  ou 
moins  multipliés,  chateaub.  Itin.  97.  ||  Une  per- 
sonne écrasée,  une  personne  dont  la  taille  est  courte 
et  ramassée.  Celait  [Mlle  Choin]  une  grosse  fille 
écrasée,  bonne,  laide,  camarde,  avec  de  l'esprit, 
ST-siM.  24,  to.  Il  En  botanique,  synonyme  de  dé- 
primé. Il  Coquille  écrasée,  coquille  dont  la  spire, 
en  sens  vertical,  est  peu  rapide  en  comparaison 
de  la  spire  en  sens  opposé. 

t  ÉCRASE.MENT  (é-kra-ze-man),  s.  m.  Action 
d'écraser;  élat  de  ce  qui  est  écrasé  au  propre.  L'é- 
crasement d'un  charbon  emporte  la  raison  hors  des 
gonds,  PASC.  l'enséi-s,  Imag.  1. 1|  Fig.  L'écrasement 
de  l'amour-propre.  |1  Terme  de  chirurgie.  Écrase- 
ment linéaire,  procédé  opératoire  qui,  au  lieu  de 
couper  par  un  instrument  tranchant  les  parties  à 
retrancher,  les  coupe  par  l'écrasement  et  la  con- 
striction;  ce  qui  produit  des  sections  promptes  sans 
effusion  de  sang  et  diminue  l'étendue  des  surfaces 
traumaliques. 

—  HiST.  xvi*  s.  Escrasement,  oudin, 

—  ÉTYM.  Écraser. 

ÉCRASER  (é-kra-zé),  v.  a.  ||  1»  Briser  par  une 
forte  compression,  par  un  choc  violent.  Écraser  le 
raisin.  Écraser  un  insecte.  Vous  ne  craignez  pas  Que 
du  fond  de  l'abîme  entr'ouvert  sous  ses  pas  II  ne 
sorte  à  l'instant  des  feux  qui  vous  embrasent.  Ou 
qu'en  tombant  sur  lui  ces  murs  ne  vous  écrasent? 
BAC.  Athal.  m,  B.  Amilcar  les  ayant  enveloppés  de 
toutes  parts  et  ayant  fait  avancer  contre  eux  les 
é.épliants,  ils  furent  tous  écrasés  ou  égorgés  au 
nombre  de  plus  de  quarante  mille,  bollin,  Ilist. 
anc.  Œuvres,  t.  j,  p.  369,  dans  pougens.  Le  28  oc- 
tobre 1746,  à  dix  heures  et  demie  du  soir,  tous  les 
édifices,  grands  et  petits,  s'écroulèrent  en  trois  mi- 
nites;sous  ces  décombres  furent  écrasées  treize 
cents  personnes,  raynal,  Ilist.  pMl.  vil,  31.  C'est 
un  «"uf  de  serpent  qui,  s'il  était  couvé,  Serait  aussi 
mfcchant  que  tous  ceux  de  sa  race;  11  le  faut,  dans 
sa  coque,  écr.Tsnr  sans  pitié,  volt.  Jules  César 
{trad.  de  Shakspeare),  ii,  i.  J'écraserais  dans  l'œuf 
ton  aigle  impérial,  v.  hugo,  llern.  ii,  3.  ||  Ternie  de 
manufacture.  Trop  frapper  une  étoffe.  H  Fig.  et  par 
hyperbole  dans  le  style  badin.  Du  Parnasse,  in- 
secte nsiblB.  Je  cessa  un  stérile  combat;  Tu  rampes 


ECR 

tellement  à  plat  Que  t'écraser  est  impossible,  lE- 
couvÉ,  Épigr.  contre  Fabien  Pillet.  ||  2''  Défigurer 
par  une  forte  compression.  Telle  est  de  ces  rochers 
la  bizarre  structure;  On  doute,  en  les  voyant,  si  la 
fière  nature  A  do  l'art,  à  son  tour,  contrefait  les 
travaux.  Ou  si  sa  main  jalouse  écrase  et  défigure 
L'ouvrage  merveilleux  des  plus  hardis  ciseaux, 
MASsoN,  Ilelv.  V.  Il  3°  Anéantir,  réduire  à  rien. 
[Il]  Te  présente  une  main  qui  pourrait  t'écraser, 
VOLT.  Fartât,  i,  4.  Un  peuple  qu'Annibal  écrasa 
sous  ses  pieds,  id.  Sophon.  m,  2.  Un  livre  est-il 
mauvais,  rien  ne  peut  l'excuser;  Est-il  bon,  tous 
les  rois  ne  peuvent  l'écraser,  id.  Ép.  tOO.  Annilial 
tombe  des  sommets  glacés  des  Alpes  sur  l'Italie; 
écrase  la  première  armée  consulaire  sur  les  bords 
du  Tésin....  chateaub.  Itinéraire,  vu.  Depuis, 
comme  il  arrive  toujours,  l'infortune  ayant  écrasé 
ces  guerriers,  des  reproches  s'élevèrent,  ségur, 
Hist.  de  Nap.  viii,  8.  ||Fig.  Le  sentiment  du  bon- 
heur écrase  l'homme,  j.  j.  Rouss.  Ém.  v.  ||4°  Fati- 
guer, accabler,  importuner.  Être  écrasé  de  travail. 
Être  écrasé  de  visites.  Écraser  un  peuple  d'im|>ôts. 
Il  6°  Jeter  dans  l'infériorité,  dans  l'ombre.  11  est 
écrasé  par  son  rival.  En  Perse  il  n'est  point  de 
sujets.  Ce  ne  sont  qu'esclaves  abjects  Qu'écrasent 
d'un  coup  d'œil  les  têtes  souveraines,  corn.  Ayé- 
silns,  II,  t.  Il  Surpasser,  vaincre.  Écraser  quelqu'un 
dans  une  discussion.  ||  6°  S'écraser,  v.  réfl.  Se  tuer 
par  l'écrasement.  Le  monstre,  furieux  de  se  voir 
entendu.  Du  roc  se  lance  en  bas  et  s'écrase  lui-même, 
corn.  Ùidipe,  i,  4.  |1  Être  écrasé.  Les  fraises  s'é- 
crasent facilement.  |{  Terme  d'escrime.  S'aplatir, 
c'est-à-dire  pousser,  après  le  coup  tiré,  le  genou 
droit  en  avant,  laisser  tomber  le  corps  et  lever  le 
pied  gauche.  ||  Fig.  S'écrouler  par  une  sorte  d'écrase- 
ment. Ainsi  les  grandes  expéditions  s'écrasent  sous 
leur  propre  poids;  les  bornes  humaines  avaient  élé 
dépassées  [dans  l'expédition  de  Moscou];  le  génie  de 
Napoléon,  en  voulant  s'élever  au-de.ssus  du  temps, 
du  climat  et  des  distances,  s'était  comme  perdu  dans 
l'espace,  ségur,  7/ist.  de  Nap.  ix,  t4. 

—  HIST.  XVI'  s.  Deux  mois  après  un  cheval  qui 
rua,  De  coups  de  pied  l'un  de  mes  gens  tua.  Lui 
escrageant  d'une  playe  cruelle  Bien  loin  du  test  la 
gluante  cervelle,  rons.  945.  Je  sçais  qu'il  s'est  trouvé 
des  simples  paisans  s'esiro  laissez  griller  la  plante 
des  pieds,  ecrazer  le  bout  des  doigts,  à  tout  le  chien 
d'une  pistole,  mont,  m,  «52. 

—  ÉTYM.  Génev.  et  Berry,  acraser  ;  de  l'ancien 
Scandinave  krassa,  broyer;  suédois,  krasa;  angl. 
crash  et  crush. 

f  ÉCRASEUR  (é-kra-zeur),  s.  m.  Celui  qui  écrase. 
Il  "i'erme  de  chirurgie.  Écraseur  linéaire,  l'instru- 
ment avec  lequel  on  pratique  l'écrasement  linéaire. 

—  HIST.  xvi*  s.  Escraseur,  oudin. 

—  ÉTYM.  Écraser. 

t  ÉCRECELLE  (é-kre-sè-l'),  s.  f.  Un  des  noms 
locaux  de  la  crécerelle. 

—  ÉTYM.  Voy.  CRÉCERELLE. 

f  ÉCRELET  (é-kre-lè),  s.  m.  Sorte  de  pains  d'épices 
usité  dans  la  Suisse  française.  La  Fanchon  me  servit 
des  gaufres,  des  écrelets,  j.  j.  ROUss.  Ilél,  iv,  to. 

t  ÊCRÉMAGE  (é-kré-ma-j'),  s.  m.  \\  1°  Première 
opération  pour  faire  le  beurre,  qui  consiste  à  enle- 
ver la  crème  qui  monte  sur  le  lait,  de  24  à  72  heures 
après  la  traite,  selon  les  saisons.  ||  2°  Action  d'écré- 
mer le  verre  fondu. 
»  —  ÉTYM.  Écrémer. 

ÉCRÉ.MÉ,  ÉE  (é-kré-mé,  niée),  part,  passé.  Du 
lait  écrémé.  ||  Fig.  Une  bibliothèque  écrémée. 

ÉCRÉMER  (é-kré-mé.  La  syllabe  cré  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'écréme,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  où 
l'accent  reste  aigu,  sans  raison  :  j'écrémerai,  j'écré- 
merais), V.  a.  Il  1°  ôler  la  crème.  Écrémer  du  lait. 
U  2"  Fig.  Enlever  d'un  tout  ce  qu'il  y  a  de  meilleur, 
Ecrémer  une  bibliothèque,  la  cargaison  d'un  na- 
vire. Les  voyageurs  de  commerce  disent  :  11  a  pas.-é 
deux  jours  avant  moi,  il  a  écrémé  la  place,  il  en  a  en- 
levé ce  qu'il  y  avait  de  mieux.  Avec  de  l'exactitude 
à  éviter  tout  détail,  à  ne  point  écrémer  les  conseils 
et  à  être  jaloux  de  les  maintenir  dans  leurs  fonc- 
tions, il  se  trouvera  que  la  malière  des  audiences 
sera  bien  rétrécie,  st-sim.  399,  2(3.  ||  3°  Retirer  les 
ordures  de  la  surface  du  verre  fondu. 

—  HIST.  xvi*  s.  Fromage  frais  et  escrcmé,  paré, 
V,  30.     . 

—  ÉTYM.  Ë  pour  es....  préfixe,  et  crème;  picard, 
écramer. 

+  ÊCRÉMIÈRE  (é-kré-miê-r') ,  ».  f.  Espèce  de 
moule  d'eau  douce  dent  la  coquille  est  employée  à 
écrémer  le  lait. 

—  ÉTYM.  Écrémer. 


ÉCR 

jÉCRÉMOIRE  (é-kré-moi-r"),  t.  f.  Instrument 
pour  ramasser  les  matières  broyées  par  l'artificier, 
ou  pour  les  prendre  dans  les  boîtes.  ||  Ustensile  de 
verrier  pour  débarrasser  le  verre  fondu  de  ses  sco- 
ries.- 

—  ÉT^-M.  Écrémer. 
tÉCRÉ.VAGE  (*-kré-na-j'),  s.  m.  Façon  donnée 

parle  fondeur  à  certaines  lettres  longues. 

—  ÉTYM.  Écréner. 
t  ÉCRÉNER  (é-kré-né.  La  syllabe  cr^  prend  un 

accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'écrène;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  j'é- 
crénerai) ,  v.  a.  Terme  de  fondeur  de  caractères. 
Dégager  le  haut  ou  le  bas  d'une  lettre  d'un  peu  de 
matière  qui  la  fait  porter  à  faux.  {|  S'écréner,  v.réfl. 
Être  écréné.  Il  n'y  a  que  les  lettres  longues  qui 
s'écrènent  pour  placer  dessous  les  quadralins, 
c'est-à-dire  les  espaces  qui  séparent  les  mots. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  cran. 
t  ÉCRÉ.VEUR  (é-kré-neur),   t.  m.  Ouvrier  qui 

pratique  l'écrénage. 

—  ÉTYM.  Écréner. 
I  fiCRÉNOIR   (é-kré-noir) ,   j.  m.    Outil  d'acier 

tranchant  servant  à  écréner. 

ÉCRËTÉ,  ÉE  (é-krê-té,  tée),  part,  passé.  La  mu- 
raille était  écrêtée.  On  vit  une  terre  toute  piétinée 
[un  champ  de  bataille],  nue,  dévastée,  tous  les 
arbres  coupés  à  quelques  pieds  du  .sol,  et  plus  loin 
des  mamelons  écrCtés,  sÊGUR,  Hixt.deNap.  ix,  47. 

t  ÉCKËTEMENT  (é-krè-te-man) ,  ».  m.  |1 1»  Terme 
militaire.  Action  d'écrêter  un  parapet.  ||  2*  Terme 
rural.  Action  de  gratter,  au  printemps,  les  côtés 
des  trous  creusés  avant  l'hiver  pour  y  planter  des 
arbres. 

ÉCRËTER  (é-krê-té) ,  v.  a.  ||  1°  Oter  la  crête. 
Écrêter  un  coq.  {|  2°  Terme  de  guerre.  Battre  à  coups 
de  canon  un  mur,  un  épaulement,  par  le  haut, 
pour  chasser  ceux  qui  sont  derrière.  ||  3"  Terme 
de  ponts  et  chaussées.  Écrêter  une  route  .une  côte, 
l'abaisser.  ||  4°  Terme  rural.  Parer,  au  printemps, 
les  côtés  d'un  trou  fait  en  hiver.  ||  Couper  les  som- 
mités du  blé  de  Turquie. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  crête. 
ÉCREVISSE  (é-kre-vi-s'),  ».  f.  ||  1-  Animal  de  la 

famille  des  crustacés,  qui  vit  dans  l'eau.  Écrevisse 
de  mer,  de  rivière.  Le  physicien  prétendait  même 
être  obligé  au  prince  d'une  observation  singulière.... 
l'électeur  lui  apprit  la  reproduction  merveilleuse 
des  jambes  d'écrevisse,  fonten.  Ilartsoeker.  Les 
pattes  de  l'écrevisse  ont  cinq  articulations;  si  on 
compte  du  bout  de  la  pince,  c'est  à  la  quatrième 
que  la  patte  se  casse  le  plus  fréquemment  et  qu'elle 
se  reproduit  le  plus  facilement,  bonnet,  Comiûér. 
corps  org.  t.  vi,  p.  33,  dans  pougens,  ||  Buisson 
d'écrevisses,  plat  d'écrevisses  entassées  avec  de  la 
verdure.  Il  Aller  comme  les  écrevisses,  reculer  au 
lieu  d'avancer;  locution  qui  vient  d'une  fausse  ob- 
servation, les  écrevisses  marchant  aussi  bien  en 
avant  qu'en  arrière.  Les  sages  quelquefois,  ainsi 
que  l'écrevisse,  Marchent  à  reculons,  tournent  le 
dos  au  port,  la  font.  Fabl.  xii.  tu.  Mère  écrevisse 
ua  jour  à  sa  fille  disoit  :  Comme  tu  vas,  bon 
Dieul  ne  peux-tu  marcher  droit?  m.  ib.  ||  2*  Être 
rouge  comme  une  écrevisse,  trés-rouge  comme  l'est 
une  écrevisse  cuite.  ||  Yeux  d'écrevisse,  nom  im- 
propre donné  à  deux  concrétions  pierreuses  renfer- 
mées dans  l'estomac  de  l'écrevisse  fiuviatile,  quand 
elle  est  sur  le  point  de  muer,  c'est-à-dire  vers  la  fin 
du  printemps,  époque  à  laquelle  elle  se  dépouille  de 
son  test  calcaire,  legoarant.  Les  yeux  d'écrevisse, 
d'ts  aussi  pierres  d'écrevisse,  étaient  autrefois  em- 
ployés en  médecine;  ils  sont  sans  vertu.  113"  Terme 
d'astronomie.  Nom  qui  est  quelquefois  donné  au 
signe  du  zodiaque  dit  Cancer.  ||  4°  Grande  tenaille 
servant  à  traîner  vers  l'enclume  les  morceaux  de 
fer  rouge.  ||  B"  Pierre  à  chaux  qui  a  pris  une  couleur 
rouge  pendant  la  calcination.  ||  6°  Ancien  ternie  mi- 
litaire. Cuirasse  formée  d'écaiiles.  ||  7"  Sorte  de  vers  4 
grec  ou  Ijlin  qui,  lu  à  rebours,  présente  un  sens; 
c'est  ce  (ju'on  ajipelle  plus  souvent  vers  rétrograde, 
vers  récurrent. 

—  HIST.  xiii*  s.  Cesinne  [signe]  que  l'en  claimme 
crcvice,  Ilist.  occid.  des  croisades,  t.  1,  p.  584. 
Il  XV*  s.  Le  dit  Tarraise  estoit  armé,  soubz  son  ves- 
tement,  d'une  armure  nommée  escrevis.se.  du  cangk, 
cancer.  [Je]  vi  reculer  et  tenir  les  sentiers  D'escre- 
vissequi  en  allant  recule,  EUST.  desch.  Poésies  mss,  ' 
dans  LACURNE.  Crevices  que  on  cuit  en  vin,  id.  Ko-  [ 
table  enseignement.  ||  ivi*  s.  Des  escrevisses  vifs, 
o.  DESERRES,  72«.  Les  hommes  guerriers  premiè- 
rement se  couvrirent  de  cuir,  puis  de  pièces  de 
fer  clouées  l'une  sur  l'autre,  appellées  eserevi-sses, 
FAHCH.  de*  Orig.  liv.  u,  p.  n.daasLACuatts.  Beaulx 


ÉCR 


EGR 


ÉCR 


1295 


escarpins  deschicquelez  à  barbe  d'escrevisse,  babel. 

t.  11,   p.  <23,  dans  lACURNE. 

—  ÊTYM.  Génev.  écrivisse;  picard,  écrA-iche ; 
wallon,  grèrèse;  namur.  gravase ;  rouclii,  gra- 
viche;  du  germanique  :  anc.  haut-allem.  tchrepti; 
aile  m.  Krebs. 

ÉCBIER  (S')  (é-kri-é),  v.rélî.  \\  1»  Jeter  subitement 
un  grand  cri,  une  exclamation.  X  cette  vue,  il  s'é- 
cria et  s'enfuit.  J'ai  cliangé  de  couleur,  je  me  suis 
écrite,  corn.  Mcom.  i,  6.  Il  s'écrie,  et  sa  suiie  De 
peur  d'un  pareil  sort  prend  aussitôt  la  fuite,  id.  ib. 
V,  8.  L'ennemi  nous  découvre,  il  s'écrie,  il  menace, 
MAIR.  Uort  d'Asdrubal,  V,  t.  Seigneur,  je  m'écrie 
vers  vous  du  fond  des  abîmes.  Psaumes,  dans 
BiCHEi.ET.  L'enfer  s'émeut  au  bruit  de  Neptune  en 
furie;  l'Iuton  sort  de  son  trône,  il  plllit,  il  s'écrie, 
BOiL.  Traité  du  subi.  vu.  M.  de  Noyon  renconlra 
M.  de  Paris;  il  s'écrie;  M.  de  Paris  va  à  lui,  et 
croit  qu'il  va  mettre  pied  à  terre,  st-sim.  2i,  24. 
Il  2°  Prononcer  des  paroles  en  criant.  Il  s'écria  que 
c'était  une  injustice.  Ah  I  s'est-il  écrié.  César,  tout 
est  perdu,  rotr.  St  Gen.  ii,  8.  Le  tombeau  du  juste 
doit  toujours  faire  s'écrier  avec  saint  Paul  :  Ô 
mort....  CHATEAUB.  Génie,  m,  i,  6.  ||  S'écrier  à 
quelqu'un,  dire  en  criant  quelque  chose  à  quel- 
qu'un. Le  plus  vieux  au  garçon  s'écria  tant  qu'il 
put,  LA  FONT.  Fabl.  m,  t.  Kuyons,  s'écriait-il  à  la 
bête,  autrement....  fén.  Fable  du  vieillard  et  de 
Vdne,  t.  XXI,  p.  307.  ||  3°  Pousser  nn  cri  d'admi- 
ration. Nous  ferons  notre  devoir  de  nous  écrier 
comme  il  faut  sur  tout  ce  qu'on  dira,  mol.  l'réc. 
(0.  11  a  fait  des  traits  d'éloquence  si  à  propos  que 
tout  le  monde  s'en  est  écrié,  sÉv.  t36. 

—  REM.  Le  pronom  réfléchi  est  ici  construit  avec 
un  verbe  neutre,  comme  dans  s'en  aller  et  autres 
(voy.  SE  pour  cette  construction). 

—  HIST.  XI'  s.  Devant  Marsile  cil  s'escriet  moût 
h&ut,  Ch.  de  Roi.  lxix.  Franceis  [il]  escrie,  Olivier 
[il]  apela,  ib.  LxxTtvi.  X  icest  mot  sunt  Franceis 
escriet.  ib.  ex.  ||xii"  s.  Et  si  escrie  :  or  à  eux, 
chevalier,  Jionc.  p.  67.  De  toutes  parz  fu  Montjoie 
escriée,  ib.  p.  «6.  E  quant  il  s'en  parti  de  la  cambre 
le  rei,  JustLses  [justiciers]  e  baruns,  tels  que  nu- 
mer  ne  del,  L'escrierent  en  haut  à  hu  e  à  desrei  ; 
Li  traîtres  s'en  vait....  Th.  le  mart.  48.  ||xin'  s.  Et 
Blanchelleurs  s'escrie  :  haro,  traï ,  traïl  Berte, 
Lxxxix.  Quant  il  les  vit,  il  les  escria  et  leur  dit  que 
il  mourroient,  joinv.  209.  ||  xv"  s.  Ils  ferirent  che- 
vaux des  espérons  tous  d'un  randon  et  se  plantèrent 
enl'ost  du  duc  en  escriant  :  Fauquemont,  Fauque- 
mont  [le  nom  de  leur  chef],  froiss.  i,  i,  3.  Quand 
ces  seigneurs  de  France  virent  la  proie  approcher, 
et  leur  bon  seneschal  chasser,  chascun  sire  escria 
son  cri,  et  fit  sa  bannière  haster  et  passer  avant, 
ID.  I,  I,  254.  Et  si  n'estoient  les  gens  en  aucune 
doute,  car  on  ne  les  avoit  point  avisés  ni  escriés  de 
nulle  guerre,  id.  i,  i,  <oo.  J'en  sui  bien  tennz  de 
priier.  Et  ses  largheces  escrier  [publier],  id.  Poés. 
rnss.  dans  lacurne.  ||xvi's.  L'occasion  est-elle  juste 
de  escrier  son  nom  et  sa  puissance  [de  Dieu]  ?  mont. 
i,  395.  Nous  nous  escrions  du  miracle  de  l'invention 
de  nostre  artillerie,  ID.  IV,  to. 

—  ÉTVM.  J^pour  es.,.,  préfixe,  et  crter;  provenç. 
esgridar;  ital.  sgridare. 

f  ÉCRIER  (é-kri,  kri-é),  v.  a.  Nettoyer  le  fil  de 
fer  en  le  frottant  avec  un  linge  chargé  de  gr6s. 

—  ÉTYM.  Ce  semble  une  autre  forme  à'écriser  ou 
plutôt  égriser   (voy.  êcrisée  et  égriseh). 

t  ÉClilEUR  é-kri-eur) ,  s.  m.  Ouvrier  qui  écrie  le 
81  de  fer. 

—  ÉTYM.  Écrier  2. 

ÉCRILLE  (é-cri-ir,  U  mouillées,  et  non  é-kri-ye), 
t.  f.  Sorte  de  claie  ou  de  clôture  de  barres  de  bois 
dont  on  se  sert  pour  empêcher  que  le  poisson  ne 
sorte  des  étangs  par  les  décharges. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  crille  pour 
grille. 

ÉCRIN  (é-krin),  s.  m.  ||  1°  Petit  coffret  pour  serrer 
les  pierreries,  les  bijoux.  ||  Fig.  C'est  le  plus  beau 
joyau  de  son  écrin,  c'e.^t  ce  qu'il  possède  de  plus 
précieux.  |{  2"  Les  joyaux  que  renferme  l'éorin.  Un 
pche,  un  bel  écrin. 

—  HlST.  xir  s.  E  U  ordené  [prêtres]  receurent 
tarche,  e  l'escrin  ù  esteit  li  presenz,  les  anels.... 

ois,  22.  Il  XIII'  s.  Je  trovai  jà  en  un  escrin  Un 

Te....  lien.  28.  Et  por  ce  qu'acoustuméement 
in  ne  révèle  pas  volentiers  ce  c'on  met  en  huces 
ke  en  escrins,  à  estranges  gens,  beaum.  xxxix,  79. 
El  furent  ses  os  gardés  en  un   escrin  et  enfouis   à 

aint  Denis  en  France,  joisv.  3o:).  ||  xiv  s.  Par  dé- 
pens mon  hostel  sont  bien  mille  florin;   Maintenant 

ous  donrai  les  clés  de  mon  escrin,  Beaud.  de  Seb. 

II,  75).  ||x?'  3.  Et  ces  brigands  bricolent  maisons, 


coffres  et  escrins,  et  prenolent  quant  qu'ils  tro- 
voient,  puis  s'en  alloient  leur  chemin  chargés  de 
pillage,  FROISS.  i,  i,  324. 

—  ÉTYM.   Wallon,    skrinay,    layette  ;    provenç. 
escrin;  ital.  scrigno;  du  latin  scrinium. 

ÉCRIRE  (é-kri-r'),  j'écris,  nous  écrivons;  j'écri- 
vais; j'écrivis;  j'écrirai  ;  j'écrirais;  écris,  écrivons; 
que  j'écrive;  que  j'écrivisse;  écrivant,  écrit,  v,  a. 
Il  1°  Exprimer  avec  des  lettres  les  sons  de  la  parole 
et  le  sens  du  discours.  J'ai  écrit  quelques  mots 
sur  ce  papier.  Ecrire  ses  sentiments.  Écrire  ses 
idées.  Écrire  un  calcul.  U  [Dieu]  écrit  de  sa  propre 
main,  sur  deux  tables  qu'il  donne  à  Moïse  au  haut 
du  mont  Sinaï,  le  fondement  de  celte  loi,  c'est- 
à-dire  le  décalogue  ou  les  dix  commandements,  qui 
contiennent  les  premiers  principes  du  culte  de  Dieu 
et  de  la  société  humaine,  boss.  Jlist.  i,  4.  Je  crois 
qu'on  fit  des  vers  longtemps  avant  de  les  savoir 
écrire;  mais,  l'alphabet  une  fois  connu,  sans  doute 
on  écrivit  autre  chose  que  des  vers,  P.  L.  cour. 
Préface  d'Hérodote.  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue, 
en  parlant  de  la  musique,  écrire  un  morceau,  un 
air.  Il  De  même,  en  parlant  d'arithmétique  ou  d'al- 
gèbre, écrire  une  addition,  une  opération,  une  in- 
tégrale. ||  Écrire  une  page,  rem[ilir  une  page  de 
lettres  et  de  mots.  Cet  enfanta  écrit  ses  deux  pages. 
|]  Absolument.  Savoir  lire  et  écrire.  Je  voudrais,  di- 
siez-vous,  ne  savoir  pas  écrire,  rac.  Brit.  iv,  3.  II 
tira  ensuite  de  sa  poche  une  petite  lame  d'ivoire, 
écrivit  sur  cette  lame  avec  une  aiguUle  d'or,  attacha 
la  tablette  d'ivoire  à  l'arc...  volt.  Babylone,  *. 
Il  Voilà  une  bonne  voix  pour  écrire,  et  une  bonne 
main  pour  chanter,  se  dit  de  qualités  qui  ne  con- 
viennent aucunement  à  la  chose  dont  il  s'agit. 
Il  2°  Inscrire  ....ô  mon  Dieu!....  vous  l'aviez  écrit 
sur  le  livre  éternel,  mass.  Or.  fun.  Louis  XtV. 
Il  Fig.  Dieu  a  écrit  sa  loi  dans  nos  consciences. 
Il  3°  Orthographier.  Comment  écrivez-vous  votre 
nom?  Comment  écrivez-vous  tel  mot!  ||4°  Adresser 
et  envoyer  une  lettre  à  quelqu'un.  Je  vous  ai  écrit 
deux  lettres,  vous  ne  m'avez  pas  répondu.  ||  Écrire  un 
volume,  c'est-à-dire  écrire  une  très-longue  lettre.  Je 
me  croirai  la  plus  aimée,  la  mieux  traitée,  la  plus 
tendrement  ménagée,  r;uand  vous  prendrez  sur  moi 
et  que  vousôterezdu  nombre  de  vos  fatigues  le  vo- 
lume que  vous  m'écrivez,  sÉv.  305.  ||  Informer  par 
lettre  ou  par  correspondance.  J"e  lui  ai  écrit  la  mort 
de  son  père.  |{  Absolument.  Il  m'écrivit  qu'il  fallait 
se  hâter.  Je  vous  écrirai,  et  je  vous  donnerai  mon 
adresse.  J'écrivis  en  Argos  pour  hâter  ce  voyage, 
HAC.  Iphig.  I,  t.  Il  Ces  deux  personnes  s'écrivent, 
elles  ont  entre  elles  un  commerce  de  lettres. 
Il  Écrire  de  bonne  encre,  de  la  bonne  encre  à  quel- 
qu'un, lui  faire  des  remontrances  sévères,  lui  inli- 
mer  sérieusement  un  ordre.  ||  5°  Rédiger,  composer 
un  ouvrage.  Écrire  un  traité,  une  histoire  U  a  écrit 
ses  mémoires.  Un  saint  abbé  dont  la  doctrine  et  la 
vie  sont  un  ornement  de  notre  siècle,  ravi  d'une 
conversion  aussi  admirable  et  aussi  parfaite  que  celle 
de  notre  princesse,  lui  ordonna  de  l'écrire  pour 
l'édification  de  l'Église,  boss.  Anne  de  Gonz.  Quoi 
que  vous  écriviez,  évitez  la  bassesse;  Le  style  le 
moins  noble  a  pourtant  sa  noblesse,  boil.  Art  p.  i. 
Il  Absolument.  Écrire  en  prose,  en  vers.  Cet  auteur 
a  beaucoup  écrit.  Ceux  qui  ont  écrit  sur  cette  ma- 
tière. Il  faut  qu'un  galant  homme  ait  toujoursgrand 
empire  Sur  les  démangeaisons  qui  nous  prennent 
d'écrire,  mol.  Mis.  i,  2.  Il  se  tue  à  rimer;  que  n'é- 
crit-il en  prose?  boil.  Sat.  ix.  Écrive  qui  voudra; 
chacun  à  ce  métier  Peut  perdre  impunément  de 
l'encre  et  du  papier,  id.  ib.  ix.  Avant  donc  que  d'é- 
crire, apprenez  à  penser,  id.  Art  p.  i.  Mais  dans 
l'art  dangereux  de  rimer  ou  d'écrire.  Il  n'est  point 
de  degré  du  médiocre  au  pire,  m.  ib.  iv.  La  plu- 
part, comme  ceux  qui  depuis  ont  écrit  sur  cette 
journée,  ignoraient  les  souffrances  physiques  d'un 
chef  qui....  sf.gur,  Jlist.  de  Nap.  iv,  6.  ||  On  dit 
aussi  :  écrire  d'une  chose.  Prétendre  en  écrivant  de 
quelque  art  échapper  à  la  critique,  la  brut.  Di.'.c. 
sur  Théophr.  ||  Il  se  dit  du  genre  de  style.  Cet 
homme  parle  bien,  mais  ne  sait  pas  écrire.  Donnons- 
lui  donc  [à  Calvin],  puisqu'il  le  veut  tant,  cette 
gloire  d'avoir  aussi  bien  écrit  qu'homme  de  son 
siècle;  mettons-le  même,  si  l'on  veut,  aji-dcssus 
de  Luther....  boss.  Variations,  ».  Qui  ne  sait  se 
borner  ne  sut  jamais  écrire,  boil.  Art  p.  i.  Il  faut 
exprimer  le  vrai  pour  écrire  naturellement,  forte- 
ment, délicatement,  labruy.  i.  Un  esprit  médiocre 
croit  écrire  divinement,  un  bon  esprit  croit  écrire 
raisonnablement,  iD.tb.  Tout  auteur  qu'on  est  obligé 
de  lire  deux  fois  pour  l'entendre  écrit  mal,  st-foix, 
Ess.  Paris,  t.  iv,  p.  221,  dans  pougens.  [La  Motte- 
Houdard]  prouva  que  dans  l'art  d'écrire  on  peut 


encore  être  quelque  chose  au  second  rang,  volt- 
Louis XIV,3i.  Il  Écrire  au  courant  de  la  plume,  écrire 
rapidement,  sans  mettre  beaucoup  de  réilexion. 
y  Avancer,  exposer,  enseigner.  Arisiote  a  écrit  que 
les  animaux....  ||  U  se  dit  aussi  des  composition» 
musicales.  Écrire  un  opéra.  Ce  musicien  a  beaucoup 
écrit.  Il  6°  Terme  de  pratique.  Exposer  ses  moyens 
dans  un  mémoire,  dans  une  requête.  Us  furent  ap- 
pointés à  écrire  et  produire.  ||  X  mal  exploiter  bien 
écrire,  se  dit  de  celui  qui,  ayant  fait  des  fautes  et 
manqué  aux  formalités,  y  remédie  par  des  écritures 
arrangées.  Il  Rédiger  un  procès-verlial,  un  interro- 
gatoire, une  déposition.  Tiens,  voilà  ton  paiement. 

—  Un  souflleti  écrivons,  r»c.  Plaid,  ii,  * Vous 

riez?  Écrivez  qu'elle  a  ri,  id.  ib.  ii,  8.  ||  S'engager 
par  écrit.  Il  ne  suffit  pas  de  promesses,  il  faut 
écrire.  Quiconque  écrit  s'engage,  th.  corn.  l'Amour 
à  la  mode,  l,  2.  y?"  Marquer,  indiquer.  Son  sang 
sur  la  poussière  écrivait  mon  devoir,  corn.  Cid,  a, 
9.118°  S'écrire,  v.  réfl.  Être  écrit.  Tout  ce  qui  se 
dit  ne  s'écrit  pas.  Tout  ce  qui  est  bon  à  écrire,  c'est 
une  maxime  de  Vaugelas,  est  bon  à  dire;  mais  tout 
ce  qui  peut  se  dire  ne  se  doit  pas  écrire,  d'olivet. 
Rem.  sur  Racine,  §  94.  ||  Être  orthographié.  Ce  mot 
ne  s'écrit  jias  ainsi.  ||  9°  S'écrire  chez  quelqu'un, 
inscrire  son  nom  chez  quelqu'un  à  qui  l'on  fait 
visite.  Il  Se  faire  écrire  chez  quelr]u'un,  à  la  porto 
de  quelqu'un,  faire  mettre  son  nom  sur  un  papier 
chez  le  portier.  Je  n'avais  pas  changé  [de  conduite 
froide  avec  Villeroy]  depuis,  hors  de  me  faire  écrire 
aux  occasions  chez  le  maréchal,  ce  qui  ne  s'omet 
qu'en  brouillerie  ouverte,  st-sim.  392,  69.  On  sait 
quand  il  faut  se  faire  écrire,  c'est-à-dire  faire  une 
visite  qu'on  ne  fait  pas,  j.  i.  rouss.    Iléloïse,  ii,  7. 

—  REM.  Racine  a  dit  écrire  en  Argos,  c'est-à-dire 
dans  le  pays  d'Argos;  c'est  une  licence  poétique,  ou, 
si  l'on  veut.  Racine  a  pris  Ar^'os  dans  le  sens  de 
pays  d'Argos.  Mais,  dans  la  règle,  en  ou  dans  ne 
peut  se  dire  qu'avec  un  pays  :  j'ai  écrit  dans  ce 
pays-là;  mais  j'ai  écrit  à  Londres,  à  Berlin. 

—  HIST.  XI'  s.    Il  est  escrit  en  la  geste  francor, 

Ch.  de  Roi.  ex.  f|  xii' s Faites  faire  erraument 

[aussitôt]  Vos  Chartres  et  vos  briés  [brefs]  à  clerz 
bien  escrivanz,  Sax.  xxi.  Demain  iront  partout  no 
brief  qui  sont  escrit,  ib.  xxiv.  Davit  li  reis,  qui  out 
en  sei  saint  esperit.  Quant  il  out  Salomun  son  fil 
à  ;rei  escrit....  Th.  le  mart.  27.  Solunc  [selon]  ses 
paroles  [il]  escrit  [écrivit]  par  tôt  son  règne,  e 
establi  princes  qui  ço  feissent  faire  par  force, 
Maehab.  l,  t.  |i  xiii' s.  Car  bien  estoit  letrée  et 
bien  savoit  escrire,  Berte,  xiv.  Et  des  nombres 
[il]  devoit  escripre,  la  Rose,  6720.  Lesquiex  en- 
seignemens  le  roy  escript  [écrivit]  de  sa  sainte 
main,  joinv,  SOO.  ||xiv'  s.  Comme  l'en  doit  former 
ou  escripre  les  livres,  oresme,  Elh.  67.  Li  dras 
[étoffe]  qui  fu  escris  de  painture  dorée,  Beaud. 
de  Seb.  u,  954.  ||xv"  s.  Ces  deux  [Philippe  d'Arle- 
velle  et  Piètre  du  Bois]  se  nommoient  et  escrisoient 
souverains  capitaines  de  tous,  froiss.  ii,  n,  <60.  Et 
escripst  [écrivit]  le  pape  au  roi  Charles,  que  il  ren- 
voyast  sa  sœur  Isabelle  en  Angleterre,  id.  i,  i.  (t. 
[Le  duc  d'Anjou]  escripsit  devers  messire  Jean 
d'Armignac  que  à  ce  besoin  il  ne  lui  voulsist  faillir, 
ID.  Il,  II,  t.  Leduc  d'Anjou  qui  se  faisoit  escrire 
roy  de  Cécile  et  de  Hierusalem,  id.  liv.  ii,  p.  t60, 
dans  lacurne.  ||xvi'  s.  Xercès  escrivit  un  cartel  au 
mont  Athos,  mont,  i,  22.  Escrit  il  en  vers  ou  en 
prose?  ID.  i,  H 42.  Caton,  qui  luy  assistoit  à  sa  brigue, 
s'advisa  que  les  tables  où  s'escrivoient  les  voix  es- 
toient  toutes  escrittes  d'une  main,  ID.  Cat.  d'Utiq. 
62.  Il  est  fort  difficile  d'escrire  bien  en  nostre  lan- 
gue, si  elle  n'est  enrichie  autrement  qu'elle  n'est 
pour  le  présent,  de  mots  et  de  diverses  manières  de 
parler;  ceux  qui  escrivent  journellement  en  elle  sa- 
vent bien  à  quoi  s'en  tenir;  car  c'est  une  extrême 
gène  de  se  servir  tousjours  d'un  mot,  rons.  >89. 

—  ÊTYM.  ■Wallon,  skrlre;  provenç.  escrmre;  cs- 
pagn.  escribir  ;  portug.  escrever ;  iial.  scrivcre;  du 
latin  scribcre,  le  même  que  le  grec  Ypàçeiv  (dont 
le  thème  est  YpaS),  par  la  prosthèse  d'une  s.  Com- 
parez graver;  le  goth.  grahan,  creuser;  allem.  gra- 
ben.  Le  sens  du  radic.il  grab  ou  scrib  est  creuser. 

tÉCRISÉE  (é-kri-zée),  s.f.  Corruption  d'égrisée. 

1.  ÉCRIT,  ITE  (é-kri,  kri-t'),  part,  passé  d'écrire. 
Il  1»  Exprimé  par  des  lettres.  Discours  écrit.  Conven- 
tion écrite.  Les  temps  de  la  loi  écrite  commencent; 
elle  fut  donnée  à  Moise  430  ans  après  la  vocation 
d'Abraham,  boss.  Ilist.l,  *.  Alison  dit  ces 'mot» 
avec  tant  de  chaleur.  Que  je  crus  qu'elle  était  en 
vertus  accomplie;  Mais  ses  péchés  écrits  tombère.H 
par  malheur;  Elle  n'y  prit  pas  garde ,  lafont.  Bal- 
lade sur  les  livres  d'amour.  ||  Langue  écrite,  langue 
littéraire-  et  grammaticale,  par  opposition  &  laOguQ 


1296 


É(JR 


ptrUe.  Il  Ce  qui  est  écrit  est  écrit,  on  ne  pc»t  ne» 
changer  4  ce  qui  est  écrit.  ||  Cela  était  écrit  au  ciel , 
la  Providence  avait  résolu  qu'il  en  serait  ainsi,  ou 
ahsoluroenl,  cela  est  écrit,  était  écrit,  cela  doit, 
devait  arriver.  Il  est  écrit  que  je  ne  g.iRnerai  pas. 
Il  i'  Sur  quoi  on  a  écrit.  Une  feuille  écrite  des  deux 
cOiés.  Papier  écrit,  opposé  à  papier  blanc.  ||  Il  faut 
remarquer  que,  bien  qu'on  dise  papier  écrit,  feuille 
écriie,  parchemin  écrit,  cependant  on  ne  dit  pas 
en  ce  sens  écrire  un  parcliemin,  une  feuille,  un 
papier.  ||  S'Orlhopraphié.  Pâques  autrefois  écrit  avec 
une»;  Pasques.  ||  4°  Peint,  tracé,  manifeste.  L'en- 
nui est  écrit  sur  son  visage,  sÉv.  (98.  Mon  malheur 
n'est-il  pas  écrit  sur  son  visage?  bac.  Baj.  iv,  4. 
Dans  ses  yeux  insolents  je  vois  ma  perte  écrite, 
m.  Pliéd.  III,  3.  Il  S°  Composé,  rédipé.  L'histoire 
écrite  par  Tacite.  ||  6°  Bien  écrit,  mal  écrit,  rédigé  en 
bon,  en  mauvais  style.  Je  ne  sais  si  la  peinture  de 
la  sécheresse  dans  le  treizi&me  chani  [do  la  Jéru- 
salem] n'est  pas  le  morceau  du  poème  le  mieux 
écrit,  CHATFAUB.  Itin.  III,  (2.  Il  Absolument.  Cela 
n'est  pas  écrit,  se  dit  dune  composition,  d'une  pièce, 
d'un  livre  dont  le  style  est  .sans  correction  ni  élé- 
gance. Il  ?•  Terme  d'hi.stoire  naturelle.  Qui  offre  des 
taches  ayant  de  la  ressemblance  avec  des  caractères 
d'écriture.  Le  cône  écrit,  sorte  de  coquille. 

2.  fiCKlT  (ékri;  le  (  ne  se  lie  paiî;  au  pluriel,  l's 
se  lie:  des  é-kri-z  élégants),  s.  m.  ||  1°  Papier  ou 
parchemin  sur  lequel  une  chose  est  consignée  avec 
des  lettres.  Passez-moi  cet  écrit.  Tiens,  perfide, 
regarde  et  démens  cet  écrit,  rac.  Baj.  v,  4.  Ces  ar- 
chives des  lois,  ce  vaste  amas  d'écrits,  volt.  Or- 
phel.  II,  B.  Il  Un  mot  d'écrit,  une  lettre  très-courte, 
un  écrit  très-court.  Que  dites-vous  du  tour  et  de  ce 
mot  d'écrit?  mol.  Éc.  des  f.  m,  4.  ||  En  écrit,  par 
écrit,  sur  le  papier,  par  opposition  à  de  vire  voix. 
Vous  pouviez  vous  passer  de  mes  emhrassemenls, 
Me  faire  par  écrit  de  tels  remercîmenls,  conN.  Nie. 
u,  2.  Us  commencèrent  à  publier  leurs  prophéties 
par  écrit,  boss.  Hist.i,  e.  Jusque-là  Dieu  n'avait 
rien  donné  par  écrit,  id.  ib.  ii,  3.  L'ordre  que  je 
lui  avais  donné  par  écrit  de  tuei  Pbiloclès,  fïn.  Tri. 
XIII.  Il  En  procédure,  instruction  par  écrit,  affaire 
instruite  par  écrit.  Procès  par  écrit,  instruction, 
affaire,  procès  où  tout  est  fait  par  écrit.  Preuve  par 
écrit,  par  opposition  à  preuve  testimoniale.  ||  Mettre 
en  écrit,  par  écrit,  consigner  par  écrit,  coucher 
par  écrit,  écrire  une  chose  pour  s'en  souvea:. ,  ou 
exposer  une  chose  dans  un  écrit,  dans  un  mémoire. 
Une  autre  fois  je  mettrai  mes  raisonnements  par 
♦crit  pour  dis|>uter  avec  vous.  mol.  Festin,  I,  2.  Je 
n'ii  point  de  repos  qu'il  ne  soit  en  écrit,  boil.  Sat. 
VII.  Tu  te  souviens  qu'au  villa(,'e  on  t'a  dit.  Que  ton 
maître  e^t  gagé  pour  coucher  par  écrit  Les  faits  d'un 
roi  plus  grand  en  sagesse,  en  vaillance,  Que  Char- 
lemagne  aidé  des  douze  pairs  de  France,  id.  Éptt. 
XI.  Il  2°  Acte,  convention  écrite.  Ils  ont  fait  un  écrit. 
Signer  un  écrit.  ||  3'  Ouvrage  littéraire  ou  scienti- 
fique. Mais  je  lui  disais,  moi,  qu'un  froid  écrit  as- 
somme, MOL.  Uis.  I,  2.  J'ai  vu  un  écrit  que  vous 
avez  publié,  pasc.  Prot'.  tt.  Les  écrits  qu'ils  fai- 
saient étaient  entre  les  mains  de  tout  le  peuple, 
BOSS.  Ilitl.  Il ,  4.  Tes  écrits,  il  est  vrai ,  sans  art  et 
languissants,  Semlilent  être  formés  en  dépit  du  bon 
sens,  BOIL.  Sat.  li.  Il  n'est  valet  d'auteur  ni  copiste 
à  Paris  Qui,  la  balance  en  main,  ne  pèse  les  écrits, 
ID.  Sat.  IX.  Et  .ses  écrits  tout  seuls  doivent  parler 
pour  lui,  in.  t'6.  Mais  nous  autres  faiseurs  de  livres 
et  d'écrits,  Sur  les  bords  du  Permesse  aux  louanges 
nourris,  ID.  Épit.  vi.  Si....  Tu  t'allais  engager  à 
polir  un  écrit,  id.  ib.  xi.  Surtout  qu'en  vos  écrits  la 
langue  révérée  Dans  vos  plus  grands  excès  vous 
soit  toujours  sacrée,  id.  Art  p.  i.  Tel  écrit  récité  se 
soutint  à  l'oreille.  Qui,  dans  l'impression  au  grand 
jour  sh  montrant.  Ne  soutient  pas  des  yeux  le  regard 
pénétrant,  id.  ib.  iv.  ||  En  général,  écrit  se  dit  des 
ouvrages  en  prose.  Il  peut  bien  désigner  collective- 
ment des  poèmes,  mais  il  n'a  pas  ce  sens  par  lui- 
même.  Les  Grecs  faisaient  la  même  distinction  que 
nous;  ils  appelaient  aufTP*!'-!''"»  '^s  ouvrages  en 
prose,  par  opposition  aux  nonoiiara,  les  poèmes. 
Il  4*  Autrefois  leçons  qu'on  écrivait  sous  un  profes- 
sAur  de  théologie  ou  de  philosophie  qui  dictait.  J'ai 
encore  tous  mes  écrits  de  philosophie.  On  dit  au- 
ioi.rd'hui  cahiers. 

—  lllST.  III'  s.  Et  les  escritz  que  je  ai  aportez, 
Honc.  p.  îî.  Pris  i  furent  si  livre  [ses  livres]  et  tres- 
tuit  si  escrit,   Th.  le  mort.  IB2.  ||  xiii's.  Si  com  à 

8t  Denis  en  escript  [je]  le  trovai,  Bertt,  LVII Li 

livre»  anciens....  Où  .sa  mort  trovons  en  escript,  Si 
cum  Sueloniua  l'escript,  la  Hose,  648t.  Et  tout  cil 
qui  s'i  acordent  doivent  eslre  mis  en  escrit  comme 
acordan»,  bkaom.  8t.  Nus  [nul]  n'est  tenu  à  baillier 


ECR 

en  escrit  à  averse  partie  lo  dit  de  ses  tesmoins,  id. 
xxxix,  57.  Quant  mon  non  fu  mis  en  escrit,  si  me 
mena  l'amirant  dedans  le  pavillon,  là  où  les  barons 
esloient,  jomv.  242.  ||xv*  s.  Car  par  escript  vous  a 
pieu  me  donner  Tng  doux  confort,  CH.  d'obl.  Bal. 
Il  XVI'  s.  Ayant  rédigé  par  escrit  en  deux  livres  tout 
ce  qu'il  avoil  fait  en  ceste  charge,  il  n'en  put  sau- 
ver ny  l'un  ny  l'aiilre,  amyot,  Cat.  d'Ut.  6I.  Autant 
lie  fois  que  l'on  transcrit.  Autant  corrige  on  son  es- 
crit,  LEBOUX  DE  LINCY,   l'rOV.  t.  II,    p.  128. 

—  ÉTYM.  Écrit  I  ;  viaWon.skryeg;  provenç.  escrit; 
espagn.  escritn;  ital.  scritto. 

ÊCniTEAU  (é-kri-tô),  s.  m.  Porte  d'affiche,  collée 
sur  du  bois  ou  sur  le  mur,  faisant  connaître  une 
chose  au  public.  Mettre  un  écriteau.  Jadis  on  expo- 
sait les  condamnés  avec  des  écriteaux.  Un  écriteau 
marquait  que  la  maison  était  à  vendre,  fÉN.  Dio- 
gêne.  Les  peuples  ont  leur  lendemain  :  Pour  rendre 
leur  route  douteuse,  Suffit-il  qu'une  main  honteuse 
Change  l'écriteau  du  chemin?  v.  iilgo,  Crép.  I. 
Il  Mettre  écriteau,  annoncer  par  un  écriteau  que 
quelque  chose  est  à  vendre  ou  à  louer.  ||  Kig.  Mettre 
un  écriteau  à  une  femme,  l'afficher  par  ses  propos 
ou  ses  démarches  comme  sa  maïtres.se. 

—  S'YN.  ÉCRITEAU,  INSCRIPTION.  L'écritcau  n'est 
qu'un  morceau  de  papier  ou  de  carton  sur  lequel  on 
écrit  quelque  chose  en  grosses  lettres  pour  donner 
avis  au  public.  L'inscription  se  grave  sur  la  pierre, 
sur  le  marbre,  sur  des  colonnes,  sur  un  mausolée, 
sur  une  médaille  ou  sur  quelque  autre  monument  pu- 
blic pour  conserver  la  mémoire  d'une  chose  ou  d'une 
personne,  Encyclop.  v,  3!>7.  Ajoutons  que  l'inscrip- 
tion est  fixe,  et  l'écriteau  mobile. 

—  HIST.  xiv's.  L'autre  escriptel  où  son  nom  sera 
mis,  Modus,  ms.  f°226,  dans  lacurne.  ||  xvr  s.  U 
tomba  du  ciel  plusieurs  petits  escriteaux,  en  l'un 
desquels  y  avoit  escrit  de  mot  à  mol  :  Mars  secoue 
ses  armes,  amvot,  Fab.  4. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  écrit  2;  picard,  écritieu. 
ÉCKITOIUE  (é-kri-toi-r'),  s.f.\\l'  Petit  meuble 

portatif  où  l'on  met  tout  ce  qu'il  faut  pour  écrire. 
Écritoire  de  poche,  de  bureau.  U  a  un  grand  re- 
gistre sous  son  bras,  une  écritoire  pendue  à  sa  cein- 
ture et  une  guitare  sur  le  dos,  lesage,  Diable  boi- 
teux,  ch.  (7.  Il  Nobles  d'ïcritoire,  nom  que  la 
noblesse  d'épée  donnait  par  mépris  à  la  noblesse  de 
robe.  Il  Greffier  de  l'ècritoire,  voy.  greffier.  ||  2°  Pe- 
tit vase  où  l'on  met  de  l'encre,  et  que  l'on  nomme 
plus  souvent  encrier.  Il  est  ami  de  Fagon,  il  me 
conta  qu'il  ne  vivait  que  par  l'éloignement  des  écri- 
toires  [en  n'écrivant  plus],  SÉv.  395.  Rappelez-vous 
que  ce  jour-là  Un  beau  page  tint  l'écriioire,  bérang. 
Conlr.  de  mar.  ||  Fig.  A  pleine  écritoire,  en  écri- 
vant, exposant  amplement.  Tel  fut  notre  début  en 
Italie,  dont  toute  la  faute  fut  imputée  à  Câlinât,  en 
quoi  Vaudemont,  en  pinçant  seulement  la  matière, 
et  Tessé  à  pleine  écritoire  ne  s'épargnèrent  pas, 
ST-siM.  08,  2).  Il  3°  Autrefois,  nom  de  cellules  qui 
étaient  au  rez-de-chaussée  de  plusieurs  monastères 
et  dans  lesquelles  on  copiait  les  manusciits. 

—  UEM.  Le  genre  d'écritoire,  entre  l'étymologie 
{scriptorium)  et  la  finale  féminine,  a  varié;  il  est 
masculin  dans  Rabelais  et  dans  plusieurs  provinces. 

—  SVN.  ÉCRITOIRE,  ENCRIER.  L'oncrier,  à  propre- 
ment parler,  n'est  qu'une  partie  de  l'ècritoire, 
comme  la  poudrière  ou  le  porte-plumes. 

—  lllST.  xii*  s.  Li  frères  l'endemaiii  al  saint  humme 
en  ala,  K  en  sun  escritorie,  là  ù  il  le  trova.  Pur  la 
pitié  de  Deu  tant  li  dist  e  preia....  Th.  le  mart.  95. 
Il  XV*  s.  Or  me  convient,  Entroes  que  [pendant  que] 
j'ai  sens  et  mémoire,  Encre  et  papier  et  escriploire, 
Canivel  et  penne  taillée ,  froiss.  Buisson  de  jo- 
nece.  \\  xvi'  s.  Et  portoit  ordinairement  ung  gros  es- 
criptoire,  pesant  plus  de  7uoo  quintaulx,  rab.  Garg. 
I,  14.  Les  Genevoys,  quaud,  ou  matin,  avoir  de- 
dans leurs  escrlptoyres  et  cabinets  propensé  et  ré- 
solu de  qui  et  de  quelz,  celluy  jour,  ilz  pourront 
tirer  denares,  ilz  sortent  en  place,  id.  Pant.  iv, 
ATout).  prol. 

—  ETYM.  'Wallon ,  skriftàr,  skrislôr;  provenç. 
«.«cri'plort ;  espagn.  escriplorio ;  ital.  jcrilfoio;  du 
latin  scriplortiim.  de  scriticre,  écrire.  Escritorie  est 
une  ancienne  forme  étymologique  d'escri'loire.  et  ne 
donnait  pas,  à  la  prononciation,  une  syllabe  de 
plus.     * 

ÉCRITURE  (é-kri-tu-r') ,  s.  f.  \\  l'Ce  qui  est  écrit. 
Toutes  ces  écritures  ont  pa.ssé  sous  vos  yeux.  Voyez 
votre  écriture;  Vous  n'appellerez  pas  de  votre  si- 
gnature, RAC.  Plaid.  \u,  4.  Il  Terme  d'ailministra- 
tion.  Comptes,  correspondances,  rapports.  Multi- 
plier les  écritures.  Commis  aux  écritures.  ||  Tenir 
>es  écritures,  se  dit  dans  la  banque  et  le  commerce, 
d3  l'employé  qui  est  chargé  des  comptes  et  corres- 


ECU 

pondances.  ||  Terme  de  palais.  Écrits  qu'on  fait  pour 
un  procès.  Fournir  des  écritures.  Qu'on  cbercli&t 
une  fin  aux  écritures,  la  bruy.  xiv.  ||  Ecritures  de 
banque,  les  billets  que  les  banquiers  ou  nëgocianta 
se  donnent  réciproquement  pour  opérer  des  trans- 
ferts. Il  Terme  de  marine.  Papiers,  registres,  passe- 
ports. Il  2°  L'art  d'écrire;  reproduction  de  la  parole 
par  des  lettres.  L'écriture  est  la  peinture  de  la  voix  ; 
plus  elle  est  ressemblante,  meilleure  elle  est,  volt, 
Dict.  phil.  orthographe.  Quand  l'écriture  fut  trou- 
vée, plusieurs  bWmaieiit  cette  invention,  non  en- 
core justifiée  aux  yeux  de  bien  des  gens;  on  la  li- 
sait pro[ire  à  ôler  l'exercice  de  la  mémoire  et  à 
ren'Ire  l'esprit  paresseux,  P.  L.  cour.  Préface  à  Hé- 
rodote. Il  Écriture  idéographique,  celle  qui  repré- 
sente directement  les  idées,  par  exemple  chez  im  li 
les  signes  de  ponctuation.  Écriture  phonétique,  ctlle 
qui  reprùsente  les  sons  de  la  parole.  Écriture  svl- 
labique,  celle  qui  ne  décompose  pas  les  syllab';, 
en  voyelles  et  consonnes.  Écri,ture  alphabéiique, 
celle  qui  représente  les  sons  de  la  voix  avec  les 
lettres  d'un  alphabet.  Écriture  hiéroglyphique,  écr,- 
lure  des  Egyptiens  qui  représentait  en  général  non 
des  sons,  mais  des  mots.  Écriture  démotique,  écri- 
ture cursive  des  Égyptiens  dérivée  des  hiéroglyphes 
Il  3°  Art,  manière  de  former  les  lettres.  Avoir  une 
belle  écriture.  Une  écriture  illisible.  Oui,  si  je  ne  sa- 
vais quelle  est  ton  écriture,  mair.  Sophon.  i,  I.  On 
avait  parfaitement  imité  son  écriture,  fên.  Tél.  xi;i. 
Mon  écriture  n'est  pas  mauvaise,  repartit  Henriette, 
et,  si  vous  le  permettez,  je  serai  votre  maitresst;, 
M"'  DE  GENLis,  Veillées  du  chdt.  1. 1,  p.  5),  dam 
POUGKNS.  Il  Forme  particulière  des  caractères.  L'écri- 
ture gothique.  L'écritureciirsive.  L'écriture  anglaise 
Il  4°  Action  d'écrire.  Je  vis  l'autre  jour  du  Chos;  e 
chez  M.  de  Couhinges,  qui  a  gardé  plus  de  qui.i/.e 
jours  sa  chambre  pour  des  dégoûts  et  des  plti.i 
tudes;  il  me  parla  de  votre  santé,  et  me  dit  enci.ro 
pis  que  pendre  de  celte  chienne  d'écriture,  srv. 
395.  Il  8°  L'Écriture  sainte,  ou,  absolument,  l'É- 
criture, les  Écritures,  c'est-à-dire  l'Ancien  et  le 
Nouveau  Testament  (en  celte  acception.  Écriture 
prend  un  E  majusculn).  Nous  lisons  dans  1  Écri- 
ture sainte.  Ces  explications  licencieuses  font  trou- 
ver tout  ce  qu'on  veut  dans  l'Écriture,  Boss.  Vur. 
II.  §  23.  [Suivant  celte  doctrine]  Ce  n'est  pas  le  sen- 
timent quV,n  a  des  choses  qui  doit  être  éprouvé  par 
l'Écriture;  mais  l'Ecriture  elle-même  n'est  connue 
ni  sentie  que  par  le  sentiment  qu'on  a  des  choses 
avant  que  de  connaître  les  saints  livres,  et  la  relig  un 
est  formée  sans  eux,  id.  ib.  xv,  §  Ii5.  Ne  vous  éi  o  - 
nez  pas,  chrétiens,  si  je  ne  fais  plus,  faible  oratii.r, 
que  de  répéter  les  paroles  de  la  princesse  palali:  ■; 
c'est  que  j'y  ressens  la  manne  cachée  el  le  goû;  il  s 
Écritures  divines,  que  ses  peines  el  ses  senlimeils 
lui  faisaient  entendre,  id.  Anne  de  Goni.  Nous 
mourons  tous,  disait  celte  femme  dont  l'Écriture  a 
loué  la  prudence  au  second  livre  des  Rois,  el  nous 
allons  sans  cesse  au  tombeau,  ansi  que  dese.iu 
qui  se  perdent  sans  retour,  ID.  Uuch.  d'Orl.  Le  m  i- 
lin  elle  fleurissait,  avec  quelles  grâces,  vous  le  si- 
vcz;  le  soir  nous  la  vîmes  séchée;  et  ces  fortes  ex- 
pressions par  lesquelles  l'Écnture  sainte  exaj-'ère 
l'inconstance  des  choses  humaines,  devaient  être 
pour  cette  princesse  si  précises  et  si  littérales,  ID.^ 
ib.  Quand  on  étudie  avec  quelque  soin  les  Écritures,: 
on  reconnaît  que  c'est  toujours  la  force  des  penséeéj 
et  la  grandeur  des  sentiments  qui  en  font  la  beauté,^ 
ROLLIN,  Traité  des  Et.  iv,  3.  ||  Fig.  Accorder  oti| 
concilier  les  Écritures,  accorder,  concilier  des  pa*« 
sages  qui  sont  en  désaccord,  sauver  des  contradio-f 
lions.  Il  6°  Nom  de  plusieurs  coquilles.  Éc  ilurM 
arabique  ou  écriture  chinoise,  la  Vénus  liiTérée,? 
Écriture  hébraïque,  le  cône  hébreu.  Écriture  grec-Ç 
que,  la  Vénus  fortifiée.  ||  Proverbe.  Il  est  bien  ftn*[ 
de  nature  qui  ne  peut  lire  son  écriture. 

—  IllST.  xii*  s.  De  ce  dist  la  Scrilure  des  dani;- 
neiz:  guai  à  ceaz  [malheur  à  ceux]  ki  ont  perdue  i 
soffrance.  Job.  p.  448.  ||  xiii*  s.  Mauvaisoment  lor 
souvient  de  l'Escrilure,  qui  dist  par  le  [la]  bouce 

David  le  ro:....  Chr.  de  Bains,  p.  2 Se  mots  i 

trovez  jà  mis.  Qui  semblent  mordans  ou  cheninJ 
Encontre  les  meurs  femeniiis.  Que  ne  m'en  voil- 
liez  pas  blasmer,  Ne  m'escriture  diffamer,  la  Bosr, 
(5100.  El  quant  aucuns  veut  avoir  letres  en  la  ma- 
nière dessus  dite,  ce  doit  estre  à  son  cousl  de  l'es- 
cripture  et  du  scel  [sceau],  beaum.  xixix,  ou. 
Ilxiv's.  Et  ainsi  les  Romains  avoienl  les  escr  ;- 
tures  des  Grecs  et  ceste  science  comme  de  Arist  i  , 
Platon  el  des  autres,  oresme,  Prol.  Plusiost  s«^ 
posl  IpiU]  dampner  qu'uns  autres  le  porroii,  C» 
il  scet  l'escripture,  et  toute  la  conchoit  [conçoitj,  i^ 
Baud.  de  Seb.  vit,  890.  ||  xvi*  s.  Les  trois  doigupar 


ÉCR 

escripture  quantz  Liens  quanlz  maui:  ont  faict,  Le- 
roux DE  LINCY,  FrOV.  t.  Il,   p.   334. 

—  ÊTYM.  Provenç.  escriptura;  espagn.  escritura; 
ital.  scriltura;  du  latin  scriptura ,  de  scribere, 
écrire. 

t  ÉCRITURER  (é-kri-tu-ré),  v.  n.  Terme  de  mé- 
tier. Faire  des  copies,  des  écritures. 

—  RTYM.  Écriture. 

t  ÉCniTURIER  (é-kri-tu-rié),  s.  m.  Celui  qui 
écriture. 

tÉCRlVAlLLER  (é-kri-va-llé,!/  mouillées).  ||  1°  7. 
n.  Mot  familier  et  méprisant.  Écrire  avec  négligence 
des  choses  sans  valeur.  {{  2°  V.  a.  Écrivailler  de 
mauvais  romans. 

—  lllST.  XVI»  s.  Escrivailler,  oudin. 

—  Rtym.  Forme  péjorative  dérivée  d'écrire. 
tÉCRlVAILLKRIE  (é-kri-vâ-lle-rie.  Il  mouillées), 

s.  f.  Démangeaison  d'écrire,  d'éorivailler. 

—  HIST.  XVI'  S.  L'escrivaillerie  semble  estre  quel- 
que symptôme  d'un  siècle  débordé,  mont,  iv,  66. 

—  ÉTYM.  Écrivailler. 

ÉCRIVAILLEUR  (é-kri-vâ-lleur,  Il  mouillées,  et 
non  é-kri-vâ-yeur) ,  s.  m.  Mauvais  auteur  qui  écrit 
beaucoup.  La  foule  des  écrivailleurs. 

—  HIST.  XVI*  s.  Jean  Bodin  est  un  bon  aucteur 
de  notre  temps,  et  accompaigné  de  beaucoup  plus 
ne  jugement  que  la  tourbe  des  escrivaiUeurs  de  son 
siècle,  MONT.  III,  (49. 

—  ÉTYM.  Écrivailler. 

ÉCRIVAIN  (é-kri-vin;  au  pluriel,  l'i  se  lie:  des 
é-kri-vin-z  habiles),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  écrit  pour 
d'autres.  Écrivain  public.  Prenez  vos  plumes  sacrées, 
vous  qui  composez  les  annales  de  l'Ëglise,  agiles 
instruments  d'un  prompt  écrivain  et  d'une  main  di- 
ligente, hatez-vous  de  mettre  Louis  avec  les  Con- 
stantin et  les  Théodose ,  Boss.  le  Tellier.  ||  Ex- 
])ert  écrivain,  maître  d'écriture  assermenté  près 
d'un  tribunal.  Il  Terme  de  marine.  Anciennement, 
agent  comptable  chargé  de  tenir  les  registres  en 
ordre,  de  veiller  aux  consommations  et  de  les  por- 
ter sur  les  livres.  L'écrivain  ne  pourra  quitter  le 
vaisseau,  que  le  voyage  entrepris  n'ait  été  achevé, 
à  peine  de  perte  de  ses  gages....  Ordonnance, 
août  (681.  Il  Aujourd'hui,  litre  donné  à  un  employé 
non  entretenu  qui  remplit  quelques-unes  des  fonc- 
tions attribuées  au  commis  de  la  marine,  jal.  L'écri- 
vain a  qualité  pour  recevoir  les  testaments  faits  sur 
mer.  ||  Écrivain  apostolique,  secrétaire  de  la  chancel- 
lerie du  pape.  Il  2°  Homme  qui  compose  des  livres. 
Si  quelqu'un  s'étonne  qu'après  tant  d'écrivains  je 
mette  la  main  à  la  plume,  il  cessera  de  s'étonner 
s'il  vient  à  lire  cet  ouvrage,  d'ablancourt,  Arrien, 
liv.  I,  ch.  t.  Travaille  pour  la  gloire,  et  qu'un  sor- 
dide gain  Ne  soit  jamais  l'objet  d'un  illustre  écri- 
vain, coiL.  Art  p.  IV.  Qui  dit  froid  écrivain  dit  dé- 
testable auteur,  id.  ib.  Que  de  tant  d'écrivains  de 
l'école  d'Ignace  Étant,  comme  je  suis,  ami  si  dé- 
claré, lE.  Ép.  X.  Soyez  plutôt  maçon,  si  c'est  votre 
talent,  Ouvrier  estimé  dans  un  art  nécessaire.  Qu'é- 
crivain du  commun  et  poète  vulgaire,  id.  Art  p.  iv. 
Éprise  des  beaux-arts,  recherchant  le  génie  Des 
écrivains  fameux  que  vante  l'Ausonie,  legouvé, 
Épich.  et  Néron,  i,  ).  Dos  écrivains  judicieux  et 
instruits  ont  à  différentes  époques  écrit  l'histoire  de 
votre  pays,  P.  L.  cour.  Lettre  à  M.  Delegorgue.  Le 
Pamphlet  des  pamphlets  montra  le  talent  de  Cou- 
rier arrivé  à  cette  période  de  puissance  où  l'écrivain 
n'imite  plus  personne  et  prétend  servir  d'exemple 
,"1  son  tour,  CARBEL,  Q-^uvres,  t.  v,  p.  2i(.  X  me- 
sure que  P.  Louis  Courier  produit,  on  peut  remar- 
quer son  allure  plus  dégagée,  plus  libre,  sa  ma- 
nière se  séparant  de  plus  en  plus  de  celle  des  écrivains 
auxquels  on  a  pu  d'abord  le  comparer,  id.  ib.  t.  v, 
p.  21?.  Les  cieux  pour  les  mortels  sont  un  livre  en- 
tr'ouvert;  Chaque  siècle  avec  peine  en  déchiffre  une 
page,  Et  dit:  ici  finit  ce  magnifique  ouvrage;  Mais 
sans  cesse  le  doigt  du  céleste  écrivain  Tourne  un 
feuillet  de  plus  de  ce  livre  divin,  lamart.  Harm.  ii, 
4.  Il  11  se  dit  aussi  des  femmes.  Mme  de  Staël  est  un 
très-bon  écrivain.  Il  Absolument.  C'est  un  écrivain, 
c'est  un  homme  habile  dans  l'art  d'écrire.  ||  3°  Es- 
pèce de  perche,  poisson.  ||  Insecte  nuisible,  nommé 
aussi  coupe-bourgeon. 

—  SYN.  ÉCRIVAIN,  AUTEUR.  Auteur  est  plus  géné- 
ral qu'écrivain  ;  il  se  dit  de  toute  composition  litté- 
raire ou  scientifique,  en  prose  ou  en  vers:  un  poète 
on  composant  une  tragédie,  et  un  mathématicien 
en  composant  un  traité  de  géométrie  sont  des  au- 
teurs. Mais  écrivain  ne  se  dit  que  de  ceux  qui  ont 
écrit  en  prose  des  ouvrages  de  belles- lettres  ou 
d'histoire;  ou  du  moins,  si  ou  le  dit  des  autres,  c'est 
qu'alors  on  a  la  pensée  fixée  sur  leur  style:  Des- 
cartes est  un  auteur  de  livres  de  philcsophie  et  de 

WCT.   DE   LA    LANGUE   FHANÇAISB. 


ÊCR 

mathématiques,  mais  c'est  aussi  un  écrivain.  Uaclne 
est  un  grand  écrivain,  par  la  mémo  raison,  parce 
que  son  style  est  excellent,  car  eu  égard  à  la  forme 
du  langage  employé  on  dira  toujours  que  c'est  un 
grand  poète. 

—  lllST.  XII"  s.  La  meie  langue,  chalemeals  [ca- 
lame]  d'escrivang,  ignelment  [vite]  escrivant,  Liber 
psalm.  p.  69.  E  Acliidan  e  Bachidem  assemlilerent 
assez  escrivains  por  requerre  lor  droit  et  lor  rai- 
son, ilachabées,  I,  6.  E  Siba  maistres  escriveins, 
e  Sadoc  e  Abialhar  pruveires  [prêtres], iiots,  p.  200. 
Il  XIII' s.  Aprentif  jugleor  et  escrivain  marri,  Berte, 
I.  Et  s'il  y  avoit  à  amender  par  le  vice  de  l'escri- 
vain,  il  seroit  esgardé  et  amendé  par  les  auditeurs, 
BEAUM.  XL,  38.  ||  xvi'  S.  Les  autres  nations,  qui 
pour  la  bonté  des  escrivans  nous  surpassent  èsditos 
choses,  et  ne  seroient  à  comparer  à  nous,  si  escri- 
vans ne  nous  eussent  failiy,  M.  du  bellay,  Prolog. 
Escripvain  de  la  nave  [commis  dans  un  navire] ,  la 
SALADE,  f°3),  dans  lacurne.  II  y  debvroit  avoir 
quelque  coerction  des  lois  contre  les  escrivains 
ineptes  et  inutiles,  comme  il  y  a  contre  les  vaga- 
bonds et  fainéants,  mont,  iv,  e&. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  skryen;  provenç.  escriban;  ca- 
tal.  escribâ;  espagn.  escribano;  portug.  escrirdo; 
ital.  scrivano;  bas-lat.  scribanus,  dérivé  du  latin 
scriba,  scribe. 

t  ÉCRIVANT,  ANTE  (é-kri-van,  van-t'),  adj.  Oui 
écrit.  La  secte  écrivante,  ca'oalante,  intrigante.  Le 
plus  ambulant  de  vos  amis,  le  plus  écrivain  et  le 
moins  écrivant,  se  jette  aux  pieds  de  l'autel  de  l'a- 
mitié et  avoue  d'un  coeur  contrit  sa  misérable  pa- 
resse, volt.  Lett.  Cideville,  (9janv.  (742. 

ÉCRIVASSIEll  (é-kri-va-sié;  Vr  ne  se  lie  jamais; 
au  pluriel,  l'sselie:  des  é-kri-va-sié-z  ignorants) , 
s.  m.  Terme  de  mépris.  Mauvais  auteur  qui  écrit 
beaucoup.  Ah!  qu'on  s'étonne  encore,  m'écriai-je, 
si  tant  d'écrivassiers  assomment  impunément  de 
leurs  productions  glacées  un  public  assez  indulgent 
pour  les  applaudir  même  alors  qu'il  bâille,  gilb.  le 
Carnav.  des  aut. 

—  ÉTYM.  Dérivation  péjorative  d'écrivant. 

t  ÉCRIVE  (é-kri-v'),  i. /■.  Arbre  d'écrou  de  la 
presse  à  apprêter  les  draps. 

—  ÉTYM.  Écroji  (. 

t  ÉCRIVEUR,  EUSE  (é-kri-veur,  vel3-z'),s.  m.elf. 
Terme  familier.  Celui,  celle  qui  écrit  beaucoup  de  let- 
tres, qui  aime  à  en  écrire.  Je  ne  suis  pas  écriveuse, 
m"'  de  villeroy.  Lettres  choisies,  (75(,  p.  280,  dans 
LAOURNE.  Il  On  trouve  aussi  écriveux,  mais  c'est  une 
mauvaise  orthographe  pour  écriveur,  qui  aux  xvii* 
et  xviii"  siècles  se  prononçait  écriveux.  Vous  avez 
de  l'obligation  à  Langlade;  ce  n'est  point  un  écri- 
veux; mais  il  parait  votre  ami  eu  toute  occasion, 
sÉv.  Lett.  (3  mai  (072. 

—  ÉTYM.  Écrivant. 

t  ÊCROTAGE  (é-kro-ta-j') ,  s.  m.  Action  d'écroter; 
la  terre  même  qui  provient  de  l'écrotage. 

t  ÉCROTER  (é-kro-té) ,  t>.  a.  Enlever  la  première 
terre  d'un  ouvroir  de  saline. 

—  ÉTYM.  Probablement  é....  pour  es....  préfixe, 
et  crotte  ou  plutôt  croate. 

(.  ÉCKOU  (é-krou),  s.  m.  Pièce  de  bois,  de  mé- 
tal ou  de  toute  autre  matière  solide,  ])ercée  d'un 
trou  ordinairement  cylindrique,  à  l'intérieur  duquel 
règne  en  hélice  une  saillie  adhérente  nommée  filet, 
et  qui  reçoit  une  vis  dont  le  filet  aussi  en  hélice  rem- 
plit exactement  les  cannelures  formées  par  le  filet 
de  l'écrou,  legoarant.  Éorous  mobiles.  Écrous  fixes. 

—  HIST.  XV'  s.  I.a  cloche  qui  point  ne  se  muet 
[meut],  Com  les  contrepois  et  les  roes.  Qui  tous  dis 
vont  par  leurs  escroes,  En  tournant  jusqu'à  certaine 
heure,  eust.  desch.  Poésies  mss.  dans  lacurne. 
Il  XVI"  s.  Par  le  moyen  de  la  clef  la  vis  tourne  dans 
une  escroue,  paré,  xiv,  7. 

—  ÉTYM.  Wallon,  skrâw;  ital.  scrofola;  du  ger- 
manique: angL  screw;  aUem.  Schraube;  holland. 
schrxf;  suédois,  skruf;  danois,  skrue.  Diez  tire 
écrou  du  latin  scrobis,  fossette;  mais  les  formes, 
particulièrement  le  wallon  skrdv,  s'y  prêtent  moins 
bien  qu'à  la  dérivation  germanique.  On  remarquera 
que,  anciennement,  on  disait  escroue,  du  féminin. 

2.  ÉCROU  (é-krou),  s.  m.  Article  du  registre  des 
emprisonnements,  portant  le  nom  du  prisonnier,  la 
cause  de  l'arrestation.  Dresser,  lever  un  écrou. 

—  HIST.  xiv*  s.  Plusieurs  biens  comme  blez,  vins 
et  autres  choses  pris  de  plusieurs  bonnes  gens,  aux- 
quels, pour  ce  que  paiez  n'estoient,  eussent  esté 
faites  et  baillées  plusieurs  cedules  ou  escroes  de  ce 
qui  deu  leur  estoit,  du  cange,  escroa.  Iceluy  bailli 
avoit  juré  grand  serment  que  le  dit  procès  seroit 
scellé  et  l'avoit  reprins  en  sa  main  rentourteillié,  et 
le  lie  d'une  escroe  de  parchemin  en  plaçant  et  met- 


ECR 


1297 


tant  de  la  cire  sur  la  dite  escroe  pour  icelui  procès 
sceller,  id.  ib.  ||  xv  s.  Et  estoieiit  les  lettres  d'un  clat 
Datées  en  forme  d'escroue,   coquillart,  Knquéte. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  scroa,  scrua,  un  mémoire,  une 
cédule;  escroa,  cédulo,  bandelette  de  parchemin. 
Origine  inconnue.  Le  sens  parait  être  ce  qu'on  dé- 
chire, lambeau:  Melre  escroe  de  tele  [c'est-à-dire 
mettre  morceau  do  toile  en  doublure],  Liv.  des  met. 
370;  En  fuiant  li  ont  fait  les  ronces  mainte  escroe, 
Berte,  xxxiii.  De  li  le  sens  de  lambeau  de  papier, 
de  registre,  d'écrou.  L'anglaisa  dans  le  même  sens 
scroll;  et  comme  cette  langue  n'en  fournit  pas  l'éty- 
moiogie,  on  peut  conjecturer  que  c'est  une  altéra- 
tion de  l'ancien  français  escroele  qui  signifie  une 
lanière  dans  ces  vers:  Ele  ne  pot  tenir  as  mains  Es- 
croele, drapel  ne  pieche  [pièce]....  Fabliaux  mss, 
n°  7989,  f"  239,  dans  lacurne.  Escroue  a  subi  la 
même  transformation  que  écrou  t  :  de  féminin  il  est 
devenu  masculin. 

ÉCROUÉ,  ÉE  (é-krou-é,  ée),  part,  passé.  Inscrit 
sur  le  registre  d'une  prison.  Êcroué  à  la  prison. 

t  ÉCROCELLE  (é-krou-è-1') ,  s.  (.  Nom  vulgaire 
de  la  crevette  des  ruisseaux. 

ÉCROUEI.LES  (é-krou-è-r),  s.  f.  plur.  Maladie 
caractérisée  par  la  tuméfaction  des  glandes  du  cou 
et  par  une  détérioration  générale  de  la  constitution  ; 
c'est  la  même  chose  que  scrofules.  Avoir  lesécrouel- 
les.  Mme  de  Soubise  avait  eu  beaucoup  d'enfants 
dont  quelques-uns  étaient  morts  des  écrouellos,  ST- 
siM.  2(8,  (86.  Quarante  misérables  dévorés  de  pau- 
vreté et  d'écrouelles,  volt.  Lett.  d'Argental,  20  sept. 
(77(.  Je  n'ai  trouvé,  en  arrivant,  que  des  terres 
incultes,  de  la  pauvreté  et  des  écrouelles,  id.  Lett. 
Chardon,  20déo.  (766.  ||  Les  rois  de  France  passaient 
pour  tenir  du  ciel  le  don  de  guérir,  par  l'attouche- 
ment, les  écrouelles.  Le  titre  de  roi  de  France,  dont 
ses  successeurs  [d'Edouard  III ,  d'Angleterre]  ont 
continué  de  se  décorer,  uniquement,  disait  le  sati- 
rique comte  de  Rochester,  pour  se  conserver  le  pri- 
vilège de  guérir  des  écrouelles,  saint-foix,  Ess. 
Paris,  t.  V,  p.  84,  dans  pougens.  Le  roi  dit:  je  n'ai 
qualité  Que  pour  guérir  les  écrouelles,  béhano. 
Contr.  de  mar. 

—  HIST.  XIII'  s.  En  col  nuées  [nouées]  glandres 
out  [elle  eut],  K'hom  escrouele  numer  sout  [a  cou- 
tume de  nommer],  Édoword  ie  con/'.   V.  2608 Se 

les  escroelles  ou  li  maus  saint  Eloy  Y  faisoient 
leur  niz,  comme  en  leur  franc  aloy....  j.  de  meung, 
Test.  (2B8.  Il  xv  s.  Le  suppliant  avoit  une  seur  que 
l'en  disoit  estre  malade  des  escroelles,  du  cange, 
scroellx.  \\  xvi'  s.  Les  scropliules  dites  couslumiere- 
ment  escrouelles,  paré,  v,  (4. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  scrofellx,  dérivé  de  scrofulx 
(voy.  scrofules). 

fÉCROUELLÉ,  ÉK  (é-krou-è-lé,  lèe),  adj.  Qui 
est  atteint  des  écrouelles. 

—  ÉTYM.  Écrouelles. 

t  ÉCROCELLET  (é-krou-è-lè) ,  s.  m.  Terme  de  vé- 
térinaire. Tumeur  qui  survient  à  la  région  cervicale 
chez  le  breuf. 

t  ÉCROUELLEUX,  EUSE  (é-krou-è-leû,  leû-z'), 
adj.  Qui  a  rapport  aux  écrouelles.  ||  Qui  est  atteint 
des  écrouelles,  et,  substantivement,  un  écrouel- 
leux.  Les  écrouelleuses. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ce  meschant  humeur  altère  et 
pourrit  les  os  et  rend  les  pauvres  escrouelleux  fé- 
briles, PARÉ,  V,  (9. 

—  ÉTYM.  Écrouelles. 

ÉCHOUER  (é-krou-é),  f.  a.  Inscrire  un  acte  d'ar- 
restation sur  le  registre  des  écrous:  emprisonner. 
On  l'a  écroué  tel  jour.  Criant  au  geôlier  de  fermer 
la  porte,  attendu,  disait-il,  que  j'étais  un  voleur  et 
qu'il  voulait  m'écrouer,  lesage,  Guzm.  d'Alf.  iv,  V. 
Il  se  loue  fort  du  procédé  de  ces  messieurs;  on  ne 
saurait  être  écroué  avec  jilus  de  civilité,  interrogé 
plus  sagement,  ni  élargi  plus  promptenient  qu'U  n'a 
été,  p.  L.  COUR.  Collectiort  d'articles,  i"  nov.  (823. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nous  voilà  dedans,  on  nous  prend 
et  fusmes  encrouez,  d'aub.  Fœn.  11,  (. 

—  ÉTYM.  Écrou  2. 

ÉCROUES  (é-kroue),  s.  f.  plur.  Autrefois  états  ou 
rôles  de  la  dépense  de  bouche  de  la  maison  du  roi. 

—  ÉTYM.  Écrou  2. 

ÊCROUI,  lE  (é-krou-i,  le),  part,  passé.  Du  fer 
écroui. 

ÉCROUIR  (é  krou-ir),  v.  a.  Terme  de  métjillurgio. 
Rendre  un  métal  plus  dense  et  lui  donner  du  res- 
sort, en  le  battant  à  froid  ou  en  le  faisant  passer 
à  travers  les  trous  successifs  de  la  filière.  HS'écrouir, 
t'.  réft.  Etre  écroui.  Ces  fers  se  sont  écrouis  facile- 
ment. 

—  ÉTYM.  Origine  douteuse.  Ce  serait  écrou  1 ,  si  la 
filière  avait  été  d'abord  le  moyen  de  l'écrouissage. 

l.  _  163 


12'J8 


ECS 


tÉCRODISSAGE  (é-krou-i-sa-j'),  ».  m.  Action 
rl'écrouir.  L'écrouissage  des  métaux  en  augmente  la 
cluniilé.  Un  bon  écrouissage. 

—  ÊTYM.  Écrouir,  par  écrouissant. 
fiCROUISSEMENT  (é-krou-i-se-man) ,  «.  m.   Ac- 

lioD  (l'écrouir;  augmentation  de  dureté  et  de  den- 
sité qui  en  résulte.  On  augmente  l'élasticité  de  cer- 
tains métaux  par  récrouissement. 

—  ÈïYM.  Écrouir,  par  écrouissant. 
ËCItOULÉ,  ÉE  (é-krou-lé,  lée),  part,  passé.   Un 

mur  écroulé.  Parmi  ces  colonnes  étaient  de  grands 
édifices,  les  uns  entiers,  les  autres  demi-écroulus, 

voLNEï,  Iluinet,  i.  ||  Kig.  Un  empire  écroulé Je 

voulais,  menant  au  but  la  foule,  Avec  \i  siècle  qui 
s'écroule.  Confronter  le  siècle  écroulé,  v.  hugo, 
Odes,  m,  8. 

ÉCROULEMENT  (  é-krou-le-man  ) ,  s.  m.  Chute 
d'un  mur,  d'un  édifice,  d'une  montagne,  etc.  Ils 
l'aperçoivent  [Rostopschine]  au  milieu  des  flammes 
qu'il  attise,  sourire  à  l'écroulement  de  cette  superbe 
demeure,  ségur,  Uist.  de  Napol.  viii,  9.  ||  Fig.  L'é- 
croulement de  la  fortune  d'un  ministre.  Mes  com- 
pagnons, vous  le  rappelez-vous  ce  champ  funeste 
où  s'arrêta  la  conquête  du  monde,  où  vingt  ans  de 
victoires  vinrent  échouer,  où  commença  le  grand 
écroulement  de  notre  fortune?  ID.  ib.  ix,  4. 

—  RTYM.  Écrouler. 

ÉCROULER  (S')  (é-krou-lé) ,  ti.  réfl.  ||  1°  Crouler 
somplétement.  Ces  temples  renommés,  ces  palais 
magnifiques  Dans  les  feux  dévorants  s'écroulent  sans 
retour,  leoouvé,  Épich.  et  Néron,  i,  t.  ||  2"  Fig. 
Sa  fortune  s'est  écroulée.  Renversés  par  le  temps, 
k'S  empires  s'écroulent,  m.  j.  cnÉNiERj  Œdipe  à 
Coi.  II,  ).  Peuple,  empire,  guerriers,  tout  s'écroule 
avec  lui,  viennet,  Clovis,  m,  to. 

—  REM.  Avec  le  verbe  faire  et  avec  laisser,  on 
peut  admettre  l'ellipse  du  pronom  personnel  :  Les 
pluies  ont  fait  écrouler  le  mur.  Mais  il  ne  faudrait 
pas  imiter  cette  phrase  de  Massillon  :  Elle  a  pensé 
périr  et  écrouler  sous  le  poids  de  sa  propre  gloire, 
Or.  fun.  de  Louis  II V. 

—  HIST.  xvi"  S.  Là  estoit  ung  sycomore  anticque  : 
elle  l'escroula  par  troys  foys  et  sus  huict  feuilles  qui 
en  tombarent....  rab.  Pant.  m,  <7.  Cecyjadiz  nous 
prefiguroit  la  pylhie,  quand,  avant  respondre,  es- 
croulloyt  son  laurier  domesticque,  id.  ib.  m,  45. 

—  £TYM.  É  pour  Ci.. ..préfixe,  et  crouler;  Berry, 
égroler,  s'égroler.  Le  sens  d'écrouler  est  secouer, 
agiter. 

t  ÉCROCTAGE  (é-krou-ta-j'),  s.  m.  Action  d"é- 
oroûter  une  friche,  une  terre  inculte. 

ÉCROOtê,  ËE  (ékrou-té,  tée),  part,  passé.  Du 
pain  écroùté. 

t  ÉCROCtement  (é-krou-te-man),  s.  m.  Action 
d'écroùter;  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  XVI'  s.  Escroustement,  ouum. 

—  ÉTYM.  Écrouler. 

ÊCROÛTER  (é-krou-té),  v.  a.  ||  1"  ôter  la  croûte, 
ficroûter  le  pain.  ||  2-  Terme  rural.  Labourer  super- 
ficiellement un  ancien  guéret,  en  détacher  la  su- 
perficie en  tranches  plates. 

—  HIST.  xvi'  s.  Escrguster,  oudin. 

—  f.TYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  croûte. 
ÉCRU,  UE  (é-kru,  krue),  odj.  |!  1°  Qui  n'a  point 

été  soumis  à  l'eau.  Soie  écrue.  Des  brodequins  de 
cuir  écru.  Fil  écru,  fil  qui  n'a  point  été  lavé.  Toile 
écrue,  toile  qui  n'a  point  été  blanchie.  Le  cultiva- 
teur est  payé  avec  de  l'argent  qui  revient  toujours 
à  la  compagnie  et  avec  quelques  toiles  bleues  ou 
écrues,  tirées  du  Coromandel,  h.wnal,  I[ist.  phil. 
II,  8.  Il  Fer  écru,  celui  qui,  ayant  été  brûlé  ou  mal 
corroyé,  se  trouve  nièlé  de  crasse.  ||  2°  S.  m.  Qua- 
lité de  ce  qui  est  écru.  De  la  soie  dans  sou  écru. 
Il  ÊtofTe  écrue.  Des  écrus  de  la  Chine. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  qui  voudra  faire  œvre  de  fil 
escru,  si  face  raie  de  fil  teint,  Liv.  des  viét.  89.  Il 
ont  acordé  au  dit  mestier  que  l'en  ne  doit  estre  te- 
nuz  à  respondre  d'uevre  fors  tant  corne  ele  est  es- 
crue  tant  seulement,  ib.  392.  ||  xv"  s.  Une  très  haute 
iallo  toute  couverte  de  draps  escrus  de  Normandie, 
lesquels  draps  ou  avoit  fait  venir  de  plusieurs  lieux, 
FhOiSS.  III,  IV,   t. 

-  ETYM.  Cru,  adjectif,  aveccsépenthétique  don- 
nant seulement  plus  de  force  au  mot  :  qui  n'est  pas 
sorti  de  l'état  de  crudité,  de  non  préparation. 

t  ÉCRUES  (é-krue),  s.  f.  plur.  Terme  d'agricul- 
ture. Bois  qui  ont  crû  spontanément  sur  des  terres 
labourables. 

-- HIST.  XVI»  s.  Escrue,  Couslum.  génér.  t.  i, 
p.  »<»,  dans  LACURNE. 

crôûre^^"'  ^'""   P'"^''"'  *'  "^i    l'^r'-  P^ssé  de 

t  ECSAKCO.'VIK  (Ck-sar-kj-m'),  s.   m.  Terme 


ÎÎCFJ 

de  chirurgie.  Excroissance  charnue.  ||  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  'Ex«âpxi>)(ia  ,  de  ix,  et  oàpxui«i,  sar- 
come (voy.  SARCOME). 

t  ECTASE  (èk-ta-z'),  s.  f.  Terme  de  prosodie 
grecque.  Allongement  d'une  syllabe  brève. 

—  ETYM.  'ExTa^iî,  extension,  de  éx,  et  Tà^iç, 
tension,  ref/eiv,  tendre  (voy.  tendre,  verbe). 

t  ECTASIE  (èk-ta-zie),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Nom  générique  des  maladies  caractérisées  par  un 
état  de  dilatation. 

—  ÉTYM.  Voy.  ECTASE. 

■f  ECTUESE  (èk-tè-z'),  s.  f.  Nom  d'une  fameuse 
confession  de  foi,  publiée  en  839,  par  l'empereur 
Héraclius,  pour  ne  reconnaître  qu'une  volonté  dans 
Jésus-Christ.  Il  proposa  son  ecthése  ou  exposition, 

BOSS.  Ilist.  1,   U. 

—  ÉTYM.  'ExOeo-iç,  de  U,  et  Uaii;,  thèse,  propo- 
sition (voy.  thèse). 

t  ECTUÉSIEN  (èk-té-ziin),  s.  m.  Sectateur  de 
l'ecthèse  d'Héraclius. 

—  KTYM.  Eclhèse. 

fECTULIPSE  (èk-tli-ps') ,  s.  f.  Terme  de  proso- 
die latine.  Ëlision  d'une  syllabe  finale  terminée  par 
une  m  ;  multum  ille,  ou  par  une  s;  bonu  vir  pour 
bonus  vir. 

—  ÉTYM.  *ExOXti)(t;,  suppression,  de  éx,  et  6Xi- 
i)/tç,  écrasement. 

t  ECTHYMA  (èk-ti-ma),  ».  m.  Terme  de  méde- 
cine. Phlegmasie  cutanée  qui  attaque  les  follicules 
sébacés  etqui  est  caractérisée  par  des  pustules  larges, 
arrondies,  ordinairement  discrètes,  à  base  dure  et 
enflammée,  auxquelles  succède  une  croûte  plus  ou 
moins  épaisse. 

—  ÉTYM.  'Ex6u|ia,  de  èx,  etôÛEtv,  faire  éruption. 
t  ECTILLOTIQUE  (èk-tillo-ti-k'),    odj.  Terme  de 

médecine.  Synonyme  de  dépilatoire. 

—  ÉTYM.  'Ex,  et  TiUeiv,  arracher. 

t  ECTOPAGE  (èk-to-pa-j'),  adj.  Terme  de  térato- 
logie. Les  monstres  ectopages,  et,  substantivement, 
les  eclO|)ages,  monstres  composés  de  deux  individus 
qui  ont  un  ombilic  commun,  et  qui  sont  réunis  la- 
téralement sur  toute  l'étendue  du  thorax. 

—  ÉTYM.    TîxTo?,  en  dehors,  et  uafciç,  fixé. 

t  ECTOPHLÉODE  (è-kto-fié-o-d'),  odj.  Terme  de 
botanique.  Lichens  ectophléodes,  lichens  qui  crois- 
sent à  la  surface  des  plantes. 

—  ÉTYM.  'ExTà;,  en  dehors,  et  <p).oiiv,  écorce. 

I  ECTOPIE  (è-klo-pie),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Synonyme  de  luxation,  de  déplacement. 

—  ÉTYM.  'Ex,  hors,  et  TÔnoç,  lieu. 

t  ECTOPOGONE  (è-kto-po-go-n'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Mousses  ectopogones,  mousses  chez  les- 
quelles le  bord  de  l'urne  est  garni  de  barbes  exté- 
rieures. 

—  ÉTYM.  'ExTàî,  en  dehors,  et  itusy'ùv ,  barbe. 

t  ECTOZOAIRE  (è-kto-zo-fi-r'),  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Nom  donné  aux  insectes  parasites  qui  vi- 
vent à  la  surface  extérieure  du  corps  de  l'homme 
ou  des  autres  espèces  animales  ;  c'est  l'opposé  d'en- 
tozoaire.  L'acare  de  la  gale  est  un  ectozoaire. 

—  ÉTYM.  'Ext6ç,  en  dehors,  et  îmov,  animal. 

t  ECTROMËLE  (è-ktro-mè-l') ,  s.  m.  Terme  de  té- 
ratologie. Genre  de  monstres  privés  de  membres, 
soit  thoraciques,  soit  abdominaux. 

—  ÉTYM.  'ExTptôtû,  je  fais  avorter  (voy.  ectro- 
tique),  et  |ié).o;,  membre. 

ECTROPION  (èk-tro-pi-on),  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Renversement  de  la  paupière  inférieure  ou 
supérieure  en  dehors,  ce  qui  les  empêche  de  recou- 
vrir l'œil. 

—  HIST.  XVI*  S.  Ectropion,  œil  eraillé,  quand  la 
paupière  inférieure,  par  cicatrice  ou  autre  occasion, 
se  renverse  et  ne  peut  couvrir  son  blanc,  paré,  xv,  6. 

—  ÉTYM.  'ExToomov,  de  ix,  et  Tpéntiv,  tourner 
(voy.  trope),  parce  que  la  paupière  se  tourne,  se 
renverse. 

I  ECTROTIQUE  (èk-tro-ti-k') ,  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Synonyme  d'abortif.  Il  Méthode  ectrotique, 
emploi  de  la  cautérisation  pour  faire  avorter  les  pus- 
tules varioliques,  le  zona  et  l'érysipèle.  ||  Substanti- 
vement. Les  ectrotiques,  les  aborlifs. 

—  ÉTYM.  'ExTputixo;,  de  éx,  et  Tpiôsiv,  blesser, 
d'où  Tpû(ia,  Tpaîj(ia  (voy.  tbaumatique). 

t  ECTYLOTIQUE  (èk  ti-lo-ti-k'),  adj.  Terme  de 
chirurgie.  Propre  à  consumer  les  callosités. 

—  ÉTYM.  "Ex,  et  tûXoç,  callosité. 

ECTÏPE  (èk-ti-p'),  s.  f.  Terme  d'antiquaire.  Co- 
pie, empreinte  d'une  médaille,  d'un  cachet. 

—  ÉTYM.  'ExTUTto^,  de  in,  en  dehors,  et  TÛJto;, 
type. 

ECU  (é-ku),  j.  m.  Il  1*  Bouclier  que  portaient  les 
chevaliers.  L'écu  était  fait  ordinairement  en  bois 
couvert  de  cuir  et  garni  d'un  bord  en  métal,  quel- 


ECU 

quefois  seulement  en  cuir  bouilli.  Combattre  avec  la 
lance  et  l'écu.  ||  Terme  d'astronomie.  EcudeJeanSo- 
bieski,  petite  constellation  australe.  ||2*  Figure  d« 
l'écu  représentant  les  armoiries.  L'écu  est  le  champ 
qui  renferme  les  pièces  des  armoiries.  Écu  écartelé. 
L'écu  de  France.  Elle  [la  poule  d'eau]  se  promena 
dans  les  fossés  du  château  ;  elle  aime  à  se  percher 
sur  les  armoiries  sculptées  dans  le  mur;  quand  elle 
se  tient  immobile,  on  la  prendrait  pour  un  oiseau 
en  blason,  tombé  de  l'écu  d'un  ancien  chevalier, 
CHATEAUB.  Génie  du  chr.  i,  y,  7. 113°  Monnaie  d'ar- 
gent, ainsi  dite  parce  que  sur  une  des  faces  elle 
portait,  comme  un  écu  de  blason,  trois  fieursdelis. 
Écu  de  trois  livres.  Écu  de  six  livres.  ||  Petit  écu,  an- 
cienne pièce  d'argent  valant  trois  francs.  Cela  vous 
coûtera  un  petit  écu.  ||En  termesde  compte.  Mille 
écus,  trois  mille  francs.  Le  financier....  Lui  dit:  je 
vous  veux  mettre  aujourd'hui  sur  le  trône;  Prenez 
ces  cent  écus;  gardez-les  avec  soin.  Pour  vous  en 
servir  au  besoin,  la  font.  Fabl.  viu,  2,  Soixante 
mille  écus  d'argent  sec  et  liquide  Ont  mis  notre 
fortune  en  un  vol  bien  rapide,  begnard,  Ménecli- 
mes,  IV,  2.  Loin  de  les  rendre  à  ton  Crésus,  Va 
boire  avec  ses  cent  écus,  bérano.  Élogede  larich. 
Il  Êcu-sol,  la  plus  ancienne  monnaie  d'or  appelée 
écu.  Il  ECU  d'or  au  soleil,  monnaie  frappée  sous 
Louis  XI  et  Charles  VIII,  avec  un  soleil  au-dessus 
de  la  couronne.  ||  Écu  blanc,  pièce  d'argent  valant 
trois  francs.  ||  Écu  quart,  ancienne  monnaie  de 
compte,  valant  64  sous.  {|  Quart  d'écu,  ancienne 
monnaie  d'argent,  qui  valait  d'abord  quinze  ou  vingt 
sous,  et  qui,  plus  tard,  en  a  souvent  valu  davan- 
tage. Il  N'avoir  plus  ni  écu  ni  targe,  être  sans  le 
sou,  se  disait  par  un  jeu  de  mot  entre  écu,  bou- 
clier, et  écu,  monnaie.  ||4°  De  nos  jours,  pièce  do 
monnaie  frappée  à  l'effigie  du  prince  et  valant  cinq 
francs.  Un  écu  de  cinq  francs.  ||  S"  Absolument  et 
au  pluriel,  argent,  richesse.  Il  a  des  écus.  Mettre 
écu  sur  écu,  thésauriser.  ||  Il  est  le  père  aux  écus, 
il  a  des  écus  moisis,  se  dit  familièrement  d'un 
homme  avare  et  riche.  ||  Il  remue  les  écus  k  la  pelle, 
il  est  très-riche.  {|  N'avoir  pas  vaillant  un  quart  d'écu , 
n'avoir  pas  un  écu  vaillant,  être  pauvre.  ]|  Être  au 
bout  de  ses  écus,  être  sans  ressources.  ||  Voici  le  reste 
de  notre  écu, de  nos  écus,  se  dit,  en  plaisantant, 
d'une  personne  qui  arrive  dans  une  compagnie,  et 
le  plus  souvent  avec  l'idée  que  cette  venue  est  gê- 
nante, déplaisante. Voici  le  reste  de  notre  écu,  dit 
l'hôtesse;  si  nous  n'avions  pas  d'autre  pratique  que 
celle-là,  notre  louage  serait  mal  payé,  scarro:;, 
iJom.  com.  ch.  6.  Mme  Jourdain  apercevant  Doi  : 
mène  et  Dorante  :  Ah!  ah I  voici  justement  le  re>; 
de  notre  écu,  je  ne  vois  que  chagrins  de  tous  c' 
lés,  MOL.  Bourg,  gent.  v,  < .  ||  6°  Terme  d'entomolu- 
gie.  Pièce  du  dos  des  insectes.  ||  T  Écu  de  mer, 
congé  que  la  douane  délivre  dans  certains  ports  du 
nord  de  l'Europe  au  capitaine  d'un  bâtiment  de  com- 
merce qui  a  déchargé  sa  cargaison.  ||  8°  Terme  de 
commerce.  Papier  de  petite  dimension.  Écu  double. 
Il  Proverbes.  Vieux  amis,  vieux  écus,  c'est-à-diio 
les  vieux  amis  sont  comme  la  vieille  monnaie,  les 
meilleurs.  ||  Cela  ne  lui  fait  non  plus  de  peur  qu'un 
écu  à  un  avocat,  se  dit  d'une  offre  ,  d'une  propo- 
sition qu'on  suppose  devoir  être  bien  accueillie.  Un 
médecin  n'a  non  plus  de  pitié  d'un  homme  qu'un 
avocat  d'un  écu,  hauterociie,  Crispin  méd.  m,  t. 
Il  ECU  changé,  écu  mangé,  c'est-à-dire  une  pièce  d'ar- 
gent, dès  qu'elle  est  changée,  estbiemét  dépensée. 
—  HIST.  Xi*  s.  Tans  cops  [il]  a  pris  sur  son  escut 
bucler,  Ch.  de  Roi.  xxxix.  ||  xu*s.  X  son  col  [il]  peut 
un  cscu  bauvesin  [de  Beauvais],  Ronc.  p.  60.  Plus 
biaux  princes  de  lui  [que  lui]  ne  put  porter  escu, 
Sax.  xxviii.  Mult  fu  espiritaus  [spirituelle]  de  sa 
part  la  mellée.  Quant  fist  de  sa  corune  escu  contre 
l'espée;  Aine  [jamais]  ne  lur  volt  [voulut]  guencbir 
pur  colp  ne  pur  colée.  Th.  le  mari.  (53.  Sire,  tes 
voies  sunt  nettes,  e  tes  paroles  sunt  cume  esmerécs 
par  fu  [feu],  et  tu  es  escuz  à  tus  ces  ki  espeireul 
en  tei ,  flots,  p.  208.  ||  xiii*  s.  Contre  vent  [elle]  fa:; 
oscud'arbrissiaus,  moût  y  luite  [lutte],  Berle,  x.xxv;:. 
Qui  l'escu  porloit  d'or,  à  un  lion  d'azur,  ib.  xu.  Kl 
i  ot  mainte  lance  brisie  sur  escu,  ib.  cxxxvu.  Oi 
n'a  l'escu  ne  la  maaille.  Mes  Renart  n'Isengrin 
n'en  chaille,  Ren.  7927.  Or  a  la  dame  ainsi  vescu, 
Que  de  sa  vie  a  fet  escu  Por  s'ame  desfendre  et 
covrir.  Et  por  saint  paradis  ovrir  Envers  li  après  son 
décès,  BUTEB.  II,  I8B.  Ses  arriebans  est  venus,  Es- 
mez  [estimé]  à  deux  cent  mil  escus  [chevaliers], 
Parlonop.  nu.  dans  lacurnk.  Quant  nous  les  veis- 
mes  venir,  nous  fichâmes  les  pointes  de  nos  escus 
au  sablon,  joinv.  2(5.  Le  roy  sailli  en  la  mer,  dont 
il  fu  en  yaue  jusques  aus  e.sseles;  et  ala  l'escu  au 
col,  et  le  heaume  en  la  teste,  et  lo  glaivt  en  la  main, 


toi 

I 


ECU  -v^ 

jusque*  k  sa  gent  qui  cstoient  sur  la  rive  do  la  mer, 
Îd.  215.  Il  tv*  s.  Douze  cents  chevaliers  d'un  escu 
rqiii  n'avaient  point  d'autres  chevaliers  à  leurs  or- 
dres], FROiss.  I,  I,  295.  Se  consuirent  des  glaives 
si  roidement  en  my  leurs  escus,  qu'ils  volèrent  en 
pièces,  iD.  Il,  II,  *3.  J'ai  veu  partout  honourer  mon 
escu,  Et  en  tous  lieux  doubler  ma  seigneurie,  eust. 
DESCH.  Compl.  de  la  France.  Honneur  est  ses  droiz 
escus.  ID.  Poésies  mss.  ^45,  dans  lacurne.  Les 
chevaliers  tous  desarmez  jouoient  aux  escuz  les  uns 
aux  autres,  pour  eslre  plus  droitz  et  pour  aucun 
tour  nouvel  aprendre,  Perceforest,  t.  v,  f  6.  Je  me 
fouvay  du  costé  gauche,  où  estoient  les  gentils- 
hommes des  vingt  escus,  et  les  autres  de  la  maison 
du  roy,  et  les  pensionnaires,  comm.  viii,  6.  ||  xvi's. 
Donques  estant  tousjours  plus  à  priser  l'escu  que  le 
teston,  0.  DE  SERRES,  72.  Le  soc  qu'on  emploiera  à 
ce  défrichement  n'aura  qu'une  aureille,  appellée  en 
France  l'escu;  afin  que  par  icelle  seule  les  gazons 
ou  mottes  se  puissent  renverser  toutes  d'un  costé, 
ID.  73.  Escus  du  palais  Optons],  oudin. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escut;  espagn.  et  portug.  es- 
cudo; ital.  scudo;  du  latin  scutum,  du  grec  oxOtoî, 
peau  et  bouclier;  radical  sanscrit  sfcu,  couvrir. 

tÉCUAGE  (é-ku-a-j'),  s.  m.  Terme  de  féodalit6. 
Service  auquel  un  écuyer  était  tenu  envers  le  fief 
dominant.  ]|  Droit  que  l'on  payait  pour  s'exempter 
(lu  service  mililaire.  ||  Terme  de  blason.  Droit  de 
pjr'er  l'écu. 

—  HIST.  xiv  s.  Et  tiel  tenant  qui  tient  sa  terre 
par  escuage,  tient  par  service  de  chevalier,  nu  cange, 
scutagium. 

—  ÉTYM.  ECU. 

f  ÉCCANTEUR  (é-ku-an-teur) ,  s.  f.  Terme  de 
charronnage.  Espèce  de  cône  creux  que  présente  le 
dehors  d'une  roue  de  voiture;  inclinaison  des  rais 
sur  le  m&yeu. 

ÉCCBIER  (é-ku-bié),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Trou  horizontal  et  rond,  percé  à  l'avant  du  navire, 
à  droite  ou  à  gauche  de  l'étrave,  pour  le  passage  du 
câble  attaché  à  une  ancre,  jal. 

—  ÉTYM.  Equibien,  le  père  rené  FRANÇOIS,  Es- 
tays  des  merveilles  de  la  nature,  -162),  dans  jal; 
eicitbier,  en  (643,  dans  jal;  escnuvan  (dont  escau- 
oan  est  une  transcription  grossière),  qui  a  fait  escu- 
hier,  jal;  escouve,  Commentarios  d'Alboquerque , 
en  1557,  dans  jal.  Origine  inconnue. 

ÉCCEIL  (é-keull,  Il  mouillées,  et  non  é-keuye), 
«.  m.  Il  1°  Rocher  et,  par  extension,  banc  de  sable, 
de  roches,  de  coquillage,  de  corail,  qui,  élevé  à  la 
surface  ou  près  de  la  surface  des  eaux,  présente 
aux  navires  qui  passent  le  danger  de  s'y  échouer  ou 
même  d'y  périr,  jal.  Donner  sur  un  écueil.  Ce  port 
est  fermé  par  des  écueils.  Relever  un  écueil,  pren- 
dre note  de  sa  situation.  Le  cœur  ingrat  de  ce  hé- 
ros Braverait  l'effort  de  mes  larmes  Comme  un  su- 
perbe écueil  brave  celui  des  flots,  tristan,  M.  de 
Chrispe,  u,  t.  Sûr  que  tous  les  siens  seront  ralliés 
par  sa  victoire,  par  l'appât  de  ce  riche  butin,  par 
l'étonnant  .spectacle  de  Moscou  prisonnière,  et  par 
lui  surtout,  dont  la  gloire,  du  haut  de  ce  grand  dé- 
bris, attirait  encore  comme  un  fanal  sur  un  écueil, 
SÉGUR,  Hist.  de  Napol.  viil,  9.  ||  2°  Fig.  Il  se  dit  de 
tout  ce  qui  est  dangereux  pour  la  vertu,  l'honneur, 
fortune,  etc.   Combien  à  cet  écueil  se  sont  déjà 

isés?  coBN.  Cinna,  1,  2.  Et  voir  leur  fier  amas  de 
luissance  et  de  gloire.  Brisé  contre  l'écueil  d'une 

tile  victoire,  id.  Serlor.  ii,  (.  La  haine  et  la  flat- 

rie  sont  des  écueils  oii  la  vérité  fait  naufrage,  la 
ROCHEFOUCAULD ,  Mém.  dans  ricuelet.  Voilà  des 
écueils  à  ma  constance,  et  ces  écueils  se  rencontrent 
souvent,  sÉv.  <9.  Cet  écueil  qu'on  trouve  sur  la  fin 
de  sa  vie,  m.  236.  Ce  tombeau  fatal,  écueil  des 
grandeurs  humaines,  fléch.  le  Tellier.  Des  écueils 

de  la  cour  ils  sauvent  sa  vertu,  boil.  Sat.  v Va 

pâlir  sur  la  Bible,  Va  marquer  les  écueils  de  cette 
mer  terrible,  m.  Sot.  viii. La  fausse  gloire  est  l'écueil 
de  la  vanité,  la  bruy.  xi.  Tes  yeux,  sur  ma  conduite 
incessamment  ouverts.  M'ont  sauvé  jusqu'ici  de  mille 
écueils  couverts,  rac.  Brit.  i,  4.  Rhodes,  des  Otto- 
mans ce  redoutable  écueil,  id.  Baj.  u,  1.  La  foi 
qui  parait  l'écueil  de  la  raison,  mass.  Car.  Ter.  de 
la  relig.  Tout  deviendra  tentation  ou  écueil  à  votre 
faiblesse,  id.  t'b.  Voc.  Ainsi  que  saint  Augustin, 
sa.int  Jérôme  trouva  son  écueil  dans  les  voluptés  du 
monde,  chateaub.  Génie,  m,  iv,  2. 

—  HlST.  XIV  s.  Nature  apprend  au  doigt  à  l'œil, 
X  se  tirer  de  cest  escueil.  Traité  d'alch.  390. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escuelh,  escueyll;  anc.  catal. 
escoll;  espagn.  escollo;  portug.  escolho;  ital.  sco- 
glio;  du  latin  scopulus.  Il  y  a  dans  l'ancien  fran- 
çais un  autre  escueil,  qui  signifie  action  de  ras- 
sembler, accueil,  élan,  et  qui  "ient  û'ex-ctUigere. 


ECU 

ÉCUELLE  (é-kuè-1';  kiiè  est  diphthongue  et  ne 
fait  qu'une  syllabe),  s.  f.  ||  1°  Vase  creux  contenant 
la  portion  ordinaire  d'une  seule  personne.  EcucUe 
de  bois,  de  terre,  d'argent.  Il  faut,  perdant  le  jour, 
esprit,  sens  et  vigueur.  Mourir  comme  Engucrrand 
ou  comme  Jacques  Cœur,  Et  descendre  là-bas  où, 
sans  choix  de  personnes.  Les  écuelles  de  bois  s'é- 
galent aux  couronnes,  Régnier,  Sat.  xvi.  Diogène 
n'avait  pour  tout  meuble  qu'un  bâton,  une  besace 
et  une  écuelle;  encore,  ayant  aperçu  un  jeune^en- 
fant  qui  buvait  dans  le  creux  de  sa  main  :  il  fffap- 
prend,  dit-il,  que  je  conserve  encore  du  superflu, 
et  il  cassa  son  écuelle,  rollin,  Jlist.  anc.  liv.  xxvi, 
)'"  part.  ch.  Il,  art.  6.  Mon  cher  maître,  répondit 
Cacambo,  Cunégonde  lave  les  écuelles  sur  le  bord  de 
la  Propontide,  chez  un  prince  qui  a  très-peu  d'é- 
cuelles,  VOLT.  Cand.  27.  ||  Prendre  l'écuelle  aux 
dents,  se  mettre  à  manger.  Au  fond  d'un  antre  sau- 
vage Un  satyre  et  ses  enfants  Allaient  manger  leur 
potage  Et  prendre  l'écuelle  aux  dents,  la  font.  Fabl. 
V,  7.  Il  Ils  se  raccommoderont  à  l'écuelle  comme 
des  gueux  ,  c'est-à-dire  en  mangeant  ensemble. 
Il  Verser  son  écuelle,  faire  mal  ses  affaires.  ||  Man- 
ger à  la  même  écuelle,  manger  ensemble;  et,  fig. 
avoir  des  afl'aires,  des  projets  communs.  ||  Il  a  plu 
dans  son  écuelle,  il  lui  est  venu  beaucoup  de  bien. 
Il  Rogner  l'écuelle  à  quelqu'un,  lui  retrancher  de 
sa  subsistance,  de  son  revenu.  ||  Cela  est  propre 
comme  une  écuelle  à  chat,  se  dit  de  quelque  chose 
de  sale.  D'autres,  vu  que  le  chat  est  un  animal 
qui  lèche  les  plats  comme  si  on  les  lavait,  attri- 
buent à  cette  locution  un  sens  opposé  et  la  di- 
sent de  quelque  chose  de  propre,  de  net.  ||  Mettre 
tout  par  écuelles,  ne  rien  épargner  pour  faire 
grand'chère  à  quelqu'un.  Et  notre  pédant  com- 
mença incontinent  de  mettre  tout  par  écuelles, 
chargeant  la  table  d'une  honnête  collation,  Fran- 
cion,  liv.  IV,  p.  <6).  ||  On  dit  dans  un  sens  ana- 
logue: tout  va  par  écuelles.  Comment  I  vous  vous 
plaignez  que  tout  va  par  écuelle?  legrand,  Bot 
de  Cocagne,  i,  3.  ||  Anciennement.  Archer  de  l'é- 
cuelle, archer  chargé  d'arrêter  les  mendiants  [les 
mendiants  portaient  écuelle].  ||  Au  moyen  âge,  dans 
les  dîners,  même  les  plus  grands,  la  part  de  chaque 
convive  se  servait  dans  des  écuelles.  ||  2°  Le  contenu 
d'une  écuelle.  J'ai  vu  mille  pauvres  recevoir  mille 
écuelles  de  soupe  à  la  porte  de  Marmoutiers,  p.  l. 
COUR.  I,  < 83.  Il  3°  Écuelle  d'eau,  plante  ombellifère 
qui  croit  dans  les  marécages  (hydrocotyle  ■culgaris) , 
dite  aussi  herbe  aux  Patagons.  ||  4°  Terme  de  marine. 
Plaque  de  fer  creuse  sur  laquelle  s'appuie  et  tourne 
le  pivot  du  cabestan  d'un  navire.  On  dit  aussi  chau- 
dron ou  saucier.  ||  5°  Terme  de  zoologie.  Disque 
que  les  deux  nageoires  ventrales  forment  en  se 
réunissant,  chez  certains  poissons.  ||  Proverbes.  Il 
n'y  a  dans  cette  maison  ni  pot  au  feu ,  ni  écuelles 
lavées,  c'est  une  maison  où  tout  manque  pour  la 
cuisine.  ||  J'aime  mieux  mon  écuelle  vide  que  rien 
dedans,  c'est-à-dire  j'aime  mieux  n'avoir  rien  que  d'a- 
voir quelque  chose  en  apparence  et  rien  en  réalité. 
Il  Oui  s'attend  à  l'écuelle  d'autrui  a  souvent  mal 
dîné  ,  c'est-à-dire  celui  qui  fait  trop  de  fonds  sur 
autrui  est  souvent  déçu. 

—  HIST.  XII*  s.  Hom  d'Aroaise  ne  vaut  une  cinele^ 
Trop  par  sont  bon  por  vuidier  escuele,  Raoul  de  C. 
48.  Il  xm*  s.  X  tart  manjue  qui  à  autrui  escuele 
s'atent.  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  ii,  (95.  Et  doit, 
por  grâce  deservir,  Devant  le  compaignon  servir.  Qui 
doit  mengier  en  s'escuele,  la  Rose,  (36U.5.  Et  si  [la 
femme  de  RutebeufJ  n'est  pas  gente  ne  bêle.  Cin- 
quante anz  a  en  s'escuele.  S'est  maigre  et  sèche, 
RUTEB.  6.  Il  xiv"s.  Lesquelx  jouèrent  ensemble  toute 
nuit  à  croix  et  à  pille,  et  entre  deux  escuelles,  et  à 
autres  jeux,  du  cange,  escuallium.  {[  xv  s.  Avant 
que  je  fisse  ce  marché,  il  ne  me  demeureroit  plat 
d'argent  ni^escuelle  à  vendre  ou  à  engager,  fboiss. 
III,  IV,  25.  Il  y  eut  jusques  à  huyt  cent  chevaliers 
seans  à  table,  et  si  n'y  eut  celuy  qui  n'eust  une  dame 
ou  une  pucelle  à  son  costé  ou  à  son  escuelle,  Perce- 
forest, t.  I,  f"  2).  Ainsi  aura  chascun  une  mienne 
niepoe  à  son  escuelle,  ib.  f°  (26.  Vint  Lizane  sa  da- 
moiselle  qui  apportoit  l'escuelle  du  premier  mets, 
ib.  f°  9(.  Lors  vindrent  les  servans  et  servirent  du 
dernier  mets,  qui  esloit  de  chevrots  de  presse  con- 
fitz  en  espices,  et  c'estoit  le  souverain  mets  que  on 
servist  adonc,  et  en  avoit  à  chascune  escuelle  le 
quartier  d'ung,  ib.  f°  (30.  En  grant  escuelle  peut 
l'en  faire  mauvaise  part,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  ii, 
p.  (96.  Qui  est  loing  de  son  escuelle  est  près  de 
son  domaige,  ib.  p.  391.  |1  xvi*  s.  Bassins,  plats, 
plats-escueles,  assietes,  escueles-à-oreille,  salières, 
cuoillers....  o.  de  serres,  88(. 

—  ÉTYM.  Wallon,  /lif/e;  namur.  «vva/e,  chucli'; 


ECU 


1299 


provenç.  eseudella;  espagn.  escudilla;  portug.  es- 
cudela;  ital.  scodella;  du  latin  sculella,  diminutif 
de  scula,  écuelle.  Dans  l'ancienne  versification, 
cucl,  dans  escuele,  faisait  deux  syllabes. 

ÉCCELLÉE  (é-kuè-lée),  s.  f.  Ce  que  contient  une 
écuelle.  Une  écuellée  de  soupe. 

—  HIST.  xiii*  s.  Tandis  que  il  aloient  de  leur  hos- 
tel  à  l'ostel  du  soudanc,  frère  Yves  vit  une  femme 
vieille  qui  traversoit  parmi  la  rue,  et  portoit  une  es- 
cuellée  pleine  de  feu,  joinv.  558.  {|  xiv*  s.  Et  lors 
metz  tremper  en  une  bêle  escuelée  d'eau  clere  l'aesle 
d'une  poulette,  Modus,  f°  Lxxx,  verso. 

—  ÉTYM.  Écuelle. 

t  ÉCUISSAGE  (é-kui-sa-j'J ,  s.  m.  Action  d'écuis- 
ser  un  arbre.  ^ 

ËCCISSÉ,  ÊE  (é-kui-sé,  sée),  part,  passé.  Chêne 
écuissé. 

ÉCDISSER  (é-kui-sé) ,  v.  a.  Faire  éclater  le  tronc 
d'un  arbre  en  l'abattant.  L'ordonnance  veut  qu'on 
abatte  les  arbres  à  coups  de  cognée,  à  fleur  de  terre,    ■ 
sans  les  écuisser  ni  les  éclater,  biciielet. 

—  HIST.  xm"  s.  Laidement  [il]  t'a  ton  chapel  trait; 
Par  poi  qu'il  ne  t'a  escuissié  [coupé  les  cuisses] , 
Ren.  <043(. 

—  ÉTYM.  J^pour  es....  préfixe,  et  cuisse. 
ÉCULÉ,  ÉE  (é-ku-lé,  lée),  part,  passé.   Souliers 

éculés. 

ÉCULER  (é-ku-lé),  v.  a.  ||  1°  Marcher  sur  le  lalon 
de  ses  chaussures;  le  rabattre  en  marchant.  ||  2°  For- 
mer la  cire  en  petits  pains.  On  refond  celte  cire 
pour  la  troisième  et  dernière  fois:  cette  opération  se 
nomme  éculer;  elle  consiste  à  mouler  la  cire  en  pe- 
tits pains,  Dict.  des  arts  et  met.  Amsterd.  ("67,  ci- 
ricr.  Il  3°  S'éculer,  v.  ré(l.  Se  déformer  du  côté  du 
talon.  Des  souliers  trop  courts  s'éculent. 

—  HIST.  XVI'  s.  Esculer  [rompre  le  cul] ,  nicot. 
Esculerune  aiguille,  id. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  cul;  bourguig. 
écueillai,  équelai. 

■\  ÉCULON  (é-ku-lon) ,  s.  m.  Vase  pour  emplir  les 
planches  où  se  font  les  pains  de  cire. 

—  ÉTYM.  Éculer. 

t  ÉCUMAGE  (é-ku-ma-j'),  s.  m.  Action  d'écumer. 

ÉCUMANT,  ANTE  (é-ku-man,  man-t'),  adj.  Oui 
écume-,  qui  jette  de  l'écume.  La  mer  battue  par  les 
vents  et  écumante.  Un  homme  écumant  de  colère. 
L'onde  était  écumante  sous  les  coups  de  rames, 
FÉN.  Tél.  II.  Là  bornant  son  discours,  encor  tout 
écumante,  Elle  souflle  aux  guerriers  l'espril  qui  la 
tourmente,  boil.  Lutrin,  v.  Et  ce  peuple  au  mépris 
des  traités  solennels  Par  des  chiens  écumants  chassé 
jusqu'aux  autels,  benj.  const.  Walstein,  iv,  5.  Sur 
un  sable  mobile  ou  des  flots  écumants,  c.  delav. 
Paria,  iv,  7. 

ÉCUME  (é-ku-m'),  s.  f.  ||  1°  Sorte  de  mousse  blan- 
châtre qui  se  forme'à  la  surface  des  liquides  agités, 
chiiuffés,  ou  en  fermentation.  L'écume  de  la  mer. 
L'écume  du  pot  au  feu.  Le  vent  avec  fureur  dans  les 
voiles  frémit,  La  mer  blanchit  d'écume,  et  l'air  au 
loin  gémit,  boil.  Longin,  viii.  La  rive  au  loin  gé- 
mit blanchissante  d'écume,  rac.  Iphig.  v,  6.  ||  Ëcume 
de  mer,  un  composé  de  plantes  marines  et  de  poly- 
piers que  les  vagues  jettent  sur  le  rivage,  et  dont  on 
se  sert  pour  engraisser  les  terres.  ||  2°  Bave  de  cer- 
tains animaux.  Chevaux  couverts  d'écume.  Ils  [les 
coursiers]  rougissent  le  mors  d'une  sanglante  écume, 
rac.  Phcd.  V,  6.  Il  Ëcume  de  terre  ou  écume  prin- 
tanière,  dite  aussi  crachat  de  coucou,  crachat  de 
grenouille,  écume  dont  s'enveloppe  la  larve  d'un  in- 
secte hémiptère  {l'aphrophore  écumeuse).  On  adonné 
le  nom  d'écumes  printanières  à  ces  amas  de  matière 
mousseuse  qu'on  voit  au  printemps  sur  les  herbes 
des  prairies;  le  peuple,  qui  en  ignore  la  vraienature, 
les  prend  pour  des  crachats  de  dilîérents  animaux; 
Poupart  est  le  premier  qui  nous  en  ait  donné  l'his- 
toire, bonnet,  Confcmpi.  na(.  xii*  part.  ch.  (3.  Il  II  se 
dit  quelquefois  de  la  sueur  qui  s'amasse  sur  le  corps 
du  cheval.  Ce  cheval  était  couvert  d'écume ,  Dict.  de 
l'Acad.  Il  3°  Fig.  Partie  la  plus  vile  d'une  foule.  C'est 
l'écume  de  la  société.  Elle  [une  colonie]  n'étai*  point 
engendrée  de  cette  écume  de  l'Europe,  que  la  France 
avait  comme  vomie  dans  le  nouveau  monde  au  temps 
du  Système,  raynal,  Hist.  phil.  xvi,  8.  ||  4°  Scorie 
des  métaux  en  fusion.  ||  Terme  d'architecture.  Nom 
du  mâchefer  dans  les  ouvrages  de  rocailles.  ||  Terme 
de  minéralogie.  Écume  de  terre,  substance  calcaire, 
blanc  jaunâtre  ou  verdâtre  des  montagnes  de  Thu- 
ringe  et  de  Misnie.  ||  Écume  de  fer,  fer  écaiUeui,  fer 
oligiste.  Il  Écume  de  manganèse,  variété  de  manga- 
nèse terreux.  ||  Écume  de  mer,  nom  impropre  d'une 
variété  blanche  et  légère  de  magnésite,  dont  on  fait 
les  pipes  dites  d'écume  de  mer.  Werner  donne  aussi 
à  la  magnésite  le  nom  de  M'er  Schaum,  écume  da 


1300 


ECU 


t 


mer;  ce  qui  parait  meltre  à  néant  l'opinion  de  ceux 
qui  disent  qiie  pipe  d'écume  de  mer  est  une  corrup- 
tion pour  pipe  de  Cummer,  nom  du  prétendu  in- 
venteur do  CCS  sortes  de  pipes.  Ecume  de  mer,  sorte 
de  faïence  ou  de  terre  de  pipe  produite  artificielle- 
ment de  la  manière  suivante  :  on  extrait  de  certai- 
nes carrières  de  la  Crimée  cette  terre  de  pipe  qu'on 
élend,  qu'on  agite  et  qu'on  lave  pendant  plusieurs 
jours  dans  de  grands  bassins  remplis  d'eau;  on  la 
broie  et  on  ja  passe  ensuite  avec  soin  pour  la  pur- 
ger de  toutes  matières  étrangères,  puis  on  la  pétrit, 
et  on  en  forme  de  petites  masses  qu'on  fait  bouillir 
dans  du  lait  et  ensuite  dans  de  la  cire  mêlée  à  de 
l'huile  de  lin,  delauoude.  Émaux,  p.  259. 

—  IIIST.  XIII'  s.  La  mer  s'en  va  et  vient  et  tousjours 

iete  escume,  La  foie  et  la  sage.  \\  xvi«  s Du  cliar- 

MH  ou  de  l'escume  de  mareschal,  pour  en  bannir 
toute  nuisible  humidité,  0.  de  serres,  t3».  L'es- 
cume de  la  soie  est  la  première  matière  que  vomis- 
sent les  vers,  de  laquelle  ils  jettent  les  fondemens 
de  leur  édifice,  id.  489.  Un  menu  sable,  ressem- 
blant à  celle  escume  sèche  que  l'on  voit  sur  la  grève 
de  la  mer  quand  elle  s'est  retirée,  amyot,  Eumènes, 
34.  Protogenes  ayant  parfaict  l'image  d'un  chien  las 
et  recreu,  à  son  contentement  en  toutes  les  aultres 
parties,  mais  ne  pouvant  représenter  à  son  gré  l'es- 
cume et  la  bave mont.  1,  264. 

—  ÊTYM.  Wallon,  home;  namur.  chime,  chume; 
provenç.  espagn.  et  portug.  escuma;  ital.  schiuma; 
du  germanique:  anc.  h.  allem.  scûm;  scandin.  skûiii; 
allem.  Schaum;  ce  mot  se  trouve  aussi  dans  le  cel- 
tique :  gaél.  sgûm.  Le  c  d'écume  écarte  le  latin 
spuma. 

ÊCCMÉ,  ÉE  (é-ku-mé,  mée),  part,  passé.  ||  1°  Dont 
on  a  ôté  l'écume.  Le  pot-au-feu  bien  écume.  ||  2°  Fig. 
Ramassé  çà  et  là.  11  n'est  pas  un  bandit  écume  dans 
nos  villes,  Pas  un  forçat....  Qui  veuille  mordre  en 
France  au  pain  des  tra<iisons,  v.  hugo,   Crép.  to. 

J5CUMÉNICITÉ,  ÉCCMÉNIQUE,  ÉCUMÉNIQUE- 
MENT,  voy.  œcuménicité,  etc. 

ÉCUMEIl  (é-ku-mé).  ||  l»  Y.  n.  Se  couvrir  d'écume; 
jeter  de  l'écume.  La  mer  écume.  Cette  bière  écume. 
Le  chien  haletait  et  écumait.  Cerbère  l'a  versé,  ja- 
dis ce  monstre  esclave  Fit  écumer  sur  lui  sa  veni- 
meuse bave,  ROTROu,  Hercule  mour.  iv,  1.  Le  qua- 
drupède écume,  et  son  œil  étincelle,  la  font.  Fabl. 
Il,  9.  On  réprime,  on  ménage,  on  dompte  son  ca- 
price; Il  marche  en  écumant,  mais  il  nous  rend 
service,  volt.  Snphon.  v,  t.||Fig.  Êcumerdc  rage, 
do  colère,  être  au  dernier  degré  d'exaspération.  Des 
officiers  m'ont  dit  les  [les  paysans  suédois]  avoir 
vus  écumer  de  colère,  volt.  Charles  XII,  6.  ||  Il  se 
conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir.  {{  2°  V.  a.  ôter 
l'écume  qui  se  forme  sur  un  liquide  en  ébulUtion. 
fcumer  la  soupe.  Ecumer  des  confitures.  {|  Populai- 
rement et  fig.  Ecumer  les  marmites,  vivre  en  para- 
site. Il  Fig.  Écumer  le  pot  de  quelqu'un,  faire  pour 
lui  les  affaires  de  la  maison.  Je  laisserai  écumer 
mon  pot  à  qui  voudra,  eév.  30b.  Mon  pot  est 
étrange  à  écumer  les  dimanches  [j'ai  beaucoup  de 
monde  ce  jour-là],  id.  431.  ||  Terme  de  fauconne- 
rie. Écumer  la  remise,  se  dit  de  l'oiseau  qui  pas.se 
sur  le  gibier  sans  l'apercevoir  et  sans  s'arrêter. 
Il  3°  Fig.  Débarrasser.  J'écumais  voire  chambre  des 
f:\cheux  dont  je  la  voyais  remplie,  sÉv.  34.  ||  4°  Fig. 
Prendre  l'écume  d'une  chose,  c'est-à-dire  une  idée 
vague,  une  notion  peu  précise.  J'écumai  queli|ue 
chose  de  ces  détails  [sur  Mme  des  Ursins],  mais, 
pour  leur  précision,  je  ne  l'ai  bien  sue  que  depuis, 
ST-siM.  (47,  444.  Mme  de  Lillebonue  et  ses  deux 
filles  s'aperçurent  les  premières  de  la  confiance 
.que  Choin  avait  acquise,  et  devinrent  ses  meilleu- 
res amies;  M.  de  Luxembourg,  qui  avait  le  nez 
bon,  l'écuma,  m.  24,  n.  \\  Ecumer,  prendre  çà 
et  là.  Écumer  des  nouvelles.  La  chambre  regorge 
d'intrus;  Peins-nous  l'un  de  ces  bas  ventrus,  Aux 
dîners  qu'il  écume,  bérano.  J'i'nrht/m^.  ||  6° Écu- 
mer les  mers,  écumer  les  côtes,  y  exercer  la  pira- 
terie. Les  corsaires  ne  ce.ssaient  d'écumer  toutes 
les  côtes  et  de  faire  mille  ravages,  vaugel.  Q.  C. 
VIII,  8.  Il  se  mit  en  têle  d'écumer  les  mers  pour 
son  compte,  lesage.  Diable  boit.  ch.  I6.  ||  Par  ex- 
tension. Tu  m'as  bien  l'air  d'écumer  les  grands 
chemins,  Don  Quichotte,  part.  11,  dans  leroux, 
Itict.  comique. 

—  IIIST.  XII'  s.  Et  or  m'estuet  la  cuisine  garder. 
Et  le  feu  fere,  et  la  char  escumer,  Bat.  d'Àleschnits, 
V.  3561.  Il  XIII' s.  Bel  mel  cuit  e  escume,  Us.  St-Jean. 
Renart  vit  qu'il  pe  pot  durer.  Ne  por  foir  ne  por 
aler;  La  boche  li  veit  escumant,  lien.  21,  337.  Car 
je  fais  ces  pots  e.scumor  Et  la  porée  crasse  et  blan- 
che, Denier  et  Brebis,  dans  juiunal,  t.  11,  p.  2^6. 
Il  XV'  s.  Maistre  Jehan  Compaing  et  un  aultro  licen- 


ÉCU 

ci6,  escumans  latin  [pédants],  Chron.  scandai,  de 
Louis  XI,  p.  77,  dans  lacurne.  ||  xvi' s.  Mais  si 
nous  avions  aussi  bien  lieu  de  parler,  j'estime  que 
leur  ardeur,  dont  ils  escument  si  asprement  contre 
nous,  seroit  un  peu  refroidie,  calv.  Inslit.  Dédie.  Ce 
sont  amorces  pour  escumer  l'argent  dos  bourses,  id. 
16.  867.  Le  dit  sieur  recteur  suoit,  tempestoit,  escu- 
moit  et  frappoit  du  pied,  Sat.  Mén.  p.  96.  Nos  mais- 
tres  passent  ces  raisons  en  escumant  [légèrement], 
mont.  I,  118.  Escumans  toute  la  mer  Mediterrane, 
avec  petits  vaisseaux  légers  de  coursaires,  amyot, 
V.  Mm..  9.  Il  nettoya  ces  mers  de  tous  ces  larrons, 
qui  paravant  y  souloient  escumer,  id.  Pomp.  4). 
Celle  qui  t'a  enfanté  c'est  la  mer.  Et  les  rochers  qui 
la  font  escumer,  id.  Comment  discerner  le  fiait,  de 
l'ami,  45.  Givri,  servant  de  capitaine  à  plusieurs 
capitaines,  escuma  la  teste  des  premiers,  et  puis, 
poussé  dedans  par  la  charfr"  qui  se  fit  à  bon  escient, 
se  demesle  entre  les  jambes  des  chevaux,  d'aub. 
Ilisl.  m,  202.  Mais  ceux-là  ne  soustindrent  la  charge 
qu'en  escumant  [résistèrent  mal],  id.  ib.  m,  36 1. 
Quand  le  duc  d'Alhe  passa  vers  Flandres,  tout  le 
bruit  commun  estoit  qu'en  faisant  semblant  d'escu- 
mer  Genève,  que  tout  à  plat  iU'alloit  assiéger,  dbânt. 
Cap.  fr.  t.  IV,  p.  190,  dans  lacurne.  Sans  trop  es- 
cumer le  latin  [affecter  la  science],  Œuvres  de 
R.  DE  collerye,  p.  83,  dans  lacurne. 

—  ÉTVM.  Écume;  wallon,  houmer;  namur.  chu- 
mer;  provenç.  et  portug.  escumar;  ital.  schiumare. 

]  fiCUMERESSE  (é-ku-me-rè-s'; ,  s.  f.  Écumoire 
de  rarfineur  de  sucre. 

—  Rtym.  Écumer. 

t  ÉCUMETTE  (é-ku-mè-l') ,  s.  f.  Écumoire  de  fa- 
bricant de  papier. 

—  ETYM.  Écumer. 
ÉCUMEUR(é-ku-meur),  s.»n.||  l'Cclui  qui  écume. 

Il  Fig.  Un  écumeur  de  marmites  ou  de  table,  un 
parasite.  Tu  t'imagines  bien  qu'un  jour  qu'il  don- 
nait à  dîner  à  l'ambassadeur  de  France  et  à  plusieurs 
autres  seigneurs,  il  ne  vit  pas  sans  peine  arriver 
deux  écumeurs  de  table,  lesage,  Guim.  d'Àlfar. 
m,  10.  Il  2*  Un  écumeur  de  mer,  un  corsaire  ou  pi- 
rate. Il  Absolument.  Les  méchants  voient  le  soleil 
comme  les  bons,  et  les  mers  ne  font  point  meilleur 
mine  à  la  barque  d'un  marchand  qu'à  la  frégate  d'un 
écumeur,  malii.  le  Traité  des  bienf.  de  Sénèque, 
IV,  25.  Il  Fig.  Se  dit  aussi  des  corsaires  littéraires, 
des  plagiaires. 

—  HIST.  XV' s.  Et  n'attendoient  ces  dessus  dits 
escumeurs  de  mer  autre  chose  que  les  nouvelles  leur 
vinssent  que  la  guerre  fut  ouverte  [gens  de  mer  de 
toutes  nations  gagés  par  Philippe  contre  les  An- 
glais], FROiss.  1,  I,  7S.  Et  avoient  en  leur  armée 
vaisseaux  qu'on  dit  balleniers,  qu'escumeurs  de  mer 
par  coutume  ont  volontiers,  id.  ii,  m,  H2.  ||xvi's. 
Les  pirates  et  escumeurs  de  mer,  ahïot,  Lucull.  6. 

—  ÉTYM.  Écumer. 

ÉCUMECX,  EUSE  (é-ku-meù,  meû-z'),  adj.  Qui 
est  couvert  d'écume,  qui  jette  beaucoup  d'écume. 
Une  bouche  écunieu.se.  Votre  ennemi  superbe,  en 
cet  instant  fameux,  Du  Rhin  près  de  Tholusfend  les 
flots  écumeux,  boil.  Épit.  iv. 

—  lïTYM.  Écume. 

ÉCCMOIRE  (é-ku-moi-r'),  s.  f.  ||  l'Ustensile  de 
cuisine  en  forme  de  cuiller  ronde,  mince,  et  percée 
de  beaucoup  de  trous,  servant  à  écumer  la  marmite. 
Il  II  a  la  figure  comme  une  écumoire,  il  est  extrê- 
mement marqué  de  petite  vérole.  {|  2°  Terme  de 
marine.  Plaque  de  métal  percée  de  trous  pour  éga- 
liser et  polir  le  fil  de  caret  lorsqu'il  a  été  filé. 
Il  3°  Terme  de  fondeur.  Sorte  de  cuiller  pour  ôter 
la  crasse  des  métaux  fondus. 

— REJI.  On  a  dit  écumoir  au  masculin  :  Les  écu- 
moirs  servant  à  confitures  et  dont  les  manches  sont 
de  virolle,  seront  marqués  et  contremarques  au 
corps;  le  manche  sera  marqué  du  poinçon  du  maî- 
tre, Itèrilement.  30  déc.  1679. 

—  CTYM.  Écumer;  wallon,  houmerèse. 

t  ÉCURAGE  (é-ku-ra-j'),  s.  7».  Action  d'écurer, 
de  nettoyer;  résultat  de  cette  action.  ||  Terme  de 
métallurgie.  Nettoyage  de  la  tôle  destinée  à  la  fa- 
brication du  fer-blanc. 

—  ÉTYM.  Écurer. 

ÉCURÉ,  ÉE  (é-ku-ré,  rée),  part,  passé.  Un  puits 
écuré.  11  faut  que  le  linge  soit  blanc,  la  vais.selle 
bien  écurée,  les  salles  où  l'on  mange  balayées  régu- 
lièrement tous  les  jours  après  le  repas,  rolun, 
Traité  drs  El.  liv.  vi,  2'  part.  ch.  1,  art.  ). 

■)■  ÉCUREAU  (é-ku-rô),  s.  m.  Ouvrier  qui  écure 
les  cardes,  les  chardons  dans  une  manufacture  de 
draps. 

—  ÊTYM.  Écurer. 

+  ÉCITRJËK  (é-ku-rée),  î.  f.  Garniture  d'une  ."^er- 


ECU 

rure  de  siireté,  brasée  et  mise  sur  le  tour  potir  être 

dressée. 

t  ECUREMENT  (é-ku-re-man) ,  s.  m.  Terme  raral. 
Raie  qui,  traversant  un  champ  ensemencé ,  facilite 
l'écoulement  des  eaux. 

—  F.TYM.  Écurer. 

ECORER  (é-ku-ré),  v.  a.  Débarrasser  de  toute  or- 
dure. Écurer  un  puits.  Il  roule  les  yeux  en  man- 
geant; la  table  est  pour  lui  un  râtelier;  il  écure  ses 
dents  et  il  continue  à  manger,  la  bbuy.  xi.  Mais 
est-il  bien  possible  que  ma  sœur  soit  en  Turquie? 
disait-il.  — -  Rien  n'est  si  possible,  reprit  Cacambo, 
puisqu'elle  écure  la  vaisselle  chez  un  prince  de 
Transylvanie,  volt.  Candide,  27.  ||  Kniever  la  bourre 
dont  les  chardons  se  sont  remplis  en  parant  les 
draps.  Il  Proverbe.  Il  faut  aller  à  Pâques  écurer  son 
chaudron,  c'est-à-dire  nettoyer  sa  conscience,  aller 
à  confesse. 

—  SYN.  ÉCDBER,  CURER.  Cesdeux  mots  ne  diffèrent 
que  par  le  préfixe  é,  es;  à  la  vérité,  on  a  dit  que 
écurer  c'était  nettoyer  avec  du  sablon,  du  charbon 
ou  autre  chose  semblable;  mais  comme  l'Académie 
dit  écurer  un  puiis  et  la  Rruyèie  écurer  ses  dents, 
cette  distinction  ne  peut  subsister;  la  seule  nuance 
serait  que  écurer  signifierait  curer  complètement. 

—  HIST.  xm'  s.  K'amours  netie  et  escure  Le  cuer 
k'ele  a  bien  saisi.  Poésies  mss.  du  Vatican,  dans 
LACURNE.  Devant  la  mie-nuit  li  tems  un  peu  s'es- 
cure,  Berte,  xlii.  Les  simples  gens  asseilrées.  De 
toutes  cures  escurées.  Fors  de  mener  jolivetés  Par 
loiaus  araiabletés,  la  Rose,  8480.  ||  xiv  s.  Que  au- 
cuns ne  puisse  ou  doie  soubz  icelle  peine  escurerau 
foulon  aucun  drap  à  sain  [graisse],  du  cange,  ei- 
curare.  Il  XV'  s.  Dont  je  puis  bien  conclure  sans 
pechier,  Par  les  signes  que  l'euvangile  escure.  Que 
le  monde  veut  sa  fin  adressier,  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.,  Wallon,  hurer;  Berry,  le  temps  s'é- 
cure,  s'éclaircit;  prov.  et  espagn.  escurar;  lombard 
sgurd;  du  latin  ex-curare,  ex  et  curare,  soigner 
(voy.  curer),  d'après  Diez  qui  écarte  l'étymologie 
germanique  :  suédois,  skura;  hoUand.  schuren; 
allem.  scheuern ; &ng\.  tnscour,  nettoyer,  mots  qu'il 
regarde  comme  étant  d'origine  romane.  Le  celtique 
a  aussi  le  mot  :  gaël.  sgur;  irl.  sguraim,  nettoyer; 
mais  il  est  probable  que  là  aussi  l'origine  est  ro- 
mane. L'ancien  français  avait  en  outre  l'adjectif 
escure,  sans  souci,  qui  vient  du  latin  ex,  sans,  et 
cura,  souci. 

t  ÉCURETTE  (é-ku-rè-f),  s.  f.  Sorte  de  grattoir 
de  luthier.  ||  Instrument  pour  nettoyer  les  chardons. 

—  HIST.  XIII  s.  Rasoers,  forces  [ciseaux]  et  gui- 
gnoeres,  escuretes  [cure-oreilles]  et  furgoeres , 
Fabliaux  mss.  de  Saint-Germain ,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  écurer. 

ÉCUREUIL (é-ku-reuU,  li  mouillées,  etnoné-ku- 
reuye),  s.  m.  ||  1°  Petit  quadrupède  de  la  famille 
des  rongeurs,  vivant  sur  les  arlires.  L'écureuil  est 
un  joli  petit  animal  qui  n'est  qu'à  demi  sauvage 
et  qui,  par  sa  gentillesse,  par  sa  docilité,  par 
l'innocence  de  ses  mœurs,  mériterait  d'être  épar- 
gné, BUFFON,  écureuil.  ||  Figurément.  C'est  un  écu- 
reuil, il  est  vif  comme  écureuil,  se  dit  d'un  jeune 
homme  vif  et  qui  tient  à  peine  en  place.  Je  suis 
flexible  conime  une  aiguille  et  vif  comme  un  lézard, 
et  travaillant  toujours  comme  un  écureuil,  volt. 
Lett.  d'Argental,  22  oct.)7B9.  ||  2° Écureuil  jappant, 
nom  vulgaire  du  tynomys  social  (rongeuis).  ||  Écu- 
reuil volant,  nom  vulgaire  collectif  des  genres  plr- 
romys  et  sciuroptère  (rongeurs).  L'écureuil  volant, 
qui  a  de  grands  rapports  avec  l'écureuil  commun, 
se  rapproche  beaucoup  moins  de  l'oiseau  jiar  l'aciion 
de  voler  que  la  chauve-souris,  bonnet,  Contempl. 
nal.  3'  part.  ch.  28.  ||  3°  Nom  de  plusieurs  poissons 
et  d'un  papillon  de  nuit. 

—  HIST.  XIII'  s.  Atant  es-vos  Rosselvenu,  L'es- 
curel  au  peliçon  rox,  iten.  23333.  Vair,  escuriaur, 
lièvres,  counins,  chevrel....  doivent,  les  xxv  piaus, 
obole  de  tonlieu,  tir.  des  met.  S24.  Me  garantis!  et 
cors  et  teste,  Forré  d'agniaus,  cist  miens  buriaus, 
Comme  pers  forré  d'escuriaus,  ta  Rose,  9t  (6.  Soyés 
es  euvres  natureus  Plus  vislesque  unsescureus,  ib. 
t9892.  Il  XVI'  s.  Là  je  voi  l'escurieu,  qui,  faisant  jà 
du  sage.  Sans  contempler  le  ciel,  le  temps  futur 
présage,  dubahtas,  dans  ménage. 

—  ETYM.  Berry,  écurieux;  wallon,  ipirou;  Ar- 
dennes,  .ïfciron,  écuran;  provenç.  escurol  ;  espagn. 
et  portug.  esquito;  ital.  scojallolo;  bas-I.it.  squirw 
lus,  scuriolus  ;  du  latin  sciurtis,  du  grec  oxioupoç, 
de  ffxià.  ombre,  et  oOpà,  queue  ;  l'animal  qui  sa 
fait  de  l'ombre  avec  sa  queue.  Le  wallon  spirou  a 
son  correspondant  dans  le  bas-lat.  esperiolus;  ce 
qui  montre  que  le  se  latin  peut  se  changer  en  sp. 


ECU 

ÉCCREUR,  ECSE(é-ku-reur,  reû-z'),  s.  m.  et/". 
Celui,  celle  qui  écure  de  la  vaisselle,  etc.  ||  Ouvrier 
qui  écure  les  chardons  dans  une  manufacture  de  draps. 

—  ÊTYM.  Écurer. 

ÉCURIE  (é-ku-rie),  s.  f.\\l°  Habitation  réservée 
aux  solipèJes  et  particulièrement  au  cheval.  On  m'é- 
leva  jusqu'à  quatorze  ans  dans  un  palais  auquel  tous 
les  châteaux  de  vos  barons  allemands  n'auraient  pas 
servi  d'écurie,  volt.  Candide,  it.  \\  Fermer  l'écurie 
quand  les  chevaux  sont  dehors,  prendre  des  pré- 
cautions quand  le  mal  est  arrivé.  ||  C'est  un  cheval 
à  l'écurie,  se  dit  d'une  chose  qui  nécessite  des  frais 
sans  être  utile.  |I  Les  écuries  d'Augias,  voy.  étables. 
Il  Entrer  comme  dans  une  écurie,  entrer  dans  un 
lieu  grossièrement  et  sans  observer  aucune  politesse. 
Il  Elevé  dans  une  écurie,  il  sent  l'écurio, c'est  un  valet 
d'écurie,  se  dit  d'un  homme  grossier  dans  ses  propos. 
Il  On  ditd'une  chambre  sale  :  c'est  une  écurie,  une 
vraie  écurie.  11  couche  dans  une  écurie.  ||  2»  Train, 
équipage  d'un  prince.  La  grande,  la  petite  écurie. 
Il  3°  Terme  de  marine.  Bâtiment  pour  transporter 
les  chevaux. 

—  mST.  xv«  s.  Escuyer  d'escuyrie  du  duc  de 
Bourgogne,  Boucic.  hist.  i,  30.  Un  chevaucheur 
d'escuyrie  dudit  duc,  comm.  im,  B.Guillaume  estoit 
•m  son  scure  ou  granje,  où  il  batoit  du  blé,  nu 
CANGE,  scura.  Escuirie  de  beau  gouvernement,  eust. 
DEScii.  Poésies  mss.  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Eschan- 
son,  escuyer  d'escuirie,  chambellan....  mont,  u,  169. 

—  Rtym.  Provenç.  escura,  escuria;  bas-lat.  scura, 
seuria.  La  forme  scure,  le  bas-latin  scura,  scuria, 
montrent  que  le  mot  vientdu  germanique  :  anc.  haut 
allem.s/cdra, sfeiura,  étable;  holland.i'c/iuur  et  al- 
lem.  Sclieuer,  grange  ;  radical  sanscrit,  sku,  couvrir. 
Maison  doit  penser  que  escuyer  a  inllué  pour  don- 
ner la  forme  en  rie.  L'italien  scwcierm  se  rattache  à 
écuyer.  Le  fait  est  que  la  Fontaine  semble  avoir  dit 
écurie  pour  charge  d'écuyer  :  Je  le  suis  donc  [mal- 
heureux, à  propos  de  poursuites  q\i'il  subissait  pour 
avoir  pris  indûment  la  qualité  d'écuyer]  grâces  à 
l'écurie.  Et  ne  suis  pas  seul  de  ma  confrérie,  Œu- 
vres, édit.  Walclienaer,  t.  vi,  p.  79. 

■f  ÉCURIEU  (é-ku-rieu),  s.  m.  Terme  de  blason. 
Écureuil. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉcuREUii.,  à  l'historique. 
ÉCDSSON  (é-ku-son),  s.  m.  ||  1°  Écu  d'armoiries. 

L'écusson  de  France.  L'outrage  qu'on  fait  à  l'écus- 

snn  de  la  princesse  de  Tarente,   sÉv.  42) que 

il'un  des  Capets....  Ait  de  trois  fleurs  de  lis  doté 
/leur  écusson,  bojl.  Sat.  v.  L'un  sur  son  écusson 
porte  un  casque  sans  grille,  Dont  le  père  autrefois 
a  porté  la  mandrille,  boursaut,  Ésope,  m,  4.  ||  Plus 
particulièrement,  petit  écu  qui  en  charge  un  plus 
grand.  ||  2°  Ancien  terme  de  chirurgie.  Sachet  piqué, 
taillé  en  écusson,  dans  lequel  on  renferme  des  pou- 
dres cordiales  et  que  l'on  applique  sur  la  région  du 
cœur  et  de  l'estomac.  ||  3°  Terme  d'horticulture. 
Morceau  d'écorce  taillé  plus  ou  moins  en  écusson, 
et  portant  un  oeil  ou  bouton  qu'on  détache  au  mo- 
ment de  la  sève  pour  l'insérer  entre  le  bois  et  l'é- 
corce  d'un  autre  pied.  Grefîeren  écusson.  ||  4°  Terme 
de  zoologie.  Lame  cornée  du  pied  d'un  oiseau. 
Il  Plaque  calcaire  dans  la  peau  de  certains  poissons. 
Il  Pièce  triangulaire  sur  le  dos  de  la  plupart  des  in- 
sectes à  élytres.  Il  Ecusson  ou  gravure,  surface  de 
forme  variable  ayant  sa  base  sur  les  mamelles  de  la 
vache,  s'élevant  plus  ou  moins  haut  dans  la  région 
périnéale,  distincte  par  la  direction  particulière  des 
poils  et  signalée  comme  pouvant  faire  apprécier  les 
facultés  lactifères  des  vaches.  ||  B°  Terme  d'architec- 
ture. Tablette  ou  cartouche  représentant  des  pièces 
héraldiques,  des  inscriptions,  des  figures,  etc. 
Il  Terme  de  serrurerie.  Nom  de  petites  plaques  de 
fer  qu'on  met  sur  les  serrures  pour  le  passage  de  la 
clef,  et  de  toutes  sortes  de  platines  qui  servent  à 
l'ornement.  ||  6°  Terme  de  marine.  Partie  inférieure 
de  l'arcasse  d'un  grand  bâtiment.  Sorte  d'ornement. 

—  HIST.  XIV»  s.  Ou  quel  osteau  [portail  latéral] 
seront  faiz  les  quatre  esvangelistres  en  quatre  rons 
qui  seront  ou  dict  osteau,  avec  huit  escuçons  qui 
seront  en  huit  autres  rons,  Bible  des  Ch.  5"  série, 
t.  m,  p.  237.  Il  XVI»  s.  Ils  no  voudroyent  pas  aussi 
aider  à  la  ruine  de  la  France,  laquelle  ils  sçavent 
estre  pour  le  dedans  do  la  chrestienté  un  bon  contre- 
poids, et  pour  le  dehors  un  très-ferme  escusson, 
LANOtiE,   380.   appliquer  emplastres,   linimens,    ca- 

[laplasmes,  epithemes,  fomentations,  escussons  et 
autres  remodes,  paré,  1,  Préf.  Un  brayer  duiiuel 
l'escusson  doit  avoir  trois  eminences,  id,  vi,  15. 
Venter  à  escusson ,  appelle  aussi  emplastration, 
norceau  et  bouton,  o.  nE  serres,  660.  Tel  œillet 
choisi  comme  dessus  sera  enlevé  avec  uu  morceau 

|d'e3corce,  '.aillée  àla  fls'"'0  ci'un  simple  et  commun 


ÉCU 

escusson  à  armoiries  (dont  aussi  ceste  façon  d'enter 
porte  le  nom),  m.  667.  L'escusson  de  trois  fleurs  de 
lis  est  celui  que  les  sergents  du  roi  doivent  porter 
pour  estre  connus  et  obéis  en  l'exercice  de  leurs 
estais  et  charges,  selon  l'onionnanceduroi  Charles ix 
de  l'an  16G0,  LAUBifiaE,  Gloss.  du  droit  fr. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  ^cu,  que  l'on  représentera 
par  le  latin  fictif  scutionem.  L'ancienne  langue 
avait  aussi  un  autre  diminutif,  cscussei:  Galée  peinte 
dedans  mer  et  dehors,  à  escussiaus  de  ses  armes, 
joiNV.  litB.  Anglais.  sc!i(chco?t. 

t  ÉCDSSONNABLE  (é-ku-so-na-bl'),  ad;.  Terme 
d'horticulture.  Qui  peut  Cire  écussonné. 

—  HIST.  xvi*  s.  AiUres  jilantes  que  arbres  esous- 
sonnables,  o.  dk  serres,  670. 

—  ÉTYM.  Écussonner. 

ÉCUSS0XN15,  lîK  (é-ku-so-né,  née),  part,  passé. 
Il  1°  Grefié  en  écusson.  Un  poirier  écussonné. 
Il  2°  Terme  d'hisloire  naturelle.  Oui  est  muni  d'un 
écusson,  ou  dont  l'écusson  olîre  quelque  particula- 
rité remarquable. 

ÉCDSSONNER  (é-ku-so-né) ,  V.  a.  Terme  d'horti- 
culture. Greffer  en  écusson. 

HIST.  XVI"  s.   Ainsi  escussonne-on  les  jeunes 

arbres  au  tronc,  et  les  vieux  es  branches,  o.  de 
serres,  669. 

—  ÉTYM.  Écusson. 

ÉCDSSONNOIR  (é-ku-so-noir),  s.  m.  Petit  cou- 
teau pour  écussonner. 

—  ÉTYM.  Écussonner. 

ÉCCYER  (é-kui-ié;  l'rnesebe  jamais;  au  pluriel, 
Vs  se  lie  :  des  é-kui-ié-z  habiles),  s.  m.  ||  1°  Ancien- 
nement, gentilhomme  qui  portait  l'écu  d'un  cheva- 
lier. Trois  simples  écuyers,  sans  bien  et  sans  secours, 
VOLT.  Tancr.  i,  i.  Le  service  de  l'écuyer  consistait, 
en  paix,  à  trancher  à  table,  à  servir  lui-même  les 
viandes,  à  donner  ,\  laver  aux  convives,  chateaub. 
Génie,  iv,  v,  4.  ||  2°  Écuyer  tranchant,  officier  qui 
coupe  les  viandes â  la  table  des  princes.jl  Grand 
écuyer  tranchant,  officier  de  table,  servant  le  roi 
aux  grandes  cérémonies.  ||  3°  Titre  des  simples  gen- 
tilshommes et  (les  anoblis.  Un  tel,  écuyer.  On  vous 
contesterait  après  cela  [être  pendu]  le  titre  d'écuyer, 
MOL.  II.  de  l'ourc.  m,  2.  ||  4°  L'intendant  des  écuries 
d'un  prince.  ||  Le  grand  écuyer,  officier  présidant 
à  tout  ce  qui  concerne  les  écuries  et  les  chevaux 
d'un  monarque;  sous  l'ancienne  monarchie  on  l'ap- 
pelait tout  court  :  M.  le  Grand.  L'empereur  voulut 
l'apaiser,  mais,  ne  pouvant  s'en  faire  écouter,  il  se 
retira,  Caulaincourt  le  poursuivant  toujours  de  ses 
reproches....  Le  lendemain.  Napoléon  ne  put  rame- 
ner à  lui  son  grand  écuyer  que  par  des  ordres  for- 
mels et  réitérés,  ségur,  Ilist.  deNap.iw,  5.  ||  Le 
premier  écuyer  de  la  grande  écurie,  celui  qui  com- 
mande en  l'absence  du  grand  écuyer.  Il  a  sous  lui 
les  écuyers  de  quartier.  ||  Le  premier  écuyer  de  la 
petite  écurie,  celui  qui  a  soin  des  chevaux  dont  le 
prince  se  sert  ordinairement.  On  le  nommait  aussi 
écuyer  cavalcadour.  ||  Ecuyer  de  main,  celui  qui 
donne  la  main  au  prince,  à  une  princesse  pour 
monter  en  voiture,  et  aus.si  celui  qui  donne  la  main 
aune  personne  de  qualité  et  qui  a  le  soin  de  l'accom- 
pagner dans  toutes  les  visites  qu'elle  l'ait.  Comment 
donc,  madame,  un  écuyer?  êtes-vous  femme  à 
écuyer?  dancourt,  Chev.  à  lamode,  iv,  4.  ||  5°  Celui 
qui  enseigne,  dans  un  établissement  spécial,  la 
théorie  et  la  pratique  de  l'équitation,  qui  dresse  les 
chevaux,  etc.  ||  Celui  qui  monte  bien  achevai.  Cet 
homme  est  bon  écuyer.  ||  Celui  qui  fait  divers  exer- 
cices sur  le  cheval  dans  un  théâtre.  Une  troupe 
d'écuyers.  Il  6°  Écuyer  de  bouche,  de  cuisine,  le 
maître  d'hôtel  d'une  grande  maison.  ||  Ecuyer  de 
bouche,  officier  qui  range  les  plats  sur  la  table  de 
l'office  avant  de  les  servir  au  prince.  ||  Ecuyer  de 
cuisine,  un  des  premiers  officiers  de  la  cuisine 
de  quelque  grand.  ||  7°  Terme  de  construction. 
Hampe  d'un  escalier.  ||  8"  Terme  de  chasse.  Jeune 
cerf  qui  en  suit  un  vieux.  ||  9°  Terme  de  vigneron. 
Faux  bourgeon  qui  croit  au  pied  d'un  cep  de  vigne. 
U  n'y  a  que  l'écuyer  qui  a  donné  cette  année.  ||  Pro- 
verbe. Oui  aime  Martin  aime  son  chien;  qui  aime  le 
chevalier  aime  l'écuyer. 

—  HIST.  xi"  s.  Ne  n'i  adeist  [que  n'y  arrive]  es- 
quier  ne  garçon  Ch.  de  Roi.  clxxiv.  ||  xii'  s.  Uns 
escuers  vint  peinant  la  ferrée  [la  route  ferrée,  pa- 
vée],  Ronc.  p.  t48.  Cel  jor  firent  François  d'Anseys 
chevalier.  Car  encorts  servoit  al  rôle  d'escuyer, 
Sax.  IV.  Li  arcevesques  out  iluec  sun  esquier,  Th. 
le  mart.  47.  ||  xiii*  s.  Uns  escuiers  qui  avoit  une 
demisele  espousée,  beaum.  xxiii,  B.  ||  xiv  s.  Trois 
escuyers  qui  portent  les  esous.  Et  en  lor  peins  les 
trois  espiés  molus,  Devant  eux  mènent  les  auferans 
[chevaux]  crenus,  o.  guiart,  dansDU  cange,  armt- 


KDE 


1301 


gcri.  Thomas  DamporI,  escuier  de  chambre  du  duc  da 
Bedforrl,  DU  CANGE,  escuenis.  Deux  escuiersdecuisina 
et  deux  aides  avec  eulx,  pour  le  dressouer  de  cui- 
sine, Ménaijier,  ll,  4.  ||xv's.  Sera  tenus  le  dit 
fournier  de  prendre  cascun  samedi  le  blé  des  moeu- 
tures  pour  faire  le  blanc  pain  du  couvent....  et  pour 
faire  pain  d'escuier  on  lui  délivrera  blé  des  gre- 
niers, DU  CANGE,  panis.  Le  bon  escuier  fait  le  bon 
chevalier,  lehoux  de  lingy,  Proii.  t.  n,  p.  77. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  écué;  provenç.  escudier,  escu- 
der,  escuier;  espagn.  escudero;  portug.  escudeiro; 
ital.  scudiere;dii  bas-lat.  scutarixis,  descutum,  écu; 
angl.  squire,  esquive.  Barhazan  faisait  venir  l'é- 
cuyer portant  Vécu,  de  scutifer;  l'écuyer  pour  l'écu- 
rie, de  equus;  et  l'écuyer  tranchant,  de  escarius, 
âeesca.  Les  formes  communes  aux  langues  romanes 
montrent  que  ce  mot  ne  peut  venir  que  de  scuta- 
rius,  lequel  a  pris  ensuite  dans  le  service  de  la  mai- 
son féodale  diverses  acceptions. 

ÉCUYÈRE  (é-kui-iè-r'),  s.  f.  ||  1"  Femme  qui 
monte  à  cheval.  ||  Femme  qui  fait  des  exercices  éques- 
tres dans  un  spectacle  public.  ||  2"  X  l'écuyère,  loc. 
adv.  En  façon  d'écuyer.  Bottes  à  l'écuyère,  grandes 
bottes  qui  servent  pour  monter  à  cheval. 

—  ÉTYM.  Écuyer. 

f  ECZÉMA  (èk-zé-m  a),  s.  m.  Terme  de  médecine. 
Affection  cutanée  caractérisée  par  de  petites  vési- 
cules très-rapprochées  les  unes  des  autres. 

—  ÉTYM.  'Exîefjia.ébullition,  de  êx,  et  Uïv,  bouillir. 
t  ECZÉMATEUX,  EUSE  (èk-zé-ma-teû,  teû-z'), 

adj.  Qui  a  rapport  à  l'eczéma.  Éruptions  eczéma- 
teuses. 

—  ÉTYM.  Eciéma. 

EDUA  (è-dda),  s.  f.  Célèbre  recueil  de  la  mytho- 
logie des  peuples  germaniques  du  Nord,  dont  chaque 
chapitre  est  un  petit  poëme  qui  roule  sur  les  pré- 
dictions, la  magie  et  les  géants. 

—  ÉTYM.  Jîdda  signifie  la  bisaïeule,  dénomina- 
tion qui  a  été  donnée,  non  sans  grâce,  à  un  recueil 
vénéré  de  vieilles  traditions. 

ÉDEN  (é-dèn') ,  s.  m.  Nom  que  l'Ecriture  donne 
au  parailis  terrestre,  c'est-à-dire  au  lieu  de  délices 
dont  Dieu  fit  la  demeure  du  premier  homme  dans 
l'état  d'innocence.  Ces  fleuves,  ces  vergers,  éden 
aimé  des  cieux.  Et  des  premiers  humains  berceau 
délicieux,  A.  ciiÉNiER,  Élég.  )4.  Le  phénomène  de 
la  richesse  eût  été  inconnu  dans  l'Éden  :  mais  aussi 
l'homme  de  l'Éden  exempt  de  travail  et  de  peines..  . 
n'est  point  ce  pionnier  intrépide,  ce  martyr  de  la 
science  et  de  la  civilisation  qui  arrose  de  ses  sueurs 
et  parfois  de  son  sang  la  voie  douloureuse  du  pro- 
grès, cournot.  Principes  de  la  théorie  des  richesses, 
n°  4.  Il  Par  extension,  lieu  de  délices  et  de  booheur 
tranquille.  Outre  l'Éden  de  l'inspiration  et  du  mythe, 
dont  l'image  religieuse  plane  sur  le  berceau  da 
l'humanité,  il  y  a  l'Eden  des  millénaires  et  des  uto- 
pistes de  toute  sorte,  présenté  comme  le  terme  vers 
lequel  tend  l'humanité  dans  son  laborieux  pèlerinage, 
Éden  d'où  le  travail  ne  peut  être  exclu....  lu  ib. 
n°  B. 

—  ÉTYM.  Hébreu ,  eden,  jardin. 
fÉDÉNIEN,   NIENNE   (é-dé-niin,    niè-n'),  adj. 

Terme  didactique.  Qui  appartient  à  l'éden. 

—  ÉTYM.  Éden. 

ÉDENTÉ,  ÉE(é-dan-té,  tée),  part,  passé.  \\  l-Qui 
a  perdu  ses  dents.  Une  vieille  édentée.  Un  peigne 
édenté,  un  peigne  qui  a  des  dents  de  moins. 
Il  2°  Terme  de  zoologie.  Qui  a  l'appareil  dentaire 
plus  ou  moins  incomplet.  ||  S.  m.  pi.  Les  édentés, 
huitième  ou  dernier  ordre  des  mammifères,  à  dents 
toutes  similaires  ou  nulles,  à  corps  couvert  de 
plaques  cornées  disposées  en  bandes  circulaires  an- 
nulaires (dasypodes  ou  tatous),  ou  couvert  de  poils 
(fourmiliers) ,  ou  couverts  d'écailles  imbriquées 
(pangolins).  ||  Qui  n'a  pas  de  mandibules  proprement 
dites,  et,  substantivement,  nom  d'une  section  de  la 
classe  des  crustacés. 

ÉDENTER  (é-dan-té),  v.  a.\\i°  Faire  perdre  les 
dents.  La  vieillesse  nous  édente  tour  à  tour.  ||  Arra- 
cher les  dents,  genre  de  torture.  |1  2°  Par  extension, 
user,  rompre  les  dents  d'une  scie,  d'un  peigne,  etc. 
Il  3°  S'édenler,  ».  ré/l.  Perdre  les  dents.  Un  peigne 
qui  s'édente. 

—  HIST.  xiii*  s une  espée  à  un  grès  [il]  l'a 

toute  esdentée.  Fabliaux  mss.  n°  7996,  p.  es,  dans 
LACURNE.  Il  XV'  s.  Je  suis  tout  sain,  etay  fièvre  quar- 
taine;  Tout  e-sdenté,  mon  frein  me  fault  rongier, 
CH.  d'orl.  Bal.  109.  Il  XVI'  s.  Pour  edenter  le  souci 
qui  me  mord,  RONS.  31.  0  vieille  edentée,  du  bellay, 
vu,  B2,  verso.  Si,  pour  en  préoccuper  moy  mesme 
l'accusalion  et  la  descouverte  [de  mes  défauts|,  il 
luy  semble  [à  mon  détracteur]  que  je  lui  esdente  sa 
morsure....  mont,  iv,  us. 


1302 


ËDI 


-  ÉTYM.  É  pour  et....  préfixe,  et  dent;  provenç. 
Mdenlat,  édenté;    ital.  sdenlato. 

t  ÉDICTAL,  ALE  (é-di-k(al,  kta-1'),  adj.  Terme 
d'ancienne  jurisprudence.  Qui  a  rapport  aux  édils, 
tut  ordonnances. 

—  ETYM.  Édil. 

fCDlCTER  (é-di-kté),  V.  a.  Publier  par  édit. 
Peines  édictées  par  la  loi. 

—  HIST.  xiv's.  Que  il  soit  édité  et  publié  que  au- 
cuns marcha:is....  du  cange,  edituere.  ||  xvi*  s.  S'il 
estoit  requis  pour  le  bien  ou  utilité  de  quelque  ville 
et  communauté  d'edicter,  statuer,  mettre  sus  et  in- 
troduire quelques  loix  ou  coustumes  nouvelles,  nou- 
veau coust.  gtnir.  t.  ii,  p.  81. 

—  ÉTYM.  Édit.  On  trouve  aussi  indicter  :  Peines 
indictées,  cabloix,  vi,  i. 

ÉDIFIANT,  ANTE  (é-di-fi-an,  an-t'),  adj.  Qui 
édifie,  qui  porte  à  la  vertu,  à  la  piété.  Des  lectures 
édifiantes.  ||  Lettres  édifiantes,  lettres  écrites  par 
des  missionnaires  et  publiées  par  les  jésuites.  ||  Par 
plaisanterie  et  antiphrase.  C'était  quelque  chose  d'é- 
difiant que  de  la  voir  à  table,  hamilt.  Cramm.  )0. 

ÉDIFICATEUR  (é-di -fi  ka-teur),  «.  m.  Celui  qui 
édifie,  qui  fait  construire  un  édifice.  Ce  que  vous 
dites  de  bâtir  autour  de  Balzac  [nom  de  lieu],  m'a 
semblé  fort  bon  et  serait  en  vérité  bien  à  propos; 
mais  nous  autres  beaux  esprits,  nous  ne  sommes 
pas  grands  édificateurs,  voit. Lett.  < 26.  Les  beaux 
esprits  auraient  suivi  leurs  exemples  [de  finan- 
ciers bâtissant],  si  ce  n'était  qu'ils  ne  sont  pas 
grands  édificateurs,  comme  dit  Voiture,  LA  font. 
Lett.  à  sa  femme,  6  sept.  4  683. 

—  HIST.  xiv*  s.  Les  autres  ars  et  sciences  ensei- 
gnent ung  homme  estre  bon  edifieur  et  bon  paintre, 
ORESME,  Pro(.  Il  XVI' s.  Un  architecte  et  edificateur 

doit....   PAKE,  XXV,   20. 

—  ÉTYM.  Lat.  œdificator,  de  xdijicare,  édifier. 
Plus  anciennement  on  disait  edifieur. 

ÉDIFICATION  (é-di-fi-ka-sion  ;  en  vers,  de  six 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  de  bâtir  quelque  grand 
édifice.  L'édification  du  Temple  fut  réservée  à  Salo- 
mon.  Il  2°  Fig.  Sentiments  de  vertu  et  de  piété  qu'on 
inspire  par  de  bons  exemples  ou  de  sages  dis- 
cours. Cette  manière  d'écrire  ne  laisse  pas  toujours 
beaucoup  d'édification  aux  pieux  lecteurs  ,  Boss. 
Réfut.  La  merveilleuse  édification  qu'ils  nous  lais- 
sent, ID.  Lett.  7.  Je  recevrai  bonne  édification  de 
votre  vertu,  id.  Perf.  rel.  Vous  devez  cette  édification 
à  l'Église,  MASS.  Car.  Parole Et  que  vos  ver- 
tus [des  grands]  ont  des  suites  plus  étendues  pour 
l'utilité  de  l'Église  et  pour  l'édification  des  fidèles, 
ID.  Petit  car.  Vices.  ]\  3°  Il  se  dit  souvent,  ironi- 
quement ou  non,  dans  le  sens  de  instruction.  J'ai 
dit  tout  ce  que  je  savais  de  lui,  pour  l'édification  de 
ses  électeurs.  Pour  votre  édification,  vous  saurez.... 

—  HIST.  XIII*  s.  Por  l'ame  de  moi  miex  valoir,  Ai 
mis  mon  cors  en  nonchaloir,  Por  plus  d'edificaoion, 
Yieng  en  une  religion  [je  vins  en  une  maison  reli- 
gieuse], BUTEB.  II,  427.  Il  XIV*  S.  Et  tel  bien  en  mé- 
decine ce  est  santé,  en  chevalerie  vitloire,  en  édi- 
fication la  maison  estre  faite,  oresme,  Eth.  vu. 
Magnificence  est  en  grandeur  de  despens  faiz  en 
choses  très  honorables....  et  en  opérations  ou  édifi- 
cations pour  les  temples,  id.  ib.  ta.  ||xv*  s.  X  ma 
dame  [je]  faiz  supplication.  Que  lui  plaise  moy  tant 
faire  d'amours,  Qu'en  sa  nouvelle  édification  Soye 
logiez....  EusT.  DESC.  Poésies  mss.  S'  2)4,  dans  la- 
CURNE.  Il  XVI*  S.  C'est  qu'en  lisant  l'Escriture  nous 
cerchions  continuellement  et  méditions  ce  qui  ap- 
partient à  l'édification,  calv.  instit.  (04.  Grandes 
noises  s'en  esmeuvent,  et  peu  d'édification  en  vient, 
ID.  ib.  BÏ6.  Aussi  lui  feirent-ils  beaucoup  de  des- 
tourbier  et  d'empeschement  en  l'édification  du  pa- 
lais qu'il  feit  bastir,  ahyot,  Caton,  38. 

—  ÉTYM.  Provenç.  edificatio;  e-spagn.  édifica- 
tion; ilal.  edificaiione ;  du  latin  xdificalionem ,  de 
xdificare,  édifier. 

ÉDIFICE  (é-di-fi-s'),  s.  m.  ||  1*  Grand  bâtiment, 
palais,  temple.  Un  superbe  édifice.  Des  édifices  sa- 
crés. Ni  l'édifice  n'est  plus  solide  que  le  fondement, 
ni  l'accident  attaché  à  l'être  plus  réel  que  l'être 
même,  boss.  Duch.  d'Orl.  Comme  une  colonne  dont 
la  masse  solide  parait  1«  plus  ferme  appui  d'un  tem- 
ple ruineux,  lorsque  ce  grand  édifice  qu'elle  soute- 
nait fond  sur  elle  sans  l'abattre....  ID.  Reitte  d'Anglet. 
Comme  si,  dans  le  fond  de  ce  vaste  édifice, Dieu  ca- 
chait un  vengeur  armé  pour  son  supplice,  rac.  Athal. 
I,  1.  Ces  édifices  [de  Moscou],  ces  palais  et  jusqu'aux 
boutiques,  étaient  tous  couverts  d'un  fer  poli  et  co- 
loré, SÉOUH,  Uitt.  de  Napol.  viii,  <.  ||  2°  Par  exten- 
sion ,  il  se  dit  de  toutes  les  choses  faites,  arrangées, 
combinées  avec  art.  Et  qu'une  main  savante,  avec 
tant  d'artifice,  BâUt  de  ses  cheveux  le  galant  édi- 


ÉDI 

fice,  noiL.  Sat.  x.  ||  3°  Fig.  Ce  qui  résulte  d'un  en- 
semble de  combinaisons.  L'édifice  de  la  société 
féodale.  Lui  seul....  De  la  religion  soutient  tout  l'é- 
difice, BAC.  Eslh.  Prol.  Se  bâtir  un  édifice  péris- 
sable de  grandeur  sur  la  terre,  mass.  Car.  Temples. 
Après  avoir  commencé  l'édifice,  vous  n'avez  jamais 
pu  l'achever,  id.  ib.  Pdques.  C'est  vous  qui  par  mes 
mains  fondiez  sur  la  justice  De  notre  liberté  l'éter- 
nel édifice,  VOLT.  Brut,  v,  4.  De  souvenir  en  souve- 
nir J'ai  reconstruit  mon  édifice  :  Je  vais  conter,  pour 
en  finir.  Ce  qu'on  me  dit  de  ma  nourrice,  béhano. 
Nourrice. 

— SYN.  ÉDIFICE, bAtimf.nt, MONUMENT.  Le  bâtiment, 
c'est  tout  ce  qu'on  bâtit;  une  cabane  est  un  petit 
bâtiment;  une  caserne  en  peut  être  un  grand.  L'édi- 
fice suppose  plus  d'art,  plus  de  grandeur,  d'éléva- 
tion, des  matériaux  plus  solides.  Un  marché  public 
qui  n'a  presque  pas  de  hauteur,  n'est  qu'un  grand 
bâtiment;  l'église  des  Invalides  est  un  édifice.  Le 
monument  est  ca  qui  sert  à  instruire  la  postérité, 
ce  qui  reste  comme  une  marque  de  la  grandeur  des 
peuples  ou  des  hommes  :1a  porte  Saint-Denis,  l'arc 
de  l'Étoile,  sont  des  monuments;  et,  par  extension, 
on  donne  ce  nom  aux  beaux  édifices  et  aux  tom- 
beaux. 

—  HIST.  xiii*  s.  S'il  s'enfuioit,  li  edefises  de  se 
[sa]  maison  seroit  abattus,  tailliar,  Recueil,  p.  6H. 
Qui  veut  prisier  edefices,  si  comme  mesons  ou  pres- 
soirs, ou  molins,  il  doit  regarder  le  liu  où  li  édi- 
fices est,  BEAUM.  xxvii,  <8.  Il  XIV*  s.  Mais  li  ducs, 
qui  voloituser  [agir]  àsonadvis,  VoltdeResnes  veoir 
trestous  les  edefis,  Guescl.  1054.  ||  xv*  s.  Ce  petit 
grenier  estoit  d'ancien  édifice  [construction],  tout 
deplanché,  tout  delatté,  et  pertuisé  et  rompu  en 
plusieurs  lieux,  louis  xi,  A'oue.  xxxiv.  L'en  ne  peut 
faire  bon  édifice  sur  mauvais  fondement,  leroux 
DE  lincy,  Prov.  t.  II,  p.  337.  Il  XVI*  s.  La  réparation 
et  entretenement  des  édifices  publiques  et  sacrez, 
AMYOT,  Caton,  38.  [Les  améliorations  qu'on  fait  sur 
un  fonds  tenu  à  bail  congéablej  sont  appellées  édi- 
fices et  superficies  et  plus  communément  droits  con- 
venanciers  ou  droits  reparatoires ,  Nouveau  coust. 
génér.  t.  iv,  p.  414. 

—  ÉTYM.  Provenç.  edifici;  espagn.  edificio  ;  ilal. 
edifiiio;  du  latin  xdificium  (voy.  édifier). 

ÉDIFIÉ,  ÉE  (é-di-fi-é,  ée),  part,  passé.  ||  1°  Con- 
struit. Le  temple  d'Éphèse  édifié  par  les  Grecs  d'A- 
sie, il  i°  Fig.  Satisfait.  Je  suis  édifié,  je  sais  ce  que 
je  désirais  savoir.  Oui,  je  sors  de  chez  vous  fort  mal 
édifiée,  MOL.  Tart.  i,  t.  ||  3°  Touché  par  le  bon 
exemple.  Nous  sommes  fort  édifiés  de  sa  dévotion, 
sÉv.  338.  Toute  la  cour  est  édifiée  de  sa  tranquillité 
et  de  sa  joie,  boss.  Lelt.  23,  Je  suis  si  édifié  de  la 
piété  qu'on  y  ressent  à  chaque  mot,  m.  ib.  <24.  Si 
la  communauté  n'est  pas  édifiée  de  vos  veilles,  id. 
ib.  Corn.  44. 

ÉDIFIER  (é-di-fi-é),  j'édifiais,  nous  édifiions,  vous 
édifiiez;  que  j'édifie,  que  nous  édifiions,  que  vous 
édifiiez,  V.  a.  \\  1°  Construire  un  édifice.  Salomon 
édifia  le  temple  de  Jérusalem.  ||  2°  Fig.  Créer  un 
ensemble  de  choses.  Détruire  d'une  main  ce  que 
vous  édifierez  de  l'autre,  mass.  Car.  Jeûne.  Grand 
Dieu  I  les  hommes  pourront-ils  détruire  ce  que 
vous  avez  édifié?  id.  Paraphr.  ps.  xvi,  v,  9.  Tout 
système  s'écroule  à  mesure  qu'on  l'édifie,  s'il  ne 
porte  sur  la  base  inébranlable  des  faits  et  de  l'expé- 
rience, HELVÊTius,  dans  legoarant.  ||  3°  Porter  à 
la  vertu ,  à  la  piété  par  le  bon  exemple ,  par  les  sages 
discours.  Cette  union  [des  chiens  et  des  chats]  si 
douce  et  presque  fraternelle  Édifiait  tous  les  voisins, 
LA  FONT.  Fabl.  XII,  8.  Pour  édifier  notre  piété  par  le 
souvenir  de  ses  vertus,  mass.  Or.  fun.  Villars.  Quand 
on  agit  suivant  une  charité  générale ,  on  est  généra- 
lement aimé,  et  on  édifie  tout  le  monde,  fên.  t.  xviii, 
p.  462.  Il  Absolument.  On  édifie  par  le  bon  exem- 
ple. Il  4°  Instruire.  Je  veux  vous  édifier  là-dessus. 
Il  5°  S'édifier,  v.  réfl.  Être  construit.  Tandis  que  le 
temple  s'édifiait.  ||  Fig.  Recevoir  des  impressions  édi- 
fiantes. Édifions-nous  de  ce  qui  fait  le  scandale  des 
autres,  volt.  Phil.  ii,  (55.  ||  Se  donner  réciproque- 
ment des  impressions  édifiantes.  Édifions-nous  les 
uns  les  autres. 

—  HIST.  xii*  s.  Pur  ço  sui  acuragiez  [encouragé] 
de  édifier  un  temple  al  oes  [au  gré  de]  nostre  sei- 
gnur,  si  cume  il  le  anunciad  à  mun  père  David, 
ifois,  242.  Tu  es  pieres,  e  sur  ceste  piere  ferai  M'e- 
glise,  e  ma  meisun  i  édifierai.  Et  les  portes  d'enfer 
par  li  dépècerai,  Th.  le  mari.  79.  Ijxiii*  s.  Qui  ede- 
fie  sor  héritage  qu'il  tiegne  par  cause  de  bone  foi 
et  porce  qu'il  creoit  avoir  droit  en  l'eritage....  li 
coust  des  edefices  li  doivent  estre  rendu,  beaum. 
XX,  3.  Vous  conterai-je  que  je  vi  et  oj  de  ses  saintes 
paroles  et  de  ses  bons  enseignemens,  pour  ce  qu'il 


ÉDl 

soient  trouvez  l'un  après  l'autre  pour  edefier  ceult 
qui  les  orront,  joinv.  (»7.  De  son  tens  furent  ede- 
fiées  plusieurs  abbaies,  m.  293.  Certes  prélat  [je] 
ne  voi  nul  hui,  Qui  les  prudomes  cdefit,  Uist.  dt 
Ste  Leoc.  ms.  ['  29,  dans  lacurne.  Ijiv*  s.  Le  saint 
siège  que  St  Pierre  et  St  Paul  avoient  édifié  et  aug- 
menté, FROiss.  II,  II,  20.  Sur  tous  les  lieux  plaisan» 
et  agréables  Que  l'en  pourroit  en  ce  monde  trouver, 
Edifiez  de  manoirs  convenables,  eust.  desciiamps, 
le  Rois  de  Yincennes.  \\  xvi*s Comme  si  cepen- 
dant ils  n'edifioyent  point  les  consciences  de  leurs 
prochains  en  mal,  calv.  Instit.  667.  Ils  édifièrent 
un  temple  à  Minerve,  amyot,  Arist.  49.  Harpalu» 
vint  bien  à  bout  d'y  édifier  [faire  croître]  toutes  les 
autres  plantes  de  la  Grèce,  excepté  le  lierre  seule- 
ment, que  la  terre  ne  voulut  jamais  endurer,  ID. 
Alex.  ce.  Le  jeune  homme  a  besoing  d'eslre  bien 
guidé  en  la  lecture  des  poètes,  à  fin  que  la  poésie 
ne  l'envoyé  point  mal  édifié,  mais  plutost  préparé 
et  rendu  ami  et  familier  à  l'estudo  de  philosophie, 
ID.  Comment  il  faut  lire  les  poètes,  57.  Il  n'y  avoit 
point  la  sixiesme  partie  des  arbres  qui  se  sont  main- 
tenant édifiez  auprès  des  villages,  d'aub.  Ilist.  i, 
140.  Qui  se  marie  ou  édifie,  sa  propre  liourse  il  pu- 
rifie, LEROUX  DE  LINCY,  Prov.  t.  II,  p.  405. 

—  ÉTYM.  Berry,  adjier,  affier,  atfier,  bâtir,  plan- 
ter, nourrir;  provenç.  edificar ,  edifiar;  espagn. 
edificar;  ital.  xdificarc;  du  latin  ndificare,  de  a'des, 
bâtiment,  et  du  suffixe  ficare,  faire.  Mdificare,  dans 
le  sens  moral,  se  trouve  dans  la  latinité  ecclésias- 
tique et  est  une  métaphore  pour  édifier,  construire 
les  bonnes  mœurs,  la  vertu,  la  doctrine. 

ÉDILE  (é-di-1'),  *.  m.  \\  1°  Nom  de  magistrats  qui 
avaient  à  Rome  l'inspection  des  édifices  et  des  jeux, 
et  le  soin  de  l'approvisionnement  de  la  ville,  et  qui 
étaient  au  nombre  de  quatre,  deux  plébéiens  et  deux 
patriciens  (ceux-ci  avaient  la  chaise  curule).  Sans 
lui  rien  mettre  au  cœur  qu'une  crainte  servile  Qui 
tremble  à  voir  un  aigle  et  respecte  un  édile,  corn. 
Nicom.  I,  (.  Les  deux  chaises  d'ivoire  ont  reçu  les 
édiles,  v.  HUGO,  Odes,  iv,  n.  ||2"  Dans  le  style  d'ap- 
parat, les  édiles,  les  magistrats  municipaux  d'une 
grande  ville. 

—  HIST.  xiv*  s.  Et  me  semble  que  édile  estoient 
ceulx  qui  avoient  la  cure  des  édifices  et  voies  pu- 
bliques,  BERCHEURE,  f°  2. 

—  ÉTYM.  Lat.  xdilis,  de  xdes,  bâtiment. 
ËDILITÉ  (é-di-li-té) ,  s.  f.  ||  1°  Magistrature  des 

édiles;  exercice  de  cette  charge.  Briguer  l'édilité. 
Sous  son  édilité.  ||2°Dans  le  langage  d'apparat,  les 
magistratures  municipales  modernes.  L'édilité  de  la 
ville  de  Paris.  ||  Par  extension.  Les  décisions  et  actes 
de  l'autorité  municipale. 

—  ÉTYM.  Lat.  xdilitas,  de  sedilis,  édile. 
ÉDIT  (é-di;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  la  conversation; 

au  pluriel,  l's  se  lie:  des  é-di-z  injustes),  s.  m. 
Il  1°  Chez  les  anciens  Romains.  Règlements  faits  par 
certains  magistrats  pour  être  observés  durant  le 
temps  de  leur  magistrature.  ||  Édit  perpétuel  ou  édit 
du  préteur,  compilation  de  tous  les  édits  rendus  par 
les  préleurs  et  par  les  édiles  curules,  faite  d'après 
les  ordres  de  l'empereur  Adrien.  ||  Sous  les  empe- 
reurs, constitutions  des  princes,  lois  nouvelles  faites 
de  leur  propre  mouvement,  et  dilTéranldes  rescrits 
et  des  décrets  en  ce  qu'elles  décidaient  les  cas  qui 
n'avaient  pas  été  prévus,  ou  aboli.'isaient,  ou  chan- 
geaient les  lois  anciennes.  Galérius....,  deux  ans 
devant  qu'il  eût  obligé  Dioclétien  à  quitter  l'empire, 
le  contraignit  à  faire  ce  sanglant  édit  qui  ordonnait 
de  persécuter  les  chrétiens  plus  violemment  que  ja- 
mais, BOSS.  Hist.  I,  (0.  Justine  publia,  sous  le  nom 
de  son  fils,  des  édits  en  faveur  de  l'arianisme,  in. 
ib.  I,  (I.  Il  2* En  France,  dans  l'ancien  régime.  Con- 
stitution faite  par  le  prince  pour  créer  quelque  éta- 
blissement, organiser  quelque  grande  affaire,  no- 
tifier quelque  prohibition.  Les  édits  et  déclarations 
du  roi  se  vérifiaient  dans  les  compagnies  souve- 
raines. Les  édils  se  scellaient  en  cire  verte  pour 
marquer  par  cette  couleur  qu'ils  étaient  perpétuels 
de  leur  nature,  Trévoux.  Porter,  faire,  renouveler, 
enregistrer  un  édit.  On  m'a  dit  Que  contre  les  clin- 
quants le  roi  fait  un  édit,  Régnier,  Sat.  viii.  J'ai 
voulu  l'acheter,  l'édit,  expressément,  Afin  que  d'I- 
sabelle il  soit  lu  hautement,  mol.  Éc.  des  mar.  ii, 
».  Il  Ëdit  de  Nantes,  loi  promulguée  par  Henri  IV, 
le  (6  avril  (698,  en  faveur  des  protestants  à  qui  il 
accordait  le  libre  exercice  de  leur  religion,  et  l'ad- 
mission aux  charges  et  dignités  de  l'État.  L'édit  de 
Nantes  fut  révoqué  par  Louis  XIV.  ||  Chambre  de 
l'édit,  se  disait,  dans  les  anciens  parlements,  d'une 
chambre  instituée  par  l'édit  de  Nantes  pour  con- 
naitre  des  affaires  des  protestants.  ||  8*  Ordonnança 
faite  par  le  souverain.  Savez-vous  la  rigueur  de  fou 


EDU 


ÉDU 


ÊTF 


1303 


premier  édit?  rotrou,  Antig.  m,  3.  Et  le  roi  trop 
crédule  a  signé  cet  édit,  hac.  Esth.  I,  S. 

—  HIST.  XV'  s.  Sire  chevalier,  je  vous  en  feray 
un  edit  [proposition]  :  joustons  ensemble  deux  lan- 
ces, à  celle  fin  que,  se  vous  m'accablez  de  l'ung  des 
coups,  je  m'en  iray  en  prison  par  devers  la  pucelle, 
Perceforest,  t.  i,  1°  <  6i .  ||  xvi*  s.  Entre  tous  les  gens 
d'armes  françois  avoit  un  edict  [convention]  que  si 
une  pièce  d'artillerie  ou  un  homme  seul  par  incon- 
vénient estoit  arresté,  que  chascun  s'arrestoit  jus- 
ques  à  ce  que  tout  feust  à  point,  J.  d'auton,  An- 
rmles  de  Louis  XII,  p.  44,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Lat.  ediclum,  part,  passif  neutre  de 
edicere,  prononcer,  de  e,  et  dicere,  dire. 

t  ÉDITÉ,  ÉE  (é-di-té,  tée),  part,  passé.  Livré  au 
public.  Un  livre  édité  à  grands  frais.  ||  Terme  de 
palais.  Cité  dans  les  arrêts  ou  jugements,  en  par- 
lant des  lois  ou  ordonnances. 

t  ÉDITER  (é-di-té),  V.  a.  Publier,  en  parlant  d'un 
livre.  Éditer  :  ce  mot,  que  j'ai  trouvé  dans  la  Re- 
vue des  écrits  de  Linné  par  le  C.  Millin,  me  paraît 
clair,  expressif,  et  manque  à  notre  langue,  bois- 
soNADE,  Mémoire  du  concours  de  <797.  ||  U  se  dit 
aussi  de  la  musique  et  même  des  gravures,  des  li- 
thographies, des  estampes  et  de  tout  ce  qui  peut  se 
reproduire  par  l'impression.  Quel  hbrairea  édité  les 
Galeries  de  Versailles?  Un  tel  édite  de  la  musique. 
Il  S'éditer,  t).  ré[l.  Être  publié.  Les  livres  qui  s'éditent 
chaque  année.  ||  PubUer  son  propre  livre.  Si  je  ne 
trouve  point  d'éditeur,  je  m'éditerai  moi-même. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉDITEUR. 

ÉDITEUR  (é-di-teur) ,  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  publie 
l'ouvrage  d'un  autre.  M.  B.  JuUien,  éditeur  des  Pa- 
radoxes de  Lamolte.  ||  Particulièrement,  libraire  qui 
publie  un  livre  à  son  compte;  et,  adjectivement, 
libraire-éditeur.  M.  Hachette  est  l'éditeur  de  ce  dic- 
tionnaire. Il  II  se  dit  aussi  de  celui  qui  imprime  de  la 
musique.  ||  Tout  homme  qui  publie  un  livre  à  son 
compte.  11  est  à  lui-même  son  éditeur,  c'est-à-dire 
il  publie  à  ses  frais  ses  ouvrages.  ||  2°  Éditeur  res- 
ponsable, celui  sous  la  responsabilité  de  qui  paraît 
un  journal.  ||  Fig.  et  familièrement,  celui  qui  a  la 
responsabilité  de  quelque  chose,  surtout  en  parlant 
du  mari.  Il  est  l'éditeur  responsable  des  sottises  qui 
se  font  chez  lui.  ||  3°  Marchand  d'estampes. 

—  ÉTYM.  Lat.   editor,  de    edere,    faire   sortir, 
Imettre  dehors;  de  e,  et  dere  pour  dore,  donner. 

ÉDITION  (é-di-sion;  envers,  de  quatre  syllabes) , 
».  f.  Impression  et  publication  d'un  ouvrage.  La 
première,  la  seconde  édition.  Ce  livre  a  eu  cinq 
éditions.  L'édition  d'un  ouvrage  se  désigne  quelque- 
fois par  la  date,  quelquefois  par  le  nom  du  libraire, 
presque  toujours,  surtout  quand  c'est  une  édition 
très-estimée,  par  le  nom  de  l'éditeur  qui  y  a  donné 
ses  soins  :  Plutarque  édition  de  Reiske  ;  Lucrèce  édi- 
tion de  Lemaire.  ||  Édition  princeps,  la  première 
édition  d'un  ancien  auteur.  {]  Publication  d'un  ou- 
vrage manuscrit  avant  la  découverte  de  l'imprime- 
rie. Il  Par  plaisanterie.  Vous  avez-donc  été  marié 
bien  jeune?—  J'en  suis  à  ma  cinquième  édition, 
PALAPRAT,  Ballet  extrav. ddins  LEROvx,  Dict.  comique. 
Il  Fig.  Le  monde  est  un  ouvrage  qui  a  eu  plusieurs 
éditions  [par  allusion  aux  révolutions  géologiques]. 

—  HlST.  XIV' s.  Avient  aucune  fois  que  les  meneurs 
[moindres]  successeurs  ameilourissent  les  éditions 
très  excellens  de  leur  greignors  [plus  grands]  prede- 

^cesseurs,  h.  de  mondevillë,  f'  4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  editio;  espagn.  edicion;  ital. 
ediiinne;  du  latin  edtd'onem,  édition  (voy.  éditeur). 

t  ÉDOLIE  (é-do-lie),  s.  m;  Terme  de  zoologie. 
Nom  moderne  du  genre  drongo,  qui  a  pour  type 
l'édolie  cristé,  dit  roi  des  corbeaux,  et  plus  parti- 
culièrement drongo. 

t  ÉDOSSER  (é-dô-sé),  V.  a.  Terme  rural.  Enlever 
la  superficie  du  sol,  avec  les  racines  qui  s'y  trou- 
vent, pour  les  transporter  ailleurs.  ||  Terme  de  tan- 
neur. Exprimer  l'eau  qui  se  trouve  du  côté  de  la 
chair,  dans  la  peau  qu'emploie  le  parcheminier. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  dos. 

t  ÉDOSSOYER  (é-dô-so-ié) ,  v.  a.  Terme  de  tan- 
neur. Synonyme  de  édosser. 

ÉDREDON(é-dre-don),  s.  m.  ||  1° Petites  plumes  h 
tige  grêle,  à  barbules  longues  et  fines,  appelées 
aussi  duvet,  fournies  par  des  oiseaux  palmipèdes  et 
surtout  par  l'eider,  anas  mollissima,  qui  vit  prin- 
cipalement en  Islande.  On  en  fait  des  couvre-p'ieds. 
Il  a°  Un  édredon,  un  couvre-pieds  fait  d'édredon. 
Mettez  cet  édredon  sur  votre  ht. 

—  ÉTYM.  Picard  et  génev.  oigicdon;  du  suédois  Cî- 
der,  espèce  d'oie  du  Nord,  et  dun,  petite  plume,  duvet. 

tÉDUC.\BILlTÉ  (é-du-ka-bi-li-té),  s.  f.  Néolo- 
gisme. Aptitude  à  être  instruit,  dressé.  L'éducabi- 
lité  des  animaux 


—  ÉTYM.  Éducable. 

t  ÉDUCABLE  (é-du-ka-bl') ,  adj.  Néologisme.  Qui 
est  apte  à  recevoir  l'éducation,  à  être  dressé. 

—  ÉTYM.  Voy.  éducation. 

t  ÉDUCATEUR,  TRICE  (é-du-ka-teur,  tri-s'), 
adj.  Oui  concerne  l'éducation;  qui  donne  l'éduca- 
tion. Il  Substantivement.  Soient  mis  es  mains  d'édu- 
cateurs qui  les  nourrissent  et  instruisent  en  la  dite 
religion,  rouan,  Mém.  t.  ii,  p.  74,  dans  lacurne. 
Il  Fig.  Les  nations  qui  se  font  gloire  de  marcher  à 
la  tête  de  la  civilisation  ne  devraient  pas  reculer 
devant  les  dépenses  nécessaires  pour  déterminer 
scientifiquement  des  questions  dont  la  solution  est 
jusqu'à  présent  exposée  au  hasard,  éducateur  dont 
les  leçons  sont  si  ruineuses,  darral,  Presse  scien- 
tifique, <86l,  t.  III,  p.  301. 

—  ÉTYM.  Lat.  educator,  de  educare,  éduquer. 

ÉDUCATION  (é-du-ka-sion;  en  vers,  de  cinq  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  d'élever,  de  former  un  en- 
fant, un  jeune  homme  ;  ensemble  des  habiletés 
intellectuelles  ou  manuelles  qui  s'acquièrent,  et 
ensemble  des  qualités  morales  qui  se  développent. 
C'est  ainsi  qu'on  l'accoutumait  dans  son  enfance  à 
craindre  Dieu  et  à  l'aimer;  et  l'on  peut  dire  d'elle 
ce  que  l'Écriture  a  dit  d'une  autre  reine,  qu'elle  ne 
changea  pas  son  éducation,  fléch.  Marie-TMr. 
Ni  la  bonne  éducation  ne  fait  les  grands  caractères, 
ni  la  mauvaise  ne  les  détruit,  fonten.  Csar  Pierre. 
L'éducation  qu'il  faisait  donner  aux  enfants,  fén. 
Tél.  v.  Jeunes  hommes  qui  n'avaient  eu  aucune  édu- 
cation, ID.  ib.  XVI.  Rien  n'est  plus  négligé  que  l'é- 
ducation des  filles;  la  coutume  et  le  caprice  des 
mères  y  décident  souvent  de  tout;  on  suppose  qu'on 
doit  donner  à  ce  sexe  peu  d'instruction;  l'éducation 
des  garçons  passe  pour  une  des  principales  affaires 
par  rapport  au  bien  public,  et,  quoiqu'on  n'y  fasse 
guère  moins  de  fautes  "que  dans  celle  des  filles,  du 
moins  on  est  persuadé  qu'il  faut  beaucoup  de  lu- 
mières pour  y  réussir,  fén.  Éduc.  des  filles,  i. 
L'éducation  est  une  maltresse  douce  et  insinuante , 
ennemie  delà  violence  et  de  la  contrainte,  qui  aime 
à  n'agir  que  par  voie  de  persuasion,  qui  s'applique 
à  faire  goilter  ses  instructions  en  parlant  toujours 
raison  et  vérité,  rollin.  Traité  des  Et.  liv.  vi,  art.  4. 
Mme  de  Maintenon  avait  un  goût  et  un  talent  par- 
ticulier pour  l'éducation  de  la  jeunesse.  M"'  de 
caylus,  Souvenirs,  p.  t94,  dans  pougens.  Dans 
cette  cour  indigente  et  vagabonde,  la  nécessité, 
qui  fait  mille  biens  malgré  qu'on  en  ait ,  leur 
tenait  lieu  d'éducation,  et  l'on  ne  voyait  que  de 
l'émulation  parmi  eux  sur  la  gloire  ,  sur  la  politesse 
et  sur  la  vertu,  hamilton,  Gramm.  6.  L'édu- 
cation perfectionne  l'instinct  comme  elle  perfec- 
tionne la  raison,  bonnet.  Couses  prem.  5' partie, 
ch.  6.  Leur  donner  la  vie  [à  des  fils] ,  est  un  pré- 
sent cruel.  Sans  l'éducation,  sans  ce  bien  plus  réel, 
M.i.  CHÉN.  Gracq.  i,  B.  Quand  on  a  reçu  une  mau- 
vaise éducation,  on  garde,  en  grandissant  et  même 
en  vieillissant,  tous  les  défauts  de  l'enfance,  m"' de 
GENLis,  Veillées  du  château,  t.  i,  p.  2i,  dans^ 
pougens.  Je  ne  confondrai  plus  les  éducations  qui 
ne  sont  que  brillantes  avec  les  bonnes  éducations, 
c'est-à-dire  avec  celles  qui  rendent  bon  et  vertueujj, 
id.  ib.  p.  442.  Il  Par  extension.  Donner  de  l'éduca- 
tion à  son  esprit,  mabivaux,  dans  desfontaineb. 
Il  Maison  d'éducation,  maison  où  l'on  prend  des 
enfants  pour  les  instruire.  ||  Éducation  profession- 
nelle, éducation  qui  a  pour  but  d'enseigner  un  art, 
un  métier,  une  profession.  ||  Première  éducation, 
soins  et  enseignements  qui  se  donnent  dans  la  pre- 
mière enfance.  [Louis  XIV]  Recommandant  votre  en- 
fance [du  jeune  roi  Louis  XV]  h  la  tendre  et  res- 
pectable dépositaire  [Mme  de  Ventadour]  de  votre 
première  éducation ,  laquelle ,  en  formant  vos 
premières  inclinations  et, pour  ainsi  dire,  vos  pre- 
mières paroles,  fut  sur  le  point  de  recueillir  vos 
derniers  soupirs,  mass.  Pet.  car.  Ex.  des  grands. 
La  première  éducation  est  celle  qui  importe  le  plus, 
et  cette  première  éducation  appartient  incontesta- 
blement aux  femmes....  parlez  donc  toujours  aux 
femmes,  pa"  préférence,  dans  vos  traités  d'éduca- 
tion, J.  J.  Rouss  Ém.  I,  JVote  au  commencement. 
Il  2°  En  parlant  des  animaux  domestiques,  l'ensem- 
ble des  moyens  auxquels  on  a  recours  pour  les  ren- 
dre de  bonne  heure  dociles  à  la  volonté  de  l'homme 
et  pour  développer  en  eux  les  facultés  de  l'instinct 
et  celles  du  corps,  de  manière  qu'ils  soient  le  plus 
utiles  qu'il  est  possible.  ||  Soin  que  l'on  prend  pour 
produire  et  entretenir  certains  animaux,  certaines 
plantes.  L'éducation  des  abeilles,  des  vers  à  soie. 
L'éducation  de  cette  plante  est  difficile.  Les  indi- 
gènes [de  Madagascar] ,  qui  font  de  deux  à  quatre 
éducations   par  année,    surveillent  l'accouplement 


des  papillons,  la  ponte  et  l'éclosion  des  jeunes  che- 
nilles [vers  à  soie]  qu'aus'iitôt  la  naissance  ils  trans- 
portent.... BLANCHARD,  Acad.  des  se.  Comptes  rendus, 
t.  LVi,  p.  621.  Il  3°  La  connaissance  et  la  pratique 
des  usag«3  du  monde.  Ce  jeune  homme  est  sans 
éducation.  Elle  paraît  avoir  de  l'éducation,  ban- 
court,  Mme  Artus,  ni,  7. 

—  REM.  Éducation  est  un  mot  récent  ;  autrefois 
on  disait  nourriture. 

—  SYN.  éducation,  instruction.  L'instruction  est 
relative  à  l'esprit  et  s'entend  des  connaissances  que 
l'on  acquiert  et  par  lesquelles  on  devient  habile  et 
savant.  L'éducation  est  relative  à  la  fois  au  cœur  et 
à  l'esprit,  et  s'entend  et  des  connaissances  que  l'on 
fait  acquérir  et  des  directions  morales  que  l'on  donne 
aux  sentiments. 

—  ÉTYM.  Lat.  edHcalionem,  de  educare,  éduquer. 
f  ÉDUCTE  (é-du-kf),  s.  m.  Terme  de  physiologie. 

Synonyme  inusité  de  blasième  ou  d'exsudat. 

—  ÉTYM.  Lat.  eductus,  produit,  de  e,  et  ducttts, 
conduit. 

ÉDULCORATION(é-dul-ko-ra-sion),  s.  f.  Terme 
de  pharmacie.  Addition  d'une  certaine  quantité  de 
sucre,  de  miel  ou  de  sirop  à  une  substance  pour  en 
adoucir  ou  masquer  la  saveur,  ou  pour  rendre 
agréable  une  substance  insipide. 

ÉDULCORÉ,  ÉE  (é-dul-ko-ré,  rée) ,  part,  passé. 
Un  julep  édulcoré. 

ÊDULCORER  (é-dul-ko-ré),  v.  o.  Terme  de  phar- 
macie. Opérer  l'édulcoration.  ||  Verser  de  l'eau  sur 
des  substances  en  poudre  pour  les  dépouiller  des 
principes  acides  qu'elles  contiennent.  ||  S'édulcorer, 
V.  réfi.  Être  édulcoré.  Cela  s'édulcore  avec  du  miel. 

—  ÉTYM.  E,  et  le  bas-lat.  duicorore,  rendre  doux , 
du  latin  dulcis,  doux. 

+  ÉDUQUER  (é-du-ké),  v.  a.  Néologisme.  Former 
par  l'éducation.  Bien  éduqué.  Mal  éduqué. 

—  REM.  Ce  verbe,  qui  est  directement  dérivé  du 
latin ,  qui  est  correct  et  qui  répond  à  éducation ,  n'ob- 
tient point,  malgré  tout  cela,  droitde  bourgeoisie, 
et  il  continue,  sans  juste  raison  il  est  vrai,  à  exciter 
la  répugnance  dont  témoignent  les  textes  suivants: 
la.  langue  s'embellit  tous  les  jours  :  on  commence 
à  éduquer  les  enfants  au  lieu  de  les  élever,  volt. 
Lett.Linguet,  <Bmars  t769;M.  de  la  Brosse  ne  dit 
pas  si  le  nègre  les  avait  éduqués,  bufi^.  des  Orang- 
outangs  ;  Si  je  citais  une  phrase  comme  celle-ci  :  Qui 
profitera  d'un  bon  coup?  les  honnêtes  gens?  laissez 
donc,  ils  sont  si  bêtes!  Vous  la  croiriez  de  quelquu 
valet,  et  des  moins  éduqués,  p.  l.  coubier,  ii,  <7. 

—  ÉTYM.  Educare,  de  e,  et  ducere,  conduire  (voy. 
duire),  conduire  hors,  élever.  Bien  que  dû  soit  bref 
dansedûcarcetlongdansedûcere,  dûcere,  cela  n'em- 
pêche pas  la  dérivation ,  comme  le  prouve  dux,  diicis. 

ÉFAUFILÉ,  ÉE  (é-fô-fi-lé,  lée),  part,  passé.  Du 
linge  éfaufilé. 

ÊFAUFILER  (é-fô-fi-lé),  ti.  a.  Défaire  une  trame, 
en  tirant  le  fil  par  le  bout  d'un  ouvrage  ourdi,  soit 
pour  juger  de  la  qualité,  soit  pour  en  faire  de  la 
peluche  ou  de  la  charpie.  |{  S'éfaufiler,  v.  re'fl.  Ce 
linge  s'éfaufile  aisément. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  el  faufiler. 
EFFAÇABLE  (è-fa-sa-W),  adj.  Qu'on  peut  effacer. 

—  HIST.  XV'  s.  Prens  à  ceste  heure  ton  ploy  [pli] 
non  effassable,  jehan  lemaire,  Pallas  parlant  à 
Paris. 

EFFACÉ,  ÉE  (è-fa-sé,  sée) ,  part,  passé.  \\  1°  Qu'on 
a  fait  disparaître  par  le  frottement  ou  en  biffant.  Une 
écriture  en"acée.  Un  tableau  elTacé.  ||  Médaille  effa- 
cée, médaille  dont  l'empreinte  a  disparu.  ||  Par  ex- 
tension. Couleur  effacée,  couleur  qui  a  perdu  de  sa 
vivacité.  Je  serais  bien  fâché  de  voir  cette  grande 
voilte  ornée  de  moins  d'étoiles,  et  de  ne  voir  celle.? 
qui  me  resteraient  que  plus  petites  et  d'une  cou- 
leur plus  effacée,  fonten.  Mondes,  4'  soir.  ||  2°  Fig. 
L'image  de  sagrandeur  n'était  pas  encore  effacée  de 
leurs  cœurs,  vaugel.  Q.  C.  liv.  m,  dans  richelet.  Je 
vois  de  votre  cœur  Octavie  effacée,  bac.  Brit.  iv,  2. 
Je  vous  rappelle  un  songe  effacé  de  votre  âme,  id. 
Mithr.  i,  2.  Elle  [l'âme  de  J.  C]  y  voit  les  plus  mon- 
strueuses superstitions  établies  parmi  les  hommes, 
la  connaissance  de  son  Père  effacée,  mass.  Car.  Pas- 
sion. Vous  ne  serez  jamais  effacée  de  son  souvenir, 
ID.  Or.  fun.  Madame.  Quand  cette  crainte  sera  ef- 
facée dans  les  sujets  comme  dans  le  prince,  où  sera 
la  fidélité  et  l'obéissance?  rollin,  Ilist.  anc.  Œu- 
vres, t.  H,  p.  476,  dans  poDGENS.  En  vain  Milton, 
dont  vous  suivez  les  traces,  Peint  l'âge  d'or  comme 
un  songe  effacé,  volt.  Poésies  mêlées,  cxlvi.  ||  3°  Ou- 
blié. Vous  rappellerez-vous  des  traits  presque  effa- 
cés? la  chaussée,  Mélanide,  v,  se.  dern.  ||  Pardonné. 
Ahl  quand  vous  m'auriez  trahie,  vous  m'aimez  tou- 
jours, tout  est    effacé,  m—  db  obnlis,  Th.  d'éduc. 


■ 


1304 


EFF 


Entum.  gM.  Ii.  ».  Il  4»  Éclip-«é.  Kiïacé  par  sçi  ri- 
vaux. Les  exploits  de  son  père  effacés  par  les  siens, 
ÏAC.  Àndr.  Il,  <.  Toutes  les  bonnes  mines  de  la  cour 
en  furent e'ffacées,HAHii.T.  Gramm.  <).  HB"  Qui  n'a 
pas  conservé  suffi.samraent  sa  propre  empreinte.  Un 
caractère  eflacô.  ||  Il  se  dit  aussi,  en  un  ssjns  ana- 
logue, des  mots,  des  expressions.  Quand  un  mérite 
semblable  [la  justesse]  cessa  d'appartenir  à  la  langue 
latine,  quand  les  mots  elTacés  et  comme  usés  par  le 
long  usage  y  perdirent  leur  sens  propre,  villemain, 
put.  de  l'Acad.  Préface,  p.  xxii.  ||  6'  Présentant  le 
moins  de  surface  possible,  en  parlant  du  corps  ou 
de  parties  du  corps.  Il  n'était  pas  as'<ez  effacé,  et  le 
coup  l'atteignit  dans  le  ventre.  Ce  soldat  a  les 
épaules  bien  ell'acées. 

I  t  EFFACEMENT  (è-fa-se-man),  s.  m.  ||  1°  Action 
d'effacer;  résultat  de  cette  action.  L'effacement  de 
l'écriture.  ||  2°  Fig.  Qu'est-ce  que  le  jeûne,  sinon 
l'effacement  de  nos  offenses?  bouhours,  Nouv.  rem. 

II  3°  Perte  de  l'empreinte  propre.  L'effacement  des 
caractères. 

—  IllST.  xvi*  s.  Si  je  laisse  au  temps  seul  et  à 
l'oubliance  des  choses  passées  à  faire  l'effacement  de 
leur  sang,  m.  nu  bellaï,  502. 

—  Etym.  Effacer. 

EFFACER  (è-fa-sé.  Le  c  prend  une  cédille  devant 
a  ou  o;  nous  effaçons;  j'effaçais),  v.  a.  \\  1°  Faire 
disparaître  une  face,  une  figure  ou  des  couleurs  par 
le  frottement,  ou  en  biffant,  en  raturant.  Effacer  les 
cliiffres,  les  figures  qui  sont  au  tableau.  11  faut 
effacer  ces  mots-là.  Effacer  un  nom  d'une  liste,  un 
arlicle  d'un  compte.  Puisque  la  loi  ne  veut  pas 
qu'on  fasse  mourir  ceux  qui  sont  du  nombre  des 
trois  mille,  autrement  que  par  l'avis  du  sénat,  j'ef- 
face Théramèiie  de  ce  nombre  et  le  condamne  à 
mort  en  vertu  de  mon  autorité  et  de  celle  de  mes 
collègues,  ROLLIN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p. 
415,  dans  POUGENS.  Ce  peu  de  sang  que  ta  main 
va  verser,  Quelques  soins  d'un  moment  vont  bien- 
tôt l'effacer,  nucis ,  Macbeth,  m,  3.  ||  Absolu- 
ment. Il  efface  et  corrige  sans  cesse.  Vingt  foi.s  sur 
le  métier  remettez  votre  ouvrage;  Polissez-le  sans 
cosse  et  le  repolissez  ;  Ajoutez  quelquefois  et  souvent 
effacez,  boil.  Art  p.  i.  ||  2°  Par  extension,  faire  dis- 
paraître. Le  temps  avait  effacé  plusieurs  monuments 
q»3  les  poètes  ont  célébrés,  vaugel.  C*-  C.  liv.  m, 
dans  niCHELET.  Et  que  le  jour  paraisse,  ou  que  la 
nuit  l'efface.  Je  n'ai  point  de  clarté  que  celle  que  sa 
grâce  Inspire  en  mon  esprit,  kacan,  Ps.  liv.  Jour, 
qui  fais  la  couleur,  et  toi,  nuit,  qui  l'effaces,  Exal- 
tez sa  grandeur,  corn.  Trad.  du  cant.  des  trois  en- 
fants. La  beauté  prisse,  Le  temps  l'effac;  L'Age  do 
glace  Vient  à  sa  place,  mol.  Hal.  imag.  Intermède  2. 
....Quelle  étrange  pâleur  De  son  teint  tout  à  coup 
efface  la  couleur?  rac.  Esth.  Ii,  7.  Je  me  souvien- 
drai toute  ma  vie  d'avoir  vu....  cet  air  superbe  et 
menaçant  que  la  mort  même  n'avait  pu  effacer, 
f"ÉN.  Tél.  II.  Il  3°  Fig.  Faire  oublier.  Je  t'ai  fait  une 
offense  et  j'ai  dû  m'y  porter.  Pour  effacer  ma  honte 
et  pour  te  mériter,  corn.  Cid,  m,  4.  Et  c'est  le  dire 
assez  qu'ordonner  qu'on  efface  Un  grand  crime  im- 
puni par  le  sang  de  sa  race,  ID.  Œdipe,  m,  5. 
Quand  j'aurai  de  ses  maux  effacé  l'infamie,  iD.  Ser- 
tnr.  IV,  2.  Et  le  triste  succès  de  tout  ce  qu'il  m'a- 
dresse M'efface  son  offense  et  lui  rend  ma  tendresse, 
MOL.  D.  Gare,  v,  2.  La  paysanne  que  je  viens  de 
quitter  répare  ce  malheur,  et  je  lui  ai  trouvé  des 
charmes  qui  effacent  de  mon  esprit  tout  le  chagrin 
que....  ID.  le  Frst.  de  Pierre,  u,  2.  La  reconnais- 
sance de  l'obligation  n'efface  pas  en  moi  le  ressen- 
timent de  l'injure,  m.  ib.  m,  0.  Non  il  n'est  rien 
qui  puisse  effacer  de  mon  coeur  les  tendres  témoi- 
gnages.... ID.  Sicil.  <3.  La  gloire  d'un  si  beau  nom 
ne  fut  effacée  ni  par  la  mollesse  de  Lucius  Vérus, 
fibre  de  Marc-Aurèle  et  son  collègue  dans  l'empire, 
ni  par  les  brutalités  de  Commode  son  fils  et  son  suc- 
r.es.seur,  uoss.  Hist.  i,  <o.  Dis-lui....  Que  ses  res- 
sentiments doivent  être  effacés,  rac.  Andr.  iv,  i. 
Cil  la  haine  des  rois  avec  le  lait  sucée,  Par  crainte 
ou  par  amour  no  peut  être  effacée,  m.  Bérén.  iv,  4. 
Knlre  Sénèque  et  vous  disputez-vous  la  gloire  X  qui 
m'effacera  i)lus  tôt  de  sa  mémoire,  id.  Brit.  i,  2. 
Sas  caresses  n'ont  point  effacé  cette  injure,  ID.  Baj. 
!,  t.  l;et  illustre  assa.ssin  entouré  de  victimes  En 
descendant  du  trône  efface  tous  ses  crimes,  volt. 
Ifort  de  Ces.  m,  4.  Vos  généreuses  mains  s'empres- 
soiil  d'effacer  Les  larmes  que  le  ciel  me  condamne 
&  verser,  lo.  Fanât,  i,  2.  Tous  vos  respects  ne  pour- 
ront effacer  Les  téméraires  vœux  qui  m'osaient  of- 
finser,  id.  Sémir.  n,  2.  ||  Absolument.  Vous  me  par- 
lez de  Mme  d'Heudicourt,  et  vous  voulez  un  raccom- 
niodement  en  forme;  il  ny  en  a  point;  le  temps 
efface)  on  U  revoit....  s*v.  ?oo.  ||  *•  Eclipser,  l'em- 


porter  d'une  façon  quelconque.  Oii  le  fameux  Horace 
Vient  d'effacer  l'éclat  des  héros  de  sa  race,  du  rykh, 
Scivole,  II,  3.  Léonce  est  effacé  par  le  fils  de  Mau- 
rice, CORN.  Iléracl.  m,  2.  C'est  une  belle  chose  que 
de  se  laisser  effacer  dans  un  lieu  où  l'on  a  affaire, 
sÉv.  fie.  Notre  cardinal  vous  aurait  un  ])eu  effacée, 
ID.  t90.  Les  Mèdes  étaient  effacés  par  la  grandeur 
des  rois  de  Babylone,  Boss.  Hist.  i,  7.  Dont  la  blan- 
cheur effaçait  celle  de  la  neige,  fén.  Tél.  i.  Il  a  ef- 
facé la  gloire  de  tous  les  conquérants,  iD.  ib.  v.  Sa 
beauté  effaçait  celle  de  Calypso,  id.  ib.  vu.  Tout  ce 
qui  vous  efface  Messe  votre  orgueil,  mass.  Car. 
Confess.  Vous  ne  pouvez  souffrir  ceux  r|ui  vous  ef- 
facent, iD.  ib.  Sahit.  Deux  hommes  effacèrent  par 
leurs  vertus  tous  les  autres  citoyens,  montesq.  linm. 
1 1 .  Dans  l'art  des  vers  c'est  toi  qui  fus  mon  maître; 
Je  t'effaçai  sans  te  rendre  jaloux,  bérano.  Bonsoir. 
Achille  était  poétique.  Mais  morbleu  nous  l'effaçons, 
ID.  Hirmid.  \\  B"  Terme  d'escrime  et  militaire.  Effa- 
cer le  corps,  une  épaule,  se  tenir  bien  de  côté,  de 
manière  à  présenter  le  moins  de  surface  à  l'adver- 
saire, ou  à  rentrer  dans  l'alignement  du  rang. 
Il  6°  S'effacer,  v.réfl.  Être  effacé,  enlevé  par  frotte- 
ment ou  autrement.  Ce  crayon  s'efface  facilement. 
Il  S'ôter  l'un  à  l'autre  l'apparence,  l'existence.  Us 
s'effaçaient  l'un  l'autre  [il  s'agit  de  spectres  dans 
un  songe]  ;  et  chaque  illusion  Redoublait  mon  ef- 
froi par  sa  confusion,  corn.  Hor.  i,  3.  ||  Fig.  Mais 
hélas!  ce  portrait  qu'elle  s'était  tracé  Perd  beau- 
coup de  son  lusire  et  s'est  bien  effacé,  botrou, 
Vcncesl.  i,  t.  Mais  tous  les  préjugés  s'effacent  à 
ta  voix,  VOLT.  Ali.  i,  t.  Vos  premiers  sentiments 
doivent  tous  s'effacer,  id.  fanal,  v,  2.  ||  Être  mis 
de  côté,  négligé.  Par  le  salut  public  devant  qui  tout 
s'efface,  volt.  Zulime,  ii,  i.  ||  Être  oublié.  S'effa- 
cer de  la  mémoire.  ||  1°  Disparaître.  De  leur  plus 
haut  rang  la  pompe  la  plus  vaine  S'efface  au  seul 
aspect  de  la  grandeur  romaine,  corn.  Sertor.  ii, 
2.  Fuyons,  l'ombre  s'efface  et  l'aube  va  paraître, 
c.  DELAVIGNE,  Vêpres  sic.  ii,  7.  Et  la  moltiédu  ciel 
pâlissait,  et  la  brise  Défaillait  dans  la  voile,  immo- 
bile et  sans  voix,  Et  les  ombres  couraient,  et  sous 
leur  teinte  grise  Tout  sur  le  ciel  et  l'eau  s'effaçait 
à  la  fois,  LAMART.  Ilarm.  ii,  2.  ||  8°  S'éclipser  soi- 
même.  11  s'effaçait  pour  faire  briller  son  ami.  ||  Per- 
dre son  empreinte  propre.  Les  caractères  s'effacè- 
rent. Il  9°  Terme  d'escrime.  Se  présenter  bien  de  côté, 
en  offrant  la  moindre  surface.  ||  Terme  militaire. 
Rentrer  dans  l'alignement.  ||  Terme  de  marine. 
Un  vaisseau  s'efface  quand,  étant  embossé,  il  pré- 
sente le  flanc  à  un  bâtiment,  à  un  fort,  etc. 

—  SYN.  EFFACER,  RAYER,   RATURER,  BIFFER.  Effacer 

est  le  plus  général  des  quatre,  VU  qu'on  efface  de  toutes 
sortes  de  façons.  On  efface  un  mot  soit  en  le  rayant, 
soit  en  le  grattant,  soit  même  en  le  lavant.  On  raye 
un  mot  en  passant  une  raie  dessus.  Raturer,  bien 
qu'il  exprime  un  acte  semblable  à  rayer,  dit  quel- 
que chose  de  plus;  la  rature  efface  plus  complète- 
ment que  la  raie.  On  biffe  un  mot  en  le  rayant  aussi; 
mais,  quand  il  s'agit  d'une  pièce  entière,  d'un  arrêt, 
etc.  on  dit  qu'on  les  biffe,  ce  qui  est  les  croiser  avec 
une  raie  d'encre. 

—  HIST.  xii°  s.  Soient  fait  li  fil  [les  fils]  de  lui  en 
péril  ;  en  une  generaciun  seit  esfaced  li  nums  de  lui , 
Liber  psalm.  p.  t09.  ||xm"s.  Que  qui  l'orra  veuille 
jus  mettre  De  soi  le  mal,  si  que  bien  fasse.  Que  par 
bien  oïr  maint  esfasse  De  son  cors  le  mauvais  usage, 
Dit  de  paresse.  Roïne  debonaire.  Les  ieux  du  cuer 
m'esclaire.  Et  robscurtém'esface,BUTEB.  Théophile. 
Certes  je  grat  hors  et  effas  [efface]  De  mon  cuer 
l'amor  de  mes  gens,  VEscoufle.  Effacié  soient  du 
livre  de  vie.  Psautier,  f  si.  ||  xiv  s.  X  po  [peu] 
que  le  nom  des  Volques  ne  fut  ileuc  effacé  et  perdu, 
BERCHEURE,  f"  53.  Duquel  la  barbe  longue  et  les 
cheveux  avoient  effacé  la  beauté  de  son  viaire,  id. 
f"  35,  verso.  Mais  iceulx  [péchés]  soient  i  moy  par- 
donnés  et  effaciés  par  ton  benoit  enfant,  Uenagier, 
l,  t.  Supposé  que  la  renommée  soit  à  tort,  si  ne 
peut  jamais  icelle  renommée  estre  effaciée,  ib. 
I,  4.  Il  XV'  s.  Sains,  très  sains  appeller  se  font; 
Mais  dont  ceste  saincteté  vient?  Quant  à  présent  ne 
me  souvient  ;  Je  ne  voy  miracle  qu'ilz  ''acent.  Ne 
mabidie  qu'ilz  effacent,  eust.  desch.  Poésies  mss. 
f«  526,  dans  LACURNE.  ||xvi*  S.  Si  tost  qu'il  se  fut 
jette  aux  affaires  de  la  chose  publique,  il  effacea 
incontinent  tous  les  autres  orateurs  et  entremetteurs 
du  gouvernement,  amïot.  Aie.  t9.  Antimachus  fut 
si  despit  et  si  marry  qu'il  effacea  ce  qu'il  en  avoit 
escript,  id.  Lysand.  34.  La  divination  n'a  que  des 
moyens  obscurs  et  tous  effacez  instrumens  pour 
cognoistre  ce  qui  doibt  advenir,  id.  Sylla,  t«. 
....  Ou  pour  sçavoir  si  du  temps  la  longueur  Ne 
m'avoit  point  effacé  de  son  coeur,  bons.  77».   On 


EFF 

trouve,  en  peu  desacres,  doigts  gros  et  tendansà 
couleur  de  bleu  effacé,  fouilloux,  fouconn.  f"  68, 
dans  LACURNE.  Protogenes,  despité  contre  sa  be- 
songne,  print  son  esponge,  et,  comme  elle  estoit 
abruvée  de  diverses  peitictures,  la  jecta  contre, 
pour  tout  effacer,  mont,  i,  264. 

—  ETY.M.  É  pour  es....  préfixe,  et  face:  propre- 
ment, ôter  la  face;  bourguig.  efaici;  provenç.  es- 
fassar. 

fEFFACEUR,  ECSE  (é-fa-seur,  seû-z'),  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  efface. 

—  HIST.  xvi*  s.  Effaceur,  uonet,  Dict. 

—  f.TYM.  Effacer. 

EFFAÇURE  (è-fa-su-r'),  ».  f  Ce  qui  est  effacé. 
Cetie  page  est  pleine  d'effaçures.  Cela  est  bien 
hardi,  madame,  d'effacer  trois  lignes  tout  de  suite, 
en  écrivant  aune  marquise  ;  mais  vous  savez  mieux 
que  personne  combien  il  importe  que  cela  soit  per- 
mis et  de  quelle  utilité  est  dans  la  société  humaine 
la  liberté  des  effaçures,  voit.  Lett.  tus. 

—  hist.  xiii*  .Sanz  rayure  ou  sanz  effaceure,  de 
quoi  soupeçon  puisse  nestre,  Tancr.  li  Ordinaires, 
f°  97. 

—  f.TYM.  Effacer. 

t  EFFANAGE  (  è-fa-na-j'  ),  t.  m.  Terme  d'agri- 
culture. Action  d'effaner. 

—  ÉTYM.  Eïïaner. 

EFFANfi,  EK  (è-fa-né,  née),  pari,  passé.  Des 
pommes  de  terre  effanées. 

EFFANER  (é-fa-né),  v.  a.  Terme  d'agriculture. 
Couper  les  fanes  ou  feuilles  de  certaines  plantes. 
Effanor  les  blés. 

—  liTYM.  Ef  fouT  es....  préfixe,  et  faner. 
tEFFANECR,  EUSE  (è-fa-neur,   neù-z'),  s.  m. 

et  f.  Terme  d'agriculture.  Celui ,  celle  qui  effane  les 
plantes. 

—  KTYM.  Effaner. 

t  EFFANURES  (è-fa-nu-r') ,  s.  f.  pi.  Terme  d'a- 
griculture. Ce  qui  provient  des  blés  et  des  plantes 
qu'on  a  effanées. 

—  f.TYM.  Effaner. 

♦  t  EFFARADE  (è-fa-ra-d') ,  t.  f  Ëlat  d'une  per- 
sonne effarée.  Au  milieu  de  l'effarade  des  maîtres  du 
logis,  ciiateaub.  Uém.  t.  xi,  p.  3)7. 

—  f.TYM.  Effarer. 

EFFARÉ,  ÉE  (è-fa-ré,  Téc),part.  passé.  Qui  est 
dans  un  grand  trouble  moral  visible  sur  le  visage. 
Comme  il  les  écarquille  [les  yeux]  et  paraît  effaré! 
MOL.  Amph.  m,  2.  Sou  amante  effarée  Demeure 
le  teint  pâle....  boil.  Lutr.  ii.  Une  longue  file  de 
cinq  à  six  cents  voitures  embarrassait  tous  ses  mou- 
vements ;  sept  mille  traîneurs  effarés  et  hurlant  de 
terreur  et  de  désespoir  se  ruaient  dans  ses  faibles 
lignes,  sEgdr,  //i.s(.  de  A'ap.xi,  7.  ||  Il  sedit  aussi  de 
la  figure  sur  laquelle  se  peint  l'effarement.  Ce  que  je 
ne  comprends  pas,  c'est  que  l'envie  de  rire  ne  vous 
ait  pas  pris  en  voyant  nos  mines  effarées,  m""  de 
GENLis,  Th.  d'éduc.  V Amant  anonyme ,  m ,  3.  ||  Sub- 
stantivement. Il  s'en  est  allé  comme  un  effaré,  M"' 
de  GENLIS,  Î7i.  d'éduc.  la  Cur.  v,  3.  {|  Terme  de 
blason.  Licorne  effarée,  licorne  représentée  droite, 
comme  sont  les  animaux  dits  rampants.  Che\al 
effaré,  cheval  levé  sur  ses  pieds. 

—  SYN.  EFFARÉ,  EFFAROicwÉ.  Celui  qui  est  effa- 
rouché éprouve  crainte  ou  défiance.  Celui  qui  est 
effaré  éprouve  un  trouble  moral  quelconque  peint 
sur  son  visage,  soit  surprise,  soit  indignation,  soit 
crainte.  Effarouché  se  dit  des  hommes  et  des  ani- 
maux. Effaré  ne  se  dit  que  des  hommes. 

+  EFFAREMENT  (è  fa-re-man),  s.  m.  Etal  de 
celui  qui  est  effaré.  Il  faisait  volte-face  pour  main- 
tenir l'ennemi,  quand  tout  à  coup  les  hauteurs  aux- 
quelles il  voulait  appuyer  sa  gauche  se  couvrirent 
d'une  foule  de  fuyards;  dans  leur  effarement,  ces 
malheureux  se  précipitaient  et  roulaient  jusqu'à  lui 
sur  la  neige  glacée  qu'ils  teignaient  de  leur  sang, 
sÉGUR,  Hist.  de  Nap.  ix,  i3. 

—  KTYM.  Effarer. 

EFFARER  (6  fa-ré),  t).  o.  |j  1*  Frapper  de  quelque 
trouble  moral  qui  se  peint  sur  la  physionomie. 
Il  2°  S'effarer,  r.  ré/l.  Devenir  effaré.  On  chercha 
les  lois,  on  ne  les  trouva  plus;  l'on  s'effara,  l'on 
cria,  l'on  se  les  demanda,  retz,  ii,  (01. 

—  HIST.  XIV"  s.  Li  rois  touz  effarés  respont  et  loui 
pleins  d'ire,  Girart  de  Ross.  v.  3(75. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esferar,  effrayer,  effaroucher; 
du  latine/T'erare;  dee....  préfixe,  et /'erus,  farouche. 

t  EFFAROUCHANT,  ANTE  (è-fa-rou-chan,  chan- 
f),  adj.  Qui  effarouche;  qui  donne  de  l'ombrage 
Une  proposition  effarouchante. 

EFFAROUCHÉ,  £E  (è  fa-rou-ché,  chée),  pari. 
pajs^.  Il  1°  Effrayé,  en  parlant  des  animaux.  Ur. 
animal  effarouché.  |1  Terme  de  blason.  Chat  eflarou- 


I 


EFF 

ehé,  chat  représenté  droit  sur  ses  pattes  de  der- 
rière; se  dit  aussi  du  cliat  en  action  rampante. 
Il  Substantivement,  l.à  les  pauvres  efTaroucliés  Pen- 
sent s'être  bien  retrarcliés,  PERnAULT,  Chasse, 
dans  RiCHELET.  Il  2°  Mis  en  crainte,  en  défiance. 
Effarouclié  par  une  telle  proposition.  Je  vous  croyais 
effarouchés  pour  plus  de  huit  jours,  dancoubt, 
XoiU.  Jav.  se.  23.  Les  paysans  effarouchés  avaient 
fui;  beaucoup  de  vivres  étaient  gaspillés,  séqur, 
Bisl.  de  Nap.  viii,  8. 

1  EFFAROUCHEMENT  (é-fa-rou-cheman) ,  s.  m. 
Action  de  s'effarouclier;  état  de  celui  qui  est  effa- 
rouché. Le  père  Tellier  se  répandit  en  discours  de 
la  difficulté  de  la  chose,  sur  un  premier  effarouche- 
ment qui....  ST-SIM.  350,   (07. 

—  ÊTVM.  Elfarnucher. 

EFFAROUCHER  (è-fa-rou-ché) ,  e.  a.  |1 1"  Effrayer, 
faire  fuir,  en  parlant  des  animaux.  Effaroucher  du 
gibier.  Les  cris  effrayants  de  l'armée  ennemie,  joints 
à  une  grêle  de  traits  et  de  pierres  lancées  de  divers 
côlés  par  les  archers  et  les  frondeurs,  les  trou- 
blaient [les  éléphants],  les  effarouchaient,  les  met- 
taient en  fureur,  et  souvent  les  obligeaient  de  se 
tourner  contre  leurs  propres  troupes,  bollin,  Ilist. 
anc.  t.  XI,  4"  part.  p.  389,  danspouGENS.  ||  2°  Mettre 
en  crainte  et  en  défiance.  Il  faut,  si  vous  m'en 
croyez,  n'effaroucher  personne,  mol.  Avare,  v,  <• 
Phelippeaux  acheva  d'effaroucher  son  père  par  tous 
les  détailsqu'il  lui  rapporta,  st-sim.  201 ,  486.  C'était 
la  funeste  vé^ence  rlc  F.runch.iu't  qui  avait  surtout 
efiarodché  la  naiiou,  monik.-u.  Ls^ir.  xxxi,  i.  'l'rip 
d'éclat  l'eflarouche;  il  voit  d'un  œil  sévère  Dans  le 
bien  qu'on  lui  fait  le  mal  qu'on  peut  lui  faire,  vùi.t. 
Bruttis,  II,  2.  Il  .\bsolument.  Un  homme  de  talent,  s'il 
est  austère,  il  efroroucho,  la  bruy.  xn.  |!  Fif».  liffa- 
roucher  les  pigeons,  éloiçrner  d'une  maison  les  per- 
sonnes qui  y  apportent  iinifil.  |]  3'  l'iir.  Rendre  quel- 
qu'un moins  traitable,  le  ctioquer.  Et  ceux  que  vos 
rigueurs  ne  font  qu'effaroucher,  corn.  Cinna,  iv,  4 . 
Et  je  n'ai  plus  un  cœur  que  le  crime  effarouche, 
BAC.  Théb.  m,  e.  Ils  [les  épicuriens]  n'ont  reconnu 
des  dieux  que  par  bienséance,  pour  ne  pas  effa- 
'oucher  la  canaille  d'Athènes,  volt.  Dial.  xxix,  4. 
'Jn  front  cicatrisé  par  la  guerre  et  le  temps  Effarou- 
chait en  vain  mon  coeur  et  mes  beaux  ans,  lu. 
Soph.  I,  3.  Elle  ne  fut  ni  surprise  de  sa  conquête 
ni  effarouchée  d'une  prompte  déclaration,  m"'  de 
GENLis,  Mme  de  Maintenon,  t.  ii,  p.  3,  dans  pot;- 
GENS.  Il  4°  S'effaroucher,  v.  réfl.  Etre  effarouché.  Ce 
cheval  s'est  effarouché.  ||  Fig.  Mon  cœur  s'en  effa- 
rouche, et  j'en  frémis  d'horreur,  cobn.  Hor.  ii,  3. 
Vous  lui  cachez,  madame,  un  secret  qui  le  touche; 
Je  crains  qu'en  l'apprenant  son  cœur  ne  s'effarouche, 
m.  Nicom.  i,  5.  Ne  t'eflarouche  pas  d'un  feu 
dont  je  fais  gloire,  ID.  Suréna,  i,  4.  C'est  un 
étrange  fait  qu'avec  tant  de  lumières  Vous  vous  ef- 
farouchiez toujours  sur  ces  matières,  mol.  J^c.  des  f. 
IV,  8.  Les  hypocrites  n'ont  point  entendu  raillerie; 
.'is  se  sont  effarouchés  d'abord  et  ont  trouvé  étrange 
que  j'eusse  la  hardiesse  de  jouer  leurs  grimaces, 
iD.  Tart.  Préface.  Je  sais  que  vos  attraits,  encor 
dans  leur  printemps.  Pourraient  s'effaroucher  de 
l'hiver  de  mes  ans,  volt.  Mer.  i,  3.  Le  lecteur  se 
scandalise  et  s'effarouche  de  tout,  J.  J.  rouss.  Ëm. 
IV.  Il  II  se  dit  aussi  des  sentiments.  Que  ton  ambition 
ne  s'effarouche  pas,  corn.  Perlhar.  m,  4.  Je  con- 
nais sa  vertu  prompte  à  s'effaroucher,  RKC.Bajaz.  i,  4. 

—  HIST.  XVI"  s.  S'effaroucher  de  voir  un  homme 
mort,  MONT,  i,  80.  Cette  sotte  humeur  de  s'effa- 
TOUcher  des  formes  contraires  aux  nôtres,  m.  iv, 
»2S.  Sans  raison  quelconque,  comme  bestes  effa- 
rouchées, ilz  s'alloienteulx  mêmes  enferrer,  amyut, 
P.  jEmil.  33.  Au  lieu  qu'il  avoit  trouvé  l'isle  toute 
effarouchée,  sauvage  et  haïe  par  les  naturels  habi- 
tans  mesme,  m.  Timol.  46.  Ce  bœuf  s'effaroucha 
lors  contre  le  bouvier  qui  le  menoit,  id.  Dion,  49. 
S'effaroucher  ou  s'offenser  des  paroles,  est  preuve 
de  grande  foiblesse  ou  d'estre  touché  de  la  maladie, 
CHARRON,  Sagesse,  i,  23. 

—  ÉTY.M.  E  pour  es....  préfixe,  et  farouche  ;  Berty , 
tffourdcher. 

t  EFFARV.'VTTE  (è-far-va-f),  s.  f.  Petite  rous- 
serolle,  espèce  du  genre  fauvette. 

t  EFFAUCHETTER  (è-fô-chè-té),  v.  a.  Terme 
d'agriculture.  Ramasser  les  avoines  avec  un  râteau 
appelé  fauchet. 

—  ÉTVM.  Fauchet. 

t  EFFAUTAGE  (è-fÔ-ta-j'),s.  m.  Merrain  de  rebut. 

EFFECTIF,  iVE  (é-fé-ktif,  kti-v'),  adj.  ||  1-  Terme 
de  théologie.  Qui  produit  des  effets.  L'amour  effectif, 
celui  qui  fait  pratiquer  la  loi,  par  opposition  à 
l'amour  affectif  q»ii  ne  produit  que  des  sentiments. 
(I  2' Qui  existe  elfeotivemcnt,  réellement.  Une  ar- 

DICT.    DE    LA    LANGIIK    "3iNf:AISK. 


EFF 

mée  de  trente  mille  hommes  effectifs.  Les  plus 
grands  rois  ont  eu  rarement  trois  cent  mille  com- 
battants effectifs,  VOLT.  Moeurs,  Jui'/V.  ||  3°  Réel, 
positif.  C'est  ce  glorieux  titre,  à  présent  effectif. 
Que  je  viens  ennoi.lir  par  celui  de  captif,  corn. 
M.  de  Pomp.  iv,  s.  Jusqu'à  ce  qu'on  nous  craigne 
et  que  le  temps  arrive  De  remettre  en  ses  mains  la 
puissance  effective,  id.  Perthnr.  m,  i.  Ne  semble- 
t-il  pas  que  Dieu  n'ait  mis  cette  merveilleuse  idée  de 
vertu  dans  l'esprit  d'un  philosophe  [Socrate]  que  pour 
rendre  cette  idée  effective  dans  la  personne  de  son  fils? 
Boss.  ;/ist. II,  6.  Cherchez,  imaginez  parmi  les  hom- 
mes les  différences  les  plus  remarquables;  vous 
n'en  trouverez  point  de  mieux  marquée  ni  qui  vous 
paraisse  plus  effective  que  celle  qui  relève  le  victo- 
rieux au-dessus  des  vaincus  qu'il  voit  étendus  à  ses 
pieds,  ID.  Duch.  d'Orl.  Ils  lui  représentèrent  que, 
pour  un  secours  aussi  présent  et  aussi  effectif  que 
l'argent  et  la  flotte,  il  ne  lui  en  cotlterait  qu'un  vain 
consentement,  VERTOT,  Réxol.  rom.  xi,  437.  ||Un 
homme  effectif,  homme  qui  ne  promet  rien  qu'il  ne 
donne.  Effectif  dans  ses  résolutions,  fidèle  dans  ses 
promesses,  fléch.  M.  de  Mont.  Maréchal  [le  chi- 
rurgien du  roi],  qui  était  effectif,  et  la  probité,  et 
la  vérité,  et  la  vertu  même,  était  d'ailleurs  gros- 
sier, ST-SIM.  325,  7.  Il  Dans  le  même  sens.  Sa  pa- 
role est  effective.  ||  4°  S.  m.  Nombre  réel  des  sol- 
dats d'une  armée,  d'une  troupe,  par  opposition 
à  celui  qu'assignent  les  règlements  ou  à  celui  qu'on 
annonce  publiquement.  L'elTeclif  n'était  que  de  tant. 
Il  Terme  de  comptabilité  militaire.  Relevé  des  con- 
trôles annuels.  I 

—  HIST.  XVI*  s.  Moyennant  que  ce  qu'il  met  en 
avant  ait  en  soy  quelque  propriété  effective  envers 
le  sujet  à  quoy  on  le  veut  apjiliquer,  langue,  4  97. 

—  ÉTYM.  Provenç.  effectiu;  espagn.  efeclivo;  ilal. 
effetlivo ;  du  latin  effeclivus,  deeffectus,  effet. 

t  EFFECTION  (è-<'è-ksion) ,  s.  f.  Terme  de  géo- 
métrie. Construction  géométrique  des  problèmes  et 
des  équations.  Il  publia  trois  traités  qui  ont  pour 
titres  :  le  premier....  le  troisième,  la  construction  ou 
effection  des  équations,  fonten.  Lahire.  ||  Peu  usité. 

—  ÉTY.M.  Lat.  effeclionem  (voy.  effet). 
EFFECTIVEMENT   (  è  -  fè  -  kti  -  ve  -  man  )  ,     adi;. 

Il  1"  Avec  effet.  Agir  effectivement.  ||  2°  Réellement, 
en  réalité.  Efiéctivement  il  est  arrivé;  il  est  arrivé 
effectivement;  il  est  effectivement  arrivé.  Que  dira- 
t-on  de  ceux  qui  se  portent  à  des  choses  effective- 
ment mauvaises,  parce  qu'ils  les  croient  effective- 
ment bonnes?  pasc.  Prov.  4.  Ce  qui  effectivement 
est  vrai,  fonten.  les  Mondes,  t"  soir. 

—  REM.  Des  auteurs  de  synonymes  ont  essayé  de 
distinguer  effectivement  et  en  effet.  Mais  effective- 
ment signifiant  avec  effet,  et  eneffet  signifiant  dans 
l'effet,  la  nuance  échappe  tout  à  fait  dans  l'usage. 

—  Hl.ST.  XVI»  s.  Il  prédit  à  son  maistre  (lue  ce 
dessein  ne  reussiroit  pas....  effectivement  tout  ce 
projet  ne  réussit  rien  qui  vaille,  d'aub.  Vie,  xc. 
Il  brigua  luy  mesme  effectivement  [de  fait]  en  sa 
faveur,  amyot,  Pomp.  3t. 

—  lîïYM.  Effective,  et  le  suffixe  ment. 

t  EFFECTRICE  (è-fé-ktri-s'),  adj.  f.  Terme  di- 
dactique. Cause  effectrice,  cause  qui  produit  un 
effet,  un  dit  plus  souvent  cause  efficiente. 

—  ÉTYM.  hM.effectrix,  celle  qui  fait  (voy.  effet). 
EFFECTUÉ,  ÉE  (è-fè-ktu-é,  ktu-ée) ,  part,  passé. 

Mis  à  effet.  Des  desseins  longtemps  médités  et  fina- 
lement effectués. 

EFFECTUER  (è-fè-ktu-é),  v.  a.  \\  1°  Mettre  àeffet. 
F.ffectuer  ses  promesses.  On  effectua  le  passage  du 
fleuve.  L'armée  effectuait  lentement  sa  retraite.  Ce 
que  le  fer  ne  peut  la  douleur  l'effectue ,  mair.  Sophon. 
m,  I.  Tant  que  tu  te  défends  d'y  rien  contribuer 
[aux  mauvaises  pensées].  Tu  leur  défends  aussi  de 
rien  effectuer,  corn.  Imil.  m,  8.  ||  Absolument. 
Ce  n'est  pas  tout  de  promettre,  il  faut  effectuer. 
Il  2°  Terme  de  mathématique.  Faire  un  calcul  qui 
n'est  qu'indiqué.  Effectuer  une  opération.  ||  3°  S'ef- 
fectuer, V.  réfl.  Être  effectué,  être  accompli.  Ses 
projets  s'effectuent.  Je  sais  bien  que  la  représenia- 
tion  raccourcit  la  durée  de  l'action,  et  qu'elle  fait 
voir  en  deux  heures,  sans  sortir  de  la  règle,  ce  qui 
souvent  a  besoin  d'un  jour  entier  pour  s'effectuer, 
CORN.  Ex.  de  Mélite.  Pendant  ce  temps,  le  passage 
du  Borysthène  s'effectua  sur  plusieurs  points  , 
SÉGUR.  Ilist.  de  Nap.  vi,  7. 

—  HIST.  XVI*  s.  (;'est  la  seule  humilité  et  soub- 
mission  qui  peult  effectuer  un  homme  de  bien,  mont. 
II,  208.  Lesquels,  se  faschans  d'avoir  si  peu  effectué 
au  séjour  qu'ils  avoyent  fait  devant  Paris,  délibé- 
rèrent de  donner  une  camisade  aux  faux-bourgs, 
LANOBE,  688.  Et  n'y  eut  que  le  quatrième  poinct, 
de  moindre  importance  que  les  autres,  qui  s'effec- 


EFF 


1305 


tua,  ID.  642 qui  me  fait  vous  prier  de  croire 

mon  conseil  et  de  l'effectuer,  carloix,  m,  !i.  L'ar- 
tillerie a  bien  plus  d'action  et  effectue  d'avantage 
contre  une  muraille  qu'elle  ne  fait  contre  un  gabiou 
rempli  de  terre,  paré,  ix,  42. 

—  ÉTYM.  Lat.  effeclus,  effet. 

t  EFFËLURE  (èfé-lu-r'),  s.  f.  Rognure  de  peau 
blanche  qui  sert  à  faire  delà  colle. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  es....  préfixe,  et  fêlure;  du 
moins  on  trouve  cffellé,  rompu  :  xiii*  s.  brisie  fu  et 
effellée,  Uist.  de  Ste  Leoc.  ms.  f°  32,  dans  lacurne. 

t  EFFEMELLER  (è-ffe-mé-lé) ,  v.  a.  Retrancher 
dans  une  forêt  le  bois  mort  ou  mauvais.  Pour  les 
hommes  il  faudrait  faire  comme  les  bûcherons  l'ont 
tous  les  ans  dans  les  grandes  forêts;  ils  y  entrent 
pour  les  visiter,  pour  reconnaître  le  mort  bois  ou 
le  bois  vert,  et  efifemeller  la  forêt,  retranchant  tout 
ce  (jui  est  superflu  ou  dommageable,  pour  retenir 
seulement  les  bons  arbres  ou  les  jeunes  baliveaux 
d'espérance,  garasse,  dans  bavle,  Dict.  au  mot 
Déjotarus,  note  F.  ||  Inusité  aujourd'hui. 

—  ÉTYM.  Peut  être  femelle  :  blet  ce  qui  rend  le 
bois  femelle,  c'est-à-dire  moins  fort. 

t  EFFÉMINATION  (è-fé-mi-na-sion) ,  s.  /'.Action 
d'efféminer;  état  de  celui  qui  est  efféminé. 

—  HIST.  xvi*  s.  Effemination,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Efféminer. 

EFFÉMINÉ,  ÉE  (è-fé-mi-né,  née),  part,  passé. 
II 1°  Rendu  par  les  habitudes  semblable  à  une  femme. 
Va,  cœur  efféminé,  va,  lâche,  sors  d'ici,  rotu. 
Antiq.  iv,  6.  Des  cœurs  efféminés  dont  l'oisive  mol- 
lesse Ne  connaît  d'intérêts  que  ceux  de  leur  tni.. 
dresse,  volt.  Sophon.  I,  2.  ||  Substantivement,  l'n 
efféminé.  C'est  le  propre  de  l'efféminé  de  se  lever 
tard,  de  passer  une  partie  du  jour  à  sa  toilette,  de 
se  voir  au  miroir,  de  se  parfumer,  de  se  mettre  des 
mouches,  de  recevoir  des  billets  et  d'y  faire  réponse, 
LA  BRUY.  I.  Il  2°  En  parlant  des  choses.  Pour  la  mu- 
sique, on  sait  que  les  anciens  croyaient  que  rien 
n'était  plus  pernicieux  à  une  république  bien  poli- 
cée que  d'y  laisser  introduire  une  mélodie  effémi- 
née, fén.  Educ.  des  filles,  ch.  42.  Quel  est  le  ci- 
toyen parmi  nous  qui  se  priverait,  comme  Julien, 
Antonin  et  Marc-Aurèle,  de  toutes  les  délicatesses 
de  notre  vie  molle  et  efféminée....?  volt.  Z>ict.p/i«i, 
Philosophes,  i.  Essayant  sur  le  luth  des  chants  effé- 
minés, c.  DELAviGNE,  Vêpres  sic.  II,  2, 

t  EFFÉMINÉMENT  (  è-ffé-mi-né-man  )  ,  ode. 
D'une  manière  efféminée. 

EFFÉMLNER  (è-fé-mi-né),  e.  a.  Rendre  par  les  ha- 
bitudes une  homme  faible  comme  une  femme.  Tout 
ce  qui  efféminé  les  hommes,  j.  j.  yiovss.  Pologne ,  t.. 
Il  II  se  dit  aussi  des  choses.  Efféminer  les  mœuis.  11 
prétend  que  tout  autre  amour  ne  peut  qu'affadir  et 
efféminer  Melpomène,  LA  HARPE,  Coursdelittér.U\ii: 
p.  4  90.  Il  S'efféminer,  ti.  réfl.  Devenir  efféminé. 

—  SYN.  efféminer,  AMOLLIR,  ÉNERVER.  Amollir, 
c'est  rendre  mou;  énerver,  c'est  ôter  le  nerf.  Les 
délices  de  Capoue  amollirent,  énervèrent  les  Car- 
thaginois d'Annibal,  mais  ne  les  efféminèrent  pas, 
efféminer  signifiant  toujours  que  l'on  prend  non 
précisément  des  habitudes  molles  ou  énervées,  mais 
des  habitudes  féminines;  ce  qui  suppose  en  mêm'^ 
temps  quelque  chose  de  recherché  et  d'approchant 
de  la  femme. 

—  HIST.  xii*  s.  Trop  te  laisses  tost  abaissier,  Feme- 
nins  e  effeminez,  Qui  nen  es  mais  crienz  [craint]  no 
dotez,  BENOIT,  H,  75(7.  Or  si  quident  [ils  pen- 
sent] qu'aion  perdue  La  grant  valor  qu'avura  eile; 
Quident  effeminez  seiom,  Senz  pris  e  senz  defen- 
sion,  ID.  II,  8584.  Il  XV*  s.  Et  s'afemiua  avec  ces 
Cypriennes,  femmes  du  subtil  art,  qui  l'endormi- 
rent, G.  chastel,  Chr.  des  ducs  de  Bourg,  m,  4  8. 
Il  XVI*  s.  Trop  hanter  les  femmes  efféminé  la  personne, 
PALSGR.  p.  031.  Non  les  herma|ihrodits,  monstres 
efféminés,  d'aub.  Tragiques,  liv.  ii.  Princes. 

—  ÉTYM.  Provenç.  efeminar,  enfeminar;  anc. 
espagn.  efeminar;  ilal.  cffeminare;  du  latin  effemi- 
nare,  de  ex,  etfemina,  femme. 

EFFENDI  (è-fan-di),  s.  m.  Titre  d'honneur  et  ds 
dignité  en  Turquie.  Seigneur,  maître.  ||  Le  reis- 
effendi,  le  ministre  des  affaires  étrangères. 

—  ÉTYM.  Turc,   efandi,  maître,  seigneur,  cor- 
rompu du  grec  où6évt»i;  (il  se  prononce  afthendis 
th  anglais),  qui  agit  de  sa  propre  autorité,  seigneur 
(voy.  authentique). 

f  EFFÉRENT,  ENTE  (è-ffé-ran ,ran-t') , ad/. Terme 
de  physiologie.  Qui  emporte.  Vaisseaux  efférents, 
vaisseaux  qui  emportent  les  fluides  sécrétés  hors  des 
glandes.  Nerfs  efférents,  nerfs  qui  portent  les  ac- 
tions du  centre  à  la  périphérie. 

—  ÉTYM.  Lat.  efferens,  de  efferre,  porter  hors 
de  e,  et  ferre,  porter. 

I.   —  Uk 


1306 


EFF 


EFFEKVESCENCE(6-rêr  vè-9san-s'),  t./'.||  l°Terme 
didactique.  Uouillomjement  (Jéterminé  par  le  déga- 
geinctU  d'un  gaz  queicoiujue  do  l'intérieur  d'un 
liquide.  Les  alcalis  font  eflervescence  avec  les 
acides.  Être,  entrer  en  effervescence.  Les  fermen- 
tations ou  effervescences  cbimiques,  dont  le  mou- 
vement est  si  violent  qu'on  les  pourrait  quelquefois 
comparer  à  des  temp6tes,  sont  des  effets  de  cette 
puissante  attraction  qui  n'agit  entre  les  petits  corps 
qu'à  de  petites  dislances,  fonten.  Newton.  Les  ef- 
fervescences, le  développement  des  gaz,  l'électricité, 
la  chaleur  et  les  combinaisons  produites  par  le  mé- 
lange de  plusieurs  substances  contenues  dans  un 
vaisseau  fermé,  n'en  altèrent  le  poids  ni  pendant  ni 
après  le  mélange,  la  place,  Expos,  iv,  te.  \\  2»  An- 
cien terme  de  médecine.  État  d'échauffement,  de 
bouilloanement  comparé  à  l'effervescence  chimique. 
L'effervescence  du  sang.  Toute  celte  colère  était  en- 
fantine et  lui  faisait  dire  des  choses  que  le  marquis 
ne  dirait  pas....  cela  s'appelle  donc  (comment  dites- 
vous  ,  ma  fille  ?)  des  effervescences  d'humeurs  ; 
voilà  un  mot  dont  je  n'avais  jamais  entendu  parler; 
mais  il  est  do  votre  père  Descartes  ;  je  l'honore  à 
cause  de  vous,  sÉv.  670.  ||  3°Fig.  Sorte  de  bouillon- 
nement de  l'âme.  L'effervescence  des  passions. 
Jeunes  gens  que  la  première  effervescence  de  l'âge 
des  plaisirs  avait  entraînés  dans  les  excès  de  la  dé- 
bauche, RAYNAL,  Ilist.  phil.  XIV,  3.  Il  Emotion  des 
esprits,  favorable  ou  défavorable.  L'effervescence 
populaire.  Le  mécontentement  universel  que  vous 
traitez  d'effervescence  a  quelques  sujets  ou  motifs 
trop  connus  pour  ne  pas  lever  tous  vos  doutes,  mira- 
bUAU,  Collection,  t.  i,  f'  39.  Quanta  cette  jeunesse 
d'élite  qui,  dans  ces  temps  de  gloire,  remplissait 
nos  camps,  son  effervescence  était  naturelle,  ségur, 
Uist.  de  Nap.  m,  3. 

—  ÊTYM.  Effervescent. 

EFFERVESCENT,  ENTE  (è-fêr-vè-ssan  ,  ssan-t'), 
adj.  Il  1°  Terme  de  chimie.  Qui  est  en  effervescence 
ou  susceptible  d'entrer  en  effervescence.  ||  Boisson 
effervescente,  boisson  préparée  avec  du  bicarbonate 
de  soude  et  du  jus  de  citron  ou  de  l'acide  tartrique. 
Il  2°  Fig.  Prêt  à  s'emporter  comme  par  un  bouillon- 
nement. Une  tète  effervescente.  Une  âme  efferves- 
cente. La  foule  effervescente. 

—  RtYM.  Lat.  effervescens,  de  effenescere,  s'é- 
chauffer ;  de  ex,  et  /«rïerc,  être  chaud  (voy.FEnvEUB). 

EFTET  (è-fè  ;  le  (  ne  se  lie  pas,  du  moins  dans  la 
conversation,  ailleurs  on  le  lie  quelquefois;  au  plu- 
riel, l'sse  lie: des  è-fè-z  incroyables),  s.  m.  \\  l''Co 
qui  est  fait  par  un  agent  quelconque.  Point  d'effet 
sans  cause.  J'ai  tâché  de  trouver  en  général  les 
principes  ou  premières  causes  de  tout  ce  qui  est  ou 
qui  peut  être  dans  le  monde....  j'ai  examiné  quels 
étaient  les  premiers  et  plus  ordinaires  effets  qu'on 
pouvait  déduire  de  ces  causes,  desc.  Uélh.  vi,  3. 
Cette  préférence  [pour  Rodogune]  est  peut-être  en 
moi  un  effet  de  ces  inclinationsaveuglesqu'ont  beau- 
coup de  pères  pour  quelques-uns  de  leurs  enfants 
plus  que  pour  les  autres,  CORN.  Ex.  de  Hodog.  La  foi 
que  j'ai  reçue  aspire  à  son  effet,  id.  Polyeucle,  n ,  6. 
Vous  voyez  un  effet  des  leçons  d'Annibal,iD.  JVicom. 
II,  3.  Seigneur,  voilà  l'effet  de  ma  reconnaissance, 
jD.  Sert.  V ,  4.  Les  connaissances  que  nous  acquérons 
de  cette  façon  [par  l'étudej ,  aussi  bien  que  leur  con- 
tinuation, ne  sont  qu'un  effet  de  mémoire,  pasc. 
Lett.  à  Urne  Périer,  5  nov.  404«.  Cette  grâce  n'a  nul 
effet  sans  grâce  efficace,  lo.  Prov.  2.  Les  mauvais 
effets  que  causa  cette  doctrine,  id.  Prov.  <B.  Elle 
commença  à  sentir  les  effets  de  sa  dissipation,  sÉv. 
418.  La  nature  agit  en  cela  comme  sûre  de  son  effet, 
Boss.  Conn.  v,  î.  Sa  mort  sera  l'effet  de  l'amour 
d'Hermione,  bac.  Ândr.y,  ).  Un  ordre  qui  d'abord 
a  pu  vous  alarmer.  Mais  qui  n'est  que  l'effet  d'une 
sage  conduite,  id.  Brit.  i,  2.  Seigneur,  tous  ces 
regrets  De  votre  piété  sont  de  justes  effets,  id.  lier. 
u,  4.  J'impute  à  son  amour  l'effet  de  son  caprice, 
ID.  Bajax.  m,  7.  L'histoire  nous  apprend  que  les 
lois  pénales  n'ont  jamais  eu  d'effet  que  comme  des- 
truction, MONT.  Esp.  XXV,  12.  Les  effets  sont  pareils 
quand  la  cause  est  la  même,  Ducis,  llamlet,  ii,  5. 
L'homme  aujourd'hui  sème  la  cause.  Demain  Dieu 
fait  mûrir  l'effet,  v.  hugo,  Ciép.  5.  Puis  le  cœur 
s'aperçoit  qu'il  est  devenu  vieux.  Et  l'effet  qui  s'en 
va  nous  découvre  les  causes,  A.  de  musset,  Poésies 
nouv.  Sonnet  à  U.  Y.  II.  ||  Avoir  son  effet,  produire 
le  résultat  attendu.  Et  bientôt  mes  desseins  auront 
un  plein  effet,  corn.  Iléracl.  u,  i.  L'empereur 
Maurice  reconnut  cette  supposition  [d'un  enfant 
pour  un  autre] ,  et  l'empêcha  d'avoir  .son  effet, 
IK  Ex.  d'IIéracl.  Ses  menaces  eurent  bientôt  leur 
effet,  ROSS,  llisl.  i,  7.  Ces  remontrances  avaient 
leur  effet,   id.  ib.  m,    »    Ces  épreuves  peuvent 


EFF 

avoir  leurs  effets,  id.  Nouv.  myst.  47.  ||  Faire 
effet,  faire  son  effet,  opérer.  Ces  beautés  étaient  de 
mise  en  ce  temps-là  et  ne  le  seraient  plus  en  celui- 
ci  ;  toutes  les  deux  ont  fait  effet  en  ma  faveur,  corn. 
Ex.  du  Cid.  6  ma  fille,  est-ce  là  le  prix  do  mes 
bienfaits?  —Ceux  de  mon  père  en  vous  firent 
mêmes  effets,  id.  Cinna ,  v,  2.  Quand  il  est  besoin 
que  cette  vérité  fasse  son  plein  effet,  lo.  Ex.  d'Ile- 
radius.  De  ces  deux  desseins  il  n'y  eu  a  qu'un  qui 
lasse  effet,  laulrese  détruisant  de  soi-même,  id. 
Ex.  de  la  Sut».  On  n'avait  jamais  vu  jusque-là  que 
la  comédie  fit  rire  sans  personnages  ridicules,  tels 
que  les  valets  bouffons ,  les  parasites ,  les  capitans ,  les 
docteurs,  etc.;  celle-ci  faisait  son  effet  par  l'humeur 
enjouée  des  gens  d'une  condition  au-dessus  de  ceux 
qu'on  voit  dans  les  comédies  de  Plante  et  de  Térence, 
ID.  Ex.  de  llél.  J'avais  cru  d'abord  que  votre  stra- 
tagème avait  fait  son  effet,  mol.  la  Princ.  iv,  2. 
Renaud  n'était  si  neuf  qu'il  ne  vit  bien  Que  l'oraison 
de  monsieur  Saint-Julien  Ferait  effet,  et  qu'il  aurait 
bon  gîte,  LA  FONT.  Orais.  Les  remèdes  ne  font  point 
d'effet,  SÉv.  (2».  Le  billet  qu'on  lui  avait  fait  rendre 
faisait  son  effet,  hamilt.  Gramm.  7.  Plutârque  nous 
a  conservé  ce  bon  mot  que  Lamprias  disait  de  lui- 
même  :  que  la  chaleur  du  vin  faisait  sur  son  esprit 
le  même  effet  que  le  feu  produit  sur  l'encens,  dont 
il  fait  évaporer  ce  qu'il  y  a  de  plus  fin  et  de  plus  ex- 
quis, rollin,  Uist.  anc.  liv.  xxv,  ch.  2,  art.  4,  §2. 
Il  2°  Acte,  par  opposition  à  simple  parole.  Tu....  As 
adoré  l'honneur  d'effet  et  de  parole,  Régnier,  Sat. 
VI.  Pour  les  volontaires  qui,  par  curiosité  ou  désir 
d'apprendre,  s'offriraient  peut-être  de  lui  aider, 
outre  qu'ils  ont  pour  l'ordinaire  plus  de  promesses 
que  d'effet,  desc.  Uéth.  vi,  7.  C'est  un  jour  choisi 
par  deux  souverains  pour  l'effet  d'un  traité  de  paix 
entre  le-urs  couronnes  ennemies,  corn.  Rod.  Pré- 
face. Autant  que  tu  l'as  pu,  les  effets  l'ont  suivie 
[l'inclination],  id.  Cinna,  v,  -f.  Les  effets  de  César 
valent  bien  ses  paroles  [de  Pompée],  id.  Pomp.  i, 
t.  Les  bravades  enfin  sont  des  discours  frivoles,  Et 
qui  songe  aux  effets  néglige  les  paroles,  id.  ib. 
II,  4.  Les  effets  répondront  :  prince,  pensez  à  vous, 
id.  Nicom.  m,  3.  Il  me  faut  des  effets  et  non  pas 
des  promesses,  id.  Suréna,  11,  3.  Mais  mon  crime  est 
entier  et  le  sien  imparfait.  Le  sien  n'est  qu'en  dé- 
sirs et  le  mien  en  effet,  id.  Œdipe,  iv,  5.  Et  tous 
trois,  signalés  par  d'illustres  effets.  Savent  servir 
en  guerre  et  commander  en  paix,  rotrou,  Bélis. 
XI,  7.  D'un  frivole  discours  passez  donc  à  l'effet,  id. 
Antig.  iv,  S.  Il  faut  faire  et  non  pas  dire,  et  les 
effets  décident  mieux  que  les  paroles,  mol.  Fest.  de 
Pierre,  11,  6.  Ce  n'était  là  que  des  paroles,  mais  on 
en  vint  aux  effets,  boss.  Arert.  B.  Dans  les  champs 
phrygiens  les  effets  feront  foi.  Qui  la  chérit  le  plus 
[la  Grèce],  ou  d'Ulysse  ou  de  moi,  rac.  l/ihig.i, 
2.  Quand  Dieu  par  plus  d'effets  montra-t-il  son  pou- 
voir? id.  Alhal.  I,  1.  Je  t'ai  secourue  autant  que 
j'ai  pu  par  mes  paroles  et  d'effet,  fén.  Solon.  Pro- 
digues des  serments,  avares  des  effets  [les  ambi- 
tieux], VOLT.  Triumv.  iv,  4.  1]  Homme  d'effet, 
homme  qui  exécute  ce  qu'il  dit.  [11]  était  homme 
d'effet,  LA  FONT.  Cal.  ||  3""  Réalisation,  exécution.  S'il 
se  trouve  quelques-uns  des  gouvernements  ou  prin- 
cipaux officiers  qui  soient  reconnus  adhérant  à  ces 
messieurs,  il  les  faut  changer,  sans  leur  donner 
temps  de  mettre  leur  mauvaise  volonté  en  effet, 
RICHELIEU,  Lelt.  à  M.  Hcmery,  dans  godefroy,  Lcx. 
de  Corneille.  J'ai  mis,  grâces  aux  dieux,  ma  pro- 
messe en  effet,  corn,  la  Veuve,  lu,  7.  Avec  tous  vos 
lauriers  craignez  encor  le  foudre.  —  Je  l'attendrai 
sans  peur.  —  Mais  non  pas  sans  effet,  id.  Cid,  11. 
1.  Pour  avancer  l'effet  de  ce  discours  fatal,  id. 
Polyeucte,  i,  3.  Que  les  dieux  t'ont  promis  l'empire 
de  la  terre,  Et  que  tu  n'en  peux  voir  l'effet  que  par 
la  guerre,  id.  Hor,  1,  t.  El  l'on  ne  reconnaît  de 
semblables  forfaits  Que  quand  la  main  s'apprête  à 
venir  aux  effets,  id.  Cinna,  m,  2.  J'ai  prononcé 
l'arrêt,  il  faut  que  l'effet  suive,  id.  Iléracl.  i,3. 11  ne 
tiendra  qu'au  roi  qu'aux  effets  je  ne  passe,lD.  Nicom. 
I,  3.  Et  nous  verrons  alors  l'effet  de  ces  menaces, 
ID.  ib.  II,  3.  Et,  mettant  en  effet  tes  injustes 
desseins ,  Achève  de  te  perdre  en  servant  les  Romains, 
MAiR.  M.  d'Asdrub.  11,  3.  J'ai  franchi  sans  trembler 
les  plus  sanglants  hasards.  Et  rendu  sans  effyt  les 

menaces  de  Mars,  rotrou,  Bélis.  iv,  2 Damon 

sous  ce  feint  personnage  Pourrait  voir  si  Caliste  en 
viendrait  à  l'effet,  la  font.  Coupe.  Sans  reculer 
plus  loin  l'effet  ne  ma  parole,  rac.  Hilhr.  m,  t. 
X  ses  prédictions  si  l'effet  est  contraire,  Pensez- 
vous  que  Calchas  continue  à  se  taire?  id.  Iphig.i,  3. 
Si  l'effet  eût  suivi  ma  pensée,  id.  tb.  11,  7.  Je  crains 
qu'un  prompt  effet  n'ait  suivi  la  menace,  id.  Phèd. 
lY,  4.  Ils  recevront  l'effet  de  ces  magnifiques  pro- 


EFF 

messes,  mars.  Car.  F.  conf.  \\  Accomplissement, 
ô  de  mon  songe  affreux  trop  véritable  effet,  cobn. 
Polyeucte,  m,  3.  ||  Méré,  (JEuvret  potth.  t.  i  , 
p.  <62,  ne  voulait  pas  qu'on  dît  effet  pour  accom- 
plissement :  L'effet  de  votre  prédiction.  ||  4°  Terme 
de  jurisprudence.  Conséquence,  application.  La  loi 
n'a  point  d'effet  rétroactif.  Code  Nap.  art.  2.  L'arrêt 
sortira  son  plein  et  entier  effet.  ||  Effets  civils,  les 
droits  civils.  Pour  empêcher  toute  communication 
avec  les  lépreux,  on  les  rendait  incapables  des  effets 
civils,  MONTESQ.  Esp.  XIV,  ii.  \\  6°  L'effet  d'un» 
machine,  sa  force,  la  puissance  qu'elle  tiansmet. 
Il  6°  Impression  morale.  Mais  tout  ce  beau  langage 
est  de  si  peu  d'effet.  Que....  malii.  vi,  25.  La  tête 
de  Pompée  a  produit  des  effets  Dont  ils  n'ont  pas 
sujet  d'être  fort  satisfaits,  cohn.  Pomp.  m,  t.  Si 
vous  voulez  réfiéchir  sur  la  narration  de  Curiace 
dans  l'Horace,  vous  trouverez  qu'elle  fait  tout  un 
autre  effet,  id.  Ex.  de  Ilodog.  Ses  paroles  n'ont  fait 
aucun  effet  sur  vous,  mol.  Fest.  de  Pierre,  iv,  (0. 
Mes  vérités  ont  fait  en  vous  leur  effet  ordinaire,  sÉv. 
10.  Il  avait  sur  cet  art  [la  musique]  une  idée  assez 
juste;  c'est  qu'il  ne  produisait  ses  grands  effets  que 
dans  les  assemblées  nombreuses,  dideb.  Claude  et 
Wron.  Il  Faire  un  bon,  un  mauvais  effet,  produire 
une  impression  favorable,  défavorable.  Cette  chute 
fait  un  effet  d'autant  plus  mauvais  que..-.  couN.  Ex. 
d'ilor.  Cela  fait  un  mauvais  effet  d'abord,  sév.  4H. 
11  n'y  a  pas  une  parole  qui  ne  fasse  un  bon  effet,  id.  48) . 
Le  livre  de  M.  de  Cambrai  fait  le  plus  mauvais  effet 
du  rponde  pour  son  auteur,  boss.  Quiét.  94.  ||  Faire 
effet,  produire  une  impression.  Elle  fit  effet  en  en- 
trant dans  le  salon.  Cet  homme  cherche  toujours  à 
faire  effet.  Tu  veux  que  pour  toi  je  compose  Un  long 
roman  qui  fasse  effet,  bérang.  Romans.  \\  On  dit 
dans  le  même  sens,  faire  de  l'effet.  ||  X  effet,  destiné 
à  produire  de  l'effet.  Un  morceau  à  effet.  ||  Faire  un 
bel  effet,  un  vilain  effet,  avoir  une  bonne  apparence, 
une  vilaine  apparence.  Les  manches  du  chevalier 
font  un  bel  effet  à  table,  sÉv.  77.  Votre  balustrade 
doit  faire  un  très-bel  effet,  m.  443.  Une  dent  qui 
lui  fait  un  étrange  effet  au  devant  de  la  bouche,  iD. 
321.  Il  7°  Terme  de  littérature,  de  peinture  et  d'art 
en  général.  Résultat  d'une  combinaison  qui  frappe 
les  yeux,  captive  l'esprit,  touche  le  coeur.  C'est  i 
lui  [Appien]  que  je  me  suis  attaché  pour  la  narra- 
tion que  j'ai  mise  au  premier  acte  et  pour  l'effet  du 
cinquième,  CORN.  Ex.  de  Rodog  \\  Terme  de  pein- 
ture. Effet  de  lumière,  disposition  de  la  lumière 
qui  frappe  par  une  combinaison  heureuse  etiiiatlei.- 
due.  Je  distingue  dans  ce  tableau  l'effet  pathétique 
d'avec  l'effet  pittoresque  ,  st-foix  ,  Ess.  Paris  , 
Œuvres,  t.  m,  p.  <99,  dans  pol'Gens.  ||  Ce  tableau 
est  à  l'effet,  il  est  à  l'endroit  où  il  est  le  mieux. 
Mettre  un  tableau  à  l'effet.  ||  8°  Terme  de  billard. 
Effet  de  queue,  ou,  absolument,  effet,  mouvement 
particulier  produit  dans  la  bdle  par  une  certaine 
manière  delà  frapper  avec  la  queue.  Faire  de  l'effet. 
Faire  un  carambolage  par  effet.  Il  était  de  première 
force  au  billard,  et  avait  inventé  un  bleu  pour  les 
effets,  ALPii.  KARR,  ifî  Gu^pfs,  juillet  1840.  Il  On 
dit  aussi  :  11  ne  fallait  faire  qu'un  demi-effet.  ||  Effet, 
le  procédé,  c'est-à-dire  la  petite  rondelle  qui  est 
au  bout  de  la  queue.  ||  9°Terme  do  manège.  Mouve- 
ment de  la  main  qui  sert  à  conduire  un  cheval  ;  il 
y  eu  a  quatre  :  pousser  en  avant,  tirer  en  arrière, 
à  droite  ou  à  gauche.  ||  10°  Terme  de  commerce. 
Billet  à  ordre,  lettre  de  change.  Souscrire,  endos- 
fier,  escompter  un  effet.  Hé  bien,  madame,  je  n'ai 
point  d'effets,  mais  j'en  emprunterai;  je  passerai 
demain  chez  vous  et  je  tâcherai  de  faire  votre  af- 
faire, DANCOUHT,  les  Agioteurs,  u,  <3.  Les  effets 
royaux  étaient  dans  l'avihssement,  raynal,  Uist. 
phil.  IV,  <7.  Il  Kffet  au  porteur,  effet  payable  à  la 
requête  du  porteur.  Les  effets  au  porteur  n'ont  d'autre 
propriétaire  que  celui  qui  les  a,  et  sont  censés  n'en 
avoir  jamais  eu  d'autre  ;  la  loi  ne  voit  qu'un  titre  do 
créance  et  un  porteur  de  ce  titre,  montesouiou, 
Rapport  du  27  août  (790,  p.  4.  ||  Les  effets  publics, 
les  rentes  et  les  autres  titres  cotés  à  la  bourse. 
Il  11°  Au  plur.  Objets,  vêtements  à  l'usage  d'une 
personne.  La  sen'ante  qui  prend  les  effets  de  son 
maître,  boss.  Médit.  1.  Saint  Vincent  m'emplit  une 
valise  de  beaux  effets  qui  me  furent  volés  huit  jours 
après,  p.  L.  COURIER,  Lelt.  i,  <43.  ||  12"  Terme  de 
jurisprudence.  Effets  mobiliers,  et,  absolument,  ef- 
fets, les  biens.  Abandonner  ses  effets  à  ses  créan- 
ciers. Cette  manière  de  billets  a  été  mise  en  vogue 
par  les  gens  d'affaires  pendant  la  dernière  guerr« 
pour  mettre  leurs  effets  à  couvert  des  recher- 
ches qu'on  pourrait  faire  contre  eux,  vaubah, 
Dlme,  p.  88.  Il  13°  En  effet,  lac.  aav.  Dans  la  r^a 
lité,  dans  l'acte.  En  apparence,  il  rend  témoif-Tingo 


EFF 

au  grand  mérite,  Pt  en  effet  il  donne  du  soupçon  de 
la  grande  réputation,  ealz.  Quatrième  dise,  sur  la 
cour.  Ceux  qui  désirent  en  général  le  bien  des 
hommes,  c'est-à-dire  tous  ceux  qui  sont  en  effet 
vertueux,  et  non  point  par  faux-semblant  ni  seule- 
ment par  opinion,  desc.  SIéth.  vi,  3.  Et  qui  me  fait 
léguer  en  effet  est  mon  maître,  cobn.  Nicom.  ii, 
t.  Il  feignit  de  m'aimer,  je  l'aimais  en  effet,  th. 
CORN.  Ariane,  iv,  2.  Sous  prétexte  de  rendre  con- 
formes les  mœurs  de  ses  sujets,  et  en  effet  pour 
assouvir  son  avarice  en  pillant  toute  la  Judée,  boss. 
Hist.u,  6.  Reine  longtemps  de  nom,  mais  en  effet 
captive,  bac.  Mith.  i,  2.  Peuple  lâche  en  effet  et  né 
pour  l'esclavage.  Hardi  contre  Dieu  seul....  id. 
Àlhal.  m,  7.  Il  Assurément,  véritablement.  Ah  1 
madame,  en  effet  L'oracle  est  accompli,  le  ciel  est 
satisfait,  rac.  Théb.m,  3.  Ils  croiront  en  effet  mé- 
riter qu'on  les  craigne,  id.  Brit.  iv,  4.  Je  n'aspire 
en  effet  qu'à  l'honneur  de  vous  suivre,  ID.  Iphig. 
I,  2.  Voilà  donc  en  effet  le  soin  qui  vous  dévore, 
VOLT.  Àdél.  I,  2.  Car  en  effet  il  n'y  a  que  deux 
états  dans  la  vie  :  le  célibat  et  le  mariage,  cha- 
TRAUB.  Génie,!,  i,  8.  {|  En  effet  se  met  aussi  trfes- 
souvent  en  tête  d'une  phrase,  pour  annoncer  qu'on 
va  donner  une  preuve  de  ce  qu'on  vient  de  dire. 
Il  14°  X  l'effet  de,  loc.  prépos.  Dans  l'intention  de, 
pour.  Il  voytige  à  l'effet  de  s'instruire.  ||  Â  cet  effet, 
pour  cet  effet,  loc.  adv.  En  vue,  pour  l'exécution 
de.  Il  X  quel  effet?  à  quelle  intention?  pourquoi? 
Il  Proverbes.  Les  effets  sont  les  mâles,  et  les  paroles 
sont  les  femelles.  ||  Plus  de  paroles  que  d'effet,  se 
dit  de  quelqu'un  qui  promet  plus  qu'il  ne  tient. 

—  HIST.  XIV"  s.  Se  aucuns  princes  et  leurs  con- 
seilliers  eussent  ayerceu  et  advisé  aucunes  choses 
qui  y  sont  contenues,  et  il  les  eussent  mises  à  ef- 
fect,  leurs  dominations  en  eussent  plus  duré, 
ORESME ,  Prol.  Ne  facent  aucun  effet  [acte]  de 
change  dans  la  dite  ville,  Ordnnn.desroisdeFr.t.  v, 
p.  024.  Il  xv  s.  Et  [les  seigneurs]  mirent  plusieurs 
devises  et  preschemens  avant,  desquelles  nulles 
ne  vinrent  à  l'effet,  froiss.  i,  i,  3I9.  Lui  promet- 
tant et  donnant  par  effect,  comm.  i,  <o.  Toutes  en- 
treprinses  se  doivent  bien  penser  et  bien  débattre 
avant  que  les  mettre  en  effect,  id.  n,  <2.  l|xvi'  s. 
Araadour,  ayant  fait  son  effet  de  retirer  ces  deux 
corps,  pensa  si  peu  de  luy  qu'il  se  trouva  environné 
d'un  grand  nombre  de  Maures,  marg.  Nouv.x.Ce  qui 
me  convie  à  un  effect  [action]  si  éloigné  de  ma  na- 
ture, MONT.  I,  96.  L'effect  [résultat]  en  découvrit  la 
fourbe,  in.i,  loo.  En  venant  il  fit  tout  plein  de  beaux 
effets,  car  il  y  prit  force  piaces  que  tenoient  les 
huguenots,  dont  Mascon  en  fut  une,  brant.  Cap. 
fr.  t.  ni,  p.  260,  dans  lacurne.  Balde  n'avoit  pas 
pris  effect  [intérêt]  au  malheur  qui  estoit  arrivé 
pour  la  perte  du  navire ,  jBerWn  Cocote ,  t.  ii,  p.  46, 
dans  LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  effeit;  catal.  efecte ;  espagn. 
efecio;  portug.  elfeilo;  ital.  effetio;  du  latin  effeclus, 
de  elj'ectum,  supin  de  efUcere,  elTectuer,  de  ex,  et 
facere,  faire. 

t  EFFEUILLAGE  (6-feu-lla-j',  Il  mouillées),  s.  m. 
Synonyme  d'efleuillaison.  {|  Action  de  couper  les 
feuilles  sans  ôter  le  pétiole,  pour  faire  mûrir  le 
fruit  et  laisser  le  soleil  lui  douner  le  coloris. 

—  ÉTYM.  Effeuiller. 

EFFECILLAISON  (è-feu-llê-zon.  Il  mouillées,  et 
non  è-feu-yê-zon),  s.  f.  Action  d'effeuiller.  L'ef- 
feuillaison  de  la  vigne. 

—  SYN.  EFFEUILLAISON,  DÉFOLIATION.  F.ffeuillaisOn 

est  l'arrachement,  défoliation  est  la  chute  naturelle 
des  feuilles. 

—  f.TYM.  Effeuiller. 

EFFEUILLÉ,  ÉE  (è-feu-llé,  liée,  Il  mouillées), 
part,  passé.  Dépouillé  de  feuilles  ou  de  pétales.  Une 
rose  effeuillée. 

t  EFFEUlLLEMENT(ê-feu-lle-man,iJ  mouillées), 
i.  m.  État  des  arbres  dépouillés  de  leur  feuillage  ou 
qui  s'en  dépouillent. 

—  HIST.  XVI*  s.  Effeuillement,  monet,  Dict. 

—  ÉTYM.  Effeuiller. 

EFFEUILLER  (6-feu-llé,  Il  mouillées  ,  et  non 
è-feu-yé),  v.  a.  ||  1°  ôter,  arracher  les  feuilles,  les 
pétales.  Effeuiller  un  cep  de  vigne.  L'aimable  fée 
apparaît  à  mes  yeux.  Ses  doigts  oistraits  effeuillent 
une  rose,  bérang.  Tailleur.  Si  vous  n'avez  jamais 
vu....  La  valse....  Effeuiller  en  courant  les  femmes 
et  les  fleurs,  v.  noGO,  F.  d'aut.  2:).  ||  2°  s'effeuiller, 
ti.  réfl.  Perdre  ses  feuilles,  ses  pétales.  Roses  d'au- 
tomne, effeuillez-vous pourelle, Tous  les  amours  ne 
sont  pas  envolés....  béhang.  Encore  des  amours. 

—  hIjT.  XIV'  s.  En  ce  temps  ne  convient  point 
couper  lo  percil,  mais  effeuiller,  iff'najter,  11,  2. 
Il  XVI'  s Une  branche  avec  sa  verdure,  pour  en 


EFF 

donner  les  marques  d'honneur  aux  triomphans, 
l'autre  effeuillée  pour  les  chastimens,  d'aub.  Ilist. 
Il,  488.  L'effeuiller  porte  grand  dommage  à  tous  les 

arbres,  0.  de  serres,  466 Et  jamais  la  froidure, 

Oui  effeuille  les  bois  n'effeuille  ta  verdure,  eons. 
ÉUg.  6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esfolhar,  esfoillar,  esfuelhar; 
portug.  esfolhar;  ital.  sfogliare;  de  es....  préfixe, 
et  du  latin  fnlium,  feuille. 

t  EFFEUILLEUR,  EUSE  (è-feu-lleur,  lleû-z% 
Il  mouillées),  s.  m.  et  /'.Terme  d'agriculture.  Celui, 
celle  qui  effeuille  les  arbres. 

—  HIST.  xiv  s.  Effeuilleur,  cueilleur  de  feuilles, 
DU  can'OE,  frondare. 

—  ÉTYM.  Effeuiller. 

t.EFFEUILLURE  (è-feu-llu-r',  Il  mouillées),  s.f. 
Terme  d'agriculture.  Produit  de  l'effeuillaison  des 
arbres. 

—  ÉTYM.  Effeuiller. 

1.  EFFICACE  (ê-fi-ka-s'),  adj.  Qui  produit  son 
effet.  Un  remède  efficace.  Il  employa  des  moyens 
efficaces.  Il  Terme  de  théologie.  La  grâce  efficace, 
celle  qui  a  toujours  son  effet.  Que  la  grâce  n'est  pas 
donnée  à  tous  les  liommes;  que  tous  les  justes  ont 
le  pouvoir  d'accomplir  les  commandements  de  Dieu; 
qu'ils  ont  néanmoins  besoin,  pour  les  accomplir  et 
même  pour  prier,  d'une  grâce  efficace  qui  déter- 
mine leur  volonté;  que  cette  grâce  efficace  n'est 
pas  toujours  donnée  à  tous  les  justes  et  qu'elle  dé- 
pend de  la  pure  miséricorde  de  Dieu,  pasc.  Prov.  H. 

—  HIST.  xiV  s.  La  crainte  des  diex  seroit  souve- 
rain et  très  efficace  remède,  bebciieure,  f°  13. 
Il  XV'  s.  La  nature  des  palmiers  et  figuiers  fait  se- 
mence de  vertu  si  efficaix  que....  Des  prouffils 
champestres,  11,  2.  ||xvi'  s.  Ce  fut  le  point  de  trou- 
ver langage  assez  exquis  et  efficax  à  le  reconforter, 

M.  DU  BELLAY,   381. 

—  ÉTYM.  Provenç.  efficaci;  catal.  efitas;  espagn. 
eficai;  ital.  efficace;  du  latin  efficacem,  de  efficere, 
effectuer  (voy.  effet). 

2.  EFFICACE  (è-fi-ka-s'),  s.  f.  Efficacité.  Si  mes 
commandements  ont  trop  peu  d'efficace.  Ma  rage 
pour  le  moins  me  fera  faire  place,  corn.  Uédée, 
V,  3.  Sa  grâce  [de  Dieu]  Ne  descend  pas  toujours 
avec  même  efficace,  id.  Pobjeucte,!,  t.  On  n'ignore 
pas  qu'une  louange  en  grec  est  d'une  merveilleuse 
efficace  à  la  tête  d'un  livre ,  mol.  Préf.  des  Préc. 
ridic.  Il  est  trop  heureux  d'être  fou  pour  éprouver 
l'efficace  et  la  douceur  des  remèdes  que  vous  avez 
si  judicieusement  ordonnés,  id.  Tourc.  i,  t<.  Tai- 
sons-nous ;  c'en  est  assez,  et  tremblons  sous  les 
terribles  jugements  de  Dieu  qui,  pour  punir  notre 
orgueil,  a  permis  que  de  si  grossiers  emportements 
eussent  une  telle  efficace  de  séduction  et  d'erreur, 
Boss.  Var.  i,  §  33.  ô  Dieu,  donnez  efficace  à  votre 
parole!  w.Prédic.  3.  C'est  justement  en  quoi  je  crois 
devoir  admirer  davantage  l'efficace  et  la  vertu  du 
sacrifice  religieux,  bourd.  Pensées,  t.  ii,  p.  424.  La 
grâce  qu'on  appelle  congrue  trouve  dans  sa  congruité 
une  véritable  efficace,  fén.  t.  m,  p.  253.  Préparez 
par  de  longs  exemples  l'efficace  à  vos  discours,  mass. 
Car.  Pâques.  Parmi  les  eaux  qui  ont  le  plus  d'effi- 
cace, on  peut  compter  celles  d'Egra  en  Bohême, 
TissOT,  Gens  de  lettres,  §  85. 

—  REM.  Efficace  a  vieilli,  excepté  dans  le  langage 
théologique.  On  dit  aujourd'hui  efficacité. 

—  HIST.  xiv  s.  Choses  petites  et  de  pou  de  effi- 
cace, bercheore,  f°  28,  recto.  ||  xvi'  Parlans  de  la 
vertu,  propriété,  efficace  et  nature  de  tout  ce  que 
leur  estoyt  servy  à  table,  bab.  Garg.  l,  23.  La  lec- 
ture des  histoires  est  celle  qui  a  plus  d'efficace  pour 
ensemble  plaire  et  profiter,  amyot,  Préf.  i,  26. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  ital.  efficacia;  espagn.  efi- 
cacia;  du  latin  efficacia  (voy.  efficace  i). 

EFFICACE.MENT  (è-fi-ka'-se-man) ,  adv.  D'une 
manière  efficace.  11  a  travaillé  efficacement  à  la 
paix;  il  a  efficacement  travaillé  à  la  paix. 

—  HIST.  XVI'  s.  Auxquelles  passions  la  raison  et 
la  loy  venans  à  toucher  avec  une  touche  discrette 
et  salutaire,  remet  promptement  et  efficacement  le 
jeune  homme  en  la  droitte  voye,  amyot.  De  la 
vertu  morale,  29. 

—  ÉTYM.  Efficace,  et  le  suffixe  men*. 
EFFICACITÉ  (è-fi-ka-si-té),  s.f  Qualité  de  ce  qui 

est  efficace.  L'efficacité  d'un  remède.  L'efficacité  de  la 
grâce.  S'employer  avec  efficacité  à  une  recherche. 

—  REM.  11  y  a  des  prédicateurs  et  des  écrivains 
qui  usent  de  ce  mot;  il  n'est  point  français;  il  faut 
dire  efficace,  dit  liouhours  sous  Louis  XIV.  D'Aisy, 
le  Génie  de  la  langue  française,  2  vol.  in-t2,  (685, 
rejette  aussi  efficacité.  Maintenant  ce  mot  est  plei- 
nement reçu,  et  efficace  a  vieilli. 

—  ÉTYM.  Ef^cace. 


EFF 


1307 


EFFICIENT,  EXTE  (è-fi-si-an ,  an  t') ,  adj.  Terme 
de  philosophie  scolastique.  Cause  efficiente,  cause 
qui  produit  effectivement  son  effet,  une  chose.  Im 
soleil  est  la  cause  efficiente  de  la  chaleur.  Aristoto 
admettait  comme  Platon  les  causes  finales  et  effi- 
cientes ;  ces  causes  efficientes  sont  les  âmes  sen- 
sitives  et  végétatives,  bufp.  Animaux.  Syst.  surin 
génér. 

—  HIST.  xiv  S.  Dieu  est  cause  finale  et  efficiente 
de  toutes  choses,  obesme,  Eth.  29. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eficient;  espagn.  efieiente; 
ital.  efficiente;  du  lutin  efficiens ,  de  efficere,  effec- 
tuer (voy.  effet). 

■f  EFFIGIAL,  ALE  (è-fi-]i-al,  a-l'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  l'effigie. 

EFFIGIE  (è-fi-jie),  s.f.  ||  i'  Représentation  en 
relief  ou  en  peinture  de  la  figure  d'une  personne. 
Monnaie  frappée  à  l'effigie  d'un  prince.  Et  là  [dans 
le  Mercure  galant]  s'impriment  tous  les  morts.  Avec 
leurs  généalogies.  Leurs  éloges,  leurs  effigies. 
Leurs  dignités  et  leurs  trésors,  chaulieu,  Ép.  d'ila- 
milton.  Aux  cris  religieux  d'un  parterre  idolâtre. 
En  face  de  vous-même,  au  milieu  du  théâtre,  Ja- 
mais en  effigie,  assis  sur  un  autel.  Vous  a-t-on 
couronné  d'un  laurier  solennel  ?  gilbeiit.  Apologie. 
Jésus-Christ  s'unit  à  la  chair  par  son  effigie  hu- 
maine, CIIATEAUB.  Génie,  I,  I,  7.  ||  FIg.  Ce  que 
nous  cachons  de  nous-mêmes,  est  ce  que  nous 
sommes  réellement  ;  ce  que  nous  en  découvrons  est 
ce  que  nous  voudrions  être  ;  nous  étalons  une  con- 
science qui  n'est  que  la  fausse  effigie  de  la  nôtre, 
MASS.  Carfme,  Confess.\\i°  Figure  grossière  qu'on 
faisait  d'une  personne  et  qu'on  attachait  à  une  po- 
tence, lorsque  cette  personne  était  condamnée  à 
mort  par  contumace.  Exécuter  un  criminel  en  ef- 
figie, attacher  à  l'instrument  du  supplice  l'effigie 
et  un  écriteau  portant  la  sentence  de  condamna- 
tion. Larochepot  était  fils  de  Mme  du  Fargis  persé- 
cutée et  mise  en  effigie  par  le  ministre  [Richelieu], 
RETZ,  I,  20.  Vous  avez  fait  pondre  en  effigie  votre 
père  Jarrige,  PASC.  Prov.  te.  Les  rebelles  dé]io- 
sèrent  leur  roi  [Henri  IV  de  TranstamareJ  en  effi- 
gie, VOLT.  Jfeuri,  <  01.  Ils  ressemblent  aux  honnêtes 
gens  qui  pendent  les  autres  en  effigie  :  ils  ne  s'em- 
barrassent pas  que  le  portrait  soit  ressemblant,  id. 
Lett.  Leclerc,  10  fév.  1765. 

—  SYN.  effigie,  IMAGE,  PORTRAIT.  L'image  est 
ce  qu'il  y  a  de  plus  général  ;  elle  se  fait  de  tcute 
façon  et  de  tout  objet  :  l'image  d'un  homme,  d'un 
arbre,  d'une  montagne.  F.ffigie  ne  se  dit  que  des 
personnes;  elle  est  ou  en  relief ,  ou  en  figure,  ou 
en  peinture.  Le  portrait  est  toujours  en  dessin  ou 
en  peinture. 

—  HIST.  XVI'  s.  Leur  effigie  [de  Sérapis  et  d'Isifi] 
représentée  le  doigt  sur  la  bouche,  mont.  Il,  251. 

—  ÉTYM  Lat.  effigies,  de  effingere,  représenter, 
de  ex,  et  fingere,  former  (voy.  feindre). 

EFFIGIE,  ÉE  (é-fi-ji-ô,  ée),  part,  passé.  Effigie 
pendant  qu'il  s'enfuyait. 

EFFIGIER  (è-fi-jié),  j'effigiai.»,  nous  effigiions, 
vouseffigiiez;  que  j'effigie,  que  nous  effigiions,  que 
vous  effigiiez,  v.  a.  Exécuter  en  effigie.  Girardin  et 
Ferrant  furent  obligés  de  s'absenter  et  à  la  fin  fu- 
rent condamnés,  effigies,  et  perdirent  leurs  em- 
plois,  ST-SIM.  436,  49. 

—  HIST.  XVI'  S.  Lors  les  parents  et  amis  repio- 
noient  le  corps,  et  luy  faisoient  faire  un  estuy  de 
bois  moulé  et  effigie  d'homme,  dedans  lequel  ils  le 
posoient,  PARÉ,  Mumie,  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  effigiare,  de  effigies,  effigie;  pro- 
venç. efigiar;  ital.  effigiare. 

t  "effilage  (è-fi-la-j'),  s.  f.  Action  d'effiler,  ré- 
sultat de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Effiler. 

1.  EFFILÉ,  ÉE  (è-fi-lé,  lée),  part,  passé  de  effi- 
ler i.||l°  Dont  le  fil  est  défait.  De  la  toile  effilée. 
\\2°  Autrefois,  linge  effilé,  ou,  substantivement, 
effilé,  linge  bordé  de  fninge  de  fil  qui  se  portait 
dans  le  deuil.  Etre  en  effilé,  c'était  porter  de  ce 
linge.  II  faut  être  vêtu  comme  l'est  votre  frère,  11 
porte  le  grand  deuil,  son  linge  est  effilé,  regnard, 
Ménechm.  11.||S.  m.  Synonyme   de  frange. 

2.  EFFILÉ,  ÉE  (è-fi-lé,  lée),  part,  passé  de 
effiler  2.  Aminci  ,  atténué.  Ils  soutenaient  qu'il 
avait  la  taille  trop  effilée,  hamilt.  Gramm.  n. 
Il  Cheval  effilé,  cheval  qui  a  l'encolure  fine  et  déliée. 
Il  Chien  effilé,  chien  qui  s'est  trop  emporté  dans  la 
course,  ou  qui  a  couru  trop  jeune. 

1.  EFFILER  (è-fi-lé),  V.  a.  ||  1°  Défaire  un  tissu 
fil  à  fil.  Effiler  une  toile.  Parfiler....  c'est  effiler 
une  étoffe,  la  détisser  fil  à  fil,  volt.  Dial.  13.  Ja 
hasarde  quelques  conjectures  au  risque  de  faire  rire 
celui  qui  effile  la  charpie  à  l'Hôtel-Dieu,   didf.r. 


1308 


ÉFF 


lett.  ,nr  U  chirurg.  \\  2'  Kffiler  '«  fh^™"''-  '=' 
dégarnir  en  le»  coupant  en  pointe  ||  3°  S  effi  er  «. 
réft.  se  défaire  en  fils.  Cette  to.le  s'est  effilée  l|  Hot- 
ter  comme  un  effilé,  comme  une  frange.  Sa  che- 
velure qui  s'épanche,  AU  gre  du  vent  prend  for, 
essor  Glisse  eu  ondes  jusqu'à  sa  hanche.  Et  là 
s'effile  en  franges  d'or,  lamabt  Harm.  n    tu. 

—  ÉTYM.  £/■  pour  es....  préfixe,  et  fil  de  lin  ou 
,1e  chanvre;  provenç.  esfilar;  ilal.  sfdare. 

t  2.  EFFILER  (é-fi-lé),  «.  a.  Terme  de  chasse. 
Enerver,  fatiguer.  F-ffiler  les  chiens. 

HIST.  xvi*  s.  Donne  moy  les  faveurs  de  l'alti- 

que  oraison.  Ou  clos  ma  voix  de  ténébreux  silence, 
Kffile  mon  cerveau  de  subtile  raison.  Ou  le  sommeil 
sur  ma  paresse  élance.  Poésies  de  loys  le  caron, 
f°7U,  dans  LACURNE.  Un  jour  qu'elle  estoit  au  ser- 
mon, elle  ouyt  le  prescheurqui  s'effiloit  [se  fatiguait 
à]  d'alléguer  l'escriture,  Moyen  de  varvenir,  p.*oi , 
dans  LACUKNE. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  fil,  dans  le  sens  de 
tranchant;  comme  on  ne  donne  le  fil  qu'en  limant, 
diminuant,  effiler  a  pris  le  sens  d'user,  fatiguer. 

tEKFILOCUE  (è-fi-lo-ch')  ou  EFFILOQUE  (è-fi- 
lo-k'),  s.  f  Terme  de  passementerie.  Soie  légère  de 
rebut.  Il  Bouts  de  soie  qui  se  trouvent  aux  lisières 
d'une  éloffe.  fl  S.  f.  plur.  Effiloques,  nom  qu'on 
donne  à  toutes  les  soies  non  torses,  dites  aussi  soies 
folles. 

—  ÉTYM.  Voy.  EFFILOQUER. 

+  EFFILOCHÉE  (è-fi-lo-chée) ,  s.  f  Ce  qui ,  pro- 
venant de  chiffons  nu  de  pailles,  a  été  soumis  à 
l'action  d'instruments  pour  être  converti  en  pâte  de 
papier. 

—  ÉTYM.  Effiloche. 

•f  EFFILOCHER  (  è-fi-lo-ché  ) ,  V.  a.  Synonyme 
d'cffiloquer.  ||  Opérer  l'effilochée.  Après  que  les  chif- 
fons ont  été  cachés  dans  les  piles  à  effilocher.... 
Dkt.  des  arts  eMn.  Amsterd.  1767,  Papetier. 

~  ÉTYM.  Effiloche. 

\  EFFILOCHEUR,  ECSE  (è-fi-Io-cheur,  cheû-z'), 
ou  EFFILOQl'EUR,  EUSE  {è-fi-lo-keur,  keû-z'),  s. 
m.  et  f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  effiloclie  les  cliifions 
destinés  à  faire  le  papier.  ||  Ad}.  Cylindre  effilocheur, 
ou,  substantivement,  l'erfilocheur,  outd  pour  effi- 
locher. Les  cylindres  effilocheurs  ne  sont  pas  aussi 
près  de  la  platine  que  les  alfineurs,  Dict.  des  arts 
et  m.  Amsterd.  t767,  Papetier. 

EFFILOQCÉ,  ÉE  (è-fi-lo-ké,  kée),  part,  passé. 

KFFILOOUER  (é-fi-lo-ké),  i'.  o.  Effiler  une  étoffe 
quelconque,  et,  particulièrement,  une  étoffe  de 
soie  pour  en  faire  de  l'ouate.  ||  S'effiloquer,  v.  réfi. 
S'en  aller  en  filocbes. 

—  ÉTYM.  Ef  pour  es....  préfixe,  et  filoche. 

t  EFFILOQUES  (è-fi-lo-k'),  s.  f.  plur.  Voy.  effi- 
loche. 

t  EFFILOQUEUR  (è-fi-lo-keur),  s.  m.  Voy.  effi- 
locheur. 

t  EFFILURE  (è-fi-lu-r') ,  s.  f.  Fil  qui  provient  d'un 
tissu  effilé. 

—  ÉTYM.  Effiler. 

+  EFFIOLER  (è-fi-0-lé),  e.  a.  Terme  d'agricul- 
ture. Enlever  une  partie  de  la  verdure  du  blé,  lors- 
que avant  l'iiiver  elle  pousse  trop  fort.  ||  Exprimer 
l'eau  qui  se  trouve  du  côté  de  la  chair  dans  la  peau 
qu'emploie  le  parcheminier. 

EfTLANQUÉ,  ÉE  (è-fian-ké,  kée),  part,  passé. 
Amaigri,  en  parlant  du  cheval,  par  la  fatigue  ou 
la  mauvaise  nourriture.  Malheureux,  laisse  en  paix 
ton  cheval  vieillissant,  De  peur  que  tout  à  coup, 
efflanqué,  sans  haleine.  Il  ne  laisse  en  tombant  son 
m.Tltre  sur  l'arène,  boil.  Ép.  x.  ||  Par  extension. 
C'était  un  grand  garçon  fort  efflanqué,  fort  fluet, 
j.  I.  Bouss.  Conf.  I.  Il  Se  dit  aussi  du  cheval  dont 
les  flancs  sont  creux  et  très-retroussés.  ||  Par  exten- 
sion. La  princesse  de  liabylone,  après  son  accident 
[chute,  dans  un  bal,  d'un  oreiller  qu'elle  avait  mis 
sous  ses  jupes  pour  arranger  sa  taille;  elle  était  en- 
ceinte], était  efflanquée  du  côté  droit  et  toute  bis- 
cornue de  l'autre,  hamilt.  Cramm.  10.  ||  Rage  ef- 
flanquée, mal  qui  attaque  les  vieux  chiens  de  cha.sse, 
et  dans  lequel  leurs  flancs  se  resserrent  et  leur  bat- 
tent de  faiblesse  et  d'épuisement.  ||  Fig.  Sans  vi- 
gueur et  sans  nerf.  Style  efflanqué.  Prose  efflanquée. 
Mais  dansée  style  efflanqué,  sans  vigueur,  J'aime  en- 
cor  mieux  l'insipide  langueur,  j.  B.  nouss.  Ép.  n, 
ï,  Bnimoy. 

EFFLANQUER  (è-flan-kè),  V.  a.  Rendre  les  flancs 
creux,  amaigrir  et  affaiblir  par  un  excès  de  fatigue 
ou  la  privation  de  nourriture.  Effianquer  un  cheval. 
Il  Terme  d'horlogerie.  Donner,  avec  une  lime,  la 
forme  convenable  aux  ailes  d'un  pignon. 

—  HIST.  XV  s.  Rage  effianchée,  qui  rend  les  chiens 
cousuj;  parmi  les  flanz,  cocime  s'ilz  n'avoient  men- 


EFF 

gié,  GASTON  PHÉBUS,  Chasse,  ms.  p.  97,  dans  la- 

CURNE. 

—  ÉTYM.  Ef  pour  es....  préfixe,  et  flanc. 

t  EFFLECRAGE  (  è-fleu-ra-j' ) ,  s.  m.  Terme  de 

tanneur.  Action  d'effleurer. 

—  ÉTYM.  Effleurer. 

EFFLEURÉ,  ÉE  (è-fleu-ré,  rée),  part,  passé. 
Il  1°  Entamé  légèrement.  La  peau  effleurée  par  la 
pointe  de  l'épée.  112°  Kig.  Étudié,  traité  superficiel- 
lement. Matière  à  peine  effleurée. 

t  EFFLEUREMENT  (è-fieu-re-man),  s.  m.  Action 
d'effleurer;  résultat  de  cette  action.  Effleurement 
de  la  peau  par  une  balle.  Tout  effleurement  des 
sens  est  un  plaisir,  et  toute  secousse  forte,  tout 
éliranlement  violent  est  une  douleur,  buff.  Nature 
des  anim. 

—  HIST.  XVI*  s.  Efflorement  [action  d'fiter'les 
fleurs],  MONET,  Dict. 

—  ÉTYM.  Effleurer. 

EFFLEURER  (è-fleu-ré),  v.  a.  \\l°  Terme  d'hor- 
ticulture, ôler  les  fleurs.  Effleurer  les  rosiers. 
Il  2°  N'entamer,  ne  toucher  que  la  fleur,  le  duvet, 
la  superficie.  Le  coup  d'épée  lui  a  effleuré  la  poi- 
trine. Ne  faire  qu'effleurer  la  terre  en  labourant. 
La  barque  effleurait  le  rivage.  Le  dieu  qui  fait  aimer 
prit  son  temps;  il  tira  Deux  traits  de  son  carquois; 
de  l'un  il  entama  Le  soldat  jusqu'au  vif;  l'autre  ef- 
fleura la  dame,  la  font.  Hatr.  La  fortune  en  cela  ne 
vous  a  pas  même  effleuré  la  peau,  costab,  Lett.  149, 
dans  RiCHELET.  Il  savait  que  la  chaleur  entre  bien 
plus  avant  que  la  lumière;  celle-ci  ne  fait  qu'effleu- 
rer et  dorer  légèrement  la  surface ,  boss.  Panég.  Saint 
Franc,  de  Sales,  1"  point.  Vers  elle  [Vénus]  douce- 
ment il  [Jupiter]  incline  la  tôte.  Sur  sa  bouche  de 
rose  effleure  un  doux  baiser,  delille.  En.  i.  EUe 
dit  :  le  nectar  coule  en  l'honneur  des  dieux;  Didon 
au  même  instant  de  ses  lèvres  l'effleure,  id.  ib.  Si 
quelque  souffle  harmonieux,  Effleurant  au  hasard  la 
harpe  détendue ,  En  tire  seulement  une  note  per- 
due, lamaht.  llarm.  m,  4.  ||  Kig.  Jamais  blessant 
leurs  vers,  il  n'eifleura  leurs  mœurs,  boil.  Épit. 
X.  Et  j'ai  mis  votre  clioix  à  tel  prix  que  je  n'ai 
pas  osé  en  bles.ser,pas  même  en  effleurer  la  liberté, 

LA  BKVY.Disc.àl'Acad Apprenez,  je  vous  prie. 

Que  mortel  quel  qu'il  fût,  ne  me  dit,  de  ma  vie. 
Un  mot  douteux  qui  pût  effleurer  mon  honneur, 
REGNARD,  Joueur,  II,  *.  ||  3°  Ne  faire  que  toucher 
une  question.  11  n'a  encore  qu'effleuré  une  si  grande 
matière,  boss.  Variai.  6.  Ces  secrets  que  les  pro- 
phètes n'avaient  qu'effleurés,  m.  Ilist.  ii,  6.  Quel- 
ques grands  mathématiciens ,  et  principalement 
MM.  Pascal  et  Huyghens,  ont  déjà  projiosé  ou  résolu 
des  problèmes  sur  celte  rpatière  [le  calcul  des  pro- 
babilités] ;  mais  ils  n'ont  fait  que  l'eflleurer,  et 
M.  BernouUi  l'embrassait  dans  une  plus  grande 
étendue  et  l'approfondissait  beaucoup  davantage, 
fonten.  BernouUi.  \]  4°  Terme  de  tanneur.  Effleurer 
une  peau,  c'est,  après  l'avoir  planée  et  lavée  à  la 
rivière,  en  enlever  la  fleur  ou  superficie  du  cuir  du 
côté  où  était  le  poil  ou  la  laine.  ||  ferme  de  menui- 
sier. Dresser  le  parement  des  planches  qui  sont 
jointes  ensemble.  On  dit  aussi  affleurer.  |{  B°  S'ef- 
fleurer, V.  réfl.  Être  effleuré.  De  pareils  sujets  ne 
s'effieurent  pas  ;  on  les  traite  à  fond. 

—  HIST.  XVI'  s.  Effleurer  [ôter  les  fleurs] ,  monet, 
Dict.  De  cent  membres  et  visages  qu'a  chasque 
chose,  j'en  prends  un  tantost  à  leicher  seulement, 
tantost  à  efflorer,  et  parfois  à  pincer  jusqu'à  l'os, 
MONT.  I,  376. 

—  ÉTYM.  E/'pour  es....  préfixe,  et  fleur. 
EFFLEURI,  lE  (è-fleu-ri,  rie),  part,  passé.   Un 

sel  effleuri. 

EFFLEURIR  (S')  (è-fleu-rir).  ||  1-  F.  réfl.  Terme 
de  minéralogie.  Tomber  en  efflorescence.  Ce  mi- 
néml  s'effleurit.  Il  2°  F.  n.  Beaucoup  de  pierres  ef- 
fleurissent  à  l'air. 

—  ÉTYM.  Ef  pour  es....  préfixe,  et  fleurir. 

t  EFFLEUROIR  (è-fleu-roir),  s.  m.  Peau  d'agneau 
avec  laquelle  le  parcheminier  essuie  le  blanc  qu'il 
a  répandu  sur  le  parchemin. 

—  ÉTYM.  Effleurer. 

t  EFFLEURURE  (è-fleu-ru-r') ,  s.  f.  Terme  de  tan- 
neur. Hognure  provenant  de  l'p.ffleurage  d'une  peau. 

—  ÉTYM.  Effleurer. 

EFFLORESCENCE  (èf-flo- rè-ssan  -  s'),  s.  f 
Il  1°  Terme  do  botanique.  L'acte  par  lequel  la  flo- 
raison commence;  le  premier  moment  où  elle  a 
lieu.  Il  Poussi're  fine  et  céracée  qui  se  trouve  sur 
certains  fruits.  ||  2"  Terme  de  chimie.  Conversion 
d'une  substance  solide  en  une  matière  pulvérulente 
par  .son  exposition  à  l'air  libre,  ainsi  dite  parce  que 
cette  poussière  sur  la  substance  a  l'apparence  de 
ces  fleurs  qui  se  forment  eu  groupe  comme  celles 


EFF 

du  cliou-fleur.  Tous  les  sables  des  plaines  à  l'est  de 
la  Nevade  sont  imprégnés  d'alcalis,  certains  cours 
d'eau  en  sont  saturés,  et  plusieurs  lacs  en  tien- 
nent une  proportion  telle  que  leurs  bords  sont 
couverts  d'efflorescences  saline»,  laur,  Comptes 
rendus,  Acad.  des  se.  t.  lui,  p.  1099.  ||  Couche 
saline  produite  sur  les  murs  salpêtres.  |{  Oxyde 
métallique  qui  se  présente  à  la  surface  de  quelques 
mines  de  cobalt,  de  manganèse  ou  autres.  ||  3'  Terme 
de  médecine.  Toute  espèce  d'exanthème  peu  élevé 
au-dessus  du  niveau  de  la  peau. 

—  HIST.  XVI'  s duquel  [épiderme]  la  substance 

est  de  l'excrément  ou  efflorescence  reseicbèe  du 
vray  cuir,  paré,  i,  3. 

—  ÉTYM.  Eflloreseent. 

EFFLORESCENT,  ENTE  (èf-flo-rè-ssan ,  ssan-t'), 
adj.  Il  1°  Terme  de  botanique.  Qui  est  en  voie  de 
floraison.  Plantes  efflorescentes.  ||  2'  Terme  de 
chimie.  Qui  tombe  en  efflorescence.  Sels  efflores- 
cents,  sels  qui  à  l'air  perdent  tout  ou  partie  de  leur 
eau  de  cristallisation,  deviennent  opaques  et  tom- 
bent quelquefois  en  poussière.  ||  Qui  est  revêtu  d'une 
couche  saline,  comme  les  murs  salpêtres.  ||Oui  est 
couvert  d'un  oxyde  métallique,  comme  quelques 
mines  de  cobalt  ou  de  manganèse. 

—  ÉTYM.  Lat.  efflorescens ,  de  efflorescere ,  de  ex, 
el  porescere,  fleurir,  de  fins,  fleur  (voy.  fleur). 

EFFLUENCE  (èf-flu-an-s"),  s.  f.  Ce  qui  flue  hors, 
coule  hors,  s'exhale  d'une  manière  invisible.  Des 
effluences  de  marais.  Effluences  électriques. 

—  ÉTYM.  Effluent. 

EFFLUENT,  ENTE  (èf-flu-an,  an-f),  adj.  Terme 
de  physique.  Fluant  hors.  Matière  effluenle.  L'abbé 
Nollet  expliquait  les  phénomènes  électriques  au 
moyen  de  deux  matières,  l'une  affluente,  l'autre 
elfluente. 

—  HIST.  XV'  S.  Perfecte  bonté  effluant  [produi- 
sant] tous  biens,  CHR.  depisan,  Charles  v,  m,  67. 

—  ÉTYM.  Lat.  effluens,  de  effiwre,  couler  hors; 
de  ex.  et  fluere,  couler  (voy.  flux). 

f  EFFLUVE  (èf-flu-v')  s.  m.  ||  l'  Terme  de  mé- 
decine. Nom  de  substances  organiques  altérées, 
tenues  en  suspension  dans  l'air,  principalement  aux 
endroits  marécageux,  et  donnant  particulièrement 
lieu  à  des  fièvres  intermittentes,  rémittentes  et  con- 
tinues. Il  2°  Effluves  magnétiques,  nom  donné  aux 
influences  exercées  par  les  magnétiseurs  sur  le» 
magnétisés  ,  et  attribuées  à  un  prétendu  fluide 
magnétique.  ||  Fig.  et  dans  le  style  néologique.  Les 
effluves  de  la  passion.  Effluves  énervants,  déli- 
cieux. 

—  REM.  On  fait  souvent  ce  motféminin;  c'est  une 
faute;  il  est  masculin. 

—  ÉTYM.  Lat.  effluvium,  de  ex,  et  fluere,  couler 
(voy.  FLUX);  ital.  «/"/îusio.  Ce  mot  a  été  introduit 
dans  la  science  par  Lancisi,  médecin  italien. 

t  EFFLUXION  (èf-flu-ksion),  s.  /".  Terme  de  mé- 
decine. Expulsion  du  produit  de  la  conception  dans 
les  premiers  jours  de  la  grossesse. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quand  l'hemorrhagie  et  soudaine 
effluxion  du  sang  survient  aux  ulcères,  paré,  xi,  *■ 
Il  y  a  différence  entre  avortement  et  effluxion  :  ei- 
fluxion  c'est  quand  les  semences,  premièrement  con- 
glutinées  ensemble  par  quelques  jours,  soudaine- 
ment s'e.scoulent,  id.  xviii,  37. 

—  ÉTYM.  Lat.  effîuxionem,  de  efftuere,  couler 
hors,  de  ex,  el  fluere,  couler  (voy.  flux). 

EFFONDRÉ,  ÉE  (è-fon-dré,  drée),  pari,  passé. 
Remué  profondément.  Un  terrain  effondré.  ||  Dé- 
foncé.   Un  tonneau  effondré. 

EFFONDRE.MENT  (è-fon  -  dre-man  ) ,  s.  m. 
Il  1°  Terme  d'agriculture.  Action  d'effondrer,  de 
fouiller  la  terre.  ||  2°  Action  d'effondrer,  de  s'effon- 
drer, de  s'écrouler.  Dans  cet  effondrement  desrochei 
siluriennes,  elles  se  sont  renversées  sur  elles-mêmes, 
ployées  et  refoulées  du  côté  où  elles  éprouvaient  le 
moins  de  rési.siance,  mabcou,  Acad.  des  sciences. 
Comptes  rendus,  t.  lui,  p.  916. 

—  ÉTYM.  Effondrer. 

EFFONDRER  (è-fon-dré),  r.  a.  ]\  !•  Terme  d'a- 
griculture. Remuer  la  terre  à  une  certaine  profon- 
deur en  y  mêlant  des  engrais.  ||  2°  Hriser  en  enfon- 
çant. Effondrer  une  futaille,  un  coffre,  une  armoire. 
Dans  ces  contrées,  les  neiges  séjournent  longtemps 
sur  les  terres:  elles  filtrent  au  travers  de  leurs  par- 
ties les  moins  solides,  qu'elles  pénètrent  profon- 
dément, qu'elles  délavent  et  effondrent,  ségup,  Hist 
de  Napol  v,  1. 1|  Accabler  par  la  surcharge.  Effon- 
drer un  plancher.  ||  S'  Effondrer  une  volaille,  la  vi- 
der. Il  4»  Tirer  à  la  rame,  outre  mesure,  une  étoffe 
de  li\ine,  un  drap.  ||  5«  S'effondrer,  v.  réfl.  Manquer 
par  le  fond,  s'éirouler.  La  vonle  de  la  paroisse  de 
Saint-I!;irtliéleniy  s'est   effondrée  il  y  a  deux  jour» 


EFF 

BACiiAUMONT,  ilim.  lecrcls ,  t.  XXXIV,  p.  861,  dans 

POUGENS. 

—  IIIST.  XII'  S.  Del  gros  liu  poing  li  a  tele  donnée, 
X  pou  [à  peu  de  chose  près]  la  gorge  ne  lui  a  ef- 
fondrée, Hat.  d'Aleschans,  v.  6830.  E  flstabatre  le 
vergier  où  l'um  li  soleil  sacrefier,  e  fist  esfundrer 
la  cave  ù  l'um  le  enuroit  [honorait],  Sois,  302. 
Il  XIII'  s.  Nus  bariUier  ne  doit  faire  fust  effondré 
nuef  [faire  neuf  un  fût  effondré],  Liv.  des  met. 
<0:).  Il  avoit  bien  huit  cent  persones  en  la  nef  qui 
touz  feussent  sailli  es  galies  pour  leur  cors  garentir, 
et  ainsi  les  eussent  effondrées,  joinv.  283.  ||  xiv  s. 
Se  un  lièvre  est  pris  et  que  l'en  le  vueille  garder, 
effondrez  le  et  lui  ostez  les  entrailles,  Minngier,  ii, 
6.  Il  XV' s.  Il  avoit  deux  cents  compagnons  à  tout 
[avec]  boyaux  et  grands  pics  de  fer  et  autres  instru- 
mens  pour  effondrer  le  mur,  froiss.  i,  i,  237.  C'est 
le  clou  de  mon  doigt  qui  est  effondré  [crevé]  ;  je  suis 
demi  gari,  louis  xi,  JVowi'.  xcv.  ||  xvi' s.  Kaictes 
mouvoir  sur  ces  fleuves  marins.  Barques  et  nefs, 
galleires,  brigandins.  Pour  effondrer  les  escumeurs 
coursaires,  j.  marot,  v,  66.  11  y  avoit  gens  qui  eus- 
sent en  charge  d'effondrer  aux  caves  tous  les  vais- 
seaux à  vin,  PARÉ,  m,  p.  707.  Il  arrosa  de  vin  la 
viclime  immolée.  Effondra  le  taureau,  entrailles  et 
jambons  De  sel  bien  saupoudrez  jelta  sur  les  char- 
bons, RONS.  842.  Un  gros  effondré  [un  gros  man- 
geur], ouDiN,  Curios.  fr, 

—  f.TYM.  É'/'pour  es....  préfixe,  et  fond;  provenç. 
esfnndrar,  tffondar.  efundar.  Vr  dans  esfondrer 
est  épenthétique,  comme  le  montre  le  provençal  qui 
a  la  forme  régulière  esfondar. 

tEFFONDREUR  (è-fon-dreur),  s.  m.  Terme  d'a- 
griculture. Celui  qui  effondre. 

—  Ktym.  Effondrer. 

EFFONDRILLES  (  è-fon-dri-11'.  Il  mouillées  et 
non  è-fon-dri-ye) ,  s.  f.  plur.  Parties  grossières  qui 
restent  au  fond  d'un  vase  après  une  ébullition.  Ce 
bouillon  est  plein  d'effondrilles. 

—  ÉTYM.  Èf....  pour  es  ou  plutôt  pour  en  l,  et  fond 
avec  une  r  parasite  comme  dans  effondrer.  Norm. 
fondrilles. 

EFFORCER  (S')  (è-for-sé),  v.  réfl.  \\  1°  Faire  un 
effort  de  toutes  ses  forces.  Efforcez-vous.  Ne  vous 
efforcez  pas,  vous  vous  blesserez.  Ne  vous  efforcez 
pas  à  parler,  à  courir.  Il  .s'efforçait  de  soulever  le 
fardeiu.  Quand  un  autre  à  l'instant  s'efforcant  de 
passer,  boil.  Sat.  vi.  ||  Absolument.  Faire  effort  sur 
soi-même.  Feignez,  efforcez-vous,  songez  qu'il  est 
mon  père,  rac.  itithr.  iv,  2.  Courage,  efforcez- 
vous,  reprenez  vos  esprits;  Qu'avez-vous?  bodr- 
SAUi.T,  Ésope  à  la  cour,  ii,  4 .  ||  2°  Employer  toute  son 
énergie,  tous  ses  moyens  à  quelque  chose.  Il  s'ef- 
força de  parler.  S'étant  efforcé  d'obtenir  un  emploi. 
Tous  se  sont  efforcés  de  la  pouvoir  sauver,  mair. 
Mort  d'Asdrub.v,  <.  Ah!  l'on  s'efforce  en  vain  de  me 
fermer  la  bouche,  rac.  Brit.  m,  3.  |1  S'efforcer  à, 
même  sens.  Et  qu'un  Romain  s'efforce  à  tacher  le 
renom  D'un  guerrier  à  qui  tous  doivent  un  si  beau 
nom,  CORN.  //or.  v,  3.  L'une  et  l'autre  de  moi  s'ef- 
force à  l'obtenir,  m.  Théod.  v,  8.  Et  ce  lâche  atten- 
tat n'est  qu'un  trait  de  l'envie.  Qui  s'efforce  à  noir- 
cir une  si  belle  vie,  id.  Nicom.  m,  8.  On  s'empresse 
k  vous  voir,  on  s'efforce  à  vous  plaire,  id.  Agés,  m, 
I.  Et  ne  devrais-je  point  m'effircer  à  vous  faire  con- 
naître la  différence  des  cœurs  qui  s'attachent  à  vous? 
liAROs,  l'Hommeà  bonnes  fortunes,  i,  3.  Laissez-moi 
m'efforcer,  cruel,  à  vous  haïr,   voi,t.  Indiscr.  (3. 

—  REM.  Des  grammairiens  ont  voulu  distinguer 
s'c/forcerd  et  s'c/forcer  de  suivis  d'un  infinitif;  mais  ni 
l'usage  ni  la  grammaire  n'appuient  cette  distinction. 

—  SYN.  s'EtFOBCER,  tAcher.  Celui  qui  tâche  n'em- 
ploie pas  nécessairement  toutes  ses  forces.  Celui  qui 
s'efforce  emploie  tout  ce  qu'il  a  de  forces. 

—  HlST.  XII"  s.  Tant  s'esforça  que  il  fu  en  estant 
ni  se  mit  debout],  Ronc.  p.  loo.  Li  rois  de  France 
ne  l'en  esforza  mie  [ne  l'y  força  pas],  ib.  p.  (48. 
Mais  esforchier  fait  folie  [folie  fait  qu'on  s'efforce], 
Coud,  m.  Dux  Miles  se  redresse,  si  se  cuide  effor- 
cier,  Apuiant  à  l'espée,  se  tint  vers  un  moustier, 
Sax.  XI.  E  se  peneient  mult  des  escriz  encercler 
[chercher],  S'il  peUsscnt  trover  nule  neii  n'espier, 
Dunt  la  cause  le  rei  peUssent  esforcier  [rendre  plus 
forte],  Th.  le  mart.  69.  E  Samuel  crut  e  esforcha, 
e  Deu3  fud  ove  [avec]  lei,  e  nule  de  ses  paroles  en 
vain  ne  chiiï  [tomba].  Rois,  i3.  ||  xiii*  s.  Por  l'amor 
la  pucelle  [il]  s'esvertue  et  esforce,  Les  escus  froisse 
et  fent  com  s'il  fussent  d'escorce,  audefr.  le  bast. 
dans  Romancero,  p.  t9.  Pur  quel  morez  à  essient? 
Efforce  tel;  ne  vaut  nient,  Lai  del  désiré.  Li  rossi- 
giios  lores  s'efforce  De  chanter  et  de  faire  noise,  la 
Itase,  74.  Quiconques  est  pris  en  cas  de  crieme  et 
ïtuias  du  cas  si  comme  de  murdre  ou  de  traison. 


EFF 

d'omicide  ou  de  feme  efforcier,  il  doit  estre  traînés 
et  pendus,  beaum.  xxx,  2.  Un  soz-diacre  se  maria, 
le  evesque  le  efforça  [força]  forjurer  sa  feme,  Liv. 
de  just.  (03.  Il  xiV  s.  Et  après  il  se  efforçoient  de 
monsirer  que....  oresme,  Èlh.  298.  Aucuns  se  sont 
efforcés  à  priver  et  corrompre  vos  ordonances,  du 
CANOË,  audaciter.  \\  XV'  s.^  Quand  ceux  de  la  ville 
virent  le  pouvoir  de  la  dame  si  grand  et  si  efforcé, 
et  presque  toute  l'Angleterre  estoit  de  leur  accord  , 
FROiss.  1,1,  <9.  Ainsi  doit  estre  vraysemblable  que 
Dieu  est  quasi  efforcé  et  contrainct  ou  semons  de 
monstrer  plusieurs  signes,  ou  de  nous  batre  de  plu- 
sieurs verges,  comm.  v,  )8.  Ceulx  qui  s'efforceroient 
à  rompre  la  porte,  m.  m,  40.  ||  xvi*  s.  La  vertu  pro- 
pre en  cestni  cas,  c'est  force.  Qui  dueil  abat  et  les 
tourmens  efforce  [leur  ôte  la  force],  marot,  i,  382.  Les 
moins  tendues  et  plus  naturelles  allures  de  nostre 
ame  sont  les  plus  belles;  les  meilleures  occupations, 
les  moins  efforcées,  mont,  m,  277.  Les  ouvriers 
s'efforçoient  à  l'envy  les  uns  des  autres,  à  surmon- 
ter la  grandeur  de  leurs  ouvrages  par  l'excellence 
de  l'artifice,  amyot,  P&ic.  m.  Hz  s'efforçoient  de 
priver  leur  capitaine  des  honneurs  deuz  à  sa  vic- 
toire, iD.  Paul  JSm.  62.  Luyseul,  de  loing,  estant 
assis  à  son  aise,  sans  s'efforcer  aucunement,  en  ti- 
rant tout  bellement  avec  la  main  le  bout  d'un  en- 
gin, la  feit  approcher  de  soy,  id.  Uarc.  22. 

—  ÉTYM.  Provenc.  esforsar ,  esforsar;  e,5pagn. 
esforiar;  ital.  sfnrzare;  bas-lat.  ex-fortiare,  de  ex, 
et  forlis  (voy.  fort). 

EFFORT  (è  for  ;  le  (  ne  se  lie  pas  :  un  è-for  inatten- 
du; au  plur.  l's  ne  se  lie  pas  :  des  è-for  inattendus; 
cependant  quelques-uns  la  lient  :  desè-for-z  inatten- 
dus), s.  m.  Il  1°  Contraction  musculaire  qui  a  pour 
objet,  soit  de  résistera  une  puissance,  soit  de  vaincre 
une  résistance.  Faire  effort  pour  soulever  un  far- 
deau. Sur  l'ais  qui  le  soutient  auprès  d'un  Avicenne , 
Deux  des  plus  forts  mortels  l'ébranleraient  à  peine; 
Le  chanoine  pourtant  l'enlève  sans  effort,  boil. 
Lutrin,  v.  {|  Les  efforts  de  l'accouchement,  les  efforts 
que  fait  la  femme  pour  aider  à  la  contraction  de  la 
matrice.  Il  2°  Action  de  force  physique.  On  te  croi- 
rait toujours  abattu  sans  effort,  corn.  Cid,  ii,  2. 
Et  quand  son  assassin  tombe  sous  notre  effort,  id. 
Ci'ino,  1,  4.  Tourne  ailleurs  les  efforts  de  tes  bras 
triompliiints,  id.  Ilor.  i,  i.  Le  ciel  mène  à  Lesbos 
l'impitoyable  Achille;  Tout  cède,  tout  ressent  ses 
funestes  efforts,  rac.  Iphig.  ii,  t.  Hélas  I  je  me 
consume  en  impuissants  efforts,  ro.  ib.  v,  4.  11 
faut  faire  tous  ses  efforts  pour  repousser  la  mort, 
fén.  Tél.  VI.  Il  3"  Kig.  Action  énergique  des  forces 
morales.  Faire  tous  ses  efforts  pour  arriver  à  ses  fins. 
Effort  de  mémoire,  d'esprit,  de  vertu.  Faire  ses  efforts 
pour  mériter  une  récompense.  C'est  une  œuvre  où 
nature  a  f;iU  tous  ses  efforts,  malh.  v,  (2.  L'effort 
fait  plus  que  le  mérite,  bègnier.  Contre  un  amou- 
reux. Mais  plus  l'effort  est  grand,  plus  la  gloire  en  est 
grande,  corn.  Polijeucte,  iv,  5.  Mais  Grimoald 
puni  vous  coûterait  des  larmes;  A  cet  objet  san- 
glant l'effort  de  la  pitié  Reprfndrait  tous  les  droits 
d'une  vieille  amitié,  id.  Perth.  ii.  t.  Je  verrai  par 
l'effort  de  votre  obéissance  Où  doit  aller  celui  de 
ma  reconnaissance,  id.  ib.  Tu  vis  comme  il  y  fit 
des  efforts  superflus,  id.  Rndog.  ii,  2.  J'ai  fait 
pour  le  fléchir  un  inutile  effort,  id.  Hérael.  ii,'2. 
Depuis  cinquante  ans  que  le  Cid  tient  .sa  place  sur 
nos  théâtres,  l'histoire  ni  l'effort  de  l'imagination 
n'y  ont  rien  fait  voir  qui  en  ait  effacé  l'éclat,  id.  Ex. 
du  Cid.  Cette  tragédie  a  encore  plus  d'effort  d'in- 
vention que  celle  de  Rodogune,  id.  Ex.  d'iliracl. 
La  plupart  des  hommes,  pour  arriver  à  leurs  tins, 
sont  plus  capables  d'un  grand  effort  que  d'une  longue 
persévérance,  la  wruy.  xi.  Tous  les  premiers  for- 
faits coiltentquelques  efforts,  bac.  Théb.ni,  6.  Votre 
âme...  croit  qu'en  moi  la  haine  est  un  effort  d'amour, 
iD.  Andr.  ii,  2.  Tu  sais  par  quels  efforts  il  tenta  sa 
vertu,  ID.  mthr.i,  -l.  Au  premierbruit  de  ce  funeste 
accident,  toutes  les  villes  de  Judée  furent  émues, 
des  ruisseaux  de  larmes  coulèrent  des  yeux  de  tous 
leurs  habitants;  ils  furent  quelque  temps  saisis, 
muets,  immobiles;  un  effort  de  douleur  rompant 
enfin  ce  long  et  morne  silence,  d'une  voix  entrecou- 
pée de  sanglots,  ils  s'écrièrent....  fléch.  Turenne. 
Quoi  donc?  un  cœur  si  fier,  si  plein  de  fermeté. 
Par  l'effort  de  l'amour  peut  être  surmonté!  quin. 
Astrate,  il,  3.  Télémaque  fit  ses  derniers  efforts 
pour  les  en  empêcher,  fé.m.  Tél.  xx.  Ce  n'est  point 
par  effort  qu'on  aime;  L'amour  est  jaloux  de  ses 
droits,  Tout  reconnaît  sa  loi  suprême.  Lui  seul  ne 
connaît  point  de  lois,  j.  b.  rouss.  Cant.  yii,  Circé. 
Quel  effort  douloureux  s'est-il  donc  imposé?  c.  de- 
la  vigne,  Paria,  ii,  2. Les  soldats  y  attachaient  en- 
core plus  de  prix  [à  la  propreté  de  leur  uniforme] 


EFF 


1309 


à  cause  de  la  difficulté,  pour  étonner,  et  parce  que 
l'homme  s'enorgueillit  de  tout  ce  qui  est  effort, 
sÉGUR,  Jlist.  de  Nap.  viii,  it.\\  Faire  effort  sur  soi- 
même,  se  déterminer  à  une  chose  malgré  une  vive 
répugnance.  Pour  moi,  pour  toi,  pour  lui,  fais-toi 
ce  peu  d'effort,  corn.  Iléracl.  v,  3.  Je  ne  vous 
blâme  point  d'avoir  eu  mes  faiblesses;  Mais  faites 
même  effort  sur  ces  lâches  tendresses,  id.  Attila, 
m,  4.  Quels  efforts  à  moi-même  il  a  fallu  me  faire  I 
m.Polyeuc.v,3.  Faites-vous  un  effort  pour  lui  ser- 
vir d'appui,  ID.  ib.  iv,  B.  Fais-toi  quehpie  effort, 
mol.  Am.  maqnif.  3»  inlerm.  Past.  2.  Malgré  tous 
les  efforts  que  je  pourrais  me  faire,  bac.  lUithr.  Il,  t. 
Faisons  cet  effort  sur  notre  douleur,  Boss.  Louis 
de  Bourbon.  Il  Familièrement.  Il  a  fait  un  effort,  il 
a  consenti  à  donner  une  forte  dot  pour  marier  sa 
fille.  Mais,  Frosine,  as-tu  entretenu  la  mère  tou- 
chant le  bien  qu'elle  peut  donner  à  sa  fille?  lui  as- 
tu  dit  qu'il  fallait  qu'elle  s'aidât  un  peu,  qu'elle  fit 
quelque  effort?  mol.  l'Av.  u,  6.  ||  En  général, 
faire  un  effort,  se  résigner  à  quelque  chose  qui  coûte, 
qui  répugne.  ||  Faire  l'effort  de,  prendre  la  peine  de. 
Elle  a  fait  l'effort  de  venir  voir  ce  joli  apparte- 
ment,sÉv.  392.  Il  Ironiquement.  Il  a  fait  l'effort  de  me 
rendre  ma  visite  ||  Coup  d'effort ,  coup  d'audace  , 
entreprise  hardie.  Mes  vaisseaux  â  la  rade,  assez 
proches  du  port.  N'ont  que  trop  de  soldats  pour  faire 
un  coup  d'effort,  coEN.  Af(?d^e,  ii,  B.  Sans  moi  ton 
insolence  allait  être  punie;  X  ma  seule  prière  on  ne 
t'a  que  bannie;  C'est  rendre  la  pareille  à  tes  grands 
coups  d'effort  :  Tu  m'as  sauvé  la  vie,  et  j'empêche 
ta  mort,  id.  ib.  m,  3.  |{  Un  heureux  effort  de  la 
plume,  production  à  laquelle  on  consacre  avec  suc- 
cès toutes  ses  forces  et  tout  son  talent.  Si  je  sou- 
haite quelque  durée  pour  cet  heureux  effort  de  ma 
plume,  ce  n'est  point  pour  apprendre  mon  nom  à  la 
postérité,  mais  seulement  pour  laisser  des  marques 
éternelles  de  ce  que  je  vous  dois,  corn,  le  Cid  à 
Mme  de  Combalrt.  ||I1  se  dit  aussi,  en  ce  sens  des 
autres  beaux-arts.  Le  renard  en  louant  l'effort  de  la 
sculpture,  la  font.  Fahl.  iv,  4  4.  ||  En  mauvaise 
part.  C'est  un  effort  de  démence  dans  un  gouver- 
nement d'avilir  la  plus  grande  partie  de  la  na- 
tion, VOLT.  Mœurs,  98.  ||4»  Il  se  dit  aussi  des 
choses  qui  exercent  une  action  comparée  à  un  effort 

musculaire.  L'effort  de  l'eau  rompit  la  digue Mon 

front,  au  Caucase  pareil,....  Brave  l'effort  de  la 
tempête,  la  font.  Fabl.  i,  22.  Et  des  vains  or- 
nements l'effort  ambitieux,  id.  ib.  v,  ).  ||  L'ef- 
fort de  la  guerre,  ce  que  la  guerre  a  de  plus 
puissant  et  de  plus  effectif.  Vous  trouverez  étrange 
que  ces  gens  que  vous  tenez  si  sages  et  qui  ont 
particulièrement  cet  avantage  sur  nous  de  bien  gar- 
der ce  qu'ils  ont  gagné,  aient  laissé  reprendre  mie 
place  sur  laquelle  on  pouvait  juger  que  tomberait 
tout  l'effort  de  cette  guerre,  voit.  Lett.  74.  ||  5°  Dans 
le  langage  didactique,  toute  action  en  vue  d'un 
résultat.  ||6°  Effet.  Soit  que  son  or  pour  lui  fit  un 
si  prompt  effort,  corn.  Théodore,  iv,  4.  Le  1er  ne 
produit  point  de  si  puissants  efforts,  bac  Brit.  v, 
B.  Il  7°  U  se  dit  des  actions  armées  des  peuples  ou 
des  partis  entre  eux.  Les  Gaulois  font  un  dernier 
effort  pour  leur  liberté,  boss.  Hist.  I,  8.  L'effort 
qu'il  venait  de  faire  pour  atteindre  Moscou  avait 
usé  tousses  moyens  de  guerre,  séouh, //«st.  de  Nap. 
viii,7.  Il  8°  Dans  le  langage  vulgaire,  nom  donné  à  une 
douleur  vive  survenue  dans  un  muscle  à  l'occasion 
d'une  violente  contraction  de  ses  fibres.  ||  Tirail- 
lement douloureux  éprouvé  dans  la  région  lombaire 
en  soulevant  un  fardeau  trop  pesant.  [)  Hernie. 
Il  s'est  donné  un  effort. 

—  HIST.  XI'  s.  N'assemblereit  Charles  si  granz 
esforz  [troupes],  Ch.  de  Roi.  xliv.  Dist  Oliviers  : 
Paien  ont  graiit  esforz,  ib.  Lxxxi.  Son  cheval  [il] 
broche,  laisse  courre  à  esforz,  ib.  xci.  Il  xii'  s.  De 
ses  beaus  ieuz  [elle]  me  vint  sans  desfiance  [sans 
défi]  Ferir  au  cuer,  que  n'i  ot  autre  esfort,  Coiici, 
XVI.  Li  plusieur  ont  d'amors  chanté  Par  esfort  et 
desloiaument;  Mais  de  ce  [ma  dame)  m'en  doit  sa- 
voir gré  Qu'onques  [je]  n'en  chantai  faiutement, 
ib.  p.  120.  Joram  li  rois  de  Israël  od  tut  sun  esforz 
out  assegied  Hamoth  Galaath  sur  Asael  le  rei  de 
Syrie,  Rois,  378.  ||  xiii*  s.  Et  cil  vienent  à  grant 
esfort.  Qui  le  poisson  vendre  men-ient,  7ien.  39C0. 
Il  xiv*  s.  Premièrement  il  convier  .  de  partir  soy  et 
traire  loing  et  résister  à  plus  grant  effort  au  yize  qui 
est  plus  contraire  à  la  vertu  que  l'en  quert,  orf.sme, 
Elh.  B4.  Car  il  [un  roi]  estoit  de  si  grant  iestre 
[être].  Et  si  redoutés  et  si  fors.  Et  si  grans  estoit 
ses  esforz  [son  armée],  J.  decondet,  p.  149. [[xv*  s. 
Après  cette  ordonnance,  ie  roi  Philippe,  qui  forte- 
ment desiroit  à  trouver  les  anglois  et  eux  combattre, 
se  partit  d'Amiens  à  tout  [avec]  son  effort,  et  elle- 


1310 


EFF 


raucha  vers  Airaines,  Fnoiss.  i,  i,  278.  Elle  veut 
faire  son  effort  De  tout  son  povoir  de  m'aidier,  Et  pour 
ce  luiplaist  m'envoyer  Cette  nefplaine  de  plaisance, 
en.  d'ohl.  Bail.  28.  Tout  homme  armé  doit  estre, 
par  effort,  Crueulx  avant,  piteux  après  victoire, 
EUST.  DEscn.  Poésiesmss.  f"  )09,  dans  LACtinNE.  Le 
roy  avoit  mis  tout  son  effort  en  son  avant  garde, 
oïl  pouvoit  avoir  trois  cens  cinquante  hommes 
d'armes  et  trois  mille  Suisses,  qui  estoit  l'espérance 
de  l'ost,  COMM.  vni,  «.  ||xvi*  s.  Faisant  quelque 
effort  en  saultant,  mont,  i,  02.  Les  efforts  de  nosire 
conception  sont  loinp  au  dessoubs  de  leur  mérite, 
ID.  I,  266.  Tout  l'effort  de  ces  hommes  d'armes 
consiste  en  leur  lance,  amyot,  Lticull.  B3.  Foible 
suis  pour  le  conquester  Un  chasteau  de  si  grand 
effort,  MAROT,  II,  240.  Fossez  profonds  et  murs  de 
grans  efforts  N'environnoient  encor  villes  ne  forts, 

iD.  IV,  4B El  se  tenirooy  sans  rien  entreprendre, 

ny  faire  effort  [violence]  à  aucun  des  habitans,  Sal. 
Uén.  p.  <St. 

—  ÉTYM.  Voy.  effobceb;  provenç.  esfort;  catal. 
csfors;  espagn.  fs/iicrio;  port,  esforço;  ital.  s/br«o. 

EFFRACTION  (i-fra-ksion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),!./'.  Fracture  des  clôtures  d'un  lieu  habité, 
soit  en  vue  de  vol,  soit  pour  toute  autre  cause.  Le  vol 
avec  effraction  est  réputé  crime.  Ce  maréchal  lui 
montre  des  maisons  couvertes  de  fer;  elles  sont 
toutes  fermées,  encore  intactes  et  sans  la  moindre 
effraction  ;  cependant  une  fumée  noire  en  sort  déjà, 
SÉGUR,  Ilist.  de  Nap.Yul,  8. 

—  ÉTYM.  Lat.  efjfractionem ,  de  effractum,  supin 
de  effringcre,  briser  (voy.  rRAGiLE). 

EFFRAIE  (è-frè),  s.  f.  Nom  vulgaire  de  la  chouette 
effraie,  oiseau  nocturne,  du  genre  des  rapaces 
{strix  aluco),  dite  dame  en  quelques  beux  de  la 
France. 

—  ÉTYM.  Probablement  d'effrayer,  à  cause  que 
cet  oiseau  est  superstitieusement  regardé  comme  de 
mauvais  augure. 

EFFRAYANT,  ANTE  (é-frè-ian,  ian-t'),  adj.  Qui 
effraye  ou  est  capable  d'effrayer.  Une  pensée  ef- 
frayante. D'effrayantes  clartés.  Mille  oiseaux  ef- 
frayants, mille  corbeaux  funèbres.  De  ces  murs 
désertés  habitent  les  ténèbres,  boil.  Lutr.  m.  Les 
cloches  dans  les  airs,  de  leurs  voix  argentines,  Ap- 
pelaient à  grand  bruit  les  chantres  i  matines, 
Quand  leur  chef,  agité  d'un  sommeil  effrayant, 
Encor  tout  en  sueur,  se  réveille  en  criant,  id.  t!). 
IV.  Quelque  songe  effrayant  cette  nuit  l'a  frappé, 
FAC.  Esth.  Il,  t.  Quels  regards  effrayants  vous  me 
lancez,  hélas!  volt.  Zaïre,  iv,  e.  ||  Il  se  dit  quel- 
quefois, par  exagération,  d'une  personne  qui  inti- 
mide. Elle  l'a  considérée  sans  frayeur,  parce  qu'elle 
l'a  trouvée  infiniment  moins  effrayante  qu'elle  ne 
l'avait  imaginé,  m""*  de  oenlis,  Adèle  et  Théod. 
t.  Il,  Ictt.  12,  p.  1 50,  dans  pocgens. 

—  SYN.  EFFRAYANT,   EFFROYABLE.  CeS   deUX  mOtS 

ont  même  origine,  puisque  effrayer  e\  effroyer  sont 
deux  formes  d'un  même  mot  ;  il  n'y  a  donc  de  dif- 
férence que  dans  la  finale  :  effrayant  est  le  parti- 
cipe présent  d'effrayer  ;  effroyable  est  l'ailjectif 
verbal  d'effroyer.  La  nuance  est  que  effrayant  est 
strictement  limité  à  la  crainte,  tandis  que  à  effroya- 
ble se  joint  l'idée  accessoire  d'horrible. 

KFFUAYË,  ÉE  (é-frè-ié,  iée),  part,  passé. 
II  1°  Qui  est  en  proie  à  l'effroi.  Effrayé  par  le  bruit 
du  tonnerre.  Je  suis  effrayée  comme  la  vie  passe, 
sÉv.  440.  i  quel  point  je  suis  heureuse  I  je  suis 
effrayée  de  mon  bonheur.  M""' de  of.nlis,  Adèle  et 
Théod.  t.  m,  lett.  B4,  p.  373,  dans  pouoens.  ||  Sut>- 
stantivement.  Tantôt  en  le  voyant  j'ai  fait  de  l'ef- 
frayée, CORN.  Nicom.  I,  B.  Il  Qui  indique  l'effroi. 
De  mon  front  effrayé  je  craignais  la  pileur,  rac. 
Brit.  m,  7.  ||  2° 'ferme  de  blason.  Se  dit  d'un  cheval, 
lorsqu'il  est  représenté  dans  une  situation  rampante. 
EFFRAYER  (è-fré-ié.  La  prononciation  a  changé; 
autrefois,  d'après  Chiffiet,  p.  <97,  elle  était  è-fra-ié), 
j'effraye,  tu  effrayes,  il  effraye  ou  il  effraie,  nous 
effrayons,  vous  effrayez,  ils  effrayent  ou  effraient; 
j'effrayais,  nouseffrayions,  vous  effrayiez;  j'effrayai; 
j'effrayerai  ou  effraierai  ou  effratrai;  j'effrayerais  ou 
effraierais  ou  effralrais;  effraye,  effrayons;  que  j'ef- 
fraye, que  nous  effrayions,  que  vous  effrayiez,  qu'ils 
effrayent;  que  j'effrayasse;  effrayant;  effrayé,  t).  o. 
Il  1°  Causer  de  la  frayeur.  Effrayer  un  enfant.  Des 
bruits  sinistres  effrayaient  la  population.  Il  veut  les 
rappeler  [ses  chevaux],  et  sa  voix  les  effraie,  bac. 
rftèd.  V,  «.  Quel  jour  mêlé  d'horreur  vient  effraver 
mon  ameî  id.  Esth.  m,  4. 112°  S'effrayer,  v.  r'éfl. 
Concevoir  de  la  frayeur.  Il  s'effraya  à  la  vue  du 
péril.  Qui  se  con.sidérera  de  la  sorte  s'effrayera  de 
soi-même,  et,  se  considérant  soutenu,  dans  la  masse 
que  la  nature  lui  a  donnée,  entre  ces  deu«  abîmes 


EFF 

de  l'infini  et  du  néant,  il  tremblera  dans  la  vue  de 
ces  merveilles,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  247,  édit. 
Lahure.  Et  voit-on,  comme  lui,  les  ours  ni  les  pan- 
thères S'effrayer  sottement  de  leurs  propres  chi- 
mères? BOIL.  Sat.  VIII.  La  sultane  à  ce  bruit  fei- 
gnant de  s'effrayer,  rac.  Baj.  i,  1.  Enfin  d'un  chaste 
amour  pourquoi  vous  effrayer?  m.  Phèd.  J,  i. 

—  HIST.  XI*  s.  Li  reis  Marsiles  en  fut  moult  es- 
fraed,  Ch.  de  Bol.  xxxii.  ||xii'  s.  Aine  par  menace 
ne  fui  [je  ne  fus]  trop  esfreez,  Bonc.  p.  )4.  Et  fins 
amis  à  tort  achaisoné  [inculpé]  Est  moult  souvent 
de  legier  [aisément]  effraé,  Couci,  xiv.  Mais  ele  a 
cuer  félon  qui  trop  m'effraie,  ib.  p.  125.  ||xiii'  s.  Si 
se  commencierent  à  effreer  et  à  desconfire,  villeh. 
cxMii.  Quant  lierte  entend  Symon,  durements'en  es- 
froye,  Berte,  cvi.  Le  roy  fut  forment  effraé  [cour- 
roucé] ,et  li  dit  que  moult  estoit  hardi  quant....  joinv. 
268.  ||xiv"s.  Très  bien,  ce  dit  Bertran,  qui  de  riens 
ne  s'effrée....  Guescl.  v.  13819.  ||  xV  s.  L'ost  qui  fut 
tout  effrayé  se  commença  à  émouvoir,  froiss.  ï, 
i,  t88.  Le  capitaine  ouvrit  une  fenestre  sur  les 
fossés  et  saillit  hors  tout  effreé  [surprise  du  château 
de  Berwich  par  les  Écossais],  id.  ii,  ii,  <3.  ||  xvi'  s. 
Elle  fut  si  très  effrayée  de  peur,  qu'elle  demeura 
comme  une  statue  sans  sonner  mot,  marg.  Nouv. 
xxxi.  Il  fist  jetterde  grands  cris  à  ses  gens  et  sonner 
les  trompettes  pour  effroyer  les  ennemis,  amyot, 
Cam.  42.  La  lance  effraye  de  loin  quand  on  la  voit 
branler  avecques  sa  longue  banderole,  langue,  309. 

—  ÉTYM.  Éf  pour  es....  préfixe,  et  le  radical  qui  est 
dans /"rat/furCvoy.ce mot);  picard,  effmyer, ejfrenter; 
provenç.  esfrayar ,  esfredar,  esfreidar.  On  remar- 
quera, dans  l'historique,  esfraier  ou  esfrecr  et  es- 
froier;  le  premier  est  la  prononciation  de  la  Nor- 
mandie et  de  la  partie  ouest  du  centre  ;  l'autre  est 
la  prononciation  de  la  Picardie  et  de  l'autre  partie 
du  centre;  gardant  effrayer,  la  langue  littéraire 
aurait  dû  prendre  effrai;  mais,  par  le  hasard  des 
mélanges,  elle  a  gardé  e//^roi,  ejfroyable,  qui.se  rap- 
portent à  effroyer. 

EFFRÉNÉ,  ÉE  (è-fré-né,  née),  adj.\\  i°  Terme 
de  blason.  Se  dit  d'un  cheval  qui  n'a  ni  bride  ni 
selle,  et  qui  se  nomme  autrement  gai.  ||  2°  Fig.  Qui 
est  sans  frein  moral,  sans  retenue.  Une  licence,  une 
passion  effrénée.  Désirs  effrénés.  Comment,  il  vient 
d'avoir  l'audace  De  me  fermer  la  porte  au  nez.  Et 
de  joindre  encor  la  menace  X  mille  propos  effrénés! 
MOL.  Amph.  m,  4.  Que  devait-il  arriver,  sinon  ce 
qu'on  a  vu,  c'est-à-dire  une  licence  effrénée  dans 
toutes  les  matières  de  la  religion  ?  noss.  Variât.  1 5. 
On  vit  avec  horreur  une  muse  effrénée  Dormir  chez 
un  greffier  la  grasse  matinée,  doil.  Ép.  v.  Doit-on 
donner  le  nom  de  courage  et  de  valeur  à  une  har- 
diesse aveugle,  téméraire,  impétueuse,  qui  ne  con- 
naît point  de  règle  et  qui  n'a  pour  guide  qu'une 
ardeur  insensée  de  fausse  gloire  et  un  désir  effréné 
de  se  distinguer  à  quelque  prix  que  ce  soit?  roll. 
Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  vi,  p.  62),  dans  pougens. 
Vous  voyez  sans  pitfé  ma  douleur  effrénée,  volt. 
Ah.  IV,  1. 

—  HlST.  XIV*  s.  Tant  comme  sa  ribauderie  sera 
plus  non  punie,  de  tant  sera  elle  plus  effrénée, 
BERCHEURE,  f°  «7 ,  rccto.  1|  XVI' S.  Tous  les  ruisseaux 
l'entrée  de  leurs  sources  Laschent  à  plein,  et  d'un 
cours  effréné  Tout  à  l'entour  des  grans  mers  ont 
tourné,  marot,  iv,  27.  Les  elephanssont  si  efirenés 
de  leur  nature  qu'ils  ne  peuvent  endurer  bride  quel- 
conque, v\nÈ,  Monstres,  app.  *.  Hz  redoubtoient  .son 
audace  effrénée  et  son  insolence  de  contemner 
aip'j  les'.oiset  coustumes  de  son  pais,  amyot,  Aie. 
27.  Dont  procéda  l'effrénée  licence  et  la  noncha- 
lance de  toute  honesteté,  ID.  Nicias,  14.  La  des- 
pense qu'ils  sont  contraints  de  faire  et  supporter  à 
nourrir  les  ditz  pauvres  et  malades,  pour  l'effrénée 
multitude  et  habondanced'iceulxqui  y  afflue  chacun 
jour,  Lett.  pat.  1"  oct.  1544. 

—  ÉTYM.  Lat.  effrenatus,  de  ex,  elfrenum,  frein. 
Ou  trouve  aussi  ejfrener  pour  enfrener,  mettre  le 
frein. 

t  HFFRÉ\F,MENT  (è-frè-ne-man),  s.  m.  Néolo- 
gisme. État  d'une  âme  effrénée;  déchaînement  des 
passions. 

—  ÉTYJI.  Voy.  EFFRÉNÉ. 

t  EFFRÉNÉMEXT  (è-fré-né-man),  adv.  D'une 
manière  effrénée. 

—  IIIST.  xvi*  s.  U  court  effrenément  où  le  vin 
l'appelle,  JVia'ls  de  SfraparoJf,  t.  ii,  p.  335.  Sans 
justice  le  peuple  effrenément  vivroit,  rons.  874. 

—  ÉTYM.  Elfréiié,  et  le  suffixe  ment. 

PFFRITÉ  (è-fri-té,  téo),  part,  passif.  Terre  effri- 
tée, terre  devenue  stérile,  non  pour  toute  culture, 
mais  pour  les  végétaux  ayant  les  mêmes  besoins  que 
ceux  qui  ont  produit  l'effritement. 


EFF 

t  EFFRITEMENT  (è-fri-te-man),  S.  m.  Épuisement 
d'une  terre  par  le  retour  de  certaines  cultures. 

—  ÉTYM.  Effriter. 

EFFRITER  (è-fri-té),  «.  o.  Terme  d'agriculture. 
Produire  dans  une  terre  l'effritement.  ||  S'effriter, 
V.  réfl.  La  terre  .s'effrite,  si  l'on  n'y  met  pas  d'en- 
grais. Il  On  dit  aussi  effruiter,  qui,  comme  on  voit 
à  l'historique,  est  la  forme  originelle. 

—  REM.  On  trouve  dans  les  écrivains  modernes 
s'effriter  pour  s'en  aller  en  poussière  :  Des  bas-reliefs 
qui  s'effritent.  Rien  ne  paraît  justifier  ce  sens. 

—  IIIST.  xiii"  s.  Il  [le  vent  du  midi]  effruite  U 
terre,  et  nuist  as  flors.  Psautier,  f°  94.  ||  xv"  s.  Ef- 
fruitier,  eust.  desch.  Poésies  mss.  i°  292,  dansLA- 
CDHNE.  Il  XVI"  s.  Effruicter,  cotgrave.  Effriter  [amai- 
grir une  terre] ,  ID. 

—  ÉTYM.  E(  pour  es....  préfixe,  et  fruit,  ôter  le 
fruit  rendre  incapable  de  fruit;  provenç.  esfruguar, 
rendre  stérile. 

EFFROI  (6-froi),  s.  m.  \\  i°  Grande  frayeur.  Por- 
ter, inspirer  l'effroi.  Je  me  retire  donc  encor  pâle 
d'effroi  ;  Mais  le  jour  est  venu  quand  je  rentre  chez 
moi,  BOIL.  Sat.  vi.  U  est  vrai,  je  n'ai  pu  conce- 
voir sans  effroi  Que  Bajazet  pût  vivre  et  n'être  plus 
à  moi,  RAC.  Baj.  u,  5.  Et  je  ne  dois  la  vie  en  ce 
commun  effroi  Qu'au  bruit  de  mon  trépas  que  je 
bisse  après  moi,  id.  Milhr.  ii,  3.  Seigneur,  je  viens 
à  vous  pleine  d'un  juste  effroi,  id.  Phid.  iv,  4.  Ce 
Juif,  comblé  d'honneurs,  me  cause  quelque  effroi 
id.  Esth.  m,  1.  Quel  trouble  vous  agite  et  quel  ef- 
froi vous  glace?  m.  Alhal.  ii,  B.  Mais  d'où  vient 
que  mon  coeur  frémit  d'un  saint  effroi?  Est-ce  l'es- 
prit divin  qui  s'empare  de  moi?  m.  ib.  m,  '-  Ma 
fille,  me  dit-elle,  avec  un  cri  d'effroi,  ducis,  Othel. 
Il,  t.  Il  Terme  de  chasse.  On  dit  que  le  cerf  part 
d'effroi ,  lorsque  quelqu'un  ou  quelque  chose  qui 
l'effraye  le  fait  partir.  |1  2°  Fig.  Cause  d'effroi.  Ce 
conquérant  a  été  l'effroi  et  la  terreur  de  la  terre  en- 
tière. Au  Dieu  persécuteur,  effroi  du  genre  humain, 
volt.  Vanat.  i,  4. 

—  HIST.  XII*  s.  Dune  sunt  venu  à  lui  ;  tuit  erent 
[étaient]  en  estrei,  Th.  le  mart.  42. 1|  xiii*  s.  Si  me 
puist  Diex  aidier,  j'en  sui  en  grant  esfroy,  Berte, 
cxvi.  ||xv's.  Adonc  commença  l'effroi  grantetfortà 
lever  en  la  ville,  froiss.  ii,  ii,  42.  Le  bon  serviteur, 
sans  faire  effroi  ne  bruit,  vint  heurter  à  la  porte, 
LOUIS  XI,  Nouv.  XXVII.  Il  xvi*  s.  Les  Guodivaulx,  qui 
estoyent  en  embuscade,  sortirent  tous  en  grand  ef- 
froy  sur  Pantagruel,  rab.  Pant.  iv,  41.  Ce  qui  est 
en  partie  cause  de  l'effroy  que  souvent  prenent  plu- 
sieurs gens  de  guerre,  est  leur  ignorance,  lanoub, 
3 18.  Toute  la  cbrestienté  entra  en  grand  effroy,  id 
4)4.  Le  duc  de  Nevers  prit  Beaurain  par  composi- 
tion, Agimont  d'emblée,  et  d'effroi  Chasteau-Tierri, 
n'AUB.  Ilist.  I,  20.  Ils  quittent  leurs  tranchées  et 
d'effroi  en  effroi  .se  mettent  en  fuite,  id.  ib.  Ii,  68. 
Vous  engagez  vostre  valeur  et  vostre  fortune  à  celle 
de  vostre  cheval;  son  effroy  ou  sa  fougue  vous  ren- 
dant ou  téméraire  ou  lasche,  mont,  i,  361,  Que  l'on 
n'eust  à  sonner  nulle  cloche,  sinon  celle  de  l'effroi, 
PASQUIER,  Lettres,  t.  i,  p.  4,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Esfroyer  (voy.  effrayer);  Berry,  ef- 
fray,  effré;  provenç.  esfrei. 

EFFRONTÉ,  ÉE,  (è-fron-té  tée),  adj.  ||  1°  Qui  a  du 
front,  de  l'impudence,  qui  ne  rougit  de  rien.  Une 
femme  effrontée.  J'approuve  bien  la  modestie;  Je  hais 
les  amants  effrontés,  Régnier,  Contre  un  amoureux. 
Au  mépris  du  bon  sens,  le  burlesque  effronté  Trompa 
les  yeux  d'abord,  plut  par  sa  nouveauté,  boil.  Art 
p.  I.  On  n'est  point  effronté  par  choix,  mais  par  com- 
plexion,  la  brut.  viii.  Un  diable,  cornard  effronté. 
Vilains,  ici  guette  vos  belles,  béhang.  Contrat. 
Il  Effronté  comme  un  page  de  cour,  ou,  simple- 
ment, comme  un  page,  très-effronté.  ||  On  dit  en- 
core :  effronté  comme  un  moineau.  ||  2"  U  se  dit 
aussi  des  choses.  Ce  n'est  pas  que  je  croie  en  ces 
temps  effrontés....  Régnier,  Sat.  u.  Et  d'un  zèle 
effronté  couvrant  son  attentat,  corn.  Cinna,  iv, 
3.  Voyez  quelle  assurance  en  cet  oDil  effronté!  RO- 
trou,  .^ntij.  IV,  3.  Ces  douces  Ménades....  Se  font 
des  mois  entiers,  sur  un  lit  effronté,  Traiter  d'une 
visible  et  parfaite  santé,  boil.  Sat.  x.  J'abandonne 
ce  tr.iître  à  toute  ta  colère;  Étouffe  dans  son  sang 
ses  désirs  effrontés,  rac.  Phèd.  iv,  2.  Et  mille  au- 
tres encore,  effrontés  ornements,  Serpentent  sur 
son  sein,  pendent  à  ses  oreilles;  Les  arts  pour  l'em- 
hellir  ont  uni  leurs  merveilles,  oilb.XVIII' siècle. 
Luxe  effronté,  m.  j.  chénier  ,  Gracques ,  i.  2. 
Il  3°  Substantivement.  Un  effronté.  Une  effrontée, 
(juoi  Chrispe  rira  donc  avec  cette  effrontée  Du  plai- 
sir qu'elle  a  pris  à  m'avoir  irritée?  Tristan,  M.  de 
Chrispe,  iv,  7.  Qu'une  jeune  effrontée,  une  inso- 
lente esclave  Vienne  en  ce  lieu  donner  des  frères  à 


EFF 


EGA 


EGA 


1311 


mes  fils,  ROTRou,  Hercule  mourant,  ii,  2.  Hé  I  la 
bonne  effrontée!  mol.  Sgan.  6.  ||  Sectaire  du 
ivi*  sitcle  qui  niait  la  personnalité  du  Saint-Esprit. 
Il  S.  f.  Effrontée ,  sorte  d'ancienne  coiffure  de 
iemme. 

—  IIIST.  xiu*  S.  Qu'est-ce  diable?  es-tu  effrontés! 
Ouei  gens  nous  as-tu  ci  contés?  la  Rose,  <H25. 
Il  xiV  s.  En  courages  acoustumez  à  guerre  et  es- 
frontez  par  chevalerie,  bf.rcukure,  f°  13.  ||  xvi' s. 
Il  disoit  qu'il  estoit  bien  effronté  d'aller  encore  vestu 
de  pourpre  comme  un  roy,  amïot,  Pyrrhus,  69. 

—  ÉTYM.  Ef  pour  es....  préfixe,  et  front,  c'est- 
à-dire  sans  front,  impudent;  provenç.  esfrontat; 
ilal.  s/>on(a(o.  L'ancienne  langue  avait  le  verbe  es- 
fpontir,  qui  signifiait  casser  le  front,  la  tête,  et  fig. 
décontenancer. 

EFFUONTÉMENT  (è-fron-té-man) ,  adv.  Avec  ef- 
fronterie. Il  a  effrontément  soutenu  ce  mensonge; 
il  a  soutenu  effrontément  ce  mensonge. 

—  inST.  xii*  s.  Effronteiment  et  sottement  appa- 
rilliez  por  parler,  isnels  [prompt]  por  enseignier,  et 
tardis  [tard;f ,  lent]  por  oïr,  ST.-bERN.  563.  ||  xvi"  s. 
Et  sur  le  reffus  qu'en  réitéra  sa  majesté,  le  dict 
duc  de  Montpensier  s'advança  fort  efl^rontément  de 
proférer  de  telles  paroles....  cahloix,  ix,  47. 

—  RTVM.  Effronté,  et  le  suffixe  ment. 

EFFROXTEUIE  (  è-fron-te-rie  ) ,  s.  f.  Acte  d'ef- 
fronté. Le  traître,  dites-vous,  appelle  mon  voyage 
Du  nom  d'efl'ronterie  et  de  libertinage,  mair.  So- 
litn.  u,  4.  Il  faut  payer  d'effronterie,  hauteroche, 
Crispin  méd.  ii,  6.  D'Aquin  avait  l'effronterie  de 
vouloir  faire  son  fils  archevêque  al  dispetto  [au  mé- 
pris]  de  tous  les  abbés  de  la  première  qualité,  st- 

S!M.  14,    (50. 

—  ÉTYM.  Effronté. 

EFFUOYAliLE  (è-fro-ia-bl';  plusieurs  prononcent 
è-froi-ia-bl') ,  adj.  ||  !•  Qui  inspire  un  effroi  mêlé 
d'horreur.  Un  spectacle  effroyable.  Une  mort  effroya- 
ble. Seigneur,  le  récit  même  en  paraît  effroyable, 
CORN.  Cinna,  iv,  t.  Mais  que,  dans  cette  effroyable 
confusion  de  toutes  choses,  il  est  beau  de  considérer 
ce  que  la  grande  Henriette  a  entrepris  pour  le  salut 
de  ce  royaume,  Boss.  Jteine  d'Anglet.  Un  Hérode, 
un  Tibère  effroyable  à  nommer,  boil.  Sat.xi.  Quels 
coups  accompagnés  de  regards  effroyables,  rac. 
ilithr.  V,  4.  Je  le  vois  comme  un  monstre  effroyable 
à  mes  yeui,  id.  Phèd.  m,  î.  Un  effroyable  cri, 
sorti  du  fond  des  flots,  id.  ib.  v,  6.  Et  ce  jour  ef- 
froyable [le  massacre  des  Juifs]  arrive  dans  dix  jours, 
ID.  Esth.  I,  3.  Ce  songe  et  ce  rapport,  tout  me  sem- 
ble effroyable,  id.  Àthal.  ii,  5.  ||  2°  Par  extension, 
qui  est  d'une  laideur  repoussante.  Figure  effroyable. 
Il  3°  Excessif,  incroyable.  II  y  avait  un  monde  ef- 
froyable à  cette  assemblée.  Dépense  effroyable. 

—  REM.  Mallierbe  a  employé  effroyable  dans  le 
sens  du  effrayant,  redoutable:  Je  le  connais,  Des- 
tin, vous  avez  arrêté  Qu'aux  deux  fils  de  mon  roi  se 
partage  la  terre;  Et  qu'après  le  trépas  ce  miracle 
de  guerre  Soit  encore  effroyable  en  sa  postérité, 
MALH.  II,  7. 

—  lllST.  XV'  s.  Alors,  si  estes  embusché  [caché]. 
Voirez  quelle  chose  effroyable  Fait  feu  commun  dit 
vegetable,  Ir.  d'alch.  V2».  ||  xvi»  s.  Un  si  effrayable 
incendiaire,  carloix,  vi,  28.  J'eus  à  souffrir  cette 
condition,  que  la  veue  de  ma  maison  m'estoit  ef- 
froyable, MONT.  IV,  206.  Rendre  les  urines  espesses, 
noires  et  effroyables ,  ou  les  avoir  arreslées  par  quel- 
que pierre  espineuse  et  hérissée,  id.  iv,  27(. 

—  ÉTYM.  Effroyer,  une  des  formes  anciennes  d'ef- 
frayer (voy.  effrayer).  La  finale  able  a  ici  un  sens 
actif. 

EFFROYABLEMENT  (è-fro-ia-We-raan  ;  plusieurs 
piononcent  è-froi-ia-ble-man),  adv.  D'une  manière 
effroyable,  excessive.  Elle  est  effroyablement  laide. 
Il  mange  effroyablement.  Il  a  effroyablement  dé- 
pensé depuis  quelque  temps.  ||  Par  plaisanterie.  Mas- 
carille:  Vous  ne  me  dites  rien  de  mes  jilumes,  com- 
ment les  trouvez-vous?  —  Cathos  :  Effroyablement 
belles,  MOL.  Préc.  rid.  lo. 

—  niST.  XVI'  s.  Il  leur  aura  ouy  reputer  très  heu- 
reux les  riches  hommes,  et  redouter  effroyablement 
a  mort  avec  horreur,  ou  le  travail,  amyot.  Comment 
il  faut  lire  les  poët.  50.  Redoublant  Hannibal  trop 
plus  effroyablement  qu'il  ne  devoit,  id.  Fab.  63. 

—  ÉTYM.  Effroyable,  et  le  suffixe  ment. 

t  EFFRDITEU  (è-frui-té),  v.  a.  ||  1°  Voy.  effriter. 
Il  2»  ôter  le  fruit.  Effruiler  un  arbre,  un  verger. 

—  ÉTYM.  /lYpour  es....  préfixe,  el  fruit. 

f  EFFUMEK  (  é-fu-mé)  ,  v.  a.  Terme  de  peintre. 
Éteindre  une  partie  de  quelque  peinture,  qui  parait 
trop  ardente.  Kffumer  une  peinture. 

—  ÉTYM.  i/ pour  ds....  préfixe,  el  fumer.  Dans  le 
xvi'' siècle  s' t7/'«mej  avait  un  sens  métaphorique,  se 


répandre  en  :  Ainsy  verroit  on  eslever  et  avoir  lieu  la 
franchise  de  parler  à  un  chaqu'un;  plusieurs  s'effu- 
meroient  en  paroles  libres,  MONTBOURCH.  Gag.  bat. 

f»  38,  dans  LACOHNE. 

EFFUSION  (èf-fu-zion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.\\  1°  Action  de  répandre  le  contenu  d'un 
vase.  Trois  fois  du  vin  fumeux  L'effusion  légère  al- 
luma les  saints  feux,  SEGRAis,  Géorg.n.  S'il  la  voit 
[la  réforme,  le  protestantisme]  dans  l'effusion  de 
la  seconde  fiole  [les  fioles  de  l'Apocalypse] ,  l'autre 
interprète  la  voit  seulement  à  l'effusion  de  la  sep- 
tième, BOSs.  For.  XIII,  §  44.  Nous  sacrifierons  à  la 
reine  du  ciel  et  nous  lui  ferons  des  effusions,  id. 
Polit.  VII,  VI,  6.  Dieux  que  j'appelle  à  cette  effu- 
sion [d'une  coupe],  Venez  favoriser  notre  réunion, 
RAC.  Brit.  V,  6.  Il  Terme  de  médecine.  Écoulement 
d'un  liquide  qui  sort  de  ses  vaisseaux  ou  réservoirs 
et  qui  s'épanche  dans  une  cavité  ou  dans  les  tissus. 
Il  Terme  d'astronomie.  Effusion  du  Verseau,  portion 
de  la  constellation  du  Verseau,  qui  est  représentée 
sur  les  cartes  célestes  par  l'eau  qui  sort  de  l'urne. 

I  2'  Par  extension.  U  y  eut  dans  ce  combat  une 
grande  effusion  de  sang.  En  attendant  le  coucher 
du  soleil....  afin  de  considérer  à  mon  aise  cette 
riche  effusion  de  couleurs,  balz.  le  Prin.ce ,  avant- 
prop.  Il  3°  Action  de  répandre  hors.  L'Église  tient 
que  le  Père  produit  continuellementle  Fils,  etmain- 
tient  l'éternité  de  son  essence  par  une  effusion  de 
sa  substance,  qui  est  sans  interruption  aussi  bien 
que  sans  fin,  pasc.  Lett.  à  Unie  Perier,  5  nov. 
1048.  Il  4»  Fig.  Effusion  du  cœur,  ou,  simplement, 
efl'usion,  épanchement  d'un  cœur  affectueux  et 
sincère.  Parler  avec  effusion,  parler  avec  abandon. 
L'effusion  d'un  bon  cœur.  C'est  ici  une  effusion  de 
mon  cœur  plutôt  qu'un  ouvrage  et  une  méditalion 
de  mon  esprit,  fléch.  M.  de  Uontausier. 'i:\olre  cœur 
s'échapperait  malgré  nous-mêmes  en  de  saintes  ef- 
fusions, MASS.  Car.  Prière  i.  Avec  qui  vous  n'aurez 
jamais  ces  effusions  de  cœur,  id.  ib.  ||  Effusion  de 
tendresse,  tendresse  manifestée  par  les  paroles,  les 
gestes,  les  actions.  Us  leur  offraient  les  effusions 
sincères  de  la  charité,  m.  Car.  Cuite.  Œil  invisible 
du  Père  céleste,  vous  fûtes  le  seul  témoin  des  se- 
crètes effusions  de  sa  charité,  id.  Or.  fun.  Villars. 

II  5°  Terme  d'alchimie.  Purification  de  la  pierre 
philosophale. 

—  HlST.  xiv  s.  Les  lèvres  d'icele  [plaie]  doivent 
estre  frotées  o  [avec]  une  aguille  ou  o  chose  sembla- 
ble ducques  [jusque]  à  efl'usion  de  sano,  H.  de 
mondeville,  f"  42.  El  ot  illecques  plus  grant  effu- 
sion de  sanc  que  il  n'avoit  eu  en  la  bataille,  ber- 
CHEURE,  f°  38,  verso.  Il  XVI'  s.  L'exploit  sera  faict 
à  moindre  effusion  de  sang  que  sera  possible,  hab. 
Garg.  I,  29.  De  jeunes  garsons  portoient  de  beaux 
vases  d'or  et  d'argent,  pour  faire  les  aspergemens 
et  effusions  qui  se  font  es  sacrifices,  amyot,  P. 
jEm.  56. 

—  ÉTYM.  Lat.  effusionem,  du  supin  effusum,  de 
effundere,  de  ex,  hors  de,  et  fundere,  verser  (voy. 
fondre). 

t  ÉFLAGELLÉ,  ÉE  (é-fla-jèl-lé,  lée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  n'a  pas  de  coulants. 

—  ÉTYM.  Lat.  e,  sans,  et /iagei/um,  fouet,  coulant. 
ÉFOURCEAU  (é-four-sô),  s.  m.  Nom  d'une  voiture 

à  deux  roues  qui  sert  à  conduire  de  pesants  fardeaux, 
tels  que  des  troncs  d'arbres,  de  grosses  poutres,  etc. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  paraît  formé  du  latin  furca, 
fourche  :  chariot  à  fourche,  comp.  fourgon. 

t  ÊGAGRE  (é-ga-gr') ,  s.  f.  Terme  de  zoologie. 
Chèvre  sauvage. 

—  ÉTYM.  AïyaYpoç,  de  aîÇ,  aÎYÔ?,  chèvre,  et 
àfpCa,  sauvage. 

fÉGAGUOPILE  (é-ga-gro-pi-l'),  s.  m.  Concrétion 
qu'on  trouve  quelquefois  dans  les  voies  digestives 
des  chèvres  ou  des  autres  animaux  ruminants. 

—  ÉTYM.  Égagre,  et  nlXo;,  boule  de  laine. 

1  ÉGAGROPILIFORME  (  é-ga-gro-pi-li-for-m'  ) , 
adj.  Qui  a  la  forme  de  l'égagropile.  Calcul  égagro- 
piliforme. 

—  ÉTYM.  Égagropile,  et  forme. 

■\  ËGAIL  (é-gall,  U  mouillées),  s.  m.  Terme  de 
chasse.  Voy.  aiguail. 

ÉGAL,  ALE  (é-gal,  ga-l'),  adj.  ||  1»  Pareil  en 
quantité,  en  valeur.  Cent  francs  en  or  et  cent  francs 
en  billets  sont  des  sommes  égales.  Deux  lignes  éga- 
les entre  elles.  Le  mètre  est  égal  k  la  quarante 
millionième  partie  de  la  circonférence  de  la  terre. 
Pense  qu'il  est  si  grand,  qu'il  n'aurait  point  d'of- 
frande. S'il  n'en  recevait  point  que  d'égales  à  lui, 
MALH.  I,  4.  Que  m'offrirait  de  pis  la  fortune  enne- 
mie, Â  moi  qui  tiens  le  trône  égal  à  l'infamie,  corn. 
m.  de  Pomp.  m,  2.  Peut-on  voir  un  orgueil  à  votre 
orgueil  égal?  id.  Nicom.   v.  7.  Du  nom  de  dicta- 


teur, du  nom  de  général.  Qu'importe  si  des  deux 
le  pouvoir  est  égal?  id.  Sertor.  m,  2.  Hélas I  sei- 
gneur! quel  trouble  au  mien  peut  être  égal?  rac. 
Phèd.l,  2.  Il  n'y  a  point,  dit  Tite  Live,  d'esprits 
plus  susceptibles  de  jalousie  que  ceux  qui  n'ont 
point  un  mérite  égal  à  leur  naissance  et  à  leur  rang, 
ROLL.  IHst.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  497,  dans  pou- 
GENS.  Les  hommes,  qui  tous  savent  le  fort  et  le 
faible  les  uns  des  autres,  connaissent  ceux  qui  leur 
sont  égaux,  sentent  la  supériorité  que  quelques-uns 
ont  sur  eux  et  celle  qu'ils  ont  sur  quelques  autres, 
LA  BHUY.  XI.  Quand  trente  mille  hommes  combat- 
tent en  bataille  rangée  contre  des  troupes  égales  en 
nombre,  volt.  Candide,  4.  ||  Absolument.  Ceci  peut 
s'appliquer  â  la  grandeur  royale  ;  Elle  reçoit  et  don  ne , 
et  la  chose  est  égale;  Tout  travaille  pour  elle,  et 
réciproquement  Tout  tire  d'elle  l'aliment,  la  font. 
Fabl.  III,  2.  Il  n'est  bien  sous  le  ciel  qui  vous  parût 
égal,iD.ib.  VIII,  4  3.  Rien  ne  met  à  l'abri  de  cet  or- 
dre fatal.  Ni  le  rang,  ni  le  sexe,  et  le  crime  est  égal, 
RAC.  Esth.  I,  3.  Depuis  qu'à  Pharaon  ce  peuple  est 
échappé.  Une  égale  terreur  ne  l'avait  point  frappé, 
id.  Athal.  m,  7.  Suivre  d'un  pas  égal  mes  fortunes 
diverses,  id.  Bérén.  i,  4.  Allons;  d'un  pas  égal 
que  ne  puis-je  vous  suivre?  volt.  SIérope,  v,  5.  Ce 
combat  comme  à  nous  peut  leur  être  fatal.  Egaux 
sont  les  périls,  le  courage  est  égal,  c.  delavigne.  Vê- 
pres sicil.  II,  6.  Il  Toutes  choses  égales,  ou  tout  étant 
égal  d'ailleurs,  c'est-à-dire  en  supposant  qu'il  n'y 
ait  aucune  différence  entre  les  choses  dont  il  s'agit. 
Toutes  choses  égales,  une  raison  née  avec  quelque 
élévation  aimerait  encore  mieux  se  tromper,  en  se 
faisant  honneur,  qu'en  se  déclarant  pour  un  parti 
si  ignominieux  à  son  être,  mass.  Car.  Avenir.  |[  La 
partie  est  égale,  la  partie  n'est  pas  égale,  se  dit  de 
deux  joueurs,  de  deux  combattants  qui  sont  ou  ne 
sont  pas  de  même  force.  Comme  la  partie  n'est  pas 
égale,  il  faut  user  de  stratagème  et  éluder  adroite- 
ment le  malheur  qui  me  cherche,  mol.  Festin  de  P. 
11,10.  Il  Tenir  la  balance  égale,  c'est-à-dire  être  d'une 
strictejustice,  d'une  exacte  impartialité,  à  l'égard 
d'hommes  ou  d'opinions  qui  sonten  conflit.  ||  Faire 
tout  égal,  traiter  tout  le  monde  de  même,  ne  favo- 
riser personne.  ||Entermesdegéométrie,égal,quand 
il  se  dit  de  ce  qui  est  figuré,  ne  s'applique  pas  seu- 
lement à  la  valeur,  mais  aux  angles  et  aux  dimen- 
sions, de  telle  sorte  qu'on  puisse  concevoir  l'exacte 
superposition  des  figures.  Un  parallélogramme  est 
partagé  par  sa  diagonale  en  deux  triangles  égauî;  ; 
deux  cercles  décrits  du  même  rayon  sont  égaux;  en- 
tendez que  si  on  les  applique  l'un  sur  l'autre,  ils 
coïncideront  exactement.  Quand  il  n'est  pas  question 
de  la  figure,  ou  quand  la  figure  est  tellement  diffé- 
rente qu'on  ne  peut  songer  à  la  superposition,  égal 
reprend  son  sens  ordinaire,  il  ne  signifie  plus  que 
la  parité  dans  la  quantité.  Tous  les  parallélogrammes 
de  même  base  et  de  même  hauteur  sont  équivalents, 
c'est-à  dire  égaux  en  surface.  Des  volumes  égaux. 
La  sphère  est  égale  aux  deux  tiers  du  cylindre  cir- 
conscrit. |1  Terme  de  botanique.  Aigrette  égale  ,  ai- 
grette composée  de  soies  ayant  à  peu  près  la  même 
longueur.  Polygamie  égale,  ordre  comprenant  les 
syngénèses  dont  toutes  les  fleurs  sont  hermaphro- 
dites. Il  Terme  de  musique  grecque.  Système  égal, 
système  d'Aristoxène  qui  divisait  chaque  tétracorde  en 
trente  parties  égales.  ||  2°  Qui  jouit  des  mêmes  droits. 
Tous  les  hommes  sont  égaux.  Autrefois  les  habitants 
du  pays  n'étaient  pas  égaux  devant  la  loi.  Les  mor- 
tels sont  égaux,  ce  n'est  pas  la  naissance.  C'est 
la  seule  vertu  qui  fait  la  différence,  volt.  Maho- 
met, 1,  4.  Et  vous  semblez  d'un  sang  fait  pour 
donner  des  lois  X  l'Arabe  insolent  qui  marche  égal 
aux  rois,  iD.  Fanât.  1,  2.  ||  3°  Qui  est  toujours  le 
même,  qui  ne  varie  point.  Un  mouvement  égal.  Un 
style  égal.  Du  reste,  en  quoi  répond  au  sort  divers 
Ce  train  toujours  égal  dont  marche  l'univers?  la 
FONT.  Fabl.  II,  43.  Un  style  trop  égal  et  toujours 
uniforme  En  vain  brille  à  nos  yeux,  il  faut  qu'il 
nous  endorme,  boil.  Art  p.  i-  D'un  soin  toujours 
égal  sa  faveur  l'environne,  rac.  Alex,  i,  i.  Ce 
Dieu....  Juge  tous  les  mortels  avec  d'égales  lois,  id. 
Esth.  m,  4.  Il  En  médecine,  on  dit  que  le  pculs 
est  égal ,  que  la  respiration  est  égala ,  lorsque 
les  mouvements  qui  les  constituent  sont  sembla- 
bles pour  la  force  et  la  durée.  ||  4°  Qui  est  c'un 
caractère  doux  et  sans  hauts  ni  bas.  Vous  étiez 
né  doux,  égal,  accessible,  mass.  Car.  Prodigue. 
Modeste,  bonne,  égale,  toujours  obligeante,  natu- 
relle et  réservée.  M-'  de  genlis,  Veill.  du  chdt.  t  i, 
p.  442,  dans  pouGENS.  ||  Se  dit  aussi  de  l'humeur, 
du  caractère.  La  supérieure  n'avait  jamais  vu  de 
religieuse  d'une  humeur  aussi  égale,  chatkaub. 
René,  2)6.  Il  5»  Égal  à  soi-même,  qui  ne  se  dénient 


1312 


EGA 


en  rien.  Virgile  a  fait  son  héros,  modéré,  pieux,  et 
par  conséquent  égal  à  lui-même,  pén.  t.  xxiv  p.  26 
y  Alisolument.  Ce  serait  bien,  seigneur,  de  tout 
point  me  confondre;  Et  je  serais  moins  roi  qu  un 
objet  de  ritié  SI  le  bandeau  royal  m  était  votre 
amitié-  Mais  je  m'alarme  trop  et  Kome  est  plus 
égale,  CORN.  Nicnm.  iv,  B.  ||  Égal,  ainsi  employé  ab- 
solument, a  vieilli.  Il  6°  Qui  estolijet  d'indiflérence. 
Tout  lui  est  égal.  Toute  demeure  lui  fut  égale,  toute 
ia  terre  lui  fut  un  exil,  fléch.  Panég.  l,  352.  Tout 
lui  est  cgal,  pourvu  qu'il  accable  ses  ennemis,  fén. 
Tél.  XI.  Il  y  avait  déjà  longtemps  que  toutes  les  sai- 
sons étaient  devenues  égales  pour  les  soldats  de 
Charles  et  pour  ceux  du  czar.  volt.  Charles  XII, 
4.  One  indifl'érence  suprême.  Voilà  mon  principe  et 
ma  loi;  Tout  lieu,  tout  destin,  tout  système  Par  là 
devient  égal  pour  moi,  gbesset.  Chartreuse.  Tous 
les  hommes,  tous  les  pays,  tous  les  livres  lui  étaient 
égaux,  vAUVEN.  Ergaste.  Ton  fils  est  mort,  disait 
un  guerrier  à  une  mère,  et  la  mère  répondait  en 
pleurant:  c'est  égal,  CHATEAUB.  Natch.  il,  62.  ||  Fa- 
milièrement. C'est  égal,  c'est-à-dire  quoi  qu'il  en  soit. 
C'est  ég.-il,  il  paye  clierson  avantage.  ||  Oui  éprouve 
de  l'indifférence  (emploi  qui  a  vieilli).  Égale  à  tous 
les  deux  jusquesà  la  victoire.  Je  prendrai  part  aux 
maux  sans  en  prendre  à  la  gloire,  corn.  //or.  i,  ). 
Et  je  n'ose  penser  que  d'un  œil  bien  égal  Polyeucte 
en  ces  lieux  puisse  voir  son  rival,  id.  Polyeucte,  m, 
<.  Et  le  prends-tu  pour  homme  à  voir  d'un  œil  égal 
Et  l'amour  de  son  frère,  et  la  mort  d'Annibal?  id. 
Kicom.  II,  t.  Il  7°  Uni,  qui  est  de  niveau,  qui  n'est 
pas  raboteux.  Un  chemin  égal.  ||  8°  Substantive- 
ment. Celui,  celle  qui  est  égale  aux  autres.  Heureux 
d'avoir  vaincu  pour  vivre  son  égal,  corn.  Pomp. 
III,  6.  Ne  nous  associons  qu'avecque  nos  égaux,  la 
FONT.  Fabl.  v,  2.  Je  ceignis  la  tiare  et  marchai  son 
égal,  RAC.  Àthal.  m,  3.  Lucile  aime  mieux  user  sa 
vie  et  se  faire  supporter  de  quelques  grands  que  de 
Tivre  familièrement  avec  ses  égaux,  la  bbuy.  ix. 
Accoutumons  des  rois  la  fierté  despotique  A  trai- 
ter en  égale  avec  la  république,  volt.  Briit.  i, 
t.  Des  égaux!  dès  longtemps  Mahomet  n'en  a  plus, 
ID.  Fanât,  ii,  6.  ||  Qiii  n'a  pas  d'égal,  sans  égal, 
c'est-à-dire  qui  ne  peut  être  égalé.  Et  moi  par  un 
malheur  qui  n'eut  jamais  d'égal,  corn.  Cinna,  m, 
4.  Mais  ce  serait  pour  vous  un  bonheur  sans  égal,  id. 
Xent.  I,  ) .  Tel  porte  jusqu'  aux  cieux  leur  vertu  sans 
égale,  ID.  Ilor.  m,  2.  Une  tendresse  qui  ne  sau- 
rait avoir  d'égale,  SÉV.  a.  De  ses  faits  je  tiens 
registre.  C'est  un  homme  sans  égal,  bérang.  Sénat. 
Il  9*  D'égal,  (oc.  adv.  Sur  le  pied  de  l'égaliié.  Je  ne 
dois  qu'à  moi  seul  toute  ma  renommée,  El  pense 
toutefois  n'avoir  point  de  rival  A  qui  je  fasse  tort 
en  le  traitant  d'égal,  corn.  Exc.  à  Arùte.  11  [Abra- 
ham] traitait  d'égal  avec  les  rois,  Boss.  Hist.  ii,  2. 
Elle  [son  âme]  va  d'égal  avec  les  grandes  âmes,  la 
BBUY.  XI.  Il  10°  X  l'égalde,  loc.  pri'pos.  Comme,  de 
même  que,  autant  que.  La  seule  vérité  donne  aux  af- 
flictions Des  consolations  Durables  à  l'égal  de  la 
sainte  parole,  coRN./mt(.  m,  te.  Des  frères  ne  sont 
rien  à  l'égal  d'un  époux,  id.  jïor.  m,  4.  Rome  se  fera 
craindre  à  l'égal  du  tonnerre,  id.  tb.  iii,B.  A  l'égal 
de  mes  jours  je  la  [ma  haine]  ferai  durer,  id.  Pomp. 
v,  4.  Allons  donner  votre  ordre  à  des  pompes  funèbres, 
X  l'égal  de  son  nom  illustres  et  célèbres,  id.  Serlor.v, 
8.  Un  homme  que  je  bais  à  l'égal  de  la  mort,  mol. 
École  des  maris,  ii,  t(.  A  l'égal  des  Persans  je  veux 
qu'on  les  honore,  RAC.  Est/j.  iii,7.||A  l'égal  de,  avec 
un  infinitif.  Et  le  trépas  en  soi  n'a  rien  de  rigoureux 
X  l'égal  de  vous  rendre  un  rival  plus  heureux, 
CORN.  Penh.  II,  t.  Il  Absolument.  Je  suis  craint  à 
l'égal  sur  la  terre  et  sur  l'onde,  corn.  Illusion  co- 
mique, m,  *l.  C'est  ce  qui  attire  si  puissamment 
sur  nous  les  affections  de  la  sainte  Vierge  qu'il  n'y 
a  point  de  mère  qui  puisse  aller  à  l'égal,  noss. 
V  serm.  Compass.  de  la  sainte  Vierge,  2.  Quant  à 
moi  qui  méprise  presque  à  l'égal  les  injures  et  les 
dénonciationsindividuelles....  Mirabeau,  Collection, 
t.  IV,  p.  306.  Il  X  son  égal,  en  comparaison  de.  Ah  I 
si  vous  connaissiez,  mes  frères,  ce  que  vous  per- 
dez en  perdant  la  grâce  sanctifiante;  si  vous  saviez 
que  la  perle  de  l'univers  n'est  rien  à  son  égal,  mass. 
Myst.  llésurr.  ||  Proverbe.  Cela  est  égal  comme  deux 
œufs,  se  dii  de  deux  choses  absolument  conformes. 
—  msT.  XI'  s.  E  il  metrad  [le  bétail  en  litige]  en 
uele  [égale]  main,  d'ici  là  que  ilseit  derained  [jugé], 
lot»  de  Cuill.  26.  Si  home  muert  sans  devise  [testa- 
ment], si  départent  li  enfant  l'erité  entre  sei  par 
uwel  [égal] ,  tb.  3o.  ||  xii-  s.  Esgal  leis,  esgal  peine, 
csgul  mal  Tos  aient,  Rou,  v.  2030.  Là  seront  li 
denier  livré  par  igal  pois,  Sax.  xxxiii.  Tel  qui 
tist  personel  de!  verbe  impersonel ,  Singuler  et 
plurel  STCit  tut  pcr  igal,  Th.  le  mort  66.  ||  xiii*  s. 


EGA 

Li  jors  estoit  biaus  et  seris,  et  li  plains  tant  in- 
gaus  que  il  n'i  avoit  mal  pas  ne  chose  qui  dcstor- 
berlespeust,  H.  »e  valenc.  vi.  Et  es  livres  et  el 
cheval  Partirai-ge  tôt  par  igal  Et  mot  à  mot  et 
foil  à  foil,  lien.  2  H  98.  Certaine  coze  est  que  les 
mesurés  ne  sont  pas  en  la  comté  de  Clermont  ygaus, 
ains  se  diversefient  en  plusors  viles,  bkaum.  xxvi, 
s.  Il  xiv  s.  Et  ce  que  nous  appelions  ici  egual,  c'est 
le  moien  entre  superhundance  ou  excès  d'une  part 
etdeffaut  d'autre  part,  obesme,  £l/i.44.  i|  xv*  s.  Et 
ceulx  qui  sont  de  povoir  ou  de  nombre  equal,  et  qui 
tous  de  bon  cœur  requièrent  à  l'ayde  de  Dieu  l'ung 
contre  l'aultre,  Jeh.  de  Saintré,  ch.  48.  ||  xvi'  s.  Il 
[le  Fils]  estoit  égal  à  Dieu ,  avant  que  s'anéantir  sous 
la  forme  de  serviteur;  or  comment  celte  equalité 
pourroit-elle  convenir,  sinon  qu'il  fust  le  Dieu  du 
quel  le  nom  est  souverain?  calv.  Instit.  94.  En  l'ami- 
tié, c'est  une  chaleur  tempérée  et  égale,  mont.i,  209. 
Des  enfants  ont  commandé  des  grands  estais,  à 
l'egual  des  plus  suffisants  princes,  id.  iv,  52.  Sylla 
lui  faisoit  des  honneurs,  qu'il  portoit  bien  peu  sou- 
vent aux  plus  vieux  et  à  ceulx  qui  esloient  égaux  à 
luy,  AMYOT,  Crassus,  10. 

—  ÉTYM.  Wallon,  ewal;  anc.  wallon,  enweii; 
norm.  ignau,  qui  est  sans  façon,  c'est-à-dire  égal 
pour  tout  le  monde;  provenç,  egual,  ertgai;  calai. 
egual;  espagn.  et  portug.  igual;  liai,  eguale;  du  la- 
tin ssqualis,  dérivé  d'œquus,  uni,  jujte.  Uwel,  uel 
est  la  plus  ancienne  forme,  laquelle  correspond  à 
la  forme  italienne  uguale.  On  trouve  aussi,  dans 
l'ancien  français,  ive,  qui  vient  de  sequus. 

\  ÉGALABLE  (é-ga-la-bl'),  adj.  Qu'on  peut  égaler. 

—  HIST   xvi' s.  Egalable,  oudin,  Dicl. 

—  ÉTYM.  Égaler. 

t  ÉGALADE  (é-ga-la-d"),  i.  f.  Variété  de  la  châ- 
taigne ordinaire. 

t  ÉGAL-X-TOUS,  (é-ga-la-tous'),  t.  m.  Terme  de 
marine.  Nom  du  pavillon  de  signaux,  qui  n'a  pas  de 
numéro  par  lui-même,  mais  qui  prend  toujours, 
quand  il  est  hissé  en  signal,  le  numéro  de  celui  qui 
est  au-dessus  de  lui. 

( .  ÉGALÉ,  ÉE  (é-ga-lé,  lée),  part,  passé.  ]\  l"  Rendu 
égal.  La  grandeur  de  Napoléon  égalée  à  celle  des 
César  et  des  Alexandre.  ||  2°  Atteint.  Les  anciens 
égalés  par  les  modernes.  ||  3°  Terme  d'astronomie. 
Corrigé  par  des  équations.  Anomalie  égalée. 

t  2.  ÉGALÉ,  ÉE  (é-ga-lé, lée), adj.  Terme  de  fau- 
connerie. Oiseau  égalé,  oiseau  qui  porte  sur  le  dos 
des  mouchetures  blanches  appelées  égalures. 

1.  ÉGALEMENT  (é-ga-le-nwn),  s.  m.  Terme  de 
droit.  Distribution  préalable  faite  avant  partage 
entre  des  enfants  héritiers  de  leur  père  ou  de  leur 
mère  qui  avait  donné  un  avancement  d'hoirie  à  l'un 
d'entre  eux. 

—  HIST.  xvi*  s.  Si,  en  faisant  le  partage  du  fief, 
les  tenanciers  avoient  fait  également  de  rentes  sans 
appeler  le  seigneur,  Coustum.  gêner,  t.  11,  p.  609. 

—  ÉTYM..  i'gater;  provenç.  également,  engale- 
menl;  catal.  igualament;  espagn.  igualamiento. 

2.  ÉGALEMENT  (é-ga-leman),  adv.  D'une  ma- 
nière égale,  semblablemenl.  Il  les  a  traités  égale- 
ment. 11  les  a  également  punis.  L'infamie  est  pa- 
reille et  suit  également  Le  guerrier  sans  courage  et 
le  perfide  amant,  corn.  Cid,  iii,  e.  Cette  peur  me 
touchait,  mon  frère,  également,  id.  Itodog.  1,  5. 
Nos  esprits  étaient  donc  également  distraits,   m. 

Sertor.iv,  3 La  main  des  Parques  blêmes  De 

vos  jours  et  des  miens  se  joue  également,  la  font. 
Fabl.  XI,  8.  Ceux  qui  nous  ravissent  les  biens  par 
la  violence  ou  par  l'injustice,  nous  marquent  assez 
leur  haine  pour  nous;  mais  ils  ne  nous  prouvent  pas 
également  qu'ils  aient  perdu  à  notre  égard  toute 
sorte  d'estime,  la  bbuy.  xi.  Les  vainqueurs,  les 
vaincus,  tous  ces  faibles  humains.  Sont  tous  éga- 
lement l'ouvrage  de  tes  mains,  volt.  Alz.  iv,  5. 
Et  le  riche  et  le  pauvre  ,  et  le  faible  et  le  fori 
Vont  tous  également  des  douleurs  à  la  mort,  id. 
1"  Discours. 

—  HIST.  xiii'  s.  Aucune  fois  avient  que  il  est  plus 
punis,  et  aucune  fois  moins,  ou  aucune  fois  ivel- 
ment,  itr.  dejusl.  3.  Riche  estoient  tuit  egaument. 
Et  s'enlramoient  loiaument  Les  simples  gens  de 
bonne  vie,  la  Rose,  9559.  Neporquant  autresinc 
grant  perte  Reçoit  l'ame  en  trop  grant  poverte. 
Comme  el  fait  en  trop  grant  richece.  L'un  et  l'autre 
igaument  la  blece,  ib.  mee.  ||  xvi*  s.  Tout  ce  qui 
s'appelle  bien  est  equalemenl  mal  à  l'injuste,  comme 
bien  au  juste,  mont,  i,  329.  La  peur  extrême  et 
l'extrême  ardeur  de  courage  troublent  egualement 
le  ventre  et  le  laschent,  id.  i,  387. 

—  ÉTYM.  Égale,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
fgualmen,  egalmen,  engualmen;  espagn.  igual- 
vxcnte;  itaî.  cgualmeitte. 


EGA 

ÉGALER  (é-ga-lé),  v.  a.  ||  !•  Rendre  égal.  Égaler 
les  parts.  La  mort  égale  les  hommes.  C'est  de  là  que 
nous  est  né  ce  prétendu  règne  du  Christ,  inconnu 
jusques  alors  au  christianisme,  qui  devait  anéan 
tir  toute  la  royauté  et  égaler  tous  les  hommes, 
BOSs.  Reine  d'angl.  Exemple  le  plus  capable  de 
persuader  aux  ambitieux  qu'il  n'ont  aucun  moyen 
do  so  distinguer  ni  par  leur  naissance,  ni  par  leur 
grandeur,  ni  par  leur  esprit,  puisque  la  mort,  qui 
ég,-ile  tout,  les  domine  de  tout  côté  avec  tant  d'em- 
pire, et  que  d'une  main  si  prompte  et  si  souveraine 
elle  renverse  les  têtes  les  plus  respectées,  id.  Duch. 
d'Orl.  II  est  à  remarquer  que  souvent  les  avantages 
ou  les  forces  [entre  deux  joueurs]  sont  incommen- 
surables, do  sorte  que  les  deux  jouenrs  no  peuvent 
jamais  être  parfaitement  égalés,  FONTE!f,  Bernoulli. 
Il  Egaler  à,  rendre  égal  à.  La  race  do  Léoace  étant 
patricienne,  l'éclat  de  ses  vertus  l'égalait  à  la 
mienne,  corn.  Hcracl.  m,  4.  Pour  nous  égaler  ceux 
que  nous  avons  soumis,  tristan,  M.deChrispe,  m, 
6.  Jérémie  lui-même,  qui  seul  semble  être  capable 
d'égaler  les  lamentations  aux  calamités,  ne  suffirait 
pas  à  de  tels  regrets,  BOss.  Reine  d'Angl.  ||  Malherbe 
a  dit  égaler  avec.  Que  s'il  peut  un  jour  égaler  Sa 
force  avecque  sa  furie,  malh.  m,  3. 112"  Être  égal 
à.  La  recette  égale  la  dépense.  Deux  multiplié  par 
cinq  égale  dix.  Une  race  qui  égaler.iit  les  étoiles  du 
ciel,  BOSS.  Hist.  II,  2.  Envieuse  [la  grenouille], 
s'étend,  et  s'enfle  et  se  travaille  Pour  épiler  l'ani- 
mal [le  bœuf]  en  grosseur,  la  font.  Fabl.  i,  3.  Rien 
n'égale  en  fureur,  en  monstrueux  caprices.  Une 
fausse  vertu  qui  s'abandonne  aux  vices,  boil.  Sat. 
X.  Mes  remords  infinis  Ont  égalé  mon  crime  et  vengé 
mon  pays,  volt.  Brut,  v,  7.  Tes  maux  vontégaler 
les  maux  où  tu  m'exposes,  id.  Zaïre,  v,  (O.  L'his- 
toire n'en  parle  qu'à  regret  [de  la  conduite  de  Murât], 
depuis  que  le  repentir  et  le  malheur  ont  égalé  le 
crime,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  xii,  5.  ||  3°  Être  égal  en 
droits.  Aux  deux  bouts  de  la  terre  en  est-il  un  [roi] 
si  vain  Qu'il  prétende  égaler  un  citoyen  romain  ? 
CORN.  Cinna,  iit,  4.  ||4°  Être  égal  en  mérite.  Cet 
auteur  a  égalé  les  anciens.  Alexandre  s'était  proposé 
d'égaler  en  tout  la  gloire  de  Bacchus,  vaugel.  Q.  C. 
liv.  IX,  ch.  (0,  dans  RiciiELET.  Corneille  ne  peut  être 
égalé  dans  les  endroits  où  il  excelle,  la  bbuy.  1. 
Je  l'admirais  moi-même,  et  mon  cœur  combattu  S'in- 
dignait qu'un  chrétien  m'égalât  en  vertu,  volt.  Zaïre, 
IV,  6.  Il  5° Égaler  quelqu'un  à  un  autre, prétendre  qu'il 
lui  est  égal.  Et  ne  .savez-vous  pas  qu'il  n'est  princes  ni 
rois  Qu'elle  [Rome]  daigne  égaler  à  ses  moindres 
bourgeois,  coen.  Kicom.  i,  2.  Laissons-lui  égaler  le 
fol  et  le  sage,  etmême  jene  craindrai  pas  de  le  dire 
hautement  dans  cette  chaire,  laissons-lui  confondre 
l'homme  avec  la  bête,  Boss.  Duch.  d'Orl.  ||  6°  Rendre 
uni.  Cette  allée  est  raboteuse,  il  faut  l'égaler.  Peu 
usité.  117°  S'égaler,  v.  réfl.  Devenir  égal.  Les  doigts 
inégaux  entre  eux  s'égalent  pour  embrasser  ce  qu'ils 
tiennent,  Boss.  Connaiss.  11,  2.  ||  Se  prétendre  égal 
Il  s'égalait  aux  plus  savants. 

—  HIST.  XVI'  s.  Pour  lequel  chemin  dresser  el 
esgualer  [rendre  uni],  on  adesmoly  et  abbattu  pli, s 
de  deux  cenz  maisons,  rab.  Épi.  8.  Réfutant  l'erreur 
de  ceux  qui,  sous  ombre  de  la  généralité  des  pro- 
messes, voudroyent  égaler  tout  le  genre  humain, 
CALV.  Inslit.  791.  11  ne  voulut  point  offenser  sa  règle 
de  vraie  amitié,  qui  égale  le  prince  et  le  pauvre, 
MARG.  Aou».  xLii.  J'entreprends  dem'egualer  à  mes 
larrecins  [textes  des  auteurs  copiés  par  lui],  mont. 
i,  <66.  Il  avoit  soin  d'egualer  [égaliser]  et  disperser 
le  dommage  qu'il  faisoit,  id.  m,  360.  Ceste  ordon- 
nance n'égala  pas  tous  les  citoyens  en  facultez  et 
en  biens,  comme  Lycurgus  avoit  fait  les  Lacedemo- 
niens,  amyot,  Solon,  26.  N'espérant  passe  pouvoir 
égaler  à  lui  en  faicts  d'armes,  il  se  donna  aux  af- 
faires de  ville,  id.  Crass.  (t.  Il  s'esgaloit  en  son 
vestir,  en  son  vivre  ordinaire,  plutost  aux  simples 
soudards,  que  non  pas  aux  capitaines,  lo.  Cat. 
d'Uliq.  1». 

—  ÉTYM.  Égal;  wallon,  etcaler,  niveler;  rotichi, 
égalir;  prov.  egalar,   engaihar ;   espagn.   igualar. 

■]  ÉGALIR  (é-ga-lir),  j'égalissais,  égalissant,  v.  a. 
Il  1°  Rendre  les  dents  d'une  roue  égales.  ||  2"  Terme 
d'horlogerie.  Égalir  une  fusée  au  ressort,  faire  qu'un 
ressort  tire  avec  la  même  force  partout.  ||  3°  Égalir 
ou  égaliser,  distribuer  partout  également  dans  la 
soie  le  peu  d'eau  qui  reste  par  places  après  les  coups 
de  torse. 

—  ÉTYM.  Égal. 

ÉGALISATION  (é-ga-li-za-sion),  ».  {.  Action  d'é- 
galiser. Il  Spécialement,  action  d'égaliser  les  lots 
dans  un  partage. 

—  ÉTYM.  Égaliser. 

ÉGALISÉ,    ÉE  (é-ga-li  zé,    zéf),   por(.    passé. 


EGA 

Il  1°  Rendu  égal,  en  parlant  des  choses.  Les  contri- 
butions égalisées.  ||  2»  Rendu  uni.  Une  allée  égalisée. 
l|  Poudre  égalisée,  poudre  de  guerre  ou  de  chasse 
mise  en  grain  et  tamisée. 

ÉGALISER  (é-ga-li-zé),  ».  a.  \]  l" Rendre  égal,  de 
même  valeur,  en  parlant  des  choses.  Égaliser  les 
lots  dans  un  partage.  L'amour  égalise  les  comlitions. 
Il  2°  Égaliserun  terrain,  le  rendre  uni.  ||  3» Égaliser 
la  poudre,  la  mettre  en  grains  et  la  tamiser.  ||  Éga- 
liser les  cheveux,  les  couper  d'égale  longueur. 
Il  4°  S'égaliser,  v.  réfl.  Devenir  égal.  En  procédant 
ainsi,  les  lots  s'égaliseront. 

—  REM.  Voltaire  blâmait  égaliser  comme  Inutile 
à  côté  d'égaler.  Mais,  malgré  l'opposition  de  Vol- 
taire, ce  mot  est  admis  aujourd'hui. 

—  SYN.  ÉGALER.  ÉGALISES.  Ces  deux  verbes,  iden- 
tiques d'ailleurs,  ne  diffèrent  que  par  l'affixe  com- 
posé l'ser,  qui,  dans  les  verbes  actifs,  a  le  même 
sens  à  peu  près  que  l'affixe  simple  er.  Aussi  l'usage 
n'a-t-d  établi  d'autre  nuance  que  celle-ci  :  c'est  que, 
dans  le  sens  de  rendre  égal  ou  rendre  uni,  égaliser 
est  plus  usité  qu'égaler. 

■—  HIST.  XVI*  s.  Egaliser,  monet. 

—  ÉTYM.  Égal,  et  la  terminaison  verbale  iser, 
qui  signifie  ordinairement  faire,  rendre,  par  exemple 
utiliser,  fertiliser. 

fÉGALISOIU  (é-ga-li-zoir),  s.  m.  Crible  pour  éga- 
liser la  poudre  à  canon. 

—  t.T<U.-Égaiiser. 
tÉGALISSAGE{é-ga-li-sa-j'),s.  m.  Action  d'égalir. 

—  ÉTYM.  Êgalir ,  au  part,  présent  égalissant. 

t  EGALlSUUES(é-ga-li-zur'),  s.  f.  pi.  Poudre  de 
guerre  ou  de  chasse  qui  a  été  égalisée,  c'est-à-dire 
mise  on  grain  et  tamisée. 

—  ÉTYM.  Égaliser. 

fÉGAUTAIRE  (é-ga-li-tê-r'),  adj.  Néologisme. 
Qui  aime  l'égalité,  qui  fait  prévaloir  l'égalité.  La 
France  est  une  société  égalitaire.  ||  Qui  est  partisan 
du  partage  égal  entre  tous  les  membres  de  la  so- 
ciété. Les  opinions  égalitaires.  ||S.  m.  Partisan  de 
ces  opinions.  Un  égalitaire. 

—  ÉTYM.  Égalité. 

ÉGALITÉ  (é-ga  li-té),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de  ce  qui 
est  égal.  Égalité  de  deux  lignes,  de  deux  angles. 
Égalité  d'âge,  de  mérite.  Mon  exemple  et  sa  faute 
ont  peu  d'égalité,  corn.  Œdipe,  i,  6.  Car  enfin, 
madame,  puisque  votre  exemple  m'autorise,  je  ne 
feindrai  point  de  vous  dire  que  l'amour  aujourd'hui 
s'est  rendu  maître  de  mon  cœur....  je  suis  ravi, 
madame,  que  par  cette  égalité  de  défaite  nous 
n'ayons  rien  à  nous  reprocher  l'un  à  l'autre,  mol. 
la  l'rinc.  d'ÉL  iv,  (.L'égalité  des  possessions  et  des 
richesses....  entraîne  une  anarchie  universelle,  la 
niiuv.  XVI.  Trois  cents  chevaliers  des  plus  considé- 
rables qui  servissent  d'assesseurs  au  sénat  et  qui 
jugeassent  toutes  les  afTaires  avec  une  égalité  de 
suffrages  et  de  pouvoir,  vebtot,  Rétol.  rom.  ix, 
p.  334.  Il  n'y  a  dans  la  nature  qu'une  égalité  de 
droit,  et  jamais  une  égalité  défait,  raynal,  llisl. 
xviii,  *.  Il  X  égalité,  si  les  choses  dont  on  parle  sont 
égales.  X  égalité  de  prix,  je  préfère  cette  étoffe-ci. 
À  égalité  de  mérite.  ||  2°  Absolument.  État  de  con- 
ditions égales.  L'égalité  entre  frères  n'existait  pas 
quand  l'aîné  avait  toute  la  fortune.  L'amitié  demande 
légalité.  L'égalité,  mon  frère,  en  est  [de  l'amitié] 
le  ferme  appui.  C'en  est  le  fondement,  la  liaison,  le 
gage,  CORN,  iiodoj.  i,  B.  Mon  coeur,  plus  incapable 
encor  de  vanité.  Ne  ferait  point  de  choix  que  dans 
l'égalité,  iD.  Théod,  ii,  2.  Et  tous  ces  rois  de  nom 
en  effet  obéissent,  Tandis  que  de  leur  rang  l'inutile 
fierté  S'applaudit  d'une  vaine  et  fausse  égalité,  m. 
Sertor.  ii,  i .  L'amour  sait  bien  sans  sceptre  établir  sa 
puissance.  Et,  soumettant  nos  coeurs  par  de  secrets 
appas.  Fait  les  égalités  et  ne  les  cherche  pas,  rotrou, 
Venceslas,  ii,  2.  Dans  notre  égalité  nous  chérissons 
nos  frères,  volt.  Fanât.  I,  2.  ||  L'égalité  devant  la 
loi,  condition  d'après  laquelle  tous  les  citoyens  sont 
sujets  de  la  loi,  sans  exception  ni  privilège.  ||  Or- 
L'anisation  sociale  dans  laquelle  tous  les  privilèges 
;o  liasses  sontdétruits.  Liberté,  égalité,  fraternité, 
lievise  politique.  Mais  il  parle  d'égalité.  De  mes  par- 
chemins il  se  raille,  bérang.  Prétint.  \\  3°  Unifor- 
mité. L'égalité  du  mouvement.  L'égalité  du  pouls, 
de  la  respiration.  Il  4°  Égalité  d'humeur,  ou,  sim- 
plement, égalité,  modération  que  ne  trouble  aucune 
impatience.  Voyez  quelle  assurance  en  cet  oeil  ef- 
fronté! Quel  superbe  maintien  et  quelle  égalité! 
rotrou,  Antig.  tv,  3.  Or  cette  égalité  dont  se  forme 
le  sage.  Qui  jamais  moins  que  l'homme  en  a  connu 
l'usage?  BoiL.  Sat.  viii.  L'égalité  d'humeur  fut  tou- 
jours mon  partage,  lachaussée,  Mélanide,  i,  4. 
Lesqualités  de  son  âme,  la  franchise  et  l'égalité  na- 
turelle de  son  caractère,  condohget,  Bcrfin.  |  15"  Su- 

UICT.   DE  LA   LANGUE  FRANÇAISE. 


EGA 

perficie  plane  et  unie.  L'égalité  du  soL  ||  6°  Terme 
d'algèbre.  Synonyme  assez  peu  usité  d'équation.  Ce- 
lui-ci ne  saura  pas  si  Mme  est  immortelle;  il  serait 
peut-être  bien  empêché  à  vous  prouver  qu'il  y  a  un 
Dieu,  et  il  vous  réduira  les  égalités  de  l'algèbre 
les  plus  composées  avec  une  facilité  surprenante, 
malebr.  Entret.  métaph.  v.  ||  Terme  d'astronomie. 
Cercle  d'égalité,  voy.  Bouant.  \\T  Jeu  qui  se  joue 
avec  trois  dés  et  un  tableau  divisé  en  six  cases. 

—  HIST.  xm'  s.  Tous  les  met  [nature]  en  equa- 
lité  Quant  à  l'estatd'umanité,  la  Rose,  I8t)90.  Droiz 
est  art  de  bien  et  de  igauté,  Litre  de  Just.  t .  \\  xiv"  s. 
Sans  monoie  ne  pourroit  il  le  monde  bonnement 
estre  gouverné,  ne  faire  droite  egauté  à  chacun  de 

I  ce  qui  est  sien,  Ordonn.  des  rois  de  France,  t.  ii, 
!  p.  340.  Souveraine  egauté,  bercheure,  f°oi.  ||  xv*s. 
]  Trois  chaisnes  tendues  sur  la  rivière,  la  première 
I  demy  pied  dedans  l'eau,  la  secon-de  en  l'égalité  de 

l'eau,  et  la  troisième  deux  pieds  dessus,  monstrel. 

t.    I,   f°  208,    dans  lacuhne.   |i   xvi'   s.    L'equalité 

est  la  premiers   pièce  de  l'équité,    mont,   i,    87. 

Nous  verrions  reluire  en  sa  vie  une  equalité  de 

mœurs,  id.  ii,  4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  engaltat ;  catal.  igualat;  es- 
pagn.  igualdad;  ital.  ugualità;  du  latin  œqualita- 
tem,  d'œqvalis,  égal. 

fÉGALORE  (é-ga-lu-r'),  *.  f.  Terme  de  faucon- 
nerie. Nom  donné  à  des  mouchetures  blanches  sur 
le  dos  d'un  oiseau. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  viendrait-il  de  é  préfixe,  et  gail, 
qui,  en  certains  patois,  et  notamment  en  Dauphiné, 
signifie  de  couleur  variée  ? 

i.  ÉG.\RD  (é-gar  ;  ledne  se  lie  pas  :  avoir  é-gar  à; 
au  pluriel,  l's  ne  se  lie  pas  :  des  é-gar  attentifs;  ce- 
pendant plusieurs  la  lient  :  des  é-gar-z  attentifs), 
s.  m.  Il  1°  Proprement,  action  de  regarder,  prise  en 
j  considération.  Une  chose  de  si  grande  étendue  a 
I  trop  d'égards  et  de  nuances,  méré,  (Euvres  posth. 
'  t.  i,  p.  264^  Soit  que  l'on  veuille  bien  parler  ou  bien 
écrire,  il  faut  avoir  bien   des  égards,  id.  ib.  Cette 
1  attention  particulière  qui  paraît  en  Dieu  quand  il 
fait  l'homme,  nous  montre  qu'il  a  pour  lui  un  égard 
'particulier,   boss.  Hist.  ii,    i.  J'aurai  toujours  un 
'  égard  particulier  à  tout  ce  qui  vous  touche,  id.  Lett. 
Corn.  40.  Pour  bien  juger  un  grand  peuple,  il  faut 
n'avoir  aucun  égard  personnel,  saurin  (le  prédica- 
:  teur) ,  Sagesse  de  Salomon.  \\  Et;  cesens,  égard  s'em- 
!  ploie  surtout,   comme    complément,  avec  le  verbe 
I  orotr  et  les.  prépositions  sans   et  par.  Il  te  faut 
\  avoir,  Avecques  ton  amour,  égard  à  ton  devoir,  hé- 
;  ONIF.R,  Élég.  2.  Ayons  quelque  égard  à  la  délicatesse 
de  leur  humeur,  balz.  Disc,  à  la  régente.  L'inclina- 
tion d'une   fille  est  une  chose  oit  l'on  doit  avoir  de 
l'égard,  mol.  l'Avare,  i,  7.  Nous  n'avons  eu  égard 
qu'au  repcs  de   leurs  consciences,   PAsc.  Prov.   8. 
On  est  obligé  d'avoir  égard  au  bien  de  l'État,  in. 
!  Pro\).  13.  Ayant  égard  à  la  faiblesse  des  sens,  boss. 
Am.  des  plais.  I.  Il  [Théodecte]  a  si  peu  d'égard  au 
temps,  aux   personnes,  aux  bienséances,  que  cha- 
I  cun  a  son  fait  sans  qu'il  ait  eu  intention  de  le  lui 
donner,    la  bruy.  v.  Comment   voulez-vous  que 
Dieu  ait  égard   à  une  faiblesse  à  laquelle  vous  en 
avez  si  peu  vou.s-mème?  mass.  Car.  Fausse  conf. 
Il  Sans  égard  pour,  sans  tenir  compte  de.  Qu'il  fal- 
lait en  faire  un  nouveau  partage  [des  terres],  sans 
aucun  égard   pour  ceux  qui,   sous  différents  pré- 
textes, se  les  étaient  appropriées,  vertot,  Hévolut. 
rom.  m,   225.  ||  Par  égard  à  ou  pour,  par  considé- 
ration pour.  Illustres  chevaliers....  Qui  daignez  par 
égard  au  déclin  de  mes   ans....  volt.  Tancr.  i,  1. 
Vous  daignez,  par  égard  au  malheur  qui  l'accable. 
Accorder   l'entretien  que  demande   un  coupable, 
c.   DELAviGNE,   Vépr.  sicil.  IV,  l.||Eu  égard  à,  en 
considération  de.  Je  pourrais  vous  demander  si,  eu 
égard  aux  inclinations  heureuses  de  pudeur  et  de 
retenue,  aux  dispositions  dont  Dieu  vous  avait  favo- 
risé en   naissant mass.  Car.  Fausse  conf.  \\lin 

égard  que.  Eu  égard  qu'étant  substance  immaté- 
rielle, G.  NAUDÉ,  Apologie,  p.  43a.||On  dit  plutôt 
aujourd'hui  :  eu  égard  à  ce  que.  ||  2°  Déférence, 
marque  de  considération,  d'estime.  Il  vous  témoigne 
toute  sorte  d'égards.  Si  vous  n'osez  avoir  d'égard  h 
sa  personne,  cor:^ .  Polyeucte ,  m,  5.  Les  grands  sei- 
gneurs sont  pleins  d'égards  pour  les  princes,  la 
BRUY.  VIII.  Vous  savez  pour  Joad  mes  égards,  mes 
mesures,  rac.  Athal.  Il,  B.  Si  je  n'avais  des  égards 
pour  une  famille  illustre,  iiamilt.  Gramm.  s.  On 
a  toujours  dit  avoir  égard  à  son  honneur ,  avoir 
égard  à  toutes  les  circonstances;  mais  on  ne  dit  (|ue 
depuis  peu  :  avoir  des  égards;  il  a  de  grands  égards 
pour  elle,  BounouRS,  Entret.  d'Ariste,  2'  entret.  Vos 
égards  dès  longtemps  ont  adouci  mes  maux,  nucis, 
Ahufar,  i,  2.  ''  3°  A  l'égard  de.  he.  prévos.  Relati- 


EGA 


J315 


vement,  quant  à.  Ils  l'avalent  des  yeux  [l'huîlrel, 
du  doigt  ils  se  la  montrent,  X  l'égard  de  'la  dent  il 
fallut  contester,  la  font.  Fabl.  ix,  9.  Gnathon  ne 
vit  que  pour  soi,  et  tous  les  hommes  ensemble 
sont  à  son  égard  comme  s'ils  n'étaient  pas,  la 
brut.  XI.  X  l'égard  de  sa  figure,  Bu.<sy  en  a  écrit, 
hamilt.  Gramm.  1.  Faite  de  cire  à  l'égard  des  bras, 
ID.  ib.  (0.  ||X  l'égard  de,  envers.  Que  ferai-je  donc 
à  l'égard  de  ces  rois?  fén.  Tél.  xii.  Il  a  des  formu- 
les de  compliments  pour  l'entrée  et  pour  la  sortie,  à 
l'égard  de  ceux  qu'il  visite  ou  dont  il  est  visité,  LA 
BRUY.  viir.  Il  En  comparaison  de.  La  terre  est  bien  pe- 
tite à  l'égard  du  soleil.  Hi'Xcet  égard,  par  rappori 
à  cet  objet.  Il  X  certains  égards,  à  certains  points da 
vue.  Quand  on  parlera  de  l'Eucharistie  selon  un  cer- 
tain égard,  boss.  Eucft.  2.  On  peut  conserver  à  l'Eu- 
charistie, selon  un  certain  égard,  le  nom  de  pain 
et  de  vin,  id.  ib.  C'est  dans  le  premier  égard 
qu'il  est  infini,  id.  Satisf.  Ce  devoir  à  certains 
égards  vous  e.st  commun  avec  nous,  mass.  Av. 
Epiph.  Le  peuple  dans  la  démocratie  est  à  certains 
égards  le  monarque,  mont.  Espr.  11,  2.  |i  X  tous 
égards,  à  tous  les  points  de  vue.  Peu  de  maximes 
sont  vraies  à  tous  égards,  vauv.  Max.  cxi. 

—  REM.  1.  Au  numéro  4  d'ÉGARD  on  remarquera 
plusieurs  locutions  de  Bossuet  pour  lesquelles  beau- 
coup de  gens  et  l'Académie  elle-même  disent  et  écri- 
vent aujourd'hui  :  sous  ce  rapport,  sous  ces  rapports, 
façon  de  parler  très-contestable  qui  sera  discutée  au 
mot  RAPPORT.  Il  2.  Dans  le  langage  actuel,  égard,  au 
singulier,  n'est  jamais  .sujet  de  phrase;  il  peut  l'être 
au  pluriel  :  Les  égards  ne  vous  auraient  rien  coûté. 

—  SYN.  ÉGARDS,  MÉNAGEMENTS.  Égards  dit  plus 
que  ménagements.  On  a  des  ménagements  pour 
quelqu'un  quand  on  évite  de  le  froisser,  de  le  cho- 
quer. On  a  des  égards  pour  lui  quand  on  lui  témoigna 
une  déférence  pleine  d'attentions. 

—  HIST.  XII"  s.  X  l'esgard  [à  la  sollicitation]  des 
barons  du  règne  Fri  penduz  (îautierz  et  sa  femme, 
BENOIT,  Chr.  de  Norm.  29423.  Allons  jà  au  conta 
Richart,  Si  nous  meton  en  son  esgart,  Rou,  mt. 
p.  153,  dans  LACURNE.  Au  gré  du  chevalier  (ils]  ont 
fixé  lor  esgart  [ce  qui  les  regardoit,  leur  affaire], 
Saxons,  xxix.  ||  xm'  s.  Si  distrent  que  il  ne  le  pooient 
faire  se  par  le  comun  esgart  non,  et  il  en  parle- 
roient  ensemble  à  ceus  de  l'ost,  villeh.  lxxxviii.  Li 
roiset  tiex  i  a  [il  y  a  tels]  s'acordent  Au  jugement  et  à 
l'esgart  Qu'Ysengrin  a  fait  sor  Renart,  Ren.  17977. 
Il  XV*  s.  Et  le  meur  adressement  et  le  hault  esgart 
du  roy  Charles  le  Quint  fit  le  bon  Bertrau  de  Clai- 
quin  tant  de  fois  vaincre  les  ennemis  glorieusement, 
ALAIN  CHARTIER,  Quodril.  invect.  Il  XVI'  ....Si  l'on 
prend  à  Jesus-Christ  esgard,  On  verra  bien  qu'il  est 
distinct  du  monde,  marot,  i.  Soi.  Tout  nostre  es- 
gard soit  mis  en  lieux  céleste,  id.  i,  305.  Seul- 
lement  ayes  esguard  et  considération  de  tousjoui's 
bien  lier  et  continuer  tes  coups,  rab.  Pant.  m,  27. 
....  Sinon  que  Dieu  par  sa  bonté  gratuite  nous  re- 
çoive sans  aucun  esgard  de  nos  œuvres,  calv.  Inst. 
2B9.  Ceux  qui  estoyent  députez  pour  avoir  esgard 
sur  les  mœurs,  id.  ib.  971.  Nous  pouvons  appeler 
ces  peuples  barbares,  eu  esgard  aux  règles  de  la 
raison,  mais  non  pas  eu  esgard  à  nous  qui....  mont. 
I,  241.  Si  les  bonnetades  sont  sans  esgard  [indis- 
tinctement],  elles  sont  sanseffect,  m.  m,  3i.  Sans  y 
[aux  prophéties]  avoir  esgard,  ilz  avoient  tou.sjour's 
fait  les  choses  qu'ils  voyoient  estre  à  faire  par  raison, 
AMYOT,  Démosth.  27.  Toutes  les  choses  sont  ou  ahso- 
luement  et  simplement  en  leur  estre,  ou  relati- 
vement eu  esgard  à  nous,  id.  De  la  vertu  morale,  9. 

—  ÉTYM.  Provenç.  e«gar(;  catal.  esguard;  l'sp^gn. 
esguarde  ;  ital.  sguardo.  Ce  mot  est  le  substantif  de 
l'ancien  verbe  esgarder,  de  «s....  préfixe,  tl  garder 
(voy.  garder),  qui  signifiait  avoir  soin,  surveiller, 
regarder. 

2.  ÉGARD  (é-gar),  s.  m.  \\  i'  Nom  qu'on  donnait, 
dans  l'ordre  de  Malte,  à  un  tribunal  qui  jugeait  par 
commission  les  procès  entre  les  chevaliers.  ||  2°  Nom 
qu'on  donnait  aux  maîtres  jurés  de  différents  corps 
de  métiers,  et,  entre  autres,  des  drapiers.  Les  deirx 
drapiers  boujonneurs  et  les  deu!t  égards  sergers  qui 
seront  de  semaine,  feront  de  deux  en  deux  mois 
une  visite  générale  chez  tous  les  sergers,  Statuts  et 
règlements  des  drapiers  et  sergers  de  Beauvais, 
18  août  1670.  art.  23. 

—  ÉTYM.  £,f/ord,  qui,  comme  le  précédent,  est 
un  substantif  du  verbe  esgarder,  et  qui  signifie  pro- 
prement celui  qui  regarde,  était  le  nom  d'inspec- 
teurs, de  magistrats,  dans  le  nord  de  la  France  eC 
dans  la  Flandre. 

ÉGARÉ,  ÉE  (é-ga-ré,  rée),  part,  passé.  ||  1"  Qui 
a  perdu  son  chemin.  Égaré  dans  les  bois.  ||  Par  ex- 
tension. Quel  art  a  pu  former  ces  enceintes  profondes 

I.  —  165 


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EGA 


Oû  l'Euphrate  égaré  porte  en  tribut  ses  ondes? 
VOLT.  Sémir.  1,1.  Il  FiB-  Son  génie  égaré  semble 
s'éloigner  d'elle,  m.  ib.  ii,  4.  ||  2»  Dis|ier.sé  çà  et  là. 
On  apercerait  quelques  grappes  égarées  sur  la  treille. 
Des  Toii  égarées  dans  une  éleclun  sur  des  candi- 
dats qui  n'avaient  aucune  chance.  Je  ne  pouvais 
penser  qu'ayant  reçu  sa  foi  Quelques  vœux  égarés 
pussent  rien  contre  moi,  th.  corn.  Ariane,  v,  5. 
r,e  génie  est  semblable  à  la  vigne  fertile:  Est-elle 
sans  soutien?  l'on  voit  sa  tige  utile  Ramper  en  éten- 
dant les  bras;  D'un  raisin  égaré  que  son  front  se 
couronne,  De  poussitre  souillé,  vert  encore  en  au- 
tomne. On  le  bannit  de  nos  repas,  cilb.  le  Prince 
de  Salm.  \\  3°  Trompé.  Le  public  égaré  par  de  faux 
bruits.  Il  4"  Distrait,  qui  s'égare.  Où  allez-vous, 
cœurs  égarés?  quoi,  même  dans  la  prière,  vous 
laissez  errer  votre  imagination  vagabonde  1  boss. 
Marie-Thér.  Réciter  avec  un  esprit  égaré  de  légères 
formules,  mass.  Car.  Disp.  Tu  dirais,  reprenant  ta 
pelle  et  ton  râteau:  J'aime  mieux  mettre  encor  cent 
arpents  au  niveau  Que  d'aller,  follement  égaré  dans 
les  nues.  Me  lasser  à  chercher  des  visions  cornues, 
BoiL.  Épit.  XI.  Il  6°  Qui  est  en  proie  à  l'égarement. 
Égaré  par  la  douleur.  Nous  l'avons  rencontrée  Qui 
courait  vers  le  temple,  inquiète,  égarée,  rac.  Andr. 
V,  6.  Porte  aux  tiens  ce  poignard  que  mon  bras 
égaré  A  plongé  dans  un  sein  qui  dut  m'ôtre  sacré, 
VOLT.  Zaïre,  v,  lo.  ||  Qui  annonce  l'égarement.  Ces 
maintiens  égarés,  ces  pensers  éperdus,  Régnier, 
Dial.  Les  yeux  égarés,  et  le  regard  farouche,  corn. 
Cinna,  iv,  2.  Vue  égarée,  rotrou,  Vencesl.  IV,  4. 
11  VOUS  jette  en  passant  un  coup  d'oeil  égaré,  Et 
sans  aucune  affaire  est  toujours  affairé,  mol.  Mis. 
II,  6.  Il  marche  sans  dessein  :  ses  yeux  mal  assurés 
N'osent  lever  au  ciel  leurs  regards  égarés,  rac.  Ilril. 
V,  8.  Son  œil  tout  égaré  ne  nous  reconnaît  plus,  id. 
l'Uèd.  V,  B.  Il  6°  Qui  a  quitté  le  chemin  de  la  vertu, 
de  la  religion,  du  devoir.  Des  âmes  égarées.  Mon 
frère,  ayez  pitié  d'une  sœur  égarée,  volt.  Zaïre, 
m,  4.  Il  Brebis  égarée,  dans  le  style  de  la  chaire 
(d'où  il  a  passé  dans  le  style  familier),  celui  qui 
est  sorti  du  sein  de  l'Église  et  le  pécheur  qui  ne 
s'amende  pas.  ||  Substantivement.  Ces  misérables 
égarés,  pasc.  dans  cousin.  Lui  seul  réunissait  les 
gens  de  bien,  rompait  les  liaisons  des  factieux,  en 
déconcertait  les  desseins,  et  allait  recueillir  dans  les 
égarés  ce  qu'il  y  restait  quelquefois  de  bonnes  in- 
tentions, Boss.  le  Teliier.  \\  7°  En  parlantdes  choses, 
perdu  momentanément.  Une  fourchette  égarée.  Mes 
ciseaux  sont  égarés,  cherchons- les. 

—  SYN.  ÉGARÉ,  PERDL'.  On  cherche  ce  qui  n'est 
qu'égaré;  on  a  l'espoir  de  le  retrouver.  Ce  qui  est 
perdu  semble  l'être  définitivement;  on  ne  le  cherche 
plus.  De  iriême,  au  moral,  une  femme  égarée  est 
une  femme  qui  a  quitté  le  sentier  du  devoir,  mais 
qui  peut  y  revenir.  Une  femme  perdue  est  une 
femme  pour  qui  il  n'y  a  plus  d'espérance  de  re- 
tour. 

ÉGAREMENT  (é-ga-re-man) ,  s.  m.  ||  l'  Action  de 
s'égarer,  de  perdre  son  chemin.  Elle  [l'ilme]  fait  la 
même  chose  qu'une  personne  qui,  désirant  aller  à 
quelque  lieu,  ayant  perdu  le  chemin  et  connaissant 
son  égarement,  aurait  recours  à  ceux  qui  connaî- 
traient parfaitement  te  chemin,  pasc.  Cunvers.  du 
péch.  Arcas  s'est  vu  trompé  par  notre  égarement, 
RAC.  Iphig.  Il,  4.  Il  Fig.  Tous  mes  pas  ont  été  des 
égarements,  fén.  Tél.  xvm.  ||  2°  Trouble  de  l'ilme 
qui  se  perd  en  elle-même.  De  cet  égarement  sorti- 
rez-vous  enfin?  volt.  Mérope,  iv,  2.  Crains  les  éga- 
rements de  ton  âme  éperdue,  m.  Tancr.  iv,  6.  Ca- 
cambo  expliquait  à  Candide  tous  les  discours  de 
l'hôte,  et  Candide  les  écoutait  avec  la  même  admira- 
tion et  le  même  égarement  que  son  ami  Cacambo  les 
rendait,  m.  Candide,  17.  ||  Distraction.  On  ne  trouve 
dans  la  prière  que  des  égarements  d'esprit,  uass. 
Cor.  Prière  i .  ||  Égarement  d'esprit ,  dérangement  de 
l'intelligence.  On  prétend  qu'on  remarquait  depuis 
trois  ou  quatre  jours  quelque  égarement  dans  les 
yeux  et  dans  l'esprit  du  roi  [Charles  VI],  saint- 
Foix,  Ess.  Paris,  ÛKutrcs,  t.  v,  p.  t56,  dans  pou- 
gens.  Il  3»  État  d'un  esprit  qui  s'abuse.  Quel  prodige 
d'égarement  de  s'imaginer  qu'en  donnant  des  pri- 
vilèges, le  prince  donne  le  droit  d'armer  contre  lui  ? 
BOSS.  Var.  Déf.  *•  dise.  §  23.  ||  Dérèglement  de  cœur  ; 
dérèglement  d'imagination.  L'égarement  à  aimer  en 
divers  endroits  est  aussi  monstrueux  que  l'injustice 
dans  l'esprit,  pasc.  De  l'amour.  II  ne  faut  pas  s'é- 
tonner qu'ils  soient  tombés  dans  de  tels  égarements, 
BOSS,  Ilisi.  II,  9.  Je  ne  me  perds  point,  dit  David, 
en  d«  tels  excès;  et  voilà  l'orgueil  méprisé  dans  ses 
égarements,  id.  Marie-Thér.  Dans  ses  égarements 
mon  cœur  opini&tre,  eac.  fin»,  m,  «.  Dans  quels 
ég»remenU  l'amour  jeta  ma  mère!  id.  Phèd.  i,  ». 


EGA 

Il  n'oubliera  rien  pour  vous  faire  retomber  dans  l'é- 
garement, FÉN.  Tél.  xm.  Vous  que  la  grâce  a  reti- 
rés des  égarements  du  monde,  mass.  Car.  Uélang. 
Sans  aucun  sentiment  de  piété  et  de  repentir  et  plus 
déterminés  que  jamais  à  continuer  leurs  égarements 
et  leurs  scandales,  m.  Confér.  lletr.  pour  des  curés. 

—  HlST.  XVI"  S.  Il  semble  que  j'aye  un  peu  outre- 
passé les  bornes  de  mon  premier  propos  ;  mais  l'es- 
garement  n'est  pas  mauvais,  puisque  de  la  terre 
nous  avons  monté  jusques  au  ciel,  langue,  45). 

—  RTYM.  Égarer. 

ÉGARER  (é-ga-ré),  i'.  0.111°  Détourner  du  droit 
chemin.  Le  général  Lngctcron,  qui  marchait  de- 
vant avec  cinq  mille  hommes  et  des  pionniers,  égara 
l'armée  vers  l'orient,  à  trente  lieues  de  la  véritable 
route,  volt.  Charles  XII,  4.  ||  Par  extension,  écar- 
ter  sa  grâce  [de  Dieu]  Ne  descend  pas  toujours 

avec  même  efficace;  Après  certains  moments  que 
perdent  nos  longueurs,  Elle  quitte  ces  traits  qui 
pénîitrent  les  cœurs;  Le  nôtre  s'endurcit,  la  re- 
pousse, l'égaré  ;  I.e  bras  qui  la  versait  en  devient 
plus  avare....  corn.  Polyucte,  l,  J.jIFig.  Égarer 
quelqu'un  de  quelque  chose,  l'en  détourner.  La 
mollesse  et  la  volupté  naissent  avec  l'homme  et  ne 
finissent  qu'avec  lui  :  ni  les  heureux  ni  les  tristes 
événements  ne  l'en  peuvent  égarer,  la  bruy.  xi. 
Il  2°  Faire  errer,  laisser  eri-er.  L'Orne  nous  rever- 
rait.... Égarer  à  l'écart  nos  pas  et  nos  discours, 
MALH.  VI,  2B.  Par  ces  chemins  de  fleurs....  Qu'il  est 
doux  d'égarer  ses  désirs  et  ses  pas!  c.  delav. 
Paria,  ii,  2.  Nous  n'irons  plus  dans  les  prairies. 
Égare!  d'un  pas  incertain  Nos  poétiques  rêveries, 
lamart.  Médit,  i,  25.  Ma  muse,  égarant  son  essor, 
Ose  aux  noms  profanés  qu'un  vain  orgueil  proclame, 
Mêler  ce  chaste  nom  que  l'amour  dans  mon  âme  A 
caché....  V.  HDGO,  Odes,  v,  )3.  ||  3°  Ne  savoir  oii 
trouver.  Il  a  égaré  ses  papiers.  Elle  a  égaré  ses  gants. 
Il  4°  Jeter  dans  l'erreur,  tromper.  De  faux  docteurs 
égaraient  le  public.  Ne  nous  laissons  point  égarer 
par  l'imagination  qui  embellit  tout,  par  le  senii- 
ment  qui  aime  à  se  créer  des  illusions  et  réalise  tout 
ce  qu'il  espère,  haynal,  llist.  phil.  xviii,  B2.  Je 
ne  sais  quelle  erreur  égarait  ma  pensée,  nocis, 
Abuf.  II,  2.  Mille  douteux  récits,  démentant  ces 
discours.  Égaraient  mon  espoir  et  m'abusaient  tou- 
jours, LF.MERC.  Agamimn.  n,  2.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Égarer  la  bouche  d'un  cheval,  la  lui  gâter  en 
le  menant  mal.  ||  5°  Mettre  hors  de  la  raison.  La  co- 
lère égarait  son  esprit.  ||  6°  Faire  quitter  la  ligne 
du  devoir.  Ils  ne  soulTriront  pas  Qu'on  ose  en  ma 
présence  égarer  leurs  soMats,  benj.  constant, 
Walslein,  li,  4.  J'ignore  où  la  fureur  me  pourrait 
égarer,  c.  delav.  Vép.  sicil.  iv,  <.|I7°  S'égarer, 
V.  réfl.  Perdre  son  chemin.  Il  s'est  égaré  dans  la 
campagne.  S'égarer  dans  Paris.  Ils  [les  poissons 
voyageurs]  viennent,  sans  s'égarer  dans  la  solitude 
de  l'Océan,  trouver  à  jour  nommé  le  fleuve  où  doit 
se  célébrer  leur  hymen,  chateaub.  Génie,  i,  v,  4. 
Il  S'égarer  de  quelqu'un,  perdre,  en  s'égaranl,  sa 
compagnie.  Je  m'étais  par  hasard  égaré  d'un  frère 
et  de  tous  ceux  de  notre  suite,  mol.  D.  Juan,  m, 
4.  Il  Fig.  Se  fourvoyer,  se  tromper,  quitter  le  droit 
chemin.  En  un  choix  si  douteux  s'égare  mon  esprit, 
RÉGNIER,  Dial.  Elle  rappelle  en  lui  l'honneur  qui 
s'égarait,  corn.  Tliéod.  m,  3.  Faute  de  me  con- 
naître, il  s'emporte,  il  s'égare,  id.  Nicom.  i,  3. 
La  route  est  mat  sûre  atout  considérer.  Et  qui  m'y 
conduira  pourra  bien  s'égarer,  id.  ib.  iv,  4. 
Salomon  s'égare  dans  sa  vieillesse,  boss.  llist.  n, 
4.  Cet  empereur  s'égarait  de  la  voie  étroite,  id. 
ili.  II,  12.  Vous  croye?  que  sans  vous  Néron  va 
s'égarer,  rac.  Ilrit.  i,  2.  Àla  jeunesse,  nourrie  à  la 
cour  de  Néron,  S'égarait,  cher  Paulin,  par  l'exemple 
abusée,  id.  Bérén.  n,  2.  Craint-on  de  s'égarer  sur 
les  traces  d'Hercule?  m.  Phèd.  l,  i.  Lorsqu'autrefois 
son  peuple  s'était  égaré  dos  voies  de  ses  commande- 
ments, MASS.  Car.  Mot.  de  conv.  [j  8°  Laisser  errer 
son  esprit.  Je  ne  m'égare  point  dans  ces  vastes  dé- 
sirs, RAC  Esth.  m,  4.  Son  cœur,  étant  fixé  pour 
jamais,  s'égarait  encore  quelquefois  dans  lo  passé, 
en  se  livrant  au  charme  de  ces  brillants  souvenirs, 
M"'  DE  genlis,  Mme  de  Ifatntenon,  t.  ii,  p.  (62, 
dans  pouGENS.  ||  Avec  ellipse  du  pronom  personnel. 
Où  suis-je?et  qu'ai-je  dit?  Où  lais.sé-je  égarer  mes 
vœux  et  mon  esprit?  rac.  Phèd.  i,  3.  ||  N'être 
phis  maître  de  sa  raison,  de  son  âme.  Ahl  madame, 
excusez  un  amant  qui  s'égare ,  ID.  l/i'(/i.  ii ,  6.  ||  Tom- 
ber dans  l'égarement  de  l'âme.  Où  vous  égarez-vous? 
De  vos  sens  étonnés  quel  désordre  s'empare?  Voilà 
votre  chemin,  id.  Àthal.  m,  6.  ||  Être  distrait.  C'est 
un  homme  étonnant  et  rare  en  son  espèce.  Qui  rêve 
fort  à  rien  et  s'égare  sans  cesse,  reqnard,  Dist.  li, 
4 .  Il  Tomber  dans  l'égarement  de  l'esprit.  Que  veux- 


EGA 

tu?  Je  suis  folle  et  mon  esprit  s'égare,  corn.  C»/, 
n,  B.  On  dit  que  sa  raison  commence  à  s'égarer, 
Ducis,  Lear,  i,  7.  ||  9'  Errer  çà  et  là.  Votre  œil  qui 
s'égare.  Parcourt  avec  horreur  celle  enceinte  bar- 
bare, VOLT.  Scylh.  m,  4.  ||  Il  se  dit  aussi  de  la  main 
allant  où  elle  ne  devrait  pas  aller.  Sa  main  s'éga- 
rait.... ||  Se  montrer  d'une  manière  fugitive.  Quel- 
quefois,  au  travers  de  sa  douleur  touchante,  Ijn 
souris  s'égarait  sur  sa  bouche  innocente,  Ducis,  i«ar, 

I,   4. 

—  IIIST.  XI* S.  Sire,  dist  ele,  cum  longe  demnrée 
Ai  atendude  en  la  maison  tun  pedre  [de  ton  père], 
Où  tu  m'iaisas  dolente  et  esguarede.  Saint  Alexis, 
xciv.  Et  il  meïsme  en  est  moût  e.sguaret  [troublé], 
Ch.  de  Roi.  lx.x]x.  ||  xii*  s.  Com  [je]  vou  voi  hui  de 
seignor  esgarée  [privée],  Ronc.  p.  48.  Droiz  empe- 
rere,  ne  soyez  e.sgaré  [ne  vous  troublez  pas],  ib. 
p.  (83.  Dame  tieng  [je]  à  esgarée.  Qui  croit  fau> 
dru  menteor  [faux  amant  menteur],  Couci,  I. 
Quant  plus  [je]  me  truis  [trouve]  pensis  et  esgaré. 
Plus  [je]  me  confort  as  biens  dont  ele  est  p.»ine, 
ib.xiw.  Il  XIII"  s.  Aillors  [ma  dame]  a  s'entente  mise. 
Moi  a  laissé  esgaré,  auboins  de  sezanne.  Roman- 
cero, p.  4  27.  Pour  çou  vou  pri,  bêle  très  douce 
amie.  Merci,  dont  je  vous  truis  si  esgarée  [privée], 
Bihl.  des  Chartes,  t.  v,  4"  série,  p.  484.  Or  me 
monstrez  la  voie,  car  mont  [jejsui  esgarée,  Berte, 
XLVi.  Or  est  Renart  moult  esgarez.  Si  va  moult  ses 
temples  gratant,  Ren.  (8294.  Or  vous  vourai  conter 
de  no  creslienté  Qui  sont  defors  en  l'ost  ;  moult 
orent  grant  cherté;  N'orent  point  de  vitaille,  for- 
ment sont  esgaré,  Ch.  d'Ànt.  v,  3.  ||xiv"  s.  Et  aussi 
de  nos  gens  assez  perdu  avon,  Qui  se  sont  esgaré 
par  l'orage  félon,  Giiescl.f.  48338.  ||  xv"  s.  Ladame, 
qui  estoit  moult  triste  et  moult  égarée  [Isabelle 
d'Angleterre  chez  Jean  de  Ilainaut],  froiss.  i,  i, 
43.  ||xvi'  s.  Tressaillant  tout  de  joie,  comme  un 
regnanl  qui  rencontre  poulies esgarées,  rau.  Pant. 
IV,  Nouv.  prol.  De  tant  de  vaisselle  d'argent  en  la- 
quelle tant  de  gens  de  divers  estatz  furent  ser- 
viz,  il  n'y  eut  rien  perdu  n'esgaré,  id.  Scio- 
mach.  Considérant  les  mouvements  du  chien,  à  la 
queste  de  son  maistre  qu'ila  esgaré,  mont,  n  ,  43. 
Par  une  voye  esgarée  et  inusitée,  ID.  iv,  27. 
Cette  farcisseure  est  un  peu  hors  de  mon  thème, 
je  m'esgare,  iD.  iv,  4  38.  Tant  de  difficultez  luy 
traversent  la  voye,  qu'elles  l'esgarent  et  l'eny- 
vrent,  id.  iv,  230,  Evitant  toutes  compagnies,  il 
se  tenoit  es  plus  solitaires  et  plus  esgarez  endroits 
des  champs,  in.  Timol.  vu.  Us  vouloient  lonsjouis 
avoir  des  huissiers  et  des  massiers  devant  eulx  pour 
les  conduire,  de  peur  qu'ilz  ne  s'esgarassent  par  la 
ville,  ID.  Cat.  4«.  En  nostre  France  les  pauvr  s 
gentilshommes  n'ont  pas  occasion  de  prendre  dts 
partis  esgarés  ou  comme  désespérés,  vu  les  moyens 
(ju'ils  ont  de  parvenir  à  honneur  et  richesse,  i.a- 
NOUE,  4  88.  Il  oste  le  sens  aux  prudents  pour  les  faire 
errer  à  l'esgarée,  calv.  Inst.  4  9». 

—  ÉTVM.  É  pour  es....  préfixe,  et  garer  (voy.  ce 
mot);  wallon,  èicarer,  troubler,  effarer  ;  Berry, 
égairer,  engairer. 

t  ÉGARROTTÉ.  ÉE  (é-ga-ro-té,  tée), ad;. Terme 
de  vétérinaire.  Qui  est  blessé  au  garrot. 

t  ÉGARROTTER(é-ga-ro-lé),  ii.  o.  Terme  de  vé- 
térinaire. Blesser  au  garrot. 

—  ÊTYM.  É  pour  fs....  préfixe,  et  garrot. 
ÉGAYÉ,  ÉE  (é-ghè-ié,  iée),  pari,  passé.  ||  1"  Rendu 

gai.  Égayé  parle  babil  de  ses  enfants.  ||  2°  Qui  prend 
une  apparence  riante,  en  parlant  des  choses.  Un 
paysage  égayé  par  le  soleil.  Sa  douce  exhalaison  ne 
forme  que  des  roses.  Des  objets  égayés  et  d'agréa- 
bles choses,  TRISTAN,  Mariane,  i,  2.  De  la  foi  d  un 
chrétien  les  mystères  terribles  D'ornements  égayés 
ne  .sont  pas  susceptibles,  boil.  Art  ;>.  m.  Je  di  > 
avertir  ceux  qui  liront  ce  livre  et  qui  ont  queliue 
connaissance  de  la  physique,  que  je  n'ai  point  ■!  i 
tout  prétendu  les  instruire,  mais  seulement  les  cii 
vertir,  en  leur  présentant  d'une  maniîre  un  peu  y\v,- 
agréable  et  plus  égayée  ce  qu'ils  savent  déjà  p.i; 
solidement,  fonten.  Mondes,  Préface. 

t  4.  ÊGAYEMENT  (  é-ghè-ie-man  ),  s.  m.  Terme 
d'agriculture.  Fossé  pour  diriger  des  eaux  d'irri- 
gation. 

—  ÉTYM.  Ce  mot,  qui  serait  mieux  écrit  aigaye- 
ment,  vient  do  l'ancien  français  aiguë  (voy.  eau). 

t  a.  ÊGAYEMENT  (é-ghè-ie-man),  s.  m.  Action 
d'égayer. 

—  iiiST.  XII*  s.  Les  corages  d'esgaiemenz  Qui  mult 
nuisent  à  foies  gens,  bekoIt,  ii,  4  2753. 

—  ÉTYM.  tgager. 

4.  ÉGAYKR  (é-ghè-ié),  j'égaye,  tu  égayés,  il 
égayé  ou  égaie,  nous  égayons,  vous  égayez,  ils 
égayent  ou  égaient;  j'égayais,  nous  égayions,  tous 


ÉGR 

égayiez,  ils  égayaient  j  j'égayai  ;  j'égayerai  ou  égaie- 
rai ou  égaîrai;  j'égayerais  ou  égaierais  ou  égnî- 
rais  ;  égayé ,  égayons  ;  que  j'égaye ,  que  nous 
égayions,  que  vous  égayiez,  qu'ils  égayent;  que 
j'égayasse;  égayant;  égayé,  v.  a.  ||  1°  Rendre  gai. 
Égayer  la  compagnie.  Egayer  la  conversation.  11 
égayait  les  convives  par  ses  heureuses  saillies.  C'est 
par  celte  raison  qu'égayant  leur  esprit  Nombre  de 
gens  fameux  en  ce  genre  ont  écrit,  la  font,  l'ahl. 
VI,  <.  Il  2°  Par  extension,  répandre,  donner,  ajou- 
ter quelque  ornement.  Égayer  son  style,  son  sujet. 
Égayer  la  matière.  Égayer  un  tableau.  Égayer  un 
appartement.  11  a  fort  égayé  la  tristesse  du  voyage, 
SËV.  424.  On  ne  cherche  qu'à  égayer  ses  maux  par 
le  récit  des  affaires  et  des  vanités  du  siècle,  mass. 
Av.  }Ion  du  péch.  Un  objet  capable  d'égayer  vos  en- 
nuis, iD.  Car.  Mélange.  Pourrai-je  de  couleurs  ai- 
mables Égayer  le  sombre  tableau  De  mon  domicile 
nouveau?  gresset.  Chartreuse.  [Une  plautej  Court 
vêtir  les  rochers,  égayer  les  tombeaux,  delille. 
Trois  règnes,  vi.  ||  Égayer  son  deuil,  commencer 
ï  le  porter  moins  rigoureusement.  |{  3°  Égayer  sa 
force,  sa  dextérité,  en  faire  parade.  Ces  vers  où  je 
m'ébats  pour  égayer  ma  force,  hégnier,  Sat.  l. 
Mais  la  princesse  a  voulu  égayer  sa  dextérité,  et  de 
son  dard  qu'elle  lui  a  lancé  un  peu  mal  à  propos.... 
MOL.  Àm.  magn.\,  i.  ||  Vieilli  en  ce  sens.  ||  4°  Terme 
dhorticuliure.  Égayer  un  arbre,  en  ôier  le  bois  inu- 
tile. Il  Égayer  un  espalier,  .le  palisser  si  proprement 
que  les  branches  soient  également  partagées  des  deux 
côtés.  Il  5°  S'égayer,  v.  réft.  Devenir  gai.  Muses, 
gardez  vos  faveurs  pour  quelqu'autre.  Ne  perdons 
plus  ni  mou  'imps  ni  le  vôtre  Dans  ces  débats  où 
nous  nous  égayons,  j.  B.  Rocss.  Ép.  I,  <.  J'aime  à 
voir  le  bon  sens  sous  le  mas(|ue  des  ris,  El  c'est 
pour  m'égayer  que  je  viens  à  Paris,  volt,  le  liusse 
à  l'aris.  Il  S'égayer  aux  dépens  de  quelqu'un,  s'en 
moquer.  Les  courtisans  s'égayaient  à  faire  des  chan- 
sons sur  lui  [Jacques  II],  iD.  Louis HV,  (5.  Leurs 
utiles  professions  ne  seront  ni  moins  honorables  ni 
moins  honorées,  parce  que  je  me  suis  un  peu  égayé 
aux  dépens  de  queli|ues  individus  qui  les  exercent, 
PICARD,  Vieux  comédien,  se.  B.  ||  Molière  a  dit  dans 
le  même  sens  :  s'égayer  avec.  Et  je  vais  m'égayer 
avec  lui  comme  il  faut,  mol.  Amph.  i,  2.  ||Se  don- 
ner carritre.  Ce  serait  donner  à  son  génie,  pour 
s'égayer,  toute  l'étendue  des  choses  humaines, 
BALz.  liv.  VI,  lett.  4.  Mon  esprit....  Qui  dans  ses  ca- 
prices s'égaye,  Régnier,  ÉpU.  m.  Ainsi,  dans 
cet  amas  de  nobles  fictions,  Le  poète  s'égaye  en 
mille  inventions,  eoil.  Art  p.  m.  Ce  monsieur  Fleu- 
rant-là  et  ce  monsieur  Purgon  s'égayent  bien  sur 
votre  corps,  MOL.  Mal.  imag.  i,  2.  Boileau,  correct 
auteur  de  quelques  bons  écrits,  Zoïle  de  Quinuult 
et  flatteur  de  Louis,  Mais  oracle  du  goût  dans  cet  art 
difiicile  Où  s'égayait  Horace,  où  travaillait  Virgile, 
VOLT.  Ép.  xcv. 

—  REM.  La  véritable  orthographe,  pour  conser- 
ver l'analogie,  serait  :  j'égaie,  tu  égaies,  etc.  et 
ainsi  devant  l'e  muet;  c'est  ainsi  qu'on  écrit  pour 
les  verbes  en  oycr. 

—  lUST.  XIII'  s.'  ....le  bel  tens  de  mai  Qui  fist  ton 
cuer  trop  e.sgaycr,  la  Vose,  3013.  Et  sachiés,  quant 
j'oï  lor  chant.  Et  je  vi  le  leu  [lieu]  verdoier.  Je  me 
pris  moult  à  esgaier,  ib.  684.  ||  xiv«  s.  Appius  dist 
que  ceste  tourbe  n'estoit  pas  esmeue  par  misère  mais 
par  jolivetez,  et  que  le  pueple  se  esgaioit  plus  que 
il  ne  se  forcenoit,  eerciieure,  f°  38,  recto.  Ans  feus 
embatre  [mettre  le  feu]  s'esgaierent  Par  pluseurs 
maisons  qui  là  ierent  [étaient]  ;  ïost  est  la  llambe 
tant  creiie....  G.  guiart,  t.  ii,  p.  213.  ||  xvi'  s.  Afin 
de  leur  monstrer  qu'ils  ne  se  doivent  égayer  en  une 
folle  présomption,  calv.  Inslit.  439.  De  la  teste 
nous  convions,  desadvouons,  esconduisons,  es- 
gayons,  caressons....  mont,  ii,  (50.  Quand  je  saisis 
des  matières  plus  gayes,  c'est  pour  m'esgayer,  non 
pour  esgayer  mon  style,  ID.  m,  37.  Et  pourtant  en 
acquit  Marcellus  encore  de  tant  plus  sa  bonne  grâce 
et  la  faveur  du  commun  populaire,  pour  avoir  ainsi 
embelly  et  esgayé  la  ville  de  Rome  des  ingénieuses 
délices  et  élégantes  voluptez  des  Grecs,  amyot, 
Marc.  34.  Soit  que  des  vers  sans  loy  tu  accordes  les 
sons.  Ou  soit  que  tu  l'esgaye'  en  rustiques  chan- 
sons,  DU  BELLAY,  V,  33,  rcClO. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  gai, 
2.  ÉGAYER,   voy.  aiguater. 

f  ÊGAYOIK  (é-gliè-ioir),  s.  m.  Nom,  en  Lorraine, 
de  celte  sorte  de  mare  que  l'on  creuse  pour  y  bai- 
gner les  chevaux. 

—  F.TVM.  Aiguayer. 

t  ÉGËKIE  (é-jé-rie),  s.  f.  \\  1°  Nom  de  la  nymphe 
qui  inspirait  Nuina.  ||  Fig.  Toute  femme  ou  toute 
chose  personnifiée  du  genre  féminin,  considérée 


ËGL 

comme  inspiratrice.  La  bouteille  est  son  r:gérie. 
Il  2°  Terme  d'astronomie.  Planète  télescopique  dé- 
couverte en  18B0. 

—  ÉTYM.  Lat.  Egeria. 

ÉGIDE  (é-ji-d'),  s.  f.  ||  1»  Terme  de  mythologie. 
Le  bouclier  que  Pallas  reçut  de  Jupiter  et  sur  lequel 
ce  dieu  fit  étendre  la  peau  de  la  chèvre  Amalthée. 
Que  Pallas  les  défende  et  vienne  en  leur  faveur  Op- 
poser son  égide  à  ma  juste  fureur,  la  font.  Filles 
de  Minée.  Minerve  se  montra  pour  me  couvrir  de 
son  égide,  fén.  Tél.  iv.  J'ai  reconnu  Pallas  et  sa 
terrible  égide,  L.  de  lancival,  Hector,  v,  B.  ||  2°  Fig. 
Protection,  sauvegarde.  Placé  sous  l'égide  des  lois. 
Ce  généreux  appui,  le  seul  qui  m'est  resté,  Me  ser- 
virait d'égide  et  serait  respecté,  volt.  Sophon.  m, 
3.  Et  nous  redouterions  d'atteindre  en  ce  saint  lieu 
Nos  ennemis  couverts  de  l'égide  de  Dieu,  lemebc. 
Fréd.  et  Bruneh.  v,  i. 

—  ÉTYM.  Alfk,  bouclier  de  Minerve,  proprement 
peau  de  chèvre,  de  a'ij,  alyo;.  chèvre. 

t  ÉGILOPE  (é-ji-lo-p'),  s.  /".  Terme  de  botanique. 
Genre  de  graminées  du  midi  de  l'Europe. 

ÉGILOPS  (é-ji-lops'),  s.  m.  Terme  de  médecine. 
Petit  ulcère  calleux,  qui  se  forme  dans  l'angle  in- 
terne des  paupières. 

—  ÉïYM.  AÎY'>'»>!'i  "le  aU,  chèvre,  et  ô|,  œil 
(voy.  optique);  ainsi  dit  pour  quelque  ressemblance 
plus  ou  moins  exacte. 

t  ÉGIPAN  (é-ji-pan),  s.  m.  Terme  de  mytholo- 
gie. Sorte  de  divinité  champêtre,  satyre.  ||  Dans 
Pline,  nom  de  monstres  à  moitié  hommes  et  à  moi- 
tié boucs.  Il  Par  extension.  Des  bouchers,  manches 
de  chemise  retroussées,  cheminaientaux  portières  ; 
d'autres  égipans  noirs  étaient  groupés  sur  l'impé- 
riale, CHATEAUBR.  daus  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTYM.  Aî$,a!Yàî, chèvre,  et  Pan. 

j  ÉGLANDER  (é-glan-dé) ,  t!.  o.  Terme  de  vétéri- 
naire. Voy.  déglander. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  glande. 
ÉGLANTIER  (é-glan-tié  ;  \'r  ne  se  lie  jamais;  au 

pluriel,  Vs  se  lie:  des  é-glan-tié-z  en  fieur),  s.  m. 
Il  1°  Nom  donné  à  plusieurs  espèces  de  rosiers,  et 
particulièrement  au  rosier  canin  et  au  rosier  églan- 
tier, qui  croissent  dans  les  buissons.  |J  i°  Terme  de 
zoologie.  Espèce  de  raie. 

—  HIST.  XI'  s.  Dessouz  un  pin,  delez  un  eglen- 
ter,  Ch.  de  liol.  vm.  ||  xii's.  Il  garde  avant  [regarde 
en  avant]  desouz  un  aiglenter,  Honc.  p.  79.  ||  xiii's. 
Alez  moi  dire  [à]  Ugon  sans  point  d'arestement. 
Qu'en  mon  père  verger  [je]  l'atendrai  sous  l'aiglent, 
AUDEFR.  LE  BAST.  Tiomoncfro,  p.  33.  Par  ronces  et 
par  esglentiers,  Dont  en  la  haie  avoit  assés,  Sui 
maintenant  oultre  passés,  la  Ko.«e,  2S2ii.  ||  xv  s. 
Quant  je  voy  dessous  l'arglantier  La  bergiere.... 
Mystère  de  la  conception  de  J.  C.  se.  40.  ||  xvi'  s.  Le 
fruit  de  l'esglantier  non  encore  meur,  deschargé  de 
ses  pépins,  confit  au  sucre  à  mode  de  cotignac, 

0.  DE  SERRES,   926. 

—  ÉTYM.  Norm.  argancier;  Berry,  arlantier ; 
provenc.  aguilen  (voy.  églaiNTine). 

ÉGLÂNTINE  (é-glan-ti-n'),  s.  f.\\i°  La  fleur  de 
l'églantier.  L'églantine,  non  la  fleur  elle-même, 
mais  une  reproduction  en  métal  précieux,  est  une 
des  fleurs  qu'on  décerne  aux  jeux  floraux.  11  tenait 
un  luth  d'une  main.  De  l'autre  un  bouquet  d'églan- 
tine,  A.  DE  MUSSET,  Poés.  nouv.  Nuit  de  décembre. 
Il  2'  Un  des  noms  vulgaires  de  l'ancolie  ou  sceau  de 
Notre-Dame. 

—  HlST.  XVI*  s.  Touchant  les  roses  sauvages  ap- 
pellées  canines,  de  plusieurs  espèces  s'en  truve-il 
par  les  haies  et  buissons  qui  ont  de  la  valeur  :  sur 
toutes  lesquelles,  les  esglantines  emportent  le  prix, 
approchans  des  damasquines,  o.  deserres,  bb). 

—  ÉTYM.  Provenç.  aiglentina,  buisson,  églan- 
tier; aiglanlin,  qui  appartient  au  buisson.  La  forme 
primitive  est  l'ancien  français  aiglent  (voy.  l'histo- 
rique d'ÉGLANTiEB),  d'où  dérivent  églentine,  ai- 
glentina, aiglanlin.  Le  Héricher,  Florepopul.de 
Nnrm.  p.  49,  le  tire  du  latin  acanihus,  épine;  Diez 
d'aculeris,  aiguillon  (le  radical  acuj,  avec  le  suffixe 
ent  qui  est  latin  et  roman)  ;  la  présence  de  l'i  donne  la 
prééminence  à  l'étym.iiogie  mise  en  avant  par  Diez. 

\  ÉGLEFIN  (è-gle-fin),  s.  m.  Espèce  de  morue  des 
mers  du  Nord.  On  l'appelle  aussi  èclefin  et  aigrefin 
(voy.  ce  dernier  mot). 

ÉGLISE  (é-gli-z'),  s.  f.  ||  1°  L'assemblée  des  chré- 
tiens; toute  communion  ou  secte  chrétienne.  L'É- 
glise primitive.  Les  Pères  de  l'Église.  L'Église  catho- 
lique. Les  Églises  réformées.  L'Église  anglicane. 
L'Église  d'Orient  ou  l'Église  grecque.  L'Église  d'Oc- 
cident ou  l'Église  latine.  L'Église  gallicane,  l'Église 
de  France.  ||  2°  Il  se  dit  particulièrement  de  l'Église 
catholique  et  romaine.  Le  pape  est  le  chef  visible  de 


EGL 


1315 


l'Église.  Dieu,  qui  rapporte  tous  ses  conseil»  h  la 
conservation  de  sa  sainte  Église,  boss.  Reine  d'iln- 
glft.  Quand,  pour  punir  les  scandales  ou  pour  ré- 
veiller les  peuples  et  les  pasteurs,  il  permet  à  l'es- 
prit de  séduction  de  tromper  les  âme»  hautaines  et 
de  répandre  partout  un  chagrin  superbe,  une  in- 
docile curiosité  et  un  esprit  de  révolte,  il  détermine 
dans  sa  sagesse  profonde  les  limites  qu'il  veut  don- 
ner aux  malheureux  progrès  de  l'erreur  et  aux  souf- 
frances de  son  Église,  ID.  ib.  L'Église  romaine,  la 
mère  des  Églises,  qui,  durant  neu/  siècles  entiers, 
en  observant,  la  première  ,  avec  une  exactitude 
exemplaire,  la  discipline  e^xlésiastique,  la  mainte- 
nait de  toute  sa  force  par  tout  l'univers,  n'était  pas 
exempte  de  mal,  ID.  Var.  i,  §  i.  De  sorte  que  l'É- 
glise ressemble  à  un  riche  bienfaisant  dont  la  table 
est  toujours  ouverte  et  toujours  servie,  encore  que 
les  conviés  n'y  viennent  pas,  m.  ib.  m,  §  B6.  Une 
vraie  fille  de  l'Église,  non  contente  d'en  embrasser 
la  sainte  doctrine,  en  aime  les  observances,  où  elle 
fait  consister  la  principale  partie  des  pratiques  ex- 
térieures de  la  piété,  id.  Marie- Thér.  L'Église,  in- 
spirée de  Dieu  et  instruite  par  les  saints  apôtres,  a 
tellement  disposé  l'année,  qu'on  y  trouve,  avec  la 
vie,  avec  les  mystères,  avec  la  prédication  et  la  doc- 
trine de  Jésus -Christ,  le  vrai  fruit  de  toutes  ces 
choses  dans  les  admirables  vertus  de  ses  serviteurs 
et  dans  l'exemple  de  ses  saints,  et  enfin  un  mysté- 
rieux abrégé  de  l'Ancien  et  du  Nouveau  Testament 
et  de  toute  l'histoire  ecclésiastique,  id.  t'b.  Par  le 
nom  de  la  sainte  cité  de  Dieu  la  nouvelle  Jérusalem, 
vous  voyez  bien,  messieurs,  qu'il  faut  entendre  le 
nom  de  l'Église  catholique,  cilé  sainte  dont  tout3S 
les  pierres  sont  vivantes,  dont  Jésus-Christ  est  le 
fondement,  qui  descend  du  ciel  avec  lui,  parce 
qu'elle  y  est  renfermée  comme  dans  le  chef  dont 
tous  les  membres  reçoivent  leur  vie,  id.  ib.  D'un 
ciment  éternel  ton  Église  est  bâtie.  Et  jamais  de 
l'enfer  les  noirs  frémissements  N'en  pourront  ébran- 
ler les  fermes  fondements,  i  oïL.  Lutr.  vi.  ||  L'Église 
militante,  l'assemblée  des  fidèles  sur  la  terre.  L'E- 
glise souffrante,  les  âmes  des  fidèles  qui  sont  dans 
le  purgatoire.  L'Église  triomphante,  les  bienheu- 
reux qui  sont  dans  le  ciel.  {|  Retrancher  de  l'Église, 
déclarer  hérétique,  excommunier.  Vous  me  retran- 
chez de  l'Église,  pasc.  Prov.  <  B.  ||  En  face  de  l'É- 
glise, solennellement  et  selon  le  rit.  Se  marier  en 
face  de  l'Église.  |1  3°  Autorité  ecclésiastique.  Mais 
l'Église  a  le  droit  de  juger  ses  ministres,  lemerc. 
Frédég.  et  Bruneh.  ii,  B.  ||  Cour  d'Église,  la  juri- 
diction de  l'archevêque  ou  de  l'évêque.  ||  Con- 
seiller d'Église  ,  conseiller  en  cour  laïque,  mais 
appartenant  à  l'ordre  ecclésiastique.  ||  4°  L'état 
ecclésiastique.  Entrer  dans  l'Église.  On  me  mit  au 
collège  de  Pau  dans  la  vue  de  me  faire  d'Église, 
HAMiLT.  Gramm.  3. 11  avait  étudié  pour  être  d'Église, 
id.  ib.  <o.  Son  père  marchand  d'une  petite  ville  eut 
douze  enfants  qui  vécurent  tous,  et  il  ne  fut  sou- 
lagé d'aucun  d'eux  par  l'Église,  fonten.  Lilter. 
Qu'on  destine  mon  élève  à  l'Église,  i.  j.  rouss.  Ëm. 
I.  Il  Se  faire  d'Église,  prendre  l'état  ecclésiastique. 
Il  Les  gens  d'Église,  et  quelquefois,  absolument, 
l'Eglise,  les  ecclésiastiques,  le  clergé.  Un  homme 
d'Église.  L'avarice  et  le  luxe  entre  les  gens  d'Église, 
RÉGNIER,  Sat.  VI.  Me  voici  bien  savant  sur  ce  cha- 
pitre, et  je  connais  parfaitement  qu'il  n'y  a  plus  que 
les  gens  d'Église  qui  s'abstiendront  de  tuer  ceux 
qui  leur  feront  tort  en  leur  honneur  ou  en  leur 
bien,  pasc.  Proi).  7.  ||  5°  Temple  chrétien.  Bâtir 
une  église.  Aller  à  l'église.  Église  cathédrale.  Église 
à  bas  côtés,  celle  qui  a  de  chaque  côté  une  galerie 
voûtée.  Église  à  doubles  côtés ,  celle  qui  a  un 
double  rang  de  galeries.  Église  en  croix  grecque, 
celle  qui  a  une  croisée  qui  la  coupe  par  le  milieu 
et  qui  a  la  même  longueur  que  la  nef,  par  exemple 
Sainte-Geneviève  à  Paris.  Église  en  croix  latine,  celle 
dont  la  croisée  est  moins  longue  que  la  nef,  par 
exemple  Notre-Dame,  Saint-Sulpice,  à  Paris.  Église 
simple,  église  sans  bas  côtés,  comme,  à  Paris,  la 
Suinte-Chapelle,  la  Maileleine.  Église,  souterraine, 
église  construite  au-dessous  du  rez-de-chaussée 
d'une  autre  église.  Église  basse,  église  qui  se 
trouve  au  rez-de-chaussée  sous  une  autre  éghse 
construite  au  premier  étage.  11  est  constant  que 
les  Sociniensont  eu  des  églises  en  Pologne,  et  ils 
en  ont  encore  en  Transylvanie,  Boss.  Var.  xv, 
S  79.  En  entrant  dans  nos  églises  nouvellement 
bâties  et  qu'on  a  rendues  si  claires,  sent-on  ce  fré- 
missement religieux,  ce  même  recueillement  qu'in- 
spirait l'obscurité  des  anciennes?  saint-foix,  Ess. 
Paris,  liliuvres,  t.  iv,  p.  22t,  dans  pougens.  ||  Hon- 
neurs'd'église,  honneurs  réservés  aux  patrons  et 
aux  fondateurs  de  l'église.  ||  11  est  gueux  comme  un 


4316 


EGO 


rat  d'église,  il  est  si  pauvre  qu'il  n'a  pas  de  quoi 
manger  ||  Pilier  d'église,  dévot  qui  ne  bouge  pas  de 
l'église.  Il  Balayer  l'église,  en  sortir  le  dernier.  ||  Au 
lieu  d'.'.glise.  les  protestants  français  disent  tem- 
ple Il  8"  Dioctse,  cure.  Il  passa  de  1  Église  de  Noyon 
à  celle  do  Paris.  ||  7»  Petite  Eglise,  classe  deccié- 
siasliiiues  et  de  catholiques  qui  se  refusèrent  à  recon- 
naître le  conco.dat  de  isol.  ||  Kig.  Petite  Eglise  se 
dit  ;iu.ssi  très-souvent  d'une  coterie  peu  nombreuse. 
Ils  ont  formé  entre  eux  une  petite  Eglise.  La  petite 
Église  des  doctrinaires.  ||  8°  Prieur  de  l'Église,  l'une 
des  principales  charges  de  l'ordre  de  Malte  ||  9- Nom 
d'une  espèce  de  girouette  de  fer-blanc,  qui  se  met 
sur  les  cheminées  pour  empêcher  la  fumée,  jj  Pro- 
verbe. PrÈs  de  l'église  et  loin  de  Dieu,  se  dit  d'un 
homme  qui  loge  près  de  l'église  et  qui  n'y  va  guère. 

—  REM.  Église  ne  prend  un  é  minuscule  que 
quand  il  signifie  un  temple;  partout  ailleurs  il  prend 
un  é  majuscule. 

—  HIST.  XI'  s.  Et  il  peut  venir  à  sainte  yglise, 
Lois  de  Guill.  i.  ||.xn'  s.  Tuit  furent  detranchié  de- 
dans la  maistre  église,  Sax.  xxiii.  De  ce  dist  li  au- 
geles  à  la  glise  de  Pergami,  Job,  44(.  Lai  [laisse] 
saint  iglise  aveir  ses  decrez  e  ses  leis  [lois]  ;  Ele  est 
espuse  Deu,  qui  est  sire  des  reis;  11  s'en  corecera, 
se  de  rien  la  descreis,  Th.  le  mart.  29.  Ce  que  Deus 
a  sacré,  ne  puet  nuls  dessacrer,  Ne  nul  cristien 
humme  nuls  descrilianer;  Mais  que  de  saint  iglise 
le  puet  um  bien  sevrer  [séparer],  ib.  3(.  ||  xiii°  s. 
Quant  il  virent  [à  Constantinople]  ces  haus  murs  et 
ces  riches  tours  dont  ele  estoil  close,  et  ces  riches 
palais  et  ces  riches  yglises,  dont  il  avoit  tant  que 
nus  nel  peûst  croire....  villeu.  lxi.  Li  cors  le  roi  fu 
embaumés  et  fu  portés  à  Roem  en  Normandie,  et 
fu  ensevelis  en  la  mère  église,  Chron.  de  Rains, 
p.  (7.  En  Antioclie  avoit  de  vieille  ancesserie  Une 
église  fondée  el  non  sainte  Marie,  Chans.  d'Ant. 
vil,  11».  Il  XIV*  s.  Lors  veïssez  maint  chevalier.... 
Pleurer  et  faire  testamens  ....Et  faire  aux  yglises 
granslès  [legs],  Liv.  dubonJ»h.  8i4.  ||xvs.  Tant 
iyme-on  Dieu,  qu'on  suyt  l'église,  villon,  Bail. 
Commencèrent  trois  petits  enfants  d'église  [enfants 
de  chœur] ,  avec  un  teneur,  une  très  douce  chançon , 
MATH,  hi  couCY ,  Uist.  de  Charles  VII,  p.  609,  dans 

LACURNE. 

—  Etym.  Provenç.  gleiga,  glieyxa,  glicia;  es- 
pagn.  iglesia;  porlug.  igreja;  ital.  chicsa;  du  latin 
ecclesia,  du  grec  éxxXrjaîa,  église,  proprement  as- 
semblée, de  èx,  et  xaXeîv,  convoquer. 

t  ÉGLOGAIRE  (  é-glo-ghè-r'  ) ,  s.  m.  Terme  de 
philologie.  Celui  qui  lait  des  extraits  des  auteurs 
qu'il  lit.  Aulu-Gelle  est  un  églogaire. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉGLOGUE. 

ËGLOGUE  (é-glo-gh') ,  «.  f.  \\  1°  Ouvrage  de  poésie 
pastorale,  où  l'on  introduit  des  bergers  qui  conver- 
sent ensemble.  Les  églogues  de  Théocrite,  de  Vir- 
gile. Viendrai-je  en  une  églogue,  entouré  de  trou- 
peaux. Au  milieu  de  Paris  entier  mes  chalumeaux, 
Et,  dans  mon  cabinet  assis  auprès  des  hêtres.  Faire 
dire  aux  échos  des  sottises  champêtres'i"  boil.  Sat. 
IX.  Mais  souvent  dans  ce  style  un  rimeur  aux  abois 
Jette  là  de  dépit  la  flûte  et  le  hautbois.  Et,  fol- 
lement pompeux  dans  sa  verve  indiscrète,  Au  milieu 
d'une  églogue  entonne  la  trompette,  id.  Art  p.  n. 
Tantôt  Isaïe  a  la  douceur  et  la  tendresse  d'une  églo- 
gue dans  les  riantes  peintures  qu'il  fait  de  la  paix; 
tantôt  il  s'élève  jusqu'à  laisser  tout  au-dessous  de 
lui,  FÉN.  t.  XXI,  p.  93.  Il  2°  Terme  de  philologie.  Un 
recueil  de  pièces  choisies. 

—  SYN.  ÉGLOGUE,  IDYLLE.  Bien  que,  étymologi- 
quement,  églogue  signitie  pièce  choisie,  et  idylle 
petit  tableau,  il  n'y  a  aucune  différence  fondamen- 
tale entre  les  églogues  et  les  idylles.  Toutefois,  si 
l'on  veut  accepter  la  légère  distinction  que  l'usage 
semble  avoir  établie,  l'églogue  veut  plus  d'action  et 
de  mouvement  :  les  églogues  de  Virgile.  L'idylle  ne 
peut  contenir  que  des  peintures,  des  sentiments, 
des  comparaisons  champêtres  :  Mme  Deshoulières  a 
fait  de  jolies  idylles. 

—  ÉTYM.  'ExXoYal,  pièces  choisies,  petits  poè- 
mes, de  ixXé-^ctv,  choisir,  de  ix,  et  Xé^eiv,  choisir 

(voy.  LIRE). 

T  ÊGOGER  (é-go-jé),  u.  o.  Terme  de  tanneur. 
ôter  les  extrémités  d'une  peau  de  veau  du  côté  de  la 
queue  et  des  oreilles. 

+  ÉGOHINE  ou  ÉGOÏNE  (é-go-i-n'),  î.  ^.  Petite 
•cie  à  main  à  dents  moyennes,  qui  sert  à  couper 
les  branches  trop  fortes  pour  la  serpe  ou  la  serpette. 

ÉGOÏSER  (è-go-i-zé),  v.  n.  Ne  parler  que  de  soi, 
citer  sans  cesse  ses  idées  ou  ses  actions,  rapporter 
tout  à  soi-mêm3. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉGOÎSME. 

fifiOlSirs   (é-go-i-sm'j ,  s.  m.  ||  1°  Vice  qui  fait 


EGO 

rapporter  tout  à  soi.  Un  sot  égoïsme.  Les  calculs  de 
l'égoîsme.  L'égoïsme  des  corporations.  Et  l'égoïsme 
impur  remplaçant  l'amitié,  Au  fond  de  tous  les 
cœurs  a  séché  la  pitié,  la  fosse,  Uarius  à  llint. 
1,  3.  Telle  éiait  l'insouciance  qui  résiillait  de  cette 
multiplicité  d'événements  et  de  malheurs  sur  les- 
quels on  était  comme  bla.sé,  et  tel  l'égoïsme  produit 
par  l'excès  de  fatigue  et  de  souffrance,  qu'ils  ne  lais- 
saient à  chacun  que  la  mesure  de  force  et  de  senti- 
ment indispensable  pour  son  service  et  sa  con^erva- 
tion  personnelle,  ségur,  Ilist.  de  Napol.  \m,  6. 
Il  2"  Terme  de  philosophie.  Ensemble  de  penchants 
ou  d'instincts  qui  servent  à  la  conservation  et  à  l'en- 
tretien de  l'individu.  ||  3°  Opinion  de  certains  philo- 
sophes qui  prétendaient  qu'on  n'est  sûr  que  de  sa 
propre  existence. 

—  REM.  Égoïsme,  égoïste,  égoïser  ne  sont  ni 
dans  Uichelet  ni  dans  Kuretière;  et  l'Académie  ne 
les  a  qu'à  partir  de  l'édition  de  I7C2.  Dans  le  xvii" 
siècle  on  disait  amour-propre. 

—  ÉTYM.  Le  latin  ego,  je  ou  moi  (voy.  je). 
ÉGOÏSTE  (é-go  i-st') ,  s.  m.  et  f.  ||  1°  Celui  ou  celle 

qui  a  le  vice  d' égoïsme.  C'est  un  égoïste.  Impassibles 
égoïstes  qui  pensez  que  ces  convulsions  du  désespoir 
et  do  la  misère  passeront  comme  tant  d'autres,  Mi- 
rabeau, Collection,  t.  ii,  p.  <  86.  ||  2°  Adj.  Un  homme 
égoïste.  Elle  est  très-égoïste.  Des  sentiments  égoïs- 
tes. Il  Terme  de  physiologie.  Les  penchants  égo'ïsles, 
ceux  qui  servent  à  la  conservation  de  l'individu  et  à 
son  intérêt  personnel. 

—  SYN.  égoïste,  homme  personnel.  L'égoïste 
prend  pour  guide  son  moi;  et  l'homme  personnel  sa 
personne.  Étymologiquement,  ces  mots  sont  donc 
très-semblables;  mais  l'usage  y  a  introduit  une 
nuance  :  égoïste  dit  pis  qu'homme  personnel. 
L'homme  personnel  rapporte  les  choses  à  lui  ;  l'é- 
goïsle  non-seulement  les  rapporte  à  lui,  mais  encore 
est  capable  de  sacrifier  autrui  à  son  intérêt. 

—  ÉTYM.  Voy.   ÉGO'iSME. 

t  ÊGOÏSTEMENT  (é  go-i-ste-man),  adu.  Néolo- 
gisme. D'une  manière  égoïste. 

—  ÉTYM.  Égoïste,  et  le  suffixe  ment. 
tÉGOÏSTIQUE  (é-go-i-sti-k'),  adj.  Néologisme. 

Qui  appartient  à  l'égoïsme. 

—  ÉTYM.  Égoïste. 

t  ÉGOÏSTIQUEMENT  (  é-go-i-sti-ke-man  ) ,  adv. 
Néologisme.  Voy.  égoïstement. 

—  ÉTYM.  Ëgoistique. 

t  ÉGOPUONIE  (é-go-fo-nie) ,  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Mode  de  résonnance  de  la  voix  comparée  à 
la  voix  d'une  chèvre,  lorsqu'on  écoute  la  poitrine 
d'un  individu  qui  a,  dans  l'une  des  plèvres,  un  épan- 
chement  d'une  médiocre  abondance. 

—  ÉTYM.  AU,  alfo;,  chèvre,  et  ftaiii,  voix. 

t  ÉGOPODE  (é-go-po-d'} ,  s.  m.  Genre  de  plantes 
ombellifères. 

—  ÉTYM.  A'iî,  oÎYÔ;,  chèvre,  et  itoOç,  pied. 
ÉGORGÉ,  ÉE  (é-gor-jé,  jée),  part,  passé.  111°  A 

qui  on  a  coupé  la  gorge,  qu'on  a  tué.  Le  mari  par  sa 
femme  en  son  litégorgé,  cobn.  Cinna,  i,  3.  De  prin- 
ces égorgés  la  chambre  était  remplie;  Un  poignard 
à  la  main  l'implacable  Athalie....  bac.  Athal.  i,  2. 
Il  Terme  de  pêche.  Harengs  égorgés,  ceux  auxquels 
on  a  emporté  la  tête  en  les  habillant.  ||  2°  Kig.  Là  sur 
l'aulel  sont  égorgés  tous  les  désirs  propres,  tous  les  re- 
tours intéressés  sur  nous-mêmes,  FÉN.  t.  xviii,  p.  1 39. 
t  ÉGORGEMENT  (  é-gor-je-man  ) ,  s.  m.  Action 
d'égorger.  Kt  les  frères,  les  sœurs,  les  mères  et  les 
filles  [ont]  D'affreux  égorgements  trop  noirci  nos 
familles,  lemebc.  Fréd.  et  Br.  i,  t. 

—  HIST.  XVI'  s.  Esgorgement,  cotorave. 

—  ÉTYM.  Égorger. 

fÉGORGEOIR  (é-gor-joir),  s.  m.  Ancien  terme 
de  marine.  Cargue  provisoire  pour  serrer  les  hu- 
niers, une  voile. 

ÉGORGER  (é-gor-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  ou 
0  ;  nous  égorgeons,  j'égorgeai),  v.  a.  ||  1°  Couper  la 

gorge.   Égorger  un  mouton Pour  épreuve  elle 

égorge  un  bélier  à  leurs  vues,  corn.  Médée,  i,  1. 
Il  2°  Tuer  avec  le  fer,  en  parlant  des  êtres  humains. 
Ces  dieux  qui  dans  Pharsale  ont  mal  servi  Pompée, 
Oui,  la  foudre  à  la  main,  l'ont  pu  voir  égorger,  id. 
Uort  de  l'omp.  v,  4. 11  faut  que  je  fasse  le  tourdu  lo- 
gis, de  peur  qu'il  n'y  ait  quelqu'un  de  caché  qui  me 
vienne  égorger,  d'ablancourt,  Lucien,  le  Songe 
ou  le  Coq.  Je  ne  crois  que  les  histoires  dont  les 
témoins  se  feraient  égorger,  pasc.  Pensées,  art. 
XXIV,  35,  éd.  Lahure,  isoo.  La  nation  chérie  a  violé 
sa  foi....  Maintenant  elle  sert  sous  un  maître  étran- 
ger; Mais  c'est  peu  d'être  esclave,  on  la  veut  égor- 
ger, HAC.  Eslh.  1,4.  On  égorge  à  la  fois  les  en- 
fants, les  vieillards,  m.  ib.  l,  6.  Pygmalion  ne  couche 
jamais  deux  nuits  de  suite  dans  la  même  chambre, 


EGO 

de  peur  d'y  être  égorgé,  fén.  Tél.  su.  Vers  la  fin 
de  son  règne,  il  [Aristomène]  combattit  les  Lacédé- 
moniens,  prit  leur  roi  Théopompe,  et  égorgea,  en 
l'honneur  de  Jupiter  d'Ithome,  trois  cents  hommes 
parmi  lesquels  le  roi  était  la  principale  victime,  bol- 
lin,  Hisl.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  40,  dans  poureks. 
Il  Par  extension.  Pour  avoir  un  carrosse  et  que  tout 
y  réponde  ,  Combien  un  médecin  égorge-t-il  de 
momie?  boursault,  Fables  d'Ésope,  iv,  3.  Ce  n'est 
pas  qu'aucun  de  ces  millions  d'hommes  qui  se  font 
égorger  prétende  un  fétu  sur  ces  tas  de  boue,  volt. 
Micrtimégas,  7.  Des  hommes  indignes  du  nom  de 
chrétiens  égorgeaient  les  peuples  du  nouveau  monde, 
et  la  cour  de  Kome  fulminait  des  bulles  pour  pré- 
venir ces  atrocités,  chatkaub.  Génie,  iv,  vi,  4  1. 
Il  8°  Ancien  terme  de  marine.  Serrer  les  huniers, 
une  voile  au  moyen  des  égorgeoirs.  ||  4°  Kaire  payer 
aux  gens  beaucoup  plus  qu'ils  ne  doivent.  On  égorge 
les  gens  dans  cette  auberge.  ||  Kuiner  les  allairesde 
quelqu'un.  Dans  son  embarras  lui  demander  de  l'ar- 
gent, c'est  l'égorger.  ||  Desservir  d'une  manière 
cruelle.  liissy  égorgeait  en  secret  le  cardinal  de 
Noailles  auprès  de  Mme  de  Maintenon,  st-sim.  3(0, 
66.  Il  B"  S'égorger,  v.  réft.  Se  couper  la  gorge  à  soi- 
même.  Il  s'est  égorgé  avec  un  rasoir.  Je  vous  de- 
mande pardon  de  mes  folies;  mais,  dans  l'état  où 
je  suis,  il  faut  s'égayer  ou  s'égorger,  j.  i.  nouss. 
I.elt.  à  lamar.  de  tuitm^ourj  ,21  juill.  1702.  ||  Kig 
Se  faire  un  très-grand  tort  àsui-même.  Kuir  Paris, 
ce  serait  m'égorgerde  ma  main,  oresset,  Uécliant, 
II,  7.  Il  6°  Se  tuer  l'un  l'autre  dans  un  combat.  N'en 
doutons  plus.  Olympe,  ils  se  vont  égorger,  bac.  Thé- 
baide,  l,  i.  Le  faux  honneur....  Avant  tout  aux 
mortels  prescrit  de  se  venger.  L'un  l'autre  au  moin- 
dre affront  les  force  à  s'égorger,  boil.  Sol.  xi.  Pres- 
qu'aucun  de  ces  animaux  qui  s'égorgent  mutuelle- 
ment n'a  jamais  vu  l'animal  pour  lequel  il  a'égorge, 
VOLT,  ilicromégas,  7.  Si  l'état  naturel  de  l'homme 
étaitla guerre, tuusleshommess'égorgeraient;  il  y  a 
longtempsquenousnesenonsplus,  iD,  DUil.  xxiv,  ». 

—  SYN.  assassiner,  égorger.  La  différence  entre 
ces  deux  mots  est  que  l'assassin  fait  son  coup  àl'im- 
proviste  et  en  se  cachant,  tandis  que  l'on  peut  égor- 
ger au  grand  jour,  quand,  par  exemple,  on  exécute 
l'urdre  d'un  maître  tout-puissant  et  irrité  :  Christine 
a  fait  égorger  Monaldeschi. 

—  lilST.  xvi"  s.  Les  couteaux  si  trenchans  qu'on 
a  veu  csgorger  Depuis  les  rois  hautains  eschauffei 
à  la  guerre  Jusqu'au  ver  innocent  qui  se  Haine  sur 
terre,  d'aub.  Tragiques,  liv.  i,  tliséres. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  gorge.  Rabelais 
disait  esgorgeler,  dans  Gurg.  i,  27. 

fÉGORGEUR,  ECSE  (é-gor-jeur,  jeû-z'),  s.  m. 
el  f.  Celui,  celle  qui  égorge.  |l  .,4 u  p(ur.  Assasi^ins 
qui  massacrent  publiquement  un  gr-and  nombre  de 
victimes  par  animosité  politique  ou  religieuse.  Les 
égorgeurs  de  la  Saint-Barthélémy. 

—  ÊTYV.  Égorger. 

ÉGOSILLER  (S')  (é-go-zi-llé.  Il  mouillèer,  et  non 
é-go-zi-yé),  v.  réft.  \\  1°  Se  faire  mal  au  gosier  à 
force  de  crier.  Il  se  faut  bien  égosiller  avec  vous  au- 
tres, mol.  Comtesse,  5.  Pour  raccourcir  [le  chemin] 
ils  disputèrent. ...  Nos  pèlerins  s'égosillèrent,  la  font. 
Fabl.  IX,  14.  Il  Avec  le  verbe  faire,  il  peut  y  avoir 
ellipse  du  pronom  personnel.  Tu  m'as  fait  égosiller, 
carogne,  mol.  Mal.  imag.  i,  2.  ||  2°  En  parlant  des 
oiseaux,  chanter  beaucoup,  longtemps.  Un  petit  ros- 
signol qui  s'égosille  pour  surmonter  un  homme  qui 
joue  du  luth,  sÉv.  122.  M.  Pengali  poussait  des  cris, 
les  coqs  s;égosillaient,  cuateaub.  llinér.  ii,  ». 

—  HIST.  xV  s.  Fort  et  puissant  comme  ung  He- 
rode  Pour  esgossiller  grosses  oyes,  coqdill.  Enquéie 
de  la  simple  et  de  la  rusée.  \\  xvr  s.  Il  les  donnoit 
au  premier  gentilhomme  qu'il  trouvoit,  à  esgosiller 
[tuer]  ou  prendre  prisonniers,  MONT.  I,  323.  Il  es- 
gosilla  femmes  et  enfants,  id.  m,  35. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  l'ancienne  forma 
gosillier,  gosier  (voy.  gosier,  à  l'historique):  couper 
le  gosier.  Aussi  le  sens  propre  est-il  tuer  eu  coupant 
la  gorge. 

fÉGOTISME  (é-go-ti-sm*) ,  s.  m.  Néologisme.  Ha- 
bitude de  parler  de  soi,  de  mettre  sans  cesse  en  avant 
le  pronom  moi. 

—  REM.  On  a  quelquefois  confondu  l'égoîsme  et 
l'égotisme  :  l'égoïsme  est  un  mot  français  qui  si- 
gnifie amour  excessif  de  soi;  l'égotisme  est  un  mot 
anglais  qui  signifie  la  manie  de  parler  de  soi. 

—  ÉTYM.  Mot  emprunté  à  l'anglais  egotitm,  du 
latin  ego,  moi  (voy.  je).  C'est  à  la  langue  anglaise 
à  rundre  raison  du  t. 

j  ÉGOTISTK  (é-go-ti-st') ,  ».  «.  Celui  qui  a  la  iia- 
nie  de  1  égotisme. 

—  ÉTYM.   Voy.   É00T1S¥E. 


EGO 


I<GI\ 


EGR 


1317 


i  ÉGOCEN  {  é-gou-an  ) ,  s.  m.  Nom  vulgaire  de 
deui  coquilles  univalves. 

t  ÉGOCGEOIRE  (é-gou-joi-r') ,  s.  f.  Crevasse  par 
laquelle  l'eau  d'une  mine  se  perd  dans  les  terres. ||  On 
dit  aussi  égongeoir,  s.  m. 

—  ËTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  gouge. 

ÊGODT  (é-gou;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  Ys  se  lie:  des  é-gou-z  utiles), 
1.  m.  Il  !•  Eau  qui  tombe  et  s'écoule  goutte  à  goutte. 
Ke  tenir  sous  l'égout  du  toit.  Les  glands  qui  avaient 
été  trempés  dans  l'égout  du  fumier  sortirent  de  terre 
plus  tôt  que  les  autres,  BUfF.  Expér.  sur  les  vegét. 
2'  mém.  Il  Êgoutde  plomb,  plaque  ou  canal  de  plomb 
qui  donne  issue  aux  eaux  découlant  du  toit,  et  les 
verse  dans  la  rue  ou  dans  la  cour.  ||  Terme  de  cou- 
vreur. Rangée  de  tuiles  ou  ardoises  qui  débordent 
ilu  toit.  Il  l'ente  de  toit.  Un  toit  à  deux  égouts. 
Il  2°  Conduit  par  où  s'écoulent  les  eaux  sales  et  les 
immondices  d'une  ville.  Honte  à  qui  peut  chanter 
pendant  que  les  sicaires....  Jettent  les  dieux  proscrits 
aux  rires  populaires.  Ou  traînent  aux  égouts  les  bus- 
tes 'les  Césars,  lamart.  Â  ^émésis.  ||  Galerie  voûtée 
dont  les  pieds  droits  sont  reliés  par  un  radier,  et 
qui  sert  à  écouler  les  eaux  sales  d'un  lieu  habité. 
Il  Rat  d'éfrout,  nom  moqueur  donné  par  le  pi'uple 
de  Paris  aux  égoutiers.  ||  3°  Fig.  Ce  qui,  en  tant 
qu'immonde,  est  comparé  à  un  égout,  à  un  cloa- 
que. Le  goût,  l'exemple  et  la  faveur  du  feu  roi 
avaient  fait  de  Paris  l'égout  des  voluptés  de  toute 
l'Europe,  st-sim.  453,  H2.  D'impurs  ruisseaux, 
gonflés  par  nos  orages,  Font  déborder  cet  égout 
des  Tarquins  [la  cour],  bérang.  Octavie.  ||  4°  11 
se  dit  quelquefois,  dans  le  langage  vulgaire,  pour 
exutoire,  fontanelle.  L'ulcère,  qui  a  servi  d'égout 
pendant  le  traitement,  n'est  pas  toujours  fermé 
au  terme  même  de  la  maladie;  on  le  guérit  alors 
avec  le  précipité  rouge  et  un  digestif,  raynal, 
Ilùt.  phil.  XI,  22.  Il  5°  Égout  nasal,  nom  donné, 
chez  le  cheval,  à  un  petit  orifice  appartenant  au 
conduit  lacrym.il  et  placé  dans  la  commissure  qui 
réunit  les  deux  lèvres  de  chaque  naseau.  |{  6°  Tabla 
pour  faire  égoutter  le  vif-argent  des  glaces.  ||  Terme 
de  raffinerie.  Eau  teinte  de  la  couleur  du  sirop, 
mais  moins  chargée  de  sucre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  bassin  de  plomb  qui  estoit 
jouxte  la  fenestre  dudit  grenier,  et  servoit  à  rece- 
voir les  eaux  des  égouts  de  la  pluie,  «esper.  Contes, 
xcv.  Nul  ne  peut  avoir  entrée,  issue,  glaçoir,  évier, 
egout  ou  goutiere  sur  son  voisin,  s'il  n'a  titre,  loy- 
SF.L,  293.  Nature  renvoyé  ces  excremens  vers  leme- 
zentere,  comme  dedans  un  cloaque  ou  esgout  de 
tout  le  corps,  paré,  v,  <9.  En  curant  une  fosse  où 
l'esgout  du  Sens  des  pourceaux  estoit  de  long  temps 
croupi,  iD.  XXIV,  3. 

—  ÉTYM.   Voy.  ÉGOUTTER. 

I  ÉGOUTIER  (é-gou-tié),  s.  m.  Homme  chargé 
du  curage  et  de  l'entretien  des  égouts  publics. 

—  ÉTYM.  Égout. 

f  ÉGOUTTAGE  (é-gou-ta-j'),  s.  m.  Action  de  faire 
égoutter.  ||  Égouttage  du  sol,  opération  qui  consiste 
à  en  enlever  une  humidité  surabondante  par  le 
moyen  de  fossés  empierrés. 

—  ÉTYM.  Égoutter. 

ÉGOUTTÉ,  ÉK  (é-gou-té,  lée),  part,  passé.  Vais- 
selle égouttée.  Il  Fromage  égoutté,  fromage  de  lait 
caillé,  dont  on  a  laissé  égoutter  le  petit-lait. 

t  ÉGOUTTEMENT  (é-gou-te-man),  s.  m.  Action 
d'égoutter,   de  s'égoutter.  ||  Êgouttement  du  sol, 

voy.  ÉGOUTTAGE. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esgoutement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Égoutter. 

ÉGOUTTER  (é-gou-té),  V.  a.  ||  l"  Faire  écouler 
goutte  à  goutte  l'eau  ou  l'humidité  dont  certaines 
choses  sont  pénétrées.  Faire  des  saignées  pour  égout- 
ter les  terres  basses.  Dans  une  plaine  de  deux  lieues 
qui  pouvait  être  aisément  percée  de  canaux  naviga- 
bles et  dont  on  n'a  pas  su  même  égoutter  les  eaux, 
RAYNAL,  llist.  pliil.  xiii,  7.  Il  Égoutter  de  la  vaisselle, 
la  placer  de  manière  que  l'eau  de  lavage  en  tombe 
d'elle-même.  On  dit  de  même  égoutter  des  cardes,  des 
asperges.  ||  Égoutter  le  lait,  faire  tomber  le  petit-lait 
du  lait  caillé.  ||  2°  Terme  d'arts  et  métiers.  Égoutter 
la  chandelle,  la  mettre  sécher.  ||  Égoutter  une  glace, 
faire  écouler  le  vif-argent  après  rétamage.  ||  Terme  de 
chapelier.  Dresser  les  chapeaux  tout  chauds.  ||  3°  S'é- 
goutter, V.  rijl.  Perdre  son  eau,  son  humidité.  Le 
fromage  s'égouttera.  |{  Avec  ellipse  du  pronom  person- 
nel. Il  faut  laisser  égoutter,  faire  égoutter  ce  lait  cail- 
lé, ce  fromage.  Mettre  à  égoutter  de  la  vaisselle  qu'on 
vient  délaver.  Mettre  à  égoutter  des  cardes, des  as- 
perges, de  la  morue. 

—  HIST.  XIII'  s.  J'aing  fj'aime]  mieux  fontaine 
qui  soroude  [déborde],  Que  celé  qu'en  estei  s'es- 


goule  [cesse  de  couler],  ruteb.  (32.  ||  xiV  s.  Pour 
vuidier  les  yaues  qui  se  esgoutoient  en  lieus  bas, 
BERCiiEURE,  f°  20,  recto.  Vuidiez  l'eaue  et  après  les 
mettez  esgouter,  llénagier,  ii,  6.  Mettre  esgouter 
en  un  plat,  ih.  ||  xvi*  s.  Les  fossez  qui  sont  en  la- 
dite terre  d'Oye,  pour  esgouter  les  terres,  devin- 
drent  grosses  rivières,  M.  du  bellay,  608. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  etjoude/provenç. 
et  portug.  esgotar. 

ÉGGDTTOill  (é-gou-toir),  s.  m.  Planche,  treillis 
sur  lequel  on  met  à  égoutter  quelque  chose.  ||  Terme 
rural.  Synonyme  d'éclisse.  ||  Morceau  de  bois  long 
d'environ  un  mètre,  gros  comme  le  bras,  avec  des 
rangs  de  chevilles  de  part  et  d'autre,  qui  sert  à  faire 
égoutter  la  vaisselle.  ||  i'able  dite  aussi  égout  sur  la- 
quelle on  fait  égoutter  les  glaces.  ||  Terme  de  car- 
tonnier.  Ais  assemblés  l'un  contre  l'autre,  sur  les- 
quels on  fait  égoutter  les  formes.  ||  Auge  de  bois 
disposée  sur  l'établi  du  chandelier.  ||  Conduit  pour 
l'épuisement  ou  l'écoulement  des  eaux  d'une  galerie 
de  mine.  ||  Planche  placée  debout  sur  une  partie  du 
tour  de  la  cuve  dans  les  fabriques  de  papier. 

—  ÉTYM.  Égoutter. 

ÉGOUTTURE  (é-gou-tu-r'),  s.  f.  Le  liquide  res- 
tant dans  une  bouteille  qu'on  vient  de  vider.  Us  ont 
tout  bu,  je  n'ai  eu  que  les  égouttures. 

—  ÉTYM.  Égoutter. 

t  ÉGRAIN  ou  ÉGRIN  (é-grin) ,  s.  m.  Terme  rural. 
Jeune  poirierou jeune  pommier,  qui,  venudegraine, 
est  réservé  dans  les  pépinières  pour  être  grefl'é. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  graiit  ou  graine. 
ÉGRAINER,  voy.  égrener. 

t  ÉGRAPPAGE  (é-gra-pa-j') ,  s.  m.  Action  d'é- 
grapper  les  raisins,  les  groseilles,  etc. 

—  ÉTYM.  Égrapper. 

ÉGRAPPÉ,  ÉE  (é-gra-pé,  pée),  part,  passé.  Des 
rarsins  égrappés.  ||  Les  mines  qui  sont  mêlées  avec 
des  terres  et  des  pierres  en  petit  volume,  veulent  être 
lavées  et  égrappées. 

ÉGRAPPER  (é-gra-pé),  v.  a.  ||  1°  Séparer  de  leur 
grappe  les  grains  d'un  raisin  mûr,  de  la  groseille,  etc. 
Égrapper  des  groseilles.  Elle  fait  égrapper  le  raisin 
et  trier  les  grains,  J.  J.  rouss.  Hél.  v,  7.  ||  2°  Égrap- 
per la  mine,  c'est  en  détacher  le  sable  et  les  petites 
pierres  qui  y  sont  mêlées,  et  que  les  ouvriers  ap- 
pellent grappes,  Dict.  des  arts  et  m.  Amst.  )767, 
Forges  ||  3°  S'égrapper,  v.  rèfl.  Être  égrappé.  Les 
groseilles  s'égrappent  pour  faire  les  confitures. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  grappe. 
fÉGRAPPOIR  (é-gra-poir),  s.  m.  ||  1°  Instrument 

pour  séparer  les  grains  de  raisin  dans  la  fabrication 
du  vin.  Il  2°  Lavoir  où  l'on  sépare  la  mine  de  fer  du 
sable  qui  s'y  trouve  mêlé. 

—  ÉTYM.  Égrapper. 

ÉGRATIGNÉ,  EE  (é-gra-ti-gné,  gnée)  ,  part, 
passé.  Il  1°  Qui  a  reçu  des  égratignures.  L'enfant 
égratigné  par  le  chat.'||  2°  Terme  de  gravure.  Cette 
planche,  celte  gravure  n'est  qu'égratignée,  le  cui- 
vre n'a  pas  été  coupé  avec  hardiesse  et  netteté. 
Il  Terme  de  peinture.  Manière  égratignée,  genre 
de  fresque  qui  consiste  dans  la  préparation  d'un  fond 
noir  de  stuc,  sur  lequel  on  applique  un  enduit  blanc, 
qu'on  ôte  ensuite  avec  une  pointe  de  fer,  en  décou- 
vrant par  hachures  ce  noir  qui  fait  les  ombres. 

ÉGRATIGNER  (é-gra-ti-gné),  «.  o.  ||  l»  Déchirer 
la  peau  avec  les  ongles,  avec  quelque  chose  de  pi- 
quant. Les  piquants  du  rosier  l'ont  égratigné.  ||  Fig. 
Il  y  a  de  certaines  pensées  qui  égratignent  la  tête, 
sÉv.  96.  Il  2°  Faire  une  légère  blessure  à  l'amour- 
propre,  aux  sentiments,  etc.  Afin  que  nous  n'ayons 
point  peur  que  votre  vertu  nous  égratigné,  balz. 
liv.  VI,  lett.  2.  J'aime  mieux  un  franc  ennemi  Qu'un 
bon  ami  qui  m'égratigne,  arnault,  dansle Dict.  de 
POITEVIN.  Il  Légèrement  médire.  ||  3°  Terme  rural. 
Labourer  peu  profondément.  ||  4°  Donner  certaine 
façon  à  une  étoffe  de  soie  avec  la  pointe  d'un  fer. 
Égratigner  du  satin.  ||  Terme  do  passementerie.  Dé- 
couper les  peaux. ||  B'S'égratigner,  v.  réfl.  Se  faire  à 
soi-même  une  égratignure.  Ulysse  s'égratigna  pour 
tromper  ses  ennemis,  fén.  Solon.  \\  Se  faire  l'un  à 
l'autre  des  égratignures.  Ces  deux  enfants  se  sont 
égratignés  à  qui  mieux  mieux.  ||  Proverbe.  S'il  ne 
peut  mordre,  il  égratigné,  c'est-à-dire  il  fait  toutle 
mal  qu'il  peut. 

—  HIST.  XII*  s.  Por  coi  detort  [elle]  ses  beles 
mains.  Et  fiert  [frappe]  son  piz  et  esgratine?  Chev. 
au  lyon,  v.  t48S.  ||xiii*  s.  Et  esgratinoient  leur  vi- 
saiges,  llist.  occid.  des  croisades,  1. 1,  p.  607.  X  ses 
ongles  [elle]  s'estoit  un  peu  esgratinée,  Berte,  lxxxii. 
Moult  sembloit  bien  qu'el  fut  dolente  [Tristesse], 
Ou'ele  n'avoit  mie  esté  lente  D'esgratigner  tote  sa 
chiere  [face],  la  Rose,  316.  jj  xv*  s.  Et  Pothon  prit 
Lyonel  d'une  main  par  le  bord  de  son  bassinet,  eti 


l'esgratigna  de  son  gantelet  au  visage,  monsirel, 
liv.  II,  ch.  8.  Il  XVI'  s.  Le  chat  les  egratignera  tant, 
que...  DESPER.  Contes,  XLiii.  Elle  se  mit  à  le  frap- 
per, mordre  et  égratigner,  marg.  Nouv.  iv. 

—  ÉTYM.  .1^  pour  es....  préfixe,  eigratiner,  dérivé 
de  gratter;  picard,  égrafigtier.  On  trouve  la  forme 
primitive  esjrafer;  Lors  prist  la  pucelle  à  mordre  et 
egrater  le  chevalier,  et  à  cryer  ainsi  que  se  elle  fu  1 
hors  du  sens,  Perceforest,  t.  ii,  f°  t.  On  trouve  le 
simple  gratigner.  On  trouve  aussi  une  autre  forme 
esgrafgner,  grafigner,  qui  vient  d'un  radical  graj 
ou  grif  (voy.  graffe)  :  Les  petits  chiens  de  son 
père  [à  Gargantua]  mangeoient  à  son  escuelle  ....il 
leur  mordoit  les  oreilles,  ilz  luy  graphinoient  le 
nez,  rar.  Garg.  i,  1 1. 

t  ÉGRATIGNEUR,  E0SE  (é-gra-ti-gneur,  gneû-z'), 
s.  m.  et /■.  Il  1°  Celui,  celle  qui  égratigné.  j]  Adj. 
Ce  chat  est  égratigneur.  ||  2°  Terme  de  passemen- 
terie. Ouvrier,  ouvrière  qui  se  sert  de  l'égratigooir. 
X  Paris  les  gaufreurs  sont  aussi  appelés....  maîtres 
découpeurs -égiatigneurs,  parce  qu'outre  la  gauf- 
rure  ils  ont  le  droit  de  découper,  piquer  et  mou- 
cheter  les  taffetas,  les  satins  et  autres  étofl'es,  avec 
des  fers  ou  instruments  destinés  à  cet  usage,  Dict. 
des  arts  et  met.  Amst.  4  767,  Gaufreur. 

—  ÉTYM.  Égratigner. 

+  ÉGRATIGNOIR  (é-gra-ti-gnoir),  s.  m.  Terme 
de  passementerie.  Fer  à  découper. 

—  ÉTYM.  Égratigner. 

ÉGRATIGNURE  (é-gra-ti-gnu-r'),  s.  f.  ||  1°  Légère 
blessure  faite  en  égratignant.  Se  faire,  recevoir  des 
égratignures.  J'aimerais  mieux  soufl'rir  la  peine  la 
plus  dure,  Qu'il  eût  reçu  pour  moi  la  moindre  égra- 
tignure, MOL.  Tart.  III,  6.  La  contestation  s'échauffa; 
des  paroles  elles  [les  duchesses  de  Rohan  et  d'Hal- 
luyns]  en  vinrent  aux  poussades  et  aux  égratignures, 
ST-SIM.  67,  209.  ||  Par  extension,  se  dit  de  toute 
blessure  légère.  Ce  n'est  qu'une  égratignure.  M.  de 
Creni  et  M.  de  13.  se  sont  battus  ce  matin;  le  der- 
nier se  porte  à  merveille,  et  le  premier  en  est  quitte 
pour  une  égratignure  à  la  main  ,  m-'  de  genlis, 
Adèle  et  Théod.  t.  i,  lett.  68,  p.  489,  dans  pougens. 
Il  Fig.  11  ne  peut  souffrir  la  moindre  égratignure, 
il  est  par  trop  douillet,  il  n'endure  rien.  ||  2°  Mar- 
que, cicatrice  que  laisse  une  égratignure.  Il  joue 
avec  le  chat  et  a  les  mains  pleines  d'égratignures. 
Il  3°  Terme  de  chasse.  Trace  légère  que  laisse  le 
cerf  en  marchant  sur  la  terre  dure. 

—  HIST.  XIV*  s.  Et  convient  avoir  un  gant  en  la 
main  destre,  pour  doubte  des  esgratigneures  [de 
l'épervier],  Ménagier,  m,  2.  ||  xv*  s.  Il  lui  fi.st  une 
esgrifure  ou  esgratigneure  sur  le  nez,  du  cange, 
esgratineura.  ||  xvi'  s.  Un  empereur  mourut  de  l'es- 
gratigneure  d'un  peigne  en  se  testonnant,  mont. 

I,  74. 

—  ÉTYM.  Égratigner. 

ÉGRAVILLONNÉ,  ÉE  (é-gra-vi-llo-né,  née,  21 
mouillées),  part,  passé.  Un  arbre  égraviilonné. 

ÉGRAVILLONNER  (é-gra-vi-llo-né.  Il  mouillées, 
et  non  é-gra-vi-yo-né),  v.  a.  Terme  d'horticulture. 
Lever  un  arbre  en  motte,  et  dégager  les  racines  de 
la  terre  qui  y  est  attachée. 

—  ÉTYM.  Ê  pour  es....  préfixe,  et  gravier. 
■j-ÉGRAVGIR  (é-gra-voir),  s.  m.  Outil  dont  se 

sert  le  paumier-raquetier. 

■j-ÉGREFlN  (é-gre-fin),  s.  m.||  1»  Terme  d'histoire 
naturelle.  Voy.  aigrefin.  ||  2»  Autrefois,  sobriquet 
donné  à  de  petits  officiers,  enseignes,  sous-lieute- 
nants, pauvres,  tapageurs  et  intrigants. 

—  HIST.  XVI"  s.  J'ay  nostre  marée  comptée;  Nous 
n'avons  que  bars,  que  e.sgrephins.  Que  saulmons, 
que  gros  marsouins,  Hist.  du  Théât,  fr.  t.  i,  p.  47(, 
dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Voy.  AIGREFIN. 

fÉGRENAGE  (é-gre-na-j'),  s.  m.  Action  d'égrener, 
de  séparer  les  grains  de  leurs  épis,  les  graines  de 
leurs  péricarpes. 

—  ÉTYM.  Égrener. 

t  ÉGRÈNE  (é-grè-n'),  s.  f.  Coin  de  fer  qu'on  met 
aux  ouvrages  de  layeterie  pour  arrêter  l'écart  des 
bords  et  des  côtés. 

ÉGRENÉ,  ÉE  (é-gre-né,  née),  part,  passé.  De» 
grappes  égrenées. 

ÉGRENER  (é-gre-né.  La  syllabe  gre  prend  un  ac- 
cent grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  . 
j'égrènerai),  v.  a.  ||  1°  Faire  sortir  le  grain  de  l'épi, 
la  graine  des  plantes;  détacher  les  raisins  de  la 
grappe.  Égrener  de  l'anis,  des  raisins.  ||  2°  Enlever 
légèrement  les  grains  de  la  surface  d'une  pièce 
qu'on  met  en  couleur.  ||  Terme  de  doreur.  Unir  la 
surface  d'une  pièce  passée  au  jaune,  et  enlever  les 
grains  ou  les  poils  de  brosse.  ||  3°  Égrener  son  cha- 
pelet, en  faire  passer  les  grains  entre  ses  doigts. 


1318 


ÉGR 


||4«  V.n.  Se  dit  d'un  rasoir  lorsqu'on  l'ébrJche  pour 
voir  s'il  est  bon.  Ce  rasoir  égrène  bien.  ||  8»  S'é- 
grener, V.  réfl.  Tomber  en  grains.  Ce  blé  est  trop 
mûr,  il  s'égrène. 

—  HisT.  XII'  s.  Es  deux  barons  nen  ot  que  core- 
cier  fse  courroucer],  Bien  se  requièrent  li  hardi 
cheva'lier;  De  lor  espées  font  esgrener  [é'^aillerj 
l'acier,  Et  les  vers  elmes  [baumes]  embarer  et  tren- 
chier, '/(aoui  de  C.  <76.  ||xv'  s.  Envie  le  ronge  et 
esgraine,  eust.  desch.  Poésies  mss.  dans  lacobne. 
Il  XVI'  s.  J'ai  moi  mesme  esgrené  un  espi  lie  fro- 
ment dans  lequel  se  treuverent  quelques  graine* 
d'ivroie,  o.  de  serres,  <04. 

—  KTYJl.  É  pour  es....  préfixe,  el grain. 

t  ÉGHENOIR  (é-gre-noir),  ».  m.  Terme  d'agri- 
culture. Nom  de  divers  instruments  qui  servent  à 
égrener. 

—  Ktym.  Égrainer. 

<.ÉORILLAHD,  ARDB  (é-gri-llar,  Uar-d',  Il 
mouillées,  et  non  é-gri-yar),  adj.  Qui  a  quelque 
chose  d'un  peu  trop  gaillard.  Il  a  l'air  égrillard. 

Des  chansons  égrillardes Ah,  cousin!  (ju'elle  a 

le  nez  joli.  Le  minois  égrillard,  le  cuir  fin  et  poli  S 
REGNARD,  le  Bal,  6.  Elle  est  sage  au  moins?  car, 
à  Paris,  on  dit  que  les  filles  sont  diablement  égril- 
lardes, DANCOURT,  Vend.  Suréne,  so.  9.  ||  Substan- 
tivement. Oh  !  oh!  quels  égrillards,  mol.  le  Sicil.  9. 
Quelle  est  cette  égrillarde  Qui  d'un  œil  curieux  me 
tourne  et  me  regarde?  regnard,  Démocrite,  ii,  7. 
S'il  pouvait,  par  bonheur,  choir  en  quelque  embus- 
cade, Et  que  des  égrillards  avec  de  bons  bâtons.... 
ID.  Fol.  am.  I,  t.  C'est  un  jeune  égrillard,  beau, 
bien  fait,  de  bonne  mine,  un  peu  étourdi,  beau- 
coup libertin,  dancourt,  les  Fées,  i,  9.  Ces  égril- 
lards iraient  d'humeur  bouffonne  Pincer  au  lit  le 
diable  et  ses  suppôts,  béhang.  Préf.  Collé,  quoi  qu'en 
disent  ces  dames,  Est  un  fort  honnête  égrillard,  m. 
Désatig. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  paraît  Tenir  de  é....  préfixe,  et 
grille:  comme  qui  dirait  celui  qui  sort  des  grilles, 
des  bornes.  Égrillard  2,  qui  montre  qu'en  effet  il  y 
a  eu  un  tel  composé,  vient  à  l'appui  de  celte  éty- 
mologie.  On  trouve  dans  le  bourguignon  s'égrailli, 
se  divertir. 

t  2.  ÉGRILLARD  (é-gri-llar,  Ji  mouillées),  .?.  m. 

Voy.  «GRILLOIR. 

t  ÉGRILLOIR  (é-gri-Uoir,  Il  mouillées),  s.  m. 
Déversoir.  ||  Grille  de  pieux,  qu'on  fiche  sur  le  bord 
de  l'eau  pour  y  contenir  le  poisson. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  grille. 

t  ÊGUISAGE  (é-gri-za-j') ,  s.  m.  Action  d'égriser 
le  diamant.  ||  Opération  qui,  précédant  le  polissage 
du  marbre,  fait  disparaître  les  trous  que  le  ciseau 
et  la  scie  ont  laissés. 

—  ÉTYM. priser. 

ÉGRISÉ,  ÉE  (é-gri-zé,  zée),  part,  passé.  Dia- 
mant égrisé. 

+  ÉGR1.>»ÉE  (é-gri-zée),  s.  f.  Poudre  de  diamant 
servant  à  polir  les  pierres  fines.  L'égrisée  peut  seule 
entamer  le  diamant.  ||  On  dit  aussi  égrisé  au  mas- 
culin. 

—  ÉTYM.  Égrisé. 

ËGRISER  (é-gri-zé),  V.  a.  Terme  de  lapidaire, 
ôter  d'un  diamant  les  parties  les  plus  brutes  avant 
que  de  le  tailler,  ce  qui  se  fait  en  le  frottant  contre 
un  autre  diamant  brut.  Louis  de  Berquem,  natif  de 
Bruges,...  il  y  a  environ  300  ans,  prit  deux  dia- 
mants, les  monta  sur  du  ciment,  les  égrisa  l'un 
contre  l'autre  et  ramassa  soigneusement  la  poudre 
qui  en  provint,  Dict.  des  arts  et  met.  Amst.  4  767, 
Lapidaire.  ||  Frotter  le  bord  d'une  glace  sur  une 
planche  avec  du  grùs  fin  et  sec,  ou  deux  glaces  l'une 
sur  l'autre  pour  en  dresser  l'épaisseur.  ||  Commencer 
à  polir  le  marbre. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  l'allem.  Cries, 
petits  fragments;  suédois,  grus. 

t  ÉGRISOIR  (é-gri-zoir),  s.  m.  Vase  où  tombe  la 
poudre  qui  sort  du  frottement  de  deux  diamants 
bruts  et  qui  sert  ensuite  à  polir  les  diamants. 

—  ÉTYM.  Égriter. 

ÉGlll'Gfi,  iÉE  (é-gru-jé,  jée),  part,  passé.  Du 
sel  égrugé. 

ÉGRUGEOIR  (é-gru-joir),  i.  m.  Petit  vaisseau  de 
bois  dans  lequel  on  égruge  le  .sel  avec  un  pilon. 
Il  Terme  d'agriculture.  Instrument  pour  peigner  le 
bout  du  chanvre  femelle,  pour  faire  tomber  le  chè- 
nevis.  ||  Machine  à  écraser  le  raisin.  ||  Terme  d'arti- 
ficier. Ustensile  pour  écraser  la  poudre  et  en  faire  du 
pulvérin. 

—  ÉTYM.  Égruger. 

ÊGHÇGER  (é-gru-jé.  Le  g  prend  un  «  quand  il 
est  suiTi  d'un  a  ou  d'un  o),  tj.  a.  Réduire  en  petits 
grains,  écraser.  Égruger  du  sel.  du  sucre;  ce  qui 


EH 

est  différent  de  le  pulvériser.  ||  Terme  d'agriculture. 
Détacher  le  chènevis  du  chanvre  femelle. 

—  IIIST.  XVI'  s.  C'est  le  propre  de  ce  que  nous 
appelons  ici  et  vers  tous  la  cherve  [le  chanvre] 
d'estre  egrugée  entre  des  fers  serrez  et  pointus, 
d'aub.  Fcen.  m,  <5. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  gruger. 

t  ÉGRUGECRE  (ê-gru-ju-r'),  t.  f.  Parties  menues 
d'un  corps  dur  séparées  parle  frottement. 

—  ÉTYM.  Égruger. 

ÊGIIECLÉ,  ÉÈ  (é-gheu-lé,  lée),  part,  passé. 
Il  1°  Une  cruche  égueulée.  ||  2°  Fig.  et  substantive- 
ment, un  égueulé,  une  égueulée,  personne  qui  est 
grossière  dans  ses  propos.  Je  m'avisai  que  j'avais  ou- 
blié un  grand  bal  où  je  devais  mener  la  fille  de  la 
duchesse  de  la  Ferté,  qui  ne  me  le  pardonnerait 
point  si  j'y  manquais,  et  qui  était  une  égueulée 
sans  aucun  ménagement,  sx-sm.  18,  2(8. 

ÊGDEULEMENT  {é-glK)»»-le-man) ,  s.  m.  Altéra- 
tion faite  par  le  boulet  k  la  bouche  des  canons. 

—  ÉTYM.  Égueuler. 

ÉGUE0LER  (é-gheu-lé) ,  V.  a.  ||  1"  Casser  l'ouver- 
ture, l'entrée  d'un  vase  de  terre  ou  de  verre,  ou 
l'embouchure  d'un  canon.  Égueuler  un  bocal.  Le 
boulet  a  égueulé  cette  pièce.  ||  2°  S'égueuler,  v. 
réfl.  Être  déformé  à  l'ouverture.  Cette  pièce  de  ca- 
non s'égueule.  ||  Populairement.  S'égueuler  de  crier, 
s'enrouer  à  force  de  crier.  Mais  les  autres  qui  jouent 
les  comédiesnes'égueulentpoint  tant, d'ablancoobt, 
Lucien,  dans  leroux,  Dict.  com. 

—  IIIST.  xiii*  s.  Là  s'assoreille  [nettoie  ses  oreilles] 
etesgoele  [nettoie  sa  gueule],  Fabliaux,  t.  i,  p.  241. 

—  ÉTYM.  ^  pour  es....  préfixe,  et  gueule. 
t  ÉGUILLE  (é-ghi-ll"),  s.  f.  Voy.  ÉguiLLE. 

t  ÉGYPTIAC  (é-ji-psi-ak),  adj.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Onguent  égyptiac,  préparation  pharmaceu- 
tique composée  de  miel,  de  vinaigre  et  de  vert-de-gris. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  faut  consommer  entièrement  le 
kystis  avec  égyptiac,  poudre  de  mercure  et  sem- 
blables, PARÉ,  V,  t8. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉGyPTIAQCES. 

t  ÉGYPTIAQCES  (é-ji-psi-a-k') ,  s.  f.  plur.  Titre 
de  l'histoire  d'Egypte  de  Manéthon. 

—  ÉTYM.  AlfuTtTiaxà,  les  choses  de  l'Égypto,  de 
alYOmtoc,  Égyptien. 

ÉG'ÏTTlEN,IENNE(é-ji-psi-in,psi-è-n'),s.  m.  etf. 
Il  1'  Nom  du  peuple  célèbre  qui  bâtit  les  pyramides 
et  dont  les  monuments  sont  les  plus  anciens  de 
toute  la  terre.  ||  Adj.  L'architecture  égyptienne. 
Il  2°  Sorte  de  vagabonds  qu'on  appelle  aussi  bohé- 
miens(voy.  ce  moi),  età  qui,  entre  autres  origines, 
on  a  attribué  l'Egypte.  La  destinée  a  voulu  que 
je  me  trouvasse  parmi  une  bande  de  ces  personnes 
qu'on  appelle  Égyptiens,  et  qui,  rôdant  de  province 
en  province,  se  mêlent  de  dire  la  bonne  fortune  et 
quelquefois  de  beaucoup  d'autres  choses,  mol.  Sca- 
pin,  m,  3.  Il  S.  f.  Égyptienne,  ancienne  étofi'e  de 
laine. 

—  HIST.  xvi*  s.  Belitresscs  qu'on  appelle  égyp- 
tiennes, Nuits  de  Strapnrole,  t.  il,  p.  247,  dans 
LACUHNE.  L'égyptienne  dict  la  bonne  fortune  à  au- 
truy,  et  la  malheureuse  ne  cognoist  la  sienne,  Le- 
roux DE  LINCY,  Prov.  t.  I,   p.  280. 

—  ÉTYM.  AlYVTttto;,  de  Alfuirco?,  Egypte;  angl. 
gypsei. 

EU!  (é) ,  infer;.  Il  1*  Exprime  la  douleur,  la  sur- 
prise, l'admiration.  Eh!  qui  aurait  pu  écrire  cela'? 
Eb!  qui  n'a  pas  pleuré  quelque  perle  cruelle?  ue- 
LiLLE,  En.  I.  Il  Eh  redoublé  s'emploie  quelquefois 
pour  faire  entendre  ce  qu'on  ne  veut  pas  dire.  Avez- 
vous  des  auteurs  dans  cette  ville-ci?  —  Oui,  mon- 
sieur.—  Bons? —  Eh,  eh....  —  Jentemls;  couci, 
couci,  BOURSAULT.  Fables  d'Ésope,  v,  4.  ||  2'  Eh  bien  I 
loc.  intirj.  et  surtout  inlerrog.  Elle  sert  souvent  à 
donner  de  la  force  à  l'expression.  Eh  bien,  Antio- 
chus,  TOUS  dois-je  la  couronne?  corn.  Uodog.  iv, 
3.  Figeac  :  Eh  bien?  —  Je  te  croyais  du  cœur,  pons 
DE  VERDUN.  ||  Terme  de  chasse.  Exclamation  em- 
ployée pour  ég.tyer  le  limier.  ||  3°  Eh  donc!  excla- 
mation familière  aux  Gascons,  mais  reçue  partout 
pour  exciter,  pour  encourager,  pour  m.iri|uerla  ré- 
solution. —  Eh  donc!  que  fais-tu  de  toutes  ces  qua- 
lités, bélitre?  picard,  le  Cousin  de  tout  le  monde, 
se.  t.  Mais  de  sa  canne  enfin  il  te  bourrait,  Et  tu 
gagnas,  sans  mot  dire,  la  porte.  —  Eh  donc!  mon 
cher,  quand  j'agis  de  la  sorte.  Je  croyais  bien  que 
le  fat  me  suivait,  pons  de  vebdun,  les  Excu-^es. 

—  REM.  Les  grammairiens  ont  essayé  de  distin- 
guer h^  et  eh;  mais  leurs  distinctions  sont  fort  ar- 
bitraires. Il  n'y  a  pas  de  différence  dans  la  pronon- 
ciation; et,  quanta  l'orthographe,  comme  elle  n'est 
fondée  sur  rien  du  tout,  chacun  écrit  à  sa  fantaisie 
eh  ou  hé. 


ËJO 

ÉHAN'CBÉ,  ÉE  (é-an-ché,  chée),  adj.  Terme 
de  manège,  (iheval  éhancbé,  cheval  dont  une  des 
hanches  est,  par  quelque  grand  effort,  descendue 
plus  bas  que  celle  de  l'autre  côté. 

—  HIST.  XVI'  s.  Eshanché,  otroiN. 

—  ÉTYM.  É  pour  e.s....  préfixe,  elhanehe. 
fiUERBER  (é-èr-bé),  v.  a.  Synonyme  de  sarcler. 

ôter  les  herbes  qui  poussent  lu  où  elles  ne  doivent 
pas  pousser.  Éherber  une  allée. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  herbe. 
ÉIIONTÉ,  ÉE  (é-on-té,  tée  ;  Cbifflet,   Gramm. 

p.  231,  dit  qu'on  aspirait  l'/t),  adj.  Oui  est  sans 
honte.  C'est  un  homme  éhonté.  ||  Substantivement 
Un  éhonté.  Une  éhontée. 

—  UEM.  1.  Voltaire  a  écrit  ès-honté:  Ce  Dieu 
très-fcs-bonté  ne  se  dérangea  pas,  Dimanche.  ||  2.  L'A- 
cadémie, dans  son  édition  de  1762,  écrit  éhonté  et 
dit  le  mot  vieilli.  Il  s'est  rajeuni. 

—  HIST.  iiV  s.  Et  celui  qui  deffaut  en  ce  et  qui 
de  rien  n'a  Tergonde,  il  est  appelle  invergondeux 
ou  eshonté,  obesme,  Ëlh.  60.  ||  xvi'  s.  Ceste  fable 
de  Jupiter  et  Juno,  eshonlée  au  delà  de  toute  souf- 
france, MONT,  m,  a3).  Si  vous  arguez  publiquement 
et  deTanttout  le  monde  un  homme,  sans  l'espargner 
ne  luy  rien  celer,  vous  le  rendrez  à  la  fin  eshonté, 
AMYOT,  Comment  dise,  le  jlatt.  de  l'ami,  65. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  honte. 
ÉUOUPÉ,  ÉE   (  é-ou-pé,  pée),  part,  passé.  Un 

arbre  éhoupé. 

ÉIJOCPER  (é-ou-pé),  V.  a.  Terme  d'eaux  et  fo- 
rêts. Coujer  la  cime  et  les  houppes  d'un  arbre.  ||  Sé- 
parer les  têtes  du  trèlle  de  leur  tige. 

—  REM.  L'Acalémie  écrit  éhouper  avec  un  seul  p; 
et  pourtant  elle  écrit  houppe  avec  deux  p;  ce  qui 
complique  inutilement  l'orthographe.  Il  faudrait 
supprimer  partout  une  de  ces  lettres  doubles  qui 
ne  se  prononcent  pas. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  houppe. 

t  EIDER  (è-dêr),  s.  m.  Espèce  de  canard  du  nord 
de  l'Europe  qui  fournit  l'édredon. 

—  ÉTYM.  AUem.  Eider. 

t  EIN  (in),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Corruption  de 
haim  (voy.  ce  mot). 

t  EISSADGCE  (è-s6-gh'),  s.  f.  Terme  de  pêche. 
Sorte  de  filet  qui  ressemble  beaucoup  à  la  seine. 

ÉJACULATECR  (é-ja-ku-la-teur),  adj.  m.  Terme 
d'anaiomie.  Qui  contribue  à  l'éjaculation.  Muscles 
éjaculateurs. 

—  HIST.  XVI'  s.  Signe  qu'ils  ont  dans  la  vue  quel- 
que vertu  ejaculatrice  [capable  d'agir  à  distance] , 

MONT.  I,    lOI. 

—  ÉTYM.  Éjaculer. 

ÉJACULATIO.V  (é-ja-ku-la-sion),  s.  /•.  jj  1' Action 
par  laquelle  certains  animaux  lancent  une  matière 
liquide.  ||  Par  extension.  Le  pauvre  marchand  le  fé- 
licitait le  mieux  qu'il  pouvait  de  sa  copieuse  éjacu- 
lation  d'urine,  scarr.  Rom.  com.  ch.  6.  ||  ferme  de 
physiologie.  Emission  du  sperme.  ||  2°  Ancien  terme 
de  physique.  L'émission  de  la  lumière.  Éjaculation 
des  corpuscules  lumineux.  ||  3°  Terme  de  la  vie  dé- 
vote. Nom  donné  à  certaines  prières  courtes  et  fer- 
ventes, qui  se  prononcent  à  quelque  occasion  pas- 
sagère, comme  si  elles  se  jetaient  vers  le  ciel. 

—  ÉTYM.  Éjaculer. 

ÉJACULÉ,  ÉE  (é-ja-ku-lé,  lée),  part  passé. 

ÉJACULER  (é-ja-ku-lé).  ||  1°  F.  a.  Lancer  hors  de 
soi  avec  force  un  liquide.  ||  2°  V.  n.  Terme  de  phy- 
siologie. Émeltre  le  sperme. 

—  ÉTY.M.  Lat.  ejaculari,  lancer  comme  un  javelot, 
de  e,  et  jaoulum,  javelot,  de  jacére,  jeter  (  voy. 

JET). 

t  ÉJAMRER  (é-jan-bé),  v.  a.  Enlever  la  côte  lon- 
gitudinale d'une  feuille  de  tabac. 

—  ÉTY.M.  É  pour  es....  préfixe,  el  jambe. 

t  ÊJAURAGE  (é-ja-ra-j'),  s.  m.  Action  d'éjarrer, 

—  ÉTYM.  Éjarrer. 

f  ÉJARRER  (é-ja-ré),  r.  a.  ôter  le  jarre,  prépa- 
ration qui  esl  particulière  à  certaines  peaux  de  pho- 
que et  aux  l'Caux  de  castor  dont  elle  augmente  beau- 
coup lavaleur.jl  Peaux  éjarrées,  celles  doot  le  revers 
a  été  écharné  ju.squ'à  la  plante  du  jarre. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  jorr«. 

t  ÉJECTION  (é-jè-ksion),  s.  f.  Terme  didactique. 
Action  d'expulser  hors  du  corps.  La  respiration  faci- 
lite l'éjection  dis  excréments  en  pressant  les  intes- 
tins,  Boss.  Connaiss.  n,  il.  \\  Les  matières  expul- 
sées. Des  éjections  abondantes. 

—  ÉTYM.  Lat.  cjectionem,  de  ejectum,  supin  lis 
ejicere.  jeier  hors,  de  e,  et  jaUre,  jeter  (voy.  jet). 

t  ÊJGLNTER  (é-join-té),  t).  a.  Terme  de  faucon- 
nerie. Éjointer  un  oiseau,  lui  rogner  une  aile  poui 
qu'il  ne  puisse  plus  Toler. 

—  ÉTYM.  Ë  pour  es....  préfixe,  et  joint,  jointure. 


ELA 

f  ftfOtriR  (S')  (é-jou-ir),  v.  réfl.  Se  livrer  à  la 
joie.  On  en  fail  maint  repas,  Dont  maint  voisin  s'é- 
jouit  (l'être,  la  font.  Fall.  iv,  2).  Ne  vous  éjouissez 
pas  de  vos  miracles,  parc.  Juifs,  ^8.  Clievrouse,  un 
avec  lui  [lîeauvillier]  dans  tous  les  temps  de  leur 
vie,  s'éjouit  avec  lui  de  la  mfime  joie,  st-sim.  302, 
«76.  Il  Ce  mot  a  un  peu  vieilli;  mais  il  est  encore 
bon. 

—  HIST.  MI'  s.  Mais  je  ne  sai  dont  esjoîr  [je]  me 
doie.Cot/ct,  XXI.  Il  XIII"  s.  Quan'  '■  ""ois  l'entendi, 
moût  en  fu  esjnïs,  Berte,  Lxxv.  Après  refu  portraite 
Envie,  Oui  ne  rit  onques  en  sa  vie,  N'onques  de 
rien  ne  s'e.sjoï,  S'ele  ne  vit  ou  s'el  n  '  oï  Aucun  grant 
domage  relraire,  la  Rose,  237.  ||xvs.  Ces  paroles 
esjouirent  fort  le  duc,  comm.  ii,  o. 

—  ÊTVM.  ^'pour  es....  préfixe,  et  jouir;  provenç. 
esgau  xir,  esjauzir. 

t  E-LA  (é-la),  s.  m.  Terme  de  musique.  C'était, 
dans  l'ancien  solfège,  le  mi,  qu'on  chantait  quel- 
quefois sur  la  sylWiiie  la. 

t  ÉLABORANT,  ANTE  (é-la-bo-ran ,  ran-t") ,  odj. 
Terme  didactique.  Qui  élabore.  Les  cellules  élabo- 
rantes. 

t  ÉLABORATEUR,  TRICE  (é-Ia-bo-ra-teur,  tri-s'), 
adj.  Terme  didactique.  Qui  fait  la  fonction  d'élabo- 
rer. Organe  élaborateur. 

—  ÉTV.M.  Élaborer. 

Elaboration  (é-la-bo-ra-sion),  s.  f.  Action  d'é- 
laborer, de  s'élaborer.  ||  Terme  de  physiologie. 
Action  par  laquelle  les  êtres  organisés  font  subir,  soit 
aux  substances  venues  du  dehors,  soit  aux  maté- 
riaux puisés  dans  leur  propre  sein,  une  transforma- 
lion  spéciale  et  adaptée  aux  actes  organiques. 

—  HIST.  xvr  s.  Elabouration,  cotgbave. 

—  ÉTYM.  Lat.  elaboralionem,  de  elaborare,  éla- 
tjorer. 

ÉLABORÉ,  ÉE  (é-la-bo-ré,  rée),  part,  fasse. 
Il  1°  Qui  a  subi  une  élaboration.  Le  chyle  élaboré 
par  les  intestins.  {|  2°  Fig.  Présenter  un  projet  éla- 
boré. 

ÉLABORER  (é-la-bo-ré),  ti.  o.  ||  1"  Faire  subir 
par  un  labeur,  par  un  travail,  par  une  combinaison, 
une  modification  spéciale.  Le  foie  élabore  la  bile. 
L'estomac  élabore  les  aliments.  ||  Fig.  11  élabore  péni- 
lileiiient  ses  idées.  Élaborer  un  projet  de  loi.  ||  2°  S'é- 
laborer, 11.  rc'/î.  Devenir  élaboré.  La  sève  s'élabore. 
Cette  liqueur  s'y  subtilise,  s'y  élabore,  y  acquiert 
la  forme  du  sang,  desc.  t'homme.  ||  Fig.  Les  idées 
s'élaborent  par  la  réflexion. 

—  KEM.  Dans  le  dictionnaire  de  l'Académie  de 
1740  on  lit  :  «  Élabouré,  participe  du  verbe  élabou- 
rer,  qui  n'est  plus  en  usage,  x  Ce  mot,  sous  la 
forme  élaborer,  a  repris  faveur. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  mouelle  est  aliment  élabouré 
à  perfection  de  nature,  comme  dict  Galien,  rab. 
Garg.  i,  ProJ.  Le  cerveau  est  le  siège  de  l'ame 
raisonnable,  la  source  de  sentiment  et  mouvement, 
et  des  trts  nobles  esprits  animaux  faits  des  esprits 
vitaux,  lesquels,  montés  du  cœur  par  les  artères 
du  cerveau,  sont  cuits,  recuits,  elabourés  et  subti- 
lisés par  le  moyen  d'une  multiplicité  de  petites  et 
subtiles  artères,  cuabbon,  Sagisse,  i,  i. 

—  ÊTYM.  Lat.  elaborare,  de  e,  et  laborare,  tra- 
vailler (voy.  LAREUU). 

fÉLABUÉ,  ÉE  (é-la-bré,  brée),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Se  dit  d'un  insecte  qui  n'a  point  de  labre. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  labre. 

t  ÉLjEÉRINE  (é-lè-é-ri-n') ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Principe  voisin  de  l'oléine  qu'on  trouve  dans  le 
suint. 

—  ÉTYM.  'EXaiov,  huile,  et  Iptov ,  laine. 

t  ÉLjEOLITIIE  (é-lé-o-li-t'),s.  m.  Terme  de  mi- 
néralogie. Minéral  vitreux  (''un  éclat  gras. 

—  ÉTYM.  'E).iiov,  huile,  et  )>{6o;,  pierre. 
tÉLyEOMÈTUE  (é-lè-o-mè-tr") ,    s.    m.    Espèce 

d'aréomètre   destiné    à   reconnaître  la  pureté  des 
huiles  grasses  par  leur  densité. 

—  ÉTYM.  "EXaiov,  huile,  et  mètre,  mesure. 

t  Êl;E0PTÈNE  (é-lb-o-ptè-u') ,  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Partie  des  huiles  volatiles  qui  reste  liquide 
au-dessous  de  la  température  ordinaire. 

—  ÉTYM.  'EXaiov,  huile,  et  itTrjvo;,  qui  vole. 

f  E-LA-FA  (é-la-fa),s.  m. Terme  d'ancienne  mu- 
sique. Dénomination  donnée  au  ton  de  mi  bémol,  à 
l'époque  où  l'on  solfiait  par  les  muances. 

ÉLAGAGE  (é-la-ga-j') ,  s.  m.  Action  d'élaguer  des 
arbres.  ||  Branches  coupées. 

—ÉTYM.  Élaguer. 

ÉLAGUÉ,  ÉE  (é-la-ghé,  ghée),  part,  passé. 
Il  1"  Dont  on  a  retranché  des  branches.  Des  arbres 
élagués.  Il  2°  Fig.  Retranché.  Des  digressions  éla- 
guées. 

ELAGUER  (é-Ia-ghé),  V.  a.  \\  i'  Couper  les  bran- 


ELA 

ches,  principalement  les  branches  inférieures  d'un 
arbre,  afin  de  faire  grandir  la  tige  et  de  se  pro- 
curer des  fagots  pour  le  chauffage.  Dubut  est  ici, 
qui  a  élagué  des  arbres  devant  celte  porte,  qui  font 
en  vérité  'iiie  allée  superbe,  sÉv.  <62.  ||  2°  Fig.  Dé- 
truire ou  écarter  ce  qui  est  superflu  ou  nuisible. 
L'homme  l'étend  et  la  polit  [la  nature],  en  élague 
le  chardon  et  la  ronce,  buff.  Morceaux  choisis, 
p.  t».  Il  Par  analogie,  retrancher  d'un  ouvrage  d'es- 
prit ce   qui  est   surabondant.  Élaguez  ces  détails. 

—  SYN.  ÉLAGUER  ,  É.MONDER.  Êlagucr,  c'est  re- 
trancher; émomler,  c'est,  étymologiqnement,  rendre 
net.  rendre  propre.  On  élague  un  arbre  pour  le  dé- 
barrasser de  grosses  branches  qui  le  surchargent.  On 
émonde  un  arbre  non  pas  seulement  pour  le  débar- 
rasser de  grosses  branches  devenues  inutiles  ou 
nuisibles,  mais  aussi  pour  lui  Ôter  ce  qui  le  dépare 
aussi  bien  que  ce  qui  lui  nuit.  L'élagage  se  prati(iue 
surtout  dans  l'intérieur  de  l'arbre;  l'érnondage, 
surtout  à  l'extérieur,  à  la  cime,  à  l'extrémité  des 
branches. 

—  HIST.  XVI' s.  Souvent  l'on  en  retranche  du  bois 
[des  espaliers]  en  les  eslargant,  o.  de  serres,  660. 
Qu'il  tienne  nettoies  ses  ohviers,  les  eslaguans  à 
propos,  ID.  708.  Esmonder,  est  oster  le  mort  et 
rompu;  eslaguer, les  branches  inutiles  et  nuisantes 
croissans  en  mauvais  endroit,  empeschans  la  grâce 
de  l'arbre;  estester,  couper  généralement  toutes  les 
branches  pour  faire  reprendre  nouvelle  vigueur  à 
l'arbre,  in.  723. 

—  KTYM.'Wall.h'5uer;Berry,aZavc»';  norm.  éliguer; 
de  é  pourra....  préfixe,  et  de  l'anc.  haut  allem.iaft, 
incision  des  arbres;  étymologie  donnée  parGrandga- 
gnage  et  approuvée  par  Diez.  Dans  cette  hypothèse 
très-probable,  il  faut  regarder  elarguer  d'O.  de  Serres 
ou  comme  un  autre  mot  ou  comme  une  transforma- 
tion vicieuse,  par  assimilation  avec  large,  d'élaguer. 

ÊLAGUEUK  (é-la-gheur),  s.  m.  Celui  qui  élague. 

—  ÉTYM.  Élaguer;  Berry,  alayeur. 

I  ÉLAÏDINE  (é-la-i-di-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  grasse  qui  se  produit  quand  on  traite 
l'huile  d'olive  par  l'acide  azotique  et  l'acide  azo- 
teux. 

—  ÉTYM.  "Eyaiov ,  huile. 

I  ÉLAÏDIQUE  (é-la-i-di-k') ,  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  élaïdique,  acide  qui  se  forme  dans  la 
saponification  de  l'élaïdine. 

—  ÉTYM.  'EXata,  olive. 

t  ÊLAÏNE  ;é-la-i-n'),s.  f.  Terme  de  chimie.  Voy. 

OLÉINE. 

—  ÉTYM.  'FSt.a'.a,  olive. 

I  ÉLAÏQUE  (é-la-i-k'),  adj.  Voy.  oléique. 

■j-ÊLAISER  (é-l(Vzé),  V.  O.  Terme  de  monnaie. 
Frapper  les  flans  sur  l'enclume  avec  le  flattoir. 

t  E-LA-Ml  (é-la-mi),  s.  m.  Terme  de  musique. 
C'était,  dans  l'ancien  solfège,  le  mi,  qu'enchantait 
tantôt  sur  la  syllabe  la,  tantôt  sur  la  syllabe  mi. 

4.  ÉLAN  (é-lan),  s.  m.  ||  1°  Mouvement  pour 
s'élancer.  Il  prit  son  élan.  L'élan  qu'il  avait  le  fil 
tomber.  Il  partit  comme  un  trait,  mais  les  élans 
qu'il  fit  Furent  vains....  la  font.  Fabl.  vi,  40. 
Il  N'avancer  que  par  élans,  avancer  par  des  mouve- 
ments brusques  et  saccadés.  ||  2°  Action  d'élancer  la 
voix.  A  prix  de  faux  clins  d'yeux  et  d'élans  alTeclés, 
MOL.  Tart.j,  6.  Que  dis-tu  de  m'y  voir  rêveur,  ca- 
pricieux. Tantôt  baissant  le  front,  tantôt  levant  les 
yeux.  De  paroles  en  l'air  par  élans  envolées,  Ef- 
frayer les  oiseaux  perchés  dans  mes  allées?  hoil. 
Épit.  XI.  Aux  élans  redoublés  de  sa  voix  doulou- 
reuse Tous  ses  valets  tremblants  quittent  la  plume 
oiseuse,  id.  Lutr.  iv.  Il  pousse  des  élans  et  des 
soupirs,  LA  BRUY.  XIII.  ||  3°  Fig.  Ardeur  inspirée  par 
la  passion,  pur  l'enthousiasme.  Cette  continuité  [de 
l'oraison]  consistait  dans  divers  actes  et  dans  de  con- 
tinuels élans  de  leur  dévotion ,  boss.  Étals  d'orais. 
VI,  40.  Sénéque....  vous  offrira  des  idées  ingénieu- 
ses et  fines,  des  élans  hardis  et  lumineux,  dider. 
Ess.  sur  Claude.  Mais  on  ailmire,  on  aime,  on  sou- 
tient les  talents,  C'est  en  vain  qu'on  voudrait  repous- 
ser leurs  élans,  gilb.  le  Poète  malheureux.  Oui, 
ce  discours  sans  doute  est  un  élan  sublime,  M.  j. 
ciiÉNiER,  Charles  IX,  m,  t.  Ces  élans  inquiets 
vers  la  postérité  Ne  sont  pas  de  l'orgueil  une  vaine 
chimère,  legouvé,  Épichar.  et  Nér.  n,  2.  ||  Ce  jeune 
homme  a  de  l'élan,  c'est-à-dire  lia  un  cuiur disposé 
h  l'enthousiasme.  ||  4°  Ancien  terme  de  marine. 
Écart  que  fait  un  vaisseau  tantôt  à  tribord,  tantôt 
à  bAbord.  Les  élans  sont  à  tribord. 

—  HIST.  xvi"  s.  Mais  en  l'homme,  que  le  corps 
se  meuve  et  seuffre  quant  et  les  eslans  des  pa.ssions, 
on  l'apperçoit  évidemment  par  la  couleur  pasle  en 
frayeur....  amyot,  De  ta  vertu  morale,  25. 

1     —  ÉTYM.  Voy    élancer;  Berry,   aUm.   L'ortho- 


•    ÉLA 


1319 


graphe  eslari  ne  laisse  aucun  doute  sur  l'origine  de 
ce  mot. 

2.  ÉLAN  (é-lan),  s.  m.  Espèce  de  cerf  qui  se 
trouve  dans  le  Nord.  ||  Ëlan  du  Cap,  un  des  nom» 
vulgaires  de  l'antilope  créas,  appelée  aussi  canna. 
Il  Élan  d'Afrique  ,  l'antilope  bubale.  ||  Élan  dei 
Anglo-Américains,  le  cerf  du  Canada. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  quand  ce  ne  seroit  que  la  mi- 
sère de  l'animal,  qui  tombe  si  souvent  en  epilcpsie 
(dont  les  AUemans  l'appellent  Hellend,  qui  signifie 
misère),  paré.  Licorne,  4  9.  La  peau  d'une  beste 
que  les  Poulonois  appellent  elain,  dont  l'on  fait  des 
ceintures  pour  en  ceindre  les  femmes  estans  au  tra- 
vail d'enfant,  o.  de  serres,  938.  Quelques  bestes 
sauvages,  comme  deux  eslams,  aussi  des  peaux  de 
semblables  eslams  avec  certains  chiens  lévriers, 
tant  de  Russie  que  de  ce  pays  de  Dace,  Lett.  de 
Christiern  // d  François /", de  4  6)9,  dansGEFFBOT, 
Notices  et  extraits,  p.  604. 

—  ÉTYM.  Allem.  Elenn;  hoU.  eland;  anc.  haut- 
allem.  elaho;  kymri,  (jiat'n,  faon;  eiiore,  chevreuil. 
L'étymologie  donnée  par  Paré  n'est  pas  véritable. 

ÉLANCÉ ,  ÉE  (é-lan-sè,  sée) ,  part,  passé.  ||  1°  Qui 
a  pris  son  élan.  Un  chien  élancé  après  sa  proie. 
Il  Terme  de  blason.  Cerf  élancé,  cerf  courant. 
Il  2°  Lancé.  La  poussière  s'élève  et  le  char  balancé 
Vole  dessus  l'essieu  comme  un  trait  élancé,  garn. 
Ilippolyte,  V.  Ces  volcans  infernaux  jusqu'au  ciel 
élancés,  volt.  Triumv.  i,  4.  Son  sang  [de  Char- 
les IX],  à  gros  bouillons  de  son  corps  élancé.  Ven- 
geait le  sang  français  jiar  ses  ordres  versé,  id.  Heji- 
riade,  m.  Leurtribu  [des  brames]....  de  son  front  [de 
Brama]  élancée,  c.  delav.  Paria,  i,  1 .  ||  3°  Fig.  Et  les 
yeux  vers  le  ciel  de  fureur  élancés,  boil.  Sat.  iv.  Jus- 
ques  au  ciel  mille  cris  élancés,  bac.  Phèd.  m,  3. 
J'aurais  dit  au  poëte  élancé  vcrsla  gloire....  v.  iiuoo, 
Odes,  II,  4.  Il  4°  En  parlant  de  la  conformation  du 
corps,  qui  est  mince  et  bien  pris.  Une  taille  élancée. 
Le  prince  de  Léon  était  un  grand  garçon  élancé, 
laid  et  vilain  au  possible,  st-sim.  489,  29.  ||  Par  ex- 
tension. Les  cathédrales  élancées,  qui  furent  blties 
durant  le  moyen  âge.  ||  5°  Dont  les  dimensions  en 
hauteur  et  en  longueur  l'emportent  beaucoup  sur 
les  dimensions  en  largeur.  ||  Cheval  élancé,  cheval 
dont  le  corps  est  efflanqué.  ||  Arbre  élancé,  arbre 
dont  le  tronc  s'élève  très-haut  sans  branches. ||  Bran- 
ches élancées,  branches  plus  longues  que  ne  sem- 
bleraient le  comporter  les  autres  dimensions  du  vé- 
gétal. C'est  un  défaut  à  un  arbre  que  d'y  voir  des 
branches  élancées,  la  ouintinye  ,  Jardins,  t.  i, 
dans  RiCBELET.  Il  Terme  de  zoologie.  Se  dit  d'une  co- 
quille spirivalve  dont  le  cône  spiral  avance  beau- 
coup plus  en  hauteur  qu'en  largeur.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Se  dit  des  couples  de  l'avant  qui  sont  dévoyés; 
d'une  proue  saillante;  d'un  navire  qui  a  beaucoup 
d'élancement. 

ÉLANCE.MENT  (é-!an-se-man),  s.  m.  ||  !♦  Action 
de  s'élancer.  L'impétueuse  ardeur  de  ces  transports 
nouveaux  X  son  sang  prisonnier  ouvre  tous  les  ca- 
naux; Son  élancement  perce  ou  rompt  toutes  les 
veines,  corn.  Attila,  v,  6.  ||  Espace  que  fournit  le 
cheval  qui  s'élance.  De  longs  élancements.  ||  Action 
de  faire  un  élan.  Il  y  a  des  moments  où  le  vol  des 
oiseaux  a  des  élancements.  ||  2°  Fig.  Ardentes  aspi- 
rations de  l'âme.  Les  élancements  de  l'âme  vers 
Dieu.  L'amour  est  circonspect,  il  est  juste,  humble 
et  sage,  Il  ne  sait  ce  que  c'est  qu'être  mol  ni  vo- 
lage ;  Et  des  biens  passagers  les  vains  amusements 
N'interrompent  jamais  ses  doux  élancements,  corn. 
Imit.  III,  5.  11  faisait  des  soupirs,  de  grands  élan- 
cements, MOL.  Tart.  I,  6.  Au  iV  siècle,  il  y  avait 
dans  les  ouvrages  des  chrétiens  quelque  chose  d'une 
passion  nouvelle,  d'une  insatiable  curiosité  sur  les 
destinées  de  l'homme,  d'un  élancement  vers  le  ciel; 
c'est  ce  qui  brille  dans  les  ouvrages  de  Grégoire  de 
Nazianze,  d'Augustin,  viLLEMAiN,ii«./'r.xvin*s«ède, 
2"  part.  2*  leç.  ||  3°  Douleur  vive,  aiguë,  analogue 
à  celle  qu'ociiasionnerait  un  coup  de  lance.  Celte 
piqûre  me  cause  de  grands  élancemeuls  dans  le 
doigt.  Il  4°  Terme  de  marine.  Inchnaison  de  l'élrave 
par  rapport  à  une  ligne  verticale  qui  serait  élevée  à 
l'extrémité  de  la  quille  où  l'étrave  vient  se  fixer, 

JAL. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ceux  qui  poursuyvent  légitime- 
ment des  choses  légitimes,  ont  un  plaisir  non  plein, 
de  grands  eslancemens,  ains  assaisonné  de  douceur,'. 
LANGUE,  620.  Si  Ces  ulcères  sont  corrosives,  l'hu-' 
meur  qui  en  sortira  sera  noirastre,  avec  grande 
douleur  et  eslancemens,  paré,  xi,  20.  Cela  afl"oiblit 
la  violence  que  le  courir  donne  aux  premiers  coups, 
et  quant  et  quant  oste  l'eslancement  des  combatlans 
les  uns  contre  les  autres,  amyot,  Pomp.  99.  Les 
gens  ds  guerre  doivent  estre  comme  un  corps  fort 


1320 


ÊLA 


et  robuste,  qui  de  soy  mesme  n'ait  aucun  mouTe- 
inenl,  ains  se  meuve  au  bransle  et  eslanoement  du 
capitaine,  id.  Galba,  *. 

—  ÊTVM.  Élancer. 

ÉLANCER  (é-lan-sé.  Le  e  prend  une  cédille  de- 
vant a  et  o:  élançant,  élançons).  ||  1°  V.  a.  Lancer 
avec  force.  L'espérance  et  le  désir  nous  élancent 
vers  l'avenir.  L'Afrique  où  le  soleil  plus  chaud  Élance 
ses  flammes  d'en  haut,  gabn.  Porcie,  ni.  {|  Peu  usité 
à  l'actif.  Il  i"  V.  n.  Causer  des  élancements.  Le  doigt 
m'élance.  ||  3°  S'élancer,  v.  réjl.  Prendre  son  élan 
vers.  En  le  voyant,  il  s'élança  dans  ses  bras.  Le 
monstre,  furieux  de  se  voir  entendu....  Du  roc  s'é- 
lance en  bas,  et  s'écrase  lui-même,  corn.  Œdipe, 
I,  4.  Vendôme,  que  soutient  l'orgueil  de  sa  nais- 
sance, Au  même  instant  dans  l'onde  impatient  s'é- 
lance, BOIL.  Épit.  IV.  Contre  moi  sur  mon  banc  je 
le  vois  qui  s'élance,  id.  Lutrin,  iv.  Quand  son  roi 
lui  dit:  pars,  il  s'élance  avec  joie,  rac.  Esth.  Prol. 
Entrer,  voler  vers  nous,  s'élancer  sur  Gusman,  L'at- 
taquer, le  frapper  n'est  pour  lui  qu'un  moment, 
VOLT.  Alz.  V,  2.  Il  court,  c'était  Égisthe,  il  s'élance 
aux  autels,  id.  Mérope,  v,  t.  Comment  avancer, 
comment  s'élancer  à  travers  les  vagues  de  cette  mer 
do  feu  [l'embrasement  de  Moscou]?  ségur,  Ilist.  de 
Kapol.  viii,  7.  Il  Fig.  L'étude  de  la  nature  force  no- 
tre âme  à  s'élancer  vers  l'auteur  des  choses,  j.  J. 
Bouss.  Prom.  m.  Je  m'élance  après  toi  dans  la  nuit 
du  tombeau,  m.  j.  chênier,  Cracques,  ii,  K  Sur 
celui  qui  s'élance  Hors  du  rang  où  le  ciel  a  placé  sa 
naissance,  c.  delav.  Paria,  iv,  i.  ||  4°  Devenir 
élancé.  La  taille  de  cette  jeune  fille  s'élance.]]  Terme 
de  forestiers.  S'élancer  se  dit  des  arbres  qui  pren- 
nent une  grande  élévation  sans  grossir  proportion- 
nellement. 

—  HIST.  xm'  s.  Ki  s'umelie,  moult  s'eslance,  pu. 

MOUSKES,  ms.   dans  lacurne.  ||  xvr  s Et  des 

croppes  hautaines  Les  fiers  torrents  s'eslancent  par 
les  plaines,  du  bellay,  iv,  o,  recio.  Et  de  son 
cœur  ia  piaye  trop  voisine  En  eslançant  luy  pince 
la  poctrine,  id.  ir,  28,  recto.  La  crainte,  le  désir, 
l'espérance  nous  Balancent  vers  l'advenir,  mont,  i, 
•  S.  Le  soleil  nous  eslance  si  dru  ses  rayons  que.... 
ID.  I,  Ht.  Aprez  s'estre  asseuré  des  deux  [chemins] 
et  n'y  avoir  trouvé  la  trace  de  ce  qu'il  cherche,  il 
[le  chien]  s'eslance  dans  le  troisième  sans  marchan- 
der, ID.  II,  <72.  ii's  aultres  s'estudient  à  eslancer 
etguinder  leur  esprit;  moi,  à  le  baisser  et  coucher, 
ID.  m,  27».  Si  je  confère  avecques  un  roide  jousteur, 
ses  imaginations  e.slancent  les  miennes,  id.  iv,  36. 
Non  que  ce  soit  pour  ce  qu'en  s'eslanceant  plusieurs 
ensemble,  les  chevaulx  fendent  mieulx  l'air,  amïot, 
Pélnp.  3B.  La  mandragore  assopit  les  sens,  elle  rend 
ies  hommes  lasches,  tristes  et  eslancés  [sans  élan], 
mornes  et  sans  aucune  force,  paré,  xxui,  i*. 

—  ÊTYM.  Ê  pour  es....  préfixe,  et  lancer;  picard, 
elanché,  élancé;  provenç.  cslansar. 

ffiLANCEUR  (é-lan-seur),  s.  m.  Oiseau  d'Afrique. 

t  ËLANE  (é-la-n'),  s.  m.  Terme  de  zoologie.  Genre 
d'oiseaux  rapaces,  ayant  une  seule  espèce,  l'élane 
mélanoptère. 

t  ÉLANGUEUR  (  é-lan-gheur),  s.  m.  Terme  de 
pêche.  Instrument  auquel  on  attache  par  la  tête  les 
morues  qu'on  vient  de  prendre. 

—  ÉTVM.  £  pour  es....  préfixe.etiangue,  soit  qu'on 
Cte  véritablement  la  langue  du  poisson,  soit  que 
l'instrument  la  froisse  ou  passe  à  sa  place. 

+  ÉLAPUÉBOLION  (é-la-fé-ho-li-on) ,  s.  m.  Mois 
des  Athéniens,  qui  fut  d'abord  le  3',  et  qui  devint 
plus  tard  le  9".  Il  correspondait  à  partie  de  mars  et 
d'avril. 

—  ÊTYM.  'E)>a90i;,  cerf,  et  pâXXeiv,  lancer:  pro- 
prement mois  de  la  chasse  du  cerf. 

t  ÉLAPHIEN,  lENNE  (é-la-fiin,  fié-n'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  ressemble  au  cerf. 

—  ÉTYM.  'EXaço;,  cerf. 

+  ËLAPUOGRAPUIE  (é-la-fo-gra-fie) ,  s.  f.  Traité 
sur  les  cerfs. 

—  ÊTYM.  "Eyoço;,  cerf,  et  ypâçEiv,  décrire. 

t  ÉLAPUORnItHE  (é-la-for-ni-f) ,  s.  m.  Famille 
d'oiseaux  qu'on  a  comparés  au  cerf,  à  cause  de  la 
vitesse  de  leur  course. 

—  ÊTYM.  'EXaço;,  cerf,  et  6pvt;,  oiseau. 

t  ÉLAPHRE  (éla-fr'),  ».  m.  Terme  de  zoologie. 
Genre  de  coléoptères  de  la  famille  des  carabiques. 

—  ÊTYM.   ÏXaçpoç,  agile. 

ËLARGI,  lE  (é-larji,  jie),  part,  pc^sé  de  élargir. 
Il  l"  Rendu  plus  large.  Une  ouverture  élargie. 
|]  Terme  de  botanique.  Se  dit  de  tout  organe  qui,  à 
sa  base  ou  à  son  sommet,  est  plus  large  transver- 
salement que  dans  le  reste  de  son  étendue.  |{  8"  Mis 
en  liberté.  Un  prisonnier  élargi. 

ËLARGIR  (é-lar-jir),  v.  a.  Ij  1"  Rendre  plus  large. 


ELA 

Elargir  une  rue,  un  fossé.  Je  sens  leur  dent  cruelle 
élargir  ma  blessure,  Ducis,  Lear,  m,  8.  Durant 
deux  saisons  de  clémence.  Mon  église  élargit  l'étroit 
sentier  des  cieux,  gilb.  le  Jubilé.  \\  Rendre  plus 
étendu.  Non  content  de  m'avoir  rendu  la  liberté, 
Tu  veux  sur  leurs  États  élargir  mon  empire,  racan, 
Psaume  30.  |{  Terme  de  gravure.  Élargir  les  tailles, 
rendre  plus  larges  lesespaces  qui  sont  entre  les  tailles. 
]]  Fig.  Rendre  plus  vaste,  plus  étendu.  Élargir  ses 
idées,  la  sphère  de  ses  connaissances.  ||  2°  Terme 
de  manège.  Élargir  un  cheval,  lui  faire  embrasser, 
dans  ses  exercices,  plus  de  terrain  qu'il  n'en  occu- 
pait; lui  faire  serrer  le  mur  dans  le  manège.  Élar- 
gissez votre  cheval,  se  dit  à  l'élève  qui  laisse  ren- 
trer son  cheval  dans  le  manège.  Il  3*  Mettre  hors  de 
prison.  Élargir  un  prisonnier.  Après  quatre  ans  et 
demi  de  prison,  il  (Pelli.sson]  fut  élargi,  d'olivet, 
Hisl.  de  l'Acad.  t.  ii,  p.  291 ,  dans  poucens.  ||  4°  Ac- 
corder comme  une  largesse.  L'esprit  de  la  grùce  nous 
est  élargi,  doss.  i,  Pent.  2.  ||  Ce  sens  vieillit;  c'est 
un  archaïsme;  voy.  l'historique.]]  5°  S'élargir, v.  r^/l. 
Devenir,  être  plus  large.  Mes  souliers  s'élargissent. 
La  rivière  s'élargit  en  cet  endroit.  La  chaussée  com- 
mençait à  s'élargir,  vaugel.  Q.  C.  liv.  iv,  dans 
HiCHELET.  Il  Se  mettre  au  large.  Les  ennemis  n'eu- 
rent pas  le  moyen  de  s'élargir,  id.  ib.  liv.  m,  ch.  7, 
dans  BiCHELET.  Il  S'agrandir  dans  son  domaine.  La 
grande  route  l'empêche  de  s'élargir.  ||  Fig.  Gagner 
de  l'étendue,  en  parlant  des  idées,  de  l'esprit.  J|  Se 
mettre  en  liberté.  Çà,  pour  nous  élargir,  sautons 
par  la  fenêtre,  bac.  Plaid,  i,  3.  ||  6°  Ancien  terme 
de  mer.  S'élargir,  s'éloigner  d'un  autre  vaisseau,  ou 
de  la  terre,  gagner  le  large. 

—  IIIST.  xn*  s.  Ma  parole  est  eslargie  sur  mes  ene- 
mis,  kar  esleecié  [réjoui]  sui  el  [au]  salveur,  Hois, 
B.  Normandie  pren  e  saisis.  Si  t'en  essauce  et  es- 
largis,  BENOIT,  ii,  43b02.  Par  la  grâce  de  Jhesu 
Crist,  Qui  tut  le  bien  qu'as  t'eslargit....  id.  ii,  6565. 
I]  xin*  s.  Tant  cum  il  plus  alad  avant,  E  plus  s'alad 
asseûrant.  Car  li  punz  [le  pont]  lui  ellargisseit, 
marie,  Purgatoire,  <307.  Quant  tu  eslargesis  mon 
cuer....  Psautier,  f"  t46.  La  rose  auques  |un  peu] 
s'eslargissoit,  la  Rose,  3373.  ]|  xiv  s.  Soit  eslargie 
la  plaie  par  dehors  jouste  le  dart,  tant  que  le  dart 
qui  doit  estre  trait  puisse  estre  souffisanment  pris 
et  trait  hors,  h.  de  hondeville,  f"  37.  Quant  l'un 
oil  est  clos,  la  pupille  de  l'autre  s'eslargit,  id.  f°  4  7. 
]]  XV*  s.  Et  avecques  tous  biens  dont  il  s'eslargis- 
soit, il  lUrbain]  octroioit  au  roi  et  à  ses  oncles  un 
plein  dixième  par  toute  Angleterre  à  prendre  et  à 
lever,  froiss.  ii,  207.  Le  dit  Jehan  en  donnant  la 
caution,  quant  il  fut  eslargi  [mis  hors  de  prison], 
Bibl.  des  Charles,  *•  série,  t.  ii,  p.  69.  ]|xvi"s.  À 
ses  enfans  la  pierre  pour  du  pain  Ne  donne  point; 
mais  sa  bénigne  main  Nous  eslargit  ce  qui  est  né- 
cessaire, MAR0T,  I,  297.  Je  vDus  descriray  une  lampe 
moyennant  laquelle  estoyt  eslargie  lumière  par  tout 
!e  temple,  rab.  Pant.  v,  4i.  Nostre  ame  s'e.Jargit 
d'autant  plus  qu'elle  se  remplit,  mont,  i,  139.  Caton 
demanda  si  les  sénateurs  qu'il  faisoit  retirer  s'es- 
toient  eslargis  du  port  d'Utique,  id.  i,  3H).  Nul 
moyen  de  refreschir  ou  d'eslargir  son  armée  si  les 
maladies  s'y  mettoient,  in.  i,  366.  Hz  s'augmentè- 
rent et  e<largirent  de  plusieurs  terres  qu'ils  conqui- 
rent sur  les  Arcadiens,  AMYOT,  Lyc.  a.  Hz  voulurent 
eslargir  et  eslendre  leur  poincte  droitte  pour  enve- 
lopper Epaminondas,  in.  Pélop.  40.  Il  se  levoil  un 
petit  vent  de  terre,  qui  leur  suffiroit  pour  s'eslargir 
en  haulte  mer,  id.  Ùarius,  «7.  Les  mesprisez  sont 
retirez  de  la  fange,  les  affligez  et  oppressez  sont  es- 
largis de  leurs  angoisses,  calv.  Instit.  20 Que 

les  plus  aisez  et  plus  zelez  des  particuliers  soient 
exhortez  par  les  ministres  et  consistoires  de  s'eslar- 
gir à  donner  quelque  notable  somme,  d'aub.  Ilist. 
III,  37).  Le  dit  ambassadeur  se  seroit  eslargi  [aurait 
pris  la  liberté]  jusques  à  dire,  H.  du  bellay,  Mém. 
liv.  V,  f"  <B0,  dans  lacubne. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  large;  picard, 
élarguir;  provenç.  eslargar,  eslargir;  ital.  slargare. 

ÉLARGISSEMENT  (é-lar-ji-se-man),  s.  m.  ||  l"  Ac- 
tion d'élargir;  résultat  de  cette  action.  L'élargisse- 
ment de  la  voie  publique.  |]  2"  Mise  en  lilierté.  Il  a 
obtenu  son  élargissement.  Joseph  avait  prié  l'échan- 
son  de  se  souvenir  de  lui  et  d'obtenir  du  roi  son 
élargissement,  rollin,  Traité  des  Et.  liv.  v,  part.  2', 
ch.  II,  art.  (.  Il  S"  Fig.  Mise  à  laise.  L'élargissement 
do  sa  fortune,  de  sa  position.  ||  En  un  autre  sens, 
satisfaction  d'un  coeur  qui  est  mis  à  l'aise.  Les  autres 
[courtisans]  pénétrés  de  douleur  ou  de  gravité  et 
d'attention  sur  eux-mêmes,  pour  cacher  leur  élar- 
gissement et  leur  joie  [de  la  mort  de  Monseigneur] , 

ST-SIM.  293,   236. 

—  lUST.  XIV*  s    Geste  manière  d'eslargissement 


itLA 

[d'un  ulcère,  par  incision],  h.  de  mondevillï,  f*  «04, 
verso.  ]]xv*  s.  Après  le  dit  eslargissement  [mise  en 
lihertéj  et  la  dite  caution  ainsi  donnée,  Bibl.  dei 
Chartes,  4*  série,  t.  11,  p.  69.  ]]xvi*  s.  On  l'apper 
çoit  par  les  espanouissemens  et  e.'îlargissemens  du 
visage  ,  quand  l'homme  est  en  espérance  de  quel- 
ques voluptez,  AMÏOT,  De  la  vertu  morate,  26. 

—  ÉTYM.  Ëlarnir.  '■' 
ÉLARGISSURE  (é-lar-ji-su-r'),  t.  f.  Ce  qu'on  ajoute 

à  un  vêtement,  à  un  meuble  pour  le  rendre  plus 
large.  Leur  habit  [des  teignes]  est  toujours  de  ia  cou- 
leur de  l'èlofl'e  sur  laquelle  il  a  été  pris;  si  donc  la 
teigne  dont  l'habit  est  bleu  passe  sur  un  drap  rouge, 
les  élargissures  seront  rouges;  elle  se  fera  un  habit 
d'arlequin,  si  elle  passe  sur  des  draps  ou  des  étoffes 
de  plusieurs  couleurs ,  bonnet  ,  Contempl.  nat. 
4  2*  part.  ch.  )0. 

—  ÊTYM.  Élargir. 

t  ÉLASMIE  (é-la-smie),  s.  f.  Terme  de  zoologie. 
Chacune  des  plaques  cornées  qui,  chez  les  baleines, 
tiennent  lieu  de  dents. 

—  ÊTYM.  'EXa<T|j.a,  plaque  de  métal. 

t  ÉLASTE  (é-la  st') ,  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Sorte  d'organe  élastique  qui  garnit  l'abdomen  de 
certains  insectes  et  qui  les  rend  propres  à  sauter. 

—  ÊTYM.  'E'onTT,;,  qui  pousse,  meut,  d'è)aûvw. 
t  ÉLASTICINE  (é-la-sli-si-n'),  s.  f.  Terme  d'ana- 

tomie.  Substance  qui  est  le  principe  constituant  dos 
éléments  élastiques. 

—  ÉTYM.  Élastique. 

ÉLASTICITÉ  (è-la-sti-si-tè),  s.  f.  \\  1°  Propriété 
en  vertu  rie  laquelle  certains  corps  reprennent,  sans 
se  désagréger,  leur  état  primitif,  dès  que  cesse  la 
cause  qui  en  avait  changé  la  forme  ou  le  volume. 
Des  ressorts  qui  se  détendent  ou  qui  prennent  de 
l'élasticité,  VOLT.  Dial.  vu,  i.  \\  2*  Fig.  Étal  d'un 
esprit,  d'une  âme  comparée  à  un  ressort.  Tous  les 
esprits  n'ont  pas  la  même  éla.sticilé.  La  misère  avait 
affaibli  les  ressorts  de  l'âme  de  M.  André;  le  bien- 
être  leur  a  rendu  leur  élasticité,  volt.  /'//.  aus 
40  écus.  Le  bon  scrtç  de  M.  André.  11  ne  faut  jamais, 
dans  aucun  art,  travailler  contre  son  propre  senti- 
ment.... l'enthousiasme  est  éteint;  l'esprit  mis  à  la 
gêne  perd  toute  son  élasticité,  lu.  Lett.  Chauvelin, 
23  févr.  (767. 

—  ÊTYM.  Élastique. 

ÉLASTIQUE  (é-la-sti-k'),  adj.  ||  1°  Qui  a  de  l'éla- 
sticité, c'est-à  dire  qui  est  susceptible  à  la  fois  de 
céder  à  une  pression  et  de  revenir  à  sa  première 
forme.  Les  gaz  sont  très-élastiques.  La  terre,  épa- 
nouie aux  rayons  qui  la  dorent.  Nage  plus  mollement 
dans  l'élastique  éther,  lamart.  Harm.  11,  6.  |{  Terme 
de  géométrie.  Courbe  élastique,  celle  que  forme  une 
tige  élastique  fixée  par  un  de  ses  bouts  et  chargée 
à  l'autre  d'un  poids.  On  dit  aussi  substantivement 
une  élastique.  ]]  Bretelles  élastiques,  bretelles  mu- 
nies de  ressorts  élastiques.  ||  Gomme  élastique, 
nom  donné  au  caoutchouc,  qui  jouit  d'une  grande 
élasticité.  La  gomme  élastique,  coulée  soit  en  car- 
rés, soit  en  boule,  sert  à  effacer  le  crayon.  Le  nom 
de  gomme  est  impropre,  puisque  le  caoutchouc 
n'est  pas  une  gomme.  ||  Dalle  élastique,  en  termes 
d'écolier,  balle  faite  avec  des  filets  de  caoutchouc 
enroulés  sur  un  morceau  de  liège  roml,  recou- 
verts eux-mêmes  d'un  fil  de  laine  et  d'une  peau 
cousue  tout  autour.  ||  Terme  de  botanique.  Arille 
élastique,  celui  qui,  s'étendant  jusqu'à  un  certain 
point  à  mesure  du  développement  de  la  graine,  se 
déchire  enfin  et  se  retire  sur  lui-même  par  un 
mouvement  subit.  (]  Filet  d'étamine  élastique,  ce- 
lui qui  est  susceptible  de  se  reilresser  avec  force, 
au  moment  de  l'épanouissement.  |{  Terme  d'ana- 
tomie.  Tissu  élastique,  tissu  qui  jouit  de  l'élasti- 
cilé.  ]]  Terme  de  marine.  Se  dit  d'un  établisse- 
ment de  l'emplanture  des  bas  mâts  qui  divise  et 
atténue  la  pression.  ]|  2°  S.  m.  Ressort  que  l'on  met 
aux  bretelles.  Remettre  un  élastique.  ]]  Se  dit  aussi 
des  jarretières  et  d'une  sorte  de  bracelet  pour  tenir 
les  manches.  Porter  des  élastiques.  |{  Gomme  élasti- 
que. Une  balle  d'élastique.  ||  3*  5.  /.  Terme  d'ana- 
tomie.  Espèce  d'éléments  qui  constitue  le  tissu  élas- 
tique. 

—  ÊTYJI.  'EXa(rri|;,  le  même  que  èXarf,;  ou  {i.»- 
trp,  qui  pousse,  qui  meut,  de  iXaOvtiv,  pousser, 
chasser. 

t  ÉLATER  (éla-têr),  S. m.  Nom  moderne  du 
genre  taupin  (coléoptères). 

—  ÊTYM.  Voy.  élatère. 

t  ÉLATÊRE  (é-la-tê-r'),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Petit  tube  élastique  qu'on  trouve  dans  les  capsules 
de  quelques  hépatiques  et  qui  projette  les  tporei 
au  dehors. 

—  ÊTYM.  'EXaTTip,  qui  meut  (voy.  élastique). 


fiLÉ 


ÉLE 


ÉLE 


r.m 


f  ÉIATÏRIE  (éla-té-rie),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Fruit  qui,  s'ouvrant  à  la  maturité,  se  par- 
tage en  autant  de  coques  qu'il  a  de  loges.  Tel  est  le 
fruit  des  euphorbiacées. 

—  ÉTYM.  Élalère. 

t  ÉLATÉRINE  (é-la-té-ri-n') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Substance  amère  du  concombre  sauvage  (mo- 
mordica  elaterium,  L.). 

tÉLATÉRITE  (é-la-té-ri-f),  s.  f.  Terme  de  mi- 
néralogie. Bitume  élastique. 

—  ÉTYM.  'Eia-uVip,  qui  meut,  d'èXaOvu,  et  la  fi- 
nale ite  qui  indique  un  fossile. 

t  ÉLATÉRIUM  (é-la-téri-om'),  s.  m.  Noni  phar- 
maceutique du  concombre  sauvage  (momordiea  ela- 
terium, L.). 

—  ÉTYM.  'EXaT^piov,  qui  expulse,  d'èXaOvEiv, 
expulser,  à  cause  que,  lorsque  le  fruit  est  mûr,  si 
l'on  essaye  d'y  porter  la  main,  ou  même,  simple- 
ment, si  l'on  ébranle  le  sol  à  côté,  le  fruit  se  dé- 
tache brusquement  du  pédoncule ,  et  en  même  temps 
les  parois,  se  distendant  élastiquement  comme  dans 
la  balsamine,  lancent,  par  l'ouverture  résultant  de  la 
chute  du  pédoncule,  un  mucilage  rempli  de  graines 
qui  saute  à  plusieurs  pieds. 

t  ÉLATÉROMÈTRE  (é-la-té-ro-mè-tr'),  s.  m. 
Terme  de  physique.  Appareil  pour  mesurer  l'élasti- 
cité de  l'air  raréfié  ou  condensé. 

—  ÉTYM.  Elatère,  et  mètre,  mesure. 

t  ÉLATOBRANCHES  (é-la-to-bran-ch'),  s.  m.  plur. 
Classe  de  mollusques  qui  renferme  des  acéphales  à 
branchies  lamelleuses. 

—  ÉTYM.  'EJâ-cYi ,  rame ,  et  branchies. 

fÉLAVÉ,  ÉE  (é-la-vé,  vée),  adj.  Terme  de  vé- 
nerie. Mollasse  ou  blafard,  eu  parlant  du  poil  des 
chiens  ou  de  la  bête.  Dans  les  chiens  de  chasse  le 
poil  élavé  est  une  maniue  de  faiblesse. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  faut  qu'il  [le  bon  chien]  soit 
d'un  poil  vif  et  non  elavé  ny  aussi  blanc,  à  cause 
que  les  chiens  de  ces  deux  sortes  de  poils  appréhen- 
dent les  froids,  salnove,  Ven.  f°  58,  dans  lacuhne. 
Une  grande  nuée  peut  tomber  à  l'improviste  qui 
elavera  les  voyes  du  cerf,  id.  ib.  p.  <66. 

—  ÉTYM.  £  pour  es....  préfixe,  et  lavé. 
KLBEDF  (èl-beuf),  s.  m.  Drap  qui  se  fabrique  à 

Elbeuf,  ville  de  Normandie.  Voilà  du  bel  elbeuf, 
du  bon  elbeuf.  ||  Se  dit  aussi,  familièrement,  d'un 
habit  de  drap  fin.  Attendez  que  je  passe  mon  elbeuf. 
i  ELCÉSAÏTE  (èl-sé-sa-i-f) ,  s.  m.  Nom  de  sec- 
taires du  temps  d'Origène,  qui  admettaient  deux 
Christs,  l'un  céleste,  l'autre  terrestre,  et  qui  di- 
saient posséder  un  livre  envoyé  du  ciel. 

—  ÉTYM.  'H)Çai,  nom  du  chef  de  celte  secte. 

t  ELDORADO  (èl-do-ra-do) ,  s.  m.  Prétendu  pays 
qu'aurait  découvert  un  lieutenant  de  Pizarre  dans 
l'Amérique  du  Sud.  ||  Fig.  Lieu,  pays  d'abondance 
et  de  délices.  Ce  pays  est  un  véritable  eldorado. 
Les  Espagnols  ont  eu  une  connaissance  confuse  de  ce 
pays,  ils  l'ont  appelé  Eldorado,  volt.  Candide,  ts. 

—  ÉTYM.  Espagn.  el,  le,  et  dorado,  doré  (voy. 
dobf.b)  :  le  pays  d'or. 

t  ÉLÉATIQUE  (é-lé-a-ti-k'),  adj.  Ëcole  éléatique, 
école  de  philosophie  fondée  par  Xénophane  de  Co- 
lophon,  et  dont  les  principaux  représentants  furent 
Parménide  et  Zenon,  tous  deux  d'Élée,  et  Mélissus 
de  Samos.  Elle  admettait  qu'il  y  a  deux  sortes  de 
connaissances:  les  unes  qui  nous  viennent  par  les 
sens  et  qui  ne  sont  qu'illusion  ;  les  autres  que  nous 
devons  à  la  raison  seule  et  qui  sont  les  seules  véri- 
tables. Il  Les  philosophes  éléaliques,  et,  substantive- 
ment, les  éléatiques. 

—  ÉTYM.  Lat.  Elealicus,  d'Elea,  Élée  ou  Vélie, 
ville  de  Lucanie. 

t  ÉLÉATISME  (é-lé-a-ti-sm'),  s.  m.  Doctrine  de 
l'école  éléatique. 

ÉLECTEUR  (é-lè-kteur),  s.  m.  ||  I»  Celui  qui  élit, 
qui  a  le  droit  d'élire.  Les  conditions  requises  pour 
être  électeur.  |)  Grand  électeur  ou  proclamateur  élec- 
teur, le  chef  suprême  de  l'État,  dans  le  projet  de 
sonstitution  de  Sieyès.  ||  Grand  électeur,  l'un  des 
grands  dignitaires  de  l'État  sous  le  premier  empire. 
Il  2°  Nom  de  princes  de  l'ancien  empire  d'Allemagne , 
qui  avaient  le  droit  d'élire  l'empereur.  L'électeur  de 
Cologne,  de  Bavière.  ||  On  appelait  électrice  la  femme 
d'un  électeur.  Madame  l'électrice. 

—  HIST.  xiii'  s.  Les  chanoines  sont  encore  les 
eslictors,  Hist.  occid.  des  croisades,  t.  i,  p.  205. 
Il  XIV'  s.  Les  électeurs  sont  les  populaires,  et  les  es- 
leus  sont  gens  notables,  oresme.  Thèse  de  mkunier. 

—  ÉTYM.  Lat.  elector,  de  eleclum,  supin  d'fh- 
gere  (voy.  éube).  On  trouve  aussi  eliseur,  el,  dans 
le  provençal,  elegidor. 

ÉLECTIF,  IVE  (é-iè-ktif,  kti-v'),  od;.  ||  !•  Qui 
est  nommé  par  élection.   Leurs  rois  étaient  élec- 

DICT.    DE   LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


tifs,  Boss.  Hist.  m,  8.  ||  Il  se  dit  aussi  des  dignités, 
des  fonctions  qui  se  donnent  à  l'élection.  Une  ma- 
gistrature élective.  Ils  veulent  rendre  ce  royaume 
électif,  SÉV.  519.  Aussitôt  que  la  couronne,  d'abord 
élective,  fut  devenue  héréditaire  au  dixième  siècle, 
et  que  la  noblesse  et  lesévêques  eurent  perdu  la  fa- 
culté de  troubler  l'État,  raynal,  Hist.  phil.  vi,  2. 
Il  Chambre  élective,  dans  les  gouvernements  consti- 
tutionnels, chambre  nommée  par  l'élection,  cham- 
bre des  députés,  des  communes,  par  opposition  aux 
chambres  des  lords  ou  des  pairs  héréditaires,  ou  des 
pairs  et  sénateurs  nommés  par  le  souverain.  ||2"Qui 
élit,  choisit.  ||  Terme  de  chimie.  Affinité  élective, 
attraction  élective,  la  force  qui  fait  qu'un  corps  sim- 
ple détermine  la  décomposition  d'un  composé  bi- 
naire. Il  Terme  de  physiologie.  Sensibilité  élective, 
celle  qui  établit  un  rapport  spécial  entre  un  organe 
et  telle  ou  telle  substance  qui  semble  être  choisie 
de  préférence  par  l'organe.  ||  Affinités  électives  s'est 
dit  aussi  au  sens  moral. 

—  HIST.  xrv'  s.  Donques  vertu  est  habit  elettif, 
ORESME,  Eth.  46.  ||  xvi'  S.  Que  le  franc  arbitre  est 
une  vertu  élective,  laquelle,  estant  moyenne  entre 
intelligence  et  volonté,  encline  toutefois  plus  à  vo- 
lonté, CALV.  Insl.  4  84. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉLECTEUR  ;  provenç.  electiu;  espagn. 
electivo;  ital.  elettivo. 

ÉLECTION  (é-lè-ksion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Choix  qui  est  fait  de  quelqu'un  en 
assemblée  et  par  voie  de  suffrages.  L'élection  d'un 
député.  Les  élections  municipales.  Je  suis  sûr  que 
vous  ne  sauriez  faire  que  de  bonnes  élections, 
cosTAR,  t.  II,  lett.  3(9,  dans  RicnELET.  Aussi  ne 
fut-ce  pas  l'élection  qui  établit  Mathias,  ce  fut  le  ciel 
qui  se  déclara,  BOSS.  Var.xv,  120.  L'opposition  qu'on 
y  forma  [à  l'Académie  contre  la  Fontaine]  fut  pous- 
sée si  loin,  que,  quand  on  parla  de  son  élection, 
on  jeta  sur  le  bureau  un  de  ses  ouvrages  où  la  piété 
et  la  pudeur  étaient  tellement  offensées  que  les 
plus  sages  se  déclarèrent  contre  lui,  furetiêre, 
Factums,  t.  i,  p.  4  82.  J  l'égard  des  élections  du 
prince  et  des  magistrats  [dans  une  république],  il 
y  a  deux  voies  pour  y  procéder,  savoir  le  choix  et 
le  sort,  j.  j.  Rouss.  Contr.  iv,  3.  Si  vous  me  promet- 
tiez de  tenir  votre  langue,  je  vous  conterais....  nos 
élections,  comment  tout  cela  s'est  passé,  p.  l.  Cou- 
rier, 2' /cH.  porftcuh'ère.  Il  Élection  directe,  celle 
qui  confère  immédiatement  les  fonctions.  Élection 
indirecte,  celle  qui  désigne  d'autres  électeurs  qui 
doivent  eux-mêmes  faire  le  choix.  |1  Action  de  choi- 
sir. Autoriser  l'élection  du  peuple,  vaugel.  Q.  C. 
liv.  X,  ch.  7,  dans  bichelet.  ||  2° Terme  mystique. 
Choix  fait  par  Dieu  lui-même.  L'élévation  de  ces 
deux  grands  rois  [David  et  Salomon]  et  de  la  famille 
royale  fut  l'effet  d'une  élection  particulière;  David 
célèbre  lui-même  la  merveille  de  cette  élection  par 
ces  paroles  :  Dieu  a  choisi  les  princes  dans  la  tribu 
de  Juda,  BOSS.  Hist.  11,  4.  ||  L'élection  du  peuple 
juif,  le  choix  que  Dieu  fit  de  cette  nation  pour  lui 
donner  sa  loi.  ||  Vase  ou  instrument  d'élection, 
créature  dont  Dieu  fait  choix  pour  l'accomplisse- 
ment de  ses  desseins  et  qu'il  prédestine  à  la  gloire 
éternelle.  Je  la  regarde  comme  un  vase  d'élection, 
SÉV.  450.  Il  3°  Terme  de  philosophie.  Faculté  qui 
permet  de  faire  un  choix  entre  des  détermina- 
tions. J'ai  une  conviction  intime  que  je  puis  vou- 
loir et  ne  vouloir  pas;  qu'il  y  a  en  moi  une  élec- 
tion, FÉN.  Exist.  ee.  Des  machines  [les  animaux] 
qui  aiment,  qui  ont  une  élection  pour  quelqu'un  I 
SÉV.  4  27.  De  toute  élection  mon  âme  est  dépourvue, 
RÉGNIER,  Sat.  VII.  114°  Choix  personnel  qui  résulte 
de  la  volonté.  Quand  je  lui  vouai  mon  service,  Fail- 
lis-je  en  mon  élection?  malh.  v,  23.  Le  désir  que 
nous  avons  que  le  monde  croie  que  toutes  nos  élec- 
tions sont  bonnes,  apporte  de  la  nécessité  à  une  ac- 
tion qui  était  volontaire  auparavant,  balz.  7"  dise, 
sur  la  cour.  Et  vient  sacrifier  à  votre  élection 
[que  vous  ferez  d'un  de  nous]  Toute  notre  espé- 
rance et  notre  ambition,  cobn.  liodog.ui,  4.  ||  Peu 
usité  en  ce  sens.  |{  5°  Terme  de  droit.  Élection  de 
domicile,  action  d'assigner  un  lieu  où  les  actes  de 
justice  puissent  être  signifiés.  Faire  élection  de  do- 
micile. Il  6°  Terme  de  médecine.  Choix  que  l'on  fait 
d'un  temps,  d'un  lieu,  d'un  procédé  pour  adminis- 
trer un  métiicament  ou  pratiquer  une  opération. 
Temps  d'élection  et  lieu  d'élection  sont  opposés  h 
temps  et  lieu  de  nécessité.  |{  7"  Anciennement.  Nom 
des  tribunaux  où  l'on  jugeait  en  première  instance 
tout  ce  qui  avait  rapport  aux  tailles,  aux  aides  et  aux 
gabelles.  ||  Certaine  étendue  de  pays  comprenant 
plusieurs  paroisses  qui  payaient  taille  et  sur  les- 
quelles les  élus  exerçaient  leur  juridiction.  Ce  n'est 
qu'une  charge  de  campagne,  à  la  vérité,  et  dans  une 


élection  d'une  très-petite  ville  du  côté  d'Étampes, 
uancourt,  F(le  de  village,  11,  4.  ||  8°  Terme  de 
féodalité.  Clause  d'élection  d'ami,  clause  par  laquelle 
l'acquéreur  d'un  immeuble  se  réservait  la  faculté  de 
le  rétrocéder  à  un  ami. 

—  REM.  Élection  se  prend  au  sens  actif  et  au  sens 
passif  ;  l'élection  du  peuple,  c'est  l'élection  faite  par 
le  peuple;  l'élection  d'un  député,  c'est  l'élection  qui 
est  faite  de  ce  député. 

—  HIST.  xn'  s.  L'huime  [huitième]  [troupe]  fut 
faite  par  droite  élection,  nonc.  p.  4  33.  Car  quant 
Diex  fist  de  vous  élection  Et  signer  de  sa  vengeance. 
Bien  [vous]  deUssiez  monstrer  vostre  puissance, 
QUESNES,  Romane,  p.  100.  Li  clerc  sunt  serjant  Deu 
e  de  s'electiun,  Th.lemart.  30.  ||  xiii's.  Ensi  furent 
esleus  li  douze,  et  fu  jors  pris  pour  l'esleotion, 
viLLEii.  cix.  Et  s'assamblerent  li  baron  dou  [du] 
roiaume,  et  fisent  [firent]  roi  par  élection,  Chr.  de 
Itains,  p.  48.  [Que  Dieu]  vos  face  demostrance  de 
roi  à  son  plaisir  et  à  sa  volonté,  en  tel  manière  que 
li  pueples  voie  et  conoisse  que  par  s'eslection  sera 
rois  et  sanz  esleclion  d'autrui,  Merlin,  {'  7( ,  rec(o. 
Il  XIV'  s.  Le  temps  de  faire  incisions  est  double  :  est 
assavoir  le  temps  d'eslection  et  le  temps  de  néces- 
sité, H.  DE  MONDEViLLE,  f°  4  00.  Et  avcc  Ce  elle  est 
commune  en  toutes  choses  où  il  chiet  [échoit]  élec- 
tion, OBESME,  Eth.  39.  Bien  estoient  Anglois  en 
icelle  saison  Quatre  mil  voire  plus,  tout  gentd'elec- 
cion,  Guescl.  4  84  4  8-4  8)34.  ||  xv  s.  Huit  mille  ar- 
mures de  fer,  et  trente  mille  hommes  armés,  en- 
voyés par  l'élection  des  bonnes  villes  à  leurs  gages, 
chacune  bonne  ville  pour  sa  rate  [en  latin  pro  rata 
farte,  quote-part], froiss.  i,  i,  35.  ||  xvi"  s.  L'homme 
ne  seroit  point  animal  raisonnable  s'il  n'avoit  élec- 
tion du  bien  et  du  mal,  calv.  Inst.  4  34.  Leur  élec- 
tion à  choisir  n'est  pas  tellement  libre,  que  Dieu 
ne  domine  pas  dessus,  lo.  ib.  328.  Patience  et  con- 
tinence sont  habitudes  aptes  et  idoines  à  suivre 
l'élection  de  la  raison,  amyot.  De  la  vertu  morale. 
Tu  as  fait  malheureuse  élection  d'amis  aussi  bien 
que  d'ennemis,  id.  Pyrrhus,  44. 

—  ÉTYM.  Provenç.  electio;  espAgn.  eleccion;  ital. 
elezione;  du  latin  electionem  (voy.  électeur). 

t  ÉLECTIVITÉ  (é-lè-kti-vi-té),  *.  f.  Qualité  d'un 
magistrat  électif. 

—  ÉTYM.  Électif. 

ÉLECTORAL,  ALE  (é-lè-kto-ral  ,  ra-l'),  adj. 
Il  i'  Qui  est  relatif  au  droit  d'élire,  aux  élections. 
Cens  électoral.  Loi  électorale.  Collèges  électoraux, 
les  assemblées  d'hommes  censitaires  qui,  sous  la 
régime  de  la  charte  de  4  814  et  de  celle  de  4  830, 
avaient  le  droit  d'élire  les  députés.  ||  Réunion  électo- 
rale, assemblée  d'électeurs  qui  se  fait  pour  discuter 
les  titres  des  candidats.  ||  Droit  électoral,  les  droits 
des  électeurs.  Manuel  du  droit  électoral.  ||  2°  Altesse 
électorale,  titre  des  électeurs  de  l'empire  d'Allemagne. 

—  ÉTYM.  Électeur. 

ÉLECTORAT  (é-lè-kto-ra;  le  t  ne  se  lie  pas),  s.  m. 
Il  1°  Dignité  des  princes  électeurs  de  l'empire.  ||  Ter- 
ritoire soumis  à  un  électeur.  ||  2°  Droit  d'élire,  de 
contribuer  à  l'élection  de  députés. 

—  ÉTYM.  Électeur. 

t  ÉLECTRAGOGUE  (é-lèk-tra-go-gh'),  adj.  Qui 
suscite  l'électricité.  La  chaleur  est  électragogue 
dans  la  tourmaline. 

—  ÉTYM.  'HXsxTpov  (voy.  électbum),  et&fwyb;, 
qui  conduit. 

ÉLECTRICE  (é-lèk-tri-s') ,  s.  f.  Voy.  électeur. 

t  ÉLECTRICIEN  (é-lèk-tri-siin) ,  s.  m.  ||  1°  Mot 
fort  employé  dans  le  siècle  dernier,  signifiant  tous 
ceux  qui  s'occupaient  de  l'électricité ,  non-seulemen  t 
pour  les  applications,  mais  pour  les  expériences. 
Henley,  Lane,  Cavallo,  Bennet,  sont  des  électriciens 
du  xviil'  siècle,  qui  ont  donné  leurs  noms  aux  élec- 
tromètres qu'ils  ont  inventés.  ||  2"  Aujourd'hui,  celui 
qui  s'occupe  des  applications  de  l'électricité,  et, 
en  particulier,  ingénieur  chargé  d'établir  et  d'en- 
tretenir un  télégraphe  électrique.  Les  électriciens 
anglais  se  proposent  en  ce  moment  un  double 
problème  :  mettre  le  télégraphe  à  la  portée  de  cha- 
cun, et  relier  avec  l'Angleterre  les  points  les  plus 
éloignés  du  monde,  w.  Gilbert,  Presse  scientifique , 
1864,  t.  m,  p.  74  4.  Il  Adj.  Ingénieur  électricien. 

—  ÉTYM.  Voy.  électrique. 
fÉLECTRlCISME  (é-lék-tri-si-sm'),  s.  m.  Terme 

de  physique.  L'ensemble  des  phénomènesde  l'électri- 
cité. Peu  usité  et  indigne  de  l'être  ;  car  ce  mot ,  d'après 
sa  formation,  n'a  pas  le  sens  qu'on  lui  attribue. 

—  ÉTYM.  Éleclrum. 

ÉLECTRICITÉ  (é-lèk-tri-si-té),  s.  f.  ||  1"  Terme  de 
physique.  Propriété  qui  se  manifeste  à  la  surface  de 
certains  corps  frottés,  chauffés  ou  comprimés,  el 
qui  consiste  en  ce  que  ces  corps  attirent  d'autrei 

I    ~  T66 


1^22 


ÊI.É 


cor™,  les  repoussent  ensuite  et  produisent  des  étin- 
celles. En  examinant  les  effets  d'un  coup  de  ton- 
nerre qui  avait  frappé  un  sonneur,  M.  Duhamel 
saisit  une  analogie  si  forte  entre  ces  effets  et  les 
phénomènes  de  l'électricité,  qu'il  ne  put  s'empêcher 
de  reconnaître  l'identité  de  leur  cause,  condobcet, 
Duhamel.  ||  Électricité  statique,  électricité  dévelop- 
pée à  la  surface  des  corps.  Électricité  dynamique 
ou  en  mouvement,  celle  qui  passe  d'un  pôle  de  la 
pile  à  l'autre.  Electricité  vitr6o  ou  positive,  électri- 
cité résineuse  ou  négative,  noms  donnés  aux  deux 
électricités  contraires,  les  premiers  d'après  l'hypo- 
thèse de  Dufay,  qui  croyait  que  le  verre  et  les  ré- 
sines produisaient  respectivement  ces  deux  électrici- 
tés; les  derniers  d'après  les  hypothèses  de  Franklin 
et  d'^pinus,  qui  croyaient  que  l'une  était  surabon- 
dante, et  que  l'autre  était  en  moins.  Électricités  de 
même  nom,  celles  qui  portent  le  même  nom,  c'est- 
à-dire  le  nom  de  vitrées  ou  de  résineuses;  elles  se 
repoussent.  Électricités  contraires  ou  de  nom  con- 
traire, celles  qui  ne  portent  pas  le  même  nom;  elles 
s'attirent.  Quand  un  nuage  orageux  dont  l'électricité 
est,  comme  on  dit,  positive,  se  porte  subitement 
vers  la  terre  ou  vers  les  corps  placés  à  la  surface, 
dont  l'électricité  est  négative,  la  foudre  s'élance  sur 
la  terre,  et  l'on  dit  que  le  tonnerre  tombe,  bonnet, 
Contempl.mt.  B*  part.  ch.  <S.  ||  Électricité  médi- 
cale, se  dit  quelquefois  de  l'application  de  l'électri- 
cité au  traitement  de  certaines  maladies.  ||  Nom 
donné  au  fluide  hypothétique  auquel  on  attribue  la 
production  des  phénomènes  électriques.  ||  2°  Fig. 
État  moral  comparé  à  la  tension  électrique.  Si  la 
philosophie  ne  s'est  pas  montrée  toute-puissante  à 
cet  égard  [pour  exciter  la  vie  publique]  en  Allema- 
gne, il  ne  faut  pas  pour  cela  la  dédaigner;  elle 
soutient, elle  éclaire  chaque  homme  en  particulier; 
mais  le  gouvernement  seul  peut  exciter  cette  élec- 
tricité morale  qui  fait  éprouver  le  même  sentiment 
à  tous,  STAËL,  AUem.ni,  u. 

—  ÈTYM.  Électrique. 

f  ÉLECTRIQUE  (é-lèk-tri-k') ,  adj.  ||  1°  Terme  de 
physique.  Oui  a  rapport  à  l'électricité,  qui  la  déve- 
loppe ou  en  provient.  Machine,  batterie  électrique. 
Courant,  étincelle  électrique.  ||  Force  électrique,  la 
cause  inconnue  des  phénomènes  de  l'électricité. 
Il  Fluide  électrique,  fluide  impondérable  que  l'on 
suppose  produire  les  phénomènes  de  l'électricité. 
Il  Tension  électrique,  quantité  plus  ou  moins  consi- 
dérable d'électricité  accumulée  à  une  surface.  ||  Ba- 
lance électrique,  appareil  imaginé  par  Coulomb  pour 
mesurer  l'intensité  des  attractions  et  répulsions  élec- 
triques. Il  Etincelle  électrique,  bluette  qui  se  dé- 
gage d'un  conducteur  quand  on  lui  présente  une 
substance  conductrice.  ||  Aigrette  électrique,  jet  de 
lumière  s'élançant  d'une  pointe  placée  sur  le  con- 
ducteur d'une  machine  électrique  en  mouvement. 
Il  Atmosphère  électrique,  distance  la  plus  longue  à 
laquelle  les  corps  électriques  manifestent  leur  in- 
fluence. Il  Courant  électrique,  développement  con- 
tinu d'électricité  suivant  le  fil  métallique  qui  joint 
les  deux  pôles  d'une  pile.  ||  Secousse  ou  commotion 
électrique,  secousse  plus  ou  moins  douloureuse  don- 
née par  l'électricité.  ||  Frictions  électriques,  manière 
d'administrer  l'électricité,  qui  consiste  à  promener, 
à  une  très-petite  distance  de  la  surface  du  corps 
couverte  d'une  flanelle,  un  conducteur  électrique 
terminé  par  une  boule  d'un  volume  médiocre.  ||  Bain 
électrique,  bain  d'électricité  qui  s'administre  en 
isolant  le  patient  et  en  le  mettant  en  communica- 
tion avec  le  conducteur  d'une  machine.  ||  Animaux 
électriques,  ceux  qui  développent  à  volonté  des 
phénomènes  électriques,  la  torpille,  par  exemple. 
Il  Télégraphe  électrique,  voy.  télégraphe.  ||  Lu- 
mière électrique,  lumière  produite  par  l'électricité 
et  qu'on  emploie  en  certaines  circonstances  pour 
éclairage.  Il  2°  Fig.  Qui  excite,  comme  fait  l'électricité. 
Impression  électrique.  Eloquence  électrique. 

—  ÉTYM.  'HXexTpov,succin  ou  ambre  jaune.  Dès 
le  temps  de  Thaïes  (600  ans  avant  notre  ère),  on 
avait  reconnu  que  le  succin  frotté  attirait  et  repous- 
suitdes  brinsde  paille,  de  légères  parcelles;  et  plus 
*.ar(l  on  a  nommé  force  électrique  toutes  les  actions 
analogues  à  celles  de  l'ambre  jaune. 

t  Él.ECTRISABLE  (é-lèk-tri-za-bl"),  adj.  Terme  de 
physique.  Qui  est  susceptible  d'acquérir  les  propriétés 
électriques.  ||  Fig.  Susceptible  d'être  enthousiasmé. 

—  Etym.  Éleclriser. 

\  «LECTRISANT,  ANTE  (é-lèk-tri-zan,  lan-t') , 
ad;.  Terme  de  physique.  Qui  élcctrise.  ||  Fig.  Qui 
ony)orto  et  entraîne.  Paroles  électrisantes. 

ELECTRiSATlON  (é-lèk-tri-za-sion) ,  s.f.  H  l'Ac- 
tion délectnser;  état  d'un  corps  électrisé.  jj  2"  Ap- 
plication de  l'électricité,  quelle  qu'en  soit  la  source. 


par  opposition  à  galvanisation,  qui  est  l'emploi  de 
l'électricité  de  contact.  ||  Electrisation  localisée,  mé- 
thode d'électrisation  qui  consiste  àlimiter  la  puissance 
électrique  dans  chacun  des  organes,  sans  piquer  ni 
inciser  la  peau.  ||  Electrisation  statique,  application 
médicale  de  l'électricité  des  machines  à  firoltement. 

—  ÉTYM.  Éleclriser. 

ÉLECTRISÉ,  ÉE  (é-lèk-tri-zé,  zée),  part,  passé. 
Rendu  électrique.  Un  corps  électrisé.  ||  Fig.  Electrisé 
par  ces  paroles. 

ÉLECTRISER  (é-lèk-tri-zé) ,  V.  a.  ||  1*  Mettre  en 
évidence,  exciter  la  propriété  électrique  des  corps 
parle  frottement,  le  contact, la  chaleur  ou  la  com- 
pression. Il  Éleclriser  quelqu'un,  une  compagnie, 
leur  donner  la  commotion  électrique  au  moyen  de 
la  bouteille  de  Leyde.  ||  2°  Fig.  Faire  sur  l'esprit 
une  impression  vive  qui  l'exalte.  Son  exemple  les 
électrisa.  Ce  beau  ciel,  ces  Romains  si  enthou- 
siastes, et  par-dessus  tout  Corinne,  électrisaient 
l'imagination  d'Oswald,  stael.  Cor.  ii,  4.  Combien 
de  fois  auprès  de  la  plus  belle.  Dans  vos  banquets 
j'ai  présidé  chez  vous!  Là  de  mon  cœur  jaillis- 
sait l'étincelle  Dont  la  galté  vous  électrisait  tous, 
BÉRkiiO.  Mon  carnaval.  \\  3°  S'électriser,  v.  réfl.  De- 
venir électrique.  Certains  corps  s'électrisent  par  le 
frottement.  ||  Fig.  S'enthousiasmer. 

—  ÉTYM.   Voy.   ÉLECTRIQUE. 

t  ÉLECTRISEUR  (é-lèk-tri-zeur),  s.  m.  Terme  de 
physique.  Celui  qui  électrisé.  ||  Médecin  qui  emploie 
l'électricité  comme  moyen  ouratif. 

—  ÉTYM.  Éleclriser. 

t  ÉLECTRO....  signifie  électricité,  et  vient  à'elec- 
trum,  succin  (voy.  électrique). 

t  ÉLECTRO-AIMANT  (é-lèk-tro-è-man)  ,  i.  m. 
Terme  de  physique.  Fer  doux  transformé  en  aimant 
au  moyen  d'un  courant  électrique.  ||  Cylindre  de  fer 
doux,  recourbé  en  fer  à  cheval,  autour  duquel  est  en- 
roulé un  fil  de  cuivre  conducteur  recouvert  de  soie. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  aimant. 

f  ÉLECTRO-CHIMIE  (é-lèk-tro-chi-mie),  «.  f.  En- 
semble de  phénomènes  chimiques  dus  à  des  in- 
fluences électriques.  Il  Systèmedechimie  dans  lequel 
la  théorie  des  phénomènes  chimiques  repose  sur 
l'application  connue  des  lois  de  l'électricité. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  chimie. 

•j-  ÉLECTRO-CHIMIQUE  (é-lèk-tro-chi-mi-k'),  adj. 
Qui  a  rapport  à  l'électro-chimie. 

f  ÉLECTRODE  (é-lèk-tro-d') ,  s.  f.  Terme  de  phy- 
sique. Nom  donné  aux  corps  sur  lesquels  s'effectue 
la  décomposition  chimique  par  la  pile.  L'électrode 
positive.  L'électrode  négative. 

—  ÉTYM.  Électro....  el  654;,  chemin,  voie. 

t  ÉLECTRO-DYNAMIQUE (é-lèk-tro-di-na-mi-k"), 
adj.  Il  1°  Terme  de  physique.  Qui  a  la  propriété  de 
donner  lieu  à  un  courant  électrique.  Qui  est  pro- 
duit par  un  courant  électrique.  Phénomènes  électro- 
dynamiques. Il  2°  S./'.  Partie  de  la  physique  qui  traite 
de  l'action  réciproquedes  courants  électriques  les  uns 
sur  les  autres,  et  de  celle  des  courants  sur  les  aimants. 

—  ÉTYM.  Electro....  et  dynamique. 

t  ÉLECTRO-DYNAMISME  (  é-lèk-tro-di-na-mi- 
sm'),  s.  m.  Terme  de  physique.  Ensemble  des  effets 
produits  par  l'électricité  en  mouvement. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  dynamisme. 

+  ÉLECTRO-GALVANIQUE  (é-  lèk  -  tro  -  gai  -  va- 
ni-k') ,  adj.  Terme  de  physique.  Qui  a  rapport  à  la 
pile  vollaîque,  à  ses  effets. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  gahaniquê. 

t  ÉLECTRO-GALVANISME  (é-lèk-tro  -  gal-va- 
ni-sm'),  s.  m.  Terme  de  physique.  Ensemble  des 
phénomènes  électro-galvaniques. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  galvanisme. 

t  ÉLECTROOÈNE  (é-lèk-»ro-jè-n'),  adj.  Qui  pro- 
duit l'électricité.  Appareil  éleotrogène  des  poissons , 
leur  appareil  électrique. 

—  ÉTYM.  Électro,  et  gène  pris  improprement, 
dans  le  langage  didactique,  pour  qui  engendre, 
YEv?)ç  voulant  dire  qui  est  engendré. 

t  ÉLECTROGÉNËSE  (é-lèk-tro-jé-nè-z')  ou  ÊLEC- 
TROGÉME  (é-lèk-lro-jé-nie) ,  s.  f.  Production  d'é- 
lectricité par  les  tissus  vivants. 

—  ÉTYM.  Électrngène. 

t  ÉLECTROGRAPHE  (é-lèk-tro-gra-r),  *.  m.  Au- 
teur qui  écrit  sur  l'électricité. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  fpi?"v,  écrire. 

t  ÊLECTROLOGIE  (é-lèk-tro-Io-jie),  s.  f.  Traité 
sur  le  succin.  ||  Traité  sur  l'électricité;  la  partie  de 
la  physique  qui  traite  de  l'électricité. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  XéYoç,  traité. 

t  ÉLECTROLYSABLE  (  é-lèk-tro-li-za-bl"  ) ,  adj. 
Terme  de  physique.  Qui  e.st  susceptible  d'être  élec- 
trolysé. 

—  fiTYM.  Éleetrolyser. 


ELE 

]  ÉLECTBOLYSATION  (é-lèk-tro-li-za-sion),  s.  / 
Terme  de  physique.  Action  d'électrolyser. 

—  ÉTYM.  Éleetrolyser. 

+  ÉLECTROLYSE  (é-lèk-tro-li-z") ,  ».  f.  Décom- 
position par  les  courants  électriques. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  Wui;,  dissolution. 

t  ÉLECTROLYSER  (é-lèk-tro-li-zé) ,  t).  o.  Terme 
de  physique.  Décomposer  ou  analyser  un  corp»  au 
moyen  des  courants  électriques. 

—  ÉTYM.  Électrolyse. 

t  ÉLECTROLYTE  (é-lèk-tro-li-f) ,  I.  m.  Terme  de 
physique.  Corps  dont  les  éléments  sont  mis  à  nu  par 
la  décomposition  électro-chimique. 

—  ÉTYM.  ÉlectYo....  et  >\)Tè;,  dissous. 

t  ÉLECTROLYTIQUE  (é-lèk-tro- l|-ti-k'),  adj. 
Terme  de  physique.  Qui  a  le  caractère  d'un  électro- 
lyte.  Il  Qui  se  fait  par  élactrolyse.  Décomposition 
électrolytique. 

—  ÉTYM.  Électrolyte. 

t  ÉLECTRO-MAGNÉTIQUE  (é-lèk-tro-ma-gné- 
ti-k'),  adj.  Terme  de  physique.  Qui  a  rapport  à 
l'électro-magnétisme. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  magnétique. 

t  ÉLECTRO-MAGNÉTISME  (é-lèk-tro-ma-gné- 
ti-sm'),  s.  m.  Terme  de  physique.  Ensemble  des 
phénomènes  qui  résultent  de  l'action  mutuelle  de 
corps  électrisés  et  d'aimants. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  magnétisme. 
ÉLECTROMËÏRE  (é-lèk-tro-mè-tr'),  t.  m.  Terme 

de  physique.  Instruments  qui  servent  soit  à  mesu- 
rer l'intensité  électrique  développée  à  la  surface  d'un 
corps,  soit  à  faire  connaître  la  nature  de  l'électricité 
dont  un  corps  est  chargé.  L'électricité  agit  sur  les 
corps  avec  une  force  susceptible  d'être  assujettie  au 
calcul;  et,  pour  analyser  les  phénomènes  électri- 
ques, il  était  intéressant  de  mesurer  cette  force;  il 
fallait  donc  chercher  un  électromètre,  condobcet, 
d'Àrci. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  mè(r<!,  mesure. 

t  ÉLECTROMÉTRIE  (  é-lèk-tro-mê-trie) ,  s.  f. 
Terme  de  physique.  Partie  de  la  physique  qui  a 
pour  objet  la  mesure  de  l'inteneité  électrique. 

—  ÉTYM.  Électromètre. 

t  ÉLECTROMÉTRIQUE  (é-lèk-tro-mé-tri-k'),  arfj. 
Qui  a  rapport  à  l'électrométrie. 

t  ÉLECTROMOTEUR,  TRICE  (é-Ièk-tro-mo-teur, 
tri-s'),  adj.  Terme  de  physique.  Qui  produit  ou  dé- 
veloppe de  l'électricité.  Appareil  éleotromoteur. 
Il  Force  électromotrice,  force  qui ,  s'eierçant  entre 
les  substances  hétérogènes  aux  surfaces  de  contact, 
produit  la  décomposition  des  électricités  natutelles. 
Il  S.  m.  Appareil  propre  à  développer  l'électricité  par 
le  simple  contact  de  corps  de  différente  nature. 

—  ÉTYM.  J^/ccIro....  et  moteur. 

t  ÉLECTRO-NÉGATIF,  IVE  (é-lèk-tro-né-ga-tif, 
ti-v'),  adj.  Terme  de  physique.  Qui  se  porte  au  pôle 
positif  de  la  pile  voltaique,  par  exemple  l'oxygène 
et  les  acides. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  négatif. 
ÉLECTROPHORE  (é-lèk-tro-fo-r'),  ».   m.  Terme 

de  physique.  Instrument  à  la  surface  duquel  on 
développe  la  propriété  électrique  afin  de  la  commu- 
niquer à  d'autres  corps.  En  ce  sens  général ,  mais 
peu  usité,  les  machines  électriques  sont  des  électro- 
phores.  ||  Dans  un  sens  restreint  qui  est  seul  usité, 
gâteau  de  résine  sur  lequel  on  développe  l'électricité 
par  le  frottement.  Cette  électricité  en  attire  une  de 
nom  contraire  dans  un  plateau  métallique  tenu  par 
un  manche  isolant,  que  l'on  appuie  sur  l'électro- 
phore. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  copie,  qui  porte. 

t  ÉLECTRO-PHYSIOLOGIQUE  (  é-lèk-tro-fI-zi-0- 
lo-gi-k') ,  adj.  Terme  didactique.  Qui  se  rapporte 
aux  actions  de  l'électricité  sur  les  corps  vivants. 
Mécanisme  de  la  physionomie  humaine  ou  analyse 
électro-physiologique  de  ses  différents  modes  d'ex- 
pression, Di'CHEN.NK,  Acad.  des  se.  t.  Lin,  p.  <2a). 

—  ÉTYM.  Électro....  et  physiologique. 

t  ÉLECTRO-POLAIRE  (é-lèk-tro-po-lê-r'),  adj. 
Conducteur  électro-polaire,  conducteur  tel  qu'un 
bout  (ou  surf.ice)  est  négatif  et  l'autre  positif;  c« 
qui  arrive  quand  l'électricité  est  induite. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  polaire. 

t  ÉLECTRO-POSITIF,  IVE  (é-lèk-tro-po-zi-tif, 
ti-v') ,  adj.  Terme  de  physique.  Qui  se  porte  au  pflls 
négatif  de  la  pile  voltaique;  telles  sont  les  base» 
salifiables. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  positif. 

t  ÉLECTRO-PUNCTURE  (é-lèk-tro-pon-ktu-r"), 
».  f.  Terme  de  médecine.  Combinaison  de  l'élecui- 
cité  et  de  l'acupuncture,  employée  dans  le  traite- 
ment de  quelques  maladies. 

—  ÉTYM.  Kleetro....  et  le  Minpunelura,  piqûre. 


ÉLÉ 

t  Ëf,ECTROSCOPE  (é-lèk-tro-sko-p'),  s.  m.  Terme 
de  physique.  Instrument  propre  à  manifester  la 
présence  de  l'électricité  et  son  espèce. 

—  ÊTYM.  Électro....  etoxoTCeîv,  examiner. 

t  ÉLECTHOSCOPIE  (é-lèk-tro-sko-pie),  s.  f.  Re- 
cherche de  la  présence  de  l'électricité. 

t  ÉLECTRO-STATIQUE  (é-lèk-tro-sta-ti-k') ,  ad). 
Terme  de  physique.  Qui  est  le  résultat  de  l'électri- 
cité non  voltaîquB  ;  se  dit  par  opposition  à  électro- 
dynamique. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  statique. 

t  ÉLECTRO-TUÉRAPEUTIQUE  (é-lék-tro-té-ra- 
Iieu-ti-k'),  adj.  Qui  a  rapport  à  l'électro-thérapio. 
Il  S.  f.  Synonyme  d'électro-thérapie. 

t  ÉLECTRO-THÉRAPIE  (é-lèk-tro-té-ra-pie),  s. 
f.  Emploi  de  l'électricité  comme  moyen  thérapeu- 
tique. 

—  ÉTYM.    Électro....  et  thérapie. 

t  ÉLECTROTYPE  (é-lèk-tro-ti-p') ,  s.  m.  Appareil 
d'électrotypie. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  type. 

t  ÉLECTROTYPIE  (é-lèk-tro-ti-pie) ,  s.  f.  Art 
par  lequel  on  recouvre  d'une  couche  métallique, 
par  voie  électro-chimique,  les  clichés  et  autres  ob- 
jets destinés  à  transporter  leurs  empreintes  sur 
d'autres  corps. 

—  ÊTYM.  Éleclrotype. 

t  ÉLECTRO- VIT  AL,  ALE  (é-lèk-tro-Ti-tal,  ta-1'), 
adj.  Qui,  se  manifestant  dans  l'économie  animale, 
par  suite  des  actes  vitaux,  est  de  nature  électrique. 
Les  phénomènes  électro-vitaux. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  vital. 

t  ÉLECTRO-VITALISME  (é-làk-tro-vi-ta-li-sm") , 
».  m.  Terme  de  physiologie.  Système  erroné  dans 
lequel  les  actes  de  l'organisme  sont  expliqués  par 
l'électricité  comme  cause,  ou  du  moins  par  un 
fluide  vital  analogue  au  fluide  électrique. 

—  ÉTYM.  Électro....  et  vitalisme. 

t  ÉLECTRUM  (é-lèk-trom'),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Alliage  d'or  et  d'argent  qui  était  dans  une 
estime  singulière. 

—  ÉTYM.  Lat.  electrum,  de  ii>,exTpov,  alliage  mé- 
tallique, et  succin.  C'est  de  electrum,  au  sens  de 
succin,  que  l'électricité  a  reçu  le  nom  qu'elle  porte. 

ÉLECTUAIRE  (é-lè-ktu-ê'-r'),  s.  m.  Terme  de 
pharmacie.  Médicament  fait  de  poudres  composées 
et  aussi  de  pulpes  et  d'extraits,  avec  des  sirops  à 
base  de  sucre  ou  de  miel.  L'électuaire  porte  le  nom 
d'opiat  quand  il  y  entre  de  l'opium. 

—  HIST.  xm'  s.  Uns  lettuaires  [elle]  vous  dunrat 
[donnera],  E  tous  beivres  [boissons]  vous  baillerat, 
MARIE,  Deux  amants,  \\xiw'  s.  S'il  reviennent  do 
Montpelier,  Leur  lectuaire  sont  moût  cher,  du 
CANGE,  electuarium.  \\xyi'  s Choses  aroma- 
tiques comme  electuaires,  conserves,  opiates,  pou- 
dres, PARÉ,  V,  <6.  Si  je  voulais  composer  un  elec- 
toire  ou  médecine  de  pierreries,  palissy,  283. 

—  ÉTYM.  Provenç.  elecluari,  lectuari,  ïectoari ; 
espagn.  electuario;  ital.  elletuario;  du  latin  elec- 
tuarium, corrompu  de  i%Xci'(\uxiâfioy,  de  SxXEiyfia 
(voy.  eolegmé). 

t  ÉLEK-D'EAD  (é-lèf-dfl) ,  s.  m.  Ancien  terme  de 
mer  qui  signifie  le  flux  ou  mer  montante. 

—  ÉTYM.  Elef  ou  eslef  est  une  forme  d'élever 
(voy.  ce  mot  à  l'kist^irique,  xii*  siècle), le  v  final  se 
changeant  en  f. 

ÉLÉGAMMENT  (é-lé-ga-man) ,  adv.  Avec  élé- 
gance. Il  est  élégamment  vêtu.  Je  sais  bien  que 
Votre  Majesté  n'a  que  faire  de  toutes  nos  dédicaces, 
et  que  ces  prétendus  devoirs  dont  on  lui  dit  élé- 
gamment qu'on  s'acquitte  envers  elle ,  sont  des  hom- 
mages ,  à  dir»  vrai ,  dont  elle  nous  dispenserait  très- 
volontiers,  MOL.  Critique  à  la  reine  mère.  Ah  ! 
voilà  parler  d'amour  bien  élégamment,  repartit  Col- 
lantine,  ce  langage  me  plaît,  furetière,  Roman 
bourg,  liv.  ii,  p.  245. 

—  HIST.  XYi'  s.  Comme  à  celuy  qui  sauroit  mieulx 
en  composer  une  histoire  entière  et  la  coucher  plus 
élégamment  par  escrit,  auyot,  Lucull.  2.  L'office 
de  l'orateur  est  de  chacune  chose  proposée  élégam- 
ment et  copieusement  parler,  du  bellay,  i,  8,  recto. 

—  ÉTYM.  Élégant,  et  le  suffixe  ment. 
ÉLÉGANCE  (é-lé-gan-s'),  s.  f.  \\  1°  Qualité  de  ce 

qui  est  d'élite,  de  distinction  dans  la  parure,  dans 
les  manières,  dans  la  taille,  etc.  L'élégance  de  la 
toilette,  des  ameublements.  Toutes  les  formes  dif- 
férentes que  les  viandes  prennent  avant  de  devenir 
un  mets  exquis  et  d'arriver  à  cette  propreté  et  cette 
élégance  qui  charme  vos  yeux,  iarruy.  vi.  La  ri- 
chesse partout  à  l'élégance  unie,  lemehc.  /.  Shore, 
i,  2.  Il  2°  Distinction  dans  le  langage  et  le  style 
qui,  sans  affectation  ni  recherche,  résulte  de  la 
justesse  et  de  l'agrément.  Vous  parlerai-/     ie  ces 


ELfi 

audiences  où  elle  recevait  les  ambassadeurs,  entrant 
dans  les  intérêts  de  chacun,  et  parlant  à  chacun  sa 
langue,  accompagnant  les  honneurs  qu'elle  leur 
faisait  d'un  air  de  grandeur  et  d'intelligence,  et 
joignant  toujours  à  l'élégance  du  discours  les  grâces 
de  la  modestie?  fléciiier,  Dauphine.  ||  Au  plur. 
Les  élégances,  sortes  de  phrases  ou  de  tournures 
toutes  faites  recommandées  pour  leur  caractère  de 
distinction.  Notre  langue  fait  consister  la  plupart 
de  ses  élégances  dans  les  suppressions  ;  il  ne  faut 
pas  tout  mettre  et  tout  exprimer;  il  faut  laisser  agir 
l'esprit,  VAUGEL.  Nouv.  rem.  oiserv.  de  M....  p.<03, 
dans  POUGENS.  Il  Dans  le  langage  des  classes,  élé- 
gances, bonnes  expressions;  ne  se  dit  guère  que 
pour  le  latin.  Les  écoliers  se  servent  des  épithètes  de 
Textor  et  des  élégances  poétiques  pour  faire  leurs 
vers,  FUHETiÈiiE,  Uoman  bourg,  liv.  ii,  p.  247. 
Il  3°  Terme  de  peinture.  Agrément  dans  les  formes. 
Il  4°  Terme  de  mathématique.  Se  dit  de  calculs  ou 
de  constructions  qui  sont  à  la  fois  simples  et  ingé- 
nieuses. L'élégance  du  système  des  poids  et  me- 
sures des  Egyptiens  tirant  de  la  coudée  une  lon- 
gueur qui,  cubée,  donnait  la  mesure  de  capacité, 
laquelle  ensuite,  remplie  d'eau,  donnait  le  poids, 
SAiGET ,  Métrologie. 

—  HIST.  xvr  s.  La  sumptuosité,  propreté  et  élé- 
gance du  service  de  sa  maison,  amyot,  Anton.  32. 
Ceux  qui  ont  donné  beaucoup  à  la  grâce  et  à  l'ele- 
gance  du  langage,  mont,  u,  i38. 

—  ÉTYM.  Lat.  elegantia,  i'elegans,  élégant. 
ÉLÉGANT,  ANTE  (é-lé-gan ,  gan-t') ,  adj.  ||  1°  Qui 

a  de  l'élégance.  Costume  élégant.  Taille  élégante.  Une 
élégante  tournure.  Auteur  élégant.  Style  élégant. 
Imitons  de  Marot  l'élégant  badinage,  boil.  Art 
poét.  1.  0  malheureux  l'auteur  dont  la  plume  élé- 
gante Se  montre  encor  du  gotit  sage  et  fidèle 
amante!  GiLBERT,XV///««ècfe.Suisces  fameux  rem- 
parts et  ces  berceaux  antiques.  Où,  tant  qu'un  beau 
soleil  éclaire  de  beaux  jours.  Mille  chars  élégants 
promènent  les  amours,  A.  chén.  Épit.  m.  ||  Formes 
élégantes  se  dit,  dans  les  beaux-arts,  des  figures 
qui  ont  de  la  distinction.  On  ne  parlait  que  de  son 
accueil  [Calonne  arrivé  depuis  peu  au  ministère]  et 
des  charmes  de  son  langage;  ce  fut  pour  peindre 
son  caractère  qu'on  emprunta  des  arts  l'expression 
de  formes  élégantes,  marmontel,  Mém.  xii.  ||  Terme 
de  mathématique.  Qui  est  à  la  fois  simple  et  ingé- 
nieux. Solution  élégante  d'un  problème.  Construction 
élégante.  ||  2'"  Substantivement.  Personne  élégante 
dans  son  costume  et  dans  ses  manières.  C'est  un 
de  nos  élégants,  une  de  nos  élégantes. 

—  HIST.  XV"  s.  [Les  femmes  ont]  Mains  ravis- 
santes, Rifflantes,  Puis  tournant  le  dos.  Ainsi  qu'en 
fables  élégantes  Virgile  les  harpies  volantes  Descript 
au  tiers  d'yEneidos,  guill.  d'alexis.  Blason  des 
faulses  amours,  dans  palsgrave,  p.  783.  ||xvi's. 
Toutefois  il  y  en  a  qui  jugent  par  ses  commentaires 
qu'il  estoit  plus  élégant  en  son  parler,  et  plus  élo- 
quent qu'il  ne  semble  à  aucuns,  amyot,  Arat.  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  elegans  ou  eliyans,  que  les  étymo- 
logistes  latins  tirent  de  eiigere,  choisir. 

-[  ÉLÉGIAMBIQUE  (é-lé-ji-an-bi-k'),  adj.  Terme 
de  métriijue  ancienne.  Vers  élégiambique ,  vers 
composé  du  second  hémistiche  de  l'élégiaque  et  d'un 
ïambique  dimètre. 

ÉLÉGIAQUE(é-lé-ji-a-k'),  adj.  ||  1°  Qui  appartient 
à  l'élégie.  Le  genre  élégiaque.  Poète  élégiaque, 
poète  qui  a  composé  des  élégies.  ||  2"  Vers  élégiaques, 
c'étaient,  chez  les  anciens,  des  vers  hexamètres  et 
pentamètres  disposés  alternativement.  ||  8°  Chez 
nous  c'est  toujours  dans  le  sens  de  mélancolique 
que  ce  mot  est  pris,  à  moins  qu'il  ne  s'agisse  des 
anciens.  Des  vers  élégiaques.  ||  Par  ironie  ou  par 
moquerie,  mélancolique,  qui  cherche  à  se  faire 
plaindre.  Annoncez-moi  un  peu  de  bonheur,  dit-il 
avec  un  accent  élégiaque,  j'en  ai  besoin,  ch.de 
BERNARD,  Un  Ilûmme  sérieux,  §  xvin.  ||  4°  S.  m. 
Un  élégiaque,  un  poète  élégiaque 

—  ÉTYM.  Élégie. 

ÉLÉGIE  (é-lé-jie),  s.  f.  ||  1°  Chez  les  Grecs  et 
les  Latins,  pièce  de  vers  dont  le  caractère  essentiel 
fut  d'être  composée  d'hexamètres  et  de  pentamè- 
tres. Il  2°  Aujourd'hui,  petit  poème  dont  le  sujet 
est  triste  ou  tendre.  Composer  une  élégie.  La  plain- 
tive élégie  en  longs  habits  de  deuil  Sait  les  che- 
veux épars  gémir  sur  un  cercueil;  Elle  plaint  des 
amants  la  joie  et  la  tristesse.  Flatte,  menace,  ir- 
rite, apaise  une  maltresse;  Mais,  pour  bien  expli- 
quer ses  caprices  heureux,  C'est  peu  d'être  poète, 
il  faut  être  amoureux,  boil.  Art  poét.  n.  Mais  la 
tendre  élégie  et  sa  grâce  touchante  M'ont  séduit; 
l'élégie  à  la  voix  gémissante,  Au  ris  mêlé  de  pleurs, 
aux  longs  cheveux  épars,  Belle,  levant  au  ciel  ses 


ÉLÈ 


iS'l'à 


humides  regards,  a.  chénieb,  Élég.  32.  |'  3»  Terme 
de  musique  ancienne.  Sorte  de  nome  pour  les  flûtes. 
Il  4°  Terme  de  botanique.  Plante  du  Cap  (elegia). 

—  HIST.  xvi-  s.  Mais  d'avantage,  Lazare  de  Baïf 
a  donné  à  nostre  langue  le  nom  d'epigrammes  et 
d'elegies,  aveq  ce  beau  nom  composé  aigredoux,  à 
fin  qu'on  n'attribue  l'honneur  de  ces  choses  k  quel- 
qu'autre,  du  bellay,  i,  39,  verso.  Nous  contasmes 
nos  adventures  à  Pantagruel,  qui  en  fit  quelques 
élégies  par  passe  temps,  rab.  Pant.y,  17. 

—  ÉTYM.  'E),eYeîa,  de  iXt^ai;,  plainte,  gémisse- 
ment. 

t  ÉLÉGIOGRAPUE  (é-lé-ji-o-gra-f),  s.  m.  Auteur 
d'élégies. 

—  ÉTYM.  Élégie,  et  -fpâçsiv,  écrire. 

t  ÉLÉGIR  (é-lé-jir),  v.  a.  Terme  de  construc- 
tion. Diminuer  l'épaisseur  d'une  pièce  de  bois  en  y 
poussant  des  moulures. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  léger. 

t  ÉLÉGISSEMENT  (é-lé-ji-se-man),  t.  m.  Action 
d'élégir. 
— -  ÉTYM.  Élégir. 

ÉLÉMENT  (é-lé-man;  le  t  se  lie  :  un  é-lé-man-t- 
inaperçu;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  é-lé-man-z-in- 
aperçus) ,  s.  m.  (1 1°  Terme  des  doctrines  physiques 
des  anciens.  Nom  donné  à  la  terre,  à  l'eau,  à  l'air 
et  au  feu,  considérés  comme  constituant  l'univers, 
et  appelés  les  quatre  éléments.  Êlie  aux  éléments  par- 
lant en  souverain,  ^kc.Athal.i,  (.Venait- il  renver- 
ser l'ordre  des  éléments?  id.  ib.  i,  4.  Je  ne  pense 
pas....  que  les  éléments  paraissent  confondus  Pour 
qu'un  mortel  ici   respire  un  jour  de  plus,   volt. 
Mort  de  César,  m,    6.  Napoléon  s'était  éveillé  à  la 
double  clarté  du  jour  et  des  flammes;  dans  son  pre- 
mier mouvement,  il  s'irrita  et  voulut  commander  à 
cet  élément;  mais  bientôt  il  fléchit....  ségur,  Uitt. 
de  Nap.  viii,  6.  ||  Terme  poétique.  Le  liquide  élé- 
ment, la  mer.  ||  Au  plur.  Les  éléments,  l'ensemble 
des  conditions  de  saison,  de  sol,  d'atmosphère  et  de 
mer.  L'armée  avait  les  éléments  à  combattre.  Au 
milieu  de  ce  terrible  orage  d'hommes  et  d'éléments 
qui  s'amasse  autour  de  lui ,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  vui, 
n.|12°  Terme  de  chimie.  Corps  simple,  substance 
indécomposée  et  regardée  provisoirementcomme  in- 
décomposable. On  comptait  il  y  a  peu  de  temps  cin- 
quante-six éléments  ;  mais  depuis  on  en  a  découvert 
quelques  autres;  et  le  compte  n'en  est  jamais  défi- 
nitivement arrêté.  Il  II  se  dit  aussi  des  composés  qui 
forment  une  combinaison  nouvelle.  L'acide  nitrique 
et  la  potasse  sont  les  éléments  du  salpêtre.  [|  3°  Par 
extension,  tout  ce  qui  entre  dans  la  composition  d'une 
autre  chose  et  sert  à  la  former.  Les  mots  sont  les 
éléments  du  discours.  La  famille  est  l'élément  de  la 
société.  Des  éléments  de  prospérité.  Dans  toutes  les 
affaires  de  ce  monde,  le  temps  est  un  élément  né- 
cessaire. Il  Terme  de  physique.  Nom  donné  aux  cou- 
ples de  plaques  de  zinc  et  de  cuivre,  soudées  par 
toute  leur  surface,  dont  on  se  sert  pour  construire  les 
piles  voltaïques  dites  à  auges.  ||  Terme  d'anatomie. 
Éléments   organiques,  nom  donné  aux    dernières 
parties  auxquelles  on  puisse,   par  l'analyse  anato- 
mique,   c'est-à-dire  sans  décomposition  chimique, 
ramener  les  tissus  et  les  humeurs.  ||  Terme  de  pa- 
thologie.  Éléments  d'une  maladie,  les  divers  phé- 
nomènes  constants  ou   pathognomoniques  qui   la 
composent.  ||  Terme  de  grammaire.  Élément  voyelle, 
élément  consonne,  celles  des  lettres  qui  entrent  dans 
le  radical  d'un  mot.  ||  Terme  de  géométrie.  Éléments 
d'une  ligne,  d'une  surface,  d'un  solide,  parties  in- 
finiment petites  dont  on  peut  supposer  que  la  ligne, 
la  surface  ou  le  solide  sont  formés.  ||  Éléments  astro- 
nomiques, ceux  qui  sont  relatifs  au  mouvement  de 
l'astre,  à  la  nature  et  aux  dimensions  de  sa  trajec- 
toire, à  la  position  qu'il  doit  occuper  sur  cette  ligne 
lors  d'un  instant  donné,  aux  perturbations  enfin  que 
ce  mouvement  peut  subir  par  suite  des  actions  et  ré- 
actions mutuelles  des  autres  corps  célestes,  du  soleil, 
et  des  planètes,  par  exemple.  Le  jour,  que  tout  nous 
autorise  à  regarder  comme  l'un  des  éléments  les 
plus  constants  du  système  du  monde,   laplace, 
Expos.  IV,   14.  Il  4»  Terme  de  musique.  Éléments 
musicaux,  l'ensemble  de  toutes   les  notes.   ||  Élé- 
ment métrique,  partie  de    la  mesure  qui    résulte 
de  la  division  du  temps  en  deux  ou  trois  notes  de 
même  valeur.  ||  B"  Le  milieu  dans  lequel  vit  un  ani- 
mal. L'élément  du  poisson,  c'est  l'eau.  ||  Fig.  Étra 
dans  son  élément,   se  trouver  là  où  l'on   se  plaît 
le  mieux.  Quant  à  nous,  étant  où  vous  êtes.  Nous 
sommes  en  notre  élément,  malh.  vi,  ».  De  ses  pa- 
reils la  gaerre  est  l'unique  élément,  corn.  Don  San- 
che,  I,  I.  Quand  il  est  au  cabaret,  il  est  dans  son 
élément,  scarron,  dans  hichelet.  Avec  la  violente 
inclination  que  j'ai  de  passer  ma  vie  avec  les  Bre- 


1324 


ÉLÉ 


tons,  je  serai  dans  mon  élément,  SÉV.  421.  Chez 
TOUS  l'inquiétude  est  dans  son  élément,  la  chaus- 
stK,  Ifélanide,  i,  ♦.  (|Ëlro  dans  son  élément,  signi- 
fie disserter  sur  les  choses  qu'on  a  étudiées,  appro- 
fondies; faire  ce  &  quoi  l'on  est  parliculiôremeiit 
propre.  Il  Etre  hors  de  son  élément,  se  trouver  là 
où  l'on  n'est  pas  à  son  aise.  ||  6°  Au  plur.  Notions 
premières.  Les  éléments  de  la  grammaire.  N'avoir 
que  les  premiers  éléments  d'une  science,  en  être 
aux  éléments.  N'avoir  pas  les  premiers  éléments 
d'une  science,  l'ignorer  complètement.  Zeuxis,  na- 
tif d'Héraclée,  apprit  les  premiers  éléments  de  la 
peinture  vers  la  quatre-vingt-unième  olympiade, 
BOLUN,  Ilist.  anc.  t.  xi,  ("  pan.  p.  <5I,  dans  pou- 
gens.  Il  Éléments  est  le  titre  de  certains  ouvrages  qui 
contiennent  les  premières  notions  d'un  enseigne- 
ment. Éléments  de  grammaire  latine.  Ses  Éléments 
[d'Euclide]  contiennent  une  suite  de  propositions 
qui  sont  la  base  et  le  fondement  de  toutes  les  au- 
tres parties  des  mathématiques,  rolun,  Hist.  anc, 
t.  xiii,  liv.  xxvii,  ch.  i,  p.  <30,  dans  POUGENS. 
117°  Terme  d'alchimie.  Élément  froid,  se  disait  de 
l'eau  et  du  mercure. 

—  HIST.  X'  s.  EU'  en  adunet  [abandonne]  lo  suon 
élément  [doctrine] ,  Eulalie.  ||  xm'  s.  Dieux  establi 
mes  pie/,  seur  pierre,  seur  la  fermeté  où  seinte 
Eglise  est  fondée;  et  esdreça  mes  elemenz  à  bone 
uuevre,  Psautier,  f°  50.  ||  xV  s.  Il  est  tout  vrai  et 
sans  mentir.  Ne  sans  vérité  divertie.  Que  toute 
chose  elementée  Est  d'éléments  alimentée,  l'Alch. 
à  Nat.  733.  Le  [le  pape]  baisèrent  au  pied,  en  la 
main  et  en  la  bouche,  et  commença  le  cardinal 
de  Vimers,  et  en  après  les  patriarches,  archevesques 
et  evesques  et  abbez,  et  consequemment  les  autres 
gens  d'esglise  ;  et  par  les  quatre  elemens  [en  nom- 
mant les  quatre  éléments]  donna  la  beneisson  à  tous 
estans  en  estât  degrace....  monstr.  t.  i,  f°  94,  dans 
LACURNE.JI  xvi'  S.  Le  haut  ciel  s'obscurcit;  centmiUe 
tremblements  Confondirent  la  terre  et  les  trois 
éléments,  d'aub.  Tragiques,  liv.  i,  Misères.  J'ay 
honte  de  voir  nos  hommes  enyvrés  de  cette  sotte 
humeur  de  s'effaroucher  des  formes  contraires 
aux  leurs;  il  leur  semble  estre  hors  de  leur  élé- 
ment, quand  ils  sont  hors  de  leur  village,  mont. 

IV,   423. 

—  ÉTY.M.  Provcnç.  élément;  espagn.  et  ital.  ele- 
mento  ;  du  lat.  elementum. 

ÉLÉMKNTAIRK  (é-lé-man-tê-r'),  adj.  ||  1°  Qui 
est  de  la  nature  de  l'élément.  Les£orps  élémentaires. 
Les  molécules  élémentaires.  Il  est  permis  de  douter 
que  les  substances  qu'on  nomme  élémentaires 
soient  aussi  simples  et  aussi  homogènes  qu'elles  ont 
paru  l'être,  bonnet,  Contempl.  nat.  v,  <7.  ||Les 
esprits  élémentaires ,  êtres  imaginaires  que  les 
cabalistes  supposaient  présider  aux  éléments. 
Il  2°  Terme  d'histoire  naturelle.  Parties  élémentai- 
res, celles  qu'on  retrouve  semblables  à  elles-mêmes 
dans  toutes  les  parties  des  animaux  et  des  végé- 
taux. Il  Tissus  élémentaires,  tissus  simples  auxquels 
peuvent  se  réduire  tous  les  tissus  qui  composent  un 
animal,  à  savoir  le  tissu  cellulaire,  le  tissu  muscu- 
laire elle  tissu  nerveux.  1|  3°  Qui  concerne  les  pre- 
miers principes  d'un  art  ou  d'une  science.  Un  traité 
élémentaire.  Euclide  n'est  qu'un  auteur  élémentaire; 
Archimède  est  un  géomètre  sublime  qu'admirent  en- 
core aujourd'hui  ceux  mêmes  qui  sont  les  plus  ha- 
biles dans  les  nouvelles  méthodes,  bollin,  Hist. 
anc.  t.  xm,  liv.  xxvii,  ch.  i,  p.  <29,  dans  pou- 
gens.  Il  Mathématiques  élémentaires,  les  premières 
parties  d'un  cours  complet  de  mathématiques  (arith- 
métique, géométrie,  algèbre  et  trigonométrie).  ||  Cela 
est  élémentaire,  se  dit  de  choses  qu'on  ne  doit  pas 
ignorer.  ||  Classes  élémentaires,  la  8"  et  la  T. 

—  HIST.  xiv  s mais  ainsi  comme  En  avez  dit 

la  vérité.  Vous  ne  ferez  d'humanité  Que  l'élémen- 
taire machine.  Sans  mettre  ce  qui  meut  l'usine, 
l'Àlch.  à  Nat.  03.  Il  XVI"  s.  Lesquels  considerans  très- 
mal  la  fragilité  et  impuissance  des  hommes,  ima- 
ginent qu'ils  peuvent  ici  bas  vivre  comme  anges  ; 
combien  qu'ils  ayent  des  corps  élémentaires,  sujets 
aux  altérations  qui  suivent  la  matière,  langue,  boo. 
Dieu  seul  est  éternel;  de  l'homme  élémentaire  [com- 
posé des  quatre  éléments]  Ne  reste  après  la  mort  ny 
veine  ny  artère  ;  Qui  pis  est,  il  ne  sent,  il  no  rai- 
sonne plus,  Locatif  descharné  d'un  vieil  tombeau 
reclus,  nous.  785. 

—  ËTYM.  Élément;  provenç.  et  espagn.  elemen- 
tar;  ilal.  elemenlare. 

t  ÉLÊMENTÉ,  ËE  (é-lé-man-té,  tée) ,  adj.  Com- 
posé d'éléments.  Saint  Bonaventure  enseigne....  que 
les  coips  élémentés  sont  des  composés  dans  lesquels 
entrent  les  quatre  éléments,  daunou,  Dise,  sur  l'é- 
tat des  lettres  en  France  au  xiii'  siècle,  §  xv. 


ÉLÉ 

—  HiST.  XV'  S.  Toute  chose  elementée....  l'Àlch. 
à  Nat.  715. 

jÉLÉMl  (é-lé-mi),«.  m.  Substance  résineuse  dont 
on  distingue  deux  espèces  :  l'élémi  oriental  et  l'é- 
lémi  bâtard  ou  occidental  ou  d'Amérique. 

tÉLÉMIFËRE  (é-lé-mi-fê-r'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  produit  de  l'élémi,  sorte  de  résine. 

—  Etym.  Élémi,  et  le  latin  ferre,  porter. 

t  ËLÉMINE  (é-lé-mi-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Résine  cristallisable  de  l'élémi  du  Brésil. 

t  ÉLENCTIQUE  (  é-lan-kti-k'  ) ,  adj.  Terme  de 
théologie.  Théologie  élenctique  ,  la  partie  de  la 
théologie  qui  renferme  la  controverse. 

—  ÉTYM.  'EXEfxTixoi;,  de  èÀcyy.Etv,  réfuter. 

t  ÉLÉOLÉ(é-lé-o-lé),  s.  m.  Terme  de  pharmacie. 
Nom  des  préparations  formées  d'huile  et  de  principes 
médicamenteux. 

—  ÉTYM.  'EXaiov,  huile. 

t  ÉLÉOPHAGE  (é-lé-o-fa-j'),  adj.  Qui  mange  des 
olives,  qui  se  nourrit  d'olives. 

—  ÉTYM.  'EXata,  olive,  et  (fi.-(s.X'/,  manger. 
tÉLÉOPTÈNE    (é-lé-0-ptê-n'),    s.  m.  Terme    de 

chimie.  Principe  immédiat  liquide  et  volatil  mélangé 
au  Etéaroptène. 

—  ÉTYM.  'EXaiov,  huile,  et  itTuvoç,  volatil. 
ÉLÉPHANT  (é-lé-fan),  s.  m.  |1 1°  Grand  et  gros 

mammifère  de  l'ordre  des  pachydermes,  qui  se  dis- 
tingue par  sa  trompe  et  ses  longues  défenses.  On 
exposait  anciennement  les  personnes  coupables  aux 
éléphants  qui  les  écrasaient,  vaugelas,  Q.  C. x,  9, 
dans  RICHELET.  Il  en  aurait  dit  davantage;  Mais  le 
chat,  sortant  de  sa  cage,  Lui  fit  voir  en  moins  d'un 
instant  Qu'un  rat  n'est  pas  un  éléphant,  la  font. 
FaU.  VIII,  -IB.  L'éléphant  est,  si  nous  voulons  ne 
nous  pas  compter,  l'être  le  plus  considérable  de  ce 
monde,  bufp.  Éléphant.  Une  charge  de  quatre  à 
cinq  milliers  n'est  pas  trop  forte  pour  un  grand  élé- 
phant, BONNET,  Contempl.  nat.  xu,  40.  Le  plus  vieux 
des  éléphants,  comme  le  plus  expérimenté,  est  à  la 
tête  de  la  troupe  et  la  conduit;  le  plus  âgé  après 
lui  ferme  la  marche;  les  jeunes  et  les  faibles  sont 
au  centre  du  bataillon;  et  les  mères  qui  allaitent 
encore  portent  leurs  petits  qu'elles  embrassent  de 
leur  trompe,  ID.  ib.  Les  anciens  connaissaient  très- 
bien  l'éléphant,  et  l'histoire  de  ce  quadrupède  est 
plus  exacte  dans  Aristote  que  dans  BufTon,  cuvier, 
Hérol.  72.  Tandis  que,  triviale,  errante  et  vagabonde. 
Entre  tes  quatre  pieds  toute  la  ville  [Paris]  abonde, 
Comme  une  fourmilière  aux  pieds  d'un  éléphant, 
V.  HUGO,  Voix  intér.  X  l'arc  de  l'Étoile.  \\  Eléphant 
blanc ,  éléphant  atteint  d'une  sorte  d'albinisme. 
Il  L'éléphant  mammouth,  ou,  simplement,  le  mam- 
mouth, éléphant  qu'on  ne  trouve  plus  que  fossile. 
Il  Éléphant  de  guerre,  éléphant  que  les  anciens 
employaient  dans  les  batailles.  N'avons-nous  pas 
donné....  Nos  femmes,  nos  enfants,  nos  vaisseaux 
etnos  armes.  Nos  éléphants,  nos  biens?....  mair. 
Mort  d'Àsdrub.  i,  3.  En  vain  leurs  éléphants  et  leurs 
tranchants  ivoires  Ont  voulu  retarder  le  cours  de 
nos  victoires,  rotb.  Bélis.  i,  6.  ||  Familièrement. 
Faire  d'une  mouche  un  éléphant,  exagérer  une 
faute  légère.  ||  2°  Familièrement.  Éléphant  se  dit 
d'une  personne  grosse  et  forte,  surtout  peu  gra- 
cieuse. C'est  un  éléphant,  un  vrai,  un  gros  élé- 
phant. Il  3°  Ordre  de  l'Éléphant,  ordre  fondé  en 
(478  par  Christiern  I  ,  roi  de  Danemark,  ainsi 
nommé  parce  que  les  chevahers  portaient  un  col- 
lier d'où  pendait  un  éléphant  d'or  émaiUé  de  blanc. 
Il  4°  Terme  de  commerce.  Sorte  de  papier.  ||  B°  Elé- 
phant de  mer,  éléphant  marin,  nom  vulgaire  du 
morse  et  d'une  espèce  de  phoque  dit  phoque  à 
trompe. 

—  HIST.  XI*  s.  Un  faldestoed  [fauteuil]  i  ot  d'un 
olifant  [ivoire],  Ch.  de  Roi.  xtvi.  Compainz  Uolanz, 
l'olifant  [le  cor]  carsonez,  ib.  Lxxxii.  ||xii's.  Esor 
chascon  olyphantun  chastiel  de  fust  [bois],  dont  se 
combattoient  cil  qui  desuz  la  beste  estoient,  Jfo- 
chab.  1,  6.  Il  XIII*  s.  L'oliphant  est  moult  corporu, 
DU  cange,  pasticium.  Entre  les  autres  joiaus  qu'il 
envoia  au  roi,  li  envoia  un  oliphant  de  cristal  moult 
bien  fait,  joiNv.  260.  ||  xV  s.  La  principale  ville 
Gelbona  :  et  en  ceste  cité  a  grand  quantité  d'or,  et 
y  multiplient  plus  les  olifans  que  en  aultre  partie 
du  monde,  Jeh.  de  Saintré,  ch.  60.  ||xvi'  s.  Cest 
animal  se  nomme  éléphant  de  mer,  et  plus  gros 
qu'un  éléphant;  lequel  habite  en  l'eau  et  en  la 
terre,  ayant  deux  dents  semblables  à  celles  d'un 
éléphant,  par  lesquelles,  lorsqu'il  veut  prendre  son 
sommeil,  il  s'attache  et  pend  aux  rochers,  pabé. 
Licorne,  )  t.  Le  sommeil  est  le  cheoir  de  l'elephant, 

LEROUX  de  LINCY,  PrOV.  t.  I,   p.  4  7B. 

—  ETYM.  Provenç.  éléphant;  espagn.  et  ital.  ele- 
fante;  du  latin  elephantus ,  du  grec  iXeça;.  L'an- 


ÉLE 

cienne  forme  est  olifant;  ce  n'est  qu'au  seiaèjio 
siècle  que  la  forme  latine  l'expulse. 

t  ÉLÉPHANTE  (é-lé-fan -t'),  s.  f.  Terme  d«  zoo- 
logie. Femelle  de  l'éléphant. 

—  ÉTYM.  Éléphant;  provenç.  elephanta,  elephan- 
tessa  ;  ital.  elefanlessa. 

t  ÉLÉPUANTIAQUE  (é-lé-far.-ti-a-k'), od;.  Term  c 
de  médecine.  Qui  est  atteint  d'éléphantiasis.  ||  Sub- 
stantivement. Les  éléphantiaquos. 

—  ÉTYM.  Lat.  elephantiacus ,  à'elephantus,  élé- 
phant et  éléphantiasis. 

t  ÉLÉP0ANTIASIS  (é-lé-fan-ti-a-zis* ),  ».  f. 
Il  1°  'terme  de  médecine.  Éléphantiasis  des  Grecs  ou 
éléphantiasis  proprement  dite,  lèpre  du  moyen  âge, 
maladie  grave  caractérisée  par  des  tubercules  piui 
ou  moins  larges  à  la  peau  et  par  des  altérations  de 
plusieurs  autres  organes.  Elle  paraît  contagieuse. 
il  2"  Éléphantiasis  des  Arabes  ou  jambe  des  Bar- 
bades,  maladie  qui  rend  les  jambes  grosses  comme 
celles  d'un  éléphant,  et  qui  n'est  pas  contagieuse. 

—  HIST.  XVI' s.  Eléphantiasis,  ainsi  appellée,  il 
cause  que  les  malades  ont  les  bras  et  jambes  grosses 
et  tubéreuses ,  comme  les  elephans,  paré,  Introd.  2 1 . 

—  ÉTYM.  'EXeçavTÎaai;,  ie  iié^fxi,  éléphant,  à 
cause  des  grosses  jambes  dans  l'éléphantiasis  des 
Arabes.  Provenç.  elefancia,  elefacia;  espagn.  ele- 
fancia;  ital.  eûfansia;  du  latin  elephantia,  élé- 
phantiasis. 

t  ÉLÉPHANTIDE  (é-lé-fan-ti-d') ,  s.  f.  Le  royaume 
imaginaire  des  éléphants,  mot  forgé  par  la  Fon- 
taine. L'éléphant  repartit  :  Quoi!  vous  ne  savez 
pas....  Qu'Êléphantide  a  guerre  avecque  Rhinocère, 

LA  FONT.   Fabl.  XII,   24. 

—  ÉTYM.  Éléphant. 

t  < .  ÉLÉPHANTIN  ,  INE  (é-lé-fan-tin,  li-n'), 
adj.  Il  1°  D'éléphant.  Quand  le  jour  éloignait  la  gent 
éléphantine,  la  kotte,  Fabl.v,  47.  ||  2°  D'ivoire. 
Il  Chez  les  Romains,  livre  éléphantin,  livre  dont  les 
feuillets  étaient  d'ivoire  et  où  les  transactions  du 
sénat,  telles  que  les  édits,  les  décrets,  etc.  étaient 
conservés.  ||  3°  S.  f.  Terme  d'antiquité.  Éléphantine, 
espèce  de  flûte  phénicienne  faite  d'ivoire. 

—  ETYM.  Provenç.  elephantin;  catal.  elephanti, 
espagn.  et  ital.  elefantino;  du  latin  elephanlinus, 
d'elephanlus,  éléphant. 

t  2.  ÉLÉPUANTIX,  INE  (é-lé-fan-tin,  ti-n'),  adj.  S» 
dit  des  rois  égyptiens  qui  ont  régné  à  Eléphantine. 

t  ÉLÉPIIA NUQUE  (é-lé-fan-ti-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'éléphant.  ||  Qui  est  alTeclé  d'éléphantia- 
sis. Jambe  éléphantique. 

—  HIST.  xvi'  s.  Les  apostemes  qui  sont  faites  en 
corps  cacochymes,  hydropiques,  elephantiques  et 
autres  de  mauvaise  habitude,  paré,  v,  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  elephanlicus ,  d'elephantus,  élé- 
phant. 

t  ÉLÉPHANTOGRAPHIE  (é-lé-fanto-gra-fle), 
s.  f.  Traité  ou  histoire  de  l'éléphant. 

—  ÉTYM.  Éléphant,  etypâçEiv,  décrire. 

t  ÉLÉPHANTOÏDE  (é-lè-fan-to-i-d'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  ressemble  à  un  éléphant. 

—  ÉTYM.  'EXéço^  ,  éléphant,  et  eîSoç,  forme. 

t  ÉLÉPHANTOPUAGE  (  é-lé-fan-to-fa-j'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  se  nourrit  de  chair  d'élé- 
phant; qui  mange  la  chair  des  éléphants. 

—  KTYM.  'EXéça;,  éléphant,  et  fy-yt-Xv,  manger, 
t  ÊLÉPHANTOPOUE   ( élé-fan-to-po-d' )  ,    adj. 

Terme  de  zoologie.  Qui  a  des  pieds  comparables  à 
ceux  de  l'éléphant. 

—  ÉTYM.  'EXéçac,  éléphant,  et  ■Ko\ii,  pied. 

t  ÉLÉPUANTORNlTOE(é-lé-fan-tor-ni-t'),  s.  m. 
Terme  de  zoologie.  Nom  donné  à  une  famille  d'oi- 
seaux de  grande  taille  et  dont  le  corps  est  massif. 

—  ÉTYM.  'E)iifa«,  éléphant,  et  ipviî,  oiseau. 
tÉLEUSINIES   (é-leuzi-nie),    s.    f.  pi.   Terme 

d'antiquité  grecque.  Fêtes  en  Ihonneur  de  Cérès  et 
de  Proserpine. 

—  ÉTYM.  "EXevifftvia,  fêtes  d'Éleusine. 

t  ÊLEUTHÉRANTUÊRÉ,  ÉE  (é-leu-té-ran-té-ré, 
rée) ,  adj.  Terme  de  botanique.  Qui  a  les  anthère» 
libres  et  non  soudées  ensemble. 

—  ÉTYM.  'EXeûSepo;,  libre,  et  anthère. 

f  ÉLEUniÉRIE  (é-Ieu-té-rie) ,  s.  f.  Terme  d'anti- 
quité grecque.  Gouvernement  libre  d'un  État  indé- 
pendant. Les  savants  prétendent  que  l'éleuthérie  di- 
sait quelque  chose  de  plus  que  l'autonomie,  uontksq. 
Correspondance,  4 s. 

—  ÉTYM.  'EÀEuOepia,  liberté. 

f  ÉLEUTUÉROGYNE(é-leu-té-ro-ji-n'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  l'ovaire  est  libre  et  n'adhère  point 
au  calice. 

—  ÉTYM.  'Kxeûeepoç,  libre,  et  x^vit,  femelle, 
ovaire. 

t  ÉLEUTHÉROGYNIE  (é-leu-té-ro-ji-nie),    ».  f. 


ÉLÉ 

Terme  de  botanique.  Classe  des  plantes  dont  l'ovaire 
est  libre  et  non  ailhérent. 

—  ÉTYM.  Ëleuthfyogyne. 

f  ÉLEUTUÉROPHYLLE  (é  leu-té-ro-fi-l") ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  feuilles  libres  et  dis- 
tinctes. 

—  ÉTYM.  'E),EÛ6epo;,  libre,  et  9ÛU0V,  feuille. 

t  ÉLEUTHÉUOPODE  (  é-leu-té-ro-po-d'  )  ,  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  des  jiieds  libres  ou  dis- 
tincts, ouïes  nageoires  pectorales  séparées. 

—  ÉTYM.  'E),eOOEpoç,  libre,  et  itoOç,  pied. 

t  ÉLEUTUÉIIOPOME  (é-leu-té-ro-po-m') ,  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  les  opercules  libres  et  sans 
membranes. 

—  ÉTYM.  'EXsûOspoî,  libre,   et  ™|j,a,  couvercle, 
t  ÉLEUTHÉROSTÉMONE  (é-leu-té-ro-sté-mo-n'), 

adj.  Terme  de  botanique.  Qui  a  des  étamines  libres 
ie  toute  adhérence. 

—  ÉTYM.  'E)i606epo;,  libre,  et omiiwv,  filament, 
t  ÊLEVABLE  (é-le-va-bl")  ,adj.  Qui  peut  être  élevé. 

—  HlST.  XVI'  s.  Eslevable  [qui   peut  se  lever] , 

COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Élever. 

t  ÉLEVAGE  (é-le-va-j'),  s.  m.  Ensemble  des  opé- 
rations qui  ont  pour  objet  la  multiplication  et  l'édu- 
cation des  animaux  domestiques. 

—  REM.  Userait  bon  que  élevage  remplaçât  complè- 
tement élève,  s.  /■.,  qui  se  confond  avec  élève,  s.  m. 

—  ÉTYM.  Elever. 

ÉLÉVATEUR  (é-lé-va-teur),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie.  Qui  a  pour  fonction  d'élever  certaines  par- 
ties. Le  muscle  élévateur,  ou,  substantivement, 
l'élévateur  d3  l'œil.  ||  Appareil  élévateur ,  et,  sub- 
stantivement, un  élévateur,  appareil  destiné  à  sou- 
lever les  navires.  Au-dessous  du  ponton,  un  immense 
gril,. formé  principalement  par  seize  poutres  trans- 
versales en  fer  forgé,  se  manœuvre  au  moyen  d'un 
appareil  élévateur  disposé  sur  les  deux  quais  [des 
bassins  de  radoul)],  zurcher,  Presse  scienlip,que , 
1863,  t.  I,  p.  613.  Â  Marseille,  on  va  construire,  i 
côté  de  deux  bas.sins  ordinaires  de  tlOet  )20  mètres 
do  longueur,  un  bassin  du  nouveau  système,  avec 
un  élévateur  du  plus  grand  modèle,  et  douze  bas- 
sins latéraux  pour  les  pontons  chargés  de  navires, 
ID.  ib.  p.  614. 

—  ÉTYM.  Lat.  elevalor,  deelevare,  élever. 

ÉLÉVATION  (é-léva-sion  ;  ea  vers,  de  cinq  syl- 
labes), s.  /".  Il  1"  Action  de  rendre  plus  haut;  résultat 
de  cette  action.  Élévation  d'une  muraille.  L'aérostat 
parvint  à  une  très-grande  élévation.  L'élévation  des 
eaux  de  la  rivière  par  la  fonte  des  neiges.  ||  Fig. 
Il  est  temps  de  faire  voir  que  tout  ce  qui  est  mortel, 
quoi  qu'on  ajoute  par  le  dehors  pour  le  faire  pa- 
raître grand,  est.  par  son  fond,  incapable  d'éléva- 
tion, BOiD.  Duch.  d'Orl.  ||  Terme  de  chirurgie. 
Élévation  dans  le  traitement  des  plaies,  emploi 
d'appareils  qui  ont  pour  résultat  de  maintenir  la 
partie  lésée,  les  membres  en  particulier,  plus  éle- 
vée que  le  reste  du  corps.  ||  Terme  de  musique.  Se 
dit  du  temps  sur  lequel  on  lève  la  main.  ||  2°  L'éléva- 
tion d«  l'hostie,  ou,  simplement,  l'élévation,  en- 
droit de  la  messe  où  le  prêtre,  ayant  consacré, 
élève  l'hostie  et  la  montre  au  peuple.  Quand  un 
autre  prêtre  en  est  [de  la  messej  à  l'élévation  , 
FASc.  Prov.  9.  Luther  aussi,  quoiqu'il  eilt  pensé 
à  6ter  l'élévation  de  l'hostie,  la  retint,  en  dépit 
de  Carlostad,  comme  il  le  déclare  lui-même,  boss. 
Var.  II,  §  4 u.  Il  Elévation,  nom  d'un  motet  chanté 
à  l'élévation  de  l'hostie.  ||  3°Ëminence,  terrain 
élevé.  Il  monta  sur  une  élévation.  |1  En  bota- 
nique, indique  la  hauteur  du  lieu  où  croît  une 
plante  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  ||  4°  Terme 
d'astronomie.  Élévation  du  pôle  dans  un  lieu,  la  dis- 
tance qui  se  trouve  de  l'horizon  au  pôle.  Trouver  i'é- 
'.èvrtion  du  pôle.  On  dit  aussi  l'élévation  d'une  étoile. 
Il  Élévation  do  l'équateur,  l'arc  du  méridien  compris 
entre  l'horizon  du  lieu  et  le  point  où  le  méridien 
est  coupé  par  l'équateur.  ||  Angle  d'élévation ,  an- 
gle que  fait  avec  l'horizon  le  rayon  visuel  mené  <i 
un  astre  ou  à  un  point  quelconque  de  la  sphère 
Cîlesie.  Il  Terme  de  mécanique.  Angle  d'éléva- 
tion, l'angle  qu'une  ligne  de  direction  fait  avec 
l'horizon  ||  Terme  d'artillerie.  L'angle  qu'un  canon 
fait  avec  la  ligne  horizontale. ||  5°  Terme  d'architec- 
lure.  Coupe  verticale  d'une  construction  vue  de  face, 
l'aire  les  plans  et  élévations  d'un  bMiment.  ||  Terme 
de  perspective.  Heprésentation  d'un  bâtiment,  dont 
les  parties  reculées  paraissent  en  raccourci.  ||  Terme 
de  marine.  Plan  d'élévation,  plan  vertical  passant 
par  l'axe  de  la  quille  et  contenant  la  projection  des 
diverses  parties  du  navire.  ||  Hauteur  des  façons 
d,'un  navire.  116°  Accroissement  de  certaines  choses. 
Elévation  de   temporuture  ,  aiignientation  de   cha 


ÉLÈ 

leur.  Il  L'élévation  de  la  voix,  ton  de  voix  plus  haut 
que  celui  qu'on  prend  habituellement.  L'élévation 
de  sa  voix  témoignait  de  la  passion  qui  l'agitait. 
Il  Élévation  de  voix,  passage  d'un  ton  à  un  ton  plus 
haut.  11  y  a  des  élévations  de  voix  nécessaires  dans  la 
déclamation,  Dkt.  de  l'Àcad.  ||  Terme  de  médecine. 
Élévation  du  pouls,  de  la  respiration,  accélération 
du  pouls,  de  la  respiration.  ||  Terme  de  mathéma- 
tique. Élévation  d'un  nombre  à  la  seconde,  à  la 
troisième  puissance,  etc.  action  de  le  carrer,  de  le 
cuber,  etc.  ||  7°  Augmentation,  hausse.  Une  éléva- 
vation  subite  du  prix  des  denrées.  ||  8"  Action  de 
s'élever  en  dignité.  11  renversa  tous  les  obstacles  qui 
s'opposaient  à  son  élévation.  La  joie  que  l'on  reçoit 
de  l'élévation  de  son  ami  est  un  peu  balancée  par 
la  petite  peine  qu'on  a  de  le  voir  au-dessus  de  nous, 
LA  BRuy.  IV.  Plus  son  élévation  était  grande,  plus 
sa  chute  fut  honteuse,  roll.  Uist.  anc.  GCuvres, 
t.  I,  p.  327,  dans  pouGENS.  Il  Grandeurs,  dignités. 
Considérez  ces  grandes  puissances  que  nous  regar- 
dons de  si  bas;  pendant  que  nous  tremblons  sous 
leur  main.  Dieu  les  frappe  pour  nous  avertir;  leur 
élévation  en  est  la  cause,  boss.  Duch.  d'Orl.  Le 
malheur  de  ceux  qui  naissent  dans  l'élévation,  fén. 
Tél.  xvi.  L'élévation  est  d'ordinaire  ou  dure  ou 
inattentive,  mass.  Or.  (un.  Madame.  La  peine  que 
prend  une  dame  de  votre  élévation  [Mme  de  Main- 
tenon],  de  venir  me  dire  que  je  ne  suis  pas  fille 
duroi,  me  persuade  que  je  le  suis, volt.  LouisXIV, 
28.  Il  9°  Noblesse  morale,  grandeur  intellectuelle.  Il 
a  beaucoup  d'élévation  dans  l'âme.  Élévation  de 
sentiments.  La  première  et  la  plus  considérable 
source  du  sublime  est  une  certaine  élévation  d'es- 
prit qui  nous  fait  penser  heureusement  les  choses, 
BOiL.  Longin,  ch.  vi.  Cette  élévation  d'esprit  et  de 
style  doit  être  l'image  et  l'effet  de  la  grandeur  d'àme, 
ROLL.  Traité  des  Et.  m,  3.  Delphine  a  de  l'éléva- 
tion, mais  point  d'orgueil,  m»«  de  genlis,  Th. 
d'édue,  le  Portrait,  11,  .6.  ||  10°  Mouvement  vif 
et  aflèctueux  de  l'âme  vers  Dieu.  Dieu  n'a  pas 
toujours  agréable  Tout  ce  qu'un  dévot  trouve  aima- 
ble; Toute  élévation  n'a  pas  la  sainteté,  corn. 
Imit.  Il,  ^0.  Pour  les  connaître  [les  faux  mystiques], 
nous  vous  avertissons  en  notre  Seigneur  d'observer 
ceux  qui  affectent  dans  leurs  discours  des  élévations 
extraordinaires  et  de  fausses  sublimités  dans  leur 
oraison,  boss.  Ordonnance  sur  les  états  d'oraison. 

—  SYN.  ÉLÉVATION  ,  HAUTEUR.  Tant  que  dans 
l'élévation  on  considère  l'action  d'élever  ou  de  s'éle- 
ver, élévation  est  différent  de  hauteur  :  l'élévation 
du  ballon  au-dessus  des  nuages,  et  non  la  hauteur 
du  ballon;  hauteur  signifiant  la  distance  qui  sépare 
un  objet  supérieur  d'un  objet  inférieur.  Maisquand, 
dans  élévation,  on  considère  le  résultat  de  cette 
action,  alors  hauteur  et  élévation  se  rapprochent 
tout  à  fait  :  l'élévation  du  pôle  ou  lahauteur  du  pôle; 
une  élévation  de  terrain  ou  une  hauteur  sont  sensi- 
blement synonymes.  Mais, figurément,les  deux  mots 
se  séparent  :  1  élévation  du  caractère  est  une  qualité 
qui  élève  le  caractère  au-dessus  des  choses  basses; 
la  hauteur  est  un  défaut  qui,  dans  notre  idée  ou 
dans  nos  manières,  jious  place  au-dessus  des  autres. 

—  HlST.  xiv  s.  L'elevacion  du  chief  [de  la  tête], 
H.  DE  MONDEVILLE,  f°  t2.  ||  XVI*  E.  Tous  Ics  gouver- 
neurs et  beutenans  du  roy  fui-ent  envoyez  en  leur 
département  avec  leurs  compagnies  de  gens  d'armes, 
pour  empescher  les  eslevalions  [soulèvements], 
d'aub.  Hist.  I,  07.  Diastole  et  systole,  qui  est  à  dire, 
élévation  et  compression  des  artères,  paré,  y,  7. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eslevation,  eslevatio  ;  espagn. 
eletacion;  ital.  elevaiione;  du  latin  elevationem, 
d'elei'are,  élever. 

t  ÉLÉVATOIRE  (é-Ié-va-toi-r') ,  s.  m.  Terme  de 
chirurgie.  Instrument  dont  on  se  sert  pour  relever 
les  os  du  crâne  lorsqu'ils  ont  été  enfoncés. 

—  HlST.  XVI'  s.  La  figure  des  clavicules  est  sem 
blable  à  un  instrument  de  chirurgie  nommé  eleva- 
toire,  PARÉ,  II,  4 

t.  ÉLÈVE  (é-lè-v'),  s.  m.  et  /".  ||  1»  Celui,  celle 
qui  reçoit  ou  qui  a  reçu  les  leçons,  l'enseignement 
de  quelqu'un  dans  les  arts  ou  dans  les  sciences.  Le 
maître  et  les  élèves.  Un  élève  du  peintre  David.  ||  Il  se 
dit  particubèrement,  dans  certains  arts,  de  celui  qui 
suit  la  manière  d'un  maître.  Ce  peintre  a  faitde  bons 
élèves.  Il  2°  Celui,  celle  qui  reçoit  l'instruction  dans  un 
lycée,  dans  un  collège,  dans  une  pension,  dans 
une  école  spéciale,  comme  l'École  polytechnique, 
l'École  normale,  etc.  ||  Il  se  dit  aussi  de  celui 
ou  de  celle  qui  reçoit  de  quelqu'un  l'éducation 
intellectuelle  et  morale.  Attendez  avec  patience 
le  développemimt  du  cœur  et  de  l'esprit  de  vos 
élèves.  M'"'  DE  GENLIS,  Adèle  et  Tliéod.  t.  iii, 
Utt.  15,  p.  100,  dans  pougens.  ||  Fig.  Cet  odieux 


îiLE 


1325 


chrétien,  l'élève  de  la  France,  volt.  Zaïre,  iv, 
7.  Il  3°  Titre  que  portaient  dans  l'ancienne  Aca- 
démie des  sciences  les  hommes  qui  y  étaient  admis 
à  un  degré  d'abord  inférieur.  Nous  ne  craignons 
point  de  comparer  à  un  des  plus  grands  sujets  [Ma- 
riette] qu'ait  eus  l'Académie,  un  simple  élève  tel 
qu'était  M.  Araontons;  le  nom  d'élève  n'emporte 
parmi  nous  aucune  différence  de  mérite,  il  signi- 
fie seulement  moins  d'ancienneté  et  une  espèce 
de  survivance  ,  KONTEN.  .^monfons.  M.  du  Hamel, 
ayant  passé  dans  la  classe  des  anatomistes,  nomma 
M.  Litlre  pour  son  élève,  titre  qui  se  donnait  alors 
et  qu'on  a  eu  la  délicatesse  d'abolir,  quoi<|ue  per- 
sonne ne  le  dédaignât,  id.  Litlre.  ||  4°  Élève  de 
Mars,  voy.  MARS.  Il  6°  Jeune  animal  dont  l'éduca- 
tion et  le  développement  ne  sont  point  terminés. 
Il  6°  Terme  d'horticulture.  Se  dit  des  plantes,  des 
arbres  que  l'on  a  semés  ou  plantés,  ou  dont  on  a  eu 
des  variétés  nouvelles.  Faire  des  élèves. 

—  SYN.  élève,  disciple,  ÉCOLIER.  L'écolier  se 
prend  absolument  et  signifie  celui  qui  suit  une 
école.  Dans  l'usage  actuel  on  ne  l'applique  qu'à  ceux 
qui  reçoivent  l'éducation  secondaire,  celle  des  ly- 
cées et  collèges  ou  institutions  analogues;  dans 
l'ancienne  université  on  le  disait  de  ceux  qui  en 
suivaient  les  cours.  Élève  a  un  sens  plus  général;  il 
s'applique  aux  écoles  primaires,  aux  collèges,  aux 
écoles  spéciales,  aux  facultés  :  les  élèves  en  méde- 
cine; les  élèves  de  ce  peintre.  Enfin,  dans  disciple, 
l'idée  de  recevoir  l'enseignement  de  la  bouche  d'un 
maître  a  disparu;  le  disciple  apprend  aussi  bien  en 
lisant  qu'en  écoutant  ;  il  s'attache  à  des  doctrines  ; 
Arislote  fut  disciple  de  Platon. 

—  ÉTYM.  Voy.  élever. 

1 2.  ÉLÈVE  (é-lè-v'),  s.f.\\  1°  Synonymed'élevage. 
L'élève  d'un  troupeau  de  mérinos.  Les  encourage- 
ments donnés  à  l'élève  des  chevaux.  1|  2°  Croit  de 
plants  provenant  de  .semis. 

—  mST.  XVI'  s.  Celui  à  qui  les  dits  bois  ou  arbres 
d'eleve  appartiennent,  JVouv.  coutum.  gêner.  1. 1, 
p.  666. 

—  ÉTYM.  Voy.  élever. 

ÉLEVÉ.  ÉE  (è-le-vé,  vée),  part,  passé.  ||  1°  Porté 
en  haut.  Le  ballon  élevé  en  l'air.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Cheval  élevé  du  devant,  cheval  dont  les  jambes 
antérieures  sont  trop  longues.  {|  Terme  de  zoologie. 
On  dit  que  la  spire  d'une  coquille  spirivalve  est  éle- 
vée quand  le  cône  spiral  avance  plus  en  hauteur 
qu'en  largeur.  ||  2°  Haut.  Un  lieu  élevé.  Tour  fort 
élevée  de  situation  et  de  structure,  vaugel.  Q.  C. 
liv.  iiL,  dans  richelet.  l'récipice  élevé  d'où  tombe 
mon  honneur,  corn.  Cid,  1,  s.  ||  Fig.  Ce  comman- 
dement [d'édifier  le  prochain]  regarde  surtout  les 
rois  de  la  terre;  ils  sont  plus  élevés,  et  leurs  actions 
sont  plus  remarquables;  ils  ont  plus  d'autorité,  et 
leurs  exemples  sont  plus  efficaces,  flécii.  Marie- 
Thér.  Plus  il  est  élevé  sur  les  autres  monarques ,  Et 
plus  de  sa  bonté  nous  attendons  des  marques, 
BOURSAULT,  FaU.  d'Ésope,  11,  6.  ||  Terme  de  marine. 
Pôle  élevé,  celui  qui  est  au-dessus  de  l'horizon  du 
lieu  où  l'on  se  trouve.  Latitudes  élevées,  celles  qui, 
de  plus  en  plus,  s'éloignent  de  l'équateur.  ||  3°  Qui 
a  été  porté  à  une  certaine  élévation  morale.  Les  es- 
prits élevés  à  une  haute  contemplation  et  exercés 
durant  un  long  temps  à  se  mettre  au-dessus  des 
sens,  boss.  Coiinaiss.  iii,  44.  Ce  n'est  plus  cette 
reine  éclairée,  intrépide.  Élevée  au-dessus  de  son 
sexe  timide,  rac.  Athal.  m,  3.  ||4°  Érigé,  dressé. 
Une  statue  élevée  au  général  vainqueur.  ||  Par  ex- 
tension. Le  culte  spirituel  élevé  sur  les  ruines  de  la 
superstition  et  de  l'hypocrisie,  mass.  Car.  Culte.  La 
barrière  éternelle  entre  nous  élevée,  volt.  Irène,  i, 
6.  Il  5°  Qui  a  surgi.  Je  ne  dénierai  point,  puisque 
vous  les  savez.  De  justes  sentiments  dans  mon 
âme  élevés,  corn.  Rodog.  v,  i.  Détruis  donc  les 
soupçons  élevés  contre  toi,  lemebc.  Agamemn.  m, 
4.  Il  6°  Qui  a  reçu  un  accroissement  notable. 
Le  prix  de  cette  denrée  est  trop  élevé.  Une  tem- 
pérature élevée  succédant  à  un  froid  vif.  ||  Pouls 
élevé,  respiration  élevée,  pouls,  respiration  qui  se 
sont  accélérés.  ||  7°  Qui  occupe  une  haute  position 
sociale.  11  n'est  pas  sous  le  ciel  de  gens  plus  mal- 
heureux Que  ceux  dont  les  enfants  sont  plus  élevés 
qu'eux,  BotiRSAULT,iiSopcù  la  cour,  m,  7.||8°Noble, 
grand,  sublime.  Un  caractère  élevé.  Des  desseins  éle- 
vés. Et  concevez  enfin  des  vœux  plus  élevés,  corn. 
Nicom.  1,2.  Quel  esprit  avez-vous  trouvé  plus  élevé? 
mais  quel  esprit  avez-vous  trouvé  plus  docile?  boss 
Duch.  d'Orl.  Non,  mais  ayez  un  cœur  plus  grand, 
plus  élevé,  VOLT.  Triumv.  iv,  4.  ||  Style  élevé, 
style  noble  et  soutenu.  Ce  mot  n'est  pas  de  mise 
dans  le  style  élevé.  Y  a-t-il  un  style  plus  déhoat, 
plus  élégant,    plus  nombreux,   plus  élevé  qua  ce 


132G 


r:LE 


lui  do  plalonÎKOLL.  Trailé  des  Et.  m,  ».  ||  9°  Oui 
a  reçu  éducation ,  instruction.  Élevé  au  collège. 
Enfant  élevé  sous  los  yeux  de  son  père.  Des  ftmes, 
élevées  comme  vous  dans  l'innocence  et  dans  le  se- 
cret d'un  saint  asile,  mass.  Prof,  relig.  Serm.  l.  Elevé 
loin  de»  cours  et  nourri  dans  les  bois,  volt.  Mé- 
rnpe  IV,  2.  Il  Elevé  à,  habitué  par  l'éducation  à. 
Nos  pères  élevés  à  respecter  ce  nom  nous  avaient 
élevés  au  môme  respect,  mass.  Or.  fun.  YUlars. 
Il  Un  enfant  bien  élevé,  mal  élevé,  enfant  qui  a 
reçu  une  bonne,  une  mauvaise  éducation.  Il  ne  s'est 
jamais  vu  fille  mieux  élevée,  Jeunesse  si  docile  et 
si  bien  cultivée,  BouhSAULT,  Fabl.  d'É.tope,  iii,  t. 
Il  Personne  bien,  mal  élevée,  personne  dont  les 
manières  sont  bonnes,  sont  grossières.  Dans  ces 
grandes  armées  composées  d'honnêtes  stipendiaires 
bien  élevés,  qui  décident  du  destin  des  Etats,  volt. 
Candide,  4.  ||  Substantivement  et  familièrement. 
C'est  un  mal  élevé.  ||  10°  S.  m.  Terme  de  danse. 
Action  d'étendre  les  genoux  aprfes  les  avoir  plies. 

tÉLÈVEMENT  (é-tè-ve-man),  s.  m.  ||  1°  Action 
d'élever.  Ëlèvement  des  mains.|| 2° Action  démonter 
aux  dignités,  aux  hautes  positions.  L'ambition  con- 
siste à  désirer  relèvement  pour  relèvement  et  l'hon- 
neur pour  l'honneur,  pasc.  Prov.  Réponse  à  la 
lettre  <2. 

—  REM.  Ce  mot,  ancien  et  bien  autorisé,  mérite 
d'être  remis  en  usage;  il  ne  pourrait  toujours  être 
remplacé  par  élévation.  Ainsi  relèvement  des  mains 
vaut  bien  mieux  que  l'élévation  des  mains. 

—  HIST.  XII'  s.  Merveillus  li  eslevement  de  la 
mer,  Liber  psalm.  f°  ^38.  L'eslevement  de  mes 
mains,  ib.  p.  2)9.  ||xvi'  s.  La  guerre  estoit  leur 
mère  nourrice  et  leur  eslevement,  lanoue,  708.  La 
vigne,  estant  mal  choisie,  ne  peut  apporter  que 
desdain,  voiant  perdre  la  despense  emploiée  à  son 
eslevsment  [élevage],  o.  de  serres,  <62.  L'esleve- 
ment des  veaux,  id.  279. 

—  ÉTYM.  Élever;  provenç.  eslevament,  eleva- 
tncnt;  espagn.  elevamienlo;  ital.  elevamenlo. 

ÉLEVER  (é-le-vé.  La  syllabe  le  prend  un  accent 
grave  quand  la  syllalie  qui  suit  est  muette  :  j'élè- 
verai), V.  o.  Il  1°  Faire  monter  plus  haut,  porter 
plus  haut.  Élever  un  mur  d'un  mètre.  Ce  tableau  est 
trop  bas,  il  faut  l'élever.  Elever  des  eaux  par  le 
moyen  d'une  pompe.  Â  ces  paroles,  la  mère,  éle- 
vant vers  le  ciel  ses  mains  tremblantes.  M"*  ije 
oenlis,  Veillées  du  chdt.  t.  ii,  p.  aso,  dans  pou- 
gens.  Il  Le  soleil  élève  les  vapeurs,  il  les  attire  hors 
de  la  terre  ou  de  la  mer  et  les  fait  monter.  ||  Terme 
de  marine.  Elever  un  bâtiment,  se  rapprocher  de 
lui;  locution  qui  vient  de  ce  que,  sur  mer,  à  me- 
sure qu'on  s'approche  d'un  objet,  il  s'élève  sensi- 
blement sur  l'horizon.  ||  Fig.  Pour  t'élever  de  terre, 
homme,  ilte  faut  deux  ailes,  La  pureté  du  cœur 
et  la  simplicité,  corn.  Imit.  ii,  4.  Le  coup  à  l'un 
et  l'autre  en  sera  précieux,  Puisqu'il  t'assure  en 
terre  en  m'élevant  aux  cieux,  id.  jpolyeucte,  v,  4. 
C'est  à  toi  d'élever  tes  sentiments  aux  mieus,  id. 
Ilor.  IV,  7.  Pendant  que  la  nature  nous  t'.ent  si  bas, 
que  peut  la  fortune  pour  nous  élever'?  Boss.  Duclt. 
d'Orl.  Pour  vous  élever  au  comble  de  la  joie,  bac. 
Théb.  I,  3.  Une  chute  si  belle  élève  sa  vertu,  ID. 
Alex.  IV,  2.  Il  semble  que  le  cielT'élève  en  ce  mo- 
ment au-dessus  d'un  mortel,  volt.  Uérope,  iv, 
4.  Le  projet  d'élever  les  établissements  danois 
dans  l'Inde  à  plus  de  prospérité  qu'ils  n'eu  avaient 
eu,  a  occupé  ensuite  les  esprits,  baïnal,  IHst. 
phil.  v,  4.  Il  2°  Porter  quelqu'un  à  un  haut  rang. 
Louis  XIV  éleva  Colbert  au  ministère.  Ses  services 
l'ont  élevé  au  plus  haut  rang.  Conte-moi  tes  ver- 
tus, conte-moi  tes  hauts  faits.  Et  tout  ce  qui  t'é- 
lève  au-dessus  du  vulgaire....  Ma  faveur  fait  ta 
gloire  et  ton  pouvoir  en  vient.  Elle  seule  t'élève  et 
seule  te  soutient,  corn. Cinna,  v,  4.  Telle  fut  la  reine 
dans  tout  le  cours  de  sa  vie  ;  Dieu  l'avait  élevée  sur  le 
trône,  afin  qu'elle  honorât  sa  religion,  flêch.  Marie- 
Thér.  Dans  l'espoir  d'élever  Bérénice  à  l'empire,  rac. 
Vérén.  II,  <.  Nul  n'éleva  si  haut  la  grandeur  otto- 
mane, ID.  Baj.  I,  i.  Ai-je  donc  élevé  si  haut  votre 
fortune  Pour  mettre  une  barrière  entre  mon  fils  et 
moi?  ID.  Brit.  i,  2.  Ils  ne  pensent  point  à  établir 
ou  à  élever  leur  famille  :  ils  sont  populaires,  sim- 
ples, modestes,  sans  faste....  rollin,  Traité  dcsÉt. 
«•part.  ch.  I,  art.  2. 113"  Exalter,  vanter,  préco- 
niser. On  ne  l'entend  jamais  De  ce  charmant  héros 
élever  les  hauts  faits,  th.  corn.  Ariane,  ii,  i.  X  la 
fin  tous  ces  jeux  que  l'athéisme  élève,  doil.  Art  p. 
II.  Il  Elever  quelqu'un  jusqu'aux  nues,  le  vanter  à 
lexcès.  Les  combats  d'Ulysse  et  sa  sagesse  furent 
élevés  jusqu'aux  cieux,  fén.  Tél.  1. 1|4»  Inspirer 
des  seritiments  élevés.  Si,  après  avoir  oui  un  en- 
droit [d'un  ouvrage]  plusieurs  fois,  nous  ne  sentons 


ELE 

point  qu'il  nous  élève  l'âme,  boil.  Long.  en.  v.  Ce 
qui  élève  l'esprit  devrait  toujours  aussi  élever 
l'âme,  ponten.  Chaxelles.  Enmêmetemiisma  mère 
s'appliquait  à  m'élever  le  courage,  stsim.  *,  20. 
Du  peuple  cette  fable  éleva  le  courage,  sauhin, 
Spartac.  iv,  3.  Tant  de  générosité,  loin  de  m'hu- 
milier,  m'élevait  au-dessus  de  moi-même,  M'"  de 
GENLis,  Veillées  du  chdt.  t.  i,  p.  340.  Des  inté- 
rêts étrangers  et  ruineux  pour  leur  patrie  élève- 
ront-ils leur  âme  avilie  et  corrompue?  raynal, 
Ilist.  phil.  v,  34.  Que  la  vertu  m'élève  à  cet  effort, 
De  remplir  mes  serments,  de  détromper  Monlfort, 
delavignk,  Yêp.  sicil.  I,  ♦.  ||  Élever  ses  pensées  vers 
Dieu,  faire  Dieu  l'objet  de  ses  pensées.  Élever  son 
cœur  vers  Dieu,  faire  Dieu  le  but  de  ses  sentiments. 
Il  Absolument,  dans  le  même  sens,  élevez  vos 
cœurs.  Il  B'  Élever  son  style,  prendre  un  ton 
plus  soutenu.  ||  6°  Augmenter.  Élever  le  prix  des 
denrées,  le  taux  de  l'intérêt,  la  valeur  d'une  mon- 
naie. Il  Élever  la  température,  rendre  plus  chaud. 
Il  Terme  de  mathématique.  Elever  un  nombre  au 
carré,  au  cube,  à  une  puissance  quelconque,  le 
multiplier  par  lui-même  autant  de  fois  que  l'in- 
dique l'exposant.  ||  7°  Élever  la  voix,  parler  haut. 
Plus  haut  que  les  acteurs  élevant  ses  paroles,  mol. 
Fdch.  1,  4.  Il  Prendre  un  ton  de  menace  ou  de  su- 
périorité. Dans  la  discussion  ,  il  éleva  la  voix. 
Il  Élever  la  voix  en  faveur  de  quelqu'un,  prendre 
hautement  sa  défense.  ||  Terme  de  musique.  Élever 
le  ton  d'un  morceau,  transposer  un  morceau  afin 
qu'il  soit  exécuté  sur  un  ton  plus  haut  que  celui  où 
il  avait  été  composé.  118»  Eriger,  bâtir.  Élever  une 
pyramide.  Une  statue  fut  élevée  à  ce  grand  homme. 
Le  tombeau  qu'à  sa  cendre  ont  élevé  mes  soins,  rac. 

Andr.  ni,  8 Allez  et  faites  promptement  Élever 

de  sa  mort  le  honteux  instrument,  id.  Esth.  ii,  i. 
Cet  édifice  [Saint-Cyr] ,  superbe  par  l'étendue  des 
bâtiments,  fut  élevé  en  moins  d'une  année,  et  en 
état  de  recevoir  deux  cent  cinquante  demoiselles, 
trente-six  dames  pour  les  gouverner.  M""  de  cayl!;s. 
Souvenirs,  p.  <»6,  dans pougens.  Ils  élevèrent  des 
statues  à  Brutus  et  à  Cassius  près  de  celles  d'Har- 
modius  et  d'Arislogiton,  anciens  libérateurs  d'A- 
thènes, rollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  ix,  p.  263, 
dans  pougens.  Auprès  d'André  Chénier  avant  que  de 
descendre.  J'élèverai  sa  tombe  où  manquera  sa 
cendre,  Mais  où  vivront  du  moins  et  .son  doux  sou- 
venir Et  sa  muse  et  ses  vers  dictés  pour  l'avenir, 
M.  jos.  CHÉN.  Il  Fig.  Souvent,  au  lieu  d'attaquer  de 
front  des  préjugés  dangereux,  il  vaut  mieux  élever 
à  côté  d'eux  les  vérités  dont  la  fausseté  de  ces 
opinions  est  une  conséquence  facile  à  déduire,  con- 
DOHCET,  d'iicmbcrt.  Il  Élever  aulel  contre  autel, 
faire  un  schisme,  entrer  en  rivalité  avec  quelqu'un. 
Il  Terme  de  géométrie.  Élever  une  perpendiculaire 
sur  une  ligne,  sur  un  plan,  la  tracer  à  partir  de 
cette  ligne  ou  de  ce  plan,  tandis  qu'on  abaisse  une 
perpendiculaire  quand  elle  part  d'un  point  extérieur 
pour  aboutir  àla  li(;ne  ou  au  plan.  |1 9°  Établir,  fon- 
der, par  comparaison  avec  une  construction  qu'on 
élève.  Élever  sa  fortune.  Élever  des  systèmes.  J'ai 
vu  sur  ma  ruine  élever  l'injustice,  rac.  Brit.  ni, 
7.  Sur  ces  débris  du  monde  élevons  l'Arabie,  volt. 
Fan.  n,  5.  ||  10°  Mettre  en  avant,  susciter.  Élever 
une  chicane.  Élever  des  doutes.  Élever  une  dis- 
pute, une  contestation.  De  là  vient  l'injustice  de  la 
fraude  qui  élève  sa  prétendue  justice  contrôla  force, 
PASC.  dans  cousin.  Garde-toi  d'élever  un  coupable 
soupçon,  RAYN0UARD,  États  de  Blois,  i,  B.  ||  Terme 
de  pratique.  Faire  naître,  susciter.  Élever  un  incident, 
une  prétention,  une  fin  de  non-recevoir.  ||  11°  Faire 
entendre.  Élever  un  cri.  La  foule  éleva  de  grands  cris. 
Il  éleva  une  plainte.  Qui  de  nous  vers  le  ciel  n'élève 
pas  des  cris  Pour  les  jours  d'un  époux,  ou  d'un  père, 
oud'unfils?voLT.  Orp7i.  i,  4.  ||  12°  Allaiter,  nour- 
rir, entretenir  un  enfant.  C'est  le  devoir  d'une 
mère  tendre  d'élever  elle-même  son  enfant.  On  m'é- 
levait  alors  solitaire  et  cachée,  bac.  Esth.  i,  4.  Il 
sentait  avec  une  vive  reconnaissance  que  la  com- 
passion l'avait  élevé  et  nourri  dès  son  enfance,  bol- 
lin.  Traité  des  Et.  2"  part.  ch.  i,  art.  2.  Vous,  sei- 
gneur!... ce  sérail  éleva  votre  enfance?  volt.  Zaïre, 
II,  3.  Il  II  se  dit  aussi  des  animaux  et  des  plantes. 
Élever  des  serins.  Elever  des  pêchers.  Il  m'est, 
disait-elle,  facile  D'élever  des  poulets  autour  de  ma 
maison,  la  font,  l'abl.  vu,  4  0.  ||  13°  Instruire,  dé- 
velopper, donner  de  l'éducation.  Ce  jeune  homme 
fut  très-bien  élevé.  Songe  avec  quel  amour  j'élevai 
ta  jeunesse.  —  Il  éleva  la  vôtre  avec  même  tendresse, 
CORN.  Cinna,  y,  2.  Elles  élèvent  bien  leurs  petites 
filles,  sÉv.  427.  Combien  de  jeunes  filles  fit-elle 
élever  dans  des  communautés  de  rierges  chrétiennes' 
FLÊCH.  Marie-Thér.  Il  faut  avoir  étudié  les  enfants 


ELE 

]iour  les  bien  élever,  et,  par  conséquent,  avoir  fait 
plus  d'une  éducation,  m"*  de  genlls,  Adèle  et  Théod, 
t.  H,  lett.  47,  p.  489,  dans  pougens.  Je  n'ai  uue 
quinze  ans;  j'ai  été  mal  élevée;  plaignez-moi,  et 
soyez  sûre  que  celte  terrible  leçon  m'a  corrigée 
pour  la  vie,  id.  Th.  d'éduc.  l'Intrigante,  ii,  s. 
Il  Élever  à,  habituer  à....  par  l'éducation.  Une  per- 
sonne qui  aurait  pu  être  vertueuse  si  elle  eût  étà 
élevéeàla  vertu,  SCARRON,  Jlom.  com.  i,  (4.  Ils  élè- 
veront leurs  enfants  au  travail,  fén.  Tél.  xii.  Toute 
leur  attention  est  d'élever  leurs  enfants  à  la  vertu, 
MONTESQ.  ie((.  pers.  12.  ||  14°  s'élever,  v.réfl.  Aller 
de  bas  en  liaut.  S'élever  en  l'air.  Ce  terrain  s'élève 
en  amphithéâtre.  Des  Iles  s'élèvent  du  sein  des 
flots.  Et  les  Alpes  de  loin,  s'élevant  dans  la  nue,  D'un 
long  amphithéâtre  enferment  les  coteaux ,  volt. 
Ép.  eu.  Il  Le  temps  s'élève,  il  commence  à  s'éclair- 
cir.  Locutionquivient  de  ce  que  d'ordinaire,  quand 
il  fait  beau,  les  nuages  sont  hauts.  ||  Fig.  Voilà 
comment  les  opinion»  s  élèvent  peu  à  peu  jusqu'au 
comble  de  la  probabilité,  pasc.  J'tov.  a.  ||16°  Se 
soulever  contre.  Il  est  temps  de  s'élever  contre  de 
tels  désordres,  pasc  Prov.  i.  Voilà  des  nouveautés 
contre  lesquelles  on  ne  peut  as.sez  s'élever,  boss. 
3*  écrit.  Us  s'élèvent  contre  le  siège  de  saint  Pierre, 
ID.  Avert.  Tout  semole  s'élever  contre  mon  injus- 
tice, rac.  Phéd.  v,  7.  Verrons-nous  contre  toi  les 
méchants  s'élever?  id.  Athal.  11,  9.  Le  peuple  en 
sa  faveur  s'élève  et  s'attendrit,  volt.  Tancrède,  v,  3. 
Il  16°  Accuser  quelqu'un,  porter  témoignage  contre 
lui.  Son  péché  s'élèvera  contre  lui.  Sa  conscience 
s'élève  contre  lui,  fén.  Tél.  xviii.  Je  m'élèverai 
contre  eux  au  jour  de  ma  colère,  kass.  Avent ,  Épi- 
pftan.'lls  s'élèveront  contre  vous,  ID.  Acent,  Juge- 
ment. Le  sang  de  votre  roi  s'élève  contre  vous,  volt. 
Œdipe,  I,  3.  Tes  mânes  irrités  s'élèvent  contre 
nous;  Non  jamais  ton  bourreau  ne  sera  mon  époux, 
bripaut,  JVtnuî  //,  iv,  ti.  \\  Être  porté  en  témoi- 
gnage. Des  charges  considéraoles  s'élevaient  contre 
l'accusé.  Il  17°  Naître,  surgir.  Un  grand  destin  com- 
mence, un  grand  destin  s'achève.  L'empire  est  prêt 
à  choir  et  la  France  s'élève,  corn.  Attila,  1,2.  Un 
tumulte,  dit-on,  s'élève  dans  la  place,  id.  Héracl. 
V,  2.  Un  trouble  s'éleva  dans  mon  âme  éperdue, 
RAC.  Phèd.  I,  3.  Quelle  effroyable  voix  dans  mon 
âme  s'élève?  volt.  Fanât,  iv,  4.  ||  Le  vent  s'élève, 
il  commence  à  souffler  avec  force.  Voilà  les  feuilles 
sans  sève  Qui  tombent  sur  le  gazon.  Voilà  le  vent 
qui  s'élève  Et  gémit  dans  le  vallon,  lamart.  Ilarm. 
II,  1.  Il  Impersonnellement.  Il  s'élève  des  opinions 
nouvelles  parmi  les  hommes.  Il  s'est  élevé  de  grandes 
plaintes  contre  lui.  Il  s'éleva  un  vent  violent.  Il 
s'était  élevé  un  orage  pendant  ce  temps-là.  Il  s'élève 
un  grand  bruit  et  mille  cris  confus,  coen.  Jlcracl. 
V,  7.  Il  ne  s'élevait  plus  parmi  eux  aucun  prophète, 
boss.  Hist.  II,  6.  Il  s'élève  en  la  mienne  [âme]  ime 
secrète  joie,  rac.  .^ndr.  I,  i .  Et  que  vous  contracte* 
de  nouvelles  dettes  en  même  temps  qu'il  s'élève  de 
nouveaux  malheureux  sur  cette  terre,  mass.  Car. 
Aumône.  Il  s'élevait  cependant  un  homme  qui  seni- 
blait  devoir  rassurer  la  fortune  de  la  France,  c'était 
le  maréchal  de  Villars,  volt.  Louis  XIV,  <8. 
Il  18°  Devenir  plus  aigu,  en  parlant  des  sons.  Le 
diapason  s'est  élevé  peu  à  peu  dans  le  cours  do  ces 
derniers  temps.  ||  Devenir  plus  fort,  en  parlant  de 
la  voix.  Sa  voix  s'éleva  dans  la  contestation.  ||  S'aug- 
menter. La  température  s'élevait  très-rapidement. 
Il  Aller  jusqu'à,  en  parlant  dénombres,  de  quantité. 
Cette  somme  s'élève  à  tant.  Le  chiffre  de  la  dépense 
s'éleva  beaucoup  au  delà  de  ce  qu'on  avait  voulu. 
Il  19°  Se  couvrir  de  boutons.  X  la  moindre  irritation 
sa  peau  s'élève  partout.  On  dit  dans  le  même  sens, 
avec  ellipse  du  pronom  personnel  :  Un  rien  lui  fait 
élever  toute  la  peau.  ||  20°  Être  bâti,  dressé.  Cette 
construction  s'élève  rapidement.  Ce  village  s'est 
élevé  sur  l'emplacement  d'une  villa  romaine.  ||  Etre 
établi,  fondé.  Par  ses  soins  se  sont  élevées  des  éco- 
les où  la  jeune  noblesse  des  deux  sexes  est  instruite 
dans  les  sciences  utiles,  dans  les  arts  agréables, 
raynal.  Hist.  phil.  v,  2S.  ||  Sl°  Se  porter,  être 
porté  dans  un  rang  élevé.  S'élever  aux  premières 
charges  de  l'État.  Il  est  assez  naturel  aux  hommes 
de  vouloir  s'élever  aux  lieux  éminents  pour  étaler 
do  loin,  avec  pompe,  l'éclat  d'une  superbe  grandeur, 
BOSS.  Panég.  St  Fr.  de  Sales.  Il  n'y  a  au  monde 
que  deux  manières  de  s'élever,  ou  par  sa  propre 
industrie ,  ou  par  l'imbécillité  des  autres ,  Li 
BRUY.  VI.  Il  Fig.  L'incrédule  s'y  élève  insensible- 
ment sur  les  débris  de  votre  culte,  mass.  Car.  Mé- 
lange. Il  22°  S'enorgueillir.  Celui  qui  s'élève  sera 
abaissé.  Je  le  perds,  il  suffit,  ma  fierté  s'en  élève, 
TRISTAN,  Hariane,  1,  4.  Du  même  fond  d'orfçueij 
dont  on  s'élève  fièrement  au-dessus  de  ses  inférieurs. 


ELE 

l'on  rampe  vilement  devant  ceux  qui  sont  au-dés- 
»us  (îe  soi,  LA  BRUY.  VI.  ||  23°  Devenir  moralement 
graiiil.  L'esprit  s'élève  par  la  contemplation  de  la 
nature.  On  s'élève  par  cette  passion  et  on  devient 
toute  grandeur,  pAsc.  dans  cousin.  Guillaume  Pilt 
avait  la  passion  des  grandes  choses,  une  éloquence 
sûre  d'entraîner  les  esprits,  le  caractère  entrepre- 
nant et  ferme:  il  avait  l'ambition  d'élever  sa  patrie 
et  de  s'élever  avec  elle,  ratnal,  Hist.  phil.  x,  <6. 
Il  S'Jlever  au-dessus  des  intérêts  humains,  des  pas- 
sions, s'y  rendre  inaccessilile.  C'est  là  [dans  les 
hôpitaux  ]  que ,  s'élevant  au-dessus  des  craintes 
et  des  délicatesses  de  la  nature,  pour  satisfaire  à 
sa  charité  au  péril  de  sa  santé  même,  on  la  vit.... 
FLÉCHiF.B,  Marie-Thérèse.  ||  24°  Se  dit  aussi  de 
l'esprit  qui  devient  supérieur  à  lui-même.  S'élever 
aux  idées  d'ordre,  de  justice.  ||  L'esprit  de  l'homme 
ne  peut  s'élever  jusque-là,  il  ne  peut  comprendre 
cela.  Il  25°  Terme  de  marine.  S'élever  en  latitude, 
s  écarter  de  l'équateur.  S'élever  en  longitude,  s'é- 
loigner du  premier  méridien.  S'élever  dans  le  vent 
ou  au  vent,  s'approcher  de  l'origine  du  vent.  S'éle- 
ver de  la  côte,  s'en  écarter,  en  tenant  le  plus  près 
du  vent.  S'élever  bien  à  la  lame,  céder  facilement 
à  son  action.  Les  galères  nous  aidèrent,  le  jour  du 
combat,  à  nous  élever  au  vent,  villette.  Mémoires, 
4  704,  dans  jal.  On  a  essuyé  une  tourmente  aussi 
rude  et  aussi  grande  que  celles  qu'on  a  accoutumé 
de  souffrir  en  hiver,  et  d'autant  plus  fâcheuse  que 
le  vent  ne  nous  permettait  pas  de  nous  élever  de  la 
côle  autant  qu'on  avait  raison  de  le  désirer,  d'es- 
TRÉEs,  à  Seignelay,  <080,  dans  jal.  Le  temps  qu'il 
fut  à  s'apprêter  donna  aux  ennemis  celui  de  s'éle- 
ver un  peu  au  vent,  parce  que  nous  restâmes  tou- 
jours en  panne,  J.  bart,  /(apport,  U  juillet  4694, 
dans  JAL.  Il  On  dit  aussi  qu'un  navire  s'élève  à  vos 
yeux,  quand  il  se  rapproche  de  vous.  ||  26°  Recevoir 
la  nourriture  et  l'entretien  destinés  aux  enfants.  Cet 
enfant  s'élève  bien,  il  n'éprouve  rien  qui  entrave  sa 
santé,  sa  croissance.  ||  Se  dit  aussi  des  animaux  et 
des  plantes.  Les  dindons  s'élèvent  difficilement.  Les 
pêchers  ne  s'élèvent  pas  sans  soins.  |1  Recevoir  de 
l'éducation.  La  jeune  génération  s'élève  dans  les 
collèges  et  dans  les  écoles. 

—  HEM.  Vaugelas  observe  avec  raison  qu'il  faut 
dire  lever  les  yeux  au  ciel,  et  non  les  élever. 

—  IIIST.  XI*  s.  Qui  tort  eslevera  ou  faus  jugement 
fera,  Lois  de  GuiU.il.  ||  xii°  s.  Esleverent  li  flum 
[les  fleuves],  sire,  esleverent  li  flum  lur  voix,  Liber 
psalm.  p.  (36.  Je  eslef  mes  mains  à  tun  saint  tem- 
ple, ib.  p.  33.  Quant  il  ellevarent  lur  oez  [yeuxj,  Jo6, 
463.  Com  plus  esgarde  la  pense  alleveie  sa  vertut 
[plus  la  pensée  voit  sa  vertu  élevée],  ib.  479.  Avient 
te  de  ce  dont  il  soi  aesment  [estiment]  estre  plus 
destruiz,  soi  ellievent  plus  riche  à  la  construction 
del  céleste  païs,  ib.  400.  ||  xni''s.  Je  vile  félon  essau- 
cié  et  eslevé  ausi  comme  les  cèdres  del  mont  Lyban  , 
Psautier,  f°  46.  S'a  ele  [ainsi  la  reine  Blanche  a] 
assez  fier  cuer,  ce  m'est  avis,  Pour  faire  honte  à  un 
bien  haut  baron,  Et  élever  un  traïtor  félon,  H.  de 
LA  FERTÉ,  Romancero,  p.  183.  Prie  à  ton  fil  Qu'il 
nous  entende,  et  nous  esleve  De  l'ordure  qu'aporta 
Eve,  Quant  de  la  pomme  osta  la  sève,  Fabliaux 
mss.  n°  72)8,  f°  328,  dans  lacuhne.  ||xv' s.  Quand 
le  comte  Derby  vit  l'archevesque  de  Cantorbie  venir 
devers  lui,  tout  le  cœur  lui  éleva,  et  se  rejouirent 
ses  esprits,  froiss.  m,  iv,  71.  Mais  avoir  [je]  vueil 
femme  bénigne,  Humble,  simple,  pou  [peu]  em- 
parlée.  Bien  besongnant,  pou  eslevée,  Juene  et 
chaste  de  bouche  et  mains,  eust.  desch.  Poésies 
ms.  dans  lacurne.  Et  avoit  le  cœur  très  eslevé  pour 
ceste  duché  [qu'il  venait  de  conquérir],  comm.  iv, 
1.  Il  xvi°  s.  Il  ralluma  son  courage,  et  s'eslevant  en 
pieds,  tout  ensanglanté....  mont,  ii,  33.  On  m'a 
ainsi  eslevé,  ro.  ii,  73.  La  somptuosité  des  monu- 
ments eslevez  à  cette  fin,  id.  ii,  436.  De  quoi  le 
peuple  ayant  eslevé  des  cris  de  joie,  id.  ii,  4  93. 
Toute  la  Gaule  s'estant  eslevée  pour  luy  courre  sus, 
!D.  m,  4  72,  On  pourroit  envoyer  après  eux  mille 
chevaux,  et  deux  mille  harquebusiers,  et  faire  esle- 
ver  toutes  les  forces  des  provinces  où  ils  s'arreste- 
royent,  lanoue,  «92. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  eslevar;  ital,  ele- 
tare;  du  latin  e,  et  levare  (voy.  lever). 

t  ÉLEVEUR  (é-le-veur),  s.  m.  Celui  qui  élève  des 
bestiaux,  des  chevaux. 

ËLEVCRE  (é-le-vu-r'),  s.  (.  Petite  ampoule  qui 
vient  sur  la  peau.  ||  Dans  le  langage  médical,  syno- 
nyme d'exanthème. 

1     —  HIST.  XVI'  s.  Aucuns  ont  une  ou  plusieurs  pro- 
minences  ou  esleveures  en  rondeur  sur  le  crâne, 
.Outre  le  naturel,  pabé,  m,  4. 
'    —  ÉTYM.  Elever. 


tu 

tELFE(èl-r;,  s.  m.  Nom  des  génies  élémentai- 
res de  l'air,  dans  la  mythologie  Scandinave;  c'est  ce 
que  les  cabalistes  appellent  silphes. 

—  ÉTYM.  Allem.  Elfe. 

ÉLIDÉ,  ÉE  (é-li-dé),  part,  passé.  Détruit  par 
l'élision.  Une  voyelle  élidée. 

ÉLIDER  (é-li-dé),  V.  a.  Terme  de  grammaire. 
Ne  pas  compter  dans  un  vers  une  voyelle  à  la  fin 
d'un  mot,  devant  une  autre  au  commencement  du 
mot  suivant,  soit  que  cette  voyelle  disparaisse  en- 
tièrement dans  la  prononciation  comme  chez  nous, 
Pégase  est  rétif,  soit  qu'on  l'entende  encore, comme 
en  italien  glorioso  acquisto.  \\  Elider  se  dit  aussi 
quand,  dans  l'écriture,  on  supprime  une  voyelle  fi- 
nale avant  un  mot  qui  commence  par  une  autre 
voyelle.  ||  S'élider,  v.  réfl.  Etre  élidé.  Dans  s'il,  l't 
de  si  s'élide  devant  t7. 

—  HIST.  XIV'  s.  Lequel  exposant  marcha  oultre 
soubz  le  cop,  et  ne  fut  point  atlaint  du  fer,  mais 
tant  seulement  du  manche  par  la  teste  en  eslidant 
[en  glissant],  nu  cange,  elidere.  ||  xvi"  s.  On  est 
pardonnable  de  mescroire  une  merveille,  autant  au 
moins  qu'on  peult  en  destourner  et  elider  la  véri- 
fication par  voye  non  merveilleuse,  MONT.  IV,.4S6. 

—  ÉTYM.  Lat.  elidere,  écraser,  de  e,  et  hvdere, 
léser  (voy.  léser).  Le  sens  de  glisser,  annuler,  que 
elider  a  dans  l'historique  parait  provenir  du  terme 
de  droit,  dans  le  moyeu  âge  :  elidere  intentionem, 
annuler  l'intention. 

f  ËLIER  (é-li-é) ,  V.  a.  Soutirer  en  parlant  des  vins. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  lie. 
ÉLIGIBILITÉ  (é-li-gi-bi-li-té) ,  s.f.  Réunion  des 

conditions  nécessaires  pour  être  élu. 

—  ÉTYM.  Éligible. 

ÉLIGI6LE  (é-li-gi-bl'),  adj.  Qui  réunit  les  condi- 
tions exigées  pour  être  élu.  C  est  la  nouvelle  fan- 
taisie de  Cadet  de  mettre  un  de  avec  son  nom, 
depuis  qu'il  est  éligible,  et  maire  de  sa  commune, 
p.  L.  COUR.  1,  276.  Il  Substantivement.  Les  éligililes. 
Le  président,  m'appelant,  me  donna  un  de  ces 
billets  où  il  fallait  écrire  deux  noms;  pour  moi,  j'y 
voulais  mettre  Aristide  et  Caton;  mais  on  me  dit 
qu'ils  n'étaient  pas  sur  la  liste  des  éligibles.  p.  l. 
COUR.  2°  lett.  particul. 

—  HIST.  XIV'  s.  La  chose  que  l'on  quert  et  est  es- 
lisible  pour  elle,  oresme,   Eth.  viii  (4  4).  1|  xvi'  s. 

Esligible,  COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Lat.  eligere  (voy.  élire). 

ÉLIMÉ,  ÉE  (é-li-mé,  mée),  part,  passé.  Très- 
usé.  Un  habit  tout  élimé.  Linge  élimé.  ||  Fig.  C'est 
bien  la  petite  passion  la  plus  éliméel  créeillon  fils, 
cité  dans  les  Dictionnaires. 

4.  ÉLIMER  (S')  (é-li-mé),  v.  réfl.  S'user  à  force 
d'être  portés  (par  comparaison  avec  l'action  d'une 
lime), en  parlant  des  vêlements.  ||  K.  o.  Fig.  User, 
polir,  affaiblir.  Les  véritables  passions,  plus  rares 
qu'on  ne  pense  parmi  les  hommes,  le  deviennent 
de  jour  en  jour  davantage  ;  l'intérêt  les  élime,  les 
atténue,  les  engloutit  toutes,  j.  i.  rouss.  2«  dial.  Il 
n'a  point  élimé  son  génie  dans  le  frottement  des 
querelles  littéraires,  mercier,  Dict. 

—  HIST.  XVI'  Ce  fait  est  honoré  de  la  connaissance 
d'infinies  personnes,  mais  il  est  elimé  de  vieillesse  et 
pris  au  monceau  de  communs  accidents  de  la  for- 
tune, MONT.  t.  II,  p.  644,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  limer. 

t  2.  ÉLIMER  (é-li-mé),  D.  a.  Terme  de  fauconne- 
rie. Purger  un  oiseau  après  la  mue. 

—  ÉTYM.  ^pour  es....  préfixe,  et  limon,  dans  le 
sens  de  matière  bourbeuse. 

•i;ÉLI]HINATEUR,  TRICE  (é-li-mi-na-teur,  tri-s'), 
adj.  Qui  élimine. 

ÉLIMINATION  (é-li-mi-na-sion  ;  en  vers,  de  six  syl- 
labes) ,  s.  f.  Il  1°  Action  d'éliminer,  état  de  ce  qui  est 
éliminé.  ||  Élimination,  procédé  qu'on  emploie  dans 
les  concours  pour  écarter  les  plus  faibles  des  con- 
currents et  concentrer  le  débat  entre  les  plus  forts. 
Il  2°  Terme  de  médecine.  Élimination  des  poisons, 
l'expulsion,  hors  de  l'économie  ,  des  poisons  intro- 
duits dans  le  corps.  ||  3°  Terme  d'algèbre.  Opération 
qui  consiste,  étant  donné  plusieurs  inconnues  et  au- 
tant d'équations,à  faire  disparaître  successivement  ces 
inconnues,  en  les  ramenant  toutes  à  une  dernière, 
laquelle,  se  déterminant  par  la  dernière  équation, 
conduit  à  la  connaissance  de  toutes  les  autres. 

—  ÉTYM.  Éliminer. 

ÉLIMINÉ,  ÉE  (é-li-mi-né,  née),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  hors.  Éliminé  du  concours  en  raison  de  l'in- 
suffisance de  ses  épreuves.  ||  2°  Terme  d'algèbre. 
L'inconnue  étant  éliminée. 

ÉLIMINER  (é-li-mi-né),  t>.  a.  ||  1°  Mettre  hors. 
On  a  éliminé  plusieurs  noms  de  la  liste.  ||  2°  Terme 
d'algèbre.  Éliminer  une  inconnue,   la  faire  dispa- 


ÉLI 


1327 


rattre  d'une  équation  algébrique,  en  y  substituant 
une  valeur  égale  en  quantités  connues  ou  combi- 
nées avec  d'autres  inconnues.  [|  Absolument.  Un 
procédé  commode  pour  éliminer.  ||  3°  S'éliminer. 
V.  réfl.  Être  chassé,  en  parlant  de  quantités  mathé- 
matiques. Ces  termes  s'élimineront  sans  peine. 

—  ÉTYM.  I.at.  eliminare,  de  e,  hors  de,  et  Kmen, 
seuil  :  chasser  au  delà  du  seuil. 

fÉLINGUE  (é-lin-gh'),  s.  f.  Corde  qui  a  un  nœud 
coulant  à  chaque  bout,  et  qui  sert  à  entoure?  les 
fardeaux  pour  les  mettre  dans  les  vaisseaux  et 
hors  des  vaisseaux.  Il  Gros  filin  garni  d'un  croc,  à 
l'aide  duquel  on  peut  mettre  un  canot  à  la  mer  ou 
l'en  retirer.  ||  Cordage  employé  dans  les  corderies 
pour  le  commettage. 

—  HIST.  xiv  s.  Eslingue  [fronde],  nn  cange, 
fundibula. 

— ÉTYM.  Angl.  sling,  élingue  et  fronde. 

t  ÉLINGUÉ,  ÉE  (é-Iin-ghé,  ghée),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  n'a  point  de  langue,  de 
trompe. 

—  ÉTYM.  ^pour  es....  préfixe,  et  le  latin  lingua, 
langue. 

t  ÉLINGUER  (é-lin-ghé) ,  v.  a.  Terme  de  marine. 
Passer  une  élingue  autour  d'un  objet  qu'on  veut 
hisser  ou  déplacer. 

—  HIST.  XIV' s.  Par  quoi  ans  chailloz  eslinder 
[fronder  avec  des  cailloux],  G.  guiart,  t.  ii,  p.  377, 

v.  9803  (4  8  784). 

—  ÉTYM.  Élingue. 

t  ÉLINGUET  (é-lin-ghé) ,  s.  m.  Terme  de  marine. 
Pièce  de  bois  qui  tourne  horizontalement  sur  lo 
pont  et  qui  sert  à  arrêter  le  cabestan. 

ÉLIRE  (é-li-r'),j'éIis,nous  élisons;  j'élisais ;j'élus; 
j'élirai  ;  j'élirais;  élis,  élisons;  que  j'élise, que  nous 
élisions;  que  j'élusse;  élisant;  élu,  t).  a.  \\  l'Non- 
mer  à  une  dignité,  à  une  fonction  par  voie  de  suf- 
frages. Élire  un  pape,  un  représentant.  Un  chétif 
centenier  des  troupes  de  Mysie,  Qu'un  gros  de  mu- 
tinés élut  par  fantaisie,  corn.  Iléracl.  i,  2.  Que 
l'on  tire  au  billet  ceux  que  l'on  doit  élire,  eoil. 
Lutrin,  i.  Ce  «'était  pas  une  chose  à  faire  sans  ré- 
flexion que  de  nommer  des  successeurs  à  deux 
hommes  aussi  savants,  aussi  célèbres  que  ceux-là 
[Clavier  et  Visconti]  ;  il  y  fallait  regarder,  élire  entre 
les  doctes,  sans  faire  tort  aux  autres,  les  deux 
plus  doctes,  p.  L.  COUR.  Lett.  à  VAcad.  des  inscr. 
il  2°  Choisir.  Quelque  chemin  que  l'homme  élise, 
Il  est  à  la  merci  du  sort,  malh.  vi,  24.  Le  roi  doit 
à  son  fils  élire  un  gouverneur,  corn.  Cid,  i,  4. 
Régnez;  après  l'État  j'ai  droit  de  vous  élire,  hoir. 
Vencesl.  v ,  9.  Comment  Dieu  qui  t'avait  élu , 
t'a-t-il  oublié?  boss.  Hist.  u,  4  0.  nous  t'avons  élu 
pour  dire  qui  a  raison  de  moi  ou  de  ma  fille,  mol. 
l'Avare,  i,  7.  Croire  que  le  mari....  que  j'ai  su 
vous  élire....  ID.  Tart.  ii,  2.  Cette  àme  que  vous 
avez  élue  pour  jouir  de  votre  amour,  fléch.  le  Tel- 
lier.  Il  3°  Terme  de  droit.  Élire  domicile,  assigner 
un  lieu  où  la  signification  des  actes  de  procé- 
dure puisse  se  faire  et  où  l'on  exerce  ses  droits  de 
citoyen. 

—  HIST.  XI'  s.  Car  m'eslisez  un  baron  do  ma 
marche,  Ch.  de  Hol.  xx.  ||xii's.  Après  celui  [ils] 
eslurent  dant  Garin  le  Pohier,  Sax.  iv.  Les  noz 
[nôtres]  [ils]  vont  dechassant,  nés  [ne  les]  ont  cure 
d'eslire.  Mais  ainsi  comme  il  sont,  les  prennent 
tire  à  tire,  ib.  x.  Mais  je  nés  [ne  les]  eslis  mie  pour 
le  leur  nuisement,  tb.  xxi.  Sis  églises  aveit  el  règne 
senz  pastur  ;  Pur  co  erent  asemblé  celé  genz  à  cel 
jur,  E  li  prince  e  li  conte  e  des  barons  pluisur. 
Pur  eslire  et  sortir  pastur  à  cele  honur,  Th.  le 
mart.,  4  26.  Grant  partie  del  pueple  li  aveit  contre- 
dit, E  si  unt  Adonie  Sun  fil  à  rei  eslit,  ib.  27. 
Il  XIII'  s.  Ensi  fu  esleus  li  quens  Baudoins  de  Flan- 
dres à  empereour,  villeh.  cxi.  Entre  ces  boutons 
en  eslui  [j'en  élus]  Ung  si  très  bel,  qu'envers  celui 
Nus  des  autres  riens  ne  prisié  [je  ne  prisai] ,  la 
Rose,  4663.  Et  quant  il  [l'Amour]  ot  aperceii  Que 
j'avoie  ainsinc  eslett  Ce  bouton  qui  plus  me  plesoit, 
ib.  4  694.  Confesse  toi  souvent  et  esli  confesseur 
preudomme  qui  te  sache  enseigner  que  tu  dois  faire, 
joiNV.  300. Ilxiv's.  Nous  voulons  santé  comme  fin, 
et  nous  eslisons  les  choses  par  quoy  nous  y  pou- 
vons venir  et  la  acquérir,  oresme,  Eth.  64.  Loys  de 
Beaumont  eslut  par  son  testament  sa  sépulture, 
DU  CANGE,  occomunicare.  Il  XV' s.  Les  compagnons 
l'élurent  à  estre  capitaine  au  lieu  de  son  maistre, 
FROISS.  1,1.  325.  Eslire  un  sage  party,  comm.  rv,  7. 
Il  XVI*  s.  Le  ïxiy  Ifrançois  feut  au  propre  d'eslire,  ou 
de  luy  aller  au  devant  en  Ytalie,  ou  de....  mont,  i, 
356.  Messieurs  de  Bordeaux  m'esleurent  maire  de 
leur  ville,  id.  iv,  448.  Ce  a  esté  bien  tard  que  la 
vendre  et  l'achepter  sont  entrevenus  es  élections  dos 


1328 


HLl 


magistrats,  et  que  les  voix  et  les  suffrages  des  eli- 
sans  se  sont  achepte?.  à  prix  d'argent,  amyot.  Cor.  ^  » 
Il  fault  que  le  laboureur  soit  hocnme  entendu,  et 
que  la  semence  soit  choisie  et  eleue,  iD.  Comment 
il  faut  nourrir  Us  enfants,  *. 

—  ÉTYM.  W.illon,  elére,  trier,  choisir;  provenç. 
tlegir,  eligir,  eleger,  eslire,  edir  ;  anc.  espagn.  es- 
leer  esUir ;  espagn.  mod.  elegir;  ital.  ekggere;  du 
latin  eligere,  de  «,  et  légère,  prendre,  cueillir 
(Toy.  lire). 

t  lîr.ISANT,  ANTE  (é-li-zan,  zan-t'),  adj.  Qui 
élit.  Cardinaux  élisants,  et,  substantivement,  les 
élisants,  les  trois  cardinaux  que  le  collège  cliarge 
d'élire  un  pape  quand  le  conclave  ne  peui  réussir 
par  le  scrutin. 

ÉLISION  (é-li-zion;  en  vers,  de  quatre  sylla- 
bes), s.  f.  Terme  de  grammaire.  Action  d'élider; 
résultat  de  cette  action.  En  français  l'élision  n'a 
lieu  que  pour  l'e  muet  final  (excepté  les  deux  mots 
la  et  si),  et  il  disparaît  entièrement  à  l'oreille  :  force 
invincible,  prononcez  for-sinvincible.  \\  L'élision 
chez  nous  ne  se  marque  pas  ordinairement  dans  l'é- 
criture, si  ce  n'est  dans  quelques  monosyllabes 
comme  ce,  de,  que,  me,  le,  se,  le,  la,  si;  alors  la 
voyelle  élidée  est  remplacée  par  l'apostrophe  :  l'dme, 
qu'elle ,  s'il,  etc. 

—  ÉTYM.  Lat.  elisionem,  du  supin  clisum,  de 
elidne  (voy.  élider). 

ÉLITE  (é-U-f),  s.  f.  Il  1°  Ce  qu'il  y  a  d'élu,  de 
choisi,  de  distingué.  L'élite  de  la  noblesse.  Pour- 
quoi sans  Hippolyte  Des  héros  de  la  Grèce  assem- 
b!a-t-il  l'élite?  BAC. Phèd.  II,  B.  Patrocle et  quelques 
chefs  qui  marchent  à  ma  suite,  De  mes  Thessaliens 
vous  amènent  l'élite,  id.  Iphig.  v,  2.  ||  D'élite,  qui 
est  de  premier  choix.  S'il  y  a  un  petit  nombre 
d'âmes  d'élite  que  Dieu  meuve....  soss.  Orais.  De 
chevaliers  romains  une  troupe  d'élite....  créb.  Catil. 
V,  2.  Mes  soins  ont  eu  recours  à  des  amis  d'éhte, 
M.  J.  CHÉN.  Tib.  V,  t.  11  [Napoléon]  affecte  de  la 
mépriser  [une  rivière] ,  comme  tout  ce  qui  lui  fai- 
sait obstacle,  et  il  ordonne  à  un  escadron  des  Polo- 
niis  de  sa  garde  de  se  jeter  dans  cette  rivière;  ces 
hommes  d'élite  s'y  précipitèrent  sans  hésiter, 
SÉGUB,  Hist.  de  Napol.  iv  ,  2.  ||  Dans  l'armée,  com- 
pagnies d'élite,  les  compagnies  de  grenadiers  et  de 
voltigeurs  d'un  bataillon  d'infanterie.  ||  2°  11  se  dit 
aussi  des  choses.  J'ai  eu  l'élite  de  ses  livres.  Al- 
cithoé  ma  sœur,  attachant  vos  esprits.  Des  tragi- 
ques amours  vous  a  conté  l'élite,  la  font.  Filles  de 
Uinée.  Faute  de  vin  d'élite,  Sabler  ceux  du  canton, 
BÉBANG.  Hog.  B. 

—  SYN.  ÉLITE,  FLiuR.  Ces  deux  mots  expriment 
ce  qu'il  y  a  de  meilleur  entre  plusieurs  individus 
ou  plusieurs  objets  de  même  espèce  :  l'élite  de  l'ar- 
mée; la  fleur  de  l'armée.  Mais  ils  retiennent  quel- 
que chose  de  leur  origine  :  fleur  emporte  toujours 
l'idée  du  brillant,  de  l'éclat,  de  la  beauté;  et  élite 
emporte  toujours  l'idée  d'élection. 

—  HIST.  XIII'  s.  Un  mois  [je]  vous  doins  l'ostel  [la 
maison]  trestout  à  vostre  eslite  [volonté],  Berte, 
Liv.  Pechié  porte  sa  peine  et  bienfait  son  mérite. 
De  ces  deux  choses  sunt  homme  et  femme  à  eslite 
[ont  le  choix],  j.  DEMEUNG,  Test.  210.  Il  xv's.Si  prit 
[le  connétable  d'Ecosse]  cinq  cents  lances  à  l'élite 
de  tous  les  meilleurs  d'Escosse,  fboiss.  il,  ii,  HB. 
Vingt  mille  hommes  d'armes  tous  d'élite,  id.  ii,  m, 
68.  Il  XVI'  s.  La  noble  Marguerite,  Kleur  d'eslite, 
MAROT,  III,  208.  I.a  prudence  est  l'eslite  entre  le  bien 
et  le  mal,  mont,  ii,  22B.  Puis  fit  élite  d'entre  les 
dames  d'une  qu'il  estimoit  mieux  mériter  son  ser- 
vice, ïVEB,  p.  631.  Ayant  tenu  son  eslite  de  gens 
de  pied  et  de  cavalerie  preste,   d'aub.  Uist.  m,  6B. 

—  ÉTYM.  Élit,  ancien  participe  passé  du  verbe 
ilire. 

t  ÊLIXATION  (é-liksa-sion) ,  s.  f  Terme  de  chi- 
mie. Action  de  faire  bouillir  une  substance  dans 
l'eau  et  qui  a  pour  but  d'obtenir  deux  produits,  l'un 
solide  cuit  et  l'autre  liquide.  Le  pot-au-feu  des  mé- 
nages est  une  élixation. 

—  ÉTYM.  Lat.  elixare,  cuire  dans  l'eau,  de  e,  et 
lix,  mot  archaïque  qui,  suivant  Nonius,  signifiait 
eau. 

ËLIXIR  (é-li-ksir),  s.  m.  Terme  de  pharmacie. 
Nom  générique  de  préparations  qui  résultent  du 
mélange  de  certains  sirops  avec  des  alcoolats.  L'élixir 
de  longue  vie.  Les  charlatans  qui  avertissent  le  pu- 
blic de  se  donner  de  garde  de  ceux  qui  contrefont 
leur  élixir,  volt.  Lett.  Marin,  24  nov.  (764.  Elle 
faisait  des  élixirs,  des  teintures,  des  baumes,  j.  j. 
■oussEAU,  Conf,  II.  Il  Fig.  et  par  plaisanterie,  ce  qu'il 
y  a  de  meilleur,  de  plus  précieux  dans  quelque 
Chose.  Le  bel  honneur  au  roi,  d'avoir  à  son  service 
Le  pressis,  l'élixir  de  tonte  la  malice,  boursauit. 


El.I. 

Fables  d'Étape ,  ir,  6.  L'unisson dessentimentsdans 
cet  élixir  à  part  d'une  dévotion  persécutée  imposa 
à  l'archevêque  de  Cambrai,  saint-simon,  <27,  )4B. 

—  HIST.  XIII'  s.  Ne  d'elissir  n'a  nule  envie,  Ro- 
man de  la  poire.  |{  xiv  s.  Je  fais  par  mes  secrets 
célestes  Œuvres  parfaictes  et  honestes.  Dont  aucuns 
voyant  mes  oracles  Les  ont  jugés  quasi  miracles; 
Comme  il  appert  en  l'élixir  Dont  tant  de  biens  sont 
à  issir,  Not.  à  l'alch.  err.  B09. 

—  ÉTYM.  Portug.  elexir ;  de  l'arabe  al,  le,  et 
aksir,  quintessence. 

t  ELLAGIQUE  (èl-la-ji-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  ellagique,  acide  qui  se  précipite,  en 
même  temps  que  l'acide  gallique,  de  l'infusion 
aqueuse  de  noix  de  galle  longtemps  exposée  au  con- 
tact de  l'air. 

—  ÉTYM.  Galle  (noix  de),  dont  les  lettres  ont  été 
renversées,  pour  le  distinguer  de  l'acide  gallique, 
avec  la  terminaison  tijue,  qui,  en  chimie,  indique 
un  acide. 

ELLE  (è-l') ,  pron.  de  la  3'  pers.  féminin.  11  s'em- 
ploie comme  sujet.  Elle  a  dit.  Elles  font.  Qui  a  tenu 
ce  langage?  elle.  ||  Elle  qui....  au  féminin,  tandis  que, 
au  masculin,  on  dit  lui  qui....  Elle  qui  se  prétend  si 
sage  a  pourtant  fait  une  sottise.  ||  Elle  ne  sert  pas  de 
régime  direct  à  un  verbe  actif;  on  le  remplace  par 
(«devant  ce  verbe:  je  (a  chéris,  pour  je  chéris  elle. 
Il  Quand  le  pronom  to  est  le  régime  direct  d'un  verbe, 
et  qu'après  ce  verbe  il  y  a  un  nom  qui  concourt  avec  le 
pronom  à  former  ce  régime  direct,  on  joint  ei/e  àce 
nom  :  le  lion  la  dévora,  elle  et  ses  enfants.  On  dit  de 
même  au  sujet:  elle  mourut,  elleetsesenfants.  ||  Elle 
ne  sert  pas  ordinairement  de  régime  indirect  à  un 
verbe  quand  ce  régime  est  marqué  par  à;  on  y  sub- 
stitue iitt;  parlez-lui,  et  non  parlez  à  elle.  Cependant, 
en  quelques  cas  exceptionnels,  oii  l'on  veut  ex- 
primer plus  fortement  le  régime  indirect,  on  peut 
se  servir  de  elle.  Il  croyait  même  parler  à  elle,  fén. 
Tél.  VII.  Il  Quand  on  ajoute  même  à  elle,  on  peut 
dire  à  elle  :  parlez  à  elle-même  (voy.  même),  jj  D'elle- 
même  spontanément.  Mais  enfin  d'elle-mêaie  on 
ne  l'entend  jamais....  th.  corn.  Ariane,  ii,  t. 
La  flamme  du  biV.her  d'elle-même  s'allume,  bac. 
Iphig.  y,  6.  Il  Elle  se  construit  aussi  avec  une  pré- 
position comme  complément  d'un  adjectif  ou  d'un 
verbe.  Je  ne  suis  pas  content  d'elle.  Je  pense  à 
elle.  Bien  des  préventions  se  sont  élevées  contre 
elle.  Il  faut  s'adresser  à  elle.  Je  trouvai  du  plaisir  à 
me  perdre  pour  elle,  rac.  Androm.  ii,  B.  \\Elle  se 
construit  moins  bien  de  la  sorte,  quand  il  s'agit  de 
choses  et  non  de  personnes;  vous  avez  une  plume 
bien  taillée;  c'est  avec  elle  que  j'ai  écrit;  il  vaut 
mieux  dire  :  c'est  avec  cette  plume.  Cette  muraille 
menace  ruine,  ne  vous  approchez  pas  d'elle;  dites  : 
ne  vous  en  approchez  pas.  Aussi  on  désapprouve 
ces  deux  vers  de  Voltaire  :Fers,  tombez  de  ses  mains, 
le  sceptre  est  fait  pour  elles,  Oreste,  v,  7;  Mais  qui 
peut  altérer  vos  bontés  paternelles?  Vous  seule, 
vous,  ma  fille,  en  abusant  trop  d'elles,  Tancr.  i,  4. 
Cependant  rien,  dans  la  grammaire,  n'empêchant 
cet  emploi,  qui  seulement  est  languissant  et  pro- 
saïque, on  ne  le  blâmera  pas  absolument;  et  l'on 
acceptera  ce  vers  de  V.  Hugo,  cité  par  Legoa- 
rant  :  Moi,  la  douleur  m'éprouve,  et  mes  chants 
viennentd'elle.  On  acceptera  également  cette  phrase- 
ci  ;  Cette  comédie  ayant  plu  à  ceux  pour  qui  elle 
est  faite,  je  trouve  que  c'est  asisez  pour  elle. 

—  HIST.  X'  s.  Elle  n'out  eskolté  les  mais  consel- 
iers,  Eulalie.  \\  xi'  s.  Quant  el  [la  dame]  le  voit, 
ne  peut  muer  ne  rie  [s'empêcher  de  rire],  Ch.  de 
Roi.  Lxxv.  Il  xii'  s.  Ele  ot  chemise  de  soie  d'Auma- 
rie,  Uonc.  p.  tco.  Nule  chançon  ne  m'agrée,  S'el 
ne  vient  de  fine  amor,  Couci,  i.  La  roïne  ne  fit 
pas  que  courtoise.  Qui  me  reprist,  ele  et  ses  fiex  Ii 
rois  (son  fils  le  roi],  ojJESNes,  Homancero,  p.  83.  Au 
départir  de  Ii  [elle]  [il]  l'a  doucement  baisie.  Et  ele 
lui  aussi,  Sax.  vu.  ||  xiii*  s.  N'ert  [n'étoit]  famé  qui 
à  ele  de  grant  biauté  s'afiere,  lierle,  xii.  Oucpuis- 
qu'ele  [elles]  leur  dame  voudrent  [voulurent]  faire 
mourir,  ib.  lxui.  Ge  fusse  arivés  à  bon  port.  Se 
d'els  [elles]  troi  ne  fusse  aguetiés,  la  Rose,  2879. 
Il  XIV  s.  Les  queles  choses,  s'il  [elles]  sont  bien  con- 
sidérées, H.  DE  MONDEViLLE,  {'3t ,  verso.  Les  vaines 
[veines]  sont  devisées  en  moult  de  parties,  tant  qu'il 
soient  capillaires,  lu.  f"  22,  verso.  Nous  manifeste- 
rons et  déclarerons  quantes  il  [les  vertus]  sont, 
ORESME,  Eth.  78.  {|  XVI'  S.  EU'  n'en  prendroit  ja- 
mais, te  di-je;  Car  c'est  une  femme  d'honneur, 
MAR0T,  I,  207.  Et  que  veui-tuî  el' m'ayme  bien. 
Je  n'ai  que  faire  de  m'en  plaindre,  id.  i  ,  2iu. 
Elles  sçavent  trouver  mille  feintes  excuses  ,  Après 
qu'eir    ont    failly,  hons.  125. 

—  ÉTYM.  Wallon,  t7f,  èle,  elle,  elles   Berry,  aile, 


iille;  provenç.  tla,tlha,  ella;  espagn.  et  ital.  etla; 
du  latin  illa  (voy.  il).  L'ancienne  langue  a  dit  »uss' 
il  pour  elle;  ce  qui  n'a  rien  d'extraordinaire,  le 
latin  disant  illa. 

t  FXLRBORACÉ,  ÉE  (èl-lé-bo-ra-sé,  sée),  adj 
Terme  de  botanique.  Qui  ressemble  à  l'ellébore. 

—  ÉTYM.  Ellébore. 

ELLÉBORE  (èl-lé-bo-r') ,  t.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Il  1°  Plante,  dite  dans  l'Avranchin  herbe  en- 
ragée, très-usitée  dans  la  médecine  des  anciens 
comme  catharlique  et  qui  passait  pour  guérir  la 
folie.  Le  plus  célèbre  des  ellébores  venait  des  cam- 
pagnes d'Anticyre,  île  de  la  mer  Egée  dans  le  golfe 
Maliaque.  L'ellébore  des  anciens  est  regardé  comme 
appartenant  aux  veratrum  (colcliicacées).  11  n'est 
point  d'ellébore  assez  en  Anlicyre....  Régnier,  Sat. 
XV.  Ma  commère,  il  vous  faut  purger  Avec  quatre 
grains  d'ellébore,  la  font.  Fabl.  vi,  )0.  Yaurait-il 
assez  d'ellébore  pour  une  si  étrange  maladie  T 
VOLT.  Phil.  ignorait,  50.  ||  Avoir  besoin  d'ellébore, 
avoir  l'esprit  troublé.  Vous  le  voyez  ,  sans  moi 
vous  y  seriez  encore;  Et  vous  aviez  besoin  de 
mon  peu  d'ellébore,  mol.  Sgan.  22.  Elle  a  besoin 
de  six  grains  d'ellébore;  Monsieur,  son  esprit  est 
tourné,  m.  Àmphit.  ii,  2.  Il  aurait  bien  besoin 
de  deux  grains  d'ellébore,  begnard,  Disir.  il,  (2. 
Il  2°  Genre  de  piantes  renonculacées  ,  dont  une 
espèce  d'Europe  {helleborus  niger)  sert  en  méde- 
cine. Quand  on  met  un  exutoire  aux  animaux,  on 
fait  au  bas  de  la  panse  ou  sur  la  cuisse  une  incision 
dans  laquelle  on  introduit  un  petit  morceau  de  ra- 
cine d'ellébore. 

—  HIST.  XIV'  s.  En  médecine,  c'est  legiere  chose, 
savoir  ce  que  il  est  dit  du  miel  et  du  vin  et  de  ellé- 
bore, ORESME,   Elh.i&i. 

—  ÉTYM.  'EX/.E'êopoç. 

ELLÉBORINE  (èl-lé-bo-ri-n') ,  s.  f.  Plante  dont 
plusieurs  espèces  ont  les  feuilles  semblables  &  celles 
de  l'ellébore. 

t  ELLÉnORISER  (èl-lé-bo-ri-zé) ,  v.  a.  Ancien 
terme  de  médecine.  Purger  avec  l'ellébore. 

f  ELLÉBORISME  (èl-lé-bo-ri-sm'),  s.  m.  Chez  les 
anciens,  méthode  de  traitement  des  maladies  par 
l'ellébore,  comprenant  non-seulement  la  prépara- 
tion de  l'ellébore,  mais  encore  les  précautions  pré- 
liminaires propres  à  en  seconder  l'action  et  à  en 
prévenir  les  effets  pernicieux. 

—  ÉTYM.  Ellébore. 

t  ELLIPANTHE  (èl-li-pan-f) ,  adj.  Terme  debota- 
que.  Qui  a  des  fleurs  incomplètes,  ne  renfermant 
que  des  étamines  ou  des  pistils. 

—  ÉTYM.  'EUe'.itVjç,  défectueux,  et  ôv9o;,  (leur. 

ELLIPSE  (èl-li-ps'),  J  f.  Il  1°  Terme  de  gram- 
maire. Figure  par  laquelle  on  retranche  quelque 
mot  dans  une  phrase.  Dans  ce  vers  de  Racine,  Andr. 
IV,  B  :  Je  t'aimais  inconstant;  qu'eussé-je  fait  fi- 
dèle? l'ellipse  est  :  si  tu  avais  été  fidèle.  ||  C'était 
quelquefois  pour  les  Grecs  une  espèce  de  syncope 
par  laquelle  on  retranchait  une  voyelle  dans  un 
mot  sans  détruire  la  syllabe,  comme  serait  glor» 
pour  gloire.  ||  Terme  de  musique.  Suppression  d'an 
accord  que  réclame  l'harmonie  régulière.  ||  2°  Terme 
de  géométrie.  Courbe  résultant  de  la  section  d'un 
cône  droit  par  un  plan  oblique  à  l'axe  ;  c'est  un 
cercle  allongé.  Le  centre,  les  deux  foyers,  les  axes 
d'une  ellipse.  Ellipse  excentrique,  celle  dont  le  grand 
axe  est  beaucoup  plus  grand  que  le  petit;  ellipse 
presque  circulaire,  celle  dont  les  deux  axes  se  rap- 
prochent de  l'égalité.  L'orbite  de  la  terre  est  une  el- 
lipse presque  circulaire  dont  le  soleil  occupe  un 
foyer.  Les  comètes  décrivent  des  ellipses  très-allon- 
gées. 

—  SYN.  ELLIPSE,  ovale.  L'ellipse  est  une  courbe 
parfaitement  symétrique.  L'ovale,  qui  présente  la 
forme  d'un  œuf,  a  un  côté  plus  large  que  le  côté 
opposé. 

—  ÉTYM.  "EUeuVi;,  qui,  signifiant  manque,  s'ap- 
plique à  l'ellipse  grammaticale,   puisque   quelque 

•chose  est  supprimé,  et  à  l'ellipse  géométrique,  parce 
qu'il  lui  manque  quelque  chose  pour  être  un  cercle 
parfait:  de  Iv,  et^ewEiv,  laisser,  manquer. 

t  ELLIPSOGRAPHE  (èl-li-psogra-r),  s.  m.  In- 
strument pour  tracer  des  ellipses. 

—  ÊTY'M.  Ellipse,  et  fpiiçeiv,  tracer. 

f  ELLIPSOÏDAL,  ALE  (èl-li-pso-i-dal,  da-l'),  a<^'. 
Terme  didactique.  Qui  a  la  forme  d'un  ellipsoïde. 

ELLIPSOÏDE  (èl-li-pso-i-d'),  s.  m.  ||  l'  Terme  de 
géométrie.  Solide  engendré  par  la  révolution  d  une 
moitié  d'ellipse  autour  de  l'un  de  ses  axes.  Ellip- 
soïde de  révolution.  La  comparaison  des  degrés  ter- 
restres donne  des  diflTérences  qu'il  est  difficile  d'at- 
tribuer aux  seules  erreurs  des  observations;  il  parait 
donc  que  la  terre  est  sensiblement  différente  d'un 


ELO 


ELO 


ÉI.O 


1359 


ellipsoïde,  LAPLACE,  Expos,  i,  l*.\\i' Adj.  Qui  a  la 
forme  d'une  ellipse.  Graine  ellipsoïde.  Cadre  ellip- 
soïde. Il  3°  S.  f.  Ligne  courbe  dont  la  forme  appro- 
che de  ci'lle  de  l'ellipse.  Cette  surface  est  terminée 
par  une  ellipsoïde. 

—  ÉT\M.  Ellipse,  et  elSoc,  forme. 

t  ELLll'SOLOGlE(èl-li-pso-lo-jie),  s.  f.  Terme  de 
géométrie.  Traité  surla  manière  de  tracer  des  ellipses. 

—  RTYM.  Ellipse,  et  lôyoi;,  traité. 
tELLIPSOSPER.ME(èl-li-pso-spèr-m'),adj.  Terme 

de  botanique.  Qui  a  des  graines  ellipticjues. 

—  ETYM.  Ellipse,  et  oTOpiia,  graine. 

t  ELI.IPSOSTOME  (iM-li-pso-sto-m'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Oui  a  la  bouche  ou  l'ouverture  elliptique. 

—  ÈTYM.  Ellipse,  et  atôu-a,  bouche. 
EI.L1PTICITÉ  (M-li-pti-si-té),  s.  f.  [{ l"  Terme  de 

grammaire.  Qualité  d'une  phrase,  d'une  tournure 
elliptique.  Il  %'  Terme  de  géométrie.  Forme  elliptique 
d'une  ligure.  EUipticité  plus  ou  moins  grande,  al- 
longement plus  ou  moins  grand  d'une  ellipse.  La 
prodigieuse  ellipticité  des  orbites  des  comètes.  La 
lune,  par  l'observation  de  ses  mouvements  ,  rend 
sensible  à  l'astronomie  perfectionnée  l'ellipticité  de  la 
terre,  dont  elle  fit  connaître  la  rondeur  aux  premiers 
astronomes  par  ses  éclipses,  laplace,  Expos,  iv,  6. 

—  ÉTYM.    Elliptique. 

ELLIPTIQUE  (èl-li-pti-k'),  adj.  ||  1"  Terme  de 
grammaire.  Qui  présente  une  ellipse.  Tour  ellipti- 
que. Langue  elliptique,  langue  où  l'ellipse  est  fré- 
quente. Il  2°  Terme  de  géométrie.  Qui  est  de  la  nature 
de  l'ellipse.  Forme,  figure  elliptique.  Galilée  dé- 
montrait le  mouvement  de  la  terre  et  des  autres  pla- 
nètes dans  leurs  prbites  elliptiques  autour  du  soleil, 
VOLT.  Philos,  u,  230.  La  loi  de  la  pesanteur  rattache 
le  flux  et  le  reflux  de  la  mer  aux  lois  du  mouvement 
elliptique  des  planètes,  laplace,  Expos,  iv,  il.  ||  Qui 
appartient  ou  qui  a  rapport  à  l'ellipse.  Segment, 
arc  elliptique.  Compas  elliptique,  instrument  pro- 
pre à  décrire  des  ellipses. 

—  ÉTYM.  'E/),EiiiTi/.èc,  de  SXXeiiI/iç,  ellipse. 
ELLIPTIQUEMENT    (èl- li -  pti - ke - man ) ,    adv. 

Il  l"Termede  géométrie.  En  forme  d'ellipse.  ||  2"Ter- 
me  de  grammaire.  Par  ellipse.  On  dit  quelquefois 
elliptiquement  du  tout,  pour  non  pas  du  tout. 

—  ÉTYM.  Elliptique,  et  le  suffixe  ment. 

ELME  (SAINT-)  (sin-tèl-m' ).  Feu  Saint-Elme, 
météore  qui  apparaît  à  la  pointe  des  mâts  sous 
forme  d'aigrettes  lumineuses,  ou  qui  voltige  à  la 
surface  des  flots.  Le  feu  Saint-EIme  était  appelé 
par  les  anciens  Castor  et  Pollux.  On  croit  que  le  feu 
Saint-IClme  est  dû  à  l'électricité. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  ne  doivent  avoir  pour  fanal  et 
saint  elme  que  la  vérité  seule  tesmoignée  par  des 
aulheurs  qui couchoient  par  escrit.en  leur  langue, 
ce  qu'ils  avoient  veu  de  leurs  yeulx  et  non  pas  ouy 
dire,  FAV.  Théâtre  d'hon.  Disc,  à  la  suite  de  l'Ép. 
déd.  p.  2,  dans  laccrne. 

—  ÉTYM.  Le  P.  Fournier  (hydrographie,  \\y.  xv , 
<643)  écrit /'eu  saint-telrne  (dans  jal);  mais  c'est 
certainement  une  fausse  orthographe.  On  connaît 
le  nom  du  château  Saint-Elmeh  Naplesjor,  dans  les 
textes  latins,  le  château  Saint-EIrne  est  le  château 
Saint-Erasme.  Saint  Erasme,  évêque  et  martyr,  est 
mort  sous  Dioclétien  en  303,  et  a  été  transféré  à 
Gaëte  en  S42.  «  Saint  Erasme  est  appelé  par  corrup- 
tion Mint  Ermo  ou  saint  Elmo,  et  il  est  communé- 
ment invoqué  dans  les  tempêtes  par  ceux  qui  navi- 
guentsurlaMéditerranée,  Vies  des  saints ,  auajuin, 
BUTLER,  traduit  par  godescabo,  éd.  de  Lille,  1834, 
t.  VIII,  p.  63.  j>  Le  feu  Saint-Elme  est  le  feu  de  saint 
Érasme,  protecteur  des  marins. 

fÉLOCUER  (é-lo-ché),  ».  a.\\i'  Vieux  mot  qui 
signifie ôter  desa place,  renverser.  Ce  tonnerre  ora- 
geux qui  menace  et  qui  gronde  Élochera  bientôt  la 
machine  du  monde,  J.  desmarets.  Visionnaires,  i,  3. 
Il  2°  Terme  rural.  Ebranler  une  plante  comme  si  on 
voulait  l'arracher.  ||  3°  Détacher  un  pot  à  fondre  le 
verre  du  siège  auquel  son  fond  était  collé. 

—  HIST.  xiii*  s.  Les  clous  de  quoy  les  planches 
de  la  nef  estoient  attachiez  estoient  tous  eslochez, 
joiNV.  (92.  Il  XVI*  s.  Le  serrurier  marche  à  la 
grille  qu'il  avoit  elochée  auparavant,  l'arrache  et 
entre  le  premier,  d'aub.  Uist.  ii,  61.  Quand  les 
os  s'eslochent,  s'entr'ouvrent  et  entre-baaiUent, 
sans  toutes  fois  estre  luxés,  paré,  xiv,  f.  Neptune 
s'en  venoit,  d'un  soufle  véhément.  De  la  terre 
elocher  le  massif  fondement,  baIf,  Œuvres,  f°  2i , 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  fictif  ei-!ocare,  de  ci,  hors,  et  lo- 
cu»,    lieu  ;  déplacer. 

ÉLOCCTION  (é-lo-ku-sion;  enveis,  de  cinq  sylla- 
bes), i.f.  Il  1*  Manièredes'exprimer.Êloculion  nette, 
f&cile,  élé(;ante,  triviale.  |1  Manière  de  prononcer  un 

UICT.    DE    LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


discours.  L'éloculion  fait  une  des  principales  parties 
de  l'éloquence.  ||  2°  Élocution  est  quelquefois  syno- 
nyme de  style.  Nous  ne  savons  rien  des  commence- 
ments ni  des  progrès  de  la  langue  grecque;  les  poè- 
mes d'Homère  sont  le  plus  ancien  ouvrage  que  nous 
ayons  en  celte  langue ,  et  l'élocution  y  est  si  par- 
faite, que  tous  les  siècles  suivants  n'y  ont  pu  rien 
ajouter,  rollin,  Hist.anc.  Giuvres,  t.  xi,  2' part, 
p.  605.  Ouvrez  le  traité  de  Cicéron,  intitulé  Oratnr, 
et  dans  lequel  il  s'est  proposé  de  former  ou  plutôt  de 
peindre  un  orateur  parfait;  vous  verrez  non-seule- 
ment que  la  partie  de  l'élocution  est  celle  à  laquelle 
il  s'attache  principalement,  mais  que,  de  toutes  les 
qualités  de  l'élocution,  l'harmonie  qui  résulte  du 
choix  et  (le  l'arrangement  des  mots,  est  celle  dont 
il  est  le  plus  occupé,  d'alemb.  Jle'i.  it/(.  OICuv.,  t.  m, 
p.  246,  dans  pouGENS.  Il  3°  Partie  de  la  rhétorique 
qui  traite  du  choix  et  de  l'arrangement  des  mots. 

—  ÉTYM.  Lat.  eloculionem,  de  eloqui  (voy.  élo- 
quent). 

f  ÉLODICON  (é-lo-di-kon),  s.  m.  Espèce  d'orgue 
expressif,  à  lames  vibrantes. 

ÉLOGE  (é-lo-j'),  s.  m.  ||  l"  Discours  public  fait  à 
l'honneur  de  quelqu'un,  après  sa  mort.  Éloge  fu- 
nèbre. Éloge  historique.  ||  Discours  académique  fait 
dans  les  mêmes  circonstances.  L'éloge  de  Bossuet, 
de  Racine.  Les  éloges  de  Fontenelle  sont  des  chefs- 
d'œuvre.  Il  2°  Par  extension,  louange dequelqu'un 
ou  de  quelque  chose.  D'éloges  on  regorge;  à  la 
tête  on  les  jette.  Et  mon  valet  de  chambre  est 
mis  dans  la  gazette,  mol.  llis.  m,  7.  Us  citent 
nos  pères  avec  éloge,  pasc.  jProv,  B.  Ces  esprits 
frivoles....  A\alent  sans  dégoût  le  plus  grossier 
éloge,  boil.  Épit.,  IX.  Tout  éloge  imposteur  blesse 
une  âme  sincère,  lo.  ib.  Il  vous  comble  partout 
d'éloges  fastueux,  iD.  Art  p.  i  Ne  vous  enivrez  point 
des  éloges  flatteurs  Qu'un  amas  quelquefois  de 
vains  admirateurs  Vous  donne  en  ces  réduits....  id. 
ib.  Sitôt  que  l'auteur  signe  un  écrit  qu'il  proclame. 
Son  nom  doit  partager  et  l'éloge  et  le  blâme,  Gil- 
bert, Mon  apologie.  Les  éloges  indirects  sont  les 
seuls  qui  puissent  faire  quelque  impression,  m*  de 
GENLis,  Ad.  et  Tliéod,  t.  ii,  lett.  i,  p.  <,  dans  pou- 
OENS.  Je  sauve  l'ennui  d'un  éloge  menteur,  lemerc. 
Clovis,  II,  3.  Il  Faire  l'éloge  de,  louer.  Il  a  fait 
votre  éloge.  Un  certain  hâbleur  à  la  mine  affamée. 
Qui  vint  à  ce  festin,  conduit  par  lafumée.  Et  qui.... 
A  fait  en  bien  mangeant  l'éloge  des  morceaux,  boil. 
Sat.  III.  Il  Cela  fait  son  éloge,  cela  témoigne  favo- 
rablement pour  lui.  Voilà  des  choses  qui  font  son 
éloge,  sÉv.  209.  Cette  folie  qui  fait  son  éloge,  boss. 
Er.  d'Àss.  (.  Il  X  l'École  de  droit,  être  reçu  avec 
éloge,  être  reçu  avec  l'unanimité  de  boules  blanches 
ou  avec  la  note  supérieure. 

—HIST.  XVI*  s.  Je  croy  que  ceux-là  n'attendent  de 
vous  nul  éloge  pour  le  sujet  que  traictez,  pasquier, 
Lettres,  t.  i,  p.  658,  dans  lacurne. 

—  ÈTYM.  Lat.  elogium,  note,  observation,  in- 
scription tumulaire,  du  grec  èX),ÔYn>v,  article  d'un 
compte,  de  èv,  et  /oyo;,  dire,  discours. 

f  ÉLOGIER  (é-lo-ji-é),  v.  a.  Néologisme.  Louer^ 
faire  l'éloge. 

—  ÉTYM.  Éloge. 

tÉLOGIEUX,  EUSE(é-lo-ji-eû,  eû-z'),  odj".  Néo-. 
logisme.  Qui  est  rempli  d'éloges,  de  louanges.  Dis- 
cours élogieux.  Parler  en  termes  élogieux. 

—  ÉTYM.  Éloge. 
tÉLOGISTE(é-lo-ji-st'),s.  m.  Auteur  d'éloges.  Une 

infinité  d'élogistes  des  dames  illustres,  bayle,  Lett. 
à  la  Monnaye,  8  juillet  (097. 

t  ÊLOHISTE  (é-lo-i-sf) ,  adj.  Terme  de  critique 
biblique.  Fragments  élohistes,  nom  donné  par 
quelques  érudits  à  des  portions  du  Pentateuque  où 
Dieu  est  toujours  nommé  Elohim,  et  qu'ils  croient 
d'une  époque  et  d'une  source  distinctes  des  frag- 
ments dits  par  eux  jéhovistes. 

ÉLOIGNE,  ÊE  (é-loi-gné,  gnée),  part,  passé. 
Il  1°  Placé  loin.  Un  favori  éloigné  de  la  cour. 
Lyon  est  plus  éloigné  de  Paris  que  Dijon.  De- 
puis plus  de  six  mois  éloigné  de  mon  père,  J'i- 
gnore le  destin  d'une  tête  si  chère ,  bac.  Phèd.  i,  (. 
Il  Terme  d'histoire  naturelle.  Écailles  éloignées, 
écailles  éparses  à  la  surface  du  corps  de  l'animal 
sans  se  toucher.  ||  Feuilles  éloignées,  feuilles  plus 
distantes  entre  elles  qu'elles  ne  le  sont  dans  la  plu- 
part des  plantes.  ||  2°  Qui  est  au  loin,  dans  l'espace 
ou  dans  le  temps.  Pays,  temps  éloigné.  Les  biens 
qu'ils  font  s'étendent  jusque  dans  les  siècles  les  plus 
éloignés,  FÉN.  Tél.  xxiv  .  ||  3"llse  dit  de  ce  qui  est  sé- 
paré par  un  intervalle  que  l'on  compare  à  une  dis- 
tance matérielle.  On  voit,  et  dans  sa  maison  et  dans 
s*  conduite,  avec  des  mœurs  sans  reproches,  tout 
égaleuent  éloigné  des  extrémités,  boss.  le  Tellier.  11 


n'y  a  point  d'avantages  trop  éloignés  à  qui  s'y  prépare 
par  la  patience,  la  bruy.  xii.  ||  4°  Qui  s'écarte,  qui 
diffère.  Ce  récit  est  éloigné  de  la  vérité.  Aussi,  comme 
son  but  est  dilVérent  du  mien,  Je  dois  prendre  un  che- 
min fort  éloigné  du  sien,  corn.  Suite  du  Uent.ii, 
3.  L'esprit  de  l'Église  est  bien  éloigné  de  ces  maxi- 
mes, PASC.  Prov.  *i.\\  Adverbialement.  Bien  éloigné 
que  les  explications  excusent  le  livre,  elles  en  dé- 
couvrent.... BOSs.  Préf.  Cet  emploi  n'est  plus  guère 
usité;  on  dit  plutôt  bien  loin  que.  ||  6°  U  se  dit  des 
personnes  en  un  sens  analogue.  Être  bien  éloigné 
de  faire  une  chose,  n'en  point  avoir  l'intention  ou 
le  pouvoir.  U  était  bien  éloigné  de  jouir  du  plaisir 
de  cette  victoire,  fén.  Tél.  xvi.  Jamais  femme  ne 
fut  plus  éloignée  de  toute  espèce  de  coquetterie, 
M*  DE  GENLIS,  Théât.  d'édue.  la  Mère  rivale,  l,  S. 
Il  Être  bien  éloigné  de  compte,  n'être  pas  d'accord 
avec  quelqu'un.  ||  Être  éloigné  de  son  compte,  se 
tromper  dans  ses  prévisions. 

ÉLOIGNEMENT  (é-loi-gne-man),  s.  m.  ||  l"  Ac- 
tion d'éloigner  ou  de  s'éloigner.  L'éloignement  des 
personnes  les  plus  suspectes.  Après  l'éloignement 
d'un  flatteur  de  Décie,  corn.  Poly.  v,  2.  Et  mon 
éloignement  remettra  son  esprit,  id.  Nicom.  iv,  2. 
Accordez-moi  sa  grâce  ou  mon  éloignement,  rotb. 
Vencesl.ni,  7.  ||  Terme  de  dévotion.  Vivre  dans  un 
grand  éloignement  de  Dieu,  c'est-à-dire  vivre  dans 
une  grande  inattention  pour  les  choses  de  son  salut. 
Il  2°  Absence.  La  prodigieuse  mémoire  de  ce  prince 
[le  frère  de  Louis  XHI]  est  une  des  considérations  qui 
m'a  autant  consolé  durant  cet  éloignement;  car  je 
suis  assuré  que  j'y  suis  encore,  puisque  j'ai  eu  l'hon- 
neur d'y  être  autrefois,  voit.  Lett.  39.  Que  pourrais-je 
espérer  d'une  amitié  passée.  Qu'un  long  éloigne- 
ment n'a  que  trop  effacée?  bac.  Théb.  ii,  3.  Je  pré- 
vois la  rigueur  d'un  long  éloignement,  id.  Iphig. 
II,  2.  Il  3°  Distance  d'un  lieu  à  un  autre.  L'éloigne- 
ment de  nos  demeures  nous  empêche  de  nous  voir 
souvent.  L'immense  éloignement  [des  planètes],  le 
point  et  sa  vitesse,  Celle  aussi  de  nos  passions,  Per- 
mettent-ils à  leur  faiblesse  [des  astrologues]  De 
suivre  pas  à  pas  toutes  nos  actions?  la  font.  Fabl. 
VIII,  (6.  Dans  l'éloignement  où  il  voit  les  hommes, 
il  est  effrayé  de  leur  petitesse,  la  bruy.  i.  ||  Dans 
l'éloignement,  en  éloignement,  c'est-à-dire  au  loin, 
dans  le  lointain.  Dans  l'éloignement,  on  voit  des 
bergers. Vers  une  habitation  rustique  qui  paraissait  en 
éloignement.  hamilt.  Les  quatre  facardins ,  p.  272. 
Il  aperçoit  distinctement  une  lumière  dans  l'éloigne- 
ment, M"*  DE  GENLIS,  Veillées  du  château,  t.  i, 
p.  544,  dans  POUGENS.  ||  Fig.  L'imagination  fait  voir 
comme  en  éloignement  les  agitations  du  monde, 
FLÉCH.  Dauph.  Ce  sont  là  de  ces  traits  qu'on  ne 
peut  montrer  qu'en  éloignement,  mass.  Or.  (un. 
Villars.  Le  monde,  vu  de  près,  ne  se  soutient  pas 
longtemps  contre  lui-même;  mais  en  éloignement  il 
en  impose,  ID.  Profess.  relig.  Serm.  4.  ||  4"  La  dis- 
tance dans  le  temps.  L'éloignement  ♦"s  temps  rend 
fort  obscurs  les  dètalbi  de  cet  événemjnt.  Soit  que^ 
jeune,  on  craigne  moins  la  mort,  par  l'instinct  de 
son  éloignement,  ou  qu'à  cet  âge,  riche  de  jours  et 
prodigue  de  tout,  on  prodigue  sa  vie  comme  les  ri- 
ches leur  fortune,  sf.GUR,  Ilist.  de  Napol.  ix,  2. 
Il  Voir  de  grands  biens  en  éloignement,  avoir  à  es- 
pérer une  riche  succession.  Académie.  ||  5°  Éloi- 
gnement d'une  chose,  ou,  seulement,  éloigne- 
ment, retardement.  Le  moindre  éloignement  A  votre 
impatience  est  un  cruel  tourment,  rac.  Alex,  m, 
t.  Il  6°  Antipathie,  répugnance.  Il  a  de  l'éloigne- 
ment pour  cette  personne,  pour  cette  profession.  X 
quoi  bon  affecter  des  éloignements  qui  ne  servent 
à  rien?  Il  avait  de  l'éloignement  de  servir  dans  les 
couvents,  boss.  Lett.  relig.  98.  Il  leur  inspirait  un 
extrême  éloignement  de  leur  impiété,  id.  Hist.  il, 
3.  L'éloignement  qu'il  fait  paraître  pour  la  vérité, 
mass.  Av.  Épiph.  U  faut  avouer  que  le  roi ,  dans  les 
premiers  temps,  eut  plus  d'éloignement  que  d  incli- 
nation pour  Mme  de  Maintenon,  M"*  de  caylus, 
Souvenirs,  p.  78,  dans  pougens. 

—  HIST.  xra"  s.  Mes  en  aucun  cas  eles  n'i  ont 
pas  bon  demeurer,  ainçois  doivent  estre  escusées 
de  l'eslongnement,  s'eles  le  font,  beaum.  lvii,  4. 
Il  xvf  s.  L'esloignement  que  de  vous  [loin  de  vous] 
je  veux  faire.  N'est  pour  vouloir  m'exempter  et  def- 
faire  De  vostre  amour,  encor  moins  du  service, 
MAROT  I,  35-.  Vostre  prochain  et  triste  eslongne- 
meiit,'sT-GELAis,  p.  20,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Éloigner. 

ÉLOIGNER  (é  loi-gné;  on  a  prononcé  aussi  é-lo- 
gné,  et  Ménage  condamne  cette  prononciation;  au 
contraire,  Chifflet,  Gramm.  p.  200,  recommande  de 
prononcer  élogner),ti.  o.  {|  1°  Mettre  loin.  Eloignant 
les  postes  les  uns  des  autres.  Éloigner  cette  table,  cette 

l.  —  16T 


1330 


ÉLO 


chaiss  du  feu.  Éloignez  cela  de  moi.  Lo  tyran,  du 
palaii  nou»  a  tous  éloignés,  corn.  Ilérad.  iv,  6. 
Voici  l'insUnt  qui  va  nous  éloigner,  volt.  Brut. 
IV  ».  Dans  les  moments  où  le  combat  s'engage, 
M'élûigner  du  danger,  c'est  trop  msj  faire  outrage, 
ID.  Soph.  I,  4.  Il  Par  extension.  Le  roi  éloigna  ce 
favori.  Eloigner  un  jeune  homme  des  mauvaises  com- 
pagnies. Il  î"  Il  se  dit  du  temps.  Cha(|ue  jour  nous 
éloigne  de  cette  époque.  ||  Retarder,  différer.  Éloigner 
un  payement,  jj  3°  Rejeter,  éviter,  détourner.  Éloi- 
gnez de  vous  ces  pensées.  Le  travail  éloigne  le  vice. 
Considérons  encore  une  fois  devant  Dieu  et  en  éloi- 
gnant l'esprit  de  dispute,  ce  qu'on  a  prouvé  par  tant 
de  faits,  tirés  par  exemple  de  l'histoire  de  l'aria- 
nisme,  BOSs.Tar.  2' instruct.  past.%  H 5.  ||  Éloigner 
de,  avec  un  verbe  à  l'infinitif.  Cet  organe  des  dieux 
[un  oracle]  put  se  laisser  gagner  X  ceux  que  ma 
naissance  éloignait  de  régner,  corn.  Œd.  m,  B. 
Une  modestie  qui  l'éloigné  de  penser  qu'il  fasse  le 
moindre  plaisir,  la  bruy.  ii.  ||  4°  Oter  l'affection. 
Rien  n'est  plus  capaWe  d'éloigner  les  cœurs,  les 
esprits.  ||  B°  S'éloigner,  v.  réfl.  S'en  aller,  quitter 
un  lieu.  Il  s'éloignait  à  pas  lents.  Éloignez-vous  un 
peu.  Pour  éviter  l'inceste.  Je  n'ai  qu'à  m'éloigner  de 
ce  climat  funeste,  corn.  Héracl.  ii,  2.  La  galère 
s'éloigne  avec  son  espérance,  id.  Nieom.  v,  B.  Tu 
t'éloignes  de  nous  pour  consulter  un  homme  Qui 
n'est  que  trop  connu  dans  la  ville  de  Rome,  mair. 
Mort  d'Asdrub.  Je  sens  bien  que  sans  vous  je  ne 
saurais  plus  vivre.  Que  mou  cœur  de  moi-même  est 
prêt  à  s'éloigner,  rac.  Bérén.  iv,  5.  Qu'on  s'éloigne 
un  moment,  id.  Esth.  i,  3.  ||  Terme  de  peinture. 
Celte  figure  s'éloigne  bien,  elle  fuit  bien.  ||  6°  Fig. 
S'éloigner  de  son  devoir,  y  manquer.  S'éloigner  du 
respect  que  l'on  doit  à  qu^qu'un  ,  maucroix, 
Schisrr\e,  liv.  i,  dans  ricbelet.  ||  S'éloigner  des 
vues,  des  intentions  de  quelqu'un,  ne  pas  s'y  con- 
former. Il  7°  Ne  pas  s'éloigner  de,  n'être  pas  loin  de, 
n'avoir  pas  de  répugnance  à.  Il  ne  s'éloigne  pas 
d'accepter  les  offres  que  vous  lui  faites.  Il  ne  paraît 
pas  qu'il  s'éloigne  fort  des  propositions.  ||  S°  Être 
différent.  Ces  deux  doctrines  s'éloignent  peu  l'une 
de  l'autre. 

—  REM.  Malherbe  et  Corneille  ont  dit  éloigner 
activement  pour  s'éloigner  de  :  Le  soleil  qui  dé 
daigne  une  telle  carrière,  Puisqu'il  faut  qu'il  dé- 
loge, éloigne  sa  barrière,  malh.  i,  *.  Ses  vaisseaux 
en  bon  ordre  ont  éloigné  la  ville,  corn.  M.  de  Pomp. 
m,  4.  C'est  un  archaïsme  et  une  locution  d'ailleurs 
analogue  h  celle  qu'on  a  conservée,  et  qui  emploie 
approcher  de  la  même  façon  :  approcher  une  ville, 
pour  s'en  approcher. 

—  SYN.  ÉLOIGNER,  ÉCARTER.  Éloigner,  c'est  mettre 
au  loin;  écarter,  c'est  mettre  à  l'écart;  là  est  déjà 
une  première  nuance.  De  plus,  éloigner  signifie 
seulement  que  l'on  veut  mettre  loin  ce  qu'on  éloigne, 
tandis  que  écarter  exprime  que  l'on  désire  se  dé- 
barrasser de  ce  qu'on  écarte. 

—  HIST.  XI*  s.  Près  est  de  Deu  e  des  règnes  del 
ciel;  Par  nule  guise  ne  s'en  volt  esluiner,  SI  Alea:is, 
xxxvi.  Il  XII*  s.  Et  si  enemi  se  esloignierent  par  paor 
de  lui,  Hachab.  i,  3.  Un  seul  petit  [seulement  un 
peu]  des  autres  s'eslongna,  Ronc.  p.  <68.  Par  quel 
forfait  et  par  quel  mesprison  M'avez,  Amours,  de 
vous  si  esloignié?  Couc»,  vu.  Mais  la  pitié  de  Deu 
ne  volt  [veut]  nul  esluignier.  Th.  le  mart.  32.  Dune 
l'unt  saisi  as  puinz  li  fil  à  l'aversier,  S'il  comencent 
forment  à  traire  e  à  sachier.  Mais  del  pilier  nel 
purent  ester  ne  esluignier,  ib.  <48.  ||xiii*  s.  Amis, 
trop  vous  font  eslongier  De  moi  félon  et  losengier, 
Rotr^ancero,  p.  42.  Li  empereres  Morchufies  n'est 
mie  à  celui  jour  esloingié  de  Constantinople  plus  de 
quatre  journées,  villeh.  cxiii.  Lors  appela  Pieron 
do  Douay  et  li  dist  que....  il,  por  Deu,  ne  l'eslongast 
pas,  que  il  tout  adiès  ne  li  fust  priés  en  ceste  be- 
soigne,  par  son  cors  garder,  id.  vu.  Entreuz  que 
[pendant  que]  Berte  fu  de  Pépin  esloignié,  Berte, 
hx.  Quant  li  rois  Pépins  fu  du  manoir  eslongiés, 
ib.  cxx.  A  poi  que  li  cuers  ne  me  part,  Quaut  de  la 
rose  me  souvient.  Que  si  eslongnier  me  convient, 
la  Roi:e,  2S)7h.  Un  chevalier  cuida  descendre  de  la 
grant  nef  en  la  barge  de  cantiers,  et  la  barge  es- 
loigna,  et  cheï  en  la  mer  et  fu  noyé,  joinv.  2(4. 
Il  XV*  s.  Si  partit  de  nuit  [messireJean  de  Neufville] 
monté  sur  fleur  de  coursier  et  esloigna  les  Escots 
(s'éloigna  des  Écossais] ,  car  il  savoit  les  adresses  et 
les  refuites  du  pays,  fhoiss.i,i,  (64.  Jeesloigneroye 
jallongerais]  ma  matière  pour  deviser  l'assiette  de 
tous  les  coups  d'un  chacun,  laquelle  chose  pourroit 
tourner  aux  oyans  à  ennui,  Bouciq.  1,  te.  Et  se 
commença  &  eslongner  d'elle  l'evesque  de  Lyege, 
COMU.  VI,  ï.  Il  XVI*  s.  Besoin  luy  est  d'eslongner  la 
personne  A  qui  son  cœur  énamouré  se  donne,  Uk- 


ELO 

BOT,  I,  t«ï.  Mais  il  n'est  pas  heure  de  l'eslongnier 
[do  la  quitter],  marg.  Lett.  3.  J'ai  prié  le  roy  de 
Navarre,  que  l'on  eslongnastde  cette  ville  ceulx  qui 
estoient  au  dit  evesque,  id.  ib.  no  U  n'est  nulle 
pire  prison  que  d'ung  corps  en  liberté  eslongnant 
les  lieux  où  son  cœur  est  aresté,  id.  ib.  66.  Estre 
esloingné  de  vouloir....  mont,  i,  25.  Tu  as  bien 
largement  affaire  chez  toy,  ne  t'esloingne  pas,  id. 
IV,  (47.  Estant  esloingné  de  France,  et  encoresplus 
esloingné  d'un  tel  pensement,  id.iv,  (49.  Estant 
devenu  si  amoureux  de  ceste  femme,  qu'il  ne  la 
pouvoit  esliigner  de  veue,  amyot,  LucuU.  (2. 

ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  loin;  Berry, 

aloigner;  provenç.  esloigriar,  eslueingnar. 

t  ÉLONGATION  (élon-ga-sion),  s.f.  ||  1°  Terme 
d'astronomie.  Distance  angulaire, vue  delà  terre,  en- 
tre le  soleil  et  une  planète.  ||  Élongation  de  deux  pla- 
nètes, la  différence  qui  se  trouve  entre  leur  mou- 
vement. Il  2°  Terme  de  chirurgie.  Distension  des 
ligaments  d'une  articulation,  avec  allongement  du 
membre,  sans  déboîtement  complet. 

—  HiST.  XVI*  s.  Luxation  par  elungation  ou  eslar- 
gissement  desligamens,  paré,  xiv,  (. 

—  ÉTYM.  Lat.  elongare,  allonger,  de  e,  et  lon- 
gus,  long. 

f  ÉLONGER  (é-lon-jé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Se  dit  pour  longer  et  pour  allonger. 

—  HIST.  xiii*  s.  Il  seroient  folz  ceulz  qui  servi- 
roient  Dieu,  se  nous  ne  cuidien  que  il  eust  pooir  de 
nous  eslongier  [allonger]  nos  vies  et  de  nous  gar- 
der de  mal  et  de  mescheance,  ioinv.  230.  ||  xv*  s. 
Que  vous  elongeroie  je  [allongerais-je]  la  matière? 
FROISS.  1,  I,  <7. 

—  ÉTYM.  Lat.  elongare  (voy.  élongation). 

f  ÉLONGIS  (é-lon-ji),  s.  m.  plur.  Ancien  terme  de 
marine.  Nom  de  deux  barres  de  bois  placées  de 
chaque  côté  des  mâts. 

ÉLOQUEMMENT  (é-lo-ka-man),  adv.  Avec  élo- 
quence. U  a  éloquemment  parlé.  U  a  plaidé  élo- 
quemment. 

—  ÉTYM.  Éloquent,  et  le  suffixe  ment. 
ÉLOQUENCE    ( é-lo-kan-s') ,    s.   f.  ||  1°  Facilité  à 

s'exprimer.  ||  2°  Par  antonomase.  L'art,  le  talent 
d'émouvoir  et  de  persuader  par  le  bien  dire.  Vive 
source  autrefois  d'amour  et  d'éloquence,  mair.  So- 
phon.  V,  9.  Je  hais  les  pièces  d'éloquence  Hors  de 
leur  place  et  qui  n'ont  pas  de  fin,  la  font.  Fabl.  ix, 
B.  X  ces  mots,  il  se  couche;  et  chacun,  étonné.  Ad- 
mire le  grand  cœur,  le  bon  sens,  l'éloquence  Du 
sauvage  ainsi  prosterné,  id.  Fabl.  xi,  7.  L'élo- 
quence est  un  art  de  dire  les  choses  de  telle  façon , 
(°  que  ceux  à  qui  l'on  parle  puissent  les  entendre 
sans  peine  et  avec  plaisir;  2°  qu'ils  s'y  sentent  in- 
téressés, en  sqrte  que  l'amour-propre  les  porte  plus 
volontiers  à  y  faire  réfiexion;  elle  consiste  donc  dans 
une  correspondance  qu'on  tâche  d'établir  entre  l'es- 
prit et  le  cœur  de  ceux  à  qui  l'on  parle  d'un  côté,  et 
de  l'autre  les  pensées  et  les  expressions  dont  on  se 
.sert,  PASC.  Pensées,  t.  i,  p.  379,  édit.  Lahure.  L'é- 
loquence est  un  don  de  l'âme,  lequel  nous  rend 
maîtres  du  cœur  et  de  l'esprit  des  autres,  la  bruy. 
I.  Que  dis-jel  en  ce  moment  Calchas,  Nestor, 
Ulysse,  De  leur  vaine  éloquence  employant  l'arti- 
fice, RAC.  Iphig.  II,  7.  L'éloquence  est  un  art  sérieux 
et  qui  ne  joue  point  un  personnage  ;  jamais  un 
homme  de  génie,  pour  faire  parade  d'éloquence,  ne 
perdit  son  temps  à  invectiver  Tarquin  ou  Sylla,  ou 
à  s'efforcer  d'engager  Alexandre  à  vivre  en  repos, 
TURGOT,  Ébauche  du  2*  dise.  Progrès  de  l'esprit  hu- 
main, p.  302.  CicéroD,  qui  d'un  traître  a  puni  l'in- 
solence. Ne  sert  la  liberté  que  par  son  éloquence, 
VOLT.  If.  de  César,  ii ,  4.  si  nous  avons  d'autres  lois 
de  physique  que  celles  de  votre  temps  [le  temps  de 
Cicéron],  nous  n'avons  point  d'autre  règle  d'élo- 
quence; et  voilà  peut-être  de  quoi  terminer  la  que- 
relle entre  les  anciens  elles  modernes,  id.  Dial.  (3. 
Mais  de  la  poésie  usurpant  les  pinceaux.  Et  du  nom 
de  vertus  sanctifiant  sa  pro.se.  Par  la  pompe  des 
mots  l'éloquence  en  impose,  GiLni.RT,A'17//"  siècle. 
Ils  ont  senti  que  l'éloquence  était  une  puissance 
dont  il  fallait  se  défier  comme  de  toutes  les  autres, 
MIRABEAU,  Collection,  t.  I,  p.  4.  Venez,  votre  élo- 
quence, auguste,  charitable,  Peut  être  amollira 
cette  &me  impitoyable,  lemerc.  Frédég.  et  Bruneh. 
IV,  B.  C'est  après  soixante  ans  que,  par  curiosité, 
par  étude,  ouvrant  un  livre  [de  J.  J.  Rousseau]  dont 
les  pages  sont  encore  animées  d'une  éloquence  qui 
ne  passera  pas....  villemain,  Littér.  Tabl.  du  xvni* 
siècle,  2"  partie,  2*  leçon.  ||  Le  dieu  de  l'éloquence, 
Mercure.  11  [Jupiter]  part  avec  son  fils,  le  dieu  de 
l'éloquence,  la  fokt.  Phil.  et  Bauc.  \\  L'éloquence 
du  cœur,  langage  éloquent,  qui  émeut,  qui  per- 
suade, et  qui  est  suggéré  non  par  l'esprit,  mais  par) 


ELU 

le  cœur.  Croyais-tu  que  son  cœur....  Pour  la  per- 
suader trouvât  tant  d'éloquence?  rac.  Bajax.  m,  3. 
Ah!  que  la  vérité  nous  donne  d'éloquence!  c.df.lat. 
Farta,  1,1.  ||  Par  extension.  I.a  physionomie,  le  geste 
ont  leur  éloquence.  ||  On  dit  qu'une  chose  a  de  l'élo- 
quence, quand  l'aspect  seul  parle  pour  ainsi  dire. 
Les  faits  ont  leur  éloquence.  Puis  il  regagna  Malo- 
iaroslavetz,  où  le  vice-roi  lui  montra  les  obstacles 
vaincus  la  veille  ;  la  terre  elle-même  en  disait  assez  : 
jamais  champ  de  bataille  ne  fut  d'une  plis  terrible 
éloquence,  séouR,  Hist.  de  Sap.  ix,  4.  ||  3"  Il  se  dit 
d'un  genre  d'élocution.  L'éloquence  delà  chaire, du 
barreau,  de  la  tribune.  ||  4°  Eloquence  est  quelque- 
fois pris  dans  le  sens  de  rhétorique.  Quand  on  parle 
des  régies  de  l'éloquence,  c'est  d'une  science  qu'il 
s'agit,  non  d'un  talent  ou  d'une  disposition  innée. 
Il  6°  Dans  quelques  circonstances  l'éloquence  s'op- 
pose à  la  poésie,  et  signifie  l'ensemble  des  ouvrages 
en  prose  écrits  dans  une  langue.  Un  cours  d'élo- 
quence latine. 

—  SYN.  ÉLOODENCE,  RHÉTORIQUE.  L'éloquence  est 
proprement  l'art  ou  le  talent  de  parler;  la  rhétori- 
que est  l'ensemble  des  préceptes  ou  des  exemple» 
qui  font  apprendre  cet  art. 

—  HIST.  xii*  s.  Si  esteit  de  grant  éloquence.  Et 
parleit  par  grant  sapience,  wace.  Vierge  Marie,  p.  3. 
Il  xiii*  s.  Ki  [celui  à  qui]  Deus  ad  doné  en  science  De 
parler  la  bone  éloquence.  Ne  s'en  deit  taisir  ni  ce- 
ler, MARIE,  Prologue.  ||  xv*  s.  Il  me  semble  que 
autres  fois  vous  ay  veu  ailleurs  que  cy.  Sire,  dist 
Estonne,  que  pensez-vous  que  je  soye  ?  Certes,  sire, 
à  voslre  éloquence  [parler],  il  m'est  advis  que  vou» 
estes  Estonne,  le  conte  des  déserts  d'Escosse,  Perce- 
forest,  t.  III,  f^  B5.  Il  XVI*  s.  Je  ne  douteraydedonner 
ici  à  chacun  d'eux  son  éloquence  [éloge] ,  pasquier, 
Recherches,  p.  634,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Provenc.  eloquencia,  eloquensa  ;  esp&gn. 
eloquencia  ;  ital.  eloqucniia  ;  du  latin  eloquentia, 
iTeloquens  (voy.  éloquent). 

ÉLOQUENT,  ENTE^é-lokan,  kan-t'),  adj.  ||  l'Qui 
a  de  l'éloquence.  Un  homme  éloquent.  Toujours  élo- 
quents à  décrier  le  monde,  toujours  plus  vifs  à  l'ai- 
mer, MASS.  Or.  fun.  Dauphin.  ]\  %'  Par  extension. 
Un  discours,  un  style  éloquent.  S'exprimer  en  ter- 
mes éloquents.  ||  3*  Fig.  Une  colère  éloquente.  Un 
silence  éloquent.  L'autre,  avec  des  regards  élo- 
quents, pleins  d'amour.  L'a  de  ses  feux,  madame, 
assurée  à  son  tour,  rac.  Baj.  iii,  2.  ||  Proverbe.  Il 
n'y  a  rien  de  plus  éloquent  que  l'argent  comptant. 

—  HIST.  XIV*  s.  Menenius  Agrippa,  homme  très 
éloquent,  bercheure,  f°  39  Icy  gist  le  roy  Charles 
le  quint  sage  et  éloquent,  dom  felibien,  Hist.  de 
l'abbaye  de  Saint-Denis ,  p.  B5«.  ||  xv*  s.  Voici  un 
maistre  breuvage;  Certes,  se  j'en  beuvoy  souvent, 
Je  deviendroy  fort  éloquent,  basselin,  ii. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eloquen;  espagn.  et  ital.  élo- 
quente; du  latin  eloquentem,  d'eloqui,  parler,  de«, 
et  loqtii,  parler  (voy.  loquacité). 

ÉLU,  DE  (é-lu,  lue),  par»,  passé  d'élire. 
Il  1°  Nommé  par  suffrages.  Un  magistrat  élu  pour 
tant  d'années.  ||  Domicile  élu,  voy.  domicile. 
Il  Substantivement.  Le  nouvel  élu.  Les  élus  du  peu- 
ple. Il  2°  S.  m.  Terme  mystique.  Les  élus,  ceux 
que  la  grâce  prédestine  au  bonheur  céleste.  Mais 
ces  .secrets  pour  vous  sont  fâcheux  à  compren- 
dre. Ce  n'est  qu'à  ses  élus  que  Dieu  les  fait  enten- 
dre, corn.  /'oit/,  v,  2.  Si  les  lois  de  l'État  s'oppo- 
sent à  son  salut  éternel  [d'Henriette  d'Angleterre], 
Dieu  ébranlera  tout  l'État  pour  l'affranchir  de  ces 
lois;  il  met  les  âmes  à  ce  prix;  il  remue  le  ciel  et  la 
terre  pour  enfanter  ses  élus,  Boss.  Duch.  d'Orl.  Ce 
grand  Dieu  avait  ses  élus  dans  la  race  d'ÉsaU,  id. 
Uist.  n,  3.  La  miséricorde  de  Dieu  ne  voulait  que  se 
former  un  élu,  mass.  Profess.  rcl.  Serm.  (.  C'est 
moi  qui  marque  leur  séjour.  Aux  réprouvés  de  ma 
colère,  Comme  aux  élus  de  mon  amour,  v.  bdgo, 
Odes,  1,(0.  (Moïse)  Sous  les  traits  d'un  enfant  dé- 
laissé sur  les  flots.  C'est  l'élu  du  Sina,  c'est  le  ro'. 
des  fléaux,  in.  ib.  iv,  34.  ||  Par  extension  et  dan» 
le  langage  général.  Un  élu  de  cette  vie,  un  homme 
prédestiné  au  bonheur  sur  la  terre.  Qui  vit  auprès 
d'Emilie ,  Ou  bien  auprès  de  Richelieu,  Est  un  élu  de 
cette  vie,  volt.  Poés.  mél.  utxxvm.  ||  3°  Nom  qu'on 
donnait,  dans  les  premiers  siècles  de  l'Église,  aux 
catéchumènes  bien  instruits,  qui  étaient  élus,  c'est- 
à-dire  choisis  pour  le  baptême.  ||  Titre  donné  dan* 
le  manichéisme  aux  dépositaires  de  tous  les  secret» 
de  la  secte.  ||  4*  Nom  des  juges  du  tribunal  de  l'é- 
lection, parce  que,  dans  l'origine  de  cette  institu- 
tion, on  les  choisissait  par  élection  pour  imposer  le» 
tailles.  Il  On  désignait  la  femme  de  l'élu  sous  le  nom 
d'élue.  Vous  irez  visiter  pour  votre  bienvenue  Ma- 
dame K  baillive  et  madame  l'élue,  mol.  Tart.  ii,  J. 


ÉLU 

— HIST.  xii"  S.  Les  pensées  des  élis  quant  sles 
voient  com  nules  sont  toutes  les  tiespassans  choses.... 
Joi,  49S.  De  ses  barons  esliz  [d'élite],  iionc.  p.  ». 
Li  cuens  [comte]  Kolant  fu  chevaliers  esliz,  i\>.  p. 
il.  [Les  messagers]  Qui  bon  chevalier  sont,  pru- 
dhome  et  esleU,  Sax.  xxviii.  |]  xiii*  s.  Et  ot  li  el- 
leus  de  Biauvais  la  disme  des  clers  de  par  l'apos- 
tole,  Chr.  de  Rains,  p.  90.  0  [aveoj  les  ellus  el- 
lus  seraz,  0  les  pervers  pervers  seraz.  Psaumes  en 
vers,  dans  Liber  psalm.  p.  272.  ||  xv"  s.  Six  cens 
hommes   esleus  [d'élite],  comm.  vi,  4. 

—  ÉTYM.  Élire  avait,  dans  l'ancienne  langue, 
deux  participes,  l'un  plus  ancien  eslit  (d'où  élite), 
formé  du  participe  latin  eleclus,  l'autre  esleû,  formé 
directemjnt  par  la  conjugaison  romane  du  verbe 
ilire. 

t  ÉLCCIDATION  (é-Iu-si-da-sion) ,  i.  f.  Terme 
didactique.  Action  d'élucider.  L'élucidation  d'un 
texte  obscur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Elucidation,  cotgbave. 

—  ÉTYM.  Élucider. 

f  ÉLUCIDER  (é-lu-si-dé),  v.  a.  Terme  didactique. 
Rendre  lucide,  éclaircir.  Un  passage  élucidé.  Élu- 
cliler  une  question.  ||  S'élucider,  v.  réfl.  S'éclaircir. 
Ses  idées  finissaient  par  s'élucider. 

—  HIST.  XVI".  Elucider,  cotgrave. 

~  ÉTYM.  Lat.  elucidare,  rendre  clair,  de  e,  et 
lucidus,  lucide. 

t  ÉLUCUBRATECR  (é-lu-ku-bra-teur) ,  s.  m. 
Néologisme.  Celui  qui  se  livre  aux  élucubrations,  à 
des  travaux  longs  et  assidus. 

—  ÉTYM.  Élucubrer. 

ÉLUCOBRATION  (  é-lu-ku-bra-sion  ;  en' vers,  de 
six  syllabes)  ,  s.  f.  ||  1°  Veilles,  travail  qu'un  ou- 
vrage a  coûté.  Tel  est  le  fruit  de  ses  élucubrations. 
[I  2°  Ouvrage  composé  à  force  de  veilles  et  de  tra- 
vail. 11  nous  présenta  ses  élucubrations.  ]]  Ce  mot  ne 
se  dit  guère  qu'au  pluriel,  et  souvent  dans  un  sens 
moqueur. 

—  HIST.  xvi*  s.  Mais  on  les  y  attend,  si  leurs  lu- 
cubrations  le  méritent,  Sat.  Min.  p.  236. 

—  ÈTY.M.  Lat.  elucuhrationem ,  d'eiucubrort, 
élucubrer. 

t  ÉLCCDBRER  (é-lu-liu-bré),  v.  a.  Néologisme. 
Composer  à  force  de  veilles.  Élucubrer  un  ouvrage. 

—  ÉTYM.  Lat.  clucubraii,  de  e,  et  lucubrare, 
travailler  à  la  lumière  de  la  lampe. 

t  ÉLUDABLE  (é-lu-da-bl'),  adj.  Néologisme.  Que 
l'on  peut  éluder. 

—  ÉTYM.  Éluder. 

ÉLUDÉ,  ÉE  (é-lu-dé,  dée) ,  part,  passé.  Des  pro- 
positions éludées.  Une  difficulté  éludée.  Vous  ver- 
riez des  instances  éludées,  des  espérances  mépri- 
sées.... MASS.  Or.  fun.  Villars. 

ÉLUDER  (é-ludi),  v.  a.\\i'  Éviter  en  échap- 
pant, comme  par  une  sorte  dejeu.  Éluder  une  ques- 
tion. Éluder  une  promesse.  Ils  éludèrent  la  loi. 
Eluder  les  traités.  Les  poursuites  furent  éludées. 
Alexandre,  coupant  le  nœud  gordien ,  éluda  l'ora- 
cle, ou  il  l'accomplit,  vaucel.  Q.  C.  liv.  v,  dans 
mciiELET.  De  lâches  coups  d'État  dont  en  l'âme  on 
se  loue.  Et  qu'une  absence  élude....  Corn.  Su- 
rina, V,  3.  Comme  la  partie  n'est  pas  égale,  il  faut 
user  de  stratagème  ot  éluder  adroitement  le  mal- 
heur qui  me  cherche,  mol.  Festin,  n,  to.  M.  Claude 
était  le  plus  subtil  de  tous  les  hommes  à  éluder  les 
décisions  de  son  Église  lorsqu'elles  l'incommodaient, 
Eoss.  Yar.  xv,  §  29.  l'ar  combien  de  détours  L'in- 
sehsible  a  longtemps  éludé  mes  discours!  kac. 
fhèd.  m,  1.  Ce  fut  pour  éluder  cette  embuscade 
qu'il  prit....  HAMiLT.  Gramm.  B.  Ses  ennemis  ne 
cherchaient  par  ces  détours  qu'à  éluder  l'exécution 
du  testament  de  son  père,  vertot,  hévol.  rom.  xiv, 
p.  306.  Au  lieu  d'éluder  sa  peine,  il  venait  la  deman- 
der à  genoux;  plus  elle  était  sévire  et  publique, 
plus  elle  rendait  le  calme  à  sa  conscience,  raynal, 
Hist.  phil.  VIII,  U.  |]  Absolument.  11  lui  plaît  d'élu- 
der et  de  temporiser,  lachaussée,  Mélanide,  m,  o. 
Il  2°  S'éluder,  s'échapper  à  soi-même.  Suspends  tous 
ces  emplois  frivoles;  Homme  vain,  c'est  trop  t'élu- 
der,  LA  MOTTE,  Odes,  t.  i,  p.  285,  dans  pougens. 
Il  Être  éludé.  De  pareilles  prescriptions  ne  s'éludent 
pas  facilement. 

—  REM.  1.  Éluder  parait  un  mot  né  vers  le  com- 
mencement du  XVII'  siècle.  Il  2.  Molière  a  dit  éluder, 
dans  le  sens  de  tromper,  avec  un  nom  de  personne  : 
J'éludais  un  chacun  d'un  deuil  si  vraisemblable  Que. 
les  plus  clairvoyants  l'auraient  cru  véritable,  l'É- 
tourdi, II,  7. 

—  ÉTYM.  Lat.  eludere,  de  e,  et  ludere,  jouer. 

i  ÉLUDEUR  (é-lu-deur),  s.  m.  Néologisme.  Celui 
qtii  élude  les  questions. 

—  ÉTYM.  Éluder. 


ÉLY 

t  ÉLUDORIOUE  (é-lu-do-ri-k'),  adj.  Peinture  élu- 
dorique,  nom  donné  à  une  manière  de  peindre  en 
miniature,  au  xviii'  siècle. 

—  ÉTYM.  'KXaiov,  huile,  et  flSwp,  eau. 

f  ÉLUTRIATION  (é-lu-tri-a-sion),  t.  f.  Ancien 
terme  de  chimie.  Synonyme  de  décantation. 

—  ÉTYM.  Lat.  elutriare,  transvaser,  de  e,  hors  de, 
et  îiouTpiov,  vase,  de  Xoûeiv,  laver  (comp.  laver). 

f  ÉLYME  (é-l:-m'),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  la  famille  des  graminées,  dont  toutes  les 
espèces  sont  des  herbes  d'un  vert  pâle  ou  glauque, 
à  racines  longues  et  traçantes,  et  recherchant  de 
préférence  les  lieux  sablonneux. 

—  ÉTYM.  'EXujjioç. 

ÉL'ySÉE  (é-li-zée),  s.  m.  ||  1»  Terme  de  la  reli- 
gion gréco-latine.  Dans  les  enfers,  le  séjour  des 
héros  et  des  hommes  vertueux  après  leur  mort.  ||  Par 
extension.  Dans  un  point  de  l'espace  inaccessible 
aux  hommes.  Il  est  un  autre  monde,  un  élysée,  un 
ciel,LAMART.  Socrale,  2C0.  ||  Fig.  Lieu,  séjour  dé- 
licieux. C'est  un  élysée.  Il  L'Elysée,  nom,  à  Paris, 
d'un  palais  qui  est  situé  dans  les  Champs-Elysées. 
Il  2°  Adj.  Les  champs  élysées.  Comme  les  méchants 
princes  souffraient,  dans  le  Tartare,  des  supplices 
infiniment  plus  rigoureux  que  les  autres  coupables 
d'une  condition  privée,  aussi  les  bons  rois  jouis- 
saient, dans  les  champs  élysées,  d'un  bonheur  infi- 
niment plus  grand  que  celui  du  reste  des  hommes 
qui  avaient  aimé  la  vertu  sur  la  terre,  fén.  Tél.  xix. 
C'était  un  mélange  de  tout  ce  que  la  vieillesse  a  de 
grave,  avec  toutes  les  grâces  de  la  jeunesse  ;  car  les 
grîlces  renaissent  même  dans  les  vieillards  les  plus 
caducs,  au  moment  où  ils  sont  introduits  dans  les 
champs  élysées ,  id.  th.  ||  Champs- Élysées,  grande 
promenade  de  Paris. 

HEM.  Les  champs  élysées ,  portion  de  l'enfer 

des  païens,  s'écrit  sans  trait  d'union;  les  Champs- 
Elysées,  promenade,  s'écrit  avec  des  majuscules  et 
un  trait  d'union. 

—  HIST.  XVI'  s.  Pour  t'en  aller  aux  beaux  champs 
élysées ,  marot,  dans  ménage.  Quand  Orpheus  revien- 
droit  d'elysée,  n.  ib.  Et  là  commença  à  parler,  di- 
sant qu'il  avolt  vu  les  diables,  avoit  parlé  à  Lucifer 
familièrement  et  fait  grand  chère  en  enfer  et  par 
les  champs  élysées,  rabel.  dans  ménage. 

—  ÉTYM.  Lat.  elysium,  et  au  pluriel  e/yst'f  (campt 
sous-entendu  ou  exprimé);  du  grec  rjXOoiov,  de  rjXu- 
Oeiv,  venir  :  les  champs  où  les  morts  se  rendent. 
Élysée  est  une  formation  irrégulière,  comme  si  le 
latin  était  elyseum. 

ÉLYSÉEN.ENNE  (é-li-zé-in,  zé-è-n'),  adj.  Qui 
appartient  à  l'élysée.  Les  ombres  élyséennes. 

—  ÉTYM.  Éhjsée. 

ÉLYSIENS  (é-li-zi-in  ou  é-li-ziin),  adj.  m.  plur.  De 
l'élysée.  Les  champs  élysiens.  Vos  champs  élysiens 
sont  bien  réjouissants,  sÉv.  409.  Jadis  certain  Mo- 
gol  vit  en  songe  un  vizir  Aux  champs  élysiens  pos- 
sesseur d'un  plaisir  Aussi  pur  qu'infini  tant  en  prix 
qu'en  durée,  la  font.  Fabl.  xi,  4. 

—  HIST.  xvi*  s.  Vien,  fusses-tu  aux  champs  ély- 
siens, MABOT,  dans  ménage.  Et  ne  pensez  pas  que 
la  béatitude  des  héros  et  semi-dieux  qui  sont  par  les 
champs  élysiens....  rabel.  dans  ménage. 

—  ÉTYM.  Lat.  elysium. 

ÉL'VTRE  (é-li-tr') ,  s.  m.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Aile  supérieure,  cornée,  qui  recouvre  les  ailes 
membraneuses  des  coléoptères,  j]  Terme  de  bota- 
nique. Synonyme  de  thèque  (  thèque  est  seul  en 
usage  présentement). 

—  ÉTYM.  "EXuTpov,  enveloppe. 

t  ÉLIfTRlTE  (é-li-tri-f),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Inflammation  du  vagin. 

—  ÉTYM.  'EXutpov,  vagin,  et  la  finale  médicale 
ite,  qui  indique  l'inflammation. 

f  ÉLYTROCËLE  (é-li-tro-sè-l'),  s,  f.  Terme  de 
chirurgie.  Hernie  vaginale. 

—  ÉTYM.  'EXuTpov,  vagin,  et  hiî'/ï),  tumeur. 

t  ÉLYTROÏDE  (é-li-tro-i-d') ,  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  ressemble  à  une  gaine.  ||  Terme  d'analo- 
mie.  Membrane  élytroïde,  prolongement  du  péri- 
toine qui  accompagne  le  testicule,  quand  celui-ci 
franchit  l'anneau  inguinal. 

—  HIST.  xvi"  s.  L'erytroïde  ou  plus  tost,  comme 
.Fallopius  la  veut  appeler,  élytroïde,  c'est-à-dire 
senjblable  à  une  gaine,  paré,  i,  33. 

—  ÉTYM.  "E'/.uTpov,  enveloppe,  et  eîôo;,  forme, 
f  ÉLYTROPLASTIE  (é-li-tro  pla-stie),  s.f.  Terme 

de  chirurgie.  Opération  par  laquelle  on  répare  une 
perte  de  substance  dans  le  vagin. 

—  ÉTYM.  'EXutpov,  vagin,  et  ■jiXàuoEiv ,  restaurer, 
f  ÉLYTROPTOSE  (é-li-tro-ptô-z') ,  s.  f.  Terme  de 

chirurgie.  Chute,  renversement  du  vagin. 

—  ÉTYM.  'EXytpov,  vagin,  et  irrûoi;,  chute. 


ÉMA 


1331 


t  ÉLYTRORRHAGIE  (é-li-tro-rra-jie) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Hémorrhagie  vaginale. 

—  ÉTYM.  'EXviTpov,  vagin,  et  fafeïv,  faire  érup- 
tion. 

t  ÉLYTRORRHAPIIIE  (éli-tro-rra-fie),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Opération  par  laquelle  on  fait 
une  suture  dans  le  vagin  soit  pour  réparer  une  dé- 
chirure, soit  pour  le  fermer  en  cas  de  chute  de  l'u- 
térus. 

—  ÉTYM.  'EXuTpov,  vagin,  et  fâitteiv,  coudre. 

t  ELZÉVIR  (ôl-zé-vir),  s.  m.  Édition  imprimée 
dans  le  xvi"  siècle  et  le  commencement  du  xvii'  par 
l'un  des  cinq  typographes  hollandais  du  nom  d'EÛé- 
vir,  tous  de  la  môme  famille.  Unbol  elzévir.  La  col- 
lection des  elzévirs.  ||  Le  nom  s'orthographiait  en 
hollandais  Elzevier. 

t  ELZÉVIRIEN,  lENNE  (èl-zé-vi-riin,  riè-n'),  adj. 
Qui  appartient  aux  Elzévirs;  qui  a  été  publié  ou 
adopté  par  les  imprimeurs  de  ce  nom.  Édition  el- 
zévirienne.  Format  eizévirien. 

t  ÉMACIATION  (é-ma-si-a-sion),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Amaigrissement. 

— HIST.  XVI'  s.  La  cause  de  la  claudication  et  de  l'e- 
maciation  [du  membre]  est  que....  paré,  xxi,  )2. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉMACIÉ. 

fÉMACIÉ,  ÊE  (é-ma-sié,  ée),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  est  amaigri,  qui  est  devenu  maigre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ceux  qui  sont  emaciés,  paré, 
XVI,  8. 

—  ÉTYM.  Lat.  emaciare,  de  e,  et  macer,  maigre 
(voy.  maigre). 

ÉMAIL  (é-mall,  Il  mouillées),  s.  m..  |]1°  Fondant 
(le  fondant  est  un  composé  de  sable  siliceux,  d'oxyde 
de  plomb,  de  soude  et  de  potasse),  que  l'on  broie 
et  auquel  on  ajoute  des  oxydes  métalliques,  réduits 
en  poudre  et  destinés,  dans  la  fusion  produite  par 
le  feu,  à  colorer  le  fondant,  tout  en  lui  laissant  sa 
translucidité.  Les  émaux  sont  fusibles.  Les  couleurs 
de  l'émail  sont  inaltérables.  ||  Émail  cloisonné, 
émail  fabriqué  à  l'aide  d'une  plaque  de  fond  sur  la- 
quelle sont  soudées  de  petites  lames  posées  vertica- 
lement (ou  de  champ)  et  contournées  de  manière  à 
former  les  figures  que  l'on  veut  obtenir.  La  réunion 
de  ces  lames  produit  des  cases  dans  chacune  des- 
quelles on  dépose  l'émail  en  poudre  (chaque  cou- 
leur dans  sa  case).  X  la  cuisson,  l'émail  fond  et  le» 
lames  ou  cloisons  le  retiennent  dans  ces  contours, 
et  empêchent  le  mélange  des  couleurs.  Lorsque  les 
cases  sont  formées,  non  par  des  lames  soudées  de 
champ  sur  le  fond,  mais  par  des  cavités  creusées  au 
ciseau  dans  l'épaisseur  de  cette  plaque  même,  on 
dit  que  l'émail  est  champlevé.  ||  Emaux  d'orfèvre, 
nom  donné  à  tout  émail  contenu  dans  une  partie 
évidée  et  creusée  dans  le  métal  par  le  travail  de 
l'outil  tranchant,  de  laboroe.  {]  Emaux  en  taille 
d'épargne,  nom  donné,  dans  le  moyen  âge,  à  un 
procédé  d'émaillerie  qui  consiste  à  décalquer  un 
dessin  sur  la  .surface  unie  du  métal,  et,  au  moyen  du 
burin,  du  oiselet  et  des  échoppes,  évider  tout  ce  qui 
n'est  pas  le  contour  du  dessin  ;  de  cette  façon  on  ob- 
tient une  véritable  gravure  en  relief;  les  espaces 
évidés  entre  ces  contours  forment  autant  de  petites 
cuves  qu'on  remplit  de  poudre  ou  de  pâte  d'émail 
de  diverses  nuances,  selon  que  l'artiste  a  combiné 
son  dessin  et  suivant  que  la  chimie  lui  vient  en  aide, 
DE  laborde.  Il  Emaux  des  peintres,  nom  donné  à  des 
plaques  de  métal  que  l'on  couvrait  d'émail  et  sur  les- 
quelles on  exécutait  de  véritables  tableaux  en  cou- 
leurs éclatantes  (xV  siècle),  de  laborue.  |j  Émaux 
de  basse  taille,  nom  donné  dans  le  moyen  âge  à  des 
plaques  d'or  ou  d'argent  que  l'on  fixait  solidement 
pour  résister  à  la  force  d'impulsion  de  l'outil,  et  sur  les- 
quelles on  traçait  légèrement  le  calque  de  son  dessin, 
et  on  gravait  ou  plutôt  l'on  ciselait  la  composition  en 
relief  avec  toutes  les  finesses  du  modelé;  puis  on  éten- 
dait, sur  cette  sculpture  d'un  très-faible  relief,  de  la 
poudre  d'émail  nuancée,  par  grandes  teintes  plates, 
de  vert  et  de  rouge  pour  les  vêtements,  de  bleu  pour 
les  ciels,  de  violacé  pour  les  carnations;  la  chaleur 
du  four  faisait  entrer  tous  ces  métaux  en  fusion,  et 
leur  donnait  le  brillant  et  la  transparence  de  la 
glace,  DE  laborde.  ||  Émaux  de  niellure,  nom  donné 
à  des  bijoux  ou  à  des  plaques  d'or  et  d'argent  doré, 
qui,  gravées  en  taille  d'épargne  ou  en  creux, étaient 
émaillées  de  noir,  de  labordb.  |1  L'émail  de  la 
porcelaine,  de  la  faïence ,  la  matière  vitreuse  dont 
on  l'enduit.  ||  2°  Nom  donné  aux  décorations  de 
peintures  appliquées  sur  métal.  ||  3°  Par  métonymie, 
nom  donné  à  la  plaque  de  métal  émaillée.  H  est 
connaisseur  en  émaux.  Les  premiers  émaux  ne  re- 
montent pas  au  delà  des  premiers  siècles  de  notra 
ère.  Il  4"  11  s'est  dit  poar  cadran  de  montre.  Peut- 
être  avant  que  l'heure  en  cercle  promenée  Ait  posé 


133i 


EMA 


sur  l'émail  brillant,  Dans  les  soixante  pas  où  sa 
course  est  bornée,  Son  pied  sonore  et  vigilant,  A. 
CHÉN.  272.  Il  6'  Fig.  Diversité,  variété  des  fleurs, 
par  assimilation  à  la  variété  des  couleurs  des  émaux. 
i^e»  fleurs  n'ont  plus  d'émail  en  leur  couleur  di- 
verse, nÉGNiBB,  Dial.  Les  soins  ne  volent  point  sur 
l'émail  des  prairies  Comme  autour  des  palais  d'une 
orageuse  cour ,  chaul.  à  Mme  de  Bouillon.  Ni  les 
«pros  frimas,  ni  les  grandes  chaleurs  N'y  ternis- 
lent  jamais  le  bel  émail  des  fleurs,  seorais,  Églo- 
i/ue  VI.  On  découvre  de  loin  une  grande  prai- 
rie toute  parée  de  l'émail  des  fleurs,  montesq. 
Temple  de  Gnide,  t.  L'île  féconde  à  la  fois  se  cou- 
ronne D'épis  dorés,  des  fruits  mûrs  de  l'automne 
Et  de  l'émail  dontbrille  le  printemps, malfil.  Narc. 
rh.  I.  Elles  flétrissont  l'émail  des  prés,  l'éclat  des 
fleurs,  J.  J.  ROUss.Prom.  7.||6''Terme  de  blason.  Se 
dit  des  couleurs  et  des  métaux  dont  un  écu  est 
chargé.  Le  blason  a  sept  émaux,  dont  deux  métaux, 
or,  argent,  et  cinq  couleurs,  gueules,  azur,  sable, 
sinople  et  pourpre.  ||  7°  Substance  qui  revêt  la  cnu- 
ronne  des  dents.  Certaines  maladies  attaquent  l'é- 
mail des  dents.  ||8°  Matière  analogue  à  l'émail,  qui 
recouvre  le  dedans  des  coquilles,  [j  9""  Terme  de  mi- 
néralogie. Émail  des  volcans,  lave  vitreuse. 

—  HIST.  xii'  s.  Et  cil  vert  haume  à  or  et  à  esmal, 
Konc.  p.  79.  Il  xiii"  s.  Nus  ne  puet  ne  ne  doit  nielre 
en  oevre  cloz  [clous]  d'evoire  ne  d'e.smail,  de  quelque 
manière  que  ce  soit,  Liv.  des  met.  212.  D'un  blanc 
esmail  fu  fais  l'image  Assise  en  l'or  par  artimage 
[sorcellerie],  FI.  et  Blanchefl.  v.  459.  ||  xiv*  s.  [Un 
anneau  d'or]  X  lettres  d'esmail  qui  luisoient,  Et  qui 
gardez-moi  bien  disoient ,  de  laborde  .  Émaux, 
p.  345.  Il  xv  s.  Entrementes  que  le  herault  parloit, 
l'escuyer  avoit  l'oeil  trop  fort  sus  un  grand  esmail 
que  le  herault  portoit  à  sa  poitrine,  froiss.  ii,  m, 
89.  Et  alla  ledit  grant  escuyer  quérir  ung  esmail 
d'ung  petit  herault  qui  esloit  à  monseigneur  l'ad- 
mirai.... COMM.  IV,  7.  Il  XVI"  s.  Les  esmails  en  se  li- 
quéfiant couleront,  paliss.  60.  J'avois  ouy  dire  que 
l'esmail  blanc  estoit  le  fondement  de  tous  les  autres 
esmaux,  ID.  3(2.  Esmail  est  une  pierre  artilicielle 
composée  de  plusieurs  matières,  id.  378. 

—  RTYM.  Provenç.  esmaut;  catal.  esmalt;  espagn. 
et  portug.  esmalte;  ital.  smallo;  bas-lat.  smallum  ; 
allem.  Schmeli;  du  germanique  :  anc.  haut-allem. 
tmelian ,  smaltjan,  fondre;  allcm.  schmehen  ; 
étymologie  que  Diez  préfère  au  latin  maltha,  sorte 
de  mortier,  laquelle  est  au  contraire  adoptée  par 
M.  de  Laborde.  Il  est  certain  que  la  dérivation  alle- 
mande rend  plus  facilement  compte  de  es  ou  s  qui 
commencent  le  mot  dans  toutes  les  langues  romanes. 
Quant  à  l'apocope  du  (  dans  la  forme  française,  on 
en  a  un  exemple  dans  l'ancien  français  gai,  pour 
galt,  bois,  de  l'allemand  Wald. 

ÉMAILLÉ,  ÉE  (é-mallé,  liée.  Il  mouillées,  et  non 
é-ma-yé),  part. passé.  \\  1°  Garni  d'émail.  Une  bague 
émaillée.  Le  chancelier  de  l'ordre  n'a  de  différence 
des  grands  officiers  laïques  que  de  n'avoir  point  le 
collier  d'or  massif  émaiUé,  saint-simon,  tii ,  82. 
Il  a°  Qui  présente  un  aspect  comparable  à  l'émail.  Des 
prairies  émaillées  de  fleurs.  Telle,  tous  les  matins, 
l'aurore  Sur  le  sein  émaillé  de  Flore  Verse  la  rosée 
et  le  jour,  corn.  fois,  d'or,  ii,  4.  X  peine  ces  pré- 
paratifs [du  printemps]  sont-ils  achevés,  qu'on  voit 
paraître  les  légions  émaillées  [les  poissons  voya- 
geurs], CHATEAUB.  Génie,  i,  v,  4.  Il  Fig.  Pour  ce 
qui  regarde  les  différentes  beautés  du  style,  sur  les- 
quelles vous  me  consultez,  je  vois  que  vous  aimez, 
comme  jeune  et  galant,  celles  qui  donnent  le  plus 
dans  la  vue,  et  je  vous  avoue  que  votre  langage  me 
paraît  trop  émaillé,  mêrè.  Œuvres  poslh.  t.  ii, 
|i.  2.  Cet  ouvrage  est  émaillé  de  tours  fins  et  de  ré- 
flexions délicates,  Mém.  de  Trév.  dans  oespontaines. 

ÉMAILLER  (é-ma-llé,  Il  mouillées,  et  non  é- 
ma-yé),  v.  a.  ||  1"  Appliquer  de  l'émail,  orner  avec 
de  l'émail.  ÉmaiUer  une  bague.  ÊinaiUer  de  la  por- 
celaine. Il  2°  Fig.  Orner,  parer,  en  parlant  des  fleurs. 
Elle  émaillé  de  fleurs  les  portes  d'Orient,  Régnier, 
Dial.  Mille  fleurs  émaillaient  les  tapis  verts....  fén. 
Tel.  I.  Et  vous,  brillantes  fleurs,  étoiles  mes  compa- 
gnes, Qui  du  bleu  firmament  émaïUez  les  campa- 
gnes, LAMART.  Méd.  Il,  8.  Il  Fig.  Con:me  on  voit  l'or 
et  l'aîur  sur  la  peau  des  foriKjuls,  vous  émaillez 
avec  les  plus  vives  couleurs  de  l'éloquence,  des  pa- 
roles venimeuses,  VOIT.  I-fill.  r>o.  ||  3»  Gig.  S'émaillor, 
V.  réfl.  Devenir  émaillé.  La  terre  sémaillait  de 
fleurs, 

BIST,  ivi»  s.  Un  annel  d'or  dont  la  vcrgo  est 
esmailléo  et  y  a  escrilp  en  la  verge  :  c'est  mon 
désir,  m  ia  borde,  Émaux, -p.  345.  ||  ivi«  s.  Es- 
mailler,  so  dit  des  choses  qui  sont  peintes  d'esmail 
Uqueflé  ou  'onda  sur  la  besongiio,  paliss.  378.  Ma 


EM.\ 

main  ne  sçait  cultiver  autre  nom.  Et  mon  papier  ne 
s'esmaille  sinon  De  leurs  beautés  que  je  sens  dedans 
l'ame,  rons.  (4....  et  à  l'envy  la  terre  où  elle  passe 
Un  pré  de  fleurs  esmaille  sous  ses  piez,  id.  24.  Si 
je  preste  l'aureille  aux  livres,  depuis  que  je  guette 
si  j'en  pourrai  fripponner  quelque  cho.çe  de  quoy 
esmailler  le  mien?  mont,  m,  77.  Ce  sont  mes  vers 
que  les  cha.stes  Charités  [Grâces]  Ont  csmaillez  de 
plus  de  cent  couleurs,  du  bellay,  il,  *,  verso. 

—  ETYM.  Émail. 
t  ÉMAILLERIE(é-ma-lle-rie,  U  mouillées,  et  non 

é-ma-ye-rie),  s.  f.  Art  de  faire  de  l'émail,  des  émaux. 
Il  ent'-nil   bien  l'émaillerie. 

—  ETYM.  ÉmaiUer. 
ÉMAILLEUR   (é-malleur,   21  mouillées,  et  non 

é-ma-yeur),  s.  m.  Celui  qui  travaille  en  émaiU  La 
lampe  de  l'émailleur.  U  proposa  à  M.  Hubin,  fameux 
émailleur  et  fort  habile  en  ces  matières,  différentes 
idées  qu'il  avait  pour  de  nouveaux  baromètres  et 
thermomètres,  fonten.  Amontons. 

—  HIST.  xiii*  s.  X  toutes  gens  de  mestier.  Orfè- 
vres, esmailleurs.  Queue  de  iienard.  ||  xv*  s.  Bro- 
deurs, ouvriers,  et  bons  entrelaiUeurs,  Et  jouelliers, 
orfèvres,  esmailleurs,  al.  chart.  Le  débat  des  deux 
fortunes. 

—  ÉTYM.  ÉmaiUer. 
ÉMAII.LURE  (é-ma-llu-r*.  Il  mouillées,   et  non 

é-ma-yu-r'),  s.  f.  \\  1°  Ouvrage  de  l'émailleur.  De 
belles  émaillures.  ||  2»  Terme  de  fauconnerie.  Taches 
rouges  qu'on  voit  sur  les  pennes  des  oiseaux  de 
proie. 

—  ÉTYM.  ÉmaiUer. 
\   ÉMANATIF,    IVE   (  é-ma-na-tif ,  ti-v'),    adj. 

Terme  didactique.  Qui  tient  à  l'émanation,  qui  s'y 
rapporte.  Honorius  III  condamne  la  physique  de 
Jean  Scot  Erigène,  quoique  le  système  émanatif 
enseigné  par  cet  auteur  du  ix'  siècle  n'eût  rien  de 
commun  avec  le  panthéisme,  tiKumu ,  Discours  sur 
rétat  des  lettres  au  xiii'  siècle,  §  xv. 

ÉMANATION  (é-ma-na-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'émaner  ;  ce  qui  émane. 
Les  odeurs  sont  des  émanations  de  certains  corps. 
Des  émanations  dangereuses  pour  la  santé.  Les 
émanations  volcaniques  des  Champs  Phlégréens. 
Il  2°  Terme  de  physique.  Émission  de  particules  lu- 
mineuses, dans  le  système  qui  attribue  la  lumière  à 
l'émission  de  corpuscules.  ||  3°  Fig.  L'autorité  de 
l'Eglise  est  une  émanation  de  la  puissance  de  Dieu. 
Il  Terme  de  théologie.  Emanations  en  Dieu,  celle  du 
Fils,  qui  se  fait  par  génération,  et  celle  du  Saint- 
Esprit,  par  spiration.  ||  Terme  de  philosophie.  Sys- 
tème de  l'émanation,  système  dans  lequel  on  sup- 
pose que  tous  les  êtres  sortent,  par  des  dégagements 
successifs,  de  l'un  qui  est  Dieu. 

—  ÉTYM.  Lat.  cmanad'onem,  de  emanare,  émaner, 
f  ÉMANCHE,  s.  f.  Terme  de  blason.  Mauvaise 

lecture  pour  emmanche. 

f  ÉMANCHÉ  ,  adj.  Terme  de  blason.  Mauvaise 
lecture  pour  emmanché. 

+  ÉMANCIPATFXR,  TRICE  (é-man-si-pa  teur, 
tri-s'),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  émancipe.  Depuis 
le  jour  de  Moïse,  émancipateur  de  l'homme  au  mi- 
lieu des  nations  esclaves  de  l'ignorance  et  de  la 
force,  CHATEAUB.  dans  legoarant. 

—  ÉTYM.  Émanciper. 
ÉMANCIPATION    (é-man-si-pa-sion ;  en  vers,  de 

six  syllabes),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  jurisprudence.  Droit 
accordé  à  un  mineur  de  faire  les  actes  d'administra- 
tion. Il  État  de  celui  qui,  dég.igé  de  toute  tutelle, 
peut  administrer  librement  ses  biens.  L'émancipa- 
lion  ne  dispense  pas  le  mineur  d'avoir  un  curateur. 
Il  En  droit  romain,  acte  par  lequel  le  fib  de  famille 
était  affranchi  de  la  puissance  paternelle.  ||  En  termes 
ecclésiastiques,  situation  des  religieux  promus  à 
une  dignité  qui  les  affranchissait  de  l'obéissance 
due  à  leurs  supérieurs.  Situation  des  monastères 
exemptés  par  le  pape  de  la  juridiction  de  l'ordi- 
naire. Il  2"  Par  extension,  affranchissement.  L'éman- 
cipation des  esclaves.  L'émancipation  dos  masses 
populaires.  U  vient  d'attacher  son  nom  à  l'émanci- 
pation du  nouveau  monde,  picAnn  et  MAZÈRES,Troii- 
quartiers,  i,  2.  ||  Fig.  L'émancipation  de  l'esprit, 
état  de  l'esprit  qui  se  dégage  de  préjugés  tradi- 
tionnels. 

—  ÊTYïl.  Lat.  emancipationem,  de  emancipare, 
émanciper. 

ÉMANCIPÉ,  ÉE  (é-man-si-pé,  pée),  part.  pas.ié. 
Il  1*  Un  mineur  émancipé  par  le  mariage.  Point 
d'être  plus  libre  que  le  petit  sauvage;  il  naît  éman- 
cipé, RATNAL,  Hist.  phil.yi,  23.  Il  2°  Fig.  Affranchi. 
Les  esprits  émancipés  des  anciens  préjugés.  ||  Qui 
SI!  donne  beaucoup  trop  de  liberté.  Voilà  un  jeune 
drôle  bien  émancipé. 


EMA 

ËHANCIPEB  (é-man-si-pé) ,  v.  a.  ||  !•  Terme  do 
jurisprudence.  Accorder  l'émancipation.  Ce  père  a 
émancipé  son  fils.  ||  2°  Fig.  Affranchir.  Emanciper 
le  peuple.  ||  3"  S'émanciper,  v.  réfl.  Se  rendre 
émancipé.  Bartholo  :  La  demoiselle  est  mineure.  — 
Figaro  :  EUe  vient  de  s'émanciper,  beaumakcii.  Bar- 
bier, IV,  8.  Il  II  se  dit  plus  souvent  au  figuré.  Pren- 
dre des  libertés.  Personne  ne  fut  si  osé  de  s'éman- 
ciper en  la  moindre  chose,  vaucel.  Q.  C.  liv.  ix, 
ch.  12,  dans  RICI1ELET.  Bref,  voyant  qu'il  osait  ainsi 
s'émanciper,  X  la  fin  j'ai  levé  le  bras  pour  le  frap- 
per, TRISTAN.  Marxane,  i,  3.  Us  [les  Français]  ont 
cela  de  mauvais  qu'ils  s'émancipent  un  peu  trop  et 
s'attachent  en  étourdis  à  conter  des  fleurettes  à 
toutes  celles  qu'ils  rencontrent,  mol.  Sicil.  «4.  En- 
fin,  ma  flamme  eut  beau  s'émanciper,  id.  Àmph. 
II,  3.  Il  S'émanciper  à....  Il  s'est  émancipé  à  lui 
dire  des  injures.  Non,  il  faut  qu'il  ait  le  salaire 
Des  mots  où  tout  à  l'heure. il  s'est  émancipé,  id. 
Amph.  III,  4.  Il  On  a  dit  aussi  s'émanciper  de.... 
Chacun  s'émancipe  de  lui  donner  quelque  louange, 
MÈRE,  Œuvres  posth.  t.  i,  p.  78.  ||  S'émanciper, 
s'affranchir.  Que  serait-ce  si ,  prenant  l'essor  et  s'é- 
inancipant  volontiers  d'une  certaine  observance 
régulière,  il  voyait  le  monde  par  goût?  bourd. 
Pensées,  t.  ii,  p.  492. 

—  HIST.  xiv*  s.  Et  le  filz  est  comme  partie  et 
membre  de  son  père,  si  que  atant  que  il  soit  grant 
et  émancipé,  oreshe,  Elh.  (56.  ||xvi'  s.  Enfans 
mariés  sont  tenus  pour  hors  de  pain  et  pot,  c'est  à 
dire  émancipés,  loysel,  50.  Quand  j'eus  vingt  ans, 
il  me  prit  une  envie  de  m'emanciper,  vivre  à  ma 
fantaisie,  fouilloux,  Ven.  f°  80,  dans  lacirne,  au 
mot  émotion.  Puisque  nous  nous  sommes  émancipez 
de  ses  règles  [de  la  nature]  pour  nous  abandonner  à 
la  vagabonde  liberté  de  nos  fantaisies,  mont,  i,  306. 

—  ÉTYM.  Lat.  emancipare,  dee,  el  mancipare , 
vendre  par  le  mode  solennel  de  la  mancipation  ; 
l'émancipation  était  ainsi  nommée  en  droit  romain, 
parce  qu'elle  avait  lieu  par  trois  mancipations  fic- 
tives qui  épuisaient  la  puissance  paternelle.  JKanci- 
pare  vient  de  manceps,  acquéreur,  adjudicataire, 
composé  de  manus,  main,  et  capere,  prendre  : 
celui  qui    prend  avec  la  main. 

fÉMANDlBULÉ,  ÉE  (é-man-di-bu-lé,  lée),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  est  dépourvu  de  mandibules. 

—  ÉTYM.    É   pour   es....  préfixe,  et  mandibulf. 
ÉMANÉ,  ÉE  (é-ma-né,  née),  part,  passé.  I|  l' Qui 

provient.  Des  odeurs  méphitiques  émanées  d'un 
cloaque.  Il  2"  Fig.  Défenses  émanées  du  conseil  des 
cardinaux,  maucroix,  Schisme,  liv.  i,  dans  riche- 
let.  Oui,  Mitrane,  en  secret  l'ordre  émané  du 
trône  Remet  entre  tes  bras  Arzace  à  Babylone ,  volt. 
Sémir.  i,  (.  L'histoire  d'un  animal  sauv.Tge  est  bor- 
née à  un  petit  nombre  de  faits  émanés  de  la  na- 
ture, BiiFF.  Anim.  domest. 

É.MANER  (é-ma-né),  t).  n.  ||  l'  S'échapper  sous 
forme  de  particules  subtiles.  Des  corpuscules  éma- 
nent des  corps  odorants.  J'aurais  la  molle  ottomane 
Dont  émane  Un  parfum  qui  fait  aimer,  v.  hugo, 
Orient.  (9.  ||  2'  Fig.  Provenir  par  un  mode  comparé 
à  une  émanation  physique.  Si  les  formes  des  corps, 
qui  sont  substances  intellectuelles,  sont  infuses 
dans  les  individus  par  un  principe  supérieur,  du- 
quel elles  soient  directement  émanées....  maro. 
BUFFET,  Observ.  p.  22(,  (068.  La  commission  pour 
les  consacrer  émanait  de  la  puissance  royale,  Boss. 
Var.  X,  §  (4.  Et  le  droit  d'opprimer  n'émane  pas 
des  oieux,  saurin.  Spart,  iv,  3.  L'ancien  héritage 
de  notre  ennemi,  réuni  par  un  traité  solennel  au 
trône  dont  il  émanait,  vauven.  Éloge  de  Louis XII. 
Je  conçois  que  l'universalité  des  choses  est  émanée 
de  ce  Dieu  qui  seul  est  par  lui-même  et  dont  tout 
est  l'ouvrage,  volt.  Dial.  xxix,  4.  ||  3"  Terme  de 
théologie.  Procéder.  Le  Verbe  émane  du  Père  éter- 
nel, et  le  Saint-Esprit  émane  du  Père  et  du  Fils. 
Il  Émaner  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  pire. 

—  ÉTYM.  Lat.  emanare,  de  e,  et  manare,  couler. 
Il  y  a  dans  l'ancien  fiançais  le  verbe  esmaner  ou 
émaner,  qui  veut  dire  enlever,  prendre  ;  xii*  s.  Do- 
lenz  fu  de  sa  terre  dent  il  fu  émanez  [dépouillé], 
homan  de  Hou,  vis.  p.  92,  dans  lacurne.  On  n» 
voit  pas  que  ce  soit  le  même  verbe  que  emanare. 

fEMANCÉ,  ÉE  (é-ma-nu-é,  ée),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  est  privé  de  mains. 

—  ÉTYM.  É  pour»....  préfixe,  et  le  latiu  moniir, 
main. 

ÉMARGÉ.  ÉE  (é-mar-jé,  jée),  part,  passé.  Dopt 
on  a  coupé  la  marge.  Une  estampe  émargée.  Lea 
figures  doivent  être  ployées,  émargées  et  placAes 
avec  le  même  soin  que  si  l'on  reliait  le  livre  en 
d.-finitif,  lesné,  laReliure,  p.  (32,  (8M.  ||  En  marge 
do  quoi  on  a  signé.  Un  état  émargé. 


EMB 

KHARGEMENT  (é-mar-je-man),  «.  m.  Action 
d'émarger.  I|  Ce  qui  est  écrit  ou  porté  en  marge 
d'un  compte,  d'un  mémoire. 

—  ÉTYM.  Émarger. 

ÉMARGER  (é-mar-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  o 
et  0  :  émargeant  émargeons),  v.  a.  ||  !•  Terme  d'arts. 
Couper,  diminuer  la  page.  Émarger  une  estampe. 
Il  Absolument.  Emargez  au  compas,  àl'équerre,  à  la 
règle,  LESNÉ,  la  Reliure,  p.  132,  )820.  ||  2»  Signer  un 
reçu  en  marge  d'un  compte,  d'un  état.  Emarger  un 
état.  Il  Absolument.  Emarger,  toucher  l'argent,  le 
revenu  affecté  à  une  fonction  (ainsi  dit  parce  que 
le  fonctionnaire  signe  à  côté  de  Uétalde  compte  et 
comme  en  marge).  Quoi!  ce  n'est  pas  le  professeur 
qui  professe?  —  Jamais.  —  Que  fait-il?  —  H  é- 
marge.— Qu'entendez- vous  par  ces  paroles?— 11  tou- 
che son  traitement,  alpu.  kabr,  Guêpes,  déc.  <84a. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  marge. 

t  ÉMARGINATCRE  (  é-mar-ji-na-tu-r')  ,  s.  f. 
Terme  de  hotanique.  Echancrure  terminale  très-su- 
perficielle d'un  organe. 

—  RTYM.  Émnrginé. 

t  É.MAUGINÉ,  ÉE  (é-mar-ji-né,  née),  adj.  Ternie 
didactique.  Qui  présente  une  echancrure,  une  en- 
taille terminale  arrondie.  Feuilles  émarginées. 

—  ÉTYM.  Lat.  emarginare,  de  e,  et  margo,  mar- 
ginis,  rebord  (voy.  marge). 

t  ÉMASCULATION  (é-ma-sku-la-sion),  s.  f.  Sy- 
nonyme de  castration. 

—  ÉTYM.  Émasculer. 

t  ÉMASCULER  (é-ma-sku-lé) ,  V.  a.  Terme  de 
vétérinaire.  Priver  un  animal  mâle  des  organes  de 
la  génération. 

—  HIST.  xvi*  s.  Et  s'estant  aperceu  que  l'eau,  de 
force  estrange,  Avoit  fait  dedans  luy  si  merveilleux 
échange  Qu'homme  entier  y  entrant,  n'en  sf--(oit 
qu'àdemy,  Et  son  corps  esmalé  s'y  estoit  afemmy 
[efféminé],  baif,    Œuvres,  ^  )(4,  dans  lacuune. 

—  ÉTYM.  Lui.  emasculare,  de  e,  etmasculus,  mâle. 
KMBABOUINÉ,  ÉE  (aa-ba-bou-i-né,  née),  part. 

passé.  Emhabouiné  par  de  belles  paroles.  Embabouiné 
de  vos  rêveries,  vous  débitez  descho.-ies  qui  ne  sont 
point,  d'ablancol'ht,  Lucien,  dans  le  houx,  Dict. 
corn.  Il  Terme  de  marine.  Se  dit  quelquefois  d'un  na- 
vire embarrassé  dans  des  écueils. 

EMBABOUINER  (an-ba-bou-i-né),  e.  a.  Terme  po- 
pulaire. Amener  quelqu'un  par  des  cajoleries  à  faire 
ce  qu'on  souhaite  de  lui.  La  femme  morte,  il  [M.  de 
Snubise]  brusqua  un  superbe  enterrement,  eraba- 
boiiina  le  curé,  tellementque  Mmede  Soubise  fut  por- 
tée droit  de  chez  elle  à  la  Mercy,  st-simon,  2I8,  ts8. 

—  HIST.  xiii*  s.  Cuer  qui  ce  fait  n'iert  [ne  sera] 
ja  si  embaboïnés  D'amours  ne  d'autre  vice,  tant  soit 
enracinés.  Qu'en  assés  petit  d'eure  ne  soit  enluminés, 
1.  DE  MEUNO,  Test.  204).  Il  xvi"  s.  Décevoir  et  emba- 
bouiner  le  vulgaire  populace  [populace  est  ici  un  ad- 
jectif], pabê,  XIX,  30.  Dont  adict  l'Apo.stre,  que  ceux 
qui  se  laissent  embabouiner  à  cette  passion  et  cupi- 
dité, fontnaufrageets'esgarentdela  foy,  et  s'embar- 
rassent en  diverses  peines ,  charron  .  Sagesse,  i ,  2 1 . 

—  ÉTYM.  Ent ,  ei  babouin,  babui/iare  signifiait, 
an  XIV*  siècle,  orner  de  miniatures. 

f  EMBÂCLE  (aii-bà-cl'),  s.  m.  Terme  de  ponts  et 
chaussées.  Amoncellement  déglaçons  qui  barre  un 
ccursd'eau  dans  unedébâcle.  iJTermed'eaux  et  forêts. 
Tout  embarras  dans  les  eaux,  ruisseaux  et  rivières. 

—  HIST.  XVI*  s.  Embâcle  [embarras]  ,  embacler 
[embarra-iserj ,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  un  radical  boc Je,  qui  se  trouve 
dans  dé-bdcle  (voy.  ce  mot). 

EMBALLAGE  (an-ba-la-j'),  s.  m.  Action  d'em- 
baller. L'emballage  d'une  bibliothèque.  ||  Frais  d'em- 
ballage. Dans  la  dépense  d'un  déménagement,  il 
faut  compter  l'emballage.  ||  Toile  d'emballage,  toile 
grossière  qui  sert  à  emballer. 

—  ÉTYM.  Emballer. 

EMBALLÉ,  ÉE  (an-ba-lé,  lée),  part,  passé.  Des 
livres  emballés.  ||  Fig.  et  familièrement.  Capté , 
trompé.  Emballé  par  des  aigrefins.  ||  Emballé  1  s'em- 
ploie très-familièrement  comme  une  sorte  d'inter- 
jection, signifiant  enfoncé  I  perdu! 

EMBALLER  (an-ba-lé),  v.  a.  (|  1°  Mettre  dans  une 
balle,  empaqueter.  Et,  pour  gagner,  emballent  et 
déchargent  toutes  sortes  de  marchandises  prohibées 
et  défendues,  Arrétdu  Conseil  d'État,  (6  oct.  4622. 
Il  Absolument.  La  foire  est  terminée;  tout  le  monde 
emballe  déjà.  ||  Fig.  et  familièrement.  Emballer 
quelqu'un,  le  faire  partir.  On  l'a  emballé  dans  une 
diligence.  Emballez  avec  tous  vos  dieux  Flore  et 
l'Aurore  aux  doigts  de  rose,  bérano.  Pauvres  amours. 
il  J"  Familièrement.  Se  rendre  maître  des  volontés 
de  qjelqu'un  par  des  paroles  captieuses.  11  [le  Ré- 
gent) fut  si  bien  veillé,  relayé,   tourmenté,  qu'ils 


EMB 

[Effiac,  Canillao,  etc.]  l'emballèrent  [le  décidèrent 
à  se  prononcer  contre  les  appels  au  concile],  st- 
siM.  469,  237.  Il  3°  Familièrement.  S'emballer,  v. 
réfl.  Monter  en  voiture,  partir.  Allons,  il  est  temps 
de  s'emballer.  ||  En  un  autre  sens,  s'emballer,  se  sur- 
charger de  vêtements,  se  mettre  chaudement.  Si  vous 
voulez  sortir  par  ce  grand  froid,  emballez-vous  bien. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  les  aucuns  Bretons  chargeoient 
sur  chars  et  sur  chevaux  leurs  draps  bien  emballés, 
FROiss.  II,  II,  <88.  Il  XVI*  s.  Qui  desrobbe  ne  sugce, 
mais  gruppe,  n'avaUe,  mais  emballe,  ravit  et  joue 
de  passe  passe,  rab.  Pont,  m,  (8. 

—  ÉTYM.  En  f ,  et  balle. 

EMBALLEUR  (an-ba-leur),  s.  m.  [|l°Celuiqui  fait 
profession  d'emballer  des  marchandises.  Les  embal- 
leurs, chargeurs  et  déchargeurs  sous  corde  pour 
faire  toutes  sortes  de  balles,  ballots....  Arrétdu 
Coiis.  d'État,  1 5  oct.  (022.  ||  2°  Fig.  et  familière- 
ment, celui  qui  emballe,  qui  s'empare  de  l'esprit 
de  quelqu'un  par  de  beaux  discours.  Ne  vous  fiez 
pas  à  ses  discours,  c'est  un  emballeur. 

—  HIST.  xvi*  s.  Une  grosse  aiguille  triangulaire 
bien  tranchante,  semblable  à  celle  des  emballeurs, 

paré,  VIII,    25. 

—  ÉTYM.  Emballer. 

t  EMBALLONURE  (an-ba-lo-nu-r') ,  s.  f.  Terme 
de  zoologie.  Genre  de  petites  chauves-souris  de 
l'Amérique  du  Sud. 

t  EMBALLOTTER  (an-ba  lo-té),  v.  a.  Mettre  en 
ballot.  Ni  de  les  montrer,  juvrir,  ni  déballer  dans 
leurs  hôtelleries,  mais,  les  f  lire  porter  emballottées 
et  cordées  dans  la  halle  a  ix  toiles,  Hèglement  du 
Parlem.  9  août  46)7. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  ballot. 

t  EMBANDÉ,  ÉE  (an-ba  )-dé,  dée),  part,  passé. 
Lié  avec  des  bandes.  Infaillililement  un  enfant  dont  le 
corps  et  les  bras  sont  libres ,  pleurera  moins  qu'un 
enfant  einbandé  dans  un  maillot, J.  J.  Rouss.  Em.  1. 

f  EMBANDER  (an-ban-dé)  ,  «.  o.  Néologisme.  En- 
velopper un  enfant  de  bandes,  de  linges  très-serrés. 

—  ÉTYM.  En  ) ,  et  bande. 

t  EMBANQUEU  (an-ban-ké).  ||  1°  V.  a.  Terme  de 
fabrii]ue.  Passer  les  canons  d'organsin  au  centre 
pour  se  disposer  à  ourdir.  ||  2°  V.  n.  Terme  de 
marine.  Arriver  sur  un  grand  banc  comme  celui  de 
Terre-Neuve. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  banc. 

t  EMBARBE  (an-bar-b'),  s.  f.  Ficelle  bouclée 
pour  le  lissage  des  dessins,  dans  les  manufactures. 

t  EMBARBÉ,  ÉE  (an-bar-bé  ,  bée)  ,  adj.  Garni 
d'une  barbe  touffue.  Face  embarbée.  Si  copieuse- 
ment embarbé,  que  sa  barbe  était  assez  ample  pour 
faire  un  bouchon  de  taverne,  Pièce  comique,  dans 
LE  ROUX ,  Dict.  comique. 

—  ÉTYM.  £n  I ,  et  barbe. 

t  EMBARBOTTER  (S')  (an-bar-bo-té),  v.  réfl.  Ne 
pas  pouvoir  sortir  des  phrases  qu'on  a  commencées. 
Va  donc,  et  net'embarbottepascommetoutà  l'heure, 
THÉAULON  et  uAYARD,  le  Père  de  la  débutante,  m,  4. 

—  ÉTYM.  En  i ,  el  barbotler. 

t  EMBARBOUILLEK  (an-bar-bou-l!é,  Il  mouil- 
lées), V.  a.  Faire  perdre  à  quelqu'un  le  fil  de  ses 
idées,  de  sa  conduite.  ||  S'embarbouiller,  v.  ré/Uchi. 
Se  perdre  dans  ce  qu'on  dit.  Les  conférences  conti- 
nuaient à  Rastadt;  'Villars  s'y  embarbouilla  si  mal, 
qu'il  fallut  le  désavouer,  st-sim.  363,  ibi. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ne  embarboyllez  vostre  neuve 
robe,  je  vous  prie,  palsgr.  p.  649. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  barbouiller. 
EMBARCADÈRE  (an-bar-ka-dê-r'),  s.m.  (|  1°  Terme 

de  marine.  Cale  ou  jetée  avancée  qui  sert  soit  à 
l'embarquement  soit  au  débarquement  des  mar- 
chandises. X  l'égard  de  celles  [cargaisons]  qui  sont 
moindres  et  dont  les  barques  anglaises,  hollandaises, 
françaises  et  danoises  sont  ordinairement  chargées, 
on  les  porte  dans  les  estères,  c'est-à-dire  aux  lieux 
d'embarquement  ou  embarcadères  qui  sont  éloi- 
gnés des  villes,  ou  aux  embouchures  des  rivières, 
LABAT,  Voyag.  t.  vu,  p.  224, 1742.  Il  2°  Par  extension, 
lieu  de  départ  d'un  bateau  à  vapeur,  d'un  chemin 
de  fer  (voy.  uébarcadêre).  |J  Lieu,  édifice  où  se 
font  les  chargements  des  marchandises.  Construire 
un  embarcadère.  ||  3°  Terme  de  maçonnerie. 
Pente  faite  en  blocage  ou  degrés  construits  dans 
l'épaisseur  d'un  mur  de  douve  pour  descendre  au 
niveau  de  l'eau  d'un  étang,  d'une  pièce  d'eau,  etc. 

—  ÉTYM.  Espagn.  embarcadero,  nom  du  lieu  où 
les  Espagnols  faisaient  leur  embarquement  pour 
l'Amérique,  de  embarcar  (voy.  embarquer). 

EMBARCATION  (an-bar-ka-sion  ;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  'Toute  barque  qui  ne  va  qu'à  la 
rame,  et  aussi  un  petit  navire  à  un  ou  deux  mSts. 

—  liEM.  On  l'emploie,  abusivementet  à  tort,  quel- 


EMB 


1333 


quefols  comme  synonyme  d'embarqutment,  en  par- 
lant des  personnes. 

—  ÉTYM.  Espagn.  emb«rcocton,decmbarcor (voy. 
embarquer).  Ce  mot  n'existait  pas  au  xvii*  siècle, 
et  Voiture  qui,  écrivant  d'E.spagne,  s'en  sert,  le 
souligne  :  L'avis  que  l'on  m'a  donné,  que  cette  sai- 
son n'était  guères  propre  à  la  navigation  pour  les 
grands  calmes  qu'il  y  a,  et  que  difficilement  je 
trouverais  cmbarquoct'on  devant  le  mois  de  septem- 
bre, Leit.  39. 

+  EMBARDÉE  (an-tar-dée),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Mouvement  de  rotation  communiqué  par  le 
courant  ou  par  un  grand  veut  arrière. 

—  ÉTYM.  Embarder. 

t  EMBARDER  (an-bar-dé).  ||  1°  T.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Faire  avancer  son  vaisseau  à  bAbord  ou  à  tri- 
bord, pour  éviter  un  autre  vaisseau  qui  pourrait 
l'endommager.  ||  2*  F.  «.Éprouver  une  embardée. 
Embarder  au  large. 

EMBARGO  (an-bar-go),  s.  m.  Défense  faite  par 
un  gouvernement  de  laisser  partir  les  navires  étran- 
gers qui  sont  dans  ses  ports.  On  mit  l'embargo  sur 
les  vaisseaux  hollandais.  Frapper  d'embargo.  Lever 
l'embargo.  ||  Par  extension.  Une  diatribe  que  vous  ne 
recevrez  point,  vu  l'embargo  mis  à  la  poste  sur  tout 
cequi  vient  de  moi ,  P.  L.  cour.  LeIt.  ii ,  28. 

—  ÉTYM.  Espagn.  cmborflo ,  séquestre;  proveno. 
embargar;  bas-lat.  imbarcum,  d'une  forme  imbar- 
ricare,  de  in,  en,  et  le  bas-lat.  fcarro ,  barre  (voy. 
barre). 

t  EMBARILLAGE  (an-ba-ri-Ua-j',  Il  mouillées), 
s.  m.  Action  d'emplir  de  poudre  des  barils.  ||  Action 
de  mettre  des  sardines,  des  figues,  etc.  dans  un  baril. 

—  ÉTYM.  Embariller. 

t  EMBARILLER  (an-ba-ri-Ué,  Il  mouillées),  v.  a. 
Mettre  dans  des  barils.  Embariller  la  poudre. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  baril. 

EMBARQUÉ  ,  ÉE  (iin-bar-ké,  kée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  dans  un  navire.  Des  matelots  embarqués  à 
bord  d'un  vaisseau.  Des  marchandises  embarquées 
sur  un  bâtiment  de  commerce.  ||  2°  Fig.  Engagé. 
Embarqué  dans  une  mauvaise  affaire.  Et  dans  un  fol 
amour  ma  jeunesse  embarquée,  bac.  Phèd.t,  i.  Oui, 
mais  il  faut  parier,  cela  n'est  pas  volontaire,  vous  êtes 
embarqué,  pasc.  Moyens,  i.  Je  trouvai  l'affaire  de  la 
mère  d'Agréda  embarquée,  Boss.  Letl.  quiet,  ai. 

EMBARQUEMENT (an-bar-ke-man),  s.m.  ||  l'Ac- 
tion d'embarquer.  L'embarquement  des  troupes. 
Péluse  où  notre  embarquement  devait  se  faire,  kén. 
Tél.  II.  Il  Inscription  d'un  marin  au  rôle  d'équipage, 
d'un  passager  au  registre  de  bord.  ||  2°  Fig.  Entrée 
dans  quelque  affaire,  dans  quelque  intrigue.  On  dé- 
peint votre  embarquement  le  plus  bas  et  le  plus  ab- 
ject où  se  soit  jamais  mise  une  personne  de  votre 
qualité;  et  on  dit  que  votre  ami  exerce  sur  vous  un 
empire  tyrannique,  bussirabutin,  Hist.  amour,  des 
Gaules,  p.  <64.  Aucun  d'eux  [des  pairs]  ne  se  pré- 
senta pour  être  le  promoteur  d'un  embarquement 
où  le  temps  présent  ne  permettait  pas  de  s'engager 
avec  prudence,  st-sim.  376,  73. 

— HIST.  xvi*  s.  Ainsi  comme  il  estoit  sur  son  em- 
barquement, pour  s'en  retourner  enYtalie,  amïot, 
Fiam.  28. 

—  ÉTYM.  Embarquer. 

EMBARQUER  (an-bar-ké),  v.  a.  ||  1°  Mettre,  char- 
ger dans  une  barque  ou  dans  un  navire.  Embarquer 
des  marchandises,  des  troupes,  des  vivres.  ||  Embar- 
quer en  grenier,  mettre  les  marchandises  sans  em- 
ballage dans  le  navire.  ||  Embarquer  un  coup  de 
mer,  un  paquet  de  mer,  et,  absolument,  embarquer, 
recevoir  par-dessus  le  bord  une  forte  lame.  La  cha- 
loupe embarquait.  ||  2°  Fig.  Mettre  quelqu'un  dans 
une  affaire,  par  une  métaphore  prise  de  l'homme 
qui,  une  fois  en  mer,  ne  peut  plus  quitter  le  navire. 
Il  ne  regardera  pas  tant....  aux  inic.èts  d'autrui  dans 
lesquels  on  les  embarque,  qu'à  leurs  vrais  et  na- 
turels intérêts,  balz.  .^rtî «criL  Je  me  trouve  dans 
un  engagement  qui  m'embarrasse  ;  je  suis  embar- 
quée dans  la  vie  sans  mon  consentement;  il  faut 
que  j'en  sorte,  cela  m'assomme,  et  comment  en  sorli- 
rai-je?  sÉv.  t26.  Harlay  suggéra  l'expédient  d'em- 
barquer le  parlement  [à  légitimer  les  bâtards  de 
Louis  XIV]  par  l'affaire  du  chevalier  de  Longueville 
qui  réussit  si  bien,  st-sim.  20,  236  ||  3°  V.  n.  Se  ren- 
dre à  bord  d'un  vaisseau.  J'embarque  tel  jour. 
Il  4°  S'embarquer,  v.  réfl.  Monter  sur  un  navire  pour 
faire  un  voyage.  11  s'embarqua  sur  un  paquebot.  J'es- 
père partir  de  Rome  dans  trois  semaines,  et,  si  je 
trouve  un  vaisseau ,  je  m'embarquerai  pour  Marseille, 
VOIT.  Letl.  96.  Il  Avec  ellipse  du  pronom  personneL 
Hâtez-vous  de  faire  embarquer  ce  jeune  étranger, 
FÉN.  Tél.  m.  Il  S'embarquer  sans  biscuit,  se  mettro 
en  route  sans  provisions,  et  aussi  faire  quelque  eu- 


1334 


E.MB 


treprise  sans  prendre  les  précautions  nécessaires, 
commencer  une  affaire  sans  argent.  ||  Par  extension , 
se  mettre  dans  un  véhicule  quelconque  pour  aller 
d'un  lieu  à  un  autre.  S'embarquer  dans  une  diligence, 
dans  un  wagon.  ||  6»  Fig.  S'engager,  commencer,  en- 
treprendre. S'embarquer  dans  une  mécbante  affaire. 
Puisque  je  me  suis  embarqué,  il  faut  que  j'achève, 
scAnnoN,  Dial.  dans  le  roux,  Dict.  comique.  Lais- 
sez-moi la  liberté  de  vous  écrire,  sans  vous  embar- 
quer dans  des  réponses,  sÈv.  8  .  Pourquoi  s'embar- 
que-t-il  dans   de  si  extrêmes  protestations?  in.  93. 
Puis,  de  là,  s'embarquant  dans  la  nouvelle  guerre 
[se  mettant  à  en  parler],   doil.  Sat.  m.  Pourquoi, 
d'un  faux  espoir  me  flattant  à  mon  âge.  De  nou- 
veau m'embarquerdans  de  folles  amours?  cuaulieu, 
Ép.  de  l'abbi  C.  Vous  me  conseilleriez  de  m'embarquer 
dans  un  commerce  de  cette  nature,  hamilt.  Gramm. 
40.  Les  grands  géomètres  ne  parvinrent  à  l'enten- 
dre [un  livre  de  Newton]  qu'en  l'étudiant  avec  soin  ; 
les  médiocres  ne  s'y  embarquèrent  qu'excités  par  le 
témoignage  des  grands,  fonten.  Newton.  Je  me 
garderai  bien  de  m'embarquer  dans   les  réflexions 
philosophiques,  J.  J.  rouss.  Orig.  notes.  ||  S'embar- 
quer à....  Se  mettre  à,  entreprendre  de.  Comme  en 
de  certains  temps  il  fait  bon  s'expliquer,  En  d'au- 
tres il  vaut  mieux  ne  s'y  point  embarquer,  corn. 
Othon,  II.    3.  Il  s'embarquait  à  payer  cent  mille 
francs,  sÉv.  83.  Je  ne  veux  point  m'embarquer  à 
vous  dire,  ID.   4io.  Voilà  une  belle  chose  que  de 
m'être  embarquée  à  vous  conter  ce  que  vous  savez 
déjà,  ID.  2)1. 

—  lllST.  xvi*  s.  Il  embarqua  dedans  les  esquifz  de 
ses  galères  les  meilleurs  combattacs,  auyot, Arist. 
as....  Ains  s'embarqua  il,  et  semitàla  voileladroitte 
routte  de  l'Affrique,  id.  Cat.  8. 

—  ÉTYïl.  En  t ,  et  barque;  provenç.  et  espagn. 
emharcar;  ital.  imbarcare. 

EMBARRAS  (an-ba-râ;  l'j  se  lie  :  un  en-ba-râ-z 
ennuyeux),  s.  m.  ||  1°  Obstacle  qui  barre  une  voie, 
un  chemin.  Il  y  a  de  l'embarras  dans  cette  rue.  Un 
embarras  de  voitures.  Quand  un  autre  [carrosse],  à 
l'instant  s'efforçant  de  passer.  Dans  le  même  em- 
barras se  vient  embarrasser,  boil.  Sat.  vi.  Il  ne  fal- 
lait que  l'embarras  d'un  défilé,  quelques  marches 
forcées  ou  une  boutade  de  cosaques  pour  nous  dé- 
barrasser de  tout  cet  attirail  [bagages],  stGVR,Ilist. 
de  Napol.  ix,  t.  \\  Fig.  et  familièrement.  Faire  de 
l'embarras,  des  embarras,  ses  embarras,  se  donner  de 
grands  airs, affecter  de  grandes  prétentions.  ||  2°  Ce 
qui  gêne  J'ai  trop  de  meubles,  cela  met  de  l'em- 
barras chez  moi.  L'embarras  fut  grand  à  l'arrivée 
d'une  compagnie  qu'on  n'attendait  pas.  Une  tête 
empanachée  N'est  pas  petit  embarras,  la  font.  Fabl. 
IV,  6.  Je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  font  leur  volupté 
Des  embarras  charmants  de  la  paternité,  c.  delà  vi- 
gne, École  des  vieill.  i,  1. 1|  Causer  de  l'embarras  à 
quelqu'un,  venir  demander  à  dliier  ou  à  coucher 
chez  quelqu'un  qui  n'est  pas  préparé  à  recevoir. 
Il  Populairement.  Ce  n'est  pas  l'embarras,  c'est-à-dire 
-  ce  n'est  pas  là  ce  qui  peut  embarrasser,  arrêter, 
retarder,  et,  par  suite,  quoi  qu'il  en  soit,  néanmoins; 
locution  née  d'après  Mme  de  Genlis,  pendant  la  Ré- 
volution. Ce  n'est  pas  l'embarras,  vous  arriverez  tou- 
jours à  votre  but.  ||  Embarras  de  la  langue ,  difficulté 
à  articuler.  Il  lui  est  resté  de  son  attaque  un  embar- 
ras de  la  langue.  ||  3°  Confusion  de  choses  difficiles 
à  débrouiller.  Un  procès  oïl  il  y  a  de  l'embarras. 
L'embarras  de  ses  affaires  inquiète  ses  créanciers. 
Il  4°  Pénurie  d'argent.  Cette  famille  est  dans  un 
grand  embarras.  Nous  nous  sommes  trouvés  dans 
de  grands  embarras;  Mais  depuis  quelque  temps 
un  oncle,  un  honnête  homme....  A  bien  voulu  des- 
cendre aux  ténébreux  manoirs,  regnabd,  Uinechm. 
IV,  2.  Il  est  jeune,  il  a  dépensé  étourdiment  tout 
son  argent,  il  est  dans  un  extrême  embarras, 
M""  DE  GENLIS,  Théd.  d'éduc.  le  Libraire,  se.  3. 
Il  5°  Difficultés  résultant  d'une  multitude  d'affaires. 
Se  trouver  dans  un  embarras  inextricable  d'af- 
faires. Des  embarras  du  trône  effet  inévitable,  rac. 
Esth.  u,  3.  Gardez-vous  de  vous  jeter  dans  cet  em- 
barras, FÉN.  Tél.  xxiii.  Troile  est  utile  à  ceux  qui 
ont  trop  de  bien;  il  leur  Ôte  l'embarras  du  superflu, 
LA  bRUY.  v.  Et  dans  cet  éternel  fracas  De  riens  pom- 
peux et  d'embarras,  gresset,  ou  P.  Bougeant. 
11  6°  Difficulté  résultant  de  ne  savoir  que  faire,  que 
répondre.  L'embarras  où  elle  jette  les  princes, 
coi.M.  Ex.  de  Rodog.  Un  autre  hymen  vous  met  dans 
le  même  embarras ,  id.  Sertor.  ii,  4.  C'est  ce  qui 
vous  met  dans  un  fâcheux  embarras ,  pasc.  Proi.i2. 
L'embarras  n'était  pas  petit,  parce  que,  quoi  qu'on 
pût  dire,  on  sentait  bien  qu'il  n'y  avait  ni  grande 
ni  petite  église  composée  de  pasteurs  et  de  peuple, 
où  Ton  pût  montrer  la  foi  qu'on  voulait  faire  passer 


EMB 

pour  la  seule  vraiment  chrétienne,  boss.  Var.  xiv, 
§  18.  Il  n'a  point  dans  ses  vers  l'embarras  de  choisir, 
BoiL.  Sat,  II.  Son  cœur,  toujours  flottant  entre  mille 
embarras,  Ne  sait  ni  ce  qu'il  veut,  ni  ce  qu'il  ne 
veut  pas,  id.  ib.  viu.  ||  Embarras  d'esprit,  peine 
d'esprit.  ||  7°  État  de  celui  qui  est  interdit,  troublé. 
L'embarras  avec  lequel  je  lui  parlai  l'obligea  de  me 
presser,  le  COMTE  de  bussi,  dans  ricuelet.  [S'il]  ne 
confond  d'abord  par  ses  doux  embarras  Tous  les  rai- 
sonnements d'aimer  ou  n'aimer  pas,  th.  corn. 
Ariane,  i,  3.  'l'élémaque,  qui  vit  son  embarras,  n'osa 
lui  dire  que....  FÉN.  Tél.  xîiii.  Quand  Philoctéte  dé- 
peignit l'embarras  de  Néoptolème,  qui  ne  savait  pas 
dissimuler,  Télémaque  parut  dans  le  môme  embar- 
ras, iD.  ib.  XVI.  Sa  physionomie  portait  l'empreinte 
de  cette  espèce  de  souffrance  que  cause  toujours  un 
extrême  embarras,  m"*  de  genlis,  Ulle  de  la  Fayette, 
p.  307 ,  dans  pougens.  Craignez-vous  de  montrer  ce 
front  jeune  et  timide?  Un  si  grand  embarras  sied 
malàla  vertu,  T>uas, Othel.  i,  6.  ||  8*  Terme  de  mé- 
decine. Embarras  gastrique,  trouble  de  la  digestion 
avec  nausées,  vomissement,  et  souvent  coliques  et 
diarrhée.  |{  Embarras  des  premières  voies,  état  ca- 
ractérisé par  une  langue  chargée,  jaunâtre,  de 
l'inappétence,  la  bouche  pâteuse,  etc.  ||  9°  Dans  le 
langage  familier.  Mettre  une  fille  dans  l'embarras, 
la  rendre  enceinte. 

—  SYN.  embarras,  timidité.  L'embarras  est  exté- 
rieur; il  tient  aux  circonstances,  et  se  montre  dans 
la  manière  d'être.  La  timidité  est  intérieure,  elle 
lient  au  naturel  et  peut  ne  pas  se  montrer.  On  peut 
être  fort  embarrassé  sans  être  timide. 

—  HIST.  xv  s.  Aiant  trouvé  un  embarras  de  char- 
rettesàlarue  delaFeronnerie,  d'aub.  Uist.  m,  B46. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  barre;  espagn.  embaraso;  ital. 
imbarrasio. 

EMBARRASSANT,  ANTE  (an-ba-ra-san ,  san-t'), 
adj.  Qui  cause  ou  donne  de  lembarras,  de  l'incom- 
modité, de  la  gêne.  Des  bagages  embarrassants.  Si- 
tuation, position,  question  embarrassante.  N'allons 
point  les  gêner  [les  rois]  d'un  soin  embarrassant,  rac. 
Athal.u,  5.  Ah!  cousine,  que  cette  visite  m'embar- 
rasse à  l'heure  qu'il  est  I  —  U  est  vrai  que  la  dame 
est  un  peu  embarrassante  de  son  naturel,  uol.  Cri- 
tique, 2. 

EMBARRASSÉ,  ÉE  (an-ba-ra-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Barré  par  un  embarras.  La  rue  embarrassée  par 
des  voitures.  ||  Fig.  Dans  les  temps  embarrassés  el 
malheureux  tout  ce  qui  passe  pour  mystère  est 
odieux,  RETZ,  i,  <9i!.||  2"  Entortillé,  entravé.  Em- 
barrassé dans  les  plis  de  son  manteau.  Le  cheval 
embarrassé  dans  sa  longe.  Dans  les  rênes  lui-même 
il  tombe  embarrassé,  rac.  Phèd.  v,  a.  ||  Fig.  Un 
sens  embarrassé  dans  des  mots  captieux, volt.  GEd. 
I,  <.  Il  Pièce  embarrassée,  pièce  de  théâtre  intri- 
guée, dont  l'intrigue  fait  le  principal  intérêt.  C'est 
l'incommodité  des  pièces  embarrassées,  qu'en  ter- 
mes de  l'art  on  nomme  implexes,  par  un  mot  em- 
prunté du  latin,  telles  que  sont  Rodogune  et  Héra- 
clius.coRN.  Examen  de  Cinna.  Ce  sens  ne  se  trouve 
probablement  que  dans  Corneille.  ||  3°  Gêné.  Embar- 
rassé par  le  fardeau  qu'il  portait.  Ce  sont  fatalités 
dont  l'âme  embarrassée  Â  plus  qu'elle  ne  veut  se 
voit  souvent  forcée,  corn,  liodog.  u,  3.  ||  Langue 
embarrassée,  langue  qui  a  de  la  peine  à  articuler. 
Et  dés  le  premier  mot,  ma  langue  embarrassée 
Dans  ma  bouche  vingt  fois  a  demeuré  glacée,  rac. 
Bérén.  n,  2.  ||  Prononciation  embarrassée,  pronon- 
ciation mal  articulée.  ||  Se  dit  aussi  des  idées.  Des 
notions,  des  conceptions  embarrassées.  ||  4°  Qui 
n'est  pas  clair.  Ses  propositions  furent  embarras- 
sées. Il  5°  Qui  éprouve  de  l'embarras,  de  l'incerti- 
tude. Vous  n'êtes  point  embarrassée  De  le  croire, 
ni  moi....  la  font.  Fabl.  x,  4.  On  se  peut  trou- 
ver embarrassé  des  passages  de  l'Écriture,  boss. 
Avert.  Il  6°  Interdit,  troublé.  Il  était  embarrassé. 
Son  langage  fut  embarrassé.  J'ai  tous  les  sens  en- 
cor  de  trouble  embarrassés,  th.  corn.  Ariane, 
IV,  2.  Ils  sont  bas  et  timides  devant  les  princes 
et  les  ministres ,  pleins  de  hauteur  et  de  con- 
fiance avec  ceux  qui  n'ont  que  de  la  vertu;  muets 
et  embarrassés  avec  les  savants;  vifs,  hardis  et  dé- 
cisifs avec  ceux  qui  ne  savent  rien,  la  bruï.  ix. 
Quand  j'ai  vu  que  M.  de  Limours  en  était  plus  em- 
barrassé que  touché,  j'ai  changé  de  manière,  et  je 
lui  ai  montré  le  plus  profond  mépris.  M"*  de  gen- 
lis, Adèle  et  IMod.  t.  i,  lett.  27,  p.  2ï2,  dans  potj- 
gens.  Il  Etre  embarrassé  de  sa  personne,  ne  savoir 
quelle  contenance  avoir.  Un  sot  est  embarrassé  de  sa 
personne,  LA  BRuy.  XII.  ||  7'Aufém.  Enceinte,  en  par- 
lant d'une  femme  non  mariée.  Ma  fiancée,  qui  avait 
peur  queje  ne  revinsse  pas,  étant  déjà  embarrassée, 
pensa  mourir  de  tristesse  et  du  regret  de  sa  noce 


EMB 

perdue,  p.  l.cour.  n,  20».  ||  S*  Il  se  dit  des  organes 
dont  les  fonctions  ne  sont  pas  libres.  Il  a  le  cerveau 
embarrassé.  J'avais  l'estomac  embarrassé. 

t  EMBARRASSEMENT  (an-ba-ra-se-man) ,  i.  m 
Action  d'embarrasser. 

—  HISï.  xvr  s.  Que  si  on  en  voyoit  quelques  un 
peu  capables  et  mal  affectionnez  à  la  guerre,  on 
les  devroit  excuser  de  marcher;  aussi  bien  ne  ser- 
viroyent-ils  qued'embarrassement,  lamode,  238. 

—  ÊTVM.  Embarrasser. 

EMBARRASSER  (an-ba-ra-sé) ,  v.  a.  ||  !•  Ob- 
struer par  un  embarras.  Ces  voitures ,  ces  pierres  em  - 
barrassent  la  rue^Ces  moulins  embarrassent  le  cours 
de  la  rivière.  ||  S'embarrasser,  embarrasser  à  soi. 
Il  s'embarrassa  les  jambes  dans  des  cordes.  ||  Fig. 
Il  est  certains  esprits  dont  les  sombres  pensées 
Sont  d'un  nuage  épais  toujours  embarrassées,  boil. 
Art  p.  I.  Il  2°  Empêcher  la  liberté  du  mouvement. 
Votre  manteau  vous  embarrasse,  fltez-le.  Il  eut 
à  combattre  un  grand  nombre  de  nations  qui  em- 
barrassaient la  navigation  avec  leurs  canots ,  el 
qui,  du  rivage,  l'accablaient  de  flèches,  baïnal, 
Ûist.  phil.  IX,  H.  Son  fils,  ce  faible  enfant  qu'il 
porte  entre  ses  bras.  D'un  cher  et  doux  obstacle 
embarrasse  ses  pas,  nucis,  Oscar,  m,  5.  ||  3°  En- 
tortiller. On  embarrasse  le  bœuf  dans  une  corde. 
Dans  ce  piège  sanglant  je  veux  l'embarrasser,  volt. 
Catil.  I,  2.  Il  4°  Mettre  dans  l'embarras,  dans  l'in- 
certitude, dans  l'hésitation.  Oui,  mais  de  celle 
nuit  la  suite  m'embarrasse,  corn.  Sert,  i,  (.  Ce 
n'est  pas  en  effet  ce  qui  plus  m'embarrasse,  id.  ib. 
V,  2.  Vous  croyez  nous  embarrasser  par  cette  de- 
mande, BOSS.  Rép.  Modérez  des  bontés  dont  l'excès 
m'embarrasse,  rac.  Phèd.  i,  2.  Un  reproche  secret 
embarrasse  mon  âme,  m.  Esth.  ii,  B.  Quel  prodige 
nouveau  me  trouble  et  m'embarrasse  ?  id.  Ath.  n, 
7.  Il  Absolument.  Le  passé  fait  trembler,  l'avenir 
embarrasse,  boursault,  Ésope  à  la  cour,  m.  3. 
L'intention  qu'on  suppose  emliarrasse  souvent  plus 
que  la  vérité,  W'  de  genlis,  Théà.  déduc.  le  Por- 
trait, i,  3.  Il  5°  Embarrasser  une  question,  une 
affaire,  la  compliquer,  l'embrouiller,  y  faire  naître 
des  difficultés.  Puisque  M.  Jurieu,  pour  embarrasser 
la  matière,  veut  nous  parler  du  divorce,  ayons  la 
patience  de  l'entendre,  boss.  Yar.  *•  avertist.  $  6. 
Il  6°  S'embarrasser,  v.  réfl.  S'entortiller,  s'em- 
pêln  r.  Le  roi,  qui  était  en  bottes,  selon  sa  coutume, 
s'embarrassa  dans  ses  éperons  et  tomba,  volï. 
Charles  III,  8.  Sa  tête  et  ses  cornes  s'embarrassent 
dans  les  festons  de  pampres.  M"*  de  genlis.  Veillées 
du  chdt.  1. 1 ,  p.  474 ,  dans  pougens.  ||  Fig.  Je  m'em- 
barrasse en  mes  pensées,  régniep,  Épit.iu.  Comme 
en  sa  propre  fourbe  un  menteur  s'embarrasse,  corn. 
Ment.  V,  7.  Ces  personnages  épisodiques  [d'une  pièce 
de  théâtre]  doivent  s'embarrasser  si  bien  avec  les 
premiers,  qu'une  seule  intrigue  brouille  les  uns  et 
les  autres,  id.  Premier  dise.  Et  pour  vos  intérêts, 
queje  voulais  lai.sser,  En  de  nouveaux  périls  [je]  viens 
de  m'embarrasser, MOL.  i'^tour. II,  1. 1|  S'embarrasser 
dans  ses  discours,  perdre  la  suite  de  ce  qu'on  dit. 
Il  Sa  langue  s'embarrasse,  il  ne  fait  que  balbutier. 
Il  Son  esprit  s'embarrasse ,  ses  idées  se  troublent. 
De  plus  en  plus  cet  esprit  s'embarrasse,  mair.  So- 
phon.  m,  4.  Il  7°  Se  causer  une  gêne  à  soi-même. 
L'âme,  qui  s'est  éloignée  de  la  source  de  son  être, 
ne  connajt  plus  ce  qu'elle  est;  elle  s'est  embarras- 
sée, dit  saint  Augustin  ,  dans  toutes  les  choses 
qu'elle  aime,  boss.  la  Vallière.  Quant  aux  soldats, 
plusieurs  s'étant  embarrassés  des  fruits  de  leur  pil- 
lage, devinrent  moins  lestes,  moins  insouciants, 
sÉGUR,  Hist.  de  Napol.  vm,  8.  ||  Se  causer  une 
gêne  réciproque.  Ils  s'embarrassent  les  uns  les  au- 
tres dans  cette  confusion,  fén.  Tél.  xvi.  ||  8°  De- 
venir interdit.  S  la  première  question,  il  s'em- 
barrasse. Il  9"  Prendre  souci  de.  Il  ne  fallait  pas 
s'embarrasser  de  leurs  fantaisies,  iiahilt.  Gramm. 
7.  U  ne  s'embarrassait  point  de  mes  chagrins,  fén. 
Tél.  xm.  De  quel  frivole  soin  mon  esprit  s'embar- 
rasse? RAC  Iphig.  IV,  8.  Il  S'embarrasser  de  tout, 
se  faire  une  grande  affaire  des  moindres  choses. 
Il  C'est  un  homme  qui  ne  s'embarrasse  de  rien ,  c'est- 
à-dire  rien  ne  lui  donne  de  l'inquiétude,  du  souci. 
Il  Dans  une  formule  de  politesse,  s'embarrasser  de 
quelqu'un,  se  charger  de  lui.  Est-ce  que  vous  voulez 
vous  embarrasser  de  moi?  Et  si  d'une  offre  en  l'air 
votre  âme  encor  frappée,  Veut  bien  s'embarrasser  du 
rebut  de  Pompée,  corn.  Sert,  iv,  2.  ||  10»  Terme  de 
médecine.  La  tête,  la  poitrine  s'embarrasse,  se  dit 
d'un  malade  dont  les  idées  sa  troub'ent,  qui  ressent 
de  l'oppression.  Sur  les  six  heures  du  soir,  sa  tête 
s'est  embarrassée,  et  insensiblement  il  est  tombé 
dans  le  délire  la  plus  effrayant,  m"  db  oenlis, 
Adèlecl  Théod.  t.  m,  lett.  67,  p.  4»4,  dans  poucENf. 


—  HIST.  xvr  s.  Le  pauvre  homme  embarrassé 
respondit....  mont,  i,  39.  Le  pont  estant  embarrassé 
du  bagage  qu'on  faisoit  retirer  dans  la  ville,  les 
fuyans  ne  se  pouvoient  sauver,  lanoue,  600.  La 
raison  se  perd,  s'embarrasse  et  s'entrave,  tour- 
noyant dans  cette  mer  ondoyante  des  opinions  hu- 
maines, MONT.  II,  (68. 

—  ÉTYM.  Embarras;  espagn.  embaraiar. 

t  EMBARREMENT  (an-ba-re-man),  s.  m.  Action 
d'embarrer;  résultat  de  cette  action. 

t  EMBARREB  (an-ba-ré) ,  «.  a.  ||  l'Enfermer  avec 
des  barres,  prendre  entre  des  barres.  ||  2°  Terme  de 
marine.  Faire  tourner  la  barre  du  gouvernail  plus 
qu'il  ne  convient.  On  dit  plus  souvent  barrer. 
Il  3°  V.  n.  Engager  un  levier  sous  un  fardeau  pour 
le  soulever.  ||  4»  Terme  de  verrerie.  Saisir  le  creuset 
par  la  ceinture.  |{  B"  S'embarrer,  v.  réfl.  Un  cheval 
s'embarre,  quand  il  se  prend  les  jambes  entre  les 
barres  de  l'écurie. 

—  HIST.  XII' s.  Delorespéesfont  esgrener  l'acier, 
Et  les  vers  elmes  enbarer  [enfoncer]  et  trenchier, 
n.  de  Cambrai,  <76.||xiv  s.  Et  jà  fust  Malepaie 
dedans  la  ville  entrez.  Quant  d'une  hache  fu  telle- 
ment assenez  Qu'il  fu  en  mi  le  trou  abatus  et  tom- 
bez, E  fu  son  basinet  en  son  chief  embarrez, 
Guescl.  v.  20236.  Il  XV*  s.  Et  lui  avala  une  dague 
qu'il  tenoit  sur  le  chef  qu'il  avoit  tout  nu,  et  lui 
embarra  là  dedans,  froiss.ii,  ii,  43.  ||  xvi*  s.  Saige 
chevalier  a  voulentiers  gros  chef  à  l'avenance  du 
corps,  et  rond,  et  bien  peu  embarré  selon  les  tem- 
ples, liosier  hist.  i,  4.  L'extrémité  de  l'elevatoire 
se  coule  par  dessous  l'os  embarré  [enfoncé]  et  frac- 
turé, PARÉ,  viii,  5. 

—  ÉTYM.  En  ) ,  et  barre;  provenç.  et  espagn.  em- 
larrar;  ital.  imbarrare. 

t  EMBARRURE  (an-ba-ru-r') ,  s.  f.  Terme  de  vé- 
térinaire. Contusion  ou  écorchure  provenant  de  ce 
qu'un  cheval  s'est  débattu  après  s'être  embarré. 
Il  Terme  de  chirurgie.  Espèce  de  fracture  du  crâne, 
dans  laquelle  une  esquille  passe  sous  l'os  sain,  et 
comprime  la  dure-mère.  ||  S.  f.  plur.  Terme  de  cou- 
vreur. Plâtres  que  l'on  fait  de  chaque  côté  des  faî- 
tières pour  les  sceller. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  troisième  espèce  des  fractures 
du  crâne  est  appellée  embarreure  ou  enfonsure  : 
emba''rure  ou  brisure  en  plusieurs  esquilles  ou  frag- 
mens;  enfonsure,  quand  la  pièce  est  du  tout  sépa- 
rée, tombante  sur  la  membrane,  sans  esquille, 
PARÉ,  vni,  t. 

—  ÉTYM.  Embarrer. 

f  EMBAS  (an-bâ) ,  loc.  adv.  qui  se  disait  pour 
en  bas  et  qui  a  vieilli.  En  embas  le  poteau  est  garni 
d'un  anneau  de  fer.  Chaîne  attachée  fixement  par  les 
deux  extrémités....  et  dont  chaque  partie  est  fixée 
en  embas  par  son  propre  poids,  ponten.  Bernoutli. 

'—  ÉTYM.  En  i,  préposition,  et  bas,  adjectif. 

I  EMBASE  (an-ba-z') ,  s.  f.  ||  1°  Terme  d'horlo- 
gerie. Assiette  qui  se  réserve  sur  l'arbre  d'une 
roue,  en  le  forgeant.  ||  2°  Partie  renflée  d'une  lame 
de  couteau.  ||  Ressaut  d'une  enclume.  ||  Partie  d'un 
ouvrage  de  menuiserie  qui  repose  sur  une  autre 
pièce.  Il  3°  Terme  de  serrurerie.  Eiùbases  d'espagno- 
lettes, parties  saillantes  et  profilées  au  droit  des  la- 
cets qui  tiennent  la  tige  ou  le  corps.  ||  Embase  de 
clef,  petite  moulure  sous  l'anneau.  |j  4°Terme  d'ar- 
murier. Partie  de  métal  sur  laquelle  une  autre  pièce 
vient  s'appuyer.  Renfort  de  métal  aux  tourillons 
(les  bouches  à  feu. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  base. 

EMBASEMENT  (an-ba-ze-man),  s.  m.  Terme 
d'architecture.  Base  continue  en  saillie,  au  pied 
d'un  bâtiment. 

—  ÉTYM.  Embase.  On  trouve  embassement,  qui 
est  fait  comme  soubassement  (voy.  ce  mot)  :  xvi"  s. 
Et  seront  posés  les  dits  termes  sur  un  certain  em- 
bassement, qui  servira  de  siège  pour  ceux  qui  sont 
assis  dedans  le  dit  cabinet,  palissy,  8).  Ses  actions 
n'estoient  que  herault  de  sa  gloire,  les  défaveurs 
théâtres  élevez  à  sa  constance,  le  cercueil  embasse- 
ment d'un  immortel  trophée,  menard,  Hist.  du  Gués- 
clin,  Épit.  à  la  noblesse  française. 

t  EMBASSURE  (an-ba-su-r") ,  s.  f.  Parois  du  four 
ilu  verrier,  depuis  le  plan  de  la  base  jusqu'à  la  nais- 
sance de  la  voûte. 

t  EMBASTILLÉ  ,  ÉE  (  an-ba-sti-llé ,  liée,  Il 
mouillées),  part,  passé.  \\i'  Mis  à  la  Bastille.  Me 
voici  donc  dans  ce  lieu  de  détresse  Embastillé,  logé 
fort  à  l'étroit.  Ne  dormant  point,  buvant  chaud, 
mangeant  froid,  volt.  lo  BosdHc.  ||  2°  Entouré  de 
forts ,  en  parlant  d'une  ville.  Les  Parisiens  seront 
et  resteront  fortifiés  et  embastillés,  afin  que  s'ac- 
complissent les  paroles  des  Guêpes  :  Tu  l'as  voulu 
George  Dandin.  alph.  kahh,  Guêpes,  oct.  4  843. 


EMB 

f  ESrBASTILLEJIENT  (an-ba-sti-lle-man ,  ÎZ  mouil- 
lées), s.  m.  Action  d'embastiller.  Les  journaux  qui 
ont  fait  les  plus  longs  discours  contre  l'embastille- 
ment  de  Paris....  tout  le  monde  e.st  devenu  partisan 
des  fortifications,  alph.  karr,  fîuépes,  janv.  484). 

fEMBASTILLEB  (an-ba-sti-llé.  Il  mouillées) ,  v.  a. 
Il  1°  Mettre  à  la  Bastille  ou  dans  une  autre  prison 
d'État.  Il  2°  Embastiller  une  ville,  l'entourer  de 
forts,  do  bastilles. 

—  ÉTYM.  En  * ,  et  bastille. 

EMBATAGE  (an-ba-ta-j'j ,  s.  m.  Terme  de  char- 
ron. Opération  qui  consiste  à  poser  le  fer  des  roues. 

—  ÉTYM.  Embatre. 

t  EMBATAILLEMENT  (  an-ba-ta-lle-man  ,  Il 
mouillées),  s.  m.  Terme  d'art  militaire.  Action  de 
passer  de  l'ordre  appelé  colonne  à  celui  qu'on  nomme 
bataille. 

t  EMBATAILLER  (an-ba-ta-llé,  Il  mouillées), 
».  a.  Terme  d'art  militaire.  Ranger  en  bataille. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  bataille. 

t  EMBATAILLONNER  (an-ba-ta-llo-né,  Il  mouil- 
lées), V.  a.  Terme  d'art  militaire.  Former  des  sol- 
dats, des  compagnies  en  bataillon. 

—  ÉTY'M.  En  i ,  et  bataillon. 

EMBÂTÉ,  ÉE  (an-bâ-té,  tée),  part,  passé.  Ane 
embâté. 

EMBÂTER  (an-bâ-té),  V.  a.  ||  1»  Garnir  dubât  une 
bête  de  somme.  Embâter  les  mulets.  ||  2°  Fig.  et  fa- 
mihèrement,  embarrasser  ou  ennuyer.  Embâter 
quelqu'un  d'une  affaire  désagréable.  Vous  nous  avez 
embâtés  d'un  homme  insupportable.  Le  chancelier 
déclara  à  M.  de  Chevreuse  qu'il  pouvait  faire  son 
fils  duc  et  pair  s'il  voulait,  et  embâter  le  roi  de  ses 
beaux  raisonnements,  st-sih.  3i3,  m. 

—  HIST.  XVI*  s.  Que  le  mulet  aie  le  dos  uni,  non 
beaucoup  pendant  des  deux  costés,  ains  approchant 
celui  du  cheval,  afin  de  tant  mieux  tenir  la  selle,  ce 
qui  n'est  considérable  au  mulet  à  bast ,  qui  s'embasle 
bien  en  dos  d'asne,   c'est  à  dire  pendant,  o.  de 

serbes,    316. 

—  ÉT'YM.  En  i ,  et  bât;  provenç.  enbastar;  ital. 
imbastare. 

f  EMBATOIR  (an-ba-toir) ,  s.  m.  Fosse  longue  et 
étroite,  où  les  charrons  placent  debout  les  roues  de 
voiture  qu'ils  veulent  embatre. 

—  ÉTYM.  Embatre. 

EMBATONNÉ^ÉE  (an-bâ-to-né,  née) ,  part,  passé. 

Armé  d'un  bâton Mes  ménades  Feront  de  telles 

algarades  i  ces  monstres  embâtonnés,  scarron, 
Typh.  chap.  ii,  dans  richelet.  ||  Terme  de  blason. 
Colonnes  embâionnées,  colonnes  cannelées  dont  la 
cannelure  est  remplie  de  figures  de  bâtons. 

EMBATONNER  (an-bâ-to-né),  v.  a.  ||  1"  Armer 
d'un  bâton.  Et  fussiez-vous  embâtonnés.  Jamais 
vous  n'en  seriez  les  maîtres,  la  font.  Fabl.  n,  ts. 
Il  2°  Terme  d'architecture.  Remplir  de  figures  de 
bâtons  les  cannelures  d'une  colonne  jusqu'à  une 
certaine  partie  de  son  (ùt.  Colonne  cannelée  etembâ- 
lonnée.  ||  3°S'embâtonner,t).r^/Î.S'armerd'un bâton. 

—  HIST.  IV*  s.  Le  quel  messire  Hector  issit  hors 
de  son  hostel,.  et  vint  tout  à  cheval  armé  et  embas- 
tonné  [armé  d'une  lance],  monstrelet,  n,  I02. 
Soupper  :  Estes-vous  prests?  —  Jaunisse  :  Oui  voir. 
—  Soupper  :  Emliastonnez?  —  Gravelle  :  De  bons 
basions ,  la  Condamnation  de  Bancquet,  Rec.  de 
farces,  p.  32i.  Notât  que  les  maladies  se  viennent 
icy  présenter  en  figures  hydeuses  et  monstrueuses, 
embastonnées  et  habillées  si  estrangement,  que  à 
peine  peut-on  discerner  si  ce  sont  femmes  ou  hommes, 
ib.  p.  293. 

—  ÉTYM.  En  f  ,  et  bâton;  provenç.  embastonar. 
EMBATRE  (an-ba-tr') ,  «.  a.  Terme  de  charron. 

Appliquer  les  bandes  de  fer  qui  se  mettent  sur  la 
circonférence  des  roues.  Embatre  une  charrette. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Académie,  écri- 
vant battre  avec  deux  t,  écrit  embatre  avec  un  seul. 
Il  faudrait  écrire  dans  les  deux  cas  avec  un  seul  t, 
puisque  le  second  ne  sert  à  rien  et  qu'il  n'est  ni  du 
radical  ni  de  la  terminaison. 

—  HIST.  xi°  s.  Son  bon  espié  enz  au  cors  [il]  lui 
enbat,  Ch.  de  Roi.  xciv.  ||  xii*  s.  Vous  m'avez  en- 
batu  [pris]  au  perge  [piège],  Lai  d'Ignaurés.  ||  xm*  s. 
Se  vous,  une  autre  fois,  vous  enbatez  en  tel  péril, 
dont  Diex  vous  gart,  nous  vous  rendrons  ci  oren- 
droit  tout  ce  que  nous  tenons  de  vous,  h.  de  valenc. 
IV.  Il  XIV*  s.  L'estude  de  tel  livre  engendre  et  enbat 
ou  accroist,  es  cœurs  de  ceux  qui  y  entendent,  af- 
fection et  amour,  oresme,  Prol.  ||  xv*  s.  S'ils  se 
fussent  embattus  en  icelui  port  qu'ils  avoient  choisi, 
ils  estoient  perdus,  froiss.  i,  i,  48.  ||  xvi*  s.  Nos 
gens  de  cheval  s'embattirent  pesle-mesle  parmi  leurs 
gens  de  pied,  qui  estoient  espars,  m.  du  Bel- 
lay, 386. 


EMB 


1335 


—  ÉTTM.  En  i  ,eX  battre;  provenç. enftafre;  itaL 
imbattere.  Embatre  dans  l'ancien  français  signifie 
jeter  sur. 

EMBATU,  CE  (an-ba-tu,  tue),  part,  passé  d'em- 
batre.  Roue  embatue. 

EMBAUCHAGE  (an-bô-cha-j') ,  s.  m.  ||  1°  Action 
d'embaucher  des  ouvriers.  {|  Bienvenue,  repas  qu'un 
ouvrier  paye  à  ses  camarades  lorsqu'il  est  admi^  à 
travailler  chez  un  maître.  ||  2°  Par  extension,  action 
de  faire  passer  des  soldats  à  l'ennemi.  Le  crime 
d'embauchage  est  puni  de  mort. 

—  ÉTYM.  Embaucher. 

EMBACCHÉ,  ÉE  (an-bfl-ohé,  chée),  part,  passé. 
Des  ouvriers  embauchés. 

t  EMBAUCHÉE  (an-bô-chée),  s.f.  Dans  quelques 
arsenaux,  l'heure  du  commencement  ou  delà  re- 
prise du  travail. 

t  EMBAUCHEMENT  (an-bô-che-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion d'embaucher. 

—  ÉTYM.  Embaucher. 

EMBACCHÈR  (an-bô-ché),  v.  a.  \\l°  Engager  un 
ou  plusieurs  ouvriers.  ||  2°  Attirer  des  ouvriers  dans 
un  nouvel  atelier  au  préjudice  du  patron  pour  lequel 
ils  travaillaient.  ||  3°  Terme  de  guerre.  Chercher 
à  faire  déserter  le  drapeau.  Embaucher  des  sol- 
dats. Il  4°  S'embaucher,  v.  réfl.  Pratiquer  l'un  sur 
l'autre  l'embauchage.  Ils  cherchaient  mutuellement 
à  s'embaucher. 

—  HIST.  XVI*  s.  Embaucher  ou  emboscher,  Ro- 
bert estiejïne,  cotgbave,  oudin. 

—  ÉTYM.  Ent,el  bauche  ;  Berry,  embaucher,  com- 
mencer :  il  a  embauché  à  moissonner  ;  espagn.  em- 
baucar,  tromper;  embauco,  artifice,  ruse.  Comparez 
débaucher,  ébaucher.  Embaucher  c'est  faire  entrer 
dans  la  bauche  ou  bauge,  et  de  là  les  sens  dérivés 
et  métaphoriques. 

EMBACCHEUR  (an-bô-cheur) ,  s.  m.  \\  1°  Celui 
qui  embauche  des  travailleurs.  Ils  forment  un  en- 
gagement de  trois  cents  livres  au  profit  de  l'embau- 
cheur,  chargé  par  cet  engagement  de  leur  fournir 
quelques  vêtements,  qu'on  peut  estimer  le  dixième 
de  cette  valeur,  haynal,  Hist.  phil.  ii,  26.  ||  2°  Celui 
qui  embauche  des  soldats. 

—  ÉTYM.  Embaucher. 

EMBAUCHOIR  (an-bô-choir) ,  s.  m.  Terme  de 
cordonnier.  Forme  qu'on  introduit  dans  des  bottes 
pour  les  maintenir  ou  pour  les  élargir.  On  dit  aussi 
embouchoir. 

—  REM.  L'Académie  a  tort  de  permettre  embou- 
choir comme  synonyme,  ditGÉNiN,  Récréât,  t.  ii, 
p.  30.  Mais  les  deux  mots  ne  s'excluent  pas  :  Em- 
bauchoir est  l'instrument  qui  se  met  dans  la  bauche 
ou  bauge,  et,  par  métaphore,  dans  la  botte;  em- 
bouchoir, l'instrument  qui  embouche  la  botte.  À  vrai 
dire,  embouchoir  paraît  le  meilleur. 

—  ÉTYM.  Embaucher. 

t  EMBAUCHURE  (an-bô-chu-r'),  j.  f.  Fourniture 
générale  des  ustensiles  nécessaires  dans  une  fabrique 
de  sel. 

—  ÉTYM.  Embaucher. 

EMBAUJTÊ,  ÉE  (an-b8-mé,  mée),  part,  passé. 
Il  1"  Imprégné  d'une  odeur  délicieuse.  L'haleine  em- 
baumée des  vents.  Savourons  à  longs  traits  sous  son 
ombre  embaumée  De  Chypre  et  de  Cherès  [Xérès] 
la  liqueurparfumée,  angelot,  Ftejque,  i,  5.  |{  Fig. 
Cependant  il  est  doux  de  respirer  encore  Cet  air  du 
ciel  natal  où  l'on  croit  rajeunir,  Cet  air  qu'on  res- 
pira dès  sa  première  aurore,  Cet  air  tout  em- 
baumé d'antique  souvenir,  lamaht.  Harm.  m,  t. 
Il  2°  Qui  a  reçu  l'embaumement.  Les  corps  embaumés 
qu'on  retrouve  dans  les  tombeaux  égyptiens.  Mais 
quel  bien  fait  le  bruit  et  qu'importe  la  gloire?  Est-on 
plus  ou  moins  mort  quand  on  est  embaumé?  a.  de 
MUSSET,  Poésies  nouv.  Après  une  lecture. 

EMBAUMEMENT  (an-bô-me-man) ,  s.  m.  Action 
d'embaumer  un  corps.  L'art  des  embaumements. 
L'état  des  chairs  [de  Cromwell]  après  l'embaume- 
ment empêcha  de  porter  le  cadavre  à  Westminster, 
chateaub.  Stuarts,  283. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  ne  sont  coustumiers  d'user  de 
telle  cérémonie  d'embaumement,  pah8,  Uumie,  7. 

—  ÉTYM.  Embaumer. 

EMBAUMER  (an-bômé),  v.  a.  \\  1*  Remplir 
d'une  odeur  de  baume,  et,  en  général,  de  toute 
bonne  odeur.  Les  citronniers  embaument  l'air.  Cette 
liqueur  embaume  la  bouche.  L'air  est  embaumé  par 
la  grande  quantité  de  fleurs  que  fournissent  les 
orangers,  les  citronniers  et  les  autres  arbres,  rol- 
LiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  44,  dans  pougens. 
Près  des  flots  du  riant  Hisse,  Les  parfums  dorés  du 
narcisse  Embaument  nos  vallons  fleuris,  m.  j.  ché- 
NiER,  Oii.  à  Col.  a,  2.  Il  Absolument.  Ce  vin  em- 
baume. Il  2°  Remplir  un  corps  mort  de  substaaees 


1330 


EMB 


r.,lH«mi(iue8,  pour  le  préserver  de  la  putiéfaction. 
Le  raoyeri  le  plus  habituel  employé  par  les  Egyp- 
tiens pour  embaumer  les  corps  était  d'en  saturer 
chaque  partie  avec  de  l'asphalte.  ||  3°  Par  exten- 
sion,  remplir  un  corps  mort  d'une  substance  quel- 
conque propre  à  en  assurer  la  conservation.  Les 
«ubstances  les  plus  employées  aujourd'hui  pour 
embaumer  sont  le  deutochlorure  de  mercure,  une 
solution  d'acétate  ou  de  chlorure  d'alumine  poussée 
par  les  artères,  ou  de  chlorure  de  zinc  avec  ad- 
dition d'hyposulfite  de  soude.  ||  4°  S'embaumer,  v. 
rrfl.  Être  imprégné  d'une  bonne  odeur.  L'apparte- 
ment s'embauma  du  bouquet  qu'on  avait  apportés 
i|  Être  préservé  de  la  putréfaction.  Certains  corps 
ne  s'embaument  pas  facilement. 

—  HIST.  XII"  s.  Les  douze  pairs  [ils]  firent  bien 
enbasnier,  Honc.  p.  <76.  ||  xiif  s.  Li  cors  le  roi  fu 
embaumés  et  fu  portés  à  Roem  en  Normandie, 
Chron.  de  liains,  p.  <7.  Et  sachiez  que,  sitost 
comme  les  messages  ouvrirent  leur  escrins  là  où  ces 
choses  estoient,  il  sembloit  que  toute  la  chambre 
fust  embausmée,  si  souef  fleroit  [tant  cela  sentait 
bon],  joiNv.  260.  Qui  autrui  vuet  blasmer,  il  doit 
estre  sans  blasme,  Et  qui  vuet  [veut]  embasmer,  il 
doit  avoir  du  basme,  i.  de  meunq,  Test.  694.  ||  xv  s. 
Je  vueil  que....  vous  prenez  le  coeur  de  mon  corps, 
et  le  faytes  bien  embaumer,  fboiss.  i,  i,  47. 
Il  XVI*  s.  Devant  l'autel,  des  cyprès  singuliers  Je  vis 
fleurir  soubz  odeur  embasmée,  marot,  i,  <76. 
J'embaumai  le  corps  mort  dudit  seigneur  de  Mar- 
tigues,  PARÉ,  Introd.  27.  Ange  divin,  qui  mes  playes 
embame.  Pour  soulager  les  peines  de  mon  ame, 
HONS.  t7.  Qui  put  le  plus,  le  plus  s'embome,  leroux 

DE  LINCY,  Prov.  t.  II,   p.  ^04. 

—  ÊTYM.  En  <  ,et  fcoume;  provenç.  enbasmar,  em- 
baiimar;  espagn.  embalsamar ;  ital.  imbalsamare. 

t  EMBAUMEUR  (an-bô-meur),  s.  m.  Celui  qui  em- 
baume les  cadavres. 

—  ÉTYM.  Embaumer. 

t  EMBECQUER  (an-bè-ké) ,  V.  a.  Terme  d'oisel- 
lerie. Donner  la  becquée  à  un  petit  oiseau.  ||  Terme 
de  pêche.  Attacher  l'appât  à  la  pointe  d'un  hameçon. 

—  HIST.  xvi*  s.  L'oiseau  gazouille,  selon  qu'il  est 
embecqué,  cotgkavk. 

—  ÈTYM.  En  ) .  et  bee. 

t  EMBECQUETER  (an-bè-ke-té) ,  v.  n.  Terme  de 
marine.  S'avancer  en  dedans  d'un  des  caps  de  l'en- 
trée d'un  détroit,  d'un  canal,  d'un  bras  de  mer. 

EMBÉGUINÉ,  ÉE  (an-bé-ghi-né.  née),  pari,  passé. 
Il  l"  Oui  porte  un  oéguin.  Elles  craignaient  qu'un 
refus  obstiné  Ne  les  brouillât  avec  nos  sœurs  de 
Nantes  :  Ainsi  jugea  l'Etat  embéguiné,  gress.  Vert- 
Tert,  ch.  ii.  H  2"  Entiché,  prévenu.  Est-il  pos.sible 
que  vous  serez  toujours  embéguiné  de  vos  apothi- 
caires  et   de   vos  médecins?  mol.  Mal.  im.  m,  3. 

EMBÉGUINER  (an-bé-ghi-né) ,  ».  a.  ||  1°  Coiffer 
d'un  béguin;  envelopper  la  tête  de  linge.  Oui  vous 
a  si  plaisamment  embéguiné?  ||  2°  Kig.  Infatuer, 
entêter.  Ceux  qui  se  laissent  facilement  embéguiner 
des  opinions,  G.  naudé.  Apologie,  p.  472.  |j  3°S'em- 
béguiner,  v.  réfléchi.  Se  couvrir  d'un  béguin.  ||  Kig. 
S'infatuer.  Ce  lieau  monsieur  le  comte  dont  vous 
vous  êtes  embéguiné,  mol.  Bourg,  gent.  m,  3.  Pour 
que  des  successeurs  de  Scipion  s'embéguinassent 
d'un  pareil  conte,  volt.  Philos,  m,  <02. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'estant  noué  la  gorge  et  embé- 
guiné comme  auparavant,  dksper.  Contes,  ex.  Ils 
seront  tenus  de  se  lais.ser  coiffer,  embéguiner,  en- 
chevestrer,  et  mener  à  l'appelit  de  MM.  les  cathe- 
drans.  Sot.  Uén.  p.  76. 

—  ÊTYM.  £n  4  ,  et  béguin. 

t  EMBELLE  (an-bè-l'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Nom  de  la  partie  d'un  vaisseau  qui  est  comprise 
entre  la  herpe  d'un  grand  mât  et  celle  de  l'avant. 

EMBELLI,  lE  (an-bê-li,  lie),  part,  passé  d'em- 
bellir. Oui  est  devenu  beau  ou  plus  beau.  Elle  est 
fort  embellie  depuis  que  je  ne  l'ai  vue.  Un  paysage 
embelli  par  un  ruisseau  qui  serpente.  ||  Fig.  Une 
retraite  embellie  par  les  arts  et  par  l'amitié.  Votre 
âme  embellie  de  justice  est  devenue  la  demeure  du 
Saint-Esprit,  mass.  Car.  Kech. 

EMBELLIE  (an-bè  lie) ,  s.  f.  Terme  de  manne. 
Amélioration  du  temps,  devenant  beau  pour  un  mo- 
ment, après  une  bourrasque,  un  grain  violent  ou  un 
coup  de  vent  obstiné. 

—  ETYM.  Embelli. 

EMBELLIR  (an-bê-lir) ,  v.  a.  \\  1°  Rendre  beau,  ou 
plus  beau.  Des  monuments  embellissent  la  ville.  Il 
a  beaucoup  embelli  son  habitation.  Le  cygne  plaît  à 
tous  les  yeux;  il  décore,  embellit  tous  les  lieux 
qu'il  fréquente,  bukfon,  Cvflnc  ||  Absolument.  La 
parure  embellit.  Le  poète  lui  donne  ici  l'épithète  de 
beau,  quoique  la  tristesse  n'embellisse  pas,  bern. 


EMB 

DE  ST-piERRE,  Harm.  VIT,  De  l'amitié.  ||  2"  Fig. 
Orner,  répandre  des  agréments  sur.  Seigneur,  embel- 
lissez ce  grand  nom  de  vainqueur  Du  nom  plus  glo- 
rieux de  pacificateur,  volt.  Brut,  m,  7.  Viens  em- 
bellir cette  âme  esclave  de  la  tienne,  in.Scythes,  m, 
a.  Une  amitié  sincère  embellissait  nos  jours,  bay- 
nouahd,  Etats  de  Blois.  ii,  5.  ||  Embellir  une  his- 
toire, un  récit,  y  ajouter  des  traits  qui  ne  sont  pas 
vrais  pour  la  rendre  plus  piquante  ou  pour  la  faire 
valoir.  N'y  ajoutez-vous  rien,  n'embellis.sez-vous  |ias 
votre  histoire?  mass.  Car.  Médis.  ||  3'  V.  n.  Devenir 
beau  ou  plus  beau.  Cette  enfant  embellit  tous  les 
jours.  La  phra.se  de  croître  et  d'embellir  semblait 
n'avoir  été  faite  que  pour  elle,  hamilt.  Gramm.  4. 
Il  Familièrement  et  ironiquement.  Ne  faire  que 
croître  et  embellir,  se  dit  de  défauts,  d'habitudes, 
de  passions  qui  vont  toujours  augmentant.  Sa  sottise 
tous  les  jours  ne  fait  que  croître  et  embellir,  mol. 
Comtesse,  4.  Ses  soupçons  ne  firent  que  croître  et 
embellir,  hamilt.  Gramm.  8.  |{  4°  S'embellir,  v. 
réfl.  Devenir  beau.  On  s'embellit  encore  en  voyant 
ce  qu'on  aime,  LACHAUsstE,  Mélanide,  iv,  i.  Ce 
More  l'adorait;  .son  front  victorieux  Sut  à  force 
d'exploits  s'embellir  à  ses  yeux,  Bucis,  Olhel.  i,  7. 
Il  Fig.  Dans  le  bonheur,  tout  s'embellit  à  nos  yeux, 
Dict.  de  l'Académie. 

—  REM.  Embellir,  v.  n.  Se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire avoir,  quand  on  veut  exprimer  l'action  :  il  a 
embelli  depuis  quelque  temps;  avec  l'auxiliaire 
être,  quand  on  veut  marquer  l'état  :  comme  cette 
femme  est  embellie  I 

—  HIST.  XIII*  s.  Li  solaus  se  torne  al  serain,  Et 
s'enbielist  et  soir  et  main,  Partonopeus,  v.  l'J.  Et 
jà  soit  ce  ke  li  cavel  [cheveux]  ne  soient  membre,  à 
parler  soutilment,  mais  soient  por  le  cors  enbielir.... 
ALEBRANT,  f"  33.  Se  il  U  plaist  qu'il  i  voelle  estre 
[écuyer],  Miex  m'en  embelira  son  estre,  Bl.  etJeh. 

V,  <9« La  seignurie,  De   reims  [rameaux],  de 

flurs  e  fruit  garnie.  De  foille  e  verdure  enbelie, 
Edouard  le  conf.  v.  3808.  ||  xv*  s.  Il  [le  roi  an- 
glais] regarda  et  imagina  que  sa  guerre  du  roi  de 
France  en  seroit  embellie  [par  l'hommage  du  duc 
de  Bretagne],  et  qu'il  ne  pouvoit  avoir  plus  belle  en- 
trée au  royaume,  ni  plus  profitable  que  par  Breta- 
gne, FROiss.  1,  I,  <B2.  Il  xvi*  s.  Les  peinctures  de 
quoy  la  poésie  a  embelli  l'aage  doré,  mont,  i,  235. 
Les  femmes,  au  veu  et  au  sceu  d'un  chascun,  s'em- 
bellissent d'une  beauté  faulse  et  empruntée,  id.  ii, 

281. 

—  ÉTYM.  En  4,  et  beau,  bei/provenç.  embellir, 
embellexir. 

t  EMBELLISSANT,  ANTB  (am-bè-li-san,  san-t'), 
adj.  Oui  embellit.  Il  verse  de  ces  larmes  auxquelles 
le  sensible  Virgile  a  donné  ailleurs  l'épithète  de  de- 
corx,  d'embellissantes,  parce  que  la  vertu  les  fait 
répandre,  bern.  de  st-p.  Harm.  vu,  DeVamitié. 

EMBELLISSEMENT  (  an-bè-li-se-man  ) ,  s.  m. 
Il  1°  Action  d'embellir,  d'orner  quelque  chose. 
L'embellissement  d'une  ville.  Ils  [les  cosaques]  ajou- 
taient que  c'était  un  larcin  fait  à  son  pays  [aller 
mourir  en  terre  étrangère];  que,  vif,  on  se  devait 
à  sa  culture,  à  sa  défense,  à  son  embellissement; 
que,  mort,  on  lui  devait  son  corps  qu'on  tenait  de 
lui,  qu'il  avait  nourri,  et  dont  à  son  tour  on  devait 
le  nourrir,  ségur,  Hist.  de  Napol.  viii,  io.  ||La 
chose  même  qui  embellit.  Faire  de  nouveaux  embel- 
lissements à  sa  demeure.  ||  2°  Ornement.  Les  embel- 
lissements d'un  discours.  |{  Action  d'ajouter  à  une 
histoire,  à  un  récit  des  traits  qui  ne  sont  pas  vrais. 

—  HIST.  xvi*  s.  U  [Plutarque]  est  si  universel  et 
si  plein  qu'à  toutes  occasions,  et  quelque  subject 
extravagant  que  vous  ayez  prins,  il  s'ingère  à  vos- 
tre  besongne,  et  vous  tend  une  main  libérale  et  in- 
espuisable  de  richesses  et  d'embellissements,  mont. 

III,    3B5. 

—  ÉTYM.    Embellir. 

t  EMBELLISSEUR  (an-bè-li-seur),  î.  m.  Néolo- 
gisme. Celui  qui  embellit. 

t  EMBÊRIZE  (au-bé-ri-z') ,  s.  f.  Nom  moderne  du 
genre  bruant. 

—  ÉTYM.  Schelerle  tire  de  l'allemand  Emmerii, 
Emberitx,  Embrits,  dérivé  lui-même  de  Ammer, 
qui  signifie  aussi  erabérize. 

t  EMBERLIFICOTER  (an-bèr-li-fi-ko-té)  ,  v.  a. 
Terme  populaire.  Embarrasser,  au  propre  et  au  fig. 
Il  S'emberlificoter,  v.  réfl.  Il  s'est  emberlificoté  dans 
une  corde,  dans  ses  explications. 

—  ÉTYM.  Mot  de  fantaisie. 
EMBKRLUCOQUÉ,ÊE  (an-bèr-lu-koké,  kée)  ,por«. 

passé.  Kmberlucoqué  de  la  croyance  à  la  sorcellerie. 
EMBERLUCOyUER(S')(an-bèr-lu-ko-ké).  v.  réfl. 
Terme    familier.  S'entêter  d'une   idée,    s'attacher 
aveuglément  à  une  opinion. 


EMB 

--  TEM.  Hauteroche  a  dit  embrelicoquer  :  Xquoi 
bon  s'aller  embrelicoquer  l'esprit  de  ces  bâtards  de 
noms?  Crispin  médecin,  ni,  2.  Une  autre  variante 
de  ce  mot  est  emberloquer  :  Elle  regardait  avec  éba- 
hissement  ce  nigaud,  dont  elle  rpgrettait  de  s'être 
emberloquée,  chateaub.  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  HIST.  XVI*  s.  N'emburelucocquez  jamais  voses- 
peritz  de  ces  vaines  pensées,  rab.  t.  i,  p.  36,  dans 

LACl'RNE. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue,  àmoinsqu'on  n'yvoie 
un  mot  de  fantaisie,  fait  sur  le  thème  embrouille,', 
ou,  SI  l'on  veut,  en,  et  berlue  ou  beriu (hurluberlu), 
et  coquer,  représentant  coque,  capuchon  :  s'enca- 
puchonner  de  berlue,  voir  des  choses  qui  ne  sont 
pas. 

EMBESOONÉ,  ÉE  (an-be-zo-gné,  gnée),  ad). 
Terme  familier.  Qui  est  fort  occupé  k  quelque  be- 
sogne. Vous  voilà  bien  embesogné.  Pallas  même  y 
prit  la  cognée  Pour  faire  de  l'embesognée,  scAii- 
RON,  Virg.  travesti,  dans  le  houx,  Dict.  comique. 

—  HIST.  XII*  s.  Carde  ferir  sui  trop  enbesogniez, 
Ronc.  p.  66.  Il  XIII*  s.  Il  paroit  bien  à  son  atour 
Ou'ele  iere  [était]  poi  embesoignie,  Ouant  ele  s'iere 
bien  pignieEtbien  parée  et  atornée,  la  Rose,  v.  686. 
Ou  quant  il  est  embesogniés  des  besongnesson  sei- 
gneurou  des  besongnes  au  soverain,  beauh.  ixi,  i. 
Il  XV*  s.  Et  l'embesogna  [prit  à  son  service  le  che- 
valier Jean  HaccoudeJ  pape  Urbain,  tant  qu'il  ves- 
qui,  contre  les  seigneurs  de  Milan,  froiss.  h,  ii, 
61.  Il  XVI*  s.  L'eslude  et  la  contemplation  embeson- 
gnent  aulcunement  nostre  ame  à  part  du  corps, 
MONT.  I,  68.  Ceux  là  sembesongnoient  aprez  les 
paroles;  ceulx  cy  aprez  les  choses,  id.  i,  <62.  Je 
suis  despit  de  quoy  nostre  vie  s'embesongne  toute 
à  cela  [à  apprendre  à  parier],  id.  l,  193.  Tout  cha- 
cun s'embesoigna  aux  barricades  [se  mit  à  les  faire] , 

OARL.  V,    16. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  besogne. 

t  EMBETANT,  ANTE  (an-bê-tan,  tan-t').  adj. 
Terme  très-lrivial.  Qui  embête.  11  est  embêtant. 
Cela  est  embêtant. 

fE-MBÊTEMENT  (an-bê-te-man),  s.  m.  Terme 
três-trivial.  Action  d'embêter.  ||  Chose  qui  ennuie, 
contrariété. 

—  ÉTYM.  Embêter. 

t  EMBÊTER  (an-bê-té),  v.  a.  Terme  très-trivial. 
Rendre  stupide;  aveugler.  {|  Ennuyer.  ||  S'embête:-, 
V.  réfl.  S'ennuyer,  avoir  de  l'ennui. 

—  ÉTYM.  En  ( ,  et  béte. 

t  EMBEURRER  (an-beu-ré),  v.  a.  Garnir  d'une 
couche  de  beurre. 

—  HIST.  xvi*  s.  Je  aime  aussi  chier  emheurrer 
mon  pain  que  de  l'emmieller,  palsgr.  p.  739. 

—  ÉTYM.  En  4,  et  beurre. 

I  EMBICUETAGE  (an-bi-che-ta-j"),  t.  m.  Dis- 
tance entre  le  centre  de  la  petite  platine  de  la  cage 
d'une  montre  et  le  centre  de  la  grande  platine.  On 
trouve  aussi  embistage. 

—  ÉTYM,  Y  a-t-il  dans  ce  mot  le  mot  bichet,  me- 
sure de  capacité  ?  Y  a-t-on  assimilé  la  distance  des 
deux  platines  ? 

t  EMBLAISON  (an-blè-zon) ,  s.  f.  Terme  rural. 
Saison  des  semailles. 

—  ÉTYM.  Emblaver.  C'est  une  contraction  d'em- 
blavaison. 

f  EMBLAVAGE  (an-bla-va-j') ,  t.  m.  Action  d'em- 
blaver. 

EMBLAVÉ,  ÉE  (an-Wa-vé,  vée),  part,  passé. 
Terres  emblavées. 

EMBLAVER  (an-bla-vé),  v.  a.  Terme  d'agricul- 
ture. Ensemencer  une  terre  en  blé.  ||  On  le  dit  aussi 
d'autres  productions.  Emblaver  un  champ  en  pom- 
mes de  terre  ou  de  pommes  de  terre.  Les  prévisions 
ne  furent  que  trop  justifiées;  car,  cette  année-là, 
pour  une  même  quantité  de  surfaces  emblavées  [de 
betteraves],  la  production  du  sucre  se  trouva  di- 
minuée de  20  millions  de  kilogrammes,  païen,  Pro- 
duct.  agric.  Revue  des  Deux-Mondes ,  t5  fév.  (862, 
p.  981. 

—  HIST.  XIII*  s.  Se  ne  fusson  si  emblaé  [empê- 
chés], Jà  vous  eùsson  effraé,  Ren.  68)1.  ||xv«  s. 
Ors  est  [maintenant  il  est]  sales  et  deslavez,  Et  de 
pou  de  chose  emblavez  [fourni],  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  ^654,  dans  LACL'RNE. Il  XVI*  S.  Si  aucunes 
oyes  sont  trouvées  ez  prez  ou  en  vignes,  en  quelque 
temps  que  ce  soit,  ou  en  terres  embladées  ou  se- 
mées, LA  THAUMASSIÈRE,  Coul.  de  Berry ,  p.  366, 
dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Kn  t,  etbM(ïoy.  blé);  norm.  emblayer, 
Berry,  emblader,  embùxiver;  wallon,  èblaver,  em- 
pêcher; rouchi,  emblaver,  semer  la  terre  et  em- 
pêcher le  pas-sage;  ital.  imbadiare;  bas-lal.  imbla- 
dare.  Emblaver  a  signifié  au  propre  mettre  eo  blo, 


EMB 

puis,  au  figuré,  embarrasser,  parce  que  la  récolte 
sur  pied  encombre  le  champ;  de  même  que  dehlaver 
(déblayer)  a  signifié  ôter  la  récolte,  puis  ôter  ce 
qui  encombre. 

EMBLAVURE  (an-bla-vu-r') ,  s.  f.  Champ  ense- 
mencé de  blé. 

—  ÉTYM.  Emblaver;  Berry,  embladure. 
EMBLÉE  (D")  (dan-blée),    loc.  adv.  Du  premier 

coup,  du  premier  effort.  Emporter  une  ville  d'em- 
blée. La  ville  était  trop  bien  munie  pour  l'emporter 
d'emblée,  vaugel.  Q.  C.  vu, '6,  dans  richelet. 
Il  On  dit  de  même  emporter  une  affaire  d'emblée. 
Il  II  a  été  élu,  nommé  d'emblée,  c'est-à-dire  sans 
opposition.il  Emporter  quelqu'un  d'emblée,  le  dé- 
cider dès  le  premier  effort.  11  ne  devait  pas  vouloir 
prendre  Valcourt  d'emblée,  sév.  679. 

—  IIIST  xu'  s.  Pur  quei  te  unt  mened  [mené]  ces 
de  Juda  en  emblées  ultre  le  flum  e  tes  compaignons 
sans  nus  [nous]?Jiois,  p.  190.  ||xV  s.  Le  duc  d'Au- 
trische  a  prins  ou  par  ses  gens  fait  prendre  d'am- 
blée  nostre  cité  de  Therouenne,  Lettre  de  Char- 
les rit[,  Bulletin  du  comité  de  la  langue,  t.  m, 
p.  693.  Et  pareillement  en  ces  propres  jours  fut 
prise  d'emblée  la  forteresse  d'Estrepagny ,  mon- 
STREL.  liv.  Il,  chap.  68.  Il  xvi*  s.  Parce  que  es  con- 
vens  de  femmes  n'entroyent  les  hommes  sinon  à 
l'emblée,  et  clandestinement,  rabel.  Garg.  i,  62. 
Hz  feront  ceste  année  de  beaulx  coupz  :  mais  aul- 
cuns  d'iceulx  seront  fort  subjects  à  recepvoir  quel- 
que coup  de  baston  à  l'emblée,  ID.  Progn.  Pant.  6. 
Ce  fut  un  acte  de  ruze,  de  surprise  et  d'emblée,  le 
plus  grand  et  le  plus  digne  de  mémoire  qui  fut 
oncques,  amyot,  Pélop.  et  Marc.  comp.  2.  Ce  fut  ce  qui 
plus  asseura  les  soudards  d'Aratus,  pource  qu'ils 
estimèrent  que  le  veneur  fust  de  l'intelligence,  et 
qu'il  aidast  à  celer  leur  emblée,  id.  Aratus,  9. 

—  KTVM.  Embler  t . 

EMBLÉMATIQUE  (an-blé-ma-ti-k"),  adj.  Qui  a  le 
caractère  de  l'emblème.  Figure  emblématique. 

—  ÉTYM.  Emblème. 

E.MBLÈME  (an-blê-m') ,  s.  m.  ||  1°  Au  sens  propre, 
actuellement  inusité,  ouvrage  de  marqueterie,  de 
mosaique.  ||  2°  Aujourd'hui,  figure  symbolique, 
avec  une  légende  en  forme  de  sentence.  Des  bou- 
cliers ornés  d'emblèmes.  Le  Sphinx  est  son  em- 
blème [d'Octave]  et  nous  dit  qu'il  préfère  Ce  sym- 
bole du  fourbe  aux  aigles  de  son  père,  volt. 
Triumv.  ii,  U  Ces  hommages  publics,  ces  emblè- 
mes, ces  armes....  Importunaient  vos  yeux  où  j'ai 
surpris  des  pleurs,  c.  delav.  Paria,  iv,  2.  ||  2°  In- 
signe. Les  emblèmes  de  la  royauté.  ||  3°  Symbole. 
Le  coq  est  l'emblème  de  la  vigilance.  Le  vert  est 
l'emblème  de  l'espérance.  Que  mes  armes  sans  faste , 
emblème  des  douleurs....  volt.  Tancr.  m,  t. 

—  SYN.  EMBLÈME,  DEVISE.  L'un  et  l'autre  est  la 
représentation  d'une  vérité  par  un  symbole  sensi- 
ble, accompagné  d'une  légende  qui  en  exprime  le 
sens.  Ce  qui  distingue  l'emblème  de  la  devise,  c'est 
que  les  paroles  de  l'emblème  ont  toutes  seules 
un  sens  plein  et  achevé,  ce  qui  n'est  pas  vrai  des 
paroles  de  la  devise  qui  ne  s'entendent  bien  que 
lorsqu'elles  sont  jointes  à  la  figure,  beauzée.  ||  em- 
blème, SYMBOLE.  Selon  Lafaye,  le  symbole  etl'em- 
blème  dififèrent  d'abord  en  ce  que  l'un  est  constant, 
primitif,  traditionnel,  d'une  origine  divine  ou  in- 
connue, et  l'autre  du  choix  ou  de  l'invention  de 
quelqu'un  qui  l'imagine  ou  s'en  sert  à  dessein  en  se 
fondant  sur  une  liaison  d'idées  plus  ou  moins  sensi- 
ble. La  religion  a  des  symboles,  les  artistes  ont 
des  emblèmes.  Le  symbole  est  quelque  chose  de 
convenu,  de  généralement  admis,  l'emblème  est  lo 
résultat  d'une  certaine  œuvre  et  d'une  création  par- 
ticulière. Le  gouvernail ,  dit  Marmontel,  est  le  sym- 
bole de  la  navigation;  les  poêles  et  les  peintres  en 
ont  fait  l'emblème  de  l'administration  d'un  État. 

—  HIST.  xvi"  s.  Je  me  donne  loy  d'y  attacher  [à 
mon  livre],  comme  ce  n'est  qu'une  marqueterie  mal 
joincte,  quelque  emblème  [pièce  de  rapport]  super- 
numeraire,  mont,  iv,  90. 

—  ÉTYM.  'E(iêXir)|io,  marqueterie,  de  è(j.ëâX).eiv , 
mettre  dans,  de  h,  et  pâXXeiv,  jeter. 

+  t.  EMBLER  (an-blé),  v.  a.  Ravir  avec  violence 
ou  par  surprise.  M.  le  Prince  embla  à  mon  père  la 
capitainerie  des  chasses  de  Senlis,  et-sim.  o,  79. 
Chacun  des  deux  autres  [Louvois  et  Colbert]  tendait 
toujours  à  embler  la  besogne  d'autrui,  id.  7i,  I63. 
Il  Proverbe.  11  est  bien  larron  qui  larron  emble. 

—  HIST.  XI' s.  Ki'l  voidrat  clamer  emblet  [qui 
voudra  réclamer  le  bétail  volé].  Lois  de  Guill.  26. 
Il  XII"  s.  Vostre  clairs  vis,  qui  sembloit  flor  de  lis. 
Est  si  aies  ore  de  mal  en  pis.  Qu'il  m'est  avis  que 
me  soiez  emblée,  quesnes.  Romancero,  p.  to».  [Il] 
Emble  l'altrui  avoir  et  à  force  le  prent,  7'/i.  le  mar- 

PICT.    DK    LA    LANGUE    FRANÇAISE 


EMB 

tyr,  31.  Il  XII!  s.  D'eux  [de  mes  parents]  [je]  m'em- 
blai  l'autre  jour,  mont  forment  m'en  repent,  Berle, 
XI. vu.  Li  tems,  qui  s'en  va  nuit  et  jor,  Sans  repos 
prendre  et  sans  .sejor.  Et  qui  de  nous  se  part  et 
emble  Si  celéement  qu'il  vous  semble  Qu'il  s'arreste 
adès  en  un  point.  Et  il  ne  s'i  arreste  point,  laRose, 
v.  302.  Il  XV'  s.  Belle,  se  ne  m'osez  donner  De  vos 
doux  baisers  amoureux.  J'en  emblerai  bien  un  ou 
deux,  cii.  D'ORLÉANS,  BoH.  69.  Il  xvi's.  Fabius  remit 
en  l'obéissance  des  Romains  la  ville  de  Tarente,  qui 
leur  avoit  esté  embléepartrahison,  AMYOT,  Fab.  43. 

—  ÉTYM.  Provenç.  emblar,  enblar;  itai.  inro- 
lare;  florentin,  imbolure;  bas-lat.  imbulare,  dans 
des  manuscrits  de  la  loi  salique;  du  latin  inrolare, 
enlever  en  volant,  expression  tirée  de  l'oiseau  de 
proie  qui  enlève  son  gibier,  de  in,  et  volare,  voler. 

f  2.  EMBLER  (an-blé),  v.  n.  Terme  de  chasse.  Se 
dit  des  cerfs  quand,  dans  leurs  allures,  les  pieds  de 
derrière  surpassent  ceux  de  devant  de  plusieurs 
doigts. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  d'amhlcr. 

f  EMBLEUR  (an-bleur) ,  4'.  m.  'Voy.  ambleur. 
f  EMBLIC  (an-blik),  adj.  m.  'ferme  de  pharmacie. 
Myrobalan  emblic  (voy.  myrobalan). 

—  ÉTYM.  Kmblique. 

t  EMBLIER  (an-blié),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Encombrer. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  de  l'ancien  verbe  emblayer, 
encombrer  (voy.  l'historique  et  l'étymologie  de  em- 
blaver). 

t  EMBLIQtTE  (an-bli-k'),  s.  f.  Terme  de  matière 
médicale.  L'emblique  officinale,  le  petit  myrobalan 
{phyllanthus  emblica). 

j  EMBLOQUER  (an-blo-kél,  v.  a.  Terme  de  ta- 
bletterie. Aplatir  un  morceau  de  corne  chaud  entre 
deux  plaques. 

—  ÉTYM.  En  t ,  eX  bloc. 

t  EMBLCRE  (an-blu-r'),  s.  f.  Terme  rural.  Voy. 

EMBLAVURE. 

—  ÉTYM.  Contraction  d'emblavure. 

t  EMBOBELINER  (an-bo-beli-né)  ou  EMBOBI- 
NER (an-bo-bi-né),  v.  a.  Terme  familier.  Enjôler, 
séduire  par  des  paroles  flatteuses,  captieuses. 

—  ÉTYM.  ^n  I ,  et  bobine  :  enlacer  comme  la  bo- 
bine avec  le  fil. 

fEMBODINUKE  (an-bo-di-nu-r'),  s.  f.  Terme  de 
marine.  Nom  de  plusieurs  bouts  de  corde,  dont  on 
couvre  l'organeau  de  l'ancre,  pour  renverser  mieux 
le  câble  sur  le  fer. 

EMBOIRE  (S')  (an-boi-r'),  il  s'emboit,  ils  s'em- 
boivent;  il  s'embuvait;  il  s'embut;  il  s'emboira;  il 
s'emboirait;  qu'il  s'emboive;  qu'il  s'embilt,  qu'ils 
s'embussent;  s'embuvant;  embu,  v.  réfl.  ||  1°  Terme 
de  peinture.  Devenir  terne  et  se  confondre,  en  par- 
lant des  couleurs  d'un  tableau;  ce  qui  arrive  parce 
que  le  bois  ou  la  toile  boivent  l'huile,  l'essence, etc. 
Il  2"  V.  a.  Terme  de  fondeur.  Emboire  un  moule, 
l'enduire  d'huile  ou  de  cire  fondue  pour  empêcher 
la  matière  d'y  adhérer. 

—  HIST.  xv  s.  Comme  homme  embeu  qui  chan- 
celle et  trépigne.  L'ai  veu  souvent  quand  il  s'alloit 
coucher,  villon,  p.  81,  dans  baynouard.  ||  xvi'  s. 
Les  Flameiis,  habitans  en  Saxe,  embeurent  les 
moeurs  et  conditions  des  Saxons,  rabel.  Pant.  m,  I. 
Le  dict  champ  estoytdesang  tout  embu  et  couvert, 
ID.  ib.  v,  39.  Dieu  a  voulu  que  les  Juifs  fussent  em- 
bus  de  telles  prophéties,  calv.  Inst.  263.  On  enve- 
loppera le  col  de  laine  noire  avec  le  suif,  imbue  en 
huile  de  lis,  paré.vi,  8.  Soudain  qu'on  met  de 
l'eau  dessus,  lesdites  pierres  de  chaux  emboivent  si 
très  violemment  que  cela  les  cause  soudain  réduire 
en  farine,  palissy,  41. 

— ÉTYM.  En  I ,  et  boire;  provenç. cm!)î'6«r,em6eufj"<'; 
calai,  embeurer  ;  espagn.   embeber  ;  ital.  imbevere. 

EMBOISÉ,  ÉE  (an-boi-zé,  zée),  part,  passé.  Em- 
boisé  par  un  enjôleur. 

EMBOISER  (an-boi-zé),  v.  a.  Engager  quelqu'un 
par  des  promesses,  par  des  cajoleries,  à  faire  ce 
qu'on  souhaite  de  lui.  Est-ce  ma  faute  à  moi,  si 
madame  l'emboise?  boursault,  SLots  à  la  mode, 
se.  16  (en  1694).  Il  Terme  populaire  et  vieilli. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  l'ancien  français  boise,  trompe- 
rie, mensonge;  provenç.  bauiia,  bauza;  il3.\.  bugia. 

EMBOISEUR,  EUSE  (an-boi-zeur,  zeû-z'),  s.  m. 
et  f.  Terme  vieilli.  Celui,  celle  quiemboise. 

—  ÉTYM.  Emboiser. 

EMBOÎrÉ,  ÉE  (an-bol-té,  tée),  port.  poss^. L'es- 
sieu emboîté  dans  le  moyeu.  Sa  tête  était  emboîtée 
dans  son  chapeau,  scarr.  7!om.  corn,  i,  lO.  ||  Fig. 
La  pièce  est  faite  comme  une  tragédie  française  du 
second  ordre,  à  la  fois  romanesque  et  régulière, 
assez  bien  emboîtée  dans  les  limites  de  temps  et  de 
lieux,  et  n'offrant  guère  d'invraisemblable  aue  les 


E.MB 


1337 


caractères,  les  sentiments  et  les  actions  des  per- 
sonnages,  villemain,  Litlér.  Tabl.  du  xviii*  siècle, 
2'  partie,  2«  leçon.  ||  Terme  de  danse.  Pas  emboîté, 
pas  dans  lequel  le  danseur  conserve  la  position  nom- 
mée emboîlure. 

EMBOÎTEMENT  (an-bol-te-inan),  s.  m.  Jonction, 
union  de  deux  pièces  qui  s'embotient  l'une  dana 
l'autre.  L'emboîtement  des  mortaises  d'une  char- 
pente, de  deux  os  d'une  articulation.  Les  divers 
emboîtements  les  uns  dans  les  autres  [os],  parle 
moyen  desquels  ils  jouent  et  se  meuvent,  boss. 
Connaiss.u,  7.  ||  Terme  de  physiologie.  Emboîte- 
ment des  germes,  hypothèse  sur  la  génération  qui 
regarde  les  êtres  vivants  des  périodes  successives 
comme  emboîtés,  contenus  les  uns  dans  les  autres. 
On  a  beaucoup  parléderemboUement  des  germes;  ce 
mot  est  impropre;  les  germes  ne  sont  pas  de  petites 
boîtes  insérées  les  unes  dans  les  autres;  ils  étaient 
des  parties  intégrantes  des  premiers  touts  organisés 
sortis  immédiatement  des  mains  du  Créateur,  bon- 
net, Lett.  div.  Œuvres,  t.  xii,  p.  337.  Hartsoeker 
assurait  que  la  première  graine  serait  à  la  dernière 
et  la  plus  petite  qui  paraîtrait  la  dernière  année  du 
soixantième  siècle,  comme  l'unité  suivie  de  trente 
mille  zéros,  d'où  il  concluait  que  l'emboîtement 
était  absurde,  id.  Consid.  corps  organ.  Œuvres, 
t.  VI,  p.  422.  Après  avoir  incliné  fortement  vers 
l'épigénèse,  feu  mon  re.speclable  ami  M.  de  Haller 
avait  été  ramené  par  les  faiis  à  l'évolution'qui  l'avait 
elle-même  conduit  h.  l'emboîtement,  m.  ib.  p.  426 

—  HIST.  xvr  s.  Emboestement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Emboîter. 

EMBOÎTER  (an-bol-té),  v.  a.  \\  1»  Enchâsser  une 
chose  dans  une  autre.  _EmboUor  des  tuyaux. 
Il  2°  Terme  militaire.  Emboîter  le  pas,  marcher  en 
file  serrée  de  manière  que  le  pied  de  l'homme  qui 
suit  se  pose  à  la  place  que  quitte  le  pied  de  l'homme 
qui  précède.  ||  Fig.  Se  soumettre,  céder,  obéir.  Je 
le  forcerai  bien  d'emboîter  le  pas.  Il  eut  beau  se  dé- 
fendre, il  fallut  faire  comme  les  autres  et  emboîter 
le  pas.  Il  Emboîter  le  pas,  se  dit  familièrement  de 
quelqu'un  qui  marche  derrière  un  autre  en  mettant 
le  pas  dans  son  pas.  jj  3°  S'omboîter,  v.ré/l.  Être  em- 
boîté. Des  tenons  qui  s'emboîtent  bien  dans  une 
mortaise.  Les  os  ont  îles  jointures  où  ils  s'emboîtent 
les  uns  dans  les  autres,  fEnel.  Exist.  3l.  ||  Fami- 
lièrement et  par  plai.santerie,  se  mettre  dans  une 
voiture  où  l'on  est  mal.  Je  ne  me  serais  pas  emboîté 
comme  un  sot  dans  cette  caisse  dandinante,  mar- 
montel, dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ces  deux  eschelles  furent  emboî- 
tées et  appliquées  dans  une  retraite  de  muraille, 
d'aub.  Uisl.  m,  25. 

—  ÉTYM.  En  * ,  et  botte. 
EMBOÎTURE(an-boî-tu-r'),î./'.  ||  l'Insertion  d'une 

chose  dans  une  autre.  L'embolture  des  os  les  uns 
dans  les  autres.  L'emboiture  est  juste.  ||  Fig.  Nous 
honorerons  nos  écrits  en  compilant  Plutarque,  et 
en  remettant  dans  leur  emboîture  naturelle  les 
membres  de  l'histoire  romaine  qu'il  en  a  détaches, 
LE  p.  CATRon,  dans  desfont.  ||  2°  Emboîture  d'une 
porte,  les  deux  ais  de  travers  en  haut  et  en  bas, 
dans  lesquels  les  autres  ais  sont  emboîtés.  ||  3°  Terme 
de  danse.  Nom  que  l'on  donne  quelquefois  à  la  troi- 
sième position,  où,  en  effet,  les  deux  jambes  sont 
juste  l'une  contre  l'autre,  comme  si  elles  s'emboî- 
taient, COMPAN,  Dict.  de  la  danst,  p.  303. 

—  HIST.  XVI'  s.  Favas  emporta  la  Reole  par  le 
chasteau  avec  des  eschelles  de  plus  de  soixante 
pieds  de  haut  faites  de  plusieurs  pièces,  les  emboi- 
lures  n'aians  jamais  esté  pratiquées  auparavant  son 
invention,  d'aub.  Ilisl.  ni,  26.  Emboiiure  ou  enar- 
throse,  paré,  iv,  43.  Il  [le  corps]  n'a  plus  esprit  ny 
raison,  Emboiture  ne  liaison.  Artère,  poux,  ny 
veine  tendre,  rons.  47). 

—  ÉTYM.  Embuiter. 

\  EMBOLE  (an-bo-1') ,  s.  m.  Terme  d'antiquité. 
Éperon  de  la  proue  des  navires.  ||  Dans  l'art  drama- 
tique ancien ,  satire  qui  paraissait  sur  le  théâtre  avec 
la  grande  pièce.  Si  c'était  au  milieu,  on  la  nommait 
einbole  ou  pièce  d'entr'acte,  baiteux,  Wisloire  abré- 
gée de  la  satire. 

—  ÉTYM.  'EiiêoXo;,  éperon  de  navire,  de  iv,  en, 
et  PoXo;,  coup,  de  pâXXeiv,  lancer  :  proprement,  ce 
qu'on  met  dedans. 

t  EMBOLIE  (an-bo-lie),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Obstruction  par  des  caillots  fibrineux  qui,  formés 
dans  une  artère,  vont  oblitérer  une  artère  plus 
petite. 

—  ÉTYM.  T'Iii.ôéXiov ,  piston,  de  iv,  en,  et  piX- 
Xeiv,  jeter. 

EMBOLISME  (an-bo-li-sm'),  s. m.  lerme  Qe  cnro- 
nologie.  Intercalation  d'un  mois  dont  les  Grecs  se 

I.  —  168 


1338 


EMB 


servaient  pour  mettre  d'accord  dans  m  ce  ta  m 
nombre  d'années  les  mouvements  du  soleil  et  de  la 
une,  c'est-à-dire  rendre  l'année  lunaire  égale  à 
'année  solaire  dans  le  cycle  de  dix-neuf  ans. 

—  mST.  XIII'  s.  Li  embûlismes,  ce  est  a  dire  1  an 
(Tui  a  xiii  lunes,  brun.  lat.  Trésor,  p.  na. 

—  ÉïYM.  '£ixêo/ia(i6<,  de  è|A6âXXeiv,  jeter  dans, 
lie  jv,  en,  et  p'âXXEiv,  jeter  (voy.  baliste). 

t  EMIlOLtSMÉEiV,  ENNE  (an-bo-li-smé-in,  mé- 
è-n'j,  adj.  Synonyme  d'embolismique. 

EMBOLISMIOCE  (an-bo-li-smi-k'),  od;.  Qui  ap- 
partient h  l'embolisme. 

—  ÉTYM.  Emholisme. 

EMBONPOINT  (an-bon-poin),  s.  m.  ||  1°  Bon 
état  du  corps;  se  dit  surtout  des  personnes  un  peu 
grasses.  Avoir,  prendre  de  l'embonpoint.  Il  ne  doit 
pas  demander  l'embonpoint  premier  que  la  guérison, 
BALZ.  Disc,  à  la  régente.  Le  loup  donc  l'aborde 
humblement  [un  dogue] ,  Entre  en  propos  et  lui  fait 
compliment  Sur  son  embonpoint  qu'il  admire,  la 
FONT.  Fabl.  1,  B.  Que  me  sert  en  effet  qu'un  admi- 
rateur fade  Vante  mon  embonpoint  si  je  me  sens 
malade?  boil.  ÉpU.  ix.  Ce  discours,  que  soutient 
l'embonpoint  du  visage.  Rétablit  l'appétit,  ré- 
chauffe le  courage,  id.  Lulr.iv.  Il  Terme  de  physiolo- 
gie. État  du  corps  de  l'homme  ou  des  animaux,  dans 
lequel  la  quantitéde  graisse  est  proportionnée  au  vo- 
lume et  à  la  stature.  ||  2"  Fig.  En  pariant  d'un  style 
plein  et  nourri.  Il  ne  faut  pas  prendre  pour  embon- 
point et  pour  vigueur  ce  qui  n'est  dans  le  discours 
que  bouffissure  et  intempérie,  d'olivet,  cité  dans 
les  Dictionnaires. 

—  REM.  1.  La  règle  veut  qu'un  p  soit  précédé  d'une 
m  et  non  d'une  n.  Or  dans  cmbonpoinf,  qui  s'écrivait 
jadis  en  trois  syllabes,  en  bon  point,  la  règle  n'est 
observée  que  pour  en,  elle  ne  l'est  pas  pour  bon; 
ce  qui  fait  pour  ce  mot  une  singulière  complication 
d'orthographe.  Le  mieux  serait  d'écrire  en-bon- 
point  ou  emfcompot'nt.  ||  2.  Une  faut  pas  confondre 

10  substantif  em!ionpoin(  avec  être  en  bon  point,  lo- 
cution fréquente  dans  la  Fontaine  et  qui  signifie 
être  en  bon  état,  en  parlant  du  corps. 

—  HIST.  xYi"  s.  Ce  n'est  doncques  pas  la  beauté 
et  l'embonpoint  de  votre  chambrière,  qui  vous  a 
fait  trouver  ce  plaisir  si  agréable,  marg.  Nouv.  vui. 
Des  l'esté  on  tasche  d'entretenir  les  pourceaux  en 
embon-poinct,  o.  de  serres,  336.  Ne  regardez  pas 
à  ces  yeulz  moites;  regardez  l'embonpoinct  de  ces 
joues,  MONT,  m,  (78. 

—  ÊTYM.  En  i ,  bon,  et  point. 

t  F.MBOQUER  (an-bo-ké),  v.  a.  Mettre  de  laman- 
geaille  dans  la  bouche  des  animaux,  afin  de  les  en- 
graisser plus  vite. 

—  RTVM.  En  ),  etboque,  bouque,    pour  bouche. 
EMBORDURÉ,  ÉE    (an-bor-du-ré,     rée),    part. 

passé.  Estampe  embordurée. 

EMBORDURER  (an-bor-du-ré),  i).  a.  Mettre  un 
cadre,  un  bord,  une  bordure  à  un  tableau. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  bordure. 

KMBOSSAGE  (an-bo-sa-j'),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Action  (l'embosser,  de  s'embosser;  position  d'un 
vaisseau  embossé.  Etablir  une  ligne  d'embossage. 

—  ÉTYM.  Embosser. 

EMBOSSË,  ÉE  (an-bo-sé,  sée  ),  part,  passé.  Xla 
bataille  (l'Aboukir  la  flotte  française  était  embossée. 
L'expérience  ass«ro  un  avantage  infaillible  aux 
esciulres  embossées,  raynal,  Ilist.  phil.  xiii,  49. 

EMBOSSER  (an-bo-sé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Amarrer  un  navire  de  l'avant  et  de  l'arrière,  de  ma- 
nière que,  fixé  contre  le  vent  et  présentant  le  flanc, 
il  ne  soit  attaqué  et  ne  combatte  que  d'un  côté. 

11  S'embosser,  v.  réft.  Les  vaisseaux  s'embo.ssèrent 
et  commencèrent  le  feu.  Le  fond,  augmentant  tout 
d'un  coup  et  passant,  près  de  terre,  de  vingt-cinq  à 
cent  brasses,  ne  permettrait  pas  aux  attaquants 
de  s'y  embosser, raynal,  Ilist.  phil.  xiii,  (8. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  bosse,  nom,  dans  la  marine,  de 
certains  cordages. 

t  EMBOSSURE  (an-bo-su-r'),  s.  f.  Terme  de 
marine.  Nœud  que  l'on  fait  sur  une  manoeuvre  et 
auquel  on  ajoute  un  amarrage.  ||  Le  point  de  l'a- 
marrage fait  sur  un  câble  mouillé  et  le  grelin  ou 
l'au3?ière  employée  à  embosser. 

—  ÉTYM.  Embosser. 

t  EMBOTTELER  (an-bo-te-lé.  VI  se  double  de- 
vant un  e  muet  :  j'embottelle),  v.  a.  Terme  rural. 
Mettre  en  bottes.  Embotteler  le  foin,  le  chanvre. 

—  lilST.  xvi*  s.  En  petits  fai.sseaux  le  lin  sera  em- 
bottelé,  chacun  botteaude  plein  poing,  o.  ce  ser- 
bes, 733. 

—  ÉTYM.  En  (  ,  et  botte  ). 

t  KMBOUCADTER  (an-bou-kô-té),  v.  a.  Mettre  en 
ucaut.  La  morue  ne  pourra  être  dirigée  sur  le  poit 


E.MB 

de  déjiart  qu'après  avoir  été  emboucautée,  Ordonn. 
du  25  fév.  4  842,  art.  8. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  boucaut. 

t  EMBOUCHE  (an-bou-ch')  ,*.  m.  Pré  d'embouche , 
ou,  simplement,  embouche,  prairie  très-fertile  dont 
l'herbe,  consommée  sur  place,  engraisse  les  bestiaux. 

—  ÉT'hi.  En  < ,  et  bouche. 

EMBOUCHÉ,  ÉE(an-bou-ché,  chée),  parJ.  passé. 
Il  1°  Mis  à  la  bouche.  Clarinette  embouchée.  Les 
fltltes  étant  embouchées  et  remplies  de  vent,  desc. 
Mus.  Il  2"  Terme  de  manège.  Xqui  on  a  mis  le  frein. 
Cheval  embouché.  |1  Qui  cède  à  l'impression  du 
mors.  Il  3°  Fig.  X  qui  on  a  fait  sa  leçon;  qui  redit  ce 
qu'on  lui  a  conseillé  de  dire.  Ce  prince  [le  Dauphin] , 
bien  embouché  et  qui  ne  fut  jamais  ardent  de  .soi 
que  pour  le  roi  d'Espagne,  parla  au  roi  avec  force 
contre  le  rappel  de  ses  troupes,  st-simon,  238,  476. 
Il  Être  mal  embouché,  parler  grossièrement,  dire 
des  injures.  |1  4°  Terme  de  batelier.  Bateau  embou- 
ché, bateau  engagé  dans  une  passe  resserrée. 
Il  5°  Terme  de  blason,  se  dit  du  bout  d'un  cor  ou 
d'une  trompette,  représenté  dans  la  bouche,  et 
d'un  émail  différent  de  celui  du  cor. 

f  EMBOCCHEMENT  (an-bou-che-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion d'emboucher. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  ville  françoise  du  Havre  est  à 
l'embouchement  de  la  rivière  de  Seine,  du  bellay, 
Uém.hy.  x,  f"  ^30,  dans  lacurne.  Apprendre  les 
situations  des  pays,  pour  cognoitre  l'elcvation  des 
montaignes,  l'embouchement  des  valées,  l'estendue 
des  plaines,  la  nature  des  fleuves  et  marescages,  le 
Prince  de  Machiavel,  p.  98,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Emboitcher. 

EMBOUCHER  (an-bou-ché) ,  v.  a.  ||1°  Terme  de 
musique.  Appliquer  sa  bouche  à  un  instrument  à 
vent  pour  en  tirer  des  sons.  Emboucher  un  cor,  une 
flûte.  Il  Fig.  et  poétiquement.  Emboucher  la  trom- 
pette, prendre  un  ton  élevé,  sublime.  Nous  avons 
vu  l'auteur  [Bossuet]  emboucher  la  trompette  pen- 
dant une  moitié  de  son  récit,  chateaub.  Gén.  ni, 
IV,  4.  Il  Fig.  et  familièrement.  Emboucher  la  trom- 
pette, dire  à  tout  le  monde,  ébruiter.  ||  2°  Terme  de 
manège.  Mettre  les  mors  dans  la  bouche  d'un  che- 
val. ||  Choisir  le  mors  qui  convient  le  mieux  à  un 
cheval.  ||  3°  Fig.  Instruire  d'avance  de  ce  qu'il  faut 
dire,  faire  le  bec.  Avant  que  de  l'envoyer,  il  faut 
l'emboucher,  de  peur  qu'il  ne  dise  quelque  sottise. 
Moa  diable  d'homme ,  qui  avait  son  petit  intérêt  dans 
cette  affaire,  courut  prévenir  les  aumôniers,  etem- 
bouchasi  bien  les  bons  prêtres  que....  j.  j.  rouss. 
Conf.  II.  Il  4"  Terme  de  marine.  Pénétrer  dans  une 
embouchure,  en  parlant  d'un  vaisseau.  ||  5°  S'embou- 
cher V.  réfl.  Avoir  son  embouchure,  en  parlant 
des  rivières.  La  Marne  s'embouche  dans  la  Seine  à 
six  kilomètres  de  Paris.  La  Seine  s'embouche  dans 
la  mer  auprès  du  Havre. 

HIST.  xv*  s.  Se  un  voisin  s'est  approché  De 

ce  débat  là  sans  faintise,  Chascun  en  sera  embou- 
ché ,  COQUILL.  les  Droits  nouv.  ||  xvi*  s.  D'un  par- 
ler sainct,  plein  de  déception.  Le  faux  parjure  est 
tousjours  embouché,  marot,  iv,  245.  Ses  fiers  che- 
vaux il  attelé,  et  embouche  D'escumeux  freins  leur 
braveté  farouche,  du  bellay,  iv,  38,  «rjo.  Et  pour 
ce  qu'il  y  avoit  tous-jours  quelque  canon  et  ar- 
quebuserie  qui  embouohoient  [battaient  dans]  les 
portes,  d'aub.  Uist.  i,  312.  Ce  canon  de  son  pre- 
mier coup  emboucha  et  creva  un  vertueil  [sorte  do 
canon]  du  fort,  ID.  ib.  m,  2i.  Selon  luy  demanda 
incontinent  s'il  y  avoit  rien  de  nouveau ,  et  l'estran- 
ger ,  que  Thaïes  avoit  embouché ,  respondit....  amyot, 
Solon,  9 .  Il  envoya  quelqu'un  de  ses  familiers  vers  luy, 
l'ayant  embouché  de  dire  que....  id.  Nicias,  46.  Mar- 
syas  qui  inventa  la  hanche  [l'anche]  pour  embou- 
cher le  hautbois,  id.  Comment,  refrén.  la  colère,  42. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  bouche. 

EMBOUCHOIR  (an-bou-choir),  s.  m.  Hl-Lobout 
d'une  trompette  ou  d'un  cor  qui  s'applique  à  la  bou- 
che pour  sonner.  On  dit  aussi  bocal.  ||  2°  Terme 
d'arquebusier.  Pièce  qui  embrasse  l'extrémité  du 
bois  et  du  canon  d'un  fusil  de  munition.  ||  Nom  do 
la  troisième  capucine  du  fusil  de  munition  en  comp- 
tant de  la  crosse,  ainsi  dite  parce  qu'elle  reçoit 
d'abord  le  bout  de  la  baguette.  H  3°  Terme  de  bottier. 
Synonyme  d'embauchoir. 

—  HIST.  xvi*  s.  Mon  ami,  va  remettre  cette  botte 
à  l'embouchoir,  je  t'attendrai  plutost  une  heure, 
desper.  Contes,  xxv.  |j  xvii*  s.  (au  commencement 
du  siècle)  Après  eulx  [aux  funérailles  d'Henri  IV] 
marchoient  les  haultsbois,  trompetes,  fifres  et  tam- 
bours non  sonnants,  les  embouchoirs  de  leurs  in- 
struments contre  bas,   fav.  Th.  d'honn.  t.  u,  p. 

1860,    dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Emboucher, 


EMB 

EMBOUCnURE  (an-bou-chu-r^,»./'.  ||  !•  La  partie 
d'un  cor,  d'une  trompette,  qui  s'applique  à  la  bouche 
quand  on  en  veut  jouer.  {|  La  manière  dont  on  em- 
bouche certains  instruments  à  vent.  L'embouchure 
de  la  flûte  traversière  est  difficile.  Avoir  une  bonne 
embouchure,  produire  le  son  avec  facilité  et  pureté. 
Il  2°  Terme  de  manège.  Synonyme  de  canon,  partie 
du  mors  qui  entre  dans  la  bouche  du  cheval.  Avoir 
diverses  embouchures  pour  toutes  sortes  do  chevaux. 
Il  II  se  dit  de  la  manière  dont  se  comporte  la  bou- 
che du  cheval.  Car  il  [Pégase]  est  gai  de  sa  nature. 
Fringant,  délicat  d'embouchure,  la  font,  t.vi,  p.  4  35, 
éd.  Walckenaer.  ||  3"  Ouverture  d'entrée.  L'embou- 
chure do  ce  bocal  est  fort  large.  L'embouchure  d'un 
fourneau.  En  un  vase  à  long  col  et  d'étroite  embou- 
chure, la  font.  Fabl.J,  4  8.  ||  Terme  d'artillerie. 
Ouverture  de  c^non.  On  dit  plus  souvent  bouche. 
Il  Terme  de  Ibrtification.  Ouverture  pour  donner 
passage  à  une  bouche  à  feu.  ||  i'  Ouverture  danri 
les  terres  par  où  un  fleuve  entre  dans  la  mer, 
un  cours  d'eau  dans  un  autre.  L'embouchure  de  la 
Seine.  L'embouchure  du  Danube  se  fait  par  cinq 
larges  canaux  dans  le  Pont-Euxin,  d'ablanc.  Ar- 
ricn,  liv.  l,  ch.  2,  dans  richelet.  M.  Guglielmini 
trouve  par  cette  méthode  que  le  Danube,  supposé 
horizontal  à  son  embouchure,  comme  le  sont  pres- 
que tous  les  grands  fleuves,  du  moins  sensiblement, 
jette  dans  le  Pont-Euxin,  en  une  minute,  près  de 
42  millions  de  pieds  cubiques  bolonais  d'eau,  pon- 
TEN.  Guglielmini.  Ce  grand  fleuve  [l'Orénoque]  tire 
sa  source  des  Cordillères,  et  ne  se  jette  dans  l'O- 
céan, par  quarante  embouchures,  qu'après  avoir 
été  grossi  dans  un  cours  immense  par  un  nombre 
prodigieux  de  rivières  plus  ou  moins  considéra- 
bles, raynal,  Ilist.  phil.  vu,  46.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Entrée  d'un  port.  ||  5°  Le  côté  le  plus  large 
du  pertuis  d'une  filière  par  où  l'on  commence 
à  faire  passer  le  lingot  ouïe  fil  de  métal  qu'on  veut 
tirer. 

—  HIST.  xv"  s.  [Montaigne]  Est  le  cha.stel  le  plus 
bel  et  le  plus  fort,  séant  sur  la  rivière  de  Gironde  et 
près  l'embouchure  de  lamer,  froiss.  ii,il,  42.  Qui- 
conque amènera  es  dites  places  et  marchez  bleds,  fa- 
rines ou  autres  graines,  où  il  y  ait  emliouclieure, 
c'est  à  sçavoir  qui  ne  soient  aussi  suffisans  et  aussi 
bons  dessous  comme  en  la  monstre,  il  perdra  les 
denrées,  Ordonn.  des  rois  de  Fr.  t.  ii,  p.  35*. 
Il  xvi*  s.  L'eau  s'escouloit  en  la  mer  par  une  em- 
bouchure profonde  et  capable  des  plus  grandes  navi- 
res, AMY'OT,  Marins,  25.  Les  Dardanes,  autrement  les 
cha'steaux  assis  à  l'embouchure  du  destroit,  langue, 
44  6.  U  retira  son  bagage,  qui  avoit  passé  le  pont, 
et  prend  place  de  combat  à  l'embouchure  de  la  pre- 
mière arche,  d'aub.  Ilist.  11,  200.  Impositions  des 
rivières,  droits  d'embouchures,  sully,  Uém.  t.  lU, 
p.  4  48,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Emboucher. 

t  EMBOUCLÉ,  ÉE  (an-bou-klé,  klée),  ad;".  Termp 
de  blason.  Pièces  embouclées,  pièces  garnies  de 
boucles,  telles  que  le  coUier  d'un  lévrier. 

t  EMBOUCLER  (an-bou-klé),  t'.  o.  Attacher  avec 
une  boucle.  On  dit  plus  souvent  boucler. 

—  HIST.  XV'  s.  Si  tost  que  les  six  pucelles  vin- 
drent  devant  les  six  chevaliers,  chascun  prenoit  son 
cheval  de  lance  royde  armée  de  pennoncel  joly  qui 
incontinent  fut  embouclé  sur  ceulx  qui  attendoient 
qu'ils  fussent  receus,  Perceforest,  t.  iv,  ^  65. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  boucle. 

t  EMBOUDINURE  (an-bou-di-nu-r'),  s.  f.  Voy. 
embodinure. 

EMBOUÉ,  ÉE  (an-bou-é,  ée),  part,  passé.  Emboué 
jusqu'à  mi-jambe. 

EMBOUER  (an-bou-é),  ».  o.  Salir  de  boue.  ||  Terme 
de  construction.  Enduire  de  boue.  Embouer  une 
muraille.  ||  S'embouer,  v.  réfl.  Se  salir  de  boue. 

—  IHST.  xii'  s.  Trez  tuz  enboez  de  tai  [fange] , 

Th.lemart.  4  es Que  la  pense  [pensée]  ne  soit  en- 

boée  d'alcune  tache  de  pechiet,  Job,  p.  402.  ||xm's. 
Sans  ses  pieds  gaires  emboer,  iaiioie,  42620. Luxure 
emboe  tout  et  gaste,  et  riens  ne  rince,  Car  en  tous 
les  eslaz  mort  ou  acroiche  ou  pince,  D'un  duc  fait 
ung  vilain,  et  d'ung  vilain  ung  prince,  s.  demeong, 
Test.  4805.  Il  xv  s.  Il  regarde  l'escu  du  chevalier; 
mais  il  estoit  si  emboué  qu'il  n'y  eust  point  de  co- 
gnoissance;  dont  print  il  de  l'herbe,  et  lui  torcha 
son  escu,  Perceforest,  t.  i,  f  69.  jj  xvi'  s.  Le  vilain, 
comme  il  a  emboué  ma  paillasse  de  ses  pieds  I 
desper.  Contes,  viu. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  boue. 
EMBOUQUEMENT  (an-bou-ke-man) ,  ».  m.  Terme 

de  marine.  L'entrée  d'une  passe  étroite,  d'un  canal 
resserré  entre  deux  terres. 

—  ÉTYM.  Einbouqucr. 


E:\rB 

EMBOUQUER  (an-bou-ké) ,  v.  n.  Terme  de  ma- 
rine. Entrer  dans  un  canal  ou  dans  un  détroit, 
particulièrement  en  pariant  de  l'entrée  des  Antilles, 
li  Activement.  Kous  fûmes  obligés  de  courir  des  bor- 
dées pour  embouquer  le  canal,  chateaub.  llin.  ii,  3. 

—  ËTYM.  En  i  ,et  bouque  pour  bouche,  ouverture. 
KMBOCRBÉ,  ÉE  (ai)-bour-bé,  bée),  pari,  passé. 

Enfoncé  dans  la  bourbe.  Je  me  sentis  plus  tôt  au 
mortier  eniliourhé,  Régnier,  Sat.  xi.  Le  phaéton 
d'une  voiture  à  foin  Vit  son  cliar  embourbé,  la 
FONT.  Fabl.  VI,  (8.  A  cbaque  instant,  une  voiture 
renversée,  une  roue  engravée,  un  seul  cheval  em- 
bourbé, un  trait  rompu  arrêtait  tout,  séguh,  Hist. 
de  Napol.  vi,  7.  ||  Jurer  comme  un  cliarretier  em- 
bourbé, jurer  beaucoup,  avec  emportement.  ||  Fig. 
Embarrassé  dans  quelque  affaire  dont  on  ne  peut 
sortir.  Vous  voilà  cependant  fortement  embourbé, 
T-.I.  CORN.  Dnn  Bertr.  de  Cigaral,  v,  < 2.  ||  C'est  la  di- 
ligence embourbée,  c'est  une  diligence  embourbée, 
se  dit  ou  d'un  service  qui  se  fait  mal,  ou  d'une 
personne  qui  ne  sait  venir  à  bout  de  rien,  qui  n'a- 
vance pas. 

t  E.MBOURBEMENT  (an-bour-be-man),  s.  m. 
L'action  d'embourber;  l'état  de  ce  qui  est  em- 
l'Oiirbé. 

—  HtST.  XVI»  s.  Embourbement,  cotohave. 

—  Etym.  Embourber. 

EMBOURBER  (an-bour-bé) ,  V.  a.  ||  1»  Engager 
dans  un  bourbier.  Je  fus  mené  par  un  postillon 
sourd  et  muet  qui  m'embourba  de  nuit  auprès  du 
Quesnoy,  st-simon,  )4,  i53.  ||  Fig.  Embourber 
quelqu'un  dans  une  mauvaise  affaire,  l'y  engager. 
Il  2°  S'embourber,  v.  rc'fl.  S'enfoncer  dans  un  bour- 
bier. Ce  charretier  s'est  embourbé.  A  peine  du  limon 
où  le  vice  m'engage,  J'arraclie  un  pied  timide  et 
sors  en  m'agitant.  Que  l'autre  m'y  reporte  et  s'em- 
bourbe à  l'instant,  boil.  Ép.  m.  Je  ne  veux  pas 
salir  mes  pieds  dans  les  chemins  Oii  s'embourbe  en 
marchant  le  troupeau  des  humains ,  lamart.  Jocel.  i , 
il.  Il  Fig.  Se  perdre  en  des  explications,  en  des 
contradictions.  11  n'y  a  que  quinze  jours  que  je  suis 
valet....  je  m'embourbe  de  plus  en  plus,  picard, 
l'rov.  à  Paris,  iv,  20. 

—  HIST.  xvi*  S.  Pendant  la  pluie  n'est  possible 
loger  [planter]  commodément  les  arbres,  à  leur 
ruine  la  terre  s'embourbant  à  l'entour  des  racines, 
0.  DE  SERRES,  646.  C'est  iujustice  et  inhumanité  de 
secourir  et  redresser  celui  qui  n'en  a  que  faire  et 
qui  en  vault  moins  ;  j'aime  à  les  laisser  embourber 
et  empestrer  encore  plus  qu'ils  ne  font,  et  si  avant, 
s'il  est  possible,  qu'enfin  ils  se  recognoissent,  mont. 

IV,   60. 

—  ÉTYM.  En  < ,  et  bourbe. 

t  EMBOURDER  (an-bour-dé) ,  v.  a.  Ancien  terme 
de  marine.  Soutenir  avec  des  aocores  un  bâtiment 
échoué. 

—  ÉTYM.  En  i  ,el  bourde,  dans  le  sens  de  perche, 
pieu. 

t  EMBOCRDIGUE  (an-bour-di-gh')  ,  s.  f.  Terme 
de  pêche.  Se  dit  de  certains  goulets  qui  séparent  les 
dift'érentes  chambres  des  bourdigues. 

t  EMBOURRAGE  (an-bou-ra-j') ,  s.  m.  Action 
d'embourrer. 

—  ÉTYM.  Embourrer. 

EMBOCRRÉ,  ÉE  (an-bou-ré,  rée),  part,  passé. 
Garni  de  bourre.  Un  fauteuil  embourré.  On  dit  plus 
souvent  rembourré. 

t  EMBOURREMENT  (an-bou-re-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'embourrer;  ré-iUtat  de  cette  action. 

—  HIST.  XVI»  s.  Embourrement,  cotghave. 

—  P.TY.M.  Embourrer. 

EMBOURRER  (an-bou-ré),  v.a.  Garnir  de  bourre. 
On  dit  plus  souvent  rembourrer.  ||  Cacher,  à  l'aide 
d'un  mélange  de  terre  et  de  chaux,  un  défaut  dans 
une  poterie. 

—  HIST.  xvi»  s.  Et  à  l'endroit  de  la  dite  oreille, 
sera  embourré  de  cotton  ou  drap,  pour  cacher  le 
vice....  PARÉ,  VIII,  29.  Et  seront  les  dits  corcelets  si 
bien  appropriés  et  embourrés,  qu'ils  ne  blesseront 
aucunement,  id.  xvii,  8. 

—  ETYM.  £re  I ,  et  bourre. 

t  EMBOURRCRE  (an-bou-ru-r'),  s.  f.  Terme  de 
tapissier.  Ce  qui  sert  à  embourrer.  L'embourrure 
d'une  chaise.  ||  Grosse  toile  qui  couvre  la  matière 
dont  le  tapissier  embourré  certains  meubles. 

—  HIST.  XVI»  s.  Ceulx  qui  ont  le  corps  graile  le 
grossissent  d'embourrures,  mont,  i,  <70. 

—  ÉTY5I.  Embourrer. 

E.MBOURSÉ,  ÉE  (an-bour-sé,  sée),  part,  passé. 
Mis  dans  la  bourse.  De  l'argent  emboursé. 

t  E.MBOURSEMENT  (an-bour-se-man),  s.  îh.  Ac- 
tion d'embourser;  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Embourser. 


EMBOURSER  (an-bour-sé) ,  V.  a.  Mettre  en  bourse  ; 
recevoir  de  l'argent.  Nos  héros  de  finance  Embour- 
sent  l'argent  de  la  France,   yow.tpil.  xix.  ||  Fig. 

Embourser  des  coups  de  bâton,  en  recevoir Et  si 

dans  la  province  II  se  donnait  en  tout  vingt  coups 
de  nerf  de  bœuf.  Mon  père  pour  sa  part  en  em- 
boursait  dix-neuf,  rac.  Plaid,  i,  B. 

—  HIST.  xiTi"  s.  Tex  cuide[tel  croit]  gaaignierqui 
pert,  Et  autre  enborse  le  gaain,  Ben.  208C5.  Cil 
enortent  [exhortent]  le  mal  à  tere,  Qui  bien  en  se- 
vent  lor  prou  trere  [tirer  leur  avantage].  Et  enbor- 
sent  autrui  avoir,  ib.  <097).  ||xvi»  s.  Si  en  tout  le 
territoire  n'estoient  que  trente  coups  de  basions  à 
guaignier,  il  en  emboursoit  tousjours  vingt  huict 
et  demy,  babel.  Pant.  iv,  <6. 

—  ETYM.  En  t ,  et  bourse. 

f  EMBOUSER  (an-bou-zé) ,  V.  a.  Garnir  de  bouse. 

—  HIST.  XIII»  s.  Et  si  ort  et  si  embousé,  i.  de 
MEUNO,  Tr.  343.  Il  XVI»  s.  Le  lescher  se  prévient  avec 
fiente  de  bœuf,  de  laquelle  le  bœuf  est  frotlé  par 
tous  les  lieux  de  son  corps  où  il  peut  atteindre  avec 
la  langue;  car,  ainsi  embouzé,  l'amertume  qu'il  y 
treuve  le  garde  de  se  lesoUer,  o.  de  serres,  207.  Sa 
barbe  est  presque  toute  embousée,  bab.  Garg.  i,  2. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  bouse. 

f  EMBOUT  (an-bou) ,  s.  m.  Garniture  de  fer  ou 
de  cuivre  qu'on  met  au  bout  d'une  canne,  d'un  pa- 
rapluie. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  bout. 

t  EMBOUTÉ,  ÉE  (an-bou-té,  tée),  part,  passé. 
Garni  d'un  embout.Une  canne  mal  emboutée.  ||  Terme 
de  blason.  Pièce  emboutée,  pièce  qui  se  termine  par 
une  virole  d'argent.  Instrument  embouté,  instru- 
ment qui  a  l'extrémité  d'un  autre  émail  que  le  corps. 

t  EMBOUTEILLER  (an-bou-tè-llé.  Il  mouillées), 
V.  a.  Mettre  en  bouteilles.  Embouteiller  delà  bière, 
de  l'encre. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  bouteille. 

f  EMBOUTER  (an-bou-  té),  V.  a.  Mettre  un  em- 
bout. Embouter  un  parapluie. 

EMBOUTI,  lE  (an-bou-ti,  tie),  part,  pois^d'em- 
boutir.  Une  pièce  de  métal  emboutie. 

i-  EMBOUTIQUEMENT  (an-bou-ti-ke-man).  Ac- 
tion d'emboutiquer. 

—  HIST.  XV»  s.  Et  pour  tenir  ordre  au  faict  desdits 
emboctiquements  et  fournissements  desdits  greniers 
et  chambres  à  sel,  lesdits  saliniers  salinans  et  mar- 
chands fournisseurs  qui  auront  chargé,  seront  te- 
nus de  faire  porter,  charrier  et  mesurer  le  sel  qui 
sera  mis  es  dites  nouvelles  boutiques,  Ordonnance, 
B  janv.  1497. 

t  EMBOUTIQUER  (an-bou-ti-kè) ,  V.  a.  Terme  de 
l'ancien  monopole  du  sel.  Mettre  en  boutique.  Et 
seront  tenus  les  dits  propriétaires  d'emboutiquer 
leurs  sels  nouveaux  quatre  jours  après  qu'ils  auront 
été  levés,  Baii  Gautier,  6  mars  t60D. 

HIST.  XV»  s.  Les  saliniers  salinans  qui  mettront 

leurs  sels  dedans  les  greniers  à  sel,  les  vendront  par 
tour  de  papier,  c'est  assavoir,  qui  premièrement 
emboutiquera,  premièrement  vendra,  Ordonnance, 
8  nov.  U98. 

—  ETYM.  En  1,  et  boutique. 

EMBOUTIR  (an-bou-tir),  v.  a.  ||  1°  Travailler  une 
plaque  de  métal  au  marteau  et  sur  une  enclume ,  de 
manière  à  la  rendre  concave  d'un  côté  et  convexe' 
de  l'autre,  comme  une  bassine,  une  casserole,  etc. 
Il  Former  et  travailler  l'argent  sur  une  petite  ma- 
chine qu'on  appelle  étampe.  ||  2°  Terme  d'architec- 
ture. Former  des  ornements  en  tôle,  au  marteau  et 
au  repoussoir.  ||  Revêtir  d'une  garniture  métallique 
une  corniche  ,  une  moulure  ,  etc.  pour  la  ga- 
rantir. 

HIST.  XVI»  s.  Il  faut  qu'à  l'endroit  qu'elles  tou- 
cheront lesdites  carnosités,  elles  [les  chandelles, 
bougies  chirurgicales]  soient  formées  et  embouties 
de  la  composition  qui  s'en  suit,  paré,  xvi,  27. 

—  ÉTYM.  Emîjou!. 

f  EMBOUTISSAGE  (an-bou-ti-sa-j'),  s.  m.  Action 
d'emboutir;  son  résultat.  Emboutissage  bien  exécuté. 

—  ÉTYM.  Emboutir. 

t  EMBOUTISSEUR  (an-bou-ti-seur) ,  *.  m.  Ou- 
vrier qui  emboutit. 

—  ÉTYM.  Emboutir. 

t  EMBOUTISSOIR  (an-bou-ti-soir),  s.  m.  Grande 
machine  au  moyen  de  laquelle  on  donne  à  des  pla- 
ques de  fer  unies  les  formes  nécessaires  pour  en 
faire  divers  ustensiles,  tels  que  tasses ,  marmites,  etc. 

LEGOARANT. 

r-  ETYM.  Emboutir. 

EMBRA^'CIIEMENT  (an-bran-che-man)  ,   s.   m. 

Il  1°  Division  du  tronc  d'un  arbre,  subdivisée  ordi- 
nairement elle-même  en  rameaux.  |{  2°  Jonction  de 
deux  ou  plusieurs  routes.  ||  Chemin  partant  de  la 


EMB 


1339 


roule  principale  et  moins  important.  1|  Voie  de  for 
qui  se  relie  à  une  ligne  principale.  ||  Terme  de  géo- 
graphie. Chaîne  secondaire  de  montagnes  ou  de 
hauteurs  qui  se  détache  do  la  chaîne  principale. 
Il  3°  Ramification  de  tuyaux  dans  une  distribution 
d'eau,  de  gaz,  etc.  ||  4°  Terme  de  cbarpenterie. 
Pièce  qui  fait  partie  de  la  charpente  d'un  toit.  ||  Pièce 
de  charpente  posée  de  nouveau  dans  l'enrayure  d'un 
pavillon. Il  5"  Fig.  Division  principale  d'une  science. 
Les  cmbranchcmeius  du  la  physique.  ||  Grande  di- 
vision établie  dans  l'un  des  règnes  do  la  nature. 
Lo  règne  animal  se  divise  en  ([uatro  embranche- 
ments, qui  sont  :  les  vertébrés,  les  mollusques, 
les  articulés,  les  radiés. 

—  ÉTYM.  Embrancher. 

t  EMBRANCHER,  V.  a.  Réunir  des  tuyaux,  dea 
chemins.  On  a  embranché  une  voie  de  fer  à  la  ligna 
principale.  {|  S'embrancher,  t).  réft.  Être  embran- 
ché, former  embranchement.  C'est  ici  que  les  doux 
routes  s'embranchent.  Le  chemin  de  fer  de  Ver- 
sailles s'embranche  sur  celui  de  Saint-Germain. 

—  HIST.  XIV»  s.  Les  plus  hault  embranchés  de 
gloire  [ceux  dont  la  gloire  est  comme  un  arbre  à 
hautes  branches],  G.  cuastelain,  Chron.  du  duc 
Philippe,  proesme. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  branche. 

t  EMBRAQUER  (an-bra-ké),  r.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Roidir.  Embraquer  une  manœuvre.  ||  Fig 
dans  le  même  langage.  Finir,  achever,  eu  parlant 
d'un  travail  quelconque. 

—  ÉTYM.  En  < ,  et  braquer. 

EMBRASÉ,  ÉE  (an-brâ-zé,  zée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  en  feu.  Un  tison  embrasé.  Des  charbons 
embrasés.  Les  Turcs  entouraient  cette  maison  toute 
embrasée,  volt.  Charles  XII,  o.  Je  vois  ces  murs 
sanglants,  ces  portes  embrasées,  id.  Mérope,  i,  1. 
Il  Fig.  Et  des  mêmes  ardeurs  dont  il  fut  embrasé, 
coBN.  Cinna,  iv,  6.  Et  d'un  indigne  amour  lâche- 
ment embrasé,  id.  Nicom.  v,  t.  Quoi  1  venir,  em- 
brasé d'une  aveugle  furie,  Verser  le  sang  des  siens, 
ruiner  sa  patrie!  rotr.  Antig.  iv,  t.  Toujours  de 
son  amour  votre  âme  est  embrasée,  rac.  Phèd.  n, 
5.  Il  II  se  dit  aussi  quelquefois  du  courroux,  de  la 
passion,  etc.  Il  est  vrai  que  des  dieux  le  courroux 
embrasé  Pour  nous  faire  périr  semble  s'être  épuisé, 
rac.  Théb.  V,  3.  Il  Racine  le  fils,  dans  ses  Remarques, 
blâme  cet  emploi  ;  mais,  figurément,  un  courroux, 
une  passion  peut  être  comparée  à  un  tison.  On  en 
trouvera  un  exemple  à  l'historique  :  mautalent  [co- 
lère] embrasez.  ||  2°  Extrêmement  chaud.  Une  at- 
mosphère embrasée.  Sous  ce  ciel  embrasé  j'ai  suivi 
votre  frère,  Buas,Abuf.i,  6.  ||  Fig.  J'ai  perdu  temps. 
Seigneur,  et  cette  âme  embrasée  Met  trop  de  diffé- 
rence entre  jEmon  et  Thésée,  cobn.  Œd.  i,  4.  Si  mon 
courage  est  haut,  mon  cœur  est  embrasé,  id.  Ctd,  i, 
4.  Et  pour  dire  à  quel  point  mon  cœur  est  embrasé, 
botr.  Vencesl.  ly,  c.  Le  langage  du  cœur  est  toujours 
fervent  et  embrasé,  mass.  Carême,  Prière  2.  ||  3°  Livré 
aufeudesdiscordes,  des  guerres.  Toute  la  Franceétait 
embrasée  de  guerres  civiles,   eoss.  Var.  xii,  §  2). 

t.  EMBRASEMENT  ( an-brâ-ze-man )  ,  s.  m. 
Il  1°  L'action  d'embraser  ;  lorésullat  de  celte  action. 
Leurs  yeux  [des  dragons]  sont  tout  de  flamme,  et 
leur  brûlante  haleine  D'un  long  embrasement  couvre 
toute  la  plaine,  corn.  lois,  d'or,  i,  4.  Un  roi  qui, 
non  content  d'effrayer  les  mortels,  X  des  embrase- 
ments ne  borne  point  sa  gloire,  bac.  Iphig.  m,  4. 
Qu'un  incendie  ne  se  terminait  jamais  qu'à  l'em- 
brasement de  quelques  maisons,  au  lieu  qu'un  res- 
sentiment.... FÉN.  Philosophes,  Heraclite.  Il  jette 
le  baril  à  l'endroit  où  le  feu  était  le  plus  violent.... 
il  se  trouve  que  ce  baril  était  rempli  d'eau-de-vie"... 
l'embrasement  redoubla  avec  plus  de  rage,  volt. 
Charles  XII,  e.  On  trouve,  dans  les  mémoires  de 
(757,  les  détails  de  l'embrasement  spontané  de 
grosses  toiles  imbibées  d'huile  et  fortement  serrées, 
condorcet,  Duliamel. Et  chantait  sur  un  luth  l'em- 
brasement de  Troie,  legouvé,  Épich.  et  Nér.  i,  i. 
Il  Fig.  Si  vous  pouviez  voir  quel  embrasement  ces 
huit  jours  ont  allumé  dans  mon  âme,  J.  J.  kouss. 
Ilél.  1,  3.  Il  2°  Désordres,  troubles  en  un  pays.  Un 
verset  écliappé  peut  causer  un  embrasement  géné- 
ral, Boss.  Lett.  2C8.  Il  arrêta  cet  embrasement 
naissant,  fléchier,  Commendon,  liv.  m,  19,  dans 
RicHELET.  Un  coup  de  canon  en  Amérique  peut  être  le 
signal  de  l'embrasement  de  l'Europe,  volt.  Maurs, 
(50.  Et  des  embrasements  d'une  guerre  immortelle 
Étouffer  sous  vos  pas  la  première  étincelle,  ID.  Ua- 
homet,  I,  t. 

—  HIST.  XII»  s.  Nostre  espérance  et  nostre  cha- 
riteiz  enflammeie  par  tanz  embrasemenz,  si  bern. 
653.  Il  XIII"  s.  Pire  est  cist  maux  [ce  mal,  l'amour] 
que  fièvre  ague;  N'a  pas  letor  quant  on  en  suc;  Ains 


1340 


EMB 


a  grignor  [plus  grand]  embrasement,  Blancandin. 
La  parole  est  embrasement  liou  saint  esprit,  Psau- 
tier, f  (64.  lieumont  amena  sa  seror  et  son  neveu 
par  l'embrasement  (instigation]  (Ju  conte  (le  Jaffe  , 
Hisl.  occid.  des  croisades,  t.  i,  p.  443.  Ly  bourgois 
ne  porra  estre  apgrevés  sans  jugement  dos  esche- 
vins,  fors  do  murdre  ou  d'embrasement  ou  de 
homme  occhis  ou  de  larcbin,  taillur  ,  Recueil, 
p.  (00.  Il  XIV'  s.  Après  ce  qu'il  orent  fet  occision  et 
embrasement,  dercheure,  f°  Bo,  recto. 

—  ÊTYM.  Embraser;  provenç.  embrawmen. 

f  2.  EMBRASKMENT(an-bra-ze-man) ,  s.  m.  Terme 
d'architecture.  Synonyme  d'ébrasement ,  qui  est 
beaucoup  plus  usité. 

(.  EMBUASER  (an-brâ-zé),  V.  a.  ||  1°  Mettre  en 

braise.  Embraser  une  ville Et  vous  ne  craignez 

pas  Que  du  fond  de  l'abîme  entr'ouvert  sous  ses  pas 
Il  ne  sorte  à  l'instant  des  feux  qui  vous  embrasent, 
HAC.  Alhal.  m,  B.  ||  2°  Rendre  extrêmement  chaud. 
Le  soleil  embrasait  ratmo.sphère.  Une  chaleur  péné- 
trante brûlait  nos  yeux;  un  air  dévorant,  des  cen- 
dres étincelantes, des  llammes détachées  embrasaient 
notre  respiration  courte,  sèche,  haletante  et  déjà 
presque  suffoquée  par  la  fumée,  SÉGUR,  Hist.  de 
Napol.  VIII,  7.  Il  Fig.  Exalter,  échauffer.  La  religion 
les  embrase  d'un  saint  zélé.  L'amour  l'a  embrasé 
de  tous  ses  feux.  C'est  moi  qui,  les  rendant  l'un  de 
l'autre  jaloux,  Vins  allumer  le  feu  qui  les  embrase 
tous,  BAC.  Mithr.  v,  l.  Quand,  sous  le  ciel  d'a- 
mour, où  mon  âme  est  ravie.  Je  presse  sur  mon 
cœur  un  fantôme  adoré.  Et  que  je  cherche  en  vain 
des  paroles  de  vie  Pour  l'embraser  du  feu  dont  je 
suis  dévoré,  lamart.  Ilarm.  m,  3.  ||  3°  Livrer  à  la 
guerre,  à  la  ruine,  au  désordre.  Embrasez  par  nos 
mains  le  couchant  et  l'aurore,  eac.  Mithr.  m,  t. 
Il  4°  S'embraser,  t).  réfl.  Prendre  feu.  Cette  ma- 
tière s'embrase  facilement.  ||  Fig.  Si  votre  cœur 
ainsi  s'embrase  en  un  moment,  corn,  le  Ment,  i,  2. 

—  HIST.  xii'-s.  E  s'aïra  [se  courrouça]  e  embrasa 
seion  le  dit  de  la  loi,  Machab.  i,  2.  Ou  cierge  es- 
pris,  ou  lanterne  enbrasée,  Ronc.  p.  (B7.  Se  il  veïst 
ses  fiz  e  sa  femme  enterrer,  E  trestute  sa  terre  ar- 
deir  e  enbraser,  Th.  le  mart.  (33.  Dune  fu  de  tûtes 
parz  mautalent  [colère]  enbrasez,  ib.  135.  |]  xiii"  s. 
Car  amours  m'embrase  et  atise,  Lay  d'amours,  dans 
JUBINAL,  t.  II,  p.  (97.  Et  Esclas,  qui  est  ainsi  corne 
tos  [tout]  embrasés  de  l'amour  à  la  damoisiele  des- 
lors  qu'il  le  [la]  vit,  henri  de  val.  xii.  Et  quant  chil 
[ceux]  qui  Lyenart  tenoient  virent  l'empereour  em- 
brasé d'ire  et  de  mautalent,  ID.  m.  Quant  la  royne 
se  esveilla,  elle  vit  la  chambre  toute  embrasée  de 
feu,  joiNV.  285.  Embraseras-tu  la  teue  ire  [ta  colère] 
issi  [ainsi]  vers  nos?  Psautier,  f°  97.  ||  xiv»  s.  E 
Diex!  qu'est  che  d'argent?  chiens  [celui-là]  le  sot  [sut] 
bien  nommer.  Qui  argent  [ardgent,  brûle  gent]  l'a- 
pella  :  les  gens  fait  embraser,  Baud.  de  Seb.  ii,  25. 
11  xV  s.  La  grande  abondance  de  vertus  qui  estoyent 
en  celuy  vaillant  homme,  embrasa  tellement  les 
envieux  contre  luy  que....  Boude,  m,  (3.  ||  xvi"  s. 
Clermont  essaia  encores  une  fois  deux  barques  em- 
brasées [brûlots]  sur  les  navires  de  Lansao,  d'aub. 
Hist.  II,  30.  Le  roi  estant  à  Lion  s'embrasa  d'une 
des  plus  apparentes  femmes  de  la  ville,  m.  ib.  m, 
33 1 .  Qui  peult  embraser  son  ame  de  l'ardeur  de  cette 
vifve  foy  et  espérance....  mont,  i,  283.  Alexandre 
assiegeoit  une  ville  aux  Indes  ;  ceulx  de  dedans,  se 
trouvants  pressez,  se  résolurent  vigoureusement  à 
le  priver  du  plaisir  de  cette  victoire,  et  s'erabraise- 
rent  universellement  touts  quand  et  leur  ville,  m. 
n,  37. 

—  ÊTYM.  En  I,  et  braise;  provenç.  embraser. 

t  2.  EMBRASER  (an-brâ-zé),  V.  a.  Terme  d'archi- 
tecture. Synonyme  d'ébraser,  qui  est  beaucoup  plus 
employé. 

EMBRASSADE  (an-bra-sa-d'),  s.  f.  Action  de 
deux  personnes  qui  s'embrassent.  Sophie  pouvoit  à 
peine  suffire  à  toutes  les  embrassades  et  à  tous  les 
compliments  qu'on  lui  fit,  scarr.  Rom.  coin,  ii,  (4. 
Mon  importun  et  lui  courant  à  l'embrassade,  mol. 
Fâcheux,  1,  (.  Ces  affables  donneurs  d'embrassades 
frivoles,  ID.  Mis.  i,  (.  Cet  bomme-là  avec  ses  gran- 
des embrassades  est  un  fourbe,  id.  Ponrceaug.  ii, 
4..  Mme  Scarron  a  reçu  votre  embrassade,  sÉv.  (27. 
J'ai  ma  pipe  et  vos  embrassades,  Venez  me  donner 
mon  congé,  bérano.  Vieux  cap. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  ne  furent  que  salutations  et 
embrassades,  langue,  557.  Trêves  d'embras.sades, 
d'aub.  Vie,  XXXV.  Donne  moy  une  embrassade,  id.  ib. 

~  ÉTYM.  Embrasser. 

+  EMBRASSANT,  ANTE,  (an-bra-san,  san-f), 
adj.  Il  1°  Qui  a  l'habitude  d'embrasser,  qui  aime  à 
embrasser.  Ces  enfants  ne  sont  pas  embrassants. 
Il  î°  Terme  de  botanique.  Se  dit  des  feuilles  et  du 


RMB 

pétiole  quand  leur  expansion  embrasse  tout  ou  par- 
tie de  la  tige  d'où  ils  sortent.  Feuilles  embrassantes. 
Feuilles  demi-embrassanles. 

t  EMBRASSE  (an-bra-s'),  s.  f.  liande  d'étoffe ,  ou 
ganse  de  soie,  qui  est  attachée  à  une  patère,  et  qui 
sert  à  tenir  les  rideaux  drapés. 

—  f.TYM.  Voy.  embrasser. 

EMBRASSÉ,  P,E  (an-bra-sé,  sée).  part,  passé. 
Il  1°  Saisi  entre  les  bras.  La  mère  embrassée  par 
ses  enfants.  Ils  se  tenaient  étroitement  embrassés. 
Ensanglantant  l'autel  qu'il  tenait  embrassé,  rac. 
Àndr.  m,  8.  ||  Terme  de  botanique.  Préfoliaison  em- 
brassée, se  dit  lorsque  les  côtés  des  feuilles,  repliés 
l'un  sur  l'autre,  sont  recouverts  par  les  deux  côtés 
des  feuilles  précédentes  pliées  comme  elles ,  par 
exemple  :  les  iris  ;  demi-embrassée,  lorsqu'un  de  leurs 
côtés  seulement  est  contenu  entre  les  deux  côtés  de 
la  feuille  opposée,  par  exemple  :  la  saponaire.  ||  Terme 
de  blason.  Écu  embrassé,  écu  parti,  coupé  ou  tran- 
ché d'une  seule  emmanchure  qui  s'étend  d'un  liane  à 
l'autre.  ||  2°  Fig.  Saisi  par  la  vue,  par  l'esprit.  Un 
vaste  paysage  embrassé  du  haut  de  la  colline.  L'en- 
semble de  connaissances  embrassé  par  cet  auteur. 
Il  Adopté,  suivi.  Des  opinions  embrassées  avec  ar- 
deur. L'avis  embrassé  par  l'assemblée. 

EMBRASSEMENT(an-l)ra-se-man),  s.  m.  Hl"  Ac- 
tion d'embras.ser  ou  de  s'embrasser.  De  tendres  em- 
brassements.  De  jouir  de  l'honneur  de  vos  emliras- 
sements,  corn.  Nicom.  Il,  2.  De  protestations, 
d'offres  et  de  serments  Vous  chargez  la  fureur  de 
vos  embrassements,  mol.  Mis.  i,  (.  Dans  cet  em- 
brassement  recevez  mes  adieux,  rac.  Mithr.  m,  1. 
Vous  craindrez-vous  sans  cesse,  et  vos  embrasse- 
ments [d'Agrippine  et  de  Néron]  Ne  se  passeront- 
ils  qu'en  éclaircissements?  id.  ISrit.  I,  2.  Les  revoir 
[mes  enfants]  et  mourir  dans  leurs  embrassements, 
VOLT.  Fanât.  11,  B.  ||  2°  Au  phir.  Conjonction  de 
l'homme  et  de  la  femme.  Embrassements  légiti- 
mes, illégitimes. 

—  SYN.  embhassement,  EMBRASSADE.  Il  n'y  a  en- 
tre ces  deux  mots  d'autre  différence,  sinon  que  em- 
brassade est  du  style  familier,  tandis  queembrasse- 
ment  est  de  tous  les  styles. 

—  HIST.  xirs.  Les  joies  durent  longement,  L'a- 
coler  et  l'embracement,  Que  la  mère  vers  son  fil 
meine,  Gre'goirele  Grand,  p.  74.  1|  xvi'  s.  Tous  deux 
au  départir  se  baisant  doucement,  S'entredisent 
adieu  d'un  long  embrassement,  BONS.  892. 

—  RTYM.  Embrasser. 

EMBRASSER  (an-bra-sé),  V.  a.  ||  1°  Serrer  dans 
ses  bras,  caresse  qui  est  .souvent  accompagnée  d'un 
baiser.  11  embrassa  son  père  avec  effusion.  En  arri- 
vant, il  embrassa  sa  femme  et  ses  enfants.  Mais  il 
me  traite  en  père,  il  me  flatte,  il  m'embrasse,  cohn. 
Heracl.  v.  2.  Lorsqu'un  homme  vous  vient  embras- 
ser avec  joie.  Il  faut  bien  le  payer  de  la  même 
monnoie,  mol.  Mis.  i,  (.  J'embrasse  mon  rival, 
mais  c'est  pour  l'étouffer,  rac.  Brit.  iv,  3.  J'allais, 
seigneur,  pleurer  un  instant  avec  lui;  Je  ne  l'ai 
point  encore  embrassé  d'aujourd'hui,  id.  Andr.  i, 
4.  Il  Formules  de  salutation  épistolaire.  Je  vous  em- 
brasse de  tout  cœur.  Je  vous  embrasse  tendrement. 
Il  11  se  dit,  par  extension,  de  tout  ce  qu'on  serre, 
saisit  avec  les  bras,  soit  que  les  bras  entourent  ou 
n'entourent  pas.  Embrasser  l'autel.  Les  uns  avec 
transport  embrassent  le  rivage,  bac.  Mithr.  iv,  6. 
Je  cherche  mon  enfant  avec  des  cris  funèbres,  Pleu- 
rant, rampant,  hurlant,  embrassant  les  ténèbres, 
Ducis,  Rom.  .IV,  B.  Il  Embrasser  les  genoux,  se 
mettre  aux  pieds  de  quelqu'un  et  lui  serrer  les  ge- 
noux pour  l'implorer.  Seigneur,  c'est  donc  à  moi 
d'embrasser  vos  genoux,  eac.  Iphig.  m,  s.  Par  le 
salut  des  Juifs,  par  ces  pieds  que  j'embrasse,  id. 
Esth.  ni,  B.  Il  Embrasser  son  écu,  se  disait  du  com- 
battant qui  empoignait  plus  fortement  son  écu  pour 
se  couvrir  et  attaquer.  ||  Fig.  Qu'un  stoïque  [un 
stoïcien]aux  yeux  secs  vole  embrasser  la  mort;  Moi 
je  pleure  et  j'espère;  au  noir  souffle  du  nord  Je  plie 
et  relève  la  tête,  a.  chên.  la  Jeune  captive.  Dans 
toute  sa  grandeur  j'embrassai  ma  misère,  delavi- 
GNE,  Paria,  m,  4.  ||  2°  Entourer,  environner,  en 
parlant  des  choses.  Le  lierre  embrasse  l'ormeau. 
La  mer  embrasse  la  terre.  À  l'ombre  des  lauriers  qui 
t'embrassent  la  tête,  malh.  i,  4.  [Draperie]  Qui  ne 
s'y  colle  point,  mais  en  suive  la  grâce  [du  corps], 
Et  sans  le  serrer  trop,  le  caresse  et  l'embrasse, 
mol.  Val-de-Grdce.  ||  3°  Saisir  par  la  vue,  par  le  re- 
gard. Il  embrassa  rapidement  tout  le  champ  de  ba- 
taille et  donna  ses  ordres.  Comme,  en  considérant 
une  carte  universelle,  tous  sortez  du  pays  où  vous 
êtes  né  et  du  lieu  qui  vous  renferme,  pour  parcourir 
toute  la  terre  habitable  que  vous  embrassez  par  la 
pensée  avec  toutes  ses  mers  et  tous  ses  pays,  boss. 


EMB 

Hist.  Dessein  général.  Au  delà  de  leur  cours  et  loin 
dans  cet  espace,  Où  la  matière  nage  et  que  Dieu  seul 
embrasse,  volt.  Henr.  vu,  01.  c'est  en  vain  qufl 
ma  vue  De  la  terre  et  des  mers  embrasse  l'étendue, 
ducis,  Ojcar,  i,  (.  || Saisir  par   l'esprit,  Aristote  a 
embrassé  l'ensemble  des  connaissances   humaine» 
de  son  temps.  Il  [la  Motbe>  le  Vayer]  a  tout  em- 
brassé dans  ses  écrits,  l'ancien,  le  moderne,  le  sa- 
cré, le   profane,    mais  sans  confusion,  d'olivet, 
Hist.  Acad.  t.  Il,  p.  (37,  dans  pougens.  Le  compas 
d'Uranie  a  mesuré  l'espace  ;  ô  temps,  être  inconnu 
que  l'âme  seule  embrasse.  Invisible  torrent  des  siè- 
cles et  des  jours,  THOMAS,  Ode,    le  Temps.  \\  Saisir 
par  l'imagination.    Mon  esprit  embrassant   tout  ce 
qu'il  s'imagine,  CORN.  Poly.lll,  l.Vous  qui.  de  l'A- 
sie embrassant  la  conquête.  Querellez  tous  les  jours 
le  ciel  qui  vous  arrête ,  RAC.  Iphig.  iv,  6.   Je  vou- 
drais embrasser  un  si  doux  avenir,  nucis.  Oscar, 
1,  2.  Et  d'un  bonheur  prochain  embrass-z  l'espé- 
rance, c.  delav.  Vêpr.  sicil.  se.  supprimée.  ||  Saisir 
par  l'exécution.   Dans  les  grandes  affaires,  il  faut 
tout  envisager,  et  se  contenter  de  ce  qu'on  peut 
exécuter  avec  succès,  sans  vouloir  embrasser  tout  à 
la  fois,  ROLLIN,  Hisl.  anc.  OEuvres,  t.  vm,  p.  320, 
dans  POUGENS.  ||  i"  Adopter,  suivre.  11  embrassa  les 
opinions  des  novateurs.  Je  veux,  comme  il  souhaite, 
embrasser  la  douceur,  tristan.  If.  de  Chrispe ,  u, 
7.  Non,  non,  n'embrassez  pas  de  vertu  par  con- 
trainte, CORN.  Hor.  II,   3.  Embrasse  ma  vertu  pour 
vaincre  ta  faiblesse,  id.  ib.  iv,  7.  Impatients  dé- 
sirs d'une  illustre  vengeance....  Que  ma  douleur  sé- 
duite embrasse  aveuglément,  id.  Cinna,  i,  (.  11  esl 
ce  que  tu  dis  s'il  embrasse  leur  foi,  id.  Poly.  m,  i. 
J'embrasse  comme  vous  ces  nobles  sentiments,  id. 
Rodog.  I,  B.  J'embrasse  un  bon  avis,   de  quelque 
part  qu'il  vienne,  lu.  Perthar.  i,  4.  Il  esl  temps 
de  tourner  du  côté  du  bonheur,  De  ne  plus  embras- 
ser des   destins   trop    sévères,    id.   ib.    iv,    B.   U 
n'embrassa  point  de  secte  particulière,  mais  il  prit 
ce  qu'il  y  avait  de  bon  en  chacune,  d'ablancouht, 
Lucien,  t.  u,  dans  richelet.  Qui  d'une  sainte  vie 
embrasse  l'innocence  Ne  doit  point  tant  prôner  son 
nom  et  sa  naissance,  mol.  Tart.  u,  2.  Jl  embrasse 
la  religion  chrétienne,   boss.  Hist.  i,  (O.  Un  autre 
secours  encore,   mais  le  plus  efficace  qu'il  pût  op- 
poser à  ses  adversités,   ce  fut  la  dévotion  solide, 
qu'il  embrassa  pour  le  reste  de  ses  jours,  et  même, 
si  cela  se  peut,  avec  quelque  sorte  d'excès,  d'oli- 
vet, Hist.  Acad.  t.  Il,  p.  92,  dans  pougens.  Je  ché- 
ris la  vertu,  mais  j'embrasse  le  crime,  volt.  Brut. 
IV,  3.  J'embrassai  les  vertus  qu'exigeait  mon  mal- 
heur,  ID.  Mérope,  v,  (.   Je  l'aimai,  je  connus  ce 
premier  esclavage  Qu'embrasse  avec  transport  une 
âme  encor  sauvage,   c.  delav.  Paria,   1,   (.jjSe 
charger  de,  se  mettre  du  côté  de.  Vous  saurez  em- 
brasser bien  mieux  son  intérêt,  corn.  Hor.  v,  8. 
Je  ne  veux  point  douter  que  la  vertu  romaine  N'em- 
brasse avec  chaleur  l'intérêt  de  la  reine,   id.  Ni- 
com. 1,  (.  Du  timon  qu'il  embrasse  il  se  fait  la 
seul  guide,  id.  Othon,   m,    4.    Il  faut  première- 
ment Me  rendre  un  bon  office,  et  nous  verrons  en- 
suite Si  je  dois  de  vos  vœux  embrasser  la  conduite, 
MOL.  l'Étour.m,  B.  Régner  et  de  l'État  embrasser  la 
conduite,   rac  P/icd.  m,  i.  Vous  seul  pouvez  con- 
tre-eux  embrasser  sa  défense,  id.  16.  11,  B.  Pour 
oser  de  ton  peuple  embrasser  l'intérêt,  id.  Esth.  1,  4. 
Les  vrais  apôtres  de  notre  Seigneur,  selon  la  tradi- 
tion de  tous  les  Pères,  afin  de  n'être  occupés  que  de 
Dieu  et  de  l'Évangile,  quittaient  leurs  femmes  pour 
embrasser  le  célibat,  boss.  Kar.  ii,  §  25.  Les  Athé- 
niens, commandés  par  Démosthène  et  Hippocrate, 
étaient  entrés  en  Béotie,  dans  l'espérance  que  plu- 
sieurs villes  embrasseraient  leur  parti  dès  qu'ils  se 
montreraient,   rollin,  Hist.  anc.    Œuvres,  t.  m, 
p.  68( ,  dans  pougens.  Ayant  pour  cette  dame,  en 
quelque  différend  Et  dans  l'occasion,   embrassé  sa 
querelle,  legrand.  Roi  de  Cocagne,  1,  2.  J'ose  en- 
core embrasser  tes  projets,  tes  malheurs,  lemerc. 
Agam.  \y ,  4.  ||  Par  extension,   saisir,  ne  pas   lais- 
ser échapper.  X  lui  rendre  service  elle  m'offre  une 
voie  Que  tout  mon  cœur  embrasse   avec  excès  do 
joie,  CORN.   Sertor.  11,  s.  J'ai  embrassé  cette  oc- 
casion-ci de  rae  mettre  à  mon  aise,  mol.  le  Mar. 
(or.  (  2.  L'occasion  est  belle,  il  la  faut  embrasser, 
BAC.  Phid.  V,  (.  Il  B°  Contenir  en  soi.  Ce  royaumj 
embrasse  plusieurs  provinces.  La  chimie  embrasse 
un  vaste  domaine.   Un  empire  qui  embrassait  tant 
donations,  boss.  Hist.  m,  6.  Telle  a  été  l'origine  de 
ces  fameux  empires  qui  embrassaient  une  grande 
partie  du  monde,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  1, 
p.  «,  dans  pougens.  ||  Confondre.  Nous  ne  devODS 
point  la  tirer  [la  censure  de  la  comédie]  des  bornes 
qu'elle  s'est   données,  l'étendre  plus  loin  gu'il  ue 


EMB 

faut,  et  lui  faire  embrasser  l'innocent  avec  le  cou- 
palile,  MOL.  Préf.  de  Tart.  \\  6°  Tenir,  occuper,  rem- 
plir. On  voyait  les  colonnes  russes  se  prolonger  et 
se  retrancher  sur  cette  pente  rase,  d'une  demi-lieue 
de  rayon,  d'oOi  elles  dominaient  et  embrassaient  tout 
parleur  nombre  et  leur  position,  ségur,  Ilist.  de 
Kapol.  IX,  2.  Il  7°  Terme  de  manège.  Un  cheval 
embrasse  lavolte  ou,  simplement,  embrasse,  quand 
ses  pas  embrassent  l'espace  d'environ  un  pied  et 
demi.  ||  Embrasser  bien  son  cheval,  le  serrer  avec 
les  cuis,ses  pour  être  plus  ferme.  |i  8°  S'embrasser, 
V.  réfl.  Se  presser  dans  les  bras  l'un  de  l'autre. 
Femmes,  vieillards  ,  .enfants,  s'embrassant  avec 
joie,  BAC.  Athal.  v,  c.  j]  Proverbe.  Oui  trop  em- 
brasse mal  étreint,  se  dit  de  celui  qui,  entrepre- 
nant beaucoup,  réussit  mal  à  chaque  chose. 

—  REM.  1.  Racine  a  dit  :  Et  qu'affectant  l'honneur 
décéder  le  dernier,  L'un  ni  l'autre  ne  veut  s'i-m- 
brassor  le  premier,  Théb.  iv,  se.  dern.  Le  second 
vers  est  incorrect;  on  s'embrasse  l'un  l'autre,  mais 
on  n'est  pas  le  premier  i  s'embrasser  l'un  l'autre. 
Il  2.  Ou  lit  parfois  dans  les  auteurs  contemporains  : 
il  lui  embrasse  la  main.  C'est  mal  parler;  il  faut 
dire  :  il  lui  baise  la  main.  Embrasser  c'est  non  ap- 
pliquer la  bouche,  mais  serrer  dans  les  bras. 

—  HIST.  XI'  s.  Contre  son  piz  puis  si  [il]  l'ad  em- 
bracet,  Ch.  de  Roi.  eus..  De  son  destrier  le  col  il 
enhraçat,  ib.  ccl.  ||  xii'  s.  Parmi  les  flans  [il]  le  cou- 
rut enbracier,  Ronc.  p.  97.  Ne  sunt  pas  (il  Jesu, 
ainz  sunttuit  forslignié;  N'erentuan  [ne  seront  celte 
année],  s'il  poent ,  pur  Deu  crucifié;  Mult  enviz 
jierdereient  ço  qu'il unt  enbracié,  Tk.  le  mait.  l'n. 
K  maistre  Ed'wart  Grim  l'aveit  forment  saisi,  Em- 
liracié  par  dessus,  quant  l'orent  envai,  ib.  U9. 
Il  XIII'  s.  Sa  fille  [elle]  aembracie,  si  la  baise  en  la 
chère,  Berle,  xii.  Et  li  troi  serjan  l'ont  parles  flans 
embracié  [saisi] ,  ib.  xxi.  ||  xiv  s.  L'utilité  de  sa  cur- 
valion  [de  l'humérus]  fu  queilpeust  miex  [mieux] 
embrachier  les  choses,  H.  de  mondeville,  f°  20, 
t'erso.  Il  XV'  s.  Si  [le  varlet]  embrassa  l'escuyer  qui 
estoit  travaillé  de  longuement  combattre  et  le 
tourna  et  l'abattit  sous  lui  à  la  lutte,  froiss.  ii,  m, 
9.  Tant  embrasse-on  que  chet  la  prise,  villon. 
Bail.  Le  roy  Gadiffer  brocha  premier,  picquant 
des  espérons  son  cheval,  qui  print  à  embrasser  la 
terre  comme  un  fouldre,  Ferceforest,  t.  ii,  f°  'lO. 
Il  XVI*  s.  Si  vous  avez  prins  garde  au  bransie  de  mes 
quatre  saisons,  elles  embrassent  l'enfance,  l'adoles- 
cence, la  virilité  et  la  vieillesse,  mont.i,  80.  Si  nous 
embrassons  la  vertu  d'un  désir  trop  aspre  et  vio- 
lent, m.  1,  223.  Nous  embrassons  tout,  mais  nous 
n'estreignons  que  du  veut,  id.  i,  230.  Si  les  princes 
et  la  cour  du  parlement  de  Paris  veulent  sans  fein- 
tise  embrasser  l'œuvre  de  la  réconciliation,  petit 
à  petit  elle  se  parfera,  l.4N0Ue,  36.  Faillir  à  em- 
brasser l'occasion  de  faire  un  grand  exploit,  amyot, 
Pér.  et  Fab.  comp.  7.  11  atenditle  plus  qu'il  peut  les 
aile.s  de  sa  gendarmerie  pour  embrasser  le  plus  de 
pais,  lu.  Marcell.  8. 

—  ÉTVM.  En  1,  et  bras;  bourguig.  ambrassié ; 
provenç.  embrassar;  anc.  esp.  embraiar;  ital.  im- 
bracciare. 

t  EMBRASSEUR,  EUSE  (an-bra-seur,  seù-z'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  a  la  manie  d'embrasser  à 
tous  propos.  Il  S.  m.  Bande  de  fer  qui  embrasse  les 
tourillons  d'une  pitce  d'artillerie  pendant  le  forage. 

—  Rtym.  Embrasser. 

t  EMBRASSURE  (an-bra-su-r'),  s.f.  Assemblage, 
à  queue  d'aronde,  de  quatre  chevrons  chevillés, 
qui,  placés  au-dessus  du  larmier  d'une  souche  de 
cheminée,  empêchent  qu'elle  ne  s'éclate.  ||  Ceinture 
formée  d'une  bande  de  fer,  donton  entoure  un  tuyau 
de  cheminée,  une  poutre,  une  pièce  de  charpente. 

—  ETY^L  Embrasser. 

EMBRASURE  (an-bra-zu-r) ,  S.  f.  ||  1°  Terme  de 
fortification.  Ouverture  dans  un  parapet  où  l'on 
pointe  le  canon  pour  tirer  sur  l'ennemi.  Je  trouvai 
quelques  vieux  canons  de  vingt-quatre,  placés  aux 
embrasures  d'un  bastion  goth'que,  chateaub.  Itin. 
11,  29i.||a°  Ouverture  dans  le  mur  d'une  habita- 
lion,  encadrant  les  portes  et  les  fenêtres.  La  ronce 
fait  sortir  ses  cercles  bruns  de  l'embrasure  d'une 
fenêtre,  chateaub.  Ofnie,  m,  V,  6.  {|  Biais  donné  à 
l'épaisseur  du  mur  à  l'endroit  des  fenêtres.  Il  m'a 
parlé  dans  l'embrasure  de  la  fenêtre.  ||  3°  La  partie 
d'un  fourneau  oii  passe  le  cou  de  la  cornue.  ||  Au 
plur.  Terme  de  métallurgie.  Vides  pratiqués  dans  le 
massif  d'un  haut  fourneau. 

—  HIST.  xvi's.  Le  grand-maistre  se  jette  denuict 
dans  le  grand  cavalier  des  Turcs  par  les  embrasu- 
res larges,    comme  fautes  pour  doubles  canons, 

D'aUB.  Hist.  I,   245. 

—  ÉTYM.    Scheler  y  voit  un  substantif  du  verbe 


EMB 

embraser,  parce  que  Vembrasure  est  l'endroit  où  le 
canon  s'embrase  pour  tirer.  Mais  comment  concilier 
celte  explication  avec  ébraser  qui  paraît  de  même 
radical? 

t  EMBRAYAGE  (an-brè-ia-j'),  s.  m.  Terme  de 
chemin  de  fer.  Action  d'embrayer.  ||  Appareil  à 
griffes,  à  poulies  folles,  qui,  dans  les  usines,  per- 
met de  mettre  en  action  ou  de  laisser  en  repos  un 
outil,  un  mécanisme  tributaire  du  moteur  prin- 
cipal. Il  Pièce  d'embrayage,  celle  qui  sert  à  em-_ 
brayer,  ou  chacune  de  celles  qu'on  emploie  pour 
embrayer. 

t  EMBRAYER  (an-br6-ié),  j'embraye,  tu  em- 
brayes, il  embraye  ou  i!  embraie,  nous  embrayons, 
vous  embrayez,  ils  embrayent  ou  embraient;  j'em- 
brayais, nous  embrayions,  vous  embrayiez;  j'em- 
brayai; j'embrayerai,  ou  embraierai,  ou  embraî- 
rai;  j'embrayerais,  ou  embraierais,  ou  embralrais; 
embraye,  embrayons;  que  j'embraye,  que  nous  em- 
brayions, que  vous  embrayiez;  que  j'embrayasse; 
embrayant;  embrayé,  v.  a.  Rendre  indépendant 
du  reste  de  la  machine  un  outil,  un  mécanisme. 
Il  En  un  autre  sens.  Faire  communiquer  les  dif- 
férentes parties  d'une  machine  compliquée,  afin 
qu'elles  fonctionnent  ensemble.  Par  ce  moyen  on 
embraie  très-facilemejit.  Nouveau  procédé  pour 
embraver.  On  avait  embrayé  trop  tôt,  legoarant. 

—  ÉTVTH.  Origine  iirtfertaine.  Faut-il  regarder 
comme  étant  le  même  mot  fmbroier  qui  signifie  en- 
gager en  perçant  (xiii'  s.  [Le  sanglier]  Quant  voit 
l'espielvers  lui  torner  ,  Droit  celé  part  aqeut  [prend] 
Savoie,  Si  se  fiert  dedensetembroie.  Si  come  cil  qui 
mort  ne  doute.  Que  l'entraiUe  lui  perce  toute,  guill. 
DE  PALERME),  OU  le  Verbe  embruyer  qui  signifie 
fixer,  engager  (xv*  s.  Quant  il  fut  au  miUieu  de  la 
planche,  si  voit  celui  qui  tenoit  le  glaive  pour  le 
ferir  parmy  le  corps,  et  il  abaisse  son  glaive,  et 
met  l'escu  devant  luy;  et  quant  il  voit  qu'il  ap- 
prouche,  si  s'efforce  tant  qu'il  peult,  si  heurte 
l'escu,  et  embruye  dedans,  Lancelot  du  lac,  t.  i, 
f"  154)?  Cependant,  malgré  l'absence  de  renseigne- 
ments, on  peut  supposer  qu'embrayer  est  formé  de 
en  t  et  brayer,  qui,  dans  la  langue  des  métiers,  si- 
gnifie cordage,  morceau  de  cuir  propre  k  soutenir 
quelque  chose  (voy.  ce  mot). 

t  EMBRELAGE(aii-bre-la-j'),  s.  m.  Action  d'em- 
breler. 

f  EMBRELER  (an-bre-lé.  La  syllabe  bre  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'embrèle),  v.  a.  Fixer  un  chargement  sur  une  voi- 
ture par  des  cordages. 

—  ÈTYM.    En  ( ,  et  brèle. 

t  EMBRELOQUÉ,  ÉE  (an-bre-lo-lîé,  kée),  adj. 
Garni,  chargé  de  breloques.  L'abdomen  embrelo- 
qué  d'une  demi-douzaine  de  cachets  de  montre, cli- 
quetant à  chaque  pas  comme  les  sonnettes  d'une 
mule,  en.  ce  bernahd,  la  Peine  du  talion,  §  i. 

—  ftTYM.  En  ) ,  et  breloque. 

EMBRENÉ,  ÉE  (an-bre-né,  née),  part,  passé. 
Enfant  tout  emhrené.  ||  Fig.  On  t'eût  admise  [à  un 
bal  royaliste]  à  cause  de  moi,  qui  suis  la  pureté 
même;  car  j'ai  été  pur  dans  un  temps  où  tout  était 
embrené,  p.  h.  coiR.  Lett.  il,  409. 

f  EMBRÈNEMENT(an-hrè-ne-man),  s.  m.  Action 
d'embrener;  état  de  ce  qui  est  embrené. 

—  ÉTYM.  Embrener. 

EMBRENER  (an-bre-né.  La  syllabe  bre  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  il 
embrène,  il  embrî'nera).  ||  1°  V.  a.  Salir  de  bran. 
Mot  populaire.  11  ne  se  dit  que  des  petits  enfants. 
Il  Fig.  et  par  plaisanterie.  La  muse....  De  miel  vous 
embréne  le  bec,  Régnier,  Mac.  \\  2»  S'embrener, 
V.  réjl.  Se  dit  d'un  enfant  (|ui  se  salit.  ||  Fig.  Se  four- 
voyer, s'embourber  d.ins  une  mauvaise  affaire. 

—  HIST.  xvi*  s.  Enfans,  poules  et  les  coulombs 
[pigeons] Embrenent  et  souillentlesmaisons,  leroux 
DE  LiNCY,  Prov.  t.  I ,  p.  216.  Tant  plus  elle  s'efforce 
de  soy  depestrer  de  la  poix,  tant  plus  elle  s'en  em- 
brené, RABEL.  t.  m,  p.  198,  dans  lacurne.  Le  sei- 
gneur des  Cars  se  trouva  aussi  embrenné  avec  luy, 
lequel  fut  aussi  disgracié,  brant.  Cap.  fr.  t.  m,  p.  1 49. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  bran;  bourguig.  ambrenoi;  pi- 
card, imbranger,  barbouiller,  noircir. 

f  EMBRÈVEMENT  (an-brè-ve-man),  s.  m.  Ter- 
me de  menuiserie.  Manière  d'entailler  une  pièce  de 
bois,  pour  en  rendre  l'assemblage  ferme  avec  une 
autre  pièce.  On  trouve  aussi  embreuvement. 

—  ETYM.  Embrever. 

f  EMBREVER  (an-bre-vé.  La  syllabe  bre  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
il  embrève,  il  embrèvera),  v.  a.  Unir  deux  solives 
par  un  embrévement  ;  faire  entrer  une  pièce  de  bois 
dans  une  autre. 


E.MB 


13 'il 


—  ÉTYJI.  Serait-il  possible  que  la  vraie  orthographe 
fût  embreuvement;  et  que  cmbrever  ou  embreiirer, 
par  une  figure  hardie  non  extraordinaire  dans  les 
termes  d'arts,  se  fût  dit  d'une  pièce  qui  en  abreuve 
une  iiutre  en  s'y  engageant? 

t  EMBRIDER  (an-bri-dé),  v.  a.  Mettre  la  bride. 
Il  Vieilli.  On  dit  aujourd'hui  brider. 

—  HIST.  xv«  s.  Chacun,  en  droit  soy,  croit  le 
contraire,  et  qu'il  est  préservé  et  beneuré  entre  les 
aultres;  et  qui  mieulx  le  croit,  mieulx  est  embridé, 
Les  t  s  joies  du  mariage,  p.  t35. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  bride. 

t  EMBRIGADÉ,  ÉE  (an-bri-ga-dé,  dée),  part. 
passé.  Des  régiments  embrigadés.  Des  hommes  em- 
brigadés pour  un  coup  de  main. 

f  EMBRIGADEMENT  (an-bri-ga-de-man),  t.  m. 
Il  1°  Terme  militaire.  Action  d'embrigader  les  régi- 
ments; division  par  brigades.  ||  Nom  de  la  mesure 
par  laquelle,  pendant  la  Révolution  ,  on  fondit  en- 
semble les  régiments  de  ligne  et  les  bataillons  de 
volontaires.  Il  2°  Organisation  hiérarchique  donnée 
à  des  agents  par  leur  réunion  en  brigades.  L'embri- 
gadement des  gardes  champêtres.  {|  Terme  d'eaux 
et  forêts.  Réunion  de  trois  ou  cinq  gardes.  ||  3°  En- 
rôlement de  gens  pour  quelque  dessein. 

.—  ÉTYM.  Embrigader. 

t  EMBRIGADER  (an-bri-ga-dé),  v.  a.  ||  1°  Distri- 
buer des  troupes  par  brigades;  introduire  des  hom- 
mes dans  le  cadre  d'une  brigade.  ||  Réunir  deux 
régiments  pour  en  former  une  brigade.  ||  2°  Réu- 
nir des  agents  en  brigades.  ||  3°  Par  extension,  en- 
rôler pour  quelque  dessein.  Les  chefs  du  complot 
sont  parvenus  à  embrigader  un  grand  nombre 
d'hommes. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  brigade. 
EMBROCATION  (an-hro-ka-sion) ,  s.  f.  Terme  de 

médecine.  Action  de  verser  lentement  et  par  arro- 
sement  un  liquide  quelconque  sur  une  partie  malade. 

—  HIST.  XVI'  s.  Embrocation  selon  les  Grecs,  ou 
irrigation  selon  les  Latins,  est  un  arrousement, 
quand  d'en  haut,  à  la  similitude  de  la  pluye,  l'on 
laisse  distiller  quelque  décoction  sur  quelque  partie. 
Aucunes  fois  nous  imbibons  le  linge  ou  collon,  et  en 
touchant  la  partie  nous  faisons  embrocation  ;  tou- 
tosfois  telle  chose  mérite  plus  tost  le  nom  de  fomen- 
tation humide  que  d'embrocation,  paré,  xxv,  30. 

—  ÉTYM.  'Euêpoxi?!,  arrosement,  de  èv,  et  ppoxr). 
de  poÉyEiv,  mouiller;  terme  très-mal  formé  ateo  un 
mot  grec  et  une  terminaison  latine. 

EMBROCHÉ,  ÉE  (an-bro-ché,  chée),  part,  passé. 
Traversé  par  une  broche;  mis  à  la  broche.  Les  chairs 
au  feu  mugissaient  embrochées,  j.  j.  bouss.  Ém.  il. 

t  EMBROCHEMENT  (an-bro-che-man),  s.  m. 
Terme  de  cuisine.  Action  d'embrocher. 

—  ÉTYM.  Embrocher. 

EMBROCHER  (an-bro-ché) ,  v.  a.  |l  1°  Mettre  de 
la  viande  à  la  broche.  Embrocher  un  gigot.  |{  Abso- 
lument. Vatterville  dit  à  l'hôte  qu'il  a  assez  d'appétit 
pour  tout  manger  [le  gigot  et  le  chapon];  l'hôte 
n'ose  répliquer  et  embroche,  st-simon,  <oo,  et. 
Il  2°  Par  extension  et  familièrement,  embrocher 
quelqu'un,  le  percer  d'un  coup  d'épée.  [X  des  mar- 
mitons qui  s'ébattent  avec  leurs  broches]  Et  vous 
aussi,  vous  embrochez  les  chrétiens,  vitet.  Scènes 
hist.  Les  états  de  Blois,  se.  *.  ||  3°  S'embrocher, 
V.  réfl.  Se  percer  soi-même.  11  se  jeta  sur  son  ad- 
versaire, et  s'embrocha  lui-même.  Les  deux  adver- 
saires s'embrochèrent  l'un  l'autre. 

—  HIST.  xiV  s.  L'en  les  trenche  par  tronçons,  et 
•sont  embrochiés  par  hastelets,  Ménagier,  ii,  6. 
Laver,  embrocher  et  cuire  longuement,  ib. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  broche  ;  picard ,  ernbroker. 

t  EMBUONCUER  (an-bron-ché),  v.a.  Ranger  dos 
tuiles,  des  ardoises,  de  manière  qu'elles  s'emhottent 
les  unes  avec  les  autres.  ||  Terme  de  charpenterie. 
Engager  des  pièces  de  bois  les  unes  sur  les  autres. 

—  HIST.  xu'  s.  Ne  sunt  pas  né  del  ciel,  n'i  unt 
lur  vos  [vœux]  drecié;  De  terre  sunt  formé,  vers 
la  terre  enbrunchié.  Th.  le  mart.  <27.  ||  xiii'  s.  Es 
vos  un  vilain  qui  venoit  Parmi  la  lande  tôt  à  pié, 
En  son  chaperon  enbrunchié,  Ren.  (3044.  ||  xv  s. 
Et  de  ses  mains  me  tenoit  la  teste  et  les  yeux  em- 
brunchez  et  estoupez,  si  que  je  n'avoye  l'aise  de 
veoir  ni  oyr,  al.  chartieh,  Œuvres,  p.  263,  dans 
RAYNOUARD  ,  Lex.  Et  estoit  le  dit  monseigneur  le 
connestable  vestu  d'une  cappe  de  camelot,  dedans 
laquelle  il  estoit  fort  embrunché,  Jean  de  troïes. 
Chroniques,  1475. 

—  ÉTVM.  Picard ,  embrugner ,  couvrir  ;  rouchi ,  em- 
brunqué;  Berry,  embrunché,  engagé  dans  de  mau- 
vaises affaires;  provenç.  embroncar,  cacher,  refro- 
gner.  L'ancien  français  embroncher ,  comme  le 
provençal  embroncar,  a  deux  sens  :  c&cher,  voiler 


1342 


EMB 


«t  pencher,  d'où  rendre  triste,  rcf rogné.  Ces  deut 
lêns  dérivent-ils  l'un  de  l'autre?  Dans  le  second 
«in»,  Ditz  o.t  disposé  i  voir  un  dérivé  do  pro- 
nui  penché,  par  une  forme  pronifore;  pour  le 
promifir,  il  no  propose  rien.  L'étymologie  reste  en 
effet  incertaine;  mais  ou  remarquera  que  les  gens 
de  métier  ont  conservé  ce  mot,  qui  d  ailleurs  na 
pas  complètement  péri  dans  le  langage  vulgaire; 
car  les  diclionnaires  de  cacologie  signalent  comme 
mauvaise  la  locution  :  ce  chapeau  vous  embruiiclie. 
f  EMBROUILLAMINI  (an-brou-lla-mi-ni,  U  mouil- 
lées), I.  m.  .Synonyme  de  brouillamini.  Il  y  a  au  troi- 
sième acte  un  embrouillamini  qui  me  déplaît,  et  au 
cinquième  il  y  a  deux  poignards  qui  me  font  de  la 
peine,  volt.  iett.  d'Àrgental,  28  nov.  I700. 

—  REM.  Ce  mot,  condamné  par  plusieurs,  est 
fait  (l'embrouiller,  sur  lo  modèle  de  brouillami- 
ni; il  est  d'ailleurs  du  langage  familier  (comparez 

BaOUILLAHINl). 

—  ÈTYM.  Embrouiller. 

EMBROUILLÉ,  ÉE  (an-brou-Ilé,  liée,  Zi  mouil- 
lées, et  non  an-brou-yô),  pari,  passé.  Mis  dans  la 
confusion  par  le  brouillement.  Echeveau  embrouillé. 
Il  Kig.  Esprit  embrouillé.  Discours  embrouillé.  Et 
quand  j'y  suis  bien  embrouillé  [dans  mes  pensées] , 
BÉGNiEH,  Épit.  m.  Tliémis  n'avait  point  travaillé, 
De  mémoire  de  singe ,  à  fait  plus  embrouillé,  la  font. 
Fabl.  II,  3.  U  faut  un  peu  s'arrêter  en  cet  endroit 
qui  est  le  plus  embrouillé  de  toute  la  chronologie 
ancienne,  par  la  difficulté  de  concilier  l'histoire 
profane  avec  l'histoire  sainte,  BOss.  llist.  i,  7. 
Comme  il  avait  la  téta  embrouillée  de  sommeil, 
lUMiLT.  Cramm.  3. 

EMBROUILLEMENT  (an-brou-lle-man  ;  ii  mouil- 
lées, et  non  an-brou-ye-man),  s.  m.  Action  d'em- 
brouiller; résultat  do  cette  action.  L'embrouillement 
des  fils.  Il  Fig.  Embrouillement  d'affaires.  Em- 
brouillement d'idées.  On  a  à  craindre  des  embrouil- 
lements dans  l'affaire,  BOSS.  Lett.  quiét.  387. 

—  ÉTYM.  Embrouiller. 

EMBROUILLER  (an-brou-llé ,  U  mouillées,  et  non 
an-brou-yé),  v.  a.  \\  1°  Mettre  de  la  confusion  par  le 
brouillement.  Embrouiller  des  brins  de  fil,  des 
écheveaux.  ||  Terme  de  marine.  Embrouiller  les  voi- 
les, les  ferler  ou  les  joindre  ensemble.  ||  Fig.  Em- 
brouiller une  affaire.  En  embrouillant  la  question  par 
des  termes  d'école,  pasc.  Prov.  ta.  Nous  traiterons 
plus  à  fond  cette  matière;  mais  vouloir  tout  dire  à  la 
fois,  c'est  embrouiller  un  discours,  BOss.  Etals  d'o- 
rais.  Il ,  26.  Ses  disciples  ont  fort  embrouillé  ses  idées , 
ID.  Lelt.  177.  U  dissipait  par  les  lumières  de  son  es- 
prit ce  que  la  calomnie  avait  tAclié  d'embrouiller, 
FLÉciiiEB,  t.ii,  p.  t8.  H  fallait  que  sa  rage  à  l'univers 
funeste  Allât  encor  de  lois  embrouiller  le  Digeste, 
BOiL.  Sal.  viii.  Il  Embrouiller  l'esprit,  la  cervelle,  y 
mettre  la  confusion  ,  l'incertitude.  Selon  la  saison 
Oui  règne  en  notre  humeur,  les  brouillards  nous 
embrouillent,  RÉGNiEH,  Sa(.  ix.  Des  marauds  dont  le 
vin  embrouillait  la  cervelle  Vidaient  à  coups  de  poing 
une  vieille  querelle,  corn.  Suite  du  Ment,  iv,  6. 
Choisis  une  heure  propre  à  rentrer  eu  toi-même,  A 
penser  aux  bienfaits  de  la  bonté  suprême,  Saust'em- 
brouiller  l'esprit  de  rien  de  curieux,  m.  Imit.  i,  20. 
11  y  cherche  [dans  les  textes]  des  difficultés  et  non 
pas  des  solutions,  de  quoi  embrouiller  les  esprits , 
et  non  de  quoi  les  instruire,  BOss.  Yar.  t"  avert. 
S  27.  Il  Embrouiller  quelqu'un  de  quelque  chose, 
l'en  troubler.  Voici  mon  vieux  rêveur  ;  fuyons  de  sa 
présence.  Qu'il  ne  m'embrouille  encor  de  quelque 
confidence,  corn,  la  Suiv.  v,  4.  ||2°  S'embrouiller, 
».  réftéchi.  Devenir  embrouillé.  Ces  écheveaux  se 
sont  embrouillés.  ||  Fig.  Perdre  le  fil  de  ses  idées, 
et  aussi  s'embarrasser  l'esprit.  Répondras-tu  pour  lui 
[le  piochain]  de  son  peu  de  vertu?  Ou,  si  c'est 
pour  toi  seul  que  tu  dois  rendre  compte.  Quels  que 
soient  ses  défauts,  de  quoi  t'embrouilles-tu?  corn. 
Imit.  lit,  24,  L'homme  s'embrouille  souvent  à  force 
de  raisonner,  BOSS.  Uist.  u,  tt.  ||  Terme  de  marine. 
Se  charger  de  vapeurs,  de  nuages,  en  parlant  du 
temps. 

—  IIIST.  xn*  s.  Vous  avez  tellement  embrouyllé 
cest  escheveau  qu'on  ne  le  peut  desussenibler  , 
PALSGR.  p.  494.  Il  embrouilla  tellement  Aristides, 
qu'à  la  lin  il  le  feit  chasser  et  b.mnir  de  la  ville 
d'Alhcnes,  amyot,  Thém.  1 1 .  Il  cherchoit  matière  de 
nouvelles  guerres,  espérant  que,  s'il  pouvoil  em- 
brouiller et  irriter  ces  roys  do  l'Asie,  mesmement 
Mithridates,  il....  jd.  Jfariu*,  6«.  Sertorius,  qui  ne 
vouloit  point  s'embrouiller  d'affaires,  fut  contrainct, 
pour  la  sûreté  do  sa  propre  personne,  de  prendre 
les  armes....  m.  Eum.  et  Sert.  3.  11  y  séjourna  jus- 
qu  à  C8  que  les  affaires  les  plus  embrouillez  et  plus 
troublez  y  fussent  un  peu  appaisez,  lo.  Pomp.  3u. 


EMB 

Celte  infinie  et  perpétuelle  discordance  d'opinions 
et  de  raisons  qui  accompagne  et  embrouille  le  vain 
bastiment  de  l'humaine  science,  mont,  h,  300. 
Elle  [notre  âme]  s'embrouille  et  se  trouble  de 
cholore,  despit ,  tristesse,  joye,  faisant  des  chas- 
teaux  en  Espagne,  charron.    Sagesse,  i,  38. 

—  RTYM.  £nl,  et  brouiller;  espagn.  embrollar; 
ital.  imbrogliare. 

fEMBROUILLECR,  ECSE  (an-brou-lleur,  lleû- 
z'.Jimouillées),  s. m.  clf.  Celui,  celle  qui  embrouille, 
qui  jette  la  confusion  dans  les  choses  dont  il  se  mêle. 

—  HIST.  xvi*  s.  Embrouilleur,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Embrouiller. 

t  EMBRUGER  (an-bru-jé) ,  V.  a.  Terme  de  ma- 
gnanerie. Disposer  des  faisceaux  ou  des  cloisons  de 
bruyères  ou  d'autres  plantes  ligneuses  et  bran- 
chues,  autour  des  vers  à  soie,  afin  qu'ils  puissent 
monter  dans  ces  bruyères  et  faire  leur  cocon. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  bruyère  (voy.  ce  mot). 

t  EMBRUINÉ,  ÉE  (an-bru-i-né,  née),  ad;'. Terme 
rural.  Brûlé,  gâté  par  la  bruine. 

—  ÈTYM.  En  < ,  et  bruine. 

EMBRUMÉ,  ÉE  (an-bru-mé,  mée),  adj.  Chargé 
de  brume.  Un  temps  embrumé.  L'orbe  de  la  lune 
tout  rouge  se  levait,  dans  un  horizon  embrumé,  d'une 
grandeur  démesurée,  bern.  de  s.-p.  Paul  et  Virg. 
Un  océan  sauvage  ,  des  syrtes  embrumées,  c'est 
tout  ce  qui  s'offre  aux  regards,  chateal'BR.  Génie, 
m,  V,  6. 

■f  EMBRUMER  (S')  (an-bru-mé),  «.  n'/î.  Se  charger 
de  brume.  Le  ciel  s'embrume,  belvétius,  cité  dans 
les  Dict. 

—  HIST.  xvi*  s Et  les  eaux  embrumées  D'orai- 

ges,  vens,  naufrages  et  tempestes,  J.  marot,  v,  69. 
D'un  roide  cours  les  nues  embrumées  Va  conduisant, 
qui  petit-es  fumées  Semblent  jetter,  u>.  iv,  43. 

—  ÉTYM.  En  i ,  el  brume. 

t  EMBRUN  (an-brun),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Ciel  couvert  de  brouillards.  ||  Pluie  fine  qui  résulte 
du  vent  ou  du  choc  des  lames. 

—  ÉTYM.  £n  t ,  et  brume. 

t  EMBRUNE  (an-bru-n') ,  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  l'airelle. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  brun ,  à  cause  de  la  couleur  de 
ce  fruit. 

t  EMBRUNI  (an-bru-ni) ,  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. S-ynonyme  d'embrun. 

f  EMBRUNIR  (an-bru-nir),  v.  a.  Rendre  brun 
ou  plus  brun,  jj  Terme  de  peinture.  Peindre  d'une 
couleur  trop  brune. 

—  HIST.  xvi"  s.  Quelle  langueur  ce  beau  front 
déshonore?  Quel  voile  obscur  embrunit  ce  flam- 
beau ?   RONS.     90.    Puis   alors    que   vesper    vient 

embrunir  nos  yeux,  m.  300 La   passion   que 

nous  engendre  amour.  Qui  de  la  vie  embrunit  le 
beau  jour,  id.  638.  Trois  ou  quatre  fois  à  l'embruiiir 
du  jour  U  fil  sonner  le  marteau  sur  ma  porte, 
ID.  705. 

—  ÉTYM.  £»  t ,  et  brun. 

t EMBRYOCTONIE  (an-bri-0-kto-nie),  s.  /'.Terme 
de  médecine  légale.  Action  de  causer  la  mort  du 
foetus  dans  la  matrice. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  xtovo;,  meurtre. 

t  EMBRYOGÉNIE  (an-bri-0-jé-nio)  ,  s.  f.  Terme 
d'anatomie  et  de  physiologie.  Formation  et  déve- 
loppement des  êtres  vivants,  depuis  l'ovule  jusqu'à 
la  naissance. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  le  sutfixe  génie ,  produc- 
tion, de-ytvTiî,  engendré. 

t  EMBRYOGÉNIQUE  (an-bri-o-jé-ni-k'),  ad;.  Qui 
a  rapport  à  l'embrvogénie. 

t  EMBRYOGRÂPIUE  (an-bri-o-gra-fie),  s.  f. 
Description  de  l'embryon. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  fpâçsiv,  décrire. 

t  EMBRYOLOGIE  (an-bri-o-lo-jie),  s.  f.  Terme 
de  physiologie.  Doctrine  de  la  formation  des  em- 
bryons et  de  leur  vie,  depuis  l'ovule  jusqu'à  la  nais- 
sance. Il  Traité  sur  l'embryon. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  Xôfo;,  traité. 

t  EMBRYOLOGIQUE  (an-bri-o-lo-ji-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  l'embryologie.  Études  embryologiques. 

t  EMBRYOLOGUE  (an-bri-o-lo-gh')  ouEMBRYO- 
LOGISTE(an-bri-o-lo•ji-st'),  s.  m.  Auteur  d'un  traité 
sur  l'embryon. 

EMBRYON  (an-bri-on).  s.  m.  jj  loTerme  d'histoire 
naturelle.  Germe  fécondé  et  dans  son  premier  état 
de  développement  au  sein  de  la  mère.  Puis  d'une 
femme  morte  avec  son  embryon.  Il  faut  chez  du 
Vernet  voir  la  dissection,  boil.  Sal.  x.  La  duchesse 
de  Beauvilliers  et  la  maréchale  de  Châtillon  eurent 
la  corvée  do  porter  l'embryon  [de  la  duchesse  de 
Berry]  à  Saint-Denis,  st-sim.  3)0,  69.  ||  Terme  de 
botanique.  Germe  de  la  plante  renfermé  dans  la 


EMB 

graine  et  qui  se  développe  par  la  germination. 
Il  2°  Kig.  C'est  un  embryon,  se  dit  d'un  tout  petit 
homme.  ||  Homme  sans  valeur.  Il  me  paraît  ridicule 
que,  dans  les  occasions  oii  Petit  se  trouverait  à  côlé 
d'un  malade  avec  un  P....  ou  quelque  aulre  embryon 
de  la  faculté....  diuer.  Lettres.  \\  3°  Il  se  dit  aussi  de 
quelque  chose  qui  est  à  l'état  naissant.  Son  livie 
n'est  encore  qu'en  embryon.  Quelque  important  qu'il 
soit,  pour  bien  juger  de  l'état  naturel  de  l'homme, 
de  le  considérer  dés  son  origine,  et  de  l'examinei 
pour  ainsi  dire  dans  le  premier  embryon  de  l'espèce, 
I.  j.  Rouss.  Orig.  i. 

—  SYN.  EMBBYON,  FŒTUs.^  Ëtymologiquement , 
l'embryon  est  ce  qui  se  développe  dans  le  sein  de 
la  mère,  le  fœtus  est  ce  qui  est  produit,  engendré. 
Les  médecins  ont  établi  cette  distinction-ci  :  l'em- 
bryon est  l'être  vivant,  considéré  au  début  de  soc 
développement  ;  le  fœtus,  ce  même  être  considéré 
dans  un  état  plus  avancé,  mais  toujours  dans  le 
sein  de  la  mère,  et  plus  particulièrement,  dan: 
l'espèce  humaine,  cet  être  depuis  le  second  moi; 
de  la  grossesse  jusqu'à  la  mise  au  monde.  Au  figuré, 
il  y  a  synonymie  entre  embryon  et  rudiment. 

—  HIST.  XIV*  s.  Embrion  est  une  masse  qui  est  ou 
ventre  de  la  mère,  ORESME,  TWse  d*  meunier.  Une  de 
celles  puissances  ou  vertu....  est  en  tO"tes  choses 
qui  ont  nourrissement,  et  es  embrions  et  bestes  im- 
parfettes,  id.  Elh.  3o. 

—  ÉTYM.  Provonç.  cmfcrto/espagn.  cmbrton;  ital. 
embrione ;  de  Jjiêpuov,  de  èv,  en,  et  PpÛEiv,  ger- 
mer, croître. 

fEMBRYONELLE  (an-bri-o-nè-l') ,  t.  f.  Terme 
de  botanique.  Corps  reproducteur  des  plantes  cryp- 
togames. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  le  suffixe  diminutif  el  ou 
elle. 

+  EMBRYONIFÈRE  (an-bri-0-ni-fè-r'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  porte  ou  renferme  un  em- 
bryon. 

—  ÉTYM.  Embn/on,  et  le  latin  ferre,  porter. 

t  EMBRYOMFORME  (an-bri-0-ni-for-m'),  adj. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  a  la  forme  d'un  em- 
bryon. 

—  ÉTY5I.  Embryon,  ei  forme. 

t  EMBRYONNAIRE  (an-bri-o-nê-r'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  a  rapport  à  l'embryon.  La 
période  embryonnaire.  ||  Qui  est  à  l'état  d'embryon. 

—  ÉTYM.  Embryon. 

tEMBRYONNÊ,  ÉE  (an-bri-0-né,  née),  adj. 
Terme  de  botanique.  Pourvu  d'un  ou  de  plusieurs 
embryons. 

t  EMBRYOPARE  (an-bri-o-pa-r') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  met  au  monde  de  simples  embryons. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  le  latin  parère,  enfanter, 
t  EMBRYOl'LASTIQUE  (an-bri-o-pla-sti-k"),  adj. 

Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  la  constitution 
du  corps  de  l'embryon.  Noyaux,  cellules  embryo- 
plastiques,  ou  éléments  embryoplastiques. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  itXduoEiv ,  former. 

t  EMBRYOSAC  (an-bri-o-sak),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Représentant  de  ce  qu'est  l'ovule  chez 
les  animaux.  On  dit  aussi  sac  embryonnaire. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  sac. 

t  EMBRYOTÉGE  (an-bri-0-lè-j') ,  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Petit  corps  renflé  en  forme  de  calotte 
qui  recouvre  une  partie  de  l'embryon  dans  cer- 
taines graines. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  le  latin  tegere,  couvrir. 

t  EMBRIOTHLASTE  (  an-bri-0-tla-st' )  ,  s.  m. 
Terme  de  chirurgie.  Instrument  qui  servait  à  rom- 
pre les  os  du  fœtus,  pour  en  faciliter  l'extraction 
lorsque  l'accouchement  était  d'ailleurs  impossible. 

—  ÉTYM.  Embryon,  et  Oiâto,  briser. 

t  EMBRYOTOCIE  (an-bri-0-to-sie),  s.  f.  Terme 
de  tératologie.  Naissance  d'un  fœtus  avec  un  autre 
fœtus  dans  son  sein. 

—  ÉTY.M.  Embryon,  et  (ocie,  dérivé  de  tôxo;, 
mise  au  monde. 

t  EMBRYOTO.ME  (an-bri-o-to-m"),  s.  m.  Instru- 
ment servant  à  pratiquer  Tembryotomie. 

t  EMBRYOTOMIE  (an-bri-0-to-mie) ,  s.  f.  Terme 
de  chirurgie.  Opération  par  laquelle  on  coupe  le 
fœtus  mort  dans  la  matrice  pour  l'extraire. 

—  ÉTYM.  '£iiêpuoTO(i(a,  de  êtiSpuov,  embryon,  et 
TÉiivEiv,  couper. 

t  EMBRYOTROPHE  (an-bri-0-tro-r),  ï.  m.  Terme 
de  botanique.  Substance  (albumen  dans  les  plantes; 
jaune  et  blanc  de  l'œuf  dans  les  animaux)  qui  sert 
à  la  nourriture  de  l'embryon. 

—  ÉTY'M.  Embryon,  et  ipoço;,  qui  nourrit. 

t  E.MBRYULCE  (an-bri-ul-s') ,  s.  m.  Sorte  de  cro- 
chet de  fer  destiné  à  extraire  de  l'utérus  le  (oBtus 
mort. 


EMB 


EME 


ËME 


1343 


—  ÉTYM.  'Eiigpuouî.xàç,  do  Iiji6pu3v,  embryon, 
et  IXxEiv,  tirer. 

t  EMBRYULCIE  (an-hri-ul-sie) ,  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Opération  pratiquée  avec  l'embryuloe. 

—  ÉTYM.   Voy.  EMBRYllLCE. 

t  EMBUYULE  (an-bri-u-l'),  s.  m.  Premiers  ru- 
diments de  l'embryon. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'cm6r!/o». 

EMBU,  UE  (an-bu,  bue),  part,  passé  d'emboire. 
Il  1°  Dont  les  couleurs  sont  devenues  ternes  et  con- 
fuses. Tableau  embu.  |1  2°  S.  m.  Terme  de  peinture. 
Nom  donné  aux  taches,  aux  tons  ternes  qui  se 
voient  dans  un  tableau  embu.  ||  Terme  do  marine. 
Une  toile  à  voile  a  de  l'embu  quand  on  l'a  fait 
boire,  c'est-à-dire  quand  on  l'a  cousue  lâche  à  sa 
ralingue. 

EMBCCIIE(an-ba-ch'),  s.  f.  Sorte  de  guet-apens 
que  l'on  dispose  pour  prendre  ou  tuer  quelqu'un. 
Dresser  des  embûches,  une  embûche  à  quelqu'un. 
Elle-même  leur  dresse  une  embûche  au  passage, 
CORN.  Rodog.  I  ,  6.  De  qui  se  rend  trop  tôt  on 
doit  craindre  une  embûche,  ID.  th.  iv,  6.  Va-t'en 
faire  venir  ceux  que  je  viens  de  dire.  Pour  les 
mettre  en  embûche  aux  lieux  que  je  désire,  mol. 
Fdch.  m,  B.  Quand  j'y  devrais  trouver  cent  embû- 
ches mortelles,  jd.  Dépit,  v.  2.  Peut-être  que  les 
amants  de  Pénélope  le  feront  tomber  dans  les  embû- 
ches qu'ilsmepréparaient,FÉN.rei.xxiv.  Il  Par  exten- 
sion ,  toute  espèce  de  piège.  Nous  verrons  dès  ce  soir 
sur  une  criminelle  Si  ce  présent  nous  cache  une  em- 
bûche mortelle,  corn.  Ilédée,  iv,  4.  Ils  tomberont 
toujours  dans  vos  embûches,  pasc.  Prou.  (7. 

—  REM.  L'embûche  étant  proprement  une  embus- 
cade, une  manière  de  se  cacher  pour  attaquer  à 
l'improviste,  en  surprise  et  à  son  avantage,  et  non 
pas  un  piège,  il  est  clair  que  tendre  ne  va  pas  avec 
embûche.  Mais,  dans  ces  extensions  de  sens  et 
d'emploi ,  c'est  l'usage  qui  décide  et  non  le  raison- 
nement; et  l'on  dit  :  tendre,  dresser  une  embûche. 

—  HIST.  XIV*  s.  Que  il  se  meist  en  embûche  re- 
postement  avec  assez  pou  de  gens,  berciieure, 
f°  31 ,  verso.  Il  yssit  de  son  embusche  et  courit  sus 
aus  anemis,  id.  ib.  ||xv*  s.  Toutosfois  qu'ils  chevau- 
choient,  ils  estoient  en  grant  péril  pour  les  embus- 
ches  que  on  mettoit  sur  eux,  froiss.  i,  i,  2H.  Et 
messire  Jehan  manda  ses  gens  qui  estoient  en  em- 
busque, PENiN,  t420.  Ils  se  devisoient  comment 
celle  leur  joie  non  pareille  continuer  sûrement 
pourroient,  sans  que  i'embusche  [le  secret]  de  leur 
dangereuse  entreprinse  fut  découvert  au  mari, 
LOUIS  XI,  Kouv.  ii.  Le  petit  Saintré  n'osoit  des- 
couvrir I'embusche  [cachette]  de  ses  cent  soixante 
escuz,  J.  de  Saintré,  p.  <43,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s. 
Le  monde  est  après  pour  me  troubler,  mon  corps 
me  grève,  le  diable  est  aux  embusches  pour  me 
surprendre,  calv.  Instit.  694.  Romulus  leur  dressa 
embusche  sur  le  chemin,  amyot,  Rom.  37.  Avoir 
l'œil  au  guet,  l'oreille  aux  escoutes,  pour  descou- 
vrir les  embusches,  mont,  iv,  385. 

—  ÉTYM.  Voy.  EMBUSQUER. 

t  EîUBCcHEMENT  (an-bû-che-man),  s.  m.  Terme 
d'eaux  et  forêts.  Action  de  commencer  la  coupe  d'un 
bois. 

—  ÉTYM.  Embilcher  I. 

t  (.EMBCcher  (an-bû-ohé),  V.  a.  Terme  d'eaux 
et  forêts.  Commencer  la  coupe  d'un  bois. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  bûche. 

t  2.  EMBOcher  (an-bû-ché) ,  "e.  o.  H  Terme  de 
vénerie.  Erabûchor  la  bête,  la  faire  rentrer  dans  le 
bois,  dans  son  buisson,  dans  son  gîte.  ||  S'embû- 
cher,  V.  réjl.  La  bête  s'embûche ,  quand  ,  pour- 
suivie, elle  entre  dans  le  bois. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  embusquer ,  qui,  propre- 
ment, signifie  mettre  dans  un  bois. 

t  3.  EMBCCHER  (an-bû-ché) ,  i>.  o.  Mettre  en  em- 
bûche. Il  S'embûcher,  o.  réjl.  Se  mettre  en  em- 
bûche. 

—  ÉTYM.  Embûche.  On  dit  aujourd'hui  plutôt  em- 
busquer, forme  italienne  qui  a  détrôné  l'ancienne 
forme  française  embuscher  (voy.  l'historique  d'EM- 
nusyuER). 

EMBUSCADE  (an-bu-ska-d'),  s.  f.  \\  1°  Lieu  ca- 
ché où  l'on  attend  les  ennemis  pour  les  attaquer  à 
l'improviste  et  à  son  avantage.  Dresser,  préparer 
une  embuscade.  Donner,  tomber  dans  une  embus- 
cade. Ce  que  n'a  pu  jamais  combat,  siège,  embus- 
cade, CORN.  Cid,  II,  9.  Une  embuscade  est  plus  sûre 
dans  un  terrain  plat  et  uni,  mais  fourré,  que  dans 
des  bois,  parce  qu'on  s'en  défie  moins,  rollin, 
Hist.  anc.  OlCuvres,  1. 1,  p.  4(0,  dans  pougens.  X 
peine  cet  officier  [d'Assas]  a-t-il  fait  quelques  pas, 
que  des  grenadiers  ennemis  en  embuscade  l'envi- 
Toouent  et  le  saisissent  à  peu  d«  distance  de  son 


régiment,  volt.  Louis  XV,  :i3.  ||  Par  extension,  se 
mettre,  se  tenir  en  embuscade,  se  cacher,  se  pos- 
ter, guetter  quelqu'un  au  passage.  ||  Fig.  Elle  se 
mettait  en  embuscade  pour  surprendre  les  cœurs, 
IIAMILT.  Gramm.  7.  ||  2"  La  troupe  même  qui  est  en 
embuscade.  Le  sergent  Laplace  posta  son  embus- 
cade, HAMILT.  Gramm.  3. 

—  HIST.  XVI'  s Qu'il  devoit  estre  en  quelque 

imboscade  pour   l'attraper  au  passaige,   garloix, 

VIII,  36. 

—  ÉT"YM.  Ital.  imboscata,  li'imboscare  (voy.  em- 
busquer). Avant  d'avoir  reçu  cette  forme  italienne, 
on  disait  embuschement  :  Quand  les  autres  compa- 
gnons qui  estoient  embusches  assez  près  de  là  ouï- 
rent le  cor,  ils  saillirent  hors  de  l'embuschement, 

FROISS.  1,1,    <3l. 

ESIBUSQUÉ,  ÉE  (an-bu-ské,  skée),  part,  passé. 
Placé  en  embuscade.  On  frémit  en  voyant  la  timide 
gazelle  descendre  au  rivage  où  le  tigre  est  em- 
busqué, p.  L.  COUR.  Lett.  u,  319. 

EMBUSQUER  (an-bu-ské),  V.  a.  ||  1°  Mettre  en  em- 
buscade. Il  embusqua  une  troupe  déterminée.  Quoi  I 
nous  conduisons  au  gibet  un  malheureux  que  l'indi- 
gence embusque  sur  un  grand  chemin....  et  l'on 
fera  grâce  à  un  brigand  infiniment  plus  dangereux, 
RAYNAL,  Hist.  phil.  xviil,  <4.  Il  2°  S'embusquer, 
t).  réfléchi.  Se  mettre  en  embuscade.  Le  cerf  est 
doux,  tranquille;  il  ne  s'embusque  point  dans  l'é- 
paisseur des  forêts  pour  y  commettre  un  crime, 
SAiNT-Foix,  Ess.  Paris,  GEuvres,  t.  iv,  p.  24i,  dans 
POUGENS.  Au  delà  de  ce  lac,  vos  surveillants  fidèles 
Ont  cru  voir  s'embusquer  plusieurs  de  ces  rebelles, 
LEMiERRE,  G.  Tell,  IV,  7.  ||  Par  extension,  se  cacher 
pour  attendre  quelqu'un  au  passage.  Embusquons- 
nous  derrière  l'angle  de  la  maison. 

—  HIST.  XII'  s.  Sur  une  ewe,  pur  aguait  des 
suensenbuschad,  7(ots,  p.  63.  ||  xiii's.  Sous  une  cloie 
s'est  muciés.  Et  s'est  tapis  et  embuissiés.  Lai  de  ilé- 
lion.  Lors  s'embuissent  en  la  foriest,  Reii.  t.  iv, 
p.  366.  Il  XV"  s.  Ils  envoyèrent  les  autres  compa- 
gnons embuscher  en  une  vague  abbaye  et  gastèo, 
FROISS.  I,  I,  131.  Il  xvr  s.  Trop  me  desplaist  veoir 
trahison  cachée  Et  embuschée  aux  cuers  de  si  haulx 
roys.  Qui  font  la  loy  et  puis  rompent  ses  droictz, 
j.  MAROT,  p.  212,  dans  LACUENE.  Les  Parthes,  dit-il, 
sont  embusches  au  pied  de  ces  montagnes-là,  amyot, 
Ant.  60. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  le  radical  bosc  (voy.  bois);  pro- 
venç.  et  espagn.  emboscar;  portug.  embuscar;  ital. 
imboscar.  Les  formes  espagnoles  et  italiennes  ont 
sans  doute  déterminé  au  xvi*  siècle  l'abandon  de 
l'ancienne  forme  francai.se  embuscher,  qui  cepen- 
dant a  pu  être  en  picard  embusquer,  et  par  là  se 
confondre  avec  les  formes  italienne  et  espagnole. 

t  EMBUT  (an-bu),  s.  m.  Entonnoir.  ||  Vieux. 

—  HIST.  xiv  s.  Embut,  nu  cange,  embutum. 
Il   XVI*  s.  On  ne  faisoit  que  luy  entonner  vin  en 

gorge   avec  un    embut,   hab.  t.  ii,   p.  232,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Catal.  embut;  espagn.  embudo;  ital. 
imbuto;  du  latin  in,  en,  et  butis,  tonneau  (voy. 
botte). 

t  ÉMENDATEUR  (é-man-da-teur),  s.  m.  Celui  qui 
corrige  un  texte. 

—  HIST.  XVI'  s.  Emendateur,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esmendador  ;  espagn.  emen- 
dador;  ital.  emendatore;  du  latin  emendatorem,  de 
emendare,  émender. 

t  ÉMENDATIF,  IVE  (é-man-da-tif,  ti-v*),  adj. 
Qui  émende,  réforme.  Châtiments  qui  sont  de  deux 
sortes  :  châtiments  correctifs  et  émendatifs  s'il  est 
permis  d'inventer  ce  mot,  par  conséquent  temporels 
ou  purement  vindicatifs,  où  la  justice  divine  se 
satisfait  par  des  supplices,  boss.  Nouv.  myst.  17. 

—  ÉTYM.  Émender. 

t  ÉMENDATION  (é-man-da-sion),  s.  f.  Action  de 
corriger  un  texte.  L'émendation  de  ce  passage  altéré. 

—  HIST.  xvi*  s.  [Ce]  qui  ompescheia  que  nous  ne 
puissions  aussi  retirer  les  jeunes  gens  du  pis  au 
mieiv..,  sn  usant  de  semblables  emendations  [cor- 
rections (le  certains  passages  des  poètes],  amïot, 
Comm.  il  faut  lire  les  poètes,  51. 

—  ÉTYM.  Provenç.  emendacion;  espagn.  emen- 
dacion;  ital.  emendaaione ;  du  latin  emendoftoncn», 
de  emendare,  émender. 

ÉMENDÉ,  ÉE  (é-man-dé,  dée),  part,  passé.  Ar- 
rêt èmendé. 

É.MENDER  (é-man-dé),  v.  a.  Terme  de  droit. 
Réformer.  La  cour,  émendant,  ordonne.... 

—  HIST.  XIII*  s.  Li  rois  commende  que  nus  [nul] 
n'et  [n'ait]  tant  forfet,  s'il  vient  à  amendement,  qu'il 
ne  soit  receu  à  esmandant  de  ce  que  il  a  forfet,  Liv. 
de  just.  12.  ||xvi*  s.  Ayant  eu  au  commencement 


les  mesmes  defaults  de  nature,  quant  au  geste  et  à 
la  prononciation,  qu'avait  eu  Demosthenes,  pour 
les  émender,  il  estudia  soigneusement  à  imiter 
Roscius,  AMYOT,  Cic.  6.  Coulx  qu'il  trouvoit  lasches 
et  paresseux,  en  les  tensant  et  reprenant  les  emen- 
doit,  iD.  Numa,  28. 

—  ÉTYJI.  Provenç.  esmendar,  emendar;  catal. 
esmenar;  espagn.  emendar;  ital.  emendare;  du  latin 
emendare,  de  e,  et  menda,  faute.  Aujourd'hui  amen- 
der, dans  le  sens  de  rendre  meilleur,  a  prévalu, 
dans  l'usage,  sur  émender. 

ÊMERAUDE  (é-me-rô-d'),  s.  /■.  ||  1°  Pierre  pré- 
cieuse ordinairement  d'un  beau  vert,  qui  fait  partie 
des  doubles  silicates,  et  dans  laquelle  la  coloration 
est  due  à  de  l'oxyde  de  chrome.  On  a  cru  longtemps 
que  les  émeraudes  d'un  vert  gai  venaient  des  gran- 
des Indes,  et  c'est  pour  cela  qu'on  les  appelait  orien- 
tales, RAYNAL,  Ilist.  phil.  VII,  20.  L'insccto  vert  qui 
rôde.  Luit, vivante  émeraude.  Sous  les  brins  d'herbe 
verts,  y.  hugo.  Orient.  9.  ||  Émeraude  du  Brésil, 
variété  de  tourmaline.  Émeraude-raorillon,  fluorure 
de  chaux,  variété  verte.  ||  2°  Terme  d'alchimie.  Éme- 
raude des  philosophes,  la  rosée  de  mars  et  celle  de 
septembre.  ||  3°  L'Ile  d'émeraude,  nom  poétique  de 
l'Irlande,  dite  aussi  l'Ile  verte,  à  cause  de  l'abon- 
dance et  de  la  fraîcheur  de  sa  végétation. 

—  HIST.  xii'  s.  Faire  pure  esmeralde  en  plomb 
encassuner  [enchâsser].  Th.  le  mart.  128. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esmerauda,  maracda,  et,  au 
masculin,  maragde,  maracde,  maraude,  meraude; 
anc.  catal.  esmeragda;  espagn.  esmeralda;  ital. 
smeraldo;  du  latin  smaragdus,  de  <s^6.fi.-[ioi\  du 
sanscrit  açmagarbha,  mot  à  mot,  cœur  de  pierre. 

t  ÉMERAUUINE  (é-me-rô-di-n') ,  s.  f.  Nom  vul- 
gaire d'un  insecte  du  genre  des  cétoines  (coléop- 
tères). 
.    —  ETYM.  Émeraude. 

f  ÉMËRE  (é-mê-r') ,  s.  m.  Terme  de  botanique.  Ar- 
brisseau d'agrément,  le  séné  bâtard  des  jardiniers 
{coronilla  emerus ,  L.}. 

t  ÉMERGÉ,  ÉE  (é-mèr-jé,  jée),  adj.  Qui  n'est 
pas  plongé  dans  l'eau,  par  opposition  à  immergé. 

—  ÉTYM.  Émerger. 

f  ÉMERGEANT  (é-mèr-jan),  adj.  m.  Ancien 
terme  de  jurisprudence  usité  dans  cette  locution  : 
dommage  émergeant,  pour  indiquer  quelque  chose 
où  non-seulement  on  ne  gagne  pas,  mais  où  l'on 
perd  (voy.  l'historique  d'ÉMERGER). 

t  ÊMEKGEMENT  (é-mèr-je-man),  s.  ni.  Terme 
de  géologie.  Action  d'émerger  en  parlant  des  mon- 
tagnes soulevées. 

—  ÉTYM.  Émerger. 

t  ÉMERGENCE  (é-mèr-jan-s'),  s.  f.\\i'  Terme 
de  physique.  Sortie  hors  d'un  mUieu.  Point  d'émer- 
gence, point  par  lequel  un  rayon  lumineux  sort 
d'un  milieu  qu'il  a  traversé.  Chacun  des  rayons  se 
brise  à  son  émergence  de  la  boule,  volt.  Newton, 
H,  9.  Il  2°  Fig.  Circonstance  pressante.  Dans  une 
telle  émergence. 

—  ÉTYM.  Émergent. 

ÉMERGENT,  ENTE  (é-mèr-jan,  jan-t'),  adj. 
Il  1°  Terme  de  géologie.  Terrain  émergent,  terrain 
qui,  à  mer  basse,  se  trouve  à  découvert.  1|  2°  Terme 
de  physique.  Rayons  émergents,  ceux  qui  sortent 
d'un  milieu  après  l'avoir  traversé.  ||  3°  Terme  de 
chronologie.  L'an  émergent,  l'an  par  lequel  on 
commence  à  compter  le  temps,  une  période,  une 
ère.  Il  4°  Terme  de  minéralogie.  Cristal  émergent, 
cristal  composé  de  six  prismes  rhombo'ides,  dont, 
cinqtendant  à  produire  un  prisme  unique,  le  sixième 
semble  sortirde  cet  assemblage  en  faisantdes  angles 
rentrants  avec  les  deux  prismes  adjacents. 

t  ÉMERGER  (é-mèr-jé.  Le  jf  prend  un  e  devant  a 
et  0  ;  émergeant,  émergeons),  v.  n.  Terme  de  géo- 
logie. Être  soulevé  par  une  force  centrale  au-dessus 
du  niveau  de  la  mer.  On  voit  des  lies  émerger  du 
sein  de  la  mer.  ||  Par  extension.  Le  soleil  émergeant 
d'une  nuit  sombre  éclairait  le  fleuve,  chateaub. 
Nalch.  II,  230.  Des  soleils  après  des  soleils  émer- 
gent de  l'immensité,  id.  ib.  iv,  (83. 

—  HIST.  XV"  s.  Cens  ausquels  les  hauls  astres  con- 
fèrent tems  à  souhait  et  qui  en  biens  prospèrent, 
jaçoit  qu'ils  soient  en  vices  cmergens  [signalés  pat 
leurs  vices],  les  Triomphe.^ de  la  noble  dame,  f"  »r., 
dans  LACURNE.  Comptant  toutes  les  particulières 
circonstancesqui  me  regardent,  je  ne  treuve  homme 
des  nostres  à  qui  la  detfonse  des  loix  [durant  les 
guerres  de  religion]  couste,  et  en  gaing  cessant  et 
en  dommage  émergeant,  disent  les  clercs,  plus 
qu'à  moy,  mont,  iv,  92. 

—  ÉTYM.  Provenç.  émerger;  anc.  catal.  emergir; 
du  latin  emergere,  de  e,  hors,  et  mergere,  plonger. 

ÊMERI  (é-me-ri),  s.  m.  Composé  naturel  d'alu- 


13AA 


KMIÎ 


olno.  de  lilic*  et  d'oiy-le  do  fer,  d'un  gn»  foncé, 
Siployé  «u.  forme  de  poudre  pour  pol.r  le,  pierre», 
iM  mélaui  «l  le  cri.lal;  c'est  une  variété  granu- 
Uir.  du  corindon.  Pierre,  d'émer.,  le  cent  pesant 
paver,  loo  »ou»,  Tarif,  «sept  .««*.  Le  même  mi- 
beni  fun  mine-ai  d'aluminium]  se  retrouve  dans  es 
CiJabrei.au  Sénégal,  dans  l'Archipel  grec  et  dans  les 
environ,  de  Smyrne,  où  il  forme  l'émeri,  résultat 
d'une  allération  métamorphique,  ohandeau  et  i.au- 
OïL  Hnae  des  Sciences,  t862,  p.  »9.  ||  Flacon  bou- 
ché à  l'émeri ,  llacon  dans  lequel  les  surfaces  du 
bouchon  et  du  goulot  sont  frottées  et  polies  avec  de 
l'émeri  pour  que  le  contact  soit  plus  parfait.  ||  Polée 
d'émeri,  matière  qui  tombe  en  boue  de  ia  meule 
des  lapidaires.  ||  Nom  de  petites  taches  noires  et  du- 
res qu'on  rencontre  dans  certains  marbres. 

—  HlST.  XVI'  s.  Les  morions,  les  piques  des  sol- 
dars,  Et  les  harnois  fourbis  de  toutes  pars,  Et  l'e- 
mery  des  lames  acérées....  Une  lumière  envoyent 
dans  les  cieux,  rons.  602. 

—  RTYM.  ■Wallon,  J^meri;  espagn.  esmeril;  ital. 
tmeriglio;  du  Kreo  iT|i.Opt«,  oiiipiç,  émeri.  Dans  le 
wallon,  l'article  s'est  confondu  avec  le  mot,  comme 
dans  JiVrre  pour  Tterre.  Dans  l'exemple  de  Ronsard, 
Vemerij  veut  dire  le  poli. 

t.  ÉMERILLON  (é-me-ri-llon ,  H  mouillées,  et  non 
é-me-ri-yon),  s.  m.  Femelle  du  faucon  aesalon, 
dont  le  mile  est  appelé  rochier. 

—  HlST.  xii*  s.  Comme  l'aloe  qui  ne  puet  Devant 
l'esmerillon  durer,  la  Charrette,  v.  2744.  ||  xiii*  s. 
11  a  non  Godefrois,  ensi  l'apele-on;  Aine  uiieudres 
chevaliers  ne  chauça  esperon;  Plus  désire  bataille 
que  or  fin  ne  mangon,  Ne  déduit  de  pucele  ne  vol 
d'esmerillon,  Ch.  d'Ant.  vrii,  272.  ||xivs.  Girarz 
joins  en  ses  armes  comme  uns  amerillon,  Girart  de 
Ross.  V.  4047.  Je  qui  tien  sur  mon  poij^n  cest  noble 
esmeriUon,  ti>.  v.  285.  Une  demoisielle....  Qui  plus 
iert  [était]  qu'esraeriUons  cointe  ,  j.  de  condet,' 
p.  38.  Il  XV*  s.  Si  j'esse  esté  esmeriUon,  Ou  quej'eusse 
eu  aussi  bonne  aile,  Je  me  (eusse  gardé  de  celle 
Oui  me  bailla  de  l'aguillon,  ch.  d'orl.  Rond.  74. 

—  ÈTYM.  Provenç.  esmerillo,  esmirle;  catal.  es- 
niFrenyon;  espagn.  esmerejon;  portug.  esmerilhâo; 
ital.  smeriglio,  smeriglione ,  smerlo  ;  allem.  Schmerl; 
aiigl.  merlin;  aiic.  angl.  marlyon;  de  merla,  con- 
traction du  latin  merula,  merle,  avec  unes  épen- 
tliétique,  le  nom  des  animaux  passant  très-facilement 
d'une  espèce  à  une  autre. 

2.  ÉMKRII-LON  (é-me-ri-Uon,  W  mouillées,  et  non 
é-meri-yoii),i.  ">.  ||  l°Terme  de  marine.  Croc  de  pou- 
lie ou  de  palan  destiné  à  faire  tourner  les  manœuvres 
sur  elles-mêmes,  jj  2°  Terme  de  pêche.  Petit  crochet 
de  ferqui  est  disposé  sur  son  manche,  de  manière 
qu'il  y  peut  tourner  facilement.  ||  Sorte  de  croc  tour- 
nant sur  un  bout  de  chaîne,  dont  on  se  sert 
pour  pêcher  les  requins.  ||  3°  Terme  de  corderie. 
Morceau  de  bois  creux,  armé  d'un  crochet,  qui 
sert  à  câbler  la  corde  et  la  ficelle.  ||  4"  Ancien  terme 
d'artillerie.  Sorte  de  canon  qui  avait  trente-sept  ca- 
libres de  longueur,  mais  qui  ne  tirait  que  dix  onces 
de  fer,  ou  quinze  onces  de  plomb.  ||  5' Outil  debou- 
tonnier.  ||  Crochet  du  rouet  à  filer  les  cordes  à 
boyaux. 

—  f.TYM.  Le  même  que  le  précédent,  les  noms 
d'animaux,  passant  à  toute  sorte  d'instruments.  Le 
JJict.  de  l'Académie  écrit  émi'ni/on;  mais  c'e^t  une 
faute  typographique,  car  VAbrigé  porte  correcte- 
ment imerillon. 

ÉMERILLONNË,  ÉE  (é-me-ri-llo-né,  née,  U  mouil- 
lées, et  non  é-me-ri-yo-né,  née),  adj.  Vif,  éveillé 
comme  un  émerillon....  Oui,  tu  m'as  friponne  Mon 
cœur  infripon nable,  œil  émerillonné,  scarhon, 
D.  Japhet,  II,  t.  Il  Substantivement.  Vous  nous  fe- 
riez plaisir  de  nous  donner  cette  petite  émerillon- 
née,  cette  petite  infante  qui  est  à  la  jiortière  auprès 
de  sa  mère,  SÉV.  jUlt.  dlT.  de  Crignan,  t.v,p.  2U8, 
éd.  Régnier. 

—  HlST.  xvr  I.  Comble  tant  hautement  élevé 
qu'il  sembloit  excéder  les  cieux,  au  quel  nul  œil  hu- 
main, tant  fust  ilesmerillonné,  ne  sceut  jamais  at- 
teindre, Roman  d'Alector,  f»  20,  dans  lacur.nb, 

—  ÊTYM.  himerillon  I;  bourguig.  emerilUmnai. 

i  fiMERlLLO.VNER  (S')  (é-me-ri-llo-né,  U  mouil- 
lée»), v.Tffl.  Prendre  une  humeur  gaie  et  joviale, 
UtlTU  hist.  et  gat.  dans  lk  boux,  Dict.  com. 

—  ÉTYM.  Émerillon  I. 

t  «MÉRITÂT  (è-mé-ri-U),  f.  m.  Ëtat,  préroga- 
Ut6»  d'un  professeur  émérite. 

—  ETYM.  Émérite. 

SMEritk  (é-mé-ri-f),  adj.  ||  !•  Qui ,  ayant  exercé 
un  emploi,  a  pns  sa  retraite  et  jouit  des  honneurs 
d»  son  titre  Professeur  émérite.  ||  Il  ne  se  disait 
guti«  qu«  deaproteneur.  daaa  l'ancienne  univer- 


EM!'] 

site;  aujourd'hui  on  dit  profe-^seur  en  retraite.  ||  Sub- 
stantivement. Certain  émérite  envieux,  Plat  auteur 
du  capricieux,  volt.  Poés.  mél.  40.  Ija"  Fig.  Qui  a 
longtemps  pratiqué  ce  dont  il  s'agit,  et  qui  y  a 
vieilli.  Un  buveur  émérite.  Une  coquette  émérite. 

—  HlST.  xiv  s.  Li  chevaliers  anciens  et  esmerit, 

BERCHEUHE,  (°  70,  reCtO. 

—  ÊTYM.  Lat.  emeritus,  qui  a  fini  son  temps  de 
service,  en  parlant  d'un  soldat,  de  e,  et  meritus, 
qui  a  servi  (voy.  mérite). 

ÉMERSION  (é-mèr-sion),  s.  f.  ||  1"  Terme  de  phy- 
.sique.  Soulèvement  d'un  corps  qui  vient  à  la  sur- 
face d'un  fluide,  dans  lequel  il  avait  été  plongé.  La 
Nouvelle-Camini,  sortie  des  flots  près  de  l'île  San- 
torin,  le  23  mai  i707,  visitée  par  Dumont-d'Urville 
en  (820,  un  peu  plus  d'un  siècle  après  son  émer- 
sion,  offrait  déjà  plus  de  quarante  espèces  de 
plantes  qui  s'étaient  emparées  du  rocher,  lecoq. 
Vie  des  fleurs,  p.  265.  |j  2°  Terme  d'astronomie. 
Sortie  d'une  planète  hors  de  l'ombre  d'un  corps  qui 
l'avait  éclipsée,  ou  sortie  d'une  étoile  hors  des 
rayons  du  soleil  qui  la  dérobaient  au  regard.  L'ol>- 
servation  des  émersions  et  immersions  des  satelhtes 
de  Jupiter  sert  à  la  détermination  des  longitudes. 
Si  la  terre  était  immobile,  l'observateur  verrait,  en 
trente  fois  quarante-deux  heures  et  demie,  trente 
émersions  de  ce  .satellite  [de  Jupiter],  volt.  NcwI. 
u,  I.  Il  Minute  ou  scrupule  d'émersion,  l'arc  que  le 
centre  de  la  lune  décrit  depuis  le  moment  où  elle 
commence  à  sortir  de  l'ombre  de  la  terre  jusqu'à  la 
fin  de  l'éclipsé. 

—  ÉTYM.  Lat.  emersionem,  de  emersum,  supin 
de  emergere,  émerger. 

ÉMftRCS  (é-mè-rus'),  s.  m.  Voy.  éméee. 

t  ÉlUERVEILLABLE  (é-mèr-vè-lla  bl' ,  U  mouil- 
lées), adj.  Oui  émerveille.  Et  d'un  émorveillable 
échange  Tu  [soleil]  couchas  aux  rives  du  Gange, 
MALH.  II,  3.  On  ne  saurait  dire  combien  fait  pour 
nous  un  qui  nous  étançonne  une  maison  ruineuse, 
et  la  tient  suspendue  de  tous  côtés,  sans  autre  appui 
que  celui  de  son  artifice  émorveillable;  et  toutefois 
peu  de  chose  nous  acquitte  d'un  si  grand  bien,  id. 
le  Traité  des  bienf.  de  Sénèque,  vi,  t6.  Rien  ne  me 
semble  plus  émerveillable  que  de  ce  que....  G.  naubé, 
Apologie,  p.  605. 

—  HIST.  XIII*  s.  Toutes  les  euvres  Dieu  sont  trop 
esmerveillables,  i.  de  meuno.  Test.  t92i.  ||  xvi*  s. 
Tout  ce  qui  a  estéonques  de  plus  esmerveillable  par 
l'univers,  amyot,  Préf.  xiv,  42.  Au  demourant,  si 
la  desfortune  de  Dionysius  semble  estrange,  la  pros- 
périté de  Timoleon  ne  fut  pas  moins  esmerveillable, 
ID.  Timol.  23. 

—  ÉTYM.  Émerveiller. 

ÉMERVEILLÉ,  ÉE  (é-mèr-vè-llé,  liée,  îi  mouil- 
lées, et  non  é-mèr-vè-yé,  yée),  part,  passé.  Qui 
s'émerveille.  Je  suis  émerveillé  de  tout  ce  que  je 
vois.  Soudain  la  terre  entend  des  voix  nouvelles. 
Maint  peuple  errant  s'arrête  émerveillé,  bérang- 
Ange  exilé. 

t  ÉMERVEILLEMENT  (  é-mèr  -  vè  -  lle-man  ,  U 
mouillées,  et  non  é-mèr-vè-ye-man),  s.  m.  Action 
de  s'émerveiller.  Mon  émerveillement  dure  toujours, 
que  le  fils  de  Samuel  nous  ait  fait  banqueroute  six 
mois  après  nous  avoir  pris  notre  argent,  et  qu'il  ;iit 
trouvé  le  secret  de  fricasser  huit  millions  obscurément 
et  sans  plaisir,  volt.  Lett.  d'Argental,  (6  mai  4758. 

—  HlST.  XII*  s.  Cant  nos  esgardons  totes  ces  choses 
ki  creies  [créées]  sunt,  si  nos  ellevons  à  l'esmervi- 
lliement  [admiration]  denostre  creator.  Job,  p.  478. 
Il  xiii*  s.  Voiz  comme  elles  se  chaucent  bien  et  fai- 
tiscement  [avec  élégance]  ;  Voiz  du  col  en  amont 
grant  esmerveillement,  j.  de  meung,  Test.  (240. 
Il  XV*  s.  De  ce  fut  moult  esmerveilés  le  chevalier  : 
mais  son  esmerveillement  luy  doubla  en  peu  d'heure, 
Percpforest,  t.  vi,  f°  60. 

—  ÊTYM.  Émerveiller. 

ÉMERVEILLER  (é-mèr-vè-llé,  U  mouillées,  et 
non  é-mèr-vè-yé),  v.  a.  ||  1*  Etonner  par  une  sorte 
de  merveille.  Cela  a  émerveillé  tout  le  monde.  Je 
fais  émerveiller  tous  les  yeux  de  la  terre  De  voir.... 
MALH.  IV,  7.  Il  a*  S'émerveiller,  v.  réfléchi.  Il  n'y  a 
pas  de  quoi  s'émerveiller.  Aussi  je  m'émerveille  au 
feu  que  tu  recèles,  Régnier,  Sat.  v. 

—HlST.  xii*  s.  E  chascuns  d'els  aveit  l'un  l'altre 
reguardô.  Dune  s'esmerveilla  mult  li  bers  qu'il 
n'unt  parlé.  Th.  U  mart.  438.  Mult  m'esmerveil  pur 
quel  li  reis  si  le  haï.  Se  pur  ço  nun  qu'il  ot  son  ser- 
vise  guerpi,  ib.  37.  Molt  m'esmervel  del  fort  roi 
Loeys;  Molt  longuement  l'avez  ore  servi;  Ne  ton 
service  ne  l'a  de  rien  meri,  iioouj  de  Cambr.  3», 
Il  iHi*  s.  Et  quant  il  li  baillèrent  les  lettres  lor  sei- 
gneurs, si  s'esmerveilla  moult  por  quel  afaire  il 
I  estoient  venu  en  la  terre,  villeh.  x.  ||  xvi*  s.  l-.t  ne 


se  fault  pas  trop  csmerveiller  de  l'incertitude  de  ta 
mort,  AMVOT,  Rom.  43. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  merveille; 
bourg,  emorinillai. 

t  É.>IÉT1CITÉ  (é-mé-ti-si-té),  ».  f.  Propriété  vo- 
mitive. 

—  ETYM.  Émélique. 

t  ÉMÉTINE  (é-mé-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie 
Alcali  végétal  de  l'ipécacuanha. 

—  f.TYM.   Voy.  ÉMÉTIQUR. 

ÉMÉTIQDE  (é-mé-ti-k')  ,  I.  m.  ||  1°  Terme  île 
pharmacie.  Le  tartrate  de  potasse  et  d'antimoine, 
qui  a  la  vertu  vomitive.  Il  n'avait  garde  de  prendre 
réméti(|ue  qui  l'aurait  sauvé,  sÉv.  307.  ||  2°  Par 
extension,  il  .se  dit  des  autres  vomitifs.  La  raciii'- 
de  sang  appartient  à  une  espèce  de  plantain  ;  elle 
distille  une  liqueur  rouge,  violent  émélique,  cha- 
TEAUHR.  Amer.  60.  Il  3°  Adj.  Poudre  émétiijue.  ||  Vin 
èmétique,  celui  dans  lequel  on  a  f.iit  infuser  du 
verre  d'antimoine.  Vous  voyez  depuis  un  temps  que 
le  vin  émélique  fait  bruire  ses  fuseaux  [fait  du  bruill, 
MOL.  leFest.  de  P.  m,  4.  Un  empirique  d'Abbevdle 
guérit  le  roi  [Louis  XIV]  avec  du  vin  émétiquc, 
VOLT.  Louis XIV,  6.  Il  Fig.  C'est  le  vin  èmétique,  s'est 
dit  pour  ressource  extrême.  Ilfautque  j'aie  une  con- 
versation avec  Sa  Majesté;  c'est  le  vin  émélique 
pour  moi,  iiussY  rabutin,  Utt.  citée  dans  Gai. 
méd.  de  Paris,  13  juin  (863,  p.  377. 

—  HlST.  XVI*  S.  Les  breuvages  purgatifs,  les  emc- 
ti(]ues  ou  vomitoires,  paré,  xx,  5. 

—  ÉTYM.  'EiiETixo;,  de  à(ieîv,  vomir  (voy.  vomir). 
É.MÉTISÉ,  ÉE   (é-mé-ti-zé,    zée),   part,  passe. 

F.aii  éinélisée. 

ÉMÉTISER  (é-mé-ti-zé)  ,  D.  a.  ||  1*  Mettre  do 
réméiique  dans  un  breuvage.  Éméliser  une  tisano. 
Il  2°  Déterminer  le  vomissement  au  moyen  de  sub- 
stances émèliques.  Éméliser  un  malade. 

—  ÉTYM.  Vov.  ÉMÉriQL'E. 

t  ÉMÉTO-CÀTHARTIOUE  (é-mé-to-ka-tar-ti-k') , 
adj.  Terme  de  pharmacie.  Oui  excite  le  vomis.^-r- 
ment  et  les  selles.  |{  Substantivement.  Unéméto- 
catharlique. 

—  ÉTYM.  'EnEtà;  (  voy.  émétique  ) ,  et  co(/iar- 
tique. 

t  ÉMÉTOLOGIE(é-mé-to-lo-jie),  s.  f  Traité  sur  les 
vomitifs  et  le  vomissement. 

—  ÉTYM.  'E|i£To?,  vomissement,  et  W-yoç,  traité. 
ÉMETTRE  (é-mè-tr'),  j'émets,  tu  émets,  il  émet, 

nous  émettons,  vous  émettez,  ils  émettent;  j'émet- 
tais; j'émis;  j'émettrai;  j'émettrais;  émets;  qu'.l 
émette-,  que  j'émette,  que  nous  émettions;  que  j'i- 
misse;  émettant;  émis,  v.  a.  ||  1°  Terme  de  phy- 
sique. Lancer  hors  de  soi.  Les  rayons  qu'émet  io 
soleil.  Le  pollen  ou  pousMère  fécondante  qu'émet 
l'étamine.  ||  2°  Terme  de  finance.  Mettre  en  circula- 
tion des  valeurs.  La  banque  n'émettra  plus  de  nou- 
veaux billets.  Il  3°  Fig.  Exprimer,  produire,  pu- 
blier. Emettre  son  opinion,  son  avis,  des  vœux. 

—  REM.  Émettre  n'est  ni  dans  le  Dict.  de  l'Acad. 
avant  l'édition  de  1835,  ni  dans  Furetière,  ni  dans 
Iticlielet. 

—  ÉTYJL  É  pour  es....  préfixe,  et  mettre;  pro- 
venç. esmetre. 

t  ÉMEC  ouÉJfEDT  (é-meu),  s.  m.  Terme  de  fau- 
connerie. Excréments  des  oiseaux  de  proie. 

—  HlST.  XIV*  s.  Esmeull,  Uoitus,  ms.  f"  6»,  dans 
LACt'RNE.  Il  XVI*  S.  Comme  une  arondelle  eust  jeté  de 
son  esmeut  sur  luy,  amïot.  Plut.  OKuvres  mêlées , 
t.  I,  p.  405,  dans  raynouard,  esmeutir. 

—  ÉTYM.    Voy.  ÉMEUTIR  4. 

fÉ.MEULAGE  (é-meu-la-j"),  s.  m.  Action  d'é- 
1  meuler  la  nacre. 

t  ÉMEULER  (é-meu-lé),  i'.  n.  Passer  à  la  meule 
les  coquilles  de  nacre. 

—  ÉTYM.  É  pour  cs....préfixe,  et  mcufe  à  repasser. 
ÉMEUTE    (é-meu-f),    s.   f.    Tumulte  séditieux. 

Exciter,  réprimer  une  émeute.  Le  marquis  de  Botta 
crut  que  celle  émeute  du  peuple  (de  Gènes)  se  ra- 
lentirait d'elle-même,  et  que  la  crainte  reprendrait 
bientôt  la  place  de  cette  fureur  passagère,  volt. 
Louis  XV,  21.  Les  agents  plus  obscurs  d'une  émeute 
docile,  u.  ].  CHÉN.  Tib.  m,  4.  Du  moment  que  l'é- 
meute aura  troublé  la  ville,  id.  ib.  v,  4.  L'émeute 
n'était  alarmante  que  comme  symptôme;  elle  fut 
réprimée,  sêgur  ,  Ilist.  de  Sapol.  xii,  5.  Et  l'émeute 
paraît,  l'émeute  au  pied  rebelle.  Poussant  avec  la 
main  le  peuple  devant  elle;  L'émeute  aux  mille 
fronts,  aux  cris  tumultueux,  X  chaque  bond  grossit 
ses  rangs  impétueux,  barbier,  ïambes,  l'Émtute. 
Il  Fig.  Vos  vers  tant  lus,  tant  relus.  Ont  fait  émeute 
au  Parnasse;  Publiez-les  donc,  de  grâce,  Afin  qu'on 
n'en  parle  plus,  millevoie,  Épigr. 

—  UEM   La  Fontaine  a  dit  émute  :  Mars  autrefois 


ÈMI 

mit  tout  l'air  en  émule;  Certain  sujet  fit  naîtra  la 
dispute,  LA  FONT.  Fahl.  vu,  s.  Grande  est  l'émute ; 
On  court,  on  s'assemble ,  on  dispute,  id.  ib.  x,  4. 
Le  participe  écrit  ^meu,  se  prononçait  ému;  le  sub- 
■îtantif  émeute  se  prononçait  émute.  Puis  l'écriture  a 
pris  le  dessus;  et  on  a  prononcé  ce  qui  était  écrit, 
non  ce  qui  était  dans  la  tradition. 

—  ÉTYM.  L'ancien  participe  esmeu  ,  aujourd'hui 
imw,  d'émouvoir. 

t  ÉMEUTIER  (é-meu-tié),  s.  m.  Néologisme. 
Agent  d'émeute,  de  sédition. 

—  ÉTYM.  Émeute. 

t  (.  ÉMEUTIR  (é-meu-tir),  V.  n.  Terme  de  fau- 
connerie. Fienter,  en  parlant  des  oiseaux  de  vol. 
Les  oiseaux  émeutissent  loin  quand  ils  se  portent 
bien. 

—  HIST.  xm*  s.  Maintes  fois  [il]  a  sali  son  ni,  Et 
sor  ses  oiseaux  esmelti,  Fabliaux,  ms.  de  St-Ger- 
main,  dans  lacuhne.  ||  xvi*  s.  Se  levé,  crache, 
esmeutit  et  se  mouche,  marot,  p.  379,  dans  la- 
cuhne. Journellement  vous  falloir....  ungclystere; 
autrement  ne  pouviez  vous  esmeutir,  rab.  iv,  67. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esmeutir.  Origine  incertaine. 
Il  est  probable  pourtant  que  le  mot  vient  de  emo- 
Iwn,  supin  de  emovere  (d'où  émeute);  l'italien  dit 
smovere  pour  donner  la  diarrhée.  On  pourrait  son- 
ger à  emunctum,  supin  de  emungere ,  qui  signifie 
moucher;  mais  la  signification  n'est  pas  bonne;  l'i- 
talien a  smugnere,  mais  dans  le  sens  figuré  de  des- 
sécher. 

t  2.  ÉMEUTIR  (é-meu-tir),  v.  a.  Dans  l'ordre  de 
Malte,  c'était  solliciter  une  dignité. 

—  ÉTYM.  Émeute,  dans  le  sens  de  émotion,  sol- 
licitation. 

fÉMEUTITION  (é-meu-ti-sion),  s.  f.  Action  de 
requérir  une  dignité  dans  l'ordre  de  Malte. 

—  ÉTYM.  Émeutir  2. 

fÉMIAULE  (é-mi-ô-l'),  s.  f.  Grande  émiaule,  la 
grande  mouette  cendrée  ou  mouette  à  pieds  bleus; 
petite  émiaule,  la  petite  mouette  cendrée;  noms 
donnés  à  ces  oiseaux  sur  la  côte  de  Picardie. 

ËMIÉ,  ÉE  (é-mi-é,  ée),  part,  passé.  Du  pain 
émié. 

ÉMIER  (é-mi-é),  j'émiais,  nous  émiions,  vous 
émiiez,  que  j'émie,  que  nous  émiions,  que  vous 
émiiez,  v.  a.  Froisser  un  corps  entre  les  doigts  de 
manière  à  le  réduire  en  petites  parties.  Êmier  de 
l'alun.  Émiant,  quant  à  moi,  du  pain  entre  mes 
doigts,  RÉGNIER,  Sat.  X. 

—  HIST.  XII»  s.  [Nef]  Qui  va  là  où  vens  l'empaint 
[pousse].  Si  que  toute  esmie  et  fraint,  Couci,  m. 
Puis  entrad  li  poples  de  la  terre  el  temple  Baal,  etdes- 
truistrent  les  altels,  e  les  imagenes  esmierent  vas- 

salement  [bravement],  Hois,  p.  388.  ||  xm'  s Si 

dent  [ses  dents]  Ensamble  si  s'entrehurtoient  Que 
por  un  poi  ne  s'esmioient.  Lai  du  trot.  Nous  eus- 
sions hurté  à  tout  plein  de  roches  qui  estoient  cou- 
vertes, là  où  nostre  nef  eust  esté  toute  esmiée,  et 
nous  touz  péris  et  noiez,  joinv.  283.  {{  xvi'  s.  Du 
pain  esmié,  o.  de  serres,  252.  Comme  la  terre  se 
rend  fertile,  plus  elle  est  esmiée  et  profondement 
remuée,  mont,  iv,  235. 

—  ÉTYM.  i^  pour  es....  préfixe,  et  mie  au  sens  de 
parcelle  (voy.  mie). 

ÉMIETTE,  ÉE  (é-mi-è-té,  tée),  part,  passé.  Mis 
en  miettes.  Du  pain  émietté. 

t  ÉMIETTEMENT  (é-mi-è-te-man) ,  s.  m.  Action 
d'émietter. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esmiettement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Émietter. 

ÉMIETTER  (é-mi-è-té) ,  v.  a.  \\  1°  Mettre  en  miet- 
tes, diviser  un  corps  friable  dont  les  parties  se  sépa- 
rent aisément  sous  les  doigts.  L'enfant  émiettait  un 
gâteau.  Il  Fig.  Bientôt  j'allais  quitter  ma  patrie  pour 
émietter  mes  jours  en  divers  climats,  chateaubr. 
dans  le  Dict.  de  poitevin.  Ces  chants  que  ton  génie 
émietts  Tombent  à  la  vague  inquiète  Qui  n'a  ja- 
mais rien  entendu,  v.  hugo.  Chants  du  crép.  v. 
lia»  S'émietter,  v.  réfl.  Être  réduit  en  miettes. 
Il  Fig.  Ne  vous  efl'rayez  pas,  douce  mère  inquiète, 
Dont  la  bonté  partout  dans  la  maison  s'émiette,  v. 
HDGO,   Voix,  26. 

—  REM.  V.  Hugo  a  fait  émietter  de  trois  syllabes, 
comme  on  voit  dans  les  deux  exemples  cités  de  lui. 

—  SYN.  ÉMiER,  émietter.  L'un  est  composé  de 
mie,  au  sens  de  petite  parcelle,  et  l'autre  de  miette, 
diminutif  de  mie.  Émietter  exprimerait  donc,  propre- 
ment, une  réduction  en  parcelles  plus  petites  que 
émier;  mais  l'usage  a  confondu  ces  deux  mots  si 
voisins;  seulement,  aujourd'hui,  émietter  est  plus 
usité  qu'émier. 

—  ÉTYM.  ^pour  es....  préfixe,  et  miette;  bour- 
guig.  emiauUay;  picard,  émier,  émiocher. 

niCT.   DE   LA  LANGUS   FRANÇAISE. 


ÉMI6RANT,  ANTE(é-mi-gran,  gran-t').  ||  VS.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  émigré  de  son  pays  pour  aller 
s'établir  ailleurs,  jj  Dans  toute  la  discussion  de  4  791 
à  l'Assemblée  constituante,  on  dit  toujours  émi- 
grant,  et  jamais  émigré.  L'assemblée  nationale.... 
considérant  qu'une  loi  sur  les  émigrants  est  incon- 
ciliable avec  les  principes  de  la  constitution,  mira- 
beau,  séance  du  28  fév.  )7a),  dans  bochez,  Hist.  de 
l'Assemblée  const.  t.  iv,  p.  4)6.  Si  vous  faites  une  loi 
contre  les  émigrants,  ib.  ||  i'Adj.  Troupe émigrante. 
Il  Animaux  émigrants,  animaux  qui  émigrent  à  cer- 
taines époques  de  l'année. 

ÉMIGRATION  (é-mi-gra-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  d'émigrer,  de  quitter 
son  pays.  L'émigration  des  Allemands  en  Californie. 
L'émigration  causée  par  la  Révolution,  par  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes.  Si  M.  Dandré  a  lu  l'ou- 
vrage d'un  politique  qui  en  vaut  bien  un  autre,  J.  J. 
Rousseau,  il  y  a  vu,  dans  le  Contrat  social,  ces 
mots  :  Dans  les  moments  de  trouble  les  émigrations 
doivent  être  défendues,  mirab.  dans  bûchez,  Hist. 
de  l'Assemblée  const.  t.  iv,  p.  4(4,  séance  du  28 
fév.  4791.  Les  lois  les  plus  tyranniques  sur  les  émi- 
grations n'ont  jamais  eu  d'autre  effet  que  de  pous- 
ser le  peuple  à  émigrer,  contre  le  vœu  de  la  nature, 
le  plus  impérieux  de  tous,  qui  l'attache  à  son  pays, 
ID.  r'ft.p.  415.  Il  Absolument.  L'ensemble  des  person- 
nes qui  quittèrent  la  France  pendant  la  Révolution 
française.  ||  2°  Terme  de  zoologie.  Passage  annuel 
et  régulier  de  certains  animaux  d'une  eontrée  dans 
une  autre.  Avec  des  bateaux  faits  et  cousus,  pour 
ainsi  dire,  comme  des  outres,  ils  [les  Esquimaux] 
suivent  les  colonies  des  harengs  dans  toutes  leurs 
émigrations  du  pfile,  baynal,  Hist.  phil.  xvii,  6. 

—  REM.  Émigration  n'est  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  que  depuis  l'édition  de  4  836.  Il  n'est  ni 
dans  Furetière,  ni  dans  Richelet. 

—  ÉTYM.  Lat.  emigrationem,  de  emigrare,  émi- 
grer. 

ÉMIGRÉ,  ÉE  (é-mi-gré,  grée),  part,  passé. 
Il  1°  Quia  émigré.  Les  prêtres  émigrés.  ||  2°  Sub- 
stantivement. Celui  ou  celle  qui  a  quitté  son  pays. 
Loi  contre  les  émigrés. 

—  SYN.  ÉMIGRÉ,  ÉMiGRANT.  Émigrant  est  le  parti- 
cipe présent  ;  émigré  est  le  participe  passé.  On  donne 
le  nomd'émigrantà  tous  ceux  qui  quittent  le  pays, 
au  moment  où  ils  s'en  vont.  Plus  tard,  quand  le  fait 
est  accompli,  on  dit  les  émigrés.  Ce  mot  alors 
ne  s'applique  qu'à  ceux  qui  sont  partis  avec  l'in- 
tention de  revenir;  les  autres  sont  devenus  des 
étrangers  ou  des  colons. 

ÉMIGRER  (é-mi-gré),  v.  n.  \\  i"  Quitter  sa  patrie 
pour  aller  ailleurs,  soit  résider  momentanément,  soit 
s'établir.  Une  foule  de  cultivateurs  ont  émigré  d'Eu- 
rope en  Amérique.  Au  commencement  de  la  Révolu- 
tion, une  grande  partie  de  la  noblesse  émigra. 
Il  2°  Changer  de  contrée,  en  parlant  de  certains 
animaux.  Tous  les  ans,  les  hirondelles  émigrent  pour 
aller  chercher  un  ciel  plus  doux. 

—  REM.  1.  Émigrer  se  conjugue  avec  avoir  et 
avec  être  :  il  a  émigré  en  4  790;  il  est  émigré  de- 
puis 4790;  l'un  représente  l'action,  l'autre  l'état. 
Il  2.  Émigrer  n'est  dans  le  Dictionnaire  de  l'Aca- 
démie que  depuis  4  835;  il  n'est  ni  dans  Furetière', 
ni  dans  Richelet.  Aussi  ceux  que  la  révocation  de 
l'édit  de  Nantes  fit  sortir  de  France  portaient  non 
pas  le  nom  d'émigrés,  qui  n'existait  pas,  mais  celui 
de  réfugiés. 

—  ÉTYM.  Lat.  emigrare,  de  «,  hors,  et  migrare, 
aller. 

t  ÉMIGRETTE  (é-mi-grè-f),  s.  f.  Jeu  dit  aussi  émi- 
grant ,  émigré  ,  et  qui  consiste  en  un  disque 
creusé  dans  son  pourtour  et  traversé  par  un  cordon 
qu'une  légère  secousse  fait  enrouler  autour  de  la 
rainure,  de  sorte  que  le  disque  monte  le  long  de  la 
corde. 

—  ÉTYM.  Émigrer;  ainsi  dit,  parce  que  ce  jeu 
fut  en  vogue  à  l'époque  de  l'émigration. 

ÉMINCÉ,  ÉE  (é-min-sé,  sée),  part,  passé.  Coupé 
par  tranches.  Du  mouton  émincé.  ||  S.  m.  Un  émincé 
de  gigot. 

ÉMINCER  (é-min-sé.  Le  e  prend  une  cédille  de- 
vant a  et  0  ;  éminçant,  éminçons) ,  v.  a.  Couper  en 
tranches  minces.  Émincer  de  la  viande. 

—  HIST.  xvi*  s.  Après  estre  bien  durs  [les  œufs], 
on  les  émince  entre  les  mains  dedans  une  paesle, 
PARÉ,  xxvi,  44. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  mince. 
ÉMINEMMENT  (é-mi-na-man) ,  adv.  X  un  degré 

éminent,  au  plus  haut  point.  Il  est  vrai  qu'elles 
[certaines  qualités,  l'étendue,  la  figure,  la  situation 
et  le  mouvement]  ne  sont  point  formellement  en 
moi,  puisque  je  ne  suis  qu'une  chose  qui  pense; 


EMI 


1345 


mais,  parce  que  ce  sont  seulement  de  certains  mo- 
des de  la  substance  et  que  je  suis  moi-même  une  sub- 
stance, il  semble  qu'elles  puissent  être  contenues 
en  moi  éminemment,  desc.  Médit,  m,  44.  Quand  ces 
qualités  [oratoires]  ne  se  trouveront  pas  éminem- 
ment dans  un  homme,  il  ne  laissera  pas  de  faire 
de  bons  discours,  pourvu  que....  fénel.  Dialogue) 
sur  l'éloquence,  ii. 

—  ÉTYM.  Éminent,  et  la  suffixe  ment. 
ÉMINENCE  (é-mi-nan-s'),  s.  f.  \\  l- Élévation  de 

terrain.  Monter,  se  porter  surune  éminence.  ||  Terme 
d'anatomie.  Saillie,  en  parlant  des  os.  Une  éminence 
osseuse.  J|  2°  Supériorité,  excellence.  L'éminenoe 
de  la  science,  PAsc.  Considér.  Celui  qui  est  d'Une 
éminence  au-dessus  des  autres  qui  le  met  à  cou- 
vert de  la  repartie,  ne  doit  jamais  faire  une  rail- 
lerie piquante,  LA  brut.  v.  Ces  temps  où  l'éminence 
du  caractère  [dont  on  était  revêtu]  était  une  raison 
de  modération,  et  non  pas  un  prétexte  de  luxe, 
MASS.  Or.  fun.  Villars.  \\  Par  éminence,  en  émi- 
nence, loc.  adv.  Éminemment.  La  piété  du  roi  se 
montre  par  éminence  en  ce  généreux  mépris  qu'il 
fait  de  la  plus  terrible  des  choses  terribles,  balz.  le 
Prince,  ch.  x.  Vous  ,  Madame  ,  qui  excellez  en 
cette  partie  de  l'âme  qui  fait  les  peintres,  les  archi- 
tectes et  les  statuaires,  et  qui  la  défendez,  par  votre 
exemple,  du  blâme  que  l'on  lui  donne  de  ne  se 
trouver  jamais  en  éminence  avec  un  parfait  juge- 
ment,voit.  Lett.  6.  Il  3°  Titre  d'honneur  qu'on  donna 
aux  cardinaux,  traités  auparavant  d'illustrissimes, 
de  révérendissimes,  et  dont  on  rapporte  la  création 
au  pape  Urbain  VIII ,  par  un  décret  du  8  janvier  4  630. 
Son  Eminence  le  cardinal.  ||  Titre  donné  aussi  au 
grand  maître  de  Malte,  comme  dernier  cardinal. 

—  REM.  Éminence,  titre  de  dignité,  prend  un  Ê 
majuscule. 

—  HIST.  xiv  s.  Il  [le  nez]  a  hauteur  et  eminence 
par  dessus  la  face,  h.  de  mondeville,  1*  4  8.  Cest 
os  ou  son  extrémité  desous  vers  la  jointure  du 
coude  a  deux  eminences,  id.  f"  24.  ||  xvi*  s.  Vostre 
famille  n'en  a  pas  beaucoup  au  dessus  d'elle  en 
eminence,  mont,  iv,  4  26.  Le  principal  effet  de  la 
grandeur  et  de  l'éminence,  c'est  de  vous  jecter  en 
butte  à  l'importunité,  id.  iv,  344.  Je  n'ay  jamais 
souhaité  l'éminence  de  ces  haultes  fortunes  et  com- 
manderesses,  id.  iv,  28. 

—ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  eminencia;  ital.  «mf» 
nenza;  du  latin  eminentia,  de  eminens,  éminent. 

É.MINENT,  ENTE  (é-mi-nan,  nan-t'),  adj.  \\  fQui 
s'élève,  qui  est  plus  haut  que  le  reste.  Lieu  émi- 
nent. Nous  allons  dans  le  champ  prendre  nos  avan- 
tages. Des  éminents  endroits  nous  saisir  prompte- 
ment,  Tristan,  Panthée,iv,  3.  ||  2°  Fig.  Très-grand. 
Quelles  obligations  peuvent  être  plus  pressantes 
que  de  rendre  à  une  si  éminente  vertu  les  hon- 
neurs qu'elle  mérite?  voit.  Lett.  4  3.  Jamais 
homme  n'a  eu  tant  de  vices  ensemble  et  dans  un 
degré  plus  éminent,  scarr.  Rom.  com.  n,  4  6.  Elle 
leur  attribue  la  charité  dans  le  degré  éminent, 
Boss.  Nauv.  myst.  6.  Au  service  éminent  que  vous 
m'avez  rendu,  lemerc.  Clovis,  v,  6.  ||  3°  Excellent, 
distingué  entre  tous.  En  qui  puis-je  des  trois  Pour 
ce  rang  éminent  faire  un  plus  juste  choix?  rotr. 
Bélis.  Il,  7.  Le  sort  pourvoit  Narsés  de  ce  grade 
éminent,  id.  ib.  ii,  9.  Ces  hommes  éminents  en 
doctrine  et  en  sagesse,  pasg.  Prov.  6.  Mais  il  faut 
auparavant  que  je  donne  l'idée  d'une  méthode  plus 
éminente  et  plus  accomplie,  n>.  Pensées,  i,  2.  Un 
seigneur  éminent  en  richesse,  en  puissance,  rac. 
Esth.  II,  6. 

—  REM.  Vaugelas,  qui  trouve  que  péril  éminent 
est  une  locution  peu  justifiable,  admet  que  l'usage 
est  pour  elle  (en  effet,  dans  le  xvi*  siècle,  on  n'a 
pas  dit  autrement),  et  rejette  péril  imminent  comme 
inusité,  quoique  conforme  à  la  raison.  Aujourd'hui 
péril  imminent  est  admis,  et  péril  éminent,  bien  que 
l'Académie  le  donne  encore,  ne  l'est  plus  guère, 
courant  toujours  risque  de  se  confondre  par  la  forme 
avec  imminent.  Un  péril  éminent  est  un  péril  élevé, 
apparent,  considérable;  et  dans  aucun  cas  il  ne  doit 
être  confondu  avec  péril  imminent. 

—  HIST.  XVI*  s.  Elle  s'oublioit  entre  les  bras  de 
son  ami,  le  laissant  en  ce  grand  et  éminent  danger, 
DESPER.  Contes,  cxxxviii....  Pour  arrester  la  cheute 
éminente  de  tout  l'édifice,  Sat.  Mén.  p.  tas.  Deme- 
trius  le  Phalerien,  personnage  renommé  pour  son 
éminent  sçavoir,  amyot,  Préf.xni,  45.  Quand  il  fut 
au  dessus,  il  s'arresta  un  peu  au  lieu  plus  éminent, 
et  se  prit  à  crier  à  haulte  voix,  id.  LueuU.  8*.  Et 
voyoit-on  de  loing  ceste  urne  qui  estoit  éminente 
sur  la  poupe  de  la  maistresse  galère,  ID.  Vémétr. 
76.  Lorsqu'on  voit  quelqu'un  en  quelque  péril  émi- 
nent, PARÉ,  xviii,  2. 

I    _    169 


I.ViO 


^m 


—  trru.  ut.  ftninein,  do  eminere,  de  e,  hors, 
et  m<ii/T«,'f!ilr8  «aillie,  s'aTancer. 

ÉMIireimsSIME  (é-mi-nan-ti-ssi-m),  ad;.  Très- 
éminent  Ou»l"flcation  donnée  aux  cardinaui  et  au 
grand  maître  de  Malte.  Altesse  éminentissime. 

—  ÉTYM.  Lat.  eminmtissimus ,  superlatif  de  emi- 
neiu,  iminent.  Ce  titre  appartient  aux  cardinaux 
depuii  l'an  («30. 

ÉHIB  (é-mir),  /.  m.  Chez  Içs  Arabes,  gouverneur 
d'une  province  ou  d'une  tribu  considérable.  ||  Titre 
que  portent  les  princes  descendants  de  Mahomet  par 
.es  femmes. 

—  Etym.  Arabe,  émir,  commandant.  Ce  titre  se 
trouve  dans  les  vieux  textes  sous  les  noms  d'amiret, 
d'amirant  (voy.  amibal). 

ÉMIS,  ISE  (é-mi,  mi-z'),  part,  passé  d'émettre. 
Il  1°  Lancé  hors.  La  chaleur  émise  par  le  soleil. 
Il  2*  Mis  en  circulation.  Des  actions  émises  par  une 
compagnie  de  chemin  de  fer.  ||  3° Produit,  exprimé. 
Des  vœux  valablement  émis. 

ÉMISSAIRE  (é-mi-ssê-r'),  s.  m.  ||  l'Agent  chargé 
d'une  mission  secrète.  Jl  [Pellisson]  enchanta  telle- 
ment son  espion  qu'il  en  fit  son  émissaire;  il  eut 
par  li  un  commerce  journalier  de  lettres  avec  Mlle 
do  Scudéry,  d'olivet,  Hist.Acad.  t.  ii,  p.  288, 
dans  POUGENS.  Les  émissaires  des  sénateurs  [de 
Gênes]  se  contentaient  de  dire  aux  plus  accrédités 
du  peuple  :  Jusques  à  quand  attendrez-vous  que  les 
Autrichiens....  volt.  Louis XV,  2).  Ses  émissaires.... 
excitent  la  canaille  à  l'applaudir,  vauven.  Lentulus 
le  factieux.  Je  connais  les  lâches  émissaires  Qui  sè- 
ment sourdement  ces  clameurs  mensongères,  m.  j. 
CHÊNiER,  Gracques,  u,  3.  Au  sein  de  votre  cour  où 
j'ai  des  émissaires,  lemerc.  Frédég.  et  Bruneh.  m, 
B.  Il  2"  Terme  d'hydraulique.  Canal,  tuyau  qui  sert 
&  vider  un  bassin ,  un  lac.  L'émissaire  du  lac 
Fucin  (PLINE,  XXXVI,  15,  24,  n"  n).  Il  Terme  d'a- 
natomie.  Conduit,  canal  qui  évacue  une  humeur 
quelconque.  On  dit  plutôt  émonctoire.  ||  Émissaires 
de  Santorini,  les  petites  branches  veineuses  qui, 
passant  à  travers  les  os  du  crîno,  établissent  une 
communication  entre  les  veines  intérieures  et  les 
veines  extérieures  de  la  tête.  ||  3°  Adj.  Bouc  émis- 
saire, bouc  que  les  Juifs  chargeaient  des  malédic- 
tions du  peuple  et  qu'ils  chassaient  dans  le  désert 
pour  détourner  d'eux  le  mal  qui  résultait  de  leurs 
offenses.  Et  Aaron  prendra  de  l'assemblée  des  en- 
fants d'Israël  deux  jeunes  boucs....  puis  Aaron  jet- 
tera le  sort  sur  les  deux  boucs,  un  sort  pour  l'Eter- 
nel et  un  sort  pour  le  bouc  qui  doit  être  Hazazel.... 
le  bouc  sur  lequel  le  sort  sera  échu  pour  être  Ha- 
zazel, sera  présenté  vivant  devant  l'Éternel  pour 
faire  propitiation  par  lui,  et  on  l'enverra  au  désert 
pour  être  Hazazel,  Bible,  Lévit.  xvi,  5  et  suiv.  Ils 
ont  un  cheval  émissaire,  le  pendant  du  bouc  émis- 
saire des  Juifs,  RAYNAL,  Hist.  phil.  i,  8.  ||  Fig. 
Personne  à  qui  on  impute  tous  les  torts.  Vous  sen- 
tez que  je  veux  faire  de  Mme  d'Argenton  le  bouc 
émissaire  de  l'ancienne  loi  [la  charger  de  tous  les 
faits  reprochés  au  duc  d'Orléans] ,  st-sim.  252,  (28. 
Le  chancelier  fut  la  victime  du  duc  de  Noailles,  et 
le  bouc  émissaire  qui  expia  les  péchés  de  son 
ami,  iD.  480,  217. 

—  ÊTYM.  l^t.  emissarius,  au  sens  d'agent,  emis- 
tariun^,  au  sens  de  canal,  de  emissum  ,  supin  de 
tmitlere,  laisser  aller,  émettre  (voy.  ce  mot). 

fÉMISSIP,  lVE(é-mi-ssif,  si-vO,  adj.  Terme  de 
physique.  Qui  a  la  faculté  d'émettre  de  la  chaleur 
ou  de  la  lumière  dans  tous  les  sens.  Pouvoir  émissif. 

—  ÊTYM.  Voy.  OMETTRE  ;  provenç.  cmi«iu. 

ÉMISSION  (é-mi-sion  ;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), ».  f.  ||1*  Action  d'émettre,  de  lancer  au  de- 
hors. L'émission  des  corpuscules  odorants.  ||  Système 
dans  lequel  on  suppose  que  le  soleil  lance  des  cor- 
puscules lumineux,  par  opposition  au  système  de 
l'ondulation  qui  attribue  la  lumière  à  des  ondes  dans 
un  milieu  nommé  éther.  ||  i'  Terme  de  physiologie. 
Action  par  laquelle  une  chose  est  poussée  au  dehors. 
Émission  de  l'urine.  Dans  les  plantes  qui  portent 
sur  un  pied  les  fleurs  m&les  et  sur  un  autre 
les  fleurs  femelles ,  telles  que  le  chanvre ,  la 
plante  mftle  périt  avant  la  plante  femelle,  et  la 
mort  de  celle-là  suit  presque  immédiatement  l'é- 
mission des  poussières  fécondantes,  bonnet,  Con- 
•«npi.  no».  (KuiTM,  t.  viu,p.  367,  note,  dans 
Pouows.  Il  Terme  demédecine.  Êmissionssanguines, 
taignées  locales  ou  générales.  |1  8"  Action  de  livrer 
t  la  cirouUtion.  Émission  de  papier-monnaie.  Émis- 
sion da  fausse  monnaie.  ||  Terme  de  bourse.  Opéra- 
tion k  émission ,  opération  k  terme  sur  une  valeur 
non  encore  exitUnte  d'une  manière  légade,  mais 
dont  la  coniUtutton  est  probable  et  dont  les  bases 
•ont  à  peu  près  connues.  ||  *•  Action  de  faire  en- 


ËMM 

tendre.  Émission  de  la  voix.  ||  Terme  de  droit  canon. 
L'émission  des  vœux,  la  prononciation  solennelle 
des  vœux. 

—  ÊTYM.  Provenç.  emissio;  espagn.  emision; 
ital.  emissione;  du  lat.  emistionem;  de  emissum, 
supin  de  emiltere,  émettre  (voy.  émettre). 

fÉMISSOLE  (é-mi-sso-r),  s.  f.  Un  squale  (Sard. 
mustola,  du  lat.  mustela,  sorte  de  squale). 

EMMAGASINAGE  (an-ma-ga-zi-na-j') ,  s.  m.  Ac- 
tion d'emmagasiner. 

—  ÊTYM.  Emmagasiner. 

EMMAGASINÉ,  ÉE  (an-ma-ga-zi-né,  née),  par». 
passé.  Des  marchandises  emmagasinées.  |1  Par 
extension.  Toute  la  chaleur  emmagasinée  dans  la 
masse  liquide  [qui  a  dépassé  le  point  d'ébuUition 
sans  bouillir]  a  été  instantanément  employée  à  pro- 
duire un  volume  énorme  de  vapeur,  mangin,  Acad. 
des  se.  Comptes  rendus,  t.  liv,  p.  452. 

t  EMMAGASINEMENT  (an-ma-ga-zi-ne-man), 
».  m.  Il  1°  Placement  des  marchandises  dans  un  ma- 
gasin. ||  2°  Terme  de  photographie.  Absorption  de 
la  lumière  par  une  substance  soumise  à  l'insola- 
tion et  conservée  ensuite  dans  l'obscurité,  absorp- 
tion qui  se  prouve  par  les  propriétés  des  rayons 
chimiques  que  cette  substance  a  acquises. 

—  ÉTYM.  Emmagasiner. 

EMMAGASINER  (an-ma-ga-zi-né),  v.  a.  Met- 
tre en  magasin.  Emmagasiner  des  marchandises. 
Il  S'emmagasiner,  v.  réfl.  Être  mis  en  magasin. 
Ces  marchandises  ne  peuvent  s'emmagasiner. 
Il  Terme  de  photographie.  La  lumière  s'emma- 
gasine, elle  s'accumule  dans  une  substance  qui, 
soumise  à  l'insolation,  puis  retirée,  exerce  les  ac- 
tions propres  aux  rayons  chimiques. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  magasin. 

EMMAIGRI,  lE  (an-mè-gri,  grie),  part,  passé. 
Un  enfant  emmaigri. 

EMMAIGRIR  (an-mè-grir).  ||  1"  7.  a.  Rendre  mai- 
gre. Il  2°  V.  n.  Devenir  maigre.  ||  3°  S'emmaigrir, 
».  réfl.  Devenir  maigre.  Moi  jaloux  I  Dieu  m'en  garde, 
et  d'être  assez  badin  Pour  (n'aller  emmaigrir  avec  un 
tel  chagrin,  mol.  Dép.  am.  i,  i. 

—  REM.  Au  mot  amaigrir,  l'exemple  de  Molière 
est  cité;  mais  amaigrir  est  une  correction  des  édi- 
tions postérieures;  emmaigrir  est  la  vraie  leçon. 

—  SYN.  maigrir,  emmaigrir,  amaigrir.  Au  sens  neu- 
tre de  devenir  maigre,  ces  trois  mots  sont  tout  àfait 
synonymes.  Cet  enfant  maigrit,  amaigritou  emmai- 
grit;  il  n'y  a  pas  de  nuance  sensible  entre  ces  ex- 
pressions. Seulement,  aujourd'hui,  emmaigrir  est 
moins  usité  que  les  autres. 

—  HIST.  XII*  s.  E  dist  al  bacheler  :  qu'espelt  [que 
signifie]  que  tu  es  si  deshaitez  e  si  emmegriz?  Hois, 
p.  162.  Il  xiii*  s.  Il  doute  [craint]  du  cors  enmai- 
grir,RUTEB.  II,  Bl. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  maigrir. 

t  EMMAIGRISSEMENT  (an-mè-gri-s6-man),ï.  m. 
L'action  d'emmaigrir. 

—  HlST.  xvi*  s.  Emmaigrissement,  oudin,  Dict. 

—  ÊTYM.  Emmaigrir. 

EM5IAILL0TTÉ,  ÉE  (an-ma-llo-té,  tée ,  H  mouil- 
lées, et  non  an-ma-yo-té,  tée),  part,  passé.  Enve- 
loppé d'un  maillot.  Enfant  emmaillotté.  On  aimerait 
mieux  mourir  avec  Jésus-Christ  dans  les  douleurs 
que  de  se  voir  avec  lui  emmaillotté  dans  le  berceau, 
FÉN.  t.  xviii,  p.  t07.  Il  Fig.  Cette  déité  [la  Liberté] 
Qui  laisse  en  de  vieux  langes  Le  monde  emmail- 
lotté, BÉRANO.  Liberté.  ||  Terme  d'entomologie. 
Nymphes  emmaillottées,  celles  dont  l'enveloppe 
laisse  voir  les  diverses  parties  de  l'insecte  parfait. 
On  sait  assez  que  la  chrysalide  n'a  ni  bras  ni  jambes, 
qu'elle  est  un  papillon  si  bien  emmaillotté  qu'il  ne 
peut  faire  aucun  usage  de  ses  membres,  bonnet, 
Insectes,  Observ.  <3. 

t  EMMAILLOTTEMENT  (an-ma-llo-te-man  ,  Il 
mouillées,  et  non  an-ma-yo-te-man) ,  ».  m.  Action 
d'emmaillotter.  L'emmailloltement  des  enfants. 

—  HIST,  xvi*  s.  Les  liaisons  et  emmaillottements 
des  enfants,  mont,  ii,  <63. 

—  ÊTYM.  Emmaillotler. 
EMMAILLOTTER  (an-ma-Ilo-té,  Il  mouillées,  et 

non  an-ma-yo-té),  v.  a.  ||  1°  Mettre  en  maillot,  en- 
velopper de  laliges.  Emmaillott*  un  enfant.  |{  Par 
extension.  Elle  prit  le  parti  de  feindre  d'être  boi- 
teuse ;  elle  emmaillotta  son  pied  droit  de  manière 
&  le  grossir  excessivement,  W  de  genlis,  Klle  de 
Clermont,  p.  70,  dans  pougens.  ||  Fig.  Envelopper 
quelqu'un  de  toutes  parts,  se  rendre  maître  de  ses 
volontés.  Je  comprends  maintenant  que  ce  pauvre 
Edouard  se  soit  laissé  emmaillotler ,  en.  de  dernakd  , 
la  Femme  de  40  ans,  §  x.  |(  2'  S'emmaiUotter,  v. 
réfl.  S'envelopper.  Nos  magistrats  ont  bien  connu 
le  mystère   [le  respect  qu'inspire  l'habit]  ;  leurs  | 


EMM 

robes  rouges,  leurs  hermines  dont  ils  s'emmtillot- 
tent  en  chats  fourrés....  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  270, 
édit.  Lahure. 

—  REM.  L'Académie  écrit  emmaillotler  avec  deux 
it,  et  démailloter  avec  un  seuU;  c'est  une  anomalie 
à  faire  disparaître. 

—  HIST.  xii*  s.  Là  le  presismes  [l'enfant]  trestot 
emmaillolet,  Raoul  de  C.  3»).  ||xv«  s.  X  mon  po- 
voir,  li  aideray,  Et  l'anfant  enmailloteray.  Certes 
s'en  feray  mon  devoir  Selon  la  loy  à  mon  povoir, 
La  nat.  de  N.  S.  J.  C.  myst.  ||  xvr  s.  Le  baptizer,  le 
nourrir,  le  fortifier,  l'emmaillotter,  mont,  n,  240. 

—  ÉTYJI.En  I,  et  matHo(;bourguign.  ammaillô- 
lai,  ammaillôtai;  provenç.  enmalhotar,  enmallotar, 
enmaillolar.  On  remarquera  qu'une  des  formes  du 
bourguignon  est  semblable  à  celle  de  Raoul  de  Cam- 
brai, qui  suppose  maillol  au  lieu  de  maillot. 

t  EMMALADIR  (an-ma-la-dir).  1|  1»  F.  a.  Rendre 
malade.  ||  2°  Y.  n.  Devenir  malade. 

—  HIST.  xii*  s.  Li  enfançonet  que  David  out  en- 
gendré de  la  feme  Urie,  emmaladit  et  fu  désespé- 
rez, llois,  p.  t60.  ||xin*  s.  Del  duel  [deuil]  qu'il  ad 
s'enpesanti ,  En  poi  de  tens  enmaladi ,  Lai  du 
désiré.  ||  xvi*  s.  L'ombrage  du  noyer  emmala- 
dissant  et  hommes  et  bestes  s'y  retraians  dessous, 

0.  DE  SEBRES,   695. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  »noîa(i«;  provenç.  emmalautir. 

t  EMMANCHE  (an-man-ch'),  s.  f.  Terme  de  bla- 
son. Triangle  pyramidal  quis'avance  d'un  des  bords 
de  l'écu  vers  le  milieu  de  la  surface. 

—  ÉTYJl.  En  t ,  et  manche,  s   m. 
EMMANCHÉ,  ÉE  (an-man-ché,  chée),  part. pasté. 

Il  1°  Garni  d'un  manche.  Une  cognée  solidement 
emmanchée.  Il  2°  En  termes  de  blason,  se  dit  des 
haches,  faux,  etc.  qui  ont  un  manche  d'un  émail 
différent.  ||  Il  se  dit  aussi  des  partitions  de  l'écu  où 
les  pièces  s'enclavent  l'une  dans  l'autre  en  forme  da 
longs  triangles  pyramidaux.  ||  3*  Par  extension.  Le 
héron  au  long  bec  emmanché  d'un  long  cou,  la 
FONT.  Fabl.  VII,  4.  Il  Terme  de  peinture.  Membre 
bien  emmanché,  mal  emmanché,  membre  qui  se 
joint  bien,  mal  au  corps.  ||  4°  Fig.  Affaire  bien  em- 
manchée, mal  emmanchée,  affaire  bien  commen- 
cée, mal  commencée. 

EMMANCHEMENT  (an-man-che-man),  ».  m. 
Il  1°  Action  d'emmancher.  L'emmanchement  d'un 
outil,  des  couteaux.  Il  2°  Terme  de  peinture  et  de 
sculpture.  Manière  dont  les  membres  tiennent  et  su 
rapportent  au  tronc. 

—  ÊTYM.  Emmancher. 

I.  EMMANCHER  (an-man-ché) ,  ti.  o.  ||i*  Mettra 
un  manche.  Emmancher  une  faux,  un  balai.  Un 
bûcheron  venait  de  rompre  ou  d'égarer  Le  bois  dont 
il  avait  emmanché  sa  cognée,  la  font.  Fdbl.  xn, 
16.  Il  Fig.  et  populairement.  Entamer  une  affaire. 
Il  2'  S'emmancher,  c.  réfl.  S'ajuster  au  manche, 
il  Fig.  S'ajuster  aux  circonstances,  aux  conditions. 
L'affaire  s'était  mal  emmanchée.  |1  Cela  ne  s'emman- 
che pas  ainsi,  cela  n'est  pas  aussi  aisé  que  vous  le 
pensez,  ou  bien,  cela  ne  s'ajuste  pas  de  la  sorte. 

—  HIST.  XIV*  s.  Il  orent  aporté  maintes  scies  tran* 
chant,  Enmanchées  à  plomb  par  itel  convenant  Qu'on 
en  pourroit  coper  un  grant  bois  en  sciant,  Guesel. 
i  9460.  Il  XVI*  S.  Il  se  laissoit  choir  dedans  la  chaire, 
et  puis  debout  tiroit  de  dessous  sa  robbe  une  testa 
de  mort  emmanchée  dans  un  baston,  d'adb.  Pan. 

IV,    10. 

—  ÊTYM.  En  I ,  et  manche,  s.  m. 
f  2.  EMMANCHER  (an-man-ché),  r.  n.  Terme 

de  marine.  Entrer  dans  la  Manche.  ||  Entrer  dans 
un  bras  de  mer  quelconque.  ||  On  trouve  aussi  écrit 
enmancher. 

—  ÊTYM.  En  1 ,  et  la  Manche. 
EMMANCHEUR  (an-man-cheur) ,  ».  m.  Celui  qui 

emmanche. 

—  xni"  s.  Quiconques  veutestre  coutelier  à  Pari», 
ce  est  à  savoir  feseeurs  de  manches  à  coutiaux  d'os 
et  de  fust  et  d'yvoire,  et  faisierres  de  pignes  d'y- 
voire  et  emmancheeurs  de  coutiaus,  estre  le  puet 
franchement,  Liv.  des  met.  49. 

—  ÉTYM.  Emmancher  I. 

EMMANCHURE  (an-man-chu-r'),  ».  f.  Ouver- 
ture pratiquée  au  corps  d'un  vêtement,  et  à  laquelle 
s'adaptent  les  manches.  L'emmanchure  de  cet  ha- 
bit est  trop  étroite.  ||  Danser  en  tenant  ses  doigts 
dans  l'emmanchure  de  son  gilet,  manière  qu'ont 
quelques  jeunes  gens  de  tenir  leurs  mains  en  dan- 
sant. 

—  ÉTYM.  Emmancher  i . 

t  EMSL^NDRINER  (an-man-dri-nê),  r.  a.  Ttrme 
de  métier.  Voy.  mandriner. 

EMMANNEQUINÉ ,  ÉE  (an-ma-ne-ki-né,  née), 
part,  passé.  Plantes  emmaimoquinées. 


EMM 

EMMANNEQUINiaV  (an-ma-ne-ki-né),  v.  a. 
Terme  de  jardinier.  Mettre  des  plantes,  avec  la  terre 
qui  tient  à  leurs  racines,  dans  un  mannequin  ou  un 
panier. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  mannequin. 
KMMANTELË,   ÉE   (  an-man-te-lé ,    lée),    adj. 

Il  1°  Enveloppé,  couvert  d'un  manteau.  ||  2"  Par 
analogie,  qui  a  un  plumage,  un  pelage,  en  partie 
coloré  et  imitant  de  la  sorte  un  manteau.  ||  Corneille 
emmantelée,  corneille  d'un  plumage  gris  cendré 
sous  les  ailes,  et  noir  sous  le  ventre  (voy.  man- 
TELÉ).  Les  ornithologistes  disent  corneille  mantelée 
(cori'us  cornix). 

t  EMMANTELER  (an-man-te-lé.  La  syllabe  te 
prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette:  j'emmantèle),  v.  a.  Envelopper  d'un 
manteau.  ||  Ancien  terme  militaire.  Revêtir  une 
place  d'une  enceiiite  ;  c'était  l'opposé  de  démanteler. 

HIST.  xiu*  s.  Pour  mencbonges  enmanteler  Et 

faire  les  voirs  ressambler  [les  faire  sembler  vrais] , 
DU  CANGE,  immantare.\\iiv'  s.  Un  doussellet  où 
sont  oies  et  oynes  emmentelez  des  armes  de  monsei- 
gneur, iD.  ib.  Il  XVI*  s.  Il  s'advisa  encore  d'une  grande 
ruse  pour  mieux  couvrir  son  desseing,  et  enmante- 
ler son  entreprise,  carl.  vi,  45.  Les  bœufs  emmen- 
telés  de  noir  craignent  plus  les  mouches,  qu'estans 
d'autre  couleur,  o.  de  serres,  279.  X  ces  tempestes 
résiste  sans  moien  la  chaussée  emmantelée  de  ma- 
çonnerie ,  m.  424.  Le  moins  qu'on  peut  tenir  em- 
mentellés  [abrités,  couverts]  les  artichaux,  est  le 
meilleur,  par  aucunement  leur  nuire  tel  embar- 
ras, ID.  Bi7.  Le  jour  estoit  sous  l'onde,  et  la  nuict 
estoilée  Avoit  d'un  habit  brun  la  terre  emmantelée, 
RONS.  672.  Junon,  qui  des  vaillans  est  toujours 
envieuse,  Hier  d'un  voile  noir  emmantela  les  cieux, 
AM.  JAMYN,  Poésies,  f°  60,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  En  < ,  et  mantel,  manteau. 

t  EMMARCHEMENT  (an-mar-che-man) ,  s.  m. 
Terme  de  charpente.  Disposition  des  marches  d'un 
escalier.  ||  Entaille  faite  dans  lés  timons  pour  rece- 
voir ces  marches.  ||  Ligne  d'emmarchement,  ligne 
tracée  sur  l'épure,  ordinairement  au  miUeu  de  la 
longueur  des  marches. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  marche. 

f  EMMARGOniLLÉ,  ÉE  ( an-mar-gou-llé ,  liée, 
li  mouillées,  et  non  an-mar-gou-yé ,  yée),  adj.  Sali 
comme  par  un  margouillis....  mais  l'église  est  sale; 
mais  les  sculptures  de  François  I"  sont  emmargouil- 
lées  de  badigeon  jaune,  v.  hugo,  le  Rhin,  l"vol.  lett.  3. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  margouillis. 

t  EMMARINER  (an-ma-ri-né),  v.  a.  Terme  de 
marine.  Garnir  un  vaisseau  de.  l'équipage  néces- 
saire. Il  Accoutumer  à  la  mer. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  marin. 

t  EMMARQUISER  (an-mar-ki-zé) ,  v.  a.  Terme 
de  plaisanterie.  Donner  le  titre  de  marquis.  ||  S'em- 
marquiser,  D.  réfl.  Prendre  la  qualité  de  marquis. 
Depuis  que  dans  l'iUat  on  s'est  emmarquisé.  On 
trouve  à  chaque  pas  un  marquis  supposé,  scarr.  D. 
Japhet  d'Arm.  m,  4.  Combien  de  soi-disant  cheva- 
liers ou  marquis....  Dont  en  s'emmarquisantla  plus 
haute  noblesse  A  seulement  pour  titre  une  grande 
richesse,  hauteroche,  le  Deuil,  se.  4.  Quand  tu 
seras  à  moi,  ne  va  pas  t'aviser  De  devenir  comtesse 
ou  de  t'emmarquiser,  th.  corn,  la  Comtesse  d'or- 
gueil, V,  4. 

—  ÉTYJI.  En  t,  et  marquis. 

t  EMMASSEMENT  (an-ma-se-man) ,  s.  m.  Terme 
d'art  militaire.  Formation  des  masses  dans  les  gran- 
des manœuvres. 

t  EMMASSER  (an-ma-sé),  v.  a.  Terme  d'art  mi- 
htaire.  Réunir  en  masses,  former  des  masses. 

—  ÉTYM.  Ent ,  et  masse. 
tEMMATELOTAGE(an-ma-te-lo-ta-j'),  «.  f.  Terme 

de  marine.  Désignation  de  deux  matelots  destinés  à 
avoir  le  même  hamac. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  matelot. 

+  *.  EMME  (è-m'),  s.  f.  Nom  de  Vm  (voy.  m). 

t  2.  EMME  (è-m') ,  s.  f.  Nom ,  dans  les  ouvrages  de 

terrassements,  des  profils  qui  sont  faits  de  distance 

en  distance,  soit  en  déblai  ou  tranchée,  soit   en 

remblai,   pour  déterminer  la  forme  que  l'on  veut 

■  donner  à  une  digue,  à  une  chaussée,  à  un  rempart, 

BESCHERELLE. 

—  ÉTYM.  Ce  parait  être  l'ancien  français  esme  qui 
«ignifîe  l'action  d'apprécier,  de  juger,  de  viser, 
âevenu  en  anglais  aim,  du  latin  sestimare. 

t  EMMÉCHER  (en-mé-ché),  v.  a.  Mettre  unemè- 
Itbe  à  une  pièce  d'artifice. 

—  HIST.  xvi"  s.  Emmecher,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  £n  1 ,  et  mèche. 
t  EMMÊLEMENT  (an-mê-le-man),  s.  m.  Action 

ï'emmêler  ;  résultat  de  cette  action. 


EMM 

—  HIST.  xiu*  s.  Non  par  enmellement  de  substance, 
mais  par  unité  de  personne,  Psautier,  f"  <96.    • 

—  ÉTYM.  Emmêler. 

f  EMMÊLER  (an-mè-lé) ,  v.  a.  Brouiller,  en  par- 
lant du  fil,  de  la  soie,  des  filets  de  pêche,  etc. 
Il  Fig.  et  familièrement.  C'est  une  affaire  bien  em- 
mêlée. ||  S'emmêler,  V.  réjl.  Être  brouillé.  Mon  fil 
s'emmêle  à  chaque  instant. 

—  HIST.  XIV*  s.  Tu  feras  faire  une  douzaine  de  pou- 
ches  qui  seront  lacées  de  si  grant  maiUes  que  le 
taisson  boute  sa  teste  parmy  la  maille....  et  doivent 
estre  emmeslées  de  cordelettes  où  il  y  aye  au  bout 
une  bouclete,  Uodus,  ms.  f°  Bl,  dans  lacorne. 

—  ÉTYM.  £n  4 ,  et  mêler  ;  Berry ,  emmêler  un  iche- 
veau. 

EMMÉNAGE,  ÉE  (an-mé-na-jé,  jée),  part,  passé. 
Qui  a  fait  son  emménagement.  Emménagé  depuis  peu 
dans  un  nouveau  logement.  ||  Terme  de  marine.  Ce 
bâtiment  est  bien  emménagé,  il  est  bien  distribué. 

EMMÉNAGEMENT  (  an-mé-na-je-man  )  ,  s.  m. 
Il  1°  Action  de  porter  et  de  ranger  ses  meubles  dans 
un  nouveau  logement.  ||  2°  S.  m.  plur.  Terme  de 
marine.  Logements ,  compartiments  pratiqués  dans 
l'intérieur  d'un  navire.  Des  emménagements  com- 
modes. 

—  ÉTYM.  Emménager. 

EMMÉNAGER  (an-mé-na-jé.  Le  g  prend  un  e 
devant  a  eto;nous  emménageons,  j'emménageais). 
Il  1°  Y.  n.  Faire  transporter,  ranger  ses  meubles 
dans  un  logement.  Dans  l'une  de  nos  cent  bastilles. 
Lorsque  ma  muse  emménagea,  bérang.  Amitié. 
Il  2" F.  a.  Transporter  les  meubles  de  quelqu'un  dans 
un  logement.  Pendant  mon  absence,  mon  frère 
m'emménagera.  ||  3°  S'emménager ,  v.  réfl.  Se 
pourvoir  de  meubles.  Il  s'emménage  peu  à  peu. 

—  ÉTYM.  En  \,  et  ménage. 

t  EMMÉNAGOGUE  (è-mmé-na-go-gh'),  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  provoque  les  règles.  ||  Substanti- 
vement. L'absinthe  est  un  emménagogue. 

—  ÉTYM.  'Etiiinivoi;,  menstrue,  de  iv,  en,  et(i^v, 
mois  (voy.  mois),  et  àYWYoi;,  qui  amène. 

EMMENÉ,  ÉE  (an-me-né,  née),  part,  passé. 
Emmené  par  les  gendarmes. 

EMMENER  (an-me-né.  La  syllabe  me  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'emmène,  j'emmènerai),  v.  a.  ||  1°  Mener  quelqu'un 
avec  soi  d'un  lieu  dans  un  autre.  Qu'on  l'emmène, 
soldats,  il  blesse  ici  la  vue,  corn.  Othon,  v,  6. 
Qu'à  l'instant  hors  du  temple  elle  soit  emmenée, 
BAC.  Ath.  V,  G.  L'empereur  fit  un  geste  de  mépris 
et  d'humeur  ;  on  emmena  ce  misérable  [un  des  in- 
cendiaires de  Moscou]  dans  la  première  cour,  où 
les  grenadiers  furieux  le  firent  expirer  sous  leurs 
baïonnettes,  ségur,  Hist.  de  Napol.  viii,  6.  ||  2°  Se 
dit  aussi  des  bestiaux  et  des  choses.  11  a  emmené  les 
marchandises.  11  a  emmené  le  bétail. 

—  HIST.  XI"  s.  Ses  meillors  homes  [il]  eiuneine  en- 
semble od  sel  [avec  soi],  Ch.  de  Bol.  xxxvii.  ||  xir 
s.  En  douce  France  [il]  l'enmenra  sans  faillie, 
Ronc.  p.  U8.  Armer  l'enmenent  [pour  lui  donner 
ses  armes]  lagentde  soulignage,  ib.  p.  482.  ||  xin* 
s.  Devant  le  roi  son  père  isnelemenf  [elle]  l'en- 
maine,  audefroy  le  bast.  Romancero,  p.  i*.  Ugues 
s'en  est  tournés,  s'ammoine  Beatris,  ib.  p.  36.  Avec 
ma  femme  alastes,  quant  ele  en  fu  menée,  Berte, 
civ.  Qant  ces  nonnains  se  vont  par  le  pays  esba- 
tre.  Les  unes  à  Paris,  les  autres  à  Montmartre,  Tel 
fois  emmainne  deux  qu'on  en  ramainne  quatre,  bu- 
TEB.  242.  Il  XV»  s.  Et  emmenèrent  grand  pillage  et 
grand  proie  en  leurs  garnisons,  froiss.  i,  i,  4I3. 
Il  XVI"  s.  Tout  ce  que  le  cours  de  l'eau  emmené 
aval,  AMïOT,  Philop.  I2.  Nabis  sortit  à  la  desrobbée 
par  une  autre  porte ,  et  emmena  son  armée  à 
la  plus  grande  haste  qui  luy  fust  possible,  id. 
ib.  20. 

—  ÉTYM.  En  2,  et  mener  ;  mener  de  là.  En  pou- 
vait autrefois  se  séparer  de  mener;  voy.  l'exemple  de 
Berte. 

f  EMMÊNOLOGIE  (è-mmé-no-lo-jie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Traité  de  la  menstruation. 

—  ÉTYM.  Emméno....  (voy.  emménagogue),  et 
Xôyoc,  traité. 

EMMENOTTÉ,  ÉE  (an-me-no-té,téo),  part,  passé. 
Emmenotté  par  les  gendarmes. 

EMMENOTTER  (an-me-no-té) ,  v.  a.  Mettre  des 
menottes,  des  fers  aux  mains.  On  emmenotté  les 
criminels. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  menolfes. 

t  EMMÉSOSTOME  (é-mmé-zo-sto-m'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  la  bouche  placée  au  milieu  du 
I  corps  (oursins). 

—  ÉTYM.  'Ev,  en,  |iÉ(jo(,  milieu,  et  oTÔna, 
I  bouche. 


EMM 


1347 


t  EMMÉTRAGE  (an-mé-tra-j'),  t.  m.  Terme  de 
construction.  Opération  d'emmétrer. 

t  EMMÉTRER  (an-mé-tré.  La  syllabe  mé  prend 
un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'emmètre;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  : 
j'emmétrerai),  v.  a.  Terme  de  construction.  Dispo- 
ser des  matériaux  de  manière  à  faciliter  le  métrage. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  mètre. 

+  EMMEDLAGE  (an-meu-la-j') ,  s.  m.  Terme 
rural.  Action  d'emmeuler. 

fEMMECLER  (an-meu-lé),  v.  a.  Terme  rural. 
Mettre  les  foins  en  meules. 

—  HIST.  XV'  s.  Mais  cil  qui  veult  tout  emmuler, 
Et,  d'avoir,  fait  un  trop  grant  mule,  eust.  besch. 
Poésies  mss.  t°  222,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  En  1,  et  meuie,  tas  de  foin. 
EMMIELLÉ,  ÉE  (an-miè-lé  ,    lée),    part,   passé. 

Garni  de  miel.  Une  tranche  de  pain  emmiellée. 
Il  Se  dit  aussi  d'un  liquide.  Une  boisson  emmiel- 
lée. ||  Fig.  Des  paroles   emmiellées,  paroles  d'une - 
douceur  affectée.  Une  lettre  emmiellée. 

t  EMMIELLEMENT  (an-miè-le-man) ,  *.  m.  Ac- 
tion d'emmieller. 

—  HIST.  XVI"  s.  Emmiellement,  cotgrxvb. 

—  ÉTYM.  Emmieller. 

EMMIELLER  (an-miè-lé),  v.  a.  Enduire  de  miel, 
Emmieller  une  tranche  de  pain.  Emmieller  une  li- 
queur, y  mettre  du  miel.  ||  Emmieller  les  bords 
d'un  vase,  enduire  de  miel  les  bords  d'un  vase,  et  fig. 
faire  passer  à  l'aide  de  quelque  douceur  prélimi- 
naire ce  qui  est  amer  ou  pénible.  ||  Fig.  0  Muse, 
je  t'invoque  :  emmielle-moi  le  bec,  régnier,  Sat.  x. 
Feins  d'être  homme  de  cour,  fixe  ton  regard  louche. 
Emmielle  un  peu  le  fiel  qui  coule  de  ta  bouche.  Et 
contrefais  l'homme  de  bien,  le  p.  brumoy,  la  Boite 
de  Pandore,  m,  4. 

—  REM.  Régnier  a  fait  emmieller  de  quatre  syl- 
labes :  Il  semble....  Que  la  mouche  du  grec  leurs 
lèvres  emmielle,  Sat.  ix.  C'est  une  mauvaise  pronon- 
ciation ,  miel  étant  toujours  monosyllabique  comme 
venant  du  latin  mel. 

—  HIST.  xiir  s.  Fisicien  en  ont  à  faire  [du  vin  de 
la  Rochelle]  For  sirop  et  bruvage  faire  ;  C'est  chose 
emmiellée  et  non  pure,  flouv.  recueil  de  fabliaux, 
t.  1,  p.  297.  Il  XV"  s.  0  corone  précieuse,  dyademe 
denoslre  salut,  tant  est  douls  et  enmiellé  le  ras- 
sadyement  [rassasiement]  que  tu  donnes,  chr.  dï 
PISAN,,  llist.  de  Ch.  Y,  m,  74 .  ||  xvi"  s.  11  voit  com- 
bien sont  venimeuses  les  flatteries  dont  usent  ceux 
qui  veulent  emmieller  quelcun  pour  le  tromper, 
CALV.  Instit.  306.  Avec  de  telles  raisons  emmiellées 
de  promesses,  desper.  Contes,  cxxix.  11  n'y  a  riens 
meilleur  contre  la  roigne  qui  vient  aux  testes  des  pe- 
titz  enfants  qu8  de  les  emmieller,  palsgr.  p.  432. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  miel;  provenç.  enmelar,  eme- 
lar;  espagn.  enmelar;  ital.  immelare. 

EMMIELLURE  (an-miè-lu-r') ,  s.  f.  Terme  de  vété- 
rinaire. Topique  qui  a  le  miel  pour  excipient,  et 
qu'on  applique  sur  le  pied  d'un  cheval  pour  adoucir 
et  détendre  la  corne. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ainsy  ce  roy  oinct  et  grosse  de  ceste 
emmielleure  [paroles  douces  et  flatteuses],   carl. 

VII,  4  8. 

—  ÉTYM.  Emmieller. 

t  EMMINEDR  (an-mi-neur) ,  s.  m.  Celui  qui  me- 
surait le  sel  par  minots.  Maintenir  ledit  Martinaut  en 
la  possession  de  présenter  des  mesureurs  et  emmi- 
neurs.  Arrêt  du  conseil  d'État,  4  4  avril  4  669. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  mtnc  ou  minot. 

fEMMITONNER  (an-mi-to-né),  v.  a.  Terme  po- 
pulaire. Envelopper  dans  des  mitaines  les  mains, 
et  par  suite  tout  le  corps  dans  quelque  étoffe  moel- 
leuse. ||  Fig.  Emmitonner  quelqu'un,  le  circonve- 
nir, l'endormir  sur  ses  intérêts.  ||  S'emmitonner,  «. 
ré/l.  S'emmitonner  dans  une  bonne  douillette. 

HIST.  XVI"  s.  Tel  qui  se  tient  emmitonné  dans 

les  martes  jusqu'aux  aureilles,  mont,  i,  2B9. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  mitonner. 
EMMITOUFLÉ,  ÉE  (an-mi-tou-flé,    flée),   part. 

passé.  Dès  que  j'aurai  la  tête  moins  emmitouflée, 
VOLT.  Lett.  d'Argental,  24  sept.  4  762.  |1  Proverbe. 
Jamais  chat  emmitouflé  ne  prit  souris,  c'est-à-dire 
pour  faire  quelque  chose  de  difficile,  il  faut  avoir 
toute  liberté  de  mouvement. 

EMMITOUFLER  (an-mi-tou-flé),  v.  a.  \\  1°  Enve- 
lopper quelqu'un  de  fourrures  ou  de  tissus  pour  le 
tenir  chaudement.  ||  2°  S'emmitoufler,  v.  réfl.  Elle 
aime  à  s'emmitoufler. 

—  HIST.  XIII"  s.  Ne  vous  laissez  pas  desconfiro; 
Grefes  [poinçons  à  écrire]  avez,  pensez  d'escrirej 
N'aiez  pas  lés  bras  emmoflés,  la  Rote,  49986. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  moufle,  gant,  devenu  mitoufle 
en  se  combinant  avec  mitaine. 


1348 


EMO 


t  noa-THEH  (an-mi-tré),  e.  a.  Donner  U  mitre 
à  untvtque,  le  ucrer. 

—  BI9T.  XYi*  »•  Kmmiirer,  cotchavb. 

—  tim.  A'n  '  t  e'  mitre. 

*  nUIOHPUOSK  (é-mmor-fA-z'),  t.f.  Terme  de 
loologi*.  Mode  particulier  de  métamorphose  deoer- 
lainj  intecles. 

—  gmi.  *E*t  en,  et  (lopfiw, donner  une  forme. 
KMMOBTAISÉ,  ÊE   (an-mor-tè-zé,   zée),  part. 

poui.  Des  solives  emmorlaisées. 

BMHOBTAISER  (an-mor-tè-zé),  v.  a.  Insérer 
dans  une  mortaise  le  bout  d'une  pièce  de  bois  tail- 
ée  à  cet  effet. 

—  ËTYM.  J?n  t ,  et  moTtaite. 

EMUOTTÉ,  ÉE(an-mo-té,  tée),  adj.  Terme  de 
jardinier.  Dont  la  racine  est  entourée  d'une  motte 
de  terre.  Plants  emmottés. 

—  ÊTYM.  En  *,  el  motte. 

I  EHMOUFLEHENT  (an-mou-fle-man),  i.  m. 
Terme  de  céramique.  Action  d'emmoufler. 

f  EMMOUFLER  (an-mou-flé) ,  V.  a.  Terme  de  cé- 
ramique. Mettre  des  poteries  dans  une  moufle. 

—  ÊTYM.  Sn  t,  et  notifie. 

t  EMMOUSTACUÉ,  ÉÉ  (an-mou-sta-ché ,  chée), 
adj.  Oui  a,  qui  porto  des  moustaches. 

—  ÈTY»l.  lin  t ,  et  moustache. 

f  EMMCHAILLER  (an-mu-ra-Ué,  Il  mouillées),  v. 
a.  Enfermer  dans  une  muraille.  Puisque  l'on  avait 
tant  fait  que  de  l'emmurailler  [le  corps  de  Vendôme  à 
l'Escurial],  il  y  pourrait  demeurer,  st-sim.  33),  84. 

—  HIST.  XVI"  s.  Qui  la  voudroit  emmuiaiUer 
comme  Strasbourg,  Orléans  ou  Ferrare,  il  ne  seroit 
possible,  tant  les  frais  et  despens  seroient  excessifs, 

BABFX.  t.  Il,  p.  i*S,  danSLACURNE. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  muraille. 

f  EMMCRË,  ÉE  (an-mu- ré,  rée),  part,  passé. 
Emmuré  dans  un  cloître.  ||  S.  f.  Religieuse  d'un 
couvent  de  l'ordre  de  Saint-Dominique  à  Rouen. 

t  EMMURER  (an-mu-ré),  ».  a.  Enfermer  entre 
des  murailles.  ||  Entourer  de  murailles. 

—  HIST.  XIII'  s.  X  ce  conseil  se  tint  li  rois,  si  fit 
que  fols;  mieux  lui  venist  l'avoir  enmurée  [une 
femme],  Chron.  dellains,  p.  7.  ||xv*  s.  Le  marquis 
lui  prometloit  [h.  la  reine  de  Hongrie]  que,  si  par 
force  il  la  prenoit,  il  la  feroit  emmurer  en  une  tour, 

'FROiss.  II,  II,  233.  Il  XVI' s.  U  alla  mettre  le  siège 
devant  la  ville  de  Chalcedoine,  laquelle  il  emmura 
tout  à  l'enlour,  amyot,  AU.  6t.  C'est  une  longue 
vallée  emmurée  de  costé  et  d'autre  de  grandes  et 
hautes  montagnes,  id.  Flam.  *.  Il  semble  qu'ils 
«oient  emmurés  dedans  leur  harnois,  comme  de- 
dans une  prison  de  fer,  id.  Lucull.  63.  .le  crois 
Î|u'on  trouvera  quelque  invention  de  nous  emmurer 
d'une  armure  défensive]  pour  nous  en  garantir 
des  balles],  mont,  ii,  94. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  mur;  provenç.  enmurar,  emurar. 
t  EMMUSCADINER(S')  (an-mu-ska-di-né),  v.  réfl. 

Terme  comique  et  du  langage  familier.  Se  parer, 
se  pomponner,  se  pommader  comme  un  muscadin. 
Il  y  a  quarante  ans,  &  peine  descendu  de  patache, 
je  me  serais  emmusoadiné  pour  courir  dans  l'allée 
des  Feuillants  lancer  mille  œillades  assassines , 
BATARD  et  JAIME,  U  Révcil  du  lion,  i,  4. 

—  ÊTYM.  £n  t ,  et  muscadin. 

EMHUSELÉ,  ÉE  (an-mu-ze-lé,  lée) ,  parï. po-vs^. 
Chien  emmuselé.  jj  Terme  de  blason.  Animal  emmu- 
selé,  celui  qui  a  une  muselière  d'un  autre  émail  que 
■on  corps;  celui  qui  est  représenté  avec  le  museau  lié. 

EMMDSELER  (an-mu-ze-lé.  U  se  conjugue  comme 
museler),  t>.  a.  ||  1"  Mettre  une  muselière  &  un  ani- 
mal. Des  gueux  qu'il  faut  emmuseler  comme  des 
ours,  VOLT.  Leit.  à  Cather.  loo.  ||  Par  extension, 
couvrir  le  nez  et  la  bouche.  ||  »•  FIg.  Empêcher  de 
parler,  de  se  plaindre.  La  cabale  avait  emmuselé 
les  plus  convaincus  de  ses  crimes;  j'étais  peut-être 
le  seul  à  qui  il  restât  assez  de  courage  pour  ne  pas 
tenir  la  vérité  captive,  ST-sm.  2H  ,  80. 

—  HIST.  ivi'  s.  Sous  ces  chapeaux  d'oliviers,  les 
lions  et  les  ours  de  la  France  enchaînez  et  enmuse- 
lez,  d'aub.  Ilist.  m,  &38. 

—  ÊTYM.  En  t,  et  musel,  museau.  " 

+  EMMUSQHER  (an-mu-ské) ,  v.  a.  Parfumer  de 
muic. 

—  HIST.  XVI'  8.  Emmusquer,  cotoravb. 
ÊTYM,  En  t ,  et  muse. 

«.  F.MOI  (é-moi),  s.  m.  Trouble  par  crainte  ou 
par  Inquiélude.  Mettre  en  émoi,  en  grand  émoi. 
Tout  le  parti  fut  en  émoi.  Compagne  de  mon  mal, 
r"?*,  ""n  «njoi,  ReoNiEH,  P(ainte.|in  se  dit 
quelquefois  en  bonne  part  avec  une  épllhète  déler- 
^nninH    V"  1°"  *■»<>'•  M^'s  triste  et  soul,  quand 


ÊMO 

—  HIST.  XII*  8....  Car  trop  m'aura  grevé  Ire  et  es- 
mai  qui  m'est  au  cuer  prochaine.  Coud,  xiv.  ||  xiii' 
s.  Forment  lui  duelt  U  cuers,  moût  fut  en  grant  es- 
mai,  Berte,  vu.  Et  estoient  en  grant  esmoi  des  pa- 
roles que  li  cardinal  lor  avoit  dit,  Chron.  de  Rains, 
p.  4)7.  Biaus  amis,  folie  et  enfance  T'ont  mis  en 
peine  et  en  esmai,  la  Rose,  3ot  i .  ||  xv  s.  Lors  che- 
vauchèrent les  Anglois  sans  esmai  nul,  fhoiss.  i,  i, 
)08.  Si  estoit  le  pays  de  Hainaut  en  grand  tribula- 
tion  et  en  grand  esmay,  id.  i,  i,  )i4.  ||  xvi'  s. 
Le  lendemain  qui  fut  le  treizième  de  mai,  Par  un 
jour  de  dimanche,  Marquetz  [les  Vénitiens,  ainsi 
diU  de  saint  Marc,  leur  patron]  sont  en  esmay, 
j.  MAROT,  v,  p.  <25.  Mais  je  te  prie,  Tityre,  compte 
moy.  Oui  est  ce  Dieu,  qui  t'a  mis  hors  d'esmoy? 
MAHOT,  IV,  3,  Et  n'y  eut  homme  en  Syracuse  si  ai- 
mant sa  personne,  ny  tant  craignant  la  mort,  qui 
ne  monstrast  estre  pour  lors  en  plus  grand  esmoy 
du  salut  de  Dion  tout  seul,  que  de  tous  les  autres 
ensemble,  amyot,  Dion,  57. 

—  ÉTYM.  Wallon,  èmat,  èmawi,  imauvé,  gêné, 
interdit;  Berry,  émeger,  décourager;  provenç. 
esmai;  ital.  smago;  mot  hybride  de  e*,...  préfixe 
roman,  et  du  germanique  :  anc.  haut-allem.  ma- 
gan,  pouvoir,  être  fort  :  proprement,  action  d'ôter 
force  et  pouvoir.  Esmoi  est  la  forme  picarde  ;  esmai, 
la  forme  directe,  venue  de  l'allemand. 

f  2.  ÉMOI  (é-moi),  s.  m.  Fort  plancher  de  bois, 
établi  entre  quatre  jumelles  sur  le  sommier  du  pres- 
soir à  cidre. 

ÉMOLLIENT,  ENTE  (é-mo-li-an,  aii-t'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Qui  a  la  propriété  de  relâcher, 
de  ramollir  les  parties  enflammées.  Cataplasme 
émoUient.  ||  Terme  de  pharmacie.  Espèces  émol- 
lientes,  les  feuilles  sèches  de  mauve,  de  guimauve, 
de  molène,  de  séneçon  et  de  pariétaire;  farines 
émollientes,  celles  de  lin,  de  seigle  et  d'orge.  ||  Sub- 
stantivement. Les  émollients.  La  farine  de  graine 
de  lin  en  cataplasme  est  un  émollient.  '• 

—  HIST.  xvi*  s.  Medicamens  topiques  emolliens, 

PARÉ,  v,  23. 

—  ÉTYM.  Lat.  emolliens,  de  emollire,  de  e,  et 
mollire,  rendre  mou  (voy.  mou). 

ÉMOLUMENT  (é-mo-lu-man),  s.  m.  ||  1°  Rétribu- 
tion, avantage  pécuniaire.  11  n'a  reçu  aucun  émo- 
lument dans  cette  affaire.  |{  Au  plur.  Appointements. 
Emoluments  attachés  à  une  place.  ||  Terme  de  ju- 
risprudence. Bénéfice,  par  opposition  aux  charges. 
Les  émoluments  d'une  succession.  ||  2"  Profits  ca- 
suels,  par  opposition  aux  revenus  fixes  et  certains. 
Comme  on  sait  ce  que  les  charges  du  royaume  don- 
nent de  gages  et  d'appointements,  il  est  de  même 
assez  aisé  de  savoir  ce  qu'elles  produisent  d'émolu- 
ments, vAUBAN,  Dttne,  82.  Ceux  qui  les  obtinrent 
[les  fiefs]  eurent  la  jouissance  la  plus  étendue;  ils 
en  tirèrent  tous  les  fruits  et  tous  les  émoluments  ; 
et  comme  un  des  plus  considérables  était  les  profits 
judiciaires....  montesq.  Esp.  xxx,  20.  ||  Terme  de 
pratique.  Honoraires  accordés,  par  tarifs,  aux  ofû- 
ficiers  ministériels,  en  plus  des  déboursés. 

—  HIST.  XIII*  s.  Je  ne  seQsse  soidre  très  bien  cest 
argument.  S'il  preîssent  [s'ils  prenaient]  les  cors 
sans  autre  émolument,  j.  de  meung,  Test.  938. 
Il  XIV*  s.  Nous  ottroions  nostre  chastel  o  [avec]  toute 
seigneurie,  emolumens,  etc.  du  cange,  avenius. 
Deux  cens  livres  parisis  de  rente  pour  avoir  et  pren- 
dre en  et  sur  l'émolument,  prouffit  et  revenue  de 
nostre  scel  de  chaslellet  de  Paris,  Lettre  de  Charles  V, 
Bibl.  des  Chartes,  4*  série,  t.  m,  p.  42*.  Si  c'csloit 
chose  leue  [licite]  que  un  juge  peust  avoir  cure  et 
diligence  de  son  propre  émolument  [avantage], 
BEBCiiEURE,  P"  76.  ||  XV' S.  Nedons,  ne  esmolumens 
quelsconques  ne  vuelt  prendre,  que  on  luy  veuille 
donner  à  cause  de  l'office  du  gouvernemeut  qu'il  a. 
Boude.  IV,  6.  Il  XVI'  s.  Ceux  qui  couchent  une  vie 
entière  sur  le  fruict  et  émolument  du  péché  qu'ils 
sçavent  mortel ,  mont,  i,  3î7. 

—  ÊTYM.  Lat.  emolumentum,  de  emolere,  moudre 
entièrement,  de  e,  et  molere  (voy.  moudre)  :  pro- 
prement, le  produit  d'un  travail  de  mouture,  et, 
finalement,  un  profit  quelconque. 

t  ÊMOLUMENTAIRE  (é-mo-lu-man-tê-r') ,  adj. 
Qui  concerne  les  émoluments. 

ÉMOLUMENTER  (é-mo-lu-man-té),  v.  n.  Tirer 
quelque  émolument  ou  profit.  Il  ne  cherche  qu'à 
émolumenter.  Voulant  arrêter  le  cours  d'une  telle 
licence  que  ce  procureur  s'est  donnée  au  mépris  des 
règlements,  plutôt  dans  la  vue  d'émolumenter  que 
de  rendre  service  à  ses  parties  qu'il  consume  en 
frais,  ^rr<(  du  conseil  d'Etat,  27  sept.  1720.  ||  Vieux 
et  ne  se  prenant  qu'en  mauvaise  part. 

—  ÉTYM.  Émolument. 

CHONCTOIRK  (é-mon-ktoi-r').  t.  m.  Terme  de 


ÉMO 

physiologie.  Canal,  conduit  ou,  en  général,  or- 
gane destiné  à  évacuer  les  humeurs  devenues  su- 
perflues. Les  reins  sont  les  émonctoires  de  l'urine. 
Il  Terme  de  médecine.  Emonctoires  artificiels,  les 
cautères,  les  vésicatoires. 

—  HIST.  XIV*  s.  En  l'emonptoire  du  cervel,  c'est 
assavoir  ou  [au]  lieu  glanduleus  sous  la  racine  de 
l'oreille,  h.  de  mondeville,  ^)0).||xvI•  s.  Les 
glandes  emunctoires  du  cerveau,  nommées  paroti- 
des, PARÉ,  IV,  )0. 

—  ÉTYM.  Lat.  emunctorium,  de  emungere,  de  e, 
et  mungere,  moucher. 

fÉMONDAGE  (é-mon-da-j') ,  ».  m.  Action  d'é- 
monder. 

—  ÉTYM.  Émonder. 

fÉMONDATION  (é-mon-da-sion) ,  ».  ^.  Terme  do 
pharmacie.  Opération  par  laquelle  on  retire  de  sub- 
stances animales  et  végétales  certaines  portions 
inutiles  ou  nuisibles. 

—  ÉTYM.  ^monder. 

t  ÉMONDE  (é-mon-d'),  s.  f.  Terme  do  fauconne- 
rie. Fiente  d'un  oiseau  de  proie. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉMONDER. 

ÉMONDÉ,  ÉE  (é-mon-dé,  dée),  part,  passé.  Des 

arbres  émondés  avec  soin. 

fÉMONDEMENT  (é-mon-de-man),  s.  m.  L'actioe' 
d'émonder;  le  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  XVI'  s.  Esmondement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Émonder;  provenç.  emundamen. 

ÉMONDER  (é-mon-dé),  e.  a.  ||  l"  Nettoyer  les  ar- 
bres, les  débarrasser  des  branches  mortes,  des  plan- 
tes parasites,  des  mousses,  des  lichens,  etc.  Que 
ne  l'émondait-on  sans  prendre  la  cognée  ?  la  pont. 

Fabl.  X,  2.   Il  Absolument Qui,    la    serpe  en 

main.  De  ses  arbres  à  fruit  retranchait  l'inutile, 
Ebranchait,  émondait,  ôtait  ceci,  cela,  Corrigeant 
partout  la  nature,  id.  ib.  xn,  20.  ||  i'  Terme  de 
métallurgie.  Eplucher  avec  soin  et  battre  la  bourre 
qu'on  emploie  pour  la  formation  de  certains  mou- 
les, dans  les  fonderies. 

—  HIST.  xiu'  s.  Ouar  la  mort,  qui  les  bons  es< 
monde,  A  or  pris  l'un  des  bons  du  monde,  ruteb. 
88.  Il  XVI'  s.  Ung  aultre  jectoyt  les  maisons  par  les 
fenestres;  ainsy  estoyentcsmundées  d'air  pestilent, 
RAB.  Pont,  v,  2).  L'esmonder  leur  est  nécessaire, 
pour  les  tenir  tousjours  bassement,  0.  de  serres, 
7)4.  Esmunder,  est  ester  le  mortel  rompu;  esla- 
guer....  id.  723.  [Là  les  âmes  sont]  de  tout  vice 
emondées,  du  bellay,  ii,  35,  terso. 

—  ÉTYSI.  Provenç.  esmundar;  du  latin  emun- 
dare,  de  e,  et  mundus,  propre  (voy.  mosde). 

ÉMONDES  (é-mon-d'),  s.  f. plur.  Branches  retran- 
chées des  arbres.  ||  Fagots  faits  avec  les  émondas. 

—  ÉTYM.    Voy.   ÉMONDER. 

t  ÉMONDEUR,  EUSE  (é-mon-deur,  deû-z')  ,s.m. 
et  f.  Il  1°  Celui,  celle  qui  émonde.  Montagnes  que 
voilait  le  brouillard  de  l'automne.  Vallons  que  ta- 
pissait le  givre  du  matin.  Saules  dont  l'émondeur 
effeuillait  la  couronne,  Vieilles  tours  que  le  soir  do- 
rait dans  le  lointain ,  lamart.  Jlarm.  m,  2. 
Il  2*  S.  m.  Terme  rural.  Sorte  de  crible  pour  net- 
loyer  le  blé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Esmondeur,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Émonder. 

f  ÉMORFILER  (é-mor-G-lé) ,  «.  o.  Enlever  le  mor- 
fil  et  les  vives  arêtes  d'une  pièce  de  métal  ou  de 
cuir.  Les  bords  en  [du  cuir]  sont  si  vifs,  si  carrés, 
qu'ils  seraient  même  susceplibles  de  blesser  le» 
doigts,  si  l'on  n'en  émorfilait  pas  les  bords,  lesné, 
la  Reliure,  p.  24),  I820. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  mor/îl. 

ÉMOTION  (é-mo-sion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), ».  (.  Il  1*  Mouvement  qui  se  passe  dans  une 
population.  On  ne  parie  que  de  la  guerre  ;  le  roi  a 
deux  cent  mille  hommes  sur  pied;  toute  l'Europe 
est  en  émotion,  sÉv.  i-H.  \\  Mouvement  excité  dans 
les  humeurs,  dans  l'économie.  Il  a  trop  marché, 
cela  lui  a  donné  de  l'émotion.  ||  Une  émotion  de 
fièvre,  un  léger  mouvement  de  fièvre.  U  n'a  plus 
la  fièvre,  mais  je  lui  trouve  encore  de  l'émotion. 
Il  Terme  de  médecine.  Émotion  du  pouls,  état  d'un 
pouls  qui  s'écarte  un  peu,  pour  la  vivacité  et  la 
fréquence,  de  l'état  naturel.  Ici  émotion  est  pris 
au  sens  physique.  ||  2''  Agitation  populaire  qui  pré- 
cède une  sédition,  et  quelquefois  la  sédition  elle- 
même;  ce  qui  est  un  mouvement  moitié  physique, 
moitié  moral.  Rome  autrefois  a  vu  de  ces  émotions, 
CORN.  A'icoin.  V,  2.  Beaulru  et  Nogent  traitaient  l'é- 
motion de  bagatelle,  retz,  u,  52).  Celle  émotion 
no  se  serait  pas  à  la  fin  terminée  sans  qu'il  y  eût 
braucoup  de  sang  répandu,  tertot,  Réval.  rom. 
m ,  370.  La  cherté  étant  excessive  dans  les  an- 
nées de   )709  et  )7I0,  il  y  eut  quelques  émotious 


ÉMO 

qu'il  n'eût  6lé  ni  prudent,  ni  humain  de  punir  trop 
sévèrement,  fonten.  Argenson.  Ils  [maréchal  de 
Boufders  et  duo  de  Gramont]  rencontrèrent  le  ma- 
réchal d'Huxelles  dans  son  carrosse,  qu'ils  arrêtè- 
rent pour  lui  demander  des  nouvelles  parce  qu'il 
venait  du  côtié  de  l'émotion,  st-sim.  244,  3.  (|  3»  Mou- 
vement moral  qui  trouble  et  agite,  et  qui  se  pro- 
duit sous  l'empire  d'une  idée,  d'un  spectacle,  d'une 
contradiction,  et  quelquefois  spontanément  sous 
l'influence  d'une  perturbation  nerveuse,  comme 
cela  a  lieu  quelquefois  dans  l'hypocondrie.  Une  des 
choses  qui  m'effrayait  le  plus,  était  que,  lorsque 
j'étais  bien  haut  et  que  je  regardais  en  bas,  la  cou- 
verture [où  on  le  bernait]  me  paraissait  si  petite 
qu'il  me  semblait  impossible  que  je  retombasse  de- 
dans; et  je  vous  avoue  que  cela  me  donnait  quel- 
que émolion,  voit.  Lelt.  ix.  Si  ce  grand  silence  Â 
ton  émotion  fait  quelque  violence,  corn.  Cinna, 
y,  <.  Et  quoique  le  dehors  soit  sans  émotion,  Le 
dedans  n'est  que  trouble  et  que  sédition,  m.  Poly. 
II,  2.  Une  émotion  universelle  de  la  personne,  pasc. 
dans  COUSIN.  X  quel  propos  donner  celte  émotion? 
sÉv.  442.  Le  peu  d'émotion  qu'il  eut  de  sa  contusion, 
ID.  492.  Oui  pourrait  n'être  pas  ému  à  ce  spec- 
tacle [la  mort  de  la  reine]  ?  mais  ces  émotions  d'un 
jour,  qu'opèrent-elles?  Boss.  Marie-Thér.  L'esprit 
de  charité  et  de  douceur  a  ses  émotions  et  ses  co- 
lères, PASC.  Prov.  XI.  Se  sentant  de  l'émotion 
contre  un  esclave  :  je  te  frapperais  ,  dit-il  [  So- 
crate]  ,  si  je  n'étais  en  colère,  bollin,  Hist.  anc. 
t.  IV,  p.  366,  dans  pougens.  Et  cette  émotion 
dont  son  âme  est  remplie,  A  bientôt  épuisé  les 
forces  de  sa  vie,  volt.  Zaire,  m,  4.  Dès  qu'il  fut 
seul  avec  ses  officiers  les  plus  dévoués,  toutes  ses 
émotions  éclatèrent  à  la  fois  par  des  exclamations 
d'étonnement,  d'humiliation  et  de  colère,  ségur, 
Hisl.  de  Napol.n,ti.  ||  En  un  sens  particulier, 
trouble  heureux  ou  doux  de  l'âme.  Les  arts  du  des- 
sin, la  sculpture,  la  peinture  ont  beaucoup  de  rap- 
ports avec  la  poésie  dans  les  émotions  qu'éprouve 
l'artiste  et  dans  celles  qu'il  veut  communiquer, 
TUKGOT,  Ébauche  du  2"  dise.  Progrès  de  l'esprit 
humain,  p.  275.  Il  me  trouvait  plus  belle,  et  ses 
émotions  Ouvrirent  un  chemin  à  mes  séductions, 
LEMERC.  Frédég.  et  Brunch,  i,  2.  C'est  là  le  mérite 
de  Richardson:  ainsi,  parce  don  de  l'émotion  et 
du  pathétique,  les  images  les  plus  fortes,  les  plus 
hardies  arriveront  naturellement  sous  sa  plume,  vil- 
LEMAiN,  Litt.  franc,  xvni"  siècle,  2'  part,  t"  leçon. 

—  HIST.  xvi"  s.  Lors  de  l'émotion  de  Catilina 
[conspiration,  soulèvement],  mont,  i,  340. 

—  ÊTYM.  Lat.  emotionem,  de  emolum,  supin  de 
emorere,  émouvoir  (voy.  émouvoih). 

t  ÉMOTIONNER  (é-mo-sio-né) ,  V.  a.  Néologisme. 
Causer  des  émotions.  |j  S'émotionner,  v.  réfl.  Ne 
vous  émotionnez  donc  pas  comme  cela. 

—  SYN.  ÉMOTIONNER,  ÉMOUVOIR.  D'abord  émotion- 
ner  est  du  style  familier;  émouvoir  est  de  tous  les 
styles.  Puis  émouvoir  s'applique  à  ce  qui  est  tou- 
chant, triste,  etc.  Émotionner  se  dit  des  petites 
perturbations  de  la  vie  habituelle. 

—  ÉTYM.  Émotion.  Ce  verbe  nouveau  est  d'un 
assez  mauvais  style;  cependant  il  est  régulièrement 
fait,  comme  affectionner  d'affection. 

t  ÉMOTTAGE  (é-mo-ta-j'J,  s.  m.  Action d'émolter. 

—  ÉTYM.  Émotter. 

ÉMOTTÉ,  ÉE{é-mo-té,  tée),  part. passé.  Terrain 
émotté. 

t  ÉMOTTEMENT  (é-mo-te-man) ,  s.  m.  L'action 
d'émotter;  le  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  XVI*  s.  Emottement,  monet,  Dict. 

—  ÉTYM.  Émotter. 

ÉMOTTER  (é-mo-té),  v.  a.  ||  1°  Briser,  diviser 
les  mottes  de  terre  qui  sont  restées  entières  après 
les  labours  et  les  hersages.  {|  2°  Ca.sser  ou  écraser 
les  grosses  agglomérations  de  sucre.  |]  3°  S'émotter, 
i>.  réfl.  Être  brisé,  en  parlant  de  mottes.  La  terre 
s'émotte  ainsi  plus  facilement. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  motte. 

t  ÉMOTTEUR,  E0SE  (é-mo-teur,  teû-z'),  s.  m. 
et  f.  Terme  d'agriculture.  Celui,  celle  qui  émotte. 
Il  S.  m.  Terme  de  raffinerie.  Instrument  pour  con- 
casser les  sucres  agglomérés. 

—  HIST.  XVI*  s.  Emoteur,  monet,  Dict. 

—  ÉTYM.  Émotter. 

t  ÉMOTTOIR  (é-mo-toir) ,  s.  m.  Terme  d'agricul- 
ture. Sorte  de  batte  pour  casser  les  mottes  de  terre. 

—  HIST.  XIV*  s.  Tribula,  esmotouer,  vel  herse, 
DU  CANGE,  trihula. 

—  f;TVM.  Émotter. 

tÉMOU  (é-mou),  s.  m.  Oiseau  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  dit  aussi  cssoar  de  la  Nouvelle-Hollande 
idromaie  noir). 


ËMO 

ÉHOTTCHÉ,  ÉE  (é-mou-ché,  chée),  part,  posté. 

Chevaux,  bœufs  émouchés. 

ÉMOUCHER  (é-mou-ché),  v.  a.  ||  1°  Chasser  les 
mouches.  ||  2°  Par  extension,  battre,  comme  si  les 
coups  étaient  donnés  pour  chasser  les  mouches.  Il 
se  sentit  émoucher  les  épaules,  la  font.  Paysan. 
Il  me  fit  émoucher  les  épaules  et  bannir  du  royaume, 
LKSAGE,  Gusm.  d'Alf.  IV,  9.  Il  3*  Terme  rural.  Réu- 
nir les  grains  de  blé  séparés  de  l'épi  par  l'action 
du  battage.  ||  4*  Émoucher  un  fleuret,  en  Ôter  la 
mouche  ou  le  bouton.  ||  5°  S'émoucher,  v.  réfl. 
Écarter  de  soi  les  mouches.  Les  chevaux  s'émou- 
chent  avec  leur  queue. 

—  HIST.  xm*  s.  Ne  li  laira  pas  aprochier.  Au 
baston  se  set  esmochier,  Ren.  14924.  ||  xvi*  s.  L'asne 
s'esmouchoyt ,  desmarchoyt  ,  en  faszon  espoven- 
table,  comme  s'il  eust  ung  freslon,  rab.  Pant.  v,  40. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe  ,  et  mouche; 
picard,  émouker. 

t.  ÊMOUCHET  (é-mou-chè  ;  le  f  ne  se  lie  pas; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  les  é-mou-chè-z  et ....;  émou- 
chets  rime  avec  traits,  succès,  jamais,  etc.),  s.  m. 
Oiseau  de  proie  semblable  à  l'épervier.  ||  Nom, 
parmi  les  oiseliers  de  Paris  et  en  Normandie ,  de  la 
crécerelle. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  ostoirs  et  esmeriUons  Et  moult 
grant  plenté  de  mouskés  Voler  après  les  oiselés, 
Flor.  et  Bl.  v.  3<92. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  mohet,  émouchet,  mohè,  éper- 
vier;  namur.  mochè,  mouché,  épervier;  rouchi, 
mouquè;  bas-lat.  muscetus  ,  de  musca,  mouche, 
avec  e  épenihétique  ;  ainsi  dit  à  cause  des  mouche- 
tures de  son  plumage. 

f  2.  ÉMOUCHET  (é-mou-chè) ,  s.  m.  Oueue  des 
peaux  que  préparent  les  tanneurs.  Après  avoir  ôté 
des  peaux  les  cornes,  les  oreilles  et  la  queue  que 
les  tanneurs  nomment  l'émouchet,  Dict.  des  arts  et 
met.  Amst.  <707,  tanneur. 

—  ÉTYM.  Émoucher. 

f  ÉMOUCHETAGE  (é-mou-che-ta-j'),  s.  m.  Action 
d'émoucheter  des  rubans. 

\  ÉMOUCHETER  (é-mou-che-té.  Le  t  se  double 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette:  j'émouchette), 
v.a.W  l°Casser  la  pointe  d'un  instrument  aigu.  Fleu- 
ret émoucheté.  Il  2°  Donner  le  fini  aux  rubans. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  mouchette, 
petite  mouche. 

1 .  ÉMOUCHETTE  (é-mou-chè-f) ,  s.  f.  Sorte  de 
caparaçon  fait  en  réseau  garni  de  cordelettes  pen- 
dantes,'qu'on  met  aux  chevaux  pour  les  émoucher. 

—  ÉTYM.  Émoucher. 

f  2.  ÉMOUCHETTE  (é-mou-chè-f) ,  s.  f.  Se  dit 
quelquefois  pour  émouchet  i. 

f  ÊMOUCHEUR  (é-mou-cheur),  s.  m.  Celui  qui 
émouche.  L'ours....  Faisant  son  principal  métier 
D'être  bon  émoucheur,  écartait  du  visage  De  son 
ami  dormant  ce  parasite  ailé  Que  nous  avons  mou- 
che appelé,  LA  FONT.  Fabl.  viii,  io. 

—  HIST.  XVI"  s.  Un  bon  esmoucheteur,  rab.  Pant. 

II,  <6. 

—  ÉTYM.  Emoucher.  Esmoucheteur  vient  de  mou- 
chette, petite  mouche. 

ÉMOUCHOIR  (é-mou-choir),  s.  m.  Queue  de  che- 
val attachée  à  un  manche,  dont  les  maréchaux  se 
servent  pour  émoucher  les  chevaux. 

—  HIST.  xm*  s.  Biau  sire,  ce  m'a  fet  Renart,  Et 
encore  m'a  il  pis  fet.  Mon  esmocheor  m'a  toloit 
[pris].  Dont  m'a  malement  tempesté,  lien.  13520. 
Il  XIV*  s.  Un  esmouchoirde  drap  d'or,  à  fleur  de  lis, 
escartelé  des  armes  de  France  et  de  Navarre ,  à  un 
baston  d'yvoire,  de  laborde,  Émaux,  p.  300. 

—  ÉTYM.  Émoucher. 

ÉMOUDRE  (é-mou-dr'),  j'émous,  tu  émous,  il 
émoud,  nous  émoulons,  vous  émoulez,  ils  émou- 
lent;  j'émoulais;  j'émoulus;  j'émoudrai;  j'émou- 
drais;  émous,  qu'il  émoule,  émoulons;  que  j'é- 
raoule,  que  nous  émoulions;  que  j'émoulusse; 
émonlant;  émoulu,  v.  a.  Aiguiser  sur  la  meule. 
Émoudre  des  couteaux,  des  ciseaux. 

—  HIST.  XII*  s.  Franzois  [ils]  destreignent  à  leur 
brans  esmouluz,  Ronc.  p.  80.  Diable  l'esmoulurent 
[le  glaive],  qui  le  firent  forger,  ib.  p.  <95.||  xm»  s. 
Se  ce  n'est  à  besoing  que  aucun  preudome  eust 
mestier  que  on  li  esmousist  la  pointe  de  son  coutel 
ou  la  pointe  de  s'espée,  Liv.  des  met.  257.  Ysengrin 
[le  loup]  sueffre  grant  haschie.  Les  denz  a  un  poi 
plus  agues  Que  Renart  et  plus  esmolues,  Rcn. 
44976.  Il  XV*  s.  Ils  se  préparèrent  tous  deux  pour 
aller  jouster  de  fers  esmoulus  l'un  contre  l'autre, 

MONSTR.  1,  56.  Il  XVI*  S Des  serpes  bien  esmou- 

lues,  0.  DE  SERRES,  714.  Socrate....  conservant  pour 
son  exercice  la  malignité  de  sa  femme,  qui  est  un 
essay  et  fer  esmoulu,  mont,  it,  14<. 


ÉMO 


<349 


—  ÉTYM.  Berry.  émeudre;  provenç.  esmolre;  du 
latin  emolere,  de  e,  et  molere,  moudre  (voy, 
moudre). 

t  ÉMOULAGE  (é-mou-Ia-j'),  t.  m.  Terme  de  cou- 
tellerie. Opération  qui  donne  sa  forme  définitive  è 
la  pièce  qui  doit  fournir  le  couteau. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esmoulage ,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Émoudre. 

t  ÉMOULERIE  (é-mou-le-rie),  s.  f.  Action  ée 
mettre  une  lime  en  contact  avec  une  lame  en  mou- 
vement jusqu'à  ce  que  celle-ci  soit  entièrement 
blanche. 

—  ÉTYM.  Émoudre. 

ÉMOCLEUR  (é-mou-leur) ,  s.  m.  Ouvrier  employé 
à  façonner  surla  meule  le  tranchant  de  la  lame,  la 
surface  ou  la  pointe  des  différents  instruments  mé- 
talliques. 

—  lllST.  xvi  s.  Prenez  fange  trouvée  au  fond  de 
l'auge  des  couteliers  ou  esmouleurs,  pahé,xviu,  35. 

—  ÉTYM.  Émoudre  ;  génev.  armolan. 
ÉMOULU,  UE  (é-mou-lu,  lue),   part,  passé  à' k- 

moudre.  Une  lame  émoulue.  ||  Combattre  à  fer 
émoulu,  se  disait  des  tournois  où  l'on  se  battait 
avec  des  armes  affilées,  au  lieu  de  n'employer,  sui- 
vant l'usage  ordinaire,  que  des  armes  émoussées  et 
rabattues.  Ce  pas  d'armes  n'était  pas  dangereux,  on 
n'y  combattait  pas  à  fer  émoulu,  volt.  Mceurs,  99. 
Il  Fig.  Etre  frais  émoulu  du  collège,  ne  faire  que 
d'en  sortir.  Monsieur  est  frais  émoulu  du  collège, 
et  il  vous  donnera  toujours  votre  reste,  mol.  ilal. 
im.  II,  7. 11  Être  frais  émoulu  d'une  chose,  l'avoir 
étudiée  tout  récemment. 

t  ÉMOUSSAGE  (é-mou-sa-j') ,  s.  m.  Terme  ru- 
ral. Action  de  détruire  les  mousses  nuisibles. 

—  ÉTYM.  Émousser  2. 

1.  ÉMOUSSÉ,  ÉE  (é-mou-sé,  sée),  part,  paisé 
d'émousser  f.  ||  1°  Dont  le  tranchant,  la  pointe  est 
détruite.  Couteau  émoussé.  Il  brise  sa  cuirasse,  et 
le  fer  repoussé  Sur  le  céleste  acier  se  recourbe 
émoussé,  luce  de  lanc.  Hector,  v,  5.  ||  Terme  do 
botanique.  Se  dit  d'organes  qui  sont  dépourvus  de 
pointe.  Il  Terme  de  blason.  Se  dit  des  instruments  de 
fer,  sans  pointe.  ||  Fig.  La  justice  et  la  vérité  sont 
deux  pointes  si  subtiles  que  nos  instruments  sont 
trop  émoussés  pour  y  toucher  exactement,  pasc 
Puissances  trompeuses, imag.  \\  2° Fig.  Rendu  moins 
actif,  moins  pénétrant.  Mes  sensations  émoussées 
arrondissaient  tous  les  objets  et  ne  me  présentaient 
que  des  images  faibles  et  mal  terminées,  BufF.  Des 
sens.  Tes  faux  biens  sans  attrait  pour  mes  sens 
émoussés,  c.  delav.  Paria,  m,  4. 

2.  ÉMOUSSÉ,  ÉE  (é-mou-sé,  sée),  part,  passé 
d'émousser  2.  Arbres  émoussés. 

i.  ÉMOUSSER  (é-mou-sé),  v.  a.  \\  1°  Rendie 
mousse,  moins  tranchant,  moins  aigu.  Émousser 
un  rasoir,  la  pointe  d'une  épée.  ||  Terme  de  guerre. 
Émousser  les  angles  d'un  bataillon,  en  retrancher 
les  quatre  coins,  de  sorte  que,  formant  un  octogone, 
il  puisse  faire  face  de  tous  côtés.  ||  2°  Fig.  Afl'aiblir, 
diminuer.  L'habitude  émoussé  le  plaisir.  La  mort 
émoussera  tous  ces  piquants  propos,  tristan,  Ma- 
riane,  m,  2.  Son  dessein  pouvait  être  d'amollir  peu 
à  peu  leurs  esprits  en  désarmant  leurs  mains,  d'é- 
mousser celte  pointe  de  courage  qui  les  piquait  sans 
cesse  par  une  noble  émulation....  rollin,  Hist.  anc. 
CEuvres,  t.  v,  p.  614,  dans  pougens.  Dût  César  me 
punir  d'avoir  trop  émoussé  Le  fer  sacré  des  lois 
entre  nos  mains  laissé,  volt.  Guèbr.  i ,  4.  Jean  Rous- 
seau, banni  de  Paris,  Vit  émousser  dans  ce  pays 
[Bruxelles]  Le  tranchant  aigu  de  sa  pince,  id.  Ép. 
BS.  Il  3°S'émousser,  D.  réfl.  Devenir  moins  aigu.  L'a- 
cier de  Damas  coupe  le  fer  sans  s'émousser.  Le  fer.... 
s'émousse  s'il  [Dieu]  l'ordonne,  roth.  St  Genest , 
IV,  2. 11  Fig.  Le  courage  s'émousse  dans  l'oisiveté. 
Tous  ses  sens  s'émoussent  et  perdent  leur  usage  na- 
turel, MASS.  Av.  Mort  dupéch.  Qui  peut  savoir  com- 
bien toute  douleur  s'émousse,  Et  combien  sur  la 
terre  un  jour  d'herbe  qui  pousse  Efi'ace  de  tom- 
beaux? V.  HUGO,  F.  d'automne,  8. 

—  HIST.  xiv  s.  Si  que  sa  vertu  [d'une  sub- 
stance] est  mussée.  Et  leans  sa  pointe  esmoussée 
Faulte  de  respiration.  Traité  d'alch.  206.  ||xvi*  s. 
Les  aigles  et  les  lions  en  marchant  resserrent  leurs 
ongles  au  dedans,  de  peur  qu'ilz  n'en  usent  et 
emoussent  les  pointes,  amïot.  Delà  curiosité,  i». 
Quand  la  science  pourroit  esmoucer  et  rabbattra 
l'aigreur  des  infortunes,  mont,  n.  Ht. 

ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  mousse,  adj. 

2.  ÉMOUSSER  (é-mou-sé),  v.  a.  ôter  la  mousse 
d'un  arbre.  Les  arbres  sont  bien  taillés,  bien  émous- 
sés, les  espaliers  bien  tenus,  laqdintinye,  Jardins, 

1,  4. 

—  ÉTYM.  É  pour  eî....  préfixe,  et  moutse,  s.  f. 


1350 


ÉMO 


t  ÉMOCSSOIB  (é-mou-5olr),  t.  m.  Terme  rural. 
Instrument  pour  émouMer  las  arbres. 

—  BTYll.  Émtnum  ». 

ÉMOnSTILLÉ.fiE  (é-mou-sti-llé,  liée,  K  mouil- 
lée, et  non  é-mou-sU-yé,  yée),  part,  patte.  Emous- 
tillé  par  un  petit  coup  de  Champagne. 

ÉM008TIU.ER  (é-mou-sti-Ué,  U  mouillées,  et 
non  é-mou-sti-yé) ,  t>.  o.  Exciter  à  la  gaieté,  à  la 
bonne  humeur.  Cela  vous  émoustille.  Sa  mère  ne  la 
quittait  pas  d'un  pas;  en  lui  faisant  apprendre  à 
chanter,  on  lui  donnant  un  jeune  maître,  elle  fai- 
sait de  son  mieux  pour  l'émoustiller,  mais  cela  ne 
réussit  pas ,  J.  J.  Rouss.  Confess.  v.  ||  Absolument.  Le 
Champagne  émoustille.  ||  S'émoustiller ,  v.  rifl.  Sortir 
de  sa  torpeur. 

—  ÊTYM.ipour  et....  préfixe,  et  moustille,  qui 
se  dit  du  pétillement  du  vin  (voy.  moustille).  Le- 
roux, Dict.  comique,  dit  qu'il  signifie  écarter  les 
mouches;  de  sorte  qu'il  le  regarderait  comme  une 
corruption  de  esmouchiller ;  mais  rien  n'appuie  ni 
ce  sens  ni  cette  étymologie.  ÉmousHUer  n'est  ni 
dans  les  anciennes  éditions  de  l'Académie,  ni  dans 
Furetière,  ni  dans  Richelet. 

t  ÉMOUVANT,  ANTK  (é-mou-van,  van-f),  adj. 
Qui  émeut,  qui  cause  de  l'émotion.  Scène  émouvante. 

+  ÉMOUVEMENT  (é-mou-ve-man) ,  t.  m.  Action 
d'émouvoir;  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  xiv's.  Hz  sont  meuz  de  passion,  de  cha- 
leur et  esmouvement  de  folle  hardiesse,  oresme, 
Eth.  sa.  Comme  un  esmouvement  fait  la  boe  puir 
horriblement,  id.  ib.  26.  ||  xv'  s.  Et  tout  par  l'emou- 
vement  et  enortement  faiu  de  ce  Hue  le  despen- 
sier,  FROiss.  i,  i,  7. 

—  ÉTYM.  Émouvoir;  provenç.  esmovemen. 
ÉMOUVOIR  (é-mou-voir),  j'émeus,  tu  émeus,  il 

émeut,  nous  émouvons,  vous  émouvez,  ils  émeu- 
vent; j'émouvais;  j'émus;  j'émouvrai;  j'émouvrais; 
émeus,  qu'il  émeuve,  émouvons,  émouvez,  qu'ils 
émeuvent;  que  j'émeuve,  que  nous  émouvions,  que 
vous  émouviez,  qu'ils  émeuvent  ;  que  j'émusse; 
émouvant;  ému,  v.  a.  \\  i°  Mettre  en  mouvement. 
Six  chevaux  attelés  à  ce  fardeau  pesant  Ont  peine 
à  l'émouvoir  sur  le  pavé  glissant,  boil.  Sot.  vi. 
Il  2"  Agiter,  troubler.  Cette  drogue  émeut  les  hu- 
meurs. Cela  lui  émut  un  peu  le  pouls.  Ayant  ému 
les  flots,  apaisez  la  tempête,  tristan,  J'anthée, 
m,  1.  Il  ne  faut  rien  pour  vous  émouvoir  en  l'état 
où  vous  êtes,  MOL.  Mal.  imag.  ii,  3.  ||  Fig.  Émou- 
voir la  bile,  exciter  la  colère.  Et  je  vais  lui  dicter 
une  lettre  d'un  style  Qui.de  madame  Argante  émou- 
Tra  bien  la  bile,  ^egnard.  Légat,  n,  6.  ||  3°  Faire 
naître,  susciter.  Souffrez  qu'on  vous  appelle  Pour 
être  entre  nous  deux  juge  d'une  querelle,  D'un 
débat  qu'ont  ému  nos  divers  sentiments  Sur  ce  qui 
peut  marquer  les  plus  parfaits  amants,  mol.  Fdch. 
II,  4.  Si  je  ne  vous  vois  arriver,  je  croirai  que  cela 
vient  de  la  guerre  que  cette  préférence  aura  émue 
entre  eux,  sév.  82.  On  émeut  des  troubles  contre 
eux,  Boss.  Avert.  6.  S'était-on  avisé  d'émouvoir  une 
question  si  frivole?».  For.  <  5.  Ces  jours  passés,  chez 
un  v-ieil  histrion,  Un  chroniqueur  émut  la  question , 
Quand  dans  Paris  commença  la  méthode  De  ces 
sifflets  qui  sont  tant  à  la  mode ,  rac.  l'Origine  des  sif- 
flets {Épigr.  contre  Fontenelle).  On  a  ému  la  ques- 
tion si....  VOLT.  Dict.  philos,  iv,  487.  ||  4°  Pousser  au 
soulèvement,  à  la  sédition.  M.  de  Bcaufort  ne  sa- 
vait pas  que  qui  assemble  le  peuple  l'émeut  tou- 
jours, RETZ,  IV,  4«9.  [Ils]  courent  parmi  la  ville 
Émouvoir  le  soldat  et  le  peuple  imbécile,  corn. 
Sert.  V,  3.  Il  lui  faut  me  bannir,  de  crainte  que  mes 
cris  Du  peuple  et  de  la  cour  n'émeuvent  les  esprits, 
ID.  Perthar.  v,  3.  Antoine  émut  le  peuple  contre 
ceux  qui  l'avaient  tué  [César],  boss.  Hist.  m,  7. 
tu  guerre  émut  l'Asie  et  l'Egypte  alarmée;  Et  la 
terreur  s'accrut  comme  ta  renommée,  lemebc. 
Louis  IX,  III,  3.  Il  Exciter  des  troubles,  des  sédi- 
tions. Si  tu  n'étais  qu'un  l&cbe,  on  aurait  quelque 
espoir  Qu'enfin  tu  pourrais  vivre  et  ne  rien  émou- 
voir, CORN.  Perihar.  v,  5.  ||  6°  Fig.  Produire  sur 
l'âme  un  mouvement  comparé  au  mouvement  phy- 
sique. Mais  mon  déplaisir  ne  vous  peut  émouvoir, 
CORN.  Poly.  I,  2.  U  émut  le  sénat  pour  des  rois  ou- 
tragés, ID.  Pomp.  m,  2.  Je  ne  saurais  voir  d'hon- 
nêtes pères  chagrinés  par  leurs  enfants  que  cela 

ne  m'émeuve,  mol.  Fourber.   ii,    8 Le  cœur 

qu'un  vrai  mérite  émeut,  th.  cobn.  Ariane,  iv,  2. 
Ces  yeux  que  n'ont  émus  ni  soupirs,  ni  terreur, 
■*<••  ^"'-  ■'',  i.  Quand  mes  larmes  en  vain  tâchaient 
oel émouvoir,  id.  Bajax.  ni,  S.  .Mais,  si  mes  voeux 
ardent»  vous  peuvent  émouvoir,  id.  Phèd.  lil,  5, 
|l  Emouvoir  à,  porter  à  un  sentiment.  On  prend 
plaisir  à  sa  sentir  émouvoir  à  toutes  sortes  de 
pMbions,  DMc    Pats.  94.  Pour  vous  émouvoir  k 


ÉMO 

compassion,  pereot.  Tac.  »8.  Si  rien  à  la  pitié 
ne  peut  vous  émouvoir,  crébillon,  dans  despon- 
TAiNES.  Il  Absolument.  On  n'émeut  point  sans  être 
ému;  et  le  langage  de  l'enthousiasme  a  cela  de 
commun  avec  toutes  les  passions,  qu'il  est  ridicule 
lorsqu'il  n'est  qu'imité,  tdroot.  Ebauche  du  2» 
dise.  Progris  deFesprit  humain,  p.  sob.  ||  Il  se  dit 
aussi  des  sentiments  qu'on  met  en  mouvement. 
Mon  père  tout  caduc  émouvant  ma  pitié,  corn.  Ué- 
die,  1,  <.  Mon  crime  redoublé  n'émeut  point  ta  co- 
lère, id.  Uor.  IV,  7.  Je  pourrai  de  mon  père  émou- 
voir la  tendresse,  rac.  Phèd.  m,  6.  Je  ne  cherche 
qu'à  émouvoir  sa  sensibilité,  et  je  ne  veux  point 
exciter  sa  crainte,  m'"'  de  genlis,  Adèle  et  Théod. 
t.  I,  lett.  26 ,  dans  pougens.  ||  6»  S'émouvoir,  v.  réft. 
Eprouver  une  émotion,  i  ces  souvenirs  de  son  en- 
fance il  s'émut.  L'un  s'émeut  de  pitié,  l'autre  est 
saisi  d'horreur,  corn.  Hot.  m,  2.  L'orateur  re- 
courut A  ces  figures  violentes  Qui  savent  exciter 
les  âmes  les  plus  lentes;  U  fit  parler  les  morts, 
tonna,  dit  ce  qu'il  put;  Le  vent  emporta  tout,  per- 
sonne ne  s'émut,  la  font.  Fdbl.  vm,  4.  Tantôt  à 
son  aspect  je  l'ai  vu  s'émouvoir,  rac.  Athal.  v,  2. 
Votre  cœur  malgré  vous  s'émeut  et  s'adoucit,  volt. 
Ali.  i,*.\\  Par  extension.  La  terre  s'en  émeut,  l'air 
en  est  infecté,  bac.  Phèd.  v,  «.  ||  7°  S'emporter, 
s'irriter.  Le  jeune  homme  s'émeut  voyant  peint 
un  lion  :  Ahl  monstre  I  cria-t-il,  c'est  toi  qui  me 
fais  vivre  Dans  l'ombre  et  dans  les  fers,  la  font. 
Fabl.  VIII,  18.  Rebuté,  il  s'émeut  contre  eux,  boss. 
Ilist.  n,  4.  Sans  doute  à  cet  aspect  sa  rage  s'est 
émue,  rac.  Andr.  v,  6.  ||  8°  S'inquiéter.  Cléo- 
patre  s'enferme  en  son  appartement,  Et,  sans  s'en 
émouvoir,  attend  son  compliment ,  corn.  M.  de 
Pomp.  111,  t.  Viriate,  il  est  vrai,  pourra  s'en  émou- 
voir, ID.  Sertor.  i,  2.  Le  lendemain,  il  apprit  qu'on 
disputait  à  Delzons  la  possession  de  Malo-Iarosla- 
vetz;  il  ne  s'en  émut  guère,  soit  confiance,  soit 
incertitude  dans  ses  projets,  ségur,  Uisl.  de  Nap. 
IX,  2.  Il  9°  S'agiter,  s'insurger.  X  ce  spectacle,  le 
peuple  s'émut  :  les  statues  de  l'empereur  furent  ren- 
versées en  divers  endroits,  boss.  Hist.  i,  n.  Tout 
l'empire  s'émeut  contre  l'Église  naissante,  ID.  ib. 
II,  7.  On  vit  les  Gaules,  les  Espagnes,  tous  les  royau- 
mes dont  l'empire  était  composé,  s'émouvoir  tout 
a  coup,  ID.  ib.  Il,  9.  Il  10°  S'élever,  être  suscité. 
Entre  deux  bourgeois  d'une  ville.  S'émut  jadis  un 
différend,  la  font.  Fabl.  viii  ,  <9.  ||  Imperson- 
nellement. Son  voisin  devint  amoureux  de  sa  femme 
et  l'enleva;  il  s'émut  une  grande  querelle  ,  mon- 
TESQ.  Lett.  pers.  H.  ||  11°  On  dit  que  la  graine  des 
vers  à  soie  s'émeut  quand  elle  commence  à  blanchir. 
Il  Proverbe.  Il  ne  faut  pas  émouvoir  les  frelons,  c'est- 
à-dire  il  ne  faut  point  aller  irriter  des  gens  irritables. 
—  HIST.  XI*  s.  Li  amirals  qui  trestouz  les  esmut 
[mit  en  mouvement],  C/i.  de  7{oi.  cxcvii.  ||  xii' s. 
[Cil]  Qui  plus  ont  esmett  la  tanson  [querelle]  et 
l'envie,  Sax.  xx.  Cume  ço  vit  la  mère  que  l'um 
l'enfant  dut  detrenchier,  tut  le  quer  [cœur]  li  fud 
esmeûd.  Rois,  p.  237.  ||xiii"s.  La  comtesse  Marie.... 
si  acoucha  d'une  fille,  et  après,  quant  ele  fu  rele- 
vée ,  si  s'esmut  [se  mit  en  marche]  et  ala  outre-mer 
après  son  seigneur,  villeh.  cxxx.  Et  par  ce  que 
cis  pardons  fu  si  grans,  s'esmurent  moult  li  cuer 
des  gens,  si  que  maint  s'en  croisierent  par  le 
monde,  id.  i.  Quant  la  roine  vit  que  li  rois  s'esmo- 
voit,  si  l'en  pesa,  Chr.  de  Rains,  t92.  Raison  ne 
s'esmovra  jamais  A  chose  qui  contre  vous  aille, 
la  Rose,  <0388.  Ne  m'esmovez  pas  à  ire,  Psautier, 
1^)4  6.  X  l'esmouvoir  l'ost  le  roy,  r'ot  [il  y  eut  de 
nouveau]  grant  noise  [bruit]  de  tromi-pset  de  cors 
sarrazinois,  joinville,  227.  Garde  toy  >.^  esmouvoir 
guerre,  sanz  grant  conseil,  contre  home  crestien, 
ID.  301.  Il  XIV*  s.  Et  la  ville  s'esmuit;  casouns  keurt 
[court]  tangrement.  Pour  assalir  le  [la]  tour,  que 
Bauduin  deffent,  Beaud.de  Seb.  vu,  783.  Frère,  dit 
Gloriant,  par  Dieu  vous  dites  voir;  Pensons  de  nous 
haster  et  de  nous  esmouvoir;  Car,  s'il  se  ravisoit, 
trop  nous  porroit  doloir,  ib.  ix,  800.  ||  xv*  s.  Et 
voyoient  tout  le  pays  tourner  avec  la  roine  et  son 
ains-né  fils ,  et  dresser  et  émouvoir  contre  eux, 
froiss.  I,  I,  20.  L'un  ravist  tout,  l'autre  pert  son 
domaine;  Peuples  s'esmuet,  l'église  est  subournée; 
Noblece  fault,  tant  est  mal  ordonnée,  eust.  descb. 
Souffr.  du  peuple.  Guerre  s'esmeut  entre  eulx  pour 
leur  auctorité,  qui  a  duré  par  longues  années, 
COMM.  1,  7.  [Louis  XI  avait  recommandé  que  quand 
on  le  verrait  en  danger  de  mort]  on  ne  luy  dist 
fors  tant  seullement  :  parlez  peu,  et  que  on  l'es- 
meut  seullement  à  soy  confesser  sans  luy  prononcer 
ce  cruel  mot  de  mort,  id.  vi,  ti.  Elle  alloil  et  venoit, 
maintenant  ci,  maintenant  là,  tant  émue  qu'il  sem- 
bloit  qil'ellc  fuit  ravie  de  son  sans,  Looia  xi,  Nouv. 


ËMP 

c.  Il  XVI*  s.  Charger  la  parole  de  Dieu  des  séditions 
qu'esmeuvent  à  rencontre  d'icelle  les  fols  et  escer- 
velez  —  On  accusoit  les  apostres  comme  s'ils  eus- 
sent esmeu  le  populaire  à  tumulte  —  Ce  ne  sommes 
pas  nous  qui  esmouvons  les  troubles,  calv.  Instit. 
dédie.  11  estoit  esmeu  comme  la  fueille  de  l'arbre, 
ID.  ib.  434.  Esmouvoir  à  commisération  et  à  pitié 
—  Un  trouble  s'estant  esmeu  pendant  ce  parlement 
MONT.  I,  26,  Préparé  d'une  belle  oraison  pour  l'es- 
mouvoir à  la  guerre  contre....  ID.  i,  189.  Socratea 
va  tousjours  demandant  et  esmouvant  la  dispute, 
jamais  l'arrestant,  id.  ii,  239.  Et  s'estant  esmeu 
d'adventure  quelque  débat  et  différent  entre  les 
pasteurs,  amyot,  Rom.  7.  Amulius,  esmeu  de  ces 
raisons ,  luy  livra  entre  ses  mains  Remus  pour 
en  faire  punition,  id.  ib.  s.  Il  ne  s'esmeut  point 
autrement  de  cette  nouvelle ,  id.  Public.  27.  Il  se 
levoit  un  grand  vent  du  costé  de  la  mer,  qui 
emouvoit  de  grosses  vagues  dedans  le  canal,  id. 
Thém.  28.  Les  fondements  des  plus  hautes  mon- 
tagnes Tous  esbranlés  s'esmurent  grandement,  ma- 
rdi, IV,  263. 

—  ÉTYM.  Berry,  émouver;  provenç.  esmover,  es- 
movre;  du  latin  emoiere,  de  e,  et  motere,  mouvoir 
(voy.  mouvoir). 

EMPAILLAGE  (an-pa-lla-j',  U  mouillées,  et  non 
an-pa-ya-j'),  i.  m.  L'art  ou  l'action  d'empailler  des 
chaises,  une  paillasse,  des  animaux.  ||  Terme  de 
marine.  Sorte  d'exh-aussement  ou  d'abri,  dans  cer- 
tains bateaux. 

—  ÉTYM.  Empailler. 

EMPAILLÉ,  ËE  (an-pa-Uée,  liée,  12  mouillées,  et 
nonan-pa-yé,  yée),  part,  passé.  ||  1°  Rembourré  de 
paille.  Un  oiseau  empaillé.  On  voyait  des  têtes  pro- 
prement empaillées  qu'on  allait  porter  à  la  Sublime- 
Porte,  VOLT.  Cand.  30.  ||  2°  Défendu  par  de  la  paille. 
Un  figuier  empaillé  pour  l'hiver. 

t  EMPAILLEMENT  (an-pa-lle-man.  Il  mouillées, 
et  non  an-pa-ye-man),  s.  m.  ||  1°  Action  d'empailler 
les  chaises.  ||  2*  Action  d'empailler  les  animaux 
morts.  Il  3°  Action  d'entourer  de  paille  une  plante 
pour  la  garantir  du  froid.  ||  4°  Terme  rural.  Ensem- 
ble des  pailles  qui  proviennent  des  récoltes  de  cé- 
réales. Il  Action  de  mettre  dans  du  fumier  de  la 
paille,  des  feuilles,  des  herbes. 

—  ÉTYM.  Empailler. 

EMPAILLER  (an-pa-llé,  H  mouillées,  et  non  an- 
pa-yé),  ».  o.  Il  1°  Garnir  de  paille.  Empailler  des 
chaises.  Empailler  des  ballots.  ||  2°  Empailler  des 
animaux,  garnir  leur  peau  de  manière  à  conserver 
les  formes  qu'ils  avaient  dans  l'état  de  vie.  ||  3°  Terme 
de  jardinage.  Entourer  de  paille  des  arbres  pour  les 
protéger  contre  les  rayons  solaires,  contre  le  froid, 
les  atteintes  des  animaux  ou  des  instruments.  ||  En- 
velopper des  légumes  pour  les  étioler  et  les  faire  blan- 
chir. Il  Empailler  des  cloches  de  verre,  mettre  de 
la  paille  entre  des  cloches  pour  les  transporter  sans 
courir  le  risque  de  les  casser. 

—  ÉTYM.  En  *,  et  paille. 
EMPAILLEUR,   EUSE  (an-pa-Ueur ,    Ueû-z',   U 

mouillées,  et  non  an-pa-yeur,  yeû-z'),  *.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  empaille  des  chaises,  des  oi- 
seaux, etc. 

—  ÉTYM.  Empailler. 

f  EMPALANGË  (an-pa-lan-j') ,  ».  m.  Buffle  d'A- 
frique. 

EMPALÉ,  ÉE  (an-pa-lée,  lée),  part,  patte.  L'.is- 
sassin  de  Kléber  empalé  suivant  la  justice  turque. 

<.  EMPALEMENT  (an-pa-le-man),  s.  m.  Action 
d'empaler;  supplice  du  paL 

—  ÉTYM.  Empaler. 

t  2.  EMPALEMENT  (an-pa-le-man),  s.  m.  Petite 
vanne  de  moulin.  ||  Se  dit  aussi  des  vannages  d'ime 
usine. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  pale. 

EMPALER  (an-pa-lé),  v.  a.  Faire  subir  le  sup- 
plice du  pal.  De  la  sorte  que  vous  en  parlez,  je  crois 
aussi  que  vous  auriez  été  bien  aise  que  j'eusse  été 
empalé  une  demi-heure  pour  savoir  comment  cela  sa 
fait,  et  comment  l'on  s'en  trouve,  voit.  Lett.  60.  U 
y  a  quelques  années  que  l'on  condamna,  dans  la 
Tartarie,  deux  jeunes  gens  à  être  empalés,  pour 
avoir  regardé,  leur  bonnet  sur  la  tête,  passer  une 
procession  de  lamas,  volt.  l'H.  aux.  40  icus, 
proportions.  U  fit  empaler  un  boulanger  qu'il  avait 
surpris  en  fraude,  montesq.  J?tp.  xivi,  24.  ||Par 
extension.  J'aurais  donc  pour  ressource  des  escar- 
gots, des  vers,  des  mouches,  et  je  passerais  ma 
vie  à  me  mettre  hors  d'haleine  pour  courir  aprîs 
des  papillons,  à  empaler  de  pauvres  insectes.... 
J.  t.  HOuss.  Promen.  7.  ||  S'empaler,  v.  réft.  Se  dit 
quelquefois  d'un  accident  où  un  homme,  tombant  de 
haut  sur  quelque  objet  pointa,  se  fait  une  blessure 


£MP 


E^IP 


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1351 


comparée  à  un  empalement.  Il  est  malheureuse- 
ment tombé  sur  des  échalas  et  s'est  empalé. 

I  —  HIST.  XV'  s.  Et  toujours  traioient  [tiraient]  les 
Anglois  en  la  plus  grande  presse,  qui  rien  ne  perdoient 
de  leur  trait;  car  ils  empalloient  et  feroient  [frap- 
paient] parmi  le  corps  ou  parmi  les  membres  gens  et 
chevaux,  qui  là  cheoient  et  trebuchoient  àgrand  mes- 
ehef,  FROiss.  i,  i,  287.  Il  XVI' s.  En  son  anniversaire 
ils  tuoient  cinquante  chevaulx,  montez  de  cinquante 
pages,  qu'ils  avoient  empalez  par  l'espine  du  dos 
jusques  au  gosier,  et  les  laissoient  ainsi  plantez  en 

i   parade  autour  de  la  tumbe,  mont,  il,  169. 

'  —  rïTYM.  En  i,  et  pal.  Dans  l'ancienne  langue, 
empaler  signifie  seulement  percer  avec  un  pal  ou 
toute  autre  arme. 

t  EMPAMPKÉ,  ÉE  (an-pan-pré,  prée),  adj.  Garni 
de  pampre. 

—  HiST.  XVI'  s.  Pour  mieux  tromper  ses  ennuis, 
Le  chef  tout  empampré  de  joie ,  Gaillard  il  les  plonge 
et  les  noie  Au  fond  de  ses  plus  vineux  muiz,  J.  tabu- 
BEAU,  Poésies,  p.  t\6,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  pampre. 

EMPAN  (an-pan),  s.  m.  Mesure  de  longueur 
qu'on  prend  du  bout  du  pouce  à  l'extrémité  du  pe- 
tit doigt,  lorsque  la  main  est  ouverte  le  plus  possi- 
ble. L'empan  de  la  coudée  égyptienne  équivalait  à  ^  2 
doigts,  et  était  long  de  226  millimètres.  Sur  ma  plus 
haute  cime   un  aigle  s'est  perché  tenant  dans  sa 

serre  une  tête  de  brave Mange,    oiseau,   re- 

pais-tol  de  ma  jeunesse,  repais-loi  de  ma  bravoure  ; 
ton  aile  en  deviendra  grande  d'une  aune  et  ta  serre 
d'un  empan,  faubiel  ,  Chants  populaires  de  la 
Grèce,  t.  i,  p.  39.  ||  Terme  de  broderie  et  passemen- 
terie. L'étendue  des  deux  bras. 

—  ÉTYM.  Berry,  empane,  s.  f.;  wallon,  aspagne; 
namurois,  esplagne;  ital.  spanna;  du  germanique  : 
allem.  Spanne,  empan;  angl.  span;  du  verbe  span- 
nen,  étendre.  On  trouve  dans  les  anciens  textes  non 
empan,  mais  espan  ou  espane. 

EMPANACHE,  ÉE  (an-pa-na-ché,  chée),  part, 
passé.  Garni  d'un  panache.  Une  tête  empanachée 
N'est  pas  petit  embarras,  la  font.  Fahl.  iv,  6.  Te 
voilàravi  d'être  empanaché  de  vert,  hamilt.  Gram.  4. 

EMPANACHER  (an-pa-na-ché),  v.  a.  Garnir,  or- 
ner d'un  panache.  Empanacher  un  casque.  ||  S'em- 
panacher, V.  réfl.  Se  parer  d'un  panache. 

—  IIIST.  xvi°  s.  Empanacher,  nicot,  Dict. 

—  ÉTYM.  En  *,  et  panache. 

EMPANNÉ,  ÉE  (an-pa-né,  née),  part,  passé.  Mis 
en  panne.  Un  vaisseau  empanné  pour  prendre  hau- 
teur. 

EMPANNER  (an-pa-né).  ||  1°  K  o.  Terme  de  ma- 
rine. Mettre  en  panne.  ||  î°  F.  n.  Un  navire  empanne 
ou  est  empanné,  quand  il  est  masqué  par  le  côté  de 
l'écoute  de  ses  voiles. 

—  ÉTYM.  ^n  t,  et  panne. 

f  EMPANNON  (an-pa-non),  s.  M.  |]  1°  Terme  de 
charpentier.  Chevron  de  croupe,  qui  tient  aux  ar- 
rêtiers  par  le  haut,  et  par  le  bas  aux  plates-formes. 
Il  2°  Terme  de  charron.  Nom  de  deux  pièces  de  bois, 
qui,  prenant  des  deux  côtés  de  la  flèche  d'un  car- 
rosse, passent  sur  l'essieu. 

—  ÉTYM.  Probablement,  l'ancien  français  empen- 
non,  la  partie  d'une  flèche  garnie  de  plumes  (voy. 
Ehpennér),  par  comparaison  avec  la  disposition  des 
pièces  de  charpente. 

f  EMPANTODFLÉ,  ÉE  (an-pan-tou-flé,  flée), 
adj.  Qui  a  des  pantoufles  aux  pieds. 

—  HIST.  XVI'  s.  Empantouflé,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  pantoufles. 

t  EMPAQUETAGE  (an-pa-ke-ta-j'),  s.  m.  Action 
d'empaqueter.  L'empaquetage  du  coton. 

—  ÉTYM.  Empaqueter. 

EMPAQUETÉ,  ÉE  (an-pa-ke-té,;tée),  par(.  passé. 
Il  1°  Mis  en  paquet.  Du  linge  bien  empaqueté.  Et 
où  est-il,  m'écriai-je,  cet  habit  si  bien  empaqueté? 
BAMiLT.  Gramm.  7.  J'ai  laissé  le  livre  bien  empa- 
queté en  main  sûre,  boss.  Lett.  99.  ||  2°  Par  exten- 
sion, enveloppé  comme  une  sorte  de  paquet,  en 
parlant  des  personnes.  Notre  délunt  était  en  car- 
rosse porté,  Bien  et  dûment  empaqueté,  la  font. 
t'abl.  VII,  <f.  Sortons,  je  ne  saurais  qu'avec  dou- 
leur très-forte  Le  voir  empaqueté  [un  ami  mort]  de 
cette  étrange  sorte,  mol.  VÉtour.  ii,  4.  Près  d'un  bain 
chaud  [Plombières]  toujours  crotté.  Plein  d'une 
eau  qui  fume  et  bouillonne,  Où  tout  malade  empa- 
queté Se  baigne,  s'enfume  et  se  donne  La  ques- 
tion pour  la  santé,  volt.  Ép.  26.  ||  Se  dit  de  gens 
entassés  dans  une  voiture. 

EMPAQUETER  (an-pa-ke-té.  Le  t  se  double 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'empaquette, 
j'empaquetterai.  Il  faut  bien  se  garder  de  la  pro- 
nonciation, extrêmement  vicieuse,  de  quelques  per- 


sonnes qui  disent:  j'en-pa-kt') ,  v.  a.  ||  1°  Mettre  en 
paquet.  Empaqueter  du  linge.  Pour  aller  à  Lesbos, 
De  son  père  défunt  empaqueter  les  os,  bocrsault, 
Fab.  d'Esope,  li,  t.  le  l'avais  empaqueté,  serré, 
ployé  [un  habit] ,  que  toute  la  pluie  du  monde  n'en 
eût  point  approché,  hamilt.  Gramm.  7.  ||  2°  S'empa- 
queter, t).  réfl.  S'envelopper,  se  charger  d'habits. 
Elle  s'est  empaquetée  dans  deux  ou  trois  châles.||  Par 
extension.  S'empaqueter,  s'entasser  dans  une  voiture. 

—  HIST.  XVI' s.  Pourqoy,  estimant  un  homme, 
l'estimez-vous  tout  enveloppé  et  empaqueté?...  c'est 
le  prix  de  l'espée  que  vous  cherchez,  non  de  la 
gaine,  mont,  i,  324. 

—  ÉTYM.  Eni ,  et  paquet. 

f  EMPAKADISER  (an-pa-ra-di-zé) ,  ».  O.  Mettre 
en  paradis,  en  un  état  de  délices.  L'Art  d'emparadi- 
ser  les  âmes,  titre  d'un  livre  ascétique  duxvii'  siècle. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  paradis. 

t  EMPARENTÉ,  ÉE  (an-pa-ran-té,  tée),  adj. 
Qui  possède  des  parents  par  alliance.  Un. homme 
bien  emparenté.  ||  On  dit  aujourd'hui,  de  préfé- 
rence, apparenté. 

—  HIST.  xii'  s.  Quatre  escuiers  des  miex  [mieux] 
emparentés.  Bat.  d'Aleschans,  v.  3746.  ||  xin'  s. 
Graalent  fu  de  Bretuns  nés,  Gentix  et  bien  empa- 
rentés, MARIE,  Graalent. 

—  ÉTYM.  En  ^ ,  et  parent. 

EMPARER  (S')  (an-pa-ré),  v.  réfléchi.  \\  1°  Se 
saisir  de  quelque  chose.  S'emparer  d'un  héritage. 
L'ennemi  s'empara  de  la  ville.  Après  s'être  emparé 
des  droits  de  ma  naissance,  corn,  (^dipe,  u,  2. 
Et  je  n'envierai  plus  le  rang  dont  il  s'empare,  jn. 
Sertor.i,  i.  T'emparer  d'une  reine  en  son  propre 
palais,  ID.  ib.  v,  4.  ||  Terme  de  chimie.  Il  se  dit 
des  substances  qui  se  combinent  avec  certaines  au- 
tres, lorsqu'elles  se  trouvent  en  présence.  Le  fer 
s'empare  de  l'oxygène.  ||  2°  Fig.  S'emparer  de  la 
conversation.  S'emparer  des  derniers  moments  de 
quelqu'un.  Bientôt  l'amour,  fertile  en  tendres  sen- 
timents. S'empara  du  théâtre  ainsi  que  des  romans, 
BOiL.  Art  p.  III.  Il  est  aisé  de  s'emparer  de  l'esprit 
de  M.  de  Richelieu,  m'"'  de  caylds,  Souvenirs, 
p.  133,  dans  pouGENS.  Je  m'empare  aussitôt  de  ce 
grand  mouvement,  haynouard.  États  de  Blois,  iv, 
< .  Comme  un  reste  de  vie  se  retire  vers  le  cœur  à 
mesure  que  la  mort  s'empare  des  extrémités,  ségcr, 
Ilist.  de  Napol.  ix,  6.  ||  3°  Prendre  possession  de 
l'âme,  en  parlant  des  passions  et  émotions.  Une 
juste  fureur  s'empare  de  mon  âme,  rac.  Iph.  v,  2. 
De  vos  sens  étonnés  quel  désordre  s'empare  ?  m. 
Athal.  III,  6.  Mais  d'où  vient  que  mon  cœur  frémit 
d'un  saint  efl'roi  1  Est-ce  l'esprit  divin  qui  s'empare 
de  moi  ?  m.  ib.  7.  La  mollesse  et  la  volupté  s'em- 
parent de  mon  cœur,  fén.  Tél.  i. 

—  REM.  Saint-Simon  a  supprimé  le  pronom  per- 
sonnel :  Pour  rendre  la  guerre  plus  animée  et  plus 
durable,  [Louvois]  fait  brûler  Worms,  Spire  et  tout 
le  Palatinat  jusqu'aux  portes  de  Mayence  dont  il 
fait  emparer  les  troupes  du  roi,  st-sim.  406,  87. 
Mais  cela  est  mauvais  et  ne  doit  pas  être  imité. 
Il  2.  Emparé  ne  peut  pas  s'employer  absolument  au 
participe,  il  faut  dire  s'étant  emparé;  et  il  y  a  une 
faute  contre  l'usage  ou  du  moins  un  archaïsme  dans 
ce  vers  :  Son  génie  emparé  de  la  nature  entière  , 
viENNET,  Épttre  à  Fontanes. 

—  HIST.  xV  s.  Celuy  an  emparèrent  [fortifièrent] 
les  Anglois  la  ville  de  Sainct  Jame  de  Beuron,  la- 
queUe  chose  ils  ne  dévoient  faire,  al.  chart.  Hist. 
de  Ch.  VII.  Il  xvi'  s.  Donnons  licence  de  fortifier  et 
emparer  le  dit  bourg,  nu  cange,  arcaturia....  Vous 
ne  seriez  point  honorée  Simplement  d'une  pomme 
ronde,  Mais  auriez  la  main  emparée  De  la  monar- 
chie du  monde,  st-gelais,  179.  On  a  beau  clorre  et 
de  clefs  s'empartr  [se  remparer] ,  On  ne  saurait  les 
désirs  séparer,  iD.  200.  Depuis,  l'ambition  est  sur- 
venue, laquelle  a  emparé  les  hommes  mortels  des 
despouilles  qu'elle  avoit  ravi  à  Dieu,  calv.  Inst.  6  9 
Le  vice  adhère  tousjours  aux  entrailles  de  celuy  qui 
s'en  est  une  fois  emparé,  amyot.  Du  vice  et  de  la 
vertu,  3. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  portug.  amparar; 
ital.  imparare,  apprendre;  de  tn,  en,  etparare, 
disposer,  préparer  (voy.  parer).  Le  sens  propre  de 
ce  mot  est  rendre  prêt,  fortifier,  et,  par  suite,  saisir. 

I  EMPARFUMER  (an-par-fu-mé) ,  v.  a.  Emplir 
d'une  odeur  parfumée. 

—  HIST.  xvr  s Geste  Marguerite  Qui  ciel  et 

terre  emparfume  d'odeur,  rons.  56. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  parfum. 

t  EMPARQUER  (an-par-ké),  t'.  o.  Mettre  dans  un 
parc.  Il  Fig.  Circonvenir.  Bref,  Charost  se  laissa  em- 
parquer  et  maria  le  marquis  d'Ancenis  &  la  fille 
d'Entraigue,  st-sim.  22(,24(. 


—  UIST.  xin*  s.  Trop  ai  en  mauvais  Hou  mar- 
chié;  Li  dé  m'ont  pris  et  emparcbié;  Je  les  clalm 

quite,  ROTEB.  27. 

—  ÉTYM.  Eni,et  pare. 

t  EMPASME  (an-pa-sm*),  s.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Poudre  parfumée  qu'on  répand  sur  le  corps 
pour  en  absorber  la  sueur  ou  en  masquer  l'odeur. 

—  ÉTYM.  'Eputauiio,  de  iv,  en,  et  mioffeiv,  sau- 
poudrer. 

t  EMPASTELER  (  an-pa-ste-lé) ,  v.  a.  Terme  de 
teinture.  Employer  le  pastel  ou  guède  pour  faire 
prendre  le  bleu  aux  laines. 

—  REM.  Au  XVII'  siècle,  on  disait  emp&teler.  Par 
ces  mots  de  guéder  ou  d'empâteler  se  doit  entendre 
le  bleu  aux  laines  ou  étofi'es,  Instr.  génér.  pour  la 
teint,  fs  mars  )67i ,  art.  2<9. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  pastel. 

fEMPATAGE  (an-pa-ta-j'),  S.  m.  Action  d'em- 
pâter. 

—  ÉTYM.  Empâter. 

+  EMPATAGE  (an-pâ-ta-j'),  s.  m.  Action  de  mé- 
langer la  lessive  avec  l'huile  pour  la  fabrication  du 
savon. 

—  ÉTYM.  Empâter. 

EMPÂTÉ,  ÉE  (an-pâ-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°  Rempli  de  pâte  ou  de  chose  analogue  à  la 
pâte.  Les  mains  empâtées  de  plâtre.  ||Scie  empâtée, 
scie  qui  a  retenu  de  la  sciure  entre  ses  dents. 
Il  Terme  de  géologie.  Roches  empâtées,  celles  dont 
les  parties  sont  enveloppées  par  une  pâte  distincte. 
Il  Terme  de  minéralogie.  Texture  empâtée ,  texture 
d'une  roche  dont  la  base  est  une  pâte  homogène 
avec  parties  constituantes  ou  accidentelles  dissé- 
minées dans  cette  pâte.  ||  2°  Formé  en  une  sorte 
de  pâte.  La  porcelaine  et  la  frêle  beauté  De  cet 
émail  à  la  Chine  emp&té,  \olt.  Apolog.  du  lujce. 
Il  3°  Engraissé  avec  une  composition  alimentaice 
dite  pâte.  Volaille  empâtée.  ||  4°  Terme  de  peinture. 
Il  se  dit  des  tons  moelleux  et  bien  fondus.  Un  ta- 
bleau bien  empâté.  ||  Terme  de  gravure.  Des  chairs 
bien  empâtées,  des  chairs  moelleuses.  ||  5°  Pâteux, 
embarrassé  comme  par  de  la  pâte.  Langue  em- 
pâtée. Il  a  la  prononciation  empâtée.  ||  Terme  de 
musique.  Qui  manque  de  netteté.  Voix,  exécution 
empâtée.  |j  6°  Terme  de  manégo.  Cheval  empâté, 
cheval  dont  les  formes  sont  épaisses,  peu  distinctes, 
et  dont  les  extrémités  sont  garnies  de  beaucoup  de 
poils  longs,  gros  et  rudes.  Jarret  empâté,  jarret 
d'un  cheval  qui  est  trop  charnu,  par  opposition  à 
jarret  sec.  ||  Par  extension.  Homme  empâté,  homme 
de  formes  qu'on  a  comparées  à  celle  du  cheval 
empâté. 

t  EMPATELINER  (an-pa-te-li-né) ,  v.  a.  Caresser, 
séduire  par  des  manières  patelines. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  vieux  rêveur,  ce  mitouin  A  con- 
trefait le  patelin;  Il  l'a  si  bien  mitouinée  Et  si  bien 
empatelinée,  Qu'il  a  fait  ce  qu'il  a  voulu,  R.  belleau. 
la  Reconnue,  m,  5. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  patelin. 
EMPATEMENT  (an-pa-te-man),  s.  m.  \\  i'  Ce  qui 

sert  de  pied  à  quelque  chose,  pour  le  soutenir. 
Il  2°  Terme  d'architecture.  Epaisseur  de  maçonne- 
rie qui  sert  de  pied  à  un  mur.  ||  Pièces  de  bois  qui 
servent  de  pied  à  une  grue.  ||  3»  Terme  de  jardi- 
nage. L'endroit,  dit  aussi  'alon  de  la  tige ,  d'où  sort 
la  branche  ou  le  rameau.  ,.'4°  La  base  qui  sert  à 
fixer  les  algues.  ||  Terme  de  marine.  Entrelacement 
des  torons  de  deux  cordages  réunis  par  une  épis- 
sure. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Académie,  écri- 
vant patte  par  deux  t,  écrit  empâtement  par  un 
seul  t,  et  non  empattement.  Cela  oblige,  pour  ne 
pas  rompre  davantage  l'analogie,  à  écrire  par  un 
seul  t  empatage,  empâter,  empature. 

—  ÉTYM.  Empâter. 

EMPATEMENT  (an-pâ-te-man) ,  s.  m.  \\  1°  Eta 
de  ce  qui  est  empâté  ou  pâteux.  L'empâtement  de 
mains.  |12°  Engraissement  des  volailles.  ||  3"  Term 
de  peinture.  Action  d'empâter  un  tableau.  ||  Term 
de  gravure.  Efl'et  que  produit  le  mélange  des  points, 
des  tailles  et  des  hachures.   ||  4°  État  de  ce  qui  est 
embarrassé  comme  par  de  la  pâte.  L'empâtement  de 
la  langue,  de  la  voix.  ||  6°  Terme  de  médecine.  Gon- 
flement mal  circonscrit,  qui,  au  toucher,  donne  le 
sentiment  de  la  pâte. 

HIST.  XVI'  s.  Pour  à  toute  extrémité  engraisser 

et  chapons  et  poules,  convient  recourir  à  l'empag- 
tement,  o.  de  serres,  362. 

—  ÉTYM.  Empdier. 

t  EMPATER  (an-pa-té),  v.  o.  Fixer,  attacher 
avec  des  pattes.  ||  Terme  de  charron.  Empâter  des 
rais,  faire  les  pattes  des  rais  d'une  roue.  Ij  Terme  da 
construction.  Fonder  la  maçonnerie  qui  sert  de  base 


1352 


EMP 


■  un  mur.  ||  Terme  de  marine.  Entrelacer  les  toron» 
de  deux  cordages.  Joindre  deux  pièces  de  boisjuxta- 

pndées. 

—  f.TYJf.  En  I,  et  patte. 

EMPATER  (an-pft-té),  t'.  a.  ||  i'  Couvrir  de  pâle 
ou  de  matière  pAtouse.  Cela  m'a  empit6  les  mains. 
Vous  lui  empalerez  [à  Cerbère]  ses  trois  gueules  en 
lui  jetant  danscliacune  une  de  vos  boules  de  cire, 
lA  KONT.,  Piyehé,  n,  p.  t90.||  Remplir  de  pâte  les 
trous  d'une  meule  de  moulin.  {|  2"  Emp.Mer  une  vo- 
laille, l'engraisseravec  une  pâte  composée.  Il  S'Terme 
de  peinture.  Donner  de  l'épaisseur  aux  couleur.s,  sur- 
tout aux  carnations,  en  les  couvrant  et  recouvrant 
plusieurs  fois.  ||  Terme  de  gravure.  Mélanger  des 
points  faits  à  la  pointe  sèche  et  des  points  faits  à  l'eau- 
forte  avec  les  tailles  et  les  hachures.  ||  4°  Rendre 
pïlteui,  épais.  Empâter  la  langue.  ||  B"  S'empâter,  v. 
réfl.  Devenir  pâteux,  épais.  La  langue  s'empâte. 

—  HIST.  xm*  s.  Nus  ne  puet  mètre  en  sele  ne  en 
escu,  de  quelque  manière  que  la  sele  ou  li  escu 
soit,  chose  emprientée  [pressée,  compriméejne  em- 
pastée,  Liv.  des  met.  209.  ||xvi's.  Par  dessus  ajou- 
tera on  un  rerapar  d'argile  pour  engarder  l'eau,  les 
vents,  la  chaleur,  d'entrer  dedans,  l'empastant  pro- 
prement, et  par  ce  moien  en  couvrir  toutes  les 
joinctures,  o.  de  SEnaES,  663.  Son  visage  de  rouge 
et  de   blanc  empasté,  d'aub.  Trag.  n. 

—  ÉTYM.  En  i,  etpdtc/provenç.  etespagn.  em- 
patlar  ;  ital.  impastare. 

t  KMPAteur  (an- pâ- leur),  s.  m.  Celui  qui  em- 
pâte la  vtJaille. 

—  ÉTYM.  Empâter. 

t  EMPATTAGE,  EMPATTER ,  EMPATTURE ,  voy . 

ïlIPATAnB,    EMPATER,   EMPATURE. 

f  EMPATURE  (an-pa-tu-r') ,  t.  f.  Assemblage 
bout  à  bout  de  deux  pièces  de  bois,  au  moyen  de 
pattes  et  de  tenons.  ||  Terme  de  marine.  Partie 
suivant  laquelle  deux  pièces  de  bois  qui  se  croisent 
«ont  réunies  l'une  à  l'autre, 

—  ÉTYM.  Empaler. 

t  EMPAUME  (an-pO-m'),  s.  f.  Terme  de  maçon- 
nerie. Saillie  qu'en  taillant  une  assise  ou  un  tam- 
bour de  colonne  on  conserve  sur  les  parements, 
pour  en  faciliter  la  pose. 

—  ETYM.  Voy.  EHPAUMER 

IHPAUMË,  ÊE  (an-p6-mé,  mée),  part,  passé. 
Il  l"  Reçu  dans  la  paume  de  la  main.  Balle  bien 
empaumée.  ||  2°  De  l'esprit  de  qui  on  s'est  rendu 
naître.  Empaumé  par  un  charlatan. 

BMPAVMER  (an-pô-mé),  v.  a,  ||  1«  Recevoir  une 
Italie,  un  éleuf  dans  la  pautae  de  la  main  ou  en 
pleine  raquette,  et  les  relancer  avec  vigueur.  Em- 
paumer  la  balle.  ||  Fig.  Empaumer  la  balle,  saisir  à 
propos  le  moment,  l'occasion.  ||  2°  Terme  de  chasse. 
Une  part  de  mes  chiens  se  sépare  de  l'autre.  Et  je 
les  vois,  marquis,  comme  tu  peux  penser.  Chasser 
tous  avec  crainte,  et  Fiiiaut  balancer  :  Il  se  rabat  sou- 
dain, dont  j'eus  l'âme  ravie  ;  11  empaume  la  voie, 
MOL.  Fâcheux,  II,  7.  On  dit  que  les  chiens  empau- 
ment  la  voie,  quand ,  rencontrant  la  piste,  ils  la  sui- 
vent avec  ardeur.  ||  3»  Fig.  Empaumer  une  affaire,  la 
bien  saisir,  la  bien  conduire.  ||  Empaumer  quel- 
qu'un, se  rendre  maître  de  son  esprit.  Je  vois  qu'il 
a,  le  traître,  empaumé  son  esprit,  mol.  Éc.  des 
femmes,  ni,  6.  L'autre  [fils  deTurenne]  d'un  esprit 
faible,  qu'on  envoya  à  Rome,  que  les  jésuites  em- 
paumèrent  et  que  lo  pape  fit  prêtre,  st-sim.  2i  ,  249. 
La  reine  [d'EspagneJ  se  trouvait  sans  secours  et 
sans  ressource  en  elle-même,  et  le  temps  trop  court 
pour  qu'un  autre  eût  le  loisir  de  l'empaumer  assez 
pour  la  rendre  embarrassante  pendant  le  reste  de  la 
vie  du  roi,  lo.  81,  64. 

—  HIST.  XVI'  s.  Empaulmer  un  soufflet  [donner 
un  soufflet],  oudin,  Ci'c». 

—  ÉTYM.  Eni,  cl  paume  de  la  main. 
EMPAUMBRE  (an-pô-mu-r'),  s.  f.  ||  V  Partie  du 

gant  qui  prend  depuis  la  fente  des  doigts  jusqu'au 
pouce.  Il  2»  Terme  de  vénerie.  Le  haut  de  la  tête  du 
cerf,  qui  s'élargit  comme  une  main,  et  où  il  y  a 
plusieurs  andouillers  rangés  inégalement  comme  des 
doigts. 

—  HIST.  xvi*  s.  Pour  connoistre  s'il  y  a  empau- 
mure,  il  faut  qu'il  y  ait  une  largeur  au  bout  de  la 
teste  comme  la  paume  de  la  main,  d'où  est  venu  le 
nom  d'empaumure,  salnovb,  Yen.  p.  72,  dans  la- 

CURNK. 

—  ÉTYM.  Voy.  BMPAOKER. 

rlf^^^^  (»n-pô),  f.  t».  Terme  de  jardinage. 
Ente  ou  écoroe. 

od(  o!r„    ^'î'^'  ^^^^-  (an-pê-chan,  chan-f), 

httè,^"'».' "'•  'L"i»*"«-  *ï'''"'  "es  figures  fort 
irrégulières  et  empêchantes    drsc.  Monde,  ».  Le 


EMP 

joug  le  plus  empêchant  que  le  monde  impose,  boss. 
IV,  Véture,  I. 

EMPËCITÉ,  ÉE  (an-pê-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1°  Arrêté  par  une  entrave.  Empêché  par  la  timi- 
dité de  prendre  la  parole.  ||  2°  Qui  éprouve  de  la 
difficulté  à  ou  pour.  Jeunes  cœurs  sont  bien  empê- 
chés X  tenir  leurs  désirs  cachés,  la  font.  Fianc. 
Il  est  fort  empêché  à  tromper  sa  femme,  qui  croit 
son  fils  en  santé,  et  il  est  mort,  sÉv.  867.  On  se 
trouve  empêché  à  rendre  l'élégance....  boss.  Hist. 

II,  43.  Je  sais  bien  qu'il  est  difficile  d'exprimer  la 
aouleur  d'une  mère  :  on  ne  trouve  pas  aisément  des 
traits  qui  nous  représentent  au  vif  des  émotions  si 
violentes,  et,  si  la  peinture  y  a  de  la  peine,  l'élo- 
quence ne  s'y  trouve  pas  moins  empêchée,  id.  Prem. 
serm.pour  le  vend,  de  la  Pass.  1.  Des  Suisses  fu- 
rent scandalisés  delà  conférence  de  Luther,  non 
tant  à  cause  que  le  diable  y  paraissait  comme  doc- 
teur; ils  étaient  assez  empêchés  de  se  défendre 
d'une  semblable  vision,  dont  nous  avons  vu  que 
Zuingle  s'était  vanté,  m.  Var.  iv,  §(8. 113°  Em- 
barrassé. Me  rendant  moins  content,  me  rend  plus 
empêché,  Régnier,  Sat.  m.  Les  plus  clairvoyants  y 
sont  bien  empêchés,  cohn.  Nicom.  m,  4.  Si  vous 
me  demandiez  ce  que  fait  Cléopatre  dans  Rodogune 
depuis  qu'elle  a  quitté  ses  deux  fils,  jusqu'à  ce 
qu'elle  rejoigne  Antiochus  au  quatrième,  je  serais 
bien  empêché  à  vous  le  dire,  et  je  ne  crois  pas  être 
obligé  d'en  rendre  compte,  lu.  Troisième  dise.  Un 
point  sans  plus  tenait  le  galant  empêché,  la  font. 
Fabl.  IV,  il.  Introduirai-je  un  roi  qu'entre  ses  fa- 
voris Elle  [fortune]  respecte  seul,  roi  qui  fixe  sa  roue. 
Oui  n'est  point  empêché  d'un  monde  d'ennemis  ? 
ID.  ib.  IV,  12.  Le  Romain  se  retire,  Bien  empêché  de 
ce  secret,  lo.  Joe.  Qui  fut  bien  empêchée?  Ce  fut 
Clitie,  ID.  Faueon.  Et  vous  seriez,  ma  foi,  toutes 
bien  empêchées  Si  le  diable  les  prenait  tous  [les 
hommes],  mol.  Amph.  11,  5.  Le  bon  père  se  trou- 
vant aussi  empêché  de  soutenir  son  opinion  au  re- 
gard des  justes  qu'au  regard  des  pécheurs,  pasc. 
Prov.  i.  Combien  les  beaux  esprits  sont  quelque- 
fois empêchés  de  leur  personne!  sÉv.  tu,  On  serait 
bien  empêché  de  dire  ce  qui  arrivera,  m.  643.  Je 
suis  bien  empêché;  la  vérité  me  presse,  Le  crime 
est  avéré,  lui-même  le  confesse,  RA.C.  Plaid,  m, 
3.  Nous  serions  tous  bien  empêchés.  Si  l'on  nous 
parlait  comme  on  pense,  lamottb,  Fahl.  v,  20. 
Les  docteurs  de  Louvain  furent  très-empêchés 
en  recevant  la  bulle,  VOLT.  Louis  XIV,  37.  ||  4°  Re- 
tenu par  des  occupations.  Dis-lui  que  je  suis  em- 
pêché et  qu'il  revienne  une  autre  fois,  |M0L.   Vàv. 

III,  13.  Il  Substantivement.  Faire  l'empêché,  se  don- 
ner des  airs  d'homme  très-occupé. 

—  REM.  Empêché  dans  le  sens  d'embarrassé, 
suivi  d'un  infinitif,  prend  ordinairement  à  et  quel- 
quefois de  (voy.  les  exemples). 

EMPÊCHEMENT  (an-pê-che-man),  î.  m.  Action 
d'empêcher,  entrave,  obstacle Mille  empêche- 
ments que  vous  forez  vous-même,  Pourront  de  tou- 
tes parts  aider  au  stratagème,  corn.  Nicom.  v,  6. 
Sans  empêchement.  De  ces  bords  jusqu'à  Home  on 
arrive  aisément,  MAIR.  Sophon.i,  4.  Vient-elle  ôter 
aux  morts  les  larmes  que  je  verse.  Et  mettre  empê- 
chement à  ce  triste  commerce?  rotrou,  Antig.  ra, 
7.  En  murmurant  contre  les  empêchements,  pasc. 
dans  cou.çm.  Si  nous  souffrons  les  empêchements 
extérieurs  en  patience,  id.  ib.  La  manière  dont 
nous  supportons  les  empêchements,  ID.  i6.||  Empê- 
chement de  la  langue,  difficulté  de  prononciation. 
Moyse  dit  à  Dieu  :  J'ai  un  empêchement  de  langue, 
volt.  Philos.  IV,  139.  Il  Terme  de  jurisprudence. 
Empêchement  de  mariage,  obstacle  au  mariage  de 
deux  personnes.  Empêchement  dirimant,  celui  qui 
entraîne  la  nullité  du  mariage  contracté  au  mépris 
de  cet  empêchement.  Empêchement  prohibitif,  ce- 
lui qui  n'entraîne  pas  la  nullité  de  mariage.  Le  pape 
par  la  dispense  avait  levé  l'empêchement  de  l'affi- 
nité, MAUCROix,  Schisme,  liv.  i,  dans  richelet. 
Il  "Terme  d'astrologie.  Empêchement  de  lumière, 
position  d'une  planète  tardive  qui  se  trouve  entre 
deux  planètes  véloces. 

—  HIST.  X*  s.  Melz  [mieux]  [elle]  sostendreiet  les 
empedementz  Qu'elle  perdesso  [que  de  perdre]  sa 
virginitet,  Eulalie.\\xu'  s.  Toute  li  [la]  commun- 
gne  de  Tornai  nous  doit  secorre,  s'il  sans  empêche- 
ment puent  venir  dusques  là,  tailliar.  Recueil, 
p.  «»9.  Ensement  [en  même  temps]  ad  asols  [il  a 
absous]  les  moines  del  covent;  Les  suens  [siens] 
voleit  baisier  senz  empeechement,  Th.  mari.  121. 
Il  xm*  s.  Et  grans  empecquemens  est  as  baillis  et 

asjugesd'oïr  longes  paroles,  beaum.   v,   11 Si 

comme  quant  aucuns  se  plaint  d'empeecemens  de 
lor  communs,  id.  ix,  9.  j|xv  s.  Nul  serviteur  ne 
parent  du  duc  Jean  Galeas  de  Milan  donnoit  empes- 


EllP 

chôment  au  seigneur  Ludovic  à  prendre  la  duché 
pour  luy,  que  la  femme  duditduc,  comm.  vu,  a 

—  ÉTYM.  Empêcher. 

EMPÊCHER  (an-pê-ché),  v.  a.  ||  !•  Mettre  en- 
trave à  quelqu'un.  La  nuit  de  sa  vue  Ne  l'empêche 
pas  tant  que  la  nuit  de  son  coeur,  malh.  i,  4.  Je 
sais  l'art  d'empêcher  les  grands  cœurs  de  faillir, 
CORN.  Sertor.  iv,  2.  Oui,  j'ai  juré  sa  mort,  rien  na 
peut  m'empêcher,  mol.  Sgan.  21.  Que  votre  com- 
munication ne  vous  empêche  en  aucun  de  vos  de- 
sirs,  BOSS.  Lett.  Corn.  3i.  ||  n  se  dit  aussi  quel- 
quefois dans  un  sens  favorable.  Ni  vous-même,  ni 
le  peuple  n'avez  prétendu,  en  créant  ces  nouveaux 
magistrats,  que  de  donner  à  cette  loi  des  prolec- 
teurs et  aux  pauvres  des  avocats  qui  les  empêchas- 
sent d'être  opprimés  par  les  grands,  vertot,  Réiol. 
rom.  II,  p.  183.  Il  2°  Être  cause  que  quelque  chose 
ne  se  fasse  pas.  Quoi  !  madame,  faut-il  que  mon 
peu  de  puissance  Empêche  les  devoirs  de  ma  recon- 
naissance? corn.  If^de'e,  IV,  6.  Dis-lui  que  l'amitié, 
l'alliance  et  l'amour  Ne  pourront  empêcher  que  les 
trois  Curiaces  Ne  servent  leur  pays  contre  les  trois 
Horaces,  id.  Ilor.  n,  2.  Quand  j'empêche  sa  mort, 

il  m'arrache  la  vie,  th.  corn.  Ariane,  v,  B il 

y  fit  des  fagots  dont  la  vente  Empêcha  qu'un  long 
jeûne  à  la  fin  ne  fît  tant  Qu'ils  allassent  là-bas 
exercer  leur  talent,  la  font.  Fabl.  x,  16.  Le  pre- 
mier président  a  apporté  un  ordre  pour  empêcher 
que  certains  greffiers  ne  prissent  de  l'argent  pour 
cette  préférence,  pasc.  Prov.  18.  Ce  grand  Dieu, 
pour  empêcher  le  progrès  d'un  si  grand  mal  [l'ido- 
lâtrie] ,  au  milieu  de  la  corruption  commença  à  s3 
séparer  un  peuple  élu,  boss.  Bist.  1,  3.  Il  est  bon 
d'empêcher  ces  emplois  fastueux  D'être  donnés  peut- 
être  à  des  âmes  mondaines,  boil.  Sat.  x.  La  pluig 
presque  continuelle  empêche  qu'on  ne  se  promène 
dans  les  cours  et  dans  les  jardins,  rac.  46'ie/(.  à  Boil. 
Je  couvrais  ces  matières-là  d'un  galimatias  philoso- 
phique qui  empêchait  que  les  yeux  de  tout  le  monde 
ne  les  reconnussent  pour  ce  qu'elles  étaient,  fom- 
ten.  Dial.  de  Plat,  et  de  Marg.  Les  fautes  considé- 
rables d'Homère  n'ont  jamais  empêché  qu'il  ne  fût 
sublime,  volt.  Louis  XIV,  32.  ||  8°  Gêner  l'exercice 
de.  Trop  de  distance  et  trop  de  proximité  empêche 
la  vue,  PASC.  dans  cousin.  Trop  de  jeunesse  et  trop 
de  vieillesse  empêche  l'esprit,  id.  ib.  ||  4"  S'empê- 
cher, V.  réfléchi.  Se  défendre,  s'abstenir  de.  Il  ne 
put  s'empêcher  de  parler.  Mais  tu  ne  pouvais  pas 
t'empêcher  de  le  faire,  mair.  Mort  d'Asdr.  i,  t.  Je 
ne  puis  m'empêcher,  si  bien  que  je  résiste,  De 
croire  à  ces  derniers  [songes]  qui  n'ont  rien  que  de 
triste,  ID.  Sophon.  n,  3.  Je  m'empêcherais  bien  de 
servir  de  matière  X  la  sévérité  de  ton  humeur  al- 
tièro,  ID.  ib.  v,  2.  ||  S'embarrasser.  La  raison  en  est 
belle,  et  c'est  par  là  qu'il  s'empêcherait  des  choses I 
MOL.  F  est.  I,  1. 

—  REM.  D'après  Voltaire  {Remarq.  sur  Corn.)  et 
d'après  certains  grammairiens,  empêcher  demande 
toujours  un  régime  direct  de  la  personne,  et  c'est 
une  faute  de  dire  :  on  nous  empêche  l'accès  de  cette 
maison.  Cependant  cette  locution  a  été  employée 
par  bien  des  écrivains  très-autorisés  :  par  Malherbe  : 
La  seule   raison  qui  m'empêche  la  mort,  v,  13; 
par  Corneille  :  Cet  orgueilleux  esprit,  enfié  de  se« 
succès.   Pense  bien   de  ton  cœur  nous  empêch» 
l'accès,  Hicom    11,    45;  par  Racan  :  L'excès  de 
la  douleur  m'empêche   la  parole.  Berger,  iv,   6; 
par  Bossuet  :  Pour  lui  en  empêcher  les  approches, 
II,  Fr.  de  P.  1;  La  jeunesse  à  qui  la  violence  de 
ses  passions  empêche  de  connaître  ce  qu'elle  fait, 
Serm.  quinq.  2  ;  par  Saint-Simon  :  Tallard  compte 
pouvoir  empêcher  aux  ennemis  le  passage  de  1» 
rivière,    134,    233;    par  Chateaubriand  :  Philippe 
aperçut  l'échauffourée,  et,  toujours  poursuivi  de 
l'idée  de  trahison,  il  s'écrie  :  tuez,  tuez  cette  ri- 
baudaille  qui  nous  empêche  le  chemin,  Hist.  dé 
France,  dans  godefrot,  Lex.  de  Corneille.  \\  2.  Em- 
pêcher veut  de  avant  l'infinitif.  ||  3.  Avecçue,  la  pro- 
position subordonnée  prend  ne.  J'empêche  qu'il  ne 
vienne.  Cette  règle  peut  être  négligée  dans  les  vers  : 
Si  son  cœur  m'est  volépar  ceblondin  funeste.  J'em- 
pêcherai du  moins  qu'on  s'empare  du  reste,  mou 
Éc.  des  f  IV,  7.  Mais  en  prose,  elle  ne  doit  pas  l'ê- 
tre, ou  du  moins  elle  ne  l'est  pas  d'ordinaire;  ce- 
pendant on  trouve  des  phrases  comme  les  suivantes, 
qui,  à  le  bien  prendre,  n'ont  rien  de  fautif  en  soi, 
le  ne  étant  purementexplétif:  Vingt-cinq  grenadierc 
posés  à  sa  porte  [de   Gyllembourg]  eurent  ordre 
d'empêcher   que  personne  pût  lui  parler,   sT-sm. 
467,  187;  Vous  savez   tempérer  le  feu  qui  vous 
anime,  et  empêcher  qu'il  vous  dévore,  volt.  Roi  de 
Prxisse,  226.  Il  4.  Si  empêcher  est  accompagné  de 
la  négation  ou  est  dans  une  phrase  interrogative, 


EMP 

la  proposition  subordonnée  peut  prendre  ou  ne 
pas  prendre  ne  :  Je  n'empêche  pas  qu'il  ne  sorte 
ou  qu'il  sorte.  Si  l'on  ne  veut  pas  faire  le  bien ,  il 
ne  faut  pas  empêcher  que  les  autres  le  fassent. 
Empêchez-vous  qu'on  vienne  ou  qu'on  ne  vienne? 
Cela  n'empêchera  pas  que  je  ne  conserve  pour  vous 
les  sentiments  d'estime  et  de  vénération  où  votre 
personne  m'oblige,  mol.  Powc.  m,  9.  Vous  n'em- 
pêcherez pas  que  ma  gloire  offenséa  N'en  punisse 
aussitôt  la  coupable  pensée,  rac.  Mithr.  ii,  6. 

—  HIST.  XIII'  s.  Li  juges  seroit  empeciés  par  la 
multitude  des  paroles,  et  seroieiit  li  plet  trop  lonc, 
BEAUM.  y,  8.  Et  à  tort  li  empeequieriemes  [nous 
rem[.iêcherions],  id.  xii,  (0.  Je  vous  conteroie  bien, 
se  je  ne  dotoie  à  empeschier  ma  matière,  joinv. 
20B.  Il  XIV  S'il  [l'ongle]  fust  par  dedens,  il  empce- 
chastle  touchement,  h.  demondeville,  f°  il, verso. 
Il  XV  s.  [Le  pape  Grégoire]  s'estoit  si  fort  empêché 
des  besognes  de  France  et  tant  travaillé  du  roi,  que 
à  peine  pouvcit-il  à  lui  entendre,  froiss.  ii,  ii,  20. 
Et  si  y  adjoustez  autre  cause  qui  t'esmeut,  c'est 
à  sçavoir  le  exemple  de  moy,  qui  me  empesche 
rie  servir  en  la  cour  royal,  al.  chart.  le  Curial. 
Mais  après  lui  montèrent  tant  d'autres,  désireux 
semblablement  d'avoir  honneur  à  la  journée,  que 
l'un  empeschoit  l'autre,  Boucic.  i,  14.  Mais  le  duc 
Charles  et  le  comte  d'Angouleme  furent  depuis  fort 
empeschez  de  prison,  fenin,  ho8.  Disoit  que  ledit 
duc  lui  empeschoit  Sainct  Vallery  et  autres  terres, 
COMM.  III,  I.  Hz  ne  furent  point  veuz,  pour  ce  que 
chascun  estoit  empesche  à  se  loger,  id.  m,  <o.  Les 
fruitz  de  la  terre  qui  les  empeschoyent  à  aller,  id. 
1,3.  De  quoy  si  petits  personnages  s'empeschoient 
de  si  grant  matière,  id.  i,  42.  ||  xvi*  s.  Les  grans 
géants  qui  s'empeschent  d'attaindre  Jusques  aux 
cieiix  pour  nuire  à  Jupiter,  makot,  m,  <33.  L'ap- 
pétit enragé  de  mesdire  qui  incite  ces  vilains,  Igs 
empesche  qu'ils  ne  peuvent  considérer  ce  que  tout 
le  monde  voit,  calvin,  Inslit.  790.  Fuir  les  passions 
qui  empeschent  la  tranquillité  du  corps  et  de  l'ame, 
MONT.  I,  284.  Si  je  n'en  faisois  du  tout  tant  que 
j'en  dis,  au  moins  il  m'en  coustoit  à  m'empescher 
de  le  faire,  id.  i,  31  b.  Ce  préservatif  empeschera 
que  la  contagion  de  ce  venin  n'offensera  ny  vous 
ny  vostre  assistance,  id.  Il,  3(4.  Pour  loger  la  va- 
leur de  cent  esciJS  de  celte  monnoye,  il  falloit  en 
empescher  tout  ungrand  cclier  en  la  muison,  amvot, 
Lyc.  H 3.  Adonc  les  femmes  se  retiierent  tn  leurs 
maisons,  faisans  leur  compte  qu'il  n'estoit  plus  be- 
soing  qu'elles  s'empeschassent  des  affaires  de  la 
guerre,  id.  Pyrrhus,  68. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  empoché,  empêcher,  am- 
pigé ,  embarrassé;  wallon,  épéchi ,  empêcher; 
provenç.  empedegar,  et  aussi  empaichar,  empai- 
tar  ,  enpasar ,  empechar.  La  forme  provençale 
empaichar,  etc.  et  la  forme  française  empacher 
qui  se  trouve  aussi  {Assises  de  Jérus.  p.  34,  dans 
lacurne),  viennent,  comme  l'a  montré  Diez,  d'une 
forme  non  latine  ,  impactiare ,  pour  impaclare, 
dérivé  du  latin  impactum,  lancer  contre.  Mais  le 
provençal  empedegar  et  le  français  cmpeechier  vien- 
nent de  impedicare  (de  in,  en,  et  pedica,  piège; 
voy.  PIÈGE  ).  Impedicare  a  donné  cmpeechier, 
comme  prxdicare,  preechier ;  d'où  la  contraction 
consécutive  empêcher  ;  on  voit  que  l's  qui  se  trouve 
dans  les  anciens  textes  est  purement  adventice. 

t  EMPÉDOCLÉEN,  ENN'E  (an-pé-do-kié-in,  è-n'), 
adj.  Qui  appartient  à  Empédocle,   à  ses  doctrines. 

—  ÉTYM.  Empédocle,  philosophe  grec  qui  vivait 
dans  le  v  siècle  avant  l'ère  chrétienne. 

EMPEIGNE  (an-pè-gn'),  i.  f.  Pièce  de  cuir  qui, 
dans  un  soulier,  s'étend  depuis  le  cou-de-pied  jus- 
qu'à la  pointe. 

—  HlST.  XIV  s.  Empiegne,  du  cange,  impedia, 
Empangne,  id.  empedia.  ||  xv  s.  Et  unes  bottes  de 
basanne,  Autant  empeigne  que  semeUe,  villon, 
Grand  test.  legs. 

—  ÊTYM.  Espagn.  empeyne,  cou-de-pied;  bas-lat. 
impedia.  Le  bas-latin  vient  de  in,  en,  et  pes,  pedis, 
pied  ■  ce  qui  est  sur  le  pied.  Si  le  français  et  l'espa- 
gnol en  viennent  aussi,  la  dérivation  est  fort  irré- 
gulière. Faudrait-il  y  voir  un  dérivé  de  l'allemand 
Spanne,  analogue  à  empan  (voy.  ce  mot)? 

t  EMPELLEMENT  (an-pè-le-man),  s.  m.  Terme 
rural.  Synonyme  de  vanne. 

—  ÉTYM.  En  I ,  el  pelle. 

t  EMPELOTER  (an-pe-lo-té),  v.  a.  \\  1»  Mettre  en 
pelotes.  Il  2°  S'empeloter,  D.re'/Î.  Terme  de  faucon- 
nerie. Se  dit  d'un  oiseau  qui  ne  peut  digérer  ce 
qu'il  a  avalé,  le  bol  alimentaire  qui  fait  indigestion 
se  roulant  en  pelote  dans  le  gosier  de  l'oiseau.  Fau- 
con empeloté. 

—  ÉTYM.  En  I,  Si  peloi  . 

DICT.   DE  LA  LANGUE   FRANÇAISE. 


EMP 

t  EMPELOTONNEMENT  (  an-pe-lo-lo-ne-man  ), 
s.  m.  Terme  d'art  militaire.  Formation  du  peloton 
d'infanterie. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  peloton. 

f  EMPÊNAGE  (an-pê-na-j'),  s.  m.  Etat  d'une  ser- 
rure à  plus  d'un  pêne. 

—  ÊTYM.  Kmpiner. 

t  EMPÊNER  (an-pê-né),  v.  a.  Garnir  une  ser- 
rure de  plus  d'un  pêne. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  pêne. 

f  EMPENNE  (an-pè-ii'),  s.  f.  Ancien  terme  mili- 
taire. Aileron  de  plume  qu'on  assujettissait  à  une 
flèche  pour  assurer  la  justesse  de  son  vol.  \\  Au  plur. 
Terme  de  blason.  Plumes  qui  garnissent  la  flèche. 

EMPENNÉ,  EE  (an-p5-nné,  née),  part,  passé. 
Garni  de  plumes.  Mortellement  atteint  d'une  flèche 
empennée,  la  font.  Fabl.  ii,  s>.  Ouand  ces  beaux 
oiseaux  [llamants]  volent  à  rencontre  du  soleil,  ils 
ont  l'air  de  flèches  empennées  avec  des  plumes  cou- 
leur de  rose,  chateaubr.  Lin.  ni,  il.||  Terme  de 
blason.  Flèche  empennée,  flèche  qui  a  ses  empen- 
nes d'un  autre  émail  que  le  bois. 

f  EMPENNELAGE  (an-pè-ne-la-j'),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Action  de  mouiller  ensemble  deux  ancres 
d'inégale  grosseur,  la  petite  étant  placée  en  avant 
de  la  grande,  et  liée  à  celle-ci  par  un  bout  de  gielin. 

■f  EMPENNELER  (an-pè-ne-lé.  VI  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'empennelle),  v.  a. 
Terme  de  marine.  Mouiller  une  petite  ancre  en 
avant  d'une  autre  plus  grosse  à  laquelle  la  première 
est  amarrée. 

f  EMPENNELLE  (an-pè  nê-l'),  s.  f.  Terme  de 
marine.  Petite  ancre,  qui  tient  par  un  câble  à  la 
grosse,  et  qu'on  mouille  devant  elle,  pour  tenir  le 
vaisseau  plus  ferme. 

EMPENNER  (an-pè-nné),  e.  o.  Garnir  une  flèche 
de  plumes.  La  nièce  de  Chactas  empennait  des  flè- 
ches avec  des  plumes  de  faucon,  chateaubr.  Natch. 

II,    105. 

—  HIST.  XI*  S.  Un  algier  [dard]  [il]  tint  qui  d'or 
fut  enpenet,  Ch.  de  Roi.  xxxii.  Hxii»  s.  Ange  en- 
penné  la  portèrent  chantant,  Ronc.  p,  106.  ||  xiii«  s. 
Et  puet  [l'archer]  enpener  sesquarriaus  ou  ses  flei- 
ches  de  tei  [telles]  pannes  corne  il  voudra,  soit  de 
gelines  ou  d'autres,  Liv.  des  met.  260.  Li  sergent 
qui  furent  amont  Descochent  carriax  enpenez, 
Rcn.  18979.  Il  xiv  s.  Et  Piètre,  qui  chevauche 
comme  oiselempenez,  Regarde  tout  entour,  si  s'est 
tout  seul  trouvez,  Gucscl.  15077.  ||  xvi"  s.  On  nous 
les  placque  [ces  sentences]  en  la  mémoire  toutes 
empennées,  comme  des  oracles,  mont,  i,  163.  Ce 
n'estoit  doncques  assez,  si  mesme,  pour  haster  le 
coup,  on  n'eust  quasi  comme  empenné  telles  ar- 
mes, les  faisant  voler  aux  despens  de  i.otre  vie,  ap- 
propriant des  ailes  à  la  mort,  paré,  ix,  Préf.  0  fol 
qui  haste  les  années  Qui  ne  sont  que  trop  eaipen- 
nées,  DU  Bellay,  iv,  66,  recto. 

—  ÉTYM.  Provenç.  empennar;  ital.  impennare  ; 
du  latin  in,  elpenna,  plume  (voy.  penne). 

f  EMPENOIR  (an-pe-noir),  s.  m.  Ciseau  recourbé 
par  ses  deux  extrémités  qui  sont  également  tran- 
chantes, mais  sur  divers  sens.  L'empenoir  sert  aux 
menuisiers  et  aux  serruriers  pour  poser  les  serrures. 

EMPEREUR  (an-pe-reur),  s.  m.  ||  1°  Titre  donné 
depuis  Auguste  aux  chefs  de  l'empire  romain  et 
qui  n'était  pas  autre  que  le  titre  donné  par  les  lé- 
gions romaines  au  chef  qui  avait  remporté  une  vic- 
toire Signalée  [imperator).  Je  veux  être  empereur 
ou  simple  citoyen,  corn.  Cinna,  ii ,  1.  Le  nom 
d'empereur,  Ca^haiit  celui  de  roi,  ne  faii  pas  moins 
horreur,  id.  ib.  li,  1.||2°  Nom  donné  autrefois  à 
l'empereur  d'Allemagne  qui,  par  Charlemagne,  se 
disait  héritier  des  empereurs  romains.  Les  troupes 
de  l'empereur.  ||  3°  Chef  souver.iinde  certains  États. 
L'empereur  des  Français.  L'empereur  de  Russie. 
L'empereur  d'Autriche.  L'empereur  de  la  Ghihe. 
L'empereur  du  BrésiL  II  [Napoléon]  a  dit  en  saisis- 
sant son  épée  :  j'ai  iissez  fait  l'empereur,  il  est  temps 
que  je  fasse  le  géiiér.il,  ségur.  Hist.  de  Napol. 
x,  6.  Il  4"  Nom  d'un  grand  poisson  des  mers  occi- 
deniales,  dit  autrement  espadon  ou  épée.  ||  Nom 
provincial  du  roitelet.  ||  Espèce  de  papillon  diurne. 
Il  Proverbe.  Mieux  vaut  goujat  debout  qu'empereur 
enterré,  c'est-à-dire  il  vaut  mieux  être  vivant  dans 
une  condition  quelque  basse  qu'elle  soit,  que  d'être 
mort  après  avoir  tenu  le  rang  le  plus  élevé. 

—  HIST.  XI*  s.  Charles  li  reis  nostre  emperere  ma- 
gne, Ch.de  Roi.  i.  Blancandrii.s  vint  devant  l'em- 
pereur, i6.  XXXI.  Il  xu"  s.  L'ampereres  lebaise,  quel 
[comme  le]  virent  li  baron,  Sax.  xiv.   X  Soissons 

troveut  Charte,  l'empereor  gaillart,  ib.  xxiï E 

distrent  à  lur  i  ère  Que  [Joseph]  dévorez  esteit  d'i- 
cele  beste  fere;  Puis  il  fu  en  Êgipte  asez  plus  qu'ei\- 


EMB 


1353 


perere,  E  gardi  ses  parenz  de  la  famine  amere.  Th. 
le  Mart.  65.  ||  xm"  s.  Ono  plus  belle  de  [que]  vous 
ne  vit  rois  n'emperere,  Berte,  iv.  De  rois,  d'empe- 
reours  et  de  princes  eslis,  ib.  xxx.  L'en  disoit  que 
l'emperieire  Farris  [Fri'déric  II]  l'avoit  fait  cheva- 
lier, joiNv.  221.  Il  XV  s.  Je  viens  de  Prague  en  Bo- 
hême ;  l'eniperîere  de  Ron.e  est  mort ,  froiss.  ii,  ni , 
32.  [le  roi  Charles]  D'empereurs  est  et  do  ceuls  de 
Valois,  E.  deschamps.  Sur  le  nom  du  roi  Charles. 
Il  XVI'  s.  Pompeius,  conquérant  de  la  n.oitié  du 
monde  et  empereur  de  tant  d'armées,  mont,  i, 
162.  Doubles  canons  de  calibre  d'empereur,  CAR- 
loix,  vni,  24. 

—  ÉTYM.  Provenç.  emperaire,  emperador;  espagn. 
et  portng.  emperador;  ital.  imperatore;  du  lat.  im- 
peratorem,  de  imperare,  commander  (voy.  empire). 
Le  provençal  emperaire,  le  vieux  français  empereie 
est  le  nominatif,  d'imperdtor,  avec  l'accent  sur  ra; 
emperador,  empereor  est  le  régime,  i'imperatàrem , 
avec  l'accent  sur  to. 

t  EMPERLER  (an-pèr-Ié),  v.  a.  Orner  de  perles. 
Il  Par  extension.  Une  petite  sueur  emperlait  son 
front, H.  DE  BALZAC,  dans  le  Dict.  de  poitevin.  ||  Fig. 
Malherbe  emperlait  trop  son  style,  goujet,  Bibl. 
franc,  t.  xv,  p.  191 ,  dans  lacurne.  ||  S'emperler,  v, 
réjl.  S'orner  de  perles. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'aultre  vestue  en  garse,  coiffée 
d'un  attiffet  emperlé,  mont,  i,  77.  De  l'aurort^  Le; 
rivages  emperlez,  du  bellay,  v,  il,  verso. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  perle. 

\  EMPERON  (an-pe-ron),  s.  m.  Sorte  de  bois 
pour  le  charronnage.  Bois  de  charronnage....  pour 
une  voie,  composée  de  trente  toises,  d'emperons 
de  six  pouces  de  gros,  entrant  par  eau,  est  dû  10  li- 
vres, 12  sols,  1  denier.  Déclarât.  22  oct.  1715,  tarif. 

\  EMPERRUQUÉ,  ÉE  (  an-pè-ru-ké ,  kée),  adj. 
Garni  d'une  perruque. 

—  ÉTYM.  En  \ ,  et  perruque;  languedocien,  em- 
perrucado,  dans  les  poésies  de  Coutouli. 

E.MPESAGE  (an-pe-za-j'),  î.  m.  Action  d'empe- 
ser; état  d'un  linge  empesé. 

—  ÉTYM.  Empeser. 

EMPESÉ,  ÉE  (an-pe-zé,  zée)  ,  part,  passé. 
Il  1°  Traité  par  l'empois.  Du  linge  empesé.  ||  2°  Fig. 
Qui  est  d'une  gravité  affectée.  Les  Romains  de  Tite 
Live  n'ont  aucune  ressemblance  avec  les  héros 
bouffis  et  empesés  de  nos  romans,  fén.  t.xxi,  p.  22o. 
Leur  œil  suffisant  et  empesé,  lesage,  Gil  Blas,  viii, 
12.  L'empesé  magistrat,  le  financier  sauvage,  volt. 
Disc,  4.  Il  a  l'air  empesé  du  pajs  d'où  il  vient,  i. 
j.  Rouss.  Hél.  VI,  I.  Il  S.  m.  Ce  qu'il  y  a  d'empesé. 
La  paresse,  l'empesé  de  l'une  [la  duchesse  d'Or- 
léans], la  vivacité,  la  liberté  de  l'autre  [la  duchesse 
de  Bourgogne]  avaient  besoin  de  tiers  qui  soutins- 
sent cette  liaison  dont  nous  verrons  les  progrès  et 
les  fruits,  ST-SIM.  206,  27. 

EMPESER  (an-pe-zé.  La  syllabe  pe  prend  un  ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'empèse,  j'empèserai),  v.  a.  Apprêter  du  linge  avec 
de  l'empois.  Empeser  un  jabot,  une  collerette.  Et 
ne  seront  les  dites  toiles  empesées  ou  collées  pour 
calendrer  qu'elles  ne  soient  bien  et  dûment  teintes, 
Règlem.  sur  hs  manuf.  août  1069,  Teint,  en  soie, 
laine  et  fil,  art.  74.  ||  Terme  de  marine.  Empeser 
les  voiles,  jeter  de  l'eau  dessus,  pour  resserrer  le 
tissu  des  fils. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  racines  du  pied-de-veau  em- 
pèsent le  linge,  o.  de  serres,  625. 

—  ÉTYM.  Empois. 

EMPESEUR,  EUSE  (an-pe-zeur,  zeû-z'),  s.  m. 
et  f.  Celui  ou  celle  qui  empèse. 

—  ÊTYM.  Empeser. 

EMPESTÉ,  EE  (an-pê-sté,  stée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  a  la  peste  ou  toute  autre  maladie  conta- 
gieuse. Une  ville  empestée.  Aix  et  Arles  sont  em- 
pestés de-la  petite  vérole,  sÉv.  109.  ||  Qui  contient, 
donne  la  peste.  Cet  horrible  débris  d'aigles,  d'ar- 
mes, de  chars.  Sur  ces  champs  empestés  confusé- 
ment épars,  com.  Mort  de  Pomp.  i,  1.  Mais,  ma- 
dame, porter  cette  robe  empestée  Que  de  tant  de 
poisons  vous  avez  infectée,  id.  Mcdée,  iv,  2.  La 
valeur  ne  peut  rien  contre  un  air  empesté,  id. 
Toison,  v,  6.  Il  2°  Qui  exhale  une  très-mauvaise 
odeur.  Fi,  ne  m'approchez  pas,  votre  haleine  est 
empestée,  mol.  Georg.  Dand.  ui,  12.  ||  3°  Fig. 
Bouche  empestée,  bouche  qui  répand  l'erreur,  la 
calomnie,  etc.  L'erreur....  Sortant  pleine  d'attraits 
de  sa  bouche  empestée,  BOiL.  Sat.  xn.  Vous,  mal- 
heureux, assis  dans  la  chaire  empestée  Où  le  men- 
songe règne  et  répand  son  poison,  rac.  Àth.  ui,  4. 
Malgré  l'air  empesté  qu'elle  y  respire,  mass.  Av.  Conc. 

EMPESTER  (an-pè-sté) ,  v.  a.  \\  i°  Infecter  de  la 
peste  ou  de  toute  autre  maladie  contagieuse.  Cet 

I.  —  r/0 


1354 


Em 


liftpital  fut  un  foyer  qui  empesta  la  ville.  ||  2*  Par  ex- 
tension. L»  vapeur  du  marais  empestait  l'air,  fén. 
Til.  VIII.  Il  3*  Par  uno  exagération  qui  compare  une 
mauvaise  oJeur  àla  peste,  empuantir,  incommoder 
de  mauvaise  odeur.  Cet  égout  empeste  le  voisinage. 
Il  Absolument.  Celte  charogne  empeste.  ||  i'  Fig. 
Corrompre  comme  par  une  sorle  de  peste  morale, 
«D  parlant  des  mauvaises  doctrines,  des  hérésies. 

lllST.  XVI'  s.   Je  leur  dirois  volontiers  que  le 

fruicl  de  l'expérience  d'un  chirurgien  n'est  pas 
l'histoire  de  ses  pracliques  et  le  souvenir  qu'il  a 
guéri  quatre  empesiez  et  trois  goutteux,  s'il  ne  sçail 
de  cet  usage  tirer  de  quoy  former  son  jugement, 
MORT.  IV,  47.  Je  fuys  les  compleiions  tristes  et  les 
hommes  hargneux  comme  les  empestez,  id.  iv,  <03. 

—  ÉTYM.  lin  i ,  et  peste. 

EMPÊTRÉ,  ÉE  (an-pê-tré,  trée) ,  part,  passé. 
Il  1*  Pris  dans  des  entraves,  dans  des  longes,  dans 
des  lacets.  Un  cheval  empêtré.  ||  2°  Hg.  Gêné,  con- 
traint. Empêtré  d'une  jeune  femme,  sÉv.  432.  On 
est  quelquefois  empêtré  dans  son  orgueil,  ID.  441. 
Je  vis  sortir  M.  le  duc  de  Chartres  d'une  porte  de 
derrière  de  son  appartement,  l'air  fort  empêtré  et 
<j-iste,  ST-siM.  2,  43.  M.  d'Albret,  assez  gauclie  et 
issez  empêtré  de  son  naturel,  n'osa  presque  plus 
se  montrer,  m.  6»,  243.  ||  3°  Terme  de  zoologie. 
Se  dit  des  animaux  à  membres  courts,  comme  les 
phoques,  et  des  oiseaux  dont  les  pieds  sont  situés  à 
l'arrière  du  corps. 

EMpEtker  (an-pê-tré.  Au  xvif  siècle  on  écrivait 
empestrer;  ot  Chifllet.  Gramm.  p.  «38,  remarque 
que  cette  *  se  prononçait),  t).  a.  ||  i"  Lier  les  jambes 
d'un  cheval  que  l'on  met  en  pâture.  ||  Embarrasser 

les  pieds  dans  des  liens  ou  filaments sa  toison  Etait 

d'une  épaisseur  extrême....  Elle  empêtra  si  bien  les 
serres  du  corbeau  Que  le  pauvre  animal  ne  put  faire 
retraite,  l\  font.  Fabl.  Ii,  lO.  Je  jurerais  que  les 
enchanteurs  qui  me  poursuivent  ont  résolu  de 
m'empêtrer  dans  ces  filets  et  d'arrêter  mon  voyage, 
Don  Quicliotte,  t.  iv,  dans  richelet.  ||  2°  Fig. 
Embarrasser.  Pourquoi  m'avez-vous  empêtré  de  cet 
homme-là?  Empêtrer  quelqu'un  dans  une  méchante 
aflalre,  l'y  compromettre.  ||  3°  S'empêtrer,  v.  réft. 
S'embarrasser.  Ce  cheval  s'est  empêtré  dans  les 
traits.  Le  renard  va  visiter  les  lacets,  les  gluaux, 
emporte  successivement  les  oL^eaux  qui  se  sont  em- 
pêtrés, BUFF.  Renard.  Les  bœufs  s'empêtrèrent  et 
firent  pencher  l'arche,  volt,  i'/iiios.  iv,  330.  ||  Fig. 
et  familièrement.  S'empêtrer  dans  de  mauvaises 
spéculations. 

—  lllST.  XII*  s.  E  des  autres  [prisonniers]  si  granz 
plentez.  Que  del  tierz  u  de  la  meitié  Fussent  il 
assez  enpaistrié  Del  ostoier  [de  loger]  et  del  garder, 
denoît,  II,  2694.  ||xiv'  s.  Bien  cuidoit  li  rois  Piè- 
tres erapietrer  vilonnie  Au  noble  roi  Henri  et  à  sa 
baronnie,  Guesclin,  10684.  ||  xv«  s.  Si  furent  là  nos 
gens  moult  empestrés,  et  toutefois  passèrent  oultre, 
Iloucic.  1,  24.  Il  XVI'  s.  Ces  sçavantaux  vont  s'em- 
pestrant  et  embarrassant  sans  cesse,  mont,  i,  140. 
Comme  l'oiseau  enretlé,  plus  il  tasche  en  frétillant 
de  se  défiler,  et  plus  il  s'empietre,  ïyer,  p.  581. 
Battre  à  coups  de  fouet  [les  bestes  qu'on  veut  domp- 
ter] et  les  tenir  empestrées,  amyot,  Fab.  41. 

—  ÊTYM.  Norm.  «mpaturer;  ital.  impastoiare , 
empêtrer;  du  bas-latin  pastorium,  pastoria,  entra- 
ves, de  paslor,  pasteur  (voy.  pâtre,  et  comparez 
patubon).  L'élymologie  detnpeira,  en  pierre,  pour 
empeslrer  ne  peut  se  soutenir;  mais  U  est  très-pro- 
bable que  empictrer,  qui  se  trouve  au  xiv*  siècle  et 
au  XVI',  en  vient,  et  qu'il  y  a  eu  confusion  d'«m- 
pietrer  et  d'empeilrer. 

EMPHASE  (an-fâ-z'),  t.  f.  ||  l'Exagération  dans 
l'expression,  le  ton,  la  voix,  le  geste.  Vous  ne  les 
liilez  pas  avec  assez  d'emphase,  uesmarets,  Ki'iton- 
fioi're»,  m,  4.  11  réprime  des  mots  l'ambitieuse  em- 
phase; Ici  le  sens  le  choque,  et  plus  loin  c'est  la 
phrase,  boil.  Art  p.  i.  Ces  mots  [contre  la  corrup- 
tion de  Home]  ont  dans  sa  bouche  [do  Juvénal]  une 
emphase  admirable,  id.  Sat.  x.  Les  plus  grandes 
choses  n'ont  besoin  que  d'être  dites  simplement, 
elles  se  gitent  par  l'emphase,  la  bruy.  v.  Ce  calme 
des  passions  qu'ils  annonçaient  avec  tant  d'em- 
phase, UASS.  Av.  Noël.  Le  prince  d'Orange  aima 
mieux  traiter  avec  un  homme  droit,  franc  et  libéral, 
tel  qu'éuit  U.  de  Boufllers,  qu'avec  l'emphase, 
les  grands  airs  et  la  variété  du  maréchal  de  Vil- 
•roy  «t-sim  4»,  77.  Surtout,  oe  confondez  jamais 
lemphaso  avec  la  chaleur  et  la  fotc«,  W  W  okn- 
us,  Thiit  d'iduc.  U  Magistrat,  i,  ».  U  lui  détaille 
îr...,f°'!l    '^•!"  occupation»  qui  l'accableat,  les 

n,^  T/  '*'  '='>"«*'  ">•  >'«•■"''"  duchdt. 
rii^:  PiJÛr'.'^?  '■°''.'^*-  Il  a-Terme  da  rhéto- 
rtqu».  Figure  qui  consUte  à  employer  un  mot  qui 


EMP 

a  beaucoup  de  force,  comme  enflammé  da  colère, 
perdu  de  dettes,  et  qui,  ne  différant  pas  de  la  mé- 
laphore,  do  l'hyperbole,  ne  mériterait  pas  de  porter 
un  nom  particulier. 

—  lllST.  xvi'  S.  Au  premier  qui  me  ramené  et  qui 
me  demande  la  vérité  nue  et  crue,  je  quitte  soub- 
dain  mon  essort,  et  la  lui  donne  sans  exagération, 
sans  emphase  et  remplissage,  mont,  iv,  4  8t. 

—  ÊTYM.  'E|içaiTi;,  emphase,  proprement  appa- 
rence, do  il,  en  ,  et  çâaii; ,  apparition  (voy.  phase). 

t  EMPHASE,  Ce  (an-f,i-ié,  zée),  adj.  Qui  a  de 
l'emphase.  Ni  les  grands  mots  ni  le  ton  emphase.  Au 
sens  commun  n'ont  jamais  imposé,  J.  B.  bouss. 
dans  le  Vict.  de  DEScnEBELLE.  ||  N'est  pas  en  usage. 

EMPHATIQUE  (an-fa-ti-k') ,  adj.  Qui  a  de  l'em- 
phase. Homme,  discours,  ton  emphatique.  U  est,  je 
crois,  très-rare,  qu'on  soit  emphatique  par  trop  de 
chaleur,  vauven.  iVoue.  mai.  47.  Une  emphatique 
énumération  des  bijoux  et  des  diamants  qu'il  possé- 
dait avant  cette  catastrophe.  M"'  de  genlis,  Veillées 
du  chat.  1. 1,  p.  631 ,  dans  pouoens.  ||  Qui  donne  de 
la  force  par  l'exagération.  Ce  mot  est  pris  ici  dans  le 
sens  emphatique.  ||  Emphatique  se  dit  aussi  de  cer- 
taines lettres  et  de  leur  emploi  particulier  dans  la 
grammaire  hébraïque. 

—  ËTYM.  "EneaTixè?,  de  Ipupaaiç,  emphase. 
EMPHATIQUEMENT    (an-fa-ti-ke-man  )  ,    adv. 

Avec  emphase.  Cet  homme  parle  emphatiquement. 

—  ÉTYJI.  Emphatique,  et  le  suflixe  ment. 

t  EMPURACTIQUE  (an-fra-kli-k'),  ad}.  Terme  de 
médecine.  Qui  obstrue. 

—  ËTYM.  'Ep.ypoxTtxo;,  de  iv,  en,  et  çpaaoïiv , 
boucher. 

t  EMPURAXIE  (an-fra-ksie),  t.  /'.Terme  de  mé- 
decine. Synonyme  d'obstruction. 

—  ÉTYM.  Voy.  EMPURACTIQUE. 

t  EMPHYSÉMATEUX,  EUSE  (an-fi-zé-ma-teû , 
teû-z'),  adj.  Terme  de  médecine.  Qui  a  rapporta 
l'emphysème.  Gonflement  emphysémateux. 

—  ETYM.  Emphysème. 

EMPHYSÈME  (an-fi-zê-m'),  s.m.  Terme  de  mé- 
decine. Tumeur  blanche,  élastique,  indolente, 
causée  par  l'introduction  de  l'air  dans  le  tissu  cel- 
lulaire. Il  Emphysème  du  poumon,  dilatation  exces- 
sive de  la  terminaison  des  canalicules  pulmonaires. 

—  ÉTYM.  'EiiçO(Tr,|ia,  de  iv,en,  et  çuaâu,  souffler. 
EMPHYTÊOSE  (an-fi-té-ô-z'),  s.  f.  Terme  de  droit. 

Convention  par  laquelle  un  propriétaire  cède  la  jouis- 
sance d'un  héritage  pour  un  temps  très-long ,  ou 
même  à  perpétuité,  sous  la  réserve  d'une  redevance. 

—  HIST.  XVI' s.  Baux  d'héritages  à  emphyteuse  et 
longues  années  sont  immeubles,  loysel,  2(0.  Les 
procureurs  ou  détenteurs  d'aucuns  héritages  tenus 
en  emphitheote,  Nouv.  coust.  gêner,  t.  lu,  p.  376. 

—  ÉTYM.  Altération  de  l'ancien  emphyteuse,  en 
grec  è(içÛTe\)ijcç ,  emphytéose ,  proprement  implanta- 
tion, de  èv,  en,  et  çyisÛM,  planter,  c'est-à-dire  bail 
dans  lequel  on  a  le  droit  de  planter  et  la  certitude 
de  jouir  de  ses  plantations;  provenc.  emphytheosim  ; 
espagn.    enfiteusis ;  ital.  enfiteusi. 

EMPHYTÉOTE  (an-fi-té-of),  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  jouit  par  bail  emphytéotique. 

—  ETYM.  Emphytéose. 

EMPHYTÉOTIQUE  (an-fi-té-0-ti-k'),  o^;.  Qui  ap- 
partient à  l'emphytéose.  Bail  emphytéotique,  bail  à 
emphytéose  ou  à  très-long  terme,  le  plus  souvent 
de  99  ans. 

—  ÉTYM.  Emphytéose. 

t  EMPIERREMENT  (an-piè-re-man),  s.  m.  Terme 
des  ponts  et  chaussées.  Fondation  faite  de  pierres. 
Il  Terme  rural.  Empilement  de  pierres  dans  un  trou 
ou  dans  un  fossé,  pour  donner  de  l'écoulement  aux 
eaux  entre  leurs  interstices.  ||  Terme  de  construc- 
tion. Revêtement  formé  de  pierres  qui  n'ont  reçu 
qu'une  façon  grossière. 

—  HIST.  XVI'  s.  Knpierrement  [pétrification],  cot- 

GRAVE. 

—  ÉTYM.  Empierrer. 

t  EMPIERRER  (an-piè-ré),  u.  o.  Terme  de  ponts 
et  chaussées.  Faire  un  empierrement.  ||  Terme  ru- 
ral. Empiler  des  pierres  dans  un  trou,  dans  un  fossé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ton  œil,  habile  à  descocher.  Par 
sa  vertu  m'empierre  [pétrifie]  en  un  rocher.  Comme 
un  regard  d'une  horrible  méduse,  ro.nsahd,  4. 

—  ÊTYM.  En  t,  et  pierre. 

t  EMPIÉTANT  (an  pié-tan),  adj.  m.  Terme  de 
biason.  Oiseau  empiétant,  oiseau  qui  tient  sa  proie 
entre  ses  serres. 

i.  EMPIÉTÉ,  ÊK  (an-pié-té,  tée),  part,  posté. 
Pris  pied  à  pied.  Terrain  empiété  sur  des  voisins. 

t  2.  EMPIÉTÉ,  ÉK  (an-pié-té,  tée),  adj.  Terme 
de  vénerie.  Oiseau,  chien  empiété,  oiseau,  chien 
qui  a  les  pieds  bons  et  beaux, 


EMP 

—  aiSï.  XVI'  s.  La  faucon  da  Tartarie  est  passager, 
comme  le  pèlerin,  toutesfois  de  plus  grande  corpu 
lence,  roux  dessous  les  ailes,  et  moult  empieié  da 
longs  doigts,  BuoE,  Du  oiseaux,  C  4 1 3,  dans  lacohnk. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  pied. 

EMPIÉTEMENT  (an-piè-te-man;  malgré  l'accent 
aigu  donné  par  l'Acndémie,  la  prononciation  fait 
entendre  un  accent  grave),  i.  m.  Action  d'empié- 
ter; résultat  jle  cette  action.  Les  empiétements 
donnent  lieu  à  beaucoup  de  procès.  {|  Par  extension. 
L'empiétement  de  la  mer  sur  les  terres.  ||  Fig.  L'em- 
piétement d'une  autorité  sur  l'autre. 

—  MIST.  Empiétement,  cotcbavs. 

—  EYYM.  Empiéter. 

EMPIÉTER  (an-pié-té.  L'accent  aigu  se  change 
en  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est 
muette  :  j'empiète;  excepté  au  futur  et  au  condi- 
tionnel où  l'Académie  maintient  l'accent  aigu  :  j'em- 
piéterai, j'empiéterais),  t>.  (i.  ||  l'Terme  de  faucon- 
nerie. Enlever,  prendre  et  tenir  avec  les  serres.  Un 
faucon  empiète  sa  proie.  |{  2°  Ancien  terme  de  con- 
struction. Donner  du  pied.  Empiéter  une  colonne, 
une  statue.  ||  3°  Gagner  pied  à  pied  et  par  usurpa- 
tion. Il  a  empiété  sur  moi  plus  d'un  arpent.  {|  Abso- 
lument. Disposé  à  empiéter  sur  ses  voisins,  boss. 
Ilist.  m,  7.  Il  Par  analogie.  La  mer  empiète  sur 
les  cêtes.  ||  Par  une  autre  analogie.  C'est  une  Ma- 
delaine  du  Titian,  grosse  et  grasse  et  fort  agréable, 
comme  aux  premiers  jours  de  sa  pénitence,  au- 
paravant que  le  jeûne  eût  commencé  d'empiéter 
sur  elle,  la  font.  t.  vi ,  p.  4(5,  édit.  'Walcken. 
Il  Fig.  Usurper.  Le  peuple  leur  laissa  empiéter  le 
pouvoir  suprême,  boss.  Uist.  I,  8.  ||  Absolument. 
S'arroger  des  droits  qu'on  n'a  pas.  Empiéter  sur 
l'autorité  de  quelqu'un.  Vous  dites  qu'il  faut  être 
modeste;  les  gens  bien  nés  ne  demandent  pas 
mieux;  faites  seulement  que  les  hommes  n'empiè- 
tent pas  sur  ceux  qui  cèdent  par  modestie  et  ne  bri- 
sent pas  ceux  qui  plient,  la  bruy.  xi.  Il  ne  m'est 
pas  permis  de  m'introduire  auprès  des  souverains; 
ce  serait  empiéter  sur  les  d  roits  de  Léviathan ,  de  Bel- 
phégor  et  d'Astarot,  lïiïauk,  Diable  boit.  ch.  4». 
Tout  le  monde  empiète  sur  un  malade....  et  il  n'y 
a  pas  jusqu'à  sa  garde  qui  ne  se  croie  en  droit  de  le 
gouverner,  vauven.  ilax.  428.  ||  Se  laisser  empiéter 
à,  se  laisser  gagner,  absorber  par.  Se  laisser  em- 
piéter aux  préventions,  méré,  OEupre* poil/i.  t.  il, 
p.  48.  Il  me  semble  qu'un  grand  esprit  comme  vous 
[  Pascal  ]  devrait  être  au-dessus  des  arts  et  des 
sciences,  au  lieu  de  s'y  laisser  empiéter,  id.  ib.  p.  «5. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  moyen  est  de  vaincre  le  mon- 
stre qui  s'appelle  opinion,  logé  dedans  nous,  et 
d'où  ayant  chassé  arrière  la  prudence,  qui  est  U 
guida  de  nos  actions,  il  manie  à  son  plaisir  ceux 
qu'il  a  empiétez,  lanoue,  472.  De  làles  Portugais 
empiétèrent  le  reste  de  la  première  pointe  des  In- 
des où  est  Goa,  d'aub.  i/tit.  i,  4t.  Sera  rendu  «u 
Duc  de  Savoie  tout  ce  que  les  rois  tant  François 
qu'Henri  auront  empiété  sur  lui,  ID.  «6.  I,  45. 
Les  attraits  redoublèrent,  quand  la  roina  donna  à 
celles  qui  l'avoient  empiété  [le  prince]  espérance  de 
son  mariage,  id.  ib.  i,  (98.  Or  en  voyant  en  ces 
champs  l'autre  jour  Un  pigeon  blanc  empiété  d'un 
autour  Oui  l'emportoit  dedans  sa  serra  aiguë,  ro!<s. 
740.  Après  qu'il  se  fut  empiété  de  deux  royaumes, 
PASQUIER,  Recherches,  p.  44u,  dans  lacubne.  Le  roy 
Charles  VIII,  ayant  advisé  avec  son  conseil  qu'il 
n'estoit  pas  bon  d'avoir  un  si  puissant  seigneur 
ancré  et  empiété  dans  son  royaume,  brant.  Dames 
illustres,  p.  i,  dans  ucurnb,  au  mot  compromà. 

—  ÉTYM.  En  I,  et  pied  :  tenir  entra  ses  pied»  ou 
mettre  le  pied  dans. 

EMPIFFRÉ,  ÉE  (an-pi-fré,  frée),  part.  paué. 
Un  enfant  empiffré  de  confiture. 

EMPIFFRER  (an-pi-fré),  v.  a.  ||  1' Bourrer  da 
nourriture.  ||  2°  Rendre  gros  et  gras.  ||  3-  S'empif- 
frer, 1).  réfl.  Trop  manger.  Oui  s'empiffraient  de 
jambon,  de  langues  de  bœuf,  isSAOt,  CilBUu, 
VU,  4  4.  Il  Devenir  trop  gros. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  piffre. 

t  EMPIFFRERIE  (an-pi-fre-rie),  t.  f.  Action  d'em- 
pilîrer.  Cela  l'avait  rendu  si  cher  et  si  désiré  dans 
toutes  leurs  coteries  qu'il  se  lassa  de  l'empiifreria 
des  festins  et  de  l'empressemeut  des  maroliauds, 
UAMILT.  Gramm.  40. 

—  ÊTYM.  Empiffrer. 

i  EMPILAGE  (an-pi-la-j'),».  m.  Action  d'ampilsr 
Il  Temps  pendant  lequel  une  chose  resta  empilée. 

—  ÊTYM.  Empiler. 

t  EMPILE  (an-pi-l'),  f.  f.  Terme  de  pêche.  Nom 
d'une  sorte  de  fils  déliés,  ordinairement  doubles , 
qui,  portant  l'hameçon,  s'ajustent  aux  lignes  ou 
cannes.  On  trouve  aussi  pila  et  peiUa. 


EWP 

—  ÉTYM.  Peut-êtra  en*,  Bi  le  lalln  piîut,  poil, 
orin.  Cependant  il  faut  remarquer  que  ptilU,  l'un 
des  synonymes,  signifie  aussi  ohiffon. 

EMPILfi,  ÉE  (an-pi-lé,  lée),  part,  pasté.  Des 
bûches  empilées  les  unes  sur  les  autres, 

EMPILEMENT  (an-pi-le-man) ,  s.  m.  Action  d'em- 
piler; état  de  ce  qui  est  empilé.  On  inventa  des 
conseillers  du  roi  oontrflleura  ftux  empilements  des 
bois,  VOLT.  Louis  IIV,  so. 

—  ÉTYM.  Empiler. 

t.  EMPILER  (an-pi-lé),  V.  ù.  Mettre  en  pile,  en 
tas.  Empiler  du  hols,  des  boulets,  des  éous.  ||  Terme 
de  jeu.  Kmpiler  les  dames,  les  mettre  en  tas  sur  la 
première  flèche  du  trictrac.  ||  Absolument.  Empiler, 
amasser  de  l'argent.  Cet  avare  empile.  |1  S'empiler, 
V.  réfl.  Être  mis  en  pile.  J'aime  à  voir  les  écus  s'em- 
piler sur  une  table. 

—  HIST.  XIV*  s.  Kt  de  draps  y  avoit  mainte  pile 
empilée ,  Et  de  lange  et  de  linge  mainte  huche  com- 
blée, Guescl.  20398. 

—  ÉTYM.  En  I,  et  pile  1. 

f  2.  EMPILEU  (an-pi-lé),  V.  a.  Terme  de  pèche. 
Empiler  des  hameçons,  les  attacher  à  une  empile. 

—  ËTYM.  Empile. 

+  EMPILEIÏR,  EUSE  (en-pl-leur,  leû-i;'),  s.  m. 
et  f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  empile  des  marchandises. 
Il  S.  m.  Anciennement,  préposé  à  l'empilement  du 
bois.  Mouleurs  de  bols,  aides  à  mouleurs,  chargeurs 
de  hois,  contrôleurs  des  quantités,  déchargeUrs, 
empileurs,  Déclar.  22  ocl.  n\&,  tarif. 

—  ÉTYM.  Empiler  l . 

t  EMPIPEDR  (an-pi-peur),  s.  rn.  Tonnelier  qui 
arrange  les  harengs  saurs  dans  les  tonnes. 

—  ÉTYJI.  £n  t ,  et  pipe. 

t  EMPIRANTE  (an-pi-ran-s') ,  s.  f.  Ancien  terme  de 
monnaie.  Défectuosité  Ou  altération  dés  monnaies. 
Il  Terme  du  commerce  de  mer.  Diminution  ou  cor- 
ruption qui  arrive  aux  marchandises  d'un  vaisseau. 

—  HIST.  XV*  s.  Sçavoir  la  manière  du  pays  et  de 
laloy  desmonnojes  tant  en  or  comme  en  argent, 
les  dragraes,  earas,  demi-dragmeset  lesempirances, 
EUST.  DEScil.  Art  de  faire  chanscns,  etc.  Gast, 
fraction,  ou  empirance  de  vivres,  monstrëlet, il,  B. 

—  ÊTYH.  Empirant,  d'empirer. 

EMPIRE  (an-pi-r'),  s.  m.  ||  1°  Commandement, 
autorité,   puissance.  Prends  dessus  mes  sujets  un 
empire  suprême,  rotb.  Bélis.  i,  6.  Les  papes  sont 
loin  de  traiter  les  chrétiens  avec  cet  empire  que  l'on 
voudrait  exercer  en  leur  nom,  pasc.  Prov.  <8.  Le 
monde  est  sous  l'empire  du  mauvais  esprit,  Boss. 
Pensées,  a.  Les  princes  agissent  comme  ministres 
de  Dieu  et  ses  lieutenants  sur  la  terre  ;  c'est  par  eux 
qu'il  exerce  son  empire,  boss.  Politique,  m,  ii,  1. 
Reconnaître  le  suprême  empire  de  Dieu,  m.  Ilist. 
II,  3.  Somgez-vous....  Que  j'ai  sur  votre  vie  un  em- 
pire suprême?  bac.  Baj.  ii,  i.  Accablant  vos  enfants 
d'un  empire  odieux,   in.  Phèd.  i,   3.   On  roi    qui 
avait  sur  ses  peuples  un  empire  absolu,  tin.  Tél.  v. 
Neptune,  toi  qui  tiens  l'empire  des  ondes,  m.  ib. 
Ma  fille  est,  je  le  sais,  soumise  k  votre  empire, 
VOLT.  Scythes,  i,  2.  Quel  que   soit   le   destin    que 
couve  l'avenir.  Terre  [l'Italie],  enveloppe-toi  de  ton 
grand  souvenir  ;   Que  t'importe  où  s'en  vont  l'em- 
pire et  la  victoire  t  11  n'est  point  d'avenir  égal  à  ta 
mémoire,  lamart.  Ilarm.  ii,  3.  ||  Absolument.  S'il 
traite  avec  douceur,   il  traite  avec  empire,  corn. 
Pomp.  m,  r  Ils  regardent  les  gens  avec  empire,  ils 
disputent  avec  hardiesse  et  confiance,  pasc.  Imag. 
I.  Il  fait  ces  miracles  avec  empire,  boss.  Ilist.  ii, 
«.  Cet  orgueil  qui  nous  fait  regarder  nos  inférieurs 
avec  hauteur  et  avec  empire,  fléchieh,  Serm.  ii, 
36.  Malheur  aux  pasteurs  qui  traitent  leurs  brebis 
av«c  une  rigueur  sévère  et  pleine  d'empire,  mass. 
Panég.  St  Thomas.  Mme  de  la  Fayette,  qui  serait 
aussi  aimable  que  son  amie  Mme  de  Sévigné,  si  elle 
avait  un   peu   moins  d'empire  dans  le  caractère, 
M"*  DE  GENLis,   Mme  de  ilainlenon,  t.  i,  p.   166, 
dans  pouGENS.  H  II  se  dit  aussi  par  rapport  aux  ani- 
maux. Et  quant  au  berger,  l'on  peut  dire  Qu'il  était 
digne  de  tous  maux,  Etant  de  ces  gens-là  qui  sur 
lee  animaux  Se  font  un  chimérique  empire,  la  font. 
Fabl.  VII  ) .  La  perfection  et  la  puissance  de  l'homme 
tant  qu'il  porte  l'image  de  Dieu  en  son  entier,  son 
empire  sur  les  animaux,  boss.  H«s(.  I,  ).||a»  Ascen- 
dant, influence.  Et  ma  raison  sur  moi  gardera  tant 
d'empire,  Que....  corn.  Rodog.  i,  5.  Il  parle  et  j'o- 
béis à  son  secret  empire,  ID.  Théod.  m,  3.  Comme 
l'esprit   a  grand  empire  sur  le  corps,   mol.   Àm. 
méd.  III,    6.  Je  n'ai  point  sur  ma  langue  un  assez 
grand  empire,  id.  Mis.  v,  i.   Les  femmes  ont  un 
empire  absolu  suç  l'esprit  des  hommes,  pasc.  Pos*. 
de  l'amour.  J'avouerai  que  la  gloire  eut  sur  moi 
quelque  empire,   rac.  Alex,  iv,    (.   Elle  a   repris 


EMP 

sur  vous  son  souverain  empire,   lO.  Brit.  iv,  *. 
Mais  hélasl  de  l'amour  ignorons-nous  l'empire?  id. 
Pajai.  m,  7.  'Vos  conseils  sur  mon  cœur  n'ont 
eu  que  trop  d'empire,  id.  Iphig.i,   3.  Lorsque  j'ai 
de  mes  sens  abandonné  l'empire,  ID.  Phèd.  m,  t. 
Elle  [l'Egypte]  régnait  par  la  sagesse  de  ses  con- 
seils et  par  la  supériorité  de  ses  connaissances  ;  et 
cet  empire  d'esprit  lui  parut  plus  noble  et  plus  glo- 
rieux que  celui  qu'on  établit  par  les  armes,  bollin, 
nist.  anc.  Oiiuvres,  1. 1,  p.  9i ,  dans  pougens.  Il  veut 
qu'on  admire  l'empire  qu'il  a  sur  nos  cœurs,  masS. 
Car.  Samar.  L'inflexible  Zopire,  Qui  craint  de  la 
raison  l'inévitable  empire,  volt.  Fanât,  n,  2.  De 
ma  religion  j'ai  moins  senti  l'empire,  m.  ib.  iv,  4. 
Il  Prendre  de  l'empire  sur  quelqu'un,  décider  de 
ce  qu'il  veut,  de  ce  qu'il  fera.  Vous  prenez  sur  mon 
âme  un  trop  puissant  empire,  corn.  Cinna,  l,  t. 
J'ai  cru  devoir  sur  lui  prendre  ce  haut  empire,  ID. 
Serlor.  v,  7.  Cet  amour  que  pour  lui  votre  aslre  vous 
inspire  N'a  sur  vos  actions  pris  que  bien  peu  d'em- 
pire,  mol.  D.  Gare,  i,  t.  Laissez  moins  sur  votre 
sagesse    Prendre    d'empire    à   vos    douleurs,   id. 
Psyché,  II,  t.  Il  Exercer,  avoir  de  l'empire  sur  soi- 
même,  se   contenir,    commander   à  ses  passions. 
Il    L'empire  de  la  mode,  de    la  beauté.   ||   3°  Au- 
torité souveraine,   impériale  ou  royale,   ou  dicta- 
toriale.  J'ai   souhaité  l'empire   et  j'y  suis   parve- 
nu,  CORN.  Cinna,  n,  i.  Quiconque  pour  l'empire 
eut  la  gloire  de   naître,  m.  héracl.ni,   2.   [Il]  ne 
peut  dignement  vous  confier  qu'aux  mains   X  qui 
Rome  a  commis  l'empire  des  humains,  Rkc.Brit. 
Il,  3.  Je  ne  fais  point  de  pas  qui  ne  tende  à  l'em- 
pire,  m.    Théb.   m,  e.  Un  autre  était  chargé  de 
l'empire  du  monde,  in.  Bérén.  ii,  2.  ||  11  se  dit  d'un 
étatconsidérable,  quelle  que  soit  la  forme  du  gouver- 
nement. Mais  enfin  on  perd  tout  quand  on  perd  un 
empire,   corn.   Bodog.   iv,  3.  Elle  [l'Écriture]    re- 
prend l'histoire  du  monde  dès  sa  première  origine, 
et  nous  fait  voir,  par  ce  moyen,  mieux  que  toutes 
les  autres  histoires,  les  principes  primitifs  qui  ont 
formé  les  empires,  boss.  Politique,  au  Dauphin.  On 
voit  les  lois  s'établir,  les  mœurs  se  lolir  et  les  em- 
pires se  former,  id.  JHst.  i,  2.  Vous  voyez  comme  les 
empires  se  succèdent  les  uns  aux  autres,  et  comme 
la  religion,  dans  sesdifl'érents  états, se  soutient  éga- 
lement depuis  le  commencement  du  monde  jus- 
qu'à notre  temps,  id.  7b.  Dessein  général.  Nous  avons 
échappé  à  cette  mort  qui  atteint  les  empires  comme 
les  individus  ;  vous  n'avez  pas  seulement  reculé  la  du- 
rée de  notre  société  politique,  vous  avez  recréé  son 
existence,  MIRABEAU,  Collection,  t.  v,  p.  407.  ||  En 
particulier,  étatgouverné  par  un  empereur.  L'empire 
(l'Autriche,  de  Russie.  L'empire  français.  L'empire 
succéda  au  consulat  en  <804.  L'empire  succéda  à  la 
république  en  (852.  L'empire  romain.  L'empire  de 
Charlemagne.  L'empire  d'Alexandre.  ||  Haut-empire, 
l'empire  romain  depuis  le  règne  d'Auguste  jusqu'à 
la  chute  de  l'empire  d'Occident.  Bas-empire,  l'em- 
pire romain  depuis  la  chute  de  l'empire  d'Occident 
jusqu'à  la  prise  d  •  Constantinople.  ||  L'empire  d'Oc- 
cident, la  partie  de  l'empire  romain,  qui  comprenait 
l'Italie,  l'Espagne,  la  Gaule  et  la  Bretagne;  l'em- 
pire d'Orient,  celle  qui  comprenait  la  Grèce,  l'Asie- 
Mineure,  l'Egypte  et  l'Afrique  septentrionale.  ||  Le 
saint-empire,  l'empire  romain,  rétabli  par  Charle- 
magne en  800.  Amis,  Charles  d'Espagne,   étranger 
par  sa  mère.  Prétend  au   gaint-empire,  v.  hugo, 
Hernani.  \\  Absolument.  Se  dit  du  règne  de  Napo- 
léon I".  Du  temps  de  l'empire.  Les  guerres  de  l'em- 
pire. On  le  nomme  aussi  le  premier  empire.  ||  Abso- 
lument, il  se  disait  autrefois  de  l'empire  d'Allemagne. 
Les  cercles  de  l'Emjiire.  Un  envoyé  du  grand  .sei- 
gneur Préférait,  dit  l'histoire,  un  jour,  chez  l'em- 
pereur. Les  forces  de  son  maître  à  celles  de  l'Em- 
pire, la  font.  Fo6J.i,<  2.  Ce  kan  ne  commandait  point 
les  armées  du  grand  seigneur;  il  était  comme  les 
princes  l'eudatiires  d'Allemagne,  qu;  ont  servi  l'Em- 
pire avec  leurs  propres  troupes  subordonnies  au 
général  de  l'empereur  allemand,  volt.  Russie,  n, 
(.  ||Se  dit  des  animaux  dans  le  langage  poétiiiue. 
Autrefois  l'éléphant  et  le  rhinocéros.  En  di-pute  du 
pas  et  des  droits  de  l'empire.  Voulurent  terminer 
la  querelle  en  champ  clos,  la  font.  Fabl.  xii,  2<. 
Deux  taureaux  combattaient  à  qui  posséderait  Une 
génisse  avec  l'empire,  va.  ib.  ii,  4.   ||  Familière- 
ment. Il  ne  céderait  pas  pour  un  empire,  pour  rien 
au   monde.  Qui  n'eût   ri?  quant   à  moi.  Je  n'en 
eusse  quitté  ma  part  pour  un  empire,  la  font.  Fabl. 
xii,    <  3.  Il  Les   peuples  compris   dans  un  empire. 
L'empire  se  souleva.  L'empire  vainement  dtmande 
un  héritier,  rac.  Brit.  ii,  2.  ||  Règne.  Virgile  vivait 
sous  l'empire  d'Auguste.  ||  4°  L'empire  de  la  mer, 
la  domination  des  mers.  L'Angleterre  affecta  l'em- 


VMP 


1355 


pitre  do  la  mer.  Regagner  l'empire  de  la  mer,  d'a- 
blahcoort,  Am'en,  i,  4,  dans  lacurne.  ||  Le  mari- 
time empire,  les  mers.  Pour  moi  [rat]  j'ai  déjà  vu 
le  murilimo  empire,  lA  FONT.  Fabl.  viii,  9.  ||  L'cm- 
[liru  des  morts,  les  demeures  souterraines  où  l'on 
supposait  que  lus  morts  résidaient.  Lèvent  redouble 
ses  efforts.  Et  fait  si  bien  qu'il  déracine  Celui  do  (pli 
la  tôte  au  ciel  était  voisine,  El  dont  les  pieds  tou- 
chaient à  l'empire  des  morts,  lA  font.  Fabl.  l,  22 
Moi-même  il  m'enferma  dans  des  cavernes  sombres. 
Lieux  profonds  et  voisins  de  l'empire  des  ombre», 
RAC.  Plicil.  vui,  9. 

—  BEM.  Dans  les  locutions  haut-cmpiro,  bas- 
empire,  Saint-Empire,  on  mot  un  trait  d  union. 

—  SYN.  1.  EMPIRE,  ROYAUME.  L'emplro  est  la 
domination  ou  le  domaine  d'un  empereur.  Lo 
royaume  est  la  domination  ou  le  domaine  d'un  roi. 
Du  plus,  empire  so  dit  d'uno  domination  d'une  vaste 
étjîndue  j  un  royaume  peut  être  très-petit  ;  un  em- 
pire petit  est  ridicule.  Empire  sa  dit  très-bien  pour  ■ 
une  vaste  domination  sans  empereur  :  l'empire  ro- 
romain  avant  Auguste  ;  en  cet  emploi,  il  va  sans 
di  re  que  royaume  ne  pourrait  être  substitué  à  empire. 
Empire  se  dit  aussi,  dans  le  style  élevé,  d'un  royaume 
puissant  :  l'empire  des  lis.  ||  2.  empire,  règne. 
Comme  on  dit  qu'un  empereur  règne,  on  dira  indif- 
féremment sous  l'empire  ou  sous  le  régne  d'Au- 
guste. Mais  on  dira  sous  le  règne  de  Louis  XIV,  et 

I  on  sous  l'empire  de  Louis  XIV. 

—  HIST.  XI'  s.  Charles,  semon  les  oz  [armées]  de 
tun  empire,  Ch.  de  Roi.  ccxciii.  ||xn'  s.  Bien  vos 
puis  dire,  et  si  est  veritez,  Si  grant  empire  [ar- 
mée] ne  vit  homs  qui  soit  nez,  Com  m  cel  champ 
ot  le  jor  assemblez.  Bat.  d'Aleschans,  v.  6262.  Li 
sire  jugera  les  fiiiS  de  terre,  et  dunra  emperie  à 
sunrei.  Liber  psalm.  p.  230.  Dune,  sireDieus,  em- 
pprie  à  tun  enfant,  et  salf  fai  le  11  de  la  tue  an- 
celé,  ib.  p.  <23.  ||  C'rst  cil  qui  d;  p'.us  haut  re- 
non  Est  chevali  rs  de  cest  empire ,  Lai  d'ignau- 
rès.  ||xiii*  s.  Si  tint-il  l'empire  de  RomeCisdesloiaus 
que  je  ci  di,  la  Rose,  6270.  ||  xvi*  s.  Revenons  à 
l'empre  de  la  ciustume,  mont,  i,  U6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  emperi;  espagn.  et  ital.  impt- 
rio  ;  du  lat.  imperium.  Dans  le  moyen  âge  on  jouait  _ 
souvent  sur  empire,  royiume,   et  empire,    action | 
u'empirer  ;  Lor-.  est  perdus  joers  et  rires,  Li  roiau-' 
mes  lievient  empiras.  Fabliaux  mss  n°  76IB,  t.  i, 
f°  (02,  dans  lacurne.  Emperie  n'est  qu'une  forma 
étymologique;   la  prononciation  était   empeire  ou 
empire. 

EMPIRÉ,  ÊE  (an-pi-ré,  rée),  part,  passé.  Devenu 
pire.  La  maladie  empirée  par  les  imprudences  du 
malade. 

f  EMPIREMENT  (an-pi-re-man),  s.  m.  Action 
d'empirer;  résultat  de  celte  action. 

—  HIST.  XII' s.  Jadis  soloit  estre  autrement;  Oc 
va  tout  par  empirement,  la  Rose,  839  c  ||  xiv*  s.  Ti- 
ranie  est  corrupcion  et  malvestié  ou  empirement  de 
monarchie,  oresme,  Eth.  246.  ||  xvi'  s.  Nature  nous 
deiobe  la  vue  de  nostre  perte  et  empirement,  mont. 
I,  82.  Nos  mœurs  penchent  d'une  merveilleuse  in- 
clination vers  l'empirement,  m. m,  63.  Comme  plu- 
seurs  pinticrs  et  ouvriers  d  estain  mettent  en  leurs 
oeuvres  empirement  de  plomb,  Ord.  des  ducs  dt 
Bretagne,  ('  208,  dans  lacurne. 

—  Rtym.  Empirer. 

EMPIRER  (an-pi-ré).  ||  1°  V.  a.  Rendre  pire.  Le» 
remèdes  n'ont  fait  qu'empirer  son  mal.  Si  de  mes 
jours  l'importune  durée  Ne  m'eût  en  vieillissant  la 
cervelle  empirée,  malh.  t,  4.  Pour  vouloir  fuir  le 
mal,  quelquefois  on  l'empire,  th.  corn.  Comt. 
d'orgueil,  i,  2.  ||  Familièrement.  Empirer  son 
marché,  rendre  sa  condition  plus  mauvaise.  ||  Em* 
pirer  quelqu'un,  rendre  Sa  santé  plus  mauvaise.  Ils 
m'ont  fort  assuré  que  la  vendange  de  cette  année 
m'aurait  empirée  [on  lui  avait  ordonné  de  tremper 
ses  mains  dans  la  vendange  pour  une  enflure],  s8v. 
3(0.  Il  ï°  V.  n.  Devenir  pire.  Poussée  à  bout,  son 
mal  pourrait  empirer,  boss.  Lett.  Corn.  78.  Les 
choses  empirèrent  par  sa  mort,  id.  Var.  vu,  §  76. 
Leur  état  et  leurs  affaires  empirent,  ID.  llitl.  li,  7. 

II  Terme  de  commerce.  Se  gâter,  se  corrompre,  en 
parlant  des  marchandises.  ||  Il  se  dit  aussi  des  per- 
sonnes dont  l'état  devient  plus  mauvais.  Enfin  on 
sortit  de  table  pour  le  soulagement  do  tout  le  monde, 
excepté  de  moi  qui  empirais  à  vue  d'oeil,  scafr. 
Rom.  com.  i,  (3.  ||  8'  S'empirer,  v.  réfl.  Devenif 
pire.  Leur  état  allait  s'empirant,  Boss.  Hist.ti,  t. 
Tout  a  réussi  contre  nos  pensées,  et  telle  est  sa 
dépravation  [de  l'âme  d'un  mourant]  qu'elle  s'est 
empirée  parmi  nos  remèdes,  m.  Impénit.  a.  |[Pro- 
verbe.  Un  qui  amenda  vaut  mieux  que  deux  qui  em- 
pirent 


(356 


mv 


f. 


_  Hisr  xi'g.  Si'rt  ampïirez  [le  siècle]  tut  bien 
MU  .^m.n.n.  [a..nq»antï,  .«  >"<f  ".','•  "  î."'  '" 
MuJt  e.lo»  Ter.  le  rei  enpeirez  et  merflez,  Th.  le 
mari    *»    Rcpont   Rolant  :  ne  »ui  point    empiré 

nir.It  ni  haubert),  vaillissant  un  bouton,  tb.  p.  )8». 
IL'épieJ  Onques  ne  put  en  bataille  enpirer  [devenir 
pire)  ji.  Oui  les  barons  empiriés  [corrompus]  Sert 
«ans  aeur  [bonne  fortune],  jà  tant  n'aura  servi  Que 
leur  en  prenne  pitiés....  ouesnes,  Romancero,  p.  »8. 
Il  iiii*  s.  Killo,  font  il  andoi  [tous  les  deux],  ccste 
amors  vous  empire,  audefroi  lebastart,  Roman- 
cero, p.  <*•  Là  fu  sa  nés  [son  navire)  eropirie,  et 
par  è.slevoir  [de  nécessité]  li  convint  séjourner  au 
pals,  viLLEB.  cxxxiii.  Fisicien  [les  médecins]  me 
dientque  la  clarté  m'enpire  [me  rend  plus  malade], 
Berte,  lixxviii.  Ainz  que  vous  eussiez  m'amur, 
Fute.s-vus  de  mult  grant  valur;  N'est  mie  dreiz  & 
chevaler  Ke  pur  amiir  deive  enpeirer,  Lai del  désiré. 
Au  revenir  (je]  plains  et  soupire,  Car  ma  dolor 
croist  et  empire.  Si  que  je  n'ai  mais  espérance  De 
garison  ne  d'eslejance,  la  Rose,  <8*2.  Car  biauté 
est  de  tel  malire,  Que  el  plus  vit,  et  plus  empire, 
ib.  8382.  Que  li  oirs  ne  truist  [trouve]  pas  ses  édi- 
fices empiriés,  quant  il  vient  à  son  aage,  beaum. 
XV,  H.  Ilxiv  s.  Mais  aucune  foiz  par  négligence  ou 
pour  ce  que  l'en  n'eut  cure,  sont  aucuns  ars  em- 
pirez et  oubliez  en  tout  ou  en  partie  par  procès  de 
temps,  ORESME,  Elh.  x,  te.  Quant  l'encre  passe 
trois  scpmaines,  elle  empire,  Mi'nagier,  ii,  6.  ||  xV  s. 
Cela  l'amendera  ou  empirera,  car  les  mauvais  empi- 
rent de  beaucoup  sçavoir,  et  les  autres  en  amendent  ; 
mais  touteflbis  il  est  à  croyre  que  le  sçavoir  amende 
plus  tost  ung  homme  que  l'empirer,  comm.  v,  48. 
Durant  ce  temps  se  empiroient  les  besongnes  dudit 
roy  de  Portugal,  id.  v,  7.  |{  xvi's.  C'est  bien  em- 
pirer mon  marché,  mont,  i,  33.  Les  pédantes  [forme 
italienne,  pédante]  empirent  ce  qu'on  leur  commet, 
et  se  font  payer  de  l'avoir  empiré,  id.  i,  t48.  Marne- 
moire  s'empire  cruellement  touts  les  jours,  id.  iv,  88. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  pire. 

EMPIRIQUE  (an-pi  ri-k'),  adj.  \\  1°  Qui  se  guide 
seulement  par  l'expérience.  Méthode  empirique. 
Procédés  empiriques.  ||  Terme  do  physique.  For- 
mule empirique,  formule  dénature  approximative, 
qui  dérive  non  de  la  théorie,  mais  d'une  série  de 
faits  ou  cas  particuliers.  ||  Substantivement.  Un  em- 
pirique, un  homme  qui  traite  les  maladies  par  des 
remèdes  secrets,  et  sans  aucune  notion  scientifique 
du  corps  et  de  ses  maladies.  On  peut  juger  par  là 
que  M.  Kagon  n'aura  pas  fait  beaucoup  de  grâce 
aux  empiriques;  ces  sortes  de  médecins,  d'autant 
plus  accrédités  qu'ils  sont  moins  médecins,  et  qui 
ordinairement  se  font  un  litre  ou  d'un  savoir  incom- 
préhensible et  visionnaire  ou  même  de  leur  igno- 
rance, ont  trop  souvent  puni  la  crédulité  de  leurs 
malades,  fonten.  Façon.  [Carelti]  C'était  un  Italien 
qui  gagnait  do  l'argent  en  faisant  l'empirique, 
ST-siM.  66,  t96.  Osons  Croire  que  toute  économie 
qui  provient  de  la  vente  qu'on  nous  fait  de  ce  que 
nous  donnons  n'est  qu'un  secret  d'empirique,  mira- 
beau,  Collection,  t.  u,  p.  482. 112"  Oui  appartient  à 
l'empirisme.  ||  S. m.  Les  empiriques,  les  philoso- 
phes qui  appartiennent  à  l'empirisme.  ||  Dans  l'anti- 
quité, nom  donné  à  une  secte  de  médecins  opposée 
aux  dogmatistes  et  qui,  fondée  par  PhilinusdeCos, 
disciple  d'Hérophilc,  et  parSérapion,  ne  consultait 
que  les  faits  reconnus  expérimentalement,  et  reje- 
tait tout  raisonnement  dogmatique,  et,  avec  lui,  la 
connaissance  do  l'anatomie.  ||  En  mauvaise  part,  ceux 
qui  suivent  la  routine  et  dédaignent  l'expérience. 

— HIST.  xvi"  s.  La  curalion  de  toutes  ces  pointures 
[piqûres]  est  emperique  ou  anificial,  ii.  de  mon- 
rsviLLE,  f"  82,  verso.  Parole  est  ici  faite  de  plu- 
sieurs emperiques  [remèdes,  amulettes]  pendus  au 
col  du  pacient,  m.  t°  98,  verso. 

—  ÉTYM.  'E|xittipixoc,  de  iv,  en,  el  ntlpoi,  expé- 
rience. 

t  EMPIRIOUKMENT(an-pi-ri-ke-man),  adj.  D'une 
mtnière  empirique. 

—  ÊTYM.  Empirique,  et  le  suffixe  m«nl. 
EMPIRISME  (an-pi-ri-sm'),  s.  m.\\  i'  Recherche 

do  l'ejpérience  seule,  sans  aucune  théorie.  ||  Terme 
de  philosophie.  Système  dans  lequel  l'origine  de 
nos  connaissances  est  uniquement  attribuée  à  l'ex- 
périence. L'empirisme  écossais.  ||  8"  Etat  d'une 
•cience  quand  les  faits  n'y  sont  encore  liés  par  aucun 
ix**"*™'  °"  ^''^orie-  L'empirisme  a  été  banni 
entièrement  do  l'astronomie,  qui  maintenant  e.-.t  un 
grand  problème  de  mécanique,  dont  les  éléments 
ou  mouTement  des  astres,  leurs  figures  el  leurs 
mw«., ont  le»  arbitraires,  seules  données  indis- 
praiablcs  que  cette  science  doive  tirer  des  observa- 


RM? 

tloiis,  tA  PLACE,  Exp.  iv, préface.  ||8'  En  mauvaise 
jiart,  aveugle  routine.  ||  Empirisme  médical,  prati- 
que qui  ne  tient  aucun  compte  de  la  théorie.  Empir 
risme  politique  se  dit  de  la  politique  qui  n'a  d'autre 
règle  que  les  faits  sans  théorie. 

—  ÉTYM.  Voy.  EMPIRIQUE. 

f  EMPÎS  (an-pis'),  s.  f.  Genre  d'insectes  diptères 
ayant  pour  type  l'empis  opaque,  qui  vit  de  proie. 

—  ÊTYM.  'Eiiiti;,  sorte  de  mouche. 

EMPLACEMENT  (an-pla-se-man) ,  ».  m.  ||  1*  En- 
droit convenable  pour  construire,  établir  ou  faire 
quelque  chose.  Voilà  un  bel  emplacement  pour  un 
chantier,  pour  une  fontaine.  ||  2°  Place.  L'emplace- 
ment de  la  Bastille.  N'est-il  pas  singulier  que,  dans 
une  ville  aussi  fameuse  que  Carthage,  on  en  soit  à 
chercher  l'emplacement  même  de  ses  portsTcHA- 
TEAUB. /(in.  m,  tSB.  Il  3°  Action  de  décharger  et  de 
placer  le  sel  dans  les  lieux  du  dépôt.  ||  Manière  dont 
les  masses  de  sel   sont  disposées  dans  les  greniers. 

—  ÉTYM.  En  I ,  el  placement. 

■[  EMPLACER  (an-pla-sé),  v.  a.  Mettre  le  sel  dans 
les  greniers. 

—  ÉTYSl.  En  I ,  et  placer.  S'emplacer,  avec  un 
sens  général,  a  été  usité  :  Comme  des  corps  mal 
unis,  qu'on  empoche  sans  ordre,  trouvent  d'eulx 
mesmes  la  façon  de  se  joindre  et  emplacer  les  uns 
parmy  les  autres,  mont.iv,  80. 

t  EMPLAGE  (an-pla-j') ,  s.  m.  ||  1°  Terme  de  con- 
struction. Masse  d'éclats  de  pierres  jetés  avec  du  mor- 
tier entre  deux  rangs  de  pierres  taillées.  ||  2°  Terme 
de  marchand  de  vin.  Action  d'ouiller. 

—  HlST.  XIV'  s.  L'emplage  fait  es  charretes,  du 
CANOs,  implagium. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  emplir,  qui  faisait  emple  à 
l'indicatif;  voy.  l'hist.  de  emplir. 

+  EMPLAIGNER  (an-plè-gné),  v.  a.  Voy.  I-ainer. 
t  EMPLAIGNEUR   (an-plè-gneur) ,   *.    m.    Voy. 

LAINEUR. 

j  EMPLANTER  (an-plan-té),  v.  a.  Couvrir  un 
terrain  de  plantations. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  planter. 

f  EMPLANTURE  (an-plan-tu-r'),  s.  f.  Terme  de 
marine.  Ouverture  pratiquée  dans  la  carlingue,  pour 
y  faire  entrer  le  pied  des  bas  mâts. 

—  ÉTYM.  En  i ,  el  planter. 

\  EMPLASTIQUE  (an-pla-sti-k'),  adj.  Qui  a  le 
caractère  d'un  emplâtre.  ||  Qui  sert  à  coller.  Sub- 
stance emplastique. 

—  ÉTYM.  'EiiuXotoTixà;,  de  iv,  en,  et  tiXiaciiy,  for- 
mer, prendre  empreinle. 

t  EMPLASTRATION  (an-pla-stra-sion) ,  s.  f.  Ac- 
tion d'enter  en  écusson. 

—  HIST.  Touchant  l'enter  à  escusson,  appelle 
aussi  emplastration ,  morceau  et  bouton,  est  à  no- 
ter n'y  estre  propres  indilTeremment  tous  les  œil- 
lets et  bourgeons,  o.  de  serres,  6GC. 

—  ÉTYM.  Emplasirer. 

t  EMPLASTRER  (an-pla-stré),  v.  a.  Terme  d'hor- 
ticulture. Enter  en  écusson. 

—  HIST.  xvi*  s.  Là  est  emplastré  l'escusson,  de 
telle  sorte  qu'il  joint  l'escorce  de  l'arbre  de  trois  di- 
vers endroits,  o.  de  serbes.  G69. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  empldtrer. 

EMPLÂTRE  (an-plâlr') ,  s,  m.  Terme  de  phar- 
macie. Topique  glutineux  qui,  se  ramollissant  par 
la  chaleur ,  adhère  à  la  partie  sur  laquelle  on 
l'applique.  Mettre,  lever  un  emplâtre.  Il  avait  un 
grand  emplâtre  sur  le  visage,  scarr.  Rom.  com. 
ch.  1.  Il  Fig.  Mettre  un  emplâtre  à  une  affaire, 
couvrir,  réparer  ce  qu'il  y  a  de  défectueux  dans  une 
affaire.  Nos  petites  consolations  ne  sont  que  des  em- 
plâtres sur  les  blessures  de  la  vie,  volt.  Lett.  en 
vers  et  en  prose,  t62.  ||  Personne  infirme  et  mala- 
dive, et,  ironiquement,  personne  sans  activité,  sans 
énergie.  C'est  un  emplâtre  que  cet  homme-là.  Quel 
pauvre  emplâtre!  ||  Proverbe.  Où  il  n'y  a  point  de 
mal,  il  ne  faut  point  d'emplâtre. 

—  REM.  Le  genre  d'empM(re  a  été  longtemps  in- 
décis entre  le  genre  du  latin  el  la  terminaison  fémi- 
nine, el  dans  le  xvii'  siècle  on  le  faisait  souvent  fé- 
minin :  Une  cicatrice  que  couvrait  une  petite  em- 
plâtre en  losange,  hamilt.  Gramm.  7. 

—  HIST.  xii*  s.  Isaias  le  fist  lui  issi,  puis  cumandad 
que  l'um  figes  [figues]  li  portast,  si  en  fist  une  emplas- 
Ire,  0  fist  la  mettre  sur  un  clou  que  li  reis  oui  où 
il  se  duleit,  Rot,v,  p.  4t7.  {|  xiii«  s.  [Le  médecin]  Tex 
[tels]  emplaslres  dessus  [les  plaies]  lia,  Qu'en  qua- 
tre  jours  que  Jehansfu  i  Boulogne,  tous  garis  fu, 
Dl.  et  Jch.  V.  4617.  [La  fortune]  Et  leur  assiet 
comme  niarastre  Au  cuer  un  doloreui  emplaslre 
Destrempé  non  pas  de  vin  aigre.  Mais  de  povreté 
lasse  et  maigre,  la  Rose,  4«i4.  ||xiv*  Harol  metés 
moi  une  emplastra  Sur  la  coer;  car,  quant  m'en  | 


souvient.  Certes  souspirer  me  convient ,  Fiioiss. 
Buiss.  de  jonece.  L'emplastre  de  nonchaloir  Que 
sus  mon  cœr  pieça  mis.  M'a  guéri,  pour  dire  voir 
cfl.  d'ohl.  Bail.  76.  Il  xvr  s.  Il  y  adjousta  celle  in- 
vention, de  contrefaire  le  borgne....  quand  il  voulut 
desfaire  l'emplastre  qu'il  avoit  longtemps  porté  sur 
son  œil,  il  trouva  que  sa  vue  estoit  efl'ectuellement 
perdue  sous  le  masque,  mont,  m,  4  06.  Mettre  l'em- 
plastre près  de  la  playe,  cÉNiN,  R^cr^a».  t.  ii,  p.  244. 

—  ÉTYM.  Wallon,  èpldse;  namur.  iplause;  pro- 
venç.  emplastré,  empasire ,  emplaut,  emplausl; 
espagn.  emplasto;  liai,  empiasiro;  du  latin  emptas- 
trum,  venu  lui-même  du  grec  limXairtpov,  deiv, 
en,  et  7i)âiT<ieiv,  former. 

t  EMPLÂTRER  (an-pla-tré),  t>.  a.  ||  f  Etendre  le 
vernis  sur  une  peau  pour  faire  prendre  à  cette  peau 
la  couleur  de  l'or.  ||  2°  Fig.  et  populairement.  Gêner 
comme  par  un  emplâtre.  Qui  nous  a  emplâtres  de  co 
paresseux-là? 

—  ÉTYM.  Emplâtre;  provenç.  emplastrar;  espagn. 
emplastar;  ital.  impiasirare. 

t  EMPLÂTRIER  (an-plA-tri-é),  s.  m.  Lieu  de  la 
boutique  d'un  apothicaire  où  il  met  les  emplâtres. 

EMPLETTE  (anplè-t'),f.^  ||  1°  Action  d'employer 
une  somme  d'argent  en  achats.  Ce  sens,  qui  est  le 
primitif,  a  vieilli.  ||  Être  en  emplette,  se  disait  au- 
trefois d'un  marchand  qui  était  en  voyage  pour 
acheter  ce  qui  lui  élail  nécessaire.  Son  mari  donc  se 
trouvant  en  em[jlelte,  la  font.  Fais.  ||  On  dit  encore 
aujourd'hui  :  Faire  ses  emplettes,  aller  aux  em- 
plettes dans  les  villes  de  fabrique.  |1  Etre  de  bonne 
emplette,  être  bon  à  acheter;  et  fig.  en  parlant  des 
personnes,  avoir  bon  air.  La  dame  était  de  bonne 
emplette  encore,  la  font.  Berc.  \\  2"  Aujourd'hui 
en  un  sens  plus  restreint,  achat  de  marchan- 
dises, d'objets  de  peu  de  conséquence  ou  d'usage  et 
de  service  ordinaire.  J'ai  su  là-bas  que  pour  quel- 
ques emplettes  Eliante  est  sortie  et  Celimène  aussi, 
mol.  Mis.  I,  2.  Un  bloc  de  marbre  était  si  beau 
Qu'un  statuaire  en  fit  emplette,  la  font.  Fabl.  ix, 
6.  11  s'embarqua  à  Livourne  pour  Londres,  quoique 
dans  un  âge  déjà  fort  avancé,  et  il  alfa  de  Londres 
à  Amsterdam,  finir  ses  savantes  emplettes,  fonten. 
tiarsigli.  Des  fleurs  de  votre  teint  Où  faites-vous 
emplette  ÎBÉRANG.  Lisette.  ||  3°  L'objet  acheté.  Mon- 
trer ses  emplettes.  Tout  allait  bien,  quand  leur 
emplette.  En  passant  par  certains  endroits.  Remplis 
d'écueils  el  fort  étroits  Et  de  trajet  fort  difficile, 
Alla  toute  emballée  au  fond  des  magasins  Qui  du 
Tartare  sont  voisins,  la  font.  Fahl.  xii,  7. 

—  REM.  L'usage  permet  qu'on  dise  faire  emplette 
d'un  objet,  sans  article. 

—  SY'N.  emplette,  achat.  Achat  est  plus  géné- 
ral, il  peut  se  dire  non-seulement  des  objets  consi- 
dérables, mais  aussi  des  menus  objets;  au  lieu  que 
emplette  ne  peut  se  dire  que  de  ceux-ci.  J'ai  fait  l'achat 
ou  l'emplette  d'un  chapeau;  mais  j'ai  fait  l'achat 
et  non  l'emplette  d'une  maison,  d'un  domaine. 

—  HIST.  xV  s.  Les  marchans  qui  estoienl  alez  au- 
dit pays  de  Bourgongne  pour  faire  leurs  amplettes, 
j.  DE  tboyes,  Chron.  4467.  ||xvi'  s.  Comme  une 
vaine  moiinoye  inutile  à  tout  aultre  usage  et  em- 
ploite  qu'à  compter  et  jecter,  mont,  i,  43.  Si  j'a- 
masse, ce  n'est  que  pour  l'espérance  de  quelque  voi- 
sine emploite,  id.  I,3i7.  L'employle  [acquisition]  de 
la  science  est  bien  plus  hazardeuse  que  de  toute  aul- 
tre viande  ou  boisson,  id.  iv,  (9*.  Marchands  qui 
vont  à  l'emploicte ,  sont  lousjours  kien  garnis  el  mou- 
tés,  CARLOix  IV,  47.  Et  lui  fascleit  d'avoir  perdu  sa 
femme  si  tost,  la  quelle  estoit  encore  de  bonne  em- 
ploite, DESPER.  Contes,  x.  Un  marchant  qui  seroitas- 
seuré  de  cent  escus  en  achapt  de  draps  y  perdre 
mille  escus,  se  gardera  très  bien  d'y  faire  emploicle, 
ny  d'en  desbourcer  un  denier,  fboumekteab,  fi- 
nances, 3«  livre,  p.  437. 

—  ÉTYM.  Provenç.  empleytar,  acheter;  bas-lal. 
implicare ,  dépenser ,  impïicita,  dépense.  Em- 
ploicte,  ancienne  forme,  est  l'équivalent  exact  d'im- 
piicita,  d'impJicare  (voy.  employer),  el  signifie 
proprement  la  somme  employée  à  l'achat. 

EMPLI,  lE  (an-pli,  plie),  part,  passé  d'emplir. 
Il  1°  Une  bouteille  emplie  jusqu'au  goulot.  ||2*S.m. 
Chambre  où  l'on  dispose  les  formes  dans  lesquelles 
le  sucre  de  betteraves  doit  se  cristalliser  en  masse. 
Il  Seconde  cuite  du  sucre,  réunie  à  du  sucre  d'une 
première  cuite.  ||  La  quantité  de  formes  que  l'on 
a  remplies. 

EMPLIR  (an-plir).  ||  !•  T.  a.  Rendre  plein.  Em- 
plir un  coiïre,  un  verre.  J'aperçois  un  canot  vida 
sur  le  rivage,  emplissons-le  de  cocos,  jetons-nou» 
dans  celte  petite  barque,  laissons-nous  aller  au  cou- 
rant, VOLT.  Candide,  47.  ||  Fig.  De  sa  vaste  folie 
emplir  toute  la  terre,  boil.  Sat.  viii.  L'honneur  et 


EMP 

!a  vengeance  empliront  tous  les  cœurs,  volt.  Mér. 
IV,  6.  {{  Familièrement.  Il  emplit  bien  son  pour- 
point, se  dit  d'un  homme  gros  et  gras.  ||  2»  Y.  n. 
Terme  de  marine.  Être  gagné  par  une  voie  d'eau, 
en  parlant  d'un  vaisseau.  ||  Terme  de  sucrerie.  Faire 
un  empli.  ||  3*  S'emplir,  v.  réfl.  Devenir  plein.  Le 
bateau  s'emplissait  peu  à  peu. 

—  SYN.  EMPLIR,  REMPLIR.  Rigoureusement,  rem- 
plir signifie  emplir  de  nouveau;  mais  la  particule 
réduplicative  re  perd  souvent  son  sens;  et  ici  elle 
s'est  modifiée;  de  sorte  que  remplir  exprime  l'action 
d'ajouter  ce  qui  manque  pour  que  la  chose  soit 
tout  à  fait  pleine  :  remplir  un  tonneau.  C'est  là  la 
nuance  essentielle  et  de  laquelle  découlent  les  em- 
plois de  ces  deux  verbes.  On  dira  un  bois  rempli  de 
voleurs,  plutôt  que  empli,  parce  que  en  effet  des 
voleurs  n'emplissent  pas  le  bois,  mais  le  remplissent 
à  fur  et  mesure  qu'ils  y  arrivent  ou  y  séjournent.  On 
dira  que  les  grands  mots  emplissent  la  bouche, 
plutôt  que  remplissent,  parce  qu'on  veut  exprimer 
non  pas  la  venue  successive  des  mots  dans  la  bou- 
che, mais  l'effet  simultané,  la  plénitude  qu'ils  pro- 
duisent. D'un  autre  côté,  quand  on  dit  :  sa  gloire 
emplit  ou  remplit  l'univers,  il  est  difficile  de  saisir 
une  nuance  réelle. 

—  HIST.  XII'  s.  Je  enplirai  vostre  commandement, 
Ronc.  p.  <6.  Il  XIII*  s.  Uevre  [ouvre]  ta  bouche  et  je 
l'ampliré.  Psautier,  f"  <00.  Car  jonesoe  si  les  en- 
flame,  Qm  de  feu  les  emple  et  de  flame,  la  Rose, 
MIS.  Ainçois  estoit  encore  enclose  [la  graine]  Entre 
lesfoillesde  la  rose,  Qui  amont  droites  se  levoient 
Et  la  place  dedans  emploient,  ib.  3380.  ||  xv"  s. 
Adonc  cessa  l'assaut  et  fut  avisé  pour  le  mieux  que 
on  empliroit  les  fossés,  froiss.  ii,  ii,  34,  ||  xvi"  s. 
Marins  emplit  incontinent  toute  la  Libye  et  toute  la 
ville  de  Rome  de  sa  renommée,  amyot.  Marins,  ti. 
Hz  emplirent  de  sang  et  de  corps  morts  tout  le 
cours  de  la  rivière,  id.  ib.  34.  Il  feit  emplir  d'eau 
deux  mille  peaux  de  chèvres,  id.  Sertor.  18.  [Dieu] 
un  realement  estant,  qui  par  un  seul  maintenant 
emplit  le  tousjours,  mont,  ii,  379. 

—  ÉTYM.  Provenç.  emplir,  omplir,  umpUir;  ital. 
«mptere;  du  latin  implere,  dein.en,  et  piere  (comp. 
plein).  Dans  l'ancienne  langue,  la  conjugaison 
était  :  7'empie,  de  {mpleo,  avec  l'accent  sur  m. 

EMPLOI  (an-ploi),  s.  m.  ||  1°  Usage  qu'on  fait  de 
quelque  chose.  L'emploi  du  fer  dans  les  construc- 
tions. Faire  un  noble  emploi  de  ses  richesses.  L'em- 
ploi du  temps.  L'emploi  de  ce  moyen  n'est  pas  sans 
danger.  L'emploi  du  mot  propre.  ||  Double  em- 
ploi, se  dit  de  tout  ce  qui  fait  une  répétition  inutile. 
Cela  fait  double  emploi.  Si  [ces  principes  sont]  sem- 
blables, c'est  comme  s'il  n'y  en  avait  qu'un;  c'est 
un  double  emploi,  volt.  Princ.  d'acl.  i.  l\Àuplur. 
De  doubles  emplois  ou  des  doubles  emplois,  suivant 
que  l'on  considère  double  comme  un  adjectif  ou 
comme  faisant  un  seul  mot  avec  emploi.  ||  2°  Terme 
de  finance.  Application  de  fonds  à  une  destination. 
Régler  l'emploi  d'une  dot,  des  sommes  provenues 
d'une  vente.  Ils  ont  su  l'emploi  des  trente  pièces  d'ar- 
gent, Boss.  Hist.  II,  4.  Il  Terme  de  jurisprudence. 
Emploi  des  deniers,  usage  conforme  à  leur  destina- 
tion déterminée  par  la  loi  ou  la  convention.  Emploi 
de  deniers  dotaux.  ||  Faux  emploi,  l'emploi  d'une 
somme  portée  en  dépense,  quoique  la  dépense  n'ait 
point  été  faite.  )|  3"  Occupation.  [Il]  ....  pour  unique 
emploi  s'attache  à  son  plaisir.  Et  laisse  le  pouvoir  à 
qui  peut  s'en  saisir,  corn.  Attila,  i,  2.  Le  ciel,  dont 
nous  voyons  que  l'ordre  est  tout-puissant,  Pour  diffé- 
rents emplois  nous  fabrique  en  naissant,  mol.  Fem. 
sav.  1,1.  Heureux  qui  vit  chez  soi ,  De  régler  ses  dé- 
sirs faisant  tout  son  emploi  I  la  font.  Fabl.  vu,  12. 
Quand  pourront  les  François  Se  donner,  comme  vous, 
entiers  à  ces  emplois?  Mars  nous  fait  recueillir  d'am- 
ples moissons  de  gloire,  m.  «6.  vu,  18.  De  sembla- 
bles discours  rebutaient  l'appointeur  [de  procès]; 
11  court  aux  hôpitaux,  va  voir  leur  directeur;  Tous 
deux  ne  recueillant  que  plainte  et  que  murmure. 
Affligés  et  contraints  de  quitter  ces  emplois,  Vont 
confier  leur  peine  au  silence  des  bois,  id.  ib.  xii, 
27.  Ce  n'est  pas  qu'un  emploi  ne  doive  être  souffert: 
Puisqu'on  plaide  et  qu'on  meurt  et  qu'on  devient 
malaile.  Il  faut  des  médecins,  il  faut  des  avocats, 
ID.  ib.  [Il]  Etait  prêtre  de  Flore  ;  Il  l'était  de  Po- 
mone  encore;  Ces  deux  emplois  sont  beaux,  iD.tb. 
VIII,  10.  Quel  est  tous  les  jours  votre  emploi?  rac. 
Athal.  II,  7.  Mais  quel  indigne  emploi  moi-même 
m'imposé-je?iD.  Baj.  iv,  2.  Ceschaumes,cesdéserts. 
où  des  pompes  des  rois  Je  vous  vis  descendue  aux 
plus  humbles  emplois,  volt.  Scyth.  m,  4.||  Faire  son 
emploi  de,  s'occupera,  faire  son  aflaire  de.  Etqueje 
fasse  enfin  mes  plus  fréquents  emplois  De  parcourir 
nos  monts,  nos  plaines  et  nos  bois,  mol.  Princ.  d'Él. 


i,  3. 1)  Emploi  du  travail,  des  capitaux,  leur  appli- 
cation à  l'industrie.  Accroître  l'emploi  du  travail. 
Il  4°  Fonction,  place.  Je  vais  comme  au  supplice  à 
cet  illustre  emploi,  cobn.  hérad.  ii,  B  II  n'est  pas 
toujours  bon  d'avoir  un  haut  emploi,  la  font.  Fabl. 
i,  4.  Mal  content  de  n'avoir  point  eu  de  l'emploi  en 
France,  sÉv.  I3i.  Ceux  qui  sont  dans  les  emplois 
de  la  guerre,  boss.  Gornay. Moi... Qui,  d'emplois  en 
emplois  vieilli  sous  trois  sultans,  Ai  vu  de  mes  pa- 
reils les  malheurs  éclatants,  rac.  Baj.  iv,  7.  Il  faut 
en  France  beaucoup  de  fermeté  et  une  grande 
étendue  d'esprit  pour  se  passer  des  charges  et  des 
emplois,  et  consentir  ainsi  à  rester  chez  soi  et  à  ne 
rien  faire,  la  bruy.  ii.  Les  personnes  qui  étaient 
dans  quelque  emploi  considérable,  fén.  Tél.  xxi.  J'ai 
placé  deux  de  mes  frères.  Mes  trois  fils  ont  de  l'em- 
ploi, BÉBANG.  Ventru.  Je  languis  sous  la  chaîne  Du 
plus  modique  emploi,  m.  Vocation.  ||  Il  se  dit,  ab- 
solument, pour  service,  temps  passé  dans  les  em- 
plois. Mais  ses  rivaux  ont-ils  plus  de  mérite?—  Non  ; 
Mais  ils  ont  plus  d'emploi,  plus  de  rang,  plus  de 
nom,  CORN.  Pulch.  m,  1.  ||  B°  Terme  de  théâtre. 
Rôles  d'un  même  caractère.  Cet  acteur  tient  l'em- 
ploi des  rois,  l'emploi  des  valets.  ||  Chef  d'emploi,  le 
premier  acteur  dans  les  rôles  de  chaque  emploi. 

—  HIST.  xvi*  s.  0  mon  Dieu,  conduisez-moi  en 
vostre  volonté  par  le  froid,  par  le  chaud....  par 
l'employ,  par  le  repos,  st  François  de  sales,  Soli- 
tudes annuelles,  p.  24B,  Paris,   1860. 

—  ÉTYM.  Voy.  EMPLOYER;  ital.  impiego.  Au  xvi* 
siècle,  on  disait  emploite  (voy.  emplettp:)  :  Le  ma- 
niement et  employte  des  beaux  esprits  donne  prix 
à  la  langue,  mont,  m,  3b3. 

t  EJJPLOYABLE  (an-plo-ia-bl';  plusieurs  disent 
an-ploi-ia-bl')  ,   adj.  Qui  peut  être  employé. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  potier  fait  des  pots  employa- 
bles  à  services  honnestes  et  honnorables,  et  d'autres 
applicables  à  choses  indignes  et  vilaines,  beloy, 
Orig.  de  la  chevalerie,  p.  38,  dans  lacurne. 

—ÉTYM.  Employer. 

EMPLOYÉ,  ÉE  (an-plo-ié,  iée;  plusieurs  disent 
an-ploi-ié),  part,  passé.  \\  1°  Dont  on  a  fait  emploi. 
De  l'argent  bien  employé.  Cinquante  ans  furent  em- 
ployés pour  le  bonheur  de  l'État,  thomas,  Éloge  de 
Sully.  Pas  un  de  vos  jours  qui  n'emporte  Quelque 
peu  de  la  fleur  de  vos  jeunes  beautés;  Employés  ou 
perdus,  n'importe,  Ils  ne  laisseront  pas  de  vous 
être  comptés,  montreuil,  Remontranceà  une  jeune 
demotieHe.  Il  C'est  bien  employé,  s'est  dit  pour  : 
c'est  bien  fait,  la  chose  est  méritée.  Cette  longueur 
[d'une  maladie]  est  toute  propre  à  mortifier  une 
créature,  qui,  comme  voussavez,  ne  connaîlquasi 
pas  cette  belle  vertu  de  patience;  mais  il  faut  bien 
se  soumettre  quand  Dieu  le  veut;  c'est  bien  em- 
ployé, j'étais  insolente:  je  reconnais  de  bonne  foi 
que  je  ne  suis  pas  la  plus  forte,  sÉv.  Lett.  18  mars 
1C70.  Il  2°  Qui  a  une  occupation,  une  fonction,  une 
place.  C'est  un  des  médecins  les  plus  employés  de 
Paris.  Il  est  employé  dans  un  chemin  de  fer.  [Ils]  vous 
acquirent  l'honneur  D'être  seuls  employés  aux  au- 
tels du  Seigneur,  bac.  Ath.  iv,  3.  J'ai  maintenant 
l'espérance  d'être  employé;  et,  si  cela  est,  je  vous 
emmènerai  avec  votre  ami,  m"  de  genlis,  Adèle  et 
Théod.  t.  m,  lett.  Bi,  p.  3B2,  dans  pougens. 
Il  3°  S.  m.  Homme  employé  dans  une  administra- 
tion, dans  un  bureau,  etc.  Les  employés  de  l'admi- 
nistration des  contributions  indirectes.  Un  employé 
d'une  compagnie  d'assurances.  Un  employé  de  che- 
min dé  fer.  ||  Terme  d'économie  politique.  Celui  qui 
cède  son  travail  à  celui  qui  le  demande,  à  l'em- 
ployeur. 

EMPLOYER  (an-plo-ié;  plusieurs  disent  an-ploi- 
ié),  j'employais,  nous  employions,  vous  employiez; 
que  j'emploie,  que  nous  employions,  que  vous  em- 
ployiez; l'y  grec  se  change  en  t  devant  un  e  muet  : 
j'emploie,  j'emploierai,  v.  a.\\  1°  Faire  emploi  de 
quelque  chose.  Employer  beaucoup  d'argent  en  aumô- 
nes. Employerdel'étoffe.  Le  temps  est  cher,  il  le  faut 
employer,  rac.  Ilithr.  iii.B.  Allons,  employons  bien 
le  moment  qui  nous  reste,  m.  Bajaz.  m,  k.  Ceux  qui 
emploient  mal  leur  temps  sont  les  premiers  à  se 
plaindre  de  sa  brièveté,  la  bruy.  xii.  Employez-les 
[vos  biens  et  votre  autorité]  à  faire  des  heureux  et  à 
rendre  la  vie  plus  douce  et  plus  supportable  ides  in- 
fortunés, MASS.  Pet.  car.  Iluman.  des  gr.  ||2'  Par 
extension.  La  lumière  emploie  environ  un  demi-quart 
d'heure  à  nous  venir  du  soleil.  Un  boulet  de  canon  qui 
irait  de  la  terre  au  soleil  et  qui  conserverait  toujours 
sa  première  vitesse,  emploierait  vingt-cinq  ans  pour 
y  arriver,  rollin.  Traité  des  Et.  v,  art.  3  et  i. 
Il  3"  Mettre  en  oeuvre.  Employer  ses  bons  offices 
pour  quelqu'un.  Employer  tous  les  moyens  pour 
parvenir  à  ses  fins.  Employer  la  fiction  et  le  men- 1 


EMP 


1357 


songe.  Rome  est  sujette  d'Albe,  et,  pour  l'en  ga- 
rantir, 11  n'a  pas  employé  jusqu'au  dernier  sou- 
pirl  CORN.  Jlor.  m,  8.  Dieu....  qui,  fécond  en 
moyens,  emploie  toutes  choses  à  ses  fins  cachées , 
B0.SS.  Reine  d'Angl.  Employer  ses  mains  charitables 
pour  servir  les  pauvres,  flécii.  ii,  26.  J'employais 
les  soupirs  et  même  la  menace,  rac.  Brit.  ii,  2. 
Sans  qu'elle  employât  une  seule  prière,  ID.  .4ndr. 
V,  2.  Vous  pourriez  de  Zaïre  employer  la  faveur, 
VOLT.  Zaïre,  ii,  1.  Tu  n'aurais  employé  qu'une  juste 
défense,  id.  Uér.  ii,  2.  Ce  poids  léger  du  temps  que 
le  travail  emploie,  i.amart.  Earm.  i,  B.  ||  Familiè- 
rement. Employer  le  vert  et  le  sec,  faire  tous  ses 
efforts,  mettre  toutes  sortes  de  moyens  en  oeuvre. 
LoL'ution  tirée  d'un  homme  qui ,  pour  se  chauffer, 
brûle  non-seulement  le  bois  sec,  mais  le  bois  vert. 
Il  Emplojer  une  somme,  l'appliquer  aune  dépense. 
Tous  ceux  qui  emploient  de  l'argent  pour  obtenir 
les  ministères  ecclésiastiques,  pasc.  Réfut.  de  la 
rép.  à  la  t2'  Jc((.  ||  Employer  une  phrase,  un  mot, 
un  tour,  en  user  en  parlant  ou  en  écrivant.  ||  Em- 
ployer une  raison,  une  pièce,  la  faire  valoir,  s'en 
appuyer.  ||  4°  Donner  de  l'emploi,  de  loccupa- 
tion.  Employer  un  grand  nombre  d'ouvriers.  On 
l'a  employé  dans  de  grandes  négociations....  de 
tous  ceux  que  le  sultan  emploie,  Orcan  le  plus 
fidèle  à  servir  ses  desseins,  rac.  Baj.  m,  8.  Capi- 
taine qu'Adraste,  par  jalousie,  n'avait  jamais  voulu 
employer,  fén.  Tél.  xxi.  ||  Employer  quelqu'un, 
se  servir  de  son  crédit,  de  son  influence,  de  ses 
démarches.  Vous  l'avez  employé  pour  réussir  dans 
votre  candiditure.  Après  avoir  pour  nous  em- 
ployé ce  grand  homme,  corn.  If.  de  Pomp.  i,  3. 
Faites-moi  la  grâce  de  m'employer;  soyez  persuadé 
que  je  suis  entîtirement  à  vous,  mol.  Imprompt.  3. 
Il  Par  extension.  J'ai  regret  que  le  sort  m'emploie 
à  la  ruine  De  la  plus  éclatante  et  superbe  ma- 
chine,  rotbou  ,  Bélis.  v,  B.  ||  5"  S'employer,  v. 
réfl.  Être  employé,  mis  en  œuvre.  Ce  moyen  ne  peut 
s'employer.  Ce  mot  ne  s'emploie  pas  en  ce  sens.  Ô 
grands  vénérateurs  de  ce  saint  mystère  [l'eucha- 
ristie], dont  le  zèle  s'emploie  à  persécuter  ceux  qui 
l'honorent  par  tant  de  communions  saintes,  pasc. 
Prov.  16.  Il  User  de  son  crédit  en  faveur  de  quel- 
qu'un. Sauvez  ce  malheureux,  employez-vous  pour 
lui,  coBN.  Polyeucte,  iv,  b.  Et  je  n'ai  point  eu  lieu 
de  m'employer  pour  toi,  ID.  Ctnna,  III,  4.  Vous  dai- 
gnerez vous  employer  pour  moi,  mol.  Femmes  sap. 
I,  2.  Il  ne  s'en  sauva  que  quelques-uns  [des  partisans 
de  Cylon],  pour  qui  les  femmes  des  citoyens  s'em- 
ployèrent et  les  firent  mettre  en  liberté,  fén.  Solon. 

—  REM.  Employer  régit  d  devant  les  verbes  :  Em- 
ployez votre  argent  à  secourir  votre  frère.  Il  em- 
ploya à  mettre  en  vers  ces  fables  les  derniers  mo- 
ments de  sa  vie,  la  f 'NT.  Fabl.  Préface.  Il  régit  à 
devant  les  noms,  quand  ils  sont  déterminés  :  J'ai 
employé  vingt  mille  francs  à  cette  acqus  tion;  il 
a  employé  tout  son  argent  à  des  bagatelles;  et 
en  quand  ils  sont  indéterminés,  c'est-à-dire  sans 
article  ou  sans  autre  déterminatif:  Il  a  employé  tout 
son  argent  en  bagatelles. 

—  HIST.  XI'  s.  Or  guart  chascuns  que  granz  cops 
il  empleit,  Ch.  de  Roi.  lxxvii.  Nen  i  a  cel  [qui]  sa 
lance  n'i  empleit,  ib.  ccxlviii.  ||xii*  s.  Malement 
[]']  ai  mon  service  emploie.  Coud,  vu.  Après  celui 
[ils]  eslurent  dantGarin  lePohier;  Ne  sorent  lato- 
rone  alors  ii  ieux  amploier.  Saxons,  iv.  Jamais  tut 
cil  denier  n'ierent  bien  empleié,  Quant  sunt  par  fé- 
lonie conquis  egaaig.ié,  Th.lemart.  ib7.  ||xni"s. 
Et  se  vous  veés  que  la  corone  sj.t  mius  emploie  en 
l'un  de  vous  qu'en  moi,  je  m'i  otroi  volontiers,  Chr. 
deRains,  148.  Et  nous  ne  veimes  où  Ii  roiaumes 
de  Jherusalem  fust  mius  emploies  que  en  vous,  ib. 
80.  Mètre  ion  temps  eu  mal,  ce  n'est  mieemploier, 
la  Foie  et  la  Sage.  ||  xiV  s.  N'y  ot  prince  si  grant 
tant  y  fust  souffisaot,  Qui  pour  Englois  g  ever  ne 
s'alast  emploiaiit,  Guesd.  v.  20142.  ||  xV  s.  Quand 
le  demeurant  qui  eschapper  purent,  f,,rent  venus  er» 
l'ost  devers  leurs  lompagnons,  si  contèrent  leurs 
aventures  aux  uns  et  auv  autres,  qui  peu  les  en 
pi  ignire.t,  maisdireiit  que  c'estoit  bien  emp  oyé, 
car  sans  conseil  et  sans  commandement  ils  y  es- 
toient  allés,  froiss.  i,  i,  i41.  Mieuls  ne  poet  em- 
ployer le  temps  Homs,  ce  m'est  vis,  qu'au  bien 
amer  [en  aimai. t  bien],  id.  Espinelte  amoureuse.  Je 
vous  prye  que  vous  hastez  de  faire  ce  mariage  e  plus 
tost  que  vous  pourrés,  et  vous  asseure  que,  de  ma 
part,  je  m'y  emploieray  autant  q  e  si  c'estoit  pour 
ma  propre  fille.  Lettre  de  Louis  II,  Bibl.  des  Chartes, 
4'  série,  1. 1,  p.  20.  Au  surplus  il  faut  vivre  en  joye; 
Que  servent  les  biens  amassés.  Au  besoing  qui  ne 
les  emploie?  basselin,  lu.  ||  xvi*  s.  Amour  a  fuit 
ma  langue  desployer ,  Et  ma  main  dextre  à  t'escrite 


1358 


EMl' 


employer,  iiabot,i,  ïas.  Car  pou  de  gloyre  mBiem- 
ble  nccroiBlra  k  coulx  qui  seuUemant  y  emploictent 
leur»  yeulx,  au  demoiirant  y  espargiient  leurs  for- 
ces, RAB.  l'ant.  m,  Prnl.  En  toutes  choses  qu'il 
nous  peult  faire  plaisir,  il  s'y  employa  conuno  pour 
lùy  mesmes,  maho.  Leit.  Ui.  Ca  n'est  pas  raison 
que  tu  employés  ton  loisir  en  un  subject  si  frivoio, 
MONT.  Au  lect.  p.  xu.  Employant  plusieurs  éiomples 
ut  raisons  à  prouver  que....  II).  I,  )7,  Voyez  le  teve- 
nir  de  là  aprez  quinze  ou  seize  ans  employez,  ID. 
I,  M6.  Eudamidas  donne  pour  faveurà  sas  amis  de 
les  employer  à  son  liosoinjj,  ic.  i,  an. 

—  KTYiM.  Piovenç.  empleiar;  catal.  implegar; 
espagn.  empleari  portug.  cmprcgar;  ilal.  impicgare; 
du  latin  impiicora,  au  propre,  plier  clans,  impli- 
quer, meltr.,'  dans,  de  tn,  en,  et  plicare,  plier 
(voy.  ri.orRB). 

t  EMPLOYKint  (an-plo-iaur),  «.  m.  Terme  d'éco- 
nomie politique.  Celui  qui  demanda  le  travail  et  qui 
emploie  les  travailleurs. 

EMPLUHË,  ÉK  (un-plu-mé,  ée),  part,  posté. 
Muni  de  plumes.  Zéilits  et  Calais,  ces  hc^ros  em- 
plumés,  conN.  Tois.  d'or,  iv,  *.  Mes  excursions, 
dit-il,  commençaient  invariablement  avec  l'aube, 
et,  revenir  trempé  de  rosée,  accablé  de  fatigue, 
tnais  chargé  d'une  prise  empluméo  [Un  oiseau],  fai- 
sait et  fora  toujours  les  plus  ravissantes  délices  de 
ma  vie,  cap,  Audubon,  p.  ao.  ||  Terme  d'ornitho- 
logie. Qui  a  les  jambes  couvertes  de  plumes.  |{  Orné 
de  plumes.  Relevés,  emplumés,  braves  comme  un 
Saint-George,  kRgnif.h,  Sal.  vi.  ||  Terme  de  chirur- 
gie. Suture  emplumée,  ancien  nom  de  la  suture 
oncheviUée  (voy.  suture). 

EMl'LUMER  (an-plu-mé),  t).  a.  Ga_rnirde  plumes. 
Il  Emplumer  un  clavecin,  le  garnir  do  petits  becs 
de  plume  qui  pinçaient  et  faisaient  sonner  la  conle 
avant  l'invention  des  marteaux  employés  aujourd'hui 
dans  les  pianos.  ||  S'emplumer,  v.  réft.  Se  garnir  de 
plumes. 

—  HisT.  XV*  s.  Entre  autres  articles  leur  est  per- 
mis de  faire  l'amour,  d'esire  braves,  emplumés, 
de,';guisés,  descouppés,  masqués,  musqués,  parfu- 
més et  en  bon  ordre,  Arresta  amorum,  p.  409,  dans 
LACURNE.  Il  XVI'  5.  Les  poêles  et  les  peintres,  vou- 
lant exprimer  l'amour  des  hommes,  représentent 
un  enfant  emplumé,  yvek,  p.  680. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  plume. 

+  EMPLURE  (an-plu-r'),  s.  f.  Nom  des  feuilles  de 
yélin  et  de  parchemin  entre  lesquelles  les  batteurs 
d'or  empilent  les  feuilles  métalliques,  afin  d'amortir 
les  coups  de  marteau. 

—  ÉTY.«.  Ce  parait  être  un  dérivé  de  emplir,  qui 
faisait /empic  à  l'indicatif  (voy .  EMPLIR,  à  l'historique). 

EMPOCHÉ,  ÊE  (an-poché), part,  poiii;.  L'argent 
empoché  aussitôt  que  reçu. 

EMPOCHER  (an-po-ché),  «.  o.  ||  Serrer  dans  sa 
poche.  Quand  j'avais  empoché  mon  livre,  je  ne  son- 
geais plus  k  rien,  i.  J.  Rouss.  Conf.  i.  jj  Mettre  en 
poche  avec  empressement.  H  a  empoché  nos  fonds. 
Vous  surprîtes  d'Antin  empochant  votre  argent  de 
dedans  votre  chapeau,  st-sim.  197,  <37.  ||  Absolu- 
ment. On  surprenait  la  princesse  d'Harcourt  fit  voler 
au  jeu,  elle  chantait  pouille  et  empochait,  st.-sim. 
U»,  »3(.||Fig.  Empocher,  se  dit  d'une  parole  dés- 
agréable, surtout  quand  on  n'a  rien  k  répliquer.  Jl 
a  empoché  de  bonnes  vérités  auxquelles  il  ne  s'at- 
tenJall  guère.  ||  S'empocher,  v.  rift.  Être  mis  en 
poche.  Ce  n'est  pas  une  grosse  somme,  mais  cela 
s'empoche  tout  de  mfime. 

—  HIST.  XVI'  s.  Comme  des  corps  mal  unis  qu'on 
empoche  sans  ordre,  hont,  iv,  su. 

—  ÉTYM.  J?n  t ,  et  poche. 

EMPOIGNE,  ÉE  (an-po-Kné,  gnée),  par»,  passif. 
Le  voleur  empoigné  fortement  par  un  passant. 
Il  Terme  de  blason.  Pièces  empoignées,  pièces  lon- 
gues, telles  que  les  flèches,  lorsqu'il  y  en  a  plu- 
sieurs d'as.semblécs  et  de  croisées  au  milieu  de  l'écu. 

t  EMPOIGNEMENT  (an-po-gne-raan),  s.  m.  Terme 
populaire.  Action  d'empoigner,  d'arrêter. 

—  ÊTYM.  empoigner. 

EMPOIGNER  (an-po-gn6;  quelques-un»  disent 
an-poi-gné  ;  mais  cette  prononciation  est  beaucoup 
moins  usitée.  Lamonnoye,  Glossaire,  au  mot  po- 
,9n<»,  dit  que  empogner  est  une  ancienne  prononcia- 
tion k  laquelle  il  faut  préférer  empoigner),  v.  a. 
Il  !•  Prendre  et  serrer  avec  le  poing.  Il  l'empoigna 
par  le  bras.  Qui  pour  une  rondache  empoigne  un 
e»c»be»u,  KÉONlEa,  Sot.  i.  Je  me  tins  collé  au 
boiie  en  empoignant  avec  les  deux  mains  «on 
♦pklsMiolwn  ftN.t.xxi,  p.  404.  Il  empoiiîneunoi- 
>e«u  comme  II  empoignerait  une  pierre,  J.j. rouss. 
STi  J' A  1*  ,<l"8'3,"'"n  pour  le  mettre  en  arres- 
tation ou  lexpulMf.  Émpoignez-mol  cet  homme-lk. 


EMP 

[Un  gendarme]  ne  gagne  point  de  batailles,  Il  em- 
poigne les  gens,  p.  l.  cour,  ii,  ans.  ||  Pig.  Dana  un 
langage  familier  et  d'artistes,  Intéresser  vivement 
ou  causer  une  forte  émotion.  Voilà  un  drame  qui 
empoigne.  C'est  comme  cela  qu'on  empoigne  son 
lecteur.  ||  2*  S'empoigner,  v.  ri'fl.  Re  saisir  avec  les 
poings;  cl  populairement,  se  colleter;  et  fig.  enta- 
mer une  vive  discussion.  ||  Êlro  saisi  avec  les  poings. 
Cola  s'empoigne  facilement. 

—  lilST.  xii'  s.  Là  voîst-on  tante  lance  enpogner, 
flonc.  p.  B9.  De  tant  des  [clefs]  cum  cil  pout  &  dous 
[deux]  main»  enpuignier.  Th.  le  matl.  47.  ||  xni'  s. 
Et  la  mesenge  a  empoingnié  Plein  son  poing  de 
mousse  el  de  folUe,  Hen.  1770.  Crois  fi  [il  fit  le 
signe  de  croix]  pardesorlui,  à  Dieu  se  comanda, 
Puis  a  saisi  l'eschiele,  k  deus  mains  l'empulgna, 
Ch.  d'Ar\t.  VI,  68o.  ||  xiv  s.  Mais  souventefoiz  il 
avient,  oui  trop  empoigne  pou  retient,  Liv.  du, 
bon  Jehan,  728.  Tendre  son  arc  et  empoigner  la 
sayetle  de  quoy  on  veult  traire,  iloiius,  C  Lviii, 
verso.  Il  xV  s.  Messire  Henri  de  Flandre  se  tenoit 
tout  devant,  son  glaive  empoigné,  et  lançoit  les 
horions  grands  et  périlleux  ,  froiss.  I,  i,  80. 
Dit-on  pas,  en  commun  latin.  Que  les  gens  vestus 
de  fins  draps.  Soit  d'escarlate  ou  de  satin,  Empoin- 
gncnt  l'honneur  à  plain  bras'?  Recueil  de  farces, 
p.  339.  Mais  11  faut  que,  sans  nulle  doutte  [crainte], 
M'empoingnez  Ces  deux  malfaiteurs,  ib.  p.  379. 
Il  XVI'  s.  Ne  plus  ne  moins  que  qui  voudroit  em- 
poigner l'eau,  MONT.  II,  376. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  poigne;  Berry,  empogner. 

t  EMPOIGSEUR  (au-po-gneur),  i.  m.  Celui  qui 
empoigne. 

—  ÉTYM.  Empoigner. 

t  EMPOINTAGE  (an-poin-ta-j'),  s.  m.  Action  de 
faire  la  pointe  des  épingles,  des  aiguilles. 

—  KTYM.  Empointer. 

t  EMPOINTER  (an-poin-té),  t).  a.  \\  1"  Retenir  les 
plis  d'une  pièce  d'élolîe  par  quelques  points  d'ai- 
guille. Les  étoffes  pourront  être  dressées  à  la  rame, 
sans  être  tirées  ni  allongées  [pour  leur  donner  le 
dernier  apprêt];  lesquels  apprêteurs,  avant  que  de 
les  empointer,  seront  tenus  de  les  représenter  au 
bureau  pour  être  années  pour  la  deuxième  fois, 
Mémoire  des  drapiers  et  sergers  de  Chdlons,  1 3  fév. 
1097.  Il  i'  Faire  la  pointe  des  épingles,  des  aiguilles. 

—  ÊTYM.  En  1 ,  et  pointe. 

t  EMPOINTEOR  (an-poin-teur),  s.  m.  ||  1°  Celui 
qui  empointe  les  pièces  d'étoffe.  ||  2°  Celui  qui  fa- 
brique la  pointe  des  aiguilles.  Les  tronçons  étant 
coupés,  l'empointeur  leur  fait  une  pointe  k  chaque 
bout;  cette  opération  se  fait  en  très-peu  de  temps, 
Vict.  des  arts  et  met.  Amsterd.  1707,  épinglier. 

t  EMPOINTURE  (an-poin-tu-r'),  s.  f.  Terme  de 
marine.  Angle  supérieur  d'une  voile. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  pointe. 

EMPOIS  (an-poî;  l'sse  lie  :  l'an-poî-z-et....),  «.m. 
Espèce  de  colle  épaisse ,  formée  par  l'amidon  ou  la 
fécule,  dont  les  grains  ont  été  gonflés  et  crevés 
par  l'eau  l)Ouillante. 

—HIST.  xiii'  s.  Nus  chapelierne  doit  mètre  empoise 
en  ses  chapiaus;  et  se  il  le  fct,  il  doit  cinq  sols  d'a- 
mende, Liv.  des  met.  248.  ||  xvi'  s.  Les  racines  du 
pied  de  veau  {arum  macuJatum,  L.)  empèsent  le 
linge,  à  tel  usage  estant  emploiées  par  les  villa- 
geoises de  plusieurs  endroits  de  la  Normandie,  avec 
non  guère  moins  de  blanche  délicatesse,  que  les  da- 
moiselles  font  leur  subtil  empois,  o.dk  serres,  826. 

—  ÉTYM.  En  1,  et  poix;  ainsi  dit  à  cause  de  la 
propriété  qu'il  a  de  coller  comme  la  poix.  Tandis 
que  empois  suit  la  prononciation  picarde,  empeser 
suit  la  prononciation  do  l'ouest, 

t  EMPOISE  (an-poi-z'),  s.  f.  Coussinet  en  boUe 
qui,  dans  les  machines,  sert  d'appui  aux  tourillons 
des  axes  tournants. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  eipoiser,  ancienne  forme  de  pB<er. 
t  EMPOISONNANT,  ANTE  (an-poi-zo-nan,  nan- 

l'),  adj.  Qui  empoisonne.  Nous  la  respirerons  [la 
cendre  de  la  UrinviUiers  jetée  au  vent],  et,  par  la 
communication  des  petits  esprits,  il  nous  prendra 
quelque  humeur  empoisonnante  dont  nous  serons 
tout  étonnés,  sév.  î9b. 

EMPOISONNÉ,  ÊE  (an-poi-zo-nê,  née),  port. 
passé.  Il  !•  Infcclé  avec  un  poison.  Personne  n'Ignore 
que  l'usage  des  armes  empoisonnées  remonte  aux 
siècles  les  plus  reculés;  il  précéda,  dans  la  plupart 
des  contrées,  l'invention  du  fer,  ratnal,  llist. 
phil,  XII,  ».  Il  Kig.  Le  trait  empoisonné  que  ses 
yeux  m'ont  lancé,  botr.  Vencetl.  iv,  s.  Combien 
elle  av,iit  d'aversion  pour  les  discours  empoisonnés 
de  la  médisance!  noss.  7l«(ne  d'Anglel.  J'ai  dû 
craindre  du  roi  les  dons  empoisonnés,  aAO.  mihr. 
IV,  t.  Arrachez-vous  d'un  lieu  funeste  et  profané 


ERfP 

Oi)  la  vertu  respire  un  tir  empoisonna,  m.  Phèd. 
v,  1.  Et  du  bonheur  public  la  source  empoisonnée, 
ID.  Esfh.  m,  4.  Les  chrétiens,  qui  ne  doivent  ja- 
mais chercher  le  plaisir  pour  te  seul  plaisir,  doivent 
avoir  en  horreur  ces  divertissements  empoisonnés 
[une  musique  voluptueuse],  fRh.  Éduc.  des  fiUei, 
XII.  La  langue  empoisonnée,  loin  de  lui  soufflerie 
venin,  s'infectait  toute  seule  elle-même,  mass.  Or. 
fun.  Dauph.  \\  2*  A  qui  on  a  administré  du  poison 
J'approchais  de  quinze  ans  alors  qu'empoisonnée, 
Pour  avoir  contredit  mon  indigne  hyménée,  cosN. 
lléracl.  III,  1.  Non,  non,  Dritannicus  est  mort  em- 
poisonné, raC.  7Jri(.  v,  6, 

E.MPOISONXEMENT  (an-poi-zo-ne-man),  (.  m. 
Action  d'empoisonner.  L'empoisonnement  est  un 
crime  capital.  |{  Au  sens  actif.  L'empoisonnement  de 
Dritannicus  par  Néron.  Mes  remords  ont  besoin 
qu'un  prêtre  indulgemment  Lave  en  moi  la  man- 
songe  et  l'empoisonnement,  lemerc.  Frédég.  el  Br 
v,  1.  Il  Au  sens  passif.  Les  empoisonnements  de  la 
Brinvilliers,  c'est-à-dire  les  empoisonnements  com- 
mis par  la  Brinvilliers.  ||  Ensemble  des  effets  pro- 
duits par  un  poison  Introduit  dans  l'économio. 

--  HIST.  XIII'  s.  Ele  avoit  pourveQ  tout  l'empoi- 
sonnement,  Berte,  xcv.  Et  la  manière  de  l'empoi- 
sonnement fut  tele,  Jomv.  ai».  ||  xiv  s.  Quant 
[Charles  le  Chauve]  l'empire  out  tenu  deux  ans  pai- 
siblement. Mors  fut,  venans  da  Home,  d'ung  am- 
polnsenement  Qu'ungs  juif  li  douna  au  lieu  qu'on 
dit  Nantue,  Girart  de  Bnti.  v.  l«a. 

—  ÉTYM.  Empoisonner. 

EMPOISONNER  (an-pol-zo-né),  t).  a.  ||  1'  Infecter 
de  poison.  Empoisonner  des  viandes.  Empoisonner 
un  fruit.  Certains  sauvages  empoisonnent  leurs  flè- 
ches. Il  Empoisonner  un  étang,  un  cours  d'eau,  y 
jeter  des  substances  propres  à  faire  mourir  le  pois- 
son. Il  Empoisonner  des  terres,  jeter  dans  les  ter"es 
des  choses  propres  à  tuer  les  chiens ,  afin  d'empêcher 
la  chassa.  Il  Kig.  Je  ne  demandais  pas  à  gémir  auprès 
d'eux,  i  respiier  encore  un  air  qu'ils  empoisonnent, 
VOLT.  Triumv.  u,  1.  11  ne  se  contenta  pas  d'aigui- 
ser, il  empoisonna  ses  traits,  d'ouvst,  Ilitl.  Acad. 
t.  II,  p.  311,  dans  P0U0EN8.  ||  2°  Kaire  prendre  du 
poison  à  dessein  de  causer  la  mort.  Empoisonner  un 
homme.  Empoisonner  un  chien.  ||  Il  se  dit  aussi  des 
substances  vénéneuses.  La  noix  de  galle  empoi- 
sonne les  chiens.  {|  Absolument.  Certains  champi- 
gnons empoisonnent.  |{  Il  se  dit  de  la  communica- 
tion d'une  maladie  honteuse.  Cette  malheureuse 
fille  l'a  empoi.sonné.  ||  8°  Par  exagération.  Faire 
manger  quelque  chose  de  très-mauvais.  Je  sors  de 
chez  un  fat  qui,  pour  m'empoisonner,  Ja  pense, 
exprès  chez  lui  m'a  forcé  de  dîner,  boil.  Sat.  lli. 
Il  4'  Exhaler  une  odeur  infecte.  Cela  empoisonne 
toute  la  salle.  ||  Absolument.  Les  exhalaisons  de  cet 
étang  empoisonnent.  ||  5"  Remplir  da  choses  nuisi- 
bles. Votre  prairie  est  empoisonnée  de  mauvaises 
herbes.  Ce  champ  est  empoisonné  de  rats  el  de  sau- 
terelles. Il  6°  Au  moral,  remplir  de  quelque  chose 
comparé  à  un  poison.  On  nous  empoisonne  de  mau- 
vais romans.  Et  ce  qui  plus  enoor  m'empoisonne  de 
rage,  régnieb,  Sat.  v.  Un  je  ne  sais  quel  trouble 
empoisonne  ma  joie,  RAC.  Esth.U,  t.  Des  plaisirs 
qui  ont  empoisonné  touie  la  douceur  de  sa  vie, 
MASS.  AV.  Mort  du  péch.  Son  rnnç  même,  ses  bien- 
séances, ses  devoirs,  tout  empoisonne  sa  passion 
criminelle,  iD.  Pet.  car.  Ualh.  Les  chagrins  qui 
empoisonnent  la  vie  humaine,  m.  Prof.  ret.  4.  oui 
je  veux  dans  son  coeur  Empoisonner  sa  Joie,  y 
porter  ma  douleur,  volt.  Orette,  l,  a.  Une  passion 
funeste  pendant  cinq  ans  empoisonna  ma  vie, 
M"  DE  GENLis,  Jhédt.  dUdut.  H  Mère  rivale,  U, 
7.  Il  7'  Corrompre  l'esprit,  le  cœur.  Cette  doctrine  a 
empoisonné  beaucoup  d'esprits.  Photinet  ses  pareils 
Vous  ont  empoisonné  de  leurs  lâches  conseils,  coaN. 
Pomp.  1,  3.  Ceux  que  vous  trompez  depuis  si  long- 
temps, soit  en  les  laissant  dans  leurs  désordres  par 
votre  mauvaise  conduite,  soit  en  les  empoisonnant 
par  vos  médisances,  paso.  Prov.  l«.  Pallas  de  ses 
conseils  empoisonne  ma  mère,  rac.  Brit.  ii,  t. 
Qu'entends-JeT  quel  conseil  ose-t-on  me  donner  T 
Ainsi  donc  jusqu'au  bout  tu  veux  m'empoisonner, 
Malheureuse  I  voilà  comment  tu  m'as  perdue,  H). 
Phèiire,  iv,  6.  Ses  matlres  avaient  empoisonné  par 
la  flatterie  son  beau  naturel,  fEnel.  Tél.  ii.  On  avait 
empoisonné  mon  cosur  dès  ma  plus  tendre  enfance, 
m.  i6.  XIII.  Le  luxe  empoisonne  toute  une  nation, 
m.  ib.  XXII.  Il  U  lui  a  empoisonné  l'esprit,  c'est-k-difft 
il  lui  a  Inspiré  d'injustes  sentiments  de  défiance, 
de  .soupçons. Il  8-  Prendra  et  offrirle  mauvais  côté  des 
choses,  les  dénaturer  malignement.  Les  médisant» 
empoùsonnenl  tout.  Ne  m'empoisonnez  pas  vos  bien- 
faits les  plus  doux,  MOL.  Uélie.  Il,  1.  Les  rappor- 


EMP 

leurs,  nation  maligne,  qui  empoisonne  les  chose»  | 
innocentes,  rin.  Tél.  xiiv.  Tandis  que  tos  concur- 1 
rents,  que  vos  amis  prétendus  peut-être....  empoi- , 
sonnent  vos  di.scours  et  vos  démarches  les  plus 
innocentes,  mass.  Car.  Injust.  du  monde.  L'esprit 
prévenu  contre  lui,  et  plus  disposé  à  empoisonner 
ses  bonnes  actions  qu'à  faire  grâce  à  ses  mauvaises, 
LESAGE,  £jf(ci;.  Goniales,  vii.  ||  9°  S'empoison- 
ner, V.  réfl.  S'administrer  du  poison.  11  s'est  em- 
poisonné, mais  des  secours  donnés  à  temps  l'ont 
sauvé.  Il  Fig.  Quand  les  passions  sont  maîtresses, 
elles  sont  vices;  et  alors  elles  donnent  à  l'âme  de 
leur  aliment,  et  l'âme  s'en  nourrit  et  s'en  empoi- 
sonne, PASC.  dans  cousin.  ||  Devenir  comme  un 
poison.  C'est  ainsi,  mes  frères,  que  tout  s'empoi- 
sonne entre  nos  mains,  et  que  tout  nous  éloigne  de 
Dieu,  MASS.  Car.  Injust.  du  monde. 

—  HIST.  XI' s.  Si  home  enpuissuned  altre,  seit 
ocis,  lois  de  Guill.  38.  |1  xii*  s.  De  ço  fu  il  acusez  à 
Eupator;  e  cil  le  flst  empoisoner,  efumorz,  Ma- 
chab.  Il,  <o.  Ainques  [jamais]  dou  buvraige  ne  bui 
[je  ne  bus  du  breuvage]  Dont  Tristan  fu  enpoissonnez, 

CBESTIEN  DE  TROIES,  dans  HOLLAND,   p.  232.  ||  XIII'  S. 

D'amour  et  de  sa  poison.  Sire,  estes  empoisonnez, 
GRiEViLER,  dans Bibi.dcîChor^ej;,  4» série,  t.v,  p. 33. 
Fuies,  enfans,  car  il  enherbe,  Kt  empoisorme  et  en- 
venime Tout  homme  qui  de  li  s'aprime  [s'approche], 
laRose,  <87ô6.  Encore  sont  il  dui  cas  de  crieme,  li 
uns  si  est  d'autrui  empoisoner,  et  li  secons  d'estre 
omicides  deli  meismes,  si  comme  de  celi  qui  se  tue 
à  escient,  beaum.  xxx,  )4.  ||  xvi»  s.  On  leur  faict 
accroire  que  l'on  peult  empoisonner  une  lettre  par 
la  pouldre  que  l'on  met  sur  l'escriture,  carloix,  vi, 
)0.  Il  y  a  quelques  nations  barbares  qui  empoison- 
nent leurs  armes,  amyot,  Comment  refréner....  22. 

—  ÊTYM.  £n  ( ,  et  potson ;bourguig.  empouscnot, 
infecter;  provenç.  empoiionar ;  portug.  emyeçon- 
hentar. 

EMPOISONNEUR,  EOSE  (an-poi-zo-neur,  neû- 
z') ,  s.  m.  et  f.  \\  1°  Celui,  celle  qui  empoisonne.  L'em- 
poisonneur d'Annibal,  démon  maître,  corn.  iVicom, 
m,  3.  Sur  les  pas  des  tyrans  veux-tu  que  je  m'en- 
gage, Et  que  Rome,  effaçant  tant  de  titres  d'hon- 
neur, Me  laisse  pourtous  noms  celui  d'empoisonneur? 
BAC.  Brit.  IV,  4.  Je  veux  qu'à  chaque  instant  cette 
cendre  en  tous  lieux  De  ses  empoisonneurs  fatigue 
au  moins  les  yeux,  ducis,  llamlet,  11,  6.  ||  2°  l'ar 
plaisanterie,  mauvais  cuisinier.  C'est  Mignot,  c'est 
tout  dire,  et  dans  le  monde  entier  Jamais  empoi- 
sonneur ne  sut  mieux  son  métier,  boil.  Sa(.  m.  Il 
était  Suisse  de  nation,  empoisonneur  de  profes- 
sion, et  voleur  par  habitude,  hamilt.  Granim.  m. 
Il  i'  Fig.  Celui  qui  débite,  propage  des  doctrines 
pernicieuses.  De  tels  poètes  sont  des  empoisonneurs 
publics,  auxquels  il  faut  interdire  tout  commerce, 
ROLUN,  Hist.  anc.  liv.  xxv,  chap.  i,  art.  2,  §  2. 
Il  4"  Adj.  Et  moi,  reprit  Hercule  à  la  peau  de  lion, 
[je  serai]  Son  maître  à  surmonter  les  vices,  X  domp- 
ter les  transports,  monstres  empoisonneurs,  la  font. 
Fabl.  XI,  2.  Ulysse  y  court  et  dit  :  L'empoisonneuse 
coupe  A  son  remède  encore  et  je  viens  vous  l'offrir 
[à  ses  compagnons],  id.  ib.  xii,  t.  Loin  du  trône 
nourri,  de  ce  fatal  honneur  Hélas  !  vous  ignorez  le 
charme  empoisonneur,  rac.  Athal.  iv,  3. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  y  a  des  sorciers  et  enchanteurs, 
empoisonneurs,  venefiques,  meschans,  paré,  xix,  28. 
Les  herbes  empoisonneresses,  du  bellaï,  i,  38,  recto. 

—  ETYM.  Empoisonner. 

E.MPOISSÉ,  EE  (an-poi-sé,  sée),  por(.  pass^.  Un 
tonneau  empoissé. 
EMPOISSEU  (an-poi-sê),  V.  a.  Enduire  de  poix. 

—  HlST.  XVI' s.  La  hante  [bois  de  lance],  revestue 
d'estouppe  empoixée  et  huilée,  s'enflammoit  de  sa 

•      course,  MONT.  I,    362. 

—  ETYM.  En  ) ,  et  poire;  provenç.  empegar,  em- 
peîar;  espagn.  cmpeijar ;ital.  impeciare. 

EMPOISSONNÉ,  ÊE  (an-poi-so-né,  née),  part, 
passé.  Où  on  a  mis  du  poisson.  Un  étang  empois- 
sonné. 

EMPOISSONNEMENT  (an-poi-so-ne-man),  s.  m. 
Action  d'empoissonner.  L'empoissonnement  d'un 
étang. 

—  ÉTYJl.  Empoissonner. 
EMPOISSONNER  (an-poi-so-né),  v.  a.   Peupler 

de  poissons.  Empoissonner  une  pièce  d'eau,  un  canal. 

—  HIST.  IV  s.  Nous  irons  dans  la  ville  qui  est 
trop  mieux  empoissonnée  que  celle-ci,  louis  xi, 
•Vout).  xcix. 

—  ÉTYM.  En  \ ,  et  poisson. 

t  EMPORE  (an-po-r'),  s.  m.  Terme  d'ancienne 
médecine.  Réservoir  qu'on  supposait  destiné  à  re- 
cevoir les  esprits  animaux  filtrés  par  le  cerveau. 

—  ETYM,  'EuTtôpiov,  marché. 


EMP 

t  EMPORT(an-por),  s.  m.  Terme  de  droit.  Action 
d'emporter.  Le  conseil  de  guerre  l'a  déclaré  à  l'una- 
nimité coupable  de  désertion  à  l'étranger,  aveo 
emport  d'effets  militaires,  J.  des  Débats,  <4  octo- 
bre 1862. 

EMPORTÉ,  ÊE  (an-por-té,  têe),  part,  passé. 
Il  1°  ôté,  enlevé  d'un  lieu.  Les  blessés  emportés 
par  leurs  camarades.  Des  tableaux  de  haut  prix  em- 
portés par  le  vainqueur.  ||  2°  Retranché.  U  a  eu  le 
poignet  emporté  d'un  coup  de  canon,  sév.  468.  Elle 
[une  fleur]  est  nuancée,  bordée,  huilée,  à  pièces 
emporlées[à  découpures],  laeruy.  xiil.Les  rochers 
que  nous  gravissons  depuis  trois  jours  ont  tellement 
usé  et  percé  nos  souliers  que  les  semelles  en  sont 
presque  entièrement  emportées.  M'  de  genlis, 
Adèle  et  Théod,.  t  ii,lett.  38,  p.  312,  danspouoENS. 
Il  3°  Pris  de  vive  force.  Le  bastion  emporté  par  les 
assaillants.  Nos  dehors  emportés,  nos  remparts  as- 
saillis, MAIH. Sop/ion.  I,  t.  Il  4°  Retranché  du  nom- 
bre des  vivants.  Ce  vieillard  emporté  par  une  pleu- 
résie. Marie-Thérèse,  aussitôt  emportée  que  frappée 
par  la  maladie,  se  trouve  toute  vive  et  tout  entière 
entre  les  bras  de  la  mort,  sans  presque  l'avoir  envi- 
sagée, Boss.  Marie- Thér.  \\S°  Fig.  Entraîné.  Et  son 
cœur  emporté  par  l'erreur  qui  l'abuse  Cherche  par- 
tout la  mort  que  chacun  lui  refuse,  corn.  Slort  de 
l'omp.  v,  3.  Par  quel  trouble  me  vois-je  emporté 
loin  de  moi?  rac.  Phèd.  11,  2.  Nos  sentiments,  nos 
cœurs  l'un  vers  l'autre  emportés,  volt.  Orphel.  iv, 
4.  Je  vois  d'un  zèle  faux  nos  prêtres  emportés,  m. 
Ilenr.wi,  t09.  Il  apprend  qu'un  régiment  vient  de 
s'emparer  du  village  de  Borodino  et  de  son  pont 
qu'il  aurait  dû  rompre,  mais  qu'emporté  parce  suc- 
cès, il  a  franchi  ce  passage  malgré  les  cris  de  son 
général,  ségur,  Histoire  de  Napol.  vu,  9.  ||  6°  Vif, 
qui  se  laisse  aller.  Cette  ardeur  d'un  héros,  ce  cou- 
rage emporté,  volt.  Uér.  m,  -l.  Amours  emportés, 
ID.  Sq/(/i.  m,  *.  Il  7°  Qui  se  laisse  aller  à  des  em- 
portements de  colère.  Homme  emporté.  Caractère 
emporté.  U  n'y  avait  point  d'erreur  si  prodigieuse 
où  l'ardeur  de  la  dispute  n'entratnàt  l'esprit  em- 
porté de  Luther,  boss.  Var.  11,  §  4i.  Mais  un  père 
à  ce  point  doit-il  être  emporté?  rao.  Théb.  i,  B. 
Il  Cheval  emporté,  cheval  qu'on  ne  peut  plus  main- 
tenir, qui  a  pris  le  mors  aux  dents.  1|  U  se 
dit  aussi  des  choses.  On  est  las  de  M.  Jurieu  et 
de  ses  discours  emportés,  BO?s.  Déf.  I"  dise,  §  1. 
Il  Substantivement.  Celui,  celle  qui  se  laisse  aller  à 
la  colère.  C'est  un  emporté.  C'est  une  folle,  une 
emportée.  Dieux  I  que  cet  emporté  me  donne  de 
tourment!  corn.  Yeuve,  m,  7.  Vous  allez  vous  em- 
porter; retirez-vous,  je  vous  prie,  je  n'aime  pas  les 
emportés,  di'Frény,  Esprit  de con(rad.  se.  I8.||  Ce- 
lui qui  se  laisse  aller  à  ses  passions.  Combien  de 
maisons  à  demi  éteintes  voient  tous  les  jours  finir 
dans  les  débauches  et  dans  la  santé  ruinée  d'un 
emporté  toute  l'espérance  de  leur  postérité  et  toute 
la  gloire  des  titres  qu'une  longue  suite  de  siècles 
avait  amassés  sur  leur  tète!  mass.  Serm.  pour  le 
vendredi  de  la  2'  semaine  de  carême,  <.  ||  Celui 
qui  va  trop  loin,  qui  exagère  les  conséquences. 
Les  chefs  de  nos  calvinistes  n'en  usèrent  pas  d'une 
autre  sorte;  et  encore  que  par  honneur  ils  blâmas- 
sent ces  emportés,  nous  ne  voyons  pas  qu'on  en  fît 
aucune  justice,  boss.  Variât.  *o. 

—  SYN.  EMPORTÉ,  violent;  EMPORTEMENT,  VIO- 
LENCE. Emporté  et  violent  diffèrent  comme  emporte- 
ment et  violence.  Or  l'emporlement  se  manifeste 
toujours  au  dehors  par  une  explosion;  la  violence 
peut  être  muette,  sans  geste,  sans  signe.  De  plus 
la  violence  implique  que  quelque  acte  violent  a  été 
commis;  l'emportement  peut  s'exhaler  en  simples 
paroles  ou  manifestations  extérieures. 

EMPORTEMENT  (an-por-te-man),  s.  m.  ||  1°  Mou- 
vement déréglé,  violent,  qu'excite  une  passion. 
Tous  mes  emportements  pour  la  grandeur  suprême, 
CORN.  Tite  et  Bér.  iv,  3.  N'attendez  pas  de  moi  ces 
doux  emportements  Tels  que  j'en  vois  paraître  au 
loeur  de  ces  amants,  bac.  Baj.  m,  2.  Il  y  a  des 
biens  que  l'on  désire  aveo  emportement,  la  bruy. 
XI.  Secourons  sa  valeur  qui  devient  imprudente.  Et 
cet  emportement  que  nous  désapprouvons,  volt. 
Toncr.  v,  2.  C'est  dans  l'emportement  du  meur- 
tre et  du  carnage,  id.  Olt/mp.  m,  *.  Sages  enfin 
après  l'emportement,  Us  jouissaient  d^  ce  repos 
charmant  Où  tombe  une  âme  heureuse  et  satis- 
faite, MALFiL.  JVarc.  ch.  ix.  Qu'il  y  ait  eu,  dans  les 
premiers  moments,  quelque  emportement  dans  le 
pillage,  cela  doit-il  étonner  d'une  armée  exaspérée 
par  de  si  grands  besoins,  si  souffrante,  et  composée 
de  tant  de  nations?  ségur,  llist.  de  Napol.  viii, 
8.  û  bonheur  de  se  voir  adoré.  Qu'avec  emporte- 
ment mon  cœur  t'a  désirél  delav,  Porta,  il,  *■ 


EMP 


1359 


Il  i-  Transport  de  colère.  De  trop  d'emportement 
votre  fauta  est  suivie,  corn.  Cid,  11,  i.  Mais  ne 
voyais-tu  pns,  dans  mes  emportements,  Que  mon 
cœur  démentait  ma  bouche'  à  tous  moments?  bac. 
Andr.  v,  3.  Je  n'ai  trouvé  que  pleurs  mêlés  d'em- 
portements, id.  tb.  v,  B.  Il  [ArlaxerceJ  enfitmourir 
un  grand  nombre  dans  des  emportements  de  co- 
lère, B01.LIN,  llist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p.  333, 
dans  pouGENS.  Le  roi  ne  leur  répondit  que  par  des 
emportements  et  des  injures,  m.  ib.  t.  ix,  p.  20. 
Les  termes  d'emportement  et  de  débauche  qui  peu- 
vent blesser  la  religion  et  la  pudeur,  d'olivet, 
//i'$(.  Acad.  t.  u,  p.  82,  dans  pougens.  Dirait-on, 
à  l'emportement  qui  règne  dans  les  écrits  de  Sau- 
maise,  que  c'était  au  fond  un  homme  facile  et  la 
c'ouceur  même,  jusque-là  qu'il  se  laissait  dominer 
par  une  femme  hautaine?  id.  ib.  p.  395. 

—  REM.  liouhours  dit  :  «  Nous  avons  vu  naître  ce 
mot  sans  que  nous  sachions  précisément  qui  en  est 
l'auteur.  Il  naquit  durant  les  guerres  civiles;  et  on 
ne  le  prit  d'abord  que  pour  un  mouvement  et  un 
transport  de  colère.  » 

—  ÉTYM.  Emporter. 

EMPORTE-PIÈCE  (an-por-te-piè-s'),  s.  m.  ||  1°  Ou- 
til d'acier  dont  plusieurs  artisans  se  servent  pour 
décoiiper  d'un  seul  coup  les  ilifTérentes  matières  qui 
servent  à  leurs  ouvrages.  1|  2°  Fig.  Homme  railleur, 
et  qui  dans  la  discussion  inflige  de  rudes  sarcas- 
mes, ||/lupiur.  Des  emporte-pièce.  ||  ^dj.  Le  jeune 
homme  répondait  aveo  une  décerne  de  ton,  une  ga- 
lanterie d'inflexion  parfaites;  mais  en  même  temps 
le  mot  était  si  persifleur,  la  phrase  si  emporte-pièce, 
qu'il  n'y  aurait  pas  eu  moyen  d'y  tenir ,  si  cette  pau- 
vre dame  avait  su  qu'un  indiscret  était  là,  i.AFrtiB, 
Mémoires  de  Fleury,  i,  23. 

—  HIST.  xvi'  s.  Emporte-pieca  [cautère] ,  cotgravb. 

—  ÉTYM.  Emporter,  pièce. 

EMPORTER  (an-por-té),  e.  a.  ||  1"  Enlever  d'un 
lieu  pour  porter  dans  un  autre.  U  a  emporté  tous 
ses  livres.  Il  commanda  qu'on  fit  emporter  le  corps, 
VADGEL.  Q.  C.  viii,  9,  daus  richelet.  Qu'on  m'em- 
porte d'ici,  je  me  meurs,  corn,  llodog.  v,  4.  Josa- 
beth  dans  son  sein  l'emporta  tout  sanglant,  bac. 
Ath.  IV,  3.  La  terre  est  emportée  avec  une  rapidité 
inconcevable  autour  du  soleil,  la  bruy.  xvi.  ||  Fig. 
Vous  ne  l'emporterez  pas  en  paradis,  se  dit  par  me- 
nace et  pour  signifier  qu'on  se  vengera  tôt  ou  tard. 
Il  Familièrement.  Que  le  diable  vous  emporte,  se 
dit  pour  exprimer  le  dépit,  l'impatience  contre  quel- 
qu'un.  Il  Que  le   diable  m'emporte  si....,  je  veux 

que  le  diable  m'emporte locution  familière  et 

hors  du  ton  do  la  société,  pour  appuyer  sur  une 
chose,  pour  la  nier  ou  l'affirmer,  suivant  qu'on 
ajoute  ne  ou  qu'on  ne  l'ajoute  pas.  Que  le  diable 
m'emporte,  si  je  fais  cette  visite.  Aussi,  loin  de  con- 
tester ses  vertus,  je  veux  que  le  diable  m'emporte..., 
—  Plalt-il,  monsieur?  picard.  Les  deu*  l'hiliOert, 
II,  H.  Il  On  retranche  aussi  le  que.  Le  diable  vous 
emporte,  m'emporte.  ||  2'  Enlever  et  porter  aveo 
soi.  Il  a  emporté  tout  ce  qu'il  avait.  Emportez  ce 
livre,  vous  le  lirez  en  route.  ||  Fig.  Les  Maures  en 
fuyant  ont  emporté  son  crime,  corn.  Cid,  iv,  5.  * 
La  joie  en  est  publique,  et  les  princes  tous  deux 
Des  Syriens  ravis  emportent  tous  les  vœux,  in. 
Rodog.  Il,  4.  N'est-il  aucune  voie  Par  où  je  puisse 
à  Rome  emporter  quelque  joie?  id.  Serlor.  m, 
2.  Je  n'emporterai  donc  qu'une  inutile  rage?  bac. 
Andr.  m,  *.  Pallas  n'emporte  pas  tout  l'appui 
d'Agrippine,  id.  Brxt.  m,  3.  Toi-même  tu  l'as  vu 
courir  dans  les  combats  Emportant  après  lui  tous 
les  cœurs  des  soldats,  id.  Bajas.  i,  *.  Le  roi  qui 
m'attendait  au  sein  de  ses  Etats,  Vit  emporter  ail- 
leurs ses  desseins  et  ses  pas,  id.  iliiUr.  i,  3.  Ma 
mort  n'emporte  pas  tout  le  fruit  de  vos  feux,  IB. 
Iphig.  y,  3.  J'emporte  de  ce  chAleau  et  du  philoso- 
phe qui  l'habitait,  un  souvenir  heureux  qui  ne 
s'effacera  jamais  de  ma  mémoire  et  de  mon  cœur, 
M' DE  genlis,  Veill.  du  chdt.  t.  11,  p.  436,  dans 
POUGENS.  Il  U'alnô  emporte  les  deux  tiers  du  bien, 
les  deux  tiers  du  bien  sont  dévolus  à  l'aîné.  ||  3°  Il 
se  dit  aussi  des  (  hoses  qui  entraînent,  emmènent 
avec  soi.  L'inondation  a  emporté  les  ponts.  La 
terre  nous  emporta  dans  son  mouvement  diurne 
et  annuel.  Il  écrit,  et  les  vents  emportent  sa  pen- 
sée. Qui  va  dans  tous  les  lieux  vivre  et  s'entretenir, 
LAMART.  Ilarm.  11,  4  0.  Il  Autant  en  emporte  le  vent, 
se  dit  de  paroles,  de  menaces,  de  promesses  qui  ne  se 
réalisent  pas.  Il  en  est  à  mines  discrètes  Et  d'un  en- 
tretien décevant  ;  Mais  fiez-vous  à  leurs  fleurettes  ; 
Autant  en  emporte  le  vent,  M'  de  la  vionb,  dans 
richelet.  Je  disais,  et  les  vents  emportaient  ma 
prière,  lamart.  dans  le  Dict.  de  poitevin.  ||  Terme 
de  chasse.  Le  vent  emporte  la  voie,  se  dit  quand 


<360  EMP 

In  Tent  empêche  U>  chiens  de  senlir  "^   voie     Un 
chie..  emporte  h  voie  lors^iu'il  suit  ou  chasse  sans 
difflcullé    II  4-  Prendre,  ravir.  Les  voleur»  ont  tout 
(  mnorlé.  Par  force  ou  par  amour  il  croit  vous  ern- 
porler,  cou!..  Perihar,  v.  ).  Ces  drapeaux  gloneux 
Oue  de  ce  lir.ns  vainqueur  j'emportai  sous  vos  yeux, 
Duci»,  Itomi'o,  I,  3.  Il  Terme  de  guerre.  Emporter 
une  place,  s'en  rendre  maître  de  vive  force.  On  eût 
emporté  la  ville,  si  toute  l'armée  eût  donné,  d'a- 
BLANCOUBT,  Arrim,  liv.  i,  dans  biciielet.  ||  Empor- 
ter une  place,    un  retranchement  à  la  pointe  de 
l'épée,  l'emporter  d'a-ssaut;  et  fig.  emporter  quel- 
que chose  à  la  pointe  de  l'épée,  l'emporter  avec  de 
grands  efforts.  ||  6"  Fig.  Entraîner  moralement.  Je 
goilte  le  plaisir  sans  en  être   emporté,   bégnier, 
Épit.   II.   Il  faut  se  laisser  emporter  à   la  foule, 
BALZ.    liv.    IV,   lett.    30.  Quoi  !   l'amour   qu'en   ton 
cœur  j'ai    fait    naître    aujourd'hui    T'emporte-t-il 
déjà  jusqu'à  mourir  pour  lui?  CORN.    Cinna  ,    v, 
».    Les   sentiments  de  douleur   qu'il    en   peut  lé- 
gitimement  concevoir   devraient  du    moins  l'em- 
porter à  faire  quelques  reproches  à  celle  dont  il  se 
croit  trahi,  et  lui  donner  par  là  l'occasion  de  le  dés- 
abuser,  in.   Examen   de  HélUe.  Le  souvenir  des 
siens,  l'orgueil  de  sa  naissance  L'emporte  à  tous 
moments  k  braver  ma  puissance,  id.  Iléracl.  I,  (. 
Et  vous  devez  dompter  l'ardeur  qui  vous  emporte, 
ID.  Nicom.  II,  3.  Ce  que  demande  Horace  au  poëte 
qu'il  instruit,  quand  il  veut  qu'il  possède  tellement 
ses  sujets  qu'il  en  demeure  le  maître  et  les  asser- 
visse à  soi-même,  sans  se  laisser  emporter  par  eux, 
m.  dit.  Préface.   C'est  un  homme  qui  emporte  le 
cœur,  sÉv.  <55,   Je  me   suis  laissé  emporter    au 
plaisir  de....   id.   boi.  Ne   vous   fiez  pas  à   votre 
puissance,  et  qu'elle  ne  vous  emporte  pas  à  des 
moqueries    insolentes,   uoss.    Polit,   m,    3,    a. 
fAntiochus]  exerce  des  cruautés  inouïes  :  son  or- 
gueil l'emporte   aux  derniers  excès,   m.  Jlist.  ii, 
6.   Depuis  ce   temps,  l'esprit  de   séduction  règne 
tellement   parmi   eux  qu'ils  sont  prêts   encore    à 
chaque  moment  à  s'y  laisser  emporter,  id.  ib.  ii,  9. 
La  fureur  m'emportait,  et  je  venais  peut-être  Me- 
nacer à  la  fois  l'ingrate  et  son  amant,  bac.  Andr. 
m,  t.  Â  quel  excès  de  rage  La  vengeance  d'Hélène 
emporta  mon  courage I  id.  ib.  iv,  6.  À  ce  plaisir  se 
laissant  emporter.  Il  pourrait  bien,  moins  discret  et 
moins  sage.  De  l'avenir  entr'ouvrir  le  nuage,  mal- 
Pii..  Narc.  ch.  ii.  ||  Il  se  dit  aussi  des  animaux.  La 
frayeur  les  emporte  [les  chevaux] ,  bac.  Phèd.  v,  c. 
Il  6°  Faire  aller  au   delà  de  ce  que  l'on  voudrait. 
Monsieur,  cette  dernière  [abomination]  m'emporte, 
et  je  ne  puis  m'empêcher  de  parler,  mol.  Don  Juan, 
V,   2.  Ohl  ciel,   je  me  serai   trahi  moi-même,  la 
chaleur  m'aura  emporté,  id.  l'Av.  i,  B.  ||  7°  Causer 
la  mort.  Autrefois  les  famines  emportaient  des  gé- 
nérations entières.  Cette  maladie  l'emportera.  Cette 
raison  du  moins  en  mon  mal  me  conforte,  Que,  s'il 
n'est  supportable,  il  faudra  qu'il  m'emporte,  hotr. 
Anlig.  m,  4.  La  fatigue  et  la  blessure  lui  causèrent 
une  fièvre  avec  un  transport  au   cerveau  qui  pensa 
l'emporter,     lesage.    Diable  boit.  ch.  9.  {j  8°  Dé- 
truire, faire  cesser,  faire  disparaître.   Le  jus  de  ci 
tron  emporte  les  taches  d'encre.  Une  douleur  que  le 
temps  emporte.    Ce  remède  emporte  la  fièvre.  Les 
.faveurs   du  tyran  emportent   tes  promesses;  Tes 
feux  et  tes  serments  cèdent  à  ses  caresses,  corn. 
Cinna,    m,    *.    Le   gouvernement  ne   retire  que 
ft  481   SBo  livres;   l'achat  des  matières,   les  frais 
de    fabrication,    les  bénéfices  du  fermier  empor- 
tent  le  reste,  raïnal,  llist.  pliil.  ix,  I9.||  9»  Cou- 
per,  retrancher.   Le   boulet  lui  emporta  un  bras. 
On   en  donne  ici  pour  trois  écus  [de  jeunes  lions] 
qui  sont  les   plus  jolis  du  monde;  en  se  jouant, 
ils  emportent  un  bras  ou   une  main  à   une   per- 
sonne,  VOIT.   Leil.  40.  Il  Par  exagération.  Le  chat 
lui  a  emporté  la  main,  lui  a  fait  de  très-fortes  égra- 
tignures.  ||  Fig.  Emporter  la  pièce,  railler  d'une  ma- 
nière très-mordante.  11  avait  l'esprit  enjoué,   un 
peu  railleur;   mais  il  raillait   agréablement ,  sans 
emporter  la  pièce,    lesage,   Estev.  GumaLch.  se. 
Il  10°  Obtenir,  avec  une  idée  d'effort ,  de  force,  do 
violence.  Quand  le  monstre  infâme  d'Envie,...  Jette 
les  yeux  dessus  ta  vie.  Et  te  voit  emporter  le  prix 
Des  grands  cœurs  et  des  beaux  esprits,  «ai.ii.  iv,  5. 
Ce  que  je  méritais,  vous  l'avez  emporté, cobn.  Cid, 
1,  7.  Il  suit  toujours  son  but  jusqu'à  ce  qu'il  l'em 
porte,  ID.  Nicom.  v,  4.  En  vérité,  monsieur,  quel- 
que  approbation   qu'ait  emportée    votre    nouvelle 
JiMjislo  ,  ID.  Lettre  d  ïabbi  de  Pure,  n  mars  «669. 
Ces  grands  rois  qu'en  tous  lieux  a  suivis  la  victoire, 
Lui  voyant  emporter  sur  eux  le  premier  rang,  id. 
Andromède ,  Prologue.  J'apprends  plus  contre  vous 
par  mes  désavantages  Que  les  plus  beaux  succès 


ËMP 

qu'ailleurs  j'aie  emportés  Ne  m'ont  encore  appris 
]iar  mes  prospérités,   id.  Sert,  m,    a.  Vous  seule 
d'un  coup  d'œil  emportâtes  la  gloire  D'en  faire  éva- 
nouir.... ID.  Olhon,  II,  2.  Oui,  le  destin  de  Rome 
emporte   l'avantage,    ma  m.    II.    d'Asdrub,    m,    <. 
Celui-ci  sur  son  concurrent  Voulait  emporter  l'avan- 
tage, LA  FONT.  Fabl.  vni,  19.  Et  si  de  t'agréer  je 
n'emporte  le  prix.  J'aurai  du  moins  l'honneur  de 
l'avoir  entrepris ,   iD.  Fabl.  Au  dauphin.   Il  n'est 
pas  possible  que  de  telles  extravagances  où  l'im- 
piélé  et  l'absurdité  combattent  ensemble  à  qui  em- 
portera le  dessus....  boss.  Var.xm,  21.  11  faut  que 
la  force,  la  magnanimité,  la  prudence  et  cent  au- 
tres vertus  soient  le  principe  de  ces  victoires  qu'on 
veut  emporter  sur  les  hommes,  mascaron,  Anne 
d'Autriclie,  ii.  Fidèles  qui  jouissez  dans  le  ciel  d'un 
royaume  que  vous  n'avez  emporté  que  par  la  vio- 
lence, MASS.  Car.  Élus.  D'anciens  tribuns  du  peu- 
ple et   les   principaux  plébéiens  se  flattant  d'em- 
porter ces  dignités  parurent  dans  la  place,  vertot, 
ttc'vol.  t.  VI,  p.   m.  Ne  soyez  pas  surprise  si,  bien 
que  votre  âme  soit  la  plus  sensible,  la  mienne  sait 
le  mieux  aimer,  et  si,  vous  cédant  en  tant  de  choses, 
j'emporte  au  moins  le  prix  de  l'amour,  i.  j.  rouss. 
/M.  I,  2.  Il  Absolument.  Obtenir  à  force  d'instances, 
faire  prévaloir  une  opinion  dans  un  conseil.  Le  cé- 
lèbre Vauban  emporta  que  la  ville  [de  Namur]  se- 
rait  attaquée  séparément   du   château,    contre  le 
baron  de  Bresse  qui  voulait  qu'on  fît  le  siège  de 
tous  les  deux  à  la  fois,  st-sim.  ),  26.  ||   Emporter 
un  choix,  le  décider.  Et  l'offre  pour  Othon  de  lui 
donner  ma  voix  Soudain  en  ma  faveur  emportera 
son  choix,  couN.  Olhon,  ii,  4.  Que  votre  seul  mé- 
rite emporte  ce  grand  choix, Sans  que  votre  pré- 
sence ait  mendié  des  voix,  id.  Pulch.  i,  5.   ||   Em- 
porter la   balance,    déterminer  la  préférence.  Ta 
iieauté  sans  doute  emportait  la  balance,  corn.  Cid, 
m,  4.  Enfin  votre  rigueur  emporta  la  balance,  rac. 
Bérén.   i,  4.   ||   Emporter  quelque  chose  de  haute 
lutte,  l'obtenir,  s'en  emparer  rapidement  et  malgré 
toute  opposition.  Il  L'emporter,  être  plus  pesant.  X 
volume  égal,  l'or  l'emporte  de  beaucoup  sur  l'ar- 
gent. Il  Eig.  L'emporter,  prévaloir.  Je  ne  craignais 
pas  que  la  cruauté  des  ennemis  l'emportât  sur  votre 
clémence,  vaugkl.  Q.  C.  vi,  10,  dans   eichelet. 
Enfin  vous  l'emportez,  et  la   faveur  du  roi   Vous 
élève  en  un  rang  qui  n'était  dû  qu'à  moi,  cobn. 
Cid,  i,  3.  Vous  le  direz  [le  mot  de  prochain],  ou 
vous  serez  hérétique,  et  M.  Arnauld  aussi,  car  nous 
sommes  le  plus  gn-and  nombre;  et,  s'il  est  besoin, 
nous  ferons  venir  tant  de  cordeliers  que  nous  l'em- 
porterons,  PASC.  Prov.  I.  Sur  l'intérêt  des  Grecs 
vous  l'aviez  emporté,  rac.  Iphig.  iv,  4.  Votre  frère 
l'emporte  et  Phèdre  a  le  dessus,  w.  Phèdre,  ii,  6. 
D'Ksther,  d'Aman,  qui  le  doit  emporter?  id.  Eslh. 
II,  9.  Le  cruel  Dieu  des  Juifs  l'emporte  aussi  sur  toi, 
id.  Alliai.  II,  5.  Dieu  des  Juifs,  tu  l'emportes,  id. 
ib.  v,  0.  Il  L'emporter,  se  dit  aussi  des  choses.  Il 
est  ju.ste  que  nous  soyons  affligés  et  consolés  comme 
chrétiens,  et  que  la  consolation  de  la  grâce  l'em- 
porte par-dessus  les  sentiments  de  la  nature,  PASC. 
l.elt.  à  Mme  Périer,  17  oct.  lObi.  Sa  table  l'emporte 
sur  celle  d'un  ministre  pour  la  délicatesse  et  l'a- 
bondance, LESAGE,  Diable  boit.  ch.  48.  Et  l'intérêt 
commun  l'emporta  dans  mon  cœur,  volt.  Tancr. 
i,  1.   Il   11°  Avoir  pour  conséquence.  Ce  crime  em- 
porte la  peine  capitale.  La  ruine  de  Rennes  em- 
porte celle  de  la  province,  SÉV.  227.   lin  oui  affir- 
matif  qui  emporte  l'acquiescement,  boss.  ii,  Annonc. 
2.  Cette  foi  n'emporte-t-elle  pas  nécessairement  une 
adoration?  id.  Var.  0.  Le  mariage  avec  Perci  empor- 
tait la  nullité  de  ce'.ui....  id.  ib.  7.   Notre  succes- 
sion de  pasteurs  est  fondée  sur  une  notoriété  uni- 
verselle qui  emporte  l'aveu  même  de  nos  adversaires, 
PÉN.  t.  H,  p.  9.   Avoir  du  plaisir  ou  de  la  douleur 
n'emporte  point  en  soi  la  capacité  de  rechercher  l'un 
et  de  fuir  l'autre,  bonnet, £ss.  analyt.  dîne,  ch.  t9. 
Le  droit  de  la  défense  naturelle  n'emporte  point  avec 
lui  la  nécessité  de  l'attaque,  montesq.  £'ip.  x,  2.L'une 
et  l'autre  [l'erreur  et  la  vérité],  poussées  au  dernier 
degré,  emportent  conviction,  chateaubr.  Ge'n.m, 
I,  3.  |i   Terme  de  procédure.   La  forme  emporte  le 
fond  ,  elle  prévaut  sur  le  fond,  et  un  simple  défaut  de 
forme  peut  faire  perdre  la  meilleure  cause.  Dans  le 
sens  contraire,  le  fond  emporte  la  forme,  il  prévaut 
sur  la  forme.   ||  Comporter.  Ils  sentent  bien  qu'en 
disant  que  ces  mots  emportent  la  propre  substance 
du  corps  et  du  sang,   c'est  faire  clairement  paraî- 
tre que  le  dessein  de  Notre-Seigneur  a  été  d'ex- 
primer le   corps  et   le  sang,  boss.  Var.  xii,  §  4. 
Les  piliers  de  ces  arches  [d'un  aqueduc  près  de  Car- 
I  thage  ]    emportent  seize   pieds  sur  chaque  face  , 
'chateaubr.  Itin.m,  l»8.  ||  la-  S'emporter,  v.  réfl. 


EMP 

Être  emporté,  flté.  Ces  meubles  s'emportent  aisé- 
ment. Il  13°  Se  lancer.  Un  limier  le  fait  partir.  Il 
tâche  à  se  garantir,  Dans  les  forêts  il  s'emporl*;, 
LA  FONT.  Fabl.  VI,  9.  ||  Ne  plus  obéir,  en  parlant 
d'un  cheval,  d'un  chien  de  chasse.  ||  Terme  de  jar- 
dinier. On  dit  qu'un  arbre  s'emporte  quand  il  pousse 
en  hauteur  sans  se  garnir  du  bas,  ou  qu'une  de  ses 
branches  se  développe  plus  que  les  autres.  ||  14"  Se 
laisser  aller  à  des  mouvements,  à  des  paroles,  à 
des  actes  violents,  passionnés.  Il  est  difficile  à  un 
misérable  de  parler  avec  modération  et  de  ne  se  pas 
emporter,  vaugel,  Q.  C.  vi,  10,  dans  eichelet. 
Il  s'emportait  parfois  d'une  noble  insolence,  Tris- 
tan, U.  de  Chrispe,  1,  3.  Mon  père,  retenez  des 
femmes  qui  s'emportent,  corn.  Hor.  11,  8.  Je  veux, 
je  ne  veux  pas,  je  m'emporte  et  je  n'ose,  id.  Cinna, 
I,  2.  Ahl  c'en  est  trop,  et  vous  vous  emportez,  in. 

ib.  III,  3 Je  m'emporte,  et  mes  sens  interdits 

Impriment  leur  désordre  en  tout  ce  que  je  dis,  id. 
Tite  et  Bér.  11,  B.  Trop  chaud  ami  qu'il  est,  il 
s'emporte  à  tous  coups  Pour  un  fourbe  insolent  qui 
se  moque  de  nous,  id.  la  Veuve,  v,  8.  Faute  de  me 
connaître,  i, s'emporte,  il  s'égare,  id.  Nicom.  i,  3 
[11]  s'emportera  sans  doute  et  bravera  son  père, 
ID.  ib.  I,  B.  Mais,  seigneur,  je  m'emporte,  et 
l'excès  d'un  tel  heur  Me  fait  vous  en  parler  avec 
trop  de  chaleur,  id.  Sert,  i,  3.  Tel  contre  vous  et 
moi  s'osera  révolter.  Qui  contre  un  si  grand  corps 
craindrait  de  s'emporter,  id.  Pulchér.  m,  3.  Le 
prince  a  dû  recevoir  une  puissance  indépendante 
de  toute  autre  puissance  qui  soit  sur  la  terre;  mais 
11  ne  faut  pas  pour  cela  qu'il  s'oublie,  ni  qu'il  s'em- 
porte, puisque  moins  il  a  de  compte  à  rendre  aux 
hommes,  plus  il  a  de  compte  à  rendre  à  Dieu, 
BOSS.  Polit.  IV,  II,  4.  Rien  ne  peut  m'ébranler;  Jugez- 
en,  puisqu'ainsi  je  vous  ose  parler.  Et  m'emporte 
au  delà  de  cette  modestie,  Dont,  jusqu'à  ce  mo- 
ment, je  n'étais  point  sortie,  rac.  Mithr.  iv,  4.  Et 
d'un  trône  si  saint  la  moitié  n'est  fondée  Que  sur  la 
foi  promise  et  rarement  gardée;  Je  m'emporte, 
seigneur,  id.  £aj.  11,  3.  |{  S'emporter  à,  jusqu'à. 
Permettez  que  je  me  lai.sse  emporter  au  ravissement 
que  me  donne  cette  pensée,  corn.  Poly.  À  la  reim 
régente.  Mais  tous  deux  s'emportant  à  plus  d'irré- 
vérence, ID.  Poly.  m,  2.  Les  gens  de  guerre  con- 
naissent qu'ils  sont  maîtres  de  donner  l'empire;  ils 
s'emportent  jusqu'à  le  vendre  publiquement  au  plus 
oITrant,  boss.  Ilisl.  m,  7.  11  n'y  a  certes  qu'une 
extrême  préoccupation  qui  puisse  s'emporter  à  un 
tel  reproche,  id.  Fragm.  sur  dit),  mat.  de  contro- 
verse, ni.  S'éiant  emporté  mal  à  propos  à  quelques 
discours ,  hamilt.  Gramm.  9.  Télémaque  s'em- 
porta jusqu'à  menacer  Phalante,  fén.  Tél.  xvi. 
Il  S'emporter  dans,  en.  J'ai  suivi  tes  conseils;  mais 
plus  je  l'ai  flattée,  Et  plus  dans  l'insolence  elle  s'est 
emportée;  Si  bien  qu'enfin  outré  de  tant  d'indignités, 
Je  m'allais  emporter  dans  les  extrémités,  cohn. 
Pomp.  II,  4.  Hélas!  que  je  m'emporte  en  regrets 
superflus!  volt.  Brut,  iv,  2.  Je  ne  m'emporte 
plus  en  d'inutiles  plaintes ,  ID.  Olympe ,  v,  3. 
Il  S'emporter  de  colère,  de  chaleur,  se  laisser  em- 
porter par  la  colère ,  par  la  chaleur.  S'il  est  biea 
amoureux,  il  peut  s'emporter  de  colère  et  tuer  dans 
un  premier  mouvement,  corn.  Deuxième  dise.  M.  de 
la  Rochefoucauld,  qui  avait  plus  de  cœur  que  d'expé- 
rience, s'emporta  de  chaleur;  il  n'en  demeura  pas  à 
son  ordre,  il  sortit  de  son  poste  et  chargea  les  enne- 
mis, RETZ,  Mém.  II.  H  Ellipse  de  se,  avec  le  verbe 
laisser.  Laissant  emporter  son  esprit,  qui  manque 
naturellement  un  peu  d'assiette,  aux  impressions 
précipitées  de  la  surprise, vauven.  Caract.  xviii.  ||  Se 
fâcher  violemment,  s'abandonner  à  la  colère.  11 
s'emporte  pour  rien.  Il  s'est  emporté  contre  ses  en- 
fants. Ah!  vous  êtes  dévot,  et  vous  vous  emportez  I 
MOL.  Tart.  II,  i.  Mon  Dieu!  tout  doux;  vous  allez 
d  abord  aux  invectives;  est-ce  que  nous  ne  pouvons 
pas  raisonner  ensemble  sans  nous  emporter?  ID. 
Mal.  im.  i,  6.  Doucement,  diras-tu,  que  sert  de 
s'emporter?  boil.  Sat.  viii.  Ahl  sans  vous  emporter. 
Souffrez  que  mes  efforts  tâchent  de  l'arrêter,  rac. 
Alex.  I,  3.  Elle,  aussi  fière  que  celles  qui  ont  le 
plus  d'innocence,  et  aussi  prompte  que  celles  qui  en 
ont  le  moins,  s'emporta  sur  un  .soupçon  qui  lui  don- 
nait plus  de  chagrin  que  de  confusion,  hamilt 
Gramm.  0. 1|  Dans  le  style  très- familier.  S'emporter 
comme  une  soupe  au  lait,  se  livrer  subitement  à  un 
mouvement  de  colère  qui  ne  dure  pas  longtemps. 
Cette  comparaison  est  fondée  sur  ce  que,  quand  le 
lait  bout,  il  vient  un  moment  où  les  bouillons  s'é- 
lèvent tout  à  coup  au-dessus  de  la  casserole  et  se 
répandent  si  l'on  ne  la  retire  aussitôt.  Cette  locution 
offre  l'exemple  curieux  et  a.ssez  commun  chez  nous 
d'une  affection  morale  assimilée  à  un  fait  purement 


EMP 

ique.  Il  Proverbe.  Le  plus  fort  l'emporte,  c'est- 
à-dire  le  plus  puissant  a  toujours  l'avantage. 

—  REM.  «  On  emporte  une  place,  dit  Voltaire, 
on  remporte  un  avantage,  on  a  un  succès,  on 
n'emporte  point  un  succès;  c'est  un  barbarisme.  » 
Il  n'y  a  point  de  barbarisme;  les  meilleurs  auteurs 
au  XVI"  et  au  xvii'  siècle  ont  parlé  ainsi;  et  il  n'y  a 
aucune  raison  pour  ne  pas  parler  comme  eux. 

—  SYN.  EMPORTER  LE  PRIX,  REMPORTER  LE  PRIX.  La 

particule  réduplicative  re  a  tellement  perdu  ici  son 
sens  propre, que  l'usage  seul  a  établi  quelque  dif- 
férence, non  dans  le  sens,  mais  dans  l'emploi.  On 
dit  remporter  un  prix  quand  il  s'agit  des  distribu- 
tions de  prix,  des  concours;  en  ce  cas,  emporter 
ne  s'emploie  pas.  Mais,  quand  il  ne  s'agit  pas  de 
ces  distributions,  et  surtout  dans  le  style  élevé, 
emporter  est  de  mise.  Emporter  se  prend  surtout 
dans  le  sens  superlatif,  c'est-à-dire  avec  l'article  le 
qui  donne  à  prix  le  sens  général  :  il  emporte  le 
prix.  Mais,  s'il  s'agit  de  prix  particuliers,  on  dira  : 
il  remporte  un  prix,  des  prix. 

—  HIST.  XI*  s.  Se  truis  [si  je  trouve]  Rolant,  [il] 
n'enportera  la  teste  [ne  s'en  ira  avec  la  tête  sur  ses 
épaules],  Ch.  de  Uol.  lxxiii.  ||  xii*  s.  De  Saragoce 
les  des  [clefs]  enporterez,  Ronc.  p.3).  Et  je  meïsme 
n'enporterai  la  vie  [ne  reviendrai  vivant],  t'ft.  p.  83. 
Si  m'emporta  en  som  [au  sommet  d']  un  pui  moût 
grant,  ib.  p.  <64.  11  peut  sa  crois  garder  et  estoier 
[ficher],  Qu'encor  l'a-il  tele  qu'il  l'emporta  [à  la 
croisade],  hues  d'oisi,  Romane,  p.  104.  ||  xiii*  s. 
Tant  que  la  vraie  histoire  [j']  emportai  avec  mi, 
Berte,  i.  Si  comenda  que  ses  cuers  fust  enfouis  à 
Roem,  et  ses  cors  fust  emportés  àLondres  et  enfouis 
en  la  mère  église,  Chr.  de  Bains,  80.  Et  aucune 
fois  ele  [une  société  commerciale  ]  se  fet  en  tele 
manière  que  li  un  emporte  part  au  gaaing  s'il  y 
est;  etse  perte  torne,  il  n'emporte  point  de  perte, 
BEAUM.  XXI,  33.  Combien  que  il  y  ait  de  mariages 
et  filles  de  cascun  [chaque]  mariage,  et  du  dee- 
rain  mariage  fust  uns  hoirs  malles  [mâle],  si  em- 
porteroit  il  l'ainsneece  contre  se  [sa]  sereur,  id. 
xviii,  24.  Comment  que  uns  autres  enport  les  fruis 
d'un  fief  duquel  je  sui  hoirs,  je  sui  tenus  à  obéir, 
ID.  xu,  <2.  ||xv'  s.  Et  laira-t-on  les  Anglois  con- 
venir et  les  Portingalois  aller  et  venir  parmi  le 
pays  de  Castille;  ils  n'emporteront  pas  le  pays, 
quand  ils  s'en  iront,  avecques  eux,  froiss.  ii,  m, 
6(.  Le  quel  Charolois  rendit  responce,  en  disant 
que  diable  peust  emporter  ceulxqui  faisoient  tel,  et 
qu'ils  faisoient  plus  que  on  ne  leur  commandoit, 
JEHAN  DE  TROYES,  Chron.  4465.  S'il  en  a  fait  occi- 
sion ,  Autant  en  emporte  le  vent;  Gens  pleins  de  dis- 
solucion.  On  les  doit  corriger  souvent.  Recueil  de 
farces,  p.  38l.  |{  xvi' s.  Amy  Gavan,  on  t'a  fait 
le  rapport  Depuis  un  peu  que  j'estois  trespassé  : 
Je  prie  h  Dieu  que  le  deable  m'emport  S'il  en  est 
rien,  ne  si  j'y  ai  pensé,  marot,  m,  50.  Les  mots 
de  Moyse  n'emportent  sinon  qu'il  a  imposé  nom 
à  l'autel,  CALv.  Instit.  78.  L'un  et  l'aultre  de  ces 
deux  moyens  m'emporteroit  aysement,  mont,  i,  ii. 
Il  se  laisse  emporter  à  ce  dernier  accident,  id.  i,  6. 
Ainsin  emporte  les  bestes  leur  rage  à  s'attaquer 
à....iD.  1,  25.  S'ils  emportent  la  victoire  sureulx,  id. 
I,  244.  Si  tu  ne  portes  la  douleur,  elle  t'emportera, 
ID.  i,  304.  Je  n'estime  point  qu'en  suffisance  et  en 
grâce  à  cheval  nulle  nation  nous  emporte,  id.  i, 
368.  Capoue  feut  emportée  le  lendemain,  id.  ii,  37. 
Un  chien  luy  emporta  le  gras  de  la  jambe,  id.  m, 
302.  On  disait  à  Socrates  que  quelqu'un  ne  s'estoit 
aulcunement  amendé  en  son  voyage  :  Je  crois  bien, 
dict-il;  il  s'estoit  emporté  avecques  soy,  m.  i,  38. 
Emporter  le  prix,  amyot.  Thés.  22.  La  sort  la 
[Hélène]  donna  àTheseus,  qui  l'emporta  en  la  ville 
de  Aphidnes,  id.  ib.  39.  Leur  risée  emportoit  tous- 
jours,  quand  et  elle,  un  dculx  admonestement,  id. 
Lyc.  63.  Il  y  eut  grande  contention  et  grande  con- 
trariété d'opinions,  toutefois  à  la  fin  la  plus  doulce 
l'emporta,  id.  Corn.  73.  La  peste,  oultre  une  multi- 
tude innumerable  de  peuple,  emporta  encore  plu- 
sieurs magistrats,  id.  Com.  74.  Demosthenes, 
l'ayant  souspesée,  s'esmerveilla  du  poids  qui  estoit 
grand,  et  demanda  combien  de  poids  elle  empor- 
toit ;  et  Harpalus  en  se  riant  lui  respondit  :  Elle 
t'emportera  vingt  talents;  et  sitost  que  la  nuict  fut 
venue,  luy  envoya  lacouppeavec  les  vingt  talents, 
ID.  Démosth.  36.  Ceux  à  qui  un  gros  boulet  aura 
emporté  un  membre,  pare,  ix,  40.  Philippe,  pour 
la  grandeur  de  ses  mérites,  emporta,  par  la  voix  des 
doctes,  le  surnom  d'Auguste, pasouier,  Rcch.m,  29. 

—  ÉTYM.  Eni,  et  porter;  bourguig.  empotai; 
provenç.  etnportar.  Emporter,  c'est  porter  de  là  : 
lat.  tnde  portare. 

t  K.MPOTAGE  (an-po-ta-j'),  s.  m.  Action  d'em- 

DICT.   DE  LA  LANaOK    FRANÇAISE. 


EMP 

poter.  Il  Terme  de  cuisine.  Bouillon  dont  on  se  sert 
pour  mouiller  les  potages. 

—  ÉTYM.  Empoter. 

EMPOTÉ,  ÉE  (an-po-té,  tée),  part,  passé.  Des 
géraniums  empotés.  Des  confitures  empotées. 

EMPOTER  (an-po-té),  v.  a.  Mettre  en  pot  des 
plantes.  ||  Mettre  en  pot  des  confitures,  des  conserves. 

—  ÉTYM.  £•«  4 ,  et  pot. 

tEMPOUDRER  (an-pou-dré),  v.  a.  Couvrir  de 
poudre,  de  poussière. 

—  HIST.  xiii*  s.  Ou  se  sa  robe  trop  s'empoudre, 
Soulevez-la  lui  de  la  poudre,  la  Rose,  7286.  ||  xv*  s. 
Et  esloient  leurs  chevaux  tout  chargés  et  empou- 
drés,  et  aussi  eux-mesmes,  froiss.  ii,  m,  83. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  poudre. 
tEMPOUlLLÊ,ÉE(an-pou-lIé,  liée,  il  mouillées), 

adj.  Garni  d'empouilles.  Il  est  défendu  aux  labou- 
reurs de  laisser  vaguer  leurs  chevaux  et  bestiaux 
dans  les  terres  empouillées,  Arrêt  du  parlement, 

4  4  août  4  787. 

—  ÉTYM.  Voy.  EMPOUILLES. 

+  EMPOUILLES  (an-pou-U',  Il  mouillées),  s.  f. 
plur.  Terme  de  droit  coutumier.  Les  fruits  de  la  terre 
encore  sur  pied,  par  opposition  à  dépouille,  qui  si- 
gnifiait ces  mêmes  fruits,  coupés  ou  moissonnés.  Dé- 
fenses sont  faites  à  toutes  personnes  de  laisser  aller 
leurs  poules  ou  poulets  et  autres  volailles  dans  les 
empouilles,  prés,  sainfoins,  luzernes,  qui  avoisinent 
les  maisons.  Arrêt  du  parlement,  44  août  4  787. 

—  ÉTYM.  Mot  fait  avec  en  t  sur  le  modèle  de  dé- 
pouille, et,  comme  si  dépouille  était  formé  de  la 
préposition  de,  et  de  pouille. 

t  EMPOUPER  (an-pou-pé) ,  V.  o.  Terme  de  marine. 
Prendre  un  vaisseau  en  poupe,  en  parlant  du  vent. 

—  HIST.  xvi'  s.  Lors  un  bon  vent  vint  empoupper 
la  flotte,  DO  BELLAY,  IV,  38,  veTso.  Je  prie  à  Dieu 
que  vous  puissiez  empoupper  vostre  navire  d'un 
vent  heureux,  pasquier.  Lettres,  t.  m,  p.  699, dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  poupe. 

EMPOURPRÉ,  ÉE  (an-pour-pré,  prée),  part. 
passé.  Teint  de  couleur  de  pourpre.  Là  s'élevaient 
trois  arbres....  à  leurs  racines  rampaient  quelques 
baies  empourprées,  chateaubr.  Gaul,  28).  Et,  vers 
l'occident  seul,  une  porte  éclatante  Laissait  voir  la 
lumière  à  flots  d'or  ondoyer;  Et  la  nue  empourprée 
imitait  une  tente  Qui  voile  sans  l'éteindre  un  im- 
mense foyer,  lamabt.  Harm.  ii,  2.  ||  Revêtu  de  la 
pourpre.  Archevêques,  abbés,  empourprés  cardi- 
naux, volt.  Stances,  25. 

EMPOURPRER  (an-pour-pré),  v.  a.  Colorer  de 
pourpre  ou  de  rouge.  Commençons  par  ce  corps 
d'albâtre  dont  mon  fils  a  publié  les  merveilles  et 
qu'il  appelle  le  temple  de  la  blancheur;  prenez  vos 
scions,  filles  de  la  nuit,  et  me  l'empourprez  si  bien 
que  cette  blancheur  ne  trouve  pas  même  un  asile 
en  son  propre  temple,  la  font.  Psi/c/i^,  ii,  p.  4  73. 
Bacchus  lui-même  aux  vendanges  Vient  empourprer 
le  raisin,  pén.  t.  xxi.p.  291.  La  flamme  des  vaisseaux 

empourpre  la  voilure,  v.  hugo,  Crép.  i Le  sang 

empourprait  d'un  rouge  plus  ardent  Sa  crête  dente- 
lée [du  serpent],  id.  Orient.  26.  ||  S'empourprer, pren- 
dre la  couleur  de  pourpre.  L'horizon  s'empourprait. 

—  HIST.  XVI'  s.  J'empourpreroy  mes  plumes  en 
mon  sang.  Pour  tesmoigner  la  peine  que  j'endure, 
HONS.  77. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  pourpre. 
fEMPOUTRERIE  (an-pou-tre-rie),  s.f.  Réunion 

de  deux  poutres  qui  soutiennent  le  plancher  du  bef- 
froi d'un  moulin. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  poutre. 

EMPREINDRE  (an-prin-dr'),  j'empreins,  nous 
empreignons,  vous  empreignez,  ils  empreignent; 
j'empreignais;  j'empreignis;  j'empreindrai;  j'em- 
preindrais; empreins,  empreignons;  que  j'emprei- 
gne, que  nous  empreignions,  que  j'empreignisse; 
empreignant;  empreint,  v.  a.  ||  1°  Produire  en  re- 
lief ou  en  creux,  par  la  pression  sur  unesurface,  une 
figure,  des  traits,  etc.  Il  empreignit  son  sceau  dans 
la  cire.  ||  2»  Kig.  Nous  empreignons  de  notre  être 
composé  toutes  les  choses  simples  que  nous  con- 
templons, PASC.  dans  cousin.  Dieu  avait  déjà  em- 
preint au  dedans  de  lui  [le  roi]  les  caractères  de  la 
mort,  MASS.  Or.  {un.  Louis  XIV.  ||  3°  S'empreindre, 
V.  réjl.  Être  marqué.  Leurs  pas  s'étaient  empreints 
sur  le  sable.  Image  fidèle  des  libres  mouvements  de 
l'esprit  humain,  cette  longue  histoire  que  je  vous 
raconte  doit  s'élever,  s'aliaisser,  s'empreindre  de 
mille  couleurs,  ou  riantes  ou  sévères,  villeu.  Lit- 
tir.  franc.  4  8"  siècle,  2"  part.  3"  leçon. 

—  SYN.    EMPREINDRE,     IMPRIMER.     Ccs   deuX     motS 

sont  étymologiquement  identiques,  puisque  tous 
deux  reproduisent  le  verba  latin  imprimere,   l'un 


KMP 


1,%1 


S0U3  l'ancienne  forme  française,  l'autre  sous  la 
forme  moderne.  La  différence  que  l'usage  a  mise 
c'est  que  imprimer  est  d'un  usage  plus  étendu.  On 
dit  également  empreindre  ou  imprimer  un  sceau 
dans  de  la  cire,  empreindre  ou  imprimer  un  carac- 
tère; mais  on  dit  seulement  imprimer  une  étoffe, 
imprimer  un  livre.  De  plus,  au  figuré,  on  se  sert 
presque  exclusivement  de  imprimer. 

—  HIST.  XIII"  s.  Dès  ce  que  fui  hors  d'ignorance, 
Et  que  connui  qu'estoit  lionnours,  Emprient  a  vo 
douce  semblance.  Dame,  en  mon  cuer  loial  amours, 

A.  DiNAiix,    Trouvères  artésiens,   p.  263 Cuer 

qui  l'amor  Dieu  maintient,  Quant  de  cesie  [amour] 
se  sent  emprient....  Fabliaux  mss,  n°  7248,  f  425, 
dans  LACURNE.  Il  XIV"  s.  Très  dous  pensers  en  li  em- 
praint,  machaut,  p.  26.  ||  xvi"  s.  Car  vostre  oeil 
qui  fait  offense  Au  cœur  où  vous  este  emprainte, 
i  la  langue  fait  défense  De  vous  à  vousfaireplaincte, 
st-gelais,  488.  Les  règles  de  la  raison  que  na- 
ture a  empreintes  en  nous,  mont,  i,  64.  La  beauté 
de  Stratonice  trop  vivement  empreinte  en  son  ame 
ID.  I,  92.  Un  bandeau,  sur  lequel  y  avoit  des  cou- 
ronnes et  des  victoires  empraintes  et  portraites  de 
broderie,  ahyot ,  Timol.  42. 

—  ÉTYM.  Provenç.  enpremar;  espagn.  imprimir; 
ital.  imprimere;  du  latin  imprimere,  de  in,  en,  et 
premere,  presser. /n-pr<mcre,  avec  l'accent  sur  pri, 
donne  régulièrement  en-preindre.  Plus  tard  d'<m- 
primere  on  a  tiré  directement  imprimer. 

EMPREINT,  EINTE  (an-prin,  prin-t'),  part,  passé 
d'empreindre.  Marqué  par  impression.  Un  pied  em- 
preint sur  le  sable.  Un  conquérant,  dans  sa  fortune 
altière.  Se  fit  un  jeudessceptresetdeslois;  Etdeses 
pieds  on  peut  voir  la  poussière  Empreinte  encor  sur 
le  bandeau  des  rois,  bérang.  le  Dieu  des  Bonnes  gens. 
Il  Fig.  La  même  majesté  sur  son  visage  empreinte, 
CORN.  Pomp.  II,  2.  De  qui  même  le  front  déjà  pâle 
et  glacé.  Porte  empreint  le  trépas  dont  il  est  menacé, 
ID.  Œdipe,  1,4.  Ces  sentiments  d'erreur  qui  sont 
si  empreints  en  nous-mêmes,  pasc.  dans  cousin.  La 
marque  infaillible  d'inspiration  divine  qu'ils  [les  li- 
vres de  l'Ancien  Testament]  portent  empreinte  dans 
le  grand  nombre  et  la  suite  des  prédictions  mémo- 
rables dont  on  les  trouve  remplis,  Boss.  Hisl.  ii,  4  3. 
Et  couvrent  de  Dieu  même,  empreint  sur  leur  vi- 
sage, De  leurs  lionteux  plaisirs  l'affreux  libertinage, 
BOiL.  Sat.  X.  L'auguste  majesté  sur  votre  front  em- 
preinte, RAC.  Esth.  II,  7. 

EMPREINTE  (an-prin-f),  s.  /■.  1|  1°  Figure  mar- 
quée par  impression.  Empreinte  en  creux,  en  re- 
lief. Je  me  tourmentais  l'esprit  pour  deviner  qui 
pouvait  avoir  pris  des  empreintes  ou  des  modèles 
de  mes  clefs,  lesage,  Guzm.  d'Alfar.  iv,  3.  Dans 
le  cabinet  où  travaillait  cet  infatigable  écrivain  [Le 
Nain  de  TiUemonl],  on  voyait  l'empreinte  de  ses 
deux  pieds  marquée  sur  les  carreaux  qui  étaient 
sous  son  bureau,  saint-foix,  Ess.  Paris,  Œuvres, 
t.  III,  p.  309,  dans  POUGENS.  Il  Terme  de  géologie. 
Figures  d'insectes,  de  plantes,  etc.  empreintes  sur 
une  roche.  ||  Terme  d'anatomie.  Nom  donné  aux  iné- 
galités des  os  auxquelles  s'attachent  les  fibres  tendi- 
neuses et  ligamenteuses.  ||  2°  Fig.  La  foi  de  ses  aïeux, 
ton  amour  et  ta  crainte  Dont  il  porte  dans  l'âme  une 
éternelle  empreinte,  malh.  ii,  t.  Ni  l'air  ni  le  vent 
ne  portent  l'empreinte  de  Dieu,  boss.  Lett.  Corn.  25. 
Elle  s'arrête,  et  d'une  douleur  feinte,  X  tous  ses 
traits  elle  donne  l'empreinte,  millev.  Charlem.  d 
Pavie,  ch.  i.  Maintenant  je  cherche  dans  l'école 
historique  anglaise  l'empreinte  de  Montesquieu  et 
de  Voltaire,  en  cette  liberté  philosophique,  celle 
raison  supérieure"  dont  ils  donnèrent  l'exemple, 
viLLEMAiN,  4  8"  sièclc,  2"  partie,  3«  leçon.  Partout 
du  doigt  de  Dieu  reconnaissant  l'empreinte  Je  courbe 
mon  orgueil  sous  sa  majesté  sainte,  C.  delav.  Vép. 
sicil.  Scène  supprimée.  Voyageur  fatigué  qui  reviens 
sur  nos  plages  Demander  à  tes  champs  leurs  anti- 
ques ombrages,  X  ton  cœur  ses  premiers  amours; 
Que  de  jours  ont  passé  sur  ces  chères  empreintes  I 
LAMART.  Ilarm.  m,  4.  ||  3°  Terme  de  peinture.  Pre- 
mière couleur  couchée  uniformément  sur  la  toile 
avant  d'y  dessiner  le  sujet  du  tableau.  On  dit  aussi 
impression. 

—  HIST.  xm"  s.  Quant  autre  conseil  n'i  puet  mè- 
tre. Si  taille  emprainte  de  tel  letre  Qu'il  lor  donne 
formes  veroies  [vraies]  En  coinz  de  diverses  mon- 
noies,  la  Rose,  46ii6.  Et  voit-on  cler  par  ce  seel 
[sceau]  que  l'empreinte  du  seel  brisée  est  sembla- 
ble au  seel  entier,  joinv.  204.  ||  xiv"  s.  En  tel 
pays  que  tu  puisses  veoir  l'emprunte  du  pied  sur 
l'herbe,  Uodus,  ms.  f°  7,  dans  lacurne.  |{  xv"  s. 
Emprainte  en  plomb  où  est  le  visage  de  Fran- 
çois de  Carare  en  un  costé,  de  laborde,  Emaux, 

p.  260. 

I.  —  171 


1362  EMP 

-  «TYM.  Emtmint;  proTOnç.  tmprenta.  Km- 
prW«ttâ"us.i  .^ifl» cho«  :  N'a  (les  cieui]  ne  re- 
?o?wnt  p..  empreinte.,  la  «ox»,  <tl«.  Nous  re- 
prinion.dece.teemprelnU.laT.lle....CARi.oix,n,«3. 

On  remsrqucra  la  forme  emprunte,  qui  a  son  ana- 
loffue  d«n»  YiUWen  impronta,  empreinte. 

KMPKESSÉ,  ÉE  (an-prè-sé,  s6e),  adj.\\i'  Qui 
met  <lo  IVmpresscraent.  Ses  femmes,  à  toute  heure, 
autour  d'elle  empressées,  rac.  Alfx.  iv,  6.  En  voyez- 
Tous  un  seul  qui  sans  rien  entreprendre....  Aille, 
esclave  empressé,  lui  demander  des  fersT  ID.  ib.  i, 
t.  Inquiète,  empressée,  Elle  veut  qu'à  ses  yeux 
j'eiplique  ma  pensée,  ID.  BMn.  m,  t.  Il  Em- 
pressé à.  Là,  dans  le  seul  loisir  que  Thémis  t'a 
laissé.  Tu  me  verras  souvent  à  te  suivre  empressé, 
BOiL.  Ép(t.  VI.  Et  de  tant  de  mortels  à  toute  heure 
empressés  X  nous  faire  valoir  leurs  soins  intéressés, 
BAC.  Esth.  II,  3.  Il  Empressé  de.  Après  que  vous  l'a- 
vez tant  de  fois  rejeté,  ne  revient-il  pas  [Jésus- 
Christ]  à  la  porte  de  votre  cœur,  aussi  empressé  de 
votre  salut,  lorsqu'il  vous  appelle  à  la  onzième 
heure,  qu'il  l'était  en  vous  appelant  à  la  première? 
MASS.  Carême,  Prière  2.  Leur  chef  est  empressé 
de  voir  dans  la  Scythie  Un  guerrier  qu'il  connut 
aux  champs  de  la  Médie,  volt.  Scythes,  i,  6.  ||  Sub- 
stantivement. 11  fait  l'empressé.  Certaines  gens, 
faisant  les  empressés,  S'introduisent  dans  les  affai- 
res; Us  font  partout  les  nécessaires.  Et,  partout 
importuns,  devraient  être  chassés,  la  font.  Fabl. 
vil ,  9.  Il  J*  En  parlant  des  choses,  qui  a  le  caractère 
de  l'empresîement.  Que  n'avez-vous  pour  moi  cette 
ardeur  empressée?  RKC.Àlex.  i,  3.  De  ce  sang  pré- 
cieux versé  pour  la  patrie  Nos  secours  empressés 
ont  suspendu  les  flots,  volt,  faner,  v,  «. 

—  frfYM.  Voy.  EMPRESSER. 

EMPRESSEMENT  (an-prè-se-man) ,  t.  m.  jj  1*  Ac- 
tion de  s'empresser.  Malgré  l'empressement  d'un  cu- 
rieux désir,  11  faut,  pour  lui  parler,  altendreson  loi- 
sir, ceBN.  IHus.  cnm.  i,  t.  Ses  douces  conversations 
fde  sa  sœur  Bénédicte]  rétablirent  dans  le  cœur  de 
la  princesse  Anne  ce  que  d'importuns  empressements 
en  avaient  banni ,  Boss.  Anne  de  Gong.  Ou  ne  dois- 
je  imputer  qu'à  votre  seul  devoir  L'heureux  empres- 
sement qui  vous  porte  à  me  voir?  rac.  Andr.  n,  2. 
Quels  empressements  Vous  dérobent  sitôt  à  nosem- 
brassemenls?iD.  Iphig. il,  2.  Toutsuccèile,  madame, 
à  mon  empressement,  id.  ib.  m,  ».  Qui  croirait  que 
l'empressement  pour  les  spectacles....  les  repas....- 
les  ballets....  couvrissent....  des  passions  si  vives  et 
des  affaires  si  sérieuses?  la  bbuy.  vin.  Un  homme 
qui  ne  témoignait  aucun  empressement,  fén.  Tél. 
yi.  L'on  aura  assez  d'empressement  à  servir  l'Étal 
pourvu  que....  ID.  ib.  xil.  Cet  homme  s'avançait 
avec  empressement,  iD.  ib.  xii.  Ces  soins  et  ces 
empressements  à  cultiver  l'estime  des  hommes, 
MASS.  Car.  Tiédeur,  2.  Les  .soins,  les  intrigues,  les 
empressements  pour  s'élever,  le  chagrin  vif  et  pro- 
fond (le  se  voir  devancé,  id.  Carême,  Confession. 
Ainsi  cette  vivacité  sur  votre  gloire,  ces  empresse- 
ments à  être  distingué  du  côté  de  l'estime,  id. 
Car.  Fautes  légères.  Des  assujettissements  et  des 
ennuis  mortels  dont  il  faut  même  se  faire  un  em- 
pressement et  un  mérite,  lo.  Prof.  rel.  Serm.  4. 
bans  l'empressement  d'être  utile,  elle  avait  oublié 
de  se  chausser,  bern.  de  st-p.  Paul  et  Virg.  ||  i'  Ac- 
tions témoignant  qu'on  s'empresse.  Et  je  n'ai  point 
pour  lui  ces  doux  empressements  Qui  d'un  cœur  pa- 
ternel font  les  vrais  mouvements,  corn.  Iléracl.  v,  3. 
J'aimai  votre  tendresse  et  vos  empressements,  id. 
Serlor.  m,  4.  Il  le  faut  bien  payerde  la  même  mon- 
naie, Hépoiidre  comme  on  peut  à  ses  empresse- 
ments, «luL.  Ifi>.  I,  «.  L'ingrat  est-il  touché  de  mes 
empressements?  rac.  Bnjax.  I,  t.  Je  ne  mérite  plus 
ees  doux  empressements,  id.  Phèd.  m,  4. 

—  REM.  1.  On  dit  également  l'empressement  de 
faire  quelque  chose  et  l'cmpressemeni  à  faire  quel- 
que chose.  Il  2.  Camus,  évêque  de  fielley,  dans  une 
iorte  de  dissertation  placée  à  la  suite  de  s  n  roman 
d'Alcine,  sous  le  titre  d'Issue  aux  censeurs,  cite  le 
mot  emprusrment  comme  un  terme  contesté;  lo 
rotoan  est  Ue  i«35. 

—  Etym.  Empresser. 

KMPRESSE»  (9')  (an-prè-sé),  v.  réfl.  ||  !•  Se  hâ- 
ter. 11  s'empresse  de  parler.  Je  m'empressai  de 
'.''"rtif.  Il  «•  Se  pre.sser  autour  pour  témoigner  de 
lilTection,  du  respect,  de  la  politesse.  Selon  qu'il 
tous  menace  ou  bien  qu'il  vous  caresse,  l.acour  au- 
tour de  vous  ou  s'écarte  ou  s'empresse,  rac.  Brit. 
",  «.Ou  même  «'empressant  aux  autels  de  Baal, 
M  ji  .  '•  *•  ^°  •""■«  s'empre.ssail  auprès  de  la 
«Id  «100  HAMiLT.  Grom.  «.  Du  peuple  qui  l'ai- 
WUl  une  troupe  en  furie  S'empressant  près  de  lui..., 
»«.T.  Alx.  T,  «.  11  8-  Témoigner  de  la  preew,  de 


EMP 

l'ardeur  pour.  En  vain  à  mon  secours  votre  amitié 
s'empresse,  bac.  Théb.  v,  3.  S'empresse-t-il  assez 
pour  jouir  d'une  vue  Qu'avec  tant  de  transports 
je  croyais  attendue  ?  id.  Iphig.  ii ,  3.  Narcisse 
plus  hardi  s'empresse  pour  lui  plaire,  id.  Brit.  v, 
8.  Il  S'empresser  à.  Tout  l'univers....  S'empresse  à 
l'effacer  de  votre  souvenir,  rac.  Brit.  n,  3.  Les  pon- 
tifes du  Seigneur  et  les  rois  de  la  terre  s'empres- 
sent à  lui  offrir  [à  St  Krançois  de  Paule]  des  éta- 
blissements dignes  de  lui,  mass.  Panég.  St  Franc. 
Les  Anglais  surtout,  qui  firent  la  guerre  dans  son 
diocèse  [de  Kénelon] ,  s'empressèrent  à  lui  témoi- 
gner leur  respect,  volt.  Louis  XIV,  33.  Plusieurs 
gens  de  lettres  s'étaient  empressés  à  lui  pl.iire, 
I.  j.  Houss.  Conf.  m.  Il  S'empresser  de.  Vos  géné- 
reuses mains  s'empressent  d'effacer  Les  larmes  que 
le  ciel  me  condamne  à  verser,  volt.  Uahom.  i,  2. 
....  l'honneur  Que  les  grands  de  l'État  s'empressent 
de  vous  rendre,   lemebc.   Clovis,   v,   ». 

—  REM.  S'empresser,  signifiant  témoigner  de  la 
presse,  de  l'ardeur,  veut  indifféremment  d  ou  de 
avec  l'infinitif  suivant  ;  signifiant  se  hâter  ,  il 
veut  de. 

—  HiST.  xm*  s.  Moult  i  avoit  bêles  gelînes  :  Gon- 
bert  de  Kresne  les  paissoit.  Qui  de  pondre  les  en- 
pressoit,  Ben.  t0004.  ||  xv*  s.  Le  roy  fut  si  très  fort 
empressé  de  ses  ennemis,  qu'il  se  partit  tout  aban- 
donné de  ses  gens,  monstkel.  t.  i,  f°  30,  dans  la- 
ctiRNE.  Il  XVI*  s.  Ne  fait  icy  à  demander  s'il  fut  bien 
empressant  à  l'entour  de  ceux  qu'il  sçavoit  avoir 
envers  ledit  seigneur  plus  grand  et  favorable  accez, 
pour  luy  ayder  et  tenir  main  à  impetrer  son  congé, 

M.  DO  BELLAY,   405. 

—  ÊTYM.  En  4 ,  et  presser. 

t  EMPRIMERIE  (an-pri-me-rie),  à.  f.  Terme  de 
tannerie.  Grande  cuve  pour  mettre  à  rougir  les  cuirs. 

—  ÉTYJl.  Imprimer. 

t  EMPRISE  (an-pri-z'),  s.  f.  Ancien  terme  mili- 
taire. Entreprise  chevaleresque.  ||  L'emprise  à  l'écu 
pendant,  exercice  de  l'ancienne  chevalerie,  qui 
gardait  des  pas  ou  passages  sur  les  ponts  et  grands 
chemins,  là  où  les  chevaliers  pendaient  leurs  écus 
et  se  tenaient  prêts  à  jouter  contre  tous  ceux  de 
pareille  qualité  qui  viendraient  toucher  ces  écus  du 
bout  de  leur  lance.  ||  On  nommait  aussi  emprises 
d'armes  les  jeux  militaires  des  chevaliers. 

—  HIST.  XIII*  s.  Ceste  emprise  fu  atirée  [arrangée] 
à  passer  le  jour  de  quaresme  prenant,  joinv.  224. 
Il  XV*  s.  Afin  que  honorables  emprises  et  nobles 
aventures  soient  notablement  registrées,  pnoiss. 
Prol.  Il  XVI*  s.  Hardis  feront  des  emprises  si  belles, 
Que  le  vieil  temps  n'en  sera  le  vainqueur,  bons.  684. 

—  ÉTYM.  Empris,  participe  d'emprendre,  usité 
au  lieu  d'entreprendre  ;  de  eni,  et  prendre  ;provenç. 
empreza;  espagn.  empresa;  ital.  impresa.  Emprise 
avait  le  même  sens  qu'aujourd'hui  entreprise. 

EMPRISONNÉ,  ÉE  (an-pri-zo-né ,  née),  part, 
passé.  Mis  en  prison.  Emprisonné  par  arrêt  de  jus- 
tice  Ce   lieu   les  tient    emprisonnés,    lEmerc. 

Frédég.  et  Bruneh.  ii,  B.  ||  Fig.  Retenu.  Emprisonné 
par  le  mauvais  temps.  Un  fleuve  emprisonné  dans 
son  lit  par  une  digue.  Quel  dé?oût  vient  saisir  mon 
âme  consternée.  Seule  dans  elle-même,  hélas I  em- 
prisonnée? A.  ciiÉN.  Élég.  XII. 

EMPRISONNEMENT  (an-pri-zo-ne-man)  ,  s.  m. 
Action  d'empri.sonner;  état  de  celui  qui  est  empri- 
sonné. Le  jour  de  son  emprisonnement Rome 

met-elle  au  nombre  de  vos  droits  ....  Les  empri- 
sonnements, le  rapt  et  le  divorce?  bac.  Brit.  m,  8. 
Il  Peine  en  matière  correctionnelle,  distincte  de  la 
réclusion  et  de  la  détention,  qui  sont  des  peines 
en  matière  criminelle.||  Emprisonnement  cellulaire, 
peine  par  laquelle  les  condamnés  sont  retenus  en 
des  cellules  complètement  solitaires. 

—  HiST.  iiY*  s.  Et  les  autres  transmutacions  sunt 
violentes  et  manifestes,  si  corne  batterie,  empri- 
sonnement,  mort   et  estre  tué,  oresme,  Éth.  ta. 

Il   XVI*  s Et  de  jour,  pour  plus  d'infamie.  Firent 

mon  emprisonnement,  mahot,  ii,  243.  L'admo- 
nestant d'oublier  plus  tost  la  cause  de  son  empri- 
sonnement que  de  se  souvenir  de  sa  délivrance, 
AMtoT,  Othon,  i. 

—  Etym.  Emprisonner. 

EMPRISONNER  (an-pri-zo-né),  v.  a.  ||  1*  Mettre 
en  prison.  On  la  emprisonné  comme  suspect.  Hais 
il  s'est  vu  tantèt  emprisonner;  Cette  offense  en  son 
cœur  sera  longtemps  nouvelle,  rac.  Brit.  iv,  5. 
]|  S*  Par  extension,  retenir,  empêcher  do  sortir. 
Et  pour  m'en  détourner  [m'éloigner  d'un  champ  de 
bataille].  Cet  amant  généreux  me  fait  emprison- 
ner, bac.  Alex,  m,  i.  Dans  le  fond  du  sérail  ils 
vont  l'emprisonner,  delav.  Paria,  i,  2.  ||  11  se  dit 
«usai,  dans  le  langage  technique,  dos  gat  ou  des  II- 


EMP 

quides  qui  se  trouvent  retenus.  La  trempe  empri- 
sonne les  gaz  dans  les  pores  moléculaires  en  s'op- 
posant  à  la  cristallisation,  à  laquelle  la  présence  des 
gaz  apporte  un  nouvel  obstacle,  cizanlOijrt,  Aead. 
des  Se.  t.  lvii,  p.  3(8.  Il 3*  S'emprisonner,  v.  réfl. 
Se  tenir  reclus.  Il  s'emprisonna  tout  le  temps  que 
dura  sa  mauvaise  humeur.  ||  Fig.  Sire  renfermé. 
Il  est  bien  assuré  que  l'angoisse  qu'il  porte  Ne  s'em- 
prisonne (las  sous  les  clefs  d'une  porte.  Et  que  de 
tous  côtés  elle  suivra  ses  pas,  malh.  i,  4. 

—  HlST.  XII'  s.  N'a  pas  l'avoir  [la  richesse]  qui 
l'enprisone.  Mais  cil  qui  le  despent  et  done  ,  cszs- 
TIEN  DE  TROIE,  dans  HOLLAND,  p.  4.  Ensement  somes 
çà  dedenz  enserré.  Comme  li  homs  qui  est  enpri- 
sonnez,  la  Prise  d'Orange,  v.  88.  Les  chevals  saint 
Thomas  tuz  ensemble  enmenerent;  Ses  humes"  et 
ses  clers,  là  où  il  les  troverent,  Pristrent  od  Inr 
aveir,  e  sis  [ainsi  les]  enprisunerent.  Th.  le  mari. 
4  52.  Quant  Gantiers  voit  son  oncle  emprisonné 
[fait  prisonnier].  Tel  duel  [deuil]  en  a,  le  senquide 
derver  [il  pense  perdre  le  sens],  Baoul  de  C.  ibt. 
Il  XIII*  s.  Qui  bien  veut  amor  descrivre,  Amors  est 
et  maie  et  bone;  Les  emprisonnés  délivre.  Les  dé- 
livrés emprisone;  L'un  fait  morir,  l'autre  vivre,! 
l'un  toit  [prend],  à  l'autre  done,  Hist.  littéraire  dt 
la  France,  t.  xxiii,  p.  7B3.  Li  crizdes  amprisonnei 
viegne  à  la  teue  [tienne]  sainte  pitié,  Psautier,  ï°  «7, 
Si  m'en  aim  et  amerai,  Kant  si  sagement.  Far 
mon  hardement,  M'emprisonnai  [devins  captif  de 
ma  dame],  Bibl.  des  Chartes,  t.  v,  4*  série,  p.  48». 
Si  tost  qu'il  est  denoncié  au  bailli  par  gens  crea- 
bles,  il  le  doit  penre  et  emprisonner  de  son  offica, 
BBADM.  4 1 .  Il  XV*  s.  Vueilliez  vos  yeulx  emirisonner, 
Et  sur  moy  plus  ne  les  jectez;  Car  quant  vous 
plaist  me  regarder.  Par  Dieu,  belle,  vous  me  tuez, 
CH.  D'ORL.  Bail.  2.  Il  xvi«  S.  Fabrice,  en  la  bataille 
de  Ravenne,  combattant  vaillamment  et  enfonçant 
furieusement  un  gros  de  cavalerie  françoise,  fut 
fort  blessé  et  emprisonné  [fait  prisonnier],  brant. 
Capit.  cstr.   t.   I,   p.   fOS,   dans  lacurse. 

—  ÊTYM.  En  t,  et  pr^on;  provenç.  empreisonar  { 
ital.  imprigionare. 

I  EMPROSTIIOTONOS  (in-pro-sto-to-nos') ,  t.  m. 
Terme  de  médecine.  Contraction  tétanique  dans  la- 
quelle le  corps  est  infléchi  en  avant; 

—  ÊTYM.'EjiitpoaOEv,  en  devant,  et  t6voç,  con- 
traction, 

EMPRUNT  (an-prun;  le  t  se  lie  :  un  emprun-t  à 
des  amis;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  an-prun -z  exces- 
sifs) ,  ».  m.  Il  1°  L'action  d'emprunter  ;  la  chose  em- 
pruntée. Je  suis  arrivé  en  un  pays  où  l'on  ne  parle 
ni  d'édits  de  subsides,  ni  d'emprunts  sur  le  peuple, 
VOIT.  Lett.  86.  L'emprunt  que  fait  le  fils  de  l'avare 
[dans  la  pièce  de  Molière] ,  sÉv.  605.  Ce  qu'ils  trou- 
vaient le  plus  lâche  après  le  mensonge,  élait  de  vi- 
vre d'emprunt,  boss.  Hist.  m,  b.  ||  Terme  de 
finance.  Il  se  dit  des  sommes  qu'un  gouvernement, 
une  commune,  une  grande  entreprise  obtient  par  les 
souscriptions  volontaires  des  particuliers,  à  la  con- 
dition d'en  servir  les  intérêts.  ||  Emprunt  forcé, 
somme  qu'un  gouvernement  lève  par  emprunt, 
c'est-à-dire  avec  la  promesse  de  rendre,  mais  sans 
laisser  aux  citoyens  la  possibilité  de  refuser  de  prê- 
ter. Il  Emprunt  forcé  se  dit  aussi,  entre  particuliers, 
d'un  prêt  qu'on  ne  veut  pas  ou  ne  peut  pas  refuser. 
Il  Caisse  d'emprunt,  caisse  qui  fut  établie  à  Paris 
de  1673  à  47)6,  et  où  chaque  particulier  était  ad- 
mis à  faire  valoir  ses  fonds.  ||  2°  Fig.  Cet  auteur  a 
soin  de  cacher  les  emprunts  qu'il  se  permet.  Elle 
me  dédaigne,  et  me  préfère  un  autre  Qui  n'a  pour 
tout  pouvoir  qu'un  faible  emprunt  du  nfltre,  eonil. 
Attila,  III,  4.  Cette  nature  abondante  ne  refuse  pas 
d'allerà l'emprunt, BOSS.  m.Annonc.i.  ||  D'emprunt, 
loc.  adj.  Factice,    qui  n'est  pas  propre   au  sujet. 

Erudilion  d'emprunt.  Esprit  d'emprunt L'une 

paraît  gentille.  Pour  savoir  se  servir  d'une  beauté 
d'emprunt.  Mettre  un  visage  blanc  sur  un  visage 
brun,  BEONARD,  J«  Bal,  7.  |i  Par  emprunt,  loc.  adv. 
Accidentellement,  indirectement.  Ils  n'ont  tenu  la 
puissance  que  par  emprunt,  Boss.  Ilist.  m,  7.  J'ai 
encore  une  chose  à  vous  dire,  dans  ma  confessioti 
générale,  c'est  que  je  n'ai  jamais  été  gai  que  par 
emprunt,  volt.  Lett.  Richelieu,  4  9  août  I7M, 
Il  3°  Sorte  de  jeu  de  cartes  à  3,  4,  8  ou  6  person- 
nes, et  qui  se  joue  avec  des  jeux  de  cartes  com- 
plets, ou  jeux  de  BJ  cartes.  ||  4*  Terme  d'eaux  et  fo- 
rêts. Arbre  d'emprunt,  arbre  d'une  ancienne  vente, 
marqué  pour  servir  de  pied-cornier  à  ime  Tente 
nouvelle. 

—  HIST.  XIII*  s.  Celui  de  qui  la  chose  est,  et  k 
qui  l'on  la  requiert  à  emprest,  ne  la  prestera  ja  se 
il  ne  viaut  [veut],  Ass.  deJér.  i,  4  93.  ||xv*s.  Tou- 
tes voies  il  considéra  que  le  couroucer  ne  lui  pou'- 


EMP 

voit  rien  valoir;  si  en  fit  le  meilleur  semblant 
comme  il  put,  par  emprunt,  et  leur  dit....,  fboiss.  i  , 
1,7». 

—  ÉTYM.  Voy.  EMPRUNTER  ;  pfcvenç.  emprumpt. 

EMPRUNTÉ,  ÉE  (an-prun-té,  tée),  part,  passé. 

l'  Obtenu  par  emprunt.   De   l'argent  emprunté. 

i'  Par  extension.  Un  mot  emprunté  du   latin. 

Terme  de  musique.  Accords  empruntés,  ou  ac- 
cords par  emprunt,  accords  qui  ne  peuvent  se  pra- 
tiquer que  dans  les  tons  mineurs,  et  qui  emprun- 
tent leur  perfection  d'un  son  qui  n'y  paraît  point. 
Il  3°  Qui  n'est  pas  sien ,  pris  par  une  sorte  d'emprunt. 
Et  sans  chercher  ailleurs  des  titres  empruntés,  Ne 
vous  suffit-il  pas  de  ceux  que  vous  portez?  bac. 
Andr.  iv,  5.  Moi-même,  revêtu  d'un  pouvoir  em- 
prunté, J'ai  cent  fois....  Tenté  leur  patience,  et  ne 
l'ai  point  lassée,  m.  Brit.  iv,  4.  Déguisée  sous  des 
habits  empruntés,  mass.  Carême,  Confess.  \\  Ce  livre  a 
paru  sous  un  nom  emprunté,  il  aparu  sous  un  autre 
nom  que  celui  de  son  auteur.  Conter  une  histoire 
sous  des  noms  empruntés ,  la  conter  sous  de  faux 
noms.  C'est  là  presque  l'unique  moyen  qui  reste  à 
la  vérité  d'approcher  des  princes  et  de  leur  mon- 
trer, sous  des  noms  empruntés,  leurs  devoirs  et 
leurs  défauts,  bollin,  llist.  anc.  Œuvres,  t.  vu, 
p.  306,  dans  lacurne.  ||  4°  Factice,  faux.  Rien  n'est 
faux  ni  emprunté  chez  elle,  SÉV.  4  57.  Chacun  cher- 
cha pour  plaire  un  visage  emprunté,  boil.  Éplt.  ix. 
Même  elle  avait  encor  cet  éclat  emprunté  Dont  elle 
eut  soin  de  peindre  et  d'orner  son  visage....  bac. 
Athal.m,  B.  115°  Embarrassé,  gauche,  en  parlant  des 
personnes  ou  de  ce  qui  a  rapport  aux  personnes.  Un 
air  emprunté.  M"'  la  duchesse  de  Chartres  se  trouvait 
tout  empruntée  à  St-Cloud ,  comme  en  pays  inconnu, 

ST-SIMON,   93,   229. 

EMPRCNTER  (an-prun-té) ,  V.  o.  1|  1°  Obtenir  à 
titre  de  prêt.  Emprunter  de  l'argent,  un  cheval,  un 
livre,  y  Absolument.  Ceux  qui  empruntent  sont  bien 
malheureux,  mol.  V  Avare,  ii,  t.  Bientôt,  pour  sub- 
sister, La  noblesse  sans  bien  trouva  l'art  d'emprun- 
ter, BOIL.  Sot.  v.  Pour  empêcher  les  emprunts  d'où 
naissent  la  fainéantise,  les  fraudes  et  la  chicane,  le 
roi  Asychis  ne  permettait  aux  Égyptiens  d'emprun- 
ter qu'à  condition  d'engager  le  corps  de  leur  père  à 
celui  dont  on  empruntait ,  boss.  Ilist.  ni,  3.  Il  em- 
prunte de  tous  côtés,  pour  se  cacher  à  lui-même  sa 
misère,  m.  la  VaUière.\\2'  Tirer  de,  prendre  de, 
recevoir  de.  La  lune  emprunte  sa  lumière  du  soleil. 
Les  magistrats  empruntent  leur  autorité  du  pou- 
voir qui  les  institue.  Aimez  donc  la  raison,  et  que 
tous  vos  écrits  Empruntent  d'elle  seule  et  leur 
lustre  et  leur  prix,  boil.  Art  p.  i.  Virgile  a  em- 
prunté d'Homère  quelques  comparaisons,  quelques 
descriptions,  volt.  Ess.  sur  la  poésie  ep.  chap.  3. 
Les  Grecs  ont  emprunté  des  Égyptiens  l'idée  et 
la  forme  des  temples,  barthél.  Anach.  ch.  xii. 
Il  [Napoléon]  compte  sur  cette  puissance  d'illu- 
sion que  lui  donne  sa  renommée;  jusqu'à  ce  jour, 
elle  a  emprunté  de  lui  une  force  réelle  et  imman- 
quable; il  s'efforce  donc  par  des  raisonnements  spé- 
cieux de  soutenir  la  confiance  des  siens,  et  peut- 
être  aussi  le  faible  espoir  qui  lui  reste,  ség.  Ilist. 
de  Napol.  viii,  tl.  ||  Absolument.  Voilà  oii  elle 
[l'âme]  est  tombée  quand  elle  a  voulu  emprunter 
des  sens;  mais  ce  n'est  pas  encore  là  la  fin  de  ses 
maux;  car  ces  sens  dont  elle  emprunte,  emprun- 
tent eux-mêmes  de  tous  côtés,  boss.  la  yallière. 
Il  3°  Avoir  recours  à,  employer.  Sans  emprunter  ta 
main  pour  servir  ma  colère,  corn.  Cinna,  m,  4. 
J'emprunte  du  secours  et  le  fais  hautement,  id.  Nie. 
m,  8.  Vos  deux  filles,  seigneur,  ont  emprunté  ma 
voix.  Et  leur  cœur  par  ma  bouche  expliquait  leurs 
misères,  mairet.  Mort  d'Asdr.  m,  1.  Ne  saurait-il 
rien  voir  qu'il  n'emprunte  vos  yeux?  bac  Brit.  i,  2. 
L'insolent  de  la  force  empruntait  le  secours,  m. 
Phèd.  IV,  1.  Et  j'irais  pour  ma  cause  emprunter 
d'autres  bras!  volt.  Triumv.  iv,  2.  ||4°  Se  couvrir 
d'une  fausse  apparence.  Emprunter  le  masque  de  la 
vertu,  le  langage  de  l'humanité.  II  faut  d'un  sup- 
pliant emprunter  le  visage,  bac.  Milhr.  m,  t.  D'A- 
c'nille  qui  l'aimait,  j'empruntai  le  langage,  id. 
Iphig.  I,  B.  Il  5°  T.  n.  Terme  d'organiste.  Lorsque, 
le  sommier  n'étant  pas  bien  fermé,  le  vent  qui  doit 
aller  dans  un  tuyau  entre  dans  un  autre,  on  dit  : 
ce  tuyau  emprunte.  ||  6°  Terme  d'arithmétique.  Se 
dit,  dans  l'opération  de  la  soustraction,  pour  pren- 
dre une  dizaine  au  chiffre  placé  à  la  gauche  du 
chiffre  supérieur  trop  faible  pour  que  la  soustrac- 
tion se  fasse.  ||  7"  S'emprunter,  v.réfl.  Être  obtenu 
par  emprunt.  Il  y  a  des  choses  qui  ne  peuvent  s'em- 
prunter. 

—  REM.  Quand  le  régime  indirect  d'emprunter 
est  un  nom  de  chose,  il  faut  de  •  la  lune  emprunte 


EMP 

sa  lumière  du  soleil;  quand  (5'est  un  nom  de  per- 
sonne, on  met  indifféremment  à  ou  de  :  j'ai  em- 
prunté mille  francs  de  mon  ami  ou  à  mon  ami. 

—  niST.  XII'  s.  Respondi  li  prophètes  :  Va,  em- 
prunte de  tes  veisins  vaissels  vuidz  et  mulz.  Rois, 
p.  355.  I|xiii*  s.  Dont  empruntèrent  li  message  dui 
cens  mars  en  la  ville,  et  les  baillèrent  au  duc, 
villeh.  XX.  Adonc  avint  que  li  rois  de  Cypre  en 
ala  à  Acre  et  vot  emprunter  deniers  à  un  bourjois, 
Chron.  de  Rains,  p.  47.  Et  s'il  n'a  nul  home  [pour 
un  jugement  par  pairs],  il  les  doit  emprunter  à  son 
segnor,  et  li  sires  y  est  tenus  à  prester,  beaum.  46. 
Li  pechierres  empruntera  et  ne  soldra  mie,  Psau- 
tier, !°  45.  Par  foi,  Hiamont,  trop  par  as  mal  erré, 
Quant  sans  ton  père  t'es  à  Carlon  mellé  ;  Car  ci  Fran- 
çois ne  sunt  mie  empruté;  Bien  nous  chalengent  la 
lor  grant  hérité,  Agolant,  p.  <72.  Ne  semble  pas 
chevalier  empruté,  ib.  p.  -tes.  Au  partir  que  il  fi- 
rent d'Acre,  le  conte  de  Poitiers  empronta  joiaus  à 
ceulz  qui  râlèrent  en  France,  ioinv.  257.  Dame, 
bien  soiez  venue.  Dit  li  moines,  et  bien  trouvée. 
Celé  ne  fut  pas  empruntée,  Ainz  tert  [essuyi^]  ses 
ieux,  si  lui  respond.  Fabliaux,  2«  éd.  p.  245.  ||  xiv 
s.  Furent  maintes  dames  parées,  Pas  ne  sembloient 
empruntées,  Chastelain  de  Couci,  v.  906.  Le  dit 
Jehan  emprinta  de  la  Maison-Dieu  de  Bourges  huit 
liz  granz,  Bibl.  des  Chartes,  4"  série,  t.  ii,  p.  68. 
Il  XV*  s.  Quel  couleur  [du  drap]  vous  semble  plus 
belle  ?....  Ti  1  que  vous  le  pourrez  avoir;  Qui  em- 
prunte n'y  choysist  mye,  Patelin.  Furent  emprun- 
tez cinquante  mille  ducats  d'un  marchand  de  Milan, 
comm.  VII,  4.  Il  XVI"  s.  Ce  sont  advantages  emprun- 
tez, non  pas  nostres,  mont,  i,  242. 

—  ÉTYM.  Berry,  empréter,  empreuter;  wallon, 
epronter;  ital.  improntare.  Die?,.,  trouvant  le  vala- 
que  imprumût,  emprunt,  imprumutd,  emprunter, 
qui  paraît  venir  du  latin  promuluum,  un  prêt,  re- 
garde le  mot  français  comme  ayant  même  origine. 
Mais  im-promûtuum ,  avec  l'accent  sur  niii  aurait 
donné  sans  doute  comme  dans  le  valaque  impro- 
mut et  non  emprunt;  du  moins  c'est  là  une  grave 
difficulté.  Scheler  essaye  de  la  lever  en  recourant 
non  au  substantif,  mais  au  verbe  :  verbe  fictif  im- 
promutuare,  d'où  imprompluare ,  impromplare. 
Ce  qui  gêne  un  peu,  ajoute-t-il,  c'est  la  voyelliu 
pour  le  latin  o.  Cette  difficulté  de  Vu  pour  l'o  sub- 
siste dans  l'ancienne  étymologie  im-promptare ,  qui 
en  aune  autre,  c'est  que  impromptare,  qui  vient 
par  promptus,  de  promere ,  produire,  fournir,  de- 
vrait signifier  prêter  et  non  emprunter.  Remarquons 
toutefois  que,  à  côté  d'emprunter,  se  trouve  le  Berry 
empréter  et  l'ancien  français  emprest  (voy.  emprunt, 
à  l'historique)  ;  ceux-là  viennent  certainement  de  en, 
et  prœstare.  On  notera  les  formes  citées  à  l'histori- 
que, empruter,  emprinter,  qui,  réunies  au  Berry 
empreuter,  semblent  indiquer  une  incertitude  entre 
ces  formes.  Il  faut  donc  admettre  que  imprxstare , 
qui,  naturellement,  signifierait  prêter,  aprislesens 
d'emprunter.  Impromptare,  de  son  côté,  a  reçu 
dans  l'italien  inprontar  la  double  acception,  celle 
de  prêter  qui  est  directe,  et  celle  d'emprunter  qui 
est  inverse.  De  cette  discussion  on  peut  conjecturer 
qu'une  confusion  s'est  faite  entre  impromutuare  et 
impromtare  ;  que  Vu  de  promutuum  s'est  fait  sentir 
dans  emprunt  ;  que  promptare  se  retrouve  dans  le 
wallon  epronler  et  l'italien  tnipronlar,  elprasstare, 
dans  l'ancien  français  emprest  et  le  Berry  empr^Ier. 

EMPRUNTEUR,  EUSE  (an-prun-teur,  teû-z'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  emprunte,  qui  ne  fait 
qu'emprunter.  Le  prêteur  et  l'emprunteur.  C'est  un 
hardi  emprunteur.  Que  faisiez-vous  au  temps  chaud? 
Dit-elle  à  cette  emprunteuse,  la  font.  Fabl. 
I,  1.  Ij  Adj.  Personne  très-emprunteuse.  Depuis  que 
je  travaille  pour  vous,  les  ressorts  de  mon  esprit 
emprunteur  sont  diablement  usés,  regnaed,  Séré- 
nade, se.  tl.  Ici  gît  un  prélat  d'emprunteuse  mé- 
moire Qui  toujours  prit  et  jamais  ne  rendit;  Sei- 
gneur, s'il  est  dans  votre  gloire.  Ce  ne  peut  être  qu'à 
crédit,  vers  cités  dans  le  Dict.  de  beschebelle. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  dusques  au  terme  li  emprun- 
teres  en  pot  fere  son  preu  et  mètre  en  son  porfit, 

beaum.  xxxvii,  <.||xv'  s tousdis  [toujours]  est 

il  d'emprunteurs  Plus  assez  qu'il  n'est  de  presteurs, 
EUST.  DEscu.  Poésies  mss.  f°  407,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Emprunter. 

■j- EMPSYCUOSE  (an-psi -kô-z"),  s.  f.  Terme  de 
métaphysique.  Union  de  l'âme  et  du  corps. 

—  ÉTYM.  'Efi'J'Oxwu'î,  de  èv,  en,  et  4'ux^,  âme 
(voy.  psychique). 

EMPUANTI,  lE  ( an-pu-an-ti ,  tie),  part,  passé 
d'empuantir.  Lieu  empuanti  par  une  charogne. 

EMPUANTIR  (an-pu-an-tir),  v.  a.  ||  l- Infecter 
de  mauvaise  odeur.  Cet  égout  empuantit  le  quar- 


EMP 


136;3 


tier.  Avec  ces  torches  de  poix  dont  ils  empuantissent 
la  ville,  hamilt.  Cramm.  7.  ||  2°  Fig.  C'étaient  bien 
les  plus  grandes  salopes  qui  aient  empuanti  le  ber- 
cail du  Seigneur,  j.  j.  Bouss.  Conf.  u.  ||  S'empuan- 
tir, V.  réfl.  Devenir  puant.  Les  eaux  de  cette  mare 
s'empuantissent. 

—  HIST.  XV'  s.  Pour  combattre  et  résister  am 
entreprises  des  faux  et  empuantis  hérétiques, 
MONSTRELET,  208.  ||  xYi' S.  L'odeur  feut  aultre  qua 
cuidois,  J'en  feus  du  tout  empuanti,  bab.  Garg.  i,I3. 

—  ÉTYM.  En  t ,  si  puant;  génev.  empuanter. 
EMPUANTISSEMENT  (an-pu-an-ti-se-man),  s.  m. 

État  de  ce  qui  s'empuantit.  L'empuantissement  des 
eaux. 

—  ÉTYM.  Empuantir. 

t  EMPUSE  (an-pu-z"),  s.  f.  ||  1»  Terme  de  philo- 
sophie au  xvi*  et  au  xvii'  siècles.  Nom  donné  aux 
fausses  idées,  aux  imaginations  qui  ne  peuvent  avoir 
d'existence.  ||  2°  Terme  de  zoologie.  Genre  d'or- 
thoptères de  la  famille  des  mantiens. 

—  ÉTYM.  "EiiTtouffa ,  sorte  de  spectre  envoyé  par 
Hécate,  sous  mille  apparences  diverses. 

EMPYËME  (an-pi-ê-m'),  s.  m.  Terme  de  méde- 
cine. Au  sens  propre  qui  n'est  plus  usité,  collection 
de  pus.  Il  Par  extension,  toute  collection  séreuse, 
.sanguine  ou  purulente  dans  la  cavité  des  plèvres. 
Il  Opération  par  laquelle  on  pratique  une  ouverture 
pour  donner  écoulement  à  ce  dépôt. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ouvrir  un  empyeme ,  paré  , 
Préf.  Si  le  pus  vient  des  poulmons,  ou  d'une  em- 
pyeme ou  du  foye,  id.  xv,  52. 

—  ÉTYM.  'E|j.7iûr)[j,a,  de  èv,  en,  et  nûov,  pus  (voy. 

PUS). 

t  EMPYOCÈLE  (an-pi-o-sè-I'),  S.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Abcès  du  scrotum,  de  la  tunique  vagi- 
nale. 

—  ÉTYM.  "Eixituov,  abcès,  et  Kn\rt,  tumeur. 

t  EMPYOMPHALE  (an-pi-on-fa-l'j,  s.  m.  Terme 
de  chirurgie.  Abcès  du  nombril. 

—  ÉTYM.  'E(i.nuov,  abcès,  et  à(iça),à;,  nombriL 

t  EMPYRÉAL,  ALE  (an-pi-ré-al,  a-l'),  ad;'.  Terme 
didactique.  Qui  se  rapporte  à  l'empyrée. 

—  ÉTYM.  Empyrée. 

EMPYRÉE  (an-pi -rée),  s.  m.  ||  1°  Selon  les  no- 
tions de  l'antiquité,  la  plus  élevée  des  quatre  sphères 
célestes,  celle  qui  contenait  les  feux  éternels,  c'est- 
à-dire  les  astres.  Il  Plus  tard,  le  ciel  des  fixes,  exclu- 
sivement au  ciel  des  planètes.  Ce  temple  oii  Jupi- 
ter, avec  tant  de  splendeur,  Est  descendu,  dit-on, 
du  haut  de  l'empyrée,  volt.  Minos,ui,  t.||  Poéti- 
quement. Le  ciel.  Les  brillantes  étoiles  de  l'em- 
pyrée. L'œil  aime  à  parcourir  la  voûte  Où  son  disque 
[de  la  lune]  trace  la  route  Des  astres  noyés  dans 
les  airs,  X  compter  la  foule  azurée  Des  étoiles  dans 
l'empyrée  Et  des  vagues  au  bord  des  mers,  lamart. 
Harm.  i,  to.  ||  2°  Le  séjour  des  bienheureux.  ||  Fig. 
Etre  dans  l'empyrée,  être  dans  un  lieu  de  délices. 
Que  regretterais-je  en  ces  lieux  ?  Pour  moi  je  suis 
dans  l'empyrée,  volt.  Lett.  en  vers  et  en  prose, 
40.  Il  Dans  un  sens  ironique.  Être  toujours  dans 
l'empyrée,  être  dans  les  nuages,  ne  savoir  ce  que 
l'on  dit,  à  force  de  chercher  le  sublime.  C'est  dans 
ce  sens  que  Piron  donne  ce  nom  à  son  métromane  : 
Votre  nom,  maintenant,  c'est  donc?...  De  l'Empy- 
réo,  Et  j'en  oserais  bien  garantir  la  durée.  —  De 
l'Empyrée,  oui-da,  n'ayant  sur  l'horizon,  Ni  feu  ni 
heu  qui  puisse  allonger  votre  nom.  Et  ne  possédant 
rien  sous  la  voûte  céleste.  Le  nom  de  l'enveloppa 
est  tout  ce  qui  vous  reste,  Métromanie,  l,  o. 
Il  3'  Adj.  Le  ciel  empyrée. 

—  lllST.  XVI'  s.  Et  comme  au  ciel  empire  Te 
louent  les  anges.  En  ce  monde  j'aspire  Qu'on  tp 
donne  louanges.  Les  marguer,  de  la  marguer. 
{'  t24,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  empirey  ;  espagn.  et  ital.  «m- 
ptreo  ;  de  éi,  en ,  et  itûp ,  feu. 

EMPYREUMATIQUE  (an-pi-reu-ma-ti-k') ,  adj. 
Terme  de  chimie.  Qui  tient  de  l'empyreume.  Huile 
empyreumaiique  Odeur  empyreumatique. 

—  ÉTYM.  Empyreume. 

EMPYRIiUAlE  (an-pi-reu-m'),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Goût  et  odeur  particulière  et  désagréable 
que  contractent  les  substances  animales  ou  végétales 
soumises  à  la  distillation. 

—  HIST.  XVI' s.  Ces  remèdes  ostent  l'empyreume, 
qui  est  la  chaleur  estrange  imprimée  en  la  partie 
bruslée,  et  appaisant  la  douleur  qu'elle  excitoit, 
PAKE,  X,  8.  La  décoction  doit  estre  faite  pour  le  mieux 
in  balneo  marie  afin  d'éviter  un  empyreume,  c'est 
à  dire  impression  ignée  qui  s'acquiert  par  bouilli 
simplement  devant  le  feu,  id.  xvi,  8. 

—  ÉTYM.  'Eji.7t0pey(ia,  de  èv,  en,  et  iriip,  feu  (voy. 

PYRITE). 


i3G/» 


EMU 


«MO,  UB  (ê-ma,  muo),  par(.  ;«UJ<^<1  émouvoir. 
I  f  Mii  en  mouvomeol,  ébranlé.  Kl  jo  l'ai  moins 
iiiuché  p»r  ce  quo  j'ai  pu  dire  Qu'un   chêno   n'est 
ému   du   «ouffle  d'un   zéphiro,  hotb.  Anitg.  V,   ï. 
Oaiis  le»  vn  millo  cloches  émues,  boil.  Sat.  VI. 
Sah-lu  pourquoi  les  airs  Sonl  émus  par  les  venu, 
rougis  par  les  éclairs  ?  Di:ci9,  Lear,  m,  7.  ||  a-  lixcité 
A    J'élaii  à  son   eiemple  ému  d'en  faire  autant, 
ntamtn,  Sal.  xiii.  113*  Agité  par  l'émeute,  la  sédi- 
tion. Jo  vois  le  peuple  ému  pour  prendre  son  parti, 
coB.i.  Poly.  V,  (.  Tout  est  calme,   seigneur,   un 
moment  de  ma  vue  A  soudain  apaisé  la  populace 
émue,   ID.  Nicom.   v,    10.  L'archiduc,    forcé  d'a- 
vouer qu'il  n'avait  pas  de  pouvoir  [pour  conclure  la 
paix),  fil  connaître  au  peuple  ému,  si  toutefois  un 
peuple  ému  connaît  quelque  chose,  qu'on  ne  faisait 
qu'abuser  de  sa  crédulité,  boss.  le  Tellier.  ||  4°  Tou- 
ché par  une  passion.   Tantôt   l'esprit  ému   d'une 
frayeur  bien  vive,  kioL.  l'Étnur.  ii,  **■  Quoi!  d'un 
juste  courroux  je  suis  ému  contre  elle;   C'est  moi 
qui  me  viens  plaindre,  et  c'est  moi  qu'on  querelle, 
m.  Uis.  IV,  3.  D'un  fort  vilain  soupçon  je  me  sens 
l'âme  émue,  m.  Sgan.  VI.  Son  cœur  fut  ému  de 
joie  et  de  tendresse,  fén.  Tél.  xxii.  D'une  invincible 
horreur  je  sens  mon  âme  émue,  volt.  Sémir.  ii,  t. 
Il  On  dit  aussi  avec  de  :  ému  de  joie,  de  pitié,  de 
colère,  etc.  ||  B°  Attendri.  Lorsqu'encor  tout  ému  de 
vos  derniers  a<lieux,  rac.  Uérén.  m,  2.  ||  6"  Mis  en 
colère.  Il  n'arriva  qu'une  fois  à  Platon  d'être  un  peu 
ému  contre  un  de  ses  esclaves,  fénel.  l'iaton.  ||  7°  In- 
quiet. Des  rapports  sinistres  se  succédaient;  il  vint 
un  officier  de  la  police  russe  pour  dénoncer  l'incen- 
die;   il  donna   tous  les  détails;   l'empereur   ému 
ehercha  vainement  quelque  repos,  ségur,  Uist.  de 
Napol.  viii,  6. 

EMULATEUR,  TRICE  (é-mu-la-teur,  tri-s'),  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  est  animée  du  sentiment  d'ému- 
'alion.  Il  a  eu  plus  d'envieux  de  sa  fortune  que  d'é- 
mulateurs de  sa  vertu.  |1  Par  extension.  Votre 
oncle  encor  vivant  vous  résigna  l'empire.  Et  j'é- 
tendis ses  bords  jusqu'aux  fameux  dôserts  Qu'ar- 
rose le  grand  fleuve  émulateur  des  mers,  hoir.  lié- 

lis.  Y,    5. 

—  REM.  L'Académie  n'a  pas  le  féminin. 

—  msT.  xvi*  s.  Et  de  ces  derniers  [capitaines  et  sol- 
dats protestants  qui  avaient  donné  tout  ce  qu'ils 
avaient  pour  fournir  la  solde  des  auxiliaires  étran- 
ges] les  pages  et  laquais  emulateurs  arrachoient 
leurs  pendans  d'oreilles,  si  bien  qu'un  va-de-pied 
donna  jusques  à  vingt  escus,  d'aub.  Ilist.  i,  228. 

—  ÉTYM.  Lat.  semulator,  de  xmulari,  rivaliser 
(voy.  Rmui.e). 

ÉMULATION  (é-mu-la-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Sentiment  généreux  qui  excite  à 
égaler,  àsurpasser  quelqu'un  en  talents,  en  mérite. 
Quelque  rapport  qu'il  paraisse  de  la  jalousie  à  l'é- 
mulation, il  y  a  entre  elles  le  môme  éloignement 
que  celui  qui  se  trouve  entre  le  vice  et  la  vertu, 
LA  BRUY.  XI.  La  jalousie  et  l'émulation  s'exercent  sur 
le  même  objet,  qui  est  le  bien  ou  le  mérite  des 
autres,  avec  cette  différence  que  celle-ci.esl  un  sen- 
timent volontaire,  courageux,  sincère,  qui  rend 
l'àme  féconde,  qui  la  fait  profiter  des  grands  exem- 
ples et  la  porte  souvent  au-dessus  de  ce  qu'elle  ad- 
mire, et  que  celle-là  au  contraire....  m.  ib.  Il  ajoutait 
des  prix  pour  exciter  une  nouvelle  émulation,  fën. 
Tél.  XIV.  Il  faut  envoyer  dans  les  guerres  étrangères 
!â  jeune  noblesse;  ceux-là  suffisent  pour  entretenir 
toute  la  nation  dans  une  émulation  de  gloire,  dans 
l'amour  des  armes,  dans  le  mépris  des  fatigues  et 
lie  la  mort  même,  enfin  dans  l'expérience  de  l'art 
militaire,  ID.  t6.  xu.  Je  vous  recommande  de  n'em- 
ployer qu'avec  une  extrême  précaution  le  dange- 
reux moyen  de  l'émulalion,  M"'  de  genlis,  Ad.  et 
Thiod.  t.  Il,  lett.  18,  p.  18),  dans  poigens.  L'é- 
mulation est  sans  cesse  échauffée  Par  le  nom  d'un 
héros  et  l'aspect  d'un  trophée,  legouvé,  Èpich. 
el  N.l,  4. 

—  SYN.  ÉMULATION,  RivALiré.  L'émulation  est 
toujours  un  sentiment  généreux;  la  rivalité  est  un 
mobde  taniAl  bon,  tanlAl  mauvais.  De  plus,  la  riva- 
lité et  l'émulation  ne  S'exercent  pas  sur  les  mêmes 
objets.  L'émulation  a  pour  dessein  d'égaler,  do  sur- 
passer en  mérite,  en  vertu,  en  gloire,  etc.;  la  ri- 
valité a  pour  but  de  disputer  la  possession  d'un 
bien,  le  pouvoir,  la  richesse,  une  femme,  etc. , 

—  HlST.  XVI»  ».  Poaivu  qu'un  tel  édifice  soit  con- 
•Iruitians émulation  ni  envie  de  faire  tort,  Aouieau 
coutl.ginér.  X.  I,  p.  7(l4.  11  l'introduisoil  es  com- 
paignie»  de  gens  «çavants,  à  l'émulation  desquelz 
luy  creut  1  espcril  el  le  désir  d'estudier  aultrement 
el  M  faire  valoir,  »ab.  Garg.  i,  2». 

—  STYM.    Proveng.   cmulatio  ;   espagn.  emuta- 


EN 

eion  ;  ital.  emulasioiie;  du  latin  jîmu/olionem  (voy. 
Emule). 

ÉMULE  (é-mul'),  ».  m.  elf.  ||  !•  Celui,  celle  qui 
rivalise  avec  un  autre  dans  les  choses  louables.  Autre- 
fois notre  émule,  à  présent  notre  appui,  volt. 
Tantr.  t,  *.  En  parlant  de  M.  liernoulli  ,  je  ne  ten- 
terai point  de  l'apprécier,  el  encore  moins  de  pro- 
noncer entre  lui  et  ses  illustres  émules,  condor- 
cet,  Daniel  liemoalH.  \\  Au  fém.  Carlhage  fut  la 
puissante  émule  de  Rome.  Je  sais....  Que  Londre 
est  de  tout  temps  l'émule  de  Paris,  volt,  llenr.  l. 
Il  En  mauvaise  part.  Ah  I  parmi  ces  flatteurs, 
émules  d'infamie,  Une  tète  innocente  est  bientôt 
ennemie,  m.  j.  chén.  Tibère,  i,  4.  ||  a"Kig.  L'amiante 
allongeant  ses  membranes  soyeuses.  Oui,  se  chan- 
geant en  fil,  donnent  ce  tissu  fin.  Triomphant  de 
la  flamme  et  l'émule  du  lin,  delille,  dans  le  l)ict. 
de  bescherelle.  Nous  nous  disions  que  c'était  là 
[Moscou]  le  terme  promis  à  nos  travaux;  qu'enfin 
nous  allions  nous  arrêter,  puisque  nous  ne  pou- 
vions plus  être  surpassés  par  nous-mêmes ,  après 
une  expédition  noble  et  digne  émule  de  celle 
d'Egypte,  et  rivale  heureuse  de  toutes  les  grandes 
et  glorieuses  guerres  de  l'antiquité,  ségub,  llisl. 
de  Nap.  via,  4. 

—  SVN.  émule,  émulateur.  Ces  deux  mots  ne 
diffèrent  que  par  la  terminaison;  et  c'est  dans  la 
terminaison  qu'il  faut  cherclier  la  nuance  qui  les 
distingue.  La  finale  oteur  exprime  l'action;  et  dès 
lors  tandis  que  émule  ne  représente  que  l'état  d'é- 
mulation, émulateur  en  représente  l'aclion. 

—  ÉTYM.  Lat.  âcmulus. 

ÉMULGENT  ,  ENTE  (é-mul-jan ,  jan-t') ,  ad;. 
Terme  d'anatomie.  Se  dit  des  vaisseaux  qui  appar- 
tiennent aux  reins.  Artères,  veines  émulgentes,  les 
artères,  les  veines  du  rein. 

—  HlST.  xvi*  s.  La  quatrième  [veine]  va  aux 
reins,  et  pour  ce  est  appelée  rénale  ou  emulgente, 
parce  qu'elle  succe  et  tire  le  sang  de  la  masse  san- 
guinaire, PARÉ,  I,  22. 

—  ETYM.  Lat.  emulgens,  de  emulgere,  de  e,  et 
nwlgere,  traire. 

ÉMULSIF,  IVE  (é-mul-sif,  si-v'),  adj.  Dont  on 
peut  tirer  de  l'huile  par  expression.  Le  chènevis 
est  émulsif.  Semences  émulsives. 

—  ÉTYM.  Voy.  émulsion. 

t  ÉMULSINE  (é-mul-si-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Principe  albuminoïde  qui  existe  dans  les  amandes, 
et  qui  favorise  l'émulsion  de  l'huile  d'amandes. 

ÉMULSION  (é  mul-sion),  s.  f.  Terme  de  phar- 
macie. PréiiaratioQ  extraite  des  semences  émulsives 
et  qui  a  ordinairement  la  couleur  blanche  et  l'opa- 
cité du  lait.  Faire  une  émulsion  avec  des  amandes. 

—  uist.  xvi*  s.  Une  émulsion  de  semence  papa- 
leris  albi,  paré,  viii,  14. 

—  ÉTYM.  Lat.  emulsum,  supin  de  emulgere  (voy. 

ÉMULGENT). 

É.MULS10NNÉ,  ÉE  (é-mul-sio-né ,  née) ,  part. 
passé.  Tisane  émulsionnée. 

ÊMULSIONNER  (é-mul-sio-né),  v.  o.  Terme  do 
pharmacie.  Mêler  une  émulsion  avec  une  tisane 
ou  avec  une  boisson  quelconque. 

—  ÉTYM.  Émulsion. 

jÊMUTITION  (é-mu-ti-sion) ,  s.  /'.Voy.  émeutition, 
I  ÉMYDE  (é-mi-d'),   ».  f.  Terme  de  zoologie. 
Nom  générique  des  tortues  d'eau  douce. 

—  ÉTYM.  'E|iv{,  tortue. 

fÊMYDOÏUE  (é-mi-do-id'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  re.ssemble  à  une  émyde. 

—  ÉTYM.  ^myde,  et  iiàa;,  forme. 

t.  EN  (an;  suivi  d'une  voyelle  ou  d'une  h  muette 
se  prononce  comme  le  substantif  a/i;  mais,  ce  qui 
n'a  pas  lieu  pour  le  substantif  an,  l'n  s'appuie  sur 
la  voyelle  qui  suit  :  en  avant,  dites  :  au-na-van), 
prép.  qui  signifie  à  l'intérieur  de,  avec  deux  sens 
principaux  desquels  tous  les  autres  dérivent,  l'un 
exprimant  le  repos  (renfermant  les  n"'  l°  à  7°),  l'autre 
le  mouvement  (renfermant  les  n"  8°  à  1 3°),  en  se  prê- 
tant également,  suivant  le  mot  qui  le  précède,  au 
sens  de  repos  et  à  celui  de  mouvement.  {|  1°  À 
l'intérieur  de,  avec  l'idée  de  repos.  Être  en  France. 
En  la  ville  de  Paris.  Renfermés  en  une  place 
forte.  En  ces  lieux  agréables.  Nous  nous  tenons 
en  une  chambre  Lien  close.  Je  serai  marié,  si  l'on 
veut,  en  Turquie,  cohn.  Uenl.  m,  b.  Ces  règles 
du  raisonnement  subsistent-elles  aussi  en  quel- 
que part ,  d'où  elles  me  communiquent  leur 
vérité  immuable?  boss.  Connaiss.  iv,  ».  C'est  par 
leur  paresse  qu'ils  laissent  croître  les  ronces  et  les 
épines  en  la  place  des  vendanges  et  des  moissons, 
rtn,  Exist.  de  Dieu,  K.  Un  cuistre  en  son  taudis 
compose  une  satire,  volt.  ^p.  c.  ||  S'  Dans  la  per- 
sonne de.  Pour  faire  dire  encore  aux  peuples  pleins 


EN 

d'eflfroi  Que  venir,  voir  et  vaincre  est  même  chose 
en  moi,  corn.  Pomp.  iv,  ».  J'aperçois  Vinius,  qu'on 
m'amène  sa  fille;  J'en  punirai  le  crime  en  toute  la 
famille,  CORN.  Oth.  v,  t.  Jésus-Christ  en  qui  Adam 
n'avait  point  péché,  boss.  Hist.  ii,  <.  Vous  n'êtes 
frajipé  que  de  ce  qui  brille  au  dehors,  el  vous 
comptez  pour  peu  ce  qui /'ait  véritablement  l'homme, 
c'est-à-dire  ce  qui  est  en  lui  et  par  conséquent  à  lui , 
ROLLiN,  Wiî(.  anc.  Œutres,  t.  u,  p.  «22,  dans  pou- 
GENS.  Si  toutes  les  nations  ont  péché  en  Adam,  volt. 
Philos.it,  191.  Il  U  est  en  moi,  enlui,  c'est-à-dire  je 
possède,  il  possède  la  faculté  de,  le  pouvoir  de.  Il 
est  en  toi  de  perdre  ou  de  sauver  ton  frère,  cohn. 
Iléracl.  V,  5.  S'il  a  fait  tout  ce  qui  est  en  lui  pour.... 
PASC.  Pror.  8.  Alexandre  et  Mahomet  éteignirent 
autant  qu'il  était  en  eux  le  feu  sacré  des  Ouèbres, 
RAYNAL,  Ilist.  phil.v,iT.  ||  3°  Par  extension,  en  par- 
lant du  temps,  en  l'espace  de.  En  un  an.  En  deux 
ans.  En  si  peu  de  temps.  En  mgins  d'un  mois. 
Il  Pendant.  En  hiver.  En  été.  En  l'an  300  de  l'ère 
chrétienne.  Dans  ces  temps  bienheureux  du  monde 
en  son  enfance,  boil.  Sot.  v.  Peut-être  il  se  sou- 
vient qu'en  un  temps  plus  heureux....  rac.  Brtl. 
II,  3.  Il  4°  11  exprime  la  situation.  En  plaine.  Je 
me  trouvais  en  forêt,  en  plein  champ.  Il  était  en 
tête  de  la  bande.  {|  Fig.  Avoir  quelqu'un  entête, 
l'avoir  pour  adversaire.  ||  Avoir  quelque  chose  en 
tête,  en  être  occupé.  ||  5°  Sert  à  exprimer  l'état, 
la  manière  d'être,  la  disposition,  l'occupation.  Être 
en  afTaires,  en  prière.  Un  portrait  en  pied.  Être  en 
guerre,  en  paix.  Des  cheveux  en  désordre.  Être  en 
bonne  santé,  en  appétit.  Fenêtre  en  ogive.  Fruits 
disposés  en  pyramide.  S'habiller  en  turc.  Se  coiffer 
en  cheveux.  Regarder  en  pitié.  De  rage  en  leur 
trépas  maudire  la  patrie,  cobn.  Uor.  v,  3.  U  n'y  a 
rien  qu'on  ne  fasse  avaler,  lorsqu'on  l'assaisonne 
en  louanges,  vol. l'Av.  i,  t.  Les  autres  religions 
sont  plus  populaires,  car  elles  sont  en  extérieur, 
PASC.  Rel.  2.  [Le  jeune  homme]  Est  vain  dans  ses 
discours,  volage  en  ses  désirs,  boil.  Art  p.  m. 
Mes  révérends  pères  en  Dieu,  Et  mes  confrères  en 
satire,  id.  Épigr.  36.  En  ce  calme  trompeur  j'ar- 
rivai dans  la  Grèce,  rac.  ilndr.  i,  4.  Et  peut-être, 
a|irès  tout,  en  l'état  oCi  je  suis,  id.  Andr.  i,  4. 
Traître,  tu  prétendais  qu'en  un  lâche  silence  Phè- 
dre ensevelirait  ta  brutale  insolence,  id.  Phèd.  iv, 
2.  En  habit  d'amazone,  au  fond  de  mes  déserts  Je 
le  vois  arriver  plus  belle  et  plus  brillante  Que  la  di 
vinilé  qui  naquit  sur  les  mers,  volt.  Ép.  cvi.  Vous 
ne  donnez  point  au  génie  le  temps  de  se  développer, 
de  s'élever  insensiblement,  et  d'aller  en  son  vol 
toucher  la  voûte  du  ciel,  gilb.  Préf.  Rois,  colosses 
d'orgueil  en  délices  noyés,  A.  chén.  258.  ||  6'  En 
hommes,  en  femmes,  etc.  se  dit  pour  spécifier  la 
qualité  des  personnes  dans  une  assemblée.  La 
réunion  était  nombreuse,  mais,  en  ouvriers,  il 
n'y  avait  que  des  menuisiers.  U  n'y  avait  en  fem 
mes  que  Mme  de  Limours,  Mme  de  Valée  el  U 
comtesse  de  Germeuil,  m—  de  genlis.  Ad.  et  Tliéod. 
t.  I,  p.  439,  dans  POUGENS.  Il  7*  Comme,  de  même 
que,  en  qualité  de.  Vous  parlez  en  soldat,  je  dois 
agir  en  roi,  corn.  Cid,  il,  7.  Qu'il  triomphe  en 
vainqueur  et  périsse  en  coupable,  id.  Uor.v,  2.  Qu'il 
me  faut  craindre  en  maître,  ou  me  chérir  en  père, 
id.  Iléracl.  i,  2.  Maurice  ne  l'obtint  qu'en  gendre 
de  Tibère,  ID.  Héracl.  i,  2.  Si  vous  m'aimez  en 
sœur,  faites-le-moi  paraître,  ID.  ib.  v,  6.  Mais  si 
je  lui  dois  tant  en  fils  de  souverain.  Permettez 
qu'une  fois  je  vous  parle  en  Romain,  id.  Nicom.  i, 
2.  Jo  veux  parler  en  fille  et  je  m'explique  en  reine, 
ID.  Œdipe,  III,  2.  Autrement  qu'en  tuteur  sa  per- 
sonne me  touche,  mol.  Éc.  des  mar.  Ii,  3.  Je  la  re- 
garde en  femme  aux  termes  qu'elle  en  est,  id.  Éc. 
des  f.  III,  t.  Touchez  à  monsieur  dans  la  main,  Et 
le  considérez  désormais,  dans  votre  âme,  En  homme 
dont  je  veux  que  vous  soyez  la  femme,  id.  f'emm«» 
savantes,  m,  3.  Pharnace  croit  peut-être  Comman- 
der dans  Nymphée  et  me  parler  en  maître,  bac. 
Uithr.  I,  i.  Je  puis,  quand  je  voudrai,  parler  en 
souveraine,  id.  Athal.  H,  B.  Et  |  érissez  du  moin» 
en  roi  s'il  faut  périr,  id.  ib.  iv,  6.  Gouverner  en 
monarque  el  combattre  en  héros,  volt.  Sémir.  n, 
4.  Si  vous  avez  voulu  me  parler  en  ami,  id.  Catil. 
I,  5.  Mes  ennemis  riant  ont  dit  dans  leur  colère  : 
Qu'il  meure  et  sa  gloire  avec  luil  Mais  à  mon  coeur 
calmé  le  Seigneur  dit  en  père  :  Leur  haine  sera  ton 
appui,  GILB.  hnit.  des  psaumes.  Elle  s'était  fail. 
peindre  en  Madeleine,  m"*  db  genlis,  Mtne  de  Mainte- 
non,  t.  i,  p.  4»,  dans  POUGENS,  ||  En  tant  que,  se- 
lon que,  autant  que.  En  tant  que  besoin  sera.  ||  Eo 
tant  que.  comme.  En  tant  qu'ennemis,  il  les  com- 
Iwttit;  en  tant  quj  blessés,  il  veilla  à  leur  salut 
Il  S»  À  l'intérieur  de,  vers  l'intérieur  de,  avec  mou- 


EN 

vement.  Mettre  quelqu'un  en  prison.  Monter  en  voi- 
ture. Aller  en  ville.  Acheter  sourdement  l'esclave 
idolâtrée,  Et  la  Taire  passer  en  une  autre  contrée, 
MOL.  l'Étonr.  I,  ».  Elle  paraît  simple  à  nos  yeux; 
Mais  elle  est  fine,  elle  se  cache;  Elle  va  souvent  en 
des  lieux  Qu'elle  ne  veut  pas  que  l'on  sache,  gom- 
BAOT,  Épigr.  liv.  m,  dans  hichelet.  Il  court  de 
mer  en  mer,  aborde  en  lieu  sauvage,  la  font  ,  Fil- 
les de  Minée.  Il  nous  envoie  son  fils  du  ciel  en  la 
terre,  Boss.  Soumiss.  3.  Le  sort  dont  les  arrêts  furent 
alors  suivis  Fit  tomber  en  mes  mains  Andromaque 
et  son  fils,  RAC.  Andr.  i,  2.  Allez  en  Albion,  que 
votre  renommée  T  parle  en  ma  défense,  volt.  Henr. 
I.  Il  9°  En  marque  la  direction.  EUss  avaient  les  yeux 
baissés  en  terre  et  le  visage  couvert  d'un  voile  qui 
n'empêchait  pas  qu'on  n'entrevît  la  rougeur  que  ré- 
pandait sur  leurs  joues  une  pudeur  virginale,  rollin, 
Traité  des  Et.  liv.  vi,  2-  part.  ch.  5.  ||  lO»  Indique 
un  rapport  de  succession.  D'aujourd'hui  en  huit.  De 
point  en  point.  Voltiger  de  fleur  en  fleur.  De  pis  en 
pis.  Il  ll-'Marque  la  division,  la  distribution,  la  forme. 
Un  poème  en  quatre  chants.  Diviser  une  pomme  en 
deux.  Roulé  en  cercle.  ||  12°  Fig.  S'en  aller  en  fu- 
mée. Éclater  en  pleurs.  I.a  chrysalide  se  change  en 
papillon.  Tu  ne  veux  pas,  grand  roi,  dans  ta  juste 
indulgence.  Que  cette  liberté  dégénère  en  licence, 
VOLT.  Ép.  c.  En  coupables  propos  si  l'on  peut  s'exha- 
ler. Doit-on  faire  une  loi  de  ne  jamais  parler?  volt. 
«b.  Il  13°  Indique  la  destination,  le  motif,  le  but. 
Mettre  en  vente ,  en  gage.  Un  temple  changé  en  mos- 
quée. En  vue  de  plaire.  En  haine  de.  En  considé- 
ration de.  Le  peuple  se  soulève  ou  s'arme  en  ma 
défense,  volt.  Fona(.v,2.  ||  Et  aussi  l'état  avec  mou- 
vement, c'est-à-dire  l'état  dans  lequel  on  entre.  Se 
mettre  en  colère.  Entrer  en  admiration.  Être  ravi 
en  extase. Il  14°  En  précède  fort  souvent  le  participe 
présent,  et  désigne  alors  le  temps,  l'époque,  la  ma- 
nière. On  apprend  en  vieillissant.  Il  dit  en  partant. 
Le  mal  va  en  augmentant.  La  tragédie,  informe  et 
grossière  en  naissant,  N'était  qu'un  simple  choeur.... 
BoiL.  An  p.  m.  De  nos  cailloux  frottés  il  sort  des 
étincelles,  La  lumière  en  peut  naître;  et  nos  grands 
érudits  Ne  nous  ont  éclairés  qu'en  étant  contredits, 
volt.  Ép.  c.  Il  Dans  cette  construction,  pour  qu'elle 
soit  régulière  et  claire,  il  faut  que  en  et  le  participe 
sa  rapportent  au  sujet  de  la  phrase.  Cependant, 
quand  le  sens  ne  souffre  aucune  ambiguïté,  on  peut 
ne  pas  l'y  faire  rapporter.  L'appétit  vient  en  man- 
geant. Mes  crimes,  en  vivant,  me  la  pourraient  ôter 
[la  vie  céleste],  corn,  l'oly.  u,  6.  Tout  en  parlant 
de  la  sorte.  Un  limier  le  fit  partir  [le  cerf],  la 
PONT.  Fabl.  VI,  B.  Mes  soins,  en  apparence  épar- 
gnant ses  douleurs.  De  son  fils,  en  mourant,  lui 
cachèrent  les  pleurs,  bac.  Brit.  IV,  2.  ||  15°  En  sert 
à  former  une  foule  de  locutions  adverbiales,  comme  : 
en  avant,  en  dessus,  en  bas,  en  haut,  entravers,  en 
outre  (voy.  ces  différents  mots).  ||  16°  En...  préfixe, 
représente  la  préposition  latine  in,  et  donne  au 
verbe  le  sens  de  aller  dans,  comme  dans  enfoncer; 
ou  un  sens  augmentatif,  comme  dans  enchérir. 
Il  17°  En  devient  em  en  composition  devant  un  p  ou 
un  b  :  embellir,  empâter. 

—  REM.  Il  1.  Les  grammairiens  disent  que  en  ne 
peut  être  employé  pour  exprimer  la  matière  et  que 
ma  tabatière  est  en  écaille,  cette  étofl'rf  est  en  soie 
sont  des  phrases  vicieuses,  en  place  desquelles  il 
faut  mettre  :  ma  tabatière  est  d'écaiUe,  cette  étoffe 
est  de  soie.  Le  fait  est  que  l'Académie,  qui  ne  parle 
pas  de  la  difficulté,  n'a  aucun  exemple  de  en  signi- 
fiant la  matière.  Mais  il  est  vrai  aussi  que  l'usage  de 
cette  signification  est  très-fréquent,  et  qu'on  entend 
dire  tous  les  jours  une  statue  en  marbre,  une  table 
en  chêne,  un  mur  en  moellons,  un  pilier  en  bois, 
etc.  Et  c'est  d'après  cet  usage  vulgaire  qu'on  lit  dans 
Arago  ,  Notice  sur  le  tonnerre,  cité  par  Legoarant  : 
Faisons  cette  pointe  en  fer.. . .  Cinq  poteaux  en  bois. . .. 
puis  les  cinq  poteaux  en  bois  dont  j'ai  parlé.  X  ces 
phrases  récentes  on  peut  ajouter  celle-ci,  plus  an- 
cienne, de  Voltaire  :  De  l'auguste  raison  les  sombres 
ennemis  Se  plaignent  quelquefois  de  l'inventeur  utile 
Qui  fondit  en  métal  un  alphabet  mobile,  Ép.  c.  En- 
fin, remontant  encore  davantage  on  en  trouvera  un 
exemple  de  Montaigne  (en  marbre).  Ces  difl'érentes 
autorités  portent  à  croire  que  en,  ainsi  employé, 
ne  doit  pas  être  rejeté.  ||  2.  En  présente  des  diffi- 
cultés pour  les  articles.  Quand  la  locution  où  en  fi- 
gure est  tout  à  fait  générale,  en  se  construit  sans 
article  :  en  paix,  en  guerre,  en  soi,  en  nous.  En  se 
construit  aussi  avec  un  nom  pris  partitivement  :  en 
des  temps  tels  que....;  avec  l'article  indéfini  un, 
une:  en  un  lieu  agréable;  avec  un  mot  quelconque 
qui  supplée  l'article  ;  en  telle  année,  en  cette  situa- 
tion, en  quel  temps,  en  quelque  sorte,  en  ma  vo- 


EN 

lonté.  Mais  avec  l'article  défini  le,  la,  les,  il  faut  dis- 
tinguer :  d'abord  il  ne  s'emploie  jamais  avec  l'article 
pluriel,  on  ne  dit  pas  en  les  circonstances,  en  les 
temps  ;  c'est  un  simple  usage  ;  car  il  n'y  a  rien  dans 
la  préposition  en  qui  répugne  à  l'emploi  de  les  après 
elle;  et  dans  la  locution  es  lettres,  es  est  pour  en  les. 
Avec  l'article  au  singulier  on  peut  s'en  servir  dans 
quelques  cas  exceptionnels  :  en  l'honneur  de,  en  l'ab- 
sence d'un  tel,  en  l'état  où  je  suis,  en  la  présence  de 
Dieu,  en  la  chambre  du  conseil.  Ce  que  Jésus-Christ 
est  venu  chercher  du  ciel  en  la  terre,  n'est-ce  qu'un 
rien....  ainsi  tout  est  vain  en  l'homme,  si  nous  re- 
gardons ce  qu'il  donne  au  monde,  BOss.  Dueh. 
d'Orléans.  ||  3.  Il  est  beaucoup  de  cas  où  l'on  peut 
employer  indifféremment  en  ou  dans;  et  c'est  alors 
l'oreille  et  l'harmonie  de  la  phrase  qui  décident  du 
choix.  Voici  des  exemples  :  Ce  cher  parent  fut  heu- 
reux dans  sa  naissance,  dans  son  mariage,  en  ses 
enfants,  en  ses  emplois,  patru.  [Le  jeune  homme] 
Est  vain  dans  ses  discours,  volage  en  ses  désirs, 
EOiL.  Art  p.  lu.  Un  danseur  de  corde  ne  fait  que 
vouloir,  et  à  l'instant  les  esprits  coulent  avec  impé- 
tuosité tantôt  dans  certains  nerfs,  et  tantôt  en  d'au- 
tres, FÉN.  Exist.  de  Dieu.  ||  4°  Dans  le  siècle  de 
Louis  XIV,  on  a  dit  communément  en  avec  un  nom 
de  ville.  Un  désir....  De  Tauris  en  Alep  a  causé  ma 
venue,  mairet,  Solim.  i,  2.  11  me  prit  envie  d'aller 
en  Babylone  consulter  quelque  mage  des  disciples 
de  Zoroastre,  d'ablancourt,  Lucien,  la  Nécroman- 
cie. Avant  qu'avec  toute  autre  on  me  puisse  enga- 
ger. Je  serai  marié,  si  l'on  veut,  en  Alger,  corn. 
Ment.  V,  6.  Il  va  vous  emmener  votre  fils  en  Alger, 
MOL.  Scap.  H,  i>.  Hélas!  mon  pauvre  maître.... 
on  t'emmène  esclave  en  Alger,  m.  ib.  Irène  se 
transporte  en  Épidaure,  la  bbuy.  xi.  J'écrivis  en 
Argos,  HAC.lphig.  I,  ).  Nous  montons,  leur  dit-il, 
en  Jérusalem,  boss.  Serin.  Quinq.  i.  Ce  grand  Dieu 
n'avait  de  culte  qu'en  Jérusalem,  m.  Uist.  Il,  6. 
Aujourd'hui  on  met  à;  mais,  en  poésie,  on  pour- 
rait très-bien  se  servir  de  la  tournure  archaïque. 
Corneille  a  dit  en  Belle-Cour  pour  à  la  place  Belle- 
Cour  [à  Lyon]  :  Je  loge  en  Belle-Cour,  environ  au 
milieu.  Dans  un  grand  pavillon.,.,  corn.  Suite  du 
Ment.  III,  s.Godefroy,  Lex.  de  Corneille,  remarque 
qu'à  Lyon  on  dit  encore  .en  Belle-Cour  pour  à  la 
place  Belle-Cour.  ||  5.  Dans  le  même  xvii"  siècle,  on 
a  employé  d'une  autre  façon  en  pour  à  moderne.  Et 
leur  dit  en  leur  nez  qu'ils  n'ont  rien  fait  qui  vaille, 
régnieb,  Sat.  IX.  Elle  mit  en  mon  cou  ses  bras  plus 
blancs  que  neige,  m.  Élég.  4.  Mettez-vous  en  ma 
place,  MOL.  le  Dép.  iv,  l.  Si  j'avais  été  en  votre 
place....  m.  Impromptu,  3.  ||  6.  C'est  encore  en  pour 
\'à  moderne  dans  cet  exemple-ci  :  J'ai  vécu  sans 
nul  pensement,  Ma  laissant  aller  doucement  Â  la 
bonne  loi  naturelle;  Et  je  m'étonne  fort  pourquoi 
La  mort  osa  songer  à  moi,  Qui  ne  songeai  jamais 
en  elle,  Régnier,  Épitaphe  faite  par  lui-même. 
....Dépenser  si  souvent  en  vous,  méré,  Œuvres 
posth.  t.  I,  p.  94. 

—  SYN.  Il  1°  EN,  DANS.  La  différence  essentielle 
que  l'usage ija  mis  entre  ces  deux  mots,  c'est  que 
en  ne  se  construit  qu'exceptionnellement  avec  l'ar- 
ticle défini  le,  la,  les,  tandis  que  dans  exige  ces 
articles  dans  sa  construction.  Cette  condition  fait 
que  en  donne  aux  mots  une  acception  indéter- 
minée que  dons  ne  comporte  pas.  ||  2»  Je  ferai 
cet  ouvrage  en  deux  jours,  se  dit  par  opposition 
à  un  temps  plus  ou  moins  long  qu'on  pourrait  y 
employer.  Je  ferai  cet  ouvrage  dans  deux  jours, 
se  dit  sans  opposition,  et  seulement  par  rapport  à 
l'espace  de  temps  après  lequel  on  commencera  l'ou- 
vrage. 

—  HIST.  IX'  s.  D'ist  di  [de  ce  jour]  in  avant,  Ser- 
ment. Il  X'  s.  Qu'elle  Deo  raneiet  [renie],  chi  maent 
[demeure]  sus  en  ciel,  Eulalie.  In  figure  de  oolomb 
[elle]  volât  à  ciel,  ib.  Postea  en  ceste  causa  ore  po- 
testis  videre,  Fragm.  de  Valenc.  p.  46».  En  tôt,  ib. 
Il  XI*  s.  De  quel  forfait  que  home  out  fait  en  cel 
tens....  lois  de  Guill.  i.  Set  ans  touz  pleins  ad 
ested  en  Espaigne,  Ch.  de  Roi.  i.  Conquis  [il]  l'aura 
d'hoi  cest  jour  en  deus  meis,  ib.  cxciii.  Ceste  ba- 
taille seit  jugée  en  son  nom  [de  Dieu],  ib.  ccxxxvii. 
Il  XII'  s.  E  [en]  tes  oreilles  receif  [reçois],  sire,  la 
meie  ureison.  Psautier  de  Corbt'e,  dans  haynouard, 
Closs.  En  autre  sens  le  songe  [il]  trestourna,  Ronc. 
p.  198.  An  trestot  vostre  aez  [âge],  ib.  p.  ii.  S'en 
ira  Charles  en  France,  ib.  p.  27.  En  Saragoze  [il] 
fait  soner  graille  et  cor,  ib.  p.  3».  Eu  dos  lui  ves- 
tent  un  haubert  doplantin,  ib.  p.  50.  En  chief  lui 
lacent  un  haume  poitevin,  ib.  p.  BO.  L'uns  [le  va 
férir]  en  l'escu  par  delez  le  chantel,  ib.  p.  67.  On- 
que  nul  jor  [il]  n'en  jol  en  sa  vie,  ib.  p.  <27.  Baron, 
dist  Charles,  traïcz  vous  en  ça,  ib.  p.  t7«.  Bien  fje] 


EN 


1365 


sai  qu'en  vous  amer  [je]  n'ai  droit,  Couci,  iii.  En 
amer  gist  hardemenz  et  paors  [peur],  ib.  vu.  La 
grant  dolor  que  j'ai  s'en  chantant  non  (si  ce  n'e.st 
en  chantant],  ib.  x.  Airiz  [je]  sui  touz  tens  en  pein6_ 
et  en  pourchas,  ib.  xi.  Souvent  [vous]  me  faites 
douloir  En  ce  que  trop  [je]  vous  truis  [trouve]  lente, 
ib.  xii.  Toute  leur  peine  [ils]  ont  mise  en  moi  trahir, 
ib.  XIII.  Et  la  guerre  dura  tanto  mainte  saison,  Li 
uns  rois  après  l'autre  la  repreist  en  son  nom,  Sax. 
III.  Il  XIII'  s.  En  tout  cel  an  ne  passèrent  dui  mois 
qu'il  n'assemblassent  à  Compiegne  pour  tenir  par- 
lement, viLLEH.  VIII.  En  l'an  après  que  cis  preu- 
doms  ot  commencé  à  parler  de  Dieu,  ot  un  tournoi 
en  Champaigne,  m.  ii.  Avoec  cels  alerent  moult  do 
sergens  et  de  chevaliers  dont  li  nom  ne  sont  mis  en 
escrit,  m.  xxxiii.  Et  erra  tant  qu'il  vint  e  [en]  le 
[la]  cambre  ù  li  rois  gisoit,  Aucassin,  danù  bav- 
NOHARD,  Glossaire.  Comment  n'en  quel  manière  le 
lion  [il]  assailli,  Berte,  i.  Qui  l'ont  de  lieus  en  lieus 
çà  et  là  conqueilli,  ib.  I.  En  larmes  et  en  plors  sou-  . 
vent  le  baiserai,  ib.  vu.  En  Dieu  croire  et  amer 
[elle]  ot  si  mise  sa  cure,  ib.  XLii.  Et  por  ce  qu'el 
fu  esbahie,  Commença  à  parler  en  bas,  la  Rose, 
3577.  Car  por  ce  sunt  en  haut  levés.  Que  l'en  les 
puist  après  veoir  De  plus  haut  trebuchier  et  choir, 
ib.  6392.  Amans  n'aura  jà  ce  qu'il  quiert.  Tous  jors 
li  faut,  ja  en  paix  n'iert  [ne  sera],  ib.  2430.  Et  si 
te  veil  [je  te  veux]  bien  enseignier  Que  tu  ne  pues 
rien  gaaignier  En  folie,  ne  en  orgueil,  ib.  1902.  Le 
roy  sailli  en  la  mer,  dont  il  fu  en  yaue  jusques  aus 
essaies,  loiNV.  21  B.  Se  Diex  morut  en  la  croiz,  aussi 
fist-il  [St  Louis],  iD.  292.  Se  le  roy  ou  les  legaz 
vouloient  envoler  troiz  cens  chevaliers  en  Constan- 
tinoble,  id.  2I2.  ||  xv'  s.  Et  quel  conseil,  dit  la  du- 
chesse, vous  faut-il  avoir  pour  bien  faire?  Ma 
femme,  respondit  le  duc;  car  sans  elle  je  n'en  fe- 
rai rien;  autant  a-t-elle  en  mes  enfants  comme 
j'en  ai,  froiss.  ii,  u,  222.  Et  depuis  en  ça  nous 
avons  esté  bien  informez  de  la  vérité,  id.  i,  i,  B3. 
Messire  Thomas  de  Felleton,  qui  se  tenoit  en  Bor- 
deaux, ID.  Il,  il,  4.  Assez  tost  après  ce  qu'ils  furent 
venus  en  Avignon,  id.  i,  i.  Ht.  Lors  entrèrent  en 
ces  Flamands  qui  furent  tous  esbahis  quand  si  près 
ils  les  virent  d'eux,  id.  i,  i,  m.  Je  le  puisse  con- 
tinuer [ce  livre]  et  persévérer  en  telle  manière  que 
tous  ceux  qui  le  liront....  id.  Prol.  Si  lui  veuilliez 
prier  en  pitié,  qu'il  veuille  avoir  merci  de  nous,  id. 

I,  I,  320.  Aimery  de  Pavie  qui  en  genoux  et  en 
grand  cremeur  avoit  esté,  id.  i,  i,  326.  Le  roi  do 
France  et  son  conseil  prennent  grand  plaisance  en 
ce  que  vous  séjourniez  ci  à  grands  frais,  id.  i,  i, 
<  1 9.  Ils  jettent  de  cette  clai  re  paste  sur  cette  chaude 
pierre,  et  en  font  un  petit  tourtel,  en  maniera 
d'une  oublie,  id.  i,  i,  34.  En  l'assemblée  des  des- 
susditz,  coMM.  i,  1.  Et  mistrent  le  feu  en  une  mai- 
son, id.  IV,  3.  Il  faisoit  mener  sept  ou  huyt  petis 
basteaui  en  intention  de  faire  ung  pont,  id.  i,  6. 
En  peu  de  jours  après  fut  desconfit  en  bataille  et 
mort,  I,  7.  Qui  voudroit  bien  regarder  aux  rigou- 
reuses et  soudaines  punitions  que  Dieu  a  faites  sur 
les  grands  princes,  depuis  trente  ans  en  ça,  on  y 
trouveroit  plus  qu'en  deux  cens  ans  auparavant , 
ID.  viii,  17.  ||xvi'  s.  Il  falloit  avoir  les  reins  ceints, 
des  pieds  en  .ses  souliers  et  une  main  en  son  baston. 
—  Il  se  reprit  incontinent:  a  Eh  bien  I  dit-il,  des 
souliers  en  ses  pieds,  et  un  baston  en  sa  main,  » 
MARG.  Nouv.  XI.  Noyer  eu  la  mer,  mont,  i,  4.  En 
son  dernier  soupir,  id.  i,  B.  Consoler  sa  mort  en 
la  mort  d'un  ennemy,  id.  ib.  En  la  guerre  que 
Ferdinand  feit  contre....  id.  i,  8.  En  public,  id.  i, 
U.  Ceulx  qui  entreprennent,  vivants  et  respirants, 
jouyr  de  l'ordre  et  honneur  de  leur  sépulture,  et 
qui  se  plaisent  de  veoir  en  marbre  leur  morte  con- 
tenance, id.  i,  18.  Mettre  en  pièces,  id.  i,  27.  En 
Sparte,  in.  i,  379.  Croire  en  Dieu,  id.  i,  22.  En  tant 
qu'il  est  en  nous,  id.  i,  78.  11  alla  jusqu'en  Jéru- 
salem pour....  ID.  i,  3(0.  De  père  en  fils,  id.  ii, 
296.  Porter  en  son  doigt  un  anneau  d'or,  iD.  i, 
337.  Ils  prennent  armes  en  dos  [ils  endossent] ,  id. 

II,  276.  L'histoire  a  je  ne  sçay  quoy  de  vénérable, 
en  ce  qu'elle  fait  profession  de  dire  tousjours  vérité, 
amyot,  Préf.  IV,  28.  Toutes  ses  statues  presque  ont 
l'armeten  teste,  in.  Péricl.  3.  Estans  en  chemises 
tous  desceints,  id.  Lucull.  28.  Mettra  en  noncha- 
loir,  id.  *.  30.  Agesilaus  fist  response,  que,  quant 
à  la  paix,  il  n'estoit  pas  en  luy  de  la  faire,  id. 
Agésilas,  te.Demaratus  se  prit  à  plorer  de  joye,  en 
bon  vieillard  comme  il  estoit,  id.  Alex.  68.  Je  frémis 
toute  et  ne  suis  plus  en  moyl  rons.  641.  M.  d'Es- 
trozze  [Strozzi]  attitra  un  courrier  pour  venir  en 
poste  porter  les  nouvelles  de  la  mort  de  Brusquet, 
et  prioit  le  roi  de  vouloir  donner  et  continuer  sa 
poste  à  sa  femme,  en  ce  que  [à  condition  que]  elle 


1366 


EN 


espousast  ce  courrier  qui  estoit  i  lui,  bbant.  t.  i, 
p.  448,  édit.  MONTUEROUl!. 

—  Btyii.  f'icarJ,  in;  wallon,  tn;  provenç.  en; 
«ipagn.  en;  portug.  em;  ital.  tn;  du  latin  in;  grec, 
Jv;  allem.  fn.  Le  Tieux  français  a  dit  quelquefois  e 
pour  en. 

J.  EX  fan  ;  1'»  «•  lie  quand  en  précède  le  verbe  ; 
et  alors  en  se  prononce  exactement  comme  la  prépo- 
sition en  :  je  n'en  ai  pas,  il  s'en  amuse;  le  succès  en 
est  doutcui,  dites  :  je  nan-n  ai  pas;  il  san-n 
«muse;  le  succès  an-n  est  douteux;  quelques  per- 
sonnes prononcent  :  je  na-n  ai  pas,  ils'a-n  amuse, 
le  succès  a-n  esldouteux;  mais  cette  prononciation, 
peut-être  plus  conforme  à  d'autres  analogies,  est 
aujourd'hui  provinciale;  en  ne  se  lie  pas  quand  il 
suit  le  verbe  :  donnez-en  un  ou  deux,  dites  donnez- 
an  un  ou  deux),  pron.  relatif  de  la  3«  personne,  des 
deux  genres  et  des  doux  nombres,  disent  la  plupart 
des  grammairiens,  pronom  relatif  oa  particule  re- 
lative, dit  l'Académie;  d'après  Jiillien,  nom  général 
de  choses  qu'on  qualifie  ordinairement  de  pronom, 
parce  qu'il  se  met,  comme  les  pronoms,  devant  les 
verbes  dont  il  est  le  complément  et,  après  eux,  à 
l'impératif;  mais  il  n'indique  aucunement  la  i", 
la  2'  ou  la  3"  personne;  il  ne  remplace  pas  toujours 
un  nom,  mais  bien  souvent  une  proposition  tout 
entière;  il  ne  s'accorde  pas  du  tout  avec  les  noms 
qu'il  représente;  il  est  toujours,  au_cas  indirect, 
marqué  par  de,  et  ne  joue  jamais  le  rôle  de  sujet. 
Le  fait  est  que  en,  venant  du  latin  inde  qui  signifie 
delà,  est  d'abord  et  étymologiquement  un  adverbe 
de  lieu,  puis  exprime  par  extension  toute  sorte  d'au- 
tres rapports.  {|  !•  De  ce  lieu,  de  ces  lieux.  Vous  al- 
lez à  I.yon ,  j'en  viens.  Dans  le  sein  paternel  je  me 
vis  rappelée.  Un  malheur  inouï  m'en  avait  exilée, 
VOLT.  Tancr.  i,  4.  ||  2°  D'adverbe  de  lieu,  en  ras6e 
au  rôle  de  pronom  (comme  où,  qui,  du  rôle  d'ad- 
verbe de  lieu,  passe  au  rôle  de  pronom  relatif  dans: 
<"«  honheur  où  j'aspire),  et  signifie  de  ce,  de  coci. 
Je  cela,  de  cette  chose,  de  ces  choses.  Cette  af- 
faire est  délicate,  le  succès  en  est  douteux.  [Elle] 
?e  saisit  du  poignard  et  de  sa  propre  main  i  nos 
yeux,  comme  lui,  s'en  traverse  le  sein,  cohn. 
Œdipe,  v,  (0.  Comme  l'amour  ici  ne  m'offre  aucun 
plaisir,  Je  m'en  veux  faire  au  moins  qui  soient  d'autre 
nature,  mol.  Amph.  m,  2.  Non,  en  conscience,  vous 
en  [des  fagots]  payerez  cela,  in.  Uéd.  vi.  lui,  i,  c, 
Ou'avez-vous  fait  pour  être  gentilhomme?  croyez-vous 
qu'il  suffise  d'en  porter  le  nom  et  les  armes?  ID.  Don 
Juan,  IV,  ».  Vous  voudriez  bien  aussi  savoir  qui  est 
la  personne  qui  en  écrit  de  la  sorte  [dans  les  deux 
premières  provinciales],  PASÇ.iî^p.  OUI  deux  l'"  lett. 
Votre  père  et  lesrois  qui  les  ont  devancés,  Sitôt  qu'ils 
y  montaient  [au  trône],  s'en  sont  vus  renversés,  bac. 
Thib.  IV,  6.  Cet  illustre  trépas  ne  peut-il  vous  cal- 
mer. Puisque  même  mes  fils  s'en  laissent  dé-sarmer? 
ID.  »b.  m,  3.  Nourri  dans  le  sérail,  j'en  conniiis  les 
détours,  ID.  Bajax.  iv,  7.  La  vie  est  un  dépôt  confié 
par  le  ciel;  Oser  en  disposer,  c'est  être  criminel, 
ohess.  Edouard  III,  iv,  7.  Néron  ,  bourreau  de 
Rome,  en  était  l'histrion,  delille,  l'Homme  des 
champs ,  i.  Hésiode  a  écrit  sur  l'agriculture  ; 
Démocrite,  Xénophon,  Aristote,  Thèophrasle  en 
ont  traité  en  prose,  m.  Préf  aux  Céorgiq.  1(3°  11 
se  dit  aussi  des  personnes:  de  lui,  d'elle,  d'eux, 
d'elles.  Sans  l'avoir  jamais  vu,  je  connais  son  cou- 
rage; Qu'importe  après  cela  quel  en  soit  le  visage? 
COBN.  Suite  du  hent.  iv,  2.  J'en  ai  fait  un  martyr 
[de  Polycucle],  sa  mort  me  fait  chrétien;  J'ai  fait 
tout  son  bonheur,  il  veut  faire  le  mien,  id.  Poltj.  v, 
6.  C'est  pourquoi,  dépèclions,  et  cherche  dans  ta 
tête  Les  moyens  les  plus  prompts  d'en  faire  ma  con- 
quête, HOL.  l'Élour.  I,  3.  Le  plus  parfait  objet  dont 
je  serais  charmé  N'aurait  pas  mon  amour,  n'en  étant 
point  aimé,  id.  Dép.  am.  i,  ï.  Le  bon  de  cette  pro- 
fession [médecin],  c'est  qu'il  y  a  parmi  les  morts 
une  honnêteté,  une  discrétion  la  plus  grande  du 
monde,  et  jamais  on  n'en  voit  se  plaindre  du  méde- 
cin qui  l'a  tué,  id.  Jfr'd.  m.  lut,  m,  2.  J'espère  re- 
trouver mes  parents;  j'en  attends  des  nouvelles  avec 
impatience,  id.  fAv.  i,  t.  Multipliez  les  créatures, 
et  en  augmentez  les  perfections  de  plus  en  plus  jus- 
qu'à l'infini,  ce  ne  sera  toujours,  à  les  regarder 
•n  elles-mêmes,  qu'un  non-être,  Boss.  Concupise. 
I*.  La  crainte  de  faire  des  ingrats  ou  le  déplaisir 
4'en  avoir  trouvé,  ne  l'ont  jamaisempêchée  défaire 
âubien,  n.8cn.  Qr.fun.  de  Mme  deUontaut.  Quoi, 
tous  en  [de  lui)  attendez  quelque  injure  nouvelle? 
**^  '•"<'''•  ">  *•  Ses  grâces,  sa  beauté,  sa  fière 
modeiuio.  Tout  m'en  plaît,  CHÉBiLLON,  Calilina, 
I.  <.  Cestsa  Unie;  pourquoi  ne  la  verrait-il  pas? 
U  en  doit  rccueiUir  un  fort  gros  héritage,  destouch. 
leMMu.  II,  7.  J'adoro  Adélaïde,  et  j'en  iWi  estimé, 


EN 

piBOU,  C.  Wasa,  iv,  t.  Au  roi  que  nou«  pleurons, 
il  laissa  la  couronne;  Constance  en  est  la  sœur.... 
SAUBiN,  Blanche  et  Guise,  i,  4.  Nos  poètes  ont  assez 
reposé  leurs  amants  sur  le  bord  des  ruisseaux,  j'en 
ai  voulu  asseoir  sur  le  rivage  de  la  mer ,  bern.  de 
ST-p.  Paul  et  Firfftme.  JlParlui,  par  elle,  par  eux, 
par  elles,  en  tant  que,  dans  la  phrase,  le  de  qui  est 
dans  en  peut  être  conçu  comme  remplacé  par  la  pré- 
position por.  Tout  est  au-dessous  d'elle,  à  moins  que 
de  régner  ;  Et  sans  doute  qu'vEmon  s'en  verra  dédai- 
gner, corn.  aCd.  I,  ».\\i°  Sert  à  rappeler  d'une 
manière  plus  ou  moins  régulière  et  précise  l'idée 
énoncée  dans  une  proposition.  Consultez-en,  sei- 
gneur, la  reine  votre  mère,  cobn.  Nicom.  i,  2-  Al- 
lons en  résoudre  chez  moi,  id.  Sertor-  iv,  4.  Et  si 
la  curiosité  me  prenait  de  savoir  si  ces  propositions 
sont  dans  Jr.nsénius,  son  livre  n'est  pas  si  rare  ni 
si  gros  que  je  ne  le  puisse  lire  tout  entier  pour  m'en 
éclaircir,  sans  en  consulter  la  Sorbonne,  pasc. 
Prov.  *.  La  mort  qui  frappe  tôt  s'en  fait  moins  res- 
sentir, Kon.Bélis.  v,  6.  Mais  je  ne  suispas  homme 
à  gober  le  morceau.  Et  laisser  le  champ  libre  aux 
yeux  d'un  damoiseau;  J'en  veux  rompre  le  cours, 
MOL.  Éc.  des  f.  III,  <.  Ah!  ah!  tu  t'en  avises.  Traî- 
tre, de  l'approcher  de  nous,  iD.  Amph.  ii,  3.11  con- 
naît et  son  crime  et  son  ingratitude,  U  s'en  hait,  il 
en  sent  la  peine  la  plus  rude,  th.  cobn.  Ariane,  m,  2. 
Le  ciel,  en  le  perdant,  s'en  est  vengé  sur  vous,  bac. 
Théb.  V,  3.  En  t'avouant  pour  fils  en  est-il  moins 
coupable?  En  es-tu  moins  Brulus?  en  es-tu  moins  ro- 
main? VOLT.  Mort  de  Ces.  m,  2.  Romains,  j'aime  la 
gloire  et  ne  veux  point  m'en  taire,  ID.  Rome  sauvée, 
V,  2.  Je  t'en  aime  encor  plus,  et  je  crains  davan- 
tage, ID.  Mér.y,i.  Ma  douleur  s'en  accroît,  ma  honte 
s'en  augmente,  m.  Tancr.  m,  4.  ||  6°  U  entre  dans 
un  gi-and  nombre  de  gallicismes,  comme  ceux-ci  par 
exemple  :  il  en  veut  à  un  tel;  il  s'en  donne;  je  m'en 
promets;  en  venir  aux  mains;  il  s'en  faut.  ||  U  en 
est  de....  c'est-à-dire  la  chose  se  comporte  comme. 
Il  en  sera  de  cette  réclamation  comme  de  celle 
de  l'an  passé.  Mais  de  vous,  cher  compère,  il  en  e.st 
autrement,  mol.  Éc.  des  f  i,  4.  Vaugelas  condam- 
nait cette  locution,  et  voulait  y  supprimer  en;  sui- 
vant lui  il  fallait  dire  :  il  est  des  hommes  comme 
àd....  et  non  il  en  est  des  hommes  comme  de....  On 
lui  objectait  que  cette  suppression  faisait  amphibo- 
logie, et  que  il  est  des  hommes  semblait  d'abord 
signifier  :  il  y  a  des  hommes.  Finalement  en  a 
triomphé,  et  à  bon  droit;  ce  n'est  pas  la  logi- 
que qui  demandait  ce  pléonasme,  mais  la  clarté  du 
discours  y  a  gagné.  {[  C'en  est  assez,  c'est-à-dire 
cela  suffit.  En  est-ce  assez,  6  ciel?  cobn.  Cin- 
no  ,  V  ,  3.  Il  C'en  est  trop,  la  chose  dépasse  lu  me- 
sure. Mais,  c'en  est  trop,  Cléone,  bac.  ^Indr.  u,  i. 
Il  En  être,  c'est-à-dire  être  d'un  complot,  d'un  se- 
cret, d'une  cabale,  etc.  Quoi  !  Kéarque  en  est  donc 
[de  la  secte  des  chrétiens],  corn.  Poly.  m,  2.  ||  En 
être  à,  n'être  pas  plus  avancé  que....  N'est-il  pas 
singulier  que,  dans  une  ville  aussi  fameuse  que  Car- 
tilage, on  en  soit  à  chercher  l'emplacement  même 
de  ses  ports?  chateaubb.  Itin.  m,  486.  ||En  être 
pour,  perdre.  J'en  suis  pour  mon  argent.  Où  tout 
autre  aurait  trouvé  du  moins  quelque  honneur, 
j'en  suis  pour  mon  argent  et  ma  réputation,  p.  L. 
couBR.  I,  «<.  Il  C'en  est  fait,  la  chose  est  terminée, 
résolue.  Mes  amis  sont  tous  prêts,  c'en  est  fait,  il 
est  mort,  corn.  Iléracl.  iv,  o.  En  est-ce  fait,  Arcas? 
BAC.  ifithr.  V,  2.  Il  En  tenir,  être  joué,  trompé. 
Hé!  bien,  monsieur.  Nous  en  tenons  tous  deux, 
si  l'autre  est  véritable,  mol.  Dépit,  am.  i,  5.  ||  En 
donner  d'une,  tromper,  abuser.  Bon,  bon,  tu  vou- 
drais bien  ici  m'en  donner  d'une,  mol.  Dép.  am.  m, 
7.  Il  On  dit  aussi ,  en  tenir,  dans  le  sens  d'être  amou- 
reux. Il  En  planter,  f^iire  porter  des  cornes  à  un 
mari.  Je  sais  les  tours  rusés  et  les  subtiles  trames 
Dont,  pour  nous  en  planter,  savent  user  les  fem- 
mes, MOL.  Éc.   des  f.  1,    1.  Il  N'en  pouvoir  mais, 

n'être  pas   cause    de Ayant  de  la  manière 

Sur  ce  qui  n'en  peut  mais  déchargé  sa  colère, 
MOL.  Éc.  des  f.  IV,  6.  Il  N'en  pas  devoir,  avoir 
aut;mt  qu'un  autre  la  chose,  la  qualité  dont  il  s'a- 
git. U  ne  vous  en  doit  rien,  madame,  en  dureté 
de  coeur,  mol.  Princ.  <f  ^J.  m,  5.  Ji  En  être  jusqu'à, 
et,  en  supprimant  j'ukjkc,  en  être  à,  être  conduit 
au  point  de.  Pour  moi,  j'en  suis  souvent  jusqu'à 
verser  des  larmes,  mol.  Psych.  i,  t.  ||  S'en  tenir  à, 
n'aller  pas  plus  loin  que.  Napoléon  ajouta  quelques 
menaces  déjà  moins  violentes,  et  il  s'en  tint  aux 
paroles,  soit  qu'il  eût  jeté  toute  sa  colère  dans  un 
premier  mouvement,  soit  qu'il  n'eût  voulu  qu'en 
cfl'rayer  tous  les  Allemands  qui  seraient  tentés  de 
l'abandonner,  sÉouR,  Ilist.de \ap.iK,  t.  Ij  S'en  dire, 
se   faire   &   soi-même  des  reproches,  des  remon- 


EN 

trances.  Hon  cœur  s'en  est  plus  dit  que  tous  ne 
m'en  direz,  bac.  Bri<.  ni,  1. 1|  En  croire  quelqu'un, 
ajouter  foi  à  ses  dires,  je  ne  vous  en  croirai  qu'a- 
près l'expérience,  cobh.  Cid,  ii,  t.  ||  X  qui  en 
a-t-il?  c'est-à-dire  contre  qui  est-il  en  colère?  Je  suis 
pétrifié,  dit-il;  à  qui  en  a-t-il?  M"«  de  genlis,  Veit- 
Ues  du  chdt.  t.  m,  p.  <38,  dans  poogens.  ||6*JFn.., 
sert  aussi  de  préfixe  pour  indiquer  déplacement  : 
emporter,  porter-en,  portare  inde,  emmener,  me- 
ner-en,  minareinde,  s'enfuir,  fuir-en, /'ujere inde, 
s'en  aller,  aller-en ,  aller  de  là,  etc. 

—  REM.  1.  En  se  met  toujours  avant  le  verbe, 
et,  si  le  verbe  est  composé,  avant  le  verbe  auxiliaire  : 
il  en  parle,  il  en  a  parlé;  excepté  à  l'impératif 
(2«  personne  du  singulier,  i"  et  2'  personnes  du 
pluriel),  où  il  se  met  après,  s'y  joignant  par  un  trait 
d'union  :  prends-en,  parlez-en,  parlons-en. 1|  2.  Avec 
les  impératifs  de  la  I"  conjugaison,  à  la  2"  per- 
sonne du  singulier,  on  intercale  pour  l'euphonie 
une  s,  de  cette  façon  :  parles-en.  [[S.  Si  le  verbe  k 
l'impératif  est  construit  avec  une  négation ,  en  se 
met  avant  le  verbe  :  n'en  parle  pas  ;  ne  vous  en 
étonnez  pas;  n'en  disons  rien;  ne  nous  en  effrayons 
pas.  Il  4.  En,  construit  avec  des  pronoms,  se  met 
toujours  après  ces  pronoms  :  il  vous  en  a  parlé;  il 
s'en  moque  ;  parlez-nous-en;  retirez-les-en ;  nous 
vous  en  empêcherons;  nous  ne  vous  en  empêcherons 
pas;  il  t'en  enverra;  vous  lui  en  adresserez,  jj  S.  î 
l'impératif,  quand  en  est  joint  avec  tnoi,  toi,  oa 
change  mot,  lot,  en  m',  t*:  va-t'en,  donne-m'en, 
donne-t'en;  et,  avec  la  négation  :  ne  m'en  veuille 
pas,  ne  t'en  vante  pas.  ||  6.  En  joint  à  y  se  met 
toujours  après  y  :  il  s'y  en  donna.  Il  faut  donc  que, 
pour  les  ordures,  vous  ayez  des  lumières  que  les 
autres  n'ont  pas;  car,  pour  moi,  je  n'y  en  ai  point 
vu  [dans  l'École  des  femmes].  —  C'est  que  vous  ne 
voulez  pas  y  en  avoir  vu,  assurément,  mol.  Cri- 
tique, se.  3.  J'y  ai  fait  tant  de  corrections,  j'y  en 
ferai  tant  encore,  volt.  Lett.  d'Argent.  <8  avr.  <784. 
De  même  à  l'impératif  :  mettez-y  en.  Lachausséa 
a  eu  tort  de  dire  dans  l'École  des  mères,  rv,  4  :  je 
m'en  y  vais;  il  faut  :  je  m'y  en  vais.  ||  7.  En  joue 
toujours  le  rôle  de  complément  indirect,  puisqu'il 
contient  virtuellement  la  préposition  de  :  voyez  ces 
fleurs;  en  ave.-.-vous  cueilli?  c'est-à-dire:  avez-vous 
cueilli  une  part  de  ces  fleurs?  En  conséquence,  le 
participe  passé  qui  le  suit  reste  invariable,  parce 
que  en  auquel  il  se  rapporte  n'a  par  lui-même  ni 
genre  ni  nombre.  Il  a  lui  seul  fait  plus  d'exploits 
que  les  autres  en  ont  lu,  boil.  Disc,  à  l'Acad.  Ba- 
léazarest  aimé  des  peuples;  en  possédant  les  coeurs, 
il  possède  plus  de  trésors  que  son  père  n'en  avait 
amassé  par  son  avarice  cruelle,  fén.  Tél.  Tlil.  Ido- 
ménée  a  fait  de  grandes  fautes,  mais  cherchez  dans 
tous  les  pays  les  mieux  policés  un  roi  qui  n'en  ait 
pas  fait  d'inexcusables,  id.  ib.  xii.  Par  son  analyse. 
Descartes  fit  faire  plus  de  progrès  à  la  géométrie 
qu'elle  n'en  avait  fait  depuis  la  création  du  monde, 
THOMAS,  Éloge  de  Desc.  Cependant  dos  grammai- 
riens, prêtant  à  en  un  sens  qu'il  n'a  pas,  disent  que 
le  participe  peut  s'accorder;  c'est  une  erreur;  mais 
l'accord  est  une  licence  qu'on  peut  passer  à  un 
poète,  sans  devoir  pour  cela  faire  autorité  :  Des 
pleurs,  ah!  ma  faiblesse  en  a  trop  répandus,  tolt. 
Oreste,  li,  2.  Mais,  dans  ce  vers  de  Racine  :  Et  de 
ce  peu  de  jours,  si  longtemps  attendus,  Ahl  mal- 
heureux, combien  j'en  ai  déjà  perdusl  Bérén.  iv, 
4  ,  il  ne  faudrait  pas  croire  que  c'est  m  qui  détermine 
l'accord  du  participe  ;  c'est  combien  qui  le  déter- 
mine. Voy.  COMBIEN,  remarque  l  ;  suivant  la  régie, 
on  dira  :  combien  de  jours  j'ai  perdus,  ou  combien 
j'ai  perdu  de  jours.  ||  8.  Dans  le  xvii*  siècle,  on  em- 
ployait volontiers  en  par  pléonasme.  Il  y  a,  dans 
l'instruction  ,  quelque  chose  qui  ne  dépend  que  de 
la  conformation  des  organes,  et  de  cela  les  animaux 
en  sont  capables  comme  nous,  Boss.  Connaùs.  y, 
5.  Dans  la  milice  sacrée,  c'est  en  être  déserteur 
que  de  cesser  de  combattre,  mass.  Prufess.  rel.  a. 
Des  restes  de  sa  droiture,  il  en  fait  les  ébauches  de 
ses  passions,  id.  Panég.  St  Thom.  Ce  pléonasme 
n'est  pas  sans  utilité,  et  pourrait,  dans  quelques 
cas,  être  imité.  ||  9.  I-cs  substantifs  pris  d'une  façon 
partitive,  sans  article  défini,  en  un  sens  général, 
ne  peuvent  guère  être  représentés  consécutivement 
par  les  pronoms  et  en  conséquence  par  en.  Cependant 
cette  phrase  ne  doit  pas  être  condamnée  :  Pardon- 
nez-moi si  vous  ne  me  trouvez  que  bon  citoyen,  et 
soyez  sûr  qu'il  n'y  en  a  point  qui  attende  de  vous 
de  si  grandes  choses,  volt.  Corresp.  génér.  18  déc. 
1744.  Il  10.  Avec  faire  on  peut,  dans  j'en  aller,  sup- 
primer le  pronom  personnel  t*  (voy.  aller,  s'en 
aller).  11  faut  que  ce  soit  elle  avec  ime  parole  Oui 
trouve  le  moyen  de  les  faire  en  aller,  MOt..  D.  Gare. 


ÉNA 

IV,  «.  Vous  ne  voulez  pas  faire  en  aller  cet  homme- 
là,  ID.  Imprompt.  2.  ||  11.  Molière  a  dit  :  en  être  de 
même,  pour  être  de  même.  Il  [cela]  est  très-naturel, 
et  j'en  suis  bien  de  même,  mol.  Dép.  am.  i,  3.  Celte 
tournure  n'est  plus  usitée.  ||  12.  Au  xvu*  siècle,  on 
se  servait  de  en  précédé  de  et  pour  joindre  deux 
membres  de  phrase  à  peu  près  comme  nous  les 
joindrions  par  dont;  la  tournure  est  commode,  et 
mérite  d'être  regrettée.  C'est  un  autre  ennemi  qu'il 
faut  combattre,  et  en  porter  tout  le  poids  et  la  vio- 
lence, FOLARD,  Traité  de  la  colonne,  v. 

—  HlST.  IX'  s.  Si  io  [je]  returner  non  Tint  pois 
[si  je  ne  l'en  puis  détourner],  Serment.  ||  x"  s.  EU' 
eut  adunet  [inde  adonat,  en  abandonne]  lo  suon 
élément,  Euiah'e.  Et  celés  elemosynas  ent  posciomes 
[puissions]  facere,  que  lui  ent  possumus  proferre, 
Fragm.  de  Valenc.  p.  469.  ||xi*  s.  Puisque  serment 
li  est  juftied,  ne  l'en  [de  son  bétail]  pot  pas  puis 
lever  per  le  jugement  de  Engleterre,  Lois  de  GuiU. 
26.  Bien  en  [avec  de  l'argent]  porrat  louer  ses  sou- 
doiers,  Ch.  de  Roi.  m.  Terres  et  fiés  [fiefs]  tant  com 
vous  en  voldrez,  ib.  v.  Des  Frans  de  France  en  i  a 
plus  de  mil,  ib.  xn.  Livrez  m'en  [de  cette  commis- 
sion] ore  le  gant  et  le  baston,  ib.  xvn.  [Je]  desfi  les 
en,  sire,  vostre  veiant  [à  vos  yeux],  tb.  xxiv.  En 
[pour  servir  son  roi]  doit  on  perdre  et  du  cuir  et  du 
poil,  ib.  Lxxvii.  Il  xn*  s.  Quant  Artus  ot  sa  terre 
asise....  Genièvre  prist,  s'in  fist  roïne,  liom.  de 
Brut,  t.  II,  p.  69.  S'en  [pour  cela]  devroie  estre  oc- 
cis, ilonc.  p.  24.  Bien  l'avez  fait,  moût  [je]  vous  en 
doi  amer,  ib.  p.  33.  Garés  en  vous,  gentils  fils  à 
baron,  ib.  p.  40.  Des  douze  pers,  li  dis  en  sont 
ocis,  ib.  p.  63.  S'or  [je]  ne  le  venge,  moût  m'en 
doit  on  blasmer,  ib.  p.  75.  Là  'n  est  la  joste  de  cent 
mille  esgardée,  ib.  p.  <44.  Et  quant  mes  cuers 
s'est  mis  en  li  [elle]  amer.  Je  ne  m'en  puis  mie 
ariere  retraire,  Couci,  ii.  Onques  vers  li  [elle]  [je] 
n'oi  [n'eus]  faus  cuer  ne  volage;  Si  m'en  devroit 
pour  tant  mieux  avenir,  ib.  xix.  Il  en  reprist  une 
autre  [épouse]  qui  fu  assez  vaillans,  Sax.  v. 
Il  xm*  s.  Nos  avons  paie  nostre  passage;  se  il  nos  en 
vuellent  mener,  nous  en  irons  volentiers,  villeh. 
xxxvi.  Celle  dame  mourut,  l'ame  en  puist.Diex 
garder,  Berle,ni.  Alez  ent,  orde  garce,  madame 
veut  dormir,  ib.  ixxxvu.  Les  autres  [elle]  end  [de 
couteaux]  a  fait  garnir.  Lai  d'tgnaurès.  Et  je  qui 
onques  ne  li  menti,  li  respondi  que  je  en  ameroie 
miex  avoir  fait  trente  péchés,  que  estre  mesiaus 
[lépreux],  joiNV.  <94.  ||  xv*  s.  Et  en  furent  accusés 
de  cette  double  trahison  messire  Pierre  de  Landuras 
et  messire  Bertran  du  Franc,  froiss.  ii,  n,  2.  Et 
encore  détint  le  dit  brigand  le  dit  chastel  et  le 
garnit  bien,  et  en  guerroya  le  pays,  lo.  i,  i,  324. 
Ce  que  j'en  ay  faict,  sire,  ce  n'a  esté  que  d'aven- 
ture, dont  y  devez  bien  penser,  Jehan  de  Saintré, 
ch.  42.  Il  xvi*  s.  Je  vous  prye,  n'en  parlez  plus,  et 
m'en  laissez  faire,  rabel.  Pant.  n,  iS.  Va-t-en  à  ton 
roy  en  son  camp,  et  luy  dis  nouvelles  de  ce  que  tu 
as  veu,  ID.  ib.  n,  28.  Baille  ioy,  villain,  baille,  et 
en  va  quérir  d'aultres,  id.  ib.  n,  30.  Cerchons  donc 
par  conjecture,  si  nous  en  pouvons  trouver,  com- 
ment s'est  ainsi  si  avant  enracinée  ceste  opiniastre 
volonté  de  servir,  la  boét.  25.  Par  adventure  en  y 
a  il  bien  aussi  quelques  uns  de  ceste  sorte,  mais 
d'eux  ne  parle-je  pas  maintenant,  ainçois  d'autres 
que  j'en  voy,  qui....  m.  <25.  Phyton  respondit  qu'ils 
en  [à  cause  de  cela]  estoient  d'un  jour  plus  heureux 
que  luy,  mont,  i,  3.  Aulcuns  enprinrent  argument 
que....  ID.  I,  7.  Allez  vous  y  en,  id.  i,  286.  Prens 
t'en  ailleurs,  id.  i,  22.  Althacus  ne  s'en  vouloit 
point  aller,  amyot,  Lucull.  29.  Elle  s'arracha  d'a- 
lentour de  la  teste  son  bandeau  royal,  et,  se  le 
nouant  à  l'entour  du  col,  s'en  pendit,  m.  ib.  32. 
Cela  fut  découvert  à  Tigranes  qui  l'en  feit  mourir, 
ID.  ib.  68.  Il  lui  demanda  de  combien  il  en  avoit 
affaire,  et  l'autre  luy  respondit  qu'il  en  auroit  assez 
de  cent,  id.  ib.  79.  Il  escrivit  en  terre  :  fuy  t'en, 
Mithridates,  id.  Démétr.  B. 

—  ÉTYM.  Berry,  in,  allons-nous  in;  provenç. 
ent  et  ne;  ital. ne;  anc.  ital.  ende,  ensuite;  du  latin 
inde,  de  là, d'ici,  en. 

t  ENADELPHIE  (è-na-dèl-fie),  j.  f.  Terme  de 
tératologie.  Inclusion  monstrueuse  d'un  fœtus  dans 
un  autre.  _ 

—  ÉTYM.  "Ev,  en,  et  àSeXçè;,  frère. 

ËNALLAGE  (é-nal-la-j'),  s.  /'.Terme  de  gram- 
maire. Ellipse  particulière  qui  a  lieu  quand,  après 
avoir  employé  un  mode,  on  en  prend  subitement 
un  autre  que  n'admet  pas  la  construction  ordinaire: 
comme  dans  cette  phrase  :  Ainsi  dit  le  renard  et  fiat- 
teurs d'applaudir,  la  font.  Fabl.  vu,  t.  D'applaudir 
est  à  l'infinitif  sans  que  rien  semble  l'y  appeler. 

—  ÉTYM.  'EvaXXurt,  de  iv,  en,  etàXia-pi,  chan- 


ÊNA 

gement,  de  àXkiaanv,  changer,  de  iXXoî,  autre 
(voy.  autre). 

f  ENAMO0RÉ,  ÉE  (an-na-mou-ré,  rée),  part. 
passé.  Qui  s'est  épris  d'amour.  Tout  riait  auprès 
d'elle;  et  la  terre  parée  Etait  énamourée,  Régnier, 
Plainte.  ||  Substantivement.  Quelque  pauvre  éna- 
mourée va  s'y  repaître   de  doux  souvenirs,  p.  l. 

COUR.  Lett.  II,   286. 

f  ENAMOURER  (an-na-mou-ré),  v.  a.  Donner  de 
l'amour.  ||  S'énamourer,  v.  réfl.  Devenir  amoureux. 

—  HIST.  XIII"  s.  [le  visage]  qu'elle  ot  bel  et  bien 
fait  pour  gent  énamourer,  Romon  d'Alexandre, 
dans  DU  cange,  amoratus.  Qui  plus  haut  brait  et 
crie,  qui  plus  est  emplorez.  Plus  est,  ce  semble  au 
monde,  du  mort  enamorez,  l.  de  meung,  Tist.m. 
Il  XV"  s.  Le  comte  de  St-Pol  et  cette  dame  s'entrai- 
merent  loyaument  et  s'énamourèrent  l'un  l'autre, 
FROISS.  II,  II,  46.  ||xvi"s.  Besoinluyest  d'eslongner 
la  personne  X  qui  son  cœur  énamouré  se  donne, 
marot,  i,  <62. 

—  ÉTYM.  En  \,  et  amour;  provenç.  et  espagn. 
enamorar;  ital.  innamorare. 

t  ÉNANCOER  (é-nan-ché),  ».  o.  'Voy.  ÉNAncHER. 

JÊNANTHÈME  (é-nan-thê-m'),  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Se  dit,  par  opposition  à  exanthème, 
d'une  éruption  qui  se  fait  à  la  face  interne  des 
cavités  naturelles,  comme  celles  de  la  boucha,  de 
l'estomac. 

—  ÉTYM.  'Ev,en,et  àvesîv,  fleurir,  faire  éruption, 
f   ÉNANTIOPATHIE    (é-nan-ti-0-pa-tie),    s.    f. 

Terme  de  médecine.  Médication  par  les  contraires. 

— ÉTYM.   'EvavTio;,  contraire,  et  TtiOoç,  maladie. 

t  ÉNANTIOPATHIQUE  (é-nan-ti-o-pati-k'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Qui  guérit  une  maladie  en  agis- 
sant sur  l'économie  en  sens  précisément  inverse  de 
cette  maladie. 

—  ÉTYM.  Énantiopathie. 

t  ÉNANTIOSE  (é-nan-ti-ô-z'),  s.  f.  ||  1"  Terme  de 
grammaire.  Sorte  d'antithèse.  ||  2°  Terme  de  philo- 
sophie. Chacune  des  dix  oppositions  qui,  suivant 
les  pythagoriciens,  étaient  la  source  de  toutes  cho- 
ses (le  bien  et  le  mal,  l'impair  et  le  pair,  l'un  et  le 
multiple,  etc.).  Il  3°  Terme  de  médecine.  Mode  de 
traitement  qui  consiste  à  traiter  les  maladies  par  les 
choses  qui  y  sont  contraires.  Ainsi  traiter  une  brû- 
lure par  l'eau  glacée,  c'est  de  l'énanliose. 

—  ÉTYM. 'EvavTtMffi;,  opposition,  contrariété. 

I  ENARBRER  (an-nar-bré) ,  v.  a.  Terme  d'horlo- 
gerie. Monter  et  river  une  roue  ou  un  pignon  sur 
l'arbre  qui  doit  les  porter. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  arbre. 

t  ENARMONIE,  s.  f.  ENARMONIQ0E,  adj.  Voy. 

ENHARMONIE,  ENHARMONIQUE. 

f  ËNARRABLE  (é-na-rra-bl'),  adj.  Néologisme. 
Qui  peut  être  raconté;  se  dit  quelquefois  par  op- 
position à  inénarrable. 

—  ÉTYM.  Lat.  enarrabilis  (voy.  énarrer). 

t  ËNARRATION  (é-na-rra-sion) ,  s.  f.  Action  d'é- 
narrer;  longue  narration. 

—  HiST.xvi*  s.  Laisse  pour  ceste  heure  le  propos 
des  pierres,  et  me  fay  une  petite  enarration  de  ces 
fontaines,  palissy,  42. 

—  ÉTY»!.  Voy.  ÉNARRER. 

t  ÉNARRER  (é-na-rré),  v.  a.  Néologisme.  Ra- 
conter longuement. 

—  ÉTYM.  Lat.  enarrare,  dee,  etnorCare,  narrer. 
ENARRHÉ,    ÉE  (an-na-ré,   rée;    an    prononcé 

comme  dans  antérieur) ,  part,  passé.  Pour  quoi  on 
a  donné  des  arrhes. 

t  ENARRIIEMENT  (an-na-re-man  ;  an  prononcé 
comme  dans  antérieur),  s,  m.  Action  d'enarrher. 
On  dit  plutôt  arrliement. 

ENARRIIER  (an-na-ré  ;  an  prononcé  comme  dans 
antérieur),  v.  a.  Donner  des  arrhes.  On  dit  plulôt 
arrher. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  arrhes. 
tÉNARTHROSE  (é-nar-trô-z'),  »./■.  Terme  d'ana- 

tomie.  Articulation  mobile  formée  par  une  éminence 
osseuse,  arrondie,  reçue  dans  une  cavité  profonde. 
L'articulation  de  l'humérus  avec  l'omoplate  est  une 
énarthrose. 

—  ÉTY»I.  "Ev,  en,  et  àpOpov,  articulation. 

t  ÉNASER  (é-na-zé),  v.  a'.  Ecraser  le  nez.  ||  S'é- 
naser,  e.  réft.  Hélas!  je  me  figurais  être  seul  dans 
cette  forêt  cù  je  levais  une  tête  si  fière;  tout  à  coup 
je  viens  m'énaser  contre  un  hangar,  chateaubr. 
dans  le  Dict.  de  dochkz. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ce  fou,  non  fou  tout  à  fait,  ren- 
contrant beaucoup  mieux  qu'un  chien  qui  s'enase, 
en  ses  plaisantes  boutades,  les  forçoit  de  rire  à 
gorge  déployée.  Pèlerin  d'Àm.  t.  n,  p.  652,  dans 
LACURNE.  Au  lieu  qu'on  doibt  moucher  l'enfant,  cela 
s'appelle  l'enaser,  mont,  n,  60. 


ENC 


1367 


—ÉTYM.  É  pour  es.. ..préfixe,  et  le  latin  nosus,  nez. 

t  ÊNAUCUER  (é-nô-ché),  v.  a.  Former  sur  l'en- 
clume la  place  de  la  branche  d'une  épingle,  avant 
de  former  celle  de  la  tête.  ||  On  trouve  aussi  énan- 
cher. 

t  EN-BAS  (an-bâ).  En  en-bas,  loe.  adv.  aujour- 
d'hui peu  usitée,  et  écrite  aussi  en  embas.  Du  cflté 
du  bas.  Qu'est-ce  que  c'est  que  ceciî  vous  avez  mii 
les  fleurs  en  en-bas  [de  l'habit]  ?  mol.  B.  gent.  u,  s. 

t  EN-BELLE  (an-bè-l'),  s.f.  Terme  de  marine.  Tir 
en-belle,  tir  direct. 

—  ÉTYM.  J?n  1 ,  et  belle  :  c'est-à-dire  au  moment 
où  le  canonnier  a  sa  belle. 

fENCABANAGE  (an-ka-ba-na-j') ,  ».  m.  Actioli 
d'encabaner. 

t  ENCABANEMENT  (an-ka-ba-ne-man),  s.  rtt. 
Ancien  terme  de  marine.  Partie  supérieure  d'utt 
bStiment;  celle  qui  rentre  depuis  la  ligne  du  fort 
jusqu'au  plat-bord. 

f  ENCABANER  (an-ka-ba-né),  v.  a.  Mettre  des 
vers  à  soie  sur  des  claies. 

—  ÉTYM.  Eni ,  et  cabane. 

ENCABLURE  (an-kâ-blu-r') ,  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Distance  de  cent  vingt  brasses  [environ  deui 
cents  mètres]. 

—  REM.  Pourquoi  l'Académie,  qui  écrit  câbW 
avec  un  accent  circonflexe,  écrit-elle  encablure  sanâ 
cet  accent  ? 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  câble. 

t  ENCADENASSER  (an-ka-de-na-sé),  r.  a.  En- 
fermer, attacher  avec  un  cadenas. 

—  ÉTYM.  En  < ,  et  cadenas. 

ENCADRÉ,  ÉE  (an-ka-dré,  drée),  part,  passé. 
Garni  d'un  cadre.  Un  dessin  encadré.  ||  Fig.  En- 
touré. Une  belle  figure  encadrée  par  la  chevelure 
et  la  barbe.  ||  Terme  de  minéralogie.  Cristaux  enca- 
drés, cristaux  dont  les  facettes  présentent  une  sorte 
de  cadre  autour  d'une  forme  simple,  déjà  existante 
dans  la  même  espèce.  ||  Terme  militaire.  Mis  dans  I9 
cadre  d'un  régiment,  d'un  corps.  En  approchant, 
ils  [de  jeunes  soldats  allemands]  rencontrèrent  notre 
découragement  et  notre  longue  déroute;  en  entrant 
en  ligne,  loin  de  se  trouver  encadrés  et  appuyés 
par  de  vieux  soldats,  ils  se  virent  seuls  aux  prises 
avec  tous  les  fléaux,  pour  soutenir  une  cause  aban- 
donnée de  ceux  qui  étaient  le  plus  intéressés  à  la 
faire  triompher,  ségur,  Uist.  de  Napol.  xii,  41.  ||  1! 
se  dit,  en  plaisantant,  d'une  personne  tenue  entre 
deux  autres.  Je  l'ai  vu  passer  encadré  entre  deux 
gendarmes. 

ENCADREMENT  (an-ka-dre-man),  s.  m.  Aciiotj 
d'encadrer;  ce  qui  encadre.  L'encadrement  d'un  ta- 
bleau. Il  Terme  d'architecture.  Profils  ou  ornements 
ajustés  pour  servir  d'entourage  à  un  panneau.  ||  Fi^. 
Ce  qui  fait  comme  fait  le  cadre  d'un  tableaa  De 
chaque  côté,  des  massifs  d'arbres  servent  d'enca- 
drement à  ce  cbâteaii. 

—  ÉTYM.  Encadrer. 

ENCADRER  (an-ka-dré),  v.  a.\\l'  Garnir  d'un 
cadre.  Je  fais  encadrer  nos  dessins,  J.  i.  Rouss.  Ém. 
II.  Il  Ironiquement.  C'est  une  tête  à  encadrer,  c'est- 
à-dire  grotesque,  laide.  ||  2°  Par  extension,  entourei-. 
Des  haies  d'aubépine  encadraient  cette  prairie. 
Il  3°  Fig.  Insérer  dans  un  ouvrage  d'esprit.  Cet  au- 
teur a  encadré  dans  son  livre  un  charmant  épisode; 
Des  systèmes  humains  il  [l'homme]  élargit  la  base; 
Il  encadre  au  hasard  dans  cette  immensité  Système, 
opinion,  mensonge,  vérité,  lamart.  Harm.  1,  n. 
Il  4°  Terme  militaire.  Mettre  dans  le  cadre  d'un 
régiment,  d'un  corps.  Encadrer  les  nouveaux  sol- 
dats. Il  5"  S'encadrer,  v.  réft.  Etre  placé  comme 
dans  un  cadre.  Ce  bosquet  s'encadre  bien  entre  les 
deux  coteaux. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  codre. 

t  ENCJÎNIE  (an-sé-nie),  s.  f.  Voy.  encénie. 

ENGAGÉ,  ÉE  (an-ka-jé,  jée),  part,  passé.  Mis  eS 
cage.  Un  chardonneret  encagé.  Mais  dès  le  premier 
jour  il  semble  Que  le  couple  encagé  ne  s'aime  plus 
si  fort,  LAMOTTE,  Fabl.  iv,  n.  Il  Fig.  Mis  en  pri- 
son. Pour  ses  méfaits  dans  la  geôle  encagé,  volt. 
Poés.  mêlées,  84.  Que  ce  petit  peuple  encagé  [lei 
élèves  d'un  collège]  Criait  vivat  pour  un  congé,  ri- 
CHELET,  Dict.  Don  Quichotte  se  considérant  ainsi 
encagé,  D.  Quich.  t.  1,  dans  le  roox,  Z)ic(.  co- 
mique. 

ENGAGER  (an-ka-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  0 
ou  0:  encageant,  encageons),  v.  a.  \\  i'  Mettre  en 
cage.  Encagerdes  oiseaux.  Le  bergervient,  le  prend 
[un  corbeau],  l'encage  bien  et  beau.  Le  donné  à 
ses  enfants  pour  servir  d'amusette,  la  fcnt.  Fabl, 
n,  *6.  Il  2"  Par  extension  et  familièrement,  mettre 
en  prison.  On  l'a  encagé. 

—  HIST.  xiv"  s.  Leani  sont  il  assouagiei,  Et  Si 


1368 


ENC 


«nclo.  et  .DCgie.,  Comme  "'}">J''^^[2Z' 
Hxî'in^iit  pour  le  présent  pucelle  qu.  fust 
d'igne  de  rachever,  for,  celle  qui  le,  amena  ju,ques 
«u  lieu  où  il,  sont  encagez,  Perceforett,  t.  v,  f   a. 

—  ETYM.  Eni,  et  cage. 

4  ENCAISSAGE  (an-kê-sa-j'),  ».  m.  Terme  d  hor- 
ticulture. Action  d'encaisser  une  plante. 

ETYM.  Encaisser. 

t  ENCAISSANT,  ANTE  (an-kê-san,  san-t'),  adj. 
Oui  encaisse,  qui  forme  un  encaissement.  La  roche 
encaisMnte  de  ces  filons  est  un  granité  à  grains 
ordinaire,  avec  un  peu  d'amphibole,  lauh,  Comptes 
rendus.  Àcad.  des  se.  t.  lui,  p.  t098. 

j  ENCAISSE  (an-kê-s'),  s.  f.  Terme  de  finance. 
Somme  totale  des  valeurs  qui  sont  dans  la  caisse  ou 
en  portefeuille.  La  ville  a  mainlonant  une  forte  en- 
caisse que  se,  dépenses  n'absorberont  pas  dans  l'an- 
née, LEOOAHANT.  ||  L'encaisso  métallique,  les  va- 
leurs en  métaux  précieux. 

—  ÊTYM.  En  i ,  et  caisse. 

ENCAISSÉ,  ÉE  (an-kê-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  !•  Mis  dans  une  caisse.  Orangers  encaissés. 
Il  Mis  en  caisse.  L'argent  encai.ssé.  ||  2°  Dont  les 
bords  sont  escarpés.  Route  encaissée.  Le  Granique 
est  très-encaissé,  ciiatkaubr.  /(in.  ii,  62.  Nous  ren- 
contrâmes une  rivière  étroite  et  encaissée  entre  des 
bords  boisés  et  incultes;  c'était  le  liorystliène  qui 
se  présentait  à  nos  yeux  avec  cette  humble  appa- 
rence, SÊGUR,  llisl.  de  Napol.  vi,  (.  |1  Dominé  par 
des  hauteurs.  Vallon  encaissé.  Ville  encaissée. 

ENCAISSEMENT  (an-kè-se-mar.) ,  s.  m.  ||  l"  Ac- 
tion de  mettre  en  une  caisse.  L'encaissement 
d'une  marchandise,  d'un  oranger.  |1  2"  Terme  de 
finance  et  de  commerce.  Action  de  recevoir,  de 
mettre  en  caisse  une  somme  ou  la  valeur  d'un  billet, 
d'une  lettre  de  change.  Encaissement  d'une  traite, 
la  mise  en  caisse  de  la  valeur.  ||  La  mention  sauf 
encaissement ,  mise  sur  un  billet,  une  lettre  de 
change,  un  titre  commercial  quelconque,  a  pour 
effet  de  garantii"  l'accepteur  contre  le  non-paye- 
ment. ||  3"  État  d'un  fleuve,  d'un  chemin  encaissé. 
[Les  Alpes]  Oui,  dans  l'encaissement  des  roches 
éboulées,  Cachent  les  lacs  profonds  elles  noires  val- 
lées, i.AMABT.  Joe.  II,  '2.  ||  Encaissement  artificiel 
d'un  fleuve,  endiguement.  ||  Terme  de  ponts  et 
chaussées.  Enceinte  formée  par  de  la  charpente. 
Construire  par  encaissement  ||  Terme  de  paveur.  Dé- 
blai de  terre  que  l'on  fait  avant  d'établir  une  chaus- 
sée, et  dans  lequel  on  met  un  lit  de  sable  pour 
asseoir  le  pavé.  ||  Faire  un  chemin  par  encaisse- 
ment, le  faire  en  creusant  une  tranchée  qu'on  rem- 
plit de  cailloux.  ||  Faire  un  jardin  par  encaissement, 
faire  des  plantations  dans  des  trous  qu'on  remplit 
de  bonne  terre. 

— .  ÊTYM.  Encaisser. 

ENCAISSKII  (an-kê-sé),  v.  a.  ||  1"  Mettre  dans  une 
cais.se.  Encaisser  des  marchandises.  ||  Terme  de  jar- 
dinage. Encaisser  des  orangers.  ||  Terme  de  banque 
et  de  commerce.  Encaisser  des  fonds,  les  recevoir 
et  les  porter  en  avoir.  Encaisser  un  effet,  un  billet, 
une  traite,  en  toucher  la  valeur.  |{  2°  Encaisser 
une  rivière,  la  contenir  par  des  berges  artificielles, 
par  des  digues  continues.  ||  Encaisser  une  route,  en 
creuser  l'emplacement.  ||  3°  S'encaisser,  v.  réfl. 
S'enfoncer  comme  dans  un  encaissement.  La  vallée 
«'encaisse  entre  deux  montagnes. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Il  avoit  fait  encaisser  tous  iceux 
tiltres  et  enseignements,  et  les  avoit  sur  muUets 
envoyez  en  un  sien  chasteau,  m.  du  bellay,  424.  X 
quoi  convient  curieusement  aviser  devant  ijue  loger 
le  bled  dans  le  grenier,  et  encores  plus  devant  que 
l'enquaisser,  o.  dk  sebhks,  t35. 

—  ÉTYM.  ^n  I ,  et  caisse;  wallon,  ecaser. 

t  ENCALMINÉ,  ÉE  (an-kal-mi-né,  née),  adj. 
Terme  de  marine.  Navire  encalminé,  navire  qui  se 
trouve  sous  l'influence  d'un  temps  calme  ou  sous  un 
abri. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  calme. 

fENCALYPTE  (an-ka-li-pf),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  mousse,  vivaces  &  tiges  rameuses, 
qui  croissent  en  gazon  sur  la  terre. 

—  ÊTYM.  Tîv,  en,  et  xaWirrtiv,  cacher. 

t  ENtlAMPANEMENT  (an-kan-pa-ne-man),  t.  m. 
Terme  de  marine.  Synonyme  d'évasement,  en  par- 
lant d'une  bouche  à  feu. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  le  latin  campana,  cloche. 
ENCAN  (an-kan),    s.  m.  ||  !•  Vente  publique   à 

1  enchère.  ||  Vendre  à  l'encan.  Mettre  à  l'encan. 
L'empire  mis  à  l'encan  par  l'armée,  Boss.  Hisl.  i, 
40.  La  papauté  était  à  l'encan  [en  1034],  ainsi  que 
presque  tous  les  évêchés,  volt.  Mœurs,  30.  ||  2»  Fig. 
W  malheur  est  venu  de  quelques  jeunes  veaux  Qui 


ENC 

mettent  à  l'encan  l'honneur....  béonieb,  Sat.  iv. 
La  justice  à  l'encan ,  l'innocent  oppressé ,  m. 
tb.  VI. 

—  HIST.  XV'  ».  Tellement  que  comme  à  l'inquant 
se  bailloient  le,  dites  prelalures,  Arrest  du  parle- 
ment, dan,  MÉNAGE,  encan.  Mettre  à  l'encant,  nu 
GANGE,  incanlare.  Un  acheteur  de  biens  vendus  à 
l'encant,  ménage,  encan.  En  encan  se  vend  autant 
bran  que  farine,  le  bouxdelincy,  Prot).  t.  ii,  p.  <29. 

—  ÊTYM.  Génev.  ïjican,  inquant;  provenç.  en- 
qtiant,  encant;  catal.  encant;  anc.  espagn.  encante; 
espagn.  raod.  eucanio;  ital.  incanto;  du  latin  in 
quantum ,  h  combien.  Les  formes  inquant,  enquatit, 
et  le  sens  prouvent  celte  origine;  ce  qui  écarte  le 
verbe  incanlare,  crier  en  une  sorte  de  chant;  bien 
qu'on  ne  puisse  nier  qu'tncantore  ait  agi  par  une 
fausse  assimilation,  était  produit,  par  exemple,  en- 
chantement, pour  action  de  mettre  à  l'encan  :  xiii*  s. 
Se  vendre  à  l'enchantement,  du  cange,  incanlare. 

ENCANAILLÉ,  ÉE  (an-ka-nà-llé,  liée,  U  mouil- 
lées), part,  passé.  Cet  homme,  encanaillé,  tomba 
dans  le  dernier  mépris.  Tu  verras  à  notre  bal  de  ce 
soir  que  nous  sommes  furieusement  encanaillés,  CH. 
DE  BERNARD,  Un  oclc  de  vertu,  §  m. 

ENCANAILLER  (an-ka-nâ-llé ,  Il  mouillées,  et 
nonan-ka-nâ-yé),  v.  a.  \\  1°  Mêler,  associer  avec 
de  la  canaille,  avec  des  gens  d'un  rang  bien  infé- 
rieur. Avec  qui  nous  avez-vous  encanaillés?  C'est 
votre  rival.  —  Mon  rival  1  On  m'encanaille  de  la 
sorte,  DANCOURT,  le  Itelour  des  officiers,  se.  ».  Je 
respecte  trop  vos  scrupules  aristocratiques ,  pour 
vouloir  vous  encanailler,  CH.  debernard,  la  Femme 
de  40  ans,  §  vn.  ||  2°  S'encanailler,  v.  réfl.  Faire 
société  avec  la  canaille.  Célimène  :  Le  siècle  s'en- 
canaille furieusement! .—  Élise  :  Celui-là  est  joli  en- 
core, s'encanaille!  Est-ce  vous  qui  l'avez  inventé, 
madame  ?  —  Célimène  :  Hé  !  —  Elise  :  Je  m'en  suis 
bien  doutée,  mol.  Crit.  de  l'Éc.  des  fem.  7.  Je  suis 
dans  un  étage  à  paraître  plus  grande  Ou  qu'une 
procureuse,  ou  bien  qu'une  marchande;  Rien  ne 
m'est  plus  fâcheux  que  de  m'encanaiUer,  bour- 
SAULT,  Fables  d'Ésope,  iv,  3.  Vous  vous  êtes,  ma 
fille,  exposée  à  cela.  En  vous  encanaillant  de  cette 
guenon-là,  iD.  Mots  à  la  mode,  se.  40.  De  ce  que 
je  m'encanaille  avec  un  vilain  monstre  comme  cela, 
iiAMiLT.  Gramm.  3. 

—  REM.  Ce  mot  d'encanailler  commence  fort  à 
s'introduire  ;  par  exemple  on  dira:  je  ne  veux  point 
m'encanaiUer  de  ces  gens-là,  c'est  pour  ceux  qu'on 
ne  veut  pas  voir  ;  bien  qu'il  ne  soit  pas  fort  en  usage, 
il  est  bien  reçu,  uarg.  buffet,  Observ.  p.  39, 
<668.  Je  ne  crains  rien  tant  que  de  m'encanaiUer, 
mauvais  mot  de  la  cour,  ait  de  caillières,  4690. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  canaille. 

f  ENCANTHIS  (an-kan-tis') ,  s.  /'.Terme  de  chi- 
rurgie. Tumeur  formée  dans  la  caroncule  lacrymale. 

—  ÉTYM.  'E^xavOii;,  deév,en,  et  xav66ç,  coin 
de  l'œil. 

f  ENCAPER  (an-ka-pé) ,  «.  n.  Terme  de  marine. 
Donner  entre  deux  caps.  Navire  encapé. 

—  ÉTYM.  En  I,  et  cap. 
ENCAPUCUONNÉ,   ÉE   (an-ka-pu-cho-né ,  née), 

part,  passé.  Coiffé  d'un  capuchon.  Un  certain  reli- 
gieux grave,  pieds  nus  et  encapuchonné....  pasc. 
Prov.  4B.  [Frère  Jacques]  Ce  n'était  ni  un  moine, 
ni  un  ermite,  mais  un  homme  bizarrement  enca- 
puchonné de  gris,  st-simon,  <t2,  209.  ||  Par  exten- 
sion. Je  pleure  encore  un  joli  Hermès  enfant  que 
j'avais  vu  dans  son  entier,  vêtu  et  encapuchonné 
d'une  peau  de  lion,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  36. 

ENCAPCCUONNER  (  an-ka-pu-cho-né  ) ,  v.  a. 
Il  1°  Couvrir  d'un  capuchon.  On  l'a  encapuchonné. 
Il  2°  S'encapuchonner,  v.  réfl.  Se  couvrir  la  tête 
d'un  capuchon.  Vous  vous  êtes  plaisamment  enca- 
puchonné. Il  Fig.  Embrasser  la  vie  monastique, 
il  3' Terme  de  manège.  Rapprocher  fortement,  en 
parlant  du  cheval,  le  bas  de  la  tête  du  côté  du  poi- 
trail. Si  leur  tête  [des  chevaux]  est  trop  rapprochée 
du  corps,  ils  sont  sujets,  comme  on  dit,  à  s'enca- 
puchonner, Dict.  des  arts  et  m.  Amst.  t767,  Jf'  de 
chevaux. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  capuchon. 

ENCAQCÉ,  ÉE  (an-ka-ké,  kée),  part,  passé.  Ha- 
rengs encaqués.  ||  Familièrement.  Ils  sont  encaqués 
comme  des  harengs,  ils  sont  très-serrés.  Des  roya- 
listes [sous  Cromwell]  sont  exposé,  au  marché 
comme  un  troupeau  de  nègres,  et  encaqués  pour  la 
Nouvelle-Angluterru,  chatraub.  Stuarts,  2)7. 

—  ÊTYM.  En  ( ,  et  caque. 

t  ENCAQUEMENT  (an-ka-ke-man) ,  f  m.  Action, 
manière  d'encaquer. 

ENCAQUER  (an-ka-ké),  i\  a.  ||  l"  Mettre  en  ca- 
que. Encaquer  des  harengs.  On  n'oubliera  jamais 


ENC 

qu'un  grand  prince  [Charles-Quint]  fit  élever  une 
statue  à  G.  Buckel,  pour  avoir  trouvé  le  secret  de 
préparer  et  d'encaquer  les  harengs  salés,  Dict.  des 
arts  et  m.  Amst.  tTai,  c/iatrcuitter.  ||  Encaquer  de 
la  poudre  à  canon.  ||  2°  Par  extension  et  familière- 
ment, presser,  entasser  dans  une  voiture,  dan,  un 
vaisseau,  dans  un  appartement,  dans  une  pri- 
son, etc.  Mais  ce  grand  Henri  IV  était  donc  un  vi- 
lain, un  ladre,  un  pillard;  car  on  m'a  conté  qu'il 
avait  encaqué  dans  la  Bastille  plus  de  cinquante 
millions  de  notre  monnaie  d'aujourd'hui ,  volt. 
L'homme  aux  io  écus.  Entretien  avec  un  géomètre. 
Il  3°  S'encaquer,  v.  réfl.  S'entasser,  en  parlant  des 
personnes.  Dix  théâtres  et  établissements  publics 
seront  pleins,  chaque  soir,  de  masques  qui  s'y  en- 
caqueront  par  milliers,  alph.  karr,  les  Guêpes, 
janvier  4843. 

—  HIST.  xvi*  s.  Je  commencerai  dès  aujourd'hui 
à  faire  compter  et  encaquer  l'argent  nécessaire  pour 
faire  faire  montre  aux  cinq  regimens  français  et  à 
toutes  les  compagnies  de  Suisses  et  de  lansquenets, 
SULLY,  Mém.  t.  III,  p.  339,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  caque. 
tEXCAQUEUR,EUSE  (an-ka-keur,  keû-z'),J.  m. 

et  f.  Celui,  celle 'qui  encaque  des  harengs. 

—  ÉTYM.  Encaquer. 

fENCARDITE  (an-kar-di-f),  s.  f.  Terme  de  zoo- 
logie. Cardite  fossile. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  cardite. 

t  ENCARPE  (an-kar-p'),  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture ancienne.  Guirlande  composée  de  fleurs,  de 
feuillages  et  de  fruits. 

—  ÉTYM.  'Ev,  en,  et  xapità;,  fruit. 

t  ENCARRAILLADE  (an-ka-ra-lla-d',U mouillées), 
s.  f.  Terme  de  métallurgie.  Mine  bien  grillée  et  pro- 
pre à  servir  dans  les  fours  catalans. 

f  ENCART  (an-kar) ,  s.  m.  Terme  de  relieur.  Les 
huit  pages  qui,  dans  une  feuille  in-l2,  se  placent 
entre  les  huit  premières  et  les  huit  dernières  pages 
de  la  feuille.  L'ajustement  des  encarts  les  uns  dans 
les  autres,  lesné,  la  Reliure,  p.  t32.  ||0n  trouve 
aussi  enquart,  qui  est  une  mauvaise  orthographe. 
Quand  un  livre  est  plié,  devant  que  de  le  battre, 
Séparez  les  feuillets  bien  nets,  soigneusement  ; 
Repliez  chaque  enquart  après  séparément,  id.  ib. 
p.  47. 

—  ÉTYJI.  Voy.  encarter. 

t  ENCARTATION  (an-kar-ta-sion) ,  s.  f.  Terme 
de  relieur.   Opération  par  laquelle  on  fait  l'encart. 

ENCARTÉ,  ÉE  (an-kar-té,  tée),  part,  passé.  Une 
page  encartée  d.ins  le  volume. 

ENCARTER  (an-kar-té),  v.  a.  Terme  d'impri- 
merie. Insérer  un  carton  dans  une  feuille  à  l'endroit 
où  il  doit  être.  ||  Terme  de  relieur.  Mettre  dans  une 
feuille  in-t2  les  encarts.  Encartez  les  feuillets  bien 
juste  l'un  dans  l'autre,  lesné,  la  Reliure,  p.  47. 
Il  S'encarter,  v.  réfl.  Être  encarté. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  carte. 

■[  ENCARTONNAGE  (an-kar •to-na-j'),  *.  m.  Ac- 
tion d'encartonner. 

t  ENCARTONNEMENT  (an-kar-to-ne-man) ,  s.  m. 
État  d'une  chose  encartonnée. 

t  4 .  ENCARTONNER  (an-kar-to-né),  v.  a.  Insérer 
des  cartons  entre  les  plis  du  drap  qu'on  veut  catir  à 
chaud.  Il  On  dit  aussi  encarter. 

—  ÉTYM.  En  4  ,  et  carton. 

j  2.  ENCARTONNER  (an-kar-to-né) ,  v.  a.  Terme 
de  librairie  et  d'imprimerie.  Mettre  un  carton  dans 
un  livre.  ||  Il  signifie  aussi  mettre  les  feuilles  impri- 
mées entre  des  cartons  pour  les  passer  à  la  presse 
hydraulique,  afin  de  les  satiner. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  carton,  dans  le  sens  de  carte, 
de  feuillet. 

f  EN-CAS  (an-kà),  s.  m.  Chose  préparée  pourservir 
en  cas  de  besoin.  C'est  un  en-cas.  Voy.  cas. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  cas. 

I  ENCASSURE  (an-kâ-sû-r'),  s.  f.  Terme  de  char- 
ron. Entaille  faite  au  lisoir  de  derrière  et  à  la  sel- 
lette de  devant  pour  placer  l'essieu  d'une  roue. 

t  ENCASTAGE  (an-ka-sta-j'),  s.  m.  Action  d'en- 
caster. 

ENCASTELÉ,  ÉE  (an-ka-ste-lé,  lée),  part.passé. 
Cheval  enca.stelé,  celui  dont  la  fourchette  du  pied 
n'a  pas  sa  grandeur  naturelle,  parce  qu'U  a  le  talon 
trop  étroit.  En  marchant  tout  ainsi  qu'un  barl>e  en- 
castelé,  régnier,  Sat.  viii.  ||  Fig.  Homme  encas- 
telé,  s'est  dit  d'un  homme  à  esprit  étroit  et  même 
un  peu  fou. 

ENCASTELER  (S')  (an-ka-ste-lé.  La  syllabe  te 
prend  un  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette  :  il  s'encastèle,  il  s'encastèlcra) ,  t).  réfl. 
Terme  de  vétérinaire.  Devenir  encastelé.  Ce  cheval 
commence  à  s'encasteler. 


ENG 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  incastellare,  garnir  de  mu- 
railles, la  corne  du  cheval  étant  comparée  à  une 
muraille,  do  in,  en,  et  castellum  (voy.  château). 

ENCASTELURE  (an-ka-ste-lu-r') ,  s.  f.  Terme  de 
vétérinaire.  Défectuosité  du  sabot  des  chevaux 
qui  consiste  dans  le  resserrement  des  quartiers  et 
même  des  talons,  et  cause  une  compression  dou- 
loureuse. 

—  ÉTYM.  Encasteler. 

t  ENCASTER  (  au-lia-sté  ) ,  v.  a.  Terme  de  po- 
tier. Mauvaise  prononciation  d'encastrer. 

t  ENCASTILLAGE  (an-ka-sti-Ila-j',  Il  mouillées), 
s.  m.  Terme  de  marine.  La  partie  d'un  vaisseau  qui 
paraît  aux  yeux  depuis  la  surface  de  l'eau  jusqu'au 
haut  du  bois. 

—  ÉTYM.  EncasHllé. 

fENCASTILLÉ,  ÉE  (an-ka-sti-llé ,  liée,  ii  mouil- 
lées), ad;.  Terme  de  marine.  Navire  encastillé,  na- 
vire qui  est  fort  élevé  par  ses  hauts,  c'est-à-dire  par 
les  parties  qui  sont  sur  le  pont. 

—  ÉTYM.  En  * ,  ei  castil  ou  castel,  château. 
ENCASTRÉ,  ÉE  (an-ka-stré,  strée),  part,  passé. 

Joint  par  encastrement.  Pierres  encastrées. 

ENCASTREMENT  (an-ka-stre-man) ,  s.  m.  Action 
d'encastrer.  ||  Entaille  dans  le  bois  ou  dans  le  fer 
pour  y  introduire  une  autre  pièce.  Chaque  tourillon 
d'une  bouche  à  feu  est  reçu  dans  l'encastrement  du 
flasque,  legoabant. 

ENCASTRER  (an-ka-stré),  v.  a.  ||  1°  Joindre  deux 
choses  par  le  moyen  d'une  entaille.  On  encastre  une 
pierre  dans  une  autre  par  entaille,  ou  un  crampon 
dans  deux  pierres  pour  les  joindre.  ||  Terme  de 
potier.  Lorsque  les  pièces  [de  poterie]  sont  tour- 
nées, on  les  encastre,  c'est-à-dire  qu'on  les  arrange 
dans  des  étuis  semblables  à  ceux  qui  servent  à  cuire 
la  porcelaine,  Dict.  des  arts  et  met.  Amst.  1767, 
faïencier.  \\  i°  S'encastrer,  v.  réfl.  Se  joindre  en 
rentrant  l'une  dans  l'autre,  en  parlant  de  deux 
pièces  entaillées. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  si  avoit  dedans  chascune  cis- 
terne  une  cuve  de  marbre  bien  encastrée  de  fors 
maisieres  [cloisons],  ducange,  incastraturx.  ||  xvi" 
s.  En  quelque  endroit  que  la  roche  eut  esté  cou- 
pée, icelles  se  fussent  trouvées  incastrées  au  dedans 
d'icelle  roche,  paré,  280. 

—  ÉTYM.  Provenç.  encastrar  et  encastonar  ;  es- 
pagn.  et  ital.  incastrare.  Le  radical  est  le  même  que 
dans  chaton  de  bague  (voy.  chaton). 

t  ENCASTREUR  (  an-ka-streur),  s.  m.  Ouvrier 
qui  encastre  les  poteries. 

fENCAUME  (an-kô-m'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Ulcère  profond  et  rongeant  de  la  cornée. 

—  ÉTYM.  'E^xauiia,  brûlure,  de  iv,  en,  et 
xoteiv,  brûler. 

t  ENCACSSEMENT  (an-kô-se-man) ,  s.  m.  Nom 
que  les  bergers  donnent  à  l'hydropisie  des  bêtes  à 
laine,  dans  certaines  localités. 

ENCAUSTIQUE  (an-kô-sti-k') ,  s.  f.  \\  1-  Peinture 
préparée  avec  de  la  cire  fondue.  Les  Grecs  pei- 
gnaient à  l'encaustique.  ||  Adj.  Peinture  encaus- 
tique. Il  2°  Préparation  faite  avec  de  l'essence  de 
térébenthine  et  de  la  cire  pour  rendre  luisants  les 
meubles  en  bois  et  les  parquets.  ||  Enduit  qu'on 
donne  aux  plâtres  pour  leur  faire  prendre  le  luisant 
du  marbre,  ou  aux  statues  de  marbre  elles-mêmes 
pour  en  adoucir  la  blancheur  éclatante. 

—  ÉTYM.  'Eyxïuotix^,  sous-entendu  te'xvïi  ,  l'art 
encaustique,  de  iyy.a'jaiot  (voy.  encre). 

t  ENCAUSTIQUER  (an-kô-sti-ké),  v.  a.  Étendre 
de  l'encaustique  et  frotter  pour  rendre  luisants  les 
objets  encaustiqués. 

—  ÉTYM.  Encaustique. 

ENCAVÉ,  ÉE  (an-ka-vé,  vée),  part,  passé.  Mis 
dans  la  cave.  Barriques  encavées.  ||  Par  plaisanterie. 
Tombé  dans  la  cave.  Ils  sont,  sur  ma  parole,  L'un  et 
l'autre  encavés,  hac.  Plaid,  ii,  ^  l. 

ENCAVEMENT  (an-ka-ve-man) ,  s.  m.  Action 
d'encaver. 

—  ÉTYM.  Encaver. 

ENCAVER  (an-ka-vé),  t).  a.  Mettre  du  vin  en 
cave.  Il  S'encaver,  e.  réjl.  Être  encavé.  Ces  barri- 
ques sont  fort  grosses;  elles  ne  s'encavent  pas  faci- 
lement. 

—  HIST.  XIV*  s.  C'est  un  chemin  moult  destravé, 
Pleinde  boulions  [bourbiers],  tout  encavé,  bruyant, 
dans  Ménagier,  t.  ii,  p.  (g.  ||  xv  s.  Chevalier, 
congé  avez  D'aymer  où  il  vous  plaist  ;  Gardez  où 
votre  cœur  encavez,  Chevalier  qui  congé  avez  Fer- 
ccforest,  t.  vi,  f°  06.||xvi'  s.  Aucuns,  d'une  façon 
particulière,  gouvernent  ainsi  leurs  vins  :  dès  les 
avoir  entonnés  et  encavés,  persent  généralement 
tous  leurs  tojineaux,  o.  oe  serres,  2I8, 

—  ÉTYM.  En  i  ,et  cave. 

DIGT.    DS   LA   LANGUE    FRANÇAISE. 


ENC 

ENCAVEUR  (an-ka-veur) ,  s.  m.  Celui  qui  encavé 
le  vin. 

—  ÉTYM.  Encaver. 

ENCEINDRE  (an-sin-dr') ,  j'enceins,  nous  encei- 
gnons;  j'enceignais;  j'enceignis;  j'enceindrai  ;  j'en- 
ceindrais;  enceins,  qu'il  enceigne;  que  j'enceigne, 
que  nous  enceignions;  que  j'enceignisse;  encei- 
gnant;  enceint,  v.  a.  \\  1°  Entourer  d'une  ceinture. 
Il  2°  Par  extension.  Enceindre  de  fossés,- de  palissa- 
des. De  grands  arbres  enceignent  cette  prairie. 
Cet  autre  univers  qui  enceint  tous  les  orbes  pla- 
nétaires et  où  l'être  existant  par  soi  donne  aux  hié- 
rarchies célestes  les  signes  les  plus  augustes  de  sa 
présence  adorable,  bonnet,  Palingén.  22'  part.  ch.  4. 

—  HIST.  XV"  Marne  l'ensaint;  les  haulz  bois  pro- 
fitables Du  noble  parc  piiet  l'en  veoir  branler, 
E.  DESCHAMPS,  Le  hoîs  de  Vincennes.\\x\'i'  s.  Afin 
que  les  poincles  de  leur  bataille  fussent  plus  aisées 
à  se  courber  et  eslendre  pour  enceindre  les  Romains 
par  derrière,  amïot,  Sylla,  39. 

—  ÉTYM.  Lat.  incingere,  de  m,  en ,  et  cingere , 
ceindre  (voy.  ceindre);  provenç.  eneenher,  engros- 
ser; ital.  incinghicre. 

ENCEINT,  ÉINTE  (an-sin,  sin-t'),  part,  passé 
d'enceindre.  Une  ville  enceinte  de  murailles.  Elle 
[la  ville]  serait  seulement  enceinte  de  l'armée  et 
plutôt  investie  qu'assiégée  dans  les  formes,  boss. 
Jfist.  Il .  «. 

t.  ENCEINTE  (an-sin-f),  s.  f.  ||  1°  Circuit  de  mu- 
railles, de  fossés.  Une  double,  une  triple  enceinte. 
L'enceinte  des  tranchées  pouvait  tenir  dix  mille 
hommes,  vaugel.  Q.  C.  vi,  2,  dans  richelet.  Il 
envoya  ses  soldats  faire  l'enceinte  du  bois,  m. 
ib.,  5.  Dans  la  première  enceinte  il  arrête  ses  pas, 
volt.  Zaïre,  i,  3.  ||  Terme  de  fortifierions.  En- 
ceinte d'une  place,  les  courtines,  les  bastions  et 
le  fossé  qui  l'environnent.  ||  Par  extension.  Quel- 
ques chasseurs  de  la  garde  impériale  venaient  de 
mettre  pied  à  terre,  suivant  l'usage,  pour  former 
une  enceinte  autour  de  lui  [l'empereur],  ségur, 
Hist.  de  Napol.  iv,  8.  ||  2°  Un  espace  qui  est  clos. 
Elles  ont  jusque  dans  l'enceinte  de  l'autel  des  tri- 
bunes et  des  oratoires,  la  bruy.  m.  L'amour  des 
nouveautés,  le  faux  zèle,  la  crainte.  De  la  Mecque 
alarmée  ont  désolé  l'enceinte,  volt.  Fanât,  i,  t. 
Il  Fig.  Je  veux  lui  faire  voir  là  dedans  [dans  un 
ciron]  un  alùme  nouveau  :  je  lui  veux  peindre  non- 
seulement  l'univers  visible,  mais  l'immensité  qu'on 
peut  concevoir  de  la  nature,  dans  l'enceinte  de  ce 
raccourci  d'atome ,  pasc.  Pensées ,  Disprop.  de 
l'homme,  1. 1,  p.  246,  éd.  Lahure.  Là,  par  le  moyen 
de  ses  formules  générales,  rien  ne  lui  échappe  de 
ce  qui  est  dans  l'enceinte  de  la  matière  qu'il  traite, 
FONTEN.  Varignon.tie  pensez  pas  que,  se  ménageant, 
comme  tant  d'autres,  l'estime  du  public  par  lesde- 
hors  de  la  modération  et  de  la  sagesse,  il  vint  se  dé- 
mentir dans  l'enceinte  des  devoirs  domestiques, 
MASS.  Conty,  Ils  se  renfermèrent  dans  l'enceinte 
d'une  retraite  austère,  m.  Carême.  Samar.  ||  3°  Salle 
plus  ou  moins  vaste.  L'enceinte  du  tribunal.  Sa  pa- 
role remplissait  l'enceinte.  ||  4°  Terme  de  chasse.  Par- 
tie de  bois  dont  on  peut  faire  le  tour  par  les  che- 
mins qui  l'environnent.  ||  Endroit  qu'on  entoure  de 
pieux,  de  toiles,  de  filets  ou  de  chasseurs,  .pour 
y  prendre  ou  tuer  du  gibier,  des  loups,  des  san- 
gliers. Il  Le  cercle  marqué  par  des  rameaux  brisés 
pour  détourner  le  cerf  et  savoir  le  lieu  où  il  s'est 
retiré.  Du  cerf  prêt  à  forcer  l'enceinte.  Chasseur, 
tu  fais  le  fanfaron,  bérang.  Double  chasse.  ||  Double 
enceinte.  Piège  pour  prendre  les  loups.  ||  5°  Terme 
de  pêche.  Espèce  de  parc  rapidement  formé,  au 
milieu  de  la  mer,  par  des  matelots  qui,  montés  sur 
des  chaloupes,  entourent  les  poissons  voyageant  par 
troupes. 

—  HIST.  xvi*  s.  Après  tant  de  coureurs  il  me  print 
fantaisie  De  les  devancer  tous,  et  comme  bon  ve- 
neur. Faire  bien  mon  enceinte,  et  en  avoir  l'hon- 
neur, RONS.  670,  210. 

—  ÉTYM.  Erieeint.  0.  de  Serres  a  dit  au  masculin: 
Dans  cest  enceint,  362. 

2.  ENCEINTE  (an-sin-f),  adj.  {dm.  Femme  en- 
ceinte, femme  qui  porte  un  enfant  dans  son  sein. 

—  HIST.  xii'  s.  Quant  la  dame  se  sent  enceinte. 
Si  est  forment  muée  e  teinte,  Grégoire  le  Grand,. 
p.  HO.  Il  XIII*.  Enchainte  [je]  suis  d'Ugon,  si  qu'en 
levé  mes  gris  [ma  robe  de  gris],  audefr.  le  bast. 
Romancero,  p.  32.  Et  il  li  dist  que  sa  fille  iert  [était] 
ençainte  d'enfant,  villeh.  clxxvii. 

—  ÉTYM.  Lat.  indncta,  femme  enceinte,  propre 


ENC 


<36D 


ment  qui  ne  porte  pas  de  ceinture,  de  in,  priva-  Jians  le  sens  général,  ce  mot  n'a  donc  point  de  plu 


tif,  et  cingere  (voy.  ceindre),  d'après  Isidore 
trouve  enceintée  dans  les  Lois  de  Guill.  35. 
t  ENCEIXULEJMENT  (an-sô-lu-le-man) ,    s, 


Action  d'etLSlluler  ;  état  d'une  personne  encellulée. 
On  a  prétendu  prouver  avec  des  chiffres  que  l'état 
mental  était  plutôt  protégé  que  compromis  par  l'en- 
cellulement  [des  prisonniers],  bourdet.  Cause- 
ries, p.  S79. 

—  ÉTYM.  Encelluler. 

+  ENCELLULER  (an-sè-lu-lé),  «.  a.  Mettre,  en- 
fermer dans  une  cellule,  en  parlant  des  religieuses, 
des  prisonniers. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  cellule. 

t  ENCÉNIE  (an-sé-nie) ,  s.  f.  Fête  que  les  Juifs  cé- 
lébraient le  25  de  leur  neuvième  mois,  en  mémoire 
de  la  purification  du  temple  par  Judas  Macchabée, 
après  qu'il  eut  été  pillé  par  Antiochus  Épiphane. 

—  ÉTYM.  'Evxatvia,  de  êv,  et  xaivè?,  nouveau. 

ENCENS  (an-san;  l'sse  lie  :  un  an-san-z  agréa- 
ble), s.  m.  Il  l»  Nom  vulgaire  de  la  résine  appelée, 
en  matière  médicale,  oliban.  L'encens  croît  dans 
l'Arabie  et  dans  l'Inde.  Les  lieux  où  croit  l'encens, 
où  murmure  l'abeille,  ducis,  Abufar,  i,  5.  ||  2°  Com- 
position que  l'on  brûle  comme  parfum,  particuliè- 
rement dans  les  cérémonies  religieuses,  mélange 
d'oliban  et  de  gommes-résines  communes.  Que  je 
vous  dois  d'encens,  grands  dieux  qui   m'exaucez! 

CORN.  Hor.  m,  1 Mais  depuis  qu'en  ces  lieux  Sa 

voix  rend  aux  mortels  les  réponses  des  dieux.  Et 
qu'il  envoie  au  ciel  les  encens  de  nos  temples, 
ROTR.  Antig.  v,  e.  Grands  dieux....  Je  vous  promets 
pourvu  qu'il  [un  sanglier]  ne  m'attrape  pas.  Quatre 
livres  d'encens....  mol.  Prince  d'Él.  i,  2.  Il  n'a  pas 
daigné  brûler  de  l'encens  sur  mes  autels,  fén.  Tél. 
viii.  Puissent  jusques  au  ciel  vos  soupirs  innocents 
Monter  comme  l'odeur  d'un  agréable  encens  I  rac. 
Esth.  i,  2.  Qu'il  est  doux  de  voir  sa  pensée,  Avant 
de  chercher  ses  accents,  En  mètres  divins  caden- 
cée ,  Monter  soudain  comme  l'encens!  lamart. 
Harm.  i,  ).  ||  Donner  de  l'encens,  brûler  de  l'en- 
cens devant  quelqu'un  ou  devant  quelque  chose, 
pour  accomplir  une  cérémonie  religieuse.  Choisis 
de  leur  donner  ton  sang  ou  de  l'encens  [aux  dieux 
du  paganisme],  CORN.  Poiî/.v,  2.  ||  3° Fig.  Hommage, 
louange,  flatterie.  Mais  vous  avez  cent  fois  notre 
encens  refusé,  la  font.  Fabl.  x,  l.  Les  flatteurs, 
par  exemple,  cherchent  à  profiter  de  l'amour  que 
les  hommes  ont  pour  les  louanges,  en  leur  don- 
nant tout  le  vain  encens  qu'ils  souhaitent,  mol. 
l'Am.  méd.  m,  i.  Et  dont,  à  tout  propos,  les  molles 
complaisances  Donneraient  de  l'encens  à  mes  ex- 
travagances, m.  Mis.  II,  5.  U  allait  porter  son  encens 
avec  peine  sur  les  autels  de  la  fortune,  fléch.  M.  de 
Mont.  L'on  jette  sans  y  penser  quelques  grains 
de  l'encens  qu'on  doit  à  Dieu  sur  le  monde,  id. 
Mar.  Th.  Vendre  au  plus  offrant  son  encens  et  ses 
vers,  BoiL.  Sat.  i.  Qui  d'un  indigne  encens  profa- 
nent tes  autels,  m.  Disc,  au  roi.  Je  ne  puis,  en  es- 
clave à  la  suite  des  grands,  A  des  dieux  sans  vertus 
prodiguer  mon  encens,  id.  ib.  Les  femmes  adorées 
Reçoivent  cet  encens  que  l'on  doit  à  vos  yeux,  volt. 
Zaïre,  i,  4.  Alamon,  c'est  le  nom  de  ce  prince  im- 
bécile. Avalait  cet  encens,  m.  Éd.  d'un  prince.  Je 
viens  à  vos  genoux  en  soupirs  caressants  D'un  vei  s 
adulateur  vous  prodiguer  l'encens,  a.  chén.  Élég. 
38.  Brûlons-nous  pour  une  coquette  Un  encens  d'a- 
bord accueilli  1  bérang.  Vieillesse.  ||  Un  grain 
d'encens,  un  peu  de  flatterie.  ||  Au  plur.  Ce  que 
tu  vaux  est  en  toi-même;  Tu  fais  ton  prix  par  tes 
vertus;  Tous  les  enjens  d'autrui  sont  encens  super- 
flus, CORN.  Imit.  II,  6.  Et  ces  hautes  vertus  que  de 
vous  il  hérite  Vous  donnent  votre  part  aux  encens 
qu'il  mérite,  m.  Vict.  du  roi.  Aux  encens  qu'elle 
donne  à  son  héros  d'esprit,  mol.  F.  sav.  i,  (.  Pour 
moi  je  ne  vois  rien  de  plus  sot  à  mon  sens  Qu'un 
auteur  qui  partout  va  gueuser  des  encens,  id.  ib. 
m,  5.  Cet  empire  que  tient  la  raison  sur  les  sens  Ne 
fait  pas  renoncer  aux  douceurs  des  encens,  id.  ib. 
i,  I.  Ce  soin  que  vous  vouliez  bien  prendre  de  fairt 
valoir  nos  bonnes  intentions  et  nos  services,  dépor- 
ter nos  vœux  et  nos  encens  aux  pieds  du  trône.... 
fléch.  Compl.  à  M.  de  Chdteauneuf.  ||  4"  Terme  de 
botanique.  Nom  vulgaire  du  romarin  officinal  (fa- 
mille des  labiées),  dit  encore  eucensier.  ||  Proverbe. 
Selon  les  gens,  l'encens. 

—  REM.  Sur  ces  vers  de  Corneille  :  Mais  quoique 
vos  encens  le  traitent  d'immortel.  Cette  grande  vic- 
time est  trop  pour  ton  autel,  Uort  de  P.  l,  i ,  Vol- 
taire a  prétendu  qu'on  ne  pouvait  pas  dire  encens 
au  pluriel.  La  raison  est  qu'on  ne  compte  pas  l'en- 
cens, qu'on  ne  dit  ni  un  ni  deux  encens,  à  moins 
qu'on   ne  veuille  désigner  des  espèces  différentes. 


On    riel.  Cependant  il  est  certain  aussi  qu'au  xvii*  siècle 

on  ne  faisait  pas  cette  distinction,  et  qu'encens  se  di- 

m-  I  sait  très-bien  au  pluriel  poui  louanges,  llatterics. 

I.  -     iVJ 


1370 


ENC 


Aujourd'hui   la  distinction  est   établie,   et  on  ne 
dit  plus:  brûler,  offrir  des  encens,  mais  de  1  encens. 

—  HIST  XII*  S.  Encontre  lei  [contre  la  loi  |  en- 
cens il]  Volt  offrir  al  altel,  Unis,  p.  39i.  Plus  soef 
oient  [sentent]  que  encens  ne  piment,  Rnne.  p.  102. 
Del  saint  encens  porter  el  temple  s'eiiharJi  ;  Deus 
»'enert[était]cureciez,deliepreleferi[friippa],  Th. 
/«  mari.  1*.  ||  xvi*  s.  L'encens  est  un  arbre  qui  croist 
en  Arabie.— On  sophistique  l'encens  avec  résine  de 
pin,  PARÉ,  XXVI,  <6.  Herbe  d'absinthe  ou  encens 
puant,   FouiLLOL'ï,  Fauconn.  f"  28,  dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  encens,  ensens,  ences,  eces, 
esta;  catal.  encens;  espagn.  incienso;  porlug.  et 
ital.  incenso;  du  lalin  incensum,  brûlé,  de  l'ncen- 
dere,  brûler  (voy.  incendie). 

ENCENSÉ,  ÉE  (an-san-sé,  »ée),  port,  passé.  Oui 
reçoit  l'encensement.  Encensé  par  le  prêtre.  ||  Fig. 
Un  roi  encensé  par  des  flatteurs. 

ENCENSESIENT  (an-sanse-man),  ».  m.  Action 
d'encenser.  Ils  ne  l'invoquSrent  plus  avec  les  so- 
lennités des  encensements  et  des  victimes  que  dans 
le  temple,  «Ass.  Carême,  Temples.  Elle  fait  brûler 
devant  eux  la  fumée  des  encensements,  id.  Prof. 
rel.  3.  L'autel  et  monseigneur  le  cardinal  de  Sour- 
dis  furent  encensés  et  non  le  roi;  disant  les  chape- 
lains de  Sa  Majesté,  qu'on  avait  autrefois  empoi- 
sonné des  rois  par  le  moyen  des  encensements, 
SAiNT-FOix,  Ess.  sur  Paris,  Œuvres,  t.  iv,  p.  tet, 
dans  pouGENS. 

—  HIST.  XVI"  s.  Ils  n'ont  point  voulu  faire  par- 
fums et  encensements  aux  idoles,  calv.  227.  David 
prioit  que  son  oraison  montast  (levant  le  Seigneur 
comme  un  encensement,  id.  Instit.  Uto. 

—  Rtym.  Encenser. 

ENCENSER  (an-san-sé),  ».  o.  ||  1°  Faire  brûler 
l'encens  devant  quelqu'un,  devant  quelque  chose. 
Encenser  une  idole.  Encenser  les  autels.  Encenser 
rév(!que.  Il  Absolument.  Il  entra  pendant  qu'on  en- 
censait. Il  2"  Fig.  Honorer  d'une  sorte  de  culte, 
d'hommage.  Elle  [la  politique  romaine]  encensait 
quelquefois  le  Dieu  des  Juifs  avec  tous  les  autres, 
Boss.  Ilist.  H,  t2.  Oui  voudra  désormais  encenser 
mes  autels?  boil.  Lutrin,  i.  Vénus....  vous  a-t-elle 
forcé  d'encenser  ses  autels?  rac.  Phèd.  I,  t.  On  en- 
cense, et  on  adore  l'idole  qu'on  méprise,  mass.  Ca- 
rême, Tent.  Moil  de  ce  fanatique  encenser  les  pres- 
tiges! VOLT.  Fanal,  i,  t.  Allez  donc  et  jamais 
n'encensez  ses  erreurs,  id.  Brutus,  ii,  4.  ||  3°  Don- 
ner des  louanges  excessives.  Pour  gagner  les  hom- 
mes, il  n'est  point  de  meilleure  voie  que  do  donner 
dans  leurs  maximes  et  encenser  leurs  défauts,  mol. 
l'Av.  I,  t.  Jamais  il  n'avait  encensé  le  pouvoir  ar- 
bitraire du  premier,  hamilt.  Gramm.  B.  On  n'en- 
censa jamais  la  vertu  fugitive,  volt.  Triumv.  I,  3. 
Sur  un  trône  l'ennui  se  carre,  Fier  d'être  encensé 
par  des  sots,  bêrawg.  Prince  de  Navarre.  J'encense 
une  personne  auguste  ;  Pour  toi  je  ne  puis  plus  chan- 
ter, ID.  Poêle  de  cour.  ||  Familièrement.  Encen- 
ser à  tour  de  bras,  donner  des  louanges  outrées. 
Il  4'  Terme  de  manège.  Le  cheval  encense,  quand  il 
fait  avec  sa  télé  un  mouvement  de  bas  en  haut. 
Il  6"  Encenser  a  été  employé  comme  un  verbe  neu- 
tre; celte  tournure  n'a  pas  été  reçue.  Encenser  aux 
dieux,  SAuniN  (le  prédicateur),  Disc,  de  saint  Paul 
i  Ft'lix  et  Drusille.  Il  arrive  assez  souvent  que 
toutes  ces  belles  promesses  [des  prédicateurs  dans 
les  guerres  de  religion]  sont  suivies  de  la  perte 
d'une  bataille;  le  prédioateur  n'en  est  pas  décon- 
certé ;  il  trouve  cent  admirables  ressources  :  si  l'on 
avait  vaincu,  on  se  serait  trop  confié  au  bras  de  la 
chair;  on  aurait  trop  encensé  à  ses  rets;  une  dé- 
faite nous  apprend  que  nous  n'étions  pas  assez 
humbles, BAYLB,  Dict.  Dijolarus,  noteK.||6*  S'en- 
censer, V.  réft.  Se  donner  les  uns  aux  autres  de 
l'encens,  des  flatteries. 

—  HIST.  XI'  s.  Gaillardement  touz  [ils]  les  ont  en- 
censez, Ch.  de  Roi.  ccix.  {|xu*  s.  Joaz  le  meslier 
Di.'u  cum  prestres  envaî.  Encensa  cum  evesques  in 
domo  domini,  Th.  le  mart.  "6.  Este  vus  [voici]  uns, 
prudum  de  Juda  ki  vint  de  part  nostro  Seignur  en 
Bolel,  e  truvad  le  rei  Jéroboam  tut  en  estant,  e  ccl 
aliol  aviultre  [adultère]  encensant,  flou,  p.  286 
l|xiii«  s.  Oue  toutes  les  famés  vivans  Lor  cors,  lor 
cuers  et  lor  pensées  Ont  de  celé  odor  encensées,  la 
Jtoti,  ïnsso.  Il  XV  s.  11  boula  sa  teste  au  trou  du 
retrait  où  il  fut  bien  encen.sé.  Dieu  le  sait,  do  la 
confiinra  da  leans,  louis  xi,  JVoue.  lxxii.  |lx\Ts 
un  charbon  anicnt  s'cslanl  coulé  dans  la  manche 
a  un  entant  lacodemonien,  ainsi  qu'il  encensoit... 
««ONT.  m,  m.  ^ 

mITi'I?*'  *"'""•■   provenç.    encessar,   eeessar; 
«CMSBDB  (an-s*n-Mur),  ».  m.  Ne  se  dit  qu'au 


ENC 

fig.  Celui  qui  donne  de  l'encens,  des  louanges  ex- 
cessives. Et,  faute  d'encenseurs  pour  les  défauts 
qu'ils  ont.  Ils  s'accoutumeraient  &  se  voir  tels  qu'ils 
sont,  BOURSAULT,  Fables  d'Ésope,  m,  4. 

—  ÊTYM.  Encenser. 

t  ENCE5S1ER  (an-san-sié),  ».  m.  Nom  vulgaire  du 
romarin  officinal,  dit  aussi  encens. 

—  ÉTYM.  Encens.  Cette  plante  a  été  ainsi  nom- 
mée de  Vencensirr,  ancien  nom  de  Vencensoir, 
ainsi  qu'on  voit  à  l'étymologie  d'eneefuoir. 

ENCENSOIR  (an-san-soir),  ».  m.  ||  1*  Vase  sacré, 
ou  sorte  de  cassolette  suspendue'  à  de  longues  chaî- 
nettes, dans  laquelle  on  brûle  de  l'encens.  Oui 
porte  l'encensoir  ne  peut  porter  l'épée,  lemierre, 
Chartem.  ii,  t .  Elevez-vous  [prières]  dans  le  silence 
  l'heure  oii  dans  l'ombre  du  soir  La  lampe  des 
nuits  se  balance,  Ouand  le  prêtre  éteint  l'encensoir, 
LAMART.  llarm.  i,  1.  Il  Fig.  Prendre  l'encensoir, 
louer  excessivement.  L'.iutre  jour,  suivant  à  la  trace 
Deux  ânes  qui,  prenant  tour  à  tour  l'encensoir.  Se 
louaient  tour  à  tour,  comme  c'est  la  manière,  la 
FONT.  Fabl.  XI,  B.  Il  Fig.  et  familièrement.  Casser  le 
nez  à  coups  d'encensoir,  donner  de  l'encensoir  par 
le  nez,  donner  en  face  des  louanges  outrées.  Mais 
un  auteur  novice  à  répandre  l'encens  Souvent  à  son 
héros,  dans  un  bizarre  ouvrage,  Donne  de  l'encen- 
soir au  travers  du  visage ,  boil.  Ép(t.  ii.  ||  %°  Fig. 
Le  sacerdoce,  le  pontificat.  Il  tient  le  sceptre  et 
l'encensoir.  Ouand  j'osai  contre  lui  disputer  l'encen- 
soir, BAC.  Athal.  m,  ».  Il  Mettre  la  main  à  l'encen- 
.soir,  entreprendre  sur  le  ministère  des  ecclésias- 
tiques. On  ne  m'a  jamais  vu....  D'une  indiscrète 
main  profaner  l'encensoir,  volt.  Ilenriade,  ii.  Il 
[Pierre  le  Grand]  ne  touchait  point  à  l'encensoir, 
mais  il  dirigeait  les  mains  qui  le  portaient,  id. 
Russie,  I,  10.  Il  3"  Terme  d'astronomie.  Constellation 
de  l'hémisphère  austral  qu'on  nomme  aussi  l'Autel. 
11  4°  Synonyme  d'encensier,  plante. 

—  HIST.  XIII*  s.  11  ne  laissa  en  les  yglises  d'Engle- 
terre  ne  calices,  ne  encensuers,  Ilist.  occid.  des 
Croisades,  t.  I,  p.  202.  ||  xvi*  3.  Les  femmes  et  quel- 
ques ministres  falsoient  jouer  des  feux  d'artifices, 
et entr'aulres  une  pièce  qu'ils  appeloient  l'encensoir, 
c'estoit  un  mas  qui  tournoit  sur  un  pivot,  et  avoit 
une  chaudière  au  long  bout,  duquel  long  bout  on  ver- 
soit  le  feu  dans  le  milieu  du  fossé,  d'aub. //iit.  11,  47. 

—  ÊTYM.  Encenser.  La  langue  ancienne  disait  de 
préférence  encensier:  xil*  s.  Desphieles,  desencen- 
siers  e  des  altres  ustilz,  flots,  p.  244. 

t  ENCÉPUALALGIE  (an-sé-fa-lal-jie),  ».  f.  Terme 
de  médecine.  Douleur  nerveuse  de  l'encéphale. 

—  ËTYM.  Encéphale,  et  dXfoç,  douleur. 

t  ENCfirUALALGIOCF.  (an-sé-fa-lal-ji-k'),  adj 
Oui  a  le  caractère  de  l'encéphalalgie. 

ENCÉPUALE  (an-sé-fa-l') ,  ».  m.  ||  1*  Terme  d'a- 
natomie.  L'organe  nerveux  qui,  chez  tous  les  ani- 
maux vertébrés,  est  contenu  dans  la  cavité  du  crâne 
Il  2°  Adj.  Terme  de  zoologie.  Se  dit  de  vers  qui  s'en- 
gendrent dans  la  tête.  Cet  emploi  est  aujourd'hui 
inusité. 

—  ÉTYM.  "EfxiçaXoVide  êv,  en,  et  xeçaV^i,  tête. 
ENCÉPUALIQUE   (an-sé-fa-li-k'),   adj.  Qui  ap- 
partient à  l'encéphale. 

—  ÉTYM.  Encéphale, 
t  ENCÉPHALITE  (an-sé-fa-li-f),  ».  f.  Terme  de 

médecine.  Inflammation  de  l'encéphale. 

—  ÉTYM.  Encéphale,  et  la  finale  médicale  ite, 
en  grec  itiç,  indiquant  inflammation. 

t  ENCÉPHALOCÈLE  (an-sé-fa-lo-sè-1'),  ».  f.  Ter- 
me de  chirurgie.  Hernie  du  cerveau. 

—  ÊTYM.  Encéphak,  et  xiq^y],  tumeur. 

t  1.  ENCÉPIULOIDE  (an-sé-fa-lo-I-d'),  adj. 
Terme  d'analomie.  Oui  offre  des  sinuosités  compa- 
rables à  celles  d'un  cerveau.  ||  Terme  d'anatomie  pa- 
thologique. Substance  encéphaloîde,  une  des  ma- 
tières morbifiques  qui  forment  le  plus  souvent  les 
tumeurs  dites  cancéreuses. 

—  ÉTYM.  Encéphale,  et  eTBoç,  forme. 

t  2.  ENCÉPUALOÏDE  (an-sé-fa-lo-i-d'),  ».  m. 
Terme  de  minéralogie.  Espèce  de  madrépore  fossile. 

—  ÉTYM.  Voyez  le  précédent. 

t  ENCÉPHALOLITHE  (an-sé-fa-lo-li-f),  ».  m. 
Terme  d'analomie  pathologique.  Calcul  ou  concré- 
tion du  cerveau. 

—  ÉTYM.  Encéphale,  et  X(9o;,  pierre. 

t  ENCÉPHALOLOGIK  (an-sé-fa-lo-lo-jie),  ».  f. 
Traité  sur  l'encéphale. 

—  ÉTYM.  Encrphale,  et  Xiyod,  traité. 

t  ENCÉPUALOPATniE  (an-sé-fa-Io-pa-tie),  ».  f. 
Terme  de  médecine.  Nom  donné  à  des  accidents 
nerveux  graves,  tels  que  le  délire,  le  coma,  et  aussi 
à  différentes  formes  de  maladies  nerveuses. 

—  ÉTYM.  Encéphale,  et  it&eo«,  maladie. 


ENC 

t  ENCÉPIIALOZOAIRE  (an-sé-fa-lo-zo-è-r'),  adj. 
Termede  zoologie.  Les  animaux  encéphalozoaires,  les 
animaux  qui  sont  pourvus  d'un  cerveau.  ||S.  m.  Les 
encéphalozoaires. 

—  ÉTYM.  Encéphale,  et  îwéptov,  diminutif  de 
ÇôJov,  animal;  mot  d'ailleurs  mal  fait,  car  il  signifie 
lespetitsanimaux  qui  se  développent  dan»  le  cerveau. 

ENCHAÎNÉ,  ÉE  (an-chê-né,  née),  part,  passé. 
Il  1°  Lié  avec  des  chaînes.  Un  criminel  enchaîné. 
Il  Par  extension.  Ces  vents  depuis  trois  mois  enchaî- 
nés sur  nos  têtes,  HAC.  Iphig.  I,  1.  Il  Fig.  Ouoi  1 
toujours  enchaîné  de  ma  gloire  passée....  bac. 
Brit.  IV,  3.  Et  que,  de  mon  devoir  esclave  infor- 
tunée, X  d'éternels  ennuis  je  me  voie  enchaînée,  id. 
Milhr.  II,  6.  Le  roi  jusqu'à  ce  jour  ignore  qui  je 
suis;  Celui  par  qui  le  ciel  régie  ma  destinée,  Sur 
ce  secret  encor  tient  ma  langue  enchaînée,  ID.  Eslh. 
I,  1.  11  [un  officier  russe]  n'a  été  relâché  qu'à  ilow- 
no,  après  vingt-six  jours,  ayant  partagé  toutes  nos 
douleurs,  libre  d'y  échapper,  mais  enchaîné  par 
sa  parole,  ségur,  Uist.  de  Napol.  x,  8.  ||  2*  Il  se 
dit  aussi  du  lien  de  l'amour  et  du  mariage.  Et 
qu'ensuite  i  l'envi  mille  autres  hyménées  De  nos 
deux  nations  l'une  à  l'autre  enchaînées  Mêlent  si 
bien  le  sang  et  l'intérêt  commun..,,  corn.  Sert. 
I,  2.  Enchaînée  àGusman  par  des  nœuds  étemels, 
volt.  Alx.  m,  4.  Il  8*  Tenu  dans  l'oppression.  Ils 
adorent  la  main  qui  les  tient  enchaînés,  bac.  Brit. 
IV,  4.  Il  4°  Uni  par  un  enchaînement.  Mais  l'État 
aujourd'hui  suivra  ma  destinée,  Je  tiens  avec  mon 
sort  sa  fortune  enchaînée,  bac.  Alex,  i,  4.  Heureux 
si  ses  vertus  l'une  à  l'autre  enchaînées,  ID.  Brit. 
i,  2.  Mille  prospérités  l'une  à  l'autre  enchaînées, 
ID.  Bérén.  v,  7.  Les  malheurs  sont  souvent  enchaî- 
nés l'un  à  l'autre,  id.  Esth.  m,  1 .  ||  Uni  par  un  rap- 
port logique,  et,  simplement,  qui  se  suit  bien.  Des 
idées  étroitement  enchaînées. 

ENCHAÎNEMENT  (an-chê-ne-man) ,  ».  m.  ||  1*  Ac- 
tion de  mettre  à  la  chaîne.  L'enchaînement  des  for- 
çats. Il  2°  Fig.  Suite  ou  série  de  choses  de  même 
nature,  ou  qui  ont  des  rapports  entre  elles.  L'en- 
chaînement des  causes,  des  raisonnements.  Un 
enchaînement  de  circonstances.  Nous  appelons  opéra 
un  certain  enchaînement  de  danses  et  de  musique 
qui  n'ont  pas  un  rapport  bien  juste,  st-évrem.  danf 
BicHELET.  Les  parties  du  monde  ont  toutes  un  tei 
rapport  et  un  tel  enchaînement  l'une  avec  l'autre, 
que  je  crois  impossible  l'une  sans  l'autre  et  sans  le 
tout,  PAsc.  Pensées,  t.  i,  p.  262,  édit.  Lahure.  Ce 
Dieu  qui  a  fait  l'enchaînement  de  l'univers,  BOss. 
Uist.  III,  2.  Par  quels  secrets  ressorts,  par  quel 
enchaînement  Le  ciel  a-t-il  conduit  ce  grand  événe- 
ment? BAC.  Eslh.  I,  1.  Ces  repas  qui  font  l'enchaî- 
nement des  autres  voluptés,  hamilt.  Gramm.  8. 
Sa  vie  parut  un  enchaînement  continuel  de  crimes, 
FÉN.  Tél.  VIII.  Une  succession  de  pensées  qui  nais- 
sent dans  les  peuples  les  unes  après  les  autre.».,  et 
dont  l'enchaînement  bien  observé  pourrait  donner 
lieu  à  des  espèces  de  prophéties,  fonten.  Leibniti. 
Ouoil  toute  votre  vie  n'a  peut-être  été  qu'un  enchaî- 
nement déplorable  de  passions  et  d'i  misères,  hass, 
Car.  Pécheresse.  On  voit  le  progio,."  immense  que  les 
sciences  ont  fait,  et  on  a  perdr  l'enchaînement  in- 
sensible par  lequel  elles  tiennent  aux  premières 
idées,  tl'RGOT  ,  Ébauche  du  2*  dise.  Progrés  de 
l'esprit  humain ,  p.  269.  L'ordre  et  l'enchaînement 
des  idées  les  graveront  dans  ma  tête  d'une  manière 
ineffaçable.  M""*  de  genlis,  Adèle  et  Théod.  t.  i, 
lett.  8,  p.  36,  dans  poogens. 

—  ÉTYil.  Enchainer;  provenç.  encademen. 
ENCHAÎNTÎR  (an-chê-né),  r.  o.  H  1*  Attacher 

avec  une  chaîne.  Enchaîner  un  criminel,  un  ani- 
mal féroce.  Tandis  que  l'ennemi  par  ma  fuite 
trompé....  Et,  gravant  en  airain  ses  frêles  avan- 
tages. De  mes  États  conquis  enchaînait  le»  images, 
BAC.  Vithr.ui,  1 .  Il  Par  extension.  Le  froid  enchaîne 
les  eaux,  les  ruisseaux,  c'e.st-à-dire  il  en  glace  la 
surface  qui  cesse  de  couler.  L'hiver,  qui  si  long- 
temps a  fait  blanchir  nos  plaines  ,  N'enchaîne 
plus  le  cours  des  paisibles  ruisseaux,  J.  b.  houss 
liv.  m,  ode  6.  Mon  front  est  blanchi  par  le  temps; 
Mon  sang  refroidi  coule  à  peine.  Semblable  à  cetl» 
onde  qu'enchaîne  Le  souffle  placé  des  autans,  la- 
mabt.  Wéd.  I,  9.  Il  Fig.  Maudit  soit  le  premier  dont 
la  verve  insensée....  Voulut  avec  la  rime  enchaîner 
la  raison  I  boil.  Sat.  11.  L'homme  en  ses  passions 
toujours  errant,  sans  guide,  A  besoin  qu'on  lui 
mette  et  le  frein  et  la  bride;  Son  pouvoir  malheu- 
reux ne  sert  qu'à  le  gêner;  Et,  pour  le  rendre  li- 
bre, il  le  faut  enchaîner,  id.  ib.  x.  Heureux  si  celle 
vie  [du  roi]  était  enchaînée  de  travaux  qui  roulassent 
sur  luil  d'argrn.son,  Jf^mot're»,  t.  m,  p.  8«,  i86l. 
1  Certain  de  ma  vertu ,  je  conçois  l'espérance  D'en- 


ENC 

chaîner  l'arenir,  de  triompher  du  dieu,  il.  J.  chén. 
Œdipe  roi,  m,  *.  ||  Enchaîner  la  victoire,  être  con- 
fîarament  Tietorieui;  enchaîner  la  fortune,  avoir 
des  succès  constants.  Et  ne  rien  hasarder  qu'on  n'ait 
de  toutes  parts  Autant  qu'il  est  possible  enchaîné  les 
hasards,  coBW.  Attila,  i,  *.  Quand  on  tiendrait  dans 
son  camp  la  Tictoire  comme  enchaînée,  fén.  Tél. 
XIV.  Quand  Philippe  à  Bovine  enchaînait  la  victoire, 
VOLT.  Zaïre,  ii,  3.  Nous  avons,  par  nos  soins  et  par 
nos  artifices.  Du  sort,  autant  qu'on  peut,  enchaîné 
les  caprices,  lafosse,  Uanlius,  u,  2.  ||  Enchaîner 
à  son  char,  devenir  le  maître  de,  rendre  esclave 
(voy.  char).  Une  coquette  enchaîne  de  nombreux 
amants  à  son  char.  ||  2°  Subjuguer,  dompter,  as- 
servir. Lorsque  son  bras  enchaîne  et  ravage  la 
terre,  volt.  Fanât,  i,  t.  Va,  si  tu  crois  si  beau 
d'enchaîner  l'univers....  masson,  Helv.  i.  ||  3°  At- 
tacher par  des  liens  moraux.  Mais  si  vous  m'en- 
chaînez à  ce  que  j'ai  promis,  corn.  Sert,  iv,  3.  Et 
le  seul  hyménée  Peut  rompre  le  silence  où  je  suis 
enchaînée,  m.  Sur.  u,  3.  Quel  ordre  a  pu  du 
trône  exclure  la  jeunesse?  Quel  astre  à  nos  beaux 
jours  enchaîne  la  faiblesse?  ID.  Pulch.  iv,  2.  Sa  va- 
leur [de  Henri  IV]  les  [les  ligueurs]  vainquit,  sa 
vertu  les  enchaîne,  volt.  Henr.  viii.  Qu'as-tu  fait 
des  saints  nœuds  qui  nous  ont  enchaînés?  iD. 
Alz.  m,  4.  11  [Louis  XIV]  avait  séduit  l'innocence, 
il  avait  enchaîné  une  coquette  ;  il  lui  restait  à  con- 
quérir une  femme  aussi  spirituelle  que  vertueuse, 
H"'  DE  GENLis,  lime  de  kaintenon,  t.  i,  p  218, 
dans  pouGENS.  Quel  indigne  lien  vous  enchaîne  en 
ces  lieux?  Ducis,  Lear,  i,  B.  Mêmes  gotlts,  mêmes 
soins,  la  commune  habitude.  Tout  semble  m'en- 
chaîner  dans  cette  solitude,  ID.  Ahufar,  i,  6. 
Il  4°  Unir  par  des  liens  logiques,  coordonner.  En- 
chaîner des  propositions,  des  preuves,  des  faits, 
des  chapitres.  ||  6°  Suspendre  l'activité,  le  mouve- 
ment habituel.  La  surprise  et  la  peur  enchaînent 
ses  pas.  Enchaîner  les  vents.  Il  [le  respect]  arrête 
les  vœux,  captive  les  désirs.  Abaisse  les  regards, 
étouffe  les  soupirs,  Dans  le  milieu  du  cœur  enchaîne 
la  tendresse,  corn.  Oth.  m,  \.  Il  me  semble  qu'un 
dieu  descendu  parmi  nous.  Maître  de  mes  trans- 
ports, enchaîne  mon  courroux,  volt.  (Edipe,  m,  B. 
U  fallait  enchaîner  les  discordes  civiles,  M.  j.  chén. 
Charl.  IX,  ni,  4.  On  te  déchire  [mon  habit],  et  cet 
outrage  Auprès  d'elle  [Lise]  enchaîne  mes  pas, 
BÉRANG.  Ifon  hab.  ||  6°  S'enchaîner,  v.  réjl.  Se  mettre 
soi-même  à  la  chaîne.  Voilà  donc  le  triomphe  où 
j'étais  amenée!  Moi-même  à  votre  char  je  me  suis 
enchaînée,  rac.  Iphig.  n,  B.  ||  Être  lié  l'un  à  l'autre. 
Les  prospérités  s'enchaînent  comme  les  revers.  Les 
vérités  s'enchaînent  les  unes  aux  autres.  L'art  de 
voir  est  l'art  d'apercevoir  les  rapports,  et  tout  s'en- 
chaîne aux  yeux  du  génie,  bonnet,  Consid.  corps 
orgart.    OlCuvres,   t.  v,   p.   260,    dans  pougens. 

—  mST.  XI'  s.  Ours  et  lions  et  veltres  [chiens] 
enchaînez,  Ch.  de  Roi.  ix.  Si  l'enchaeinent  autres! 
come  un  ours,  ib.  cxxxv.  ||  iin'  s.  Corborans  prist 
confié,  s'ala  en  sa  contrée,  Avoec  lui  enmena  no 
gent  encaenée,  Ch.  d'Ant.  i,  648.  Il  démènent  tel 
bruit  com  chiens  encaenés,  ib.  ii,  288.  Car  leur  feu 
ne  se  puet  estaindre.  Ne  leur  tormenteours  refrain- 
dre.  Qui  les  tiennent  enchaiennez,  i.  de  meuno, 
Tr.  <468.  Il  XIV"  s.  Fist  li  rois  venir  ses  prisons 
[prisonniers] ,  Cinq  contes  tous  enchaïnnez,  guiart. 
Royaux  lignages,  7027.  ||  xvi'  s.  Il  lui  estoit  grief 
de  voir  tant  de  chrestiens  encadenez  et  menez  es- 
claves et  traitiez  misérablement  pour  jamais,  brant. 
Cap  estr.  t.  u,  p.  95,  dans  lacuene. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  chaîne;  provenc.  et  espagn. 
encadenar  ;  portug.  encadear  ;  ital.  incatenare. 

ENCUAÎNCllE  (an-ohê-nu-r'),  s.  f.  Terme  d'arts. 
Entrelacement  d'anneaux,  de  fils,  de  cordons,  et 
autres  objets  semblables,  les  uns  dans  les  autres. 

—  REM.  Aujourd'hui  enchatnure  est  un  mot  pu- 
rement technique  indiquant  l'entrelacement  de  dif- 
férents objets  employés  dans  les  arts,  et  dès  lors 
tout  à  fait  distinct  d'un  enchaînement.  Autrefois 
cette  distinction  n'existait  pas.  Il  y  a  une  enchaî- 
nure  éternelle  des  causes  avec  leurs  effets,  d'ablan- 
COUBT,  Tacite,  vi,  n  ,  dans  richelet. 

—  HIST.  XVI'  s.  En  touts  affaires,  quand  ils  sont 
passez,  comment  que  ce  soit,  j'y  ay  peu  de  regret.... 
les  voylà  dans  le  grand  cours  de  l'univers  et  dans 
l'enchaisneure  des  causes  stoïques,  mont,  m,  27(. 

—  ÉTYM.  Enchaîner. 

f  ENCHALAGE(an-cha-la-j'),  s.  m.  Action  d'em- 
piler le  bois  pour  le  service  d'une  saline. 

t  ENCHALER  (an-cha-lé),  v.  a.  Empiler  le  bois 
destiné  à  une  saline 

t  ENCHALEUR  (an-cha-leur) ,  s.  m.  Ouvrier  qui 
snchale. 


ENC 

ENCHANTÉ,  ÊE  (an-chan-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°  Fait  par  enchantement.  Les  jardins  enchantés 
d'Armide.  Mais  le  mien  [art],  quoique  moindre,  a 
pleine  autorité  De  vous  faire  sortir  d'un  séjour  en- 
chanté, CORN.  Tois.  d'or,  m,  7.  ||  2°  Ensorcelé. 
Votre  valeur  enfin  naguère  si  vantée  Dans  de  fol- 
les amours  languit  comme  enchantée,  roth.  Ven- 
cesl.  1,  t.  Non  que,  par  les  yeux  seuls  lâchement 
enchantée,  rac.  Phèd.  u,  4.  \\  3°  Ravi,  satisfait. 
Enchanté  de  sa  nouvelle  acquisition.  Quelque  flatteur 
espoir  qui  vous  tienne  enchantés,  malh.  v,  8.  Mais 
des  lois  des  chrétiens  mon  esprit  enchanté  Vit  chez 
eux  ou  du  moins  crut  voir  la  vérité,  volt.  Ali.  v, 
3.  De  ces  grands  souvenirs  votre  cœur  enchanté, 
M.  j.  CHÉN.  Tib.  IV,  2.  Il  4°  Très-agréable.  Lieu  en- 
chanté. Adam  y  serait  arrivé  [au  but]  par  des  che- 
mins enchantés,  CHATEAUBR.  Génie,  1,  1,4.  ôterre, 
6  mer,  6  nuit,  que  vous  avez  de  charmes!  Miroir 
éblouissant  d'éternelle  beauté.  Pourquoi  mes  yeux 
se  voilent-ils  de  larmes  Devant  ce  spectacle  en- 
chanté? LAMART.  Harm.  i,  ^o. 

t  ENCHANTELAGE  (an-chan-te-la-j') ,  s.  m.  Ac- 
tion d'enchanteler. 

ENCHANTELÉ,  ÉE  (an-chan-te-lé,  lée),  part. 
passé.  Des  tonneaux  enchantelés.  Le  commis  ayant 
confronté  le  vin  de  la  cruche  à  celui  des  deux 
poinçons  enchantelés  dans  le  même  cellier...  Arrêt 
du  conseil  d'État,  22  juiU.  1721. 

ENCHANTELER  (an-chan-te-lé.  La  syllabe  te  est 
accompagnée  de  deux  II,  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette  :  il  enchantelle,  il  enchantellera),  v.  a. 
Mettre  du  bois  dans  le  chantier.  ||  Établir  une  pièce 
de  vin  sur  deux  pièces  de  bois  pour  l'élever  de  terre. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  chantier. 
ENCHANTEMENT    (  an  -  chan-te-man  )  ,    s.    m. 

Il  1°  Action  d'enchanter.  Les  enchantements  de 
Médée.  Mademoiselle,  il  n'y  eut  jamais  de  si  beaux 
enchantements  que  les  vôtres  ;  et  tous  les  ma- 
giciens qui  se  sont  servis  d'images  de  cire  n'en 
ont  point  fait  de  si  étranges  effets  que  vous,  voit. 
Lett.  i  ) .  Dans  le  sein  de  la  mort  ses  noirs  enchan- 
tements Vont  troubler  le  repos  des  ombres ,  j.  b. 
Houss.  Cantate,  Circé.  ||  Effet  produit  par  cette  ac- 
tion. Rompre  un  enchantement.  Pour  moi  je  ne 
crois  pas  que,  sans  enchantement.  On  puisse  aller 
plus  loin  et  plus  légèrement,  mairet,  Sophon.  iv,  B. 
Qui  ne  prendrait  ceci  pour  un  enchantement?  la 
FONT.  Fabl.  il ,  1.  Il  se  croit  être  en  un  enchante- 
ment, ID.  Magn.  Ils  se  mirent  en  chemin,  tels  à 
peu  près  qu'Amadisou  don  Galaor,  après  avoir  reçu 
l'accolade  et  l'ordre  de  chevalerie,  cherchant  les 
aventures  et  courant  après  l'amour,  la  guerre  et 
les  enchantements,  hamilt.  Gramm.  4.  ||  Par  exagé- 
ration. Cet  édifice  s'est  trouvé  bâti  comme  par  en- 
chantement. Il  2°  Chose  merveilleuse,  qui  surprend. 
C'était  une  succession  d'enchantements.  Il  faut 
avouer  que  c'est  une  personne  toute  pleined'enchan- 
tements,  voit.  Lett.  49.  Il  fallait  appeler  tous  les  en- 
chantements de  l'imagination  et  tous  les  intérêts  du 
cœur  au  secours  de  cette  même  religion  contre  la- 
quelle on  les  avait  armés,  chateadbr.  Génie,  i,  i,  4. 
Il  3°  Ce  qui  captive  le  cœur  et  les  sens.  Les  enchante- 
ments de  la  poésie.  Les  pavots  que  le  Sommeil  répand 
sur  la  terre,  apaisent  tous  les  noirs  soucis  par  leurs 
charmes,  et  tiennent  la  nature  dans  un  doux  enchan- 
tement; chacun  s'endort  sans  prévoir  les  peines 
du  lendemain,  fén.  Tél.  xn.  La  première  illusion 
qui  nous  y  [dans  le  monde]  promet  des  enchan- 
tements et  une  félicité  imaginaire,  mass.  Car. 
Resp.  hum.  Quel  est  donc  l'incroyable  enchan- 
tement de  l'homme  de  vouloir  périr  malgré  ses  re- 
mords? id.  Panég.  St  Benoit.  Ehl  messieurs,  sans 
cette  innocente  erreur  de  l'écrivain,  sans  cet  en- 
chantement que  lui  donnaient  à  lui-même  ses  pro- 
pres idées,  comment  voulez-vous  qu'il  ait  le  droit 
d'agir  sur  l'esprit  des  autres?  villemain,  Liltér.  fr. 
xvui'  siècle,  2'  part.  4"  leçon.  L'étude  des  fleurs  est 
pleine  d'enchantements,  aimé  Martin,  dans  le  Dict. 
de  POITEVIN.  Il  4°  Satisfaction  ,  joie  vive.  Cette  nou- 
velle l'a  mis  dans  l'enchantemeiM. 

—  HlST.  XII*  s.  Le  contrester  à  Deu  est  cume  li 
peechiez  d'enchantement,  ki  est  par  diable,  Hois, 
p.  66.  E  creid  [et  il  crut]  en  sorceries  e  en  enchan- 
temenz,  ib.  420. 1|  xiu°  s.  Dont  [ils]  sorcnt  bien  que 
fol  estoient  Quant  il  criement  [craignent]  encante- 
ment,  FI.  et  Bl.  v.  844.  Morganz  la  fée  correça 
[courrouça]  la  boenne  reïne  Guenievre  par  ses  an- 
chantemenz  d'un  suen  ami  qu'ele  tint  longuement 
en  sa  prison,  Merlin,  i°»e,  verso.  ||  xy»  s.  Il  [Charles 
de  Sicile  Duras]  nous  a  fait  la  guerre  et  nous  prit 
au  chastel  de  l'Œuf  par  enchantement  [Discours  de 
Jeanne  de  Naples  au  pape  Clément],  froiss.  u,  ii, 
60.  Il  XVI*  s.  Pourtant  elle  ne  porta  rien  avec  elle  en  I 


ENC 


1371 


quoy  elle  eust  tant  d'espérance  ,  comme  en  soy 
mesme  et  aux  enchantemens  de  sa  beauté  et  bonne 
grâce,  amyot,  Anton,  xxxi. 

—  ÉTYM.  Provenç.  encantamen  ;  catal.  encanta- 
ment;  espagn.  encantamiento ;  du  latin  incanta- 
mentum,  d'incantare,  enchanter. 

ENCHANTER  (an-chan-té),  v.  a.  ||  1° Produire  une 
opération  surnaturelle  sur  quelqu'un  ou  quelque 
chose  par  des  paroles  magiques.  Armide  enchanta 
la  forêt.  Merlin  enchanta  le  chevalier.  Assoupis  le 
dragon,  enchante  la  princesse,  corn.  Tois.  d'or,  v, 
4.  Quelque  divinité  ennemie  avait  enchanté  mes 
yeux;  je  croyais  voir  Ithaque,  fén.  Tél.  ix.  ||  2"  Agir 
sur  les  hommes  par  une  action  comparée  à  un  en- 
chantement. Les  faux  prophètes  les  enchantent  par 
les  promesses  d'un  règne  imaginaire,  boss.  Uitt. 
Il,  T.  Leur  subtil  conducteur  [Cromwell],  qui,  en 
combattant,  en  mêlant  mille  personnages  divers, 
vit  qu'il  avait  tellement  enchanté  le  monde  qu'il 
était  regardé  de  toute  l'armée  comme  un  chef  en- 
voyé de  Dieu,  ID.  Reine  d'Anglet.  Il  faut  d'un  peu- 
ple fier  enchanter  les  esprits,  volt.  Fanât,  u,  a. 
Jeune,  s^sible,  ardent,  tel  qu'il  frappa  mes  yeux, 
Quand  seuNUgnchantait  et  la  terre  et  les  cieux,  du- 
cis, Abufar,  nr~î>4iSe  laisser  enchanter,  ne  pas 
résister  à  ce  qui  charnîeT-cêptive.  ||  U  se  dit  des 
choses  en  un  sens  analogue.  [iTI^va-  de  sa  part  en- 
chanter ses  ennuis,  tristan,  if.  de  Chrispe,  ii, 
2.  Avant  qu'elle  enchantât  ma  vie.  Devant  moi  l'a- 
mour s'envolait,  BÉRANG.  Qu'elle  est  jolie.  ||  3°  Causer 
un  très-vif  plaisir.  Cette  musique,  cette  pièce  m'a 
enchanté.  Vos  paroles....  vos  regards...  votre  ac- 
tion et  votre  ajustement  ont  je  ne  sais  quel  air  de 
qualité  qui  enchante  les  gens,  mol.  Critique,  3. 
Là  pour  nous  enchanter  tout  est  mis  en  usage  ;  Tout 
prend  un  corps,  une  âme,  un  esprit,  un  visage, 
boil.  Art  p.  III.  Il  4°  Rendre  charmant.  Il  [l'amour] 
enchante  ces  lieux  par  un  charme  invincible,  volt. 
Henr.  ix.  ||  5°  S'enchanter,  v.  réfl.  Être  ravi,  en- 
chanté. U  s'enchantait  de  l'idée  qu'il  était  l'idole 
du  peuple.  ||  Se  plaire  vivement  l'un  à  l'autre.  Dès 
la  première  entrevue,  ils  se  sont  enchantés  tous  le» 
deux. 

—  HIST.  XII"  s.  Ancor  est-il  ceanz,  ce  cuit  [je 
pense].  Ou  nos  somesenchanté  tuit  [tous] ,  le  Che- 
valier aulyon,  v.  4127.  Tant  les  ad  enchantez 
qu'od  sei  les  fist  aler,  X  la  nef  sunt  venu,  e  entrè- 
rent en  mer.  Th.  le  mart.  133.  ||  xiii*  s.  Si  croi  que 
m'avez  enchantée.  Maie  leçon  m'avez  chantée, 
la  Rose,  13896.  Moult  i  convient  grant  garda 
por  nos  âmes  salver;  Diables  nous  est  près, 
qui  nous  veut  encanter ,  Chans.  d'Ant.  i,  97. 
Il  xiv*  s.  Mahommes  l'a  craée  [une  femme]  pour 
hommes  enchanter;  Qui  n'aroit  en  trois  jours  eût  de 
coi  disner,  X  veoir  ceste  dame  se  porroit  consoler, 
Beaud.  de  Seb.  v,  776.  ||  xv"  s.  [Les  Flamands  ve- 
naient de  faire  alliance  avec  le  roi  d'Angleterre  con- 
tre le  roi  de  France,  celui-ci  leur  manda]  que,  si  ils 
se  vouloientreconnoistre  et  retourner  à  lui,  etrelen- 
quir  ce  roi  d'Angleterre  qui  enchantés  les  avoit,  il 
leur  pardonneroit,  froiss.  i,  i,  io6.  ||  xvi*  s.  Telle- 
ment enchanté  et  charmé  du  poison  d'amour,  qu'il 
ne  pensoit  à  autre  chose  qu'à  elle,  amyot,  Anton.  46. 

—  ÉTYM.  Provenç.  encantar,  enchantar ;  espagn. 
encanlar;  ili\.  incantare;  du  latin  incanfore,  de  in, 
en,  et  cantare  (voy.  chanter)  :  opérer  par  des 
chants  magiques. 

t  ENCUANTERIE  (an-ohan-te-rie) ,  s.  f.  Effet  de 
pratiques  magiques. 

—  ÉTYM.  Enchanter. 

ENCHANTEUR,  ERESSE (an-chan-teur,  te-rè-s'), 
s.  m.  et  f.  Il  1°  Celui,  celle  qui  fait  des  enchante- 
ments. L'enchanteur  Merlin.  Circé  l'enchanteresse. 
Il  2°  Par  extension,  celui,  celle  qui  séduit,  qui  en- 
traîne les  cœurs.  Défiez-vous  de  cet  enchanteur. 
Une  aimable  enchanteresse.  Agréable  enchanteur  de 
mes  jeunes  années,  rotr.  Hercule  mourant,  ii,  4. 
Va,  crois-moi,  la  beauté,  suprême  enchanteresse.... 
LEMEHC.  Charles  VI,  ii,  6.  ||  3°  Adj.  Qui  enchante, 
charme,  séduit.  Un  séjour  enchanteur.  D'un  regard 
enchanteur  connaît-il  le  poison?  rac.  Brit.  a,  2. 
Et  des  lâches  flatteurs  la  voix  enchanteresse,  id  , 
Athal.  IV,  3.  Il  en  eût  trop  suivi  [du  pouvoir]  l'a- 
morce enchanteresse,  volt.  Brut,  i,  2.  J'ai  connu 
des  grandeurs  la  pompe  enchanteresse,  m.  i.  chën. 
Fénelon  i,2.  J'ai  vu  se  dissiper  l'erreur  enchante- 
resse, ID.  ib.  II,  3.  D'un  essaim  de  beautés  la  danse 
enchanteresse,  c.  delav.  Paria,  i,  1. 

HIST.  XI*  S.  L'encaateQr  qui  jà  fut  en  enfer, 

Ch.  de  Roi.  cvi.  ||  xii*  s.  L'enchanteor,  qui  par  son 
grant  revel....  Ronc.  p.  «7.  ||  xm*  s.  La  tigre  i  vint  et 
la  pantere  ;  Et  Cointeriaus  li  enchanterre.  Uns  sin- 
ges quifu  nez  d'Espaingnc,  S'est  ajustez  àlaconpain- 


\ 


1372 


ENC 


Rne,   Ben.  »««.  Vou.  wl««  d"i  encbanteor,  Que 

Un  enchanuiur  maistre  ds  nigrornance  qui  estoit  en 

'«  marche  du  Naplf»,  J''»»"'''-  "■  "'  '"• ,  , 

—  ÉTYM  rrovcnç.  encanlatre ,  encantaaor ;  es- 
wcn  Ptpo'rt.  iru-anta'lor;  ilal.  incanlatore  ;  du  la- 
Uttinranlalorem,  d'incanlare,  enchanter.  Le  pro- 
vençal tncantaire,  et  le  vieux  français  enc/(an(«Te  est 
le  nomiuaiif  de  ineanidior,  l'accent  sur  ta;  encan- 
l„dor  et  enchanleor  esl  \e  régime,  <i'incantal6rem, 
laccent  sur  td;  au  pluriel,  li  etichanteor,  au  no- 
minatif, lïincantatôres ;  le  régime  est  let  enchan- 

Itors. 

f  ENCnAPER  (an-cha-pé) ,  V.  a.  Terme  de  com- 
merce. Enfermer  un  baril  de  vin  ou  de  marchan- 
dise dans  un  second  baril. 

—  ETYM.  En  t,  et  chape. 
ENCIIAPKRONNÉ,  ÉE  (an-cha-pe-ro-né,  née), 

part,  passé.  Couvert  d'un  chaperon.  Faucon  encha- 
pcronné.  |{  Couvert  du  chaperon  do  deuil,  se  dit  de 
ceux  qui,  dans  un  convoi  funèbre,  portent  un  cha- 
peron. 

f  ENCUAPERONNEMENT  (an-cha-pe-ro-ne-man) , 
t.  m.  Action  d'enchaperonner;  résultat  de  cette  ac- 
tion. 

—  HIST.  XVI*  S.  Enchaperonnement,  cotgbaye. 

—  ÊTYM.  Enchaperonner. 
ENCHAPERONNER     (an-cha-pe-ro-né),     t).    a. 

Terme  de  chasse.  Couvrir  la  tête  d'un  chaperon. 
Enchaperonner  l'oiseau. 

—  HIST.  XV'  s.  Mon  cueur  plus  ne  volera.  Il  est 
enchaperonné;  Nonchaloir  l'a  ordonné,  Qui  japieça 
le  m'osta,  en.  d'orl.  Chanson. 

—  ÉTYM.  En  ),  ei  chaperon. 

t  ENCHAPIÎRE  (an-cha-pu-r'),  s.  f.  Terme  de  cos- 
tume militaire.  Morceau  do  peau  qui ,  saisissant  la 
chape  d'une  boucle,  la  fixe  à  une  courroie. 

—  *:TYM.  En  < ,  et  chape. 

^  ENCIIARGER(an-char-jé),  v.o.  Donner  charge, 
commission,  recommandation.  Je  lui  ai  enchargé  le 
soin  de....  On  m'a  enchargé  de  prendre  garde  que 
personne  ne  me  vît,  mol.  G.  Vandin,  i,  2.  Ainsi  m'a 
enchargé  ton  père  et  recommandé  de  t'aviser  et 
admonester  pour  ton  bien,  p.  L.  cour,  h,  <B8. 
Il  Vieilli. 

—  HIST.  xin*  s.  Li  autre  trois  firent  leur  message 
si  comme  il  lor  fuenchargié,  vii.LEn.iv.  S'il  lui  en- 
cherge  qu'il  fasse  simple  contremant  à  quinzaine.... 
BKAUM.  71 .  Il  ïv*  s.  Il  lui  enchargea  fort  en  prendre 
quitance,  comm.  vi,  2.  Elle  enchargea  à  sa  damoi- 
selle,  qu'elle  bai  Hast  jour  à  l'endemain,  lodis  xi, 
Nouv.  IX. 

—  ÊTYM.  En  < ,  et  charger;  Berry,  encharger,  en- 
sarger ,  recommander  ;  provenç.  et  espagn.  en- 
eargar;  calai,  encarregar  ;  ital.  incaricare. 

■f  ENCHARIBOTTÊ,  lîE  (an-cha-ri-bo-té,  tée), 
adj.  Mot  auquel  V.  Hugo  paraît  avoir  donné  le  sens 
d'embarrassé  :  Monsieur,  vous  avez  l'air  tout  en- 
charibotlé,  le  Roi  s'amuse,  i,  2.  Ce  mot  est  sans 
usage;  il  est  aussi  sans  autorité;  car  il  ne  s'appuie 
que  sur  les  Bigarrures  de  tabourot,  qui  a  non  en- 
chnribolti,  mais  encharbotié. 

t  ENCIIARNER  (an-char-né),  v.  a.  Mettre  des 
charnières  à  une  boîte,  à  un  cofTre, 

—  ÉTYM.  En  ( .  et  c.'iarne,  radical  de  charniire. 
ENCHÂSSE,  ÊE   (an-cha-sé,   sée),  part,  passé. 

Il  1°  Mis  dans  une  châsse.  Reliques  enchâssées. 
Il  î°  Mis  dans  un  encastrement,  dans  un  chalon. 
Diamant  enchâssé.  Les  dents  sont  de  petits  os  en- 
châssés avec  ordre  dans  les  deux  mâchoires,  fén. 
Exist.  39.  Il  Terme  de  botanique.  Graines  enchâs- 
sées, graines  fixées  une  à  une  dans  les  fossettes 
d'un  placentaire  alvéolaire.  ||  Fig.  Nous  savons  tous 
les  mots  dont  ils  se  servent,  mais  jamais  nous  ne 
les  avons  vus  si  bien  enchâssés,  SÊV.  2.34.  La  mo- 
destie esl  belle,  enchâssée  à  propos;  Mais,  hors  de 
son  endroit,  c'est  la  vertu  des  sots,  eoubsault, 
Ésope  à  la  cour,  iv,  ». 

ENCHASSER  (an-châ-.sé) ,  V.  a.   ||  !•  Insérer, 

fixer  dans  une  châsse.  Enchâssons  ces  reliques  dans 

'nos  cœurs,  boss.  ii,  Pr.  de  P.  2.  ||  Fig.  et  par 

plaisanterie.  Enchâsser,  faire  enchâsser,  conserver 

comme  une  relique  ce  qui  ne  mérite  pas  un  pareil 

•o'" E.st-ce  la  mode  Que  baudet  aille  â  l'aise  et 

meunier  s'incommode?  Qui  de  l'âne  ou  du  maître 
est  fait  pour  se  lasser?  le  conseille  à  ces  gens  de  le 
faire  enchâsser,  la  font.  Fabl.  m,  t.  ||  2'  Mettre 
dans  une  monture,  encastrer.  Enchâsser  un  diamant, 
fcncuisser  un  tableau  dans  un  lambris.  ||  Fig.  U  na- 
ure  ençhâffla  les  esprits  les  plus  brillanU  dans  les 
m^iii^i  ""'"•  "**  '"  *"*"«  sorte  que  les  orfèvres 
T^^lrZ  "".""'^  **  P'"»  ''«"<«'  pierres,  lesquels 
n  y  emploient  que  le  moins  d'or  qu'il  se  peut^oiT. 


KNC 

Lett.  52.  Le  prédicateur  a  enchâssé  dans  son  avant- 
propos,  le  plus  agréablement  du  monde,  l'histoire 
(i'Artémiso  sur  les  cendres  de  son  époux,  fén.  t.  xxi, 
p.  B.  Il  8"  S'enchâssi'r,  v.  rifl.  Être  enchâssé.  Cette 
pierre  s'enchâssera  ici  très-bien.  Ce  mot  s'en- 
châssera mal  dans  la  phrase. 

—  HIST.  xiv«  s.  L'an  propre  que  l'en  l'enchâssa 
[le  corps  de  St  Louis],  Philippe  d'Artois  trespassa, 
0.  GuiART,  t.  u,  p.  208.  ||  XVI'  Use  de  mots  pu- 
rement françois ,  non  toute  fois  trop  communs, 
non  point  au.ssi  trop  inusitez,  si  tu  ne  voulois  quel- 
quefois usurper  et  quasi  comme  enchâsser,  ainsi 
qu'une  pierre  précieuse  et  rare,  quelques  mots  in- 
signes en  ton  poème  à  l'exemple  de  Virgile,  du  bel- 
LAY,  I,  20,  recto. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  châsse;  wallon,  ecasi. 
ENCHASSCRE  (an-châ-su-r'),  s.  f.  Action  d'en- 

cha.s.ser;  son  résultat.  L'enchâssure  d'un  diamant. 
Il  Fig.  Ces  réflexions  sont  ingénieuses  et  no  man- 
quent que  par  kur  forme  et  leur  enchâssure.  L'en- 
châssure de  ces  écrits  en  augmentera  le  prix,  la- 
motte,  dans  DESFONTAINES. 

—  ÉTYM.  Enchâsser. 

f  ENCUATONNEMENT  fan-cha-to-ne-man),s.  m. 
Action  d'enchatonner;  effet  de  cette  action. 

t  ENCUATONNER  (an-cha-to-né),  v.  a.  Insérer 
une  pierre  précieuse  dans  un  chaton.  ||  S'encha- 
tonner,  v.réfl.  S'incruster  dans  le  chaton. 

—  HIST.  xiii'  s.  Enquestoné,  Partonop.  10624. 
Il  xiv  s.  Les  entrechamps  de  grosses  pelles  [perles] 
fines  et  de  chastons  enchastonnés  en  fin  or,  du 
CANGE,  chaslo. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  chaton. 

t  ENCHATRE  (an-châ-tr') ,  s.  f.  Terme  de  con- 
struction. Piiice  servant  à  encastrer.  Une  pièce  de 
bois  invinciblement  retenue  et  inébranlablement 
contenue  par  les  deux  bouts  dans  des  enchâtres 
d'une  matière  inflexible  et  parfaitement  dure,  buff. 
Expér.   sur  les  végétaux,  t"  mém. 

—  HIST.  xni*  s.  Oui  est  apoiez  à  l'enchastre  Del 
puis,  qui  ert  volté  de  piastre,  Jlen.  t.  n,  p.  <83. 

ÉTYM.  Le  même  mot  que  encastrer. 

ENCHAUSSÉ,  ÉE  (an-ch6-sé,  sée),  part,  passé. 
Plantes  enchaussées.  ||  Terme  de  blason.  Écu  en- 
chaussé,  éou  taillé  depuis  le  milieu  d'un  de  ses 
côtés  vers  la  pointe  du  côté  opposé. 

t  ENCHAUSSENAGE  (an-chô-se-na-j') ,  s.  m.  Ac- 
tion d'enchaussener  les  peaux. 

t  E>XHAUSSENER  (an-chô-se-né.  La  syllabe  .ie, 
suivie  d'une  syllabe  muette,  prend  un  accent  grave: 
j'enchaussène),  v.  a.  Plonger  les  peaux  dans  un  bain 
de  chaux  pour  que  le  poil  s'en  détache  facilement. 

—  ÉTYM.  E»  4 ,  et  chaux. 

t  ENCHAUSSENOIR  (an-chO-se-noir),  s.  m.  Outil 
de  chamoiseur. 

—  ÉTYM.  Enchaussener. 

ENCUAUSSER  (an-chô-sé),  v.  a.  \\  1°  Terme  de 
jardinage.  Couvrir  de  paille  ou  de  fumier  soit  pour 
faire  blanchir  une  plante,  soit  pour  la  garantir  de 
la  gelée.  Enchausser  de  la  chicorée,  des  pieds  dar- 
tichauts.  Il  2°  Terme  de  charron.  Enchausser  une 
roue,  y  mettre  des  rayons. 

—  ÉTYM.  En  \ ,  et  chausser. 

f  ENCHACSSUMER,  V.  a.  Synonyme  d'enchaus- 
sener (voy.  ce  mot). 

—  HIST.  xv  s.  Que  doresnavant  tous  cuirez 
[cuirs]  seront  enchaussumez ,  du  cange,  calci- 
natium. 

t  ENCHAUX  (an-chô) ,  s.  m.  Chaux  détrempée 
dans  l'eau.  ||  Vase  rempli  de  chaux  liquide. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  chaux. 

t  ENCUÉLYSCUE  (an-ké-li-so-m') ,  adj.  Terme 
d'ichthyologie.  Qui  a  le  corps  long  et  cylindrique 
comme  l'anguille. 

—  ÉTYM.  'Eyxe'.u;,  anguille,  et  ow|ia,  corps. 

t  ENCHENOt"  (an-che-uo) ,  s.  m.  Synonyme  d'é- 
cheno  (voy.  ce  mot). 

ENCHÈRE  (an-chS-r'),  s.  f.  \\  1°  Offre  d'un  prix  su- 
périeur dans  une  vente  ;  somme  que  l'on  met  pour 
celte  offre.  Mettre  une  enchère.  Cela  a  été  adjugé  à 
la  seconde  enchère.  Partout  du  plus  offrant  on  n'at- 
tend que  l'enchère,  nAUTEROCHB,  Deuil, se.  i.  ||  Folle 
enchère,  enchère  trop  haute,  et  qu'on  ne  peut  pas 
payer  ;  ce  qui  force  à  une  nouvelle  enchère  dont  la 
différence  et  les  frais  sont  à  la  charge  de  celui  qui 
a  fait  la  folle  enchère.  ||  Fig.  Payer  la  folle  enchère, 
être  victime  de  sa  propre  imprudence.  Vous  pourriez 
porter  la  folle  enchère  de  tous  les  autres,  et  vous 
n'avez  point  de  père  gentilhomme,  mol.  G.  Dand. 
1,  e.  Il  2"  L'encan  même.  Vendre  aux  enchères,  à 
l'enchère.  Entraver  la  liberté  des  enchères.  ||  Fig. 
Mettre  une  faveur  aux  enchères,  ne  l'accorder  qu'au 
plus  offrant.  Les  ministres....  Qui  mirent  les  pre- 


ENC 

miers  &  d'mdigoes  enchères  L'inestimable  prix  des 
vertus  de  nos  pères,  volt,  llenriade,  vu.  ||  Fig. 
Mettre  enchère,  disputer  comme  dans  un  encan. 
Doncques,  sans  mettre  enchère  aux  sottises  du 
monde,  Je  dirai  librement,  pour  finir  en  deux  mots. 
Que  la  plupart  des  gens  sont  habillés  en  sots,  ré- 
ONiEB,  Sat.  IV.  Il  Être  à  l'enchère,  se  dit  de  l'homme 
prêt  à  vendre,  sans  tenir  compte  de  sa  conscience, 
ses  services  à  celui  qui  les  payera  le  mieux. 

—  HIST.  xv*  s.  Puisqu'ainsy  est,  mettez  vous  à 
l'enchiere  ;  J'offreray  tant  que  je  devray  partir  [avoir 
part],  EUST.  DKSCH.  Poésies  mss.  f°  4  82,  dans  la- 
cuRNE.  Vos  fais  vous  mectez  à  l'enchiere,  Chascun 
ce  qu'il  en  peut  en  a.  Et  ne  vous  chault  comment 
tout  va;  Pour  Dieu  changez  vostre  manière,  CH. 
d'orl.  Bail.  93.  Fragm.  Car,  quant  amour  se  ven- 
doit  à  prière.  Peu  de  marchans  y  conquestoit 
proufît  :  Désir  survient  qui  met  la  foie  enchiere, 
ID.  Rondeau  de  Jehan  de  Lorraine.  ||  xvi'  s.  La 
nouvelleté  couste  si  cher  jusqu'à  ceste  heure  à  ce 
pauvre  Estât  [la  France]  (et  si  je  ne  sçais  si  nous 
en  sommes  à  la  dernière  enchiere) ,  qu'en  tout  et 
partout  j'en  quitte  le  party,  mont.  Lettres,  m. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  tnchena,  enchère,  incariare, 
enchérir,  du  latin  in,  en,  et  earus,  cher  :  propre- 
ment, la  chose  qu'on  aime,  qu'on  a  chère,  et,  par 
suite,  que  l'on  est  disposé  à  payer. 

E^XHÉRI ,  lE  (an-cbé-ri,  rie),  part,  passé 
d'enchérir.  ||  1°  Sur  quoi  on  a  mis  une  enchère.  Le 
domaine  enchéri  par  un  des  assistants  lui  fut  adjugé. 
Il  2°  Devenu  plus  cher.  Le  blé  enchéri  par  suite  du 
mauvais  temps. 

ENCHÉRIR  (an-ché-rir).  ||  1°  Y.  a.  Mettre  une  en- 
chère sur  quelque  chose.,Enchérir  une  maison.  ||  Fig. 
Aller  au  delà.  Monsieur,  il  n'y  a  pas  moyen  d'en- 
chérir ce  que  vous  m'avez  écrit,  balz.  ieU.  23, 
liv.  IV.  Il  Cet  emploi  a  vieilli,  on  dit  maintenant,  en 
ce  sens,  enchérir  sur,  en  prenant  le  verbe  au  sens 
absolu  ou  neutre.  ||  2°  Y.  n.  Mettre  une  enchère,  des 
enchères.  Il  a  fait  venir  des  gens  pour  enchérir. 
Enchérir  sur  un  autre.  Les  riches  ayant  commencé 
à  enchérir  sur  les  pauvres,  à  porter  beaucoup  plus 
haut  ces  rentes,  et  à  chasser  par  ce  moyen  les  pau- 
vres de  leurs  possessions,  rollin.  Traité  des  Et.  3* 
part.  ch.  2.  Il  Fig.  Aller  au  delà,  faire  plus  qu'un  au- 
tre. Et  moi ,  jiour  enchérir  par-dessus  ses  efforts ,  Je 
verrai  mettre  en  cendre  et  ma  main  et  mon  corps, 
DU  BYER,  Scévole,  V,  4.  Ta  mort  pour  me  déplaire 
enchérit  sur  ta  vie,  tristan,  Mort  de  Chr.  v,  5. 
La  renommée  qui  enchérit  toujours  sur  la  vérité, 
PERROT,  Tacite,  474.  Quand  l'absurde  est  outré,  l'on 
lui  fait  trop  d'honneur  De  vouloir  par  raison  com- 
battre son  erreur;  Enchérir  est  plus  court,  sans 
s'échauffer  la  bile,  la  font.  Fabl.  ix,  4.  Enché- 
rissez sur  les  tendresses  Que  vous  eûtes  pour  lui, 
ID.  Fiancée.  Une  chose  dite  entre  eux  peu  claire- 
ment en  entraînait  une  autre  plus  obscure,  sur  la- 
quelle on  enchérissait  par  de  vraies  énigmes,  tou- 
jours suivies  de  longs  applaudissements,  la  bbuy.  v. 
Il  Ce  mot  enchérit  sur  tel  autre,  il  ajoute  à  l'idée 
qu'il  exprime.  ||  S'Y.  a.  Augmenter  le  prix  d'une 
marchandise.  Ce  journalier  enchérit  son  travaiL 
Ce  marchand  enchérit  ses  produits.  ||  4°  Y.  n.  Deve- 
nir plus  cher.  La  viande  enchérit.  On  a  vendu  mon 
blé  trois  jours  avant  qu'il  soit  enchéri,  sÉv.  351. 
Il  II  se  conjugue  avec  les  auxiliaires  oi'oir  ou  être; 
dans  le  premier  cas,  cela  indique  l'action;  dans 
le  second,  l'état  :  le  blé  a  enchéri  au  marché  der- 
nier; le  blé  est  enchéri  depuis  quelque  temps. 

—  HIST.  XII'  s.  Beals  [beau]  reis,  se  tu  voleies 
encerchier  les  escriz,  Plusurs  rois  trovereies  que 
Deus  out  ainz  esliz  ;  Quand  il  les  out  el  mund 
muntez  e  encheriz  [aimés,  chéris].  Mal  unt  encontre 
Deu  lur  mestiers  acompliz,  Th.  le  mort.  76.  |(iiii's. 
Nous  pierdons  nos  gaegnages  et  nosmarceandises;  et 
nous  enchierist  li  viande  cescun  jour,  Chron.  de 
Bains,  Mo.  Mes  li  chetif  sermonneor,  Et  li  fol  large 
donneor  Si  forment  les  enorgueillissent  [les  fem- 
mes]. Que  lor  roses  lor  enchierissent,  la  Base,  7658. 
Et  en  cel  délai  blé  enquierist  si,  que  il  vient  en 
aussi  grant  quierté  [cherté]  ou  en  plus  comme  il 
estoit  quant  il  me  fu  prestes,  beaum.  xxxvii,  5.  Miex 
vaut  qu'on  sequeure  au  commun  porfit,  qu'à  le  [la] 
volenté  de  cii  [ceux]  qui  voelent  le  tans  enquierir 
[créer  la  cherté],  ID.  xux,  2.  ||  xiv"  s.  Car  par  les 
guerres  sont  les  vivres  enchery,  Guescl.  4  8H8- 
18(31.  Il  XV'  s.  Ahl  vous  ne  sçavez  Comment  le  drap 
est  enchery,  Trestout  le  bestail  est  pery.  Patelin. 
Il  XVI'  s.  Vivez  son  glossateur  enchérit  d'un  aultre 
exemple  de  son  temps,  mont,  i,  os.  J'enchérirais 
volontiers  sur  Plutarque  et  dirois....  id.  i,  S23.  La 
force  de  mon  appréhension  encherissoit  prez  <]( 
moitié  la  vérité  de  la  chose,  id.  q,  m.  La  vieille  lui 


ENG 

monstra  le  lict,  et,  l'ayant  loué  en  toutes  ses  qua- 
lités, dist  qu'elle  ne  faisoit  de  l'encherie,  si  en  de- 
mandoit  cinq  sols,  rab.  Pant.  v,  a. 

—  ÉTYM.  Enchère;  Berry,  encherdir,  enchardir. 
ENCHÉRISSEMENT    (an-ché-ri-se-man) ,    s.   m. 

Augmentation  de  prix.  L'enchérissement  des  blés. 

—  HIST.  xiii"  s.  Se  aucuns  a  aucun  marchié  qui 
soit  à  encherissement,  et  aucuns  vienne  à  lui,  si  li 
dit  qu'il  li  enchereira  son  marchié,  Liv.  de  just. 
«08.  Il  XIV*  s.  Firent  mauveses  montées  et  enchieris- 
semens,  du  cange,  montare.  X  sis  livres  parisis 
d'encheressement ,  ID.  incarioramentum.  \\  xvi'  s. 
Ces  encherissements  deshontez,  que  la  chaleur  pre- 
mière nous  suggère  en  ce  jeu,  mont,  i,  226. 

—  ÉTYM.  Enchérir. 

E^CHÉRISSEt^K  (an-ché-ri-seur),  s.  m.  Celui  qui 
met  une  enchère.  Vendre  au  plus  offrant  et  dernier 
enchérisseur.  Le  prompt  débit  est  la  coupelle  et  la 
plus  sûre  épreuve  d'un  livre;  j'ai  en  main  des 
enchérisseurs  qui  achèteront  la  copie  du  Diction- 
naire universel  [celui  de  Furetière]  dix  mille  éous, 
FURETiÈRE,  Recueil  des  factums ,  t.  ii,  p.  85.  ||  Fol 
enchérisseur,  celui  qui  a  fait  une  folle  enchère. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  avoit  tous  les  ministres  qui  s'en 
entremettoient  pour  suspects,  comme  les  crieurs, 
les  enchérisseurs,  jusques  à  ses  propres  amis;  et 
pourtant  parloit  il  luy  mesme  à  part  aux  achepteurs 
qui  mettoient  l'enchère,  amyot,  Caton  d'Ut.  48. 

—  ÉTYM.  Enchérir. 

i  ENCHE'VALEMENT  (an-che-va-le-man),  s.  m. 
Terme  de  construction.  Opération  par  laquelle  on 
étaye  une  maison  pour  y  faire  des  reprises  en  sous- 
œuvre. 

—  ÉTYl«.  jEn  t ,  et  chevalement. 

t  ENCHEVAUCHER  (an-che-vô-ché),  ».  a.  Pra- 
tiquer une  enchevauchure.  Poutre  enchevauchée. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  chevaucher. 

i  ENCHEVAUCHURE  (an-che-vô-chu-r'),  s.  f. 
Terme  de  métier.  Jonction  de  pièces  de  bois  par 
feuillure  ou  recouvrement.  ||  Position  des  ardoises 
qui  se  couvrent  en  partie  les  unes  les  autres. 

—  ÉTYM.  Enchevaucher. 

ENCHEVÊTRÉ,  ÉE  (an-che-vê-tré,  trée),  part. 
passé.  Muni  d'un  chevêtre.  Cheval  enchevêtré. 
Il  Fig.  Qui  est  mal  en  ordre,  difficile  à  débrouiller. 
Affaires  enchevêtrées.  La  prétention  de  l'électeur 
de  Brandebourg  était  plus  éloignée,  plus  enchevê- 
trée que  celle  de  Mme  de  MaiUy,  st-sim.  4  84,  4  81. 
Il  Style  enchevêtré,  style  dont  l'obscurité  vient  de  la 
construction  de  la  phrase. 

t  ENCHEVÊTREMENT  (an-che-vê-tre-man),  s. 
m.  1°  Action  d'enchevêtrer;  résultat  de  cette  action. 
Il  i'  Fig.  État  de  choses  difficiles  à  débrouiller.  ||  Vice 
du  style  enchevêtré. 

—  HIST.  Enchevestrement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Enchevêtrer. 

ENCHEVÊTRER  (an-che-vê-tré) ,  v.  a.  \\  1°  Mettre 
un  chevêtre ,  un  licou  à  un  cheval.  ||  Terme  de  char- 
pentier. Joindre  des  solives  par  un  chevêtre.  ||  2°  Fig. 
Embrouiller.  Enchevêtrer  des  phrases,  une  afTaire. 
Il  3°  S'enchevêtrer,  t>.  réfî.  Se  prendre  la  jambe 
dans  la  longe  de  son  licou,  en  parlant  d'un  cheval. 
Il  Fig.  S'embrouiller.  11  s'enchevêtra  dans  un  rai- 
sonnement dont  il  eut  peine  à  sortir.  Chacun  peut 
voir,  dans  les  chapitres  3  et  4  du  premier  livre  de 
Grotius,  comment  ce  savant  et  son  traducteur  Bar- 
beyrac  s'enchevêtrent,  s'embarrassent  dans  leurs  so- 
phismes,  J.  J.  Houss.  Contrat,  ii,  2.  Comment  con- 
cevoir que  les  routes  d'un  royaume  de  vingt-sept  mille 
lieues  carrées  puissent  ne  pas  s'enchevêtrer  sans  un 
centre  commun?  Mirabeau,  Collection,  t.  iv,  p.  297. 

—  HIST.  XII*  s.  Dune  li  unt  un  jument  senz  sele 
fait  luer  [louer]  ;  Car  ne  porent  nul  autre  à  celé  feiz 
[fois]  trover  ;  Nis  de  fain  [même  de  foin]  l'aveit  fait 
sis  maistre  enchevestrer.  Th.  le  mart.  BO.  ||  xv*  s. 
SI  tost  que  [les  Hongres]  virent  nos  gens  encheves- 
trés  es  pieux,  adonc  tournèrent  les  Hongres  le  dos, 
Boude.  I,  ch.  24.  Ijxvi'  s.  M.  le  lieutenant,  tenant 
eu  sa  main  des  brides  sans  nombre,  desquelles  es- 
toient  enchevestrez  des  veaux  aussi  sans  nombre, 
Sat.  Uén.  p.  26.  On  commencera  à  lui  faire  sentir  [au 
jeune  cheval]  la  servitude,  en  l'enchevestrant  d'un 
licolde  laine,  o.  de  serres,  307.  De  peur  qu'il  ne 
se  butte  avec  les  autres,  s'enchevestre,  ou  autrement 
lui  mesavienne,  id.  308. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  chevêtre. 
ENCHEVÊTRURE (an-che-vê-tru-r'),  s. f.  |1  l°Ter- 

me  de  charpentier.  Assemblage  de  solives  qui,  dans 
un  plancher,  environnent  et  supportent  le  foyer  de 
la  cheminée.  ||  i°  Terme  de  vétérinaire.  Excoriation 
ou  plaie  qu'un  cheval  se  fait  au  pli  du  paturon ,  ou 
même  plus  haut,  avec  sa  longe. 

—  ÉTYM.  Enchevêtrer. 


ENC 

t  ENCHEVIIXE,  ÉE(an-che-vi-llé,  liée,  «mouil- 
lées), adj.  Maintenu  au  moyen  de  chevilles.  ||  Terme 
de  chirurgie.  Suture  enchevillée  (voy.  suture). 

—  ÉTYM.  En  t  ,et  cheville. 
ENCHIFRENÉ,  EE    (an-chi-fre-né,  née),   part. 

passé.  Je  suis  enrhumée  du  cerveau,  dit-elle ,  je  suis 
enchifrenée,  m'°*  de  genlis,  Théât.  de  l'éduc.  la 
Lingère,  I,  6. 

ENCHIFRÈNEMENT  (an-chi-frè-ne-man) ,  s.  m. 
Embarras  dans  le  nez  résultant  d'un  rhume  de  cer- 
veau. 

—  HIST.  XVI*  s.  Enchifrenure,  oudin,  Diet. 

—  ÉTYM.  Enchifrener. 

ENCHIFRENER  (  an-chi-fre-né.  La  syllabe  fre 
prend  un  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette;  enchifrené,  enchifrènera),  v.  a.  Cau- 
ser un  enchifrènement.  Cet  air  froid  m'a  tout  enchi- 
frené. Il  S'enchifrener,  v.  réfl.  Je  me  suis  subitement 
enchifrené. 

—  REM.  On  trouve  au  xvii*  siècle  enchifemer  : 
Le  rhume  lui  avait  tellement  embarrassé  le  nez,  il 
était  si  fort  enchiferné,  qu'il  ne  pouvait  prononcer 
les  n,  DANGEAU,  Disc,  ii,  des  consonnes  (32).  Mais 
c'est  une  faute;  car  l'Académie  de  <698  a  correcte- 
ment enchifrené. 

—  HIST.  XIII*  s.  Nus  n'i  gardast  condicion.  Foi, 
ne  veu,  ne  religion,  Se  ne  fust  aucuns  forcenés  Qui 
fust  d'amors  enchifrenés  Et  loyalment  s'amie  amast, 
lanose.  «4340. 

—  ÉTYM.  En  t,  el  chanfrein,  par  l'intermédiaire 
de  chinfreneau ;  le  sens,  qui  était  général,  comme 
on  voit  à  l'historique,  s'étant  particularisé  au  rhume 
assimilé  à  un  chanfrein. 

fENCHIRIDION  (an-ki-ri-di-on),  s.  m.  Manuel, 
petit  livre  portatif.  L'Enchiridion  d'Épictète.  Usité 
seulement  quand  on  cite  un  manuel  d'un  auteur 
ancien. 

—  ÉTYM.  'EYxeipîôiov , manuel,  de  iv,  en,  et  yetp, 
main;  ce  mot  est  fait  de  x^'Pi  comme  manuel  du 
latin  manus. 

t  ENCHONDROME  (an-kon-dro-m'),  s.  m.  Terme 
de  chirurgie.  Tumeur  composée  de  substance  carti- 
lagineuse. 

—  ÉTYM.  'Ev,  en,  et  xôvSpoç,  cartilage;  mot  fait 
avec  yôvSpo;  sur  le  modèle  de  (jâpxwfjia ,  excrois- 
sance charnue. 

t  ENCHORIAL,  ALE    (an-ko-ri-al,a-l')  ou   EN- 
CHORIQUE  (an-ko-ri-k'),  adj.  Voy.  démotique. 
—  ÉTY51.  'Ev,  en,  etywpîov,  lieu. 

ENCHYMOSE  (an-ki-mô-z') ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Afflux  de  sang  dans  les  vaisseaux  cutanés,  par 
exemple  sous  l'influence  de  la  joie,  de  la  colère. 

—  ÉTYM.  'EYZ'Jfj.wffi;,  de  èv,  en,  et   x^M-^îi   suc. 
f  ENCIREMENT  (an-si-re-man) ,  s.  m.  Action  d'en- 

cirer;  effet  de  cette  action. 
■j-ENCIRER  (an-si-ré),  «.o.  Enduire.imbiberdecire. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  cire. 

t  ENCLANCHEMENT  ( an-klan-che-man ),  s.  m. 
Voy.  enclenchement. 

t  ENCLASSÉ,  ÉE  (an-kiâ-sé,  sée),port.  passé.  Il 
s'en  trouve  bientôt  [de  matelots]  soixante  mille 
d'enclassés,  volt.  Louis  XIV,  29. 

t  ENCLASSEMENï  (an-klâ-se-man),  s.  m.  Action 
d'enclasser. 

f  ENCLASSER  (an-klâ-sé),  v.  a.  Mettre  dans  des 
classes.  On  enrôle,  onenclasse  les  matelots  qui  doi- 
vent servir  tantôt  sur  les  vaisseaux  marchands, 
tantôt  sur  les  flottes  royales,  VOLT,  iouù  XIV,    29. 

■—  ÉTYM.  En  i ,  ei  classer. 

t  ENCLAVATION  (an-kla-va-sion),  s.  f.  Terme 
de  marine.  Fosse  disposée  dans  des  bassins  d'eau  de 
mer  pour  retenir  des  bois  de  mâture  ou  de  con- 
struction qu'on  y  veut  conserver. 

—  ÉTYM.  Enclaver. 

ENCLAVE  (an-kla-v'),  s.  f  ||  1°  Terrain  entouré  par 
d'autres  terrains.  ||  Pays  renfermé  dans  un  autre.  Le 
comtat  Venaissin  était  une  des  enclaves  de  la  France. 
Il  Terme  de  jurisprudence.  Etat  d'un  fonds  entouré 
de  tous  côtés  par  des  fonds  appartenant  à  autrui. 
Il  2°  Portion  de  terrain  ou  d'espace  qui,  s'avançant 
sur  un  autre,  en  diminue  l'étendue.  ||  3°  Territoire 
ressortissant  à  une  juridiction.  ||  4°  Terme  de  con- 
struction. La  partie  avancée  d'un  escalier,  d'un  ca- 
binet, d'une  soupente,  etc.  qui  empiète  sur  un 
appartement.  Cet  escalier  fait  enclave  dans  l'appar- 
tement. Il  Terme  d'architecture.  Engagement  d'un 
corps  dans  un  autre.  ||  8°  Terme  de  construction  hy- 
draulique. Partie  d'un  bajoyer  destinée  à  loger  la 
porte  d'une  écluse  quand  elle  est  ouverte. 

—  HIST.  xiv*  s.  Et  est  assavoir  que  avecques  les 
héritages  dessus  dits  il  y  a  une  encleve  qui  est  tenant 
aus  dites  maisons,  du  camge,  inclaurura.  ||  xvi*  s. 
Nous  TOUS  mandons  que  faciez  assembler  les  sujets 


ENC 


1373 


de  rostre  dit  bailliage ,  enclaves  et  anciens  ressors 
d'iceluy,  Coust.  génér.  t.  l,  p.  6)6. 

—  ÉTYM.  Voy.  enclaver. 

ENCLAVÉ,  ÉE  (an-kla-vé,  rie),  part,  passé.  Qui 
a  la  situation  d'une  enclave.  Deux  diocèses  en- 
clavés l'un  dans  l'autre.  La  Bastille  et  le  cou- 
vent des  Célestins  paraissaient  enclavés  dans  son 
enceinte  [de  l'hôtel  du  roi  Charles  V],  saiht-foix, 
Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  m ,  p.  70,  dans  pougens. 
Il  Terme  de  blason.  Enclavé  se  dit  d'un  écu  parti , 
dont  les  parties  entrent  carrément  l'une  dans  l'autre. 
Il  Termede  diplomatie.  Lettres  enclavées,  lettres  ren- 
fermées dans  d'autres  lettres  plus  grandes.  ||  Terme 
d'obstétrique.  Fœtus  enclavé,  fœtus  qui  est  en  en- 
clavement. 

—  REM.  Boileau  a  pris  enclavé  au  sens  propre 
d'encloué  :  Mais  déjà  sur  son  banc  la  machine  [le 
lutrin]  enclavée,  Lutr.  m. 

ENCLAVEMENT  (an-kla-ve-man) ,  *.  m.  ||  i'  Ac- 
tion d'enclaver;  état  de  ce  qui  est  enclavé.  L'en- 
clavement du  comtat  Venaissin  dans  le  royaume  de 
France.  M.  de  Lorraine  [dans  le  partage  de  l'Es- 
pagne] ,  d'esclave  de  la  France  par  l'enclavement  de 
la  Lorraine,  gagnait  de  devenir  un  prince  puissant 
et  libre  en  Italie,  st-simon,  77,  252.  ||  2°  Terme 
d'obstétrique.  Accident  de  l'accouchement  où  la  tête 
de  l'enfant,  engagée  dans  la  cavité  pelvienne,  s'y 
trouve  serrée  au  point  de  ne  pouvoir  plus  être 
poussée  au  delà  par  les  efforts  de  la  nature. 

—  HIST.  XV*  s.  Les  enclavemens  et  appartenances 
de  la  duché  de  Bourgogne,  monstrelet,  cité  par 
LAUHiÈRE,  Gloss.  du  droit  fr.  au  mot  enclavements 
et  ressorts. 

—  ÉTYM.  Enclaver. 

ENCLAVER  (an-kla-vé),  v.  a.  ||  1°  Enclore  une 
chose  dans  une  autre.  Enclaver  une  terre  dans  un 
parc.  Il  2°  Terme  de  construction.  Enclaver  une 
pierre,  la  lier  avec  d'autres  pierres  qui  sont  déjà 
placées.  Enclaver  une  solive,  l'encastrer  ou  la  pla- 
cer dans  l'entaille  d'une  poutre.  ||  Arrêter  une 
pièce  de  bois  a.vecune  clef  ou  un  boulon.  ||  3°Terme 
de  marine.  Loger  une  pièce  de  bois  dans  une  en- 
clavation.  ||  On  dit  que  les  glaces  enclavent  un  na- 
vire quand  elles  l'enferment.  ||  4°  S'enclaver,  «. 
réfl.  Etre  enclavé.  Une  pièce  de  terre  qui  s'enclave 
dans  une  autre. 

—  HIST.  xm*  s.  Les  justices  de  plusors  segneurs 
sunt  entremellées  et  enclavées  les  unes  dedans  les 
autres,  beaum.  lviii,  <3.  ||  xv*  s.  Et  estoient  ceux  de 
Gand  et  toutes  leurs  teneurs  expressément  nommés 
et  enclavés  dedans  [dans  le  traité  des  Anglais  et  des 
Français],  froiss.  il,  il,  210.  N'osoient  les  barons 
et  les  chevaliers  de  Poitou,  qui  Anglois  se  tenoient, 
chevaucher  parmi  le  pays,  fors  en  grans  routes 
[troupes]  pour  la  doute  des  François  qui  estoient  en- 
clavés en  leur  pays,  id.  liv.  i,  p.  4<o,  dansLACURNE. 
Il  XVI*  s.  Hélène  en  fit  enclaver  un  [clou  de  la 
croix]  au  heaume  de  son  fils,  calv.  )47.  Les  ci- 
toyens ont  fait  enclaver  ceste  pierre  en  une  grosse 
chaisne  de  fer,  au  milieu  de  leur  temple,  paré, 
Monst.  app.  4  Hz  s'esmerveillerent  comment  la 
fortune  conduit  une  menée  par  le  moyen  d'une 
autre,  et  rassemble  toutes  choses  quelque  loing 
qu'elles  soient  l'une  de  l'autre,  et  les  enclave  et  en- 
chaîne ensemble,  amyot,  Timol.  xxiv. 

—  ÉTYM.  Provenç.  enclavar;  du  latin  in,  en,  et 
clavus,  clou  (voy.  ce  mot). 

t  ENCLENCHEMENT  (an-klan-che-man) ,  t.  m. 
Mise  d'un  certain  mécanisme  en  état  de  se  débander, 
de  faire  son  effet  quand  on  voudra. 

—  ÉTYM.  En  i  ,  et  clenche. 

ENCLIN,  INE  (an-klin,  kli-n'),  adj.  Qui  a  un 
penchant  pour  quelque  chose.  Voilà  l'un  des  péchés 
où  mon  âme  est  encline ,  bégnier  ,  Sat.  xii.  Et  mon 
âme  est  encline  où  le  péril  est  grand,  trist.  M.  de 

Chrispe,  u,t Xjouer  on  dit  qu'il  est  enclin ,  mol. 

Tart.  II,  2.  Plus  enclin  à  blâmer  que  savant  à  bien 
faire ,  boil.  Art  p.  m.  Toujours  pour  un  autre  enclin 
vers  la  douceur,  id.  Sat.  iv.  [Ils]  Les  poussent  au 
penchant  où  leur  cœur  est  enclin,  hac.  Phèd.  iv,  3. 
Il  avait  trop  de  candeur  pour  être  enclin  à  la  dé- 
fiance, FÉN.  Tél.  XX. 

—  REM.  On  dit  enclin  à  avec  un  verbe;  et,  aveo 
un  substantif,  enclin  à  ou  enclin  vers. 

—  HIST.  XI*  s.  Li  empereres  en  tint  son  chef  [sa 
tête]  enclin  [baissé] ,  Ch.  de  Roi.  x.  ||  xii*  s.  Nostre 
empereresejut  [fut  gisant]  vers  terre  enclin,  Hon«. 
p.  <65.  Il  xui*  s.  Se  ele  le  seûst,  moût  fust  à  lui  en- 
cline,  Berte,  lvi.  Se  tu  trueves  chaste  moillier.  Va- 
t'en  au  temple  agenoillier.  Et  Jupiter  enclin  aore, 
la  Rose,  8761 .  ||  xiv*  s.  L'appétit  qui  ad  ce  est  enclin 
et  poursuit  la  chose,  oreshe,  j?l)i.  62.  Il  sont  enclins 
à  faire  l'un  à  l'autre  choses  aimables,  id.  ib.  237. 


1 


1374 


ENC 


Il  ir  I        Pour  aider  à  garder  raison  et  juatice,  à 
nuoi  toit  bon  chreslien   devoit  entendre    et   estre 
enclin,  Fnoiss.  il,  ii,  «>3-  l'Iusieurs  seigneurs  par 
nature  sont  enclins  à  leur  profit,  id.  ij,  u,  62.  Na- 
ture  est  encline  grandement  en  l'homme  à  ouïr 
nouvelles  choses,  m.  ii,  m,  26.   Les  princes  sont 
plus  enclins  on  toutes  choses   voluntaires   que  au- 
tres hommes,    comm.  Prol.  Affin  que  le  roy  fust 
plus   enclin  de  bailler  promptement    la  possession 
de....  ID.  m,  9.  Il  avoit  intention  qu'il  feroit  faire  à 
cesle  ville  de  Gand  quelque  grande  mutation,  co- 
(fnoissant  que  de  tous  temps  elle  y  estoit  encline, 
ID.  V,  t*.  Tous  les  plaisirs  en  quoy  homme  est  en- 
clin, ID.  V,  t8.  Il  XVI*  s.  Nous  sommes  tous  de  na- 
ture enclins  à  hypocrisie,    calv.   Inst.  2.  Si  mes 
innocentes  mains.  Pures  de  sang  et  rapines.  Ne  fu- 
rent oncqiies  inclines  X  rompre  les  droits  humains, 
DO  BELLAY,  m,  8),  verso. 

—  Ety,M.  l'rovenç.  enclin;  ano.  espagn.  enclino, 
du  latin  inclinis  (voy.  incliner). 

t  ENCLINOMËNK  (an-kli-no-mè-n'),  s.  m.  Terme 
de  grammaire  grecque.  Nom  donné  à  tous  les  mots 
assez  courts  pour  perdre  leur  accent  en  se  joignant  à 
un  autre  mot;  tel  est  chez  nous  le  mot  bon  dans  bon 
vin,  le  mot  broie  dans  brare  homme,  qui  sont  pro- 
noncés comme  si  l'adjectif  et  le  substantif  ne  for- 
maient qu'un  seul  mot.  Un  autre  grammairien  ajoute 
avec  raison  que  tout  enclinomène  n'est  pas  encliti- 
que, mais  que  tout  enclitique  est  enclinomène,  ou, 
en  d'autres  termes,  que  les  enclitiques  sont  une  es- 
pèce dans  le  genre  des  enclinomènes,  egger,  Apol- 
lonius Dyscole,  VIII,  t,  p.  288. 

—  ÊTYM.  'EyxXiv6|j.svoc,  part,  passif  da  iy*\nio 
(voy.  enclitique). 

t  ENCLIQUETAGE  (an-kli-ke-ta-j'),  s.  m.  Appareil 
pour  s'opposer  à  la  rétrogradation,  dans  une  méca- 
nique, soit  de  la  puissance,  soit  de  la  résistance. 

■f  ENCLIQUETER  (an-kli-ke-té.  Le  t  se  double, 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'encliquette), 
V.  a.  Kaire  un  encliquetage;  arrêter  au  moyen  d'un 
encliquetage. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  cliquet. 

ENCLITIQUE  (an-kli-ti-k'),  s.  f.  Terme  de  gram- 
maire grecque.  Mot  qui,  perdant  son  accent,  se  lie 
au  mot  précédent  et  en  fait,  pour  la  prononciation, 
réellement  partie.  En  latin  que  est  enclitique  dans 
hominumque  deumque  ;  et  en  français  ce  est  en- 
clitique dans  :  Est-ce  Dieu,  sont-ce  les  hommes  Dont 
les  œuvres  vont  éclater?  rac.  Esth.  ii,  K,  ||  Adj.  Les 
mots ,  les  particules  enclitiques. 

— REM.  1 .  Enclitique  est  du  féminin,  on  sous-entend 
lemotporttCKle;  mais.ensous-entendant  mot,  on  l'a 
fait  du  masculin ,  comme  M.  Egger  qui ,  dans  l'exem- 
ple cité  à  enclinomène,  a  dit  que  tout  enclitique 
est  un  enclinomène,  et  non  toute.  ||  2.  En  français 
nous  entendons  souvent  par  enclitique  non -seule- 
ment les  véritables  enciilt'îuef,  mais  tous  les  encli- 
nomènes, c'est-à-dire  même  ceux  qu'on  a  nommés 
proclitiques,  parce  qu'ils  perdent  leur  accent  en 
s'appuyant  sur  le  mot  qui  les  suit.  Ainsi  Burnouf, 
dans  sa  (-rammaire  grecque,  §  406,  donne  comme 
des  proclitiques  les  mots  écrits  en  italique  dans  ce 
vers  de  Racine  :  Le  jour  n'est  pas  plus  pur  que  le 
fond  de  mon  cœur.  Nous  disons  plus  volontiers  que 
ce  sont  des  enclitiques,  sans  faire  la  distinction  si 
le  mot  qui  perd  l'accent  est  avant  ou  après. 

—  ÉTYM.  "EYxiiTixi;,  de  é^x^îveiv,  incliner,  de 
lv,en,  et  xX(vnv,  baisser(voy.  clinique  et  incliner). 

fENCLOÎTRER  (an-klol-lré),  v.  a.  Mettre  dans 
un  cloître.  ||  S'encloîtrer,  v.  réjl.  Se  mettre  dans  un 
cloître.  Si  tous  les  garçons  et  toutes  les  filles  s'en- 
cloltraienl,  le  monda  périrait,  volt.  l'Homme  aux 
40  écus.  Raisonnement  sur  les  moines. 

—  ÊTYM.  £n  4 ,  et  cloitre;  provenç.  enclostrar. 

ENCLORE  (an-klo-r'),  j'enclos,  tu  enclos,  il  en- 
clôt, nous  enclosons,  vous  enclosez,  ils  enclosent; 
j'enclorai;  j'enclorais;  enclos,  enclose.  L'Académie 
ne  donna  ni  imparfait,  ni  parfait,  ni  impératif, 
ni  subjonctif  présent,  ni  subjonctif  imparfait,  ni 
participe  présent.  Si,  de  fait,  le  parfait  et  l'impar- 
fait du  subjonctif  sont  tellement  oubliés  qu'on  ne 
peut  guère  les  faire  revivre,  il  n'en  est  pas  de  même 
de  l'imparfait  de  l'indicatif  :  j'enclosais  ;  da  l'im- 
pératif :  enclos,  qu'il  enclose;  du  subjonctif  présent  : 
que  j'enclose;  et  du  participe  présent:  enclosant. 

•  Jf'  "  *'  '''°'"®  '^^  """■*■  '^^  b*'^*'  B"=.  Enclore  son 
jardin,  son  champ.  ||  f  Enclaver.  11  a  enolos  ce  boi» 
dans  son  parc.  Enclore  les  faubourgs  dans  la  ville. 
vastes  métropoles,  où  ce  citoyen  des  déserts  [l'A- 
«be]  semble  avoir  voulu  enclore  la  solitude,  ciu- 
Sfti "lî^  ^-  '•  "•  '•  Il  '°  Enfermer,  i  ceux  qu'en- 
woi  la  tombe  noire,  la  font.  Fabl.  m,  7.  ||  4*  Fermer 
»  U  rois  ta»  deux  partie»  de  la  tète  d'une  épingle. 


ENC 

Il  5*  S'enclore,  ».  ré/l.  Fermer  de  murs  son  jardin, 
son  champ.  Il  s'est  enclos  pour  se  garantir  des  dé- 
jjrédations  des  passants. 

—  iilST.  XII"  s.  Dist  Viviens  :  Dex,  quar  nos  se- 
corez  !  Vez  nos  [nous]  enclos  et  forment  enserrez;  Re- 
gardez nos  de  vo  grant  majesté,  Li  covenans  Vivien, 
v.  60) .  Engleterre  est  enclose  e  de  mer  e  de  vent, 
Ne  crient  [craint]  Deu  ne  ses  saints  pur  un  poi  de 
turment,  77».  lemart.  en.  Pur  ço  dist  à  ces  de  Juda  : 
edifiumsces  citez,  sis  [si  les]  encloQmsdemursede 
bonestur.s,noù,p.300.  ||  xiii*  s.  Pource  que  j'ai  grant 
froit,  en  mon  mantel  [je]  m'encio,  Berle,  xxxii.  Quant 
semez  fust  toz  cist  essarz  [champ].  Et  bien  enclous 
de  toutes  parz,  ilen.  t986t.  Ci  est  le  romant  de  la 
Rose,  Où  l'art  d'amors  est  tote  enclose,  la  Rose, 
Titre.  Car  quant  plus  chascun  apela,  Chascun  plus 
s'enclost  et  cela,  tb.  64B6.  En  Antiochesont  li  caitif 
d'outre  mer.  Là  les  avons  enclos,  n'en  puent  [peu- 
vent] eschaper,  Ch.  d'Ànt.  vu,  142.  Quant  il  pleut 
le  soir  et  fait  mal  tens  de  nuit,  il  s'encloent  en 
leurs  polices,  joinv.  230.  Sa  manière  estoit  tele, 
que,  quand  il  estoit  parti  de  ses  chevaliers,  il  s'en- 
clooit  en  sa  chapelle,  et  estoit  longuement  en  orai- 
sons avant  que  il  alast  le  soir  gésir  avec  sa  femme , 
ID.  270.  ||xiv'  s.  Il  restoit  toujours  enclos  -ivecques 
ses  concubines,  ohesme,  Eth.  v  (9).  Je  te  veil  à  tout 
ce  respondre,  Sans  rien  enclore  ne  repondre  [ca- 
cher], machaut,  p.  96.  Il  XV*  s.  Si  fut  enclos  de  ses  en- 
nemis par  trop  demeurer  en  arrière,  froiss.  i,  i, 
(39.  Si  laissèrent  avaler  le  grand  rastel,  et  encloï- 
rent  le  chevalier  dehors,  id.  i,  i,  t49.  Une  alée  Qui 
se  tournoit  sus  la  rivière,  Qui  bien  l'enclooit  par 
derrière,  id.  Espinette  amoureuse.  Pour  Dieu,  gar- 
dez bien  souvenir  Enclos  dedens  vostre  pensée.  Ne 
le  laissiez  dehors  yssir,  Belle  très  loyaument  amée, 
CH.  d'orl.  Rail.  63.  Il  XVI*  s.  Ce  n'est  pas  sans  cause 
que  nous  encloons  toutes  promesses  en  Christ,  veu 
que  l'apostre  enclost  toute  l'évangile  en  la  cognois- 
sance  d'icelui,  calv.  Inst.  448.  Il  commençea  de 
rechef  à  faire  enclorre  de  trenchées  le  camp  des 
ennemis,  amyot,  Sylla,  4G.IIz  enclouirent  le  pour- 
pris  de  la  moite  avec  une  haye  qu'ils  feirent  de  leurs 
targes  et  pavois,  id.  Crass.  48. 

—  ÉTYM.  Provenc.  enciflure;  du  bas-latin  inclau- 
dere  qui  est  dans  la  loi  salique,  de  in,  en,  et  clau- 
dere  clore  (voy.  clore). 

t .  ENCLOS ,  OSE  (an-kl6,  klô-z') ,  part,  passé  d'en- 
clore. Il  1°  Entouré  d'une  clôture.  Jardin  enclos  de 
murs.  Il  2°  Enfermé.  En  vain  me  retirant  enclos 
en  une  étude,  régnier,  Sat.  m.  Comme  aux  quatre 
éléments  les  matières  encloses,  id.  tb.  m.  En  ce  vase 
chétif  tout  Hercule  est  enclos.  Je  puis  en  une  main 
enfermer  ce  héros,  rotr.  Hercule  mourant,  v,  2. 
Quand  on  eut  du  palais  de  ces  filles  du  ciel  [abeil- 
les] Enlevé  l'ambroisie  en  leurs  chambres  enclose, 
la  FONT.  Fabl. a,  t2.  ||  Terme  de  blason.  Lion  enclos, 
lion  d'Ecosse,  enfermé  dans  un  double  trescheur. 

2.  ENCLOS  (an-klô;  l's  se  lie;  un  an-klô-z  agréa- 
ble), s.  m.  Il  l'Espace  enfermé  dans  une  enceinte  de 
murs,  de  haies,  etc.  Un  grand  enclos  est  attenant  au 
jardin.  Posons  que  ce  crime  se  soit  fait  hors  de  l'en- 
clos du  couvent,  PATHU,  Plaid.  6,  dans  hichelet. 
Je  n'appelle  plus  Rome  un  enolos  de  murailles  Que 
ses  proscriptions  comblent  de  funérailles,  corn. 
Sertor.  m,  2.  Ses  dents  [de  la  chicane]  sur  des  pa- 
lais exercent  leur  furie;  Elle  déjeune  d'un  enclos. 
Et  dtne  d'une  métairie,  panard,  les  Tableaux,  co- 
médie, dans  RiciiELET.  Les  sentiers  qui  traversaient 
l'enclos  bénit  [cimetière]  aboutissaient  à  l'église, 
CHATEAUBR.  Génie,  IV,  u,  7.  Il  i°  L'enceinte  même. 
Réparer  son  enclos.  Un  enclos  de  haies.  ||  8°  Demi- 
cercle  de  bois  à  l'usage  des  épingliers. 

—  HIST.  XII*  s.  U  avient  bien  que  aucuns  suefre 
ses  voisins  à  aler  par  lonc  tans  à  son  puis  qui  est 
en  se  [sa]  cort  ou  dedens  son  enclos,  neporquant 
tel  usages....  beaum.  xxiv,  <6. 

—  ÊTYM.  Enclos  i. 

f  ENCLOTIR  (an-klo-tir),  v.  n.  Terme  de  chasse. 
Entrer  dans  son  terrier,  en  parlant  du  gibier. 

—  HIST.  XV*  s.  Qui  veut  avoir  bonne  garenne  de 
connilz  [lapins] ,  il  les  doit  chascier  deux  ou  trois 
fois  la  sepmaine  elles  faire  encloter;  car  autrement 
ils  vuident  le  pays.  Chasse  de  Gaston  l'hebus,  ms. 

p.  49,   dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Forme  dérivée  de  enclore. 

t  ENCLOTCRE  (an-klo-tu-r"),  s.  /.  Bord  qui  règne 
autour  d'un  ouvrage  de  broderie. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  enclore;  probablement  par  la 
troisième  personne  il  enclôt. 

t  ENCLOnAGE  (an-klou-a-j') ,  s.  m.  Action  d'en- 
clouer  une  pièce  de  canon. 

ENCLOCÉ,  ËE(an-klou-é,  ée),part.  pwt^.  Che- 
val encloué.  Canons  encloués,  I 


ENC 

ENCLOUER  (an-klou-é),  e.  a.  ||  1°  Terme  da  vété 
rinaire.  Blesser  le  cheval  avec  un  clou,  quand  on  le 
ferre.  Ou  il  m'envoie  une  compagnie  qui  me  retient, 
ou  il  encloue  mes  chevaux,  ou  il  me  démet  une 
jambe, BALz.  liv.  vii.lett.  33.  ||  2*  Enfoncer  avec  force 
un  clou  dans  la  lumière  d'un  canon  pour  empêcher 
qu'on  ne  puisse  s'en  servir.  Levenhaupt  s'était  re- 
tiré après  avoir  encloué  une  partie  de  son  canon, 
VOLT.  Charles  Xll,  4.  ||  3*  S'enclouer,  v.  réfl.  Être 
blessé  par  un  clou  qui  entre  dans  le  pied,  en  par- 
lant du  cheval.  |j  S'enferrer,  se  prendre  par  ses 
propres  arguments. 

—  HIST.  XIII*  s.  Car  de  peine  [elle]  clochoit  com 

cheval  qu'on  encloe,  Berte,  xixiii Adviserdoit 

le  mareschal  Qui  ferre  d'autruy  le  cheval  ;  Car  par 
l'enclouer  ou  retraire  Puet  trop  le  maislre  avoir 
contraire,  eust.  desc.  Poésie» mss.  f  443,  dan» 
LACURNE.  Il  XVI*  8.  [Jésus]  pendit  en  croix  encloué 
pieds  et  mains,  marot,  iv,  Us.  Les  assiégez  firent 
une  sortie,  donnèrent  jusques  à  l'artillerie;  mais 
n'eurent  par  loisir  de  l'enclouer.  d'aub.  Bist.  i,  (48. 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  inclavare,  detn,  en,  eictavut, 
clou. 

ENCLO0URE  (an-klou-u-r*),  >.  f.  |j  I*  Terme  de 
vétérinaire.  Blessure  d'un  cheval  qui  s'est  encloué. 
Il  Blessure  faite  aux  tissus  vifs  du  pied  du  cheval  et 
du  bœuf  par  les  clous  que  le  maréchal  implanta 
pour  fixer  le  fer.  ||  2°  Fig.  Empêchement,  nœud 
d'une  difficulté.  De  l'argent,  dites-vous,  ah  I  voilà 
l'enclouure,  mol.  i'^lour.  n,  6.  Eh!  je  sais  trop  où 
lui  tient  l'enclouure,  TH.  corn.  Comtesse  d'orgueil, 
n,  t.  J'en  connais  l'enclouure,  et  je  sais  bien  par  où 
Vous  Taire  devenir  un  peu  moins  loup-garou,  m.  le 
Geôlier  de  soi-même,  v,  8.  Il  [M.  le  duc]  me  dit 
qu'avec  un  établissement  son  frère  reviendrait;  hé 
bien,  repris-je,  voilà  donc  l'enclouure,  6t-simon, 

608,   222. 

—  HIST.  XII*  s.  Mais  s'ele  [la  paix]  fust  bien  clare 
e  senz  nule  emposture,  [ils]  Ne  eussent  fait  assuens 
desonur  ne  enjure  :  Mais  conuistre  i  peut  l'um  mult 
tost  l'encloeûre.  Th.  le  mort.  (25.  ||  xiu*  s.  Rois, 
rappele-moi, se  tu  oses;  Si  te  conterai  de  ces  choses 
L'encloeûre,  Un  dit  de  vérité.  |{  xvi*  s.  M.  de  Vieille- 
ville,  saichant  ceste  encloueure  [personne  ne  vou- 
lant proposer  la  paix] ,  envoya  un  moyne  fort  élo- 
quent et  hardy  devers  le  roy  d'Hespaigne,  cabl. 
vn,  (8.  Â  l'encloueure  [du  cheval],  faut  première» 
ment  en  ester  la  cause,  qui  est  le  cloud,  et,  au 
trou  d'icelui,  mettre  de  l'huile  bouillant,  o.  de  shr- 
res,  984.  L'enclouure  estoit  en  ce  qu'il  eust  de 
grandes  guerres  de  tous  costez,  brant.  Charles- 
Quint. 

—  ÉTYM.  Encîoucr. 

ENCLUME  (an-klu-m'),  s.  f.  ||  1*  Masse  de  fer 
aciérée  sur  laquelle  on  bat  le  fer  et  les  autres  mé- 
taux. L'enclume  d'une  forge.  Bèze  et  sa  magni- 
fique comparaison  de  l'Église  avec  une  encluma  qui 
n'était  faite  que  pour  recevoir  des  coups  et  non  pas 
pour  en  donner,  boss.  Var.  6*  avert.  §  4.  On  n'en- 
tendit plus  [dans  l'Etna)  les  coups  des  terribles 
marteaux  qui,  frappant  l'enclume,  faisaient  gémir 
les  profondes  cavernes  de  la  terre  et  les  abîmes  de 
la  mer,  fén.  Tél.  II.  Mains  faites  pour  souffler  la 
forge  ou  frapper  sur  l'enclume,  i.  J.  rolss.  Ém.  in. 
Il  Dur  comme  une  enclume,  très-dur.  En  entrant, 
je  me  suis  donné  du  nez  contre  l'âme  d'un  procu- 
reur qui  était  dure  comme  une  enclume,  legrand, 
Belphégor,  n,  3.  ||  Se  trouver  entre  l'enclume  et  le 
marteau,  être  engagé  entre  deux  partis ,  entre 
deux  intérêts  contraires,  de  manière  à  souffrir  des 
deux  côtés,  sans  pouvoir  rendre  le  mal.  Le  papa 
Clément  VII  écrivait  qu'il  était  entre  l'enclume  et 
le  marteau  [entre  Charles-Quint  et  François  pra- 
miei],  volt.  Jfœurs,  (36.  ||  Remettre  un  ouvrage 
sur  l'enclume,  le  refaire,  lui  donner  une  nouvelle 
forme;  môme  sens  que  remettre  sur  le  métier. 
Il  2"  Terme  de  couvreur.  Outil  de  fer  plat  qui  a  au 
milieu  une  espèce  de  bec  plat  et  pointu  pour  le 
piquer  sur  les  chevrons,  et  sur  lequel  les  cou- 
vreurs taillent  et  coupent  leur  ardoise  avec  un 
marteau  tranchant.  ||  Billot  rond  des  paumiers-nip 
quetiers.  ||  Terme  de  passementier.  Sorte  de  bigorne 
crénelée  da  sillons  pour  maintenir  et  façonner  les 
ferretï.  ||  Ancien  terme  de  teinturier.  Espèce  de 
carré  d'acier  sur  lequel  chaque  maître  devait  avoir 
son  nom  gravé  en  creux  pour  servir  de  contre-mar- 
que aux  étoffes.  ||  S*  Terme  d'anatomie.  Un  des  os- 
selets de  l'oreille  moyenne.  ||  Proverbes.  Il  faut  être 
enclume  ou  marteau,  il  faut  être  opprimé  ou  oppre»i 
seur.  Il  II  vaut  mieux  être  marteau  qu'enclume,  ii 
vaut  mieux  battre  qu'être  battu. 

—  HIST.  xu*  s.   Or  est  plus  durs  qu'enclume  re- 
trempée, Bat.  d'Aleschant,  v.  60»».  ||  xiii*  •.  Et 


ENC 


ENC 


ENC 


1375 


seur  ce  perron  avoit  anz  el  mileu  une  anclume  de 
fer  largement  demi  pié  haute,  Merlin,  ms.  t"  72, 
recto.  Se  li  deteres  [débiteur]  est  fevres  et  li  créan- 
ciers veut  qu'on  li  baille  s'enclume  ou  ses  martiaus.... 
BEAUM  Liv,  i.  Il  XIV»  S.  Au  serpent  a  geté  un  cop 
merveille  grant  :  Sus  le  dos  le  feri  [frappa],  mais 
ne  valut  noiant,  Nient  plus  comme  une  englume 
ne  va  le  cuir  passant,  Baud.  de  Seb.  li,  273.  ||  xn' 
s.  Us  ont  si  fort  passé  mesure,  que  la  pluspart  se  sont 
chargez  d'enclumes,  au  lieu  de  se  couvrir  d'ar- 
mures, LANGUE,  286.  Mal  contrepoys  faict  à  l'en- 
clume, qui  luy  contremet  une  plume.  Ancien  pro- 
verbe cité  dans  génin,  Récréât,  t.  ii,  p.  244. 

—  ÉTYM.  Picard,  inglaine  ;  wallon,  eglome  ; 
namur.  èglume  ;  rouchi,  engleutne;  picard,  en- 
cjpume;  provenç.  enclutge  ;  catal.  enclusa;  espagn. 
ayunque,  yunque;  portug.  incude;  ital.  incudine, 
incûde,  anciide,  ancudine;  du  latin  incudinem, 
accusatif  de  tnciM,  enclume,  de  in,  en,  et  cu- 
dere,  frapper. 

ENCLUMEAU  (an-klu-mô)  ou  ENCLUMOT  (an- 
klu-mo),  s.  m.  Petite  enclume  portative. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'enclume. 

t  ENCLUMETTE  (an-klu-mè-f),  s.  f.  Terme  ru- 
ral Petite  enclume  portative  à  l'usage  des  faucheurs, 
pour  aiguiser  leur  faux  en  la  battant.  {|  Morceau  de 
fer  dont  le  boisselier  se  sert  pour  soutenir  les  plan- 
ches qu'il  veut  clouer. 

—  ÉTYM.  Diminutif  à'enclume. 

t  ENCOCHE  (an-ko-ch'),  s.  f.  Établi  du  sabotier. 
Il  Entaille  sur  le  pêne  ou  sur  la  gâchette  d'une  ser- 
rure pour  y  servir  d'arrêt.  ||  Entaille  faite  par  le 
boulanger  sur  la  taille,  pour  marquer  le  pain  qu'il 
fournit  à  crédit. 

—  ÉTYM.  Voy.  ENCOCHER. 

ENCOCHE,  ÉE  (an-ko-ché,  chée),  port,  passé. 
Flèclie  encochée.  ||  Terme  de  blason.  Se  dit  d'une 
flèche  posée  sur  un  arc,  que  l'arc  soit  bandé  ou  non. 

t  ENCOCHEMENT  (an-ko-che-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'encocher. 

ENCOCHER  (an-ko-ché),  v.  o.  Appliquera  coche 
d'une  flèche  sur  la  corde  de  l'arc.  {|  Entailler  la  gâ- 
chette ou  le  pêne  d'une  serrure.  ||  Faire  une  encoche 
sur  U  taille  d'un  boulanger.  ||  Planter  des  chevilles 
dans  les  trous  pratiqués  au  fond  d'un  vaisseau  dont 
les  parois  doivent  être  faites  d'osier. 

—  HIST.  xm"  s.  Atant  estes-vos  un  archier  Qui 
une  flece  a  encochiée.  Envers  le  cerf  l'a  descochiée, 
Que  il  l'avoit  bien  avisé,  Ren.  22365.  ||  xiv  s.  Les 
archiers  sont  devant,  chascun  s'esvertua,  Chascun 
tendit  son  arc  et  sa  flèche  encocha,  Guescl.  v. 
<9070.  Il  xvi*  s.  Aussi  peu  fut  utile  une  plate  forme 
de  deux  grands  vaisseaux  saisis  ensemble  de  sa- 
blières encochées,  bridées  de  bandes  de  fer,  d'adb. 
Hist.  III,  21. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  coche  4 ;  provenç.  encocar; 
jtal.  incoccare. 

t  ENCOCHURE  (an-ko-chu-r')  ,  s.  f.  Terme  de 
marine.  Extrémité  de  la  vergue  où  l'on  amarre  le 
bout  des  voiles.  Vieux. 

—  ÉTYM.  Encocher. 

ENCOFFRÉ  ,  ÉE  (an-ko-fré,  frée) ,  part,  passé. 
De  l'argent  encoffré. 

ENCOFFRER  (an-ko-fré),  v.  a.  ||  1»  Enfermer  dans 
un  coffre.  Le  duc  de  Grammont  et  sa  vilaine  épousée 
encofîrèrent  leur  belle  et  magnifique  vaisselle,  ST- 
siMON,  232,  (09.  ||  Fig.  Mettre  en  prison.  ||  î«  Serrer 
soigneusement  par  avarice.  Cet  homme  qui  pourrait 
vivre  avec  abondance  aime  mieux  encoffrer  ses  re- 
venus. Il  S°  S'approprier  par  friponnerie.  Encoffrer 
l'argent  qu'on  est  chargé  de  distribuer. 

—  HIST.  xvf  s.  Qu'est-ce  qu'a  fait  celuy  que  l'on 
encoffré  [emprisonne]  ?  Sat.  Mén.  p.  203. 

—  ÉTYM.  En  \ ,  et  coffrer. 

t  ENCOIFFER  (S')  (an-koi-fé) ,  i;.  réfl.  S'enticher, 
s'infatuer.  Si  on  y  songe  trop,  on  s'entête  et  on 
s'encoilTe,  pasc.  dans  cousin. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  coiffe. 

ENCOIGNURE  ou  ENCOGNURE  (an-ko-gnu-r'), 
I.  f.  Il  1°  Coin  formé  par  la  jonction  de  deux  mu- 
railles. Mettez  cela  dans  l'encoignure  de  la  cham- 
bre. L'encoignure  de  la  rue.  ||  2°  Petit  meuble  fait 
pour  être  placé  dans  un  coin.  j|  3°  Terme  de  marine. 
Ganse  qui  entoure  les  cosses  que  l'on  place  aux  ex- 
trémités de  l'envergure  des  voiles. 

—  HIST.  xvi's.  Pour  y  remédier,  faudroit  bailler 
place  en  ces  encogneures  [coins,  angles]  à  sept  ou 
huict  des  plus  braves  harquebusiers,  lanoue,  325. 
I.a  vertu  assignée  aux  affaires  du  monde  est  une 
vertu  à  plusieurs  plis,  encoigneures  et  coudes  pour 
s'appliquer  et  joindre  à  l'humaine  faiblesse,  mont 

IV,    !»(. 

—  ÉTYM.  EnK,  et  coin. 


ENCOLLAGE  (an-ko-la-j'),  ».  m.  |jl*  Action  d'en- 
coller; résultat  de  cette  action.  Faire  un  encollage. 
Il  2°  L'apprêt  même  qui  sert  à  encoller.  ||  Couche 
de  colle  que  l'on  passe  sur  les  moulures  et  sur 
les  sculptures  avant  de  peindre,  d'apprêter  ou  de 
dorer.  {|  Encollage  blanc  ,  blanc  délayé  dans  un 
bain  de  colle  de  parchemin.  ||  Encollage  à  base  de 
glycérine  ,  encollage  nouvellement  découvert  et 
qui  paraît  dispenser  les  tisserands  de  travailler 
dans  des  lieux  bas  et  humides.  ||  Préparation  pour 
boucher  les  pores  du  bois  et  le  préserver  de  la  pi- 
qûre des  vers. 

—  ÉTYM.  Encoller. 

ENCOLLÉ,  ËE  (an-ko-lé,  lée),  part,  passé.  Une 
étoffe  encollée. 

ENCOLLER  (an-ko-lé),  V.  a.  \\  l"  Appliquer, 
étendre  sur  quelque  chose  un  apprêt  de  colle  ou  de 
gomme.  Encoller  une  toile  de  tableau.  ||  2°  Terme 
de  doreur.  Encoller  le  bois,  y  appliquer  une  ou 
plusieurs  couches  de  colle,  avant  que  de  le  dorer. 
Il  3°  Terme  de  marine.  Encoller  une  ancre,  en 
souder  la  croisée  à  la  verge. 

—  HIST.  XV*  s.  Ledit  compaignon  [peintre]  sera 
tenu  achecter  et  avoir  agréable  ce  que  les  ministres 
lui  ordonneront  par  escript  pour  faire  sondit  chef- 
d'œuvre,  et  fera  faire  son  tableau  de  bon  boys  bien 
sec,  et  sera  encolé  et  blanchy  bien  et  deuement, 
et  puis  pourtraict  et  ébauché  decoulleurs  à  huyie. 
Ordonnance,  déc.  use. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  colle. 

f  ENCOLLPRE  (an-ko-lu-r') ,  s.  f.  Terme  de  ser- 
rurerie. Réunion  de  plusieurs  pièces  de  fer  soudées 
les  unes  aux  autres. 

t  ENCOLPITE  (an-kol-pi-f),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Inflammation  du  vagin. 

—  ÉTYM.  Grec  fictif,  îfxoXitoç,  de  Iv,  en,  et 
x6>7toç,  sein,  et  la  finale  médicale  ite  signifiant  in- 
flammation. 

ENCOLURE  (an-ko-lu-r'),  s.  f.  ||  1»  Nom  que  l'on 
donne  au  cou  du  cheval  et  des  autres  mammifères. 
Une  tête  de  barbe,  avec  l'étoile  nette.  L'encolure 
d'un  cygne,  effilée  et  bien  droite,  mol.  Fdch.  ii,  6. 
....Deux  bons  chevaux  de  pareille  encolure,  boil. 
Sat.  X.  Une  belle  encolure  doit  être  longue  et  relevée 
et  cependant  proportionnée  à  la  taille  du  cheval, 
BUFP.  Cheval.  ||  L'encolure  du  cheval  est  rouée 
lorsqu'elle  affecte  dans  toute  Ja  longueur  de  son 
bord  supérieur  une  courbe  bien  prononcée;  on  la 
dit  encolure  de  cygne  lorsque  la  courbure  se  fait 
remarquer  seulement  vers  la  tête.  Encolure  de  cerf 
ou  encolure  renversée,  celle  qui,  au  bord  inférieur, 
a  une  convexité  qui  en  relève  l'extrémité  supé- 
rieure de  telle  sorte  que  l'animal  porte  au  vent. 
Un  excès  de  développement  dans  ce  bord  supérieur 
de  l'encolure  l'entraîne  de  côté,  et  constitue  l'enco- 
lure penchée.  Encolure  fausse,  encolure  qui  ne 
s'unit  pas  d'une  manière  insensible  avec  les  épaules 
et  le  poitrail;  dans  le  cas  contraire,  elle  est  dite 
bien  sortie,  Dict.  général  de  méd.  et  de  chir.vétér. 
Il  2°  Familièrement.  La  tournure,  la  façon  d'être 
d'une  personne.  C'est  un  dieu,  je  le  connais  Â  son 
encolure....  scarron,  Gigant.  ch.  iv,  dans  leroox, 
Dict.  com.  D'a.ssez  belle  encolure  et  de  plus  mon 
cousin,  TH.  CORN.  Bertr.  de  Cigarral,  v,  <2.  Je 
vois  devant  notre  maison  Certain  homme  dont  l'en- 
colure Ne  me  présage  rien  de  bon,  mol.  Amph.  i, 
2.  Il  Avoir  l'encolure  de,  avoir  l'air,  l'apparence 
de....  Avoir  l'encolure  d'un  fripon.  Elle!  elle  n'en 
fera  qu'un  sot,  je  vous  assure....  Je  dis  qu'il  en  a 
l'encolure.  Mot.  Tart.  ii,  2.  D'un  censeur  de  plai- 
sirs ai-je  fort  l'encolure?  ID.  VÊtour.  I,  2.  Saumery 
avait  toute  l'encolure  d'un  maître  à  écrire,  et  tou- 
jours mis  comme  s'il  l'eût  été,  st-simon,  7t,  170. 
Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  être  d'encolure  à. 
Vous  êtes  d'encolure  à  vouloir  un  peu  mieux,  corn. 
le  Ment,  i,  t.  ||  8°  Terme  de  tailleur.  Le  dégage- 
ment de  l'habit  autour  du  cou.  ||  4°  Terme  de  ma- 
rine. Hauteur  du  milieu  de  chaque  varangue,  tri- 
bord et  bâbord,  au-dessus  de  la  râblure  de  la  quiUe. 
Il  Épaisseur  que  la  pièce  de  construction  appelée 
courbe  peut  avoir  au  point  de  jonction  de  ses 
branches. 

—  HIST.  ivi"  s.  L'encoleure  [isthme]  de  ceste 
péninsule,  lanode,  433.  Vouloient  tous  que  l'on  se 
retirast  au  Peloponese,  et  que  l'on  assemblast  toutes 
les  forces  de  la  Grèce  au  dedans  de  l'encoleure 
d'iceluy,  amyot,  Thémist.  47.  L'encoleure  des  cha- 
meaux et  des  austruches,  je  la  trouve  encores  plus 
relevée  et  droicte  que  la  nostre,  mont,  ii,  202. 

—  ÉTYM.  Enl,  et  col. 

t  ENCOMBRANT,  ANTE  (an-kon-bran,  bran-t'), 
adj.  Qui  encombre,  qui  cause  da  l'encombrement. 
Marchandises  encombrantes. 


—  HIST.  XIII*  s.  Car  s'il  veut  bailler  cuves  ou  hu- 
ches ou  gros  merrien  ou  tex  [telles]  choses  qui  sont 
encombreuses  à  manier  ;  li  créanciers  ne  les  prendra 
pas  s'il  veut,  beaum.  liv,  i. 

ENCOMBRE  (an-kon-br'),  s.  m.  Accident  fâcheux 
qui  empêche,  qui  fait  échouer.  Quelque  sinistre 
encombre,  mol.  le  Dép.  r,  2.  Perrette,  sur  sa  tête, 
ayant  un  pot  au  lait.  Bien  posé  sur  un  coussinet, 
Prétendait  arriver  sans  encombre  à  la  ville,  la  font. 
Fabl.  vil,  10.  Cependant,  devant  qu'il  fût  nuit,  U 
arriva  nouvel  encombre  :  Un  loup  parut,  m.  ib. 

II,   19. 

—  HIST.  xii*  s.  Trop  s'esragent  li  païsant;  E  si 
les  nos  convient  damer  [il  nous  les  faut  dompter], 
E  ratorner  e  raseignier  Queus  [quelle]  est  lor  vie  e 
lormestier;  Mais  c'est  lor  mort  e  lor  encombre, 

BENOÎT,  Chr.  de  Norm.  u,  26790.  ||  xv'  s Pour 

ce  qu'ils  estoient  grant  nombre  D'archiers  et  de  gens 
à  guisernes,  Doublant  qu'ils  ne  fissent  encombre. 
Si  ne  print  que  les  hommes  d'armes.  Vigiles  de 
Charles  YII,  1. 1,  p.  47,  dans  lacorne.  ||  xvi'  s. 
Inhumer  les  corps  morts,  dont  y  eut  si  grant 
nombre.  Qu'on  ne  pouvoit  passer  à  cheval  sans  en- 
combre, J.  MAROT,  V,  140.  Et  s'asseuroient  que  sa 
présence  les  preserveroit  de  tous  dangiers  et  en- 
combres, CARLOIX,  IX,  6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  encombre;  ital.  ingombro; 
bas-lat.  incombrum,  de  in,  et  combri  ou  cumbri, 
amas  de  bois  abattu;  cumbrus  est  dit  pour  cum- 
blus,  lequel  est  une  forme  barbare  du  latin  cumulus 
(voy.  comble  1). 

ENCOMBRÉ,  ÉE  (an-kon-bré,  brée),  por«.  passé. 
Passage  encombré.  Il  y  a  eu  un  peu  de  cohue,  et 
les  appartements  ont  été  encombrés,  picard.  Trois 
quartiers,  m,  2.  Il  eut  d'abord  à  s'avancer  sur  une 
route  glissante,  encombrée  de  bagages  et  de  fuyards, 
SÉGUR,  Hist.  de  Napol.  xi,  7. 

ENCOMBREMENT  (an-kon-bre-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'encombrer.  ||  Amas  de  matériaux,  de  voi- 
tures, de  personnes  qui  encombrent  un  passage. 
Pour  éviter  l'encombrement,  les  voitures  entreront 
par  un  côté  et  sortiront  par  l'autre.  Cette  multitude 
immense  entassée  sur  la  rive  [de  la  Bérézina]  , 
pêle-mêle  avec  les  chevaux  et  les  chariots,  y  formait 
un  épouvantable  encombrement,  ségur,  Hist.  de 
Napol.  XI,  9.  Ceux  qui  suivaient,  guidés  par  un 
stupide  instinct,  s'ajoutaient  à  cet  encombrement, 
sans  songer  à  pénétrer  dans  la  ville  par  ses  autres 
issues,   ID.  ib.  xu,  3. 

—  HIST.  xn'  s.  Quant  li  pluisur  entendent  qu'uB 
quist  l'encombrement  [qu'on  cherchait  la  perte] 
De  Thomas  l'arcevesque,  mult  en  furent  dolent, 
Th.  le  mart.  41.  Estroite  est  la  voie,  et  cil  qui 
esteir  welt  est  à  encombrement  à  ceos  [ceux]  ki 
welent  aleir  avant  et  ki  désirent  esploilier,  st  bern. 
667.  Ilxin's.  Pri-je  [je  prie]  Lucina  la  déesse  D'en- 
fantement, qu'el  doint  qu'il  nesse  Sans  mal  et  sans 
encombrement.  Si  qu'il  puist  vivre  longuement, 
la  Rose,  10661.  Quant  jurs  de  veue  est  donés  à 
celi  qui  le  requiert,  et  la  veue  ne  pot  estre  fête  en 
celé  jornée,  por  aucun  resnable  [raisonnable]  en- 
combrement.... beaum.  ix,  18.  Il  XVI*  s.  Sans  point 
mentir  un  desloyal  amant.  Sot  et  mauvais,  faict 
plus  d'encombrement  Â  la  partie  qui  par  luy  est 
deceue.  Que  le  péché  ni  la  faulte  conceue,  j.  ma- 
ROT,  V,  318.  Sur  la  nouvelle  a  luy  venue  du  gros 
encombrement  de  guerre  qui  estoit  venu  sur  les 
bras  du  roy  de  tant  de  pars,  m.  dd  bell.  425. 

—  ÉTYM.  Encombrer;  provenç.  encombrament  ; 
ital.  ingombramento.  On  disait  beaucoup,  dans  l'an- 
cien français,  encombrier  et  encombrance. 

ENCOMBRER  (an-kon-bré),  v.  o.  ||  1°  Obstruer 
un  passage.  Des  matériaux,  des  voitures  encom- 
brent la  rue.  ||  Fig.  Des  Anacréons  j'ai  la  liste.  Ils 
encombrent  ville  et  faubourgs,  bérano.  Pauvr.  am. 
Il  2°  S'encombrer,  v.  réfl.  Devenir  encombré.  La 
route  s'encombra  rapidement  de  chariots  et  de  ca- 
nons. 

—  HIST.  XI*  s.  E  ço  [il]  lur  dist ,  cum  s'en  fuit  par 
mer,  Ecum  il  fut  en  Alsis  la  citet,  E  que  l'imagine 
Deus  fistpur  lui  parler,  Epur  l'onordunt  ne  s'  volt 
ancumbrer.  S'en  refuit  en  Rome  la  citet,  Si  Alexis^ 
Lxxvii.  Oez,Seignur,  quel  péché  nous  encumbre, 
Ch.  de  Roi.  ii.  ||xii«s.  Tous  sesostaiges  [il]  a  laissez 
encombrés  [dans  l'embarras] ,  Ronc.  p.  483.  ||  xm"  s. 
De  divers  arbres  i  ot  tant.  Que  moult  en  seroie  en- 
combrés, Ains  que  les  eusse  nombres,  laRose,  1373. 
Dangier,  Paor,  Honte  m'encombre.  Et  Jalousie  et 
Male-Bouche,  ib.  4H0.  Fols  est  qu'à  lor  conseil 
abile,  De  sa  dete  pas  ne  s'aquite,  Ainçois  s'encom- 
bre, ruteb.  28.  L'en  cuidoit  que  l'empereur  eust 
envoie  ses  messages  plus  pour  nous  encombrer  que 
pournous  délivrer,  joinv.  ass.  1[xiv«s.  S'il  n'en 


1376 


liNC 


ettoit  que  un  frein],  il  convandroitqu'il  fust  graiit, 
et  ainsi  il  enoomberroit  les  lieus  des  autres  mem- 
bre» H  UB  iiONDEViLLE,  f  2»,  veno.  La  plus  clcrc 
niacé  et  la  moins  encombrée  de  bois  que  on  porra 
trouver,  Kodui,  f  cxxm.  ||  xv  s.  iMeune  le  vou- 
loil  mie  souffrir  [qu'ils  se  sauvassent]  ;  car  leur  pé- 
ché leur  encombra,  fboiss.  i,  i,  22.  |1  xvi*  s.  X 
liante  montée  le  faix  encombre,  u.  est.  De  la  pre- 
cell.  dulang.fr.  p.  2H. 

—  ETYM.  ETUombre;  provenç.  encombrar;  ital. 
ingombrare. 

f  ENCOMIASTE  (an-ko-mi-a-sf) ,  s.  m.  Celui  qui 
compose,  qui  écrit,  ou  qui  prononce  l'éloge  de 
quelqu'un.  Il  Mot  très-jjeu  usité  et  qui  ne  peut  se 
dire  d'ailleurs  que  dans  un  style  didactique. 

—  HIST.  xvi*  s.  0  bienheureux  confesseur  et  mar- 
tyr de  Dieu,  que  je  serois  volontiers  le  paranymphe 
et  l'encomiaste  de  tes  louanges,  Sat.  SIén.  p.  72. 

—  ÉTYM.  'EYXu}i,iaoTi>;,  do  lyxûniov,  louange,  de 
èv,  en,  et  xÛ|xï),  bourg,  quartier:  proprement  dis- 
cours devant  les  gens  d'un  quartier. 

f  ENCOMMENCER  (an-ko-man-sé),  i>.  a.  Entamer, 
se  mettre  à.  On  poursuivit  la  chose  encommencée, 
LA  FONT.  Fais.  Il  Terme  qui  vieillit. 

—  HlST.  XIII*  s.  Qui  tel  vilonie  encommence,  la 
Base,  7036.  ||  xv'  s.  Pour  continuer  les  mémoires 
par  moi  Philippe  de  Commines  encommencés, 
COMM.  VII,  Prol. 

—  ÉTYM.  £n  1 ,  et  commencer;  Berry,  encommen- 
cet;  ital.  incomminciare. 

ENCONTRE  (k  V)  (an-kon-tr') ,  loc.  prép.  ||  1°  Â 
l'encontre  de,  en  s'opposant  à.  Je  ne  vais  pas  à 
l'encontre  de  ce  que  vous  dites.  Le  personnage  est 
agréable,  il  fait  plaisir  à  considérer.  —  Je  n'en  vas 
pas  à  l'encontre,  Marivaux,  Préj.  vaincu,  se.  2. 
Il  Absolument.  Je  ne  vais  pas  à  l'encontre,  je  ne 
m'oppose  pas.  Toute  la  nature  criant  à  l'encontre, 
Boss.  Hort,  2.  Il  2°  X  l'opposite,  en  face.  Quand  ces 
beaux  oiseaux  [les  flamants]  volent  à  l'encontre  du 
soleil,  ils  ont  l'air  de  flèches  empennées  avec  des 
plumes  couleur  de  rose,  chateaubb.  Ilin.in,  I2). 
Il  Â  la  rencontre.  L'héroïne  s'avança  courageusement 
à  rencontre  des  douleurs,  id.  René,  2ti.  ||  Terme 
de  marine.  Deux  navires  vont  à  l'encontre  l'un  de 
l'autie,  lorsqu'ils  font  des  routes  diamétralement  op- 
posées et  qu'ils  se  voient,  l'un  l'autre,  par  l'avant. 

—  REM.  1.  Je  n'irai  pas  à  l'encontre  de  ce  que 
vous  dites,  façon  de  parler  bourgeoise,  dit  de  cail- 
liÊBES,  4690.  Vaugelas  aussi  condamne  la  locution 
comme  ne  se  disant  pas  à  la  cour  et  ne  se  trouvant 
pas  dans  les  bons  auteurs.  Elle  a  repris  faveur;  et 
Bossuet,  malgré  l'anathème  d«s  puristes,  s'en  était 
servi.  ||  2-  Dans  le  xvii»  siècle  on  disait  aussi  encon- 
tre. Ne  se  pouvant  tenir  encontre  tant  de  maux, 
BÉGNIER,  Sat.  XIV.  La  Fontaine  s'est  servi  plusieurs 
fois  de  cette  préposition  :  Ce  n'est  coup  sûr  encontre 
tous  esclandres.  On  ne  s'avise.  Elle  est  tombée  en 
désuétude.  ||  3.  Encontre  a  été  d'abord  et  est  resté 
longtemps  un  substantif  féminin  :  C'est  bonne  en- 
contre que  tu  fuis,  BiCfiELET.  Cet  emploi  pourrait 
tr^s-bien  être  repris. 

—  HIST.  XI*  s.  Jamais  n'ert  [ne  sera]  hom  qui 
encontre  lui  vaille,  Ch.  de  liol.  xxvii.  Â  Durandal 
je  la  [mon  épée]  mettrai  encontre,  ib.  lxxii.  En- 
cuntre  mei  [par  comparaison  avec  moi]  [il]  fait  as- 
sez à  priser,  ib.  cxvi.  ||xii*  s.  s.  Et  la  rolne  en- 
contre lui  courut,  itonc.  p.  (24.  El  [la  porte]  ne 
put  estre  encontre  lui  tenue,  ib.  p.  (47.  E  mult  li 
seit  bon  gré  que  si  grant  faisemprent,  Qu'encuntre 
rei  de  terre  saint  iglise  defent;  Partut  !i  aidera  là 
où  raisuns  consent,  Th.  le  mart.  68.  ||  xiu"  s.  En- 
contre [au-devant]  va  li  rois  moût  très  joieusement, 
Berte,  ix.  Moult  ont  au  matin  bone  encontre  Li 
oel  [les  yeux],  quant  Dame  Diex  lor  monstre  Le 
saintuaire  precieus  Do  quoi  il  sunt  si  envieus,  la 
Rose,  2737.  Tu  dois  mètre  force  et  deffense  Encon- 
tre ce  que  tes  cuers  pense,  ib.  30g2.  Et  li  enfant 
né  du  premier  mariage,  en  eus  deffendant,  di- 
soient encontre,  qu'à  eus  appartenoit  li  héritages, 
BEAUM.  xviii,  18.  Se  aucun  requiert  au  seignor  sai- 
sine d«  fié  qui  li  seit  escheue,  et  le  seignor  dit  au- 
cune chose  à  rencontre,  par  quel  ie  requérant  ne 
dée  [doive]  celle  saisine  aveir....  Ass.  de  Jér.  i 
236.  Il  xv«  s.  Grand  murmure  mouteplia  encontre 
Hue  le  Despensier,  froiss.  ,  i,  6.  X  cette  in- 
tention que  le  roi  Philippe  lui  aidast  mieux  et  plus 
volontiers  à  garder  son  droit  encontre  ledit  comte 
de  Monlfort,  iD.  i,  i,  U7.  De  première  venue  il  y 
eut  dur  encontre  et  fort  boulis,  m.  i,  i,  328.  Et 
00  bonne  encontre  le  premier  qu'il  trouva,  ce  fut 
!•  (talent  mari,  louis  xi.  Contes,  xxxii.  ||  xvi* 
i.  u  aisoyt  que  ces  bonnets  porteroyent  un  jour 
mal  enconue  à  leur  tondus,  rab.  Gory.  i,  8.  D'ung 


ENC 

sault  montoyt  six  pas  encontre  u«e  muraille,  id. 
ib.  I,  23.  U  y  en  a  qui  insisteront  à  l'encontre, 
en  soustenant  que  ceste  lecture  des  histoires  ne 
sçauroit  que  bien  peu  servir  à  l'acquisition  de  pru- 
dence,amyot,  Pri'f.ix,  34.  Oultre  toutes  ces  raisons, 
plusieurs  signes  luy  en  proœcttoient  bonne  encon- 
tre, m.  JVum.  <0.  Ils  appeloient  dureté  sa  sévérité 
encontre  les  meschans,  id.  Public.  5.  U  y  avoit  des 
marets  tout  encontre  [de  la  ville  à  assiéger],  id. 
aidas,  3).  Le  roy  répliqua  que  la  parole  qu'on  tire- 
roit  de  lui  estoit  un  remède  suffisant  à  l'encontre, 
d'aub.  Vie,  cm. 

—  ÉTYM.  En  A,  et  contre;  picard,  à  l'inconte; 
provenç.  encontra,  préposition,  encontre,  s.  m.; 
espagn.  encontro ,  préposition ,  encuentro,  s.  m.; 
ital.  inconlra,  préposition,  incontro,  s.  m. 

f  ENCOQOER  (an-ko-ké),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Faire  passer,  au  long  d'une  vergue,  une  boucle  de 
for,  pour  l'y  attacher. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  de  encocher. 

t  ENCOQOre  (an-ko-ku-r'),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Enfilement  de  la  vergue  dans  la  boucle. 

ENCOR  (an-kor) ,  voy.  encore. 

ENCORBELLEMENT  (an-kor-bè-le-man) ,  s.  m. 
Terme  d'architecture.  Construction  en  saillie  por- 
tant à  faux  sur  quelque  console  ou  corbeau,  au  delà 
d'un  mur.  Balcon,  galerie,  en  encorbellement. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  corbeau. 

ENCORE  (an-ko-r'),  adv.  de  temps.  ||  1"  Jusqu'au 
moment  dont  il  s'agit.  Elle  vit  encore.  Dans  dix  ans 
il  existera  encore.  Cela  se  faisait  encore  à  cette  épo- 
que. J'attends  encore.  Je  ne  demande  pas  que 
vous  cessiez  encore  Ou  de  haïr  Flavie  ou  d'ai- 
mer Théodore,  CORN.  Théod.  III,  5.  Pour  le  coeur,  si 
je  puis  vous  le  dire  entre  nous.  Je  ne  m'aperçois 
pas  qu'il  soit  encore  à  vous,  id.  Sur.  ii,  1.  Lesdog- 
matistes  sont  encore  à  répondre  depuis  que  le  monde 
dure,  PASC.  Grand.  26.  Elle  se  fait  un  Dieu  de  ce 
prince  charmant.  Et  vous  doutez  encor  qu'elle  en 
fasse  un  amant,  rac.  Alex,  l,  t.  Mes  malheurs  font 
encor  toute  ma  renommée,  id.  Bajat.  ii,  i.  Ahl 
douleur  non  encore  éprouvée,  id.  Phèd.  iv,  6.  Il 
ne  répond  encor  qu'au  nomd'Eliacin,  id.  Athal.  i, 
2.  U  ne  connaît  encor  d'autre  père  que  toi,  id. 
ib.  1 ,  2.  Les  premiers  revers  Qui  frappèrent  mes 
yeux  à  peine  encore  ouverts,  volt.  Zaïre,  u,  I. 
Il  Je  cours  encore,  se  dit  pour  exprimer  qu'on  ne 
reparut  plus,  qu'on  ne  recommença  pas,  qu'une 
chose  est  entièrement  laissée  de  côté,  qu'on  ne  s'en 
occupe  plus.  Cela  dit,  maître  loup  s'enfuit  et  court 
encor,  la  font.  Fabl.  i,  B.  Je  pris  la  clef  du  cabi- 
net et  puis  les  lettres  d'Etat  et  cours  encore,  st- 
siM.  48,  2IS.  Et  le  petit  chien  pas  plus  haut  que 
cela  [chien  enragé  dont  on  prétendait  avoir  été  mor- 
du]? —  U  court  encore,  scribe  etDELESTRE-poiasoN, 
le  Nouv.  Pourc.  se.  24.  ||  S'emploie  quelquefois  sub- 
stantivement comme  les  si,  les  mais.  Et  les  encore, 
enfin  tout  le  phœbé,  la  font.  Comment  l'esprit.  Le 
moment  où  l'on  dit  d'une  femme  :  elle  est  encore 
bien  jolie  !  cet  encore  gâte  bien  l'éloge,  n"'  de 
GENLis,  Adèle  et  Théod.  t.  i,  lett.  xi,  p.  69,  dans 
pouGENS.  Il  D'encore  en  encore,  en  allant  d'un  en- 
core à  un  autre  encore,  en  allant  encore  plus  loin. 
Il  suit  sa  pointe,  et  d'encor  en  èncor....  la  font. 
Comvient  l'esprit.  \l  1°  De  nouveau,  Quoil  vous  le 
faites  encore?  J'en  veux  encore.  Soleil  si  doux  au  dé- 
clin de  l'automne,  Arbresjaunis,  je  viens  vous  voir  en- 
cor. N'espérant  pas  que  la  haine  pardonne  X  mes  chan- 
sons leur  trop  rapide  essor,  biîrang.  Adieux.  ||  3°  De 
plus.  Outre  l'amende  il  fut  encore  condamné  à  la  pri- 
son. Il  4°  Il  indique  aussi  augmentation,  surcroît.  Il 
est  encore  plus  riche  que  son  frère.  11  exigea  encore 
davantage  Cela  augmentait  encore  sa  tristesse.  Pense- 
l-il  [l'esprit  fort]  nous  avoir  réjouis,  de  nous  dire 
qu'il  doute  si  notre  âme  est  autre  chose  qu'un  peu  de 
vent  et  de  fumée,  et  encore  de  nous  le  dire  d'un  ton 
de  voix  fier  et  content?  pasc.  Pensées,  2*  part, 
art.  2.  La  philosophie  ne  peut  faire  aucun  bien  que 
la  religion  ne  fasse  encore  mieux,  et  la  religion 
en  fait  beaucoup  que  la  philosophie  ne  saurait  faire, 

1.  ].  Rouss.  Ém.  IV,  note  44.  ||  5°  En  un  sens  res- 
trictif, qui  équivaut  à  :  remarquez,  remarquons, 
faites  attention;  en  ce  cas,  on  met  ordinairement 
le  pronom  sujet  après  le  verbe.  Ce  mot  n'est  guère 
usité  que  dans  telle  science,  encore  ne  l'emploie- 
t-on  que  rarement.  Je  n'y  sais  qu'un  remède,  en- 
core est-il  fâcheux,  corn.  Rodog.  iv,  3.  Encor 
n'usa-t-il  pas  de  toute  sa  puissance,  la  font.  Fabl. 
VI,  3.  Un  seul  arbre  s'offrit,  tel  encor  que  l'orage 
Maltraita  le  pigeon  en  dépit  du  feuillage,  id.  ib.  ix, 

2.  Encor,  dans  mon  malheur  de  trop  près  observée, 
Je  n'osais  dans  mes  pleurs  me  noyer  i  loisir,  rac. 
Plùdre,  IV,  t.  ||Si  le  sujet  est  un  nom  ordinaire. 


ENC 

il  ne  se  met  pas  après  le  verbe;  seulement  on  répète 
le  pronom.  Que  sa  prétention  fût  ou  non  légitime. 
Encor  ce  traitement  parait-il  inhumain,  roth.  An- 
tig.  IV,  4.  Il  6°  Car  encore,  c'est-à-dire  passe  pour,  on 
admettrait  que....  Les  vieillards  déploraient  ces  sé- 
vères destins;  Les  animaux  périr!  car  encor  les 
humains.  Tous  avaient  dû  tomber  sous  les  célestes 
armes,  la  font.  Phil.  et  Baucis.  ||  7°  Du  moins. 
Encore  s'il  voulait  se  relâcher  sur  ce  point,  on 
pourrait  lui  accorder  tout  le  reste.  Encore  est-il 
plus  raisonnable  que  je  ne  pensais,  et  je  croyais 
avoir  bien  plus  de  peine  à  m'en  dégager,  mol.  Mar. 
forcé,  44.  Encor  si  la  saison  s'avançait  davantage! 
Attendez  les  zéphyrs;  qui  vous  presse?  la  font.  Fabl. 
IX,  2.  Encor  si  nous  pouvions  prolonger  son  erreur  I 
VOLT.  Orphel.  u,  2.  ||  8»  Pas  encore,  se  dit  (par  abré- 
viation pour  :  non  pas  encore)  après  une  question  où 
l'on  demande  si  la  chose  dont  il  s'agit  est  faite  ou 
doit  être  faite.  Faut-il  venir?  pas  encore.  Est-il 
venu?  pas  encore.  ||  Il  se  dit  aussi  pour:  non  en- 
core; mais  cet  emploi  n'est  pas  à  recommander;  il 
faut  dire  :  non  encore.  Ce  qu'elle  peut  sur  un  coeur 
pas  encore  accoutumé  à  la  force,  mass.  Car.  Inconst. 
Il  9° Encore!  pris  elliptiquement,  signifie,  suivant 
l'occasion  et  le  verbe  sous- entendu,  soit  recommen- 
cez, ajoutez;  soit  l'improhation  et  le  mécontente- 
ment que  fait  éprouver  un  fait  qui  se  renouvelle. 
Quoi!  petit  polisson,  encore!  ||  10°  Mais  encore, 
s'emploie  comme  corrélatif  de  non-seulement.  Non- 
seulement  il  est  libéral,  mais  encore  il  est  prodi- 
gue. ||  U*  Mais  encore  s'emploie  interrogativement 
avec  la  signification  d'une  certaine  insistance  pour 
obtenir  un  détail  plus  précis.  Dites  vos  raisons.  — 
Je  ne  veux  pas.  —  Mais  encore?  ||  12°  Encore  que, 
loc.  conj.  gouvernant  le  subjonctif,  quoique,  bien 
que.  Encor  qu'à  mon  devoir  je  coure  sans  terreur, 
corn.  Hor.  II,  3.  Encor  qu'il  soit  sans  crime,  il  n'est 
pas  innocent,  id.  Nicom.  ii,  4.  On  a  peur  de  le 
voir  encor  qu'on  le  désire,  la  pont.  Fabl.  vui,  43. 
Encor  que  le  pouvoir  au  désir  ne  réponde,  Nos  hôtes 
agréeront  les  soins  qui  leur  sont  dus,  iD.Phti.  etRauc. 
Encor  que  son  retour  En  un  grand  embarras  Jette 
ici  mon  amour....  mol.  Éc.  des  f.  m,  4.  Encore 
qu'ils  soient  fort  opposés  à  ceux  qui  commettent 
des  crimes,  pascal,  Prov.  8.  Encore  que  notre 
esprit  soit  de  nature  à  vivre  toujours,  il  abandonne 
à  la  mort  tout  ce  qu'il  consacre  aux  choses  mortelles, 
BOSS.  Duch.  d'Orléans.  Les  Grecs  et  les  Romains 
ont  célébré  sa  [de  la  ville  de  Thèbes]  magnificence 
et  sa  grandeur,  encore  qu'ils  n'en  eussent  vu  que 
les  ruines,  id.  Ilist.  m,  3.  Florienfuttué,  et  Probus 
forcé  par  les  soldats  à  recevoir  l'empire,  encore 
qu'il  les  menaçât  de  les  faire  vivre  dans  l'ordre,  xd. 
ib.  I,  40.  Encore  que  les  Hollandais  eussent  pris 
Pondichéry....  volt.  Louis  XIV,  29.  ||  On  peut 
aussi  corlstruire  encore  que  avec  le  conditionnel; 
cependant  c'est  une  tournure  vieillie.  Encore  que 
vous  me  donneriez  miUe  écus,  je  ne  ferai  pas  cela, 
chifflet.  Grammaire,  p.  4  30.  ||  Encore  que  se  con- 
struit avec  des  noms  et  des  adverbes.  Et  ce  souhait 
impie  encore  qu'impuissant,  corn.  Ilor.iv,  6.  Vous 
en  êtes  la  cause  encor  qu'innocemment,  id.  Po- 
lyeucte,  iv,  6. 

—  REM.  En  poésie,  on  écrit  indifféremment  en-  ' 
core  et  encor,  suivant   le  besoin.  L'ancienne  prose 
écrivait  aussi  encores. 

—  HIST.  xi°  s.  Et  uncore  le  mande  l'on  [que  on 
le  somme  encore]  que  il  vienge  à  droit  [qu'il  vienne 
devant  le  juge].  Lois  de  Guill.  46.  Charles  res- 
pont  ;  uncor  pourra  garir,  Ch.  de  Roi.  x.  ||  xii°  s. 
Encore  aurons  d'Espaigne  le  reignier  [royaume], 
Ronc.  p.  44 .  Mais  [je]  ne  sai  pas  encor  certainement 
Quel  guerredon  ele  me  voudra  rendre,  Couci,  v. 
N'  [ni]  encor,  amors,  ne  vous  ai  reproché  Mon 
service....  ib.  vu.  Heûrs,  servirs  et  talens  Me  pour- 
ront encor  valoir,  ib.  xii.  Que  [car]  mon  langage  ont 
blasmé  li  François  Et  mes  chançons,  oïant  les  Cham- 
penois Et  la  contesse  encoir,  dont  plus  me  poisa 
[fâche],  QDESNES,  Romancero,  p.  83.  Encoir  ne 
soit  ma  parole  françoise.  Si  la  peut-on  bien  entendre 
en  françois,  id.  ib.  Cel  jour  firent  François  d'Anseys 
chevalier.  Car  ancores  servoit  au  rôle  d'escuier. 
Saxons,  iv.  Guiteclin,  fait-il,  sire,  moult  peuz  estre 
joians;  Ancor  sera  cest  monz  [monde]  touz  à  toi 
apendanz,  ib.  Encor  ne  savoit  Karles  du  domage 
néant,  ib.  xu.  X  mon  pooir  [je]  vous  ai  conseillé 
mainte  fie  [fois]  Et  ancor  vous  conseil,  ib.  \x.  \\  xui* 
s.  [Que  Dieu]  Doint  qu'encor  leur  en  soit  li  guerre- 
dons  rendus,  Berte,  xiiv.  Encor  s  en  peuvent  cil  qui 
or  sont,  percevoir,  ib.  liv.  Encore  lui  semble  Berte 
plus  belle  à  esgarder,  ib.  cxii.  |j  x»V  s.  Encores  que 
mon  feu  père,  Grandgousier,  eust  adonné  tout  son 
estude  à  ce  que  je  prouffictasse,  ràb.  /  oni.  u,  3. 


ENC 


ENC 


ENC 


137Î 


Je  t'en  donnay  quelque  goust  quand  tu  estoys  en- 
cores  petit,  id.  ib.  11  n'est  point  besoing  que  vous 
prenez  la  peine  de  venir  encores,  pour  les  raisons 
que  je  vous  manderay,  marquer.  Lctt.  <B3.  Si 
est-ce  que  encores  [pourtant]  en  y  a  il  qui....  mont. 
I,  28.  La  peur  est  encores  plus  insupportable  que 
la  mort,  id.  i,  64.  Il  n'est  demeuré  de  luy  que  ce 
discours,  encores  par  rencontre,  id.  i,  206.  Quand 
vous  voyez  une  riche  demeure,  encores  que  vous 
ne  sachez  qui  en  est  le  maistre....  id.ii,  271.  Encor 
qu'Homère  est  le  premier  compté ,  De  s'arrester  les 
autres  n'ont  eu  garde,  la  boét.  478.  Or  ceste  ci, 
or  ceste  là  il  treuve.  Et  puis  encor  une  autre  toute 
neuve,  id.  479.  Ce  lieu  s'appelle  encores  à  présent 
Theseia,  amtot,  TMs.  5.  Si  matin  qu'il  n'estoit  pas 
encores  jiur,  id.  Puilic.  ts.  Si  survint  encores 
une  autre  armée  ,  laquelle  gasta  tout  le  ter- 
ritoire de  Rome,  id.  <b.  32.  Père,  dit-il,  nous  avons 
assez  de  pinte  de  vin  pour  vous  et  pour  moi,  en- 
core [pourvu]  que  vous  n'en  buviez  point,  desper. 
Contes,  LU. 

—  ÊTYM.  Génev.  oncore ;  picard,  core,  couere, 
coir,  ecouere  (Breteuil),  ouere  ;  norm.  co  ;  environs 
de  Paris,  core;  bourguig.  enco  ;  bressan,  oncor  ; 
anc.  espag.  encara;  ital.  ancora;  du  latin  hanc 
horam,  jusqu'à  celte  heure.  La  forme  uncore  vient 
de  unquam  hora. 

f  E^■C0RNA1L  (an-kor-nall.  Il  mouillées),  s.  m. 
Terme  de  marine.  Trou  pratiqué  dans  l'épaisseur 
du  sommet  d'un  mât  pour  servir  à  mettre  un  rouet 
de  poulie. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  corne. 

ENCORNÉ,  ÉE  (an-kor-né,  née),  adj.  ||  1°  Oui  a 
des  cornes.  Avec  son  ami  bouc  des  plus  haut  en- 
cornés, LA  FONT.  Fabl.  III,  B.  Il  2»  Terme  de  vété- 
rinaire. Javart  encorné,  celui  qui  vient  sous  la 
corne  du  cheval,  par  opposition  à  javart  nerveux, 
celui  qui  vient  sur  le  nerf.  ||  Atteinte  encornée,  bles- 
sure que  se  fait  un  cheval  à  la  partie  interne  du 
boulet  et  qui  pénètre  au-dessous  de  la  corne. 

t  ENCORNER  (an-kor-né),  v.  a.  ||  1°  Frapper,  per- 
cer avec  les  cornes.  Aurions-nous  eu  le  loup ,  si  ma 
chèvre  héroïque  N'ivait  encorné  le  bandit?  fr.  de 

NEUPCHATEAU,  dans  le  DiCt.  de  BESCHERELLE.  Il  2°Fig. 

Terme  du  langage  libre.  Donner  des  cornes,  faire 
cocu.  Et  par  le  moyen  de  Dédale.[Il]  Encorna  la 
maison  royale,  scahron,  Virg.  trav.  liv.  vi.  Et,  cor- 
nus du  bon  père  [ivres  du  vin  du  bon  père  Bao- 
chusj ,  encorner  le  lapithe,  bégnieii,  Sat.  x. 

—  KTYM.  Jin  4,  et  corne. 

t  ENCORNET  (an-kop-nè) ,  s.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  d'une  petite  sèche  dont  la  morue  fait  vo- 
lontiers sa  pâture.  Il  Encornet  gigantesque,  sorte  de 
poulpe  énorme  dont  l'existence  avait  été  contestée, 
mais  qui  a  été  vu  récemment  par  des  navigateurs, 
et  qui  a  <B  à  18  pieds  (queue  et  tête)  et  huit  bras 
de  B  à  8  pieds  de  long  chacun. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  cornet. 

t   ENCORNETER   (an-kor-ne-té.  Le  t  se  double 

quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  encornette), 

V.   a.   Coiffer  d'une  cornette,    habiller  en  femme. 

Il  S'encorneter,  v.  réfl.  Messire  Bon  se  couvrit  d'une 

,  jupe,  S'encorneta,  la  font.  Coc. 

—  ETYM.  En  4 ,  et  cornette. 

t  ENCOTILLONNÉ  (an-ko-  ti-llo-né ,  Il  mouillées) , 
aâj.  m.  Soumis  à  la  puissance  d'une  femme.  Ah! 
ah!  nous  sommes  encotillonnés,  dit-il,  avec  un 
laisser-aller  d'élocution  qui  sentait  la  caserne,  CH. 
DE  BERNARD,  la  Femme  de  40  ans,  §  11. 

—  ÉTYM.  En  \,  et  cotillon. 

t  ENCOTONNER  (an-ko-toné) ,  '  t>.  o.  Garnir  de 
coton,  de  duvet. 

—  HiST.  XVI*  s Et  quand  le  second  âge  Nous 

vient  encotonner  de  barbe  le  visage,  bons.  910. 

—  ÉTYM.  En  \,  et  coton. 

t  ENCOUBERT  (an-kou-ber) ,  s.  m.  Espèce  de  ta- 
tou à  cuirasse  rayée,  dit  aussi  cirquinçon. 

\  ENCOULOIR  (an-kou-loir),  s.  m.  i'iéce  de  bois 
entai  lléed'une  fente  où  passe  l'étoffe  àmesure  qu'on 
la  tisse. 

—  ÉTYM.  J?n  4 ,  et  couler. 
ENCOURAGEANT,  ANTE  (an-kou-ra-jan,  jan-t') , 

adj.  Qui  encourage.  Un  début  encourageant.  D'en- 
courageantes paroles.  Les  nobles  vertus  que  tu  pa- 
res [ô  éloquence].  Peut-être  deviendraient  plus  ra- 
res Sans  ces  tributs  encourageants,  lamotte,  dans 

BESFONTAINES. 

ENCOURAGÉ,  ÉE(an-kou-ra-jé,jée),  part,  passé. 
X  qui  du  courage  a  été  inspiré.  Encouragé  par  ces 
paroles.  La  troupe  encouragée  par  l'exemple  du  chef 
marcha  en  avant. 

ENCOURAGEMENT  (an-kou-ra-je-man) ,  s.  m. 
Il  1°  Action  d'encourager.  L'encouragement  au  tra- 

DICT.    DE   LA   LANGUE    FBANÇAISE. 


vail,  à  bien  faire.  ||  2"  Ce  qui  encourage.  Les  élo- 
ges et  les  récompenses  sont  des  encouragements. 
Il  3'  Dans  le  langage  administratif,  toute  protection 
qui  facilite  la  vente  ou  l'échange  des  produits,  toute 
mesure  qui  sollicite  le  développement  du  travail  et 
le  perfectionnement  des  produits  par  des  récom- 
penses. Le  ministère,  s'apercevant  que  l'exemp- 
tion d'impôts  n'était  pas  suffisante  pour  réveiller  l'é- 
mulation anglaise,  eut  recours  aux  encouragements, 
BAYNAL, //is(.  phil.  XVII,  22.  Il  Société  d'encoura- 
gement, nom  donné  à  diverses  sociétés  scientifi- 
ques, agricoles  ou  industrielles. 

—  HIST.  XYi*  s.  Encouragement,  qudin,  Dict. 

—  ÉTYJI.  Encourager. 

ENCOURAGER  (an-kou-ra-jé.  Le  g  prend  un  e 
devant  a  et  0  ;  j'encourageais,  nous  encourageons) , 
V.  o.  Il  1°  Inspirer  du  courage,  exciter,  animer.  El 
pratiquez  mieux  l'art  de  les  encourager,  corn. 
Tois.  d'or,  v,  B.  J'aurai  soin  De  vous  encourager, 
s'il  en  est  de  besoin,  mol.  F.  sav.  v,  2.  Vous  voyez 
par  quelles  paroles  Dieu  lui  fait  sentir  l'état  d'où  il 
l'a  tirée;  mais  écoutez  comme  il  l'encourage  parmi 
les  dures  épreuves  où  il  met  sa  patience,  boss.  Anne 
de  Gonx.  Allons  de  tous  les  Grecs  encourager  le 
zèle,  RAc.  Andr.  m,  <.  Faible  et  fier  ennemi ,  ma 
bonté  t'encourage,  volt.  Mérope,  v,  2.  Ton  aspect 
m'encourage  et  ne  m'étonne  pas,  id.  Sémir.  m,  6. 
Encourager  les  bons,  étonner  les  timides,  m.  Brxt- 
tus,  IV,  7.  Je  cours  à  vous  servir  encourager  son 
âme,  ID.  J/aftom.  m,  3.  ||  2°  Favoriser  par  une 
protection  .spéciale.  Encourager  les  sciences,  les 
lettres,  les  arts,  l'agriculture.  ||  Il  se  dit  aussi  des 
choses  mauvaises  que  l'on  favorise.  Encourager  le 
vice,  le  crime.  A  de  nouveaux  mépris  l'encourager 
encore,  bac.  Andr.  11,  s.  ||  3°  S'encourager,  v.  réfl. 
Se  donner  réciproquement  du  courage.  Ils  s'encoura- 
geaient l'un  l'autre.  ||  S'encourager  soi-même.  J'ai 
beau  me  raisonner,  m'encourager,  je  ne  puis  m'y 
décider. 

—  HIST.  XIII*  s.  Renart  voit  Ysengrin  irié  Et  de 
maufere  encoragié,  flen.  20072.  Glorieuse  vierge 
Marie,  Puisque  vos  services  m'est  biaus.  Et  je  vous 
ai  encouragie  [eue  en  mon  courage,  en  mon  cœur], 
Poésies  mss.  t.  iv,  p.  4424,  dans  lacurne.  ||  xiv"  s. 
Il  vit  que  les  siens  estoiont  bien  ardans  et  encoura- 
giez d'aller  à  la  besongno,  BERCHEIJRE,  f  ^6,  verso. 
Il  XV*  s.  Tous  encourages  de  mal  faire,  si  la  chose 
n'alloit  à  leur  volonté,  froiss.  ii,  11,  20.  On  est  par 
nature  plus  fort  et  mieux  encouragé  en  assaillant 
que  on  ne  soit  en  défendant, id.  ii,  m,  19.  Or,  sus! 
afin  de  vous  encouraigier.  Je  vay  le  mien  [verre] 
vider  premièrement,  basselin,  xl.  ||xvi'  s.  Epami- 
nondas  encouragé  par  sa  victoire,  amyot,  Agésil. 
48.  Ayant  presché  et  encouragé  ses  soudards,  id. 
Timol.  3S. 

—  ÉTYM.  En  ) ,  et  courage.  On  trouve  aussi  acou- 
rager  dans  le  xvi"  siècle. 

t.  ENCOURIR  (an-kou-rir), «.  a.  Il  se  conjugue 
comme  courir.  ||  1°  Tomber,  parquelque  méfait,  sous 
le  coup  d'une  pénalité.  Encourir  les  peines  portées  par 
la  loi.  Encourir  une  amende.  Ils  ne  doivent  point  en- 
courir la  peine  de  cette  bulle,  pascal,  Prov.  8.  Le 
bon  roi  Robert  encourut  les  censures  de  l'Église 
pour  avoir  épousé  sa  cousine,  sainï-foix,  Ess.  Paris, 
(Euvres,  t.  IV,  p.  9S,  dans  pougens.  ||  2*  Par  exten-' 
sion,  s'exposer  à.  Je  ne  puis  encourir  de  honte  ni 
de  blâme,  Tristan,  Panlhée,  11,  4.  Et  je  n'encour- 
rais point....  Le  reprocht  éternel  de  les  avoir  trahis, 
MAiR.  Mort  d'Asdrub.  11,  ).  Et  si  pour  encourir  votre 
indignation,  rotrou,  Vencesl.  i,  i. 

—  HIST.  XII*  s.  X  Ii  a-mer  encorent  Ii  plusor, 
Jtonc.  p.  B3.  Il  XIII*  s.  X  ce  que  il  craignent  à  en- 
courre  le  vice  de  parjure,  non  pas  tant  seullement 
pour  la  paour  de  Dieu  et  de  nous,  mez  pour  la 
honte  du  monde,  jomv.  20B.  ||xiv*  s.  La  publique 
honte  que  il  encouroient,  bercheure,  f°  43,  recto. 
Encourir  la  double  d'estre  en  souspeçon  de  convoi- 
tier  le  royaume ,  id.  f°  30,  reelo.  ||  xv*  s.  Nous  som- 
mes obligés,  par  foi  et  serment  et  sur  deux  mil- 
lions de  florins  à  la  chambre  du  pape,  que  nous  ne 
pouvons  émouvoir  guerre  au  roi  de  France,  sans 
estre  encourus  en  cette  somme,  froiss.  i,  i,  9&.  Je 
n'ai  veu  nulle  occasion  pourquoyplus  tost  il  deusl 
avoir  encouru  l'yre  de  Dieu,  que  de  ce  que...  comm. 
V,  9.  Il  xvi*  s.  D'où  le  roy  encourut  sa  dernière 
ruine,  mont,  i,  23  [Que]  celuy  qui  s'en  venge  en- 
coure une  peine  capitale,  id.  i ,  <  1 9.  Demetrius  donc, 
après  avoir  esté  trois  ans  confiné  en  ceste  Cherso- 
nese,  encourut  d'oisiveté,  dégraisse  et  d'y  vrongne- 
rie,  une  maladie  dont  il  mourut,  ahmot,  Démélr. 
74.  Il  se  faut  bien  donner  garde  de  tirer  trop  fort, 
de  peur  d'encourir  es  accidents  susdits,  paré  , 
XIII,  4. 


—  ÉTYM.  Provenç.  eneorre,  encorrer;  espagii. 
incurrir;  ital.  ineorrere;  du  latin  incurrere,  de  in, 
en,  et  currere,  courir. 

t  2.  ENCOURIR  (S")  (an-kou-rir),  ».  réft.  qui 
n'est  plus  usité,  mais  qui  l'a  été  durant  tout  le 
XVII*  siècle.  Se  mettre  à  courir.  Afin  de  la  trouver, 
il  s'encourt  au  trépas,  Régnier,  Plainte.  Et  dans  la 
galerie,  encor  que  tu  lui  parles.  Il  te  laisse  au  roi 
Jean  et  s'encourt  au  roi  Charles,  id.  Sat.  x.  11  s'en- 
court tout  transporté  frapper  à  la  porte  de  la  cham- 
bre, SCARBON,  Roman  com.  i,  8.  Ce  discours  fut  à 
peine  proféré.  Que  l'écoutant  s'encourt  et  tout  ou- 
tré...., LA  FONT,  les  Aveux  indiscrets.  \\  On  écrit 
aussi  s'en  courir,  en  trois  mots  (voy.  courir). 

—  HIST.  XIII*  s.  Par  là,  soit  esté,  .soit  ivers,  S'en- 
corent  dui  flueves  [fleuves]  divers,  la  licie,  8004. 
Il  XVI*  s.  Brutus  s'encourut  incontinent  sur  la 
place,  criant  que  son  compagnon  estoit  traistre, 
amyot.  Public.  4. 

—  ÉTYM.  Berry,  s'encourir,  se  mettre  à  courir; 
de  courir,  non  avec  en,  représentant  le  latin  in,  mais 
avec  en,  représentant  l'ndc,  de  là  (voy.  en  2). 

t  ENCOURTINER  (an-kour-ti-né),  v.  a.  Garnir 
de  courtines,  de  tapisseries,  de  rideaux. 

—  HIST.  XIII*  s.  Trestoute  la  grant  rue  e-itoit  en- 
courtinée,  Berte,  Lxxxii.  ||  xv*  s.  Le  dit  eschafaul 
couvert  de  drap  de  haute  lice,  et  encourtiné  à  ma- 
nière d'une  chambre,  froiss.  m,  iv,  (.  ||  xvi*3. 
Nous  tirons  un  prince  du  berceaif  encourliné  d'es- 
pines,  d'elles  armé  et  picqué  tout  ensemble,  d'aub. 
Ilist.  préf.  VI. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  courtine;  provenc.  encortinar  ; 
espagn.  incortinar ;  ital.  ineortinare. 

ENCOURU,  UE  (an-kou-ru  ,  rue),  part,  passé 
d'encourir.  Les  peines  encourues. 

t  ENCOUTURE  (  an-kou-tu-r') ,  s.  f.  Terme  de 
marine.  Disposition  des  madriers  encouturés. 

t  ENCOUTURER  (an-kou-tu-ré),  v.  a.  Terme  de 
marine.  Disposer  des  madriers  à  recouvrement, 
suivant  l'arrangement  que  l'on  appelle  clin. 

—  ÉTYM.  En  I,  et  couture. 

t  ENCRAGE  (an-kra-j'),  s.  m.  Terme  de  typogra- 
phie. Action  d'encrer,  de  noircir  avec  l'encre. 

—  ÉTYM.  Encrer. 

ENCRASSÉ,  ÉE  (an-kra-sé,  sée),  part,  pasti. 
Plein  de  crasse.  Les  mains  encrassées. 

t  ENCRASSEMENT  (an-kra-se-man) ,  s.  m.  Action 
d'encrasser;  résultat  de  cette  action.  On  comprend 
que  l'impureté  de  l'air  doit  être,  dans  la  pratique, 
une  cause  d'encrassement  rapide  [d'une  machine], 
Acad.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  lvi,  p.  6 12. 

ENCRASSER  (an-kra-sé),  v.  a.  \\  1°  Rendre  cras- 
seux. La  poudre  qu'on  mettait  sur  la  tête  encrassait 
les  habits.  ||  2°  S'encrasser,  v.  réjl.  ■  Se  couvrir  do 
crasse.  Il  y  a  des  étoffes  qui  s'encrassent  aisément. 
Un  fusil  qui  s'encrasse.  ||  Fig.  Se  mésallier,  s'avilir 
par  la  fréquentation  de  gens  de  mauvaise  com- 
pagnie. Cette  expression  est  du  style  familier. 

—  HIST.  xvi*  s.  En  la  vieillesse  nous  apportons  le 
palais  encrassé  de  rhume,  mont,  ii,  13. 

—  ÉTYM.  En  4,  et  crasse. 

t  ENCKATITE  (an-kra-ti-f),  s.  m.  Sectaire  chré- 
tien despremiers  siècles  qui,  faisant  profession  d'une 
rigide  continence,  rejetait  le  mariage  comme  im- 
moral, et  s'abstenait  de  l'usage  de  la  viande. 

—  ÉTYM.  Encratita,  dérivé  du  grec  è^xpati^;, 
continent,  de  èv,  en,  et  xpatsiv,  commander:  qui 
commande  à  soi  même. 

t  ENCRA VATEMENT  (an-kra-va-te-man),  s.  m. 
Terme  très-familier  et  de  moquerie.  L'art  ou  l'action 
de  mettre  sa  cravate.  Depuis  qu'elle  me  distin- 
gue, Mme  Javerval  préside  d'elle-même  à  l'encra- 
vatement  de  son  époux,  qui  se  trouve  ainsi  l'agent 
de  notre  correspondance,  ch.  de  bernabd,  la  Peine 
du  talion,  §  i. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  cravate. 

ENCRE  (an-kr'),  s.  f.  ||  1*  Liqueur  ordinairement 
noire  dont  on  se  sert  pour  écrire,  pour  imprimer. 
L'encre  pour  écrire  la  plus  employée  est  un  tanno- 
gallate  de  protoxyde  de  fer  mêlé  de  gomme,  d'in- 
digo ou  de  sucre  pour  lui  donner  du  brillant.  En- 
cre indélébile.  Aussi  bien  de  penser  rendre  cet 
homme-là  plus  coupable  qu'il  ne  s'est  fait  lui-même, 
ce  serait  jeter  de  l'encre  sur  le  vistge  d'un  More, 
balz.  liv.  m,  lett.  7.  Je  soutiendrai  mon  opinion 
jusqu'à  la  dernière  goutte  de  mon  encre,  mol.  Uar. 
forcé,  6.  Mais  je  vois  venir  sur  le  soir  Notre  astrono- 
mique Emilie,  Avec  un  vieux  tablier  noir.  Et  la  main 
d'encre  encor  salie,  volt.  Ép.  xlv.  ||  Encre  rouge, 
bleue,  etc.  liquidescolorés  dont  on  se  sert  quelquefois 
pour  écrire.  Il  Encre  d'imprimerie,  pâte  liquide  qui 
consiste  en  un  mélange  de  noir  de  fumée  et  d'huile 
de  lin  cuite.  ||  Encre  lithographique,  encre  servant 

I.  --  173 


1378  i:n<^ 

»  rimpreiilon  lilhogr.phiqu.  et  »  peu  pré.  Mtnbla- 
lilfl  à  l'encre  d'impriBierie.  ||  Encre.  autogr»phiquei, 
enerit  avec  lesquelles  on  écrit  .ur  un  papier  pré- 
paré  pour  transporter  lei  caractères  .ur  les  picrros 
mbodraphlques.  ||  KIg.  Mille  soupçons  plus  noir. 
oue    l'encre    .'emparèrent    do    son   imagination, 
BAintT.  Cromm.  ».  Il  Suer  do  l'encre,  être  dans  un 
eroharr».  eitrême.  M.  do  Deauvillier,  dont  le  rang 
d'opiner  était  le  pénultième  des  ministres,  suait  de 
l'encre  d'entendre  Torcy,  ST-giii.  3oa,  m».  ||  Écrire 
de  hi  bonne  encre  ou  do  bonne  encre  à  quelqu'un, 
lui  écrire  «ans  ménagement,  vertement.    ||  C'est  la 
bouteille  à  l'encre,  le  dit  d'une  affaire  compliquée 
et  rendue  obscure;  et,  en  parlant  d'une  personne, 
se  dit  d'une  personne  qu'on  ne  comprend  pa»  et  qui 
ne  »e  comprend  pas  elle-même.  ||  Être  dana  la  bou- 
teille à  l'encre,  être  dan»  le  secret  d'une  affaire, 
d'une  intrigue.  On  dit  plus  ordinairement  être  dans 
la  bouteille.  Il  »•  Encre  de  chine,  composition   sèche 
qu'on  emploie  en   détrempe  et  surtout  au  pinceau; 
elle  nous  est  venue  do  Chine,  où  elle  est  en  grand 
usage.  Il  3*  Encre  sympathique,  encre  sans  couleur, 
qui  se  colore  et  devient  visible  quand  on  traite  le 
papier  par  la    chaleur  ou  par   quelque  agent  chi- 
mique. Il  Proverbe.  Il  n'y  a  plus  d'encre  au  cornet, 
te  dit  d'un   homme  dont  la  vie  est  près  de  s'étein- 
dra et  aussi  dont  l'esprit  est  épuisé. 

—  REM.  Encre  a  été  longtemps  d'un  genre  in- 
décis; Chifdei,  Gramm.  p.  s*»,  dit  qu'il  est  des 
deux  genres.  Êtymologiquement,  il  devrait  être  mas- 
culin; mais  la  terminaison,  qui  est  féminine,  l'a 
emporté. 

—  HIST.  XIII'  s.  De  l'anel  de  son  doit  seela  ceste 
lettre;  De  son  sang  les  escrist,  autre  enque  n'i  fist 
mètre,  ruteb.  ii,  (06.  ||  xiv  s.  Et  se  ce  ne  veit 
[veut]  faire,  je  manderai  mes  hommes;  Tant  en 
ferai  venir  par  parchemin  et  ainore,  Que  mater  le 
perrons  et  en  bataille  vaincre,  Girart  de  Rots.  v. 
ta35.  Il  xvi*  3.  Le  roi  et  la  roine  en  escrivirent  de 
si  bonne  ancre  qu'on  le  laissa  poursuivre,  d'aub. 
Hisl.  a,  31.  Le  sang  qui  a  signé  la  guerre  n'est 
pas  encore  sec  par  les  champs;  et  aussi  peu  scche 
l'ancre  qui  vient  de  signer  la  paix,  ID.  t'b.  262.  En 
descrivant  pathétiquement  la  douloureuse  tragédie 
qui  a  pâli  mon  ancre  de  mes  larmes,  id.  ib.  iti, 
S.17. 

ÉTYll.  Génev.  encre,  s.  m.;  wallon,  enche  ; 
provcnç.  encaut;  espagn.  encousio;  ital.  inchiosiro; 
anc.  vénitien,  inco.5(ro;  sicilien,  in(7a;angl.  ink.  L'ori- 
gine de  ces  mots  est  le  latin  enca««(«m,  en  t-Teo  lyxau- 
CTTov,  encre  rouge  avec  laquelle  les  empereurs  grecs 
signaient  (de  iv,  et  xau(no(,  brillé,  voy.  encaustique). 
Le  mot  latin  et  le  mot  grec  s'accentuaient  différem- 
ment; le  latinavait  l'accent  sur  la  syllabe  eau,  et  le 
grec  sur  la  syllabe  iyx;  et,  comme  dans  tous  les 
mots  tirés  du  grec  où  l'accentuation  nationale  était 
en  conflit  avec  l'accentuation  étrangère,  la  pronon- 
ciation de  encaustum  était  tantfit  latine  :  encatistum , 
tantôt  grecque  :  incauitum  ;  du  moins  c'est  ce  que 
montrent  les  langues  romanes  qui  reproduisent  les 
unes  éncaiulum  (le  français,  ses  patois  et  le  sici- 
lien), les  autres  encatUtum  (le  provençal,  l'espa- 
gnol et  l'italien). 

ENCRÉ,  ÉE  (an-kré,  krée),  par»,  passé.  Balles 
[d'imprimerie]  encrées.  Rouleaux  [d'imprimerie] 
encrés. 

t  ENCRËCHEMENT  (an-krè-che-man) ,  t.  m.  En- 
ceinte formée  de  pieiu  pour  préserver  les  fondations 
d'un  ouvrage  hydraulique. 

—  ÉTYM.  R>  < ,  et  crècht. 

t  KNCRENÉ,  ÉB  (an-kre-né,  née),  adj.  Terme  de 
métallurgie.  Fer  encrené,  fer  parvenu  à  l'état  qu'il 
prend  sous  le  marteau  après  la  seconde  chaude. 

tENCREl'É,  ÊK  (an-krê-pé,  pée),par(.  passé. 
Par  ma  foi,  nous  voilà  plaisamment  équipés.  Noirs 
du  bas  jusqu'en  haut  et  des  mieux  encrêpés,  hau- 
TsaocHR,  le  Deuil,  se.  t. 

t  ENCREper  (an-krê-pé),  v.  a.  Garnir  de  crêpe 
pour  deuil.  ||  S'encrêper,  v.  réfl.  Prendre  un  crêpe, 
a'habiller  de  deuil.  Allez  vous  encrêper  sans  perdre 
un  seul  instant,  heonard,  Ménechmes,  ii,  t. 

—  STYM.  J?n  4 ,  et  crêpe. 

KKCRER  (an-kré),  V.  a.  Terme  d'imprimerl». 
Enduire  d'encre. 

—  ÊTYM.  Ener«. 

t  ENCREUR  (an-kreur) ,  adj.  Godet  encreur, 
usteniila  employé  dans  le  télégraphe  électrique. 

—  tTYM.  Bncrer. 

l'.^^^"^l?  (*"-^"-*;  »  ne  »e  liejamais;  au  pluriel 
«J.  Il  ■■.."'  ""-"'fiê-ï  élégants),  ».  m.  ||  1-  Petit 
nlmn.  V°"  "  j  ^''  ''^"'="'  P"'""  '»  prendre  avec  la 
clr/'^'Il"'''."'"'''''''  l>«'«el»ine-  Encrier  de 
corne,  dit  «)„T.ntcomrt.  ||  «•  Terme  d'imprixne- 


ENC 

rie.  Espèce  de  réservoir  flié  à  un  des  côtés  d'une 
table  carrée,  sur  laquelle  les  balles  et  les  rouleaux 
prennentrencrequ'ilsélendeiitsurlaforme.  ||  8" Nom 
de  plusieurs  champignons.  ||  Voy.  iCHiToia»,  pour 
la  différence  avec  encrikh. 

—  HiST.  XIV*  s.  l'n  encrier  d'argent  doré ,  de 
LABoans,  Émaux,  p.  200.  ||  xV  s.  Un  encrier  lon- 
guet, de  cuivre  argenté,  à  plusieurs  ouvrages  de  la 
façon  de  Damas,  dedans  lequel  a  un  canivet,  le 
manche  de  bois,  uns  ciseaulx  d'argent  doré,  esquelz 
a  par  dedans  peliz  ours  et  par  dehors  les  armes  de 
monseigneur,  lo.  ib.  p.  îni. 

—  ÈTYM.  Encre. 

t  ENCRINE  (an-kri-n'),  s.  m.  Sorte  de  zoophyte. 

—  ÊTYM.  'Ev,  en,  etxpivov,  lis;  ainsi  dit  à  cause 
de  sa  forme. 

t  ENCRINITE  (an-kri-ni-f),  *.  m.  Encrine  pé- 
trifié. 

—  ÉTYM.  Enerine,  et  la  finale  i(«,  qui,  en  miné- 
ralogie, indique  un  fossile. 

t  ENCRINITIQUE  (an-kri-ni-ti-k'),  adj.  Terme 
de  géologie.  Terrain  encrinitique,  terrain  qui  ren- 
ferme des  encriniti's. 

—  ÊTYM.  Encrinite. 

t  ENCROISEMENT  (an-kroi-ze-man),  t.  m.  Ac- 
tion d'encroiser,  de  faire  une  croix. 

t  ENCROISER  (an-kroi-zé) ,  v.  a.  Terme  de  tisse- 
rand. Croiser  les  fils  d'une  partie  ourdie. 

—  HI.ST.  XVI*  s.  Il  la  mist  et  encroisa  à  sa  cein- 
ture du  baudrier  d'armes,  Roman  d'Alector,  f*  (23, 
dans  LACURNE. 

—  ËTVM.  En  t ,  et  croiser. 

t  ENCUOIX  (an-kroî),  *.  m.  Terme  de  tisserand. 
Division  alterne  entre  les  fils  destinés  à  former  la 
chaîne  d'une  pièce  d'étoffe.  ||  Fil  de  coton  que  le 
teinturier  croise  sur  des  chevilles,  afin  de  pouvoir 
le  teindre  sans  le  mêler. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  croix. 

ENCROUÉ,  ÉEfan-kroué,  ée),adj.  Terme  d'eaux 
et  forêts.  Arbre  encroué,  celui  qui  étant  tombé  sur 
un  autre  par  une  cause  quelconque  y  demeure  em- 
barrassé. Il  Se  dit,  en  Normandie,  de  tout  ce  qui 
s'attache  en  tombant. 

—  HIST.  xiii"  s.  X  Montfauoon  [gibet]  [ils]  le  fi- 
rent sus  au  vent  encrouer,  Berle,  xcvii.  Quant  O- 
flet  le  vit  entrepris  Et  en  haut  le  vit  encroé,  fl«n. 
23205.  Mes  s'il  ont  en  eus  engrestiés  [méchance- 
tés] ,  Orguel  ou  quelques  mauvestiés,  Li  grant  estât 
où  il  s'encroent,  Plus  tost  le  mosirent  et  descloent, 
Que  se  petit  estât  eussent.  Par  quoi  si  nuire  ne 
poussent,  la  Rose,  6287.  ||xiv*  s.  Vous  avez  de  ma 
ville  receu  or  et  argent.  Comme  faulx  traiteur  qui 
ne  valez  noient;  Si  en  serez  pendus  et  encroez  au 
vent,  Guescl.  8377.  Pour  ce  que  moult  de  fois  at  on 
veu,  que  auxcuns  couslumiers  ou  acheteurs,  qui  un 
arbre  ou  plusavoient  à  prendre  en  noz  forez,  le  fai- 
soient  abbatre  tellement  qu'il  se  encrooit  sur  autre, 
DU  CANGE,  incrocare. 

■—  ÉTYM.   lias-lat  tncrocare;  de  t'n,  en,  et  croc. 

t  ENCROCTANT,  ANTE  (an-krou-tan,  tan-f), 
adj.  Terme  de  zoologie.  Oui  enveloppe  les  corps  et 
y  forme  une  sorte  de  croûte. 

ENCROCTÉ,  EE  (an-krou-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°  Couvert  d'une  sorte  de  croûte.  ||  2*  Fig.  et  fami- 
lièrement. Encroûté  de  préjugés,  qui  en  a  l'esprit 
imbu.  Un  pédant  encroûté,  un  homme  d'une  ex- 
trême pédanterie.  ||  Absolument.  Il  est  encroûté. 

tENCROCTEMENT(an-krou-te-man),  j.  m.  Dans 
le  cartésianisme,  formation,  à  l'extérieur  des  tour- 
billons, de  pelotons  de  matière,  qui  étaient  suppo- 
sés constituer  plus  tard  les  planètes. 

—  ÉTYM.  Encroûter. 

ENCROCter  (an-krouté),  t'.  a.  ||1*  Terme  de 
maçonnerie.  Enduire  un  mur  de  mortier.  ||  2*  S'en- 
croûter, t!.  réfl.  Se  couvrir  d'une  sorte  de  croûte. 
Il  Terme  du  cartésianisme.  Se  garnir  d'une  espèce 
lie  croûte,  en  parlant  des  tourbillons.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Devenu  routinier,  stupide.  Et  aussi 
avec  un  régime  :  s'ancroûter  de  préjugés. 

—  HIST.  XVI*  s.  S'oindre  pour  encrouster  les  pores 
contre  les  coups  de  l'air,  mont,  i,  281.  Ces  grands 
amphithéâtres  encroustez  de  marbre  au  dehors, 
ID.  ♦,  ts. 

—  ÉTYM.  Lat.  tncrutlore,  de  in,  en,  et  crusta, 
croûte. 

ENCUIRASSÉ,  éE  (an-kui-ra-sé,  sée),  part, 
passé.  Couvert  d'une  cuirasse. 

ENCCIRASSER  (an-kui-ra-sé),  v.  a.  \\  1*  Couvrir 
d'une  cuirasse,  d'une  couche  de  poussière,  etc. 
Il  Fig.  Je  vis  qu'Argenson  ne  se  dépouillerait  pas  de 
c<*te  vieille  peau  jésuitique  que  ses  fonctions  de  la 
police  avaient  collée  et  encuirassée  en  lui,  st-sim. 
«S2,    267.  Il  ï°   S'encuirasser,   v.  réfl.  Se    couvrir 


END 

d'une  couche  épaisse  de  poussière,  de  crasse,  en 
parlant  de  la  peau,  du  linge.  ||  Par  extension,  se 
couvrir  d'un  corset,  comparé  i  une  cuirasse.  Les 
raisons  sur  lesquelles  les  femmes  s'obstinent  à  s'en- 
cuirasser ainsi,  i.  i.  rouss.  ^m.  v. 

—  ÉTYM.  En  t,  eX  cuirasse. 

t  ENCDLASSER  (an-ku-la-sé),  v.  a.  Terme  mili- 
taire. Mettre  la  culasse  au  canon  d'une  arme  à  feu. 

t  ENCUVAGK  (an-ku-va-J'),  ».  m.  Action  d'enou- 
ver  le  linge  ou  la  vendange.  ||  Terme  de  tannerie. 
Certaine  quantité  de  cuirs  que  le  hongroyeur  met  en- 
semble dans  la  cuve. 

ENCCVÊ,  ÉE  (an-ku-vé,  Tée),  par»,  pa»»^.  Mis 
dans  la  cuve. 

t  ENCCVEMENT  (an-ku-ve-man) ,  ».  wi.  Action 
d'enciiver. 

—  ÉTYM.  Eneuver. 

EKCUVER  (an-ku-vé),  v.  a.  Mettre  dans  une  cuve 
ce  qui  doit  y  recevoir  sa  préparation.  Eneuver  la 
vendange.  Eneuver  du  linge  à  blanchir.  ||  Terme  de 
tannerie.  Eneuver  les  peaux. 

—  ÊTYM.  Eni ,  et  cui-e. 

t  ENCYCLIE  (an-si-klie),  ».  f.  ||  1»  Terme  de  phy- 
sique. Nom  donné  aux  cercles  qui  se  forment  h  la 
surface  de  l'eau  lorsqu'on  y  laisse  tomber  un  corps. 
Il  i°  Terme  de  botanique.  Genre  d'orchidacées. 

—  ÉTYM.   Voy.  ENCYCLIQUE. 

ENCYCLIQUE  (an-si-kli-k'),  ».  f.  Lettre  circu- 
laire du  pape  sur  quelque  point  de  dogme  ou  de 
doctrine.  Une  encyclique.  ||  Adj.  Lettre  encycli- 
que. 

—  ÉTYM.  'Eyi"jx>o«,  Circulaire,  de  iv,  en,  et 
xOxîioc,  cercle  (voy.  cycle). 

t  ENCVCLOGRAPniE  (an-si-klo-gra-fle),  ».  f. 
Réunion  de  traités  sur  toutes  les  branches  des  con- 
naissances humaines. 

—  ÊTYM.  Encyclo....  (voy.  bnctcliqdb),  et  tp*- 
çciv,  décrire. 

ENCYCLOPÉDIE  (an-sikio-pé-die),  ».  f.  Enchaî- 
nement, ensemble  de  toutes  les  sciences  réunie» 
dans  un  même  ouvrage  ou  dans  une  même  tête 
S'acquérir  la  connaissance  de  toute  l'encyclopédie, 
o.  NAUDÉ,  Apologie,  p.  6t.  ||  Encyclopédie  métho- 
dique, ouvrage  traitant  méthodiquement  de  toute» 
les  .';cienceset  de  tous  les  arts.  ||  Abusivement,  en- 
cyclopédie d'une  science,  d'une  connaissance,  l'en- 
semble de  cette  science,  de  cette  connaissance.  En- 
cyclopédie de  droit,  des  sciences  mathématiques. 
De  sorte  qu'au  lieu  d'amplifier  l'idée  de  son  ou- 
vrage, l'auteur  l'a  rétrécie,  quand  il  a  dit,  en 
dédiant  ses  essais  au  roi,  ^'iJ  avait  entrepris  l'en- 
cyclopédie de  la  langue  française ,  Préface  du 
Dictionnaire  de  Furetière.  ||  Absolument.  L'En- 
cyclopédie, ouvrage  fait  par  Diderot,  d'Alemberl 
et  ceux  qu'on  nommait  au  iviii*  siècle  les  philo- 
sophes. Il  Fig.  Une  encyclopédie  vivante,  un  homme 
qui  embrasse  toutes  les  connaissances,  ou  du  moins 
le  plus  grand  nombre  et  les  principales.  Sa  tête 
est  une  véritable  encyclopédie. 

—  ÉTYM.  'EyxvxXoicaiîcia,  de  ItxuxXo;  (voy.  EN- 
CYCLIQUE), et  itaiStlot,  instruction,  de  itaîç,  en- 
fant. 

ENCYCLOPÉDIQUE  (an-si  klo-pé-di-k"),  adj.  Oui 
appartient  à  l'encyclopédie.  ||  Qui  embrasse  toutes 
les  sciences.  Avoir  un  esprit  encyclopédique.  Revue 
encyclopédique.  Ce  sont  les  générations  des  idées 
que  les  dictionnaires  encyclopédiques  devraient 
mettre  sous  nos  yeux  et  qu'ils  n'y  mettent  guère, 
BONNET,  Lett.  div.    (Kurre»,  t.  xii,   p.  64,   dans 

POUGENS. 

—  ÉTYM.  Eneiiclopédie. 

t  ENCYCLOPÉDISME  (an-si-klo-pé-di-sm") ,  ».  m. 
Système  des  encyclopédistes. 

ENCYCLOPÉDISTE  (an-si-klo-pé-di-st'),  ».  m 
Il  1°  Écrivain,  auteur  d'une  encylopédie.  ||  2*  Abso- 
lument. Les  encyclopédistes,  ceux  qui  ont  travaillé 
à  l'Encyclopédie,  composée  dans  le  xvui*  siècle 
sous  la  direction  de  Diderot  et  d'Alembert. 

— ■  ÉTYM.  Encyclopédie. 

+  ENCYPROtVpe  (an-si-pro-ti-p'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  est  gravé  «ur  cuivre.  Planche  encjr- 
protype. 

—  8TVM.  "Ev,  en,  xyitpoç,  cuivre,  et  type. 

t  ENDANCIIÉ,  ÉE  (an-dan-ché,  chée),  adj. 
Terme  de  blason.  Voy.  endentK. 

—  ÊTYM.  Autre  forme  de  endmté. 

t  ENDAUBAGE  (an-dô-ba-j'),  s.  m.  Terme  de 
cuisine.  Manie  re  de  mettre  en  daube  une  volaille, 
une  pièce  de  viande.  Endaubasie  bien  fait.  ||  Au 
plur.  Terme  de  marine.  Comestibles  préparés  pour 
être  conservés  en  mer,  et  consistant  en  cuissef 
d'oie,  saucisses  et  antres  provisions  embarilléee 
avec  du  saindoux  dont  ils  sont  entièrement  coo- 


END 


END 


END 


1379 


\erts,  afin  d'empêcher  le  contact  de  l'air  atmosphé- 
rique, 
t  KNDAUBER  (an-dô-bé) ,  v.  a.  Mettre  en  daube. 

—  ÊTYM.  En  i,  et  daube. 

t  ENDACBEUR  ( an-dô-beur),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Celui  qui  prépare  les  endaubages. 

—  ÉTYM.  Endauber. 
KNDÉCAGONE,  voy.  hendécagone. 

t  ENUÉMENÉ,  ÊE  (an-dé-me-né,  née),  adj.  Qui 
se  démène,  excité.  Lorsque  trop  curieuse  et  trop 
endémenée,  réqnier,  Sat.  xi. 

—  HIST.  XV*  s.  Quand  ils  voient  ces  pucelettes 
Endemenées  et  &  recoy,  villon,  Bail,  en  vieux 
françoù.  ||  xvi*  s.  Cette  fleur  d'aage  là  ordinaire- 
ment s'épargne  bien  peu,  et  est  fort  chalouilleuse 
et  endémenée  à  prendre  tous  les  plaisirs,  amïot, 
Comm.  il  faut  nourrir  ses  enfants,  36.  J'ay  bon 
besoin  de  repaus,  ce  que  je  voys  [vais]  prendre 
hors  d'avecques  ma  fille,  car  elle  est  si  endémenée 
que  je  ne  sauroys  repouser  auprès  d'elle,  marquer. 
Lett.  67. 

—  ÉTYM-  Ert  i,  et  démener. 

f  ENDÉMIE  (an-dé-mie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Maladie  qui  régne  habituellement  dans  un  can- 
ton, dans  un  pays,  et  qui  est  due  à  une  cause  locale. 

HIST.  XVI'  s.  Les  anciens  ont  appelé  endémie 

une  maladie  qui  est  propre  et  familière  en  certains 
pays,  PARÉ,  xxiv,  ). 

—  ÉTYM.  'Ev5ïijj.ia,  de  Iv,  dans,  et  Sriiio;, 
peuple. 

ENDÉMIQUE  (an-dé- mi-k'),  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Qui  a  le  caractère  de  l'endémie.  |{  Terme 
de  botanique.  Se  dit  des  genres  et  des  familles  dont 
toutes  les  espèces  croissent  dans  un  même  pays. 

—  ÉTYM.  Endémie. 

t  ENDENTE  (an-dan -t'),  s.  f.  Terme  de  con- 
struction.  Synonyme  d'endentement. 

ENDENTE,  ÊE  (an-dan-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°  Être  bien  endenté ,  avoir  de  belles  dents. 
Il  Fig.  Avoir  bon  appétit.  Il  déjeune  très-bien,  ainsi 
fait  sa  famille.  Chiens,  clievaux  et  valets,  tous 
gens  bien  endentés,  la  font.  Fabl.  iv,  4.  ||  2°  Par 
extension,  muni  de  dents.  Roue  endentée.  |1  3°  Terme 
de  blason.  Se  dit  d'un  pal,  d'une  bande  et  autres 
pièces  composées  de  triangles  et  alternées  de  di- 
vers émaux.  ||  Se  dit  des  pièces  ou  des  parties  de 
l'écu  dont  les  bords  sont  entaillés  de  petites  pointes 
ou  de  dents.  ||  4°  Terme  de  diplomatique.  Chartes 
endentées,  chartes-parties  ou  chirographes,  qu'on 
appelle  aussi  endentures. 

t  ENDENTEMENT  (an-dan-te-man),s.  m.jj  l°Terme 
de  mécanique.  Action  d'endenter.  ||  i°  Terme  de 
construction.  Assemblage  de  deux  pièces  de  bois 
uviies  par  des  dents.  ||  3°  Terme  de  marine.  Sorte 
d'engrenage  entre  deux  pièces  de  bois  sur  les- 
quelles on  fait  de»  adents.  ||  Disposition  de  vaih.'-eaux 
qui,  étant  sur  des  lignes  voisines  et  paiallùles, 
sont  rangés  de  manière  que  ceux  d'une  ligne  cor- 
respondent aux  intervalles  de  l'autre  ligne. 

—  ÉTYM.  Endenter. 

fENDENTER  (an-dan-té) ,  V.  a.  ||  1»  Garnir  de 
dents  une  roue,  une  machine.  ||  î"  Terme  de  con- 
struction. Endenter  une  poutrelle,  la  fixer  dans  une 
entaille  faite  à  une  autre  poutre,  jj  3°  Terme  de  ma- 
rine. Réunir  des  pièces  de  mâts,  vergues,  etc. 
par  des  adents.  {|  Disposer  des  vaisseaux  en  enden- 
tement.  ||  4°  S'endenter,  v.  réfl.  Être  fixé  dans  une 
entaille. 

—  HIST.  xiii'  s.  Felenie,  qui  het  pitié,  ....Et  por- 
toit  l'escu  endenté  A  sept  rons  mastins  rechigniés, 
fabliaux mss.  n°  76)6,  t.  u,  f"  I90,  dans  lacuhne. 
Il  XV"  s.  Et  estoit  [sa  bannière]  à  une  bordure  d'azur 
endentée,  froiss.  i,  i,  <37. 

—  ÉTYM.  En  ( ,  et  dent. 

fENDENTS  (an-dan),  s,  m. p!ur.  Terme  de  con- 
struction. Synonyme  d'endentement. 

t  ENDENTUBE  (an-dan-tu-r'),i.  f.  Terme  de  di- 
plomatique. Charte  dont  la  marge  détachée  de  la 
souche  est  dentelée,  et  non  coupée  en  ligne  droite. 

—  HIST.  iiii'  s.  Bouche  et  belle  endenteure,  Poésies 
mss.  avant  <300,  t.  n,  706,  dans  lacurne.  Qu'aprent 
poullain  en  endenture  [dans  son  jeune  âge] ,  Veut 
tenir  tous  les  jours  qu'il  dure,  la  Somme  des  vices 
el  des  vertus,  ms.  de  St-Yietor,  n°  461,  f°  144, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  En  \,  et  dent. 

t  ENDERMIQUE  (an-dèr-mi-k') ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Qui  agit  sur  la  peau  ou  en  pénétrant  à 
travers  la  peau.  ||  Méthode  endermique,  manière 
d'administrer  certains  médicaments  qui  consiste  à 
les  appliquer  sur  la  peau  préalablement  dépouillée 
d«  son  épiderme. 

—  fiTYM.  'Ev,  en,  et8éfn«,  derme. 


f  EN-DESSOUS  (an-de-sou) ,  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. La  face  d'une  voile  enverguée  qui  est  tournée 
vers  l'arrière. 

t  EN-DESSUS  (an-de-su),  s.  m.  Terme  de  marine. 
La  face  d'une  voile  enverguée  qui  est  tournée  vers 
l'avant. 

—  ÉTYM.  Eni ,  et  dessus;  la  face  antérieure  étant 
considérée  comme  un  dessus,  et  la  face  postérieure 
comme  un  dessous. 

ENDETTÉ,  ÉE(an-dè-té,  tée),  part,  passé.  Qui 
a  des  dettes.  Oui,  j'aimerais  mieux  être  la  marquise 
la  plus  endettée  de  toute  la  cour  que  de  demeurer 
veuve  du  plus  riche  financier  de  France,  dancourt, 
Cheval. à  la  mode,  i,  3.  Quant  aux  finances,  la 
France  et  l'Angleterre,  pour  s'être  fait  la  guerre, 
se  sont  trouvées  endettées  chacune  de  trois  milliards 
de  nos  livres,  volt,  dans  le  Dict.  de  bescherelle. 
Pourquoi  les  États  qui  ont  le  plus  de  ressources  sont- 
ils  les  plus  endettés?  c'est  que  la  folie  des  nations 
est  la  même  que  celle  des  particuliers,  raïnal, 
Hist.phil.  XIX,   10. 

f  ENDETTEMENT  (an-dè-te-man) ,  s,  m.  Action 
de  s'endetter,  de  contracter  des  dettes.  L'endette- 
ment public,  les  dettes  contractées  par  l'État. 

—  ÉTYM.  Endetter. 

ENDETTER  (an-dè-té),  v.  a.  \\  1°  Charger  de  det- 
tes. L'achat  de  cette  terre  l'a  endetté  d'une  grosse 
somme.  ||  2"  S'endetter,  v.  réfl.  Contracter  des  det- 
tes. Il  s'endette  tous  les  jours. 

—  HIST.  xur  s.  Honniz  soit  qui  por  endeter  Laira 
bone  vie  à  mener;  Adès  la  voit  on  eschaper,  X  quel 
chief  que  doie  torner,  colin  ml'set,  dans  Hist.  litt. 
de  laFr.  t.  xxiii,  p.  6B5.  Si  despendi  largement,  et 
ne  prist  pas  garde  à  son  afaire,  et  fu  povres  et  en- 
dettés, Chr.  de  Bains,  p.  224.  Si  comme  se  li  mères 
ou  li  juré  qui  ont  les  besognes  à  gouverner,  fesoient 
fraude  ou  malice,  par  quoy  le  [la]  vile  fust  déshé- 
ritée ou  endetée,  beaum.  l,  9.  S'il  ot  mueble,  ce  fut 
de  dete;  Car  qui  trop  despent,  il  s'endete,  ruteb. 
a7B.  jj  XV'  s.  Quant  on  nous  aura  rendu  ou  restitué 
ce  en  quoy  le  roy  d'Angleterre  et  le  royaume  est  par 
dette  endetté  et  obligé  envers  nous,  fhoiss.  ii,  ii, 
166.  Suyvit  tant  le  chevalier  la  pucelle,  qu'il  la  trouva 
cheuz  une  sienne  cousine,  où  le  chevalier  se  endetta 
envers  elle  d'ung  don,  Perceforest,  t.  iv,  f°  64. 
Il  XVI'  s.  Tenant  son  ame  et  volonté  endebtée  à  sa 
promesse,  mont,  i,  30.  Tout  le  menu  peupla  estoit 
si  fort  endebtéaux  riches  que....  amyot,  Solon,  20. 
En  peu  de  temps  il  l'endebta  d'une  grosse  somme 
de  deniers,  id.  Anton.  3. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  dette;  provenç.  endeptar,  en- 
deutar;  espagn.  endeudar;  portug.  enditiidar  ;  ital. 
indebitare. 

ENDËVÊ,  ÉE  (an-dê-vé,  vée),  part,  passé.  Qui 
endêve.  Endêvé  d'attendre.  ||  Impatient,  irritable, 
obstiné.  Il  faut  être  bien  endêvé  pour  soutenir  cela. 
Il  Substantivement.  C'est  un  endêvé.  Une  endêvée. 

ENDÊVEB  (an-dê-vé) ,  v.  n.  Avoir  grand  dépit  de 
quelque  chose.  Il  endêvait  de  cela.  Pour  maître 
Énéas,  il  rêvait,  Ou,  pour  mieux  parler,  endêvait, 
SCAHHON,  Yirg.  travesti,  liv.  viii.  ||  Faire  endêver 
quelqu'un,  le  faire  enrager,  le  dépiter.  On  s'en- 
nuyait quand  vous  n'aviez  plus  personne  à  faire  en- 
dêver, j.  j.  Rouss.  Hél.  V,  <4. 

—  REM.  Mot  du  dernier  bourgeois,  dit  de  Cail- 
lières,  (890.  Il  est  en  efl'et  resté  très-vulgaire. 

—  HIST.  XVI'  s.  Je  ne  l'ay  prins  que  ce  malin  ; 
mais  desja  j'endesve,  je  grésille  d'estre marié,  rab. 
Pant.  m,  7. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  l'ancien  français  de«tier,  derver 
ou  dteirer;  wallon,  daivl,  dâvl,  danvi,  rêver,  rê- 
vasser. Êtymologie  inconnue.  D'après  Diez,  qui 
rejette  le  de-ex-viare,  pour  lequel  on  trouverait  des- 
voier  ou  desvier,  l'origine  de  desver  est  le  latin 
dissipare,  le  provençal  disipar  ayant  le  sens  de 
mal  ordonner,  mal  arranger;  il  cite  à  l'appui  l'ita- 
lien scipare,  qui  a  le  même  sens.  Cette  êtymolo- 
gie ne  peut  s'élever  au-dessus  d'une  simple  con- 
jecture. Cachet  voit  dans  desver,  derver,  un  dérivé 
irrégulier  de  diable,  de  sorte  que  endêver  répon- 
drait à  endiabler ;  c'est  encore  une  conjecture  peu 
appuyée  parla  forme  du  mot;  il  y  rattache  l'anglais 
endeavour ,  s'efforcer.  Il  est  possible  qa'endeavour 
représente  endêver,  car  le  mot  ne  parait  pas  anglais 
d'origine. 

t  ENDOYMÉNIN,  (an-di-mé-ni-n') ,  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Membrane  interne  des  grains  de  pol- 
len pulvérulent. 

—  ÉTYM.  'Evêov,  en  dedans,  etOjjiïjv,  membrane. 
ENDIABLÉ,  ÉE  (an-dia-blé,  blée),  adj.  ||  !•  Qui 

est  possédé  du  démon.  Peu  à  peu  l'opinion  s'é- 
tabUt  que  les  hommes  naissent  endiablés  et  dam- 
nés,  VOLT.  Dial   XXIV,  3.  Il  2»  Qui  a  la  nature 


du  diable,  qui  ne  vaut  pas  mieux  que  le  diable. 
Chemins  endiablés,  b6\.  'ii  sept.  4  387.  Entre  mes 
propres  mains  on  la  devait  Uvrer;  Et  vos  soins  en- 
diablés nous  en  viennent  sevrer,  mol.  l'Étour.  i, 
H.  Ilvacomme  votreDuranoe  quand  elle  est  etidia- 
blée,  SÉV.  39).  Les  habitants  de  la  Guinée,  peuple 
endiablé  dont  les  flèches  étaient  empoisonnées, 
HAMiLT.  Gramm.  t\.  Écoutez,  Grandperrin  ;  je  viens 
de  dire  que  vous  étiez  fou,  le  terme  est  trop  faible; 
c'est  archifou,  c'est  ensorcelle,  c'est  endiablé  que 
j'aurais  dû  dire,  CH.  de  Bernard,  le  Gentilh.  campa- 
gnard, 11, "26.  Il  Substantivement.  C'est  un  endia- 
blé. Il  3°  Qui  a  le  diable  au  corps,  dont  l'ardeur  est 
dévorante.  C'est  [le  cardinal  Dubois]  un  homme 
d'affaires  vif  et  passionné,  entraînant,  endiablé, 
terrible  pour  aller  à  son  but,  michelet,  la  llégence, 
p.  65.  Il  4°  Être  endiablé,  avoir  la  manie  de.  Chacun 
est  endiablé  de  me  croire  habile  homme,  mol.  ife'd. 
malgré  lui,  m,  i.  \\  Courir  après.  C'est  être  bien 
endiablé  après  mon  argent,  id.  l'Avare,  v,  3.  Cette 
femme  est  sur  moi  rudement  endiablée,  regnakd, 
Ménechmes,  v,  3. 

ENDIABLER  (an-dia-blé),  v.  n.  Enrager,  être 
furieux,  se  donner  à  tous  les  diables.  11  endiablé 
d'avoir  perdu  son  argent.  Faire  endiabler  quel- 
qu'un. 

—  HIST.  XVI'  s.  Puis  si  tost  que  vostre  moyne  en- 
diablé fut  parti,  Sat.  Mén.  p.  U5. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  diable  ;  pruvenç.  endiablar  ; 
portug.  endiabrar ;  ital.  indiavolare.  On  avait  fait 
un  adverbe,  endiablement  :  Ils  combattirent  plus 
endiablement  pour  venger  sa  mort,  brant.  Cap.  cstr. 

t.  I,  p.    212,   dans  LACUHNE. 

"t"  ENDIE  (an-die) ,  s.  f.  Terme  de  grammaire.  Mé- 
taplasme  par  lequel  on  retranche  quelque  lettre, 
comme  chartier  pour  charretier. 

—  ÉTYM.  "EvSEia,  manque,  de  dv,  et  8stv,  man- 
quer. 

f  ENDIGAGE  (an-di-ga-j') ,  s.  m.  Synonyme  d'en- 
diguement. 

t  ENDIGUEMENT  (an-di-ghe-man) ,  s.  m.  Action 
de  contenir  les  eaux  au  moyen  de  digues.  ||  Travaux 
faits  pour  endiguer.  ||  Droit  accordé  à  un  particulier 
d'acquérir  les  parties  de  terrain  qu'il  pourra  sous- 
traire aux  eaux  au  moyen  de  digues. 

—  ÉTYM.  Endiguer. 

■j-  ENDIGUER  (an-di-ghé),  V.  a.  Contenir  des  eaux 
à  l'aide  d'une  digue. 

—  ÉTYM.  En  i  ,  et  digue. 

ENDIMANCHÉ,  ÉE  (an-di-man-ohé,  chée),  part, 
passé.  Les  paysans  endimanchés. 

ENDIMANCHER  (an-di-man-ché),  v.  a.  Mettre  à 
quelqu'un  les  habits  du  dimanche.  Endimancher 
des  enfants.  ||  S'endimancher,  v.réfl.  Mettre  ses  ha- 
bits du  dimanche,  ses  plus  beaux  habits. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  fit  mettre  les  manches  rouges 
aux  quatre  chambrières  et  adimancher  les  quatre 
curez,  d'aub.  Fœn.  ii,  <4. 

—  ÉTYM.  Eut ,  et  dimanche. 

ENDIVE  (an-di-v') ,  s.  f.  La  chicorée  des  jardins 
{cichorium  endivia,  i.). 

—  HIST.  xvi"  s.  Ozeille,  bourroche,  buglon,  ci- 
chorée,  endive  et  semblables,  paré,  viii,  ^4.  La 
cicborée   ou   endive  est   espèce  de  laictue,  o.    de 

SERRES,   636;   669. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  endivia  ;  du 
latin  intybus,  en  grec  êvTuêov,  par  l'intermédiairo 
d'un  adjectif  fictif  intybia. 

t  ENDIVISIONNEMENT  (an-di-vi-zio-ne-man) , 
s.  m.  Terme  d'art  militaire.  Formation  d'une  division 
par  la  réunion  de  deux  pelotons. 

—  ÉTYM.  Jîn  I ,  et  division. 

t  ENDIZELER  (an-di-ze-lé) ,  v.  o.  Terme  rural, 
Faire  des  dizeaux. 

—  HIST.  XVI'  s.  Après  que  les  dits  ablais  [  blés 
coupés]  sont  liez  et  endizellez,  Coustum.  génér. 
t.  II,  p.  677. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  diieau. 

t  ENUOBR ANCHE  (an-rio-bran-ch'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  les  branchies  placéesà  l'intérieur. 

—  ÉTYM.  'KvSov,  en  dedans,  et  branchies. 

t  ENDOCARDE  (an-do-kar-d'),  s.  m.  Terme  d'&- 
natomie.  Membrane  qui  tapisse  les  cavités  internes 
du  cœur. 

—  ÉTYM.  "EvSov,  en  dedans,  et  xap3îa,  coeur. 

t  ENDOCARDITE  (an-do-kar-di-f),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Inflammation  de  l'endocarde. 

t  ENDOCARPE  (an-do-kar-p') ,  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Membrane  qui  revêt  la  cavité  intérieure 
du  péricarpe.  ||  Endocarpes,  genre  de  lichens,  type 
de  la  famille  des  endocarpèes. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  ««pitiç,  fruit. 

t  ENDOCARPE,   ÊE    (an-do-car-p*e ,    pée),  adj, 


<380 


END 


Tarma  d«  boUniqu».  Oui  reswmble  à  un  endo- 
carpe. Il  S.  f.  pi.  le*   endooarpéai,  famiUe  de  li- 

'  +  KJfDOCÉPUALE  (an-do-«é-fa  1'),  adj.  Terme  de 
loologia.  Oui  n'a  point  do  lêle  apparente  au  dehors. 

— .  BTm.  'Kviov,  en  dedans,  et  xeipaÀi^,  tête. 

f  BITDOCnORIOX  (an-do  ko-ri-on) ,  t.  m.  Terme 
d'anatomie.  Feuillet  Interne  du  chonon. 

gTïll.  'Evîov,  en  dedans,  et  chorion. 

f  ErfDOCIlR0.>IK  (an-do-krô-m'),  t.  m.  Terme  de 
botanique.  Cellule  qui,  dans  les  algues  filamen- 
teuses, contient  la  matière  colorante  dedhaque  seg- 
ment. 

—  ÉTYM.  "Evîov,  on  dedans,  et  xpûc^»»  couleur, 
t  ENDOCTBINABLE  (an-dok-tri-na-bl'J ,  adj.  Qui 

peut  être  endoctriné. 

—  HIST.  XVI"  s.  Endoctrinable,  cotorave. 

—  f.TVM.  Endoctriner. 

ENDOCTRINÉ,  ÉE  (an-dok-tri-né ,  née),  part, 
paisé.  Oui  a  reçu  de  l'instruction,  des  instructions. 

i  ENDOCTRINEMENT  (an-dok-tri-ne-man),  s.  m. 
Action  d'endoctriner;  résultat  de  celte  action. 

—  HIST.  ivi"  s.  Kndoctrinenient,  cotoravk. 

—  ÏTYM.  rndocJnner ;  provenç.  endoctriiiamen; 
cat.il.  endnclrinament. 

ENDOCTRINER  (an-dok-tri-né),  v.  a.  \\  l'  Donner 
à  quelqu'un  une  doctrine ,  c'est-à-dire  une  croyance , 
une  opinion  toute  faite.  Mais  toujours  critiquer  en 
vers  pieux  et  froids,  Sans  daigner  seulement  en- 
doctriner les  rois  !  oilb.  Apologie.  \\  Par  extension, 
ironiquement  et  en  mauvaise  part.  Donner  do  l'in- 
struction. Si  vous  endoctrinez  un  enfant  dans  celte 
science  [la  géomélrie] ,  quidonne  peu  d'idées....  ciu- 
TEAUDa.  C^nte,  m,  ii,  t.  ||  2°  Donner  à  quelqu'un 
certaines  instructions  pour  qu'il  fasse  ou  dise  une 
chose  comme  on  le  désire.  Cette  Valavoire  ne  me 
dit  point  que  vous  eussiez  été  mal,  vous  l'aviez  bien 
endoctrinée,  SÉV.  358. 

—  uiST.xii's.  Dame  Guihorc  fu  moult  de  franche 
orine  [origine],  Lez  lui  s'asist,  bêlement  l'endoc- 
trine, i)at.  d'ii(esc/iOKs,  V.  4G97.  Li  reis  Josaphath 
assist  par  tute  sa  terre  juges  as  citez,  e  cumandad 
que  leal  justisetenissent  al  povre  e  al  riche,  e  que 
il  endoctrinassent  la  gent  de  la  lei  nostre  Seignur, 
que  il  ne  péchassent,  Rois,  p.  340.  Celuy  à  cuy  tu 
paroles  por  lui  endoctrineir,  ST  eEBN.66».  ||  xi!i''s..Si 
le  conseille  et  endoctrine  Comment  il  les  doit  pro- 
curer, la  hose,  <u268.  ||xv'  s.  Je  dis  et  conseille 
que  la  bonne  ville  de  Gand  envoie  par  devers  le 
comte  sages  hommes,  bien  avisés  et  endoctrinés  de 
parler,  proiss.  ii,  ii,  63.  Et  eiidoctrinoit  la  du- 
chesse, qui  fut  moult  sage,  tous  les  jours  la  jeune 
Clle  de  Bavière,  in.  ii,  ii,  220.  ||xvi*  s.  Il  le 
feit  très  bien  endoctriner  [Instruire]  par  Aristote- 
(es,  RAB.  Garg.  i,  4«. 

—  ETYM.  £n  < ,  et  doctrine;  provenç.  endocirinar; 
ilal.  «ndocln'narc. 

t  ENDOCTRINEUR  (an-do-ktri-neur),  s.  m.  Néo- 
logisme. Celui  qui  endoctrine. 

—  ÉTYM.  Endoctriner. 

t  ENDODERME  (an-do-dèr-m') ,  ».  m.  Terme  de 
botanique.  Couche  utriculaire  située  entre  le  liber 
et  le  système  ligneux. 

—  ÊTYM.  'EvSoy,  en  dedans,  et  Scpiia,  derme. 

•f  ENDOESTUÉSIE  (an-do-è-sté-zie) ,  s.  f.  Terme 
didactique.  La  sensibilité  interne. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  aiaOniat;,  sensa- 
tion. 

t  ENDOGËNE  (an-do-jê-n'),  adj.  \\  !•  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  s'accroît  de  dedans  en  dehors.  Végé- 
taux endogènes.  ||  2"  Terme  de  géologie.  Roches 
endogènes,  couchesen  contact  avec  le  noyau  central 
de  la  terre  qu'elles  enveloppent  et  formées  de  ter- 
rains cristallins  et  de  schistes. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et-rev^;,  engendré, 
t  ENDOGE.NÈSE   (an-do-je-nê-z'),  t.  f.  Terme  de 

physiologie.  Naissance  de  cellules  dans  l'intérieur 
d'autres  cellules. 

—  ÊTYM.  Endogène. 

t  ENDOGONE  (an-do-go-n') ,  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Suc  aporifère  des  mousses  à  l'époque  de  la 
floraison. 

—  ÉTYM. 'Evîov,  en  dedans,  et  tôvo;,  qui  en- 
gendre. 

ENDOLORI,  IE(an-do-lo-ri,rie),  part.passéi'en- 
oolonr.  Où  l'on  ressent  une  douleur,  l'oser  plus 
moUemenl  leur»  membres  endoloris,  j.  i.  houss. 

t  RNDOLORIR  (sn-do-lo-rir),  c.  o.  Rendre  dou- 

°Ai'r?;  ""1*  """•  *"■"•'  "f  "n  long  voyage  En- 
ao  ont  les  D,.d,  poudreux,  bébano.  Foyagi.  Il  S'en- 

d^n^â.  '^''•"•'"""f  douloureux.  &on  brai' s'en- 


END 

—  HIST.  XVI*  s Dont  la  reue  est  diminuie,  et 

l'œil  endoulouri,  o.  nE  srrres,  897. 

—  ÊTYM.  J?n  « ,  et  douleur;  géney.  endolori. 

f  ENDOLORISSEMENT  (an-do-lo-ri-se-man),  ».  m. 
Néologisme.  Action  d'endolorir;  état  d'une  partie 
qui  est  devenue  douloureuse. 

—  ÊTYM.  Endolorir;  prov.  endoiot'romcn. 

f  ENDOLIfMPUE  (an-do-lin-r),  ».  f.  Terme  d'a- 
natomie. Liquide  clair  et  albumineux  qui  remplit 
exactement  le  labyrinthe  de  l'oreille  interne. 

—  ÊTYM.  'Evîov,  en  dedans,  et  lymphe. 
ENDO.MMAGÉ,   ÉE    (an-do-ma-jé,    jée),    part. 

passé.  Qui  a  éprouvé  un  dommage.  Un  mur  endom- 
magé par  la  gelée. 

t  ENDOMMAGEMENT  (an-do-ma-je-man) ,  ».  m. 
Action  d'endommager;  résultat  de  celte  action. 

—  HIST.  XVI'  s.  lindommagement,  cotgravb. 

—  ÊTYM.  Endommager. 

ENDOMMAGER  (an-do-ma-jé.  Le  g  prend  un  e 
devant  a  et  0  ;  emlommageant,  endommageons),»,  a. 
Causer  du  dommage.  La  grêle  a  endommagé  les  vi- 
gnes. Le  canon  a  endommagé  cet  édifice.  On  ne  s'élève 
point  àcettefmporlante  fonction  sans  endommager 
sa  fortune,  dider.  Ess.  sur  Claude.  ||  S'endomma- 
ger, V.  réjl.  Être  endommagé.  Ces  livres,  oubhés 
dans  un  grenier,  s'étaient  endommagés.    • 

—  HIST.  XV'  s.  Cognées  dont  ilscoupoient  les  pa- 
lis, et  en  peu  de  temps  les  endommagèrent,  froiss. 
1,1,  207.  Mon  estomac  aussi  me  dit  que  sa  nature 
Ne  se  peut  pas  changier.  Le  chargeant  de  pommé, 
qui  n'est  sa  nourriture.  Que  c'est  l'endommaigier, 
BASSELIN,  xxviii.  Il  a  gaigné  de  grandes  batailles, 
sans  endommager  son  loyaulme,  comm.  vi,  (3.  L'a- 
vant garde  du  roy  fyt  fort  endommagée,  id.  iii,  7. 
Il  xvi'  s.  Pericles ,  voulant  aussi  endommager  un  peu 
rennemi,feitarmeri  60  vaisseaux,  AMYOT,2Vric/èi,07. 

—  ÉTYM.  £n  4,  et  dommage.  On  trouve,  dans  le 
xiu"  siècle,  adamagier. 

f  ENDONÉPIIRITE  (an-do-né-fri-t*) ,  ».  f.  Terme 
de  médecine.  Inflammation  de  la  membrane  qui  ta- 
pisse le  bassinet  du  rein. 

—  ÉTYM.  'Evôov,  en  dedans,  el  néphrite. 
•j-ENDOPHORE  (an-do-fo-r),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Pellicule  intérieure  d'une  graine. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  eu  dedans,  et  çopo;,  qui  porte, 
t  ENDOPHRAGME  (an-do-fra-gm'),  t.  m.  Terme 

de  botanique.  Cloison  entre  les  cellules  dont  les  al- 
gues marines  sont  formées. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  çpâff-"!  cloison. 
fENDOPLÈVRE  (aii-do-plè-vr'),    s.  f.  Terme  de 

botanique.  Pellicule  intérieure  de  l'épisperme. 

—  ÉTYM.'EvSov, en  dedans,  et  7i>.£upà,  plèvre, côlé. 

t  ENDOPTILE  (an-do-pti-l'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Plante  endoptile,  plante  dont  l'embryon  a 
sa  plumule  entièrement  renfermée  dans  la  cavité 
cotylédonaire. 

—  ÉTYM. 'Ev5ov,  en  dedans,  etTtTl'Aov,  plume,  aile. 
t  ENDORMANT,  AME   (an-dor-man,   man-f), 

adj.  Qui  est  propre  à  endormir.  Ce  ne  sera  pas  une 
petite  allaire  pour  moi  que  la  prise  des  eaux,  qui 
sont,  dit-on,  fort  endormantes  et  avec  lesquelles 
néanmoins  il  faut  absolument  s'empêcher  de  dor- 
mir, BoiL.  Lettres  à  liac.  iv.  ||  Fig.  Ennuyeux.  11 
nous  a  raconté  je  ne  sais  combien  d'histoires  en- 
dormantes. 

—  HIST.  xvi*  s.  Oignons,  pavots  d'endormante 
nature,  du  hellat,  vu,  4,  verso. 

ENDORMECR,  EUSE  (an-dor-meur,  meû-z"),  ». 
m.  et  f.  ||1°  Malfaiteur  qui  emploie  des  drogues  som- 
nifères. Il  2°  Fig.  Celui,  celle  qui  endort  quelqu'un, 
c'est-à-dire  l'entretient  dans  des  espérances  chiméri- 
ques ou  dans  une  inaction  préjudiciable.  Être  le  jouet 
d'un  endormeur.  ||  Nom  donné  pendant  la  Révolu- 
tion et  dans  les  premières  luttes  du  parti  girondin 
et  du  parti  montagnard  à  ceux  qui  conseillaient  les 
moyens  légaux  et  les  voies  de  douceur.  {|  Populai- 
rement. Endormeur  de  couleuvres,  endormeur  de 
mulots,  homme  fin  et  adroit  qui  amuse  les  gens  de 
belles  espérances,  sans  effet.  ||  8"  Celui  qui  ennuie 
par  ses  paroles  ou  par  ses  ouvrages.  Graves  auteurs. 
Froids  rhéteurs.  Tristes  prédicateurs,  Endormeurs 
d'auditoires,  bErano.  La  grande  orgie.  ||  i'Un  des 
noms  vulgaires  de  la  cresserelle. 

—  HIST.  XVI*  s.  Endormeur  de  gens,  DO  canoë, 
dormtladiji». 

—  ÉTYM.  Endormir. 

ENDORMI.  lE  (an-dor-mi,  mie),  part,  passé  d'en- 
dormir. ||  1'  Que  le  sommeil  a  saisi.  A  force  de  pitié, 
ces  filles  inhumaines,  De  leur  père  endormi  vont  épui- 
ser les  veines,  corn.  M/d.  I,  4.  Le  roi  lui-même, 
&  demi  endormi  et  presque  nu ,  eut  bien  de  la  pei  ne  à 
gagner  ses  vaisseaux,  nou-m,  //i»l.  anc.  CEuvres, 
t.  vui,  p.  (09,  '{ans  roi'OENs.  '■  2°  Fig.  On  me  croit 


END 

dans  la  paix  un  lion  endormi,  corn.  Tit.  et  Bérén 
II,  4.  Malheur,  malheur  à  nous,  si  notre  ime  en- 
dormie Penche  vers  la  tranquillité I  id.  /mit.  i,  22, 
Dans  un  calme  profond  Darius  endormi  Ignorait 
ju.squ'au  nom  d'un  si  faible  ennemi,  rac.  Alex,  i,  2. 
Le  pécheur....  endormi  par  de  vaines  espérances  de 
conversion,  mass.  Av.  kort  du  péch.  Parmi  ce» 
meurtriers  dans  le  sang  endormis,  volt,  ^iï.iv,  a. 
X  ces  dieux  impuissants  dans  la  tombe  endormis, 
ID.  Orphel.  Il,  3.  Te  dirai-je  qu'un  soir  dans  la 
brise  embaumée,  Endormi,  comme  toi,  dans  la 
paix  du  bonheur....  A.  de  husset.  Poésies  noue. 
Souvenir,  jj  II  se  dit  aussi  des  choses,  des  senti» 
ments,  des  passions.  Et  que  sous  mon  amour  ma 
valeur  endormie,  corn.  Ilor.  ii,  7.  Et  sans  ressen- 
timent tu  souffres  cette  offense.  Ton  courage  est 
muet,  et  ton  bras  endormi  !  id.  la  Place  roy.  ui,  3. 
Ma  prudence  n'est  pas  tout  à  fait  endormie,  id 
Nicom.  m,  2.  Votre  prudence  est  endormie,  mol. 
F.  sav.  m,  2.  Quelle  passion  endormie  se  ralluma 
dans  son  cœur,  et  avec  quelle  violence!  M'**  de  la 
FAYETTE,  Princ.  de  Cimes,  Œuxres,  t.  ii,  p.  23»| 
dans  POUGENS.  Et  réveillant  la  foi  dans  les  coeurs 
endormie,  rac.  Athal.  iv,  3.  ||  Être  endormi,  man- 
quer de  vivacité,  de  vigilance.  C'est  un  homme  en- 
dormi. Il  Substantivement,  c'est  un  endormi.  ||  Faire 
l'endormi,  faire  semblant  de  dormir  ou  d'être  peu 
intelligent,  peu  actif.  ||  Terme  vieilli  de  marine. 
Navire  endormi,  navire  qui,  après  avoir  été  ar- 
rêté, n'a  pas  encore  repris  son  erre.  ||  3'  Engourdi. 
J'ai  le  pied  tout  endormi.  ||  4'  S.  f.  L'endormie, 
nom,  en  Normandie,  du  datura  ttramonium.  On 
y  dit  qu'un  homme  a  mangé  de  l'endormie,  lors- 
qu'il dort  trop  longtemps  et  qu'on  a  de  la  peine  à 
le  réveiller. 

ENDORMIR  (an-dor-mir),  v.  a.  Il  se  conjugua 
comme  dormir.  ||  1°  Faire  dormir.  Endormir  un  en- 
fant. Argus  avec  cent  yeux  sommeille  ;  Mais  croyez- 
vous  Endormir  un  amant  jaloux?  quinault,  Isis, 
m,  7.  Il  Fig.  Il  se  dit  de  ce  qui  est  fort  ennuyeux, 
d'abord  de  l'ouvrage  ou  du  récit  ,  et,  par  suite,  de 
l'auteur  même.  Cette  pièce  est  si  ennuyeuse  qu'elle 
endort.  Je  vous  endormirai  quelque  jour  des  af- 
faires de  cette  province,  sÉv.  220.  Allez  de  vos  ser- 
mons endormir  l'auditeur,  boil.  Sal.  i.  Un  style 
trop  égal  et  toujours  uniforme  En  vain  brille  à 
nos  yeux,  il  faut  qu'il  nous  endorme,  id.  Art  p.  .' 
Sœur  Andrieux,  contez,  contez,  entendez-vous  ?  Si 
vous  ne  dormez  pas,  ma  sœur,  endormez-nous, 
LEBRUN,  Épigr.  à  propos  des  Contes  d'Andrteux. 
Il  2°  Jeter  dans  un  état  moral  comparé  au  sommeil  du 
corps.  Endormir  la  prudence,  la  vigilance  de  quel- 
qu'un. Des  mots  Dont  tous  les  courtisans  endorment 
les  plus  sots,  RÉGNIER.  Sat.  IV.  J'ai  reconnu  ses  dé- 
faites, Et  comment  elle  endort  de  douceur  sa  mai- 
son, ID.  Élég.  II.  Tandis  qu'il  endort  votre  crédulité 
par  des  discours,  uamilt.  Gramm.  ».  Â  cette  erreur 
qui  endort  tant  d'âmes  impénitentes,  mass.  Car.  Im- 
pénit.  fin.  11  s'était  laissé  endormir  par  les  lettres 
de  César  et  les  feintes  démonstrations  qu'il  faisait 
paraître  de  souhaiter  la  paix,  vert.  Itéiol.  rom.  xui, 
p.  265.  Il  3°  Engourdir,  calmer.  Endormir  un  mem- 
bre. Endormir  la  douleur.  Le  monde  endort  les 
chagrins,  mais  il  ne  les  guérit  pas,  mass.  Av.  Des 
af/lict.  Le  christianisme  endort  la  duuleur,  fortihe 
la  résolution  chancelante,  chateaub.  Génie,  11,  m,  A. 
C'est  ainsi  que  le  commerce  a  trouvé  l'art  d'en- 
dormir et  de  tromper  la  discorde,  ravnal,  llist. 
pliil.  XII,  20.  Il  i"  S'endormir,  v.  réft.  Tomber  dans 
le  sommeil.  La  charité  nous  oblige  à  réveiller  ceux 
qui  s'endorment,  patru.  Plaid.  5,  dans  richelet. 
C'est  sur  celte  lecture  que  je  m'endors,  sév.  68.  11 
s'endort,  il  s'éveille  au  son  des  instruments.  Son 
ciuur  nage  dans  la  mollesse,  rac.  Esth.  11,  B.  On 
s'endormait  aux  sentiments  de  délicatesse  qu'elle 
voulait  expliquer  sans  les  comprendre,  et  elle  en- 
nuyaitenvoulantbriller,iiAMiLT.Cr(im>n.6.  ||6*  Fig. 
N'avoir  pas  soin  de  son  devoir,  de  ses  affaires,  n'y 
pas  veiller.  S'endormir  dans  l'oisiveté.  Les  officiers 
s'endorment  sur  la  bonté  do  leuis  maîtres,  patru. 
Plaid.  4,  dans  richelet.  Je  laisse  aux  doucereux  le 
langage  affété  Où  s'endort  un  esprit  de  mollesse  hé- 
bété, BOIL.  Sal.  IX.  Les  erreurs  sur  lesquelles  votre 
esprit  s'endort,  mass.  Pet.  car.  Drap.  Ne  nous  en- 
dormons point  sur  la  foi  de  leurs  prêtres,  volt. 
Œdipe,  II,  6.  Le  fils  de  Lasthénès  ne  s'éuiii  point 
endormi  sur  le  danger  de  ses  frères,  cuateaibb. 
ifart.  II,  24.  Il  Absolument.  Ne  pas  s'endormir,  être 
très-évcillé  sur  ses  intérêts.  Votre  belle-mère  lie 
s'endort  point,  et  c'est  sans  doute  quelque  conspi- 
ration contre  vos  intérêts  où  elle  pousse  votre  père, 
MOL.  Mal.  imag.  i,  40.  11  y  a  des  gens  qui  ne  s'en- 
dorment pas,  sEv.  683.]]  Familièrement.  S'endormir 


END 


END 


END 


1381 


I 


sur  le  rfiti,  négliger  l'occasion  propice.  ||  $°  S'en- 
dormir du  sommeil  delà  mort,  de  la  tombe,  mourir. 
Il  S'endormir  dans  le  Seigneur,  mourir  en  état  de 
grâce.  Joram  s'endormit  avec  ses  pères,  il  fut  en- 
seveli avec  eux  dans  la  ville  de  David,  SACi,  Bihle, 
Roii,  IV,  VIII,  24.  Il  s'est  endormi  cette  nuit  au 
Seigneur,  sEv.  292.  Elle  s'endort  tranquillement 
au  Seigneur  et  s'en  retourne  dans  le  sem  de  Dieu 
d'où  elle  était  sortie,  mass.  Av.  Hort  du  pécheur. 
Il  Proverbe.  Parlez  à  lui,  il  s'endort,  se  dit  de  quel- 
qu'un qui  ne  songe  pas  &  ce  qu'on  lui  dit. 

—  iilST.  XI' s.  Enilormiz  est,  ne  puet  mais  en 
avant  (d  ne  peut  aller  plus  loin],  Ch.  de Ilol.  CLXXX. 
Il  xip  s.  Or  poez  [lous  pouvez],  fait  il,  esculier 
Del  cher  seignor,  cum  s'umilie;  Or  nus  [nous]  cniile 
peler  la  fie  [figue],  E  od  beau  parler  endormir, 
BENOÎT,  II,  9069.  Si'u  ocist  à  destre  e  à  seneslre 
eslrang'ement,  de  ci  que  le  braz  li  fud  endorrniz 
des  granz  colps  que  il  out  dunez,  ftoù,  p.  2)2.  Sa 
main  tendid  vers  l'urne  Deii,  e  cuniandad  que  il  fust 
pris;  mai^  la  mam  11  endormid  clialt  pas  [aussitôt], 
si  que  il  ne  la  poul  retraire,  ib.  280.  ||  xiif  s.  l'io- 
ranl  [elle]  s'est  emloriiiie;  Diex  la  gaid  d'encom- 
brer, Berle,  xxxix.  L'Université,  qui  lors  iere  En- 
dormie, leva  lacbiere,  la  Hase,  CJOao  Quant  je  la 
voi,  de  parler  n'ai  pooir,  Li  cuer  mu  faut,  ma 
langue  esi  endormie.  Complainte  douteris,  ivbw^l, 
t.  II,  p.  256.  Enlumine  mes  euz  [yeux],  que  ne 
m'endormeenla  mort.  Psautier,  f°  )9.  Lienfess'esl 
al  fu  [feu]  assis,  X  endormir  n'a  gairesmis,  Parla- 
iwp.  V.  1053.  Perres  [Pierre]  endormis  n'enjalez 
[engelés]  N'a  pas  les  dois  seur  la  viele,  Mais  si  bien 
chante  et  si  viele....  o.  db  coinsi,  Du  cierge.  ||  xv"  s. 

...mon  cueur  endurera.  En  actendant  d'avoir  de 
celles  Que  bon  eur  lui  apportera,  Et  de  l'endormye 
oeuvra,  ch,  d'oul.  Bail.  8J.  Que  dites-vous'?  dit- 
il,    contrefaisant   l'endormi,  louis  xi,  A'okd.  lxiii. 

Il  XVI*  s.  Pour  endormir  l'ardeur  de  cette  fureur  [ero- 
tique], mont,  i,  94.  Endormir  lesouiespar  la  conti- 
nuation d'un  son,iD.  I,  lofl.  Des  meiUcaments  qui 
assopissent  et  endorment  la  partie,  ID.  i,  281.  11  lui 
vint  aux  jambes  une  douleur  endormie  avec  une  pe- 
santeur, amyot,  Sylla,  54.  Laguerre  n'estoit  point 
estfiiicto  ny  amortie,  ains  seulement  endormie,  lu. 
Lucutl.tl.  Quand  l'eau  n'estoit  plus  trouble,  on 
pesclia  à  l'enilnrinie,  à  quoy  ne  fut  pas  es|iargnée 
la  Clique  du  Levant,  d'aub,  Conf.  ux.  Si  un  liomuie 
luy  [à  la  torpille]  touche  avec  une  verge,  elle  liiy 
endormira  le  bras,  paré,  x.viii,  29.  Je  ne  veux 
point  lie  trop  volage  amie,  Ny  ne  la  veux  aussi 
trop  endormie,  st-gelais,  230.  Pierre  leur  disoit 
pour  les  endormir  et  les  engager  à  le  suivre,  ifem. 
sur  du  Gurscl,  ch.  4  8. 

—  ÉTYM.  En  4,  et  dnrmj'r  ;  bourguig.  andremi ; 
provpnç.  endormir,  endurmir ;  ilal,  tndormi're. 

f  ENDOKRIUZE  (an-do-ri-z').  adj.  Termede  bota- 
nique. Dont  la  radicule,  à  l'époque  de  la  germi- 
nation, ne  s'allonge  pas,  mais  donne  naissance  à 
quelques  filets  simples  qui  jouent  le  rôle  de  radicules. 

—  REM.  Les  lexiques  techniques  écrivent  endo- 
rhize;  mais  c'est  une  faute,  l'orthographe  grecque 
exigeant  la  réduplication  de  l'r. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  ^îC»,  racine. 

f  ENDOS  (an-dô),  s.  m.  Terme  de  commerce.  Si- 
gnature qu'on  écrit  au  dos  d'un  billet  pour  le  passer 
à  l'ordre  d'un  autre.  Mettre  son  endos  à  une  lettre 
de  change. 

—  Rtym.  En  4,  et  dos  (le  dos  du  billet). 
t  ENDOS.MOMÈTKE   (an-do  smomè-tr'),    s.   m. 

Terme  de  physique.  Instrument  propre  à  rendre 
sensibles  les  (ihénomènes  de  l'endosmose. 

—  ÉTYM.  Endosmose,  et  mèlre,  mesure. 

•f  ENDOSMOSE  (an-do-smô-z'),  s.  f.  Terme  de 
physique.  Courant  de  dehors  en  dedans  qui  s'étalilit 
à  travers  une  cloison  membraneuse  séparant  deux 
liquides  de  densité  différente,  en  même  temps  que 
l'exosmose  qui  est  le  courant  de  dedans  en  dehors. 
Il  Par  une  extension  fautive,  endosmose  est  le  cou- 
rant fort,  et  exosmose  le  courant  faible;  de  sorte 
que,  dans  celle  nouvelle  acception,  l'endosmose 
peut  tout  aussi  bien  se  diriger  de  dedans  en  dehors 
que  dans  le  sens  inverse. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  wdiio;,  action  de 
pousser;  mot  irrégulièrement  formé,  puisqu'il  n'y  a 
pas  de  mot  grec  ôoijkoiii;,  et  qui  aurait  dd  être  en- 
dosme. 

t  ENDOSMOTIQUE  (an-do-smo-ti-k') ,  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'endusiujse. 

j  ENDOSPEKME  (an-do-spèr-m'),  ».  m.  Terme 
de  butanique.  Corps  d'un  tissu  cellulaire  et  formant, 
avec  l'embryon,  au  dedans  de  l'enveloppe,  l'amande 
des  graines  de  beaucoup  de  plantes. 

—  ËTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  ar.éç,\i.a,  graine. 


t  ENDOSPERMÊ  ,  ÉE  (an-do-sp^r-mé  ,  mée), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  a  la  forme  d'un  en- 
dosperme. 

t  ENDOSPERMIQUE  (an-do-spér-mi-k')  ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  est  accompagné  d'un  en- 
dosperme.  Embryon  endospermique. 

f  ENDOSI'ORÉ  (an-do-spo-r'),  s.  f.  \\  !•  Terme  de 
botanique.  Membrane  interne  des  spores,  chez  celles 
dont  la  paroi  est  tapissée  en  dedans  d'une  mince  en- 
veloppe. Il  2' Adj.  Qui  porte  des  spores  enfermées 
dans  des  sporanges  ou  des  conceptacles. 

—  F.tym.  'Evîov,  en  dedans,  et  spore. 

\  ENDOSPORÉ.  ÉE(an-do-spo-ré,rée),  adj. Terme 
de  botanique.  Dont  les  semences  ou  spores  sont  si- 
tuées à  l'intérieur. 

ENDOSSE  (an-dôs'),  s.  f.  Toute  la  peine,  toute  la 
responsabilité  de  quelque  chose.  Corbinelli  en  avait 
l'endosse,  SRV.  422.  Ce  n'est  pas  sur  moi  qu'il  en 
faut  jeter  l'endosse,  mabivaux,  l'Épreuve,  se.  48. 

—  ÉTYM.  Voy.  endosser;  génev.  endose. 
ENDOSSÉ,    ÉE   (an-dô-sé,    sée),    part,  passé. 

!|  1°  Mis  sur  son  dos.  Un  vêtement  endossé  à  la 
hâte.  Il  2'  Fig.  Chargé.  Me  voilà  endossé  de  l'o- 
raison funèbre  de  Gresset;  je  me  tirerai  de  tout 
cela  comme  je  pourrai,  d'alemuert,  Lettre  à  Vol- 
taire, 27  déc.  4  777.  Il  3°  Qui  a  un  endos.  Bdlet  en- 
dossé. Ce  qui  vaut  encore  mieux,  de  bonnes  lettres 
(le  change  endossées  par  les  plus  fameux  banquiers 
de  Londres,  bern.  de  st-pierre,  Chaum.  ind. 

ENDOSSEMENT  (an-dô-se  man) ,  s.  m.  ||  1°  Ordre 
écrit  au  dos  d'un  billet  à  ordre  pour  le  transmettre. 
Un  titre  transmissible  par  endossement.  ||  Mode  de 
transmission  d'un  droit  par  endossement.  ||  Endos- 
sement en  blanc,  endossement  où  l'on  met  une 
simple  signature  avec  l'espace  nécessaire  pour  écrire 
l'ordre  ou  le  reçu.  ||  2"  Terme  de  relieur.  Voy.  en- 
DossuBE.  Ce  qui  constitue  la  reliure,  c'est  la  couture 
et  l'endossement,  lesné,  la  Reliure,  p.  4  62. 

—  ÉTYM.  Endosser. 

ENDOSSER  (an-dô-sé) ,  V.  a.  ||  !•  Mettre  sur  son 
dos,  se  revêtir.  Le  harnais  éclatant  qu'il  avait  en- 
dossé, TRISTAN,  Panthée,  il,  2.  11  s'habille  en  ber- 
ger, endosse  un  hoqueton,  la  font.  Fahl.  m,  3. 
Y  voit-on  des  .savants  en  droit,  en  médecine,  En- 
dosser l'écarlate  ou  se  fourrer  d'hermine'?  boil. 
Sat.  VIII.  Caligula,  dans  une  cérémonie  où  il  se 
donnait  pour  un  grand  conquérant  endossa  la  cui- 
rasse d'Alexandre,  rollin,  llist.  Couvres,  t.  vi, 
p.  634 ,  dans  pouGENS.  Que  chacun  endosse  son  ar- 
mure et  place  devant  lui  son  bouclier,  chateaubr. 
Deslhona,  233.  ||  Fig.  Endosser  la  cuirasse,  s'est  dit 
pour  devenir  militaire.  On  vit  les  cardinaux  de  Ri- 
chelieu, de  la  Valette  et  de  Sourdis  endo.sser  la 
cuira.sse,  volt.  Mœurs,  4  76.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Endosser  le  harnais,  se  revêtir  des  habits  de 
sa  profession.  ||  Endosser  l'uniforme,  devenir  mili- 
taire. Il  2»  Kig.  Charger  quelqu'un  d'une  commission 
désagréable.  On  l'a  endossé  de  cela.  ||  On  dit  dans  le 
même  sens  :  il  a  endossé  cela.  ||  Au  jeu,  charger  ou 
être  chargé  de  la  perte.  11  [le  gagnant]  lui  a  en- 
dossé toute  la  consommation.  11  [le  perdant]  a  endossé 
toute  la  consommation.  ||  Et  il  a  endossé  l'enfant, 
il  s'en  est  reconnu  le  père,  ||  3°  Terme  de  commerce. 
Mettre  sa  signature  au  dos  d'un  billet;  faire  un  en- 
dossement. Endosser  une  lettre  de  change.  Notre 
homme  d'affaires  endossera  le  billet,  et  cela  sera 
rendu  dans  trois  ou  quatre  mois  à  la  mort  de  la 
tante,  dancourt,  les  Agioteurs,  ii,  5.  ||  4'"  Terme 
de  relieur.  Faire  le  dos  d'un  volume  relié.  Le  poin- 
çon à  endosser  est  un  outil  en  fer,  long  de  6  à  8 
pouces,  emmanché  par  une  queue  pointue  dans 
un  fort  manche  de  lime;  cet  outil  sert  à  arrondir 
les  dos,  LESNÊ,  la  Reliure,  p.  4  22.  ||  6° Terme  rural. 
Labourer  de  manière  que  les  sillons  se  trouvent  re- 
levés vers  le  milieu  du  billon.  ||  6°  S'endosser,  v.  réjl. 
Etre  endossé.  J'aime  les  vêtements  larges  ;  cela 
s'endosse  plus  facilement. 

—  HlST.  xii*  s.  Là  veïssiez  tant  haubert  enrtoser. 
Bouc.  p.  85.  Il  xiii"  s.  Atanl  Primant  prent  la  cha- 
suble. Tôt  maintenant  l'a  endo.ssée,  Ben.  338a.  Et 
li  escuier  ont  lor  haubert  endossé,  Ch.  d'Anl.  m, 
266.  Il  xiV  s.  Signer,  oïez  pour  Dieu  dont  ï'rançois 
s'avisèrent  :  Les  vestements  de  toile  qu'Knglois  y 
aporterent.  Prirent  pour  eulx  parer,  les  Englois 
despoillerent;  Dessus  les  aimeùres  moult  bel  les 
endossèrent,  Guescl.  22486.  ||  xvi"  s.  Les  femmes 
endocerent  les  armes  laissées  par  la  garnison  et  par 
leurs  maris,  d'aub.  Hist.  Il,  76.  Ceux  qui  usent  du 
rat  portent  aussi  avec  eux  des  limes  sourdes  par  le 
moien  du  plomb  qui  les  endosse,  id.  ib.  ii,  372.  Le 
serment  preste,  M.  de  Laubespine  l'endossa  sur  ces 
lettres  sur  le  champ,  carl.  iv,  4.  S'il  ne  l'eusl  re- 
quis de  la  vie  il  l'eust  assommé  de  l'ast  :  mais  il 


n'en  endossa  seulement  que  trois  ou  quatre  coups, 
le  laissant  en  un  très  piteux  estât,  id.  vi,  6. 

—  ÉTYM.  Endos;  provenç.  endossar;  espagn.  en- 
dosar:  bas-Iat.  indorsare. 

ENDOSSEUR  (an-dô-seur) ,  s.  m.  Celui  qui  a  en- 
dossé un  effet  de  commerce  pour  en  faire  le  trans- 
port à  un  autre.  Les  bons  endosseurs  I  ce  sera  là  da 
bon  papier ,  dancourt  ,  Impromptu  de  Suréne, 
se.  20.  Il  Fig.  et  très-familièrement.  C'est  un  tel  qui 
a  fait  l'enfant,  mais  c'est  lui  qui  est  l'endosseur, 
c'est-à-dire  le  père  supposé. 

—  ÉTYM.  Endosser. 

t  ENDOSSURE  (an-dô-sû-r') ,  s.  f.  Préparation  du 
dos  d'un  livre  relié. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  [je]  vi  qu'à  cesle  vesteûre 
N'auroie  pain  n'endosseûre  [vêtement  pour  le  dos], 

RUTEB.  II,  74. 

—  ÉTYM.  Endosser. 

t  ENDOSTO.ME  (an-do- sfo-m'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Ouverture  dont  est  percée  l'une  des  deux 
enveloppes  de  l'ovule  végétal. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  (rc6(jia,  bouche, 
ouverture. 

t  ENDOTHÈOUE(an-do-tè-k'),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Membrane  interne  des  loges  de  l'anthère. 

—  ÉTYM.  'EvSov,  en  dedans,  et  Orjxr),  loge. 

t  ENDOTRICUÉ,  ÉE  (an-do-tri-ké,  kée),  adj. 
Terme  de  botanique. Qui  est  garni  de  poilsà  l'intérieur. 

—  ÉTYM.  'Emôov  ,  en  dedans,  et  Opi|,  cheveu. 

t  ENDOUZAINEMKNT  (an-dou-zè-ne-man),  s.  m. 
Action  de  mettre  par  douzaine.  On  est  encore  obligé, 
quelquefois,  de  mettre  des  pièces  blanches  pour  bou- 
cher les  trous  d'enfiiuro  ou  d'endouzainement  quand 
on  se  sert  de  veau  alun,  lesné,  la  Reliure,  p.  494. 

t  ENDOUZAINEK  (an-dou-zai-né),  t),  o.  Mettre 
par  douzaine. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  dotixaine. 

ENDROIT  (an-droi  ;  le  l  se  lie  :un  an-droi-t  agréa- 
ble; au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  an-droi-z  agréables; 
la  prononciation  endret  est  signalée  comme  vieillie 
par  Chifflct,  Gramm.  p.  4  27),  s.  m.  ||  l'Le  beau  côté 
d'une  étoffe  par  rapport  à  l'envers.  Voilà  l'endroit  de 
ce  drap.  Étoffe  à  deux  endroits,  étoffe  dont  les  deux 
côtés  sont  semblables.  {]  2°  Fig.  Aspect  particulier 
d'une  personne  ou  d'une  chose.  On  la  peut  tenir 
pour  vieille  par  cet  endroit,  sÉv.  380.  Je  suis  per- 
suadée des  complaisances  de  M.  de  Grignan;  il  a 
des  endroits  d'une  noblesse,  d'une  politesse  et 
même  d'une  tendresse  extrême,  id.  22.  Et  voyons 
l'homme  enfin  par  l'endroit  le  plus  beau,  boil.  Sat. 
viii.  À  parler  humainement,  la  mort  a  un  bel  endroit, 
qui  est  de  mettre  fin  à  la  vieillesse,  la  bruy.  xi. 
Tout  homme  qu'on  admire  par  ces  endroits  réussit 
partout,  iiAMiLT.  Gramm.  3.  Vous  êtes  en  posses- 
sion de  mille  qualités  brillantes  qui  vous  distinguent; 
ce  sont  de  beaux  endroits,  id.  th.  6.  Cette  aventure 
n'avait  pas  beaucoup  de  beaux  endroits  pour  lui, 
id.  ib.  9.  Ils  le  décrient  par  l'endroit  qui  aurait  dii 
lui  attirer  davantage  l'amour,  mass.  Car.  Prod. 
Il  Se  montrer,  se  faire  voir  par  son  bel  endroit,  par 
son  mauvais  endroit,  par  son  vilain  endroit,  se 
montrer  par  ses  qualités  avantageuses,  par  ses  dé- 
fauts. Cet  homme  se  produisait  par  son  bel  en- 
droit, HAMILT.  Gramm.  4  4.  Un  mari  qui....  et  se 
montre  au  contraire  par  ses  mauvais  endroits,  la 
BRUY.  III.  Il  C'est  le  plus  bel  endroit  de  sa  vie, 
l'action  la  plus  louable.  Ce  n'est  pas  ici  le  bel  en- 
droit de  Zeuxis;  il  fit  ostentation  de  ses  richesses 
d'une  manière  puérile,  ROLUN,//tst.  OEuurcs,  t.  xi, 
4"  part.  p.  4  53,  danspouGENS.  ||  S"  11  sa  dit  des  par- 
ties du  corps.  Les  Égyptiens,  remarquant  qu'il  [Cam- 
byse]  avait  été  blessé  au  même  endroit  où  il  avait 
blessé  leur  dieu  Apis,  ne  mançuèrent  pas  d'attri- 
buer cet  accident  à  une  juste  punition  du  ciel,  rol- 
lin, fltsl.  anc.  «iuiirci,  t.  II,  p.  333,  dans  POUGENS. 
Il  11  se  dit  aussi  de  l'âme  en  ce  sens.  Là  s'entendrait 
la  dernière  consommation  de  l'amour  divin  dans  un 
endroit  de  l'âme  si  profond  et  si  retiré  que  les  sens 
n'en  soupçonnent  rien;  tant  il  est  éloigné  de 
leur  région*  boss.  la  Vallière.  ||Fig.  C'est  son  en- 
droit sensible,  se  dit  de  tout  ce  qui  touche  le  plus 
quelqu'un.  Il  aime  l'argent  plus  que  réputation, 
qu'honneur  et  que  vertu  ;  et  la  vue  d'un  demandeur 
lui  donne  des  convulsions;  c'est  le  frapper  par  sou 
endroit  mortel,  mol.  l'Avare,  ii,  B.  Je  connais  vo- 
tre cœur,  vous  devez  vous  attendre  Que  je  vais  le 
frapper  par  l'endroit  le  plus  tendre,  ijtc.  Béién.  m, 
3.  Cherchons  pour  l'attaquer  quelque  endroit  plus 
sensible,  id.  Phèd.  m,  4.  ||  Endroit  faible,  le  côté 
par  lequel  on  a  le  moins  de  force,  de  mérite,  de  ta- 
lent, etc.  Prendre  quelqu'un  par  son  endroit  faible. 
Télèphe....  passe  outre;  il  se  jette  hors  de  sa  sphèrej 
il  trouva  lui-mCme  son  endroit  faible,  et  se  moatr 


1382 


END 


Tift T"  F^Jace  déterminé.  Voilà  r.ndroU  où 
IW  veut  bâtir.  Mouron,  ou  vengeons-nou.;  l'en- 
d«il  .rt  f.»oril.l«.  «"TH.  M,.  .,  ».  Bion  plus.  .| 
uour  uo  wu  d'orano  en  quoique  endroit  S  amassait 
Tune  ou  d'autre  «orte,  L'homme  en  avait  sa  part, 
■I  la  bourw  en  «ouiïroit,  la  ko.nt.  Fabl.  iv,  s. 
Tout  eit  meublé;  de  petit»  endroits  qui  ne  servaient 
ou'»  mettre  des  arrosoirs  deviennent  des  chambres 
de  courtisans,  sÉv.  ".  Cet  androil  [St-Cyr]  qui, 
maintenant  que  nous  sommes  dévot»,  est  le  séjour 
de  la  vertu  et  de  la  piété,  M"  dbu  kayette,  Uém. 
Cour  dt  France,  OKuvru,  t.  ii,  p.  4'  < ,  il»ns  pou- 
o»\8.  Il  6-  Kamilièroment.  Le  lieu  qu'on  habita,  en 
parlant  dune  ville  peu  importante,  d'un  bourg, d'un 
Tillago.  Les  gens  de  l'endroit.  Il  habite  un  petit  en- 
droit. On  est  médisant  dans  les  petit»  endroits.  Ces 
Messieurs  oomptant-ils  faire  un  long  séjour  dans 
notre  endroit?  PICARD,  la  Petite  ville ,  i,  i.  ||  Fig. 
Être  de  son  endroit,  être  peu  habitué  aux  usages 
du  monde.  Il  est  bien  de  son  emlroit.  ||  6°  Partie, 
passage  d'un  ouvrage.  Il  y  a  quelques  endroiu  fai- 
ble» dans  cette  tragédie.  Le  plus  bel  endroit  d'un 
livre.  Entre  tous  les  endroits  de  votre  lettre,  qui 
me  semble  admirable  en  toutes  clioses,  j'ai  parti- 
culièrement remarqué VQIT.  Lett,  5U.  La  dis- 
pute ne  roulait  guère  que  sur  ces  endroits  des  an- 
ciens, dont  nou»  ne  sommes  en  état  d'apprécier 
exactement  ni  les  beautés  ni  les  défauts,  u'alem- 
BERT,  Élogei,  Ch.  /'erraud.  Il  7°  Origine,  source. 
Elle  le  savait  d'un  endroit  non  suspect,  sEv.  loo.  La 
conjuration  d'Amboise.qui  est  l'endroit  par  où  ont 
commencé  toutes  les  guerres,  Boss,  For.  6"  oierl. 
§  58.  Il  Au  propre,  bon  endroit,  bonne  provenance. 
Voilà  du  vin  qui  vient  d'un  bon  endroit.  Un  pâté 
du  bon  endroit.  ||  l'ig.  Ce  que  je  voua  dirai  vient 
directement  de  bons  endroits,  sÉv.  385.  ||  8°  X  l'en- 
droit de,  loc.  prép.  ICnvers,  à  l'égard  de.  L'affeclion 
de  ces  peuples  à  l'endroit  de  Philippe,  malh.  Le 
«xxni*  iiïre  de  Tile  Live,  chap.  te.  Le  peuple  iné- 
gal à  l'endroit  des  tyrans.  S'il  les  déteste  morts,  les 
adore  vivants,  cobn.  Cinna,  i,3.  ||Enson  endroit,  à 
»on  égard.  Toujours  hautaine  et  rude  en  son  endroit, 
LA  PONT.  Faucon.  Les  courtisans  se  persuadent  d'être 
quittes  par  là  [par  des  excuses]  en  leur  endroit  [à 
regard  de  leurs  amis]  de  tous  les  devoirs  de  l'ami' 

tiù,  LA  liHUÏ.  vui. 

—  H18T.  xi«  s.  Orendreit  sei  at-il  assez  que  faire, 
Ch.  de  /toi.  CLV.  llleo  endreit  remeint  li  os  tout  nus 
[de  chair],  i6, ccLXii.  ||  xii*  s.  Si  j'en  sui  moult,  en- 
droit l'ame,  joiana.  Mai»  al  cors  ai  et  pitié  et  pa- 
•ance,  quksnes,  lUimanc.  p.  86.  ||xiii'  s,  De  li  ici 
»n droit  à  parler  [nous]  viius  lairrons,  Berle,  xxm. 
Ci  en  droit  [je]  reniaindrai,  je  n'i  voi  autre  fuite, 
tb.  xxxvii.  Vint  dux  Naimes  à  lui,  là  endroit  le 
trouva,  t'b.  cvni.  liertain  tout  erramment  ci  eu 
droit  fj']  ameiiroie  [amènerais],  ib.  cxvii.  Car,  en- 
droit moi,  ai-je  fiance  Que   songe   soit   senefiance 

Des  biens  à  gens  et  des  anuis,  la  Hôte,  46 Sire, 

pour  Dieu,  oies;  Jou  [je]  Bui  bom  anciens,  penés 
et  travelliés;  Ne  pornie  mais  estre  en  nul  endroit 
[d'aucune  façon  convenable]  croisiés;  Mes  frères 
ira.  Hues,  qu'est  chevaliers  proisié»,  Ch.  d'Àiit.  1, 
(74.  Dont  l'un  d'eul2  vint  à  nostiegalie  et  trait  s'es- 
pée  toute  ensanglantée,  et  dit  quu  endroit  de  li 
[pour  sa  part]  avait  tué  six  de  nos  gens,  joinv.  '^4it. 
Je  SUIS  an  riche  point,  tu  es  en  povre  endroit  [en 
pauvre  situation].  Fabliaux  mis,  n°  72IH,  ('  328, 
dans  LACURMR.  ||  xiv*  s.  Lt  de  ceste  ne  parle  il  pas 
ici  endroit,  orksmk,  Elh.  4a.  ||xv*  ».  Chacun  en 
ton  endroit  faisoit  merveilles  d'armes,  rnoisg.  ii,  il, 
4t.  Il  XVI*  s.  Tous  les  arts  et  science»  en  toutes  les 
quatre  parties  du  monde,  sont,  chacune  endroit 
•oy,  une  mesme  chose,  du  bkllay,  i,  3,  verso.  Le» 
espioeriei  que  l'Inde  nous  envoyé,  sont  mieux  co- 
gneues,  et  traittéos  de  nous,  et  en  plus  grand  pris, 
qu'en  l'endroit  de  ceux  i|ui  les  sèment  ou  reciii'il- 
lent,  ID.  I,  I4t,  recto.  Non  que  je  mu  vante  d'avoir 
en  cest  endroit  contrefait  au  naturel  les  vrais  11- 
neamens  de  Virgile,  in.  iv,  1,  verto.  Il  choisit  le 
plus  bel  endroict  et  milieu  de  chasqueparoy,  mont. 
I,  10».  Des  bestes  qu'il  tuoit  à  sa  chasse,  il  m'en 
tpportoil  les  meilleurs  endroits,  id.  i,  (84.  Et  firent 
hire  de  belle»  casaques  à  deux  endroits  [sans  en- 
ter»], l'un  qui  avoit  force  croix,  et  l'autre  qui  n'en 
»»oil  point,  mais  estoittoutde  blanc,  yveu,  p.  64». 
Celle  torcha  las  guida  tout  au  long  du  voyage,  et  à 
la  fin,  alla  fondre  et  disparoir  au  propre  endroit  de 
ta  eosie  d'Italie,  où  le» pilotes  avoient  délibéré  d'ar- 
«wr,  ÀMTOT,  rimoj.  il.  Andromaohu»  luy  tendant 
iMdroit  d*  U  main,  at  puis  tout  k  coup  luy  mon»- 


END 

trani  l'envari,  id.  ib.  46,  Je  suis  cause  qu'il  est 
loué  et  prisé  partout,  de  ca  qu'il  a  fait  ea  mon  en- 
droit, ID.  Flamin.  23.  Ayant  Pompeius  la  (lotte  de 
ses  navires  là  auprès  à  l'ancre,  et  Antonius  et  César 
leurs  armée»  sur  le  bord  de  la  mer  tout  à  l'en- 
droit de  luy,  ID.   Anton,  a» Toutefois  vainque 

tousjours  endroit  nous  l'honneur,  plu»  to»t  que  le 
profit,  ID.  Aginct  Cléom.  64. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  droi»,  adjectif  ;  wallon ,  idreilt , 
èdreût;  Berry,  adnt,  adroit  et  endrel,  pays  natal; 
provenç.  endreit,  endreich ,  endreg.  Le  sens  propre 
est  en  droit,  co  qui  est  droit,  c'est-à-dire  opposé  à 
envers,  et  au  sens  de  localité,  ce  qui  est  dans  le 
droit  chemin,  sur  la  route,  dans  la  direction  de, 
et  c'est  par  conséquent  une  préposition  signifiant 
à  côté,  en  face,  et,  figurément,  à  l'égard  de;  dans 
les  textes  anciens  elle  est  tantôt  écrite  en  un  seul 
mot,  tantôt  en  deux. 

ENDUIRE  (an-dui-r')  ,  j'endui» ,  tu  enduis,  il 
enduit,  nous  enduisons,  vous  enduisez,  ils  endui- 
sent; j'enduisais;  j'enduisis;  j'enduirai;  j'enduirais; 
enduis,  enduisons;  que  j'enduise,  que  nous  endui- 
sions; que  j'enduisisse  ;  enduisant;  enduit.  ||  1°  F.  n. 
Terme  de  fauconnerie.  Introduire  «n  soi,  digérer 
bien  la  chair,  en  parlant  d'un  oiseau  de  proie. 
Il  i'  V.  a.  Couvrir  d'un  enduit.  Enduire  une  muraille 
de  plâtre.  Regarde  d'où  provient  L'achoppement 
qui  te  retient;  ôte  d'autour  de  chaque  roue  Ce  mal- 
heureux mortier,  cette  maudite  boue  Qui  jusqu'à  l'es- 
sieu les  enduit,  tA  font.  Fabl.  vi,  48.  ||  î*  S'enduire, 
V.  réfl.  Être  enduit.  Celte  pierre  s'enduit  facilement 
lies  couleurs.  ||4"  S'enduire  soi-même.  Les  lutteurs, 
dans  les  jeux  de  l'antiquité  ,  s'enduisaient  d'huile. 

—  HIST.  xiii'  s.  Li  faucon  qui  ont  tout  enduit 
[tout  digéré]  Se  debatent  par  la  rivière,  l'Escoufte. 
Il  XV»  s.  Jusqu'à  midi  estes  ou  [au]  lit  bouté.  Lors 
vous  levez  et  avez  mal  enduit  Vostre  manger;  s'en 
est  enfermeté,  e.  descii.  Vie  dissipée.  ||  xvi"  s. 
L'Espagnol,  tournant  la  teste  à  ses  gens,  dit 
(l'oyant  le  comte)  :  voici  un  grand  hérétique;  mais 
cela  fut  enduit  à  la  sauce  d'un  riz  et  emlirassade, 
n'AiiB.  Ilist.  i,  850.  Ils  recourent  capitulation  entiè- 
rement violée  parles  soldats,  qui  ne  pouvoient  en- 
duire [digérer]  la  perte   de  leur  Brissac,  ID.  ib.  I, 

283 à  la(|uelle  aiant  donné   espérance  d'estre  sa 

femme,  il  fit  enduire  à  regret  la  qualité  de  concu- 
bine, ID.  ib.  I,  36).  Le  roi  de  Pologne  dit  qu'il 
n'estoit  point  coulpable  de  ce  qui  s'estoit  fait,  et 
couppa  court,  enduisant  cette  remonstrance  par  un 
affront,  ID.  t'b.  ii,  no.  Une  ceinture  de  pippes  en- 
duites de  poix,  ID.  t'b.  m,  tB. 

—  ETYM.  Provenç.  enduire,  endurre  ;  catal.  induir; 
espagn.  induetr;  portug.  indiair  ;  ital.  indurre;  du 
latin  inducvre,  de  in,  et  dueere,  conduire  (voy. 
DUifiP,).  De  conduire  dedans ,  sens  propre  d'enduire, 
est  venu  le  sens  de  conduire  dessun,  couvrir. 

t  ENDUISANT,  ANTE  (an-dui-zan,  zan-t'),  adj. 
Qui  est  propre  à  enduire. 

1.  ENDUIT,  ITE(an-dui,  dui-t'),  porl.  pa»»^ d'en- 
duire. Un  papier  enduit  de  colle. 

2.  ENDUIT  (an-dui;  le  t  ne  se  lie  guère  dans  le 
parler ordin;iire  ;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  en-dui-z 
imperméables),  s.  m.  |{  1°  Matière  molle  dont  on 
couvre  la  surface  de  certains  objets.  Un  enduit  de 
goudron.  Il  ne  lui  donna  point  l'enduit  décolle,  cet 
emluit  ne  se  donnant  que  pour  empêcher  les  impres- 
sions à  l'huile  de  passer  au  travers  d'une  toile  grasse 
et  claire,  dideboï,  Peinture  en  cire.  Œuvres, 
t.  XV,  p.  844,  dans  pouoENS.  Il  Couche  de  chaux, 
de  plâtre,  de  mortier,  etc.  qu'on  apphque  sur  les 
murailles.  Refaire  les  enduits  d'une  fosse.  ||  2'  Terme 
de  médecine.  Couche  de  matière  plus  ou  moins  te- 
n.ice  qui  revêt  la  surface  de  certains  organes,  et 
qui  est  pour  l'ordinaire  le  produit  altéré  d'une  sé- 
crétion. L'enduit  muqueux.  jaunâtre,  blanchâtre, 
fuligineux  de  la  langue.  |[  Terme  de  physiologie. 
Enduit  fœtal,  couche  de  matière  blanchâtre  qui  re- 
couvre la  peau  de  beaucoup  de  nouveau-nés. 

—  HIST.  xvi*  s  Et  sommes  advertis  que  le  massif 
se  desment,  quand  nous  voyons  fendiller  l'enduict 
et  la  crouste  de  nos  parois,  mont,  i,  338. 

—  ÊTYM.  Kiiduil  t. 

t  ENDUUABLE(in-du-ra-br),  adj.  Qui  peut  être 
enduré. 

—  HIST.  XVI»  s.  Endurable,  coioiuvE. 

—  ÉTYM.  Endurer. 

t  ENDURANCE  (an-du-ran-s'),  t.  f.  Qualité  de 
celui  qui  endure.  H  Mot  très- usité  en  Normandie,  et 
qui  est  si  français  a  cause  d'enduran<,  qu'il  mérite- 
rait de  passer  du  langage  provincial  dan»  la  langue 
littéraire. 

—  ÊTYM.  Enduyer. 

BMDCRANT,  ANTE  {an-du-ran,  ran-t'),  aij.  Qui 


END 

sait  supporter  les  choses  dures.  (^atr«  les  moins 
endurant»  et  les  plus  difficiles  au  joug,  on  emploie 
les  armes,  bai.z.  7»  discours  sur  la  cour.  La»  plus 
ignorants  en  religion  sont  les  plus  mal  endurants, 
ST-EVREMONO,  dan»  ricuelet.  Il  n'était  pas  grand 
railleur,  il  était  encore  moins  endurant,  iiAUiLVnN, 
Gramm.  t.  ||  N'être  pas  endurant,  être  peu  en'u- 
rant,  ne  pas  supporter  ce  qui  offense,  ble»8a,  im- 
patiente. Prenez  garde,  il  n'est  pas  endurant.  Voua 
savez  que  je  n'ai  pas  l'&me  endurante,  uoL.  Méd.  m. 
lui,  I,  <.  Parle,  mal»  ne  di»  rien  surtout  qui  me 
déplaise;  Car  je  n'ai  pas  l'humeur  endurante  au- 
jourd'hui, dancourt,  Trahi»,  punie,  v,  ». 

—  8YN.  ENDURANT,  PATIENT.  Le  patient  est  celui 
qui  a  de  la  patience;  l'endurant,  celui  qui  endura: 
aussi  patient  est-il  plus  général  que  endurant.  L'idée 
de  choses  dures  n'étant  pas  dans  patient,  ca  mot 
s'applique  à  tout;  on  est  patient  à  attendre  aussi 
bien  qu'à  supporter.  Le  chat  est  patient  quand  il 
guette  une  souris;  mais  ce  n'est  pas  un  animal 
d'un  naturel  endurant. 

—  HIST.  ivi»  s.  Achilles  qui,  de  sa  nature,  n'es- 
toit  point  endurant  ne  patient,  amyot,  Comm.  «'/ 
faut  lire  les  poètes,  44. 

ENDURCI,  lE  (an-dur-si,  sie),  por<.  pawtf  d'en- 
durcir. Il  1°  Rendu  dur.  La  terre  endurcie  parle  froid. 
Il  2"  Fig.  Qui  a  pris  une  dureté  morale.  Mais  pour 
ces  francs  pécheurs,  pécheurs  endurcis,  pécheurs 
sans  mélange,  pleins  et  achevés,  pasc.  Prou.  4. 
Klle  [la  messe]  leur  profite  comme  la  prière,  laquelle 
on  ne  ferait  pas  pour  les  pécheurs  les  plus  endurcis, 
si  on  ne  croyait....  boss.  Var.  m,  §  6«.  J'irais,  par 
ma  constance  aux  alTronts  endurci.  Me  mettre  au 
rang  des  saints  qu'a  célébrés  Bussi ,  boil.  Sal.  viu. 
Pour  ce  peuple  endurci  que  rien  ne  peut  gagner, 
BAC.  Théb.  u,  3.  Un  tyran  dans  le  crime  endurci 
dès  l'enfance,  id.  Brit.  v,  7.  U  eût  donc  mieux 
valu  demeurer  endurci  dans  mon  habitude,  hass. 
Car.  Inconst.  \\  Substantivement.  Celui  qui  a  perdu 
tout  sentiment  de  piété.  Vous  ne  pouvez  réussir 
comme  tant  d'impies  et  d'endurcis  k  étouiïer  cette 
vérité  intérieure,  mass.  Car.  Évid.  de  la  loi.  jj  U 
se  dit,  dans  le  même  sens,  des  sentiments,  du 
cœur,  etc.  Un  courroux  implacable,  un  orgueil 
endurci,  coRK.  Sertor.  iv,  s.  Contre  tous  ses  at- 
traits ma  raison  endurcie,  id.  Tileet  Bérén.  u,  t. 
Et  vos  cœurs  endurcis  sont  pour  jamais  paisibles, 
QuiNAULT,  Pers.  n,  6.  Crois  que  dans  son  dépit  mon 
cœur  est  endurci,  bac.  yindr.  u,  I.  Quel  courage  en- 
durci Soutiendrait  les  assauts  qu'on  lui  prépare  ici  î 
ID.  îphig.  IV,  t.  Quelle  haine  endurcie  Pourrait  en 
vous  voyant  n'être  pas  adoucie?  id.  Phèdre,  n,  î. 
Votre  jeune  Apollon,  qui  n'a  point  réussi,  Dans  la 
satire  encor  ne  peut  être  endurci,  Gilbert,  Apol. 
Le  cœur  endurci  par  les  cicatrices  mêmes  des  coups 
qu'on  lui  a  portés,  buffon,  JVolure  des  anim. 
Il  3°  Rendu  ferme,  résistant  par  l'exercice,  le  tra- 
vail. U  parait  endurci  au  travail,  fén.  TH.  a.  Mes 
mains  endurcies  au  travail  me  donnent  facilement 
la  nourriture  qui  m'est  nécessaire,  U).  ib.  xiv.  Tous 
ont  armé  leurs  bras  endurcis  aux  travaux,  delille, 
Enéide,  ch.  vu. 

ENDURCIR  (an-dur-sir),  v.  a.  ||  1»  Rendre  dur.  Le 
grand  air  endurcit  certaines  pierres.  ||  Fig.  Don- 
ner une  dureté  morale.  Ma  place  ne  m'a  pas  encore 
endurcie  :  je  sens  tout  trop  vivement,  maintbnon. 
Lettre  au  card.  de  Noailles,  6  avril  l7oo.  La  ten- 
dresse de  cœur  se  perd  souvent,  parce  que  les  pas- 
sions et  le  commerce  des  hommes  politiques  endur- 
cissent insensiblement  les  jeunes  gens  qui  entrent 
dans  le  monde,  fén.  Édtic.  filles,  ch.  6.  La  multitude 
des  malheureux  vous  endurcit  à  leurs  misères,  mass. 
Car.  Aumône.  C'est  que  le  même  zèle  qui  nous  at- 
tache au  prince  nous  endurcit  souvent  envers  la 
public,  ID.  Or.  (un.  Villeroy.  ||  U  se  dit,  dans  le 
môme  sens,  des  sentiments,  du  cœur,  etc.  San.i 
mentir.  Monseigneur,  si  vous  ne  vous  êtes  bien  en- 
durci le  cœur  parmi  les  Suédois....  voit.  Lett.  67.  Il 
faut  agir  de  force  avec  de  tels  esprits,  Seigneur;  et 
qui  les  flatte  endurcit  leur  mépris,  corn.  Iléracl, 
i,  t.  Endurcis-toi  le  cœur,  sois  arabe,  corsaire..., 
Ne  va  point  sottement  faire  le  généreux,  boil.  Sat, 
viii.  Un  cœur  qu'ont  endurci  la  fatigue  et  les  ans, 
HAC.  Bajax.  I,  t.  Endurcir  les  esprits  contre  l'hu- 
manité, VOLT.  Jf.  de  Ces.  I,  4.  Les  Musulman» 
altiers,  trop  longtemps  vos  vainqueurs.  Ont  changé 
la  Sicile,  ont  endurci  vos  mœurs,  ID,  Taucr.  I,  4, 
Il  Absolument.  Au  milieu  des  grandeurs,  qui  en- 
durcissent toujours,  ils  nous  trouvaient  sensibles, 
MONTESQ.  Lett.  pers.  74.  ||  2»  Rendre  résistant,  ro- 
buste, capable  de  supporter.  S'exposer  aux  intempé- 
ries des  saisons  est  ce  qui  endurcit  le  corps.  ||  Absolu- 
ment. U  D'y  a  rien  qui  endurcisse  comme  la  travail 


END 


lîNE 


1383 


des  champs.  ||  S'  S'endurcir,  v.  réft.  Devenir  dur.  Le 
corail  s'endurcit  à  l'air.  ||  4°  Fig.  Contracter  une  du- 
reté morale.  S'endurcir  au  crime.  Mon  cœur  s'est 
endurci  par  toutes  mes  disgrâces,  botr.  Vencesl. 
II.  2.  Ceux  qui  s'endurcissent  contre  la  foi  de  nos 
pères,  Boss.  Messe.  Autant  qu'ils  se  seront  endurcis 
aux  malheurs  des  pauvres,  autant  Dieu  leslaissera- 
t-il  s'endurcir  h  leur  propre  malheur,  doubd.  Ex- 
hort.  char,  envers  les  pauvres,  t.  i,  p.  60.  Ce 
hùros....  Qui  ne  connaît  de  pleurs  que  ceux  qu'il 
fait  répandre.  Oui  s'endurcit  contre  eux  dès  l'âge 
le  plus  tendre,  bac.  Iphig.  iv,  <.  Les  hommes  cor- 
rompus s'endurcissent  contre  ce  qui  pourrait  les 
toucher,  fén.  Tél.  xx.  En  cherchant  à  s'endurcir 
contre  les  cris  de  sa  conscience,  mass.  Car.  Avenir. 
Il  5°  Devenir  résistant  à  la  fatigue,  apprendre  à 
supporter.  Montrez-lui  comme  il  faut  s'endurcir  à 
la  peine,  conN.  Cid,  i,  7.  Son  corps  s'endurcissait 
chaque  jour,  fén.  Tél.  xvji.  ||  Par  extension.  Il  avait 
acquis  avec  art  l'hahitude  de  n'être  pas  aisément 
troublé,  et  s'était  endurci  aux  distractions,  fonten. 
Tschirnbaus. 

—  HlST.  XII'  S.  Pur  quel  endurcissez  vos  quers 
[cœurs]  cume  fist  Egypte  e  li  reis  Pharaun  de 
Egypte?/fois,  p.  2t.  ||xiii'  s.  Etgloutonnie  lavilaine, 
Luxure,  peresce  et  envie,  Et  avarice  l'endurcie.  Et 
toute  leur  pourrie  graine,  l.  de  meuno,  Tr.  t07.  Il 
opele  à  sa  merci  ceus  qui  endurcissent  en  peohié, 
Psautier,  f"  77.  ||  xiV  s.  En  ce  chastel  avoit  maint 
Englois  endurci  De  guerre  démener  et  le  may  et  l'avril, 
Guescl.  •2t637.  Il  XVI'  s.  Endurcissez  le  à  la  sueur, 
au  froid,  aux  hazards,  mont,  i,  <83.  Il  dressoit  et 
endurcissoit  fort  sa  personne  tous  les  jours  à  l'exer- 
cicedes  armes,  amtot,  Philop.  2t. 

—  ETYM.  En  i ,  et  durcir  ;  Berry,  endurtir;  pro- 
vonc.  endurxir,  indurnr;  catal.  endurir;  espagn. 
endureeer;  ital.  indurire. 

ENDCBCISSEMENT  (an-dur-si-se-man)  ,  s.  m. 
Il  1»  État  de  ce  qui  devient  dur.  ||  Terme  de  patho- 
logie. Augmentation  de  la  consistance,  de  la  densité 
d'un  organe  qui,  de  mou  qu'il  était,  devient  dur. 
L'endurcissement  du  tissu  cellulaire  chez  les  nou- 
veau-nés. Il  2°  Fig.  Perte  de  la  sensibilité.  Elle  pleure 
au  pied  de  la  croix  l'endurcissement  de  ses  filles, 
PATRU,  Plaid.  16,  dans  bichelet.  ||  État  d'une  âme 
qui  a  perdu  tout  sentiment  de  piété,  de  vertu.  [La 
vie]  Qu'est-elle  souvent  qu'un  amas  De  sacrilèges, 
d'attentats.  D'endurcissements  invincibles?  corn. 
[mit.  I,  2.1.  Don  Juan,  l'endurcissement  au  péché 
traîne  une  mort  funeste,  mol.  Don  Juan,  v,  fi. 
Cette  confusion  salutaire  dont  parle  l'Écriture,  qui 
est  presque  l'unique  remède  d'un  endurcissement 
tel  que  le  vôtre,  pasc.  Prov.  16.  |1  Opiniâtreté.  Il 
prenait  mon  refus  [de  me  rendre  à  ses  raisons]  pour 
endurcissement,  m.  Lett.  à  Jacqueline,  26  jan- 
vier 1618.  Il  3'  Action  de  s'endurcir,  de  devenir  dur 
à  la  fatigue,  capable  de  supporter.  L'endurcisse- 
ment du  corps  aux  fatigues. 

—  HIST.  XVI*  s.  Si  telle  chose  estoit  nécessaire  pour 
l'endurcissement  de  l'acier,  paré,  ix,  16. 

—  ÉTYM.  Endurcir;  provenç.  induriiment;  espag. 
endurecimiento. 

ENDURÉ,  ÉE  (an-du-ré,  rée),  part,  passé.  Des 
fatigues  endurées  avec  constance.  Lors  tous  les  dé- 
plaisirs endurés  sans  murmure  Deviendront  des 
sujetsd'une  allégresse  pure,  corn.  Imit.  i,  24.  Sou- 
vent avec  prudence  un  outrage  enduré.  Aux  hon- 
neurs les  plus  hauts  a  .servi  de  degré,  rac.  Esth. 
m,  1. 

ENDURER  (an-du-ré).  ]|  1°  V.  a.  Supporter  ce  qui 
est  dur,  pénible.  Là  par  un  long  récit  de  toutes  les 
misères  Que  durant  notre  enfance  ont  enduré  nos  pè- 
res, CORN.  Cinna,  i,  3.  Tous  les  maux  qu'un  esclave 
endure  dans  les  fers,  m.  Rodog.  i,  6.  Pour  rompre 
un  hymen  qu'avec  peine  elle  endure,  m.  ib.  m,  2.  Il 
faut  de  ses  amis  endurer  quelque  chose,  mol.  l'É- 

tour.i,  10 D'un  refus cruell'insupportable  injure 

N'était  qu'un   faible  essai  des  tourments  que  j'en- 
dure, RAC.  Phèd.  IV,  6.  La  terre  avec  horreur  dès 
longtemps  les  endure  [les  Juifs],  m.  Esth.  ii,  2.  Un 
affront  vit  toujours  sur  le  front  qui  l'endure,  voj-t. 
Triumv.   v,  2.    Il   est  dans  la  nature  de  l'homme 
d'endurer  patiemment  la  nécessité  des  choses,  mais 
non  la  mauvaise  volonté  d'autrui,  J.  j.   rouss.  Ém. 
II.  C'est  vous  qui  avez  voulu  vous  passer  de  feu  et 
lendurer   le  froid   pour  nous   envoyer  votre  bois, 
"'  DE  OENLis,  Veillées  du  chdt.  t.  ii,  p.  53s,  dans 
iPOUGENS.  Il  Endurer  que,  avec  le  subjonctif.  Mais  as- 
ttu  vu  mon  père  et  peut-il  endurer  Qu'ainsi  dans  sa 
finaison  tu  t'oses  retirer?  corn.  //or.  i,  4.  Endurer 
Ijue  l'Espagne  impute  à  ma  mémoire  D'avoir  mal 
outenu  l'honneur  de  ma  maison,   id.  Cid,  i,  10, 
omment,  mesdames,  nous  endurerons  que  nos  la- 


quais soient  mieux  reçus  que  nous?  mol.  Préc.  ri- 
dic.  (6.  Je  me  veux  fâcher  et  tu  es  une  vilaine,  toi, 
d'endurer  qu'on  te  cajole,  id.  Fest.  de  P.  ii,  3. 
J'arrêtai  toute  l'affaire,  et  ne  voulus  point  endurer 
qu'on  opinât,  si  les  choses  n'allaient  dans  l'ordre, 
m.  l'Am,  méd.  ii,  3.  Vous  pour  qui  seuls  elle  ne 
pouvait  endurer  qu'on  lui  dit  que  ses  trésors  étaient 
épuisés,  BOss.  Marie-Thér.  Vous  qui  sans  désespoir 
ne  pouviez  endurer  Que  Pyrrhus  d'un  regard  la 
voulût  honorer,  rac.  Andr.  iv,  2.  ||  Endurer  de, 
avec  l'infinitif.  Mais  hair  un  rival,  endurer  d'être 
aimée....  N'est-ce  point  dire  trop  ce  qui  sied  mal  à 
dire?  corn.  Attila,  ii,  6.  ||  î°  F.  n.  Avoir  delà  con- 
stance à  supporter.  On  recommande  assez  la  pa- 
tienceaux  autres,  Mais  il  s'en  trouve  peu  qui  veuillent 
endurer,  CORN.  Imit.  ii,  12.  Hélas!  s'il  est  ainsi,  quel 
malheur  est  le  mien  ?  Je  soupire,  j'endure,  et  je  n'a- 
vance à  rien,  id.  l'Illus.  cnm.  ii,  3.  Il  veut  me  voir 
souffrir  :  je  me  tais  etj'endure,  th.  corn.  Ariane, 
IV,  3.  Il  Terme  de  marine.  Diminuer  son  efl'ort  sur 
les  avirons.  ||  Souffrir,  avoir  de  la  peine.  [Autrement 
il  faudrait  dire]  que  nous  faisons  plaisir  aux  arbres 
que  nous  arrosons  de  peur  que  la  terre  qui  n'est 
point  remuée,  venant  à  s'endurcir  parla  sécheresse, 
ne  soit  occasion  de  les  faire  endurer,  malh.  le 
Traité  des  bienf.  de  Sénèque,  iv,  14.  Boire,  man- 
ger et  se  vêtir  Sont  d'étranges  fardeaux  qu'impose 
la  nature;  Ohl  qu'un  esprit  fervent  endure  Quand 
il  s'y  faut  assujettir,  conN.  Imil.  m,  26.  Un  traître 
ne  pourra  se  vanter  un  moment  D'avoir  fait  endu- 
rer Alcide  impunément,  rotr.  Hercule  mourant, 
m,  l.||3°  S'endurer,  v.  réfl.  Etre  enduré.  Un  tel 
reproche  s'endure  difficilement. 

—  HIST.  xr  s.  Et  endurer  etgranzchauz  et  granz 
freiz,  Ch.  de  Roi.  lxxvii.  ||xii'  s.  One  [je]  ne  cui- 
dai  par  li  [elle]  maus  endurer,  Coud,  vi.  Amors 
me  dit  qu'ainsi  [je]  doi  endurer,  ib.  xxi.  Encor  fai- 
seit-il  plus  cel  cor  [à  son  corps]  mal  endurer,  Chas- 
cune  nuit  faiseit  sa  char  discipliner,  E  as  verges 
trenchanz  et  batre  e  descirer.  Th.  le  mart.  102. 
il  XIII'  s.  [Elle]  Prent  pour  Dieu  plus  en  gré  tous  les 
maus  qu'ele  endure,  Berle,  xlii.  Puisqu'il  vous 
plaist,  dous  sire,  que  j'oie  à  endurer,  ib.  xmi. 
Quant  li  rois  Ferrans  et  sa  gent  virent  qu'il  ne  po- 
roit  plus  endurer,  si  tournèrent  le  dos,  Chr.  de 
Rains,  p.  78.  Mais  moult  doit  prode  feme  soufriret 
endurer,  avant  qu'ele  se  mete  hors  de  se  [sa]  com- 
paignie  [qu'elle  ne  quitte  son  mari],  beaum.  lvii, 
4.  Espérance  d'avoir  pardon  Ou  par  penitance  ou 
par  don  Fet  endurer  mainte  mesaise;  Li  endurers 
fet  mult  grant  aise;  Car  mult  legierement  endure 
Qui  eschivepaine  plus  dure,  ruteb.  n,  109.  ||xiv's. 
Ceulz  sont  diz  mois  qui  ne  les  pevent  endurer  [les 
souffrances],  ohesme,  Etli,.  201.  Car  je  sui  granz  et 
fors,  si  que  bien  endurroie  Paine  et  labour  dou 
corps,  s'un  poi  apris  l'avoie,  Beaud.  de  Seb.  viii, 

6l.||xv's Certes  j'endureray  Au  déplaisir  des 

jaloux  envieux,  Et  me  tendray  par  semblance 
joyeulx,  CH.  d'orl.  Rail.  11.  Ladite  armée  avoit  en- 
duré grand  faim  et  soif,  comm.  viii,  7.  ||  xvi'  s.  Le 
serviteur  n'est  de  loyal  affaire  Prenant  esbat,  quand 
son  seigneur  endure,  marot,  i,  298.  Un  corps  bien 
composé  pour  endurer  tout  travail,  amyot,  Préf. 
XX,  37.  Le  papier  endure  tout,  id.  ib.  xii,  39.  Han- 
nibal  se  mict  au  plus  honorable  lieu,  ce  que  Scipion 
endura  patiemment,  m.  Elamin.  43.  Il  pensa  que 
ce  luy  serait  une  honte,  d'endurer  que  les  ennemis 
approchassent  si  prés  de  luy,  id.  Pyrrhus,  34.  Sois 
courageux  ;  toute  rode  avanture  Par  traict  de  temps 
est  douce  s'on  l'endure  :  Pour  endurer.  Hercule  se 
fltdieu,  RONS.  62B.  Enfant,  tu  es  venu  au  monde  pour 
endurer;  endure,  souffre  et  tais-toi,  mont,  iv,  267. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  durer;  provenc. endurar;  ital. 
indurnre. 

t  ENÉIDE  (é-né-i-d'),  s.  f.  Poëme  héroïque  de 
Virgile,  qui  roule  sur  les  aventures  d'Énée,  prince 
troyen,  et  qui  en  tire  son  nom. 

j  ÉNfilLËME,  «.  m.  Voy.  énilême. 

i  ÉNÈME  (é-nê-m'),  s.  m.  Nom  de  médicaments 
que  les  anciens  mettaient  sur  des  plaies  sanglantes. 

—  ÉTYM.  "Evaiucv,  de  êv,  en,  etat|jia,  sang. 

t  ÉNÉORËME  (é-né-o-rê-m'),  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Mati(3re  légère  et  blanchâtre,  en  suspension 
dans  l'urine  que  l'on  a  laissée  reposer. 

—  ÉTYM.  'Evai(ipYi|j.a,deèv,etal(operv,  suspendre. 
ÉNERGIE  (é-nèr-jie),  s.  f.   ||  1°  Puissance  active 

de  l'organisme.  L'énergie  musculaire.  Les  muscles 
se  contractent  dans  les  convulsions  avec  une  éner- 
gie extrême.  ||  Par  catachrèse.  Vertu  naturelle  ot 
efficace  que  possèdent  les  choses.  L'énergie  d'un  re- 
mède, d'un  acide.  ||  Énergie  d'un  mot,  d'une  ex- 
pression. J'ai  regret  que  ce  mot  soit  trop  vieux  au- 
jourd'hui; Il   m'a  toujours  semblé  d'une  énergie 


extrême ,  la  font.  Fabl.  iv ,  1 1 .  On  peut  dire  d'un  ora- . 
leur  qu'il  joint  la  force  de  raisonnement  à  l'énergie 
des  expressions,  d'alemb.  Synon.  Œuvres,  t.  m, 
p.  31».  Il  î"  Force  d'âme.  Montrer,  déployer  de 
l'énergie.  Parler,  agir  avec  énergie.  Et  Rome  dé- 
pouillant son  antique  énergie,  legouv.  Épich.  et 
Nér.  i\,  3.  Il  L'énergie  d'un  sentiment,  la  force 
qu'il  possède.  L'énergie  même  des  sentiments  qui 
pouvaient  nous  rendre  coupables  fut  ce  qui  nous 
empêcha  de  le  devenir,  j.  j.  rouss.  Confest.  ix. 
Il  3°  Terme  de  théologie.  Une  puissance  de  la  Divi- 
nité. Des  hérétiques  ont  nié  la  Trinité  en  ne  recon- 
naissant qu'une  seule  énergie  dans  le  Père,  le 
Verbe  et  le  Saint-Esprit. 

—  ÉTYM.  'EvépYEta,  de  iv,  en,  et  âpY(i>,  faire,  agir 
(voy.  organe). 

ÉNERGIQUE  (é-nèr-ji-k') ,  adj.  Qui  a  de  l'éner- 
gie. Homme  énergique.  |{  Par  catachrèse  ,  il  se  dit 
des  choses.  Reniède  énergique.  Mesures  énergiques. 
Les  Lacédémoniens  ne  répondirent  aux  menaces  de 
Philippe  que  par  ces  mots  énergiques  :  Denys  à 
Corinthe,  Barthélémy,  Anach.  ohap.  «3. 

—  ÉTYM.  Énergie. 

ÉNERGIQUEMÉNT  (é-nèr-ji-ke-man) ,  adv.  Avec 
énergie.  Il  lui  parla  énergiquement.  Sa  taille 
grande,  mais  un  peu  forte,  caractérisait  énergique- 
ment la  jeunesse  et  le  bonheur,  stael.  Cor.  11,  1, 

—  ÉTYM.  Énergique,  et  le  suffixe  ment. 
ÉNERGUMÈNE    (é-nèr-gu-mè-n'),    s.    m.    et  f. 

Il  1°  Terme  de  théologie.  Celui,  celle  qui  est  pos- 
sédée du  démon.  ExorcLser  un  énergumène. 
Il  2°  Fig.  Personne  qu'agite  un  enthousiasme  déré 
glé  ou  une  vive  passion.  Crier,  s'agiter  comme  ur 
énergumène.  Surtout,  quand  on  la  contredisait, 
c'était  une  petite  énergumène,  i.esage,  Estev.  Gan- 
sai, ch.  44.  Il  est  parmi  tous  ces  énergumènes  de 
.sensibilité  comme  une  belle  femme  sans  rouge, 
qui,  n'ayant  que  les  couleursde  la  nature,  paraîtra 
pâle  au  milieu  de  visages  fardés,  i.  3.  rouss.  2* 
dial.  Il  Par  hyperbole.  Homme  qui  pousse  ses  rai- 
sonnements ou  ses  assertions  jusqu'à  la  folie.  C'est 
un  énergumène. 

—  ÉTYM.  'EvepyoOpisvo;,  possédé  par  le  démon, 
de  èvepY£î(TOc(i,  être  poussé,  de  évÉp'yeia,  énergie. 

t  ÉNERVANT,  ANTE  (é-nèr-van,  van-t'),  adj. 
Qui  est  propre  à  énerver.  Une  chaleur  énervante. 
Il  Au  sens  moral.  Une  éducation,  des  habitudes 
énervantes. 

fÉNERVATION  (é-nèr-va-sion),  s.  ^.  ||  1°  Sup- 
plice dans  lequel  on  estropiait  le  patient  en  appli- 
quant le  feu  sur  les  jarrets  et  les  genoux.  ||  2°  Section 
de  deux  tendons  à  la  tête  du  cheval.  ||  3°  Terme  de 
boucherie.  Procédé  nouveau  pour  abattre  les  bœufs 
et  aussi  les  chevaux,  et  qui  consiste  à  les  tuer  instan- 
tanément en  leur  introduisant  la  lame  d'un  couteau 
entre  le  crâne  et  les  premières  vertèbres.  ||4"Fig. 
Action    d'énerver,    de   rendre   moralement   faible. 

—  HIST.  XVI'  s.  Qui  venoit  grandement  à  l'ener- 
vation  de  la  juridiction  temporelle,  pasquier.  Re- 
cherche, p.  253,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  enervationem,  de  enervare,  éner- 
ver. 

t  ÉNERVE  (é-nèr-v'),  od;.  Terme  de  botanique. 
Qui  est  sans  nervures. 

—  ÉTYM.  Lat.  e,  sans,  et  nervus,  nerf,  nervure. 
ÉNER'VÉ,  ÉE  (é-nèr-vé,  vée),  part,  passé.  Qui  a 

perdu  sa  force,  ô  Dieu!  rendez  la  force  à  mes  bras 
énervés,  volt.  Hérope,  v,  5.  L'on  distinguera  tou- 
jours dans  les  travaux,  dans  les  combats,  et  surtout 
dans  la  discipline,  l'homme  docile  et  fort  tiré  de  la 
charrue,  de  l'homme  énervé,  dissolu,  qu'on  a  pris 
à  l'ombre  des  murs,  marmontel,  CSiuvres,  t.  xvii, 
p.  94,  dans  pouGENS.  Il  Par  abus.  Qui  a  les  nerfs 
agacés.  Ne  la  tourmentez  pas,  elle  est  tout  énervée 
aujourd'hui.  ||  Terme  de  marine.  Affaibli,  avarié. 
Chanvres,  cordages,  filins  énervés. 

f  ÉNERVEMENT  (é-nèr-ve-man),  s.  m.  État  de 
ce  qui  est  énervé.  La  paix  nous  reproche  l'énerve- 
ment  des  courages  et  la  corruption  des  esprits,  vaij- 
VEN.  El.  de  L.  xr.  Qu'avait  gagné  la  royauté  à  cet 
énervement  politique  de  la  nation  ?  la  faculté  de 
tout  faire?  la  liberté  de  tout  vouloir?  de  meaux, 
Correspondant,  Nouvelle  série ,  t.  m,  p.  269. 

—  ÉTYM.  Énerver. 

ÉNERVKR  (é-nèr-vé) ,  V.  a.  ||  1'  Faire  subir  le 
supplice  de  l'énervation.  ||  2»  Terme  de  vétérinaire. 
Couper  le  tendon  des  muscles  releveuis  de  la  lèvre 
supérieure  pour  donner  plus  de  finesse  au  nez. 
Il  3°  ôter  le  nerf,  la  force  physique  ou  morale.  11 
y  a  des  pays  ofi  la  chaleur  énerve  le  corps  et 
affaiblit  si  fort  le  courage  que  les  hommes  ne  sont 
portés  à  un  devoir  pénible  que  par  la  crainte  du 
châtiment,  montesq.  Esp.  xv,   7.  La  cour  et  l'es- 


<38/. 


ENF 


cUme  AmolliiMient  leur,  cœur»,  énervaient  leur 

ZTâwiU  le«  moT^el.    Enerve  le  courage  et  rend 
^m?    np'ie.  w.  Fanât.  ...  6.   ||  Absolument. 
Le.Torp.é.énerv'ent.  Une  e,cess,ve  chaleur  énerve 
if.««b6  II4'  Kift.  Énerver  le  langage,   le  style. 
on  énervé  U   religion  quand  on  la  cl.ange    et  on 
lui  Ala  un  certain  poids  qui  seul  est  capable  de 
enir  le»  peuples,    BOss.  Jlcine  dÀnglel.  Il  énerve 
raulorité   du  conseil,   m.   Ihst.  il,    ...   C'est   nous 
oui    par  nos  artifices,  trouvons  le  moyen  d'éner- 
ver'leur  zùle  et  de  corrompre  m6me  leur  fidélité, 
BOuanAL.   Jugem.    dern.  2*  nvent,  p.  340,    dans 
pouoENS.   11   représenta  au  tyran    de   Sparte    que 
les  Romains  avaient  entièrement  énervé  son  pou- 
voir en  lui  filant  les  villes  maritimes,   puisque  c'é- 
tait de  li  qu'il  tirait  ses  galères,  rolun,  Uist.  anc. 
Œuvres,  t.  viii,  p.  330,  dans  pouc.ens.  Cette  sub- 
tilité exaltée  et  fugitive  ,    souvent  plus  propre    à 
énerver  le  goût  qu'aie  raffiner,  n'ALEMBERT,  i^/offcs, 
d'0/ire(.   Leplus  terrible  (les  abus,  qui  est  d'éner- 
ver toutes   les  lois  à  force  de  les  multiplier,   J.  J. 
BOiJSs.  Gouiem.  de  Pologne,  cli.  7. 116°  S'énerver, 
11.  réft.  Être  énervé.  Le  couiage  s'énerve  au  milieu 
des  voluptés.   L'empire  s'énerve    par   le   relftobe- 
ment  de  la  discipline,  BOSS.  Hist.  m,  7.  Contro- 
verses assidues  qui  ne  laissaient  pas  s'énerver  la  vi- 
gueur do  la  pensée,  villemain,   Dict.  de  l'Aead. 
l'Hfnce. 

—  HIST.  xm*  s.  Leur  science  en  partie  ton  grant 
pooir  énerve.  Leur  povreté  est  dame,  et  ta  richece 
est  serve,  J.  be  meung.  Test.  677.  ||  xvi'  s.  La  con- 
fession généreuse  et  libre  énerve  le  reproche  et 
desarme  l'injure,  mont,  iv,  h4.  Eschauller  et  alté- 
rer une  ame  refroidie  et  énervée  par  l'aage,  id.  m, 
3H0.  L'empereur  s'est  saezy  des  villes  imperialles  de 
Cambray,  Utrecht  et  du  Liège  qu'il  a  énervées  de 
l'empire,  les  ayant  unies  et  incorporées  à  sa  comté 
de  Flandres,  cabloix,  iv,  s.  Il  n'avoit  pas  voulu 
wi  accorder  environ  dix  mille  livres  de  rente  à  pran- 
dre  et  énerver  sur  le  plus  beau  et  clair  domaine  de 
•'abbaye  de  St  Denis,  pour  joindre  et  incorporera 
sa  vilie  de  Beaumont-sur-Oise,  ID.  IX,  32.  Knervez 
de  délices,  amïot,  Cawn,  to. 

RtYM.  Latin  enervare,  de  e,  sans,  et  nert'iw, 

nerf;  génev.  s'tnierler,  s'eniarlcr,  se  fatiguer  à 
l'excrs. 

t  EN  ÉTANT  (an-né-tan).  Terme  d'eaux  et  fo- 
rêts. Bois  en  étant,  bois  sur  pied. 

—  lÎTYM.  En.  et  estant,  qui  est  debout. 

f  RNEYER  (é-nè-ié),  V.  a.  ôter  les  nœuds  de  la 
canne  avant  de  la  fendre. 

— Ktym.  È  pour  es...  préfixe,  et  sans  doute  nœud, 
bien  que  la  formation  ne  soit  pas  régulière. 

r.NFAÎTÉ,  ÉE  (an-fê-té,  tée),  pari,  passé.  Toit 
enfaîlé. 

ENFAÎTEAU  (an-fô-tô),  s.  m.  Tulle  en  demi-ca- 
nal, qui  sert  i  couvrir  le  faîte  d'une  maison. 

—  ÉTVM.  Voy.  enfaIter. 

ENFAÎTEMF.NT  (an-fè-te-man),  s.  m.  Garniture 
de  plomb  qui  recouvre  le  faîte  d'un  toit  en  ardoises. 

—  F.TYM.  EnfaUer. 

ENFAÎTER  (an-fè-té),  V.  a.  Couvrir  le  faîte  d'un 
toit  avec  un  enfaîtement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Knfaisler,  oudin,  Dict. 

—  KTYM.  Kn  . ,  et  (allé. 

ENFANCE  (an-fan-s'),  s.  ^.  ||  1*  Période  de  la  vie 
hnmainequi  s'élend  depuis  la  naissance  jusque  vers 
la  septième  année,  et,  dans  le  langage  général,  un 
peu  au  delà,  jusqu'à  treize  ou  quatorze  ans.  J'étais 
encore  dans  la  plus  tendre  enfance,  pén.  Tél.  m. 
Laissez  mûrir  l'enfance  dans  les  enfants,  j.j.  bouss. 
tm.  II.  Locke  se  plaint  de  ce  qu'il  n'existe  pas  un 
seul  ouvrage  fait  pour  l'enfance,  m^o  de  geni.is, 
Adile  el  Théod.  t.  l",  lett.  t4,  dans  poucens.  Mon 
cœur  lassé  de  tout,  m?me  de  l'espéiance.  N'ira 
plus  de  ses  vœux  importuner  le  sort;  Prêlez-moi 
seulement,  vallons  de  mon  enfance.  Un  asile  d'un 
jour  pour  attendre  la  mort,  lamart.  If('d.  i,   6. 

5  Terme  de  médecine.  Bouton  de  l'enfance,  sorte 
e  stomatite  observée  particulièrement  en  Egypte; 
et  qui  consiste  en  une  tumeur  de  la  grosseur  d'un 
grain  d'orge  occupant  le  point  central  de  la  ligne 
médiane  de  la  vortte  palatine  chez  les  petits  en- 
fants; elle  gêne  la  succion,  la  déglutition;  on  la 
guérit  en  trottant  le  boulon  avec  le  doigt  et  une 
poudre  un  peu  granuleuse.  ||»8'  Collectivement. 
L«»  enfants.  Ils  n'épargnèrent  ni  la  vieillesse,  ni 
jenfance.  L'enfance  folStre.  Heureuse,  heureuse 
'*"'*•"=*  Que  le  Seigneur  instruit  et  prend  sous  sa 
défense  1  bac.  Xl/ioi.ii,  ».  L'enfance  a  des  manières 
devoir,  de  penser,  de  sentir  qui  lui  sont  propres; 
rien  n  est  moins  sensé  que  d'y  vouloir  substiluerles 


ENF 

nôtres,!,  j.  rouss.  INl.  v,  3.  ||  S»  Fig.  État  de  puéri- 
lité prolongé  dans  le  reste  de  la  vie.  Dans  une  lon- 
gue enfance  ils  l'auraient  fait  vieillir,  BAC.Brif.  i,  2'. 
L'imbécile  Ibrahim...  Traîne  dans  le  sérail  une  éter- 
nelle enfance,  id.  Ilajai.i,  i.  C'estalorsque  l'hypo- 
crisie, toujours  [irête  à  surprendre  les  deux  enfances 
de  la  vie  humaine,  réveille  dansTâmedu  prince  les 
idées  qu'elle  y  avait  semées,  baynal,  llisl.vhil.  xv, 
12.  Il  Retomber,  tomber  en  enTance,  et  aussi  être  en 
enfance,  tomber,  être  dans  l'imbécillité  de  la  vieil- 
lesse. La  Feuillade  .s'arrêta  chezl'évêque,  frère  de  feu 
son  père,  qui  élait  tombé  en  enfance,  st-sim.  37, 
171.  Ne  leur  demandons  point  s'ils  ont  rien  senti 
dans  leurs  entrailles  après  avoir  soulagé  un  malheu- 
reux; ou  si  c'est  la  crainte  de  retomber  en  enfance, 
qui  les  attendrit  [les  sophistes]  sur  l'innocence  du 
nouveau-né,  chateaubr.  Gén.  i,  vi,  2.  |1  4°  Acte, 
sentiment  d'enfant;  enfantillage.  C'est  une  vraie 
enfance.  Faire  des  enfances,  sÉv.  26  j.  408».  Que  sa 
timidité  ne  vous  donne  aucun  chagrin....  ce  sont 
lies  enfances,  SÉv.  271.  Vous  connaissez  toutes 
les  enfances  dont  elle  s'occupe,  iiamilt.  Gram.  H. 
Les  la  Vrillière  espérèrent  que  c'  [la  répulsion  de 
la  future  pour  la  Vrillière]  était  une  enfance  qui 
passerait,  mais  ils  l'espérèrent  vainement,  st-sim. 
7",  2(1).  On  passait  encore  les  enfances  à  Mme  la 
duchesse  de  Bourgogne  par  la  grâce  qu'elle  y  met- 
tait, ID.  294,  B.  Et  ce  que  jedislà  d'elle,  n'annonce 
pas  des  mouvements  de  mauvaise  humeur  bien  opi- 
niâtres, ni  bien  sérieux;  ce  sont  des  bêtises  ou  des 
enfances,  dont  il  n'y  a  que  de  bonnes  gens  qui  soient 
capables,  Marivaux,  Marianne,  2*  partie.  Voil,\  ce 
que  c'est  que  ce  gouvernement  représentatif  dont 
vous  vous  faites  une  peur;  sottise,  enfance,  mon 
cousin,  p.  L.  COUR.  Ii,3ii7.  ||  Kn  bonne  part.  iJi  pé- 
nitence qui  est  une  grSce  de  simplicité  et  d'enlance 
chrétienne, MASS.  Car.Prnsp.  temp.  ||  5°  Fig.  Les  com- 
mencements d'une  chose.  L'enfance  d'un  art,  d'une 
science.  Gouvernait  doucement  le  monde  en  son  en- 
fance, Régnier,  Sat.  vi.  Dans  les  temps  bienheureux 
du  monde  en  son  enfance,  Chacun  nettail  sa  gloire 
en  sa  seule  innocence,  hoil.  Sat.  v.  La  langue  fran- 
çaise qui,  bien  loin  d'être  en  son  point  de  maliirilé 
du  temps  de  Ronsard,  comme  Pasquier  se  l'était 
imaginé  faussement,  n'était  pas  même  encore  soriie 
de  sa  première  enfance,  m.  Longxn,  Svbl'tne,  lir- 
flex.  7.  Tout  ce  qu'aurait  pu  faire  Arcliimède  dans 
l'enfance  du  monde,  aurait  été  d'inventer  la  cliar- 
nie;  Archimède,  placé  dans  un  autre  siècle,  brûle 
les  vaisseaux  des  Romains  avec  des  miroirs,  si  cepen- 
dant ce  n'est  pas  là  une  fable,  fonten.  Dcgr.  anc.  el 
mnd.  Œuvres,  t.  iv,  p.  I77. 

—  HIST.  xii"  s.  Li  clers  fut  sages  dès  qu'il  issit  [sor- 
tit] d'enfance,  Rmic.  p.  165.  Qu'il  s'en  prennent  à 
mon  maistre  d'Oisi,  Oui  m'a  appris  à  chanter  dès 
enfance,  quesnes,  Romancero,  p.  98.  ||  xm"  s.  Li 
tens  qui  toute  a  la  b.iillie  Des  gens  vieillir,  l'avpit 
vieillie  [la  Vieillesse]  Si  durement,  qu'au  mien  cui- 
dier  El  ne  se  pooit  mes  aiilier,  Ains  retornoit  ja  en 
enfance,  la  Itnse,  39l.||xiv'  s.  Vous  me  cognoes- 
sez  dès  m'effance;  Kt  sachiez  bien  que  vueil  tenir 
Mes  promesses  jusqu'à  mourir,  Liv.  du  bon  Jehan, 
1200.  Il  XV  s.  Et  fies  Gantois)  trouvèrent  le  repos  où 
le  comte  avoit  esté  misd'enfance,  froiss.  ii.  ii,  IC2. 
Il  XVI*  s.  Dez  sa  tendre  enfance,  mont,  i,  I64.  Que 
l'enfance  regarde  devant  elle,  la  vieillesse  derrière, 
in.  III,  308. 

—  Ktym.  Provcnç.  enfansa,  efànsa;  espagn.  t'n- 
fanciai  ilal.  infanzia;  du  latin  infantia,  de  iiifans, 
enfant. 

t  ENFANÇON  (an -fan -.son),  s.  m.  Petit  enlant. 
Arrivant  le  décès  De  l'enfançon,  la  font.  J^'aucon. 
Mot   vieilli. 

—  HIST.  XIII"  S.  Li  chastiaux  fu  garnis  de  toute  gar- 
nison; Si  ot  de  toutes  armes  las.sus  si  grant  foison, 
Qu'il  ne  criemenl  [craignent]  François  nient  plus  que 
enfançon,  Ch.  d'Antioche,  vi,  (044.  Et  qui  vit  jus- 
qu'au viel,  veez  qu'il  en  avient;  Aussi  comme  en 
Testât  d'un  enfançon  revient,  j.  de  meung.  Test.  t70. 

—  f.TYM.  Diminutif  d>n/'an(. 

ENFANT  (an-fan),  s.  m.  ||  !•  Individu  de  l'espèce 
humaine  qui  est  d:ins  l'âge  do  l'enfance.  Un  petit 
enfant.  Un  bel  enfant.  Jouer  comme  un  enfant. 
Aussi,  à  dire  le  vrai,  c'est  une  extrême  méchan- 
ceté de  se  moquer  d'un  pauvre  enfant  qui  n'a  ap- 
pris le  français  que  pour  l'amour  de  moi ,  et  qui  a 
eu  du  moins  l'esprit  de  me  choisir  entre  tous  ceux 
qui  sont  ici,  voit.  I.ett.  67.  Laissez  venir  les  petits 
enfants,  et  ne  les  empêchez  point,  car  le  royaume 
de  Dieu  est  pour  ceux  qui  leur  ressemblent,  saci. 
Bible,  Eiang.  SI  ilarc,x,  U.  Tout  charme  en  un 
enfant  dont  la  langue  sans  fard,  X  peine  du  filet 
encor  débarrassée,  Sait  d'un  air  mnocent  bégayer 


ENF 

sa  pensée,  boil.  Éptire  ix.  Un  rimeur,  sans  péril, 
de  là  les  Pyrénées,  Sur  la  scène  en  un  jour  enferme 
des  années;  Là  souvent  le  héros  d'un  spectacle 
grossier,  Enfant  au  premier  acte,  est  barbon  au 
dernier,  in.  Art  p.  m.  Néron  n'est  plus  enfint, 
n'est-il  pas  temps  qu'il  règne?  bac.  llrit.  i,  2.  Dj 
quel  crime  un  enfant  peut-il  êlre  coupable?  id. 
A  thaï.  Il,  B.  Un  enfant  est  peu  propre  à  trahir  sa 
pensée,  ID.  ib.  ii,  6.  ô  vous,  sur  ces  enfants  si 
chers,  si  précieux.  Ministres  du  Seigneur,  ayez  tou- 
jours les  yeux,  id.  ib.  ii,  7.  Quel  asire  à  nos  yeux 
vient  de  luire?  Quel  sera  quelque  jour  cet  enfant 
merveilleux?  ID.  ib.  ii,  ».  Les  enfants  ont  des  joie» 
immodérées  et  des  aflliclions  amères  sur  de  Irès- 
pelits  sujets,  la  bbuy.  xi.  Les  enfants  sont  hautains, 
dédaigneux,  colères,  envieux,  curieux,  intéressés, 
paresseux,  volages,  timides,  intempérants,  men- 
teurs, dissimulés,  id.  ib.  Les  enfants  n'ont  ni  passé 
ni  av  nir,  et,  ce  qui  ne  nous  arrive  guère,  ils  jouis- 
sent du  présent,  m.  ib.  Il  n'y  a  nuls  vices  extérieurs 
et  nuls  défauts  du  corps  qui  ne  soient  aperçus  par 
les  enfants;  ils  les  smsissent  d'une  première  vue, 
ID.  ib.  Un  gros  marchand  qui  ne  jouait  [ne  savait 
jouer]  non  plus  qu'un  enfant,  hahilt.  Gramm.  3. 
Dieu  vous  veut  petit  à  vos  yeux  et  simple  dans  ses 
mains  comme  un  petit  enfuit,  fén.  I.  xviii,  p.  414. 
J'ai  vu,  dit  saint  Augustin,  un  enfant  jaloux,  il  ne 
savait  pas  encore  parler,  et,  avec  un  visage  pâle  et 
des  yeux  irrités,  il  regardait  déjà  l'enfant  qui  ttlait 
avec  lui,  in.  Éduc.  des  filles,  ch.  3.  Que  ses  patents 
et  ses  voisins  l'avaient  vue  grosse  de  la  fille  dont  elle 
avait  accouché;  que  cet  enfant  (fille]  en  venant  au 
monde  avait  été  reçu  dans  les  mains  de  ses  parents 
et  de  .ses  alliés,  vertot,  Hi'vol.rom.  v.  p.  4o.  Sans 
soin  du  lendemain,  sans  re;;ret  de  la  veille, L'enfant 
joue  et  s'endort,  pour  jouer  se  réveille,  dflxlr, 
Imaqin.  ch.  vi.  L'enfanl  dont  la  rnort^cruele  Vient 
de  vider  le  berceau.  Qui  tombe  de  la  mamelle  Au  lit 
glacé  du  tombeau,  lamabt.  Harm.  H,  t.  U  esl  >i 
beau,  l'enfant  avec  son  doux  sourire.  Sa  doute 
bonne  foi,  sa  voix  qui  veut  tout  dire.  Ses  pleurs 
vile  apaisés,  Laissant  errer  sa  vue  éionnée  el  ravie. 
Offrant  de  tontes  pans  sa  jeune  âme  à  la  vie  El  sa 
bouche  aux  baisers,  v.  iiioo,  Feiiiles  daut.  xix. 
Il  L'enfanl  Jésus,  Jésus  lor.s(|n'il  élait  enfant.  Un  en- 
fant Jésus,  une  figure  de  Jésus  enfant.  Cet  enfant 
est  trop  mignard,  trop  fait,  trop  joli, trop  peiil, c'est 
un  enfant  Jésus,  didebot,  salon  de  1767,  OEurres, 
t.  XIV,  p  176,  dans  POiroENS  ||  .Sage  comme  l'enfant 
Jésus,  se  dit  d'un  enfant  qui  esl  sage  et  oliéissant. 
J!  Ce  n'est  pas  un  jeu  d'enfant,  ce  n'est  pas  jeu  d'en- 
fant, se  dit  quand  il  s'agit  de  choses  sérituses  tl 
importantes.  ||  Être  innocent  comme  l'eiifinl  qui 
vient  de  naître  ou  qui  est  à  naître,  être  tout  à  fait 
innocent.  ||  F.nfant  g.lté,  l'enfant  à  qui  ses  parents 
laissent  faire  toutes  ses  volontés  et  qu'ils  ne  corri- 
gent pas.  Il  Se  dit  par  extension  d'un  adulte  qui  se 
passe  ou  à  qui  l'on  passe  tous  ses  caprices.  Elle  était 
une  des  trois  ou  quatre  jolies  femmes  de  Paris 
dont  le  vieux  abbé  de  Siint-Pierre  avait  été  l'en- 
fant gâlé,  J.  J.  noiss.  Cnnfess.  ix.  ||  Faire  lenfaiit, 
badiner  comme  un  enfant,  s'amuser  à  des  choses 
puériles.  Pendant  que  les  philosophes  radotent  et 
font  les  enfants,  j.  J.  roi  ss.  Rm.  m.  Ils  me  rieiil  au 
nez,  me  disent  que  je  fais  l'enfant,  Marivaux,  Z*o«- 
ble  inconst.  Il,  i.  ||  Êlre  enfant,  même  sens.  Quoil 
vous  songez  encore  à  cela?  reprit-elle;  elil  mon 
Dieu!  Marianne,  que  vous  êtes  enfant!  mabivaux, 
i/an'a»)ie,  part.  2,  t.  :,  p.  2H  ,  rians  fougkns. 
Il  Ne  pas  faire  l'enfant,  signifie  aussi  ne  pas  faire 
l'ignorant,  ne  p:is  affecter  l'ignoiancn  d'un  eriiaiil 
sur  ce  qui  est  dit  ou  proposé.  Il  ne  fil  pas  l'enfant, 
il  profila  de  l'occasion.  Acceptez,  ne  faites  pas  l'en- 
fant. Il  Adjectivement.  Tout  enfant  qu'elle  élait, 
FLÉCHIER,  Mme  de  Mont.  Allons  nous  coucher;  je 
suis  plus  enfant  que  toi,  1.  J.  ROuss.  Cnnfess.  i. 
J'aurais  eu  peine  à  croire  qu'il  y  eùldesspeciatrurs 
assez  enfants  pour  aller  voir  celle  imitation,  id.  Hi- 
loise.  II,  23.  Il  Un  peuple  enfant,  un  peuple  qui 
n'est  pas  encore  civilisé.  ||  On  l'a  dit  aussi,  eu  poé- 
sie, de  ce  qui  est  de  l'enfance.  Bords  ot\  mes  pas 
enfants  suivaient  Napoléon,  Forlfs  villes  du  Cid!  v. 
HUGO,  Feuilles  daut.  xv.  ||  D'enfant,  loc.adj.  Fai- 
ble, futile.  Ce  sont  scrupules  d'enfant.  Cette  difficul'é 
d'enfant  a  occupé  dans  tous  les  siècles  les  lêies  les 
plus  fortes,  diuerot,  Règnes  de  Claude  et  ^éron,  U, 
§  B4.  Il  2°  Mal  d'enfant,  le  travail  de  l'accoucliement. 
Celte  femme  est  en  mal  d'enfant.  Une  montagne  en 
mal  d'enfant  Jetait  une  clameur  si  haute....  la  font. 
Fabl.  v,  tu.  Il  Faire  un  enfant,  en  parlant  d  une 
femme.  La  femme  ne  faisant  guère  qu'un  enfant  à 
la  fois,  J.  J.  Rouss.  Orig.  Notes.  \\  Faire  un  enfant, 
«n  parlant  d'un  homme.  M.  de  Nemours  fit  un  eu- 


EN  F 

Tint  à  cette  fille  de  Rochon,  qu'on  appelait  Mlle  de  la 
Garanche,ST-siM.  67,205.  ||  3°  S.f.  Petite  lille,  jeune 
fille.  Ma  belle  enfant.  La  pauvre  enfant.  E.\cusez  ma 
tendresse  pour  une  enfant  dont  je  n'ai  jamais  eu 
aucun  sujet  de  plainte,  rac.  Leit.  à  sa  lanle.  Je 
suis  la  plus  jeune  de  .ses  enfants,  didebot,  l'ère,  de 
famille,  il,  9.  Dainville  arrive  en  tenant  par  la 
main  la  plus  charmante  enfant  que  j'aie  jamais  vue, 
M»' DE  GENLis,  Adèle  et  Théod.  t.  m,  lett.  (,  dans 
POL'OENS.  Il  4°  U  exprime  un  rapport  de  généra- 
tion, fils  ou  fille.  11  eut  plusieurs  enfants.  11  per- 
dit ses  enfants  en  bas  âge.  Et  contre  un  père  enfin 
l'enfant  a  toujours  tort,  rotr.  SI  Genest,  i,  i.  Ce 
fut  \k  [à  la  Bérésina]  qu'on  aperçut  des  femmes  au 
milieu  des  glaçons,  avec  leurs  enfants  dans  leurs 
bras,  les  élevant  à  mesure  qu'elles  s'enfonçaient; 
déji  submergées,  leurs  bras  roiJis  les  tenaient  en- 
core au-dessus  d'elles,  sêgur,  Ilist.  de  Napol.  xi,o. 
Il  C'est  l'enfant  de  sa  mère,  c'est  bien  l'eiif.int  de  sa 
mère,  c'e4-à-dire  il  en  atout  le  caractère.  ||  C'est 
bien  l'enfant  de  son  père,  de  sa  mère,  se  dit  aussi 
de  la  ressemblance  physique.  ||  Enfant  de  bonne 
mfre  ou  de  bonne  maison,  personne  qui  occupe  un 
bon  rang  dans  la  sociélé.  Il  n'y  a  enfant  de  bonne 
mère  qui  ne  prétende  à  cela.  ||  Traiter  quelqu'un  en 
enfant  de  bonne  maison,  le  châtier  sévèrement, 
ne  point  l'épargner.  Si  vous  ne  retrouvez  pas  mon 
cordon,  vous  serez  livré  au  sous-comite,  qui  vous 
traitera  en  enfant  de  bonne  maidou,  lesage, 
Giizman  d'Alf.  vi,  10,  ||  Enfant  de  famille,  en- 
fant en  puissance  de  père  et  de  mère.  ||  Enfant  de 
famille,  enfant  chéri,  enfant  qui  était  avantagé  aux 
dépens  des  autres.  ||  Enfant  de  famille,  enfant  de 
bonne  maison.  Je  ne  me  trouvai  pas  seul  avec  le 
muletier;  il  y  avait  deux  enfants  de  famille  de  Pen- 
naflor,  lesage,  CîJ  JSte,  i,  3.  ||  Enfant  de  troupe, 
fils  de  militaire  élevé  dans  les  casernes  aux  frais 
de  l'Élat.  Il  Enfant  trouvé,  enfant  abandonné  par  ses 
parenis,  ramassé  par  les  passants,  et  recueilli  par 
les  hospice.^.  Mon  troisième  enfant  fut  donc  mis  aux 
enfants  trouvés ,  ainsi  que  les  premiers  ,  j.  J. 
ROuss.  Conf.  viil.  Il  Enfants  de  la  pairie,  nom 
donné,  pendant  la  Révolution,  aux  enfants  trouvés. 
Il  Enfant  de  l'amour,  enfant  né  hors  mariage, 
li  Terme  de  marine.  Enfant  trouvé,  personne  qui 
s'est  cachée  à  bord  pour  y  faire  une  campagne  et 
qui  ne  se  montre  que  lorsque  le  navire  est  en  mer. 
Il  Knfai;t  de  la  balle,  voy.  halle.  ||  Enfants  bleus, 
enfants  rouges,  pauvres  enfants  iiabillés  de  bleu, 
de  rouge,  qu'on  élevait  à  l'aris  dans  un  lieu  fondé 
pour  cela.  ||  L'enfant  prodigue,  l'enfant  de  l'Êv.in- 
gileciui,  ayant  reçu  sa  part,  va  la  dissiper  follement, 
cl  (|ui,  revenant  dans  l'état  le  plus  misérable,  est 
bien  accueilli  par  son  père.  Tu  reviens  dans  ta  fa- 
mille dans  l'équipage  de  l'enfant  prodigue,  lesage, 
E.v(.  t'.  Cnmalex  ,  ch.  30.  ||  Par  analogie,  jeune 
1  omme  qui  a  fait  ses  fredaines,  malgré  les  conseils 
de  ses  parents,  surtout  au  moment  où  il  revient 
près  d'eux  pour  mener  une  vie  plus  rangée.  Un  ma- 
tin donc,  l'enfant  prodigue  comparut  devant  sa 
mère,  non  point  hlve,  décharné,  souillé  de  boue 
et  couvert  de  haillons  comme  son  atné  de  la  Bible, 
m.ais  élégant,  leste,  gracieux,  l'œil  ciilin  et  le  sou- 
rire sur  les  lèvres, cii.  de  bermard,  la  Cinquantaine, 
§  XII.  Il  5°  Enfants  de  France,  princes  et  princesses, 
enfants  du  roi  qui  occupait  le  trône,  pour  les  dis- 
tinguer de  ceux  et  de  celles  des  différentes  branches 
de  la  maison  royale,  qui  ne  porlaient  que  le  titre  de 
princes  et  princesses  du  sangi.  ||  6°  Petits-enfants, 
voy.  petits-enfants.  ||  7°  Enfant  de  chœur,  enfant 
qui  ch;inte  au  chœur.  ||  8°  Enfants  de  langue,  nom 
qu'on  donnait,  dans  les  Échelles  du  Levant,  à  de 
jeunes  Français  que  le  roi  entretenait  au  Levant 
pour  y  apprendre  les  langues  turque,  arabe,  grec- 
que, et  pour  servir  ensuite  de  drogmans.  On  dit 
aujourd'hui  jeunes  de  langue.  ||  9°  Enfants  perdus, 
soldats  qui  marchent,  pour  quelque  entre[irise  ex- 
traordinaire, à  la  tète  d'un  corps  de  troupes  com- 
mandé pour  les  soutenir;  ainsi  nommés  parce  que 
leur  service  est  particulièrement  périlleux.  Celte 
locution  provient  peut-être  de  los  infantes,  expres- 
sion espagnole,  d'ouest  né  le  mot  infanterie.  ||  Plus 
généralement.  Enfants  perdus,  personnes  qu'on  met 
en  avant  dans  une  affaire  hasardeuse.  ||  Fig.  Je  vous 
prie  de  regarder  mes  réflexions  comme  des  enfants 
perdus  que  j'ai  jetés  en  avant  sans  m'embarrasser 
de  ce  qu'ils  deviendraient,  d'alemu.  Lett.  à  Vol- 
taire, M  téy.nei.  Il  Néologisme.  Enfant  terrible, 
enfiintqui,  en  répétant  ce  qu'il  a  entendu  dire, blesse 
prorondé.nent  ceux  à  qui  il  parle.  Diles-moi  donc, 
monsieur,  qui  est-ce  qui  a  inventé  la  poudre'/  papa 
dit  que  ce  n'est  p;is  vous.  ||  Par  extension,  ceux  qui 
par  trop  de  sincérité  compromettent  leur  cause, leur 

DICT.    DE   LA    LANGUE   FRAT'ÇAISE. 


ENF 

parti.  Il  10°  Terme  de  familiarité,  d'encouragement, 
avec  un  accent  paternel,  et  venant  d'un  homme  Agé 
ou  d'un  supérieur.  Mes  chers  enfants.  Allons,  en- 
fants. Mon  enfant,  écoutez-moi. 'Va-t'en,  ma  pauvre 
enfant,  MOL.  F(?mm.  SOI),  ii,  8.  Allons,  Merlin,  de 
la  vivacité,  mon  enfant,  de  la  présence  d'esprit,  Rr- 
gnard.  Retour  imprévu,  se.  to.  Ah!  mon  enfant, 
j'ai  cru  voir  une  substance  céleste;  elle  m'a  tout  à 
coup  embrasé  d'amour,  lesage,  Gil  Blas,  x,  8. 
Il  Un  bon  enfant,  un  homme  de  bonne  humeur,  et 
aussi  un  homme  qui  n'a  pas  de  malice.  Au  surplus 
bon  enfant,  sot,  je  ne  le  dis  pas,  la  font.  Contr. 
U  est  fort  bon  enfant  et  plus  uni  à  ce  qu'il  me 
semble  que  la  plupart  des  jeunes  gens,  p.  L.  colr. 
iett.n,  103.  Il  On  dit  de  même  une  bonne  enfant. 
Elle  est  bonne  enfant.  Mais  dans  le  fond,  c'est  une 
bonne  enfant,  REGNARD,  Sérénade,  H.  |{  Il  est  bon 
enfant,  bien  bon  enfant  de  croire  cela,  de  se  prêter  à 
cela,  c'est-îi-direii  est  bien  simplede  croire  cela, etc. 
Il  Adjectivement.  Il  a  un  air  bon  enfant,  un  sourire 
bon  enfant.  ||  Dans  le  style  familier,  bon  enfant  en- 
traine souvent  l'idée  d'aimable  vaurien,  de  joyeux 
compagnon.  ||  11°  Les  êtres  humains  considérés 
comme  fils  du  ciel,  de  Dieu,  de  la  terre,  de  la  pa- 
trie, etc.  La  patrie  réclama  le  secours  de  ses  enfants. 
Les  enfants  d'une  même  patrie.  Les  enfants  de  Dieu 
et  de  l'Ëglise.  Ainsi  la  Grèce  en  vous  trouve  un  en- 
fantrebelle,  rac.  Andr.  I,  2.  Dieu  laissa-t-il  jamais 
ses  enfants  au  besoin?  id.  Ath.  ii,  7.  Jérusalem 
renaît  plus  charmante  et  plus  belle;  D'où  lui  vien- 
nent de  tous  côtés  Ces  enfants  qu'en  son  sein  elle 
n'a  pas  portés?  id.  ib.  m,  7.  Rome  avait  des  en- 
fants Qui  conspiraient  contre  elle  et  servaient  les 
tyrans,  volt.  Brut,  v,  ).  Des  enfants  du  soleil  le 
redoutable  empire,  id.  jlïi.  i,  4 L'Etat  répan- 
dait le  sang  de  ses  enfants,  id.  Tancr.i,  t.  Si  le 
monde  exige  tant  des  enfants  de  la  terre,  qu'est-ce 
que  Dieu  ne  doit  pas  demander  des  enfants  du  ciel? 
MASS.  Vêtit  car.  Grandeur  de  J.-C.  X  mesure  que 
les  conquêtes  et  les  cultures  se  multiplièrent  en 
Amérique,  il  fallut  plus  d'esclaves;  ce  btsoin  a  aug- 
menté graduellement;  et,  depuis  la  pacification  de 
1763,  on  a  arraché  chaque  année  à  la  Guinée  qua- 
tre-vingt mille  de  ses  malheureux  enfants,  baynal, 
Uist.  phil.  XI,  lii.  Venez,  enfants  du  ciel,  orphelins 
sur  la  terre,  Il  est  encorpour  vous  un  asile  ici-bas; 
Mes  trésors  sont  cachés,  ma  joie  est  un  mystère;  Le 
vulgaire  l'admire  et  ne  la  comprend  pas,  lamart. 
Harm.  I,  1 1.  ||  Dans  le  langage  biblique.  Les  enfants 
des  hommes,  les  hommes,  et  surtout  ceux  qui  vi- 
vent dans  l'iniquité.  Les  enfants  de  lumière,  ceux 
qui  ont  reçu  l'Évangile.  Les  enfants  de  ténèbres,  les 
idolâtres.  ||  Par  extension,  il  se  dit  d'autres  êtres 
que  les  êtres  humains.  Quels  qu'ils  soient,  l'Éternel 
à  d'immuables  lois  Soumet  tous  les  enfants  des  ver- 
gers et  des  bois;  Lui-même  il  les  nourrit,  il  veille  à 
leur  défense,  delille.  Trois  règnes,  \i.  ||  12°  S.  m. 
plur.  Descendants.  Nous  sommes  tous  enfants  d'A- 
dam. Les  enfants  d'Israël.  Et  que  vous  racontiez  à 
vos  enfants  et  aux  enfants  de  vos  enfants  de  com- 
bien de  plaies  j'ai  frappé  les  Égyptiens, SACi,  Ilible, 
Exode,  X,  2.  Des  enfants  de  Japhet  toujours  une 
moitié  Fournira  des  armes  à  l'autre,  la  font.  Fabl. 
II,  6.  Il  13°  Natif.  Les  enfants  de  l'aris.  ||  14°  l'ar- 
tisan, sectateur,  disciple.  Les  enfants  de  la  liberté 
et  de  l'égalité.  Mais  pendant  que  vous  no  travail- 
lerez qu'à  y  entretenir  le  trouble,  ne  doutez  pas 
qu'il  ne  se  trouve  des  enfants  de  la  paix  qui  se  croi- 
ront obligés  d'employer  tous  leurs  efforts  pour  y 
conserver  la  tranquillité,  pasc.  Prov.  i».  ||  Enfants 
de  St-François,  de  St-lgnace,  etc.  les  Franciscains, 
les  Jésuites,  etc.  ||  Les  enfants  de  Bellone,  de  Mars, 
les  guerriers.  Les  enfants  d'Apollon,  les  poêles. 
Il  15°  Ce  qui  est  l'effet,  la  conséquence  de,  le  produit 
de.  Le  bonheur  est  enfant  de  la  vertu.  Les  jeux,  les 
ris,  enfants  de  la  gaieté.  Impatients  désirs  d'une  U- 
lustre  vengeance ,  Enfants  impétueux  de  mon  ressen- 
timent, CORN.  Cinna,  i,  4.  Sortez  de  mon  esprit, 
re-sentiments  jaloux.  Noirs  enfants  du  dépit,  id. 
Ser'or.  III,  *.  Fiers  enfants  de  l'honneur,  nobles  em- 
portements, 10.  ib.  IV,  3.  Les  arts  sont  les  enfants 
de  la  nécessité,  la  font,  le  Quinquina,  ch.  il.  On 
ne  se  cache  point  ces  secrets  mouvements.  De  la  na- 
ture en  nous  indomptables  enfants,  volt.  (H^dipe,  li, 
2.  N'atteste  pointées  dieux,  enfants  de  l'imposture, 
:d.  Ah.  II,  *.  Quel  mérite  ont  des  arts,  enfants  de 
la  mollesse? iD.Orphe;. IV,  2.  Richelieu,  Mazarin.... 
Enfants  de  la  fortune  et  de  la  politique,  id.  llenr. 
ch.  Vit.  Il  16°  Petit  d'un  animal.  Une  laie  aux  poils 
blancs,  trente  enfants  blancs  comme  elle.  Vont 
s'offrir  à  tes  yeux,  delille,  Enéide,  vm.  ||  17°  Terme 
d'astronomie.  Enfants  de  Dercéto  ou  enfants  d'Aler- 
gatis,  la  constellation  des  Poissons.  ||  i8«  Terme  d'al- 


ENF 


1385 


chimie.  Enfants  de  la  nature,  les  quatre  élément» 
qu'admettaient  les  anciens.  ||  Enfantdesphilosophes, 
le  mercure.  ||  Proverbe.  De  fol  et  d'enfant  se  doit-on 
délivrer,  c'est-à-dire  quand  on  travaille  sérieuse- 
ment, il  faut  écarter  les  gens  folfttres  et  les  enfants. 
Il  Cet  enfant  a  trop  d'esprit,  il  ne  vivra  pas,  se  dit  sé- 
rieusement peur  exprimer  la  crainte  qu'inspire  la 
santé  d'un  enfant  trop  précoce,  ou,  par  moquerie, 
pour  exprimer  qu'un  enfant  est  sans  esprit.  Quand 
ils  ont  tant  d'esprit,  les  enfants  vivent  peu,  c.  DE- 
LAViGNE,  Enfants  d'Edouard,  I,  2.  ||  Il  n'y  a  plus 
d'enfants,  c'est-à-dire  on  commence  à  avoir  de  la 
malice  de  bonne  heure;  et  aussi,  les  jeunes  gens 
pensent, parlent,  agissent  comme  les  hommesmûrs. 
Il  Enfant  de  Melchisédech,  personne  dont  on  ne 
connaît  pas  la  famille.  C'étaient  des  enfants  de  Mel- 
chisédech, dont  on  ne  connaissait  ni  le  pays,  ni  la 
famille,  ni  probablement  le  vrai  nom,  J.  J.  ROUSS. 
Confess.  X.  ||   Les  menteurs  sont  enfants  du  diable. 

—  lilST.  xi°  s.  Par  tels  paroles  vous  ressemblez 
enfant,  Ch.  de  Itol.  cxxxii.  ||  xii*  s.  De  lor  enfanz  et 
des  gentis  uxors,  Ronc.  p.  37.  Dient  Franzois  :  cist 
cops  n'est  pas  d'enfant,  i6.  p.  77.  Et  Dexl  dit  Nay- 
mes, or  voi-jeduel  [deuil]  d'enfant,  ib.  p.  t63.  Baron, 
dist  l'anfes,  ne  vousdoitanuier,  ib.  p.  t87.Empris[j'j 
ai  greignor  folie  Que  li  faus  enfes  qui  crie  Por  la 
bele  estoile  avoir.  Coud,  m.  De  sa  première  famo 
[il]  out  deus  vasiez  enfans,  Sax.  V.  ||  xiii"  s.  Cil  gai- 
gna  deus  enfans  en  la  serve  haie,  Berte,  LX.  [Rain- 
frois  fut]  li  premiers  enfes  qu'ot  en  la  serve  li  rois, 
l'b.  Lxi.  Dont  je  me  chevissoie  [entretenois]  et  m\ 
famé  Margain  Et  mes  petits  enfans,  ib.  Lxxiil.  Mur- 
dri  [ils]  ont  mon  enfant,  Bertain,  qui  m'aimoitsi, 
l'b.  Lxxxix.  Certes  el  [Vieillesse]  n'avoit  poissance,C8 
cuit-je,  ne  force ,  ne  sens.  Ne  plus  qu'un  enfes  de  deus 
ans,  Ja  Rose,  392.  Enfes  qui  ne  crient  [craint]  père  et 
mère.  Ne  puet  eslre  qu'il  nel' compère  [qu'il  ne  le 
paye],  ib.  t0795.  Se  li  enfes  roboit  ou  batoit  se  [sa] 
mère,  venjance  en  devrait  eslre  fête,  beaum.  xi,  *!>. 
Comme  le  [la|  mère  son  enfant  garantirait  par  bono 
volonté,  s'ele  enavoit  le  pooir,  id.  xi,  (O.  ||  xiV  s.  U 
estoit  très  bon  et  ne  sembloil  pas  enfant  ou  filz  de 
home  mortel,  mais  de  Dieu,  oresme,  Eth.  (91.  Se 
l'un  demeure  tousjours  enfant  en  pensée  et  en 
meurs,  et  l'autre  soit  très  bon  et  très  vertueux,  id. 
l'b.  205.  Il  xv°  s.  Mais  le  roi  vueil-je  bien  déporter 
[excuser],  car  c'est  un  enfes;  on  lui  doit  pardonner 
[paroles  de  Philippe  d'Artevelle] ,  froiss.  ii.  II,  191. 
....  Amour  descent  aux  enfans  Des  pères;  beau  lilz, 
or  m'entens.  L'amour  aux  pères  ne  remonte  Des 
enfans....  eust.  descii.  Poésies  mss.  f°  503,  dans 
LACURNE.  Enfant  aime  moult  qui  beau  l'appelle, 
LEROUX  DE  LiNCY,  Prot).  t.  i,p.  215.  Enfant  de  bonne 
ville  est  demy  escripvain,  ID.  ib.  Lequel  Jehan  do 
Saintré,  sur  tous  les  autres  paiges  et  enfans  d'hon- 
neur, servoit  chacun  jour  à  table,  Petit  J.  de  Sain- 
tré, p.  2,  dans  LACURNE.  Il  xvi"  s.  Je  rcpartiroye 
après  cinq  mille  harquebusiers  en  dix  troupes,  et  en 
meltrois  les  six  comme  enfans  perdus  à  la  teste  des 
bataillons,  lan.  420.  Je  ne  parle  pas  d'une  certaine 
sorle  qui  s'appellent  les  enfans  sans  souci,  rj.  498. 
U  y  avoit  encore  d'autres  vœux  plus  infantiles, jaçoit 
qu'ils  ne  se  fissent  pas  des  petits  enfants,  calvin, 
Inslit.  i.  Enfant  qui  vient  de  nature  prend  du 
Dieu  sa  pasture,  génin.  Recréât,  t.  ii,  p.  238.  Pois- 
sons et  enfans  en  eaue  sont  croissans,  ID.  ib.  p.  247. 
Enfans  de  la  messe  de  minuit,  qui  cherche  Dieu  à 
laston,  ouDiN,  Curiosités  fr.  Enfant  haï  est  toujours 
triste,  LEROUX  de  lincy,  Prov.  t.  I,  p.  216.  De 
grands  personnages  enfants  non  sages,  id.  ib.  Da 
petit  enfant  petit  deuil,  id.  ib.  M.  de  Strozze  avoit 
esté  nourry  enfant  d'honneur  du  petit  roy  Fran- 
çois II,  estant  monsieur  le  dauphin,  brant.  Cap. 
fr.  t.  IV,  p.  304,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Bourg,  éfan;  picard  affant,  effant;  pro- 
venç.  enfan,  effan,  efan;  espagn.  et  ital.  infante, 
infant;  du  latin  infaniem,  enfant,  de  t'n,  non,  et 
(ari,  parler  (voy.  fable):  celui  qui  ne  parle  pas. 
L'ancien  français  enfe  ou  enfes  est  le  nominatif, 
à'infans,  avec  l'accent  sur  in;  enfant  est  le  régime, 
d'infântem,  avec  l'accent  sur /'an. 

ENFANTÉ,  ÉE  (an-fan-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  au  monde.  Dans  le  fond  de  la  Thrace  un 
barbare  enfanté,  rac.  Esth.  m,  4.  ||  2°  Fuç.  Voyez 
que  d'incidents  à  la  fois  enfantés I  mol.  l'Él.  v,  t*. 

ENFAKTEMEN'r  (an-fan-te-man),  s.  m.  |i  1°  Action 
d'enfanter.  Avez-vous  observé  l'enfantement  des  bi- 
ches? SACi,  Job,  xxxix,  t.  Il  Aujourd'hui  ne  se  dit 
guère  que  de  la  parturition  dans  l'espèce  humaine. 

Les  douleurs  de  l'enfantement.  ||  2°  Fig Tant  dut 

coûter  de  peine  Ce  long  enfantement  delà  grandeui 
romaine  1  delillb,  Enéide,  i.  Et  cet  heureux  tré- 
pas, des  faibles  redouté,  N'est  qu'un  enfantement 

I.  —ITi 


«386 


ENF 


i  rinimortalit*,  LAHXfiT.  Soerate.  3iO.  ||Compo5i- 
tior.  conception  litlér«ire.  Cet  ouvrage  a  été  d  un 
onfantemeiil  laljorieui.  ,      ,     ,  _,     , 

—  HIST  iiii'  «.  Pri-gre  Liicina  la  déesse  D  enran- 
toiDfnt,  q'ii'el  «loinl  qu'il  ncsso  Sans  mal  et  sansen- 
combri-mi-iil,  Si  qu'il  puisl  vivre  lonBuement,  la 
Bote,  lotnu.  ||  xvi*  ».  Les  douleurs  de  renrantement, 
par  lès  médecins  et  par  Dieu  mosme  estimées  gran- 
des, e(  que  nous  passons  avecques  tant  de  cérémo- 
nie», il  y  a  des  nations  entières  qui  n'en  font  nu. 
compte,  MoriT.  i,  3oe.  Montagnes,  vous  sentez  dou- 
leurs d'enfanieraens;  Vous  fuyez  comme  agneaux, 
i  simples  elemens,  d'aub.  Trag.  liv.  vu. 

.-  ETYM.  Eiifiinter;  provenç.  enfanlamcn,  efanla- 
gi^;anc.  cat.  iiifiintnment. 

ENKA.VTKK  (an-nin-tA),  v.  a.  ||  1'  Donner  le  jour 
1  un  enfant.  Heureuse  la  mère  qui  l'a  enfanté.  ||  Par 
Cltension,  Ce  peuple  que  la  terre  enfantait  tout  ar- 
mé, ciiBN.  Hifdée,  I,  t.  Le  monde,  de  qui  l'âge 
«vance  les  ruines.  Ne  peut  plus  enfanter  de  ces 
âme*  divines,  boil.  I.utr.  m.  Cieuï,  répandez  votre 
rosée,  Kt  que  la  terre  enfante  son  sauveur,  r\c.  Alhal. 
II.,  7.  Sitôt  que  le  devoir  l'ordonne,  La  France  en- 
fante des  soldais,  lamotte.  Odes,  1. 1,  p.  «il,  dans 
POUGRSS.  Il  Alisolumcnt.  Lecli.ios  se  féconde,  et  la 
nature  enfante,  delille,  Parad.  perdu,  vu.  ||  2°  l'ig. 
Créer,  concevoir,  produire.  Tout  ce  qu'elles  pour- 
ront enfanter  de  tempêtes,  Sans  venir  jusqu'à  nous, 
crèvera  sur  leurs  têtes,  corn.  Théod.  i,  i.  On  y 
voit  tour  à  tour  la  paix  et  les  combats;  On  y  voit 
l'amertume  enfanter  les  appas,  id.  7mi(.  ii,  o.  Le 
poète  par  bonheur  n'ayant  point  enfanté  de  nouvel- 
les stances,  scarbon,  Rom.  corn.  part,  i,  cli.  )3. 
Bienheureux  Scudéii,  dont  la  fertile  plume  l'eut 
tous  les  mois  sans  peine  enfanter  un  voliune,  boil. 
Sat.  u.  Que  Uacine,  enfantant  des  miracles  nou- 
veaux, De  ses  héros  sur  lui  [le  rci]  forme  tous  les 
Ubleaui,  ID. /lr(  p.  iv.  Accourez,  troupe  savante; 
Des  sons  que  ma  lyre  enfante.  Ces  arbres  sont  ré- 
jouis, ID.  Ode  sur  Namur.  Kt  quel  affreux  projet 
avez-vous  enfanté,  Doritvotre  cœur  encor  doive  être 
épouvanté?  bac.  Piièd.  i,  3.  C'est  au  génie  seul  à 
et'.fanter  toutes  les  hardiesses  qui  contribuent  si  fort 
an  merveilleux  de  la  poésie  et  au  sublime  de  l'élo- 
quence, d'olivet,  //i4(.  de  l'Acad.  t.  Il,  p.  69,  dans 
put  GEMS.  Je  l'ai  vu,  ce  n'est  point  une  erreur  pa.ssa- 
gtre  Qu'enfante  du  sommeil  la  vapeur  mensongère. 
VOLT.  Sc'ifi.  1,  6.  Son  nom  et  son  malheur  enfantent 
des  soldats,  iD.  Tniinir.  ii,  2.  De  la  ligue  en  cent  lieux 
les  viles  alarmées  Contre  moi  dans  la  France  enfan- 
taient lies  armées,  ID.  Ilenr.  in,  143.  Ses  succès,  sa 
valeur.  Bientôt  à  Sparlaciis  enfantent  une  armée, 
SAL'WN,  Spart.  I,  t.  Il  Absolument.  Cet  auteur  enfante 
difticiliment,  il  ne  produit  des  ouvrages  qu'avec 
peine,  ||  3°  Dans  le  langage  mystique,  enfanter  une 
âme  en  ou  à  Jésus-Christ, la  rendre  digne  de  Jésus- 
Dirist  et  de  la  vie  élernrlle.  Si  Dieu  a  béni  le  travail 
par  lequel  je  tâche  de  vous  enfanter  en  Jésus-Christ, 
et  que, trop  indigne  ministre  de  ses  couseils,  je  n'y 
t\e  pas  été  moi-même  un  obstacle,  boss.  Anne  de 
Coiix.  Dieu  ébranlera  tout  l'Êlal  pour  l'affranchir 
IHenrielle]  do  ces  lois;  il  met  les  âmes  à  ce  prix;  il 
remue  le  ciel  et  la  terre  pour  enfanter  ses  élus,  id. 
DucH,  d'Orl.  Tant  de  saints  pasteurs  qui  offrent 
leurs  âmes  et  leurs  travaux  pour  vous  ci>fauter  à 
JAsus-Christ,  mass.  Car.  Jfo(.  deconv.  ||  4°  S'enfan- 
î«r,  e.  réfl.  Cire  enfanté,  être  produit.  Une  tragédie 
ne  s'enfante  pas  si  facilement.  ||  Proverbe.  C'est  la 
montagne  qui  enfante  une  souris,  ou  la  montagne 
a  enfanté  une  souri»,  se  dit  de  grands  projets  qui 
viennent  â  rien,  yue  produira  l'auteur  après  tous 
ce*  grands  cris?  La  montagne  en  travail  enfante 
une  souris,  Boii,,  Art  p.  ni. 

—  SYS.  ENKANTER,  ENGENDRER.  Engendrer  est  re- 
latif à  la  génération;  enfanter,  à  l'enfant  qui  est 
mis  au  monde.  De  là  la  ilifférence  de  sens  entre  ces 
deux  mots  :  il'almrd  engendrer  se  dit  également  du 
mile  el  de  la  femelle,  de  l'homme  et  de  la  femme; 
enfanter  ne  se  dit  quede  la  femme  seule.  Au  figuré, 
engendrer  sappliqueàcequi  peut  être  comparé  aune 
génér.ition;  et  enfanter  à  ce  qui  peut  être  comparé 
&  l«  mise  au  monde.  Tant  que  l'idée  de  mi,se  au 
mond>'  n'est  pas  nécessaire,  on  se  sert  indifférem- 
ment d'engendrer  ou  d  enfanter  :  ce  discours  en- 
gendra ou  enfanta  des  discordes.  Mais,  quand  cette 
MU  est  nécessaire,  c'est  enfanter  qu'il  faut  :  on 
•"'«"le  un  projet,  un  ouvrage, 
«."i?"*/'  *"'  '•  ''"ces  rendit  al  enf.inter,  o  Sa- 
?«m.  ?„,*',"""■"•  «""•P*-  llxu.-s.S'elellamfcre] 

^n  u  '.i  ■*'"•  '^"  '«  chevalier,  je  vous  de- 

SHod*  *i  voutcree,  ,„,  u  vierge  Marii,  qui  Dieu 


ENF 

porta  en  ses  flans  et  en  ses  bras,  enfantast  vierge, 
joiNV.  (98.  Il  XVI'  s.  Elle  enfanta  un  enfant  mort, 
PARê,  XXIX,  (6.  Vous  no  tuerez  point  L.  Caesar,  que 
premièrement  vous  ne  me  tuez,  moyquiay  enfanté 
vostro  capitaine,  amyot,  Anton.  23. 

—  f.TY.'H.  Enfant;  provenç.  enfanlar,  e([antar, 
tfantar;  ital.  inf'intare. 

ENFANriLLAGK  (an-fan-ti-Ua-j',  H  mouillées,  et 
non  an-fan-ti-ya-j'),  t.  m.  Actions,  manières,  paro- 
le» qui  no  conviennent  qu'à  un  enfant.  Gamaches 
n'avait  pu  se  contraindre  de  reprendre  en  face  et  en 
public  les  enfantillages  qui  échappaient  à  monsei- 
gneur le  duc  de  Bourgogne,  ST-siM.  'JI4, 139.  Voysin 
porta  ses  deux  charges,  comme  on  vient  de  le  dire, 
et  le  roi  eut  l'enfantillage  de  s'amuser  à  le  montrer, 
ID.  358,  230.  Pourquoi  n'allais-je  point  à  Neuchâ- 
tel?  c'est  un  enfantillage  qu'il  ne  faut  pas  taire, 
j.  J.  Bouss.  Confess.  xii.  Il  mêlait  des  sentiments  si 
fiers  et  si  nobles  aux  enfantillages  de  l'amour-propre, 
que  tout  cela  ensemble  n'avait  rien  que  d'intéres- 
sant, MAHMONTEL,  Contes  moraux,  Scrup.  Voyant 
que  votre  entretien  se  prolongeait....  je  ne  sais 
pourquoi....  c'est  un  enfantillage  de  ma  part,  .mais 
j'ai  craint....  picard  et  mazères.  Trois  quartier!, 
I,  10. 

—  IlIST.  XVI'  s.  Tout  ainsi  comme,  lassez  et  tra- 
vaillez delà  longue  course  de  nostre  vie,  nous  retum- 
bons  en  enfantillage,  mont,  ii,  3io.  Avec  le  corps 
l'esprit  s'use  et  s'empire,  et  vient  enfin  en  enfantil- 
lage, CHARRON,  Sagesse,  i,  36. 

—  ÊTY.M.  Provenç.  enfantilhatje;  de  l'anc.  adj. 
enfanlil,  du  latin  infantilis,  de  infans,  enfant,  et 
la  finale  âge. 

ESFANriN,  INE (an-fan-tin,  ti-n'),  adj.  Qui  ap- 
partient à  l'eûfauce.  Visage  enfantin.  On  le  voyait 
toujours  doux,  paisible  et  taciturne,  ne  disant  ja- 
mais mot,  et  ne  jouant  jamais  à  tous  ces  petitsjeux 
que  l'on  nomme  enfantins,  mol.  Mal.  im.  ii,  c.  Cer- 
tains traits  enfantins,  doux,  mignons,  délicats, 
TH.  CORN.  Baron  d'Albikrac,  II,  9.  Venez,  pauvres 
enfants  qu'on  veut  rendre  orphelins.  Venez  faire 
parler  vos  esprits  enfantins,  rac.  Plaid,  m,  3.  Vous 
me  flattez,  dit  le  président,  avec  une  pudeur  enfan- 
tine et  faisant  semblant  de  rougir,  marmontel. 
Contes  moraux,  Philos,  soi-dis.  Knfants,  car  votre 
voix  est  enfantine  et  tendre.  Vos  discours  sont  pru- 
dents plus  qu'on  n'eût  dû  l'attendre,  a,  chén.  Idyl- 
les, l'Avefigle.  Au  bord  de  Seine  errait  le  beau  Lois; 
Isis  un  jour  vit  sa  grâce  enfantine,  millev.  Le  beau 
Lois. 

—  HIST.  XVI'  s.  D'un  visage  enfantin,  mais  de  se- 
nile  prudence,  mont,  i,  46.  Mes  jeux  enfantins  [de 
mon  enfance],  m.  i,  t08.  Cette  molle  douceur  et 
cette  pudeur  enfantine,  id.  m,  B. 

—  ÉTYM.En/'aHt,- provenç.  e/j'anli.  Dans  l'ancienne 
langue  on  trouve  enfantin  ou  enfantif,  et  plus  tard 
enfantile. 

ENFARINÉ,  ÉE  (an-fa-ri-né,  née),  part,  passé. 
Il  1°  Blanchi  de  farine.  Ce  bloc  enfariné  ne  me  dit 
rien  qui  vaille,  S'écria-t-il  do  loin  au  général  des 
chats,  la  font.  Fabl.  m,  t8.||2"  Fig.  Les  gens  de 
grec  enfarinés  Connaîtront  Thélême  et  Macaie,  volt. 
Th.  et  Uac.  ||  Être  enfariné  d'une  science,  en  avoir 
quelque  teinture.  ||  Être  enfariné  d'une  doctrine, 
en  être  infatué.  ||  Venir  la  gueule  enfarinée ,  ve- 
nir avec  une  folle  confiance.  C'est  un  air  de  gueule 
enfarinée  qui  n'appartient  qu'à  qui  vous  savez, 
sÉv.  238.  Il  Dans  cette  locution,  gueule  est  proba- 
blement pris  pour  le  visage  entier  :  la  gueule  en- 
farinée, c'est  le  visage  enfariné,  comme  faisaient 
les  acteurs  au  xvi'  siècle  qui  s'enfarinaient  le  visage 
et  se  présentaient  ainsi  aux  spectateurs. 

ENFARINER  (an-fa-ri-né),  ti.  o.  ||  1'  Poudrer  de 
farine.  Tous  ceux  qui  l'entendront  parler  sans  le 
connaître,  au  lieu  de  croire  qu'il  ait  la  barbe  blan- 
che, s'imagineront  qu'il  se  sera  enfariné  le  visage, 
mLZ.  liv.  m,  lelt.  (t.  ||  2»  S'enfariner,  v.  réfl.  Se 
couvrir  de  farine.  [Le  chat]  Blanchit  sa  robe,  s'eu- 
farine;  Et  do  la  sorte  déguisé.  Se  niche  et  se  blottit 
dans  une  huche  ouverte,  la  font.  Fabl.  m,  )8.  Le 
lendemain  notre  amant  se  déguise  Et  s'enfarine  en 
vrai  garçon  meunier,  m.  Handrag.  ||  Fig.  et  fami- 
lièrement. Prendre  une  légère  teinture  de  quelque 
science. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  aprentifs  [comédiens]  et  qui 
ne  sont  pas  de  si  haulte  leçon,  s'enfarinent  le  vi- 
sage, mont.  II,  101.  Nous  ne  sçavons  pas  distinguer 
la  peau,  delà  chemise;  c'est  assez  de  s'enfariner  le 
visage,  sans  s'enfariner  la  poictrine,  id.  iv,  I58. 
....  Quand  la  neige  enfariné  A  gros  fiocons  les  bords 
de  la  marine,  am.jamin.  Poésies,  f'29,  dansLACURNE. 
Aux  champ»  où  les  fiUes  ne  sont  encore  enfarinées 
de  ce»  belle:  furtives  amourettes  et  beaux  miroirs 


ENF 

des  ville»,  noel  nuPAlL,  Contes  d'Eutrap.  cbap.  20, 
—  ÉTVM.  En  i,el  farine. 
ENFER  (an-fèr),  ».  m.  ||i'Terme  de»  ancienne» 

religions  polythéisliques.  Lieu  souterrain  qu'habi- 
taient les  âmes  des  morts.  Les  enfers  comprenaient 
le  Tartare  pour  les  méchants,  et  les  Champs-Elysées 
pour  les  justes.  Je  saurai  le  braver  jusque  dans  les 
enfers,  COBN.  Cinna,  il,  2.  L'enfer  s'émeut  au  bruit 
de  Neptune  en  furie;  Pluton  sort  de  son  trône,  il 
pâlit,  il  s'écrie,  boil.  Longin,  sublime,  vu.  U  pré- 
cipite dans  les  enfers  une  foule  de  combattants, 
FÉN.  Tél.  XX.  Monstre  que  dans  nos  bras  les  enfer» 
ont  jeté,  RAC.  Iph.  v,  4.  Tu  peux  faire  trembler  la 
terre  sous  tes  pas,  Des  enfers  déchaînés  allumer  la 
colère,  3.  b.  rouss.  Cantate,  Circé.  Devant  le  ves- 
tibule, aux  portes  des  enfers,  Habitent  les  soucis  et 
les  regrets  amers,  Et  des  remords  rongeurs  l'escorte 
vengeresse....  delille,  Enéide,  vi.  ||  Les  trois  juge» 
des  enfers,  Minos,  Ëaque  et  Khadamanthe.  ||  Le»  tille» 
d'enfer,  les  furies.  Eh  bien,  filles  d'enfer,  vos  main» 
sont-elles  prêtes?  Pour  qui  sont  ces  serpents....,  bac. 
Andr.  \>,  6.  ||  En  ce  sens,  enfer  se  dit  le  plus  sou- 
vent au  pluriel.  ||  î'  Lieu  destiné  au  supplice  des 
damnés,  dans  la  religioti  chrétienne;  on  dit  dans  le 
même  sens,  au  pluriel,  lesenfers.L*  feu  de  l'enfer.  La 
bouche  de  l'enfer  est  toujours  ouvertt,,  stlesgrandsel 
les  petits,  les  forts  et  les  faibles,lesriclit<;»t  les  pau- 
vres y  entrent  pêle-mêle  à  tous  moments,  Nicole,  Est. 
mor.  3"  traité,  ch.  6.  L'enfer  est  le  centre  des  dam- 
nés comme  les  ténèbres  sont  le  centre  do  ceux  qui 
fuient  le  jour,  id.  ib.  2*  traité,  ch.  40.  Ne  trouvant 
donc  point  de  lieu  qui  lui  soit  plus  propre  et  qui  lui 
soit  moins  pénible  que  l'enfer,  elle  [l'âme  pécheresse] 
s'y  précipite  comme  dans  son  centre  et  dans  le  lieu 
seul  qui  lui  est  convenable,  id.  ib.  2'  traité,  ch.  *o. 
Mais  il  est  aux  enfers  des  chaudières  bouillantes  Oii 
l'on  plonge  àjamais  les  femmes  mal  vivantes,  moi. 
Éc.  des  fem.  m,  2.  Qui  aie  plus  de  sujet  de  craindre 
l'enfer,  ou  celui  qui  est  dans  l'ignorance  s'il  y  a 
un  enfer,  et  dans  la  certitude  de  damnation,  s'il  y  en 
a;  ou  celui  qui  est  dans  une  persuasion  certaine 
qu'il  y  a  un  enfer  et  dans  l'espérance  d'être  sauvé, 
s'il  est?  PASC.  Pensées,  part,  n,  art.  3.  [Alexandre] 
tourmenté  par  son  ambition  durant  sa  vie,  et  tour- 
menté maintenant  dans  les  enfers,  où  il  porte  la 
peine  éternelle  d'avoir  voulu  se  faire  adorer  comme 
un  dieu  soit  par  orgueil,  soit  par  politique,  boss.  la 
Vallière.  Mais  lorsqu'on  sa  malice  un  pécheur  obs- 
tiné ,  Des  horreurs  de  l'enfer  vainement  étonni , 
BOIL.  Êp.xii.  Je  reviendrai  bientôt  par  un  heureux  bap- 
tême T'arracher  aux  enfers  et  te  rendre  à  loi-même, 
VOLT.  .?aire,  m,  *.  \\  L'Enfer,  titre  d'une  des  parties 
de  la  Divine  comédie,  poème  de  Dante.  ||  U  se  dit 
aussi  d'un  des  enfers  ou  lieux  du  supplice  décrit» 
dans  ce  poème.  On  eût  dit  qu'on  entrait  dans  l'enfer 
de  glace  si  bien  décrit  par  le  Dante,  stael,  Cort'nree, 
m,  5.  Il  3°  Fig.  Chose  excessivement  déplaisante,  pé- 
nible. Hè!  monsieur,  si  vous  le  pouvez,  sauvez-vou» 
de  cet  enfer-là  [les  procès] ,  mol.  Fourb.  de  Se. 
II ,  8.  Us  lui  montrèrent  [  au  duo  du  Maine]  les 
enfers  ouverts  sous  ses  pieds  par  le  mariage  de 
Mlle  de  Bourbon  [avec  le  duo  de  Berry]  ,  st-sim. 
267,  40).  Au  moment  oii  cet  enfer  [la  Bastille  ] 
créé  par  la  tyrannie  pour  le  tourment  de  ses  vic- 
times s'est  ouvert  sous  les  yeux  de  la  capitale.... 
MIRABEAU,  Collection,  t.  l,  p.  346.114'  Par  exten- 
sion, les  démons,  les  puissances  de  l'enfer.  C'est 
l'enfer  qui  l'a  créé.  Les  enfers  ont  jeté  ce  monstre 
parmi  nous.  Mes  amis,  J'ai  soumis  L'enfer  à  ma 
puissance;  De  son  obéissance  J'ai  pour  gage  certain 
Un  lutin,  bêrang.  Colibri.  ||  6°  Un  enfer,  lieu,  réu- 
nion, vie  commune  oii  régnent  la  discorde,  la  con- 
fusion. Et  j'abhorre  des  nœuds  Qui  deviendraient  sans 
doute  un  enfer  pour  tous  deux,  mol.  D.  Gare,  i,  4. 
On  a  raison  d'appeler  ces  salles  [les  assemblées  de 
jeu]  un  enfer,  mercier.  Tableau  de  Paris,  t.  u, 
p.  328  (éd.  d'Amst.  (782).  Il  Se  dit,  à  Londres,  de» 
maisons  de  jeu  et  des  lieux  de  débauche.  ||  6"  Dés- 
ordre, trouble.  Combien  n'a-t-on  point  vu  de  belles 
aux  doux  yeux ,  Avant  le  mariage  anges  si  gracieux. 
Tout  à  coup  se  changeant  en  bourgeoises  sauvages. 
Vrais  démons,  apporter  l'enfer  dans  leurs  ménages, 
BOiL.  Sat.  X.  Je  pense  qu'avec  eux  tout  l'enfer  est 
chez  moi,  id.  ib.  vi.  Mettre  le  scandale  et  l'en- 
fer dans  sa  maison,  j.  j.  ROUSS.  Conf.  vi.  ||  7°  Violente 
peine  qu'inspire  la  passion  ou  le  remords.  Avoir  l'en- 
fer dans  le  cœur.  Porter  son  enfer  avec  soi.  Et  si 
l'enfer  est  fable  au  centre  de  la  terre,  U  est  vrai 
dans  mon  sein,  malh.  v,  2(.  Ils  commencent  leur 
enfer  sur  la  terre,  boss.  Cont.  I.  Q'est-il  besoin 
d'aller  chercher  l'enfer  dans  l'autre  vie?  il  est  de» 
celle-ci  dans  le  cœur  des  méchants, }.  t.  rodss.  Ém. 
ir.  Le  supplice  d'attendre  est  l'enfer  des  imaiifat 


ENF 

BOissY,  Impatient,  i,  <.||  Furie  d'enfer,  monstre 
échappé  de  l'enfer,  personne  très-méchante.  ||  Tison 
d'enfer,  porte  d'tnfer,  c'est-à-diie  personne  capable 
d'opérer  la  perte  des  âmes.  Votre  père  Brisacier  dit 
que  ceux  contre  qui  il  écrit  sont  des  portes  d'enfer, 
des  pontifes  du  diable....  s'amuserait-on  à  prouver 
qu'onn'estpasported'enfer?pAsc.  Proti.  XV.  ||  8°D'en- 
fer,  loc.  adject.  Excessif.  Faire  un  feu  d'enfer.  Mener 
un  traind'enfer.  Jouer  unjeu  d'enfer.  M.  de  Vendôme 
commença  à  s'apercevoir  que  ce  feu  d'enfer  par  lequel 
il  avait  compté  de  les  écraser  [les  ennemis]  ne  leur 
nuirait  guères,  st-sim.  209,  63.  On  a  joué  un  jeu 
d'enfer,  cinq  sous  la  fiche,  picard,  Pelile  ville, 
I,  8.  Il  Terme  de  cuisine.  Mettre,  faire  griller  quel- 
que chose  au  feu  d'enfer, 'le  faire  griller  à  un  feu 
de  charbon  très-ardent.  ||  C'est  un  métier  d'enfer, 
c'est  un  métier  extrêmement  fatigant.  ||  9"  Terme  de 
typographie.  Cassetin  dans  lequel  on  jette  les  mau- 
vaises lettres.  Vieux.  On  dit  aujourd'hui  cassetin  du 
diable.  ||  10°  Terme  d'huilerie.  Citerne  où  se  réu- 
nissent les  eaux  qui  ont  été  mêlées  avec  le  marc  d'o- 
live. Les  résidus  de  ces  cuviers  s'écoulent  dans  un 
souterrain  qu'on  nomme  l'enfer....  ce  qu'on  en  tire 
est  l'huile  d'enfer,  qui  est  la  plus  basse  sorte,  Dict. 
des  arts  et  met.  Amst.  <767,  huilier.  \\  11°  Enfer 
de  Boyie,  matrasde  verre  à  fond  plat  et  à  col  effilé, 
dans  lequel  Boyle  et  d'autres  chauffaient  le  mercure 
pendant  des  mois  et  des  années. 

— HlST.  XI*  s.  L'enchanteur  qui  ja  futenenfer,  Ch. 
de  Roi.  cvi.  Il  XII"  s.  L'ame  s'en  va  en  enfer  osteler, 
Jtnnc.  p.  62.  Tu  les  pieres,  e  sur  ceste  piere  ferai 
M'iglise,  e  ma  meisun  i  édifierai,  E  les  portes  d'en- 
fer par  li  dépècerai.  Th.  le  mart.  79.  ||  xiii"  s.  Et  li 
ame  de  li  soit  en  enfer  ravie,  Berte,  lxxii.  Certes 
durement  me  merveil  Comment  bons,  s'il  n'iere  de 
fer,  Puet  vivre  un  mois  en  tel  enfer,  la  Rose,  2606. 
Sacent  donques  tuit,  que  lor  âmes  sunt  données  as 
ennemis  d'enfer,  et  lor  cors  as  vers,  et  lor  avoirs  à 
lor  parens,  beaum.  lxviii,  45.  Leenz  a  une  grant 
meson.  Oui  lors  estoit,  en  la  seson,  Plaine  de  fermes 
et  d'enfers  [malades]  ;  Assez  estoit  griez  [fâcheux]  cis 
enfers, BUTEB.  11,  <8).  ||  xv°  s.  Dieu  la  confonde,  Et  au 
parfond  de  la  terre  la  fonde  :  Car  el  porte  son  enfer 
en  ce  monde,  al.  chart.  le  Débat  des  deux  fortunes. 
'L'autre  des  places  estoit  Bauverne,  où  les  Anglois 
avoient  compassé  une  fosse  nommée  enfer,  et  là  ils 
jettoient  les  gens  qui  ne  pouvoient  ou  vouloient  ran- 
çonner, Hist.  de  Loys  III,  duc  de  Bourbon,  p.  <6, 
dans  LACURNE.  ||  xvi*  s.  Mais  je  ne  m'en  puis  desooif- 
fer;  Je  pense  que  c'est  un  enfer  Dont  jamais  je  ne 
sortiray,  marot,  i,  204.  Le  lict  m'est  un  enfer,  et 
pense  que  dedans  On  ait  semé  du  verre  ou  des  char- 
bons mordants,   BONS.  798 de  l'enfer  il  ne  sort 

Que  l'éternelle  soif  de  l'impossible  mort,  d'aub. 
Trag.  liv.  vu. 

—  ÉTYM.  Bourg,  enfar;  picard,  infer;  provenç. 
infern,  yfern,  enfern,  effern;  catal.  tn/iern;espagn. 
interne;  ital.  inferno  ;  du  latin  infernus,  enfer, 
proprement  lieu  bas  (voy.  inférieur). 

ENFERMÉ,  ÉE  (an-fèr-mé,  mée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  en  un  lieu  fermé.  Du  linge  enfermé  dans 
une  armoire.  Enfermé  dans  une  prison.  Au  sérail  des 
soudans  dès  l'enfance  enfermée,  volt.  Zaïre,  i ,  1 .  J'ai 
trouvé  ce  billet  enfermé  dans  son  sein,  rac.  llaj.iv,  5. 
Ouand,  sur  ton  sommet  enflammé.  Dans  un  nuage 
épais  le  Seigneur  enfermé,  id.  Athal.  i,  4.  Je  de- 
mandai à  Uomont  s'il  ne  fallait  pas  être  plus  fou 
que  les  plus  enfermés  pour  concevoir  un  projet  si 
radicalement  insensé,  st-sim.  285,  422.  ||  Terme 
de  marine.  Navire  enfermé,  navire  placé  entre  des 
terres  ou  entouré  de  glaces.  ||  Substantivement. 
Celui  qui  est  enfermé.  ■  Les  enfermés  périssaient. 
Delà  [la  constitution  Unigenitus]  ce  peuple  entier 
d'exilés  et  d'enfermés  dans  les  prisons  et  beau- 
coup dans  les  cachots,  et  le  trouble  et  la  subver- 
sion dans  les  monastères,' st-simon  ,  406,  224. 
Il  Terme  de  zoologie.  Les  enfermés,  famille  de  mollus- 
ques de  l'ordre  des  conchifères  ou  acéphales  testacés. 
(I  2°  Environné,  circonscrit.  La  vue  présente  aux  yeux 
divers  coteaux  dont  cette  campagne  est  enfermée, 
f.oRN.  Tois.  d'or,  Argum.  du  3«  acte.  \\  3°  Contenu. 
Vous  avez  quelque  sujet  de  prétendre  qu'elle  [la  con- 
séquence] n'est  pas  enfermée  dans  le  i)rincipe ,  PASC. 
Réfut.  de  la  rép.  d  io  t2°  lettre.  ||  4°  S.  m.  Sentir 
l'enfermé ,  exhaler  une  odeur  que  contractent  sou- 
vent les  choses  enfermées.  On  dit,  dans  le  mémo 
sens  et  plus  souvent,  sentir  le  renfermé. 

EN'FEUMER  (an-fèr-mé),  v.a.  \\  1°  Mettre  en  un 
lieu  fermé.  Enfermer  quelqu'un  dans  sa  chambre, 
un  cheval  à  l'écurie.  Il  fut  enfermé  dans  une  forte- 
resse. Dans  un  même  sépulcre  enferme-nous  tous 
deux,  VOLT.  Scythes,  iv,  6.  Sa  femme  se  déshonora 
avec  tant  d'éclat,  que  le  baron,  de  concert  avec  sa 


ENF 

famille,  la  fit  enfermer  dans  un  couvent,  M""*  de 
OENLis,  Veillées  du  chdt.  t.  11,  p.  37B,  dans  pou- 
gens.  Il  Fig.  Enfermer  le  loup  dans  la  bergerie,  en- 
fermer quelqu'un  dans  l'endroit  même  où  il  peut 
faire  le  plus  de  mal,  et  presque  toujours  lorsi|ue 
l'on  croit  se  garantir  par  là  de  tout  inconvénient. 
Se  dit  aussi  d'une  plaie,  d'un  ulcère  qu'on  ferme, 
tout  en  laissant  dans  le  corps  des  humeurs  qui 
avaient  pris  leur  cours  par  là.  [j  Absolument.  En- 
fermer, mettre  dans  une  prison,  dans  un  cloître, 
dans  un  appartement  qui  sert  de  lieu  de  réclu.sion. 
Il  ignore  qu'au  même  instant  son  oncle  travaille  aie 
faire  enfermer,  diderot.  Père  de  famille,  11,  42. 
ô  ces  femmes!  voulez-vous  donner  de  l'adresse  à  la 
plus  ingénue,  enfermez-la,  beaumarch.  Barbier, i, 
4.  Il  II  signifie  aussi  mettre  dans  une  maison  d'alié- 
nés. Si  l'effet  suit  la  cause,  il  est  à  présumer  Qu'a- 
vant qu'il  soit  un  mois,  il  faudra  t'enfermer,  tii. 
CORN.  Geôlier  de  soi-même,  1,  6.  Elle  est  folle  à 
tel  point  qu'on  ne  peut  l'exprimer;  Travaillez  au 
plus  tôt  à  la  faire  enfermer,  regnabd,  llénfchm.  v, 
3.  Mon  procureur  fera  cette  expédition;  C'est  un 
homme  admirable  et  qui  par  son  adresse  Aurait  fait 
enfermer  les  sept  Sages  de  Grèce,  S'il  eût  plaidé 
contre  eux....  gresset.  Méchant,  11,  3.  ||  2°  Serrer. 
Enfermer  le  sucre,  le  pain,  le  vin.  ||  3°  Enfermer 
son  chagrin,  le  contenir,  ne  pas  s'y  abandonner. 
Enfermer  sa  honte,  la  cacher.  Dans  la  nuit  du  tom- 
beau j'enfermerai  ma  honte,  rac.  Iphig.  11,  4. 
Il  4°  Entourer,  clore.  Les  coteaux  qui  enferment 
ce  vallon  retiré.  ||  Il  se  dit  aussi  de  personnes  qui 
en  enveloppent  une  autre.  Près  d'être  enfermé 
d'eux  [par  les  Curiaces],  sa  fuite  l'a  sauvé,  corn. 
Ilor.  m,  6.  Le  reste  impatient,  dans  sa  noble  co- 
lère. Enferme  la  victime,  id.  lléracl.v,  7.  ||  5°  Con- 
tenir, avoir  en  soi.  Ce  corps  n'enferme  point  une 
âme  si  commune,  corn.  Médée,  m,  3.  Quand  ce 
peuple  insolent  qu'enferme  Alexandrie  Fit  quitter 
au  feu  roi  son  trône  et  sa  patrie,  id.  Pomp.  i,  3. 
En  ce  vase  chétif  tout  Hercule  est  enclos.  Je  puis 
en  une  main  enfermer  ce  héros,  rotr.  Herc.  mour. 
V,  2.  Quand  elle  .| l'histoire  grecque]  commence, 
celle  du  peuple  de  Dieu,  à  la  premlre  seulement 
depuis  Abraham,  enfermait  déjà  quinze  siècles, 
Boss.  llist.  1,  8.  Son  cœur  n'enferme  point  une  ma- 
lice noire,  BAC.  Brit.  v,  3.  [Dieu]  qui  fait  même  de 
ses  serviteurs  les  maîtres  du  monde  et  de  tout  ce 
que  le  monde  enferme,  mass.  Car.  Lazare.  ||  6°  Sup- 
poser, contenir  comme  conséquence.  Je  ne  parle 
point  du  premier  [objet]  ;  je  traite  particulièrement 
du  second,  et  il  enferme  le  troisième,  pasc.  Pen- 
sées, i,  art.  2.  Enfin  toutes  sortes  d'hommes,  excepté 
les  Dominicains,  entendent  par  le  mot  suffisant  ce 
qui  enferme  tout  le  nécessaire,  ID.  Prbv.  11.  On  peut 
bien  dire  des  choses  fausses  en  les  croyant  vérita- 
bles ;  mais  la  qualité  de  menteur  enferme  l'intention 
de  mentir,  id.  Prov.  xv.  ||  7°  S'enfermer,  v.  réfl.  Se 
mettre  en  un  lieu  fermé.  S'enfermer  dans  un  cloî- 
tre. J'irai  m'enfermer  dans  des  murs  plus  terribles 
pour  moi  que  pour  les  femmes  qui  y  sont  gardées, 
mqntesq.  Lettr.  pers.  4  55.  ||  S'enfermer  dans  une 
place,  s'établir,  pour  la  défendre,  dans  une  place  qui 
va  être  assiégée.  ||  Fig.  Ma  flamme  par  Hector  fut 
jadis  allumée.  Avec  lui  dans  la  tombe  elle  s'est  en- 
fermée, BAC  Àndr.  III,  4.  Il  8°  Fermer  la  porl« 
sur  soi  pour  s'isoler.  Us  se  sont  enfermés  deux  heu- 
res. Cléopatre  s'enferme  en  son  appartement,  cobn. 
Pomp.  III,  4.  Il  9°  S'impliquer.  Ces  trois  choses  ne  se 
séparent  jamais  et  s'enferment  l'une  l'autre,  BOSS. 
Ilist.  II,  0. 

—  HIST.  XII"  S.  Par  les  reliques  qu'au  pont  [poi- 
gnée d'une  épée]  fit  enfermer,  Ronc.  p.  44  1. 
Il  XIII"  s.  Je  demant  toutes  les  cozes  qui  sont  là  en- 
fremées,  beaum.  vi,  3.  ||  xiv"  s.  Il  fit  enfremer  les 
bouges  [bourses]  en  un  questel  [coffre],  Bibl.  des 
Chartes,  4"  série,  t.  m,  p.  424.  ||  xV  s.  11  faisoit 
chaud,  et  le  temps  estoit  moult  enfermé,  froiss. 
II,  II,  214.  Il  XVI"  s.  Il  contraignit  le  consul  de  s'en- 
fermer dedans  la  ville  de  Capoue,  amyot,  Sylla,  56. 

—  ÉTYM.  En  f ,  el  fermer;  bourguig.  enfromai. 

t  ENFEUMERIE  (an-fér-me-rie),  s.  f.  Affectation 
à  s'enfermer.  Quoique  cela  [les  réunions  chez  Mlle 
Choin]  filt  devenu  le  secret  de  la  comédie,  la  même 
enfermerie,  la  même  cacberie  furent  toujours  de 
même,  st-si.m.  295,  34. 

—  ÉTYM.  Enfermer. 

EI^FERRÉ,ÉE  (an-fè-ré,rée), part.  pass^.  ||  1° Per- 
cé d'un  fer.  ||  2°  Fig contre  cet  assaut  je  sais  un 

coup  fourré,  Par  qui  je  veux  qu'il  soit  de  lui-même 
enferré,  mol.  l'Él.  m,  7. 

KNFERKER  (an-fè-ré),  t).  o.  ||  l'Enfoncer  le  fer 
d'une  arme  dans  le  corps  de  quelqu'un.  Enferrer 
son  adversaire.  ||  2"  Placer  les  coins  de  fer  dans  les 


ENF 


1387 


joints  des  blocs  d'ardoise.  ||  3°  S'enferrer,  v.  réfl.  Se 
percer  de  l'épée  de  son  a<lversaire.  Il  s'est  enferré 
lui-môme.  Ils  se  sont  enferrés  l'un  l'autre.  Quand 
elle  s'enferrerait  d'elle-même  par  (lé.sespOir,  en 
voyant  son  frère  l'épée  à  la  main,  cob.n.  Ex.  d'Ilor. 
Il  Fig.  S'embrouiller,  se  prendre  à  ses  propres  pa» 
rôles,  à  ses  propres  pièges,  se  compromellie.  Cou- 
rage, s'il  se  peut  enferrer  tout  de  bon.  Nous  nous 
ôtons  du  pied  une  fâcheuse  épine,  mol.  l'hU.  m,  2. 
Laval  se  garda  bien  de  s'enferrer  dans  aucune  par- 
ticularité d'occasion  ou  de  date,  st-sim.  46.1,  2».  Il 
vaut  mieux,  interrompit  Pompée  en  s'enferrant  de 
lui-même,  faire  transporter  ici  vos  coflres,  lesagb, 
Gusm.  d'Alfar.  iv,  4.  Je  me  suis  enferré  de  dépit, 
BEAUMARCii.  Barbier,  m,  2. 

—  HIST.  xm"  s.  Qui  lor  veïst  d'une  part  et  d'autre 
haubiers  relier,  glaives  enfierer  [garnir  de  fer  les 
lances],  pourpoins  et  cuiries  [cuirasses]  et  escus 
enarmer,  Chr.  de  R.  p.  "6.  ||  xiv"  s.  Il  disoii  aux 
Englois  :  alez-moi  escoulant  ;  Si  tost  que  vous  IreJS 
les  François  enferrant,  Et  qu'il  seront  [lous^é  [uiis- 
samment  en  boutant,  Guesel.  423)9.  ||xv"  s.  Là  fut 
le  connestable  de  France  enclos  et  pris  de  eux,  et 
tiré  en  une  chambre  et  enferré  [ench.iîné]  de  trois 
jiaires  de  fers,  froiss.  ii,  m,  63.  ||  xvi"  s.  Avecques 
telz  dardz,  on  premier  coup  il  enferra  le  physttere 
sur  le  front,  rab.  Panl.  iv,  36.  Il  s'en  fallut  bien 
peu  qu'il  ne  s'enferrast  en  ces  pauz  [pieux]  fichés, 
AMïOT,  Pompée,  89.  Bien  aviser  de  vous  garder  il'es- 
Ire  enferré,  en  contractant  inconsidérément  avec  un 
mauvais  vendeur,  0.  de  serbes,  9.  Aussi  estant  en- 
yvré  de  cette  intention  violente,  on  s'embarrasse, 
on  s'enferre....  charron,  Sagesse,  u,  2. 

—  f.TYM.  Ert  ^ ,  et  fer. 

j  E.VFKRRURE  (an-fè  rur') ,  s.  f.  Placement  de 
coins  de  fer  dans  un  bloc  d'ardoise. 

—  HIST.  XV"  s.  Sçavez-vous  la  raison  de  ma  venue 
et  la  cause  de  l'enferrure  [chaîne]  dont  je  suis  en- 
ferré? Perceforcsl ,-l.  i,  f°  64. 

—  ÊïY.M.  Enferrer. 

f  ENFEU  (an-feu),  s.  m.  Cave  dans  une  église 
pour  la  sépulture  des  corps  moils.  Celte  belle  cha- 
pelle de  Versailles,  si  mal  proportionnée,  ipii  >embl9 
un  enfeu  par  le  haut  et  vouloir  écraser  le  château, 
st-sim.  4  97,   4  31. 

—  HIST.  XV*  s.  Pour  faire  parachever  et  construire 
nostre  chapelle....  en  lailite  église  de  Saint  François 
de  Nantes,  jouxte  nostre  enfeu,  nu  cange,  infoditus. 

—  ÉTYM.  Enfouir. 

t  ENFEUILLER  (S')  (an-feu-llé.  Il  mouillées), 
V.  réfl.  Se  couvrir  de  feuillage,  en  parlant  des  arbres 
qui  reverdissent. 

—  HIST.  XVI"  s.  Enfeuiller,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  feuille. 

f  ENFICELER  (an-fi-se-lé.  Vl  se  double,  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'enficelle) ,  v.  a.  Ser- 
rer avec  une  ficelle.  ||  Terme  de  chapelier.  Serrer 
un  chapeau  avec  une  ficelle  pour  le  contenir  dans 
sa  forme. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  ficelle. 

t  ENFIELLER  (an-fiè-lé) ,  v.a.  \\  Mêler  de  fiel. 
Il  Fig.  Emplir  de  fiel,  de  malveillance,  d'envie.  Une 
plume  enfiellée.  Tout  semblable  à  l'envie,  à  qui  l'é- 
trange rage  De  l'heur  de  son  voisin  enfielle  le  cou- 
rage, RÉGNIER,  Ép.  I. 

—  HIST.  xvi*  s.  On  doit  ensucrer  les  viandes  salu- 
bres  à  l'enfant  et  enfieler  celles  qui  lui  sont  nuisi- 
bles, mont.  I,  484.  Il  cela  le  desastre  du  raaresclial 
de  Saint  André,  de  paourd'enlieller  ceste  très  ilouce 
nouvelle  de  la  mort  d'un  si  excellent  persounaige, 

CARLOIX,    VIII,   40. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  fiel. 

t  ENFIÉVRER  (an-fié-vré.  L'accent  aigu  se 
change  en  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette  :  j'enfièvre,  excepté  au  futur  et  au  con- 
ditionnel :  j'enfiévrerai,  j'enfiévrerais),  ».  a.  Donner 
la  fièvre.  Ces  lieux  malsains  l'ont  enfiévré.  ||  Fig. 
Communiquer  une  passion,  quelque  chose  de  com- 
paré à  la  fiè\re.  Un  jeune  homme  enfiévré  de 
poésie.  Il  exhale  un  tel  feu  qu'il  m'a  presq  .e  en- 
fiévré de  sa  passion,  beaumarch.  i/ari)i>r,  II,  2.  Non, 
le  gain  les  excite  et  l'argent  les  enfièvre,  baruibr, 
ïambes,  Uelpomène,  *. 

—  HIST.  xvr  s.  Selon  les  repies  de  l'art,  à  tout 
danger  qu'on  approche,  il  faut  e.-.tre  quaranie  jours 
en  transe  de  ce  mal  (la  jiesle],  l'iuiagmation  vouj 
exerçant  cependant  à  sa  mode,  et  enfiévrant  vostie 
sanié  mesme,  mont,  iv,  2u8. 

—  ÉTYM.  Jïn  4 ,  et  fièvre. 

ENFILADE  (an-fi-la-d'),  t.  f.  ||  1°  Suite  de  cham- 
bres dont  les  portes  sont  sur  une  même  ligne.  Cette 
pièce  [le  lieu  du  conseil]  est  la  dernière  de  l'eLfi- 
lade,  ST-SIM.  B43,  39.  Ce  domestique  me  fit  traverscx 


138« 


ENF 


une  enflUde  de  .ept  ou  huit  piSces  pavées  d  albâtre, 
lïWOE.  Cv%m.  cfAlfar.  m,    '.  ils  ont  bouché  de 
lotiKues  enfila>lfs  pour  changer  des  portes  mal  si- 
tuées  1.  )■  Bou'S-  "«■'•  ^'-  *»•  Ennuyé  de  sa  magni- 
Ucenco  il  abandonne  ces  vastesenfilades  aux  regards 
des  passants,    et  se  retire  dans  un  étroit  réduit, 
HAn'ioNTEL,  Essai  sur  le  bonh.  OhMvres,  t.  xvii,  p. 
ïon,  d.ins  poucens.  ||  Kn  enfilaJe,  ioc.  odr.  Se  dit 
de  pièces  de  plain-pied  qui  ouvrent  l'une  dans  l'au- 
tre. Plusieurs  pitces  en  enfilade.  ||  2°  l'ar  exten- 
sion, choses  qui  se  suivent  et  s'enchaînent.  Monsei- 
gneur se  mit  à  réciter,  par  amusement,  une  longue 
enfilade  de  noms  bizarres  d'endroits  de  U  forêt  [de 
Kontainelileau],  ST-siM.  209,  65.  Ce  n'est   pas  une 
enfilade  do  slroplie.s  isolées  dont  on  puisse  sans  in- 
convénient anumenler  ou  diminuer  le  nombre,  w- 
DER.  Lett.  à  Caliani.  C'est  de  tout  cela  ensemble 
que  me  vint  celle  enfilade  du  durelés  que  j'essuyai 
de  sa  part,  mabivaux,  Marianne,  part.  2.  H  3°Ternie 
mililaire.  Nom  donné  à  l'action  parsuilede  laquelle 
la  face  ou  le  flanc  d'un  ouvrage  serait  exposé  à  re- 
cevoir, dans  le  sens  de  sa  longueur,  le  feu  de  l'en- 
nemi. Prendre  en  enfilade.  Cette  face  de  la  demi-lune 
est  exposée  à  l'enfilade,  legoarant.  {|  Terme  de  ma- 
rine. Bordée  prenant  le  vaisseau  ennomi  dans  le  sens 
de  sa  longueur.   ||  4°  'ferme  de  tnctiac.  Position 
dans  laquelle  on  est  constamment  battu  par  l'ad- 
versaire, sans  pouvoir  ni  le  battre  ni  même  jouer 
soi-même,  de  sorte  qu'il  prend  de  suite  uu  grand 
nombre  de  trous  et  gagne  souvent  la  partie. 
—  ÉTYM.  Enfiler. 

ENFILÉ,  ÉK  (un-fi-lé,  lée),  part,  passé.  ||  I"  En 
qr.oi  on  a  pas.^é  un  fil.  Une  aiguille  enSlée.  ||  Atta- 
ché avec  un  fil.  On  me  payera  mes  élats  de  perte, 
dûment  cerlifiis,  visés,  enlilés  et  oubliés  dans  vos 
paperasses,  p.  l.  colb.  lett.  i,  82.  ||  Terme  de  bla- 
son. Se  dit  des  pièces  rondes,  telles  que  les  cou- 
ronnes, les  anneleis,  etc.  lorsqu'elles  sont  passées 
dans  des  lances,  dans  des  fasces,  etc.  ||  2"  Percé  de 
part  en  part  par  un  instru-ment  long  et  mince  qu'on 
peut  comparer  à  un  fil.  Enfilé  d'un  coup  d'épée. 
il  3*  Battu  parle  canon  dans  le  sens  de  sa  longueur. 
lia  grande  roule  enfilée  par  l'artillerie  ennemie. 

ENFILER  (an-fi-lé),  v.a.  ||  1°  Passer  un  fil  dans 
le  trou  d'une  aiguille,  d'une  perie,  etc.  Enfiler  une 
aiguille,  un  chapelet.  ||  Kig.  et  familièrement.  Ce 
n'est  pas  pour  enfiler  des  perles,  c'est-à-dire  ce  n'est 
pas  en  vain,  ce  n'est  pas  sans  quelque  motif  caché. 
Est-il  teuips  d'enfiler  des  perles.  Et  d'aller  à  la 
chasse  aux  merles?  scarkon,  Virg.  trav.  iv.  ||  Cela 
ne  s'enfile  pas  comme  des  perles,  se  dit  de  certaines 
choses  qui  sont  plus  difficiles  à  faire  qu'elles  ne  pa- 
raissent. Il  Terme  d'épinglier.  Passer  la  tête  d'une 
épingle  à  l'endroit  où  elle  doit  être  rivée.  ||  2°  Percer 
de  part  en  part.  Macarlney,  qui  lui  servait  de  se- 
cond [<\  Mohun],  enfila  le  duc  d'Hamillon  par  der- 
rière et  s'enfuit,  st-sim.  334,  1 38.  Il  3°  Enfiler  un 
chemin,  une  rue,  s'y  engager.  Vous  enfiliez  tout 
droit,  sans  mon  instruction.  Le  grand  chemin  d'en- 
fer et  de  perdition,  mol.  Éc.  des  femmes,  m,  t. 
Vous  vous  imaginez  bien  qu'au  lieu  de  prendre  la 
route  du  cheval  noir,  nous  enfilâmes  celle  de  la 
mai.son  où  était  Ortiz,  lesage,  GiJ  Blas,  iv,  o. 
Il  Enfiler  la  venelle,  se  sauver  vile.  ||  Absolument. 
Enfiler  à  droite,  à  gauche,  prendre  le  chemin  qui 
est  à  droite,  à  gauche.  ||  Kig.  Heureusement  que 
je  m'aperçus  que  j'enfilais  une  fausse  route  qui 
m'ég.irait  dans  un  labyrinthe  immense,  J.  J.  houss. 
Confess.  VI.  jj  4°  Raconter,  débiter,  yuand  un  plai- 
deur s'en  vient  m'enfiler  son  procès,  Quelque  cause 
aussitôt  m'épargne  un  mal  de  tête,  la  font.  l'Eun. 
V,  2.  Si  le  mari  ne  s'était  fait  connalire,  Elle  en  al- 
lait enfiler  beaucoup  plus;  Courte  n'était,  pour  sûr, 
la  kyrielle ,  id.  Ùari  confess.  Tandis  qu'Êneas 
enfila  Le  discours  civil  que  voilà,  scarron,  Virg. 
traiesti,  iv.  Parlez,  sotte;  enfilez  la  harangue,  th. 
CORN.  Geôlier  Je  soi-même,  iv,  ♦.  Madame  proteste 
qu'elle  n'a  jamais  rien  dit  ni  fait  qui  put  déplaire, 
et  enfile  des  plaintes  et  des  protestations,  st-sim.  94, 
230.  Habiller  la  fable  en  histoire,  El,  causant  tou- 
jours (le  mémoire.  Propos  sur  propos  enfiler.  Vous 
croirez  que  ce  caracti're  Est  facilité  de  parler;  C'est 
impuissance  de  se  taire,  j.  b.  rouss.  Lettres,  1. 1, 
p.  207,  dans  richelet.  X  l'appui  de  ce  mensonge 
j'en  enfilai  cent  autres,  1.  1.  Rouss.  Confess.  m.  Si  je 
t'enfile  encore  celle-là  [cette  histoire),  lu  n'en 
•eras  jamais  quitte,  p.  t.  cour.  Lett.  i,  (58.  ||  5°  Ka- 
milièremcnl.  Kngager  dans  une  partie  de  jeu  désa- 
vantageuse. Un  escroc  l'a  enfilé  dans  un  tripot  et 
lui  a  rail  perdre  du  mille  francs,  jj  Populairement. 
Tromper. enjùler.NoaiUes,  Effial  et  CaniUac avaient 

n^rl  1  fn,""'""  '"'"'"  ^"  '^««^"l  ^  'a  servitude  du 
parlement,  sx-sm.  4b4,  U7.  Le  comte  4  put .  Il 


ENF 

veut  rester;  j'entends....  Suzanne  m'a  trahi.  —  Fi- 
garo :  Je  l'enfile  et  le  paye  en  sa  monnaie,  beadm. 
ilar.  de  Figaro,  m,  t.  ||  6°  Terme  de  trictrac. 
Prendre  de  suite,  et  comme  s'ils  étaient  atta- 
chés ensemble,  un  grand  nombre  de  trous.  Je 
.sais  dans  un  trictrac,  quand  il  faut  un  sonnez.  Glis- 
ser des  dés  heureux,  ou  chargés,  ou  pipés;  Et 
quand  mon  plein  est  fait,  gardant  mes  avantages, 
J'en  substitue  aussi  d'autres  prudents  et  sages,  Qui, 
n'ofi'rant  à  mon  gré  que  des  as  à  tous  coups.  Me 
font  en  un  instant  enfiler  douze  trous,  rkonarb, 
Joueur,  I,  to.  Il  7°  Terme  d'artillerie.  Battre  dans 
le  sens  de  la  longueur.  Le  feu  de  la  place  enfile 
cette  tranchée.  Enfiler  la  face,  le  flanc  d'un  bas- 
lion.  Enfiler  le  chemin  couvert.  ||  Terme  de  marine. 
Tirer  en  enfilade  sur  un  biUiment.  ||  Par  extension. 
Lorsque  ces  combes  se  trouvent  siluées  de  manière 
à  être  enfilées  par  les  vents  froids  et  humides.... 
nuFF.  Exp.  sur  les  véijét.  2"  jii^m.  ||  8°  Donner  sur, 
être  ouvert  sur,  en  parlant  de  communications.  Vis- 
à-vis  les  pieds  du  lit  une  porte,  puis  un  fort  grand 
cabinet  qui  donnait  dans  l'appariement  de  jour  de 
monseigneur  le  duo  do  Bourgogne,  que  cette  porte 
enfilait,  st-sim.  214,  434.  ||  9°  S'enfiler,  v.  réfl. 
fiire  enfilé.  Cela  s'enfile  de  la  sorte.  ||  Se  percer  l'un 
l'autre  d'une  épée,  d'une  arme.  Les  deux  adver- 
saires ,  se  précipitant  l'un  sur  l'autre  ,  se  sont 
enfilés.  Il  Terme  de  jeu.  S'engager  dans  une  mau- 
vaise veine,  s'engager  dans  une  perte  considérable. 
Il  Terme  de  trictrac.  S'enfiler,  se  faire  enfiler,  se 
laisser  enfiler,  disposer  son  jeu  de  telle  sorte  qu'on 
ne  puisse  plus  jouer  soi-même,  et  qu'on  soit  con- 
stamment ballu,  tandis  que  l'adversaire  prend  de 
suite  un  grand  nombre  de  Irons.  11  se  laissait  enfiler, 
qjie   c'était  une   bénédiction,  hamilt.   Gramm,  i. 

—  lllST.  xni'  s.  Nus  [nul]  du  meslier  desus  dit  ne 
puet  ne  ne  doit  nulles  palencstres  eiifiller,  se  elles  ne 
sunt  rondes  et  bien  fourmées,  Liv.  des  mit.  67.  Lors 
trais  une  aguille  d'argent  D'un  aguiUer  mignot  et 
gent.  Si  pris  l'aguille  à  enfiler,  la  Hose,  93.  ||xvi's. 
Par  là  j'eniilay  tout  d'un  train  Virgile  en  l'aeneide 
[je  me  mis  à  l'étude  de  Virgile],  et  puis....  mont. 
1,  t07.  D'enfiler  ici  un  grand  rooUe  de  ceulx  qui.... 
je  n'aurois  jamais  faict,  11).  I,  3oo.  Souvent  ils  en  enfi- 
loient  [d'une  arme]  deux  boucliers  et  deux  hommes 
armez, ID.  i,  3C3.  Aubigné,  estant  entré  dans  Cou- 
tras,  enfila  la  grande  rue,  et  puis  descendit  au  quay, 
d'aub.  Vie,  XVII.  Cependant  que  la  roine  et  le  roi 
de  Navarre  enfiloieiit  un  long  pourparler  avec  le 
prince  et  l'admirai,  lo. //î.>(.  I,  t'io.  Deux  coulevri- 
iiesetdeux  bastardes,  qui  enfiloient  la  courtine  au 
grand  desavantage  des  assiégez,  id.  ib.  l,  230.  Il 
fault  faire  à  .son  ennemy  pont  d'argent  quand  il  en- 
file la  fuicte,  CARL.  VI,  24. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  fil;  bourguig.  anfilU  {H  mouil- 
lées). 

t  ENFILEUR  (an-fi-leur),  s.  m.  \\  1°  Ouvrier  qui 
passe  les  tèies  des  épingles  dans  les  branches. 
Il  î°  Fig.  Celui  qui  eiilile  des  paroles.  Loin  de  ces 
ignobles  zoïles,  De  ces  enfileurs  de  dactyles,  Coifiés 
de  phrases  imbéciles  Et  de  classiques  préjugés, 
GRESSF.T,  Chartreuse.  \\  3°  Populairement. Trompeur, 
enjôleur. 

—  llIST.  XVI"  s.  Enfileur  de  perles  [grand  discou- 
reur], OUDIN,  />i'c(. 

—  ÉTV.M.  Enfiler. 

t  ENFILUUE  (an-fi-lu-r') ,  s.  f.  ||  1°  Action  d'en- 
filer. L'enfilure  des  perles  est  son  occupation.  ||  2°  Fig. 
Suite,  enchaînement. 

—  lllST.  XVI"  s.  C'est  l'enfileure  de  nos  aiguilles 
[aimantées]  suspendues  l'une  de  l'aultre,  mont,  i, 
2CG.  Une  belle  enflleure  de  paroles  courloises,  id.  i, 
202.  Cela  produict,  aprez,  une  enfileure  de  nouvelles 
cruautez,  id.  m,  (17. 

—  ÊTYM.  Enfiler. 

ENFIN  (an-fin),  adv.  ||  1"  Définitivement,  pour 
conclure.  Mais  enfin  que  vous  a-l-il  dit?  Enfin 
vous  l'emportez,  et  la  faveur  du  roi  Vous  élève  en 
un  rang  qui  n'était  dû  qu'à  moi,  corn.  Cid,  I,  3. 
Enfin  pour  son  époux  j'ai  fait  choix  de  Clitandre, 
MOL.  F.  sav.  V,  3.  C'est  un  homme....  qui....  oh!... 
un  homme....  un  homme  enfin  1  id.  Tnrt.  i,  6. 
Enfin  tout  ce  qu'amour  a  de  nœuds  plus  puissants. 
Doux  reproches,  transports  sans  cesse  renaissanis. 
Soin  de  plaire  sans  art,  crainte  toujours  nouvelle. 
Beauté,  gloire,  vertu,  je  trouve  tout  en  elle,  rac. 
Bérin.  il,  2.  Enfin  il  faut  du  sang  pour  hiver  mon 
injuie,  TH.  corn.  Ariane,  iv,  3.  ||  2°  Après  une  al- 
terne. Enfin  je  vous  trouve.  Il  arriva  enfin.  Enfin 
nous  nous  rencontrâmes.  Enfin  Malherbe  vint,  et  le 
premier  eu  France,  Fit  sentir  dans  les  vers  une 
juste  cadence,  uoiL.  Art  p.  i.  Tu  soupires  enfin  et 
semblés  le  troubler,  bac.  Ba/.  a,  4. 


lîNF 

—  SYN.  ENFIN,  X  LA  FIN  ,  FINALEMENT.  Enfin  et  à 

la  fin  offrent  le  même  mot,  l'un  a'  ec  la  préposition 
en,  et  l'autre  avec  la  préposition  i;  ce  qui  ne  fait 
pas  une  sensible  nuance.  Mais  l'un  est  sans  article, 
et  l'autre  a  l'article  défini;  de  sorle  que  enfin  a  une 
signification  plus  étendue  qu'à  la  fin,  l'un  exprimant 
une  fin  générale,  l'autre  une  fin  particulière.  Enfin 
il  le  trouva,  veut  dire  qu'il  le  trouva  après  un  temps 
dont  la  fin  arrive;  à  la  fin  il  le  trouva  veut  diro 
qu'il  le  trouva  après  une  fin  particulière  soit  de  re- 
cherche, soit  d'attente.  Finalement  signifie  d'une 
manière  finale,  pour  terminer  :  ce  qui  le  distingue 
des  deux  précédents,  outre  qu'il  çst  moins  reçu  dans 
le  style  élégant  et  orné.  - 

—  iiiST.  XII"  s.  Ja  [il]  l'eûst  mort  anfin  sans  nul 
rotor,  Tîonc.  p.  (40.  {|  xvi"  s.  Les  laisser  embourber 
et  empestrer  encore  plus  qu'ils  ne  font,  et  si  avant, 
s'il  est  possible,  qu'enfin  ils  se  recognoissent,MONT. 

IV,  56. 

—  KTYM.  En  t,  el  fin,  s.  t. 

ENFLAJIMÉ,  ÉE  (an-fia-mé,  mée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  est  en  flamme.  Vous  que  mon  bras  vengeait 
dans  Lesbos  enfiammée,  rac.  Iphig.  iv,  a.  [Il]  Se 
roule,  et  leur  présente  une  gueule  enflammée  Qui 
les  couvre  de  feu,  de  sang  et  de  fumée,  id.  Phéd, 

V,  C.  Quand,  sur  ton  sommet  enflammé,  Dans  un 
nuage  épais  le  Seigneur  enfermé....  lu.  Athal.  i, 
4.  Anaxagore  avait  dit  que  le  soleil  n'était  qu'une 
pierre  ou  qu'une  lame  de  métal  enflammée;  il  fallait 
le  condamner  comme  physicien;  on  l'accusa  d'im- 
piélé,  iiARTiiÉL.  Anach.  ch.  79.  Près  d'un  chêne  en- 
fianimé  devant  mo;  se  présentent  Trois  femmes.... 
uucis,  ilacbethyU,  G.  ||  Poétiquement.  Où  reluisent 
les  fiammes.  Ces  flambeaux,  ce  bûcher,  cette  nuit 
enflammée,  rac.  Bér.  i,  5.  ||  2°  Oui  est  d'une  rou- 
geur comme  de  fiamme.  Elle  se  sauve  dans  les  bras 
de  sa  mère  et  cache  dans  ce  sein  malernel  son  vi- 
sage enllammé  de  honte,  j.  ).  rouss.  Ém.  v.  Le  lion 
hérisse  sa  crinière,  me  montre  ses  dents  et  ses 
griffes,  ouvre  une  gueule  sèche  et  enflammée, 
FÉNEL.  Tél.  II.  De  ses  yeux  enflammés  j'ai  vu  tom- 
ber des  pleurs,  VOLT.  Tancr.  v,  (.||  3"  Kig.  Qui  est 
en  proie  à  une  passion  comparée  à  la  flamme.  Tous 
pour  Aristie  enflammés  de  vengeance,  corn.  Sert. 
v,  6.  Enflammé  de  courroux  D'avoir  perdu  mon 
maître  et  de  craindre  pour  vous,  id.  Nicom.  i,  l. 
Lorsque  le  roi  cuntro  elle  enflammé  de  dépit,  bac. 
Eslh.  i,  (.  Toujours  du  même  amour  tu  me  vois 
enflammé,  id.  itithr.n,  3.  ||  Il  se  dit  aussi  d'une 
passion  marquée  dans  le  regard,  dans  les  sou- 
pirs, etc.  [Agrippine]  ....d'un  œil  enflammé  Atteste 
les  saints  droits  d'un  nœud  qu'elle  a  formé,  bac. 
Ilrit.  H,  2.  Madame,  doutez-vous  des  soupirs  en- 
flammés De  deux  jeunes  amants  l'un  de  l'autre 
charmés?  id.  Daj.  m,  2.  ||  Courroux  enflammé, 
courroux  ardent  comme  une  flamme.  Hé  quoi!  ce 
courroux  enflammé  Contre  un  ingrat....  bac.  Andr. 
m,  t.  Voy.  E.\iBHASiî  pour  un  emploi  semblable. 
Il  4"  En  proie  au  mécontentement  politique,  sou- 
levé. l.a  Bretagne  est  plus  enflammée  que  jamais; 
Mme  de  Chaulnes  n'est  pas  prisonnière  en  forme, 
mais  une  de  ses  amies  voudrait  de  tout  son  cœur 
qu'elle  ne  fût  pas  à  Kennes  ,  SÉV.  Lettre  du  26 
juillet  (075.  Il  5' Terme  de  médecine.  Offrant  les 
caractères  de  l'inflammation.  La  plèvre  enflam- 
mée. 

t  ENFLAMME.tlENT  (an-fla-me-man),j.  m. L'état 
de  ce  qui  est  enflammé. 

—  iiiST.  XII"  s.  Por  le  grant  enflamement  de  sa 
pensée,  ilacliab.  ii,  5. 

—  ÉTYM.  Enflammer. 

ENFLAMSIEU  (an-fla-mé),  v.  a.  \[  1"  Mettre  en 
feu,  en  flammes.  Il  ne  faut  souvent  qu'une  étincelle 
pour  tout  enflammer.  Ah  I  quels  coups  de  tonnerre 
Ont  enflammé  le  ciel  el  font  trembler  la  terre  !  voLT. 
Sémiram.  v,  6.  ||  2"'  Fig.  Exciter  comme  une  flamme 
dans  le  cœur,  dans  l'Ame.  L'homme  est  ainsi  bâti  : 
iiuand  un  sujet  l'enflamme,  L'impossibililé  disparaît 
à  son  âme,  la  font.  Fabl.  viii,  25.  Je  sais  combien 
est  pur  le  zèle  qui  t'enflamme,  rac.  Eslh.  il,  5.  Du 
zèle  qui  pour  toi  l'enflamme  et  le  dévore,  id.  ib, 
Prol.  Surtout  de  mon  aïeul  et  l'exemple  el  la  gloire 
M'enflamme  à  tout  moment  et  remplit  ma  mémoire, 
CAMPisThON, /tndronic.  i,  8.  Cette  ànie qu'enflammait 
un  courage  intrépide,  volt.  Tancr.  v,  «.  Le  courroux 
qui  l'aigrit,  le  poison  qui  l'enflamme,  id.  Brut,  i,  ♦. 
J'enflammerai  son  jeune  cœurde  tous  les  sentimenu 
d'à  mille,  de  générosité,  de  reconnaissance  que  j'ai  dé- 
jà fait  nalire  et  qui  sont  si  doux  à  nourrir,  j.  j.  BOUSS. 
Ém.iv.  Aristole  éclairait  son  esprit,  l'ialon  enllam- 
maitson.lmejBARTnÊL.X'iac/iarîti.ch.  26.  Des  fureurs 
du  désir  son  sang  est  allumé,  La  couronne  l'ea- 
I  flamme  et  le  charme  est  lormé,  bLOS,  J/a.'ton,iii , 


ENF 

3.  Il  II  se  dit  aussi  des  passions  qui  brûlent  et  em- 
portent. L'opiniâtreté  des  habitants  enflamma  sa  co- 
lère,vaugel.  Q.  C.  1.  vu,  dans  riciielet.  Ahl  que 
vous  enflammez  mon  désir  curieux  !  rac.  Eslh. 
Il,  7.  Il  3°  Faire  naître  la  passion  de  l'amour.  Un 
doux  regard  a  surfi  pour  l'enflammer.  Non,  ce  n'est 
ni  par  choix  ni  par  raison  d'aimer  Qu'en  voyant  ce  qui 
plaît  on  se  laisse  enflammer,  th.  corn.  Ariane,  i,l. 
Il  4°  Terme  de  médecine.  Causer  l'inflammation. 
Une  piqilre  lui  enflamma  le  doigt.  L'arsenic  en- 
flamme l'estomac.  ||  Fig.  Les  veilles  enflamment  le 
sang.  Il  5°  S'enflammer,  v.  réfl.  Prendre  feu.  Ce  bois 
s'enflamme  facilement.  ||  Fig.  Que  la  guerre  s'en- 
flamme et  jamais  ne  finisse.  S'il  faut,  avec  la  paix, 
recevoirPclynice.RAC.  Théb.  iv,  <.  ||  6"  Se  passionner, 
s'animer,  s'emporter.  Cet  homme  s'enflamme  facile- 
ment. Ils  s'enflamment  de  l'amour  de  la  gloire,  l'Ê.N. 
Ttl.  XIV.  Fiesque  aisément  s'enflamme  aux  mer- 
veilles des  arts,  ancklot,  Fiesque,  m,  3.  ||  Il  se  dit 
aussi  de  passions  qui  éclatent  dans  les  yeux,  dans  le 
gang,  etc.  Vous  eussiez  vu  leurs  yeux  s'enllammer 
de  colère,  corm.  Cinna,  i,  3.  Tout  mon  sang  de  co- 
lère et  de  honte  s'enflamme,  rac.  Lsilc.  m,  4. 
Il  7°  Être  saisi  du  sentiment  de  l'amour.  C'est  le  sort 
de  mon  sang  de  s'enflammer  pour  vous,  olin'ault. 
Thés.  V,  6.  Il  8°  Terme  de  médecine.  Prendre  les  ca- 
ractères de  l'inflammation.  Le  poumon  s'enflamma. 

—  IllST.  xii*  s.  Kar  enflammez  est  li  miens  cuers, 
Liber  psalm.  p.  07.  Ses  blanches  mains,  ses  doigts 
Ions  et  tretis.  Qui  font  l'amor  enflamer  et  espren- 
dre,  Couci,  v.  Quant  veit  li  reis  Henris  que  veincre 
nel  purra,  Mult  durement  vers  lui  en  ire  s'enflamba, 
Th.  le  mart.  38.  ||  xm"  s.  Lors  envolas  tu  à  la  table  La 
toe  [ta]  grâce  esperitable  Dou  Saint  Esperitenflamée, 
Que  tant  fu  joie  et  amée,  huteb.  ii,  22.  ||  xV  s. 
Moyses  sy  vit  un  buisson  Tout  enl'rambé  sans  nulle 
arsure,  ilart.  de  St  Et.  Ce  fut  une  chose  qui  moult 
enflamma  ceux  de  Gand,  froiss.  i,  l,  245.  Grands 
et  puissans  royaumes,  qui  peu  auparavant  esloient 
si  enllambez  l'un  contre  l'autre,  et  tant  empeschez 
à  se  tourmenter,  comm.  viii,  \T.  ||  xvi"  s.  Luy  seul 
estoit  cause  de  tous  ces  maulx,  ayant  allumé  et  en- 
flammé ceste  guerre,  amyot,  Agiisil.  BO.  Vostre  coeur 
soilà  présent  destourné  et  aliéné  de  nous,  j'adjouste 
mesme  enflamhé;  toutesfois....  calv.  Inst.  Déclic. 

—  Ety.m.  Picard,  enftamber;  provenç.  enflamar  ; 
espagn.  inflamar  ;  ital.  infiamniare;  du  lat.  inflam- 
rnare,  de  in,  en,  et  Panmia,  flamme.  F.nflamher 
est  le  même  mot,  avec  l'interposition  d'un  b  appelé 
par  m. 

f  ENFLE  (an-fl'),  j.  m.  Jeu  de  cartes  qui  se  joue  avec 
un  jeu  complet  etun  nombre  indélerminéde joueurs. 
ENFLÉ,  ÉF,  (an-flé,  flée),  yart.  passé.  ||  1°  Qui  est 
devenu  plus  volumineux  qu'il  n'était.  Il  a  le  corps 
tout  enflé.  Son  pied  est  enflé  d'une  entorse.  J'ai  la 
tête  plus  groFse  que  le  poing,  et  si  n'est-elle  pas  en- 
flée, MOL.  Bourg,  gent.  m,  B.  ||  Être  enflé,  être  hy- 
dropique. Il  Par  extension.  IJne   puissance  qui    est 
d'accident,  qui  ne  peut  pas  durer,  qui  n'est  pas  na- 
turelle,  et  qui  est  plutôt  enflée  qu'agrandie,  mon- 
TESQ.  Rom.  18.  Il  Substantivement.  Un  gros  homme. 
C'est  ce  gros  enflé  de  conseiller,  beaumarcii.  lUar. 
de  Fig.  lu,  <6.  ||  Dans  les  parades  et  dans  un  langage 
trés-trivial.  Hé  l'enflé!  en  appelant  un  gros  homme 
dont  on  ne  sait  pas  le  nom.  ||  2°  Qui  a  été  grossi  par 
insufflation.  Un  ballon  enflé.  1|  Être  enflé  comme  un 
ballon,  être  tiès-enflé;   et  fig.  avoir  un  orgueil  ex- 
cessif. ||  3°  i  qui   la  confiance,   le  courage,  la  pré- 
somption ont  crû.  Et  ces  grands  cœurs  enflés  du 
bruit  d*  leurs  combats,  corn.  Nie.  ii,  t.  Enflé  de 
sa  victoire  et  des  ressentiments  Qu'une  perle  pa- 
reille  imprime  aux  vrais  amants,  id.   jPomp.  ii,  4. 
I       Cet  orgupiUeux  esprit  enflé  de  ses  succès,  id.  Nie. 
'       II,  4.  Kt  quand  je  puis  venir,  enflé  d'une  nouvelle. 
Donner  à  son   repos  une  atteinte   mortelle,  C'est 
I       lors  que  plus  il  m'aime,    mol.   D.  Garcie,   il,   l.Il 
'      le  voyait  enllé  d'orgueil  par  sa  qualité  de....  pasc. 
'       Prov.  tl.  Ce  vainqueur,   enflé  de  ses  titres,  tom- 
[       bera  lui-même  à  son  tour  entre   les   mains   de   la 
,      mort,  uoss.  Dudi.  d'Orl.  Enflés  d'une  si  belle  ori- 
/       gine,  ils  se  croyaient  saints   par  nature  et  non  par 
'       grSce,    ID.  His(.  u,   B.  Cependant,  à  les  voir  enflés 
de  tant  d'audace,  Se  promettre  en  leur  nom  les  fa- 
vei.us  du  Parnasse....  BoiL.  Disc,  aurai.  Maiscroyez- 
I       vous  qu'un   prince  enflé  de  tant  d'audace....   rac. 
1        Alex.  I,  2.  Il  est  enflé  de  sa  victoire,  bÉN.  Tél.  xiii. 
Il  4'  Grossi.    Un  compte  enflé.  Un   son  enflé.  ||  Par 
extension.  On  se  persuade....  que  nos  faihles  efforts 
enflés  (le  nos  titres  et  de  nos  dignités  ont  le  môme 
poids  dans  la  balance  du  souverain  juge  que  les  jus- 
lices  les  plus  abondantes,   mass.  l'anég.   St  Louis. 
Il  5»  Quia  de  l'emphase.  Le  défaut  du  style  enflé, 
t'est  do  vouloir  aller  au  delà  du  grand,  boil.  Longin, 


ENF 

Sublime,  chap.  2.  Il  [ClaudienJ  a  trop  de  saillies  de 
jeunesse,  et  est  trop  enflé,  rollin,  Hist.  anc.  liv. 
XXV,  oh.  I,  art.  2,  §  3,  Quand  le  style  des  lois  est 
enflé,  on  ne  les  regarde  que  comme  un  ouvrage 
d'ostentation,  montesq.  Espr.  xxix,  lo.  ||  Substanti- 
vement. Je  hais  également  le  boufl'on  et  l'enflé, 
PASc.  dans  cousin. 

—  SYN.  1°  ENFL13,  gonflé.  Enfler  c'est  tn-/îarp; 
gonfler,  c'est  con-flare;  ces  deux  mots  ont  donc  le 
même  radical,  ftare,  souffler,  avec  un  préfixe  dif- 
férent. Au  propre,  la  nuance  n'est  pas  saisissable;  on 
enfle  ou  on  gonfle  un  ballon;  le  pied  foulé  enfla  ou 
se  gonfla.  Au  figuré,  on  dit  enflé  d'orgueil  ou  gonflé 
d'orgueil,  sans  différence  notable.  Mais,  quand  on 
dit  enflé  par  ce  .succès,  ou  gonflé  par  ce  succès,  une 
différence  devient  visible  :  enflé  jiar  ce  succès,  si- 
gnifie que  le  courage,  la  confiance  ont  crû;  gon- 
flé par  ce  succès  signifie  que  ce  qui  a  c:û,  c'est  l'or- 
gueil, la  vanité.  ||  2°  enflé,  boursouflé,  en  parlant 
du  style.  Le  style  enflé  est  celui  qui,  comme  dit 
Longin,  va  au  delà  du  grand;  le  style  boursouflé 
enchérit  encore  sur  l'enflure,  et  manque  d'une  cer- 
taine dignité  que  le  style  enflé  ne  perd  pas. 

t  ENFLE-BOEUF  {an-fle-beuf),î.  m.  Carabe  doré, 
sorte  d'insecte. 

—  ÉTYM.  Ainsi  dit,  parce  qu'on  croyait  à  tort  que 
sa  piqûre  fait  enfler  les  bœufs. 

t  ENFLÊCUEK  (an-flé-ché),  v.  n.  Terme  de  ma- 
rine. Monter  aux  mâts,  aux  hunes,  en  s'élançant 
sur  des  cordages  appelés  enfléchures;  disposer  ces 
enfléchures. 

t  ENFLÉCllURE  (an-flé-chu-r') ,  i.  f.  Terme  de 
marine.  Cordages  qui  servent  d'échelons  pour  mon- 
ter d'un  liauban  à  l'autre. 

t  ENFLEMENT.  (an-fle-man),  s.  m.  État  d'une 
chose  enflée. 

—  llIST.  XVI*  s.  Enflement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Enfler;  provenç.  enflament,  eflamen. 
ENFLER  (an-flé),  V.  a.   ||   1°  Remplir  de  souffle, 

d'air.  Viendrai-je,  en  une  églogue  entouré  de  trou- 
peaux. Au  milieu  de  Paris  enfler  mes  chalumeaux? 
BOIL.  Sat.  IX.  Il  Grossir,  en  remplissant  d'air,  de 
gaz.  Enfler  un  ballon.  Enfler  ses  joues.  De  tels 
bienfaits  enflent  la  boucbe  de  la  renommée,  volt. 
Leit.  à  Catlier.  ta.  \\  Le  vent  enfle  les  voiles,  il 
les  rend  tendues  parle  souffle.  Le  génie  qui  m'in- 
spirait m'abandoima;  mon  esprit  et  mon  âme  tom- 
bèrent languissants  comme  les  voiles  d'un  navire 
auquel  tout  à  coup  manque  le  vent  qui  les  enflait, 
marmontel,  ilém.  m.  11  voit  les  passions,  sur  une 
onde  incertaine,  De  leur  souffle  orageux  enfler  la 
voile  humaine,  lamawt.  iléd.n,  (3.  ||  Fig.  Enfler  les 
voiles,  se  dit  de  ce  qui  favorise,  fait  avancer. Le  vent 
de  la  faveur  enflait  leurs  voiles.  ||  Grossir  en  rem- 
plissant d'un  liquide.  L'eau  enfle  le  ventre  d'un  hy- 
dropique. Les  efforts  que  le  petit  homme  avait  faits 
pour  tirer  son  pied  hors  du  pot  l'avaient  enflé, 
scARRON,  Roman  com.  part.  Il,  ch.  8.  Tes  prés  [de 
la  France]  enflent  de  lait  la  féconde  génisse,  a. 
CHÉN.  Hymne  à  la  France.  \\  2°  Fig.  Faire  paraître 
plus  grand  par  une  sorte  d'enflure.  Bien  différent 
de  ceux  qui  rassemblent  le  plus  de  titres  qu'ils 
peuvent  et  qui  croient  augmenter  leur  mérite  à  force 
d'enfler  leur  nom  ,  fonten.  Ilartsoeker.  Aussi- 
tôt.... tu  verras  poêles,  orateurs..,.  De  tes  titres, 
pompeux  enfler  leurs  dédicaces,  boil.  Sat.  viu. 
Il  3°  Enfler  la  voix,  un  son,  les  renforcer.  Chasseur, 
tu  rapportes  ta  bête.  Et  de  ton  cor  enfles  le  son,  bé- 
rang.  D.  chasse.  ||  4°  Augmenter  par  l'afflux  d'un  li- 
quide. Les  pluies  ont  enflé  la  rivière.  ||  Fig.  De  mille 
exploits  fameux  enfler  ma  renommée,  corn,  le  lient, 
i,  3.  Qu'importe  de  mon  coeur,  si  je  suis  mon  devoir, 
Et  si  mon  hyménée  enfle  votre  pouvoir?  ID.  Serlor. 
I,  3.  Dès  l'abord  il  sut  vaincre,  et  j'ai  vu  la  victoire 
Enfler  de  jour  en  jour  sa  puissance  et  sa  gloire,  id. 
ib.  V,  t.  Ma  voix,  depuis  dix  ans  qu'il  commande  une 
armée,  A-t-elle  refusé  d'enfler  sa  renommée?  id.  A'i- 
com.  IV,  2.  Nous  avons  beau  enfler  nos  conceptions, 
nous  n'enfantons  que  des  atomes,  pasc.  dans  cou- 
sin. La  pluralité  des  titres  que  vous  possédez  et  qui 
enflent  si  fort  votre  revenu,  mass.  Confér.  Reven. 
ecclésiast.  ||  5°  Exagérer,  surfaire.  Enfler  la  dépense. 
On  leur  exagère  toujours  les  inconvénients  d'un 
état  où  l'intérêt  d'une  maison  ne  les  demande  pas; 
on  leur  enfle  les  avantages  et  les  agréments  de  celui 
auquel  on  les  destine,  mass.  Car.  Vocal.  Pas  davan- 
tage, suivant  notre  calcul,  que  j'ai  un  peu  enflé, 
VOLT.  L'homme  au  40  écus.  Entretien  avec  un  géo- 
mètre. Il  y  a  apparence  que  ce  prince  [l'empereur 
Macrin)  enflait  les  choses,  uontesq.  Rom.  10. 
M.  Adam  ignorait  et  cachait  .son  mérite  avec  le 
même  soin  que  tant  d'autres  se  donnent  pour  étaler 
et  pour  enfler  le  leur,  d'alembekt,  Éloges,  Jacq. 


ENF 


1389 


Adam.  On  ne  m'accusera  pas  d'enfler  mes  mémoire», 
PICARD,  Duhaulcours,  i,  5.  ||  Terme  de  pratique. 
Enfler  le  cahier,  les  rôles,  y  mettre  des  choses  inu- 
tiles, afin  de  les  allonger  et  de  se  faire  payer  plus 
cher.  Il  6°  Donner  plus  de  force  à  certains  sentiments. 
Ses  satrapes  enflaient  ses  espérances,  vaucel.  Q.  C. 
liv.  m,  dans  riciielet.  Cela  enfle  le  courage  des 
Tyriens,  id.  ib.  iv,  dans  riche;  et.  Ne  porter  qu'ua 
faux  jour  dans  son  obscurité.  C'était  de  ce  prodige 
enfler  la  cruauté,  corn.  Œdipe,  i,  4.  Non,  j'ai 
peint  votre  cœur  dans  une  indifférence  Qui  n'enflj 
d'aucun  d'eux,   ni  n'abat  l'espérance  ,  id.   Cid,  i, 

I.  L'orgueil  de  ma  naissance  enfle  encor  mon  coi:- 
rage,  id.  Rodog.  iv,  l.  [11]  Enfla  l'avidité  de  mes 
ressentiments,  ID.  Attila,  v,  4.  ||  Inspirer  de  l'or- 
gueil, de  la  confiance,  de  la  iirésomption.  Ce  nou- 
vel éclat  de  votre  dignité  Lui  doit  enfler  le  cceur 
d'une  autre  vanité,  corn.  Cid,  i,  7.  La  gloire  de  ce 
choix  m'enfle  d'un  juste  orgueil,  id.  Ilor.  u,  4. 
Quand  la  gloire  nous  enfle,  il  sait  bien  comme  il 
faut  Confondre  notre  orgueil  qui  s'élève  trop  haut, 
iD.  ib.v.  1.  Cette  haute  vertu  dont  le  ciel  et  le 
sang  Enflent  toujours  les  cœurs  de  ceux  de  notre 
rang,  id.  l'omp.  i,  s.  Les  bons  succès  nous  enflent, 
FLÉcn.  Dauph.  Les  richesses  qu'ils  ont  acquises  par 
le  commerce  et  la  force  de  l'imprenable  ville  de  Tyr, 
située  dans  la  mer,  avaient  enflé  le  cœur  de  ces 
peuples,  FÉNEL.  Tél.  il.  Les  sciences  nous  enflent, 
l'ignorance  nous  égare,  mass.  Carême,  Prière  2. 
Il  Absolument.  Vous  allez  donc  voir....  la  force  con- 
fondue par  la  faiblesse,  la  science  qui  enfle  céder  à 
la  simplicité  qui  édifie,  mass.  Panég.  St  Franc,  de 
P.  Il  7"  Enfler  son  style,  écrire  d'une  manière  am- 
poulée. Il  8»  Terme  d'orfèvrerie.  Agrandir  au  mar- 
teau, sur  la  bigorne,  les  parties  inférieures  des 
pièces  d'argenterie  qui  doivent  former  le  ventre, 
comme  aux  pots  à  l'eau,  aux  cafetières.  ||  9"  V.  n. 
Devenir  plus  gros.  Avec  de  l'eau  bouilU.nte  on  fait 
enfler  l'orge  d'un  tiers.  Le  bras  piqué  enflait  à  vue 
d'œil.  Sa  gorge  enfle,  et  du  sang  dont  le  cours  s'é- 
paissit Le  passage  se  ferme  ou  du  moins  s'étrécit, 
CORN.  Attila,  V,  B.  Mais  qui  fait  enfler  la  Sambra 
Sous  les  jumeaux  effrayés?  boil.  Ode  i.  ||  Le  lait 
enfle,  il  se  soulève  par  l'action  de  la  chaleur. 
Il  10' S'enfler,  v.réfl.  Devenir  enflé.  Le  ballon  s'enfla 
lentement.  Une  grenouille  vit  un  bœuf  Qui  lui  sembla 
de  belle  taille;  Elle  qui  n'était  pas  grosse  en  tout 
comme  un  œuf.  Envieuse,  s'étend,  et  s'enfle  et  se 
travaille,  LA  font.  Fnhl.  i,  3.  U  y  a  dans  l'esprit 
comme  un  levain  d'orgueil  qui  s'enfle  et  se  dilate 
par  la  science,  flécii.  Panég.  n,  233.  Les  voiles 
s'enflent  d'un  vent  favorable,  fén.  Tél.  xiv.  ||  Deve- 
nir tuméfié.  U  se  donna  une  entorse,  et  son  pied 
s'enfla  beaucoup.  Cette  gorge  qui  s'enfle,  corn,  ito- 
dog.  V,  4.  Il  Être  soulevé.  L'onde  s'enfle  dessous 
[les  vaisseaux],  et  d'un  commun  en"ort  Les  Maures 
et  la  mer  montent  jusques  au  port,  corn.  Cid, 
IV,  3.  Il  Devenir  plus  gros,  plus  ample.  Par  qui 
le  monde  entier....  L'a  vu  [le  peuple  de  BomeJ 
cent  fois  marcher  sur  la  tête  des  rois.  Son  épargne 
s'enfler  du  sac  de  leurs  provinces,  corn.  Cinna, 

II,  1.  Leur  trésor  n'a  pas  besoin  de  s'enfler  des 
faibles  débris  d'une  famille  malheureuse ,  volt. 
Louis  XV,  42.  Tout  à  coup  la  flamme  en.gour- 
die  S'enfle,  déborde;  et  l'incendie  Embrase  un  im- 
mense horizon,  lamart.  Médit,  ii,  fi.  ||  11°  S'en- 
orgueillir. Voyez  comme  elle  s'enfle  et  d'orgueil  et 
d'audace,  CORN.  Ilédée,  ii,  s.  Certes,  si  je  m'enflais 
de  ces  vaines  fumées  Dont  on  voit  à  la  cour  tant 
d'âmes  si  charmées,  id.  Théod.i,  i.  Que  verraient' 
ils  en  eux  qu'ils  pussent  estimer,  S'ils  voyaient  de- 
vant toi  ce  qu'est  leur  chair  fragile?  Comment  souf- 
friraient-ils qu'une  masse  d'argile  S'enflât  contre  la 
main  qui  vient  de  la  former?  id.  Imit.  m,  14.  Ne 
vous  enflez  donc  pas  d'une  si  grande  gloire,  mol. 
Mis.  m,  0.  Le  zèle  qui  prend  sa  source  dans  la  cha- 
rité, c'est  un  zèle  doux  et  patient  :  il  ne  s'irrite 
point,  il  ne  s'enfle  point,  mass.  Confér.  Zèle  p.  le 
sal.  des  âmes.  Nous  autres  juges,  [nous]  ne  nous 
enflons  pas  d'une  vaine  science,  montesq.  Lett. 
pers.  08.  11  était  impossible  que  la  plupart  des  jé- 
suites ne  s'enflassent  du  vent  de  ces  deux  hommes 
[le  P.  de  la  Chai.se  et  le  P.  le  Tellier],  et  qu'ils 
ne  fussent  aussi  insolents  que  les  laquais  du  mar- 
quis de  Louvois,  von.  Dict.  phil.  Jésuites.  ||  Être 
exagéré.  Il  y  a  tant  d'hommes  naturellement  outrés 
et  dans  la  bouche  de.squels  tout  s'enfle,  tout  grossit, 
tout  sort  do  la  vérité  simple  et  naturelle,  mass.  Car. 
Vard.  des  off.  ||  Prendre  un  ton,  un  style  ampoulé. 
Un  poêle  s'enfle,  se  guindé.  Et  se  croit  au  sommet 
du  Pinde  Pour  de  grands  mots  vides  de  sens,  la- 
motte.  Odes,  1. 1,  p.  421,  dans  pougens. 

—  lilST.  XII' s.  Mezine  médecine]  ki  aeichet  les 


■ 


1390 


ENF 


«nnéet  choMs,  Job,  p.  507.  [Do  peur]  ke  la  science, 
eani  de  coiioist  et  n'aimel  inie,  nendel,  .6.  443. 
Il  ol  onné  le  vis  et  le  menton,  Honc.  p.  luo  Un  des 
convcrs  a»  monies  [chez  les  moines]  (ne  le  m  unt 
pas  nummÉ)  Oui  mult  esté  grevé  de  granteiifermelé, 
E  oui  d'idropisie  le  ventre  mult  enflé.  Th.  le  mart. 
94  II  XIII"  s.  Se  la  mers  est  en  liée  ou  coie  [paisible], 
Jane  sera  qu'on  ne  la  voie  [l'éloile  polaire] ,  lais 
inédils ,  p.  III.  Li  rois  Ricars  et  moult  le  cueur 
enflé  [jaloux]  dou  roi  Philippe,  qui  avoit  l'honneur 
d'Acre,  Chron.  de  liains,  p.  42.  Dans  Pieres,  li 
hermites  seoit  devant  son  trô  [tente],  Li  rois  Ta- 
fursi  vint,  et  moult  de  son  bariié  [de  ses  barons], 
Plus  en  i  et  de  mil  qui  sont  de  faim  enflé ,  Ch.  d'Ant. 
V,  0.  Science,  quand  elle  enfle,  est  chose  si  par- 
verse.  Qu'elle  envenime  tout,  se  la  boe  n'est  terse 
[essuyée],  J.  de  meung.  Test.  (044.  Quant  je  vien 
à  mon  esté  [logis] ,  Et  ma  feme  a  regardé  Derier  moi 
le  sac  enflé,  colin  ml'skt,  dans  Ilist.  litlér.  de  la 
Fr.  l.  xxiii,  p.  668.  Il  XIV'  s.  Le  cuer  enflé  à  mal 
faire  et  dire,  Ménagier,  i,  .t.  Et  celle  lui  ala  son 
amour  présenter, Tant  qu'elle  fucnchainte  [enceinte], 
qu'elle  prist  à  entier,  Batid.  de  Seb.  vi,  293.  Ijxvs. 
Si  ils  [les  Parisiens]  fussent  venus  servir  le  roi  au 
point  où  ils  sont  quand  il  alla  en  Flandre,  ils  eus- 
sent mieux  fait;  mais  ils  n'en  avoient  pas  la  teste 
enflée,  froiss.ii,  ii,  206.  Et  tous  jours  depuis  com- 
mença la  chose  à  enfler  entre  les  dicls  deux  ducs, 
FENiii,  4*10.  Il  XVI'  s.  [Depuis  Ronsard,  etc.]  je  ne 
vois  si  petit  apprenti  qui  n'enfle  des  mots,  qui  ne 
ronge  des  cadences  à,  peu  prez  comme  eulx,  mont. 
i,  mu.  Il  trouva  la  rivière  si  enflée  et  courant  si 
roide  qu'il  ne  s'osa  approcher  du  fil  de  l'eau,  amïot, 
Rom.  4.  Les  prosperitez  enflent  et  élèvent  le  cueur 
à  ceux  mesmes  qui  l'ont  petit  de  leur  nature,  iD. 
Euméncs,  47.  Ce  Valinius  avoit  des  escrouelles  au 
long  du  col,  à  raison  de  quoy  Ciccron,  l'ayant  un 
jour  ouy plaider,  l'appella  orateur  enflé,  ID.  Cicéron, 
32.  Gabinius  eut  peur  de  se  mettre  sur  la  mer  qui 
estoit  desja  enflée,  à  cause  que  c'estoit  la  saison 
d'hyver,  id.  Anton.  40.11  dit  à  ceux-là,  que,  s'il  ne 
pouvoit  leur  enfler  le  cœur  avec  des  démentis,  il 
leur  enfleroit  le  visage  par  des  soufflets,  d'aub.V'i*, 
Lxix.  Dès  lors  Maurice  enfloit  ses  troupes  au  lieu  de 
les  congédier,  id.  Uist.  i,  45. 

—  ÊTYM.  Provenç.  enflar,  eflar,  uflar;  espagn.  in- 
/îar;ital.  tn/iare;du  latin  tn/îar« ,  de  in,  en,  et/Jarc, 
souffler. 

t  ENFLEURAGE  (an-fleu-ra-j'),  s.  m.  Action  d'en- 
fleurer. 

t  ENFLECBER  (an-fleu-ré),  V.  a.  Terme  de  par- 
fumerie. Charger  une  huile  de  l'odeur  de  certaines 
fleurs;  ce  qui  se  pratique  ainsi  :  on  forme  des  ma- 
telas d'ouate  imprégnée  d'huile  d'olive  ;  on  place 
entre  deux  de  ces  matelas  une  couche  de  violettes, 
par  exeriiple,  ou  d'œillets;  l'huile  dissout  leur  huile 
essentielle,  et,  quand  eUe  est  épuisée,  on  remplace 
les  fleurs  par  de  nouvelles  jusqu'à  ce  que  l'huile 
soit  saturée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Lors  de  bouquets  enfleura  ses 
cheveux,    am.   jauin.    Fouies,    f°   448,  dans  la- 

CUHNE. 

—  ETYM.  En  t ,  et  fleur. 

E^VLURE  (an-flu-r'),  s.  f.  \\  1°  Ëtat  do  ce  qui  est 
enflé.  L'enflure  des  membres  suivit  rapidement  la 
piqûre  de  la  vipère.  Elle  avait  une  si  grosse  enflure 

à  l'oreille  que....  sÉv.   644 Un  jeune  étourdi 

bouffi  de  vanité.  Qui  cache  dans  le  faste  et  sous  l'é- 
norme enflure  D'une  grosse  perruque  et  d'uue  gar- 
niture Le  plus  badin  marquis  qui  vit  jamais  le  jour, 
QUiNAULT,  Hère  coquette,  i,  2.  Tâchez  donc  deve- 
nir à  bout  de  cette  enflure  au  cou;  pour  moi,  je  suis 
bien  loin  d'avoir  des  enflures,  je  diminue  à  vue 
d'oeil,  et  je  serai  hientût  réduit  à  rien,  volt.  Lett. 
Damilaville,  30  oct.  4707,  ||  Kig.  Il  ne  faut  pas 
guinder  l'esprit;  les  manières  tendues  et  pénibles 
le  remjilissent  d'une  sotte  présomption  par  une  élé- 
vation étrangère  et  par  une  enflure  vaine  et  ridi- 
cule au  lieu  d'une  nourriture  solide  et  vigoureuse, 
PASC.  De  l'esprit  géotn.  ii.||  Terme  de  vénerie.  La 
première  poussée  du  bois  des  chevreuils,  ce  qu'on 
nomme  meule  ou  bosse  chez  les  cerfs.  ||  2°  Fig.  Vaine 
présomption  de  soi-même.  Sévérilé  d'autant  plus 
chrétienne ,  et  par  conséquent  d'autant  plus  agréable 
à  Dieu,  qu'elle  humilie  plus  l'homme  et  qu'elle  ra- 
baisse plus  les  enflures  de  son  orgueil,  louuual. 
»•  dim.  après  la  Pentecôte,  Doviinic.  t.  ii ,  p.  ;i46, 
dans  pouGENS.  Ceux  qui  doivent  leur  enflure  à  l'auto- 
rité où  ils  sont  établis,  la  bhuy.  xii.  ||  L'enflure  du 
cCBur,  même  sous.  L'orgueil  est  une  enflure  du  coeur 
par  laquelle  l'homme  s'étend  et  se  grossit  en  quelque 
sorte  en  lui-môme  et  rehausse  son  idée  par  celle  de 
»«ce  d«  grandeur  et  d'excellence,  nicole    Ess.  de 


ENF 

mor.  i"  traité,  chap.  4.  11  faut  piquer  cette  enflure 
pour  en  faire  sortir  le  vent  qui  la  cause,  id.  ib, 
ch.  2.  J'ai  été  blessée,  comme  vous,  de  l'enflure  du 
cccur,  ce  mot  d'enflure  medéplall;et  pour  le  reste  ne 
vous  avais-je  pas  dit  que  c'était  [les  Essais  de  morale 
de  Nicole]  de  la  même  étoffe  que  Pascal?  sÉv.  77.  Je 
poursuis  cette  Morale  de  Nicole,  que  je  trouve  déli- 
cieuse.... j'ai  même  pardonné  Vetiftur(^  du  cœur  en 
faveur  du  reste,  et  je  soutiens  qu'il  n'y  a  point  d'au- 
tre mot  pour  expliquer  la  vanité  et  l'orgueil,  qui 
sont  proprement  du  vent;  cherchez  un  autre  mot, 
SÊV.  8B.  Plus  de  ces  soupçons,  plus  de  ces  haines, 
plus  de  ces  enflures  de  cœur,  plus  de  ces  fiertés, 
■jilus  de  ces  aigreurs  qui  sont  comme  des  semences 
de  division  et  de  discorde,  bourdal.  Carême,  Sur 
la  paix  chrétienne.  Les  humiliations  guériraient 
l'enflure  de  votre  cœur,  mass.  Car.  Dang.  des  prosp. 
Il  3°  L'enflure  du  style,  le  vice  du  style  enflé.  Je 
hais  ces  mots  d'enflure,  pasc.  dans  coi:siN.  Lis,  je 
te  soumets  ma  censure  Contre  le  faux  goût  et  l'en- 
flure Des  poètes  et  des  lecteurs,  lamotte.  Odes,  1. 1, 
p.  4  25,  dans  POUGENS.  Ce  qu'on  appelle  enflure  n'est 
pour  ainsi  dire  qu'un  sublime  contrefait,  turcot. 
Ébauche  du  2«  dise.  Progrès  de  l'esprit  humain,  p. 
304.  De  grands  mots  et  de  petites  idées  ne  sont  ja- 
mais que  de  l'enflure,  marmontel,  Élém.  litt.  Œu- 
vres, t.  X,  p.  227,  dans  pougens. 

—  IlIST.  xii's.  Por  enflour  d'orguilh.  Job,  p.  472. 
IJxiV  s.  Enflure  de  sang,  DUCANGE./Zcgme«.  ||xv*  s. 
Or  me  convient  de  rechef  tourner  au  fait  et  à  la  ma- 
tière des  Vénitiens....  c'est  à  sçavoir  de  quelle 
manière  creva  l'enflure  de  l'envie  portée  en  leurs  cou- 
raiges....  et  le  venin  qui  en  saillit  laid  et  abomina- 
ble. Boude.  Il,  ch.  26.  Il  XVI'  s.  Plusieurs  en  encou- 
rurent en  grosses  maladies  de  flux  de  ventre, 
enfleure  et  hydropisie,  amïot,  'Anton.  64.  Sans 
enlleure  d'orgueil,  langue,  B34. 

—  ÉTVM.  Knjler. 

t  ENFOLIER  (an-fo-li-é),  r.  a.  Frapper  le  creuset 
dans  lequel  on  a  fait  fondre  de  l'argent  pour  en  dé- 
tacher les  feuilles  collées  aux  parois. 

t  ENFONÇAGE  (an-fon-sa-j'),  s.  m.  Action  d'en- 
foncer, d'empiler  une  substance  dans  un  récipient; 
par  exemple,  de  la  poudre  dans  un  baril.  ||  Action 
de  mettre  le  fond  à  un  tonneau.  ||  Terme  de  marine. 
L'une  des  avaries  ordinaires  à  la  charge  de  l'arma- 
teur. 

ENFONCÉ,  ÊE  (an-fon-sé,  sée),  part,  passé. 
(1 1°  Poussé  au  fond.  Des  pieux  enfoncés  dans  le  sol 
de  la  rivière.  ||  Par  extension.  Enfoncé  sous  les  couver- 
tures du  lit.  Et  dans  le  lit  l'une  et  l'autre  enfoncée 
Ne  laissa  pas  de  Pentendre  fort  bien,  la  font.  Uerm. 
Tout  le  reste  du  jour,  enfoncé  dans  la  forêt,  j'y  cher- 
chais, j'y  trouvais  l'image  des  premiers  tem|)s,  dont 
je  traçais  fièrement  l'histoire,  j.j.houss.  Con/cs.  vin. 
Il  Fig.  Dans  un  profond  sommeil  la  paresse  enfoncée 
D'aiguillons  enflammés  s'y  trouvera  pressée,  corn. 
Imit.  I,  24.  Je  suis  actuellement  enfoncé  ou  plutôt 
abîmé  dans  la  ténébreuse  matière  de  la  formation 
des  monstres,  bonnet,  Lett.  div.  CM'Àivres,  t.  xii, 
p.  340,  dans  POUGENS.  Enfoncé  dans  les  calculs  des 
spéculations  commerciales,  marmontel,  ilém.  x.  Il 
[Napoléon]  raisonnait  comme  certains  cœurs  enfon- 
cés dans  l'habitude  du  vice,  sentant  qu'il  en  faut 
sortir,  le  désirant  sincèrement,  mais  remettant 
de  jour  en  jour,  si  bien  que  la  vie  finit  pour  eux 
avant  qu'ils  aient  trouvé  le  temps  de  s'amender, 
tuiers,  Hist.  du  Cons.  et  de  l'Emp.  xun.  ||  Populai- 
rement. Être  enfoncé  dans  les  afl'aires  jusqu'aux 
sangles,  y  être  engagé  fort  avant.  ||  2"  Qui  a  péné- 
tré profondément.  L'épée  enfoncée  jusqu'à  la  garde. 
Un  clou  enfoncé  dans  la  muraille.  Dans  le  seind'A- 
raspe  un  poignard  enfoncé,  corn.  Aïcom.  v,  8.  Tan- 
dis que  dans  son  sein  votre  bras  enfoncé  Cherche  un 
reste  de  sang  que  Page  avait  glacé,  rac.  i4n(/r.iv,  5. 
Il  3°  Profond.  Une  alcôve  enfoncée.  ||  Avoir  les  yeux 
enfoncés  dans  la  tête,  avoir  les  yeux  creux.  ||  11  a 
la  tête  enfoncée  entre  les  deux  épaules,  c'est-à-dire  il 
a  le  cou  très-court.  Représentez-vous  un  petit  homme 
haut  de  trois  pieds  et  demi,  extraordinaiiementgros, 
avec  une  tête  enfoncée  entre  les  deux  épaules  ;  voilà 
mon  oncle,  lesage.  Cil  Ulas,  l,  4.  ||  Terme  de  bota- 
nique. Se  dit  des  feuilles  dont  les  intervalles  des  ner- 
vures sont  creux;  des  sutures  des  valves,  lorsqu'elles 
sont  placées  au  fond  d'un  sillon  plus  ou  moins 
profond.  ||  4°  F'ig.  Qui  est  plongé  en  quelque  chose 
comme  dans  un  fond,  dans  un  abîme.  Enfoncé  dans 
ses  réflexions,  dans  ses  livres,  dans  ses  études.  ||  Être 
enfoncé  dans  une  certaine  société,  y  être  entière- 
ment livré,  en  avoir  les  idées,  les  préjugés.  11  est 
fort  enfoncé  dans  la  cour,  c'est  tout  dit;  La  cour, 
comme  l'on  sait,  ne  tient  pas  pour  l'esprit,  mol. 
t'emm.  sav.  iv,  3.   ||  6"  Avoir  l'esprit  enfoucé  dans 


ENF 

la  matière,  être  épais,  stupide.  Mon  Dieu!  ma 
chère,  que  ton  père  a  la  forme  enfoncée  dans 
la  raalièro!  que  son  intelligence  e'it  épaisse  et  qu'il 
fait  sombre  dans  son  âme!  mol.  Préc.  fl.  ||  6*  Un 
homme  enfoncé,  un  homme  qui  cache  ses  pensées, 
ses  sentiments.  Il  n'était  pas  de  ces  hommes  enfon- 
cés et  impénétrables,  sur  le  cœur  de  qui  un  voila 
fatal  est  toujours  tiré,  mass.  Or.  fun.  Villan. 
Il  7°  Rompu.  Une  porte  enfoncée.  ||  Par  extension 
Le  carré  enfoncé  par  la  cavalerie.  Les  Parthes  au 
combat  par  les  nôtres  forcés,  Tantôt  presque  vain- 
queurs, tantôt  presque  enfoncés,  corn.  Hodog.  i,  «. 
Et  des  rangs  enfoncés  écrasant  les  débris,  delille, 
Enéide,  xi.  US"  Néologisme  et  populairement.  Ken- 
versé,  battu,  mis  en  déroute.  Enfoncé  le  préten- 
dant! La  partie  est  perdue,  nous  voilà  enfoncés. 

—  KE.M.  Bossuet  et  Fénelon  ont  employé  enfoncé 
dans  le  sens  de  foncé  :  On  sent  à  la  longue  qu'un 
noir  trop  enfoncé  fait  beaucoup  de  mal  [à  la  vue], 
ROSS.  Conn.  m,  3;  La  ville  se  perd  entre  un  bocage 
fort  sombre  et  un  petit  bouquet  d'autres  arbres  d'un 
vert  brun  et  enfoncé,  PÉN.  t.  xix,  p.  339.  Ce  sens 
n'est  plus  en  usage. 

ENFONCEMENT  (an-fon-se-man),  s.  m.  ||  1"  Ac- 
tion de  faire  pénétrer  profondément.  L'enfoncement 
d'un  clou  dans  la  muraille,  d'un  pieu  dans  le  sol 
d'une  rivière.  Lorsque  nous  nous  sentons  enfoncer 
dans  l'eau  et  dans  les  corps  mous,  ce  qui  nous  fait 
sentir  cet  enfoncement,  c'est  que  le  froid  ou  le  chaud 
que  nous  ne  sentions  qu'à  une  partie  s'étend  plus 
avant,  boss.  Conn.  m,  8.  ||  2°  Aciionde  rompre,  de 
forcer.  L'enfoncement  d'une  porte,  d'une  barrière. 
Il  3°  Un  creux,  ainsi  dit  parce  qu'on  le  compare  à  une 
rupture  qui  serait  faite  dans  la  surface.  Un  enfonce- 
ment de  terrain.  Il  y  avait  un  enfoncement  ]iar  le- 
quel on  pouvait  entrer  dans  le  camp,  Relat.  des 
campagnesde  Itocroi  et  de  Frihourg,  dans  riciielet. 
Il  n'y  a  dans  Plie  qu'une  seule  maison,  mais  vasta 
et  commode  où  loge  le  receveur,  et  située  dans  un 
enfoncement  qui  la  tient  à  l'abri  des  vents,  j.  j. 
Rouss.  Confess.  xil.  |14°  Vide  produit  par  une  paroi 
en  retrait.  L'enfoncement  d'un  mur.  Alamir  se  ca- 
chait dans  l'enfoncement  d'un  portique  où  il  faisait 
assez  obscur,  Mme  de  la  fayeite,  Zayd,  ÛBurrcs, 
t.  I,  p.  341,  dans  POUGENS.  Une  armoire  pratiquée 
dans  l'enfoncement  d'un  mur,  mariv.  Murinime, 
part.  I,  1. 1,  p.  0,  dans  podoens.  ||  Partie  de  fiçade 
formant  un  arrière-corps.  La  boutique  est  dans  un 
enfoncement.  |{  5°  Partie  la  plus  reculée.  Dans  l'en- 
foncement de  la  scène  on  voit  un  palais.  ÏA  dans 
l'enfoncementdecesprofondsberceaux,  DELILLE,  Jar- 
dina, II.  Quelques  lampes  éclairaient  à  peine  les  en- 
foncements des  voûtes,  chateaub.  Dern.Abenc.  4i)0. 
On  voyait  un  arbre  mort  que  le  fer  avait  dépouillé 
de  son  écorce;  cette  espèce  de  fantôme  se  faisait 
distinguer  par  sa  pâleur  au  milieu  des  noirs  enfon- 
cements de  la  forêt,  m.  Mart.  322.  ||  6°  Terme  de 
perspective.  La  ligne  supposée  la  plus  éloignée  du 
plan  et  qui  le  termine.  ||  Terme  de  pointure.  Il  y  a 
beaucoup  d'enfoncement  dans  ce  tableau,  la  per- 
spective des  fonds  y  est  bien  rendue.  ||  Bruns  sans 
refleti  qui  se  trouvent  au  milieu  des  plis  des  drape- 
ries. Il  7°  Terme  de  construction.  Profondeur  des 
fondations  d'un  bâtiment,  d'un  édifice.  ||  Prcfondeur 
d'un  puits  dont  la  fuuille  doit  se  faire  jusqu'à  un 
cerlain  nombre  de  pieds  au-dessous  des  plus  Iwisses 
eaux.  Il  8'  Terme  de  marine.  Endroit  enfoncé  dans 
une  baie,  dans  une  rade.  ||  Abri  pour  un  vaisseau. 

—  ÉTY.M.  Enfoncer. 

ENFONCER  (an-fon-sé.  Le  c  prend  une^cédille 
devant  o  et  o  :  enfonçons,  j'enfonçais  ),  v.  o. 
Il  1°  Pousser  vers  le  fond;  faire  pénétrer  profondé- 
ment. Enfoncer  un  vase  dans  l'eau,  un  pieu  en 
terre.  Il  lui  enfonça  son  épée  dans  le  corps.-Si  quel- 
qu'un crie  à  l'aide  en  se  noyant,  je  l'enfoncerai  au 
lieu  de  lui  tendre  la  main,  d'arlancourt,  Lucien, 
Timon.  Et  que,  pour  signaler  son  empire  nouveau, 
On  lui  fasse  en  mon  sein  enfoncer  le  couteau,  rac. 
Ath.  V,  6.  [Le  lion)  soufl'rait  que  dans  sa  gueule  il 
enfonçât  la  tèle;^  Le  spectateur  en  frémissait,  la- 
motte', Fabl.  V,  4  3.  Il  y  en  eut  plusieurs  qui  m'ap- 
portèrent de  petits  clous  fort  jolis  pour  m'eiifoiicer 
dans  les  bras  et  dans  les  cuisses  en  l'honneur  de 
Brama,  volt.  Bababec.  Au  sein  du  meurtrier  j'en- 
foncerai mon  bras,  id.  Uérope ,  ii,  7.  Connaissez 
dans  quel  sang  vous  enfoncez  vos  mains,  id.  Scyilifs, 
V,  6.  Il  Fig.  Quand  les  Juifs  eurent  vu  par  expé- 
rience que  tous  les  messies  qu'ils  avaient  suivis,  loin 
de  les  tirer  de  leurs  maux,  n'avaient  fait  que  les  y 
enfoncer  davantage,  boss.  His(.  Il,  40.  ||  Enfoncer 
son  chapeau  dans  la  tète,  faire  entier  avant  la  tète 
dans  le  chapeau;  métonymie  que  l'usage  a  consa- 
crée; car  on  devrait  dire  enfoncer  la  tête  daa.s  lu 


ENF 

chapeau;  on  dit  de  même  le  casque  en  tête,  au  lieu 
de  la  tête  en  casque.  ||  Fig.  Enfoncer  son  chapeau, 
prendre  une  attitude  de  déterminé,  et  aussi  prendre 
une  résolution  hardie.  Enfonce  ton  bonnet  en  mé- 
chant garçon,  mol.  Scapin,  i,  7.  Ce  particulier, 
enfonçant  son  chapeau  sur  sa  tète,  lui  répondit  qu'il 
ne  s'eiitendait  point  en  bas-reliefs,  diderot.  Salon 
de  "67,  G-Àivrcs,  t.  xv,  p.  (58,  dans  pougens. 
||. Terme  de  manège.  Enfoncer  les  éperons  à  un 
cheval,  les  lui  faire  sentir  avec  violence.  ||  Fig. 
Enfoncer  à  quelqu'un  le  poignard  dans  le  sein,  lui 
causer  un  très-vif  chagrin,  une  perte  cruelle.  Mais 
Manlochée  assis  aux  portes  du  palais  Dans  ce  cœur 
malheureux  enfonce  raille  traits,  rac.  Estli.  Il,  t. 
Enfonçons  dans  son  cœur  le  trait  qui  le  déchire, 
VOLT.  Brutus,  II,  3.  Il  2°  Néologisme  et  populaire- 
ment. Vaincre,  déjouer  ou  ruiner  quelqu'un.  Il  l'a 
enfoncé.  Je  rentrais  dans  la  coidisse  au  milieu  d'un 
murmure  général  ;  ce  qui  m'enfonça  jusqu'au  troi- 
sième dessous,  BAY.iRD,  les  Gants  jaunes,  se.  1. 
Il  3"  Forcer,  briser,  faire  une  ouverture  dans  les  pa- 
rois. Sus,  sus,  brisons  la  porte,  enfonçons  la  mai- 
son, CORN.  Médée,  v,  7.  Si  ce  peuple  une  fois  en- 
fonce le  palais,  m.  Nicom.  v,  6.  Cette  petite  fille 
de  dix-sept  ans  a  donc  aimé  ce  don  Quichotte;  et 
hier  il  alla  avec  cinq  ou  six  gardes  de  M.  de  Gévres 
enfoncer  la  grille  du  couvent  avec  une  bûche  et  des 
coups  redoublés,  sÉv.  634.  Du  palais  de  Mérope  on 
enfonce  la  porte,  volt,  ilér.v,  6.  ||  Enfoncer  une 
côte,  la  briser.  ||  Fig.  Mettre  à  mal.  Ne  soyez  point 
juge,  si  vous  ne  pouvez  enfoncer  par  force  l'ini- 
quité, Boss.  Polit.  IV,  I,  8.  Il  Fig.  et  familière- 
ment. Enfoncer  une  porte  ouverte,  se  vanter  d'avoir 
surmonté  un  obstacle  qui  n'existait  pas.  ||  4°  Terme 
militaire.  Mettre  une  troupe  en  désordre  et  la  forcer 
à  plier.  La  bataille  recommença  pour  la  troisième 
fois  avec  plus  de  furie  et  d'acharnement;  enfin  le 
nombre  l'emporta;  les  Suédois  furent  rompus,  en- 
foncés et  poussés  jusqu'à  leur  bagage,  volt.  Char- 
les XII,  IV.  De  toutes  parts  on  perce,  on  enfonce 
leurs  rangs,  sal'rin.  Spart.  I,  2.  Épaminondas  as- 
suré de  la"  victoire  s'il  peut  enfoncer  cette  aile  si  re- 
doutable, BARTiiÉL.  Anach. chap.  t.  ||  5° Examiner  à 
fond  ,  pénétrer.  Au  moins  ii'enfoncent-ils  guère 
leurs  affaires,  et  ne  les  conduisent  que  rarement  à 
leur  dernier  point,  balz.  b*  dise,  sur  la  cour.  Nous 
trouvons  dans  leurs  esprits  des  incertitudes  quand 
nous  enfonçons  avec  eux  la  matière  de  la  commu- 
nion, no.ss.  Drf.  corn.  Ils  n'ont  pas,  si  j'ose  le  dire, 
deux  pouces  de  profondeur;  si  vous  les  enfoncez, 
vous  rencontrez  le,  tuf,  la  bruy.  viu.  Mme  la  du- 
chesse d'Orléans  n'aurait  ni  la  grâce  ni  la  force  né- 
cessaire iiour  le  lui  bien  enfoncer  [convaincre  la 
duchesse  de  Bourgogne  do  l'importance  du  mariage 
du  duc  (le  ISerry  avec  Mademoiselle] ,  st-sim.  267,  99. 
Il  Cet  emploi  d'enfoncer  a  vieilli,  j]  6°  Terme  de  ton- 
nelier. Mettre  le  fond  à  une  futaille,  jj  7°  Joindre 
ensemble  toutes  les  parties  d'un  ouvrage  de  layet- 
terie.  |]  8°  Terme  de  potier.  Enfoncer  un  plat, 
le  faire  plus  creux  ou  plus  profond.  ||  9"  Terme  de 
graveur.  Rendre  plus  creux.  ||  10°  Terme  d'impri- 
merie. Enfoncer  une  ligne,  mettre  un  cadratin 
au  commencement  d'une  ligne  qui  suit  immédiate- 
ment un  alinéa.  ||  11°  Terme  de  fauconnerie.  Fondre 
sur  la  proie  en  la  poussant  jusqu'à  la  remise.  L'é- 
pervier  vient  d'enfoncer  la  perdrix.  Et  absolument  : 
l'oiseau  enfonce.  ||  12°  V.  n.  Aller  au  fond.  La  na- 
celle enfonça,  l'enfoncer  dans  un  bourbier  jusqu'aux 
oredles.  ||  l'ar  extension.  Tirez-moi  de  cette  boue  où 
je  ne  saurais  marcher  sans  enfoncer  tous  les  jours  da- 
vantage, MASS.  Car.  l'dques.  Si  je  pouvais  pénétrer 
dans  le  secret  des  familles,  là  je  trouverais  l'inno- 
cence prèle  à  enfoncer  et  préservée  du  naufrage, 
ID.  Or.  fun.  Villars.  ||  Fig.  Mais  enfonçons  davan- 
tage dans  les  sentiments  du  ministre,  boss.  Var.  16. 
La  cour  veut  toujours  unir  les  plaisirs  avec  les  affai- 
res.... enfoncez,  vous  trouverez  partout  des  intérêts 
cachés,  des  jalousies  délicates  qui  causent  une  e,\- 
trême  sensibilité,  et,  dans  une  ardente  ambition, 
des  soins  et  un  sérieux  aussi  triste  qu'il  est  vain, 
ID.  Anne  de  Gom.  Montrez  aux  femmes  combien 
elles  sont  incapables  d'enfoncer  dans  les  difficultés 
du  droit,  FÉN.  t.  XVII,  p.  ug.  ||  13°  S'enfoncer,  t).  rtf/!. 
Toucher,  pénétrer  dans  un  fond.  Le  vaisseau  s'en- 
fonce dans  les  vagues.  X  la  seconde  journée,  deux 
de  leurs  moutons  s'enfoncèrent  dans  des  marais, 
VOLT,  t'anrf.  (9.  Le  terrain  qu'il  parcourt,  semblable 
à  la  mer  agitée  par  une  violente  tempête,  s'enfonce 
ou  s'élève  S0U3  ses  pas  [dans  un  tremblement  de 
terrej,  «"•  de  genlis.  Veillées  du  didt.  t.  i,  p.  642. 
dans  POUGENS.  ||  Par  extension.  X  ces  mots  il  s'en- 
fonça dans  son  lit,  et  ne  tarda  guère  à  se  rendormir, 
LESAGE,  Gil  Bios,  m,  8.  |1  Fig   ',«s  jouis,  les  mois, 


ENF 

les  années  s'enfoncent  et  se  perdent  sans  retour  dans 
l'abtmedes  temps,  la  bruy.  xiii.  ||  14°  Pénétrer  fort 
avant.  Je  m'enfonçai  dans  une  sombre  forêt,  où  j'aper- 
çus tout  à  coup  un  vieillard  qui  tenait  un  livre  dans  sa 
main,  fiînel.  T^l.  n.  Le  fils  d'Ulysse  s'enfonce  dans 
ces  ténèbres  horribles,  id.  ib  xviii.  Son  époux  s'en- 
fonça dans  un  désert  sauvage,  delille,  Géorg.  iv. 
J'ai  couru  m'enfoncer  dans  un  bois  ténébreux,  le- 
GOuvÉ,  Épichar.  et  N.  i,  3.  Les  Russes  remplis- 
saient en  masse  ce  chemin  creux;  Deizons  et  ses 
Français  s'y  enfoncent  tête  baissée;  les  Russes  rom- 
pus sont  renversés,  ségur,  Hist.  de  Nap.  ix,  2.  Ici 
gronde  le  fleuve  aux  vagues  écumantes,  11  serpente 
et  s'enfonce  en  un  lointain  obscur,  lamart.  Méd. 
I,  I.  Il  Fig.  'Vous  allez  vous  enfoncer  dans  d'étranges 
épines,  mol.  F.  de  Scap.  ii,  8.  Cette  parfaite  hon- 
nêteté [savoir-vivre]  demande  qu'on  se  communique 
à  la  vie  [au  monde] ,  et  même  qu'on  s'y  enfonce , 
MÉRÉ,  Œuvres  posth.  t.  ii,  p.  3i3.  Pour  me  plain- 
dre à  vos  pieds  et  m'enfoncer  dans  votre  tristesse, 
ID.  ib.  Tous  les  jours  ils  s'enfonçaient  de  plus  en 
plus  dans  le  crime,  boss.  Ilist.  ii,  t.  Ils  n'ont  fait 
que  s'enfoncer  de  plus  en  plus  dans  l'ignorance ,  id. 
t'b.  II,  tu.  Poussé  par  cette  aveugle  impression  qui  le 
dominait,  l'homme  s'enfonçait  dans  l'idolâtrie,  sans 
que  rien  pût  le  retenir,  id.  ib.  ii,  2.  Plus  ils  sentent 
et  plus  ils  souffrent,  plus  ils  s'enfoncent  dans  la  vie 
et  plus  ils  sont  malheureux,  j.  j.  Rouss.  Uél.  m,  2|. 
Il  15°  S'écrouler  en  tombant  dans  le  fond.  Le  plancher 
s'enfonça.  ||  16°  Présenter  un  enfoncement,  un  re- 
trait. Cette  contrée  occupe  cent  quatre-vingts  lieues 
de  côtes,  et  s'enfonce  dans  l'intérieur  des  terres  jus- 
qu'à des  montagnes  fort  hautes,  plus  ou  moins  éloi- 
gnées de  l'Océan ,  baynal  ,  llist.  phil.  vi  ,  25. 
Il  Être  dans  un  fond.  Un  jardin  fort  élevé  dans  le- 
quel la  maison  s'enfonçait  sur  le  derrière,  j.  j.rouss. 
Confess.  1. 1|  17°  S'adonner  entièrement  à,  s'absorber 
dans.  S'enfoncer  dans  de  profondes  rêveries.  Il  s'en- 
fonça dans  la  plus  abstraite  analyse,  fonten.  RoUe. 
Cet  ouvrage  est  suffisant  pour  ceux  qui,  comme  vous 
et  moi,  ne  se  soucient  pas  de  s'enfoncer  dans  nos 
antiquités,  dider.  Sur  l'hist.  du  pari.  \\  18°  Populai- 
rement. Se  ruiner  soi-même,  se  ruiner  l'un  l'autre. 
Il  s'est  enfoncé  lui-même.  Ils  cherchaient  mutuelle- 
ment à  s'enfoncer. 

—  iiiST.  XVI"  s.  Enfoncer  le  battaillon  des  enne- 
mis, mont.  1,366 assiseàlasenestre.Est  lamelan- 
cholie  au  sourcil  enfonsé,  DU  BELLAY,  VII,  72,  verso. 
Souvent  de  cent  chevaux,  il  n'y  en  aura  pas  vingt  et 
cinq  qui  enfoncent,  lanoue,  29).  Il  vit  une  dixaine 
de  compagnons  des  plus  déterminez  qui  enfonçoient  le 
chapeau  selon  leur  coutume  ordinaire  quand  on  les 
regardoit  en  face,  d'aub.  Vie,  lxxiv.  La  glace  creva 
et  enfonça  plus  de  120  hommes,  id.  Ilist.iii,  t03. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  foncer. 

ENFOXCEUR  (an-fon-seur),  s.  m.  Celui  qui  en- 
fonce. Il  Fig.  et  familièrement.  Un  enfonceur  de 
portes  ouvertes,  un  fanfaron  qui  se  vante  de  bra- 
ver ou  d'avoir  surmonté  des  obstacles,  des  périls  ima- 
ginaires, ou  d'avoir  séduit  une  femme  déjà  séduite. 

—  ÉTYM.  Enfoncer. 

t  ENFONÇOIR  (an-fon-soir),  s.  m.  Outil  avec  le- 
quel on  enfonce  un  objet  dans  un  autre.  ||  Masse  pour 
fouler  les  peaux. 

ENFONÇ0UE  (an-fon-su-r'),  s.  f.\\l'  Creux  qui 
se  fait  par  enfoncement.  Il  y  a  plusieurs  enfonçures 
dans  le  pavé  de  cette  rue.  Le  vieillard  couchait  en 
une  enfonçure  du  rocher,  sans  autre  tapis  de  pied 
qu'un  peu  de  mousse,  la  font.  Psyché,  ii,  p.  122. 
Il  2°  Assemblage  des  pièces  du  fond  d'une  futaille, 
d'un  lit.  Il  3°  Terme  d'anatomie.  Ancien  nom  de  l'ar- 
ticulation dite  arthrodie.  ||  Terme  de  chirurgie.  An- 
cien nom  de  l'affaissement  des  fragments  du  crâne 
en  cas  de  fracture. 

—  HIST.  xvi"  s.  Enfonceure  ou  arthrodie,  paré, 
VI,  43.  En  celles  mesme  [sciences]  qui  sont  utiles, 
il  y  a  des  estendues  et  enfonceures  très  inutiles 
que  nous  ferions  mieulx  de  laisser  là,  MONT.  I,  173. 

—  ÉTYM.  Enfoncer. 

+  ENFONDRER  (an-fon-dré),  v.  a.  Rompre,  bri- 
ser. Mot  vieilli  et  qui  était  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  de  1898.  ||  S'enfondrer  se  dit  encore  en 
Lorraine  pour  s'effondrer. 

—  HIST.  XV"  s.  La  chose  va  mauvaisement,  nos- 
tre  bateau enfondre,  Perceforest,  t.  i,  f°  87.  Adonc 
vint  un  garçon  de  l'ost  et  s'en  va  enfondrer  son  che- 
val, et  luy  faist  les  boyaulx  cheoir  à  terre,  ib. 
Il  XVI"  s.  Maistres  esloignez  du  chemin  de  la  vérité, 
et  prédécesseurs  enfoudrez  en  l'abyme  d'ignorance, 
amyot.  Vie  de  Plutarque. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et/'ond,  avec  une  r  épenthétique. 
t  EXFONTANGÉ,  ÉE  (an-fon-tan-jé,  jée),  adj. 

Paré  d'une  fontange.  Te  voilà  assez  bien  enfontan- 


ENF 


1391 


gée,  à  ce  qu'il  me  semble,  uahcourt,  Folle  en- 
chère, so  4. 

—  ÉTYM.  Eni,  et  fontange. 

ENFORCI,  lE  (an-for-si,  sie),  part,  passé  d'cD- 
forcir.  Cet  enfant  enforci  grâce  à  un  bon  régime. 

ENFORCIR  (an-for-sir).  ||  1»  F.  a.  Rendre  plus 
fort,  plus  résistant.  La  bonne  nourriture  a  enforci 
ce  cheval.  Enforcir  un  mur.  ||  2°  V.  n.  Devenir  plu» 
fort,  croître.  Ce  cheval  enforcit  tous  les  jours 
Il  On  le  dit  aussi  populairement,  en  parlant  des 
personnes,  pour  devenir  plus  gras,  plus  gros.  Cette 
femme  enforcit.  ||  3°  S'enforcir,  v.  réfl.  Devenir 
plus  fort.  Il  s'enforcira. 

—  HIST.  XII"  s.  Dont  commença  li  duels  [le  deuil] 
à  enforcier  [croître] ,  Ronc.  p.  99.  De  Jofroi  de  Paris 
[ils]  firent  leur  justicier,  Pour  maintenir  la  guerre  et 
por  eux  enforcier.  Saxons,  4.  Et  por  ceu  est  digne 
chose  ke  li  malades  s'enforst  à  moens  de  leveir  le 
chief,  ST-BERN.  528.  ||  XIII"  S.  La  maladie  li  enforsa 
si  durement  qu'il  fist  sa  devise  [testament],  villeh. 
xxn.  Et  tant  crut  li  enfans  et  enforcha  qu'il  sot  bien 
aidier  son  ami  en  la  plus  grantpriessedou  tournoie- 
ment, Chr.  de  Bains,  84.  Castelain,  et  prince,  et 
marcis  [marquis].  Et  li  baron  plus  enforcis,  ph. 
MOUSKES,  ms.  p.  517,  dans  LACURNE.  ||  XV"  S.  Et  effl- 
menoit  tous  ceux  qui  se  pouvoient  aider  avec  lui 
pour  enfortier  sonost,  froiss.  i,  i,  t53.  Par  le  com- 
mandement d'Amours  Et  de  la  plus  belle  de  France, 
J'enforcis  mon  chastel  tousjours.  Appelle  joyeuse  plai- 
sance, en.  d'orl.  Bail.  49.  Parquoy  eust  bien  en- 
forcy  son  royaulme,  comm.  y,  t2.  ||  xvi."  s.  Il  est  si 
feible  [l'enfant]  que  je  suis  quelquefois  huit  jours 
sans  le  sentir,  mais  despuis  quatre  jours  a  bien  en- 
forcy  son  bougement,  mahg.  Lelt.  cxix.  L'effort  du 
total  consiste  en  la  disposition  et  liaison  des  files  et 
des  rengf  qui  s'enforcissent  les  uns  les  aultres, 
AMYOT,  Flamin.  13. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  force;  provenç.  enfortir;  ital. 
infortire.  Dans  l'ancienne  langue,  en/'orcer  étaitplus 
usité  que  en/'orcir;  nous  en  avons  gardé  renforcer. 
En  Normandie  on  dit  forcir  au  sens  neutre  au  lieu 
de  enforcir. 

t  ENFORMER  (an-for-mé) ,  v.  a.  Terme  de  cha- 
pelier et  de  bonnetier.  Enfermer  un  chapeau,  un 
bonnet,  les  remplir  d'un  moule  de  bois. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  forme. 

ENFOPI,  lE  (an-fou-i,  ie),  part,  pasié  d'enfouir. 
Il  1°  Misen  terre  dans  un  trou.  D'un  trésor  enfoui  re- 
celeur odieux,  DELILLE,  Convers.  ch.  1. 1|  2°  Fig.  Ce 
souvenir  enfoui  s'est  retrouvé  tout  entier,  stael, 
Corinne,  xi,  4.  C'était  dommage  de  laisser  tant 
de  talents  enfouis  dans  une  petite  ville;  Paris  de- 
vait en  être  le  théâtre,  mabmontel,  Contes  moraux, 
Connaiss. 

ENFOUIR  (an-fou-ir),  v.  a.  \\  1°  Mettre  dans  un 
trou  en  terre.  Il  avait  dans  la  terre  une  somme  en- 
fouie. Son  cœur  avec;  n'ayant  d'autre  déduit  Que 
d'y  ruminer  jour  et  nuit,  la  font.  Fabl.  iv,  20.  Ils 
vont  enfouir  le  trésor,  id.  ib.  x,  6.  On  leur  coupe 
les  mains,  on  leur  brise  les  cuisses,  on  les  enfouit 
tout  vivants  dans  une  fosse,  rollin,  Hist.  anc.  Œu- 
vres, 1. 1,  p.  365,  dans  pougens.  Dans  les  endroits 
qui  sont  cultivés,  on  ne  trouve  point  de  vivres;  les 
paysans  enfouissent  dans  la  terre  tous  les  grains  et 
.tout  ce  qui  peut  s'y  conserver,  volt.  Charles  XII, 
4.  Il  Enfouir  des  plantes,  les  mettre  en  terre.  |{  Abso- 
lument. 11  retint  tout  chez  lui  [l'argent  qu'il  avait 
caché  en  terre] ,  résolu  de  jouir,  Plus  n'entasser,  plus 
n'enfouir,  la  font.  fabJ.  x,  6.  ||  2°  Par  extension, 
cacher  sous  d'autres  choses.  Ils  avaient  enfoui  ce 
manuscrit  parmi  de  vieilles  paperasses.  ||  Fig.  11  ne 
faut  pas  enfouir  les  talents  que  la  nature  nous  a 
donnés.  Quand  on  voit  combien  les  querelles  si  sou- 
vent excitées  dans  la  sein  du  christianisme  ont 
enfoui  de  talints  utilas,  d'alembeht,  Deitr.  des  jé- 
suites,. Œuvres,  t.  v,  p.  8l ,  dans  pougbns.  ||  Reti- 
rer dans  ua  lieu  reculé.  Ils  emportent  de  ces  opu- 
lentes contrées  d'immenses  dépouilles  qu'ils  vont 
enfouir  dans  leurs  incultes  et  misérables  désert?, 
HAYNAL.  Uist.  phil.  IV,  21.  l|  3°  S'enfouir,  ».  réfl.  Se 
cacher  sous  terre.  Le  renard  alla  s'enfouir  dans  son 
terrier.  ||  Fig.  Se  retirer  dans  un  lieu  reculé.  S'en- 
fouir dans  une  province. 

—  HIST.  XI"  s.  Desur;la  terre  nel  pourent  mais 
tenir;  Voilent  [veuillent]  o  non,sil  laissent  enfodir, 
SI  Alexis,  cxx.  [Us]  Enfueront  nous  en  aitres  de 
moustiers,  Ch.  de  Hol.  oxxx.  Et  [que]  ma  char  fust 
delez  eus  enfu'ie  I  ib.  ccvii.  ||  xiii"  9.  Là  [elle]  sera 
enfouie,  ou  ele  ert  [sera]  estranglée,  Berte,  xvi.  Et 
moru,  et  fu  enfouis  ricement  à  Saint-Denis,  Chr. 
de  Bains,  p.  lo.  Nous  trouvâmes  que  le  roy  son  cors 
[de  sa  personne]  avoit  fait  enfouir  les  cors  des  cres- 
tions  que  les  sarrazin3,avoient  occis,  joinv.  278 


1392  ENF 

Il  XIV  ».  se  Toit  on  les  couars  vivre  «58ês  et  lonc 
Ump.;  S'enfoent  les  hardis  es  aires  et  es  champs, 

""-trm.'uù  Wodere,  de  in,  en,    et  fodere, 

"enfouissement  (an-fou-i-se-Dian),  s.  m.  Ac- 
tion d'enfouir,  de  cacher  en  terre.  ||  Action  d  en- 
fouir, d'enterrer  les  cadavres  des  animaux  morts  ou 
«battus. 

—  KTYM.  r.nfouir. 

t  E.NFOL'lS.SEUn  (an-  fou-i-seur) ,  ».  m.  1|  l' Celui 
qui  enfouit.  L'enfoiiisseur  et  son  compère,  la  kont. 
Fabl.x.  5.  Il  a»  Terme  de  zoologie.  Nom  vulgaire 
des  différeriles  cspices  du  genre  m^'crophore  (co- 
léoptères) et  priiicip.-ilement  du  nécrophore  fos- 
soyeur, dit  aussi  enterreur  et  fossoyeur. 

—  F.TYM.  Enfouir. 

ENFOURCHÉ,  EE  (an-four-ché) ,  part,  passé.  Un 
cheval  enfourché  à  la  hâte  par  un  garçon  d'écurie. 

t  ENFOUliCIIEMENT  (an-four-clie-man),  s.  m. 
Ternie  d'architecture  ([ui  se  dit  des  premières  re- 
tombées des  angles  des  voûtes  d'arête,  dont  les 
voussoires  sont  à  branches.  |i  Terme  de  charpente. 
Assenilil.ige  de  chevrons  sur  un  faite,  lorsque  ces 
chevrons  sont  unis  à  tenons  et  à  mortaises  ouvertes. 
Il  Sorte  d'assemblage  de  menuiserie,  sans  épaule- 
ment  et  dont  la  mortaise  et  le  tenon  occupent  toute 
la  longueur  do  la  piècu.  ||  Terme  de  jardinage.  Es- 
pèce (le  greffe. 

ENFOUUr.IIER  (an-four-ché),  v.  a.  ||  1»  Se  pla- 
cer sur  un  cheval  en  Taisant  la  fourche,  c'est-à-dire 
jambe  deçà,  jambe  delà.  Cette  femme  enfourclie 
un  cheval  comme  ferait  un  cavalier.  ||  2"  Perceravec 
la  fourche. 

—  ÉTYM.  En  \,  et  fourche;  provenç.  enforcar; 
espagn.  enhorcar;  ital.  inforcare. 

t  ENFOURCIIIE  (an-four-chie),  adj.  f.  ^^rme  de 
vénerie.  Tête  enfourcbie,  se  dit  de  la  tète  du  cerf, 
quand  1rs  dards  ilu  sommet  font  la  fourche. 

—  RTYM.  Enfourcher. 

■fENFOUnCIlUUE  (an-four-chu-r'),  s.f.  \\  1° Point 
où  un  arbre  se  bifurque.  C'est  ordinairement  sur 
l'enfourchure  d'un  arbre  que  les  écureuils  établis- 
sent leur  domicile,  buff.  Écureuil.  ||  2°  Terme  de 
chasse.  La  tête  d'un  cerf,  lorsque  l'extrémité  du  boi.s 
se  termine  en  deux  pointes  qui  ont  l'apparence  d'une 
fourche.  ||  3°  La  naissance  de  la  fourche  que 
forment  les  deux  canons  d'un  pantalon,  d'un  cale- 
çon. Il  Terme  de  manège.  La  partie  du  corps  qui  est 
entre  les  deux  cuisses.  On  dit  que,  pour  se  bien  te- 
nir à  cheval,  il  faut  s'y  tenir  assis  droit  sur  l'en- 
fourchure et  non  sur  les  fesses. 

—  MiST.xii'  s.  Grant  cors  [il]  out,  et  Ions  bras, 
et  cnfourcheure  lée  [large],  iîou.ms.  p.  U2,dansr,\- 
CL'RNE.  Il  xiii*  s.  Celé  a  ses  braies  avalées  Qu'ele 
avoit  à  son  cul  fermées,  Ele  a  fait  large  enforcheûre 
Par  bien  mostrer  celé  nature,  i(m.  7I0|. 

—  ÉTYM.  Enfourcher. 

t  ENFOURNAGE  (an-four-na-j'),  s.  m.  Action 
d'enfourner. 

ENFOURNÉ,  ËE  (an-four-né,  née),  port,  passé. 
Il  l"  Mi»  dans  le  four.  Les  pains  enfournés.  ||  2"  Kig. 
Engagé.  On  avait  arrêté  les  princes  au  moulin  de 
Royenghem  Capel,  iiour  voir  cependant  plus  clair  à 
ce  combat  si  bizarre  et  si  désavaulageusement  en- 
fourné, STSiM.  210.  Qui  pouvait  répondre  que  Ri- 
perda  trop  enfourné  avec  lui  [AlberoniJ  n'en  ait  été 
la  dupe?  m.  478,  <70. 

t  ENFOURNEE  (an-four-née),  s.  f.  Action  ou  mo- 
ment de  int  ttrc  au  four  le  pain  ou  la  pâtisserie. 

t  ENFOURNE.MENT  (  an-four-ne-man  ) ,  s.  m. 
Il  i*  Action  de  mettre  les  pains  au  four.  ||  2°  Suite 
des  opériitions  d'une  verrerie,  depuis  la  fonte  jus- 
qu'à i  affinage, 

—  f;TY.M.  Enfourner. 

ENFOURNER  (an-four-né),  v.  a.  ||  1°  Mettre 
dans  un  four.  Enfourner  du  pain,  do  la  pâtisse- 
rie. Il  Mettre  dans  un  creuset  les  matières  du 
verre.  ||  Absolument.  Pour  bien  faire  du  pain,  il 
faut  bien  enforrner,  ri-'c.nikr,  Sat.  x.  Des  gens 
enfournent.  D'autres  défournent,  Aux  broches  tour- 
nent Veau  ,  bœuf  et  mouton  ,  bêrano.  Cocagne. 
Il  2*  Fig.  et  familièremeut.  Rien  enfourner,  mal  en- 
fourner, commencer  une  chose  d'une  manière  heu- 
reuse ou  maladroite.  Avec  un  tel  général  [que  I.a- 
feuiUade)  qui  avait  mal  enfourné,  qui  manquait  de 
ce  que  Vauban  avait  cru  nécessaire,  ce  n'était  pas 
de  quoi  prendre  Turin,  ST-siM.  IBJ,  13|.  ||  3°  S'en- 
rourner,  v.  r^/I.  S'engager  dans  un  lieu  d'où  l'on  ne 
peut  que  difficilement  sortir,  et,  par  extension, 
•  engager  dans  quelque  affaire  difficile.  S'étant  en- 
fourné dans  un  chemin  creux,  iiamilt.  Gramm.  6. 
w  Unge,  qui  n'imite  pis  le  linge,  sous  lequel  le 


ENF 

vent  s'enfournerait  inutilement  pour  le  séparer  du 
corps,  DiDF.noT,  Salon  de  (707,  Œuvres,  t.  xiv, 
p.  71),  dans  POL'OENS.  Réduit  à  son  grec,  au  turc, 
à  la  langue  franque  pour  toute  ressource....  dans 
le  pays  ot'i  il  s'était  enfourné,  I.  J.  bolss.  Cnnfess. 
IV.  Il  4"  X  l'enfourner,  au  début,  en  commençant 
une  aff.iire.  ||  Proverbe.  Xmal  enfourner  on  fait  les 
pains  cornus,  c'est-à-dire,  si  l'on  ne  commence  pas 
iiien  une  affaire  et  qu'on  ne  la  prenne  pas  d'a- 
bord du  bon  biais,  on  la  manque. 

—  IIIST.  xili*  s.  Ainz  qu'il  [le  pain]  soit  cuis  et  en- 
fornez,  Eahliaux  mss.  n"  7218,  f"  175,  dans  la- 
cunNE.  Il  xiv  s.  On  dit  souvent  qu'à  l'enfourner  Font 
li  fournier  les  pains  cornus,  bruyant,  dans  Héna- 
gier,  t.  ii,  p.  .'lo.  ||xvi'  s.  Venant  après  à  s'enfour- 
ner dans  les  armes;  tousjours  sa  condition  lui 
aparoist  trop  basse,  et  va  visant  après  l'incertain, 
LANGUE,  I4B.  Nous  nous  contenterons  de  dire  du 
Dauphiné,  avant  nous  y  enfourner,  que....  n'AUB. 
Ilist.  II,  40.  M.  D'Auinalle  enfourna  [enfila]  ce 
riestroict,  qui  representoit  le  chemin  de  Chamberry 
au  Montcenys,  carloix,  iv,  25.  De  tout  acte  la 
fin  suit  le  commencement;  Il  faut  bien  enfourner  : 
car  telle  qu'est  l'entrée.  Volontiers  telle  fin  s'est 
tousjours  rencontrée,  bons.  007. 

—  ÉTYM.  Eni  ,el  four,  écrit  autrefois  fnrn;  pro- 
Tenç.  cn/'ornar;  espagn.  enhornar;  ital.  infornare. 

t  ENFOURNEUR  (an-four-neur),  s.  m.  Ouvrier 
qui  met  le  pain  au  four.  ||  Celui  qui  arrange  les  bri- 
ques dans  le  fourneau.  ||  Celui  qui  enfourne  la  ma- 
tière dans  les  verreries. 

fENFOURRER  (an-fou-ré),  v.  a.\\l°  Terme  de 
batteur  d'or.  Mettre  les  feuillets  de  vélin  dans 
les  fourreaux.  {|  a'Terme  de  sellerie.  Bourrer  l'inté- 
rieur dos  colliers. 

—  ÉTYM.  Eni,  et  fourrer.  Enfourrer  s'esi  dit  aussi 
pour  donner  du  fourrage  :  xvi'  s.  Ainsi,  deux  fois 
le  jour,  de  son  troupeau  soigneuse,  Eli'  l'enfourre 
elle  mesme  et  n'est  point  paresseuse,  Plaisir  des 
champs,  p.  2G0. 

t  ENFRANGER  (an-fran-jé) ,  V.  a.  Garnir  de 
franges. 

—  ÉTYM.  En  i,  ei  frange. 

fENFRAYER  (an-frè-ié),  v.  a.  Mettre  en  train 
des  cardes  neuves. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  frayer. 

t  ENFRA'VURE  (an-frè-iu-r') ,  s.  f.  Première  por- 
tion de  laine  préparée  avec  des  cardes  neuves. 

fENFRElCNEUR  (an-frè-gneur),  s.  w.  Celui  qui 
enfreint. 

—  lilST.  XIV'  s.  Enfraigneurs  des  ordonnances  et 
statuts  royaulx.  Ord.  des  rois  de  Fr.  t.  i,  p.  57. 

—  f.TYM.  Enfreindre. 

ENFREINDRE  (an-frin-dr'),  j'enfreins,  tu  en- 
freins, il  enfreint,  nous  etifreigncns,  vous  enfrei- 
gnez, ils  enfreignent;  j'enfreignais,  nous  enfrei- 
gnions, vous  enfreigniez;  j'enfreignis;  j'enfreindrai; 
enfreins,  enfreignons;  que  j'enfreigne,  que  nous 
enfreignions,  que  vous  enfreigniez;  que  j'enfrei- 
gnisse; enfreignant;  enfreint,  i'.  a.  Rompre,  en  par- 
lant de  ce  qui  engage,  lie,  oblge.  Enfreindre  les 
lois,  RÉGNIER,  Ode.  Il  n'est  rien  de  si  saint  qu'elle  ne 
fasse  enfreindre,  corn.  Nicom.  i,  I.  Quand  on  craint 
d'être  injuste,  on  a  toujours  à  craindre.  Et  qui  veut 
tout  pouvoir  doit  oser  tout  enfreindre,   ID.  Pompée, 

I,  (.Suffit  que,  si  mon  fils  enfreignait  ma  défense. 
Mon  .sang,  mon  propre  sang  en  laverait  l'offense, 
BOTR.  Antig.  IV,  I.  Si  quelque  transgresseur  en- 
freint cettepromes.se.  Qu'il  éprouve,  grand  Dieu, 
ta  fureur  vengeresse,  rac.  Alhal.  iv,  3.  Il  y  va  de 
la  vie  àqui  le  [l'arrêt]  veut  enfreindre,  volt.  Tancr. 

II,  I.  Le  roi  d'Angleterre,  revêtu  par  lïS  lois  d'une 
si  grande  puissance  pour  les  protéger,  n'en  a  point 
pour  les  enfreindre,  j.  j.  rouss.  Lettres  de  la  mon- 
tagne, 9.  Il  S'f  nfieiiulre,  v.  réfl.  Être  enfreint.  Les 
lois  de  ia  nature  ne  s'enfreignent  pas  impunément. 

—  HIST.  xi'  s.  E  qui  enfriint  la  pais  le  rei....  ioi'j 
deGuitl.  1.  Il  XII' s.  S'ele  son  vo  [vœu]  nen  enfrai- 
gneit.  Que  ele  enfraindre  ne  devreit,  wace.  Vierge 
Harie,  p.  .16.  Pur  ce  volt  or  aveir  [il  veut  mainte- 
nant avoir,  obtenir]  que  rien  n'en  seit  enfreit.  Th. 
te  mart.  27.  ||  xiu'  s.  Thadres  li  Acres....  avoit  tri- 
ves  à  l'empereour  Henri,  et  ne  li  avoit  mie  bien  te- 
nues, ains  les  avoit  enfraintes,  villeu.  clxvi.  Et 
chascuns  barons,  et  autre  qui  ont  justices  en  lor 
terres,  ont  les  amendes  de  lor  sougès  [sujets]  qui 
enfraigncnt  les  establissemens,  selonc  le  [la]  tauxa- 
lioii  du  roi,  BEAUM.  XLix,  4.  Il  XVI'  s.  Aux  estais 
de  Bourgogne  on  avoit  ordonné  d  enfreindre  l'edict, 
d'aub.  Ilist.  I,  204.  L'authorité  de  la  loy  n'est  en 
rien  enfreinte  [abrogée],  que  nous  ne  la  devions 
tousjours  recevoir  en  mesme  honneur  et  révérence, 
CALV.  Instit.  868. 


ENF 

—  ÉTYM.  Lat.  infringere,  de  in,  en,  et  frangere, 
brLser  (voy.  fracture).  Il  aurait  mieux  valu  écrire, 
comme  jadis,  par  un  a,  enfraindre ,  hc3.a6ii  du  fran 
gère. 

ENFREINT,  EINTE  (an-frin,  frin-t'),  part,  passé 
d'enfreindre.  Des  devoirs  enfreints  fiar  de  coupables 
passions.  Ce  droit  enfreint  ouvre  la  porte  aux  ex- 
cès de  la  plus  odieuse  oligarchie,  J.  j.  nouss.  Lettres 
de  la  monlaqne,  H. 

ENFUOQUÉ,  EÉ  (an-fro-ké,  kée),  part,  passé. 
Qui  porte  un  froc.  ||  Substantivement.  Ils  ne  s  atten- 
daient guère  à  rencontrer  ces  enfroqués  (les  moines 
défendant  Saragosse,  lors  du  siège  en  (808j  à  che- 
val comme  des  dragons  de  feu  sur  les  poutres 
embrasées  des  édifices  de  Saragosse,  chateauhh. 
Mémoires,  t.  v,  p.  420. 

ENFROQUER  (an-fro-ké),  v.  a.  ||  1»  Terme  de  dé- 
nigrement. Mettre  le  froc,  faire  moine.  Ils  ont  en- 
froqué  ce  jeune  homme.  ||  2°  S'enfroquer,  r.  réfl. 
Se  faire  moine.  Le  chagrin  le  saisit;  il  s'enfroqua. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Les  règnes  d'un  Childeric  l'en- 
froqué ,  Louis  le  fainéant,  Charles  le  simple.... 
SULLY,  Hém.  t.  III,  p.  136,  dans  lacurne.  Survient 
un  quidam  enfroqué,  ayant  la  charge  d'esleindre 
les  chandelles  et  de  chasser  les  chiens  hors  l'église, 
DUFAÏL,  Contes  d'Eutrap.  ch.  xx. 

—  ÉTYM.  En  i ,  el  froc. 

ENFUI,  lE  (an-fui,  fuie),  part,  passé  d'enfuir. 
La  brume  enfuie,  v.  ncGo,  Odis,  v,  24.  Plusieurs 
juges  [aux  États-Unis]  se  déclaraient  incompétents 
quand  les  maîtres  venaient  réclamer  leurs  esclaves 
enfuis,  reclus,  Tien,  des  Deux- Mondes,  I6  mars 
(803,  p.  :i82.  Il  Ce  participe,  à  l'état  isolé,  n'est 
pas  dans  l'Académie.  Mais  on  peut  le  rappeler  à 
côté  d'cipir^,  de  péri  et  de  quelques  autres. 

ENFUIR  (S')  (an-fuir),  je  m'enfuis,  nous  nous  en- 
fuyons, vous  vous  enfuyez,  ils  s'enfuient;  je  m'en- 
fuyais, nous  nous  enfujions,  vous  vous  enfuyiez; 
je  m'enfuis,  nous  nous  enfuîmes;  je  m'enfuirai;  je 
m'enfuirais;  enfuis-toi;  que  je  m'enfuie,  que  nous 
nous  enfuyions,  que  vous  vous  enfuyiez;  que  je 
m'enfuisse;  s'enfuyant;  enfui,  v.  rf/l.  ||  !•  Se  r^  ii- 
rer  en  toute  hAte,  en  prenant  la  fuite.  S'enfuir  ;  i 
moment  du  danger.  S'enfuir  de  prison.  C'est,  ma 
dit-il,  notre  grand  et  incomparable  Molina,  qui, 
par  .sa  prudence  inimitable,  l'a  estimée  [une  somme 
volée]  à  six  ou  sept  ducats,  pour  lesquels  il  assure 
qu'il  est  permis  de  tuer,  encore  que  celui  qui  les 
emporte  s'enfuie,  pasc.  i'roi;.  7.  Si  tôt  qu'elle  me 
voit,  elle  s'enfuit  de  moi,  bacan,  Bergeries,  ii,  4. 
?eSa(!/rc.  Ceux  qui  me  voyaient  s'enfuyaient,  saci. 
Bible,  psaumewK,  (2.  Et  son  âqpe  en  courroux  s  en- 
fuit dans  les  enfers,  BAC.  Tliéb.  v,  3.  J'ai  vu  des 
citoyens  s'enfuir  avec  horreur,  volt.  II.  de  Cis.  ii, 
4.  Et  quand  la  nuit  revient  en  cet  affreux  château.  De 
Saphire  éplorèeon  revoit  l'ombre  errante;  Elle  tient 
dans  ses  mains  une  tête  sanglante,  La  pre.sse  sur  son 
sein,  et  l'embrasse  et  s'enfuit,  masson,  llelv.v.  Un 
maître  fou  qui,  dit-on,  Kit  jadis  mainte  fredaine, 
Des  loges  de  Cliarenton  S'est  enfui  l'autre  semaine, 
bêrano.  J<ige  de  Char.  \\  Avec  ellipse  du  pronom 
personnel.  Comment  l'avez-vous  laissé  enfuir?  |l  Par 
extension.  Les  rivages  s'enfuyaient  loin  de  nous. 
Ff.N.  m.  m.  Il  2°  S'évanouir,  disparaître.  Le  temps 
s'enfuit.  Pour  toute  récompense  il  n'obtient  qu'un 
vain  bruit.  Qu'un  triomphe  frivole,  un  éclat  qui 
s'enfuit,  VOLT.  Brulus,  i,  4.  La  coupe  de  mes 
jours  s'est  brisée  encor  pleine;  Ma  vie  en  longs  sou- 
pirs s'enfuit  à  chaque  haleine;  Ni  larmes  ni  regrets 
ne  peuvent  1  arrêter,  lamart.  tiédit,  ii,  6.  Qu'est-ce 
donc  que  des  jours  pour  valoir  qu'on  les  pleure?  Un 
soleil,  un  soleil,  une  heure  et  puis  une  l.eure;  Celle 
qui  vient  ressemble  à  celle  qui  s'enfuit,  ID.  ib. 
Il  3°  S'échapper  d'un  vase,  en  parlant  d'une  li- 
queur. Votre  vin  s'enfuit.  Le  lait  s'enfuira  bientôt. 
Il  Par  métonymie.  On  dit  qu'un  vase  s'enfuit,  lors- 
qu'il laisse  échapper  la  liqueur  qu'il  contient.  Ce 
tonneau  s'enfuit.  Aujourd'hui  on  se  sert  plus  ordi- 
nairement de  fuir.  Il  Kig.  Ce  n'est  pas  par  là  que 
le  l'ot  s'enfuit,  ce  n'est  pas  par  là  que  l'affaire 
peut  manquer. 

—  REM.  Autrefois  et  jusque  dans  le  xvii'  siècle, 
on  a  considéré,  dans  s'enfuir,  la  préposition  comme 
mobile.  Vite,  fuis-l'en,  la  font.  Lunet.  Ils  s'en  sont 
fuis,  Boss.  Excus.  2.  Aujourd'hui  cet  archaïsme  est 
hors  d'usage  et  considéré  comme  une  faute;  il  fau- 
drait dire  :  enfuis-toi;  ils  se  sont  enfuis;  mais  d'au- 
cune façon  on  ne  dira:  ils  s'en  sont  enfuis;  c'est 
une  grosse  faute. 

—  IIIST.  XI'  s.  Si  est  aucuns  qui  blamet  seit  et  si 
il  s'en  fuist....  Lois  de  Guill.  48.  Dient  Kranceis  ! 
Dehait  [mal]  ait  qui  s'enfuit,  Ch.  de  Roi.  Lixx.  f  uïi 
s'en  [il]  velt,  mais  ne  lui  valt  nient,  ib.  cxxiii.  De 


ENF 


ËNG 


ENG 


1393 


ce  oui  chaut?  Fuît  s'en  est  Marsiles ,  ib.  cxu 
Il  xn  s  Que  est  à  tei,  mer,  que  tu  t'enfuis?  e  tu, 
Jonlain,  que  tu  ies  conveitiz  ariere?  Liber  psalm. 
p.  <76.  Fuit  s'en  fel  Guenes,  grant  paor  a  de  soi, 
Honc.  p.  <83.  Absalon  s'enfuiil  à  Tholomai  le  fiz 
Amiur  le  rei  de  Jessur,  e  là  demeuiad  treis  ans, 
Rois,  p.  )67.  ||  xiif  s.  Belle,  fuiez  vous  en,  n'y  soit 
plus  (lelaiô  [tardé], Berfe,  xxi.  Je  m'en  foï  sans  plus 
atendie,  (o  Rose,  7314.  S'il  s'enfuit,  il  a  perdu  hon- 
nor  et  tout  ce  qu'il  tient  en  fief,  beaum.  66.  ||  xiv*  s. 
C'est  en  cest  siècle  ung  grant  déluge,  N'est  celuy  qui 
d'elle  [de  la  mort]  s'enfuge,  Liv.  du  bon  Jehan,  26. 
Il  XVI"  s.  Si  estonné  et  si  transi  qu'il  ne  pouvoit 
prendre  party  de  s'enfuyr,  mont,  i,  62. 

—  Etym.  En  2,  et  fuir;  provenç.  enfugir. 
ENFUMÉ,  ÉE   (an-fu-mé,   mée)  ,   part,    pansé. 

Il  !•  Empli  de  fumée.  Une  chambre  enfumée. 
Il  2°  Incommodé  par  la  fumée.  Enfumé  par  une 
mauvaise  cheminée.  Un  renard  enfumé  dans  son  ter- 
rier. Il  3°  Noirci  par  la  fumée.  II  n'y  a  si  vil  praticien 
qui,  du  fond  de  son  étude  sombre  et  enfumée,  ne 
se  préfère  au  laboureur  qui  jouit  du  ciel  et  qui 
fait  de  riches  moissons,  la  brut.  vu.  S'offre  d'abord 
un  portique  enfumé.  De  la  discorde  asile  renommé, 
j.  B.  ROtss.  Alle'g.  11,  2.  Il  Tableau  enfumé,  tableau 
fort  vieux  que  le  temps  a  noirci.  ||  Verre  enfumé, 
verre  noirci  par  la  fumée,  dont  on  se  sert  pour 
regarder  le  soleil.  L'expérience  du  verre  enfumé, 
dont  on  a  parlé  d'abord,  malebr.  Recherche,  Ré- 
ponse à  Régis,  ch.  <.||Fig.  L'ignorance,  la  stupi- 
dité, les  passions,  la  superstition,  la  flatterie,  la 
haine  sont  autant  de  verres  enfumés,  à  travers  les- 
quels presque  tous  les  hommes  voient  les  événements 
qu'ils  racontent,  d'alembert,  Réft.  surl'hisl.  Œu- 
vres, t.  IV,  p.  186,  dans  pougens.  ||  4°  De  couleur 
de  fumée.  Son  teint  jaune,  enfumé,  de  couleur  de 
malade,  bêgnier,  Sat.  x.  ||  5°  Troublé  par  les  fu- 
mées du  vin.  T'ai-je  fait  voir  de  joie  une  belle  animée, 
Qui,  souvent  d'un  repas  sortant  tout  enfumée,  Fait 
même  à  ses  amants,  trop  faibles  d'estomac.  Redou- 
ter ses  baisers  pleins  d'ail  et  de  labac  ?  boil.  Sat.  x. 
ENFUMER  (an-fu-mé),  V.  o.  ||  1°  Emplir  de  fu- 
mée. Le  vent  a  changé,  et  la  cheminée  enfume  la 
chambre.  ||  Il  se  dit  de  la  fumée  de  l'encens,  ô  com- 
bien d'écrivains  languiraient  inconnus.  Oui,  du 
Pinde  français  illustres  parvenus,  En  servant  ce 
parti  [le  parti  des  philosophes]  conquirent  nos  hom- 
mages !  L'encens  de  tout  un  peuple  enfume  leurs 
images,  Gilbert,  XK///«  stècte.  ||  2°  Noircir  par  la 
fumée.  Enfumer  des  verres.  ||  Terme  de  beaux-arts. 
Étendre  une  teinte  rousse  sur  un  tableau  pour  lui 
donner  l'apparence  d'un  vieil  original.  ||  3°  Incom- 
moder par  la  fumée.  Vous  allez  nous  enfumer  avec 
ce  bois  vert.  ||  Enfumer  un  renard,  des  abeilles,  ies 

forcer  de  sortir  de  leur  retraite  par  la  fumée Le 

prince  tout  à  l'heure  Veut  qu'on  aille  enfumer  re- 
nard dans  sa  demeure,  la  font.  Fabl.  viii,  3. 
Il  4°  Fig.  Troubler  l'esprit  par  les  fumées  de  l'or- 
gueil ou  du  vin.  Mais,  pour  un  vain  bonheur  qui 
vous  a  fait  rimer.  Gardez  qu'un  sot  orgueil  ne  vous 
vienne  enfumer,  boil.  Art  p.  ii.  ||  5°  l'aire  un  petit 
feu  dans  le  fourneau  à  briques,  afin  de  le  chauffer 
par  degrés.  Il  6"  S'enfumer,  v.  réfl.  S'entourer  de 
fuméo.  Les  Lapons  n'ont  point  d'autre  remède  con- 
tre ces  maudits  animaux  [moucherons]  que  d'emplir 
de  fumée  le  lieu  oii  ils  demeurent....  nous  fîmes  la 
même  chose  et  nous  nous  enfumâmes,  regnaru, 
Voyage  en  Laponie,  t.  iv,  p.  206.  ||  Se  noircir  par 
la  fumée.  Mes  meubles  se  sont  enfumés  eut  hiver. 

—  HIST.  xu*  s.  Toz  nu  piez  est,  si  drap  sont  en- 
fumé; En  la  cuisine  ot  lonc  tans  conversé.  Bat. 
d'Aleschans,  v.  3463.  ||  xiii'  s.  Lors  jeté  [Genius]  le 
cierge  en  la  place.  Dont  la  flame  toute  enfumée 
Par  tout  le  monde  est  alumée,  la  Rose,  20873. 
Il  XV'  s.  Et  l'Allemand  le  consuivit  par  telle  manière 
de  son  glaive  roide  et  enfumé  [durci  au  feu]  que 
oncques  ne  se  brisa  ni  ploya,  froiss.  i,  i,  <<3. 
Une  pauvre  maisonnelle  enfumée,  aussi  noire  que 
airement  [encre],  id.  ii,  ii,  (57.  ||  xvi"  s.  Ne  les 
riches  maisons  Avec  leur  gloire  et  enfumez  blasons, 
MAROT,  m,  <62.  Le  reste  du  corps  estoit  de  la  cou- 
leur d'un  gris  enfumé,  paré,  xix,  4.  Qui  la  flame 
immortelle  aux  temples  gardera?  Qui  d'encens  sa- 

'  bean  ton  throne  enfumera'?  rons.  872.  C'est  une  idole 
enfumée  [un  vieillard]  Au  coin  d'une  cheminée  Qui 
ne  fait  rien  que  cracher,  id.  659. 

—  ÉTYM.  En  i,  et  fumer;  provenç.  enfumar. 

t  ENFUMOIR   (an-fu-moir) ,    s.  m.  Terme   rural. 
Ustensile  pour  le  transvasement  des  abeilles. 

—  ÊTYM.  Enfumer. 

i  ENFUTAILLER  (an-fu-tâ-llé ,  Il  mouillées),  v.  a. 
Ternie  de  commerce.  Mettre  en  futailles. 

—  ÉTïM.  Uni,  et  futaille. 

mer.    DE   LA    lANQUE   FHANÇAI3B. 


ENGAGÉ,  ÉE  (an-ga-jé,  jée),  part,  passé.  ||  l'Mis 
en  gage.  Des  effets  engagés  au  mont-de-piété.  ||  Do- 
maine engagé,  domaine  que  le  souverain  concède 
avec  la  faculté  d'y  rentrer  en  remboursant  le  prix; 
ainsi  dit  parce  que,  sous  l'ancienne  monarchie,  le 
roi  n'aliénait  jamais  son  domaine  qu'avec  faculté  de 
rachat  perpétuel.  ||  2"  Obligé  par  une  sorte  de  mise 
en  gage.  Ma  foi,  mon  cœur,  mon  bras,  tout  vous 
est  engagé,  corn.  Cinna,  m,  3.  Fais-lui  valoir  l'hy- 
men où  je  me  suis  rangée;  Dis-lui  qu'avant  ma  mort 
je  lui  fus  engagée,  rac.  indr.iv,  <.  ||  3°  Qui  a  des 
motifs  pour.  Un  éclatant  arrêt  de  ma  gloire  outra- 
gée   jamais  n'être  à  lui  me  tenait  engagée,  mol. 
D.  Gare,  v,  2.  Lagrandeur  des  vertus  dont  je  suis 
engagé  de  vous  parler,  fléch.  Tur.  Mon  âme  mal- 
gré vous  à  vous  plaindre  engagée,  rac.  Alex,  iv,  2. 
Il  4°  Quia  pénétré  dans  ....,  sans  pouvoir  facilement 
sortir  ou  être  retiré,  par  comparaison  à  une  chose 
mise  en  gage.  Le  régiment  engagé  dans  un  défilé. 
Le  fer  reste  engagé  dans  son  sein  palpitant,  saurin, 
Sparlacus,  v,  9.  Le  bâtiment  se  trouva  engagé  au 
milieu  d'une  multitude  de  petites  îles,  m-'^degenlis. 
Veillées  du  chdt.  1. 1,  p.  378,  dans  podgens.  On  aper- 
çoit Socrate  les  fers  aux  mains,  et  les  jambes  engagées 
dans  une  grosse  pièce  debois,  bebn.de  st-pierre, 
If or(  de  Socr.  Il  Terme  de  marine.  Navire  engagé, 
navire  surpris  par  une  forte  rafale  ou  embarrassé 
dans  des  écueils.  ||  Terme  d'architecture.  Colonne 
engagée,  celle  dont  une  partie  est  supposée  enfon- 
cée dans  le  mur.  ||  Fig.  De  sorte  que  je  me  trouve 
étrangement  engagé  dans  l'hérésie,  puisque,  la  pu- 
reté de  ma  foi  étant  inutile  pour  me  retirer  de  cette 
sorte  d'erreur,  je  n'en  puis  sortir  ou  qu'en  trahis- 
sant ma  conscience  ou  qu'en  réformant  la  vôtre, 
PASC.  Prov.  1 6.  Les  âmes  les  plus  engagées  dans  les 
passions,  mass.  Carême,  Culte.  Un  affreux  préjugé 
Tient  son  cœur  innocent  dans  le  piège  engagé,  volt. 
[rêne,  m,  8.  ||  5°  Terme  d'économie  politique. 
Capital  engagé,  capital  qui,  employé  à  quelque 
entreprise  ou  spéculation,  n'est  plus  disponible. 
Il  6°  Terme  militaire.  Mis  aux  prises.  La  réserve 
entière  était  engagée.  ||  T  Commencé.  C'est  une 
affaire  engagée,  La  bataille  engagée  dès  le  matin. 
La  querelle  est  trop  grande,  elle  est  trop  enga- 
gée, VOLT.  Irène,  n,  4.  ||  8°  Qui  a  un  engagement 
pour  quelque  service.  Engagé  au  théâtre.  Un  do- 
mestique engagé  pour  quelques  mois  seulement.  Des 
jeunes  gens  engagés  pour  le  service  militaire. 
Il  9»  Par  extension,  qui  est  retenu  par  quelque  de- 
voir de  société.  Je  suis  engagé;  je  ne  pourrai  assis- 
ter à  votre  concert.  Elle  est  engagée  pour  ce  soir, 
dit-il;  mais  j'aurai  l'honneur  de  vous  mener  chez 
une  dame  de  qualité,  et  là  vous  connaîtrez  Paris 
comme  si  vous  y  aviez  été  quatre  ans,  volt.  Cand. 
22.  Il  10°  S.  m.  Un  engagé,  ou  un  engagé  volon- 
taire, un  homme  qui  est  entré  au  service  militaire. 
Un  nouvel  engagé.  Les  engagés  volontaires. ||Homnie 
engagé  pour  aller  travailler  dans  les  colonies.  Les 
engagés,  espèce  d'hommes  qui  se  vendaient  en  Eu- 
rope, pour  servir  comme  esclaves  pendant  trois  ans 
dans  les  colonies,  raynal,  llist.  phil.  x,  8. 

ENGAGEANT,  ANTE  (an-ga-jan,  jan-t') ,  adj.  Qui 
engage,  qui  attire.  Paroles,  manières  engagean- 
tes. Ne  trouvez  pas  mauvais  Qu'en  ces  fables  aussi 
j'entremêle  des  traits  De  certaine  philosophie  Sub- 
tile, engageante,  hardie,  la  font.  Fabl.  x,  ).  La 
cour  ne  vit  jamais  rien  de  plus  engageant  [que  la 
princesse  palatine];  et,  sans  parler  de  la  pénétration 
et  de  la  fertilité  infinie  de  ses  expédients,  tout  cé- 
dait au  charme  secret  de  ses  entreliens,  boss.  Anne 
de  Gons.  Ses  manières  étaient  engageantes,  hamilt. 
Gramm.  7.  Ce  que  je  lui  disais  d'engageant  et  de 
doux,  TH.  corneille,  Ariane,  ly,  \.  X  l'égard  de 
votre  .seconde  proposition,  elle  est  très-engageante, 
mais  il  ne  convient  pas  à  une  fille  bien  née  d'en 
parler,  volt.  Princ.  de  Babyl.  4.  Elle  attirait  les 
gens  Par  des  airs  engageants,  bérang.  Mme  Grég. 

ENGAGEAIVTES  (an-ga-jan-f),  s.  f.plur.  Parure, 
nœud  de  rubans  que  les  femmes  portaient  autrefois 
au  cou.  Ces  manches  galantes  Laissent  voir  de  beaux 
bras  sous  le  nom  d'engageantes,  boursault.  Mots  à 
la  mode,  se.  <  5. 

—  ÉTYM.  Engageant. 

ENGAGEMENT  (an-ga-je-man),  s.  m.  |i  1»  Mise 
en  gage.  Engagement  de  meubles.  ||  Terme  de  ju- 
risprudence. Engagement  d'immeubles,  acte  par 
lequel  on  cède  à  quelqu'un  la  joui.ssance  d'un  bien- 
fonds  pour  la  sûreté  d'une  dette,  et  ce  contrat  preml 
le  nom  spécial  d'antichrèse.  ||  Acte  ou  billet  qui  ren- 
ferme l'énoncé  d'un  engagement.  Un  engagement  du 
mont-de-piété.  ||  2°  Action  d'engager,  de  s'engager 
par  un  acte.  Être  tenu  par  un  engagement  écrit. 
Il  Faire  honneur  à  ses  engagements,  payer  tout  ce 


qu'on  doit;  et  fig.  tenir  tout  ce  qu'on  a  promis.  Il  II  se 
dit  aussi  des  actes  diplomatiques.Victor-Amédée,  duc 
de  Savoie,  était  celui  de  tous  les  princes  qui  prenait 
le  plus  tôt  son  parti,  quand  ils'agissait  de  rompre  ses 
engagements  pour  ses  intérêts,  volt.  Louis  XIV, 
(7.  Il  S"  Promesse  qui  engage.  Engagement  tacite. 
C'est  un  engagement  sacré.  Ah  !  c'est  trop  essuyer 
tes  indignes  murmures.  Tes  vains  engagements,  te» 
plaintes,  tes  injures,  volt.  Brut,  iv,  s.  ||  Par  exten- 
sion. Le  succès  qu'il  a  obtenu  est  comme  un  engage- 
ment d'en  mériter  d'autres.  Voyez  si  leur  vie  soutien 
dra  un  seul  des  engagements  deleur  baptême,  mass. 
Myst.  sur  la  ferv.  des  prem.  chrét.  ||  4°  État  où  l'on 
est  engagé,  lié,  mariage,  amour,  monde.  L'enga- 
gement ne  compatit  pas  avec  mon  humeur,  mol. 
Fest.  de  P.  m,  6.  Un  engagement  qui  doit  durer 
jusqu'à  la  mort  ne  se  doit  jamais  faire  qu'avec  de 
grandes  précautions,  m.  VArare,  i,  7.  Les  enga- 
gements du  monde,  prendre  des  engagements  avec 
quelqu'un,  sont  des  termes  de  nouvelle  création, 
BOUHOURS,  Entret.  d'Arisfeet  d'Eug.2.  Les  passioni 
et  les  engagements  du  monde  lui  parurent  tels  qu'ils 
paraissent  aux  personnes  qui  ont  des  vues  plus  gran- 
des et  plus  éloignées  ,  M"*  de  la  fayette  ,  Princ. 
de  Clèies,  Œuvres,  t.  ii,  p.  26),  dans  pougens. 
M.  le  Tellier,  renfermé  dans  les  modestes  emplois 
de  la  robe,  ne  jetait  pas  seulement  les  yeux  sur  les 
engagements  éclatants,  mais  périlleux,  de  la  cour, 
BOSS.  le  Tellier.  Bérénice  n'ayant  pas  ici  avec  Titus  les 
derniers  engagements  que  Didon  avait  avec  Enée, 
elle  n'est  pas  obligée,  comme  elle,  de  renoncer  a  la 
vie,  RAC.  Bérén.  Préface.  On  se  trouve  actuellement 
dans  des  engagements  trop  vifs,  mass.  Avent,  Délai. 
Nous  nous  formons  des  engagements  éternels,  id. 
Carême,  Voc.  Qu'il  faut  de  violence  pour  rompre 
les  engagements  que  le  cœur  et  l'esprit  ont  formés! 
MONTESQ.  Lettr.  pers.  4  9.  ||  Un  tendre  engage- 
ment, un  engagement  de  cœur,  liaison  d'amour 
entre  deux  personnes.  Un  tendre  engagement  va 
plus  loin  qu'on  ne  pense;  On  ne  voit  pas,  lorsqu'il 
commence.  Tout  ce  qu'il  doit  coûter  un  jour,  qui- 
NAULT,  Thésée,  II,  f.  Il  5°  Ce  qui  engage,  pousse, 
excite.  Et  ces  noms,  ces  respects,  ces  applaudis- 
sements Deviennent  pour  Titus  autant  d'engage- 
ments, RAC.  Bérén.  v,  2.  Et  ne  t'a-t-on  point  dit  par 
quel  engagement  Bajazet  a  pu  faire  un  si  prompt 
changement?  id.  Baj.  m,  (.  Le  bon  esprit  nous 
découvre  notre  devoir,  notre  engagement  à  le  faire, 
LA  BRUY.  11.  Il  6°  Action  de  s'engager  pour  un 
service,  de  s'enrôler.  Aux  termes  de  son  engage- 
ment il  sera  libre  au  bout  de  deux  ans.  Contracter 
un  engagement  dans  un  corps  de  troupes.  Cet  ac- 
teur vient  de  prendre  un  engagement  à  tel  théâtre. 
Il  Le  prix  de  l'engagement.  Son  engagement  est  de 
tant.  Il  Pendant  la  Révolution,  la  Convention  rem- 
plaça le  mot  de  domesticité  par  celui  d'engagement, 
il  7°  Terme  de  guerre.  Combat  partiel  entre  des  corps 
séparés.  L'engagement  devint  général.  ||  8»  Termo 
d'escrime.  Attaque  composée,  qui  se  fait  en  ga- 
gnant le  faible  de  l'épée  de  l'adversaire  pour  se  ren- 
dre maître  de  la  ligne  droite. 

—  HIST.  xiu*  s.  S'aucuns  tient  en  parchonerie 
[partage]  avec  autres ,  par  reson  de  bail  ou  de  douaire 
ou  d'engagement,  beaum.  xxii,  5.  S'il  pot  prouver 
que  Ii  héritages  ait  esté  tenus  par  engagement,  si 
comme  ilavient  que  uns  hons  engage  sa  terre  à  dix 
ans  ou  à  douze,  ....tex  [telles]  tenure  ne  valent  rien 
contre  celi  qui  veut  prover  les  engagemens,  id.  xxiv, 
♦.  Mes  se  je  Ii  este  le  [la]  coze  le  tans  durant  de  son 
engagement,  il  a  bien  action  de  nouvele  dessaizine 
contre  moi,  id.  xxxii,  <3. 

—  ÉTYM.  Engager. 

ENGAGER  (an-ga-gé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
et  o;  engageant,  nous  engageons),  v.  a.  ||  1°  Mettre 
en  gage.  Engager  ses  vêtements.  Que  l'autre  le  dé- 
pouille et  ses  meubles  engage,  régnieh,  Sat.  x. 
Asychis  ne  permettait  d'emprunter  qu'à  condition 
d'engager  le  corps  de  son  père  à  celui  dont  on  em- 
pruntait, BOss.  JHst.  m,  3.  Saint-Amand  n'avait 
rien;  Mais  quoi  !  las  de  mener  une  vie  importune, 
U  engagea  ce  rien  pour  chercher  la  fortune,  boil. 
Sat.  I.  Hél  que  diable  engager?  que  vendre? 
pour  tout  meuble  et  immeuble  vous  n'avez  que 
votre  habit  et  le  mien;  encore  le  tailleur  n'est-il 
pas  payé ,  begnabd  ,  Sérén.  se.  il.  ||  2°  Assi- 
gner pour  gage.  Engager  ses  biens  à  ses  créan- 
ciers. Robert  engagea  à  Guillaume  le  Roux  la  Nor- 
mandie pour  subvenir  aux  frais  de  son  armement, 
VOLT.  Mœurs,  64.  ||  3°  Par  extension.  Engager  sa 
foi,  sa  parole.  Je  t'engage  ma  foi,  De  ne  respirer 
pas  un  moment  après  toi,  corn.  Cid,  m,  4.  Si 
vous  voulez  ma  main,  n'engagez  point  la  vôtre, 
ID.  Sert.  111,  4.  J'engageai  mon  honneur  engagrtm' 

1.      n.'i 


«394 


ENG 


,„„  p«r..lo,  «OTB.  Vencetl.  m,  «.  Vous  ave/  deux 
cboii  à  enK.K.r,  voira  n.i.so..  et  votre  volonl6, 
îS^re   oonnlL'nc;  o.  votre  b6a;Uude    H.sc.  <ia..s 

Di'enKntferta  foi,  le  temps  fera  le  reste,  luc.  Bajas. 
T  4.  yue  ,leraJ»ons,  i|iielle  .luuceur  extrôme  Den- 
g'tlfèr  i  ce  Dieu  sou  auiour  et  sa  foi  I  m.  Alhal.  i,  4. 
Il  KiiK,a((ersoii  ciKur, (louuerson  cœur,  aimer.Je  lui 
prête  mou  liras  saus  eiigager  mon  cœur,  corn.  Sér- 
ier. II,  2-  ijamais,  Colin,  je  t'engage  Muncœurel 
ma  foi,  J.  1-  Rouss.  Dmin  de  village,  se.  «.  ||  4°  Ulili- 
ger,  lier.  Soit  qu'il  ctde  ou  résiste  au  feu  qui  me 
l'engage,  cohn.  Cid,  ii,  3.  Auprès  d'un  autre  objet 
un  autre  amour  l'engage,  iD.  Sertor.  iv,  2.  uulru 
mon  intérêt  m:i  parole  m'engage,  roth.  Uélis.  i,  3. 
J'étais  par  les  doux  nœuds  d'une  amour  mutuelle 
Engagé  de  parole  avecque  celte  belle,  moi.,  bc.  dvs 
femmes,  v,  tu.  Kii  gros,  leur  avis  fut  que  vous  ne 
pouvez  on  aucune  manière,  saus  blesser  la  cliarilé 
et  votre  conscience,  engager  un  enfant  do  son  âge 
et  de  .son  innocence  et  même  de  sa  piété  [Jacqueline 
Perler,  âgée  de  tl>  ans]  à  la  plus  basse  et  à  la  pbis 
périlleuse  des  conditions  du  christianisme  [le  ma- 
riage], PA.SC.  Extrait  d'une  lettre  à  Mme  l'érier, 
1659.  Les  dernières  paroles  de  ces  messieurs  sont 
que  d'engager  un  enfant  à  un  homme  du  commun 
[marier  Jacqueline  et  un  homme  du  commun],  c'est 
une  espace  d'homicide  et  comme  un  déicide  en  leurs 
personnes,  lu.  ib.  Si  sous  mes  lois.  Amour,  tu  pouvais 
l'engager,  rac.  Andr.  n,  t.  Je  vais,  en  recevant  sa 
foi  sur  les  autels.  L'engager  à  mon  fils  par  des  nœuds 
immortels,  id.  ib.  iv,  t.  Songez-vous  quel  ser- 
ment vous  et  moi  nous  engage?  id.  [phig.  v.  2.  ||  On 
dit  aussi  enjiager  en.  Mais  que  serait-ce  si  j'exami- 
nais l'abus  que  vous  avez  fait  de  vos  places  et  de  vos 
dignités  dont  vous  rendrez  un  compte  rigoureux  au 
tribunal  de  Jésus-Christ,  et  qui  vous  engage  en  des 
réparations  infinies?  mass.  Car.  Dang.  des  prosp. 
Il  Absolument.  Cela  n'engage  à  rien.  Tout  engage- 
ment incompatible  avec  le  salut  n'engage  pas, 
MASS.  Car.  Pâques.  \\  B"  Prendre  des  gens  à  gages. 
Engager  un  domestique.  ||  Kaire  contracter  un  enga- 
ment.  Le  directeur  a  engagé  pour  la  saison  une 
eicellenle  cantatrice.  ||  Enrôler.  Engager  des  sol- 
dats, des  matelots.  ||  6"  En  passant  du  sens  juri- 
dique, qui  est  le  sens  propre,  au  sens  physique.  En- 
gager une  chose  dans  une  autre,  l'y  faire  entrer  ou 
pénétrer  de  manière  à  ne  pouvoir  que  difficilement 
l'en  dégager.  Engager  un  bateau  dans  le  sable,  dans 
une  passe  périlleuse.  ||  Terme  d'architecture.  Faire 
pénétrer  une  construction  dans  une  autre.  ||  Terme 
de  marine.  Engager  un  bout  do  cordage,  le  presser 
eitre  deux  objets  qui  l'empêchent  décéder  à  un  ef- 
fort. Engager  un  levier  sous  une  pièce,  en  jilacer 
le  bout  sous  cette  pièce  pour  la  mettre  en  mouve- 
Dient,  la  soulever.  Il  On  ledit  aussi  de  personnes,  do 
troupes  qui  pénètrent  en  quelque  lieu.  Malheur 
donc  à  celui  qu'une  aiïaire  imprévue  Engage  un  peu 
trop  tard  au  détour  d'une  ruel  boil.  Sat.  vi.  L'artil- 
lerie ennemie  a  profité  des  hauteurs  qui ,  de  son  côté, 
bordent  la  rivière;  ses  feux  traversent  le  fond  du  le- 
fli  dans  lequel  Delzons  et  ses  troupes  sont  engagés, 
SÊOUR,  tlist.  de  Sap.  a.,  2.  ||  7°  Terme  d'escrime. 
Engager  le  fer,  faire  un  engagement,  y  Toucher  le 
fer  de  son  adversaire.  Engagez  de  quarte,  et  tirez  de 
tierce.  ||  8"  Engagerle  combat,  le  commencereu  at- 
taquant le  premier.  ||  Engager  une  troupe,  lui  faire 
prendre  part  au  combat.  Il  avait  engagé  ses  derniè- 
res réserves.  ||  Par  extension.  Engager  une  discus- 
sion. Engager  la  partie.  Ma  sœur,  auparavant  en- 
gagez l'entretien ,  cohn.  Agésil.  i ,  t .  |j  Fig.  Engager 
le  combat,  commencer  une  querelle,  une  discus- 
sion. 119°  En  passant  du  sens  physique  du  n"  a  au 
sens  figuré  et  moral.  Kaire  entrer,  en  parlant  de  sen- 
timents, de  passions,  de  positions  où  l'on  est  retenu 
comme  en  gage.  SI  jamais  jusque-là  votre  guerre 
m'engage,  COHM.  ATtconi.iii,  t.  Elle  t'engagera  dans 
sa  haine  pour  moi.  ID.  l'ti.  v,  t.  Annibal,  qu'elle  vient 
(le  lui  sacrifier.  L'engage  en  sa  querelle  et  m'en  fait 
défier,  iD.iVicom.i,  i .  Et  pressé  de  soupçons  où  j'ai 
iu  l'engager,  Lui-même  à  ses  yeux  môme  il  l'a  fait 
égorger,  id.  Attila,  m,  ).  Sous  prétexte  de  con- 
duire en  Hollande  la  princesse  royale,  sa  flUe  aî- 
née, elle  va  pour  engager  les  Ëlats  dans  les  intérêts 
du  roi,  lui  gagner  des  officiers,  lui  amener  des  aiu- 
nitions,  noss.  Iteine  d'Anylet.  Je  veux  prévenir  le 
danger  Où  son  ressentiment  le  pourrait  engager, 
«AC.  Brii.  u,  3.  Dans  quel  emportement  la  douleur 
vous  engage  I  id.  ib.  m,  ♦.  Quoil  vous  n'avez,  pas 
•u  lenB:igcr  dans  vos  intérêts,  pen.  Tel.  x.  Aga- 
Ihocle  avait  engîigé  dans  son  parti  un  puissant  roi 
ae  Cytênes,  nommé  Ophellas,  djnt  il  avait  flatté 
I  ambition  par  de  maguifiques  espérances,  rolu."), 


ENG 

llist.anc.  (JEutres,  t.i,  p.  'i»7,  dans  pougiîns.  Eh 
bienl  vois  donc  l'abîme  où  le  sort  nous  engage, 
voi-T.  Alt.  m.  4.  Il  10"  Pousser,  exhorter.  Je  vous 
engage  à  l'aller  voir.  Je  vous  engage  à  prendre  pa- 
tience. Mais  à  le  condaniner  tu  m'a.s  trop  engagé, 
rac  Phed.  IV,  3.  Eiigagez-le  à  l'instant  À  chercher 
daiisMycî'ne  un  trône  qui  l'attend,  volt.  Pélopides, 
IV,  3.  Il  On  dit  aussi  quelquefois  engager  de.  Le  peu 
d'aisance  de  mon  grand-père  l'engagea  de  suivre  la 
mode  du  temps  et  de  mett.-e  ses  deux  aînés  pages  de 
Louis  XIII,  ST-siM.  6,  80.  Je  vous  en  répéterai  les 
articles  les  plus  importants,  avec  les  changements 
que  de  nouvelles  instructions  m'engagent  d'y  faire, 
j.  I.  ROuss.  Lelt.  à  il.  Dupeynu,  ïl  janv.  (760. 
Il  Entraîner,  induire,  en  parlant  des  choses.  L'in- 
térêt du  pays  n'est  pas  ce  qui  l'engage,  CuRN.  Cin- 
na,  m,  t.  Mais  à  quel  sentiment  ma  passion  m'en- 
gage I  TH.  coH.v.  Ariane,  i,  4.  Favorisez  les  soins 
où  son  amour  rengage,  rac.  Alex,  ii,  •.  L'intérêt, 
qui  fait  tout,  les  pourrait  engager  X  vous  donner 
retraite  et  môme  à  vous  venger,  volt.  Triumv.  m,  i. 
Ah!  connaissez  du  moins  l'erreur  qui  vous  engage, 
ID.  Zdire,  v,  3.  ||  11»  Inviter.  Engager  quelqu'un  h 
dîner.  ||  12°  S'engager,  v.  rcfl.  Etre  mis  en  gage. 
Des  objets  qui  s'engagent  facilement.  ||  Contracter 
un  emprunt,  un  engagement.  U  s'est  endetté,  et 
il  s'engage  tous  les  jours  de  plus  en  plus.  ||  Se  faire 
caution,  répondre.  Il  s'était  engagé  pour  son  gen- 
dre, il  a  fallu  payer.  ||  13°  Par  extension,  s'obli- 
ger. Mais  je  n'en  veux  jioint  suivre  [d'exemple]  où 
ma  gloire  s'engage,  corn.  Cid,  l,  2.  Toutes  deux  à 
ma  perte  à  l'envi  s'engager!  m.  Tois.  d'or,  v,  6. 
Je  me  suis  engagé,  maître  Jacques,  à  donner  ce 
soir  à  souper,  mol.  l'Axare,  m,  5.  Les  principales 
règles  de  ceux  qui  s'engageaient  à  ce  pieux  institut, 
FLÊcii.  Panég.  ii,  p.  CD.  Si  tout  ce  qui  reçoit  des 
fruits  de  la  largesse  X  peindre  les  exploits  ne  doit 
point  s'engager,  eoil.  Éplt.  viu.  11  faut  tout  bien  pe- 
ser au  moment  qu'on  s'engage,  sauiun,  Spart,  i, 
t.  Il  On  dit  aussi  s'engager  de.  Je  me  suis  engagé  de 
faire  valoir  la  pièce,  mol.  Préc.  to.  Le  roi  de  Dane- 
mark s'était  engagé  à  l'empereur  de  n'emjdoyer 
pas  la  voie  défait,  st-sim.  "O,  29.  ||  Absolument. 
Je  vais  la  voir,  l'aigrir,  la  suivre  et,  s'il  se  peut, 
M'engager  sous  son  nom  jilus  loin  qu'elle  ne  veut, 
RAC.  Prit.  1,  4.  Il  S'engager  à  quelqu'un,  s'obliger 
envers  lui.  Mais  qui   s'engage  ù  deux   dégage  l'un 

et  l'autre,    cohn.    Attila,    ii,    6 Qui    s'engage 

aux  rois  Se  fait  de  leurs  desseins  d'inviolables  lois, 
ROTR.  Bélis.  m,  2.  X  peine  au  fils  d'Egée  Sous  les 
lois  de  riiymen  je  m'étais   engagée,    rac.  Plièd. 

I,  3.  \]  14°  Prendre  un  engagement,  entrer  dans  une 
condition  où  l'on  est  tenu  de  rester.  S'engager  dans 
le  service  militaire.  U  s'est  engagé  dans  l'artillerie. 
Cet  acteur  s'engagera  à  l'Opéra.  ||  S'engager  dans 
les  ordres,  se  faire  prêtre.  ||  Absolument.  S'enga- 
ger, se  faire  soldat.  Dès  i|u'il  aura  dix-sept  ans,  il 
s'engagera.  Et  avec  ellipse  du  pronom  personnel, 
son  père  l'a  fait  engager.  ||  Par  extension.  Dans  le 
parti  des  rois  pensez-vous  qu'il  s'engage?  volt. 
Brut,  m,  2.  Il  IB"  S'avancer,  pénétrer  avant.  S'en- 
gager dans  un  défilé,  dans  un  mauvais  oas.  C'est 
ce  que  demandait  le  roi,  qui  exprès  avaU  pris  la 
fuite,  afin  de  lui  donner  lieu  de  s'engager  dans  l'in- 
térieur du  pays,  bolun,  //t.st.  anc.  flEurrcs,  t.  n, 
p.  39,  dans  pouGENS.  Sur  les  pas  des  tyrans  veux- 
tu  que  je  m'engage  ?  rac.  Prit,  iv,  4.  ||  16°  Être 
commencé,  en  parlant  d'un  combat,  d'une  discus- 
sion, d'une  affaire.  La  querelle  s'engagea  par  un 
incident  fortuit.  Il  faudra  que  la  discussion  s'en- 
gage tôt  ou  tard.  Je  dispose  l'attaque  et  le  combat 
s'engage,  saurin,  Spart,  iv,  t.||  17°  ferme  de  mé- 
decine. Devenir  malade,  en  parlant  des  organes.  La 
poitrine  s'engage.  »  août  t086  :  en  s'éveillaiitce  ma- 
tin à  B  heures,  il  [Monsieur,  frère  de  Louis  XIV]  a 
senti  que  sa  tête  s'engageait  et  n'a  pu  dire  autre 
chose,  sinon:  ah!  ma  tête!  ahl  ma  tête;  tous  les 
remèdes  qu'on  a  faits  depuis  ont  été  inutiles,  dan- 
GEAU,  I,  240.  Il  18°  Terme  de  marine.  S'engager 
sous  voile,  se  dit  d'un  bâtiment,  lorsqu'il  est  pris 
tout  à  coup  en  travers  par  un  coup  de  vent  violent 
qui  le  fait  fortement  incliner.  ||  19°  Entrer  dans  quel- 
que sentiment,  dans  quelque  situation  morale.  Je 
vous  devais  connaître  et  nem'engager  pas  Aux  trom- 
peuses douceurs  de  vos  cruels  appas.  Ou,  in'étant 
engagé,  n'implorer  point  votre  aide,  botr.  Vences. 

II,  2.  Sais-tu  dans  quels  périls  aujourd'hui  tu  l'en- 
gages? liOiL.  Épit.  I.  Je  me  suis  engagé  trop  avant. 
Je  vois  (fue  la  raison  cède  à  la  violence  [de  la  pas- 
sion). RAC.  Phèd.  II ,  2.  Le  roi  Guillaume  avait  en- 
traîné dans  sa  cajso  l'empereur,  l'Empire,  l'Espa- 
gne, les  Provinces-Unies,  la  Savoie;  Louis  XIV 
s'était  vu  trop  engagé  pour  reculer,  volt.  Louis  XI V, 


ENG 

<7.  Nés  sous  la  loi  des  saints,  dans  le  erima  iH 
s'engagent,  volt.  Alx.  ii,  2.  ||  S'appliquer  à.  S'en- 
gager dans  des  pr-évoyances,  pasc.  dans  tOLsm. 
Depuis  qu'il  fut  employé  à  la  monnaie,  il  ne  s'en- 
gagea plus  dans  aucune  entreprise  considérable  de 
mathématique  ni  de  philosophie,  konten.  Newton, 

—  REM.  Engager  suivi  d'un  infinitif  prend  le  (dus 
communément  la  préposition  d;  cependant  on  trouve 
ci-dessus  des  exemples  de  Molière,  de  Saint-Simon 
et  de  J.  J.  Rousseau,  où  engager  est  construit  avec 
de;  construction  qui  est  rare  sans  doute,  mais  qui 
n'a  rien  de  fautif. 

—  lllST.  XII'  s.  Et  je  sui  si  siens  quites  ligoment 
Que  tout  [elle]  me  puet  ou  engagier  ou  vendre, 
Couci,  V.  Il  XIII'  s.  Et  il  deit  après  jurer  que  il  ne 
l'a  vendue,  ne  donée,  ne  prestée,  ne  engagiée,  ne 
aliénée  en  aucune  manière,  parquet  il  ne  la  puisse 
et  deive  recouvrer  par  l'assise,  Ass.  de  Jér.  I,  200. 
Et  ce  meisme  restor  doit  il  fere  à  celi  à  qui  il  a  l'au- 
trui  coze  vendue  ou  engagiée,  healm.  xxxiv,  9.  Mi 
gage  sont  tuit  engagié,  Et  de  chiés  moi  desnianagié, 
BiiTETi.  t7.  ||xv*  s.  Et  disent  ainsi,  qu  ils  vous  feront 
dépendre  et  engager  toute  votre  terre,   froiss.  i, 

I ,  1 1 9.  Il  xvi*  s.  Ils  vous  diront  que  vostre  doux  lan- 
gage Les  cœurs  humains  aliène  et  engage,  st-gkl. 
32.  X  mesure  que  je  m'engage  dans  la  maladie, 
MONT,  i,  81.  Comment  peuvent-ils  engager  leur  foy 
sur  une  foy  populaire?  id.  i,  t03.  Desengager  celuy 
qui  me  doibt,  en  u.sant  de  luy,  ou  m'engager  en- 
vers  celuy  qui  ne  me  doibt  rien,  ce  m'est  un,  ID 
IV,  08.  Il  n'y  avoit  moyen  de  faire  tirer  avant  son 
cliarriot,  ny  le  retourner  en  arrière,  tant  les  roues 
estoient  engagées  et  embarrassées  entre  des  mon- 
ceaux de  corps  morts,  amyot,  Alex.  03, 

— ETYM.  Ent  ,et  gage;  bas-lat.  iniadiare;  iirovenç. 
engaiyar,  enguatgar,  engatjar;  ital.  ingaggiare. 

ENGAGISTE  (an-ga-ji-sf) ,  s.  m.  Celui  qui  obte- 
nait, à  certaines  conditions,  la  possession  de  quel- 
que partie  du  domaine  royal  pour  un  certain  nomlirc 
d'années.  Ceux  des  engagistes  qui  acquiesceront 
à  la  redevance  déleriniiiée ,  seront  maintenus 
dans  la  jouissance  de  leur  engagement....  cette 
possession  tranquille....  deviendra  un  nouvel  en- 
couragement à  l'agriculture,  en  permettant  aux 
engagistes  de  se  livrer  avec  plus  de  confiance  à  l'a- 
mélioiation  de  leurs  domaines,  necker,  Compti 
rendu  au  roi,  janvier  t78(,  p.  48. 

—  ÊTYM.  Enriager. 

t  ENGAINANT,  ANTE  (an-ghô-nan ,  nan-t'),  adj. 
Terme  technique.  Oui  envelo]ipe  comme  ferait  une 
gaîne.  Feuille  engaînanle.  celle  dont  la  ba.se  forme 
une  sorte  de  gaîne  à  la  tige.  Coquilles  engainantes, 
coquilles  qui  sont  coniques  et  sans  siùre  propre- 
ment dite. 

ENGAÎNÊ,  ÉE  (an-ghê-né.  ée),  part,  passé.  .Mis 
en  gaine.  Des  couteaux  engaînés.  ||  Terme  de  bota- 
nique. Tige  engaîuée,  tige  enveloppée  par  la  basa 
des  feuilles  ou  des  pétioles.  ||  Terme  d'ornithologie. 
Oui  a  le  bec  garni  d'une  gaine.  Il  Statue  engalni^e, 
se  dit  de  celles  qui  se  terminent  non  par  des  mem- 
bres, mais  par  une  sorte  de  gaine.  Les  Hermès  sont 
des  statues  engaînées.  ||  S.  m.  Nom  dune  famii!" 
d'échassiers.  Les  engaînés. 

ENGAÎNEK  (an- ghê-né),  v.  a.  jj  1°  Mettre  en 
gaîne.  ||  2°  Terme  de  botanique.  Envelopper  les  ti- 
ges par  la  ba-^e.  eu  parlant  des  feuilles.  i|  S'engat- 
ner,  v.  réfl.  Être  engalné.  Des  feuilles  qui  s'engal- 
nent  l'une  dans  l'autre. 

—  HIST.  xv°  s.  Et  faisoit  [l'ambassadeur  de 
Charles  V]  porter  une  espée  .levant  lui  tout  engai.néa 
et  enarinée  très  richement  d'or  et  d'argent,  froiss. 

II,  II,  45. 

—  ÊTYM.  En  1 ,  et  gaine. 

t  ENGALLAGE  (an-ga-la-j") ,  s.  m.  Action  d'en- 
giiUer.  On  les  lai.sse  trop  bouillir,  soit  dans  l'engal- 
lage,  ou  soit  dans  le  noir,  Instr.  génér.  sur  la 
teinture,  t»  mars   t67t,   art.   208.  Pour   faire  un 

bon  noir  sur  un  chapeau il  est  nécessaire  de 

l'engaller  fortement  avec  bonne  >.'alle  d'Alep....  et  le 
tenir  fort  longtemps  dans  l'eiigallage,  ib.  art.  243. 

—  ÊTYM.  Engaller. 

t  ENGALLEU  (an-ga-lé),  ».  o.  Terme  de  teintu- 
rier. Faire  passer  ce  qu'on  veut  teindre  en  noir, 
dans  une  décoctiou  de  galle.  Les  gris  noirs,  vul- 
gairement a|ipelés  gris  minimes,  seront  engallés 
comme  le  noir,  Hègl.  sur  les  manufacl.  août  t«0», 
teinturiers  en  laine,  art.  36. 

—  f,TY!H.  En  I ,  et  galle. 

t  ENGAMER  (an-ga-mé),  V.  n.  Terme  de  pêcho. 
Avaler  l'hameçon,  en  parlant  du  poisson 

—  HlST.  XVI*  s.  Se  maudissant  do  s'estre  iiiusi 
laissé  infatuer  et  engaïuer  de  sou  opiuiou,  (ualuia. 
vu,  t*. 


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1395 


ÉTVM.  11  est  possible  que  ce  mot  soit  le  «itme 

que  fnganer,  qui  s'est  dit  dniis  l'ancien  français 
pour  tromper;  espagn.  ingafiar ,  iiiganar  ;  ital. 
ingannare;  composé  de  m,  et  du  bas-latin  gan- 
nare,  se  moquer,  gannum,  moriuerie.  Mot  d'ori- 
gine ohccure.  Diez  propose  le  permanique  :  anc.  h. 
allem.  gnmun,jeu,  raillerie;  anglo-saxon, samcn.  Si 
cette  conjecture  est  exacte,  la  forme  engamer  serait 
plus  près  de  l'étymologie. 

t  ENGANE  (an-ga-n'j,  s.  f.  Terme  de  commerce. 
ICsnèce  de  soode. 

(  t  ENGANTER  (an-gan-té),  v.  a.\\i°  Terme  de 
niiirine.  Approclier  d'une  manière  sensible  un  bâti- 
nientque  1'.  n  poursuit.  Nous  l'enpantons.  Le  vais- 
seau craienant  d'être  enganté.  ||  2°  Fig.  et  néolo- 
gisme, avec  un  sens  péjoratif.  Eiiganler  quelqu  un, 
le  prendre  comme  un  gant,  le  faire  sien.  Ce  jeune 
homme  élait  méprisé  de  la  demoiselle  de  comptoir, 
qui  pendant  longtemps  avait  espéré  l'enganter,  ii. 
un  BALZAC,  dans  le  Dict.  de  poitevin.  ||  3°  S'en- 
panter,  v.  réfl.  Contracter  une  liaison  étroite  avec 
une  personne,  en  mauvaise  part.  Il  s'est  enganté 
de  ce  parasite,  de  ce  llatleur. 

—  ÊTYM.  ^n  I ,  et  gant;  métaphore  prise  de  l'ac- 
tion de  mettre  un  gant. 

t  ENGANYMÉDER  (an-ga-ni-mé-dé),  r.  o.  Mot 
burlesque  et  très-libre.  Abuser  honteusement  d'un 
jeune  garçon.  J'en  connais  d'assez  peu  .sages  Pour 
enganyméder  leurs  pages,  sahrazin,  Poésies,  dans 

mCHELET. 

—ETYM.  fni ,  etConymède,  l'échanson  de  Jupiter. 

f  EN-GARANT  (an-ga-ran),  adv.  Terme  de  ma- 
rine. Sorte  d'exclamation  qui  se  dit,  pour  exciter 
à  la  précaution,  quand  une  corde,  chargée  d'un  pe- 
sant fardeau,  fait  plusieurs  tours  ."il'entour  d'un  mât 
ou  de  quelque  autre  pièce  de  bois,  et  qu'on  la  retient. 

—  ÉïY.M.  En  I ,  et  garant. 

t  ENGAHDE  (an-gar-d'),  s.  f.  Terme  rural.  Sar- 
ment (le  vigne  qu'on  laisse  extrêmement  long. 

—  ÊTYM.  En  1 ,  et  garde. 

t  ENGARRE  (an-ga-r"),  s.  f.  Terme  de  pèche. 
Long  filet  plombé  et  traîné  par  des  bateaux. 

t  ENGARUOTTÉ,  ÉE  (  an-ga-ro-té,  tée),  adj. 
Terme  de  vétérinaire.  Ble-ssé  au  garrot. 

—  ÈTYM.  En  I ,  et  garrot. 

f  ENGASTRIMYTHE  (an-ga-stri-mi-f),  s.  m.  Sy- 
nonyme de  ventriloque. 

—  ÉTYM.  'EYYa<iTpl[iu6oî,  de  £v,  en,  y«<"'^Pi 
Tsntre,  et  |i.û8o<.  |iarole. 

•[■ENGASTRIMYTHISME  (an-ga-stri-mi-ti-sm'),  s. 
m.  Synonyme  de  ventriloquie. 

—  ÉTYM.  Engastrimythe. 

■f  ENGAVER  (an-ga-vé),  v.  a.  Donner,  en  parlant 
des  oiseaux,  à  manger  aux  petits  en  dégorgeant 
leur  bec.  ||  Engraisser  la  volaille  en  lui  introduisant 
de  force  la  nourriture  dans  le  bec.  Pigeons  enga- 
vés.  Il  On  dit  plutôt  gaver. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  gaver. 

t  ENGAZONNKMENT  (an-ga-zo-ne-man) ,  s.  m. 
Action  de  couvrir  de  gazon,  de  faire  naître  du 
gazon. 

t  ENGAZONNER  (an-ga-zo-né) ,  e.  o.  Couvrir  de 
gazon,  en  parlant  d'un  terrain  où  l'on  fait  naître 
du  gazon,  ou  de  celui  que  l'on  couvre  de  carrés  de 
terre  garnis  de  gazon  que  l'on  a  pris  ailleurs.  Rem- 
parts enpazonnés. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  gaion. 

ENGÉ,  ÉE  (an-jé,jée),  par',  passé  d'enger.  Terme 
familier.  Embarrassé.  Me  voilà  engé  de  ce  lourdaud. 

ENGEANCE  (an-jan-s') ,  s.  f.  ||  1»  Race,  en  parlant 
de  certains  animaux  domestiques.  Ces  canes,  ces 
poules  sont  d'une  belle  engeance.  ||  Fig.  La  peur,  la 
trahison,  le  meurtre,  la  vengeance.  L'horrible  dés- 
espoir et  toute  cette  engeance  De  maux  qu'on  voit 
régner....  Régnier,  Sat.  vi.  ||  2°  Par  extension,  il  se 
dit  des  hommes.  Du  temps  que  les  bêles  pariaient, 
Les  lions  entre  autres  voulaient  Être  admis  dans  no- 
tre alliance;  Pourquoi  non,  puisque  leur  engeance 
Valait  la  nôtre  en  ce  temps-là?  la  font.  Fald.  iv,  i. 
Ils  y  perdirent  peu,  pui.sque  l'humaine  engeance 
En  aurait  aussi  bien  croqué  sa  bonne  part,  m.  ib. 
X,  4.  Elle  jura  parPluton  Que  toute  l'engeance  hu- 
maine Serait  bientôt  du  domaine  Des  déités  de  lA- 
lias,  iD.  ib.  vm,  20.  ||  En  mauvaise  part.  Ah  1  sortez 
promptement,  engeance  de  vipère,  Tristan,  Mort 
de  Chnspe,  iv,  4.  Je  crains  plus  que  la  mort  cette 
engeance  idolâtre  De  lutins  importuns  qu'engendre 
le  Ihéâlre,  rotr.  St-Genest,  ii,  a.  Babillard,  cen- 
seur el  pédant.  Sont  en  plus  grand  nombre  qu'on 
pense.  Chacun  des  trois  fait  un  peuple  fort  grand; 
Li  Oéateur  en  a  béni  l'engeanre,  la  font,  f'abl. 
1,  J il. Quand  de  ces  médi.sanis  [les  poètes  satiriques] 
rtUig.-;aiico  tout  entière  Irait  la  tfile  en  bas  rimer 


dans  la  riviè-3,  boil.  Sat.  ix.  De  tous  collatéraux  l'en- 
peance  est  tro|i  maligne,  rkcnwxd,  le  Légataire,  v.  8. 
Il  conclut  qu'Ituriel  avait  de  bonnes  raisons  pour 
détruire  toute  cette  engeance,  volt.  Babouc.  ||  Il 
se  dit  parfois  même  d'une  seule  personne.  Ah  I  mal- 
heureuse engeance I  apanage  du  diable!  C'est  toi 
qui  m'as  joué  ce  tour  abominable,  eegnard,  Folies 
amour,  i,  2. 

—  REM.  En  Lorraine,  on  .se  sert  très-souvent  d'pn- 
geance  dAns  le  sens  d'embarras  ;  J'aurais  des  diffi- 
cultés, des  procès,  ce  serait  une  belle  engeance, 
toute  une  engeance. 

—  mST.  XVI'  s.  L'afl'ection  que  l'engendrant  porte 
à  son  engeance,  mont,  ii,  69.  Ainsi  choisi  ce  bes- 
tail,  masle  ou  femelle,  afin  de  le  multiplier  par  (  n- 
geance.o.  de  serres,  279.  Qui  désire  avoir  des  grands 
moutons  et  brebis,  n'en  doit  tirer  l'engeance  de  bes- 
tail  trop  jeune,  m.  317.  De  la  deffiance  vient  la  dis- 
simulation, son  engeance,  CHARRON, Sogesse,  p.  *oo, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Enger. 

t  ENGEANCER  (an-jan-sé.  I.e  c  prend  une  cé- 
dille devant  a  et  o  .•  nous  engeançons),  v.  a.  Terme 
familier.  Embarrasser  de  quelqu'un  comme  d'une 
mauvaise  engeance.  Oui  nous  a  engeances  de  ces 
gens-là?  Il  Sengeancer,  r.  réfl.  Être  engeance.  Je 
ne  veux  qu'il  soit  dit  dans  le  monde  qu'une  fille  de 
la  connaissance  de  Lisette  se  soit  engeancée  d'un 
robin,  flANCouRT,  Renaudrt  Armide,  se.  3. 

HIST.   xvi*  s.  Elle   reproduira  par  après  des 

foins,  six  fois  plus  qu'elle  ne  faisoit  auparavant, 
moiennant  la  culture  et  s'estre  engeance  de  jeunes 
et  franches  semences,  o.  de  serres,  72.  Quant  aux 
autres  bestes,  ne  faut  que  cultiver  le  fonds  de  la 
vigne,  pour,  en  rompant  leurs  nids,  les  destourner 
de  s'engeancer,  ID.  t99. 

—  ÉTYM.  Engeance. 
t  ENGEIGNER  (an-jè-gné),  v.  a.  Tromper.  Tel, 

comme  dit  Merlin,  cuide  [pense]  engeigner  autrui, 
Qui  souvent  s'engeigne  soi-même;  J'ai  regret  que 
ce  mot  soit  trop  vieux  aujourd'hui  ;  Il  m'a  tou- 
jours semblé  d'une  énergie  extrême,  la  font.  Fabl. 
IV,  H. 

—  HIST.  XII*  S.  Ahl  Guene  fel,  corn  nous  a  en- 
gegniezl  Roncisv.  p.  66.  Doucement  sui  engigniez  et 
soupris  [surpris],  Couci,  xvii.  ||xm"  s.  On  dit  pieça 
que  teus  [tel]  cuide  autrui  engignier,  qui  de  cel 
meismes  engien  ou  de  semblant  est  onginiés,  H.  de 
valenc.  xxiv.  Il  XIV*  s.  En  tant  comme  vous  mectriez 
paine  de  eiiginier  vostre  confesseur,  Ménagier,  i,  3. 
Il  XV*  s.  Ainsi  advient-il  de  plusieurs;  car  tels  cui- 
dent  engigner  ung  autre,  qui  s'engignent  eux  mes- 
mes.  Le  premier  vol.  de  ilerlin,  gui  e.s(  le  premier 
de  la  tableronde,  feuillet  xi.vii,  réclame  i,  ij. 

—  ÉTYM.  Norm.  engignier;  provenç.  enginhar, 
engeingnar;  anc.  cat.  engegnar;  espagn.  ingeniar; 
portug.  engenhar;  ital.  ingeflnare  ;  du  latin  inge- 
niare  (on  trouve  ingenialus,  dans  Plante),  de  inge- 
nium,  esprit  (voy.  engin). 

f  ENGELER  (an-je-lé.  La  syllabe  ge  prend  un  ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'engèle,  j'engèlerai),  v.  a.  Geler  tout  à  fait.  Leurs 
parties  intérieures  [des  flocons  de  neige]  se  resser- 
rent et  se  condensent,  après  que  les  extérieures 
sont  tellement  endurcies  et  engalées  par  le  froid 
qu'elles  ne  les  peuvent  suivre,  desc.  Méléor.  6.  ||  Fa- 
milièrement. C'est  un  engelé,  c'est  un  jeune  homme 
qui  ne  se  dégourdit  pas. 

—  HIST.  XIII*  s.  A  iiaines  que  la  langhe  n'engie- 
loit  en  la  bouche  de  cascun  ,  h.  df.  valenc.  El  de 
froit  en  ce  bois  sui  vilment  cngelée,  ISerte,  XLVi. 
Il  XV*  s.  Il  avoit  si  fort  gelé  qu'on  pouvoit  bienvenir 
jusques  aux  murs  sur  les  fossés  tous  engelés,  froiss. 

I,  I,   9«. 

—  ÉTYM.  En  4  ,  et  geler. 

ENGELURE  (an-je-lu-r') ,  s.  f.  Gonflement  cir- 
conscrit, causant  démangeaison  et  douleur,  que  le 
froid  fait  venir  aux  doigts  des  mains  et  des  pieds  et 
au  talon.  L'engelure  est  quelquefois  accompagnée 
de  crevasses. 

—  ÉTYM.  Enjeicr.-bourguign.  anjaulure. 
t  ENGENDRABLE  (an-jan-drâ-bl') ,  adj.  Qui  peut 

être  engendré. 

—  IIIST.  xiv*  s.  Car  tousjours  choses  engendra- 
bles  Engendreront  choses  semblables,  la  llose,  v. 
17717. 

—  ÉTYM.  Engendrer.  Au  xiu*  siècle,  engendrahle 
a  la  significiition  active,  et  signifie  capable  d'engen- 
drer. 

t  ENGENDRANT,  ANTE  fan-jan-dran  ,  dran-t'), 
adj.  Qui  engendre,  qui  produit. 

—  HIST.  xvi*  s.  Et  suffit  pour  tout  affranchisse- 
ment [pour  ôter  le  mauvais  goût  aux  béliers]  d'es- 


tordre  les  genitoires,  puisqu  'avec  la  force  engen« 
drante  s'esteint  do  mesme  la  chaleur  qui  en  rend 
mauvaise  la  chair,  o.  i>e  serres,  221. 

( .  ENGENDRÉ,  ÉE  (an-jan-dré,  drée),  part,  pastè 
d'engendrer  4.  ||  1°  Produit  par  la  génération.  On 
met  par  quand  on  nomme  le  père.  Isaac  engendré 
par  Abraham,  ||  On  met  à  volonté  de  ou  par  en  toute 
autre  circonstance.  Les  jeunes  chevaux  engendrés 
de  vieux  étalons  ou  par  de  vieux  étalons.  ||  Par  ex- 
tension. C'est  un  sexe  engendré  pourdamner  tout  le* 
monde,  mol.  Ec.  des  mari.i,  m,  se.  dern.  ||  ï°Fig. 
Né  de.  Les  théories  engendrées  par  l'induction. 

t  2.  ENGENDRÉ,  ÉE  (an-jaiwlré,  drée),  part. 
passé  d'engendrer  2.  Qui  a  pour  gendre.  Que  voua 
serez  bien  engendré!  mol.  Mal.  im.  ii,  B. 

t  ENGENDREMENT  (aii-jan-dre-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'engendrer;  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  xii*  s.  E  David  li  psalmistes,  qui  nus 
[nous]  dit  ensement  :  Ne  vit  aine  [je  ne  vis  onques, 
jamais]  déguerpi  nul  qui  vit  lealmenl.  Ne  nului 
pain  querant  de  sun  engendremeiit.  Th.  le  marl.n. 
Il  XIV*  s.  Fièvres  et  douleurs  sont  faites  environ  les 
engendremens  de  porreture,  H.  df,  monuf.ville, 
f°  46.  Il  XVI*  s.  C'est  un  argument  de  la  légèreté  fran- 
çoise,  un  engendrement  de  larmes  aux  parens,  et 
àffoililissement  des  nerfs  de  l'Estat,  lanoie,  t90. 

—  ÉTYM.  Engendrer  )  ;  provenç.  engenramen;  anc. 
espagn.  engendramiento;  ital.  ingeneramento. 

t.  ENGENDRER  (an-jan-dré),  r.  a.  ||  1°  Produira 
par  voie  de  génération;  se  dit  surtout,  au  propre, 
dans  le  style  biblique  ou  dans  le  style  didactique. 
Chaque  animal  engendre  son  semblable.  Abraham 
engendra  Isaac.  ||  Absolument.  Il  e.st  ilu  tempéra- 
ment qu'il  faut  pour  engendrer,  mol.  Mal.  imag. 
II,  6.  Il  Terme  de  théologie.  Dieu  le  Père,  qui  est 
la  première  personne  de  la  Trinité,  engendre  le 
Fils,  qui  est  la  personne  engendrée.  Nous  savons 
que  ce  nom  de  Dieu,  si  mystérieux  et  si  caché, 
est  le  nom  de  Père  entendu  en  ce  sens  profond 
qui  le  fait  concevoir  dans  l'éternité  père  d'un  fils 
égal  à  lui;  et  que  le  nom  do  son  fils  est  In  nom 
de  Verbe,  Verbe  qu'il  engendre  éternellement  en 
se  contemplant  lui-même,  qui  est  l'expression  par- 
faite de  la  vérité,  son  image,  son  fils  unique,  l'é- 
clat de  sa  clarté  et  l'empreinte  de  sa  substance, 
ROSS.  Hist.  II,  6.  Il  2°  Fig.  Causer,  occasionner, 
produire,  donner  lieu  à.  Le  mau\ais  air  engendre 
des  épidémies.  L'oisiveté  engendre  le  vice.  La  fa- 
miliarité engendre  le  mépris.  Puis  souvent  la  co- 
lère engendre  de  bons  vers  ,  Régnier  ,  Sal,  ii. 
L'abondance  augmentait  les  forces  et  engendrait  les 
divisions,  d'ablancourt,  Tacite,  liv.  i,  cli.  1 ,  dans 
BicHELET.  Car  enfin  il  arrive,  ou  souvent  ou  tou- 
jours. Que  l'aise  et  le  repos  engendrent  les  amours, 
MAiR.  Snphon.  1,  4.  Ce  sont  tous  les  sons  qui  peu- 
vent être  engendrés  de  cette  harmonie,  variés  et 
combinés  dans  le  mouvement  qui  caractérise  cha- 
que passion,  condillac,  Connaiss.  hum.  part,  u,  sect. 
I,  ch.  6.  Il  Ne  pas  engendrer  de  mélancolie  ou  la 
mélancolie,  être  d'un  naturel  gai,  se  livrer  aux 
divertissements.  Il  ne  faut  pas  engendrer  de  mé- 
lancolie, il  faut  se  tenir  gai.  Allons,  morbleu  I  il  ne 
faut  point  engendrer  de  mélancolie,  mol.  If^d.  m. 
l.  1,8.  Il  3*  Terme  de  géométrie.  Produire,  dé- 
crire, en  se  mouvant,  une  ligne,  une  courbe,  etc. 
Le  point  qui  engendre  une  cyclo'ide.  ||  4"  S'engen- 
drer, V.  réfl.  Être  engendré.  Les  vers  s'engendrent 
dans  les  cadavres.  Ce  poison  s'engendre  en  Macé- 
doine, VAUGELAS,  Q.  c.  B8B.  Si  je  rapporte  cette 
petite  histoire  de  sa  jeunesse,  c'est  pour  montrer 
de  combien  peu  s'engendrent  quelquefois  les  aver- 
sions ou  les  inclinations  qui  nous  dominent  toute 
la  vie,  D'oLivKr,  Ilisl.  de  l'Acad.  t.  ii,  p.  32 1. 

—  HIST.  XII*  s.  Mar  [à  mal]  fustes  engendrez, 
Jîonc.  p.  18.  ||xili*  s.  Onque  de  celle  famé  [il]  na 
put  hoir  engendrer,  Berte,  m.  Ou  s'il  est  tel  qu'il 
ne  puet  engendrier,  cil  qui  est  nez  en  sa  meson, 
tôt  le  sachent  li  voisin ,  n'est  pas  sis  fiz,  liv.  de  just. 
58.  Car  se  tretout  li  homme  ensemble  Soixante  ans 
foïr  les  voloient  [les  femmes],  James  hommes  n'en- 
genderroient,  la  Rose,  I978B.  Et  si  pot  estre  qu'il 
fu  engenrés  deus  mois  ou  plus  devant  le  mariage, 
BEAiM,  XVIII,  2.  ||xiV  s.  L'e.'îtude  de  tel  livre  en- 
gendre el  emhat  ou  acroist,  es  cueurs  de  ceulx  qui 
y  entendent,  afl'eclion  et  amour  au  bien  publicque, 
OBESME,  Eth.  Prol.  Science  est  engendrée  par  rai- 
son,  iD.  ib.  176,  Il  XV*  s.  Si  .s'en  engendrèrent  et 
nourrirent  en  Gascogne,  pour  ces  besognes,  plu- 
sieurs haines  couvertes,  dont  plusieurs  meschef^ 
depuis  en  naquirent,  fboiss,  u,  ii,  2,  Par  les  grands 
coups  qu'il  donnor  à  dextre  et  à  senesire,  il  fai»uit 
engendrer  la  fumée  dont  il  estoil  enclos,  Percrfo- 
rest,  t.  VI,  f*  W.  Il  XVI*  s.  Elle  alla  avec  eue,  por- 


139G 


ENG 


Unt  un  Tl«M.i  P.le  «t  de.fait,  ?"'«"«  "'o;'!''"' 
pour  engendrer  pilié  que  concupiscence,  marouk- 
îuT»,  Nouv.  xui.  Kt  souvent  avient  qu'une  qj^ereMe 


en  engendre  quatre,  langue, 


248.  Des  cendres 


d'un  phœnij  s'engendre,  dicton,  un  ver,  mont,  ii, 
ttl  Le  vice  laisse,  comme  un  ulcère  en  la  chair, 
une'repent«noe  en  l'ame,  qui  tousjours  s'esgratigne 
et  8'en»«nglanle  elle  mesme;  car  la  raison  efface 
les  aultres  tristesses  et  douleurs,  mais  elle  engen- 
•(Ire  celle  de  la  repentance,  qui  est  plus  griefve, 
(J'aulaiit  qu'elle  naist  au  dedans,  ID.  m,  269. 

—  ETYM.  l'rovenç.  engenrar,  engmdrar;  espagn. 
engtndrar;  ilal.  ingenerare;  du  latin  ingeiierare, 
de  tn,  et  generare  (voy.  oénRhation).  L'ancien 
français  avait,  du  latin  l'nstjfnere,  lo  verbe  engein- 
dre,  au  parfait  j'cnsrcnui. 

f  2.  ENGENDUÈR  (an-jan-dré),  V.  a.  Pourvoir 
d'un  gendre.  Ce  beau-père  futur  craint  bien  qu'on 
ne  l'engendre,  m.  corn,  le  Charme  de  la  voix,  m, 
6.  Il  Prendre  pour  gendre.  D.  Fernand  :  Il  m'attend 
comme  gendre?— D.  Gusman  :  Avec  impatience, 
El  trouve  tout  en  vous  tellement  à  son  gré  Qu'il 
voudrait  dès  demain  vous  avoir  engendré,  ID.  Ga- 
lant doublé,  j,  <.  Il  S'engendrer,  ti.r^/l.  Se  donner 
un  gendre.  Ma  foil  je  m'engendrais  d'une  belle  ma- 
nière, MOL.  l'Ét.  II,  6. 

—  ÉTYM.  En  * ,  et  gendre. 

t  ENGENDRECR  (an-jan-dreur),  s.  m.  Celui  qui 
engendre.  L'engendreur  et  l'engendré,  volt.  Diat. 

XXIX,  ». 

—  HlST.  xvi*  8.  Engendreur,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Engendrer  <  ;  provenç.  engenraire  au 
nominatif,  enjenrodor  au  régime;  espagn.  ensen- 
dradnr  ;  ital.  ingeneralore. 

KNGEÔt.EK  (an-jô-lé),  i).  a.  Voy.  enjôler. 

UNGEOI.ECR  (an-jô-leur),  s.  m.  Voy.  enjôleur. 

ENGKR  (an-jé),  e.  a.  ||  1°  Anciennement,  pour- 
voir d'un  plant,  d'une  herbe.  Un  tel  m'a  engé  de  ce 
plant,  mais  je  n'en  espère  rien  de  bon,  richelet. 
Oui  a  engé  votre  jardin  de  cette  herbe  î  elle  ne  vaut 
rien,  id.  L'ambassadeur  Nicot  a  engé  la  France  de 
l'herbe  nicoliane  [tabac],  Dict.  de  nicot.  ||  2°  Au- 
jourd'hui, bien  que  vieilli  et  peu  usité,  ce  mot  si- 
gnifie embarrasser  d'une  sotte  ou  d'une  mauvaise 
engeance.  Votre  pire  se  moque-t-il  de  vouloir  vous 
enger  de  son  avocat  de  Limoges?  mol.  Pourc.  i,  3. 
Il  lesengeade  petilsMazillons,  Desquels  on  fit  de  pe- 
tits moinillons,  la  font.  Maiet. 

—  HIST.  XIII*  s.  Mais  se  m'amie  a  cuer  changié, 
Ele  m'a  de  mort  aengié,  Bt.  el  Jeh.  v.  2529.  D'un 
chapon  atorné  raout  bel.  De  chieres  herbes  au 
chaudel.  Si  cuidierent  faire  mengier;  Malsains  [il] 
ne  s'en  peut  aengier,  ib.  v.  625.  ||  xv*  s.  Si  tost 
comme  Abel  eust  esté  occis  et  eut  receu  mort  soubz 
cest  arbre,  il  perdit  la  belle  couleur  verte  et  devint 
en  toutes  choses  vermeil,  qui  fut  en  remembrance 
du  sainct  sang  qui  dessoubz  avoit  esté  respandu; 
ne  de  celuy  ne  pouvoit  nul  autre  plusengier  [croî- 
tre], ains  mouroient  toutes  les  plantes  qu'on  en  fai- 
Eoit,  et  à  bien  ne  pouvoient  venir,  Lancelot  du  lac, 
t.  III,  f°  <06,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  Pareillement 
fut  aux  femmes  enjoint  de  porter  de  gros  culs,  et 
d'enger  en  toute  sûreté  sous  iceux  sans  craindre  le 
babil  des  sages  femmes,  Sat.  Hén.  p.  (98. 

—  ETYM.  Limousin,  s'endxd,  s'engendrer,  en  par- 
lant de  la  vermine;  sarde,  angieri,  faire  des  œufs, 
faire  des  petits.  Mot  obscur.  Diez  le  tire  du  latin  ene- 
care,  mettre  à  mort,  détruire.  Littéralement,  la  dé- 
rivation est  exacte,  enicare  donnant  enger,  en  por- 
tugais engar,  presser  vivement  et  en  ennemi,  comme 
«indt'car»,  venger.  Mais  le  sons  présente  beaucoup 
de  difficulté  :  enger  a  deux  sens  :  4'  embarrasser 
(aengier  est  enger  avec  la  préposition  d);  2°  croître, 
végéter,  produire.  De  ces  deux  sens,  le  premier  con- 
viendrait peut-être  à  enecor«;  mais  le  second  peut-il 
en  provenir,  même  quand  on  admettrait  que  enger 
signifie  toujoursproduiredes  choses  nuisibles;  ce  qui 
n'est  pas  dans  nos  exemples?  Il  serait  plus  facile  de 
retourner  les  significations  et  de  dire  :  enger  signifie 
primitivement   produire,  puis  figurément  embar- 
rasser par  cette  production  même.  Mais  d'où  tirer 
enger  en  ce  sens ?/nj;t jnere,  qui  conviendrait  pour 
le  sons,  ne  convient  en  aucune  façon  pour  la  forme. 
Il   y   avait  aussi  un  substantif  enge  :  ....Amis,  se 
lu  sçavoies  Que  c'est  grand  chose  de  loenge  ,   Et 
com  prisie  en  est  li  enge,   Plus  chier  l'auroies  à 
avoir,  FBoiss.  Buiaon  dejonesst.  El  de  fait,  tant 
qiie  l'enge  des  cordonniers  soit  faillie,  jamais  ils 
n  auront  faute  de  telles  reliques  [le  soulier  do  St 
Jean],  calvin,  tes.  Enge  signifie  ici  race;  mot  en- 
<!<)re  usité  avec  ce  sens  en  Normandie  :  Des  pigeons 
au  i»  grande  ou  de  la  petite  enge  [espèce].  Enfin  il 
y  a  encore  un  verbe  onyier  qui,  vu  le  changement 


ENG 

non  rare  de  on  en  mi  ou  on,  peut  représenter  en- 
ger :  XII'  s.  Irons  tornoier  moi  et  vos;  Or  ne  devez 
vos  pas  longier.  Mes  les  tornoiemens  ongier.  Et 
anpanre  [entreprendre],  et  tôt  fors  giter  [laisser 
tout  le  reste] ,  C/iei'.  au  lyon,  v.  250i  ;  xiii' s.  Ongier 
feme  (avoir  des  rapports  avec  une  femme],  ale- 
bbant,  f  27.  Dans  l'étal  actuel  des  connaissances,  les 
difficultés  restent  inextricables,  il  a  fallu  se  conten- 
ter de  réunir  tout  ce  qu'on  sait  des  formes  et  des  si- 
gnifications. 

t  ENGERBAGE  (an  jèr-ba-j') ,  s.m.  Action  d'en- 
gerher  b-s  blés  qui  sont  en  javelles. 

ENGERBÉ,  ÉE  (an-jtr-bé,  bée),  par(.  passé.  Blés 
engerbés. 

ENGERBEU  (an-jèr-bé),i).o.  ||  l'Mettre  en  gerbes. 
Il  2°  Par  extension.  Entasser  l'un  sur  l'autre, mettre 
en  tas.  Engerber  des  tonneaux  de  vin. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  gerbe. 

ENGIN  (an-jin),  s.  m.  ||  l'Adresse,  industrie.  ||  En 
ce  sens  il  ne  se  dit  plus  que  proverbialement  :  Mieux 
vaut  engin  que  force.  ||  2°  Instrument.  La  porte  en 
était  basse,  et  semblait  un  guichet  Qui  n'avait  pour 
serrure  autre  engin  qu'un  crochet,  Régnier,  Sat. 
XI.  Un  engin  pour  casser  des  noix,  scarron,  Ftri/. 
V.  Il  Nom  donné  à  toutes  sortes  de  machines  com- 
posées, surtout  à  celles  qui  servent  à  lever  ou  à 
tirer  des  fardeaux.  ||  Machine  placée  dans  le  comble 
d'un  moulin  pour  monter  le  blé.  ||  Machine  établie 
sur  le  chef  d'une  carrière  pour  en  tirer  les  blocs 
d'ardoise.  ||  Engins  de  guerre,  les  machines  dont  on 
se  .servait  avant  l'emploi  du  canon.  ||  3'  Piége.  Un 
engin  à  prendre  les  rats,  scarron,  Yirg.  v.  De  là 
naîtront  engins  à  vous  envelopper,  la  font.  Fabl. 
I,  8.  De  qui  les  fripons  savent  faire  Un  engin  pour 
prendre  les  sots,  volt.  Boi  de  Prusse,  4) .  ||  Auplur. 
Terme  de  chasse  et  de  pêche.  L'ensemble  de  ce  qui 
sert  à  équiper  un  chasseur,  un  pêcheur.  ||  Engins 
prohibés,  sorte  d'instruments  de  chasse  ou  de  pêche 
défendus,  parce  qu'ils  détruiraient  trop  de  gibier  ou 
de  poisson.  ||  4"  Terme  de  marine.  Petit  bâtiment  de 
guerre  mal  construit  et  mal  armé. 

—  HIST.  xii*  s.  Par  quel  enzing  porai  vers  lui 
aler?  lionc.  p.  2.  A  vosengiens  ses  donjons  abatuz , 
ib.  p.  tt.  Et  quant  de  la  besogne  auront  la  fin  oie, 
Tost  auront  perceû  l'angin  de  félonie,  Sax.  xx.  No 
porent  l'apostolie  [le  pape]  par  engin  deceveir;  Il 
lur  ad  respundu  cum  huem  de  grant  saveir  :  Tel 
poesté  ne  puet  nuls  chardenaus  [nul  cardinal]  aveir, 
Th.  le  mart.  M.  Bone  est  force,  et  engins  mieux 
vaut;  Là  vaut  engins  où  force  faut,  wace.  Brut, 
8203.  Il  xm"  s.  Qu'il  lor  donroient  navie  [flotte]  en 
bonne  foi  et  sans  mal  engin,  par  laquele  il  pouroient 
bien  aler  en  la  terre  de  Surie,  villeh.  lix.  Tôt  cil 
qui  sont  d'engin  et  d'art  Sont  mes  tuit  apelé  Re- 
nart,  Ren.  <07.  Li  morsiax  qui  fu  en  l'enging  Fu  de 
fromage  de  gaain;  Etli  laz  estoit  estendus  Par  dessus 
deus  paissons  [pieux]  fendus,  ib.  4  8380.  Nicete 
[simple]  fu  [Jeunesse] ,  si  ne  pensoit  Nul  mal ,  ne 
nul  engin  qui  soit,  la  Rose,  (272.  La  nuevisme  vertu 
qui  doit  estre  en  clieli  [celui]  qui  s'entremet  de 
baillie,  si  est  que  il  ait  en  h  soutil  engieng  et  haslil 
de  bien  esploitier,  beaum.  26.  En  autre  manière 
pot  fere  pesquier  [pêcher]  à  toutes  manières  d'en- 
giens  qui  sunt  acoustumé  à  penre  poissons,  id. 
xxxviii,  (8.  Les  copz  [coups]  des  engins  aus  Sar- 
razins,  joinv.  220.  {[  xiv"  s.  Aucun  chante  bien  ou 
fait  ymaiges  ou  aultres  besognes  sans  art  et  sans 
doctrine  par  son  engin  qui  est  à  ce  naturellement 
enclin,  oresme,  Eth.  Prol.  Ne  vous  garantiront  les 
murs  ne  les  fossez.  Ne  grand  pont-levëys,  n'en- 
gins  bien  charpentez,  Gucsci.  4  8569.  ||  xV  s.  Ce 
mesme  jour  levèrent  ceux  de  Valenciennes  un  très 
bel  engin  et  bien  jetant  qui  portoit  les  grosses  pier- 
res jusques  dedans  la  ville  et  au  chasteau,  froiss. 
1,  1,  435.  Et  la  tierce  pierre  fut  si  bien  appointée 
qu'elle  ferit  l'engin  parmi  la  flesche  et  la  rompit  en 
deux  moitiés,  id.  i,  i,  436.Ceusde  l'ostleur  jetoient 
el  envoyoienl  par  leurs  engins  chevaux  morts  el 
besles  mortes  et  puans  pour  eux  empunaiser,  id.  i, 

I,  4  4  6.  Moy  meue  de  désir  d'accomplir  son  bon 
vouloir,  selon  l'estendue  de  mon  foible  engin, 
christ,  de  pisan,  Charles  F,  i,  2.  Est  l'engin  de 
l'enfant  disposé  à  recepvoir  telle  discipline  comme  on 
lui  veult  bailler,  ID.  ib.  L'hostel  n'estoit  pas  si  grand, 
ne  si  peu  de  lui  hanté  tout  en  dévotion,  qu'il  ne 
seust  bien  les  engins  [êtres],  Louis  xi,  Nouv.  xiv. 
Ils  pensoienl  et  nuit  el  jour  par  quelle  façon  et 
moyen  ils  se  pourroient  rencontrer,  mais  ils  n'y 
savoient  engin    (  moyen  ]  trouver ,    lo.  «6.   xlvi. 

II,  '^''^'.  *•  ^pr^s  cestui  troisiesme  succéda  L'aage 
d'airain,  qui  les  deux  excéda  D'engin  mauvais,  ma- 
ROT,  IV,  48.  Tout  son  engin,  quant  à  la  cognois- 
sance  de  Dieu,  est  pure  obscurité,  calv.  Inst.  197. 


ENG 

Par  cet  ..rtifice  ils  évitèrent  le  péril  et  acqui- 
rent louange,  verifians  ce  vieux  proverbe  francois, 
qu'engin  vaut  mieux  que  force,  langue,  657.  En- 
gins de  baterie  à  tirer  au  loing,  amyot,  Timol.  48. 
Il  le  meit  entre  les  mains  de  Pelopidas,  en  le 
priant  que,  s'il  cognoissoit  qu'il  leur  eust  fait  quelque 
trahison  ou  aucun  tour  de  mal  engin,  ilz  feissenl 
de  cet  enfant  comme  d'un  ennemy,  lu.  Pélop.  47. 

—  ÉTYM.  Uorm.  engin,  ruse;  provenç.  engen,en- 
gein,  engienh,  engin;  espagn.  ingénia;  poitug.  en- 
genho;  ital.  ingegno;  du  lat.  ingenium,  de  inge^iere , 
mettre  dans  ....de  naissance,  de  t»,  en,  et  génère 
(voy.  génération). 

t  ENGLANTÉ,  ÉE  (an-glan-lé,  tée),  adj.  Terme 
de  blason.  Chêne  englanté,  chêne  portant  des  glands 
d'un  autre  émail  que  l'arbre. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  gland. 

ENGLOBÉ,  ÉE(an-glo-bé,  bée),  part,  passé. Les 
serfs  ont  donc  été  justiciables,  parce  qu'ils  se  sont 
trouvés  sur  le  territoire;  et  ils  n'ont  pas  donné  l'o- 
rigine aux  fiefs  pour  avoir  été  englobés  dans  le  fief, 

MONTESQ.  Esp.  XXX,    20. 

ENGLOBER  (an-glo-bé),  v.  a.  Réunir  dans  un 
seul  tout.  Englober  un  champ  dans  un  domaine.  11 
a  englobé  le  tout  dans  un  article.  Quand  les  Romains 
joignent  la  Syrie  à  leur  vaste  domination  et  englo- 
bent le  petit  pays  de  la  Judée  dans  leur  empire, 
VOLT.  Dict.  phil.  Hist.  §  2. 

—  HIST.  XVI*  s.  Englober  [devenir  rond],  cotgrave. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  globe. 

ENGLOUTI,  lE  (an-glou-ti,  tie),  part,  passé 
d'engloutir.  ||  1°  Avalé  avec  avidité.  Un  d'eux  [pous- 
sins] s'étant  écarté,  notre  malade  le  voit  englouti 
par  un  chien  avide;  elle  accourt,  elle  lui  arrache  cet 
innocent  animal,  boss.  Anne  de  Goni.  \\  i°  Absorbé 
comme  dans  un  gouffre.  Assez  dans  ces  sillons  vo- 
tre sang  englouti  A  fait  fumer  le  champ  dont  il  était 
sorti,  BAC.  Phèd.  ii,  2.  Il  se  voit  toujours  englouti 
comme  un  atome  imperceptible  dans  l'immensilé  de 
l'univers,  nicole,  Ess.  de  mor.  4"  traité,  ch.  3. 
Dans  le  néant  dont  vous  êtes  sortis,  Tous  ont  été 
comme  vous  engloutis,  j.  b.  rouss.  Allég.  ii,  4.  Les 
générations  humaines  successivement  englouties 
dans  cet  immense  océan  de  l'éternité;  el  Dieu  qui 
reste  et  qui  les  attend,  marmoniel,  Èlém.  de  lilt. 
t.  VI,  p.  36,  dans  pougens. 

ENGLOUTIR  (an-glou-tir),  v.  a.\\i°  Avaler  avec 
avidité.  Il  engloutit  les  morceaux  sans  les  mâcher. 
Dieu  fit  en  môme  temps  qu'il  se  trouva  là  un  grand 
poisson  qui  engloutit  Jonas;  il  demeura  trois  jours  et 
trois  nuits  dans  le  ventre  de  ce  poisson ,  saci  ,  Bible, 
Jonas,  II,  4.  Il  2°  Fig.  Absorber,  s'emparer,  saisir 
pour  soi.  11  vient,  la  bouche  Mante,  engloutir  tous 
mes  trésors,  vaugel.  Q.  C.  v,  4.  Ce  grand  empire 
qui  a  englouti  tous  les  empires  de  l'univers,  boss. 
Hist.  m,  6.  Sans  cesse  vous  brûlez  de  voir  tous  vos 
parents  Engloutir  à  la  cour  charges,  dignités, 
rangs,  boil.  Sat.  x.  S'il  engloutit  à  jamais  l'héri- 
tage Dont  la  nature  avait  fait  mon  partage,  volt. 
Enf.  prod.  iv,  3.  Elle  était  née  dans  le  voisinage 
d'une  grosse  abbaye  de  cent  miHe  livres  de  rente; 
son  mari  me  demanda  un  jour  pourquoi  ces  mes- 
sieurs, qui  étaient  en  petit  nombre,  avaient  englouti 
tant  de  parts  de  quarante  écus,  id.  VU.  aux  *o 
écus;  Devenu  père.  Avant  que  les  Romains  eussent 
englouti  toutes  les  républiques,  il  n'y  avait  presque 
point  de  rois  nulle  part,  montesq.  Esp.  xi,  8.  Son 
luxe  insatiable  [de  Rome]  engloutit  les  États;  L'uni- 
vers est  sa  proie  et  ne  lui  suffit  pas ,  saurin  ,  Spart,  v , 
6.  Il  3°  Absorber  comme  dans  un  gouffre.  Qui  n'eût 
cru  que  cette  tempête  allait  engloutir  tout  le  Rouer- 

gue?  patru,.  Ptotd.  7,  dans  richelet La  mer 

l'engloutit  avec  tout  son  fardeau,  corn.  Jf.  dePomp. 
V,  3.  Les  flots  ont  englouti  cet  époux  infidèle,  rac. 
Phèd.  II,  4.  Que  l'enfer  engloutisse  et  vous  el  ma 
patrie,  volt.  Tancr.v,  6.  Confiance,  amitié,  vertus, 
plaisirs,  folâtres  jeux,  la  terre  a  tout  englouti,  j.  t. 
ROuss.  Ilél.  VI,  4  3.  Il  Fig.  Les  Génois  furent  englou- 
tis dans  le  précipice  que  leur  perfidie  et  leur  avi- 
dité leur  avaient  creusé,  raïnal,  Hist.  phil.  i,  4  4. 
Oui,  dans  ces  noirs  cachots,  dans  ces  muets  abîmes, 

Où  Venise  engloutit  le  coupable  et  ses  crimes 

Ducis,  Othello,  v,  4.  Que  restera-l-il  d'elle  [la  vul- 
gaire jeunesse]?  à  peine  un  souvenir;  Le  tombeau 
qui  l'attend  l'engloutit  tout  entiî:re,  lamabt.  Médit. 
1.3.  Eternité,  néant,  passé,  sombres  abîmes.  Que 
faites-vous  des  jours  que  vous  engloutissez?  lu.  ib. 
I,  4  3.  Il  4°  Dissiper,  dévorer.  11  a  englouti  en  pet 
de  temps  celte  riche  succession.  {|  B*  S'engloutir, 
t'.  réfl.  Se  perdre  dans  un  gouffre.  Herculanum  s'en- 
gloutit sous  des  flots  de  lave.  Celte  foule  de  régiotis, 
d'États  dont  les  conquêtes  des  Assyriens,  dos  Mè- 
des,  des  Perses,  en  s'engloutissant  succesàivomeul 


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les  unes  les  autres,  avaient  firme  ce  grand  corps 
[l'empire  d'Alexandre!,  turgot,  i' dise,  en  Sor- 
bnnne.  Partageant  le  destin  du  corps  qui  la  recule, 
Dans  la  nuit  du  tombeau  l'âme  s'engloutit-elle  ?  la- 
MART.  Wrdit.  I,  6. 

—  HEM.  Molière  a  dit  engloutir  le  cœur,  pour 
soulever  le  coeur  :  Pouah!  vous  m'engloutissez  le 
cœur,  G.  Dandin,  m,  <  t.  C'est  un  archaïsme;  en- 
gloutir a  eu  le  sens  de  avoir  le  hoquet;  voy.  l'his- 
torique. 

—  lilST.  XI'  s.  Si  11  requerent  conseil  d'icele  cose 
Ou'il  iint  oit,  ki  mult  les  lesconfortet;  Ne  guardent 
l'ure  [l'heure]  que  terre  nés  anglutet,  St  Alexis, 
Lxi.  Il  xii"  s.  À  moult  grans  trais  le  fort  vin  englotir. 
Bat.  d'Alesehans,  v.  4651 .  ||  xiii'  s.  Issi  toz  vivenz  les 
engloutira  enfers  en  l'ire  dame  Dieu,  Psautier,  f°69. 
Hé,  Diex  I  que  feras-tu  de  cest  chetis  dolent,  De 
qui  l'ame  en  ira  en  enfer  le  boillant,  Et  li  mau- 
fez  [les  diables]  l'iront  à  leur  piez  défoulant;  Ahil 
terre,  quaroevre  [ouvre-toi],  si  me  va  engloutant, 
RUTEB.  II,  96.  Car  il  ne  cuident  pas  morir,  Ne  de- 
denz  la  terre  porrir;  Mes  si  feront,  Ouejà  garde  ne 
s'i  prendront.  Que  tel  morsel  engloutiront  [ils  ava- 
leront tel  morceau].  Qui  leur  nuira,  Que  la  lasse 

d'aïuB  en  ira  En  enfer,  id.  ii,  2 Un  serpent  si 

merveilleux  Qui  veut  tout  le  inonde  engloutir,  Uni- 
corne  et  serpent.  ||  xv*  s.  Ils  sont  venus  engloutir 
cestui  très  noble  et  très  chrestien  royaume,  g.  chas- 
tel.  Chron.  l'roesme.  ||xvi"  s.  Terre  engloutist  mes 
gens  mors  misérables,  L'air  corrompu  me  voinist 
ses  poisons,  J.  marot,  V,  37.  Quin'aveu  [un  joueur] 
mascher  et  engloutir  [avaler]  les  chartes  [cartes], 
pour  avoir  où  se  venger  de  la  perte  de  son  argent? 
MONT.  I,   22.  Engloutir  [avoir  le  hoquet],  nicot  et 

HOB.  ESTIENNE. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  le  radical  de  glouton  (voy.  ce 
mot)  ;  provenç.  englotir;  anc.  espagn.  englutir;  ital. 
inghiottire.  L'ancienne  conjugaison  d'engloutir  était 
comme  celle  de  partir  :  englute ,  au  subjonctif,  en- 
gloutant, au  participe  présent;  c'est-à-dire  que  la 
finale  ir  représente  la  finale  latine  ire  et  non  iscere. 

t  ENGLOUTISSEMENT  (an-glou-ti-se-man),  i.  m. 
Néologisme.  Action  d'engloutir;  résultat  de  cette  ac- 
tion. L'engloutissement  d'une  ville  pendant  un  trem- 
blement de  terre. 

—  ÉTYM.  Engloutir. 

t  ENGLOCTISSEUK  (an-glou-ti-seur),  s.  m.  Ce- 
lui qui  engloutit. 

—  HIST.  xvi"  s.  Fournaise  engloutisseuse,  de  la 
PORTE,  Épithètes. 

—  ÉTYM.  Engloutir. 

ENGLUÉ,  ÉE(an-glu-é,  ée),  part,  passé.  Enduit 
de  glu.  Des  branches  engluées.  |j  Pris  dans  la  glu. 
Un  oiseau  englué.  |{  Fig.  Pris  comme  dans  de  la  glu. 
Il  les  en  veut  convaincre  ,  et  il  les  y  laisse  long- 
temps englués  [dans  des  raisonnements],  Nicole,  Es- 
sais ,  t.  IX,  p.  331  ,  dans  pougens.  ]]  Proverbe.  La 
chevêche  est  engluée,  c'est-à-dire  les  voleurs  sont 
pris  a\i  piège. 

f  ENGLUEMENT  (an-glu-man),  s.  m.  Action  d'en- 
gluer; résultat  de  cette  action.  ||  11  se  dit  des  hu- 
meurs. Engluement  des  humeurs  au  haut  du  nez. 
Journal  de  la  santé  du  roi  [Louis  XIVJ,  p.  270. 
Il  Terme  rural.  Composition  destinée  à  recouvrir  les 
plaies  des  arbres. 

—  HIST.  XVI*  s.  Engluement,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Engluer. 

ENGLUER  (an-glu-é),  j'engluais,  nous  engluions, 
vous  engluiez;  que  j'englue,  que  nous  engluions, 
que  vous  engluiez,  V.  a.  ||  1°  Enduire  de  glu.  En- 
gluer des  arbrisseaux  pour  prendre  des  oiseaux. 
Il  2°  Prendre  avec  de  la  glu.  Engluer  des  oiseaux. 
il  Fig.  prendre  comme  dans  de  la  glu.  Ces  niaiseries 
futiles  et  spécieuses  propres  seulement  à  engluer 
quelques  butors,  gabr.  naudé,  Instr.  sur  les  frères 
de  la  Rosecroix,  p.  96,  dans  pougens.  Ces  louanges 
étaient  belles  et  bonnes,  mais  je  n'étais  pas  assez 
sot  pour  m'en  laisser  engluer,  st-sim.  4(ic,  ii7. 
j  II  3°  S'engluer,  v.  rifl.  Etre  pris  à  la  glu.  Cet  oiseau 
'  s'est  englué.  ||  S'épaissir  comme  de  la  glu.  Ces  restes 
'  [d'humeurs]  s'étant  épaissis  et  englués  autour  de 
la  gorge.  Journal  de  la  santé  du  roi  [f^ouis  XIV], 
p.  270.  Il   Fig.  S'engluer,  être  pris  à  quelque  piège. 

—  HIST.  xiu*  s.  Et  par  la  giant  force  de  lui  et  dou 
cheval  se  tiouwella  [pateaugea]  il  ens,  en  tel  ma- 
nière qu'il  estoit  avis  as  paysans  qu'il  fust  anglués, 
Cltr.de  Rains,  219.  Jeo  ai  le  lauslio  [rossignol]  an- 
glué.  Pur  qui  vus  avez  tant  veillé,  marie,  Lauslir.. 
t|  xiv*  s.  Engluyer,  prendre  o  gluyz,  uu  cange, 
vtscare.  IJ  xvi'  s.  Musequins  minars  [filles  raignar- 
desi ,  Enrichis  de  fardz,  Plusieurs  engluèrent,  ;.  ma- 

BDT,  V,   470. 

-^  i'tym.  En  t ,  et  glu;  provenç.  englutir,  e  gludar. 


f  ENGLYPHIQUE  (an-gli-fi-k'),  adj.  Quia  rap- 
port à  la  gravure.  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  'Eyy'wîE'v,  de  èv,  en,  et  vXOqjeiv,  graver. 
f  ENGOBAGE  (an-go-ba-j'),    s.   m.  Action  d'en- 

gober. 

t  ENGOBE  (an-go-b'),  s.  m.  Matière  terreuse  dont 
les  potiers  recouvrent  leur  pâte  pour  en  changer  la 
couleur. 

t  ENGOBER  (an-go-bé),  v.  a.  Appliquer  un  en- 
gobe. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  en  ) ,  et  gober.  En  Norman- 
die, on  dit  s'engober  pour  s'étouffer  de  nourriture. 

t  ENGOMMAGE  (an-go-ma-j') ,  s.  m.  Action  d'en- 
gommer.  Engommage  d'un  tissu. 

t  ENGOMMER  (an-go-mé),  v.  a.  Enduire  de 
gomme.  ||  Terme  de  potier.  Couvrir  les  casettesd'un 
émail  très-chargé  de  plomb. 

—  ÉTYM.  En  1,  et  gommer. 

ENGONCÉ,  ÉE  (  an-gon-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  est  habillé  de  telle  sorte  qu'il  parait  avoir 
le  cou  enfoncé  dans  les  épaules.  Nos  deux  dames 
lie  France,  bien  engoncées,  bienroides,  bien  mas- 
sives, bien  ignobles,  bien  maussades,  bien  plaquées 
de  vermillon,  diderot,  Salon  de<766,  (JICuv.  t.  xiii, 
p.  4  54,  dans  poL'GENS.  Mais  comme  vous  êtes  en- 
goncée dans  votre  corset!  picard.  Petite  ville,  m, 
8.  Il  2°  Qui  a  le  cou  enfoncé  dans  les  épaules.  Pour 
ma  taille,  on  ne  peut  la  trouver  engoncée,  th.  corn. 
D.  Bertr.  de  Cigarral,  iv,  i.  Montagne  n'était  rien 
moins  que  beau  ni  jeune,  bien  fait,  mais  un  peu 
gras,  engoncé  et  fort  rouge,  st-sim.  63,(59. 

jENGONCEMENT  (an-gon-se-man),  s.  m.  État 
d'une  personne  engoncée. 

ENGONCER  (an-gon-sé.  Le  c  prend  une  cédille 
devant  a  ou  o  ;  j'engonçai,  nous  engonçons),  v.  a. 
Faire  paraître,  en  parlantd'un  habit,  le  cou  enfoncé 
dans  les  épaules.  Cet  habit  vous  engonce.  {|  S'engon- 
cer, V.  réjl.  Enfoncer  le  cou  dans  les  épaules,  ou 
s'habiller  de  façon  à  paraître  engoncé.  S'engoncer 
dans  son  habit,  dans  sa  cravate. 

—  HIST.  xvi*  s.  Engonce;"  [embarrasser],  oudin, 
Dict. 

—  ÉTYM.  £n  < ,  et  gond  ;  engoncer  étant  comparé 
à  l'état  d'une  porte  mise  en  ses  gonds;  portug.  en- 
gomo,  gond;  ital.  gonso,  gond;  espagn.  gonce. 

ENGORGÉ,  ÉE  (an-gor-jé,  jée),  pari,  passé. 
Il  1"  Obstrué.  Canaux  engorgés  par  la  vase....  Ces 
honnêtes  enfants  Qui  de  Savoie  arrivent  tous  les 
ans.  Et  dont  la  main  légèrement  essuie  Ces  longs 
canaux  engorgés  par  la  suie,  volt.  Pauvre  diable. 
Il  Moulin  engorgé,  moulin  qui  ne  travaille  pas, 
parce  que  l'eau  est  trop  haute.  {|  Canon  engorgé, 
canon  dont  la  lumière  se  trouve  bouchée.  ||  Fig. 
Léger  d'étude  et  d'orgueil  engorgé.  Maître  Houdart 
se  croit  un  petit  aigle,  j.  b.  rouss.  Ép.  ii,  6. 
Il  2"  Terme  de  médecine.  Qui  est  le  siège  d'un  en- 
gorgement. Tissus  engorgés.  ||  Jambe  de  cheval  en- 
gorgée, jambe  pleine  d'humeurs.  ||  3°  Drap  engorgé, 
drap  que  le  foulon.n'a  pas  entièrement  dégraissé. 
Il  4°  Terme  de  construction.  Moulure  engorgée, 
moulure  qui  a  perdu  une  partie  de  ses  formes  par  la 
quantité  de  peinture  qui  a  été  mise  dessus. 

ENGORGEMENT  (an-gor-je-man),  s.  m.  \\  1°  Gène 
d'écoulement  par  obstruction,  dans  un  tuyau,  dans 
un  canal.  ||  2°  Terme  de  médecine.  Augmentation  de 
volume  et  souvent  de  consistance,  caractérisée  par 
la  présence  d'une  matière  amorphe  demi-solide  ou 
liquide  qui  a  exsudé.  L'engorgement  des  glandes. 
Il  Distension  des  vaisseaux  ou  des  conduits  excré- 
teurs et  intestinaux,  avec  embarras  à  l'écoulement 
des  matières  qu'ils  renferment.  ||  3"  Fig.  Gêne,  em- 
barras. Une  seule  aiïaire  ne  finissant  point,  il  se 
faisait  un  engorgement  qui  arrêtait  et  perdait  toutes 
les  affaires  par  des  lenteurs  qui  n'avaient  point  de 
fin,  ST-SIM.  394,  401.  Il  Engorgement  des  finances, 
embarras  dans  leur  administration.  ||  Se  dit  aussi 
de  l'argent  qui  ne  circule  plus.  L'engorgement  de 
la  circulation,  le  retrait  absolu  du  numéraire,  le 
discrédit,  hontesquiou.  Rapport,  27  août  4790, 
p.  4  2.  Il  4°  Nœud  qu'on  rencontre  dans  le  toit  ou 
dans  le  sol  des  veines  de  charbon  de  terre. 

—  ÉTYM.  Engorger;  provenç.  engorjanien  ;  ital. 
ingorgamento. 

ENGORGER  (an-gor-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
ou  o:  engorgeant,  nous  engorgeons),  i;.  a.  ||  l»  Ob- 
struer un  conduit,  un  passage.  Les  immondices 
ont  engorgé  cet  égout.  Le  sang  engorgeait  les 
vaisseaux.  La  foule  engorgeait  le  couloir.  ||  2»  Rem- 
plir l'âme  d'une  pièce  d'artifice.  ||  3°  S'engorger,  v. 
réfl.  Etre  engorgé.  Ce  havre,  ce  canal  s'engorge. 
Quand  le  tuyau  de  la  cheminée  est  trop  étroit,  la  fu- 
mée, ne  pouvant  passer,  s'engorge. 

—  HIST.  xiiï'  s.  A'ns  boive  petit  et  sovent,  Qu'il 


n'aut  [aille]  les  autres  esmovant  X  dire  que  trop  en 
engorge,  la  Rose,  4  3043,  ||  xiV  Et  aussy  luy  donne 
[au  faucon]  à  mengier,  tant  qu'il  ait  engorgé,  Slo- 
dus,  f"  Lxxx,  verso.  ||xv*  s.  Messire  Jean  de  Ghis- 
telles,  de  Hainault,  cousin  au  comte  de  Flandre,  y 
estoit  [quand  Bournesel  raconta  au  roi  Charles  sa 
déconvenue  en  Flandre],  qui  engorgeoit  [écoutait 
en  murmurant  dans  sa  gorge]  toutes  les  paroles  du 
chevalier,  pnoiss.  ii,  ii,  46.  ||  xvi'  s.  Il  le  suffoqua, 
l'engorgeant  de  quantité  d'eau  prinse  trop  à  coup, 

MONT.  III,    248. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  gorge;  provenç.  engorgar,  en- 
gorjar;  ital.  ingorgare. 

f  ENGORGEUR  (an-gor-jeur),  s.  m.  Engorgeur 
de  pigeons,  celui  qui,  avec  les  lèvres,  donne  du 
grain  aux  pigeons. 

ENGOUÉ,  ÉE  (an-gou-é,  ée),por(.  passé.  ||  l'Dont 
le  gosier  est  obstrué.  Engoué  par  des  morceaux  ava- 
lés gloutonnement.  ||  2"  Fig.  Saisi  d'engouement. 
Mme  de  la  Fayette  vous  a  vue,  elle  me  mande  que 
vous  causâtes  fort  ensemble,  qu'elle  est  engouée 
de  vous,  c'est  son  mot,  sév.  Lett.  i  fèvr.  4085. 
Notre  duchesse  de  Bourgogne,  qui,  malgré  tout 
son  mérite,  est  un  peu  trop  engouée  de  la  danse, 
des  bals  et  des  mascarades,  maintenon,  Lett.  au  D. 
de  Ncailles,  25  janv.  4  7i4.  L'âge  ne  m'a  pas  guéri 
de  ce  défaut  [s'éprendre  d'une  étude] ,  il  ne  l'a  pas  di- 
minué; et,  maintenant  que  j'écris  ceci,  me  voilà, 
comme  un  vieux  radoteur,  engoué  d'une  autre  étude 
inutile  où  je  n'entends  rien,  j.  j.  rouss.  Confess.  v. 

ENGOUEMENT  (an-gou-man) ,  s.  m.  ||  1°  Embar- 
ras dans  le  gosier.  ||  2°  Terme  de  médecine.  Obstruc- 
tion d'un  conduit  ou  d'une  cavité  quelconque  par 
des  matières  accumulées.  ||  Engouement  d'une  her- 
nie, arrêt  et  accumulation  des  matières  dans  l'anse 
intestinale  que  contient  le  sac  herniaire.  ||  Terme 
de  vétérinaire.  Engouement  du  feuillet,  accumula- 
tion de  matières  alimentaires  durcies,  entre  les  la- 
mes de  cet  estomac.  Engouement  du  jabot,  réplé- 
tion  outrée  de  cette  poche.  ||  3"  Fig.  Sentiments 
favorables  et  excessifs  que  l'on  conçoit  sans  grande 
raison  pour  quelqu'un  ou  quelque  chose.  Son  en- 
gouement pour  cet  ouvrage,  pour  cette  personne 
est  extrême.  L'engouement  du  duc  de  ViUeroy  [pour 
le  titre  de  maréchal]  dura  plusieurs  années,  st-si.mos, 
5,  68.  Approuvant,  dédaignant,  sans  rechercher  les 
motifs  de  mon  engouement  ou  de  mon  dédain,  Di- 
derot, Salon  de  4765,  OEuv.  t.  xiii,  p.  3,  dans 
POUGENS.  Toute  ma  crainte,  en  voyant  cet  engoue- 
ment et  me  sentant  si  peu  d'agrément  dans  l'esprit 
pour  le  soutenir,  était  qu'il  ne  se  changeât  en  dé- 
goût, J.  J.  ROUSS.  Conf.  X.  Son  engouement  outré 
pour  ou  contre  toutes  choses  qui  ne  lui  permet- 
tait de  parler  de  rien  qu'avec  des  convulsions, 
ID.  ib.  XI.  Une  pièce  fugitive  de  Scarron  prouve  en- 
core de  quel  engouement  on  peut  être  pour  les 
chats,  montcrif,  dans  desfontaines.  C'est  beau- 
coup pour  ce  pays,  où  vous  savez  que  le  premier 
jour  est  pour  l'engouement,  le  second  pour  la  cri- 
tique, et  le  troisième  pour  l'indifférence,  laiiaupe, 
Correspond,  t.  lu,  p.  364,  dans  pougens.  Elle  ne 
juge  plus  d'après  l'extérieur  les  phrases  et  les  dé- 
monstrations; elle  est  guérie  de  l'engouement, 
u"'  DE  genlis,  Adèle  et  Théod.  t.  m,  lett.  68,  p.  408, 
dans  pougens.  L'amour  peut  s'égarer  dans  ses  pre- 
mières affections  et  surtout  par  l'éducation  ;  il  y 
puise  des  fantaisies  et  des  engouements,  bern.  de 
sT-p.  Ilarm.  liv.  vu.  De  l'amitié. 

ENGOUER  (en-gou-é),  v.  a.  ||  1°  Obstruer  le  go- 
sier. Ce  canard  avala  un  morceau  trop  gros  qui 
l'engoua.  ||  2°  S'engouer,  v.  réfl.  Se  causer  un  em- 
barras dans  le  gosier.  Il  s'engoue  à  force  de  man- 
ger avec  gloutonnerie.  Quand  les  petits  enfants  s'é- 
touffent à  force  de  téter  avidement,  on  dit  qu'ils 
s'engouent.  S'engouer  à  force  de  crier,  de  boire.  Il 
ne  mange  pas,  il  dévore.  Et  le  fait  tant  avidement. 
Qu'il  s'engoue  ordinairement,  scarr.  Virg.  m. 
Mme  de  Maintenon  triompha  froidement  d'elle  [Ma- 
dame], la  laissant  s'engouer  de  parler,  de  pleurer 
et  de  lui  prendre  les  mains,  st-simon,  94,  238. 
Michau  :  Eh  I  mais,  si  je  beuviemes?  —  Henri  : 
C'est  bien  dit,  car  je  m'engoue,  collé.  Partie  de 
chasse,  m,  40.  ||  3°  Fig.  Élre  pris  d'engouement. 
Mais  mon  génie  a  toujours,  je  l'avoue.  Fui  ce  faux 
air  dont  le  bourgeois  s'engoue,  j.  b.  roiss.  À  U.  de 
Breteuil,  liv.  i,  Ép.  Insensiblement  je  m'engouai 
de  cette  petite  retraite,  j.  J.  rouss.  Conf.  v.  Vous 
avez  encore  un  autre  défaut,  c'est  de  vous  préve- 
nir, et,  comme  on  dit,  de  vous  engouer  à  l'excès 
en  faveur  de  certains  ouvrages,  d'alemb.  Portr.  de 
Mlle  de  l'Espinasse.  \\  Absolument.  Cet  homme  s'en- 
goue facilement. 

—  HIST.  ivi'  s.  Et  mordoit  goulûment  comme  un 


1308  ENG 

homme  en  songent  R«».  «prè»  la  viande  et  s'en- 

«oii«enmangp»nt,iioN»ARD,  ««■•.  ,  „  ,.„ 

_  r.TVII   Ir.  t,  et  le  radical  90»,  qui  se  trouve 

dan»  o'anon  (»oy-  «  """i  "''"S''  "S""""-  ^'  ''**' 
MKe  du  «ens  propre  au  sens  figuré  consiste  en  ce 
nue  l'esprit  est  occupé  par  quelque  chose  comme  le 
«osier  par  ce  qui  i'engoue;  c'est  une  lésion,  un 
mal  de  l'esprit  comme  <iu  gosier;  car  Vengouement 
est  consKl/Té  comme  un  travers. 

ENGOUFFRÉ,  lîK  (an  ROU-fré,  frée),  part,  passé. 
Il  !•  Perdu  dans  un  gouffre.  L'enfant  toiulie  et  est 
engouffré  dans  le  torrent,  volt.  Zadig,  20,  ||  Par 
extension,  retiré  dans  un  fond.  Nous  manquions 
tiul  *  fait  de  fourrages,  fort  engouffrés  entre  les 
deux  camp»  et  acculés  au  Rhin,  st-simon,  2»,  83. 
lia»  Oui  .se  précipite  comme  dans  un  gouffre,  en 
parlant  des  eaux  et  du  venl.  C'est....  du  corbeau 
qui  s'abat  l'aigre  croassement.  De»  autans  engouf- 
frés le  triste  sifflement,  lamaiit.  Joc.  m,  tm. 

ENGOUFFRER  (S")  (an  gou  fré),  v.  réft.  \\  1°  Tom- 
ber dans  un  gouffre.  ||  Par  ixtension,  se  retirer 
dans  une  profonde  retraite.  Voue  Sainteté  s'en  ira, 
Toute  réduite  en  sa  pensée,  S'engouffrer  la  tête 
baissée  Dans  qiiebiue  couvent  réformé,  sc*uB.  Pnés. 
div.  Œiwr.  t.  VII,  p.  laa,  dans  pougens.  ||  2"  Il  se 
dit  des  courants  d'eau  ou  d'air  qui  pénètrent  dans 
une  sorte  de  gouffre.  Le  Rhône  s'engouffre  au  lieu 
dit  la  Perle  du  Khône,  et  repandt  un  ijuait  de  lieue 
plus  loin.  Le  vent  s'engouffrait  dans  la  clieminée. 
Dans  ce  moment,  une  montagne  d'eau  d'une  ef- 
froyable grandeur  s'engouffra  entre  l'Ile  d'Ambre  ei 
la  i:flie,  BERN.  i.K  ST-FlEuiiE,  P.  et  V.  p.  tSH.  Sous  ses 
haillons  où  s'engouffr..-  la  bise.  C'est  du  pain  qu'elle 
attend  de  nous,  béuang.  l'auv.  femme.  Les  vents, 
en  s'engouffrant  sous  ces  vastes  débris,  En  tirent 
des  soupirs,  des  hurlements,  des  cris,  lamaut. 
Uid.  Il,  au.  Il  Fig.  Une  de  fortunes  viennent  s'en- 
gouffrer dans  les  ieux  de  boursel  ||  3°  K.  a.  Kngouf- 
frer,  faire  lomter,  feire  disparaître  dansungouffie. 
Son  omlire  plane  encor  sur  tant  d'hommessublimes 
Ou' Alioukirengouffradans  ses  sanglants  abîmas,  bar- 
THKLEMï,  dans  [eDict.de  bescheiielle.  ||  La  forme 
active  n'est  pas  donnée  par  l'Académie,  mais  rien 
n'einpéciie  de  s'en  servir. 

—  Hisr.  XVI'  s.  Dequoy  donc  vous  profite-il  de 
vous  engouffrer  par  vosire  curiosité  enragée  en  cest 
abyine?  calv.  Instit.  7«l.  En  combien  de  périls  et 
dangiers  nous  allons  engoulf'er,  par  ung  chemin 
esiroict  lie  3U  lieues  de  long,  où....  cabl.  iv,  U4. 
N'est-il  donc  pas  bien  misérable,  Celuy  qui  est  in- 
satiable D'amonceler  I  or  dessus  l'or,  Ou  qui,  soû- 
lant .-on  avance,  L'engoufre,  0  trop  estrange  vice, 
Dedans  l'abisme  d'un  trésor?  jacq.  tahlheau,  l'oé- 
sie.1,  p.  nu,  dans  LACL'RNE.  La  vérité  est  engoufrée 
dans  des  profonds  ahysmes  où  la  veue  humaine  ne 
peult  pénétrer,  mont  11,  3i7. 

—  ÉTVM.  En  I ,  ei  gouffre. 

f  ENGOUJURE  (an-guu-ju-r'),  ».  f.  Terme  de  ma- 
rine. Sorte  de  rainure  pratiquée  en  travers,  sous  les 
cais.ses  des  m&ts  de  hune  et  de  perroquet,  pour  re- 
cevoir lo  braguet. 

t  F.NtlOULANT,  ANTE  (an-gou-lan,  lan-t'),  odj. 
Terme  de  blason.  Se  dit  d'ui:  animal  qui  est  repré- 
senté engloutissant  dans  sa  gueule  une  pièce  des  ar- 
moiries. 

ENGOULÉ,  ÉE  (an-gou-lé,  lée),  part,  passé. 
Il  1*  Saisi  par  une  gueule.  Le  poussin  engoulé  par 
le  chien.  ||  2°  Terme  de  blason.  Se  dit  des  pièces  dont 
les  ezirémités  entrent  dans  des  gueules  d'animaux. 

^  HIST.  XII'  s.  LA  le  desarment  li  prince  et  li 
cnasé;  De  son  bliaiil  ot  l'ermin  [l'hermine]  engoulé 
[disposé  autour  do  l'ouverture  pour  le  passage  du 
cou];  En  nule  terre  n'ot  plus  bel  desarmé,  Uaoul 
de  Camb.  ei.  ||  xiti'  s.  S'ot  vestu  un  rouge  fustain- 
gne.  Mes  que  par  leus  ert  detrouez;  Entre  le  col 
erl  engouiez  D'une  liste  trestote  blanche,  ilCTi.  7022. 

ENGOULER  (an-gou-lé),  v.  a.  Saisir  à  pleine 
gueule.  Ce  chien  engoulé  tout  ce  qu'un  lui  jetle. 

—  lllST.  XIII* s.  En  cesie  terre  n'a  mastin  Qui  me 
rescossit  [m'ôtftt]  un  pocin,  Por  que  je  l'eusse  en- 
goié,  lien.  (3013.  Le  bort  du  henap  trop  n'engoule, 
Si  comme  font  maintes  norrices  Qui....  la  Rose, 
4a«46.  Car  la  douçor  si  fort  les  boule  [trompe], Qu'il 
n'est  nus  [nul]  qui  tant  en  engoulé,  Qu'il  n'en  vuciUe 
plus  engouler,  »6.  00(8.  ||  ivi*  s.  Ce  lyon  jelta  sa 
griffe  sur  une  fille  aagée  do  douze  ans  ou  environ, 
et  l'aterra  :  ce  fait,  engoula  sa  teste,  et  avec  les 
dent»  luy  flst  plusieurs  playes,  paré,  vm,  (5. 

—  ËTVM,  fn  ) ,  et  goule,  une  des  anciennes  for- 
me» da  gueule;  provenç.  «noojir,  engouller;  es- 
pagn.  en9«/(ir.  ^       »       .       » 

t  ENGOULEVENT  (an-gou-le-van),  *.  m.  Genre 
a  oiseaux  dont  l'etpèce  la  plus  commi>ne  est  vnlgai- 


ENG 

rement  appelée  crapaud  volant  {eaprimulgus  eu- 
r(.p<rus,  L.). 

—  ÉTVM.  Engouler,  et  vent;  ainsi  dit  parce  que 
cet  oiseau  a  un  bec  qui  s'ouvre  énormément. 

ENGOURDI,  lE  (angour-di,  die),  part,  passé 
d'engourdir.  ||  1*  Saisi  d'engourdissement.  Mams 
engourdies  par   le  froid.  Non,  non,   si  sans  le  fer 

co  bras  est  engourdi rotr.  Herc.  mour.  m,  6 

Par  de  cbasles  baisers,  dans  son  pieux  transport. 
Il  ranimait  mon  co-ur  engourdi  par  la  mort,  du- 
cis.  Oscar,  v,  t.  [Un  aiglon]  Dont  l'œil  aspire  à  sa 
sphère.  Et  qui  rampe  sur  la  terre  Comme  un  rep- 
tile engourdi,  lamart.  Ilarm.  11,  *■>■  Il  Terme  de 
marine.  Navire  engourdi,  navire  qui  paraît  immo- 
bile au  milieu  d'une  grosse  mer.  Peu  usité.  ||  Kig. 
N'avoir  pas  les  mains  engourdies,  être  habile  à  pren- 
dre, à  voler.  Vous  me  trouvez  l'air  d'un  fripon  qui 
n'aura  pas  les  mains  engourdies  pour  emporter 
l'argent  d'une  maison,  mabivaux.  Paysan  parv. 
2'  partie.  ||  i'  Fig.  Un  esprit  engourdi.  La  composi- 
tion en  est  pesante  et  engourdie,  diderot.  Salon 
df  1766.  Œuv.  t.  xiii,  p.  61,  dans  POUGENS. 

ENGOURDIR  (an-gour-dir) ,  ».  a.  ||  1°  Causer 
dans  un  membre  une  sorte  de  paralysie  momenta- 
née, incomplète.  Le  froid  engourdit  les  membres, 
l.a  torpille  engourdit  la  main  de  ceux  qui  la  tou- 
chent. On  peut  comparer  les  malheureuses  produc- 
tions de  cette  espèce  à  ces  jours  affligeants  de  l'hi- 
ver, où  un  brouillard  épais  ,  joint  à  une  gelée 
pénétrante,  .semble  à  la  fois  engourdir  et  conirister 
tous  les  êtres  vivants,  d'alemb.  Éloges,  Crébxllon. 
Je  baise  bien  tendrement  vos  jiattes,  et  si,  je  les 
exhorte  à  ne  se  laisser  ni  brûler,  ni  engourdir,  id. 
Leil.  à  Voltaire,  l5oct.  4776.  ||  2°  Kig.  L'oisiveté 
engourdit  l'esprit.  Il  se  prenait  à  tout  ce  qui  pouvait 
engourdir  son  impatience,  hamilt.  Gramm.  ii. 
Il  3»  S'engourdir,  v.  réfl.  Devenir  engourdi.  Le  loir 
s'engourdit  pendant  l'hiver.  Ses  membres  épuisés 
s'engourdissent  et  le  cours  du  fleuve  l'entraîne, 
FÉN.  Tél.  IV.  Malmenant  je  m'engourdis  avec  la  na- 
ture jusqu'à  ce  qu'elle  renaisse,  je  ne  vis  plus,  j.  J. 
Rouss.  Lett.  à  ilmedeSuie,  Corresp.  t.  vi,  p.  U2, 
dans  POUGENS.  ||  Kig.  Vous  vous  engourdissez  dans  le 
repos.  On  perd  l'habitude  da  réfléchir  comme  celle 
de  marcher;  et  l'âme  s'engourdit  et  s'énerve  comme 
le  corps  dans  une  stupide  indolence,  marmontel, 
Élém.  lut.  (*'.'«».  t.  vu,  p.  4(5,  dans  pougens. 

—  HlST.  iiu'  s.  Les  pe/,  out  tortz  [il  eut  les  pieds 
torts],  nerfs  engurdis,  Édimard  le  conf.  v.  (937. 
Il  xv  s.  F.t  ne  fussent  lasches  ne  engourdelis,  Mais 
fors,  et  preux,  et  il  chiere  hardie,  eust.  descii. 
Poésies  mss.  f°  25,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  liien  est 
à  présumer  que  Pliaratnond  premièrement,  puis  son 
successeur  Clodion,  voyant  l'empire  en  tel  de.sordre, 
ne  demeuroient  ce  temps  pendant  engourdis,  PAS- 
QuiER,  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTVM.  En  > ,  et  gourd;  provenç.  engordir. 
ENGOURDISSEMENT  (an-gour-di-se-man),  s.  m. 

Il  1*  Sorte  de  p.iralysie  momentanée  causée  par  le 
froid  ou  une  autre  cause,  et  qui  est  caractérisée  par 
la  pesanteur,  la  difficulté  du  mouvement  et  un  four- 
millement incommode.  Avoir  un  engourdissement 
au  bras.  |{  Il  se  dit  aussi  d'un  état  qui  rend  les  fa- 
cultés obtuses  comme  par  un  demi-sommeil.  Un 
engourdissement  total  m'êta  jusqu'à  la  faculté  de 
parler  et  de  penser,  «"•  UE  genus,  Adèle  et  Théod. 
t.  Il,  lett.  38,  p.  384,  dans  POUGENS.  ||  Il  se  dit 
enfin  de  l'état  où  tombent  certains  animaux  hiber- 
nants. H  faut  savoir  gré  à  M.  de  liuffon  d'avoir  re- 
cherché le  premier  la  cause  secrète  de  l'engourdis- 
sement de  divers  animaux,  tels  que  la  marmotte,  le 
hérisson,  le  loir,  la  chauve-souris,  bonnet,  Con- 
teinpl.  nat.  t2'  part.  ch.  81.  ||  2°  Fig.  Torpeur. 
L'engourdissement  de  l'esprit.  Tirer  quelqu'un  de 
son  engourdissement.  On  dit  qu'il  y  eut  dans  tout 
ce  mouvement  un  peu  de  l'engourdissement  qui  suit 
un  long  repos,  ségur,  Hist.  de  Napol.  ix,  3. 

—  ÊTYM.  Engourdir. 

f  K.  ENGRAIN  (an-grin),  s.  m.  Biseau  qui,  pra- 
tiqué à  une  meule,  sert  à  engager  dessous  les  ma- 
tières qui  doivent  être  broyées. 

—  ÊTYM.  Voy.  engrener  2. 

t  2.  ENGRAIN  (an-grin),  ».  m.  Terme  rural. 
Toute  semence  faite  en  céréales. 

—  HIST.  XVI*  ».  L'achateur  sera  payé  desesairures 
[labourages],  semences  et  engralns,  s'il  n'a  les 
fruicts,  Coust.  génir.  t.  1,  p.  (024 

—  ÊTYM.  En  ( ,  et  grain. 

t  ENGRAINEMENT  (an-grè-ne-man),  ».  m.  Voy. 

ENGRÈNBMENT. 

fENGRAINER  (an-grè-né),  «.  o.  Voy.  engrener. 
ENGRAIS  (an-grê;  1»  se  lie:  un  an-grê-z  excel- 
lent) ,  ».  m.  Il   !•  Pâture  «^u'on  donne  aux  volaille» 


ENG 

pour  les  engraisser.  |{  Mettre  à  l'engrais,  se  dit  des 
bestiaux  que  l'on  met  dans  les  herbages  pour  qu'ils 
s'y  engraissent.  C'est  ordinairement  à  l'âge  de  dii 
ans  qu'on  met  les  bœufs  à  l'engrais,  buff.  Bœuf. 
Il  2°  Tout  ce  qui,  déposé  à  la  surface  du  sol  et 
mêlé  à  la  terre  arable,  augmente  ou  rétablit  la  fé- 
condité, en  lui  fourni-ssant  les  maiif-res  organique» 
ou  minérales  nécessaires  à  la  végétation.  Il  sou- 
mit lart  des  engrais  à  des  principes  fondés  sur  la 
saine  physique,  condorcet,  Duhamel.  Rival  de 
Duhamel,  surprenez  ses  secrets;  Connaissoz,  em- 
(iloyez  l'art  fécond  des  engrais,  delille,  Hom.  des 
ch.  ch.  II.  Il  Engrais  norihal,  fumier  de  ferme  pro- 
duit par  une  proportion  de  30  chevaux,  ïo  bœuf» 
ou  vaches,  (2  à  20  porcs,  ainsi  dit  par  Paye»  et 
Boussingault,  parce  que  ce  fumier  leur  sert  de  type, 
et  que,  dans  leurs  recherches  comparatives,  il» 
fixent  sa  valeur  ou  ses  effets  à  (oo.  ||  Engrais  désin- 
fecté, dit  souvent  aussi  engrais  humain,  mélange 
d'excréments  humains,  de  poudrette,  avec  le  char- 
bon ou  avec  le  terreau  carbonisé.  {|  Engrais  flamand , 
nom  donné  à  la  matière  des  fosses  d  aisance  mise 
en  citerne  et  mélangée  avec  une  certaine  proportion 
d'eau  qui  en  fait  un  engrais  liquide.  ||  Engrais  verts, 
nom  donné  aux  tiges,  feuilles  ou  fanes  des  végé- 
taux herbacés  spécialement  cultivés  pour  service  de 
fumure,  tels  que  lupin,  colza,  seigle,  etc;  on  les  en- 
fouit dans  la  terre,  ils  y  [lourrissent  et  la  fertilisent. 
Il  Engrais  mixtes,  engrais  formés  de  substances  mi- 
nérales assimilables  par  les  plantes,  et  de  matières 
organiques. 

—  hist.  xvi*  s.  Lesbopufsd'engrais  [de  boucherie], 
0.  DE  SERRES,  287.  Sans  attendre  que  l'on  les  vin>l 
hacher  en  pièces  comme  moutons,  après  que  I  01; 
les  auroit  longuement  tenus  en  meue  &  l'engres. 
amyot.  Agis  et  Cléom.  et. 

—  ÊTYM.  Voy.  engraisser. 

I  ENGRAISSAGE  (aii-grè-.sa-j'),  ».  m.  Action  d'en- 
graisser les  bestiaux.  Peu  usité. 

—  ETYM.  Engraisser. 

fENGRAlSSANT,  ANTE  (an-grè-san,  san-t'),  adj. 
Qui  engraisse.  ||  Oui  tache  de  graisse.  La  pommade 
est  trop  engraissante,  sÊv.  230. 

ENGRAISSÉ.  JÎE  (an  prè-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Rendu  gras.  Cet  enfant  engraissé  depuis  qu»  je 
ne  l'ai  vu.  Ses  troupeaux  engraissés  dans  ces  beain 
pâmrages,  delille,  Éneide,  vm.  ||  Par  exten-ion. 
Les  mots  pleins  de  l'onction  divine  opèrent  secrèl^- 
inent;  on  s'en  nourrit,  l'âme  enestengriiis~ée,  iE.n. 
t.  xviu,  p.  439.  Il  Fig.  Ces  champs  engraissés  du  sang 
de  nos  soldats,  jj  2"  Fig.  Enrichi,  .l'estime  autant  i'a- 
tru  même  dans  l'indigence  Qu'un  commis  engrai^s  1 
des  malheurs  de  la  France,  hoil.  ^ptl.  v. 

ENGRAISSEMENT  (an-grè-se-man),  s.  m.  ||  l'Ac- 
tion d'engraisser.  L'engraissement  des  bcsiiaiix. 
Il  État  de  celui  qui  engraisse.  ||  2"  Synonyme  d'er- 
grais.  Mettre  des  engraissements  à  la  terre.  Il  ne 
faut  que  de  légers  engraissements,  la  ouintinye, 
1. 1 ,  dans  bichelet.  ||  3°  Terme  de  cliarpentene.  Join- 
dre du  Viois  par  engraissement,  rassembler  à  force, 
et  de  manière  qu'il  n'y  reste  aucun  vide. 

—  HIST.  XVI*  s Et  lesnourissoit  on  [les  gladia- 
teurs] avec  cet  engraissement,  afin  i|u'ils  achetassent 
leur  graisse  par  leur  mort,  d'aub.  Conf.  11,  ».  Et  seront 
ces  lieux  assis  en  teste  des  prairies,  afin  que  les  en- 
graissemens  y  vuident  par  les  pluies,  0.  de  sebrks. 
21.  Le  trop  de  vieillesse  résiste  à  l'engraissement 
des  bœufs,  id.  296. 

—  ÊTYM.  A'ngrowser;  provenç.  engrayshament  ; 
anc.  cat.  engres^ament  ;  ital.  tngra»(am<>n(o. 

ENGRAISSER  (eii-grè-sé),  f.  a.  ||  1°  Faire  de- 
venir gras.  Engraisser  des  poulets,  des  (X)choiis, 
des  bestiaux.  Il  n'y  en  a  que  trop  de  ce  caract.'  ro 
dans  le  siècle  où  nous  sommes  qui  ne  semblent 
vivre  que  pour  nourrir  et  engraisser  leur  corp~, 
BOURD.  «'  dim.  après  la  Prnt.  Domin.  t.  m,  p.  (i. 
Que  faisons-nous,  chrétiens,  que  faisons-nous  au 
tre  chose,  lorsque  nous  flattons  notre  corps,  (jup 
d'accroître  la  proie  de  la  mort,  lui  enrichir  son  bu- 
tin, lui  engraisser  sa  victime?  Boss.  Or.  fun.  du  /'. 
Bourgoing.  Comme  des  victimes  qu'on  engraisse  ci 
qu'on  orne  de  fleurs,  mass.  Uyt.  5oiim.||2°  En- 
duire d'un  corps  gras.  Que  l'huile  du  pécheur  ne 
parfume  et  n'engraisse  point  ma  tête,  SAa,  Bible, 
psaume  CXL,  y.  t.  \\  Souiller  de  graisse.  Engraisser 
ses  habits.  Aujourd'hui  on  dit  plutôt  graisser.  ([S'En- 
graisser des  terres,  leur  donner  de  l'engrais.  Ces 
troupeaux  servent  à  engraisser  les  campagnes  , 
FÉN.  Tél.  XIII.  Ainsi  les  torrents  engraissent  les 
vallons  de  la  substance  des  montagnes  avad'es, 
RAYNAL,  llisl.phil.  II.  t.  Il  «•  Fig.  Rendre  riehe. 
N'imite  point  ces  fous  dont  la  sotte  avance  Vn  ili' 
ses  revenus  engraisser  la  justice,   boil.  t"j/<(.  11. 


ENG 


EiNG 


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1399 


Ma  peine  et  mon  deuil  Engraissent  des  tyrans 
l'insolence  et  l'orgueil,  A.  cnÉN.  39.  ||  5°  Terme  de 
métallurgie.  Engraisser  le  feu,  donner  au  laitier  plus 
de  consistance.  Il  Terme  de  charpenterie.  Engraisser 
l'arête  d'une  pièce  de  bois,  l'élargir  en  diminuant 
la  pointe.  Il  Terme  de  poterie.  Grossir  la  base  de 
certaines  pièces  en  y  ajoutant  des  saillies,  afin  que 
la  pièce  puisse  sortir  du  moule.  ||  6°  V.  n.  Devenir 
gras,  prendre  de  l'embonpoint.  Il  engraisse  à  vue 
dîœil.  Il  11  engraisse  de  mal  avoir,  c'est-à-dire  il  se 
porte  bien  malgré  les  tribulations  qu'il  essuie. 
Il  Kig.  Il  engraisse  île  malédictions,  c'est-à-dire  tout 
lui  prospère  malgré  les  malédictions  qui  s'élèvent 
centre  lui.  ||  Terme  de  construction.  On  dit  qu'une 
pierre  engiais.se,  quand  elle  fait,  d'un  côté,  un  an- 
gle bien  ouvert.  ||  7°  S'engraisser,  r.  réfl.  Devenir 
gras.  Le  porc  à  s'engraisser  coûtera  peu  de  son, 
LA  FONT,  t'abl.  VII,  10.  Les  chanoines,  vermeils  et 
brillants  de  santé,  S'eiigrais.-aient  d'une  longue  et 
sainte  oisiveté,  boil.  Lutrin,  i.  J'appris  en  celte  oc- 
casion que  les  brebis  s'engraissent  d'autant  plus 
qu'elles  boivent  davantage,  b.vbthél.  Anarch.  ch.  60. 
Il  Fig.  S'enrichir.  [Il]  s'engraisse  du  travail  et  delà 
substance  des  pauvres,  fléch.  i,  35 Engraisse- 
toi,  mon  fils,  du  suc  des  malheureux,  boil.  Sal.  viii. 
Est-ce  à  un  citoyen  à  s'engraisser  des  restes  du 
sang  d'un  autre  citoyen?  volt.  Louis  XV,  42.  Sous- 
fermier  des  hôiiilaux  qui  s'était  engraissé  en  met- 
tant les  soldats  blessés  à  la  diète,  lu.  VU.  aux  4U 
écus.  Entretien  arecunchiruryien.  ||  8°  S'épaissir, en 
parlant  d'une  liqueur.  Cet  emploi  a  vieilli.  ||  Ce  vin 
s'engraisse,  il  se  gâte.  On  dit  plutôt  aujourd'hui  :  il 
devient  gras.  ||  Proverbe.  L'œil  du  maître  engraisse 
le  cheval,  c'est-à-dire  quand  le  maître  va  voir  sou- 
vent ses  chevaux,  les  valets  en  prennent  plus  de 
soin;  et  fig.  quand  on  surveille  soi-même  ses  afl'ai- 
re.s,  il  n'y  a  pas  de  coulage,  de  dilapidation.  ||  On 
ne  saurai!  manier  du  beurre  qu'on  ne  s'engraisse 
lesdoij;ts,  c'est-à-dire  on  ne  .saurait  manier  beaucoup 
d'argent,  sans  (|u'ii  en  demeure  dans  les  mains,  entrer 
dans  certaines  affaires,  sans  y  faire  des  profits. 

—  ICST.  XII'  s.  De  celé  chambre  isseit  à  ure 
[heure]  de  maiigier.  Ne  mie  pur  sun  cors  emplir 
ne  encreissier.  Mais  pur  ce  qu'il  voleit  sa  maisnie 
haitier.  Les  povres  fameilleus  veeir  e  aaisier,  Tli. 
le  mart.  102.  Pur  ço  l'unt  es  crûtes  [caveaux]  en- 
terré e  mucié;  Mais  primes  unt  les  ciras  e  le  cors 
tut  cergié  [fouillé];  Mais  ne  l'uni  pas  trové  farsi  ne 
encraissié.  Mais  de  saintisme  habit  e  vestu  e  cbar- 
gié.  ib.  tB6.  Ilxiii*  s.  Tant  m'ont  mai  fait  et  enjoi- 
gniez, Oue  il  en  sont  tuit  engraixieï.  Psaumes  en 
rirs.  dans  Liber  psalm.  p.  27t.  Cil  qui  de  mal  faire 
s'engressent,  la  Ros''.  64S2.  Et  que  nus  [nul]  n'ait 
porcel  dedens  les  murs,  ne  norisse  ne  encraisse 
plus  de  huit  jors.  tailliab,  liecnetl,  p.  279.  ||xv  s. 
Cil  comte  de  Blois  et  sa  femme  n'estoient  pas  taillés 
ni  pro|iortioiinés  à  engendrer  jamais  enfans;  car, 
par  bien  boire  et  fort  manger  douces  et  délectables 
viandes  ,  ils  estoient  malenient  fort  engraissés, 
FROiss.  III,  IV,  26.  Il  XVI'  s.  Les  terres  labourables 
s'engressent  de  telles  pourritures,  amyot,  llarius, 
37.  Si  VOUS  n'estes  en  bon  poiucl....  Quelque  jour 
engresserez,  marot,  m,  222. 

—  fnVM.  Picard  encrassier;  wallon,  ècralii;  na- 
mur.  ècrauchti  provenç.  engraissar,  engruamsar; 
anc.  calai,  engrassnr;  espagii.  engrasar;  [lorlug.  en- 
graxar  ;  liai,  ingrassare  ;  du  latin  incra^are,  de  in, 
en,  et  crassus,  gras. 

j  ENGRAISSEUR  (an-grè-seur) ,  s.  m.  Celui  qui 
engraisse  des  bestiaux. 

—  KtyM.  Engraisser. 

ENGRANGÉ,  ÉE  {aii-gran-jé,  jée),  part,  yassé. 
Gerlies  engrangées. 

•t  ENGRANGEMENT  (an-gran-je-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  serrer  les  blés  dans  la  grange. 

ENGRANGER  (an-gran-jé.  Le  g  prend  un  e  devant 
s  ou  0;  j'engrangeai,  engrangeons),  v.  a.  Serrer 
dans  une  grange.  Engranger  une  récolte.  ||  Absolu- 
ment. Le  temps  est  très-beau,  hàlez-vous  d'en- 
granger. 

—  HlST.  XV'  s.  Et  encore  le  nourrit  celui  qui  la 
mère  engrangea  [logea]  en  l'absence  de  notre  dit 
gentiliomiiie,  louis  xi,  IVouu.  xxii. 

—  KrvM.  Fn  ( ,  et  grange. 

f  ENGRAULE  (an-grô-l"),  s.  m.  Nom  de  l'anchois. 

I  ENGRAUHS  (an-grô-lis'),  s.  m.  Nom  moderne 
du  genre  anchois,  dans  lequel  on  distingue  l'engraulis 
vulgaire,  connu  sous  le  nom  d'anchois,  l'engraulis 
mélette,  dit  vulgairement  mélelte,  mélet  et  nadelle, 
legoahant. 

ENGRAVÉ,  ÉB  (an-gra-vé,  vée),  part,  pa^isè. 
I!  1°  Arrêté  par  le  sable  dans  un  cours  d'eau.  Il  jure 
coffiiue  un  marinier  engravé.  Les  eaix  [de  la  Loire] 


sont  si  basses,  et  je  suis  si  souvent  engravée  que  je 
regrette  mon  équipage  qui  ne  s'arrête  point  et  qui 
va  son  train,  st.v.  218.  Une  vestale  met  à  Ilot  un 
gros  vaisseau  engravé  en  le  tirant  avec  sa  ceinture, 
VOLT.  Dict.  phil.  Ilisluire,  1.  \\  2°  Terme  de  chasse. 
Dont  les  ongles  sont  blessés  par  le  sable.  Chien  en- 
gravé. 

t  ENGRAVÉE  (an-gra-vée) ,  s.f.  Terme  de  vétéri- 
naire. Maladie  du  pied  des  didactyles  :  on  l'observe 
sur  les  bœufs  qui  travaillent  en  des  terrains  durs, 
garnis  de  cailloux. 

—  Etym.  En  {,  et  grav,  radical  de  gravier  (voy. 
ce  mot). 

ENGRAVEMENT  fan-gra-ve-man) ,  s.  m.  Hl-État 
d'un  bateau,  d'un  train  de  bois  engravé.  ||  2"  Ensa- 
blement. Les  dépenses....  dont  le  retard  pourrait 
être  préjudiciable,  comme  la  réparation  d'un  pont, 
le  déblai  d'un  engravement,  cappeau,  De  la  comp. 
des  Alpines,  etc.  Aix,  (847,  p.  tce. 

t.  ENGRA'VER  (an-gra-vé),  v.  a.  \\  1°  Engager 
une  embarcation  dans  le  sable,  la  vase.  112"  Terme 
de  marine.  Engraver  des  futailles,  les  enfoncer  dans 
le  lest  qui  est  à  fond  de  cale.  |{  3°  Ensabler.  Lors 
d'une  rupture  du  fossé  de  Crapone,  qui  emporta  et 
engrava  une  terre  ensemencée  de  blé,  cappeau, 
de  la  comp.  des  Alpines,  etc.  Aix,  1817,  p.  luo. 
Il  4°  V.  n.  La  chaloupe  engrava.  ||  5"  S'engraver, 
t'.  réft.  S'engager  dans  le  sable.  Notre  bateau  s'est 
engravé.  Il  y  a  trente  lieues  de  Saumur  à  Nantes; 
nous  avons  résolu  de  les  faire  en  deux  jours,  et 
d'arriver  aujourd'hui  à  Nantes  :  dans  ce  dessein, 
nous  allâmes  hier  deux  heures  de  nuit;  nous  nous 
engravSmes,  et  nous  demeurâmes  à  deux  cents  pas 
de  notre  hôtellerie  sans  pouvoir  aborder,  sÉv.   21 8. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  le  radical  grav,  qm  est  dans 
gratJier  (voy.  ce  mol);  Berry,  agraver ;  provenç. 
engrarar. 

12.  ENGRAVER  (an-gra-vé),  v.  a.  |{  1°  Graver 
sur.  J'eusse  engravé  là-haut  leur  honte  et  votre 
gloire,  RÉGNIER,  Élég.  i.  Darius  fit  dresser  un  type 
de  pierre  et  y  fil  engraver  des  lettres,  p.  L.  cour. 
II,  200.  Il  2°  Terme  de  construction.  Entailler  le 
plomb  d'une  gouttière,  d'une  lucarne.  |{  Clouer 
l'extrémité  d'une  bande  de  plomb  sur  une  autre  ou 
sur  le  pied  d'un  poteau. 

—  HlST.  xvr  s.  Gros  jaspes  verds  engravez,  et 
taillez  en  dracons,  rab.  Garg.  i,  8.  Ces  discours, 
nous  ne  les  portions  pas  seulement  en  la  bouche, 
mais  eiigravez  bien  avant  au  cœur,  mont,  iv,  327. 

—  KTYM.  £n  1 ,  et  graver. 

t  ENGRAVURE  (an-gravu-r'),  s.  f.  \\  1°  Résul- 
tatde  l'action  d'engraver,  et,  par  extension,  l'action 
plie-même.  |{  2°  l^rme  de  cimstruotion.  Nappe  de 
plomb  employée  à  la  couverture. 

—  HlST.  XII'  s.  Maistres  de  [habile  en]  orfaverie, 
e  de  portraiture,  e  deengravure,  e  do  aitres  engiiiz, 
/lois,  252.  Il  XVI' s.  Son  poignant  trait  m'a  graié 
dans  le  cœur  Les  deux  beaux  noms  de  vous  et  vostre 
sœur;  Et  si  avant  s'e-'t  mise  l'engraveure  Que  pour 
j.'i.mais  y  demeurer  s'asseure,   am.  j.imin,   Poésies, 

f°  !52,  dans  LACUHNE. 

—  ETYM.  Engraver  2. 

ENGRËLË,  ÉE   (an-grê-lé,   lée),   adj.   Terme  de 

blason.  Il  se  dit  de  certaines  pièces  honorables  de 
l'écu,  qui  sontà  petites  dents  fort  menues,  dont  les 
côtés  s'arrondissent  un  peu;  ce  qui  dislingue  en- 
grêlé  de  dentelé.  11  porte  d'or  à  la  croix  engrêlée  de 
gueules.  11  porte  de  sable  au  chevron  engrclé  d'ar- 
gent. 

—  ÉTYM.  En  I,  et  grêle, s.!.;  les  dentelures  étant 
comparées  à  des  grains  de  grêle,  à  cause  que  les 
côtés  en  sont  arrondis. 

t  ENGRfXER  (aii-grê-lé),  v.  a.  Mettre  une  en- 
grêliire  à  une  dentelle. 

ENGRÊLURE  (an-grê-lu-r'),  s.f.  \\  1»  Terme  de 
blason.  Bordure  engrêlée.  ||  2°  Espilice  de  dentelle 
d'un  demi-centimètre  de  largeur,  formant  un  jour 
à  dents  aiguës  rapprochées  et  égales,  dont  chaque 
pointe  est  maintenue  par  un  filqui  faille  bord;  elle 
sert  en  lingerie  pour  des  jours,  et  aussi  on  la  ciud 
au  bas  des  dentelles  pour  en  faire  le  pied.  ||  Nom  des 
dents  de  passement  (voy.  dent).  ||  Les  modistes  et 
les  femmes  prononcent  engrelure. 

—  ÉTYM.  Engrêlé. 

ENGRENAGE  (an-gre-na-j') ,  s.  m.  Disposition  de 
roues  qui  s'engrènent.  ||  Terme  de  marine.  Arri- 
mage d'une  barrique,  d'un  boucaud,  etc.  dans  un 
vide  de  la  cale.  Disposition  de  barriques  analogue  à 
celle  des  piles  de  boulels. 

—  ETYM   Engrener  2. 

j  ENGRENAIS'T,  ANTE(an-gre-nun,  nao-t'),  adj. 
Qui  engrùne.  Roue  engrocanle. 

—  ÉïYM.  Engrener  2. 


t.  ENGRENÉ,  ÉE  (an-gre-né,  née),  part,  passé 
d'engrener  t.  ||  1°  Garni  de  grain.  Trémie  engrenée. 
jj  2"  Nourri  de  grain.  Volailles  engrenées. 

2.  ENGRENÉ,  ÉE  (an-gre-né,  née),  part,  passé 
d'engrener  2.  Des  roues  engrenées. 

t  t.  ENGHÈNEMENT  (an-grè-ne-man),  f.  m. 
Il  1°  Action  de  mettre  le  blé  dans  la  trémie  du  mou- 
lin. Il  J'Action  d'engrener  des  chevaux,  de  la  volaille. 

—  ÉTYM.  Engrener  1.  j 
t  2.  ENGRÈNEIVIENT(an-gré-ne-man),  s.  m.  Ac-' 

lion  d'engrener  une  roue.  ||  Action  de  présenter  le 
blé  et  sa  paille  à  la  machine  à  battre. 

—  ÉTYM.  Engrener  2. 

1.  ENGRENER  (an-gre-né.  La  syllabe  gre  prend 
un  accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette,- 
j'engrène,  j'engrènerai),  v.  a  \\  1°  Mettre  du  grain 
dans  la  trémie  du  moulin.  ||  Fig.  etabsolument.  Puis- 
qu'il a  engrené,  c'est  à  lui  à  moudre,  c'est-à-dire  il  faut 
qu'il  achève  ce  qu'il  a  commencé.  ||  2"  Fig.  Commen- 
cer d'une  certaine  façon.  Engrener  une  affaire.  Engre- 
ner des  relations.  La  chose  fut  mal  engrenée  et  elle 
échoua.  Il  3°  Terme  de  commerce.  Charger  des  mar- 
chandises sur  un  bateau  qui  n'est  pas  encore  en  état 
de  partir.  ||  4°  Engraisser  avec  du  grain  les  bestiaux, 
la  volaille,  etc.  ||  Au  sens  neutre,  être  mis  au  grain. 
Quand  les  jeunes  chevaux  ont  ce  qu'on  appelle  en- 
grené, c'est-à-dire  lorsqu'ils  .«ont  au  grain  et  à  la 
paille,  BUFF.  Cheval.  ||  Proverbe.  Qui  bien  engrène, 
bien  finit. 

—  HlST.  xiii*  s.  Elles  [les  religieuses  de  Beaupré] 
poent  morre  [moudre]  as  moulins  quittenient  sans 
moture  et  sans  autre  droiture  tout  chou  [ce]  que  il 
convenra  à  le  [la]  souffisance  de  le  [la]  mai^ou;  et 
si  ai  octroiet  as  honnains  devant  dictes  que  elles 
poent  engrener  .sans  nul  contredit  après  le  blei  de 
celui  que  elles  trouveront  engreiiet,  tailliar,  He- 
cueil,  p.  8B.  Il  XVI'  s.  Prince,  combien  qu'on  ait  en- 
vye  D'engrener  quand  le  moulin  meull.  Si  force  et 
puissance  dévie  [manque].  Il  ne  faicl  pas  ce  tour 
qui  veult,  J.  MAB.  V,  3:i3.  En  moulins  banaux,  qui 
premier  vient,  premier  engraine,  loïsel,  26'J. 

—  ETYM.  En  I ,  et  ijrain. 

2.  E.^GRENER  (an  gre-né.  La  syllabe  gre  jirend 
un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  esl  muelle  : 
j'engrène,  j'engrènerai).  ||  1"  V.  n.  Terme  de  méca- 
nique. 11  se  dit  d'une  roue  dentelée  qui,  en  entrant 
dans  une  autre  .  la  fait  mouvoir.  ||  2°  V.  n.  Pré.seiiler 
le  1)16  avec  sa  paille  à  la  machine  à  battre.  ||  Ab- 
solument. Il  engrène  bien.  ||  3"  Tenue  de  ma- 
rine. Arrimer  en  engrenage.  Engrener  des  fu- 
tailles. Engrener  une  pom|ie,  y  jeter  de  l'eau 
avant  de  la  faire  jouer.  Dans  le  langage  ordinaire 
on  dit  amorcer.  ||  4"  Introduire  le  grès  entre  les 
surfaces  de  deux  glaces  disposées  l'une  sur  l'autre. 
Il  Prêter  une  seconde  fois,  et  après  l'avoir  jauni, 
un  ouvrage  destiné  à  être  doré,  de  manière  que  la 
surface  en  soit  égale  et  polie.  ||  5°  S'engrener,  v.  réfl. 
Se  joindre  par  engrenure.  Cette  roue  s'engrène  sur 
celle-là.  Us  s'engrènent  en  quelque  façon  les  uns 
dans  les  autres  comme  les  roues  dune  montre, 
fonten.  les  Mondes,  0'  soir.  La  différente  découpure 
de  leurs  bords  qui  .s'ajustent  ensemlile.  qui  s'engrè- 
neiil  mutuellement,  mairan.  Éloges,  Hunauld. 

— ÉTYîH.  En  I ,  et  grain;  les  dentelures  de  la  roue 
étant  comparées  à  des  grains,  comme,  dans  engrélé, 
elles  sont  comparées  à  des  grêlons;  c'est  au  loiid 
le  même  mot  que  engrener  I.  On  a  indiqué  cran,  en 
latin  crcno;  mais  le  changement  de  c  en  jfail  dif- 
ficulté. 

t  ENGRENE0R  (an-gre-neur),  s.  m.  Celui  qui 
présente  le  blé  avec  sa  [laille  à  la  machine  à  battre. 

ENGRENURE  (an-gre-nu-r'),s.  f.  ||  1°  Position  res- 
pective de  deux  roues  qui  s'engrènent.  ||  2°Termed'a- 
natomie.  Mode  d'union  des  os  de  la  voûte  du  crâne 
à  l'aide  d'inégalités  ou  dentelures  qui  s'engrènent. 

—  ÉTYM.  Engrener  2. 

ENGRI  (an-gn),s.  m.  Espèce  de  léopard  du  Congo. 
On  trouve  aussi  engroi. 

t  ENGROI  (an-groi),  s.  m.  Voy.  engri. 

f  ENGROIS  (an-grol),  s.  m.  Petit  coin  placé  entre 
le  manche  et  la  tête  des  pointes  et  des  pios  de  l'ar- 
doisier. 

ENGROSSER  (an-grô-sé),  v.  a.  Terme  libre  et 
grossier.  Rendre  une  femme  grosse.  N'a-l-il  pas 
fallu  que  votre  père  ait  engrossé  votre  mère?  mol. 
Don  Juan,  m,  1.  < 

—  msT.  xiii°  s.  Maisaucunspot  [peut]  biennaistre 
en  tensde  loial  mariage,  qui  n'est  pas  loiax  hoirs,  si 
comme  s'aucune  femme  grosse  se  marie  à  autre 
personne  que  celui  qui  l'engrossa  hors  mariage, 
BEAUM.  xviii,  2.  Ijxiv's.  Tant  [il]  garda  Bauduin, 
le  dansiel  de  jouvent,  Qu'il  engroissa  sa  fille  et  des 
autres  graument,  Beaud.  de  Seb.  11,  <83.||xv'». 


1400 


KNll 


Quand  ««rnard  ot  entendu,  ai  lui  engrossa  le  cœur 
«n  vonire,  fhoiss.  ii,  ii,  ♦'• 

—  ETVM.  En  ),ctffro.v«e[reinmo].  Engrosser i\nU 
aussi  le  son»  général  lia  rendre  gros  :  engrosser  !c 

f  KVfiHOSSICUR  (an-grô-seur),  ».  m.  Terme  libre 
et  grossier.  Celui  qui  engrosse.  C'est  un  engrosseur 
de  «erv.inlos. 

BPffiHUMKLfi,  ÉE  (an-gru-me-lé,  lée),  part, 
passé.  Mis  en  (.'nmieaux.  Du  sang  engrumelé. 

ENGRUMELER  (an-gru-tne-lé.  L'I  sedoublequand 
la  syllalw  qui  suit  e.st  muette:  j'engrumellc,  j'en- 
grumcllerai),  ti.  a.  Mettre  en  grumeaux.  |{  S'engru- 
meler,  v.  réH.  Se  mettre  en  grumeaux.  Ce  lait  s'en- 
grumelle.  ||  Kt  avec  ellipse  du  pronom.  Cela  fait  en- 
grumeler  le  sang. 

—  Rtym.  Ert  < .  et  firumel,  grumeau. 

+ENGUENILLÉ,  ÉE(an-ghe-ni-llé,  liée,  Zi  mouil- 
lées), part,  passé.  Couvert  de  guenilles.  {|  Kig.  Tout 
le  phélms  qu'on  reproche  à  Brébeuf,  Enguenillé  des 
rimes  du  Pont-Neuf,  j.  B.  nouss.  Ép.  n,  2. 

t  ENGUENILLER  (an-ghe-ni-Ué,  Il  mouillées), 
r.  a.  Couvrir  de  guenilles.  ||  S'engueniller,  v.  rcfl. 
Se  couvrir  de  guenilles.  Harpagon  s'enguenillerait 
volontiers  pour  faire  croire  qu'il  n'a  pas  le  sou, 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  guenille. 

t  ENGCECLEMENT  (an-gheu-le-man),  s.  m. 
Terme  grossier.  Action  d'engueuler. 

f  ENGUEULER  (an-gheu-lé),  v.  a.  Terme  gros- 
sier. Dire  des  injures.  ||  S'engueuler,  v.  réfl.  Se  dire 
réciproquement  des  injures,  des  mots  grossiers, 
piquants.  Ils  se  sont  engueulés  comme  des  croche- 
teurs.  Dans  le  carnaval,  des  voitures  de  masques 
s'engueulent  au  grand  plaisir  du  public,  applau- 
dissant ceux  qui  ont  la  langue  la  mieux  affilée. 

—  ÉTYM.  En  < ,  et  gueule. 

t  ENGUEULEUR,  EUSE  (an-gheu-!eur,  leû-z'), 
«.  m.  et  f.  Terme  grossier.  Celui ,  celle  qui  engueule. 

f  ENGUEULLEMENT  (an-gheu-le-man),  s.  m. 
Terme  de  construction.  Nom  donné  à  deux  entailles 
d'emlirôvement  dans  lequel  l'arbalétrier  reçoit  l'a- 
rête du  poinçon,  pehnot,  Dict.  du  constructeur. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  gueule,  bouche,  abouchement. 
Les  deux  II  ne  se  justifient  pas. 

t  ENGUEUSER  (an-gheu-zé) ,  V.  a.  Terme  popu- 
laire et  1ms.  Tromper,  séduire  par  de  belles  paroles. 

—  ÊTY.M.  En  I ,  et  gueux. 

t  ENGUICUÊ,  ÉE  (an-ghi-ché,  chée),  arfj.  Terme 
de  blason.  Se  dit  des  trompes  et  autres  instruments 
de  même  espèce,  dont  l'embouchure  est  d'un  autre 
émail  que  le  corps. 

—  ETYM.  En  < ,  et  l'ancien  français  guiche,  lien, 
bande,  courroie,  que  Diez,  avec  doute,  rattache 
à  windien,  mot  germanique  conservé  dans  des  glo- 
ses; anc.  h.  allem.  wintinc,  bande. 

t  ENGUICHURE  (an-ghi-chu-r'),  «.  f.  Terme  de 
vénerie.  Nom  des  cordons  qui  servent  à  porter  un 
cor  de  chasse. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Quand  il  se  rencontrera  dans  une 
testa  un  andouiUer  fort  court,  ce  qui  peut  faire 
entrer  en  doute  s'd  peut  estre  compté,  l'on  doit  en 
faire  la  preuve  en  prenant  une  trompe  qui  ait  une 
enguichuro  que  vous  pendrez  à  cet  andouiller; 
car,  si  elle  y  peut  demeurer  attachée,  l'on  le  doit 
compter,  salncve,  Yéner.  p.  71,  dans  lacurne. 

—  fiTYM.  EnguicM. 

t  ENGUIRL.\NI)ER  (an-gliir-lan-dé),  v.  a.  Gar- 
nir, décorer  de  guirlandes.  Après  l'avoir  couronné 
et  enguirlandé,  si  je  l'ose  dire  avec  Pindare,  des 
festons  de  ses  louanges  florissantes,  garasse,  Rech. 
des  recherches,  p.  61 ,  dans  lacurne.  La  vue  est  ar- 
rêtée par  une  Ile  couverte  d'un  bois  d'ormes  en- 
guirlandés de  lianes  et  do  vigne  vierge,  chateaub. 
Foi/.  Amer.  i03. 

—  KTYM.  En  I ,  et  fliuirlande. 
tENHACJlÊ,  ÉE  (an-ha-ché,  chée),  adj.  Terme 

d'arpentage.  Parcelles  enhachées,  parcelles  do  ter- 
rains qui  rentrent  les  unes  dans  les  autres  par  une 
grande  quantité  d'angles. 

—  ETYM.  En  t ,  et  hache. 

■f  ENII>li.ME  (è-iiê-m'),  adj.  Voy.  enème. 
t  ENUARDÉ,   ÉE  (an-har-dé,  dée),adj.  Terme 
de  chasse.  Qui  est  en  barde. 

—  IIIST.  XIV'  s.  Les  chiens  qui  ne  seront  laissez 
courre  an  premier,  seront  enhardezpar  les  couples 
à  genoivres  [genièvre) ,  Hodus,  f.  ilvii. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  harde. 

ENHARDI,  lE  (aii-har-di,  die),  part,  posté.  Ren- 
du hardi.  VoiU  sur  quoi  mon  âme  à  l'espoir  en- 
hardie.... TU.  CORN.  Ariane,  l,  l.  Par  vous,  par  vos 
bienrails  à  parler  enhardie,  voLT.  Eanol.  i,  a. 
u  une  maiD  sacriléga  aux  forfaits  enhardie,  xd.  «- 
Biir  V,  ï. 


ENH 

ENHARDIR  (an-bar-dir),  v.  a.  ||  1"  Donner  de  la 
hardiesse,  faire  oser.  Ce  bon  succès  l'a  enhardi.  Ce 
discours  favorable  enhardira  mes  feux,  corn,  lllus. 
com.  Il,  8.  J'ai  besoin  de  vous  voir  enhardir  un 
amant,  xn.  corn.  Ariane,  i,  *.  J'y  cours  de  ce  pas 
même,  et  vous  m'enhardissez,  volt.  Sémir.  i,  *. 
Républicains  ingrats  qu'enhardit  ma  clémence,  m. 
H.  de  César,  i,  3.  Allons  parler  au  peuple,  enhardir 
les  timides,  ID.  Ilrulus,  iv,  7.  Quelque  espoir  cepen- 
dant vient  encor  m'enhardir,  ducis,  Othello,  iv,  3. 
Votre  longue  indulgenceA  de  nos  chevaliers  enhardi 
la  licence,  delav.  Vép.  sic.  ii,  2.  ||  Absolument. 
Loin  de  faire  valoir  ses  soins  et  ses  peines ,  il  en 
parlait  avec  une  modestie  qui  enhardissait  à  le  ré- 
compenser mal,  roNTEN.  Couplet.  \\  Faire  enhardir 
quelqu'un  par,  lui  faire  inspirer  de  la  hardiesse. 
■Voyez-vous  comme  Othon  saurait  encor  se  taire,  Si 
je  ne  l'avais  fait  enhardir  par  mon  frère?  corn.  Oth. 
111,  4.  Il  2°  S'enhardir,  v.  réfl.  Devenir  hardi,  oser. 
Je  ne  l'ai  pas  traduit  si  fidèlement,  que  je  ne  me  sois 
enhardi  plus  d'une  fois  à  étendre  ou  resserrer  ses 
pensées,  corn.  Poëme  sur  les  vict.  du  roi,  au  lec- 
teur. Thèske  Kpii\^u<ii  X  l'infidélité  par  là  s'est  en- 
hardi, TH.  «ORN.  Ariane,  m,  i.  Le  zèle  s'enhar- 
dit, l'amour  devient  furie,  volt.  Oreste,  v,  7. 

—  REM.  1.  On  dit  le  plus  ordinairement  enhar- 
dir à  avec  un  verbe  à  l'infinitif;  mais  on  trouve 
aussi  enhardirde,  qui  est  ancien,  et  n'a  rien  d'incor- 
rect. Il  2.  Vaugelasadit  :  «  Enhardir  est  un  mot  usité 
de  beaucoup,  non  pas  certes  des  bons  auteurs,  ni 
de  ceux  qui  font  profession  de  la  pureté  de  la  langue. 
Il  est  vrai  que  nouvellement  un  de  nos  écrivains  a  pris 
la  hardies.se,  ou,  pour  parler  comme  lui,  s^est  en- 
hardi d'en  user;  mais  il  ne  faut  pas  l'imiter.  »  Ainsi 
qu'on  le  voit,  Corneille  était  de  ceux  qui  usaient  de 
ce  mot,  lequel,  heureusement,  l'a  emporté. 

—  HIST.  XII'  s.  E  si  lor  recorda  les  batailles  que 
ilavoit  jà  faites,  e  ensi  lor  cuers  enhardi,  Machab. 
II,  <5.  Del  saint  encens  porter  el  temple  s'enhardi, 
Deus  s'en  ert  [était]  cureciez,  de  liepre  le  feii.  Th. 
le  mart.  74.  ||  xiii'  s.  [La  dame]  Douce  doit  estre  et 
debonere.  Tant  que  cil  soit  si  enhardis  Qu'il  soit  de 
Ii  amer  espris.  Lai  du  conseil.  ||xiv'  s.  Mais  garde 
bien,  surtout  ne  t'enhardi  X  faire  chose  où  il  ait 
villenie,  machaut,  p.  6.  Mes  par  bone  espérance 
d'y  aler  s'enardit,  Girart  de  Ross.  v.  6750.  L'espre- 
vier  se  resjoîst  et  enhardist  quant  il  est  tousjours 

au  dessus,  llénagier,  m,  2.  ||  xv  s Qui  s'en- 

liardissoient  d'entreprendre,  comm.  m,  12.  ||xvi'  s. 
Le  seigneur  de  Monique,  qui  estoit  en  la  meslée, 
enhardioit  ses  gens,  en  donnant  à  tour  de  bras, 
JRAH  d'auton,  Annales  de  Louis  XU,   lB0a-i607, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  hardi;  provenç.  enhardir. 

t  ENHAUDISSEMENT  (an-har-di-se-man),  s.  m. 
Action  d'enhardir,  de  s'enhardir. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  roy  Denis,  fils  au  roy  damp 
Pierre  de  Portugal,  estoit  entré  en  la  possession  et 
lieritage  du  royaume  de  Portugal,  par  le  fait  et  en- 
hardissement  seulement  de  quatre  cités  et  villes, 
FROiss.  liv.  III,  p.  81,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Enhardir. 

t  ENHARMONIE  (è-nar-mo-nie),  s.  f.  \\  1° Terme 
de  musique  ancienne.  Passage  qui  procédait  par 
des  quarts  de  ton  consécutifs.  ||  2»  Terme  de  mu- 
sique moderne.  Passage  où  le  même  son  est  désigné 
par  deux  notes  difi'érentes,  comme  ut  dièse  et  ré  bé- 
mol, mi  dièse  et  fa  naturel. 

—  ÉTYM.  Voy.  enharmonique. 
ENHARMONIQUE  (è-nar-mo-ni-k'),odj'.  ||  l'Terme 

de  musique  ancienne.  Le  genre  enharmonique,  ou, 
substantivement,  l'enharmonique,  était  une  façon 
particulière  de  diviser  la  quarte,  ou  l'espace  de  deux 
tons  et  demi,  en  un  quart  de  ton,  un  second  quart 
de  ton,  et  un  diton  ou  tierce  majeure.  ||  Par  ex- 
tension. L'habitude  perpétuelle  de  regarder  les  ob- 
jets éloignés  et  voisins,  d'en  mesurer  l'intervalle  par 
la  vue,  a  établi  dans  notre  organe  une  échelle  en- 
harmonique de  tons,  de  semi-tons,  de  quarts  de 
tons  tout  autrement  étendue  et  tout  aussi  rigou- 
reuse que  celle  de  la  musique  pour  l'oreille,  didkr. 
Pensées  sur  la  peint.  tlKav.  t.  xv,  p.  2IB,  dans 
pouGENs.  Il  2"  Terme  de  musique  moderne.  Manière 
décrire  dans  le  genre  chromatique,  en  désignant  le 
môme  son  successivement  par  deux  notes  différen- 
tes, comme  sol  dièse  et  la  bémol,  ut  bémol  et  si 
naturel. 

—  ETYM.  "EvapiAOvixè?,  de iv ,  en,  etàp(»ovta,  har- 
monie. 

EMIARNACUÉ,  ÉE  (an-har-na-ché,  chée),  part. 
pas.v^.  Couvert  du  harnais.  Et  leurs  chevaux  enhar- 
nachés.  De  force  rubans  attachés,  scARB.Ki'rj.  v.  Le 
roi  Jean,  vaincu,  entra  i  'fjdrcs  comme  un  vain- 


ENI 

queur,  sur  un  cheval  blanc  richement  enharnaché, 
cnoisi,  7/is(.  duroiJean,  chap.  9,  dans  bichklkt. 
Il  Familièrement.  Le  voilà  bien  enharnaché,  plai- 
samment enharnaché,  il  est  vêtu  d'une  manière  ri- 
dicule. 

t  ENUARNACHEMENT  (an-har-na-che-man),  .». 
m.  Action  d'enharnacher;  ce  qui  enharnaché;  har- 
nois. 

ENUARNACHER  (an-har-na-ché),  «.  a.  \\  i'  Met- 
tre le  harnais.  Enharnacher.un  cheval,  j]  2°Habill(t 
grolesquement.  Vous  moquez-vous  du  monde,  de 
vous  être  fait  enharnacherdela  sorte?MOL.  le  Bourg 
G.  III,  3.  Car  en  chasseur  fameux  j'étais  enharna- 
ché, ID.  Princ.d'Élide,  i,  2.  ||  3°  S'enharnacher, 
t'.  réft.  Se  vêtir  grolesquement. 

—  HIST.  xiii'  s.  Teus  [tel]  espase  n'est  mie  poui 
plaidier,  mais  pour  lui  enharneskier  [préparer,  mu- 
nir], DU  GANGE,  harnascha. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  harnacher. 

t  EN-HAUT  (an-hô),  loc.  adv.  Dans  le  haut. 
Qu'est  ceci?  Vous  avez  mis  les  Heurs  en  en-bas'^ 
—  Vous  ne  m'aviez  pas  dit  que  vous  les  vouliez  en 
en-haut,  mol.  Bourg.  G.  n,  8. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  haut. 

t  ENUAYEUR  (anhù-ieur),  s.  m.  Ouvrier  qui 
pose  les  briques  en  haies  pour  les  faire  sécher. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  haie. 

ENHERBÉ,  ÉE  (a'n-nèr-bé),  part,  passé.  Mis  en 
herbe.  Un  terrain  enherbé. 

ENHERBER(an-nèr-lié,  an  prononcé  comme  dans 
antérieur),  v.  a.  Mettre  en  herbe. 

—  HIST.  xiv  s.  Par  très  grant  chault  querez  les 
lièvres.  Et  adoncques  en  la  grant  herbe.  Près  île 
l'eauve,  souvent  s'enherbe  [se  couche  dansl'herbe] , 
Tout  pour  estre  plusfreschement,  gage  delabicne, 
ms.  f°  110,  dans  lacubnk. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  herbe.  Bnherfter  signifiait  jadis 
empoisonner  :  Bien  vous  peiist  encore  ocire  et  en- 
herber ,  Berte,  xvii. 

t  ENUUCUÉ,  ÉE  (an-hu-ché,  chée),  adj.  Terme 
de  marine.  Se  dit  d'un  bâtiment  dont  les  œuvres 
mortes  ont  une  élévation  plus  qu'ordinaire. 

—  ÉTYM.  En  4,  et  hucher. 

I  ENHYDRE  (é-ni-dr'),  adj.  Terme  d'histoire  na- 
turelle. Se  dit  d'un  minéral  qui  renferme  quelques 
gouttes  d'eau.  ||  S.  m.  Genre  de  serpents.  ||  S.  /. 
Loutre  marine  d'Amérique.  ||  Terme  de  botanique. 
Genre  de  synanthérées,  dans  lequel  on  distingue 
l'enhydre  fluctuante  (Cochinchine). 

—  ÉTY.M.  'EvuSpoç,  de  év,  en,  et  û8wp,  eau. 

t  ÊNIELLAGE  (é-niè-la-j'),  s.  m.  Terme  rural. 
Action  d'arracher  les  nielles. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  nielle,  plaiiic. 
ÉNIGMATIQUE   (é-ni-gma-li-k'),    adj.  ||  1'    Qui 

renferme  une  énigme,  qui  tient  de  l'énigme,  dont 
le  sens  n'est  pas  clair.  Discours  énigmatique.  En- 
suite de  cela,  le  roi  fit  venir  d'Jiéhopolis  trois  per- 
sonnages d'esprit  subtil  et  savant  en  questions  énig- 
matiques,  la  font.  Vied'Ésope.  ||  2°  Fig.  Un  homme 
énigmatique,  homme  dont  on  ne  connaît  pas  la  po- 
sition, dont  on  ne  peut  pénétrer  les  sentiments. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Ai  je  pas  veu  en  Platon  ce  divin 
mot,  que  nature  n'est  rien  qu'une  poésie  ainigma- 

tique?  MONT.  II,   280. 

—  ÉTYM.  Énigme. 
ÉNIGMATIQUEMENT  (é-ni-gma-ti-ke-man),  odi . 

D'une  manière  énigmatique.  lia  parlé  énigmatique- 
ment. 

—  ÉTYM.  Énigmatique,  et  le  suffixe  ment. 

ÉNIGME  (é-ni-gm'),  s.  f.\\i'  Définition  de  cho- 
ses en  termes  obscurs,  mais  qui,  tous  réunis,  dé- 
signent exclusivement  leur  objet  et  sont  donnés 
à  deviner.  La  reine  de  Saba,  ayant  entendu  parler 
de  la  grande  réputation  de  Salomon,  vint  à  Jéru- 
salem pour  en  faire  l'expérience  par  des  énigmes, 
SACI,  Bible,  Paralip.  ii,  ix,  4.  C'était  un  exercice 
entre  les  gens  d'esprit,  de  se  proposer  des  énigmes, 
comme  nous  voyons  par  les  exemples  de  Salomon  et 
de  la  reine  de  Saba,  fleury.  Mœurs  des  Israël. 
lit.  XV,  2'  part.  p.  4  86,  dans  pougens.  Pour  moi, 
j'aime  terriblement  les  énigmes,  mol.  Préc.  ridic. 
lu.  Celui-ci,  d'une  énigme  ayant  trouvé  le  mot.  Se 
croit  un  grand  génie  et  souvent  n'est  qu'un  sot, 
BOUHSAULT,  Merc.  gai.  i,  4.  C'est  là  [dans  le  Mer- 
cure galant]  que  l'énigme  se  pare.  Met  un  masque 
mystérieux,  Et,  d'un  voile  mince  et  bizarre  Embar- 
rassant les  curieux,  Est  toujours  neuve  et  jamais 
rare,  chvulieu,  Ép.  d' llamilton.  ||  Le  mot  de  l'é- 
nigme, ce  qui  est  à  deviner  dans  une  énigme.  Nous 
avons  vu  tout  Paris  indigné  de  ce  qu'une  énigme  du 
Mercure  se  trouvait  n'avoir  point  de  mot,  marmon- 
■if.L,  Élém.  litt.  Œuvres,  t.  vu  ,  p.  4i(0,  dans 
puUGi  NS.  Il  Kig.  et  familièrement.  Voilà  le  mot  de 


ENI 


ENI 


ENJ 


1401 


l'énigme,  c'est-à-dire  voilà  l'explication  de  ce  qu'on 
ne  comprenait  pas.  Le  mot  de  l'énigme  est,  ce  me 
semble,  que  la  distribution  des  fortunes  dans  la 
société  est  d'une  inégalité  monstrueuse,  d'alemd. 
Lettre  au  R.  de  Prusse,  3o  avril  4770.  |]  2°  11  .se  di- 
sait aulrerois  de  certains  talileaux  qu'on  exposait 
dans  les  collèges  pour  que  les  écoliers  exerçassent 
leur  esprit  à  en  deviner  le  sens  caché.  ||  3°  Par  ex- 
tension, tout  ce  qu'il  n'est  pas  facije  de  compren- 
dre, de  deviner  au  premier  abord.  Vous  trou- 
verez que  deux  choses  qui  semblent  incompatibles 
se  rencontrent  en  moi,  d'être  banni  et  prison- 
nier en  même  temps;  vous  aurez  de  la  peine, 
maiemoiselle,  à  entendre  cette  énigme,  si  vous 
ne  vous  souvenez  que  j'ai  accoutumé  de  parler  un 
peu  d'amour  en  toutes  mes  lettres,  voit.  Lelt.  32. 
Leur  bouche  [des  prédicateurs]  sous  l'énigme  an- 
nonce le  mystère;  Mais  [Dieu]  tu  nous  en  fais  voir 
le  sens  le  plus  caché,  corn.  Imit.  m,  2.  Quelle 
énigme  est  ceci,  ma<lame?  m.  Olhon  ,  n,  3.  Il 
[Platon]  proteste  de  n'en  jamais  parler  [de  Dieu] 
qu'en  énigme,  de  peur  d'exposer  une  si  grande  vé- 
rité à  la  moquerie,  Boss.  Ilist.  ii,  6.  Nous  ne  voyons 
ici -bas  qu'à  travers  un  voile  et  comme  en  énigme, 
MASS.  Carême,  Temple.  Son  caractère  est-il  une 
énigme pourvous?LANOUE,  Coquette,  i,  i.  Un  bâ- 
timent d'ordre  gothique  est  une  espèce  d'éu'gme 
pour  l'œil  qui  le  voit;  et  l'Sme  est  embarrassée, 
comme  quand  on  lui  présente  un  poème  obscur, 
MONTESQ.  Goût,  Variété.  Le  physicien  forme  des  hy- 
pothèses, les  suit  dans  leurs  conséquences,  il  les 
compare  à  l'énigme  de  la  nature,  il  les  essaye  pour 
ainsi  dire  sur  les  faits,  comme  on  vérifie  un  cachet 
en  l'appliquant  sur  son  empreinte,  turgot,  2"  dise, 
en  Sorbonne.  X  vos  desseins  je  ne  puis  rien  com- 
prendre, C'est  une  énigme,  volt.  Prude,  iv,  3. 

—  REM.  Le  genre  d'énigme  a  varié,  et  Massillon 
le  faisait  encore,  conformément  à  Pétymologie, 
masculin  :  Ils  sont  un  énigme  inexplicable  à  eux- 
mêmes.  Petit  car.  ilalheur. 

— HIST.  XVI*  s.  Je  n'entendz  point,  dist  Panurge,  cest 
énigme,  rab.  Pant.  v,  <.  Je  ne  luy  proposay  jamais 
énigme  s:  aysé  qu'il  sceust  développer,  mont,  m,  08, 

—  ÉTYM.  AïviyiJia  ,  de  aividieaCai ,  parler  en 
énigmes,  deœlvo;,  discours,  parole. 

i  ÉNILÈ.ME  (é-ni-lê-m'),  s.  m.  L'une  des  trois 
membranes  de  l'ovule  végétal;  c'est  la  secondine 
correspondant  au  tegmen  de  la  graine. 

—  Etym.  'EvEi/T|[ia,  de  év,  en,  et  eO.sïv,  rouler. 
KNIVUANT,    ANTE    (an-ni-vran,    vran-t',   an 

prononcé  comme  dans  antérieur),  adj.  \\  1°  Qui 
enivre.  Boisson  enivrante.  ||  2°  Fig.  Qui  abuse,  qui 
exalte,  qui  charme.  Louanges  enivrantes.  La  joie 
des  sens,  plus  douce  et  plus  enivrante  que  le  vin, 
lioss.  Ilist.  II,  n.  J'ai  goûté  do  cette  coupe  eni- 
vrante qui  donne  le  bonlieur  ou  la  mort,  stael,  Co- 
rinne, XV,  1.  Voir,  c'est  avoir;  allons  courir;  Vie 
errante  Est  chose  enivrante,  bébang.  Bohéin. 

—  HIST.  XII'  s.  Tu  encraissas  en  olie  [huile]  mun 
chef,  e  li  miens  calices  enivranz  mult  clcrs  est, 
Liber  psalm.  p.  28. 

ENIVRÉ,  ÉE  (an-ni-vré ,  vrée ,  an  prononcé 
comme  dans  antérieur),  part,  passé.  |{  1°  Rendu 
ivre.  Enivré  par  quelques  coups  d'un  vin  capiteux. 
Il  Par  extension.  Un  dragon  enivré  des  plus  mortels 
poisons,  CORN.  Hédée,  ii,  2.  Enivré  des  douceurs  de 
l'amour  et  du  vin,  id.  Pomp.  iv,  t.  Des  poisons 
de  l'erreur  avec  zèle  enivré,  volt.  Fanât,  i,  i. 
Il  2°  Oui  éprouve  une  ivresse  morale.  Séjan  était 
enivré  de  sa  honns  fortune  et  des  caresses  de  Livia, 
i-'arlancourt,  Tac.  liv.  iv,  dans  richelet.  [Vénus] 
Dont  les  yeux  enivrés  par  des  charmes  puissants 
Attachaient  au  héros  leurs  regards  languissants, 
la  kont.  Adonis.  Cette  ville  enivrée  du  sang  des 
martyrs,  BOss.  Ilist.  m,  <.  Un  pédant  enivré  de  sa 
vaine  science,  boil.  Saï.  iv.  Néron  de  sa  grandeur 
n'était  point  enivré,  rac.  Brit.  1,  i.  Une  femme 
mondaine  enivrée  de  sa  figure,  mass.  Car.  Impén. 
Leurs  esprits  égarés  [des  Romains]  Dece  grand  chan- 
gement [l'établissement  de  la  république]  sont  en- 
core enivrés,  volt.  Bntt.  I,  4.  Là  Seide  enivré  du 
zèle  de  ta  loi,  id.  Fanât,  m,  5.  De  l'encens  des  hu- 
mains je  vivais  enivrée,  m.  Sémiram.  Ii,7.  Le  cœur 
enllé  d'orgueil  et  de  haine  enivré,  m.  Oreste,  m,  6. 
,1  II  se  dit  avec  de  et  un  verbe  à  l'infinitif,  pourvu 
que  le  verbe  soit  au  sens  neutre  ou  passif.  Il  entraîne 
ce  peuple  enivré  d'être  hbre,  legouvé,  Épich.  et 
Mr.  y,  1.  Il  Absolument.  Mon  âme  enivrée  Se  rem- 
plitdu  bonheurde s'en  voiradorée, VOLT.  Za'ire,  i,  \. 

ENI'VREMENT  (an-ni- vre-man,  an  prononcé 
comme  dans  antérieur),  s.  m.  \\  l»  État  de  celui 
quiestenivré.L'enivrementparl'eau-de-vie.  ||  2° Fig. 
Etat  d'ivresse  morale.  L'enivrement  des  passions. 

i;CT.    nv,    n*    rANGI'E    FrtA^ÇAlSE. 


Alors  tout  se  croit  libre;  alors  tout  est  en  proie  Au 
fol  enivrement  d'une  indisorSte  joie,  volt.  M.  de 
Ces.  II,  4.  Je  souhaite  qu'aucun  revers  ne  vienne 
troubler  cet  enivrement  de  joie  et  d'amour-propre, 
M"'  DE  GENLis,  Théâtre  d'éduc.  l'Intrigante,  ii,  4. 
Il  Absolument.  La  passion  de  l'étude,  ainsi  que 
toutes  les  autres,  a  ses  instants  d'humeur  et  de  dé- 
goût comme  ses  moments  de  plaisir  et  d'enivrement, 
d'alemb.  Apolog.  de  l'étude ,  CEuvr.  t.  iv,  p.  208, 
dans  POUOENS.  Une  femme  qui  ,  privée  jusqu'à 
trente-cinq  ans  de  tous  les  dons  de  la  fortune, 
avait  passé  de  la  misère  à  l'opulence,  de  l'obscurité 
au  plus  haut  degré  de  la  faveur,  sans  avoir  éprouvé 
un  instant  d'enivrement,  M""'  de  genlis,  time  de 
Maintenon,  t.  ii,  p.  106,  dans  pougens. 

—  ÈTYM.  Enirrer. 

ENl'VRER  (an-ni-vré,  an  prononcé  comme  dans 
antérieur;  quelques-uns  disent  é-ni-vré;  mais  cette 
prononciation  est  contre  l'usage  et  fautive),  ».  a. 
Il  l"  Causer  l'ivresse.  Un  verre  de  vin  l'enivre.  Du 
sommeil  et  du  vin  les  vapeurs  les  enivrent,  de- 
LiLLE,  Enéide,  n..\\  Absolument.  Certains  vins  eni- 
vrent très-vite.  La  fumée  de  tabac  enivre.  |{  Faire 
boire  jusqu'à  l'ivresse.  Ses  camarades  l'enivrèrent. 
On  les  invita  à  monter  sur  les  vaisseaux,  on  les  eni- 
vra, on  les  mit  aux  fers,  on  leva  l'ancre,  et  l'on  tira 
le  canon  sur  tout  ce  qui  restait  d'Indiens  au  rivage, 
RAYNAL,7/»s{.  p/ii'i.  xviil,2(.  Il  2°  Fig.  Faire  pour 
ainsi  dire  boire  ce  qui  cause  une  ivresse  morale.  Eni- 
vrer quelqu'un  de  louanges.  Elle  n'a  point  trouvé  la 
pompe  et  la  mollesse  Dont  la  cour  des  Tarquins  eni- 
vra sa  jeunesse,  voi.T.  Brutus,!,  2. C'est  moi  qui,  les 
regards  attachés  sur  les  siens,  L'enivrai  du  poison 
de  nos  longs  entretiens,  nucis,  Othello,  m,  B.  ||  Use 
dit  au.ssi  des  choses  qui  causent  une  ivresse  morale. 
Sotte  présomption,  vous  m'enivrez  sans  boire,  Ré- 
gnier, Sat.  XIV.  Il  est  d'autres  erreurs  dont  l'aimable 
poison  D'un  charme  bien  plus  doux  enivre  la  rai- 
son, BOIL.  Sat.  IV.  Qu'heureux  est  le  mortel  qui,  du 
monde  ignoré.  Vit  content  de  soi-même  en  un  coin 
retiré.  Que  l'amour  de  ce  rien  qu'on  nomme  re- 
nommée N'a  jamais  enivré  d'une  vaine  fumée  1  id. 
Éptt.  VI.  Tu  avais  un  peu  négligé  mes  préceptes 
quand  la  trop  grande  prospérité  enivra  ton  cœur, 
FÉN.  Dial.  des  morts  ane.  xiiv.  L'amour,  la 
gloire,  le  génie  Ont  trop  enivré  mes  beaux  jours, 
béranger,  m.  Stuart.  ||  Absolument.  La  prospérité 
enivre.  L'Amour  alors  près  de  nos  mères,  Faisant 
chorus,  battait  des  mains.  Rapprochait  les  cœurs  et 
les  verres,  Enivrait  avec  tous  les  vins,  bérang. 
Trinquons.  ||  3°  S'enivrer,  v.  rè[l.  Se  mettre  en 
état  d'ivresse.  Ce  malheureux  s'enivre  en  .secret. 
Ayant  bu  du  vin,  il  s'enivra,  et  parut  nu  dans  sa 
tente,  saci.  Bible,  Genèse,  ix,  2i.  Il  hante  la  ta- 
verne et  souvent  il  s'enivre,  là  font.  Fabl.  xii,  t9. 
Le  grand  s'enivre  de  meilleur  vin  que  l'homme 
du  peuple:  seule  différence  que  la  crapule  laisse 
entre  les  conditions  les  plus  disproportionnées, entre 
le  seigneur  et  l'estafier,  la  bhuy.  ix.  ||  Fig.  L'homme 
faible  et  léger....  S'enivre  de  faveur  comme  on  le 
fait  de  vin,  TRISTAN,  Pan//î^e,  III,  B.  Jen'aime  point 
à  m'enivrer  d'écriture,  sÊv.  224.  Je  l'ai  vu  vers  le 
temple  où  son  hymen  s'apprête  S'enivrer  en  marchant 
du  plaisir  de  la  voir,  rac.  Andr.  v,  2.  Rends-lui 
compte  du  sang  dont  tu  t'es  enivrée,  id.  Athal.  v,-6. 
Il  s'enivre  à  vos  yeux  de  l'encens  des  humains  ,volt. 
Brut.  III,  7.  C'était  [Julien]  un  avocat  qui  pouvait 
s'enivrer  de  sa  cause,  id.  Philos,  v,  413.  Les  fem- 
mes surtout  s'enivrèrent  et  du  livre  et  de  l'auteur, 
I.  J.  Rouss  Conf.  XI.  L'imprudente  Didon  tendre- 
ment le  caresse.  Le  tient  sur  ses  genoux,  entre  ses 
bras  le  presse, S'enivre  de  sa  vue,DELiLLE,^n^ide,i. 
Bien  qu'il  ait  besoin  d'un  avenir  indéfini,  il  s'enivre 
du  présent,  stael,  Corinne,  viii,  2.  Enivrons-nous 
de  poésie,  Nos  cœurs  n'en  aimeront  que  mieux, 
béranger,  les  Sciences.  \\  Famibèrement.  11  s'enivre 
de  son  vin,  c'est-à-dire  il  a  trop  bonne  opinion  de 
lui-même,  il  s'entête  de  ses  propres  idées. 

—  HIST.    XII'  s Servir  as  feluns....  est  ses 

saetes  de  sano  juste  enivrer,  Th.  lemart.89.  E  out 
cumanded  à  ses  humes  qu'il  guetassent  quant  Amon 
fut  enivrez,  e,  quant  il  leurdirreit,  oceissent  Amon, 
Rois , p.  468.  N'ai  beu  ne  vin  ne  el  [autre chose],  par 
unt  [par  quoi]  l'um  se  poisse  enivrer,  ib.  4.  ||  xiu'  s. 
C'est  [l'amour]  lasoifqui  tousjours  est  ivre,  Yvresce 
qui  de  soifs'enyvre,  io  J{ose,4324.  Trop  suntàgrant 
meschief  livré  Cuer  qui  d'Amors  sunt  enivré,  ib 
4030.  Qui  bien  veut  amor  descrivre,  Amors  est  et 
maie  et  bone  ;  Le  plus  mesurable  enivre,  Et  le  plus  sage 
embricone  [rend  fou],  Ilist.  littér.  delaFr.l.  xxiii, 
p.  7B3.  Cist  henas  [coupe]  est  li  galices  [calice]  à 
qui  sainz  esperiz  [le  Saint  Esprit]  ennivre  ses  fee!s 
de  s'araor.   Psautier,  S°  ÏO.   ||  xiv*  s.  Et  la  biaulé 


qui  a  mon  cuer  ravi.  Et  le  plaisir  enyvié  de  fulour. 
Le  dous  regart  qui  me  raist  en  erreur....  maciiaut. 
p.  58.  Qui  s'enyvre,  il  se  desnourrist-,  Car  tout  la 
foie  se  pourrist,  3.  broyant,  dans  Hénagier,  t.  u, 
p.  <4.  Il  XVI"  s.  Vous  n'oyez  que  cris,  et  d'enfants 
suppliciez,  et  de  maistres  enyvrez  en  leur  cholere, 
MONT.  I,  183.  Ny  le  drap  enyvré  des  eaux  du  Gobe- 
lin,  RONS.  80). 

—  ÉTYM.  Provenç.  enicurar,  eniurar;  du  latia 
inebriare,  de  in,  et  ebrius,  ivre. 

t  ENJABLER  (an-ja-blé),  v.  a.  Mettre  un  fond  à 
une  futaille. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  jable. 

t  ENJALER  (an-ja-lé),  v.  a.  Terme  de  marine 
Garnir  une  ancre  de  son  jas,  pour  faire  tomber  la 
pointe  au  fond,  en  contre-balançant  le  poids  du  fer. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  jas. 

fENJALODSER  (an-ja-lou-zé),  v.  o.  Rendre  ja- 
loux. Enfin  si  cet  amant  que  vous  enjalousez,  scarr. 
Jod.  duelliste,  dans  le  roux,  Dict.  comique.  ||  S'en- 
jalouser,  v.  réfl.  Devenir  jaloux. 

—  HIST.  XVI' s.  Les  cieux  ne  vous  portent  envie, 
Ores  qu'ils  soient  enjalousez  De  vos  grâces....  loys 
LE  CARON,  Poésies,  f"  04,  dans  lacurne.  D'une  mor- 
dante jalousie  [il]  Se  bourelle  la  fantaisie,  S'enja- 
lousant  de  tous,  jacq.  tahureau,  Poésies,  p.  t2», 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  jaloux. 

fENJAMBADE  (an-jan-ba-d') ,  s.  f.  Synonyme 
peu  usité  d'enjamhée.Et  qui  pourrait  d'uneenjambade 
La  passer  sans  tomber  dedans,  Prendrait  le  ciel  avec 
les  dents,  scarron,  Virg.  wi. 

ENJAMBÉ,  ÉE  (an-jan-bé,  bée),  part,  passé. 
Il  1'  Franchi  en  enjambant.  Le  l'ossé  enjambé  les- 
tement. Il  2»  Être  haut  enjambé,  avoir  les  jambes 
fort  longues. 

ENJAMBÉE  (an-jan-bée) ,  s.  f.  Pas  le  plus  grand 
qu'on  puisse  faire  en  étendant  les  jambes.  A  tant 
fait  par  ses  enjambées  Qu'avec  les  hardes  dérobées, 
Auprès  d'Énée  il  s'est  rendu,  scarron,  Virg.  i.  Dieu 
sait  les  enjambées  qu'elle  faisait  pour  s'en  dépêtrer, 
hamilt.  Ilist.  de  Fleur  d'épine,  p.  75,  édit.  in-is, 
RENOUARD.  Il  fit  douze  pas  quand  l'autre  faisait  une 
enjambée,  volt.  lUicrom.  4.  ||  Espace  d'une  enjam- 
bée. Ce  fossé  n'a  qu'une  enjambée. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  li  enfes  li  dist  :  or  dittes  vo 
pensée;  Mais  ne  vous  aprociés  de  moy  plaine  an- 
gambée.  Chevalier  au  Cygne,  v.  <919.  ||  xvi'  s. 
Faire  de  grandes  enjambées,  mont,  i,  93. 

—  ÊTYlil.  Enjambé;  Berry,  ajambée,  egambée, 
éjambée. 

ENJAMBEMENT  (an-jan-be-man) ,  s.  m.  Terme 
de  prosodie.  L'état  ou  le  défaut  du  vers  qui  enjambe 
sur  le  suivant.  L'enjambement  est  surtout  usité 
dans  la  poésie  familière;  ailleurs  on  ne  l'emploie 
guère  que  pour  produire  un  effet. 

—  ÉTYM.  Enjamber. 

ENJAMBER  (an-jan-bé).  Il  l"  V.  a.  Franchir  aT8C 
les  jambes  seules,  soit  que  l'on  coure,  que  l'on 
marche  ou  que  l'on  saute.  Enjamber  deux  marches 
à  la  fois.  Il  Fig.  Enjamber  se  dit  d'un  homme  qui 
saule  par-dessus  un  degré,  d'un  écolier  qui  saute 
une  classe.  Enjamber  un  grade.  U  a  enjamiié  la 
seconde,  et  de  la  troisième  il  a  passé  en  rhétori- 
que. Il  2°  V.  n.  Il  ne  faut  qu'enjamber  pour  pas- 
ser le  ruisseau.  ||  3°  Marcher  à  grands  pas.  Voyez 
comme  il  enjambe.  ||  4°  Terme  d'architecture. 
Il  se  dit  d'une  poutre  qui  se  prolonge  sur  une 
autre.  ||  5°  Terme  de  prosodie.  On  dit  qu'un  vers 
enjambe  surun  autrequand,  le  sens  n'étantpas  fini, 
il  faut  rejeter  sur  le  vers  suivant  un  ou  deux  mots 
qui  en  rompent  la  cadence,  comme  dans  ce  vers  de 
Racine:  Maisj'aperçois  venir  madame  la  comtesse  De 
Pimbe.sche....  Piaid.  i,  6.  Les  vers  de  Ronsard  et  des 
poètes  contemporains  enjam'oaient  souvent  les  uns 
sur  les  autres  ;  Malherbe  corrigea  ce  défaut.  Enfin 
Malherbe  vint....  Et  le  vers  sur  le  vers  n'osa  plus  en- 
jamber, boil.  Artpoét.  i.  Ce  qui  ne  laisse  pas  d'être 
une  énigme  pour  nous,  et  ce  qui  nous  semble  une 
négligence  inexprimable  dans  un  poète  aussi  atlentil 
et  aussi  habile  qu'Horace  à  donner  à  ses  vers  lyriques 
tous  les  charmes  de  l'harmonie,  c'est  de  voir,  même 
dans  les  odes  qu'il  a  divisées  en  quatrains,  le  sens 
enjamber  à  tout  moment  d'une  strophe  à  l'autre, 
sans  qu'il  ait  cru  devoir  se  donner  aucun  soin  de 
les  couper  par  des  repos,  marmontel,  Élém.  litt. 
Couvres,  t.  x,  p.  <84,  dans  pougens.  De  lourds 
alexandrins  l'un  sur  l'autre  enjs.nbant  Comme  des 
écoliers  qui  sortent  de  leur  banc,  v.  hugo,  Votx 
int.  22.  Il  6"  Familièrement.  Empiéter.  U  a  em- 
jambé  sur  l'héritage  de  son  voisin.  La  liberté  d't- 
crire  enjambe  sur  la  licence  par  l'excessive  indul- 
gence des  magistrats,  p.  l.  cour,  u,  22. 

i    —  Vib 


1'.02 


ENJ 


-  HMT    XIV  1.    Il  ont  tout  restalu  depecié  et 
rtUMé.  El'  ont  .ur  le»  KrançoI.  «i  avant  enjambé 

Poor  «Jei  plu.  buurk  venir,  clievaucherenl  (fran.i 
•<p«se,  enjamM.»  sur  chevaux  troltanu,  monstre... 
Il,  I  ch  f««.  S'il  «vient  que  aucun  ou  aucune  en- 
n'mbe  par  dessus  un  petit  enfant,  sachiez  que  ja- 
mais plus  ne  croistra,  M  ceUui  ou  ceUe  mesmes  ne 
rengiobe  au  contraire  et  retourne  par  dessus,  Eïon- 
gilet  det  quenouilles,  <"  journée,  ch.  2i.  ||xvf  s. 
Kt  ne  me  servit  celle  mienne  inaccoustumée  insti- 
tiillon,  que  de  me  faire  enjamber  d'arriver  aux  pre- 
mières classes,  MONT.  I,  t«o.  Ils  enireprinreni  d'en - 
j.imlierjusqucs  sur  l'Asie,  et  sulijuguer....  ID.I,  231. 
Ce  vieillard,  ayant  pris  le  temps  que  les  chrestiens  en- 
jamboicnt  en  Afrique  par  les  divisions  des  Afri- 
quains,  trouva  moien....  d'aub.  liisl.  i,  34.  J'ayesié 
d'opinion  en  ma  jeunesse,  que  les  vers  qui  enjam- 
bent l'un  «ur  l'autre  n'estoient  pas  bons  en  nostre 
poeaie,  bons.  686.  Le  millet  sarrazin  a  la  p.iilla 
rouge,  bas  enjambé,  le  tige  branchu,  le  grain  noir, 
0.  DE  SEBRES,  110.  Le  bélier  sera  choisi  de  grand 
corsage,  hautement  enjambé,  beaucoup  chargé 
de  laine,  m.  317.  L'oflice  de  sergent  major  ni  de 
mestre  de  camp  gênerai  ne  se  pouvoit  bien  exercer, 
qui  ne  se  peut  jamais  bien  faire  à  pied,  quelque 
bien  enjambé  qu'il  soit,  brant.  Cap.  fr.  t.  iv,  p. 

ÏI8,   dans  LACURNE. 

—  ETYM.  En  I ,  etjambe;  Berry,  ajamber,  égam- 
ber,  éjamber;  bourguig.  egambai. 

tENJARRETÊ,ÉE(an-ja-re-té,  tée),  adj.  Terme 
de  manège.  Oui  a  les  pieds  liés.  Cheval  enjarreté. 

—  ÊTYM.  En  I ,  et  jarret. 

ENJ  A  VÊLÉ,  ÉE  (an-ja-ve-lé,  lée),pare.  passé. 
Blés  enjavelés. 

ENJA'VELER  (an-ja-ve-lé.  La  syllabe  re  prend 
deux  II,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'en- 
javelle,  j'enjavellerai),  v.  a.  Terme  d'agriculture. 
Mettre  en  javelle  des  moissons  que  l'on  coupe. 

—  ETYM.  En  1 ,  el  javelle. 

ENJEU  (an-jeu),  s.  m.  Argent  qu'on  met  au 
jeu  à  chaque  partie.  Sage  ou  non,  je  parie  encore; 
Ainsi  fut  fait;  et  de  tous  deux  On  mit  pr^s  du  but 
les  enjeux,  la  font.  Fabl.  vi,  to.  Les  règles  des 
probabililés  sont  en  défaut  lorsqu'elles  proposent, 
pour  trouver  l'enjeu ,  de  multiplier  la  somme  espé- 
rée par  la  probabilité  du  cas  qui  doit  faire  gagner 
cettesomme,  d'alemb.  Ab.  de  la  crit.ORuvr.  t.  iv, 
p.  2B4.  Il  Fig.  i  cette  loterie  où  la  vie  est  l'enjeu 
Mon  cœur  passionné  mettrait  trop  ou  trop  peu,  la- 
¥ART.  Joe.  I,  42.  Il  Retirer  son  enjeu,  se  retirer  à 
temps  d'une  mauvaise  afTaire. 

—  ETYM.  En  i,  et  jeu. 

ENJOINDRE  (an-join-dr'.  Se  conjugue  comme 
joindre),  v.  a.  Commander  expressément  et  avec 
autorité.  On  enjoignit  à  tous  les  officiers  de  rester  à 
leur  poste.  On  lui  enjoint  de  répondre,  patru. 
Plaid.  6,  dans RiCHELET.  Mon  frère,  un  père  enjoint 
que  je  vous  «.atisfasse,  hoir.  Vencesl.  i,  2.  ||  Par  ex- 
tension. Je  sais  bien  en  cela  ce  que  l'honneur  m'en- 
joint, BACAN,  Berg.  ii,  6,  Idalie.  Mon  devoir  m'en- 
joindra de  répondre  de  vous,  rotr.  Vencesl.  ni,  3. 
Ha  seule  dignité  m'enjoignait  ce  refus,  id.  ib.  v,  9. 

—  HIST.  xu*  s.  L'oflice  d'apostoile  [pape],  qui  de 

Dieu  nous  est  enjoins tailliar.  Recueil,  p.  Boo. 

Ksire  ensongiel  [inquiétés]  des  honors  cui  l'om  lur 
enjoint.  Job,  p.  488.  ||  xni'  s.  Mes  por  Dieu  traiez  vos 
plus  pr^s,  El  si  escoutez  mes  péchiez.  Et  penitance 
m'enjoingniez,  flen.  28842.  ||xiv  s.  La  xf  rieulle 
[règle]  e-.t  que  nous  devon  enjoindre  silence  el  re- 
pos au  pacient,  tant  com  li  sans  court  [qu'il  y  a  bé- 
roorrhsgio],  h.  db  mondf.vili.e,  P"  39,  rerso.  Mais 
bien  vous  fut  enjoint,  quand  ce  vint  au  livrer,  Que, 
si  li  rois  F.nglois  ne  voloil  acepter  La  paix  si  faile- 
menl  qu'on  l'ot  fait  ordener,  Qu'au  noble  roi  Char- 
Ion  vous  fauroit  retourner,  Guescl.  2)3oe.||xvi«  s. 
Tarchctius  bailla  les  deux  jumeaux  à  un  nommé  Te- 
latius,  luy  enjoignant  de  les  faire  mourir,  amtot, 
nom.  3.  L'omoplate  n'est  point  enjointe,  mais  pla- 
quée seulement  au  derrière  des  costes  de  la  poitrine, 

PARE,  XIII,  •. 

—  ETYM.  Prov.  enjonger,  enjunher;  du  latin  tn- 
jungere,  de  m,  et  jungere,  joindre  (voy.  joindre). 

KNJOINT,  OINTB  (an-join,  join-t'),  part,  passi 
d'enjoindre.  Des  formalités  enjointes  par  la  loi.  Il 
nous  est  à  tous  deux  expressément  enjoint  De  l'en- 
voyer à  Uome  el  de  n'y  manquer  point,  maibet, 
So;ihon.  v,  ï. 

t  ENJOINTE,  ÊB  (an-join-té,  tée),  adj.  Terme 
ne  fauconnerie.  Oiseau  court  enjointe,  oiseau  qui  a 
W  courtes  jambes. 

—  HIST.  xvi«  s.  Les  jambes  grosses  en  ses  osse- 
mens,  pau  chargées  de  chair,  mais  fort  nerveuses, 


ENJ 

droites  et  bas  enjoinctées,  faisans  les  joinctures  gros- 
ses, 0.  DE  serres,  300. 

—  ETYM.  En  I ,  et  un  dérivé  de  joint. 
ENJÔlÉ,  ÉE  (an-jô-lé,  lée),  part,  passé.  Un  pay- 
san enjSlé  par  un  fripon.  Une  fille  enjôlée. 

■f  ENJÔLEMENT  (an-j6-le-man),  t.  m.  Action 
d'enjôler. 

—  HIST.  XVI'  s.  Engeollement,  oudin,  Dict. 

—  ETYM.  Enjôler. 

ENJÔLER  (an-jô-lé), t).  a.Abuserpar  des  manières 
ou  paroles  (laiteuses.  Toutes  les  caresses  qu'il  vous 
fait  ne  sont  que  pour  vous  enjôler,  mol.  Bourg, 
gent.  m,  ».  En  un  mot,  il  m'enjôla  si  bien  par  ses 
beaux  discours  que  j'acceptai  la  proposition,  lesage, 
Gusm.  d'Alfar.  ii,  3.  Je  hais  bien  ces  vilains  hom- 
mes-là qui  veulent  enjôler  les  filles,  m"*  de  oenlis, 
ThMlre  d'éduc.  la  Lingère,  i,  2.  ||  S'enjôler,  v.  réfl. 
S'enjôler  l'un  l'autre.  Ils  tâchent  de  s'enjôler. 

—  HIST.  XIII*  s.  Dex  l'emprisone  et  engaiole  Plus 
que  ne  soit  gais  [geai]  en  gaiole  [geôle,  cage],  du 
CANGE,  gaiola.\\\vi'  s.  Engauler,  oudin,  Dict. 

—  ETYM.  Enjôler,  c'est  proprement  mettre  en 
caj?e;  espagn.  enjaular,  mettre  en  cage  ;  de  en  I ,  et 
geôle  qui  a  signifié  une  cage  (voy.  geôle). 

ENJÔLEUR,  EUSE  (an-j6-leur ,  leû-z'),  s.  m. 
et/'.  Celui,  celle  qui  enjôle.  Que  vous  autres  cour- 
tisans êtes  des  enjôleurs,  mol.  Don  Juan,  n,  2. 

—  HIST.  XVI*  s.  Quatre  engeoleurs  qui  ont  grand 
creditaux  esprits  populaires, cuAHRON,Sojesse,  i,  4). 

—  ÊTYM.  Enjôler. 

ENJOLIVÉ,  ÉE  (an-jo-li-vé,  vée),  part,  passé. 
Rendu  plus  joli.  Le  sujet  de  Mérope  [dans  Lagrange] 
est  enjolivé  d'un  amour  très-bien  tourné,  volt. 
Lett.  Prusse,  40.  Au  petit  monstre  enjolivé  L'amour 
fait  construire  une  niche,  Bernard,  Poés.  div.  Pro- 
cès du  fard. 

ENJOLIVEMENT  (an-jo-li-ve-man),  s.  m.  Action 
d'enjoliver;  ce  qui  rend  une  chose  plus  jolie.  C'est 
un   enjolivement.  Ajouter,  faire  des  enjolivements. 

—  ETYM.  Enjoliver. 

ENJOLIVER  (an-jo-li-vé),  «.  a.  Rendre  quelque 
chose  plus  joli:  On  a  fort  enjolivé  cet  ouvrage.  Ils 
attifent  leurs  mots,  enjolivent  leur  phrase,  Régnier, 
Sat.  IX.  Un  avis  d'importance  qui  doit  enjoliver  voire 
Mercure,  boursault,  Merc.  gai.  ii ,  l .  Thomas  est 
en  travail  d'un  gros  poème  épique  ;  Marmonlel  enjo- 
live un  roman  poétique,  GiLB.  Le  18' «.Vois-le  [ce  roi] 
d'un  masque  enjoliver  .sa  haine,  Pour  étouffer  noire 
gloire  et  nos  lois,  bérang.  Octavie.  \\  S'enjoliver, 
V.  réft.  Devenir  plus  joli.  Ce  tissu  s'enjolivait  sous 
ses  doigts. 

—  ÉTYM.  En  I ,  eljoli.  En  composition,  /olia  pris 
un  r,  parce  que  la  forme  ancienne  est  joli f. 

ENJOLIVEUR  (an-jo-li-veur) ,  s.  m.  Celui  qui  aime 
à  enjoliver.  C'est  un  enjoliveur  sans  goût. 

—  ÉTYM.  Enjoliver.  ■ 

ENJOLIVURE  (an-jo-li-vu-r'),  s.  f.  Ornement  fait 
à  de  petits  ouvrages.  Faire  mettre  des  enjolivures  à 
une  bourse. 

—ÉTYM.  Enjoliver. 

t  ENJONCHER  (an-jon-ché) ,  ».  a.  Couvrir  de 
jonc  et,  en  général,  de  feuillage  ou  de  fleurs.  Che- 
min enjonché  de  roses.  |{  Joncher.  Où  la  guerre.... 
De  Turcs  et  de  turbans  enjonché  la  campagne,  Ré- 
gnier, ipit.  I. 

—  HIST.  xiii*  s.  Quant  no  baron  l'enlendent,  har- 
demens  leur  monta;  Dont  commence  li  chaples  el 
ileça  et  de  là,  Des  mors  el  des  navrés  tos  li  vaux 
enjonça,  Ch.  iïAnt.  i,  641. 

—  ÉTYM.  En  \ ,  el  jonc  ;  provenç.  enjoncar. 

ENJOUÉ,  ÉE  (an-jou-é,  ée),  adj.  Qui  a  de  l'en- 
jouement; où  il  y  a  de  l'enjouement.  Un  homme 
enjoué.  Style  enjoué.  Son  esprit  enjoué  ne  s'é- 
branle de  rien,  conN.  Agésil.  n,e.  Le  cinquième 
acte  est  trop  sérieux  pour  une  pièce  si  enjouée, 
id.  Ex.  de  la  Suite  du  Menteur.  Ce  jour-là  on 
joua  le  Dom  Japhel,  ouvrage  de  théâtre  aussi  en- 
joué que  celui  qui  l'a  fait  a  sujet  de  l'être  peu, 
SCARHON,  Bom.  com.  u,  47.  Ma  chère,  c'est  le  ca- 
ractère enjoué,  mol.  Préc.  to.Bacchus,  le  plus  en- 
joué de  tous  les  dieux,  avait  des  autels, parce  qu'on 
s'abandonnait  et  qu'on  sacrifiait  pour  ainsi  dire  à  la 
joie  des  sens  plus  douce  et  plus  enivrante  que  le 
vin,  Boss.  7/isf.  II,  n.  Quand  vous  serez  descendue 
de  ce  degré  éminent,  nous  recevrons  sans  doute  des 
lettres  plus  enjouées,  maintenon,  Lett.  à  Kme  de 
Glapion,  3|  juillet  1 71 2.  Il  est  enjoué,  grand  rieur, 
impatient,  présomptueux,  colère,  libertin, politique, 
mystérieux  sur  les  affaires  du  temps;  il  se  croit  des 
talenU  el  de  l'esprit  :  il  est  riche,  la  bruy.  vi.  Elle 
était  pbis  jolie  et  plus  enjouée  ce  jour-là  qu'elle  ne 
l'avait élé  de  sa  vie,  hamilt.  Gramm.  4.  Enjoué  avec 

I  ceux  qui  étaient  d'une  humeur  enjouée,  Fin.Tél.Xfi. 


ENL 

—  REM.  On  a  dit  que  le  mot  enjoué  avait  été  créé 
par  Montaigne;  mais  on  peut  vo'r  qu'il  est  plus  an- 
cien, se  trouvant  déjà  dans  Amyot. 

—  HIST.  xvi*  s.  L'ane  le  regarda  d'une  façon  toute 
guaye  et  enjouée....  puis,  se  prenant  à  braire  fort 
hault  et  à  sauUer  et  regiber  au  long  de  luy,  amyot, 
Marius,  89.  Il  n'est  rien  plus  gay,  plus  gaillard, 
plus  enjoué  (que  la  pnilosopbie],  mont,  i,  475.  Un 
ouvrage  plus  gaillard  el  plus  enjoué,  id.  i,  22t. 
L'extrême  contentement  a  plus  de  rassis  que  d'en- 
joué, lu.  m,  86.  Pour  un  bon  an  de  tranquillité 
plaisante  el  enjouée,  id.  in,  309. 

—  ÉTYM.  Enjoueri. 

ENJOUEMENT  (  an-jou-man),  s.  m.  Gaieté  qui 
semble  se  jouer.  Avoir  de  l'enjouement  dans  l'es- 
prit. Cet  inépuisable  enjouement  Qui  d'un  chagrin 
trop  juste  a  de  quoi  vous  défendre,  corn.  Agés,  u, 
8.  Mme  Scarron  dit  qu'elle  ne  peut  se  résoudre  à 
vous  écrire,  qu'elle  n'ait  vu  quelque  enjouement 
dans  vos  lettres,  scarron,  Lett.  Œuv.  t.  i,  p.  m, 
danspouGENS.  Veux-tu  deces  enjouements  épanouis, 
de  ces  joies  toujours  ouvertes?  mol.  Bourg,  gent. 
III,  9.  M.  Scarron  avait  cet  enjouement  que  tout 
le  monde  sait,  et  cette  bonté  d'esprit  que  presque 
personne  ne  lui  a  connue,  maintenon,  Lett.  à  Mlle  de 
l'Enclos,  8  mars  1668.  L'enjouement  de  M.  Pascal 
a  plus  servi  votre  parti  que  tout  le  sérieux  de  M.  Ar- 
naud, rac.  t"  lettre  à  l'aut.  des  Imaginaires. 

—  ÉTYM.  Enjouer  l . 

t  t.  ENJOUER  (an-jou-é),  v.  a.  Rendre  enjoué. 
Par  ce  doute  où  il  l'embarrasse  lui-même,  il  enjoué 
sa  narration  et  occupe  agréablement  le  lecteur, 
BoiL.  Dissert.  crit.  sur  Joconde.  Il  cherche  à  en- 
jouer son  récit  le  plus  qu'il  peut  (nous  ne  faisons 
pas  ce  mol;  nous  l'avons  trouvé  tout  fait  par  Des- 
préaux pour  notre  poêle,  dans  sa  Dissertation  sur 
la  Joconde),  Mathieu  marais,  Vie  de  la  Fontaine, 
reproduite  par  paul  lacroix,  Oliuvres  inédites  de 
la  Fontaine,  in-8°,  t883,  p.  450. 

—  ÊTYM.  En  1 ,  et  jouer. 

f  2.  ENJOUER  (an-jou-é),  v.  a.  Terme  de  chasse. 
Mettre  en  joue,  en  parlant  d'un  fusil.  Quand  le  fusil 
est  bien  enjoué. 

—  HIST.  XVI*  S.  Enjouer,  oddiw,  Diet. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  joue. 

f  ENJUPONNER  (an-ju-po-né) ,  v.  a.  Mettre  un 
jupon.  Il  Fig  et  familièrement.  S'enjuponner,  v.réfl. 
S'attacher  à  un  jupon,  à  une  femme.  Une  vieille 
moustache  comme  moi  s'enjuponner,  s'acoquiner  à 
une  femme,  n.  DE  balzac,  dansle  Ciel,  de  poitevin. 

ENKYSTÉ,  ÉE  (an-ki-slé,  siée),  adj.  Terme  de 
médecine.  Logé  dans  un  kyste.  Pierres  enkystées. 
Tumeur  enkystée. 

+  ENKYSt'ement  (an-ki-ste-man),  s.  m.  Terme 
de  médecine.  Action  de  s'enkyster;  résultat  de  cette 
action.  Eiikystement  des  corps  étrangers. 

—  ÊTYM.  Enkyster. 

t  ENKYSTER  (S')  (an-ki-sté),  v.  réfl.  Se  loger, 
être  logé  dans  un  kyste.  Une  tumeur  qui  s'enkyste. 

—  ETYM.  En  t ,  el  kyste. 

ENLACE,  ÉE  (an-la-sé,  sée),  par(.  passé.  Arrangé 
en  forme  de  lacs.  Ces  festons  où  nos  noms  enla- 
cés l'un  dans  l'autre,  rac.  Bérén.  v,  6.  ||  Terme  de 
blason.  Venet  porte  d'azur  à  deux  chevrons  enlacés, 
un  des  deux  renversés.  ||  Pris  dans  des  lacs.  Une 
femme  étendue  à  terre,  enlacée  d'un  énorme  ser- 
pent qui  la  dévore,  DIDEROT,  SaJon  del787,  (Kuvr. 
I.  XIV,  p.  498,  dans  pougens.  ||  Fig.  Captivé.  Par- 
donnons le  souci  qu'elle  donne  à  ce  qu'elle  aime, 
à  la  peur  qu'elle  a  qu'il  ne  soit  jamais  enlacé,  J.  J. 
ROuss.  Ém.  v. 

ENLACEMENT  (an-la-se-man),  S. m.  Action  d'en- 
lacer; état  de  ce  qui  est  enlacé.  L'enlacement  des 
bras.  Le  sentiment  de  l'harmonie  naît  en  partie  de 
cet  enlacement  [des  rimes],  marmontel.  Éléments  de 
litt.  vers. 

—  HIST.  XVI*  s.  0  vigne  heureuse,  heureux  en- 
lacemens,  du  Bellay,  ii,  28,  verso. 

—  ÉTYM.  Enlacer;  provenç.  eniajsamen;  espagn. 
enlaiamifnto. 

ENLACER  (an-Ia-sé;  la  se  prononce  comme  dans 
là  et  non  comme  dans  las.  Le  c  prend  une  cé- 
dille devant  o  ou  o  :  j'enlaçai,  nous  enlaçons),  v.  a. 
Il  1°  Disposer  en  forme  de  lacs.  Enlacer  des  ru- 
bans, des  branches  d'arbres.  Elle  enlaçait  des  Heurs 
à  son  front  jeune  et  fier,  delille,  Enéide,  vil 
Il  Passer  plusieurs  choses  dans  un  même  lacet.  Enla- 
cer des  papiers,  des  registres.  ||  Fig.  On  crut,  pour 
mieux  fonder  le  calme  où  l'on  aspire.  Devoir  l'un 
avec  l'autre  enlacer  chaque  empire,  lemebc.  Frédég. 
etBruneh  iv,  l.  ||a°Fig.  Êtreindre,  prendre  comme 
dans  un  lacs.  Ces  traîtres  l'enlaceront  tôt  ou  tard. 
Les  circonstances  m'enlacèrent,    stael,  Corinne, 


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1403 


XX,  s.  Il  b*  Terme  de  charpentier.  Percer  un  trou  à 
travers  les  tenons  et  les  mortaises  pour  les  cheviller 
ensemble.  Il  4°  S'enlacer,  v.  réfl.  Être  enlacé.  Les 
lianes  s'enlacent  dans  les  forêts  vierges.  11  va  s'en- 
lacer dans  les  pièges  qu'il  devrait  le  plus  redouter, 
j.  J.  Houss.  Hél.  VI,  8.  Je  n'ai  fait,  en  me  débattant, 
que  m'enlacer  davantage,  id.  {"■promenade.  \\  S'en- 
lacer l'un  l'autre.  Les  deux  lutteurs  s'enlacent. 

—  HlST.  xu*  s.  Enlaciez  sui  en  teus  [telles]  afai- 
res.  Qui  à  mun  cuer  ne  plaisent  gaires,  E  qui  poi 
m'auront  de  mestier  Là  ù  Deus  nos  vendra  [vien- 
dra] jugier,  BENOÎT,  II,  12183.  Altres  besuignes 
m'orent  le  quer  [cœur]  si  enlascié,  Th.  le  mari. 
1(8.  Les  chozes  kl  par  defors  l'enlacent  [l'âme], 
Job ,  p.  481 .  Il  xni"  s.  Il  m'avoit  prisa  menacier,  Et  je 
le  soi  [sus]  si  enlacier  De  blanches  paroles  et  pestre, 
Que  j'en  ai  esté  .à  bon  mestre,  Ren.  16280.  Ainsinc 
délit  [le  plaisir]  enlace  et  maine  Les  cors  et  la  pen- 
sée humaine  Par  jonesce  sa  chamberiere.  Qui  de 
mal  faire  est  coustumiere,  la  Rose,  4487.  Li  pri- 
merains  [premier]  biens  qui  solace  [console]  Ceus 
que  li  maus  d'amer  enlace,  C'est  Dous-Pensers,  ib. 
2656.  Tu  sauvas  ceus  qui  erent  enlacié  par  le  lien 
du  dcable.  Psautier,  t°  tu.  Un  pau  [peu]  de  joie 
en  dolour  enlachie.  Poésies  mss.  Vatican,  f°  (48, 
dans  LACL'iiNE.  Il  XVI'  s.  Son  caducée  embrassent 
Deux  serpents,  qui  s'enlacent,  Se  joignant  par  le 
bout,  DU  BELLAY,  VIII,  <o,  vecto.  Courage  donc, 
Ronsard  :  la  victoire  te  donne.  Pour  enlacer  ton  front, 
la  plus  docte  couronne,  id.  v,  32,  verso. 

—  ÉTYM.  En  < ,  et  lacs;  provenç.  enlassar,  entais- 
sar;  espagn.  enlazar  ;  portug.  enlaçar;  ital.  inlac- 
ciare.  On  le  trouve  quelquefois  écrit  entasser,  en- 
lassure,  surtout  chez  les  auteurs  de  bla.son. 

|-  ENLAÇURE  (an-la-su-r'),  s.  f.  Terme  de  char- 
pentier. Réunion  d'une  mortaise  et  d'un  tenon  par 
une  cheville. 

—  ÉTVM.  Enlacer. 

ENLAIDI,  lE  (an-lè-di,  die),  part,  passé  d'en- 
laidir. Rendu  laid.  Enlaidie  par  la  petite  vérole  qui 
lui  gâta  le  visage. 

ENLAIDIR  (an-lè-dir).  ||  1°  V.  a.  Rendre  laid, 
laide.  Cette  cicatrice  l'enlaidira  beaucoup.  Ma  mère 
en  est  la  cause;  et  ce  qu'elle  me  dit  Me  brouille 
tout  le  teint,  me  sèche  et  m'enlaidit,  hegnard. 
Distrait,  m,  t.  Il  n'y  a  rien  qui  enlaidisse  certains 
courtisans  comme  la  présence  du  prince  :  à  peine 
les  puis-je  reconnaître  à  leurs  visages;  leurs  traits 
sont  aliérés  et  leur  contenance  est  avilie,  la  bbuy. 
viii.  Tous  les  vices  de  notre  âge  corrompaient  notre 
innocence  et  enlaidissaient  nos  jeux ,  j.  j.  Rouss. 
Confess.  i.  \\  Absolument.  La  colère  enlaidit.  ||  Fig. 
Peut-être  a-t-elle  [mon  âme]  encore  des  taches  et  des 
rides  qui  l'enlaidissent  à  vos  yeux,  MAss.  Car.  Sur 
la  communion.  Elle  [la  comédie]  fuit  la  gaîté  qui 
doit  suivre  ses  pas,  Et  d'un  masque  tragique  enlai- 
dit ses  appas,  gilb.  Le  48'  s.  ||  2°  V.  n.  Devenir  laid. 
Ma  tante,  qui  faisait  entrer  dans  son  système  d'é- 
ducation tout  ce  qui  lui  donnait  le  droit  de  me  dire 
des  choses  désagréables,  ne  cessait  de  me  répéter 
que  j'étais  enlaidie.  H'"'  de  genlis,  Mme  de  Uain- 
tenon,  t.  i,  f.  102,  dans  pougens.  ||  Il  se  conjugue 
avec  l'auxiliaire  avoir  quand  on  veut  marquer  l'ac- 
tion :  cet  enfant  a  enlaidi  en  grandissant  ;  avec 
l'auxiliai  re  être  quand  on  veut  marquer  l'état  :  elle  est 
fort  enlaidie  depuis  sa  dernière  maladie.  ||  3°  S'en- 
laidir, V.  réfl.  Se  rendre  laid.  Cette  femme  s'enlai- 
dit en  se  fardant. 

—  HIST.  XII*  s.  Oui  est  qui  s' ira  enlaidir  [salir]. 
Ne  par  si  fait  leu  [lieu]  asaillir.  N'ensanglanter  n'en- 
trer en  fiens  [fumiers]?  benoît,  ii,  B981.|1xiii*  s. 
Mais  toutes  les  biautés  du  monde  Ne  valent  riens 
envers  la  Blonde,  Qui  avoec  sa  mère  s'aroute  Ne 
n'enlaidi  mie  la  route  [bande],  Bl.  et  Jeh.  1423. 

—  ÉTVM.  En  1,  et  laid;  wallon  elaidi;  Berry, 
eniaideiir. 

ENLAIDISSEMENT  (an-lè-di-se-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion d'enlaidir;  son  résultat. 

—  HlST.  XVI*  s.  Tout  d'une  venue  les  verrues  se- 
ront ostées  des  mains,  pour  les  délivrer  de  tel  en- 
laidissement, 0.  DE  serres,  976. 

—  ÉTYM.  Enlaidir. 

t  ENLARME  (an-lar-m'),  s.  f.  Terme  d'oiselerie. 
Grandes  mailles  que  l'on  ajoute  à  un  filet.  ||  Terme 
de  pêche.  Petite  branche  que  les  pêcheurs  plantent 
le  long  de  leurs  verveux. 

—  ETYM.  En  1 ,  et  larme;  ces  mailles  étant  se- 
mées comme  des  larmes. 

t  ENLARMER  (an-lar-mé) ,  v.  a.  Terme  de  chasse 
et  de  pèche.  Enlarmer  un  filet,  faire  de  grandes 
mailles  à  côté  du  filet  avec  de  la  ficelle.  ||  Terme  de 
pêche.   Mettre  de   petites  branches   le  long   d'un 


t  ENLARMURE  (an-lar-mu-r'),  s.  f.  Terme  de 
pêche.  Bordure  d'un  filet. 

t  ENLEVAGE  (an-le-va-j') ,  s.  m.  Manière  d'im- 
primer sur  toile  en  enlevant  la  couleur  avec  le 
chlore,  partout  où  le  cylindre  s'applique.  ||  Terme 
de  point  d'Alençon  (dentelle  réseau).  Action  d'enle- 
ver le  parchemin. 

ENLEVÉ, ÉE  (an-le-vé,  yée),  part. passé.  \\  1°  Levé 
en  haut.  Le  plateau  de  la  balance  enlevé  par  un 
poids.  On  fardeau  enlevé  de  terre.  ||  Terme  de  bla- 
son. Se  dit  de  certaines  pièces  de  l'écu  qui  parais- 
sent enlevées.  ||  Terme  de  sculpture.  Keuilles  enle- 
vées, feuilles  d'arbres  qui  sont  détachées  du  fond. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Cela  est  enlevé,  se  dit  d'un 
dessin  large,  facile  et  hardi,  d'un  morceau  de  mu- 
sique joué  très-bien  et  très-vivement,  et  aussi  d'une 
scène,  au  théâtre.  ||  Fait  rapidement.  Un  volume 
enlevé  en  dix  jours  est  un  volume  fait  en  dix  jours. 
Il  2°  Emporté,  soustrait.  Pour  un  âne  enlevé  deux 
voleurs  se  battaient,  la  font.  Fabl.  i,  13.  ||  3°  Pris 
de  vive  force.  Une  place  enlevée  à  l'ennemi.  Posi- 
tion enlevée  à  la  baïonnette.  ||  4°  Qui  est  l'objet 
d'un  rapt.  Une  femme  enlevée.  ||  5°  Qui  a  perdu  la 
vie  par  une  maladie.  Elle  a  été  enlevée  en  six  jours, 
sans  connaissance;  enfin  cela  est  pitoyable,  SÉV. 
363.  Il  6°  Acheté  avec  empressement.  Mon  livre  élait 
enlevé,  la  première  édition  en  était  épuisée,  mar- 
montel,  Uém.  viii.  ||  7°  Ravi ,  charmé.  Cet  événement 
est  grand,  et  si  singulier,  si  brillant,  si  extraor- 
dinaire qu'on  en  est  enlevé,  sév.  60o.  On  était  en- 
levé des  grâces  de  sa  conversation  [de  Mlle  Rose] , 
ST-siM.  87,  131.  Ici  je  me  sentis  enlevé  hors  de 
moi  par  de  plus  invincibles  charmes,  marmontel, 
ilém.  X. 

ENLÈVEMENT  (an-lè-ve-man) ,  s.  m.  ||  1°  Action 
d'enlever,  d'emporter.  L'enlèvement  des  échafau- 
dages quand  la  bâtisse  est  terminée.  L'enlèvement 
des  décombres,  des  boues.  Procéder  à  l'enlèvement 
d'un  corps.  Enlèvement  des  pièces.  Après  avoir  flté 
tous  les  moyens  de  placer  son  argent,  on  ôta  même 
la  ressource  de  le  garder  chez  soi  ;  ce  qui  était  égal 
à  un  enlèvement  fait  par  violence,  montesq.  Espr. 
XXIX,  6.  Il  2°  En  parlant  des  personnes,  rapt.  L'en- 
lèvement des  Sabines.  Allons  subitement  Lui  de- 
mander raison  de  cet  enlèvement,  rac.  Brit.  I, 
1 .  Thésée  avec  Hélène  uni  secrètement  Kit  succé- 
der l'hymen  à  son  enlèvement,  id.  Iphig.  v,  6. 
Tous  les  enlèvements  sont  suivis  du  parjure,  volt. 
Zulime,  ii,  4.  |{  Par  abus,  il  se  dit  aussi  quand  la 
personne  enlevée  consent.  Je  voulais  avoir  lieu  d'a- 
buser Emilie,  Effrayer  son  esprit,  la  tirer  d'Italie, 
Je  pensais  la  résoudre  à  cet  enlèvement,  corn.  Cin- 
na,  v,  3.  Il  3°  Accaparement.  Use  fit  un  enlèvement 
de  grains  qui  amena  la  disette.  ||  4"  Terme  de  beaux- 
arts.  Opération  par  laquelle  on  enlève  toute  une 
peinture  d'un  panneau  vermoulu  pour  la  reporter 
sur  une  toile  neuve. 

—   ÉTVM.  Enlever. 

ENLEVER  (an-le-vé.  La  syllabe  le  prend  un  ac- 
cent grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'enlève,  j'enlèverai),  v.  a.  ||  1°  Faire  aller  en  haut. 
Ce  plateau  de  la  balance  enlève  l'autre.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Cela  enlève  la  paille,  cela  est  au-des- 
sus de  tout,  ou  cela  est  décisif,  ou  cela  est  singu- 
lièrement vif,  singulièrement  libre;  on  dit  plus 
ordinairement  cela  lève  la  paille.  ||  Fig.  Une  force 
inconnue  Enlevait  jusqu'à  lui  mon  âme  prévenue, 
VOLT.  Fanât,  m,  1.  ||  2°  Emporter,  entraîner.  Il 
vint  un  tourbillon  qui  l'enleva.  Cette  crue  subite  a 
enlevé  tous  les  ponts.  ||  3°  Emporter  d'un  endroit 
dans  un  autre.  Enlever  des  matériaux.  Enlevez 
cela  de  dessus  la  table.  S'ils  avaient  enlevé  le  corps, 
il  leur  était  évident  que  Jésus-Christ  n'était  pas  res- 
suscité et  qu'il  les  avait  trompés,  bourdaloub,  Mysl. 
Résurr.  de  J.  C.  t.  i,  p.  33o.  ||  11  a  été  enlevé  comme 
un  corps  saint  (voy.  corps  et  cobsin).  ||  Enlever  un 
corps,  prendre  un  corps  mort  pour  le  porter  en 
terre,  ou  pour  le  présenter  à  l'église.  Un  des  archers 
courut  au  prochain  village  pour  faire  enlever  le 
corps  mort,  et  revint  avec  la  nièce  du  curé  et  Ju- 
lien, scARR.  Jiom.  corn,  i,  14.  Il  Enlever  dans, 
conduire  et  transporter  dans.  X  qui  destinez-vous 
l'appareil  qui  vous  suit?  Venez-vous  m'enlever  dans 
l'éternelle  nuit?  rac.  ilndr.  v,  5.  ||  Fig.  De  cette 
oraison  simple  où  elle  était  déjà  ,  Dieu  l'enlève 
jusque  dans  la  plus  haute  contemplation,  fén.  Serm. 
pour  la  fête  de  Ste  Thér.  \\  4°  ôter  à.  Quelque 
appui  qu'aujourd'hui  son  crime  vous  enlève,  corn. 
Serlor.  v,  7.  Il  fut  par  Josabeth  à  tarage  enlevé, 
RAC.  Athal.  V,  6.  Il  Fig.  Qu'à  ces  tristes  pensers  mon 
amitié  t'enlève,  angelot,  Fiesque,  i,  2.  ||  11  se  dit 
d'un  amant,  d'une  mallres.se  qu'on  ôte  à  un  autre 
tt  qu'un  attire  à  soi.   Oui,  j'aime  sa  mal  tresse.... 


Cependant  par  mes  mains  je  vois  qu'il  me  l'enlève, 
CORN.  Cirina,  m,  t.  Cette  même  mademoiselle  Choin 
enleva  à  la  plus  belle  princesse  du  monde  le  coeur 
de  M.  do  Clermont,  en  ce  temps-là  officier  des 
gardes.  M"*  de  caïlus.  Souvenirs,  p.  163,  dans 
pougens.  Si  la  comtesse  croit  l'aimer  ,  elle  sa 
trompe  :  elle  n'a  voulu  que  me  l'enlever,  marivaox, 
l'Heur,  stratag.  i,  ».  \\  B°  Terme  de  guerre.  Enlever 
un  poste,  une  place,  s'en  emparer  de  vive  force. 
Enlever  des  drapeaux  à  l'ennemi.  Sur  un  pareil  avis, 
le  convoi  fut  enlevé,  rollin,  Ilist.  anc.  t.  x,  p. 
146,  dans  pougens.  Il  Enlever  une  place,  un  régi- 
ment, un  poste,  s'en  emparer  vivement.  ||  Terme  de 
marine.  S'emparer  d'un  bâtiment  ennemi.  ||  6°Kavir; 
prendre  par  force.  Les  voleurs  ont  tout  enlevé.  Un  ri- 
val odieux, Seigneur.vous  enlevait  le  bien  de  vos  aïeux, 
VOLT.  Tancr.m,  3.  Il  7°Causerlamort,  enparlantdes 
maladies.  Une  pleurésie  l'a  enlevé  en  peu  de  jours. 
Us  se  plaignaient  que  celui  qui  était  leur  roi  leur 
fût  si  cruellement  enlevé,  vaugel.  Q.  C.  liv.  m, 
dans  RICHELET.  Elle  [Madame]  ne  tourna  jamais  son 
esprit  du  côté  de  la  vie;  jamais  un  mot  de  réflexion 
sur  la  cruauté  de  sa  destinée,  qui  l'enlevait  dans  le 
plus  beau  de  son  âge,  M'°*  de  la  fayette,  Hisl. 
d'Henr.  d'Anijl.  OKuvr.  compl.  t.  m,  p.  183,  dans 
pougens.  Tout  semble  me  prouver  que  mon  fils  ne 
m'est  enlevé  que  par  le  plus  lâche  des  assassinais, 
M'»'  de  genlis,  Thédt.  d'éduc.  la  Curieuse,  m,  1. 
Il  8°  Terme  de  commerce.  Enlever  des  marchan- 
dises, se  hâter  de  les  acheter.  Deux  cents  ex- 
emplaires furent  enlevés  dans  l'espace  de  douze 
heures,  m-*  de  genlis.  Veillées  du  ctxdt.  t.  m,  p. 
223,  dans  pougens.  |{  Il  se  dit  aussi  pour  acca- 
parer. Les  gros  négociants  enlevèrent  tout  le  ci- 
cre  qui  était  sur  le  marché.  ||  9°  Commettre  un  rap.. 
Paris  enleva  Hélène.  Cette  jeune  fille  s'est  laissé 
enlever.  Quand  Mercure  ^int  la  reprendre,  Notre 
époux  sentit  à  la  rendre  Plus  de  plaisir  qu'à  l'enle- 
ver, LA  motte,  Fabl.  m,  12.  Enlever,  vous  me 
faites  rire....  ce  mot  ne  peut  s'appliquer  à  une  pe- 
tite créature  de  cet  état....  on  enlève  une  fille  da 
qualité,  mais  on  emmène  une  paysanne,  m"*  d8 
genlis,  Thédt.  d'éduc.  Vrai  sage,  ii,  5.  ||  Se  faire 
enlever,  se  dit  d'une  femme  qui  donne  les  mains  à 
son  enlèvement.  ||  10°  ôter,  arracher.  Enlever  la 
croûte  d'un  pâté,  l'écorce  d'un  arbre,  {j  Faire  dis- 
paraître. Ce  savon  enlève  les  taches.  Recewinde 
voulait  enlever  les  principales  causes  de  sépara- 
tion qui  étaient  entre  les  Goths  et  les  Romains, 
montesq.  Espr.  xxviii,  7.  ||  Par  exagération.  Enle- 
ver le  palais,  se  dit  des  mets  trop  chauds  ou  trop 
épicés.  Il  11°  Faire  une  arrestation.  Il  fit  enlever 
cet  homme  en  vertu  d'un  décret  de  prise  de  corps. 
Je  fis  enlever  et  exécuter  le  duc  de  Glocesler,  mou 
oncle,  qui  ralliait  tous  les  mécontents  contre  moi, 
¥ÉJ^.  Dial.  des  morts  mod.  dial.  2.  ||  Par  extension. 
S'il  est  prêt  à  partir,  il  peut  en  ce  moment  Enlever 
avec  lui  son  otage  aisément,  corn.  Nicom.  v,  6. 
Cet  Achille....  Dont  la  sanglante  main  m'enleva  pri- 
sonnière, RAC.  Iphig.  Il,  1.  Il  12°  Terme  de  chasse. 
Enlever  la  meute,  l'entraîner  par  le  plus  court 
chemin  là  où  un  chasseur  a  vu  la  bête,  au  lieu  de 
la  laisser  chasser  en  suivant  la  piste.  ||  Terme  de 
manège.  Enlever  un  cheval ,  le  porter  vigoureu- 
sement en  avant.  ||  Familièrement,  faire  une  chose 
rapidement.  Enlevez-moi  cela.  ||  13°  Ravir,  trans- 
porter, animer  au  plus  haut  point.  Cet  orateur 
enlève  son  auditoire.  Je  lis  M.  Nicole  avec  un 
plaisir  qui  m'enlève,  sÉv.  87.  Tout  le  monde  eût 
aperçu  sa  peine  et  sa  honte,  si  la  lyre  de  Men- 
tor n'eût  enlevé  l'âme  de  tous  les  assistants,  fén. 
Tél.  VIII.  C'est  ainsi  qu'avec  une  lyre  il  [Orphée] 
apprivoisait  les  bêtes  farouches  et  enlevait  les  bois 
et  les  rochers,  ID.  ib.  Le  charme  de  ses  paroles 
enlevait  les  cœurs,  id.  ib.  xi.  Ceux  qui  joigtient 
le  sublime  au  nouveau,  le  grand  à  l'extraordinaire, 
ne  manquent  presque  jamais  d'enlever  et  d'étour- 
dir le  commun  des  hommes,  quand  même  ils  ne 
diraient  que  des  sottises,  malebr.  Rech.  vér.  v,  7. 
Elle  est  toute  spirituelle  dans  ses  mauvaises  hu- 
meurs; elle  a  des  reparties  brillantes,  qui  m'en- 
lèvent, lesage,  Turcaret,  i,  ».  ||  Absolument.  On  a 
déjà  représenté  à  Saint-Cyr  la  comédie  ou  tragédie 
d'Esther,  le  roi  l'a  trouvée  admirable,  M.  le  princa 
y  a  pleuré  ;  Racine  n'a  rien  fait  de  plus  beau  ni  da 
plus  touchant;  il  y  aune  prière  d'Esther  pour  As- 
suérus  qui  enlève,  sÉv.  612.  Ils  enlevaient  par  la 
beauté  de  leurs  harangues,  id.  592.  Il  était  ques- 
tion de  son  cœur  qui  est  enterré  aux  Jésuites,  il 
en  a  donc  parlé  et  avec  une  grâce  et  une  éloquence 
qui  entraîne  ou  qui  enlève,  comme  vous  voudrez, 
w.  Lett.  du  2B  avril  1687.  Madame  de  FontevrauU 
parlait  à  eulever,  quand  elle  traitait  de  quelque  mu- 


U04 


ENL 


titra    «T-»lll    4H ,  «67.  Il  Dan»  un  «en»  analogue. 
Obteilr  p«r  une  wrle  de  riolence.  Où  .ont  ceux  qui 
DOMMeDlie  grand  art  d'enlever  la  persuasion  et  de 
remuer  le*  coeur»  de  tout  un  peuple?  riit.  t.  xxi, 
p  <ae  ohiroallieureux  l'auteur....  Oui.  remplid  une 
noble  et  con«ianlo  fierté....  Veut  par  se»  Ulents  seuls 
enlever  le»  suffrage»,  oiLB.  Le  (8«  s.  ||  11  se  dit  aussi 
lie   l'action  exfrcée  sur  une  multitude,  sur  une 
troupe  pour  la  décider,  l'entraîner.  Ces  paroles  en- 
Icvirent  la  foule,  qui  courut  aux  barricades.  Le  co- 
lonel enleva  son  régiment,  qui  hésitait  à  marcher 
«ur  la  batterie.  ||  14°  Battre  le  fond  d'un  chaudron 
avec  le  marteau  rond.  ||  Enlever  uno  pièce  de  cui- 
vre, en  aplanir  les  bosses  au  marteau.  ||  Terme  de 
serrurerie.  Séparer  d'une  barre  de  fer  le  morceau 
dont  on  veut  faire  quelque  ouvrage.    Enlever  une 
clef.  Il  16'  S'enlever,   v.  rifl.   Être  levé  en   haut. 
Le  ballon  s'enleva  dans  les  airs.  Le  cheval  s'enle- 
vait sur   ses  jambes  de  derrière.  ||  Être   détaché, 
filé.  L'écorce  de  cet  arbre  commence  à  s'enlever. 
Il  Être  effacé.  Les  taches  d'huile  ne  s'enlèvent  pas 
facilement.   ||  Être  acheté  avec  empressement.  Cette 
marchandise  s'enlève  rapidement.  ||  Se  dérober  à 
Boi  même.  Quelques  pages  plus  loin,  vous  retrou- 
vez la  vivacité  impétueuse  de  Lovelace,  son  incor- 
rigible folie,  et  cette  gaité  non  plus  du  vice  mais 
du  remords,  qui  cherche  à  s'étourdir,   à  se  dis- 
traire, à  s'enlever  à  lui-même,  villemaih,  LiU.  fr. 
{»•  siècle,  V  part.  «'•  leç. 

—  JIIST.  xni*  s.  Et  Artus  prant  l'espée;  si  l'an- 
lieve  aulresinc  legierement,  que  rien  nule  ne  li 
greva,  Merlin,  f°  74.  ||  xiV  s.  Faire  et  forgier  v 
chaatons,  ix  viroUes  à  besteleltes  et  à  feuilles  en- 
levées, DE  LABORDE,  Émaux,  p.  3)0.  ||xvi«  S.  Les 
aiireilles  avoyent  hault  enlevées,  grandes  comme 
aureillesd'asne,  ras.  Pan»,  iv,  32.  Archelaus  conjec- 
turant par  le  poulcier  que  les  chevaulx  enlevoient, 
ce  que  c'estoit....  amyot,  Sylla,  42. 

—  Rtym.  En  2 ,  et  lever;  provenç.  enlevar. 

f  KNLEVEUR(an-le-veur),  «.  m.  Celui  qui  enlève, 
tin  enleveur  de  femmes.  ||  Anciennement.  Enleveurs 
lie  quartier,  nom  donné  à  des  partisans  qui  cher- 
chaient à  surprendre  les  troupes  ennemies  dans 
leurs  quartiers. 

—  ÉTVM.  Tnlever. 

ENLEVURE  an-le-vu-r'),  s.  f.\\l°  Ampoule  qui 
vient  sur  la  peau.  On  dit  plutôt  aujourd'hui  élevure. 
Il  i'  Partie  d'acier  que  l'on  a  séparée  de  la  masse  à 
laquelle  elle  tenait.  ||  Retaille  des  peaux  dont  on  fait 
les  gants.  ||  3"  Terme  de  peinture.  Élévation  de  la 
couleur  qui  se  détache  de  la  toile.  ||  Terme  de  sculp- 
ture. Relief,  saillie.  ||  4°  Saillie  faite  par  de  gros  fils 
écrus  dans  une  broderie. 

—  HlST.  XVI*  s.  Lesdartres  sont  aspérités  du  cuir, 
comme  petites  enleveures  avec  grande  démangeai- 
son, qui  jettent  une  matière  séreuse,  pabé,  xxii, 
45.  Incision  [sorte  de  fractura  du  crAne]  contient 
sous  soy  :  déperdition  ou  enleveure,  en  laquelle  la 
pièce  est  emportée,  dont  il  y  a  perdition  de  sub- 
stance, ID.  VIII,  1. 

—  ÉTVM.  Enlever. 

t  ENLIAKSER  (an-li-a-sé) ,  v.  a.  Mettre  en  liasses. 
J'ai  chez  moi  celle  gazette  enliasséc  avec  d'autres 
pièces,  BEAUMARCii.  dans  le  Dict.de  bescueuelle. 

—  ÊTYM.  En  I ,  et  liasse. 

ENMË,  ÉE  (an-li  é,  ée),  port,  passé. 

ENLIER  (an-li-é),  v.  o.  Terme  de  maçonnerie. 
Joindre  ensemble  des  pierres  et  des  briques,  dans  la 
construction  d'un  mur,  en  posant  les  unes  sur  leur 
longueur  et  les  autres  sur  leur  largeur. 

—  HIST.  xu*  s.  La  paienie  fut  en  tant  plus  enloîe 
des  vices  que  ele  n'outla  conissance  de  son  faiteor, 
Job,  p.  44«. 

—  ÉTYM.  En  i,el  lier. 

ENLIONÉ,  ÉE  (an-li-gné,  gnée),  part,  passé. 
Mi«  en  ligne.  Poutres  enlignées.  ||  Terme  d'impri- 
merie. Ouvrage  bien  ou  mal  enligné,  ouvrage  dont 
les  lignes  sont  bien  ou  mal  arrangées.  ||  Terme  de 
reliure.  Livre  bien  enligné,  celui  dont  la  reliure 
est  si  bien  faite  qu'en  l'ouvrant,  les  lignes  des  deux 
pages  se  correspondent  parfaitement. 

t  ENLIGNEMENT  (an-li-gne-man),  t.  m.  Action 
d'enligner  ;  étiit  de  ce  qui  est  enligné. 

ENLIGNER  (an-li-gné),  e.  a.  Terme  de  charpen- 
tier. Mettre,  avec  la  règle  et  le  cordeau,  les  pièces 
de  bois  sur  une  même  ligne.  ||  Donner  &  une  pièce 
de  bois  la  même  forme  qu'à  une  autre.  ||  Terme  de 
typographie.  Disposeras  lignes  d'un  livre.  ||  Terme 
"*  '"-'''"'■é.  11  estencore  d'une  indispensable  néces- 
sité de  bien  plier  et  enligner  les  tableaux  qui  se 
rencontrent  dans  certains  livres  ,  surtout  quand 
1  hλ  .*''  ''"'  "  suivent  forment  des  tableaux.... 
M  atlaut  d  enUgnement  peut  faire  tomber  le  lecteur 


ENL 

dans  des  erreurs  considérablbs,  lesn£,  la  Reliure, 

p.  449.   4830. 

—  ETYM.  En  4 ,  et  ligne. 

tE.NLIOUBER  (an-liou-bé),  ti.  a.  Ajouler  une 
pièce  de  bois  taillée  en  coin  dans  le  bout  d'une  au- 
tre qui  a  été  ouverte  pour  la  recevoir.  La  seconde 
pièce  eiilioulie  la  première. 

—  f.TYM.  En  4 .  et  lioube. 

t  ENLISSERO.NNER  (an-li-se-ro-né) ,  v.  a.  Tendre 
les  lisses  sur  les  lisserons. 

—  Rtym.  En  l ,  et  lisseron. 

t  ENLIZEMENT  (an-li-ze-man) ,  s.  m.  Action  d'en- 
lizer  ou  de  s'eiilizer. 

t  ENLIZER  (an-li-zé),  v.  a.  Enfoncer  dans  une 
lize,  dans  un  sable  mouvant.  Un  cheval  enlizé. 
Il  S'enlizer,  v.  réft.  S'enfoncer  dans  les  sables  mou- 
vants. La  voiture  s'enliza. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  lize. 

ENLUMINÉ,  ÉE  (an-lu-mi-né,  née),  part,  passé. 
Colorié.  Cartes  enluminées.  ||  Figure  enluminée,  fi- 
gure rendue  très-rouge  par  l'usage  des  liqueurs  al- 
cooliques ou  par  quelque  passion.  X  votre  physio- 
nomie brillante  et  enluminée,  il  n'est  pas  mal  aisé 
de  deviner  que  vous  êtes  M.  Lucas,  dancourt,  Ven- 
danges, se.  3.  M.  de  Brissac  avait  infiniment  d'es- 
prit, avec  une  figure  de  plat  apothicaire,  grosset, 
basset  et  fort  enluminé,  ST-siM.  04,  B6. 

f  ENLDAIlNEMENT(an-lu-mi-ne-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'enluminer;  état  de  ce  qui  est  enluminé. 

—  HIST.  xiu*  s.  Seurnous  [que  Dieu]  la  seueface 
tort  [tourne],  qui  est  enlumincmenz  de  tout  le 
monde,  Psautier,  f"  76. 

—  ÉTYM.  Enluminer;  provenç.  enlumenament. 
ENLUMINER  (an-lu-mi-né) ,  v.a.  \\  1"  Ajouter  avec 

le  pinceau  des  couleurs  vives  sur  une  estampe  qui 
lui  donnent  de  l'éclat  par  rapport  au  trait  noir;  ce 
qui  fait  comparer  ces  couleurs  à  une  lumière.  Enlu- 
miner une  estampe.  ||  Absolument.  Nous  enlumi- 
nerons ,  nous  peindrons,  nous  barbouillerons,  i.  i. 
Rouss.  Èm.  n.  Ces  couleurs,  quelquefois  enrichies  de 
feuilles  d'or  attacliées  par  un  mordant,  prouvent 
clairement  qu'en  Êgyptel'art  de  peindre  ne  fut,  pour 
ainsi  dire,  que  l'art  d'enluminer,  babthêl.  Anachar. 
ch.  37.  Il  2"  Enluminer  une  carte  de  géographie, 
couvrir  les  diverses  contrées  de  teintes  plates  de 
couleurs  différentes,  ou  au  moins  tracer  avec  le 
pinceau  et  des  couleurs  variées  et  voyantes  les  limi- 
tes des  pays.  ||  3°  Par  extension,  colorer.  L'ardeur 
de  la  fièvre  lui  avait  enluminé  le  visage.  Un  rouge 
vifenluminait  son  teint,  volt.  >4po/.  du  luxe.  \\  S'en- 
luminer la  trogne,  enluminer  sa  trcgne,  boire  avec 
excès,  parce  que  trop  boire  rend  le  nez  rouge. 
Il  4°  Fig.  Enluminer  son  style,  y  répandre  des  or- 
nements qui  ont  plusd'éclatquede  naturel.  ||  5°S'en- 
luminer,  v.  rift.  Se  mettre  du  rouge.  Si  c'est  pour 
les  hommes  qu'elles  se  fardent  ou  qu'elles  s'enlumi- 
nent, LA  BRUY.  m.  Il  Devenir  rouge.  Sa  trogne  com- 
mence à  s'enluminer. 

—  HIST.  XI*  s.  De  tel  barnage  [vaillance]  l'a  Deus 
enluminet,  Ch.  de  Roi.  xxxix.  ||  xii*  s.  Toute  la  sale 
en  fut  enlumenée  [de  sa  beauté],  Rone.  p.  <6l.  E 
fud  uvrez  li  chapitrais  à  lilies  [lisjki  quatre  aines  levè- 
rent e  tute  l'ovre  enluminèrent.  Rois,  p.  263.  Tu,  bels 
sires,  es  ma  lumière,  e  mes  ténèbres  enlumineras, 
ib.  208.  Il  xiii*  s.  Et  quant  ele  [la  lune]  a  l'umbre 
[de  l'éclipsé]  passée,  Si  revient  toute  enluminée  Des 
rais  que  li  soleil  li  monstre,  la  Rose,  48ua.  La  prée 
[la  prairie]  D'erbe  et  de  fiors  enluminée,  tb.  loooo. 
Le  [la]  disisme  vertu....  c'est  celé  qui  enlumine 
toutes  les  autres....  et  cesle  vertus  si  est  apelée 
loiatés,  BEAUM.  27.  Ella  première  lelre  dou  comen- 
cement  estoit  enluminée  d'or,  Ass.  de  Jér.  i,  25. 
Et  ainsi  comme  l'escrivain  qui  a  fait  son  livre,  qui 
l'enlumine  d'or  et  d'azur,  enlumina  le  dit  roy  son 
royaume  de  belles  abbaîes  que  il  y  fist,  joinv.  3o3. 
Il  xiv*  s.  Lieu  cler  et  enluminé,  h.  de  mondevii.le, 
t*  81 ,  i-erso.  Il  XV*  s.  Le  verre  est  le  pinceau  duquel 
on  t'enlumine  [le  nez];  Le  vin  est  la  couleur  Dont 
on  t'a  peint  ainsi  plus  rouge  qu'une  guigne  En  bu- 
vant du  meilleur,  BASSEUN,  VI.  Il  XVI*  s.  I.aissez  à 
part  vos  vineuses  tavernes,  Museaux  ardans,  de 
rouge  enluminez,  mabot,  n,  232.  Ceux  qui  ont  hé- 
rité des  heures  du  feu  roy,  ont  monstre  à  leurs  fa- 
miliers tous  ceux  qui  sont  nommés  en  ce  chapitre, 
et  enluminés  en  cordeliers,  d'aub.  Conf.  i,  7. 

—  ÉTYM.  En  t ,  elle  latin  luminare,  éclairer  (voy. 
lumineux);  provenç.  enlumenar,  enlliumenar. 

ENLUMINEUR,  EUSE  (an-lu-mi-neur,  neù-z'), 
I.  m.  et/'.  Celui,  celle  qui  enlumine.  Enlumineur 
d'images. 

—  HIST.  XIII*  s.  Ce  sont  les  mestiers  frans  de  la 
ville  de  Paris,  qui  ne  doivent  point  de  guet  au 
roy....  paintres ,  yu.»  ■  -rs,  libraires,  parcheminiers, 


ENN 

enlumineurs....  Liv.  des  met.  426.  ||  xvi*  s.  Si  j'es- 
lois  grand  enlumineur  de  mes  actions,  à  l'adren- 
ture  rembarrerois  je  biea   ces  reproches,  mont. 

I,  198. 

—  ÉTYM.  Enluminer. 

ENLUMINURE  (an-lu-mi-nu-r"),  ».  f.  ||  l'Action 
d'enluminer;  l'artde  l'enlumineur;  objet  enluminé. 
L'enluminure  de  celte  estampe  n'est  pas  soignée. 
Cela  n'est  pas  peint,  ce  n'est  qu'une  enluminure. 
Il  Nom  des  peintures  qui  ornaient  autrefois  les  ma- 
nuscrits. Il  2°  Par  extension,  coloration  rouge  et 
brillante,  surtout  celle  du  visage.  Il  n'est  pas  moins 
connu  par  la  confusion  et  les  ténèbres  de  son  esprit 
que  par  l'éclat  et  l'enluminure  de  son  visage,  bai.z. 
le  Rarbon.  \\  3°  Kig.  Faux  éclat  dans  le  style.  Les 
enluminures  m'ont  fait  tort,  pasc.  Pensées  et  notes 
pour  les  Prov.  iv.  Les  beaux  di>eurs  du  nouveau 
style.  Qui,  par  de  bizarres  détours,  Quittant  le  ton 
de  la  nature.  Répandent  sur  tous  leurs  discours 
L'académique  enluminure,  gresset.  Chartreuse. 
Nous  adoiirons  tous  les  jours  stupidement,  comme 
le  véritable  coloris  de  la  grande  et  sublime  morale, 
l'enluminure  d'une  petite  métaphysique,  aussi  fausse 
dans  .ses  principes  qu'illusoire  dans  ses  conséquences, 
SAiNT-FOix,  Es».  Paris,  Œuvres,  t.  m,  p.  384, 
dans  POUGEBS.  Cette  enluminure  du  style  qu'on 
donne  pour  du  coloris,  makmontel,  Essai  sur  le 
goût,  ûfiui).  t.  IV,  p.  45),  dans  pouoens.  Son  style 
est  le  plus  parfait  modèle  du  mauvais  goût;  c'est 
l'entortillage  le  plus  fatigant,  l'enluminure  la  plus 
fade,  LA  HARPE,  Corresp.  t.  ui,  p.  323,  dans  pou- 
gens,  au  mot  entortillage. 

—  HIST.  XIV*  s.  Et  y  mist  et  assist  plusieurs  cris- 
taux, pièces  d'enlumineure  de  plusieurs  devises, 
perles  et  autres  pièces  de  pierreries,  de  labordf, 
Émaux,  p.  3(0. 

—  ÉTYM.  Enluminer. 

t  EXNAÉTÉRIDE  (è-nna-é-té-ri-d'),  s.  f.  Terme 
d'antiquité  grecque.  Espace  de  neuf  ans.  ||  Fêle  que 
l'on  célébrait  tous  les  neuf  ans. 

—  ÉTVM.  "EwatTripli;,  de  ivvÉoi,  neuf,  et  i-.o;, 
année. 

t  ENNASSER  (an-na-sé,  an  prononcé  comme  dans 
antérieur) ,  v.  a.  Terme  de  pêche.  Mettre  dans  la 
nasse.  ||  Fig.  Tromper. 

—  HIST.  XVI*  s.  Sans  se  laisser  ennasser  en  infinis 
et  inexplicables  discours  que  leurs  heterccliles  et 
irrésolues  ou  plus  tosl  folles  cervelles  sont  couslu- 
mieres  inventer,  pour  assubjectir  la  foy  à  la  raison 
naturelle,  st-jul.  Uesl.  histor.  p.  t»7,  dans  la- 
curne. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  nasse. 

t  ENSÊA  ....préfixe  qui  veut  dire  neuf  et  qui 
vient  du  grec  Iwea  (voy.  neuf,  nom  de  nombre). 

t  ENNÉACANTHE  (è-nné-a-kan-f),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  est  muni  de  neuf  épines  ou 
aiguillons. 

—  ÉTYM.  Ennéa et  à-,tav6a,  épine. 

t  ENNÉADACTYLE  (é-nné-a-da-kti-l'),ad;".Terme 
de  zoologie.  Qui  a  neuf  doigts  ou  appendices  digiti- 
formes. 

—  ÉTYM.  Ennéa....,  et  Six-ruXec,  ^ôigt. 

t  ENNÉADE  (è-nné-a-d'),  s.  f.  Terme  didactique. 
Assemblage  de  neuf  choses  ou  de  neuf  personnes. 
Il  Au  plur.  Les  Ennéades,  titre  de  la  collection  des 
traités  de  Plotin. 

—  ÉTY.M.  'Evveiç.  neuvaine. 

t  ENNÉADÊCAÉTÉRIDE  (è-nné-a-dé-ka-é-lé-ri- 
d'),  s.  f.  Terme  do  chronologie.  Cycle  de  dix-neuf 
ans  établi  par  Méton  à  Athènes,  pour  faire  coïnci- 
der les  mouvements  du  soleil  et  de  la  lune,  parce 
que  dix-neuf  années  solaires  valent  à  très-peu  près 
235  lunai-sons. 

—  ÉTVM.  "Evvea,  neuf,  Séxa,  dix,  etlxo;,  année, 
t  ENNÉA GONAL,    ALE  (è-nné-a-go-nal  ,    na-l'), 

adj.  Terme  de  géométrie.  Qui  a  neuf  angles.  Champ 
ennéagonal.  Figure  ennéagonale.  ||  11  se  dit  aussi 
d'un  solide  dont  la  base  est  un  ennéagone.  Pyra- 
mide ennéagonale.  Prismes  ennéagonaux. 

—  ÉTYM.  Voy.  ennéagone. 

ENNÉAGONE  (è-nné-a-go-n') ,  s.  m.  Terme  de 
géométrie.  Figure  qui  a  neuf  côtés.  ||  Adj.  Autrefois 
on  a  dit  ennéagone  pour  ennéagonal. 

—  ÉTVM.  Ennéa....,  etyuvla,  angle. 
•fENNÉAGYNE  (è-nné-a-ji-n"),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  a  neuf  pistils. 

—  ETVM.  Ennéa et  /uv^i,  femelle,  pistil. 

t  ENNÉAGYNIE  (è-nné-a-ji-nie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Ordre  du  système  de  Linné  renfermant 
les  plantes  à  neuf  pistils. 

—  ÉTVM.  Ennéaqyne. 

t  ENNÉAGYNIQUE  (è-nBé-a-ji-ni-k'),  adj.  Syno- 
nyme d'cnuéâgyue. 


BNN 


ENN 


ENN 


1405 


t  ENNÉABEXAÊDRE  (è-nné-a-è-gsa-è-dr'),  adj. 
Terme  de  minéralogie.  Cristal  ennéahexaèdre,  cris- 
tal cubique  dont  chaque  angle  solide  est  remplacé 
par  six  facettes,  ce  qui  fait  en  tout  neuf  fois  six  fa- 
ces ou  cinquante-quatre  faces. 

—  ETYM.  Knnéa....,  et  hexaèdre. 

t  ENNÊANDRE  (6-nné-an-dr'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  a  neuf  élamincs. 

—  ETYM.  Ennéa....,  et  àvr,p,  mâle,  étamine. 
ENNÉANDRIE  (è-nné-an-drie),    s.  f.  Terme  de 

botanique.  Classe  du  système  de  Linné,  renfermant 
les  plantes  dont  la  fleur  a  neuf  étamines. 

—  ÉTYM.  Ennêandre. 

t  ENNÉANDRIQUE  (è-nné-an-dri-k"),   adj.  Voy. 

ENNÊANDRB. 

t  ENNÉANTHÈRE  (è-nné-an-tê-r") ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  neuf  anthères  ou  étamines. 

—  ÊTYM.  Ennéa....,  et  anthère. 

t  ENNÉANTHÉRIE  (è-nné-an-té-rie) ,  s.  f.  Syno- 
nyme d'ennéandrie. 

—  ÉTYM.  Ennéanthère. 

t  ESNÉAPÊTALE  (ènné-a-pé-la-l'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  la  corolle  offre  neuf  pétales. 

—  ÉTYM.  Ennéa....,  et  pétale. 

t  ENNÉAPUYLLE  (è-nné-a-fi-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  les  feuilles  sont  composées  de  neuf 
folioles. 

—  ÉTYil.  Ennéa....,  etçûXXov,  feuille. 

t  ENNÊAPTÊRYGIEN,  lENNE  (è-nné-a-plé-ri- 
jiin,  jiè-n'),  adj.  Terme  d'iclithyologie.  Qui  a  neuf 
nageoires. 

—  ÉTYM.  Enrtéa et  itTepÛY'O'' i  nageoire. 

t  ENiNÉASÉPALE  (è-nné-a-sé-pal'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  le  calice  est  composé  de  neuf  sé- 
pales. 

—  ÉTYM.  Ennéa....,  et  sépale. 

t  ENNÉASPERME  (è-nné-a-spèr-m') ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  le  fruit  renferme  neuf  graines. 

—  ttSU.  Ennéa et  oiiépixa,  graine. 

t  ENNÉlIÉiHIMÈRE  (è-nné-é-mi-mê-r'),  s.  m. 
Terme  de  métrique  ancienne.  Mesure  de  quatre  pieds 
et  demi.  Ce  mot  s'appliquait  aux  césures  qui  tom- 
baient sur  le  milieu  du  cinquième  pied,  ou  après 
quatre  pieds  et  demi,  comme  dans  leG67'  vers  du  qua- 
trième livre  de  l'Enéide  :  Lamentis,  gemiluque, 
et  femineo  ululatu.   ||  Adj.  Mesure  ennéhémimère. 

—  ÉTYM.  'Evvs'a,  neuf,  ijfjuffu;,  demi,  et  [jLépoj, 
partie. 

ENNEMI,  lE  (è-ne-mi,  mie;  du  temps  de  Chif- 
flet,  Gramm.  f.  (92,  la  prononciation  onnemt  était 
reçue  à  côté  de  l'autre),  s.  m.  et  {.  \\  1°  Celui,  celle 
qui  hait  quelqu'un,  et  cherche  toutes  les  occasions 
de  lui  nuire.  Un  ennemi  déclnré.  Ennemi  mortel, 
irréconciliable.  Lorsque  l'on  veut  choquer  un  puis- 
sant ennemi,  tbistan,  Mariane,  iv,  <.  Tu  fus 
mon  ennemi  même  avant  que  de  naître,  corn.  Cin- 
na,  V,  \.  ô  soupirs!  ô  respectl  ô  qu'il  est  doux  de 
plaindre  Le  sort  d'un  ennemi  quand  il  n'est  plus 
à  craindre I  id.  Pomp.  v,  (.  Il  est  doux  de  périr 
après  ses  ennemis,  ID.  Rodog.  v,  t.  L'ennemi  qui 
flatte  est  le  plus  dangereux,  id.  Théodore,  iv,  t.  Si 
votre  ennemi  a  faim,  donnez-lui  à  manger;  s'il  a 
soif,  donnez-lui  de  l'eau  à  boire,  saci,  Bible,  Prov. 
de  Salomon,  xxv,  2).  Le  plus  fier  ennemi,  quelque 
ardeur  qui  l'enflamme....  rotbou,  Hercule  mour. 
1,  4.  Notre  ennemi,  c'est  notre  maître,  Je  vous  le 
dis  en  bon  fiançais,  la  font.  Fabl.  vi,  8.  Entre 
DOS  ennemis  Les  plus  à  craindre  sont  souvent  les 
plus  petits,  ID.  ib.  II,  9.  Rien  n'est  si  dangereux 
qu'un  ignorant  ami  ;  Mieux  vaudrait  un  sage  ennemi, 
ID.  tb.  VHi,  10.  Venez  voir  à.  vos  pieds  tomber  vos 
ennemis,  hac.  Athal.  v,  4.  Ne  craignez  plus;  votre 
ennemie  e.xpire,  ID.  Baj.  y,  to.  Vivre  avec  ses  en- 
nemis comme  s'ils  devaient  un  jour  être  nos  amis, 
et  vivre  avec  nos  amis  comme  s'ils  pouvaient  devenir 
nos  ennemis,  n'est  ni  selon  la  nature  humaine  ni 
selon  les  règles  de  l'amitié,  la  bruy.  iv.  Un  ennemi 
nuit  plus  que  cei\t  amis  ne  servent,  lamotte,  Fabl. 
V,  4.  Ma  manière  d'agir,  ma  critique  et  mes  ris  M'at- 
tireraient bientôt  un  monde  d'ennemis,  reg.nard, 
Démocr.  i,  6.  Votre  père  et  moi,  je  l'avoue,  nous 
avons  été  longtemps  ennemis  l'un  del'autre,  fénel. 
Tél.  XV.  Un  ennemi,  dit  un  célèbre  auteur,  Est  un 
«oigneux  et  docte  précepteur.  Fâcheux  parfois,  mais 
toujours  salutaire  Et  qui  nous  sert  sans  gage  ni  sa- 
laire, 1.  B.  Rouss.  Éptt.  II,  4.  Lorsqu'on  dit  d'un 
homme  qu'il  a  des  ennemis,  il  faut,  avant  de  le 
juger,  bien  regarder  s'il  a  mérité  d'en  avoir,  mar- 
MONTEL,  Mém.  VII.  J'ai  des  ennemis,  mais  je  ne 
hais  personne,  m-*  de  genlis,  Thédt.  d'éduc.  En- 
nem.  génér.  i,  6.  ||  Un  ennemi  juré,  celui  qui 
»  fait  comme  le  serment  de  h*"'  quela-'un.  Ils 
sont  ennemis  jurés.   i|  Se  fa.. ,  d  , .  enne.  (     don- 


ner lieu  à  beaucoup  de  gens  de  nous  en  vouloir. 
Il  Un  ennemi  de  Dieu,  un  impie.  Hélas!  si,  pour 
venger  l'opprobre  d'Israël,  Nos  mains  ne  peuvent 
pas,  comme  autrefois  Jahel,  Des  ennemis  de  Dieu 
percer  la  tête  impie.  Nous  lui  pouvons  du  moins 
immoler  notre  vie,  rac.  Athal.  m,  7.  ||  Un  en- 
nemi de  l'État,  un  séditieux,  un  agent  de  trouble. 
Il  Être  ennemi  de  soi-même,  nuire  à  ses  propres 
intérêts.  Non,  Cléone,  il  n'est  point  ennemi  de  lui- 
même,  RAC.  Andr.  m,  S.  Quel  caprice  vous  rend 
ennemi  de  vous-même  ?  id.  Bérén.  i,  3.  Elle  serait 
bien  ennemie  d'elle-même,  si  elle  ne  le  croyait  pas, 
DANCOURT,  la  Folle  enchère,  se.  4.  ||  Familièrement. 
Ennemi  de  nature,  celui  qui  s'oppose  à  ce  que  la 
nature  demande  ou  pour  soi  ou  pour  les  autres. 
Il  Fig.  Ainsi  donc,  philosophe  à  la  raison  soumis. 
Mes  défauts  désormais  sont  mes  seuls  ennemis, 
BOIL.  Épit.  V.  Et  ses  heureux  vaisseaux  N'eurent 
plus  d'ennemis  que  les  vents  et  les  eaux,  bac.  Mi- 
thr.  i,  t.  Il  2"  L'ennemi  du  genre  humain,  et,  ab- 
solument, l'ennemi,  le  démon.  S'il  arrivait  qu'à  la 
mort  l'ennemi  eût  quelque  prétention  sur  vous, 
PASC.  ProD.  9.  C'est  là  que  se  forgent  ces  traits 
de  feu,  selon  les  termes  de  l'apôtre,  dont  l'en- 
nemi se  sert  pour  allumer  les  passions  dans  ces  âmes 
vaines  qui  sont  les  idoles  du  monde,  et  dont  le 
monde  lui-même  est  l'idole,  FLÉcn.  Mar.-Thér. 
Il  Fig.  Il  a  été  bien  tenté  de  l'ennemi,  se  dit  d'un 
homme  qui  a  fait  quelque  mauvaise  action.  ||  8°  Par 
extension,  ennemi  se  dit  pour  signifier  ce  qui  nous 
est  utile  ou  même  nous  plaît,  en  le  considérant 
par  le  seul  côté  où  il  nous  nuit  ou  nous  déplaît; 
ainsi  l'amante  est  l'ennemie  de  l'amant,  parce  qu'elle 
ne  cède  pas  à  ses  désirs,  etc.  Fuyez  un  ennemi  qui 
blesse  par  la  vue.  Et  dont  le  coup  mortel  vous  plaît 
quand  il  vous  tue,  corn.  l'oly.  i,  t.  Hippolyte, 
en  partant,  fuit  une  autre  ennemie;  Je  fuis,  je  l'a- 
vouerai, cette  jeune  Aricie,  rac.  Phèd.  i,  t .  ||  S.  f. 
Par  antiphrase.  Une  femme  qu'on  aime  et  qui  oppose 
des  rigueurs.  Une  belle  ennemie.  Vers  ma  belle 
ennemie  Portons  sans  bruit  nos  pas.  Et  ne  réveil- 
lons pas  Sa  rigueur  endormie,  mol.  Am.  magnif. 
3«  interm.  se.  4.  ||  4°  Terme  de  guerre.  Les  gens, 
l'armée,  la  nation  contre  laquelle  on  combat.  L'en- 
nemi est  en  forces.  Marcher  à  l'ennemi.  Battre,  re- 
pousser l'ennemi  ,  les  ennemis.  Après  vous  avoir 
ouï  condamner  la  conduite  de  nos  officiers  par  les 
événements  et  vous  avoir  vu  triompher  des  vic- 
toires de  nos  ennemis,  voit.  Lett.  74.  X  quelque 
heure  et  de  quelque  côté  que  viennent  les  enne- 
mis, ils  le  trouvent  toujours  sur  ses  gardes,  toujours 
prêt  à  fondre  sur  eux  et  à  prendre  ses  avantages, 
Boss.  Louis  de  Bourbon.  Et  qui  peut  dissiper  Tous 
les  flots  d'ennemis  prêts  à  l'envelopper  ?  rac.  Iphig. 
V,  3.  Annibal  fugitif  cherchait  au  peuple  romain  un 
ennemi  partout  l'univers, montesq.  Goiî(,  curiosité. 
Nos  soldats  [à  Moscou]  rencontraient  ces  vaincus  sans 
animosité,  soit  qu'ils  crussent  la  guerrefinie,  soit  in- 
souciance ou  pitié  et  que,  hors  du  combat,  le  Français 
se  plaise  àn'avoir  plus  d'ennemis,  ségur,  Ilist.  de 
Nap.  vin,  8.  Il  Passer  à  l'ennemi,  déserter  et  prendre 
service  chez  l'ennemi;  et  fig.  quitter  un  parti  et  se 
mettre  avec  ses  adversaires.  ||  5°  Terme  d'astrologie. 
Maison  des  ennemis,  le  douzième  signe  du  zodia- 
que. Il  6°  Il  se  dit  des  animaux.  Le  chat  est  ennemi 
de  la  souris.  ||  7°  Par  extension ,  celui ,  celle  qui  a  de 
l'aversion,  do  l'éloignement  pour  certaines  choses. 
Ennemi  des  procès.  Ennemi  de  la  contrainte.  En- 
nemi du  bon  sens.  Les  habitants  étaient  trop  enne- 
mis du  travail,  fén.  Tél.  iv.  J'étais  trop  ennemi  des 
affaires  et  trop  inappliqué,  ID.  ib.  xiii.  Matta  n'était 
point  ennemi  de  la  galanterie,  hamilt.  Gramm.  4. 
il  8°  Il  so  dit  des  choses  qui  sont  opposées.  Cette 
herbe  est  ennemie  de  la  vigne.  L'eau  et  le  feu  sont 
ennemis.  L'orgueil  est  l'ennemi  des  vertus.  La  rai- 
son et  l'amour  sont  ennemis  jurés, corn,  la  Veuve, 
11,  3.  La  médisance  est  l'ennemi  le  plus  mortel  de 
la  charité,  bourdaloue,  il'  dim.  après  la  Peut. 
Dominic.  t.  m,  p.  2^7.  ||  9°  Adj.  Hostile.  Des  peu- 
ples ennemis.  L'armée  ennemie.  [Elle]  ne  redoutera 
point  de  puissance  ennemie,  corn.  Serlor.  ii,  t. 
[Aucuns]  qui  ne  vous  aient  été  moins  ennemis  que 
lui ,  ROTROU,  Bel.  IV,  6.  Elle  m'a  fatigué  de  ce  nom 
ennemi,  rac.  Brit.  iv,  5.  Mais  je  ne  vois  partout 
que  des  yeux  ennemis,  id.  Iphig.  ii,  7.  ||  Qui  hait. 
Et  ma  bouche  et  mes  yeux  du  mensonge  ennemis, 
rac.  Baj.  H,  5.  Il  Contraiie.  ô  rage,  à  désespoir,  6 
vieillesse  ennemie!  corn.  Cid,  i,  8.  Quelque  peu 
qu'on  lui  dise,  on  craint  de  lui  trop  dire,  X  peine 
on  se  hasarde  à  jurer  qu'on  l'admire;  Et,  pour  ap- 
privoiser ce  respect  ennemi,  11  faut  qu'en  dépit 
d'elle  elle  s'ofi're  à  demi,  id.  Tite  et  Bér.i,  ».  De 
peur  que  cette  voix  des  destins  eonemis  Ne  fût  auui 


funeste  à  la  fille  qu'au  fils,  id.  Œdipe,  u,  s.  Les 
qualités  excessives  nous  sont  ennemies  et  non  pas 
sensibles;  nous  ne  les  sentons  pas,  nou«  les  souf- 
frons, pascal.  Pensées,  part,  i,  art.  4.  Qu'il  soit 
comme  le  fruit  en  naissant  arraché.  Et  qu'un  souffle 
ennemi  dans  sa  fleur  a  séché,  rac.  Athal.l,  3.  Je 
fuis;  ainsi  le  veut  la  fortune  ennemie,  id.  Uitbr. 
m,  t.  Il  Astre  ennemi,  se  dit,  par  une  métaphore 
tirée  de  l'astrologie,  d'une  influence  malfaisante, 
d'un  destin  funeste.  Sous  quel  astre  ennemi  faut-il 
que  je  sois  née?  rag.  Mithr.  i,  i.  Des  astres  enne- 
mis j'en  crains  moins  le  courroux,  id.  Esther,  il,  7 
Il  Terme  de  peinture.  Des  couleurs  ennemies,  cou- 
leurs qui  ne  s'assortissent  pas.  ||  En  un  autre  sens, 
couleurs  qui,  mêlées  ensemble  sur  la  palette  ou 
sur  la  toile,  se  détruisent  l'une  l'autre  matérielle- 
ment et  en  peu  de  temps,  jj  Pôles  ennemis,  les  pôles 
qui  se  repoussent,  en  parlant  des  aimants.  ||  Pro- 
verbes. Le  mieux  est  l'ennemi  du  bien,  on  gâta 
souvent  ce  qu'on  cherche  trop  à  améliorer,  jj  Plus  de 
morts,  moins  d'ennemis.  |{  C'est  autant  de  pris  sur 
l'ennemi,  se  dit  quand  on  a  attrapé  quelque  chose 
à  celui  qui ,  nous  devant,  ne  nous  paye  pas,  ou  quand 
on  a  retiré  quelque  chose  d'une  mauvaise  affaire. 
Mais  bien  que  la  douleur  honore.  Que  servira  d'a- 
voir gémi?  Puisqu'ici  nous  rions  encore,  Autant 
de  pris  sur  l'ennemi,  BÉRANG.  Z)ernièrechonî.  ||  Amis 
au  prêter,  ennemis  au  rendre,  c'est-à-dire  qu'on  se 
brouille  quand  celui  qui  a  prêté  de  l'argent  le  rede- 
mande. Il  II  n'y  a  point  de  petit  ennemi. 

—  HIST.  x*  s.  Voldrent  la  veintre  11  Deo  iniml 
[les  ennemis  de  Dieu],  Eulalie.  ||  xi*  s.  Li  reis  Mar- 
sile  est  moult  mis  enemis,  Ch.  de  Roi.  x.  ||  xii"  s.  Car 
à  vos  els  [yeux]  veez  les  enemis,  Ronc.  p.  56.  Car 
qui  ce  toit  [ravit]  dont  [il]  ne  peut  faire  don.  Il  en 
conquiert  [s'en  fait]  enemis  et  mêlée,  Cotici,  vi. 
S'or  i  laissons  [en  la  Terre  sainte]  nos  ennemis  mor- 
tieus  [mortels],  X  tousjours  mais  ert  [sera]  nostre 
vie  honteuse,  quksnes,  Romane,  p.  95.  Il  a  plus 
d'anemis  que  lièvres  en  essart  [en  lande],  Sax. 
XXIX.  Il  XIII*  s.  Li  rois  de  Hongrie,  qui  anemis  esloit 
à  ceus  de  l'ost,  villeh.  lvi.  Ne  soufrez  qu'anemy 
[le  diable]  ait  sus  moi  poesté,  Berte,  xlv.  Envie 
est  de  tel  cruauté  Qu'ele  ne  porte  leauté  X  compai- 
gnon  ne  à  compaigne;  N'oie  n'a  parent,  tant  li 
tiengne,  X  cui  el  ne  soit  anémie,  (o  Rose,  2*2. 
Il  xiv'  s.  Envoler  vous  y  fault  et  mander  par  escrips. 
Pour  savoir  s'il  voidra  estre  nos  anemis,  Guescl. 
9898.  Et  on  dit  adès  :  biaux  amis,  De  plus  d'amis 
mains  [moins]  d'anemis,  machaut,  p.  tl6.  ||  xv*  s. 
Leur  avoit  esté  grand  ennemi,  froiss.  i,  i,  134. 
Puis  Pise  et  Florence  avaient  esté  trois  cens  ans 
ennemies,  avant  que  Florentins  la  conquissent, 
COMM.  viii,  3.  Annemy  ne  dort,  leroux  de  lincï, 
Prov.  t.  Il,  p.  239.  Il  xvi*  s.  Le  Veronois,  terre  en- 
nemie [des  Vénitiens],  mont,  i,  t4.  Cette  practique, 
ennemie  de  leur  style  ancien,  id.  i,  23.  Je  suis  en 
nemy  des  actions  subtiles  et  feintes,  m.  i,  96.  En- 
nemy  juré  de....  ID.  i,  t03.  De  son  ennemy  recon- 
concilié  il  se  faut  garder,  LtRoux  de  lincy,  Prov 
t.  II,  p.  287. 

—  ÉTYM.  Berry,  hinnemi,  innemi,  annemin, 
provenç.  enemic;  catal.  enemig ;  espagn.  enemigo , 
portug.  inimigo  ;  ital.  nemico;  du  latin  inimicut, 
de  in,  négatif,  et  amicus,  ami. 

t  ENNILLAGE  (an-ni-lla-j',  U  mouillées,  et  ar 
prononcé  comme  dans  antérieur),  s.  m.  Liaison  df 
l'arbre  ou  axe  tournant  avec  la  meule  dans  un 
moulin. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  C'est  le  même  mot 
que  annille. 

ENNOBLI,  lE  (an-no-bli,  blie,  an  prononcé  comme 
dans  antérieur),  part,  passé.  Henda  noble,  hono- 
rable. Le  Parnasse  français,  ennobli  par  ta  veine. 
Contre  tous  ces  complots  saura  se  maintenir,  boil 
tp.  VII.  L'idée  de  faiblesse  que  les  hommes  attachent 
à  la  vertu  tombe  dès  qu'elle  est  ennoblie  de  vos 
noms  [des  grands] ,  mass.  Petit  car.  Vices  et  vertus. 
Songez  en  défiant  l'Anglais  et  les  tempêtes.  Que,  »• 
vous  prodiguez  votre  sang  généreux.  Ce  n'est  poin» 
pour  tenter  un  de  ces  vols  heureux  Ennoblis  du 
nom  de  conquêtes,  gilbebt,  Ode  sur  la  guerre. 

ENNOBLIR  (  an-no-blir,  an  prononcé  comm 
dans  antérieur),  v.  a.  jj  l*  Donner  de  la  noblesse, 
de  la  dignité.  C'est  ce  glorieux  titre....  Que  je  vien.» 
ennoblir  par  celui  de  captif,  corn.  Pomp.  iv,  3 
Le  cœur  voudrait  toujours  ennoblir  ce  qu'il  aime, 
DEHLL8,  Imagin.  n.  Les  ambitieux  pensent  que  le' 
intérêts  politiques  ennoblissent  et  justifient  tout, 
M'"*  DE  GENLis,  Jeanne  de  France,  part,  i,  1. 1,  p.  30, 
dans  pouGENS.  ||  Absolument.  Cette  rage  d'en 
noblir ,  ce  jargon  ,  ce  ton  de  cour  infectant  le 
théàtrtat  1."  littérature  sous  Louis  XIV  et  depuis, 


1406 


ENN 


gâtèrent  d'eiceltetto  esprits,  P.  i  COUB.  HérodoU, 
préface.  Il  a-3'eDDobllr,r.r<?/7.Gagrier(le  la  noblesse, 
d«  U  dignité,  de  l'honneur.  El  dan»  les  plus  bas 
rangs  les  nom»  le»  plus  abjecU  Ont  voulu  s  ennoblir 
par  de  si  hauU  projeu,  coK.f.  Cmna,  iv,  4.  Et  e 
Irflne  et  le  roi  se  seraient  ennoblis  A  soutenir  la 
main  qui  les  a  rétablis,  id.  Pomp.  m,  ». 

—  Rim.  Dans  le  xvii*  siècle,  on  ne  distinguait 
pas  ennoblir  d'anoblir  :  Maison  où  le  ventre  ennoblit, 
MOL.  G.  Dand.  i,  ♦;  Le  roi  l'ayant  épousée,  Il  l'a 
ennoblie  par  cette  alliance,  boss.  Serm.  Sept;  Mais 
ici  j'ai  de  plus  un  grade  que  j'ai  pris  Avec  fou  mon 
mari  ,  doyen  do  ce  bailliage;  C'est  ainsi  que  je 
vins  m'ennoblir  au  village;  Bonne  noblesse  au  fond, 
DUFiiESNY,  ta  Coquette  de  village,  i,  <;  On  distin- 
gue ordinairement  trois  degrés  de  noblesse  :  l'en- 
nobli, qui  acquiert  la  noblesse;  le  noble,  qui  naît  de 
l'ennobli;  l'écuyer  ou  le  gentilhomme,  qui  est  au 
»•  degré,  LE  PÊHE  MÉNESTHiBR.  Aujourd'hui  uue 
distinction  s'est  établie  entre  ces  deux  mots  qu'il  ne 
faut  plus  confondre  :  ennoblir  c'est  donner  de  la  no- 
blesse, du  lustre;  anoblir,  c'est  donner  la  noblesse, 
rendre  noble.  On  comprend  d'ailleurs  que  ennoblir 
et  anoblir  sont  deux  orthographes  et  deux  pronon- 
ciations différentes  du  même  mot. 

—  HIST.  XVI'  s.  Nous  renonceons  aux  aultres  anl- 
maulx  les  biens  naturels,  pour  nous  honorer  et 
ennoblir  des  biens  acquis,  mont,  ii,  t67.  Comment 
metlrois-jeUlisses  en  oubly.  Qui  de  vertu  divine  est 
eunoMy?AMYOT,  Com.  discerner  le  flatt.  del'ami,  20. 

—  ETYM.  En  t ,  et  noble. 

ENNUI  (an-nul ,  an  prononcé  comme  dans  anté- 
rieur), s.  m.  Il  l'Tourmentdel'àme  causé  par  la  mort 
de  personnes  aimées,  par  leur  absence,  par  la  perle 
d'espérances,  par  des  malheurs  quelconques.  le 
roi  même  arrivant  partage  leur  ennui  cobn.  (ï;- 
dipe,  u,  3.  Si  malgré  ces  raisons  votre  ennui  per- 
sévère. Mon  cher  Lélie,  au  moins  faites  qu'il  se 
modère,  mol.  l'Élour.  u,  4.  Adieu;  je  sens  mon 
cœur  qui  se  gonlle  d'ennui,  id.  ib.  C'est  de  tous  les 
ennuis  l'ennui  le  plus  sensible,  th.  corn.  Ariane, 
m ,  2.  Et  ce  sera  de  quoi  mieux  combler  son 
ennui,  id.  ib.  iv,  3.  Ce  n'est  qu'avec  le  temps 
qu'un  grand  ennui  se  passe,  quinault,  Uère  coq. 
u,    6.   Un   fou  rempli  d'erreurs,   que  le   trouble 

accompagne En  vain  monte   à  cheval  pour 

tromper  son  ennui;  Le  chagrin  monte  en  croupe  et 
galope  avec  lui,  boil.  ÉpH.  v.  Sa  mort  avancera 
la  fin  de  mes  ennuis,  rac.  Àndr.  i,  4.  Pour  comble 
d'ennui,  Mon  cœur,  mon  lâche  cœur  s'intéresse 
pour  lui,  10.  ib.  v,  t.  Pour  accabler  César  d'un 
éternel  ennui,  id.  Brit.  v,  8.  Rien  ne  peut-il  char- 
mer l'ennui  qui  vous  dévore?  id.  Bérén.  ii,  i.  Si 
d'une  mère  en  pleurs  vous  plaignez  les  ennuis,  id. 
Iphig.  IV,  4.  Ahl  que  dis-tu?  pourquoi  rappeler 
mes  ennuis?  volt.  Zaïre,  i,  t.  Mais  des  ennuis 
d'Hamlet  que  faut-il  que  je  pense?  Qui  ;,eut  de  ses 
transports  aigrir  la  violence?  DUCis,  Uamlet,  ii,  3. 
La  vie  est-elle  toute  aux  ennuis  condamnée?  L'Iii- 
ver  ne  glace  point  tous  les  mois  de  l'année,  A.  ché- 
NiER,  Elig.  27.  Il  Contrariété.  Cette  affaire  lui  a 
donné  beaucoup  d'ennui.  Être  accablé  d'ennuis. 
Il  î*  Sorte  de  vide  qui  se  fait  sentir  à  l'âme  privée 
d'action  ou  d'intérêt  aux  choses.  Donner,  causer, 
avoir,  éprouver  de  l'ennui.  Un  ennui  mortel.  Charmor 
les  ennuis  de  l'absence.  Quand  on  se  verrait  même 
assez â l'abri  de  toutes  parts  [des  misères],  l'ennui, 
de  son  autorité  privée,  ne  laisserait  pas  de  sortir  du 
cceur  où  il  a  des  racines  naturelles,  et  de  remplir 
l'esprit  de  son  venin,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  260, 
édit.  Lahure.  Dans  l'Orient  désert  quel  devint  mon 
ennui  I  rac.  Bérén.  i,  4.  L'ennui  est  entré  dans 
le  monde  par  la  paresse ,  la  bruy.  xi.  Pour  la  déli- 
cale&SQ  et  l'affectation  d'ennui,  il  faut  la  réprimer 
en  montrant  que  le  bon  goût  consiste  à  s'accom- 
moder des  choses  selon  qu'elles  sont  utiles,  f£n. 
Éduc.  filles,  <o.  Le  plaisir  nous  fait  oublier  que 
nous  existons,  l'ennui  nous  le  fait  sentir,  saint-foix, 
Est.  Paris,  OI'Mvres,  t.  iv,  p.  240,  dans  pougens. 
L'ennui,  ce  triste  tyran  de  toutes  les  âmes  qui  pen- 
sent, contre  lequel  la  sagesse  peut  moins  que  la 
folie,  BUKF.  Nature  des  anim.  Je  ne  sais  si  ma  tète 
•st  jeune,  mais  mon  corps  est  bien  vieux;  si  je  ne 
m'amusais  pas  à  faire  des  testaments,  je  serais 
bientftt  mort  d'ennui,  volt.  Lett.  d'Argental,  t2 
mars  47a».  U  part,  vole,  arrive,  l'ennui  Le  reçoit 
à  la  grille  et  se  traîne  avec  lui,  delille,  Uom.  des 
champ»,  I.  Rosine  :  L'ennui  me  tue.  —  Figaro  : 
Je  le  crois;  il  n'engraisse  que  les  sots,  Beaumar- 
chais, Barb.  de  Sév.  i,  2.  C'était  un  rassemble- 
ment de  commérages,  une  coUeciion  d'ennuis  tout 
■  la  foi»  divera  et  monotones,  m""  de  stael,  Co- 
nnu», xiv,  t.  Vns  tlumèiel  que  Dieu  nous  gard 


ENN 

Ht  des  Kingal»  et  des  Oscars,  Et  du  sublime  ennui 
d'un  barde  Qui  chante  au  milieu  des  brouillards  ! 
LEBRUN,  .Stances  sur  Ossian.  Sur  un  trônel'ennui  se 
carre.  Fier  d'être  encensé  par  des  sots,  bErano. 
Prince  de  Nararre.  ||  Dégoût  de  tout.  Tomber  dans 
un  ennui  profond.  L'ennui  de  la  vie.  ||  Mélancolie 
vague.  L'ennui  de  René  (le  héros  d'un  roman  de  Cha- 
teaubriand]. Du  romantisme  jeune  appui.  Descends 
de  tes  nuages;  Tes  torrents,  tes  orages  Ceignent 
ton  front  d'un  pâle  ennui,  bèrano.  Troulodour*. 
Lorsque  le  grand  Byron  allait  quitter  Ravenne  Et 
chercher  sur  les  mers  quelque  plage  lointaine  Où 
finir  en  héros  son  immortel  ennui,  A.  de  musset, 
Poésies  nouv.  Lett.  à  Lamartine. 

—  REM.  Dans  le  style  relevé,  ennui  est  un  mot 
d'une  grande  force  et  qui  s'applique  à  toutes  sortes 
de  souffrances  de  l'âme  :  les  ennuis  du  trône;  des 
ennuis  cuisants.  Dans  le  langage  ordinaire,  il  perd 
beaucoup  de  sa  force  et  se  borne  à  désigner  ce  qui 
fait  paraître  le  temps  long. 

—  HiST.  XII'  s.  Sumeilla  la  meie  aneme  [âme] 
pur  ennui.  Liber  ysalm.  p.  t84.  Amors  m'a  fait  ou- 
blier L'ennui  qui  lohg  tens  m'a  mort,  Couci,  iv.  Se 
li  ennuis  de  lageiit  maiparlieie  Ne  me  feïst  douloir, 
ib.  xxviii.  Mais  de  cheva^e  prendre  est  moult  grant 
li  anois;  X  tort  et  à  pechii  somes  clamé  François, 
Sax.  xviii.  Li  prelaz  d'Eurvwie,  cil  de  Londres, 
ço  qui  [je  pense],  Conseil  lui  unt  dune  privéement 
andui  [tous  deux].  Que,  veant  s'  graiit  gent,  ne  li 
fesist  anui.  Th.  le  mari.  43.  ||xiii'  s.  D'ennui  et  de 
paour  sui  au  cuer  moût  destroite,  Berte ,  xxix. 
Ours  ne  lion  n'est,  ne  beste  sauvage  Qui,  tel  foiz 
est,  ne  fraigne  son  vouloir  De  faire  mal  et  ennui  et 
domage,  eustache  le  peintre,  dans  Couci.  Car 
endroit  moi  ai-je  fiance.  Que  songe  soit  senefiance 
Des  biens  à  gens  et  des  anuis,  la  Rose,  17.  Et  par 
ce  que  ce  seroit  anuis  de  dire  et  de  spécifier  les  cas 
de  crieme,  il  seront  dit  el  capitre  des  méfiés,  beaum. 
XI,  31.  Il  dient,  por  fere  anoi  à  cex  contre  qui  il 
ont  à  pledier,  qu'il  atendent  leur  conseil,  ID.  67. 
Il  xiv  s.  Qui  ennuy  fait  ennuy  requiert,  Et  férus 
doit  eslre  qui  fiert,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  ii, 
p.  390.  Nous  en  dirons  aucunes  causes  et  non  pas 
toutes,  pour  ce  qu'il  n'eust  enuie  de  ceulx  qui  cesle 
histoire  liroient,  Chr.  de  St-Denis,  t.  ii ,  f°  03, 
dans  lacurne.  ||  xv*  s.  Quand  Messire  Jean  de  Hol- 
lande fut  informé  de  cette  aventure,  si  cuida  bien 
forcener  d'annoi,  froiss.  ii,  ii,  230.  [Le  roi  Robert 
d'Escosse]  assembla  son  conseil,  et  leur  remons- 
tra  comment  les  Anglois,  du  temps  passé,  leur 
avoient  fait  plusieurs  ennuis,  id.  ii,  ii,  (3.  Cinq 
sous  font  autant.  Quant  on  est  content  Et  qu'on 
jette  les  ennuis  Derrière  l'huis.  Que  d'escus  les  sacs 
tous  pleins,  bassel.  xxxix.  i|  xvi's.  Petit  ennuy  un 
grand  ennuy  appaise;  Bref,  sans  ennui,  trop  fade 
seroitl'aise,  marot,  i,  383.  Telle  ennuy  cesseroit,  id.  i, 
382.  Qui  pourroit  raconter  l'ennuy  que  je  rcceu. 
Quand  de  sur  mon  giron  tout  froid  je  l'apperceu, 
RONS.  78t.  Si  je  m'endors  quand  mes  ennuis  me 
tiennent,  Je  suis  perdu  des  songes  qui  me  vien- 
nent, amyot.  Du  vice  et  de  la  vertu,  3.  Ennuy  en 
an  le  jour  prolonge,  génin.  Récréât,  t.  ii,  p.  238. 
Ennuy  nuit  et  jour  nuit,  leroux  de  lincy,  Prov. 
t.  II,  p.  290. 

—  ÊTYM.  Berry,  enneu;  provenç.  enueg,  enuet, 
enuey,  enueit,  enuit,  enuoi,  enoi,  enut,  et  au  fé- 
minin, enucja,  enueia;catal.  enufj/espagn.  et  por- 
tug.  enojo;  ital.  noj'o;  ano.  ital.  nojo.  Mot  important, 
mais  d'origine  douteuse.  On  le  tire  ordinairement  du 
latin  noïo  ou  noxia,  tort,  préjudice;  mais  la  forme 
des  mots  se  prête  peu  à  cette  étymologie,  puisque 
noxa  ou  noxt'a  auraient  donné  nose  ou  noise.  Fau- 
riel  propose  le  basque  enoch;  mais  rien  ne  garantit 
que  enoch  ne  soit  pas  venu  de  l'espagnol  dans  le 
basque.  Pour  ces  raisons,  Diez,  se  joignant  à  Ca- 
brera, propose  le  latin  odium  :  est  mihi  in odio,  cela 
m'ennuie;  d'où  un  substantif  tnodium,  qui  permet  la 
dérivation  de  toutes  les  formes  romanes,  l'italien 
nojo  ayant  perdu  l't  ou  l'e  par  une  aphérèse  qui 
n'est  pas  rare  dans  cette  langue.  Ce  qui  donne 
beaucoup  de  force  à  cette  étymologie,  c'est  que  ino- 
dio  se  trouve  effectivement  dans  l'ancien  parler  vé- 
nitien, dont  Diez  rapporte  ces  exemples-ci  :  pJu  te 
sont  a  inodio,  en  italien  ptil («sono  a  nojo,  en  fran- 
çais jiius  te  sont  à  anoi;  alo  inodio,  italien  a  tua 
nojo,  français  al  tuen  anoi.  On  remarquera  à  côté 
de  la  forme  masculine,  plus  usitée,  la  forme  fé- 
minine de  ce  mot  en  français,  en  provençal  et  en 
italien. 

t  ENNCSCRB  (aa-nu-zu-r',  an  prononcé  comme 
dans  antérieur) ,  s.  m.  Terme  de  plombier.  Morceau 
de  plomb  qui  est  sous  le  bourseau  d'un  comble. 

ENNUITANT,  AMTK  (aii-uui-iau,  iau-l',   au  pro- 


ENN 

nonce  comme  dans  antérieur),  adj.  Oui  ennuie,  im- 
portune ,  contrarie  dans  le  moment.  Cela  e*t  for) 
ennuyant.  Quel  temps  ennuyant  I  11  n'y  a  pai 
d'homme  qui  ait  a.ssez  d'e.sprit  pour  n'être  jamais 
ennuyant.  On  ne  laissa  pas  de  la  trouver  fort  laide 
et  fort  ennuyante,  uauilt.  Gramm.  t. 

—  SYN.  ennuyant,  ennuyeux.  L'homme  en- 
nuyant est  celui  qui  ennuie  par  occasion  ;  cela  est 
accidentel;  l'homme  ennuyeux  est  celui  qui  ennuis 
toujours;  cela  est  inhérent.  Un  homme  ennuyant 
peut  n'être  aucunement  ennuyeux.  Mais  le  fait  est 
que  dans  l'usage  ces  deux  mots  se  confondent  ;  seu- 
lement, ennuyeux  est  plus  usité  qu'ennuyant. 

ENNUYÉ,  ÉE  (an-nui-ié,  iée  ,  an  prononcé 
comme  dans  antérieur),  part.  pané.  ||  1"  Contrarié, 
fatigué.  Ennuyé  de  supplices.  Ayant  puni  les  chefs 
il  pardonne  aux  complices,  corn.  Cinna,  m,  t. 
Ennuyé  de  ce  que  je  suis,  je  voudrais  toujours 
être  ce  que  je  no  suis  pas,  bourdalo[]e,  Sur  In 
récomp.  des  saints,  1"  oient,  p.  26.  Ennuyés  de 
vivre  dans  un  pays  si  inculte,  et  poussés  par  leur 
férocité  naturelle,  ils  descendirent  jusqu'aux  envi- 
rons de  la  Vistule,  pléchier,  Uist.  de   Théodose, 

I,  47.  Il  2°  Qui  éprouve  l'ennui,  le  vide  de  l'âme. 
Les  oisifs  sont  toujours  ennuyés  d'eux-mêmes.  J'é- 
pargne aux  yeux  d'autrui  l'objet  fastidieux  D'homme 
ennuyé  partout  et  partout  ennuyeux  ,  gresset  , 
Sidnei  ,  li  ,  2.  Si  l'homme  ennuyeux  déplaît  tant, 
L'homme  ennuyé  prétendrait-il  à  piairet  DELii.i.t, 
Convers.  i.  L'homme  ennuyé  n'est  jamais  qu'en- 
nuyeux, id.  li).  Il  Substantivement.  Un  ennuyé.  L.;s 
ennuyés. 

ENNPYER  (an-nui-ié,  an  prononcé  comme  dans 
antérieur),  j'ennuie,  tu  ennuies,  il  ennuie,  nous 
ennuyons  ,  vous  ennuyez  ,  ils  ennuient  ;  j'en- 
nuyais, nous  ennuyions,  vous  ennuyiez;  j'ennuyai  ; 
j'ennuierai;  j'ennuierais;  ennuie,  ennuyons;  que 
j'ennuie,  que  nous  ennuyions,  que  vous  ennuyiez; 
que  j'ennuyasse;  ennuyant  ;  ennuyé,  c.  n.  ||  1"  Im- 
personnellement, il  ennuie  à,  c'est-à-dire  de  l'ennui 
est  éprouvé  (l'emploi  neutre  et  impersonnel  est  le 
premier,  à  cause  de  l'étymologie  de  ennui ,  in  odio, 
en  haine).  11  ennuie  à  qui  attend.  Est-il  possible 
qu'il  vous  ennuie  si  fort  en  Asie,  qui  est  le  théâtre 
de  vos  exploits?  vaugel.  Q.  C.  B59.  Il  t'ennuie  avec 
moi ,  CORN.  Mélite,  m,  6.  Lorsquej'étais  aux  champs, 
n'a-t-il  point  fait  de  pluie?  —  Non.  —  Vous  en- 
nuyait-il? —  Jamais  je  ne  m'ennuie,  mol.  Éc.  des  f. 

II,  fl.  Il  vous  ennuyait  d'être  maître  chez  vous,  id.  0. 
Dand.  i,  3. 11  m'ennuie  de  ne  plus  vous  avoir,  sév. 
19.  Um'ennuyaitde  leur  absence,  id.  6I7.  Depuis 
deux  jours  que  je  suis  de  retour,  il  m'ennuie  déjà 
de  ne  point  vous  voir,  J.  J.  Bouss.  Corresp.  du  Pcy- 
rou,  t.  m,  p.  5»,  dans  pougens.  Marquez-moi  si  je 
puis  compter  sur  votre  libraire  ,  il  m'ennuierait 
fort  d'en  chercher  un  autre,  p.  l.  cour.  Leil.  i,  68. 
Il  2°  V.  a.  Causer  de  l'ennui.  Nous  pardonnons  sou- 
vent à  ceux  qui  nous  ennuient;  mais  nous  ne  pou- 
vons pardonner  à  ceux  que  nous  ennuyons,  la- 
ROCiiEFoucAULD ,  ifoz.  304.  Le  sage  quelquefois 
évite  le  monde  de  peur  d'être  ennuyé,  la  bruy.  v. 
On  lit  peu  ces  auteurs  faits  pour  nous  ennuyer. 
Qui  toujours  sur  un  ton  semblent  psalmodier, boil. 
Art  p.  I.  Il  Absolument.  Un  homme  habile  sent 
s'il  convient  ou  s'il  ennuie,  la  bruy.  v.  i  quelque 
prix  que  ce  puisse  être.  Sauve-moi  l'affront  d'en- 
nuyer, lamotte.  Odes,  t.  t,  p.  15B,  dans  pougens. 
Mais  malheur  à  l'auteur  qui  veut  toujours  instruire; 
Le  secret  d'ennuyer  est  celui  de  tout  dire,  volt. 
Discours  VI.  ||  3»  S'ennuyer,  t'.  réfl.  Éprouver  de 
l'ennui.  S'ennuyer  de  tout.  Enfin  ce  galant  homme 
s'ennuya  de  les  ennuyer  :  il  les  délivra  de  sa  fà- 
cheus'e  visite,'  scarr.  Rom.  com.  i,  13.  Nous  nous 
vantons  souvent  de  ne  nous  point  ennuyer;  nous 
sommes  si  glorieux  que  nous  ne  voulons  pas  nous 
trouver  de  mauvaise  compagnie,  la  Rochefoucauld, 
jlfoi.  Ui .  Qu'on  leur  die  Qu'ils  se  font  trop  attendra 
et  qu'Attila  s'ennuie,  cohn.  Attila,  i,  *.  Et  vous 
qui  vous  plaisez  aux  folles  passions.  Profanes  ama- 
teurs de  spectacles  frivoles,  Dont  l'oreille  s'ennuie 
au  son  de  mes  paroles,  rac.  Esther,  Prologue.  Il 
[Stilicon]  s'ennuya  de  n'être  que  le  tuteur,  le  beau- 
père,  le  favori  et  le  maîlre  même  de  l'empereur,  tl 
entreprit  de  mettre  l'empire  dans  sa  maison,  fit- 
CHiER,  Uist.  de  Théod.  iv,  7B.  Parce  qu'Alexandre 
s'ennuie,  U  va  mettra  le  monde  aux  fers,  lamotte, 
Fabl.l,  1».  Il  S'ennuyer  à,  avec  l'infinitif.  S'ennuyer 
à  attendre.  Il  Faire  ennuyer,  avec  suppression  du 
pronom  personnel,  faire  qu'on  s'ennuie.  Et  ceux 
qui  l'ont  tiré  de  l'exercice  de  sa  charge  pour  le 
promener  à  Parin  ne  prétendent  autre  chose  que  do 
le  faire  ennuyer,  balz.  vm,  Lett.  47. 

—  UIST.  XI' s.  Nos  cheval  soul  tt  las  et  ennui». 


ENN 

Ch.  de  Jtol.  CLXivi.  ||  xu*  s.  Les  Frans  de  France 
trouverez  enuiez  De  coups  ferir....  Ronc.  p.  «9.  Ba- 
ron, dit  l'anfes  [l'enfant],  ne  vous  doit  anuier.... 
16.  p.  <«7.  Moût  annuia  Tierri  quant  se  sentit  navré, 
ib.  p.  196.  Tant  [je]  ne  porroie  servir  [ma  dame] 
Qu'il  me  peûst  ennuyer,  Couci,  xii.  Gilemer,  dit  li 
dus,  moût  nous  doit  anuier  Que  tant  nous  veutcist 
roispener  et  travaillier,  Sax.  xvi.  ||  xin*  s.  Seignor, 
or  escoulez,  pour  Dieu  [que  cela]  ne  vous  ennuit, 
Berle,  xxxvi.  Moût  forment  luy  ennuyé  de  sa  fille 
Berlain,  De  qui  la  gent  se  plaignent  de  toutes  pars 
à  plain,  t'î).  Lxxm.  Ci  se  volt  taire  Faus-ssmblanl  ; 
Mais  amors  ne  fait  pas  semblant  Qu'il  soit  ennoiés 
del'oïr,  la  Rose,  4t4i7.  ||  xv*  s.  Tous  maulx  suis 
content  de  porter.  Fors  ung  seul  qui  trop  fort 
m'ennuye.  C'est  qu'il  me  faut  loing  demeurer  De 
celle  que  tiens  pouramye,  ch.  d'ohl.  BaJJ.  40.  Par 
l;i  raison   que  vous  avez  ouye  cy   dessus,  et  aussi 

:e  les  choses  longues  luy  ennuyoient,  COMM.  ni,3. 

•ste  armée  d'Angleterre  mist  bien  ung  an  à  estre 
preste;  il  ennuya  à  monseigneur  de  Bourgogne,  id. 
IV,  (.  Il  XVI'  s.  Veu  que  tous  ceux  qui  le  plus  fort 
s'appuyent  Sur  leurs  plaisirs,  de  leurs  plaisirs  s'en- 
nuyent,  marot,  i,  383.  Vous  pouvés  penser  combien 
la  longueur  de  son  mal  luy  ennuyé ,  maro.  Lett.  <  43. 
Il  luy  ennuyoit  de  veoir  les  choses  en  paix  et  repos, 
AMYOT,  les  Gracq.  44. 

—  ÉTYM.  Ennui;  Berry,  ennier,  ennueyer;  prov. 
enoiar,  enujar ,enuiar ,  enueiar,enueiar;  a.nc.  catal. 
enojar,  enmtjar;  catal.  mod.  enujar  f  espagn.  et 
portug.  enojar  ;  ital.  annoiare. 

Efï'rCYEUSEMENT  (an-nui-ieû-ze-man ,  an  pro- 
nonce comme  dans  antérieur),  adv.  D'une  manière 
ennuyeuse.  11  a  pris  l'occasion  que  souhaitait  Voi- 
ture pour  écrire  moins  ennuyeusement  à  M.  le 
prince,  et  s'en  est  aussi  bien  servi  que  Voiture  au- 
rait fait,  EÉv.  208.  Accessible,  accueillant,  hon- 
nête, M.  le  Tellier  savait  employer  son  temps  et 
quelquefois  même  le  perdre,  pour  compatira  des 
misérables  à  qui  il  ne  reste  de  consolation  que  de 
redire  ennuyeusement  leur  misère,  flécii.  le  Tel- 
lier. Ils  parlent  ennuyeusement,  la  bruy.  v.  La 
journée  [du  mariage  du  duc  de  Bourgogne]  se  passa 
assez  ennuyeusement,  st-simon,  bi,  )07.  Il  y  a 
aussi,  parmi  les  masques,  des  hommes  qui  se  pro- 
mènent le  plus  ennuyeusement  du  monde  dans  le 
costume  le  plus  ridicule,  m""  de  staEl,  Corinne,  ix,J. 

—  HlST.  xii"  s.  Uns  petiz  biens  vaut  mieuz,  si  Diex 
me  voie,  Qu'on  fait  courtoisement,  Que  cent  grei- 
gnor  [plus  grands]  fait  ennieusement,  Couci,  dans 
LACUBNE.  Il  xiir  s.  Comment  eslroitement  En  [de 
lacorde]  fu  Berte  liée  et  ennuyeusement,  Berte,  xcv. 

—  ÉTYM.  Ennuyeuse,  et  le  suffixe  ment. 

ENNUYEUX,  EUSE  (an-nui-ieù,  ieû-z',  an  pro- 
noncé comme  dans  antérieur),  adj.  ||  1°  Qui  cause 
de  l'ennui,  d'une  manière  constante.  Cet  homme 
est  bien  ennuyeux.  Un  ennuyeux  personnage.  Le 
plus  souvent  ici  l'on  parle  sans  rien  dire;  Et  les 
plus  ennuyeux  savent  s'y  mieux  conduire,  volt. 
Indiscr.  4.  Qui ,  pour  vivre  à  Paris  avec  l'air  d'être 
heureux.  Au  fond  n'y  sont  pas  moins  ennuyés 
qu'ennuyeux,  gresset,  Méchant,  11,  3.  ||  Familière- 
ment. Ennuyeux  comme  la  pluie,  très-ennuyeux. 
Il  Substantivement.  C'est  un  ennuyeux,  un  grand 
ennuyeux.  Si  vous  saviez  comme  je  m'amuse  en 
vous  ennuyant  :  c'est  comme  tous  les  autres  en- 
nuyeux du  monde,  diderot.  Salon  de  )765,  (Euvr. 
t.  XIII,  p.  (88,  dans  pougens.  ||  2°  Qui  ennuie,  en 
parlant  des  choses.  Brisons  là;  ce  discours  devien- 
drait ennuyeux,  corn.  Oihun  ,  iv  ,  4.  Et  que  si 
l'on  ne  va  jusqu'à  trancher  le  cours  De  son  règne 
ennuyeux  et  do  ses  tristes  jours,  m.  Nicom.  11,  t. 
Et  ne  lui  laissant  rien  qu'une  ennuyeuse  vie,ROTR. 
Bélis.  I,  2.  Un  si  long  entretien  vous  serait  en- 
nuyeux, RAC.  Alex.  I,  3. 

—  HIST.  xiir  s.  Plus  anuieuses  noveles  ne  leur 
peust  l'eu  conter,  villeh.  cxlvi.  Et  dedans  cel  jor 
leur  avint  une  mésaventure  qui  moult  fu  grans  et 
annieuse  ,  id.  lviii.  Gésir  est  ennuieuse  chose. 
Quant  l'en  ne  dort  ne  ne  repose,  la  Rose,  2507.  Et 
il  me  courouce  et  fet  l'anieus  por  parler  d'une  soie 
Jsienne]  besogne ,  beaum.  v  ,  1 9.  ||  xiv  s.  Et  telz  gens 
sont  tristes  et  enieus  à  eulx  meismes  et  à  leurs 
amis,  OHESME,J?(/i.  429.  Il  XV»  s.  Elle  qui  auparavant 
estoit  la  plus  joyeuse,  attendant  ce  que  tant  avoit 
désiré,  devint  triste  et  ennuyeuse  [chagrine], 
U)uis  XI,  JVowti.  Lxxxi.  Il  xvi-  s.  0  quantes  fois  de- 
puis votre  ennuyeux  départ,  Solitaire  et  pensif  ay- 
je  seul  à  l'escart  Erré  par  les  rochers!  ronsard,  799. 

—  Etym.  Ennui,  et  la  terminaison  eux  qui  signi- 
fie réplétion,  plénitude;  provenç.  enojos,  enoios, 
enujos,  enuios,  enueyos;  catal.  enujos;  espagn.  et 
portug.  enojoso;  ital.  at^-^-ioso. 


fîNO 

t  ÊNODE  (é-no-d') ,  adj.  Terme  de  botanique.  Qui 
est  dépourvu  de  noeuds. 

—  ÉTYM.  Lat.  enodis,  de  e,  sans,  et  nodus,  nœud, 
f  ENOISELER  (an-noi-ze-lé) ,  V.  a.  Terme  de  fau- 
connerie. Instruire  l'oiseau,  l'accoutumer  au  gibier. 

—  HIST.  XIII'  s.  On  a  moult  tart  enoiselé  [in- 
struit] Un  niais  plein  de  folour,  Poésies  mss.  Vati- 
can, n°  (522,  f"  t05,  dans  LACURNE.  Il  XVI' s.  Cetle 
armée,  mal  enoizelée  de  ses  premiers  coups,  trouva 
du  rafraîchissement  à  Chasteau-Vilain,  d'aub.  Hist. 

III,    62. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  oisel,  oiseau. 

ÉNONCC,  ÉE  (é-non-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Rendu  en  termes  nets.  Les  faits  énoncés  dans 
ma  lettre.  ||  2°  S.  m.  Ce  qu'on  énonce.  L'énoncé 
d'un  théorème,  d'un  problème.  Simple  énoncé  des 
faits.  La  loi  est  précise  dans  son  énoncé.  Il  voulait 

qu'on  mît  après  l'énoncé  des  propositions  que 

Boss.  Leit.  quiét.  463.  Le  pape  Eugène  sur  cet 
énoncé  ordonna  la  dissolution  du  concile,  volt. 
Mœtirs,  86.  Montesquieu,  ayant  à  présenter  quel- 
quefois des  vérités  importantes  dont  l'énoncé  aby 
solu  et  direct  aurait  pu  blesser  sans  fruit,  a  eu  la 
prudence  louable  de  les  envelopper,  et  par  cet  inno- 
cent artifice  les  a  voilées  à  ceux  à  qui  elles  seraient 
nuisibles,  sans  qu'elles  fussent  perdues  pour  les  sa- 
ges, d'alemh.  Éloges,  Montesquieu.  La  question  se 
réduit  à  déterminer  l'orbite  que  la  lune  décrit  en 
vertu  de  l'action  que  la  terre  et  le  soleil  exercent  sur 
elle;  et  cette  question,  déjà  trop  réduite  dans  cet 
énoncé,  renferme  encore  assez  de  difficultés,  pour 
qu'on  ne  soit  pas  tenté  d'en  ajouter  de  nouvelles, 
ID.  Disc,  pr^i'm.  syst.  monde,  CEuvr.t.  xiv,  p.  93, 
dans  POUGENS.  ||  Un  simple  énoncé,  une  chose  avan- 
cée sans  développement  ou  explication.  ||  Un  faux 
énoncé,  une  chose  avancée  contre  la  vérité. 

ÉNONCER  (é-non-cé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vant a  ou  0: j'énonçai,  énonçons),  v.  a.  ||  1°  Rendre 
en  termes  nets.  Savoir  énoncer  ce  que  l'on  pense. 
L'acte  contient  huit  articles,  où  tous  ses  menson- 
ges sont  énoncés,  maucroix.  Schisme,  liv.  m,  dans 
RiCHELET.  Il  faut  observer  qu'il  y  a  bien  de  la  diffé- 
rence entre  concevoir  un  sens  total  et  énoncer  en- 
suite, par  la  parole,  ce  que  l'on  a  conçu,  nu  mar- 
sais,  (JEuvres,  t.  v,  p.  4.  [(Terme  de  procédure. 
Énoncer  un  faux,  articuler  quelque  chose  contre  la 
vérité.  Il  2°  S'énoncer,  v.  réjl.  Être  énoncé.  Ce  que 
l'on  conçoit  bien  s'énonce  clairement,  boil.  Art  p. 
I.  Il  Exposer  sa  pensée,  parler.  Il  s'énonce  avec  fa- 
cilité. Apprenez,  sotte,  à  vous  énoncer  moins  vulgai- 
rement, MOL.  Préc.  rid.  7. 

—  SYN.  ÉNONCER,  EXPRIMER.  Éuoncer  saponséo, 
c'est  la  produire  en  termes  précis  et  qui  la  font  con- 
naître nettement.  Exprimer  sa  pensée,  c'est  y  don- 
ner une  forme  quelconque. 

—  ÉTYM.  Lat.  enunciare,  de  e,  et  nunciare,  an- 
noncer (voy.  nonce). 

ÉNONOATIF,  IVE  (é-non-si-a-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  énonce.  Terme  énonciatif.  Mots  énonciatifs, 
nom  donné  par  Beauzée  aux  mots  qui  énoncent 
une  idée  précise,  par  opposition  aux  mots  afl'ectifs, 
c'est-à-dire  aux  interjections  qui  n'expriment  qu'une 
affection  de  l'âme.  Proposition  énonciative,  celle 
qui  est  proprement  l'énoncé  d'un  jugement.  Con- 
struction énonciative,  mot  proposé  par  Dumarsais 
pour  ce  qu'on  appelle  plus  souvent  construction  ana- 
lytique, celle  qui  met  les  idées  et  les  mots  dans 
l'ordre  le  plus  conforme  à  la  raison. 

—  ÉTYM.  Lat.  en«n()a(tt)MS,  d'entindarc,  énoncer. 
lÎNONCIATION  (é-iion-si-a-sion),  s.  f.  jj  1°  Action 

d'énoncer  par  la  parole  ou  dans  un  écrit;  les  ter- 
mes mêmes  qui  énoncent.  Enonciation  de  telle  ou 
telle  clause.  Une  enonciation  ambiguë.  Une  simple 
enonciation  dans  les  choses  anciennes  est  un  titre, 
PATRU,  Plaid.  2,  dans  riciielet.  On  y  voit  seule- 
ment [dans  les  statuts  de  l'Académie  française]  que 
les  académiciens  doivent  être  assemblés  au  nombre 
de  vingt  pour  l'élection  et  la  déposition  d'un  acadé- 
micien; cela  n'est  qu'une  simple  enonciation  qui  ne 
leur  donne  aucun  droit  de  juridiction,  furetiére, 
Factums ,  t.  i,  p.  201.  La  pensée,  tant  qu'elle 
n'est  que  dans  notre  esprit,  sans  aucun  égard  à 
l'énonciation,  n'a  besoin  ni  de  bouche,  ni  de  lan- 
gue, ni  du  son  des  syllabes,  du  marsais.  Œuvres, 
t.  v,  p.  B.  On  n'aurait  à  placer  dans  les  titres  nou- 
veaux que  les  noms  et  renonciation  de  la  somme 
nette  des  intérêts  annuels,  montesqdiou.  Rapport, 
27  août  <790,  p.  18.  Il  2°  Synonyme  de  proposition. 
Une  enonciation,  affirmative  ou  négative,  parfaite, 
est  un  axiome,  Diderot,  Opin.  des  anc.  philos, 
{stoïcisme).  Dès  que  l'ensemble  des  mots  énonce  un 
sens,  il  fait  une  proposition  ou  une  enonciation,  du 
marsais,  Œuv.  t.  IV,  p.  332.  L'énonciation  est  une 


ÊNO 


4407 


proposition  qui  affirme  ou  rie  quelque  chose,  bar- 
thél.  Anach.  ch.  57.  ||  3°  La  manière  de  s'énoncer. 
Toute  sa  personne  [de  Barbezieux] ,  ses  manières  et 
son  enonciation  aisée  avaient  la  force  de  l'éloquence. 
ST-SIM.  85,  t03. 

—  HIST.  XVI'  s.  Toute  presupposition  humaine 
et  toute  enunciation  a  autant  d'auclûrité  que  l'aultre, 
si  la  raison  n'en  faict  la  différence,  mont.  11,  286 

—ÉTYM.  Lat.  enund'ad'onem ,  d'enMnti'arc ,  énoncer 
t  ÉNOPER  (é-no-pé),  v.  a.  Terme  de  manufac 

ture.  Synonyme  d'énouer. 
t  ÉNOPTKOMANCIE  (é-no-ptro-man-sie),    s.   f 

Prétendue  divination  au  moyeu  d'un  miroir. 

—  ÉTYM.  'Evoitxpov,  miroir,  de  Èv,  en,  et  îtito- 
|iai,  voir,  et  mnncie. 

tËNORCHITE  (é-nor-ki-f) ,  s.  f.  Pierre  figurée, 
de  forme  ronde,  et  renfermant  une  autre  pierre 
ronde,  à  laquelle  on  trouve  de  la  ressemblance  avec 
les  testicules. 

;  —  ÉTYM.  'Ev,  en,  et  Spxu,  testicule. 
/  ENORGUEILLI  (an-nor-gheu-lli,  Ilie,  U  mouil- 
lé*»-, an  prononcé  comme  dans  antérieur),  part, 
passé.  Rendu  orgueilleux.  Enorgueilli  de  sa  for- 
tune. Trop  enorgueillis  du  faste  de  leurs  rois,  volt. 
Orphel.  II,  7. 

ENORGUEILLIR  (an-nor-gheu-llir,  Il  mouillées, 
et  non  an-nor-gheu-yir,  an  prononcé  comme  dans 
antérieur;  quelques-uns  prononcent  é-nor-gheu- 
Uir;  mais  cette  prononciation  est  contraire  au  bon 
usage),  V.  a.  ||  1°  Rendre  orgueilleux.  Les  succès 
l'enorgueillissent.  Immolez,  dis-je,sire,  au  bien  de 
tout  l'Éiat  Tout  ce  qu'enorgueillit  un  .si  grand  at- 
tentat, corn.  Cid,  II,  9.  Il  Kig.  Ni  ces  cristaux  dont 
l'Inde  enorgueillit  ses  bords,  lebrun,  Élég.  1,  5. 
Il  2°  S'enorgueillir,  v.  réfl.  Devenir  orgueilleux.  La 
Grèce  a  produit  de  mon  temps  plusieurs  grands 
hommes  dont  elle  peut  s'honorer,  trois  surtout  dont 
elle  doit  s'enorgueillir,  Épaminondas,  Timoléon  et 
Phocion,  bartiiél.  Anach.  ch.  82. 

—  HIST.  XIII'  s.  Li  emperere  ....  s'enorgueill; 
moût  envers  les  barons  et  envers  ceus  qui  tant 
bien  li  avoient  fait  et  servi,  villeh.  xcii.  Et  ce  ont 
li  preudomeestabli  pour  les  garçons  qui  s'enorguel- 
lissent,  ains  qu'il  aient  fait  la  moitié  de  leur  terme 
ou  le  quart,  Liv.  des  met.  238.  ||  xve  s.  Or  se  gar- 
dent [les  Gantois]  de  eux  enorgueillir  et  leurs  capi- 
taines aussi;  mais  non  feront,  froiss.  ii,ii,  <68. 
(I  XVI'  s.  Afin  que  les  honneurs  ne  nous  enorgueil- 
lissent, CALV.  Inst.  552.  Afin  qu'ils  ne  s'enorgueil- 
lissent point  en  vaine  gloire,  id.  16.  558.  Tout  ainsi 
que  l'ennemy  se  rend  [ilus  aigre  à  notre  fuite,  aussi 
la  douleur  s'enorgueillit  à  nous  veoir  trembler  soubs 
elle,  MONT.  I,  305. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  orgueil;  provenç.  enorgolhosir. 
ÉNORME  (é-nor-m') ,  adj.  \\  1°  Qui  .sort  des  règles, 

des  bornes;  qui  est  choquant  ou  révoltant  par  son  ex- 
cès. Une  faute  énorme.  Celte  énorme  action,  faite 
presque  à  nos  yeux.  Outrage  la  nature,  et  blesse  jus- 
qu'aux dieux,  CORN.  Hor.  v,  3.  Ce  crime  quoique 
grand,  énorme,  inexcusable,  m.  16.  v,  3.Deschoçe3 
qui  selon  Dieu  sont  d'une  malice  énorme,  bourdal. 
Arent,  Scandale,  »9.  Recourirà  leurs  dieux  pour  leur 
demander....  ce  qu'ils  n'auraient  pu  demander  ouver- 
tementilans  les  temples....  sansrougir....  celasemble 
énorme  et  insensé,  id.  Carême,  1,  Prière.  Et,  dans 
l'amas  confus  de  chicanes  énormes.  Ce  qui  fut  blanc 
au  fond  rendu  noir  par  les  formes,  boil.  Sot.  i.  Il  était 
riche;  il  était  vêtu  magnifiquement;  il  faisait  bonne 
chère  :  que  trouvez-vous  là  de  si  énorme  et  de  si 
criant?  mass.  Car.  Riche.  Qu'il  [le  duc  de  Bourgo- 
gne] se  souvint  qu'il  n'était  venu  à  l'armée  qu'à 
condition  de  lui  obéir  [à  Vendôme];  ces  paroles 
énormes  firent  frémir  d'indignation  tout  ce  qui 
l'entendit,  ST-siM.  203,  SI2.  Etrange  vertu  qui  se 
forme  Souvent  de  l'assemblage  énorme  Des  vices 
les  plus  détestés,  i.  a.  rouss.  Odes,  11,  6.||2°  P»r 
extension  de  la  signification  morale  à  la  significa- 
tion physique,  extraordinaire  par  sa  grosseur  ou 
par  sa  grandeur.  Un  énorme  bloc  de  granit.  Un  co. 
losse  d'une  grandeur  énorme.  Cette  fortune  énorme. 
Cependant  un  sanglier,  monstre  énorme  et  superbe, 
Tente  encor  notre  archer,  friand  de  tels  morceaux, 
LA  FONT.  Fabl.  VIII,  27.  Le  savoir-faire  et  l'ha, 
bileté  ne  mènent  pas  jusqu'aux  énormes  riches- 
ses, LA  BRUV.  VI.  Il  Par  extension  et  familièrement. 
Le  bal  était  superbe,  un  monde  énorme,  les  plu; 
jolies  personnes  de  Paris,  M'"' de  GENUS,  Adèle  et 
Théod.  t.  III,  letl.  60,  p.  4(7,  dans  pougens.  ||  Il 
se  dit  aussi  de  la  durée.  M.  Patru,  qui  était  une  des 
lumières  de  l'Académie,  s'en  bannit  volontairement 
longtemps  avant  sa  mort,  parce  qu'il  fut  scandalisé 
de  la  longueur  énorme  du  temps  que  l'on  fut  à  dis- 
puter si  la  lettre  A  devait  être  qualifié»  simplement 


i 


1408 


ÉNO 


»0Yell«.  ou  fi  c'élail  un  «ubiUnlif  masculin,  fure- 
tini,  Faclutm,  t.  1,  p.  "«.  Il  On  trouve  énorme 
■Tce  (J«  d««ré»  de  comparaison.  Il  faut  que  la 
|u*liea  do  Djou  »oit  énorme  comme  sa  miséri- 
corde; or  la  Justice  envers  les  reprouvés  est  moins 
énorme,  p*sc.  dan»  cot'SiN.  D^s  que  l'homme  s'est 
liTfA  aui  passions  les  plus  honteuses,  et  qu'il  les 
a  poussée»  jusqu'aux  eicts  les  plus  énormes, 
UASS.  Parapltr.  Pi.  xiil,  v.  t.  \\  Cet  emploi  a  été 
condamné:  mais  l'usapre  l'autorise;  et,  vu  son  éty- 
mo!o(?io  el  sa  significalion,  énorme  ne  peut  être  as- 
similé à  immense.  ||  Terme  de  droit.  Lésion  énorme, 
lésion  qui  outrepasse  toute  mesure. 

—  RF.H.  Quand  énorme  signifie  excessif  en  gran- 
deur ou  en  grosseur,  il  se  met  avant  ou  aprJs  sôVi 
sulwlanlif;  mais  quand  il  signifie  irrégulier,  cho- 
quant, révoltant,  il  ne  se  met  guère  qu'après. 

—  IIIST.  xiv*  s.  Deux  énormes  forfaiz ,  ber- 
ciiEUBF,  r-  84,  verso.  Des  plus  énormes  et  villains 
cas.  Ordonn.  des  rois,  t.  vu,  p.  5*4.  Il  xvi*  s.  Ces 
énormes  pourtçpicts  que  les  enfants  vont  semant 
aux  passages  et  escaliers,  mont,  m,  333.  Kt  de  là 
il  n'y  eut  prescheur,  commediant ,  nouvellant  qui 
ne  se  fist  ouïr  sur  l'énorme  [abominable]  vie  du 
roi  [Henri  III],  d'aub.  Ilisl.  m,  n*.  Les  aposte- 
mes  énormes,  c'est  à  dire  excessives  en  grandeur, 
sont  souventes  fois  mortelles,  paré,  v.  4. 

—  ÉTYM.  Trovenç.  espagn.  et  ital.  énorme;  du  latin 
cinrmis,  àee,  hors,  etnortna,  règle  (voy.  normal). 

ÉNOBMIÎMENT  (é-nor-mè-man),  adt'.  D'une  ma- 
nière énorme.  Il  est  énormément  grand.  11  prétend 
avoir  été  lésé  énormément. 

—  lIlST.  XV'  s.  Icellui  suppliant  voyant  le  dit  Es- 
tienne  énormément  battu  et  gourfolé....  du  cange, 
affiHare.  ||  xvi'  s.  Et  par  quatre  jours  ne  cesse  de 
tempester  énormément,  rab.  Pant.  v,  6.  Lesquels, 
6  l'ouïr  crier,  pensoient  qu'il  fut  énormément 
blessé,  DESPER.  Contes,  xiii. 

—  ÉTYM.  Énorme,  et  le  suffixe  ment.  C'est  par 
"jn  abus,  que  l'usage  a  consacré,  que  l'on  dit  énor- 
mément, et  non  énormément  (prononciation  que  du 
reste  on  entend  quelquefois). 

ÉNORMITÉ  (é-nor-mi-lé),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de 
ce  qui  sort  des  règles,  des  bornes,  de  ce  qui  ré- 
volte par  l'excès.  J'en  [de  mes  crimes]  connais  mieux 
que  vous  toute  l'énormité,  corn.  Seftor.  v  ,  ♦.  Il  n'y 
a  point  de  supplice  assez  grand  pour  l'énormité  rie 
ce  crime;  et  s'il  demeure  impuni,  les  choses  les 
pljs  sacrées  ne  sont  plus  en  sûreté,  moi..  l'Av.  v,  t. 
Elle  représenta  l'énormité  du  cas  [le  coup  qui  avait 
privé  de  la  vue  l'Amour]  ;  Son  fils  sans  un  bâton  ne 
pourrait  faire  un  pas,  la  font.  Fabl.  xil,  t4.  Saisis 
de  l'énormité  d'une  apostasie  qui  allait  rendre  inu- 
tiles tous  les  travaux  de  votre  pénitence,  mass.  Car. 
Rechute.  S'il  [le  ministre  saint]  trouve  dans  vos 
passions  la  même  énormilé,  s'il  vous  conseille  les 
nêmes  remèdes,  ID.  Dang.  des  prosp.  Quand  le 
sctndale  des  péchés  n'y  ajouterait  pas  un  nouveau 
degré  d'énormité,  m.  Pet.  car.  Vices  et  vertus.  Je 
l'ai  vu,  je  lui  ai  reproclié  l'énormité  de  sa  con- 
duite, DiDER.  Lett.  à  Grimm.  jj  Absolument.  Ac- 
tion atroce  ,  indigne  ,  honteuse.  Commettre  une 
énormité.  Et  lorsque  je  m'oppose  à  tant  d'énormi- 
tés.  César  parle  des  droits  et  des  formalités,  volt. 
Calil.  IV,  4.  Il  Et  aussi  paroles  absurdes  ou  révol- 
••%ntes.  Il  dit  à  chaque  instant  des  énormités.  ||  Fa- 
milièrement et  ironiquement,  il  se  dit  d'une  énon- 
cialion  un  peu  risquée  ou  trop  franche ,  dans  la 
conversation.  Je  vais  dire  une  énormité.  \\i'  Excès  de 
grandeur,  de  grosseur.  L'énormité  de  sa  taille.  L'é- 
normité d'une  masse.  ||  Fig.  L'énormité  des  dettes, 
des  engagements.  Ses  vœux  tardifs  [pour  la  paix] 
n'étant  pas  exaucés,  il  envisnge  l'énormité  de  ses 
forces,  il  revient  sur  les  souvenirs  de  Tilsitt  et  d'Er- 
furt,  il  accueille  des  renseignements  inexacts  sur  le 
caractère  de  son  rival, sÉoun,  Bisi.  de  Napol.  ii,  6. 

—  HIST.  xiv*  s.  Pour  énormité  de  grandeur  ou 
quantité  de  corps  démesurée,  oresme.  Thèse  de 
meunier.  Choses  grèves  et  cruelles  que  la  énormité 
de  cestuy  fait  ne  laissa  pas  reciter,  berciieure,  (' 
ï7,  recto. 

—  ÊTVM.  Lat.  enormitas,  d'enormis,  énorme. 

t  ÉNOSTOSE  (é-no-stô-z'),  ».  f.  Terme  de  méde- 
cine. Tumeur  osseuse  développée  dans  le  canal  mé- 
dullaire d'un  os.  Opposé  à  exostose. 

—  ÊTYM.  'Ev,  en,  et  iatiot,  os. 
RNOUÉ,  ÉE  (é-nou-é.  ée),  porj.  passé. 
ENOL'KR  (é-nou-é),  ».  a.  Terme  de  manufacture. 

Epluclior  le  drap,  en  ôter  avecde  petites  pinoi;tles  de 
wr  les  nœuds  de  01,  pailles  et  ordures  qui  peuvent 
»T  rencontrer.  Ênouer  en  gras,  éplucher  le  drap 
«ranl  qu'il  soit  dégraissé  ;  énouer  en  maigre,  l'é 
pluchor  après  qu'il  est  dégraissé.  Il  Terme  de  vitrier. 


RNQ 

Séparer  les  noBud.i  de  soudure  du  vieux  plomb  avant 
de  le  faire  fondre. 

—  F,TY»l.  É  pour  es....  préfixe,  et  nœud. 

t  ÉNOUECR,  ECSE  (é-nou-eur,  eû-z),  s.  m.  et 
f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  énoue  le  drap. 

t  ENQUABRUPÉDER  (an-koua-dru-pé-dé),  v.  a. 
Terme  burlesque.  Métamorphoser  en  quadrupède. 
Tel  homme  bien  fait  par  nature,  Prenait  une  hor- 
rible figure.  Se  sentant  enquadrupéder,  scarron, 
Virg.  truresli,  chap.  vu. 

—  ÉTYM.  J?n  t ,  et  quadrupède. 

i  ENQUART  (an-kai),  s.  m.  Voy.  encart. 

ENQL'fiRANT,  ANTE  (an-ké-ran  ,  ran-t'),  adj. 
Peu  usité.  Qui  s'enquiert  avec  trop  de  curiosité. 
Vous  êtes  bien  enquérant. 

HIST.  XIII'  s.  Li  plus  enquérant  home  en  Nor- 
mandie, Proverbe  à  la  suite  de  Poésies  mss.  t.  iv, 
p.  4652,  dans  LACURNE. 

ENQUÉRIR  (S')  (an-ké-rir),  je  m'enquiers,  tu 
fenquiers,  ils'enquiert,  nous  nous  enquérons,  vous 
vous  enquérez,  ils  s'enquièrent;  je  m'enquérais;  je 
m'enquis  ;  je  m'enquerrai  ;  je  m'enquerrais  ;  enquiers- 
toi,  qu'il  s'enquière;  enquérons-nous;que  je  m'en- 
qiiière,  que  nous  nous  enquérions,  que  vous  vous 
enquériez,  qu'ils  s'enquièrent;  que  je  m'enquisse; 
enquérant;  enquis,  v.  réfl.  \\  1°  Faire  des  recherches 
sur.  Enquérez-vous  de  cela.  Allons  nous  enquérir  du 
cours  de  son  destin,  Tristan,  Mariane,y,  4.  Or- 
cambe  mille  fois  s'en  est  enquis  sous  main,  maih. 
Soliman,  l,  1.  J'aurais  besoin  d'un  homme  qui  s'en- 
qiiît  soigneusement  de  ses  mœurs  et  m'en  rendît  un 
compte  fidèle,  lesage,  Gi7B/a«,  iv,  2.  ||  Terme  de 
blason.  Armes  à  enquérir,  voy.  enquerre.  ||  2°  Cher- 
cher à  connaître,  étudier.  S'enquérir  des  principes 
dos  choses.  Il  [Tarquin]  s'enquit,  par  la  science 
(|u'il  avait  dans  les  augures,  si  elles  voudraient  cé- 
der leur  place  à  Jupiter,  montesq.  Hom.  xv.  Afin  de 
passer  aux  mystères  chrétiens,  commençons  par 
nous  enquérir  delà  nature  des  choses  mystérieuses, 
CHATEAUHR.  Gén.i,  1, 4.  Il  Proverbe.  Trop  enquérir 
n'est  pas  bon,  c'est-à-dire  on  s'enquiert  quelque- 
fois de  choses  qu'on  est  fâché  d'apprendre. 

—  SYN.  s'enquérir,  s'informer.  S'enquérir,  c'est 
faire  une  enquête;  s'informer,  c'est  prendre  une  in- 
formation. De  la  sorte  enquérir  est  de  mise  toutes  les 
fois  qu'il  s'agit  de  quelque  chose  de  plus  qu'une  sim- 
ple information.  Un  père  qui  va  marier  sa  fille  s'en- 
quiert des  mœurs  de  son  futur  gendre;  il  ne  se  con- 
tente pas  de  s'en  informer. 

—  HIST.  XI'  s.  Enquis  [il]  a  mont  la  lei  de  salveté 
[de  salut,  le  christianisme],  Ch.  de  Roi.  ix.  ||xii'  s. 
Dune  cumandad  li  reis  Jorams  que  unsmuntasten 
un  curreet  encuntrelui  alast,  e,  situst  fust  bien,  en- 
queist  et  demandas!,  JJoii,  p.  370.  ||xiii' s.  Et  li  en- 
envoia  ses  messages  por  enquerre  se  il  li  aideroit  et 
il  feroit  son  commandement,  villeh.  cxv.  [Que]  soit 
mais  de  moi  à  [par]  lui  nule  nouveleenquise,  Bertc, 
XXXI.  Et  [que]  cil  quatre  enquiercent  toutes  les  vé- 
rités, et,  quant  il  les  aront  encuises,  si  en  doinscnt 
à  chascun  son  droit,  H.  de  valenc.  xvii.  Ce  puet 
l'en  bien  des  clers  enquerre  Qui  Boece  de  confort 
[Boece  sur  la  Consolation]  lisent.  Et  les  sentences 
qui  là  gisent,  la  Rose,  6052.  Ains  se  doit-on  bien 
garder  D'enquerre  par  jalousie  Ce  qu'on  n'i  vodroit 
trover,  auboins  DE  sezanne,  Romancero,  p.  426. 
Il  xiv  s.  Il  est  bon  d'enquérir  quelle  chose  est  le 
souverain  bien  ou  la  fin  de  toutes  œuvres  humaines, 
ORESME,  Elh.  un.  Il  XV*  s.  Nul  homme  nepresta 
jamais  tant  l'oreille  aux  gens,  ne  ne  s'enquist  de 
tant  de  choses  comme  il  [Louis  XI]  faisoit,  comm. 
1,  to.  Il  xvi*  s.  Cela  est  enquérir  sur  les  secrets  dont 
la  pleine  révélation  est  différée  au  dernier  jour, 
CALV.  Jnst.  704.  Cyrus  s'estant  enquis  que  c'estoit  à 
dire,  MONT,  i,  650.  Je  m'enquis  à  luy  combien  de 
fois  il....  in.  I,  185.  Pourtant  la  fault-il  estudier  et 
enquérir  [la douleur],  lo.  i,  304.  Socrates  ramenoit 
tousjours  l'enquerant  à  rendre  compte  des  condi- 
tions de  sa  vie  présente  et  passée,  id.  ii,  239.  J'en 
suis  fort  peu  enquis  [de  conseils],  mais  j'en  suis 
encores  moins  creu,  id.  m,  270.  Tu  enquiers  et  es- 
coutes  avant  que  de  condamner,  amyot,  Rnm.  9. 
Les  devins  enquis  sur  la  signification  do  ce  présage 
respondirent,  id.  Timol.  4  1. 

—  ETYM.  Provenç.  enquêter,  enquérir,  enquerre; 
espagn.  inquirir  ;  ital.  inquerire,  incliierere,  in- 
chiedere;  du  latin  inquirere,  de  in,  en,  et  quas- 
rere  (voy.  quérir). 

ENQUERRE  (an-kê-r').  ||  !•  V.  a.  Terme  de  bla- 
son. Armes  à  enquerre  ou  à  enquérir,  armes  qui, 
étant  contre  les  règles  ordinaires,  font  qu'en  les 
voyant  on  se  demande  la  raison  de  cette  manière 
extraordinaire.  ||  2'  S.  m.  Ancien  terme  de  pra- 
tique.   Recherche   de    l'origine.  Faire   l'enquerre. 


ENQ 

—  ÉTYM.  Enquerre  est  l'ancien  infinitif  que  noue 
disons  enquérir  (voy.  l'historique  d'EHQuBBiB);  ar- 
mes à  enquerre,  sont  des  armes  dont  il  faut  s'en- 
quérir. 

t  ENQUERRR,  ée  (an-kê-ré,  rée),  adj.  Terme 
de  blason.  Armes  enquerrèes,  celles  qui  ont  quelque 
singularité  dont  il  faut  demander  l'explication. 

—  ETYM.  Enquerre  l. 

ENQUETE  (an-kê-f) ,  ».  f.  ||  !•  Terme  de  proté- 
dure.  Audition  de  témoins  en  justice,  pourvériRrr 
l'existence  ou  la  non-existence  de  faits  articulés  d  in» 
un  procès.  Enquête  verbale.  Enquête  par  écrit.  L<  s 
parties  étant  contraires  en  faits,  on  ordonna  une  en 
quête.  Il  Enquête  contraire  ou  contr'enquête,  cel!» 
qui  se  fait  dans  l'intérêt  du  défendeur.  Enquête  di- 
recte, celle  qui  se  fait  dans  l'intérêt  du  demandem. 
Il  Enquête  par  commune  renommée,  enquête  dan; 
laquelle  des  témoins  sont  appelés  à  déposer  de  ci 
q'i'ils  ont  vu  eux-mêmes  ou  appris  par  le  bruit  pu- 
blic. Il  Ancien  terme  de  droit.  Convertir  les  inforuia- 
tions  en  enquête,  rendre  civil  un  procès  crimiiK-l. 
Il  Chambre  des  enquêtes,  ou,  simplement,  les  .;ri- 
quêtes,  chambre  du  parlement  où  l'on  pigeait  jiarécr.t 
les  procès  appointés  en  première  instu.ce.  {|  Aulnes 
termes  de  l'ancien  droit.  Enquête  d'examen  à  futur , 
information  judiciaire  sur  des  faits  pouvant  devenir 
litigieux,  lorsqu'on  appréhendait  que  la  iiteuve  n'en 
vînt  à  périr  avant  que  le  procès  filt  entamé.  Enquûie 
par  tourbes,  information  judiciaire  sur  des  points 
douteux  des  coutumes  et  sur  des  usages  qui  n'étaitn! 
pas  rédigés  par  écrit.  Originairement  l'enquête  par 
tourbes  s'adressait  à  tous  les  notables  du  pays;  pins 
tard  on  n'interrogea  plus  que  les  praticiens.  Ab: fi- 
geons toutes  enquêtes  d'examen  à  futur,  et  ce!!' s 
par  tourbes  touchant  l'interprétation  d'une  coutu  e 
ou  usage;  et  défendons  à  tous  juges  de  les  ordonner 
ni  d'y  avoir  égard,  à  peine  de  nullité,  Ordonnanre 
de  4607,  titre  xni,  art.  unique.  ||2*  Il  se  dit  ausM, 
en  termes  de  canonisation  ou  de  béatificatio  i, 
des  recherches  pour  constater  les  faits,  jj  3°  f.iu 
des,  recherches,  en  matière  de  haute  admiii  - 
stration,  faites  par  ordre  de  l'autorité.  Enqm  :'^ 
commerciale.  Enquête  sur  les  fers,  sur  les  suer'  . 
Il  Enquête  de  commodo  et  incommoda,  lilteraleme.it 
enquête  sur  l'avantage  et  le  dé.savantage ,  celle 
qui  précède  la  mise  en  activité  de  certaines  u-; 
nés  ou  fabriques,  rangées  parmi  les  étabhssemeiils 
dangereux  ou  insalubres,  {j  Enquête  parleincr. 
taire,  enquête  ordonnée  par  une  assemblée  légis- 
lalive  et  faite  en  son  nom  par  une  commissimi, 
sur  certains  objets  d'intérêt  public.  J'ai  repoussé  K-s 
enquêtes.  Afin  de  plaire  à  la  cour,  bérang.  Ventru. 
Il  4°  Terme  de  marine.  Enquête  de  pavillon,  aciiii 
de  donner  la  chasse  à  un  navire  qu'on  veut  recon- 
naître, pour  lui  faire  hisser  son  pavillon. 

—  HIST.  xiri's.  X  ciaus  [ceux]  doit  demander  li 
baillix  s'il  voelent  atendre  loial  enqueste,  bea:  m. 
41 .  Il  xV  Que  en  trois  huches  ou  coffres  soient  mises 
les  dites  enquestes,  c'est  assavoir,  en  l'une  les  en- 
questes  à  juger,  et  en  l'autre  les  enquestes  jugé,  s, 
et  en  la  tierce  les  enquestes  de  sang  [les  enquên  i 
au  criminel],  dont  les  dizjugeurs  porteront  lesclo, 
Ordonn.  des  rois  de  Fr.  t.  i,  p.  730. 

—  ÉTYM.  Provenç.  enque»fa;  ital.  inchiesta  ;  di 
part,  passé  latin  inquisila,  pris  suhsiantivemi-ru. 
d'inquirere  (voy.  enquérir). 

ENQUÊTER  (S')  (an-kê-té),  v.  réfl.  S'enquérir.  An 
surplus,  mademoiselle,  vous  pouvez  vous  enqui'tn 
de  mon  humeur  et  de  mon  caractère,  je  suis  .s.lr 
qu'on  vous  en  fera  de  bons  rapports,  Marivaux,  ii>- 
rianiie,  c  part.  ||  Ne  s'enquêter  de  rien,  ne  so 
mettre  en  peine  de  rien.  Et  tout  le  peuple  lihiy- 
gien,  Qui  lors  ne  s'enquêtait  de  rien,  scarron  , 
Virg.  v. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ne  nousenquestons  pointde  Dii  u 
que  par  sa  parole,  calv.  Instit.  89.  Le  Seigneur  i  ■: 
s'enquestera-t-il  point  d'un  tel  forfait?  id.  ib.  '"i. 
Thaïes  qui  le  premier  s'enquesta  de  lelle  matier.', 
MONT.  II,  247.  Enqueste  du  nombre  des  soldats,  il 
respondit,  d'aub.  7/i»(.  m,  3I7. 

—  ÉTYM.    Enquête. 

ENQUÊTEUR  (an-kê-teur),  t.  m.  ||  1*  Aulrcf..i3 
juge  ou  officier  qui  avait  pouvoir  do  faire  des  t-ii- 
qiiêtes.  Il  Adj.  Juge  enquêteur.  On  nomme  un  com- 
missaire enquêteur;  on  nomme  un  expert;  on  ouvre 
une  enquête  à  la  mairie,  dupont  wuite,  Centrali- 
sation, p.  65.  Il  2''  Celui  qui  s'enquiert.  Fuis  ces 
grands  enquêteurs,  curieux  de  nou\elles,inc.  rai'In, 
p.  405,  dans  raynouard,  fni/uù/at'rc. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  de  l'office  as  auditeurs  est  il 
parlé  au  chapitre  qui  parole  des  auditeurs  et  er.- 
quesleurs,  heaum.  vi,  45.  ||xv'  s.  Et  peu  de  temjrs 
après  vint  et  arriva  à  Paris  Monsieur  de  ChastiUun, 


hNR 

grant  maistre  enquesteur  et  gênerai  réformateur  des 
eaux  el  foiesls,  J.  de  troyes,  Chr.  n89.  ||  xvi*  s.  Il 
est  jupe  enquesteur   et  lesmoiii   tout  ensemble,  DO 

BARTAS,  p.  3IS,  dans  RAYNOUAIID. 

—  ETYM.  Enquêter;  provenç.  enquistaire. 

t  ENQUEIITEU  (an-kou-té),  v.  o.  Terme  de  ma- 
rine. Passer  sans  danger  sur  la  queue  d'un  banc, 
d'une  pointe. 

—  RTYM.  Kn  1 ,  et  queue. 

t  ENOUI^AUDER  (an-kinô-dé),  V.  a.  Rendre 
quinaud,  enjôler.  Mais  s'il  n'eut  ces  mots  sur  la 
langue,  Il  les  eut  dans  le  coeur,  il  me  persuada,  S 
tort,  à  droit  me  demanda  Du  doux,  du  tendre  et 
semblables  sornettes,  Petits  mots,  jarpons  d'amou- 
rettes, Contits  au  miel;  bref  il  m'enquinauda,  la 
FONT.  Pnésies  mêlées,  XLVi.  Elle  avait  été  si  fiMée 
piir  tout  le  pays,  elle  avait  été  si  lionnêle  et  si  jio- 
lie,  que  je  fus  enquinaudé,  volt.  Lett.  d'Argental, 

2  OCt.  I7C6. 

—  ÉTYM.  Fnt,  et  quinaud.  On  a  dit  que,  dans  le 
passage  cité  plus  haut  de  la  Fontaine  où  il  s'agit  de 
Lulli  qui  lui  demande  un  opéra,  enquinauder  si- 
gnifiait faire  prendre  à  quelqu'un  le  style  de  Qui- 
nault,  le  célèbre  auteur,  et  que  de  là  enquinauder 
avait  pris  le  sens  de  tromper.  Mais  il  y  a,  bieji  avant 
Ouinault ,  l'expression  faire  quinaud,  qui  veut 
dire  tromper;  cela  tranche  la  question.  Toutefois  il 
paraît  bien  que  la  Fontaine  a  joué  en  même  temps 
sur  le  nom  de  Ouinault. 

ENQITIS,  ISE  (an-ki,  ki-z'),  port.  pas.çrf d'enqué- 
rir, Terme  de  pratique.  Auprès  de  qui  on  a  fait  en- 
quête. Ce  témoin  enquis  s'il  avait  vu.  Cette  femme 
enquise  de  son  âge. 

f  ENRACINADLE  (an-ra-si-na-W) ,  adj.  Qui  peut 
ôtre  enraciné. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  provigner  s'emploie  générale- 
ment en  toutes  plantes  enracinables  de  branche, 

o.  DE  SERRES,    7<o. 

—  ÉTYM.  Enraciner. 

ENRACINÉ,  ÉE  (an-ra-si-né,  née),  ■part,  passé. 
Il  1°  Oui  a  pris  racine.  Un  arbre  enraciné  sur  ce 
monticule.  |j  Oui  a  beaucoup  de  racines,  beaucoup  de 
chevelu,  en  parlant  d'une  plante.  ||  2*  Fig.  Cette 
haine  des  rois  Pour  l'arracher  descœuis  est  trop  en- 
racinée, CORN.  Cinna,  n,  t.  Il  faut  que  l'orgueil 
soit  enraciné  bien  avant  dans  vos  cœurs  I  Boss.  m, 
Ànnonc.  4.  Plus  j'ai  de  raisons  de  partir  de  ce  monde, 
plus  je  m'y  trouve  enracinée,  maintenon,  LM.  au 
duc  de  Noailles,  fS  mars  <7)2.  C'est  parce  que 
je  craignaisprodigieusement  que  vous  n'exerçassiez 
sur  votre  humble  client  l'habitude  enracinée  où  vous 
êtes  de  vous  moquer  de  lui,  volt.  Letl.  au  duc  de 
Richelieu,  25  mai  <772.  Les  préjugés  ridicules  in- 
troduits ou  enracinés  par  les  charlatans  dans  l'esprit 
du  peuple,  conhoucet,  Haller. 

t  ENRACINEMENT  (  an-ra-si-ne-man  ) ,  s.  m. 
Il  1»  Action  d'enraciner,  de  s'enraciner.  ||  Fig.  L'en- 
racinement des  vices.  ||  2°  Terme  de  construction 
hydraulique.  Espèce  de  culée. 

—  HIST.  xvi*  s.  Cest  enracinement  de  branche 
[bouture]  espargne  la  peine    d'enter  le  grenadier, 

o.  DE  SERRES,   696. 

—  ÉTYM.  Enraciner. 

ENRACINER  (an-ra-si-né) ,  v.  a.  jl  l'  Faire  pren- 
dre racine  à.  Enraciner  un  arbre.  La  joubarbe,  la 
menthe  et  ces  fleurs  parasites  One  la  pluie  enracine 
aux  parois  décrépites, lamart.  Joc.vi,  '■'•22.  ||  2"  Fig. 
Fixer  par  des  attaches  morales  comparées  à  des  ra- 
cines. Ces  tendres  sentiments  Oue  l'amour  enracine 
au  cœur  des  vrais  amants,  corn.  Tois.  d'or,  m,  3. 
L'inclination  au  bien  sensible  est  née  avec  nous; 
nous  l'avons  enracinée  jusque  dans  nos  moelles, 
si  je  puis  parler  de  la  sorte,  par  nos  attachements 
criminels  et  nos  mauvaises  habitudes,  boss.  2' serm. 
pour  le  jour  de  Pâques,  t.  Le  tribunal  des  commis- 
'saires  est  odieux  k  la  nation;  c'est  un  préjugé  qu'on 
a  enraciné  dans  les  esprits  par  les  études ,  Ff.NKL. 
Xém.  sur  la  voie  de  procéd.  contre  les  huit  prélats, 
tu.  Je  n'insulterai  pas  à  ces  préventions  Que  le 
lemj.s  enracine  au  cœur  des  nations,  volt.  Irène, 
V,  2.  Partout  où  la  monarchie  est  illimitée,  il  n'y  a 
point  et  il  ne  saurait  y  avoir  de  liberté;  il  y  a  tout 
au  plus  des  repos  momentanés  qui  produisent  une 
sécurité  funeste,  enracinent  l'obéissance  passive  et 
lie  garantissent  en  aucun  sens  le  peuple  et  les  indi- 
vidus, MIHAB.  l.elt.  de  cachet,  i,  8.  i|3°  S'enraciner, 
ç.  réft.  Prendre  racine.  Les  plantes  marines  s'enra- 
cinent sur  les  sables  et  sur  les  rochers.  ||  Fig.  Se  fixer 
par  des  attaches  morales.  On  a  vu  s'enraciner  cette 
coutume  bizarre.  Fais  que  par  li  ma  foi  d'autant 
mieux  s'illumine;  Oue  par  là  mon  espoir  d'autant 
mieux  s'enracine  Kn  ta  haute  bonté,  corn.  7rm'(. 
IV,  44.  La  tristesse,  l'ennui,  les  regrets,   le  déses- 

DICT.    DE   LA   LANGUn    FRAMCAISE. 


I  poir  sont  des  douleurs  peu  durables  qui  ne  s'enra- 
cinput  jamais  dans  l'Sme,  et  l'expérience  dément 
toujours  le  sentiment  d'amertume  c|ui  nous  fait  re- 
garder nos  peines  comme  éternelles,  j.  J.  Rouss.  llél. 
m,  22.  Il  Avec  suppression  du  pronom  personnel. 
Laisser  enraciner  les  abus. 

—  HEM.  L'Académie  donne  ce  verbe  seulement 
comme  réfléchi;  mais  l'actif  est  appuyé  sur  de  très- 
bonnes  autorités. 

—HIST.  XII'  s.  Gens  si  ahers  rattachés]  et  si  enraci- 
nezens  terriens  solas  et  ens  corporiiens,  qu'il  dépar- 
tir ne  s'en  puyent  [peuvent],  st-bebn.  p.  523.  jj  xiir  s. 
Dame,tuitli  bien  sont  changié,  Et  tuit  limai  sont  es- 
saucié  Et  enraciné  et  repris.  Lai  du  conseil.  Pense 
d'aillors  enraciner  Les  entes  où  tu  vues  [veux]  fruit 
prendre,  la  Itose,  t)(96.  jj  xiv*  Puis  c'orgieux  [or- 
gueil] ou  [au]  cuer  .s'enracinne,  j.  decondkt,  p.  )07. 
Le  cep  de  vigne  qui  sera  planté  et  de  longtemps  en- 
raciné, Ménagier,  II,  2.  Il  XVI'  s.  Il  n'y  a  que  leseleus 
ausquels  il  lace  ce  bien  d'enraciner  la  foy  vive  en 
leur  cœur,  Calvin,  Instil.  4J7.  Une  haine  qu'il avoit 
enracinée  en  son  cœur  et  une  rancune  envieillie  à 
l'encontre  des  Romains,  amyot,  Flamin.  44. 

—  ETYM.  En  t ,  et  racine;  provenç.  enragigar, 
enraigar. 

ENRAGÉ,  ÉE  (an-ra-jé,  jée),  part,  passé.  ||  1°  Oui 
estaffectéde  larage.  Onchienenragé.  {|  Fig.Unchien 
enragé,  un  fort  méchant  homme.  ||  Populairement.  11 
a  mangé  de  la  vache  enragée,  c'est-à-dire  il  a  beau- 
coup souffert  de  privations  et  de  fatigues;  locution 
prise  peut-être  de  ce  que,  disant  :  c'est  de  la  vache, 
pour  de  la  mauvaise  viande,  on  aura  dit  de  la  vache 
enragée,  pour  de  la  très-mauvaise  viande.  ||  2°  Fig. 

Trés-irrité Rustan  est  enragé  de  voir  C'tievous 

nous  commandez  avec  tant  de  pouvoir,  mair.  .S'o- 
lim.  III,  2.  Il  a  été  enragé  qu'on  ne  l'ait  pas  fait 
chef  d'escadre,  sÉv.  477.  Le  chevalier  est  bien  en- 
ragé de  n'être  point  brigadier,  id.  256.  Ils  sont  enra- 
gés à  force  d'être  devenus  méchants,  m.  320.  ||  Être 
enragé  contre  quelqu'un,  être  trè.s-animé  contre  lui. 
Toutes  les  dames  de  la  cour  étaient  enragées  contre 
elle,  SÉV.  4t9.  Il  3°  Qui  tient  à  une  chose  avec  une 
sorte  de  rage.  Il  faut  être  bien  enragée  pour  aimer 
la  vie  autant  qu'on  fait,  SÉv.  (40  ||  4°  Três-violent, 
excessif,  en  parlant  des  personnes.  Savez-vous  sous 
quel  joug  cet  hymen  nous  a  mis?  De  nos  plus  en- 
ragés et  mortels  ennemis,  botr.  Aniig.  n,  4.  IJa- 
vard  enragé,  laissez-nous,  Beaumarchais,  Mar.  de 
Figaro,  I,  3.  ||  11  se  dit  aussi  des  choses.  Je  suis  du 
tout  en  proie  à  ma  peine  enragée,  Régnier,  Dial. 
L  instinct  enragé  qui  meut  ses  passions  Ne  mettra 
plus  de  borne  à  vos  prétentions,  botr.  Kcncf's(.  m,  7. 
U'fait  une  dépense  enragée,  sÉv.  B89.  Il  a  fait  ici  un 
temps  enragé  depuis  trois  jours  :  les  arbres  pleu- 
vaient  dans  le  parc,  et  les  ardoises  dans  le  jardin, 
ID.  l.ett.  8  janvier  4G76.  Maudit  sonneur,  qui  fait 
un  bruit  enragé,  la  bbuy.  Théophr.  25.  ||  Une 
musique  enragée  ou  d'enragé,  musique  bruyante 
et  discordante;  se  dit  aussi  du  tapage.  ||  5°  Substan- 
tivement. Un  enragé,  une  enragée,  une  personne 
atteinte  de  la  rage.  ||  Fig.  Celui,  celle  qui  se  livre  à 
des  actions  violentes  ou  folles.  Tandis  qu'Achillas 
même,  épouvanté  d'horreur.  De  ces  quatre  en- 
ragés admire  la  fureur,  cohn.  l'omp.  11,  2.  Com- 
ment! ces  enragés  Gisent-ils  déjà  morts  l'un  par 
l'autre  égorgés?  rotr.  Antig.  i,  2.  Sers-toi  d'une 
enragée  et  d'une  furieuse,  id.  Uerc.  mour.  11,  2. 
Hé  bien!  ne  voilà  pas  mon  enragé  de  maître?  mol. 
l'Ét.  v,  7.  Mon  maître  est  un  vrai  enragé,  d'aller 
se  présenter  à  un  péril  qui  ne  le  cherche  pas,  m. 
Don  Juan,  m,  3.  L'enragé  qu'il  était,  né  roi  d'une 
province  Ou'il  pouvait  gouverner  en  bon  et  sage 
prince.  S'en  alla  follement,  et  pensant  être  Dieu, 
Courir  comme  un  bandit  qui  n'a  ni  feu  ni  lieu,  boil. 
Sat.'VJU.  Votre  monsieur  le  marquis  aime  la  musique 
et  la  danse  comme  un  enragé,  uancoubt,  Opéra 
de  village,  se.  2.  ||  Crier  comme  un  enragé,  jeter 
les  hauts  cris. 

ENRAGEANT,  ANTE  (an-ra-jan,  jan-t'),  adj. 
Terme  familier.  Qui  fait  enrager.  Cela  est  enra- 
geant. 

t  ENRAGEMENT  (an-ra-je-man),  s.  m.  L'état  de 
celui  qii'  enrage. 

—  HIST.  XVI'  S.  Enragement,  oodin,  Diet. 

—  Etym.  Enrager. 

ENRAGER  (an-ra-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
ou  0  ;  j'enrageai,  nous  enrageons),  v.  n.  ||  !•  Être 
pris  de  la  rage.  Ce  chien  a  été  mordu  ;  il  est  à  crain- 
dre qu'il  n'enrage.  Il  2°  Par  extension,  souffrir  une 
douleur  excessive.  11  enrage  du  mal  de  dents.  ||  Il 
n'enrage  pas  de  mentir,  ou  il  n'enrage  pas  pour 
mentir,  c'est  un  grand  menteur,  c'est-à-dire  que, 
'  mentir  ne  lui  causant  aucune  souffrance,  ils'aban- 


ENR 


1409 


donne  à  tonte  sorte  de  mensonges.  En  même  temps 
la  renommée  ,  Qui  souvent  est  mal  inlorraée  Et 
n'enrage  [las  pour  mentir,  sgabron  ,  Virg.  m. 
Pour  le  portrait  de  Mezzetin,  La  Fontaine  a  fait  un 
sixain  Où  l'on  voit  cet  acteur  traité  d'incomparat'.e; 
Si  la  Fontaine  a  cru  la  chose  véritable.  Je  n'oserais  le 
garantir  :  Mais  je  sais  bien  qu'étant  fort  porté  pour  la 
fable.  Il  n'enrag«paspourmentir,OACON,^pt9ramme. 
Il  3"  Être  tourmenté  d'un  violent  désir.  Enrager  de 
soif,  de  faim.  11  enrage  de  jouer,  de  parler.  Tantale 
enrage  de  manger;  De  mets  friands  sa  table  on  cou- 
vre, SCARRON.  Virg.  vi.  ||  4°  Éprouver  un  violent  dépit, 
une  grande  impatience.  Mille  fâcheux  cruels,  qui 
ne  pens  ni  pas  l'être,  De  nos  faits  avec  moi,  sans 
beaucoup  me  connaître.  Viennent  se  réjouir  pour 
me  faire  enrager,  mol.  Amph.  m,  4.  On  sait  assez 
que  le  destin  Adresse  là  les  gens  quand  il  veut 
qu'on  enrage,  la  font.  Fabl.  vi,  (8.  Les  valets  en- 
rageaient, l'époux  était  à  bout,  lo.  ib.  vu,  2. 
Ouand  vous  devriez  en  enrager,  SÉv.  444.  Quelle 
sérénité!  savez-vous,  quand  j'enrage,  One  j'enrage 
encor  plus,  si  l'on  n'enrage  aussi  ?  piron,  lléirom. 
I,  4.  Ces  lentes  formalités  de  jiistire  qui  tant  de  fois 
le  firent  enrager  [le  cardinal  de  Retz],  comme  lui- 
même  le  raconte,  p.  L.  coun.  i,  4  73.  ||  Il  se  construit 
avec  de  et  le  verbe  à  l'infinitif.  J'enrage  de  me  taire 
et  d'entendre  mentir,  corn,  lient.  1,  B.  J'enrage 
de  trouver  cette  place  usurpée,  Et  j'enrage  de  \o'r 
ma  prudence  trompée,  mol.  Éc.  des  f.  m,  B.  J'en- 
rage de  voir  de  ces  gens  qui  se  traduisent  en  ridi- 
cule malgré  leur  qualité,  id.  Critique,  6.  ||  Il  se 
construit  aussi  avec  que  et  le  verbe  au  subjonctif. 
J'enrage  que  mon  père  et  ma  mère  ne  m'aient  pas 
fait  bien  étudier  dans  toutes  les  sciences,  quand 
j'étais  jeune,  mol.  Bourg,  gent.  n,  6.  ||  Fig.  II  ferait 
enrager  bête  et  marchand,  ou  la  bête  et  le  marchand, 
se  dit  d'un  homme  qui  tracasse  .=ur  tout,  qu'on  ne 
saurait  satisfaire  sur  rien.  ||  Prendre  patience  en  en- 
rageant, c'est-à-dire  malgré  soi. 

—  REM.  Enrager  se  construit  avec  l'auxiliaire 
avoir,  quand  on  veut  marquer  l'action  :  le  chien 
a  enragé  et  s'est  enfui;  avec  l'auxiliaire  être,  quand 
on  veut  marquer  l'état  :  le  chien  est  enragé  depuis 
hier. 

—  HIST.  xii*  s.  Tel  duel  [deuil]  en  ot  [il] ,  par  un 
petit  n'enrage,  Itonc.  p.  8t.  En  la  curt  l'arcevesque 
vindrent  li  enragié;  Tut  dreit  devant  la  sale  sunt 
descendu  à  pié.  Th.  le  mart.  438.  Là  l'unt  trait  et 
mené  li  ministre  enragié:  Asolez  [absolvez],  funt  il, 
cels  qui  sunt  escumengié  [excommuniés],  Ecelsqui 
sunt  par  vus  suspendu  elat:ié[liés],  16,  448.  ||  xin'  s. 
S'en  venoit  li  lions  comme  heste  enragié,  Berte,  11. 
Or  vous  dirons  dou  roi  Kicart  qui  esloit  en  Cypre, 
et  ot  eu  lettres  d'Acre  qui  prise  estoit,  et  en  fu  si 
courrouciés  qu'à  poi  qu'il  n'erriigoii,  Chr.  de  llains, 
p.  40.  [La  jalousie]  Oui  tous  jors  d'autrui  joie  en- 
rage, la  Rose,  7442.  Sa  char  soit  or  livrée  as  lous, 
Elles  os  as  chiens  enragiés!  ib.  91 59.  ||  xv  s.  Là  es- 
toit  le  comte  [de  Flandre]  qui  les  prioit  etadmones- 
toit  de  bien  faire  et  de  prendre  la  vengeance  de  ces 
enragés  de  Gand,  froiss.  ii,  ii,94.  ||  xvi'  s.  Ibycusles 
appelle  Andromanes,  c'est  à  dire  enrageans  [dési- 
rant] d'avoir  le  masle,  amyot,  Lyc.  el  Num.  cnmp.  8. 
Hz  se  jetterent  hors  de  toute  raison  et  de  toute  hu- 
manité pour  servir  à  la  passion  de  leur  furieuse  haine 
et  enragé  courroux,  id.  Cicér.  58.  Les  autres  asseu- 
royent  que  l'eau  de  la  mer  guerissoit  les  enragez, 
si  on  les  jette  dedans;  et  de  faicton  les  mené  main- 
tenant à  la  mer,  comme  le  plus  asseuré  remède, 
ouiLL.  EOUCHET,  VII  Serée. 

—  ÉTYM.  En  4,  et  roge; bourguign.  cnraiV;pro- 
venç.  enrabiar ,  enratjar,  enrapjar,  enranjar.  Il  y 
avait  aussi  la  forme  esrager. 

f  ENRAGERIE  (an-ra-je-rie),  s.  f.  Acte  d'homme 
enragé,  furieux. 

—  HIST.  XV'  s.  Lors  se  leva  \y  déesse  de  discorde, 
qui  estoit  en  la  tour  de  mauconseil,  et  esveilla  ire 
la  forcenée,  etconvoitise,  et  enragerie, et  vengeance, 
et  prindrent  armes  de  toutes  manières.  Journal  de 
Paris  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  4o,  clans  lacobne. 
Il  XVI'  s.  Il  fit  toutes  les  enrageries  contre  sa  femme 
dont  il  se  peut  aviser,  Amours  d'Henri]  IV,  p.  4V, 
dans  LACL'BNE. 

—  ETYM.  Enrager. 

t  ENRAIEMENT  (an-rê-man),  s.  m.  Action  d'en- 
rayer. L'enraiement  était  difficile.  Lenraiement  fui 
long. 

—  ÉTYM.  Enrayer  < . 

f  ENRASER  (an-ra-zé),  v.  a.  Synonyme  d'arrasnr. 

4.  ENRAYÉ,  ÉE  (an-iè-ié,  iée),  pari,  passé  d'en- 
rayer 4.  Retenu  par  un  obstacle  mis  dans  les  rayons 
de  la  roue  ou  par  un  sabot.  Uue  voiture  enrayée. 
Il  Fig.  Une  affaire  enrayée, 

—  177 


K10  ENR 

,  E.VKAVfi,  f.K  (»n-rè-ié,  iée),  pa^t.  passi 
d'anraviT  i.  Champ  enrayé. 

r  KNKAVKB  <in  K-.é).  j'enraye,  tu  enrayes  .1 
Jriye  ou  c,.ra.e.  ..ou»  enrayons,  vous  enrayez,  .U 
!^âîeniou  enraicnl;  j'en-^y»'».  nous  enray.o.is, 
îoiî  enrayiez,  .l»enr.ya.en;;j'enrayar,  J  enrayera., 
ou  enri.ierai,ouenralrai  J'enrayerais,  ou  enraierais, 
oueuralrais;enraye,enrayuns;quej'enMye.quenous 
enrayions,  que  vous  enrayiez,  qu'ils  enrayent;  que 
renrayassèrenrayant;  enrayé,  v.  a.\\i'  Meure  les 
rais  d'une  roue  dans  leurs  mortaises.  ||  a-  Retenir 
les  roues  en  barrant  les  rais  avec  un  bâton,  une 
chaîne,  une  corde,  ou  e'.  se  servant  d'un  sahot. 
Il  KiK  Retenir.  ChamiUart  était  leur  instrument 
iveuKl'e  (du  parti  de  MlleChoiii],  sans  pouvoir  être, 
ienedis  pas  arrêté,  mais  enrayé  le  moins  du  monde 
par  les  ducs  «le  Chevreuse  et  de  Beauvill.er,  ST- 
SIUON  20»  222.  Il  Absolument.  On  enraye  aux  des- 
centes rapides.  ||  Kig.  S'arrêter  sur  une  mauvaise 
pente.  Voili  plus  de  mauvaises  plaisanteries  que  tu 
ne  m'as  tenu  de  mauvais  propos,  il  est  temps  d'en- 
rayer,!. J.  EOUSS.  II(fl.l,  ^'i- 

—  iiisT.  XII'  S.  Mieux  vaudroit  enraier  que  ne 
tous  traie  à  fin,  iloncis.  p.  <96. 

—  ETYH.  En  i  ,  et  ray,  radical  de  rayon  (voy.  ce 
mot)    dans  le  sens  de  rtiyon  de  roue. 

•i.  ENRAVEK  (an-rè-ié),  ».  a.  Se  conjugue  comme 
enrayer  i.  Terme  d'agriculture.  Tracer  le  premier 
sillon  dans  un  champ  qu'on  veut  labourer.  ||  Plus 
«pécialement.  Enrayer  les  sillons,  labourer  en  fai- 
sant verser  la  tranclie  du  côté  intérieur  de  la  plan- 
che ou  billon,  de  façon  à  faire  un  ados  au  milieu. 

—  insT.  XIII*  s.  Ouand  li  aprentiz  est  euroié  à 
apreiidre,  et  il  s'enfuist  un  mois  ou  deux,  il  oublie 
quant  que  il  a  apris,  Liv.  des  mél.  BO.  Orguel  deso- 
lûeist,  orguel  fiert  et  desioie;  Orguel  veut  achever 
quanqu'il  pense  et  enrôle  [commence],  j.de  meuno, 
lesl.  1706. 

—  ETYM.  En  4 ,  et  rate. 

t  ENRAYECR  (an-rè-ieur) ,  t.  m.  Ouvrier  qui 
conduit  la  sonnette  à  déclic. 

—  ETYM.  Knrayer  . . 

f  EN'RAYOUl  (an-rèioir),   s.  m.    Machine  pour 
enrayer  une  voilure. 
— lllST.  xvi*  s.  Eiirayoir,  cotgbave. 

—  ETYM.  Enrayer  1. 

<.  ENRAVURE  (an-rè-iu-r") ,  s.  f.  Ce  qui  sert  à 
enrayer  une  roue.  L'enrayure  cassa.  ||  Kig.  Mme  de 
Saint-Simon,  tout  dévotement,  enrayait  tant  qu'elle 
pouvait  ces  propos  étranges  [de  la  duchesse  d'Or- 
léans et  de  moi  sur  la  mort  de  Monseigneur],  mais 
l'enrayure  cassait,  sr-siu.  202,  229. 

—  ETYM.  Enrayer  i. 

t  U.  ENRAYURE  (an  rê-iu-r') ,  s.  f.  ||  1»  Terme  d'a- 
griculture Première  raie  que  fait  la  charrue  en  la- 
bourant. Il  2"  Terme  de  charpentier.  Se  dit  des  pièces 
do  bois  qui  aboutissent  à  une  espèce  de  centre  et  s'é- 
loignent en  forme  de  rayons,  soit  dans  les  planchers 
plats,  soit  dans  les  combles.  Planchers  à  enrayures, 
sorte  de  planchers  à  solives  disposées  en  rayons. 

—  ETYM.  Enrayer  2. 

ENRÉGIMENTÉ,  ÉE  (an-ré-j.-man-té,  tée),  part. 
patsé.  Leurs  habitants  enrégimentés  pourraient  four- 
nir au  besoin  des  troupes  nombreuses,  }.  j.  bouss. 
Pologne,  12. 

ENRÉGIMENTER  (an-ré-ji-man-té),  v.  a.  For- 
mer en  régiment.  Enrégimenter  des  compagnies, 
des  soldais.  ||  Kig.  Faire  entrer  dans  un  parti,  dans 
une  coterie.  Il  s'est  laissé  enrégimenter.  ||  S'enré- 
gimenter, V.  réfl.  So  mettre  dans  un  parti,  dans 
une  coterie,  et  en  suivre,  comme  un  soldat,  toutes 
les  impulsions. 

—  ETYM.  En  i,  tt  régiment. 
-t  ENREGISTRABLE  (  an-re-ji-stra-bl'),  odj.  Qui 
peut,  qui  doit  être  enregi^tré.  Projet  de  déclara- 
tion du  roi,  enregistrable  au  parlement,  en  faveur 
descomédiens,  volt.  Lrlt.  d'Argenlal,  <<  oct.  4702. 
ENREiilSTRÉ,  ÉE  (an-re-ji-slré,  strée,  ou,  sui- 
vant ijuelques-uns,  an-re-j.tré),  par»,  pusj^. 'l'ran- 
«crit  sur  un  registre.  ||  Transcrit  par  une  cour 
souveraine  sur  les  registres.  Malgré  la  réclamation 
des  rnaviisi rats,  la  bulle  |L'nigei.itusJ  fut  enregistrée; 
tout  plia,  de  gré  ou  de  force,  sous  le  poids  do  l'au- 
torité royale,  d'alemii.  Destr.  de*  Jifuit.  (JHuvret, 
t,  v.  p.   07,  daii>  pouGss»» 

ENREGISTREMENT  (an-re-ji-stre-man,  ou,  sui 
tant  queliines-iiiis,  aii-re  ji-tre-man),  t.  m.  ||  1*  Ac- 
tion denrpgislrer.  L'cnregistremenl  des  actes  pu- 
blics. Di.reau,  droit  d'cnri'gistrenienl.  ||  Taxe  qui  se 
perijoit  sur  l'enregistrement  des  actes.  ||  Terme  d'ad- 
ministration. Directeur,  receveur  de  l'enregistre- 
m«nl.  Il  Absolument.  L'enregistrement,  l'adminislra- 
lion  de  l'euregisiroment  Ce  jeune  homme  se  destine 


ENR 

à  l'enregistrement.  ||  2'  Acte  par  lequel  une  cour 

souveraine  faisait  transcrire  sur  ses  registres  une  or- 
donnance, un  éditdu  roi.  ||  3-  Ce  qu'on  écrit  sur  un 
contrat  ou  acte,  po-r  faire  foi  qu'il  a  été  enregistré. 

—  ETYM.  enregistrer. 

ENREGISTRER  (an-re-ji-stré,  ou,  suivant  quel- 
ques-uns, an-re-ji-t.é),  v.  a.  ||  l'  Noter  quel.jue 
chose  sur  un  registre.  ||  Kamiliérement.  Prendre 
note.  Je  ne  suis  pas  là  pour  enregistrer  toutes  ses  ac- 
tions. Il  2°  Tran.scrire  ou  mentionner  un  acte  sur  un 
registre  public.  Enregistrer  un  arrêt,  un  acte  de 
vente.  Il  3°  Anciennement.  Faire,  en  parlant  d'une 
cour  souveraine,  l'enregistrement  d'une  onlonnance. 
Le  parleiiientrefu.sa  d'enregistrer  les  nouveaux  édits. 
La  manifestation  ou  installation  des  pairs  dans  leurs 
oflices  est  ce  qui  a  fixé  leur  ancienneté  avant  qu'il 
y  eût  érection,  enregistrement,  tribunal  enregis- 
trant, ST-siMON,  300,  437.  Il  4°  S'enregistrer,  t).rf/l. 
fitre  enregistré.  Les  prophéties  s'enregistraient  dans 
les  archives  du  temple,  boss.  Ilist.  i,  e. 

lilST.  xiv*  s.  Kaictes  par  maistre  Jehan  le  des- 

pensier  enregistrer,  en  son  papier  de  la  despense, 
le  jour  que  vous  retendrez  la  chamberiere,  son  nom 
et  de  son  père,  tténagier,  ii,  3.  ||  xv*  s.  Or  re- 
tournons aux  besognes  de  Portingal....  afin  que  au 
temps  à  venir  on  les  trouve  escriptes  et  enregis- 
trées, FROiss.  Il,  m,  28.  Deux  clercs  pour  escrire  et 
enregistrer  les  noms  de  ceux  qu'ils  trouveroient,  id. 

1,   1,   2U5. 

—  ETYM.  En  t ,  et  registre;  provenç.  enregtstrar. 
f  ENREGISTREUR  (an-re-ji-streur) ,  s.  m.  Terme 

de  physique.  Appareil  qui  enregistre  à  fur  et  mesure 
certains  phénomènes  tels  qu'ils  se  passent.  ||  Àdj. 
Appareil  enregistreur. 

—  ETYM.  Enregistrer. 

f  ENRÊNER  (an-rê-né),  V.  a.  Arrêter  et  nouer 
les  rênes  des  chevaux  de  carrosse  ou  de  toute  autre 
voiture. 

—  ETYM.  En  4 ,  et  r^ne. 

t  ENRÊNOIRE  (an-rê  noi-r'),  s.  f.  Terme  de  ma- 
nège. Morceau  de  bois  auquel  on  attache  les  rênes. 

ENRUCMÉ,  ÉE  [an-ru-mé),  part,  passé.  Affecté 
d'un  rhume.  Il  n'est  point  enrhumé  pour  dormir 
sur  la  terre,  régnieb,  Sut.  xiv.  Voit-on  les  Grâces 
enrhumées.  Elles,  à  ce  qu'Horace  dit.  Avec  Vénus 
accoutumées  i  danser  sans  bonnet  de  nuit.  Foulant 
d'un  pied  nu  les  prairies,  cuauuku,  Ép.  à  Mme  de 
Ldssay,  2  mai  4702.  ||  Par  plaisanterie.  Et  du  canon 
bourgeois  la  culasse  enrhumée  Tousse,  et  jette  dans 
l'air  mille  francs  de  fumée,  Barthélémy,  Satire  sur 
Us  (êtes  of/Uielles.  \\  Fig.  Au  pied  du  trône  une  harpe 
se  rouille;  Bardes  du  sacre,  ètes-vous  enrhumés? 
BÉiiANG.  Dix  mille  fr.  ||  Substantivement.  Un  enrhu- 
mé. L'Enrhumé,  titre  d'une  chanson  de  Béranger. 

ENRllU.MER  (an-ru-mê),  v.  a.  Causer  un  rhume. 
Le  moindre  changement  de  temps  l'enrhume.  Quoi! 
pas  un  seul  petit  couplet  I  Chansonnier,  dis-nous 
quel  est  Le  mal,  qui  te  consume'/  —  Amis,  il  pleut, 
il  pleut,  il  pleut  des  lois;  L'air  est  malsain,  j'en 
perds  la  voix;  Amis,  c'est  là.  Oui,  c'est  cela,  C'est 
cela  qui  m'enrhume,  béuang.  l'Enrhumé.  \\  S'enrhu- 
mer, V.  réfl,.  Contracter  un  rhume.  Elle  s'est  en- 
rhumée en  sortant  de  bal. 

—  HlST.  xiii*  s.  11  dist  au  leu  [loup  ]que  molt  esteit 
Anrimez,  si  qu'il  ne  poeil  De  li  sentir  sue  [sa] 
llaireur,  marie,  Fab.  xxxvii.  |1  xiv*  s.  Si  tost  que 
l'esprevier  a  le  pié  muullié,  il  devient  enruiné  et 
malade,  Uénagier ,  m,  2.  ||  xV  s.  Plusieurs  gens 
tant  d'église,  nobles,  que  du  peuple,  furent  telle- 
ment enreumez  et  entoussez  que  merveilles,  juv. 
DES  UBSiNS,  Charles  VI,  4414.  Cecy  est  bon  ache- 
vai, quant  il  est  morveux,  et  aussi  à  homme,  quant 
il  est  fort  enrieumé,  C/ia.viC  de  Gastun  l'iiebus,  p. 
(OB,  ms.  dans  lacubne.  ||  xvf  s.  Faire  eurheumer 
aux  trancliées,  d'aub.  Conf.  i,  3. 

—  ElYM.  En  4 ,  et  rhume. 

t  ENRIIUNER  (an-ri.-né),  v.  a.  Placer  la  tête 
d'une  épingle  à  l'extrémité  du  fil  de  laiton. 

ENRICHI,  lE  (  an-ri-clii,  chie),  part,  pais^ d'en- 
richir. Il  1°  Devenu  riche.  Enrichi  par  d'Iu  ureuses 
spéculations.  C'est  par  loi  qu'on  va  voir  les  mu.-es 
enrichies.  De  leur  longue  disette  à  jamais  affranchies, 
uoiL.  Éiiit.  1.  Charles  partit  de  Saxe,  suivi  d'une 
armée  de  4300o  hommes,  autrefois  couverte  de  fer. 
et  alors  brillante  d'or  et  d'argent,  et  enrichie  des 
dépouilles  de  la  Pologne  et  de  la  Saxe,  volt.  Char- 
les XII,  4.  Il  Substantivement.  Lesenrichis.  Nouveaux 
enrichis,  vous  tâchez  d'en  imposer  par  vos  habits, 
vos  équipages  et  des  airs  importants;  mais,  en 
voulant  cacher  qui  vous  êtes,  vous  le  faites  deman- 
der, SAINT-F01X,  Essai  Paris,  Œuvres,  t.  iv,  p. 
»K),  dans  pouGENS.  ||  %•  Dont  le  prix  a  été  aug- 
I  mente  par  quelque  chose  de  précieux.  Une  bague 


ENR 

enrichie  de  diamants.  ||  3*  Fig.  Le  public,  enrichi 
du  tribut  de  nos  veilles,  Croit  qu'on  doit  ajouter  mer- 
veilles sur  merveilles,  bûil.  Epii.  vi. 

ENRICHIR  (an-ri-chir),  v.  a.  ||  l' Rendre  riche. 
Ce  trahc  l'a  bien  enrichi.  Je  te  restituai  d'abord  ton 
patrimoine;  Je  t'enrichis  après  des  dépouilles  d'An- 
toine, COHN.  Ctnna,  v,  4.  Il  abaisse  à  nos  pieds  ToT'- 
gueil  des  diadèmes  [des  rois];  Il  prend  d'eux  les 
tributs  dont  il  nous  enrichit,  w.  ib.  m,  4.  Sache 
quelle  province  enrichit  les  traitants,  boil.  *>'al.  vi.i. 
Des  Homains  que  la  guerre  enrichit  de  nos  perles, 
BAC.  Milhr.  III,  4.  Il  Absolument.  Le  travail  enrichit. 
!|2''  Par  extension,  il  .se  dit  de  tout  ce  que  l'on  com- 
pare à  une  richesse.  Ainsi  le  ciel  vous  veut  enrichir 
de  ma  perte  [de  ce  que  je  perds],  cobn.  Uéracl. 
v,  3.  Madame....  Mille  liberlésà  vos  chaînes  oITerlcs 
Semblent  vous  enrichir  chaque  jour  de  nos  per- 
tes, MOL.  VÉt.  V,  4S.  La  peste....  Capable  d'enri- 
chir en  un  jour  l'Achéron,  la  pont.  Fabl.  vu,  4. 
Il  Fig.  11  se  dit  aussi  des  richesses  morales.  Elle  n'a 
travaillé  qu'à  enrichir  son  âme,  patbu,  llarangut 
à  la  reine  de  Suéde,  dans  bichelet.  Le  ciel  de  ses 
bienfaits  t'enrichit  sans  mesure,  volt.  Triumv.  iv, 
4.  Tout  ce  qu'il  [l'enfant]  voit,  tout  ce  qu'il  entend 
le  frappe,  et  il  s'en  souvient tout  ce  qui  l'en- 
vironne est  le  livre  daiis  lequel,  sans  y  songer,  il 
enrichit  continuellement  sa  mémoire,  en  attendant 
que  son  jugement  puisse  en  profiter,  j.  j.  Rouss. 
£m.  II.  Il  3"  Garnir  de  quelque  ornement  riche  ou 
précieux.  Enrichir  une  montre  de  pierreries,  un 
livre  de  figures.  Enrichir  un  portrait  de  diamants. 
Il  Fig.  Il  .se  dit  d'ornements  moraux  ou  intellectuels. 
Enrichir  la  science  de  nouvelles  découvertes.  lia  en- 
richi son  poème  d'un  nouvel  épisode.  Cet  auteur  a 
enrichi  son  livre  de  recherches  curieuses.  ||  Enri- 
chir une  langue,  la  doter  d'expressions  nouvelles, 
de  tournures  heureuses  II  [Racine]  a  fort  enrichi 
la  langue,  non  par  de?  expressions  nouvelles,  qu'il 
faut  toujours  hasarder  très-sobrement,  mais  par 
l'art  heureux  avec  lequel  il  sait  réunir  ensemble 
les  expressions  connues  pour  donner  à  son  vers  ou 
plus  de  force  ou  plus  de  grâce,  d'alemb.  Dial.poét. 
et  philos.  CEuvr.  t.  iv,  p.  4  67,  dans  pougens.  ||  Par 
antiphrase  et  plaisanterie,  enrichir  la  langue,  pro- 
noncer des  jurements,  des  malédictions,  de  gros 
mots.  Il  faut  voir  de  quels  mots  elle  enrichit  la  lan- 
gue, boil.  Sal.  X.  Il  4"  S'enrichir,  v.  réfl.  Devenir 
riche.  Il  s'est  enrichi  par  le  commerce.  L'ardeur  de 
s'enrichir  chasse  la  bonne  foi,  soiL.  Ép.  ix.  Son  dés- 
intéressement ne  venait  pasde  sa  fortune,  il  venait 
de  son  caractère,  car  il  n'est  pas  rare  qu'un  homme 
riche  veuille  s'enrichir,  fonten.  Bourdf  tin.  Souvent 
il  n'y  a  pas  bien  loin  de  l'avarice  à  la  trahison  et  k 
la  perfidie  ;  et  l'on  ne  peut  guère  compter  sur  la  fi- 
délité d'un  général  qui  a  la  passion  de  s'enrichir, 
BOLLiN,  Ilist.  anc.  aiuvres,  t.  vin,  p.  304,  danspoo- 
GENS.  Home  étant  une  ville  sans  commerce  et  pres- 
que sans  arts,  le  pillage  était  le  seul  moyen  que 
les  particuliers  eussent  pour  s'enrichir,  mo.vteso. 
llom.  I.  Il  Terme  de  mineur.  Un  filon  s'enrichit  lors- 
qu'il devient  ou  plus  épais  ou  plus  chargé  de  parties 
métalliques.  |!  5°  Par  extension,  devenir  possesseur 
d'objets  considérés  comme  précieux.  Approche, 
heureux  rival,  heureux  choix  d'une  ingrate;  C'est 
donc  pour  s'enrichir  d'un  si  noble  butin  Qu'elle  s'est 
obstinée  à  suivre  son  destin,  corn.  Théod.  iv,  6. 
Ne  vous  plaignez  plus.  Si  j'o.se  m'enrichir,  sei- 
gneur, de  vos  refus,  ID.  Sert,  ui,  3.  Tu  veux  que 
d'un  si  cher  et  si  noble  trésor  [une  jeune  fille]  Ses 
criminelles  mains  s'enrichissent  encor,  volt,  fanal. 
1, 4.  On  s'enrichit  du  bien  qu'on  faitàcequ'on  aime, 
LA  chaussée,  Préj.  à  la  mode^  i,  8.  ||  6'  Fig.  Re- 
cevoir, prendre  des  richesses  intelleciuelles  ou  mo- 
rales. La  mémoire  s'enrichit  par  la  lecture  des  bons 
livres.  Il  cortte  moins  à  certains  hommes  de  s'en- 
richir de  mille  vertus  que  de  se  corriger  d'un  seul 
défaut,  LA  BBUY.  XI.  Platon  s'enrichit  des  déiiouiilei 
de  Socrate ,  d'Heraclite  et  d'Anaxagore ,  Diderot, 
Opin.  des  anc.  philos.  Eclectisme.  La  vue  s'enrichit 
aux  dépens  du  toucher,  condil.  Trailédes  sens,  m, 
4.  Un  âge  s'enrichit  des  pensers  d'un  autre  âge,  DE- 
LILLE,  les  Trois  règnes,  vin.  ||  Proverbe.  Qui  s'ac- 
quitte s'enrichit,  ou  qui  paie  ses  dettes  s'enrichit 
— lllST.  XII"  s.  Li  Sire  fait  povre  eenrichisl,  humi 
lied  e  suzleved.  Liber  psalm.  p.  235.  De  noz  aveirs 
sans  nul  mentir,  |ll]  Les  cuide  escreislre  e  enrichit 
BENOÎT.  Il,  81)63.  Il  xiu'  S.  Nus  hoirs  ne  doitenriqui 
du  torfet  son  perc,  heaih.  xxi,  47.  jj  iiv  s.  La  fit 
à  quoy  .1  |un  tyran]  lent,  c'est  soy  enrichier  et  soi 
puejile  mettre  en  serv.tule,  oresme,  t'ih.  6".  J(, 
pr.  Dieu  qu'en  enfer  soient  tous  ceux  damnés  Qui 
tant  ont  eurichi  evesques  et  abbés,  Guesct.  Susoi 
Oui  trop  se  haste  de  soy  enrichir,  il  ne  sera  pas  in- 


I 


ENR 

iiocent,  Ménagier,  l,  9.  Il  se  Touloit  enricliesir, 
BFHCHEUBE,  f"  28,  rccto.  \\  XVI'  S.  Priant  les  dieux 
qu'ils  me  donnent  la  grâce  d'enrichir  [devenir  riche| 
de  bon  acquest,  la  [Oétie,  I!)8.  Si  j'ai  par  ceste 
traduction  mienne  aucunement  enrichy  ou  poly 
voslie  langue,  lionoré  vostre  règne....  amyot, Iforaf. 
épitr.  p.  16.  Qui  veut  enrichir  en  an,  se  fait  pendre 
en  six  mois,  leboux  de  lincy,  Prov.  t.  u,  p.  4U9. 
Rohlie  enrichie  de  hroderie,  mont,  i,   337. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  riche,  avec  la  terminaison 
verhale  t'r;  provenç.  enreqiietir,  enriquir,  enrii- 
quir,  enrrquir;  espngn.  enrequecer  ;  ital.  inricclure. 

EMlICIIIS.'iF.MKNT  (  an-ri  chi-se-man  )  ,  s.  m. 
Il  1»  Action  de  rendre  riche.  ||  2°  Action  d'augmenter 
le  prix  |iar  quelque  chose  de  précieux.  L'enrichisse- 
ment d'un  habit,  d'un  palais.  Ne  trouverait-on  pas  ri- 
dicule celui  qui,  voyant  un  haliit  dedroguet  tout  cou- 
vert de  broderie,  prétendrait,  pour  en  retirer  une 
élolTe  si  commune,  en  détruire  tous  les  enrichisse- 
ments, parce  qu'on  ne  les  pourrait  séparer  d'une 
autre  manière?  fubetière,  Factums, l.i,p.  346.  L'en- 
richissement des  temples,  fléch.  m,  439.  ||  3°  Fig. 
Il  se  dit  des  embellissements  moraux,  intellectuels, 
littéraires.  Tous  les  termes  sont  inférieurs  à  ses  ac- 
tions [du  roi];  et  partant  reconnaissons  l'avantage 
qu'a  notre  matière;  on  donne  des  enrichissements 
aux  autres,  mais  il  les  faut  prendre  de  celle-ci,  et 
tâcher  seulement  de  ne  pas  gSter  ce  qu'il  n'est  pas 
possible  d'embellir,  balz.  le  Prince,  ch.  B.  J'ai  pris, 
pour  m'expliquer,  un  style  simple,  et  me  contente 
d'une  expression  nue  de  mes  opinions,  bonnes  ou 
mauvaises,  sans  y  chercher  aucun  enrichissement 
d'éloquence,  corn.  Prem.  duc.  \\  L'enrichissement 
d'une  langue,  l'acquisition  de  mots  nouveaux,  de 
tournures  nouvelles.  Ceux  qui  sont  indulgents  pour 
les  mots  inusiiés,  favorisent  et  procurent  l'enrichis- 
sement de  la  langue,  desfontaines. 

—  IIIST.  ivi' s.  Que  ceux  qui  donnoyent  davantage 
pour  l'ornement  et  l'enrichissement  de  l'Eglise  es- 
toyent  les  plus  hauts  en  paradis,  langue,  228. 
Grans  fleurs  de  lis,  salmendes  [salamandres]  et  au- 
tres enrichissemens.  Marché  fai',  BtbL  des  Chartes, 
*•  série,  t.  III,  p.  63. 

—  f.TYH.  Enrichir. 

■j-  EN'RIMER  (aii-ri-mé),  V.  a.  Terme  d'épinglier. 
Synonyme  d'enrhuner. 

t  E.NROBER  (an-ro-bé),  v.  a.  Terme  de  douane. 
Revêtir  d'un  entourage  destiné  à  empêcher  la  vi- 
site des  objets  ainsi  enrobés.  Pour  jouir  de  la  fran- 
chise des  droits  de  douane,  certaines  substances 
doivent  être  contenues  dans  des  fûts  enrobés,  le- 

GOARANT. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  robe. 

t  ENROCHEMENT  (an-ro-che-man),  s.  m.  Fon- 
dation en  roche  sur  un  sol  submergé  ou  mobile. 

f  ENROCUER  (an-ro-ché,  ),  D.  o.  Faire  un  en- 
rochement. 

—  lïTYM.  En  I ,  et  roche. 
fENROIDlSSEMENT  (an-rè-di-se-man) ,  s.  m.Ëtat 

de  ce  qui  est  devenu  roide. 

—  HIST.  XIV*  s.  Difficulté  de  mouvement  de  mem- 
bres et  enroidissement,  h.  de  mondeville,  f°  66. 

—  ÉTYM.  En  ) ,  et  roide. 

ENRÔLÉ  ,  LÉE  (an-rô-lé  ,  lée)  ,  part,  passé. 
Il  1°  Qui  est  engagé  au  service  militaire.  Les  hommes 
nouvellement  enrôlés.  Il  Substantivement.  Les  enrô- 
lés volontaires.  ||  2°  Fig.  Oui  s'est  donné  à  quelqu'un 
ou  à  quelque  chose.  U  me  trouva  un  peu  enrôlée 
,_dans  la  sacrée  paresse,  sÉv.  287.  M.  le  président 
Hénault,  lequel,  enrôlé  parmi  les  auteurs,  n'était 
pas  exempt  de  leurs  défauts,  J.  3.  bouss.  Confcss. 
XI.  Il  Substantivement.  Excepté  les  enrôlés  avec  M.  du 
Maine,  le  reste  du  monde  fut  étrangement  mé- 
content,  ST-SIMON,   464,  46. 

ENRÔLEMENT  (  an-rô-le-man)  ,  s.  m.  Action 
d'enrôler  ou  de  s'enrôler.  Faire  des  enrôlemints. 
Il  L'acte,  la  feuille  constatant  l'enrôlement.  Signer 
Bon  enrôlement. 

—  HlST.  xvrs.  L'enroulement  duquel  il  est  ici 
parte  s'entend  de  la  vocation  par  laquelle  Dieu  dé- 
clare quels  sont  ceux  qu'il  a  élus,  calv.  291. 

—  KTYM.  Enrôler. 

ENROLER  (an-rô-lé),  v.  a.  \\  1°  Inscrire  sur 
un  rôle,  et  particulièrement  sur  les  rôles  de  l'ar- 
méo.  Enrôler  des  soldats.  On  n'enrôlait  que  les  ci- 
toyens qui  avaient  un  patrimoine,  mostesq.  Rom. 
XVI.  Il  Fig.  Si,  lavant  mes  péchés  de  l'eau  du  saint 
baptême.  Tu  m'enrôles  au  rang  de  tant  d'heureux 
soldats,  BOTR.  S(  Cwiest,  iv,  5.  Voltaire  eut  l'art 
fiineste  cher,  un  peuple  capricieux  et  aimable,  de 
rendre  l'incrédulité  i  la  mode;  il  enrôla  tous  les 
amours-propres  dans  cette  ligue  insensée  ,ciiateaub. 
(Unie.   1,  I,  <.   Il  2"  S'enrôler,  ».  ré/?.  Entrer  au 


ENK 

service  militaire.  S'enrôler  dans  l'infanterie.  ||  Fig. 
S'enrôler  dans  un  parti.  Ils  .s'eiirôlùrent  au  service 
de  deux  beautés  que  les  premiers  chevaliers  d'hon- 
neur cédèrent  aussitôt  parpolitesse,  HAMiLT.Cramm. 
4.  Il  [leciiréde  Saint-Paul|  déclama  fortement  contre 
les  confréries, et  menaça  d'excommunication  ceux  qui 
s'y  enrôleraient,  saint-foix,  Ess.  Paris,  (Euvres, 
t.  IV,  p.  213,  dans  poigens. 

—  HIST.  xvi*  s.  Hz  l'entortillent  à  l'entour  de  leur 
baston  rond...,  alors  ilz  e.scrivent  sur  le  parchemin 
ainsi  enrollé  [enroulé]  ce  qu'ilz  veulent,  amyot,  Ly- 
snnd.io.  Il  le  fil  enroller  selon  la  coustume  des  Ro- 
mains au  nombre  des  jeunes  hommes,  id.  Anion,  92. 
Penson.s-nousqu'à  chiisquearquebusadequi  nous  tou- 
che, et  à  chasque  liazard  que  nous  courons,  il  y  ait 
souhdain  un  greffier  qui  l'enrooUe?  mont,   m,  24. 

—  ETYM.  En  t ,  et  rfile. 

f  ENRÔI-EUR  (an-rô-lenr),  s.  m.  Celui  qui  enrôle 
des  soldats.  Le  pape  enrôlant  des  soldats,  les  fem- 
mes poursuivant  les  enrôleurs  i  coups  de  pierre, 
volt.  Le(t.  de  Lalande,  t"  octobre  t768. 

—  F.TYM.  Enrôler. 

■t  ENROQCER  (an-ro-ké),  v.  a.  Terme  de  pêche. 
Laver  des  morues  dans  l'eau  de  mer  après  qu'elles 
ont  été  tranchées. 

ENROUÉ,  ÉE  (an-rou-é,  ée),  part,  passé.  Oui  a 
de  l'enrouement.  Si  la  nature  lui  a  donné  une  voix 
enrouée,  PASC.  Imag.  I.  X  chaque  instant  redou- 
blent les  injures.  Les  aigres  sons,  les  enroués  mur- 
mures, j.  B.  rouss.  Ép.  I,  B.  Rien  n'est  plus  dan- 
gereux que  de  chanter  lorsqu'on  est  enroué;  c'est 
risquer  de  perdre  sa  voix,  M"'  de  genlis,  Théâtre 
d'éduc.  Enf.  gâté,  il,  2.  J'aime  apvès  le  combat  que 
sa  voix  [du  vrai  soldat]  enjouée  Rie,  et,  des  cris  de 
guerre  encor  tout  enrouée.  Chante  les  houris  et 
l'amour,  v.  Huoo,  Orient.  <5.  ||  Parler  enroué,  par- 
ler d'une  voix  enrouée. 

ENROUEMENT  (an-rou-man),  s.  m.  Altération 
particulière  de  la  voix  et  de  la  toux,  qui  les  rend 
sourdes  et  voilées.  Ces  Rochefoucauld  furent  toute 
la  nuit  dans  leur  jardin  pendant  le  feu,  et  le  len- 
demain l'abbé  de  MarsiUac  et  ses  sœurs  étaient 
dans    un  enrouement  et  une   tousserie  pitoyable, 

SÉV.  619. 

—  f.TYM.  Enrouer. 

ENROUER  (an-rou-é),  «.  a.  ||  1°  Causer  l'enroue- 
ment. Le  brouillard  l'a  enroué.  ||  2°  S'enrouer,  v. 
réfl.  Être  affecté  d'enrouement.  S'enrouer  à  force 
rie  parler.  Jamais  docteur  armé  d'un  argument  fri- 
vole Ne  s'enroua  chez  eux  sur  les  bancs  d'une  école, 
boil.  Sat.  VIII.  On  rapporte  que  le  poète  Livius  An- 
Jronicus,  qui  jouait  dans  une  de  ses  pièces,  s'étant 
enroué  à  répéter  plusieurs  fois  des  endroits  que  le 
peuple  avait  goûtés,  fit  trouver  bon  qu'un  esclave 
récitât  les  vers  tandis  qu'il  ferait  lui-même  les  ge.^- 
tes,  coNDiL.  Conn.  hum.  ii,  i,  4.  ||  Avec  suppres- 
sion du  pronom  personnel.  Non  ,  non,  tu  n'iras 
point,  ardent  bénéficier,  Faire  enrouer  pour  toi 
Corbin  ni  le  Mazier,  boil.  Épît.  ii. 

—  HIST.  XII"  s.  L'apostolies  [le  pape]  tut  suis  le 
voleit  maintenir,  Ki  bien  cunut  sa  cause,  mais  nel 
poeit  oïr  :  Car  lur  criz  e  lur  noise  l'orent  fait  en- 
roïr.  Th.  te  mart.  94.  Mais  tant  cria  vers  els,  il  vers 
lui  altresi  [aussi].  Que  tuz  fu  enroez  de  la  noise  e  del 
cri,  ib.  <oo.  ||  xili*  s.  Tant  ai  crié  à  Dieu  merci  por 
le  troblement,  que  touz  sui  enrouez.  Psautier,  f°  80. 
Il  xvi«  s.   Ils  ont  mal  de  gorge,  la  voix  enrouée, 

PARÉ,  XXII,    I. 

—  ÊTYM.  En  ),  elle  latin  raucus  (voy.  hauque); 
wallon,  erauchiner;  Berry,  enranché,  enrovi,  en- 
roué; génev.  enrouché.  On  remarquera  que  leBerry 
dit  enroui,  forme  qui  se  trouve  dans  un  des  plus 
anciens  exem|des  de  l'historique. 

ENROUlLLfi,  ÉE  (an-rou  lié,  liée,  H  mouillées), 
part,  passé.  Couvert  de  rouille.  ||  Fig.  Le  savoir  en- 
rouillé  des  pédants,  MOr..  Critique,  7. 

t  ENROUILLEMENT  (an-rou-Ue-man  ,  Il  mouil- 
lées), s.  m.  Action  de  s'enrouiUer;  état  de  ce  qui 
s'enrouille. 

—  HIST.  XVI'  s.  Enrouillement,  cotgrave. 

—  Ety.m.  Enrouiller. 

ENROUILLER  (an-rou-Ilé,  Il  mouillées,  et  non 
an-rou-yé),  v.  a.  \\  i°  Rendre  rouillé,  couvrir  de 
rouille.  L'humidité  enrouille  le  fer.  ||  2°  Fig.  L'oisi- 
veté enrouille  l'esprit.  ||  3°  S'enrouiUer,  v.  réfl.  De- 
venir rouillé.  Le  fer  s'enrouille;  on  dit  plutôt  se 
rouille.  ||  Ne  pas  'aisser  enrouiller  ses  dents,  manger 
de  grand  appétit.  Quant  à  Hortensius,  il  ne  laissa 
pas  enrouiller  .ses  dents;  oh  !  qu'il  lui  faisait  bon  voir 
ronger  une  cuisse  de  poulet!  Francion,  iv,  p.  I5i. 
Il  4°  Fig.  S'enrouiUer  en  province,  n'être  plus  au 
fait,  au  courant.  Il  S'enrouiUer  dans  l'oisiveté,  per- 
dre son  act'vité,  son  aptitude^ 


ENS 


1411 


—  niST.  XIII'  s.  S'e^pée  ala  maintenant  querre. 
Oui  iert  [était]  enroillie  et  frète  [rompue],  Ben. 
17319.  Aussi  li  homs  qui  wiseus  [oisif]  est  Et  riens 
ne  fuit,  en  péril  est  Que  assez  tost  enruilliez  Ne  soit 
par  vices  et  pechiés,  iiucangf.,  rubiginare.  ||  xV  s. 
Essayer  vueil  se  je  sauroye  Rimer  ainsi  que  je  sou- 
loye;  Au  moins  j'en  feray  mon  povoir,  Cnmbien 
que  je  congnois  et  sçay  Que  mon  langage  trouveray 
Tut  enroillie  de  nonchaloir,  en.  d'obl.  Bal.  74. 
Il  XVI'  s.  Usant  mesme  de  formes  de  parler  quasi 
enrouillées  de  vieillesse,  afin  de  couvrir  tant  mieux 
ses  tromperies  sous  telles  masques,  calv.  Inst.  38. 
Le  fer  s'enrouille,  paré,  ix,  io.  La  terre  trop  ahru- 
vée  ne  produit  autre  herbe  qu'cnrouillée  et  de  ma- 
ligne nature,  o.  de  serres,  26t. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  rouille. 

t  ENROULAGE  (an-rou-laj') ,  s.  m.  Action  d'en- 
rouler, de  s'enrouler.  L'enroulage  du  fil. 

—  ÉTYM.  Enroulé. 

ENROULÉ,  lÎE  (an-rou-lé,  lée),  part,  passé. 
Roulé  autour.  Une  longe  enroulée  autour  du  pied 
du  cheval.  Il  Chenilles  enroulées,  chenilles  qui  vi- 
vent dans  l'intérieur  des  feuilles  qu'elles  roulent  en 
cornet.  Il  Coquille  enroulée,  coquille  univalve  dis- 
coïde, comprimée  de  droite  à  gauche,  dont  l'axe 
est  tout  à  fait  transversal  et  dont  on  n'aperçoit  pas 
le  sommet.  Coquille  demi-enroulée,  coquille  enrou- 
lée de  telle  sorte  que  les  tours  de  la  spire  ne  se  tou- 
chent pas;  par  exemple  la  coquille  dite  spirale. 

ENROULEMENT  (an-rou-le-man),  s.  m.  ||  1"  Action 
d'enrouler  ou  de  s'enrouler;  état  de  ce  qui  est  en- 
roulé, de  ce  qui  est  en  forme  de  spirale.  L'enroule- 
ment d'un  cordon  autour  du  corps.  ||  2°  Terme  de 
botanique.  Déformation  dans  la(|uelle  les  organes 
axiles  des  végétaux  sont  cnurbés  de  haut  en  bas 
et  roulés  sur  eux-mêmes.  {|  3°  Terme  d'obstétrique. 
Disposition  du  cordon  ombilical  dans  laquelle  il 
est  roulé  une  ou  plusieurs  fois  autour  d'un  membre, 
du  corps  ou  du  cou  du  fœtus.  ||  4»  Terme  d'archi- 
tecture. Ornement  en  ligne  spirale.  La  volute  est  un 
enroulement.  ||  Il  se  dit  aussi  d'ornements  enga- 
gés les  uns  dans  les  autres.  Les  enroulements  du 
genre  arabesque.  ||  5°  Terme  de  serrurier.  Contour 
qu'on  donne  aux  fers ,  et  qui  approche  de  la  vo- 
lute. Il  6°  Terme  de  jardinier.  Enroulement  de  par- 
terre, plates-bandes  contournées  en  spirale. 

—  ÉTYM.  Enrouler. 

ENROULER  (an-roulé),  V.  a.  Rouler  plusieurs 
fois  une  chose  autour  d'une  autre;  la  replier  sur 
elle-même.  Enrouler  une  pièce  d'étolTe.  ||  S'enrou- 
ler, t'.  réfl.  Former  plusieurs  tours.  Les  vrilles 
de  certaines  plantes  s'enroulent  sur  les  corps  voi- 
sins. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  rouler. 

t  ENROUURE  (an-rou-u-r') ,  s.  -f.  Ancien  syno- 
nyme d'enrouement.  Grandes  enrouures  et  toux 
violentes,  Journal  de  la  santé  du  roi  [Louis  XIV], 
p.  )4B. 

—  niST.  xvi'  s.  Dont  s'ensuit  à  plusieurs  hydro- 
pisies,  i-hthisie,  enroueure  de  voix,  courte  haleine, 

PARÉ,  XXII,   I. 

—  ÉTYM.  Enrouer. 

t  ENRUBANNER  (an-ru-ba-né),  v.  a.  Néologisme. 
Couvrir  de  rubans.  Cha|ieau  enrubanné.  ||  Par  plai- 
santerie. Décorer  d'un  ou  de  plusieurs  ordres.  |1  S'en- 
rubanner, V.  réfl.  Se  parer  de  rubans. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  ruban. 

■f  ENRUE  (an-rue),  «.  f.  Terme  d'agriculture.  Sillon 
fort  large,  composé  de  plusieurs  raies  de  lerre  ra 
levées  par  la  charrue. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  rue. 

ENSABLÉ,  ÉE  (an-sa-bl6,  bléo),  part,  passé 
Il  i°  Engagé  dans  le  sable.  Un  bateau  ensablé 
jl  2°  Couvert  de  sable.  Un  champ  ensablé  par  le  dé 
bordement  de  la  rivière. 

ENSARLEMENT  (an-sa-ble-man),  s.  m.  Obstruc- 
tion d'un  chenal  par  le  sable  que  les  eaux  ou  les 
vents  amènent.  Les  ensablements  gênent  la  naviga- 
tion. Il  Action  de  remplir  de  sable,  et  le  résultat  de 
cette  action.  L'ensablement  de  ce  navire  a  été  fort 
prompt. 

—  ÉTYlM.  Ensabler. 

ENSARLER  (an-sa-blé),  v.  a.  ||  f  Faire  échouer 
sur  le  sable.  Le  batelier  nous  a  ensablés.  ||  2°  Cou- 
vrir de  sable.  La  Loire  se  déborda,  inonda  et  ensa- 
bla beaucoup  de  pays,  st-sim.  i8h,  2u2.  ||  Remplir 
de  sable.  Ensabler  une  barque.  ||  3°  Terme  de  pê- 
che. Tendre  sur  un  fond  de  saiiie  des  filets  au  pied 
d  squels  on  ne  met  point  de  lest.  ||  4"  S'ensibler,  w 
réfl.  Échouer  dans  le  sable.  Le  bateau  s'est  eii-sablé. 
Trois  dans  les  écueils  s'ensablèrent,  scarh.  Virg.  I. 
Il  Être  rempli  de  sable.  Ce  port  s'ensable  graduel- 
lement. 


1412 


ENS 


—  HIST  ivi*  ».  Lw  Mui  troul>le»  versant  au  pré 
l'<MiMl.lent,  quêlqiiefoi.  jusqu'à  l'en  rendra  InrertUe 

IetYM  Kn  I,  elMb/«.  D'AubiRné,  llùt.»,  30!1, 

1  dit  t-aisnhier,  l'n  parlant  d'un  navire  qui  échoue, 
t  E.V.'iABOTÉ.  ÉE  (au-salio-lé,  tée).  pari.  pané. 
rhausȎ  de  salwU  II  S.  m.  Nom  de  sectaires  vaiidois 
qui  porlaient  il"  mauvaises  chaussures  en  si^ne  de 
paurrflô  évanKtlique.On  trouve  aussi  enjobol^,  qui 

tient  de  imalf. 

t  ENSABOTKiMKNT  (an  sa-bo-le-man  ),  ».  m 
(I  !•  Aolion  d'enrayer  une  voilure  avec  le  s.iliot. 
Il  2*  Terme  d'art  militaire.  Action  d'eusabotcr  un 
boulet. 

f  EN.SABOTER  (an  sa-bo-té),  V.  a.  ||1*  Chausser 
Quelqu'un  avec  d  s  salmis.  ||  ï"  Enrayer  une  voiture 
avec  le  sahol.  ||8"  Terme  d'art  mililaire.  Knsabottr 
un  boulet,  le  mettre  dans  un  sahot  de  bois,  sur  la 
poudre,  au  sommet  de  la  gargousse:  disi^osilion  qui 
a  pour  but  de  l'empêcher  de  tourner  dans  l'âme 
quand  il  part. 

—  f.TYM.  J?n  <  ,  et  sabot. 

ENSACHÉ,  ÉE  (an-sa-ché,  chée),  part,  passé. 
jlls  d.ins  un  sac.   H16  ensaché. 

t  ENSACHEMK.NT  (ansa-che-man),  s.  m.  Action 
d'ensacher,  de  mettre  en  sac. 

ENSACHER  (an-sa-ché),  v.  a.  Mettre  dans  un  sac. 
Ensacher  du  grain,  des  noix. 

—  lllST.  xin'  s.  Kt  cil  [ces  moines]  sont  de  sas 
eusachié  (vêtus  de  sacs],  buteb.  ii,  52.  ||  xv  s.  L'un 
machoit  gros,  l'autre,  comme  fourrez;  Je  n'oy  cli- 
ques tans  de  joye  ne  riz  Que  de  veoir  leurs  inor- 
cesulx  ensachez,  eust.  desch.  Poésies,  mss.  {'  219, 
dans  LACUBNE.  Il  XVI'  s.  Environ  trois  mil  sac:s  de  fa- 
rine, qui  estoit  desja  ensachée  pour  envoyer  au 
camp  des  ennemis,  H.  nu  bellay.  430.  Vous  faistes 
dIus  de  mal  que  de  bien  au  malade,  lie  luy  faire 
changer  de  place  :  vous  ensachez  le  mal  en  le  re- 
muant, MONT.  I,  276. 

—  r.TYM.  Eni,  et  sac  ;  lievty ,  enchâsser;  picard, 
«iwaqi/fr. 

+  ENSACUEUR  (an-sa-cheur),  s.  m.  Ouvrier  que 
l'on  emploie  pour  mettre  des  denrées  en  sac. 

+  ENSADE  (in-sa-d') ,  s.  m.  Nom  que  porte  au 
Congo  le  figuier  religieux  (ficus  religiosa,  /..). 

f  ENSAFIIANER  (an-sa-fra-né) ,  «.  a.  Teindre  en 
«afran.  |{  Dans  le  langage  marolique,  donner  la  cou- 
leur du  safran.  Lorsque  la  rive  liasanéo  Fut  d'elle 
P'aurore]  toute  ensafrunée,  scauron,  dans  le  Vict. 

de  BESCHEUELLE. 

—  HIST.  xiu*  S.  Ainsi  sont  mais  ensafrenées, 
Com  s'estoient  en  safren  nées,  nu  canoë,  saf- 
franare.  \\  xvi'  s.  0  dieu  qui  prends  le  soin  des  no- 
pces,  Hymenéo,  Lai-.se  pendre  à  ton  dos  ta  chape 
«nsùfranée,  RONS.  737.  El  diviserés  le  lieu  dessiné 
m  salTianerie  en  quatre  ou  cinq  perlions,  pour 
l'une  estre  d  s  ensaffranée,  lorsque  l'autre  s'ensaf- 
franera,  faisant  ainsi  chacun  au  sans  interruption, 
o.  IjE  skbkes,  729. 

—  ÊTYM.  Kn  I ,  et  safran. 

r.NSAlSINÉ,  ÊE  (an-sè-zi-ûé,  née),  part,  passé. 
Ensnisinc^  par  .son  seigneur. 

ENSAISINEMENT  (an-sè-zi-ne-man) ,  ».  m.  Terme 
de  droit  féodal.  Action  d'ensaisiner.  ||  Terme  de 
droit  coulnmier.  Ensaisinement  des  rentes  consii- 
tiiées,  formalité  qui  donnait  au  créancier  un  privi- 
lège pour  sa  créance. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  retrait  lignager  ne  dure  qu'un 
an  après  l'ensaisinomunt  [la  prise  de  possession  par 
r.-icquéreur],  sans  qu'on  .soit  tenu  de  rien  faire  si- 
gnifier [aux  parents],  loïsel,  427. 

—  ETYM.  Ensaisiner. 

ENSAISINER  (an-sè-zi-né),  V.  a.  Terme  de  droit 
féodal.  Reconnaître  par  acte  un  nouveau  lenancicr. 
en  parlant  du  seigneur.  ||  .\ncien  tenue  de  palais. 
Mettre  en  possession  de  quelque  chose. 

—  HIST.  XV'  s.  Vous  ne  l'eussiez  pas  rançonné, 
pris,  n'ensaisiné  son  héritage,  kroiss.  liv.  m,  p. 
3U3.  Disoit  l'en  contre  iccllui  Jehan  qu'il  s'esloil 
eiisaisliié  furiivement  il'une  coste-hardie  [sorte  dr 
vAtement]  dont  il  fut  trouvé  saisi,  du  canok,  ««.vai- 
iinare,  ||xvi'  s.  In  seigneur,  soit  censucl  ou  féodal, 
n  est  tenu  ensaisiner  iii  recfvoir  en  foi  le  nouvil 
ftcuueriur,  s'il  ne  le  satisfait  aussi  des  anciens  droits 
et  arrérages  à  lui  dus,  ioysel,  648. 

—  F.TYM.  En  I.  f{  saisine. 

t  ENSAL,  ALE  (iu-»al,  sa-l'),  adj.  Ancien  syno- 
nyme d'.nsiforniB. 

—  ÊTYM.  Lat.  ensis,  épée,  et  la  terminaison  ad- 
jectue  n( 

B.>8ANGLANTÉ,  ÉE  (an-!=an-glan-té.  tée),  pari. 
IMSsé  I  !•  Souidé  de  sang.  Le  chien  avait  la  gueule 
tUMnijUulio.  Soutenir  vo»  rigueurs  par   d'autre» 


ENS 

cruautés,  Et  laver  dans  le  sang  vos  bras  onsaii- 
glanlés,  RAC.  Brit.  iv,  3.  ||  Qui  est  en  sang.  Il  fit 
lrans;<orter  dans  son  palais  Kustan  ensanglanté, 
qui  avait  encore  un  reste  de  vie,  voi.T.  Le  blanc  el 
le  noir.  \\  i'  Terme  d'histoire  naturelle.  Oui  est 
marqué  de  taches  rouges;  qui  a  des  parties  rouges. 
Il  .S",  m.  Poisson  du  genre  goliie.  ||  3"  Terme  de  bla- 
son. Se  dit  [iresiue  exclusivement  du  pélican  se  dé- 
chirant les  flancs  pour  nourrir  ses  petits. 

t  ENSANGLANTEMENT(an-san-glante-man)  ,s.m. 
L'ai-lion  d'ensanglanter;  le  résultat  decetteaction. 

ENSANGLANTER  (an-san-g)an-té),t).a.  ||  l'Souil- 
Icr  de  sang.  I.a  blessure  qu'il  reçut  ensanglanta  tous 
ses  habits.  Vous  armez  contre  'l'roie  une  puissance 
vaine,  Si,  dans  un  sacrifice  auguste  et  solennel.  Une 
fille  (lu  sang  d'Hélène  De  Diane  en  ces  lieux  n'en- 
sangiante  l'autel,  raC.  Iplvg.  I,  2.  Le  sang  des  as- 
sassins est  le  vrai  sacrifice  Oui  doit  de  votre  hymen 
ensanglanter  l'autel,  volt.  Hérnpe,  il,  6.  ||  Rougir 
de  son  propre  sang.  [Priam]  Eiisaiiglanlant  l'autel 
qu'il  tenait  embrassé,  rac.  Andr.  m,  8.  ||  Rougir 
du  sang  des  autres.  Athalie  ensanglanta  le  palais 
des  rois  de  Juda.  ||  2°  far  extension,  il  se  dit  d'ob- 
jets et  d'événements  à  propus  iles.|uels  le  sang  est 
versé.  Vous  me  rendez  le  sceptre....  je  vous  con- 
jure.... De  n'ensanglant'T  pas  ce  que  vous  me  ren- 
dez; Faites  grSce,  seitrneur,  ou  souffrez  que  j'en 
fasse  [aux  a.ssa.ssinsde  Pompée] ,  cobn.  l'omp.  iv,  3. 
Seigneur,  ensanglanter  cette  illustre  journée....  i». 
Attila,  V,  4.  Jeiihté  ensanglante  sa  victoire  par  un 
sacrifice  qui  ne  peut  être  excusé  que  par  un  ordre 
secret  de  Dieu,  sur  lequel  il  ne  lui  a  pas  plu  de  nous 
rien  faire  connaître,  boss.  Ilist.  J,  4.  Je  ne  réponds 
pas  que  ma  main,  à  vos  yeux,  N'ensaiiglanle  à  la 
fin  nos  funestes  adieux,  rac.  Uérèn.  v,  6.  Ce  n'est 
|ias  que  .son  bras  disputant  la  victoire  N'en  ait  auv 
ennemis  en.saiiglanté  la  gloire,  lo.  Alex,  m,  2.  Ahl 
n'ensanglantez  pas  le  prix  de  la  victoire,  volt.  Aiz. 
IV,  t.  Les  cruels  ont  deux  fois  ensanglanté  la  paix, 
M.  J.  CHÉN.  Charles  IX,  iv,  4.  il  est,  Sophie,  un 
monstre  à  l'œil  perfide  (la  police)  Qui  de  Venise  en- 
sanglanta les  lois,  BËKANG.  Cucliet.  ||  (le  prince  a  en- 
sanglanté son  règne,  il  s'est  moniré  cruel.  ||  3°  En- 
.sauglanter  la  terre,  faire  des  guerres  sanglantes. 
Les  conquérants  ensaiiglaïUent  la  terre.  Laissons 
au  temps  le  soin  de  réformer  la  terre;  Cultivons  la, 
mon  fils,  ne  l'ensanglantons  plus,  masson,  Uelr. 
viii.  Il  11  se  dit  aussi  de  ce  qui  (ait  verser  beaucoup 
de  sang.  L'exil  des  Tarquins  même  eiLsanglanla  nos 
terres,  corn.  Cinna,  il,  t.  Ces  guerres  ont  ensan- 
glanté l'Europe  bien  longtemps,  volt.  Voyaye  de 
la  raison.  Jamais  la  philusophie  n'ensanglanta  l'u- 
nivers; si  les  [diilosophes  eurent  des  disputes  entre 
eux,  la  tramiuillité  des  nations  n'en  fut  pas  trou- 
blée, d'holbach,  Ess.  Préj.  ch.  )0,  dans  dumar- 
SAis,  t.  VI,  p.  234.  Il  4°  Ensanglanter  des  jeux,  lus 
faire  dégénérer  en  rixe  sanglante.  Trois  fois  le  fes- 
tin fut  sur  le  point  d'être  ensanglanté,  iiamilt. 
Gramm.  o.  Malheur  aux  mortels  sanguinaires  Oui 
par  de  tragiques  forfaits  Kiisangl.inlent  ses  doux 
mystères,  J.  B.  bouss.  Cantate  de  liacchus.  ||  5°  En- 
sanglanter la  scène,  représenter  des  tueurlres  sur  le 
IhéAtre.  Le  valet  d'Antoine  :  N'ayez  pas  peur,  je 
vais  vous  percer  la  l'edaine.  —  Antoine  :  Arrête,  il 
ne  faut  pas  ensanglanter  la  scène,  La  règle  le  dé- 
fend, LA  FONT.  Ri.gotin,  iv,  0.  11  [Eschyle]  évita 
toujours  d'ensaiiijianlpr  la  scène,  parce  que  ses 
tableaux  devaient  elTrayer  sans  être  horribles  , 
HAiiTH.  yt/iac/i.  cli.  09.  |]  6°  S'ensanglanter ,  v.  rétl. 
Se  lâcher  de  sang.  U  s'est  ensanglanté  en  tuant  un 
loup. 

—  HIST.  XI'  s.  Tout  en  venez  le  brant  [la  lame  de 
l'épée]  ensanglenlet,  Ch.  df  Hol.  lxxxiii.  |1  xii"  s. 
Pinabaux  trébucha  sur  l'erbo  ensanglantée,  Ronc. 
p.  I!i6.  n  rensauglaiitent  [teignent  de  sang]  del 
saiic  à  un  lévrier,  H  Coronemens  Looys,  v.  1305. 
Ilxiir  s.  Il  remmaillent  en  prison  tout  plaie  [blessé] 
et  ensanglanté,  henui  de  valenc.  xxvi.  Vous  m'a- 
donliasles,  sire,  n'i  a  mestier  ceiée.  Me  çain- 
sistes,  biaus  sire,  une  moult  longue  espée;  Mnull 
me  poise  forment  ne  l'aie  encor  montrée  Et  du  sanc 
aus  François  tainte  et  ensanglantée,  C/».  d'Ant. 
V,  921.  Ilxvi'  s.  Comme  quand  on  a  livré  à  l'oc- 
cision  ses  plus  proches  parens,  et  ensanglanté  ses 
mains  dans  le  sang  de  ses  propres  amis,  lanoie. 
64.  Ce  qui  faict  veoir  tant  de  cruauiez  inouies  aux 
guerres  populaires,  c'est  que  celte  canaille  île  vul- 
gaire «'aguerrit  et  se  gendarme  à  s'ensanglanterjus- 
qu'aui  coudes  et  deschiquetter  un  corps  àses  pieds, 

MONT,  m,  IU9. 

—  ÊTYM.  En  I,  et  sanglant;  provenç.  ensanglen- 
tar,  es^aiiglatilar i  espagn,  eiisar.yrentar ;  puriug. 
uuang-utntar. 


t  ENSECTIO.NNEMENT  (an-sè-ksio-ne-man),  ».  m. 
Terme  d'art  mibtaire.  Evolution  qui  forme  la  section 
d'infanterie. 

t  ENSEIGNAllLE  (an-sfe-gna-bl),  adj.  Qui  peut 
être  enseigné,  en  parlant  des  personnes  et  des 
choses.  Ce  garçon  n'est  pas  euseignable.  Cette  science 
n'est  pas  euseignable. 

—  HIST.  XIV  s.  Euseignable,  ducange,  sequacii. 

—  ETYM.  Enseigner;  provenç.  ensenhable,  essei- 
gnable. 

t  ENSEIGNANT.  ANTE  fan-sè-gnan,  gnan-l'), 
adj.  Oui  enseigne.  Notre  manie  enseignante  et  pé- 
dantesqiie  est  toujours  d'appremlre  aux  enfants  ce 
qu'ils  apprendraient  beaucoup  mieux  d'eux-mêmes, 
J.  J.  ROI  ss.  Ém.  II.  Il  Le  corps  enseignant,  l'uni- 
versité. ||  Église  enseignante,  la  réunion  des  pre- 
miers pasteurs  de  l'Kglise  à  qui  Jésus  a  dit  :  Allez, 
enseignez  toutes  les  nations. 

ENSEIGNE  (an-sè-gn'),  t.  f.  \\  l'  Marque,  indice 
pour  faire  reconnaître  quelque  chose.  Donner  de 
bonnes,  de  fausses  enseignes.  Les  témoins  déposaient 
qu'autour  de  ces  rayons  Des  animaux  ailés,  bour- 
donnants, unpeulnngs,  Hé  couleur  fort  tannée,  et 
tels  que  des  abeilles.  Avaient  longtemps  jiaru;  mais 
quoi?  dans  les  frelons  Ces  enseignes  étaient  pa- 
reilles, la  font.  Fabl.  i,  21.  L'empreinte  dont  tous 
.ses  traits  portent  la  divine  enseigne,  J.  l.  Bouss. 
Hél.  I,  B.  Il  A  bonnes  enseignes,  à  bon  titre,  avec 
sûreté,  en  toute  garantie.  Vous  êtes  comme  il  faut 
pour  n'être  persualée  qu'à  bonnes  enseignes,  sEv. 
8^.  Il  n'y  a  pas  trop  de  sûreté  de  se  mettre  sur  le 
Rhône  qu'à  bonnes  ensi;ignes,  bac.  Letl.  T  à  la 
Fontaine.  Elle  ne  voulait  rien  éprouver  de  l'amoui 
qu'à  bonnes  enseignes,  hamilt.  Granxm.  M.  N'jn 
voulant  favoriser  aucun  qu'à  bonnes  enseignes,  pe- 
sage, Gil  lilas,  vu.  7.  Oui  ne  s'en  laisse  imposer 
i|u'à  bonnes  enseignes,  J.  J.  BOUSs.  Éin.  II.  Je  me 
suis  empalé  de  vingt  paires  de  inulels  que  je  ne 
rendrai  qu'à  bonnes  enseignes,  p.  L.  couH.  Lett.  i, 
109.  jl  i  telles  enseignes  que,  en  preuve  qie.  J'ai 
|iayé  le  reliquaire  à  ce  jeune  homme,  à  telles  en- 
seignes qu'il  doit  avoir  actuellement  sur  lui  cent 
vingt  écus  d'or  que  je  lui  ai  comptés,  lksage,  Guzm. 
d'Alfar.  Il,  to.  X  telles  enseignes  que  j'ai  encore 
un  mouchoir  à  elle,  qu'elle  a  oublié  chez  moi,  Ua- 
RivAi:x,  Marianne, i"  partie.  ||  2°  Anciennement. 
Enseigne  ou  faveur,  pièce  détachée  de  la  parure 
d'une  dame  et  donnée  à  un  chevalier  combaltaiit 
dans  un  tournoi.  {|  8'  Ancien  terme  de  manufac- 
ture. Une  certaine  mesure  de  drap,  qui  revenait 
à  trois  aunes.  Une  pièce  de  quinze  enseignes,  c'est- 
à-dire  de  quarante-cinq  aunes.  ||  4'  Tableau  figu- 
ratif mis  au-dessus  d'une  maison  pour  indiquer  I9 
commerce  ou  la  profession  du  propriétaire.  L'ensei- 
gne fait  la  chalandise,  LA  font.  fabl.  vu,  4  5.  Ne 
songez  pas  même  à  réformer  les  enseignes  d'iina 
ville,  LA  BRi'Y.  X.  Elle  aura  bien  de  la  peine  à  quitter 
un  hôtel  pour  reprendre  son  enseignede la  Picarde, 
DANcoiRT,  Déroute  de  Pharaon,  sc.7.  [Le  portrait  du 
roi  d'Yvetot]  C'est  l'enseigne  d'un  caliaret  Fameux 
dans  la  province,  bérang.  Yietot.  {|  Nous  sommes 
tous  deux  logés  à  la  même  enseigne,  c'est-à-diie 
nous  .sommesdans  le  même  embarras,  Ou  malheur, 
ou  perte.  ||  11  a  logé  à  l'enseigne  de  la  lune,  il  a  cou- 
ché à  l'enseigne  de  la  belle  étoile,  se  dit  de  quel- 
qu'un qui,  n'ayant  point  de  logis,  ayant  été  mis 
liurs  du  sien,  a  couché  deliors.  ||  Fig.  On  ne  passa 
point  dans  le  monde  pour  se  connaître  en  vers, 
si  l'on  n'a  mis  l'enseigne  de  poêle,  ni  pour  être  ha- 
bile en  matliématicpies ,  si  l'on  n'a  nus  celle  do 
maihématicien;  mais  les  vrais  honnêles  gens  ne 
veulent  point  d'enseigne,  pascal.  Pensées,  (lart.  i, 
art.  IX.  Folie  de  mettre  l'enseigne  de  philosophie, 
LA  BRDV.  XII.  Le  cliAtiment  tomba  sur  ses  oreilles, 
Oui ,  tout  à  coup  s'allongeant  à  merveilles,  Par 
leur  longueur  et  leur  mobilité  Servent  d'enseigne  à 
sa  fatuité,  J.  B.  Rouss.  Altég.  I,  6.  ||  C'est  une  en- 
seigne à  bière,  se  dit  d'un  portrait,  d'un  tableau  ma! 
peint.  V  Durand  amis  beaucoup  de  nouvelles  nuan- 
ces à  son  enseigne  à  bière,  voir.  Letl.  Thibourille, 
«janvier  I77i.  ||  5°  Drapeau,  signe  de  rail. eoienl  dans 
les  armées  romaines.  Les  enseignes  loinames  étaient 
des  aigles.  Vous  marcherez  à  Konie  àc  ininunes  en- 
seignes, corn.  Sert  r.  1,3.  Que  ceux  i|ui  ont  fait  ser- 
ment marchent  sous  mes  enseignes.  MONTBSQ.  t':n, 
VIII,  13  II  Par  extension,  toute  espèce  d'élendaid. 
La  guérie  est  presque  aussi  ancienne  que  le  genre 
humain,  el  les  enseignes  sont  aussi  anciennes  qua 
la  guerre,  saint-foix,  £4».  Paris,  Œuvres,  t.  iv, 
p.  298.  Jl  veut  qu'au  bruit  des  cors,  au  son  de  la 
cymbale,  On  déroule  à  l'inslanl  son  enseigne  rjyale, 
DK.LILLE,  Par.  perdu,  1.  Prend  il  la  fuiie.  est-il 
isôY  tou  les  corps  se  dispersent  ou  se  raLgeut  sous 


1 


ENS 

les  enseignes  de  l'ennemi,  ratnal,  Hist.  phil,  v, 

34.  Il  Fig.  Marcher,  combattre  sous  les  enseignes  de 
ciuelqii'nn,  se  ranger  sons  son  autorité.  Où  tes  ms!- 
tres  séduits  marchent  sous  tes  enseignes,  volt.  Fo- 
ital.  Il,  5.  Il  6°  Terme  de  marine.  Knseigne  de  poupe, 
le  pavillon  qui  se  met  sur  la  poupe.  ||  Gaule  d'ensei- 
gne, se  dit  ipielquerois  du  petit  mM  qui  porte  l'en- 
seigne. ||  7°  Dans  l'ancienne  infanterie  française,  la 
cliarge  de  porto-drapeau.  Son  fils  obtint  une  ensei- 
gne. Il  [,a  coujpagnie  comman<lée  par  celui  qui  avait 
la  charge  d'enseigne.  1|  S.  m.  Celui  qui  portait  l'en- 
seigne. Un  enseigne  aux  gardes.  ||  Dans  la  marine; 
un  enseigne  de  vaisseau,  ol'ficier  dont  le  grade  était 
ie  moins  élevé  (depuis  peu  d'années  on  y  a  subsli- 
ti-é  le  titre  de  lieutenant  de  frégate).  La  singularité 
du  fait  et  le  courage  que  cet  enfant  avait  témoigné, 

10  firent  faire  enseigne  après  le  combat,  m—  de 
CAYLi.'S,  Souren.  p.  30,  dans  pougens.  ||  Proverbe. 
«  bon  vin  il  ne  faut  pas  d'enseigne,  et,  elliptique- 
ment, h  bon  vin  pas  d'enseigne,  c'est-à-dire  il  n'est 
pas  nécessaire  de  faire  beaucoup  d'efforts  pour 
mettre  en  vogue  ce  qui  est  bon. 

—  HIST.  XI*  s.  L'enseigne  [de]  Charle  n'i  devons 
iiblier,  Cli.  de  Roi.  xc.  Geifreid  d'Anjou  qui  l'ensei- 
gne tenet.  *.  ccLix.  Charles  [crie]  montjoie  l'en- 
seigne renomée,  ib.  cclx.  ||xii"  s.  En  meint  eslor 
fu  veO  ses  enseignes,  Jlonc.  p.  t.  Jamais  en  nos 
aages  [nous]  ne  portassions  ansaigne,  Sax.  xxx. 
Vestu  [il]  o't  un  bliaut  à  Enseigne  d'orfrois,  ib. 
xxxiii.  Il  xm*  s.  Aies  moi  bientost  à  Serro,  et  distes 
au  caslelain  de  par  moi  que  par  nulle  ensegne  que 
je  li  mange  [mande]  ne  por  nulle  lettre,  que  il  ne 
renge  [rende]  le  castiel,  H.  de  valeno.  xxii.  Et  s'on 
voit  qu'ele  en  die  vraies  ensengnes,  on  l'en  doit 
plus  tost  croire  que  uneautra,  beaum.  xviii,  3.  Tu 
li  diras  que  il  te  croie,  à  teles  enseignes  que  tu  iras 
combatre  à  l'empereur  de  Perse  à  tout  trois-  cens 
homes,  sanz  plus,  de  ta  gent,  joiNV.  2(i4.Il  te  mande 
que  ce  fu  il  meesmes  que  tu  trovas  al  bois  les  bestes 
gardant,  et  àicellesansaignesque  il  tedistqueil  veii- 
roità  toi  quant  il  voldrnit,  Herlin,  f"  iî,  verso.  ||  xiv 
s.  Dites-lui  que  vers  lui  [je]  vous  envoie  prier;  itrès 
bonnes  enseignes  vous  pourrez  avancier,  Gueicl, 
<'i972.  En  oultre  nous  plaist  et  voulons,  que  tous 
lesdit  Juys  et  Juyves  demourans  en  nostre  dit 
royaume  portent  leur  enseigne  acoustuniée  au 
dessus  de  la  ceinture  et  en  lieu  plus  apparent,  et 
sera  ladicte  enseigne  du  large  du  seel  de  nostre 
Chastelletde  Paris;  et  qui  sera  trouvé  sens  enseigne, 
il  paiera  vint  solz  parisis  d'amende,  OE  lauorde. 
Émaux,  p.  202.  Il  est  permis  aux  filles  de  joie  de 
la  ville  de  Thoulouse  de  porter  et  vestir  telles  robes 
et  chapperons  comme  elles  vouldrnnt,  et  entour  l'un 
de  leurs  bras  une  ensaigne  ou  différence  d'un  jare- 
tier  ou  lisière  de  drap  d'auUre  couleur  que  la  robe, 
ID.  ib.  Pour  six  s.iinctures  et  dix  aulnes  de  rubant 
blanc,  pour  faire  enseignas  es  livres,  id,  ib.  \\  xv*  s. 
Un  chascun  d'eiilx  [des  trois  orJres)  son  droit  estât 
niainliengne;  Car  l'excéder  est  monstre  et  droiote 
ensaigiie  De  pi-  avoir  pour  le  peuple  et  l'Eglise, 
E.  PESCII.  Siiulfr.da  peuple.  D'assez  d'autres  nuhles 
hommes  pouiTOit-nn  dire,  desqueulx,  quand  jeunes 
estcient,  les  enseignes  de  leurs  enfances  demon- 
troient  enseignes  de  leurs  conditions,  Bouciq.  I,  2. 
1  Jehan  Martin  orfèvre,  demeurant  à  Bouiongne, 
pour  une  enseigne  ou  ymage  d'or  faicte  en  la  révé- 
rence de  Nosire  Diime  de  lioulongne,  le  LAUOiUiE, 
Émaux, f.'iSï.  Plusieurs  coups  et  enlie  les  a  utresung 
en  la  gorge  dont  l'enseigne  lui  est  demeurée  toute  sa 
vie,  coMM.  1,  4.  Et  pour  toutes  enseignes  n'y  est  mé- 
moire d'eulx  [des  Krançais  en  Sicile]  que  pour  les 
sépultures  de  leurs  prédécesseurs,  id.  vi,  3.  Les 
Suisses,  qui  rapportèrent  tous  leurs  enseignes,  ID. 
VIII.  14.  Il  n'a  pas  esté  seul  entaclié  de  ce  mal  [la 
jalousie];  mais  toutefois,  pour  ce  qu'il  fut  outre  l'en- 
seigne, je  ne  me  .«aurois  passer  sans  faire  savoir 
ie  gracieux  tour  qu'on  lui  lit,  Lorisxi,  A'oiiu.  xxxvii. 

11  XVI'  s.  Ne  bourgs,  chasieaulx,  manoirs,  villes, 
champaignes.  Où  n'ait  |ilanié  ses  giiydous  et  ensei- 
gnes, j.  mabot,  V,  5G.  Il  y  en  a  aucuns(pii,à  faul- 
ses  enseignes,  usurpent  le  nom  d'hisiorieiis,  amyot, 
Préf.  XII,  39.  Le  trident  l'enseigne  de  Nejitune, 
m,  Thés.  6.  Les  souîdars  qui  sont  soubs  une 
aiosnie  enseigne  s'appellent  manipu/arcs,  id.  liom. 
•12.  Les  faisceaux  de  verges,  enseignes  du  souve- 
rain magistrat,  ID.  Public.  64.  La  ville d'Orcliomene 
avoit  reçu  deux  enseignes  [compagnies]  de  gens  de 
pied  pour  la  garder,  ID.  Pélop.  29.  Un  port'  ensei- 
gne qui  estoità  la  garde  du  bourg  S.nnt  Pierre,. mo.nt. 
I,  «I.  il  n'en  advein'  pas  si  lieureusemenl  à  l'en.sei- 
gne  du  capitaine  Julie,  it>.  i,  62.  Je  m'asseiire  avoir 
vcudoniier  pour  trois  sols  la  douzaine  des  figures 
d«U!>elgQes  que  Von  portoit  aux  bonnets,  lesrj-aelies 


ENS 

estoyent  si  bien  labourées  et  leurs  e.smaux  si  bien 
parfondus  sur  le  cuivre,  qu'il  n'y  avoit  nulle  pein- 
ture si  plaisante,  palissy,  3o8.  Chacune  enseigne 
coustumierement  des  uns  et  des  autres  estoil  ac- 
compagnée de  cent  ou  six  vingt  hommes,  frou- 
MENTEAU,  Finances,  3'  liv.  p.  406.  Le  seigneur 
Horace  Baion,  chef  des  enseignes  noires  [les  ban- 
des noires],  du  Bellay,  Uém.  liv.  m,  f"  84,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTVM.  Provenç.  enseigna,  enscjna,  essenha; 
catal.  insignia;  anc.  espagn.  ensena;  ital.  insegna; 
du  latin  insignia,  pluriel  neutre  de  insignis,  in- 
signe, de  in,  et  signum,  signe.  Dans  les  anciens 
textes  on  trouve  parfois  enseigne  masculin,  qui  vient 
alors  directement  du  neutre  insigne. 

ENSEIGNÉ,  ÉE  (an-sè-gné,  gnée),  part,  passd. 
Il  1°  Qui  reçoit  l'enseignement.  La  jeunesse  ensei- 
gnée dans  les  collèges.  ||  2°  Qui  est  donné  en  en.sei- 
gnemenl.  Les  malliématiques  enseignées  avec  succès 
par  ce  professeur,  {j  3°  ludique.  Chemin  mal  en- 
seigné. 

ENSEIGNEMENT  (an-sè-gne-man),  s.  m.  1|  1°  L'ac- 
tion d'enseigner.  La  carrière  de  l'enseignement.  Ce 
professeur  a  la  prati(|ue  de  l'enseignement.  ||  2°  En- 
seignement pulJic,  l'enseignement  ipie  donne  l'É- 
tat; il  se  divise  en  primaire,  secondaire  et  supé- 
rieur. Il  Enseignement  primaire,  celui  qui  donne 
les  premiers  éléments  des  connaissances,  lecture, 
écriture  et  arithmétique.  ||  Enseignement  secon- 
daire, celui  qui  embrasse  l'étude  des  langues  an- 
ciennes, de  la  rhétoricpie  et  les  premiers  éléments 
des  sciences  mathématiques  et  physiques  et  de  la 
philosophie.  Il  se  donne  dans  les  lycées  et  les  col- 
lèges, ainsi  que  dans  les  petits  séminaires,  jj  En- 
seignement supérieui ,  celui  qui  est  destiné  à  en- 
seigner dans  toute  leur  étendue  les  lettres,  les 
langues,  les  sciences  et  la  philosophie.  11  se  donne 
dans  les  facultés,  au  Collège  de  Erance  et  dans  les 
grands  séminaires.  I|  3"  Se  dit  des  différentes  mé- 
thodes d'enseignement.  ||  Enseignement  individuel, 
celui  dans  lequel  le  professeur  s'occupe  en  particu- 
lier et  successivement  de  chacun  des  élèves  d'une 
classe.  Il  Enseignement  mutuel,  celui  dans  lequel 
on  emploie  les  élèves  les  plus  avancés  sous  le  titre 
de  moniteurs,  pour  refléter  aux  autres  ce  qu'eux- 
mêmes  viennent  d'apprendre.  {|  Enseignement  si- 
multané, celui  dans  lequel  le  professeur  s'adresse 
à  la  masse  des  élèves  de  la  classe  ou  d'une  subdi- 
vision, et  leur  fait  faire  à  tous  en  même  temps  les 
mêmes  exercices.  ||  Enseignement  professionnel, 
celui  dans  lequel  on  apprend  aux  enfants  ce  qui  est 
nécessaire  à  la  profession  qu'ils  doivent  suivre  un 
jour  et  principalement  aux  professions  commerciales 
et  industrielles.  Il  4°  Enseignement  libre,  enseigne- 
ment que  donnent  les  particuliers,  par  opposition  à 
l'enseignement  public  ou  de  l'Etat.  ||  Enseignement 
obligatoire,  disposition  légale  en  vertu  de  laquelle 
tous  les  pères  sont  obligés  d'envoyer  leurs  enfants  à 
l'école-  Il  5°  La  carrière  de  ^en.^eignement,  le  corps 
enseignant.  Il  est  entré  dans  l'enseignement.  11  se 
destine  à  l'enseignement.  ||  6"  L'action  d'instruire  en 
généraL  L'enseignement  développe  la  moralité  d'un 
peuple.  Il  En  un  sens  plus  restreint  et  spi'cial.  L'en- 
seignement universitaire.  L'enseignement  des  jé- 
suiles.  117°  Précepte  qui  enseigne  à  faire  ou  à  éviter. 
L'art  de  la  guerre  A  moins  d'enseignements  que  tu 
n'as  de  vertus,  malh.i,  4.  Satisfaites  les  dieux  par 
vntre  amendemenl,  Et  sachez  moi  bon  gré  de  cet 
enseignement,  botr.  Aniignne,  v,  6.  Un  trône  irnli- 
gnemeiit  renversé  et  mi raculeu.sement  rétabli  ;  voilà 
les  enseignements  tpje  Dieu  donne  aux  rois;  ainsi 
fait-il  voir  au  monde  le  néant  de  ses  pompes  et 
Je  ses  grandeurs,  Boss.  Iteine  d'Anglel.  Les  ensei- 
gnements que  Dieu  donnait  à  son  peuple,  id.  Lell. 
258.  El  pratifjuons  cet  enseignement,  pasc.  dans 
cousm.  Il  8°  Au  plur.  Ancien  terme  de  pratique.  Ti- 
tres et  enseisnements,  les  pièces  servant  à  prouver 
un  droit,  une  possession,  une  qualité. 

—  HIST.  xiir  s.  Ge  ai  affermé  par  mes  enseigne- 
menz  les  colonnes  de  Dieu,  l'saulier,  f°88.  Car  voi 
bien  que  vous  escrivés  On  livre  du  cuer  volentiers 
Tous  mes  enseignemens  entiers,  la  Itose,  13705. 
Le  pape  Grégoire,  Qui  par  lettres  lasaluoit  l-;t  mult 
d'escriz  li  envoioit.  Où  mult  avoit  d'enseignement, 
Por  qu'ele  ve.sijuisi  chastement,  buteb.  ii,  I9ii. 
Lors  appela  mons  Philippe  son  filz,  et  li  commanda 
à  garder  aussi  comme  par  testament  touz  les  ensei- 
gnemens que  il  lui  lessa,  joinv.  300.  f)t  ce  prince 
et  tout  son  peuple  reçurent  leur  enseignemens  [des 
prédicateursl  si  debonnairement,  que  il  furent  touz 
baptiziés,  lu.  2H4.  Il  XV"  s.  L'einpiTeur  revesiu  de 
ses  habits  et  enseignements  [insignes]  impériaux, 
Chr.  de  Si  Denis,  t.  ii,  f"33,  dans  lacusne.  Et, en 


ENS 


U13 


ce  faisant,  tiens  Dien  l'enseignement  du  sage  duo 
d'Athènes  qui  fut  ap|ielé  Pericles  qui  disoit,  comme 
rapporte  Justin....  Bo«ci7.  part,  iv.ch.e.  ||  xvi's.  Pa- 
lus se  frappa  tout  suuhdain  de  ce  niesme  glaive, 
honteux,  à  mon  advis,  d'avoir  eu  besoin  d'un  si 
cher  et  précieux  enseignement  [le  coup  dont  sa 
femme  s'était  frappée],  mont,  m,  t«2. 

—  Rtvm.  Uiiseigner;  provenç.  ensegnamen,  en- 
srnhnman,  essrgnamen;  espagn.  enseiiamientu ; 
ital.  insfgnamenlo. 

ENSKIGNEU  (an-sè-gné),  v.  a.  \\  l'Indiquer,  faire 
connaître.  Enseigner  les  détours  d'un  bois.  Ensei- 
gner le  chemin  le  plus  court  à  un  voyageur  égaré. 
Et  vous  m'avez  au  crime  enseigné  le  chemin,  cobn. 
Cinna.  v,  2.  Qui  se  lasse  d'un  roi  peut  se  lasser 
d'un  ])ère;  Mille  exemples  sanglants  nous  peuvent 
l'enseigner,  m.  Nicom.  ii,  I.  Vous  vous  mettez  fort 
mal  au  chemin  de  régner. —  Seigneur,  si  je  m'égare, 
on  peut  me  l'enseigner,  in.  ib.  m,  H.  Pour  sortie 
des  tourments  dont  mon  âme  est  la  proie.  Il  est, 
vous  le  savez,  une  plus  noble  voie  :  Je  me  suis  vu, 
madame,  enseignerce  chemin  Et  par  plusd'un  héros 
et  par  plus  d'un  Romain,  rac.  fie'rén.y,  a.  Ensei- 
gnez-moi, Thébains,  le  palais  de  vos  princes,  m.j. 
ciiÉN.  Œdipe  roi,  iv,  2.  ||  2°Faire  savoir,  démon- 
trer, en  parlant  d'un  art,  d'une  science,  en  donner 
des  leçons.  Enseigner  le  latin,  le  dessin,  l'escrime. 
Parmi  les  diverses  sciences  qu'ils  [les  pédagogues] 
se  vantent  de  leur  enseigner  [aux  enfants],  ils  se  gar- 
dent bien  de  choisir  celles  qui  leur  seraient  vé- 
ritablement utiles,  parce  que  ce  seraient  des  scien- 
ces de  choses  et  qu'ils  n'y  réussiraient  pas,  J.  J. 
ROi'ss.  Ém.  H.  Il  Absolument.  Rien  n'étouffe  plus  la 
doctrine  que  de  mettre  à  toutes  les  cho.ses  une  robe 
de  docteur;  les  gens  qui  veulent  toujours  enseigner 
empêchent  beaucoup  d'apprendre,  montesq.  Déf. 
Esprit  des  lois,  part.  3.  ||  3°  Faire  connaître  comme 
par  une  sorte  de  leçon.  Quelques  animaux  nous  ont 
enseigné  à  bâtir  des  maisons.  Que  saurait  enseigner 
aux  princes  Le  grand  démon  qui  les  instruit.  Dont  ta 
sagesse  en  nos  provinces  Chaque  jour  n'épande  le 
fruit?  MALH.  m,  2.  Instruisez-le  d'exemple,  et  vous 
ressouvenez  Qu'il  faut  faire  à  ses  yeux  ce  que  vous 
enseignez,  cobn.  Cid,  I,  3.  L'amour  généreux  de  la 
vérité  fait  très-souvent  perdre  les  chaires  oii  l'on 
ne  doit  enseigner  que  la  vérité,  maleb.  Ueclier.he, 
IV,  9.  Non,  quoi  que  l'ignorance  enseigne  sur  ce 
point,  BOIL.  Épit.  XII.  Méchant,  c'est  bien  à  vous 
d'oser  ainsi  nommer  Un  Dieu  que  votre  bouche  en- 
seigneà  blasphémer,  bac.  Alhal.  UI,  4.  11  est  d'au- 
tres vertus  que  je  veux  t'en.seigner,  volt.  Ali.  v, 
7.  Enseignez  la  raison,  la  justice  et  les  mœurs,  m. 
Orphel.  V,  6.  Le  faux  zèle  Enseigne  à  tout  souffrir 
comme  à  tout  hasarder,  id.  Ilenr.  ch.  x.  S'ils  sa 
servirent  du  mensonge  pour  enseigner  des  véri- 
tés, ils  étaient  ind  gnes  de  b's  enseigner  ;  ils 
n'étaient  pas  philosophes,  ils  élaienl  tout  au  plus 
de  très- prudents  menteurs,  m.  Dicl.  phil.  l'hiloso- 
phe ,  1.  Un  sage  simple,  sans  faste,  sans  imposture 
[Coiifucinsl,  qui  enseignailaux  hommes  àvivre  heu- 
reux, six  cents  ans  avant  notre  ère  vulgaire,  dans 
un  temps  où  tout  le  septentrion  ignoiait  l'usage  des 
lettres,  m.  ib.  Tout  le  monde  veut  enseigner  à  bien 
faire,  et  personne  ne  veut  l'apprendre,  j.  j.  bouss. 
lUp.  au  roi  de  Pologne.  Les  niceuis  qu'en  ce  désert 
enseigne  la  nature,  Ducis,  ilacheth,  iv,  6.114°  Ap- 
lirendre  à  savoir,  instruire,  avec  un  nom  de  |iersunne 
[lonr  complément  direct.  Enseigner  la  jeunesse. 
[L'ingrat]  ne  tiendra  compte  ni  de  ceux  qui  l'ont  mis 
au  monde,  ni  de  ceux  de  rpii  i!  a  mangé  b' pain,  ni 
de  ceux  ipiiront  enseigné,  malh.  le  Traitcdis  bienf. 
de  Si'nèque,  m,  n.  Une  femme  qui  peut  faire  des 
fautes  dans  sa  langue,  si  elle  n'y  a  été  ensoig.'iée, 
VOIT.  un.  185.  Dans  l'Église  naissante,  on  ensei- 
gnait les  catéchumènes,  c'est-à-dire  Cr'ux  (pu  pré- 
tendaient au  baptême,  avant  cpie  de  le  leur  conférer, 
pasc.  Compar.  des  chr.  J'ai  déjà  dit  que  ce  grand 
Dieu  les  enseigne  [les  rois]  et  en  leur  donnant  et  en 
leur  Ôlant  le  pouvoir,  boss.  Reine  d'AngUli'rre.  Ils 
nous  ont  enseignés  par  leur  ignorance  même,  id. 
Serm.  (Juinq.  Allez,  dit-il,  enseignez  toutes  les  na- 
tions, les  baptisant  au  nom  du  Père,  du  Eils  et  du 
Saint-Esprit,  et  leur  apprenant....  iD.  Hist.  ii,  0.  Il 
[Jésus-Christ]  l'a  enseignée  il'Eglise]  avec  tant  de 
soin,  FLÊcn.  III,  407.  Il  [Jésus-Christ]  inspire  des  pro- 
phètes  pour  nous  en.seigner,  mass.  Av.  Onintte  de 
J.  C.  Nous  avons  enseigné  ces  brav»s  insulaires, 
VOLT.  Orphel.  v,  6.  Les  anciens  Toscans,  qui  ensei- 
gnèrent les  Uomains,  savaient  quelque  chose  oe  plus 
que  les  peuples  occideiituui,  id.  Uueurt,  Av.  prop. 
Ce  dogme  par  qui  nous  sommes  enseignés  que  les 
prières  des  mortels  bitent  la  délivrance  des  âmei, 
CUATEAUBR.   Génie,  u,  V,   ta.    Il   Eu  cet  eui^iloi, 


I 


1/»14 


ENS 


.iiMiRner  nfl  prend  ni  compMment  Indirect  ni  rerbe 
ior*i  luiJIS'  S'cnsoigr.er,  v.  Ti'fi.  Se  faire  leçon  à 
wl-mern..  Afin  que....  aui  dépen.  .l'aulrui  Sage  je 
m'fli..riRn«.«,  KecRiER,  .Ça»  «i.  Vous  [prêtre]  en- 
««•iariiez  le»  autre»  et  vous  ne  vous  cnsemnieï  pas 
ïoiivmeme,  MASS.  Av.  Jug.  unir.  ||  Ftre  enseigné, 
démontr*.  Los  mathématiques  s'enseignent  dans  cet 
ét.iMiMciiienl. 

—  .SYN.  F.N.'îKiONEii,  msTstriRB.  Enseigner,  c'est 
donner  l'enseignement;  instruire,  c'est  donner  l'in- 
«truction.  Il  y  a  donc  dans  enseigner  quelque  chose 
qui  reg.ir(le  moins  le  résultat  et  davantage  les 
moyens;  c'est  le  contraire  dans  instruire.  A  un  au- 
tre point  de  vue,  instruire  se  dit  plus  exclusivement 
do  l'enseignement  intellectuel,  et  enseigner  de  l'en- 
seignement moral  ;  allez  et  enseignez  toutes  les 
rations;  mais  on  dira  à  un  professeur:  instruisez 
mon  fils.  Enfin,  en  plusieurs  cas,  ces  deux  mois 
prennent  une  signification  analogue  et  se  confon- 
dent. 

—  mST.  XI'  s.  S'est  quil  [qui  le]  demande, ne  l'cs- 
tuet  enseigner  [il  n'est  besoin  qu'on  le  lui  montre], 
Ch.ie  Roi.  vni.  ||  xii*  s.  En.seignezmoi  un  home  de 
bernage  (vaillance],  flotte,  p.  )3.  Et  de  bataille  har- 
dis et  enseignés,  ib.  p.  68.  Je  vous  ensegnerai  [in- 
diquerai] un  jiiîse  [jugement,  supplice]  pesant,  ib. 
p.  <09.  Isnels  [prompt]  por  enseignier,  et  tardis 
[tardif]  por  oïr,  stbern.  p.  653.  Cil  qui  lui  ont  en- 
saigné  et  apris  Xe.slogner  cens  de  ci  environ,  hues 
BE  LA  FERTÉ,  Unmancero,  p.  (84.  Herupois  sont 
moult  .sage,  leurgent  liien  enseignie,  Soi.  xx.  R''is, 
fait  li  sainz  Thomas,  mal  estes  enseigniez;  Vus 
n'estes  mie  tels  cum  estre  soliez  Al  tens  que  vus 
servi....  Th.  le  mart.  <I8.  Les  proveires  [prêtres]  ne 
deiz  enseignier  ne  mener;  Ensuivre  les  t'estuet  [tu 
dois  les  suivre], devant  deivenl  aler,  ib.  73.  ||  xiii"  s. 
Amorsproi  |je  prie  l'Amour]  kem'ensaint  [qu'il  m'en- 
seigne] à  faire  vo  talent,  Pnésies  mss.  avant  1 300,  t.  ii, 
p.  959,  dans  LACURNE.  Ainsi  caroloientilecques  Geste 
gens,  et  autres  avecques.  Oui  estoient  de  lor  mes- 
îiies,  Franches  gens  et  bien  enseignies  [bien  élevées], 
Et  gens  de  bel  afetement  [maniîire]  Estoient  tuit 
communément,  la  Rose,  «289.  Oncques  tel  response 
n'issi  [ne  sortit]  D'omme  vilain  mal  enseignié,  ib. 
1941.  Par  cest  livre  porra  il  [le  comte]  estre  ensei- 
gniez comment  il  devera  garder  et  fere  garder  les 
coustumesde  sa  terre,  beaum.  <2.  Leconnestable  en 
parla  au  Beduyn,  et  il  dit  que  il  n'en  enseigneroit  ja 
gué,  se  l'en  ne  li  donnoit  les  deniers  avant,  jojnv. 
2î3.  Un  cordelier  vint  à  li  au  chaslel  de  Yeres,  et, 
pour  enseigner  le  roi,  dit  en  son  sermon,  id.  (OO. 
Il  XIV' s.  Les  autres  ars  et  sciences  enseignent  ung 
homme  estre  bon  edifieur  et  bon  paintre,  oresme, 
Prol.  Il  xv  s.  [Edouard  fait  sortir  de  Calais  tous  les 
habitants  pour  la  repeupler  de  purs  Anglais]  et  ne 
retint  que  trois  hommes  :  un  prestre  et  deux  autres 
anciens  hommes,  bon  coustumiers  des  lois  et  oraon- 
nanccs  de  Calais;  et  fut  pour  enseigner  les  héri- 
tages,  FROiss.  I,  I,  322.  Il  XVI'  s Car  chacun 

jour  au  camp  sous  leur  enseigne  Font  exercice,  et 
l'un  &  l'autre  enseigne  X  tenir  ordre  et  manier  la 

fiicque,  marot,  ii,  20.  Il  leur  enseigna  la  sobriété  et 
es  accoustiima  à  peu  parler,  amyot,  Lyc.  et  Num. 
cnmp.  7.  Il  ordonna  qu'ilz  fussent  élevez,  instruits 
et  enseignez  soubs  mesmes  maistres,  id.  «6.  9.  Il 
enleva  l'or  et  tua  sur  le  champ  le  pauvre  Barbare 
qui  le  luy  avoit  enseigné,  de  peur  qu'il  ne  le  dist  à 
d'autres,  m.  Arist.  I3.  0  gentils  oiselets  que  vous 
estes  heureux  !  Nature  d'elle  mesme  à  l'amour  vous 
enseigne,  bons.  )8I. 

—  ETYM.  Provenç.  enseignar,  ensegnar,  essei- 
ffunr;  calai,  ensemjar;  espagn.  enseilar;  portug. 
ensinar;  ital.  insegnare;  d'un  bavlatin  insignare, 
de  III,  en.  et  signum,  signe. 

t  BNSF.IGNEUR  (an-segneur),  t.  m.  Celui  qui 
enseigne.  Ceux  qui  se  disaient  penseurs,  ensei- 
gneurs,  crurent  que  l'âme  humaine  était  un  souflle 
d'air,  volt.  Ame,  4. 

—  IllST.  xiii*  s.  Et  tele  courtoisie  vous  fait  [Dieu], 
qui»  il  vous  a  baillé  enseigneurs,  par  quoi  vous  co- 
noissez  quant  vous  faites  le  bien  et  quant  vous  faites 
le  mal,  joinv.  258.  j  xv  t.  Conseillers  des  princes 
futurs  et  enseigneurs  du  simple  peuple,  christ,  de 
PîSAU,  CKarlfs  V,  ii,  2. 

—  ETYM.  Enseigner;  provenç.  enseçinaire,  ensei- 
gnndnr;  espagn.  enseùador;  ital.  tnjfgnalore.  Dans 
le  provençal,  emegnaire  est  le  nominatif,  et  emei- 
gnador  le  régime. 

ESSEI.I.Ê.  ÊE  (an-sè-lé,  lée),  ndj.  ||  1'  Dont  le 
flnsot  les  reins,  en  parlant  du  cheval,  présentent 
une  concavité  marquée  semblable  à  une  selle.  Les 
f5'*r.ï!J''"  \"^"'  irùs-vieui  deviennent  souvent 
"DMUt»  daoi  leurs  dernières  années.  ||  »•  Terne  de 


ENS 

mer.  Navire  ensellé,  navire  dont  l'avant  et  l'arrière 
.sont  fort  relevés  et  le  milieu  fort  bas. 

t  ENSEI.LEK  {an-»6-lé) ,  v.  a.  Terme  de  manège. 
Mettre  la  selle  à  un  cheval. 

—  lllST.  XI'  s.  Quatre  chivalz  cnselezetenfrenez. 
Lois  d'  Guill.  23. 

—  ETYM.  ^n  t ,  et  selle;  provenç.  enseilar,  ense- 
lar,  esselnr  ;  espagn.  ensillar. 

EN.SESniLE  (an-san-bl')  ,  adv.  ||  1*  L'un  avec 
l'autre,  les  uns  avec  les  autres.  Ils  sont  sortis  en- 
.semble.  Chantons,  dansons  ensemble.  Ensemble 
vous  vivez  dans  vos  ardeurs  fidèles.  Comme  deux 
vrais  enfants,  comme  deux  tourterelles,  mol.  Tart. 
II,  2.  Quand  l'amour  et  l'ambition  se  rencontrent 
ensemble,  pasc.  Passions  de  l'amour.  Voyez  si  vous 
romprez  ces  dards  liés  ensemble  ;  Je  vous  expliquerai 
le  nœud  qui  les  rassemble,  la  font.  Fabl.  iv,  <8. 
Hélas!  dit  Philémon,  si  votre  main  puissante  Vou- 
lait favoriser  jusqu'au  bout  deux  mortels,  En.semble 
nous  mourrions  en  servant  vos  autels,  iD.  Phil.  et 
Baucis.  Puis.sent  la  Mecque  ensemble  et  Médine  et 
l'Asie  Punir  tant  de  fureur  et  tant  de  perfidie!  volt. 
Fanal,  v,  2.  Plus  il  y  a  d'hommes  ensemble,  plus  ils 
sont  vains,  et  sentent  n.iltre  en  eux  l'envie  de  se 
signaler  par  de  petites  choses,  montesq.  Esp.  vu, 
i.  Rien  ne  lie  tant  les  cœurs  que  de  pleurer  ensem- 
ble, j.  J.  Bouss.  Confcss.  x.  L'habitude  de  vivre 
ensemble  fit  naître  les  plus  doux  sentiments  qui 
soient  parmi  les  hommes,  l'amour  conjugal  et  l'a- 
mour fraternel,  id.  Inégal.  2'  partie,  p.  (22,  dans 
pot'GENS.  Notre  courtisan  philosophe,  si  ces  deux 
mots  peuvent  aller  ensemble,  aimait  à  raconter 
cette  histoire,  d'alf.mhert.  Éloges,  Rose.  Depuis 
longtemps  on  soupçonnait  que  l'Amazone  et  l'Oré- 
noque  communiquaient  ensemble  par  la  rivière 
Noire,  où  la  cour  de  Lisbonne  a  plusieurs  établisse- 
ments, RAYNAL,  Jlist.  fihil.  IX,  H.  Le  silence  même 
prouve  que  les  âmes  peuvent  être  heureuses  par  la 
présence  l'une  de  l'autre;  car  ce  silence  n'opère  ni 
le  dégoût  ni  l'ennui;  on  ne  dit  rien,  mais  on  est 
ensemble,  nARiiiÊLEMY,  Anach.  ch.  78.  Allez,  et, 
bénissant  le  Dieu  qui  vous  rassemble,  Chantez, 
priez,  pleurez,  consolez-vous  ensemble,  delille. 
Pitié,  IV.  Il  Etre  bien  ensemble,  se  dit  de  gens  qui 
ont  de  bons  rapports  entre  eux.  Nous  sommes  très- 
bien  ensemble,  sÉv.  44.  ||  2°  A  la  fois,  en  même 
temps,  simultanément.  Il  fut  convenu  que  les  deux 
adversaires  tireraient  ensemble.  Je  ne  suis  pas  en- 
semble aveugle  et  téméraire,  malh.  v,  30.  Il  en  est 
de  même  des  discours  que  des  corps  qui  doivent  or- 
dinairement leur  principale  excellence  à  l'assemblage 
et  à  la  juste  proportion  de  leurs  membres;  de  sorte 
mêmequ'encore  qu'un  membre  séparé  de  l'autre  n'ait 
rien  en  soi  de  remarquable,  tous  ensemble  ne  laissent 
pas  de  faire  un  corps  parfait,  boil.  Longin,Si(biime, 
ch.  32.  Vous  me  haïssez  plus  que  tous  les  Grecs  en- 
semble, RAC.  yindr.  III,  6.  J'ai  votre  fille  ensemble 
et  ma  gloire  à  défendre,  id.  Iph.  iv,  6.  Ii  eût  été 
trop  heureux  s'il  eût  pu  se  livrer  entièrement  à  son 
polit  soit  pour  la  poésie,  soit  pour  la  philosophie, 
soit  pour  toutes  les  deux  ensemble,  fonten.  Han- 
fredi.  Sous  le  vain  nom  de  bienfaiteurs  Ces  grands 
semaient  ensemble  et  les  dons  et  l'offense,  Gilbert, 
le  Jug.  dernier.  Ce  sentiment  confus  de  tendresse 
et  d'effroi  Qui  la  rapproche  ensemble  et  l'éloigné  de 
moi,  Ducis,  Oscar,  i,  6.  ||  Tout  ensemble,  même 
sens.  Je  mourrai  tout  ensemble  heureux  et  malheu- 
reux. Heureux  pour  vous  servir  de  perdre  ainsi  la 
vie.  Malheureux  de  mourir  sans  vous  avoir  servie, 
CORN.  Cinna,  i,  4.  J'ai  peu  d'heures  de  loisir  et  de 
santé  tout  ensemble,  pasc.  dans  cousin.  Quand  on 
a  l'un  et  l'autre  esprit  [l'esprit  géométrique  et  l'es- 
prit de  fines.se]  tout  ensemble,  m.  Passions  de  ta- 
mnur.  Les  fidèles  apprennent  que  le  vrai  Dieu,  le 
Dieu  d'Israël,  le  Dieu  un  et  indivisible  auquel  ils 
sont  consacrés  par  le  baptême,  est  tout  ensemble 
Père,  Fils  et  Saint-Esprit,  Boss.  Ilist.  ii,  6.  11  in- 
struit les  empereurs  et  tout  ensemble  fait  rendre 
l'obéissance  qui  leur  est  due,  m.  ib.  i,  il.  On 
l'approche  tout  ensemble  avec  liberté  et  avec  rete- 
nue, la  bruy.  II.  C'est  ainsi  qu'un  célèbre  écrivain 
qui  n'est  ni  spinosiste  ni  déiste,  s'est  vu  accuser 
dans  une  gazette  sans  aveu  d'être  l'un  et  l'autre, 
quoi  qu'il  soit  aussi  impossible  d'être  tous  les  deux 
à  la  fois  que  d'être  tout  ensemble  idolA're  et  juif, 
d'alf.mbeht.  Préface,  3'  vol.  Enrycl.  Œuvres,  t.  i, 
p.  396,  dans  pouGENS.  Il  3"  Ensemble,  en  corps,  en 
masse.  Vendre  le  tout  en.semble.  Pendant  qu'Annibal 
resta avecson  armée  ensemble,  il  battit  les  Romains, 
MONTESQ.  Ilom.  rv.  Il  s'agissait  de  surprendre  l'ar- 
mée russe,  ensemble  ou  dispersée,  de  faire  un  coup 
de  main  avec  quatre  cent  mille  hommes,  séglr, 
Uist.  de  t'apol.  m,  2.  ||  Le  tout  ensemble,  la  tout 


ENS 

pris  à  la  fois  et  sans  avoir  égard  aux  détails.  Ct'.'v 
comédie  a  des  défauts,  mais  le  tout  ensemble  atti- 
che  les  spectateurs.  ||  4°  Terme  de  peinture.  Celte 
figure  est  bien  ensemble,  elle  a  de  justes  propor- 
tions. Mettre  une  figure  ensemble,  en  ensemble 
ou  d'ensemble.  Il  6°  S.  m.  L'union  des  parties  dans 
un  tout;  l'effet  qui  en  résulte.  Tout  c«da  forme  un 
assez  bel  en.semble.  Ce  n'est  pas  assez  que  d'avoir 
bi"n  établi  l'ensemble,  il  s'agit  d'y  introduire  les 
détails  sans  détruire  la  masse,  mnEROT,  Essai  sur  la 
peint,  ch.  I.  Il  y  a  dans  le  discours  deux  choses,  la 
liaison  et  l'ensemble,  condillac,  Gramm.  i,  27. 
Pour  juger  du  génie  de  Lycurgiie,  c'est  l'ensemlile 
de  sa  législation  qu'il  faut  considérer,  barthel. 
Anach.  ch.  51.  En  poésie,  rien  n'est  beau  que  par 
les  rapports  des  détails  avec  l'ensemble  et  de  l'en- 
semble avec  nous-mêmes,  marmontel,  Élem.  litl. 
Œuvres,  t.  viu,  p.  222,  dans  poiigens.  Le  cliarine 
des  détails,  les  beautés  de  l'ensemble,  delili.e, 
Imagin.  m.  ||  6'  Terme  de  musique.  Accord.  Ex';- 
cuter  des  chœurs  aven  beaucoup  d'ensemble.  ||  Mor- 
ceau d'ensemble,  morceau  composé  de  plus:eurs 
parties  exécutées  par  plusieurs  instruments  ou  plu- 
sieurs VOIX.  Musique  d'ensemble.  ||  Absolument.  Le 
finale  se  termine  par  un  bel  ensemble.  ||  7'  Terme 
militaire.  Cohésion  qui  est  entre  les  parties  d'un  corps 
de  troupe.  Son  combat  de  la  veille  et  sa  marche  noc- 
turne avaient  achevé  son  corps  d'armée;  ses  divi- 
sions avaient  encore  quelque  ensemble,  mais  pour.-e 
traîner,  pour  mourir  et  non  pour  combattre,  sÉGun, 
Ilist.  deNap'il.  x,5.  ||  Ces  soldats  commencent  à  mii- 
tre  lie  l'ensemble  dans  leurs  mouvements,  c'est-à-diie 
ils  manœuvrent,  ils  manient  leurs  armes  avec  accopi. 
Il  Terme  de  marine.  Mouvementd'ensemble,  manœu- 
vre généraled'une  (lotte  ou  d'une  escadre.  ||  8°  Terni; 
de  manège.  Un  cheval  a  de  l'ensemble,  lorsque  ses 
proportions  sont  bonnes  et  régulières;  ses  allures, 
ses  mouvements  ont  de  l'ensemble,  lorsqu'ils  sont 
réguliers  et  uniformes.  ||  Mettre  .son  cheval  en- 
semble, l'obliger  à  rassembler  et  à  bien  distrii-u'T 
ses  forces.  Mettre  bien  ensemble,  mettre  un  cheval 
sur  les  hanches.il  Effets  d'ensemble,  l'action  com- 
binée de  la  main  et  des  jambes  ayant  pour  but  de 
ramener  à  la  position  d'équilibre,  sans  produire  de 
mouvement  en  avant  ni  en  arrière,  toutes  les  par- 
ties du  cheval.  {|  9°  La  totalité.  L'ensemble  des  hom- 
mes qui  peuplent  la  terre.  L'ensemble  des  nationa 
européennes.  L'ensemble  des  ordonnances  des  an- 
ciens rois  de  France. 

—  HIST.  XI' s.  Ensemble  od  lui  Roland  et  Olivier, 
Ch.  de  Rot.  viii.  Qui  quel  compert  [quel  que  soit 
celui  qui  le  payera,  qui  sera  vaincu],  venuz  en  sint 
ensemble  [aux  mains],  ib.  cxxii.  ||  xii'  s.  Si  lui  a 
dit:  ensanble  n'irons  plus,  Ronc.  p.  90.  Ensemlile 
convient  remanoir  Moi  et  amor  par  estouvoir  [par 
devoir],  Couei,  xvui.  Mainte  bataille  [ils]  en  firent 
et  mainte  occision.  Et  si  murent  ansamble  meslée 
et  contençon,  Sax.  m.  Tant  se  sont  d'amhes  parz 
de  l'acorde  pené  Li  bons  reis  Loewis  e  evesque  e 
allé.  Qu'ensemble  sunt  li  reis  e  .saint  Thomas  aie, 
Si  tost  cum  s'entrevirent,  7"/».  le  mart.  fi3.  ||  xlil's. 
Jamais  certes  ne  nous  verrons,  Ne  ensanle  ne  par- 
lerons, Poc'sies  mss.  avant  r3oo,  t.  iv,  p.  t354, 
dans  LACtiBNE.  Et  lors  commencierent  à  aporter  le 
paaing  et  à  mètre  ensemble,  villeh.  cviii.  En.si  fu 
li  consaus  [conseil]  acordés,  et  alerent  tout  ensem- 
ble en  une  valée  où  il  tenoient  leur  parlement,  m. 
Lix.  Grani  temps  [Pépin  et  Berte]  furent  ensemble; 
car  ainsi  plut  à  Dieu,  Rirle,  m.  ||  xiV  s.  Et  ne  sont 
pas  ces  trois  choses  divisées  d'ensemble,  oresme. 
Elh.  19.  Il  xV  s.  D'Artevelle  mit  plusieurs  fois  In 
conseil  des  bonnes  v-Ues  ensemble,  pour  parler 
de....  FROlss.  I,  I,  60  Kt  quand  les  seigneurs  ba- 
rons s'aprocherent,  et  qu  lÎJ  rurent  des  lances  et  des 
espées  venir  ensemble,  adonc  y  er*  dure  bataille, 
ID.  I,  I,  <96.  Il  xvi'  s.  Estes  vous  ceulx  qui  avez  co 
grand  différent  ensemble?  rabel.  Panl.  11,  to.  lu 
nous  sembloyt  à  l'ouyr  que  ce  feussent  cloches 
grosses,  petites  et  médiocres,  en.semble  sonnantes, 
ID.  ib.v,  I.  Pourquoy  se  diviseroyent-elles  d'en- 
semble? CALV.  Inslit.  «22.  Ils  couchent  en  des  licts 
dix  ou  douze  ensemble  avec  leurs  femmes,  motf.  i, 
131.  Grands  conseillers  aux  affaires  d'es'at,  et  en- 
semble très  sçavants,  m.  i,  I40.  Ils  n'ont  rien  à 
iliviser  et  partir  ensemble,  id.  i,  215.  U  lecture 
qui  plaist  et  profile,  qui  délecte  et  instruit  ensem- 
ble, a  toutcequel'onsçauroit  désirer,  amyot,  Prif. 
1,  25.  Tant  de  fois  s'appointer,  tant  de  fois  se  fascher, 
'Tant  de  fois  rompre  ensemble,  et  puis  se  renouer, 
RONS.  233.  C'estoit  au  point  du  jour....  Quand  tout 
ensemble  on  veille,  et  tout  ensemble  on  dort  D'un 
œil  entre-surpris  du  frère  de  la  mort,  bons.  708. 

—  ÊTYM.  Picard,  CTuar.e,  insiane;  bourgu.jf.  an- 


1 


ENS 

tanne;  wallon,  èsône;  namurois,  èchône ;  T0uch\ , 
eiichen.  etuanne;  proveiic.  eiisems.  pnsemvs,  es- 
lemps  ;  anc.  calai,  ensems;  aiio.  espagn.  ensemble  ; 
anc.  port,  ensembra;  ilal.  insieme ,in.sembre ,insem- 
bra;  du  latin  in,  en,  et  simul,  ensemble  (conip. 
SKiiBLABLE).  Â  côté  d'enxemble ,  la  vieille  lanyue 
avait  l'aiiverhe  inseinbleinent. 

ENSE.ME>'CÊ,  ÉE {àn-se-mSiR-sé, sée), part. passé. 
Champ  ensemencé  en  blé. 

ENSEMENCEMENT  (an-se-man-se-man),  s.  m 
Action  (le  répandre  sur  le  sol  et  d'enterrer  les  se- 
mences destinées  à  produire  des  récoltes  nouvelles. 
L'ensemencement  doit  se  faire  en  temps  utile. 

—  SYN.  ENSKMiiNCEMENT,  SEMAILLES,  SEMIS.  En- 
semencement est  le  terme  générique.  1!  s'emploie 
en  agriculture  et  y  est  synonyme  de  semailles,  pour 
toutes  les  opérations  de  ce  genre  faites  en  grand  et 
en  plein  cliamp.  Semis  s'emploie  en  horticulture  et 
pour  les  pelitesquantitésde  semence.  Ainsi  ensemen- 
cement et  semailles  sont  des  termes  d'agriculture;  se- 
mis ,  un  terme  d'horticulture.  Ensemencement,  en  sa 
qualité  de  terme  générique,  s'emploie  pour  autre 
chose  que  la  terre  :  on  dirait  qu'une  baie  a  reçu  un 
ensemencement  d'huîtres ,  non  semailles  ni  semis. 

—  HIST.  XVI*  s.  Donc  sans  rétention,  pourvoies  à 
l'ensemencement  de  l'estang  avec  toute  libéralité, 

0.  DE  SERRES,   42G. 

—  ÉTVM.  Ensemencer. 
ENSEMENCER   (  an-se-man-sé.   Le  e  prend  une 

cédille  devant  a  ou  0  ;  j'ensemençai,  ensemençons), 
V.  a.  Ojiérer  l'ensemencement.  Ensemencer  un 
champ.  11  fallait  labourer  les  tristes  champs  de 
Mars,  Et  des  dents  d'un  serpent  ensemencer  la 
terre,  corn.  Méd.  II,  2.  ||  Ensemencer  un  étang, 
une  rivière,  y  mettre  du  menu  poisson,  de  l'alevin. 
Il  S'ensemencer,  v.  re'fl.  Pour  les  céréales,  la  terre 
s'ensemence  k  l'automne  ou  au  printemps. 

HIST.  xvi*  s.  La  province  estoit  universellement 
partout  ensemencée,  amyot,  Eum.  u.  Un  masle  et 
trois  ou  quatre  femelles  suffiront  pour  vous  ense- 
mencer de  telle  volaille,  o.  de  serres,  364,  iu. 

—  Etym.  En  4,  et  semence. 
i.  ENSEIUIË,    ÉE   (an-sè-ré,   rée),   part,    passé 

d'enserrer  t.  Serré  dans.  Le  régiment,  enserré  dans 
un  étroit  espace,  ne  put  se  développer. 

2.ENSEKRÊ,  ÉE  (anse  ré,  rée),  part,  passé  d'en- 
serrer 2.  Mi.sen  serre.  Des  plantes  exotiques  enserrées. 

t  ENSElt REMENT  (an-sè-re-man) ,  s.  m.  Action 
d'enserrer,  d'enfermer. 

—  HIST.  XVI'  s.  Enserrement,  coigrave. 

—  ÉTYM.  Enserrer  i. 

i.  ENSERRER  (an-sè-ré),  t).  a.  Serrer  dans,  en- 
fermer, contenir.  11  faut  la  [Rome]  retenir  et  tout 
ce  qu'elle  enserre  Comme  un  gage  assuré  des  frais 
de  cette  guerre,  du  ryer,  Scévole,  ni,  2.  Le  dé- 
dale des  cœurs  en  ses  détours  n'enserre  Rien  qui 
ne  soit  d'abord  éclairé  parles  dieux,  la  font.  Fabl. 
IV,  49.  11  retourne  chez  lui,  dans  la  cave  il  en- 
serre L'argent  et  la  joie  à  la  fois,  id.  ib.  viii,  8. 
L'avare  rarement  finit  ses  jours  sans  pleurs;  Il  a 
le  moins  de  part  au  trésor  qu'il  enserre,  Thésau- 
risant pour  les  voleurs,  Pour  ses  parents  ou  pour 
la  terre,  id.  16.  ix,  16.  Les  cieux  instruisent  la  terre 
X  révérer  leur  auteur;  Tout  ce  que  leur  globe  en- 
serre Célèbre  un  Dieu  créateur,  J.  B.   Rouss.  Odes, 

1,  2.  Mais  quand  j'achetai,  dites-moi,  celte  terre. 
Ses  vignes  et  .ses  prés  et  tout  ce  qu'elle  enserre, 
pu.  POISSON,  Procur.  arbit.  se.   9. 

—  HIST.  XIII*  s.  Il  la  [sa  fille]  fait  en  la  tour  en- 
serrer et  remaindre.  Ainsi  la  cuide  bien  chastier  et 
destraindre,  audefh.  le  bast.  Romancero,  p.  15. 
11  entra  dedens,   et  il  fu  puis  bien  longuement  en- 

1       serés  à  moût  grant  mesaise  bien  par  treize  mois  ou 
plus,  viLLEU.  CLiv.  Champ  ou  vigne  qui  est  enserrée 
en  autres,  doit  avoir  sa  voie  au  plus  près  dou  che- 
min, sanz  le  domage  à  voisin,  Liv.  de  just.  442.  Se 
f       li  vilains  pooit  savoir  Que  je  fusse  ci  enserré,  Ren. 
4444.  Certes  ge  te  ferai  lier,  Ou  enserrer  eu  une  tour, 
la  Rose,  3552.  ||  xvi*  s.  Prescher  liberté  aux  captifs, 
j       oiiveitu'-e   aux  enserrez,   calv.  Inst.  698.   Depuis, 
ii       estant  arrivé  à  Periclès  un    renfort  de  plus  grand 
1       nombre  de  vaisseaux,  ilz  furent  adonc  enserrez  de 
tout  poinct,  AMYOT,  Périci.  49.  En  obscure  fosse  [je] 
m'enserre.  Comme  ceux  qui  sont  trespassez,  MAhOT, 
IV,  337.   Si   la   naiure  enserre,  dans  les  termes  de 
son  progrez  ordinaire,  les  jugements  et  opinions  des 
hominss;  si  elles  ont  leur  révolution....  mont,  ii,  337. 

—  ETYM.  En  I ,  et  serrer  ;  Berry,  ansarrer  ;  pro- 
venç.  ensirrar ,  esserrar ,  eserar , essarrar ,issarrar ; 
espagn.  encerrar;  ital.  inserrare. 

i.  ENSERRER  (an-sè-ré),  v.  a.  Terme  de  jardi- 
nage. Mettre  en  serre.  Enserrer  des  orangers, 

—  ÊTYM.  Ent,  et  serre 


ENS 

t  ENSECILLEMENT  (an-seu-Ue-mail ,  »  mouil- 
lées), s.  m.  Ternie  d'architecture.  Nom  donné  aune 
certaine  hauteur  comprise  entre  l'appui  d'une  fe- 
nêtre et  le  plancher.  Cette  fenêtre  a  tant  d'euseuil- 
lement. 

—  ETYM.  En  t ,  et  seuil. 

ENSEVELI,  lE  (an-seu-ve-li,  lie),  part,  passé 
d'ensevelir.  ||  1°  Dans  le  style  élevé.  Mis  dans  la  sé- 
pulture. Il  est  mort;  savons-nous  s'il  est  enseveli? 
BAC.  ililhr.  i,  3.  Un  éternel  oubli  Tient  avec  ce  se- 
cret Hercide  enseveli,  volt.  Fanal,  v,  t.  ||  2° Par  ex- 
tension, recouvert  par  quelque  chose  qui  s'entasse. 
Ils  sont  ensevelis  sous  la  masse  pe.sante  Des  monts 
qu'ils  entassaient  ]iour  attaquer  les  cieux,  quinault, 
Proserp.  1,  t.  Ton  père,  en.seveli  dans  la  foule  des 
morts.  Me  laisse  dans  les  fers  à  moi-même  incon- 
nue, RAC.  Iphig.  II,  i.  Voudront-ils  que  leur  tem- 
ple enseveli  sous  l'iierbe...  id.  Athal.  m,  3.  Son 
vaisseau  fut  en.seveli  dans  les  ondes,  fén.  Tél.  i. 
Ulysse  doit  être  enseveli  dans  les  ondes,  id.  ib.  vu. 
Ne  sais-tu  pas....  Que  l'insecte  insensible  enseveli 
sous  l'herbe,  Et  l'aigle  impérieux  qui  plane  au  haut 
du  ciel....  volt.  Fanal,  i,  4.  Votre  âme  inflexible 
et  superbe  Voudrait  voir  nos  remparts  ensevelissons 
l'herbe,  saurin,  Spartacus,  v,  4.  Ou,  si  dans  leur 
fureur  le  sort  ne  les  seconde.  Tomber  enseveli  sons 
les  débris  du  monde,  delille,  Parad.  perdu,  vi. 
Il  3°  Mis  en  oubli.  La  Fiance  à  l'Espagne  s'allie, 
Leur  discorde  est  ensevelie,  malh.  vi,  2.  Démons, 
détruisez  ce  palais;  Partons,  et,  s'il  se  peut,  que 
mon  amour  funeste  Demeure  enseveli  dans  ces  lieux 
pour  jamais,  ouinault.  Àrmide,  v,  se.  dern. 
....  Qu'en  un  profond  oubli  Cet  horrible  secret  de- 
meure enseveli,  bac.  Plièd.  11,  6.  Ces  blasphèmes 
qui  auraient  dû  être  ensevelis  avec  le  paganisme, 
MAss.  Car.  Injust.  Ainsi  le  mal  est  en  évidence,  et 
le  bien  reste  enseveli,  marmontel.  Contes  moraxix, 
Uisanthr.  corr.  Combien  de  vérités  utiles,  froide- 
ment et  négligemment  énoncées,  y  seraient  restées 
ensevelies,  si  l'éloquence  n'était  venue  les  retirer 
comme  du  tombeau Iid.  Êléin.  litt.  Œuv.  t.  i, 
p.  409,  dans  pouoens.  ||  4"  Kig.  Enfoncé,  plongé 
dans  ce  qui  est  comparé  k  une  sépulture.  Et  de 
mille  pensers  mon  esprit  agité  Paraît 'enseveli  dans 
la  stupidité,  CORN.  Uérad.  11,  6.  Nous  ne  sommes 
capables  de  connaître  qu'un  seul  objet  et  une  seule 
vérité  à  la  fois;  le  reste  demeure  enseveli  dans  no- 
tre mémoire  cumme  s'il  n'y  était  point,  nicole,  Ess. 
de  mor.  i"  traité,  ch.  8.  Les  hommes,  ensevelis 
dans  la  chair  et  dans  le  sang,  avaient  pourtant  con- 
servé une  idée  obscure  de  la  puissance  divine,  Boss. 
Ilist.  II,  2.  Surtout  je  redoutais  cette  mélancolie  Où 
j'ai  vu  si  longtemps  votre  àmeensevelie,  rac.  Aiidr. 
I,  4.  Dans  un  lâche  sommeil  crois-tu  qu'enseveli 
Achille  aura  pour  elle  impunément  pâli  ?id.  Iphig. 
VI,  4.  Ces  siècles  qu'il  serait  si  avantageux  de  con- 
naître sont  ensevelis  dans  une  profonde  obscurité, 
CONDILLAC,  Études  hist.  part,  i,  Introduction.  11 
semble  que  notre  saint  prophète  ait  eu  principale- 
ment en  vue  de  nous  priver  de  tout  ce  qui  peut  trou- 
bler notre  raison  ;  il  nous  a  interdit  l'usage  du  vin 
qui  la  lient  ensevelie,  montesq.  Litt.perz.  56.  ||  Être 
enseveli  dans  le  sommeil,  dormir  profondément. 
Il  Être  enseveli  dans  la  débauche,  dans  la  crapule, 
s'y  abandonner  sans  retenue.  {|  Être  enseveli  dans 
les  livres  ,  lire  sans  cesse,  étudier  sans  se  donner 
de  relâche.  ||  Être  enseveli  dans  le  chagrin,  avoir 
beaucoup  de  chagrin.  Enfin,  dejiuis  aeux  jours  la 
superbe  Athalie  Dans  un  chagrin  profond  paraît  en- 
sevelie, BAC.  Alh.  I,  4.  Il  6°  Enveloppé  d'un  linceul. 
Enseveli  dans  le  dernier  drap  qu'il  possédait. 

ENSEVELIR  (an-seu-ve-lir;  comme  deux  syllabes 
muettes  ne  peuvent  se  suivre  immédiatement,  on 
donne  à  la  syllabe  se  le  son  de  seu;  autrefois  on  pro- 
nonçait en-sé-ve-lir,  du  moins  Uichelel  écrit  ainsi), 
«.  a.  Il  1*  Dans  le  style  élevé.  Déposer  dans  la  sé- 
[lulture.  Son  corps  fut  enseveli  avec  les  mêmes  hon- 
neurs et  la  même  pompe  que  ceux  des  rois  légiti- 
mes, ROLLIN,  llisl.  anc.  Œuvr.  t.  v,  p.  239,  dans 
POUGENS.  J'ensevelis  pour  toujours  dans  le  sein  de  la 
terre  ce  qu'elle  avait  porté  de  iilus  parfait  et  de  plus 
aimable,  l'abué  piiévost,  Manon  Lescaut,  2*  part. 
Il  Absolument.  Qui  tôt  ensevelit  bien  souvent  assas- 
sine. Et  tel  est  cru  défunt  qui  n'en  a  (|ue  la  mine, 
MOL.  l'Ét.  II,  3.  Il  2°  Par  extension,  mettre  sousquel 
que  chose  qui  est  considéré  comme  un  tas.  C'est 
sous  les  ruines  du  trône  et  du  palais  de  votre  vieux 
tyran  qu'il  faut  l'ensevelir  avec  tous  ses  complices, 
MARMONTEL,  Ilclisaire,  ch.  m.  Le  chameau  mieux 
instruit,  courbé  sous  la  tempête,  Dans  le  sabb  du 
moins  ensevelit  sa  tête,  ducis,  Abufar,  n,  7.  Et 
l'Anio  paisible,  et  l'Eridan  fougueux,  Qui,  roulant  à 
travers  des  campagnes  fécondes.  Court  dans  les  vas- 


ENS 


1415 


tes  mers  ensevelir  ses  ondes,  deulle,  Oéorg.  iv. 
Il  3°  Kaire  disparaître.  Je  ne  m'étendrai  pas  da- 
vantage sur  ce  poCme;  tout  irrégulier  qu'il  est,  il 
faut  qu'il  ait  quelque  mérite  ,  puisqu'il  a  sur- 
monté l'injure  des  temps  et  qu'il  parait  encore  sur 
nos  théltres,  bien  qu'il  y  ait  plus  de  vingt-cinq 
années  qu'il  est  au  monde,  etqu'unesi  longue  ré- 
volution en  ait  enseveli  beaucou|i  sous  la  poussière 
qui  semblaient  avoir  plus  de  droit  que  lui  de  pré- 
tendre à  une  si  heureuse  durée,  cobn.  Ex.  de  l'Illus. 
comique.  Ne  pouvant  pas  me  résoudre  à  ensevelir 
ma  maison  dans  celle  de  Mazarin,  et  n'estimant  pas 
assez  la  grandeur  pour  l'acheter  par  la  haine  pu- 
blique, RETZ,  Hém.  t.  II,  liv.  III,  p.  4  68,  dans  pou- 
gens.  11  ne  tint  presijuo  à  rien  qu'il  n'ensevelît  tout 
le  parti  de  M.  le  prince,  id.  ib.  liv.  iv,  p.  248.  Un 
homme  de  cour  qui  n'a  pas  un  assez  beau  nom  doit 
l'ensevelir  .sous  un  meilleur,  la  BitUY.  viii.  Il  veut 
avec  leur  sœur  ensevelir  leur  nom,  rac.  Phèd,  i, 
4.  Il  4°  Cacher  comme  dans  une  sépulture.  Traltrel 
tu  prétendais  qu'en  un  lAche  silence  Phèdre  ense- 
velirait ta  brutale  insolence?  rac.  Phèdre,  iv,  2. 
Ces  trésors  dont  le  ciel  voulut  vous  embellir.  Les 
avez-vous  reçus  pour  les  ensevelir?  lo.  Brit.  n,  3. 
La  gloire  des  monuments  que  l'orgueil  ou  l'adula- 
tion ont  élevés,  sera  ou  eitevelie  dans  l'oubli  par  le 
temps  ou  eliacée  par  les  censures  et  les  jugements 
plus  équitables  de  la  postérité,  mass.  Petit  car. 
Respect  des  grandspour  la  rel.  Sur  quels  bords  mal- 
heureux, dans  quels  tristes  climats  Ensevehr  l'hor- 
reur qui  s'attache  à  mes  pas?  volt.  Œdipe,  iv,  4. 
[L'Arabe]  Laissait  dans  ses  déserts  ensevelir  sa  gloire, 
ID.  Fanât.  11,  5.  Le  secret  qu'en  ton  seinje  dois  en- 
sevelir, ID.  Orphel.  I,  6.  Ensevelissons  ma  vie  ainsi 
que  ma  douleur  dans  une  éternelle  et  profonde  so- 
litude, M'""  DE  gi:ni.is,  Mlle  de  Lafayette,  p.  402, 
dans  POUGENS  .  ||  5°  Envelopper  le  corps  d'un  mort 
dans  un  linceul.  C'est  une  œuvre  pieuse  que  d'ense- 
velir les  morts.  ||  Par  extension,  envelopper  comme 
d'un  suaire.  Voiles,  crêpes,  habits,  lugubres  orne- 
ments. Pompe  oii  m'ensevelit  sa  première  victoire, 
CORN.  Cid,  IV,  4.  Il  6°  S'ensevelir,  v.  ré(l.  L.ais- 
ser  tomber  sur  soi  ce  qui  est  comparé  à  une  sé- 
pulture, s'ensevelir  soiij  les  ruines  de  la  place,  la 
défendre  jusqu'à  la  mort.  Je  m'ensevelirai  sous  ma 
propre  ruine,  corn.  Sert,  v,  7.  ||  Fig.  Je  suis  Héra- 
clius,  je  suis  fils  de  Maurice;  Sous  ces  noms  pré- 
cieux je  cours  m'ensevelir,  corn.  Iléracl.  V,  2.  |lï''Se 
cacher.  S'ensevelir  dans  la  retraite,  dans  la  soli- 
tude, se  retirer  du  monde.  Moi,  renoncer  au  monde 
avant  que  de  vieillir,  Et  dans  votre  désert  aller 
m'ensevelir!  MOL.  1/ii.  v,  7.  ||  Par  extension,  s'ab- 
sorber, se  plonger.  S'ensevelir  dans  les  livres,  dans 
la  débauche,  dans  le  chagrin.  La  belle  chose  de.... 
s'ensevelir  pour  toujours  dans  une  passion,  mol.  V. 
Juan,  I,  2. 

—  SYN.  ENSEVELIR,  ENTERRER.  Ensevelir,  c'est  en- 
velopper un  corps  mort  dans  le  drap  appelé  linceul. 
Enterrer,  c'est  mettre  en  terre  le  corps  mort.  L'his- 
torien suisse  Ruchat  s'est  donc  exprimé  incorrecte- 
ment dans  la  phrase  suivante  :  «  Calvin  luourut  le 
27  mai  (4  584)  et  fut  enseveli  tout  simplemenj  au  ci- 
metière commun  de  Plainpalais.  »  Il  fallait  dire,  en- 
terré ou  inhumé,  humbert,  Gloss.  génev.  11  faut 
distinguer  :  le  fait  est  que  ensevelir  a  eu  de  tout 
temps  et  a  encore  le  sens  de  donner  la  sépulture; 
mais  il  ne  l'a  que  dans  le  style  élevé;  et  l'on  dira 
fort  bien  :  il  fut  en.seveli  à  côté  de  ses  aïeux.  Mais, 
hors  de  ce  style,  ensevelir  signifie  couvrir  du  lin- 
ceul; et  c'est  pour  cela  que  l'on  ne  dit  pas  bien  en- 
sevelir au  cimetière,  et  que  Humbert  acritiqué  jus- 
tement la  phrase  de  Ruchat.  Il  faut  remarquer  aussi 
que  toutes  les  acceptions  figurées  procèdeut  de  la 
signification  donner  la  sépulture. 

—  HIST.  XII*  s.  Pristrentle  corps,  si  l'ensevelirent 
el  sépulcre  sun  père  en  Bethléem,  e  Joabe  si  cum- 
paignum  errèrent  tute  la  nuit,  i?où,  p.  128.  Piiis 
morut  e  fud  ensevehz  en  un  hcrt  de  sun  palais,  ib. 
421.  ||xm*  s.  E  fu  ensevelis  en  la  mère  église,  Chr. 
de  R.  p.  47.  Moult  auroies  isnel  cheval.  Se  ne  te 
puis  livrer  estai.  Tant  que  je  t'auré  trangloti  Et  de 
mon  ventre  enseveli,  Rm.  7748.  Plusor  en  cest 
fleuve  s'en  entre,  Non  pas  seulement  jusqu'au  ven- 
tre, Ains  i  suiit  tuit  enseveli,  Tant  se  plongent  es 
flos  de  li,  la  Rose,  C077.  Dariere  celi  qui  tenoit  les 
trois  coutiaus,  avoit  un  autre  qui  tenoit  un  bouque- 
ran  entorteillé  entour  son  bras,  que  il  eust  pré- 
senté au  roy  pour  li  ensevelir,  se  il  eust  refusée  la 
requeste  au  vieil  de  la  montagne,  joinv.  259.  Cuer 
qui  la  fin  de  ce  damaige  [la  mort]  N'a  tousjours  de- 
vant son  visaige  Est  presqu'enseveli  en  fiens  [fu- 
mier], J.  DE  UEBNG,  Tr.  4333.  || XIV*  S.  Pour  l'ams 
la  royne  dont  li  corps  fu  murdris,  X  l'église  où  son 


1A16 


ENS 


peui.I»  n.i.  rt-çoit  oppressùm  .le»  .ol.lal».  ne  les  ex- 
iuJr.  p.»  uni,  pour  ce  .|..'ils  le  d.feii.lent,  comme 
il  les  mnud.r..  iK>ur  ce  qu'il»  le  tlevorenl  :  enseve- 
liisant  le  souvenir  du  bien  dans  le  scntimenl  des 
niaui.  lANOiE,  .  00.  Timandrn  alla  prendre  le  corps, 
qu'elle  enveloppa  et  ensepvelit  des  meilleurs  draps 
I  u'clleeusl,  AiiYOT,  Aie.  su.  La  vcilu  et  1  honesteté 
de  Démodes  est  digne  de  n'estre  passée  ny  ensep- 
relie  en  silence,  i».  /Jf'm/rr.  30.  Combien  de  belles 
actions  particulières  s'cnscpvelissenl  dans  la  foule 
d'une  bataille?  mont,  m,  )6. 

—  Ktym.  A'n  t ,  et  l'anc.  français,  leveîir,  du  la- 
tin »^e/ire  (voy.  sépulture). 

EN.SEVKLISSK.MENT  (an-seu-ve-li-»o-man),  s.  m. 
Actiond'ensevelir.  L'ensevelissementdesmortso.stau 
nombre  des  œuvres  de  miséricorde,  IHct.  de  l'Acail. 

HIST.  XII*  s.  Si  li  mostra  un  vesiument  À  son 

ensepelis'ieiTiBnl,  wace,   Vierge  Marie,  p.  "1. 

—  f.TYM.  Ensevelir. 

i  ENSKVKLISSEUR  ,  EUSE  (an-seu-ve-li-seur, 
teti-z),  ».  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  ensevelit. 

—  HIST.  Ensevelisseur,  oudin,  Dict. 

—  ETYM.  Ensevelir. 

f  ENSI....  mot  employé  en  histoire  naturelle, 
qui  sinnile  fpée  et  (|ui  vient  du  latin  ensi's,  épée. 

t  ENSICAUDE  (in-.si-kô-d'),  ad;.  Termo  de  zoo- 
logie. Oui  a  la  queue  plate,  amincie  sur  les  bords  et 
pointue. 

._  RTYM.  Fnsi....,  et  le  lat.  eauda,  queue. 

■fENSIFOI.lft,  fiK  (in-si-fo-li-é,  ée) ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Uui  a  des  feuilles  en  forme  d'épée. 

—  f.TYM.  Ensi....,  elle  lai.  fnlium,  feuille. 

f  ENSIKORME  (in-si-foi-m'),  arfj.  Terme  d'his- 
toire iiaiurelle.  Oui  a  la  fcirme  d'une  épée.  ||  Keuilles 
ensiformes,  feuilles  un  peu  épaisses  au  milieu, tran- 
chantes aux  deux  bords  et  rétrécies  de  la  base  au 
sommet,  qui  est  aigu. 

—  HIST.  xvr  s.  i  cause  de  quoy  ce  cartilage  est 
appel'é  ensiforme,  paré,  ii,  t. 

—  ÉTYM.  Ensi....,  et  forme. 

t  ENSILAGE  (aii-si-la-j'),  s.  m.  Mise  et  garde  du 
blé  dans  îles  .silos. 

—  É1YM.  En  I ,  et  silo. 

■f  ENSlMAfiE  (an-si-ma-j'),  s.  m.  Action  d'ensi- 
mer;  eiïel  de  cette  action. 

t  ENSIMER  (an-si-mé),  V.  a.  Terme  de  manu- 
facture. Meure  légèrement  à  la  main  du  saindoux 
Bur  la  superficie  des  étoffes  du  côté  de  leur  endroit, 
•fin  de  les  pouvoir  tondre  plus  facilement,  le  sain- 
doux aidant  à  faire  couler  les  forces.  L'article  63  du 
Règlement  général  des  manufactures  du  mois  d'août 
«669  empêche  les  tondeurs  de  dra(is  d'employer 
pour  l'ensimage  îles  étoffes  aucunes  graisses  appe- 
li'es  llamhart,  mais  seulement  du  saindoux  de  porc 
le  plus  blanc,  savary,  Dict. 

—  lll.ST.  XIII'  s.  Se  aucuns  enseymoit  trop  se  [sa] 
laine,  ou  enpourroit  [empoudiait],  ou  metloit  or- 
dure pour  faire  plus  peser  sou  drap,  du  canoë  ,  sai- 
num.  Il  XIV'  s.  Doivent  estre  les  laines  ensainnées 
de  sain  clerou  de  lieurre,  ID.  ib.  Se  li  draps  qui  sera 
trouvés  ors  (sale]  ou  ensaymmés,iu.  ii>.  ||  xv's.  Pour- 
tant ne  le  vueille  ensimé,  Que  revivifler  ne  pusse, 
Traité  d'akh.  29». 

—  f.TYM.  La  forme  -véritable  est  msainer,  garnir 
«le  «ai'n  (voy.  saindoux). 

t  KNSIPENNE  (in-si-pè-n*),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  a  les  jiennes  des  ailes  en  forme  de  sabre. 

—  F.TY>I.  Ensi....,  et  penne,  plume. 

t  EX.SIROSTRE  (in-si-ro-str'),  adj.  ferme  de  zoo- 
logie. Dont  le  liée  est  en  forme  de  sabre. 

—  Etvm.  Ensi....,  et  le  lat.  ros(rnm,bec. 

t  EXSONAILLE  (an-.so-na-ir,  U  mouillées),  s.  f. 
Terme  de  marine.  Petite  èorde  qui  relient  le  bout 
do  la  crosse  du  gouvernail  d'un  bateau  foncel. 

t  ENSORCELANT,  ANTE  (an  sor-se-lan,  lan-f), 
adj.  Oui  charme,  qui  plait.  Il  ne  se  trouvera  point 
que  j'aie  employé  ni  afféterie  ni  paroles  ensorcelan- 
les,  LA  KONT.  l'.^ycM,  11,  p.  iR5.De  la  manière  dont 
TOUS  me  peignez  Marli,  c'est  un  véritalile  lieud  eii- 
chanlemenl....  mais  surtout  les  discours  du  maître 
duchltieauont  quelque  chose  de  fort  ensorcelani,  et 
ont  un  charme  qui  se  fait  sentir  jusqu'à  Dourbon, 
BoiL.  TorrMp.  de  llnileauet  de  Racine,  (8. 

ENS<)RCEI.P,,  F.E  (aii-sor-se-lé,  lée),  part,  pn.wi*. 
I  !■  ïiom|,A,  troublé  par  sortilège,  ô  ciel!  il  TiKait 
biîn  qu'ensorcelé  je  fus.se,  rRgnier,  ÉUg.  iv.  Il  est 
ensorcelé,  le  charme  est  tout  visible,  thist^n,  Ua- 

"?!*'  *'  '■  "  '°""  ®"  •'*'■'""«.  cioyant  être  ensor- 
celé, stv.  ï7.  Il  »•  Qui  a  pris  des  propriétés  magi- 
que». Ne  cherche?,  plu,,  leur  dit-il,  d'autre  cause; 
Ce.t  ce  p«,ner.  il  est  ensorcelé,  la  font.  C.agrure. 
u  M  ai».  parpUisanterie,  de  quelque  chose  qui 


ENS 

semble  être  dans  les  liens  d'un  sortilège.  Jugeant 
que  ce  serait  désormais  inutilement  que  cette  porte 
ensorcelée  s'ouvrirait,  il  regagna  l'endroit  d'où  il 
était  parti  pour  cette  merveilleuse  expédition,  liA- 
MiLTON,  Gramin.  9.  ||  3°  Fig.  Oui  est  attiré,  attaché 
comme  par  un  sortilège.  Une  jeune  comédienne 
dont  le  roi  est  ensorcelé,  SÉv.  2i6. 

EN.SORCELER  (ansor-se-lé.  La  syllabe  ce  prend 
deux  l  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'en- 
sorcelle, j'ensorcellerai),  v.a.  Il  1°  Troubler, abuser 
par  des  sorliléges.  Les  gens  croyaient  qu'on  pouvait 
les  ensorceler,  et  l'imagination  les  ensorcelait  ef- 
fectivement. Il  11  faut  qu'on  l'ait  ensorcelé,  se  dit 
quand  on  trouve  dans  le  langage  ou  les  manières 
de  quelqu'un  un  changement  inexplicable.  Si  nous 
avions  bien  fait,  nous  t'aurions  étranglé;  Il  faut  a.s- 
surément  qu'on  l'ail  en.sorcelè,  regnaiid,  Ménechm. 
Il,  0.  Il  II  faut  qu'on  m'ait  ensorcelé,  se  dit  pour 
exprimer  qu'on  ne  comprend  rien  à  ce  qui  se  pas.se. 
Il  faut  absolument  qu'on  m'ait  ensorcelé;  Si  j'en 
connais  pas  un,  je  veux  être  étranglé,  rac.  J'iaid. 
Il,  6.  Il  Far  extension.  Tant  l'aveugle  appétit  en- 
sorcelle les  hommes,  Régnier,  Sat.  vu.  ||  8°  Cap- 
tiver les  bonnes  grAces.  Vous  nous  ensorcelez ,  vous 
enchantez  nos  sens,  uesmarets.  Visionnaires ,\ ,  2. 
Il  sut  de  telle  adresse  ensorceler  Mirame,  Ou'en  la 
place  du  prince  il  .se  mil  dans  son  in.e,iD.  il irame, 
I,  I.  Il  a  le  soin  de  tout  le  inonde,  il  flatte,  il  s'in- 
sinue, il  ensorcelle  tous  ceux  qui  ne  pouvaient  pas 
le  souffrir,  kén.  t.  xix,  p.  462.  ||  Avec  un  nom  de 
personne  ou  de  cho.se  pour  complément  indirect. 
Hien  n'est  pareil  aux  cajoleries  dont  ell:  [la  duchesse 
de  Bourgogne]  sut  bieiitOl  ensorceler  Mme  de  Main- 
tenon,  ST  SIMON,  41,  265.  (Ma  femme]  N'eût  point 
joué,  n'eflt  pas  ruiné  ma  famille,  Ni  d'un  maudit 
marquis  ensorcelé  ma  fille,  volt,  la  Femme  qui  a 
raison,  m,  6.  ||  3" S'ensorceler,  v.  réfl.  Être  captivé 
par.  S'ensorceler  d'erreurs  et  de  visions. 

—  HIST.  xiii'  s.  Roïne,  fait-il,  chou  [ce]  que  doit 
[que  signifie  cela].  Que  si  paroles  [tu  parles  ainsi] 
contre  droit?  Chreslien  t'ont  ensorcerée;  Car  lu 
ies  toute  faiitosmée,  Vies  des  Saints,  ms.  de  Sorb. 
chif. LX,  col.  64,dansLAciinNE.  ||xiv"  s.  L'en  ne  peut 
mieulx  ensorceller  un  homme  que  de  luy  faire  son 
plaisir,  Ménagier,  i,  7.  ||  xvi*  s.  Tous  s'ensorcellent 
d'erreurs  et  resveries  qui  les  mènent  à  confusion, 
CALV.  Instit.  8tB. 

—  f.TYM.  En  i ,  et  le  radical  de  sorcier  (voy.  ce 
mot).  La  forme  la  plus  correcte  est  la  plus  ancienne  : 
ensorcerer. 

ENSORCELEim,  EUSE  (an-sor-se-!eur,  lefl-z'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  ensorcelle.  ||  Adj.  Les 
doux  appas  ensorceleurs,  voit.  Poésies,    dans  Ri- 

CIIELET. 

—  ÉTYM.  Ensorceler. 
ENSORCELLEMENT    (an-sor-sfe-le-man),    s.  m. 

Il  1°  Action  d'ensorceler;  résultat  île  cette  action. 
Il  2°  Fig.  Passion  ou  piojugé  inexplicable,  aveugle. 
Son  amour  pour  celte  femme  est  unvéritable  ensor- 
cellement. Nous  sommes  forcés  de  reconnaître  que 
cet  allacliemenl  dont  nous  nous  faisons  une  passion, 
n'est  qu'une  fascination  d'esjirit,  ipi'un  ensorcelle- 
ment de  cœur,  qu'une  source  d'égarements  dans 
notre  conduite,  no;  rdalgue,  Vnrificalion  de  la 
Vierge.  Et  par  une  espèce  d'ensorcellement  celte  va- 
nité vous  charme,  celle  vanité  vous  entraîne....  i». 
Pensées,  t.  I,  p.  24.  Je  disais  au  Kégent  des  raisons 
dont  il  sentait  toule  la  force,  mais  son  en.sorcelle- 
ment  pour  l'ahbé  Dubois  était  encore  plus  fort,  st- 

SIMON,  407,  26). 

—  HIST.  xiv  S.  Je  ne  croy  mie  qu'il  soit  autre  en- 
sorcelleinenl  que  de  iiien  faire,  lUMagier,  i,  '. 
Il  x\i°  s.  Le  bien  public  estoit  le  charme  et  ensorcel- 
lement qui  bouschoit  l'oreille  à  nos  prédécesseurs, 
.S'a(.  Uén.  p.  (61. 

—  ÉTYM.  Ensorceler. 

ENSOUKRE.  ée  (,iii-sou-fré,  frée),  part,  passif. 
Rempli  de  soufre.  Si  parmi  ces  exhalaisons  il  yen  a 
(|ui  sonlgrassesot  cnsoiiirées....  uesc.  J/t'l^or.  7.  Des 
laureaux  de  Vulcain  les  gorges  ensoufrées,  cohn. 
Ilédi'e,  IV,  2.  Souvent  du  triste  éclat  d'une  flamme 
ensoufrée  La  forêt  est  couverte  et  non  pas  dévorée, 
buebelf,  Phars.  m.  Les  chemises  ensoufrées  dusauil 
office  sont  l'étendard  contre  lequel  les  protestants 
sont  à  jamais  réunis,  volt.  Mœurî,  MO. 

ENSOUERER(an-sou-frè),  t).  a.  Enduire  de  .sou- 
fre; imprégner  de  la  vapeur  du  soufre. 

—  IMST.  xiii'  s.  Nus  frepier  ne  piiet  ensoufrer 
lange,  Liv.  des  m»'».  \W.  Les  iaucs  en  sunt  ensou- 
frées. Ténébreuses,  mal  savorées,  /o  Hose.  6o47. 
Il  xvi*  s.  Maint  gros  tonnerre  ensoufré  s'esclatoit, 

RONS.  «08. 

—  1 1 YM.  Bn  4 ,  et  «oufr*. 


ENS 

t  ENSOUFROIR  (an-sou-froir),  s.  m.  Lieu,  appa- 
reil pour  exposer  une  chose  à  la  vapeur  do  suufr«. 

t  ENSOUI'LE  (an-.sou-pl) ,  s.  (.  Terme  de  tisserand. 
Rouleau  de  bois  sur  lequel  on  monte  la  chaîne, 
pour  faire  la  toile.  ||  Ensoupledesbrodeurs,  machine 
composée  de  lattes  traversant  des  colonnes  de  bois 
et  sur  laquelle  les  brodeurs  travaillent. 

—  HIST.  XVI'  s.  Une  grande  herse  roulante  com- 
posée de  deux  cylindres  ou  rouleaux,  chacun  de  la 
grosseur  del'ensuhle  de  tisserand,  o.  de  serres,  74. 

—  f.TYM.  Wallon,  enseu;  rouchi,  enteule;  espas-'n. 
enxullo ;  bas-lat.  insublum;  du  latin  insubuluifi, 
ensouple,  de  m,  en,  et  suhula,  alêne. 

t  ENSOUPLEAU  (an-sou-plô),  t.  m.  Rouleau  op- 
posé à  lensouple  sur  lequel  la  toile,  le  drap  sont 
roulés  à  mesure  qu'ils  ont  été  tissus. 

—  ÉTYM.    Diminutif  li'ensouple. 

t  E.\.SOYE.MENT  (an-soi-man),  t.  m.  Action  d'cn- 
.soyer. 

t  ENSO'VTÎR  (an-so-ié) ,  v.  a.  Terme  decordonnier. 
Garnir  d'une  soie  de  cochon  le  fil  pour  coudre  la 
semelle  d'un  soulier. 

—  HIST.  xiv  s.  Ensoyer,  mettre  soyée  de  porr 
comme  en  ligneul,  nu  cange,  insetare. 

—  tT\M.En  I ,  et  soie. 

t  ENSt'BLE  (an-su-bf),  ».  f.  Voy.  ENSOUPLE. 
f  ENSUCRER  (an-su-kré),  v.  a.  Confire  dans  du 
sucre. 

—  mST.  XVI*  s.  Cela  dépend  de  l'habileté  de  reli- 
rer  la  confiture  du  sucre  hors  de  la  bassine,  ne  don- 
nant loisirau  fruit  de 's'ensuorer  par  trop,  o.  de  sks- 

RES,    »7J. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  sucre. 

I  ENSl.'lFKR  (an-sui-fé),t).  o.  Garnir  de  suif;  en- 
duire île  suif. 

—  ÉTY.M.  En  t,  et  suif. 

ENSUITE  (an  sui-t'),  adv.  ||  1"  X  lasuitede,  apKs 
cela.  Travaillez  d'abord,  vous  vous  reposerez  en- 
suite. Ceux  qui  avaient  d'abord  été  corrompus  par 
leurs  richesses  le  furentensuite  par  leur  pauvreté, 
MOMTF.sQ.  Rom.  10.  Il  2°  Ensuite  de,  lac.  prépot.  À 
la  suite  de,  aprf;s.  Ensuite  de  quoi,  après  quoi.  En- 
suite du  roman  que  j'avais  vu  dans  la  bibliothèque 
Valicane,  il  y  a  encore  ud  commentaire  d'un  auteui 
grec,  BALZ.  le  Barbon.  Ensuite  décela,  il  m'i 
avoué  qu'il  avait  enlevé  une  comédienne  dont  ii 
avait  été  toute  sa  vie  amoureux,  suarr  Hom.  .com, 
II,  (2.  C'est  une  .série  d'hommes,  durant  (piatie 
mille  ans,  qui,  constamment  et  sans  variation, 
viennent  l'un  ensuite  de  l'aiitro  préuire  ce  même 
avènement,  pasc.  Pensées,  u,  art.  xi.  Filiutiusn'a- 
vail  garde  délaisser  les  confesseurs  dans  cette pein-; 
c'est  pourquoi,  ensuite  de  ces  paroles,  il  leurdonne 
celle  méiliode  facile  pour  en  sortir,  id.  Prov.  lO. 
Ensuiie  de  cette  belle  réflexion,  sÉv.  I23.  La  per- 
ception qui  se  fait  en  notre  ;lme  à  la  présence  des 
corps  et  ensuite  de  l'imyiression  qu'ils  font  sur  les 
organes  de  nos  sens,  boss.  Connaiss.  i,  4.  C'est  en- 
suite de  la  mort  du  Christ  que  ce  changement  est 
marqué,  id.  Hist.  Il,  4.  De  quelle  sorte  s'est  formé 
l'état  populaire  ensuite  des  commencements  qu'il 
avait,  ID.  llist.  m,  7. 

—  REM.  Des  grammairiens  ont  repoussé  la  locu- 
tion e/iïiii(c  de  comme  vieillie  et  hors  d'usage;  Pas- 
cal, Bossuet,  Mme  de  Sévigné  s'en  serrent  couram- 
ment, et  rien  n'empêche  de  les  imiter. 

—  ÉTYM.  En  I ,  et  j«t(e. 

ENSUIVANT  (an-sui-van),  adj.  m.  Terme  depra 
tique.  Suivant.  Le  dimanche  ensuivant.  Vieilli  et  peu 
usité.   Il   La  Fontaine  s'en  est  servi  dans  le  langage 
général.  Et  le  jour  ensuivant,  Psaut. 

ENSUIVRE  (S')  (an-sui-vr'l,r.  reft.  ne  se  conjugue 
qu'à  la  3°  personne  du  singulier  uu  du  pluriel  :  U 
s'ensuit;  il  s'ensuivait;  il  s'ensuivit;  il  s'ensuivra; 
il  s'ensuivrait;  qu'il  s'ensuive;  qu'il  s'ensuivit;  et 
avec  l'auxiliaire,  il  s'est  ensuivi.  ||  !•  Venir  apr's. 
La  clause  relatée  audit  article  et  tout  ce  qui  s'en- 
suit. Il  2°  Survenir  comme  effet,  découler  comme 
conséquence.  Vn  ne  voulut  pas  quitter  les  armes 
(pie  l'elfel  ne  s'en  fot  ensuivi,  retz,  Mém.  t.  i,  liv. 
Il,  p.  <»■?,  dans  poiGENS.  La  guérison  qui  s'en  est 
ensuivie,  maih.  Sophon.  iv,  I.  Vois,  si  mon  cœur 
r.'eill  su  de  froideur  se  munir.  Quels  inconvénient 
auraient  pu  s'en  ensuivre!  mol.  Amph.  u,  3.  ||  Im- 
personn?'lement,  en  ce  sens.  Comme  une  exception 
ne  peut  élre  aussi  élendiie  que  la  règle,  ii  s'ensuit 
nécessairement  que  celte  maxime  générale....  pasC. 
ii<'^i((.  de  la  rép.  à  la  t2'  prov.  D'od  il  s'ensuit 
(ju'on  peut  en  silreté  de  conscience  suivre  dans  la 
pratique  les  opinions  proliables  ilansla  spèculaiion, 
ID.  t6.  13.  Oue  s'ensuit-il  de  tout  celai>nsemlile. 
sinon....  ID.  ib.  Il  s'un  est  ensuivi  un  changement 
épouvantable  ,    KOSs.  u    l)4vums,    t.  De  la  lu^me 


ENT 

il  s'ensuit  encore  quelque  chose  tie  plus  consolant 
pour  TOUS,  bouRDAL.  Nativité  de  J.  Chr.  2'  avent, 
p.  B3I ,  dans  pouGENS.  Il  s'ensuit  de  ce  que  vous 
venez  de  dire,  que  les  hommes  sont  condamnés  à 
l'erreur,  bern.  de  st-pierre,  Chaum.  ind.  ||  3°  Terme 
d'ancienne  procédure.  Poursuivre.  Tous  les  juges 
devaient  être  présents,  afin  qu'ils  pussent  ensuivre, 

MONTESQ.  Esp.  XXVIU,  27. 

—  REM.  1.  S'ensuivre  est  formé  comme  s'enfuir, 
et  il  suit  la  même  construction;  ainsi  on  dira:  Voilà 
le  principe;la  conséquence  s'en  ensuivra;  comme  on 
dit  :  Si  TOUS  laissez  la  cage  ouverte,  l'oiseau  s'en 
enfuira.  Les  exemples  des  meilleurs  auteurs  prou- 
vent qu'il  en  est  ainsi.  Il  ne  faudrait  pas  croire  que 
l'on  pût  écrire  s'en  suivre,  en  deux  mots,  pour  si- 
gnifier découler  de  là;  car  se  suivre  ne  se  dit  pas  en 
ce  sens;  c'est  suivre,  neutre,  qui  se  dit  :  il  suit  de 
là,  et  non  il  se  suit  de  là.  Ainsi  Bernardin  de  Saint- 
Pierre  a  péché  quand  il  a  dit  :  Tantôt  elle  se  re- 
prochait la  fin  prématurée  de  sa  charmante  pe- 
tite nièce,  et  la  perte  de  sa  mère  q+ii  s'en  était 
suivie,  Paul  et  Virg.  Il  faut  :  qui  s'en  était  ensui- 
vie. Il  2.  Avec  que,  s'ensuivre,  atfirmatif,  veut  l'in- 
dicatif :  il  s'ensuit  de  là  que  vous  avez  tort;  négatif 
ou  interrogatif ,  il  veut  le  subjonctif:  il  ne  s'ensuit 
pas  de  là,  s'ensuit-il  de  là  que  vous  ayez  tort? 

—  HIST.  xu'  s.  Je  puis  bien  dire,  si  m'ensuiront 
cinq  cent,  Ronc.  p.  402.  ||3aii«  s.  Ensi  furent  de  ci 
à  la  penleoouste  ensivant,  villeh.  cl.  Ses  tu  pas 
qu'il  ne  s'ensieut  mie.  Se  lessier  veil  une  folie.  Que 
faire  doie  autel  ou  graindre  [une  semblable  ou  plus 
grande]?  la  Rose,  6763.  Ce  saint  home  ama  Dieu  de 
tout  son  cuer  et  ensuivi  ses  œuvres,  joint.  103. 
Il  xiv  s.  Les  Pitagoriciens  furent  disciples  et  ensui- 
Tans  la  dottrine  du  philosophe  appelle  Pitagore, 
ORESME,  Eth.  46.  Et  pour  ce  s'ensuit-il  que  nostre 
félicité  n'est  en  nul  bien  corporel,  id.  t6.  v,  9. 
Il  XV"  s.  Ainsi  fut-il  et  avint  en  Flandre  en  ce  temps, 
si  comme  vous  pourrez  clairement  voir  et  connoistre 
par  les  traités  de  l'ordonnance  de  la  matière  que 
s'ensuit,  frmss.  ii,  ii,  62.  Et  en  cas  de  reffus  il 
protesteroit  des  maulx  qui  ensuyvroient,  comm.  iv, 
6.  C'est  un  haut  bien  qui  de  ce  fait  s'en  ensuivra, 
LOUIS  XI,  Nouv.  XIV.  Il  XVI'  s.  Dont  il  s'ensuit  que.... 
CALV.  Inst.  844.  Pour  bien  entendre  la  somme  de 
ceste  matière,  il  nous  faut  procéder  par  les  degrez 
qui  s'ensuivent,  id.  ib.  819.  Phaeton,  ne  sçavant 
ensuyvre  la  Une  ecliptique,  varia  de  son  chemin, 
KAB.  Pant.  11,2.  Gargantua  feit  l'epitaphe  pour  estre 
eiigravé,  en  la  manière  que  s'ensuict,  id.  ib.  ii,  3. 
J'aime  à  les  ensuivre,  mais  non  pas  si  couardemont 
[les  lois  de  la  civilité],  mont,  i,  62.  Ils  n'en  bou- 
gent, jusques  à  l'equinoxe  ensuyvant,  id.  ii,  490.  Il 
attend  en  repos  tout  ce  qui  s'en  peult  ensuyvre,  id. 
IV,  4  54.  Mais  de  conclure  de  là  que  les  riches  meu- 
bles y  sont  nécessaires,  il  ne  s'ensuit  pas,  lanoue, 
(«7.  Quand  la  pieté  est  bien  entendue  et  pratiquée, 
il  s'ensuit  beaucoup  de  contentement,  id.  207.  Ce 
fut  la  source  de  leur  mutuelle  bienveillance,  et  par 
conséquent  le  fondement  de  la  puissance  qui  en  est 
ensuivie,  amyot,  Thés,  et  Rom.  comp.  7. 

—  ÉTYM.  En  2,  et  suivre;  provenç.  enseguir,  esse- 
guir,  ensegre,  essegre.  Quand  ensuivre,  dans  les 
anciens  textes,  signifie  suivre,  poursuivre,  il  vient 
de  en  4 ,  et  suivre,  du  lat.  insequi;  quand  il  signifie  dé- 
couler, il  vient  de  en  2,  et  suivre,  du  lat.  indesequi. 

t  ENSUPLE  (an-su-pl') ,  s.  f.  Voy.  ensouple. 
t  ENSUPLEAU  (an-su-plô),  s.  m.  Voy.  ensoo- 
fleau. 

—  ÉTYM.  Ensuple. 

tENTABLÉ,  ÉE  (an-ta-blé,  blée),  part,  passé. 
Cheval  entablé. 

ENTABLEMENT  (an-ta-ble-man) ,  s.  m.  Terme 
d'architecture.  La  saillie  qui  est  au  haut  des  mu- 
railles d'un  bâtiment,  et  le  lieu  où  pose  la  charpente 
de  la  couverture.  Ce  bâtiment  sera  bientôt  achevé, 
on  en  est  à  l'entablement.  ||  Partie  de  l'édifice  au- 
dessus  de  la  colonne,  du  pilastre,  et  qui  comprend 
l'architrave,  la  frise  et  la  corniche.  L'entablement 
d'un  portique.  Voici  quatre  écuyers  de  marbre,  à 
genoux  aux  quatre  coins  de  l'entablement  d'un 
tombeau,  chateaub.  Génie,  iv,  11,  8. 

—  HIST.  xiii'  s.  Et  colombes  [colonnes]  et  capitiel 
et  basses  et  entaulement  tient  on  par  tout  à  piere 
sauvage  [brute,  non  taillée],  tailliar.  Recueil, 
p.  473.  Il  XIV  s.  Un  coquelicoq,  d'argent  doré,  dont 
le  corps  est  d'une  coquille  de  perle  d'Orient,  sur 
entablement  à  six  pieds,  pesant  sept  marcs  et  demy, 
DE  LABORDE,  ^moitx,  p.  223.  1|  xvi'  S.  L'entable- 
ment où  est  assis  le  comble,  Marché  fait,  Bibl.  de 
l'école  des  Charles,  ♦•  série,  t.  m,  p.  63. 

—  ÉTYM.  J?n  4 ,  et  table.  Entablure,  au  xu'  siècle , 
Rois,  p.  2i8. 

DICT,   m  LA  LANGUE  FRÀMgAlSE. 


ENT 

ENTABLER  (S')  (an-la-blé),  v.  réfl.  ||  1»  Terme  de 
manège.  On  dit  qu'un  cheval  s'enlable,  quand  les 
hanches  devancent  les  épaules.  ||  2°  V.  a.  Terme  de 
coutelier.  Ajuster  deux  pièces  l'une  avec  l'autre  à 
demi-épaisseur. 

—  ÉTYM.  £n  4 ,  et  table. 

t  ENTABLURE  (an-ta-blu-r'),  s.  f.  Terme  de  cou- 
telier. L'endroit  où  se  trouve  le  pivot,  dans  les  ci- 
seaux. 

t  ENTACAGE  (an-ta-ka-j'),  s.  m.  Assemblage  de 
baguettes  adapté  à  l'ensouple,  pour  supporter  le 
velours. 

ENTACHÉ,  ÉE  (an-ta-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1°  Gâté  comme  par  une  tache.  Entaché  de  lèpre. 
Il  2°  Fig.  Être  entaché  d'avarice.  On  acteentaché  de 
nullité.  De  tous  ces  vlces-là  dont  ton  cœur  entaché 
S'est  vu  par  mes  écrits  si  librement  touché,  régnier, 
Sat.  XV.  Ceux  qui  sont  entachés  d'envie,  desc.  Pass. 

4  84.  Cet  homme  [Retz]  était  entaché  d'une  ambi- 
tion extrême,  la  boohef.  Mém.  49.  Que  le  moins 
entaché  se  moque  un  peu  de  vous,  la  font.  Coupe 
ench.  Malgré  cette  apologie,  l'historien  grec  restera 
du  moins  entaché  d'hérésie  aux  yeux  de  la  posté- 
rité catholique,  d'alemb.  Éloges,  L.  Cousin,  ||  Abso- 
lument. Homme  entaché,  homme  qui  a  quelque  ta- 
che à  son  honneur,  à  sa  moralité.  Je  ne  connais 
rien  d'égal  à  la  plate  folie  [de  la  part  des  parle- 
ments] d'avoir  soutenu  au  roi  qu'un  pair  était  en- 
taché, quand  le  roi  le  déclarait  très-net,  sur  le  vu 
même  des  pièces  du  procès,  volt.  Lett.  Richelieu, 
29  avril  4  774. 

ENTACHER  (an-ta-ché)  ,v.a.]\l'  Gâter  par  quel- 
que maladie  qui  agit  comme  une  tache.  Son  mauvais 
régime  l'a  entaché  de  scrofules.  ||  Peu  usité  en  cet  em- 
ploi. Ii  2°  Fig.  Marquer  d'une  tache,  d'une  souillure. 
Cet  arrêt  l'entache  dans  son  honneur.  ||  3°  S'entacher, 
v.  re/Z.Devenir  entaché. 11  s'est  entaché  dans  son  admi- 
nistration, par  sa  cupidité. 

—  REM.  Les  puristes  du  xvii*  siècle,  Vaugelas, 
Marg.  Buffet,  condamnaient  entacher,  tandis  que 
de  bons  auteurs  l'employaient  (voy.  les  exemples 
au  participe).  Ce  mot  a  triomphé  de.  cette  condam- 
nation, il  était  d'ailleurs  défendu  par  la  Mothe  le 
Vayer  et  par  l'Académie. 

—  HlST.xV  s.  Messire  Jean  de  Hollande,  qui  ïeoit 
ses  compagnons  et  ses  amis  entachés  de  celle  mala- 
die dont  nul  n'en  rechappoit,  oyoit  les  plaintes  des 
uns  et  des  autres,  froiss.  ii,  m,  84.  Et  est  signe 
qu'il  [le  prince]  n'est  point  entaché  de  ce  fort  vice 
et  péché  d'orgueil  qui  procure  hayne  envers  toute 
personne,  comm.  i,  9.  Elle,  par  la  vertueuse  et  no- 
ble renommée  de  lui,  en  estoit  très-fort  entachée 
[entichée],  louis  xi,  Nouv.  xcviii.  Pour  oster  le 
venin  dont  la  plaie  avoit  esté  entachée  du  jour  de 
devant,  Perceforest,  t.  u,  f'  28.  Il  estoit  damoiseau 
de  trop  grant  et  gracieuse  beaulté,  et  entaché  [doué] 
de  toutes  bonnes  mœurs,  Clir.  de  St.  Denis,  t.  i, 
f°266,  dans  LACURNE.  Il  XVI' s.  Indélébile,  comme  si 
l'huile  ne  ss  pouvoit  oster  et  nettoyer  de  poudre  et 
de  sel;  ou,  si  elle  esttrop  fort  entachée,  de  savon, 
CALV.  Instit.  4  185.  Estans  jà  plusieurs  entacliez  de 
ceste  conjuration,  Aristides  en  sentit  lèvent,  amyot, 
Àrist.  32.  Tant  il  y  avoit  desjà  d'hommes  qui  en  es- 
toient  entachez,  corrompuz  et  gastez  [des  délices], 
ID.  Calon,  36.  L'ambition  est  un  vice  fort  odieux, 
et  qui  suscite  grande  envie  contre  celuy  qui  en  est 
entaché,  id.  Arist.  et  Calon  comp.  44. 

—  ÉTYM.  £n  4 ,  et  tacher;  prov.  entacar,  enta- 
char,  entecar ;  ital.  intaccare.  Entacher  se  prenait 
pour  enticher;  il  s'employait  aussi  dans  un  sens  fa- 
vorable, vu  que  tache  (voy.  l'hist.  de  ce  mot)  se  di- 
sait, souvent  et  avec  justesse,  de  qualités. 

t  ENTAILLAGE  (an-tâ-lla-j'.  Il  mouillées,  et  non 
an-tâ-ya-j') ,  s.  m.  Action  de  faire  une  entaille. 

ENTAILLE  (an- tâ-U',  Il  mouillées,  et  non  an-tâ- 
ye),  s.  f.  Il  i°  Coupure  avec  enlèvement  de  parties. 

5  tout  gâteau  leur  main  fait  large  entaille.  Car  ils 
sont  grands,  même  infiniment  grands,  bérano. 
40000  /'roncî.  Il  2°  Incision,  blessure  faite  avec  un 
instrument  tranchant.  Cet  enfant,  en  jouant  avec 
un  couteau,  s'est  fait  une  large  entaille.  ||  3°  Terme 
de  jardinage.  Portion  de  tige  ou  de  branche  enlevée 
au-dessus  et  au-dessous  d'une  branche,  d'un  œil,  etc. 
en  entamant  légèrement  l'aubier  pour  interrom- 
pre le  cours  de  la  sève.  ||  4°  Instrument  qui  sert  aux 
graveurs  à  assujettir  les  petites  pièces  qu'ils  ne  pour- 
raient aisément  tenir  entre  les  doigts.  ||  Outil  de  me- 
nuisier. Il  Pièce  de  bois  fendu,  dans  laquelle  on  fait 
entrer  la  scie,  pour  en  limer  les  dents.  ||  5°  S.  f.  pi. 
Terme  de  marine.  Se  dit  de  deux  trous  pratiqués 
dans  les  huniers. 

—  HIST.  XII'  s.  E  de  tûtes  parz  i  out  entailles 
[sculptures]  de  chérubins  e  de  palmes,  Rois,  p.  247, 


ENT 


141'/ 


—  ÉTYM.  Voy.  entailler;  provenç.  entalh,  t.  m. 
port,  cntalho  ;  ital.  intaglio. 

ENTAILLÉ,  ÉE  (an-tâ-Ué,  Il  mouillées,  etnonan- 
tâ-yé,  yée),  part,  passé.  Un  arbre  entaillé.  ||  Gravé 
(vieilli  en  ce  sens).  Sur  chaque  côté  du  plinthe  étalent 
entaillés  ces  mots.'...  la  font.  Psyché,  a,  p.  458. 

ENTAILLER  (an-tâ-Ué,  Il  mouillées,  et  non  an- 
tâ-yé),  V.  a.  Il  1' Faire  une  entaille.  Entailler  une 
poutre.  Il  S'entailler  le  doigt,  la  main,  s'y  faire  une 
coupure.  ||  2°  Terme  de  serrurerie.  Enclaver  de  son 
épaisseur  dans  le  bois  la  tête  d'un  boulon ,  une  plate- 
bande, 'imeéquerre,  etc.  Il  3°Anciennement.  Scuipter. 

—  HIST.  XII'  s.  Et  cest  baston  qui  est  d'or  entaliez, 
Ronc.  p.  4  20.  Il  xur  s.  Et  pour  eulz  atraire  à  nostre 
créance,  il  [Louis  IX]  leur  fist  entailler  en  la  cha- 
pelle toute  nostre  créance,  l'annonciation  de  l'angre 
[l'ange]....  joint.  282.  Et  aorerent  cest  torel  qu'il 
avoient  entaillé  selono  la  mestreandisse  d'Egypte, 
Psautier,  !°  4  29.  ||  xv*  s.  [Le  roi  Philippe  donne  or- 
dre de  tuer  les  Génois  qui  fuyaient]  Là  veissiez  gens- 
d'armes  entailler  entre  eux,  et  frapper  et  ferir  sur 
eux,  PROiss.  i,  I,  287.  Il  XVI'  3.  U  y  feit  engraver 
tout  du  long  ses  deux  premiers  noms,  Marcus  Tul- 
lius,  et  au  lieu  du  troisième  commanda,  par  jeu,  k 
l'avenir  qu'il  y  entaiUast  la  forme  d'un  poy  chiche, 
AMYOT,  Cicéron,  4.  * 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  tailler;  provenç.  entalhar,en- 
taillar;  espagn.  entallar;  ital.  intagliare. 

t  ENTAILLECR  (an-tâ-lleur,  Il  mouillées,  et  non 
an-tâ-yeur),  s.  m.  Terme  du  moyen  âge.  Ciseleur, 
orfèvre  graveur,  et  souvent  aussi  imagier,  sculpteur. 

—  HIST.  xiv  s.  Tassin  Croix,  Hannequin  Gode- 
froy  et  Jehan  Duffie,  entailleurs  d'ymages,  dela- 
BORDB,  Émaux,  p.  283. 

—  ÉTYM.  Entailler. 

t  ENTAILLOIR  (an-tâ-Uoir,  Il  mouillées,  et  non 
an-tâ-yoir) ,  s.  m.  Outil  de  facteur  d'instruments  et 
de  menuisier. 

ENTAILLURE  (an-tâ-llu-r' ,  Il  mouillées,  et  non 
an-tâ-yu-r') ,  s.  f.  ||  1°  Entaille.  ||  2"  Dans  le  moyen 
âge,  l'art  de  l'entailleur;  les  produits  de  cet  art. 

—  HIST.  xiii's.  Naturelmentà  grant  mervelle  Ens 
[en  dedans]  est  faite  par  entaillure,  FI.  et  Bl.  4 184. 
Il  XV'  s.  Environné  de  diverses  et  différentes  habi- 
tations, par  engins  de  souverains  ouvriers;  enrichi 
de  entailleures,  paintures,  armoiries  et  autres  me- 
nueries  plaisant  à  l'ueil ,  db  laborde  ,  Émaux , 
p.  263.  Il  xvr  s.  Incision  contient  sous  soy  :  excision 
ouentaiUeure,  en  laquelle  l'os  est  aucunement  eslevé 
et  renversé,  tenant  neautmoius  encores  à  l'os  sain, 
paré,  viii,  4. 

—  ÉTYM.  Entailler. 

fENTALINGUER  (an-ta-lin-ghé) ,  V.  a.  Terme 
de  marine.  Entalinguer  un  câble,  l'amarrer  à  l'or- 
ganeau  d'une  ancre. 

ENTAME  (an-ta-m') ,  s.  f.  ||  1°  Premier  morceau 
coupé  d'un  pain.  ||  2'  Fig.  et  familièrement.  Les  pré- 
mices de  eertains  objets.  U  en  a  l'entame. 

—  ÉTYM.  Voy.  entamer;  Berry,  entaime ,  en- 
tenme,  enfume,  entome. 

ENTAMÉ,  ÉE  (an-ta-mé,  mée),  part,  passé. 
Il  1»  Dont  le  premier  morceau  a  été  coupé.  Un  pain 
entamé.  D'une  peau  d'ours  non  entamée  Sa  large 
échine  était  armée,  scarron,  Yirg.  travesti,  ch.  v. 
Il  Se  dit  aussi  d'une  coupure,  d'une  gerçure.  11  a 
un  doigt  tout  entamé.  ||  2'  Qui  a  subi  des  pertes.  Son 
empire  entamé  de  toutes  parts,  boss.  Uist,  m,  7. 
Il  Fig.  X  quoi  on  a  porté  atteinte.  Réputation  enta- 
mée, M"'  de  caylos.  Souvenirs,  p.  I7,  dans  pou- 
gens.  Dès  ce  moment  il  dut  entrevoir  la  perte  de 
son  crédit;  car,  dès  que  la  confiance  est  entamée, 
elle  est  bientôt  délruite,  barthél.  Anach.  ch.  60. 
Il  3°  Commencé,  mis  en  train.  Une  affaire  entamée. 
Quand  j'aurai  l'agrément  du  roi  pour  l'échange  en- 
tamé de  toutes  mes  terres  d'Espagne  contre  des 
biens  dans  ce  pays,  beaumarch.  Hère  coup,  i,  e. 

+  ENTAMEMENT  (an-ta-me-man) ,  s.  m.  L'action 
d'entamer. 

—  HIST.  XIII'  s.  Ce  n'est  pas  entamemens  de  plaid 
que  de  requerre  jour  de  conseil,  beaum.  ix,  4. 

—  ÉTYM.  Entamer. 

ENTAMER  (an-ta-mé),  v.  a.  ||  1'  Couper  le  pre- 
mier morceau,  commencer  à  prendre  une  partie 
d'une  chose.  Entamer  un  pain,  une  pièce  de  drap, 
un  sac  d'argent.  Le  général  ne  se  presse  pas  dy 
aller,  de  peur  d'entamer  trop  tôt  nos  magasins, 
maintenon,  Lettre  au  duc  de  Noailles,  22  mai  4744, 
Il  n'entama  point  le  fonds  de  son  patrimoine  qu'il 
conserva  pour  ses  héritiers  naturels,  m-'  de  genus, 
Mlle  de  la  Fayette,  p.  26,  dans  pougkbs.  ||  8°  Par 
extension,  couper  en  incisant.  Entamer  la  peau.  Le 
coup  lui  entama  l'os.  C'est  un  coup  de  hache  qui 
n'a  fait  qu'entamer  l'armet,  d'aclancourt,  Arricn, 

L  -  178 


t/il8 


ENT 


llm  I,  d.n»  wcirewT.  ||  En  parlant  d'une  gerçure. 
Il  «  des  eimelure.  qui  lui  entament  les  doigts  |  Hg. 
l-ii.re  imuiiMion  sur.  Alors  que  de  sa  von  II  en- 
tama le»  cicur»  des  rochers  et  des  bois,  béonieh, 
Plainte.  Do  l'un  [dard)  il  (l'Amour]  entama  Le  sol- 
dai jusqu'au  vif,  l'autre  eflleura  la  dame,  la  font. 
Kiilr.  d'Éph.  Il  3"  Porter  alleinio  à.  Kntamer  la  ré- 
putation, le  crédit  de  quelqu'un D'un  Irait  en- 
venimé Toujours  l'honneur  du  seie  est  par  vous 
entamé,  naGNABD,  Dislrail,  l,  6.  Il  est  proscrit, 
déclaré  détestable.  Abominable,  atteinte!  convaincu 
D'avoir  tenté  d'entamer  la  vertu  Des  saintes  sœurs.... 
OBESSET,  Vert-Yert,  iv.  ||  4°  Kntamer  quelqu'un, 
entreprendre  sur  ses  droits,  empiéter  sur  sa  charge. 
Il  Kntamer  quelqu'un,  avoir  de  l'avantage  sur  lui. 
Les  députés  do  l'opposition  ne  se  laissèrent  pas  en- 
tamer par  le  ministère.  ||  Faire  capituler  quelqu'un 
avec  son  devoir.  Il  n'est  pas  facile  de  l'entamer. 
Il  Pénétrer  les  vœui,  les  sentiments  secrets  de  quel- 
qu'un. Il  est  impénétrable,  on  ne  peut  l'entamer.  Il 
[le  maréchal  ferrant  qui  avait  eu  des  révélations]  ne 
se  laissait  point  entamer  sur  les  audiences  qu'il 
ovait  eues  du  roi,  st-simon,  08,  ai.  ||  B"  Terme  de 
guerre.  Entamer  un  carré,  un  corps  de  troupes, 
commencer  à  le  rompre,  à  le  faire  fléchir  ;  dé- 
truire une  partie  de  sa  ligne  de  bataille.  ||  6°  Com- 
mencer. Entamer  une  discussion.  Entamer  un  pro- 
cès. H  entame  une  autre  dispute,  sÉv.  644.  Il  l'at- 
taqua de  cette  manière  pour  entamer  le  sujet, 
HAMiLT.  Gramm.  i.  Le  concile  se  garda  d'entamer 
la  question  si  l'empereur  devait  confirmer  l'élection 
du  pape,  voLT.il/œurs,  47. Le  même  poëlequi,  pour 
célébrer  l'éloge  d'Apollon,  avait  mis  son  esprit  dans 
une  assiette  tranquille,  s'agite  avec  violence  lors- 
qu'il entame  l'éloge  de  Bacchus,  bartiiél.  Aiiach. 
th.  80.  Elle  entama  cette  dangereuse  explication  en 
termes  assez  mesurés,  m'"' de  genlis,  Mlle  de  la 
Fayette,  p.  292,  dans  pougens.  (l  Absolument.  Per- 
sonne à  la  cour  ne  veut  entamer,  on  s'offre  4'appuj'er, 
lA  DRUï.  viii.  Il  7"  Terme  de  manège.  Entamer  le 
chemin,  se  mettre  en  marche.  Les  chevaux  enta- 
ment le  chemin,  en  galopant,  par  la  jambe  droiiede 
devant,  qui  est  plus  avancée  que  la  gauche,  buff. 
Cheval.  ||  Absolument.  Commencer  une  allure.  Dans 
toutes  les  allures  où  les  pieds  se  meuvent  isolément, 
c'est  toujours  un  pied  de  devant  qui  entame.  Entamer 
du  pied  droit,  du  piod  gauche,  se  dit  pour  désigner 
le  pied  que  le  cheval  pose  en  avant  quand  il  com- 
mence à  paloper.  ||  Entamer  un  cheval,  lui  donner 
les  premières  leçons.  ||  8'  S'entamer,  v.  réjl.  Se 
faire  une  incision,  une  coupure.  Le  vieillard....  De 
nouvelles  fureurs  se  déchire  et  s'entame,  malh.  i,  4. 
Il  Être  commencé.  C'est  ainsi  que  tout  s'entame  et 
que  rien  ne  s'achève,  par  un  fol  orgueil,  dont  l'in- 
fluence fatale  se  répand  sur  toutes  les  branches  de 
l'administration,  iiaïnal,  Hisl.  phil.  xn,  7. 

—  IllST.  xu*  s.  Jà  par  cop  d'arme  [le  haume]  ne 
sera  entanpnez,  iloncisi'.  p.  an.  E  ne  suffrid  pas 
que  oisels  entamassent  les  cor  de  jurs,  ne  les  bes- 
les  de  nuiz,  iioi's,  p.  202.  ||  xm*  s.  Li  fromaches  fu 
auques  mox  [un  peu  mou] ,  Et  Tiercelins  i  fiertgrans 
cox  [coups]  Do  son  bec,  si  que  il  l'entame,  lien. 
7361.  Mais  se  cilribaut  m'entamast  L'espaule,  ou  ma 
teste  eUstquasse....  la  Rose,  i4Ci)4.  Et  si  m'en  con- 
vient il  à  force  Entamer  ung  poi  de  l'escorce,  16. 
ï)»82.  Et  ainsi  pot  eslre  J^  pies  [procès]  entamés 
entre  les  parties,  beaum.  vu,  13.  Ne  porquant  se 
la  jornée  est  entamée  ne  tant  ne  quant,  il  doit 
paier  toute  le  [la]  jornée  entière,  la.  xxxviii,  4. 
Tant  vous  ama  [Dieu],  Damo  des  angles  [anges] 
vous  clama;  En  vous  s'enclost,  ainz  n'entama  Vo 
dignité;  N'en  perdîtes  virginité,  ruteb.  n,  4.  Si 
comme  en  la  verrière  Entre  et  rêva  arrière  Li  solaus 
que  n'entame  [sans  entamer],  Ainsino  fut  vierge  en- 
tière. Quant  Dieux,  qui  es  cieux  iere  [était],  Fisl 
de  toi  mcro  et  dame,  id.  Théoph.  Se  pitié  vostre 
cuer  n'entame,  Bien  m'ont  trahi  Li  œil  dont  je  pre- 
miers vous  vi.  Salut  d'amors,  jubinai,  1. 11,  p.  203. 
Il  MV  s.  Par  la  mort  qui  tout  met  à  fin,  Et  qui 
no»  cars  [chairs]  mort  et  endarae,  i.  de  condet, 
p.  «04.  Contusions  où  le  cuir  n'est  pas  entamé  par 
dehors,  h.  de  mondbvilie,  f  35.  ||  xv  s.  Ce  traité 
fut  entamé  et  mis  avant,  kroiss.  i,  i,  tt5.  ||  xvi*  s. 
D«  quelle  prudence  il  [le  chien]  l'enlomme  [l'os] ,  de 
quelle  alfuclion  il  lo  brise,  et  de  quelle  diligence  il  le 
lugce,  RAB.  Carg.  i,  proJ.  La  fouldre  consumera 
les  0»  sans  enlommer  la  chair  qui  les  couvre,  ID. 
Jom.iu,  83.  Pour  enguardor  les  chastagnes  de  pe- 
«w.  Ion  les  entame,  lo.  ib.  11,  3).  11  fausl  que  la 
B«w»i  4  vous  prenne   à  la  gorge   pour  l'entamer 

ion  parlast  aucunement  des  mes.hans,  se  donnant 
bien  garde  den  entamer  jamaU  le  pro^s,  amïoi 


ENT 

Caton,  M.  Aucuns  n'entament  leurs  vin»  que  le  jour 
du  vendredi,  0.  de  serres,  243. 

—  ÉTYM.  Burry,  entenmer,  entamer,  entamer; 
wall.  edamer;  n'am.  èdaumer ;  rouchi,  adamer ; 
provenç.  etilamenar;  piémont.  anfomiid;  du  latin 
altaminare,  mettre  la  main  sur  quelque  chose,  pren- 
dre. Diez,  qui  préfère  cette  étj  mologie  au  grec  ivTÉ- 
piveiv  (comment  en  effet  ce  mot  grec  serait-il  entré 
dans  les  langues  romanes?),  et  au  celtique  tam, 
mordre,  remarque  que  les  langues  romanes  chan- 
gent non  larement  le  préfixe  d'un  mot  latin  :  ainsi 
dans  con-rier,  venant  de  inr^itare,  cum,  au  lieu  de 
in.  Le  celtique  (bas-breton,  tam;  écossais,  Jeum.irl. 
teuman)  conviendrait  plus  directement  au  sens  ;  mais 
les  formes  enlamenar  du  provençal,  entanpner  da 
français,  semblent  indiquer  le  latin.  On  remarquera 
endamer  de  J.  de  Condet  qui  était  du  Hainaut,  et 
les  patois  voisins  du  Hainaut  qui  ont  aussi  le  d.  Ce  d 
ne  peut  guère  s'expliquer  que  par  une  confusion  avec 
dam,  dommage. 

ENTAMURE  (an-ta-mu-r") ,  ».  f.  ||  1'  Synonyme 
d'entame.  Entamure  du  pain.  Le  côté  de  l'enta- 
mure.  ||  L'action  de  faire  l'entame.  ||  2°  Coupure, 
incision.  Le  coup  lui  a  fait  une  légère  entamure. 
Il  Terme  de  chirurgie.  Solution  de  continuité  des 
parties  dures,  entre  autres  des  os,  sans  fracture. 

Terme  de  vétérinaire.  Entamure,  ou  enchevêtrure, 
ou  prise  de  longe,  blessure  située  transversalement 
sur  le  pli  du  paturon ,  et  produite  par  le  frottement 
de  la  longe  dans  laquelle  l'animal  s'est  enchevêtré. 
Il  3°  Entamure  d'une  carrière,  les  pierres  du  pre- 
mier lit  d'une  carrière  nouvellement  exploitée. 

—  HlST.  XV'  s.  Nostre  vierge  sans  entamure  Con- 
ceut,  porta  et  enfanta,  ilfar(.  de  St  Etienne. 

—  ÉTYM.  Entamer;  Berry,  entamure. 

t  ENTAQUER  (an-la-ké),  1;.  o.  Joindre  plusieurs 
pièces  do  velours  au  moyen  de  l'entacage.    ■ 

ENTASSÉ,  ÉE  (an-tâ-sé,  sée),  part,  passé. 
Il  1°  Mis  en  tas.  Des  pièces  do  bois  entassées.  Que 
de  corps  entassés  !  que  de  membres  épars  !  rac.  Es- 
Iher,  1,  6.  Les  trois  quarts  de  vos  biens  sont  déjSi 
dépensés  X  faire  enfler  des  sacs  l'un  sur  l'autre  en- 
tassés, ID.  Plaid.  M,  t.  Vous  avez  remarqué  ces 
roches  entassées,  volt.  Triumv.  iv,  3.  Au-dessous 
je  vis  la  nature  en  ruine  ;  les  montagnes  écroulées 
étaient  couvertes  de  leurs  débris,  et  n'offraient  que 
des  roches  menaçantes  et  confusément  entassées, 
barthél.  Anach.  ch.  35.  ||  2"  Se  dit  de  ce  qui  ne 
peut  être  mis  en  tas  que  ligurément.  Après  tant  de 
forfaits  et  de  morts  entassées,  corn.  Tite  et  Bér.  1, 
K.  Et  qui,  de  mille  auteurs  retenus  mot  pour  mot. 
Dans  sa  tête  entassés,  n'a  souvent  fait  qu'un  sot, 
BOiL.  Sal.  IV.  Que  de  mensonges  entassés  pour  ca- 
cher un  seul  fait!  deaumarch.  Barbier,  11,  u. 
Il  S*  Se  dit  des  hommes  ou  des  animaux  rassemblés 
dans  un  espace  trop  étroit.  Les  hommes  ne  sont 
point  faits  pour  être  entassés  en  fourmilières,  mais 
épars  sur  la  terre  qu'ils  doivent  cultiver,  j.  j.  Rouss. 
Em.  I.  Les  prisonniers  furent  entassés  dans  des  car- 
rières, où  ils  souffrirent  des  maux  incroyables  pen- 
dant l'espace  de  huit  mois,  entassés  les  uns  sur  les 
autres  dans  ces  lieux  étroits,  rollin,  Uist.  anc. 
Œuvres,  t.  m,  p.  7(8,  dans  pougens.  Pourquoide 
ces  mortels  sur  la  rive  entassés  Les  uns  sont-ils  re- 
çus, les  autres  repoussés?  delille,  Enéide,  vi. 
Il  4»  Il  est  entassé,  se  dit  d'un  homme  contraint  dans 
sa  taille  et  qui  a  la  tète  enfoncée  dans  les  épaules. 
C'était  [M.  l'évêque  d'Orléans]  un  homme  de  moyenne 
taille,  gros,  court,  entassé,  le  visage  rouge  et  dé- 
mêlé, ST-siMON,  32,  )|B.  \\5°  Terme  de  botanique. 
Feuilles  entassées,  feuilles  nombreuses  et  très-rap- 
prochées  les  unes  des  autres  sur  la  tige. 

ENTASSEMENT  (an-tâ-se-man),  s.  m.  ||  1»  Amas 
confus.  Un  entassement  de  papiers,  délivres.  Salut, 
pompeux  Jura,  terrible  Montanvers,  De  neige,  de 
glaçons  entassements  énormes,  delille,  homme 
des  champs,  m.  D'autres  villes....  Pleines  d'entasse- 
ments de  tours,  de  pyramides,  v.  hogo,  F.  d'aut. 
20.  Il  2°  Fig.  Dans  cet  entassement  d'horribles  aven- 
tures. Vous  m'offrez  une  main  pour  venger  mes  in- 
jures. VOLT.  Olijmp.  m,  B.  C'est  un  entassement  de 
faussetés,  d'absurdités  et  d'injures,  id.  Philos.  l\ , 
487.  L'entassement  confus  des  mots  et  des  phrases 
entrelacées,  marmontel,  Élém.  litt.  Œuvres,  t.  x, 
p.  210,  dans  POUGENS.  ||  3°  Êlat  d'hommes  ou  d'a- 
nimaux rassemblés  dans  un  lieu  trop  étroit.  L'entas- 
sement fit  naître  le  typhus.  On  sait  quelles  mœurs 
l'entassement  du  peuple  doit  produire,  J.  j.  ROUss. 
Ém.  V. 

—  ËTYM.  Entasser. 

ENTASSER  (an-tâ-sé),  v.  a.  \\  1°  Mettre  en  tas. 
Entasser  ies  gerbes.  Entasser  des  livres  dans  une 
ehanibre.  ||  Accumuler,  Entasser  des  écus.  La  vieil- 


ENT 

lesse  chagrine  incessamment  amasse.  Garde  non 
pa»  pour  soi  les  trésors  qu'eUe  entasse,  boil.  Art 
p.  m.  Il  Absolument.  L'usage  seulement  fait  la  pos- 
session, Je  demande  à  ces  gens  de  qui  la  passion 
Est  d'entasser  toujours,  mettre  somme  sur  somme. 
Quel  avantage  ils  ont  que  n'ait  pas  un  autre  homme, 
LA  FONT.  Fabl.  IV,  20.  Et  je  n'entasse  guère  Un 
jour  sur  l'autre,  id.  ib.  viii,  2.  ||  2°  Fig.  Entasse,» 
des  citations.  C'est  vouloir  entasser  offense  sur  of- 
fense, MAin.  Soliman,  v,  6.  Cet  auteur  a  entassé 
comparaison  sur  comparaison,  boss.  Avert.  6.  Voua 
entassez  vertu  sur  vertu,  bonne  œuvre  sur  bonne 
œuvre,  haintenon.  Lettre  au  card.  de  Noailles, 
7  août  1699.  Nous  entassons  sottise  sur  sottise,  in- 
fortune sur  infortune,  id.  ib.  17  nov.  (707.  N'avez- 
vous  point  entassé  trop  d'emplois  sur  la  tête  d'un 
seul  homme?  FÉN.  t.  xxii,  p.  304.  C'est  ainsi  qu'Empé- 
docle  reprochait  aux  Agrigentins  d'entasser  les  plai- 
sirs comme  s'ils  n'avaient  qu'un  jour  à  vivre,  et  d« 
bâtir  comme  s'ils  ne  devaient  jamais  mourir,  j.  j. 
ROUSS.  Ém.  IV.  Les  Manichéens  ont,  de  tout  temps, 
entassé  principes  sur  principes ,  absurdités  sur 
absurdités ,  condillac  ,  Traité  des  syst.  chap.  2. 
Il  3° Réunir  dans  un  espace  trop  étroit.  On  entassa  les 
prisonniers  dans  une  église  abandonnée.  ||  4"  S'en- 
tasser, V.  réft.  Être  mis  en  tas.  Les  ans  se  sont  en 
foule  entassés  sur  ma  tète,  Ducis,  Lear,  v,  6.  Et  la 
feuiUe  aux  feuilles  s'entasse,  lamart.  Uarm.  u, 
B.  Il  Se  mettre,  en  pariant  de  plusieurs  personnes, 
dans  un  lieu  trop  étroit.  Les  sept  personnes  qui  l'em- 
plissaient [une  voiture]  à  bonne  mesure,  s'y  entas- 
saient, scARHON,  yîom,  corn.  II,  (0. 

—  HIST.  XIII'  s.  Uns  huns  [un  homme],  ce  dit,  en- 
tasseit  blé,  marie, Fafcie  84.  ||  xiV  s.  Un  tas....  De  fain 
[foin]  en  une  grange  qu'on  ot  fait  entasser,  Guescl. 
20523.  Il  XV'  s.  llespond qu'elle  est  parisienne.  Grosse, 
courte,  bien  entassée....  coqlull.  Enq.  de  la  simple 
et  de  la  rusée.  Les  autres  deux  se  vont  frapper  où 
ilz  virent  le  tournoy  plus  espès  et  plus  entassé  de; 
chevaliers,  Perccforcst,  t.  1,  f"  (38.  ||xvi's.  Vi 
trouvèrent  le  baston  augurai  de  Romulus  entassé 
dessoubsun  hault  monceau  de  cendre,  amyot,  Cam. 
BB.  Entasser  tout  le  peuple  des  champs  dedans  le» 
murailles  d'une  ville,  id.,  Péricl.  60.  Estans  tou- 
tes ces  armes  entassées  et  liées  les  unes  sur  les  au- 
tres, ainsi  qu'on  les  charrioitpar  la  ville,  elles  ren- 
doient  un  son,  qui  donnoit  quelque  frayeur  à  l'ouïr, 
lu.  P.  ^Em.  B5. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  tas. 

fENTASSEUR  (an-tâ-seur),  s.  m.  Néologisme. 
Celui  qui  entasse.  C'est  un  grand  entasseur  d'auto- 
graphes. Quel  entasseur  de  figures,  de  métaphores! 

(.  ENTE  (an-t'),  s.  f.  Terme  d'arboriculture,  es- 
pèce de  greffe  qui  consiste  à  insérer  un  scion  dans 
un  autre  arbre.  De  belles  entes.  ||  L'arbre  même  où 
l'on  a  fait  une  ente.  De  jeimes  entes. 

—  HIST.  xu'  s.  Bon  ente  en  bon  estoc  deit  bieu 
fructifier.  Th.  le  mart.  (28.  ||xiii'  s.  Par  le  jardiu 
où  [il  y]  ot  mainte  ente  bieu  feuillie,  Berte,  11. 
Berte  est  gracieuse  corne  est  la  fleur  sur  l'ente,  ti>. 
X.  En  esté  chante.  En  y  ver  plor  et  me  gaimante,  Et 
me  desfuel  ausi  com  l'ente  Au  premier  giel,  ruteb. 
20.  Il  xvi'  s.  Et  comme  une  ente  tire  sa  substance  et 
nourriture  de  la  racine  où  elle  est  entée,  calv.  ]n- 
stit.  (052.  N'espérez  qu'ils  fassent  rien  de  beau  es 
jardinages,  non  un  seul  ente,  0.  deserres,  S4. 

—  ÉTYM.  Piémont,  et  parmesan,  enta;  bas-latin, 
impotus  ;  anc.  h.  allem.  impitôn  (l'accent  sur  im)  ; 
allem.  mod.  impfen.  Diez  propose  le  grec  I|jlçutov, 
implanté;  le  sens,  la  forme,  l'accent,  tout  con- 
vient ;  cette  étymologie  est  donc  bonne.  On  re- 
marquera que  ente  a  été  masculin  aussi  bien  que 
féminin. 

2.  ENTE  (an-f),  s.  f.  ||  1'  Terme  de  peinture.  Le 
bois  qui  sert  de  manche  à  un  pinceau.  ||  2°  Terme  de 
chasse.  Peau  remplie  de  paille  ou  de  foin,  qu'or, 
met,  en  forme  d'oiseau,  sur  un  piquet,  pour  attirer 
les  oiseaux  dans  un  piège.  ||  3°  Terme  d'architecture. 
Nom  donné  en  général  aux  jambes  de  force  qui  sor- 
tent un  peu  hors  du  mur.  ||  4°  Partie  du  volant  d'un 
moulin. 

—  IllST.  xiV  3.  Icelui  meunier  fist  un  faux  con- 
duit appelé  une  fausse  enthe  au  dit  moulin,  par  le 
quel  conduit  povoit  cheoir  occultemeut  blé  ou  farine, 
DU  CANGE,  enlore. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  le  précédent,  par  compa- 
raison d'une  enle,  greffe,  avec  un  manche  et,  en  un 
mol ,  tout  ce  qui  s'ajuste. 

ENTÉ,  ÊE  (an-té,  tée),  part,  passé.  Wt"  Qui  a 
reçu  une  ente.  Cognassier  enté  de  prunier.  |{  %'  Mi» 
en  ente.  Prunier  enté  sur  cognassier.  ||  3'  Par  ex- 
tension, il  se  dit  des  choses  qui  sont  jointes  les  unes 
aux  autres,  posée»  le»  unes  sur  les  autres.  Nous 


ENT 

pouvons  bien  imaginer  distinctement  une  tête  de 
lion  entée  sur  le  corps  d'une  chèvre,  sans  qu'il  faille 
conclure  pour  cela  qu'il  y  ait  au  monde  une  chi- 
mère, DESC.  lIHh.  IV,  8.  Il  fallait  que  ce  nouveau 
peuple  fût  enté  sur  le  premier,  boss.  Hist.  ii,  7.  Ce 
sont  morceaux  de  rochers  Entés  les  uns  sur  les  au- 
■  très  Et  qui  font  dire  aux  cochers  De  terribles  pate- 
nfltres,  la  font.  Lettres  à  sa  femme,  49  sept.  (663. 
Ce  visage  d'Éthiopienne  enté  sur  un  corps  de  Grec- 
que semblait  quelque  chose  de  fort  étrange,  ID. 
Psyché,  n,  2H.  ||  Canne  entée,  canne  composée  de 
plusieurs  piùces  emboîtées  les  unes  dans  les  autres. 
Il  i'  Il  se  dit  aussi  des  choses  qui  ne  peuvent  que 
métaphoriquement  être  supposées  unies,  entées.  11 
a  un  orgueil  enté  sur  une  très -grande  dignité 
d'âme.  Un  songe  sur  lequel  les  autres  sont  entés, 
PASO.  Grandeur,  26.  La  personnalité  humaine  a  été 
comme  entée  sur  la  personnalité  du  verbe,  m.  Prov. 
n.  La  religion  seule  fait  quelquefois  des  conver- 
sions surprenantes  et  des  changements  miraculeux; 
mais  elle  ne  fait  guère  toute  une  vie  égale  et  uni- 
forme, si  elle  n'est  entée  sur  un  naturel  philoso- 
phique, FONTEN.  des  Billettes.  ||  Cette  maison  est 
entée  sur  telle  autre ,  elle  en  a  pris  le  nom. 
C'est  [Montbron]  le  dernier  de  ces  faux  entés  sur 
Montbron,  c'est-à-dire  son  père  qui  lui  survécut, 
ST-siM.  3,  369.  Un  grand  nom  sur  lequel  on  est  enté 
et  qu'on  ne  tient  pas  de  ses  ancêtres,  mass.  Petit 
car.  Obstacles.  ||  5°  11  se  dit  d'une  personne  par 
rapport  à  ses  diverses  qualités.  C'est  un  financier 
enté  sur  un  praticien. 

I  ENTÉES  (an-tée),  s.  f.  plur.  Terme  de  vénerie. 
Fumées  de  cerf  ou  de  biche  qui  sont  réunies  deux 
à  deux,  tellement  qu'on  ne  peut  les  séparer  sans  les 
rompre. 

—  ÉTYM.  Enli. 

t  KNTÉLÊCHIE  (an-té-lé-chie) ,  t.  f.  Terme  de  mé- 
taphysique. Il  1°  Dans  le  langage  d'Aristote,  qui  est 
le  créateur  du  mot,  la  force  par  laquelle  un  objet 
passe  d'un  premier  état  à  un  second,  de  ce  qu'il 
n'était  pas  encore  à  ce  qu'il  est  ;  force  considérée 
par  rapport  au  but  auquel  elle  tend.  L'âme  est  l'en- 
téléchie  première  d'un  corps  naturel  doué  d'orga- 
nes «t  ayant  la  vie  en  puissance ,  amstqte  ,  De  l'âme , 
II,  I,  S  6.  11  y  concevait  [dans  la  matière]  une  cer- 
taine force  qui  n'est  plus  une  simple  grandeur  géo- 
métrique; c'est  la  fameuse  et  obscure  entéléchie 
d'Aristote  ,  dont  les  scolastiques  ont  fait  les  formes 
substantielles ,  et  toute  substance  a  une  forme  se- 
lon "a  nature,  fonten.  Leibniti.  L'âme  est  une  en- 
télécîiie,  c'est-à-dire  autant  qu'on  peut  conjecturer, 
le  principe  actif  de  fout  ce  qui  se  produit  en  nous, 
COHDILLAC,  Hist.  atic.  liv.  ni,  ch.  2).  ||  2"  Syno- 
nyme de  monade,  dans  le  système  de  Leibnitz.  11 
[Leibnitz]  donnait  le  nom  de  monades  ou  d'entélé- 
chies  aux  substances  simples  bornées  aux  seules 
perceptions,  et  il  réservait  celui  d'âme  aux  substan- 
ces simples  douées  de  perception  et  de  conscience, 
BONNET,    Œuvres  mil.  t.  xviii,  p.  »o,  note  b,  dans 

POUGENS. 

—  ÉTYM.  'EvTEXéxsia,  de  ii-zt\^ii,  achevé  (de  li, 
en,  etTéXo;,  fin),  etÊ^eiv,  avoir. 

t  ENTEMENT  (an-te-man),  s.  m.  Action  d'enter, 
Vict.  de  l'Acad.  (696. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  arbres  par  réitérés  êntements 
parviennent  à  cette  perfection,  o.  de  serres,  040. 

—  ÉTYM.  Enter. 

t  ENTENDANT,  ANTE,  (an-tan-dan,  dau-t"), 
adj.  Qui  entend.  Ramener  des  êtres  que  la  nature 
semblait  avoir  condamnés  au  silence,  à  l'état  d'en- 
fants entendants  et  parlants,  itard,  dans  le  Dict.  de 
bescherelle. 

ENTENDEMENT  (an-tan-de-man) ,  s.  m.  ||  1"  L'es- 
prit considéré  en  tant  qu'il  conçoit.  Notre  imagina- 
tion ni  nos  sens  ne  nous  sauraient  jamais  assurer 
d'aucune  chose  si  notre  entendement  n'y  intervient, 
DESC.  Méth.  IV,  6.  L'entendement  est  la  lumière 
que  Dieu  nous  a  donnée  pour  nous  conduire,  BOSS. 
Connaiss.  i,  7.  Une  certaine  vertu  qui  captive  les 
entendements,  id.  Panég.  de  saint  Paul.  J'appelle 
la  faculté  ou  la  capacité  qu'a  l'âme  de  recevoir  dif- 
férentes idées  et  différentes  modifications,  enten- 
dement,  MALEBR.  Recherche,  i,  i,  i.  C'est  moins 
dans  l'entendement  que  dans  la  volonté  et  les  pen- 
chants secrets  qu'il  faut  chercher  la  source  de  nos 
peines,  diderot, Opinions  des  anc.  phil.  {Thomasius). 
Comme  l'oreille  entend  les  sons,  l'âme  entend  les 
idées,  et  on  dit  l'entendement  de  l'âme,  condillac, 
Gramm.  Précis  des  leç.  ■prélim.  art.  2.  L'enlende- 
raent  n'est  que  la  collection  ou  la  combinaison  des 
opérations  de  l'âme,  n.  Connaiss.  hum.  section  2», 
ch.  8.  Il  î"  Bon  esprit,  jugement,  sens.  C'est  un 
iomme  d'entendement.  Il  faut  avoir  perdu  l'enten- 


ENT 

dément  pour  se  comporter  ainsi.  Mon  entendement 
Ne  peut  s'imaginer  quelle  amour  te  dispose  A  nous 
favoriser,  malii.  i,  4.  L'oiseau  chasseur  lui  dit  [au 
chapon]  :  ton  peu  d'entendement  Me  rend  tout 
étonné;  vous   n'êtes  que  racaille,  la  pont.  Fabl. 

VIII,  21. 

—  HIST.  III'  s.  Cant  [quand]  par  l'avènement  del 
Saint  Espir  vient  el  coragede  chascundenos  [nous] 
savoirs  et  entendemenz,  conselz  et  force,  science  et 
pieteiz,  Job, p.  496.  Dune  à  mei  entendement,  que 
je  sace les  tuens  testimonies  [tes témoignages]  ,'Liber 
psalm.  p.  1 9».  Il  ïiii'  s.  Por  ce,  vous  autre  orne,  ne 
vouUiez  mie  estre  fait  si  comme  clievaus  et  muls  à 
cui  entendemenz  n'est  mie.  Psautier,  f°  39.  Bien 
doit  estre  amés  et  prisiés  Valès  [jeune-homme]  de 
noble  entendement.  Quand  il  en  use  sagement,  la 
Rose,  8369.  Et  por  fere  plus  cler  entendement  en 
cest  cas,  et  por  monstrer  le  péril  qui  est  en  mane- 
cier,  noz  recorderons  un  jugement  que....  beaum. 
XXXIX,  <  3.  Toutes  les  fois  que  paroles  sont  dites,  les- 
queles  paroles  ont  p)usors  entendemens,  on  doit 
penre  le  meillor  entendement  por  celi  qui  le  [la]  pa- 
role dist,  ID.  XII,  43.  Il  XIV*  s,  Chasoun  qui  est  rai- 
sonnable et  a  bon  entendement,  oresme,  Eth.  48. 
La  plus  noble  chose  qui  soit  en  nous  et  en  laquelle 
nous  passons  les  bestes,  c'est  en  entendement  et  en 
raison,  id.  ib.  9.  ||  xv  s.  Et  estoit  grand  pitié  à 
gens  d'entendement  de  veoir  les  choses  en  Testât 
qu'elles  estoient,  juvenal,  Charles  VI,  Uil.  Et 
luy  avoit  Dieu  troublé  le  sens  et  l'entendement, 
coMM.  IV,  2.  Le  temps  qu'il  [Louis  Xljreposoit,  son 
entendement  travailloit,  id.  vi,  43.  ||  xvi*  s.  Ils  sont 
adextresd'entendement  et  merveilleusement  prompts 
et  diligents,  paré,  Introd.  6. 

—  ÉTYM.  Entendre;  provenç.  entendemen  ;  eatal. 
en(end»men(  ;  espagn.  entendimtento;  ital.  intendi- 
mento. 

ENTENDEtTR  (an-tan-deur) ,  s.  m.  Celui  qui  en- 
tend et  comprend.  Je  crois  que  les  bons  entendeurs 
pourront  profiler  à  cette  lecture,  volt.  Lett.  d'Ar- 
genlal,  17  mars  t70B.  ||  11  se  dit  surtout  en  ces  deux 
locutions  :  X  bon  entendeur  salut,  c'est-à-dire  celui 
qui  comprend  ce  qu'on  dit  doit  en  faire  son  profit  ;  X 
bon  entendeur  peu  de  paroles,  ou  demi-mot,  c'est- 
à-dire  une  longue  explication  est  inutile  à  un  homme 
intelligent.  ||  X  bon  entendeur  salut,  paraît  signi- 
fier :  Celui  qui  comprend  bien  se  sauve,  trouve  son 
salut,  son  profit. 

—  HIST.  XV"  s.  Si  apprens  donc  à  bien  entendre. 
Pour  quoy  tu  ne  puisses  reprendre  Les  livres  ne  les 
bons  facteurs ,  Lesquelz  sont  parfaicts  entendeurs, 
LA  font.  6t2.  J'ay  à  faire  à  an  entendeur,  Pathe- 
lin.  Il  XVI'  3.  A  bon  entendeur  il  ne  faut  qu'un  mot, 
H.  EST.  De  la  précell.  p.  187. 

—  ÉTYM.  Entendre.  On  trouve  aussi  entendant. 
xm*  s.  Et  ce  souffise  à  bon  entendant,  Hist.  litt. 
de  ia  Fr.  t.  ixii,  727. 

ENTENDRE  (an-tan-dr'),  j'entends,  tu  entends, 
il  entend,  nous  entendons,  vous  entendez,  ils  en- 
tendent; j'entendais;  j'entendis;  j'entendrai  ;  j'en- 
tendrais; entends;  que  j'entende;  que  j'entendisse; 
entendant;  entendu.  ||  1°  T.  n.  Étymologiquement, 
tendre  vers,  d'où,  avoir  intention,  dessein,  avec 
un  verbe  à  l'infinitif,  ou  que  et  le  verbe  au  sub- 
jonctif ou  quelquefois  au  conditionnel.  J'ai  tou- 
jours entendu  que  l'acte  serait  enregistré.  J'entends 
qu'on  m'obéisse  et  qu'on  n'obéisse  qu'à  moi.  J'en- 
tends être  obéi.  En  disant  cela  j'entends  parler  de 
lui,  non  do  vous.  J'entends  qu'avec  ma  cour  toute 
la  ville  en  deuil  Demain  rende  au  derniei  [Étéocle] 
les  honneurs  du  cercueil,  rotr.  Ântig.  iv,  -l.  Non, 
s'il  vous  plaît,  je  n'entends  pas  que  vous  fassiez  de 
dépense,  et  que  vous  envoyiez  rien  acheter  pour 
moi,  MOL.  Pourc.  i,  ^o.  11  nous  faut  ton  moulin  ; 
que  veux-tu  qu'on  t'en  donne'? —  Rien  du  tout;  car 
j'entends  ne  le  vendre  à  personne,  andrieux,  ifeu- 
nier,  ||  Avec  le  mot  indéterminé  le,  il  se  prend 
activement.  Je  l'entends  ainsi,  c'e.st-à-dire  je  veux 
que  la  chose  soit  ainsi.  Faites  comme  vous  l'en- 
tendrez. Chacun  fait  comme  il  l'entend.  Mercure 
fait  comme  il  l'entend,  il  ne  vous  est  pas  si  néces- 
saire que  moi,  dancôurt,  l'Amour  charlatan,  m, 
)7.  Il  Comment  l'entendez-vous?  c'est-à-dire  quelle 
est  votre  intention?  Comment  l'entend  monsieur  mon 
hôte?  Dit-elle,  et  de  quel  droit  me  donner  comme  il 
faiff  LA  FONT.  Fiancée.  ||  î"  lîlre  occupé  à.  On 
n'entendit  plus  à  autre  chose  qu'à  faire  toute  la 
diligence  possible.  De  cette  façon  ayant  à  faire  en 
deux  lieux,  et  ne  pouvant  pas  entendre  partout, 
il  en  demeura  une  partie  sur  la  place,  l'autre  jeta 
ses  armes  et  s'enfuit,  malh.  Le  xjniil*  livre  de 
T.  Live,  ch.  9.  Cette  femme  n'entend  qu'à  donner 
des  vapeurs,  la  chaussée,  Gouvern.  i,  i .  \\  Vieilli 


ENl' 


i'/IO 


en  ce  sens.  ||  S'Entendre  à,  consentir,  acquiescer. 
Elle  ne  veut  entendre  à  nulle  proposition,  sÉv.  287. 
Les  raisons  qu'il  a  de  ne  pas  entendre  à  la  demande... 
la  bruy.  X.  Tandis  qu'il  vous  restait  quelque  espé- 
rance de  vie,  aviez-vous  voulu  entendre  à  appeler 
le  ministre  de  Jésus-Chriiît?  mass.  Car.  Impénit.  fin. 
La  maréchale  de  Lorge  aimait  trop  sa  fille  pour  en- 
tendre à  un  mariage  qui  ne  la  pouvait  rendre  heu- 
reuse, ST-siM.  28,  70.  Je  savais  bien  que  mon  Hol- 
landais n'entendrait  à  aucune  proposition,  volt. 
Lett.  Prusse,  8.  Les  conditions  parurent  si  dures  aux 
réformés  qu'ils  ne  voulurent  point  y  entendre,  an- 
QUET.  Ligue,  i,  32).  Les  uns  disent  que  j'ai  bien 
fait  d'entendre  à  un  arrangement,  p.  L.  cour,  ii, 
3)6.  Il  4°  V.  a.  Diriger  son  oreille  vers,  d'où  recevoir 
l'impression  des  sons.  Entendre  du  bruit.  J'entends 
parler  dans  la  chambre  à  côté.  J'entends  que  vous 
me  dites  des  nouvelles.  On  n'entend  pas  toujours  ce 
qu'on  croit  bien  entendre,  corn.  Perthar.  m,  2.  Il 
entend  arriver  un  carrosse,  sÉv.  m.  J'entends  déjà 
partout  les  charrettes  courir,  Les  maçons  travailler, 
les  boutiques  s'ouvrir,  boil.  Sat.  iv.  Le  ciel  dans 
tous  leurs  pleurs  ne  m'entend  pas  nommer,  bac. 
Bril.vr,  3.  J'entends  que  vous  m'offrez  un  nouveau 
diadème,  id.  Bérén.  ii,  4.  ||  Il  se  fait  tant  de  bruit 
qu'on  n'entendrait  pas  Dieu  tonner,  se  dit  d'un 
très-grand  bruit.  ||  Entendre  dire,  apprendre  par  la 
parole,  par  ce  qui  se  dit.  J'ai  entendu  dire  cette 
nouvelle.  On  entend  dire  dans  la  ville  qu'il  y  a  eu 
un  incendie.  La  nouvelle  que  j'ai  entendu  dire. 
Il  Entendre  parler  d'une  chose,  en  être  informé  par 
la  parole.  ||  Entendre  parler,  signifie  aussi  avoir  dans 
l'idée.  Quand  je  dis  nature,  j'entends  parler  de.... 
Il  Ne  pas  vouloir  entendre  parler  d'une  chose,  la 
rejeter  absolument  sans  vouloir  même  y  prêter  l'o- 
reille. Il  n'en  voulut  jamais  entendre  parler,  boss. 
For.  \.  Il  Faire  entendre,  faire  parvenir  à  l'ouïe. 
Dans  cet  oubli  profond  et  de  Dieu  et  d'elle-même 
où  l'âme  s'était  plongée,  ce  grand  Dieu  sait  bien  la 
trouver;  il  fait  entendre  sa  voix,  quand  il  lui  plaît, 
au  milieu  du  bruit  du  monde,  boss.  la  Vallière.  Si 
sans  trop  vous  déplaire,  ....  J'osais  vous  faire  en- 
tendre une  timide  voix,, rac.  Itajas.  IV,  B.  Une  voix 
me  fit  entendre  ces  paroles,  fén.  Tél.  n.  ||  Se  faire 
entendre,  être  ouï.  Une  voix  se  fait  entendre.  Au 
milieu  de  ce  tapage  je  ne  pouvais  me  faire  entendre. 
Mais  le  nom  de  Tarquin  vient  de  se  faire  enten- 
dre, VOLT.  Brut.  IV,  7.  Il  Être  dit  de  manière  à 
être  compris.  Vos  ordres  sans  détour  pouvaient  se 
faire  entendre,  rac.  Iphig.  iv,  4.  ||Se  faire  enten- 
dre à,  parler  à.  Mais  la  gloire,  madame.  Ne  s'était 
point  encor  fait  entendre  à  mon  coeur,  rac.  Bérén. 
rv,  B.  Il  Absolument,  entendre,  avoir  l'ouïe,  l'arlei 
plus  haut,  il  n'entend  pas.  ||  Entendre  dur,  entendre 
clair,  avoir  l'oreille  dure,  fine.  ||  Fig.  N'entendre 
que  par,  être  uniquement  dirigé  par.  Crésusne  voit, 
n'entend,  n'agit  que  par  vous-même,  boursault, 
Fahl.  d'Esope,  v,  B.  ||  Fig.  Il  n'entend  pas  de  cette 
oreille-là,  il  ne  veut  pas  écouter  la  proposition  qu'on 
lui  fait.  Il  B°  Prêter  l'oreille.  Que  ceux  qui  m'en- 
tendent me  jugent.  Il  est  bon  d'entendre  les  deux 
parties.  Loin  de  nous  entendre.  Ils  demandent  la 
paix  et  parlent  de  se  rendre,  rac.  Milhr.  iv,  6. 
Faut-ille  condamner  avant  que  de  l'entendre  ?  id. 
Iphig.  m,  6.  On  voit  dans  Grégoire  de  Tours  qu'ils 
faisaient  des  meurtres  de  sang-froid,  et  faisaient 
mourir  des  accusés  qui  n'avaient  seulement  pas  été 
entendus,  montesq.  Espr.  xxxi,  2.  ||  Entendre  en 
confession,  ou,  simplement,  entendre,  se  dit  du 
prêtre  qui  entend  la  confession  d'un  pénitent.  Je 
veux  bien  vous  entendre  dans  l'octave  du  St-Sacre- 
ment,B0SS.  Lett.  Corn.  35.  ||  Entendre  la  messe, 
les  vêpres,  le  sermon,  assister  à  la  messe,  aux 
vêpres,  au  sermon.  ||  Aller  entendre  une  pièce,  un 
acteur,  un  prédicateur,  assistera  une  pièce,  au  rôle 
d'un  acteur,  au  sermon  d'un  prédicateur.  ||  Terme 
de  pratique.  S'entendre  condamner,  ouïr  le  pro- 
noncé du  jugement  qui  condamne;  expression  qui 
se  trouve  dans  les  assignations;  s'entendre  condam- 
ner, c'est  entendre  condamner  soi.  ||  X  l'entendre, 
c'est-à-dire  si  on  l'en  croit,  si  on  lui  prête  l'oreille. 
X  l'entendre,  il  n'est  pas  coupable.  X  vous  enten- 
dre, il  s'agirait  de  quelque  chose  de  fort  grave.  ||  Ab- 
solument. Ne  pas  savoir  auquel  ou  à  qui  entendre, 
c'est-à-dire  ne  pas  savoir  à  qui  ou  à  quoi  il  importe 
de  faire  attention.  Parmi  tant  de  cris  différents  onne 
sait  auquel  entendre,  vaugelas,  Q.  C.  b36.  L'homme 
ne  sait  donc  à  qui  entendre;  sa  volonté  est  le  jouet 
continuel  de  divers  motifs  opposés  qui  .se  disputent 
le  droit  de  le  déterminer,  holbach,  Essai  sut  les 
préj.  ch.  <3,  dans  ddmabsais.  Œuvres,  t.  vi,  p.  ne. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  ne  savoir  à  quoi  «n- 
tendre.  Le  tyran  ne  savait  à  quoi  entendre,  ni  quels 


VtIO 


ENT 


crdreiJonnor,  ni  où  il  faDait  etiToyer  du  «cour», 
i,OLU.s,ffi>«.  anc.  rif-«rr«.t.v.i>,p.3««,dan8POUOE»s. 
Il  Populairement.  N'enlen'lre  m  à  iiu,  m  à  dia.  ou 
ni  kdia  niàliiiraut,  c'est-à-dire  ne  rien  entendre  du 
tout,  être  «ourd,  «tre  bouché.  ||  «"Exaucer  D,eu en- 
tendit ses  vœui.  Kntcndcz  ma  prière.  ||  7'  Apprendre 
par  It  renommée.  Il  l'écoute  sans  y  avoir  aucun  in- 
térêt noUble,  et  par  simiile  curiosité  d'apprendre 
ce  qu'il  pouvait  avoir  su  déjà  en  la  cour  d'Egypte, 
oïl  il  était  en  a.ssez  bonne  position  pour  entendre 
lies  nouvelles  assurées  de  tout  ce  qui  se  passait 
dans  la  Syrie,  corn.  Ex.  de  Rodog.  Avez-vous  ja- 
mais entendu  une  victoire  plus  glorieuse?  Boss.  n, 
Penl.  I.  Il  8»  Diriger  son  esprit,  d'où  par  extension, 
comprendre,  saisir  le  sens.  Des  mystères  sacrés  que 
nous  n'entendons  pas,  corn.  Poly.  iv,  6.  Et  par  un 
mouvement  que  je  no  puis  entendre,  Do  ma  fureur 
je  passe  au  zèle  de  mon  gendre,  id.  ib.  v,  6.  Je 
commence,  madame,  enfin  à  vous  entendre,  id. 
Nieom.  m,  7.  Dites  qu'ils  entendent  malJansénius, 
PASC.  Prov.  <8.  Il  entend  fort  finement  tout  ce  qui 
est  bon,  siSv.  463.  Ils  n'entendent  pas  un  mot  de  fran- 
çais, ID.  669.  Si  nous  entendons  du  Messie  ce  grand 
pa.ssage  où  Isaïe  nous  représente  si  vivement  l'homme 
de  douleurs  frappé  pour  nos  péchés  et  défiguré 
cjmme  un  lépreux,  boss.  Ilist.  n,  10.  Vous  n'aurez 
point  pour  moi  de  langages  secrets;  J'entendrai  des 
regards  que  vous  croirez  muets,  bac.  Brit.  il,  3. 
J'ignore  de  son  cœur  les  sentiments  secrets;  Mais 
je  m'y  soumettrais  sans  vouloir  rien  prétendre.  Si 
comme  vous,  Seigneur,  je  croyais  les  entendre,  id. 
Mithr.  1,  3.  Vous  résistez  en  vain  et  j'entends  votre 
fuite,  iD.  ib.  III,  6.  Vous  m'entendez  assez  si  vous 
voulez  m'entendre,  ID.  Iphig.n,  6.  Les  sots  lisent 
un  livre  et  ne  l'entendent  point;  les  esprits  médio- 
cres croient  l'entendre  parfaitement;  les  grands  es- 
prits ne  l'entendent  quelquefois  pas  tout  entier, 
i,A  BRUY.  1.  J'estime  bien  plus  ceux  qui  ne  compren- 
nent pas  ces  mystères-là  que  ceux  qui  les  compren- 
nent; mais  malheureusement  la  nature  n'a  pas  fait 
tout  le  monde  capable  de  n'y  rien  entendre,  fonten. 
i)iol.  S.  Jforls  mod.  Suivons  l'avis  de  Quintilien,  et 
faisons  en  sorte  non-seulement  qu'on  nous  entende, 
mais  qu'on  ne  puisse  pas  même,  le  voulût-on,  ne 
pas  nous  entendre,  d'olivet.  Rem.  sur  Racine, 
<;  OB.  Tu  pouvais  de  ses  yeux  entendre  le  langage, 
VOLT.  Zaïre,  m,  7.  Tacite  est  le  livre  des  vieillards, 
les  jeunes  gens  ne  sont  pas  faits  pour  l'entendre,  J. 
1.  EO'jss.  Èm.  IV.  Il  Entendre  à  demi-mot,  compren- 
dre ce  qui  est  dit  d'une  façon  mystérieuse,  voilée. 
Il  Elliptiquement.  Vous  avez  parlé  d'une  personne  et 
j'ai  entendu  une  autre,  c'est-à-dire  j'ai  compris  qu'il 
«'agissait  d'une  autre.  C'est,  mon  père,  que  je  con- 
n.^is  que  vous  avez  parlé  d'une  personne  et  que  j'ai 
entendu  une  autre,  mol.  Hat.  im.  i,  6.  ||  Vous  m'en- 
tendez bien,  c'est-à-dire  vous  savez  ce  que  je  veux 
dire.  Bonhomme,  c'est  ce  coup  qu'il  faut,  vous  m'en- 
tendez. Qu'il  faut  fouiller  à  l'escarcelle,  la  font. 
yabl.  IV,  4.  Et  s'il  dit  qu'il  n'en  fera  rien.  Qu'il  aille.... 
\ous  m'entendez  bien  ,  scarron  ,FtVj.  iv.  ||  Familiè- 
rement. Entendre  l'apologue,  comprendre  ce  dont 
U  s'agit.  Il  Terme  de  manège.  Entendre  bien  les 
jambes,  les  talons,  se  dit  du  cheval  qui  semble  en- 
tendre ce  que  le  cavalier  lui  demande.  ||  Don- 
ner à  entendre ,  laisser  entendre,  faire  entendre, 
insinuer ,  faire  comprendre  une  chose.  Il  m'a 
donné  à  entendre  que  vous  me  blâmiez.  Je  ne  sais 
pas,  seigneur,  ce  qu'on  vous  fait  entendre,  corn. 
Théodore ,  iv  ,  4.  Combien  était-il  important  de 
faire  entendre  qui  vous  êtesl  pasc.  Prov.  )6.  Je 
veux  seulement  vous  en  faire  horreur  [de  votre  ma- 
lice] à  vous-mêmes,  et  faire  entendre  à  tout  le 
inonde  qu'après  cela  il  n'y  a  rien  dont  vous  ne  soyez 
capables,  m.  ib.  ts.  Et  ne  devais-je  pas,  quoi  qu'il 
me  fit  entendre,  Pénétrer  les  raisons  qui  vous  fai- 
saient attendre  ?  Tn.  cobn.  Ariane,  m,  s.  Et  ce 
fils  si  fidèle  a  dû  vous  faire  entendre  Que,  des 
mêmes  ardeurs  dès  longtemps  enflammé,  11  aime 
aussi  la  reine  et  même  en  est  aimé,  vac.  Mithr.  m, 
a.  Je  vais  de  ce  signal  faire  entendre  la  cause,  id. 
Bajax.  m  ,2.  Vous,  que  l'on  cherche  Aman  et  qu'on  lui 
fasse  entendre  Qu'invité  chez  la  reine  il  ait  soin  de  s'y 
tendre,  id.  Ksth.ii,  7.  Elle  voulut  faire  entendre 
que....  FÊN.  TH.  i.  Je  veux  faire  entendre  à  ces  rois 
quo....in.  ib.  XII.  Il  Se  faire  entendre,  être  compris. 
C'est  un  homme  qui  ne  sait  pas  se  faire  entendre. 
Je  ne  sais  si  je  me  fais  entendre.  ||  Absolument, 
comprendre.  En  vain  vous  feignez  de  ne  pas  en- 
tendre. J  entends  et  Dieu  entend  :  Dieu  entend 
?.?il  '  ^  '"'''"^^  1"6  Dieu  est,  et  j'entends  que  je 
ôue  l^n'^r"?"'."''  *•  °"  n'entend  jamais  mieux 
ouelorsquon  entend  sanssecour,  étrangers,  condil. 
«."».  i.  XIII,  p.  188,  dans  PouoENS.  Il  J'entends, 


ENT 

Je  comprends  bien.  Nous  entendons,  nous  com- 
prenons ce  que  vous  voulez  dire. Vous  entendez, vous 
voilà  bien  avertis.  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue 
entendez-vous?  Je  suis  de  vous  très-mécontente. Très- 
mécontente,  entendez-vous?  mabmortbl.  Amis  de 
la  maison,  i,  1. 1|  Se  dit  simplement  aussi  pour  ap- 
puyer un  ordre,  une  menace.  Sortez,  entendez- 
voust II 9* Entendre, vouloir  dire.  Qu'entendez-vous 
par  ces  paroles?  Entendant  du  temple  de  son  corps 
ce  que  les  juifs  entendaient  de  celui  de  Salomon, 
BOSS.  Var,  xi ,  §  444.  Quand  les  anciens  disent 
le  philosophe,  ils  entendent  Aristote,  du  mar- 
SAis  ,  Tropes,  ii,  ♦.  ||  Absolument.  Bientôt  elle 
[la  duchesse  de  Longueville]  honora  M.  Dodart  de 
sa  confiance,  j'entends  de  celle  que  l'on  a  pour  un 
ami  :  la  grande  inégalité  des  conditions  ne  lui  en 
retrancha  que  le  titre,  fonten.  Dodart.  ||  10°  En- 
tendre, connaître,  être  habile  dans.  Une  personne 
de  qui  on  peut  dire  en  vérité  qu'il  n'y  a  jamais  eu 
une  dame  qui  ait  si  bien  entendu  la  galanterie  ni  si 
malentendu  lesgalants,  voit.  Lett.  42.  Si  j'ai  bien 
entendu  tantôt  la  politique,  corn.  Cinna,  v,  I.  Ici 
c'est  un  métier  que  je  n'entends  pas  bien,iD.JVicoin. 
m,  1.  M.  de  la  Keynie  qui  entend  si  bien  la  police, 
sÉv.  454.  Il  ne  suffit  pas  d'entendre  la  guerre, boss. 
Jlist.  III,  6.  11  [Darius]  en  donna  le  commandement 
[de  la  flotte]  à  Scylax,  Grec,  qui  entendait  parfaite- 
ment la  marine,  hollin,  Jlist.  anc.  Œuvres,  t.  m, 
p.  106,  danspouGENS.  Elle  entend  la  cuisine  et  l'of- 
fice,], j.  Bouss.  Ém.y.  ||  L'entendre  bien,  l'entendre 
mal,  le  comprendre  bien,  mal,  y  être  habile,  malha- 
bile. Ce  prompt  retour  me  perd  et  rompt  notre  en- 
treprise. —  Tu  l'entends  mai,  Attale,  il  la  met  dans 
ma  main,  corn.  Nicom.  i,  4.  Je  pensais  faire  bien. 
—  Oui,  c'était  fort  l'entendre,  mol.  l'Étourdi,  i,  5. 
Vous  l'entendez  bien  peu,  me  dit-il  ;  les  Pères 
étaient  bons  pour  la  morale  de  leur  temps;  mais  ils 
sont  trop  éloignés  pour  celle  du  nôtre,  pasc.  Prov. 
6.  Bon!  qui  l'entendra  mieux  ne  l'entendra  pas  mal, 
TH.  COBN.  le  Charme  de  laroix,  n,  2.  Ce  n'est  pas 
mal  l'entendre,  que  d'être  à  la  fois  héros  et  chré- 
tien, MAINTENON,  Lettres  à  Mme  de  Fontanes ,  24 
mai  4G92.  Il  Entendre  finesse  à  quelque  chose,  y 
vouloir  comprendre  plus  que  la  chose  ne  signifie. 
Monsieur  n'y  entend  pas  plus  de  finesse  que  moi, 
dancourt,  les  Fonds  perdus ,  m,  lO.  Je  ne  sais  pas 
la  finesse  qu'elle  y  a  entendue,  et  tout  cela  retombe 
sur  moi  pourtant,  marivaux,  Pays.  parv.  part.  f>. 
Il  Ne  pas  y  entendre  finesse,  n'être  pas  malin,  ne 
pas  vouloir  faire  une  malice.  ||  Ne  pas  entendre  ma- 
lice à  quelque  chose,  faire  ou  dire  quelque  chose 
sans  mauvaise  intention.  ||  Entendre  raillerie,  pren- 
dre bien  les  choses  dites  en  plaisantant,  ne  pas  s'en 
offenser.  ||  11  n'entend  pas  raillerie,  c'est-à-dire  il  est 
susceptible  ou  bien  il  est  sévère.  ||  Entendre  la  raille- 
rie, entendre  la  plaisanterie,  avoir  la  facilité,  l'art, 
le  talent  de  bien  railler.  |{  Entendre  raison,  acquies- 
cer à  ce  qui  est  juste  et  raisonnable.  |{  U  n'entend 
pas  raison  là-dessus,  sur  ce  point  il  est  opiniâtre, 
infioxible.  Il  N'entendre  ni  rime,  ni  raison,  ne  pas 
écouter  les  objections,  refuser  par  entêtement,  par 
humeur.  ||  11" S'entendre,  t/.rt/î.  Êtreentendu,  perçu 
par  l'oreille.  Sa  voix  ne  s'entend  pas.  Mille  cris  aussi- 
tôt de  tous  côtés  s'entendent,  cORN.H^rocJ.  v,  7.  Au 
pied  du  trône  même  une  voix  s'entendit,  volt.  Henr. 
VII.  Un  bruit  affreifx  s'entend,  id.  ib.  viii.  ||  S'en- 
tendre, s'entendre  l'un  l'autre.  Le  bruit  est  si  grand 
qu'on  ne  peut  s'entendre.  ||  12"  Être  compris.  Ce 
mot  peut  s'entendre  de  diverses  manières.  U  est 
vrai  que,  dans  un  autre  de  ses  dialogues  [de  Per- 
rault] ,  s'il  vient  à  la  preuve,  et  prétend  montrer  que 
le  commencement  de  la  première  ode  de  ce  grand 
poète  [Pindare]  ne  s'entend  point,  c'est  ce  qu'il 
prouve  admirablement  par  la  traduction  qu'il  en  a 
faite,  BoiL.  longin,  Subi.  ré(l.  8.  ||  Cela  s'entend , cela 
s'entend  bien,  cela  se  suppose  ainsi,  cela  doit  être 
ainsi.  ||  S'entend,  c'est-à-dire  bien  entendu,  cela  va 
sans  dire,  locution  familière  qui  se  dit  par  paren- 
thèse. Ne  eonnaltrais-tu  pas  quelque  honnête  faus- 
saire. Qui  servit  ses  amis,  en  le  payant,  s'entend  ? 
RAC.  Plaid,  i,  6.  Je  me  crois  liljre  (jusqu'à  un  cer- 
tain point  s'entend),  volt.  Lett.  Prusse,  37.  Je  ne 
regrette  rien  de  cette  Babylone  impure  que  vous  ha- 
bitez; s'entend,  je  n'en  regrette  que  vous,  p.  l. 
COUR.  Lett.  I,  323.  Il  Se  comprendre  l'un  l'autre. 
Nous  nous  entendons  à  demi-mot.  Nous  ne  nous  en- 
tendons point.  Vous  vous  entendiez  à  merveilles, 
sÉv.  363.  Ils  s'entendaient  sans  rien  dire,  fén.  Tél. 
xxii.  Il  Entendons-nous,  comprenons  bien  ce  que 
chacun  de  nous  dit.  ||  S'entendre,  se  comprendre 
soi-même.  Tu  feras  ce  que  je  veux,  ou....  suffit,  je 
m'entends  bien,  dancourt,  les  Trois  cousines,  il,  8. 
Il  18° So  concerter,  être  d'accord, d'intelligence. Vous 


ENT 

vous  êtes  entendu  avec  elle  à  me  nuire,  voit.  Utt. 
t.  D'où  vient  que  mon  cœur  même  à  demi  révolté 
Somble  vouloir  s'entendreavec  ta  lâcheté? cohh.  Toi*, 
d'or,  11,  a.  Je  ne  veux  point  m'entendre  avec  vos  en- 
nemis, sÉv.  B2».  Dans  la  première  ruine  de  Jérusa- 
lem les  Juifs  s'entendaient  du  moins  entre  eux:  dans 
la  dernière,  Jérusalem,  assiégée  par  les  Romain», 
était  déchirée  par  trois  factions  ennemies,  boss. 
Ilist.  II,  8.  Mais  si  dans  son  devoir  votre  cœur  af- 
fermi Voulait  ne  point  s'entendre  avec  son  ennemi, 
RAC.  Rrit.  m,  4.  Il  Nous  nous  entendons  bien,  nous 
vivons  bien  ensemble.  ||  Entendons-nous  bien, soyons 
bien  d'intelligence.  Entendons-nous  bien,  et  nous 
réussirons.  ||  S'entendre  comme  larrons  en  foire,  so 
dit  de  gens  qui  se  concertent  pour  quelque  chose  de 
blâmable  ou  de  suspect.  Et  toutes  [les  femmes] ,  te 
liguant  pour  nous  en  faire  accroire  ,  S'entendent 
contre  nous  comme  larrons  en  foire ,  volt,  la 
Femme  qui  a  raison,  u,  6.  ||  14"  Etre  habile  dans 
une  chose,  se  connaître  à  une  chose.  Il  s'entend  en 
musique,  en  tableaux.  Il  s'entend  à  la  culture.  Ah  ! 
que  les  hommes  s'entendent  mal  en  gloire  I  pék.  Tél. 
XXII.  Il  Familièrement.  U  s'y  entend  comme  à  ramer 
des  choux,  comme  à  faire  un  coffre,  il  ne  comprend 
rien  à  ce  qu'il  fait.  ||  Proverbes.  Qui  n'entend  qu'une 
cloche  n'entend  qu'un  son,  il  faut  entendre  les  deux 
parties.  ||  Il  n'est  pire  sourd,  ou  il  n'est  point  de 
pire  sourd  que  celui  qui  ne  veut  pas  entendre,  se 
dit  d'un  homme  qui  feint  de  ne  pas  ouïr  ou  de  ne 
pas  comprendre, 

—  REM.  1.  Je  l'ai  entendu  dire  à  difl"érentes  per- 
sonnes, est  une  locution  à  laquelle  il  faut  prendre 
garde;  car  elle  est  amphibologique.  Elle  peut  signi- 
fier :  j'ai  entendu  qu'on  le  disait  à  différentes  per- 
sonnes, ou  que  différentes  personnes  le  disaient  II 
faut  donc,  quand  on  en  use,  bien  considérer  si  le 
sens  est  suffisamment  déterminé  par  le  contexte. 
Il  i.  Même  observation  pour  la  phrase  :  Je  lui  ai 
entendu  dire  cela;  car  elle  peut  signifier:  j'ai  en- 
tendu qu'il  disait  cela,  ou  qu'on  lui  disait  cela. 
Il  3.  S'il  y  avait  deux  régimes,  l'amphibologie  dis- 
paraîtrait. Je  lui  ai  entendu  dire  à  un  hommed'Etat 
fortcélèbre,  volt,  iouis  XIV,  Écrivains,  Villars. 
Cette  phrase,  peu  élégante  d'ailleurs,  signifie  sans 
ambiguïté  :  j'ai  entendu  qu'il  disait  à  un  homme.... 
Il  4.  Régnier  a  mis  de  avec  entendre  dans  le  sens  de 
avoir  l'intention.  Je  n'entends,  quant  à  moi,  delà 
prendre  à  partie,  Sat.  ii.  ||  B.  Pour  peu  qu'on  y  ré- 
fléchisse, on  trouvera  que,  grammaticalement,  s'eti- 
tendre  à  quelque  chose  pour  </  être  habile  est  de  diffi- 
cile explication.  Si  on  prend  la  locution  telle  qu'elle 
se  présente,  on  a  :  entendre  soi;  ce  qui,  raiinifeste- 
ment,  ne  signifie  rien.  C'est  un  archaïsme  qui  en 
rend  compte;  entendre  est  proprement  un  verbe 
neutre;  il  l'est  encore  aujourd'hui,  il  l'était  dans 
l'ancienne  langue.  Or  dans  cette  ancienne  langue  les 
verbes  neutres  avaient  la  propriété  de  se  construira 
avec  le  pronom  personnel.  S'entendre,  en  cet  em- 
ploi, est  donc  entendre  au  neutre  construit  avec  te 
(voy.  SE  pour  cette  construction;  voy.  aussi  apercb- 
voir). 

—  SYN.     1.  entendre,    CONCEVOIR,    COMPRENDRE. 

Entendre  et  comprendre  signifient  saisir  le  sens;  ce 
qui  les  distingue  de  concevoir  qui  signifie  embrasser 
par  l'idée  :  j'entends  ou  je  comprends  cette  phrase; 
et  non  je  la  conçois.  Au  contraire ,  dans  le  vers  de  Boi- 
leau  :  Ce  qui  se  conçoit  bien  s'énonce  clairement, 
entendre  ou  comprendre  ne  conviendrait  pas.  La 
nuance  est  autre  entre  comprendre  et  entendre. 
Au  fond  ,  l'idée  d'entendre  est  défaire  attention  à, 
être  habile  dans,  tandis  que  celle  de  comprendre  est 
prendre  en  soi  :  j'entends  l'allemand,  je  lésais,  j'y 
suis  habile;  je  comprends  l'allemand  dirait  moins. 
D'un  autre  côté,  pour  une  démonstration,  compren- 
dre estle  mot  propre.  ||  2.  entendre,  ouïr.  Cesdeux 
mots,  très-différents  dans  l'origine,  sont  complète- 
ment synonymes  aujourd'hui.  Ouïr  était  le  mot  pro- 
pre, peu  à  peu  écarté  par  entendre  qui  est  le  mot 
figuré.  Ouïr  c'est  percevoir  par  l'oreille;  entendre 
c'est  proprement  faire  attention;  l'usage  seul  lui  a 
donné  le  sens  détourné  d'ouïr.  La  seule  différence 
qu'il  y  ait,  c'est  que  ouïr  est  devenu  verbe  défectif 
et  d'un  usage  restreint.  Quand  le  sens  peut  être  lou- 
che, il  faut,  sans  hésiter,  employer  ouïr.  Ainsi  ce 
mot  de  Pacuvius  sur  les  astrologues  :  Magis  aHdien- 
dum  quam  auscultandum  censeo,  se  traduira  par  : 
U  vaut  mieux  les  ouïr  que  les  écouter.  Entendre  fe- 
rait un  contre-sens.  ||  8.  entendre,  écouter.  Enten- 
dre c'est  être  frappé  des  sons;  écouter  c'est  prêter 
l'oreille  pour  les  entendre.  Quelquefois  on  n'en- 
tend pas  quoiqu'on  écoute  ,  et  souvent  on  entend 
sans  écouter. 

—  HlST.  XI*  8.  Et  dis»  ^l  rei  :  bien  l'avez  cnten- 


ENT 

cUid,  Ck.  de  Roi.  xvi.  Un  en  i  ad  à  qui  li  autro  en- 
londent,  ib.  CCLXXV.  ||  xu*  s.  Beau  sire  Guene,  de- 
rers  moi  entendez,  Rone.  p.  31.  Or  me  refait  Amors 
à  lui  entendre,    Couci,  v.  Ele  voit  bien  et  conoist 
it  entent  Qu'il  n'en  est  plus  qui  aimt  [aime]  si  leau- 
ment,  ib.  v.  Quant  plus  estli  bernages  à  granljoie 
antanUanz,  Atant  es  un  paienquiotnom  Margulanz, 
Sax.  V,  Sire,  dit  li  messages,  antandez  ma  raison, 
ib.  XIV.  Pour  lor  bonté  [je]  le  di,  ne  nul  mal  n'i  au- 
tant, ib.  XXI.  Laienz  entra  Thomas  od  mult  poi  con- 
paignuns  :  Poi  i  mena  dessuens,  si  cum  nus  l'en- 
tenduns[nousrapprenons],  Th.  lemart.  38.  ||  xiirs. 
Killo,  se  vous  vouliez  entendre  à  mariage,  Fil  do  roi 
[je]  vous  donroie,  riche  et  de  haut  parage,  audefr. 
LEBAST.  liomancero,  p.  <7.  Bêle  Doette,  es  fenestres 
séant.  Lit  en  un  livre,  mais  au  ciier  ne  l'entent 
[maisson  cœur  n'y  est  pas] ,  16.  p.  48.  Par  huit  jors 
se  sont  entendu  Li  baron  à  grant  fesie  faire  ;  Puis 
vait  cascuns  à  son  repaire  Molt  lié  [Irès-contentj , 
quant  le  congié  a  pris.  Roman  de  Mahomet,  p.  64. 
Chacun  qui  s'entent  jugera  C'on  doit  miex  mauvese 
pugnir  Queli  loial  lessier  languir,  Bibl.  des  Chartes, 
*'  série,  t.  V,  p.  4  76.  Et  Loeys  estoit  sages  et  en- 
tendans,  Chr.  de  Rains,  p.  2.  Cui  conscience  ne  re- 
prent,  plus  tost  au  mal  qu'au  bien  entent,  ib.  235. 
Einsi  te  voloie  essaier;  Quar  certes  je  n'i  entent  mie 
Ne  traison   ne  félonie,   Ren.  <803.  Lors  esluet  [il 
convient]  jones  gens  entendre  À  estre  gais  et  amou- 
reus,  la  Rose,  78.  Plait  de  murtre  est  moult  soutil, 
etmoultle  peut  on  soutilmentplaider  qui  faire  le  set, 
mais  que  l'on  seit  bien  entendu,  Xis.  de  Jcr.  i,  1 32.  Lou 
conseil  li  loa ,  si  comme  l'en  [l'on]  me  donna  à  enten- 
dre,que  il  s'en  venistàDamiete  en  galles,  JOINV.  <92. 
Et  sachiez  que,  se  il  se  feussent  pris  garde  do  nous, 
il  nous   eussent  touz  mors  [tués],  mes  il   enten- 
doient   [faisaient  attention]   au  roy  et  aux  autres 
grosses  batailles,  iD.  227.  Et  me  dist  ainsi,  que  il 
n'entendoit  mie  [comprenait  pas]  comment  li  roys 
eut  pooir  de  demourar.  id.  255.  ||  xiv  s.  [Œuvre  de 
chirurgie  qui  doit  être  lésirée]  et  de  ceux  qui  s'en- 
tendent moiennement,  et  des  ydiots  qui  se  mescon- 
noissent,  h.  de  mondeville,  f*32,  verso.  Arislote 
entent  tousjours  pour  fors  ceulx  qui  ont  la  vertu  de 
forlilude,    oresme,  Eth.  79.  Bienfais    n'est  point 
perdus  à  chelui  [celui]  qui  s'entent,  Baud,  de  Seb. 
XII,  770.  ||xv'  s.  Quand  ces  chevaliers  de  Bretagne 
Tirent  venir  les  Anglois,  et  qu'ils  s'ordonnoient  pour 
eux  assiéger,  si  n'en  furent  mie  trop  effrayés;  mais 
entendirent  premièrement  au  chastel  et  puis  aux 
guérites  et  aux  portes,  froiss.  i,  i,  <97.  Quand  vint 
le  matin,  de  rechef  ils  commencèrent  à  assaillir  fo<-'  ' 
et  appertement  en  plusieurs  lieux,  et  ensonnierPu' 
[inquiétèrent]  si  ceux  de  la  ville,  qu'ils  ne  savoir,.! 
auquel  entendre,  lo.  i,   i,  224.   On  leur  donnoit 
tant  à  faire  que  on  ne  savoit,  par  dedans,  auquel 
lez  [côté]  entendre,    ID.  11,  u,  21 6.  [Les  Écossais 
parlant  des  Français]  Ils  ne  nous  entendent  point, 
ni  nous  eux,  id.  ii,  ii,  228.  Sur  ce,  s'advise  qui  a 
sens.  Soit  en  jeunesse  ou  en  vieillesse;  Et  qui  ne 
m'entend,  je  m'entens,  Monstrant  que  suis  dame 
et  maistresse,  ch.d'orl.  Bail.  90.  Qui  entend  mal, 
raporte  mal,  lekoci  de  linct,  Prov.  1. 11,  p.  390. 
Comme  vous  entendrez  cy  après,  comm.  i,  ).  Or  il 
fault  entendre  que  monseigneur  du  Magne  estoit 
avec  sept  ou  huyt  cens  hommes  d'armes  au  devant 
des  ducs,  id.  i,   3.  Que  on  tyreroit  vers  Paris  pour 
essayer  si  on  pourroit  reduyre  la  ville  à  vouloir  en- 
tendre au  bien  public  du  royaulme,   id.  i,  6.  Et  y 
en  a  assez  qui  ne  parlent  que  après  les  autres,  sans 
gueres  entendre  aux  matières,  id.  h,  2. Il  [Louis  XI] 
estoit  assez  lettré;  il  aymoit  à  demander  et  à  en- 
tendre de  toutes  choses,  id.  ii,  6.  X  riens  ne  voulut 
ledit  duc  entendre,  ID.  v,  i.  Ung  des  plus  sages 
chevaliers  et  plus  entendus  que  je  cogneus  jamais, 
ID.  II,  2.  Elle  se  délibéra  de  soy  appareiller  pour 
honnestement  faire  son  messaige;  car  bien  conve- 
noit  le  faire  de  bonne  sorte,  entendu  que  les  pucel- 
les  à  qui  il  falloit  qu'elle  feist  les  messaiges  esloient 
de  grand  estât,  Peneforest,   t.  vi,  f°  79.  [[xvi's. 
J'entendz  et  veulx  que  tu  apprennes  les  langues 
parfiiictement,  rab.  Pant.  n,  8.  Mon  amy,  je  n'en- 
lendz  point  ce  barragouin;  pourtant,  si  voulez  qu'on 
TOUS  entende,  parlez  aultrelanguaige,  id.  ib.  11,  9. 
Vous  y  amènerez  vostre  femme,  s'il  vous  plaist, 
«vecques  ses  voisines,  cela  s'entend,  m.  ib.  iii,3i. 
Vous  l'avez  ouy,     l'avez-vous  entendu?  id.  ib.  v. 
Prol.  Ny  n'entendent  les  stoïciens  que  l'ame  de  leur 
sage  puisse....  MONT,  i,  60.  Le  seigneur  de  Langey, 
très  entendu  en  telles  choses,  id.  i,  58.  Crœsus  lui 
feit  entendre  qu'il  verifioit  lors  à  ses  despens  l'aver- 
tissement de  Solon,  id.  i,    66.  Il  leur  sembla  bien 
Uiro  les  modérez  et  les  entendus  quand....  id.  1 
2ci4.  Et  encoresse  moquent-ils  des  autres  qui  n'en- 


tendent  pas  letonr  dubaston,  et  les  appellent  lour- 
dauts,  LANOUE,  <06.  L'art  militaire  est  aussi  mieux 
entendu  qu'il  n'estoit,  id.  402.  La  plupart  de  la  no- 
blesse, ayant  entendu  l'exécution  de  Vassy,  se  dé- 
libéra de  venir  près  Paris,  id.  647.  Chacun  s'incitoit 
à  paix,  et  à  persuader  les  grands  d'y  entendre,  id. 
658.  En  quelque  style  qu'il  soit  mis,  pourveu  qu'il 
s'entende,  il  ne  peut  faillir  à  estre  bien receu,  amtot, 
Épit.  Je  ferois  moins  de  doute  delà  volonté  du  pape 
à  nous  assister  en  ceste  occasion  que  de  celle  du  roy 
catholique;  car  sa  Sainteté  s'est  déjà  laissé  enten- 
dre [a  donné  à  entendre]  qu'il  falloit  choisir  un 
prince  du  sang  catholique  pour  hériter  du  royaume, 
après  le  décès  de  M.  le  cardinal  de  Bourbon,  ville- 
ROY,  Jfe'm.  t.  II,  p.  170,  dans  lacurne.  X  bon  en- 
tens-tu  il  ne  faut  qu'un  mot,  cotgrave.  Equivoques 
par  amphibologie,  vulgairement  appellées  des  en- 
tends-trois,  des  accords.  Bigarrures,  ch.  e.  On 
peut  faire  l'habile,  l'empesché  et  l'entendu,  c'est- 
à-dire  le  sot  et  misérable,  charron.  Sagesse,  1,  41. 
^  —  ÉTYM.  Bourguig.  entarre;  provenç.  entendre; 
catal.  entendrer;  espagn.  pnlender  ;  ital.  intendere; 
du  latin  intendere,  diriger  vers,  appliquer,  detn, 
en,  et  tendere,  tendre  (voy.  ce  mot),  et,  par  ex- 
tension, dans  les  langues  romanes,  ouïr  et  com- 
prendre. 

ENTENDU,  UE  (an-tan-du,  due),  part,  passé 
d'entendre.  ||  1°  Qui  a  été  perçu  par  l'oreille.  Le 
tonnerre  entendu  de  loin.  Des  menaces  à  peine  en- 
tendues de  celui  à  qui  elles  s'adressaient.  ||  2°  Qui  a 
été  écouté.  L'accusé  entendu  dans  ses  moyens  de  dé- 
fense. Il  Terme  de  palais.  La  cause  est  entendue,  c'est- 
à-dire  les  débats  sont  clos.  Il  S'Dontlesensa  été  saisi. 
Cette  phrase  diversement  entendue  par  les  traduc- 
teurs. Le  monstre  furieux  de  se  voir  entendu  Venge 
aussitôt  sur  lui  tant  de  .sang  répandu, corn.  Œdipe, 
I,  4.  Il  C'est  entendu,  c'est-à-dire  c'est  convenu,  ar- 
rêté. 'Teresina:  N'oublie  pas  de  laisser  la  petite  porte 
ouverte  en  t'en  allant.  —  Tenorio:  C'est  entendu,  pi- 
card. Alcade,  11,  iS.  ||  Bien  entendu,  Joe.  adv.  Assu- 
rément, sans  doute.  Y  consentez-vous?  bien  entendu. 
Il  Bien  entendu  que,  loc.  conj.  Toutefois,  pourtant. 
Voilà  la  règle,  bien  entendu  qu'il  y  a  des  excep- 
tions. Causons  comme  si  nous  n'avions  rien  à  dé- 
mêler; bien  entendu,  ajouta-t-elle,  que  nous  ne 
nous  en  aimerons  pas  davantage  et  que  nous  re- 
prendrons nos  démêlés  au  retour,  m"'  de  caylus. 
Souvenirs,  dans  pougens.  ||  4"  Qui  a  l'intelligence 
d'une  chose.  Un  homme  entendu  aux  affaires. Qu'on 
ne  croie  pas  qu'il  fût  peu  entendu  dans  ces  affaires, 
Boss.  Var.  5.  Les  hommes  les  plus  entendus  à  la 
guerre,  id.  Ilist.  m,  6.  Des  hommes  fins  ou  en- 
tendus, LA  BBUY.  XI.  Fort  entendu  au  métier  de  la 
guerre,  fléchier,  Hist.  de  Théod.  11,  <6.  |{  Sub- 
stantivement. Faire  l'entendu,  agir  en  personne  qui 
s'entend  aux  chos'es,  et,  le  plus  souvent,  en  un 
sens  défavorable,  faire  l'important,  le  capable.  Au 
reste,  il  fait  l'entendu  comme  s'il  était  sorti  de  la 
côte  de  saint  Louis,  scarr.  Rom.  com.  i,  5.  Vous 
voyez  que  je  fais  un  peu  l'entendue,  sÉv.  t  )  1 .  Quoique 
je  fasse  l'entendue,  je  ne  suis  pas  si  habile,  id.  239. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  trancher  de  l'entendu. 
....J'en  sais  comme  lui  qui  parlent  d'Allemagne,  Et, 
si  l'on  veut  les  croire,  otit  vu  chaque  campagne. 
Sur  chaque  occasion  tranchent  des  entendus,  Con- 
tent quelque  défaite....  cORN.  Ment,  m,  3.  jj  5°  Bien 
entendu,  disposé  avec  intelligence,  avec  art.  Une 
draperie  bien  entendue.  La  décoration  en  est  bien 
entendue,  th.  corn.  l'Inconnu,  v,  4.  Dieu  qui  avait 
fait  un  ouvrage  si  bien  entendu  et  si  capable  de  sa- 
tisfaire tout  ce  qui  entend....  boss.  Connaiss.  iv,  8. 
Ce  fut  à  frais  communs  qu'ils  donnèrent  les  repas 
les  mieux  entendus  et  les  plus  délicats  qu'on  eût 
encore  vus,  hamilt.  Gromm.  <  t.  Les  jardins  étaient 
bien  entendus  et  ornés  de  belles  statues, vOLT.Ca/id. 
25.  U  les  vint  prendre  lui-môme,  pour  les  inviter  à 
un  repas  propre  et  bien  entendu,  in.  Zadig,  20. 
Il  Dans  le  sens  contraire,  tout  était  mal  entendu, 
disposé  sans  goût,  sans  intelligence.  ||  Bien  en- 
tendu, mal  entendu,  se  dit  aussi  des  choses  morales. 
Si  vous  n'eussiez  fait  que  conquérir  la  Grèce,  les 
lies  voisines  et  peut-être  encore  quelque  petite 
partie  de  l'Asie  Mineure,  et  vous  en  composer  un 
État,  il  n'y  avait  rien  de  mieux  entendu  ni  de  plus 
raisonnable,  fonten.  Dial.  des  morts,  Alexandre  et 
Phriné.  X  l'égard  des  personnes  qu'un  zèle  sincère, 
quoique  mal  entendu,  pourra  indisposer  contre  moi, 
j'en  respecterai  la  cause  sans  en  craindre  et  sans 
en  approuver  l'effet,  d'alemb.  Ab.  de  la  crit.  Œuv. 
t.  IV,  p.  285,  dans  pougens.  Loin  d'être  une  mau- 
vaise mère,  elle  a  une  tendresse  très-bien  entendue 
pour  les  enfants,  M°*  de  genlis,  Adèle  et  Théod. 
1. 1,  lett.  21,   p.  t64,    dans  pougkns. 


ENT 


U21 


—  REM.  Entendu  toutes  les  parties,  ou  bien  le* 
parties  entendues.  Le  participe  est  indéclinable 
dans  le  premier  cas,  déclinable  dans  le  second,  d'a- 
près la  règle  moderne  qui  veut  qu'ainsi  placé,  le 
participe  soit  indéclinable,  par  exemple  :  excepté,  in- 
clus, etc. 

t  ENTÉNÉBREU  (an-té-né-bré) ,  v.  a.  Envelopper 
de  ténèbres.  Les  vitraux  [de  la  cathédrale  de  Rçgens- 
burg]  l'enténèbrent  de  cette  obscurité  propre  au  re- 
cueillement, chateaub.  dans  le  Dict.  de  nociiEZ. 

—  HIST.  XIII'  s.  Cil  qui  ont  longuement  demorè 
en  cnartre  ont  les  oelz  [yeux]  entenebrez  et  oscurs, 
et  ne  poent  veoir  clerement,  du  canoë,   tenebrari 

—  ÉTYM.  En  1,  et  ténèbret. 

ENTENTE  (an-tan-f),  s.  f.  ||  !•  Manière  d'enten- 
dre, de  comprendre.  Mot,  phrase  à  double  entente. 
Chacun  sait  quelle  est  mon  entente,  la  font.  Pâté. 
Ces  expressions  sont  susceptibles  de  plusieurs 
ententes;  destermes  à  double  entente.t'ABBÉ  iioute- 
yiLLE,  dans  desfontaines.  jj  2°  Terme  d'art.  Intel- 
ligence dans  la  distribution  des  parties  d'une  com- 
position, d'un  ensemble.  Il  a  l'entente  du  coloris. 
C'est  lui  [ApoUodore]  qui  trouva  enfin  le  secret  de 
représenter  au  vif  et  dans  leur  plus  grande  beauté 
les  divers  objets  de  la  nature,  non-seulement  par  la 
correction  du  dessin ,  mais  principalement  par 
l'entente  du  coloris  et  par  la  distribution  des  om- 
bres, des  lumières  et  du  clair  obscur,  rollin,  Uist. 
anc.  (Jliuvres,  t.  xi,  i"  part.  p.  I50,  dans  pougens. 
La  plus  belle  entente  de  lumières,  diderot.  Salon 
de  t785.  Œuvres,  t.  xiii,  p.  t43,  dans- pougens.  Il 
y  a  dans  le  morceau  d'Anacréon  couleur,  entente 
de  lumières,  vigueur  et  transparence;  le  tout  est 
d'un  ton  vrai  et  suave,  id.  Salon  de  <767,  t.  xvi, 
p.  26.  Il  Par  extension.  Cet  auteur  a  l'entente  de  la 
scène.  ||  3°  Bonne  intelligence.  Il  y  a  de  l'entente 
dans  celte  famille.  ||  Entente  cordiale,  témoignages 
de  bon  vouloir  qu'échangent  entre  eux  les  chefs  de 
deux  États;  locution  qui  date  de  l'adresse  de  la 
Chambre  des  députés,  de  (840-1841,  et  qui,  du  lan- 
gage politique,  a  passé  dans  le  langage  ordinaire. 
Il  Proverbe.  L'entente  est  au  diseur,  c'est-à-dire  celui 
qui  parle  entend  bien  ce  qu'il  veut   dire. 

—  HIST.  XII"  s.  Entre  liantes  merveilles  cum  Deus 
daigna  ovrer....  Or  i  dunez  entente  :  si  la  m'orrez 
cunter,  Th.  lemart.  I66.  {|  xiii'  s.  Amis,  la  voslre 
amors  me  livre  tel  entente.  Qu'en  larmes  et  en  plors 
userai  ma  jouvente,  audefr.  le  bast.  Romancero, 
p.  <2.  X  Bertain  aaisier  chascune  met  s'enlente, 
Berte,  xlviii.  Mais  l'amor  qui  te  tient  au  las,  Char- 
nex  delis  te  représente,  Si  que  tu  n'as  aillors  l'en- 
tente, la  Rose,  46)8.  Les  yex  ot  [Déduit]  vairs,  la 
bouche  gente  Et  le  nez  fait  par  grant  entente,  ib. 
8)2.  Il  XIV*  s.  Il  convient  avoir  son  entente  aus  diz 
ou  opinions  des  gens  expers,  oresme,  Eth.  )86. 
Il  XV*  s.  Ils  vouloient  faire  à  leur  entente,  froiss. 
II,  II,  80.  Chacun  emporte  entre  la  selle  et  le  pan- 
neau une  grande  plate  pierre,  et  trousse  derrière 
lui  une  besace  pleine  de  farine,  en  cette  enter.te 
que....  ID.  I,  I,  34.  Par  les  veilles,  peines,  et  la- 
beurs et  ententes  [soins]  que  tu  as  prinses,LomsX!, 
Nouv.  c.  Il  XVI*  s.  Tout  ainsi  qu'entente.  Espoir  et 
attente  Nous  avons  en  toi,  marot,  iv,  27t. 

—  ÉTYM.  Entendre;  provenç.  ententa. 

ENTER  (an-té) ,  V.  a.  ||  1*  Terme  d'horticulture. 
Greffer  par  ente.  Enter  un  poirier,  un  pommier. 
Il  Fig.  Ils  entent  sur  cette  politesse  un  esprit  de 
règle....  LA  bruy.  xi.  Nous  avons  enté  sur  l'olivier 
franc  le  germe  de  l'infidélité ,  mass.  Myst.  Ferv.  Re- 
cueillir avec  affectation  les  débris  de  ces  familles 
antiques  et  éteintes  pour  les  enter  sur  un  nom  ob.s- 
cur,  ID.  Panég.  St  Franc,  de  Paule.  Le  Seigneur 
fera  sécher  la  racine  de  votre  orgueilleuse  postérité, 
et  entera  dessus  une  race  qui  connaîtra  la  justice  et 
fera  la  miséricorde,  id.  Or.  fun.  Villeroy.  ||  2°  In- 
sérer en  général.  L'amant  juge  sa  dame  un  chef- 
d'œuvre  ici-bas.  Encore  qu'elle  n'ait  sur  soi  rien 
qui  soit  d'elle....  Qu'elle  ente  en  son  palais  ses  dent» 
tous  les  matins,  Régnier,  Sat.  ix.  ||  3°  Terme  de 
fauconnerie.  Raccommoder  une  penne  de  l'oiseau, 
froissée  ou  rompue,  soit  par  la  jonction  d'une  penne 
gardée,  soit  à  l'aiguille  ou  au  tuyau.  ||  4*  Terme  de 
charpentier.  Joindre  ou  assembler  deux  pièces  de 
bois  de  la  même  grosseur  ei  dans  la  même  direc- 
tion. Il  B*  Mettre  une  ente,  a'iionger  plus  ou  moins 
quand  on  a  préalablement  coupé  le  bout  qui  était 
usé  ou  trop  court.  Les  bouts  de  ces  bas  sont  mauvais, 
il  faudra  les  enter.Tous  mes  bas  sont  entés,  jj  6°  S'en- 
ter, V.  réfl.  Être  enté.  Le  prunier  s'ente  sur  sauva- 
geon. Il  Fig.  Un  vice  qui  s'ente  sur  un  autro  vice. 

HIST.  xin*  s.  J'apel  leurcuers  [des  deux  amans! 

leur  volontés;  Et  leur  vouloirs  sont  si  entés  Sur  un  desil 
qu'entieeusdeusont.QuededeuscuersaE  voloir  font 


1/.22 


ENT 


Blanche  ttJcUn,  «03.  ||xiV  s.  Ceste  science  estoit 
nalur«llemcnl  en  leurcueur  enlée,  noée  et  plantée 
ORESME  Ptol.  [les  métaux]  Des  elemens  pronnent 
leur  esVre  Par  vous  en  l'élément  terrestre,  Et  sans 
«emer  et  sans  planter,  Sans  cultiver  ne  sans  enter, 
VAkh.  à  nal.  478.  Se  voslre  oysel  a  une  penne  rom- 
pue vous  lui  remeterez  et  enterez  en  ceste  ma- 
niéré.... Kodits,  t.  xciv,  verso.  ||  xV  s.  Une  vertu 
en  Ion  coerente.  Que  dame  belle,  jeune  et  gente 
Obéiras  et  crcmiras,  fboiss.  Espinelte  amour.  Pins 
heurte  li  vens  aux  clochiers  Qu'il  ne  fait  aux  petits 
planchiers.  Et  par  fouldre  sont  crevantez  Plus  que 
les  celiers  bas  entez ,  eust.  descii.  Poésies  mss. 
f°  667,  dans  LACOBNE.  Se  argent  avez,  il  n'est  enté; 
Mais  ie  despendez  tost  et  viste,  Villon,  Ballade, 
Uçon  aux  enfants  perdus.  ||  xvi«  s.  Le  baptesme 
nous  certifie  que  nous  sommes  entez  en  la  mort  et 
la  vie  de  Jésus  Christ,  calv.  Inst.  t062.  En  sa  dextre 
elle  cnt  [mit]  la  liaclie  Par  qui  les  rois  sont  irri- 
tez, BONS.  367.  L'enter  en  fente  on  au  coin,  par 
d'aucuns  en  poupée,  et  en  petite  coronne  ou  entre 
l'cscorce  et  le  bois,  sont  en  mesmo  predicament, 
parce  qu'en  l'une  et  l'autre  sorte  se  sert-on  de  gref- 
fes, les  inserans  sur  les  arbres  sauvages  ou  francs, 
0.  DE  SERBKS,  656.  Par  l'escu.sson  et  canon,  beau- 
coup plus  d'arbres  sont  entés  que  par  greffe,  ID.  16. 
J'ai  enté  heureusement  en  escusson  au  mois  de 
juin,  des  arbres  dont  j'avois  tiré  les  esoussons  en 
arbres  entés  au  coin,  au  précèdent  mois  de  mars, 
ID.  061).  Vous  conserverés  vos  greffes  sains  et  entiers 
jusqu'au  poinct  qu'il  les  faille  enter,  id.  060.  La 
manière  d'enter  en  pièce  rapportée,  a  quelque  cor- 
respondance avec  celle  à  l'escusson  ,  aiant  ceci 
de  commun  ,  qu'un  seul  œillet  suffit  à  faire  un 
ente,  id.  674. 

—  ÉTYM.  Ente;  provenç.  empeltar,  enpeutar  ; 
cat.  empeltar. 

f  ENTÉRADËNE  (an-té-ra-dê-n'),s.  f.  Terme  d'a- 
natomie.  Ganglion  lymphatique  intestinal. 

—  lïTYJl.  Knléro et  àô^v,  glande. 

t  ENTÉRADÉNOGRAPHIK  (  an-té-ra-dé-no-gra- 
fie),  s.  f.  Description  des  ganglions  lymphatiques 
intestinaux. 

—  ÉTYM.  JSntéradène,  et  Ypâçciv,  décrire. 
fENTÉRALGIE   (an-té-ral-jie),   s.  f.   Terme  de 

médecine.  Douleur  qui  a  son  siège  dans  les  intes- 
tins. 

—  ÉTYM.  Entéro et  àXyoç,  douleur. 

t  ENTIÎRECTASIE  (an-té-ro-kta-zie) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Dilatation  des  intestins. 

—  ÊTYM.  Entéro et  Ixiasic,  dilatation,  de  èx, 

etTiait,  tension,  teCveiv,  tendre  (voy.  tendue,». a.). 

t  ENTÉRÉPIPLOCËLE  (an-té-ré-pi-plo-sè-r),  «.  f. 

Voy.  ENTÉnO-ÉPIPLOCÈLE.     . 

t  ENTÉRINAL,  ALE  (an-té-ri-nal ,  nal'),  adj. 
Terme  de  liroit.  Qui  concerne  l'entérinement ,  qui 
le  permet. 

ENTÉRINÉ,  ÉE  (an-té-ri-né,  née),  part,  passé. 
Qui  a  reçu  entérinement.  Requête  entérinée.  Encore 
que  le  roi  ait  donné  grâce  à  un  homme,  si  faut-il 
qu'elle  soit  entérinée,  pasc.  Pensées,  Pape  et 
Ègl.  le. 

ENTÉRINEMENT  (an-té-ri-ne-man) ,  i.  m.  Terme 
de  jurisprudence.  Action  d'entériner;  jugement  par 
lequel  on  entérine.  Demander  un  entérinement. 
Il  État  d'un  acte  entériné. 

—  ÉTYM.  Entériner.  On  trouve  enterinance  dans 
des  Coutumes. 

ENTÉRINER  (an-té-ri-né),  v.  a.  Ratifier  juridi- 
quement un  acte  pour  le  rendre  valable.  L'arrêt  qui 
entérine  une  requête.  Entériner  des  lettres  de  rémis- 
sion, PATBU,  Plaid,  b,  dans  kichelet.  ||  Absolu- 
ment. Si  le  parlement  entérine  sans  le  roi,  ou  s'il 
refuse  d'entériner  sur  l'ordre  du  roi,  ce  n'est  plus 
le  parlement  du  roi,  mais  un  corps  révolté,  pasc. 
Pensées  sur  le  pape  etl'Égl.  to.  ||  lig.  Ma  prière  par- 
vint aux  temples  étoiles.  Parut  devant  sa  face  [de 
Dieu],  et  fut  entérinée  D'un  mot  qui  fit  trembler 
les  citoyens  ailés,  la  font.  t.  vi,  p.  47,  éd.  Walc- 
kenafir.  Ce  saint  pontife  [Jésus-Christ]  par  qui  toutes 
les  gr&ces  sont  entérinées,  boss.  Ase.  3. 

—  RF.M.  Vaugelas  avertit  contre  la  mauvaise  pro- 
nonciation intériner;  elle  avait  prévalu  dans  le 
xvi>  siècle,  qui,  par  Affectation  de  latinité, a  changé 
plus  d'une  fois  les  formes  vraiment  françaises. 

--  HisT.  xin*  s.  Li  procureres  doit  entériner  à  le 
[la]  partie  ce  qu'il  li  convenancha  ou  autant  vail- 
lant, ncADM.  86.  Et  ce  que  li  tesmoing  tesmoiifne- 
roient,  le  mestre  le  devroit  faire  tenir  et  entériner, 
t««.  des  met.  («8.  Il  XIV  s.  Les  choses  devant  dites 
r^?  /',  *"'«"('"«■•  et  loyaument  garder  en  bonne 
»;.:?.  '.."^  '•'"2,»ELiSLE,  AgHe.  normande  au 
""".V"'  dge,  p.  44».  Il  „,.  g.  Tu  me  feras  joye  et 


ENT 

liesse  ouïr,  Me  révélant  ma  grâce  interinée  :  Lors 
sentiray  croistro  et  se  rejouîr  Mes  os,  ma  force,  et 
vertu  déclinée,  «jabot,  iv,  îas.  Fu  la  demande 
desdit  advocat  et  procureur  interinée,  selon  la  forme 
et  teneur,  H.  du  hellay,  43s. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  enterin,  qui  avait  donné 
l'adverbe  cntmnemcnf,  et  dont  le  .sens  etl'étymologie 
sont  les  mêmes  que  pour  entier  :  forme  latine  fictive 
integrinus ,  de  integer,  entier.  Entériner  signifie 
donc,  proprement,  rendre  entier,  complet.  Vaugelas 
le  tire  de  Vinlérim  accordé  par  Charles  Quint  aux 
protestants;  mais,  lemot  existant  dts  le  xin'  siècle, 
cette  étymolofçie  n'a  aucune  valeur. 

f  ENTÉRIQUE  (an-té-ri-k'),  adj.  Se  dit  de  ce  qui 
appartient  à  l'intestin  ou  en  dépend. 

—  ÉTYM.  'EvTeptxiç,  de  IvTspov,  intestin. 

t  ENTÉRISCIIIOCËLE  (an-té-ri-ski-o-sè-l),  s.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Hernie  intestinale  par  l'échan- 
crure  ischiatique. 

—  ÉTYM.  Entéro et  ischiocèle. 

t  ENTÉRITE  (an-té-ri-f),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Inflammation  de  la  membrane  muqueuse  qui  tapisse 
le  canal  intestinal. 

—  ÉTYM.  'Evïcpov,  intestin,  et  la  finale  médi- 
cale ite,  qui  indique  inflammation. 

f  ENTÉRO....  mot  qui  vient  de  fviepov,  intes- 
tin, intérieur  (comp.  intérieur),  et  est  employé  en 
composition. 

t  ENTÊRORR  ANCHE  (an-té-ro-bran-ch')  ,  adj. 
Terme  de  zoologie.  Dont  les  branchies  sont  cachées 
dans  l'intérieur  du  corps. 

—  ÉTYM.  'EvTEpov,  intérieur,  et  branchie. 
tENTÉROCËLE  (an-té-ro-sè-l') ,   s.  f.  Terme  de 

chirurgie.  Hernie  formée  par  l'intestin  seul. 

—  HlST.  XVI'  s.  Si  c'est  l'intestin  qui  descend 
dedans  le  scrotum,  la  hargne  se  nomme  enterocele 
ou  intestinale,  paré. 

—  ÉTYM.  Entéro et  xi^Xii,  hernie. 

t  ENTÉRO-COLITE  (an-té-ro-ko-li-f),  «./'.Terme 
de  médecine.  Nom  donné  par  quelques  auteurs  à 
l'entérite. 

—  ÉTYM.  Entéro et  colite. 

t  ENTÉRO-CYSTOCÈLE  (an-té-ro-si-sto-sW),  s. 
f.  'Terme  de  médecine.  Hernie  contenant  la  vessie 
urinaire  et  une  anse  intestinale. 

—  ÉTYM.  Entéro et  cystocèle. 

t  ENTÉRODELE  (an-té-ro-dè-l'),  adj.  Terme  de 
loologie.  Qui  a  un  tube  intestinal  bien  distinct. 
Il  S.  m.  Section  des  infusoires  dits  polygastriques, 
où  le  canal  alimentaire  est  terminé  par  une  bouche 
ou  un  anus. 

—  ÉTYM.  Entéro et  8îiXoç,  visible. 

t  ENTÉRO DOTUIÉNIE  (an-té-ro-do-tié-nie) ,  s.  f. 
Autre  nom  de  la  dothiénentérie  (voy.  ce  mot). 

t  ENTÉRODYNIK  (an-té-ro-di-nie) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Douleur  intestinale,  colique  nerveuse. 

—  ÉTYM.  Entéro et  oôùvt),  douleur. 

t  ENTÉROÉPIPLOCÈLE  (an-té-ro-é-pi-plo-sè-1'), 
s.  f.  Hernie  qui  renferme  à  la  fois  l'intestin  et  l'é- 
piploon. 

—  ÉTYM.  Entérn eiépiplocèle. 

t  ENTÉROGRAPUIE(an-té-ro-gra-fie),  s.  f.De.s- 
cription  anatomique  des  intestins. 

—  ÉTYM.  Entéro....  et  Ypâçsiv,  décrire. 

f  ENTÉROHÉMIE  (an-té-ro-é-mie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Congestion  du  sang  au  canal  intestinal. 

—  ÉTYM.  Entéro et  aliia,  sang. 

f  ENTÉRO-BÉMORRHAGIE  (an-té-ro-émo-rra- 
jie) ,  s.  f.  Terme  de  médecine.  Hémorrhagie  dans 
l'intestin. 

—  ÉTYM.  Entéro et  hémorrhagie. 

t  ENTÉRO-HVBROCftLE  (an-té-ro-i-dro-sè-1'), 
s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  intestinale  compli- 
quée d'hydrocèle. 

—  ÉTYM.  Entéro et  hydrocèle. 

t  ENTÉRO -IIVDROMVIIALE  ( an-té-ro-idron- 
fa-i'),  s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  ombilicale 
contenant  une  portion  d'intestin  avec  un  amas  de 
sérosité  dans  le  sac  herniaire. 

—  ÉTYM.  Entéro et  /lydromp/iaîe. 

t  ENTÉROLITHE  (an-té-ro-li-f) ,  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Concrétion  ou  pierre  intestinale. 

—  ÉTYM.  Entéro et  JiiOo;,  pierre. 

t  ENTÉROLOGIE  (an-té-ro-lo-jie) ,  t.  f.  Traité 
sur  les  intestins. 

—  ÊTYM.  Entéro et  Xôyoi;,  traité. 

+  ENTÉRO-MÉROCÈLE  (an-té-ro-mé-ro-sè-l')  , 
s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  crurale  formée  par 
l'intestin. 

—  ÉTYM.  Entéro et  mérocèle. 

t  ENTÉRO-MÉSENTÉRIOUK  (an-té-ro-mé-zan- 
té-ri-k'),  »./•. Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  aux 
intestins  et  au   mésentère.  j|  Terme  de  médecine. 


ENT 

Fièvre  entéro-mésentérique,  synonyme  de  dothié- 
nentérie ou  fièvre  typhoïde. 

—  ÉTYM.  Entéro et  mésentérique. 

t  ENTÉRO-MÉSENTÉRITE  (an-té  ro-mé-zan-té- 
ri-t')  ,s.  /'.Terme  de  médecine.  Synonyme  de  carreau, 

—  ÉTYM.  Entéro et  mésenlérite. 

t  ENTÉROMPOALE  (an-té-ron-fa-1'),  t.  f.  Terme 
de  chirurgie.  Hernie  ombilicale  formée  par  l'intestin 
seul. 

—  ÊTYM.  Entéro et  4(iço).è;,  nombril.  ' 

t  ENTÉROMYIASE  (an-té-ro-mi-ia-z'),  s.  f.  Terme 

de  médecine.  Affection  intestinale  caractérisée  par 
l'expulsion  de  larves  de  mouches  développées  dani 
le  canal  intestinal. 

—  ÉTYM.  Entéro et  [luïa,  mouche. 

t  ENTÉRO-PËRISTOLE  (an-té-ro-pé-ri-sto-l'),  i. 
f.  Terme  de  chirurgie.  Étranglement  des  intestins, 
dans  une  hernie,  ou  autrement. 

—  ÉTYM.  Entéro et  itEpiatoX-^,  resserrement, 

de  Ttept,  autour,  et  (jxéXXeiv,  disposer. 

t  ENTÉRO-PNEUMATOSE  (an-lé-ro-pneu-ma-tô- 
7.'),  s.  /'.Terme  de  médecine.  Développement  morbide 
d'une  quantité  considérable  de  gaz  dans  l'intestin. 
—  ÉTYM.  Entéro eipneumatose. 

t  ENTÉRORRHAPHIE  (an-té-ro-rra-fie),  t.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Suture  des  intestins,  qui  se  pra- 
tique pour  maintenir  en  contact  les  lèvres  d'une  plaie 
faite  à  l'intestin. 

—  ÊTYM.  Entéro et  (lou^,  couture. 

t  ENTÉRORRHÉE  (an-té-ro-rrée) ,  *.  /.  Terme  da 
médecine.  Diarrhée. 

—  ÊTYM.  Entéro et  fEïv,  fluer. 

t  ENTÉRO-SARCOCÈLE  (an-té-ro-sar-ko-sè-l')  , 
s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  intestinale  com- 
pliquée de  sarcocèle. 

—  ÊTYM.  Entéro et  sarcocèle. 

t  ENTEROSCHÉOCÈLE  (an-té-ro-ské-o-sè-I'),  ».  f. 
Terme  de  chirurgie.  Hernie  scrotale  formée  par  l'in- 
testin seul. 

—  ÉTY»t.  Entéro eloschéocèle. 

t  ENTÉROSTÉ,  ÉE  (an-té-  ro-sté,  stée),  ndj. 
Terme  de  conchyliologie.  Qui  a  un  ou  plusieurs  os 
dans  l'intérieur  du  corps. 

—  ÉTYM.  Entéro et  Jttéov,  os. 

t  ENTÉRO-STÉNOSE  (an-té-ro-sté-n6-z') ,  t.  j. 
Rétrécissement  de  l'intestin. 

—  ÉTYM.  Entéro....,  et  o-c£v4c,  étroit. 
tENTÉRO-SYPHILiniE  (an-té-ro-si-fi-li-die),  t.  f. 

Terme  de  médecine.  Affection  syphilitique  de  l'in- 
testin. 

—  ÉTYM.  Entéro eisyphilide. 

tENTÉROTOME  (an-té-ro-to-m'),    î.  m.  Ci-seaux 

avec  lesquels  on  peut,  dans  les  ouvertures  de  cada- 
vres, fendre  rapidement  le  canal  intestinal  dans 
toute  sa  longueur.  ||  Instrument  imaginé  pour  la  gué- 
rison  des  anus  contre  nature. 

—  ÉTYM.  Entéro et  Topt^,  section. 

fENTÉROTOMIE  (an-té-ro-to-mie),  s.f.  Terme 

d'anatomie.  Dissection  des  intestins.  ||  Terme  de  chi- 
rurgie. Division  des  parois  d'une  anse  intestinale,  6 
l'effet  d'évacuer  les  matières  qui  y  sont  retenues. 
Il  Opération  pratiquée  sur  les  deux  bouts  de  l'intes- 
tin pour  détruire  un  anus  contre  nature  et  rétablir 
le  cours  naturel  des  matières  stercorales. 

—  ÉTYM.  Entérotome. 

f  ENTÉROZOAIRE  (an-té-ro-zo-ê-r'),  s. m.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Nom  donné  aux  helminthes  et 
aux  larves  qui  ne  vivent  que  dans  l'intestin  de  cer- 
tains animaux. 

—  ÉTYSl.   Entéro et  Cwipiov ,  diminutif  de 

Çôiov,  animal. 

■j-  ENTERRAGE  (an-tè-ra-j'),  s.  m.  Massif  de 
terre  dont  le  fondeur  remplit  la  fosse  autour  du 
moule,  pour  rendre  celui-ci  plus  solide. 

—  niST.  xv*  s.  Icelluycuré  voult  faire  payer  pour 
l'enterraige  et  sépulture  du  corps  d'une  des  niepces 
du  suppliant,  qui  n'avoit  que  unze  ans,  autant 
comme  d'un  grant  corps,  du  cange  ,  in(«iTare. 
Il  XVI'  s.  Ressemblant  au  gueux,  lequel,  interrogé 
s'il  vouloit  gaignerune  pièce  d'argent  pour  estreun 
des  pleureus  à  un  enterrage,  respondit  ne  pouvoir 
plorer,  mais  qu'il  ne  laisseroit  pas  d'estre  bien 
marri,  Contes  d'Eutrap.  p.  <72,  dans  lacubub. 

—  ÊTYM.  Enterrer. 

ENTERRÉ,  ÉE  (an-lè-ré,  rée),  part,  pasii. 
Il  1»  Mis  dans  la  terre.  Un  trésor  enterré  et  oublié. 
Il  i°  Inbumé.  Les  morts  enterrés  après  la  bâtante. 
Il  3'  Recouvert  comme  d'un  tas  de  terre.  Enterré 
sous  les  décombres  de.la  maison.  ||  «•  Fig.  Retiré, 
caché  profondément  et  comme  sous  terre.  RespecXe 
au  moins  l'asile  où  je  suis  enterré,  volt.  Olympie, 
III,  3.  Ma  fille  aux  déserts  enterrée,  id.  Scythes, 
I,  3.  Vos  beau»  jsurs  enterré»  «ont  perdus  sans  r«> 


ENT 


ENT 


ENT 


1423 


tour,  ID.  ib.  m,  <.  Car  quoique  loin  de  tout,  en- 
terré dans  ces  lieux,  Je  suis  toujours  sensible  aux 
biens  de  ma  patrie,  ghesset,  Méchant,  m,  0.  Cette 
mère  qui  faisait  si  peu  défigure,  qui  était  si  en- 
terrée, que  les  gens  même  de  son  fils  ne  savaient 
pas  sa  demeure....  uahivaux,  Marianne,  2"  part. 
Je  ne  vois  plus  ni  ta  mère,  ni....  je  suis  enterré 
pour  tout  le  monde,  p.  l.  cour.  Lett.n,  (56.  l|Oui 
est  dérobé  &  la  connaissance.  Qu'un  homme  si  sa- 
vant, un  fameux  médecin  comme  vous  êtes,  veuille 
se  déguiser  aux  yeux  du  monde,  et  tenir  enterrés 
les  beaux  talents  qu'il  a,  mol.  Méd.  malgré  lui,  i,  e. 
J'ai  vu  je  ne  sais  combien  de  livres  et  de  genres 
d'écrire  enterrés  avec  leurs  auteurs,  ainsi  que  chez 
de  certains  peuples  on  enterre  avec  les  morts  les 
choses  qui  leur  ont  été  les  plus  précieuses  pendant 
leur  vie,  fonten.  Dial.  2,  Morts  mod.  ||  5°  Qui 
a,  en  parlant  d'un  lieu,  une  situation  basse,  une 
vue  bornée.  Cette  habitation  est  tout  à  fait  enterrée. 
ENTEUREMENT(an-tê-re-man),s.  m.  ||  1°  Mise 
en  terre.  L'enterrement  des  charognes.  1|  Mise  dans 
la  sépulture.  L'enterrement  d'un  corps  mort.  ||  2°  Cé- 
rémonies observées  dans  les  funérailles.  Tout  Paris, 
vêtu  d'enterrement ,  ainsi  que  tout  Marly,  rem- 
plissait les  salons  et  la  chambre  du  roi,  st-sim. 
296,  B2.  Il  Le  cortège  funèbre.  Là  d'un  enterrement 
la  funèbre  ordonnance  D'un  pas  lugubre  et  lent  vers 
l'église  s'avance,  boil.  Sa(.  vi.  ||  Figure,  air,  mine 
d'enterrement,  figure  sombre,  triste. 

—  IIIST.  XII*  s.  Le  cors  atant  il  enterrèrent;  Graiit 
e  petit  trestuit  i  erent  [étaient];  Tuit  vont  à  la  pro- 
cession, X  l'enterrement  del  baron,  Grégoire  le 
Grand,  p.  3).  ||xv*  s.  0  Bretaingne,  pleure  ton  es- 
pérance; Normandie,  fai  son  entièrement;  Guyenne 
aussi,  et  Auvergne,  ort'avence,  Et  Languedoc,  quier 
lui  son  monument,  E.  descuamps.  Sur  la  mort  de 
Cuescl.  Il  XVI"  s.  En  ce  reïteré  enterrement  [enfouisse- 
ment] ,  tousjours  se  perd  quelque  œil  [d'un  plant] ,  de 
pourriture  ou  d'autre  événement,  o.  de  serhes,  5|3. 

—  ÉTYM.  Enterrer. 

ENTERRER  (an-tè-ré),  V.  a.  ||  l"  Mettre  dans  la 
terre.  Enterrer  son  or,  ses  bijoux.  La  méfiance  et  la 
tyrannie  font  que  tout  le  monde  enterre  son  argent, 
HONTESQ.  Esp.  XXII,  (.  ||  Fig.  Enterrer  de  l'argent,  le 
dépenser  en  travaux,  en  remuements  de  terre.  Ce 
jardin  lui  coûte  gros,  il  y  aenterré  plus  de  dix  mille 
francs.  ||  Terme  de  marine.  Mettre  avec  le  lest 
du  vaisseau.  On  a  enterré  ces  futailles.  ||  2"  In- 
humer, mettre  un  corps  mort  en  terre.  On  l'a  en- 
terré avec  beaucoup  de  pompe.  On  l'enterra  sans 
cérémonie.  On  enterrera  vif  qui  l'enterrera  mort 
[Polynice],  rotb.  Antig.  m,  B.  Si  elle  meurt,  ne 
manquez  pas  de  la  faire  enterrer  du  mieux  que 
TOUS  pourrez,  mol.  Médec.  malgré  lui,  m,  2. 
Un  mort  s'en  allait  tristement  S'emparer  de  son 
dernier  gîte;  Un  curé  s'en  allait  gaiement  Enter- 
rer ce  mort  au  plus  vite,  la  font.  Fabl.  vu,  U. 
Ils  n'avaient  pas  de  quoi  se  faire  enterrer,  uoss. 
Jïis(.  III,  6.  Criton  lui  ayant  demandé  [à  Socrate] 
comment  il  souhaitait  qu'on  l'enterrât  :  comme  il 
TOUS  plaira,  dit  Socrate,  si  pourtant  vous  pouvez 
me  saisir  et  que  je  n'échappe  pas  de  vos  mains, 
ROLLIN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p.  437,  dans 
POOGENS.  Il  Absolument.  Sous  la  première  et  la  se- 
conde race,  on  n'enterrait  pas  même  dans  l'enceinte 
des  villes,  saint-foix,  Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  iv, 
p.  27,  dans  POOGENS.  ||  Par  extension,  survivre  à. 
U  nous  enterrera  tous.  Ce  malheureux  père  a  en- 
terré ses  enfants.  Je  ne  savais  pas  que  vous  eussiez 
enterré  votre  médecin,  volt.  Lett.  d'Àrgental,  e 
DOï.  )  767. 1)  Fig.  Que  le  monde  voit  peu  de  ces  fem- 
mes dont  parle  saint  Paul,  qui,  vraiment  veuves  et 
désolées,  s'ensevelissent,  pour  ainsi  dire,  dans  le 
tombeau  de  leur  époux  et  y  enterrent  tout  amour 
humain  avec  ces  cendres  chéries!  boss.  Anne  de 
Goni.  Il  Par  moquerie,  en  parlant  d'un  médecin  in- 
habile ,  faire  mourir  ou  laisser  mourir.  Encore 
un  malade  qu'il  vient  d'enterrer.  ||  3°  Recouvrir  de 
choses  comparées  à  un  tas  de  terre.  La  maison 
tomba  et  les  débris  'l'enterrèrent.  Être  enterré  sous 
les  décombres  d'un  édifice.  ||  4°  Obliger  à  demeurer 
dans  un  lieu  triste  et  ennuyeux.  U  veut  m'enter- 
rer  en  province.  Mais  sur  une  terreur  qui  peut 
être  indiscrète.  L'enterrer  toute  vive  au  fond  d'une 
retraite,  la  chaussée,  Gouvern.  ii,  to.  Ainsi  loin 
du  palais  ou  vous  fûtes  nourrie ,  Vous  allez  , 
bell»  Irène,  enterrer  votre  vie  ,  volt.  Irène,  iv 
t.  Il  U  se  dit  des  choses  qu'on  met  comme  en 
terre  et  qu'on  fait  oublier.  À  qui  la  peur  de  perdre 
enterre  le  talent,  Régnier,  Sat.  xii.  Cette  honte 
qu'aurait  le  silence  enterrée,  Court  le  pays,  et  vit 
(Juvacarme  qu'U  fait,  la  font.  Coupe.  ||  B"  Faire 
oublier,  effacer  la  réputation  de  quelqu'un,  Ce  poète 


avait  des  rivaux,  il  les  a  tous  enterrés.  11  y  a  telle 
femme  qui  anéantit  ou  enterre  son  msri  au  point 
qu'il  n'en  est  fait  dans  le  monde  aucune  mention, 
LA  BRUY.  m.  C'est  ce  qui  donna  lieu  à  ce  mot  de 
Benserade,  où  le  double  sens  est  assez  visible  :  Si 
quelqu'un  de  nous,  dit-il  à  Racine,  avait  pu  pré- 
tendre d'enterrer  M.  Corneille,  c'était  vous,  mon- 
sieur; cependant  vous  ne  l'avez  pas  fait,  d'ouvet, 
Hist.  Acad.  t. Il,  p.  ses,  danspouGENS.  ||  6°  Voirlafin 
de.  Si  nous  t'enterrons, Bel  art  dramatique, Pour  toi 
nous  dirons  La  messe  en  musique, bérang.  Musique. 
Il  Familièrement.  Enterrer  le  carnaval,  se  livrer 
aux  dernières  folies  du  carnaval.  1|  Enterrer  la  sy- 
nagogue avec  honneur,  sortir  d'un  engagement 
avec  honneur  et  d'une  manière  irréprochable  (voy. 
synagogue).  Il  7°  Tenir  caché.  Enterrer  ses  secrets. 
Il  II  faut  enterrer  cela,  il  n'en  faut  plus  parler. 
Il  8°  S'enterrer,  v.  réfl.  Être  inhumé.  Les  morts  ne 
s'enterrent  pas  dans  l'enceinte  des  villes.  ||  9°  Être 
recouvert  de  débris  qui  s'écroulent.  Samson  s'en- 
terra sous  le  temple  des  Philistins.  |{  Fig.  S'enterrer 
sous  les  ruines  d'une  place,  mourir  en  défendant 
une  place  de  guerre.  S'enterrer  sous  les  ruines  de 
la  patrie,  ne  pas  survivre  aux  désastres  de  la  patrie. 
Il  10»  Se  mettre  dans  un  lieu  retiré,  dans  une  retraite 
profonde.  S'enterrer  dans  une  province,  vivre  hors 
de  Paris ,  au  fond  d'une  province.  L'offre  que  vous 
me  faites  de  venir  à  Bourbon  est  tout  à  fait  héroï- 
que; mais  il  n'est  pas  nécessaire  que  vous  veniez 
vous  enterrer  dans  le  plus  vilain  lieu  du  monde, 
uoiL.  Lett.  à  Racine,  (3  août  1687.  ||  S'enterrer 
tout  vif,  rompre  tout  commerce  avec  le  monde. 
Mon  dessein  n'est  pas  de  renoncer  au  monde  et  de 
m'enterrer  toute  vive  dans  un  mari,  mol.  G.  Dan- 
din,  II,  4.  La  dame  s'enterrait  ainsi  toute  vivante, 
la  font.  Matr.  J'eus  en  horreur  le  monde  et  les 
maux  qu'il  enfante;  Loin  de  lui  pour  jamais  je  m'en- 
terrai vivante,  volt.  Olympie,  n,  2.  Le  marquis  de 
Mirepoix  s'amouracha  de  la  fille  d'un  cabaret  en  Al- 
lemagne, et  s'enterra  si  bien  avec  elle  qu'on  ne  l'a 
pas  vu  depuis,  st-sim.  69,  (27.  ||  11°  Terme  de  ma- 
nège. On  dit  qu'un  cheval  s'enterre  quand,  cher- 
chant un  point  d'appui  sur  la  main  du  cavalier, 
il  baisse  la  tête  et  s'abandonne  sur  les  épaules. 

—  HIST.  XI*  s.  X  grant  honur  puis  les  ont  en- 
terrez, Ch.  de  Roi.  ccix.  Long  un  autel  bêlement 
[ils]  l'enterrèrent,  ib.  ccLxxi.  {|  xii*  s.  Baron,  dit 
Charles,  nos  amis  enterrons,  flonc.  p.  <54.  Funt  il; 
que  s'a  11  reis  si  fort  à  dementer  ?  Se  il  veïst  ses  fiz  e 
sa  femme  enterrer,  E  trestute  sa  terre  ardeir  e  em- 
braser. Ne  deûst  il  tel  duel  [deuil]  ne  faire  ne  me- 
ner. Th.  le  mart.  i33.  |{  xiii"  s.  Et  fu  entierée  [la 
reine]  en  l'église  Sainte-Crois,  Chr.  deRains,  p.  88. 
Si  recevez  mon  palefroi.  Et  as  gens  irez  demander 
S'il  i  a  cors  à  enterrer  Ne  nul  enfant  à  bautizier, 
Ken.  2IIB0.  Au  temps  que  les  corneilles  braient, 
Qui  por  la  froidure  s'esmaient.  Qui  sor  les  cors  lor 
vient  errant,  Qu'eles  vont  ces  noiz  enterrant  Et  s'en 
garnissent  porl'yver,  ruteb.  u,  66.  ||xvi"  s.  Disant 
qu'il  ne  falloit  point  déterrer  Lysandre,  ainsplustost 
enterrer  avec  luy  sa  harengue,  amïot,  Lysand.  67. 

—  ÊTYM.  En  t ,  et  terre;  bourguig.  anlarré;  pro- 
venç.  et  espagn.  enterrar;  ital.  interrare. 

t  ENTERUEUR  (an-tè-reur) ,  s.  m.  Celui  qui  en- 
terre. Voyez  ces  retraites  [monastères]  des  pèlerins 
du  bien  mourir,  des enterreurs de  morts, chateaub. 
Génie,  iv,  m,  3.  ||  11  s'emploie  le  plus  souvent  dans 
le  style  badin.  Certain  curé,  grand  enterreur  de 
morts.  Au  chœur  assis,  récitait  le  service;  Certain 
frater,  grand  disséqueur  de  corps.  Tout  vis-à-vis 
chantait  aussi  l'office,  J.  b.  rouss.  Épigr.  i,  is. 
Il  Terme  de  zoologie.  Un  des  noms  vulgaires  des  dif- 
férentes espèces  du  genre  nécrophore  [coléoptè- 
res], et  principalement  du  nécrophore  fossoyeur, 
dit  aussi  enfouisseur  et  fossoyeur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Enterreur,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Enterrer;  provenç.  enteraire;  espagn. 
enterratore. 

t  EN-TÊTE  (an-tê-f) ,  s.  m.  Ce  qui  s'écrit  en  tête 
d'une  lettre ,  d'un  tableau.  Faire  imprimer  des  en-tête. 

ENTÊTÉ,  ÉE  (an-tê-té,  tée),  part,  passé.  ||  1°  X 
la  tête  de  qui  quelque  influence  s'est  portée.  Entêté 
par  des  fleurs  très-odoriférantes,  par  la  vapeur  du 
charbon.  Une  espèce  de  petit  temple  qu'il  avait  dé- 
coré de  toiles  d'opéra,  et  qui  ce  jour-là  était  orné 
de  tant  de  guirlandes  do  roses  que  nous  en  étions 
entêtés,  uarmontel,  Mém.  vi.  ||  2°  Dont  la  tête,  le 
cœur,  les  sentiments  sont  prévenus,  préoccupés  en 
faveur  de  quelqu'un.-  Mais  il  est  devenu  comme  un 
homme  hébété,  Depuis  que  de  Tartuffe  on  le  voit 
entêté,  mol.  Tart.  i,  2.  Savez-vous  bien  que  je 
suis  plus  entêtée  de  vous  que  jamais?  sÉv.  405. 
Testu  est  entêté  de  Mme  do  Coulanges,  m,  lae.  Je 


chéris  l'Anoste  et  j'estime  le  Tasse,  Plein  de  Ma- 
chiavel, entêté  de  Bocace,  J'en  parle  si  souvent 
qu'on  en  est  étourdi,  la  font.  Poésies  mêlées,  LXX. 
Cambyse....  prince  entêté  de  lui-même,  plein  de 
vanité  et  de  hauteur,  livré  aux  excès  les  plus  hon- 
teux de  la  crapule  et  de  la  débauche,  roll.  Hist. 
anc.  Œuvres,  t.  u,  p.  472,  dans  pougens.  ||  Il  se  di* 
aussi  des  choses  en  faveur  desquelles  on  est  prévenu 
Je  suis  toujours  un  peu  en'ètée  de  mes  lectures, 
sÉv.  89.  Il  a  été  entêté  de  vous  faire  voir  sa  maison, 
iD.  414.  S'il  n'était  point  entêté  des  erreurs  qu'il 
cherche  dans  les  Pères,  boss.  Avert.  6.  La  fréquen- 
tation d'une  parente  entêtée  des  vanités  et  des  fo- 
lies du  siècle,  FLÉcn.  Panég.  ii,  p.  218.  C'est  la 
veuve  d'un  riche  et  fameux  architecte,  une  femme 
entêtée  de  noblesse,  lesage,  Uiable  boit.  ch.  10.  Le 
peuple  prévenu  est  entêté  de  ces  visions,  vehtot, 
Rév.  rom.  u,  p.  206.  L'on  n'en  est  pas  moins  en- 
têté de  la  parure,  de  la  fortune,  des  amusements, 
MASS.  Car.  Vérit.  culte.  Un  homme  entêté  de  l'élé- 
vation et  de  la  fortune,  id.  Car.  Évid.  de  la  loi. 
Henri  IV,  né  dans  cette  secte  qu'il  aimait  sans  être 
entêté  d'aucune,  volt.  Louis  XIV,  36.  Homme  plus 
entêté  d'avoir  le  chapeau  de  cardinal  que  de  soute- 
nir une  bulle,  id.  ib.  37.  Outre  qu'une  grande  par- 
tie des  gens  de  la  campagne  étaient  encore  idolâtres 
et  entêtés  d'une  religion  grossière  comme  eux-mô- 
mes,  MONTESQ.  Rom.  xx.  Je  vois  un  jeune  homme 
entêté  de  chimères  à  qui  tout  déplaît,  cuateaubh. 
René,  217.  |1  3° Absolument.  Qui  tientà  ses  volontés, 
à  ses  idées,  sans  en  démordre.  Un  vieillard,  un  en- 
fant entêté.  ||  Substantivement.  C'est  un  entêté,  uno 
entêtée. 

SYN,   entêté,  têtu.  On  est  entêté  quand  on 

s'est  mis  quelque  chose  dans  la  tête,  quand  on  s'est 
entêté  de  quelque  chose.  On  est  têtu,  quand  natu- 
rellement, et  sans  avoir  été  entêté  de  quelque  chose, 
on  tient  à  ses  volontés,  à  ses  idées.  Mais,  dans  l'u- 
sage, entêté  se  rapproche  tellement  de  têtu,  qu'ils 
se  confondent  l'un  et  l'autre. 

ENTÊTEMENT  (an-tê-te-man) ,  s.  m.\\\°  Action 
de  se  porter  à  la  tête,  d'alTecter  la  tête.  L'entête- 
ment par  des  parfums.  ||  2°  Fig.  Êlat  d'un  esprit, 
d'un  cœur,  d'une  ame  entêtée.  J'aime  la  poésie  avec 
entêtement,  mol.  Fem.  sav.  m,  2.  Une  fausse  gloire, 
un  faux  esprit  de  réforme,  une  fausse  religion,  un 
entêtement  de  parti,  et  les  aveugles  passions  qu: 
l'accompagnent,  boss.  Var.  Avert.  v,  §35.  C'a  été 
autrefois  mon  entêtement  comme  il  est  le  vôtre; 
mais  il  y  a  trois  choses  à  considérer..  .  labruy.  v. 
De  là  les  entêtements  en  faveur  des  uns,  delà  les 
déchaînements  bizarres  contre  les  autres,  bourda- 
LOUE,  Uomél. sur  l'aveugle-né,  Domin. t.  iv,  p.  478, 
Un  temps  aété  que  les  Latins  étaient  modernes,  et 
alors  ils  se  plaignaient  de  l'entêtement  que  l'on  avait 
pour  les  Grecs  qui  étaient  les  anciens,  fonten. 
Digr.  anc.  mod.  OEuvr.  t.  iv,  p.  (96,  dans  pou- 
gens.  Connaissant  l'entêtement  qu'il  avait  pour  le 
nom  d'érudition,  hamilt.  Gramm.  4.  Les  deux  en- 
têtements de  c^tte  dernière  [dame]  étaient  la  danse 
et  la  parure,  id.  ib.  7.  Elle  commençait  à  re- 
venir de  l'entêtement  qui  l'avait  séduite  en  sa 
faveur,  ID.  ib.  H.  Tel  est  aujourd'hui  l'entête- 
ment du  siècle,  de  s'y  faire  des  plans  de  religion, 
MASS.  Myst.  Visit.  On  ne  revient  guère  de  l'entête- 
ment de  la  naissance  ,  id.  Av.  Dispos.  La  folle, 
opiniâtreté  que  produit  l'entêtement,  bayle,  Lett. 
à  Constant,  4  juill.  <697.  Je  n'ai  pas  l'entêtement 
des  grandes  alliances,  mahivaux,  l'Epreuve ,  se. 
i.  \\  U  se  dit  de  celui  qui  est  un  objet  d'entête- 
ment. Si,  à  votre  âge,  vous  êtes  si  vif  et  si  impé- 
tueux ,  quel  nom,  Théobald  ,  fallait-il  vous  don- 
ner dans  votre  jeunesse,  et  lorsque  vous  étiez  la 
coqueluche  et  l'entêtement  de  certaines  femmes? la 
BRUY  v.  Il  8°  Attachement  excessif  d'une  personne  à 
ses  opinions.  Bien  n'égale  l'entêtement  de  cette 
femme.  Outre  que  l'entêtement  est  partout  vicieux, 
il  ne  laisse  jamais  le  cœur  dans  une  disposition  pai- 
sible, parce  qu'il  est  toujours  impatient  et  violent, 
DOURD.  Pensées,  1. 1,  p.  380.  Rien  ne  ressemble  plus 
à  la  vive  persuasion  que  le  mauvais  entêtement, 
la  BRUY.  XII.  La  faiblesse  a  mille  fois  plus  d'incon-  • 
vénients  que  l'entêtement,  W'  de  genlis,  Ad.  et 
Théod.  t.  I,  lett.  26,  p.  4 ta,  dans  pougens. 

—  ÉTYM    EfitétCT. 

ENTÊTER  (an-tê-té),  v.  a.  ||  1*  Remplir  la  tête  de 
vapeurs  qui  l'incommodent.  Les  chèvrefeuilles  ne 
m'entêtent  point,  sEv.  t4t.  ||  Absolument.  Le  char- 
bon entête.  ||  2°  Fig.  Porter  à  la  tête  des  fumées 
d'orgueil,  de  vanité,  etc.  Sa  grandeur  l'entête.  La 
qualité  l'entête,  et  tous  ses  entretiens  Ne  sont  que 
de  chevaux,  d'équipage  et  de  chiens,  mol.  Mis.  ii, 
t.  Et  de  quoi  tous  eert   donc  d'être  auprèi  d'un 


I 

I 


U24  KNT 

Kran-I  prince,  Si  ces  titres  d'honneur  ne  vous  en- 

donc  rtpinuaSocrate,  cequi  vous  enté  e  un  point 
de  te  re  mperceptible [les  b.ensfonds  d'A  cbiade], 
m,  llùt.  anc.  œuvr.X.  iv,  p.  "f,  Ja"'  «"J"- 
oiNS.  Retranchez  ces  petits  agréments-là  de  votre 
discours;  ce  sont  des  fleurs  do  rhétorique  qui  m  en- 
têtent, MAHiv.  la  fausse  suivante,  ii,  8.  ||  Abso- 
lument. Les  louanges  entêtent.  ||  3'  Prévenir  d'une 
passion  pour.  Qui  vous  a  entêté  de  cette  personne? 
Vous  no  m'entêterez  pas  d'une  pareille  opinion. 
Pourquoi  m'avez-vous  entêtée  d'une  chose  que  les 
gens  qui  m'estiment  ne  peuvent  pas  croire  que  je 
soutienne  sérieusement?  fonten.  hondes,  6'  soir. 
P.  Lenlulus  s'était  laissé  entêter  de  je  ne  sais  quelles 
prédictions  qui  promettaient,  disait-on,  l'empire  à 
trois  Cornélius ,  vertot,  ttév.  rom.  xii,  p.  <86. 
L'art  d'entêter  les  hommes,  lesage,  Gil  Blas,  ix, 
6.  Si  vous  pouvez  entêter  cette  fille  jusqu'à  l'obli- 
ger de  vous  épouser,  vous  serez  à  votre  aise  le 
reste  de  vos  jours,  id.  EsI.  Comalei,  ch.  4.  L'ar- 
chevêque Laud  avait  fait  beaucoup  de  mal  à  Char- 
les 1"  en  l'entêtant  de  la  suprématie  épiscopale, 
CHATEAUBR.  StuaTts ,  207.  ||  4°  Terme  d'épinglier.  At- 
tacher la  tête  d'une  épingle  à  la  hanse,  de  manière 
qu'elle  paraisse  y  avoir  été  soudée.  Un  ouvrier  en- 
tête communément  8  à  9  milliers  d'épingles  en  un 
jour.  II  5°  S'entêter,  v.  réft.  Prendre  des  préventions 
favorables  et  tenaces  à  l'égard  de  quelqu'un.  Écou- 
tez, n'allez  pas  vous  entêter  de  ce  petit  vilain-là, 
LA  FONT.  Coupe  enchant.  se.  «2.  La  dame  s'était  en- 
têtée depuis  peu  du  comédien  Octave,  premier  ac- 
teur de  la  troupe  du  prince,  lesage,  Est.  Gonza- 
lez, ch.  26.  Il  11  se  dit  des  choses  comme  des 
personnes.  Il  n'est  pointa  propos  d'engager  les  filles 
dans  des  études  dont  elles  pourraient  s'entêter,  fén. 
t.  XVII,  p.  4.  Ne  méprisez  personne,  ne  vous  entêtez 
de  rien,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de  Caylus,  i7o6, 
t.  VI ,  p.  * ,  dans  pouoens.  Quand  les  philosophes  s'en- 
tetentune  foisd'un  préjugé,  ils  sontplus  incurables 
que  le  peuple  même,  parce  qu'ils  s'entèteut  également 
et  du  préjugé  et  des  fausses  raisons  dont  ils  le  sou- 
tiennent, FONTEN.  Oracl.i,  8.  Il  6»  Tenir  fortement 
à  sa  volonté,  à  ses  opinions.  11  s'entête  dans  culte 
détermination.  Ce  vice  si  commun  de  croire  toujours 
une  chose',  parce  qu'on  l'a  crue  d'abord,  ou  de  n'y 
acquiescer  jamais,  parce  qu'on  l'a  une  fois  com- 
t*ttue;  de  s'entêter  qu'elle  est,  parce  qu'on  veut 
qu'elle  soit;  delà  contredire  avec  obstination,  parce 
qu'on  a  intérêt  qu'elle  ne  soit  pas,  bouiiDAL.  Carême, 
Sur  la  paix  chrétienne. 

— HISTj  XIII*  s.  Etavoecunbarilde  vin  [il]  Aporta, 
qui  crut  sur  le  Rin;  Moût  estoit  fors  et  entestans, 
Bl.et  Jeh.  3838.  En  lieu  de  liaires,  haubers  vestent, 
Kt  boivent  tant  que  il  s'entestent,  kuteb.  iM.  Vent 
et  fouldre  et  tonnoirre  qui  tout  perce  et  enteste.  Feu 
et  gresle,  et  orage,  noif  [neige]  et  glace,  et  tem- 
peste  Les  tormentent  adès  des  pies  jusqu'à  la  teste, 
J.  DE  MEUNO,  Test.  1957.  Il  XIV*  s.  Tu  romps  alam- 
bics, grosse  beste,  Et  brusle  charbon  qui  t'enteste, 
Nat.  à  Valch.  t».  ||xvi*  s.  Bertrand  ne  s'entesta 
point  de  touttes  ces  louanges,  U^m.  s.  D.  G.  ch. 
2t.  La  tranquillité  sombre  et  stupide  se  treuve  assez 
pour  moy,  mais  elle  m'endort  et  enteste  :  je  ne  m'en 
contente  pas,  uo.nt.iii,  309. 

—  KTYM.  En  t,  et  tête;  piovenç.  enlestar. 

t  ENTÊTEUR  (an-te-teur),  s.  m.  Celui  qui  entête 
les  épingles. 

t  ENTËTOIR  (an-tê-toir) ,  s.  m.  Machine  pour  en- 
têter les  épingles. 

t  ENTHI,ASIE  (an-tla-zie),  i.  f.  Terme  de  chirur- 
gie. Fracture  du  cr&neavec  dépression  d'une  partie 
osseuse. 

—  ETYM.  "EvOXaoi;,  deiv,  en,  et  OXâv,  enfoncer 
en  brisant. 

ENTHOUSIASME  (  an-tou -zi-a-sm' ),  t.  m. 
jl  !•  Fureur  divine,  état  physique  désordonné  comme 
celui  des  sibylles  qui  rendaient  des  oracles  en  pous- 
sant des  cris,  écumant,  roulant  les  yeux.  L'enthou- 
siasme de  la  sibylle.  ||  î"  Par  extension,  inspira- 
tion divine,  se  manifestant  par  des  discours  pleins 
de  grandes  images.  L'enthousiasme  poétique.  L'en- 
thousiasme des  prophètes.  ||  Mouvement  pas- 
sionné, transport  qu'un  poète,  un  artiste  éprouve 
dans  te  moment  de  la  composition,  et  qui  consiste 
en  ce  que,  préoccupé  du  seul  sujet  qui  l'intéresse, 
le  monde  extérieur  disparaît  à  peu  prés  pour  lui. 
Lenthousiasme  qui  transporte  les  poètes.  Les  im- 
promptus lui  étaient  assez  familiers,  et  il  a  beau- 
Mup  contribué  à  établir  cette  langue  à  Sceaux,  où 
^génie  et  la  gaieté  produisent  assez  souvent  ces 
?!.  ,L!"t  °"''"'"^'  soudains,  fonten.  Maléiieu. 
l-ei  foéiie.  qui  sont  le  fruit  de  l'enthousiasme  ont 


ENT 

un  tel  aiTucÙ'Te.  de  licauté  qu'on  ne  peut  les  lire 
sans  être  échauffé  du  même  feu  qui  les  a  produites, 
noLLiN,  Uist.  anc.  t.  xii,  liv.  xxv,  ch.  i,  art.  t, 
§  6.  Il  8°  Tout  transport  qui,  enlevant  l'âme  à  elle- 
même,  excite  à  des  actes  extraordinaires.  L'enthou- 
siasme guerrier.  L'enthousiasme  religieux.  Rien  ne 
se  fait  sans  un  peu  d'enthousiasme ,  volt.  Leit. 
d'Argental,  3)  aoûtt"»).  Son  noble  enthousiasme 
embrasera  les  cœurs,  de  belloy.  Siège  de  Calais, 
IV,  4.  Il  n'y  a  point  de  véritable  amour  sans  enthou- 
siasme, et  point  d'enthousiasme  sans  un  objet  de 
perfection  réel  ou  chimérique,  mais  toujours  exis- 
tant dans  l'imagination,  j.  j.  Rouss.  Emile,  v.  Il 
est  de  la  nature  de  tout  enthousiasme  de  se  com- 
muniquer et  de  s'accroître  par  le  nombre  des  en- 
thousiastes, DiDER.  Lett.  sur  les  sourds  et  muets, 
OEuv.  t.  II,  p.  373,  dans  pougens.  L'esprit  de  la 
secte  stoïque  fut  l'enthousiasme  de  la  vertu;  le  gé- 
nie de  l'ancienne  Rome  fut  l'enthousiasme  de  la 
patrie,  marmontel,  Élém.  litt.  Otuvr.  t.vii.p.  2(6, 
dans  POUGENS.  C'est  ce  même  enthousiasme  prêt  à 
se  communiquer  à  l'auditeur  qui  met  tant  de  diffé- 
rence entre  l'éloquence  parlée,  si  on  neuf  se  servir 
de  cette  expression,  et  l'éloquence  écrite,  d'alemb. 
Réfl.  sur  l'éloc.  oral.  Œnvres,  1. 1,  p.  t48,  dans  pou- 
gens.  Cet  enthousiasme  froid  et  stupide  qui  ne  sent 
rien  à  force  d'admirer  tout,  espèce  de  paralysie  de 
l'esprit,  qui  nous  rend  indignes  et  incapables  de 
goûter  les  beautés  réelles,  m.  Tiéfl.  sur  le  goût, 
OlCuv.  t.  m,  p.  422.  Dans  ce  temps,  tout  se  faisait 
par  enthousiasme,  les  belles  actions,  les  fautes  et 
les  crimes,  H"°*  de  geni.is,  Mlle  de  la  Fayette, 
p.  28,  dans  POUGENS.  ||  Kn  mauvaise  part,  lubie.  Mais 
voyez  quel  diable  d'enthousiasme  il  leur  prend  de 
me  venir  chanter  aux  oreilles  comme  cela,  mol. 
Prol.  de  la  Prine.  d'il.  2.  Ce  sens  défavorable  ne 
se  trouve  peut-être  que  dans  cet  exemple  de  Molière. 
Il  4"  Grande  joie,  vive  allégresse.  11  fut  accueilli 
avec  enthousiasme.  Enthousiasme  impossible  à  dé- 
crire. L'enthougia.sme  d'une  bonne  réception  m'au- 
rait enivrée,  sEv.  226.  ||  5°  Admiration  vive  el 
passionnée.  Son  enthousiasme  pour  cet  auteur  l'a- 
veugle. Celte  machine  [le  joueur  de  flûte]  devint 
bientôt  l'objet  de  la  curiosité  d'un  monde  plus 
avide  de  nouveauté  que  sensible  aux  grands  talent-, 
prodiguant  au  hasard  l'enthousiasme  ou  le  dédain, 
et  passant  rapidement  de  l'un  à  l'autre  pour  un  ob- 
jet qui  n'a  pas  cessé  d'être  le  même,  condorcet, 
Yaucanson. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  me  faudroit  non  l'ardeur  de  ma 
ryme.  Mais  l'enthousiasme,  aiguillon  de  Pontus, 
aONS.  48 Et  qui  sera  plus  tost  un  coup  de  for- 
tune, ou  une  saillie  de  quelque  extraordinaire  en- 
thousiasme, qu'une  production  vrayement  nostre, 
charron.  Sagesse,  i,  t. 

—  ÉTYM.  'ÉvBouffiaoïxôç,  de  IvOouî  inspiré  par  un 
dieu,  de  êv  en,  et  Geiç,  dieu. 

ENTHOUSIASMÉ,  ÉE  ( an-tou-zi-a-smé,  smée), 
part,  passé.  Saisi  d'enthousiasme.  Tout  est  mer- 
veilleux, je  vous  assure  ;  je  suis  enthousiasmée  de 
l'air  et  des  paroles,  mol.  Préc.  rid.  to.  Elle  est  tou- 
jours enthousiasmée  de  votre  mérite,  sÉv.  3i.  Notre 
abbé  enthousiasmé  des  succès  de  l'inoculation  dont 
il  s'est  donné  la  peine  de  faire  un  cours  à  Londres, 
MONTESQ.  Correspondance,  01.  Elle  est  aussi  enthou- 
siasmée deCassandre  que  vous  en  êtes  mécontente, 
VOLT.  Lettre  à  Mme  de  Fontaine,  4  janv.  t762. 

ENTHOUSIASMER  (an-tou-zi-a-smé),«.  o.  ||  l' Ra- 
vir d'enthousiasme,  d'admiration.  La  lecture  de  ces 
vers  m'a  enthousiasmé.  Cette  musique  a  enthou- 
siasmé le  public.  Il  2°  S'enthousiasmer,  v.  réfl.  S'é- 
prendre d'enthousiasme.  Cet  homme  s'enthousiasme 
pour  tout  ce  qui  est  nouveau.  Il  s'enthousiasme  sur 
votre  solide  mérite,  sÉv.  491. 

—  HiST.  XVI'  s.  Et  pour  ce  j'ay  voulu  t'envoyer 
cet  escrit  Pour  enthousiazer  ton  phantastique  es- 
prit, Vers  de  Charles  IX  à  Ronsard  (p.  666,  dans 

RONSARD). 

—  ÉTYM.  Enthousiasme. 
ENTHOUSIASTE   (  an-tou-zi-a-st'),  s.  m.  et  f. 

Il  1"  Celui  qui  était  ou  que  l'on  croyait  possédé  de  la 
divinité  ou  violemment  inspiré  par  elle.  ||  2°  Vision- 
naire qui  se  croit  inspiré.  Enthousiaste  ou  fourbe, 
il  faut  cesser  de  l'être,  volt.  Fanât,  i,  4.  Le  phi- 
losophe n'est  pas  enthousiaste,  il  ne  s'érige  point 
en  prophète,  il  ne  se  dit  point  inspiré  des  dieux, 
iD.  Dict.  phil.  Philosophe,  t .  Ce  sont  les  hommes 
inspirés  qui  éclairent  le  peuple,  et  les  enthousiastes 
qui  l'égarent,  d'alemb.  Disc,  prélim.  Encycl.  Œu- 
vres, t.  I,  p.  261,  dans  pougehs.  D'abord  enthou- 
siaste et  bientôt  imposteur,  Un  rêve  prépara  sa  future 
grandeur  [de  Mahomet],  delille, /mag.  vui.  |  3*  Ce- 
lui, celle  qui  a  une  admiration  excessive  pourqu  ri- 


ENT 

que  ctiosc.  Ne  fttcn  que  des  épingles,  ilfaut  être  en- 
thousiaste de  son  métier  pour  y  exceller,  didehot, 
Obi.  sur  la  sculpt.  (Miuvres,  t.  iv ,  p  314,  dans  pou- 
GïNS.  Mais  trois  fois  plus  heureux  le  jeune  homme  pru- 
dent Qui ,  de  ces  novateurs  enthousiaste  ardent.  Ab- 
jure la  raison,  peureux  lasacrifiel  gilb.  Le  is'  siècle. 
Il  Adj.  Inspiré,  visionnaire.  DansPythagore,  qui,  le 
premier  chez  les  Grecs,  prit  le  nom  de  philosophe  ou 
d'ami  delà  sagesse,  nous  reconnaîtrons  un  discip'.e 
enthousiaste  des  prêtres  de  l'Egypte,  de  la  Chaldée 
et  des  Indes,  parlant  comme  eux  par  symboles  et 
peut-être  aussi  fourbe  qu'eux,  d'iiolbach,  Essai 
préj.  ch.o  ,  dans  nu  marsais,  OKKDr«t,t.vi,  p.  260. 
Il  Prompt  à  s'enthousiasmer.  C'est  un  peuple  en- 
thousiaste et  léger.  Enthousiaste  des  nouveautés. 
Il  Oui  tient  de  l'enthousiasme.  Des  démonstrations 
enthousiastes. 

—  ÉTYM.  Voy.  enthousiasme. 

t  ENTU'JfMÉMATIQUE  (an-ti-mé-ma-ti-k'),  adj. 
Oui  est  de  la  nature  de  l'entbymème.  Qui  s'appuie 
sur  l'enthyméme. 

ENTHYMÈME  (an-ti-mê-m"),  s.  m.  Terme  de  lo- 
gique. Raisonnement  qui  n'est  qu'un  syllogisme  ré- 
duit à  deux  propositions,  dont  la  première  est  ap- 
pelée antécédent,  et  la  seconde  conséquent.  La 
célèbre  proposition  de  Descartes  :  Je  pense,  doncja 
suis,  est  un  enthymème.  On  peut  même  sous-enten- 
dre  l'une  des  deux  prémisses,  lorsqu'elle  est  évi- 
dente; c'est  ce  qui  fait  l'enthyméme,  syllogisme 
abrégé  qui  convient  beaucoup  mieux  à  un  raison- 
nement rapide,  et  que  préféré  l'orateur  lorsqu'il  veut 
être  véhément  et  pressant,  marmontel,  Élém.  lill. 
Œuv.  t.  IX,  p.  607,   dans  pougens. 

—  HIST.  XV*  s.  Emptimeme  sans  quelque  consé- 
quence, CH.  d'orl.  Bal.  1  H. 

—  ÉTYM.  'Ev60|ir,(ia,  réflexion,  pensée,  de  èvOu- 
IxEîaOai,  avoir  dans  l'esprit,  de  ii,  en,  et  Ou|i.i;, 
esprit. 

ENTICHÉ,  ÉE  (an-ti-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  commence  à  se  gâter,  en  parlant  des  fruit';. 
Des  fruits  entichés,  Dict.  de  l'Acad.  Aujourd'hij 
on  ne  dit  plus  guère  que  taché.  ||  2°  Fig.  Qui  a  quel- 
que lésion  morale  comparée  à  la  lésion  d'un  fruit 
entiché.  Mon  frère,  ce  discours  sentie  hbertinage; 
Vous  en  êtes  un  peu  dans  votre  âme  entiché,  mol. 
Tart.  I,  fi.  Grâce  au  ciel,  je  ne  suis  point  entiché  de 
ce  vice-là,  lesage,  Di'abZe  doit.  ch.  3.  Exempte  du  dé- 
faut qui  nous  est  reproché  Et  dont  monsieur  Léan- 
dre  est  si  fort  entiché,  boissy.  Babillard,  se.  t. 
Raisonner  est  de  toutes  les  folies  des  hommes  celle 
qui  nuit  le  moins  au  genre  humain,  et  l'on  voit 
même  des  gens  sages  entichés  parfois  de  cette  fo- 
lie-là, 1. 1.  Houss.  £e(t.  de  lamont.  5.  ||  3°  Qui  est  opi- 
niâtrement attaché  à.  Il  est  entiché  de  cette  opinion. 

t  ENTICHEMENT  (an-ti-che-man),  *.  m.  Néolo- 
gisme. Action  d'enticher;  résultat  de  cette  action. 
Si  on  avait  le  temps  et  l'espace  pour  s'égayer,  il  y 
aurait  mille  choses  curieuses  et  piquantes  à  dire  à 
.son  sujet  [St-Simon]  ;  on  rirait  de  son  opinion  sur 
■Voltaire,  sur  tout  ce  qui  était  de  robe  ou  de  plume, 
on  rirait  de  ses  entichements  nobiliaires, ste-beuve, 
dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Enticher. 

ENTICHER  (an-ti-ché) ,  t>.  «.  ||  1*  Commencer  .H 
gâter,  à  corrompre.  En  ce  sens  il  n'est  usité  qu'au 
participe  passé.  ||  2°  Terme  de  couture.  En  posant 
des  patrons  sur  une  étoffe  pour  la  tailler,  on  enti- 
che quand  un  des  patrons  prend  un  petit  coin  de 
l'étoffe  de  celui  qui  est  posé  à  côté;  c'est  empiéter, 
avec  l'idée  d'épargner,  sur  ce  qui  est  destiné  à  une 
autre  pièce  nécessaire  au  tout.  ||  3'  Fig.  Gâter  par 
quelque  chose  de  faux  ou  de  moralement  mauvais 
Qui  vous  a  entiché  de  cette  opinion?  ||  4°  S'enticher. 
V.  réfl.  Devenir  entiché.  11  s'était  entiché  de  ce  vice.* 
Il  S'éprendre  d'une  personne.  11  s'enticha  d'une  co<c 
mêdienne  et  il  l'épousa.  ~ 

—  HIST.  xiu*  s.  Elles  se  souillent  en  l'ordure  Da 
lecherie  et  de  luxure  Et  des  autres  vilains  pechiés 
Dont  tout  h  mons  [monde]  est  entichiès,  Hist.  lill. 
de  la  Fr.  t.  iviii,  p.  793.  Et  qui  d'orgoil  est  enti- 
chiès, Il  ne  puet  [peut]  son  cuer  aploier  [plier], 
la  Rose,  2i38.  ||  xv*  s.  Item  doivent  enquérir  ceuli 
de  l'ûst,  quelles  condicions  a  le  prince  de  l'ost,  el 
le  prendre....  par  la  condicion  dont  ilz  le  sentent 
entechiez,  chr.  de  pisan,  Charles  F,  ii,  33. 

—  ÉTYM.  Diez  et  Scheler  le  tirent  de  l'allem.  an- 
stecken,  infecter  d'une  contagion;  mais  on  ne  con- 
çoit pas  comment  l't  aurait  disparu.  La  forme  pro- 
pre est  entecher,  composé  de  en  t ,  et  de  l'anciea 
français  teche,  qui  est  le  même  que  tache;  entecher 
ou  enticher  est  donc  identique  à  entacher.  Il  ne  faut 
pas  confondra  entecher,  enticher,  avec  l'anclei 
verbe  enftcter,  exciter,  enticement,  instigation. 


ENT 

ENTIER,  lËRE  (an-tié,  tiè-r'.  Du  temps  de  Chif- 
flet,  Gramm.  p.  (88,  er  se  prononçait  dans  entier 
comme  dans  fer,  hiver),  adj.  ||  1°  Oui  a  toutes  ses 
parties,  toute  son  étendue,  l.'uidvers  entier.  Le 
gâteau  est  encore  entier.  Du  corps  du  grand  Ranl- 
zau  tu  n'as  qu'une  des  parts;  L'autre  moitié  resta 
dans  les  plaines  de  Mars  ;  Il  dispersa  partout  ses 
memlires  et  sa  gloire;  Et  Mars  ne  lui  laissa  rien 
d'entier  que  le  cœur,  Épitaphe  de  Uaiitiau,  ICBO. 
Personne  [pendant  une  bataille]  ne  sentit  un  trem- 
blement lie  terre  qui  arriva  dans  cette  contrée, 
et  qui  renversa  des  villes  entières,  rollin,  Hisl. 
anc.  Ût'ut!.  t.  I,  p.  4(8,  dans  pougens.  ||  Terme  de 
botanique.  Se  dit  des  feuilles  et  des  pétales  dont 
la  circonférence  n'est  ni  incisée nidentelée.  ||  Terme 
de  féodalité.  Homme  lige  entier,  vassal  qui  n'est 
attaché  par  le  serment  de  fidélité  qu'à  un  seul  sei- 
gneur. Il  2°  Oui  n'est  pas  châtré.  Cheval  entier. 
Il  3°  Terme  d'arithmétique.  Unité  entière,  celle 
qui  n'indique  pas  de  fraction.  ||  Nombre  entier, 
tout  nombre  qui  ne  renferme  que  des  unités  en- 
tières. Il  4°  Fig.  Il  se  dit  des  choses  abstraites,  mo- 
rales, qui  sont  dans  leur  totalité.  Une  entière  con- 
fiance. Une  entière  indépendance.  Une  soumission 
entière.  Je  l'envisage  entier  [notre  malheur],  mais 
je  n'en  frémis  point,  corn.  Ilor.  il,  3.  (|5°  Qui  n'a 
pas  subi  de  diminution,  de  déchet,  de  modification. 
Un  homme  d'une  réputation  peu  entière,  st-sim. 
4ii0,  202.  11  abusa  de  ce  secours  [les  calmants],  si 
c'était  en  abuser  que  de  l'employer  à  diminuer  ses 
peines  et  à  con.server  plus  entières  les  facultés  de 
Min  âme,  condorcet,  Bucqwt.  ||  La  question  reste 
entière,  c'est-à-dire  elle  n'est  pas  résolue  du  tout,  on  a 
répondu  à  des  difficultés  accessoires,  mais  non  à  la 
véritable  qui  faisait  le  fond  même  de  la  question. 
Qu'est  ce  que  les  comètes  ?  les  anciens  pensaient  que 
c'étaient  lies  vapeurs;  mais  l'observatiim  a  montré  que 
c'étaient  des  corps  bien  au  delà  du  cercle  de  la  lune; 
la  question  a  changé  de  face,  mais  elle  reste  entière. 
Il  Les  choses  ne  sont  plus  entières,  c'est-à-dire  les  cir- 
constances ne  sont  plus  les  mêmes.  ||  Ne  laisser  rien 
d'entier,  toucher  atout,  innover  en  tout,  changer  tout. 
Il  faut  une  autorité....  autrement,  la  présomption, 
l'ignorance,  l'esprit  de  contradiction  ne  laissera  rien 
d'entier  parmi  les  hommes,  boss.  Pensées  chrét.  n. 
Déf.ez-vous  de  ces  dangereux  esprits,  de  ces  hardis 
novateurs,  en  un  mot  des  Sociniens,  qui  bientôt,  si 
on  les  écoutait,  ne  laisseraient  rien  d'entier  dans  la 
religion  chrétienne,  lit.  Var.  Àvert.  i,  §  48.  ||  6°  Qui 
maintient  entières  ses  idées,  ses  volontés.  C'est  un 
homme  entier.  En  tous  ses  sentiments  elle  est  assez 
entière,  tristan,  Uorl  de  Chrispe,  u,  3.  Plus  entier 
que  jamais  en  son  impiété,  kotr.  SI  Gen.  v,  7.  Ce 
vieux  plaideur,  quoique  inflexible  et  entier  presqu'au 
tant  que  son  adversaire,  n'a  pu  résister  à  l'ascendant 
qui  nous  a  tous  subjugués,  j.  i.  Rouss.  Hél.  v,  6. 
Il  Terme  de  manège.  Cheval  entier,  celui  qui  re- 
fuse de  tourner,  il  peut  être  entier  à  une  main  ou 
aux  deux  mains,  suivant  qu'il  a  de  la  peine  à  tour- 
ner d'un  seul  côté  ou  des  deux  côtés.  ||  7°  U  se  joint 
à  tout;  ce  qui  lui  donne  plus  de  force.  Le  pays 
tout  entier  se  souleva.  La  haine  sur  Titus  tombera 
tout  entière,  rac.  Bérén.  m,  2.  ||  Cette  afl'aire, 
cette  fonction  exige  un  homme  tout  entier,  c'est-à- 
dire  elle  exige  toutes  les  forces  et  tout  le  temps  d'un 
homme.  Quand  pourront  les  neuf  sœurs,  loin  des 
cours  et  des  villes,  M'occuper  tout  entier,  et  m'ap- 
prendre  des  cieux  Les  divers  mouvements  inconnus 
à  nos  yeux!  la  font.  Fabl.  xi,  4.  ||  Tout  entier  à, 
uniquement  occupé  de.  Livré  tout  entier  à  mon  nou- 
veau goût.  De  ne  vivre  jamais  pour  soi  et  d'être  tou- 
jours tout  entier  aux  passions  d'un  maître,  mol.  Si- 
cil.  2.  U  a  voulu  témoigner  par  là  qu'il  est  tout  entier 
à  vos  charmes,  id.  Comtesse  d'Esc.  2.  Je  volais  tout 
entière  au  secours  de  son  lils,  rac.  Phéd.  IV,  6.  ||  Se 
livrer  tout  entier  à,  se  donner  tout  entier  à,  se  don- 
ner, consacrer  tout  son  temps,  se  dévouer  à.  U  se 
donne  tout  entier  à  l'étude.  Se  donner  tout  entier  à 
son  pays.  ||  On  dit  dans  un  même  sens  se  donner  en- 
tier. X  ce  reproche  l'assemblée.  Par  l'apologue  ré- 
veillée, Se  donne  entière  à  l'orateur,  la.  Fûtii .  Fabl. 
VIII,  3.  Il  Mourir  tout  entier,  mourir  sans  laisser  de 
postérité,  de  souvenir,  de  renommée.  Voudrais-je.... 
Ne  laisser  aucun  nom  et  mourir  tout  entier?  rac. 
Iphig.  1,  2.  Il  En  un  autre  sens,  il  est  mort  tout  en- 
tier, il  est  mort  avec  ses  facultés  entières,  avec 
toutes  ses  facultés.  Il  8"  S.  m.  La  totalilé,  l'ensem- 
ble d'une  chose.  Ce  passage  est  raj.porté  dans  son 
entier.  ||  En  son  entier,  dans  un  état  d'intégrité, 
intact ,  dans  le  même  état  qu'auparavant.  Uemettre 
les  :ho3es  en  leur  entier.  Ce  n'était  pas  une  explica- 
tion qui  laissât  en  son  entier  le  fond  du  mystère, 
bObS.  Àtert.  4.  Le  Parthéuon  subsista  dans  son  en- 

iJlCT.    DE   i-A    LANGUE    FKANÇAISE. 


ENT 

tier  jusqu'en  1887,  chateadbr.  llin.  I99.  ||  9°  Terme 
d'arithmétique.  Un  entier,  un  nombreentier.  jj  10" Le 
mot  qui  fait  le  sujet  d'une  charade  et  qui  se  divise 
le  plus  souvent  en  deux  parties  nommées  le  premier 
et  le  dernier.  On  dit  aussi  le  tout.  ||  11°  Un  entier, 
un  cheval  entier.  ||  12°  En  entier,  loc.  adv.  Entiè- 
rement, complètement.  Il  a  récité  le  morceau  en 
entier.  ||  Terme  de  droit.  Restitution  en  entier,  voy. 

RESTITUTION. 

—  SYN.  ENTIER,  COMPLET.  Une  chose  est  entière 
lorsqu'elle  n'est  ni  mutilée,  ni  brisée,  ni  partagée, 
et  que  toutes  ses  parties  sont  jointes  et  assemblées 
de  la  façon  dont  elles  doivent  l'être  :  elle  est  com- 
plète lorsqu'il  ne  manque  rieu,  et  qu'elle  a  tout  ce 
qui  lui  convient,  Girard. 

—  HIST.  XII'  s.  Set  ans  aconplis  et  entiers, 
Ronc.  p.  3).  Ja  cil  d'Espaigne  n'eschaperont  en- 
tier, ib.  p.  83.  Bien  [je]  peilsse  ma  joie  avoir  en- 
tière D'esgarder,  de  veoir,  Couci,  xviu.  Il  tenoit 
un  espié  dont  la  hante  est  entière,  Sax.  x.  Idunc 
l'en  comencierent  al  mustier  amener;  Mais  parmi 
l'entier  mur  lur  estoveit  [il  leur  fallait]  aler,  E  par 
les  huis  fermez,  s'il  volsissent  passer,  Th.  le  mnrt. 
146.  Il  XIII*  s.  Et  les  ronces  n'ont  pas  laissé  sa  robe 
entière,  Bcrle,  XL.  Qui  veïst  Blanchefleur  la  dame 
au  cuer  [cœur]  entier  [excellent],  ib.  cxxix.  Dame, 
voici,  il  est  mes  sire;  Je  sui  son  home  lige  en- 
tiers, la  Rose,  dans  du  cange,  solidus.  \\  xiv*  s. 
Kt  requéraient  que  la  chose  fust  gardée  entière  jus- 
ques  à  la  venue  de  lui,  hebcheuhe,  P"  65,  verso. 
Il  XV*  s.  Il  convenroit  passer  par  la  force  de  plu- 
sieurs seigneurs,  qui  ne  sont  pas  si  entiers  ne  si 
loyaus  aus  chrestiens  comme  il  deussent,  du  cange, 
interjraliter.  La  vertu  et  proesse  des  quatre  cheva- 
liers estoitjoeuse  à  regarder;  car  sans  heaulmes  et 
sans  escuz  estoient  en  estant,  le  roy  Perceforest,  le 
roy  Lyonnel,  le  roy  GadilTer,  etle  chevalier  doré  son 
frère,  qui  n'avoient  d'entiers  que  lescueurs,  Per- 
ceforest, t.  IV,  f°  84.  Il  xvi*  s.  Fidèlement  représen- 
ter les  choses  en  leurentier,  MONT.  i,59.J'avois  une 
santé  ferme  et  entière,  m.  i,  19B.  Nous  appelons  un 
cheval  entier, qui  acrin  etaureille,iD.i,368.  Martius 
estoit  homme  ouvert  de  sa  nature  et  entier,  et  qui  ne 
fleschissoit  jamais,  amyot,  Cor.  2i.  En  tempérance 
et  netteté  de  mains,  pour  ne  se  laisser  point  cor- 
rompre par  argent,  il  se  peult  accomparer  aux 
plus  vertueux,  plus  nets  et  plus  entiers  [intègres] 
des  Grecs,  id.  AU.  et  Cor.  comp.  8.  Il  aima  mieulx 
acquérir  la  réputation  d'homme  de  bien,  vaillant, 
eniieretdroilturier,  id.  P.jEm.  4.  Chevauchant  une 
mule  entière,  d'aue.  Fœn.  m,  23.  Le  harangueur 
fut  ferme  et  entier  à  la  tollerance  des  reformez,  id. 
Hist.  <08.  Je  ne  suis  homme  si  entier  en  mes  opi- 
nions, que  je  ne  reconnaisse  facilement  ma  faute, 
PARÉ,  Au  lect.  Et  si  en  l'une  et  en  l'autre  partie 
y  avoit entier  et  roiit  [fraction]  ensemble....  est.de 
larochr,  Arismelique,  f°  t3. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  antei;  provenç.  entier,  en- 
tieyr,  enleir;  calai.  ent(r  ;  espagn.  et  ital.  intero; 
portug.  iiUeiro;  du  latin  inlegrum  (avec  l'accent 
sur  te),  entier  (voy.  intègre). 

f  ENTIERCEMENT  (an-tièr-se-man),  s.m.  Terme 
de  droit  coutumier.  Action  de  saisir  une  chose  mo- 
bilière et  de  la  mettre  en  main  tierce. 

—  HIST.  XI*  s.  De  entercement  de  vif  aveir  [de 
bétail  vivant].  Lois  de  Guill. 'H. 

t  EN'TIERCER  (an-tièr-sé),  e.  a.  Terme  de  droit 
coutumier.  Mettre  en  main  tierce. 

—  ÉTYM.  En  1 ,  et  tiers. 

ENTlEUEMEN'T  (an-tiè-reman) ,  adv.  D'une  ma- 
nière entière.  Se  livrer  entièrement  à  l'étude.  11  est 
entièrement  oublié.  11  est  entièrement  de  mes  amis. 
Le  soin  qu'elle  devait  avoir  de  son  honneur  cède  en- 
tièrement au  souvenir  qu'elle  a  de  son  amour,  Aca- 
démie, Sentiments  sur  le  Cid.  Les  hommes  sont 
aujourd'hui  tellement  corrompus,  que,  ne  pouvant 
les  faire  venir  à  nous,  il  faut  bien  que  nous  allions 
à  eux,  autrement  ils  nous  quitteraient;  ils  feraient 
pis,  ils  s'abandonneraient  entièrement,  pasg.  Pro- 
vinc.  6. 

—  STO.  ENTIÈREMENT,  EN  ENTIER.  Entièrement, 
d'une  façon  entière;  en  entier,  sans  que  rien  man- 
que. Entièrement  se  rapporte  à  la  qualité  comprise 
dans  le  verbe  ;  en  entier  se  rapporte  à  l'objet  :  la 
somme  est  entièrement  payée;  la  somme  en  entier 
est  dans  le  sac. 

—  HIST.  XII'  s.  [Amour]  Qui  tout  me  done  à  vous 
entièrement,  Couci,  xvi.  ||  xiii's.  [Us]  Ne  purent  une 
messe  entièrement  oïr,  Berte,  lxiii.  Et  disent  àcels 
de  laiens  que,  se  il  vouloient  rendre  Cristople  enti- 
rement....  li  cuens  [le  comte]  et  tout  11  autre  pri- 
son [prisonniers]  seroient  délivré,  h.  de  valenc. 
XXYII.  Il  xV  s.  C'estoit  mon  cueur  que  j'ordounoye 


ENT 


♦  425 


Pour  avecques  vous  demeurer,  X  qui  je  suis  entiè- 
rement. CH.  d'orl.  Hall.  (3. 

—  ËTYM.  Entière,  et  le  suffixe  ment;  provenç, 
«ntieramen  ;  catal.  cnfcramtnt  ;  espagn.  enleramente, 
Ital.  interamente. 

ENTITÉ  (an-ti-té),  s.  f.  Terme  de  philosophie 
scolastique.  Ce(]ui  constitue  l'existence  d'une  clioiu, 
existence  considérée  comme  distincte  et  indépen- 
dante de  la  chose  même.  D'autres  soutiennent 
qu'il  [Aristote]  entend  [par  forme]  une  eniilé  sub- 
stantielle, réellement  distincte  de  la  matière,  iiiN. 
Aristote.  Voici  ce  qui  arrive  ordinairement  aux 
philosophes  :  ils  voient  quelque  effet  nouveau;  ils 
imaginent  aussitôt  une  entité  nouvelle  pour  le 
produire,  malebr.  Rech.  m,  8.  U  e.st  bien  plus 
commode  de  supposer  dans  les  choses  une  réa- 
lité dont  on  regarde  les  mots  comme  les  véritables 
signes;  d'entendre  par  les  noms  homme,  animal,  etc. 
une  entité  qui  détermine  et  distingue  ces  choses, 
que  de  faire  attention  à  toutes  les  idées  simples  qui 
peuvent  leur  appartenir,  gondil.  Conn.  hum.  sect.  5,. 
Œuvr.  t.  I,  p.  227,  dans  pougens. 

—  ETYM.  Bas-lat.  entitas,  de  ens,  l'être,  par- 
ticipe présent  du  verlie  esse,  être. 

t  ENTOCÉPHALE  (an-to-sé-fa-I') ,  s.  m.  Terme 
d'entomologie.  Une  des  pièces  de  la  tète  des  hexa- 
podes. 

—  ÈTYM.  'EvTà;,  en  dedans,  et  xE<pa>T),  tête. 
fENTODISCAL,  ALE  (an-to-diskal,  ska-l'),  adj. 

Terme  de  botanique.  Qui  est  situé  en  dedans    du 
disque. 

—  ÉTYM.  'EvToi;,  en  dedans,  et  disque. 

t  ENTOGASTRE  (an-to-ga-str') ,  s.  m.  Terme  d'en- 
tomologie. Une  des  pièces  de  l'abdomen  des  insectes. 

—  ÉTYM.  "EvTè;,  en  dedans,  et  Yaixrlp,  ventre. 

ENTOILAGE  (an-toi-la-j'),  s.  m.  ||  l'Action  d'en- 
toiler; le  résultatde  cette  action;  la  toile  dont  on 
s'est  servi  pour  entoiler.  ||  2°  Réseau  auquel  on  coud 
une  dentelle. 

—  ÉTYM.  Entoiler. 

ENTOILÉ,  ÊE  (an-toi-lé,  lée),  part,  passé.  Uno 
estampe  entoilée. 

ENTOILER  (an-toi-lé) ,  v.  a.  ||  1°  Garnir  de  toilo 
quelque  chose  de  plus  léger  et  de  plus  fin  pour  le 
soutenir,  le  garantir  d'accident.  Entoiler  une  carie, 
c'est  la  coller  sur  la  toile.  ||  2°  Remettre  de  la  telle  à 
une  dentelle. 

—  HIST.  XII"  s.  Et  son  mantel  à  fin  or  entoillet, 
Raoul  de  C.  244. 

—  ÉTYM.  Enl,  et  toile. 

f  ENTOIR  (an-toir),  s.  m.  Synonyme  de  greffoir, 
qui  est  aujourd'hui  le  seul  usité. 

—  ÉTYM.  Enter. 

fENTOISAGE  (an-toi-za-j'),  s.  m.  Action  d'en- 
toiser. 

t  ENTOISEU  (an-toi-zé),  v.  a.  Disposer  des  ma- 
tériaux de  manière  à  faciliter  l'opération  du  toisé; 
ce  qui  se  dit  aujourd'hui  emmétrer. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  toise. 

t  ENTOMIQUE  (an-tomi-k'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  a  rapport  aux  insectes. 

—  ÉTYM.  Voy.  entomo.... 

f  ENTOMO....  mot  qui  signifie  insecte  et  qui  est 
le  grec  Ivcoiiov,  deèv,  en,  et  to|jii!|,  section:  in- 
secte, proprement  échancré,  divisé  en....,  et  par- 
ticulièrement, ici,  divisé  en  trois  parties,  la  tète,  le 
corselet  et  l'abdomen. 

+  ENTOMOGÈNE  (an-tomo- jê-n'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  se  développe  et  vit  sur  le 
corps  des  insectes  morts. 

—  ÉTYM.  Entomo et  yevïiç,  né. 

t  ENTOMOGRAPUE  (an-to-mo-gra-r),  s.  m.  Ce- 
lui qui  s'occupe  d'entomographie. 

t  ENTOMOGRAPIIIE  (an-to-mo-gra-fie),  s.  f. 
Histoire  des  insectes. 

—  ÉTYM.  Entomo et  ypiifBi.^,  décrire 

t  ENTOiMOÏDE  (an-to-mo-i-d'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  ressemble  à  un  insecte. 

—  ÉTYM.  Entomo et  eiôo?,  forme. 

t  ENTOMOLITUE  (an-to-mo-li-f),  s.  f.  Insecte 
fossile.  Il  Pierre  ayant  des  empreintes  d'insectes. 

—  ÉTYM.  En'omo....  etXiôos,  pierre. 
ENTOMOLOGIE  (an-lo-mo-lo-jie),  s.  f.  Partie  de 

la  zoologie  qui  traite  des  insectes. 

—  REM.  Bonnet  dit  {Contemplât,  nat.  Œuvres, 
t.  VIII ,  p.  291 ,  dans  poogens)  :  «  J'ai  donné  le  nom 
d'insectologie  à  cette  partie  do  l'histoire  naturelle 
qui  a  les  insectes  pour  objet;  celui  d'entomologie, 
qui  est  tout  grec,  convenait  mieux  sans  doute,  ei 
on  l'a  remarque;  mais  sa  barbarie  m'a  effrayé.  »  Au- 
jourd'hui entomologie,  qui  est  soûl  correct,  est  en 
plein  usage. 

—  ÉTYM.  Entomo et  Xoyo;,  traité. 

I.    -  -    179 


I  m  ENT 

Kn-OMOLOGIOPE  («n-to-mo-lo-gi-k'),  adj.  Qui 
il«ïOol"U>e.  yui  vil  d'iiiscctos. 

ETVM  i?""""" ^'  p'"'»''  '""y-  =*  '°°''- 

f  E.NT<)Ml)l'illl-K  (aii-lo-mo-n-rj,  «.  m.  Ama- 
leur,  colleciuunl'insecics. 

ETVM.  Eilimnd....  et  çOoc,  ami. 

+  B.N'TOMOI'llORE  (an-lo-mo  for"),  ad;.  Terme 
didactii)"e.  Oui  (lorle,  qui  contient  des  insectes. 

ETYM.  Eiitiimo....  et  çopo;,  qui  porte. 

f  ENTOMOSTOME  (anlo-mo-sto-m'),  adj.  Terme 
de  conchyliolugie.  Dont  la  bouche  ou  l'ouverture  est 
écliancréc. 

—  ETYM.  F.iitomo et  <rt6ii»,  bouche. 

f  ENTOMOSTUACÉ,  ÊE  (an  tomo-stra-sé,  sée), 
adj.  Terme  de  conchyliologie.  Qui  a  une  coquille  de 
pIusit-Mirs  pit'ces. 

ETYM.  Eiitnmn et  Aoxpéov,  coquille. 

t  ENTOMOZOAIKE  (an-tomo-zo-ê-r  ),  s.m.Terme 
do  zoologie  Nom  des  animaux  formant,  d'après 
Blainville,  un  emiiranchement  qui  répimd  aux  in- 
sectes etaux  vers  de  Linné,  aux  annelésdc  Lamarck. 

—  ETYM.  EtUono et    ^uxipiov,  diminutif  de 

Çwov,  animal. 

t  ENTONNAGE  (an-to-na-j') ,  ».  m.  Action  de 
mettre  un  liquide  en  tonne. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Kntonnage,  coîgrave. 

—  ETYM.  Eiilnnner. 

\  ENTONNA ISON  (an-to-nS-7.on),  s.  m.  Action  de 
meure  en  tùiinenu.  Il  arrive  assez  souvent,  prin- 
cipalement dans  le  Jura,  où  li's  vendannes  se  font 
vers  le  I6  octobre,  saison  déjà  froide  el  peu  favo- 
rable à  la  fermentatiiin,  que  le  vin  est  encore  doux 
au  moment  île  l'enlonnaison ,  pasteur,  Acad.  des 
IC.  Cowples  rendus,  t.  Lvm,  p.  146. 

4.  ENTONNÉ,  ÉE  (an-to-né,  née),  part,  passé 
d'entoiiniT  l.  Mis  en  tonneau.  Du  cidre  entonné. 

2.  ENTONNÉ.  P,E  (an  to-né,  née),  part,  passé  d'en- 
tonner i.  Mi^siirlfton.  Un  C(ni|let  gaiement  entonné. 

f  ENTONNKMENT  (au-lo-ue-mau),  s.  m.  Action 
ie  mettre  en  tunnc. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Ladite  cour  pnrmet,  ausdits  ques- 
.»eurs,  aprts  le  premier  entonnement  fait,  de  jauger 

ij  sonder  les  cuves,  (lottes  et  hacqiiels  desdits  bras- 
seurs, pour  estimer  quel  nombre  il  peut  rester  à 
entonner,  Cour  des  aides  de  Rouen ,  Anêt  30 
mars  is40. 

—  ETYM.  Eninnner  I. 

t.  ENTONNEH  (an-toné),  ».  o.  ||  1°  Verser  une  li- 
queur dans  un  tonneau.  {{  2°  Kig.  et  absolument.  Il  en- 
tonne bien,  il  boil  bien.  La  gorge....  À  force  d'enton- 
ner se  trouve  un  peu  gâtée,  chaul.  Seconde  réponse  à 
M.  Genest.  \\  3°  S'entonner,  v.  réft.  S'engouHrer 
avec  impétuosité  dans  un  lieu  étroit.  Le  vent  s'en- 
tonne dans  la  vallée.  S'entonnant  dans  les  tuyaux  de 
cheminée,  nF.sc.  Mèlé.or.  7. 

—  IIIST.  XIII*  s.  Tant  en  cntonent  par  la  goule, 
RUTEB.  33.  Le  vent  s'entonne  en  la  voile,  joinville, 
p.  24,  danst.ACUBNK.  |{  xvi"  s.  Une  creuse  coquille 
Retorse  par  le  bout  et  large  que  souvent  Ainsi  qu'un 
flageolet  il  entonne  de  vent  :  Il  n'a  si  lost  dedans  en- 
tonné son  haleine.  Que....  bons.  849.  Lors  le  sortant 
du  tout  de  la  cuve  pour  l'entonner,  o.  se  serres,  Sli. 

—  ETYM.  Fn  1 ,  el  tonne. 

a.  ENTONNER  (an-to-né),  e.  a.  ||  l"  Mettre  un 
air  sur  le  ton.  Entonner  un  air.  ||  2"  Chanter  le 
commencement  dune  hymne,  d'une  antienne.  En- 
tonner le  Te  Deum.  ||  Absolument.  Ce  chantre  en- 
tonne bien.  Il  3*  Se  mettre  à  chanter.  Entonnez  un 
cantique  de  louanges,  Boss.  i,  Àss.  3.  Le  peuple 
prosterné  sons  ces  voûtes  antique»  Avait  du  roi  pro- 
phète entonné  les  cantiques,  relav.  K^pr.  «Vil.  v, 
2.  M'enilormais-je  un  peu  sur  ma  chaise.  Il  enton- 
nait la  Marseillaise,  BÉnANO.  Homme  rouge.  ||  Fig.  El 
.lu  dieu  des  raisins  entonnant  les  louanges,  boil. 
■irt  p.  m.  Tout  chantre  ne  peut  pas  sur  le  ton  d'un 
Orpliée  Entonner  in  grands  ver»  la  discorde  étouf- 
fée, iD.  Sol.  IX.  Il  Entonner  la  trompette,  prendre 
le  siyle  héroïque  ou  lyrique.  Au  milieu  d'une  églo- 
/ue  entonner  la  trompette,  boil.  Sat.  ix.  Désormais 
entonnant  la  trompette  éclatante,  delille,  Enéide,  i. 

—  REM.  D'après  inlotuilion,  comme  d'après  dé- 
lonatiim  et  détoner,  on  devrait  écrire  mtoner  avec 
«ne  seule  »,  et  eninnner  avec  deux  n  signiflerait 
mellre  dans  un  tonneau. 

.1;."^  "'^l'  v'"*  *■  L'antienne  rtel  mngnificaz,  Celé 
nu  a,nl  Tyber»  Il  chai,  Et  Renart  l'a  bien  entoné 
Kt  glorios.  m.;nt  chanté,  Ren  Ji367.  Ge  connois  tel 

lex  U  tonne.   H„t.  de  Ste  leoc.   ms  de  S,~Gtr,n. 


ENT 

f  »9 ,  dans  LACUBNE.  Il  XVI'  s.  Oui  aura  l'haleine  i 
assez  forte  Et  l'estomac  pour  entonner  Jusqu'au  | 
bout  la  buccine  [la  trompette]  torte  Que  le  Manluan  | 
fil  sonner?  du  bell.  m,  <4,  verso.  Je  tiens  qu'il  i 
fault  esire  prudent  à  estimer  de  soy,  et  pareillement 
conscientieux  à  en  tesmoigner.  soit  bas,  soit  haidt,  { 
iiidifferemm'înt;  si  je  me  Eemblois  bon  et  sage,  ou  I 
prèsde  là,  je  l'entonneroisJ  pleine  teste,  mont.ii,  61.  | 

—  ETYM.  Proveiiç.  el  espag.  entonar;  portug.  en-  ! 
loar;  liai.  t'nJonare;  du  latin  tntonare,   de   in,  et 
(onore,  faire  du  bruit  (voy.  tonneb). 

t  E.NTONNERIE  (an-lo-ne-rie),  s.  f.  Lieu  oii  sont 
rangés  les  tonneaux  que  le  brasseur  emplit  de  bière 
à  mesure  qu'il  achève  un  brassiu. 

—  ETYM.  Entonner  I. 

ENTONNOIR  (an-to-noir),  i.  m.  \\  1°  Instrument  à 
l'aide  duquel  on  verse  une  liqueur  dans  un  tonneau, 
dans  un  vase.  Un  entonnoir  de  verre,  de  fer-blanc. 
Il  Entonnoir  magique,  instrument  à  l'aide  duquel 
on  fait  à  volonté  couler  ou  s'arrêter  la  liqueur  qui 
est  dedans.  ||  En  entonnoir,  loc.  adv.  En  forme  d'en- 
tonnoir. La  chaîne  de  montagnes  dont  j'occupe  le 
sommet,  et  qui  Torment  avec  celles  que  j'ai  quit- 
tées, un  amphithéâtre  en  entonnoir,  DinEBOT,  Sa/on 
de  1787,  ût'Mire»,  t.  xiv,  p.  185,  dans  pougens. 
Il  Fleurs  en  entonnoir,  fleurs  évasées  par  le  som- 
met et  étroites  par  la  base.  ||  2"  11  se  dit  quelquefois, 
en  plaisantant,  pour  gosier.  Il  a  l'enionnoir  large. 
Il  3°  Terme  d'anatomi<'.  Prolongement  conique  de  la 
base  du  troisième  ventricule  du  cerveau,  regardé  à 
tort  par  le»  anciens  comme  un  canal  par  lequel  la 
sérosiié'des  ventricules  du  cerveau  lombait  dans  les 
fosses  nasales.  ||  Petite  cavité  conique  au  sommet  du 
noyau  commun  qui  forme  le  centre  du  limaçon, 
dans  l'oreille  interne.  ||  Entonnoirsrtes reins, lescali- 
ces.  114°  Terme  de  chirurgie.  Instrument  qui  sert  à 
conduire  le  raulére  actuel  vers  certaines  parties  ma- 
lades. Il  B'  Terme  de  botanique.  Le  pédoncule  creux 
de  certains  lichens.  ||  Demi-entonnoir,  espèce  de 
champignon.  ||  6°  Terme  militaire.  Ce  qui  sert  à 
couler  la  poudre  dans  la  lumière  d'une  pièce.  ||  Es- 
pèce de  cratère  qui  résulte  de  l'explosion  d'une  mine. 
Il  7°  Partie  du  four  à  chaux.  ||  8"  Termede  ccmchy- 
liologie.  Paielb'  profonde  et  coni(|iie.  ||  9°  Sorte  d'in- 
strument dans  lequel  on  jette  quelquefois  les  dés 
au  lieu  de  les  lancer  du  cornet  sur  la  table. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Toujours  avecques  moi  je  porte 
Un  fort  bon  entonnoir  à  vin,  J.  lehoux,  m. 

—  ETYM.  Entonner  1. 

t  ENTOPUVLLIN,  INE  (an-to-fil-lin,  li-n'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  porte  des  bourgeons  en- 
foncés dans  la  substance  même  de  la  plante.  ||  S.  f. 
pUir.  Les  eniophNlliiies,  famille  d  hépatiques. 

—  ÊTVM.   'EvTÔ;,  en  dedans,  et  çûXXov  ,    feuille. 

t  ENTOPHYTE  (anto-fi-t'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique.Végétal  qui  se  développe  dans  le  tissu  même 
d'une  plante  vivante, 

—  ETYM.  'EvTè;,  en  dedans,  etçuxàv,  plante. 

t  ENTOPUVTOGENP,SE(an-to-fi-to-je-nè-/.'),  s.  f. 
Terme  de  botanique.  Production  des  plantes  para- 
sites internes. 

—  ETVM.  Entnphyte,  et  genèse,  production. 

t  ENTOPTIQUE  (anto-pti-k'),  adj.Terme  de  phy- 
siologie. Phénomènes  enlopliques,  phénomènes  de 
vision  qui  s'observent  dans  l'intérieur  de  l'œil,  les 
paupières  étant  fermées. 

—  ETVM.  'EvTè;.  en  dedans,  etiwtoijiai,  voir. 

(.ENTORSE  (an-tors'),  t. /•.  ||  1"  Distension  vio- 
lente et  subite  des  ligaments  eldes  parties  moUesqui 
entourent  les  articulations  et  particulièrement  celles 
du  pied.  Bomston  à  demi  ivre  se  d.onna  en  courant 
une  entorse  qui  le  força  de  s'asseoir;  sa  jambe  enfla 
sur-le-champ,  et  cela  calma  la  querelle  mieux  que 
tous  les  soins  que  M.  Dorbe  s'était  donnés, j.j.  bouss. 
Hél.  l,  66.  Il  2"  Fig.  et  familièrement.  Donner 
une  entorse  à  quelqu'un,  lui  enlever  une  partie  de 
son  crédit.  Pelletier  de  Sousi,  conseiller  dËtal, 
avait  reçu  une  entorse  de  la  probité  de  son  fière, 
ST-siMOs,  69,  138.  ||  Donnerune  entorse  à  un  texte, 
le  délonrner  de  son  vèrilatilesens.  Donner  une  en- 
torse à  la  vérité,  l'altérer.  Donner  une  entorse  au 
bon  droit,  le  méc  nnaltre. 

—  HIST.  XVI' s.  Mieulx  qu'un  luicteur,  avec  toute 
sa  force.  Ne  lui  sçauroit  donner  la  moindre  entorse 
|croc  en  jamliej,  amyot,  Com.  refréner  la  colère, 
37.  On  chaslre  aussi  les  taureaux  en  leur  estoidanl 
les  genitoires  avec  de.s  tenailles....  les  plaies  ve- 
nantes de  l'entorce....  o.  de  serbes,  290. 

—  ETYM.  En  I ,  et  tors,  anc.  part,  de  tordre. 

+  2.  ENTORSE  (»n-lor-8'),  I.  f.  Résidu  de  la  cire 
fondue. 

t  ENTORTILLAGE  («n-tor-ti-lla-f,  «mouillée»,  et 
non  en-tor-ti-ya-i'),  ».  m.  ||  !•  Action  d'entortillor  ; 


ENT 

résultat  de  celte  action.  Je  ne  puis  me  reconnaître 
dans  l'enlorlillage  de  ces  fils.  ||  2°  Fig.  Manière  d'en- 
tremêler, dans  un  discours,  des  idées  équivoques 
afin  do  n'être  pas  compris,  ou  des  idées  affectées 
pour  donner  au  style  le  caractère  de  la  rechercne. 
Je  rentre  dans  la  lice,  armé  de  mes  seuls  principes 
et  de  la  fermeté  de  ma  conscience,  et  je  prin  tou8 
ceux  de  mes  adversaires  qui  ne  m'entendront  pas  de 
m'arrôter,  afin  que  je  m'exprime  plus  clairement; 
car  je  suis  décidé  à  déjouer  tous  les  reproches  tant 
répétés  d'évasion,  de  subtilité,  d'entortillage ,  mira- 
beau,  Collection,  t.  m,  p.  368. 

—  ETYM.  Entortiller. 

ENTORTILLÉ,  ÉE  (an-tor-ti-llé,  liée.  Il  mouillées, 
et  non  en-lorti-yé,  yée),  part,  passé.  ||  1°  Tortillé 
dans.  Entortillé  dans  un  tablier.  ||  ferme  de  bota- 
nique. Synonyme  de  volubile  ,  en  pailanl  de  ta 
tige.  Il  2"  Fig.  Oui  a  le  caractère  de  l'entortillage. 
Des  phrases  entortillées.  Arguments  captieux  et  en- 
tortillés, pour  me  servir  du  terme  de  Cicéron,  rol- 
LIN,  Hist.  anc.  t.  XII,  liv.  xxvi,  2*  part.  ch.  l.  A 
travers  ce  jargon  si  entortillé,  si  précieux,  si  éloi- 
gné de  la  nature,  Marivaux  a  su  conserver  un  mé- 
rite dnnt  on  doit  lui  savoir  d'autant  plu»  de  gré  qu'on 
le  croir'il  incompatible  avec  un  pared  langaye,  d'a- 
LKMB.  ^lor/'j.  Marirnux. 

EN'rORTlLLEME.NT  (an-tor-ti  lle-man.  Il  mouil- 
lées, et  non  cn-tor-ti-ye-man),  s.  m.  j,  1*  Action  de 
ce  qui  s'entortille  autour  d'une  chose;  état  d'une 
chose  enlorlillée  autour  d'une  autre.  ||  2°  Par  eiten- 
sion.  Ce  que  je  demande,  c'est  qu'on  ne  me  force 
pas  d'admirer  les  entortillements  des  vallées  des 
Alpes,  ciiATEAiBR.  Uontlilanc,  I4i  ||3"  Fig.  Em- 
barras, obscurité  du  style.  Il  y  a  de  l'entorlillement 
dans  cette  phrase.  Quel  entortillement  dans  tout  ce 
discours!  Boss.  Item.  Ces  correctifs  ne  sont  que  de 
vrais  entortillements  capables  de  tourner  les  tctes, 
ID.  Relat. 

—  HIST.  XVI*  s.  Estans  deceus  de  tels  entortille- 
mens ,  nous  sommes  distraits  par  beaucoup  de 
dieux  divers,  calv.  Inst.  67.  Les  boyaux  ont  esté 
faits  avec  plusieurs  révolutions  ou  cntortillem>'ns, 
afin  que...  pabé,  i,  16.  Les  jetions  des  haies,  agen- 
cées par  entortillements  el  entre  las,  lesrendenlde 
belle  représentation,  o.  uesekkes,  742 

—  f.TYM.  EniorUller. 

ENTORTILLER  (an-tor-ti-llé.  Il  mouillées,  et 
non  en-tor-ti-yé).  v.  o.  ||  1°  Envelopper  tout  autour 
en  tortillant.  Entortillez  cela  dans  un  linge.  ||  2- Fig. 
Exprimer  une  chose  d'une  manière  embarra.s-ée, 
avec  recherche.  Entortiller  son  style.  ||  3°  Familière- 
ment. Circonvenir,  séduire.  On  vousa  si  bien  entor- 
tillé que  vous  avez  consenti.  ||  Populairement.  En- 
nuyer. Ah!  laissez-moi, vousm'entorlillez.||4°  S  entor- 
tiller, V.  réfl.  S'attacher  à  une  chose  en  l'entourant 
plusieurs  fois.  Le  serpent  s'entortilla  autour  de  sa 
jambe.  Si  la  vigne  el  les  autres  plantes  qui  sont  fai- 
tes pour  s'attacher  aux  grands  arbres,  en  choisis- 
sent si  bien  les  petits  creux  el  s'entortillent  si  pro- 
prementaux  endroilsqui  sonlcapablesdelesappuyer, 
BOSS.  Connaiss.  v,  2.  ||  Kamiliéremenl.  Senvelopper 
dans  un  manteau,  dauf  une  couverture.  j|  6"  Fig. 
S'entortiller  dans  des  phrase»  équivoques.  j|  Ab>olu- 
ment.  Vous  vous  entortillez. 

—  HlST.  xui*  s.  S'il  eschape,  ce  est  merveille,  La 
roiz  frets]  entor  lui  s'entorteille.  Pris  est  el  par  col 
et  par  piez,  Hen.  5080.  L'une  des  resnes  du  ceval  à 
l'escuier  entorteilla  enlur  le  pié  du  chevalier,  beau'M. 
LXIV,  12.  De  toiiailles  [toiles]  sont  enlorleillées  leur 
testes  [des  Bédouins],  qui  leur  vont  par  desous  le 
menton,  dont  ledes  (laide.>]  gens  et  hydeuses  sont 
à  regarder,  joinv.  230  ||xV  s.  Le  petit  S,.inlréaï:>it 
perdue  toute  contenance,  fors  de  enlorleiller  le  pen- 
dant de  sa  ceinclure  entre  ses  doits,  Jeh,  de  Sain- 
tré,  ch.  3.  Il  xvi*  s.  Il  laisse  espoir  de  pardon  4  ceux 
qui  auront  esté entoriillez  aux  61elsdu  diable, calv. 
Imtit.  116.  Les  concupiscences  sont  si  cachées  et 
entortillées,  que  facilement  elles  trompent  la  veuO 
de  l'homme,  ID.  ib.  261.  Ilzleurenlorlillerent  leurs 
robbes  autour  du  col,  el  les  entraînèrent  par  force, 
AMYOT,  Public.  7. 

—  ETYM.  £n  I ,  el  tortiller. 

t  ENTOSTERNAL  (an-to-stèr-nal),  *.  m.  Termt 
d'anatomie.  Pièce  du  steiniim  des  tortues. 

—  ETYM.  'EvTèi;,  en  dedans,  el  sternum. 

f  ENTOTHORAX  (an-to-to-raks'),s.  m  Termed'en. 
tomologie.  Une  des  pièces  du  thorax  des  insectes. 

—  ETYM.  'Evioî,  en  dedans,  et  thnraa. 
ENTOOR  (an-tour),  s.  m.  ||    1»  N'est  guère  us.\Xà 

qu'au  pluriel.  Lieux  circonvoisins.  Les  entours  de» 
Tuileries.  Une  vallée  environnée  de  bon  qui  for» 
maient  les  eolours  de  celle  belle  salle  bitie  des 
mains  de  la  nature,    cbatbaubb.  Natch.  lu,  02. 


ENT 


ENT 


ENT 


14-27 


Il  Fig.  Ce  qui  entoure,  ce  qui  concourt  à.  Allons,  je 
yeux  savoir  Tous  les  entours  de  ce  procédé  noir, 
VOLT.  Enf.  prod.  v,  3.  11  faut  qu'ils  aient  certains 
eiilours  et  (les  facilités  peu  communes  pour  l'impres- 
sion de  ces  feuilles,  bacmaum.  Hem.  secrets,  t.  xxx, 
p.  i.4.(iiins  POUOENS.  Il  Circonlocution.  Elle  |Mmed'A- 
lègre]  épuisa  tous  les  amours  et  les  environs,  avec 
une  patience  de  ma  part  inexprimalile,  st-sim.  475, 
9».  |]  t"  Parextension, ceux  qui  viventdans  la  fami- 
liarité de  quelqu'un,  ses  voisins,  ses  serviteurs,  etc. 
Mon-eigneur,  pour  d'autres  temps,  leur  était  as- 
suré (aux  liâtards]  par  ses  entours,  st-sim.  t»0,  ou. 
Avec  de  tels  eniours,  il  fallait  toute  l'amitié  du  roi 
pour  soutenir  Cliamillart,  I».  70,  150.  Nous  sommes 
à  vos  pieds,  madame,  avec  toute  la  colonie  et  tous  les 
entouis,  VOLT.  Leit.  lime  de  St-Julien,  3  oct.  t77B. 
Même  au  temps  de  ma  plus  grande  faveur  auprès  de 
Mme  la  maréchale,  j'avais  toujours  senti  qu'il  n'y 
avait  que  mon  sincère  aitachemeni  pour  M.  le  ma- 
réchal et  pour  elle,  qui  put  me  rendre  leurs  entours 
supportables,  i.  1.  Rouss.  Confess.  xi.  La  gaieté.... 
fait  que  nous  nous  plaisons  par  instinct  en  nous- 
mêmes,  dans  nos  possessions,  nos  entours,  notre 
esprit,  VALVENAnouKs,  De  l'esprit  humain,  23,  Sa 
résolution  fixée,  il  lui  importait  qu'elle  ne  mécon- 
tenlât  pas  ses  entours;  il  pensait  qu'en  oux  la  per- 
suasion aurait  plus  de  zèle  que  l'obéissance,  séguh, 
;/t.v(.  de  finp.  V,  2.  Il  Savoir  bien  prendre  les  entours, 
gagner  ceux  qui  entourent  la  personne  dont  on  a 
besoin.  113°  X  l'entour,   loe.  adv.  Voy.  alentour. 

—  HIST.  XI»  s.  xn*  s.  [Ils]  orent  porpris  entor  et 
environ.  Boneisv.  p.  47.  Une  hart  lui  ont  fait  en- 
tor le  col  fermer,  ib.  p.  (97.  ||  xui"  s.  Cis  Foulques 
commença  à  pitiler  de  nostre  Seigneur  par  Fiance 
et  par  les  autres  païs  d'enlour,  villeh.  i.  Eniour 
la  St  .iehan  que  la  rose  est  florie,  Berle,  II.  Le  dit 
comte  de  Ch.impaigne  donna  à  la  royne  de  Cypre 
eniour  deux  mille  livrées  de  terre,  joinv.  204. 
Il  xv«  s.  D'entour  lui  [il]  doit  tous  menteurs  rebou- 
ter, EusT.  DEscH.  Vertus  nécess.  au  prince.  |1  xvi- s. 
Comme  aveilles  chassent  les  frelons  d'entour  leurs 
rouches,  rab.  Garg.  i,  40.  Les  pigeons  qui  ont  le 
col  doré,   l'entour  des   yeux  et  les  pieds  rouges, 

0.  DE  SERBES,    393. 

—  ETVM.  En  \ ,  et  tour,  s.  m.;  bourguig.  enta; 
provenç.  entnrn,  entor;  ital.  tnforno.  Dans  l'an- 
cienne langue.  fn(o«r  éiait  aussi  piéposiiion. 

ENTODHAGE  (an-tou-ra-j'),s.  m  J|  1°  beditde  tout 
ce  qui  entoure,  proiége  un  olijet.  Mettre  un  entou- 
rage à  une  tombe,  à  un  nibre.  à  un  parierre.  ||  2°  Or- 
nements qui  entourent  un  Injou.  Kntouragede  perles. 
Il  3°  Fig.  Ceux  qui  vivent  dans  la  familiarité  de  quel- 
qu'un. On  ne  peut  fréquenter  cette  personne  à  cause 
de   son  entourage. 

—  ÉTYM    Entourer. 

t  ENTOURANT,  ANTE  (an-tou-ran,  ran-t') ,  ad;. 
Oui  sert  à  entourer.  ||  Terme  de  botanique.  Feuilles 
enlourantes,  celles  qui  forment,  en  se  réunissant  au- 
tour lie  la  lige,  une  sorte  d'entonnoir. 

ENTOURÉ,  ÊE  (an-tou-ré,  rée),  port,  passé 
Il  1°  Oui  a  autour  de  soi.  Je  suis  un  malade  entouré 
de  gens  plus  malades  que  moi,  volt.  Lett.  d'Argen- 
tal,  2f>  janv.  (773,  La  Macédoine  était  presque  en- 
tourée de  montagnes  inaccessibles,  monteso.  llom. 
ch.  f>.  Il  2°  KiK.  Ta  promesse  suffit,  et  je  ia  crois  plus 
sûre  Que  les  autels  des  dieux  entourés  du  parjure, 
volt.  Mort  de  Ces.  I,  t.||Un  homme  bien,  mal 
entouré,  un  homme  qui  a  dans  sa  familiarité  des 
gens  honnêtes,  malhonnêtes. 

ENTOURER  (an-tuu-ré),  i).  a.  ||  1°  Mettre  autour. 
Entourer  une  ville  de  murailles.  Entourer  un  champ 
de  haies.  ||  Fig.  Nos  rois  ont  mis  le  titre  de  chrétiens 
à  la  tête  de  tous  les  titres  qui  entourent  et  ennoblis- 
sent leurs  couronnes,  mass.  Petit  car.  Grandeur  de 
J.-C.  En  vain  font-ils  la  guerre  la  plus  cruelle  à  la 
science;  en  vain,  dans  la  vue  d'assurer  leur  empire, 
enluurent-ils  les  têtes  humaines,  dès  l'enfance,  des 
bandelettes  sacrées  de  l'opinion,  d'iiolbach.  Essai 
préjug.  ch.  6,  dans  dumarsais,  CHuvres.  Oui,  de 
soins  paternels  j'entourai  votre  enfance,  delav.  Vê- 
pres sic.  1,  3.  Il  î»  Il  se  dit  aussi  des  personnes  qui 
se  mettent  autour  d'une  autre.  Les  gendarmes 
entouient  les  rebelles.  Ouand  j'entrai  dans  le 
salon,  tout  le  monde  m'entoura  pour  me  deman- 
der des  nouvelles  de  M,  d'Aimeri,  m"""  de  genlis, 
Ad.  et  Théod.l.  m,  lett.  «7,  p,  40û.  ||  Il  se  dit  aussi 
des  personnes  que  l'on  mei  autour  dequehju'un.  La 
polii.e  l'a  entouré  d'espions.  ||  3"  Former  la  société, 
la  cocniiagnie  habituelle  de  quelqu'un.  Il  fait  le 
maltieiir  de  ceux  qui  l'entourent.  Veille  sur  lui,  sur 
son  gouverneur,  sur  tout  ce  qui  l'entou-e,  m""'  de 
genlis,  ib.  p.  ;i63.  ||4°  S'entourer,  v.  rèjl.  Héiiiiir 
autour  de  soi,  élabbr  dans  sa  i'umiliarit^.  S'entou- 


rer de  savants,  d'artistes.  {{  Mettre  autour  de  soi , 
en  parlant  de  choses.  S  entourer  d'objets  d'art,  de 
livres  de  prix  ||  Fig.  S'entourer  de  piérautions,  de 
mystère,  se  conduire  avec  de  grandes  précautions, 
avec  beaucoup  de  mystère. 

—  SVN.  ENTOURER,  ENVIRONNER.  Les  environs  s'é- 
tendent plus  loin  que. les  entours;  donc  entre  ce 
qui  environne  et  ce  qui  est  environné,  l'éloignement 
est  plus  grand  qu'entre  ce  qui  entoure  et  ce  qui  est 
entouré.  Une  ville  environnée  de  riches  campagnes, 
signifie  qu'elle  a,  même  au  loin,  autour  d'elle  de 
riches  campagnes.  Une  ville  entourée  de  coteaux, 
signifie  que  les  coteaux  lui  font  une  sorte  d'enceinte. 

—  ÉTVM.  Eniour;  boiirguign.  entorné.  Entourer 
est  un  mot  récemment  fait  d'entour,  mot  dans  le- 
quel l'n  étymologique  des  dérivés  de  tour,  comme 
tourner  par  exemple,  a  disparu.  La  forme  régulière 
était  entourner,  qui  a  duré  jusque  dans  le  xvi*  siècle  : 
Les  appareils  effroyables,  de  quoy  nous  entournons 
la  mort,  mont,  i,  90, 

ENTOURNURE  (an-tour-nu-r') ,  s.  f.  Partie  du 
corsage  où  la  manche  s'adapte  et  qui  a  la  forme  du 
bras.  Il  Le  haut  de  la  manche  lui-même  prend  aussi 
ce  nom.  L'entournure  de  la  manche.  Ce  corsage  a 
les  entournures  trop  étroites.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Cela  le  gène  dans  les  entournures,  cela  le  met  mal 
à  l'aise.  ||  C'est  là  l'entournure,  le  point  difficile. 

—  ÊTYM.  Ancien  franc,  entourner,  de  en  t ,  et 
tourner. 

t  EN-TOUT-CAS  (an-tou-kîl),  s.  m.  Espèce  de  pa- 
rapluie qui  est  plus  petit  que  la  forme  ordinaire  des 
parapluies  et  un  peu  plus  grand  qu'une  ombrelle,  et 
qui  sert  à  abriter  delà  pluie  ou  du  soleil.  ||  Auplur. 
Des  en-toul-eas. 

t  ENTOZOAIRE  (anto-TiO-ê-r'),  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Animal  qui  vit  dans  le  corps  d'autres  ani- 
maux. 

—  ÉTYM.  'EvTo;,  en  dedans,  et  Çuôpiov,  dimi- 
nutif de  î^ùiov,  animal. 

t  ENTOZOOGEXÈSE  (an-to-zo-0-je-né-z'),  j.  /. 
Terme  de  zoologie.  Production  des  entozoaires. 

—  f;TYM.  Enlozon....  (voy.  entozoaire),  et  genèse. 
f  ENTOZOOGENÉTIQUE  (an-to-zo-o-je-né-ti-k'), 

adj.  Oui  a  rapport  à  l'entozoogenèse. 

t  ENTOZOOLOGIE  (auto  zo-0-lo-jie),  s.  f.  His- 
toire des  animaux  qui  vivent  dans  le  corps  d'autres 
animaux. 

—  ÊTYM.  Entoioo....  (voy.  entozoaire),  et  X6- 
Yoc,  traité. 

t  ENTR'ABATTRE  (S')  (an-tra-ba-tr') ,  v.réll.  S'a- 
battre l'un  l'autre. 

—  HIST.  xiii'  s.  Ambedui  [tous  deux]  s'entr'aba- 
tent  tout  sanglant  enl'erbier,  Berte,  xxxviii. 

—  ETYM.  Entre,  el  abattre. 

t  ENTR'ABORDER  (S')  (an-tra-bor-dé) ,  v.  réft. 
S'aborder  mutuellement. 

—  iilST.  xvi'  s.  Le  roy  etleroy  d'Angleterre  mon- 
tés chacun  sur  un  cheval  d'Espagne  s'enîre-aborde- 
rent,  M.  du  bellay,  26. 

—  ÉTYM    Entre,  et  aborder. 

t  ENTR'ACCOLER  (S')  (an-tra-ko-lé) ,  V.  réfl. 
S'accoler  réciproquement. 

—  HIST.  xiir  s.  [IlsJ  S'entr'acoloient  et  baisoient, 
la  Rose.  8471.  ||  xv"  s.  Si  s'entr'accolerent  et  firent 
grant  chère,  froiss.  il.  II,  <t7. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  accoter. 

ENTR  ACCORDER  (S')  (an-tra-kor-dé),  t).  réfl. 
S'accorder,  se  mettre  de  bonne  intelligence  ensem- 
ble. Il  l'ar  extension.  Et,  pour  lier  des  mots  si  mal 
s'entr'accordants,  boil.  ^pi(.  xi. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ce  n'est  seulement  de  climat  à 
autre,  où  telles  différences  se  voient,  ains  d'horizon 
à  horizon,  ne  s'entr'accordans  pas  mesme  en  toutes 
choses  deux  terroirs  contigus,  o.  de  serres,  51. 

—  ETYM    Entre,  et  accorder. 

\  ENTR'ACCROCHER  (S')  (an-tra-kro-ché),t).  réft. 
S'accrocher  mutuellement. 

—  HIST.  xvi'  s.  Les  deux  capitaines,  laschant  les 
brides  de  leurs  chevaux,  avec  les  deux  mains  s'en- 
Ir'accrocherent  l'un  à  l'autre,  taschans  à  s'arracher 
les  armets  des  testes,  amyot,  Eutnenes,  xiii.  [Les 
atomes]  Hennés  ensemble  ont  composé  le  monde, 
S'entr'accrochans  de  liens  tous  divers,  rons.  2), 

—  ÉTYM.  Entre,  el  accrocher. 

ENTR'ACCUSER  (S')  (an-tra-ku-zé),  t).  réfl.  S'ac- 
cuser l'un  l'autre.  Chose  incroyable!  ils  meurent 
presque  tous  avec  courage,  après  s'être  entr'accusés 
lâchement,  didebot.  Règne  de  Claude  ettiéron,  i, 

§  82. 

HIST.  xii*  8.  Si  com  tesmongent  sainz  Paules, 

ki  disl  ke  les  penses  [pensées]  soi  entracuserunt  u 
defenileruni,  Joh,  p.  456. 

—  ï;xYM.  Entre,  et  accuser. 


ENTR'ACTE  (an-tra-kf),  t.  m.  ||  f  Intervalle 
entre  deux  actes  d'une  pièce  de  théitre.  Des  en- 
tr'actes  courts.  Présenter  des  rafraîcliisseinents  aux 
dames  dans  les  entr'actes.voLT.  Utt.  à  illlr  Clairon, 
1705.  Il  2"  Partie  d'un  spectacle  qui  s'exéciiie  entra 
deux  actes,  intermède.  ||  Petite  symphonie  qui  est 
qiieli|uefois  placée  par  le  composteur  entre  deux 
actes  d'un  opéra.  ||  8°  Par  extension.  Il  y  a  des  en- 
tr'actes  à  nos  conversations,  sév.  174,  Nous  avons 
un  instant  crié;  la  Grèce,  Athènes!....  Puis  l'en- 
tr'acte  est  venu;  c'est  bien,  et  maintenant....  Nous 
avons  tout  rayé  pour  écrire  autre  chose,  v.  hugo, 
Crép.  8. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  acte. 

t  ENTR'ADMIRER  (S')  (an-tra-dmi-ré),  ».  ri'/T. 
S'admirer  mutuellement. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  admirer. 

t  ENTR' ADMONESTER  (S')  (an-tra-dmo-nè-sté), 
V.  réfl.  S'admonester  réciproquement. 

—  HIST.  xvi"  s.  Hz  se  rallièrent  en  bataille  au  de- 
vant de  luy,  s'en  tre-admonestans  les  uns  les  autres  de 
n'abandonner  pas  leur  capitaine,  amyot,  Cam.  84, 

—  ÉTYM.  Entre,  et  admonester. 

t  ENTR'AFFRONTER  (S')  (an-tra-fron-té),o.  réfl. 
S'affronter  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entr'afronter,  lanoue,  813. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  affronter. 

t  ENTUAGE  (an-tra-j'i,  s.  m.  Terme  de  droit  féo- 
dal. Droit  que  l'on  payait  au  seigneur  en  prenant 
possession  d'un  fief  ou  d'un  bail  à  cens. 

—  ÉTYM.  Entrer. 

ENTR'AIDER  (S')  (an-trèdé),  v.réfl.  S'aider  mu- 
tuellement. H  se  faut  entr'aider,  c'est  la  loi  de  na- 
ture,  LA  FONT.  Fabl.  VIII,  (7. 

—  HIST.  xiii"  s.  Rt  s'entrejurent  et  affient  Qu'à 
leur  pooir  s'eniraideront,  laRose,  1532». 

—  ÉTYM.  Entre,  et  aider. 

t  ENTR'AIGUISER  (S')  (an-trfc-gui-zê,  ui  pro- 
noncé comme  dans  huj7e),  v.réfl.  S'aiguiser  réci- 
proquement. 

—  HIST.  xvi*  s.  Une  escole  où,  comme  deux  cou- 
teaux qui  s'entr'aignisent ,  celte  gaillanle  jeunesse 
par  un  exercice  alternatif,  apprend,   yveh,  p.   69f , 

—  ÉTYM.  Entre,  et  aiguiser. 
ENTRAILLES  (an-trA-U',  Il  mouillées,  et  non  an- 

trS-ye).  s.  f.  ||  1»  Nom  géné.-ii|ue  donné  aux  parties 
enfermées  dans  le  tronc  de  l'homme  et  des  animaux, 
et  paiticulièrement  dans  le  ventre.  Ils  vidèrent  les 
entrailles  et  embaumèrent  le  corps,  vaugel.  Q.  C. 
X,  to.  Il  eonsulie  les  entrailles  des  victimes,  fén. 
Tél.  IX.  Ses  entrailles  commencèrent  à  sortir  avec 
un  ruisseau  de  sang  :  son  teint  se  flétrit  comme  une 
fleur  que  la  main  d'une  nymphe  a  cueillie  dans  les 
prés,  ID.  ib.  XX.  Celle  science  frivole  qui  consiste  à 
connaître  la  volonlédesdieux, ou  par  le  vol  des  oiseaux, 
ou  par  leur  chant,  ou  par  l'inspection  des  entrailles 
d'une  victime,  diuer.  Opin.  des  anc.  phil.  (Itomains), 
Ici  des  athlètes  qui  n'éiaient  pas  encore  entrés  en  lice, 
cherchaient  dans  les  entrailles  des  victimes  la  des- 
tinée qui  les  attendait,  babtiiél.  Anach.  ch.  38. 
Il  Sentir  crier  ses  entrailles,  avoir  faim.  Un  auteur 
qui,  pressé  d'un  besoin  importun.  Le  soir  entend  crier 
ses  entrailles  à  jeun.  Goûte  peu  d'Hélicon  les  douces 
promenades,  boil.  Art  p.  iv.  ||  Fig  Déchirer  ses 
entrailles,  en  parlant  d'un  peuple,  être  en  proie 
aux  discordes  civiles.  Assez  de  funestes  batailles. 
Et  de  carnages  inhumains  Ont  fait  en  nos  propres 
entrailles  Rougir  nos  déloyales  mains,  malh.  m, 
2.  Qu'elle-même  [Rome]  sur  soi  renverse  ses  murail- 
les. Et  de  ses  propres  mains  déchire  ses  entrailles, 
CORN.  Hor.  IV,  6.  Rome  par  ses  mains  déchirait 
ses  entrailles,  id.  Ct'nna,  I,  3.  ||  Fig.  Sentir  ses 
entrailles  se  déchirer,  éprouver  une  vive  douleur. 
C'est  lui  [Smindyride]  qui,  voyant  un  paysan  sou- 
lever sa  bêche  avec  effort,  sentait  ses  entrailles  se 
déchirer, et  qui  ne  pouvaitdormir  si,  parmi  les  feuil- 
les de  rose  dont  son  lit  était  jonché,  une  seule  ve- 
nait à  se  plier  par  hasard,  barthél.  Anach.  ch.  37. 
Il  2"  Sein  de  la  mère.  Le  fruit  de  vos  entr.illes.  ||  3°  Il 
se  dit  des  lieux  les  plus  profonds  de  la  terre.  Les 
entrailles  d'un  volcan.  U  a  fouillé  les  entrailles  de 
la  terre,  Boss.  Connaiss.  vu.  ||  Fig.  Ce  qu'il  y  a  de 
plus  intime  dans  une  composition  littéraire.  Cette 
distinction  sort  des  entrailles  mêmes  du  sujet.  ||  i"  Ce 
qui  sort  de  nous,  notre  famille,  nos  enfants.  C'est  lin 
homme  armé  contre  ses  propres  entrailles,  patbu, 
Plaid.  VI,  dans  rii.iielet.  Maianie,  épargnez-les, 
épargnez  vos  entrailles,  cohn.  Uédée,  m,  4.  ||  6"  L'in- 
térieur, le  fond  de  l'âme.  Ceux  qui  écrivent  [lar  hu- 
meur, que  le  creur  fait  parler,  à  qui  il  inspire  les 
termes  et  les  figures,  et  qui  tirent,  pour  ainsi  dire, 
de  leurs  entrailles  tout  i  e  qn'ils  expriment  sur  le  pa- 
'■'sr,  LABKUt.  I.   Il  6°  Sensibilité,  tendre  affection. 


1/.28 


ENT 


Ul«on.-nousiaierd.honnefoi  aux  choses  cfui  nous 

S.  rBi*>nnement  pour  nou.  empêcher  d'avo.r  du 
Dlaii'r    «OL.  CrK.-?»',  »c-  '•  »  *«'"  '""  ''"""«■■  Pf»"" 

So «  entrailles  do  mtre,  Bcss  n   ^«««•'- %  '  "« 

iwnsa  plu»  qu'à  ce  jeune  prince  (le  dauphin,  fils  de 
Louis  XIVI....  de  peur  de  l'amollir  par  la  tendresse, 
il  emprunta  l'autoriié  du  roi  ;  de  peur  de  le  rebuter 
par  laustéritA  des  préceptes,  il  prit  les  enlrailles  du 
p*ro,  ritcn.  Duc  de  Konlausier.  Et  vous  qui  lui 
ripvei  (au  malheureui)  de»  entrailles  de  phra,  hac. 

Alhal.  n,  » Je  sens  que,  malRré  ton  offense. 

Mes  entrailles  pour  toi  se  troublent  par  avance,  m. 
Phèdre,  iv,  3.  Il  fut  surpris  de  trouver  ses  entrailles 
attendries,  fén.  Tél.  xi.  ||  Absolument.  Je  prédis  à 
quiconque  a  des  entrailles  qu'il  versera  des  larmes, 
j.  j.  BOiss.  Ém.  I.  La  politique,  qui  a  des  yeux  et 
point  d'entrailles,  raynal,  llitt.  pinl.  xiv,  26.  An- 
nilwil,  cruel,  sans  entrailles,  fut  en  maRnanimité 
fort  inférieur  à  son  rival,  chatf.aud.  /(in.  m,  134. 
Il  Cet  acteur  a  des  entrailles,  il  joue  avec  chiileur 
et  une  (jrande  vérité  dans  les  situations  pathétiques. 
,17'  Terme  de  dévotion.  Les  entrailles  de  la  mi.séri- 
corde  divine.  Dieu  qui  ferme  pour  toujours  ses  en- 
trailles Ma  miséricorde,  mass.  Pet.  carême,  Vices. 
Que  sont  devenues  les  entrailles  de  vos  miséricordes  "i 
ID.  Carême,  Mélange.  \\  Par  extension.  Kevétez-vous 
envers  vos  frères  d'entrailles  de  miséricorde,  Boss. 
Instr.  Un  attachement  inviolable  pour  le  roi,  des 
entrailles  de  miséricorde  pour  les  malheureux,  une 
immu,ihle  persévérance  dans  tous  ses  devoirs,  :d. 
Uar.-Thér  Dans  ces  malheurs,  les  entrailles  de  la 
charité  s'émurent,  montebq.  Esp.  x\x,  t). 

—  SYN.  BOYAUX,  ENTRAILLES.  Ces  deux  mots  si- 
gnifient exactement  la  même  chose;  mais  eiitrailles 
aatdu  style  noble,  et  boyau  du  stjle  le  plus  trivinl, 
»  il  n'est  pas  purement  didactique.  De  plus,  entrailles 
so  prend  très-bien  dans  le  sens  figuré,  et  boyau  ne 
s'y  prend  pre.sqiie  jamais  qu'en  ridicule  :  Ce  loge- 
ment n'est  qu'un  boyau. 

—  IIIST.  xii*  s.  Si  le  prist  grant  dolor  en  ses  en- 
trailles, Machab.  n,  8.  ||  xni'  s.  Il  vesti  maleïçon 
[malMiction]  ansi  corne  vestemcnt,  et  entra  ele  es 
antrailles  de  lui.  Psautier,  f"  )3c.  Par  sa  peldure 
qui  vorroit  [vou'lraitj.  Ses  entrailles  veoir  porroil, 
la  Rnse.  t0204.  Del  sanc  ausSarrazins  font  corre 
grant  ruisel.  Tout  li  pré  sont  covert  d'entraille  et 
de  boiel,  Ch.  d'Ant.  ii,  583. 

—  ÊTYM.  Provenç.  intralia;  espa?n.  entrafias  ; 
du  bas-lat.  inirania,  dans  la  loi  salique;  du  latin 
iiiferoueo.  L'I  a  éié  sub.siituée  à  l'n  dans  le  français 
et  dans  le  provençal,  peut-êlie  par  inllueiice  de  la 
finale  aille  qui  est  commune  en  français.  Roquefort 
cite  une  forme  française  entreigue,  qui  était  la 
vraie  dérivation. 

ENTR'AIMER  (S')  (an-tré-mé),  V.  réfl.  S'aimer 
l'un  l'autre.  El  si  la  ressemblance  est  par  où  l'on 
s'entr'aime.  J'ai  lieu  de  vous  aimer  comme  un  autre 
moi-même,  cobn.  Allilu,  m,  4.  Je  n'ai  que  trop  de 
tendresse  à  rendre  de  petits  services,  quand  je  vois 
des  gens  qui  s'entr'aiment  on  tout  bien  et  en  tout 
honneur,  mol  l'Avare,  iv,  ».  Souvenez-vous  que 
tous  les  hommes  doivent  s'entr'aimer,  rttt.Tél.  xxi. 
Rien  ne  serait  plus  insipide  si  l'on  ne  faisait  que 
B'entrViimer,  fonten.  Dial.  n.  Morts  anc.  et  mod. 

—  HIST.  xiii*  s.  Moût  doucement  [ils]  s'entr'ai- 
ment, loiaument.  sans  feintise,  AunEFBOi  le  bast. 
Romancero,  p.  tn.  ||  xv*  s.  Savoysiens  et  Bour- 
guignons de  tous  temps  se  entre  aymoient,  comm. 
n,  5.  Il  XVI'  ».  Il  veull  que  nous  nous  entraymions 
l'ung  l'autre  comme  frères,   despeh.  Cymbal.  (02. 

—  ETYM.  Entre,  et  aimer;  provenc.  eniramar. 

t  ENTRAIN  (an-lrin),  s.  m.  ||  1»  Chaleur,  gaieté 
naturelle  et  coniraiinicative.  Cette  personne  n'a 
pas  d'entrain.  Cet  homme  a  de  l'entrain  ||  2°  Ar- 
deur au  travail.  Êiudier  avec  entrain.  Je  n'ai  point 
d'entrain  ,  je  n'ai  aucun  entrain  aujourd'hui. 
Il  3*  Mouvement  rapide  et  animé  d'une  pièce,  d'une 
composition,  dans  l'enchaînement  des  scènes  et  des 
situations.  Ce  vaudeville,  cet  opéra  a  de  l'entrain. 
Vantez  de  ses  écriis  le  lyrisme  et  l'entrain,  vien- 
HKT,  ÉpUreâ  Boilrau. 

—  Rtym.  En  I.  et  irain. 

+  ENTRAÎNABLF  (  an-trê-na-bP)  ,  culj.  Néolo- 
gisme. Oui)  l'on  peut  entraîner,  qui  se  laisse  en- 
traîner. 

ENTRAÎNANT,  ANTE  (an-trê-nan,  nan-f),  adj. 
Oui  entraîne  le  creur,   l'esprit.  Une  éloquence  en- 
traînante. Un  charme  entraînant. 
J.  KNTRaTné.  Êe  (antré-né,  née),  part,  posté 

fo^^l7rlJ  V'i"'""  mou'ementviolenVemiîone. 
(.c  iLigeur  entraîné  par  le  cour.int.  Sur  un  ruisseau 
rapide,  Ver»  la  France  entraîné,  Il  s'assied  l'oeil  hu- 


ENT 

mide  Et  le  front  incliné,  di^rano.  Exilé,  jj  2*  Fig. 
Entraîné  par  ses  appas,  je  l'ai  suivie  jusqu'en  cette 
ville,  MOL.  Festin,  i,  2.  De  soins  tumultueux  un 
prince  environné  Vers  de  nouveaux  objets  est  sans 
cesse  entraîné,  rac.  Esth.  m,  S.  L'homme  ac- 
coutumé à  croire  divin  tout  ce  qui  était  puis- 
sant ,  coriime  il  se  sentjit  entrain^  au  vice 
par  une  force  invincible,  crut  aisément  que  cette 
force  était  hors  de  lui  et  s'en  fit  bientôt  un  d'eu, 
BOSS.  Hist.  II,  3.  Un  roi  par  les  méchants  dans  le 
crime  entraîné, volt.  Ilenr.  m,  3o.  Une  vie  tumul- 
tueuse, agitée,  entraînée,  pour  ainsi  dire,  par  le 
mouvement  dos  autres  hommes,  buff.  Cerf.  Conti- 
nuellement assaillis  par  des  idées  sensibles  et  des 
idées  intellectuelles,  nous  sommes  entraînés  des 
unes  aux  autres,  condil.  Art  de  pens.  n,  3.  Et  tou- 
jours eniraîné,  croyait  toujours  choisir,  deulle. 
Trois  règnes,  v. 

t  2.  ENTRAÎNÉ,  ÉE  (an-trê-né,  née), par»,  passé 
d'entraîner  2.  Cheval  entraîné,  cheval  préparé  pour 
la  course. 

1.  ENTRAÎNEMENT  (an-trê-ne-man  )  ,  s.  m. 
Il  1°  Action  d'entraîner;  état  de  ce  qui  est  entraîné. 
Il  2°  Fig.  Cette  tragédie  a  produit  beaucoup  d'effet 
et  l'entraînement  a  été  général.  L'entraînement  de 
l'exemple.  L'entraînement  des  passions  Elle  avait 
mêlé  toute  sa  vie  le  calcul  à  l'entraînement,  stael, 
Corinne,  xii,  2. 

—  ÊTYM.  Entraîner  t. 

t  2.  ENTRA!ne.MENT  (an-trê-ne-man)  ,  t.  m. 
Terme  de  course  et  de  gymna.stiqne.  Action  de  pré- 
parer un  cheval  pour  la  course,  un  homme  pour 
certains  exercices,  par  un  régime  convenable.  La 
pratique  principale  de  l'entraînement  consiste  dans 
des  courses  suivies  de  soins  qui  ont  pour  but  de 
débarrasser  le  cheval  de  son  superflu  et  de  lui  ap- 
prendre à  cwirir. 

—  ÊTY.M.  Entraîner  2. 

(.ENTRAÎNER  (an-trê-né),  V.  a.  ||  !•  Traîner  avec 
soi,  après  soi.  Le  torrent  entraînait  des  arbres.  Vous 
laisserez-vous  enlraînerà  l'autel  sans  vous  [ilaindru? 
LESAGE,  Diable  boit.  ch.  B.  Que  tout  chargé  de  fers 
à  mes  yeux  on  l'entraîne,  volt.  Zaïre,  v,  8.  Elle 
l'entraîne  dans  la  chambre  voisine,  m""  iie  genlis^ 
Veillées  du  chat.  t.  i,  p.  (97,  dans  pougens.  Piir 
mon  ordre  arrêté  devant  vous  on  l'entraîne,  dela- 
vigme.  Vêpres  sicil.  m,  3.  ||  Fig.  L'àme  est  donc 
toute  esclave;  une  loi  souveraine  Vers  'e  bien  ou  le 
mal  incessamment  rentraîne,  corn.  CKrf  iii,(.  Peu 
s'en  fallut  qu'elle  n'entraînât  Jmla  dans  sa  ruine, 
BOSS.  Hiit.  i,  6.  Et  sans  cesse  veiller  à  retenir  mes 
pas  Que  vers  vous  à  toute  heure  entraînent  vos  ap- 
pas, BAC.  Bérén.  jv,  B.  Mais  les  rois  en  tombant  en- 
traînent leurs  flatteurs,iD.  Théb.  v,  3.  Si  le  destin  en- 
traîne celui  qui  résiste,  il  ne  fait  que  guider  celui 
qui  veut,  CONDIL.  Hist.  anc.  Ili,  22.  ||  2°  Agir  sur  les 
sentiments.  Cet  orateur  entraîne  tous  les  esprits. 
Il  a  entraîné  tout  le  monde  dans  son  sentiment. 
Le  mauvais  exemple  nous  entraîne.  Madame  sait 
appuyer  le  sien  [  avis  J  par  des  raisons  si  con- 
vaincantes, qu'elle  m'a  entraînée  de  son  côté,  mol. 
Critique,  se.  6.  Comme  ils  ne  gagnaient  rien  avec 
leursdoctes  ouvrages,  et  que  l'éloquence  d'Osiandre 
entraînait  le  monde,  boss.  Var.  viii,  §  36.  Et  l'on 
craint,  s'il  paraît  dans  ce  nouvel  or<ige,  Qu'il  n'en- 
traîne aprfis  lui  tout  un  peuple  volage,  rac  Phèdre, 
I,  4.  Je  me  livre  en  aveugle  au  transport  qui  m'en- 
traîne, m.  Andr.  i,  (.  L'amour  le  relient  quand  la 
crainte  l'entraîne,  id.  Alex,  i,  3.  Dans  ces  occa- 
sions, c'est  le  public  qui  entraîne  ses  maîtres,  et  les 
force  à  se  joindre  à  lui,  fonten.  JSocWiaare.  Ces 
paroles  douces  et  flatteuses  qui  se  glissent  comme 
un  serpent  sous  les  fleurs,  loin  de  déplaire  aux 
princes,  les  charment  et  les  entraînent,  rollin, 
lli\t.anc.  Œwres,  t.  m,  p.  (73,  dans  pougens.  Je 
cède  à  la  pitié  dont  je  suis  déchirée;  Je  n'y  puis 
résister,  elle  entraîne  mes  sens,  volt.  Fanal.  iv,(. 
Il  fallut  dérober  cetie  tendre  victime  Au  fatal  ascen- 
dant qui  l'entraînait  au  crime,  m.  Œdipe,  iv,  (. 
Elle  ne  jugeait  pas  ,  elle  se  laissait  entraîner, 
M-'  DE  GENLis,  Veillées  du  chdl.  t.  m,  p.  (2B,  dans 
paooENS.  Vous  m'avez  entraîné  dans  ce  complot  fu- 
neste, nELAV.  Vêpres  sicil.  v,  B.  ||  Absolument.  Le 
charme  de  cette  lecture  entraîne.  La  voix  publique 
entraîne;  Même  en  s'en  défiant  on  lui  résiste  à 
peine,  volt.  Tancr.  iv,  B.  ||  3°  Etre  la  cause,  avoir 
pour  conséquence.  La  guerre  entraîne  avec  elle  ou 
après  elle  luen  des  maux.  Elle  a  cru  que  ma  perte 
entraînait  sa  ruine,  rac.  Bril.  v,  ( Tantde  pru- 
dence entraîne  trop  de  soin,  m.  Andr.  I.  S.  Mais 
trop  de  vers  entraînent  trop  d'ennui. obesset.  Vert 
Vert,  I.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Avoir  pour  effet 
nécessaire.  Toute  peine  affliciive  et  infamante  en- 


ENT 

traîne  la  perte  des  droits  civils.  ||  4*  S'entraîner,  v. 
réfl.  S'entraîner  l'un  l'autre.  Ils  se  sont  entraînés 
de  faute  en  faute. 

—  HIST.  xii"  s.  Et  Renoarz  son  tinel  entraîne, 
Bat.  d'Aleschans,  v.  4707. 

—  ETYM  En  2,  et  traîner.  On  trouve  dans  Calria 
Inst.  22  :  airniner. 

t2.  ENTRAÎNER  (an-trê-né),  D.o.Termedecourie 
et  de  gymnastique.  Préparer  par  un  système  d'ali- 
mentation et  de  médicaments,  un  cheval  à  la  course, 
un  boxeur  au  comb.tt,  etc.  Un  cheval  ne  peut  cou- 
rir avec  quelque  chance  de  succès  s'il  n'a  pas  été 
entraîné. 

—  ÊTYM.  En  I,  et  l'angl.  to  Irain,  dresser,  qui 
est  le  français  traîner. 

i  ENTRAÎNECR  (an-trê-neur) ,  s.  m.  Celui  qui 
entraîne,  qui  prépare  les  chevaux  pour  la  course. 

—  ÊTYM.  Entraîner  2. 

ENTRAIT  (an-trê),  s.  m.  Terme  de  charpentier. 
La  pièce  principale  d'un  comble,  après  la  poutre, 
celle  qui  soutient  le  poinçon  et  empêche  l'écarte- 
ment  des  arbalétriers,  dans  chacun  desquels  on  trouve 
assemblée  une  des  extrémités  de  l'entrait,  tandis 
que  la  poutre  sert  à  soutenir  les  solives  ou  les  plan- 
ches. Il  Dansun  cintre  servant  à  construire  une  voûte 
ou  arcade,  la  pièce  posée  horizontalement,  et  sous 
laquelle  sont  les  poteaux. 

—  HIST.  XV*  s.  Les  jambaiges,  esseliers  et  antrais 
seront  du  Mrage  à  yceux  chevrons,  tant  en  un  sens 
comme  en'l'autre,  Mém.  de  la  soc.  des  antiq.  de 
Norm.  t.  XXIV  de  la  collection,  p.  63B. 

—  ÊTYM.  En  ( .  el  trait. 

ENTRANT,  ANTE  (an-tran,  tran-t'),  adj.  ||  1*  Oui 
entre  Demandez  leurs  billets  aux  personnes  en- 
trantes. Il  Substantivement.  La  personne  qui  entre. 
Les  entrants  et  les  sortants.  La  liaison  des  scènes 
se  fait  par  la  vue,  quand  l'entrant  a  vu  le  sortant, 
ou  le  sortant  l'entrant,  ou  qu'ils  se  sont  vus  l'un 
l'autre,  batteux.  Traité  de  ta  pnés.  dram.  cliap.  4. 
Il  2'  Par  extension,  qui  prendson  tour  dans  l'exer- 
cice tempo'aire  d'une  fonction.  Le  vérificateur  en- 
trant. Il  Substantivement.  11  sort  tous  les  ans  de 
l'école  de  Paris  trois  élèves  qui  vont  à  l'école  du 
Rome,  et  qui  font  place  à  trois  nouveaux  en- 
trants, moEROT ,  Salon  de  (787,  Œuv,  t.  xv, 
p.  (54,  dans  PODGENS.  ||  3°  Fig.  Oui  entre,  qui  pé- 
nètre, qui  s'insinue.  Un  homme  dont  le  carac- 
tère a  je  ne  sais  quoi  d'entrant.  Sois  entrant, 
effronté,  et  sans  cesse  importune;  En  ce  temps  l'im- 
pudence élève  la  fortune,  régnier,  ^a(.  m.  Je  ne 
suis  pas  entrant,  ma  façon  est  rustique,  ID.  tb.  Il  [le 
roi]  n'aimait  pas  Mme  de  NoaiUes;  elle  avait  trop 
d'esprit  pour  lui,  et  trop  entrante,  et  trop  intri- 
gante, ST-SIM.  LV,  (70. 

—  HIST.  xii*  s.  Moult  m'est  bêle  la  douce  com- 
mencence  Du  nouveau  tens  à  l'entrant  de  pascor 
[Pâques],  Couci,  xvi.  Il  xiu' s.  Et  par  le  commun 
conseil  des  François  et  des  Grieus  fu  devisé  que  li 
noviaus  empereres  seroit  coronnés  à  la  feste  Saint 
Piere,  à  l'entrant  d'aoust,  villeh.  lxxxvii.  ||xv"  s. 
Il  est  entrant  [d'un  facile  accès],  il  a  ses  loix.  Il 
accorde  à  chascun  ses  droiz,  eust.  tesch.  Poésies 
mss.  f°20.'>,  dans  laclrne.  ||  xvi'  s.  Je  voudroisquo 
le  duc  d'Albe  fust  plus  entrant  qu'il  n'est  en  compa- 
gnie, BRANi.  Duc  d'Albe. 

ENTR'APPELER  (S')  (an-tra-pe-lé),  v.  réfl.  S'ap- 
peler l'un  l'autre.  Ne  nous  entr'appeler  que  mon 
âme  et  ma  vie,  corn.  Veure,  l,  3. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  s'entre-appeloient  liel  oncle, 
beau  cousin  et  beau  neveu  ;  coutume  qui  dure  en- 
core entre  les  grands,  carloix,  i,  34.  Les  ungs  ont 
souillé  leurs  livres  d'injures  et  convices,  s'entre- 
appellant  par  animosité  huguenots....  ID.  a,  4. 

—  ÊTYM.  Entre,  el  appeler. 

fENTR  APPRENDRE  (S)  (an-tra-pran-dr^ ,  i. 
réjl.  Se  donner  des  leçons  réciproques. 

—  HIST.  XVI*  s.  S'entr'aprendre,  lanodb,  soo. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  apprendre. 

t  ENTR'APPROCIIER  (S)  (an-tra-pro-ché),  ». 
réfl.  S'approcher  l'un  do  l'autre.  Enfin  on  s'entr'ap- 
proclie,  et  les  rames  contraires  D'un  air  impétueux 
font  choquer  les  galères  ,  brRbeup,  Phars.  m. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  approcher. 

I  ENTR'AROI'ERl'SER  (S')  (an-trai^ke-bu-ré),  v. 
réjh  S'arqiicbuser  l'un  l'autre. 

—  BIST,  rvi*  s.  Et  dura  ce  passe-temps  de  »'en- 
treharquebuzet,  quatre  jours,  CARtoix,  vu,  40. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  arguebuser. 
tENTR'ASSASSINER  (S')  (an-trâ-»a-si-né),«.rt/l. 

S'assassiner  l'un  l'autre.  Colisée  où  souvent  oespeu- 
ples  inhumains  [les  Romain»]  De  s'entr'assa»sinerse 
donnaient  tablature,  scarron. 

—  ETYM.  Entre,  et  assassinet. 


I 


ENÏ 


ENT 


ENT 


1429 


t  ENTR'ASStGNER  (S')  (an-lra-si- pné) ,  r.  rifl. 
S'enlr'assigncr  un  rendez-vous,  s'assi^iner  l'un  à 
l'autre  un  remiez-vous.  ||  Lancer  l'un  contre  l'autre 
une  assignation,  lis  se  sont  eritr'assiynés. 

—  HlST.  XVI'  s.  S'entr'assigner  lieu,  LANODE,  266. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  assign(r. 

t  ENTR'ASSOMMER  (S')  (an-tra-so-mé),  V.  réfl. 
5'assoDimer  l'un  l'autre.  Nous  frappons  sur  eux  et 
«ur  nous,  Nous  nous  entr'assommons  de  coups, 
scABRON,  Yirg.  ii. 

—  f.TYM.    Entre,  el  assommer. 

t  ENTR'ATTAQUER  (S')  (an-tra-ta-ké) ,  V.  réfl. 
'attaquer  l'un  l'autre. 

—  HlST.  XVI*  s.  On  ne  doit  point  désirer  que  si 
uissans  monarques  s'entr'attaquent,  lanoue,  395. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  attaquer. 

t  ENTRAVA1I.LÉ ,  ÉE  (an-tra-va-Ilé ,  liée,  Il  mouil- 
ées),  adj.  Terme  de-blason.  Se  dit  des  oiseaux  qui 
iont  représentés  les  ailes  éployées,  mais  avec  un 
liâton  passé  entre  les  ailes  et  les  pattes. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  travail,  instrument  de  maré- 
chal. 

t  ENTRAVANT,  ANTE  (an-tra-van,  van-t'),  adj. 
Oui  entrave.  Le  duc  du  Maine  sentit  que  sa  mère 
ne  lui  serait  qu'un  poids  fort  entravant ,   st-sim. 

413,    189. 

+  ENTRAVE,  s.  f.  Voy.  entraves. 

ENTRAVÉ,  ÉE  (an-tra-vé,  vée),  part,  passé. 
Il  1»  Arrêté  par  des  entraves.  Un  cheval  entravé. 
Il  2°Fig.  Entravé  dans  ses  travaux  parla-misère. 

ENTRAVER  (an-tra-vé),  v.  a.  ||  1°  Mettre  des  en- 
traves. Entraver  un  cheval.  ||  Terme  de  fauconnerie. 
'.Ccommoder  les  jets  de  l'oiseau  de  manière  qu'il  ne 
puisse  se  déchaperonner.  HÎ'Fig.  Embarrasser,  gê- 
ner. Entraver  des  opérations,  la  marche  des  affaires. 
Il  3°  S'entraver,  v-  réfl.  Se  prendre  dans  des  en- 
traves. Il  Fig.  Se  faire  mutuellement  obstacle.  Ils 
s'entravent  en  sollicitant  le  même  poste. 

—  HlST.  XV'  s.  Poulain  entravé,  coquillart,  En- 
quesle  entre  la  simple  et  la  rusée.  ||  xvi*  s.  Tantost 
la  peur  nous  cloue  les  pieds  et  les  entrave,  mont. 
I,  82.  Je  ne  puis  souffrir  d'aller  desboutonné,  ils  se 
sentiroient  entravez  de  l'estre  [boutonnés],  id.  i, 
S60.  Il  n'est  plus  temps  de  regimber  quand  on  s'est 
laissé  entraver,  m.  m,  322. 

—  ÉTYM.  Entraves;  provenç.  entravar. 

f  ENTRA  VERSER  (an-lra-Ver-sé),  v.  a.  Terme 
de  marine.  Mettre  un  navire  en  travers  relativement 
i  une  côie,  à  un  objet  quelconque. 

—  HlST.  XVI".  s.  Les  gens  du  pays  avoient  faict 
tranchées  et  fossez  par  les  chemins  et  sentiers,  ab- 
battu  ponts  et  planches,  entraversé  grands  arbres 
en  la  voye,  J.  d'aviou.  Annales  de  Louis  Xll,  p.  32, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  En  t ,  et  travers. 

r.NTR'AVERTIR  (S')  (an-tra -ver-tir),  v.  réfl. S'A- 
vertir mutuellement. 

—  HIST.  xvi*  s.  Et  est  encores  en  usage  entre  les 
filles  de  là  une  chanson,  par  laquelle  elles  s'entra- 
vertlssent  de  ne  faire  point  de  grandes  enjambées, 

MONT.  I,  92. 

—  RTYM.  Entre,  et  avertir. 

ENTRAVES  (an-tra-v'),  s.  f.  pliir.  \\  1°  Lien  qu'on 
métaux  jambes  de  certains  animaux  et  particuliè- 
rement des  chevaux.  Mettre  des  entraves  à  un  che- 
val. Il  Liens  usités  à  l'effet  d'abattre  les  animaux  et 
de  les  fixer  pour  les  opérations.  ||  Ce  mot  a  aussi  un 
singulier;  car  on  peut  mettre  une  entrave  ou  deux 
entraves  à  un  cheval.  Acheter  une  entrave,  perdre, 
laisser  tomber  une  entrave,  legoarant.  ||  2°  Fig. 
Ce  qui  retient,  contient,  empêche. Tous  les  hommes 
vivants  sont  ici-bas  esclaves;  Mais,  suivant  ce  qu'ils 
sont,  ils  diffèrent  d'entraves  :  Les  uns  les  portent 
d'or  et  les  autres  de  fer,  Régnier,  Sat.  m.  Nous  ne 
saurions  briser  nos  fers  et  nos  entraves,  Du  lecteur 
dédaigneux  honorables  esclaves,  boil.  Épit.  vi.  Phi- 
lippe appelait  cette  citadelle  les  entraves  de  la  Grèce, 
BOLLiN.  Hisl.  anc.  Œuv.  t.  vu,  500,  dans  pougens. 
Il  les  éclairera  sur  le  caractère  de  notre  langue,  sur 
ses  entraves  et  ses  ressources,  sa  richesse  et  son  in- 
digence, la  sagesse  de  ses  lois  et  la  singularité  de 
ses  bizarreries,  d'alemb.  Éloges,  d'Olivet.  La  main 
du  fils  des  braves  Du  ]>euple  de  Morvan  a  brisé  les 
entraves,  nucis.  Oscar,  ii,  t.  [Us]  De  leur  chaîne 
honteuse  adorent  les  entraves,  F,t  du  plus  vil  tyran 
sont  les  plus  vils  esclaves,  legouvé,  Epich.  et  Nér. 
I,  3.  Jeté,  farouche  encore,  àtravers  ces  entraves,  Je 
frémis  sous  leur  poids,  léger  pour  des  esclaves,  de- 
là v.  Paria,  i,  2.  Quoi!  pour  livrer  vos  mains  à 
d'indignes  entraves,  id.  Vêpres  sicil.  m,  6.  Point 
d'entraves  à  la  pensée  Par  ordonnance  de  Bacchus, 
bérang.  Ha  répub.  \\  En  ce  sens,  il  s'emploie  aussi 
au    singulier.   La  jeunesse   a  besoin  de  auelque 


entrave  qui  la  retienne.  Dans  l'entrave  où  mon 
pied  se  sent  pris  en  arrière,  v.  hl'oo,  les  Bur- 
graves,  i,  3. 

—  ÊTYM.  En  1 ,  et  un  radical  trav.,..  ;  portug. 
frnt'C,  bAton,  lien;  du  latin  (robes,  poutre;  la  poutre 
percée  de  trous  ayant  servi  à  entraver  les  pieds  de 
détenus,  comme  on  le  voit  parce  pa-ssagede  Grégoire 
de  Tours:  tralies  iUaquae  victorum  pedes  coarctabat 
(cité  dans  Kaynouard,  Lexique,  au  mot  enfraear). 

t  ENTRA  VON  (an-tra-von),  ».  m.  Petite  pièce  de 
cuir  dont  on  entoure  le  paturon  du  cheval  pour 
qu'il  ne  soit  pas  blessé  par  l'entrave. 

—  ÊTYM.  Entraves. 

t  ENTR'AVOUER  (S')  (an-tra-vou-é),  v.  réfl.  S'a- 
vouer quelque  chose  réciproquement  l'un  à  l'autre. 
Après  s'en  être  demandé  la  raison  l'un  à  l'autre,  ils 
s'entr'avouèrent  leur  passion,  SACi,  Bible,  Daniel, 

XIII,   14. 

—  Rtym.  Entre,  et  avouer. 

ENTRE  (an-tr'),  prép.  ||  l»  Dans  l'espace  qui  sé- 
pare deux  ou  plusieurs  objets.  Il  est  assis  entre  eux 
deux.  Tours  est  entre  Paris  et  Bordeaux.  Ce  bataillon 
se  trouva  entre  deux  feux.  Lesdangersqu'ilavaitcou- 
riis  entre  Scylla  et  Charybde,  pEn.  Tél.  i.  Hermione, 
seigneur,  arrêtera  vos  coups;  Ses  yeux  s'opposeront 
entre  son  père  et  vous,  rac.  Andr.  I,  2.  11  [Jésus- 
Christ]  vint  se  mettre  entre  ses  foudres  [de  Dieu]  et 
nos  crimes,  mass.  Carême,  Pass.  Entre  les  deux  em- 
piresil  se  forma  des  déserts;  entre  les  deux  empires 
on  fut  toujours  sous  les  armes,  montesq.  Esp.  xxi, 
(6.  Vous  me  laisserez  vivre  entre  ces  murs  sacrés 
Quelle  vos  ennemis  mon  bras  a  délivrés, volt.  Irène, 
n,'i.  Ils  [les  deux  hôtes]  se  quittèrent  pour  mettre  de 
grandes  régions  entre  leurs  tombeaux,  chateaubr. 
Génie,  li,  vi,  3.  ||  Familièrement.  Mettre  quelqu'un 
entre  quatre  murailles,  le  mettre  en  prison.  [|  En- 
tre deux  eaux,  sous  l'eau.  Nager  entre  deux  eaux. 
Il  Entre  deux  vins,  dans  un  état  voisin  de  l'ivresse. 
Pour  éviter  bien  des  maux.  Veut-on  suivre  ma  re- 
cette. Que  l'on  nage  entre  deux  eaux.  Et  qu'entre 
deux  vins  l'on  se  mette,  dêrang.  P.  coups.  ||  Entre 
quatre  yeux  (on  prononce  entre  qiiatre-z-yeux),  seul 
à  seul,  sans  témoins.  ||  Regarder  quelqu'un  entre  les 
deux  yeux,  le  regarder  fixement.  ||  Entre  les  bras, 
sur  le  sein.  Les  enfants  mouraient  entre  les  bras  de 
leurs  mères.  Dites-moi,  monsieur,  être  entre  les  bras 
comme  vous  dites,  ou  être  dans  les  bras  comme  dit 
Ouinault,  cela  est-il  synonyme?  nu  marsais,  ie((re 
d'une  jeune  demoiselle.  ||  Entre  les  mains  de,  au 
pouvoir  de....  Dieu  tient  le  cœurdes  rois  entre  ses 
mains  puissantes,  rac.  Esth.  1,  4.  Mon  bonheur  est 
entre  vos  mains,  baron,  Homme  abonnes  fort,  i,  t. 
Il  Entre  ses  mains,  en  parlant  d'un  médecin,  d'un 
avocat,  d'un  professeur,  d'un  directeur  de  con- 
science, etc.  signifie  être  traité  par  lui,  être  sous  sa 
direction,  etc.  De  quarante-deux  malades....  il  [Hip- 
pocrate]  avoue  qu'il  n'y  en  a  eu  quedix-sept  qu'il  ait 
guéris,  et  que  tous  les  autres  sont  morts  entre  ses 
mains,  rollin,  Hist.  anc.  t.  xiii,  liv.  xxvi,  ch.  4, 
§  t.  Il  Entre  quatre  planches,  dans  le  cercueil.  ||  En- 
tre ciel  et  terre,  dans  l'air,  au-ilessus  du  sol.  Il  a 
fini  ses  jours  entre  ciel  et  terre,  il  a  été  pendu. 
Il  Fig.  Entre  les  deux,  ni  bien  ni  mal.  Est-elle  laide? 
Entre  les  deux.  ||  Terme  de  marine.  Un  bâtiment 
a  le  vent  entre  deux  écoutes  lorsqu'il  est  poussé- 
par  un  vent  de  l'arrière.  ||  Fig.  Se  trouver  pris  entre 
la  vergue  et  les  rabans,  être  dans  une  situation 
imprévue  et  fâcheuse.  ||  2°  Il  se  dit  des  objets 
intellectuels ,  moraux,  abstraits.  L'homme  placé 
entre  le  vice  et  la  vertu,  f'iotter  entre  la  patience 
et  la  crainte.  Un  état  moyen  entre  la  pauvreté 
et  les  riches.ses.  On  ne  met  point,  dans  cette  ville, 
de  différence  entre  les  voluptés  et  les  besoins,  mon- 
tesq. Temple  de  Gnide,  4.  ||  Être  entre  la  vie  et  la 
mort,  être  dans  un  danger  imminent,  près  d'ex- 
pirer. Incertain  de  sa  condition,  entre  la  mort 
et  la  vie,  boss.  Hist.  ii,  4.  ||  3"  Il  se  dit,  en  un  sens 
analogue,  d'un  intervalle  qui  n'est  qu'idéal,  moral, 
entre  les  personnes.  Se  tenir  entre  deux  partis. 
Fatigué  de  me  trouver  entre  deux  hommes  que  je 
ne  pouvais  accorder,  fEn.  Tél.  xiii.  L'Etre  su- 
prême enfin,  placé  entre  les  rois  oppresseurs  et  les 
peuples  opprimés,  pour  effrayer  les  rois  et  venger 
les  peuples;  tel  est  l'objet  de  ce  Petit  (^rême,  digne 
d'être  appris  par  tous  les  enfants  destinés  à  régner, 
d'alemb.  Éloges,  Ilassillon.  ||  4°  Dans  un  temps 
qui  suit  une  époque  et  en  précède  une  autre.  Entre 
midi  et  une  heure.  Entre  deux  soleils.  Entre  le 
lever  et  le  coucher  du  soleil.  Entre  ces  deux  con- 
férences, la  compagnie  [l'Académie  française]  per- 
mit à  MM.  Racine,  la  Fontaine  et  Despréaux,  amis 
de  Furetière  dès  l'enfance,  d'aller  le  voir  au  nom 
de  tous,  pour  le  disposer  à  donner  des  marques  de 


sa  soumission,  d'olivet,  Hist.  Âead.  t.  n,  p.  45, 
dans  POUGENS.  ||  Entre  temps,  pendant  ce  temps- 
là.  Il  Entre  la  poire  et  le  fromage,  voy.  fromage. 
Il  Entre  chien  et  loup,  voy.  chien.  ||  Entre  ci  et  là, 
voy.  CI.  Il  5°  Il  exprime  le  rapport  que  des  per- 
sonnes ou  des  choses  ont  l'une  avec  l'autre.  L'ac- 
cord conclu  entre  la  France  et  l'Angleterre  11  y  a 
procès,  querelle,  amitié,  inimitié  entre  ces  gens-là. 
Qu'y  a-t-il  de  commun  entre  vous  et  moi?  Ressem- 
bl»nce  ,  différence  entre  deux  choses.  Là  liaison 
que  CBS  questions  ont  entre  elles.  Ils  s'aident  entre 
eux.  Ils  parlaient  entre  eux.  Entre  amis  il  ne  faut 
point  de  cérémonie.  Entre  vous  et  moi,  c'est  h  la 
vie  à  la  mort.  L'union  qJi  est  entre  les  hommes 
n'est  fondée  que  sur  cette  mutuelle  tromperie,  et 
peu  d'amitiés  subsisteraient ,  si  chacun  savait  ce 
que  son  ami  dit  de  lui  lorsqu'il  n'y  est  pas,  PASC. 
Pensées,  part,  i,  art.  B.  Croire  que  nous  pou- 
vons partager  ce  cœur  entre  la  créature  et  Dieu, 
entre  notre  passion  et  Dieu,  bourdaloue.  Puri- 
fication de  la  Vierge,  Myst.  t.  u,  p.  254,  dans 
POUGENS.  Entre  le  pauvre  et  vous,  vous  prendrez 
Dieu  pour  juge,  rac.  Athal.  iv,  3.  Que  le  Sei- 
gneur qui  nous  entend  soit  entre  vous  et  nous, 
SACi,  Bible,  Juges,  xi,  to.  Il  lia  avec  lui  une  étroite 
amitié  qui  depuis  ne  se  démentit  jamais,  chose 
assez  rare  entre  deux  personnes  du  premier  mé- 
rite, et  qui  courent  la  même  carrière,  iiolun,  Hist. 
anc.  Œuvr.  t.  xi ,  ('•  part.  p.  t70,  dans  pou- 
gens.  Et  que  ce  Dieu  soit  juge  entre  Séide  et 
moi,  volt.  Fanât,  v,  4.  Il  faut  de  la  jusUce  en- 
tre le  prince  et  le  sujet;  de  la  tendresse  entre  le 
père  et  le  fils;  de  la  fidélité  entre  la  femme  et  le 
mari;  de  la  subordination  entre  les  frères;  de  la 
concorde  entre  les  amis,  diderot.  Opinions  des 
anc.  phil.  (Chinois).  Homme  petit  et  faible,  qu'y 
a-t-il  entre  Caton  et  toi?  i.  J.  bouss.  Hél.  m,  22. 
Il  6°  Soit  dit  entre  nous,  ou,  elliptiquement,  entre 
nous,  c'est-à-dire  que  cela  ne  soit  pas  redit  à  d'au- 
tres, mais  de  vous  à  moi  .seulement.  Soit  dit  entre 
nous,  je  le  crois  fort  ignorant.  C'est  un  homme,  en- 
tre nous,  à  mener  par  le  nez,  mol.  Tart.  IV,  6.  Allez, 
c'est  se  moquer;  votre  femme,  entre  nous,  H.st,  par 
vos  Wchetés,  souveraine  sur  vous,  id.  Femmes  sav. 
II,  9.  Ceci  soit  dit  entre  nous  deux,  sÉV.  ti.  Ce  soin 
d'immoler  tout  à  son  pouvoir  suprême.  Entre  nous, 
avait-il  d'autre  objet  que  vous-même  ?  rac.  Esth. 
m,  (.Est-il  donc,  entre  nous,  rien  de  plus  despo- 
tique? volt.  Brutus,  II,  2.  Il   Entre  vous  et  moi, 

même  sens C'est,  entre  vous  et  moi,  Auprèsd'un 

philosophe  un  fort  chétif  emploi,  regnard.  Dis- 
trait, II,  4.  Il  Entre  nous,  signifie  aussi  sans  per- 
sonne d'étranger.  Nous  dînerons  entre  nous.  ||  Fa- 
milièrement. Entre  nous  tous,  c'est-à-dire  nous 
ensemble;  entre  eux  tous,  c'est-à-dire  eux  ensem- 
ble. Us  n'avaient  entre  eux  tous  que  sept  francs 
à  dépenser.  ||  Entre  et  un  pronom  personnel  au 
pluriel,  signifie  souvent  sans  sortir  de  la  classe  où 
l'on  e^t.  Ils  se  marient  entre  soi,  entre  eux.  Les 
véritables  sages  vivent  entre  eux  retirés  et  tranquil- 
les, VOLT.  Babouc.  \\  7°  Au  nombre  de,  parmi. 
Que  la  voix  commune  des  hommes  A  fait  asseoir 
entre  les  dieux,  malh.  vi,  8.  Ayant  considéré 
combien  un  même  homme,  avec  son  même  es- 
prit, étant  nourri  dès  son  enfance  entre  des  Fran- 
çais ou  des  Allemands,  devient  dilléient  de  ce  qu'il 
serait  s'il  avait  toujours  vécu  avec  des  Chinois  ou 
des  cannibales, DESC.  Méth.  ii,  4.  [Rome]  Vous  pré- 
pare déjà  des  temples,  des  autels.  Et  le  ciel  une 
place  entre  les  immortels,  corn.  Cinna,  v,  3.  Les 
gens  de  Cornélie,  entre  qui  les  Romains  Ont  déjà 
reconnu  des  frères,  des  germains,  id.  Pomp.  iv,<. 
Certain  chagrin  conçu  dans  l'esprit  de  la  reine  M'a 
fait,  entre  autre  avis, estimer  à  propos  De  l'envoyer.... 
ROTROU,  Bélis.  III,  6.  Vous  que  l'Orient  compte 
entre  ses  plus  grands  rois,  rac.  Bérén.  i,  <.  Et  s'il 
te  faut  chercher,  ce  n'est  qu'entre  les  morts,  id. 
Alex.  IV,  t.  Distinguait-on  entre  les  premiers  fidèles 
ceux  qui  étaient  du  monde  de  ceux  qui  n'en  étaient 
pas?  MASS.  Carême,  Samarit.  ||  Entre  autres,  se  dit 
quand  on  veut  désigner  d'une  façon  particulière 
quelqu'un  ou  quelque  chose.  J'ai  visité  les  princi- 
pales bibliothèques  de  l'Italie,  entre  autres  celles  de 
Rome.  Il  Entre  tous,  au  suprême  degré.  C'est  une 
chose  injuste  entre  toutes.  ||  Brave  entre  les  braves, 
extrêmement  brave.  ||  8»  Il  exprime  aussi  distribu- 
tion, séparation,  distinction,  choix.  Il  se  distingue 
entre  tous  ses  disciples,  LA  brut.  Dise,  sur  Tliéo- 
phraste.  Ouintilien  n'ose  décider  entre  ces  deux 
grands  orateurs  [Démosthène  et  Cicéron],  quoi- 
que pourtant  il  semble  laisser  entrevoir  quelque  pré- 
dilection et  un  penchant  secret  pour  Cicéron,  rollin  , 
Traité  des  Et.  iv,  4.  Il  fit  le  partage  entre  tous  les 


i 


1430  KNT 

alhéi  «TM  une  grande  équité,  ro.  ïïùt.  anc.  OKu- 
-,«  1  Ml  n  «♦»,  'l«n»  poLOKNS.  fcntre  quels  at- 
to,M,'„  «ut'i  nue  je  choisisse?  volt.  Ah.  v,  6. 
^r  Kn.n^  c'e.^idire  lan.  de  l'un  que  de  'autre. 
En.re  |.i*c«,  do  »  franc,  et  piîxes  ie  2»  rancs, 
Il  y  avait  dans  cette  liourse  200  rrancs.  ||  10°  Ueii- 
u'  «lu  milieu  de.  Six  jour»  avant  la  |ifl.|iie,  Jésus 
vint  i  Béllianie,  où  il  aiaii  ressusciié  Lazare  d'en- 
tre les  mon».  SACI,  Bihte,  Év.  de  Si  Jean,  xii,  t. 
Il  Parmi.  Quelqu'un  d'entre  vous....  ||  11°  Car  entre, 
par  l'intervalle  de.  Il  falliiit  aller  aux  ennemis  par 
entre  Us  deux  villages,  s-siu    t2,   i3is. 

—  IlEM.  L'e  final  de  entre  s'élide  dans  les  com- 
posés de  ce  mot  :  eutr'acie,  s'entr'aider,  etc.  mais 
dans  tous  les  autres  cas  on  n'emiiloie  pas  l'apo- 
strophe :  entre  eux,  entre  elles,  entre  autres,  entre 
onze  heures  et  midi. 

—  HIST.  XI'  s.  E  le  surplus  les  orphaiiins  et  les 
parents  départent  [partaKenl]  entre  els,  Lois  de 
Guill.  ».  Kntre  ses  poinz  |ilJtenoit  s'iiauste  frai.s- 
nine,  Ch.  de  Roi.  lv.  ||xii'  .s.  (Ces  choses)  Pais  se- 
nefient  entre  paienes  lois./lonc.  p.  7.  Kntr'als  [eux] 
sont  bien  li  mile  chevalier,  ib.  p.  37.  Mort  [ilj  le 
trébuche  entre  mil  Arabiz,  i6.  p.  63.  [Ils]  Dient 
enir'enx  :  Franc  ont  les  porz  passés,  ib.  p.  80.  Et 
qu'il  n'avient  souvent  Que  je  m'oubli,  pensant  [[len- 
sif]  entre  la  gent.Couci.  xvi.  Que  vont  queranl  cil  fol 
berger,  Qu'il  ne  viennent  à  ma  dame  ser\ir,  Qui 
mieus  sauroit  le  mont  [monde]  justicier  Qu'enire 
eus  Iresloiis  d'un  pauvre  bourg  joîr,  hues  dk  la 
FEnTft.  BoHianMro,  p.  1»4.  Seifiior,  par  tel  manière, 
jà  nus  [nul]  n'en  soit  duutans,  Fu  meue  la  guerre 
anire  Siiisnes  et  Francs,  Sax.  v.  Autre  ci  c]ue  as 
porli-s  n'i  ol  arrestoison,  ib.  vai.  Kntre  ces  affaires, 
li  reis  David  à  un  jiir  levad  après  meriene  [méri- 
dienne] ;  si  se  aloiit  [allail]  esb^miant  [aniusant]  en 
un  .solier,  Bois,  p.  16*.  ||  xiii's.  Emprès  piisreiit  en- 
tr'aus  [euxj  11  baron  un  |iailemecil  à  Soissons,  viL- 
LEH.  viu.  La  (luchoise  sa  suer  [sœur]  entre  ses  bras  la 
prent.  lUrte.  ix.  Puis  (elle)  dist  entre  ses  dens, 
que  nuls  ne  l'a  oit,  ib.  lui.  tant  i  avoit  trésor  entre 
argent  et  or  clair  [tant  en  argent  qu'en  or|,  ib. 
xcvii.  Alons  il  lui  parler,  sire,  entre  vous  et  moi, 
ib.  r.v.  Berle  fu  en  la  chambre....  Ijure  lui  et  riy- 
mon  et  Constance  s'amic [entre eux  trois,  elle,  riy- 
mon  et  CoiLsIance],  ib.  cxix.  Kl  lor  dist  qu'il  venis- 
sent  en  se  [sa]  meson  entre  quien  et  leu  [chien  et 
loup],  BK»UM.  Lxix.  m.  Et  pur  ce  il  reijueruieiil  que 
11  remaiians  fiist  partis  igalineiit  entrax  [entre  eux], 
autnnt  à  l'un  comme  à  l'autre,  lo.  xiv,  12.  Monsei- 
gneur Iinbert  de  Beaujeu  esloit  au  dehors  de  l'o-st, 
entre  li  et  |tant  lui  que)  le  iiieslre  des  arlialestrier  , 
JOiNv,  ÎI7.  Entre  Ihs  autres  (entre  autres  choses|. 
Il  manda  que  il  estoit  prest  de  li  aidier  à  conijuerre 
la  tffre  sainte,  iti.  an.  |(  xv"  s.  Demeura  monsei- 
gneiirde  Hainaiit  entre  les  Angtois,  (jui  lui  falsoient 
toujours  toute  Ihunneur  et  compagnie  i|u'ils  pou- 
voient,  Fnotss.  I,  i,  2.'>.  Après  iliner,  un  grand  bu- 
tin commeii(;a  entre  les  garçons  des  Hainuyers  et 
les  archers  d  Angleterre  qui  enire  eux  estoient  her- 
bergés,  pour  occasion  d'un  jeu  de  dés.  ID.  i,  i,  31, 
Je  veuil  que  entre  nous...,  nous  en  allons  notre  che- 
min à  mie-nuit...,  et  le  dites  aussi  l'un  à  l'autre  et 
tout  ce  soit  tenu  en  secret,  m.  ii,  ii,  2:12.  El  à 
g'entre-enibrasser  par  entre  les  troux  [à  l'enlrevue 
de  Pecquignyl,  comu.  iv,  m.  Le  roy  Edouard  estoit 
beau  prince  entre  les  beauli  du  monde,  tu.  vi,  \i. 
Lu  duo  Philippe  lequel  entre  toutes  les  maisons  du 
monde  ayrooit  celte  maison  de  Uuurbon,  id.  i,  2, 
"  XVI'  s.  Que  si  j'eusse  esté  entre  ces  nations  [chez 
ces  nations],  mont.  Au  lecl.  p.  xti.  Arracher  d'entre 
les  mains  des  sergeants,  id.  i,  4.  Faire  différence 
entre  les  faultes  c|ui  viennent  de  nostre  faiblesse  et 
celles  qui....  m.  I,  54.  Entre  unze  heures  et  midi, 
ID.  I,  72.  Entre  les  Scythes,  quand  les  devins  avoient 
failly  de  rencontre,  id.  i,  338.  Aux  battaitles  don- 
nées entre  les  Ai:gyptiens  et  les  Perses,  id.  i,  2b(i. 
Les  médecins  vivent  bien  entre  les  malades,  id.  i, 
374.  Il  y  a,  entre  autres,  deux  principales  espèces 
[d'histoire],  aktot,  Préf.  xx,  47.  Il  fut  emporté 
entre  les  bras  de  ses  gens  dedans  la  ville,  id.  Public. 
»2.  Mutins  regardant  franchement  Porsena  entre 
deux  yeulx,  id.  16.  33.  El  furent  les  uns  tuez  par 
les  enni-mis  i|u'iU  avoient  à  dos,  les  autres  par 
entre  eux  mesme»,  id.  Sicias,  39. 

~  KTVM.  Picard ,  Vnter;  provnnç.  et  espagn.  entre; 
ital.  inira;  du  latin  «nier,  entre;  sanscrit,  antara. 

ENTRÉ,  f.K  (aii-iré  tréei,  pari,  pntîf' d'entrer. 
Qui  «al  aiW  ilan»  X  pp,n»  entré  dans  la  maison.  ||  Fig. 
Jeune  lioiiiii,«  à  |„.,|,H  eiiiré  dans  la  vie. 

ENTRE  BÂILI.e.  f.E  (antre-bâ  lié,  liée,  Il  mouil- 


U«s,  et 


non  aii-irB-Uâ-jé    yée),  par».  paiU    De» 


volets  cntre-bftiU&s. 


ENT 

t  ENTRE-BÎILLKMENT  (an-tre-bâ-lle-man,  /! 
mouillées, et  non  an-tre-bâ-ye-man),  s,  m.  État  de  ce 
qui  est  ouvert  à  ilemi.  L'entre- bâillement  d'une  porte. 

ENTRE- BAILI.ER  (an-lie-bâ  lié  ,  Il  mouillées,  et 
non  entre-bA-yé),t/.  a.  Ouvrir  un  peu.  Entre-bâlller 
une  porte.  Le  marquis  [de  Villena]  s'y  étant  pré- 
senté (.1  la  porie  du  roi  d'Espagne] ,  un  des  valets  l'en- 
tre bSillaetluiditqu'il  lui  était  défendu  de  le  laisser 
entier,  sr-siMON,  476,  <25,  ||  S'entre-bâiller,  v.  réft. 
Ace  momentla  porte  s'entre- bâille,  et  j'aperçois,,.. 

—  HIST.  xv  s.  Le  dit  Bourguignon  baillai  iceluy 
archier,  enentre-baillant  ledit  guichet,  d'une  dague 
dedans  le  ventre,  jean  ue  thoves,  Chrnn.  t485. 
(I  xvt*  s.  Quand  les  os  s'eslochenl,  s'eiitr'ouvrent 
et  entrebaaillent,  sans  toutefois  estre  luxés,  pabé, 
xiv,  (.  Lors  que  par  le  moien  du  coin  la  fente  entre- 
baillera, l'on  parlera  la  préparation  des  greffes,  0, 

de  SKRRES,   66  2. 

—  ÉTYM.  Jînfre,  et  bâiller;  picard,  entrebeyé, 
entr'ouvert. 

ENTKE-BAISER  (S')  (an-tre-bè-zé) ,  v.  réfl.  Se 
baiser  réciproquement.  Je  descends,  nous  pourrons 
nous  entre-baiser  tous,  la  font.  Fabl.  11,  (6.  C'é- 
tait un  spectacle  très- amusant,  que  de  voir  ces  pe- 
tites chenilles  aller  et  venir,  les  unes  d'un  côté,  les 
autres  d'un  autre,  sans  confusion,  et  s'entre  baiser 
comme  les  fourmis  quand  elles  se  rencontraient, 
BONNET,  Insect.  Obsrrv.  4. 

—  HIST.  xii'  s.  Miséricorde  e  verited  encuntrerent 
à  sel;  justice  e  pais  s'entie-baiserent.  Liber psalm. 

p.  t2t Donc  se  sont  aprescié  [approché],  Qu'en 

pais  s'entrebaisa.s.sent  et  en  veire  [vraie]  amistié,  Tli. 
le  mart.  t08.  ]|  xiii*  s.  Après  cest  mot  s'entre-baisie- 
rent  cil  qui  onques  ne  s'entr'amerent,  Ne  jà  jor  ne 
s'enlrameronl.  Dire  pueent  [peuvent]  ce  qu'il  voilronl, 
Ben,  5087.  Il  xvi*  s.  Là  est  emplasiré  l'escusson,  de 
telle  sorte  qu'il  joint  l'escorce  de  l'arbre  de  trots 
divers  endroits,  s'enirebaisans  parfaitement  les  es- 
corces  du  franc  et  du  sauvage,  o.  de  serbes,  669. 

—  f.TVM.  Entre,  et  baiser. 

t  ENTRE  BANDE  ian -tre-ban-d'),  s.  f.  Terme  do 
commerce.  Se  dit  du  commencement  et  de  la  lin 
d'une  pièce  d'étoffe  de  laine. 

t  ENTRERAS  (an-lre-bâ),  t.  m.  Terme  de  fabri- 
que. Éloignement  trop  grand,  ou  distance  inégale 
des  fils  de  la  chaîne  d'une  étoffe;  c'est  un  défaut  de 
fabrication. 

t  ENTRE-BAT  (an-tre-ba),  ».  m.  Synonyme  d'en- 
tre-bande. Les  fabricants  seront  tenus  de  revêtir  les 
étoffes  des  lisières,  liteaux  ou  entre-bats  indiqués 
par  ledit  tableau,  Lelt.  pat.  22  juiU.  <78»,  art.  4. 
Il  On  trouve  aussi  entre- batte,  s.  f. 

\  ENTREBAT  (antre-bâ),  s.  m.  Partie  qui  se 
trouve  au  milieu  du  bât  d'une  bête  de  somme, 

t  ENTRE  BATI'RE(S)(an-tre-ba-tr'),  v.  réft.  Se 
battre  l'un  l'autre.  Il  semble  que  les  autres  se  soient 
entre-battus  à  qui....  G.  nauué.  Apologie,  p.  19, 
L'un  jurait,  l'autre  injuriait,  tous  s'entre-battaient, 
SCARB.  flom.  corn,  i,  3.  ||  Avec  l'ellipse  île  se.  [L'a- 
droite Ch.iusseraye  dit  au  roi]  qu'elle  ne  se  souciait 
pas  plus  d'un  des  deux  partis  que  de  l'autre;  qu'elle 
n'était  touchée  que  de  sa  santé,  de  sa  tranquillité, 
qu'il  ne  conserverait  jamais  qu'en  les  laissant  entrer 
battre  tant  qu'ils  voudraient,  st-sim.  444,  104. 

—  HIST.  XV  s.  Ce  n'est  pas  à  Paris  nt  en  France 
seulement,  qu'on  s'eiiirebat  pour  les  biens  et  hon- 

I  neurs  de  ce  monde,  comm.  i,  7.  ||  xvi'  s.  Nous  nous 
entrebattions  à  qui  l'auroit,  yver,  p.  664.  Mais  pour 

[  néant  son  cœur  s'en  rcsjouit,  Entrebatu  du  désir 
de  la  gloire  Et  de  l'espoir  d'emporter  la  victoire , 

BONSARU,   618, 

—  ÊTVM.  Entre,  et  battre. 

t  ENTRE-BIENFAIRE  (S')  (an-tre-biin-fê-r"),  v. 
réft.  Se  faire  du  bien  réciproquement  l'un  à  l'autre, 

—  HIST,  XVI'  S.  Cherchant  l'un  et  l'autre,  plus 
que  toute  autre  chose,  de  s'entre-bienfaire,  celui 
qui  en  preste  l'occasion  est  celui-là  qui  fait  la  li- 
béral, MONT.  I,  216. 

—  ÊTïM.  Entre,  bien,  et  faire. 

i  KNTBE-BLESSER(S'l(an-tre-blè-sé),t).  réft.  Se 
blesser  l'un  l'autre.  Les  bourreaux  s'entre-blessèrent 
en  s'acharnant  à  frapper  leurs  victimes,  mérimEe, 
dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÉTVH.  Entre,  et  blesser. 
fENTREBOUQUE  (an-tre-bou-k'),  s.f.  Terme  de 

pêche.  Première  chambre  des  bourdigues,  du  côté 
de  l'entrée. 

t  ENTRE-BRISER  (S")  (an-tre-bri-ié),  t).  rfT/l.  Se 
briser  l'un  l'autre. 

—  HIST.  xvr  s.  Assis  en  des  chaires  qui  sem- 
bloienl  estre  faites  naturellement  de  vieux  tronc»  de 
bois  et  de  rochers  entrebrisés,  ïVER,  p.  6U0. 

—  STYM,  Entre,  et  briser. 


ENT 

t  ENTRE-CABESSER  (S")  (ar-tre-Va-rè-sé) ,  «, 
réft.  .Se  caresser  réciproquement.  Laissons-les  s'en- 
tre-caresser,  comme  deux  personnes  qui  s'aiment 
beaucoup,  scarron,  Hom.  corn.  11,  tl. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ils  s'entre-caresserent  quelque 
peu,  et  puis  se  reunirentau  promenoir,  marg.  Nouv 
XLiv,  Ceux  mesmes  qui  plus  s'entre-caressoyent  ea- 
toyent  les  plusaspres  à  s  entre-donner  des  coup» de 
lance  et  de  pi.stolle,  LANOtiE,  688. 

—  f.TYM.  Entre,  et  caresser. 

t  ENTRE-CASSER  (S')  (an-tre-kâ-sé) ,  v.  réft. 
Casser  réciproquement  l'un  à  l'autre.  S'entre-cas^er 
les  dents,  les  os. 

—  HIST.  XVI'  s.  [Ils]  halètent  l'un  sur  l'autre,  et,  se 
battant  les  os,  S'entrecassent  les  dents.,,,  bons. 862, 

—  ÉTYM.  Entre,  elcasser. 

t  ENTRE  CÉDER  (S')  (an-tre-sé  dé) ,  v.  réft.  Se 
céder  réciproquement  quelque  chose  l'un  à  l'autre. 
Il  Céder  l'un  à  l'autre.  Sans  pouvoir  se  plier  pour 
s'entre-céder,  desc.  Météor.  3. 

—  HIST.  xvi'  s.  S'entreceder,  cotgbavb. 

—  ÊTYiW.  Entre,  et  céder. 

]  ENTRE  CHARGER  (S')  (an-tre-char-jé),  v.  réft. 
Se  charger  réciproquement.  Les  deux  troupes  s'en- 
Ire-chargèrent.  ||  S'accuser  l'un  l'autre.  Les  accusés 
s'entre-chaigeaient. 

—  IHST.  xvi'  s.  Les  deux  armées  commencèrent  à 
s'entrecharger,  amyot,  Publ.  is. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  charger. 

ENTRECHAT  (an-tre-cha;  le  t  ne  se  lie  pas  dans 
le  parler  ordinaire;  au  pluriel,  l'i  se  lie  :  desan-lre- 
cha-z  agiles;  entrechats  rime  avec  pas,  mâts,  etc.), 
s.  m.  Terme  de  danse.  Saut  léger,  dans  lequel  les 
pieds  battent  rapidement  l'un  contre  l'autre.  Faire, 
battre,  passer  un  entrechat.  [Il]  Kit  comme  un  en- 
trechat avec  un  escabeau.  Trébuchant....  régnieh. 
Sot.  X.  Celui  qui  fera  le  mieux  un  entrechat  sera 
le  financier  le  plus  intègre,  volt.  Zadig,  14.  Elle 
[une  danseuse]  aimait  le  faste,  la  splendeur:  comme 
elle  di-'^ait,  la  vie  est  un  entrechat;  peu  imp  'rie 
qu'on  retombe,  pourvu  qu'on  se  soit  élevé  luen  haut, 
ANCi-LOT  et  DUPOHT,  Une  camarade  de  pi-nsion,  i, 
3.  Il  l.e  mol  entrechat  se  sous  entend  souvent  dans 
l'expression  battre  des  six, des  huit,  c'eslà-dire  des 
entrecbat>de  six  (où  les  pieds  battent  trois  fois  l'un 
contre  l'autre),  des  huit  (oi  ils  battent  quatre 
fois),  etc. 

—  ÉTYM.  Corruption  de  l'italien  inirecciato  (dans 
cette  locution  capriola  intrecciala,  cabriole  entre- 
lacée), d'inlrecciare,  de  i»,  en,  et  (rcccio,  tresse 
(voy.  ce  mot). 

t  ENTRE-CHERCHER  (S')  (an-tre-chèr-ché),  v. 
réft.  Se  chercher  mutuellement. 

—  HIST.  XVI'  s.  11  y  a  des  conditions  qui  s'entre- 
chercheiit,  mont,  i,  256. 

—  ETYM.  Entre,  et  chercher. 

t  ENTRE-CHOQUEMENT  (an -tre-cho-ke-man) ,  s. 
m.  Choc  de  plusieurs  combattants. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ces  entrechoquemens  et  cheutes 
où  l'on  ne  se  fait  point  de  mal,  et  puis  qu'on  reû- 
saute  incontinent  à  cheval,  comme  si  on  estoit  de- 
venu léopard,  LANGUE,    146, 

—  ÉTVM.  Entre- choquer. 
ENTRE-CHOQUER   (S)    (an-tre-cho-ké),  e,  rcft. 

Il  l°Se  choquer  l'un  l'autre.  Kn  courant  ils  se  sont  en- 
trechoqués. Feront  pions  et  chevaliers  S'entro-cho- 
quer  comme  béliers,  scarh.  Virg.  vi.  On  vit  les  co- 
hortes s'entre-choquer,  uoss,  Ilist.  il,  9,  Les  vagues 
qui  s'entrechoquent  dans  une  tempête,  fên.  Tél.  vi. 
C'était  un  grand  et  terrible  spectacle  que  de  voir  la 
mer  couverte  de  trois  cents  galères  prêles  à  s'entre- 
choquer, BOLL.  Uisl.  anc.  Œuvres,  t.  iv.  p.  «t ,  dans 
pouGENS.  Il  2°  Se  contredire,  s'opposer  l'un  à  l'autre. 
Ces  deux  hoilimess'entre-choquent  sans  cesse.  Leurs 
hypothèses  fragiles  [des  philosophes)  .s'entre-cho- 
quent  librement;  leurs  querelles  ne  peuvent  avoir  des 
conséquences  pour  l'Etat,  d'iiolbach,  Essai.  Préj. 
ch.  4,  dans  DUMARSAis,  (Èuvres,  t.  vi.  ||  Avec  el- 
lipse du  pronom  personnel.  Quel  envieux  démon  et 
quel  charme  assez  fort  Faisait  entre-choquer  deux 
volontés  d'accord  I  cobn.  la  Suiv.  v,  8. 

—  REil.  Gilbert  laemployé  activement  :  Le  bouchon 
saute  en  l'air;  Le  vin  brille,  le  verre  entre-choque 
le  verre.  De  tous  les  dons  du  ciel  le  vin  est  le  plus 
cher,  oilb.  le  Printemps.  Lamartine  la  employé, 
activement  aussi,  au  sens  de  pousser  l'un  contre 
l'autre.  [Les  passions]....  Soufflant  de  l'enfer  sur 
ce  million  d'âmes  [Paris]  ,  Entre-choquent  entre 
eux  ces  hommes  et  ces  femmes,  lahart  Jœ.  viii, 
254.  Les  feux  croisent  les  feux  ;  le  fer  frappe  le  fer; 
Les  rangs  entrechoqués  lancent  un  seul  éclair,  la- 
mabt.  Hédit.  Préludes.  Ces  emplois  ne  paraissent 
pas  devoir  être  recommandés. 


I 

4 


ENT 

—  HIST.  xvi'5.  Par  celte  rencontre  d'oeillades, 
comme  de  deux  cailloux  qui  s'entre-choquent,  s'ex- 
cite un  feu....  YVEH,  p.  B3I. 

—  f.TYM.  Entre,  et  chnquer. 

t  E>TR'ÉC1.A1RC1R  (S')  (an-tré-Wêr-sir) ,  v.  réjl. 
Se  donner  des  éclairccssemenls  réciproques.  Il  faut 
un  certain  nombre  de  per.soiuies  pour  expédier 
promptement  les  affaires  et  s'entr'éclaircir  les  uns 
les  autres,  st-simon,  465,  68. 

—  f.TYM.  Entre,  et  éclaircir. 

t  ENTUE-CLORE  (an-tre-klo-r'),  v.  a.  Clore  à 
demi.  ICiitre-clore  les  yeux. 

—  ÉTYM    Entre,  et  clore. 

V  EM-R'ÊCLOS,  OSE  (antré-klâ,  klô-z'),  adj.  A 
demi  éclos. 

—  HlST.  XVI'  s.  J'aime  un  bouton  vermeil  entr'es- 
clos  au  matin.  Non  la  ro.se  du  soir,  konsabd,  31o. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  éclos. 
ENTRE-COLONNE  (an-tre-ko-lo-n')   ou   ENTRE- 

COLONNEMENT  (an-tre-ko  lo-ne-man),i.  m.  Terme 
d'architecture.  Espace  compris  ou  projeté  entre  les 
axes  de  deux  colonnes  consécutives.  Les  enirc-co- 
lonnement.s  se  mesurent  en  mudules  et  fractions  de 
module.  L'architecte  avait  supprimé  le  murcirculaire 
qui  remplit  lesentre-colonnes,  chateaubh.  Itin.  230. 

—  HIST.  XVI'  s.  Entrecolonne,  cotorave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  colonne. 

t  ENTRE-COMBATTRE  (S')  (an-tre-kon-ba-tr'), 
V.  réfl.  Se  combattre  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XII'  s.  Quant  je  trovai  en  uns  essarz  Tors 
[taureaux]  salvages,  ors  [onrs]  et  lieparz,  Oui  s'an- 
trecombatoient  tuit,  crestikn  de  troies,  Chev.  au 
lyon,  V.  277.  Il  xiii*  s.  Li  vent  qui  s'entrecomlwtent 
si  merveilleusement,  brun,  latini,  Trésor,  p.  au. 

—  ETYM.  Entre,  et  cntnbultre. 

t  ENTRE-COMMUNIQUER  (S')  (an-tre-ko-mu-ni- 
ké),  V.  réfl.  Communiquer  réciproquement  l'un  à 
l'autre.  Le  mieux  sera  de  ne  plus  rien  s'entre-com- 
muniquer,  boss.  Letl.  abb.  22u.  L'empressement  de 
nous  eiitre-communiquer  nos  folies,  id.  Pridic.  i. 
Il  fallait  se  mettre  avec  l'Espagne  sur  un  pied  d'as- 
sez de  confiance  pour  s'entre-communiquer  toutes 
ces  diverses  tentatives,  st-simon,  437,    83. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ceci  se  peut  rapporter  à  l'esiroite 
cousture  de  l'esprit  et  du  corps  s'entre-communi- 
quants  leurs  fortunes,  mont,  i,  toi.  Par  le  moien 
du  trafique,  un  pais  aide  à  l'autre,  s'emre-commu- 
nicaiis  leurs  particulières, commodités,  0.  de  ser- 
res, 8*2.  Quant  aux  festes  et  sacrifices,  ilz  se  les 
entrecommuniquerent,  et  n'en  estèrent  pas  une  de 
celles  que  l'un  et  l'autre  peuple  observoit  aupara- 
vant, AMÏOT,  Rom.  33. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  communiquer. 

t  KNTRE-CONFESSER  (S)  (an-lre-kon-fè-sé) ,  v. 
réjl.  Se  confesser  réciproquement. 

—  HIST.  xvi'  S.  Le  prevost  leur  vint  dire  qu'ils 
«'entre-cotifessassent  et  qu'ils  ne  seroient  pas  le  len- 
demain à  telle  heure  en  vie,  cahloix,  vi,  36. 

—  ETY.M.  Entre,  et  confes.'ier. 

\  ENTRE-CONNAÎTRE  (S")  (an-tre-ko-nê-tr"),  1). 
réjl.  Se  connaître  mutuellement.  Quand  il  faut  dire 
tout,  on  s'entre-coiuiaîl  hien,  curn.  la  Gai.  du  pa!. 
IV,  <4.  Puisque  ces  quartiers  doivent  être  si  éloi- 
gnés l'un  de  l'autre,  que  les  acteurs  aient  lieu  de  ne 
pas  s'entre-coniiaître,  id.  Hél.  Examen. 

—  HIST.  xiu'  s.  Tant  aprocha  qu'il  s'entre-conu- 
rent,  villeh.  cxlix.  ||  xv"  s.  Je  voys  donc  penser  du 
disner;  Car  il  nous  fauldra  choppiner  Un  peu,  pour 
mieux  s'enire-congnoistre,  liée,  de  (arces,  p.  156. 
Il  xvi*  s.  Si  tost  qu'ilz  se  feurent  entiecogneuz,  ilz 
brochèrent  leurs  chevaux  des  espérons  l'un  contre 
l'autre,  les  espées  aux  poings,  avec  grands  cris, 
AUïOT,  Eum.  <3. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  connailre, 

t  ENTRE-CONSOLER  (S')  (an-tre-kon-so-lé),  u. 
réjl.  Se  con.'^oler  réciproquement.  Us  s'entre-conso- 
leni  par  l'espérance  de  la  nouvelle  ou  de  la  pleine 
lune,  BAYLE,  .Sur  la  comète. 

—  HIST.  XVI"  s.  Toujours  un  ris,  toujours  un  bon  vi- 
sage,Toujourss'escrireets'entre-consoler,  rons.  2(8. 
■   —  ËTYM.  Entre,  et  consoler. 

ENTRE-CÔTE  (an-lre-kô-f),  s.  m.  Terme  de  bou- 
sherie.  Morceau  de  viande  coupé  entre  deux  côies 
du  bœuf.  [\Au  plur.  Des  entre-côtes. 

—  ÊTYU.  Jïnire,  et  côte. 

]  ENTRE-COUDOYER  (S')  (an-tre-kou-do-ié;  plu- 
sieurs disent  an-lre-kou-doi-ié),  t).  re/L  Se  coudoyer 
l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entrecoudoyer ,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  coudoyer. 

t  ENTRECOUPE  (an-tre-kou-p')  ,  ».  f.  Terme 
«l'architecture.  Espace  ou  vide  qui  reste  entre  deux 
voùte»    sphériques ,    depuis  l'extrados   jusqu'il  la 


ENT 

douelle.  jj  Dégagement  que  deux  pans  coupés  font 
vis-à-vis  l'un  de  l'autre  dans  un  carrefour  étroit, 
.ou  dans  une  porte  cochère,  afin  que  les  voitures 
y  puissent  liiuiner. 

—  ÉTYM.  Entrecouper. 

ENTRECOIPÉ,   ÉE  (an-tre-kou-pé,   pée),    part. 
pas.'<é.  Il  1°  Coupé  en  divers  points.  La  Grèce,  entre- 
coupée de  lous  côtés  par  des  mers,  devait  fleurir  par 
le  commerce,  raynal,  llist.phil.  i,  Introd.  ||  Terme  • 
de    botanique.    Vais.seaux    entrecoupés ,    ceux    qui  i 
composent  le  tissu  cellulaire  nioniliforme.  ||  2°  Par  j 
extension,  interrompu,  saccadé.  Vénus  lui  répondit 
d'une  voix  entrecoupée  de   prufonds  soupirs,   fen. 
Tél.  IX.  Plus  de  fadeur,  plus  de  galanterie;  son  lan- 
gage était  rapide,  entrecoupé,  plein  de  substance 
et  de  clialeur,  i^ahmontel,  Cont.  moraux.  Les  qua- 
tre flacons.  11  balbutia  quel(|ues  mots   entrecoupes, 
M""  DE  GENLIS,  Ad.  cl  TIléod.  t.  m,  lelt.  (6,  p.  H2, 
dans  poi  GENS. 

t  ENTRECOCPEMENT  (an-tre-kou-pe-man),  s. 
m.  Action  d'entrecouper;  résultat   de  cette  action. 

—  HIST.  XVI'  s.  Puis  du  livre  ennuyé,  je  regar- 
dnis  les  fleurs....  Et  l'entrecoupement  de  leurs  faces 
diverses.  Peintes  de  cent  façons,  jaunes,  rouges  et 
perses,  bons.  3iio. 

—  ÉTYM.  Entrecouper. 

ENTRECOUPER  (an-tre-kou-pé),  v.  a.  \\  1°  Cou- 
per, diviser  en  plusieurs  endroits.  Des  canaux  en- 
trecoupaient les  jardins.  ||  Terme  île  couture.  Po.ser 
les  patrons  sur  une  étolîe  de  façon  à  ce  que  les 
contours  des  uns  entrent  dans  ce  qui  est  laissé  par 
les  entailles  des  autres  ;  c'est  utiliser  toutes  les 
coupes  de  façon  qu'il  y  ait  le  moins  d'étoffe  peidiie 
possible.  Il  2°  Par  extension,  inlerrompie  l'réi|uem- 
ment.  Entrecouper  un  récit,  un  discours  de  di- 
gressions, de  citations.  De  profonds  soupiis  en- 
trecoupaient toutes  mes  paroles  ,  fén.  Tél.  u. 
Il  3°  S'entrecouper,  v.  réfl.  Se  faire  à  soi-même 
des  coupures.  Se  dit  des  chevaux  qui  se  ble>sent 
en  froUant  un  pied  contre  l'autre,  dn  dit  plus  or- 
dinairement se  couper.  {|  Il  se  dit  aussi  de  ligues 
qui  se  enlisent.  En  exiiriinant  par  des  lignes  ces 
mouvements,  et  en  tirant  à  ces  lignes  des  parallèles 
qui  s'entrecoupent,  malehr.  Hecherche,  vi,  i,  4. 
Il  Couper  réci|iroqiieraent  l'un  à  l'autre,  ils  se  sont 
entrecoupé  la  gorge.  À  quoi  bon  s'entrecouper  la 
goige"?  vAUGEL.  Q  C.  liv.  x,  ch.  &,  dans  riciielet. 
Je  ne  sais  si  la  vue  de  cent  mille  hommes  qui  s'en- 
trecoupent la  gorge  cause  uno  joie  bien  pure, 
ni  si  cette  joie  peut  subsister  avec  le  sentiment 
d'humanité  qui  nous  est  naturel,  rollin,  llisl.  anc. 
Œuvres,  t.  I,  p.  ri2u,  dans  hoixens.  ||  4°  Par  ex- 
tension, s'interrompre  l'un  l'autre.  Ensuite  s'il 
vous  plaît?  —  Nous  nous  entrecoupâmes  De  mille 
questions  qui  pouvaient  nous  toucher,  mol.  Amph. 
II,  2.  Il  Avec  ellipse  du  pronom  personnel.  Et  de 
votre  penser  chassez  les  déplaisirs  Qui  font  entre- 
couper votre  voix  de  soupirs  ,  tristan  ,  M.  de 
Chrùpe,  u,  3. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Académie,  qui 
met  un  tiret  k  entre-bail  1er ,  verbe  actif,  n'en  met 
pas  également  un  à  entrecouper ,  verbe  actif  aussi. 

—  HIST.  XVI"  s.  Attachant  le  plus  haul  point  d'hon- 
neur des  chevaliers  à  s'entrecouper  la  gorge  pour 
choses  frivoles,  lanoue,  143.  Quelques  uns  s'atta- 
chent à  la  cailence  des  périodes,  ne  veulent  pas 
qu'elles  entrecoiippenl  l'haleine  du  lecteur  pour  estre 
trop  courtes,  d'aub.  Ihst.  l'réf.  m.  En  un  cosieauen- 
tre-couppé  de  bois  taillis,  id.  ib.  i,  322.  Il  fallut  l'en- 
trecoiiperde  petites  traverses,  qui  couvroient  chacune 
le  cariieau  et  le  passage  de  l'autre,  ID.  ib   u,   388. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  couper. 

f  ENTRE-COURS  (an-tre-kour),  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  droit  coutumier.  Société  contractée  entre  deux 
seigneurs,  au  moyen  de  laquelle  les  sujets  de  l'un 
pouvaient  librement  aller  prendre  domicile  dans  la 
seigneurie  de  l'autre.  ||  2°  Terme  rural.  Réciprocité 
de  p.lturage  entre  les  habitants  de  plusieurs  com- 
munes. Lorsque  la  vaine  pâture  s'exerce  par  les  ha- 
bitants de  deux  paroisses  sur  le  territoire  l'une  de 
l'autre,  elle  prend  le  nom  de  parcours  ou  d'entre- 
cours,  ROBIN,  Sfém.  sur  les  marais  de  Cléville,  p.  46. 

—  HIST.  XVI"  s.  Droit  de  bourgeoisie  s'acquiert  par 
demeure  par  an  et  jour,  ou  par  aveu,  es  lieux  cù  il 
y  a  droit  de  parcours  et  entrecours,  loïsel,  39. 
Geste  commune  patience  de  pais,  de  repos,  d'abon- 
dance   de   biens,    d'enlrecours   de    marchandises, 

M.  DU  BELLAY,    BU3. 

—  ÉTYM.  ErUre,  et  cours;  d'où  l'anglaisinfiTCOurse, 
qui  est  revenu  en  français  sous  la  forme  anglaise. 

t  ENTR'ÊCOCTER  (S')  (an-tré-kou-té),  v.  réjl. 
S'écouter  réciproquement. 

—  HIST,  XVI"  s.  L'une  partio  et  l'autre  a  failli  en 


ENT 


i/»;îi 


n'ayant  point  la  patience  de  s'entr'ecouter,  afin  do 
suivre  la  venté  sans  affection,  là  où.  elle  seroit 
trouvée,  calv.  201). 

—  Ktvm  Entre,  et  écouter. 

t  ENTRK-COUVRIR  (S)  (an-tre-kou-vrir),»,  rt/l. 
Se  couvrir  réci|iroquemenl. 

—  HIST.  XVI"  s.  Aussi  seront  les  herbes  pesées  en 
rangées  convenablement  esloigiiées  les  unes  des 
autres,  afin  d'éviter  la  confusion  que  le  trop  de 
presse  causeroit  à  l'œuvre,  s'entrecouvrans,  o.  de 

SERRES,    681. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  couurir. 

t  ENTRE  CRAINDRE  (S')  (an-tre-krin-dr'),e.rc7Z. 
Se  craindre  réciproquement. 

—  HIST.  xvi"  s.  Hz  s'enlrecraignoient  réciproque- 
ment et  se  deffloient  l'un  de  l'autre,  amïot,  Pyr- 
rhus, 13. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  craindre. 

f  ENTR'fXRIRE  (S')  (an-tré-kri-r'),  e.  réfl.  Écrire 
récipniquement  quelque  chose  l'un  à  l'.iutre.  Us 
s'entr'écri valent  des  lettres  fort  aimables. 

—  HIST.  XVI"  s.  Avec  une  lettre  de  sa  main , comme 
les  rois  s'entrescrivent,  non  point  pour  affaires, 
mais....  cabloix,  ii,  6. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  écrire. 
ENTRE-CROISÉ,   ÉE  (an-tre-kroi-zé,   zée),  part. 

passé.  Croisé  réciproquement.  Des  fi. s  entre-croisés, 
t  ENTRK-CROlSEiMENT  (aii-tre  kroi-zenian),  s. 
m.  Etat  de  choses  qui  s'entre  croisent.  Ijlerme  d'à- 
natomie.  Passage  réciproque  des  fibres  en  général, 
des  tubes  nerveux  en  particulier,  d'un  côté  du  plan 
médian  du  corps  à  l'autre.  L'entre-croisement  des 
nerfs  optiques. 

—  HIST.  xvi's.  Le  terroir  pendant  ne  souffre  l'en- 
tre-croisement  des  raies  par  angles  droits,  comme 
à  volonté  cela  se  fait  en  planure,  o.  de  serres,  92. 

—  ÉTYM.  Entre-croiser. 
ENTIÎE-CROISER  (an-tre-kioi-zé),i).  a.  ||  1"  Croi- 

ser  réciproquement.  Entre-cruiser  des  fils.  ||  2"  S'en- 
tre-cioiser,  v.  réfl.  Se  croiser  l'un  l'autre.  Des  lignes 
qui  s'entre-crobsent.  Ce  qui  fait  que  ces  rayons  s'en- 
trecroisent,  desc.  D'optr.  7. 

—  HIST.  xvi"  s.  Les  fusses  s'entre-croisans  l'un 
l'autre,  fai.sans,  par  ce  moien,  des  grands  quairés 
au  champ,  o.  de  serbes,   189 

—  ÉTYM.  Entre,  et  croi.ter. 

t  ENTRE-CUISSE  (an-tre-kui-s'),  s.  m.  L'eutre- 
deux  des  cuisses.  ||  Au  plur.  des  entre-cuisses. 

—  HIST.  XVI"  s.  Après  avoir  esplumé  la  teste  et  les 
entre-cuisses  des  chapons  et  des  poules,  on  les  met 
en  mue,  o.  de  serbes,  362. 

—  ÉTYM    Entre,  et  cuisse. 

ENTRE  DÉCHIRER  (S')  (an-tre-dé-chi-ré),v.  *^/J. 
Il  1°  Se  déchirer  l'un  l'autre.  ||  2°  Par  extension,  se 
battre.  Los  nymphes  jalouses  sont  prêles  à  s'entre- 
déchirer,  fén.  Tél.  vu.  La  fureur  des  brigands  à 
s'entre-déchirer  Lîiisse  aux  vertus  du  moins  le  temps 
de  respirer,  lemebc.  Charles  VI,  il,  6.  ||  3°  Kig. 
Médire  violemment  l'un  de  l'autre. 

—  HIST.  XVI' s.  S'entredochirer,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  déchirer. 

t  ENTRE-UÉCLAREK  (S')  (an-tre-dé-kla-ré) ,  ti. 
réjl.  Déclarer  réci|iroquement  quelque  chose  l'un 
à  l'autre.  La  France  eU'empereur  venaient  de  s'entre- 
déclarer  la  guerre,  j.  j.  ROtss.  Confess.  v. 

—  ÉTYM.   Eii're,  et  déclarer. 

f  ENTRE-DËCOURAGER  (S')  (an-tre-dé-kou-ra- 
jé),  V.  réfl  Se  décourager  récipn'quement. 

—  HIST.  xvr  s.  Les  Islois,  malades  du  regret  df 
Mirambeau,  prenoientsi  aigrement  les  occasions  df 
s'entre-decouragur  ,  qu'au  prix  qu'on  jetoit  def 
hommes  à  bord,  il  en  sortoil  autant  pour  venir  à  la 
Rochelle,  d'aub.  Hist.  il,  3iio. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  décourager. 

t  ENTUE-DÉFAIRE  (S')  (an-tre-dé-fê-r') ,  ».  réfl 
Se  défaire  l'un  l'autre. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  défaire. 

t  ENTRE-DÉFENDRE  (S')  (an-tre-dé-fan-dr'),  « 
réfl.  Se  défendre  réciproquement. 

—  HIST.  xvi"  s.  S'entredefl'endre,  cotorave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  défendre. 

t  ENTRE  DEMANDER  (S')  (an-tre-de-man-dé), 
ti.  réfl.  Se  demander  réciproquement  quoique  chose 
l'un  à  l'autre.  Ils  s'entre  demandèienl  des  nouvelles 

HIST.  xvi's.  Quand  mes  deux  eordouanii.ersse 

trouvèrent  à  l'hôtellerie,  avec  chacun  une  bi.ile  à 
la  main,  ils  s'eiilredemanderenl  pour  qui  esioii  la 
botle,  nESPKB.  Cont.  xxv.  El  s'eulre-ilemandent, 
qui  vive,  qui  va  U,  le  maresctial  se  nomme  le  pre- 
mier, CaRLOIX.  VIII,   37. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  demander. 

t  ENTRE  DÉPOSSÉDER  (S')  (an-tre-dé-po-sé-dé) 
V.  réfl.  Se  déposséder  réciproquement.  Les  hommes 


1432 


KM 


M  Hrent  It  guerre  les  un»  aux  aulre*  pour  sonlru- 
dépoMédar  de  leur»  bien»,  vM.  Ëptcure. 

-  ItTYM.  Knlre.  ei  dépotttder. 

t  ENTIIK-Df-KOBER  (S)  (an-lre-dé-ro-bé )  ,  v. 
ré/l.  Se  dérolwr  quelque  chose  réciproquement 
l'un  1  l'autre. 

—  ÊTYM.  Kntre,  et  d/rober. 
ENTBK-D&ruUIRE  (S')  (an-tre-dé-trui-r'),  e.r^/l. 

I  !•  Se  détruire  l'un  l'autre.  Et  (jue  son  amitié,  se 
laissant  moins  séiluire,  Ne  nous  exposât  point  à 
nous  entre-délruire,  corn.  Pulchérie,  i,  5.  Lus  fa- 
milles s'entre-détruisirent,  montesq.  llom.  cli.  'io. 
Il  J' Harextension,  être  en  opposition,  en  contradic- 
tion. Quel  e.st  le  but  ([ue  vous  vous  proposez  dans 
vos  écrits?  est-ce  de  parler  avec  sincérité?  non, 
me»  père»,  puisque  vos  répon.ses  s'entie-détruisent, 
PASC.  ProtK  ih.  Tant  de  mouvements  opposis  qui 
i'entre  détruisent,  j.  j.  Houss.  Contrat  soc.  m,  6. 

—  F.TYM.  Kntre.  cl  détruire. 
ENTRE-DEUX  (an-tre-deû;  Vx  se  lie:  un  an-tre- 

leCi-7.  et....),  s.  ni.  Il  1°  Partie  ou  place  qui  forme 
séparation  entre  deux  clioses.  ôter  l'cntre-deux  qui 
sépare  deux  chambres.  L'entre-deux  des  éjiaules. 
Vous  la  sentirez  chaude  dans  les  entre-deux  de  vos 

doigts,  DEsc.  Héiénr.  2 Et  pour  vos  endossures, 

Laissez  les  entre-deux,  servez-vous  de  memlirures, 
LESNÉ,  la  Reliure,  p  55.  HÎ^Fig.  Parcelle  brèche, 
ils  ronnpent  l'entre-deux  qui  le  séjiare  du  peuple, 
iiALZ.  6*  dise,  sur  la  cour.  On  ne  montre  pas  sa  gran- 
deur pour  être  à  une  extrémité,  mais  bien  en  touchant 
les  deux  à  la  fois,  et  remplissant  tout  l'entre-deux, 
PASC.  Pensées,  t.  i,  p.  275,  édil.  Lahure.  Il  y  a  des 
amusements  de  passion  ou  de  vanité  qui  dissipent  ut 
qui  mettent  quelque  entre-deux  entre  Dieu  et  nous, 
FÉN.  Leit.  spir.  132.  Les  conséquences  y  [dans  un 
livre  de  Newton]  naissent  rapidement  des  principes, 
et  on  est  obligé  de  suppléer  de  soi-même  tout  i'eii- 
tre-deux,  fonten.  Newton.  Il  fallait  former  un  rang 
intermédiaire  [pour  les  princes  légitimés]  qui  ne 
blessftt  pas  las  princes  du  san;;  et  qui  les  engageât 
à  les  maintenir  dans  tous  les  temps,  par  l'intérêt  de 
se  conserver  un  entre-deux  entre  eux  et  les  pairs, 
ST-siM.  20,  236.  Mme  la  duchesse  d'Orléans  ne  pou- 
vait souffrir  que  ses  enfants  ne  fussent  que  princes 
du  sang,  et  voulait  imaginer  un  entre-deux,  avec 
an  nom  d'arrière-petit-fils  de  France,  id.  227,  40. 
Il  8*  Entre-deux,  loc.  adv.  Exprime  un  terme  ou  un 
degré  moyen.  Ce  mouton  est-il  dur?  —  Entre-deux. 
Kait-il  froid?— Enlre-deux.  On  voit  des  querelles  en- 
tre le  clergé  et  la  noblesse,  et  les  rois  enlre-deux, 
«otlTESo.  Espr.  XXXI,  23.  Il  4»  Espèce  de  console 
qu'on  place  entre  deux  fenêtres.  ||  B"  Petite  bande 
(10  dentelle  ou  de  mousseline  ou  percale  brodée, 
servant  à  orner  les  divers  objets  de  la  toilette  des 
femmes  désignés  sousie  nom  de  lingerie.  116°  Terme 
de  fabrique.  Endroit  où  les  forces  n'ont  pas  tondu 
le  drap  d'assez  près.  ||  7°  Terme  de  marine.  Entre- 
deux des  sabords,  espace  plein  de  la  muraille  in- 
térieure qui  est  entre  les  deux  sabords.  ||  Entre  deux 
des  lames,  espace  vide  que  laissent  entre  elles  les 
lames  élevées  par  une  grosse  mer.  ||  Absolument.  La 
distance  entre  le  grand  màt  et  le  màt  de  misaine. 
Il  8*  Terme  de  pèche.  Entre-deux  d'une  morue,  la 
partie  entre  la  tète  et  la  queue. 

—  HlST.  xiif  s.  Engigneus  est  [il  est  rusé],  mes 
n'est  pas  fort.  Se  Ysengrin  li  fait  effort,  De  l'enlre- 
deus  se  set  covrir,  El  bien  lapir....  Hen.  tibbi. 
Il  XIV  s.  [La  chair]  raemplit  les  concavités  et  les  eii- 
tredous  des  autres  membres,  h.  de  monueville,  f"  tu. 
Il  XV*  s.  Et  si  nous  sommes  à  l'ahbaye,  la  ville  est 
nosire;  car  il  n'y  a  point  d'entre  deux  entre  la  ville 
et  l'abbaye,  pboiss.  i,  i,  t37.  ||  xvi«  s.  La  mer  a 
joinct  des  terres  qui  estoyent  divisées,  comblant  de 
sable  les  fosses  d'entre-deux,  mont,  i,  23i.  Le  soleil 
nous  élance  si  dru  ses  rayons,  que  nous  n'en  pou- 
vons appercevoir  l'entre-deux,  id.  i,  27).  M.  l'ad- 
mirai voulut  lui-mesuies  venir  jusques  là;  la  ri- 
vière entredeux  toutes  fois,  LANOi'E,  686.  Il  départit 
ses  gens  par  petites  troupes,  et  leur  enjoignit  qu'ils 
se  jutlassent  habilement  es  entredeux,  amyot,  P. 
.«m.  :i3.  Les  soudard.s  se  mutinèrent,  de  sorte 
qu'ils  furent  eniredeux  de  les  tuer  sur  le  cham» 
mais....  m.  Sylla,  t». 

—  F.TYM.  Hnlre,  et  deux;  picard,  interdeux. 

t  ENTRE-DEVOIR  (S')  (aii-tre-de-voir).  v.  ri'/I. 
r.!)",!,''  .'','P™''"*'°''""'"«''l""ho5el'un  à  l'autre. 
Lu.  .m  f  rencontre  à  mon  âme  ravie.  De  voirque 
''"::! '"*"'*;  ""'"-doivent  la  vie,  cor,;,  dit.  m,  t. 

bJIL       ^"'re,  et  dnoir. 
Ke^*^"^VO"KR  (S')  (an-trenlé-vo-ré),  r.  r<'/l 

«"■r.  xvi'».  bemre-devorer,  tANous,  34ii 


ENT 

—  ÊTVM.  Entre,  tt  dévorer. 

t  ENTRE-DIFFAMKR  (S")  (an-tre-di-ffa-mé),  v. 
réfl.  Se  diffamer  l'un  l'autre. 

—  HIST.  xvt*  s.  S'eiitrediffamer,  cotgbavb. 

—  ETYM.  Entre,  et  dijlamer. 

t  ESTBE-DIRE  (S')  (an-tro-di-r') ,  v.  réfl.  Dire 
réciproquement  quelque  chose  l'un  à  l'autre,  llss'en- 
tre-dirent  leurs  vérités.  L'entretien  de  Daphnis  au 
troisième  acte  avec  cet  amant  dédaigné  a  une  affec- 
tation assez  dangereuse  de  ne  dire  que  chacun  un 
vers  à  la  fois  ;  cela  sort  tout  à  fait  du  vraisemblable, 
puisque  naturellement  on  ne  peut  être  si  mesuré  en 
ce  qu'on  s'eiitre-dit,  conN.  Suiv.  Examen.  Les  fem- 
mes S'cntre-dis  lient  en  leurs  menus  devis....  la 
KONT.  rroq.  Les  rois  des  environs,  alarmés,  s'entre- 
disent  comme  autrefois  les  rois  de  Chanaan  :  Ce 
peuple  va  dévorer  tousles  peuples  d'alentour,  mass. 
Or.  fun.  Dauphin. 

—  iilST.  xvi'  s.  Ils  s'entredirent  chacun  une  cen- 
taines de  bonnes  et  fortes  injures  d'arrache-pied, 
DESPER.  Contes,  LXV. 

—  f.TVM.  Entre,  et  dire. 

ENTRE-DONNER  (S'}  (an-tredo-né),  v.  réfl.  Don- 
ner réciproquement  quelque  chose  l'un  à  l'autre. 
Elles  se  sont  eiitie-donné  quelques  petits  objets.  Les 
objets  qu'elles  se  sont  entre-donnés.  Deux  ou  tiois 
cents  soldats  s'enlre-donnent  courage,  mairet,  ilort 
d'Asdr.  V,  2.  El  ces  yeux  les  ont  rus  s'eiiire-donner 
parole,  mol.  le  Dép,  m,  40.  Tous  deux  s'étaient 
entre-donné  la  foi,  la  font.  Gag.  ||  Absolument.  Se 
frapper  l'un  l'autre.  Les  deux  éperviers  s'entre-don- 
naienl  du  bec,  vaugel.  Q.  C.  'iv.  m,  dans  richelet. 

—  HIST.  XI*  s.  [Ils]  Se  vont  ferir,  granz  cops 
s'entre-diinerent,  Ch.  de  Rnl.  ccLX.  ||  xm"  s.  Ain- 
sinc  lorcuers  [leurs  ciimrs]  ensemble  joignent.  Bien 
s'entrament,  bien  s'entre-doignent,  la  Rose,  4604. 
Il  XVI*  s.  Par  fervens  messages  des  yeux,  ils  s'enlre- 
dnniierent  signes  de  leurs  mutuelles  volontés,  des- 
PEH.  Contes,  xviii, 

—  ETYM.  Entre,  et  donner. 

ENTRÉE  (an-trée) ,  s.  f.  \\  1°  Action  d'entrer.  L'en- 
trée des  juges  au  tribunal.  Faire  son  entrée.  Par 
un  nouveau  carnage  il  y  (il  son  entrée  [dans  Rome), 
coHN.  Othon,  IV,  2.  Mon  entrée  en  ces  lieux  ne  le 
surprendra  plus,  nue.  Bajaz.  i,  i.  Il  faut  attendre, 
pour  faire  le  compliment  d'entrée,  que  les  petits 
chiens  aient  aboyé,  la  bruy.  xili.  ||  En  parlant  des 
éclipses,  l'entrée  de  la  lune  dans  l'ombre, etc.  ||  2°  Cé- 
rémonie .solennelle  avec  laquelle  un  personnage 
considérable  entre  ou  est  reçu  dans  une  ville.  11  nous 
semble  que  vous  ayez  fait  votre  entrée  à  Aix .  sÉv.  23. 
Us  avaient  fait  ici  une  manière  d'entrée  à  mon  Hls, 
ID.  57.  On  lui  fit  une  entrée  magnifique  dans  la  ville 
capitale,  pebrault,  Contes,  4a.  Ce  prince  [Alexan- 
dre] fit  son  entrée  dans  Uabyloiie,  avec  un  éclat  qui 
surpassait  tout  ce  que  l'univers  avait  jamais  vu,  Boss. 
Ili.it.  m,  5.  [Us]  Sont  prêts  à  vous  conduire  à  la 
porte  sacrée  D'où  lus  nouveaux  sultans  font  leur 
première  entrée,  bac.  Bajai.  Ii,  3.  ||  Entrée  se  dit 
aussi  d'un  vainqueur  qui  est  reçu  dans  une  ville 
soumise.  L'entrée  de  l'armée  dans  la  capitale  enne- 
mie. Il  Joyeuse  entrée,  inauguration  des  anciens  sou- 
verains de  la  Flandre.  |{  3°  Terme  de  théâtre.  Action 
d'entrer  enscène;  moment  d'y  entrer.  Cetacleur  a 
manqué  son  entrée.  L'une....  Semblait  faire  l'entrée 
en  quelque  tragédie,  Régnier,  Sal.  xi.  i|  4°  Entrée  de 
ballet,  ou,  simplement,  entrée,  se  disait  autrefois  des 
intermèdes  d'un  ballet.  Danser  une  entrée.  Pendant 
la  répétition  de  ce  bsilet,  le  comte  de  Guiclie  était 
très-souvent  avec  Madame,  parce  qu'il  dansait  dans 
la  même  entrée,  M"*  de  la  Fayette,  Uist.  de  H. 
dWngl.  Œuvres,  t.  ni,  p.  )07,  dans  pougens. 
Il  Fig.  Faire  une  entrée  de  ballet  dans  une  compa- 
gnie, y  entrer  sans  garder  les  convenances  et  faire 
les  civilités  nécessaires.  ||  Il  se  disait  aussi  des  actes 
d'un  opéra-ballel,  lorsque  chaque  acte  était  un  sujet 
détaché.  Première  entrée.  Seconde  entrée.  ||  Au- 
jourd'hui, divertissement  exécuté  par  un  certain 
nombre  de  danseurs .  dans  un  ballet,  dans  un  opéra. 
Une  entrée  de  paysannes.  ||  Terme  de  musique.  Se 
dit  du  moment  où  chaque  partie  commence  à  se 
faire  entendre.  L'entrée  des  cors.  ||  Kitournelle 
qui,  dans  un  mélodrame,  annonce  l'entrée  en  scène 
d'un  personnage.  ||  6°  Droit  d  entrer  sans  payer  dans 
un  spectacle.  Cet  auteur  a  son  entrée  ou  ses  entrées 
&  la  Comédie-Française.  Je  m'avisai  de  présenter  ma 
petite  comédie  de  Narcisse  aux  Italiens  :  elle  y  fut  re- 
çue, et  j'eus  les  entrées,  qui  me  firent  grand  plaisir, 
J.  1.  ROiiss.  Confess.  vu.  Ce  théâtre  t)ont  je  me  suis 
fait  nommer  médecin  honoraire  pour  avoir  mes  en- 
trées, picard,  Noce  sans  mariage,  l,  7.  ||  6*  Droit 
de  siéger.  Le  gouverneur  de  Paris  avait  entrée 
au  parlement.    Avoir  entrée    au    conseil    d'Ëtau  I 


ENT 

Il  7*  Accès  dans  un  lieu.  Donne  entrée  1  Placide  et 
souffreque....  cORH.Théod.u,  7.  Hamiltonyavait  la 
entrées  libres  à  toutes  heures,  hamilton,  Gramm. 
8.  La  vicomtesse  n'a  les  entrées  ici  que  parce  que 
vous  supposez  qu'elle  aime  encore  mon  neveu, 
u"*  de  genlis,  Théd.  d'éduc.  Tendr.  matem.  se.  ». 
Il  Ancien  terme  de  la  cour.  Privilège  attaché  à  cer- 
tains rangs  et  à  certaines  charges,  d'entrer  à  cer- 
taines heures  dans  la  chambre  du  roi.  Cette  charge 
donne  toutes  les  entrées.  On  lui  a  donné  les  même» 
entrées  qu'à  la  dame  d'honneur,  sêv.  3a3.  Ella  a 
prétendu  avoir  les  entrées  de  dame  d'honneur,  lu. 
396.  Il  Les  grandes  entrées,  se  disait  des  entrées  qu'a- 
vaient les  gentilshommes  de  la  chambre.  Après  le 
coucher,  le  roi  appela  M.  do  la  Trémouille,  et  lui 
dit  de  donner  ordre  aux  huissier»  de  laisser  entrer 
M.  le  duc  du  Maine  comme  les  gentilshummes  de  la 
chambre:  c'est  en  qu'on  appelle  avoir  les  grande» 
entrées,  dangeau,  Journal,  i,  45,  I9  août  (684. 
Titus,  prince  adoré  de  tout  ce  qui  avait  les  grandes 
entrées  et  qui  montait  dans  les  carrosses,  p.  l.  cour. 
I,  302.  Il  Les  petites  entrées,  se  disait  des  entrées 
que  donnaient  les  autres  charges.  Louis  XIV  avait 
ses  petits  couchers,  ses  grandes,  ses  petites  en- 
trées, volt.  Louis  XIV,  9.  Il  Par  métonymie.  Celui 
ou  celle  qui  a  ses  entrées.  Le  P.  leTellier,  Mme  de 
Maintenon,  et  une  douzaine  d'entrées,  maîtres  ou 
valets,  y  reçurent  ou  y  suivirent  le  saint  sacrement 
[à  la  mort  du  roi),  STsm.  405,  42.  Le  même  [.sei- 
gneur qui  avait  les  entrées]  lui  donnait  (au  roi]  sa 
robe  de  chambre,  et  cependant  les  secondes  entrées 
ou  brevets  d'affaires  entraient,  id.  4(7,  5,  |i  8°  Ad- 
mission. Depuis  son  entrée  au  collège,  ctt  élève  a 
fait  beaucoup  de  progrès.  L'entrée  au  séminaire. 
L'examen  d'entrée  à  une  école.  On  a  d  t  que  i'iai-  n 
refusait  l'entrée  de  son  école  à  quiconque  n'ét.ut 
pas  géomètre,  mairan.  Éloges,  l'abbé  de  Uotièret. 
On  peut  lui  reprocher  [au  président  Rose]  ce|«'n- 
dant  d'avoir,  par  amitié  pour  Despréaux  et  Racim-. 
retardé  l'entrée  de  Fontenelle  à  l'Académie  Imir- 
ça'se.  d'alemb.  Éloges,  Rose.  ||  Ce  qu'un  payait  • 
entrant  en  charge;  bienvenue.  |l  9"  Endroit  par  oi\ 
l'on  entre,  l'on  pénètre.  L'entrée  de  la  maison.  A 
l'entrée  de  la  ville.  L'entrée  est  de  ce  cfité.  L'entri  c 
d'un  port,  d'une  rade.  ||  Terme  d'aichitecture.  Ei.- 
trée  de  chœur,  décoration,  façade  qui  sépare  Jt 
chœur  d'une  église  du  reste  de  la  nef.  ||  Les  abord >. 
11  s'arme  de  toute  l'ardaur  de  son  zèle,  et  défend 
avec  une  vigilance  incroyable  les  entrées  de  son  din- 
cèse,FLECH.  Panég.  il.  p.  305.  11  laissa  Jacqueiii.t 
avec  ses  enfants  à  l'entrée  du  bois,  m"*  de  genlis, 
Veill.  du  chdt.  t.  Il,  p.  457,  dans  polgens.  ||  10°  ou- 
verture de  certaines  choses.  L'entrée  de  ce  cliapeau  , 
de  cette  chaussure,  de  cette  manche  est  trop  étroiie. 
Il  Ouverture  par  laquelle  une  clef  entre  dans  la  ser- 
rure. Il  11°  Fig.  Il  se  dit  de  tout  ce  qui  est  comparé  à 
une  action  d'entrer,  à  un  acheminement.  [Les  «rails 
de  la  mort]....  Ne  font  voir  à  leur  clarté  Que  la  fin  d'un 
triste  esclavage  Et  l'entrée  à  la  liberté,  corn,  liint. 
1,  23.  Ce  serait  leur  fermer  l'entrée  de  notre  reli- 
gion, p*âc.  Prov.  (8.  Dieu  a  voulu  se  servir  de  l'en- 
tremise des  sens  pour  donner  entrée  à  la  foi,  lu.  ib. 
....  Le  Tellier,  à  qji  la  divine  Providence  fai.smi 
faire  ce  léger  apprentisisage  des  affaires  d'État;  il 
ne  fallait  qu'en  ouvrir  l'entrée  à  un  génie  si  peruini, 
pour  l'introduire  bien  avant  dans  les  secrets  de  a 
politique,  uoss.  le  Tellier.  Les  dégoûts,  les  dépas 
ne  peuvent  y  avoir  aucune  entrée  (aux  Champs  Éiy- 
sées|,  FÉN.  Tél.  xix.  Solon  donna  entrée  dans  les 
affaires  publiques  à  tout  le  peuple,  lo.  Holon.  ie 
trouvai  une  petite  tracasserie  domestique  que  je  ns 
dédaignerai  pas  de  mettre  ici,  comme  l'entrée  à  des 
choses  plus  considérables,  st-sim.  5( ,  (Oi.  ||  L'u'i- 
trée  dans  le  momie,  la  naissance.  On  la  compte  [ia 
vie  de  l'homme]  depuis  la  première  entrée  dan^  le 
monde;  pour  moi,  je  ne  voudrais  la  compter  que 
depuis  la  naissance  de  la  raison,  pasc.  Amour, 
Il  L'entrée  dans  le  monde,  se  dit  aussi  des  persoiiiu'» 
qui  commencent  à  fréquenter  la  société.  Je  n  ai  ja- 
mais vu  une  si  souhaitable  entrée  dans  le  mon<ie, 
SËV.  486.  Il  12°  Occasion,  opportunité.  Cette  innota- 
tion donnerait  entrée  à  bisaucoup  de  désordres. 
Donner  entrée  i  un  abus.  Les  entrées  qu'elle  nous 
ouvre  pour  faire  des  amis,  uoss.  ii,  Uonn.  Il  13°  Il 
se  dit  du  premier  temps,  des  premiers  moments 
de  quelque  chose  qui  dure.  L'entrée  du  mois. 
t.  l'entrée  de  l'hiver.  L'entrée  de  son  itontiticaC 
Je  revins  secrètement  chez  moi  à  lentrëe  de  14 
nuit,  LESAGE,  Viable  buit.  cb.  13.  jj  Dès  l'en- 
trée de  table  ,  dès  le  commencement  du  repas. 
Il  14*  Début,  commencement.  Voyez  Diana  qui  a 
tant  écrit;  il  a  mis  à  l'entrée  de  ses  livres  la  lista 
des  auteurs  qu'il  rapporte,  pasc.  Prov.  6.  Que  dé* 


I 


ENT 


KNT 


ENT 


1433 


les  premiers  vers  l'action  préparée,  Sans  peine  du 
sujet  aplanisse  l'entrée,  iîoil.  Art  p.  m.  Ce  que  j'ai 
touché  liés  l'entrée  de  ce  discours,  Boss.  Bonté,  l. 
{I  On  dit  dans  le  même  sens,  entrée  en  possession, 
en  jouissance.  ||  Entrée  en  séance,  action  de  com- 
mencer une  séance.  |1  D'entrée,  loc.  adv.  Tout  d'a- 
bord, dès  le  début.  Madame  arriva,  à  qui  d'entrée 
le  roi  dit  qu'il  comptait  bien  qu'elle  ne  voudrait  pas 
s'opposer  à  une  affaire  que  Monsieur  désirait,  st- 
iSiM.  2,  46.  M.  Fayou,  d'entrée  et  faute  d'expérience, 
/pourra  faire  des  fautes,  il  les  corrigera  bientôt  à 
force  d'esprit  et  de  réflexion,  id.  232,  97.  Et  vrai- 
ment il  serait  étrange  qu'on  se  proposât,  d'entrée, 
de  rembourser  ce  qu'on  ne  doit  pas,  au  risque  de  ne 
pouvoir  pas  alors  rembourser  ce  qu'on  doit,  mirab. 
Collect.  t.  IV,  p.  56.  N'est-il  pas  clair  que  désespérer, 
d'entrée,  de  tout  rétablissement  fondé  sur  notre 
seule  ressource  actuelle,  c'est  empêcher  cette  con- 
fiance précieuse  de  se  rétablir?  m.  t6.  t.  iv,  p.  120. 
Il  D'entrée  de  jeu,  dés  le  commencement  du  jeu.  Il 
se  mit  à  jouer,  et  d'entrée  de  jeu  il  perdit  presque 
tout  .son  argent.  Il  Fig.  D'entrée  de  jeu,  d'abord. 
D'entrée  de  jeu  il  fit  voir  son  extravag.ince.  ||  15°  Se 
d'tde  la  permission  d'entrer  d.ins  un  pays,  en  par- 
lant de  marchandises,  délivres,  etc.  Je  vous  dirai 
conlîdemment  que  j'ai  une  joie  très-vive  de  ce  que 
l'on  n'a  point  permis  en  France  l'entrée  de  mon  Dic- 
tionnaire, BAYLE,  Lett.  à  }[***,  ta  mal  («97. 
Il  Avoir  l'entrée  d'un  port,  avoir  accompli  les  forma- 
lités nécessaires  pour  y  être  admis.  ||  16°  Terme  de 
douane.  Droit  qu'on  paye  pour  les  marchandises 
qui  entrent  dans  certaines  villes  ou  certains  pays. 
Ces  troupes  étaient  seulement  commandées  pour 
faire  payer  les  entrées  aux  portes  de  la  ville,  la 
ROCHF.F.  Wém.  <oa.  Ce  qui  entrait  dans  Rome  sous 
le  nom  des  ambassadeurs  ne  payait  jamais  d'en- 
trée, VOLT.  Louis  XIV,  14.  Il  17°  Terme  de  cuisine. 
Mets  qui  se  servent  au  commencement  du  repas. 
On  servit  les  entrées.  Cet  estomac  était  amoureux 
du  ragoût.  De  potages  farcis  et  de  fines  en- 
trées, la  MOTTE,  Fabl.  III,  ts.  Il  Fig.  On  dit  qu'il 
faut  actuellement  des  entrées  recherchées  [ouvrages 
littéraires]  et  des  nouveautés  dont  on  n'aurait  pas 
mangé  autrefois,  VOLT.  Lett.d'Argental,  7  avr.  4777. 
Il  18°  Terme  d'eaux  et  forêts.  Bois  d'entrée,  ceux 
qui  commencent  à  donner  quelques  signes  de  dé- 
périssement. Il  19°  S.  f.  phtr.  Terme  de  commerce. 
Se  dit  des  valeurs,  des  marchandises  qui  entrent. 
Le  livre  des  entrées. 

—  HIST.  XI'  s.  Et  Guineman  jouste  à  un  roi  l'en- 
trée [d'entrée,  d'abord] ,  Ch.  de  Roi.  ccxnx.  ||  xii'  s. 
Le  premier  jour  de  mai,  à  l'entrée  du  mois,  Sax. 
zxxiii.  Vint  s'en  al  tabernacle;  truvad  le  vesche 
Heiy  à  l'entrée,  qui  asis  iert  [était].  Rois,  p.  3.  Dun- 
kes  de  tote  vertutfait  à  guarnirli  entreie  del  cuer. 
Job,  p.  444.  Il  XIII'  s.  Sur  les  ieus  [je]  vous  commant 
que  vidiez  ma  contrée,  Si  que  jamais  nul  jour  ne 
rcvoiei  l'entrée,  audeproi  le  bast.  Romane,  p.  23. 
Jà  du  raoustier  [il]  n'en  avéra  l'entrie,  tb.  p.  48.  X 
l'entrée  de  quaresmes,  après  ce  que  on  prent  cen- 
dres, viLLEH.  VI.  Ensi  gardèrent  les  entrées  et  les 
issues  dou  castiel  un  an  et  trois  mois,  Chr.deRains, 
p.  t38.  Ele  i  est  jusqu'au  ventre  entrée.  Et  la  fosse 
a  petite  entrée,  Refi.eei.  Maint  sunt  qui  d'entrer 
ens  se  hestent,  Qui  tuit  à  l'entrée  s'arrestent.  Ne 
n'ont  pooir  d'aler  avant,  la  Rose,  6030.  ||xiv'  s. 
Lieu  qui  a  droitement  regart  et  larges  entrées  au 
cuer  [au  cœur],  h.  de  mondeville,  f"  si.  ||  xV  s. 
Houltse  tint  le  parlement  sur  ce  longuement;  mais 
enfin  riens  n'en  fut  fait;  car  le  roy  Henry  vouloit 
avoir  trop  grant  entrée  sur  le  royaume,  fenin,  )4i9. 
Comme  il  se  trouva  grant  et  roy  couronné,  d'entrée 
ne  pensa  qu'aux  vengeances,  comm.  i,  to.  \\  xvi'  s. 
Le  mariage  est  un  marché  qui  n'a  que  l'entrée  libre, 
MONT.  I,  209.  Ils  les  exhortoyent  de  penser  à  eux  et 
ne  s'obstiner  pas  à  donner  entrée  à  ceste  misérable 
guerre,  langue,  668. 11  y  eut  un  chantre  phocien  qui 
chanta  l'entrée  du  chorus  de  la  tragœdie  d'Electra, 
laquelle  se  commence  ainsi....  amyot,  Lysandre, 
S9.  Pour  entrée  de  table,  je  te  donne  ces  petites 
fricassées,  des  accords,  Bigarr.î'  1 81 ,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Entrer  i  provenç.  intrada;  espagn.  en- 
Irada;  ital.  entrala. 

t  ENTRE-FÂCHER  (S')  (an-tre-fâ-ché),  v.  réfl.  Se 
fâcher  mutuellement. 

—  HIST.  xvi*  s.  S'entrefascher,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  fâcher. 

t  ENTRE-FAIRE  (S')  (an-tre-fê-r') ,  v.  réfl.  Se 
faire  l'un  à  l'autre.  Et  [les  vents]  l'un  à  l'autre 
acharnés  S'entre-font  sur  mer  et  sur  terre  En  souf- 
flant une  rude  guerre,  scarr.  Yirg.  1. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  faire. 

ENTREFAITES  (aa-tre-fè-f) ,  s.  f.  plur.  Usité  seu- 

DICT.   DE   U   I.ANtîTJE   FBANÇAISS. 


lement  dans  cette  locution  adverbiale  :  Sur  ces  en- 
trefaites, c'est-à-dire  dans  cette  circonstance,  en  ce 
moment-là.  Sur  ces  entrefaites  il  reçut  des  lettres 
desesamis.  Il  Onditaussi  :Dans  ces  entrefaites.  Dans 
ces  entrefaites,  la  plus  ancienne  des  deux  femmes 
de  chambre  qu'elle  avait  tomba  malade  d'une 
fièvre  aiguë  qui  l'emporta,  Marivaux,  Afarianne, 
tO"  part.  Il  On  dit  quelquefois  au  singulier  :  Dans  ou 
sur  cette  entrefaite,  sur  l'entrefaite.  L'ennemi  vint 
sur  l'entrefaite,  la  font.  Fabl,  vi,  8. 

—  HIST.  XIII'  s.  Ensino  sevra  li  pruzdom  son  fil 
[son  fils],  et  avintenlreces  entrefetes  que...  Merlin, 
b  68.  Il  xV  s.  En  ces  entrefaictes  envoya  le  duc  de 
Bourgongne....  comm.  m,  3.  ||  xvi'  s.  Vous  vous  ver- 
rez hors  la  subjection  Des  infernaux,  et  de  leurs  en- 
trefaites, MAR0T,  I,  255.  Sur  ces  entrefaictes,  les 
Aquiliens,  qui  en  ouirent  le  vent,  s'en  recoururent 
incontinent  à  la  maison,  amyot,  Puhl.  7. 

—  ÉTYM.  Enirefait,  participe  passé  d'entrefaire, 
faire  dans  l'intervalle. 

t  ENTRE-FA VORISER  (S')  (an-tre  fa-vo-ri-zé),  V. 
réfl.  Se  favoriser  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entre-favoriser,  lanoue,  318. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  favoriser. 

t  ENTRE-FESSES  (an-tre-fè-s"),  s.  m.  Terme  de 
boucherie.  Maniement  impairou  simple,  particulier 
à  la  vache,  situé  entre  les  fesses  et  immédiatement 
en  arrière  du  pis. 

f  ENTRE-FESSON  (an-tre-fè-son),  s.  m.  Inflamma- 
tion érysipélateuse  déterminée  quelquefois,  entre 
les  fesses  et  la  région  du  périnée,  parle  frottement 
continuel  de  ces  parties  pendant  une  longue  mar- 
che. Il  Terme  de  vétérinaire.  Excoriation  qu'un  che- 
val gras  se  fait  entre  les  fesses.  ||  Au  plur.  Des  entre- 
fessons. 

—  HTST.  XVI'  s.  Leperinseum,  que  Dalechamps 
en  sa  Chirurgie  françoise  appelle  l'entrefesson, 
PARÉ,  XIV,  46. 

—  ÉTYM.  Entre ,  et  fesse. 

t  ENTRE-FESTOlEMENT(an-tre-fè-sloî-man),  s. 
m.  L'action  de  .s'entre-festoyer. 

—  HIST.  XV  s.  Quand  les  deux  parties  s'encontre- 
rent,  la  noblesse  doubla  pour  les  beaux  entrefes- 
toyemens,  et  aussy  pour  aller  à  l'espousaille  du  no- 
ble conte,  Perceforesl ,  t.  m,  f°  <36. 

f  ENTRE-FESTOYER  (S')  (an-tre-fè-sto-ié;  plu- 
sieurs disent  an-tre-fè-stoi-ié),  v.\réfl.  Se  festoyer 
réciproquement. 

—  HIST.  XVI'  s.  De  sorte  que  nous  vivions  en  toute 
seureté,  et  s'entrefestoyoit-on  à  tour  de  rôle  et  à 
l'envi,  CARLOix,  ix,  9. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  festoyer. 

t  ENTRE-FEUILLE  (an-tre-feu-ll',  ZJ  mouillées, 
et  non  an-tre-feu-ye) ,  s.  f.  Terme  rural.  Intervalle 
entre  les  feuilles  d'un  cep  de  vigne.  ||  Terme  de  bo- 
tanique. Feuille  secondaire  qui  croît  à  l'aisselle  des 
feuilles  primordiales.  ||  Au  plur.  Des  entre-feuilles. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  feuille. 

t  ENTRE-FIN,  INE  (an-tre-fin,  fi-n'),  adj.  Terme 
de  commerce.  Intermédiaire  entre  gros  et  fin. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  fin,  adj. 

t  ENTRE-FLANQCER  (S')  (an-tre -flan-ké),  V.  réfl. 
Se  flanquer  réciproquement,  se  couvrir  par  le  flanc. 

—  HIST.  XVI'  s.  En  sorte  que  le  péril  est  grand  à 
la  cavallerie  d'attaquer  par  tels  endroits  qui  s'entre- 
flanquent,  langue,  3(9. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  flanquer. 

t  ENTRE-FLATTER  (S')  (  an-tre-fla-té) ,  v.réfl. 
Se  flatter  réciproquement.  La  vie  humaine  n'est 
qu'une  illusion  perpétuelle;  on  ne  fait  que  s'entre- 
tromper  et  s'entre-flatter,  pasc.  Pensées,  part,  i,  art.  6. 

—  HIST.  xvi*  s.  S'entreflatter,  cotgravb. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  flatter. 

f  ENTRE-FOUETTER  (S')  ^an-tre-foi-té),  v.  réfl. 
Se  fouetter  l'un  l'autre,  les  uns  et  les  autres. 

—  HIST.  xvi'  s.  S'entrefouetter,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  fouetter. 
ENTRE-FRAPPER  (S')  (an-tre-fra-pé) ,  v.  réfl.  Se 

frapper  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entrefrapper,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  frapper. 
tENTRE-FROISSER  (S')  (an-tre-froi-sé) ,  V.  réfl.  Se 

froisser  réciproquement.  Que  sera-ce  quand  il  y  en 
aura  tant  de  milliers  ensemble,  qui  ne  feront  que 
s'entre-froisser?  vaug.  Q.  C.  ix,  2,  dans  richelet. 

—  HIST.  XVI'  s.  Comme  deux  cailloux  s'entre- 
froissent  en  rendant  le  feu  caché  dans  leurs  entrail- 
les, YVEH,  p.  688.  Parmi  les  pommes  est  mise  delà 
paille  pour  les  garder  de  s'entre-froisser,  0.  de  ser- 
bes, 687. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  froisser. 

t  ENTRE-FROTTER  (S')  (an-tre-fro-té),  v.  réfl.  Se 
frotter  réciproquement.  Anaxagoras  disait  que  le  ton- 


nerre venaitdu  choc  des  nuées,  elles  éclairs,  brsqua 
les  nuées  ne  faisaient  que  s'entre-frotter,  rÉtf.Anax. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'enirefrolter,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  frotter. 

t  ENTRE-GARDER  (S')  (an-tre-gar-dé),  V.  réfl. 
Se  garder  réciproquement.  Par  cela  seul  que  touj 
les  citoyens  se  connaissent  mutuellement  ets'entre- 
gardent....  j.  i.  rouss.  Pologne,  5. 

—  HIST.  XVI'  s.  Se  fortune  ne  t'eust  entregardé 
[préservé],  Triomphe  des  neuf  preux,  p.  206,  dan» 
lacurne. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  garder. 

ENTREGËNT(an-tre-jan),s.  m.  Adresse  à  se  con- 
duire dans  le  monde,  à  se  lier,  à  obtenir  ce  qu'on 
dé.sire.  Vous  êtes  honnête  homme  et  savez  l'entre- 
gent, RÉGNIER,  Sat.  XI.  Est-ce  un  crime  en  amour, 
est-ce  de  l'entregent.  De  faire  un  peu  passer  de  la 
fausse  monnaie  Pour  beaucoup  de  bon  argent?  ben- 
serade,  dans  richelet.  Le  comte  de  Roucy  avait, 
avec  toute  sa  bêtise,  un  entregent  de  cour  que  l'u- 
sage du  grand  monde  lui  avait  donné,  st-sim.  39, 
t99.  Des  sous-fermiers,  ou  d'obligeants,  notaires, 
Qui,  dans  les  pressantes  affaires.  Ont  un  merveil- 
leux entregent,  Pour  faire  trouver  de  l'argent, 
dancourt,  Enf,  de  Paris,  i,  7.  Ayant  vécu  dans 
deux  des  plus  brillantes  maisons  de  Paris,  je  n'avais 
pas  laissé,  malgré  mon  peu  d'entregent,  d'y  faire 
quelques  connaissances,  j.  i.  rouss.  Confcss.  vin. 
Dans  votre  position,  il  faut  un  certain  entregent 
dont,  par  malheur,  vous  êtes  tout  à  fait  dépourvu, 
CH.  de  BERNARD,  la  Cinquantaine,  §  4. 

—  REM.  C'est  une  expression  métaphorique  em- 
pruntée à  la  fauconnerie  (voy.  l'historique). 

—  HIST.  XIV'  s.  Il  vous  convient  continuer  à  la 
tenir  [le  jeune  faucon]  souvent  sur  le  poing  et  en- 
tre gent  tant  et  si  longuement  que  vous  pourrez, 
ilénagier,  n.  290.  En  cest  endroit  d'espreveterie, 
le  convient  plus  que  devant  tenir  sur  le  poing  et  le 
porter  aux  plais  et  entre  les  gens  aux  églises  et  es 
autres  assemblées,  ib.  p.  296.  ||  xV  s.  Mais  lui,  qui 
sait  son  entregent,  se  desarmoil  [s'excusait,  se  dé- 
chargeait] gracieusement  de  tout  ce  dont  charger  le 
vouloient,  LOUis  xi,  Nouv.  lxiii.  ||  xvi*  s.  Lascience 
de  l'entregent  [les  lois  de  la  civilité],  mont,  i,  52. 
11  y  a  plus  de  crevecœur  que  de  consolation  à  pren- 
dre congé  de  ses  amis  :  j'oublie  volontiers  ce  deb- 
voir  de  nostre  entregent,  id.iv,  ho.  Il  a  meshuy 
assez  de  façon  et  d'entregent  pour  se  présenter  en 
toute  bonne  compagnie,  id.  iv,  337.  Je  veulx  que 
la  bienséance  esterieure,  et  l'entregent,  et  la  dis- 
position de  la  personne  se  façonne  quant  et  quant 
l'ame,  id.  i,  (82.  Il  suivoit,  par  son  entregent,  les 
tables  des  princes  et  seigneurs  de  la  cour,  pour  es- 
pargner,  carloix,  ix,  3.  Eloquence  en  son  parler, 
foy  en  sa  parole,  bonne  grâce  en  son  entregens,  et 
amiable  recueil  à  qui  avoit  à  faire  à  luy,  amyot, 
Pomp.  î.  Vous  sçavez  mieux  votre  court;  j'ay  pensé 
dire,  comme  nos  docteurs,  vostre  entregenle;  mais 
il  me  sembleroit  dire  entre  jambes,  tant  cela  est 
fat.  Moyen  de  parvenir,  47,  dans  lacurne  (L'au- 
teur, comme  on  voit,  blâmait  le  mot  qui  pourtant 
est  ancien  et  remonte  au  moins  au  xV  siècle). 

—  ÉTYM.  Entre,  et  gens;  c'est-à-dire  pour  les  fau- 
cons l'habitude  de  vivre  sans  s'effrayer  des  gens,  et 
pour  les  hommes  l'habileté,  l'adresse  à  se  conduire 
entre  les  gens. 

ENTR'ÉGORGER  (S')  (  an-tré-gor-jé ) ,  v.  réfl. 
Il  1°  S'égorger  les  uns  les  autres.  Alors,  voyant  que 
leur  entreprise  ne  pouvait  réussir,  ils  la  terminè- 
rent par  une  fin  tragique  et  sanglante,  s'entr'égor- 
geant  tous  les  uns  les  autres,  pour  se  dérober  à  la 
honte  du  supplice,  rollin,  Hist.  anc.  Œuvr.t.  viii, 
p.  64,  dans  pougens.  J'ai  vu  les  citoyens....  S'en- 
tr'égorger  l'un  l'autre  au  nom  de  la  patrie,  c.  dela- 
viGNE,  Vêpres  sicil.  v,  2.  j]  2°  Par  exagération.  Se 
combattre  à  outrance,  se  faire  tout  le  mal  qu'on 
peut.  D'Antin  et  Mme  la  duchesse  se  défiaient  fort  des 
deux  Lorrains,  avec  l'extérieur  le  plus  intime,  en 
attendant  qu'ils  s'entr'égorgeassent  pour  la  pos- 
session de  Monseigneur,  st-sim.  238,  469. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  égorger. 

t  ENTRE-GOURMER  (S)  (  an-tre-gour-mé  )  ,  v 
réfl.  Se  gourmer  réciproquement. 

HIST.  XVI'  s.  Quand  on  voyoit  pages  ou  laquais 

s'entre-gourmer,  on  disoit  qu'ils  se  confessoient 
comme  les  cordeliers  de  Metz,  carloix,  vi,  36. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  gourmer. 

t  ENTR'ÊGRATIGNER  (S')  (an-tré-gra-ti-gné),  V. 
réfl.  S'égratigner  l'un  l'autre,  ou  égratigner  sur  soi- 
même  deux  parties  symét'iques  l'une  pat  l'autre. 
Ursule  qui  de  ses  ongles  s'entr'égratignait  les  ma'ns, 
CB.  DE  BERNARD, te  Getitilh.  campagn.  §  rv. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  égratigner. 

I.  —  18C 


U34  ENT 

tKimiFflBATrra   (S-)  (.n-tre-pa-Jé),  o.  r<f/l. 
Se  Rra.ter  l'un  l'autro.  et  flg.  «e  daller  I  un  l'autre. 
Voyez  comme  elles  s'entre-grattent,   niUTEROCHE, 
Boura.de  qualité,  ",  '• 
—  iiisr.  x>T  s.  S'cntrcgralter,  cotohavb. 
...  ETVM.  Entre,  et  gratter. 
f  E.VTBE-CKEFFÉ,   ÊE  (an-tre-grè-fé,  fée),  adj. 
Terme  de  bolanique.  Se  dit  d'organes  qui,  d'abord 
distincts,  se  sont  soudés  et  confondus,  de  manière 
à  ne  former  qu'une  seule  masse.  Fruits  entre-greffes, 
f  ENTRE-GREFTER   (S')   (an-tre-gr6-fé) ,  V.  réfl. 
Être  greffés  les  uns  sur  les  autres.  Les  arbres  s'on- 
tre-greffent. 

—  ETYM.  tntre,  et  greffer. 

f  ENTRE-GROXDER  (S)  (an-tre-gron-dé) ,  «.  réfl. 
Se  gronder  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'enlregronder,  cotorAVE. 

—  ÉTYM.  Erxtre,  et  gronder. 

t  EMTIE-GCERROYER  (S')  (  an-tre-ghè-rro-Ié  ; 
plusieurs  disent  an-tre-ghé-roi-ié),  v.  réfl.  Faire  la 
guerre  réciproquement  l'un  contre  l'autre.  Ils  se 
sont  entre-guerroyé  longtemps. 

—  IIIST.  xm'  s.  Et  se  nousnous  entreguerrions.... 
H.  DE  VALESC.  XVIII.  ||  XVI"  S.  Vcu  que  leurs  maistres 
s'entre-guerroient  à  toute  outrance  devers  la  fron- 
tière de  Valenciennes,  cahloix,  vi,  43. 

—  Rtym.  Entre,  et  guerroyer. 

t  ENTRE-HAÏR  (S")  (anlre-ha-ir) ,  c.  réfl.  Se  haïr 
mutuellement.  Elle  porte  nécessairement  les  hommes 
à  s'entrehaîr,  j.  J.  nouss.  Ort'g.  not. 

—  HIST.  XIII*  s.  Li  quens  Gauthier  de  St  Pol  et  li 
quens  Renaus  de  Boulogne,  qui  trops'entre-haoient 
d'armes,  s'enlreprisent  devant  le  roi ,  Chr.  de  Rains, 
p.  (42.  F,t  ne  pourquant  il  [le  mari  et  la  femme] 
s'entreheent  tant  que  il  ne  veulent  demorer  ensem- 
ble, DEAUM.  LVii,  t.  Il  XV*  S.  Par  avant  ilz  se  entre- 
hayoient  comme  chiens  et  chas,  Chr.  du  siège  d'Or- 
léans, Bibl.  des  Chartes,  2*  série,  t.  ni,  p.  609. 
Il  XVI*  s.  Ceux  qui  s'enlre-haîssent,  se  mordent, 
reprennent  et  injurient  l'un  l'autre,  tournent  tout  à 
Tice  et  reproche,  calv.  Instit.  619. 

—  ÉTYJl.  Entre,  et  hatr. 

t  ENTRE-IIANTER  (S')  (an-tre-han-té) ,  v.  réfl. 
Se  hanter  l'un  l'autre. 

—  IIIST.  xvi*  s.  S'entrehanter,  lanode,  36). 

—  ÊTYJi.  Entre,  et  hanter. 

t  ENTRE  HAPPER  (S')  (an-tre-ha-ppé),  v.  réfl. 
Se  happer  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XV*  s.  Ainsi  commença  la  mesiée  des  deux 
lyons,  et  dura  moult  longuement,  si  s'entrehap- 
perent  aux  ongles  et  aux  dens,  qu'iln'y  eutnelluy  qui 
n'eusl  plus  de  dix  playes,  Lancelot  du  lac,  t.  m,  f°  2. 

—  Ctym.  Entre,  et  happer. 

t  ENTRE-HARCELER  (S)  (an-tre-har-se-lé),  v. 
réfl.  Se  harceler  mutuellement. 

—  HIST.  xvr  s.  S'enlreharceler,  cotgravb. 

—  Etym.  Entre,  et  harceler. 
tENTRE-HARPER  (S')  (en-tre-har-pé),  v.  réfl.  Se 

saisir,  s'empoigner.  Tous  deux,  aussi  brutauxl'un 
que  l'autre,  s'étaient  entre-harpés  et  se  battraient 
peut-être  encore,  scarbon,  71om.  com.  ii,  6. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  l'ancien  verbe  harper,  saisir 

(voy.  IIlHPON). 

t  ENTRE-IIEURTER  (S')  (an-tre-heur-té),  ».  réfl. 
S»  heurter  mutuellement.  De  même  qu'il  n'appar- 
tient qu'à  des  aveugles,  qui  ne  voient  pas  le  but  où 
Ils  vont,  de  s'entre  heurter  dans  un  chemin, fonten. 
Dial.  des  morts,  Ép.  à  Lucien. 

—  HIST.  XII*  s.  Li  cheval  s'entrehortent  devant  en 

mi  le  pis  [poitrail),  flonct-v».  (94.  ||  xiii*s si  dent 

[ses  dents]  Ensembles!  s'entrehurtoient.  Que  por  un 
poi  ne  s'esmioient,  Lai  du  trot.  ||  xvr  s.  Les  armées 
a'e.sbranlerent  pour  s'entreheurter,  langue,  692. 

—  CTYM.  Entre,  et  heurter. 

t  ENTREILLISSÉ  ,  ÊE  (an-trè-Ui-sé,  sée,  Il 
mouillées),  adj.  Fait  en  forme  de  treillis  ;  qui  res- 
semble à  un  treillis. 

—  ÊTYM.  En  ( ,  et  treillis. 

t  ENTRE-JOINDRE  (S')  (an-tre-join-dr'),t).r^/l.  So 
joindre  réciproquement. 

^  —  HIST.  XVI*  s.  Kstans  les  arbres  plantés  fort  prés 
l'un  de  l'autre,  i  la  longue  s'entrejoindront  entière- 
ment, O.  DE  SERBES,  744. 

—  ETYM.  Entre,  et  joindre. 

^  tENTRE-JOUER  (S')  (an-tre-jou-é) ,  v.  réfl.  Se 
^uer,  se  tromper  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XV*  s.  S'entrejouer,  rob.  BSTiEHitB,  Dict. 

—  ETYM.  hntre,  n  jouer. 

f«r  S!!3?*^"''*^"  (S')(an-treju-ré),  r.  r<'/I.  Se  ju- 

_».«"^"*"^'"  qu-'l'iue  chose  lun  à  l'autre. 
laQTnMÉr.'îi'^'.'-/'  ''«"'fcjurent  et  affient,  Qu'à 
laar  poon^,  enlraideront,  Jo  Hose,  463(7. 
j     —  KTTM.  Kntrt,  et  jur«r. 


ENT 

EITTRELACÉ,  ÉE  (an-tre-lasé,  »ée),  pari,  paiti. 
Joint  comme  par  un  lacs.  Deux  mains  entrelacées, 
r.es  parties  crochues  étaient  si  parfaitement  entre- 
lacées, sÉv.  602.  Nous  étions  épaule  contre  épaule, 
pied  contre  pied,  tous  les  nerfs  tendus  et  les  bras 
entrelacés  comme  des  serpents,  chacun  s'efforçant 
d'enlever  de  terre  son  ennemi,  fsw.  Tél.  v.  ||  Fig. 
Rimes  artistement  entrelacées,  marmontbl,  Élém. 
de  litt.  vers. 

ENTRELACEMENT  (an-tre-!a-se-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion d'entrelacer  ou  de  s'entrelacer;  état  de  ce  qui 
est  entrelacé.  Entrelacement  de  chiffres,  d'arabes- 
ques, de  branches.  X  la  fin,  le  Thébain,  par  l'entre- 
lacement de  SCS  jambes  ettle  ses  bras,  suspend  tous 
les  mouvements  de  son  adversaire  qu'il  tient  sous 
lui,  le  serre  à  la  gorge,  et  le  force  à  lever  la  main 
pour  marque  de  sa  défaite,  barthél.  Anach.  ch.  38. 
Il  Fig.  Les  vers  irréguliers  ont  le  même  entrelacement 
de  rimes  que  les  odes,  fén.  t.  xxi,  p.  (88.  Il  y  a 
dans  l'entrelacement  des  morceaux  [de  musique]  un 
art  exquis,  j.  I.  Rouss.  Dict.  de  mus.  au  mot  goût. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  rouages  et  entrelassements 
des  corps  célestes,  «ont.  '279. 

—  ÊTYM.  Entrelacer. 

ENTRELACER  (an-tre-Ia-sé.  Le  e  prend  une  cé- 
dille devant  o  ou  o  :  nous  entrelaçons,  entrelaçant), 
V.  a.  Il  1°  Joindre  comme  par  un  lacs.  Entrelacer 
des  guirlandes.  Ils  entrelacent  leurs  bras  en  dan- 
sant. Il  [Archidamus]  fit  couper  des  arbres  sur  la 
montagne  de  Cythéron,  et  les  entrelaça  de  fascines 
pour  soutenir  la  terrasse  de  part  et  d'autre,  rollin, 
Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  526.  ||  2»  S'entrelacer, 
1).  réfl.  Être  disposé  comme  un  lacs.  Le  lierre  s'entre- 
lace à  cet  arbre. 

—  SYN.  ENTRELACER,  ENLACER.  Enlacer,  c'est 
prendre,  envelopper  dans  un  lacs;  entrelacer,  c'est 
joindre  par  un  lacs. 

—  IIIST.  XIV*  s.  Un  chancre  [cancer]  moult  an- 
cien et  entrelacié  de  vaines  et  de  ners,  H.  de  mon- 
DEViiLE,  f"  04,  verso.  Il  XV*  s.  [Philippe  d'Artevelle 
aux  Gantois  :]  Souvienne  vous  de  nos  ennemis,  et 
chacun  porte  son  baston  tout  droit  devant  lui;  et 
vous  entrelacez  de  vos  bras,  par  quoi  on  ne  puisse 
entrer  dedans  vous....  FROiss.  n,  Jl,  (»5. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  lacer. 

ENTRELACS  (an-tre-19),s.  m.  ||  1*  Cordons  entre- 
lacés pour  faire  quelques  nœuds.  ||  2°  Terme  d'ar- 
chitecture. Ornements  de  fleurons  et  de  listels  liés 
ensemble  et  croisés.  1|  Entrelacs  d'appui,  autres  orne- 
ments de  sculpture  à  jour,  qui  tiennent  quelquefois 
lieu  de  balustres  et  de  rampes  d'escalier.  ||  3"  Terme 
de  peinture.  Ornements  de  feuillages  ou  de  vignes 
qui  se  croisent  dans  un  tableau.  ||  4°  Terme  de  pas- 
sementerie. Cordons  ou  filets  propres  à  attacher  des 
rideaux,  des  ornements,  etc.  ||  5° Terme  de  calli- 
graphie. Traits  de  plume  qui  se  lient  et  s'entrelacent 
les  uns  dans  les  autres. 

—  HIST.  XVI*  s.  N'estant  possible,  comment  qu'on 
manie  ces  coucons,  d'en  sortir  toute  la  soie,  à 
cause  de  certains  entrelas  qui  se  rencontre  es  plo- 
tons,  0.  DE  SERRES,  490.  Los  jetous  des  haies,  agen- 
cés par  entortillemens  et  entrelas,  les  rendent  de 
belle  représentation,  ID.  743. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  lacs. 

t  ENTRE-LAISSER  (S')  (an-tre-lê-sé),  v.  réfl.  Se 
laisser  réciproquement  quelque  chose.  Ces  deux  per- 
sonnages se   sont  entre-laissé  leurs   portraits. 

—  HIST.  XVI*  s.  Hz  se  entrelaissoient  tousjours  au 
départir  l'un  d'avec  l'autre  un  aguillon  de  désir, 
AMïOT,  Lyc.  28. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  laisser. 
ENTRELARDÉ,    ÉE  (an-tre-lar-dé ,   dée),  part. 

passé.  Piqué  de  lard.  Il  Viande  entrelardée,  viande 
mêlée  de  gras  et  de  maigre.  ||  Fig.  Discours  entre- 
lardé de  citations.  ||  Style  entrelardé,  style  mêlé  île 
français  et  d'une  autre  langue,  surtout  de  latin  : 
Et  si  hune  librum  par  aventure  Reperiasen  ton  che- 
min, Redde  miliila  couverture,  Quae  facta  est  en  par- 
chemin. Il  On  dit  aussi  style  bigarré. 

t  ENTRELARDEMENT  (antre-lar-de-man),  î.  m. 
Terme  de  cuisine.  Action  d'entrelarder;  état  d'une 
viande  entrelardée. 

ENTRELARDER  (an-tre-lar-dé),  v.  a.  ||  1*  Terme 
de  cuisine.  Piquer  de  lard.  Entrelarder  un  filet  de 
bœuf.  Il  t°  Par  extension,  mêler  certains  ingrédients 
dans  un  mets.  Entrelarder  un  pâté  de  clous  de  gi- 
rofle. Il  3"  Fig.  Entrelarder  un  discours  de  vers,  de 
citations  latines,  y  insérer  des  vers,  des  passages 
latins. 

—  HIST.  XIII*  8.  Leur  disners  entrelardés  fu  De 
ce  qui  plus  plaisant  leur  fu.  Ce  fu  do  baisiers  sa- 
voureus,  Bl.  et  Jehan,  3660.  ||  xv*  s.  S'il  avoit  eu 
peu  de  pitié  des  tripes  et  de  la  langue  de  bœuf,  en- 


ENT 

core  en  eut-il  moins  de  ce  beau  bœuf  entrelardé 
LOUIS  II,  Nouv.  Lxxxiii.  Et  puis  se  assirent  en  ordre  à 
tableentrelardez  de  damoiselles,  Perceforest,  1. 1,  f"  S  t . 

—  ÉTYM.  Entre,  et  larder. 

t  ENTRE-LARGE  (an-tre-lar-j') ,  adj.  Terme  de 
commerce.  Oui  tient  le  milieu  entre  large  et  étroit. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  large. 

f  ENTRELASSCRE  (an-tre-la-sur') ,  ».  f.  Entre- 
lacement, complication  de  figures. 

—  HIST.  XVI*  s.  Des  danses  à  plusieurs  entrelas- 
seures,  coupeures  et  diverses  cadences  très  diffi- 
ciles à  apprendre,  mont,  n,  (76.  Plusieurs  ramifi- 
cations et  entrelassures  de  petites  vaines,  artères  et 
filamens  nerveux,  paré,  i,  32. 

—  ÊTYM.  Entrelacer. 

tENTRE-LlER  (S')  (an-tre-li-é),  v.  réfl.  Se  lier 
l'un  l'autre. 

—  HIST.  XV*  s.  L'amour  dont  leurs  cœurs  estoient 
entreliés  et  enlacés,  locisxi,  Nouv.  xcvui.  ||xvi*  s. 
On  a  de  la  difficulté  à  faucher  le  sain-foin,  par  estre 
de  lui-mesme  fort  espés  et  entrelié  comme  toison  de 
laine,  o.  de  serres,  273. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  lier. 

ENTRE-LIGNE  (an-tre-li-gn'),  t.  m.  ||  1*  L'espace 
entre  deux  lignes  d'écriture.  Écrire  dans  l'entre- 
ligne.  Il  En  entre-ligne,  dans  l'espace  qui  est  entre 
deux  lignes.  11  est  défendu  aux  notaires  d'écrire  en 
entre-ligne.  ||  Terme  de  musique.  Les  espaces  ou  in- 
tervalles qui  sont  entre  les  lignes  de  la  portée.  On 
dit  plutôt  intervalle  ou  interligne.  ||  2°  Ce  qui  est 
écrit  entre  deux  lignes.  Un  entre-ligne  portait  que.... 
Il  Auplur.  Des  entre-lignes,  parce  que,  bien  qu'il 
s'agisse  non  de  lignes  entre,  mais  d'espaces  entre 
les  lignes,  on  peut  dire  qu'il  s'agit  de  plusieurs  li- 
gnes, puisqu'il  s'agit  de  plusieurs  espaces.  Le  singu- 
lier lui-même  serait  mieux  écrit  entre-lignes.  Ce  mot 
est  comme  entre-côte  ;  le  grand  usage  où  il  est  l'a 
fait  prendre  pour  un  mot  unique. 

—  HIST.  xiii*  s.  Encore  pol  estre  lettre  faussée  en 
autre  manière,  si  comme  quand  il  y  a  entrelignure, 
LEAUM.  X.XXV,  (2.  ||  XVI*  S.  Premier  que  de  passer 
outre,  je  vous  prierai  me  permettre  de  faire  icy 
cette  entreligne  pour  puis  reprendre  à  mon  point 
le   fil  de  cette  gen»alogie,   pasquhr,  Recherches, 

p.  385,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  ligne. 

f  ENTRE-LIRE  (an-tre-li-r') ,  v.  a.  Lire  imparfai- 
tement, à  demi.  Je  n'ai  fait  que  l'entrelire,  Beau- 
marchais dans  le  Z^t'cl.  de  beschebelle. 

—  HIST.  XVI*  s.  Entrelire  [lire  ensemble]  ,  çxn- 

GRAVE. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  lire. 

I  ENTRE-LORGNER  (S')  (an-tre-lor-gné),  v.  réfl. 
Se  lorgner  l'un  l'autre. Vois-tu  ces  deux  qui  s'entre- 
lorgnent  Et  d'intention  s'entr'éborgnent  î  scareon  , 
Virg.  VI. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  lorgner. 

f  ENTRE-LOL'ER  (S')  (an-tre-lou-é) ,  v.  réfl.  Se 
louer  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entrelouer,  cotgravb. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  louer. 

ENTRE-LUIRE  (an-tre-lui-r') ,  v.  n.  Luire  à  demi. 
On  voyait  la  lune  entre-luire  à  travers  le  feuil- 
lage. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  sembloit  de  veoir,  assez  loin 
de  la  ville,  entreluire  des  harnois  à  la  réverbération 
du  soleil  qui  donnoit  dessus,  M.  du  bellat,  s«4. 

—  ETYM.  Entre,  et  luire. 

t  EN TRE-MAILLADE  (an-tre-ma-lla-d',  li  mouil- 
lées) ,  s.  f.  Terme  de  pêche.  Filet  pierre  et  flotté  en 
usage  sur  la  Méditerranée. 

ENTRE-MANGER  (S')  (an-tre-man-jé),  v.  réfl.  Sa 
manger  les  uns  les  autres. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  petits  potentats  sont  bien  aises 
que  les  grands  s'entre-mangent,  langue,  395.  Ayant 
receu  des  assiégez  le  serment  de  l'attendre,  se  deus- 
sent-ils  enlremanger,  d'aub.  Ilist.ii,  3(2. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  monger. 

t  ENTRE-MANGERIE  (an-tre-man-je-rie),  t.  f. 
Hostilités  par  lesquelles  des  hommes  de  même 
profession  cherchent  à  se  nuire  réciproquement.  Je 
n'aime  point  les  conflits,  le.s  cabales  et  les  enlre- 
manseries  professorales  qui  régnent  dans  toutes  nos 
académies,  bayle,  Lett.  à  Jfinulofi,  8  mars  (694. 

—  ÊTYM.  Entre  manger. 

■f  ENTR'EMBARRASSER  (S")  (an-tran-ba-ra-«é), 
».  réfl.  S'embarrasser  mutuellement. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  embarrasser. 

t  ENTR'EMHRASSER  (S)  (an-tran-bra-sé), e.  rifl. 
S'embraiiser  l'un  l'autre.  Les  épines  s'entrelacent  et 
s'entr'embrassent  dans  les  halliers,  saci  ,  BiUt, 
Nahum,  i,  40. 

—  HIST.  XTT  s.  Aucuns   s'entre-saluer,   autres 


ENT 

'entr'einbrasser,  langue,  B8».  Ils  s' entrembrassent 
avec  protestation  d'oubliertoutes  choses,  carl.  u,  t. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  embrasser. 

f  ENTRE-MÉKAIUE  (S")  (an-tre-mé-fê-r'),e.  réfl. 
Se  faire  réciproquement  du  malles  uns  aux  autres. 

—  IIIST.  XIV  s.  S'entremefTaire,  Ordonn.  des  rois 
dtFr.  t.  I,  p.  67. 

—  ÉTYM.  Entre,  ni  mé faire. 
ENTREMÊLÉ,  ÉE  (an-tremê-lé,  lée), part,  passé. 

Mêlé  par-ci  par-là.  Des  chênes  entremêlés  aux  hê- 
tres. X  peine  eut- il  dit  ces  paroles  entremêlées  de 
soupirs,  FÉN.  Tél.  ïvii.  Il  y  a  eu  un  temps  où  la 
conversat*in  était  soutenue  par  un  discours  entre- 
mêlé de  mots  et  d'actions,  condillac,  Conn.  hum. 
part.  II,  sect.  ).  Mon  travail,  entremêlé  de  lectures 
intéres-santes,  me  laissait  peu  de  moments  d'ennui, 

MABMONTEL,    Xém.  VI. 

t  ENTREMÊLEMENT  (an-tre-mê-le-man),  *.  m. 
Action  d'entremêler;  résultat  de  cette  action. 

HlST.  XVI'  s.  Cest  entremeslement  qu'ils  font 

du  beau  avec  le  laid,  et  du  bon  avec  le  mauvais, 
esblouil  les  yeux  des  simples,  langue,  bo3. 

—  ETYM.  Entremêler!  provenç.  entremesclament ; 
espagn.  entremesclamiento. 

ENTREMÊLER  (an-tre-mê-lé) ,  V.  a.  ||  1»  Mêler 
par-ci  par-là,  insérer  par-ci  par-là.  Entremêler  des 
fleurs  rouges  à  des  fleurs  blanches.  ||  Fig.  Entremê- 
ler la  retraite  et  la  société.  Entremêler  des  plaisante- 
ries dans  une  discussion  sérieuse.  Le  P.  Dutertre 
entremêle  son  récit  de  sentences  de  Sénèque,  cha- 
TEAiiBR.  Génie,  iv,  iv,  7.  ||  2"  S'entremêler,  t).  réfl. 
Être  entremêlé.  Des  nuances  qui  s'entremêlent.  Le 
mal  est  que  dans  l'an  s'entremêlent  des  jours  Qu'il 
faut  chômer;  on  nous  ruine  en  fêtes,  la  font. 
Fabl.  VIII,  2.  L'histoire  générale  et  les  mémoires 
particuliers  se  communiquent  et  s'entremêlent  toutes 
les  fois  que  l'intérêt  public  et  l'intérêt  privé  ont 
des  rapports  communs,  maemontel,  Élém.  littér. 
Œuvres,  t.  viii,  p.  34t,  dans  pougens.  ||  3°  S'en- 
tremettre. X  quoi  bon  s'entremêler  ici? 

—  HIST.  XIII*  s.  Puistraisent  [tirèrent]  les  espées, 
et  s'entremellerent  li  uns  es  autres,  et  i  ot  grant 
capleïs  [tuerie],  Chron.  de  Rains,  p.  64.  Si  ot  par 
leus  [lieux]  entremeslées  FoiUes  de  roses  grans  et 
lées  [larges],  la  Rose,  897.  y  xiv»  s.  Le  plus  jireu  de 
son  corps  que  nul/,  porroit  trover.  Et  eureux  de  ce 
dont  se  venlt  entremêler,  Guescl.  t83(8.  ||  xv  s.  Se 
sont  si  avant  entremeslées  icelles  choses  d'un  costé 
et  d'autre....  monstrel.  ii,  89.  ||  xvi"  s.  Il  ne  voulut 
ne  luy  mesme  prendre  ceste  charge,  ny  soufl'rir 
que  personne  des  siens  s'en  entremeslast,  amïot, 
Publ.  23.  Ceste  publique  resjouissance  estoit  entre- 
meslée  de  larmes,  m.  Alcib.  65.  Sçais  tu  [las  bien 
qu'amour  a  de  coustume  D'eniremesler  ses  plaisirs 
d'amertume?  marot,  i,  340.  Que  m'amuserai-je  à 
vous  despeindre  la  mer  toute  en  sang,  entremeslée 
de  ciirps  de  toutes  façons?  d'aub.  Ilist.  ii,  si.  Cer- 
tains imposteurs,  qui  s'entremeslent  de  traiter  au- 
cunes parties  de  la  chirurgie,  paré,  Introd.  27. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  mêler;  provenç.  eniremesclar ; 
espagn.  entremeidar  ;  ital.  intramischiare. 

t  ENTRE-MESCRER  (S')  (an-tre-me-zu-ré),r.r(f/I. 
Se  mesurer  réciproquement.  Je  vois  de  tous  côtés 
des  partis  et  des  ligues;  Chacun  s'entre-mesure  et 
forme  ses  intrigues,  corn.  Pulch.  i,  I. 

—  ETYM.  Entre,  et  mesurer. 

ENTREMETS  (an-tre-mè  ;  Ys  se  lie  :  des  an-tre- 
mè-z  au  sucre),  s.  m.  \\  1°  Proprement  tout  ce  qui 
88  fait  entre  les  mets,  et,  dans  le  moyen  âge,  di- 
yertlssement  qui  se  faisait  dans  un  intervalle  du 
repas.  Sur  la  fin  du  dîner  commença  le  spectacle 
ou  entremets;  on  vit  paraître  un  vaisseau  avec  ses 
mâts,  voiles  et  cordages,  saint-foix,  Ess.  Paris, 
Œuvres,  t.iv,  p.  tac.  ||  2°  Aujourd'hui,  en  termes  de 
cuisine,  le  second  service,  celui  où  paraît  le  rôti. 
118°  Particulièrement.  Les  entremets,  ou,  au  singu- 
lier dans  le  sens  de  plat  d'entremets,  les  mets  ser- 
vis en  même  temps  que  le  rôti  et  que  l'on  mange 
après,  pâtisseries,  œufs,  fritures,  salades,  etc.  Il  y 
avait  huit  entremets.  Le  maréchal  d'Humiêres  fit 
manger  des  ragoûts  et  des  entremets,  volt,  tours 
XIV,  8.  Il  L'instant  de  ce  service.  On  était  à'i'en- 
tremels.Vers  l'entremets,  comme  il  [Monsieur]  ver- 
sait d'un  Tin  de  liqueur  à  Mme  de  Bouillon,  on  s'a- 
perçut qu'il  balbutiait,  st-simon,  93,  222.  jj  4»  Il 
»'est  dit  longtemps  au  théâtre  au  sens  d'intermède. 

—  HIST.  xiu"  s.  Atant  ez-vos  un  entremis  De  bo- 
nes  saucisses  pevrées,  barbazan.  Fabliaux,  t.  iv, 
p.  87.  De  tables  plaines  d'entremez,  la  Rose,  <t75t. 
Il  xtv*  s.  Leschefroies,  darioles,  et  l'entreraès,  ilé- 
uagier,  ii,  4.  L'entremets  :  lux  [brochets]  et  car- 
pes, ib.  Il  xv  s.  Grand  plenté  de  mets  et  d'entre- 
mets. FBOiss.  I,  I,  »(.  L'un  et  l'aultre  prtserterent 


ENT 

La  bataille  pour  entremais.  Vigiles  de  Charlet  VU, 
1. 1,  p.  t23,  ilansLAcuRNE.  Il  xvi's.  Si  m'a  semblé  que 
c'est  entremets  de  ce  que  nous  avons  escrit  du  tyran 
Dionysius,  ne  ne  seroit  point  impertinent  ny  hors  de 
propos  d'estre  inséré  en  ces  vies,  amïot,  Titnol.  22. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  mets. 
ENTREMETTECR,  EUSE  (an-tre-mè- teur,  teû  z'), 

s.  m.  et  (.  Il  1°  Celui,  celle  qui  s'entremet.  Il  a  été 
l'entremetteur  de  cette  affaire.  Voici  quelques  arti- 
cles qu'il  a  dictés  lui-même  à  notre  entremetteur, 
pour  vous  être  montrés,  avant  que  de  rien  faire, 
MOL.  l'Avare,  ii,  t.  Les  péchés  dontils  sont  les  en- 
tremetteurs, pasc.  Prov.  6.  Théodole  vise  également 
à  se  faire  des  patrons  et  des  créatures;  il  est  média- 
teur, confident,  entremetteur;  il  veut  gouverner, 
LA  BRUT.  viii.  Il  est  juste  que  celui  qui  en  est  l'in- 
terprète ou  l'entremelteur  [des  marques  de  la  cha- 
rité de  J.  C]  la  ressente  avec  abondance,  fléch. 
Pane'g.  il,  p.  396.  Aurait-il  fallu  tant  d'entremet- 
teurs pour  TOUS  réconcilier?  mass.  Carême,  Pardon. 
Il  2°  En  un  sens  spécial  et  défavorable.  Celui,  celle 
qui  sert  des  intrigues  de  galanterie.  Je  conclus  que 
la  marquise  avait  des  inclinations  bizarres,  vu  que 
le  bossu  faisait  le  personnage  d'entremetteur,  le- 
SAGE,   GilBlas,  IV,  8. 

—  HIST.  XVI' s.  Il  effacea  incontinent  tous  les  au- 
tres orateurs  et  entremetteurs  du  gouvernement, 
AMYOT,  Aie.  19.  Ce  prince  vouloit  que  d'Aubignéfut 
son  entremetteur  dans  cette  intrigue  [amoureuse], 
d'aub.  Vie,  xxxix.  Aulcuns  [dieux],  moyens  entre 
la  divine  et  l'humaine  nature,  médiateurs,  entre- 
metteurs de  nous  à  Dieu,  mont,  u,  277. 

—  ÉTYM.  Entremettre. 

ENTREMETTRE  (S')  (an-tre-mé-tr'),  v.  réfl.  Il 
se  conjugue  comme  mettre.  S'employer  dans  une 
affaire  en  faveur  de  tiers.  Il  s'entremit  pour  les  ac- 
corder, pour  obtenir  leur  grâce.  Ahlahl  c'est  toi, 
Frosineî  que  viens-tu  faire  ici?  —  Ce  que  je  fais 
partout  ailleurs  :  m'entremettre  d'affaires,  me  ren- 
dre serviable  aux  gens,  mol.  l'Àv.  ii,  3.  Car  quand 
l'amour  d'un  et  d'autre  côté  'Veut  s'entremettre,  et 
prend  part  à  l'affaire,  la  font.  Rich.  Nous  nous  en- 
tremettons les  uns  pour  les  autres,  boss.  Asc.  2. 
U  voulut  même  s'entremettre  pour  le  maintenir  dans 
sa  dignité,  flégh.  Théodose,  ii,  66. 

—  HIST.  xii'  s.  Mais  li  honurez  reis  de  France 
Loewis  Endementieres  [pendant  ce  temps]  s'est  du- 
rement entremis  Que  il  fesist  le  rei  e  saint  Thomas 
amis,  Th.  le  mart.  <04.  Saùl  aveit  osted  de  la  terre 
ces  [ceux]  ki  s'entremeteient  d'enchantement  et  de 
sorcerie.  Rois,]).  (08.  ||  xiii"  s.  D'avoir lor  paiz  moult 
m'entremis,  Et  vosisse  bien  estre  mis  Avec  Bel-acueil 
en  prison,  laRose,  (6165.  Droit  ot  raison  de  moi 
blasmer.  Quant  onques  m'entremis  d'amer;  Trop 
griés  maus  m'en  convient  sentir,  ib.  4i62.  Ainçois 
Savoie  tout  de  voir  [vrai],  Que  de  l'avoir  [le  boulon] 
noient  estoit,  S'amorsnes'en  entreraetoit,  t'b.  2790. 
Tout  soit  il  ainsi  que  il  n'ait  pas  en  nous  toutes  les 
grâces  qui  doivent  estre  en  homme  qui  s'entremet 
de  baillie,  beaum.  (7.  Aucuns  d'eulz  s'entremi- 
strent  d'apaisier  le  conte  Perron  audit  conte 
Tybaut,  joiNV.  203.  ||  xV  s.  De  s'entremectre  de 
mes  faiz.  Je  n'en  requier  nulles  ne  nuls,  CH.  d'orl. 
Rond.  43.  Il  XVI'  s.  Qui  s'entremet  [agit  comme  pro-" 
cureur]  doit  achever,  et  qui  commence  et  ne  par- 
fait, sa  peine  pert,  loysel,  37Ç.  Numa  ne  vouloit 
pas  qu'ilz  ouyssent  rien  du  service  divin,  par  ma- 
nière d'acquit,  en  faisant  autre  chose,  ainz  qu'ilz 
entremeissent  [laissassent]  toute  autre  besongne, 
AMYOT,  Numa,  24. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  mettre;  proTenç.  entremetre; 
espagn.  entremeter;  ital.  intrametlere. 

ENTREMIS,  ISE  (an-tre-mi,  mi-z'),  part,  passé 
d'entremettre. 

ENTREMISE  (an-tre-mi-z') ,  s.  f.\\l'  Action  de 
celui  qui  s'entremet.  U  a  obtenu  cette  place  par 
l'entremise  d'un  ami.  Ils  se  maintiennent  par  le 
commun  besoin  qu'on  a  de  leur  entremise,  balz.  6* 
dise,  sur  la  cour.  L'infante  l'a  mandée,  et  par  son 
entremise  J'espère  à  vos  souhaits  la  voir  bientôt  sou- 
mise, rotr.  Vencesl,  i,  < .  Et  toi,  fameux  héros, 
dont  la  sage  entremise  De  ce  schisme  naissant  dé- 
barrassa l'Église,  BOIL.  Lutrin,  i.  Qui  croirait  en 
effet  qu'une  telle  entreprise  Du  fiis  d'Agamemnon 
méritât  l'entremise?  rac.  ^indr.  i,  2.  ||  Par  exten- 
sion. Je  sais  aussi  que  Dieu  se  sert  de  l'entremise 
des  causes  secondes,  balz.  liv.  vu,  lett.  63.  En  cas 
qu'il  se  servit  de  l'entremise  des  démons,  pasc. 
Prov.  8.  Dieu  a  voulu  se  servir  de  l'entremise  des 
sens  pour....  iD.  Prov.  t8.  ||  2'>  Terme  de  mer.  Nom 
de  certaines  petites  pièces  de  bois,  qu'on  place  en- 
tre deux  autres,  pour  les  renforcer  et  les  affermir. 

—HIST.  xiu  s.  [les  gemmes]  Qui  à  blanc  esmail  sont 


ENT 


usa 


assises  De  lius  en  lius  [lieux]  par  entremise,  FI.  et 
Dl.  y.  120).  Il  XVI' s.  C'estpar  l'entremise  de  la  cous- 
tume que  chascun  est  content,  MONT,  i,  ti6.  Si  cette 
fureur  [amoureuse]  tomboit  en  un  courage  géné- 
reux, les  entremises  [moyens  de  plaire]  estoient  gé- 
néreuses de  mesme,  id.  i,  2ii.  Incessamment  il 
s'opposoit  aux  entremises  et  négociations  ou  des 
trêves  ou  de  la  paix,  carloix,  i,  8. 

—  ÉTYM.   Entremis. 

t  ENTUE-MODILLON  (an-tre-mo-di-Uon,  K  mouil- 
lées), t.  m.  Terme  d'architecture.  Intervalle  entre 
deux  modiUons.  ||  Au  plur.  Des  entre-modillons. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  modillon. 

t  ENTRE-MOQCER  (S')  (an-tre-mo-ké),  V.  rifl.  Se 
moquer  l'un  de  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entremoc(|uer,  cotoravk. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  moquer. 

t  ENFRE-MORDRE  (S)  (antre-mor-dr') ,  ti.  rt/î. 
Se  mordre  l'un  l'autre.  Tout  leur  camp  était  en  dés- 
ordre; On  n'y  faisait  que  s'entre-mordre,  ssAHaoM, 
Virg.  II. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entremordre,  coigrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  mordre. 

t  ENTR'EMPÊCUER  (S)  ian-tran-pê-ché),«.  réfl. 
S'empêcher,  se  gêner  mutuellement.  Souvent  les 
attributs  de  la  divinité  s'entr' empêchent,  uontesq. 
Lett.  pers.  69. 

—  HIST.  xvi'  s.  Si  nous  voyons  quel'ame  contient 
le  ciel  et  la  terre,  sans  qu'ils  s'y  entr'empeschent, 
paré,  xviii,h.  Ils  s'entre-heurtoient  et  s'entr'em- 
peschoient  les  uns  les  autres  pour  leur  grande  mul- 
titude, amyot,  Thém.so.Ce  sont  deux  occupations 
qui  s'entr'empeschent  en  leur  vigueur,  mont.  iI,  4  6. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  empêcher. 

t  ENTR'ENCOURAGER  (S')  (an-tran-kou-ra-jé) , 
V.  réfl.  S'encourager  i'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entrencourager,  coigbavB. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  encourager. 

t  ENTRE-NERF  ou  ENTRE-NERFS  (an-tre-nêr) , 
s.  m.  Espace  compris  entre  les  nervures  du  dos  d'un 
livre.  Un  seul  entre-nerf  exige  quelquefois  20  ou  30 
coups  de  fers  qui,  chacun,  tient,  pour  ainsi  dire, 
autant  de  temps  à  pousser  qu'on  en  mettrait  à  pousser 
les  fers  à  dos,  laine,  la  Reliure,  p.  204. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  nerf. 

t  ENTR'ENLEVER  (S')  (an-tran-le-Té),e.r^/l.  En- 
lever réciproquement  quelque  cliose  l'un  à  l'autre. 
Pour  tâcher  de  s'entr'enlever  les  profits  de  la  jour- 
née, iiAMiLT.  Gramm.  t). 

—  ÉTYM.  Entre,  elenlever. 

ENTRE-NOEUD  (an-tre-neu) ,  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Espace  compris  entre  deux  noeuds  de  cer- 
taines tiges.  Il  Portion  de  la  tige  comprise  entre  deux 
paires  ou  deux  séries  de  feuilles.  ||  Au  plur.  Des 
entre-nœuds  (voyez  entre-ligne). 

—  ÉTYM.  Entre,  et  nœud. 

t  ENTRE-NOUER  (S')  (an-tre-nou-é) ,  v.  réfl.  Sa 
nouer  réciproquement. 

—  HIST.  xvi'  s Leurs  tresses  secouées  X  l'a- 
bandon du  vent  erroient  entrenouées,  bons.  9H. 

—  ÉTYM.  Hntre,  et  nouer. 

t  ENTR'ENTENDRE  (S')  (an-tran-tan-dr') ,  v.  réfl. 
Être  d'intelligence  l'un  avec  l'autre.  Vous  vous 
entr'entendez  comme  larrons  en  foire,  corn.  Suite 
du  Menteur ,  m,  3. 

—  mST.  XVI'  s.  Nous  descouvrons  bien  évidem- 
ment qu'entre  elles  [les  bêtes]  il  y  a  une  pleine  et 
entière  communication  et  qu'elles  s'entr'entendent, 
MONT,  n,  468.  11  y  a  des  conditions  qui  s'entrecher- 
chent,  et,  pourne  s'entr'entendre,  laissent  les  hom- 
mes en  extrême  nécessité,  id.  i,  266. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  entendre. 
ENTRE-NUIRE  (S')  (aii-tre-nui-r'),  V.  réfl.  Se  nuire 

réciproquement  l'un  à  l'autre.  Elles  se  sont  entre- 
nul.  Lorsque  ces  pensées  sont  en  trop  grand  nom- 
bre, elles  s'entre-nuisent  et  s'étouffent  mutuelle- 
ment, comme  il  arrive  à  des  arbres  qui  sont  plantés 
trop  près  les  uns  des  autres,  hollin.  Traité  des  Et. 
II,  III,  3.  C'est  un  grand  spectacle  de  considérer  les 
hommes  méditant  en  secret  de  s'entre-nuire,  et  for- 
cés néanmoins  de  s'entr'aider,  vauven.  Max.  cccxii. 

HIST.  xvi*  s.  L'ame  contient  le  passé  et  le  pre« 

sent,  sans  qu'ils  s'entre-nuisent,  paré,  xviii,  44. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  nuire. 

t  ENTR'ENVOYER  (S')  (an-tran-vo-ié  ;  plusieurs 
disent  an-tran-voi-ié),  v.  réfl.  S'envoyer  réciproque- 
ment quelque  chose  l'un  à  l'autre. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ils  s'entr'envoyerenl  des  ris  l'un  à 
l'autre,  akyot,  Sylla,  72. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  envoyer. 

t  ENTRE-PARDONNER  (S')  (an-tr»-par-do-né), 
tJ.  réfl.  Se  pardonner  réciproquement  quelque  cliose 
l'un  à  l'autre. 


1436  ËNT 

—  lUST  IW  ».  Ko  s'enlre-pardoiinanl  les  cour- 
M  bruriiments,  meurtres  et  volerjes  qu'ils  avoient 

•  xtteéM  le»  un»  contre  le»  autre»,  cabloix,  i,  e. 

—  rm«.ïn<r«,  et  pardonner. 
tHrrBB-PABLEB  (S')  (an-tre-par-lé),  t).  réfl.  Se 

arler   réciproquement   l'un  à  l'autre.  Ils  se  sont 
nlre-parlé  quelque  temps. 

—  HisT.  XVI'  s.  Toula  ces  convive»  s'entre-parloient 
A  l'oreille,  ïvkr,  «20. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  parler. 

ENTBEPAS  (an-tre-pâ) ,  (  m.  Terme  de  manège, 
Synonyme  peu  usité  d'amble.  Ce  cheval  va  l'en- 
trepas. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  poitrine  [du  cheval]  devant 
large,  haute,  et  avancée  en  dehors,  laquelle  cause 
grand  en  trépas  et  destourne  l'entre-taiUeure,  0.  de 

SERRES,  300. 

—  ÈTYM.  Entre,  et  pas.  Entrepas  signifie,  dans 
0.  de  Serres,  l'intervalle  entre  les  deux  pas,  entre 
les  deux  jambes. 

fENTRE-PAYER  (S')  (an-lre-pè- ié) ,  V.  réft.  Se 
payer  l'un  l'autre.  11  a  beau  m'accabler  de  protes- 
tations; Je  démêle  aisément  toutes  ses  fictions;  Il 
ne  me  prête  rien  que  je  ne  lui  renvoie  ;  Nous  nous  en- 
Ire-payonsdelamêmemoiinoie, CORN,  la  Yeuve,l,  *. 

—  ÊTYM.  Entre,  elpayer. 
ENTRE-PERCER  (S')  (an-tre-pèr-sé.  Le  c  prend 

une  cédille  devant  a  ou  0;  s'entre-perçant),  v.  réfl. 
Se  percer  l'un  l'autre.  Les  deux  combattants  s'entre- 
percèrent. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  percer. 

t  ENTRE-PERSÉCUTER  (S')  (an-tre-pèr-sé-ku-té), 
V.  r('/î.  Se  persécuter  l'un  l'autre. 

—  ÊTYM.  En(re,  et  peri^cutcr. 

t  ENTREPIED  (an-tre-pié),  s.  m.  Partie  d'une 
raeulede  moulin  qui  joint  concentriquementla  feuil- 
lure. Il  Au  plur.  Des  entrepieds  (voy.  entre-ugne). 

t  ENTRE-PILASTRE  (an-tre-pi-la-str'),  s.  m. 
Terme  d'architecture.  Intervalle  entre  deux  pilas- 
tres. Pour  ce  qui  touche  les  ornements  des  entre-pi- 
lastres, il  me  semble  qu'étant  cannelés  et  riches 
d'eux-mêmes  [les  pilastres],  il  se  faut  bien  garder 
(le  gâter  leur  beauté  par  la  confusion  des  ornements, 
poussm,  Leit.  à  Chanlelou,  21  sep.  1642.  ||  Auplur. 
Des  entre-pilastres  (voy.  entru-ligne). 

t  ENTRE-PILLER  (S')  (an-tre-pi-Ué,  Il  mouillées), 
r.  rijl.  Se  piller  l'un  l'autre. 

—  nsT.  xvi"  s.  Laissant  le  monde  ici  S'entre-pil- 
1er,  navrer  et  tuer  sans  merci,  rons.  936. 

—  ÊTYM.  £n(re,  et  piller. 
tEKTRE-PLAIDER  (S')  (an-tre-plé-dé) ,  t).  réfl.  Se 

faire  réciproquement  un  procès  l'un  à  l'autre.  Deux 
gens  de  bien,  tels  que  Vire  en  produit,  S'entre-plai- 
daient  sur  la  fausse  cédule,  j.  b.  ROL'ss.^p.  m,  49. 

—  ÊTYM  Entre,  et  plaider. 

t  ENTRE- PLANT  (an-tre-plan) ,  s.  m.  Terme  ru- 
ral. Ceps  plantés  dans  une  vieille  vigne,  pour  en 
regarnir  les  vides. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  plant. 

t  ENTRE-POINTILLÉ,  ÉE  (an-tre-poin-ti-Ué,  liée. 
Il  mouillées,  et  non  an-lre-poin-ti-yé,  yée),  adj. 
Terme  de  gravure.  Tailles  entre-poinlillées,  tailles 
entre  lesquelles  on  met  du  pointillé. 

ENTRE-PONT  (an-tre-pon) ,  s.  m.  Terme  de  ma- 
nne. Elage  entre  deux  ponU  dans  un  vaisseau.  L'en- 
tre-pont d'un  navire  de  commerce.  ||  L'étage  infé- 
rieur d'un  grand  navire.  |{  L'espace  compris  entre 
la  batterie  basse  et  celle  qui  est  immédiatement  au- 
dessus.  Il  Faux  entre-pont,  se  dit  du  second  entre-pont. 
WÀuplur.  Dos  enlre-ponis  (voy.  entbe-ucne). 

—  ÊTYM.  Entre,  et  pont. 

t  ENTRE-PORTER  (S)  (an-tre-por-té) ,  ».  réfl.  Se 
porter  l'un  à  l'autre.  Ils  soufl'rent  sans  gémir  les 
coups  qu'ils  s'entre- portent,  BnÊnEUF,  Pharsale.iv. 

—  HlST.  XVI"  s.  La  fraternelle  amitié  que  nous 
nous  estions  entreportée,  mont,  iv,  3)9. 

—ÊTYM.  Entre,  et  porter. 

ENTREPOSÉ,  ÉE  (an-tre-pô-zé,  zée),part.patsé. 
Mis  en  entrepôt.  Des  sucres  entreposés 

ENTREPOSER  (an-tre-pô-2é) ,  v.  a.  Mettre  des 
marchandises  en  entrepôt. 

—  RRM.  11  y  a  des  provinces  où  l'on  donne  à  entre- 
poser le  sens  de  déposer  :  entreposer  sa  canne  en- 
treposer son  ombrelle.  Mais  entreposer  n'a  aucun 
•ulre  sens  que  celui  de  déposer  des  marchandises 
«ans  un  entrepôt. 

roi«  fil/"*  •■  '■'''""'®'  ^'°^'"«-'  [«^Pliimères]  et  enlre- 
P0f*es[mterm.ttentcs],CHn.DEPi5AN.aartefr,ii.t. 
KTYM.  Bniri,  et  poser. 

U.^^S^*"-"«-'^-«"r).  ».  m.  Celui  qui 
*        ei  a  la  \omc  de  certaines  choses  dont  le 


ENT 

gouvernement  a  le  monopôle.  Un  entreposeur  des 
tabacs. 

—  ÊTYM.  Entreposer. 

t  ENTREPOSITAIRE  (an-tre-pô-zi-tê-r") ,  s.  m.  et 
f.  Terme  de  commerce.  Celui,  celle  qui  a,  ou  qui 
dépose  des  marchandises  dans  un  entrepôt. 

—  ÊTYM.  Entreposer. 

ENTREPÔT  (an-lre-pô  ;le  J  nese  lie  pas;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  des  an-trepô-z-utiles) ,  1.  m.  \\  1°  Lieu  de 
dépôt  pour  les  marchandises,  en  attendant  la  vente, 
ou  l'expédition,  ou  l'acquittement  des  droits  de 
douane.  Tenir  un  entrepôt.  Marchandises  en  en- 
trepôt. Aller  à  l'entrepôt.  ||  2°  Versement  réel  ou  fic- 
tif dans  des  magasins  publics  des  produits  propres  à 
la  consommation  actuelle.  L'entrepôt  est  réel,  quand 
le  versement  a  lieu  dans  les  magasins  du  gouver- 
nement; il  est  fictif,  quand  le  versement  se  fait  dans 
les  magasins  du  commerçant,  sous  la  condition  de 
représenter,  à  toute  réquisition,  aux  agents  du  pou- 
voir les  produits  entreposés,  ou  de  payer  l'impôt 
de  ceux  qu'il  ne  peut  pas  représenter.  Le  but  de 
l'entrepôt  est,  pour  le  négociant,  de  retarder  le 
payement  des  droits  de  douane  jusqu'à  la  vente  de 
ses  marchandises;  il  paye  ces  droits  à  mesure  que 
ses  marchandises  sorlent  de  l'entrepôt  réel  ou  fictif. 
Il  8°  Certains  magasins  où  l'on  vend  pour  Is  compte 
du  gouvernement  ou  d'une  compagnie.  Entrepôt  de 
tabac,  de  sel.  ||  Il  se  dit  aussi  des  magasins  pu- 
blics où  sont  déposées  les  marchandises  jusqu'à  l'ac- 
quittement des  droits.  L'entrepôt  des  vins,  des 
eaux-de-vie.  ||4°  Pays,  villes  d'entrepôt,  pays,  villes 
où  les  raarchandises  sont  déposées  jusqu'à  ce  qu'on 
les  dirige  vers  le  lieu  de  leur  consommation. 
Selon  son  desseir  [du  czar],  tout  doit  aboutir  à 
Pétersbourg,  qui  par  sa  situation  serait  un  entre- 
pôt du  monde,  fonten.  Le  czar  Pierre.  Cartha- 
gène,  magasin  et  entrepôt  des  richesses  que  l'Es- 
pagne tire  du  Mexique,  voLT.iouis  XIV,  te.  Qu'on 
réiléchisse  sur  la  situation  de  la  France  :  faite  pour 
être  l'entrepôt  du  Nord  et  du  Midi,  pourrait-elle 
craindre  de  manquer  ou  d'acheter  cher?  condillac, 
Comm.  gouv.  1,  29.  Depuis  longtemps  les  Anglais 
désiraient  une  possession  qui  pût  devenir  un  entre- 
pôt où  les  marchandises,  les  denrées  de  la  Chine  et 
des  îles  orientales  seraient  échangées  contre  les  den- 
rées, les  marchandises  de  l'indostan  et  de  l'Europe, 
raynal,  llist.phil.  m,  27.  ||  Commissionnaire  d'en- 
trepôt, facteur  qui,  dans  les  villes  d'entrepôt,  se 
charge  de  recevoir  les  marchandises  qui  arrivent 
pour  ses  commettants  et  de  les  leur  faire  parvenir. 
|]  h°  Port  libre  ou  place  de  commerce  où  des  mar- 
chandises étrangères  qui  ne  peuvent  entrer  dans  le 
pays,  sont  déposées  en  magasin  pourêtre  réexportées. 

—  HIST.  xvi'  s.  Depuis  ce  temps  là  [le  temps  de 
Lucullus,  qui  rapporta  le  cerisier  d'Asie],  l'Italie 
non  seulement  s'est  trouvée  fournie  de  ceriziers, 
ains,  par  sonentre-pos,  le  reste  de  l'Europe,  0.  de 
SERRES,  682.  Le  grenier  pour  l'entre-pos  des  olives 
sera  à  couvert,  en  lieu  frais,  sec....iD.  706. 

—  ÊTYM.  Entreposer. 

t  ENTRE-POURSUIVRE  (S')  (an-tre-pour-sui-vr"), 
e.  réfl.  Se  poursuivre  l'un  l'autre. 

—  HIST.  xvi*  s.  C'est  chose  déplorable  de  voir  ceux 
qui  adorent  un  même  Christ  s'entre-poursuivre  à  feu 
et  à  sang  comme  bestes  sauvages,  langue,  396. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  poursuivre. 
ENTRE-POUSSER   (S')    (an-tre-pou-sé) ,  v.  réfl. 

\\  i°  Se  pous.ser  quelque  chose  l'un  à  l'autre,  La  Im- 
gère,  le  mercier,  après  qu'ils  se  sont  entrepoussé 
une  boite  qui  est  entre  leurs  boutiques,  corn  Gai 
du  Pal.  IV,  13.  Il  2°  Se  pousser  l'uii.l'autre.  X  force  dé 
s  entre-pousser.  On  pensa  le  roi  renverser  sgar- 
RON,  Yirg.  II. 

—  HIST.  XVI»  s.  S'entreheurtans  les  uns  les  autres 
et  s'entrepoulsans  dedans  la  tranchée,  en  grand 
desarroy,  amyot,  Pyrrhus,  63. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  pousser. 

t  ENTREPRENABLE  (an-tre-pre-na-W) ,  adj.  Qui 
peut  être  entrepris.  n     j  v^ 

—  HIST.  xiii-  8.  Si  nous  doit  estre  souvenable.  Et 
à  Jeux  mams  enlreprenable.  Pour  la  grant  joie  per- 
manable  Gaaigner,  qui  n'est  pas  en  terre,  j.  de  meung, 

—  ÊTYM.  Entreprendre.  Cet  adjectif  est  formé 
comme  prenable,  imprenable. 

ENTREPRENANT,  ANTE  (an-tre-pre-nan ,  nan-t') , 
oa;.  Oui  se  porte  activement  à  quelque  entreprise. 
Un  homme  actif  et  entreprenant.  Si  de  votre  parole 
un  manque  surprenant  U  jette  entre  les  bras  d'un 
homme  entreprenant,  corn.  T.  et  Bérén.  11,  1.  Les 
?ô?r./  ""f"*"»  ont  un  sentiment  naturel  de  leurs 
lorcesqui  les  rend  entreprenants  même  sans  qu'ils 


ENT 

s'en  aperçoivent,  fo.nten.  Jlenau.  La  vieillesse  et 
les  malheurs  domestiques  du  roi  l'avaient  rendu 
['lus  faible,  et  madame  la  duchesse  du  Maine  plus 
entreprenante,  m-'decaylls,  Souvenirs,  p.  248, 
dans  POUGENS,  La  trêve  de  I60»  donna  i  cette  en- 
treprenante et  heureuse  république  [la  Hollande]  la 
temps  de  mûrir  ses  nouveaux  projets,  raynal,  Jlitt. 
phil.  IX,  8.  Il  En  mauvaise  part,  qui  se  laisse  aller 
!i  des  hardiesses  excessives.  Cet  homme  est  bien  en- 
treprenant. Le  roi  entreprenant  est  odieux  à  tous  le» 
autres  et  sans  cesse  exposé  à  leurs  ligues,  fén.  Tél. 
V.  Le  prince  était  stupide  et  l'impératrice  entrepre- 
nante à  l'excès,  MONïEso.  Espr.  vi,  6.  ||  Au  mascu- 
lin et  pris  absolument.  Hardi  auprès  des  femmes,  en 
fait  d'amour  et  degalanterie.C'était  un  jeune  homme 
entreprenant  et  digne  de  l'attention  d'une  jolie 
femme  mal  mariée,  lesage.  Diable  boit.  9.  Il  de- 
vient entreprenant  sans  désirs  et  fat  par  mauvaise 
honte,  J.  1.  Houss.  Emile,  iv.  Cette  folie  m'a  tou- 
jours rendu  très-peu  entreprenant  près  des  femmes, 
10.  Confes.  1. 

—  HIST.  xv«  S.  Hardis  et  entreprenans,  froiss.  i, 
1,  160.  De  tout  cerchier  en  ce  temps  m'elforçay, 
Je  fus  hastis,  cliaux  et  entreprenans,  E.  deschahps, 
Err.  de  la  jeunesse.  l\xvi' s.  Homme  reposé,  non 
entreprenant,  amyot,  SoJon,  61. 

ENTREPRENDRE  (  an  -  tre  -  pran-dr' )  ,  j'entre- 
prends, tu  entreprends,  il  entreprend,  nous  entre- 
prenons ,  vous  entreprenez ,  ils  entreprennent; 
j'entreprenais;  j'entrepris;  j'entreprendrai  ;  j'entre- 
prendrais; entreprends,  qu'il  entreprenne,  entre- 
prenons, entreprenez,  qu'ils  entreprennent;  que 
j'entreprenne,  que  nous  enli éprenions; -que  j'en- 
treprisse, entreprenant;  entrepris,  v.  a.  ||  !•  Se 
mettre  à  faire  une  chose.  Qu'on  serait  heureux  de 
pouvoir  imiter  Hérodote  en  la  beauté  du  discours, 
ou  en  la  gravité  des  sentences,  ou  en  la  délicatesse 
de  la  langue  ionique,  ou  enfin  en  mille  autres  avan- 
tages qui  font  tomber  la  plume  des  mains  de  tous 
ceux  qui  le  voudraient  entreprendre  I  d'ablancoubt, 
Lucien,  Hérodote  ou  Âétion.  Sur  quelle  confiance 
a-t-il  tant  entrepris  ?  coHN.r/t^odore.iv,  6.  Et  ce  sera 
du  moins  à  force  ouverte  Qu'un  si  vaillant  guerrier 
entreprendra  ma  perle,  m.  Œd.  m,  4.  Je  hais  ces 
cœurs  pusillanimes  qui,  pour  trop  prévoir  les  suites 
des  choses,  n'osent  rien  entreprendre,  mol.  Scapiit, 
III ,  I .  Un  homme  [Cromwell]  s'est  rencontré  d'une 
profondeur  d'esprit  incroyable;  hypocrite  raffiné 
autant  qu'habile  politique,  capable  de  tout  entre- 
prendre et  de  tout  cacher,  boss.  Berne  d'Angleterre. 
Il  entreprenait  les  sujets  qu'on  croyait  avoir  épui- 
sés, FLÉCH.  Lam.  Narcisse,  encore  un  coup,  je  ne 
puis  l'entreprendre  [le  meurtre  de  Britannicus] , 
RAC.  Brit.  IV,  4.  J'entrepris  le  bonheur  de  mille 
malheureux;  On  vit  de  tous  côtés  mes  bontés  se  ré- 
pandre, ID.  B^r^re.  II,  2.  Il  Tout  entreprendre,  sa 
porter  aux  dernières  extrémités.  En  l'éiat  où  je 
suis  je  puis  tout  entreprendre,  rac.  Bérén.  v,  e. 
Il  Entreprendre  de,  avec  l'infinitif.  C'est  un  dessein 
très-dangereux  Que  d'entreprendre  de  te  plaire,  la 
FONT.  Fab.  II,  1.  N'entreprenez  donc  plus  de  faire 

les  maîtres,  pasc.  Prou.  16 J'approuve  les  soin» 

du  monarque  guerrier  Qui  ne  pouvait  soufl'rir  qu'un 
artisan  grossier  Entreprit  de  tracer  d'une  main  cri- 
minelle Un  portrait  réservé  pour  le  pinceau  d'Apelle, 
boil.  Disc,  au  roi.  Si  les  Socrate  et  les  Platon  n'a- 
vaient pas  été  les  docteurs  du  monde  avant  Jésus- 
Christ,  et  n'eussent  pas  entrepris  en  vain  de  régler 
les  mœurs  et  de  corriger  les  hommes  par  la  force 
seule  de  la  raison,  hass.  Pet.  car.  Triomphe  de  la 
rel.  Il  Absolument.  Ce  n'est  pas  tout  d'entreprendre, 
il  faut  exécuter.  Et  si  sa  liberté  [de  Rome]  te  faisait 
entreprendre,  corn.  Ctmia,  v,  i.  On  entreprend 
assez,  mais  aucun  n'exécute,  id.  ib.  11,  <.  Ne  diffé- 
rons donc  plus  puisqu'il  faut  entreprendre, TH.  corn. 
Maxim,  i,  3.  Leur  crime  découvert  le  pressait 
d'entreprendre,  id.  xb.  iv,  t.  Des  esprits  turbulents  y 
trouvaient  de  nouveaux  moyens  de  brouiller  et  d'en- 
treprendre, BOSs.Hii».  m,  7.  La  difficulté  de  réussir 
ne  fait  qu'ajouter  à  la  nécessité  d'entreprendre, 
BEAUMAR.  Barbier  ,1,6.  Mais  c'est  trop  différer;  il  est 
temps  d'entreprendre, LEMERC.^ jam.  v,  1. 1|  2"  S'en- 
gager à  faire  certains  travaux  ou  certaines  fourni- 
tures à  un  prix  et  à  des  conditions  déterminés.  11 
aentreprisla  fourniture  des  vivres.  ||  8*  Entreprendre 
quelqu'un,  s'attaquer  à  lui,  diriger  une  attaque 
contre  lui.  Sur  tout  autre  toujours  votre  art  me  per- 
sécute; Vous  m'entreprenez  seul  ;  seul  je  vous  suis 
en  butte,  roth.  Àntig.  v,  6.  Vous  ne  pûtes  plus  les 
accuser  d'aucune  erreur  contre  la  foi,  et  vous  fûtes 
réduits  à  les  entreprendre  sur  des  questions  de  fait, 
PASC.  Prov.  \l.  C'est  ce  qu'a  éprouvé  depuis  peu 
le  P.  Quiroga,  capucin  allemand,  lorsqu'il   vculuj 


mi 


ENT 


ENT 


</i37 


s'y  opposer,  car  votre  père  DiscatiUas  l'entreprit  m- 
contrncnt,  et  il  parla  de  cette  dispute  en  ces  termes. ... 
PAsc.  Prov.  4  6.  On  entreprenait  méchamment  l'É- 
criture sur  le  grand  nombre  des  étoiles,  ic.Pens.  div. 
3*.  Alexandre  voulut  s'affermir  avant  que  d'entre- 
prendre son  rival,  boss.  Uist.  i,  8.  Vous  conservez 
la  vie  et  laissez  la  clarté....  X  qui  vous  entreprend  et 
vous  veut  détrôner,  rotb.  Si  Genest,  m,  3.  Si, 
'evêtu  de  l'autorité  de  Dieu ,  j'entreprenais  actuelle- 
ment certains  de  mes  auditeurs,  réputés  gens  d'hon- 
neur et  passant  pour  tels,  mais  dans  le  fond  hom- 
mes corrompus,  bourdal.  Carême,  t.  i,  p.  266.  Le 
repas  fini,  le  sergent  la  Place  posta  son  embuscade, 
et  le  chevalier  de  Grammont  entreprit  son  homme 
[l'attaqua  au  jeu],  hamilton,  Gramm.  3.  ||  Tâcher 
de  gagner  quelqu'un.  Attale  à  ce  dessein  entreprend 
sa  laaitresse,  corn.  Nicom.  i,  6.  Il  avait  mis  à  mal 
toutes  les  femmes  qu'il  avait  entreprises,  bl'Ssy, 
Ilist.  amour,  des  Gaules,  dans  godefroy,  Lexique 
de  Corneille.  Sans  perdre  temps  à  m'entreprendre, 
Si  vous  avez  des  douceurs  à  conter.  Ma  compagne 
est  toujours  en  humeur  de  causer,  th.  corn.  Circé, 
V,  3.  Vous  n'avez  point  la  mine  de  vous  rendre 
pour  une  élégie,  et  je  crois  que  ce  serait  étrange- 
ment commettre  les  muses  que  d'entreprendre  un 
cœur  comme  le  vôtre,  sans  aucun  autre  appui  que 
celui  qu'elles  peuvent  donner,  sénecé,  Lett.  â  M***. 
Il  Commencer  à  s'occuper  d'une  personne  pour  la 
former,  l'instruire.  Je  vous  prie  d'entreprendre  la 
fille  de  notre  paysanne  pour  la  bien  instruire, 
H""*  DE  MAiNTENON,  Lett.  SUT  l'éduc.  à  Mme  Brinon, 
dcns  GODEFROY,  Lex.  de  Corneille.  ||  4°  Rendre  per- 
clus. Un  rhumatisme  lui  entreprend  toute  la  jambe. 
Il  est  constant  que  le  cerveau  est  attaqué  dans  les 
maladies  où  le  corps  est  entrepris,  boss.  Connaiss. 
u,  6.  Dame  goutte  entreprend  et  les  pieds  et  les 
mains,  lamotte,  Fabl.  ui,  <8.  ||  8°  V.  n.  Entre- 
prendre sur,  faire  des  attaques,  des  empiétements. 
Le  choix  que  vous  m'offrez  n'appartient  qu'à  la 
reine  ;  J'entreprendrais  sur  elle,  à  l'accepter  de 
TOUS,  CORN.  Ilodog.  III,  4.  Votre  haine  tremblante 
est  un  mauvais  appui  X  quiconque  pour  vous  entre- 
prendrait sur  lui,  iD.  Penh,  n,  t.  Sur  son  autorité 
c'est  beaucoup  entreprendre,  m.  Thénd.  v,  6.  Ce 
serait  à  vos  yeux  faire  la  souveraine.  Entreprendre 
sur  VOUS....ID.  JVi'com.  III,  (.  Es-tu  né  pour  ma  fille? 
—  Hélas!  non;  car  le  vent  Me  fie  nuage]  chasse  à 
son  plaisir  de  contrée  en  contrée;  Je  n'entrepren- 
drai point  sur  les  droits  de  Borée,  la  font.  Fabl. 
IX,  7.  Mère  affligée ,  l'Eglise  a  souvent  à  se  plaindre 
de  ses  enfants  qui  l'oppriment;  on  ne  cesse  d'entre- 
prendre sur  ses  droits  sacrés,  boss.  le  Tellier. 
Pour  avoir  osé  entreprendre  sur  l'office  sacerdotal, 
ID.  Hist.  1,  6.  Les  Romains  entrèrent  en  jalousie 
contre  les  Carthaginois  trop  puissants  dans  leur 
voisinage  par  les  conquêtes  qu'ils  faisaient  dans  la 
Sicile  ,  d'où  ils  venaient  d'entreprendre  sur  eux 
et  sur  l'Italie  en  secourant  les  Tarentins,  id.  ib.  i, 
8.  Ses  quatre  enfants  partagèrent  le  royaume  et  ne 
cessèrent  d'entreprendre  les  uns  sur  les  autres,  id. 
ib.  1,  <<.  lly  avait  quelques  dispositions  pour  entre- 
prendre contre  cette  ville,  pellisson,  Lett.  histor. 
H  août  4  874.  Son  règne  [de  Jacques  II]  aurait  été 
aussi  heureux,  selon  les  apparences,  que  celui  de 
son  frère,  si,  à  la  persuasion  de  sa  femme,  et  vou- 
lant suivre  l'exemple  et  peut-être  les  conseils  de 
notre  roi,  il  n'avait  entrepris  contre  la  religion  de 
son  pays  et  contre  les  privilèges  de  son  parlement, 
LA  FABE,  ifém.  ch.  9.  C'est  entreprendre  sur  la  clé- 
mence de  Dieu,  de  punir  sans  nécessité,  vauvem. 
Max.  CLXV.  Il  Activement  (ce  qui  est  peu  usité  et  en- 
core avec  certains  régimes  indéterminés,  comme 
quoi,  rien,  etc.).  Mais  quoi  que  sur  mes  vœux  mon 
frère  ose  entreprendre,  eotr.  Vencesl.  ii,  6.  Ne  rien 
entreprendre  sur  des  péchés  qui  sont  réservés 
i.  des  tribunaux  sunérieurs,  flécu.  Serm.  ii,  258. 
Il  6»  En  un  sens  plus  restreint,  entreprendre  contre 
quelqu'un,  entreprendre  contre  sa  vie,  sur  sa  vie, 
chercher  à  le  faire  périr.  Et  lorsque  contre  vous 
il  m'a  fait  entreprendre,  La  nature  en  secret  au- 
rait dû  m'en  défendre,  corn.  Héracl.  iv,  4.  Elle 
lui  pardonne  son  crime,  le  livrant  à  la  honte  d'avoir 
«ntrepris  sur  la  vie  d'une  princesse  si  généreuse, 
BOSS.  Betne  d'Anglet.  Et  puisque  sur  ma  vie  il  vous 
plaît  d'entreprendre,  quinault,  Jforl  deCi/nw,  iv, 
6.  On  ne  peut  sur  ses  jours  sans  moi  rien  entre- 
prendre, BAC  Bajax.  m,  8.  Dès  qu'il  entreprend 
ïur  la  vie  des  autres,  la  sienne  n'a  plus  un  quart 
d'heure  d'assuré,  fén.  Dial.  des  morts  mod.  Char- 
les VU  et  le  duc  de  Bourgogne.  Ennemi,  sur  tes 
(ours  j'étais  prêt  d'entreprendre  ;  Ami,  je  donnerais 
les  miens  pour  te  défendre,  ducis,  Bomio,  iv,  2. 
Il  Entreprendre  sur  la  liberté  de  quelqu'un,  essayer 


da  lui  ôter  la  liOerté.  {{  7°  S'entreprendre,  v.  réfl. 
Être  entrepris.  Cette  expédition  s'entreprit  sous  de 
mauvais  auspices.  ||  S'attaquer  réciproquement.  Ces 
deux  hommes  s'entreprirent  avec  beaucoup  d'ai- 
greur. Il  8"  Devenir  malade.  L'état  du  malade  a  em- 
piré, la  tête  s'entreprend. 

—  REM.  Entreprendre  une  carrière,  tenter  l'exé- 
cution de  quelque  chose  :  Vous  n'entrepreniez  point 
une  injuste  carrière,  rac.  Baj.  ii,  4.  Racine  le  fils 
remarque  que  cette  locution  est  peu  ordinaire;  cela 
est  vrai ,  et  on  peut  ajouter  qu'elle  ne  paraît  pas 
très-juste. 

—  HlST.  ïii*  s.  Li  cens  [le  comte]  Rolant  estoit 
moût  entrepris  X  Roncevaul  entre  ses  anemis,  Rone. 
p.  103.  Liement  [gaiement]  ont  entrepris  Ce  qui 
tant  m'aura  grevé  Mi  fol  œil  volonteïs,  Coud,  xii. 
Car  nessuns  homs,  puisqu'amors  l'a  saisi.  Ne  de- 
vroit  ja  si  griel  faix  entreprendre ,  ib.  xxiv.  Rien 
[ils]  feront  le  message,  se  cliascuns  l'entreprant, 
Sax.  xxi.  Puis  lui  dites  cornent  Guiteclins  de  Sas- 
sogne  envers  nous  entreprant,  ib.  xxi.  Guiteclins  de 
Sassogne  a  la  guerre  entreprise,  t'b.  xxin.  Altrement 
en  ert  [sera]  hum  envers  Deu  entrepris  [compro- 
mis]. Th.  lemarl.  27.11x111' s.  Vieille,  ce  distli  rois, 
à  honnir  t'entreprist  Qui  ceste  traïson  t'enseigna  et 
t'aprist,  Berte,  xci.  Or  s'en  va  Blancheflors  dolente 
et  entreprise  [troublée],  t'b.  c.  Si  avint  que  li  quens 
Gauthiers  de  St  Pol  et  li  quens  Renaus  de  Boulogne, 
qui  trop  s'entrehaoient  d'armes,  s'entreprisent  de- 
vant le  roi,  Chr.  de  R.  p.  4  42.  Lors  s'entrepristrent 
par  les  meins  Le  père  et  les  frères  germains,  Ren. 
22734.  Renart  se  voit  moult  entrepris.  De  totes  parz 
liez  et  pris,  ib.  (4  4(7.  Sans  demorance  et  sans  ar- 
restXla  karole  [danse]  me  sui  pris.  Si  n'en  fui  pas 
trop  entrepris  [embarrassé],  la  Rose,  800.  Tel  famé  ai 
prise,  Que  nus  [nul]  fors  moi  n'aime  ne  prise;  Et  s'es- 
toit  povre  et  entreprise  Quant  je  la  pris,  buteb.  vi. 
Nulz  n'en  pooit  faire  la  pez  [paix] ,  car  ils  s'esloient 
entrepris  par  les  cheveux,  joinv.  244.  ||  xiv"  s.  Sei- 
gneur, dit  li  Anglois,  dam  Piètres  soit  maudis I 
Car  par  lui  sui  ainsi  de  mon  bras  entrepris  [il  avait 
le  bras  cassé],  Guescl,  4  0236.  ||xv°s.  Le  doux  main- 
tien, le  parfait  sens,  la  grand  noblesse,  la  grâce  et 
la  fine  beauté  que  j'ai  trouvée  en  vous  m'ont  si  sur- 
pris et  entrepris,  qu'il  convient  [il  faut]  que  je  sois 
de  vous  aimé,  fboiss.  i,  i,  460.  Une  vieille  toute 
desarroyée,  le  regard  bas,  la  voix  entreprise,  et  la 
lèvre  pesant,  alain  chart.  l'Espérance  ou  consol. 
des  trois  vertus.  Et  fut  entreprinse  une  journée  et 
lieu  où  ledit  connestable  se  devoit  trouver  pour  povoir 
parler  au  roy  en  bonne  seurté,  comm.iii.H.  ||  xvi's. 
J'entroprendrois  voler  jusqu'à  la  lune,  marot,  m,  39. 
Tuas  entreprinsde  me  tuer,  mont.i,  4  29.  Quelle  hé- 
résie n'y  [dans  la  philosophie]  a  trouvé  de  fondements 
assez  pour  entreprendre  et  se  maintenir?  m.  ii, 
352.  Or,  entreprenant  à  former  la  vie  de  l'homme 
chrestien,  je  n'ignore  pas  que  je  n'entre  en  une 
matière  ample  et  diverse,  calv.  Instit.  634.  II  meist 
en  teste  à  Agesilaus  qu'il  entrepnst  ce  voyage  de 
passer  en  Asie,  amyot,  Agés.  7.  Ceulx  qui  veulent 
entreprendre  sur  mon  authorité,  et  estre  plus  grands 
que  moy,  id.  ib.  40.  Ils  l'entreprirent  six  lieues  du- 
rant sur  ce  sujet,  lui  alléguant  que....  d'aub.  Vie, 
XLii.  Puis  le  connestable  entreprit  Mariembourg  et 
l'eut  par  composition,  iD.  Hist,  i,  24.  J'espère  les 
rencontrer  [les  ennemis],  et,  si  l'occasion  s'offre 
d'entreprendre  sur  eulx,  ne  la  laisseray  passer, 
HENRI  IV,  Lettres  missives,  t.  iv,  p.  4  77. 

—  ÊTïM.  Entre,  et  prendre;  bourg,  entreprarre  ; 
provenç.  entreprendre;  espag.  interpretider ;  ital. 
intraprendere.  L'ancienne  langue  disait  souvent 
emprendre. 

ENTREPRENEUR,  ECSE  (an-tre-pre-neur,  neû- 
z') ,  s.  m.  et  /■.  Il  1°  Celui ,  celle  qui  entreprend  quelque 
chose.  Le  projet  échoua,  et  les  entrepreneurs  furent 
obligés  d'y  renoncer.  Cette  entreprise  fera  beaucoup 
d'honneur  à  l'entrepreneur,  à  l'Académie  et  à  la  na- 
tion, d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  9  juillet  4764.  Ce 
cousin  entreprend  de  changer  une  femme  ! ...  Et  quel 
est  donc  ce  sot  entrepreneur?  la  font,  le  Florentin, 
3.  Il  2°  Celui,  celle  qui  entreprend  d'exécuter  certains 
travaux,  de  faire  certaines  fournitures,  qui  prend 
une  entreprise.  Un  entrepreneur  de  bâtiments.  Un 
entrepreneur  de  vivres.  Un  entrepreneur  pour  la  con- 
fection. Veut-on  établir  une  manufacture?  un  homme 
riche  ou  une  compagnie  fournit  les  fonds,  un  entre- 
preneur la  conduit  et  des  ouvriers  travaillent  sous  sa 
direction,  conwl.  Comm.  gouv.  part,  i,  ch.  42. 
Il  Celui,  celle  qui  se  livre  &  certaines  exploitations 
Entrepreneur  de  diligences.  |{  Terme  d'économie  po- 
litique. Entrepreneur  d'industrie ,  ou ,  simplement, 
entrepreneur,  celui  qui  cré;  im  produit  pour  son 


compte.  C'est  l'ajrculteur,  le  manufacturier,  la 
commerçant,  ou,  pour  les  désigner  par  une  déno- 
mination commune  à  tous  les  trois,  c'est  l'entrepre- 
neur d'industrie,  celui  qui  entreprend  de  créer  pour 
son  compte,  à  son  profit  et  à  ses  risques,  un  pro- 
duit quelconque,  J.  b.  say,  Traité,  4844 ,  p.  7l>.  ||  Ce- 
lui qui  dirige  pour  son  compte  une  exploitation 
industrielle  et  qui  emploie  les  ouvriers.  Les  entre- 
preneurs exercent  toujours  un  monopole  à  l'égard 
des  ouvriers,  j.  b.  say.  Cours,  4840,  t.  n,  p.  43. 
Il  Adj.  Maître  entrepreneur.  |l  3"  Absolument.  Un 
entrepreneur,  un  constructeur  de  bâtiments. 

—  HIST.  XV*  s.  Durs  aux  maulvais  et  fiers  aux 
ennemys,  Ardans  d'honneur,  et  baulx  entrepie- 
neurs,  al.  chart.  Exil.  Alors  Saintré,  qui  jà  estoit 
en  point  comme  commenceur  et  entrepreneur  de 
l'emprinse,  monta  à  cheval,  Jehan  de  Saintré,  ch. 
33.  Et  pour  trouver  moyen  meilleur,  Faignant  que 
point  on  ne  se  joue,  U  viendroit  un  entrepreneur 
[compère]  Qui  lui  bailleroit  sur  la  joue,  villon,  fle- 
puts  franches,  Comment  ils  eurent  du  rost.  Mais  les 
entrepreneurs  dessus  ditz  [les  conjurés]  se  trouvè- 
rent mal  suyviz,  comm.  vi,  6,  ||  xvi*  s.  Les  vases  que 
souloient  ordinairement  offrir  les  entrepreneurs  qui 
avoient  remporté  le  prix  es  jeux  dont  ilz  avoient  fait 
les  frais,  amyot,  Arist.  4.  Il  ne  put  jamais  les  dé- 
terminer à  dresser  une  embuscade  ausdits  entre- 
preneurs [assaillants],  d'aub.  Vie,  lxiv. 

—  ÉTYM.  Entreprendre,  par  le  part,  entreprenant. 
t  ENTRE-PRESSER   (S')  (antre-prè-sé),   v.  refl. 

Se  presser  l'un  l'autre.  Tant  qu'à  passer  s'entre-pres- 
sant  chacune,  la  font.  l'Abb.  mal. 

—  HIST.  XVI*  s.  Outre  les  branches  mortes  et  fles- 
tries,  l'on  leur  en  estera  des  vives  tout  ce  qui  s'en- 
trepressera  et  excédera  la  convenable  hauteur  de 
l'arbre,  o.  de  serres,  744. 

—  ÈTYM.  Entre,  et  presser. 

t  ENTRE-PRÊTER  (S')  (an-tre-prê-té) ,  v.  réfl.  Se 
prêter  réciproquement  quelque  chose  l'un  à  l'autre. 
Il  faut  s'entre-prêterdes  yeux  à  se  conduire;  Il  faut 
s'entre-donner  une  aide  à  se  guérir,  corn.  Imit.  i, 
4  6.  Et  le  trio  de  louves  surannées  Qui,  tour  à  tour 
à  me  mordre  acharnées.  Dans  leur  fureur  semblent 
s'entre-prêter  L'unique  dent  qui  leur  a  pu  rester, 
J.  b.  rouss.  Épit.  I,  3. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  prêter. 

ENTREPRIS,  ISE  (an-tre-pri,  priz'),  part,  passé 
d'entreprendre.  ||  1°  Qu'on  a  commencé  à  faife.  La 
conquête  de  la  Perse  entreprise  par  Alexandre.  ||  2' At- 
taqué, pris  à  partie.  Entrepris  par  un  vigoureux  ad- 
versaire. Il  3°  Malade  de,  perclus.  Entreprisd'un  tor- 
ticolis. Ils  demeuraient  comme  entrepris  de  leurs 
membres,  et  l'ennemi  survenant  ne  les  réveillait 
qu'en  leur  faisant  de  nouvelles  blessures,  vaugel. 
Q.  C.  275.  Outre  que  la  goutte  l'avait  pris  violem- 
ment, un  rhumatisme  le  tenait  entrepris  de  tous 
ses  membres,  lesage,  Gil  Blas,  i,  to.\\  Par  exten- 
sion. Il  en  a  de  si  pressantes  [inquiétudes]  au  sujet 
d'une  colonie  moderne  et  de  la  famine  qui  est  dans 
son  pays  que  sa  pauvre  petite  âme  en  est  toute  en- 
treprise, VOLT.  Lett.  Thibouville,  40  déc.  4770.  ||  Fig. 
et  familièrement,  se  dit  d'un  homme  embarrassé 
de  sa  contenance. 

ENTREPRISE  (an-tre-pri-z') ,  s.  f.  \\  1°  Dessein 
formé  qu'on  met  à  exécution.  Échouer  dans  une  en- 
treprise. Esprit  d'entreprise.  Quand  les  places  sont 
prises.  Il  n'est  plus  temps  d'avoir  recours  aux  en- 
treprises, RÉGNIER,  Élég.  I.  Jamais  contre  un  tyran 
entreprise  conçue...  corn.  Cinna,  i,  3.  Mon  entre- 
prise est  sûre  et  sa  perte  infaillible,  id.  Nicom.l,  B. 
Allons,  déesse,  allons;  et  sûrs  de  l'entreprise,  Re- 
portons à  Médée  une  âme  plus  soumise,  id.  roi». 
d'or,  IV,  6.  Je  me  plais  à  tenter  des  entreprises  ha- 
sardeuses, MOL.  Scap.  m,  I.  Le  lion  dans  sa  tête 
avait  une  entreprise,  la  font.  Fabl.  v,  4  9.  Qui  pré- 
voyait de  plus  loin  et  qui  donnait  des  moyens  plus 
sûrs  pour  éviter  les  inconvénients  dont  les  grandes 
entreprises  sont  environnées?  boss.  le  Tellier.  L'en- 
treprise, madame,  est  étrange  et  soudaine,  bac. 
Brit.  III,  8.  Quelle  entreprise  ici  pourrait  être  for- 
mée? id.  Iphig.  II,  7.  Il  Se  dit  dans  un  sens  analo- 
gue d'opérations  militaires.  Rome  fit  tous  les  jours 
de  plus  grandes  entreprises,  BOSS.  Hist.  m,  6.  Les 
Étoliens  avaient  fait  quelques  entreprises  contre 
PhiUpiie,  qui  leur  avaient  assez  réussi,  bolun, 
Hist.  anc.  Œuvres,  t.  vni.  p.  446,  dans  pougens. 
Il  semble  que  les  grandes  entreprises  soient,  parmi 
nous,  plus  difficiles  à  mener  que  chez  les  anciens; 
on  ne  peut  guère  Its  cacher,  montesq.  Rom.  ch. 
24.  Nous  tromper  dans  nos  entreprises.  C'est  à  quoi 
nous  sommes  sujets;  Le  matin  je  fais  des  projets, 
Et  le  long  du  jour  des  sottises,  volt.  Quett.  lur 
VEnrycl.  conf  en  soi-même.  ||  Entreprise  industrielle. 


i 


14^38 


ENT 


opération  de  l'industrie.  ||  «*  Conditions  détermi- 
née» pour  l'oxécuiion  de  cert.nins  travaux,  pour  une 
fourniture.  Les  travaux  publics  se  donnent  à  1  en- 
trennse  II  Rlablissement  industriel  ou  commercial. 
Entreprise  générale  de  roulage,   de   messageries. 
Il  Opération  de  commerce.   Ils  faisaient  en  société 
]«a  entreprises  qu'il»  ne  pouvaient  faire  seuls,  PÉN. 
Tél.  XII.  l'ouf  sauver  le»  pensions,   il  fallut  enfin 
qu'on  fit  une  entreprise  de  libraire,   mabmontel, 
Mém.  VI.  Il  3°  Empiétement.  Une  entreprisfl  sur  la 
prérogative  royale.  Quand  ils  se  seront  ainsi  ren- 
dus maîtres  de  l'esprit  de»  peuples,  ce  sera  en  vain 
que  les  parlement»  s'opposeront  aux  entreprises  de 
Rome  sur  la   puissance  temporelle  de  nos  rois, 
PASC.  jPro».  «9.  Malgré  la  justice  qu'il  y  avait  dans 
ces  remontrances,  le  peuple  décerna  le  triomphe 
aux  consuls;   nouvelle  entreprise  des  tribuns  sur 
l'autorité  du  sénat,  vertot,  Bévol.  rom.  vi,  88. 
Il  Tentative  contre,  attaque.  C'est  la  premiijre  entre- 
prise que  fit  Tibfcre  sur  le  bien  d'autrui,  picbhot, 
Tacite,  206.  Baasa,  fils  d'Ahias,  fit  une  entreprise 
secrète  contre  sa  personne,  saci.  Bible,  Rois,  iii, 
XV,  27.  Il  4»  Par  extension,  tentative  faite  sur  une 
femme.  Vous  exposant  à  des  regards,  que  dis-je  à 
des  regards?  peut-être  aux    entreprises  d'un  per- 
fide qui  vous  aura  souillée,   montesq.  Lett.  pers. 
20.  Il  6°  Terme  de  fauconnerie.  Oiseau  de  grande 
entreprise,  celui  qui  attaque  hardiment  le  gibier. 

—  msT.  xvi'  s.  Rois  sans  honneur,  sans  cieur, 
sans  Entreprise,  Dont  la  vertu  sera  la  paillardise, 
noNS.  652.  Il  n'est  entreprinse  que  d'homme  hardi, 

LE  ROUX  DE  LINCY,   PrOl'.  t.  II,  p.  3)4. 

—  ÉTYM.  Entrepris.  L'ancienne  langue  disait  sou- 
vent emprise. 

i  ENTRE-PRODOTRE  (S')  (an-tre-pro-dui-r'),  v. 
réjl.  Se  produire  mutuellement.  Ces  deux  rares  ver- 
tus lui  étaient  si  naturelles  [à  Auguste],  qu'il  sem- 
ble qu'en  cette  histoire  [Cinna]  que  j'ai  mise  sur  no- 
tre théâtre,  elles  se  soient  tour  à  tour  enlre-produjtes 
dans  son  âme,  corn.  Éptired  M.  de  lUonthorori. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  produire. 

t  EN'TRE-PROMETTRE  (S')  (an-tre-pro-mè-tr'), 
».  rrfl.  Se  promettre  quelque  chose  l'un  à  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  s'entre-promirent  la  foi  de  ne 
s'abandonner  jamais,  carloix,  viil,  10. 

—  ETYM.  Entre,  et  promettre. 

t  ENTR'ÉPROCVER  (S')  (an-tré-prou-Té) ,  v.réfl. 
S'éprouver  réciproquement. 

—  HIST.  XII*  s.  Car  ainçois  nous  entr'esprovasmes, 
Si  que  bons  amis  nous  trovasmes,  la  Rose,  SU  5. 

—  RTY.M.  Entre,  et  éprouver. 
ENTRE-QCERELLER  (S')  (an-tre-ke-r6-16),  v.réfl. 

Se  quereller  l'un  l'autre.  Ils  ne  font  que  s'entre- 
quereller. 

—  HIST.  XVI*  Employan»  quelquesfois  plus  de 
temps  à  s'entre-quereller,  qu'à  travailler  à  leur  be- 
Bongne,  0.  HE  serres,  42. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  quereller. 

+  ENTRE-QUITTER  (S')  (an-tre-ki-té),  «,  réfl.  Se 
quitter  l'un  l'autre.  Faut-il  pas  après  tout  chacun 
s'entre-quitter?Oii  tous  les  hommes  vont,  aucuns  ne 
vont  ensemble,  corn.  Imit.  ii,  9. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  quitter. 

ENTRER  (an-tré) ,  v.  n.  ||  1°  Passer  du  dehors  au 
dedans.  Entrons  dans  le  salon.  Le  voleur  [le  re- 
nard! tourne  tant  qu'il  entre  au  lieu  guetté.  Le  dé- 
peuple, remplit  de  meurtres  la  cité,  la  font.  Fabl. 
XI,  3.  Il  Par  analogie.  Nous  entrâmes  dans  un  chemin 
creux.  Il  Entrer  en  prison,  être  mis  en  prison.  ||  En- 
trerau  port,  aborder.  ||  Entrer  en  chaire,  à  l'autel, 
y  monter  en  parlant  d'un  prêtre.  ||  Entrer  en  scène, 
paraître  sur  la  scène  pour  jouer  son  rôle.  ||  Kig.  et 
familièrement.  Il  ne  faut  pas  entrer  dans  le  sanc- 
tuaire, il  ne  faut  pas  chercher  à  pénétrer  les  secrets 
des  grands.  ||  Absolument.  J'entre  et  je  salue.  Ne 
laissez  pas  entrer.  Pour  se  sauver  de  la  pluie  Entre 
im  passant  morfondu  ;  Au  brouet  on  le  convie  ;  Il 
n'était  pas  attendu,  la  font.  fabi.  v,  7.  ||  Terme 
d'escrime.  Kntrcr  en  mesure,  approcher  de  son  ad- 
versaire en  faisant  un  petit  pas  en  avant.  ||  Terme  de 
manège.  Entrer  dans  les  coins,  pénétrer  autant  que 
possible  dans  les  angles  du  manège.  ||  Fig.  Sortant 
d'un  embarras  pour  entrer  dans  un  autre,  mol.  lÉt. 
III,  3.  Il  ï"  Fig.  Il  se  dit  aussi  de  l'introduction  en  des 
conditions  comparées  à  un  lieu  où  l'on  entre.  D'où 
Yient  que  cet  homme  est  entré  dans  la  robe  ?  mass. 
"îî*'  ^''"''-  La  plupart  de  ceux  qui  m'écoutent 
sont  déjà  entrés  dans  des  engagements  qui  ne  leur 
permettent  plu»  de  choisir,  id.  t*.  Socrale  ne  pres- 
sait point  ses  amis  d'entrer  de  bonne  heure  dans  les 
!^iu  ?'  "  "^  ^°"'*''  qu'a'jparavant  on  eût  Ira- 
wiiie  »  se  remplir  l'esprit  des  connaissances  néces- 
Mirespoury  réussir,  rolli»,  Uiit.  anc.  (fiucre*, 


ENT 

t.  IV,  p.  878.  Mme  de  Maintenon,  entrant  en  charge 
dans  ce  temps-là,  n'eut  plu»  rien  à  démêler  avec 
Mme  de  Montespan,  m"*  de  caylus,  Souvenirs, 
p.  119,  dans  pousENS.  Il  Entrer  au  service,  devenir 
militaire.  Il  Entrer  dan»  le»  pages,  aux  pages,  ou, 
simplement,  entrer  page,  c'est-à-dire  être  reçu  page. 
Il  Entrer  dans  une  famille,  s'yallier.  Et  l'on  juge  ai- 
sément au  coeur  que  vous  portez  Où  vous  êtes  entrée , 
et  de  qui  vous  sortez,  cobn.  Pomp.  m,  4.  Je  vous  fis 
sur  mes  pas  entrer  dans  sa  famille,  bac  Brit.  u,  2. 
Il  Entrer  dan»  une  carrière,  l'embrasser.  Entrer 
dans  le  commerce,  dans  la  marine,  dans  l'adminis- 
tration. Vaincu  par  lui,  j'entrai  dans  une  autre  car- 
rière, BAC.  Âth.  m,  3.  Il  Entrer  en  ménage,  se 
marier.  Ce  n'est  pas  à  mon  cœur  qu'il  faut  que  je  dé- 
fère Pour  entrer  en  da  tels  liens,  mol.  l'stjché,  i, 
3.  Il  On  dit,  dans  le  mSme  sens,  entrer  en  mariage. 
Mais  quand  j'eus  bien  pensé  que  j'allais  à  mon  âge. 
Au  sortir  de  Poitiers,  entrer  au  mariage,  corn. 
Suite  du  Kent,  i,  <.||  Entrer  en  religion,  se  faire 
religieux.  Il  Entrer  dans  le  monde,  à  la  cour,  com- 
mencer à  paraître  dansle  monde,  à  la  cour.  Quand 
j'entrai  dan»  le  monde,  je  sortais  du  couvent,  et 
l'on  n'en  sort  qu'avec  une  seule  idée,  celle  de  se  li- 
vrer entièrement  à  tout  ce  qui  peut  amuser,  m'°'de 
OENLis,  Ad.  et  Théod.  t.  i,  lett.  6,  p.  23,  dans  pou- 
gens.  ||  Entrer  dans  la  vie,  naître.  Entrer  dans  la 
vie  signifie  aussi  entrer  dans  le  monde.  ||  Entrer 
dans  un  collège,  dans  un  établissement  public,  y 
être  reçu.  Entrer  au  collège,  à  l'École  polytechni- 
que. 11  entre  dans  un  très-bon  collège.  On  sait  que, 
pour  entrer  à  Saint-Cyr  [maison  d'éducation  pour  les 
jeunes  demoiselles,  fondée  par  Mme  de  Maintenon], 
il  faut  faire  également  preuve  de  noblesse  et  de  pau- 
vreté, M'"'  DE  caïlus,  Souvenirs,  p.  i97.  {|  Entrer 
dans  lin  corps,  dans  une  académie,  y  être  nommé, 
être  élu  pour  en  faire  partie.  Il  [Tallard]  entra  ho- 
noraire dans  la  compagnie  en  1723,  et,  l'année  sui- 
vante, nous  l'eûmes  à  notre  tête  comme  président, 
FONTEN.  Tallard.  Il  se  présenta  donc  pour  entrer  à 
l'Académie  en  1722;  il  y  fut  reçu,  mairan,  Éloges, 
Petit.  Il  Entrer  en  condition,  entrer  en  place,  de- 
venir domestique.  Entrer  au  service  de  quelqu'un, 
devenir  domestique  de  quelqu'un.  ||  3°  Entrer  ex- 
prime le  commencement  d'une  chose.  Entrer  en 
convalescence.  Nous  entrons  dans  la  belle  saison. 
Entrer  en  correspondance.  Tout  le  monde  s'élève 
contre  un  homme  qui  entre  en  rèj)utation,  la  bruy. 
XII.  Il  F.ntrer  en  jeu,  se  dit,  à  certains  jeux,  de  ce- 
lui qui,  ayant  levé  une  main,  est  en  état  de  jouer 
comme  il  lui  plaît;  et  fig.  avoir  son  tour,  dans 
quelque  affaire  ou  discussion,  pour  agir  ou  pour 
parler.  ||  U  se  dit  aussi  pour  entrer  en  mouvement, 
en  action,  en  parlant  des  choses.  Dans  une  ma- 
chine à  vapeur,  les  forces  qui  entrent  enjeu,  sont  à 
la  disposition  du  mécanicien.  ||  Entrer  à  table,  se 
mettre  à  table,  commencer  son  repas.  Ils  ne  font 
que  d'entrer  à  table.  ||  Entrer  en  connaissance  de 
cause,  commencer  à  prendre  connaissance  de  quel- 
que chose.  Entrer  en  payement,  commencer  à 
payer  ce  qu'on  doit.  Ces  deux  locutions  ont  vieilli. 
Il  Entrer  en  chaleur,  en  amour,  se  dit  des  fe- 
melles d'animaux  qui  commencent  à  désirer  le 
mâle.  Entrer  en  rut,  se  dit,  dans  le  même  sens,  des 
bêtes  fauves  et  particulièrement  de  la  biche.  ||  En- 
trer en  comparaison,  en  paralR-le,  être  mis  en  com- 
paraison, en  parallèle.  ||  Entrer  en  concurrence, 
faire  une  entreprise,  poursuivre  un  but  en  riva- 
lité d'intérêt  avec  quelqu'un.  ||  Entrer  en  com- 
position, écouter  des  propositions  d'accommode- 
ment, d'arrangement.  ||  Entrer  en  danse,  prendre 
place  dans  une  danse;  et  fig.  s'engager  dans  quel- 
que affaire  dont  d'abord  on  n'était  que  spectateur; 
être  à  son  tour  obligé  d'agir  ou  de  parler.  ||  4°  Fig. 
Eprouver  certains  sentiments  comparés  aune  chose 
dans  laquelle  on  entre.  J'entre  en  des  sentiments 
quinesont  pas  croyables, corn. Poii/eucte,  iil,6.  Elle 
entre  en  confusion  d'avoir  préféré....  pasc.  Conti. 
des  péch.  Je  suis  entré  en  défiance  de  moi  et  des 
autres,  m.  danscousi  :-•.  J'entre  en  une  humeur  noire , 
en  un  chagrin  profond.  Quand  je  vois  vivre  entre 
eux  les  hommes  comme  ils  font,  mol.  iifts.  i,  f.  Et 
l'accord  que  son  père  a  conclu  pour  ce  soir  La  fait 
à  tous  moments  entrer  en  désespoir,  id  Tari,  iv,  2. 
N'entrez  point  tout  à  fait  dedans  l'étonnement,  ID. 
Dép.  am.  II.  <.  Ils  [les  Romains]  entrèrent  en  ja- 
lousie contre  les  Carthaginois,  soss. //ist.  i,  8. 
Si  entrant  aujourd'hui  dans  des  sentiments  de  com- 
ponction.... MASS.  Carême.  Enf.prod.  Entrez  en  in- 
dignation contre  vous-même,  id.  Paraphr.  psaume 
IV.  Ahl  c'est  pour  cela  même  que  vous  devez  entrer 
dans  des  inquiétudes  plus  vives  et  plus  tendres  sur 
les  besoins  de  vos  frères,  lo.  Carême,  Àumàne-  I^es 


ENT 

mère»  d'ailleurs  chrétiennes  et  timorée»  ne  s'avisent 
pas  même  d'entrer  en  scrupule  sur  cet  article,  id. 
Carême,  Élus.  ||  Entrer  en  colère,  en  fureur,  céder 
à  un  transport  violent  de  colère.  Quelquefois  il  [Lu- 
ther] entrait  contre  Mèlanctlion  en  une  telle  colère 
qu'il  ne  voulait  pas  même  lire  ses  lettres,  Boss.  Var. 
m,  §03.  Ma  foi,  j'entre  en  fureur;  Égoisme  tout  pur 
qu'une  telle  manie.  Et  ce  n'est  pas  pour  soi  que 
l'on  a  du  génie,  c.  dïlavigne,  la  Princ.  Aurélie, 
11,  6.  Il  5"  Comprendre,  saisir,  en  parlant  de  cho- 
ses dans  lesquelles  l'esprit  pénètre.  Entrer  dans  la 
pensée  de  quelqu'un.  Entrer  dans  le  sens  d'un  au- 
teur. Elle  entre  dans  la  vue  des  grandeurs  de  son 
créateur,  pasc  Conv.  des  p.  Les  saints  disent  qu'on 
n'entre  dans  la  vérité  que  par  la  chanté,  dont  ils 
ont  fait  une  de  leurs  plus  utiles  sentences,  iD.Pe»»- 
sces,  part,  i,  art.  3.  Si  on  considfre  son  ouvrage 
incontinent  après  l'avoir  fait,  on  en  est  encore  tout 
prévenu;  si  trop  longtemps  après,  on  n'y  entr 
plus,  ID.  ib.  t.  l,  p.  264,  édit.  lahdre.  C'est  que 
tu  n'entres  point  dans  tous  les  mouvements  D'un 
coeur,  hélas  rempli  de  tendre»  sentiments,  mol. 
Mélicerte,  ii,  \.  Nérine,  entres-tu  bien,  lorsque  le 
ciel  m'accable,  Dans  tout  ce  qu'a  mon  sorld'afl'reux, 
d'épouvantable?  th.  cobn.  Ariane,  v,  6.  Pour  vous 
faire  entrer  dans  une  vérité  si  honorable  à  la  vertu, 
MASS.  Avent,  Itonh.  Profanes,  qui  n'entrez  jamais 
dans  les  secrets  de  l'Éternel,  vos  lumières  ressem- 
blent aux  ténèbres  de  l'abîme,  mostesq.  Lett.  per 
18.  Il  Vous  n'entrez  pas  dans  ma  pensée,  vous  ne 
concevez  pas  ce  que  j'ai  voulu  dire.  ||  8°  Donner 
adhésion,  assentiment.  Entrer  dans  les  sentiments, 
dans  les  idées  de  quelqu'un.  Ils  entrent  dans  leurs 
principes  pour  modérer  leur  folie,  au  moins  mal 
qu'il  se  peut,  pasc  dans  cousin.  Us  étrangers  qui 
la  conquéraient  [l'Egypte]  entraientdans  ses  mœurs, 
BOSS.  llist.  m,  3.  Ne  devons-nous  pas  tous  entrer 
dans  ce  qui  plaît  au  roi  ?  maintenon  ,  Lett.  àUmede 
Caylus,  t.  VI,  p.  82,  dans  pougens.  Il  entra  dans 
mes  plaisirs,  il  flatta  mes  passion»,  fén.  M.  xiii. 
Entrons  dans  l'esprit  de  nos  saints  prédécesseurs,  et 
nous  entrerons  dans  le  succès  de  leurs  travaux, 
MASS.  Confér.  Zèle  c.  les  vices.  Voilà  les  disposition» 
où  vous  devez  entrer,  id.  Prosp.  temp.  Pas  un  seul 
n'ose  se  déclarer  protecteur  de  l'innocence;  tout  en- 
tre lâchement  dans  la  pa'^sion  du  chef,  in.  Carême, 
Passion.  Pour  entrer  aujourd'hui  dans  les  intentions 
du  Sauveur,  id.  Carême,  Prod.  Si  le  ministre  saint 
ne  parle  pas  le  langage  du  monde,  s'il  n'entre  pas 
dans  les  préjugés  attachés  au  rang  et  à  la  nais- 
sance.... id.  Carême,  Prosp.  temp.  Qu'il  est  rare  de 
trouver  un  artiste  qui  entre  profondément  dans  l'es- 
prit de  son  sujet!  DIDEROT,  Salon  de  4707,  OEutr. 
t.  XIV,  p.  74,  dans  pougens.  J'y  consens,  je  vous 
sers  et  j'entre  en  vos  projets,  lemerc.  Charles  VI, i, 
2.  Il  Entrer  avant  dans  une  science,  y  acquérir  de» 
connaissances  profondes.  |i  Entrer  dans  la  pensée 
de  quelqu'un,  comprendre  et  approuver  les  motifs 
qu'il  a  de  penser  de  telle  ou  telle  manière.  ||  Cet 
auteur,  cet  orateur,  ce  peintre  entre  bien  dans  les 
passions  ,  il  les  exprime,  il  les  représente  bien. 
Il  Ce  comédien  entre  bien  dans  l'esprit  de  ses  rô- 
les, il  reproduit  fidMement  le  personnage  qu'il  re- 
présente. ||  Entrer  dans  la  plaisanterie,  s'y  prêter. 
Quoique  ,  pour  entrer  dans  le  badinage ,  elle  se 
plaignît  d'être  trop  gênée,  il  est  vrai  qu'elle  mangea 
très-peu,  marivaux, Marianne, 2*  partie.  ||  7°  Sym- 
pathiser à,  prendre  intérêt.  Elle  feignit  d'entrer 
dans  sa  douleur,  fén.  Tél.  i.  D'abord  elle  entra  dans 
sa  peine,  id.  ib.  xxii.  C'était  un  ami ,  entrant  dans 
touslesbesoinsdes  autres,  mass. Orais.  fun.  Dauph. 
J'entre  dans  votre  situation;  car  je  me  conforme  vo- 
lontiers aux  sentiments  des  autres,  du  fresnt,  £t- 
prit  de  contrad.  se.  20.  Il  est  cruel,  d'accord;  j'en- 
tre dans  votre  peine,  dancourt,  Mme  Artus,  v,  3. 
Il  8°  Prendre  part  à,  s'occuper  de.  Ennemies  de 
tout  soin  et  de  toute  peine,  elles  n'entrent  presque 
en  rien,  elles  ne  s'informent  de  rien,  aouRu.  Pen^ 
sées,  t.  i,  p.  468.  Kous  entrons  dans  ses  travaux, 
mais  c'est  à  lui  que  la  vigne  appartient,  mass.  Ca- 
rême, Culte.  Ne  paraissant  entrer  en  rien,  nesat- 
iribuantrien,  id.  Èlyst.Ass.  Ils  protègent  les  gens 
de  bien,  ils  entrent  dans  les  œuvres  de  miséri- 
corde, ID.  Carême.  Prosp.  (emp.  ||  Entrer  dans  un 
complot,  dans  une  intrigue,  dans  une  guerre,  y 
participer.  On  prétend  que  ces  frères  Bohémiens, 
dont  les  paroles  étaient  si  douces  et  si  respectueuses 
envers  les  puissances,  à  mesure  qu'ils  s'engageaient 
dans  les  sentiments  des  Luthériens,  entrèrent  aussi 
dans  leurs  intrigues  et  dans  leurs  guerres,  BOSs. 
Var.  XI ,  §  1 02.  Il  Entrer  dans  une  affaire ,  y  prendre 
part  soit  pour  la  conduire,  soit  pour  en  tirer  profit. 
Il  8°   Contribuer  à.    J'entrerai  dans   la  dépense. 


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Il  10°  S'engager  dans,  entamer,  exposer.  Car,  mes 
pères,  puisque  vous  m'obligez  d'entrer  dans  ce  dis- 
cours, PASC.  Prov.  M.  Prince,  n'entrons  pas  dans 
ces  compliments,  mol.  Princ.  d'Él.  v,  1.  Kntre  en 
propos  et  lui  fait  compliment....  la  font.  Fabl.  i,  5. 
N'entrons  point  dans  un  éclaircissement  fâcheux, 
BARON,  Homme  à  bonnes  fort,  ii,  3.  Que  j'entrerais 
volontiers  dans  les  motifs  de  ses  actions!  flecii. 
Tur.  Il  Entrer  en  matière,  commencera  traiter  le  su- 
jet dont  il  s'agit.  ||  Entrer  dans  le  détail  des  choses, 
examiner  les  choses  en  détail.  Pour  acquérir  cette 
connaissance,  il  faudra  que  vous  entriez  dans  beau- 
coup de  petits  détails  très-minutieux.  M"'  de  gen- 
Lis,  Ad.  et  Théod.  t.  ii,  lett.  37,  p.  303,  dans  pou- 
gens.  Il  Absolument.  Entrer  dans  le  détail,  dans  les 
détails,  expliquer  minutieusement.  ||  11°  Terme 
de  théologie.  Entrer  en  jugement,  se  dit  de  Dieu 
jugeant  les  hommes.  Si  vous  [Dieu]  entriez  avec  lui 
[l'homme]  dans  un  jugement  rigoureux,  lioss. 
Bonté,  4.  Il  Terme  de  l'Écriture.  Kntrer  en  tentation, 
être  tenté.  Priez,  afin  que  vous  n'entriez  point  en 
tentation,  saci.  Bible,  Évang.  St  Luc,  xxii,  40. 
J'ai  lu  maître  Louis  [Arioste]  mille  fois  en  ma  vie, 
Et  même  quelquefois  j'entre  en  tentation  Lorsque 
l'ermite  trouve  Angélique  endormie,  la  font.  Bail, 
sur  les  romans.  \\  12°  Entrer  dans  l'âme,  dans  le 
cœur,  s'y  insinuer,  y  faire  impression.  Je  fuis  la 
gloire  aisée....  d'entrer  dans  un  cœur  de  toutes 
parts  ouvert,  hac.  Phèdre,  ii,  t.  |{  13°  Pénétrer, 
avec  un  nom  de  chose  pour  sujet.  Le  vaisseau  entra 
dans  le  port.  La  voiture  entra  dans  la  cour.  La  lu- 
mière entre  dans  le  cachot  par  une  petite  ouverture. 
Le  coup  est  entré  bien  avant  dans  les  chairs.  Les 
racines  de  cet  arbre  entrent  à  une  grande  profon- 
deur. Ce  couteau  n'entre  pas  facilement  dans  la 
gaine.  L'esprit  entra  en  moi,  me  fit  tenir  sur  mes 
pieds,  me  parla,  saci,  Bible,  Ézéchiel,  m,  24. 
Il  II  se  dit  des  marchandises,  des  produits  qui  sont 
apportés  dans  une  contrée,  dans  un  lieu.  ||  Familiè- 
rement. Ce  bruit  entre  dans  la  tête,  dans  les  oreil- 
les, il  étourdit.  ||  Fig.  S'insinuer,  naître,  en  par- 
lant de  sentiments.  La  défiance  entre  dans  les 
cœurs,  dans  les  esprits.  Une  injuste  vengeance  en- 
tre-t-elle  en  ton  cœur?  volt.  Ali.  v,  5.  Des  soup- 
çons n'entraient  point  dans  ces  esprits  altiers,  id. 
Tancr.  ii,  ).  L'amour  innocemment  est  entré  dans 
son  âme,  ducis,  Abuf.  m,  e.  L'injustice,  la  dissi- 
mulation, la  haine  peut-être  viennent  d'entrer  à  la 
fois  dans  son  âme,  m"'  de  genlis,  Ad.  et  Théod. 
t.  I,  lett.  20,  p.  149,  dans  pougens.  ||  Entrer  dans 
l'esprit,  se  dit  des  connaissances,  des  idées  que 
l'esprit  saisit.  Pourvu  qu'ils  fassent  faire  Que  ce 
beau  savoir  entre  en  l'esprit  du  vulgaire,  Régnier, 
Sat.  IX.  Celle  [l'inhumanité]  que  vos  préteurs  ont 
sur  nous  exercée  N'entre  qu'à  peine  en  la  pensée,  la 
FONT.  Fabl.  XI,  7.  Il  On  ne  peut  rien  lui  faire  entrer 
dans  la  tête,  on  ne  peut  rien  lui  faire  comprendre. 
Il  J'ai  essayé  de  lui  faire  entrer  cela  dans  la  tête, 
j'ai  essayé  de  le  lui  persuader.  ||  Cela  ne  m'est  ja- 
mais entré  dans  l'esprit,  dans  la  pensée,  dans  la 
tête,  dans  l'imagination,  je  ne  l'ai  jamais  cru,  ou 
je  n'y  ai  jamais  songé.  Et  impersonnellement  :  Il 
ne  m'est  jamais  entré  en  pensée  qu'il  fût  l'auteur 
de  ce  livre.  Entra-t-  il  jamais  en  l'esprit  de  personne 
que  les  choses  dussent  tourner  ainsi?  ||  14°  Entrer 
en  caisse,  entrer  dans  la  caisse,  être  reçu,  en  par- 
lant de  l'argent.  Il  avait  fait  entrer  dans  les  caisses 
publiques  plus  de  trésors  qu'aucun  des  autres  aven- 
turiers ,  raynal,  Hist.  phil.  vu,  3.  ||  1S°  Faire 
partie  ,  être  compris.  L'égoîsme  entre  dans  une 
grande  partie  de  nos  actions.  Cette  étude  entre 
dans  le  domaine  de  l'astronomie.  Ne  parler  que 
de  ducs,  de  cardinaux  et  de  ministres;  faire  en- 
trer dans  les  conversations  ses  aïeux  paternels  et 
maternels,  et  y  trouver  place  pour  l'oriflamme  et 
pour  les  croisades,  la  bruyère,  viii.  Ils  ne  pou- 
vaient pas  entrer  tous  dans  un  panégyrique,  mais 
ils  entraient  bien  tous  dans  une  satire,  fonten. 
Dial  i,  anc.  mod.  Les  jçux  et  les  comb,Hts  faisaient 
partie  de  la  religion,  et  entraient  dans  presque 
toutes  les  fêles  des  anciens,  rollin,  Ilist.  anc.  Œu- 
vres, t.  V,  p.  61,  dans  pougens.  Plusieurs  disposi- 
tions du  droit  romain  sont  entrées  dans  nos  coutu- 
mes, montesq.  Esp.  xxviii,  45.  Il  Cela  n'entre  pas 
dans  ses  vues,  dans  ses  intentions,  cela  n'est  pas 
conlorme  à  ses  vues,  à  ses  intentions.  Et  imper- 
sonnellement :  U  n'entre  pas  dans  ses  vues,  dans 
«es  intentions  que  vous  partiez  sitôt.  Il  entre  rare- 
men'  dans  leur  caractère  de  prévoir  l'avenir,  hay- 
RAL,  Hist.  phil.  XI ,  22.  Il  Entrer  en  compte,  en 
ligne  de  compte,  être  compris  dans  un  compte. 
Il  Terme  de  procédure.  Entrer  en  ordre  parmi  d'au- 
tres créanciers,  être  mis  dans   l'ordre  des  créan- 


ciers qui,  ayant  hypothèque  ou  privilège,  doivent 
être  payés.  ||  16'  Être  pour  quelque  chose.  L'in- 
grat est-il  touché  de  mes  empressements?  L'amour 
même  entre-t-il  dans  ses  raisonnements?  bac. 
Bnj.  II,  4.  Vous  voulez  que  notre  intérêt  entre  pour 
beaucoup  dans  notre  fidélité,  mass.  Carême,  Conf. 
La  faveur  du  maître  est  entrée  pour  beaucoup  dans 
le  plan  de  notre  nouvelle  vie,  id.  Carême,  Disp. 
Qui  sait  si  l'amour  môme  entre  dans  ses  douleurs? 
volt.  Zaïre,  m,  7.  Lisez  le  règne  de  Tibère  ou 
celui  de  Néron,  ces  deux  terribles  et  longues  tra- 
gédies dont  Rome  est  le  théâtre,  et  où  Tacite  a 
porté  si  loin  l'art  d'émouvoir  :  l'éloquence  artifi- 
cielle, le  soin  d'orner  et  d'agrandir  n'y  entre  pour 
rien,  marmontel,  Élém.  lilt.  Œuvres,  t.  viii,  p. 
4  H  ,  dans  POL'GENS..  Dans  nos  amitiés  même  il  entre 
du  destin,  ducis,  Abufar,  i,  B.  ||  Il  entre  bien  de 
l'homme  en  cela,  c'est-à-dire  que  ce  qui  déter- 
mine en  cela  ce  sont  des  considérations  humaines. 
Il  17°  Être  employé  dans  la  composition  d'une 
chose,  dans  sa  confection.  Je  ne  sais  quelles  sont 
les  drogues  qui  entrent  dans  ce  remède.  De  mau- 
vaises pierres  sont  entrées  dans  la  construction  de 
cet  édifice.  Oui,  c'est  un  fromage  préparé  où  il 
entre  de  l'or,  du  corail  et  des  perles,  et  quantité 
d'autres  choses  précieuses,  mol.  Médecin  malgré 
lui,  III,  2.  Il  18°  Être  contenu.  Cela  n'entrera  pas 
dans  votre  poche,  dans  votre  sac.  Que  de  choses 
entrent  dans  ce  livre  I  ||  Impersonnellement.  Il  en- 
tre deux  mètres  d'étofl'e  dans  ce  manteau.  ||  Par  hy- 
pallage.  Ce  chapeau  ne  peut  entrer,  n'entre  pas 
bien  dans  la  tête,  c'est-à-dire  la  tête  ne  peut  en- 
trer, n'entre  pas  bien  dans  le  chapeau.  ||  19°  V.  a. 
Faire  entrer  (l'Académie  n'a  pas  entrer  dans  le  sens 
actif;  mais  elle  a  admis  sortir,  actif,  et  l'usage  ad- 
met entrer].  Il  faudra  entrer  ce  piano  par  la  fenê- 
tre. Entrez  ce  cheval  dans  l'écurie.  Entrez  la  voi- 
ture dans  la  remise.  ||  Terme  de  commerce.  Inscrire 
des  objets  sur  le  registre  des  entrées.  Entrez  ces 
traites.  ||  Il  se  dit  aussi  des  marchandises  étrangères 
qu'on  apporte  dans  un  pays.  U  vaut  mieux  défendre 
de  les  porter  [dentelles  et  bijoux],  que  de  les  en- 
trer, j.  j.  Rouss.  Pologne,  ch.  44.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Le  Ilot  ou  le  fiux  entra  tel  bâtiment  dans  la 
rade,  c'est-à-dire  le  fit  entrer. 

—  liEH.l.  Quand  on  voulait  marquer  une  actioiî, 
un  mouvement,  entrer  se  conjuguait  avec  avoir. 
Ai-je,  autre  Œdipe,  entré  dans  le  lit  de  ma  mère? 
ROTBOD,  Antig.  i,  3.  Voilà  ce  que  j'en  ai  appris  par 
votre  oncle  qui  dit  avoir  entré  dans  les  chambres, 
la  font.  t.  VI,  p.  370,  édit.  WALCKENAER.  De  ma- 
nière que  le  soleil  n'a  pas  entré  dedans,  sêv.  425. 
Tous  les  hommes  ont  entré  dans  la  vie  de  la  même 
manière,  Boss.  Politique,  x,  vi,  4.  Les  prédica- 
teurs ont  entré  en  société  avec  les  auteurs  et  les 
poètes,  LA  bruy.  XV  (Des  éditions  portent  sont  en- 
trés; mais  les  plus  anciennes  portent  ont  entré). 
Cette  construction  n'est  plus  guère  emploj;ée.  ||  2.  Ré- 
gnier a  dit  entrer  sur  pour  commencer:  J'entre  sur 
ma  louange,  et  bouffi  d'arrogance....  Sat.  n. 

—  HIST.  XI'  s.  [Il]  entre  en  sa  veie,  si  s'est  ache- 
minez, Ch.  de  Roi.  xxvi.  Al  cors  vous  est  entrée 
mortel  rage,  ib.  Lvii.  ||  xu"  s.  Dedans  ton  cors  est 
entrez  li  maufez  [le  diable],  Jîonc.  p.  44.  As  porz 
d'Espeigne  s'en  est  entré  Rolant,  ib.  p.  37.  Bien 
[tu]  peuz  conquerre  France;  or  est  anlrez  li  ans 
[l'année  est  venue],  Sax.  v.  Nous  enterrons  [en- 
trerons] en  France  en  bataille  rangie,  ib.  xxxii. 
L'arcevesque  respunt:  faites  les  enz  entrer.  Th.  le 
mart.  4  39.  Car  grant  hunte  li  faites  quant  en  sa 
curt  [du  roi]  entrez,  Com  en  feu  et  en  flambe,  de 
vostre  cruiz  [croix]  armez,  ib.  39.  ||  xiii*  s.  Or  est 
yvers  entrés  [com.Tiencé],  et  nos  ne  poons  [pou- 
vons] mais  de  ci  movoir  devant  la  pasque,  villeh. 
xLix.  Entrez  en  cest  sentier,  n'en  issiez  [sortez] 
pour  riens  née,  Berle,  xlvi.  Tout  droit  à  l'entrer 
de  la  porte,  Ben.  43595.  Ne  porquant,  se  li  croisiés 
et  le  [la]  feme  veve  entrent  en  plet  en  cort  laie  [laï- 
que], sainte  Eglise  ne  s'en  doit  nieller,  beaum.  xi,  9. 
Il  ne  loist  pas  [n'est  pas  loisible]  à  franc  home  en- 
trer en  bataille  contre  bastart,  ID.  LXiii,  2.  ||  xiv°  s. 
Seigneur,  ce  dist  Bertran,  j'ai  visé  maintenant 
Comment  nous  enterrons  en  cechastel  vaillant, 
Guescl.  881.11  xv  s.  En  esperonnant  leurs  che- 
vaux, et  en  abaissant  leurs  glaives  et  en  escriant 
leurs  cris,  entrèrent  les  uns  es  autres  [les  Fran- 
çais et  les  Gascons],  froiss.  u,  u,  6.  Quand  ils 
[les  EscotsJ  veulent  entrer  au  royaume  d'Angle- 
terre.... ID.  I,  I,  34.  Ils  se  saluèrent  [les  envoyés 
chargés  de  négocier  la  paix  entre  les  rois  de 
France  et  d'Angleterre]  moult  amiablement  et  les- 
tèrent grandement;  et  après  ils  entrèrent  en  leur 
traitement,  u>.  I,  i,  4  44.  Là  fut  accordée  une  trêve 


à  durer  un  an  entièrement;  et  devoit  entrer  tantoit 
entre  ces  seigneurs....  et  entre  ceux  qui....  id.  i6 
Envoya  povoir  à  aucuns  qui  estoient  à  Amyenspour 
entrer  en  une  trefve,  comm.  m,  3.  Le  conte  de  Var- 
vie  entra  en  différent  avec  son  maistre,  id.  m,  4. 
Et  celuy  là  et  moy  entrasmes  en  paroles  d'appoin- 
ter ces  deux  osts,  sans  combattre,  m.  viii,  0. 
Il  xvi*  s.  Lors  pourront  les  humains  envahir  les  ré- 
gions de  la  lune,  entrer  le  territoire  des  signes  ce- 
lestes....  BAB.  Pant.  m,  51.  Quelz  signes  entroyt  le 
soleil,   id.  Garg.  i,  23.   Entrer  en  haine  contre.... 

mont,  i,  48.  À  mesure  que j'entre  en  desdaing 

de  la  vie,iD.  i.  81.  Plusieurs  caveaux  de  grande  ca- 
pacité qui  entrent  l'un  dedans  l'autre,  amyot,  Cra»- 
sus,  7.  J'entre  parfois  en  pensée  qu'il  puisse  assez 
bien  convenir  à  un....  mont,  i,  403. 

—  ÊTYM.  Picard,  intrer;  provenç.  intrar,  entrar; 
espagn.  entrar  ;  ital.  intrare,  entrare;  du  latin  in- 
trare,  de  tntro,  intra,  en  dedans,  le  même  que  tn- 
ter,  entre  (voy.  entre). 

t ENTRE-RABOTER  (S')  (an-tre-ra-bo-té), «. réfl.  Sa . 
polir  réciproquement.  [En  parlant  de  M.  de  Montau- 
sier,  gouverneur  très-rigoureux,  et  du  Dauphin  opi- 
niâtre et  fier]  Laissez-les  faire,  ils  s'entre-raboteront 
l'un  l'autre  et  se  poliront,  m'°''de  sablé,  dans  laveaux. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  raboter. 

t  ENTRE-RAFRAÎCIIIR  (S')  (an-tre-ra-frô-chir) , 
V.  réfl.  Se  rafraîchir  réciproquement. 

—  IllST.  xvi*  s.  Afin  que  l'on  tire  nuit  et  jour,  il 
faut  que  les  canoniers  alternativement  s'entre-rafrai- 
chissent,  carloix,  v,  25. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  rafraîchir. 

t  ENTRE-RANG  (an-tre-ran) ,  s.  m.  Espace  entre 
les  rangs.  |{  Au  plur.  Des  entre-rangs. 

—  HIST.  XVI'  s.  Avec  le  soc,  cinq  ou  six  lignes 
sont  faites  en  l'entre-rang  des  ceps,  o.  de  serbes,  4  74, 

—  ÉTYM.  Entre,  et  rang. 

f  ENTRE-RECEVOIR  (S')  (an-tre-reu-se-voir),  v. 
réfl.  Se  recevoir  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ginglyme  se  fait  quand  les  os 
s'entrereçoivent,  c'est  à  dire  quand  en  un  mesme 
os  il  y  a  une  cavité  qui  reçoit  la  teste  de  l'autre  os, 
PABÉ,  IV,  43. 

—  ÉTYM.  £n(re,  et  rererotV. 

t  ENTRF>-RECONNAÎTRE  (S')  (an-tre-re-ko-uô- 
tr') ,  V.  réfl.  Se  reconnaître  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI"  s.  La  brebis  sera  enfermée  avec  son 
agneau  dans  quelque  petite  estable  séparée,  pour 
trois  jours,  durant  lesquels  apprendront  à  s'entre- 
recognoistre  et  aimer,  o.  de  serres,  348. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  reconnaître. 

t  ENTRE-REGARDER  (S")  (an-tre-re-gar-dé) ,  v, 
réfl.  Se  regarder  l'un  l'autre.  Les  vieillards  s'entre- 
regardèrent  en  souriant,  fén.  Tél.  v.  ||  Entre-regar- 
der,  V.  a.  Regarder  furtivement,  jeter  de  temps  en 
temps  un  coup  d'œil. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  femmes  s'entre-regardoient 
et  se  cachoient  les  yeux  à  doigts  entr'ouverts,  des- 
PER.  Contes,  xxxvii. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  regarder. 

t  ENTRE-REGRETTER  (S')  (an-tre-re-grè-té),  ». 
réfl.  Se  regretter  mutuellement. 

—  insT.  XVI"  s.  S'entrerègretter,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  regretter. 

f  ENTRE-RENCONTRÈR  (S)  (an-tre-ran-kon- 
tré) ,  V.  réfl.  Se  rencontrer  l'un  l'autre.  Parties  de 
la  vapeur  qui  s'entre-rencontrent,  desc.  Météor.  B. 

—  hist.  XIII"  s.  Si  avint  unjour  que  messire  Guil- 
laume des  Bares  chevauchoit  parmi  Acre,  et  li  rois 
Richars  aussi,  et  s'entre-rencontrerent,  Chr.  de 
Bains,  p.  40.  ||  xvi'  s.  Il  mit  sa  bosse  contre  celle 
d'un  cardinal,  en  lui  montrant  que  deux  montagnes 
s'entre-rencontroient  bien,  contre  le  commun  dire, 
despeb.  Contes,  xxxii.  Il  apprit  les  plus  communs 
termes  dont  on  use  en  leur  langage,  pour  parler 
quand  on  s'entrerencontre,  amyot,  Sert.  2. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  rencontrer. 
ENTRE-HÉI'ONDRE  (S')  (an-tre-ré-pon-dr'),  v.réfl. 

Se  répondre  réciproquement  l'un  à  l'autre.  Ces  deux 
cœurs  se  sont  entre-ré|iondu.  Ils  s'entre-répondaient 
touràtour,  d'ablancourt,  ^popAlA.  dans  bichblet. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  répondre. 

t  ENTRE-REVOIR  (S')  (an-tre-re-voir) ,  v.  réfi. 
Se  revoir  l'un  l'autre. 
hist.  XVI'  s.  S'enlrerevoir,  langue,  354. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  reroir. 

t  ENTRE-RUINER  (S')  (an-tre-ru-i-né),  v.réfl.  Sa 
ruiner  réciproquement. 

H!ST.  xvi'  S.  C'est  irriter  horriblement  la  ma- 
jesté divine,  que  les  ohrestiens  s'entre-ruinent d'uno 
si  cruelle  façon,  carloix,  vu,  8. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  ruiner. 

t  ENTRE-SABORDS  (an-tre-sa-bor) ,  s,  m.  Terme 


1440  ENT 

J.  marine.  «ord.«.  ?'«'=««"'"':;'"'*"''  '''""  ••*■ 
liment.  IMup/ur.  De.  entre.«bords. 

_  ÊTYM.  Entre,  et  «ofrord. 

tETTRE-SAlSIR (S')  (an-tre-.4-ïir).».  r<?/I.  Se  »a.- 

ilr  l'un  l'auire. 

_  iiisT.  x»i"  «.  S'entresaisir,  cotgbave. 

_-  BTYM.  Entre,  et  MÙi'r. 

+  EN-rnE-SALCER  (S')  (an-tre-sa-lu-é),  e.ri'/î.  Se 
Mluer  l'iin  l'autre,  llss'entre-saluèrentense  baisant, 
MCI,  B'ble,  Tobie,  ix,  ts. 

IIISX.  XVI'  s.  M.  de  Ncvers  mist  pied  à  terre, 

at  tous  sembUblement,  pour  s'enlre-saluer  et  cares- 

ger,  CABLOIX,  V,  24. 

—  f.TYM.  Entre,  et  laluer. 

f  ENTR'ESCItOQUER  (S')  ( an-tfè-skro-ké ) ,  v. 
réfl.  S'escroi)uer  l'un  l'autre.  [Des  hypocrite.sJ  Gar- 
dant toujours  l'air  froid  sur  leurs  visages  jaunes,  Et 
ne  s'entr'escroquantque  par  dévotion,  Poussés  d'un 
saint  désir  de  faire  des  airnifines,  Ils  tachaient,  di- 
saient-ils, de  gagner  dans  leurs  jeux  Pour  les  pau- 
vres, non  pas  pour  eux,  saint-glas,  Contes(HTi), 
cité  dans  le  Chasseur  bibliographe,  2' année,  n°  8. 

—  f.TYM.  Entre,  et  escroquer. 
KNTRE-SECOURIU     (S')     (an-lre-se^kou-rir),   v. 

réfl.  Se  secourir  mutuellement.  Ils  se  sont  entre-se- 
courus.  Us  s'avançaient  quand  ils  voulaient  s'entre- 
secourir,  vaugel.  Q-  C.  ix,  f,  dans  bichelet. 

—  mST.  XVI'  s.  Lors  les  corps  de  garde  françois, 
s'entre  secourans,  les  meslerent,  en  tuèrent  sur  la 
place  soixante-six,   d'aub.  Ilisl.  m,  406. 

—  F.TYM.  Entre,  et  secourir. 

t  ENTRE-SÊDUIKE  (S')  (an-tre-sé-dui-r') ,  v.  réfl. 
Se  séduire  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Car  chascun  ores  ne  respire  Que 
fraude  et  que  meschanceté;  Et  pour  le  gain  on  veut 
i'entre-seduire ,  J.  leiioux,  2. 

—  ËTYM.  Entre ,  et  séduire. 

t  ENTRE-SEMER  (an-tre-se-mé)  ,  V.  a.  Semer 
entre,  disperser  entre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Uemocritus,  Parmenides....  ont 
une  forme  d'escrire  doubteuse  en  substance,  et  un 
desseingenquerant  plus  tost  qu'instrui.sant,  encores 
qu'ils  entresement  leur  style  décadences  dogmatis- 
tes,  MONT.  II,  240.  Il  forme  un  bataillon  de  toutes 
«es  piques,  entre-semé  de  tous  ses  mousquets  et 
d'autant  d'arquebusiers,  d'aub.  Ilist.  m,  <5. 

—  ETYM.  Entre,  et  semer. 

t  r.NTRE-SERRER  (S')  (an-tre-së-ré) ,  «.  réfl.  Se 
«errer  réciproquement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Toujours  les  belles  naiades.  S'en- 
tre-serrans par  les  mains,  Jointes  avec  les  sylvains, 

IIONSABD,   B54. 

—  ÈTYM.  Entre,  et  serrer. 

t  ENTRE-SERVIR  (S')  (an-tre-sêr-vir) ,  V.  réfl.  Se 
«ervir  l'un  l'autre.  Elles  se  sont  entre-servies. Comme 
leurs  intérêts  étaient  égaux,  et  qu'ils  pouvaient 
s'entre-servir  pour  se  venger,  m"'  de  scudêhy,  Cy- 
rus,  9'  part,  livre  i,  p.  383. 

ENTRE-SOL  (an-tre-sol),  s.  m.  Terme,  d'architec- 
lure.  Logement  pris  sur  la  hauteur  d'un  étage; 
appartement  entre  le  rez-de-chaussée  et  le  premier 
étage,  \oger  il  l'entre-sol.  Celui  qui....  vient  cou- 
cher au  Louvre  dans  un  entre-sol ,  la  bruy.  ii. 
Je  fus  hier  enfermée  dans  mon  entre-sol  une  heure 
et  demie  avec  M.  de  M.iulevrier,  UAiNrENON,  Lett. 
au  ducde  Noailles,  t.  v,  p.  89,  dans  pougens.  {|  Con- 
férences de  l'entre  sol,  conférences  ainsi  dites  parce 
qu'elles  se  tenaient  chez  l'abbé  Alary,  logé  place 
■Vendôme  à  un  entresol ,  et  où  l'on  .s'occupait  de 
questions  morilles  et  politiques,  au  commencement 
du  xviii*  siècle.  ||  Au  plur.  Des  entre-sols. 

—  REM.  1.  Danslesquatrepremièreséditionsdeson 
Dictionnaire,  l'Académie  écrivait  ce  mot  sans  tiret  : 
entresol.  ||  2.  Autrefois  ce  mot  s'écrivait  entre-solo 
et  était  du  féminin  :  Elle  regagna  son  entre-sole, 
IIAMILT.  Gramm.  io. 

—  ETYM.  Entre,  et  sol. 

t  ENTRE  SOUFFRIR  (S")  (an-tre-sou-frir),  i).  réfl. 
Se  souffrir  réciproquement. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entresouffrir,  cotoravs. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  souffrir. 

t  ENTRE  SOULEVER  (S')  (an-tre-sou-l6-Té),tf.  réfl. 
8e  soulever  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'homme  et  la  femme,  s'estants 
embrassés  toujours  de  trois  pas  en  trois  pas,  tant 
que  la  danse  dure,  ne  font  que  tourner,  virer, 
«'entre-soulever  et  bondir,  cabloix,  vi,  3«. 

—  ETYM.  Jînire,  et  souleter. 

t  F.NTKH-SOURCILS  (an-tre-sour-si),  s.  m.  L'es- 
pace qui  est  entre  les  deux  sourcils. 

—  ÊTYH.  Knire,  et  sourcil. 

t  «raK-SOUTKNlR  (S')  (an-tre-sou-te-nir),  r. 
rtH,  St  «outenir  l'un  l'autre.  Qu'il  faut  donner  aux 


KNT 

bons  pour  s'entre-soutenir  Le  temps  de  se  remettre 
et  de  se  réunir,  coni».  Othon,  v,  2.  Un  coml)at  dure 
encor  que  mille  autres  surviennent;  Et  cet  enchaî- 
nement dont  ils  s'entre-.soutiennent.  Fait  un  cercle 
de  maux  qui  ne  sauraient  finir,  m.  Imit.  m,  20. 
Ces  différentes  manières  d'aller  à  vous  [Dieu],  ou 
plutôt  de  vous  trouver  en  moi,  sont  liées  et  s'entrc- 
soutiennent,  pèn.  Exist.  274. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  faudroit  jetter  après  eux  vingt 
mille  chevaux,   par  escadrons  s'entre-soustenanz, 

LANGUE,   428. 

—  ETYM.  Entre,  et  soutenir. 

t  ENTRE-SUIVI,  lE  (an-tre-sui-vi,  vie),  adj. 
Oui  ne  se  suit  pas  également,  qui  est  entrecoupé, 
semé  de  variations.  L'aise  et  l'ennui  de  la  vie  Ont 
leur  course  entre-suivie,  malh.  il,  4.  Notre  sort  en 
[de  nos  actions]  dépend;  sa  course  entre-suivie  Ne 
va,  non  plus  que  nous,  jamais  d'un  même  pas, 
LA  FONT.  Fabl.  VIII,  <fi.  Douze  lustres  et  plus  ont 
roulé  sur  ta  vie;  De  soixante  soleils  la  course  entre- 
suivie Ne  t'a  pas  vu  gollter  un  instant  de  repos, 
ID.  Poésies  mêlées,  LXix. 

ENTRE-SUIVRE  (S')  (an-fre-sui-vr') ,  v.  réfl.  Venir 
à  la  suite  l'un  de  l'autre.  Les  jours  et  les  nuits 
.s'entre-suivent.  La  mort  et  l'arrivée  s'y  pouvaient 
entre-suivre  d'aussi  près,  cobn.  Ex.  du  Cid.  Et  nous 
verrons  toujours  si  Dieu  le  laisse  vivre.  Un  change, 
un  repentir,  un  pardon  s'entre-suivre,  ID.  Plare 
roy.ii,  5.  Tels  que  d'une  mer  agitée  On  voit  les 
flots  s'entre-suivants  Se  fuir  après  au  gré  des  vents 
Et  ne  tenir  jamais  une  assiette  arrêtée,  botb.  Àntiy. 
m,  1. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  en  ceste  manière  de  proeve 
convient  il  deus  loiax  tesmoins,  li  quel  s'entresivent 
sans  varier  es  demandes  qui  lor  sunt  fêtes,  beaum. 
xxxix,  5.  Il  XVI'  s.  De  la  conférence  on  vint  au  bap- 
tesme,  et  la  roine  eut  pour  parrin  le  vice-roi;  et 
pompes  et  festins  s'entre-suivirent  jusques  au  ma- 
riage, d'aub.  Hist.  m,  «98. 

—  ETYM.  Entre,  et  .mivre. 

t  ENTRE  -  SURPRENDRE  (  an-tre-sur-pran-dr' ). 
Il  1°  F.  a.  Surprendre  à  demi.  ||2°  S'entre-surpren- 
dre,  V.  réfl.  Se  surprendre  mutuellement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Dedans  mon  sein  mon  pauvre 
cœur  se  pâme,  Entre-surpris  de  joyeet  de  tristesse, 
BONS.  (60.  C'estoit  au  point  du  jour  Quand  tout  en- 
semble on  veille  et  tout  ensemble  on  dort  D'un  œil 
entre-surpris  du  frère  de  la  mort,  ID.  708. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  surprendre. 
ENTRETAILLE  (an-tre-ta-U' ,  U  mouillées),  s.  f. 

Il  1°  Terme  de  gravure.  Taille  légère  entre  d'autres 
plus  fortes.  ||  Chez  les  graveurs  sur  bois,  taille  plus 
nourrie  dans  certains  endroits  que  dans  le  reste  de 
la  longueur.  ||  J'  Terme  de  danse.  Pas  qui  se  fai- 
sait en  jetant  un  pied  à  la  place  de  l'autre,  et  qui 
est  hors  d'usage. 

—  ÉTYM.  Voy.  ENTRE-TAILLEB. 

ENTRE-TAILLÉ,  ÉE  (an-tre-ta-llé,  liée.  Il  mouil- 
lées) ,  part,  passé.  Cheval  entre-taillé. 

ENTRE-TAILLER  (S')  (an-tre-ta-llé,  ii  mouillées, 
et  non  an-tre-ta-yé) ,  v.  réfl.  S'entre-couper.  Ce  che- 
val s'entre-taille  en  marchant. 

—  HIST.  xiv  s.  Advise  que  le  cheval  ne  s'entre- 
taille  de  la  jambe  de  l'autre  lez  [côté]  ,  Idénagier, 
II,  3.  Il  XVI'  s.  Et  là  où  le  cordeau  entretaillera 
[point  d'intersection]  la  ligne  tracée,  là  sera  plan- 
tée la  crocele  ou  la  chevelue,  o.  DE  serbes,  (04.  La 
grande  confusion  de  paroles ,  parmi  laquelle  on  s'en- 
tretaiUe  [on  se  coupe],  bbant.  Cap.  fr.  t.  i,  p.  24  8, 
dans  LACURNE. 

—  ETYM.  Knire,  et  tailler. 
ENTRETAILLCRE  (an-tre-ta-llu-r',   Il  mouillées, 

et  non  an-tre-ta-yu-r'),  s.  f.  Blessure  que  se  fait 
aux  jambes  un  cheval  qui  s'entre-taille. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  poictrine  et  devant  large, 
haute  et  avancée  en  dehors,  laquelle  cause  grand  en- 
tre-pas  et  destourne  l'entre- tailleure.o.  de  serbes, aoo. 

—  ÊTYM.  Entre-tailler. 

t  ENTRE-TALONNER  (S')  (an-tre-ta-lo-né) ,  v. 
réfl.  Se  talonner  l'un  l'autre.  Quand  les  malheurs 
commencent,  ils  s'entre- talonnent,  lesaoe,  dans  le 
Dict.  de  POITEVIN. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  talonner. 

t  ENTRE-TÂTER  (S)  (an-tre-tâ-té),  v.  réfl.  Se 
tâter  réciproquement. 

—  HIST.  XV'  s.  Se  vont  entretaster  aux  espées  un 
assaut  si  grand,  et  font  tant  en  peu  d'heure,  qu'il 
n'y  eut  celluy  dont  sang  n'issist  [ne  sortît]  en  plu- 
sieurs lieux.  Perce forest,  t.  1,1»  2t. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  tdier. 

ENTRE-TEMPS  (an-tre-Un) ,  t.  m.  Intervalle  de 
temps  entre  deux  actions.  Tout  est  à  craindre  dans 
cet  entre-temps,  sév.  200.  Le  P.  Tellierse  servit  de 


fiNT 

cet  entre-temps  pour  faire  écrire  au  roi  par  tous  les 
évêques,  st-sim.  3(5,  (  08.  Cet  entre-temps  [l'entrée 
du  roi  dans  son  cabinet  après  sa  prière]  était  celui 
des  audiences,  quand  le  roi  en  accordait,  id.  4(7,  6. 
Il  II  s'emploie  aussi  adverbialement.  Entre-temps  il 
arriva. 

—  HIST.  XV'  s.  Boire  et  manger  largement  du 
souper  de  ceux  qui,  entre-temps,  au  lit  se  devi- 
soient,  à  son  grand  préjudice,  louis  xi,  Nouv.  1. 

—  ETYM.  Entre,  et  temps. 

ENTRETÈNTîMENT  (an-tre-tè-ne-man) ,  ».  m.  Ac- 
tion de  pourvoir  à  l'entretien  de  quelqu'un  ou  de 
quelque  chose.  Vous  me  direz  qu'à  ce  compte-là 
vous  ne  devez  rien  ni  àlaluneniau  soleil,  parce  que 
ce  qu'ils  tournoient  au  ciel,  ils  ne  le  font  pas  pour 
l'amour  de  vous;  ils  le  font  pour  le  bien  et  pour  l'en- 
tretènement  de  l'univers,  malh.  le  Traité  des  bienf. 
de  Sénèque,  vi,  20.  L'entretènement  de  ses  plaisirs 
ne  coûte  rien  à  personne,  balz.  le  Prince,  ch.  (7. 
La  respiration  n'est  pas  moins  nécessaire  à  l'entretè- 
nement de  ce  feu,  DESC.  i'ffomme.  L'entretènemfint 
des  soldats,  perbot.  Tacite,  64.  Dès  lors  qu'fn 
endroit  [de  la  levée  de  la  Loire]  se  dément  [dété- 
riore]. On  le  rétablit  tout  à  l'heure;  La  moindre 
brèche  n'y  demeure,  Sans  qu'on  y  touche  inces- 
samment. Et  pour  cet  cntretènement.  Unique  obs- 
tacle à  tels  ravages.  Chacun  a  son  département,  la 
FONT.  t.  VI,  p.  388,  édit.  WALCKENAF.B.  SalomoD  don- 
nait à  Hirara  pour  l'entretènement  de  sa  maison 
vingt  mille  mesuras  de  froment  et  vingt  mesures 
d'huile  très-pure,  EACi,  Bible,  /(où,  m,  v,  ((.  L'a- 
mitié de  cet  oncle  ne  va  pas  toute  seule,  il  y  faut 
de  l'entretènement,  sév.  60fi.||lla  vieilli.  L'on  ne 
dit  plus  guère  que  entretien. 

—  HIST.  XV'  s.  Par  quoy  il  n'y  eut  point  de  gou 
vernement  ni  entretenement  en  leurs  gens,  pénis, 
(415.  En  Espagne  avoit  toutes  paroles  d'amitié  et 
d'entretenemerit  et  presenspar  tout,  de  tous  costez, 
COMM.  Yi,  8.  Il  xvi'  s.  Oens  d'apparence,  et  gens 
d'entendement.  De  bonne  grâce  etd'entretenement, 
Degrand  beauté,  d'honneste  accoustrement,  la  Mar- 
guerite de  la  marquer,  f  303,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Entretenir. 

t  ENTRFTENEUR  (an-tre-te-neur) ,  ».  m.  ||  1'  Ce- 
lui qui  entretient.  Boute-feu  et  entreteneur  de  sé- 
ditions. Il  Peu  usité  en  ce  sens.  ||  2°  En  mauvaise  pan, 
celui  qui  pourvoit  aux  dépenses  d'une  maîtresse. 
Un  entreteneur  de  filles. 

—  HIST.  XVI'  s.  Pour  les  meschantes  pratique» 
dont  estoit  le  dit  Merveilles  auteur  et  entreteneur, 

M.  DU  BELLAY,   264. 

—  ÊTYM.  Entretenir. 

ENTRETENIR  (an-tre-te-nir),  j'entretiens,  nous 
entretenons,  vous  entretenez,  ils  entretiennent  ; 
'j'entretenais;  j'entretins;  j'entretiendrai;  j'entre- 
tiendrais; entretiens,  entretenons;  que  j'entre- 
tienne, que  nous  entretenions;  que  j'entretinsse; 
entretenant;  entretenu,  u.  a.  ||  1'  Au  sens  propre 
qui  est  d'ailleurs  peu  usité,  tenir  entre,  fixer,  assu- 
jettir les  diverses  parties  d'un  tout.  Cette  pièce  de 
bois  entretient  toute  la  charpente.  |{  Terme  de 
métier.  Tenir  une  chose  ferme  dans  la  situation  où 
elle  est,  pendant  que  l'on  travaille  aux  autres  par- 
ties de  l'ouvrage.  ||  2°  Tenir  en  bon  état.  Entretenir 
un  bâtiment,  une  route.  Entretenir  une  maison  en 
l'absence  de  ceux  qui  l'habitent.  Les  Français  n'ont 
soin  de  rien  et  ne  respectent  aucun  monument,  ils 
sont  tout  feu  pour  entreprendre,  et  ne  savent  rirn 
finir  ni  entretenir,  i.  i.  rouss.  Confess.  vi.  ||  Tenir 
sur  pied.  Entretenir  une  armée ,  des  forces  considé- 
rables. Il  3°  Maintenir  dans  le  même  état,  rendre 
durable.  Les  vestales  entretenaient  le  feu  sacr.'. 
Entretenir  l'abondance.  Les  richesses  entretiennent 
l'orgueil.  Entretenez  d'encens  cette  sainte  fumée. 
BOTB.  Herc.  mour.  m,  l.  On  ne  sut  pas  longtem|is 
à  Rome  Cette  éloquence  entretenir,  la  font.  Fnll. 
xt,  7.  D'une  guerre  si  longue  entretenir  le  rssi.\ 
BAC.  Ândr.  i,  2.  Mlle  Choin  fut  chassée  de  la  cour. 
et  se  retira  à  Paris,  où  elle  entretint  toujours  l's 
bontés  que  Monseigneur  [le  fils  de  Louis  XI', 
avait  pour  elle.  M"'  de  caylus.  Souvenirs,  p.  ai!', 
dans  POUGENS.  ||  S'entretenir  la  main,  continuer  à 
tenir  la  main  agile  et  adroite  par  l'exercice.  Faiv 
des  armes  pour  s'entretenir  la  main.  ||  Entretei.ir 
une  correspondance  ,  écrire  et  répondre  par  let- 
tres. Il  Entretenir  commerce  avec  quelqu'un,  êtîe 
en  relations  suivies  avec  lui.  Quiconque  entretiei- 
drait  avec  nos  ennemis  Un  commerce  secret  fr- 
tal  à  son  pays,  volt.  Tancr.  l,  >.  ||  Nourrir, 
repaître.  Tout  contribue  à  entretenir  son  illusion. 
Il  Entretenir  ses  pensées ,  ses  rêveries,  mé<liter, 
rêver.  Et,  foulant  le  parfum  de  ses  plantes  fleuries, 
Aller  entretenir  ses  douces  rêveries,  poa,  Snt.  vj 


RNÏ 


ENT 


ENT 


1441 


I  4»  Il  se  dit  aussi  des  personnes  chez  qui  l'on 
nourrit  certains  sentiments.  Propre  à  entretesir 
les  pécheur»  dan»  leurs  désordres,  pasc.  Prov. 
9.  La  plupart  de  ceux  qui  noui  entourent,  nous 
entretiennent  dan»  des  préjugé»  qui  leur  sont 
communs  et  que  souTent  Ils  nou»  ont  donnés,  COR- 
DitLAC,  Art  de  pent.  n,  t.  ||  Entretenir  quelqu'un 
d'espérances,  l'entretenir  de  belles  promesses,  le 
tromper  en  lui  donnant  des  espérances,  des  pro- 
messes qu'on  n'a  pas  intention  d'effectuer.  Les  Ta- 
rentins  que  Pyrrhus  entretenait  d'espérance  ,  boss. 
Hist.  1 ,  8.  Il  Terme  de  manège.  Entretenir  un  cheval, 
l'exciter  de  manière  qu'il  conserve  une  vitesse 
égale  dans  son  allure.  ||  B*  Fournir  ce  qui  est  né- 
cessaire à  la  dépense.  Entretenir  une  nombreuse 
famille.  Entretenir  sa  maison  sur  un  pied  convena- 
ble. Entretenir  une  armée,  une  garnison.  Entrete- 
nir un  grand  train,  un  nombreux  équipage.  Ils  [les 
membres  du  musée,  à  Alexandrie]  avaient  une  salie 
où  ils  mangeaient  tous  ensemble  aux  dépens  du 
public  qui  les  entretenait  fort  bien,  roll.  Hist.  anc. 
Œuvres,  t.  vu,  p.  304,  dans  pougens.  ||  Entretenir 
des  mattresses.  Certain  marquis  l'entretenait,  la 
FOUT.  Orais.  Les  libertins  entretiennent  ici  un  nom- 
bre infini  de  filles  de  joie ,  montesq.  Lell.  pers.  67.  Le 
reste  me  sert  à  entretenir  des  filles,  volt.  Cand.  24. 
Pour  me  récompenser  de  mes  soins  bienfaisants,  II 
en  entretenait  une  autre  [femme]  à  mes  dépens, 
legrand,  flot  de  Cocagne,  u,  7.  jj  Absolument. 
Aujourd'hui  on  entretient;  se  serait-on  jamais  ima- 
giné que  le  Français  deviendrait  si  humble?  on 
prétend  qu'il  y  a  à  présent  dans  Paris  près  de  trois 
mille  filles  entretenues,  saint-poix,  Ess.  Paris, 
t.  III,  p.  422,  dans  POUGENS.  |{  Soudoyer.  Quelle 
honte....  Que  même  parmi  nous  Solamir  entretienne 
Des  sujets  corrompus,  vendus  à  .ses  bienfaits  1  volt. 
Tancr.  I,  *.  ||  6"  Parler  à  quelqu'un,  conférer  sur 
un  sujet.  Hier  dans  sa  belle  humeur  elle  entretint 
Valère,  corn.  Hor.  i,  i.  Vous  voyez,  elle  veut  que 
jgvous  entretienne,  mol.  Jft».  m,  7.  Non, madame, 
l'époux  dont  je  vous  entretiens,  rac.  Érit.  ii,  3. 
Entretenir  Titus  dans  un  autre  lui-même,  iD.Béréii. 
i,  4.  Il  courut  de  ses  feux  entretenir  la  reine,  in. 
Ùithr.  II,  3.  C'est  d'Enghien  qui  s'offre  à  mes  yeux. 
Sur  Nerwinde  et  Steinkerke  entretenant  Achille, 
cnAUL.  Éptire  au  chev.  de  Bouillon.  On  trouvera 
assez  à  se  mortifier  en  entretenant  contre  son  goût 
les  personnes  dont  on  ne  peut  se  défaire,  fén. 
t.xviii,  p.  216.  Il  Fig.  [Polyeucte  à  Pauline]  Je  ne  mé- 
prise point  vos  pleurs  ni  votre  foi;  Mais,  de  quoi  que 
pour  vous  notre  amour  m'entretienne,  Je  ne  vous 
connais  plus  si  vous  n'êtes  chrétienne,  corn.  Poly. 
V,  S.  Il  7°  S'entretenir,  v.  réfl.  Être  tenu,  assujetti 
réciproquement.  Ces  deux  pièces  de  bois  s'entre- 
tiennent. Il  Fig.  Donc  toutes  les  choses,  étant  cau- 
sées et  causantes,  aidées  et  aidantes,  mùdiatement 
et  immédiatement,  s'entretiennent  par  un  lien  na- 
turel et  insensible,  pasc.  Pensées,  i,  art.  6.  ||  Être 
conservé.  La  sagesse  s'entretient  par  les  bons  con- 
seils.   Cette  femme   .s'entretient  toujours   fraîche. 

II  8*  Se  fournir  de  choses  nécessaires.  Il  gagne  de 
quoi  s'entretenir.  Les  domestiques  s'entretiennent 
de  linge  et  d'habits.  ||  S'entretenir  du  jeu,  y  gagner 
de  quoi  vivre.  Il  Fig.  S'entretenir  de  chimères,  s'en 
repaître.  ||  9°  S'entretenir,  se  maintenir  en  état  pour 
ne  pas  perdre  la  souplesse  de  ses  membres,  pour  ne 
pas  oublier  ce  qu'on  sait.  S'entretenir  dans  les  ma- 
thématiques, dans  la  lecture  du  grec.  ||  10° Converser. 
D'un  cœur  ardent,  en  tous  lieux.  Un  amant  suit  une 
belle;  Mais  d'un  jaloux  odieux  La  vigilance  éter- 
nelle Fait  qu'il  ne  peut  que  des  yeux  S'entretenir 
a?ec  elle,  mol.  le  Sicil.  ».  Il  lui  prit  aussi  envie  de 
vojager  et  d'aller  par  le  monde  s'entretenir  avec 
ceux  que  l'on  appelait  philosophes,  la  font.  Vie 
d'Ésope.  Louis  n'aimait  véritablement  à  s'entrete- 
nir qu'avec  elle,  M"'  db  genlis,  Mme  de  Mainlenon, 
t.  I,  p.  2<7,  dans  pougens.  Il  S'entretenir  de  Dieu, 
parler  de  Dieu.  ||  11*  S'entretenir  avec  Dieu,  penser 
à  Dieu,  méditer  les  choses  divines.  ||  S'entretenir  de 
ses  pensées,  avec  ses  pensées,  méditer,  réfléchir. 
Le  commencement  de  l'hiver  m'arrêta  en  un  quar- 
tier où,  ne  trouvant  aucune  conversation  qui  me 
divertit,  je  demeurais  tout  le  jour  enfermé  seul  dans 
un  poêle  où  j'avais  le  loisir  de  m'entretenir  de  mes 
pensées,  desc.  Iléih.  u,  ).  Et  ne  pourrai-je  au 
moins  dans  de  si  grands  malheurs  M'entretenir  moi 
seule avecque mes  douleurs  T  rac.  Alex,  iv,  i. 

—  REM.  «  Je  l'ai  de  votre  part  longtemps  entre- 
tenu, CORN.  Cid.  On  dit  bien  :  je  lui  ai  parlé  de 
TOtre  part;  ou  bien  :  je  l'ai  entretenu  de  ce  qun 
vous  m'avez  commandé  de  lui  dire  de  votre  part 
mais  on  ne  peut  dire  :  je  l'ai  entretenu  de  votre 
part.  Académie,  Sentiment  sur  le  Cid.  i>  Cette  dé- 

EICT.  DE  L.4   LANODU  FRANÇAISE. 


cision  de  l'Académie  est  trop  rigoureuse  et  ne  peut 
être  adoptée. 

—  HIST.  nir  ».  Cornent  poron»  entrer  dedens? 
Ces  piex  [pieux]  sont  si  entretenans  Que  n'i  porrons 
mètre  les  piez,  Ren.  2700.  |{  xv*  s.  Laquelle  femme 
leprinten  son  amour  desordonnée,  et,  pour  l'entre- 
tenir, envendit  et  engaija  de  ses  bagues  et  vais- 
selle de  son  dit  mary,  jeaw  de  trotes,  Chron.  U82. 
Et  si  est  quasi  impossible  que  grans  personnages 
ensemble  et  de  semblable  estât  se  puissent  longue- 
ment entretenir,  si  non  qu'il  y  ait  chef  par  dessus 
tous,  coMM.  I,  <6.  Entretenir  la  paix  de  l'an  précè- 
dent, ID.  II,  <.  Si  vous  lairai  Jeannette,  qui  vous 
entretiendra,  et  je  m'en  irai  en  ma  chambre  là  der- 
rière penser  à  Dieu,  loiisxi,  NOUV.  XXXIX.  Ijxvi's.  Il 
n'y  trouva  nulle  occasion  de  s'entretenir,  maisilglosa, 
MONT.  I,  67.  Je  me  suis  dez  tousjours  entretenu  des 
imaginations  de  la  mort,  id.  i,  77.  On  l'entretiendra 
que  c'est  que  logique,  physique,  m.  I,  <74.  Je 
lègue  à  Arethus  de  nourrir  ma  mère  et  l'entretenir 
en  sa  vieillesse,  id.  i,  2(6.  Ceulx  qui  entretiennent 
les  bestes,  se  doibvent  dire  plustost  les  servir  qu'en 
estre  servis,  id.  ii,  i70.  Outre  ces  maistresses,  il 
entreteint  Servilia,  m.  m,  168.  Qui  vouldroit  bastir 
de  ces  histoires  tm  corps  entier  et  s'entretenant, 
ID.  III,  <85.  Cependant  qu'on  s'entretenoit  là  [que  le 
combat  se  soutenait] ,  quelques  soldats  escartez  rap- 
portèrent que,  vers  le  quartier  des  lansquenets,  on 
n'y  faisoit  pas  trop  bonne  mine,  langue,  600.  Il 
taschoit  cependant  à  les  entretenir  en  ce  soupçon, 
ID.  624 Qu'il  vouloit  que  ses  edits  fussent  entre- 
tenus [maintenus],  d'aub.  Hist.  ii,  32 Des  per- 
sonnes qui  s'entretinssent  par  la  main  ,  et  qui 
sautassent,  qui  virassent,  desper.  Contes,  xl.  Il 
estoit  en  partie  cause  de  ce  combat,  pour  avoir  luy 
mesme  interprété  en  trop  maulvaise  part  ce  mot 
d'entretenir,  sur  lequel  fut  fondée  la  querelle  [de 
Jarnac  et  la  Châtaigneraie] ,  cahloix,  ii,  I3.  Ceulx 
qui  ont  affaire  de  la  lumière  d'une  lampe,  y  met- 
tent de  l'huile  pour  l'entretenir,  amyot,  Pér.  36. 
Alcibiadessçavoit  bien  s'entretenir  de  bonne  grâce, 
et  se  comporter  comme  il  falloit  avec  toutes  gens, 
Aie.  et  Cor.  comp.  6.  Hz  n'avoient  qu'une  petite 
maison  en  la  ville,  et  une  petite  possession  aux 
champs  dont  ilz  s'entrotenoient ,  id.  P.  Mm.  8. 
Les  cosies  vers  la  racine  sont  plus  entretenantes, 
pareillement  et  plus  difficiles  à  rompre,  paré, 
II,  4. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  tenn  ;  provenç.  enlrelenxr  ; 
espagn.  entretener;  ital.  intrattenere. 

ENTRETENU,  UE  (an-tre-te-nu,  nue),porf.  passé 
d'entretenir.  |{  1°  Assujetti.  Charpente  entretenue  par 
des  pièces  de  bois.  |1  Terme  de  blason.  Se  dit  des  clefs 
et  d'autre  chose  de  même  nature,  liées  ensemble  par 
leurs  anneaux.  ||  2»  Tenu  en  bon  état.  Des  armes 
bien  entretenues.  Des  jardins  d'une  vaste  étendue  et 
entretenus  avec  soin  et  une  propreté  qui  faisait  plai- 
sir à  l'œil,  ROLUN,  Hist.  anc.  Œuvres,  1. 1,  p.  228, 
dans  pougens.  |{  Fig.  Et  ces  biens....  Rendraient  d'un 
peu  d'espoir  mon  âme  entretenue,  Régnier,  Plainte. 
Il  3°  Se  dit  des  personnes  que  l'on  continue  à  tenir 
en  de  mêmes  sentiments.  Entretenus  en  leurs  espé- 
rances. Entretenue  en  son  erreur  fatale,  rac.  Bajat. 
I,  4.  Il  Se  dit  aussi  des  sentiments  que  l'on  nourrit. 
Illusion  entretenue.  Souvenir  toujours  entretenu. 
Il  i"  Fourni  des  choses  nécessaires  à  la  vie.  Vingt 
pauvres  entretenus  à  l'hospice.  ||  Femme  entrete- 
nue, femme  à  qui  un  amant  fournit  de  quoi  s'en- 
tretenir. Une  Italienne  qui  était  entretenue  par 
le  prince  Eugène,  volt.  Louis  XIV,  23.  On  sait 
qu'Aspasie  élevait  des  filles  pour  être  entretenues, 
p.  L.  cour.  Lelt.  II,  3B4.  Il  eût  paru  étrange  qu'une 
demoiselle  noble  gagnât  sa  vie  ainsi  [à  faire  de  la 
tapisserie];  on  n'eût  pas  voulu  y  croire;  on  l'eût 
dite  entretenue;  ce  mot  entre  alors  dans  la  langue, 
michelet,  Louvoit  et  St-Cyr,  Revue  des  Deux- 
Mondes,  l"juin  I86<,  p.  575.  (C'est  une  erreur; 
du  moins,  dès  le  xvi'  siècle,  on  a  dit  entretenir 
une  femme.)  |{  S"  Dans  la  marine,  le  terme  entre- 
tenu s'oppose  à  l'épithète  auxiliaire  par  laquelle  on 
désigne  soit  des  officiers  emprunté»  pour  un  temps 
au  commerce,  soit  des  employés  non  commissionnés 
et  révocables  à  volonté.  Il  était  enseigne  de  vaisseau 
auxiliaire  et  fut  entretenu  à  la  suite  d'un  combat. 
Il  est  chirurgien  auxiliaire  et  va  passer  au  concours 
pour  être  entretenu,  legoahant.  ||  Non-entretenu, 
qui  est  simple  auxiliaire,  qui  n'est  pas  pourvu  d'un 
brevet  ou  d'une  position  stable. 

ENTRETIEN  (an-tre-liin)  ,  s.  m.  ||  1»  Action 
d'entretenir,  de  maintenir,  de  conserver.  Ne  se  dit 
guère  en  ce  sens  que  dans  le  langage  élevé  et  poé- 
tique, ô  vous  à  ma  douleur  objet  terrible  et  tendre, 
Éternel  entretien  de  haine  et  de  pitié,  corn.  Pomp. 


V,  »,  Tomnean,  cher  entretien  d'une  douleur  amSre, 
LAMART.  Harm.  m,  7.  jj  2*  Ce  qui  est  nécessaire 
pour  la  subsistance  et  les  autres  besoins.  L'entretien 
d'une  famille  entière.  Pourvoir  à  l'entretien  d'une 
garnison.  Son  entretien  sera  moins  coûteux  en  pro- 
vince ,  Lui  dis-je ,  chargez-m'en  ;  l'entretien  fut 
très-mince,  colin  d'harlrv.  Vieux  célib.  i,  «. 
Il  Terme  d'économie  rurale.  Nourriture  et  soins  que 
l'on  donne  aux  animaux.  Ration  d'entretien,  celle 
que  l'on  donne  aux  bêles  pour  les  maintenir  en  leur 
état.  Il  3°  Particulièrement,  dépense  pour  l'habille- 
ment. Il  donne  tant  à  son  neveu  pour  son  entretien. 
En  grandissant,  votre  entretien  deviendra  beaucoup 
plus  cher,  m"*  de  genlis.  Veillées  du  chdt.  t.  i, 
p.  )»3,  dans  pougens.  ||  4"  Réparations  qu'exigent 
certaines  choses  pour  être  tenues  en  état.  L'entretien 
du  pavé.  En  état  de  bon  entretien.  ||  Terme  de  ponts  et 
chaussées.  Entretien  simple,  travail  qui  a  pour  ob- 
jet la  simple  réparation  d'une  chaussée  pavée.  En- 
tretien courairt,  se  dit  de  tous  les  travaux  ordi- 
naires qui  s'exécutent  annuellement  dan»  les  attri- 
butions des  ponts  et  chaussées,  du  génie  et  de 
l'artillerie.  ||  Dépense  faite  pour  les  réparations.  Ce 
bâtiment  estde  grand  entretien.  ||  B"  Conversation  sur 
un  sujet  particulier.  Et  vous,  chers  entretiens,  qui  me 
sembliez  si  doux,  Régnier,  Plainte.  L'entretien  des 
amants  veut  un  entier  secret,  corn.  Cinna,  m,  î. 
Sabine  m'en  a  fait  un  secret  entretien,  id.  Ment,  v, 
6.  X  peine  ai-je  voulu  lui  porter  la  nouvelle  Du  mo- 
ment d'entretien  que  vous  souhaitiez  d'elle,  Qu'elle 
m'a  répondu  tenant  son  quant  à  moi....  mol.  Dépii 
am.  IV,  i.  Madame,  mon  abord,  comme  je  connais 
bien.  Assez  mal  à  propos  trouble  votre  entretien, 
id.  D.  Gare,  m,  s.  Je  trouvai  quelques  gens  d'un 
très-rare  mérite.  Qui,  parlant  des  vrais  soins  d'une 
âme  qui  vit  bien .  Firent  tomber  sur  vous,  madame, 
l'entretien,  id.  Mis.  m,  6.  On  souffre  aux  entre- 
tiens ces  sortes  de  combats.  Pourvu  qu'à  la  per- 
sonne on  ne  s'attaque  pas,  id.  F.  sav.  iv,  3.  La 
bagatelle,  la  science.  Les  chimères,  le  rien,  tout 
est  bon;  je  soutiens  Qu'il  faut  de  tout  asx  entre- 
tiens, la  font.  Fahl.  x,  i.  Et  si  j'en  crois,  seigneur, 
l'entretien  [les  bruits]  de  la  cour,  rac.  Bérén.  I,  3 
Celui  qui  sort  de  votre  entretien  content  de  soi  et 
de  son  esprit,  l'est  de  vous  parfaitement,  la  bruy.  v, 
Xénophon  nous  a  conservé  un  entretien  de  Socratc 
avec  I■:uthyd^me  sur  la  Providence,  qui  e.st  un  des 
plus  beaux  endroits  qui  se  trouvent  dans  les  écrits 
des  anciens,  rollin,  Hist.  anc.  Œ'uvres,  t.  iv,  p. 
379,  dans  pougens.  Ils  étaientsur  la  fin  du  repas,  et, 
par  conséquent,  entrain  de  disputer;  mais,  aussitôt 
qu'ils  m'aperçurent,  ils  firent  succéder  un  profond 
silence  à  leurs  bruyants  entretiens,  lesage,  Cil 
Blas,  XI,  14.  Il  est  certain  que  les  entretiens  inté- 
ressants et  sensés  d'une  femme  de  mérite  sont  plus 
propres  à  former  On  jeune  homme  que  toute  la 
pédantesque  philosophie  des  livres  ,  J.  J.  Rouss. 
Conf.  IV.  Est-ce  que  Platon,  lui  dis-je,  n'a  pas  rap- 
porté fidèlement  les  entretiens  de  Socrate  ?  Je  ne  le 
crois  pas,  répondit-il,  je  pense  même  que  la  plu- 
part de  ces  entretiens  n'ont  jamais  eu  lieu,BARTHiSL. 
Anach.  ch.  58.  Son  entretien  est  un  échange,  dk- 
lille,  Conversation,  m.  ||  L'entretien  avec  la  fan- 
taisie, la  conversation  avec  sa  propre  imagination, 
Vous  aimez  l'entretien  de  votre  fantaisie,  corn.  Gai. 
du  palais,  ii,  2.  ||  Il  se  dit,  dans  le  langage  mys- 
tique, des  muettes  communications  avec  la  Divinité. 
Quelles  grâces.  Seigneur,  ne  dois-je  pas  te  rendre, 
X  toi,  ma  seule  gloire  et  mon  unique  bien?  Mais 
qui  suis-je  pour  entreprendre  D'élever  mon  esprit 
jusqu'à  ton  entretien  T  CORN.  Imit.  m,  3.  jj  6"  Ta- 
lent de  conversation.  Le  pauvre  esprit  de  femme  et 
le  sec  entretien  I  mol.  Jfi's.  ii,  6.  Comme  il  joignait 
à  la  sagesse  La  mine  d'un  héros  et  le  doux  entre- 
tien, Il  fit  tant  que  l'enchanteresse  Prit  un  autre 
poison  peu  différent  du  sien,  la  font.  Fabl.  xii,i. 
Spitridate  a  l'entretien  charmant,  corn.  Agés,  i,  l. 
Il  T  Le  sujet  de  la  conversation  même.  Qu'ils  soient 
[mes  trophées]  dorénavant  ton  unique  entretien, 
CORN.  Hor.  IV,  6.  Cette  vieille  amitié  faisait  votre 
entretien,  id.  Ment.u,  3.  Vous  faites  aujourd'hui 
l'entretien  de  la  ville,  th.  corn.  Feint  astrol.  iii,< . 
Conservez  le  souvenir  d'un  héros  dont  la  bonté  avait 
égalé  le  courage;  ainsi  puisse-t-il  toujours  vous  être 
un  cher  entretien  I  aoss.  Louij  de  Bourbon.  N'avons- 
nous  d'entretien  que  celui  de  ses  pleur»?  rac. 
Andr.  m,  ».  Et  ce  triomphe  heureux  qui  s'en  va 
devenir  L'éternel  entretien  de»  -siècles  à  venir ,  id. 
Iphig  I,  *.  Ce  nouveau  commerça  taisait  l'entre- 
trén  de  la  ville,  hamilt.  Gramm.  H.  ||  8;  Titres  de 
certain»  ouvrages  en  dialogues.  Entretiens  spiri- 
tuel». Les  Entretiens  d'Érasme.  - 
—  HIST.  xvi*  s.  Si  s'estudia  il  de  le  contenir  et 

I.    -  181 


■ 


— .-  A.  Mm  Êiuafr  p»r  bonne»  p»rolM  et  gr»- 

•Si  fcSÏÏ^»*  •'»"  '•  ""''"'••  •*  '«'«'*««>«» 

r^nw-rmeiM»')  ("-"o-H-r*),  ••  réft.  se 

I».'  réoipniqu»ai««L 

—  iiUT.  irr  ■.  U»  âicUir»  et  tonnerres  rte  l'ar- 
iij|.ri»  di  ihtâqua  fêié,  qui  •'enlreliroient  ince«- 
mmtotot,  citii-oix,  V,  s. 

^trru   Entré,  et  (ircf. 

f  ENTKB-TlSSeil  (aa-»r»-ti-ié),  r.  o.  Tijser  en- 
tre, unir  pur  Lu  liuu. 

—  iliST.  iiï'e.  Iluec  [le<  veines  et  les  artères] 
^enlt<ti»un(  eosemUs  et  composant  la  dure  mère, 

V.  DK  MnNDKVIIXK,   f  M,  Vtfte. 

—  r.TYM.  k'iiîrt,  01  litier. 

fEMTKKTIiUiU,  UE  (an  Ire-ti-su,  aua),  adj.  Oui 
e((  mAM,  joint,  en  forme  ile  (issu,  à  d'autres  cho- 
•es.  Une  couronne  eiilrotiiisue  do  feuillage  d'or. 

—  IHST.  ivir  a Ktsi  aroil  enfior  Ktilretissu  les 

toiles  de  fin  or,  ou  BEiXiV,  iv,  <>,  «erto. 

—  «TVM.  Enirt,  et  litsu. 

EVrBETOILE  (an-tie-toi-1'),  ».  f.  Ornement  de 
dentelle  placA  entre  deiii  bandes  de  toile. 

—  tmu.  Untre,  et  «oi7«. 

lOrrRETOISK  (aa-tra-toi-z') ,  t.  f.  Pièce  de  bois, 
de  fer  qui  se  met  entre  deui  autres  pour  les  forti- 
fier ou  les  unir.  L'entretoise  est  un  assemblage  en 
forme  de  sautoir.  ||  Morceau  de  bois  qui  surmonte 
les  deux  pièces  d'une  voiture  appelées  moutons  de 
derrière.  ||  terme  d'artillerie.  Pièces  qui  unissent  les 
deux  flasques  d'un  affût. 

—  CTYK.  Sans  doute  entre  et  toUe. 

t  tWTSE-TOCCHEB  (S)  (sn-tre-tou-ehé),  «.  rifl. 
Se  touclier  mutuollemeut.  En  architecture,  on  nomme 
colonnes  accouplées  celles  qui,  étant  deux  à  deux, 
i'entre-touchant  par  leurs  bases  et  leurs  chapi- 
teaux. Les  parcelles  de  glace,  étant  poussées  les 
unes  contra  les  autres  par  les  vents,  s'entre-tou- 
cliant  SUIS  l'unir  pour  cela  tout  à  fait,  pKSO.  Ué- 
Uor.  ». 

—  HIST.  xvif  s.  Les  qualités  de  teu^  corps  qui 
s'entretouchent  agissent  l'une  contre  l'autre,  pahë, 
t.  III,  p.  118. 

—  Btvii.  Knlre.  et  toucher. 

t  BNTRK-TKOMPEB  (S')  (»n-tre-trom-pé),  e.  r^^. 
So  tromper  l'un  l'autre.  On  ne  fait  que  s'entre-trom- 
p«r,  i>ASc.  Peméet,  part,  i,  art.  6. 

—  8TVII.  Entre,  et  (romper. 

t  EHTnB-TKOUVRR  (S')  (antfe-trou-vé),  V.  rift. 
Se  trouver  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XII' s.  Voetre  fizsui,  e  vos  [vous]  ma  mère; 
Bien  ui  que  Des  (Dieu],  Il  notre  père.  Nos  voist 
(veut]  k  bone  fin  mener,  Oue  nos  [nous]  a  fait  en- 
tretrover,  Cr^0Oirs  Je  Crand. 

—  *TYM.  Kntr»,  et  trouver. 

t  ENTHE-TUEIl  (8")  (an-tre-tu-é),  V.  réfl.  Se  tuer 
l'nn  l'autre.  Donne  ordre  que  sous  ton  génie  Se  ter- 
mina cette  manie;  El  que,  las  de  perpétuer  Une  si 
longue  malveillance,  Nous  employions  noire  vail- 
lance Ailleurs  qu'à  nous  enlre-tuer,  malh.  m,  ï. 
Un  peuple  qui  repaissait  ses  yeux  homicides  du 
cruel  plaisir  de  voir  des  hommes  s'entre-tuer  de 
ctng-froid,  aoLi.  Hùl.  ont.  CKuvrei.t.  v,  p.  «7, 
dans  rouecN*. 

—  niST.  xiir  s.  Si  que  jadis  s'enireluoient,  la 
floir,  I4t(7.  Ilxiv».  U  larron  se  comhalent....  Be 
tout  s'tntraluoient,  ne  aeroit  yti  pitié,  £aud.  de 
8eb.  vm,  1101.  Ilivi'  ».  On  les  voyoit  se  charger, 
blecer  et  entreluer  les  uns  les  autres,  mont,  i,  et. 

—  *TYM.  Knlre,  et  tuer. 

t  Hî(THf.VRII,I,ER  (S')  (an-trévè-Ué,  Il  mouil- 
lées), v.Hfl.  S'éveiller  l'un  l'autre. 

—  HIST.  ivi"  a.  B'entreveiller,  cotcravk.  Je  le 
voy,  ce  mesemhle,  au  milieu  des  soudars.  Un 
comme  enire-esveillé  prendre  dessur  la  terre  hons 
Me. 

tntre .  et  értilUr. 


t  R1TTBR-VB5PIUI  (S')  (an-tre-van-drO ,  «•  f^ifl 
8e  trahir  mutuellement. 

—  tmt.  ffnire,  et  tmdrf. 

i  wmtn-fismm  (s-)  (an-tr«-vl-xl-t«),  ç.  r»*/!. 

»•  Miller  mutuellement.  ' 

—  W»T.  XV  j.  Au  soira'entre-vi^iUnl,  sur  lefro- 
■•••,  Ue  ehasuignes ou  le  jambon,  [ils]  Buvolcnt 
?-„  'w!**^""  V»"-  Il  ">•  »•  l-ette  louable  cous- 
»»me,  oheervèe  eiilre  U;.  grands  princes,  de  s'en- 
vm    .,.''"""•  ""'»"•  c*,nKratulation,  cahloix, 

dli  hoJiîîiîî"'''"*  •'•"«"''«Itoient  en  toute  cor- 
J«5^»aliU,  iHTO,    ^        „ 

tWT»K.V0IB  (.n-tr-vo»),   ..   f.Tspuo  eom- 


ENT 

pris  entre  deux  voies  d'un  chemin  de  fer.  ||  Au  plur. 
Des  entre-voies. 

—  *TYM.  Knlre,  et  rote. 

ESTKEVOIIt  (an-tre-voir),  V.  a.  So  conjugue 
comme  voir.  ||  1"  Me  voir  qu'imparfaitement,  sans 
bien    distinguer.   Entrevoir  un   objet    à  travers  le 

brouillard,  dans  l'obscurité GrAce  au  ciel,  j'en- 

trovol....  Dieux!  quels  ruisseaux  de  sang  coulent 
autour  de  moi I  BAC.  Andr.  v,  S.  Ils  entrevoyaient 
déjà  la  lumière  du  séjour  des  héros,  fén.  WJ.  xix. 
Il  Absolument.  L'on  ne  peut  pas  tout  voir;  il  faut 
souvent  se  contenter  d'entrevoir,  bonnet,  Contid. 
corps  org.  t.  vi,  p.  «8,  dans  pougens.  ||  Fig.  Nous 
ne  faisons  qu'entrevoir  la  vérifé.  Entrevoir  l'inten- 
tion de  quelqu'un,  patro,  Plaid.  8,  dans  bichelet. 
Je  crois  de  ce  désordre  entrevoir  l'origine,  rac. 
Uérin.  u,  e.  J'ai  cru  dans  son  désordre  entrevoir 
.sa  tendresse,  m.  Bajai.  m,  6.  J'entrevois  vos  mé- 
pris et  juge  à  vos  discours  Combien  j'achèterais  vos 
superbes  secours,  la.  Iphig.  iv,  6.  Dans  l'espoir 
dont  j'entrevois  les  charmes.  Ne  m'abandonnez  pas, 
Dieu  qui  voyez  mes  larmes!  volt,  ^aîre,  ii,  8.  Je 
fus  profondément  touchée  de  la  compassion  qu'il  ma 
laissait  entrevoir,  u"'  de  genlis,  ild.  et  Théod.  t.  ii, 
lett.  38,  p.  360,  dans  pougrns.  ||  Prévoir.  J'entre- 
vois de  grands  obstacles.  ||  8"  Ne  voir  qu'un  moment. 
Je  n'ai  fait  que  l'entrevoir.  Je  n'en  puis  trop  juger, 
je  ne  l'ai  qu'entrevu,  colin  d'hablev.  Chat,  en 
Esp.  II,  2.  Il  8"  S'entrevoir,  v.réft.  Avoir  une  ra- 
pide entrevue.  Ils  s'entrevirent  dans  telle  maison. 
Leurs  captifs  dans  ce  trouble  osèrent  s'entrevoir, 
RAC.  Bajax.  i.  t .  ||  4°  Se  rendre  mutuellement  visite. 
[Sans  le  besoin]  Rien  ne  les  inviterait  fies  hommes] 
à  se  connaître  et   i  s'entrevoir,  FitN.  Exist.  xi. 

—  HIST.  XI"  s.  Bien  [ils]  s'entreveient  en  mi  la 
plaine  terre,  Ch.  de  Rot.  xxxix.  ||  xii*  s.  Si  tost 
cum  s'entrevirent, lues  [sans  tarderj  se  sont  encon- 
tre, E  li  reis  Henri  l'a,  e  il  11,  salué,  Th.  le  mart. 
1 14.  Il  xiu'  s.  Lajoiedu  père  et  du  fil  fu  moût  grant, 
car  grant  pièce  avoil  qu'il  ne  s'estoient  mie  entre- 
veus,  viLLEH.  Lxxxvii,  ||  XV'  S.  Les  compagnons  du 
chastel  vinrent  voir  les  Anglois,  ainsi  que  gens 
d'armes  s'entrevoient  volontiers  et  especialement 
François  et  Anglois,  proiss.  ii,  ii,  84.  Mes  bons  sei- 
gneurs, je  pense  à  mon  avis.  Que  s'entrevoir  etvi- 
ziter  souvent.  C'est  ce  qui  faict  toujours  les  bons 
amis,  BASSELIN,  XL.  Il  XVI'  s.  Pour  l'obscurité  de  la 
chambre,  ne  lespouvoit  connoistre;  parquoi,  les  en- 
trevoyant bien  près  l'un  de  l'autre,  se  printàcrier.... 
MARG.  Nouv.  Lxvi.  Ils  s'enlre-esloient  vu»  aux  uni- 
versités, DBSPER.  Contes,  XVIII Sans  s'entrevoirj 

car  jamais  les  roys  ne  se  voyent,  au  moins  que  bien 
rarement,  de  peur  que  l'entrevue  ne  leur  face  tom- 
ber en  mespns  les  uns  des  aultres,  carl.  vn,  20. 
Faudra  avoir  diligemment  esgard  au  patient,  et 
l'entrevoir  de  temps  à  autre,  paré,  xxv,  4».  Et  fut 
advis  à  l'un  de  ceulx  qui  rnarohoient  devant  qu'il  en- 
treveoit  tout  au  bas  au  pied  des  rochers  le  camp  des 
Grecs,  AMYOT,  Caton,  27. 

—  ÊTYM.  Entre,  et  x:oir;  bourgulg.  entervir. 

t  ENTRE-VOULOIR  (S)  (an-tre-vou-loir),  v.  réfl. 
Vouloir  quelque  chose  l'un  pour  l'autre.  Ils  s'entre- 
veulent  beaucoup  de  bien.  ||  S'entre-vouloir  suivi 
d'un  verbe  actif.  Ils  s'entre-veulent  surpasser,  ils 
veulent  se  surpasser  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XIV  s.  Il  convient  que  les  amis  viellent 
[veuillent]  bien  l'un  à  l'autre  ensemble,  et  que  il 
sachent  que  il  s'entre-veullent  bonnes  choses  , 
0R8SMK,  JflA.  Ï32.  Il  xvi"  S.  Les  deux  armées,  en 
s'entre-voulant  vaincre,  ne  peurent  pas  seulement 
se  combattre,  langue,  «67. 

—  f.TYli.  J?n(re,  et  l'ouioir. 

ENTREVOUS  (an-tre-voû) ,  ».  m.  Terme  d'archi- 
tecture. L'espace  qui  est  entre  chaque  solive.  ||  Es- 
pace garni  de  plâtre  ou  maçonnerie  faite  entre  les 
poteaux  d'une  cloison.  Doubles  fonds  oij  entrevoqs 
disposés  sur  tout  le  pourtour  de  chaque  éUge  [d'un 
théâtre],  morin,  ^c«d.  des  se.  Comptes  rertdus, 
t.  LVi,p.3««.  Il  Planche  qui  n'a  qua  20  à  26  millimè- 
tres d'épaisseur,  et  qui  est  propre  à  faire  des  pan- 
neaux. Les  dosses,  ohènes  et  entrevous  de  toutes 
longueurs,  seront  comptées  trois  toises  pour  deux; 
et  les  droits  seront  perçus  comme  de  la  planche,  à 
proportion  des  longueurs,  Vicl.  22  oct.  t7ilt*.  Tarif. 

—  ÉTYM.  U  semble,  malgré  la  forme  irrégulière 
de  ce  mot,  qu'il  çst  formé  de  <»i(re,  et  toiutot'r  ou 
i-oille. 

t  ENTBEVOCter  (an-tre-TQû-t*) ,  u,  a.GarAirdo 
plilre  rinttrvalle  laissé  eptre  les  jolives, 

—  ÉTYM.  Jînirerou*, 

BîrrREVU,  CB(an-tre-Tu,  vue),  port.  po*rt  d'en- 
trevoir. Vu  k  peine.  Le  jour  i  peina  entrevu  par  ses 
yeux  mouMnis.  ||  Vu  un  moment.  Entrevue  au  bal 


ENT 

par  un  Jeune  homme.  ||  Prévu.  Toutes  les  difâcultéa 
entrevues  .s'aiilanirent. 

E!n"REVUE  (an-tre-¥ue),  s.  f.  Rencontra  entre 
des  personnes  où  l'on  cause,  oA  l'on  traite  d'affairei. 
L'entrevue  aisément  se  termine  en  querelle,  ceRH. 
Poly.  m,  t.  Polynice ,  seigneur,  demande  une 
entrevue,  RAC.  Théb.  m,  6.  D'un  père  et  d'un  aœaal 
soutenir  l'entrevue,  volt.  Irène,  v,  t. 

—  HIST.  XVI'  s.  X  l'entreveus  qui  sa  dressa  du 
pape  Clément  et  du  roy  François  h  Maraeille,  mort. 
I,  61. 

—  ÉTYM.  Entrevue. 

f  ENTR'EXCITER  (9')  (an-trè-ksi-té) ,  n.  rift. 
S'exciter  mutuellement.  Par  de  nouveaux  efi-orts  les 
rameurs  s'entr'excitent,  brébsup,  Phars.  m. 

—  ÉTYM.  J?(i(re,  et  exciter. 

t  ENTR'EXHOHTER  (S')  (an-trè-gzor-té) ,  ».  rt*/). 
S'exhorter  mutuellement.  X  l'exemple  du  chef  les 
soldats  s'entr'exhorlent,  ehébeup,  Phars. iv. 

—  ÉTYM.  7?n(re,  et  exhorter. 

+  ENTR'IIIVER  (an-tri-yêr) ,  ».  m.  Terme  d'agri- 
culture. Labour  fait  pendant  l'hiver  à  la  suite  d'un 
dégel. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  fciïer. 

f  ENTR'HIVERNER  (qn-tri-vèr-né),  v.  a.  Terme 
d'agriculture.  Ponner  un  labour  aux  champs  dans 
l'intervalle  des  gelées. 

f  ENTR'HONORER  (S')  (an-tro-no-ré) ,  t).  réfl. 
S'honorer  mutuellement. 

—  HIST.  xii*  s.  Les  deux  dames  s'entrenorerçnt, 
Et  de  ce  que  lor  plot  [plut]  parlèrent,  wace,  Ki'erjc 
Marie,  p.  47. 

--  ÉTYM.  Entre,  et  honorer. 

f  ENTRIGUET  (an-lri-ghè),  t.  m.  Les  gens  de 
l'entriguet,  gens  d'importance.  Et  que  toute  notre 
famille  Si  proprement  s'babillo  Poqr  être  placée  au 
sonjmet  De  la  salle  où  l'pn  met  Les  gens  de  l'entri- 
guet, mol.  Bourg,  gent.  Ballet.  \\  Mot  vieilli  et  tombé 
en  désuétude. 

—  ÉTYM.  Mot  qui  paraît  se  rapporter,  comme  di- 
minutif, à  intrigue,  (Jans  le  sens  (1  occupatJtm, 
affaire. 

t  ENTR'IMMOLER  (S')  (gn-trl-mmo-lé) ,  v.  réfl. 
S'immoler  réciproquement.  Ils  s'entr'immolent  tous 
au  commun  adversaire,  corn.  Tbis.  d'or,  v,  2. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  immoler. 

t  ENTR'INCOMMODER  (S)  (an-trin-ko-mo-dé), 
V,  réfl.  S'incommoder  réciproquement. 

—  HIST.  ivi'  s.  Meslans  ensemble  les  arbres  (Je 
noiau  et  à  pépin,  sans  crainte  que  leurs  différentes 
qualités  les  entre-incommodent,  o.  de  serres,  «6t. 

—  ÉTYM,  Entre,  et  incommoder.  Au  xvj"  siècle, 
il  a  été  employé  activement. 

f  ENTR'INJUBIER  (S')  (an-trin-ju-rl-é),  ç.  réfl. 
S'injurier  mutuellement. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  injurier. 

t  ENTR'INSTRCIRE  (S")  (an-trin-strui-r') ,  V.  rifl. 
S'instruire  l'un  l'autre,  H  faut  donc  s'entr'aimer,  il 
faut  donc  ?'entr'instruire  ;   Jl  fciijt  dopo  s'entre-çg- 
courir,  CORN.  Imit.  i,  ts. 
■  —  HiST.  xvi*  s.  S'eptr'instruire,  MNOUB,  îÇOi 

—  ÉTYM.  Entre,  et  «nîtrui're. 

t  ENTRIPAILLÉ,  ÉE  (sn-tri-paHé,  Uéfl,  U 
mouillées),  adj.  Qui  a  de  la  trlpaille,  qui  a  une 

grosse  bedaine 11  faut  un  roi  qui  soit  gros  etgraj 

comme  quatre;  un  roi,  morbleu!  qui  soitentripaiHé 
comme  il  faut;  un  roi  d'une  vaste  circonférence ,  et 
qui  puisse  rempbr  un  trône  de  la  lielle  manière, 
MOL.  Impromptu,  f,  Phébus,  de  tous  les  diem  lo 
plus  entripailié,  En  pèse  pour  le  moin?  une  d«ini- 
donzaine,  boiirsault,  Phaéton,  v,  4. 

—  ÉTYM.  En  \,e\.  tripaille, 

t  ENTR'OBLIGER  (S")  (sn-tro-bli-j4),  ç.  r4fl, 
s'obliger  mutuellement. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'entrobliger,  cotbrave. 

—  ÉTYM.  Enire,  et  obliger. 

t  ENTROCmiE  (an-tro-ki-f),  f.  f.  Voy.  EHTWJ^ 
QDB. 

t  ENTR'ŒIL  (an-treuU,  {{  mouillées),  î,  m.  Par- 
tie de  la  face  qui  se  trouve  «ptre  le»  deux  ytU). 
Il  4u  plur.  Des  entr'œil, 

—  ÉTYM.  Entre,  et  vil, 

t  ENTR'OFFENSER  (S")  (an-tro-fan-sé) ,  V.  rifl. 
S'offenser  mutuellement. 

—  HIST.  ivt'  s.  Aveoques  defentei  de  no  »'eiitr'o{- 
fenser,  lanous,  t»». 

—ÉTYM.  Entre,  et  nffenttr. 
t  ENTR'OMnRAGEB  (S')  (an-tron-bra-jé),  f.  r*i* 
S'ombrager  réciproquement. 

—  HIST.  xvf  ».  [Un  bocage]  Dont  1m  cheveux  par 
le  fer  non  tondus  S'entr'ombrftgegieDt  l'un  sur  l'au» 
tre  eipaudus,  rohs.  642. 

—  ETYM.  Entre,  et  ombrager. 


ENT 


F/NV 


ENV 


1443 


t  ENTR'OPEHCUI.B  (an-tro-pèr-ku-P),  s.  m. 
Terme  d'anatomie.  Partie  osseuse  delà  tête  des  pois- 
sons, placée  derrière  le  matillaire  inférieur. 

—  ÊTYM.  Eiitte,  et  opercule. 

t  ËNTROPIOl*  (an-tro-pi-on) ,  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Renversement  du  bord  libre  des  paupières 
Ters  le  globe  de  l'œil. 

^-  ÊTYM.  'Ev,  en  dedans,  et  tpénsiv,  tourner. 

t  ENTHOQtTE  (an-tro-k') ,  ».  f.  Petit  corps  fossile 
en  fortoe  de  rouelle,  ayant  des  stries  ou  sillons  di- 
vergents du  eentfe  k  la  cireonférence. 

—  ÉTYrt.    'Ev,  en,  et  Tpâ/oç,  roue. 

t  ESTll'OnBLIER  (S')  (an-trou-bli-é),  W.  réft: 
S'oitblier  mutuellement. 

"-  BlST.  xiil*  s.  Mais  ijiiant  li  dévoie  conter,  Tant 
me  plâisoil  à  regarder  Sa  biauté,  tous  in'entrou- 
blioie;  Qui  me  deûst  les  iel  [yeui]  crerer.  Ne 
seûsse  un  seul  mot  souner  [sonner,  dire]  De  quan- 
qUeS  énpëhsé  àvoie,  IHst.  lUt.  de  la  Ft.  t.  Xliii, 
p.  614.  S'en  avde  (êlgderredon.  Que  mes  maus  en 
entr'oblloie  POr  lo délit  et  por  là  joie,  la  Rose,  iSii. 
Là  parole  DàVid  estbieh  entr'oubliie.  Oui  dist:  rapi- 
des vos  veus,  né  les  trépassés  mie,  ruteb.  î39. 
Il  XV*  s.  Ainsi  fut  Sntr'oubliée  petit  h  petit  là  mort 
Jacques  d'Arfevelle,  fhoiss.  i,  i,  24». 

—  ÊTYJf.  Entre,  et  oublier.  Dans  l'historiqtie, 
elitt'oublier  a  le  seftfe  d'oublier  à  demi,  feu  à  peu. 

ÉÎÎTR'Otï,  ÏE  (an-trou-i,  le),  pUrt.  passé  d'en- 
tr'ôilli'.  Des  paroles  entr'ouïes  et  mal  rapportées. 

ÈStR'OUm  (aû-trmi-irj,  «.  d.  S'entendte  ç(ù'à 
demi.  J'enlfouïs  sa  voix. 

—  BiST.  xv  S.  La  dame,  ç(ui  âvoit  l'oSif  et  Po- 
reiUé  toujOufs  i  son  ami,  l'entrouit  d'avehtiire, 
louis  XI,  flOuv.  Lxxii.  ||xVi*  s.  La  bassesse  de  ses 
ferestfes  dcfnnant  moyen  aux  passais  d'en<r'oufr  et 
d'enffe-voif  té  t/u'oii  y  dit  et  fait,-  o.  DE  sehhes,  23. 

—  ÉTYH.  Etitre,  et  ouïr. 

t  E*m'OUTKAGEft  (S')  (àfi-troù-tra-jé),  v.  réfi. 
S'outrager  l'un  l'autre. 

—  {fiST.  xvi*  s.  S'entf*oiitrâg'éf ,  lAnoù^,  ièe. 

—  ÈTVm.  Entre,  et  outrager. 
iSrTR'OTJVERT,  ERTE  (an-froKi-Vêf ,  v^M*j,  pdH. 

passé  d'entr'ouvrir.  [|  1°  Ouvert  par  disjonction.  Que 
du  fond  de  l'abtme  entr'ouvert  sous  ses  pas....  hac. 
Alhal.  m,  6.  |i  2°  Ouvert  à  demi.  Ces  yeux  fermés 
ot  éteints,  ce  visage  pâle  et  défiguré,  cette  bouché 
eatr'ouverfe  qui  semblait  vouloir  encore  achever  des 
paroles  commencées,  fén.  Tél.  n.  ta  gloire  est  en 
danger,  ta  tombe  est  enlr'ouvei'te,  volt.  Fanai,  iv, 
I.  Il  Terme  de  vétérinaire.  Chevaïenfr'ouvert,  cheval 
qui  a  fait  quelque  effort  aux  membres  antérieurs. 

KNTR'OuVÈRTlrttE  (  an-trou-vér-tu-r'  )  ,  s.  f. 
Il  1°  Etat  de  ce  qui  est  entr'ouvert.  Glisser  une  lettre 
par  rentr|ouverture  d'une  porte.  ||  i°  Terme  de  vété- 
rinaire. Effort  qu'un  cheval  se  donne  aut  membres 
antérieurs. 

—  HlST.  îvi*  s.  Ôuand  l'os  n'est  du  tout  sorti  de 
sa  cavité  et  est  appelle  contorsion  ou  elongation  et 
entr'ouverture,  pahé,  xiv,  2. 

—  ÉTYM.  Entr'ouvert. 

ENTR'OÙVRIR  (an-frou-vrirj ,  v.  a.  Se  conjugue 
comme  ouvrir.  |1 1°  Ouvrir  par  disjonction.  Des  mers 
pour«ui  ilentr'ouvrit  les  eaux,  rac.  Athal.  i,  4.  La 
terre....  nous  paîra  sa  culture;  Ce  bras,  nerveux  en- 
core, est  propre  à  l'entr'ouvrir ,  ducis,  Lear,  u,  5. 
Il  2°  Ouvrir  à  demi.  Èntr'ouvrir  la  porte.  Ce  prince 
en  soupirant  Avec  assez  de  peine  entr'ouvre  un  œil 
mourant,  corn.  Rodog.y,  4.  Il  entr'ouvre  ses  yeux 
à  la  lumière,  fén.  Tél.  v.  ||  Fig.  Ninias  en  secret 
privé  de  la  lumière  Du  trône  où  j'aspirais  m'entr'ou- 
vrait  la  barrière,  voLt.  Sémir.  il,  4.  La  douleur 
lentement  m'entr'ouvre  le  tombeau,  lamaht.  J(éd. 
I,  48. 113°  S'enlr'ouvrir,  v.  réfl.  Etre  ouvert  par  dis- 
jonction. La  terre  s'entr'ouvrit.  Le  nuage  descend, 
il  s'arrête,  il  s'entr'ouvre,  corn.  Toison  d'or,  m,  6. 
Le  ciel  brille  d'éclairs,  s'entr'ouvre,  et  parmi  nous 
Jette  une  sainte  horreur  qui  nous  rassure  tous,  bac. 
Iphig.  y,  6.  jf  S'ouvrir  k  demi.  La  porte  s'entr'ou- 
vrit. 

-  HIST.  XII'  s.  La  dame  ki  fu  en  atente,  Avoit 
le  postic  entr'ouvert,  Lai  d^Ignaurèi.  ||  xiu*  s.  Le 
?rant  huis  de  la  chambre  Blanoheflors  entrouvrit, 
Berte,  lxxxix.  ||  xV  s.  Ha  hayl  qui  puet  avoir  osté 
Du  monument  et  descouvert  Le  couvercle  et  entrou- 
vert? Résurrection  de  N.  S.  Mystère.  \\  xvi'  s.  Quand 
.es  os  s'esloohent,  s'entr'ouvrentet  entre-baaillent, 
.ans  toutesfois  estre  luxés,  pahé,  xiv,  4.  Le  ciel 
■embla  saitr'ouvrir,  AHTOT,  f o6.  4. 

—  ÉTYM.  Entre  i  et  ouvrir  i 

t  ENTRCRE  (an-tru-r'),  ».  f.  Terme  rural.  Pro- 
fondeur plus  ou  .moins  grande  à  IsqueBe  pénètre  le 
soc  de  la  charrue. 
-  fiTYM.  Entrer. 


I  ENTR'USER  (S')  (an-tni-zé),  v.  réfl.  Néologisme. 
S'user  l'un  l'autre. 

—  ÉTYM.  Entre,  et  user. 

t  ENTURBANNÉ,  ÊE  (an-tur-ba-né,  liée),  adj. 
Coiffé  d'un  turban. 

—  HIST.  xvi«  s.  Pour  cimier  une  teste  de  more,  de 
front  en turbané  d'argent,  la  Colomb.  Thédt.  d'honn 

t.  I,  p.  4  06,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  En  4 ,  et  turban. 

BNTURB  (an-tu-r'),  s.  f.  ||  1°  La  fente  où  l'on  met 
l'ente  ou  la  greffe.  ||  2°  Petites  pièces  de  bois,  qui 
en  traversent  une  grosse,  pour  former  des  échelons 
des  deux  côtés,  comme  dans  les  échelles  des  carriè- 
res; Il  8°  Opération  par  laquelle  un  arquebusier  re- 
médie à  la  rupture  d'un  bois  de  fusil.  ||  4°  Nœud 
fait  à  un  fil  cassé  par  le  fabricant  de  bas  au  métier 
Les  entures  seront  au  moins  de  quatre  mailles,  la 
couture  double,  Lett.  pat.  fév.  467%. 

—  ÉTYM.  Enter. 

tENTYPOSE  (an-ti-pô-z"),  ».  ^.  Terme  d'ariato- 
mie.  Nom  donné  à  la  cavité  glénoïde  de  l'omoplate, 
à  cause  de  son  peu  de  profondeur. 

—  ÉTYM.  "EvTÛTîwtrti;,  empreinte,  da  h,  en,  et 
TÛTto;  (voy.  typk). 

t  ÉNlJCLÊATION(é-nu-klé-a-sion),ï.  f.  \\  1°  Terme 
de  chirurgie.  Mode  particulier  d'extirpation,  qui 
consiste  à  faire  sortir ,  à  travers  une  incision 
préalablement  faite,  one  tumeur,  à  peu  près  comme 
un  noyau  qu'on  chasse  en  pressant  un  fruit. 
Il  a°  Fig.  dans  le  langage  didactique,  se  dit  pour  so- 
lution d'une  difficulté. 

—  éTym.  Lat.  enucleare ,  ôter  le  noyatl  ^  de  e , 
hors,  et  nucleus,  noyau  (voy.  noyau). 

ÉNUMERATEUR  (é-nu-mé-ra-teur),  ».  W.  Celui 
qui  fait  une  éhumération.  Depuis  trente  années,  on 
prête  l'oreille  aux  rhéteurs,  aux  déclamateursy  aux 
énumérateurs;  on  court  ceux  qui  (leignent  en  grand 
ou  en  tniniatufè  [il  s'agit  de  l'éloquence  de  la 
chaire],  la  brut.  iv. 

—  ÊTYM.  Énumérer. 

ÉNCMÉRATtF,  IVE  (é-nu-mé-ra-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  énùmère,  qui  sert  S  l'énuméralion.  Le  roi, 
selon  l'usage,  débute  par  une  invocation  énuméra- 
tivê  au*  grands  dieux  du  pays  d'Assouf ,  Vivien  de 
st-martin,  Fouilles  de  l'Assyrie,  Rev.  gerrn.  t.  xx, 
p.  400.  Il  Terrfiè  de  gramriiaire.  Se  dit  de^ adverbes 
qui  Servent  à  énumérer,  comme:  premièrement,  se- 
condement, etc.  oupriûio,  secundo,  etc. 

—  ÉTYH.  Ênwnéref. 

ÉSruJÎÈRATION  (é-nù-mé-rà-siott  ;  en  vers,  de 
six  syllabes) ,  s.  ^.  ||  1°  Action  d'énOmére*.  Une  lori- 
gue  ériumérafion.  Faire  l'éfiumération.  |(  2"  jî'îgure 
de  rhétorique,  qui  consiste  à  passer  eh  revue  toutes 
les  iriainières,  toutes  lès  cirtonstances,  toutes  les 
parties,  ||  Partie  d'un  discours  qui  précède  la  péro- 
raison, et  dans  laquelle  l'auteur  Récapitule  toutes 
les  preuves  comprises  dans  rargùmentatîon.  L'énu- 
mérafion  ott  distribution  consiste  à  parco'nr'ir  en  dé- 
tail divers  états,  diverses  circonstances  et  diverses 
parties  ;  on  doit  éviter  la  minutie  dans  l'énuirtéfation, 
DUMARS.  Bel.  gramm.  philos,  t.  v,  p.  286.f|  3°  Terme 
de  logique.  Enumérafion  incomplète,  sorte  de  so- 
phisme qui  consiste  à  îie  pas  faire  une  énuméfatioh 
complète,  et  à  conclure  comme  si  elle  l'était. 

—  H/ST.  XVI*  s.  Cet  usagé  de  projjositioris  diverses 
et  conjoinctes  et  de  la  suffisante  énùïnération  des 
parties,  mont,  ii,  4  72. 

—  ÉTYM.  Lat.  enumeraiionerh  (voy.  ë'nûMèrer). 
ÉNUMÉRÉ,   ÊE  (é-nu-mé-ré,  rée),  part,  passé. 

Des  circonstances  exactement  énuméréés. 

ÉNUMÉRER  (ê-nu-mér^.  La  syllabe  mé  prend  un 
accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'énumère  ;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  : 
j'énumérerai,  j'énumérerais),  e.  o.  Compter  un  à 
un.  On  exempte  ces  terres  de  toutes  les  charges 
qu'exigeaient  sur  elles  les  comtes  et  aufres  Offi- 
ciers du  roi;  et  conime  on  énumère  en  particulier 
toutes  ces  charges ,  et  qu'il  n'y  est  point  ques- 
tion de  tributs,  il  est  visible  qu'on  n'en  levait  pas, 
1I0NTESQ.  Etp.  XXX,  4  3.  jj  Terme  de  rhétorique.  Faire 
une  énumération. 

—  ÉTYM.  Lat.  enumerare,  de  e,  et  numeru», 
nombre  (voy.  ce  mot). 

t  ÉNCRÉisiE  (é-nu-ré-zie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Écoulement  involontaire  d'urine,  incontinence 
des  urines. 

—  ÊTYM.  'ïv,  en,  et  oûpudn;,  action  d'uriner,  de 
oOpov,  urine. 

ENVAHI,  lE  (an-va-i,  ie),  part,  pas»^  d'envahir. 
Il  l'Occupé  de  force.  Les  pays  envahis  par  l'ennemi. 
Vois  ces  murs,vois  ce  temple  envahi  par  tes  maîtres, 
VOLT.  Zaïre,  ii,  3.  Non,  je  ne  verrai  point  ma  vieil- 
lesse réduite  X  pleurer  dÂns  l'exil  nés  foyers  enva- 


his, masson,  Ilelv.  II.  Il  Par  extension.  Des  sommes 
immenses  envahies  retournent  aux  légitimes  et  pre- 
miers possesseurs)  didéroTj  Essai  sur  Claude,  i, 
§  48.  Il  2°  Occupé,  en  parlant  du  feu,  de  l'eau,  etc. 
qui  s'avancent.  Les  terres  envahies  par  l'inondation. 
Il  Fig.  La  république  romaine  envahie  par  le  luxe. 
ENVAHIR  (an-va-ir)  ,  t).  o.  ||  1°  Occuper  par 
force.  Son  armée  eut  bientôt  envahi  leur  teârttoiré. 
Il  a  envahi  mon  héritage.  La  Macédoine,  son  an- 
cien royaume  tenu  par  ses  ancêtres  depuis  tant  de 
siècles,  fut  envahie  de  tous  côtés  comme  une  suc- 
cession vacante,  boss.  Hist.  m,  B.  ||  Absolument. 
Lorsque  César  menace  d'envahir,  le  sénat  crie  à  ion 
tour  et  n'espère  plus  qtfen  Pompée,  montesq.  Rom 
XI.  Il  II  se  dit  aussi  des  animaux.  Les  sauterelles  en- 
vahissent des  contrées  entières.  Les  rats  avaient 
envahi  sa  maison.  ||  1°  Il  se  dit  de  l'action  de 
s'emparer  du  commerce  et  autres  choses  comparées 
à  un  domaine.  Les  Hollandais  de  Curaçao  envahis- 
sent tine  grande  partie  du  commerce  de  la  colonie 
française,  raynal,  Hist.  phil.  xiii,  45.  |J  8°  Occuper, 
gagner,  en  parlant  du  feu,  de  l'éau,  des  plantes,  etc; 
L'eau  envahissait  rapidement  le  bâtiment.  Tout  un 
quartier  était  envahi  par  le  feu.  Ces  plates-bandes  sont 
envahies  par  les  mauvaises  herbes.  ||  Fig.  La  politi- 
que envahit  tout,  on  ne  s'occupe  que  de  politique. 

—  HIST.  xi*  s.  Tout  par  seil  fel  qui  nés  [soit  très- 
félon  qui  ne  les]  vait  envaîr  [attaquer] ,  Cft.  de  Roi. 
CLi.  Il  xii'  s.  El  par  lor  grant  barnagô  ert  [sera] 
Sassogne  envaîe,  Sax.  xX.  Car  trop  sembleroit  estfb 
orguel  et  desverie  D'envaïr  son  seignor,  se  aineois 
nel  desfie,  ib.  xxxil.  Joaz  le  méstièr  Deu  cum  pre»- 
Ires  envaî,  Encensa  cum  evestjues  in  domo  dominii 
Th.  le  tnart.  7S.  {|  xvi*  s.  11  fit  entreprise  avec  unô 
grosse  armée  dé  invahir  le  royaume  de  France  j 

CARLOIX,  i,   4  6. 

—  ÉTYM.  Provènç.  ehvaxir,  énvair;  éspagn.  hi- 
vadir;  ital.  invddere;  du  latin  invàdere,  de  iitj 
dans,  et  vadere,  aller  (voy.  je  vais).  Sauf  l'italien; 
les  autres  langues  romanes  ont  formé  leur  verlr'a 
tomme  si  le  latin  était  invddire. 

t  ENVAHISSANT,  ANTE  (aii-và-i-San,  ian-t'), 
adj.  Oui  envahit.  Des  voisins  envahissants.  Une  am- 
bition envahissante.  L'armée  envahissante. 

ENVAHISSEMENT  (an-va-i-sê-man),  s  trt.  Action 
d'envahir.  Il  a  des  projets  d'envahissement.  L'ert- 
vahissement  de  la  Russie  fiar  Napoléon  en  48t2.  Lcti 
seul,  de  ses  tributs  soulageant  la  Bavière,  X  l'en- 
vahissement eût  inîs  une  barrière,  lemêrc.  Chdt- 
lem.  m,  4.  ||  Par  extension.  Les  envahissements  dt 
là  mer  sur  les  terres.  ||  Fig.  Lès  envahissemehts  du 
pouvoir. 

—  HIST.  ïiii*  s.  Geste  armeure  et  ce  pourpoint. 
C'est  noslre  garentissotaent  Cqn<re  tout  envaîsse- 
men<  [attaque],  J.  de  meùno,  fr.  47g.  ||xiV"  s.  Les 
envaîssements  des  énemis  de  nostre  roiauffi'è,  ntj 
GANGE,  ini'ost6t7iî.  |[xv'  s.  En  tant  qu'il  jirocedé 
par  màiiiere  d'envayssemenf  [attaque]  de  parolles  et 
par  la  fOrme  dé  reprendre ,  a.  cuartier,  p.  4oa , 
dans  RAYNOUARD,  Lexiq. 

—  ÊTYM.  Envahir;  provenç.  envaxirnent,  erivdi' 
ment,  embadiment. 

El*îVAtilSSEtn(l  (ah-va-i-seur),  s.  m.  Celci  qui 
envahit.  [|  Adj.  L'Europe  résistait  aux  deux  État»  en- 
vahisseurs, V.  Huad,  leRhiri,  ionclusioh. 

—  HIST.  xvi*  s.  Si  aucun  estant  envahy  [attaqué] 
tue,  mutile  ou  navre  son  envahisseur,  en  son  corps 
deffendant,  Cousturrt.  génér.  t.  i,  p.  784. 

—  ÊTYM.  Envahir;  provenç.  envaidor. 

t  ENVALÉMENT  (an-va-le-man] ,  s.  m.  Terme  de 
pêche.  Action  d'ouvrir  un  verveux. 

t  ENVALER  (an-va-lé),  v.  a.  'ferme  de  pèche 
Tenir  un  verveux  ouvert  avec  rarchelet. 

t  ENVASEMENT  (an-va-ze-man),  ».  m.  Dépôt  de 
terre  ou  de  vase  fait  par  les  eaux  sur  un  terrain 
qu'elles  recouvrent'  accidentellement  oud'une  façoB 
permanente.  L'envasèmenf  d'un  port.  L'envasemeà* 
des  lagunes.  ||  État  d'une  c^ose  envasée. 

—  ÊTYM.  Envdser. 

t  ENVASER  (an-va-zé) ,  v.a  Encombrer  de  vase", 
enfoncer  dans  la  vase.  ||  S'envaser,  e.  réft.  fitre  en- 
coiùbré  de  vase.  ||  S'enfoncer  dans  la  vase. 

—  HIST.  ivi*  s.  Il  eut  bien  d»  la  peine  à  retirer 
des  vases  le  comte  Ootavio,  qui  s'estoit  envasé,  ne 
regardant  pas  qui  le  suivoit,   d'aub.  tiist.  lû,  204. 

—  ÉTYM.  jïn  4,  et  v<we,  *•  A         ,    . 

f  ENVEILLOTAGÈ  (an-vé-llo-ta-j',  U  mouillées), 
s.  m.  Terme  rural.  Action  d'enveilloter.  Ou  dit  éuMi 
enveillotement. 

t  ENVEILLOTER  (an-vè-llo-tô,  {{  mouillée»), 
V.  a.  Terme  de  faucheur.  Ruiemblar  le  foiit  «oupi 
et  le  mettre  en  petits  tas.. 

—  ÉTYM.  £»  4 ,  et  veiliote. 


JM 


KNV 


•*•  "*,i; ,  .                  Ml  «'  S-  r  Terme  de  géo- 

"V~    ..  no  qui  onTeloppo. 

„;,  P').  »•  A  II»-  Ce  qui  en- 

ij"  .(>er.  L'enveloppe  d'un  pa- 

ou!rt  J'u-.B  leur»,  ^f»  P-»y*  «'""ï  «o'»  ''•.  '*  """P'" 
tour*  tii  «ol»  P""''  '»  '*'"■•  ■'*"  «nveloppe,  sept 
«clipôurU  doiil.le  lettre,  et  quinte  loU  pour  l'once 
iat  BtquflJ,  Tarif,  Il  avr.  187».  Nom  admirons  la 
luseil*  du  nsluraliite  qui  a  suie  premier  découvrir 
le  papillon  sous  l'enveloppe  de  chenille,  bonnet, 
CoHtid.  corpi  org.  t.  T,  p.  »»,  dans  pouoens.  M.  do 
la  Ch.  ..  se  churge  de  tous  faire  parvenir  ce  paquet 
que  j'ai  mis  sous  enveloppe  avec  mon  cachet,  P.  L. 
cot;».  un.  I,  !♦*■  Il  Écrire  sous  l'enveloppe  de  quel- 
qu'un, enfermer  sous  son  adresse  une  Icitre  destinée 
i  un  autre.  ||So  dit  da  petites  feuilles  toutes  pliées 
et  toutes  munies  de  gomme,  pour  mettre  les  lettres 
qu'on  envoie  parla  poste.  Vous  n'aurez  plus  de  ces 
petites  enveloppes  toutes  faites  qui  vous  déplaisejit, 
«~  DE  oBSLis,  AdiU  et  TMod.  t.  i,  le»,  lo,  p.  60  , 
dans  P0U0EJI8.  ||  Terme  de  botanique.  Enveloppes 
florales,  le  périanthe,  c'est-à-dire  le  calice  et  la 
corolle.  Il  Terme  d'anatomie.  Enveloppes  du  fœtus, 
le  chjrion  cl  l'aranios.  ||  i'  Terme  de  fortification. 
OuvrJK*  qui  en  entoure  et  en  couvre  un  autre.  Pre- 
mi6r«,  seconde  enveloppe,  première,  seconde  en- 
ceinte. Il  i"  Héunion  des  carreaux  formant  le  corps 
d'un  poêle;  cloison  en  briques  de  son  pourtour  ex- 
térieur. Il  4"  Hg.  Ce  qui  cache,  comme  fait  une  en- 
veloppe. Les  ordures  y  sont  à  visage  découvert, 
elles  n'ont  pas  la  moindre  enveloppe,  mol.  Criti- 
qve,  3.  Vous  ne  verrez  la  vérité  que  sous  de  belles 
enveloppes,  fén.  Tél.  xii.  On  peut  être  charmé  du 
beau,  même  au  travers  de  l'euveloppo  d'un  corps 
tris-laid,  roNTEN.  Platon,  Marg.  d'Ec.  Que  la  plu- 
part des  hommes  ont  une  enveloppe,  mais  qu'elle 
liant  et  serre  si  peu,  qu'il  est  trÈs-dirUcile  que  quel- 
que c6té  ne  vienne  à  se  découvrir,  montksq.  Arsac. 
et  limén.  \\  B"Kig.  Enveloppe  épaisse,  apparence  d'un 
corps  épais  et  de  lourdeur  que  présentent  certains 
hommes.  Homme  d'esprit  et  homme  sage,  qui,  sous 
une  épaisse  enveloppe,  ne  laissait  pas  de  réunir  une 
littérature  exquise,  beaucoup  de  politesse  et  d'ama- 
bilité ,  MÀRUONTEL,  Mém.  VI.  Il  On  dit  dans  un  sens 
analogue,  rude  enveloppe.  C'est  comme  vous,  mon 
ami,  qui,  sous  la  rude  enveloppe  d'un  marin,  ca- 
chez une  véritable  délicatesse  «t  un  cœur  d'or  pour 
vos  amis,  picabu.  Cap.  Belronde,  i,  7. 

—  BIST.  XV*  s.  Il  lui  bailla  un  escu  pour  avoir  et 
acheter  des  chemises  et  enveloppes,  du  cange,  in- 
tolttmen. 

—  iTYU.  Voy.  ENVglOPPER. 

ENVELOPPE,  ÉE  (an-vo-lo-pé ,  pée),  part,  passé 
d'anvaloppor.  ||  i*  Garni  dâ' quelque  chose  qui  s'en- 
roule. Ces  livres  sont  enveloppés  avec  soin.  Enve- 
loppé dans  son  manteau.  Enveloppé  Jusqu'aux  yeux. 
Il  Chrysalides  enveloppées,  celles  des  lépidoptères, 
parc*  qu'en  elTet  elles  sont  enveloppées  d'un  léger 
réseau  de  soie  entre  des  feuilles.  ||  Kig.  Et  l'exil  d'A- 

riitia  enveloppé  d'ennuis,  cobh.  Serlor.  n,  i Sa 

valaur  trompée  Des  maux  que  j'ai  prévus  sa  voit  en- 
veloppée, »ic.  àUm.  m,  i.  Le  roi  d'un  noir  cha- 
grin parait  enveloppé,  u>.  £<lh.  ii,  l.  Cet  homme 
caché  dans  son  désert,  enveloppé  dans  sa  vertu  et 
comme  anéanti  an  lui-même,  devint  un  des  plus 
nobles  inttrumenls  dont  Dieu  sa  soit  servi  dans  son 
rgllse  pour  faire  éclater  sa  puissance,  flEcu.  Pané- 
Vyr.  41  f'ranfois  de  Pault.  ie  vois  la  fille  de  Sion 
enveloppée  de  sa  honte  et  de  son  ignominie,  hass. 
TMSari.  C'est  k  la  sagesse  humaine  et  corrompue  à 
être  inceruine  et  timide;  toujours  enveloppée  sous 
da  fausses  apparences ,  elle  doit  toujours  craindre 
qu'un  coup  d'oiil  plus  beuraui  ne  la  perce  enfin  et 
ne  la  démasque,  to.  Ptt.  car.  ÉeueiU.  Dans  ses  som- 
bras fureurs  'Assur  enveloppé,  volt.  Sémir.  y  i. 
Pour  moi,  qui  dans  ma  carriira  publique  n'ai' ja- 
mais craint  que  d'avoir  tort;  moi  qui,  enveloppé  da 
ma  conscience  «I  armé  de  principes,  braverais  Pu- 
luvers....  maasiAU,  Coiicciioit,  t.  i,  p.  ai.  ||  |-  n 
••  dit  de  personnes,  de  troupes  qu'un  nombre  supé- 
rieur entoure.  U-s  séditieux  aiiveloppés  par  les  gen- 
«aimea.  Il  lui  importait  da  former  le  plus  grand 
ffoiit  qu'il  lui  serait  possible,  sans  trop  affaiblir  ses 
r»alany«,  pour  ne  pas  être  enveloppé,  bolun,  Uùt. 
"»c.  wf.ucTM,  t.  u,  p.  io«,  dans  pouobk».  Je  veux 
2!î'-  V""*"'"  P*'*°*"  envaloppée,  Rome  rappeUe 
rn  •al';**"'?  •'•  ''ompée,  «AC.  Jfithr.  ilTi. 

.«w,,  q<n  «M  tantu  par  le  même  danger.  Tous 


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deux  enveloppés  dans  une  même  accusation.  Il 
croyait  qu'il  ne  pouvait  être  enveloppé  dans  sa  ruine, 
Ff.N.  Tél.  XIV.  Tout  Juda,  comme  vous,  plaignant  sa 
destinée  [de  Joas] ,  Avec  ses  frères  morts  le  crut  en- 
veloppé, «AC.  Alhal.  IV,  3,  Sans  cette  précaution, 
vous  pourriez  bien  vous  trouver  enveloppé  dans  sa 
disgrâce,  maintenon,  Leit.  au  duc  de  Noailles,  * 
août  171*.  114°  Caché  comme  sous  une  enveloppe. 
Ils  cultivent  un  désir  eiivelo|ipé  de  la  mort  d'autrui, 
LA  BRUT.  VI.  Ce  n'était  point  un  mérite  enveloppé, 
qui  perçât  difficilement  au  travers  d'un  extérieur 
triste  et  sombre,  fontkn.  UaUzieu.  ||  Avoir  l'esprit 
enveloppé  dans  la  matière,  être  fort  grossier,  sans  es- 
prit. Il  Un  esprit  enveloppé,  un  homme  dont  les  idées 
sont  confuses  et  les  expressions  obscures.  ||  Dis- 
cours enveloppé,  discours  dont  l'expression  est  ren- 
due oliscure  par  circonspection.  Je  vous  fais  tort  de 
douter  de  votre  intelligence  sur  ce  qui  est  un  peu 
enveloppé,  sÉv.  08.  On  craint  assurément  d'être  en- 
tendu, ou  plutat  on  ne  s'entend  pas  soi-même, 
quand  on  se  charge  de  tant  de  paroles  inutiles,  de 
tant  de  phrases  enveloppées,  de  tant  de  pas.'iages 
confusément  entassés,  Boss.  Var.  xii,  §  5.  U  sait 
parler  d'une  manière  enveloppée,  la  bbuy.  x.  Platon 
ne  nous  a  exposé  ses  opinions  que  d'une  manière 
enveloppée,  pén.  Platon.  Sa  manière  de  s'expliquer 
était  sublime,  et  quelquefois  fort  enveloppée,  fon- 
ten.  Jugem.  de  Vluton.  Elle  n'est  qu'un  amas  d'é- 
((uivoques  ou  de  blasphèmes  enveloppés ,  mass. 
Ai).  Ctrc.  11  Raisonnement  enveloppé,  raisonnement 
obscur,  embarrassé. 

—  REM.  Voltaire  a  dit  :  Mon  fils  enveloppé  dans 
un  piège  funeste,  Mérope,  iv,  l.  C'est  une  méta- 
phore manquée  :  il  a  pris  piège  pour  filet. 

\  ENVELOPPÉE  (an-ve-lo-pée),  s.  f.  \\  1°  Terme 
de  fort  ficalion.  Ouvrage  qui  a  pour  objet  de  rétré- 
cir un  fossé.  Il  2"  Terme  de  géométrie.  Ligne  enve- 
loppée par  une  autre.  La  sjmme  des  enveloppées, 
dans  une  figure  convexe,  est  plus  petite  que  celle 
des  enveloppantes. 

f  ENVELOPPEMENT  (an-ve-lo-pe-man),  *.  m. 
Il  1°  Action  d'envelopper.  L'enveloppement  est  néces- 
saire pour  conserver  les  marchandises.  ||  2°  Par 
extension,  on  dit  que  des  germes  sont  à  l'état  d'en- 
veloppement lorsqu'ils  sont  encore  dans  leurs  enve- 
loppes; et  fig.  que  des  idées,  des  principes  sont  à 
l'état  d'enveloppement,  quand  ces  idées,  ces  prin- 
cipes n'ont  encore  reçu  aucun  développement. 
Il  8"  Dans  le  langage  de  Leibnitz,  état  d'un  germe 
qui  n'a  pas  commencé  à  se  développer.  Ces  idées 
n'ont  rien  de  commun  avec  cet  enveloppement  dont 
parle  Leibnitz  ;  il  est  manifeste  qu'il  l'oppose  au  dé- 
veloppement ou  à  ce  qu'il  nomme  une  augmenta- 
tion dans  le  tout  organique  préformé,  bonnet,  Pa- 
lingén.  philos,  vu,  4. 

—  ËTYM.  Envelopper;  provenç.  enioiopomcnt, 
cvolopament  ;  ital.  tnt)i7upponien(o. 

ENVELOPPER  (an-ve-lo-pé),  e.  a.  ||  1*  Mettre 
autour  d'une  chose  quelque  objet  qui  la  couvre.  En- 
velopper des  étoffes,  des  habits,  des  marchandises. 
S'envelopper  la  tête  d'un  linge,  le  corps  d'un  man- 
teau. Il  II  se  dit  de  la  chose  qui  enveloppe.  La  toile 
qui  enveloppe  ces  marchandises.  1|  Par  extension. 
Mais,  seule,  sur  la  proue  invoquant  les  étoiles.  Le 
vent  impétueux  qui  soufflait  dans  ses  voiles.  L'en- 
veloppe; étonnée  et  loin  des  matelots,  Elle  tombe, 
elle  crie,  elle  est  au  sein  des  Ilots,  A.  chên.  Él^g. 
20.  Il  Fig.  Et  vous  ne  deviez  pas  envelopper  d'un 
crime  Ce  que  votre  victoire  ajoute  à  votre  estime, 
conM.  ^tcom.  Ii,  ».  Dans  un  coin  du  jardin  sous  un 
épais  nuage  Je  l'enveloppe  encor  d'un  sommeil 
assez  doux,  ID.  Tais,  d'or,  v,  a.  Et  dans  une  em- 
brassade on  leur  a,  pour  conclure.  Fait  vite  en- 
velopper toute  la  procédure,  mol.  ifi*.  iv,  1. 1|  8°  En- 
vironner, entourer.  Envelopper  l'ennemi.  César, 
de  tant  d'objets  en  même  temps  frappé.  Le  laisse 
entre  les  mains  qui  l'ont  enveloppé,  rac.  Bril.  v,  8. 
Mais  les  prêtres  bientôt  nous  ont  enveloppés;  On 
nous  a  fait  sortir,  m.  Athal.  u,  s.  ||  8°  Prendre 
comme  dans  un  filet.  Admirables  sans  doute  pour 
envelopper  une  dupe,  la  brut.  ix.  Je  savais  bien 
que  TOUS  aviez  une  manière  particulière  de  raison- 
ner, et  d'envelopper  si  adroitement  ceux  à  qui  vous 
aviez  affaire  dans  des  arguments  dont  ils  ne  pré- 
voyaient point  la  conclusion,  que  vous  les  ameniez 
où  il  vous  plaisait,  fonten.  Ùial.  m.  Morts  anc. 
et  mod.  Il  4"  Comprendre  dans.  Envelopper  quel- 
qu'un dans  une  accusation.  Créon  bannit  Médée,  et 
se»  ordres  précis  Dans  son  bannissement  envelop- 
paient ses  fils,  CORN.  Jf^d^e,  tu,  î.  Et  [elle]  m'en- 
velopperait dans  le  juste  courroux  Qu'elle  aurait 
pour  le  roi,  qu'elle  prendrait  pour  vous,  m.  Tois. 
d'or,  IV,  I.  Dans  sa  ruine   tnimc  il   peut  l'cnvo- 


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lopper,  ID..  Cinna,  i,  l.  Voulant  perdre  Poppée, 
il  enveloppa  dans  ta  ruine  Valérius,  d'ablamc.  Ta- 
cite, Antiales,  dans  riciielet.  Je  veux  dans  mon 
exil  n'envelopper  que  moi,  Qom.  Arm.  n,  l.  Pour 
l'envelopper  dans  sa  perte,  aoss.  Uist.  ii,  l.  Une 
condition  qui  l'enveloppe  dans  la  condamnation  gé- 
nérale, MASS.  Car.  Samar.  Il  5°  Obscurcir,  voiler. 
Tout  à  coup  une  noire  tempête  enveloppa  le  ciel, 
FÉN.  Tél.  VI.  Il  Par  extension.  Une  nuit  obscure  en- 
veloppe son  esprit.  Bientôt,  quoi  qu'il  [un  héros] 
ait  fait,  la  mort  d'une  ombre  noire  Enveloppe  avec 
lui  son  nom  et  son  histoire,  boil.  Ép.  1. 1|  6°  Cacher, 
déguiser,  dissimuler.  On  a  enveloppé  cette  vérité  da 
fables  ridicules.  L'allégorie  que  pouvaient  envelopper  , 
ces  absurdités  est  entièrement  perdue,  baynal, 
Ilist.  phil.  u,  t2.  Il  7°  V.  n.  Terme  de  chasse. 
Quand  on  est  en  défaut,  on  enveloppe  avec  des 
chiens  au-dessus  et  au-dessous  de  l'endroit  où  le 
défaut  a  commencé.  ||  8°  S'envelopper, t;.  réfl.  Mettra 
autour  de  soi  quelque  chose  qui  entoure.  S'enve- 
lopper dans  son  manteau.  Dans  ce  sac  ridicule  où 
Scapin  s'enveloppe.  Je  ne  reconnais  plus  l'auteur 
du  Misanthrope,  boil.  Art  p.  m.  X  peine  la  déesse 
eut  achevé  ce  discours,  qu'elle  s'éleva  dans  les  airs 
et  s'enveloppa  d'un  nuage  d'or  et  d'azur,  où  elle 
disparut,  FÉN.  Tél.  ixiv.  ||  Fig.  Un  naturel  bénin, 
doux,  facile,  arrêté.  Qui,  ne  ressentant  jioint  en  soi 
de  grands  obstacles,  S'enveloppe  et  s'endort  dans 
sa  tranquillité,  corn.  Imit.  i,  2B.  S'il  faut  s'enve- 
lopper des  ombres  du  mystère.  C'est  lorsqu'on  craint 
surtout  d'offenser  la  misère,  DUCis,  Abufar,  i,  8. 
Il  S'obscurcir.  Une  raison  qui  déjà  s'enveloppe, 
MASS.  Car.  Impén.  ||  Être  compris,  renfermé.  Tout 
cela  s'enveloppe  sous  le  nom  de  campagne,  pasc. 
dans  COUSIN.  ||  S'exprimer  avec  obscurité,  avec  am- 
bages. On  leur  reproche  d'avoir  provoqué  les  com- 
bats par  une  politesse  insidieuse,  de  s'être  enve- 
loppés dans  des  discours  indignes  de  la  France, 
BAYNAL,  Hixt.  phil.  xviii,  4». 

—  HlST.  XI'  s.  Envolupé  d'un  paile  Alexandrin, 
Ch.  de  Roi.  xxr.  ||  xu*  s.  Les  meins  [moins]  honestes 
menbres  [du  clergé]  doit  l'un  plus  honurer  Sulunc 
l'apostle,  e  plus  d'onur  envoluper,  Th.  le  mart.  88. 
L'anfant  a  pris  la  dame  au  cors  vaillant  ;  Si  l'envos- 
lespe  an  un  chier  boquerant  [une   étoffe  chère], 

Raoul  de  Cambrai,  4.  |{  xui*  s Tu  fais  prester  à 

usure.  Pour  avoir  l'envoiseûre  [la  parure]  En  qui 
l'on  envelope  orgueil,  les  Vers  du  Monde.  ||  xvi*  s. 
La  foy,  cependant  que  nous  sommes  pèlerins  au 
monde,  est  tousjours  enveloppée  de  beaucoup  de 
nuées  d'erreurs  :  nous  ne  comprenons  pas  tout  ce 
qui  seroit  à  souhaiter,  calv.  Inst.  419.  Si  quelcun 
confond  ce  vocable  d'élection  en  ces  passages,  il 
s'enveloppera  povrement;  s'il  le  sait  distinguer,  il 
n'y  a  rien  plus  facile,  id.  ib.  780.  Enveloppez  en 
leur  suaire,  momt.  i,  6t.  Ce  reproche  semble  enve- 
lopper [impliquer]  la  couardise,  id.  ui,  78.  Pyr- 
rhus eskoit  de  telle  nature,  qu'il  amassoit  et  en- 
velopoit  continuellement  espérances  sur  espérances, 
AMYOT,  Pyrrhus,  6».  Pour  engarder  que  les  enni«- 
mis  ne  les  peussent  envelopper  par  derrière,  lo. 
Sylla,  39. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  atigliopai;  provenç.  envelo- 
par,  envolopar,  envolupar;  ital.  iniHluppare ;  de  in, 
et  d'un  radical  qui  se  trouve  dans  l'ancien  fran- 
çais voleper,  anc.  espagn.  voiopor,  ital.  viluppo 
(voy.  développeb). 

+  ENVELOPPEUR  (an-ve-!o-peur)  ,  s.  m.  Celui 
qui  enveloppe.  ||  Fig.  Celui  qui  sait  voiler,  gazer  un 
sujet  peu  décent. 

ENVENIMÉ  ,  ÉE  (  an-ve-ni-mé  ,  mée  )  ,  parf. 
pois^ d'envenimer.  ||  1" Infecté  de  poison.  Une  flèche 
envenimée.  ||  Par  extension.  Ce  veut  de  nos  déserts, 
terrible,  envenimé,  Moins  brûlant  que  l'amour  dans 

mes  sens  allumé,  dbcis,  Abufar,  ii,  2.  Il  Eig Si 

j'eusse  avec  moi  porté  dans  ta  maison,  D'un  astre 
envenimé  l'invincible  poison,  CORN.  Pomp.  m,  4. 
D'un  œil  envenimé  Marcelle  vous  regarde,  id.  Théod. 
u,  I.  Ils  ne  connaissent  pas  quel  trait  envenimé  Est 
caché  dans  ce  cœur  trop  noble  et  trop  charmé, 
VOLT.  Tancr.  iv,  î.  ||  î"  Qui  a  empiré  comme  par 
un  venin.  Une  plaie  envenimée.  ||  Fig.  Ce  mal  en- 
venimé résiste  à  la  raison,  tristan,  ifonane,  i, 
3.  Il  8»  Qui  est  plein  de  venin,  de  malveillance. 
Cet  écrit  si  envenimé  qu'il  a  fait  contre  lÊvangile, 
BOSS.  Hol.  I.  Les  confessions  de  foi,  quelque  enveni- 
mées qu'elles  fussent  contre  le  pape,  iD.  Yar.  l». 
Il  4"  Qui  a  été  irrité  comme  par  un  venin.  Amour,  tu 
perdis  Troie  I  et  c'est  de  toi  que  vint  Cette  querelle 
envenimée,  la  pont,  fafti.  vu,  13.  E^que  reproche 
aux  Juifs  sa  haine  envenimée?  bac.  Esth.  va,  4. 

t  ENVENIMEMENT  (an-ve-ni-me-man  ),  s.  m. 
Action  d'envenimer;  résultat  de  celte  action. 


ENV 

—  illST.  xiu'  S.  IcU  serpent  se  reponent  [cachent] 
porceus  qui  les  quierent  aus  envenimemenz  faire, 
Psautier,  f°  68.  {|  xv*  s.  Comment  Lancelot prit  l'en- 
venimement en  la  fontaine,  dont  a  pou  qu'il  n'en 
mourut ,  tonceio(  du  Im,1.  u,  t"  H,  danSLACUKME. 

—  Etym.  Envenimer. 

ENVENIMER  (an-ve-ni-mé),  V.  a.  ||  1"  Infecter  de 
venin.  Certains  sauvages  enveniment  Uurs  flèches. 
Il  Peu  usité  en  ce  sens  propre.  On  dit  plutôt  em- 
poisonner. Il  a°  Donner  un  caractère  malin  à  une 
plaie.  Il  a  envenimé  sa  plaie  en  la  grattant.  ||  Par 
extension.  Cette  herbe  m'a  envenimé  la  bouche. 
Il  3"  Fig.  Donner  un  caractère  odieux.  Envenimer  un 
fait,  un  récit.  Ils  venaient  d'envenimer  la  sainteté 
de  ses  paroles,  mass.  Carême,  Médisance.  Ne  vous 
est-il  jamais  arrivé  qu'on  ait  envenimé  vos  dis- 
cours les  plus  innocents?  id.  Carême,  Pardon.  C'est 
là-dessus  que  Zozime  fonde  le  récit  si  propre  à 
envenimer  les  motifs  de  la  conversion  de  Constan- 
tin, MONTESQ.  Esp.  xxnr,  <3.  Il  4«  Inspirer  des  sen- 
timents d'aigreur,  de  haine,  comparés  à  un  venin. 
Envenimer  l'esprit  de  quelqu'un.  Il  l'a  envenimé 
contre  moi.  Point  de  colère  qui  l'emporte  [le  chré- 
tien ]  ,  point  de  ressentiment  qui  l'envenime , 
point  de  plaisir  qui  le  tente,  bourd.  Pensées,  t.  i, 
p.  366.  Il  En  un  sens  analogue,  rendre  plus  cui- 
sant, plus  vif,  en  parlant  de  sentiments,  de  que- 
relles, etc.  Envenimer  une  querelle N'envenime 

point  le  cuisant  souvenir.  Que  le  commandement 
devrait  m'appartenir,  corn.  Sertor.  i,  i.  Des  deux 
princes  d'ailleurs  la  haine  est  trop  puissante.... 
Moi-même  je  saurai  si  bien  l'envenimer ,  hac. 
Théb.  a,  s.  ||  6°  S'envenimer,  v.  réfl.  Devenir  en- 
venimé. La  plaie  qui  s'envenimait  dans  leur  cœur, 
FÉN.  Tél.  vu.  Il  Être  tourné  par  la  malveillance  en 
un  mauvais  sens.  Et  puis  le  monde  est  plein  d'é- 
chos; tout  se  répèle,  tout  s'envenime,  imbert,  Ja- 
loux sans  amour,  ii,  7. 

—  HIST.  xn'  s.  El  peires  [père]  fu  de  la  menzonge , 
quant  il  l'envelimeie  semence  de  sa  falseteit  gittoit 
en  l'omme,  st  bekn.  p.  623.  ||  xiu'  s.  Car  cis  qui 
sor  soi  la  porloit  [la  pierre],  Nesuns  [aucuns]  ve- 
nins ne  redoloit;  Nus  nel  pooit  envenimer,  la  Rose, 
1079.  Laquele  nate  sur  quoy  il  sol  [sut]  que  le 
soudanc  s'asseoit  tous  les  jours,  il  l'envenima, 
JMNV.  2)3.  Il  XIV"  s.  Bestes  qui  sont  envenimées,  si 
comme  chien  enragié,  H.  de  mondeville,  f°  80  bis, 
iierso.  Le  pechié  envenime  et  art  le  cuer  do  l'en- 
vieux, Ménarjier,  1 ,  3.  ||  xv*  s.  Cil  Vautre....  mauvais 
garçon  etenveniméestoit,  froiss.  ii,  ii,  <o7.  Ne  s'en 
put  mie  garder  jadis  Hercules  le  fort,  quant  il  vestit 
la  chemise  envenimée  dont  il  ne  se  donnoit  de 
garde,  Boude,  i,  2».  ||  xvi«  Car  quant  l'honneur  de 
nous  envenimez  [souillez],  Vous  offensez  Dieu,  la 
loy  et  nature,  J.  iiarot,  y,  285.  Son  cœur  est  tant 
envenimé  de  péché,  qu'il  ne  peut  produire  que 
toute  perversité,  calv.  InsU  2«8.  Aucunes  flèches 
sont  envenimées,  les  autres  non,  paré,  ix,  48.  Et 
ce  qu'il  parloit  peu,  et  qu'il  s'en  îilloit  triste,  morne 
et  pensif,  monstroit  plustost  un  courage  envenimé 
au  dedans,  que  non  pas  humilié  par  son  bannisse- 
ment, AMYOT,  Marius,  78.  Je  n'ose  envenimer  ma 
langue  à  Ja  satyre,  K0N3.  668. 

—  ÉTYM.  Berry  et  norm.  envelimer  ;  bourguig.  «n- 
eairim^; picard,  tnm'me;  provenç.  enverinar,  evt- 
rinar,  esverenar;  ital.  invenelire,  courroucer;  du 
lat.  in,  en,  et  vinenum  (voy.  venin). 

t  ENVENlMEUR(an-ve-ni-meur),  s.  m.  Celui  qui 
envenime.  Les  envanimeurs  de  vos  pensées  et  de 
toutes  vos  paroles. 

—  HIST.  ivi"  s.  Envenimeur  [empoisonneur],  Ànc. 
coût.  d'Orl.  à  la  suite  de  beauuanoir,  p.  470,  dans 

LACURNE. 

KNVERGÉ,  ÊK  (an-Tèr-jé,  jée),  part,  passé. 

ENVERGER  (an-vèr-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  o 
ou  o;  j'envergeais,  nous  envergeons),  «.  a.  Garnir 
de  petites  branches  d'osier.  ||  Croiser  les  fils  d'une 
partie  ourdis.  ||  Garnir  les  soufflets  de  baguettes  de 
bois  sur  lesquelles  entend  le  cuir.  ||  Terme  de  pape- 
terie. Balancer  la  forme,  afin  que  la  matière  s'é- 
tende dans  la  sens  des  brins  de  la  vergeure,  ou 
s'introduise  dans  leurs  intervalles. 

—  ÉTYM.  En  < ,  et  verge. 

t  ËNVERGEUR  (an-vèr-jeur),  t.  m.  Nom  d'an- 
cians  préposés  aumesurage  par  verge.  Ordonne  que 
lesdits  mesureurs....  gardes  de  nuit, forts  euvergeurs, 
pareurs  de  cordes....  seront  tenus....  de  représenter 
leur»  lettres  da  provision,  Â.rrét  du  conseil,  ai 
mars  4674. 

t  SNVERGEURE  (an-vèr-ju-r') ,  s.  m.  Terme  de 
tisserand.  Action  d'envargar. 

ENVERGUfi,  ÉB  (an-Tèr-ghé ,  ghée) ,  part,  passé. 
Voiles  ouverguée.-. 


ENV 

ENVERGUER  (an-vèr-ghé),  v.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Attacher  les  voiles  aux  vergues. 

—  ÉTYM.  En  i ,  et  vergue. 

ENVERGURE  (an-vèr-gu-r"),  s.  f.  \\  i'  Terme  de 
marine.  L'arrangement  des  voiles  dans  leur  lar- 
geur sur  les  mâts.  ||  Longueur  d'une  vergue  ;%t,  par 
extension,  largeur  d'un  bâtiment.  Ce  vaisseau  a 
beaucoup  d'envergure.  ||  Envergure  d'une  voile,  sa 
largeur  dans  le  haut,  jj  2°  Par  analogie,  étendue 
des  ailes  d'un  oiseau,  du  bout  de  l'une  à  l'extrémité 
de  l'autre.  Tu  donnes....  X  l'aigle  l'envergure  et  l'om- 
bre de  ses  ailes,  lamart.  Joc.  m,  44  4.  Les  ailes  du 
condor  ont  jusqu'à  deux  mètres  et  demi  d'envergure, 
BOoiLLET,  bict.  des  se.  Condor. 

—  ÉTYM.  Enverguer;  génev.  enverjure. 

t  ENVERRER  (an-vè-ré) ,  v.  a.  Mettre  dans  un 
vase  neuf  une  petite  quantité  de  verre  en  fusion, 
pour  enlever  la  crasse  ou  la  poussière  du  vase. 

—  ÉTYil.  En  4 ,  et  verre. 

4.  ENVERS  (an-vêr;  Vs  ne  se  lie  pas  :  envers  eux 
se  prononce  an-vêr  eux  ;  cependant  quelques-uns 
lient  :  an-vêr-z  eux  ) ,  prép.  ||  1°  X  l'égard  de ,  pour. 
Compatissant  envers  les  pauvres.  Ingrat  envers  ses 
bienfaiteurs.  Il  est  bon  d'être  charitable  ;  Mais  en- 
vers qui?  c'est  là  le  point,  la  font.  Fabl.  vi,  4  3. 
L'humanité  envers  les  peuples  est  le  premier  devoir 
des  grands,  mass.  Pet.  carême,  Bum.  des  grands. 
Il  2°  Auprès  de.  Je  perdrai  mon  crédit  envers  sa  ma- 
jesté, CORN.  Polyeucte,  v  ,  6.  Je  vois  qu'envers  mon 
frère  on  tâche  à  me  noircir,  mol.  Tart.  m,  7.  ||  Cet 
emploi  d'envers  vieillit.  [|  3°  Envers  et  contre  tous, 
loc.  adv.  qui  terminait  les  formules  des  anciens  ser- 
ments de  foi  et  hommage,  et  qui  signifiait  contre 
tout  le  monde.  ||  Par  extension.  Je  serai  défendu  par 
elle  [la  cabale]  envers  et  contre  tous,  mol.  Fest.  v, 
2.  Dispose  de  ma  griffe  et  sois  en  assurance;  Envers 
et  contre  tous  je  te  protégerai,  la  font.  Fabl.  viii, 
22.  Envers  et  contre  tous,  je  protège  Dorante,  pi»on, 
Métrom.  iv,  ). 

—  HIST.  XI*  s.  E  qui  dreit  jugement  refuserad  seit 
forfait  envers  celi  ki  dreit  ço  est  à  aveir.  Lois  de 
Guill.  44,  Envers  le  rei  s'est  Guenes  aprismet  [ap- 
proché] ,  Ch.  de  Roi.  xxxv.  ||  xif  s.  Envers  Espaigne 
[il]  a  son  cheval  torné,  /ionc.  p.  69.  Droites  lor  lances 
[ils]  portent  envers  le  ciel,  ib.  p.  433.  Car  je  ne  sui 
si  forz  ne  si  hardiz.  Qu'envers  amor  [je]  me  peùjse 
contendre  [avoir  querelle],  Couci,  v.  PleUstàDieu 
qu'amor  feïst,  ainsi  Envers  tous  ceus  qui  en  lui  ont 
fiance I  ql'Esnes,  Romancero,  p.  98.  Puis  lui  dites 
cornent  Guiteclins  de  Sassogne  envers  nous  entre- 
prent,  Sax.  xxi.  Felenie  n'ad  en  mei,  ne  crime  en- 
vers tel,  flots,  p.  96.  Il  XIII*  s. [Je]  Vous defens qu'en- 
vers moi  n'aiez  pensée  amere,  Berte,  cxm.  ||xv'  s. 
Trop  estoit  noble  femme  envers  lui  et  plus  jeune  as- 
sez, Lancelot  du  lac,  t.  i,  f"  74,  dans  lacurne.  Et 
avient  souvent,  por  ce  qu'il  est  très  jeune  envers 
elle,  elle  devient  jalouse,  Les  1 6  joies  dt  mariage, 
p.  4  4  8.  Lasse!  or  [je]  me  voy  aujourd'hui  si  perio 
Que  nul  na  fait  envers  moy  «on  devoir,  s.  desch. 
Complaintt  da  la  France.  ||  ivi*  s.  Tenant  conclu- 
sions en  tout  sçavoir,  publicquement  envers  et  con- 
tre tous,  RAB.  Pant.  II,  8.  Il  est  soupçonneux  à 
l'endroict  de  celuy  qui  l'ayme,  et  simple  envers  celuy 
qui  le  trompe,  la  boétie,  51.  La  rigueur  dont  il  usa 
envers  ces  misérables  luy  donnant  espérance  d'cslre 
assez  bien  envers  ses  ennemis,  d'aub.  Hist.  i,  «6. 

—  ÉTYM.  Un  4,  et  ter»,  prépos.  (voy.  ce  mot); 
wallon,  ivier',  évier';  picard,  d  mn'envers,  à  mon 
égard;  provenç.  enves;  ital.  inverso.  Le  sens  pro- 
pre est  du  côté  de,  en  allant  vers. 

2.  ENVERS  (an-vêr  ;  Vs  ne  se  lie  pas),  t.  m.  ||  1°  Le 
côté  opposé  à  l'endroit,  le  côté  qui  ne  doit  pas  être 
exposé  à  la  vue.  L'envers  de  cette  étoffe  est  pres- 
que aussi  beau  que  l'endroit.  On  a  dit  de  la  traduc- 
tion qu'ella  était  comme  l'envers  de  la  tapisserie, 
cela  suppose  une  industrie  bien  grossière  et  bien 
maladroite,  makmontel,  Êlém.  litt.  Œuv.  t.  x, 
p.  2t4 ,  dans  pougens.  ||  Étoffe  à  deux  envers,  étoffe 
qui  n'a  ni  envers  ni  endroit.  Serges  de  Beauvais  à 
poil  et  à  deux  envers,  Règl.  sur  les  manuf.  août 
4669,  art.  2.  Il  On  dit  plus  souvent  aujourd'hui 
qu'une  étofle  n'a  pas  d'envers.  ||  Fig.  Le»  plusadroits, 
lorsqu'ils  sont  consultés,  gardent  sur  les  endroits 
critiques  un  silence  mystérieux,  ou  prononcent, 
comme  les  oracles,  en  se  ménageant  par  l'ambi- 
guïté de  leur»  réponses  les  deux  envers  d'une  opi- 
nion qu'ils  laissent  flotter  jusqu'à  l'événement,  afin 
de  ne  jamais  sa  compromettre,  KÀRUonTBL,  Élém. 
litt.  Œuvres,  t.  v,  p.  448.  ||  Gens  à  deux  cnver», 
gens  doubles  et  trompeurs.  Ses  membre», jongleur» 
adroits  et  gens  à  deux  envers,  mènent  le  peuple  par 
l'hypocrisie  et  les  grands  par  l'irréligion,  ).  j.  aooss. 
L'.l",  à  .11.  Velue,    Ccvnap.  t.  vi,  p.  44,  dans  pou- 


ENV 


1Vt5 


gens.  Il  2°  L'envers  d'une  feuille  d'arbre,  le  côté  qui 
regarde  le  sol.  ||  Faire  voir  la  feuille  à  l'envers,  voy. 
feuille.  Il  8°  Fig.  Le  contraire.  Vous  serez  toujours.,., 
Un  envers  du  bon  sens,  un  jugement  à  gauche,  mol. 
l'Ét.  II,  4  4.  Voilà  l'envers  tout  juste  de  ce  que  nous 
pensons,  sév.  606  ||  4°  A  l'envers,  loc.  adv.  qui  se  dit 
lorsque  l'envers  se  met  ou  se  prend  par  erreur  pour 
l'endroit.  Mettre  son  manteau ,  sa  chemise  à  l'envers. 
Le  docteur,  l'ayant  regardé  depuis  la  tête  jusqu'aux 
pieds,  lui  dit  pour  toute  raison  :  Prenez  garde,  mon- 
sieur da  la  Fontaine,  vous  avez  mis  un  de  vos  bas  à 
l'envers;  et  cela  était  vrai,  en  effet,  D'oLivET,7/ist. 
de  l'Acad.  t.  n,  p.  338,  dans  pougens.  Ce  qui  était 
dessus,  le  fripier  le  met  à  l'envers,  montesq.  Lett. 
pers.  438.  Il  Relais  à  l'envers,  voy.  relais.  ||8°  Fig. 
Dans  un  état  de  désordre  et  de  ruine.  Ses  affaires 
sont  à  l'envers.  En  vain  contre  le  roi  vous  opposez 
vos  armes;  Sa  majesté  brillante  avec  de  si  doux 
charmes  Peut  mettre  en  un  moment  vos  desseins  à 
l'envers,  corn.  Inscript,  sous  des  estampes,  u,  La 
déroute  du  pont  de  Ce.  Pour  te  peindre  ce  grand  re- 
vers Qui  trompa  notre  espoir  frivole  Et  mit  nos  pro- 
jets à  l'envers,  chadl.  Ep.  à  Dangeau.  ||  Avoir  h 
tête,  la  raison  à  l'envers,  être  tout  à  fait  étranger 
au  bon  sens,  à  la  raison.  Il  faudrait  que  l'esprit  su- 
périeur qui  nous  tromperait  nous  eût  donné  une 
raison  à  l'envers,  fén.  Exist.  22».  Déjà  les  cœurs 
s'envolent  à  Nevers;  Voilà  d'abord  vingt  têtes  à  l'en- 
vers, GRESSET,  Vert-Vert,  ii. 

—  HIST.  XI'  s.  L'un  gist  sur  l'autre  et  envers  et 
adenï  [sur  le  dos  et  sur  les  dents) ,    Ch.  d»  Roi. 

Il  xui*  s Que  nus  na  puisse  fere  cote  ne  gam- 

baison  de  tele  [toile]  dont  l'envers  et  l'endroit  ne 
soit  de  tele  noeve,  et  dedenz  de  coton  et  de  plois  de 
toiles,  Liv.  des  met.  370.  Si  ont  chanté  salmes  et 
vers  Moult  hautement  à  deus  envers,  Les  antiennes 
mouit  noblement,  Ben.  2)346.  ||  xiv*  s.  Son  jacque 
[jaquette]  qui  estoit  de  clochettes  garnis,  [il  lui] 
Fist  tantost  despoillier,  et  puis  fu  revestis  X l'envers, 
à  la  fin  qu'il  ne  fust  pas  choisis  [reconnu] ,  Guetci. 
4  9360.  Il  XV*  s.  Et  en  disant  ceste  parole,  il  cheut  à 
l'envers  [Charles  VIII],  comm.  vm,  16.  ||  xvi*  s. 
Bref  on  y  fait  tant  de  comptes  divers.  Que  vérité 
souvent  est  à  l'envers,  j.  marot,  v,  443.  Voicy 
celluy  qui  par  ses  heurtz  divers,  A  rais  l'orgueil  de 
Venise  à  l'envers,  m.  v,  4  70.  J'ay  quelque  oprnion 
de  l'envers  de  cette  sentence,  mont,  iv,  4.  Des  ta- 
bleaux où  il  estoit  flatté  à  l'envers,  d'aub.  Hist.  ii, 
4  96.  Andromaohus  luy  tendant  l'endroit  de  la  main, 
et  puis  tout  à  coup  luy  monslrant  l'envers,  luy  dit: 
AMYOT,  Timol.  46. 

—  ÉTYM.  Lat.  inversus,  retourné,  de  tn,  et  ver- 
rus,  tourné  (voy.  version). 

t  ENVERSER  (an-vèr-sé),  v.  a.  Façonner  uns 
étoffe  en  l'étirant. 

t  ENVERSIR  (an-vèr-sir) ,  v.  a.  Carder  une  étoffa 
avec  des  chardons. 

4 .  ENVI  (A  L')  (an-vi) ,  loc.  adv.  ||  1*  X  qui  mieux 
mieux,  an  rivalité.  Ils  servent  à  l'envi  la  passion  d'un 
homme,  corn.  Cinna,  m,  4.  Un  noyau  vint  frapper 
Harpagème  au  visage,  Il  leur  dit  de  n'y  plus  re- 
tourner davantage  ;  Eux  sans  daigner  l'ouïr,  et  jetant 
à  l'envi.  Cet  agaçant  noyau  de  plusieurs  fut  suivi, 
la  FONT,  l*  Florentin,  se.  8.  Esther  a  triomphé  des 
filles  des  Persans;  La  nature  et  le  ciel  à  l'envi  l'ont 
ornée,  hac.  Esth.  m,  ».  Tout  vous  livre  à  l'envi  lo 
rebelle  Hippolyte,  id.  Phèdre,  ii,  2.  lisse  haïssent, 
mais  ils  aiment  l'État;  ce  sont  des  amants  jaloux 
qui  servent  à  l'envi  la  même  maltresse,  volt.  Princ. 
de  Babylone,  s.  De  là  sur  l'Hélicon  deux  partis  op- 
posés Régnent,  et  l'un  par  l'autre  à  l'envi  déprisés.... 
GILBERT,  Le  4  8*».  ||  Il  Se  dit  aussi  des  choses  qui 
semblant  rivaliser.  Et  qu'ensuite  à  l'envi  mille  autres 
hyménées....  corn.  Sert.  I,  2.  Et  tandis  qu'à  l'envi 
leur  amour  se  déploie....  RAC. /phig.  ii,  4.  ||  Il  se  dit 
même  d'une  seule  personne  qui  rivalise  comme  avec 
elle-même.  La  flotte  qu'à  l'envi  favorisait  Neptune, 
corn.  Pomp.  III,  4.  Il  2*  Loc.  prépos.  X  l'envi  de, 
en  rivalisant  avec.  Toutefois  mon  cœur  X  l'envi  de 
Chimène  adore  ce  vainqueur,  coRir.  Cid,  y,  4.  Et 
ses  yeux  qui  brillaient  sous  son  front  assuré  Écla- 
taient à  l'envi  de  son  armet  doré,  trisiam,  M.  de 
Chrispe,  i,  ». 

—  HIST.  xn»  g.  A.  Marsile  en  alai  ad  enviz  ou  de 
gré,  Ronc,  p.  199.  Ignaures  si  très  biel  s'acointe  A 
chascune,  quant  il  i  vient.  Que  de  l'autre  ne  Ii  sou- 
vient, Ne  nul  semblant  k'il  l'ait  envie,  Lai  (ïlgnau- 
rès.  Il  XIII»  s.  Mais  moût  envis  leur  donne  [le  congé] 
l'emperere et  otroie,  acdefroi  le bast.  Romane. p.  26. 
Une  grant  pece  [il]  fu  od  lui,  Moult  à  envis  s'en  de- 
parti,  Lai  del  désiré.  Calondres  i  ot  amassées  En 
ung  autre  lieu,  qui  lassées  De  chanter  furent  4  en- 
vis, la  Rose,  657.  Car  tor  [une  tour]  de  toutes  pars 


1446 


ENV 


IMiM 
MIS. 


M  tuilteéa],  Kariê  eichap»  d'estrfl  prise,  ib. 
7  \  riv"  f  C»  doit  il  faire  «nvii  et  à  poine, 
onfuk  m  <«■  "  1"'  '"'  ■  ren(le/-vouf,  ou  tous 
uHi  '-c'cisf  I^r.  M  reiKli  Thomas  volenliers  Ou  envis , 
Cutiel  i»*»!-  Il  »»•  »•  ''■'■op  envi»  »'y  consentit  la  roy 
d«  Frmnce,  m»u  toutefois  l'acoorda  il,  moiss.  l , 
I  »4.  Il  XVI*  «.  Et  «i  je  suis  entre  les  hommes  vifs, 
C'est  malgré  nioy,  certes,  et  bien  envis,  st-oelais, 
to.  Oui  estoit  la  seule  cause  que  Sa  Majesté  moult  en- 
Tie  dewendoit  1  ce  party  :  mais  que  force  luy  esloil 
de  ce  faire,  M.  du  bellxï,  m».  Ceux  qui  courent  i 
l'envy  doibvent....  most.  i,  «».  La  saveur  se  trouve 
eicertente,  k  l'envi  des  nostre»,  en  divers  fruicl»  île 
de  ces  contrées  là,  ro.  I,ai4.  Ily  a  dos  pertes  trium- 
pfiMites  à  l'envy  des  victoires,  id.  i,  243.  Il  s'obstina 
à  se  mocquer  et  à  rire,  &  l'cnvy  des  mSulx  qu'on 
luy  faisoit,  10.  I.  307.  J'eniçageois  mes  hardes.... 
aveciiues  bien  moins  de  conlraiiicte,  et  moins  envy 
que  lors  je  ne  faisois  bresche  à  cette  boUrse,  lu.  l, 
14*.  Il  fault  reurilcr  l'inclination  vers  le  mal,  suy- 
Tre  envy  cette  pente,  id.  iv,  «.t*.  Les  philosophes 
mesmes  .sa  desiont  plus  tard  et  plus  envy  de  celle 
humeur  [l'amour  de  la  Kloirel  que  de  nulle  autre, 
ID.  I.  aao.  Quand  il?,  font  à  l'cnvy  les  uns  les  au- 
tre» i  qui  chantera  la  inienlx,  amïot,  Péric.  4.  Or  je 
t'aimeray  donÉ ,  bien  qu'envis  de  mon  cœur,  Si 
c'est  quelque  amitié  que  d'aimer  par  cotitrainte, 
RONS.  47*. 

—  ÉTYM.  Èourguig.  ami  ,  involontairement  ; 
wallon,  enV,  malgré  soi;  namur.  nU  (i  muette)  ; 
provenç.  a  mvti,  malgré  soi;  du  latin  invitus,  qui 
parait  composé  de  tn,  privatif,  et  rilu»,  formation 
contracta  de  lici'dw,  rattaché  au  sanscrit  ïof, vou- 
loir. L'historique  montre  la  série  des  sens  :  d  l'enm, 
malgré  la  vulonté  de,  puis  en  rivalité  de,  ce  qui 
•si  une  sorte  de  lutte  contre  la  volonté  de  quelqu'un. 
La  dérivation  par  inticem  est  impossible^  tant  à 
causa  de  l'accent  qui  est  sur  tn,  qu'à  cause  du  sens 
primitif  d'mct. 

f  1.  K.'WI  (an-Ti),  (.  m.  terme  de  jeu.  Argent 
qu'on  met  au  jeu  pour  enchérir  sur  son  compagnon. 
On  fait  (les  envis  au  brelan,  au  hoc. 

—  HIST.  xvi'  s.  Le  roy,  le  pape  et  le  prince  ger- 
main Joot*nt  un  jeu  die  prime  assez  jolie;  D'arme 
est  leur  vade,  et  l'envy  l'Italie;  Elle  roy  lient  le 
grand  point  en  sa  main,  st-oelais,  en.  Cet  usante 
portoit  avec  f^ny  un»  accoiistumance  à  la  simplicité 
et  un  envy  entre  elles  k  <|iii  auroit  le  corps  plus  ro- 
buste et  mieui  dispu<!,  amvot,  Lye.  m. 

—  tTTM.  fc'nri  »  ,  ilans  le  sens  de  rivalité;  un 
envi,  dit  Génin,  Récréât,  t.  i,  p.  40o,  étant  une 
chose  que  l'on  Tait  à  l'envi  pour  tenir  tête  et  en- 
chérir. L'exemple  d'Amyol  à  l'hislorique  preuve  quo 
Otain  a  raison. 

t  ENVlABLK(an-Ti-a-brj,  adj.  Digne  d'envie;  que 
l'on  peut  envier;  à  qui  l'im  peut  porter  envie.  Bien 
enviable.  Personne  enviable. 

—  HiST.  XV»  s.  Envieuse  non  enviable,  EVST.  besc. 
Poé$iei  mis.  dans  lacvrnc^ 

—  ÉTYM.  Knrier. 

t  JiNVIDAGH  (an-vi-da-i"),  ».  m.  Action  é'envi- 
dar  le  fil. 

i  KNVIDRH  (an-Trl-d*)y  ».  a,  "fourner  le  61  *ti- 
WDr  du  fn.seau. 

—  *TY11.  V07.  niviDïii. 

BMVIK  (an-vie),  ».  f.  ||  f  Chagrin  et  h.iine  qu'on 
rWMtnt  du  bonheur  ,  dos  Succès,  îles  aranlages 
(faXrni.  L'envie,  le  mépris,  le  discord  incon.'stant. 
KtolfrtR^  8al.  Ti.  lA  verld  n'est  venu,  l'envie  la 
déttuise,  m.  ib  t.  L'envie  avec  sa  trahisw»,  tus- 
tan.  M.  d*  Chritpt,  m,  4.  La  jaloniie  est  en  quel- 
qmt  manière  juste  et  rai.sonnaMey  ^aisqu'ellâ  ne 
temlqu'à  oonserrer  un  biefi  qui  nous  appartient; 
»■  lieu  qoa  l'envie  est  une  fnreur  qui  ne  peut  souf- 
frir la  bien  des  aatoa*,  La  locHXFtnicAiiLn^  Jr(u.  a». 
U  y  a  aneora  pioa  da  graa  nna  intérêt  qne  sans  efi- 
m,  ID.  ib.  *M.  Utrû  fla*  qua  Panvia  oti  natta - 
1—  «»  ■•loCeolat  BOT».  BUit.  v,  ».  L'eoTia  leur 
**"***  '•»  J«w;  Caat  un  démon  qoi  ne  Inssvrien 
«nafpar,  a«  qui  tira  cons*(|aam:a  da  lotîtes  choses 
••*»  bien  que  la  jalousie,  la  roUt.  Ptyché,  1.  p. 
'^Ttuw  jatoaaia  aasl  poikt eiampta  do  quelque 
"J»OaoTla,  at  «ouvantintro» ce* ilaid passions  se 

y*»««»>t>tWMia}  ractrio  at  U  bSn. 


vtTi  hSZ  -'°?y"'*** * »•  P«*»«f. r*it«â 

imil  mm^tSa^T^  pourrait  dn  1 
MM  gJL??!— *»«W  prethat;  fa 


Iftn 

moliMtado- 
.ranvWluiMe 

>  ■»  «Ml  MMt   aioéreox 


ENV 

échappe  k  leur  injure?  volt.  Tancr.  m,  i,  ....  nos 
tyrans  sont  nos  vices;  Le  plus  cruel  de  tout  dans  ses 
sombres  caprices.  Le  plus  lâche  à  la  fols  et  le  plus 
acharné,  Qui  plonge  au  fond  du  cœur  on  trait  em- 
poi.sonné.  Ce  bourreau  de  l'espriti  quel  est-il?  c'est 
l'envie  i  id.  Dite,  tur  l'envit.  On  pourrait,  ce  me 
semble,  représenter  l'envie,  égorgeant  d'une  main 
un  génie  vivant,  et  de  l'autre  offrant  de  l'encens  à 
un  génie  qui  n'est  plus,  d'alemb.  IHal.  Christ,  et 
Dtieart,  \\  Poétiquement.  O  ciel,  pourquoi  faut-il  que 
ta  secrète  envie  Kermeàde  tels  héros  le  chemin  de 
l'Asiet  BAC. /ph.  1,2.  Il  Kig.  Le  serpent,  les  serpents  de 
l'envie,  se  dit  quelquefois  de  l'envie  et  de  ses  œuvres 
malignes  et  perfides.  Cette  expression  vient  de  la 
manière  dont  les  poêles,  les  peintres  et  les  sculp- 
teurs ont  représenté  l'Envie.  Là  gît  la  sombre  Envie 
à  l'œil  timide  et  louche^  Versant  sur  les  lauriers  tes 
poisons  de  sa  bouche,  volt.  Wenr.  chant  iv.  ||  î" Dé- 
sir de  jouir  d'un  avantage  pareil  à  celui  d'autrui. 
Que  tu  tombes  au  point  de  me  porter  envie,  cobn. 
Wor.  IV,  B.  Qu'aux  honneurs  de  ta  mort  je  dois 
porter  envie liu.  Uéracl.  iv,  ♦.  Je  porte  peu  d'en- 
vie à  .sa  bonne  fortune,  id.  Œdipe,  1,  3.  J'ai  pitié 
de  moi-même  et  jette  un  œil  d'envie  Sur  ceux  dont 
notre  guerre  a  consumé  la  vie,  id.  Horace,  11, 
3.  Et  ce  pays  si  beau....  Avec  un  œil  d'envie  est 
toujours  regardé,  id.  C«d ,  11,  7.  Jamais  de  tant 
de  soins  mon  esprit  agité  Ne  porta  tant  d'envie 
à  sa  félicité,  bac.  Iphig.  iv,  4.  Elle  ne  veut  pas 
qu'on  regarde  d'un  œil  d'envie  la  prospérité  de 
son  frère,  mass.  Carême,  Vérité  de  la  relig.  Va, 
mort  ou  triomphant,  tu  feras  mon  envie,  volt. 
Hrut.  IV,  fl.  I)  Faire  envie,  exciter  l'envie,  le  désir. 
Et  mon  destin  doit  faire  envie,  mol.  Amphit.  i,  t. 
Loin  que  b-iir  destinée  nous  fasse  envie,  mass.  Ca- 
rême, Salut.  La  terre  ainsi  devint  une  image  des 
ci<!nx,  El  le  séjour  de  l'homme  eilt  fait  envie  aux 
dieux,  DELILLE,  Parad.yu.  ||  8"  L'odieux  d'une  chose. 
De  Mesmes  n'avait  rien  oublié  pour  jeter  sur  moi 
toute  l'envie  de  la  collusion  aveo  les  ennemis  de  l'É- 
tat, RETZ, II,  254.  Ijt"  Désir,  volonté.  En  vain, pour 
satisfaire  à  nos  Iftclies  envies, Nous  passons  près  des 
rois  tout  le  temps  do  nos  vies  A  soufTrir  des  mépris, 
à  ployer  les  genoux,  malh.  i,  3.  L'avis  que  l'on  m'a 
donné...  m'a  fait  naître  l'envie  et  le  loisir  de  faire 
cette  promenade,  voit.  Lett.  39.  Vous  n'avez  pu 
former  une  si  noble  envie,  cOrn.  Pomp.  m,  2.  Nous 
autres  asservis  à  nos  lâches  envies.  Sur  des  biens 
passagers  nous  occupons  nos  vies,  id.  Imilatinn,  i, 
41.  Sans  pouvoir  satisfaire  à  leurs  vaines  efivies,  la 
font.  Fabl.  m,  12.  Ce  que  veut  la  raison,  Pamour 
me  le  défeiid  Et  m'en  fite  l'envie,  rac.  Thib.  v,  4. 
Ella  implore  à  grands  cris  le  fer  et  le  poison,  Vous 
seul  vong  lui  pouvez  arracher  cette  envie,  id.  Bér. 
IV,  7.  Quoi  I  vons  ne  perdrez  point  cette  cruelle  en- 
vie [de  vous  donner  la  mort]?  in.  Phèd.  ly  3<  N'eùt- 
il  pas  sans  regret  secondé  mon  envie?  id.  Baj.  m, 
7.  Il  Avoir  envie ,  avoir  désir.  Je  m'aime  un  peu  moi- 
même  et  n'ai  pas  grande  envie  De  vous  sacrifier  le 
repos  de  ma  vie,  COHN.  Othnn,  11,  B.  Pour  moi  je  1« 
confesse,  Mofort,  cette  faute  m'a  choquée  et  j'ai  tou- 
tes les  envies  du  monde  de  l'engager  pour  rabattre 
un  peu  son  orgueil,  mol.  Princ.  d'Él,  ni,  2.  J'aurais 
toute  l'envie  du  monde  de  vous  croire^  id.  le  Fest. 
II,  ».  Si  vous  avez  envie  de  répondre  à  mes  causeries, 
sév.  6J».  Si  elle  ne  le  trompait,  elle  en  avaitbien en- 
vie, HAHILT.  Gramm.  8.  Il  avaîtenvied'allersôjeter 
h  son  cou,  feu.  Tél.  vu.  ||  Faire  envie,  sedit  des  cho- 
ses qui  excitent  le  désir.  Des  gâteaux  qui  lui  faisaient 
grande  envie,  j.  j.  souss.  Êm.  11.  ||  Absolnmeilt. Des 
fruits  mûrs  à  faire  envie.  H  Faire  envie  d'une  chose, 
se  dit  de  quelqu'un  qui  excite  en  un  autre  le  désir  de 
cette  chose.  Vous  ne  deviez  point...  me  montrer  ma 
bonne  fortune  pour  m'en  faire  seulement  envie, 
DALz.  Lett.  II,  ».  A  force  de  baiser,  vous  raCen  feriex 
envia;  Trêve....  corw.  Mél.  v,  B  (4"  édit.).  |t  Imper- 
snnnellemem.  H  me  prend  envie,  j'ai  volonté,désir. 
Ahl  sire,  pirtt  an  ciel  qu'il  vous  eût  pris  envie  De 
me  laisser  en  Perse  abandonner  ma  Vie!  iiairbt, 
Soliman,  i,  ».  Adien,  si  de  ma  vie  Je  voira  rappelle 
et  qu'il  m'en  pfenne  envie,  la  »ont.  Fabl.  vu,  ». 
Il  me  prendrait  envie  en  mon  juste  ootfrroux  De  me 
battre  mot-méme,  et  me  donner  cent  eoups,  hol. 
l'Ét.  m,  »».  Il  Passer  son  envie,  .»«  satRifaire.  Pouf 
un  mouton  potirri,  pour  quelque  chien  hiirgneux 
Dont  jaurai  passé  mon  envie,  ta  pont.  Fabi.  t,  e. 
Qwâquefois  j'en  pa.ss»  mon  envie,  «*v.  7».  |}  Faire 
pMNf  l'tnvie  de  quelque  chose,  en  6terl«  désir.  Je 
TOUS  en  venx  faire  pa.sser  Fenvie,  hac.  Plaid,  m, 
♦.  Il  L'tnvie  m'en  tst  passée,  j«  tfen  ai  plut  le  désir. 
Il  !•  Kntia  s'applique  aussi  aux  différen*»  besoins 
oorpereli.  Bnvie  de  manger,  de  boire.  La  séche- 
resse du  gosier  nous  fait  anvia  de  boira,  onc.  Méd. 


ENV 

t.  Nul  mets  n'excitait  leur  envie,  i.A  font.  Fahi. 
VII,  ^.  Nous  avions  tous  envie  de  pleurer,  s*v.  4  29, 
Il  Envie  de  vomir,  nausée,  soulèvement  de  eœur. 
Il  Absolument.  Chez  les  enfants,  avoir  envie,  dési- 
rer de  faire  ses  nécessités.  ||  Envie  de  femme  grosse, 
ou,  simplement,  envie,  dépravation  de  l'appétit  qui 
constitue  le  pica,  et  qu'on  observe  surtout  che»  les 
femmes  enoeintes.  |j  Familièrement  et  fig.  Envie 
de  femme  grosse^  tout  désir  vif  et  subit.  ||  6"  Nem 
donné  à  de  petites  portions  de  peau  qui  se  détachent 
autour  des  ongles,  et  causent  une  assez  vive  douleur 
quand  on  les  arrache.  ||  7*  Nom  donné  à  des  taches 
que  les  enfants  apportent  en  naissant,  et  auxquelles 
on  s'imagine  trouver  de  la  ressemblance  aveo  cer-" 
tains  objets  dont  la  mère  a  eu  envie  pendant  sa  gros- 
sesse. Les  envies  sont  comme  des  nuées  :  on  y  voit 
ce  que  l'on  veut,  bonnet,  Consid.  corp»  org.  CEur 
vre$,  t.  VI,  p.  100,  dans  pouoehs.  ||  Proverbe.  U  vaut 
mieux  faire  envie  que  pitié. 

—  SYN.  BNVIE,  JALOUSIE.  Tant  que  le  jaloux  est 
seulement  jaloux  de  ce  qu'il  possède,  il  n'a  rien  de 
commun  avec  l'envieux;  mais  quand  il  jalouse  au- 
trui, alors  il  y  a  à  distinguer  :  l'envie  est  un  senti- 
ment de  haine  et  de  chagrin  à  la  vue  de  ce  qui  est 
leliien  d'autrui;  la  jalousie  est  un  sentiment  de  cha- 
grin de  voir  en  autrui  et  un  désir  rie  voir  à  soi  les 
avantages  qu'un  autre  possède.  Le  jaloux  est  voisin 
du  rival,  l'envieux  est  voisin  da  l'ennemi. 

—  HlST.  XII'  s.  Et  nostra  gent  rjui  d'avoir  oiut  efn- 
vle,  Rotii.  p.  447.  Les  douze  pairs  qui  sont  mort  paf 
envie,  ib.  p.  4B4.  Mais  quant  j'aurai  de  vous  haïr  envie, 
Couc.  14.  Mais  jàd'amors  ne  me  prendra  envie,  QUEa-' 
WES,  Romane,  p.  86.  CuensTibaut  [le  comte  Thibaut) 
doré  d'envie.  De  félonie  fretté.  De  faire  chevalerie 
N'estes  vous  mie  aloséj  hues  de  la  perte,  Romane. 
p.  487.  [Cil]  Qui  plus  ont  esmeU  la  tançon  etl'anvie, 
Sas.  XX.  Mais  plusor  lo.sangierqui  de  nous  ont  anvie,- 
ib.  xzxn.  Petiz  est  cil  cui  li  envie  ooit,  ^uar  il  tes- 
monget  que  il  menre  [plus  petit]  est  de  celui  cui  il 
portet  envie.  Job,  p.  B47.  ||  xiii"  s.  Envie  dure  toi 
jorz  et  sera  tant  come  li  mondes  durera,  Merlin, 
f"  BB,  t;er»o.  Se  l'on  eslit  l'un  de  ces  deux  haus  ho- 
mes, li  autres  en  aura  si  grant  envie  que  il  enmenra 
[emmènera]  toute  sa  gent,viLiEu.  cix.  Il  furent  bon 
ami  sans  mal  et  sans  envie,  Berte,  11.  Et  li  autres 
[eut  nom]  Heudri,  faus  fu  et  pleins  d'envie,  ib.  hx. 
Il  XIV*  s.  C'est  envie  qui  est  tristesce  du  bien  d'au- 
trui, ORESME,  Eih.  46.  ||  XV*  S.  De  ses  jiarolesy  do 
ses  ruses,  de  ses  faits  [Jean  Balle,  qui  excitait  les 
serfs  contre  leurs  seigneurs]  furent  avisés  et  infor- 
més trop  grand  foison  de  menues  gens  en  la  cité  de 
Londres,  qui  avoient  envie  sur  les  riches  et  sur  les 

nobles,  froiss.  ii,  ii,  406 Toutes  ces  guerres 

murent  par  envie  que  les  bonnes  villes  de  Flandre 
avoient  l'ane  sur  l'autre,  id.  n,  ii;  62.  On  dit  en  un 
commun  Jrroverbe  que  envie  en  mourutj  H),  iij  11, 
206.  Tourmente*  moi  de  plus  fort  en  plus  fort,Ponr 
en  passer  tout  à  cop  vostre  envie,  en.  n'ont.  C/(Oi»^ 
son.  [Charge]  de  toutes  bonnes  viandes  qui  font 
envye  de  boire;  gomm.  iv,  ».  ||  xvi*  s.  Bien  est  vray 
que  toute  ma  vie  j'auray  envie  que  je  ne  pois  faire 
pour  luy  office  pareil  au  vostrey  marg.  Lett.  ixt.  Si 
vous  avés  envie  que  je  vive/  je  vous  prie,  qnejo 
sache  de  vos  nouvelles,  id.  ib.  lxvii.  U  Iti  refreidira 
l'envie  d«  s'attacher  au  prince  /  mout.  i,  4«7.  Si 
vous  avez  envie  qu'il  craigne  la  honte,  rie  l'y  en- 
durcissez pas,  ID.  i,  48».  L'ambition,  le  dépit  et 
l'envie  l'agitent  comme  un  aullre/ 1*.  1,  ï»7;  L'envie 
de  vomir  luy  estoit  passée,  m.  rv;  î.  ....  Qu'd  fsltoit 
mieux  les  faire  mourir  tous  deux,  cependant  que  efl 
fils  en  pouvoit  portef  l'envie  [prendra  l'odieitx], 
d'aub.  tlitt.  1,  4  03.  En  lisant  les  faicts  heroiquet 
des  vaillants  hommes,  il  leur  prend  envie  d'en  faire 
de  semblables,  amyot,  Préf.  iviii,  4«.  L«  feflilne 
dilàyant  jusques  à  un  autre  temps  reiecutiôa  de 
l'envie  qu'elle  porta  à  im  si  noble  exploit,  1».  Pi 
Mm.  37. [  Le*in]  douce  liqueur,  le  plaisir  de  la  vie. 
Oui  an  nectar  porte  bien  pe«  d'envie,  Do  bïil.-  tin, 
4«,  Ttrto. 

—  ÊTYM.  Provenç.  enveia,  fiïf<a,ee<o;eatal.  rn- 
veja;  espagn.  «ifidto;  port,  inw/o;  itah  invidia; 
du  latin  invidia  (roy.  «*TrtR). 

ENVIÉ,  ÉE  (an-vi-é,  ée),  p<trt.  faai.  ||  1*  À  qui 
l'on  porte  envie.  Ceux  qui  font  bien  irtérrte'raient 
seuls  d'être  enviés,  ^il  n'y  arvatt  encore  rni  mtiUenr 
parti  i  prendre,  qui  est  de  faire  mieux,  lA  BliçY. 
IV.  Chaetm  brille  d'un  fsui  éclat  aux  yeW  de 
(Quelque  «ntre,  chacun  est  envié  pendari»  qu'il  Mt 
lui-même  envieux,  roNTEit.  Bonheur,  dan»  foc«ei»*. 
Il  S*  À  quoi  l'on  porte  envie.  Det  jcmri  toujours  & 
plaindre  et  toujours  envié»,  Mo.  BtiU  U,  ».  »  fê- 
tais dans  une  de  ces  positions  ebtiéas  rfofWi^arôon- 
que  aime  à  faire  un  rftla  te  prévaut  toujours  jiiii» 


ENV 

ment,  J.  J.  rouss.  Lett.  de  la  montagne,  yni.  ||  Une 
place,  une  position  bien  enviée,  désirée  de  tous. 

ENVreiLLl,  lE (an-vi6-lli ,  Uie,  J( mouillées), part 
paué  d'envieillir.  ||  1°  Devenu  vieux  dans.  Une  pau- 
vre femme  envieiUie  dans  la  misère.  ||  2*  Fig.  Oui  a 
contracté  parle  long  temps  quelque  habitude  bonne 
ou  mauvaise.  Les  péct  ^urs  les  plus  envieillis , 
i-ASC.  Prov.  to.  Faire  environner  la  table  de  Jésus- 
Christ  de  péoneurs  envieillis  sortant  de  leur  infamie, 
m.ib.te.  Il  Invétéré,  en  parlant  des  choses.  Une  baina 
envieiUie  en  un  cœur  déloyal,  thistam.  If.  de 
Chrispe,  iv,  t.  Laquelle  maladie  par  laps  de  temps 
naturalisée,  manifestement  envieiUie  et  ayant  pris 
droit  de  bourgeoisie  chez  lui,  mol.  M.  de  Pou:-e. 
I,  a.  La  dureté  du  cœur  et  l'erreur  envitillie  [chez 
les  protestants],  la  pont.  t.  vi,  p.  ms,  édit.  Walc- 
kenaer.  Un  cœur  que  dss  passions  envieillies  ont 
affaibli,  mass.  Av.  Ditp.  Plus  leurs  plaies  sont  en- 
vieillies  et  désespérées,  îD.  Car.  Temples. 

EXVIEILLIR  (an-viè-llir.  Il  mouillées,  et  non 
an-vife-yir).  ||  !•  ¥.  n.  Devenir  vieux  dans.  La  ri- 
^'lleur  de  ses  lois,  après  tant  de  licence,  Redonnera 

I  '  cœur  à  la  faible  innocence  Oue  dedans  la  misère 
■•n  faisait  envieillir,  MAi.n.  n,  4.  ||  a*  Y.  a.  Faire 
paraître  vieux.  Cette  coiffure  l'envieillit.  ||  8'  S'en- 
ïieillir,  v.  réfl.  Devenir  vieux.  Mon  âge,  avant  le 
temps,  par  mes  maux  s'envieillit,  bégnieb,  Élég.  i. 

—  HlST.xiii*  s.  Je  sui  juenes  et  puis  envieilli,  et 
onques  ne  vj  juste  ome  déguerpi  de  Dieu,  Pmulier, 
t'  46.  Sire  Dieux,  tu  les  uns  melsmes  [un  même] 
qui  n'envellis  ne  ne  changes,  ib.  f'  ^st.Li  tens  qui 
envieillipt  nos  pères,  Et  qui  tous  nous  envieillira, 
(o  Ro»e,  »83.  Fines  colors,  fresehes  et  vives  N'i  sunt 
pas  au  soir  enveillies  ;  Ains  i  pueent  [peuvent]  estre 
cueillies  Itex  [telles]  le  soir  comme  le  main  [le  ma- 
tin], ib.  50181.  Robe  qui  empire  par  vers  ou  par 
enviesir,  beal-m.  xxxvii,  t.  ||  xV  s.  Je  trouvay  ung 
peu  le  roy  nqstre  maistre  envieilly,  comm.  vi,  ». 

II  ivi*  s.  Le  dernier  de  ces  roys  fut  chassé  de  son 
Estât,  et  moiirut  en  exil  après  y  estre  envieilli, 
AMYOT,  JVumo,  36.  Depuis  un  long  traict  de  temps 
je  me  suis  envieilli,  mais  assagi,  uort.  iv,  9t. 

—  l^TYM.  En  I ,  et  vieillir. 

t  KNVIEILLISSEMENT  (an-viè-Ui-se-man ,  Il 
mouillées),  s.  m.  L'action  d'envieillir;  le  résultat 
de  cette  action. 

—  HIST.  XIV*  s.  Aussi  comme  la  vertu  du  corps  en- 
vieillis!,  aussi  envieillist  la  vertu  de  la  pensée.... 
cest  envieillissement  à  venir....  oresme.  Thèse  de 
MEUNIER.  ||xvi*s.  Douter  de  la  continuelle  suffisance 
de  la  terre,  crainte  de  son  envieillissement,  o.  de 

SEBHES,    t46. 

—  ÉTYM.  Envieillir. 

1 .  ENVIER  (an-vi-é) ,  j'enviais,  nous  enviions,  vous 
enviiez;  que  j'envie,    que  nous  enviions,  que  vous 
enviiez,  v,  a.  \\  1°  Éprouver  envers  quelqu'un  le  sen- 
timent de  l'envie.  Ils  envient  tous  ceux  à  qui  l'on 
donne,  LA  PRDT.  VIII.  Je  n'envierai  personne,   et 
personne  ne  m'enviera,  voit.  Vemnon.  ||  2°  Éprou- 
ver pour  quelque  chose  le  sentiment  de  l'envie.   Ce 
qui  rendit  sa  faveur  plus  singulière,  c'est  qu'elle  ne 
fut  ni  enviée  ni  traversée  et  que  personne  n'en  fut 
victime,  VOLT.  liut$ie,  n,  *.  ||  Envier  quelque  chose 
,\  quelqu'un,  désirer  posséder  ce  qu'il   possèae.  Si 
la  fortune  qui  mç  fait  vaincre  partout  m'accompagne 
encore  auprès  de  vous,  je  n'envierai  pas  îi  Alexan- 
dre toutes  ses  conquêtes,  voit.  Lett.  7.  Moi  qui  en 
toute  autre  occasion  me  réjouis  de  vos  avantages 
plus  que  d»s  miens  propres,  çt  qui  ne  vous  envie 
|i:is  votre  esprit,  votre  science,  ni  votre  réputation, 
)0  vous  porte  envie  d'avoir  été  huit  jours  avec  M.  de 
Ualzao,  ID.  ib.  1 25.  Je  ne  viens  point  ici  par  de  jalouses 
larmes  Vous  envier  un  cœur  qui  se  rend  à  vos  char- 
mes, BAC.  Àndr.  III,  *.  Il  U  s» dit  aussi  des  person- 
nes qu'on  désire  posséder.    Quand  un  homme  a 
mérité  d'être  envié  à  son  parti  par  ceux  qui  le  com- 
battaient, il  a  touché  à  la  véritable  gloire,  A.  car- 
liEL,  (MSuvret,  t.  iv,  p.  î8».  ||  3"  Souhaiter,  sans  être 
envieux,  c«  que  quelqu'un  possède.  Envier  la  haute 
fortune  de  quelqu'un.  Et  ce  sont  c«3  plaisirs  «t  ces 
pleurs  que  j'envie,  rac.  Drit.  ii,  3.  Allons,   n'en- 
vions plus   son  indigne  conquête,   id,  Àndr.  ii,  1. 
Dans  mon  triomphe  btureux  j'envierai  peu  les  siens, 
VOLT.  Sémir.  u,    i.||U  se  dit  aussi  pour  désirer. 
Voilà  le  posta  que  j'envierais  la  plus.  ||  4"  Ne  pas  ac- 
corder, refuser.  Ah!  destins  «nnemis  Oui  m'enviez 
lu  bien  que  ja  m'étais  promis,  corn.  Jîodogi.   v,  4. 
M'enviertz-vous  l'honneur  da  mourir  à.  vos   yeuxT 
ID,  Kitowt.  i,   t.  De  votre  lieutenant  m'envieriez- 
vuus  le  nomT  m.  Strtor.  m,  2.  Bonté  qui  a  donné 
l'être  aux  plus  nobles,  tt  ne  l'a  pas  voulu  envier  aux 
moindres,  Boss.  Nécets.  i.  Soitque  son  cœur  jaloux 
d'une  austère  fierté  Enviât  à  nos  yeux  sa  naissante 


ENV 

beauté,  rac.  Brit.  n,  a.  Pourquoi  m'envisz-vous 
l'air  que  tous  respirez?  id.  Bérén.  iv,  6.  Si  ta  haine 
m'envie  un  supplice  si  doux,  m.  Phèd.  il,  6.  ||  Dans 
un  sens  latin.  Le  ciel  nous  a  envié  ce  grand  homme, 
c'est-à-dire  ce  grand  homme  est  mort.  ||  6"  S'envier, 
V.  réft.  Se  porter  envie  l'un  i  l'autre.  Ces  deux 
hommes  s'envient  et  se  font  le  plus  de  mal  qu'ils 
peuvent. 

—  REM.  Des  grammairiens  ont  prétendu  qu'on  ne 
disait  pas  correctement  envier  quelqu'un ,  mais  en- 
vier quelque  chose  ,  et  qu'au  lieu  d'envier  quel- 
qu'un, il  fallait  dire  porter  envie  à  quelqu'un.  Cette 
décision  est  contredite  par  la  Bruyère,  Fontenelle, 
Voltaire  ,  et  avant  eux  par  Montaigne,  qui,  avec 
envier,  ont  mis  les  personnes  au  régime  direct.  On 
ne  voit  d'ailleurs  aucune  raison  pour  laquelle  ce  ré- 
gime ne  devrait  pas  être  employé. 

—  HlST.  XVI'  s.  J'envie  ceulx  qui  sçavent  s'appri- 
voiser au  moindre  de  leurs  serviteurs,  mont,  m, 
278.  U  avoit  escrlpt  beaucoup  d'autres  vies,  que 
l'injure  du  temps  nous  a  enviées,  amtot,  Préf.  xxv, 
63.  Je  porte  envie  à  ta  mort,  Caton ,  puisque  tu  m'as 
envié  la  gloire  de  t'avoir  sauvé  la  vie,  id.  Cat.  d'Ut. 
8».  C'est  grand  mald'estremiserable.  Mais  c'est  grand 
bien  d'estre  envié,  rons.  37 (. 

—  ÈTYM.  Provenç.  enveiar;  catal.  envejar;  es- 
pagn.  envidiar;  portug.  invejar;  ital.  invidiare; 
d'un  bas-latin  invidiare,  formé  de  tntiidta,  envie,  de 
iniidere,  de  in,  en,  et  videre,  voir  :  fixer  les  yeux 
sur,  comme  fait  l'envieux. 

t  2.  ENVIER  (an-vi-é),  v.  n.  Terme  dejeu.  Jouer 
pour  voir  qui  aura  le  point  le  plus  haut;  faire  un 
envi. 

—  HIST.  ira*  s.  La  teste  Godefroy  [ils]  metent  à 
l'envier,  Tangré  ne  Buiemont  n'i  vourent  oblier, 
Chanson  d'Ant.  vu,  721.  ||xvi'  s.  Quelques  fois  il 
plaistà.  la  fortune  envier  sur  nos  miracles,  mont,  i, 

253. 

—  ÊTTM.  Inrt  2;  provenç,  envidar,  enviar. 
ENVIEUX,  ECSE  (an-vi-eû,  eû-z'),  adj.  ||  l'Qul 

éprouve  de  l'envie.  Être  envieux  du  bien  d'autrui. 
Un  esprit  envieux.  Envieux  l'un  de  l'autre,  ils  mè- 
nent tout  par  brigue,  corn.  Cinna,  n,  t.  On  est 
jaloux  de  ce  qu'on  possède  et  envit  ir  i^e  ce  que  pos- 
sèdent les  autres,  d'alemb.  Synon.  iJtuv.  t.  ni,  p. 
320,  dans  pougens.  Vous  prétendez  être  jaloux,  et 
vous  n'êtes  qu'envieux;  cette  méprise  arrive  souvent, 
GENLis,  Thédt.  d'éduc.  le  Bal  d'enfants,  i,  6. 
Il  Substantivement.  Les  envieux  n'ont  jamais  de  re- 
pos. Jamais  un  envieux  ne  pardonne  au  mérite, 
corn.  Suréna,  y,  2.  Nos  envieuses  se  confirmaient 
dans  leur  mécontentement  et  leur  dessein,  la  font. 
Psyché,  I,  p.  74.  Les  envieux  mourront,  mais  non 
jamais  l'envie,  mol.  Tart.  v,  3.  Et  son  trop  de  lu- 
mière, importunant  les  yeux.  De  ses  propres  amis 
lui  fait  des  envieux,  boil.  Ép.  vu.  Moi-même  dont 
la  gloire  ici  moins  répandue  Des  pUes  envieux  ne 
blesse  pas  la  vue,  id.  tb.  ||  2°  Qui  a  le  caractère 
de  l'envie.  Un  regard  envieux.  Quelle  faiblesse  à 
moi  d'en  croire  un  furieux  Qu'arme  contre  son  frère 
un  dessein  envieux  1  rac.  if i(/ir.  ni,  4. 113°  Désireux. 
Envieux  d'arrêter  le  carnage  et  les  flammes,  lemerc. 
Charles  VI,  v,  S.  ||  4°  Oui  n'accorde  pas,  qui  refuse. 
Un  passant  inconnu  touché  de  cette  enfance  Dont  un 
astre  envieux  condamnait  la  naissance,  corn.  Œdipe, 
IV,  2.  Quel  démon  envieux  M'a  refusé  l'honneur  de 
mourir  à  vos  yeux?  bac.  Brit.  Ii,  6.  ||  Régnier  a  dit 
en  ce  sens  envieux  sur,  ce  qui  n'est  pas  à  imiter.  Si 
le  ciel  n'eût  été  sur  mon  bien  envieux,  Élég.  iv. 
C'est  un  archaïsme,  comme  on  peut  toir  h  l'histo- 
rique. 

—  HIST.  m*  s.  Celle  envieuse  gent,  Co«ct,  p.  »2l. 
S'envieux  l'avoientjuré.  Ne  me  nuiroient-il  néant, 
ib.  Il  Iiii*  !.  Dame,  amors  ne  »e  daigne  pren- 
dre ices  faus  cointes  orguiUex,  Ces  mesdisanz,  ces 
enviex.  Qui  amors  ne  sevent  avoir,  Lai  du  conseil. 
Et  sachiésque  moult  m'agréa.  Quant  Cortoisio  m'en 
pria.  Et  me  dist  que  je  carolasse  [dansasse].  Carde 
caroler,  se  j'osasse,  Estoia  envieus  et  sorpris,  la 
Rose,  80J.  Il  XV'  s.  On  dit  en  un  commun  proverbe, 
et  voir  est,  qua  oncques  envie  ne  mourut;  je  le  ra- 
mentois,  pourtant  qua  par  nature  Anglois  sont  trop 
envieux  sur  le  bien  d'autrui  et  ont  toujours  esté, 
FROiss.  II,  u,  20».  H  n'est  chose  qui  soit  plusgriefve 
à  l'envieux  mauvais  que  de  venir  devant  aoy  ou 
de  ouir  louer  la  bon  et  vertueux,  Boucic.  m,  13. 
Il  XVI*  s.  Je  ne  suis  pas  sur  vostre  aise  envieux,  du 
BELLAY,  n,  27,  rccto.  Ses  envieux,  amyot,  Thém. 
45.  L'envie  ne  mourra  jamais,  mais  les  envieux 
mourront,  adrien  ds  montluc,  Comidie  des  pro- 
verbes. Icy  tomba  son  corps  [d'Icare]  degarny  de 
plumage.  Laissant  tous  braves  coeurs  da  sa  chute 
envieux,  despories.  Amours  d' Uippolyte ,  i. 


ENV 


U47 


—  ÉTYM.  Berry,  tnvioux,  enviousê;  provenç.  «»• 
veios,  envexoi,  envios;  eatal.  envejos;  eepagn.  <n- 
vidioso;  portug.  tn«g'oso;  ital.  invidioso;  do  latin 
tmiidi'oiui,  de  invidia  (voy.  bkvie).  Dans  les  ma» 
nuscrits  de  textes  d'ancien  français  il  n'est  pas  tou- 
jours facile  de  distinguer  entiieus  qui  s'écrit  tnuieuj 
d'ennuyeux  qui  s'écrit  aussi  enuieut,  et  qui  signifie 
fâcheux,  méchant. 

+  ENVILA8SE  (an-vi-la-s'),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Arbre  de  Madagascar  (sorte  de  bois  d'ébène). 

ENVINÉ,  ÉE  (an-vi-né,  née),  adj.  Qui  a  pris  l'o- 
deur du  vin,  en  parlant  d'un  vase.  Une  cruche  en- 
vinée. 

t  ENVINEE  (an-vi-né),  v.  tt.  Garnir  de  vignes. 
Bacchus  envine  nos  coteaux,  Ducis,  Œuvres posth. 
t.  u,  p.  «5,  4826. 

—  ÉTYM.  £n  1 ,  et  vin. 

ENVIRON  (an-vi-ron).  (|  1"  Prép.  Dans  le  voisi- 
nage de.  Une  petite  glande  située  environ  le  milieu 
de  la  substance,  desc.  l'Homme.  \\  U  se  dit  aussi  du 
voisinage  dans  le  temps.  Environ  ce  même  temps  les 
consuls  furent  de  retour  à  Rome,  malh.  Le  xxxiu* 
liv.  de  T.  Live,  ch.  M.  Je  me  souviens  d'avoir  vu  en- 
viron le  mois  de  mai....  desc.  MHéor.  7.  C'est-à-dire 
environ  le  temps  Que  tout  aime,  la  pont.  Fabl.  iv, 
22.  Ce  fut  environ  ce  tempsque....BOSS.  Hisl.  i,  10. 
Anaxagore,  l'un  des  plus  illustres  philosophes  de 
l'antiquité,  naquit  à  Clazomènes,  dans  l'Ionie,  en- 
viron la  soixante-dixième  olympiade,  et  fut  disciple 
d'Anaximène,  rolun,  Hist.  ane.  liv.  xivi,  1'*  part, 
ch.  4.  Environ  la  neuvième  heure,  volt.  Phil.  v, 
244.  Environ  ce  temps,  je  trouvai  à  me  placer  très- 
avantageusement,  p.  l.  cour,  i,  148.  ||  2°  Adv.  X 
peu  près,  un  peuplas,  un  peu  moins.  U  y  a  envi- 
ron vingt  ans.  11  y  a  quatre  cents  francs  ou  environ. 
La  hauteur  de  ce  monticule  est  environ  de  quarante 
pieds.  Il  demeura  sur  le  champ  de  bataille  deux 
mille  hommes  ou  environ.  Une  armée  de  dix  mille 
hommes  environ,  ou  d'environ  dix  mille  hommes. 
La  réfraction  d'un  rayon  qui,  de  l'air,  entre  dans 
l'humeur  aqueuse,  est  à  peu  près  comme  4  à  3,  dans 
le  cristalhn  comme  3  à  2 ,  dans  l'humeur  vitrée 
comme  io  à  7  ou  environ,  malebh.  Kech.  Maire, 
sur  l'opt.X.  IT,  p.  43»,  dans  pougens. 

—  REM.  L'Académie  ne  donne  pas  environ  prépo- 
sition ;  mais  ce  mot  a  été  employé  en  ce  sens  par 
de  trop  bons  auvcvre  pour  qu'on  le  rejette. 

—  HIST.  xr  s.  Environ  lui  pi<i3  da  vingt  milie 
homes,  Ch.  de  Roi.  u.  ||xn'  s.  Vingt  chevalier  en- 
viron le  roi  vont,  Rone.  p.  4  38.  Et  nouvelles  en  vin- 
rent au  saisne  Brunamont,  Qui  justisoit  [gouver- 
nait] Sassoigne  et  la  terre  environ,  5ax.  _ui  11  voit 
environ  lui  ses  chevaliers  ocire,  ib.  x.  Hxiii*  s,  Et 
li  escu  furent  pourlendu  es  chastiaus  tout  environ 
les  nés  fnefs,  vaisseaux],  villeh.  xliv.  ||xv  s.  Un 
mois  ou  environ  que  le  siège  fut  là  devant,  oncques 
ne  plut,  mais  faisoit  bel,  chaud  et  sec,  raoïss.  ii, 
II,  2S2.  lA  mareschal  Joachin  estoit  toujours  en- 
viron de  luy,  coMM.  i,  J.  Et  y  arriva  environ  sept 
heures  du  matin,  id.  i,  s.  ||xvi*  s..  Se  esveilloyt 
doncques  Gargantua  environ  quatre  heures  du  ma- 
tin, BABEL.  Garg.  i,  23,  Il  m'envoya,  environ  mes 
six  ans,  au  collège  de  Guienne,  mont,  i,  4»6.  So- 
crates  parla  environ  en  ce  sens  aux  juges  qui.... 
m.  IV,  ai 6.  Né  le  2i  du  mois  de  Thoth,  environ  îd 
soleil  levant,  amtot,  Rom.  4  8. 

—  ÉTM.  En  1 ,  et  l'ancien  français  viron,  autour, 
de  vtrer  (voy.  ce  mot);  provenç.  enrtron,  enciro, 
eviron.  Dans  l'historique,  environ  a  le  seas  de  au- 
tour, qu'il  a  perdu  dans  le  langage  moderne. 

t  ENVIRONNANT,  ANTE  (an-vi-ro-nan,  nan-t') 
adj.  Oui  environna,  qui  est  dans  les  environs.  Les 
lieux  environnants.  Le  terrain  environnant.  Les  col- 
lines environnantes, 

ENVIRONNÉ,  EB  (an-vi-ro-né,  née) ,  part. paui. 
Il  i°  Qui  a  autour  de  soi  quelque  chose  qui  ceint. 
Un  jardin  environné  d'une  haie.  La  mai.son  du  sei- 
gneur seule  un  peu  plus  ornée  Se  présente  au  dehors 
de  murs  environnée,  boil.  Ép.  vi.  ||  Fig.  Environné 
de  gloire  et  chargé  de  lauriers,  rotr.  Bélis.  i,  5. 
Desoins  tumultueux  un  prince  environné,  rac £*(/>. 
a,  ».  L'ayant  reçue  [la  parole  de  Dieu]  non  pas 
comme  d'un  homme  faible,  pécheur,  environné  d« 
misères....  mai»  comme  la  parole  de  Dieu  roêice, 
elle  fructifiera  en  vous,  mass.  Car.  FaHSSS  conf. 
Il  2*  Oui  a  autour  de  soi  des  personnes.  Environné 
par  la  foule.  J'expire  environné  d'ennemis  que 
j'immole,  bac  Uithr.  v,  6.  ||  Qui  a  parmi  sas  en- 
tours.  Dieu  fit  de»  promesses  jt  Abraham  qui  était 
tout  environné  d'idoUtre»,  et  il  lui  fit  connaître  le 
mystère  du  Kessie  qu'il  devait  envoyer ,  fAsc. 
Pensées,  part,  u,  «rt.  4.  Comme  il  n'aimait  point 
les  hommes  vertueux  et  qu'il  ne  sarait  point  les 


tVfS 


ENV 


Hiwrner  il  iiVlail  environné  que  rte  g<-m  inlérei- 
fr'.rllfliieu.,  prêt»  A  «*5ciilcr  M»  ordres  injuste» 
et-nVuSÎ^-îN.  M.i...  Knvironnô  ,1e  fainéant, 
0  ru'illo"»  q"i  remanient  l'Ignorance  oisive  comme 
ripansBe  et  presque  le  litre  do  leur  noblesse,  d'a- 
iiuà.  Iftogf'.  SIAulaire. 

f  ENVIKONNEMKNT  (an-vl-ro-ne-man),  t.  m. 
Action  d'environner;  rtsuliat  de  cette  action 

—  HIST.  xvr  s.  Et  ne  scauroit  on  faire  une  lieue 
au  tr«Ter«  qu'elle  n'en  monte  à  plus  de  six,  à  cause 
de»  environnements  [circwlls]  qu'il  faut  faire  pour 
en  »ortir,  palissy,  îb6. 

—  f.TYM.  Environner. 

ENVIRONNER  (an-vi- ro-né) ,  «.  a.  ||  !•  Mettre  au- 
tour. Knvironner  une  ville  de  fossés,  de  murailles. 
Il  î"  Être  autour.  Il  enleva  ce  fameux  cercle  d'or  qui 
environnait  le  tombeau  du  roi  Osymandias,  lequel 
avait  386  coudées  de  circuit,  et  représentait  tous  les 
mouvements  de»  différentes  constellations,  rollin, 
llist.ane.  OlCuvrei,  t.  ]i,  p.  323,  dans  pouoens. 
Il  Se  mettre  autour.  Mais  qui  pourra  de  nous  appro- 
chera personne,  Si  durant  le  festin  sa  garde  l'envi- 
ronne? cohn.  l'omp.  IV,  (.  Le  peuple  cependant, 
que  ae  spectacle  étonne,  Vole  de  toutes  parts,  se 
presse,  l'environne  [JunieJ,  bac.  Brit.  v,  8.  Les 
uns  avec  respect  environnaient  la  reine,  :d.  Iphig. 
j,  4.  Les  nymphes  qui  l'environnent  [CalypsoJ , 
TÉN.  Tél.  vu.  Il  Fig.  Les  dangers  l'environnent  de 
toutes  parts.  Les  soucis  l'environnent.  Peut-être 
assez  d'honneurs  environnaient  ma  vie  Pour  ne 
point  souhaiter  qu'elle  me  fût  ravie,  bac. /phtff. 
IV,  4.  Dfjà  la  mort  m'environne,  et  je  ne  songe  pas 
à  supplier  la  honte  divine  de  me  pardonner  d'avoir 
moi-même  borné  le  cours  d'une  vie  dont  elle  seule 
devait  disposer,  lesage,  Z>ta6Je  boit.  < 6.  Songe  à 
ce  bras  puissant,  vainqueur  de  tant  de  rois,  À  cet 
aimable  front  que  la  gloire  environne,  volt.  Zaïre, 

I,  (.  Il  3°  S'environner,  v.  réfl.  Réunir  autour  de 
soi.  Voyez,  quand  tous  les  maux  s'amassent  sur  nos 
têtes,  Fiesque  s'environner  de  la  pompe  des  fêtes, 
ANCEI.0T,  Fiesque,  I,  4.  ||  Prendre  pour  enlours.  11 
ne  s'environne  que  d'hommes  suspects. 

—  IIIST.  xiii*  s.  Et  au  venir  que  il  list  vers  le  roy, 
environna  [il  fit  le  tour  de]  toute  Espaingne,  et  le 
convint  passer  par  les  destroiz  de  Marroch,  Jomv. 
ï«5.  Il  xv  s.  Et  l'avoient  les  assiegeurs  tellement 
environnée  de  tous  côtés,  froiss.  >,  i,  432.  Et 
avoient  ja  esté  environnez  [assiégés]  trois  mois  qua- 
torze jours,  coMM.  viu,  8.  Il  XVI'  s.  Il  lui  prit  envie 
de  naviger  luy  mesme,  «ntrant  par  la  bouche  de 
l'Eiiphrate  en  l'Océan  avec  une  bonne  et  grosse 
(lotte  do  vaisseaux,  et  s'en  aller  environner  toutes 
les  coste*  de  l'Arabie  et  de  l'Afrique,  pour  puis 
après  rentrer  dedans  la  mer  Méditerranée  par  le 
dcstroit  des  coulonnes  de  Hercule, amyot,  Alex.  4)0. 

—  ÊTYM.  Envirom  provenç.  environar.  L'ancienne 
langue  disait  aussi  avironner. 

KlfVIBONS  (an-vi-ron),  s.  m.  plur.  Les  lieux  cir- 
convoisins.  Paris  et  ses  environs.  Aux  environs  de 
cette  cabane.  On  prenait  garde  que  le  plus  grand 
nombre  fût  toujours  des  environs,  patbu,  Plaid.  4 , 
dans  Bir.iiELET.  Après  avoir  bâti  Alexandrie ,  il 
quitta  l'Egypte  et  passa  en  Assyrie,  où  il  joignit 
Darius  aux  environs  d'Arbelles,  condil.  Ilist.  anc. 

II,  40.  Il  La  Fontaine  l'a  dit  au  singulier,  qui  était 
usuel  dans  l'ancienne  langue:  Le  quadrupède  écume, 
et  son  œil  étincelle;  Il  rugit;  on  se  cache,  on  tremble 
àl'environ,  la  font.  Fabl.  ii ,  ». 

—  BEM.  Aux  environs  de  ne  se  dit  que  de  l'es- 
pace, et  non  du  temps;  ainsi  ces  phrases  vulgaires 
sont  inusitées  dans  le  style  soigné  :  J'irai  te  voir  aux 
environs  de  Noël;  11  est  aux  en  vironsdo  quatre  heures. 

—  HIST.  xv  s.  [Les  troupes  du  duc  d'Anjou]  se 
logèrent  à  l'environ,  au  plus  prés  de  la  rivière  qu'ils 
purent,  froiss.  ii,  ii,  3.  ||  xvi's.  Us  trouvarent  tout 
le  pays  à  l'environ  en  paix  et  silence,  rab.  Garg.  i, 
s».  Ils  eurent  recours  à  percer  la  digue,  au  des- 
sus de  Burch  pournoier  l'environ  de  Calho,  d'aub. 

Hist.  II,  480. 

—  ÊTYM.  JSnviron. 

ENVISAGÉ,  ÉK  (an-vi-za-jé,  jée),  part,  passé. 
Il  !•  Regardé  au  visage.  Envùsagé  par  l'agent  de 
police  et  au.ssitAt  reconnu.  ||  2°  Regardé  en  esprit. 
De»  périU  envisagés  avec  sang-froid. 

t  raVISAGEMENT  (an-vi-za-je-man) ,  ».  m.  Action 
d  envisager.  L'envisagement  du  sort  qui  l'atlandait. 

-  RKM.  Th.  Corneille  a  employé  ce  mot  dans  le 
«en»  de  figure  :  Ai-je  d'un  assassin  l'envisagement 
blèmo^  U  GeiUer  de  loi-mime,  ni,  7. 

~  *TYll.  Envisager. 

..!!fI'**^^'^.<''°;''-"-J*-  Le  g  prend  un  «  de- 
«  M  4?  ni"  "V  ™'"''«?"'s,  nous  envisageons).  «. 
a.  Ijl»  Regarder  une  personne  au  visage  Phorbas, 


ENV 

.'i.vis  igcz  eu  prince  en  ma  présence,  cohn.  Œdipe, 
IV,  3.  Plu»  je  vous  envisage,  Et  moins  je  me  re- 
mets, monsieur,  votre  visage,  bac.  Plaid,  ii,  *. 
Soit  que  je  vous  regarde  ou  que  je  l'envisage,  Par- 
tout clu  désespoir  je  rencontre  l'image,  ID.  Bérén.y, 
7.  Et  je  n'ouvris  les  yeux  que  pour  envisager  Les 
miens  que  sur  le  marbre  on  venait  d'égorger,  volt. 
Ilenr.  ».  L'aspect  d'un  Capulet  n'a  donc  rien  qui 
t'irrite  I  Comme  un  autre  homme  enfin  tu  peux  l'en- 
visager, nncis,  Roméo,  iv,  6.  ||  Par  extension.  L'œil 
n'ose  envisager  ces  antres  écumants,  delille, 
Enéide,  vi,  763.  ||  2»  Tourner  le  regard  vers.  C'est 
aussi  l'artifice  De  ceux  qui,  pour  couvrir  quelque 
puissant  effort.  Envisagent  un  point  directenseiit 
contraire,  Et  font  vers  ce  lieu-là  courir  leur  adver- 
saire, la  font.  Fabl.  xii,  4o.  ||  Fig.  Tourner  le  re- 
gard vers,  se  régler  sur.  C'est  lui  seul  [l'empereur] 
que  la  cour  envisage,  bac.  Brit.  iv,  4.  ||  3»  Regarder 
face  à  face  en  esprit.  La  mort  qu'elle  envisage  avec 
beaucoup  de  fermeté,  sÉv.  430.  Lorsque  j'envisageai 
le  moment  redoutable  Où  pressé  par  les  lois  d'un 
austère  devoir....  bac.  Bérén.  v,  o.  J'envisage  dans 
l'avenir  des  peines  dont  je  ne  puis  supporter  l'idée, 

M—  DE  GENLIS,  Ad.  Ct  Théorl.   t.  III,   lett.  25,  p.  4  88, 

dans  ponoENS.  Votre  devoir  est  grand,  osez  l'envi- 
sager, DUCis,  ifacb.  V,  2.  Je  sais,  sire,  qu'un  héros 
tel  que  vous  envisage  ce  dernier  moment  [la  mort] 
avec  tranquillité,  d'alembebt,  Lett.  auroide  Pr.  29 
janv.  4  768.  Laissons,  mon  fils,  laissons  les  vulgaires 
douleurs  Craindre  d'envisager  l'objet  de  leurs  mal- 
heurs, M.  I.  cnÉN.  Gracques,  i,  5.  Je  n'ose  envi- 
■sager  un  présage  si  triste,  lemerc.  Agam.  iv,  7. 
Il  Envisager  de,  avec  l'inlinitif.  Puisque  j'envisage 
bien  de  partir  dans  l'état  où  est  ma  pauvre  tante,  il 
faut  croire  que  rien  ne  peut  m'en  empêcher,  sÉv. 
4  44.  Il  ne  peut  envisager  de  rentrer  dans  le  service, 
ID.  60S.  Il  4»  Considérer.  Le  sage  quelquefois  fait 
bien  d'exécuter  Avant  que  de  donner  le  temps  à  la 
sagesse  D'envisager  le  fait  et  sans  la  consulter,  la 
FONT.  Fabl.  X,  4  4.  Ceux  qui,  d'un  œil  cruel  envi- 
sageant ma  vie,  Voyaient  d'un  œil  jaloux  mon  pou- 
voir souverain,  id.  Poésies  mêlées,. ixxiv.  11  faut 
observer  par  quel  côté  il  envisage  la  chose,  pasc. 
Pensées  div.  4  4  0.  Seigneur,  je  cherche  et  j'envisage 
Des  monarques  persans  la  conduite  et  l'usage,  bac. 
Esth.  Il,  6.  N'envisageant  le»  systèmes  que  comme 
des  moyens  de  rendre  l'étude  de  la  botanique 
moins  pénible,  condorcet,  Ilaller.  Il  Avoir  en  vue. 
C'était  l'objet  le  plus  ordinaire  de  la  guerre,  et  le 
principal  fruit  qu'on  envisageait  dans  la  victoire, 
VERTOT,  Révol.  rom.-iii,  aie.  N'envisager  sa  for- 
tune qu'à  travers  son  devoir,  mass.  Or.  fun.  Vil- 
lars.  Nous  envisagions  le  plaisir  de  le  ruiner;  mais 
la  justice  est  jalouse  de  ce  plaisir-là,  lesaGE,  Tur- 
caret,  v,  4  0.  Qu'elle  envisage  moins  ma  perte  que 
ma  gloire,  volt,  l'riumv.  iv,  3.  ||  Compter  sur. 
Une  grâce  précieuse  que  je  n'ose  envisager  de  si 
loin,  SÉV.  BB5.  Il  Se  faire  une  idée  de.  Un  moment 
do  réflexion  lui  fit  envisager  la  dés.igréable  aventure 
que  ce  serait,  hawilt.  Cramni.  5.  ||  Regarder  comme. 
Que  d'hommes  amoureux  de  la  gloire  céleste  Envi- 
sagent la  croix  comme  un  fardeau  funeste  1  corn. 
Imit.  Il,  44.  Il  B°  S'envisager,  v.  réfl.  Se  regarder 
soi-même.  |{  Fig.  Chacun  s'envisage  toujours  par 
certains  côtés  favorables,  mass.  Car.  Parole.  ||  Se 
regarder  mutuellement.  Us  s'envisageaient  l'un 
l'autre  avec  attention.  L'un  et  l'autre  rival,  s'arrê- 
tant  au  passage,  Se  mesure  des  yeux,  s'observe, 
s'envisage,  hoil.  Lutrin,  v.  ||  Être  considéré.  Cet 
événement  peut  s'envisager  de  plusieurs  manières. 

—  ÊTYM.  En  i,  et  visage.  Ce  mot  paraît  avoir  été 
formé  dans  le  xvii'  siècle,  du  moins  nos  exemples 
ne  remontent  pas  plus  loin. 

ENVOI  (an-voi),  ».  m.  ||  1°  Action  d'envoyer,  d'ex- 
pédier des  marchandises.  Par  le  dernier  envoi,  j'ai 
reçu....  Il  La  chose  même  qu'on  a  envoyée.  J'ai  reçu 
votre  envoi.  Votre  envoi  est  arrivé  franc  de  port. 
Il  Lettre  d'envoi,  lettre  qui  annonce  qu'une  chose 
a  été  envoyée.  ||  2°  Terme  de  jurisprudence.  Envoi 
en  possession,  jugement  qui  autorise  à  prendre  pos- 
se.ssion  de  certains  biens ,  les  héritiers  présomptifs 
des  absents  déclarés,  les  héritiers  irréguliers  des 
défunts,  les  enfants  naturels,  les  conjoints  et  l'État. 
Il  3°  Se  dit  de  quelques  vers  mis  k  la  suite  d'une 
pièce  de  poésie,  comme  un  hommage  à  la  personne 
il  qui  elle  est  adressée.  ||  Dernière  strophe  de  l'an- 
cienne ballade  et  du  chant  royal.  ||  4°  Terme  de 
liturgie.  Leçon  de  matines  ou  fin  d'office,  dans  cer- 
taines communautés. 

—  ÊTYM.  Voy.  ENVOYER. 

ENVOII.É,  ÉE(au-voi-lé,  lée),  part,  posté.  Une 
lamo  envoilée. 
ENVOILER  (SI  (an-voilé),  v  rifl.  Terme  de mé- 


ENV 

lier  Se  courber,  gauchir,  en  parlant  du  for,  de  l'a- 
cier, lorsqu'on  les  trempe.  Le»  lime»  s'envoiler! 
quelquefois  à  la  trempe. 

—  ÊTYM.  En  4,  et  voile,  par  comparaison  avec 
la  courbure  d'une  voile  que  gonfle  le  vent. 

t  ENVOILURE  (an-voi-lu-r'),  s.  f.  Nom  donné  à 
la  légère  courbure  de  la  lame  des  ciseaux. 

—  ÉTYM.  Entoiler. 

ENVOISINfi,  ÉE  (»B-voi-zi-né),  ad;.  Qui  a  des 
voisins.  Être  bien,  mal  envoisiné. 

+  ENVOISIMR  (an-voi-zi-né) ,  v.  a.  Entourer  dn 
voisins.  On  n'oublie  pas  d'envoisiner  convenable- 
ment cet  homme,  J.  J.  eouss.  dans  le  Dict.  de  bes- 
cheeelle.  Il  S'envoisiner,  v.  réfl.  Se  donner  des  voi- 
sins. Il  s'est  mal  envoisiné. 

—  HIST.  xvi*  s Le  quel  [foin]  plus  abondam- 
ment viendra  il  que  moins  sera  envoisiné  d'aucunes 
plantes,  o.  de  serres,  283. 

—  ÉTYM.  En  t,  et  voisin. 

ENVOLÉ,  ÉE  (an-vo-lé,  lée),  part,  passé.  Qui  s'est 
échappé  en  volant.  Il  trouva  la  cage  ouverte  et  les 
oiseaux  envolés.  ||  Par  extension.  X  peine  enfin  les 
derniers  mots,  De  leur  impulsion  tardive  Frappant 
son  âme  inattentive,  Du  discours  envolé  lui  portent 
les  échos,  delille,  Convers.  n.  \\  Kig.  Les  plaisir» 
envolés.  Il  pleure  sa  jeunesse  avant  l'âge  envolée, 
V.  nuGO,  Odes,  iv,  4. 

ENVOLER  (S')  (an-vo-lé),  v.  r^/l.  ||  1*  Partir  en 
volant.  Les  perdrix  se  sont  envolées  trop  tôt.  [L'hon- 
neur] S'en  va  trouver  sa  sœur  [l'Équité] ,  et  dès  ce 
même  jour  Avec  elle  s'envole  au  céleste  séjour, 
boil.  Sat.  XI.  L'aigle  des  légions  que  je  retiens  en- 
core Demande  à  s'envoler  vers  les  mers  du  Bos- 
phore, VOLT.  Jf.  de  César,  i,  4.  Satan,  sans  répli- 
quer, s'envole  à  ses  conquêtes,  delille.  Paradis 
perdu,  XI.  ||  Avec  ellipse  du  pronom  personnel.  Le 
moindre  bruit  fera  envoler  cet  oiseau.  ||  Familière- 
ment. Il  n'y  a  plus  que  le  nid,  les  oiseaux  se  sont 
envolés,  se  dit  lorsque  certaines  perscfnnes,  s'étant 
retirées  dans  un  endroit  où  l'on  espérait  les  sur- 
prendre ,  ne  s'y  trouvent  plus.  On  dit  aussi  plus 
brièvement  :  Les  oiseaux  se  sont  envolés,  ou  sont 
envolés.  ||  Fig.  Lorsque  pour  moi  vers  Dieu  ta  voix 
s'est  envolée,  v.  m  go,  F.  d'aut.  37.  ||  2°  Par  exten- 
sion, il  se  dit  des  choses  légères  que  le  veut  emporte. 
Tous  les  papiers  s'envolèrent  par  la  chambre  aussitôt 
que  la  fenêtre  fut  ouverte.  ||  3°  L'àme  s'envole,  se  dit 
|iour  exprimer  que  l'on  meurt.  La  nuit  assiégea  se» 
prunelles,  Et  son  .'une  éiendant  les  ailes  Fut  toute 
prête  à  .s'envoler,  malii.  v,  20.  Sa  lumière  s'éteint  et 
son  âme  s'envole,  corn.  Bodog.  v,  *.  Us  rappelaient 
peu  à  peu  son  âme  prête  à  s'envoler,  fén.  Tél.  xvn. 
Il  L'âme  s'envole,  se  dit  aussi  d'une  personne  dont 
le  cœur  suit  quelqu'un,  ô  Dieux  I  je  sens  mon  âme 
après  lui  s'envoler,  cobn.  FIllus.  com.  ii,  2. 
Il  4°  Disparaître,  s'effacer,  s'écouler.  On  fait  beau- 
coup de  bruit  et  puis  on  se  console;  Sur  les  ailes 
du  temps  la  tristesse  s'envole,  la  font.  Fabl.  vi, 
2t.  L'Alcyon  fuit  devant  Êole,  Éole  le  fuit  à  son 
tour;  Mais,  sitôt  que  l'amour  s'envole.  Il  ne  con- 
naît plus  de  retour,  j.  b.  rodss.  Cantate,  Circé. 
L'amitié  reste  au  moins  quand  le  bonheur  s'envole, 
ancelot,  Fiesque,  m,  4.  Trop  de  gloire  nous  a  nui, 
Le  plaisir  s'envole,  bérang.  Gaudr.  ||  Le  temps,  l'oc- 
casion s'envole,  c'est-à-dire  passe  rapidement.  ||  Fa- 
milièrement. Notre  déjeuner  s'est  envolé.  Les  deux 
chevaux,  la  mule  au  marché  s'envolèrent  [furent 
vendus],  boil.  Sat.  x. 

—  HIST.  XIII*  s.  Atant  bâti  ses  ailes  et  s'en  vola, 
Chr.  de  Bains,  237.  Les  dous  deduiz,  les  dous  be- 
siers,  Et  les  très  douces  acolées,  Oui  s'en  ierent  si- 
tost  volées,  laRose,  43o7o.  ||xiv  s.  Et  ainsi  comme 
il  s'envola,  Tousli  beaux  arbrisseaux  crola,  Si  qu'a- 
donc  la  froide  rousée  Est  seur  mon  visage  avalée, 
MACHAUT,  p.  38.  ||xvi'  S.  Hehisl  tu  es  trop  belle,  et 
tu  dois  prendre  garde  Qu'un  Dieu  si  gr.ind  trésor  ne 
puisse  désirer.  Qu'il  ne  t'envoie  au  ciel  pour  la 
terre  empirer ,  bons.  249.  Des  dames  sans  retour 
s'envole  la  beauté,  id.  282.  Puis  la  mort  vient  qui 
nous  en-vole,  id.  bb.5. 

—  ÉTYM.  £n  2,  et  voler,  v.  n.  On  voit  que  envo- 
ler a  quelquefois  un  sens  actif,  ce  qui  fait  compren- 
dre comment  voler  a  pris  le  sens  de  dérober, 
en  latin  (ttrari. 

ENVOÛTÉ,  ÉE  (an-voû-té,  tée),  part,  passé.  Qui 
a  été  en  butte  à  l'envoûtement. 

t  ENVOÛTEMENT  (an-voû-te-man),  s.  m.  Opération 
magique  par  laqueUe  on  envoûtait  une  personne. 

—  HIST.  iiv*  ».  Envoûtement,  dd  cangï,  ttellio- 
natus.  Il  XV'  ».  L'en  dit  que  ce  sont  envoustemens 
ou  maléfices,  que  sa  femme  ne  l'ameroit  jiiinès, 
les  li  joies  de  mariage,  p.  »4. 

—  ÉTYM.  Knvuûler 


ENV 


ENV 


ÉON 


1449 


ENVOflTER  (an-vou-té),  ti.  a.  Faire  un  prétendu 
maléfice,  qui  consistait  à  former  une  figure  de  cire 
suivant  la  ressemblance  d'une  personne,  avec  la 
persuasion  qu'à  la  suite  de  certaines  pratiques  on 
faisait  souffrir  à  la  personne  elle-même  toutes  les 
atteintes  portées  à  cette  figure.  Il  courut  un  bruit 
qu'il  [  Enguerrand  de  Marigny  ]  avait  dessein  de 
faire  mourir  le  roi,  et  que  sa  femme  s'aida:t  d'un 
nommé  Paviot  et  d'une  vieille  boiteuse  réputés 
grands  sorciers  à  faire  des  images  de  cire  à  la  res- 
semblance du  roi  et  des  princes  pour  les  envoûter, 
uÉZERAi,  Louis  X. 

—  HIST.  xiV  S.  Jehane  de  Cretot  avoit  ensorcelé 
ou  envousté  Pierre  Coquel  clerc,  du  cange,  invul- 
lare.  Icellui  Pastant  lui  dist  qu'il  doubtoit  qu'elle 
ne  envoultasiou  fist  morir  sa  femme,  id.  ib.  Sur  les 
paroles  que  le  dit  messire  Jean  avoit  dites  au  roy, 
c'est  assavoir  que  le  dit  messire  Henris  l'avoit  en- 
Tulté  ou  fait  envulter,  id.  vullivoli. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  invultare,  invulluare,  de  in, 
en,  et  vuUus,  face;  àcause  de  l'image  qu'un  faisait 
de  la  personne  qu'on  voulait  envoûter.  Cependant 
DiBz,  remarquant  que  cette  opération  magique  se 
disait  en  latin  (kiotare,  pense  que  le  français  a 
formé  un  mot  semblable  invotare,  envoûter;  mais 
tniio(ore  aurait  donné  envouer  comme  devolare,  dé- 
vouer. Il  faut  s'en  tenir  à  ce  que  donne  le  bas-latin. 
Dans  tous  les  cas,  c'est  à  tort  que  l'Académie  met 
un  accent  circonflexe,  comme  si  le  mot  venait  de 
xoûte. 

t  ENVOYE  (an-vot),  s.  m.  Un  des  noms  vulgai- 
res du  serpent  qu'on  nomme  aussi  orvet  et  aveugle 
(anguis  fragilis). 

ENVOYÉ,  ÉE  (an-vo-ié,  iée;  plusieurs  disent 
an-voi-ié,  iée),  part,  passé. \\i°  Qu'on  a  fait  aller 
vers.  Un  messager  envoyé  à  la  hâte.  ||  Substantive- 
ment. Celui  qui  a  quelque  mission.  Un  envoyé  du 
grand  seigneur.  Un  ange  est  un  envoyé;  mais  voici 
un  envoyé  d'une  dignité  merveilleuse,  un  envoyé  qui 
a  un  temple,  un  envoyé  qui  est  Dieu  et  qui  entre 
dans  le  temple  comme  dans  sa  propre  demeure, 
Boss.  Hist.  II,  4.  Lui,  l'envoyé  du  ciel  et  le  seul 
interprète,  volt.  Fanât,  i,  2.  Vous  allez  des  Ro- 
mains entendre  la  réponse.  Votre  envoyé  paraît, 
SAUBiN,  Spart.  1,  2.  Dans  le  sérail  comptez  com- 
bien de  têtes  Vont  saluer  les  envoyés  chrétiens, 
bEbang.  Psara.  ||  Particulièrement.  Ministre  envoyé 
par  un  souverain  ou  par  une  république,  mais  dont 
la  dignité  est  inférieure  à  celle  d'ambassadeur.  Un 
envoyé  extraordinaire.  ||  Envoyée,  s. /".  La  femme 
d'un  envoyé.  ||  2°  Qu'on  a  fait  porter  vers.  Un  cadeau 
envoyé  à  un  ami. 

—  REM.  On  dit  envoyer  avec  un  infinitif  :  On 
l'envoya  annoncer  la  nouvelle.  La  Fontaine  a  em- 
ployé de  cette  façon  le  participe;  emploi  qui  est 
rare  :  Le  vôtre  [opéra]  est  plein  de  grands  événe- 
ments. Gens  envoyés  peupler  les  monuments.  Beau- 
coup d'effets,  de  fureur  martiale,  la  font.  Poé.iies 
mêlées,  à  Turenne,  xLii.  Kt  aussi  St-Simon  :  Barbe- 
sière,  envoyé  de  l'armée  d'Italie  conférer  avec  l'é- 
lecteur de  Bavière,  fut  pris  déguisé  en  paysan, 
tn,  23. 

ENVOYER  (an-vo-ié  ;  plusieurs  disent  an-voi-ié), 
j'envoie,  tu  envoies,  il  envoie,  nous  envoyons,  vous 
envoyez,  ils  envoient;  j'envoyais,  nous  envoyions, 
vous  envoyiez;  j'enverrai;  j'enverrais;  envoie,  en- 
voyons, envoyez;  que  j'envoie,  que  tu  envoies, 
qu'il  envoie,  que  nous  envoyions,  que  vous  en- 
voyiez, qu'ils  envoient;  que  j'envoyasse;  envoyant; 
envoyé,  ».  a.  |{  1°  Mettre  en  voie,  en  chemin;  faire 
partir.  Envoyer  un  courrier,  un  exprès.  Ils  se  sont 
envoyé  des  présents.  Et  pour  vous  y  conduire  As- 
suérus  m'envoie,  bac.  Eslh.  m,  2.  On  m'envoie  à 
Pyrrhus,  j'entreprends  ce  voyage,  w.  Andr.  i,  <. 
Il  Par  extension  Envoyer  quelqu'un  aux  honneurs, 
l'envoyer  là  où  il  trouvera  des  honneurs.  Prince  que 
j'ai  peine  àquitter,  Àquelques  honneurs  qu'on  m'en- 
voie, COBN.  Œdipe,  m,  i.  ||  Envoyer  à  la  mort, 
remettre  quelqu'un  à  ceux  qui  dui-vent  lui  ôter  la 
vie.  Il  Fig.  Envoyer  à  la  mort,  exposer  à  un  péril 
mortel.  Prononcer  mon  nom  serait  m'envoyer  à  la 
mort,  GENUs,  Thédt.  d'éduc.  Zélie,  v,  4.  {|  Fig.  et 
familièrement.  Envoyer  promener,  paître,  coucher, 
c'est-à-dire  renvoyer,  congédier  quelqu'un  avec  hu- 
meur, avec  colère.  ||  Envoyer  quelqu'un  au  diable,  à 
tous  les  diables,  le  repousser  avec  colère,  avec  im- 
patience. Il  Envoyer  dans  l'autre  monde,  envoyer  ad 
patres,  faire  mourir,  jj  Absolument.  J'enverrai  ce 
soir  chez  lui.  De  crainte  qu'après  moi  vous  n'eussiez 
envoyé,  corn.  Cinna,  v,  3.  La  reine  envoie  en  vain 
pour  se  justifier,  id.  Rodog.  i,  6.  Pour  dresser  le 
contrat  elle  envoie  au  notaire,  mol.  Fem.  sav.  iv,  7. 
On  envoie  aux  nouvelles  [on  envoie  chercher  des 

DICT.    ÙE   LA   I.ANOU:;   FRANC.IISE. 


nouvelles],  sÉv.  inl.  On  envoie  ohe?  Pecquet,  qui 
eut  de  moi  des  soins  extrêmes;  on  envoie  chez  l'a- 
pothicaire; on  envoie  quérir  un  demi-bain;  on  en- 
voie chercher  de  certaines  herbes,  id.  58.  Elle  en- 
voie vers  son  père  ,  la  bruy.  xiv.  ||  Envoyer  avec 
un  infinitif.  On  craignait  qu'Amurat  par  un  ordre 
sévère  N'envoyât  demander  la  tête  de  son  frère, 
BAC.  Baj.i,  t.\\i°  Faire  porter.  Envoyer  une  lettre, 
un  ballot.  Ils  se  sont  envoyé  un  défi.  !|  Fig.  Tu  dois 
envoyer  par  avance  Tes  bonnes  œuvres  devant  toi, 
Qui  de  ton  juge  et  de  ton  roi  Puissent  préparer  la 
clémence,  cobn.  Imit.  i,  23.  ||  3°  Lancer.  La  lu- 
mière que  le  soleil  nous  envoie.  ||  Terme  de  marine 
et  de  guerre.  Envoyer  un  coup  de  canon.  Envoyer 
une  bordée.  U  lui  envoya  un  coup  de  fusil.  ||  Par 
extension.  Envoyer  un  coup  de  pied,  un  soufflet, 
donner  un  coup  de  pied,  un  soufflet.  ||  Fig.  En- 
voyer un  mot  piquant ,  adresser  à  quelqu'un  un 
mot  piquant.  ||  4°  Envoyer  se  dit  quelquefois  fami- 
lièrement pour  jeter  à  bas ,  renverser.  Il  l'envoya 
d'un  coup  de  pied  au  bas  de  l'escalier.  ||  6°  Fig. 
Faire  parvenir.  Pour  envoyer  l'effroi  sous  l'un  et 
l'autre  pôle,  cohn.  Tite  el  Bérén.  ii,  t.  Marchons, 
et  dans  son  sein  rejetons  cette  guerre  Que  sa  fu- 
reur envoie  aux  deux  bouts  de  la  terre,  rac.  Mithr. 
m,  I.  Ah!  qu'un  seul  des  soupirs  que  mon  cœur 
vous  envoie.  S'il  s'échappait  vers  elle,  y  porterait 
de  joie!  in.  Andr.  i,  4.  La  vue,  privée  des  secours 
du  tact,  n'envoie  à  l'âme  que  des  modifications 
simples  qu'on  nomme  couleurs,  condillac,  Trait, 
sens.  Extr.  rais.  Œuvres,  t.  m,  p.  33,  dans  pou- 
gens.  Il  6°  U  se  dit  de  ce  que  l'on  attribue  à  une 
volonté  divine.  Dieu  nous  a  envoyé  de  grandes  tri- 
bulations. Le  ciel  sait  qu'au  milieu  des  honneurs 
qu'il  m'envoie  Je  n'attendais  que  vous  pour  témoin 
de  ma  joie,  rac.  Bérén.  I,  4.  ||  Par  extension,  il  se 
dit,  dans  le  même  sens,  de  la  nature,  du  sort,  etc. 
N'ajoutons  pas  à  tous  les  maux  que  la  nature  et  la 
fortune  peuvent  nous  envoyer  la  ridicule  et  inutile 
vanité  de  nous  croire  invulnérables,  fonten.  Bonh. 
Il  7»  Députer  à  une  assemblée.  Paris  a  envoyé  un 
tel  à  l'assemblée.  |1  On  l'a  envoyé  en  province,  se  dit 
d'un  employé  à  qui  on  donne  un  emploi  en  pro- 
vince en  échange  d'un  emploi  qu'il  occupait  à  l'ad- 
ministration centrale,  à  Paris.  ||  8"  S'envojer,  v.  réft. 
Être  envoyé.  Les  petits  paquets  s'envoient  par  la 
poste. 

—  REM.  1.  Envoyer  suivi  d'un  infinitif  prend  tan- 
tôt la  préposition  pour  et  tantôt  ne  la  piend  pas  : 
j'envoyai  mon  fils  au-devant  de  lui  l'assurer....  ou 
pour  l'assurer.  Mais  il  faut  dire  d'une  seule  façon  : 
j'envoyai  mon  fils  au-devant  de  lui  pour  l'empêcher 
de  venir.  On  pourra  mettre  l'infinitif  sans  préposi- 
tion quand  le  régime  d'envoyer,  exprimé  ou  sous- 
entendu,  fait  lui-même  l'action  dont  il  s'agit:  en- 
voyer un  commissionnaire  demander;  envoyer  faire 
des  compliments;  envoyer  dire.  Envoyez  donc  vos 
enfants  se  renouveler,  i.  J.  Rouss.  Ém.  i.  On  mettra 
nécessairement  pour  si  la  personne  envoyée  ne  fait 
pas  expressément  l'action.  ||  2.  Le  futur  régulier  se- 
rait j'envoyerai  ou  j'envolerai;  une  contraction  an- 
cienne, semblable  à  celle  qui  disait  je  lairrai  au  lieu 
de  je  laisserai,  a  prévalu,  tandis  que  je  lairrai  est 
resté  hors  du  bon  usage.  J'envolerai  était  très-usité 
dans  le  xvii"  siècle  :  Jusqu'à  toi,  mon  Sauveur,  j'en- 
volerai ma  prière,  corn. /im'(.  II,  9.  Envoierez-vous 
encor,  monsieur  aux  blonds  cheveux  ,  Avec  des 
boites  d'or  des  billets  amoureux?  mol.  Éc.  des  mar. 
u,  ».  Je  l'envoyerais  ainsi  qu'elle  est  venue,  la  font. 
Serv.  Je  vous  envoyerai  une  relation  avec  cette  let- 
tre, SÉv.  45.  J'envolerais  remercier  son  altesse, 
hamilt.  Gramm.  4.  ||  3.  On  trouve  dans  Corneille 
envoyer  des  soupirs,  pour  les  faire  exhaler  :  Je  ne 
m'oppose  pas  à  la  commune  joie.  Mais  souffrez  des 
soupirs  que  la  nature  envoie,  corn.  Héracl.  v,  8. 

—  HlST.  XI*  s.  Enveions  i  les  filz  de  «os  moillers 
[femmes],  Ch.  de  Roi.  m.  I  enverrai  le  mien  [fils], 
th.  Il  xii"  s.  Cist  brief  vous  est  de  Charlon  en- 
volez, Ronc.  p.  H.  Chançon,  va-t-en  là  où  mescuers 
[mon  cœur]  t'envoie,  Couci,  xvi.  Dame,  son  cuer 
vous  envoie  Li  voslres  loiaus  amis,  t6.  p.  (20.  ||  xiii's. 
Seigneur,  11  baron  de  France,  11  plus  haut  et  11  plus 
puissant,  nous  ont  à  vous  envoies,  et  vous  crient 
merci,  vulleh.  xvi.  Et  Tybert  leur  cousin  avec  [j'] 
envolerai,  Berte,  vn.  Envoyez  pour Tibert  [envoyez 
chercher  Tibert],  qu'il  nous  soit  conseillère  [conseil 
1er] ,  ib.  xii.  Ce  que  pleit  au  prince  vaut  loi,  ausint 
com  se  toz  11  pueples  donoit  tout  son  poer  et  son 
commandement  à  la  loi  que  li  rois  envoie,  Liv.  de 
just.  9.  Et  sitost  comme  je  la  mis  à  ma  bouche 
[l'eau]  pour  envoler  aval  [avaler] ,  elle  me  sailli  hors 
parles  narilles,  lOiNV.  240.  ||xv'  s.  Or  eurent  cour 
seii  ceux  de  l'ost,  pour  leur  besogne  approcher  et 


pour  plus  grever  leurs  ennemis,  que  ils  envoie- 
roient  querre  en  la  RioUe  un  grand  engin  qu'on  ap- 
pelle truie,  FROiss.  ii,  u,'  5.  [Coitier  disait  à 
Louis  XI]  Je  sçay  bien  que  ung  matin  vous  m'en- 
voyrez  comme  vous  faictes  d'autres,  mais  vous  n'y 
vivrez  point  huyt  jours  après,  comm.  vi,  <2.  Hxvfs. 
Il  m'envoya  au  collège  de  Guienne,  mont,  i,  4  96. 
Ayant  envoyé  un  ambassadeur  vers  le  roi,  id.  i, 
39.  Si  la  fortune  continue,  elle  m'en  eavoyera  [me 
renverra]  très  content  et  satisfaict,  lO.  iv,  442.  Je 
l'envoyai  convier  à  disner  chez  moy,  ib.  iv,  320. 
Elle  envoyoit  quérir  un  médecin,  id.  iv,  324.  Le 
capitaine  More  l'envoia  d'un  coup  de  chevron  sur  la 
teste  au  bas  delà  rivière,  d'aub.  Hist.  u,  264.  Les 
habitants  à  la  fin  furent  contraincts  d'envoyer  de- 
vers lui,  AMYOT,  Cimon,  3.  Cette  réponse ouye,  les 
envoyés  reprirent  incontinent  leur  chemin  deversla 
mer,  id.  t'b.  34. 

—  ËTYM.  Norm.  el  Berry,  envier;  bourguig.  envié; 
provenç.  etespagn.  enrior;  ital.  inviare;  de  irt,  en, 
et  via,  chemin  (voy.  voie). 

t  ENVOYEUR  (an-vo-ieur;  plusieurs  disent  an- 
voi-ieur),  s.  m.  Terme  de  commerce.  Celui  qui  fait 
un  envoi,  celui  à  qui  l'envoi  est  fait  recevant  le  nom 
de  destinataire.  ||  Terme  d'administration.  Celui  qui, 
par  l'entremise  de  U  poste  aux  lettres,  adresse  de 
l'argent  à  un  correspondant. 

—  ÉTYM.  Envoyer. 

t  ENZOÏQUE  (an-zo-i-k*),  adj.  Terme  de  géolo- 
gie. Terrain  enzoïque,  terrain  qui  renferme  beau- 
coup de  débris  fossiles  d'animaux. 

—  ÉTYM.  'Ev,  en,  et  Çùov,  animal. 

t  ENZOOTIE  (an-zo-o-sie),  s.  f.  Terme  de  vété- 
rinaire. Toute  maladie  qui  règne  constamment,  ou 
à  certaines  époques  périodiques,  sur  une  ou  plu- 
sieurs espèces  d'animaux  dans  une  contrée.  Enzootia 
répond  à  endémie. 

—  ÉTYM.  'Ev,  en,  et  Çwov,  animal. 

t  ENZOOTIQUE  (an-zo-o-ti-k'),  adj.  Qui  a  le  ca- 
ractère de  l'enzootie. 

—  ÉTYM.  Enloolie. 

t  ENZOOTIQUEMENT  (an-zo-o-ti-ke-man),  adv. 
D'une  manière  enzootique.  Maladie  qui  règne  enzoo- 
tiquement. 

f  ÉOCÈNE  (é-o-sê-n') ,  ad;'.  Terme  de  géologie.  Se 
dit  du  groupe  le  plus  ancien  parmi  les  terrains  ré- 
cents. 

—  ÉTYM.  Mot  fait  par  Lyell,  de  fiibç,  aurore,  et 
xatvà:,  récent. 

f  ÉOLE  (é-o-l') ,  s.  m.  Terme  de  mythologie.  Dieu 
qui  préside  aux  vents.  Dans  les  champs  que  l'hiver 
désole  Flore  vient  rétablir  sa  cour;  L'alcyon  fuit 
devant  Êole,  Éole  le  fuit  à  son  tour,  j.  B.  rouss. 
Cantate,  Circé.  \\  Terme  d'histoire  naturelle.  Bou- 
ches d'Éole,  certaines  fissures  qui  se  forment  dans 
les  montagnes,  et  d'où  il  s'échappe  un  courant 
d'air. 

—  ÉTYM.  Lat.  JRolus  ;  grec,  Aio\oi. 

4.  É0L1EN,IENNE  (é-o-liin,  liè-n'),od).  ||  1'  Dia- 
lecte éolien,  celui  des  cinq  dialectes  de  la  langue 
grecque  qui  était  propre  aux  peuples  de  l'Éolide. 
Il  S.  m.  L'éolien,  le  dialecte  éolien.  L'éolien  a  étA 
suivi  par  Sapho  et  par  Alcée.  ||  2°  Mode  éolien,  l'un 
des  principaux  modes  de  la  musique  des  Grecs. 

—  ÉTYM.  AîoXeç,  les  Éoliens. 

2.  ÉOLIENNE  (é-o-llè-n'),  ad/.  ^.  Usité  seulement 
dans  cette  locution  :  harpe  éolienne,  table  ou  boîte 
sonore  sur  laquelle  sont  tendues  des  cordes  que  le 
vent  fait  vibrer,  ce  qui  produit  des  murmures  mé- 
lancoliques. 

—  ÉTYM.  Éole. 

f  ËOLI-HARPE  (é-o-li-ar-p'),  *.  f.  Harpe  éo- 
lienne. 

ÉOLIPYLE  (é-o-li-pi-l'),  S.  m.  Terme  de  physi- 
que. Instrument  consistant  en  une  sphère  creuse 
pourvue  d'un  tube  à  mince  ouverture,  qui,  rem- 
plie d'eau  et  chauffée,  donne  issue  à  un  jet  impé- 
tueux de  vapeur.  L'eau  qui  reste  en  l'éolipyle  Ne 
se  refroidit  pas  quand  il  devient  moins  plein;  L'ai- 
rain soufflant  fait  voir  que  la  liqueur  enclose  Aug- 
mente de  chaleur,  déchue  en  quantité,  la  font. 
Quinquina,  il.  ||  Sorte  de  ventilateur  que  les  fu- 
mistes emploient  pour  former  un  courant  d'air  et 
chasser  la  fumée. 

—  HIST.  XVI'  s.  jEollpyle,  porte  d'.fiolus;  c'est  un 
instrument  clos,  auquel  est  un  petit  pertuis,  par 
lequel,  si  mettez  eau  et  l'approchez  du  feu,  vous 
verrez  sortir  vent  continuellement,  rab.  Notes  sur 
le  livre  iv,  ch.  44. 

—  ÉTYM.  ÉoU,  et  TTÛXni,  porte  (voy.  ptlône). 
ÉOLIQUE  (é-o-li-k') ,  adj.  Voy.  éolien. 

t  ÉON  (é-on),  s.  m.  Terme  des  systèmes  gnosti- 
ques.  Nom  des  émanations   ou  intelligeûces  éter-» 

I.  —   182 


'iiM  au  Min  de  l'un.  Les  éoiis  sont  les 

"vine.  qui  en  (do  DieuJ  émanent  plu. 

■     ont  les  uns  actif»,  les  autres 

'  i  rent  sexe  :  il  n'y  en  a  qu'un 

iLLAC,  Iliit-  one.  XV,  6. 
c«ri-.u^.-".|^ --   ^^^p^^  j^  j^^^g_  l'éternité; 

Ut  «Tvm/goili.  fliii/sanscr.  âyut;  ainsi  dit  parce 
aue  IVon  *i»i<  une '"""'Sence  élernelle. 
t  ÉOUSE  (é-ou-z'),  t.  (■  Nom  vulgaire  du  chêne 

yeuse. 

—  illST.  XVI'  s.  Eause.  ouom,  Dtct. 

—  RTYM.  Autre  fnrme  A'yemt. 

f  ÉPACMASTIOUE  (é-pa-kma-sti-k'),  adj.  Terme 
de  niédeciiie.  Qui  croit,  en  parlant  des  maladies 
ligues.  .  ,    .         , 

—  HlST.  XVI*  1.  Quelques  un»  divisent  la  synoque 
en  homotone  ou  acmastique,  epacmastique  nu  ana- 
balique,  et  en  paracmastique,  que  les  latins  disent 
gquales,  creseentes,  deecesuntes,  tahé,  xx,  o. 

—  ÉTVM.  'E«ax(iia<jtixo«,  de  in\,  sur,  et  àxjiâ- 
;(iv,  être  fort. 

t  ÊPACTAL,  ALE  (é-pa-klal,  kta-1') ,  od;'.  Terme 
d'astronomie.  Qui  se  rapporte  à  l'épacte.  Nombre 
épactal. 

ÉPACTE  (é-pa-kf),  *.  f.  Terme  de  chronologie. 
Nombre  indiquant  l'âge  de  la  lune  au  commence- 
ment de  l'année,  c'esl-à-dire  le  nombre  de  jours 
écoulés  depuis  la  dernière  nouvelle  lune  jusqu'à  la 
fin  de  l'année  qui  vient  de  finir.  En  (830,  l'épacte 
était  «,  et,  comme  l'année  solaire  vaut  (2  lunai- 
sons plus  environ  H  jours,  l'épacte  augmente  or- 
dinairement de  H  jours  par  an  ;  ainsi,  pour  <83t, 
l'épacte  a  été  a  plus  <t  ou  t7  ;  pour  (832,  elle  a 
été  17  plus  tl  ou  28;  pour  4  833,  c'était  28  plus 
tl  ou  39,  ou  un  mois  de  30  jours,  plus  »  pour  l'é- 
pacte, SAiGKY,  Métrologie.  \\  Différence,  en  jours, 
heures,  minules  et  secondes  qui  existe  entre  une  ré- 
volution solaire  et  douze  révolutions  lunaires.  ||  Cycle 
desépactos,  espace  de  trente  années,  aprJs  lequel 
les  épactes  reviennent  à  peu  près  dans  le  même 
ordre. 

—  HIST.  XIII'  S.  Li  uns  nombre  a  à  nom  epacte 
qui  à  nous  sone  autant  comme  sorajoustcmens,por 
ce  qu'on  ajouste  avoec  le  [nombre]  régulier  por 
trovcr  l'aage  de  la  lune,  CompuI,  f"  8. 

—  ÊrYM.  'ETtaxTo;,  ajouté,  de  iiù,  à,  et  à-yeiv, 
mener  (voy.  agir). 

fiPAGNECL,  ECLE  (é-pa-gneul,  gneu-1';  du  temps 
de  Chifflet,  Gramm.  p.  209,  l'J  ne  se  prononçait 
jamais  :  é-pa-gneu;  aussi  la  Fontaine  a-t-il  dit  : 
Qu'elle  vienne  admirer  le  roi  des  épagneux,  Petit 
cfctcn),  ».  m.  et  f.  Espèce  de  chien  de  chasse  à  longs 
poils.  Los  épagneuls  sont  originaires  d'Espagne. 
Dieu  n'éteindra  pas  plus  sa  divine  étincelle  Dans 
l'étoile  des  nuits  dont  la  splendeur  ruisselle  Que 
dans  l'humble  regard  de  ce  tendre  épagneul,  la- 
MABT.  Joe.  IX,  279.  Un  bon  épagneul  quête  le  gi- 
bier avec  ardeur,  l'arrête  à  distance  et  le  fait  partir 
sous  le  coup  de  feu  de  son  maître,  ce.  de  Bernard, 
la  Chasse  aux  amanU,  §  xi.  ||  Àdj.  Un  chien  épa- 
gneul. 

—  llIST.  xiV  S.  Que  l'espreveteur  [le  chasseur  à 
l'épervier]  se  garnisse  d'espaignols,  Uénagier,  m, 
2.  ||xvr  s.  Un  grand  cspagneul  qui  avoit  accoutumé 
do  coucher  sur  les  pieds  du  roy,  d'aub.  Yie,  u. 

—  ËTYM.  Erpagnol,  k  cause  de  l'origine  de  ces 
chiens  ;  wallon,  epagnote;  namur.  èpagno. 

t  ÊPAGOMENE  (é-pa-go-mê-n') ,  adj.  m.  Terme 
de  chronologie.  Jours  épagomènes,  les  cinq  jours 
que  les  Egyptiens  ajoutaient  aux  360  jours  de  leur 
année  vague. 

—  ÊTYH.  "EitaiïoiJicvoç,  ajouté,  de  liA,  à,  et 
dyjiv,  mener  (voy.  agir). 

t  ËPAILLAGE  (é-pa-lla-j',  «mouillées),  t.  m. 
Action  d'effeuiller  les  nœuds  inférieurs  des  cannes  à 
sucre. 

—  RTYM.  i^  pour  et....  préfixe,  etpai'Ke. 

t  ÉPAILLEUENT  (é-|)a-lle-man,  U  mouillées), 
f.  m.  Action  d'épaillor;  résultat  de  cette  action. 

t  ËPAILLER  (é-pa-Ué,  Il  mouillées),  v.  a.  En- 
lever de  l'or  toutes  les  saletés  qui  proviennent  de  la 
fonte  ou  du  mal  forgé. 

—  Etym.  É  pour  et....  préfixe,  etpoiH*. 

,  P-PAIS.  AISSE  (é-pê,  pê-s'),  adj.  ||  1'  Epais,  con- 
sidéré quant  à  U  dimension  :  qui  a  une  certaine 
épaisseur.  Mur  épais  do  deux  milres.  Une  planche 
«paisse  de  quatre  centimètres.  La  seconde  édition 
des  recherches  de  M.  Parent  est  en  trois  volumes 
tn-t»  fort  épais,  tortkn.  Parent.  ||  ferme  de  bota- 
nique. Sa  dit  de  toutes  les  parties  dont  l'épaisseur, 
«omparée  à  celles  d'organes  analogues,  est  plus 
rande  nue  ne  sembleiail  le  comporter  leur  éfcn 
aue.  Il  tort,  soUde,  pat  opposition  à  mince.  Drap 


RPA 

épais.  Etoffe  épaisse.  ||  Par  extension.  Langueépaisse, 
langue  pâteuse,  lourde,  articulant  difficilement. 
Il  Taille  épaisse,  taille  grosse,  peu  élégante.  H  Kig. 
et  familièrement.  Avoir  la  mftchoire  épaisse,  avoir 
l'esprit  grossier.  On  dit  aussi  :  c'est  une  mâchoire 
épaisse.  ||  Cheval  épais,  cheval  gros,  lourd,  sans 
élégance.  ||  2"  Epais,  considéré  quant  au  nombre  : 
srré,  touffu.  Des  cheveux  épais.  Les  bois  épais. 
D'épais  bataillons.  J'ai  craint  que  de  ces  bois  l'é- 
paisse solitude  Ne  cachât  un  ramas  de  brigands  ré- 
voltés, DUCis,  Lear,  i,  1. 1|  Terme  de  péclie.  Tissure 
épaisse,  tissure  d'un  filet  à  mailles  serrées,  (j  3°  Epais, 
considéré  quant  à  la  consistance  :  dense,  peu  fluide. 
Du  vin  épais.  Un  épais  brouillard.  Cette  liqueur 
épaisse  MCle  du  sang  de  l'hydre  avec  celui  de  Nesse, 
CORN.  U('dée,  IV,  2.  Une  épaisse  vapeur  s'est  du 
temple  élevée,  m.  OEd.  u,'  3.  Ils  l'ont  enveloppé 
d'une  épaisse  fumée,  m.  Tais,  d'or,  v,  2.  Mais  quelle 
épaisse  nuit  tout  à  coup  m'environne?  rac.  Andr. 
V,  6.  Climats  qu'un  ciel  épais  ne  couvre  que  d'o- 
rages, VOLT.  OrpM.  I,  <.  Il  Fig.  et  familièrement. 
Cela  est  épais  à  couper  au  couteau,  se  dit  d'un 
esprit  grossier,  d'une  ruse  grossière,  etc.  ||  Fig. 
Lourd,  pesant,  grossier.  Monlchevreuil  était  un  fort 
honnête  homme,  modeste,  brave,  mais  des  plus 
épais,  ST-siu.  4,  64.  Les  Béotiens,  les  plus  épais  de 
tous  les  Grecs,  prenaient  le  moins  de  part  qu'ils 
pouvaient  aux  affaires  générales,  montesq.  Rom.  5. 
Et  la  grosse  gaieté  de  l'épaisse  opulence,  gresset, 
Méch.  II,  3.  Il  II  se  dit  des  choses  dans  un  sens  ana- 
logue. Une  ignorance  épaisse.  Que  son  intelligence 
est  épaisse  I  «ol.  Préc.  rid.  0.  Dans  la  plus  épaisse 
barbarie,  pléch.  Panég.  u,  3S3.  ||  4'  Substantive- 
ment. Epaisseur.  Une  pierre  qui  a  deux  pieds  d'épais. 
Il  B°  Adv.  Avec  densité,  d'une  manière  serrée.  Se- 
mer trop  éjiais.  U  a  neigé  épais. 

—  REM.  Au  xvii'  siècle,  à  côté  d'épais  on  disait 
épois  :  On  verrait  Les  poètes  plus  espois  que  mou- 
ches en  vendanges,  Régnier,  Sot.  iv.  De  son  gros 
chef  couvert  de  bois,  S'exhale  maint  nuage  épois 
Qui  le  cache  et  qui  l'environne  Et  lui  fait  comme 
une  couronne,  scarron,  Virg.  iv.  Épais  était  la 
prononciation  de  l'ouest  de  la  France;  épois  celle 
du  centre  et  du  nord. 

—  HIST.  XI'  s.  Al  plus  espes  [de  la  mêlée],  Ch. 
de  Roi.  ccLvii.  Il  xii'  s.  [Un  haubert]  Fort  et  espes 
et  serré  et  entier,  Ronc.  p.  49.  Plus  espois,  ib.  <42. 
Il  xm'  s.  Ensi  pourprist  li  feus  de  defors  le  port  en 
travers  jusques  parmi  le  pVas  espeisde  la  vile,  villeh. 
xci.  Sous  une  e.spine  espesse  [elle]  s'est  allée  mu- 
ci  er,  i?er(e,  xxxvui.  D'autre  part  sunt  li  mur  de 
boe,  Qui  n'ont  pas  d'espès  plaine  paume,  la  Rose, 
6t3l.||xv's.  Je  ferai,  par  enchantement,  l'air  si 
espès,  que  dessus  la  mer  il  semblera  à  cils  de  de- 
dans qu'il  y  ait  un  grand  pont  pour  dix  hommes  de 
front,  FROiss.  11,  u,  137.  ||  xvi'  s.  [La  forêt]  Voit 
par  l'espais  de  sa  neuve  ramée  Mainct  libre  oiseau 
qui  de  tous  cfités  erre,  du  bellay,  11,  <9,  recto. 
Meutes  de  chiens,  piqueurs  Massiliens  Marchent  es- 
pais  [serrés  nombreux],  id.  iv,  to,  recto.  Des 
tuyaux  praticquez  dans  l'espez  du  mur,  mont,  iv, 
256.  Des  urines  espesses,  noires  et  effroyables,  id. 
IV,  27).  Ces  espesses  poussières,  id.iv,  291.  Le  ca- 
pitaine Nesde  et  un  sergent  qui  y  mourut,  firent 
quelque  jour  dans  cet  espais  à  coups  d'hallebarde, 
d'aub.  llist.  Il,  363.  Espesse  fumée,  id.  ib. 

—  ÊTYM.  Wallon,  spès,  spèie,  au  féminin;  bour- 
guign.  etpoo;  provenç.  espes;  espagn.  espeso;  ital. 
spetso  ;  du  latin  spissus. 

t  ÉPAISSEMENT  (é-pê-se-man),  ode.  D'une  ma- 
nière épaisse.  Il  [le  duc  de  BeauviUier]  nous  conta 
que  tout  le  dessus  de  la  cassette,  et  assez  épaisse- 
ment,  s'était  trouvé  rempli  d'un  fatras  de  toutes  sor- 
tes de  mémoires,  st-sim.  325,  25t. 

—  HIST.  XII'  s.  Espessement  [ils]  leur  jettent 
maint  fust  et  maint  baston,  Saxons,  viii.  {|  xm'  s. 
Les  chaussées  jonchées...  De  fresche  herbe  et  de 
jonc  partout  espe.ssement,  Berte,  cxxxiii.  ||xv'  s. 
Onques  grésil  ne  goutte  de  pluie  ne  cheurent  plus 
espessement  du  ciel  quelàcheoientflesches,  Boude. 
I,  24.  Il  xvi«  s.  Le  blé  inégalement  semé  ne  peut 
naistre  qu'inégalement,  c'est  assavoir  espessement 
d'un  costé,  et  rarement  del'autre.o.  deserhes,  tl3. 

—  ÉTYM.  Épaisse,  et  le  suffixe  men»;  provenç.  es- 
pessament  ;  espagn.  espesamente  ;  ital.  spessamente. 

ÉPAISSEUR  (é-pè-seur) ,  î.  ^.  ||  1°  Dans  le  langage 
géométrique,  l'une  des  trois  dimensions  d'un  corps 
solide ,  par  opposition  à  la  longueur  et  à  la  largeur. 
Il  Dans  le  langage  ordinaire,  épaisseur  se  dit  égale- 
ment, en  parlant  d'un  corps  solide,  de  la  dimen- 
sion dans  le  sens  vertical  ou  profondeur,  et  de  la 
dimension  dans  le  sens  horizontal  ou  largeur.  Epais- 
seur d'une  pierre,  d'une  planche.  Epaisseur  d'un 


EPA 

mur.  Il  fit  une  cachette  dans  l'épaisseur  du  mur. 
Il  2"  Qualité  de  ce  qui  a  une  certaine  épaisseur. 
Son  menton  sur  son  sein  descend  à  double  étage, 
Et  son  corps,  ramassé  dans  sa  courte  grosseur,  Fait 
gémir  les  coussins  sous  sa  molle  épaisseur,  boil. 
Lutr.  i.  Il  3°  11  se  dit  du  degré  de  densité,  de  résis- 
tance d'un  tissu.  L'épaisseur  d'une  étoffe ,  d'un 
drap.  Il  4°  Qualité  de  ce  qui  est  serré,  rapproché. 
L'épaisseur  de  la  foule.  L'épaisseur  d'un  plant.  L'é- 
paisseur d'un  bois,  la  partie  où  les  arbres  sont  le 
plus  serrés.  Dans  la  sombre  épaisseur  de  ces  pro- 
fonds taillis,  VOLT.  Scythes,  iv,  8.  ||  6°  Qualité  de 
ce  qui  a  beaucoup  de  consistance.  L'épaisseur  d'un 
sirop.  Il  Qualité  de  ce  qui  est  dense.  L'épaisseur  du 
brouillard,  de  l'air.  Une  noire  fumée  Dont  l'épais- 
seur corrompt  la  pureté  de  l'air,  roth.  Antig.  y,  6. 
C'est  ainsi  que  nous  avons  vu  cent  fois  l'astre  de  la 
nuit  en  percer  l'épaisseur,  diderot,  Salon  de  (767, 
Œuv.  t.  XIV,  p.  244,  dans  pouoens.  ||  6°  Il  se  dit 
d'esprits  comparés  à  quelque  chose  d'épais  ,  de 
lourd,  de  peu  subtil.  Comme  son  esprit  était  de 
la  portée  de  tous  les  esprits  qu'il  voulait,  il  faut  voir 
comme  il  s'insinua  dans  l'épaisseur  de  celui  des 
opulents  échevins  et  dans  la  délicatesse  de  leurs 
tendres  et  très-magnifiques  moitiés,  hamilt. 
Gramm.  to. 

—  HIST.  xvi'  s.  Par  l'espesseur  des  forests  che- 
velues, DO  BELLAY,  II,  t3,  Tecto.  Il  avoit  enfermé 
un  poinçon  de  poudre  dans  l'espesseur  d'une  mu- 
raille, d'aub.  Hist.  II,  410. 

—  ÉTYM.  Épais;  wallon,  îipcheur.  L'ancien  fran- 
çais avait  espesse  au  lieu  d'épaisseur. 

ÉPAISSI,  lE  (é-pê-si,  sie),  port,  passi.  Devenu 
plus  épais  en  dimension.  Au  détour  d'un  sentier 
deux  arbres  opposés,  Laissant  tomber  leurs  bras 
épaissis  et  croisés,  Forment  sur  leur  passage  une 
large  barrière,  gilb.  Ifort  d'Abel,  viii.  ||  Devenu 
plus  épais  en  consistance,  en  densité.  Sirop  épaissi. 
Quel  nuage  épaissi  se  répand  sur  mes  yeuxî  volt. 
Fanât,  v,  4.  ||  Devenu  plus  épais  en  nombre.  Les 
rangs  épaissis  de  la  foule. 

ÉPAISSIR  (é-pê-sir),  v.  a.  ||  1°  Rendre  plus  épais 
quant  à  la  dimension.  Epaissir  un  mur.  112°  Rendre 
plus  épais  quant  à  la  consistance.  Epaissir  un  sirop 
avec  du  sucre.  Épaississez-vous  un  peu  le  sang  ; 
tempérez  votre  feu  par  votre  flegme,  balz.  4'  dite, 
sur  la  cour.  Qu'il  mûrisse  la  datte  et  ses  sucs  nou- 
riciers.  Des  troupeaux  de  Cédar  épaississe  les  lai- 
nes, MILLEV.  le  Phénix.  \\  Rendre  plus  dense,  de 
manière  qu'on  voit  moins  à  travers.  Les  vapeurs 
épaississent  l'air.  ||  Fig  k  propos  de  quoi  [la  querelle 
du  quiétisme  préoccupant  tout  le  monde  en  1697], 
on  renouvela  ce  mot  échappé  à  M"'  de  Sévigné  lors 
de  la  chaleur  des  disputes  sur  la  grâce  :  «  Epaissis- 
sez-moi un  peu  la  religion,  qui  s'évapore  toute  à 
force  d'être  subtilisée,  »  st-sim.  t.  i,  p.  425,  édit. 
cuÉHUEL.  Épaississons  la  nuit  qui  voile  sa  naissance, 
volt.  Fanât,  iv,  t.  Ah!  la  fatalité  sur  nous  deux 
étendue  Epaissit  le  bandeau  qui  te  couvre  la  vue, 
LEMERC.  Agamemn.  iv,  6.  ||  3'  F.  n.  Devenir  plus 
large.  Sa  taille  épaissit.  ||  Devenir  plus  consistant. 
Le  sirop  épaissit  en  cuisant.  Celle  sauce  épaissit. 
Il  Par  extension,  devenir  plus  dense,  plus  serré, 
plus  touft'u.  Que  de  ses  beaux  jasmins  les  ombres 
épaississent,  lamart.  Médit.  1,12.  ||  4°  S'épaissir, 
V.  rcfl.  Devenir  gros.  Sa  taille  s'épaissit.  ||  Devenir 
plus  consistant.  Ce  sirop  commence  à  s'épaissir.  Sa 
gorge  enfle,  et  du  sang  dont  le  cours  s'épaissit  Le 
passage  se  ferme  ou  du  moins  s'étrécit,  corh.  Attila, 
v,  6.  Mais  le  jour  baisse  et  l'air  s'est  épaissi ,  ducis, 
Othello,  V,  2.  Il  Fig.  Socrate  s'aperçut  que  plus  il 
avançait  dans  la  carrière,  plus  les  ténèbres  s'épais- 
sissaient autour  de  lui,  BARTHÉLÉMY,  ^nacfc.ch.  07. 
Il  5°  Devenir  embarrassé.  Une  langue  qui  se  lie  et 
s'épaissit,  mass.  Car.  Jmpén.\\6'  Devenir  lourd, 
inhabile  à  comprendre.  Son  esprit  s'épaissit  tous  les 
jours. 

—  HIST.  XII'  s.  La  guerre  crut  e  espeissa....  Li 
genz  Héraut  chescun  jor  creissent,  Tote  jor  vie- 
gnent  e  espeissent,  iiou,  v.  16239  et  (2303.  ||  xvi'a 
Pourquoi  espessit  l'araignée  sa  toile  en  un  endroict, 
et  relascheen  un  aultre?  mont.  11,  I60. 

—  ÉTYM.  Épais;  provenç.  espftïior,  espiessai } 
catal.  espessir;  espagn.  espesar;  ital.  spcstare. 

t  ÉPAISSISSANT,  ANTE  (é-pêsi-san,  san-t"), 
adj.  Qui  a  la  propriété  d'épaissir  ou  de  s'épaissir. 

ÏEPAISSISSEMENT  (é-pê-si-se-man),  s.  m.  Action 
d'épaissir,  de  s'épaissir;  état  de  ce  qui  est  épaissi. 
L'épaississementde  l'épiderme.  L'épaississement  des 
liqueurs.  L'épaississement  de  la  taille.  L'épaissis- 
sement de  la  langue.  L'épaississement  de  la  nuit 
des  ténèbres. 

—  ÉTYM.  £faistir. 


ËPA 

f  EPALEMEHï'  (ê-pa-Ie-man),  s.  m.  Action  d'é- 
paler.  Pour  avoir,  sans  déclaration  préalable,  dé- 
monté, réparé  ou  autrement  changé  la  capacité  des 
Taisseaux  repris  au  procès- verbal  d'épalement;  pour 
avoif  substitué  aux  cuves  épalées  d'autres  de  plus 
(rrande  dimension,  une  amende....  Loi  belge  du  27 
juin  1842  sur  les  distilleries,  art.  32,  §  <*. 

f  ÉPALER  (é-pa-lé),  t>.  a.  Jauger  par  empote- 
meiit  ou  dépotement,  par  opposition  au  jaugeage 
métrique.  Les  vaisseaux  jaugés  ou  épalés  seront  tous 
marqués  distinctement,  Arrêt  royal  de  Belgique  sur 
le  sucre  de  glycnse,  16  sept.  <846,  art.  4. 

t  ÉPALPJÉ,  ÉE  (é-pal-pé,  pée),  odj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  est  dépourvu  de  palpes. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  palpe. 

t  ÉPAMPRAGE  (é-pan-pra-j') ,  s.  m.  Action  d'é- 
panjprer  la  vigne,  le  blé. 

ÉPAMPRÉ,  ÉE  (é-pan-pré,  prée),  part,  passé. 
Vignes  épamprées. 

ÉPAMPREMENT  (é-pan-pre-man) ,  s.  m.  Terme 
d'agriculture.  Action  d'épamprer  la  vigne. 

—  HIST.  XVI'  s.  Espamprement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Épamprer. 

ÉPAMPRER  (é-pan-pré),  v.  a.  Terme  d'agricul- 
ture, ôter  de  la  vigne  les  pampres,  les  feuilles  inu- 
tiles. Il  Par  extension,  diminuer  ,  au  printemps,  l'ex- 
cès de  végétation  herbacée  des  blés.  On  épampre, 
soit  en  coupant  à  la  faux  ou  à  la  faucille  le  som- 
met des  feuilles  ou  des  jeunes  liges,  soit  en  fai- 
sant passer  un  troupeau  de  moutons  dans  le  champ. 

—  HlST.  XVI"  s.  Sera  bon  en  mesme  temps  qu'on 
bine  la  vigne,  qu'en  certains  endroits  du  Langue- 
doc on  appelle  reclorre,  de  la  faire  espamprer  et  es- 
bourgeonner,  o.  de  serres,  174. 

—  ÉTYM.  B  pour  es....  piéfixe,  et  pampre. 

t  ÉPANADIPLOSE  (é-pa-na-di-plô-z'),  s.  f. 
Terme  de  grammaire.  Il  y  a  une  autre  figure  [de 
mots]  qu'on  appelle  épanadiplose,  qui  se  fait  lors- 
que, de  deux  propositions  corrélatives,  l'une  com- 
mence et  l'autre  finit  parle  même  mot,  du  marsais, 

t.  IV,  p.  139. 

—  ÉTYH.  'EltavaSiny.liXTiç ,  de  Inî,  àvà,  etSirXoOv, 
doubler. 

t  ÉPANALKPSE  (é-pa-na-lé-ps') ,  s.  f.  Terme  de 
grammaire.  Figure  d'élocution  qui  consiste  à  répé- 
ter un  ou  plusieurs  mois,  ou  même  un  membre  de 
phrase  tout  entier. 

—  ÉTYM.  'EltavâXïiiJd;,  de  £iti,  àvà,  etXîi<|"î,  ac- 
tion de  prendre. 

t  ÉPANAPHORE  (é-pa-na-fo-r'),  s.  f.  Terme  de 
grammaire.  Figurede  mots  qui  consiste  à  répéter  le 
même  mot  au  commencement  de  chacun  des  mem- 
bres d'une  période. 

—  ÉTYM.  'Eitava^opà,  de  êitl,  àvà,  et  <pop«,  ac- 
tion de  porter. 

t  ÊPANASTROPHE  (é-pa-na-stro-P) ,  s.  f.  Terme 
de  grammaire.  Synonyme  d'épanadiplose. 

—  ÉTYM.  'Enavaarpoç^Ôi  de  im,  àvà,  et  a^po(f^, 
aclion  de  tourner. 

ÉPANCHÉ,  ÉE  (é-pan-ché,  chée),  part,  passé. 
Il  1"  Dans  le  style  élevé,  versé.  De  l'eau  épanchée 
sur  les  mains.  Rentrons  et  qu'un  .sang  pur  par  mes 
mains  épanché  Lave  jusques  au  marbre  où  ses  pas 
ont  touché,  rac.  Athal.  ii,  8.  ||  Fig.  Puisque  cette 
grandeur  à  son  trône  attachée  Sur  nul  autre  que 
vous  ne  peut  être  épanchée,  corn.  Nicom.  ii,  3. 
Que  partout  de  leur  nom  la  gloire  est  épanchée, 
BOL.  F.  sav.  IV,  3.  Il  2''  Qui  a  de  l'épanchement, 
de  la  disposition  à  communiquer  ses  sentiments. 
Quand  vous  en  voyez  d'épanchées,  sujettes  à  dis- 
courir, noss.  Vie  relig. 

ÉPANCHEMENT  (é-pan-che-man),  s.  m.  ||  1°  Ac- 
"tion  d'épancher.  L'épanchement  du  vin  dans  les  li- 
bations que  faisaient  les  anciens.  Féconds  épanche- 
ments  de  pluie  et  de  rosée,  Bénissez  le  Seigneur, 
CORN.  Trad.  du  cant.  des  trois  enfants.  Que  fait-il 
en  moi,  ce  soleil  si  grand  et  si  vaste,  par  le  pro- 
digieux épanchement  de  ses  rayons  ,  que  d'exci- 
ter dans  mes  nerfs  quelijue  léger  tremblement? 
Boss.  Connaiss.  iv,  9.  ||  Par  extension.  Ce  vain 
dé>ir  de  paraître  jette  l'âme  tout  entière  au  de- 
hors, et  dans  cet  épanchement  elle  se  dissipe  , 
BOSS.  Vélure,  Bouillon.  \\  Fig.  Telles  sont  les  faveurs 
que  la  main  nous  partage.  Grand  roi,  du  roi  des 
rois  la  plus  parfaite  image;  Tel  est  l'épanchement 
de  tes  nouveaux  bienfaits.  Il  prévient  l'espérance, 
il  surprend  les  souhaits,  corn.  Bemere.  au  roi.  Un 
plem  épanchementde  consolations,  id.  Imit.  ii,  l. 
D'une  clarté  céleste  un  long  épanchement  Fera  bril- 
ler incessamment  D'un  rayon  infini  la  grandeur  inef- 
fable, ID.  ib.  m,  47.  Alcine  nous  la  faisait  voir  ma- 
gnifique et  inépuisable  dans  l'épanchement  de  ses 
doni,  BARMONTEL,  ContestiiCraux,  École  del'amilii. 


ÈPA 

Il  i'  Terme  de  médecine.  Accumulation  d'un  (luide 
dans  une  partie  du  corps  qui  n'est  pas  destinée  à  le 
contenir.  Epanchement  de  sang,  de  bile.  Un  petit 
épanchement  de  sang  dans  le  cerveau  suffit  pour 
boucher  les  pores  par  où  les  esprits  entrent  dans 
les  nerfs  et  pour  arrêter  tous  les  mouvemeuts,  Ni- 
cole, Ess.  demoT.  t"  traité,  ch.  4.  Partout  où  il 
y  a  rupture  de  vaisseaux,  il  y  a  épanchement  de 
sucs,  et  c'est  le  cas  de  toutes  les  plaies  soit  des  par- 
ties molles,  soit  des  parties  dures,  bonnet,  Con- 
sid.  corps  organ.  Œuvres,  t.  v,  p.  âge,  dans  pou- 
gens.  Il  3°  Fig.  Communication  de  sentiments  et  de 
pensées  intimes.  Ce  qui  se  dit  dans  ces  épanche- 
ments  de  cœur  que  la  conversation  produit  entre 
deux  amis,  ne  peut  être  regardé  que  comme  des 
pensées,  montesq. /îom.  xiv.  Avec  quelle  innocence 
et  quels  épanchements  Nos  cœurs  se  sont  appris 
leurs  premiers  sentiments!  volt.  Adélaïde,  v,  i. 
Il  est  certain  que  l'épanchement  des  conversations 
ne  se  concilie  guère  avec  la  gravité,  p.  l.  cour. 
Letl.  II,  329. 

—  ÉTYM.  Épancher. 

ÉPANCHER  (é-pan-ché),  ».  a.  ||  1°  Dans  le  style 
élevé,  verser.  Épancher  du  vin.  Ma  main  de  cette 
coupe  épanche  les  prémices,  rac.  Brit.  v,  6.  ||  Par 
extension.  Tantôt  un  bois  profond,  sauvage,  téné- 
breux Épanche  une  ombre  immense,  et  tantôt, 
moins  nombreux.  Un  plant  d'arbres  choisis  forme 
un  riant  bocage,  delille,  Jardins,  il.  ||  Par  une 
autre  extension  et  fig.  Mettre  en  dehors.  Un  vain 
désir  de  paraître,  qui  nous  épanche  au  dehors  et 
nous  rend  ennemis  de  toute  retraite,  boss.  Vèture, 
Bouillon.  Lui  seul,  disaient-ils,  savait  dire  et  taire 
ce  qu'il  fallait,  seul  il  savait  épancher  et  retenir 
son  discours,  id.  le  Tellier.  ||  2°  Fig.  Verser 
comme  un  liquide  qu'on  répand,  produire  libérale- 
ment. Les  fruits  que  la  terre  épanchait  de  son  sein, 
FÉN.  Tél.  II.  Il  épancha  ses  dons  sur  le  globe  fer- 
tile, st-lamb.  Saisons,  i.  Un  grand  cœur  veut  dans 
l'ombre  épancher  ses  bienfaits,  gilb.  Stancef  à 
M.  d'Arnaud.  Alors  [sous  les  païens]  la  religion 
n'était  que  souff'erte,  alors  les  prêtres  ne  dem.'in- 
daient  pour  elle  aux  maîtres  du  monde  que  de  la 
laisser  épancher  dans  le  sein  de  l'homme  ses  bien- 
faits inestimables,  Mirabeau,  Collection,  t.  iv,  p. 
333.  Il  3°  Verser,  communiquer  des  choses  intimes. 
Souffrez  qu'en  votre  sein  j'épanche  mon  secret,  la- 
MOTHE,  Inès  de  Castro,  il,  1. 1|  Épancher  son  cœur, 
exposOi'  avec  sincérilésa  pensée,  ses  sentiments. 
Elle  épancha  son  âme  devant  Dieu,  fléch.  Aiguil- 
lon. 11  épancheson  cœur  dans  celui  de  son  ami, 
J.  J.  Rouss.  Ém.  v.  Il  4°  S'épancher,  v.  réfl.  Être 
épanché.  Lorsqu'il  est  plein,  ses  eaux  s'épanchent 
en  cascades;  mais,  dans  les  temps  de  sécheresse, 
ces  épanchoirs  n'en  versent  plus,  et  alors  c'est  du 
fond  du  réservoir  qu'on  les  tire,  marmontel,  Mém. 
vu.  L'onde  rafraîchit  l'air;  l'air  s'épanche  en  rosée, 
delille,  liom.  des  champs ,  i.  Plus  loin,  surlarive 
où  s'épanche  Un  fieuve  épris  de  ces  coteaux.... la- 
MART.  Méd.  Il,  1.  Il  Fig.  Le  sommed  sur  ses  yeux 
commence  à  s'épancher,  boil.  Sat.  viii.  Mon  coeur 
vous  fut  ouvert  tant  qu'a  vécu  mon  père;  C'était  le 
seul  présent  que  je  pouvais  vous  faire  :  Et  lorsque  a- 
vec  mon  cœur  ma  main  peut  s'épancher.  Vous  fuyez 
mes  bienfaits  tout  prêts  à  vous  chercher,  rac.  Bé- 
rén.  m,  i.\\5'  Il  se  dit,  principalement  en  méde- 
cine, du  sang,  d'une  humeur  qui  s'extravase.  Le 
sang  s'est  épanché  dans  la  poitrine.  ||  6°  Verser  li- 
brement les  sentiments  de  son  cœur.  Il  s'épanchait 
en  fils  qui  vient,  en  liberté.  Dans  le  sein  de  sa 
mère  oublier  sa  fierté,  rac.  Brit,  v,  3.  Mon  cœur 
pour  s'épancher  n'a  que  vous  et  les  dieux,  ic. 
Phèd.  V,  1.  Au  lieu  de  vouloir  vous  cacher  mes 
ennuis,  je  cherche  à  m'épancher  et  trouve  une 
douceur  secrète  àvous  découvrir  mon  âme,  lesage, 
Diabl.  boit.  13.  Quand  l'étourdi  venait  s'épancher 
à  lui,  J.  J.  rouss.  Ém.  iv.  Je  m'épanche  avec  vous, 
je  ne  dois  rien  vous  taire,  la  chaussée,  Préj.  à  la 
mode,  V,  5. 

—  HlST.  XVI'  s.  Je  ne  m'espancheray  pas  d'avan- 
tage à  poursuivre  ces  allusions  et  etymologies,  des 
ACCORDS,  Bigarr.  t°  92,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  épainché.  Autre  forme  de 
épandre,  comme  pencher  est  une  autre  forme  de 
pendre.  Ces  formes  supposent  un  développement  du 
mot  latin  par  un  suffixe,  expandere  en  expandi- 
care,  elpendere  enpendicare. 

lÉPANCHOlR  (é-pan-choir).  s.  m.  Ouvrage  d'art 
par  lequel  se  déversent  les  eaux  u'un  canal,  d'un  étang. 

t  ÉPANDAGE  (é-pan-da-j') ,  s.  m.  Terme  d'agri- 
culture. Action  de  répandre  l'engrais  sur  le  sol. 
L'hygiène  publique  et  l'agriculture  réclament  un 
mode  d'enlèvement  et  d'utilisation  des  matières  fé- 


EPA 


im 


cales  solidas  et  liquides,  qui  permette  d'en  obérer 
facilement  le  transport  et  l'épandage,  mosselman, 
Àcad.  des  se.  Comptes  rendus ,  t.  lvi,  p.  4  26). 

—  ÉTYM.  Épandre. 

ÉPANDRE  (é-pan-dr'),  j'épands,  nousépandons; 
j'épandais  ;  j'épandis  ;  j'épandrai  ;  j'épandrais  ; 
épands,  épandons;  quej'épande,  que  nous  épan- 
dions;  que  j'épandisse;  épandant  ;  épandu,  ».  o. 
Il  i°  Étendre  en  versant,  en  dispersant,  en  épar- 
pillant. Ce  fleuve  épand  ses  eaux  dans  la  campagne. 
Épandre  du  fumier  dans  un  champ.  Où  Polycrène 
épand  ses  libérales  eaux,  j.  b.  bouss.  Ép.  vi.  Océan, 
qui  sur  tes  rives  Épands  tes  vogues  plaintives,  la- 
MART.  Harm.  ii,  et.  ||  Fig.  La  terreur  de  son  nom 
qui  devance  ses  armes  Épandit  dans  les  rangs  de  si 
vives  alarmes....  Perrault,  Poëme  de  la  peinture. 
Il  2°  Verser,  faire  couler.  J'épandrais  mon  sang 
Plutôt  que  de  rien  faire  indigne  de  mon  rang,  corn. 
Cid,  I,  4.  J'abandonne  mon  sang  à  qui  voudra  l'é- 
pandre,  id.  Cinna,  iv,  4.  ||  3''  Fig.  Verser,  donner, 
accorderen  abondance.  L'astre  qui  luit  aux  grands... 
Ëpandit  dessus  moi  tant  d'heur  et  de  puissance, 
MALH.  V,  30.  Daigne  du  juste  ciel  la  bonté  souve- 
raine  n'épandre  sur  vous  que  des  prospérités, 

corn.  Bodog.  ii,  3.  Une  majesté  douce  épand  sur 
son  visage  De  quoi  s'assujettir  le  plus  noble  cou- 
rage, m.  Pomp.  m,  3.  Je  ne  sais  d'homme  néces- 
saire Que  celui  dont  le  luxe  épand  beaucoup  de 
bien,  LA  FONT.  Fabl.  viii,  19.  C'est  un  parterre  où 
Flore  épand  ses  biens,  id.  tb.  x,  t.  ||  4°  S'épan- 
dre,  r.  réfl.  Être  épandu.  Les  eaux  s'épandent  dani 
la  campagne.  Un  peuple  inconnu  et  renfermé  jus- 
qu'alors entre  le  fleuve  Tanaïs  et  la  Mer  Glaciale  sor- 
tit de  son  pays,  et  s'épandit  comme  un  torrent  dans 
toutes  les  provinces  voisines,  fléch.  Théodose,  i, 
58.  Tes  cheveux  déliés,  soudain  Par  anneaux  flot- 
tants s'épandirent.  Et  comme  un  nuage  couvrirent 
L'ivoire  poli  de  ton  sein,  eernard,  Poés.  div.  Ép. 
X,  à  Batilde.  ||  Fig.  Pour  ce  trait  de  douceur  le  nom 
de  Constantin  S'épandra  désormais  du  couchant  au 
matin,  Tristan,  M.  de  Chrispe,  i,  3.  J'ai  couru 
vers  les  lieux  où  le  bruit  s'épandait,  id.  Mariane,\, 
3.  Retournez  vite  au  camp  où  s'épand  un  murmure, 
MAiR.  Soi.  m,  3.  Et  si  l'erreur  s'épand  jusqu'en  nos 
garnisons,  corn.  Sertor.  iv,  3.  Un  bruit  s'épand 
qu'Enghien  et  Condé  sont  passés,  boil.  Ép.  iv.  Un 
embrasement  qui  s'épand  au  loin  dans  une  forêt, 
LA  bruy.  I  II  S'épandre  en,  produire  avec  abondance. 
En  superiluités  s'épandaiit  d'ordinaire.  Et  poussant 
trop  abondamment.  Il  [le  blé]  ôte  à  son  fruit  l'ali- 
ment, LA  font.  Fahl.  IX,  II.  ||  5°  Se  promener  au 
loin,  en  parlant  des  regards.  En  voyant  ses  regards 
s'épandre  sur  les  eaux  Pour  jouir  et  juger  d'un  com- 
bat de  vaisseaux,  corn.  Androm.  i,  l.  [j  6°  Être 
versé,  donné  libéralement.  Je  souhaiterais....  que 
vos  bontés  s'épandissent  sur  quelques  personnes, 
MÉRÉ,   QKtt».  post.  t.  II,  p.  126. 

—  SYN.  ÉPANDRE,  RÉPANDRE.  Épandre  indique, 
dans  l'action ,  une  sorte  d'ordre  et  d'arrangement 
qui  n'est  pas  dans  répandre. 

—  HIST.  XI'  s.  [Il]  Tranche  la  teste  por  la  cervelc 
espandre,  Ch.  de  Roi.  cclxiv.  ||xii'  s.  Li  sans  de  lui 
espant  [se  répand]  parmi  la  prée,  Jionc.  p.  90.  La 
novele  espandue  du  saint  martyr  novel.  Qui  giseit 
au  mustier  ocis  sur  le  quarrel,  Th.  le  mart.  153, 
Venge  le  sanc  des  tuens  [tiens],  Deus,  qui  est  e.»- 
pandus,  ib.  76.  [II  prie]  Que  Deus  le  mete  en  bone 
veie,  E  que  sa  grâce  11  espande.  Si  qu'od  lui  Iruist 
[qu'avec  lui  il  trouve]  ceo  qu'il  demande,  benoIt,  ii, 
6222.  Il  xm"  s.  Si  s'espandront  de  toutes  pars  parmi 
la  terre  pour  querre  viandes,  villeh.  lxii.  Les  au- 
tres gens  qui  furent  espandus  parmi  la  ville  gaain- 
gnerent  assés,  id.  cvii.  L'odor  de  lui  [au  bouton] 
entor  s'espent,  la  Rose,  1676.  Très  bien  les  servent 
li  serjant;  Vin  aportent  à  espandant.  En  coupes, 
en  hanas  d'argent  Aportent  clair  vin  et  plument, 
FI.  et  Bl.  1265.  Que  vostre  sang  devés  espandre,  Et 
pour  sainte  église  défendre,  barbazan.  Fabliaux, 
I,  65.  Il  XIV'  s.  Cardes  autres bourjois  en  y  ot  rêve 
nus.  Qui  tout  ont  confermé  et  les  fais  espandus, 
Guesl.  8435.  Queceste  doctrine  signée  sous  certain 
chapitre  soit  trouvée  plus  legierement  que  se  ele 
estoit  espandue  en  divers  chapistres  de  çà  et  de  là, 
n.  DE  mondeville,  t°  104.  Adoncs'espandirent  nou- 
velles par  le  pays,  froiss.  i,  x,'  <8.  ||xvi'  s.  San» 
espandre  ny  voix  ny  pleurs,  mont,  i,  8.  Tantost 
elles  s'espandent  d'un  costé,  lanlost  d'un  aultre[le» 
rivières],  m.  i,  232.  Main  à  demy  espandue  et  ou- 
verte, ID.  ir,  231.  Il  fault  espandre  le  grain,  non 
pas  le  respandre,  id.  iv,  9.  La  renommée  de  sa  vail- 
lance estoit  fort  espandue  pa^  .oute  la  Grèce,  amtoi. 
Thés.  38.  Il  espandit  sur  l'heure  grande  quantité  de 
larmes.  ID.  Péric.  6  9. 


4452  .  KPA 

-tTYM.  ProTcnç.  upandréi  liai,  tpandere  ;  du 
hlin  mander*,  de  ex,  «1  pandere,  déployer. 

futidn  II  I*  Rlendu  on  renianl,  en  dispersant, en  se- 
mjnc  Tel  qu"»  vague»  épamlup»  Marche  un  neuve  im- 
pirieùz  De  '|ui  le»  neiges  fondues  Rendent  le  cours 
Trieui,' «ALir.  Il,  2.  Notre  fuite,  madame,  est  as- 
uz  difflcile;  J'ai  vu  des  gens  de  guerre  épandu»  par 
la  ville,  conw.  Hod.  m,  a.  Quelques  restes  de  feu  sous 
Il  cendre  épandu»....  la  font.  Phil.  et  Baue.  Dt» 
noir»  torrents  de  soufre  épandus  dans  les  airs,  volt. 
Hmr.  VI.  r.«  superbe  Éridan,  franchissant  ses  riva- 
ge», Dans  son  onde  écuinante  épandue  à  grands  Ilots 

I  otratna  les  pasioura,  leurstoits  et  leurs  troupeaui, 
UALFiL.  C^Mt  de  firg.  ||  i°  Se  dit  de  tout  co  qui  est 
comparé  k  quelque  chose  de  disséminé.  De  qui  la 
renommée  épandue  en  tous  lieux,  desmabets,  Vi- 
rionnairet,  li,  t.  Un  inconnu  frisson  dans  mon 
corps  épandu,  corn.  Mél.  ii,  l.  On  n'a  pas  aimé  la 
surprise  avec  laquelle  Perlharite  se  présente  au  troi- 
.siéme  acte,  quoique  le  bruit  de  son  retour  soit 
épandu  dis  le  premier,  id.  Perth.  Examen.  L'u- 
sage de  notre  lannue  est  à  présent  si  épandu  par 
toute  l'Europe,  principalement  vers  le  Nord,  qu'on 
y  voit  peu  d'Ëlais  où  elle  ne  soit  connue,  id.  TMdt. 
Préface,  édit.  tesa.  Une  voiit  sortit  de  la  nue, 
lîcho  redit  ces  mots  dans  les  airs  épandus,  la  font. 
PaU.  XII,  27.  L'Église  était  épandue  par  tout  le 
monde,  koss.  Yar.  I5.  ||  3°  Versé.  Puisqu'ils  sont  sa- 
tisfaits par  le  sang  épandu,  corn.  Uor.  iv,  5.  Un 
ïoupir,  une  larme  à  regret  épandue,  id.  Poly.  ii,  2. 
il  4»  Qui  s'épanche  comme  fait  une  eau.  Quel  est  sur 
votre  front  ce  nuage  épandu?  v.  hugo,  Cromwell, 
II,  t».  ||Fig.  Sun  amour  [de  Dieu],  épandu  sur 
toute  la  famille,  Tire  aprèslui  le  père  aussi  bien  que 
la  elle,  COHN.  Poly.  v,  ».  De  toute  la  vertu  sur  la 
terre  épandue  Tout  le  prix  à  ces  dieux,  toute  la 
gloire  est  due,  id.  Œdipe,  m,  6. 

t  ÉPANNELAGK  (é-pa-ne-la-j'),  t.  m.  Terme  de 
maçonnerie.  Première  taille  en  chanfrein  <l'une 
•rête  sur    laquelle   on   veut  tailler   une   moulure. 

II  Parties  superllues  enlevées  d'une  pierre,  d'un 
bloc  de  marbre. 

+  ÉPANNKLER  (é-pa-ne-Ié.  VI  se  double  devant 
une  syllabe  muette  ;  j'épannelle),  v.  a.  Dégrossir  le 
marbre,  enlever  tout  ce  qui  excède  les  plans  du 
polyèdre.  ||  Tailler  en  chanfrein  le  parement  d'une 
pierre  qui  doit  être  profilée. 

—  ÊTYM.  É  pourM....  préfixe,  etpanneJ  [panneau]. 
t  ÊPANNKLLPJIEmr  (é-pa-né-le-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'épaiineler;  résu.jit  de  cette  aciion. 

■f  ÉPANODE  (é-pa-no-d'),  ».  f.  Terme  de  gram- 
maire. Figure  d'élooution,  dite  aussi  régression.  Es- 
pace de  répétition  qui  se  fait  en  reprenant  tour  à 
tour  plusieurs  mots  qui  précèdent,  pour  développer 
l'idée  contenue  dans  chaunn  d'eux. 

—  ÉTYM.  'EitivoSo;,  de  iitî,  àvà,  et  ASi;,  che- 
min. 

fiPANORTHOSB  (é-pa-nor-l6  z") ,  ».  f.  Figure  de 
rhétorique,  dite  plus  souvent  correction,  par  la- 
quelle on  feint  de  rétracter  ce  qu'on  avait  dit, 
comme  trop  faible  pour  ce  qu'on  veut  exprimer. 
Exemple:  J'esp(re,  que  dis-jeT  je  suis  sûr  qu'on 
vous  rendra  justice. 

—  ÊTYM.  'En»vép6(»ffK,  correction,  rectification, 
de  in),  Ivà,  et  6p6àc,  droit. 

fiPANOCI,  18  (é-pa-nou-i,  ie),  por(.  ;)(u»(!d'épa- 
nouir.  Il  1*  Ouvert,  en  parlant  de  Heurs,  de  bou- 
tons, etc.  Une  fleur  épanouie.  ||  >■  Fig.  Se  dit  de  ce 
que  l'on  compare  k  un  bouton  qui  s'ouvre.  Ahl  s'il 
peut  consentir  qu'une  telle  allégresse  Tienne  ses 
sens  épanouis,  corn.  Imit.  i,  at.  C'est  demain  que 
votre  cœur  sera  épanoui,  b£v.  4»t.||  Traits  épa- 
nouis, traita  qui  se  dilatent  et  s'ouvrent  par  la  joie. 
On  dit  de  même  un  front,  un  visage  épanoui. 
Il  S*  Ëclalant,  bruyant.  Une  joie  épanouie.  Veux-tu 
de  ces  enjouements  épanouis,  de  ces  joies  toujours 
ouvertesT  mol.  Bourg,  gerit.  m,  *. 

ËPANOCIR  (è-pa-nou-ir),  v.  a.  \\  1*  Se  dit,  en 
parlant  des  fleura  et  des  boutons  dont  les  feuilles, 
les  pétales  s'ouvrent  et  s'étalent.  La  chaleur  épa- 
nouit les  fleurs.  La  jeune  plante  épanouit  ses  fleurs 
odoriférantes  avec  mille  couleurs  nouvelles,  tt-x. 
ni.  iz.  Il  Fig.  La  gaieté  épanouit  le  visage.  ||  Fig. 
•t  familièrement.  Epanouir  la  rate,  faire  rire,  ré- 
jouir. C'est  bien  lli  pour  lui  faire  épanouir  la  rate, 
ra.  coaii.  D.  Btrtr.  d»  Cigarral,  iv,  s.  Après  nous 
Mre  égayés  tous  deux  et  bien  épanoui  la  rate,  je 
01»  aa  brtve:  Que  ferons-nous  de  ce  riche  hahille- 
"^M  '*"*"''  '•''  *'•".  X,  <o.  Il  »"  S'épanouir, 
0.  rt(l  Wployer  se»  feuilles,  sortir  du  boulon,  en 
perUnldune  plante,  d'une  fleur.  On  voit  les  fleurs 
s  épanouir.  ||  r.».  D,o»  cet  l«e  où  les  charrav^  co-a- 


EPA 

inencint  à  s'épanouir,  iiamilt.  (."ramm.  7.  Faites 
remarquer  aux  enfants  que  la  beauté  du  corps  est 
une  fleur  qui  «'épanouit  le  matin,  et  qui  est  le  soir 
llétrie  et  fobléeaux  pieds,  pài».  t.  xvii,  p.  (>7.  Comme 
les  fleurs,  l'âme  «'épanouit,  bbrnahd,  i4r«  d'oitner, 
ch.  II.  Il  Son  visage  s'épanouit,  il  prend  l'aspect  de 
la  joie,  du  contentement.  ||  Sa  rate  s'épanouit,  il 
devient  gai.  Sa  rate  s'est  épanouie  d'un  rire  exlra- 
vag.mt,  Bf.v.  »79.  Il  8"  On  dit  dans  le  langage  ana- 
tomique,  que  des  vaisseaux,  des  fibres  s'épanoiiis- 
.sent,  quand  elles  ilivernent  l'une  de  l'autre  au  même 
point  ou  k  peu  près.  ||  4°  Être  joyeux,  radieux.  On 
s'épanouissait  d^'jà  des  succès  de  Vendôme  comme 
d'une  communication  sûre  et  établie,  st-sim.  tao, 
6B.  Mon  cœur  séché  d'ennuis,  flétri  par  la  tris- 
tesse. S'épanouit  enfin  dans  sa  pure  allégresse, 
DE  BKLLOT,  Gabr.  de  Vergy,  m,  «.  Le  cœur  de  ce 
chrétien  s'épanouissait  en  parlant  de  son  épouse, 
CHATEAUB.  Mart.  47,  Mais  jusqu'à  sa  de^ni^re  au- 
rore Kn  buvant  frais  s'épanouir,  ....  Mes  amis,  ce 
n'est  pas  vieillir,  bèrano.  Vieillesse. 

—  HIST.  xiii*  S.  Que  jà  estoit  passez  yvers,  Et 
l'aube-espine  florissoit,  Et  que  la  ro.se  espanisoit, 
Ren.  966a.  [Des  boulons]  Qui  s'apresloient  d'espa- 
nir,  la  Base,  t65l.||xiv»  s.  Doulce  Heur  espanie, 
odorable  et  flairant,  Giiescl.  ai478.  Si  advint  ceste 
chose  entour  la  St  Jehan,  que  les  blés  sont  es- 
panoys,  Chron.  de  St  Denis,  t.  ii,  f°  7,  dans  la- 
CURNE.  Il  xvi*  s.  La  rondeur  de  ces  joues,  oii  les 
roses  s'espanouissoient  en  tout  temps,  yver  ,  p. 
691.  Celuyqui  espanouit  ses  ailes  en  rongnant  celles 
d'autrui,  comme  estant  homme  net  et  sincère  sans 
aucune  passion,  se  fait  roputer  importun  et  fas- 
cheux,  AMYOT,  Comment  diicerner  le  flatteur  de 
l'ami,  57.  Les  fleurs  tost  espanouyes,  Tost  s'en  vont 
esvanouyes,  bons.  b37.  Ha  le  voici,  jà  voici  la  bar- 
rière Du  jour  declose,  et  le  ciel  s'espanir,  id.  760. 

—  ÈTYM.  Picard,  épénir  ;  de  l'ancien  français  e»- 
panir,  avec  l'intercalaliondeou  (intcrcalation  inex- 
pliquée jusqu'à  présent) ,  comme  dans  esvanouir 
pour  esvanir.  Espanir  est  une  autre  forme  de  es- 
pandir,  qui  est  dans  le  provenç.il  et  qui  est  une 
autre  conjugaison  de  espandre  (voy.  épanuhk). 
Épanouir  signifie  donc  déployer.  On  trouve  en 
efl'ot  fîpandre  pour  eapanouir  :  Flor  qui  s'espant, 
et  feuille  qui  verdoie,  Poésie*  m»»,  avant  taco,dans 

lACURNE. 

ÉPANOniSSEMEXT  (é-pa-nou-i-se-man) ,  s.  m. 
Il  1°  Action  de  s'épanouir;  état  de  ce  qui  est  épa- 
noui. L'épanoui-ssement  dos  fleurs.  ||  %•  Terme  d'a- 
natomie.  Épanouissement  des  vaisseaux,  des  fibres 
tendineuses,  des  nerfs,  disposition  anatomique  qui 
résulte  de  la  subdivision  en  branches,  filtres  et  tu- 
bes, au  même  niveau  ou  à  peu  près.  ||  3"  Fig.  Se  dit 
d'un  sentiment  chaud  et  agréable  qui  agit  sur  le 
cœur  en  l'épanouissant  pour  ainsi  dire.  La  joie  n'est 
qu'un  épanouissement  du  cœur,  coi\N.  Disc,  à  l'Àc. 
fr.  Un  air  léger  dont  je  sentis  la  fraîcheur  m'ap- 
porta des  parfums  qui  me  causèrent  un  épanouis- 
sement intime  et  me  donnèrent  un  sentimerl 
d'amour  pour  moi-même,  buff.  Des  sens.  L'épa- 
nouissement de  l'extrême  joie,  qui  d'un  mouvement 
uniforme  semble  étendre  et  raréfier  tout  notre  être, 
se  conçoit,  s'imagine  aisément,  J.  i.  Bouss.  £mi7e, 
V.  Il  Epanouissement  du  visage,  air  de  gaieté,  de  vif 
contentement.  ||  Epanouissement  de  rate,  joie, gaieté 
éclatante. 

—  HIST.  XVI*  s.  On  l'apperçoit  par  les  espanouis- 
semens  eteslargissemens  du  visage,  quand  l'homme 
est  en  espérance  de  quelques  voluplez,  amvot,  Pc 
la  vertu  morale,  26. 

—  ÊTYM.  épanouir. 

ËPARCET  (é■par•s^),  ».  m.  Voy.  esparcbtte. 

t  ÊPARCETTE  (é-par-sè-f),  ».  {.  Voy.  espar- 
cette. 

tÉPARCHIE  (é-par  chie),  ».  f.  Dignité  d'éparque. 

ËPARER  (S)  (é-pa-ré),  v.  réfl.  Terme  de  manège. 
Synonyme  inusité  de  ruer. 

—  ÊTYM.  Ital.  »parar«,  ruer,  de  t  préfixe  répon- 
dant à  es....  indiquant  dérangement,  et  le  latin  pa- 
rare  (voy.  parer). 

ÊPARGNAfiT,  ANTK  (é-par-gnan,  gnan-t'),  adj. 
Oui  use  d'épargne,  qui  est  très  économe.Un  homme 
épargnant.  Crassus  :  Je  ne  prétends  pas  être  avare, 
je  crois  même  en  bonne  foi  que  je  ne  suis  pas  assez 
épargnant,  p8n.  t  xix,  p.  a»4.  Il  ne  put  soulTrir  plus 
de  trois  mois  les  cruels  remords  de  son  humeur  épar- 
gnante, au  lioul  desquels  il  fit  une  taxe  de  deux 
écus  par  tête  sur  chaque  académicien,  pour  le  paye- 
ment d'un  repas  qui  était  déjà  mis  en  oubli,  puRg- 
Titm,  Fartums,  t.  i,  p.  179. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ceulx  que  nous  appelions  tenans 
•Ml  espergnan»  ou  avers  au  chetifs,  orksue,  Eth 


lîPA 

HO.  Il  xvi*  ,■!.  On  drc«ser.i  cet  enfant  à  esire  espar- 
gnant  et  meisnagier  de  sa  suffisance  quand  il  l'auia 
acquise,  mont,  i,  <«8. 

ÉPARGNE  (épar-gn'),  ».  f.  ||  1°  Administration 
des  dépenses  telle  qu'elles  soient  moindres  que  les 
recettes.  Il  a  amassé  de  grands  biens  par  son  épar- 
gne. L'épargne  est  n6ces.saire  à  qui  veut  s'agrandir, 
TH.  corn.  d.  Bertr.  de  Cignrral,  i,  4.  peut-on  rien 
voir  de  plus  cruel  que  cette  rigoureuse   épargne 
qu'on  exerce  .sur  nous,  que  cette  sécheresse  étrange 
où  l'on  nous  fait  languir?  mol.  Avare,  i,  a.  Vivre 
d'épargne  et  de  travail,   Boss.  Ilist.  m,  8.  Et  pour- 
quoi cette  épargne  enfin?  l'ignores  tu?  Afin  qu'u.i 
héritier  bien  nourri,  bien  vêtu,  Profitant  d'un  tré- 
sor en  tes  mains  inutile,  De  son  train  quelque  jour 
embarrasse  la  ville,    boil.  Sat.  viii.   De  l'épargne 
sordide  :  Cette  espèce  d'avarice  est  dans  les  hommes 
une  passion  de   vouloir  ménager  les    plus   petites 
choses  sans  aucune  fin  honnête,  la  bhuy.  Théophr. 
X.   Il  L'épargne  de   bouche,  la  diminution   de  dé- 
pense sur  la  nourriture.  Elle  est  nourrie  et  élevée 
dans  une  grande  épargne  de  bouche,  mol.  Atare, 
II,  8.  Il  Aller  à  l'épargne  .chercher  à  épargner,  ||  Fig. 
Il  va  à  l'épargne  des  mots,  il  affecte  de  la  conci- 
sion dans  son  style.  ||  2°  La  somme  même  que  l'on 
a  économisée.  Les  épargnes  des  domestiques.  Il  n'est 
point  difficile  de  sentir   que  toute  épargne  dans  la 
main  d'œuvre,  loin  de  diminuer  les  moyens  de  tra- 
vail pour  le  peuple,   tend  au  contraire  à  multiplier 
ces  moyens  mêmes,   en   augmentant  pour  tous  les 
hommes  la  masse  des  objets  de  consommation,  et 
par  conséquent  celle  de  leurs  jouissances  et  de  leurs 
richesses,  coNDOBCET,Jfon(igBt.  ||  Terme  d'économie 
politique.  Portion  des  produits  qui  est  réservée  pour 
être  employée  à  la  production.  C'est  l'accumulation 
des  épargnes  qui  forme  les  capitaux,  l.  B.  say,  Épi- 
tomé  ,    épargnes.  ||  Caisse   d'épargne  et   rie   pré- 
voyance,  ou,   simplement,  caisse  d'épargne,  éta- 
blisssment    de    bienfaisance    où    les    plus   petites 
sommes  sont  reçues  et  portent  intérêt,  à  partir  d'un 
franc.   ||  3'  Ancien  nom  du  trésor   royal.    Quelques 
officiers  qui  sont  au  trésor  royal  ont  été  à  même 
temps  et  officiers  de  l'épargne  et  officiers  du  trésor 
royal,  parce   que,  lors    de  leur  premier  élablisse- 
ment,  on  disait  l'épargne,  et  aujourd'hui  l'on  dit 
le  trésor  royal,   vaugel.  Août-,   rem.    Observ.  d: 
H**',  p.  ai6,  dans  POUGF.NS.  ||  Il  s'est  dit,  par  ex- 
tension, dans  Tancien  langage  élevé  ou  poétique, 
du  trésor  de  tout  souverain.   Mon   épargne   [c'est 
Auguste  qui  parle]    depuis  en   sa  faveur  ouverte, 
CORN.    Cinna,  ii,  t.   J'ai  fait  en  son  épargne  [de 
Sparte]  entrer  tons  les  trésors  Des  peuples  subju- 
gués  par   mes   heureux  etTorts,  id.  Agésil.  m,   t. 
L'épargne  qu'il  manie  avec  profusion,    roth.  Ven- 
eesl.  I,  6.  Des  débris  des  traitants  ton  épargne  gros- 
sie, BoiL.  Éptt.  1.  Il  4"  Fig.  Il  se  dit  de  tout  ce  qu'on 
économise  comme  on  fait  pour  l'argent.  L'épargna 
du  temps.  La  nature  est  d'une  épargne  extraordi- 
naire.... cette  épargne  néanmoins  s'accorde  avec  une 
magnificence  surprenante,  fonten.  les  Mondes,  4" 
soir.  Médecin  n'employant  qu'avec  une  sage  épargne 
les  ressources  de  l'art,  et  n'ajoutant  qu'à  regret  aux 
dangers  et  aux  douleurs  de  la  maladie  les  dangers 
et  l'incommodité  des  remèdes,  condorcf.t,  Bour- 
deKn.   {|   B°   Poire  d'épargne ,    ou ,    simplement , 
épargne,   sorte  de    poire,  dite  aussi   beauprèsent, 
belle    cueillette  ,   qui  vient  de  bonne  heure  et  est 
juteuse.  Il  6°  Terme  de  gravure.  Taille  d  épargne, 
taille  en  épargne,  sorte  de  taille  qui  se  fait  lorsque, 
enlevant   le   fond,   les  traits   qui   doivent  paraître 
sont  ceux   qu'on  épargne,  qu'on  laisse   en  relief. 
Il  7"  Terme  de  doreur.  Mélange  de  blanc  d'Espagne, 
de  sucre  et  de  gomme,  dont  on  couvre  les  parties 
qui  doivent  être  brunies. 

—  HIST.  xiir  s.  Maint  ribaus....  despendent  en 
la  taverne  Tout  lor  gaaing  et  lor  espergne.  Puis 
revont  porter  les  fardiaus,  la  Rose,  6072.  ||  xv*  s. 
Comme  qui  en  compassion  n'avoient  donné  espar- 
gne  à  nulluy,  que  justement  de  nulluy  ne  dévoient 
recevoir  ni  pitié  ni  merci,  chastelain,  Chron.  du 
duc  Philippe,  Proesme.  ||  xvi*  s.  Duquel  paslé  ayant 
mangé  deux  ou  trois  lèches  à  l'espargne  [parcimo- 
nieusement] avec  ceux  qui  dineient  quand  lui, 
DESPER.  Contes,  xvi.  Il  estoit  malconteiit  de  l'es- 
troitte  espargne  de  son  père,  amyot,  PeVic.  68.  11 
se  trouva  tant  d'or  et  tan;  J'argenl  es  coffres  de 
l'espargne  [trésor  public]  qu'il  suffit  à  tous  autres 
affaires,  m.  Cimon,  84. 

—  ETYM.  Voy.  ÉPARGNER. 

ÉPARGNÉ,  ÉE  (é-par-gné,  gnée),  part,  passe. 
Il  1*  Mis  en  réserve  par  l'économie.  Une  somme 
importante  épargnée  peu  k  peu.  Il  fit  k  la  reine  des 
funérailles  très-magnifiqueioù  rien  ne  fut  êpargni'. 


EPA 


nPA 


iiVA 


1453 


soLUN,  Hist.  anc.  Œmv.  t.  vi,  p.  s^e,  dans  ror- 
GENS.  Il  i'  X  qui  on  a  fait  grflce.  Oui,  jusqu'à  ce  mo- 
ment le  traître  est  épargné,  volt.  Orphel.  v,  4.  Ma- 
rins épargné  par  le  Cimbre  qui  ne  peut  se  résoudre 
t  luer  ce  grand  homme,  stael,  Corinne,  viu,  4. 
ÉPARGNER  (é-par-gné),  V.  a.\\i'  Oser  d'épar- 
pne  dans  la  dépense;  ménager  une  chose,  ne  l'em- 
ployer qu'avec  réserve.  Nous  n'avons  guère  de  pro- 
visions, il  faut  les  épargner.  Épargnez  votre  argent. 
C'est  parler  mal  à  propos  que  de  s'étendre  sur  un 
repas  magnifique  devant  des  gens  qui  sont  réduitsà 
épargner  leur  pain,  la  bruy.  v.  Les  huit  ou  les  dix 
mille  hommes  sont  au  souverain  comme  une  mon- 
naie dont  il  achète  une  place  ou  une  victoire:  s'il 
fait  qu'il  lui  en  coûte  moins,  s'il  épargne  les  hom-- 
mes,  il  ressemble  à  celui  qui  marchande  et  qui 
connaît  mieux  qu'un  autre  le  prix  de  l'argent,  id.  x. 
Ne  manquez  pas  de  représenter  l'erreur  grossière 
de  ces  femmes  qui  se  savent  bon  gré  d'épargner  une 
bougie,  pendant  qu'elles  se  laissent  tromper  par  un 
intendant  sur  le  gros  de  toutes  leurs  affaires,  fén. 
Éduc.  filles,  xi.  ||  Absolument.  Quoiqu'elle  ait  soin 
de  tout,  et  qu'elle  soit  chargée  de  corriger,  de  re- 
fuser, d'épargner  (choses  qui  font  haïr  presque  tou- 
tes les  femmes),  elle  s'est  rendue  aimable  à  toute  la 
maison,  fén.  Tél.  xxii.  ||  S'épargner  une  chose,  se 
la  refuser  par  épargne.  L'avare  s'épargne  jusqu'aux 
choses  de  première  nécessité.  ||  2°  Fig.  Ne  doimer 
qu'avec  réserve.  Épargner  ses  pas,  ses  démarches. 
Je  n'ai  pour  vous  rejoindre  épargné  temps  ni  peines, 
MOL.  lÉt.v,  3.  Il  Supprimer,  écarter.  Épargnons 
des  discours  superflus,  corn.  Sert,  n,  5.  Je  puis  par 
ce  partage  épargner  les  soupirs  Qui  naîtraient  de 
ma  peine  ou  de  vos  déplaisirs,  id.  Rodog.  i,  2.  ||  Ne 
pas  épargner,  employer  sans  réserve.  On  n'y  épar- 
gna ni  les  meurtres  ni  les  violences,  vaugel.  Q.C. 
m,  H.  Quand  il  fallait  calmer  toute  une  populace, 
Le  sénat  n'épargnait  promesse  ni  menace,  cobn. 
Nicom.  y,  2.  Mais  j'ai  des  biens  en  foule  et  je  puis 
m'en  passer.— On  n'en  peut  trop  avoir,  et,  pour  en 
amasser,  Il  ne  faut  épargner  ni  crime,  ni  parjure, 
BoiL.  Sat.  viii.  Us  [les  Manichéens]  n'épargnaient 
pas  le  parjure  pour  cacher  leurs  dogmes,  eoss.  Far. 
XI,  §  203.  Il  Ne  rien  épargner,  employer  tous  les 
moyens.  Les  Romains  n'épargnaient  rien  pour  la 
grandeur  de  leur  ville,  boss.  Hist.  m,  6.  Il  avait 
ordre  de  ne  rien  épargner  pour  faire  mourir  Télé- 
maque,  fén.  '''él.  xx.  ||  S'épargner  quelque  chose, 
épargner  ilsoi  quelque  chose,  s'en  dispenser,  s'en 
exempter.  Épargnez-vous  ce  soin.  Le  succès  de  celte 
tragédie  a  été  si  malheureux  que,  pour  m'épar- 
gner  le  chagrin  de  m'en  ressouvenir,  je  n'en  di- 
rai presque  rien,  corn.  Pertharile,  Exam.  Épar- 
gnez-vous le  blâme  D'un  coup  peu  convenable  à  la 
mais  ''■me  femme,  rotr.  Bélis.  m,  6.  Ohl  que 
vous  ,^1(3  seriez  épargné  de  mouvements  et  d'a- 
gitations.... BOURD.  Pensées,  t.  i,  p.  382.  ||  3°  Épar- 
gner quelque  chose  à  quelqu'un,  l'en  préserver,  l'en 
garantir.  Kt  pour  vous  épargner  un  discours  inutile, 
CORN.  Uéde'e,  I,  (.Je  voudrais  que  le  ciel  inspirât 
au  sénat  De  m'épargner  ce  maître,  i».  Pulck.  v, 
t.  J'épargne  à  sa  vertu  d'éternels  déplaisirs,  id. 
Nicom.  III,  3.  Il  lui  pourra  sans  doute  épargner  plus 
d'un  crime,  id.  ib.  iv,  2.  Je  vous  suis  bien  tenu  de 
ce  soin  obligeant  Qui  m'épargne  un  grand  trouble 
et  me  rend  mon  argent,  mol.  l'Ét.  i,  7.  Seigneur, 
je  ne  sais  pas  encore  ce  que  je  veux;  donnez-mui 
le  temps  d'y  songer,  et  m'épargnez  un  peu  la  cou- 
fusion  où  je  suis,  ID.  Princ.  d'Éi.  v,  2.  D'une  mère 
en  fureur  épargne-moi  les  cris,  rac.  Iphig.i,  2. 
Cesse,  cesse  et  m'épargne  un  importun  discours, 
ID.  Phèd.  IV,  2.  Je  t'en  ai  dit  assez,  épargne-moi  le 
reste,  id.  ib.  i,  3.  Les  bienfaits  de  M.  le  duc  de 
Bourgogne  épargnèrent  à  la  France  et  la  douleur 
de  perdre  un  si  excellent  homme  [la  Fontaine]  et  la 
honte  de  ne  l'avoir  pas  arrêté  par  de  si  faibles  se- 
cours, d'olivet,  Hist.  Acad.  t.  ii,  p.  331,  3'  édit. 
Il  aura  eu  l'avantage  de  prendre  tout  dans  l'état 
où  l'ont  mis  les  nations  les  plus  savantes,  et  elles 
lui  auront  épargné  cette  suite  si  lente  de  pro- 
grès.... FONTEN.  Ciar  Pierre.  Un  ruisseau  par  son 
cours,  le  vent  par  son  haleine.  Peut  à  leurs  faibles 
bras  épargner  tant  de  peines,  l.  bac.  Relig.  m.  Di- 
vinités de  ce  bois  formidable,  J'épargne  à  votre 
içreille  un  entretien  coupable,  delavigne,  Paria, 
2.  Quels  affronts  ou  quels  maux  nous  ont-ils 
épargnés?  id.  Vêpr.  sicil.  n,  6.  ||  En  un  sens 
Inalogne.  Ces  deux  maximes  bien  entendues  épar- 
gneraient bien  des  préceptes  de  morale,  j.  j.  houss. 
Sansle /)tf(.  de  poitevin.  ||  Aujourd'hui,  en  cet  em- 
ploi ,  on  dit  souvent  éviter;  ce  qui  est  une  grosse 
iute.  Il  i°  Traiter  avec  indulgence.  Épargner  la 
Ivieillcsse,  l'e  ifance,  U>  f-iblesse.  Vous  qui   livrez 


la  terre  aux  discordes  civiles,  Si  vous  vengez  sa 
mort ,  dieux  !  épargnez  nos  villes,  corn.  Pomp. 
II ,  2.  Quoi  !  tu  veux  qu'on  t'épargne  et  n'as  rien 
épargné!  id.  Cinna,  iv ,  2.  Les  injustices  des 
pervers  Servent  souvent  d'excuse  aux  nôtres;  Telle 
est  la  loi  de  l'univers  :  Si  tu  veux  qu'on  t'épargne, 
épargne  aussi  les  autres,  la  font.  Fabl.  vi,  I6. 
Pendant  que  nous  tremblons  sous  leur  main  [des 
princes].  Dieu  les  frappe  pour  nous  avertir....  et  il 
les  épargne  si  peu  qu'il  ne  craint  pas  de  les  sacri- 
fier à  l'instruction  du  reste  des  hommes,  boss. 
Duch.  d'Orl.  Je  n'épargnerai  rien  dans  ma  juste  co- 
lère, SAC.  Àndr.  I,  4.  D'un  cœur  trop  faible  encore 
épargnez  la  faiblesse,  id.  Baj.  v,6.  Et  vos  refus  cruels, 
loin  d'épargner  ma  peine,  Excitent  ma  douleur, 
ma  colère  et  ma  haine,  id.  Bérén.  in,  a.  Mes  soins, 
en  apparence  épargnant  ses  douleurs,  De  son  fils  en 
mourant  lui  cachèrent  les  pleurs,  id.  Brit.  iv,  2. 
Il  Elliptiquement.  Ne  m'épargnez  pas,  c'est-à-dire 
mettez  mon  zèle,  mon  amitié  à  contribution.  ||  Ne 
pas  compromettre.  Toutefois  épargnez  votre  tête  sa- 
crée, RAC.  Ilithr.  m,  4.  ||  Laisser  vivre,  laisser  sub- 
sister. La  mort  n'épargne  personne.  En  perdant  tous 
les  miens,  tu  m'as  seule  épargnée,  corn.  H&acl.  i, 
2.  Monstre  qu'a  trop  longtemps  épargné  le  tonnerre, 
RAC.  Phèd.  IV,  2.  Le  temiis,  de  tout  souverain 
maître,  Fait  périr  tout  ce  qu'il  voit  naître;  Il  n'é- 
pargne que  les  beaux  vers,  la  motte.  Odes,  t.  i, 
p.  137,  dans  pouGENS.  Je  n'épargne  rien  sur  la  terre, 
Jen'épargne  rien  mêmeauxcieux,  bérang.  le  Temps. 
Il  6°  Faire  gr;lce ,  parler  avec  ménagement.  Ahl 
seigneur,  épargnez  la  triste  Iphigénie,  hac.  Iphig. 
V,  2.  Il  Être  retenu  dans  les  louanges  qu'on  donne. 
Elle  allait  s'étendre  sur  l'honneur  que  lui  ferait  dans 
l'histoire  cette  circon.stance  de  son  règne  ;  mais  il 
là  pria  de  l'épargner,  mahmontel.  Contes  moraux , 
Soliman  //.  ||  Épargner  quelqu'un,  en  parler  avec 
modération;  ne  pas  l'épargner,  en  parler  mal;  n'é- 
pargner personne,  médire  de  tout  le  monde.  Car 
vous  ne  m'épargnez  guère,  Vous,  vos  bergers  et 
VOS  chiens,  la  font.  Fabl.  i,  40.  Les  hommes  tou- 
jours hardis  à  juger  les  autres  san>>  épargner  les 
souverains,  car  on  n'épargne  que  soi-même  dans 
lesjngements,  boss.  Mar.  Thér.  On  ne  sait  si  on  a 
affaire  à  un  chrétien  ou  à  un  païen,  lorsqu'on  en- 
tend ainsi  déchirer  le  christianisme,  sans  l'épargner 
dans  ses  plus  beaux  jours,  id.  Yar.  I"  awrt.  §  I8. 
On  n'épargne  ni  le  roi  ni  le  cardinal  de  Richelieu, 
qu'on  accuse  de  la  plus  noire  ingratitude,  oenlis, 
Mlle  de  la  Fayette,  p.  H  ,  dans  podgens.  ||  En  un 
autre  sens,  ne  pas  épargner,  battre.  J'aurai  soin  du 
valet,  n'épargnez  pas  le  maître,  rêgnahd,  Ménechm. 
II,  6.  Il  6°  Terme  d'arts.  Employer  avec  habileté  la 
matière  que  l'on  travaille.  ||  Épargner  un  gilet  sur 
un  coupon  de  drap,  tailler  tellement  le  coupon  qu'il 
reste  de  quoi  faire  un  gilet.  ||  7°  Terme  de  dessin. 
Faire  servir  le  blanc  du  papier  ou  de  l'ivoire  aux 
effets  de  lumière,  sans  peinture  ni  crayon.  ||  Terme 
de  peinture.  Ne  rien  coucher  sur  certaines  parties 
d'un  tableau.  11  faut  mettre  une  couche  sur  telle 
partie  ,  et  épargner  telle  autre.  On  épargne  les 
figures  et  les  fabriques  quand  on  fait  le  ciel  d'un 
tableau.  ||  8°  Étendre  l'épargne  sur  une  pièce  de  do- 
rure. Il  9°  Terme  de  menuiserie.  Former  une  se- 
conde figure ,  en  même  temps  qu'on  pousse  celle 
qu'on  s'est  proposée.  Ainsi  le  menuisier  qui  pousse 
un  quart  de  rond,  épargne  un  filet  s'il  forme  en 
même  temps  un  filet  près  du  quart  de  rond.  ||  10°  S'é- 
pargner, V.  réfl.  Se  traiter  l'un  l'autre  avec  ména- 
gement. Les  combattants  ne  se  sont  pas  épargnés. 
Il  Ne  pas  s'épargner,  dire  tout  ce  qu'on  sait  de  soi, 
bon  ou  mauvais.  J'écris  par  votre  ordre  l'histoire  de 
ma  vie,  et  le  plaisir  que  je  me  fais  de  vous  obéir 
avec  exactitude  a  fait  que  je  m'épargne  si  peu  moi- 
même,  RETZ,  t.  III,  liv.  IV,  p.  237,  dans  pougens. 
Il  Ne  pas  s'épargner  à  une  chose,  y  travailler  de 
toutes  ses  forces.  Je  sais  que  Léonor  ne  s'y  épargne 
pas,  baron.  Homme  à  bonnes  fort,  ni,  6.  ||  Je  ne 
m'épargnerai  pas  ,  je  ferai  tout  ce  qu'il  faudra. 

—  HIST.  XI"  s.  Ne  mais  [excepté]  seissante  que 
Deus  ad  esparniez,  Ch.  de  Roi.  cxxv.  ||  xu' s.  Il 
vont  ferirau  greignor  tas;  Illes  ne  s'i  espargne  pas; 
Moult  i  emploie  bien  sa  main ,  gautier  d'arras, 
llle  et  Galeron.  Et  ja  ne  me  avieingne  que  je  es- 
pargne mon  cors  en  tôt  le  tens  de  tribulacions,  Ha- 
chab.  i,  4  3.  Et  quant  li  bers  Renoars  l'a  veû,  Ne 
l'esparna,  ains  l'a  bien  conseil  [atteint].  Bat.  d'A- 
Jesc/ians.v.  0493.  La  terriene  leis  ne  deit  nul  espar- 
nier.  Pur  les  feluns  danter  e  pur  els  chastier,  Th. 
le  mart.  32.  (|  xiii*  s.  La  mors  qui  nului  n'espargne, 
ne  grant  ne  petit....  Chr.  de  Rains,  p.  484.  Dragon, 
fols  est  qui  atent;  On  doit  jehir  son  talent  [expri- 
mer son  désir],  Si  c'autres  n'i  puist  à  tans  sour- 


venlr.  Et  chou  [ce]  qu'il  a  cspargnié  envaïr,  Bihl 
des  chartes,  t.  v,  *•  série,  p.  477.  jj  xiv*  s.  Quant 
il  s'y  expose,  il  le  fet  forciblement  et  hardiement, 
sans  espargner  à  sa  vie  aussi  comme  se  il  reputast 
du  tout  que  vivre  n'est  pas  chose  digne  estre  espar- 
gnie  en  tel  cas,  oresme,  Elh.  422.  Ne  veuilliez  vos 
chevaus  nullement  espargnier,  Guescl.  48277.  Par 
ma  foy  I  dit  Bertran ,  jà  on  a  dit  pieça  :  Moult  es- 
pargne de  bien  celui  qui  point  n'en  a,  ib.  4  4644- 
4 4652.  Il  xv  3.  Et  n'espargnoient  ni  or  ni  argent, 
non  plus  que  s'il  leur  plut  des  nues,  froiss.  i,  l, 
76.  Là  estoit  damp  abbé,  qui  point  ne  s'espargnoit 
[à  combattre],  id.  i,  i,  86.  Permettez-nous  De  n'es- 
paigner  ce  pommé  [cidre]  Si  bien  aimé,  bassel. 
xxxix.  Il  XVI'  s.  Pour  espargner  la  despense,  mont. 

I,  400.  Mastinez  les  fonctions  du  corps,  pour  es- 
pargner à  l'ame  la  solicitude  de  les  conduire,  m. 

II,  259.  Les  trompettes  ne  s'espargnerent  pas, 
CARL.  m,  4  5.  X  la  guerre  il  se  montroit  vaillant 
homme,  et  qui  n'espargnoit  point  sa  personne, 
AMYOT,  Péric.  4  4.  Le  peuple  luy  cria,  qu'il  enten- 
doit  qu'il  les  feist  parachever  aux  despends  du 
public,  sans  y  rien  espargner,  id.  ib.  34.  N'es- 
pargnez  point  de  dire  ce  qui  est  requis,  pour  bien 
faire  entendre  la  qualité  de  vostre  offence,  ST  fr. 

DE  SALLES,    p.    4S8. 

—  ÉTYM.  Wallon,  spdrgnt;  bourguig.  reparmer; 
provenç.  espargnar ;  ital.  sparmiare,  sparagnare, 
risparmiare.  Origine  douteuse.  On  est  attiré  par 
l'allemand  sporen,  épargner,  et  par  le  latin  parcere, 
sans  qu'on  puisse  se  rendre  compte  du  mode  de 
dérivation  qu'ont  suivi  les  langues  romanes. 

ÉPARPILLÉ,  ÉE  (é-par-pi-llé,  liée ,  H  mouillées), 
part,  passé.  Disséminé.  Je  plains  surtout  les  pauvres 
philosophes,  je  les  vois  éparpillés,  isolés  et  trem- 
blants, VOLT.  Lett.  Marmontel,  4  2  avril  4  764.  ||  Fig. 
Nous  trouvons  notre  pauvre  secret  éparpillé  partout, 

SÈV.   B74. 

ÉPARPILLEMENT  (é-par-pi-Ile-man,  Il  mouil- 
lées, et  non  é  -  par-pi -ye-man),  s,  m.  Action  d'épar- 
piller; état  de  ce  qui  est  éparpillé. 

—  HIST.  XVI*  s.  EsparpiUement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Éparpiller.  On  trouve  éparpille:  Grand 
effroi  et  esparpille,  monstrel.  i,  4  89. 

ÉPARPILLER  (é-par-pi-llé.  Il  mouillées,  ef  non 
é-par-pi-yé),  v.  a.  ||  1°  Disperser  çà  et  là.  Épar- 
piller des  papiers,  des  notes.  Éparpiller  ses  trou- 
pes, les  distribuer  en  petils  corps.  En  même 
temps  que  l'encensoir  Sur  son  visage  sec  et  noir 
Était  prêt,  par  grand  malencombre.  D'éparpil- 
ler charbon  sans  nombre,  scarron,  Virg.  viil. 
Il  Fig.  La  vie  de  Paris  éparpille  les  idées,  volt,  dans 
le  Dict.  de  poitevin.  |1  Terme  de  peinture.  Éparpil- 
ler les  lumières,  les  répandre  çà  et  là  sur  un  ta- 
bleau de  façon  qu'elles  ne  forment  plus  de  masses. 
Il  2°  Éparpiller  l'argent,  le  répandre  en  différentes 
mains.  Partout  la  Providence  Veut  en  nous  proté- 
geant Niveler  l'abondance,  Éparpiller  l'argent,  bé- 
rang. Contreb.  \\  Éparpiller  son  argent,  le  dépenser 
en  frivolités.  ||  3"  S'éparpiller,  v.  réfl.  Être  éparpillé. 
En  s'envolant  les  papiers  s'éparpillent.  ||  Se  disper- 
ser. Toute  la  compagnie  s'était  éparpillée.  ||  Par  ex- 
tension. Votre  esprit....  sur  le  clavier  qui  frémit 
sons  vos  chants  S'éparpille  en  notes  sonores , 
v.  HUGO,  Feuilles  d'aut.  84.  ||  Passer  d'idées  à  au- 
tres, d'occupations  à  autres.  Il  faut  s'appliquer  bien 
à  une  chose  et  ne  pas  s'éparpiller  sur  plusieurs. 
Recueillez-vous-y,  au  lieu  de  vous  y  éparpiller, 
MAiNTENON,  Lett.  àd'Àubtgné,  t.  i,  p.  47i,  dans 

POUGENS. 

—  HIST.  XII'  s.  Sicum  eve  [eau]  espandut  sui,  et 
esparpeilet  sunt  tuit  li  mien  os.  Liber  psalm.  p.  26. 
K  este  vus  cil  se  furent  esparpeilled;  e  jurent  [tu- 
rent gisants]  partutmangians  e  bevanz,  Roit,  44«, 
Il  XIII'  s.  Tuit  autre  bien  sunt  de  fortune.  Qui  leg 
esparpille  et  aune,  Kt  toit  et  donne  à  son  voloir,  la 
Rose,  5360.  La  gent  à  l'aversier  sor  le  pont  espar- 

paille  [s'éparpille] ,    Ch.  d'Ànt.  iv,  383 Dieu  te 

volt  faire  veiller.  Et  repentir  et  traveiller,  Kt  les 
sains  crins  esparpiller  Sur  ses  piez  que  tu  acolas, 
J.  de  meung,  Tr.  884.  Mont  vous  verrai  e.sparpul- 
liez  En  ceste  nuit  e  esmaiez,  la  Passion,  ms.  de 
St-Brieuc,  f  48.  ||xiv'  s.  Et  se  entretiennent  ft  une 
masse  sans  esparpiUier  ou  départir,  Ménngier ,  ii, 
5.  Il  xvi'  s.  Esparpillez  de  toutes  pars,  Belle,  ces 
beaux  cheveux  espars,  bu  bellat,  iv,  76,  retto. 

—  ÉTYM.  Norm.  épaupiller;  provenç.  esparpalhar; 
catal.  esparpillar;  ital.  sparpagliaie;  de  es....  pré 
fixe,  et  le  provençal  parpalhô,  ital.  parpaglione, 
qui  signifient  papillon  et  qui  sont  une  corruption  de 
papilio  (voy.  papillon  e'  parpaillot).  On  trouva 
aussi  asparpilliei,  dans  Edouard  le  conf.  v.  4G0(  ; 
et  apparpiUiex,  dans  Machaut,  p.  74. 


f45A 


FAW 


♦  K.PAIIO«J«  (*•!»'■'')■   '••"•  Terme  ,1  l..»i-.i,. 
•iici.nn(..  Nom  du  prtfoe  d«  Con.lanlinople. 
—  rrïM  'B«<i?x<x.  «'•'"'•  """'  *'  "f''"*'  '^'"* 

"1?»AHS,  AHSB  («-P»r,  par-s'),  adj.  Êpan.luçi 
et  là.  Col  horrible  (léliris  d'aigles,  d'armes,  de 
eh»™'.  Surceschamp»  omppstés  confustnientépara, 

COM.  '  Pomp.  1,   ' Sa  milice  éparso  à  chaque 

coin  d»  rue,  ID.  Héracl.  iv,  ».  El  les  membres 
«pars  des  mauvais  Interprèles  [de  l'éniKiiie  du 
sphinxj  Ne  laissaient  dans  ces  murs  que  des  bou- 
ches muettes,  ID.  Œdipe,  i,  4.  Il  voit  do  toutes 
paru  Ses  pâlesdùfeiiscursparla  frayeur  épar-s,  iioiL. 
^.  IV.  C'est  luiqui  rassembla cescolombos timides, 
Éparses  en  cent  lieux  sans  secours  el  sans  guides, 
gAC.  A'»(/t.  /"roi.  Il  Avoir  les  cheveux  épars,  les  avoir 
en  désordre.  U  plaintive  élégie,  en  longs  habits  de 
deuil.  Sait,  les  cheveux  épars,  gémir  sur  un  cer- 
cueil, BOiL.  Art  p.  II.  Il  Terme  de  bolanifiue.  Feuil- 
les éparses,  feuilles  disposées  autour  do  la  lige, 
•ans  ordre  apparent.  ||  Fig.  Souvenirs  épars.  Idées, 
notions  éparses. 

—  HiST.  xiii"  s.  H  se  misent  au  fuir  sansplusat- 
tendre,  et  s'esparsent  li  uns  çà  et  11  autres  là,  H.  de 
VALENC.  u.  Si  bieau  chevel  erent  [étaient]  espars, 
I,aschement  mis  à  une  tresse,  Bl.  et  Jeh.  4702. 
Il  XV*  s.  Si  estoient  comme  brebis  esparses  sans 
pasteur  entre  les  loups,  Bot^ctc.  i,  ch.  26.  ||xvi*  s. 
One  babilleront  ici  les  Pelagiens,  que  le  péché  a 
eité  espars  au  monde  par  l'imitation  d'Adam  ?  cai.v. 
Jnjt.  (74.  Nos  iniquitez  nous  ont  espars  comme  le 
vent,  ID.  ib.  «79.  Les  catholiques  quittent  et  s'es- 
pardenl  par  le  bourg,  d'àub.  Ilitt.  u,  241. 

—  ÊTYM.  Lat.  iparsiu,  part,  passif  do  spargere, 
disperser;  bourguign.  ipardre,  disperser;  ano.  fr. 
espardre. 

t  2.  ËPARS  (é-par),  ».  m.  Terme  de  mer.  Il  sedit 
de  petits  éclairs  qui  ne  sont  pas  suivis  de  coups  de 
tonnerre. 

—  HIST.  XIII*  I.  Par  tonnoires  et  par  espars,  la 
Rose,  18U88.  Il  XV*  s.  Que  mal  temps,  tonnuira  n'es- 
part  Ne  puent  [peuvent]  longuement  durer,  E.  des- 
CH.  Poétiet  mss.  dans  LACURt«B. 

—  ÉTYM.  Ane.  fr.  espars,  éclair,  espardre,  éclai- 
Mf;  mot  qui  coïncide  pour  la  forme  avec  espardre, 
disperser  (voy.  i>.pars<);  Vespars  étant  ainsi  dit  de 
la  dispersion  de  la  lumière  dans  le  ciel. 

f  ÉPARSEMENT  (é-par-se-man),  ad».  D'une  ma- 
nière èparse.  Après  ce  qui  a  été  éparsement  expli- 
qué sur  Monseigneur,  on  a  vu  par  avance  quelle 
sorte  de  sensation  fit  la  perte  de  ce  prince,  st-sih. 
»i,  38. 

—  HIST.  XV*  8.  Les  seigneurs  se  logeront  esparte- 
ment  aux  champs,  au  mieux  qu'ils  purent,  froiss. 
Il,  p.  252,  dans  LACURNE.  Il  XVI*  s.  Esparsement, 
OUDIN,  Dict. 

—  6TYM.  Éparse,  et  le  suffixe  ment. 

t  ÊPAKTIK  (S')  (é-par- tir),  v.  ré/l.  Terme  vieilli. 
8e  répandre,  se  distribuer.  Car  c'est  lui  qui  répand 
lA  neige  à  pleines  mains;  Comme  llocons  de  laine  il 
l'oblige  k  descen<lre;  La  bruine  à  son  choix  s'épart 
»ur  les  humains.  Comme  s'épartirait  la  cendre, 
CORN.  Trad  (lu  pi. cxLvii.Lorsquel'aube,  ensuivant 
la  nuit  qu'elle  a  chassée,  Espart  ses  tresses  d'or, 
THEOPHILE,  Pour  Mlle  de  à.... 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  parlir  (voy.  ce 
mot),  dans  le  sens  de  partager. 

t  ÉPARVIN  (épar-vin)  ou  ÉPEUVIN  (é-pèr-vin), 
(,  m.  Terme  do  vétérinaire.  Tumeur  qui  vient  au 
jarret  d'un  cheval.  ||  Éparvin  sec,  flexion  convul- 
sive  du  membre  postérieur  au  moment  du  départ. 
Il  Ëparvin  calleux ,  éparvin  de  bœuf,  tumeur  os- 
seuse de  la  même  nature  que  chez  le  cheval ,  et  se 
développant  sur  la  partie  supérieure  et  latéifale  du 
canon  et  sur  les  os  plats  des  bœufs. 

—  HIST.  xui*  ».  Ccvaus  esparvigneus,  Pohies 
mss.  axant  laoo,  dans  LACUBi^E.  ||  xiv*  s.  Il  [mon 
cheval]  a  les  quatre  piezrouviaus,  F;spavains,  cour- 
bes et  molestes,  maciuut,  p.  8u.  Kl  par  entre  les 
deux  jambes  de  devant  [du  cheval],  regardes  atix 
jambM  de  derrière  qu'il  n'y  ait  espanrain  ou 
tourbe  ;  eaparviin  dedens  le  plat  do  la  cuisse  d« 
derrière  eit  et  s'apperçoit  mieulx  par  entre  les 
deux  jambin  de  devant,  Ménagier,  ii,  3. 

—  RTYM.  Espagn.  espararan;  ital.  tjmcmio  et 
spattnio;  bas-lat.  sparenus;  angl.  spavin.  Ménage 
le  tire  i'épervitr,  parce  que  le  cheval  tient  bout  le 
pied  malide  comme  fait  l'épervier;  étymologie  que 
met  approuve,  la  fortifiant  do  la  forme  caialane 
etpaTTtrenc  qui,  signifiant  éparvin,  signifie  aussi 
évidemment  do  U  nature  de  lépervier  ;  esparver 
•t  ta  floal««dj«ciiv«  Mit. 

IPATt.  Rk  (é-pa-ié,  léc),  fart,  passé.  ||l'Dont 


l'P.\ 

lu  picJ  est  cassé.  Uu  vorro  tpaté.  jj  2»  Un  nez  épalA, 
court,  put,  éeraa*.  1)9*  Sertissure  épatée,  celle 
dont  la  circonférence  est  plus  largo  en  bas  (\a'en 
haut.  Il  *•  Terme  de  marine.  Haubans,  galhaubans 
épatés ,  haubans,  galhaubans  faisaut  un  certain 
angle  avec  la  tète  de  leurs  mUts. 

t  ÉI'ATE,MENT  (é-pa-te-man),  s.  m.  ||  1*  État  de 
ce  qui  est  épaté,  plat.  Epalementdu  nez.  H  2»  Terme 
de  marine.  Angle  plus  ou  moins  ouvert  que  le 
Iws  des  haubans  forme  avec  le  mit  sur  la  tête  du- 
quel ils  sont  capeiés. 

—  HIST.  XVI*  s.  Espalement  [action  d'épater,  d'é- 
largir], COTCllAVE. 

—  ÉTYM.  Épater. 

ÉPATER  (é-paté),  V.  a.  ||  1*  Rompre  le  pied 
d'un  verre.  Épater  un  verre.  ||  Donner  à  un  ou- 
vr.ige  d'art  moins  de  hauteur  qu'il  ne  faudrait,  eu 
égard  à  sa  base.  ||  2°  Trivialement.  Faire  tomber 
sur  les  quatre  pattes;  et  fig.  étonner,  déconcerter. 
Celle  réponse  Fa  épaté.  Cela  est  épatant.  ||  3°  S'épa- 
ter, ».  ré/l.  Être  épaté.  Ce  verre  s'est  épaté.  ||  4* Pren- 
dre une  certaine  largeur,  en  devenant  moindre  eu 
hauteur.  Au  bout  d'un  certain  temps,  là  larve  [du 
corail  ]  ,  en  se  mouvant  à  reculons,  va  se  fixer 
par  sa  partie  postérieure  sur  un  corps  solide  quel- 
conque; alors  elle  s'épate,  et  ce  ver  allongé  se 
traii-sforme  en  un  disque  plat,  quatrefagp.s,  Acad. 
des  se.  Comptes  rendus,  t.  LVii,  p.  1070  ||  6°  Tomber 
à  terre  tout  de  son  long. 

—  ÊTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  patte:  priver 
de  patte,  de  pied,  rendre  plus  petit;  wallon,  spalé, 
épaté,  aspater,  écraser,  aplatir;  rouchi,  du  fier 
espali,  du  fer  en  tôle,  c'est-à-dire  aplati. 

t  ÉPACFBURE  (é-pô-fru-r),  s.  f.  Terme  de  pa- 
veur et  de  maçon.  Eclat  de  pierre  emporté  mal  à 
propos  par  un  coup  de  travers  ou  par  un  accident. 
Si  quelques  légères  épaufrures  se  remarquenl  sur 
les  parties  les  plus  saillantes  du  visage  [dans  un 
bas-relief  d'ÉleusisJ ,  viTET,  Revue  des  Deux-Mondes, 

1800,   t.  XXVI,   p.   218. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Est-ce  que  espautrer 
serait  du  même  radical  :  xiv*  s.  Et  elles  se  sont  es- 
pautrées  Au  rire....  J.  de  condet,  p.  173. 

ÊPAULARD  (é-pô-lar;  le  d  ne  se  lie  pas),  s.  m. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Nom  vulgaire  de  la  pho- 
cène  orque  de  Cuvier  [cétacés]. 

—  HIST.  ivi*  s.  Espaular,  cotgrave. 

—  ÊïYM.  Épaule. 

ÉPAULE  (é-pô-l'),  s.  f.  Il  1*  Partie  la  plus  élevée 
du  bras  chez  l'homme.  Déjà  Despine  était  sur  Ké- 
chafaud,  Les  cheveux  retroussés  et  les  épaules 
nues,  MAiB.  Solim.  v,  2.  Il  no  me  fallait  point 
payer  en  coups  de  gaules.  Et  me  faire  un  aiïront 
si  sensible  aux  épaules,  mol.  Et.  ii,  9.  Suis-je  ce 
même  Alcide?  ai-je  de  ces  épaules  Pour  le  secours 
d'Atlas  soutenu  les  deux  pôles?  rotrou , fferc.  mour. 
IV,  I.  Je  vous  ai  vu  cent  fois  sotu  sa  main  bénis- 
sante Courber  servilement  une  épaule  tremblante, 
iioiL.  Lutrin,  iv.  Il  n'occupe  point  de  lieu,  il  ne 
tient  pas  de  place,  il  va  les  épaules  serrées,  le 
chapeau  abaissé  sur  les  yeux  pour  n'être  pas  vu, 
LA  BHUY.  VI.  Platon  fut  d'abord  appelé  Aristocle,  du 
nom  de  son  grand -père;  son  maître  de  palestre 
l'appela  Platon  à  cause  de  ses  épaules  larges  et  car- 
rées, HOLLiN,  Ilist.  anc.  xxvi,  I'*  partie,  ch.  2, 
art.  4,  §  I.  Il  Marcher  des  épaules,  marcher  pesam- 
ment en  balançant  les  épaules  et  en  se  donnant  un 
air  d'importance.  Vous  voyez  des  gens  qui  entrent 
sans  saluer  que  légèrement,  qui  marchent  des 
épaules  et  qui  se  rengorgent  comme  une  femme, 
LA  BRUï.  viu.  Il  Terme  de  manège.  Trotter  des  épau- 
les, se  dit  d'un  cheval  qui  trotte  pesamment.  ||  11 
est  bien  large,  mais  c'est  par  les  épaules  ou  des 
épaules,  se  dit  d'un  avare,  par  un  jeu  de  mots  sur 
large,  qui,  outre  l'acception  propre,  signifie  géné- 
reux. Il  Familièrement.  Hausser ,  lever  les  épau- 
les, témoigner  en  haussant  les  épaules,  qu'une 
chose  déplaît,  choque.  Vous  avez  un  ridicule  orgueil 
qui  fait  hausser  les  épaules,  mul.  Mal.  imag.  ii,  7. 
Il  ne  répondit  qu'en  haussant  les  épaules,  sEv.  2io. 
Le  Jupiter  d'Homère  avec  ses  deux  tonneaux  me  fait 
lever  les  épaules,  volt.  Memmitu,  ix.  ||  Mettre  quel- 
qu'un &  la  porte  par  les  deux  épaules,  le  cha.sser 
honteusement.  Thésée,  après  cent  coups  de  gaules. 
Le  mit  dehors  par  les  épaules,  scarron,  Yirg.  vu. 
Il  Porter  sur  les  épaules,  se  dit  d'un  fardeau  dont 
on  a  les  épaules  chargées.  ||  Fig.  Je  porte  cet 
homme  sur  mes  épaules,  il  m'est  à  charge,  il  me 
déplaît.  Il  Avoir  queb]ue  chose  sur  les  épaules,  avoir 
quelque  embarras.  Quand  nous  n'aurons  plus  Plii- 
lisbourg  sur  nos  épaules,  s8v.  474.  Je  veux  m'ôter 
sa  charge  de  dessus  les  épaules,  u>.  4io.  ||  Être  sur 
ics  épaules,  peser  sur  Ib^épaulei,  être  &  charge,  être 


EP\ 

un  embarras.  Il  Piier  les  épaules,  témoigner  en  pliani 
les  épaules  qu'on  n'approuve  jias.  El  parlé  de  vos  vers, 
en  pliant  les  épaules,  piron,  Métrom.  m,  4.  ||  En  un 
autre  .sens.  Plier,  baisser  les  épaules,  subir  un  affront 
avec  résignation.  ||  Avoir  les  épaules  assez  fortes,  trop 
faibles  pour  ....,  c'est-à-dire  être  capable,  incapa- 
ble d'exécuter  une  chose.  ||  Donner  un  coup  d'é 
paule  à  quelqu'un,  lui  venir  en  aide  dans  un  em- 
barras ,  dans  une  difficulté.  ||  Prêter  l'épaule  à 
quelqu'un,  lui  fournir  les  ressources  dont  il  a  be- 
soin. Il  Prèlor  l'épaule  à  quelque  chose,  y  être  favo- 
rable. Et  dans  son  désespoir  à  la  fin  se  mêlant, 
Pourra  prêter  l'épaule  au  monde  chancelant,  cohn. 
Pompée,  1,1.  Perfides,  vous  prêtez  épaule  à  leur  re- 
traite, iD.  la  Veuve,  iv,  'i.  ]|  Un  tour  d'épaule,  un 
coup  d'épaule,  un  effort  pour  quelque  chose.  Ces  mes- 
sieurs [du  parlement]  sont  l'image  de  la  justice;  les 
images  portées  ou  menées  en  procession  précèdent 
le  roi;  encore  un  tour  d'épaule  et  ils  prétendront  le 
précéder,  st-simon,  445,  200.  ||  Lire  par-dessus  Pé- 
paule,  lire  par  derrière  une  personne  ce  qu'elle 
lient  dans  la  main.  Et  vous  croyez  bien  que  je  me 
rends  maltresse  de  la  lettre,  pour  qu'on  ne  lise  pas 
sur  mon  épaule  ce  que  je  ne  veux  pas  qui  soit  vu, 
sÉv.  278.  Un  jour  qu'en  ayant  ouvert  une  [lettre] 
et  s'étant  mis  à  lire,  Éphestion  s'approcha  et  lisait 
avec  lui  par-dessus  son  épaule,  rollin,  Hist.  anc. 
t.  VI,  p.  385,  dans  poiigens.  ||  Manger  par-dessus 
l'épaule,  jouer  par-dessus  l'épaule,  manger  derrière 
les  autres,  jouer  sans  avoir  de  place  à  la  table  du 
jeu.  Il  Regarder  quelqu'un  par-dessus  l'épaule,  le 
regarder  avec  mépris.  ||  Faire  quelque  chose  par- 
dessus l'épaule,  ne  point  le  faire  du  tout.  Ne  comp- 
tez pas  être  remboursé  par  cet  homme;  il  vous 
payera  par-dessus  l'épaule.  ||  Pousser  le  temps  à  l'é- 
paule,vivre  petitement  en  attendant  un  meilleur 
temps,  gagner  du  temps.  En  attendant,  je  vais 
pousser,  comme  je  pourrai,  le  temps  avec  l'épaule 
jusqu'au  printemps,  où  j'irai  revoir....  e'alemb. 
Lelt.  à  Voltaire,  li  oct.  I77«.  ||  2°  Partie  la  plus 
élevée  de  la  jambe  de  devant  chez  les  quadru- 
pèdes. Le  sanglier  a  été  blessé  à  l'épaule.  Une 
épaule  de  mouton,  de  veau.  ||  U  sent  l'épaule  de 
mouton,  se  dit  de  quelqu'un  qui  sent  mauvais. 
Il  11  ne  jette  pas  les  épaules  de  mouton  par  les  fe- 
nêtres, il  est  avare.  ||  Épaule  de  mouton,  cognée 
à  l'usage  des  charpentiers.  ||  Terme  d'entomolo- 
gie. Chez  les  hexapodes,  épaule  se  dit  du  second 
article  des  pattes  antérieures.  ||  3°  Terme  d'escrime. 
Avoir  de  l'épaule,  faire  tous  les  mouvements  avec 
celte  partie  du  corps;  ce  qui  est  un  défaut.  ||  4"  Terme 
de  manège.  L'épaule  en  dedans,  se  dit  de  la  ma- 
noeuvre par  laquelle  on  amène  les  épaules  du  cheval 
dans  le  manège,  en  conservant  toujours  les  jambes 
de  derrière  sur  la  piste.  Épaule  gagnée,  se  dit  du 
cavalier  qui  est  parvenu  à  diriger  les  épaules  d'un 
cheval.  ||  Un  cheval  qui  ne  s'assied  point  sur  les 
hanches,  et  qui  ne  pUe  pas  les  jarrets,  s'abandonne 
trop  sur  les  épaules.  ||  B°  Terme  de  fortification.  L'é- 
paule d'un  bastion,  le  terrain  à  l'endroit  où  la  face 
el  le  flanc  se  joignent.  ||  L'angle  de  l'épaule,  l'angle 
formé  par  ces  deux  lignes.  ||  6*  Terme  de  marine. 
Partie  de  l'avant  du  navire  sur  laquelle  il  s'appuie, 
comme  par  l'arrière  il  s'assied  sur  ses  fesses.  ||  Epaule 
de  mouton,  espèce  de  voile  triangulaire. 

—  HIST.  XI*  s.  Li  reis  Marsiles  tint  Guene  par 
l'espalle,  Ch.  de  Roi.  li.  ||xu*  s.  Desor  s'espaule  U 
a  son  doi  assis;  Tant  le  bouta  que  li  cuens  [le 
comte]  le  senti,  li  Coronemens  Looys,  v.  (675.  Le 
paslre  deit...  l'oeiUe  malede  sur  l'espaule  porter; 
Ne  la  deil  pas  lessier  al  larrun  estrangler,  Th.  U 
mart.  20.  Sur  tut  le  pople  plus  fut  hait  de  l'espalde 
en  avant,  Jtot's,  p.  20.  ||xiii's.  Et  li  atachierent,  de 
par  Dieu,  la  crois  en  l'espaule,  villeii.  xxvii.  Si 
traist  au  roi  à  descouvert  au  tournant  de  la  drete 
espaule,  et  le  navra  durement,  Chr.  de  Raitis,  p. 
79.  Il  XV*  s.  Et  lors  ledit  duc  d'Aquitaine.. ..tout  esmu 
d'ire  prit  son  chancelier  par  les  espauleset  le  bouta 
hors  de  le  chambre,  jionstrelet,  i,  io7.  Mandoit 
le  roy  à  messire  Jean  Jacques  de  Tremont,  qu'il  fist 
espaule  audit  messire  Baptiste  de  Campefourgouse , 
GOMM.  viii,  16.  Il  XVI*  s.  Hasle-toy  donq'  et  n'attend 
pas  Que  la  grand' espaule  chenue  Des  Alpes  déçoive 
tes  pas,  DU  BELLAY,  m,  18,  verso.  Elle  leur  feit  es- 
paule à  succéder  aux  estais  de  leur  père,  mont.  1, 
245.  Hausser  les  espaules  à  l'iualienne ,  lanoue, 
342.  Leur  ayant  toutesfois  fait  tourner  les  espaule* 
[prendre  la  fuite],  m.  42».  Ceux  du  dedans  eurent 
loisir  de  se  couvrir  de  deux  espaules  et  d'un  bon  nv 
Iranchement  qui  les  fermoit  toutes  deux,  d'ai». 
Wisl.  I,  68.  C'est  pourquoy  l'on  dit  qu'ils  sentent  le 
bouquin  ou  l'espaule  du  mouton,  PAKt,  xvi,3». 

—  trvM.  'Wallon  spal,  s.  f.;  provcnç.  espatla. 


ÉPA 

•s/taila;  catal.  espaUla;  es|i.  espalda;  poriug.  es- 
poJdo  ;  ital.  tpalla;  du  latin  jpaihuto,  omoplate, 
diminutif  de  spatha ,  spatule  (voy.  spatule  et  épée)  , 
ainsi  dite  à  cause  de  la  forme  large  do  cet  os.  L'é- 
tymologie  montre  que  l'ancienne  forme  espalde  est 
la  plus  conforme  à  l'origine,  et  que  dans  les  autres 
il  y  a  eu  assimilation  du  d  à  l'I:  espalle,  espaule. 

ÉPAULÉ,  ÉE  (é-pô-lé,  lée),  part,  passé.  ||  1"  Blessé 
à  l'épaule,  en  parlant  des  animaux.  Une  jument 
épaulée.  |j  Fig.  C'est  une  bfrle  épaulée,  se  dit,  par 
comparaison  à  une  bêle  qui  a  un  vice  rédliibitcire, 
d'une  fille  qui  s'est  déshonorée,  d'un  liomme  sans 
capacité  et  sans  talent.  ||  Terme  d'horticulture. 
Arbre  épaulé,  arbre  mal  taillé  ou  dont  le  vent  a 
cassé  les  branches.  ||  i°  Fig.  Qui  a  de  l'appui. 
Épaulé  par  un  ami  puissant. 

ÉPAULÉE  (é-p6-lée),  s.  f.  ||  l"  Effort  qu'on  fait  de 
l'épaule  pour  pousser  quelque  chose.  ||  Fig.  et  fami- 
liÈrement.  Faire  une  chose  par  épaulées,  la  faire  à 
diverses  reprises,  négligemment.  |1  Maçonnerie  faite 
par  épaulées,  celle  qui  n'est  pas  élevée  tout  de  suite 
ni  de  niveau,  maisàdiverses  reprises  et  par  redents, 
dans  un  ancien  mur,  etc.  ||  2°  Terme  de  boucherie. 
Le  quartier  de  devant  du  mouton,  dont  on  a  retran- 
ché l'épaule.  Il  3°  Coquille  bivalve. 

—  HiST.  xiv  s.  Bertran  devant  portoit  une  grande 
espaulée  [charge  sur  l'épaule];  Bien  sambla  bos- 
quillon,  qui  le  vit  la  journée,  Guescl. 

—  ÉTYM.  Épaulé.  Paré,  xvi,  37,  a  dit:  Faire 
par  espaulelées,  ce  que  nous  disons  par  épaulées. 

ÉPAULEMENT  (é-pô-le-man) ,  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  fortification.  Rempart  de  fascineset  de  terre,  etc. 
servant  à  garantir  du  feu  de  l'ennemi.  ||  Fig.  Dans 
le  dessein  de  se  faire  un  épaulement  contre  le  car- 
dinal [de  Noailles],  il  [l'archevêque  d'Arles]  .se  jeta 
plus  que  jamais  auxjésuites,  st-sim.  28( ,  06.  ||  2°  Mur 
qui  sert  à  soutenir  des  terres.  |{  3°  Terme  de  char- 
penterie.  L'épaulement  d'untenon,  côlé  d'un  tenon, 
moins  diminué  que  l'autre,  pour  donner  plus  de 
force  à  la  pièce  de  bois.  ||  Terme  de  menuisier.  Petit 
Bsmce  de  bois  plein  entre  deux  mortaises,  ou  entre 
une  mortaise  et  l'extrémité  de  la  pièce. 

—  ÉTYM.  Épauler. 

ÉPAULER  (é-p6-lé),  V.  a.  \\  1°  Rompre,  démettre 
l'épaule,  en  parlant  des  animaux.  Epauler  un  sanglier. 
Il  2'  Prêter  l'épaule, assister,  aider  à.  Je  vous  épaulerai 
démon  crédit. C'est  bien  lamoindrechosequenousde- 
vions  faire  que  d'épauler  de  nos  louanges  le  vengeur 
de  nos  intérêts,  mol.  Impromptu,  3.  |j  3°  Terme  de 
guerre.  Épauler  des  troupes,  les  mettre  à  l'ahri  du 
feu  de  l'ennemi  par  un  épaulement.  ||  4°  Épauler  un 
fusil,  l'appuyer  contre  l'épaule  pour  faire  feu. 
Il  6°  Terme  de  coutellerie.  Faire  baisser  une  partie 
et  monter  l'autre  M'aide  de  la  lime  et  du  marteau. 
Il  Terme  de  menuisier.  Diminuer  la  largeur  d'un  te- 
non pour  qu'elle  soit  égale  à  celle  de  la  mortaise. 
Il  6°  S'épauler,  v.  réfl.  En  parlant  des  quadrupèdes, 
se  blesser  à  l'épaule.  Ce  cheval  s'est  épaulé.  ||  Terme 
d'horticulture.  Un  arbre  s'épaule,  quand  il  périt 
d'un  côté  et  porte  sa  sève  du  côté  opposé,  jj  7°  S'é- 
pauler, se  donner  réciproquement  de  l'appui,  du  se- 
cours. J'y  consens,  repartit-il:  je  vais  à  mon  rendez- 
vous,  et  nous  nous  épaulerons  s'il  en  est  besoin, 
LESAGE,  Gil  Bios,  v,  1.118°  Terme  militaire.  S'é- 
pauler, se  couvrir  d'un  épaulement. 

—  HIST.  XIII'  s.  Nus  ne  puet  avoir  drap  espaulé, 
c'ost  à  savoir  drap  delquel  la  chayne  ne  fust  ausi 
bone  au  milieu  corne  aus  lisières,  Liv.  des  met.  (2). 
Il  xiv"  s.  Mais  le  cheval  qu'il  ot  s'espaula,  cedist-on, 
Guescl.  17607.  Il  xV  s.  Long  col  ai,  mal  suy  espau- 
lez  [j'ai  mauvaises  épaules],  BUST.  desch.  Poésies 
mss.  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Épaule. 

t  ÉPAULETIER  (é-p6-le-tié) ,  s.m.  Terme  de  dé- 
nigrement, qui  se  dit  de  militaires  tirant  vanité  de 
leurs  épaulf'ttes. 

ÉPAULETTE  (é-pô-lè-f),  s.  f.  ||  1»  Bande  de  toile 
ou  d'étoffe,  attachée  sur  la  partie  du  vêlement  qui 
couvre  le  dessus  de  l'épaule.  On  a  fait  l'épaulelte  de 
cette  robe  trop  étroite.  ||  Hn  langage  de  lingerie,  pe- 
tite bande  de  toile  qui  se  met  sur  l'épaule  de  la  che- 
mise. Il  Terme  de  religieuse.  Kubanqui  s'attache  sur 
l'épaule  et  qui  tient  au  scapulaire.  ||  2°  Large  bande 
de  galon  que  les  militaires  portent  sur  chaque 
épaule,  et  qui  est  ordinairement  garnie  d'une  touffe 
de  fileta  pendants.  Les  grenadiers  ont  l'épaulette 
rouge;  celle  des  voltigeurs  est  jaune.  On  reconnaît 
le  grade  d'un  officier  à  l'épaulette.  Son  habit  d'or- 
donnance avait  deux  épaulettes,  volt.  Tactique. 
Sous  le  fardeau  de  deux  énormes  épaulettes,  il  [Do- 
rante] jure  comme  Lannes,  p.  L.  cour,  i,  227. 
Il  Épaulette  à  graine  d'épinards,  nom  vulgaire  de  ce 
^.\B  les  règlements  appellent  grosse  torsade.  |1  Kpau- 


EPE 

lette  à  grosse  torsade,  celle  qui  Indique  un  grade  su- 
périeur; les  grades  inférieurs  ont  de  petites  torsades. 
Il  Par  antonomase,  épaulette  se  prend  surtout  pour 
désigner  le  grade  d'officier.  ||  Obtenir  l'épaulette, 
être  fait  officier.  Double  épaulette,  le  grade  de  capi- 
taine. Il  3°  Pièce  qui  enveloppe  la  base  de  l'aile  an- 
térieure des  insectes  hyménoptères.  ||  4°  Terme  de 
marine.  Entaille  faite  sur  l'arête  d'une  pièce  de 
bois  pour  l'endenteravec  une  autre  pièce.  ||  Sorte  de 
renfort  servant  d'arrêt  dans  un  mât. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ils  disent  :  voilà  qui  est  beau! 
ayant  oui  une  entière  page  de  Virgile:  mais  d'en- 
treprendre à  le  suyvre  par  espaulettes  [pied  à  pied], 
poisant  les  mots....  mont,  iv,  B5.  Omoplate  est  un 
mot  grec  qui  signifie  espauletteou  palleron  de  l'es- 
paule,  PARÉ,  XIII,  9. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'^potite. 

t  ÉPAULIËRE  (é-pô-liê-r*),  s.  /■.  |I  1»  Partie  de 
l'armure  qui  défendait  l'épaule.  ||  2°  Sorte  de  bre- 
telle, bande  d'étoffe  qui  soutient  un  pantalon,  une 
jupe  d'enfant.  ||  3'  Pièce  de  l'aile  des  insectes  co- 
léoptères. 

—  HIST.  XIII*  s.  Primes  [il]  vest  unes  espaulieres 
De  boure  de  soie  moult  chieres,  Bl.  et  Jehan,  v. 
J979.  En  celui  tensnen  i  avoit  bacinet  ne  espaulie- 
res, Ilist.  occid.  des  crois,  t.  i ,  p.  197.  ||  xvi'  s.  Fau- 
dra bastir  une  muraille  du  costé  de  septentrion  ser- 
vant d'espauliere  aux  arbres,  afin  de  les  tenir  en 
abri,  o.  de  serres,  7to. 

—  ÉTYM.  Épaule. 

t  ÉPAULU,  UE  (é-pO-lu,  lue),  adj.  Mot  burles- 
que. Qui  a  de  grosse^  épaules.  Entellus  prit  l'un 
[des  cestes] ,  Darès  l'autre.  Disant  tout  bas  sa  pate- 
nôtre  De  voir  l'autre  tout  épaulu,  Ossu,  membru, 
fessu,  velu,  scarron,  Virg.  v. 

—  ÉTYM.  Épaule;  provenç.  espalut;  catal.  es- 
patllut. 

ÉPAVE  (é-pa-v'),  adj.  ||  l"  Terme  de  jurispru- 
dence. Qui  est  égaré  et  dont  on  ne  connaît  point  le 
propriétaire.  Cheval  épave.  Biens  épaves.  ||  2°  S.  f. 
Chose  perdue  et  non  réclamée  dont  la  propriété  ap- 
partenait au  seigneur  haut  justicier,  et  dont  la  pro- 
priété appartient  aujourd'hui  à  l'État.  Les  animaux 
à  pied  fourchu  appartiennent  au  pacha  dans  les  épa- 
ves, CHATEAUB.  Itiii.  II,  36.  ||  Êpaves  maritimes,  les 
objets  que  la  mer  jette  sur  ses  bords.  ||  Êpaves 
d'eau ,  objets  trouvés  dans  les  rivières  ou  sur  leurs 
rives.  Il  Êpaves  d'abeilles,  essaims  égarés.  |{  Terme 
de  droit  coutumier.  Épaves  foncières  et  immobi- 
lières, héritages  abandonnés,  dont  le  propriétaire 
estinconnu.il  Droit  d'épave,  droit  du  s'approprier 
les  choses  épaves.  ||  Fig.  Ce  qui  reste  après  perte  ou 
ruine.  Toute  cette  fortune  est  perdue;  il  sera  bien 
heureux  s'il  en  recueille  quelques  épaves.  Aurélien, 
Dioclétien,  Maxence  font  exception;  de  ceux-là  il 
re.ste  des  monuments  et  des  monuments  considé- 
rables, épaves  de  ce  grand  naufrage  de  l'empire  ro- 
main, AMPÈRE,  Ilist.  rom.  d  Home,  introd.  p.  lx. 

—  HIST.  XIII'  s.  Les  cozes  trouvées  et  les  espa- 
ves,  qui  n'ont  point  de  suite....  doivent  estre  au 
segneur  qui  a  la  haute  justice,  beaum.  lviii,  3.  La 
coze  n'est  pas  espave  qui  est  porsivye  de  celi  cui  ele 
est,  iD.  Lxix ,  2B.  il  xiv  s.  Espaves  sont  hommes  et 
femmes  nezdehorsle  royaume,  de  si  lointains  lieux, 
que  l'on  ne  peut  en  royaume  avoir  conoissance  de 
leurs  nativitez,  ducange,  espavus.  Pour  conflsquier 
à  lui  et  à  son  domaine  comme  espaves  et  estraners, 
Ordonn.  des  rois,  t.  vu,  p.  544.  ||xv"s.  Un  cerf 
s'en  pourra  bien  aller  [hors  du  pays] ,  de  l'espave  et 
effreinte  des  chiens,  gaston  phebus,  Chasse,  ms. 
p.  218,  dans  lacurne.  ||  xvi»  s.  David  estoit  perplex 
et  comme  espave,  sinon  d'autant  que  la  promesse 
l'asseuroit,  CALV.  Instit.  680.  Comme  disoilOctavian 
[Auguste]  que  il  fault  éviter  les  molz  espaves,  en 
pareille  diligence  que  les  patrons  de  navire  évitent 
les  rochiersde  mer,  iulb.  Pant.  u,  a.  Des  espaves 
et  prises  do  mer,  la  somme  de  vingt  et  un  milions 
de  livres  tournois  liquides....  fhoumenteau,  fi- 
nances,  1"  liv..  n.  17. 

—  ÉTYM.  Bas-latin,  espavus,  espoïO;du  lat.  ex- 
pavidus,  effrayé,  écarté  par  la  peur  (parce  que  ce 
mot  s'est  dit  d'abord  des  bêtes  etlrayées  et  égarées), 
de  ex,  et  pavidus  (accent  surpo),  de  pavor  (voy. 
peur). 

+  ÉPA  VITE  (é-pa-vi-té) ,  f.  f.  Terme  de  droit  cou- 
tumier. Droit  d'épave. 

—  HIST.  XVI'  s.  Espavité,  cotobavk. 

—  ÉTYM.  Épave. 

ÉPEAUTRE  (é-pô-tr'),  t.  m.  Espèce  de  froment. 
Grand  épeautre  {trilicum  $pelta,  L.).  Petit  épeau- 
tre  {triticum  monococcum,  L.)  ,  nommé  aussi  en- 
grain,  ingrain,  locular.  Les  épeautres  sont  cultivés 
dans  les  terrains  maigres  ;  on  les  distingue  des  au- 


EPÉ 


1455 


très  froments  par  la  difficulté  avec  laquelle  le  grain 
se  sépare  des  balles. 

—  REM.  Les  livres  d'agriculture  font  épeautre  fé- 
minin; ce  qui  est  plus  conforme  à  l'étymologie. 

—  HIST.  xiii'  s.  Avoine  et  espiautre  sont  froit  et 
sec,  ALEBRANT,  f°  42.  ||  xv  S.  Le  Suppliant  prist  du 
blé,  appelle  l'espiote  ou  gros  blé,  pour  son  cheval, 
du  cange,  spclta. 

—  ÉTYM.  Wallon,  spaite,  spiate,  sipaite;  gène". 
épaute;  provenç.  espeuta  ;  espagn.  espelta;  ital. 
speim;  du  latin  spella,  mot  venu  des  langues  ger- 
maniques; allem.  Spelt  ou  Spelx. 

t  ÉPEC  (é-pèk) ,  s.  m.  Épeiche  ou  pic  varié. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉPEICHE. 

tÉPËCHER  (é-pê-ché),  v.  a.  Terme  de  salines. 
Puiser  ce  qui  reste  au  fond  de  la  chaudière  pour  !• 
reporter  au  réservoir. 

ÉPÉE  (é-pée),  s.  f.  ||  1°  Chez  les  anciens,  arme 
offensive  semblable  à  un  sabre  droit,  dont  on  frap- 
pait l'adversaire;  chez  les  modernes,  arme  offensive 
longue  et  aiguë  que  l'on  porte  suspendue  au  côté. 
Longue,  courte  épée.  Se  battre  en  duel  à  l'épée.  [U] 
met  l'épée  à  la  main,  tourne  le  reste  en  fuite,  corn. 
Théod.  IV,  4.  Contre  nous  de  pied  ferme  ils  tirent 
leurs  épées,  id.  Cid,  iv,  3.  Mon  père  est  mort,  El- 
vire,  et  la  première  épée  Dont  s'est  armé  Rodrigue 
a  sa  trame  coupée,  id.  ib.  m,  3.  Si  je  savais  qui  ca 
peut  être,  je  lui  donnerais  tout  à  l'heure  de  l'épée 
dans  le  ventre,  mol.  Georg.  Dandin,  i,  6.  Aussitôt 
dans  son  sein  il  plonge  son  épée,  bac.  Milh.  v,  4. 
Il  tira  son  épée  pour  se  percer,  fén.  Tél.  v.  ||  Épée 
de  Damoclès,  voy.  damoclês.  ||  Il  est  brave  comme 
son  épée,  se  dit  d'un  homme  très-brave.  Achill'i, 
beau  comme  le  jour.  Et  vaillant  comme  son  épée, 
sarasin,  au  duc  d'Enghien.  \\  Avoir  l'épée  sur  la 
gorge,  être  saisi  et  menacé  d'être  tué;  et  fig.  être 
vivement  pressé.  Se  voir  l'épée  à  ia  gorge,  patru. 
Plaid.  5,  dans  richelet.  ||  Se  battre  de  l'épée  qui 
est  chez  le  fourbisseur,  se  disputer  de  choses  qui 
ne  sont  pas  en  la  puissance  de  ceux  qui  se  les  dis- 
putent. Il  Un  coup  d'épée,  un  coup  donné  avec  l'é- 
pée. Ton  premier  coup  d'épée  égale  tous  les  miens, 
CORN.  Cid,  m,  8.  Il  Faire  deux  coups  d'épée,  s'e.st 
dit  d'un  échange  de  quelques  bottes,  d'un  duel  sans 
acharnement.  Plutôt,  si  votre  amour  a  tant  de  vé- 
hémence, Faisons  deux  coups  d'épée  au  nom  de  la 
beauté,  corn.  Illus.  corn,  m,  a.  ||  il  a  fait  un  beau 
coup  d'épée,  se  dit  ironiquement  d'un  homme  qui 
a  fait  quelque  sottise.  ||  Familièrement.  Un  coup 
d'épée  dans  l'eau ,  un  effort  sans  résultat.  ||  Pour- 
suivre, presser  l'épée  dans  les  reins ,  presser  vive- 
ment à  la  guerre,  dans  une  affaire,  dans  une  dis- 
cussion. Il  Emporter  une  chose  à  la  pointe  de  l'épée, 
l'obtenir  par  la  voie  des  armes;  et  (ig.  avec  effort, 
de  vive  force.  Rien  d'assuré,  point  de  franche  lip- 
pée;  Tout  à  la  pointe  de  l'épée,  la  font.  Fahl.  i,  6. 
Nous  avons  gagné  la  requête  du  grand  conseil  à  la 
pointe  de  l'épée,  sÉv.  B3*.  ||  Poser  l'épée,  cesser  la 
guerre.  Il  Rendre  son  épée,  se  déclarer  vaincu,  cé- 
der. N'avez-vous  point  vu  un  prince  qui  se  bat  jus- 
qu'à l'extrémité?  un  autre  s'avance  pour  voir  qui 
peut  faire  une  si  grande  résistance;  il  voit  l'inéga- 
lité du  combat....  il  écarte  ses  gens,  il  demande 
pardon  à  ce  vaillant  homme,  qui  lui  rend  son  épée 
à  cause  de  son  honnêteté;  car,  sans  lui,  il  ne  l'eût 
jamais  rendue,  sÉv.  209.  ||  Rendre  l'épée  à  un  offi- 
cier, la  remettre  entre  les  mains  d'un  officier  qui 
l'avait  déposée  pour  passer  en  jugement  et  qui  est 
honorablement  acquitté.  ||  On  lui  a  demandé  son 
épée,  on  l'a  arrêté  (en  parlant  d'un  officier).  ||  Briser 
son  épée.  quitter  le  service.  ||  Mettre  son  épée  au 
service  de  l'étranger,  prendre  du  service  dans  une 
armée  étrangère.  ||  Fig.  Se  blesser  de  son  épée,  sa 
faire  du  mal  en  voulant  en  faire  aux  autres.  Je  me 
blessai  tellement  de  ma  propre  épée  que  j'en  pleu- 
rai, SÉV.  610.  Il  N'avoir  que  la  cape  et  l'épée,  se  di- 
sait autrefois  d'un  gentilhomme,  d'un  cadet,  qu> 
n'avait  point  de  fortune.  ||  Fig.  Cela  n'a  que  la  cape 
et  l'épée,  ce  mérita  n'a  que  la  cape  et  l'épée,  cela 
est  de  peu  de  valeur,  ce  mérite  est  léger.  ||  Son  éoée 
ne  tient  pas  dans  le  fourreau,  au  fourreau,  se  Jit 
d'un  homme  toujours  prêta  se  battre.  |1  Son  épée  est 
trop  courte,  se  dit  de  celui  qui  ne  peut  obtenir  ce 
qu'il  prétend ,  faute  de  force  ou  de  crédit.  ||  Son 
épée  est  vierge,  se  dit  de  celui  qui  ne  s'est  jamais 
battu.  Il  Us  en  sont  aux  épées  et  aux  couteaux,  ils 
sont  en  grande  querelle.  On  vous  a  mandé  comme 
M.  de  Coetquen  était  avec  M.  de  Chaulnes  :  Il  était 
avec  lui  ouvertement  aux  épées  et  aux  couteaux, 
CHARL.  de  sév.  Lell.  à  Mme  de  Grign.  I7  janv.  1676, 
Il  Tralneur  d'épée,  batteur  de  pavé  qui  porte  uue 
épée  et  ne  va  pas  à  la  guerre.  ||  Chevalier  de  la  pe- 
tite ipée,  filou.  Et  l'autre  un  chevalier  de  la  petiie 


1/.r)G  lii'l^- 

t,4,,  .te...»,  !M.  X.  Il  s.  faire  blanc  de»onépée 

M  fi^l^  'lire,  comme  on  dit  quelquefois,  aire 
"l«,eda\»»  épée.  Il  Mettre,  faire  passer  quelque 
ehoMdu  cfllé  rfirOpée,  mettre  quelque  prolil,  qucl- 
ouwfondi  i  cou»ert,  en  réserve.  Quoique  les  pots  de 
nn  OM  Son  Eminence  prend  sur  toutes  les  charges 
puisMiil  avoir  été  du  cité  de  l'épée,  car  on  i-'en  voit 
pai  le  débouché  dans  le  peu  de  petites  charités  qu'il 
fait.  D'AiOENsotf,  Mém.  t.  m,  <88) ,  p.  122.  ||  Il  se  dit 
(ouvent,  en  mauvaise  part,  de  quelque  profit  illicile, 
ou  de  quelque  bien  qu'on  soustrait  à  ceux  qui  y  au- 
raient droit.  Il  nbandonne  ses  biens  à  ses  créanciers , 
mais  il  .1  mis  quelque  chose  du  côté  de  l'épée.  Mais 
prompt,  iiabile,  diliKent  k  saisir  un  certain  arKent, 
Somme  aui  Inspecteurs  échappée,  H  a  du  côté  de 
l'épée  Mia,  ce  dit-on,  quelques  deniers,  la  font. 
un.  XXI.  Ij  Mourir  d'une  belle  épée,  d'une  vilaine 
épée,  éprouver  un  revers,  quelque  accident  par 
une  belle,  par  une  vilaine  cause,  succomber  sous 
un  adversaire  considérable  ou  sans  considération. 
Il  Se  laisser  dire  quelque  chose  d'injurieux  l'épée  au 
côté,  soulTrir  une  injure  sans  rien  dire.  ||  2"  Épée 
de  chevet,  épée  qu'on  mettait  sous  son  chevet  pour 
se  défendre  en  cas  d'attaque  nocturne.  ||  Fig.  Èpéu 
de  chevet,  personne  sur  laquelle  on  compte,  chose 
dont  on  fait  un  usage  continuel.  Toujours  parler 
d'argent!  voilà  leur  épée  de  chevet,  mol.  i'.4i'are, 
lit,  B.  Il  Ë|>ée  àdeux  mains,  épée  à  lame  très-longue 
et  très-forte  dont  on  se  servait  au  moyen  âge. 
Il  Epée  d'Etat,  (,'laive  qui  se  porte  devant  les  souve- 
rains d'Angleterre  dans  les  cérémonies.  ||  Épée  flam- 
boyante, épée  dont  la  lame  semble  jeter  des  flam- 
mes. Un  ange  armé  d'une  épée  flamboyante.  ||  Terme 
de  blason.  Ei>ée  haute ,  épée  dont  la  pointe  est 
tournée  vers  le  haut  de  l'écu.  Êpée  garnie,  épée 
dont  la  garde  et  le  pommeau  sont  d'un  autre  émail 
que  la  lame.  ||  8"  Plat  d'épée,  ou  de  l'épée,  la  par- 
lie  plate  de  la  lame.  Donner  des  coups  de  plat 
d'épée.  Il  i'  L'état  militaire.  X  la  fin  j'ai  quitté  la 
robe  pour  l'épée,  corn,  le  Menteur,  1,  (.  X  son 
retour  en  France,  il  quitta  l'épée  et  se  mit  dans 
l'élat  ecclésiastique,  non  point  par  ambition,  mais 
par  goût  et  pour  jouir  d'une  vie  paisible  et  réglée, 
d'olivet,  Uiit.  Acad.  t.  11,  p.  3uo,  dans  poloens. 
Il  Les  gens  d'épée,  les  militaires.  J'ai  si  grand  peur 
de  ces  hommes  d'épée,  Régnier,  Sol.  ix.  Les  gens 
d'épée  sont  les  princes,  les  duos  et  pairs,  les  maré- 
chaux de  France  et  les  grands  officiers  de  la  cou- 
ronne, les  gouverneurs  et  lieutenants  généraux  des 
provinces,  les  gouverneurs  et  états-majors  des  villes 
et  places  de  guerre,  vausan,  Vime,  p.  07.  ||  S"  Fig. 
Vaillance  à  la  guerre.  Il  ne  doit  son  élévation  qu'à- 
son  épée.  Une  noblesse  fiére  aimait  à  soutenir  ses 
droits  par  son  épée....  hontesq.  Esp.  xxvm,  I8. 
Il  6*  Celui  qui  est  l'arme  offensive,  celui  qui  porte 
la  guerre.  Qui  fut  tantôt  le  bouclier,  et  tantôt  l'épée 
de  son  pays,  flëcb.  Tut.  ||  7*  Une  bonne  épée, 
un  bon  tireur,  un  homme  qui  se  bat  bravement. 
C'était  la  plus  rude  épée  de  France,  uahjlt.  Gramm. 
♦.  Il  8*  Nœud  d'épée,  nobud  de  rubans  dont  les 
hommes  en  habit  de  parure  garnissaient  autrefois 
la  garde  de  leur  épée.  ||  8*  Terme  d'escrime.  Le 
fort  de  l'épée,  la  partie  de  la  lame  la  plus  proche 
de  la  garde.  Le  mi-fort  de  l'épée,  le  milieu  de  la 
lame.  Le  faible  de  l'épée,  l'extrémité  de  la  lame. 
Il  10*  Terme  de  manège.  La  uiain  de  l'épée,  se  disait 
de  la  main  <iroite.  ||  Êpée  ou  épée  romaine,  marque 
en  forme  d'épi,  qui  vient  sur  l'encolure  de  certains 
chevaux,  près  de  la  crinière.  ||  11*  Terme  de  cor- 
dier.  Morceau  de  bois  en  forme  de  coutelas  qui  sert 
à  battre  la  sangle,  jj  Grande  alêne  de  bourrelier. 
Il  12*  Chacun  des  deux  montants  d'un  avant-tram  de 
charrue.  ||  13*  Terme  de  pèche.  Instrument  qui  sert 
&  prendre  les  poissons  en  les  piquant,  et  qui  a  du 
rapport  avec  la  foine.  ||  14*  Ëpèe  de  mer,  e.spadon, 
scie  de  mer,  espèce  de  dauphin.  ||  IB*  Terme  d'al- 
chimie. £pée  des  philosophes,  le  feu.  ||  Proverbes.  11 
•  couché  comme  l'épée  du  roi,  dans  son  fourreau, 
se  dit  de  celui  qui  s'est  couché  sans  se  déshabiller. 
Il  A  vaillant  homme  courte  épée,  c'est-à-dire  un 
homme  vaillant  n'a  pas  besoin  d'une  longue  épée, 
un  homme  habile  n'a  pas  besoin  de  beaucoup  d'ins- 
truments. Il  L'épée  use  le  fourreau,  se  dit  en  par- 
lant des  personnes  dont  la  grande  activité  d'espril 
altère  let  forces,  la  santé. 

^  msT.  X*  s.  Ad  une  spede  [il]  li  roveret  [com- 
manda) tolir  lo  chief  [tête],  £u/o<i«.  Il  XI*  s.  [Il] 
««nt  Murglies  s'espée  à  son  cosled,t'h.  d*  Roi.  xxvi. 
Quant  le  vit  Ouenes,  misi  la  main  à  l'espée,  t6. 
^j"*"-  Il  «»•  ».  Car  nos  espées  bones  sont  et  trau- 
■  HMt,  Mont.  p.  M.  Fou»,  fait-il,  lui  dis  fustes  et 
eaw»,  «  terw,  Quant  tua  l'espéa  traite  de  sur  le 


rrpK 

rei  »eneï;  S'il  trait  »ur  vu»  la  sue,  cornent  tus  dé- 
fendre! T  Th.  le  mari.  30.  Co»  [coup]  d'espée  ga- 
rist  et  sainne  Mult  lost,  des  que  mires  [le  médecin] 
i  painne;  F.t  la  plaie  d'amors  anpire.  Quant  ele  est 
plus  près  de  son  mire,  crestiens  de  troie,  dans 
HOLLAND,  p.  208.  ||  xiii*  S.  Deus  espées  sunt,  par 
lesquele»  toz  li  pueples  doit  estre  govemés  esperi- 
tuelment  et  temporelment,  car  l'une  des  espées  doit 
estre  espiriluel  et  l'autre  temporel,  beauk.  xlvi, 
il.  Tant  lui  prièrent  tout  cil  qui  là  esloient  que  li 
rois  rendi  s'espée  au  soudan,  joinv.  208.  ||  xv  s. 
Si  commanda  ledit  comte  qu'on  mit  tout  à  l'espée 
[qu'on  tuât  tout],  FROiss.  I,  i,  t38.  H  ouyt  une  voix 
qui  lui  dist  :  Chevalier  sans  espée,  où  vas-tu  si  vis- 
tementî  car  chevalier  sans  espée  n'est  que  femme 
sans  quenouille,  l'erceforesl ,  t.  iv,  f"  t67.  ||  xvi*  s. 
Il  mesle  la  première  trouppe  qui  estoit  sur  le  bord 
de  l'eau,  et,  sans  la  desmordre,  va  mesler  à  l'en- 
trée d'un  chemin  quelques  espées  dorées  [seigneurs, 
muscadins]  qui  firent  ferme,  d'aub.  Uist.  11,  38*. 
La  mort  de  son  espée  de  chevet  Bussi,  de  qui  la  fin 
fut  telle,  II).  ib.  11,  423.  Je  faillis  à  le  frapper,  mais 
c'estoit  un  homme  d'espée,  id.  Conf.  11,  6.  Lui  qui 
est  aussi  vaillant  que  son  espée.  Caquets  de  l'ac- 
couchée, p.  t35,  dans  LACURNE,  au  mot  martial. 
Qui  porte  espée  porte  paix,  gênin.  Récréai,  t.  11, 
p.  248.  [Cheval  ayant]  poil  chaslain,  astre  au  front, 
aux  jambes  deux  balzans,  romaine  espée  aucol,  de 
l'aage  de  sept  ans,  des  accoeds,  Bigarr.  f  (40. 

—  ÊTYM.  Provenç.  espaia,  espada;  catal.eçpaso; 
espagn.  et  port,  espada;  ilal.  spada  ;  du  latin  spa- 
tha,  larve  épée,  ainsi  dite  par  assimilation  avec  spa- 
tha,  outil  de  tisserand,  en  grec,  anâSri.  Cependant, 
comme  le  celtique  a  tpad,  bôche  (irland.  et  angl. 
jpodf),  elspadaim,  abattre,  tuer,  et  que  Diodore, 
V,  30,  dit  que  spatha  est  le  nom  d'une  longue  épée 
des  Oaulois,  certains  étymologistes  ont  pensé  que 
spatha,  dans  le  sens  d'épée,  était  celtique,  et  ne 
s'était  trouvé  que  par  hasard  conforme  avec  le  latin 
spatha,  outil  de  tisserand. 

t  ÉPF.ICHE  (é-pè-ch'),  s.  (.  Nom  du  pivert  bi- 
garré, oiseau  du  genre  des  pics  (picxis  major,  L.). 

—  ÊTYM.  Namur.  spoi;  picard.  épêke;noTni.  épé, 
épec,  épeu;  champ,  éprèche  ;  de  l'allemand  Specht,  pic. 

+  ÉPEICUETTE  (é-pfe-chè-f),  s.  f.  Le  pic  mi- 
neur, dit  aussi  petite  épeiche  {picus  minor,  i.). 

ÉPELÉ,  ÉE  (é-pelé,  lée),  part,  passé.  Quelques 
mots  épelis  par  cet  enfant. 

ËPELER  (é-pe-lé.  La  syllabe  pe  prend  deux  II, 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'épelle,  j'épel- 
lurai;  on  trouve  aussi  l'accent  grave  ;  j'épèle,  j'é- 
pèlerai),  «.  a.  Nommer  les  lettres  qui  composent  un 
mot  et  en  former  des  syllabes  en  les  assemblant. 
Ëpeler  un  mot.  En  épélaiit  le  doux  nom  de  patrie 
Je  tressaillais  d'horreur  pour  l'étranger,  bërang. 
Déesse.  ||  Absolument.  Cet  enfant  commence  à  épe- 
1er.  Il  épelle  assez  bien.  François  Xavier,  obligé  de 
se  servir  d'un  truchement  [au  Japon] ,  ne  fit  pas 
d'abord  de  grands  progrès  :  Je  n'entends  point  ce 
peuple,  dit-il  dans  ses  lettres,  et  il  ne  m'entend 
point;  nous  épelon?  comme  des  enfants,  volt. 
Mœurs,  442.  E-prit  qui  tient  le  livre  où  l'innocence 
épèle,  v.  HUGO,  Feuilles  d'aul.  37.  ||  Lire  avec  dif- 
ficulté. Le  vieux  prêtre  se  courbe,  et,  n'y  voyant 
qu'à  peine ,  X  ce  jour  ténébreux  épèle  un  livre  obs- 
cur, V.  HUGO,  Crép.  prél. 

—  HiST.  XII*  s.  Uethsames  ,  cest  nom  espelt  [veut 
dire]  cité  de  soleil,  Jloij,  p.  22.  ||  xiii*  s.  Mes  les 
entendanz  [je]  n'en  dont  mie,  Ceus  qui  savent  qu'es- 
piaut  [signifie)  amie....  Lai  du  conseil.  Adont  s'es- 
veilla  Pieres,  et  Diex  s'e.st  esconsés  [caché];  Au  pa- 
triarche en  vint;  quant  il  fu  apensés,  Disi  li  qu'il  a 
songié:  sire,  or  lem'espelés,  Cli.  d'Ànt.  i,2iii 

—  ÊTYM.  Wallon  ,  speli;  provenç.  espelar,  espel- 
Kar,  expliquer;  du  germanique  :  goth.  spillôn, 
anc.  h--allem.  spelldn,  raconter;  angl.  (0  sptll.  Du 
sens  général  d'expliquer,  espeler  a  passé  au  sens 
particulier  de  nommer  les  lettres;  l'historique  mon- 
tre que  le  latin  appellare  n'a  rien  à  faire  ici. 

ÉPELLATION  (épèl-la-sion),  s.  f.  Action  d'épe- 
1er;  l'art  d'épeler. 

—  ÊTYM.  Épeler.  Mot  moderne  qui  aurait  dû  être 
épelation,  et  quia  été  lait,  à  tort,  sur  le  modèle 
d'appef/ad'on. 

t  ÉPENCIIYMK  (é-pan-chym*),  t.  m.  Terme  de 
botanique.  Tissu  dans  lequel  prédominent  les  cel- 
lules dont  le  contenu  est  de  nature  amylacée. 

—  ÊTYM.  'Eiti,  à,  èv,  dan-,  et  yyvài,  suc. 

+  ËPENUYME  (é-pan-di-m"),  *.  m.  Terme  d'ana- 
tomie.  L'un  des  noms  de  la  membrane  des  ventri- 
cules du  cerveau  et  du  cajial  rudimentaire  de  la 
moelle  épinière. 

—  ÈTYH.  'EkI,  sur,  et  lv5u|ji«,  vêtement. 


EPE 

ÊPENTHÈSE  (é-pan-tè-z'),  ».  f.  Terme  de  gram- 
maire. Addition,  insertion  d'une  lettre,  ou  même 
d'une  syllabe  au  milieu  d'un  mot. 

—  ÊTYM  'EnévfleTtç,  de  lizl,  sur,  li,  en,  et 
iiaii,  action  de  mettre  (voy.  thèse). 

ÉPENTHÉTIOUE  (é-pan-ié-ti-k'),  adj.  Qui  est 
ajouté  par  épenthèse.  Lettre  épenlhétique. 

—  ÉTVM.  Épenthèse. 

t  ÉPEPINER  (é-pe-pi-né) ,  v.  a.  ôter  les  pepini 
d'un  fruit. 

—  ÊTYM.  ^pour  es....  préfixe,  et  pépin. 
ÉPEIIDD,  UE  (é-pèr-du,    due),   adj.  ||  1*  Qui  est 

profondément  troublé  par  la  crainte,  ou  par  une 
passion  quelconque.  Et  mon  âme  d'ennuis  est  si  fort 
éperdue  Que....  Régnier,  Plainte.  11  les  étonna 
tellement  par  la  fermeté  de  son  courage  qu'ils  pri- 
rent la  fuite  tout  éperdus,  vaugel.  Q.  C.  liv.  x, 
dans  BICHELET.  Et  quelle  âme,  dis-moi,  ne  serait 
éj'ierdue  Du  coup  dont  ma  raison  vient  d'être  con- 
fondue? HAC.  Andr.  III,  i.  Peins-toi  dans  ces  hor- 
reurs Andromaque  éperdue,  id.  ib.  m,  ».  Mes  filles, 
soutenez  votre  reine  éperdue.  Je  me  meurs,  id. 
Esth.  II,  7.  Pompée  éperdu  ne  vit  dans  les  pre- 
miers mouvements  de  la  guerre,  de  parti  à  prendre 
que  celui  qui  reste  dans  les  affaires  désespérées, 
MONTESQ.  Rom.  XI.  Je  marche  en  frissonnant,  mon 
coeur  est  éperdu....  volt.  Zojre,  v,  9.  ||  2*  Vif,  vio- 
lent, en  parlant  de  l'amour.  Comme  un  honteux  ef- 
fet d'un  amour  éperdu,  CORN.  Tile  et  Bérén.  1,  t. 
Il  Transporté  d'amour.  Madame  Paul  qui  est  devenue 
éperdue,  sÉv.  443.  La  sultane  éperdue  N'eut  plus 
d'autres  désirs  que  celui  de  sa  vue,  bac.  Bajal.  1, 
t.  Tu  veux  commander  seul  à  mes  sens  éperdus, 
VOLT.  Zaïre,  iv,  2. 

—  HIST.  xu  s.  De  lui  [se]  venger  ne  fut  mie  es- 
perduz,  Ronc.  p.  «0.  Grant  alure  s'en  est  à  la  porte 
venuz;  Fermée  la  trova  :  dune  fu  mult  esperduz. 
Th.  le  mart.  47.  ||xiii*  s.  Quant  Blanchefleurs  l'en- 
tent, le  cuer  [elle]  ot  esperdu,  Berte,  LXiix. 
Il  XVI*  s.  Esperdu  de  frayeur,  mont,  i,  62.  Une 
fuyte  esmeue,  mais  non  pas  estourdie  ny  esperdue, 
ID.  IV,  3.  Lors  il  se  trouva  délivré  de  la  frayeur  es- 
perdue et  du  grand  trouble  où  il  estoit,  ahyot, 
Thémisl.  48.  Les  troupeaux  sont  esgarés  et  esperdus 
par  les  champs,  paré,  xxiv,  52. 

—  ÊTYM.  Part,  passé  de  l'anc.  verbe  esperdre  (Li 
vilains....  Jure  et  esmaie,  si  s'espert,  Por  ce  que^a 
jornée  pert,  Ren.  taoei),  de  et,  et  perdre;  provenç. 
esperdut. 

ÉPEUDUMENT  (é-pèi-du-ma.i),  adt.  D'une  ma- 
nière éperdue.  Il  est  éperdument  amoureux  de  cette 
femme.  Sa  femme  qu'il  aimait  éperdument,  f£n. 
Tél.  XX. 

—  HiST.  xvi*  s.  Il  ne  fault  pas  se  précipiter  .si 
esperduemeutaprez  nos  afifections  etinterests,  hohi. 

IV,    46). 

-;-  ÊTYM.  Eperdue,  et  le  suffixe  ment. 

ÉPERLAN  (é-pèr-lan) ,  s.  m.  Petit  poisson  de  mer 
qui  a  des  couleurs  nacrées  fort  brillantes;  dit  aussi 
éperlan  commun,  éperlan  de  rivière  (l'osmère  éper- 
lan).  Une  friture  d'éperlans.  L'éperlan  tout  frais  et 
sortant  de  l'eau  sent  la  violette,  ce  qui  a  été  nié  à 
tort.  Il  Avaler  l'éperlan  sans  l'éplucher,  manger  gou- 
lûment. Or  entre  tous  ceux-là  qui  se  mirent  à  table. 
Il  ne  s'en  trouva  point  qui  ne  fût  remarquable,  Et 
qui,  sans  éplucher,  n'avalât  l'éperlan,  hEgnier, 
Sat.  X.  Il  Ëperlan  de  mer,  variété  d'éperlan  qui  se 
tient  constamment  dans  l'eau  salée  autour  des  terres 
magellaniques.  ||  Eperlan  bâiard,  se  dit  parfois  de 
petits  poissons,  tels  que  les  ableltea,  dont  on  se 
sert  pour  amorcer  les  lignes.  ||  Eperlan  franc,  petit 
poisson  qu'on  pêche  â  l'embouchure  de  la  Loire, 
et  qui  ressemble  un  peu  à  la  sardine  de  moyenne 
grosseur. 

—  IllST.  xiv*  s.  Espellens,  au  poivre  aigu  fetde 
gingembre  et  de  canele,  Bibl.  des  cliartes,  !>•  série, 
t.  I,  p.  223.  Il  XVI*  s.  Merlans,  esperlans,  aigrefins, 
turbots,  PAHÈ,  XXIV,  22. 

—  ÊTYM.  Allem.  Spicrling,  éperlan. 
ÉPERON  (é-pe-ronj,  s.  m.  ||  1*  Petite  branche  de 

métal  qui  s'adapte  aux  talons,  et  est  armée  à  l'ex- 
trémité d'une  espèce  de  roue  en  étoile  dont  les 
pointes  servent  à  exciter  le  chevaL  |{  Ancienne- 
ment Chausser  les  éperons,  faire  chevalier;  locu- 
tion qui  vient  de  ce  que,  en  armant  le  nouveau 
chevalier,  on  lui  chaussait  ses  éperons.  ||  Familiè- 
rement. Gagner  ses  éperons,  se  distinguer  à  sa  pre- 
mière affaire;  et  fig.  bien  mériter  par  ses  actes 
Il  Pig.  Ot  homme  a  besoin  d'éperon,  il  a  besoin 
d'être  excité,  pous.sé.  ||  Il  a  plus  besoin  de  bridu  que 
d'éperon,  d'être  retenu  que  d'être  poussé.  Notre  es- 
prit assez  souvent  n'a  pas  moins  besoin  de  bride  que 
d'éperon,  boil.  Long:'»,  Sublime,  ch.  2.  ||  Chausset 


EPE 


ÉPE 


EPII 


r.57 


(te  près  les  éperons  à  quelqu'un ,  poursuivre  de  près 
quelqu'un  qui  s'enfuit.  Les  ennemis  se  retiraient, 
notre  cavalerie  leur  chaussa  les  éperons.  L.icution 
qui  vieillit.  ||  Donner  un  coup  d'éperon  jusqu'à  un 
certain  endroit,  y  courir,  y  aller  en  diligence.  ||Ce 
cheval  n'a  ni  bouche  ni  éperon,  il  a  la  bouche  dure 
et  n'est  pas  sensible  à  l'éperon.  Et  Cg.  Cet  homme 
n'a  ni  bouche  ni  éperon,  il  est  stupide,  insensible. 
Terme  de  manège.  Souffrir  l'éperon,  se  dit  d'un 
cheval  peu  sensible  à  cette  manifre  de  le  conduire. 
Avoir  l'éperon  délicat  et  fin,  fuir  l'éperon,  connaître 
l'éperon,  s'attacher  à  l'éperon,  se  manier  aisément 
avec  l'éperon,  expressions  qui  toutes  désignent  un 
cheval  facile  à  conduire  et  à  stimuler.  |1  Journée  des 
éperons,  bataille  perdue  par  les  Français  à  Guine- 
gate[i6i3],  ainsi  nommée  parce  que  les  Français 
firent  plus  usage  de  leurs  éperons  que  de  leurs 
armes;  et  la  bataille  deCourtray  [<302j,  perdue  par 
les  Français,  ainsi  dite  à  cause  de  la  grande  quan- 
tité d'éperons  que  les  Flamands  vainqueurs  prirent 
sur  les  chevaliers  tués  dans  la  bataille.  ||  2°  Par 
analogie,  ergot  des  coqs.  ||3°  Ergot  que  les  chiens 
ont  aux  jambes  de  devant.  ||  4°  Terme  de  botanique. 
Prolongement  postérieur  de  la  base  du  calice  ou  de 
la  corolle  de  cerlaines  fleurs.  ||  Terme  de  jardinage. 
Branches  courtes,  droites,  parallèles  à  l'horizon. 
1  II  Éperon  de  la  Vierge  ou  de  chevalier,  plante,  pied- 
I  d'alouette  (delphinitim  consolida,  L).  \\  5°  Terme 
;  d'analomie.  Petite  saillie  formée,  dans  l'intérieur 
;  des  artères,  par  leur  membrane  interne,  au  niveau 
de  chacune  de  leurs  divisions.  ||  Terme  d'entomo- 
■  logie.  Certaines  épines  insérées  à  l'extrémité  du 
tibia  de  quelques  insectes.  ||  6°  Partie  de  la  proue 
j  d'un  bâtiment  terminée  en  pointe.  L'éperon,  qu'on 
*  appelait  roslrum,  était  à  fleur  d'eau  ;  c'était  une 
poutre  qui  avançait,  munie  d'une  pointe  de  cuivre 
et  quelquefois  de  fer,  boll.  Hist.anc.  (Euvr.  t.  iv, 
p.  B89,  dans  POUGENS.  Leurs  gros  vaisseaux,  portés 
;■  sur  les  rochers  des  côtes  voisines,  brisés  les  uns 
contre  les  autres,  entr'ouverls  dans  leurs  flancs  par 
les  éperons  des  galères  athéniennes,  couvraient  la 
merde  leurs  débris,  barthél.  ^nach. /nlrod.  part. 
II,  sect.  2.  Il  Aujourd'hui  les  éperons  des  vaisseaux 
cuirassés  sont  des  masses  d'acier,  à  bord  tranchant, 
qui  occupent  toute  la  hauteur  de  la  proue.  ||  7°  Terme 
de  guerre.  Fortification  en  angle  saillant,  qui  se  fait 
au  milie\i  des  courtines,  sur  les  bords  des  rivières, 
etc.  pour  garantir  une  place.  ||  8°  Tout  ouvrage  en 
pointe  qui  sert  à  rompre  le  cours  de  l'eau.  ||  Terme 
de  marine.  Pointe  de  rocher  qui  rompt  les  lames 
à  l'entrée  d'un  havre.  ||  Ouvrage  de  maçonnerie 
terminé  en  pointe  et  servant  d'appui  à  un  bâti- 
ment, à  une  muraille.  Une  assez  haute  portion  de 
tour  gothique  avec  l'éperon  qui  la  soutient,  diderot, 
Salon  de  1767,  Œuvres,  t.  xiv.  p,  486,  dans  pou- 
gens.  Il  Terme  de  géologie.  Saillie  brusque  que  pré- 
sente le  contre-fort  d'une  chaîne  de  montagnes. 
Il  9°  Fig.  et  familièrement.  Rides  qui  se  forment 
au  coin  de  l'œil  des  vieillards.  ||  10°  Terme  d'eaux 
et  forêts.  Instrument  pour  repiquer  en  glands  les 
clairières  des  bois.  ||  11°  Anciennement,  couper  les 
éperons,  dégrader  un  chevalier.  ||  12°  Ordre  de  l'E- 
peron, ordre  institué  en  <260  par  le  roi  de  Naples. 
Il  Ordre  de  l'Éperon  d'or,  ordre  institué  en  <B59  à 
Home  par  les  papes,  pour  récompenser  le  mérite 
civil. 

—  HIST.  XI*  s.  Espérons  d'or  [il]  ad  en  ses  piez 
fermez ,  Ch.  de  Roi.  xxvi.  ||  xn*  s.  Et  [il]  li 
chaussa  son  premier  esperon,  Ronc.  p.  29.  ||  xiii'  s. 
I.i  Barrois  le  .saisit  par  le  co!,  et  feri  cheval  des  es- 
pérons, et  le  traist  par  force  de  bras  des  archons, 
Chr.  de  Rains,  p.  40.  Se  j'estoie  montés  sor  mon  ce- 
val  et  le  feroie  [piquais]  des  espérons  parmi  enfans 
ou  par  presse  de  gent,  beaum.  lxix,  o.  ||  xv°  s. 
Montèrent  à  cheval,  et  au  fraper  des  espérons  en- 
trèrent en  la  ville  de  Courtray;  car  il  n'y  avoit  def- 
fense,  nul  contredit,  froiss.  ii,  p.  226,  dans  la- 
CUKNE.  Il  xvr  s.  Je  ne  pouvois  fournir  de  rennes 
[rênes]  pour  les  premiers;  ces  derniers  ont  usé  mes 
espérons,  d'aub.  7/is«.  i,  <56.  ils  poursuivirent  leur 
victoire  en  tuant  jusques  dans  l'eau,  à  la  merci  et 
sous  les  espérons  des  galères,  id.  ib.  I,  246.  On  avoit 
basti  au  milieu  du  pont  deux  demi-esperons  qui  se 
flanquoient  bien,  id.  ib.ii,  3b0.  Le  ressentiment  de 
la  roine  d'Escosse  servit  d'espron  pour  faire  partir 
cette  grande  armée,  id.  ib.  m,  <99,  L'os  de  l'esperon 
ou  petit  focilede  la  jambe,  paré,  iv,  Si.  Les  er- 
gots et  espérons  hautement  posés  à  costé  des  jam- 
bes [chez  le  coq],  o.  de  serbes,  360.  Que  Millan 
seroit  bientôt  révoltée,  et  qu'il  esperoit  aller  jus- 
qiips  dedans  Millan  avec  un  esperon  de  bois  [sans 
difficulté],  ROB.  DR  LA  MARK,  Seign.  de  Fleuran- 
ges,  ilém.  ms.  p.  (60,  dans  lacurne. 

Dir.T      nE    I,A    I.ANfUE    FRANÇAISE. 


—  lîTYM.  Wallon,  sporon; provenç.  pspero; espagn. 
esperon,  espolon;  portug.  espora,  esporào ;  ital. 
sperone,  sprone  ;  de  l'anc.  h.-allem.  sporo  au  no- 
minatif, sporon  à  l'.iccusatif;  gaélique,  spor.  Le  ra- 
dical spor  tient  peut-être  au  sanscrit  sphar,  agiter. 

ÉPERONNÉ,  fM  (é-pe-ro-né,  née),  adj.  ||  1°  Oui 
a  des  éperons  aux  talons.  Ses  jambes  éperonnées  s'é- 
tant  embarrassées  dans  celles  des  autres,  scarb. 
Tlotn.  com.  i,  10.  [Dorante]  éperonné,  botté,  prêt 
à  monter  à  cheval,  il  attend  .e  boute-selle,  p.  !.. 
cotiRR.  I,  227.  Il  2°  Muni  d'un  éperon,  en  parlant  des 
coqs  et  des  chiens.  ||  3°  Terme  de  botanique.  Termi- 
né en  éperon,  en  parlant  d'un  caliee,  d'une  co- 
rolle, etc.  Il  4°  Avoir  les  yeux  éperonnés,  ou  être 
éperonné,  avoirdes  rides  au  coin  de  l'reil.  ||  Le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie  a  l'adjectif  éperonné,  mais 
ni  le  verbe  éperonner,  ni  le  participe  éperonné. 

tÉPERONNELLE  (é-pe-ro-nê-1'),  s.  f.  Nom  vul- 
gaire appliqué  selon  les  provinces  :  i°  au  gaillet 
accrochant  (rubiacées),  dit  aussi  grateron  (galium 
aparine,  L.);  2°  au  gaillet  crucié,  appelé  encore 
croisette  (galium  crucialum ,  L.)  ;  3°  aux  espèces 
du  genre  xnnthium,  nommées  en  outre  lampourde, 

LEOOARANT. 

—  Rtym.  Diminutif  d'éperon. 

t  ÉPF.RONNEMENT  (é-pe-ro-ne-man),  s.  m.  Ac- 
tion d'éperonner. 

—  HIST.  xvr  s.  Esperonnement,  cotgrave. 

—  f.TYM.  Éperonner. 

t  ÉPERONNER  (é-pe-ro-né),  t'.  a.  \H'  Piquer 
avec  l'éperon.  Le  cheval  vivement  éperonné  par 
son  cavalier.  ||  Fig.  Aiguillonner,  stimuler.  Que  la 
peur  tout  ensemble  éperonné  et  retarde,  Régnier, 
Sa(.  XI.  Il  2° Chausser  les  éperons  à  quelqu'un.  Il  Épe- 
ronner un  coq,  chausser  ses  ergots  de  pointes  d'a- 
cier pour  le  combat.  ||  3°  Y.n.  Terme  d'escrime.  Faire 
un  mouvement  comme  pour  donner  un  coup  d'épe- 
ron. En  se  fendant,  il  ne  faut  point  éperonner. 

—  IIIST.  xi°  s.  [Il]  Laschela  resne,  moût  souvent 
l'esperonne  [son  cheval],  Ch.de  Roi.  cxxni.  ||  xii°  s. 
Sanglans  [il]  ot  les  talons  de  tost  esperoner,  Sax. 
xiii.  Il  xiii°  s.  Et  au  cheval  reparoit  auques  [parais- 
sait un  peu],  que  il  avoit  esté  espouronnés  par 
besoing,  h.  devalenc.  iv.  ||xv's.  Si  tost  comme  ils 
se  purent  connoistre  et  appercevoir  [les  Gascons  et 
les  Français] ,  comme  ceux  qui  se  tenoient  ennemis 
les  uns  des  autres  et  qui  se  desiroient  à  avancer  et 
combattre ,  en  esperonnantleurs  chevaux  et  en  abais- 
sant leurs  glaives  et  en  esoriant  leurs  cris,  entrè- 
rent les  uns  es  autres,  froiss.  il,  ii,  5.  ||  xvi'  s.  Nous 
disons  que  par  espérons  on  commence  soy  armer, 
BABEL.  Pant.  m,  8.  Les  Anglois,  qui,  pour  parestre 
gentils-hommes,  sont  toujours  bottez  et  esperonnez 
dans  les  navires,  d'aub.  Fœn.  iv,  2.  Bon  vin,l)on 
esperon,  oudin.  Curiosités. 

—  ÉTYM.  Éperon;  provenç.  esperonar  ;  espagn.  es- 
poZcar;  portug.  esporear;  ital.  speronare,  spronare. 

t  ÊPERONNERIE  (é-pe-ro-ne-rie) ,  s.  f.  Commerce 
et  fabrication  de  tout  ce  qui  a  rapport  au  harnache- 
ment des  chevaux  de  selle  et  d'attelage. 

—  ÉTYM.  Éperonner. 

ÉPERONNIEU  (é-pe-ro-nié),  i.  m.  ||  !•  Celui  qui 
fait  ou  qui  vend  des  éperons,  des  mors,  des 
étriers,  etc.  Il  2°  Terme  d'histoire  naturelle.  Paon 
de  la  Chine,  qui  porte  à  chaque  pied  deux  ergots, 
dit  aussi  petit  paon  de  Malacca  et  faisan  paon  {poly- 
plectron  chinquis,  gallinacés). 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  muscle  nommé  esperonnier, 
à  cause  qu'il  descend  de  l'os  de  l'esperon,  ou  petit 
focile,  paré,  IV,  39. 

—  ETYM.   Éperon. 

t  ÉPERONMÈRE  (é-pe-ro-niê-r'),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Pied-d'alouette. 

—  ETYM.  Éperon. 

f  ÉPERVERIE  (é-pèr-ve-rie),  s.  f.  Art  de  dresser 
les  éperviers  ;i  la  chasse  comme  on  dresse  les  faucons. 

—  HIST.  xvi°  s.  Quant  le  roy  Modus  ot  monstre  à 
ses  aprentis  tous  les  dis  cappities  de  faulconnerie, 
il  leur  demanda  s'ils  vouloient  oyr  de  Testât  et  de 
la  manière  d'espreverie,  Modus,  f°  xcv. 

—  ETYM.  Épervier. 

ÉPERVIER  (é-pèr-vié;rrne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, l's  se  lie  :  des  é-pèr-vié-z  avides),»,  m.  ||  1°  Oi- 
seau de  proie  dont  on  se  sert  dans  la  fauconnerie 
{accipiter  nisus).  Lâcher  l'épervier.  Les  personnes 
distinguées  par  leur  naissance,  hommes  et  femmes, 
portaient  toujours  un  épervier  sur  le  poing,  saint- 
FOix,  Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  iv,  p.  238,  dans  pou- 
GENS.  Il  2°  Terme  de  pêche.  Filet  à  prendre  du  pois- 
son, ainsi  dit  parce  qu'il  prend  le  poisson  comme 
l'épervier  prend  les  oiseaux.  Jeter  l'épervier.  Coup 
d'épervier.  ||  Nerfs  de  l'épervier,  cordes  qui  servent 
à  retenir  ce  filet  en  le  lançant  et  à  !e  serrer  quand 


le  poisson  est  pris.  j|  3°  Terme  de  chirurgie.  Ban- 
dage destiné  à  maintenir  un  appareil  appliqué  sur  le 
nez.  Il  4°  Fig.  Usurier,  homme  âpre  au  profit,  à  la 
surée.  Il  Proverbes.  C'est  un  mariage  d'épervier  où 
la  femelle  vaut  mieux  que  le  mâle,  se  dit  d'un  ma- 
riage où  la  femme  est  plus  habile,  plus  agissante 
que  le  mari;  parce  que,  dans  les  éperviers,  les  fau- 
cons, et,  en  général,  les  oiseaux  de  proie,  la  fe- 
melle est  plus  grosse  et  plus  forte  que  le  mâle.  ||  On 
ne  saurait  faire  d'une  buse  un  épervier,  c'est-à-dire 
on  ne  saurait  faire  d'un  sot  un  habile  homme. 

—  HEM.  On  disait  encore  très-communément, 
au  XVII*  siècle,  éprevier:  L'éprevier  se  couvre  de 
plumes,  étendant  ses  ailes  vers  le  midi,  saci,  Bible, 
Job,  XXXIX,  26. 

—  HIST.  xi*  s.  Plus  est  isnels  qu'esprever  ne 
aronde  [hirondelle],  Ch.  de  Roi.  cxv.  ||  xii*  s.  E  Ri- 
charz  d'Ivecestre  lu  l'un  des  mesagiers.  Qui  al  rei 
Henris  ert  [était]  ses  privez  conseilliers....  E  al  rei 
Loewis  porta  dous[deux]  espreviers.  Th.  le  mart. 
B3.  Il  XIII' s.  Là  veîssiez  les  troi  si  fièrement  aidier; 
Aussi  corne  Taloe  fuit  devant  l'esprevier,  Vontli  Turc 
après  aus  [eus],  nés  [ne  les]  osent  aprochier,  Ch. 
d'Ant.  VII,  83.  Il  XIV*  s.  Les  plus  fors  espreviers  font 
leurs  aires  sur  bas  arbres,  Ùénagier,  m,  B.  Au  liée 
et  au  deslier  te  tien  saisy  de  l'esprevier,  ib.  ni,  2. 
Il  XVI*  s.  Que  l'heur  des  armes  estoit  journalier, 
qu'ils  ne  vouloient  .se  condamner  à  une  pareille  mort, 
comme  ils  meriteroient  en  se  rendant  esparviers  de 
bourreau,  ou  valets  de  gens  en  robe  longue,  d'aub. 
Hist.  Il,  276. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esparvier;  espagn.  eaparabel; 
ital.  sparriere,  sparafiere ;  du  germanique  :  ancien 
haut-allem.  sparvari,  épervier;  allem.  Sperber  ;  rat- 
taché au  goth.  sparra,  moineau  ;  allem.  Spening; 
angl.  sparrotv,  même  sens ,  les  noms  d'animaux 
permutant  souvent  de  l'un  à  l'autre.  Les  étymolo- 
gistes  y  admettent  un  radical  spar,  lancer,  sanscr. 
sphnr,  se  mouvoir,  en  grec  trTtaîpsiv,  s'agiter. 

ÉPERVIÈRE  (é-pèr-viC-r'),  s.  (.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  à  fleurs  composées.  ||  Nom 
de  Vhieracium  murorum ,  t.  recueilli  autrefois 
afin  de  le  donner  aux  éperviers  qu'on  élevait  pour 
lâchasse,  ou  parce  que  Ton  croyait  que  ces  oiseaux  le 
recherchaient  instinctivement  pour  se  fortifier  la  vue. 

—  ETYM.  Épervier. 

fiPERVIN  (é-pèr-vin),  s.  m.  Voy.  épabvin. 

t  ÉPEULER  (é-peu-lé),  v.  a.  Terme  de  point 
d'Alençon  (dentelle  réseau).  Retirer  avec  une  pince 
les  fils  qui  traversent  le  parchemin. 

t  ÉPEULECSE  (é-peu-leû-z'),  s.  f.  Terme  da 
point  d'Alençon  (dentelle  réseau).  Celle  qui  épeule. 

t  fiPEXÉGÊSE  (é-pè-gzé-jê-z'),  s.  f.  Terme  de 
grammaire.  Figure  que  Ton  appelle  plus  ordinaire- 
ment .apposition. 

—  ETYM.  'EmÇJiviltriî,  de  ItiI,  sur,  et  IÇrj-pl- 
«Tli;  (voy.  EXÉGÈSE). 

t  ÉPHA  (é-fa),  s.  m.  Mesure  des  grains  chez  les 
Hébreux  valant  18  litre3,.08. 

t  ÉPUÈBE  (é-fè-b'),  s.  m.  Terme  d'antiquité 
grecque.  Jeune  homme  parvanu  à  l'âge  de  puberté. 
J'arrivai  alors  de  Perse,  je  le  trouvai  dans  la  dix- 
huitième  année;  c'est  à  cet  âge  que  les  enfants  des 
Athéniens  passent  dans  la  classe  des  éphèbes  et 
sont  enrôlés  dans  la  milice,  barthél.  Anach.  ch.  26. 

—  ÉTYM.  "Etfnëoi,  jeune  homma,  de  M,  sur,  et 
flSn,  jeunesse. 

t  ÉPHËDRE  (é-fè-dr'),  s.  f.  Ephedra  dista- 
cliya,  L.  (famille  des  conifères),  vulgairement  rai- 
sin de  mur,  arbrisseau  à  feuilles  squammeuses,  à 
aspect  de  prêle,  nul  vient  dans  les  sables  et  porte 
pour  fruit  une  petite  baie  rouge  et  aigre. 

—  ETYM.  'EçÉSpa. 

ÉPIIÉLIDK  (é-fé-li-d'),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Tache  à  la  peau.  ||  Éphélides  lentiformes,  trè.s-petites 
taches  lenticulaires,  d'un  jaune  fauve,  persistantes, 
qui  se  voient  surtout  chez  les  individus  à  cheveux 
blonds  ou  roux.  ||  Ephélides  hépatiques,  taches  d'un 
jaune  pâle  ou  brun,  qui  se  développent  sans  cause 
appréciable,  particulièrement  à  la  nuque,  à  la  poi- 
trine, sur  les  seins.  ||  Éphélides  ignéales,  taches 
qui  se  développent  à  la  partie  Interne  des  jambes  et 
des  cuisses,  chez  les  femmes  qui  font  usage  de 
chaufl'ereltes  très-chaudes.  ||  Éphélides  scorbutiques, 
taches  produites  par  du  sang  extravasé  dans  la  peau 
chez  les  individus  affectés  de  scorbut. 

—  ÉTYM.  'EfTiUî,  de  ini,  et  fj/toç,  soleil  :  c'eSt- 
à-dire  causé  par  le  soleil  (voy.  héliaqoe). 

ÉPHÉMÈRE  (é  fé-mè-r'),  adj.  \\  1°  Qui  ne  dure, 
qui  ne  vit  qu'un  jour.  Fleurs,  animaux  éphémères. 
Bourdonnez  sous  votre  herbe,  insectes  éphémères, 
LAMART.  Ilarm.n,  4.  ||  Terme  de  médecine.  Fièvre 
éphémère,  ou  courbature,  fièvre  causée  la  plupart 

I.   —  183 


lAns 


l'FlJ 


du  lemp.  p«r  un  e.cè»  de  fatigue,  une  marche  for- 
eta    un  rcfroi'li"i-n""i'.  eio.  et  qui  ne  dure  guère 
Xi  do   .ingl  qNnlte  heures.   ||   f  Par  ejtension, 
momenlané,  («««a^er.  Donhcuréphémi;re.  Ouvrages, 
production!!  éphémères.  Desmahis,  auteur  célèhre, 
mais  éphémère,   de  la  comédie  de  l'Impertinent, 
j.  i.  BOUS»,  Cnrif-  t.  Tu  veui  livrer  au  peupla  un  pou- 
Toir  éphémJre,  ancp.lot,  /ïmi/ub,  iv,  4.  ||  3"  S.  m. 
Genre  d'insectes  névropléres  qui  naissent  et  meu- 
rent le  même  jour,  dans  lequel  on  dislingue  l'ephe- 
mtra  eommunù.  L'éphémère  dont  je  parle  ne  vil 
guère  que  quatre  à  cinq  heures;  jamais  une  mou- 
che de  celte  espèce  n'a  vu  lever  le  soleil,  bonnet, 
Cotuid.  corps  organ.  Œuvres,  t.  vi,   p.  2110,   dans 
poi.cENS.  Montre-moi   l'Ëlernel  donnant  comme  un 
royaume  I.e  temps  k  i'éphèmi're  et  l'espace  à  l'a- 
tome, V.  iiuno.  Odes,  iv,  9.  ||  S.  f-  Terme  de  bota- 
nique. Ephémère  ds  Virginie,  ou,  simplement,  éphé- 
mùre,  niim  vulgaire  de  la  Irailescautie  virginienne 
(commélinacées) ,  dite  aussi  èphémérine.  Les  sau- 
vages de  la  Louisiane  marquent  la  sixième  heure  du 
jour  par  le  moment  où  l'éphémère  sort  des  eaux, 
CHATEAi'D.  Génie,  i,v,  8. 

—  IllST.  XIV*  s.  Et  la  fièvre  appelée  cffimere,  n. 
DE  MONDEviLLE,  f  «T.  ||  XVI*  S.  Fievre  ephemcrc  ou 
diaire,  paré,  xx,  2. 

—  ETYM.  'lifTiiAcpoç,  éphémère,  de  iîil,  sur,  et 
^(u'pa,  jour. 

ÊI'IlfiMÉRIDES  (é-fé-méri-d'),  s.f.  plur.  ||  l»  Ta- 
bles astronomiques  par  lesquelles  on  détermine, 
jour  par  jour,  le  lieu  de  chaque  planète  dans  le 
zodiaque.  Quatre  ans  aprts,  il  publia  deux  volumes 
d'épliémérides  dédiés  au  pape  Clément  XI,  fonten. 
Uanfredi.  \\  I!:pliémérides  d'une  comète,  sa  position 
indiquée  par  de  courts  intervalles  dans  une  assez 
longue  durée.  ||  Ausing.  Ouvrage  qui  énumère  et  en- 
seigne les  événemenis  sujets  à  calcul  et  à  prévision 
dans  l'année.  La  Connaissance  des  temps  est  une 
éphémériile.  Quelques  personnes  cremandèrent  que 
le  Nautical  almanac  devint  une  éphéméride  astrono- 
mique complète. araco.  Éloge  d'ïuung.\\i'  Livres, 
ouvrages  indiquant  les  événemenis  arrivés  le  même 
jour  de  l'année  à  difTérenies  époques.  {|  Publication, 
1.1  ile  dans  un  journal,  des  événements  arrivés  à  di- 
verses époques  le  même  jour  que  la  date  du  jour- 
nal. ||  3*  Titre,  dans  l'antiquité,  d'ouvrages  qui  ra- 
contaient jour  par  jour  les  événemenis  de  la  vie 
d'un  personnage.  Les  Êphéraérides  d'Alexandre. 

—  REM.  Ce  mol  est  masculin  dans  le  Dictionnaire 
de  l'Académie  de  17«2  et  dans  d'autres  diclioniiairis. 
Voltaire  a  dit  :  «  On  leur  doit  [aux  Urahmanes]  les 
premiers  éphémérides.  »  Mais  Feraud  et  d'autres  le 
font  féminin,  genre  adopté  par  l'Académie  en  <836 
et  conforme  au  genre  de  ce  mot  en  laiin  et  en  grec. 

—  ÊTYM.  'E?r,(»epU,  de  içTijispo;,  éphémère. 

t  PJ'IIÉ-MÉIILNE  (é-fé-mé-ri-n'),  j.  f.  Terme  de 
botanique.  Genre  de  plantes  d'Amérique  et  des  Indes 

(VOy.  ÉPHÉMÈRE). 

t  ÉPUP,SIE.NNES  (é-ré-7.ii-n'),  adj.  f.  plur.  Let- 
tres épliésiennes,  anciennes  lettres  magi(iues  qui 
étaient  ècriies  sur  la  couronne,  la  ceinture  et  les 
pieds  de  la  statue  de  Diane  d  Ê|)h"se,  et  qui  pas- 
saient pour  avoir  la  vertu  de  faire  obtenir  à  celui 
qui  pouvait  les  lire  et  les  prononcer  tout  ce  qu'il 
désirait. 

t  fiPIII  (è-fi),  s.  m.  Synonyme  d'épha.  Le  gomer 
est  la  dixième  partie  de  l'èphi,  saci,  Bible,  Exode 
ivi,  30.  ...... 

t  KpiIIALTÉ  fé-fl-»I-t'),Mn.bémbn  incube,  cau- 
ahemar.  On  doit  tenir  pour  des  eiïels  d'une  imagi- 
nation blessée  et  déréglée  tout  ce  qu'on  raconte  des 
dénions  inculies  et  succubes  et  des  éphialles,  dont 
on  fait  tant  de  mauvais  contes,  D.  Caliiet  Trailé 
des  appar.  2'  éd.  t.  1,  ch.  38.  ' 

w,T  ",^"-  ''^?"»^"lî.  de  iifiàXXu,  de  iRl,  sur,  et 
laXï.u,  lancer. 

t  ÊPIIIDKOSE  (é-fi-drfl-z-),  ,.  f.  Terme  do  méde- 
cine. Sueur  critique  incomplète,  ou  sueur  à  la  par- 
tie supi^rieure  du  corps. 

r*^Tl;?!;  "'■'î'''P"'";.''e^'!!,  sur,etr3pa)«,  sueur. 
toLf  T'^"?,'"  (^«PPi-»").  '■  m.  TeVme  d'anà- 
VoWe'         **       lurcique,    portion  de  l'os   sphé- 

—  ÉTYM.  «Eftitittov,  selle,  a  cause  de  sa  forme, 
e  J^.,  sur,  et  f«„o«,  cheval.  ' 

bai  TuZ'»    .     '"n?8^''*™'  1" Lévites;  il  tom- 
E?U  dWi  ?h   •  "  '"  '•''^•^'"-   P"-Jessus.   de  la 

t  ÉPHODE  (é  r'o  d'I    .    f  V 

a.  rh6u.rique'diu  fnlinUion  "  '""^  '"  '='  ''S"^" 


ÉPI 

t  ÉPHORAT  (é-fo-ra),  ».  »n.  Charge  d'éphore; 
temps  pendant  lequel  on  l'exerce. 

ÊPIIOBE  (é  fo-r'),  s.  m.  Terme  d'antiquité  grec- 
que. Magistrats  lacédémoniens  au  noirbre  de  cinq 
établis  pour  contre-balancer  l'autorité  des  rois  et  du 
sénat  et  qu'on  renouvel.iit  tous  les  ans.  Ils  étaient 
élus  par  le  peuple;  le  premier  d'entre  eux  donnait 
.son  nom  à  l'année.  Contraindre  la  plupart  des  ma- 
gistrats k  rendre  compte  de  leur  administration, 
suspendre  de  leurs  fonctions  ceux  d'entre  eux  qui 
violent  les  lois,  les  traîner  en  prison,  les  déférer  au 
tribunal  supérieur,  et  les. exposer,  par  des  pour- 
suites vives,  à  perdre  la  vie;  tous  ces  droits  sont  ré- 
servés aux  épliores,  BABraEL.  Anach.  chap.  45. 

—  IIIST.  xtv*  s.  Ces  princes  effores  ont  la  mais- 
trise  et  la  puissance  des  grans  jugemens,  oresme, 
Thèae  de  melnier. 

—  ETYM.  "Eçopoç,  inspecteur,  de  iiti,  sur,  et 
ôpSv,  voir. 

f  ÉPIIORIE  (é-fo-rie),  ».  f.  Charge  d'éphore. 

—  HIST.  XIV*  s.  Cesluy  princey  appelé  efforie 
maintenoit  la  policie  en  estât,  oeesme,  Thèse  de  meu- 
nier. 

—  ETYM.  tphnre. 

t  ÉPUORIQUË  (é-fo-rl-k'),  odj.  Qui  appartient  aux 
éphores.  Dignité  éphorique. 

—  ETYM.  Éphore. 

RPI  (épi),  ».  m.  Il  1°  Partie  du  blé,  du  froment 
et  de  pUisieur»  autres  graminées,  qui,  placée  au 
sommet  de  la  tige,  est  formée  par  la  réunion  des 
graines.  Graines,  fleurs,  disposées  en  épi.  Épi  serré. 
Fleurs  en  épi.  Les  prémices  dos  épis  que  l'on  rôtit 
sur  le  feu,  SACi,  Bible.  Paialip.  i.  ixui,  2fl  Ainsi 
sur  les  moissons  quand  l'orage  a  souillé.  Reposent 
confondus  dans  le  sillon  comblé  Et  le  pavot  san^dant 
et  le  bluet  céleste.  Et  l'ivraie  ennemie  et  les  épis  de 
blé.  MASSOK,  Hclve't.  vu.  Près  de  la  borne  où  cha- 
que Ëiat  commence.  Aucun  épi  n'est  pur  de  sang 
humain,  bèrang.  Sainte  alliance  des  peuples.  La 
vie  a  dispersé,  comme  l'épi  sur  l'aire.  Loin  du  champ 
paternel  les  enfants  et  la  mère  ,  lamart.  Ilarm. 
m,  2.  Il  Fig.  Du  champ  que  ton  pouvoir  féconde 
[Amour],  Vois  la  mort  trancher  les  épis,  bébANG. 
Prière  d'un  épie.  ||  Terme  de  botanique.  Inflorescence 
du  type  indéfini,  composée  de  fleurs  rapprochées ses- 
siles,  disposées  le  long  d'un  axe  indéfini.  Epi  simple, 
disposition  des  fleurs  qui  sont  attachées  immédiate- 
ment .sur  un  axe  ou  pédoncule  commuri  et  allongé; 
le  plantain,  par  exemple;  épi  composé,  épi  formé 
d'épillels  ou  petits  épis,  le  blé,  par  exemple.  ||  2°  Par 
extension.  Un  épi  de  diamants,  un  asscmbla^'e  de 
diamants  montés  en  forme  d'épi.  ||  3"  Disposition 
par  petites  toufl'es.  Les  Târtares  n'ont  que  peu  de 
barbe,  et  elle  est  par  petits  épis  comme  celle  des 
Chinois,  nUFF.  De  l'homme,  Variétés.  ||  Epi  de  che- 
veux, petite  toufl'e  de  chevesx  qui  ont  une  direction 
contraire  aux  auires.  ||  Che?.  le  cheval,  ligne  plus  ou 
moins  régulière  formée,  sur  ccrtainspointsdu  corps, 
pardeschangementsdedirectiondespoils.il  4"  Terme 
d'architecture.  Assemblage  de  charpentes  dont  la 
disposition  rappelle  la  forme  d'un  épi.  ||  Terme  d'ar- 
chitecture hydraulique.  Ouvrage  de  charpente,  de 
maçonnerie  ou  de  fascines,  qui  part  de  la  rive  d'un 
cours  d'eau  ,  et  s'étend  en  long  ou  en  travers.  Le 
vendredi  dix-septième  ,  je  fis  commencer  un  épi  à 
l'embouchure  du  pont  neuf  qui  était  ouvert,  pour 
empêcher  que  ladite  embouchure  ne  fût  remplie  de 
sable  au  reflux  de  la  mer,  bassompiehre.  Mémoires, 
t.  m,  p.  382,  dans  laclrne.  ||  Terme  de  construc- 
tion. Crochet  de  fer  placé  sur  un  mur  d'appui,  pour 
empêcher  qu'on  ne  l'escalade.  ||  5*  Épi  d'eau,  nom 
vulgaire  d'une  plante  qui  croit  dans  les  étangs  et 
dont  la  fleur  est  en  épi  (potamogélon  flottant).  ||  Epi 
celtique,  le  nard  (nardut  stricla,  L  graminées). 
Il  6*  Terme  d'astronomie.  Epi  de  la  Vierge  ,  étoile 
de  première  grandeur  qui  se  trouve  dans  la  con- 
stellation de  la  Vierge.  ||  7°  Terme  de  géologie.  Epi  de 
blé,  fossile  rapporté  soit  à  une  tête  d'encrine,  soit 
à  un  épi  de  graminée.  ||  8*  Terme  de  chirurgie.  Nom 
d'un  bandage  qu'on  désigne  plus  ordinairement  par 
celui  de  spica.  ||  Proverbe.  Jamais  avril  né  Se  passa 
sans  épi. 

—  IIIST.  xn*s.  Ausi  cum  cil,  ceo  m'est  avis,  Qui 
vont  coillanl  les  bons  espis,  E  ce  laissent  qui  n'a 
valor,  BENOIT,  11,  t2007.  Il  XIV*  s.  Et  li  jeunes 
païens  point  ne  s'en  esbahi,  Ainçois  en  mercia  Ma- 
homet le  pourri  ;  II  ne  vous  prise  "tous  la  monte  d'un 
espi,  Cuescl.  (5740. 

—  ETYM.  Provenc.  et  espagn.  espigà;  ital.  spiga; 
du  latin  tpi'co,  épi. 

tÊPlAGE  (é-pi-aj"),  I.  m.TermeruraL  La  forma- 
tion de  1  épi  dans  le  chaume  et  »a»orl>9  du  tuyau. 

—  tTY».  Épier  I. 


t  ËPIAIBE  (é-pi-ê-r"),  ».  f.  Terme  de  botanique. 
Slachide  (genre  slachys,  famille  des  labiées). 

ÉPIALE  (é-pi-al')  ,  adj.  leime  de  méilecine. 
Fièvre  épiale,  nom,  chez  les  anciens,  d'une  fièvrs 
continue  dans  laïuelle  on  sentait  avec  une  chaleur 
générale  des  fnSsons  intercurrents. 

—  ETYM.   'Il-ia).o;. 

t  ÊPIATION  (é-pi-a-sion),  ».  f.  Terme  de  boUni- 
que.  Formation  ou  développement  de  l'épi  d'une 
plante  graminée. 

—  ÉTYM.  Épier  i. 

t  ÊPIULASTE  (épi-Wa-sf),  ».  tn.  Terme  de  bo- 
tanique. Ap|>endice  unguiforme  qui  garnit  le  blaste 
de  quelques  graminées. 

—  ÉTYM.  'Eni,  sur,  et  pXaatè;,  germe,  pousse. 

■f  ÉP1CALYC1E  (é-pi-ka-li-sie),  j.f.  Terme  de  bo- 
tanique. Classe  de  plantes  dont  les  étamiries  s'in- 
sèrent sur  le  calice. 

—  ÉTYM.  'Eitl,  sur,  et  calice. 

t  ÊPICANTIllS  (épi  kan-tis'),  ».  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Maladie  de  l'angle  interne  de  l'œil  produite 
par  une  trop  grande  laxité  de  la  peau. 

—  ETYM.  'ETiixavOl;,  de  iiti,  sur,  et  xav6ô{,  an- 
gle. 

t  I.  ÉPICARPE  (é-pikar-p') ,  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Epidenne  Ju  fruit. 

—  ÉTYM.  'Etiï,  sur,  et  xocpité;,  fruit. 

I  2.  ÉPICARPE  (é-pi-kar-p'),  ».  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Topique  qu'on  appliquait  au  poignet,  sur  le 
pouls,  et  aucpiel  on  supposait  une  action  fébrifuge. 

—  ÉTYM.  .'Eiti.  sur.  et  xapità;.  carpe,  ».  m. 

+  ÉPICARPIÉ.  ÉE  (é-pi-kàr-pi-é,  ée),  adj.  Terme 
de  boianique.  Se  dit  des  parties  qui  sont  portées  par 
le  fruit. 

—  ÉTYM.  'Eicl,  sur,  et  xapitiç,  fruit. 

t  ÉPICARPIQUE  (é-pi-kar-pi-k'),  ad).  Terme  de 
botanique.  Qui  appartient  à  l'épicarpe. 

—  ÉTYM.  Épfca'pe  I. 

t  ÉPICAULE  (é-pi-kô-l'),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Qui  croit,  en  parasite,  sur  la  tige  des  plantes. 

—  ETYM.  'V.TiX.  sur,  et  xau).o;,  tige. 

t  ÉPICAUME  (é-pi-kô-m'),  s.  m.  ferme  de  chi- 
rurgie. Phlyciène  sur  la  cornée. 

—  ETYM.  'Enixaujia,  de  inl,  sur,  et  xaCeiv, 
brûler. 

ÉPICE  (é-pi-s'),  s.  f.  Il  1°  Toute  drogue  aroma- 
tique ou  piquante  dont  On  se  sert  pour  l'assaison- 
nement. Le  poivie  est  une  épice.  ||  Terme  de  cui- 
sine. Quatre  épices,  mélingede  girolle,  de  muscade, 
de  poivre  noir,  de  cannelle  ou  de  gingembre  en 
poudre.  Il  C'est  chère  épice.  se  dit  d'une  chose  qui 
est  plus  chère  qu'elle  ne  devrait  étie.  ||  C'est  une 
fine  épice,  se  dit  d'un  homme  rusé.  ||  Pain  d'épice, 
sorte  de  pain  qui  se  fait  avec  de  la  farine  de  seigle, 
du  miel  et  des  épices.  et  qui  est  d'une  couleur 
jaune  foncé.  ||  De  pain  d'épice,  c'est-à-diie  de  cou- 
leur de  pain  d'épice.  11  avait  les  cheveux  plats,  un 
visage  de  pain  d'épice,  J.  J.  rouss.  Conf.  m.  ||  Epice 
blanche  ou  petite  épice,  se  disait  autrefois  du  gin;.'em- 
bre  en  poudre.  ||  2°  S.  f.  plur.  Anciennement,  dra- 
gées, confitures.  ||  Épices  des  juges,  ainsi  dites  parce 
qu'anciennement  celui  qui  avait  gagné  son  procès 
faisait  présent  au  juge  ou  au  rapporteur  de  quel- 
ques dragées  ou  confitures  qui  ensuiie  furent  con- 
verties en  argent;  d'abord  volontaires,  elles  étaient 
devenues  une  taxe  due.  Il  me  redemandait  sans 
cesse  ses  épices;  Et  j'ai  tout  bonnement  couru  dans 
les  offices  Chercher  la  boîte  au  poivre,  rac.  Plaid. 
II,  7.  Il  3°  Fig.  et  familièrement.  Mordant  du  style, 
ou  langage  graveleux.  Il  n'épargne  pas  les  épices. 
Il  Proverbe.  Dans  les  petits  sacs  sont  les  bonnes  épi- 
ces, les  fines  épices,  se  dit  des  personnes  petites, 
mais  spirituelles. 

—  HIST.  xiii*  s.  Gynsembre,  poivre,  canele  et 
autres  espesses,  aleurant,  f*  63.  Après  laver,  is- 
nellement  La  dame  fit  donner  le  vin  El  les  espices 
en  le  [la]  fin,  du  cange,  species.  El  mainte  espica 
delitable  Que  bon  mangier  fait  après  table, /a  Uose, 
1348.  Il  XV*  s.  Assez  toi  après  apporta-t-on  vins  et 
espices,  et  puis  se  relraist  le  roi  en  sa  chambre, 
FBOiss.  I,  I,  329.  Exactions  que  l'on  nomme  vulgai- 
rement espices ,  monians  à  grandes  et  excessive» 
sommes  de  deniers.  Procès  de  Jacques  Cœur,  ms. 

p.   15,  dans  LACLRNE. 

—  ETYM.  Génev.  espice ;  wallon,  spéss;  provenç. 
et  espagn.  especia;  ital.  »pejie;  du  lau  species,  es- 
pèce (voy.  ce  mot)  ;  species  ayant  déji  en  latin  dé- 
signé les  aromates,  c'est-à-dire  les  espèces  par  ei- 
cellence,  et,  finalement,  dans  les  langues  romanes, 
le  spns  s'en  étant  particularisé  dans  les  épices.  Sem- 
blablemcnt ,  l'apothicaire  nommant  ses  drogues 
species,  non  pas  des  drogues  en  général,  mais  dts 
drogues  particulières  et  spéciales,  l'italien  nomme 
l'apothicaire  spiiiale. 


I 


ÉPICÉ,  ËK(é-pi-sé,  sée),  part,  passé.  Assaisonné 
avec  les  épices.  Uagoût  épicé.  ||  Fig.  Rempli  de  traits 
mordants  ou  de  choses  graveleuses.  Pamphlet  for- 
tement épicé. 

t  ÉPICÉA  (épi-sé-a),  s.  m.  Synonyme  de  pesse. 
Mot  corrompu  de  picéa  (voy.  ce  mot). 

ÉPICÈNE  (é-pi-sê-n'),  adj.  Terme  de  grammaire. 
Qui  désigne  indiiït;remn:.ent  l'un  ou  l'autre  sexe: 
par  exemple  enfant,  qui  sert  à  désigner  un  garçon 
et  une  fille,  est  un  nom  épicène.  Renard,  perdrix, 
qui  se  disent  du  mâle  et  de  la  femelle,  sont  aussi 
(les  noms  épicènes. 

—  ÉTYM.  'Etiûoivo;  ,  de  lit\ ,  et  xotvô;,  com- 
mun. 

ÉPICER  (é-pi-sé.  Le  «  prend  une  cédille  devant 
o  ou  o;  nous  épiçcns,  épiçani),  v.  a.  ||  1°  Assai- 
sonner avec  des  épices.  ||  Absolument.  Ce  cuisinier 
a  le  défaut  d'épicer  trop.  |1  2°  Autrefois  on  disait 
qu'un  juge  épioait  rudement,  pour  signifier  qu'il 
taxait  trop  haut  les  épices  d'un  procès. 

—  mST.  xvf  s.  Ainsi  l'or  n'y  aura,  ny  la  faveur, 
accez.  Et  re  sera  besoin  d'espicer  les  procez,  du 
BEi.i,.  VIII,  52,  reclo. 

—  frVM.  Èpicer. 

t  ÉPICÉKASTIQOE  (é-pi-sé-ra-sti-k'),  adj.  Ancien 
ternie  de  médecine.  Propre  à  tempérer  l'acrimonie 
de»  humeurs. 

—  ÊTYM.  'EitixspauTixciî,  de  èni,  et  X£pâvv«|jii, 
méhinger. 

ÉPICERIE  (é-pi-se-rie),  s.  f.  ||  1°  Toutes  sortes 
d'épices.  Aussitôt  que  les  Hollandais  se  virent  soli- 
dement établis  ai.x  Moluques,  ils  cherchèrent  à 
s'approprier  le  commerce  exclusif  des  épiceries, 
iiAY.NAL,  llist.  phil.  II,  8.  Il  2°  Nom  donné  au  com- 
merce non-seulement  des  épices,  mais  aussi  du 
sucre,  du  miel,  du  café  et  d'une  foule  d'autres  me- 
nus olijets  de  consommation  courante.  Le  commerce 
de  l'épicerie.  11  est  dans  l'épicerie.  ||  3°  Se  disait 
autrefois  d'un  corps  de  marchands  comprenant  les 
épiciers  proprement  dits,  les  ciergiers,  les  apothi- 
caires et  les  confiseurs. 

—  HIST.  xni*  s.  Devant  l'espicerie  vendent  de  lor 
espices,  Ce  sont  sainies  paroles,  en  quoi  il  n'a  nuls 
■vices,  RUTF.B.  (Si.  Il  XV' s.  En  tout  plein  de  lieus 
l'ont  tilecié  Juifz  par  leur  forcenerie;  Or  alun  en 
l'espicerie  Dignement  pour  ly  oindre  prendre,  la 
Passion  de  J.  C.  \\  xvi*  s.  Es  petits  sacs  sont  les  fines 
espiceries,  cotgrave.  Rondeaux,  virelais.,.,  et  au- 
tres telles  espiceries  qui  corrompent  le  goust  de 
nostre  langue,  joacii.  du  bellaï,  Œuvres,  f"  26, 
dans  LACiiBNE. 

—  ËTYM.  Épicier;  wallon,  spessereie;  génev.  eç- 
picerie  ;  provenç.  eipeciaria  ;  espagu.  especieria; 
porlug.  especiaria  ;  ilal.  spezieria. 

t  ÉPICIIÉRÉMATIQUE  (  é-pi-ké-ré-ma-ti-k'),  adj. 
Qui  est  relatif  à  l'épicliérème. 

ÉPICIIÊRÈME  (é-pi-ké-rêm'),  s.  m.  Terme  de 
logique  et  de  rhétorique.  Syllogisme  dans  le(|uel  les 
prémisses  ou  l'une  des  prémisses  est  accompagnée 
de  sa  preuve. 

—  ÈTVM.  'Eif.yeEpTiiJia,  proprement  attaque,  de 
iTtl.siir,  elytlo,  main. 

t  ÊPICIIORIÈN ,  lENNE  (é-pi-ko-riin,  ri&-n'), 
adj.  Terme  d'anliquiié  grecque.  Se  dit  des  dieux 
particuliers  à  une  contrée. 

—  ÉTYM.  'Eiiiy,tipio{,  local,  de  iizi,  sur,  et 
Xdopi,  région. 

f  ÉPICHORION  (é-pi-ko-ri-on),  s.  m.  Terme  d'a- 
nalomie  Nom  donné  a  'a  membrane  caduque. 

—  ÉTYM.  'Kit'i,  sur,  et  !horioti. 

f  ÉPICUTIIONIEN,  lENNK  (é-pikto-niin,  nièn'), 
adj.  Terme  d'antiquité  grecque.  Se  dit  des  dieux 
terrestres,  par  opposition  aux  dieux  infernaux  et 
quelquefois  aux  dieux  célestes. 

—  ÉTYM.  'EmxOovioî ,  de  inc ,  sur,  et  x^"^) 
terre. 

ÉPICIER,  1ÈRE  (é-pi-sié,  siê-r'),  s.  m.  et  /'.Celui, 
celle  qui  tient  un  commerce  d'épicerie,  c'est-à-dire 
qui,  outre  les  épices,  vend  le  sucre,  le  café,  le 
miel,  le  vinaigre,  l'huile,  la  bougie,  et  une  foule 
de  denrées  de  consommation  journalière.  Épicier  en 
gros,  en  demi-gros ,  au  détail.  ||  Fig.  Ce  livre  ira  chez 
l'*picier,  est  bon  pour  l'épicier,  se  dit  d'un  mauvais 
ouvrage  qui  sera  vendu  pour  le  papier  et  servira  à 
faire  des  sacs  et  des  cornets.  Tes  vers,  aussi  peu  lus 
que  ceux  de  Pelletier,  N'ont  fait  de  chez  Sercy 
qu'un  saut  chez  l'épicier,  boil.  Art  p.  ii.  ||  Par  dé- 
nigrement. C'est  un  épicier,  c'est  un  homme  dont 
les  idées  ne  s'élèvent  pas  au-dessus  de  son  com- 
merce, et  qui  n'a  que  des  idées  et  des  goûts  vul- 
gaires. Littérature,  idée:  d'épicier.  ||  iid/.  Marchand 
épicier.  Garçon  épicier. 

—  HIST.  ïiv*  s.  I-e  roy  aura  tousjours   k  court 


EPI 

quatre  valez  de  chambre,  et  non  plus,  le  barbier, 
t'espicier,  le  tailleur  et  un  autre  mangent  à  court, 
nuCANGE,  speciarius.  \\  xvr  s.  Le  fol:  Helas  I  ne 
m'en  vueillez  blecier  !  —  Gravelle:Tu  conlrefaizde 
l'espicier  [le  benêt].  Mais  tantost  sentiras  mes  m^ins, 
Rec.  de  farces,  p.  307. 

—  ÉTYM.  ipice:  génev.  espicier;  provenc.  es- 
pessier  ;  espagu.  especiero;  portug.  especieiro. 

t  ÉPICLINE  (é-pi-kli-n'),  adj. Terme  lie  botanique. 
Qui  est  placé  sur  le  réceptacle  de  la  fleur,  çn  par- 
lant du  nectaire. 

—  ÉTYM.  'Eal,  sur,  et  x)îvti,  lit. 
■[ÉPICOUQUE  (é-pi-ko-li-k'),  adj.  Terme  d'anato- 

mie.  Qui  répond  aux  différentes  parties  du  colon, 
en  parlant  de  la  surface  du  ventre.  Région  épi- 
colique. 

—  ÉTYM.  'Eiti,  sur,  et  coîon. 

f  ÉPICOME  (é-pi-ko-m'),  s.  m.  Terme  de  téra- 
tologie. Monstre  qui  a  une  I6te  accessoire,  insérée 
par  son  sommet  sur  le  sommet  de  la  tête  principale. 

—  ÉTYM.  'Eni,  sur,  et  xôut),  chevelure. 

t  ÉPICON'PYLE  (é-pi-kon-dil'),  s.  m.  Terme  d'a- 
natumie.  Tubérosité  externe  de  l'extrémité  cubitale 
de  l'humérus. 

—  ÉTYM.  'Em,  sur,  et  condyle. 

+  ÊPICOROLLfi,  ÉE  (é-pi-korollé,  lée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  la  corolle  s'implante  sur 
l'ovaire. 

t  ÉPICOROLLIE  (é-pi-ko-rol-lie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  État  d'une  plante  à  fleurs  épicoroUées. 
Il  Groupe  de  plantes  divisé  en  deux  classes  :  -l'  à  an- 
thères réunies;  2»  à  anthères  distinctes. 

—  ÉTYM.  'Ettî,  sur,  et  corolle. 

ÉPICRANK  (é-pi-krln'),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'ana- 
tomie.  L'ensemble  des  parties  qui  recouvrent  le 
crSne  (peau,  cheveux  et  péricràne).  ||  Terme  d'en- 
tomologie. Pièce  du  crâne  des  insectes.  ||  2°  Adj.  Qui 
est  situé  sur  le  crâne.  Le  muscle  épicrâne  est  l'oc- 
cipito- frontal. 

—  ÉTYM.  'Emxpivio;,  de  inî,  sur,  et  xpdviov, 
crâne. 

t  ÉPICRÂNIEN,  lENNE  (é-pi-kra-niin,  niè-n'), 
adj.  Voy.  ÉPicniNE. 

t  ÉPICRASE  (é-pi-krâ-z'),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Cure  par  épicrase ,  mode  de  traitement  par 
des  remèdes  auxquels  on  supposait  la  propriété  de 
corriger  peu  à  peu  les  humeurs  viciées. 

—  ÉTYM.  'Eli,  sur,  et  crase. 

t  ÉPICHISE  (é-pi-kri-z'),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Jugement  porté  sur  une  maladie.  ||  Phénomène  isolé 
important  qui  survient  aprè.s  la  crise  et  qui  la  com- 
plète. 

—  ÉTYM.  'Ekî,  sur,  et  xpi'ut;,  jugement  et  crise. 
■|-ÉPlCURE(é-pi-ku-r'),s.  m.Nom  d'un  philosophe 

grec,  né  dans  l'Attique  l'an  342  avant  J.  C,  qui 
niait  que  les  dieux  eussent  aucune  providence,  rat- 
tachait la  formation  des  choses  à  la  rencontre  des 
atomes,  et  faisait  consister  le  bonheur  dans  la  vo- 
lupté, mais  la  volupté  liée  à  la  raison  et  à  la  mo- 
dération. Princess' ,  puissiez-vous  comprendre  par 
ma  voix,  Ce  léger  crayon  des  lois  Que  la  prudeme 
nature  Dictait  en  Grèce  autrefois  Par  la  bouche  d'É- 
picure;  Cet  esprit  élevé  qui,  dans  sa  noble  ardeur, 
S'envola  par  delà  les  murailles  du  monde.  Affran- 
chit les  mortels  d'une  indigne  terreur,  Et  le  premier 
bannit  de  la  machine  ronde  Les  dieux,  le  mensunge 
et  l'erreur,  ciiaulieu,  Ép.  à  la  duchesse  de  Bouil- 
lon, ô  maison  d'Aristippe ,  6  jardins  d'Épicure, 
Vous  qui  me  présentez  dans  vos  enclos  divers  Ce 
qui  souvent  manque  à  mes  vers.  Le  mérite  de  1,'art 
soumis  à  la  nature,  volt.  Ép.  76.  |i  Troupeau  d'Epi- 
cure, se  dit,  par  dénigrement,  des  épicuriens  qui 
entendent  la  doctrine  d'Epicure  comme  signifiant 
les  voluptés  sensuelles,  et  des  voluptueux  qui  vivent 
selon  cette  interprétation.  ||  On  dit  dans  le  même 
sens  pourceau  d'Épicure.  ||  Enfants  d'Épicure,  fils 
d'Épicure,  gens  de  plaisir.  X  l'enfant  d'Épicure  Hon- 
neur et  prompt  retour,  désalgiers,  Chans.  à  M.  de 
Piis.  Je  disais  aux  fils  d'Épicure  :  Réveillez  par  vos 
joyeux  chants  Parny....  bébang.  Pamy. 

—  ÉTYM.  'Enîxovpo;,  de  ènuoiipEiv,  secourir. 

f  ÉPICURÉISME  (é-pi-ku-ré-i-sm') ,   s.  m.  Yry. 

ÉPICURISME. 

ÉPICURIEN  (é-pi-ku-riin),  s.  m.  \\  i'  Sectateur 
d'Épicure.  ||  2°  Un  voluptueux,  un  homme  qui 
aime  le  plaisir  et  qui  s'y  connaît.  C'est  un  épicu- 
rien. D'un  naturel  indolent,  épicurien  par  caractère, 
mais  presque  aussi  pauvre  que  moi,  marmonïel, 
ilém.  m.  D'un  sot  à  face  rubiconde,  Us  [nos  fils] 
feront  un  épicurien,  bérang.  Age  futur.  \\Au  fém. 
On  dit  épicurienne.  ||  3"  Adj.  Conforme  aux  opi- 
nions d'Épicure.  Système  épicurien.  Quelle  indigne 
et  épicurienne  idée  de  vouloir  que  Dieu  même  n'ait 


m 


1459 


aucune  prise  sur  la  volonté  de  l'homme!  pén.  t.  ui, 
p.  289.  Il  Conforme  à  l'interprétation  sensuelle  de  la 
doctrine  d'Épicure;  qui  cherche  les  plaisirs  des  sens, 
La  Feuillade,  avec  sa  fausseté,  son  masque  de  phi- 
losophie, son  épicurienne  morale,  sa  bassesse  pour 
la  faveur,  n'avait  pas  deviné  que  M.  le  duc  d'Or- 
léans deviendrait  le  maître,  si-siM.  433,  H, 

—  ÉTYM.  Épicure. 

ÉPICURISME  (é-pi-ku-ri-sm'),  s.  m.  Doctrine 
d'Épicure  et  des  é|)icuriens.  Vouloir  la  vertu  pour 
son  plaisir,  c'est  tomber  dans  l'épicurisme,  fên.  t.  m, 
p.  318.  I)  Morale  des  épicuriens,  rechercha  da  l<t  vo- 
lupté, soit  au  sens  élevé  soit  au  sens  bas. 

—REM.  On  trouve  épicuréisme,  qui  n'est  pas bfln  ; 
car  on  ne  dit  pas  l'aristotéléisme.  Ainsi  s'aiguise  la 
volupté  du  sage  :  s'abstenir  pour  jouir,  c'est  la  phi~ 
losophie,  c'est  l'épicuréismede  la  raison,  j.  j.  rouss. 
Hc'l.  VI,  6.  Lucrèce  chanta  l'épicuréisme,  Celse  1? 
professa  sous  Adrien,  Pline  le  naturaliste  sous  Ti- 
bère, DIDEROT,  Opinionsdcsanc.phil.  {épicuréisme). 

—  HIST.  xvi'  s.  Ouoique  l'épicurisme  n'ait  qu^ 
trop  de  lieux  parmy  le  monde,  ciiolières,  Cotit. 
t.  n,  Âprès-dinée  iv,  p.  i3t,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Épicure,  et  la  finale  isme. 

ÊPICVCLE  (é-pi-si-kl'),  s.  m.  Terme  d'astrono- 
mie. Petit  cercle  imaginé  par  les  anciens  astrono- 
mes, et  dontlecentre  parcourt  la  circonférence  d'un 
cercle  plus  grand.  Chaque  inégalité  nouvelle  que 
l'art  d'observer,  en  se  perfectionnant,  fai.sait  décour^ 
vrir,  surchargeait  lesystèmede  Plolimée  d'un  nou- 
vel épicycle,  laplace,  Exp.  v,  2. 

—  ÉTYM.  'Eni-Aux/o;,  de  èjii,  sur,  et  xûxXo?, cer- 
cle (voy.  CYCLE). 

t  ÉPICVCLOÏDAL,  AI.E  (é-pi-si-klo-l-dal,  da-1'), 
adj.  Oui  a  rapport,   qui  appartient  à  l'épicycloide. 

ÉPICVCLOÏUE  (é-pi-si-klo-i-d'),  s.  f.  lerme  de 
géométrie.  Courbe  engendrée  par  la  révolution  d'un 
point  de  la  circonférence  d'un  cercle  qui  roula  sur 
la  partie  concave  ou  convexe  d'un  autre  cercle.  Le 
premier  de  ces  traités  est  sur  les  épicycbiïdes,  cour- 
bes comprises  dans  la  même  formation  générale  que 
la  cycloïde,  mais  plus  com|iosées  et  qui  lui  succéda 
rent  quand  elle  eut  été  presque  épuisée  par  les  géo- 
mètres, FONTEN.  Lnhire.  L'application  d'une  épioy- 
cloide  aux  dents  des  roues  seiait  certainement  utile, 
mais  elle  est  négligée,  in.  ib.  I.a  lune  décrit  un 
orbe  presque  circulaire  autour  de  la  terre  ;  mais 
vue  du  soleil,  elle  parait  décrire  une  suite  d'é|ucy- 
clûïdes  dont  les  centres  sont  sur  la  circonférence  de 
l'orlie  terrestre;  pareillement  la  terre  décrit  une 
suite  d'épicycloîdes  dont  les  centres  sont  sur  la 
courbe  que  le  soleil  décrit  autour  du  centre  de  gra- 
vité du  groupe  d'étoiles  dont  il  fait  partie;  enfin  le 
soleil  décrit  lui-même  une  suite  d'épicycloîdes  dont 
les  centres  sont  sur  la  courbe  décrite  par  le  centre 
de  gravité  de  ce  group.e  autour  de  celui  de  l'uni- 
vers,  LAPLACE,  ExpOSit.  V,  8. 

—  ÉTYM.  Épicycle,  et  ide,  suffixe. 

f  ÉPICViïME  (é-pi-si-èm"),  s.  m.  ou  ÉPICYÈSE 
(é-pi-si-è-/') ,  S.  f.  Terme  de  médecine.  Synonyme 
très-peu  usité  de  superfétation. 

—  ÉTYM.  'EnixOr,|ia  OU  èuixOnou;,  de  inl,  sur,  e< 
x'jEÏv,  concevoir. 

f  fiPIUËME  (é-pi-dê-m'),  s.  m.  Terme  de  zoolo- 
gie. Une  des  pièces  du  thorax  des  insectes  hexar 
podes, 

—  ÉTYM.  'ETiî8e(ia,  lien. 

ÉPIDÉMIE  (é-pi-dé-mie.  Ménage  dit,  pour  son 
temps,  que  l'on  prononçait  épidimie),  t.  f.  \\  1'  Ma- 
ladie, contagieuse  ou  non,  qui  attaque  un  très- 
grand  nombre  de  personnes.  Il  régnait  une  épidé- 
mie dans  le  pays.  Les  grandes  épidémies  qui  ont 
ravagé  le  monde.  L'épidémie  du  choléra.  ||  Au  plur. 
Les  Épidémies,  titre  d'un  ouvrage  d'Hippocrale  oi 
il  rapporte  l'histoire  de  différentes  maladies  et  l'in- 
fluence pathologique  de  quelques  années.  ||  3°  Fig. 
Ce  qui  s'empare  des  esprits  comme  l'épidémie  s'em- 
pare des  corps.  Il  est  pour  ainsi  dire  des  épidémies 
d'esprit  qui  gagnent  les  hommes  de  proche  en  pro- 
che comme  une  espèce  de  contagion,  J.  J.  houss, 
2"  dial.  Cent  orateurs  fameux  sous  le  seul  régna 
d'Auguste!  quelle  épidémie!  diderdt,  Itègtie  ds 
Claude  et  Néron,  i,  §  1.  L'épidémie  des  croisades 
eût  entraîné  les  Français  loin  de  leurs  frontières, 

RAYNAL,    llist.  phil.  IV,    17. 

—  HIST.  xiii*  s.  Pestilence  que  li  phisicien  ape- 
lentypidime,  alebrant,  ^2l.||xv•  s.  Et  de  jour 
en  jour  aloient  mourant,  en  l'ost,  d'impidemie, 
Oesie  des  nobles,  viriville,  p.  m.  De  mauvais  air 
corrompu,  de  pourceaulx.  Font  en  maint  lieu  cau- 
ser l'epidemie,  eust.  desch.  Poésies  mss.  ^  3B0, 
dans  lacurne.  Dieu  me  fiere  [frappe]  d'espidimie, 
CD.  d'orl.  Bail.  «38.  Il  XVI'  s.  Les  anciens  l'ont 


lîpl 

«  lU  pmmI  wiJomw,  quanil  la  corruption 
i^ioltderâlr  qui  promptement  fait  mourir  plusieurs 
JTuaZunt.ti  .nme»œe  reRion,  pabé   xx.v,  J. 

_  tTYH  tmiitiMi,  épidémique,  populaire,  lic 
imt  BUT  «t  tf.uo:,  peuple.  On  trouve  tmpfdumié, 
fnppé  d'une  .^pidiitnia  régnante  :  Et  lors  le  roi  lui 
demanda  >i  elle  esioit  impedumiéo,  duclos,  //«(. 
d/  Louit  II.  piicfs  jutlif.  in-n,  «74«,  p.  64.  On 
renianiuera  l'ancienne  forme  ypidime,  qui  est  con- 
forme k  l'accentuation  latine,  epidimia,  et  à  la  pro- 
nonciation gn-cque  moderne. 

tEPIDÊMIKS  (é-pi-dé-mie),  i.  f.  plur.  Terme 
d'antiquité.  File*  d'ApoUoD,  k  Delphes  et  à  Milet, 
et  de  Diane  A  Argos. 

—  ÊTYM.  'Eiii2r,iiicit,  populaire. 

t  EPIDËMIOLOGIE  (é-pi-dé  mi-o-lo-jie) ,  «.  f. 
Recherches  sur  les  causes  et  la  nature  des  épidé- 
mies. 

—  tTVll.  Épidémie,  et  Xiyoi,  traité. 
ÉPlDÊMIODE(é-pi-dé-mi-k'),  adj.  ||  !•  Qui  tient 

de  l'épidémie.  Maladie  épidémique.  Il  i'  Pig.  Qui  a 
la  caractère  de  l'épidémie  morale.  Un  engouement 
épidémique.  Ces  horreurs  épidémiques  sont  comme 
ces  grandes  pestes  qui  ravagent  quelquefois  la  terre, 
VOLT.  Dial.  xziv,  3. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  fièvres  pestilentes,  les  épidé- 
miques, PARK,  XX,  t. 

—  ÊTYM.  Epidémie.  On  trouve,  au  xv  siècle, epi- 
deminix;  et  au  xvi*,  epidfmt'af. 

t  lîPIDÉillOUEMENT  (é-pi-dé-mi-ke-man),  adv. 
D'une  manière  épiilémique. 

—  ETYM.  Épidémique,  et  le  suffixe  mfnt. 

t  ÉPIDENCE(é-pi-dan-s').  s.  f.  Terme  de  marine. 
Cordage  auquel  on  suspend  un  hamac. 

t  ÊPIDENDRE  (é-pi-dan-dr),  ad;'.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  croît  sur  les  arbres.  ||  S.  m.  Genre  d'or- 
chidées. 

—  ïTVM.  *Eitl,  sur,  etScvipov,  arbre. 
fiPIDERME  (é-pi-dèrm'),  t.  m.  ||  1*  Membrane 

transparente  qui  fait  partie  de  la  peau  et  recouvre 
toute  la  surface  du  derme.  ||  Par  extension.  Une 
petite  drôlerie  [traduction]  dont  vous  me  demandez 
des  nouvelles,  est  assez  dégrossie,  j'en  suis  k  l'épi- 
derme,  p.  l.  cour.  Leil.  i,  2i«.  {|  Kig.  11  a  l'épi- 
derme  sensible,  c'est-à-dire  il  est  facile  à  toucher, 
à  offenser.  ||  Chatouiller  à  quelqu'un  l'épiderme,  le 
flatter.  ||  8*  Par  extension,  pellicule  mince  servant 
d'enveloppe  aux  plantes  herbacées  et  aux  jeunes 
rameaux.  ||  Peau  qui  recouvre  quelquefois  les  co- 
quilles. ;|  S"  Il  se  dit  quel|uefois  de  la  couche  exté- 
rieure qui  enveloppe  quelque  chose.  X  peine  con- 
naissons-nous l'épiderme  de  notre  globe,  bONMET, 
Paling.  xu,  s. 

—  REU.  Le  genre  de  ce  mot  a  été  incertain  ;  Mo- 
lière l'a  fait  du  féminin  :  La  beauté  du  visage  est 
un  frêle  ornement.  Une  fleur  passagère,  un  éclat 
d'un  moment.  Ltqui  n'est  attaché  qu'à  la  simple  épi- 
derme.  F.  tav.  m,  t.  Aujourd'hui  il  est  masculin. 

—  HlST.  XVI*  s.  L'épiderme,  levray  cuir....  parB, 
1,  ». 

—  ÊTYM.  "EmStpiiiç,  de  ini,  sur,  et  ôép|ia,  peau, 
t  ÊPtDERUÉ.  ËE  (é-pi-dèr-mé.  mée),  adj.  Terme 

d'histoire  naturelle.  Qui  est  couvert  d'un  épiderme. 

i  ËPlDERMigUK  lé-pi-dèr-mi-k"),  ad}.  Qui  a  rap- 
port ou  qui  api>arueut  k  l'épiderme.  ||  Ecailles  épi- 
dermiques,  celles  qui  sont  formées  par  l'épiderme 
et  qui  se  trouvent  dans  les  reptiles  k  peau  écaïUeuse. 

t  ËPIDEKMOIDB  (é  pi-dè*-mo-i-d') ,  adj.  Tenu 
d'anaiomie.  Oui  ressemble  k  l'épiderme. 

t  ËPlUERMOkK  (é-pi-dtr-mo-x'),  i.  f.  Terme  de 
chimie.  Produit  d'altération  qu'on  retire  de  la  fibrine 
fraîche  en  la  traiianl  par  du  l'eau  acidulée  avec  de 
l'acide  chlorhydrique,  et  qui  paraît  analogue  à  la 
aubstance  qui  fait  le  fond  de  l'épiderme. 

t  f.PII)ÈSK  (é-pi-dè-z').  j.  f.  Terme  de  chirurgie. 
Application  d'une  luuide,  d'un  bandage. 

—  ETYM.  'E«iêtoi{,  déligatioa,  de  i«l,  sur,  et 
ê«îv.  lier. 

fÊPIDlCTIQDK  (é-pi^ii-kti-k'),  ady. Dans  la  rhéto- 
rique greojue,  discours  éiiidiciique,  discours  d'ap- 
parat ide  iTxi.  pt  îiixvOeiv.  montrer). 

t  ÉPiniDYUE  (é-pl-diKli-m').  t.  m.  Terme  d'ana- 
toinie.  l'elil  corps  oblong,  vermiforme,  qui  est  cou- 
ché le  long  du  bord  supérieur  du  testicule. 

—  ETYM.  'Kni,  sur,  et£t2u|to;,  testicule. 
I^EPIDlDYMiTK  (é-pi-di^Ii-mi-f),  t.  /.Terme  de 

■Wacmo.  Infiammation  de  l'épididyme. 

.T  ^"f^-  Él»d>dyme,  et  la  finale  «K,  indiquant 
inuammation.  '         ^ 

r^él^^'   ^^  («-Pl-di-skal,   aka-O,    «(,. 
w^t^iî'"''".*-  <^"*  •'"'**™  »"f  ••  disque,  Id- 
^^5?il'*  des  étaminos. 

—  «Tï».  Irt.  sur,  et  dù4u«. 


IvPI 

t  ÉPI  DOTE  (û-jn-do-t'),  t.  m.  Sorte  de  minéral 
qui  se  présente  sous  la  forme  d'aiguilles  aplaties; 
c'est  un  silicate. 

—  ÊTYM.  Épidole,  qui  a  reçu  un  accroissement 
ou  allongement  dans  un  sens,  de  M,  sur,  et  io- 
Tè«,  donné  (voy.  dose);  nom  attribué  par  Haûy  à 
ce  silicate ,  parce  que  sa  forme  primitive  a  pour 
base  un  parallélogramme  dont  deux  des  cAtés  sont 
beaucoup  plus  étendus  que  les  autres. 

fÊPIE  (é-pie),  t.  f.  Espion.  Elle  avait  des  épies 
dans  le  couvent  de  Laure,  J.  J.  Bouss.  llél.  vi,  3. 
Il  Vieilli  et  hors  d'usage. 

—  HIST  xm*  s.  Il  sorent  par  leur  espies  que  li 
rois  l'avoit  défendu,  joinv.  21».  ||  xv*  s.  Louis  XI 
avoit  maintes  espies  et  messagiers  par  pays,  comu. 

—  ETYM.  Voy.  ÉPiEH  S;  proveno.  et  espagn.  espta; 
ital.  spia. 

<.  ÉPIÉ,  ÊE  (é-pi-é,  ée),  part,  passé  d'épier). 
Monté  en  épi.  Les  seigles  sont  déjà  épiés.  ||  Qui  est 
disposé  en  épi.  ||  Un  chien  épié,  chien  qui  a,  au 
milieu  du  front,  un  épi  de  poil.  Queue  de  chien 
épiée,  queue  dont  les  poils  s'écarteul  comme  les 
barbes  d'un  épi  de  blé. 

2.  ÉPIÉ,  ÉE  (é-pi-é,  ée),  part,  passé  d'épier  2. 
Observé  secrètement.  £pié  par  ses  ennemis.  Des 
paroles  épiées. 

t  ÉPIEMENT  (é-pi-man),  ».  m.  Action  d'épier. 

—  HIST.  xv*  s.  La  mauvaise  reine  dessus  dite 
[Athalie]  régna  sept  ans....  et  le  huitième  an,  le 
vaillant  evesque  la  fit  occire  par  aguets  et  espie- 
ments,  uonstrelet,  i,  39. 

—  ETYM.  Épier  2. 

i.  ÉPIER  (é-pi-é),  V.  n.  Monter  en  épi.  Les  ge- 
lées du  printemps  endommagent  le  seigle  lorsqu'il 
est  nouvellement  épié  et  en  lait,  buff.  Exp.  sur  les 
régél.  4*  mém.  \\  H  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
acoi'r,  quand  il  marque  l'action  :  le  blé  a  épié  heu- 
reusement; avec  l'auxiliaire  être,  quand  il  marque 
l'état  :  le  blé  est  épié  dans  notre  canton.  11  n'est 
employé  qu'aux  troi.sièmes  personnes  du  singulier 
et  du  pluriel. 

—  HIST.  un*  s.  Que  cil  blez  sont  creQ  en  haut. 
Et  espié  et  tuit  grenu,  Iteii.  (9890.  ||  xiv*  s.  Percil 
qui  est  semé  en  aoust  est  le  meilleur ,  car  il  n'espie 
point,  et  se  lient  en  vertu  toute  l'année,  Ménagier, 

i  II,  2.  Il  XV*  s.  Chiens  aux  queues  espiées,  Chasse  de 
Gaston  Phebut,  ms.  p.  fil ,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Épi;  Berry,  épiger;  provenç.  et  espagn. 
espigar;  ilal.  spigare. 

2.  ÉPIER  (é-pi-é),  j'épiais,  nous  épiions,  vous 
épiiez;  que  j'épie,  que  nous  épiions,  que  vous 
épiiez,  v.a.  ||  1*  Observer  secrètement  quelqu'un. 
Vous  autres  que  j'emploie  à  l'épier  sans  cesse,  rE- 
CNIF.R,  Élég.  II.  Je  l'ai' fait  épier  par  des  regards 
fidèles,  VOLT.  Sémir.  v,  2.  On  l'observe,  on  l'épie, 
et  tout  me  fait  trembler,  ID.  Triumv.  m,  3.  ||  Il  se 
dit  aussi  des  choses.  On  épie  toutes  vos  démarches. 
Épier  les  mouvements  de  l'ennemi.  Je  ne  sais  pas 
du  moins  épier  ses  discours,  rac.  Brit.  m,  8. 
Il  Absolument.  La  Forêt,  qui  se  loge  en  même  hô- 
tellerie. Peignant  de  ne  rien  voir,  observe,  écoute, 
épie,  HAUTEBOCHE,  Esp.  follet,  u,  1. 1|  i'  Par  exten- 
sion, observer  attentivement,  essayer  de  découvrir, 
de  pénétrer.  Arons  vient  voir  ici  Kome  encor  chan- 
celante. Découvrir  les  ressorts  de  sa  grandeur 
naissante.  Épier  son  génie,  observer  son  pouvoir, 
VOLT.  Brut.  1,  I.  Tu  venais  épier  le  secret  de  mes 
feux,  ID.  ib.  u,  3.  Est-ce  de  nos  tyrans  quelque  mi- 
nistre affreux  Dont  l'œil  vient  épier  les  pleurs  des 
malheureux?  id.  Mérope,  lu,  2.  Le  cruel  dissimule, 
il  observe,  il  épie  S'il  pourra  dans  nos  champs  por- 
ter le  glaive  impie,  u.  i.  chén.  Charles  IX,  u,  3. 
Du  printemps  près  de  vous  épier  les  prémices,  de- 
ULLE,  Paradù perdu,  u.  ||  Épier  l'occasion,  le  mo- 
ment d'agir,  attendre  l'instant  convenable.  Je  viens 
pour  épier  le  moment  favorable,  bac.  Estli.  u,  i. 
Ma  sœur  et  moi,  cédant  à  tout  par  complaisance.  Du 
nouveau  possesseur  épiâmes  l'absence,  lauart.  Joc. 
vu,  140.  Il  8*  Terme  de  vénerie.  Épier  le  relevé, 
guetter  le  temps  où.  la  bête  sortant  du  lieu  qui  lui 
a  servi  de  retraite  pendant  le  jour,  va  repaître. 
Il  4*  S'épier,  v.  réfl.  S'observer  secrètement  l'un 
l'i.jtro.  Il  S'épier,  être  comme  à  l'affat  des  propres 
mouvements  de  son  àme.  Il  faut  s'épier  de  près,  dit 
Montaigne. 

—  HIST.  n*  s.  Que  Guenelon  nous  a  toiu  espiez 
[irahi.s] ,  Ch.  de  Roi.  Lxxxvui.  ||  xm*  s.  Et  tant  erra 
qu'il  vint  à  Osterriche,  et  fu  espiiés  et  connus,  Chr. 
deRains,  p.  4S.  Por  ce  l'apel  on  larrecin,  que  li 
lerres  espie  l'ore  [l'heure]  et  le  point  que  nus  ne  le 
voie,  bRAUM.  XIX,  ».  Il  XV*  s.  Au  voir  dire  et  ra- 
conter, c'estoit  grand  merveille  de  ce  qu'ils  faiso^ent 


EPI 

[les  pillards  en  campagne];  ils  cspioient,  telle  fois 
estoit,  et  bien  souvent,  une  bonne  ville  ou  un  bon 
chastel,   une  journée  ou  deux  loin;  et  puis  s'assem- 

bloient  vingt  ou  trente  brigands froiss.  i,  i,  324. 

Il  XVI*  s.  Avoir  l'œil  au  guet,  l'oreille  aux  escoutes 
pour  espier  d'où  viendra  le  coup,  hont.  iv,  184. 
Moy  qui  m'espie  de  plus  prez,  comme  celuy  qui 
n'ay  pas  fort  à  faire  ailleurs,  id.  il,  323.  Hz  se  ca> 
choient  durant  le  jour,  puis  sur  la  nuit  s'en  alloient 
espier  les  chemins,  et  y  tuoient  le  premier  qu'ils 
renconiroient  des  ylotes,  amyot,  Lyc.  58. 

—  ÉTV.M.  Provenç.  et  espagn.  «piar;  ital.  (piare; 
du  germanique:  anc.  baut-ailem.  ipe/tôn;  allem. 
spdhen;  danois,  tpaa;  angl.  to  spy.  Comparez  le 
latin  tpicere,  le  grec  aytiimn,  le  sanscrit  paç, 
mots  qui  signifient  voir. 

tÉPIERRAGE  (é-piè-ra-j'),  s.  m.  Synonyme  d'é- 
pieriemeiil. 

ËPIEKRË,  ÉE  (é-pié-ré,  rée),part.  passe.  Champ 
épierré. 

t  ÉPlERREIrtENT  (é-piè-re-man),  t.  m.  Enlève- 
ment des  pierres  qui  couvrent  un  terrain. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  terroir  de  la  Sicile,  estant  des- 
cheu  par  trop  curieux  espierrement,  fut  restauré, 
quand,  par  décret  public,  y  furent  remises  des  me- 
nues pierres,  o.  de  serbes,  67. 

—  ETYM.  Épierrer. 

ËPIERREK  (é-piè-ré),  v.  a.  Ôter  les  pierres  d'un 
terrain.  ||  Absolument.  Epierrer  n'est  pas  toujours 
utile. 

—  HIST.  xvi*  s à  faire  coupper   les  buissons 

des  prairies  sèches,  les  espierrer,  charrier  matières 
pour  bast.r,  o.  de  serres,  33, 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pierre. 
ÉPIEU  (é-pieu),    s.  m.  Sorte  d'arme  qui   n'est 

qu'un  bâton  d'un  mètre  et  demi  environ  de  lon- 
gueur, garni,  par  le  liout,  d'un  fer  large  et  pointu, 
et  qui  sert  particulièrement  à  la  chasse  du  sanglier 
et  autres  grosses  bèies.  Le  cerf  est  reconnu,  chacun 
prend  un  épieu  ;  Chacun  donne  un  coup  à  la  Ii>Mp, 
la  font.  Fabl.  iv,  2(.  ||  Terme  de  blason.  Epeu 
emmanché,  épieu  dont  le  manche  est  d'un  autre 
émail  que  le  fer. 

—  HIST.  Tans  cops  [il]  a  pris  de  lances  et  d'es- 
piez,  Ch.  de  iiol.XL.  |]  xii's.  Son  fort  espiez  o  [avec] 
le  confenon  blanc,  Ronc.  p.  38.  U  tenoit  un  espié 
dont  la  hante  ert  entière,  Sax.  x.  ||  xiii*  s.  Parmi  le 
gros  du  cœur  li  mist  l'espiel  trenchant,  Mort  l'abat 
du  cheval  delès  un  desrubant,  Ch.  d'Ant.  i,  384. 
Il  XV*  s.  I.ors  commença  à  dire  à  ses  hommes  quilz 
lançassent  sur  eulx  glaives,  dars  et  espieux  t.int 
qu'ils  les  eussent  mis  à  mort,  Perceforest,  I.  i,  f"8a. 

—  ETYM.  Champen.  espiel;  provenç.  espieut,  es- 
peut.  espiaul;  espagn.  «pirhe;  portug.  «pe/o;  ital. 
spiedo.  U  y  a  dans  l'historique  deux  formes  :  espiet 
oaespié,  elespiel.  Espiel,  d'où  épieu,  vient  du  latia 
spiculuni ,  pointe  ,  comme  essieu ,  d'ajiculus. 
Espiet  vient  du  germanique  :  danois,  tpyd;  suéd. 
spiut. 

tÉPIECR.  EUSE  (é-pi-eur,  eû-x'),  t.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  épie,  qui  observe. 

—  HIST.  IV*  s.  Ruffîen,  mourdeur  et  larron.  Es- 
pierres  qui  bien  sçavez  Aler  es  bois,  où  il  fait  bon 
Desrober....  eust.  desch.  poésies  mss.  dans  la- 
curne. Il  XVI*  s.  Espieur  de  chemin  [voleur],  cot- 

GRAVB. 

—  ÊTYM.  Épier  2. 

I  ÉPIGAHIE  (é-pi-ga-mie),  s.  f.  Terme  d'anti- 
quité grecque.  Liberté  de  contracter  des  mariages 
ensemble,  par  exemple  entre  les  citoyens  de  deux 
villes  unies  par  un  traité  d'alliance. 

—  ÉTYM.  'EitiT«|Aia,  de  iici,  sur,  et  irâ|io;,  ma- 
riage. 

tÉPIGASTRALGIE  (é-pi-ga-slral-jie),  t.f.  Terme 
de  médecine.  Douleur  à  l'épigastre. 

—  ETYM.  Épigasire.  et  âXyo;,  douleur. 

t  ÉPIGASTRALGIQUE  (é-pi-ga-stral-jt-k'),  adj 
Qui  a  rapport  à  l'épigastralgie. 

ÉPIG.ASTRE  (é-pi-ga-str'),  s.  m.  Terme  d'anaio- 
mie. La  partie  supérieure  de  l'atidomen,  laquelle 
s'étend  de  l'appendice  xiphoïde  jusqu'à  deux  tra- 
vers de  doigt  de  l'ombilic.  ||  Le  premier  segment 
ventral  des  hexapodes. 

—  HIST.  XVI*  s.  En  l'epigastre  faut  considérer 
deux  parties  latérales,  PARi,  i,  t. 

—  ETYM.  'Eiciydorpiov,  de  ini,  sur  et  fourt^p, 
estomac. 

ÉPIGASTRIQUE  (é-pi-ga-stri-k"),  adj.  Qui  appar- 
tient à  l'epigastre.  La  région  épigastrique. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  veines  cpigastriques  en  mon- 
tant rencontrent  les  mammillaires,  pabE,  i,  i. 

—  ETYM.  Értigastre. 

t  ÉPIGASTROCÈLE    (é-pi-ga-stro-«^l'),     ».    /. 


EPI 


RPl 


EPI 


U61 


Terme  de  chirurgie.  Hernie  dans  la  région  épigas- 
trique. 

—  ÊTYM.  Épigastre,  et  x^X»i,  tumeur. 

t  ÉPIGÉ,  ÉE  (é-i)i-jé,  jée),  acij.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  est  sur  la  terre  ou  hors  de  terre.  Coty- 
lidons  épigés,  ceux  qui,  lors  de  la  germination,  s'é- 
lèvent hors  de  terre  par  l'allongement  du  colletqui  les 
sépare  de  la  radicule,  par  exemple  ceux  du  haricot. 

—  ETYM.  'ETiifaio;,  de  im,  sur,  et  yaïa  ,  terre, 
t  ÉPIGÉIQUK  (é-pi-jé-i-k'),  adj.  Terme  de  géo- 
logie. Se  (lit  d'un  dépôt  d'une   récente ,  formation. 

—  ÉïTM.  Épigé. 

t  ÉPIGËNE  (è-pi-jê-n'),  adj.  Terme  de  minéra- 
logie. Oui  offre  le  phénomène  de  l'épigénie. 

—  ÉTYM.  'Eui,  sur,  et  un  radical  y^'»  1"'  signifie 
engendrer. 

t  ÉPIGEN^ËSE  (é-pi-je-nê-z'),  s.  f.  Système  d'a- 
près le<|ucl  on  conçoit  la  formation  des  corps  orga- 
nisés par  genèse  graduelle ,  c'est-à-dire  par  l'addi- 
;ion  successive  de  leurs  diverses  parties;  le  nouvel 
être  étant  d'abord  à  l'état  d'ovule,  puis  de  germe, 
enfin  d'emhryon.  L'épigenèse,  opposée  au  système 
d'après  lequsi  les  parties,  préexistant  dans  le  germe, 
ne  font  que  se  développer,  est  adoptée  par  la  pliy- 
Biologio  moderne. 

—  ÉTYM.  'Etti,  sur,  et  fÉvesii;,  génération  (voy. 
genèse). 

t  ÉPIGEN ÉSIQUE  (é-pi-je-né-zi-k') ,  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'épigenèse. 

t  ÉPIGENIÎSISTE  (é-pi-je-né-zi-sf) ,  s.  m.  Phy- 
siologiste qui  est  partisan  de  l'épigenèse. 

tÉPIGÉNIE  (é-pi-jé-nie),  s.  f.  Terme  de  miné- 
ralogie. Phénomène  qui  a  lieu,  quand  un  cristal, 
sans  changer  déforme,  change  de  nature  chimique. 

—  ÉTYM.  Épigène. 

t  ÉPIGEONNÈU  (é-pi-jo-né) ,  V.  a.  Terme  de  ma- 
çonnerie. Voy.  PIGEONNER. 

+  ÉPIGI.OSSE  (é-pi-glo-s') ,  s.  f.  Terme  de  zoolo- 
gie. Partie  de  la  bouche  des  insectes  hyménoptères. 

—  ÉTYM.  'E-KÏ,  sur,  eif/Mana,  langue. 
ÉPIGLOTTE  (é-pi-glo-f) ,  s.  f.  Terme  d'anatomie. 

Valvule  libro-carlilagineuse,  qui,  placée  à  la  partie 

supérieure  du  larynx,  recouvre  la  glotte  au  moment 

de  la  déglutition,  et  empêche  ainsi  l'introduction  des 

I     aliments  ou  des  boissons  dans  les  voies  aériennes. 

—  HIST.  XIV'  s.  Le  neu  de  la  gorge  est  dit  epi- 
glote,  H.  DE  monijeville,  f°  18,  rerso.  ||xvi*  s.  L'e- 
piglotte  ou  languette  couvre  et  descouvre  l'orifice 
i\i  larynx,  ainsi  qu'un  couvercle  couvre  un  pot, 

PARÉ,  IV,    t5. 

—  ÉTYM.  'EthyXiocktIç  ou  èiriY^wTTÎ;,  de  Ènî,  in- 
diquant adjonction,  et  •^Xàaaa,  langue. 

t  ÉPlGLOrriQUE  (é-pi-glo-tti-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'épiglolte. 

t  ÉPIGLOTTITE  (é-pi-glo-tti-f),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Inflammation  de  l'é|>iglotte. 

—  ÉTYM.  Épiglotte,  et  le  suffixe  médical  iie,  in- 
diquant intlammation. 

t  ÉPIGNATUE  (é-pigh-na-f),  s.  7ii.  Terme  de  té- 
ratologie. Monstre  qui  a  une  tète  accessoire  très-in- 
complète attachée  au  palais  de  la  tète  principale. 

—  ÉTYM.  'Etxî,  sur,  et  YvàSoç,  mâchoire. 
tÉPIGNATUIE    (é-pigh-na-tie),    s.   f.  ÉUt  des 

monstres  épignatlies. 

f  t .  ÉPIGONE  (é-pi-go-n') ,  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Enveloppe  de  tissu  cellulaire  qui  recouvre  l'en- 
dogone. 

—  ÉTYM.  Voy.  au  suivant  l'étymologie. 

f  2.  ÉPIGONE  (é-pi-go-n'),  s.  m.  Terme  de  my- 
thologique grecque.  Nom  des  héros  qui  firent  la  se- 
conde expédition  contre  Thèlies  et  prirent  cette 
ville;  nom  donné  parce  qu'ils  élaier;tles  fils  de  ceux 
qui  avaient  fait  la  première  gtiene. 

—  ÉTYM.  'EuiYtivo;,  né  après,  de  im,  sur,  et 
YÔvo;,  engendrement. 

ÉPIGRAMMATIQUE  (é-pi-gra-mma-ti-k') ,  adj. 
Qui  appartient  à  i'épigramme.  Style,  trait  épigram- 
matique.  Marot  me  semble  à  cet  égard  le  jilus  in- 
génieux des  poëlesépigrammatiquss  tant  par  la  sin- 
gularité que  parla  variété  de  ses  petits  dessins, 
MARMONTEL,  Élém.  liU.  Œuv.  t.  vu,  p.  226,  dans 

POUGENS. 

—  ÉTYM.  Épigramme. 

t  ÉPIGUAMMATIQUEMENT  (é-pi-gra-mma-ti-ke- 
man),  adv.  D'une  manière  épigrammatique. 

—  ÉTYM.  Épigrammatique,  et  le  suffixe  ment. 

t  ÉPIGRAMMATISER  (é-pi-gra-mma-ti-zé),  v.  n. 
Néologisme.  Faire  des  épigrammes. 

—  ÉTYM.  Épigramme. 
ÉPIGRAMMATISTE  (é-pi-gra-mma-ti-sf) ,  s.  m. 

Celui  qui  compose  des  épigrammes.  Un  épigram- 

tlDfttiste  spirituel. 
—  ETYM.  Épigrimme. 


ÉPIGRAMME  (é-pi-gra-m') ,  s.  f.  \\  1*  Ancienne- 
ment, petite  pièce  de  vers  sur  toute  sorte  de  sujets. 
L'épigramme,  pour  les  anciens,  était  une  petite 
pièce  qui  ne  passait  guère  huit  ou  dix  vers,  d'ordi- 
naire en  vers  hexamètres  et  pentamètres  ;  c'était 
une  inscription  soit  tumulaire,  soit  triomphale,  soit 
votive  ou  descriptive  ;  une  peinture  pastorale  trop 
courte  pour  faire  une  idylle,  une  déclaration  ou 
une  plainte  amoureuse  trop  peu  développée  pour 
faire  une  élégie;  la  raillerie  y  a  aussi  sa  part,  mais 
une  part  restreinte,  tandis  que,  dans  les  épigram- 
mes modernes,  elle  est  presque  tout,  et  que  c'est 
toujours  le  trait  et  la  pointe  finale  à  quoi  l'on  vise, 
SAINTE-BEUVE,  Constitutionnel,  *  janv.  ISOi. 
Il  2°  Courte  pièce  de  vers  qui  se  termine  par  i;n 
mot  ou  par  un  trait  piquant.  La  pointe  d'une  épi- 
gramme. Alcandre,  c'est  ta  passion;  Tu  veux  une 
longue  épigramme ,  Bien  qu'elle  soit  digne  de 
blime,  Comme  une  longue  inscription;  D'un  seul 
coup  elle  fait  sa  brèche,  Ainsi  que  le  trait  d'un  ar- 
cher; As-tu  jamais  vu  décocher  Une  pique  au  lieu  d'une 
flèche?  GOMBAUD,  dans  kiciielet.  D'un  trait  plai- 
sant aiguiser  l'épigramme,  boil.  Art  p.  i.  L'épi- 
gramme,  plus  libre  en  son  tour  plus  borné.  N'est 
souvent  (|u'un  bon  mot  de  deux  rimes  orné,  m.  ib. 
II.  Il  S'Parextension,  mot  très-piquant  ou  railleur, 
lancé  dans  la  conversation  ordinaire  ou  ailleurs. 
Cela  a  bien  l'air  d'une  é[iigramme.  Il  y  a  bien  à  dire 
des  épigrammes  là-dessus,  sÉv.  3o».  Fi  !  dites- 
vous  ;  sous  l'épigramme  Ces  fous  rêveurs  [Fourier, 
St-Simon,  Enfantin]  tombent  tous  trois,  bérang. 
Fous.  Poursuivons  de  nos  épigrammes  Ce  sexequej'ai 
trop  aimé,  id.  Vin  et  coq.  ||  Employé  adjectivement, 
emploi  qui  n'est  plus  en  usage.  Cela  me  paraît  fort 
épigramme,  sév.  37.  |{  4°  Terme  de  cuisine.  Épi- 
gramme d'agneau,  ragoût  au  blanc  dans  lequel  on 
fait  entrer  quehjues  parties  intérieures  de  l'animal. 
Côtelettes  en  épigramme. 

—  REM.  Epigramme  a  été  longtemps  de  genre 
incertain;  aujourd'hui  il  est  féminin  décidément. 
M.  lie  Zuglichem  n'a  pas  dédaigné  de  montrer  au 
public  le  cas  qu'il  fait  de  cette  comédie  par  deux 
épigrammes,  l'un  français  et  l'autre  latin,  corn. 
^Iellleur,  Aris  au  lecteur.  Epigramme  est  ici  dans 
le  sens  du  W  t. 

—  HIST.  xvi"  s.  Mais  d'avantage,  Lazare  de  Baïf 
a  donné  à  nostre  langue  le  nom  d'Epigrammes  et 
d'Elégies,  aveq  ce  beau  mot  composé  Aigredoux, 
afin  qu'on  n'attribue  l'honneur  de  ces  choses  à  quel- 
qu'autre,  nu  bellay,  i,  39,  recto.  U  y  a  un  epi- 
gramme en  Martial,  qui  est  des  bons,  mont,  m, 
104.  U  y  a  entre  autres  une  sienne  statue,  soubs 
laquelle  est  engravé  cest  epigramme  [épigraphe, 
inscription],  amyot,  Slarcell.  61. 

—  ETYM.  'Em-(pa.p.\i.<i,  inscription,  petite  piège  en 
vers,  de  Èiti,  sur,  et  Ypâçs"  >  écrire. 

ÉPIGRAPHE  (é-pi-gra-f) ,  s.  f.  \\  1°  Inscription 
mise  sur  un  édifice  pour  eu  marquer  la  date,  la 
destination,  etc.  ||  2°  Courte  citation  qu'on  met  en 
tête  d'un  ouvrage  ou  d'un  chapitre,  pour  en  indi- 
quer l'esprit.  11  a  pris  pour  épigraphe  un  vers 
d'Homère. 

—  ÉTYM.  'ETtiYpaçri,  de  èm,  sur,  et  Ypâ?"v, 
écrire. 

t  ÉPIGRAPBIE  (é-pi-gra-fie) ,  s.  f.  Science  des 
inscriptions. 

—  ÉTYM.  Épigraphe. 

t  ÉPIGRAPHIQUE  (é-pi-gra-fi-k') ,  adj.  Qui  est 
propre  à  l'épigraphe.  Style  épigraphique.  ||  Qui  est 
relatif  à  l'épigraphie.  Études  épitrraphiques. 

t  ÉPIGYNE  (é-pi-ji-n')  ou  ÉPIGYNIQUE  (é-pi-ji- 
ni-k'),  ad;.  Terme  de  botanique.  Qui  naît  sur  l'o- 
vaire ou  au-dessus.  Corolle,  étamines  épigynes. 

—  ÉTYM.  'Km,  sur,  et  -(wn,  femme,  femelle. 

■)•  ÉPIGYSIE  (é-pi-ji-nie),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. État  d'une  plante  dont  la  corolle  ou  les  éia- 
mines  sont  épigynes. 

tÉPILANCE  (é-pi-lan-s'),  s.  f.  Terme  de  fau- 
connerie. Espèce  d'épilepsie  à  laquelle  les  oiseaux 
sont  sujets. 

—  HIST.  XVI'  s.  Epilence,  dans  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Forme  altérée  d'épilepsie  (voy.  ce  nom), 
pour  laquelle  on  trouve  aussi  espilencie. 

t  ÉPILARYNGIEN.IENNE  (é-pi-la-rin-jiin,jiè-n'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  est,  qui  se  passe  au- 
dessus  du  larynx.  Les  phénomènes  épUaryugieus  de 
la  phonation. 

—  ÉTYM.  'En!,  sur,  et  laryngien. 

f  ÉPILATION  (é-pi-la-sion) ,  s.  f.  Action  d'arra- 
cher des  poils.  Il  Terme  de  médecine.  Avulsion  des 
cheveux,  aiin  de  guérir  certaines  affections  du  sys- 
tème pileux  d  ues  à  des  cryptogames  parasites. 

—  ÉtYSl.  Épiler. 


ËPIXvATOIRE  (é-pi-la-toi-r') ,  adj.  Qui  sert  k  épi- 
ler. Pâte,  onguent  épilatoire. 

—  ÉTYM.  Épiler. 

ÉPILÉ,  ÉE  (é-pi-lé,  lée) ,  part,  passé.  Va  côté  de 

la  tète  était  épilé. 

ÉPILEPSIE  (é-pi-lè-psie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Affection  cérébrale  caractérisée  par  la  perte 
subite  de  connaissance  et  par  des  convulsions.  Une 
attaque  d'épilepsie. 

—  HIST.  XV'  s Je  vouidroye  Qu'iU   fussent 

mors  du  mald'espilencie,  ecst.  desch.  Poésies  mss. 
dans  LACURNE.  ||  xvf  s.  Epilepsie  signifie  surprise 
ou  rétention  de  tous  les  sentiments.  —  On  le  nomme 
aussi  le  mal  Saint-Jean,  pource  que  la  teste  de 
saint  Jean  cheut  en  terre  lorsqu'il  fut  décapité, 
puis  posée  dedans  un  plat  à  l'appétit  d'Herodias, 

PARÉ,   VIII,   25. 

—  ETYM.Provenç.ep«!epsio,epi7emcto,epiJ«fi«o; 

espagn.  epilepsia;  ital.  epilessia;  de  è7n),ni)/ii,  sur- 
prise, epilepsie,  de  inl,  sur,  et  >.a[iêâveiv,  prendre, 
t  ÉPILEPTIFORME  (é-pi-lè-pti-IOr-m'), adj. Terme 
de  médecine.  Qui  se  rapproche  des  accidents  de 
l' epilepsie,  sans  dépendre  de  la  même  cause.  Con- 
gestion épileptiforme. 

—  ÉTYM.  Épileplique,  et  forme. 
ÉPILKPTIQUE  (é-pi-lè-pti-k'),   adj.   ||   1'  Qui  est 

de  la  nature  de  l'épilepsie.  Convulsions  épileptiques. 
Il  2°  Qui  y  est  sujet.  Cette  personne  est  épileplique. 
Il  Substantivement.  Leséiiileptiques.  Un  épileplique. 

—  HIST.  XIII' s.  Boçu,  e  tort,_  epilentic.  Muet, 
gutus  [goutteux]  e  pleuretic,  Edouard  le  confes- 
seur, V.  4426.  Il  XVI'  s.  Convulsions  épileptiques, 
PARÉ,  XX  bis,  e. 

—  ÉTYM.  'Eiti).r)7tTixô;,  de  Im'/.Tnj/ia,  epilepsie. 

ÉPILER  (é-pi-lé),  V.  a.  ||  l'Arracher,  faire  tom- 
ber les  poils  ou  les  cheveux.  ||  Absolument.  Onguent 
pour  épiler.  ||  2°  Enlever  les  cheveux  blancs.  Il  se 
fait  épiler  pour  cacher  son  âge.  ||  3°  Knlever  les  jets 
des  pièces  d'étain  fondues.  ||  4°  S'épiler,  v.  réjl. 
S'ôter  les  cheveux,  et,  en  particulier,  les  cheveux 
blancs.  Il  s'épile  chaque  matin. 

—  ÉTYM.  E  pour  es....  préfixe,  et  le  lat.  piius, 
poil;  picard,  épnillier. 

t  ÉPILEUR,  EUSE  (é-pi-leur,  leû-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  épile. 

t  ÉPILIMNIQUE  (é-pi-'ii-mni-k'),  adj.  Terme  de 
géologie.  Se  dit  des  terrains  lacustres  supérieurs. 

—  ÉTYM.  'EtzI,  sur,  et  ).ip.vri,  marais. 
ÉPILLET  (é-pi-llè,  ii  mouillées  ;  le    I  ne  se   lie 

pas  dans  le  parler  ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  : 
les  é-pi-llè-z  agglomérés),  s.  jn.Terme  de  botanique. 
Subdivision  d'un  épi  composé. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'epi. 

t  ÉPII.OBE  X  £PI(é-pi-lo-b').  s.  m.  Osier  fleuri 
(eptlobium  spicatum  L.)  (ouagrarièes)  ,  dit  aussi 
laurier  de  Saint-Antoine. 

—  ÉTYM.  'Eni,  sur,  et  ),ùê6;  (voy.  lobe). 
tÉPlLOGATION  (é-pi-lo-ga-sion; ,   s.  f.  Action 

d'épilogiier. 

—  HIST.  xiV  s.  Epilogacion,  c'est  longue  chose 
briefvement  racontée,  uu  cange,  epilogatio. 

—  ÉTYM.  Épilogue. 

-f-  ÉPILOGISME  (é-pi-lo-gi-sm'),  s.  m.  Raisonne- 
ment qui  induit  d'un  fait  sensible  à  un  fait  caché. 

—  ÉTYM.  'EicdoYi(J[io;,  de  im,  sur,  et  ÀOYiap-oj, 
raisonnement. 

ÉPILOGUE  (é-pi-lo-gh'),  s.  m.  Sorte  de  conclu- 
sion, de  résumé  placé  à  la  fin  d'un  apologue  ou 
d'un  discours  et  surtout  d'un  livre.  La  Fontaine  a 
mis  des  épilogues  à  la  fin  de  plusieurs  livres  de  ses 
Fables.  L'épilogue  du  poème  de  Jocelyn. 

—  HIST.  xiV  s.  il  fait  son  epylogue  oii  il  recapi- 
tule.... ORESME,  Thèse  de  meunier. 

—  ÉTYM.  'Enî/.oYoç,  de  èiti,  sur,  et  Xôyo^,  discours. 
ÉPILOGUE,  ÉE  (é-pi-lo-ghé,  ghée),  part,  passé. 

Qui  a  été  l'objet  de  commentaires  peu  charitables. 
Sa  conduite  èpiloguée  en  cent  façons. 

ÉPILOGXIEK  (é-pi-lo-ghé).  ||  1"  K.  n.  Chercher, 
trouver  à  redire.  C'est  un  homme  qui  épilogue  sur 

tout Et  pourquoi,  s'il  vous  plaît.  Lui  bailler  un 

savant  qui  sans  cesse  épilogue?  mol.  F.  sav.  v,  3. 
Adieu,  ma  chère  enfant;  venez  et  partez,  et  tenez- 
vous  donc  une  fois  pour  décidée,  et  défaites-vous 
d'f  piloguer  sur  les  bienséances  de  votre  voyage... 
SÉV.  Lett.  21  oct.  <67.1.11fut  attentif  à  épiloguersur 
les  paroles,  boss.  Avert.  4.  Cinq  aunes  pour  un  ha- 
bit à  l'espagnole  I  juste  ciel!....  mais  n'épiloguons 
pas  là-dessus;  les  tailleurs  qui  sont  en  réputation 
en  prennent  toujours  iilus  que  les  autres,  image, 
Gil  nias,  VIII,  7.  Il  2°  Y.  a.  Censurer.  Epilog'ier  les 
actions  d'aulrui.  Sans  qu'on  vous  épilogue  et  sans 
qu'on  vous  méprise,  boss.  Lett.  Corn.  (27.113"  S'é- 
pilogner,  v.  réfl.  Se  critiquer  mutuellement. 


1A62 


BPI 


tnT^    mé,  «.tendu.  ...urenu,  Epilogui  m.lfe  tra- 
JT".'t    K  d2.  orm«.|  d«  dame..  ll  xvl.  s. 

^,;^.  d'om,   f  <",  "ianl  LACURNB. 

_  r.Tvii.  ipiioii-.  r. ,  ■■ 

epil.OGUKt-R  (é-pi-lo-gheiir),  «.  m.  Celui  qui 
tpil'Kiie  qui  "«  f^''  qu'Épiloguer.  C'est  un  grand 
émloKuour.  II  «e  soucie  fort  peu  dos  épilogueurs, 
lc»*o»,  CilBiat,  viM,  s.  Tonépilogueurd'homir.e 
osa  bien  me  dire  qu'il  ne  me  reste  que  six  mois  en- 
core t  reloiimer  la  salade  avec  les  doigts,  j.  j.  houss. 
JUl.  VI,  S.  II  11  »«  dit  •""'  •"  fétninin.  C'est  une 
é|<lln|tueu.<e. 

—  KTYM.  Épilogmr. 

t  KPII-UBE  (é-pi-lu-r"),  ».  f.  Ca  qu'on  enlève  en 
épilant  les  pièces  d'étain  fondu. 

t  KPlMf.DF.  (é-pi-mè-d'),  t.  m.  Genre  de  plantes 
herbacées,  famille  des  lierbéridacées. 

—  ÊTYM.  'Eitiiir,4iov. 

t  ÉPIUÉMOE  (é-pi-mé-ni-d"),  *.  m.  Sage  Cretois 
qui  s'endormit  un  jour  dans  une  caverne  et  ne  se 
réveilla  qu'au  bout  de  cinquante  ans.  ||  Kig.  Som- 
meil d'Êpiiiiénide,  se  dit  d'une  personne  ([ui,  étant 
longtemps  restée  absente  du  monde,  y  rentre  et  ne 
s'y  reconnaît  plus. 

f  EP1.MÈRE  (é-pi-mS-r').  H 1*  Adj.  Terme  d'arith- 
métique ancienne  exprimant  un  nombre  qui  en 
contient  un  autre  augmenté  de  plusieurs  de  ses 
parties,  par  exemple,  7/ii,  puisque  7=^5-f  2  (voy. 
ÉwnioRio.N).  Il  2"  S.  m.  Terme  de  zoologie.  Une  des 
piticcs  du  thorax  des  insectes  hexapodes. 

—  f.TYM.  'Em|i«p»i;,  do  ini,  sur,  et  [lÉtioi;,  partie. 

I  ÊP1!UCRIUE  (é-pi-mé-ri-d),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Cri-tlaux  épiniéridos,  cristaux  dont  les  bords 
subissent  un  décroissement  de  plus  que  les  angles. 

—  f.TYM.  'KtA,  sur,  el(iépo;,  partie. 

f  ÉPIMf.niSME  (6-pi-mé-ri-sm'),  t.  m.  Artifice 
oratoire  p.ir  lequel,  au  milieu  du  discours,  pour  ai- 
der la  mémoire  des  auditeurs,  on  récapitule  les  par- 
tie» di'jà  traitées. 

—  trVM.  'K.itiiiipiij(i6c,de  in\,  sur,  et  (upoc,  partie, 
j  f.PlMONE  (é-pi-mo-ti'),  t.  f.  Ternie  de  rhéto- 
rique.  Voy.  INSISTANCE. 

—  ÊTYM.  'Emiiovri,  de  M,  sur,  et  (jitvE'.v,  de- 
meurer. 

t  ÉPIMORlON(é-pi-mo-ri-on),  ad;  .ou  j.  m.  Terme 
d'arithmétique  ancienne.  Nom  donné  à  un  nombre 
qui  en  contient  un  autre  plus  une  seule  de  sts  parties, 
par  exemple  t/*  puisque  6  =  *-|-i  (voy.  épimêhe). 

—  ÉTYM.  'Knt|jLopio«,  de  M,  sur,  et  piopiov,  pe- 
tite partie. 

t  ÉPINAGE  (é-pi-naj"),  ».  m.  Opération  qui  con- 
nste  à  faire  écouler  l'eau  dans  laquelle  on  lave  la 
ptle  de  savon  avant  île  la  faire  cuire. 

I  EpINAIE  (é-piné),  s.  f.  Terme  rural.  Lieu 
où  crois-eni  des  arbustes  épineux. 

—  ETYM.  Épine. 
fiPlNARH(é-pi-nar;ledne  se  lie  pas;  au  pluriel, 

l't  ne  se  lie  pas  :desé-pi-nar  excellents;  quelques- 
uns  disent  des  é-pi-nar-z  excellents),  s.  m.  Il  1"  Plante 
potagère  (chénopoJées)  (ipt'naeia  olcracea ,  L).  Les 
épinards  ont  été  apportés  d'Orient  en  Espagne. 
P  Vert  d'épiiianis,  jus  que  l'on  retire  des  épinards 
cuits  et  piles.  Il  Epinard  du  Malabar,  épinard  de 
l'Inde,  épinard  d'Amérique,  nom  vulgaire  de  la  ba- 
lelle  rouge  (chénopodées)  {batella  rubra,  L.).  Épi- 
nard do  la  Chine,  nom  vulgaire  de  la  baselle  blan- 
che. Il  Ëpinard-fraise,  blette  (chénopodées)  (blitum 
virgalum,  L).  ||  %•  Fig.  Frange,  épaulette,  gland  à 
graine  d'épinards.  L'épnulette  &  graine  d'épinards 
indique  un  grade  supérieur  dans  l'armée  française. 

—  mST.  xiV  s.  E^pinars  sont  en  février  et  crois- 
sent par  touffes  comme  porées,  H^nagier,  u,  3. 
Il  XVI*  s.  Les  ospinars  sont  ainsi  appelles  i  cause  de 
leur  graine  qui  est  espineuse,  bien  qu'il  y  en  ait  de 
ronde  sans  piqueron;  et  des  deux,  masie  ot  femelle. 
L'espin^r  masIe,  seul,  produit  U  graine  :  demeu- 
rant stérile  la  («melle,  aans  faire  semences,  o.  de 

■l»El.   613. 

—  CTYM.  Épine,  à  cause  des  pointes  épineuses  du 
calice  fructifère;  wallon,  tpind;  provenç.  tspinar; 
Mtal.  ripinac,  pspagn.  lapinaca;  poriug.  rxpitia^rt,- 
ital.  tpinaci.  L'ancifn  fronçais  disait  aussi  upi'no- 
ch«  {w  cvHO«.  ipinan'uin),  ttpinau  (alebbant,  f" 
«»),  (ipinnc«  (H.  DK  MONnEviu.a,  I*  »6,  irrjo).  Et- 
VfMr  «SI  iLinsIe  Renart,  v.  n  oo6,  le  nom  du  hérisson. 

1  ePINARIiE  (*  pi-ii»r-d'),  ».  (.  Épinoche. 
■""'*'■•  ►jpinardo,  oïDm,  pic». 
\  EPINÇAOK  (é-pin-sa-j),  voy.  ipii«CRTAGI. 
1*1»^.'^^'''^"  <*-P'»-'^»*>.  vy-  tUNCÏTE». 

t  EriNCfcR  (è-piB-sé.  U»pr«nd  une  cédille  devant 


KPl 

a  on  o) ,  V.  a.  ||  1*  Terme  de  manufacture.  Synonyme 
d'énouer.  On  dit  aussi  épincher.  ||  !•  Terme  rural. 
Supprimer,  entre  deux  sèves,  les  bourgeons  qui  ont 
poussé  au  printemps  sur  le  tronc.  ||  8"  Tailler  du  grés 
avec  l'épinçoir. 

—  lllST.  XVI'  s.  Les  fapot»  marchans  qui  de^Tont 
cstre  espincez  de  trois  pieds  et  demi  de  long,  nou- 
veau coust.  gêner,  t.  Il,  p.  <♦». 

—  ETYM.  /■'....  pour  es  préfixe,  et  pince,  pincer. 
t  ÉPINCETAGE  (é-pln-se-ta-j'),  s.  m.  Action  d'é- 

pinceter  ou  épincer  le  drap. 

t  > .  EPINCETER  (é-pin-se-té) ,  V.  a.  Terme  de  fau- 
connerie. Aiguiser  les  serres  et  le  becde  l'oiseau. 

—  illST.  XVI'  s.  Plus  nobles  et  plus  espinchéts  que 
un  esmcriUon,  Perce forest,  t.  i,  f  134. 

ETYM.  É....  pour  es  préfixe,  et  pince. 

f  2.  ÉPlNCETER  (é-pin-se-té.  Le  t  se  double 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette),  v.  o.  Syno- 
nyme d'épincer.  en  parlant  du  drap. 

t  EpINCETEUR,  EUSE  (é-pin-se-teur,  teu-z'),  t. 
m.  et  f.  Synonyme  d'épinceur. 

t  ÉPINCECR ,  EUSE  (é-pin-seur,  seûz") ,  s.  m.  et  f. 
Celui,  colleqiiiépinceledrap.Ondit  aussi  épincheuse. 
■f  ÊPlNCErrE  (é-pin-sè-f),    I.    f.  Petites  pinces 
dont  on  se  sert  pour  épincer  le  drap, 
f  EPINCHER  (é-pin-ché),  V.  a.  Voy.  épincer. 
t  ÉPINÇOIR  (é-pin-ioir),  s.  m.  Terme  de  métier. 
Nom  d'un  gros  marteau   fendu  en   angle  par  les 
deux  bouts,  qui   sert  particulièrement  aux  tailleurs 
de  pavé. 

I.  fiPlNE  (é-pi-n'),  s.  f.  jj  1*  Arbre  ou  arbrisseau 
dont  les  branches  sont  armées  de  piquants.  Épine 
blanche,  aubépine  (rosacées)  {craticgus  oxijacantha, 
L.).  Il  Epine  noire,  prunellier  (rosacées)  (prunui  spi- 
novo,  L.).  Il  Épine  luisante,  nom  vulgaire  de  l'/iip- 
pop/ia^  rhamnoide  (éléagnacées),  dit  aussi  argoii- 
sier,  argoussier  et  priset.  ||  Épine  aiguë,  un  des 
nom  du  craiscgus  pyracanlha  (rosacées),  dit  aussi 
épine  ardente  et  buisson  ardent.  ||  Épine  de  scor- 
pion ou  épine  à  scorpion  ,  un  des  noms  vulgaires 
donnés  :  r  dans  le  midi  de  la  France,  en  Italie  et 
en  Espagne,  à  l'éryngion  des  champs,  ombellifère, 
dit  adssi  panicaut  dos  champs;  2°  au  Pérou  et  k  la 
Guyane  ,  à  l'éryngion  fétide.  ||  Épine  solsticiale, 
nom  vulgaire  de  la  centaurée  solsticiale  (synanlhé- 
rées).  ainsi  dite  parce  que  ses  fleurs  hérissées  de  lon- 
gues épines  remontrent  vers  le  solstice,  lkgoahant. 
Il  C'est  un  fagot  d'épines,  on  ne  sait  par  où  le  pren- 
dre, se  dit  d'un  homme  revèclie  et  fâcheux.  iJGr.i- 
cieui  comme  un  fagot  d'é  ines,  rude,  d'une  hu- 
meur bourrue.  ||  Fig.  Entourons  nos  oreilles  d'épines 
pour  ne  pas  les  laisser  infecter  par  des  discours  em- 
poisonnés, MASS.  Car.  Uidis.  ||  Être  sur  les  épines, 
sur  des  épines,  être  dans  une  grande  impatience, 
dans  une  grande  anxiété.  N'ayez  point  pour  ce  fait 
l'esprit  sur  les  épines ,  MOL.  l'Etour.i,  lO.  Il  me  parla 
du  roi  Jacques,  j'étais  sur  les  épines,  J.  J.  bolss. 
Cnnf.  VI.  Il  Marcher  sur  les  épines,  se  trouver  dans 
une  conjoncture  très-difficile.  ||  »' Piquant  qui  vient 
sur  certains  végétaux.  La  rose  et  ses  épines.  La  cou- 
ronned'épinesde  Jésus-Christ.  Ses  yeux  étaient  noyés 
de  pleurs;  Comme  les  anges  des  douleurs.  Il  était 
couronné  d'épine,  A.  DE  musset,  Poésiesnouv.  Nuits 
de  décembre.  ||  Le  langage  botanique  distingue  l'é- 
pine de  l'aiguillon  :  l'épine  naît  du  corps  ligneux  ; 
l'aiguillon  naît  de  l'épiderme.  Le  langage  vulgaire 
ne  distingue  pas  ces  deux  termes.  ||  Une  épine  au 
pied ,  un  sujet  de  gêne  et  d'inquiétude.  Tirer  h  quel- 
qu'un une  épine  du  pied,  le  tirer  d'embarras.  Cou- 
rage! s'il  se  peut  enferrer  tout  de  bon.  Nous  nous 
ôtons  du  pied  une  fâcheuse  épine,  mol.  l'Étaur.  m,  2. 
Voilà  donc  cette  grande  épine  hors  du  pied,  SÉV.  242. 
Il  3'  Auplur.  Difficultés,  choses  fâcheuses,  désagréa- 
bles. Dans  les  affaires  aisées,  ils  sèment  des  épines 
pour  les  cueillir,  balz.  ï'  diiC.  sur  la  cour.  Ahl  que 
je  me  trouvais  sur  d'étranges  épines!  CORN.  l'Illusion, 
IV,  B.  Je  vais  par  un  chemin  d'épines  et  de  flamme 
Te  retenir  un  lieu  digne  de  ta  vertu,  rotr.  SI  Ce- 
fieil,  IV,  4.  Vous  allez  vous  enfoncer  dans  d'étran- 
ges épines  [en  plaidant],  mol.  Scapin,  ii,  8.  U  [le 
désespoir  du  damné]  sera  sans  bornes  dans  l'autre 
vie,  lorsque  les  péchés  auront  poussé  leurs  épines, 
comme  dit  Si  Augustin,  et  que  nous  en  serons  per- 
cés, NICOLE,  £ii.  mor.  2'  traité,  ch.  lo.  Couraient 
chercher  le  ciel  au  travers  des  épines,  boil. 
Luir.  VI.  Les  mariages  ont  assez  d'épines  sans  cette 
amertume,  fén.  Til.  xxiii.  Où  les  plaisirs  mêmes 
porient  avec  eux  leur»  épines,  mass.  Av.  Bonh.  Dé- 
trompé.... des  passions  dont  les  voies  ont  toujours 
été  pour  moi  semées  d'épines  et  d'amertume,  lo. 
Car.  Mol.  de  conv.  Ainsi  les  amertumes  et  les  épi- 
nes de  la  vertu  ont  toujours  du  moins  une  utilité 
préiente  qui  en  dédommage ,  id.  ib.  Digoûl».  Le 


EPI 

cardinal  de  Richelieu  vent  que  l'on  évite  dans  let 

monarchies  les  épines  des  compagnies  qui  forment 
des  difficultés  sur  tout,  montesq.  Esp.  v,  (U.  Après 
avoir  cueilli  les  fleurs  de  la  poésie,  il  faut  passer 
aux  épines  de  la  métaphysique,  volt.  Lett.  Prusse, 
19.  Il  4°  Terme  d'anatomie.  Nom  donné  aux  éniinen- 
ces  osseuses  allongées,  telles  que  l'épine  nasale. 
Il  L'épine  du  dos,  l'épine  dorsale,  et,  absolument,  l'é- 
pine, la  colon.ne  vertébrale,  la  série  des  verlèbra» 
qui  régnent  le  long  du  dos  des  animaux  vertébrés. 
Quelques  historiens,  moines  grecs,  ont  cru  et  écrit 
très-sérieusement  que  tous  nos  rois  de  la  première 
race  naissaient  avec  l'épine  du  dos  couverte  et  hé- 
rissée d'un  poil  de  .sanglier,  saint-foix,  Ess.  Paris, 
(Jliuvres,  t.  IV,  p.  I89,  dans  pougens.  Son  épine 
[du  chevalj  sedoubleet  frémit  sur  .son  dos,  delille, 
Géorg.  III.  Il  Fig.  Courber  l'épine,  s'abaisser,  faire 
une  platitude  ou  une  démonstration  de  civifité  exa- 
gérée. Il  B"  Terme  de  métallurgie.  Pointes  qui  hé- 
rissent le  cuivre  après  l'opération  du  ressuage  et 
de  la  liquation.  ||  6°  Longue  épine ,  un  des  noms  vul- 
gaires du  diodon  holacanthe  (poissons  pleclogna- 
ihes).  Il  Épine  double,  le. svngnathe,  poisson.  ||  Épine 
de  Judas,  la  vive.  ||  7"  Epine  d'été,  poire  hâtive. 
Épine  d'hiver,  poire  grosse  et  longue.  Épine-rose, 
grosse  poire  hâtive,  variée  de  vert  et  de  rose.||  Pro- 
verbe, il  n'est  point  de  roses  sansépines,  c'est-à-dire 
II  n'est  point  de  joie  sans  quelque  déplaisir.  [Elles] 
S'en  vont  bientôt  changer  nos  épines  en  roses,  tris- 
tan,  lf.de  Chn'spe,  IV,  4. 

—  IllST.  xii'  s.  Car  Dex  les  fist  espines  [aubépi- 
nes] devenir.  Bouc.  p.  156.  ||  xiii'  s.  Sous  une  es- 
pine  espesse  [elle]  s'est  alée  œucier,  Berte,  xxxviii. 
Un  grant  feu  [ils]  font  d'espines,  n'i  firent  longue 
ater.te,  tb.  ïcn  De  mm  pié  destre  par  derrière 
Passai  hier  en  lii*  cùnriere,  Une  espine  me  feti 
enz.  Tien.  7677.  Virge.  pucele  nete  et  pure.  Si  coin 
la  rose  isl  [sort]  de  l'ospne,  Issis,  glorieuse  roine. 
De  jiierie  [juiverie]  qui  est  poignans,  butkb.  Il,  li6. 
Il  xiv  s.  Les  ulcères  qui  sont  sur  l'espine  [du  dos] 
sont  de  forte  curation,  H.  de  monpeville,  f  74 
Il  XV'  s.  El  qui  avoit  bouté  l'espine  au  pied  de  son 
enfant,  maintenant  ne  l'en  sçavoit  tirer  dehors  ne 
lui  procurer  garison,  G.  ciiastelain,  Chron.  m,  <8. 
Il  XVI'  s.  Et  furent  les  fols  et  hautains  Comme  feu 
d'espines  esleints,  mabot,  iv.  aan.  Que  ladite  ville 
n'esloil  pas  seulement  une  petite  espine  dans  le  pied 
de  la  France,  ains  plustost  une  trop  grosse  sageite, 
qui  lui  perçoit  les  entrailles,  lanoi'E,  578.  Le  di- 
manche [après  la  Saint-Barihélemy]  toute  la  ville  se 
réchauffa  pour  aller  voir  une  espine  qui  fieunssoit 
au  cimetière  Saint-Innocent,  d'aub.  llisl.  u,  ai. 
Partant  Saict  Jean  d'Angeli  [ville]  fut  pour  le  coup 
armé  de  ses  espines  et  deffendii  par  ses  afflictions, 
in.  «6.  m,  6.  Ce  qui  s'y  fit  encores  de  plus  ingénieux 
fut  un  pont  d'espines  liées  ensemble,  sur  lequel 
nous  passions  l'Oise  à  cheval  fort  aisément,  et  mes- 
mes  l'artillerie,  lo.  «6.  m,  374.  Comme  on  dit,  au 
fond  git  l'épine,  ïver,  p.  628.  La  ligne,  autrement 
dite  espine  de  l'os  des  iles,  paré,  i,  u.  Les  apo- 
physes droites,  c'est  à  dire  espines  des  vertèbres, 
ID.  IV.  18.  Faire  haye  d'espines  à  mains  nues,  CÉ- 
.Ni.'»,  Recréai,  t.  ii,  p.  239. 

—  ETYM.  Wallon,  sipeinn;  bourguign.  épéiie, 
épeigne;  provenc.  et  espagn.  csptiio;  portug.  ei- 
pinha  ;  ital.  spina  ;  du  lat.  spi'no. 

t  2.  ÉPINE  (é-pi-n').  s.  f.  Drap  gris  d'épine,  sorte 
de  drap.  Charles  XII  mit  un  chapeau  bordé  d'or  avec 
un  habit  gris  d'épine,  volt.  Ch.XII ,  7. 

+  ÊPINÈME  (é-pi-nê-m'),  i.  m.  Terme  de  botani- 
que. Partie  supérieure  du  filet  des  élaaiines  des 
plantes  à  Heurs  synanthérées. 

—  ETYM.  'Eiti,  sur,  etvT,|ia,  fil. 

<.  ÊPlNErrE  (é-pi-nè-f),  s.  f.  Nom  d'un  instru- 
ment de  musique,  dont  on  joue  par  un  clavier  com- 
posé de  quarante-neuf  touches.  Le  piano  a  rem- 
placé le  clavecin  et  l'épinetle.  Les  facteurs  de 
clavecins  font  aussi  des  épinetles,  qui  sont  des  de- 
mi-clavecins à  une  corde  par  chaque  touche;  ou 
bien  des  épinettes  en  octave  de  clavecin,  qui  ne 
sont  d'aucun  usage  pour  une  musique  réglée,  Z>ic(. 
des  ans  el  mél.  Amst.  1767.  F",  de  clavecins. 

—  lllST.  XVI'  s  Par-aprés  on  assortit  les  plumes, 
selon  ce  à  quoi  on  les  destine;  pour  les  bcU,  pour 
escrire,  pour  les  espicetes,  pour  empeniier  les  fies- 
ches,  et  pour  autres  usages,  o.  de  sEr.Rts,  374. 

—  ETYM.  ^piiie,  parce  que  des  pointes  de  plumes 
de  corbeau  en  forme  d'épines  servent  à  pincer 
les  cordes. 

+  2.  EPIXETTK  (é-pi-nè-f),  ».  J.  Terme  de  pê- 
che. Sorte  d'hameçon  que  l'on  fait  avec  des  épines 
d'arbre.  Pêcher  à  l'épinettc. 

+  ».  ÉPINETTK  (épi-nè-f),  f.  f  Cage  en  bois,  en 


EPI 

osier,  dans  laquelle  on  place  une  volaille  pour  l'en- 
graisser. 

—  iirsT.  rv*  s.  Et  quant  il  plaira  à  ma  dame  Que 
j'aie  aussi  grant  q-i'une  dragme  De  confort,  adont 
resjoïs  Serai  de  ce  dont  ne  joïs,  Ains  languis  en 
■vie  eOreiise  Dedens  l'espinelte  amoureuse,  froiss. 
Kspinette  amour. 

—  tTYM.  Dénomination  qui  vient  peut-être  de 
ce  que,  avant  la  cnge,  on  se  contenlail  d'enfermer 
la  volaille  dans  une  enceinte  d'épines. 

t  4.  ÉPtNETTE  (é-pi-nè-t'),  s.  f.  Épinette  blanclie 
de  la  Nouvelle-Angleterre,  sorte  de  sapin  avec  les 
jeunes  pousses  duquel  les  pêcheurs  de  Terre-Neuve 
font  une  bitre  (nbi'cs  canadensis ,  Michaux).  ||  Épi- 
nette  rouge  ou  tamarac,  arbre  de  l'Am'érique  du 
nord  dont  le  bois  est  à  peu  près  incorruptible  {larix 
americarta,  Michaux). 

ÉPINEUX,  ECSE  (é-pi-neû,  neû-z'),  adj.  ||  1"  Hé- 
rissé d'é|iines.  Les  arbres  épineux.  Une  feuille 
épaisse  et  épineuse.  Sur  un  tertre  épineux  je  cueil- 
lis non  sans  peine  Le  laurier  frêle  encor  par  Thés- 
pis  effleuré,  millev.  Élég.  2,  Eschyle.  ||  2°  l'"ig. 
Hérissé  de  difficultés,  d'embarras.  Il  avait  une  af- 
faire épineuse  où  il  fallait  de  l'habileté,  sÉv.  215. 
l'our  servir  de  règle  immuable  dans  les  questions 
les  plus  épineuses,  Boss.  For.  xv,  §  99.  X  vous 
qui....  Courez  du  bel  esprit  la  carrière  épineuse ,  boil. 
Art  p.  1.  X  la  profession  épineuse  de  journaliste,  le 
président  Cousin  en  joignit  une  autre,  qu'il  exerça 
avec  la  même  probité,  celle  de  censeur  royal,  d'a- 
LEMB.  Éloges,  L.  Cousin.  ||  Douloureux,  blessant. 
Peu  usité  en  ce  sens.  A  qui  ne  reste  rien....  Qu'un 
regret  épineux  d'avoir  jadis  été,  régnier,  Sat.  xiii. 
Il  3*  Qui  fait  des  difficultés  sur  tout.  C'est  un 
homme,  un  esprit  épineux.  Tout  épineux  et  triste 
qu'il  est,  il  [un  auteur]  ne  me  parait  point  désa- 
gréable, BALZ.  liv.  V,  lett.  2.  Ces  gens,  épineux 
dans  les  payements  qu'on  leur  fait,  rebutent  un 
grand  nombre  de  pièces  qu'ils  croient  légères,  la 
BHUY.  Théophrasie,  iv.  Les  hommes  sont  si  épi- 
neux sur  les  moindres  intérêts....  que  je  ne  sais  par 
oOi  et  comment  se  peuvent  conclure  les  mariages, 
les  contrats,  les  acquisitions,  m.  xi.  D'Aguesseau.... 
avait  une  conscience  tendre,  épineuse,  qui  émous- 
sait  son  savoir,  saint-simon,  t.  v,  p.  286,  édit.  Ché- 
ruel.  Il  4°  Terme  d'anatomie.  Se  dit  de  toute  partie 
qui  ressemble  à  une  épine,  ou  qui  a  rapport  aux 
éminences  connues  sous  le  nom  d'épines.  ||  Le  mus- 
cle demi-épineux,  ou,  substantivement,  le  derai- 
epineux,  nom  donné  à  des  faisceaux  charnus  qui 
appartiennent  au  transversaire  épineux.  ||  5°  Terme 
de  marine.  Se  dit,  dans  certaines  mers,  des  endroits 
dangereux. 

—  HIST.  XII'  s.  Mis  pères  [mon  père]  vus  bail  de  ver- 
ges déliées ,  mais  je  vus  baierai  de  grandîmes  balains 
ki  scrunl  dur  e  espinus.  Rois,  p.  282.  ||  xvi*  s.  Une 
afi'aire  très  espineuse  et  fort  délicate,  d'aub.  Vie, 
cxii.  Il  se  trouve  obscure  séparation,  distincte  du 
muscle  transversaire  avec  son  compagnon,  nommé 
espineux  [la  séparation  est  obscure  entre  le  trans- 
versaire et  l'épineux],  PARÉ,  IV,  <7. 

—  ÉTYl».  Provenç.  espinos ;  espagn.  espinoso  ; 
portug.  espiiihoso;  ital.  spinoso  ;  du  lat.  spinosus, 
■le  .îpino,  épine. 

ÉPmE-VINETTE  (é-pi-ne-vi-nè-f),  s.  f.  Arbuste 
<rmé  de  piquants,  qui  produit  des  grappes  de  petites 
baies  d'une  extrême  acidité  {berberis  vulgaris,  L.). 
J'ai  cru  me  ressouvenir  qu'on  faisait  autrefois  des 
pastilles  d'épine-vinette  à  Dijon,  et  j'en  ai  fait  tenir 
une  petite  boîte  à  votre  voisin,  volt.  Lett.  d'Àr- 
gcnlal,  i  août  1777.  ||  Au  p!ur.  Des  épines-vinetles. 

—  HIST.  XV  s.  Espine  vignelée,  Perceforest,  t.  i, 
f°  t  B:i. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  epeigne-reignelte  :  de  épine, 
et  fine((«,  qui,  dans  quelques  provinces,  signifie 
oseille,  d'.iprès  Lehéricher,  Flore  pop.  de  Norman- 
die, additions .  p.  ♦ ,  qui  remarque  que  les  feuilles  de 
l'cpine-viiielte  sont  acides.  D'après  Legoarant,  au 
contraire,  l'épine-vinetle  a  été  ainsi  nommée  parce 
qu'on  fait  avec  ses  baies  une  sorte  de  vin.  Peut- 
être  aussi  est-ce  k  cause  de  ses  fruits  en  grappes 
qui  lui  donnent  l'aspect  d'une  petite  vigne. 

ftPlNGAKD  (é-pin-gar)  ou  ÉPINGARE  (é-pin- 
gi-r'),  s.  m  Terme  d'ailillerie.  Petit  canon  au-des- 
suus  d'une  livre  de  balles;  il  n'est  plus  en  usage. 

—  f.rVM.  Voy.  ESriNGOLE. 

KPINGLE  (é-pin-gP),  s.  f.  \\  1»  Petite  pointe  mé- 
tallique en  fil  (le  laiton  garnie  d'une  tête,  dont  on 
se  sert  généralement  pour  la  toilette.  La  pointe 
d'une  épingle.  Un  quarteron  d'épingles.  S'enfoncer 
une  épingle  dans  le  doigt.  ||  Mettre  une  épingle  sur 
sa  manche,  afin  de  se  souvenir  de  quelque  chose. 
'1  V'-ff.  et  familièiement.  Tirer  son  épingle  du  jeu. 


EPI 

se  dégager  adroitement  ou  sans  perte  d'une  mau- 
vaise affaire;  locution  qui  vient  d'un  jeu  de  petites 
filles:  elles  mettent  des  épingles  dans  un  rond,  et, 
avec  une  balle  qui,  lancée  contre  le  mur,  revient 
vers  le  rond,  elles  essayent  d'en  faire  sort- ries  épin- 
gles; quand  on  fait  sortir  la  mise,  on  dit  qu'on  retire 
son  épingle  du  jeu.  Vous  tirez  sagement  votre  épin- 
gle du  jeu,  MOL.  le  Dép.  i,  4.  Je  crois  que  le  plus 
sur  est  de  ne  me  point  mêler  de  tout  cela  et  de 
tirer  adroitemmt  mon  épingle  du  jeu,  oancourt, 
Chev.  à  la  mode,  iv,  7.  ||  Être  tiré  à  quatre  épin- 
gles, être  très-paré,  très-ajusté.  Le  tout  soutenu 
d'une  propreté  tirée  à  quatre  épingles,  marivai'X, 
Paysan  parvenu,  part.  1.  ||  Discours  tiré  à  quatre 
épingles,  discours  dont  le  style  est  affecté,  sans 
naturel.  ||  Cela  ne  vaut  pas  une  épingle,  je  n'en 
donnerais  pas  une  épingle,  je  m'en  soucie  comme 
d'une  épingle  ,  j'en  donnerais  le  choix  pour  une 
épingle;  toutes  phrases  qui  se  disent  de  choses 
qu'on  regarde  comme  sans  importance.  ||  On  jette- 
rait une  épingle  qu'elle  ne  tomberait  pas  à  terre, 
se  dit  d'une  foule  très-compacte.  ||  Fig.  Coups  d'é- 
pingles, petites  offenses,  petites  contrariétés  qu'on 
inflige  à  quelqu'un.  J'aime  à  rêver,  mais  ne  veux 
pas  Qu'à  coups  d'épingle  on  me  réveille,  delille. 
Corners.  II.  ||  Conspiration  de  l'épingle  noire,  con- 
spiration qui  se  forma  sous  la  Restauration  et  dans 
laquelle  les  conjurés  avaient  pris  pour  signe  de  ral- 
liement une  épingle  noire.  ||  2°  Épingle  à  cheveux, 
épingle  qui  autrefois  était  droite,  et  qui  est  main- 
tenant à  deux  branches  ondulées  dans  le  milieu; 
elle  est  noire  et  sert  aux  femmes  à  retenir  leurs 
cheveux.  ||  3°  Bijou,  en  forme  d'épingle,  qui  se  fixe 
au  liuKe  sur  la  poitrine  et  sur  la  cravate.  Épingle 
de  diamant.  ||  4"  .lu  piiir.  Don  ou  gratification 
qu'on  accorde  à  une  femme  pour  quelque  service 
rendu.  C'est  pour  les  épingles  des  filles,  se  dit  de 
ce  qu'on  ajoute  ,  en  payant  une  marchandise  ou 
un  ouvrage,  au  prix  convenu.  ||  Don  fait  à  une  femme 
quand  on  conclut  quelque  marché  avec  son  mari. 
Ce  sont  les  épingles  de  madame.  Ah!  que  vous  êtes 
adroit,  monsieur  Dubois!  vous  prétendez  que, 
pour  mes  épingles,  je  me  contente  de  ce  petit  sur- 
plus, dancourt.  Femme  d'intrigue,  iv,  15.  ||  En 
quelques  provinces ,  épingles  se  dit  pour  arrhes. 
En  Bourgogne,  quand  on  vend  du  vin,  on  de- 
mande des  épingles.  ||  5°  Terme  de  cuisine,  filet 
de  glace  qui  se  forme  dans  une  crème  ou  dans 
une  autre  composition  glacée.  ||  6"  Goutte  de  sou- 
dure qui  perce  dans  l'intérieur  du  tuyau  de  plomb 
que  l'on  soude.  ||  7"  Petit  morceau  de  bois  fendu, 
pour  attacher  du  linge  ou  des  estampes  sur  une  corde. 

—  HIST.  xiii'  s.  Que  nul  mestre  ne  mestresse  ne 
puisse  acheter  fil  cher  pour  fere,espingles,  se  ce 
n'est  à  ceus  du  dit  mestier,  sus  peine  de  l'amande, 
Liv.  des  met.  364.  ||  xv  s.  Humbles  furent,  coies  et 
simples.  Ne  sçurent  que  ce  futd'espingles,  Ne  d'or- 
gueil; car  humilité  Estoit  en  leur  simplicité,  eust. 
DESCH.  Poésies  mss.  dans  lacurne.  Un  carteron  de 
longues  espingles  à  la  façon  d'Angleterre,  de  la- 
BORDE,  Émaux,  D.  302.  Mme  d'Estampes  prend  de 
pension,  pour  ses  espingles,  cinq  cens  livres,  m.  ib. 
p.  303.  Et  s'il  chiet  [tombe]  à  la  dame  une  espille, 
il  l'amassera,  car  elle  se  pourroit  afibller  ou  bleçer, 
Les  quinze  joyes  du  mariage,  p.  2i.  ||  xvi' s.  La 
moindre  picqueure  d'esplingue  et  passion  de  l'ame, 
MONT.  I,  329.  Mais,  ne  pouvant  rien  contre  vent  et 
marée,  il  tira  son  espingle  du  jeu,  d'aub.  Ilist.  m, 
334.  Ung  saphir  encassé  à  jour,  sur  ung  espingle 
d'or,  garny  de  douze  petites  perles,  de  laborde. 
Émaux,  p.  303. 

—  ÉTYM.  Champ,  éplingue;  picard,  épieule, 
épiule ;  génev.  ipingue;  bas-latin,  spindula,  spi- 
niila;  du  latin  spinula,  petite  épine,  d'après  Diez. 
Scheler  conteste  celte  éiymologie,  n'admettant  pas 
l'intercalalicn  d'un  g;  l'allemand  Spange,  agrafe, 
avec  ses  diiiiinulifs  dialectiques,  spangel,  spcngel, 
spingel,  lui  paraissent  expliquer  plus  naturelle- 
ment la  forme  épingle.  L'ancien  français  espille 
et  le  picard  épieule  représentent  non  rpinula, 
mais  spiculum. 

f  ÊPlNGI-fi  (é-pin-glé),  adj.  Velours  épingle,  tissu 
à  petites  côtes  légères  en  travers  de  l'étoffe;  ces 
petites  côtes  sont  faites  avec  des  fils  de  soie  comme 
s'ils  avaient  été  enroulés  sur  des  épingles  fines  qu'on 
aurait  retirées  après  le  tissage  fini,  ce  qui  fait  une 
élofi'e  qui  se  froisse  facilement  comme  le  velours. 

I  ÉPLN'GLER  (é-pin-glé),  v.  a.  Kicher  une  épin- 
gle ,  attacher  avec  une  épingle.  |{  Percer  la  gargousse 
d  un  canon  avec  l'épinglette.  Déboucher  la  lumière 
d'un  fusil  avec  l'épinglette.  ||  Êpingler  un  bec  de 
gaz,  nettoyer  à  l'aide  d'une  épingle  très-fine  les 
petits  trous  par  oil  le  gaz  s'échappe,  et  qui  sont 


ÊPl 


UC3 


sujets  à  se  boucher.  ||  S'épinçlerj  «.  réfl.  Attacher 
ses  épingles. 

—  IHST.  xvi*  s.  Espingler,  ouDm,  Dîct. 

—  f.TYM.  Épingle;  génev.  épingoler. 

t  ÊPINGLERIE  (é-pin-gle-rie) ,  s.  f.  Manufacture 
d'épingles. 

—  HIST.  XIII*  s.  Ils  ont  regardé  que  nus  [nul]  du 
mestier  d'espingnerie  ne  puisse  prendre  aprentis, 
se  deux  des  maistres  du  mestier  n'i  sont  presens 
pour  les  convenances  oîr,  Liv.  des  m^t.  tB3. 

—  f.TY.M.  Épingle. 

ÉPINGLETTE  (é-pin-glè-f),  s.  /■.Aiguille  defer 
pour  percer  la  jfargousse  avant  d'amorcer.  ||  Épingle 
de  fil  d'archal  pour  déboucher  la  lumière  du  fusil. 
Il  Aiguille  pour  nettoyer  les  étoffes  à  mesui-e  qu'on  les 
fabrique.  ||  Terme  de  marine.  Sorte  de  petit  épissoir. 

—  ËTYM.  Diminutif  d'^pt'ng/e. 

ÉPINGLIER,  lËRE(é-pin-gli-é,  gli-ê-r'),  s.  m.  et 
f.  Il  1°  Celui,  celle  qui  fait  ou  ([Ui  vend  des  épingles. 
Le  valet  de  chambre  de  mon  gouverneur  trouva 
chez  une  miséraljle  épinglière  une  nièce  de  <4  ans 
qui  était  d'une  beauté  surprenante,  retz,  i,  54, 
Il   2*  Épinglier,  pièce  de  la  bobine  du  rouet  à  filer. 

—  niST.  XIII'  s.  Les  espingliers  de  Paris  ont  es- 
gardé  pour  le  proufit  et  por  l'avancement  du  mestier 
que  chascun  doit  lessier  envie  à  compile  en  toutes 
saisons  de  l'an,  Liv.  des  met.  152. 

—  ÉTYM  Épingle.  Espinglicr  s'est  dit  aussi  pour 
étui,  coQUiLLABT,  Droits  noureaux. 

■f  ÉPINICION  (é-pi-ni-si-oii),s.  m.  Terme  de  litur- 
gie. Se  dit  de  l'hymne  Sanctus,  sanclus,  par  où  fi- 
nit la  préface  de  la  messe. 

—  ÉTYM.  'E7ttvi-,itov ,  chant  de  victoire,  de  èici, 
sur,  et  vî/ïi,  victoire. 

f  ÉPINIER  (é-pi-nié),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  tarin. 

—  ÉTYM.  Épine. 

ÉPINIÈRE  (é-pi-niê-r'),  adj.  f.  jl  1°  Terme  d'anato- 
mie. Qui  appartient  à  l'épine  du  dos  ;  usité  seulement 
dans  cette  locution  :  bi  moelle  épinièie,  organe  cen- 
tral nerveux  que  renferme  l'épine  du  dos  ou  co- 
lonne vertébrale,  et  qui  est  continu  par  en  haut 
avec  le  cerveau.  ||  2°  S.  f.  Un  des  noms  vulgaires 
de  l'aubépine. 

—  ÉTYM.  Épine. 

ÉPIXIERS  (é-pi-nié),  s.  m.  plur.  Terme  de  véne- 
rie. Fourrés  d'épines,  où  se  retirent  les  bêtes  noires. 

—  ÉTYM.  Épine. 

\  t.  ÉPINOCUE  (é-pi-no-ch'),  s.  f.  Petit  poisson 
commun  dans  les  ruisseaux  de  France,  vulgaire- 
ment, pec,  ou  savetier,  ouécbarde,ou  épinard(jaî- 
terosteus  aculeatus). 

—  ÉTYM.  Épine;  picard,  épinoke.  L'ancienne  lan- 
gue disait  espiiioche,  pour  épinard. 

t  2.  ÉPINOCUE  (é-pi-no-ch'),  s.  m.  Nom  que  les 
droguistes  donnent  au  café  de  la  meilleure  qualité. 

t  ÉPINYCTIDE  (é-pi-ni-kli-d'),  s.  f.  Nom  donné 
par  les  médecins  grecs  à  une  éruption  cutanée 
qu'on  ne  sait  pas  au  juste  à  quoi  rapporter. 

—  ÉTYM.   'EtiivuxtI;,  de  èjif,  et  vùÇ,  nuit. 
■[■ÉPIODONTE  (é-pi-o-don-t'),  s.  m.  Mammifère 

du  genre  dauphin,  qui  se  trouve  dans  les  mers  do 
Sicile. 

—  ÉTYM.  'Enî,  sur,  et  èSoùç,  dent. 

f  ÉPIOOLlTlIIQUE(é-pio-o-li-ti-k'),  adj.  Terme 
de  géologie.  Se  dit  des  terrains  situés  au-  dessus  du 
calcaire  oolithique. 

—  ÉTYM.  'Enl,  sur,  et  oolithique. 

t  ÉPIORNIS  (é-pi-or-nis'),  s.  m.  Terme  de  ioolo- 
gie.  Oiseau  de  Madagascar,  connu  seulement  par  ses 
œufs  qu'on  a  trouvés  pétrifiés  ou  fossiles,  et  dont 
chacun  a  une  capacité  d'environ  huit  litres,  et  par 
quelques  os. 

—  ÉTYM.  'Eiti,  sur,  et  «pvii;,  oiseau. 

t  ÉPIPAROXVSME  (é-pi-pa-ro-ksi-sm'),  s.  m. 
Terme  de  raéd 'cine.  Paroxysme  qui  reparaît  plus  tôt 
ou  plus  fréquemment  qu'il  ne  doit  revenir. 

—  ÉTYM.  'Eiti,  sur,  et  paroxysme. 
lÉPIPASTlQDE  (é-pi-pas-ti-k'),  adj.  Terme  de 

pharmacie.  Papier  épipaslique,  papier  saupoudré 
de  poudre  de  canlharides  retenue  par  de  ta  matière 
emplastique. 

—  ÉTYM.  'Emiziaoti-i ,  saupoudrer. 

t  ÉPIPÉTALE  (é-pi-pé-ta-l'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  naît  sur  la  corolle.  Étamines  épipéta- 
les,  par  exemple  dans  les  labiées. 

—  ÉTYM.  'I-'.Tii,  sur,  et  pétale. 

t  ÉPIPÉTAHE  (é-pi-pé-la-lie),  *.  m.  Terme  de 
botanique.  État  d'une  plante  dont  les  étam  nés  s  in- 
sèrent sur  la  corolL'.  ||  Douz.ème  classe  de  la  mé- 
thode de  Jussieu. 

—  ÉTYM.  Épipétale. 

t  ÉPIPUANE  (é-pi-fa-n'),  adj.  Terme  de  mytho- 


1464  i:rf 

lore.  Oui  appar.lt,  .umom  quo  Ion  nppliquait  à 

îr»tr»in.  ,..rmi  le.  ,ucce«.eur.  d'Alexandre. 

—  rrr».  Voy.  «piphawii!. 

CPIPIMNIE  (épifa-nie).  #./.  Fôte  de  a  mani- 
fMadori  de  Jdsui  »")t  genllls;  le  jour  de»  liois, 

_  iiisT.  xiii*  »■  '•'  nininx  Inlomelier  [boulang^rj 
dnil  lo  premier  a»  qu'il  a  achelé  le  mestier  de  lale- 
Dielert»,  vinKi  cinq  deniers  de  coustume  à  payer 
lU  roy,'»  la  Tiphanie  el  k  Pasques  vingt  deux  dé- 
niera, et  t  l>  ^"i"'  Jehan  ISaplisIe,  cinq  denlerg^ 
pbole,  l.<v.  des  met.  7. 

—  KTVM.  l'rovenç.  rpifania,  piphania  ;  espagn. 
el  ilal.rpi'/'inifl;  d'iTtiçivtia,  inaiiileslalion,  de  èni, 
«iir,  cl  fiiviti,  liriller,  apparaître  (voy.  piiEnomènk). 
tÉPIl'HARVNX  (é-pi-farinks'),  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Pièce  de  la  bouche  des  insectes  hyméiio- 
pléres. 

—  RTYM.  "EnJ,  mir,  elpharynx. 

t  fiPIPIIfiNOMÈNE  (épi-fé-no-m6-n')  ,  ».  m. 
Terme  do  médecine.  Sympiflmo  qui  survient  dans 
le  cours  d'une  maladie  et  qui,  n'étant  pas  nécessaire 
pour  la  caractériser,  paraît  comme  surajouté  aux 
symptômes  essentiels. 

—  KTYM.  'Eni,  sur,  et  phénomène. 

t  ÉPIPllI,i;oi)E{é-pi-flé-o-d'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  naît  sur  l'épiderme  des  végétaux. 

—  RTYM.  'ICiti,  sur,  et  çXoiwSriî,  d'écorce. 

t  fiPIPIILlîO.SE  (é-piflé-ôz'),  s.  f.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Epiderme  des  végétaux.  ||  Ëpiderme 
qui  recouvre  certaines  coquilles. 

—  F.TYM.  'Kiti,  sur,  etç)oi4;,  écorce. 
EpipiionP.ME  (é-pi-fo-nê-m'),  s.  m.  Terme  de 

rhétorique.  .Sorte  d'exclamation  sentencieuse  paria- 
quelle  on  termine  un  récit. 

—  ÉTYM.  *Eit'.çMvTiiJLa,  de  iiti,  sur,  et  çwvetv,  par- 
ler, crier. 

fiPIPIIORA  (6-pi-fo-ra),  s.  m.  Terme  de  méde- 
cine. Flux  habituel  des  larm"S  qui  tombent  sur  les 
joues  au  lieu  de  passer  par  les  points  lacrymaux. 

—  insT.  XVI'  s.  Epiphora,  yeui  pleurans,  moi- 
te» ou  mousses,  pauè,  xv,  6. 

—  ETYM.  'Eni<popà,  flux,  de  eue,  "sur,  et  çépeiv, 
porter. 

t  ftPIPIIOUE  (épi-for'),  s.  ^.  Terme  de  gram- 
maire, népétilion  par  laquelle  un  mol  ou  plusieurs 
mots  reviennent  à  la  fin  de  chacun  des  membres 
d'une  période. 

—  ÉTY»l.  'Eniçopà,  proprement  apport,  de  litl, 
•ur,  et  ç'pttv  ,  pnrier. 

t  ÉPIPIIUAGMATIOUE  (é-pi-fra-gma-ti-k') ,  adj. 
Oui  a  le  caractère  d'un  épiphragme. 

lÉPIPHRAfiME  (é-pi-fra-gm'),  s.  m.  Terme  de 
loologie.  Opercule  temporaire  à  l'aide  duquel  certains 
mollusques  bouchent  leur  coquille,  ce  qui  le  distingue 
de  l'opercule  proprement  dit  qui  est  permanent. 

—  F.TYM.  'Eiti,  sur,  et  çpiYHa,  ce  qui  obstrue. 

i  ÉPIPIIRASE  (épi  fra-7.') ,  s.  f.  Terme  de  litté- 
rature. Figure  de  style  par  laquelle  on  ajoute,  à  une 
phrase  qui  semblait  finie,  un  ou  plusieurs  membres 
pour  développer  des  idées  accessoires. 

—  F.TYM .  'Eitl,  sur,  et  phrase. 

t  f-PIPHYLLANTHE  (é-pi-fil-lan-f),  ad;.  Terme 
de  liotanique.  Dont  les  fleurs  naissent  sur  les  feuilles. 

—  F.TYM.  T.nl,  sur,  çjXXov,  feuille,  et àvOoç,  fleur. 

•(  ftPIPllYLLE  (é-pi-lll') ,  adj.  Terme  de  liotani- 
que. Oui  croit  ou  est  inséré  sur  les  feuilles  des 
plantes,  |1  S.  f.  Espùce  de  cactéc. 

—  Ktym.  'Eiti,  sur,  etçiJXXov,  feuille. 

t  F.PIPIIYIXIN,  INE  (é-pi-fil-lin ,  li-n'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  les  organes  reproducteurs 
naissent  Ik  la  surface  des  feuilles. 

—  FTYM.  Épiphijlle. 

t  f.PIPHY.SE  (é  pi-fl-i:'),  i.  f.  Terme  d'anatomie. 
Eminence  osseuse  qui,  unie  au  corps  d'un  os  par  le 
moyen  d'un  cartilage,  .se  change  en  apophyse  par 
les  progrès  de  l'ossification. 

—  ETYM.  'Enifuffu,  de  lui,  sur,  et  çûat?,  action 
de  produire. 

i  ÉPIPIU-TElépi-fl-f),  adj.  Il  !•  Terme  de  bota- 
nique. Oui  croît  sur  d'autres  plantes.  ||  2*  S.  m. 
Plante  qui  naît  sur  d'autres  plantes,  mais  sans  en 
tirer  sa  nourriture;  ce  qui  la  dislingue  des  plantes 
parasites. 

—  F.TYM.  "Eiti,  sur,  et  çutèv,  plante. 
lEPIPHYTlE(é-pi-a-tie),ï.  ^. Terme  de  botanique. 

Le»  altéralions  morbides  qui  atteignent  une  grande 
quaniiié  de  plantes  do  même  espèce  à  la  fois,  dan- 
YiK,  Organ.  dt  la  midec.  en  France,  p.  B«,  <845. 

ill?*Trl*"  '*  P*"""'^  "fe  terre,  l'oïdium,  la  ca- 
ne du  bl«  ionl  de»  épiphylies. 

rnmm^v"'  *^"''  '"'  ««P^T*»,  plunte  ;  mot  fait 
comme  tpnooitt. 


ÈP\ 

t  EpiphyTIQUE  (é-pi-fl-ti-k*),  adj.  Oui  appar- 
tient aux  épiphytes.  Maladies  épiphytiques,  mala- 
dies produites  sur  les  plantes,  soit  par  des  épi- 
phytes, soit  par  des  parasites  végétaux.  ||  En  un 
autre  sens,  maladies  épiphytiques,  maladies  qui 
régnent  par  épiphylie. 

tfiPIPI.fiROSE  (épi-p!é-rô-7.'),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Héplétion  excessive. 

—  ETYM.  'Eitl,  sur,  et  TiXiioMstc,  réplélion. 

t  ÉPIPLOCELE  (é-pi-plo-s6-l'),  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Hernie  de  l'épiploon. 

IllST.  XVI*  s.  Le  dit  omentum  descent  dedans 

lo  scrotum,  dont  telle  affeclion  est  nommée  epiplo- 
celo,   PAIIÉ,  I.  (3. 

—  ETYM.  Épiploon,  etx#n,  hernie. 

t  ÉPIPI.O-ENTÊROCÈLE  (é-pi-plo-an-té-ro-sè-l'), 
».  [.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  de  l'intestin  et  de 
l'épiploon  à  la  fois. 

—  ÉTYM.  Épiptoon,  ot  entérocèle. 

tfiPIPLOÏQCE  (é  pi-plo-i-k') ,  adj.  Terme  d'a- 
natomie. Oui  appartient  à  l'épiploon.  Artère,  veine 
épiploïque. 

—  ETYM.  Épiploon. 

t  EPIPr.O-ISCHIOCÈLE  (é-pi-plo-i-,ski-o-sW),  ». 
f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  de  l'épiploon  par  l'é- 
chancriire  ischiatique. 

—  ÉTYM.  Épiplonn,  eiischiocèle. 

f  F-PIPLOÏTE  (é-pi-plo-i-t') ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Inflammation  de  l'épiploon. 

—  F.TYM.  Épiploon,  et  la  finale  ite. 

t  ÉPIPLO-MÉROCÈLE  (é-pi-plo-mé-ro-sè  1'),  s. 
f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  crurale  formée  par 
l'épiploon. 

—  ETYM.  Épiploon,  et  mérocèle. 

t  ÊPIPLOMPIIALE  (é-pi-plon-fa-1'),  ».  /".Terme 
de  chirurgie.  Hernie  de  l'ombilic,  causée  par  la 
sortie  de  l'épiploon. 

—  ÉTYM,  Épiploon,  et  à|i(pa),è;,  nombril. 
ÉPIPLOON  (é-pi-plo-on) ,  s,  m.  Terme  d'anatomie. 

Grand  repli  du  péritoine  qui  flotte  sur  la  surface 
des  intestins. 

—  HIST.  XVI"  s.  Sous  la  partie  umbilicale  des- 
cend l'eophy.sis,  et  partie  supérieure  de  l'épiploon, 

PARÉ,  I,  I. 

—  ÉTYM.  'EuîitXoov,  de  Inl,  sur,  et  tcXeîv,  flot- 
ter; à  cause  que  l'épiploon  flotte,  pour  ainsi  dire, 
sur  les  intestins. 

t  ÉPIPLOSARCOMPHALE  (é-pi-plo-sar-kon-fa-l') , 
».  f.  Terme  de  chirurgie.  Hernie  ombilicale  de  l'é- 
piploon, devenu  dur  et  comme  squirrheux. 

—  ETYM.  Épiploon,  aàp5,  chair,  et  èjiçaXJi;, 
nombril. 

t  EPIPLOSCHEOCÈLE  (é-pi-plo-ské-o-sè-1'),  s. 
/",  Terme  de  médecine.  Hernie  de  l'épiploon,  qui 
descend  jusque  dans  le  scrotum. 

—  ÉTYM.  Épiploon,  èsxéov,  scrotum,  et  xi^Xr), 
hernie. 

t  ÉPIPOLASE  (é-pi-po-la-2,') ,  s.  f.  Ancien  terme 
de  chimie.  Action  par  laquelle,  sous  l'influence  de 
la  chaleur  ou  autre,  une  substance  se  sépare  d'un 
liquide,  monte  à  sa  surface,  s'y  arrête  et  y  surnage 
sans  se  volatiliser. 

—  ETYM,  'EiT',7t6).a<ri{ ,  de  êitiTtoXàÇeiv ,  surnager, 
de  ini,  sur,  et  tioXeïv,  aller. 

t  ÉPIPOLIQUE  (é-pi,-po-li-k'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  l'épipolase.  ||  Force  épipo'ique,  nom  donné 
par  quelques  physiologistes  à  une  action  par  la- 
quelle urte  substance  se  sépare  d'un  tissu  pour  se 
montrer  au  dehors. 

tÉPIPOLISME  (é-pi-po-li-sm'),  s.  m.  Manifesta- 
tion, dans  un  corps,  de  la  force  épipolique. 

ÉPIQUE  (é-pi-k'),  adj.  \\  1°  lise  dit  des  grandes 
compositions  en  vers,  où  le  poêle  raconte  une  ac- 
tion. Le  poème  épique,  regardé  en  lui-même ,  est 
un  récit  en  vers  d'aventures  héroïques,  volt.  Ess. 
sur  la  pods.  dp.  i.  Les  poètes  épiques  sont  obligés 
de  choisir  un  héros  connu  dont  le  nom  seul  puisse 
imposer  au  lecteur  et  un  point  d'histoire  qui  soit 
par  lui-même  intéressant,  ii>.  ib.  m.  Les  Français 
riaient  quand  on  leur  di.sait  que  l'Angleterre  avait 
un  poème  épique  dont  le  sujet  était  le  diable  com- 
battant contre  Dieu  et  un  serpent  qui  persuade  à 
une  femme  de  manger  une  pomme....  je  fus  le  pre- 
mier qui  fis  connaître  aux  Français  quelques  mor- 
ceaux.... iD.  iTi.  IX.  Quelques-uns  ont  voulu  réparer 
notre  disette  en  donnant  au  Télémaque  le  titre  de 
poème  épique;  mais  rien  ne  prouve  mieux  la  pau- 
vreté que  de  se  vanter  d'un  bien  qu'on  n'a  pas  :  on 
confond  toutes  les  idées,  on  transpose  les  limites 
des  arU,  quand  on  donne  le  nom  de  poème  à  la 
pro-se,  ID.  ib.  ix.  Ce  serait  un  grand  plaisir  et  même 
un  grand  avantage  pour  un  homme  qui  pense  d'exa- 
miner tous  ce»  poèmes  épiques  de  différenle  i.a- 


ÉPI 

ture,  nés  en  des  siècles  et  dans  des  pays  éloignés 
les  uns  des  autres,  m.  ib.  i.  Thomas  est  en  travail 
d'un  gros  poûine  épique,  Gilbert,  XVIll'  siècle. 
Il  2°  Propre  à  l'épopée.  Le  genre  épique.  Des  vers 
épiques.  Le  ton  épique.  D'un  air  plus  grand  encor 
la  poésie  épique.  Dans  le  vaste  récit  d'une  longue 
action.  Se  soutient  par  la  fable  et  vit  de  fiction, 
BOiL.  Art  p.  m.  Ce  reproche  fait  par  un  homme 
d'esprit  [Malezieu]  à  la  nation  française  de  n'avoir 
pas  la  tête  épique,  appartient  un  peu  à  tous  nos 
pennies  modernes,  si  enfoncés  dans  les  intérêts  ma- 
tériels de  la  vie,  si  entravés,  si  préoccupés  de 
tous  les  soins  de  leur  civilisation  élégante  et  indus- 
trieuse, viLLP.MAiN,  Litt.  fr.  i S' siècle,  2'  partie, 
)'•  leçon.  Il  Hubslanlivemenl.  On  fait  vanité  de  porter 
l'épique  dans  la  tragédie;  en  croyant  la  parer,  on 
la  dégui.se,  i.amotte,  Réponse  à  M.  de  Voltaire. 
Il  3°  Oui  s'applique  à  l'épopée.  Un  poète  épique. 
il  4"  Par  extension,  digne  de  l'épopée.  Les  dragons 
chevelus,  les  grenadiers  épiques.  Et  les  rouges 
lanciers....  v.  IIUGO,  Cri'p.  5. 

—  ÉTYM.  'Euoc,  poème. 

t  ÉPIRRIIÉE  (é-pi-rrée),  ».  f.  Terme  de  méde- 
cine. Afflux  des  humeurs. 

—  ÉTYM.  'Em^fioia,  de  im,  sur,  et  ^eïv,  couler. 

t  ÉPlRRniZE  (é-pi-rri-z'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Se  dit  des  plantes  qui  croissent  sur  les  ra- 
cines des  arbres  el  y  vivent  en  parasite. 

—  ÉTYM.  'Eiti,  sur,  et  fi'Ça,  racine.  L'orthographe 
épirhize  qu'on  trouve  dans  cr-rtains  livres  est  fau- 
tive; l'r  se  double  dans  les  mots  grecs  ainsi  composés. 

f  ÉPISCnÈSE  (é-pi-skê-z') ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Suppression  d'une  évacuation  naturelle,  telle 
que  les  menstrues. 

—  ÉTYM.  'ExtTyEiTi;,  de  Ini,  et  ff/.îïv,  arrêter. 
ÉVISCOPAL  ,   ÀLE    (  é-pi-sko-paf,    pa-1'),    adj. 

Il  1°  Oui  appartient  à  l'évêque.  La  dignité  épi- 
scopale.  Palais  épiscopal.  Ornements  épiscopaux. 
r.e  caractère  de  saint  Chrysostome  était  de  parler 
aux  grands  et  aux  puissants,  même  dans  le  temps 
de  leur  plus  grande  prospérité,  avec  une  force  el 
une  liberté  vraiment  épiscopale,  bollin.  Traité  des 
El.  IV,  2,  Les  qualités  littéraires  étaient  relevées  et 
même  sanctifiées  dans  l'archevêque  de  Rouen  par 
toutes  les  vertus  épiscopales,  par  la  vie  la  plus  exem- 
plaire, el  la  plus  tendre  bienfaisance  pour  les  mal- 
heureux, d'alembert,  i?/o(/pi,  Coibm.  Il  2*  L'Église 
épiscopale,  c'est-à-dire  l'iîglise  anglicane,  ainsi  diie 
parce  qu'elle  a  conservé  les  évêques.  ||  Episcopaux, 
nom  qu'on  donne,  en  Angleterre,  à  ceux  qui  com- 
posent proprement  l'Église  anglicane,  et  par  op- 
position aux  presbytériens. 

—  ÉTYM.  Laf.  episcopalis,  de  episeoput,  évêq.ia 
(voy.  évêqi-e). 

t  ÊPISCOPALEMENT  (é-pi-sko-pa-le-man),  adv. 
D'une  manière  épiscopale.  Il  [Nesmond]  vivait  fort 
honorablement,  mais  sans  délicatesse,  fort  épisco- 
palemenl,  avec  modestie  et  avec  économie,  st-sim. 

387,    23). 

—  ÉTYM.  Épiscopale,  el  le  suffixe  ment. 
ÉPISCOPAT  (é-pi-sko-pa:  le  t  ne  se  lie  pas),  s. ni. 

Il  1°  Dignité  d'évêque.  L'épiscopal  est  un  ministère 
de  force  el  de  fermeté,  mass.  Or.  /un.  Yillars. 
Il  2°  Temps  durant  lequel  un  évêque  occupe  un 
siège.  Puissent  les  siècles  à  venir  dater  de  son  épi- 
scopal la  renaissance  de  la  foi,  de  la  doctrine,  de  la 
piété  1  MASS.  Or.  (un.  Yillars.  ||  S- Corps  des  évê- 
ques, L'épiscopal  français.  Kn  vain  les  rois  d'An- 
gleterre onlcrules  pouvoir  retenir  [les esprits  émus] 
sur  celte  pente  dangereuse  [l'innovation  religieuse] 
en  conservant  l'épiscopal,  BOss.  Reine  d'Anglet. 
Qu'est-ce  que  l'épiscopal,  quand  il  se  sépare  de 
l'Église  qui  est  son  tout,  aussi  bien  que  du  sainl- 
siége  qui  est  son  centre,  pour  s'attacher  contre  sa 
nature  à  la  royauté  comme  à  son  chef?  id.  ib.  Né 
pour  ainsi  dire  dans  le  sein  de  l'épiscopal,  et  trou- 
vant, à  côté  de  ses  ancêtres,  une  si  longue  suite  de 
sages  pontifes,  mass.  Or.  (un.  Villars. 

—  ÉTYM.  Lat.  cpticopafus, épiscopal  (voy.  évêché;. 
t  ÊPISÉMASIE  (é-pi-sé-ma-zie),  ».  f.  Terme  de 

médecine.  L'invasion  d'une  maladie,  le  premier 
moment  où  elle  se  fait  remarquer. 

—  ÉTYM.  'Emsiuxaffia,  de  Ént,  et  ijTi;ioffia,  ma- 
nifestation. 

t  ËPISÈME  (é-pi-sê-m')  ou  ËPISÉMON  (é-pi-sé- 
mon),  s.  m.  Nom  des  trois  caractères  étrangers  à 
l'alphabet  (les  caractères  pour  6  ou  sigma-tau,  pour 
00  ou  coppa,  et  pour  900  ou  sampi)  dont  les  Grecs 
se  servaient  dans  leur  numération  écrite,  el  par- 
ticulièrement alTeclé  au  signe  du  nombre  six  (le 
sigma-tau,  Ç). 

—  ÉTYM.  'EuioT.uiov.  signe  fvoy.  épisBhasie), 
passé  d'un  sens  gêi.cra.  â  un  sens  spécial 


ÉPI 


EPI 


EI'I 


146 


a 


t  él>lSIOCELE  (é-pi-si-o-sè-l"),  ».  f.  Terme  de 
chirurgie.  Prolapsus  du  vagin. 

—  ÉTYM.  "Eitiusiov,  pubis,  et  x-^X»i,  hernie. 

t  fiPISIOBRHAPHlE  (é-pi-si-o-rra-fle),  s-^Terme 
de  chirurgie.  Suture  des  parois  vaginales  ou  des 
grandes  lèvres,  à  l'effet  de  remédier  au  prolapsus  de 
l'utérus  ou  du  vagin. 

—  ÉTYM.  'Etiîiteiov,  pubis,  et  fàçri,  suture. 
ÉPISODE  (é-pi-zo-d'),  s.  m.  ||  1"  Action  incidente 

liée  à  l'action  principale  dans  un  poëme,  dans  un 
roman,  dans  un  lableau.  L'épisode  d'Aristée  dans 
les  Géorgiques.  L'épisode  de  Velléda  dans  les  Mar- 
tyrs. Inventer  des  épisodes,  ce  n'est  pas  tant  inven- 
ter qu'ajouter  à  ce  qui  est  déjà  inventé,  corn. 
2'  dise.  trag.  Un  autre  reproche  qu'on  peut  faire 
à  Marivaux  dans  ses  romans,  c'est  de  s'y  être  per- 
mis de  trop  longs  épisodes;  celui  de  la  religieuse, 
dans  Marianne,  occupe  lui  seul  plus  d'un  volume, 
d'alemb.  Éloges,  Marivaux.  ||  2°  Incident,  fait  re- 
marquable qui  se  rattaolie  à  un  ensemble  d'événe- 
ments importants.  Un  épisode  de  la  Révolution.  De 
croire  qu'entre  Alberoni  et  Chamillart  il  n'y  ait  point 
quelque  épisode  de  Flandre,  je  pense  que  ce  serait 
fort  se  tromper,  st-sim.  208,  43.  Admirez  la  sagesse 
d'Homère,  il  n'a  choisi  pour  l'Iliade  qu'un  épisode 
de  la  guerre  de  Troie,  barthél.  Anach.  chap.  71. 
Il  3°  Terme  de  musique.  Pensée  accessoire  que  l'on 
introduit  dans  une  fugue  ou  toute  autre  composi- 
tion d'un  style  rigoureux. 

—  REM.  Ce  mot  a  été  masculin  ou  féminin  durant 
le  XVII'  siècle,  aujourd'hui  il  est  masculin. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  si  quelque  subtil  esprit  me 
reproche  que  c'est  une  episodie....D'AuB.  Ilist.  m,  21. 

—  ÉTYM.  "EneiaoSo;,  action  d'intervenir,  de  ÈTti, 
el;,  en,  et  iSèç,  voie,  chemin.  Le  nom  grec  de  1'^- 
ptiode  était  non  i7tei(To5oç,  mais  un  dérivé,  int.im- 
6iov  ;  et  c'est  ce  dérivé  dont  d'Aubigné  fait  un  mot 
français. 

t  fiPISODIER  (é-pi-zo-di-é),  V.  a.  Étendre  une 
fable  en  y  entremêlant  des  épisodes,  Dictionn.  de 
l'Acad.  de  t7(8.  Hors  d'usage. 

ÉPISODIQUE  (é-pi-zo-di-k') ,  adj.  Qui  appartient 
à  l'épisode,  qui  n'est  pas  essentiel  à  l'action  princi- 
pale. Les  intérêts  des  seconds  amants  qu'on  intro- 
duit et  qu'on  appelle  communément  des  person- 
nages épisodiques,  corn,  i"  dise.  Une  action  épiso- 
dique  qui  ne  doit  pas  amuser  le  théâtre  quand  la 
principale  est  finie ,  id.  Ex.  de  Mélite.  \\  Poème 
épisodique  ,  celui  qui  se  forme  de  plusieurs  chants 
indépendants  les  uns  des  autres,  comme  les  Amours 
épiqttes  de  Parsevil.  ||  Pièce  épisodique  ou  pièce  à 
tiroirs,  pièce  .composée  de  scènes  qui  ne  sont  pas 
liées  entre  elles,  comme  les  Fâcheux  de  Molière, 
les  Originaux  de  Kagan.  Au  lieu  d'une  intrigue, 
j'en  vois  trois  ou  quatre;  et  c'est  pour  excuser  ce 
défaut  que  j'avais  d'abord  appelé  la  pièce  comédie 
épisodique,  picabd.  Préface  de  la  Petite  ville. 

—  ÉTYM.  Épisode. 

t  ÉPISODIQUEMENT  (é-pi-zo-di-ke-man) ,  adv. 
D'une  façon  épisodique.  Interrompre  épisodiquement 
une  narration. 

—  ÉTYM.  Épisodique,  et  le  suffixe  ment. 

f  ÉPISPADIAS  (é-pi-spa-di-as') ,  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Vice  de  conformation  de  la  verge,  dans 
lequel  l'ouverture  de  l'urèthre  est  placée  sur  la  par- 
tie supérieure  ou  dorsale. 

—  ÉTYM.  'EtiI,  sur,  etonâu,  tirer. 

■j- ÊPISPASE  (é-pi-spa-z') ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Éruption  locale  survenant  sous  l'influence  d'un 
traitement  et  indiquant  une  modification  générale 
de  l'économie,  telle  que  la  poussée  des  eaux  de 
Louesche. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉPISPASTIQUE. 
ÉPISPASTIQOE  (é-pi-spa-sti-k') ,  adj.  ||  1°  Terme 

de  pharmacie.  Qui  irrite  la  peau  et  soulève  l'épi- 
derme.  Les  canlharides  sont  épispastiques.  ||  S.  m. 
Un  épispastique  énergique.  {|  2°  S.  m.  Terme  de 
zoologie.  Nom  d'une  famille  d'insectes  coléoptères 
(les  vésicants). 

—  ÉTYM.  'EmanaoTixèç,  de  ImaTiôv,  attirer,  de 
Ini,  et  CTitâv,  tirer  (voy.  spasme). 

t  ÉPISPERMATIQUE  (épi-spèr-ma-ti-k') ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  rapport  à  l'épisperme. 

tÉPISPERME  (é-pi-spèr-m'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Tégument  extérieur  de  la  graine,  dit 
vulgairement  peau.  |{  Sac  membraneux  dans  lequel 
sont  contenues  les  spores  de  quelques  algue-»- 

—  ÉTYM.  "Eitl,   sur,  et  CTnipixa,  graine. 
ÉPISSÉ,  ÊE  (é-pi-sé,  sée),   port,  passé.   Cordes 

épissées. 

ÉPISSER  (é-pi-sé) ,  v.  a.  Terme  de  marine.  Sé- 
parer les  torons  de  deux  bouts  de  corde  et  les  en- 
trelacer de  manière  à  réunir  les  deux  cordes. 

DICT.   DF    LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


—  ÉTYM.  Holl.  splilsen;  allem.  splilMn;  angl.  (o 
îpZtce;  du  haut-allem., çph'zan;  isl.  sph'm,  fendre. 

ÉPISSOIR  (é-pi-soir),  s.  m.  ||  1° Terme  de  marine. 
Instrument  en  forme  de  poinçon,  dont  on  se  sert 
pour  épisser  les  cibles.  ||  2°  Terme  de  pêche.  Sorte 
de  cheville  de  fer  dont  les  emballeuses  de  poisson  se 
servent  pour  écarter  les  osiers  des  paniers  et  y  pas- 
ser les  ficelles. 

—  ÉTYM.  Épisser. 

ÉPISSURE  (é-pi-su-r'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Assemblage  do  deux  bouts  de  cordages  par  l'entre- 
lacement de  leurs  torons. 

—  ÉTYM.  Épisser. 

t  ÉPISTAMINAL,  ALE  (é-pi-sta-mi-nal,  na-V), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  se  développe  sur  les 
étamines.  Glandes  épistaminales. 

—  ÉTYM.  'Eui,  sur,  et  le  lat.  slamen,  fil  (voy. 
étamine). 

jÉPISTAMINÊ,  ÉE  (é-pi-sta-mi-né,  née),  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  les  étamines  naissent  sur 
le  pistil. 

■f  ÉPISTAMINIE  (é-pi-sta-mi-nie) ,  s.  f.  Terme  de 
botanique.  État  des  plantes  dont  les  étamines  sont 
implantées  sur  le  pistil.  ||  Cinquième  classe  de  la 
méthode  de  Jussieu. 

■)■  ÉPISTASE  (é-pi-sta-z'),  s.  /'.Terme  de  méde- 
cine. Matière  qui  est  tenue  en  suspension  dans  l'u- 
rine, soit  nuage,  soit  énéorème. 

—  ÉTYM.  'EnioTaffi?,  de  Itii,  sur,  et  atiia,  se 
tenir. 

t  ÉPISTATION  (é-pi-sla-sion),  s.  f.  Terme  de 
pharmacie.  Action  d'épister. 

t  ÉPISTAXIS  (é-pi-sta-ksis'),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Écoulement  de  sang  par  les  narines. 

—  ÉTYM.  'ETtî(T-ta$i«,  de  inl,  sur,  et  oTiiieiv,  cou- 
ler goutte  à  goutte. 

-j-  ÉPISTER  (é-pi-sté),  V.  a.  Terme  de  pharmacie. 
Réduire  enplte  une  substance  que  l'on  pile  dans  un 
mortier.  ||  Détruire  la  cohésion  des  sirops  mous  en 
les  écrasant  dans  un  mortier. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  le  lat.  pislare, 
piler. 

t  ÉPISTERNAL,  ALE  (é-pi-iitèr-nal,  na-1'),  adj. 
Terme  d'entomologie.  Se  dit  des  apophyses  qui  se 
portent  dans  l'intérieur  du  corselet  de  l'insecte,  et 
se  dirigent  obliquement  en  dessus  et  en  dehors. 
Il  S.  m.  Pièce  du  sternum  des  tortues. 

—  ÉTYM.  Episternum. 

t  ÉPISTERNUM  (é-pi-stèr-nom'),  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Pièce  du  thorax  des  insectes  hexapodes. 

—  ÉTYM.   'Eal,  sur,  et  sternum. 

ÉPISTOLAIRE  (é-pi-sto-lê-r') ,  adj.\\  1°  Qui  ap- 
partient à  l'épttre;  qui  concerne  la  manière  d'écrire 
les  lettres.  Genre  épistolaire.  Jugeant  de  vous  par 
moi-même,  je  suis  persuadé,  monsieur,  que  notre 
amitié  n'a  pas  besoin,  pour  se  conserver  dans  toute 
sa  force,  du  secours  ou  de  l'aliment  d'un  com- 
merce épistolaire,  bayle,  Lclt.  à  Sihestre,  6  juin 
(698.  Rien  n'est  plus  propre  à  nourrir,  si  l'on  peut 
parler  ainsi,  la  réputation  d'un  homme  de  lettres 
et  quelquefois  même  à  la  fonder,  au  moins  pour  un 
temps,  qu'un  grand  commerce  épistolaire,  d'alemb. 
Éloges,  Bouhier.  Si,  dans  la  vie  réelle,  les  lettres 
sont  ce  qui  met  le  plus  l'homme  à  nu,  il  me  sem- 
ble que,  dans  le  roman,  l'adoption  du  style  épisto- 
laire est  la  plus  puissante  et,  pour  ainsi  dire,  la 
plus  vraie  des  illusions,  villemain,  Litt.  fr.  xvuv  siè- 
cle, 2'  part,  i"  leç.  ||  Genre  épistolaire,  division 
des  traités  de  littér-ature  dans  laquelle  on  co.mprend 
particulièrement  les  lettres  familières;  règles  sur 
la  manière  d'écrire  une  lettre.  ||  S.  m.  Auteur  qui 
a  cultivé  ce  genre.  Mme  de  Sévigné  et  Voltaire  sont 
nos  meilleurs  épistolaires.  |{  2°  Terme  de  paléogra- 
phie. Papier  épistolaire,  papier  auguste  ou  royal 
dont  les  anciens  se  servaient  pour  écrire  des  lettres. 

—  ÉTYM.  Lat.  epistolaris,  de  epistola,  lettre, 
épître  (voy.  épître). 

t  ÉPISTOLIER,  ÈRE  (é-pi-slo-lié,  liê-r'),  s.  m.  et 
f.  Celui,  celle  qui  est  célèbre  par  les  lettres  qu'il 
a  écrites,  et  aussi  celui,  celle  qui  écrit  beaucoup  de 
lettres.  Vous  ne  serez  pas  fâché  de  savoir  particu- 
lièrement que  le  grand  épistolier  de  France  [Balzac 
lui-même]  a  jugé  en  votre  faveur  que  vous  écri- 
viez mieux  des  lettres  qu'homme  du  monde,  bslz. 
Lett.  à  Conrart,  (6  aoilt  (6-19.  Mais  grâce....  Au 
grand  épistolier  Balzac,  S  Chapelain  l'archipuriste, 
MÉN.^GE,  Requête  des  dict.  à  l'Acad.  la  nature  avait 
comblé  Mme  de  Sévigné....  l'art,  se  joignant  en  elle 
au  génie,  en  a  fait  l'incomparable  épistolière  qui  a 
laissé  à  mille  lieues  derrière  elle  Balzac  et  Voiture, 
et  que  Voltaire  lui-même  n'a  point  surpassée,  cou- 
sin ,  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.   Lat.  epistolaris,    de   epistola,   lettre. 


épître  (voy.  épître).  Au  xvi'  siècle  on  trouve  cpù- 
tolier,  signifiant  celui  qui  chante  l'épltre  au  diman- 
che, PARK,  VI,  46. 

ÉPISTOLOGRAPIIE  (  é-pi-sto-lo-gra-r  )  ,  s.  m. 
Il  1°  Celui  qui  écrit  des  lettres.  ||  Auteur  ancien  dont 
on  a  des  recueils  de  lettres.  ||  2°  Nom  du  secrétaire 
des  rois  Lagides,  qui  était  à  la  fois  chef  suprême 
des  établissements  littéraires  d'Alexandrie  et  mi- 
nistre des  cultes  pour  toute  l'Egypte;  il  était  tou- 
jours Grec  de  naissance. 

—  ÉTYM.  'EitiiTToJoYpâçot,  de  imirzol^,  en  latin 
epistola,  épître  (voy.  ce  mot),  et  Ypâç^'v,  écrire 
(voy.  graphique). 

t  ÉPISTOLOGRAPHIE  (é-pi-sto-lo-gra-fie) ,  s.  f. 
Il  1°  L'écriture  des  lettres ,  l'art  de  les  écrire. 
Il  2°  Terme  d'antiquité.  Système  d'écriture  vulgaire 
chez  les  anciens  Égyptiens.  On  enseignait  d'abord 
au  néophyte  l'épistolographie  ou  la  forme  et  la  va- 
leur des  caractères  ordinaires,  dider.  Opinions  des 
anc.  phil.  (égyptiens). 

—  ÉTYM.  Vov.  ÉPISTOLOGRAPUB. 

t  ÉPISTOLOGRAPHIQUE  (é-pi-sto-lo-gra-fi-k*) . 
adj.  Qui  a  rapport  à  l'épistolographie.  ||  Se  dit  de 
l'espèce  d'écriture  égyptienne  qui  est  plus  souvent 
appelée  démotique  ou  enchorique. 

t  ÉPISTOME  (é-pi-sto-m'),  s.  m.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Synonyme  d'opercule. 

—  ÉTYM.  'EtiI,  sur,  et  môjjia,  orifice. 

t  ÉPISTROPHE  (é-pi-slro-f),  s.  f.  Figure  de  dij- 
tion.  Répétition  d'un  mot  à  la  fin  des  membres 
d'une  phrase. 

—  ÉTYM.  'EitKTTpoç-?! ,  retour,  de  iiû,  sur,  et 
oxpocp-J]  (voy.  strophe). 

t  ÉPISTROPUÉE  (é-pi-stro-fée),  s.  f.  Terme  d'a- 
natomio.  Nom  donné  à  la  seconde  vertèbre  cervicale 
ou  axis. 

—  ÉTYM.  "ETCKjrpÉBetv ,  tourner,  de  in\,  et  <rrpt- 
çtiv  (voy.  strophe);  ainsi  dite  parce  que  la  pre- 
mière tourne  sur  elle  comme  sur  un  pivot. 

ÉPISTYLE  (é-pi-sti-l') ,  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture. Nom  que  les  architectes  gréco-romains  don- 
naient à  une  architrave  ou  poutre  placée  horizonta- 
lement sur  les  chapiteaux  d'une  colonne  et  s'étendant 
de  l'un  à  l'autre,  de  manière  à  former  un  lit  con- 
tinu sur  lequel  reposait  la  construction  qui  couron- 
nait l'édifice. 

—  REM.  L'Académie  indique  ce  mot  comme  étant 
du  féminin;  mais  ce  ne  peut  être  qu'une  faute  d'im- 
pre.ssion,  tous  les  mots  en  ....  style  étant  masculins. 

—  ÉTYM.  'E7tt(TT0).iov ,  de  èitl,  sur,  et  dtûXoi;, 
pilier,  colonne  (voy.  style). 

f  ÉPISYLLOGISME  (é-pi-sil-lo-ji-sm')  ,  s.  m. 
Terme  de  logique  de  Kant.  Raisonnement  qui,  fai- 
sant partie  d'une  série  polysyllogistique,  prend, 
pour  une  de  ses  prémisses,  la  conclusion  d'un  rai- 
sonnement précédent,  dit  prosyllogisme.  C'est  à 
peu  près  ce  qu'on  nomme  plus  souvent  sorite, 
sinon  que  le  sorite  comprend  non  pas  seulement 
deux,  mais  plusieurs  syllogismes. 

—  ÉTYM.  'Eni,  sur,  et  syllogisme. 

t  ÉPISYNALÈPHE  (é-pi-si-na-lè-P) ,  s.  f.  Terme 
de  grammaire.  Espèce  de  contraction,  consistant 
en  l'élision  d'une  voyelle  dans  l'intérieur  d'un  mot  : 
je  vous  loûrais,  pour  je  vous  louerais. 

—  ÉTYM.    'Eîti,  et  synalèphe  :  autre  synalèphe. 
t  ÉPISYNTHÊTIQUE  (é-pi-sin-té-ti-k').  ||  1°  Adj. 

Qui  appartient  à  l'épisynthétisme.  ||2°  5.  m.  plur. 
Les  épisynthétiques,  nom  d'une  secte  médicale  dont 
les  partisans  se  proposaient  de  concilier  les  principes 
des  méthodistes  avec  ceux  des  empiriques  et  des 
dogmatistes,  le  clerc,  Ilist.  de  la  méd.  ii,  iv,  i. 

—  ÉTYM.  'Eitt<juv9£Tixô; ,  qui  enta.sse,  de  éici, 
sur,  et  (jûvOsaiç,  composition  (voy.  synthi-se). 

t  ÊPISYNTHÉTIS.ME  (é-pi-sin-té-ti-sm'),  s.  m. 
Doctrine  des  épisynthétiques. 

f  ÉPIT  (é-pi) ,  s.  m.  Grande  perche  de  bois  qui 
forme  le  manche  d'une  pelle  à  feu  dans  les  salines. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  épieu. 

ÉPITAPHE  (é-pi-ta-f) ,  s.  (.\\l°  Inscription  sur 
un  tombeau.  Toutes  nos  charges  tomberont  bientôt 
avec  nous;  la  mort  confondra  les  cendres  de  celles 
[les  dames]  qui  brillent  à  la  cour  et  de  celles  qui 
sont  obscures  dans  la  retraite,  et  toute  la  différence 
ne  va  qu'à  quelques  titres  de  plus  ou  de  moins  dans 
nos  épitaphes,  fléch.  Mme  de  Monlausier.  Ci-gît 
Olympe,  à  ce  qu'on  dit;  S'il  n'est  pas  vrai,  comme 
on  souhaite.  Son  épitaphe  est  toujours  faite;  On  ne 
sait  qui  meurt  ni  qui  vit,  m""decrecy,  dans  mé- 
nage. Remarques.  Il  paraît  qu'on  ne  commença  à 
mettre  des  épitaphes  sur  les  tombeaux  de  nos  rois 
que  sous  la  seconde  race,  saint-foix,  Ess.  Paris, 
Œuvres,  t.  iv,  p.  H2,  dans  pougens.  Copernic  fui 
inliunié   dans  la  cathédrale   de  Frauenberg  lani 

l.  —  184 


1/ifi6 


m 


MnM  él  uni  «ptuphe,   UPiAcr,    Frpot.  v,  *. 
t^JL\Z»<L  v«n«  lire  répilaphe  que  je  me 


rJllm'Ïn  rfir.  «préVs.  mort  le  bien  ou  le  m.nl 
2"'nVn%en.».  fl^  temp,  aprts  I»  mort)  ou  l'on 
?.  1 1"  r'cu^l  Ile.  bonne,  et  de,  mauvniso.  qua'it^s de 
vu.  «M,  meurent,  et  où  charun.  re.r»çant  dan»  son 
r,,,r.l  I.»  »ujet.  .(u'il  a  .le  s'en  louer  ou  de  s  en  plam- 
en  Mion  «r«  pawion».  fait  leur  épilaphe  à  sa  mode, 
ntai.  Umf  <lf  Monlautier.  ||  Menteur  comme  une 
épilaplie,  se  dit  d'un  louangeur  exa,:«ré.  ||  Il  fera 
l'éi.iiapho  du  genre  humain,  se  dit  d'un  homme 
miHUle  qui  paraît  devoir  vivre  longtemps.  Les  yeux 
Tif»,  i«  leiiil  frai",  '■i  f''"  niliiconde.  Vous  ferez, 
JVn'iui»  stU,  l'épitaphn  du  monde,  boijbsault, 
Éinptà  la  cour,  iv,  2.  |l  2"  Terme  d'architecture. 
Tablotin  ornée  de  sculpture»  que  l'on  place  sur  le 
mur  d'une  éplise  ou  contre  un  pilier  avec  une  in- 
icripiinn  «épulcrnlo. 

—  BF.M.Dans  le  xvii'siMe,  épilaphe  était  indif- 
féremment des  deux  genres  (Je  n'ai  j.lus  qu'à  mou- 
rir, mon  épitaphe  est  fait,  coiiN.  Suite  du  ilenteur, 
I,  e);  nujourdliui  il  est  uniquement  féminin. 

—  IIIST.  xiii"  s ont  escrit  une  espitace  Desnz 

eel  arhre  en  une  place,  «-"n.  I«i2i.  ||  xV  s.  r.e  roy 
fut  mal  content  des  epitaphes  [plar.anls]  et  libelles 
diffamatoires  qu'ainsi  avoiont  esté  mises  et  atta- 
chées, à  l'csclanilie  du  dit  monseigneur  le  connes- 
taWo  et  d'aullres,  Chr.  scaiid.  de  Louis  XI,  an 
4471,  p.  (73,  dans  lacurne.  H  xvi*  s.  Hz  feirent  en- 
grsver  dessus  sa   sépulture  un  epitaphe  de  telle 

substance,  amvot,  Arisl.  50 Puis  mourant  dit 

adieu  A  ses  enfants  qui  sur  lui  ont  posio  Cette  epi- 
taphe et  la  tombe  arrosée,  MAnoT,  dans  ménage, 
Hem. 

—  ÉTYM.  "EttiTiçio;,  de  M,  sur,  etTaç^l,  sé- 
pulture. 

ÉPITASE  (é-pi-ta-z") ,  ».  f  11  1°  Terme  de  rhy- 
thmique  ancienne.  Appui  de  la  voix  sur  la  syllabe 
accentuée,  par  exemple  sur  la  syllabe  re  dans 
avi'nn.  Il  J"  Terme  de  musique  ancienne.  Passage 
du  grave  à  l'aigu.  ||  3"  Terme  de  critique  littéraire. 
Partie  du  poème  dramatique  qui,  venant  après  la 
prolase  ou  exposition,  contient  les  incidents  essen- 
tiels et  le  nœud  de  la  pièce.  Ouoil  monsieur,  la 
nrotase,  l'épitase  et  la  péripétie....  mol.  Crit.  de 
Fec.  drt  ffmmfs,  7. 

—  ÉTYM.  'ETtlxaii;,  de  M,  et  T(iiji;,  extension, 
de  t((vei'',  tendre  (voy.  ce  mot). 

t  P.PITE  (é-pi-f),  s.  f.  Terme  de  mer.  Petit  coin 
de  bois  qu'on  insère  dans  une  cheville  pour  la 
grossir. 

j; PITIIALAME  (é-pi-ta-la^m")  ,  s.  m.  ||  !•  Petit 
poëino  pour  célébrer  un  mariage;  genre  qui  nous 
vient  de  l'antiquité,  où  il  était  particulièrement 
usité.  L'épiihalame  de  Thétis  et  de  Pelée,  par  Ca- 
tulle. Quelque  épithalame  k  la  glace  Dans  un  petit 
monde  bourgeois,  gbfsset,  Chai'reuse,  Paris,  dont 
TOUS  allez  vous  attirer  le  bl4me.  Fera  votre  épi- 
laphe au  lieu  d'épithalame,  BOissv,  Deh.  Iromp.  v, 
3.  Alors  le  poète  [MiUon],  resté  comme  à  la  porte 
du  Iwrceaii  |où  sont  Adam  et  Eve],  entonne,  à  la 
face  du  firmament  et  du  pôle  chargé  d'étoiles,  un 
cantique  à  l'hymen;  il  commence  ce  magnifique 
épithalame  sans  préparation,  et  par  un  mouvement 
in.'piré.  ciiateaub.  d'Hic,  ii,  n,  s.  ||  Fig.  Quand, 
laissant  ma  voile  Fuir  au  gré  de  l'air.  Penché  sur 
la  lame.  J'écoute  avec  l'âme  Cet  épithalame  Que 
chante  la  mer,  v.  uuGo,  Crép.  20.  ||  2»  Se  dit  de 
gravures  allégoriques,  composées  par  des  dessina- 
teurs hollandais,  pour  accompagner  des  vers  sur  la 
célébration  d'Iin  maria^-e. 

—  tTYM.  'Em9«).ii|ito;,  de  iiti,  sur,  et  eiXa- 
pjti,  lit  nuptial. 

i  fiPmiF.I,IAI.,  AI.E  (é-pi-té-llal,  a-1'),  adj. 
Il  l'Termi-danalomie.  Quia  rapport  à l'épilhélium. 
Il  î'Termede chirurgie. Tumeiirépithéliale,  tumeur 
formée  essentiellement  ries  éléments  de  l'épithé- 
lium.  et  qui,  extirpée,  est  sujette  à  récidive. 

t  f,PITHfiLIOMA  (é-pi-té-li-o-ma),  ».  m.  Terme 
de  chirurgie.  Svnonyme  de  tumeur  épitheliale. 
_t  EriTIlftUliM    (é-pi-tWi-om'),  ».  m.    Terme 
d'«n»lo«iie.  L'analogue,  dans  les  membranes  mu- 
queuses, de  ce  qu'est  l'épiderme  k  la  peau. 

—  tm.  "Eiti,  sur,  et  irM,  mamelon,  parce 
que  riuisch  attribua  dabord  ce  nom  à  la  pellicule 
qui  recouvre  cette  partie;  (nriX^,  de  Oi»,  nourrir, 
donner  k  teier  (voy.  tetsh). 

ÊTITHÈMR  (é-pi-tA-m-),  ».  m.  ||  !•  Terme  de 
lw^!!l'".T.""  ,"'*d"-«n""'t  topique,  autre  que 
i^rJiT'  "  '  «"°P'*'™-  Il  »•  Terme  de  ziologie.  Ap- 
SL.r!      "™*  ''"'  «unnonte  le  bec  de  certains  oi- 


m 

—  HIST.  XTi's.  Appliquer  emplastres,  linimens, 
cataplasmes,  epithemes,  fomentations,  PAH8,i,Pr(<^. 

—  ETYM.  *Ejti9in»,  de  M,  sur,  et  6i\M,  action 
do  poser  (voy.  thème). 

lÎprrnF.TE  (é  pi-té-f),  ».  f.  ||  l*  Mot  qualificatif. 
Amas  ri'épilhèles.  Kncor  si,  pour  rimer  dans  sa 
verve  indiscrète,  Ma  muse  au  moins  souffrait  une 
froide  épithéte,  boil.  Sal.  ii.  Kn  général,  il  ne 
faut  pas  multiplier  les  épithèles  sans  nécessité  ; 
car  tout  mot  qui  n'est  pas  nécessaire  nuit  à  la  liai- 
son, connii.LAC,  Arl  d'écrire,  i,  5.  C'est  en  partie 
de  la  liberté  que  nos  pères  prenaient  de  donner 
des  épithètes  aux  personnes  qu'est  venu  ru.sage  des 
noms  propres  de  famille,  dumabsais,  Mél.  gramm. 
t.  v,  p.  228.  Il  Épithètes  caractéristiques,  celles  qui 
caracti^risent  immédiatement  un  objet,  une  situa- 
tion ;  épithètes  oiseuses,  celles  qui  ne  signifient 
rien  ou  presque  rien  ;  épithètes  contradictoires  , 
celles  qui  disent  le  contraire  de  ce  que  l'auteur  de- 
vrait dire.  Il  Se  dit,  dans  les  dictionnaires  poé- 
tiques ou  gradus,  des  adjectifs  qui  peuvent  être 
donnés  comme  épithètes  à  un  substantif,  et  qui, 
réunis  sous  un  même  coup  d'œil,  aident  l'élève  à 
faire  des  vers  latins.  ||  2°  Oualification,  presque  tou- 
jours en  mauvaise  part,  L'épithète  est  un  peu  forte. 

—  KEM.  Ce  mot  a  été  longtemps  masculin  :  épi- 
thètes oisifs,  BALZAC,  dans  ménage.  Remarques; 
épithéte  mal  placé,  vaugelas,  ib.  Aujourd'hui  il  est 
féminin. 

—  SYN.  ÉPITHÉTE,  AnjECTiP.  Ces  deux  mots  si- 
gnifient étymologiquement  la  même  chose.  Mais, 
chez  nous,  l'usage  met  entre  eux  une  différence  qui 
est  très-bien  exprimée  dans  le  passage  suivant  : 
■I  En  éloquence  et  en  poésie,  on  appelle  épithéte 
un  adjectif  sans  lequel  l'idée  principale  serait  suf- 
fisamment exprimée,  mais  qui  lui  donne  ou  plus 
de  force,  ou  plus  de  noblesse,  ou  plus  d'élévation, 
ou  quelque  chose  de  plus  fin,  de  plus  délicat,  de 
plus  touchant,  ou  quelque  singularité  piquante, 
ou  une  couleur  plus  rinnte  et  plus  vive,  ou  quel- 
que trait  de  caractère  plus  sensible  aux  yeux 
de  l'fsprit,  b  mabmontel,  Elém.  littér.  (Kur.  t.  vu, 
p.  2^9,  dans  pouGRNS. 

—  HIST.  XVI"  s.  Quant  aux  épithètes  qui  sont  en 
nos  poètes  françois,  la  plus  grand'  part  en  sont 
froids  ou  ocieux,  du  beli.ay,  dans  ménage.  Hem. 

—  ÊTYM.  'EmÔETO!;,  ajouté,  adjoint,  de  èiti,  à,  et 
Tt6évai,  mettre,  placer;  formation  à  laquelle  est  pa- 
rallile  le  latin  adjectivits,  de  ad,  à,  et  jacere,  je- 
ter, mettre. 

t  ÉPITHCTIQUE  (é-pi-té-ti-k'),  adj.  Néologisme. 
Chargé,  rempli  d'épithèles.  Style  épithétique. 

t  ÉPrTHÉTISME  (é-pi-té-ti-sm'),  s.  m.  Terme  de 
rhétorique.  Figure  d'élocution  qui  consiste  à  modi- 
fier l'expression  d'une  idée  principale  par  celle 
d'une  idée  accessoire. 

—  lîTYM.  Épithéte. 

t  ÉPITICHISME  (é-pi-ti-lti-sm') ,  s.  m.  Terme 
d'antiquité.  Construction  plus  récente  faite  sur 
d'anciennes  suhstructions.  Cette  légende ,  tirée 
d'un  vers  d'Euripide ,  consiste  en  ces  mots  bases 
cyclopéenurs  (  Kux>.io7iwv  pàOpa),  signifiant  que 
la  partie  inférieure  a  été  bâtie  par  les  Cyclopes, 
comme  si  le  poète  à  qui  nous  l'empruntons  avait 
voulu  montrer  qu'il  avait  déjà  remarqué  le  fait  con- 
stant de  l'épitichisme  des  constructions  helléniques 
au-dessus  des  construclions  cyclopéennes  ,  petit- 
eadel,  Hnnum.  cyd.  p.  (t. 

—  REM.  Il  faut  écrire  épitichisme,  et  non  épitei- 
chisme,  la  diphthongue  ei  se  rendant  par  t  en 
latin,  et,  par  conséquent,  dans  les  transcriptions 
françaises  qui  se  font  suivant  le  système  latin. 

—  ÊTYM.  'ETriTEtyiajièî,  cofistruction  sur,  deim, 
sur,  et  Ttïyo;,  muraille. 

ÉPITOGÉ  (é-pi-to-j),  t.  f.  Il  1»  Sorte  de  manteau 
des  anciens  Romains,  qui  se  portait  par-dessus  la 
toge.  Il  2''  Sorte  de  chaperon  que  les  présidents  à 
mortier  et  le  greffier  en  chef  du  parlement  portaient 
dans  les  grandes  cérémonies.  Il  ne  s'agissait  [pour 
les  présdents]  que  de  prendre  leurs  grandes  robes 
rouges  avec  leurs  épilogesetleur  mortier  à  la  main, 
ST-siM.  343,  243.  ||  3°  Sorte  d'ornement  que  les 
professeurs  des  lycées  portent  sur  la  robe,  attaché 
sur  l'épaule,  pendant  devant  et  derrière,  en  soie 
jaune  pour  les  professeurs  des  lettres,  en  soie  rouge 
groseille  pour  les  professeurs  des  sciences ,  et 
garni  de  un.  deux  ou  trois  rangs  d'hermine,  sui- 
vant les  grades  de  bachelier ,  licencié  ou  docteur. 
Cet  ornement  sa  nomme  aussi  chausse  (voy.  ce 
mot). 

—  msT.  XV  s.  Le  greffier  civil  vestu  d'un  epi- 
toge  d'escarlatte,  godefrot,  Obt.  sur  Charles  Vlll , 

p.  433,  dans  LACDHNE. 


ÉPI 

—  ÉTYM.  Lat.  epitogium,  de  M,  sur,  et  toga, 
toge. 

t  ÉPITOIR  (é-pi-toir),  t.  m.  Terme  de  manne. 
Instrument  ilo  fer  qui  sert  à  faire  entrer  l'épite. 

f  KPITOMATECR  (é-pi-to-ma-teur),  ».  m.  Celui 
qui  cnmpo.se  un  épitome. 

—  ETYM.  lat.  fictif  epitnmatorem,  indiqué  par 
le  verbe  epilomare,  abréger. 

fiPITOME  (é-pi-to-m')  ou,  plus  usité,  ÉPITOMÉ 
(é-pi-to-mé),  s.  m.  \\  !•  Abrégé  d'un  livre.  L'épitoms 
de  Justin.  Kepler  dit,  au  quatrième  livre  de  son 
épitome....  volt.  Newton  ,  m  ,  6.  {|  2"  S'écrit  et  se 
prononce  toujours  épitome,  quand  on  parle  d'un 
abrégé  de  l'histoire  sainte  ou  de  l'histoire  grecque 
à  l'usage  des  élèves  qui  commencent  l'étude  du  la- 
tin. Il  en  est  encore  à  l'épitomé. 

—  ÉTYM.  La  t.  épitome,  du  grec  imxo^ii,  abrégé, 
de  ini ,  sur,  et  to[iyi,  section,  retranchement. 

fiPÎTRE  (é-pi-tr'),  ».  (.  ||  1"  Lettre  missive  chez 
les  anciens.  Les  épîtres  de  Cicéron.  Eplire  de  saint 
Paul  aux  Corintliien.s.  ||  Cet  homme  est  familier 
comme  les  épîtres  de  Cicéron,  il  a  une  familiarité 
excessive;  se  dit  parce  qu'on  a  appelé  les  lettres  de 
Cicéron  à  ses  amis,  lettres  familières  (cpislote  ad 
familiares).  \\  Familièrement.  J'ai  reçu  de  lui  une 
longue  épître.  ||  2°  Lettre  en  vers  sur  un  sujet  philo- 
sophique ou  satirique.  Les  épîtres  d'Horace,  de  Boi- 
leau,  de  Pope.  La  faveur  que  l'ode  semble  avoir 
perdue,  l'épître  paraît  l'avoir  gagnée,  d'alemb.  Ré- 
flex.  sur  la  poésie.  Œuvres,  t.  iv,  p.  426,  dans 
pougens.  On  attache  aujourd  hui  à  l'épître  l'idée  de 
la  réflexion  et  du  travail,  et  on  ne  lui  permet  pas 
les  négligences  de  la  lettre,  mabmontel,  Éléments 
un.  Œuvres,  t.  vu,  p.  2Bn,  dans  pougens.  ||  3  Êpltre 
dédicatoire,  dédicace  mise  en  tète  d'un  livre.  11  faut 
croire  que  l'estime  et  l'amitié  ont  inventé  l'épître 
dédicatoire,  mais  la  bassesse  et  l'intérêt  en  ont 
bien  avili  l'usage,  mabmontel,  id.  p.  26.i.  ||4»  Terme 
de  liturgie.  Leçon  qui  se  dit  un  peu  avant  Pévan- 
gile.  La  messe  en  est  à  l'épître.  Le  côté  de  l'épître, 
la  partie  du  chœur  qui  est  à  la  droite  du  prêtre 
quand  il  est  tourné  vers  l'autel. 

—  SYN.  ÉplTBE,  LETTBE.  Missive  qu'ou  envoie  à 
quelqu'un  :  lettre  est  le  terme  général;  épître,  au 
contraire,  est  plus  particulièrement  appliqué  aux 
lettres  des  anciens  auteurs  (les  épîtres  de  Ci- 
céron) ou  aux  lettres  en  vers  qu'on  adresse  \  quel- 
qu'un. Au  cas  de  missives  modernes  et  non  en  vers, 
épître  ne  se  dit  qu'ironiquement. 

—  lllST.  xii*  s.  Voidrai  vus  les  epistles  e  dire  o 
reconter,  Qu'ai  rei  et  as  evesques  enveiad  II  bon 
ber  [homme,  voy.  babon],  Th.  le  mart.  7i.  Hxiii»  s. 
Après,  Il  viesti  on  le  [la]  tunique  qui  doit  iestre 
vers  [verte] ,  en  la  quele  on  list  l'epistole  qui  se- 
nefie  soufrance,  Chr.  de  Rains,  p.  I04.  Une  mer- 
veilleuse parole  Que  moult  de  gens  tindrent  à  foie, 
Qui  est  escrite  en  ses  epistres  [d'Héloïse] ,  la  Rose, 

8851. 

—  ETYM.  Lat.  episiola,  du  grec  jTtiuTo).^,  lettre, 
de  ini,  vers.yet  otaXeiv,  envoyer,  disposer  (voy. 
stole).  Palsgrave,  p.  23,  remarque  qu'on  écrit  fpw- 
tre  et  qu'on  prononce  ept'tre. 

f  JtPlTRITE  (é-pi-tri-f),  adj.  ||  !•  Dans  l'arith- 
métique des  anciens,  nombre  épitrite,  nombre  com- 
posé d'un  autre  nombre,  plus  le  tiers  de  celui-ci. 
4  est  épitrite  relativement  à  3.  ||  2''  S.  m.  Terme  de 
prosodie.  L'épitrite,  pied  grec  ou  latin  composé  de 
quatre  syllabes,  dont  trois  longues  et  une  brève. 
Il  Terme  de  musique  ancienne,  ou  plutôt  d'an- 
cienne rhythmique.Rhythme  correspondant  au  pied 
qui  porte  le  même  nom. 

—  ÉTYM.  'EitixpiTo;,  de  M,  sur,  et  TpÎTOc,  troi- 
sième, tiers. 

t  ÉPITROCHLÉE  (é-pi-tro-klée) ,  ».  f.  Terme  d'a- 
natomie.  Eminence  située  à  la  partie  interne  de 
l'extrémité  cubitale  de  l'humérus,  au-dessus  de  la 
trochlée. 

—  ÉTYM.  "Eitl,  sur,  et  trochlée. 

1.  ÉPirROPE  (é-pi-tro-p'),  ».  f.  Figure  de  rhé- 
torique, qui  consiste  à  accorder  quelque  chose  qu'on 
pourrait  contester,  afin  de  donner  plus  d'autorité  k 
ce  qu'on  veut  persuader. 

—  ÊTYM.  'EitiTpojrii,  concession,  de  M,  sur,  et 
vplKEiv,  tourner. 

t  2.  f.PITROPE  (é-pi-tro-p"),  f .  m.  Nom  person- 
nel d'office,  en  Turquie,  parmi  les  chrétiens  grecs. 

—  ETYM.  'Entipoitoi;,  surveillant,  de  im,  sur,  et 
TpéTitiv,  tourner. 

t  ÊPIXYLE  (é-pi-ksi-n,  ad;.  Terme  de  botani- 
que. Qui  croît  sur  le  bois. 

—  ETYM.  "Eiti,  .sur,  et  ÇiXov,  bois. 

t  ÊPIZOAIRE  (é-pi-io-ê-r*) ,  ».  m.  Animal  qui  vit 
en  t>arasite  i  la  surface  du  corps  d'autres  animaux 


EPL 


ÉPO 


ÉPO 


1A67 


(la  puce),  ou  qui  ss  loge  sous  l'épiderme  (l'acarus 
de  la  gale). 

—  ËTYM.  'Eiti,  sar,  et  CoKÎpiov,  diminutif  de 
ÇtSov,  animal. 

t  ÉPIZOÏQCE  (é-pi-zo-i-li') ,  adj.  Terme  de  géo- 
logie. Se  dit  de  terrains  supérieurs  à  ceux  qui  ren- 
ferment des  débris  de  corps  organisés. 

—  ÊTYM.  'EtiI,  sur,  et  Cmov,  animal. 
ÉPIZOOTIE  (é-pi-zo-o-sie),  s.  f.  Maladie  qui  règne 

sur  beaucoup  d'animaux  à  la  fois. 

—  SYN.  ÉPIZOOTIE,  ENZOOTiE.  Il  y  a  entre  ces 
deux  mots  la  même  différence  qu'entre  épidémie  et 
endémie.  L'épizootie  est  une  maladie  qui  frappe  un 
grand  nombre  d'animaux  à  la  fois;  l'enzootie  est 
une  maladie  qui  rigne  habituellement  en  un  can- 
ton sur  les  animaux. 

—  ETYM.  'Eni,  sur,  et  ÎCov,  animal. 
ÉPIZOOTIQUE  (é-pi-zo-o-ti-k'),    adj.  Qui   tient 

de  l'épizootie.  Maladie  épizootique. 

t  ÉPLAIGNER  (é-plègné),  V.  a.  Tirer  le  poil  du 
drap  avec  des  chardons. 

—  ÉTYM.  Il  semble  le  même  mot  que  l'ancien 
verbe  eplaner ,  aplanir  :  Le  lieu  où  il  y  aura  le 
moins  de  bois  pour  l'avoir  plus  tôt  couppé  eteplané, 
ÎALNOVE,   Vénerie,  p.  310,  dans  laCurne. 

t  ÉPLAIGNEUR  (é-plè-gneur) ,  s.  m.  Celui  qui 
ÈplaiRne  le  drap. 

t  ÊPLOIIATION  (é-plo-ra-sion),  s./".  Néologisme. 
Plaintes  de  l'homme  éploré.  Ce  discours  déborde 
de  majesté,  de  douleurs,  d'éploralions  sublimes, 
tAMAHT.  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

ÉPLORÉ,  ÉE  (é-plo  ré,  rée),  adj.  Qui  est  tout 
en  pleurs.  Une  femme  éplorée.  J'ai  laissé  tout  au- 
tour une  foule  éplorée,  corn.  Poly.  m,  5.  Au  bruit 
de  votre  mort  justement  éplorée,  rac.  Esth.  i,  t. 
Il  Par  extension,  lîeaux  lieux,  recevez-moi  sous  vos 
sacrés  ombrages;  Vous  qui  couvrez  le  seuil  de  ra- 
meaux éplorés.  Saules  contemporains,  courbez  vos 
longs  feuillages  Sur  le  frère  que  vous  pleurez,  la- 
MART.  Méd.  II,  16.  Vous  étiez  jeune  alors,  vous,  notre 
chère  gloire.  Vous  veniez  d'essayer  pour  la  pre- 
mière fois  Ce  beau  luth  éploré  qui  vibre  sous  vos 
doigts,  A.  DE  MUSSET,  Poésies  nouv.  Lettre  à  La- 
martine.V[ei  chers  amis,  quand  je  mourrai.  Plantez 
un  saule  au  cimetière;  J'aime  son  feuillage  éploré, 
La  paieur  m'en  est  douce  et  chère,  id.  Fois.  nouv. 
Lucie,  élégie. 

—  HIST.  XIII'  S.  Par  semblant  [il]  lait  [laisse]  la 
serve  dolente  et  eplourée,  Berle,  lxviii.  ||  xvi'  s. 
Des  valets  pasles  et  esplorez,  mont,  i,  90.  Il  trouva 
une  .sienne  petite  fille  qui  estoit  toute  esplorée;  si 
luy  demanda,  en  la  caressant,  ce  qu'elle  avoit  à 
plorer,  amyot,  P./Em.  14. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pleurer,  an- 
ciennement plurer. 

ÉPLOYÉ,  ÉE  (é-plo-ié,  iée;  plusieurs  disent 
é-ploi-ié,  iée),  adj.  Terme  de  blason.  Oiseaux 
éployés,  ceux  qui  ont  les  ailes  étendues.  ||  Par  ex- 
tension. C'est  un  déchaînement  de  dire  que  le  saiiit- 
()ère  est  Espagnol  et  que  l'ambassadeur  est  dupe; 
lous  le  verrons,  cela  ne  peut  se  cacher  :  celte  aigle 
sployée  nous  fera  voir  de  quel  côté  elle  prend  son 

;ol,   SÉV.  612. 

—  nE.M.  Le  verbe  éployer  n'est  pas  usité;  il  pour- 
rait l'être  sans  peine,  et  l'on  dirait  très-bien  :  Un 
.igle  qui  é|iluie  ses  ailes. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  ployé. 
ÉPLCCIIAGE   (é-pln-cha-j'),   s.  m.   Action,  ma- 

iière  d'éplucher  des  étoffes,  des  laines,  des  légu- 
nes,  des  fruits,  etc.  ||  Fig.  Examen  minutieux. 

—  ÊTYM.  Éplucher. 

ÉPLUCHÉ,  ÉE  (é-plu-ché,  chée),  part,  passé. 
ùéharrassé  des  bourres  ,  des  peluches.  Étoffe 
épluchée.  Il  Fig.  Examiné  comme  une  étoffe  qu'on 
ipluche.  Sa  conduite  épluchée  avec  toute  la  perspi- 
jacité  que  donne  le  ressentiment.  11  n'est  question 
que  (le  ses  discours  académiques,  sorte  d'ouvrages 
toujours  épluchés  avec  la  dernière  rigueur,  la  harpe, 
Correspond,  t.  m,  p.  200,  dans  pougens. 

ÉPLUCUEMENT  (é-plu-ctie-man) ,  s.  m.  ||  1°  Voy. 
tPLUci'AGE.  Il  î°  Action  d'ôter  une  partie  des  fruits 
d'un  arbre,  lorsqu'il  s'en  est  trop  formé. 

—  ETYM.  Éplucher. 

ÉPLUCHER  (é-plu-ché), D.o.  ||  i'  Enlever  les  bour- 
res, les  pailles,  etc.  desétoffes.  Éplucher  des  soies,  des 
laines.  ||  2°  ôler  soigneusement  les  ordures  qui  peu- 
vent se  trouver  dansdes  herbes,  dans  des  grains,  etc. 
Éplucher  do  la  salade.  Éplucher  du  riz.  |{  11  se  dit 
aussi  de  la  volaille  dont  on  ôte  les  bouts  de  plume 
Testants,  du  poisson  dont  on  ôte  les  écailles.  ||  Abso- 
lument. Et  qui,  sans  éplucher,  n'avalât  l'éperlan, 
RÉGNIER,  Sat.  X.  Il  II  se  dit  aussi  des  fruits  dont  on 
ôte  l'enveloppe.  Éplucher  une  noix.  ||  3°  Éplucher 


un  arbre,  le  débarrasser  du  bois  mort,  des  fruits 
qu'il  E  (le  trop.  {|  Éplucher  un  champ,  le  débarrasser 
des  herbes.  Il  nous  faudrait  mille  personnes  Pour 
éplucher  tout  ce  canton  [en  arracher  tout  le  chan- 
vre], LA  font.  Fabl.  I,  t>.  Il  4° Fig.  Examiner  comme 
on  fait  pour  une  chose  qu'on  épluche.  Qui  sût  d'un 
choix  prudent  toute  chose  éplucher,  Régnier,  Sat. 
XIV.  On  peut  connaître  quelle  est  la  meilleure  de 
toutes  les  sectes,  sans  les  avoir  toutes  épluchées , 
d'ablancourt,  Lucien,  Ilermotime.  Combien  avez- 
vous  passé  de  nuits  k  éplucher  les  questions  épi- 
neuses de  la  dialectique?  fonten.  Anacréon,  Àris- 
tote.  Il  Éplucher  une  personne,  s'enquérir  de  ce 
qu'elle  est,  de  sa  conduite,  etc.  Mon  avis  était  qu'il 
fallait  éplucher  un  homme  en  sa  vie,  et  non  pas  en 
son  origine,  malh.  Lett.àM.  Colomb.  Femmes  aussi 
trompent  assez  souvent.  Il  ne  les  faut  éplucher  trop 
avant,  la  font.  Troq.  Il  sera  fort  bien  d'éplucher 
tous  ces  petits  messieurs-là,  et  de  les  examiner  à  fond 
sur  leur  bien,  sur  leur  figure,  sur  leur  conduite, 
legband.  Philanthrope,  se.  4. ||  Terme  de  palais. 
Éplucher  une  personne ,  ticher  de  la  trouver  en 
défaut.  Éplucher  des  témoins,  une  personne  sus- 
pecte. Il  5°  Plus  spécialement,  rechercher  avec  un 
soin  minutieux  ce  qu'il  peut  y  avoir  d'incorrect,  de 
répréhensible  en  quelque  chose.  Et  jusqu'au  fond 
du  sac  épluchons  notre  vie,  Régnier,  Sat.  xv.  Et 
bien  que  ma  pensée  Épluche  à  la  rigueur  ma  con- 
duite passée,  corn.  Clit.m,  3,  i"éi.  Pièce  à  pièce 
épluchant  vos  sons  et  vos  paroles,  boil.  Éptt.  x.  Il 
me  siérait  mal  d'éplucher  les  défauts  d'une  personne 
dont  je  mange  le  pain,  lesage,  Gil  Blas,  vu,  2. 
Si  j'osais  éplucher  cette  épître,  je  vous  dirais  que 
trompette  ne  rime  point  à  tête,  volt.  Lett.  Prusse, 
35.  Vous  verrez  que  l'Académie  mettra  beaucoup 
plus  de  temps  à  éplucher  mes  remarques  que  je 
n'en  ai  mis  à  les  faire,  id.  Lett.  d'Argental, ia  août 
176).  On  a  donné  ma  dernière  brochure  à  éplucher 
à  un  substitut,  p.  L.  cour.  Lett.  u,  I80.  ||  6°  S'é- 
plucher, V.  réfl.  Il  se  dit  de  certains  animaux  qui  se 
nettoient  le  poil  ou  la  plume.  Les  oiseaux  s'éplu- 
chent avec  leur  bec.  ||  Fig.  S'examiner  soi-même. 
En  m'épluchant  avec  soin,  je  fus  surpris  du  nombre 
de  choses  de  mon  invention  que  je  me  rappelais 
avoir  dites,  J.  J.  rouss.  Prorr>.  4.  ||  Être  épluché, 
être  nettoyé.  Le  riz  s'épluche  aisément. 

—  HIST.  xiii*  s.  Un  jur  [la  souris]  s'asit  desor  le 
sueil.  Ses  grenonez  [petites  moustaches]  apareiUa, 
E  de  ses  pioz  s'espelucha,  marie,  Fobl.  m.  ||xiv"  s. 
Aucunes  femmes  qui  par  dessus  la  raison  et  sens  de 
leurs  maris  veulent  gloser  et  esplucher....  Uéna- 
gier,  i,  0.  ||  xv  s.  Que  par  trop  esplucier  parfont  les 
choses  secrètes....  je  n'aquisisse  liaynes  envers  moi, 
chastelain  ,  Exp.  sur  vérité  mal  prise.  ||  xvi*  s. 
Tous  ne  peuvent  esplucher  du  safran,  il  faut  que 
les  auicuns  espluchent  des  poys,  palsgr,  p.  667. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pluche;  pic. 
épluker;  bourguig.  eplonge.  Le  simple  est  dans  le 
provenç.  pelucar ;  iial.  piluccare,  que  Diez  tire,  à 
l'aide  du  suffixe  uc,  du  latin  pilare,  arracher  les 
cheveux,  les  poils  (voy.  peluche).  11  rejette  l'anc. 
baut'allem.  pluccian,  allem.  mod.  pflûckcn,  ôter 
en  cueillant  ,  qui  aurait  donné  en  italien  piuc- 
care;  il  est  même  porté  à  croire  que  ces  mots  ger- 
maniques proviennent  des  langues  romanes. 

ÉPLUCUEUR,  EUSE  (é-plu-cheur,  cheû-z'),  s. 
m.  et  f.\\i°  Celui,  celle  qui,  dans  une  manufac- 
ture, épluche  les  laines,  les  soies.  ||  Celui,  celle  qui 
épluche  des  herbes,  des  légumes,  etc.  Éplucheuse 
de  pommes  de  terre.  ||  2°  Fig.  Celui  qui  ne  laisse 
rien  passer.  Un  grand  éplucheur  de  mots.  Grand 
éplucheur,  clairvoyant  à  merveilles.  Capable  enfin 
de  pénétrer  dans  tout,  LA  font.  ISelphégor. 

—  ETYM.  Éplucher. 

ÉPLUCUOIR  (é-plu-choir),  s.  m.  ||  1°  Instrument 
pour  éplucher  des  étoffes,  etc.  ||  2°Atelier  dans  lequel 
On  enlève  les  corps  étrangers  mêlés  à  la  pâle  du  carton . 

ÊPLUCHURE  (é-plu-chu-r'),  s.  f.  ||  1"  Ordure 
qu'on  enlève  quand  on  épluche.  Chercher  dans  les 
épluchures.  ||  2°  Fig.  Depuis  la  mort  ilu  roi,  l'an- 
cienne cour  se  trouvait  éparpillée;  Dangeau,  retiré 
chez  lui,  ne  voyait  plus  que  des  restes  d'épluchures, 

ST-SIM.  464,  39. 

—  ÉTYM.  Éplucher. 

ÉPODE  (é-po-d') ,  s.  f.  Terme  de  prosodie  grec- 
que. La  troisième  partie  d'un  chant  divisé  en  stro- 
phe, antistrophe  et  épode.  Les  épodes  d'Horace,  le 
dernier  livre  de  ses  odes. 

—  ÉTYJI.  'EitipS^,  de  inl,  sur,  et  ^S^,  chant 
(voy.  ODE). 

t  ÉPOINÇONNER  (  é-poin-so-né),  v.  a.  Terme 
vieilli.  Piquer.  Jadis  un  loup,  dit-il,  que  la  faim 
époinçonne,  régnieb,  Sat.  m. 


—  HIST.  XVI*  s.  Tous  sont  espolnçonnez  d'une 
mesmo  fureur,  du  bellat,  iv,  76,  recto. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  potnfon. 

t  ÉPOINDRE  (é-poin-dr'),  v.  a.  Terme  vieilli. 
Faire  sentir  un  aiguillon,  un  désir.  Qui  sont  cei 
deux  bergers  dont  ton  coeur  est  époinf?  récwkr, 
Dial. 

—  HIST.  XVI»  s.  Si  quelqu'un  n'est  espoint  d« 
ceste  courtoisie,  il  est  plustost  à  nomhrer  entre  les 
bestes  qu'entre  les  hommes  usans  de  raison,  parB, 
Au  lecteur. 

—  ÉTYM.  .^ pour ej.... préfixe,  et  poindre,  piquer, 
t  ÉPGINTAGE   (é-poin-ta-j'),  s.  m.    Action  d'é- 

pointer  un  outil,  un  instrument. 

—  ÉTYM.  Épointer  t. 

ÉPOINTÉ,  ÉE  (é-poin-té,  tée),  part,  passé  d'é- 
pointer  ».  ||  1°  Qui  a  perdu  sa  pointe.  Une  aiguille 
épointée.  ||  Terme  de  minéralogie.  Se  dit  d'un  cristal 
dans  lequel  les  angles  solides  de  la  foime  primitive 
ont  été  remplacés  chacun  par  une  facette.  ||  2°  Terme 
de  vétérinaire.  Cheval  épointé,  cheval  chez  lequel 
une  hanche,  ayant  été  brisée,  se  trouve  moins  sail- 
lante que  l'autre.  ||  Chien  épointé,  chien  qui  s'est 
cassé  les  cuisses. 

t  ÉPOINTEMENT  (é-poin-te-man ),  f.  m.  Etat 
d'un  outil,  d'un  instrument  épointé. 

—  IllST.  Espoinlemeut,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Épointer  t. 

1.  ÉPOINTER  (é-poin-té),  «.  o.  ||  1»  Casser  la 
pointe,  émousser.  Épointer  une  aiguille,  un  cou- 
teau. Il  2°  S'épointer,  v.  réfl.  Perdre  sa  pointe.  Ces 
aiguilles  s'époiiitent  facilement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Espointer,  cotgravr. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pointe. 

t  2.  ÉPOINTER  (é-poin-té),  e.  a.  Terme  de  re- 
lieur. Rendre  pointu,  effilé.  Quand  la  colle  forte  est 
sèche,  on  détortille  et  l'on  époinie  les  nerf*,  lesné, 
la  Reliure,  p.  <67.  Détortillez  les  nerfs  jusquesdans 
leur  racine;  Ayez  soin  de  leur  faire  une  pointe 
très-fine  ;  Des  nerfs  bien  épointés  sont  secs  en  un 
moment,  id.  ib.  p.  63. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  augmentatif,  et  pointe. 

t  ÉPOINTILLAGE  (è-poin-ti-lla-j'.  Il  mouillées), 
s.  m.  Action  d'époinliller  les  draps. 

t  ÉPOINTILLER  (é-poin-ti-llé,  U  mouillées),!'. 
a.  Enlever  avec  des  pinces  les  ordures  qui  se  sont 
introduites  dans  le  drap  pendant  la  fabrication.  On 
dit  aussi  épinceter. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pointillé,  di- 
minutif de  pointe. 

t  t.  ÉPOINTURE  (é-poin-tu-r') ,  s.  f.  Terme  da 
vétérinaire.  Maladie  des  chiens  qui  leur  rend  une 
hanche  plus  basse  que  l'autre. 

—  ÉTYM.  Épointé. 

t  2.  ÉPOINTURE  (é-poin-tu-r'),  s.  f.  Terme  de 
relieur.  Action  d'époinler  les  nerfs.  ||  Parcelles  de 
ficelles  qui  proviennent  de  l'épointure  des  nerfs, 
LESNÉ,  la  Reliure,  p.  (60. 

—  ÉTYM.  Épointer  2. 

ÉPOIS  (é-poî),  s.  m.  plur.  Terme  de  vénerie. 
Cors  qui  sont  au  sommet  de  la  tête  du  cerf. 

—  HIST.  XVI'  s.  11  jugeoil  un  vieil  cerf  à  la  perche, 
aux  espois,  Â  la  meule,  andouillers  et  â  l'embru- 
nisseure,  rons.  210. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  espiés  (voy.  épieo,  à 
l'historique):  cum  quodam  ense  seu  gladio  evagi- 
nato,  nuncupato  espoy  de  guerre  (an  )365),  du 
GANGE,  espieius. 

t.  ÉPONGE  (épon-j'),  i.  f.  \\  i'  Substance  prove- 
nant d'un  zoophyte  marin,  très-légère  et  poreuse, 
qui  absorbe  tous  les  liquides  dans  lesquels  on  la 
plonge.  Pêcheur  d'épongés.  Nettoyer  avec  une 
éponge.  Ce  drap  boit  l'eau  comme  une  éponge.  ||  Fa- 
milièrement. Boire  comme  une  éponge,  boire  lieai>- 
coup.  Ragotin  fit  tout  à  fait  bien  les  honneurs  da 
sa  maison  et  but  comme  une  éponge,  scabr.  Rom. 
com.  n,  (6.  Il  Avoir  une  éponge  dans  le  gosier, 
dans  l'estomac,  être  grand  buveur.  ||  Passer  l'éponge, 
effacer  avec  l'éponge.  Passer  l'éponge  sur  un  ta 
bleau.  Il  Fig.  Passer  l'éponge  sur  quelque  faute,  la 
pardonner,  n'en  plus  parler.  Sur  les  nuires  couleurs 
d'un  si  triste  tableau  11  faut  passer  l'éponge  ou  tirer 
le  rideau,  corn.  Rodog.  u,  3.  L'oubli,  comme  une 
éponge,  a  passé  dessus,  boss.  hgl.  t.  L'éponge 
était  passée  [sur  la  conduite  de  Vendôme  à  Aude- 
narde],  l'oisiveté  réelle  de  Mons  en  Puelle,  ignorée, 
ST-siM.  209,  67.  Ces  préceptes  n'avaient  qu'une 
bonté  relative,  ce  qui  est  l'éponge  de  toutes  les  dif- 
ficultés qu'on  peut  faire  sur  les  lois  de  Moyse, 
MONTESQ.  Esp.  XIX,  2t.  ||  Presser  l'éponge,  mettre  à 
contribution;  extorquer  de  quelqu'un  tout  ce  qu'il 
est  possible  d'en  tirer.  Cette  veuve,  je  crois,  ne  se- 
rait point  cruelle.  Ce  serait  une  éponge  à  presser  au 


U(38 

hCMMD,  MONAHD, 


to  Joueur,  I,  «.  Il  a-Torn.e.lc 


,^-  iji  loop'byta  lui-même.  Genre  d'animaui 
f~°Kr;*    /r  reml,r.nchement    des    rayonnes. 
7';*,';*.  '«....t..  Le  U.lu„  de  la  b^e.  ||  «•  Terme 
i,    T'rmo       ^^ijjgy^  n,^||„  qui  ,«  développe  à  la 
"  „    chez  le»  chevaux,  et  qui  est  cau- 

^     ,  n'iusions  réputées  d'un  pied   contre 

rTulfolli-  ii'rme  de  botanique.  Éponge  d'églan- 
licr  protubérance  des  rosiers  vulgairement  nom- 
Diée'  Wilégar.  ||  6*  Terme  de  chimie.  Eponge  ou 
mousse  de  platine,  platine  spongieux,  provenant  de 
la  décomiiosilion,  par  lu  feu,  du  chlorure  de  pla- 
tine ammoniacal,  et  i|ui  a  la  propriété  d'enflammer 
un  courant  d'hydrogène. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Il  fera  rendre  gorge  à  ces  es- 
ponges,  et  larrons  des  deniers  publics.  Sa».  Mén.  p. 
Iî7.  L'on  trempe  un  esponge  femele  (car  telle  est  plus 
lisse  et  douce  pour  son  égalité  que  l'esponge  masie) 
en  ladite  décoction  chaude,  pab4,  xxv,  29.  Par  es- 
largir  et  par  presser  on  voit  l'esponge  boire  et  pleu- 
voir, CÉNIN,  Récréai,  t.  ii,  p.  246. 

—  F.TïM.  Trovenç.  csponja,  esponga  ;  espagn. 
etponja;  ital.  spugna;  du  lalin  spongia;  grec, 
onoyyo;. 

+  2.  ÉPONGE  (é-ponj') ,  i.  f.  \\  i'  Terme  de  maré- 
cbalorie.  L'extrémité  de  chaque  branche  du  fer  à 
cheval.  ||  i'  Châssis  bordant  la  table  sur  laquelle  on 
coule  le  plomb  en  nappes. 

—  HIST.  XIV"  s.  Les  espondes  du  pied  du  jeune 
cerf  plus  tranchans  que  celui  de  la  biche,  Jfodus, 
f*  vu,  verio. 

—  ÉTYM.  Provenç.  etponda,  bord,  extrémité; 
eatal.  espona;  espagn.  sponda;  du  latin  sponda, 
boni  du  lit.  Esponde  est  devenu,  par  assimilation 
et  altération,  éponge. 

ÉPONGÉ,  ÉK  (6-pon-jé,  jée),  part,  passé.  Ab- 
sorbiS  avec  l'éponge.  L'eau  épongée.  ||  Nettoyé  avec 
l'éponge.  Les  carreaux  bien  épongés. 

ÉPONGER  (é-pon-jé.  Le  g  prend  un  e  quand  il 
est  devant  o  ou  0  :  j'épongeais,  épongeons),  v.  a. 
\\i'  Êtancher  avec  une  éponge  ou  quelque  chose  de 
spongieux.  Épongez  vite  celte  encre.  |{  2"  Nettoyer 
avec  l'éponge.  Éponger  les  jambes  d'un  cheval. 
Il  Dorer  le  pain  d'épice  avec  une  éponge  imbibée 
de  jaune  d'œuf.  ||  3°  S'éponger,  t'.  réfl.  S'essuyer. 
Je  ruisselais  de  sueur,  je  ne  faisais  que  m'éponger. 

—  KTYM.  Éponge;  noim.  hipinger, 

f  ÉPON'GIER  (è-pon-jié),  s.  m.  Porteur  d'épon- 
gés, mot  plaisant  créé  par  la  Fontaine.  Camarade 
Apongier  (l'Ane  chargé  d'épongés]  prit  exemple  sur 
lui  [l'&ne  chargé  de  selj ,  Comme  un  mouton  qui  va 
dessus  la  foi  d'aulrui,  la  font.  Fabl.  Il,  4  0. 

t  ÉPONTE  (é-pon-t'),  s.f.  La  paroi  supérieure  ou 
inférieure  d'un  filon.  La  veine  du  sud  [dans  des  ar- 
doisières] n'est  pas  limitée  par  des  épontes  carac- 
térisées, BLAviER,  Preste  scient.  1804,  1. 1,  p.  JI7. 

—  ÊTYM.  Ce  semble  un  dérivé  de  pont. 

t  ÉPONTILLAGE  (ô-pon-ti-Ua-j',  U  mouillées), 
(.  m.  Terme  do  marine.  Action  de  placer  des  épon- 
tilles  pour  étayer  les  ponts,  les  gaillards,  etc. 

tÊPONTILLE  (é-pon-ti-ll",  U  mouillées),  j.  f. 
Terme  de  marine.  Élai  de  fer  ou  de  bois  placé  ver- 
ticalement sous  les  baux  et  barrots,  entre  les  ponts 
de>  grands  b&timents. 

—  ÊTYM.  Dimin.  d'^ponl«,  paroi  supérieure  ou 
inférieure. 

t  ÊPO.NTILLER  (é-poiyi-Ué,  H  mouillées),  v.  a. 
Terme  de  marine.  Soutenir  avec  des  épontilles. 

ÉPONYME  (é-po  ni-m'),  adj.  jj  !•  L'archonte 
éponyme,  ou,  substantivement,  l'éponyme,  le  pre- 
mier de.s  neuf  archontes  d'Athènes  qui  donnait  son 
nom  à  l'année.  ||  t'Se  dit  aussi  des  divinités  qui, 
donnant  leur  nom  à  une  ville,  l'avaient  sous  leur 
protection.  Les  dieux  éponymes,  et,  substantive- 
ment, les  éponymes. 

—  KTYJI.  *£xûvu|iio(,  de  ItX,  sur,  et  ivojia.  nom. 
Epopée  (é-po-pée),  t.  f.  \\  l-  Dans  un  sens  trts- 

général,  narration  eu  vers  d'actions  grandes  et  hé- 
roïques. L'/iiad«  chez  les  Grecs ,  le  Uahabarala 
chez  les  Indiens,  les  Nibtlungen  chez  les  Allemands, 
chez  noui  les  pofimcs  de  Roland  et  d'Artus  sont  des 
épopées.  Il  Épopées  primitives,  poèmes  dans  lesquels 
certains  peuples,  avant  la  culture  liltéraiie,  ont 
célébré  leurs  dieux  et  leurs  héros.  ||  i"  Dans  un  sens 
plus  restreint,  le  poSme  épique  proprement  dit,  sou- 
mit à  ses  règles,  avec  son  merveilleux,  ses  épiso- 
des, etc.  C'est  l'iiniuiion,  ou  récit,  d'une  action 
'^'*"«"nte  et  mémorable  ;  ainsi  l'épopée  diffère  de 
fWrtwre,  qui  raconte  sans  imiter;  du  poème  dra- 
■«UquB.qui  peint  en  action;  du  poème  didactique, 
V>t  est  un  tifciu  de  préceptes;  et  des  fastes  en  vers, 

î^.^.r^  ''1,".°'  •""*  d'*véncment»  sans  unUé, 
«AUKWTM..  iUn.  litiiT.    CE..r.   t.  vu,  p.  J«4 


ÉPO 

dans  rouoENS.  ||  Épopée  comique,  badine  ou  héroï- 
comique,  poème  épique  où  les^événemenls  sont  tra- 
vestis, soit  que  le  poète  plaisante  sur  un  grand  su- 
jet, par  exemple  le  Roland  furieux  de  l'Arioste,  soit 
qu'il  en  rehausse  un  petit,  par  exemple  le  Lutrin  de 
Boileau.  ||  Fig.  Suite  d'actions  éclatantes  et  dignes 
de  l'épopée.  Ce  n'était  pas  alors,  sire ,  cette  épopée 
Que  vous  aviez  naguère  écrite  avec  l'épée,  Arcole, 
Austerlitz,  Montmirail,  v.  hugo,  Crépusc.  B. 

—  ETYM.  'EitoTiotta,  de  lno;,  poème,  et  itouïv, 
faire. 

t  ÉPOPTE  (é-po-pf),  t.  m.  Terme  d'antiquité 
grecque.  Celui  qui  était  arrivé  au  troisième  et  der- 
nier grade  dans  l'initiation  aux  mystères  d'Eleusis. 

—  ÉTYM.  "Eitôirni;,  proprement  celui  qui  voit, 
de  iitî,  sur,  et  inTopai,  voir. 

f  ÉPOPTIE  (é-po-ptie) ,  s.  f.  Dignité  d'épopte. 

—  ETYM.  'EnoTiTeia  (voy.  épopte). 

tÉPOPTIQUE  (é-po-pti-k') ,  adj.  Terme  de  phy- 
sique. Se  dit  des  couleurs  qui  se  produisent  à  la 
surface  des  lames  transparentes,  quand  ces  lames 
sont  très-minces. 

—  ÊTYM.  'EtiI,  sur,  etinto[i.ai,  voir. 
ÉPOQUE   (é-po-k'),  t.  f.  Il  1°  Point  déterminé 

dans  l'histoire;  moment  où  quelque  fait  remarquable 
s'est  passé.  La  naissance  de  Jèsus-Christ  est  l'époque 
où  commence  l'ère  chrétienne.  Cette  époque  de  la 
ruine  de  Troie,  arrivée  environ  l'an  30 1  après  la 
sortie  d'Éijypte  et  II84  ans  après  le  déluge,  est 
considérable....  Boss.  llist.  i,  B.  Avant  l'époque  des 
olympiades,  les  Uhodiens  s'appliquèrent  à  la  ma- 
rine,'Barthélémy,  Anach.  ch.  73.  ||  Se  dit  aussi 
d'événements  remarquables  choisis  dans  l'histoire 
pour  y  établir  des  divisions,  et  de  chaque  espace 
lie  temps  qui  s'écoule  entre  deux  de  ces  événemenUs. 
U  faut  avoir  certains  temps  marqués  par  quelque 
grand  événement  auquel  on  rappor  e  tout  le  reste; 
c'est  ce  qui  s'appelle  époque,  d'un  mot  grec  qui 
signifie  s'arrêter,  parce  qu'on  s'arrête  pour  consi- 
dérer comme  d'un  lieu  de  repos  tout  ce  qui  est  ar- 
rivé devant  ou  après,  boss.  Ilist.  Dessein  général. 
U  faut  premièrement  que  je  parcoure  avec  vous  les 
époques  que  je  vous  propose,  et  que,  vous  mar- 
quant en  peu  de  mois  les  principaux  événements 
qui  doivent  être  attachés  à  chacune  d'elles,  j'accou- 
tume votre  esprit  à  mettre  ces  événements  à  leur 
place,  sans  y  regarder  autre  chose  que  l'ordre  des 
temps,  ID.  t'b.  Il  Par  extension.  Eux  seuls  [les  mau- 
vais prêtres]  sont  les  corrupteurs  des  peuples,  les 
sources  publiques  de  la  décadence  des  mœurs,  la 
première  époque  de  la  dépravation  générale,  mass. 
Confér.  Excel,  du  sacerd.  ||  Faire  époque,  se  dit 
d'un  fait  important  et  remarquable.  Nous  ne  savons 
que  le  mal;  à  peine  le  bien  fait-il  époque,  J.  J. 
Rouss.  .^m.  IV.  Il  sera  toujours  grand  de  l'avoir 
tenté;  ce  projet  fera  époque,  dideh.  Sur  la  prin- 
cesse d'Ashkow.  Il  2°  Toute  p.irtie  du  temps  par  rap- 
port à  ce  qui  s'y  pas,se.  L'époque  de  son  mariage. 
J'étais  à  cette  époque  très-loin  de  Paris.  L'époque 
des  invasions  barbares,  des  croisades,  etc.  Si  la 
vie,  en  effet,  n'est  qu'un  rapide  instant,  Faisons- 
en  une  époque  utile  et  mémorable,  sairin.  Spart, 
l,  2.  Il  Un  homme  au  niveau  des  connaissances  de 
son  époque,  un  homme  qui  est  au  courant  des  idées 
les  plus  avancées  en  science.  |]  3°  Terme  d'astrono- 
mie. Époque  des  moyens  mouvements  d'un  astre, 
le  lieu  moyen  de  cet  astre  fixé  pour  un  instant  dé- 
terminé, afin  de  pouvoir  ensuite,  en  partant  de  cet 
instant,  trouver  le  lieu  moyen  de  l'astre  pour  un 
autre  instantquelconque,  Vict.  des  math.  ||4''Teime 
de  géologie.  Nom  des  durées  qui  ont  succédé  chaque 
fuis  et  respectivement  aux  grauds  changements  que 
la  terre  a  subis. 

—  ETYM.  'Enoyi\,  de  iniyiii,  retenir,  de  ini, 
sur,  et  î/.civ,  avoir,  parce  que  l'époque  est  un 
point  fixe  où  l'on  s'airête  dans  le  temps. 

f  ÉPOCCË,  ÉE  (é-pou-sé,  sée),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  n'a  jias  du  pouces.  1|  S.  m.  Nom  d'une 
famille  d'oiseaux. 

—  ÉTYM.  E  |iour  et....  préfixe,  et  pouce. 
ÉPOUDRÉ,  ÉE   (é-pou-dré,  drée),  jiarl.  passé. 

Lu  tapis  époudré. 

ÉPOUDRER  (é-pou-dré),  f.  o.  Ôler  la  poussière, 
la  poudre  dont  une  chose  est  couverte.  Époudrer 
des  meubles.  ||  On  dit  plus  liouvent  épousseler. 

—  UIST.  XV'  s.  Un  paysan  qui  naguère  avoit  esté 
au  dit  chastel,  et,  comme  il  disoit,  avoit  espoudré 
tous  les  blés  de  leans,  donna  à  entendre  qu'il  estoit 
impossible  qu'ils  pussent  vivre  ne  entretenir  plus 
hault  d'un  mois,  monstrkl.  ii,  221. 

—  ÉTYM,  É  poure*....  préfixe,  et  poudre. 
ÊPOUFFÉ,  ÉE  (é-pou-fé,  fée),  adj.  Terme  fami- 
lier. Oui  s'est  essoufflé  pou.-  un  sujet  sans  im[or- 


EPO 

tance.  Il  est  venu  tout  épouffé  nous  apporter  cette 
belle  nouvelle. 

—  ETYM.   Voy.  ÉPOUFFE»  2. 

<.  ÉPOUFFER  (S')  (é-pou-fé) ,  13.  r^/l. Terme  popu- 
laire. Se  dérober,  disparaître,  s'enfuir.  Comme  on 
le  poursuivait,  il  s'est  épouffé  dans  la  foule. 

—  ÉTYM.  Pouffer,  avec  le  préfixe  es,  indiquant 
extraction:  cesser  d'être  pouCfant  ou  boulTaot,  dis- 
paraître. 

t  2.  ÉPOCFFER  (S')  (é-pou-fé),  v.  réfl.  Terme 
familier.  S'essouffler,  ne  se  dit  guère  en  ce  sens  que 
dans  la  locution  suivante  :  s'époufl'er  de  rire,  rire 
avec  excès.  Ce  que  la  jeune  mariée  trouva  si  plai- 
sant, que,  s'épouffant  de  rire  en  commençant  de 
boire,  elle  couvrit  le  visage  de  sa  belle-mère,  scar- 
RON,  iiom.  corn,  ii,  ». 

—  HIST.  XII*  s.  Otle  la  dame  [la  dame  l'entend], 
de  rire  s'esbofi,  la  Uort  de  Garin,  v.  (476.  ||xvi'  s. 
Commencèrent  à  s'esboufi'er  de  rire,  cuoliêres. 
Contes,  t.  I,  matinée  2. 

—  ETYM.  Pouffer  ou  bouffer,  avec  le  préfixe  es.... 
indiquant  augmentation,  dilatation. 

ÉPOUILLÉ,  ÉE  (é-pou-llé,  liée,  21  mouillées), 
part,  passé. 

ÊPOUILLER  (é-pou-llé,  U  mouillées,  et  non  pas 
é-pou-yé),  V.  a.  il  1°  Chercher  les  poux  à  quelqu'un. 
'Vous  me  parlez  fort  com|)laisamment  de  ce  saint 
qui  vous  est  tombé  à  Aix  et  qu'on  épouille  à  tout 
moment,  sÉv.  278.  ||  2°  S'épouiller,  u.  r</I.  Cher- 
cher ses  poux.  Un  gueux  qui  s'épouille. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ils  mettoient  leurs  faucons  au  so- 
leil pour  eulx  espoueiller,  et  semblabloment  tuent 
leurs  poulz  emprès  leurs  faucons,  Uodus,  ms. 
f*  (45,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pou. 

t  ÉPOULARDAGE  (é-pou-lar-da-j') ,  ».  m.  Action 
d'époularder. 

t  ÉPOULARDER  (é-pou-Iar-dé),  «.  o.  Nettoyer 
les  feuilles  de  tabac  avariées  qui  pourraient  com- 
muniquer aux  autres  une  mauvaise  odeur. 

t  ÉPOULLE  (é-pou-l'),  s.  f.  Voy.  espoule. 

•j  ÉPOULLIN  (6-pou-lin),  s.  m.  Voy.  espqlin. 

ÉPOUMONÉ,  ÉE  (é-pou-mo-né  ,  née),  pari, 
passé.  E|ioumoné  à  force  de  crier. 

ÉPOUMONER  (épou-mo-né),  t.  a.  111°  Fatiguer 
les  poumons  à  parler,  à  crier.  Celte  lecture  m'a 
époumoné.  ||  2*  S'époumoner,  v.  réfl.  Se  fatiguer 
les  poumons.  Surpris,  après  m'êlre  longtemps  épou- 
moné, de  ne  voir  paraître  ni  dames  ni  demoiselles 
qu'attirât  la  beauté  de  ma  voix,  J.  J.  rouss.  Conf. 
II.  Pourquoi  m'époumonerais-je  à  dissiper  un  doute 
que  vous  n'avez  pas?  dider.  Opinions  des  anc.  phil. 
(Pyrrhon.). 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Académie  ne 
met  qu'une  n  à  époumoner ,  tandis  qu'elle  en  met 
deux  à  occasionner  et  autres  analogues,  ou  plutflt 
pourquoi  elle  ne  supprime  pas  partout,  dans  les 
cas  de  ce  genre,  les  doubles  n,  écrivant  occasio- 
ner,  etc. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  poumon. 
ÉPOUSAILLES  (é-pou-zà-ll',  //mouillées),  s.f. 

plur.  Célébration  d'un  mariage.  Le  jour  des  épou- 
sailles. Assister  aux  épousailles. 

—  HIST.  xiii*  s.  Nous  prendrons  jour  des  espou- 
sailles,  Bl.  et  Jehan,  2222.  E'  avant  que  les  plevi- 
sailles  ne  les  espousailles  fussent  fêles,  il  firent 
convenence  entre  li  et  son  fil....  beaum.  xxxjv,  4(9. 

—  ÊTYM.  Provenç.  esposalltas;  catal.  esposallas; 
anc.  espagn.  esponsalias;  portug.  esponsaes  ;  du 
latin  sponsalia,  de  sponsus,  époux. 

ÉPOUSE  (ô-pou-z') ,  s.  f.  Voy.  ÊPOUX. 

ÉPOUSÉ,  EE  (é-pou-zé,  zée),  pari,  passé. 
Il  1°  Qui  a  contracté  mariage,  en  pariant  d'une 
femme.  Cette  jeune  fille  épousée  par  un  homme 
beaucoup  plus  âgé  qu'elle.  ||  2°  Il  se  dit  plus  rare- 
ment de  l'homme.  Ce  jeune  homme  épousé  par  une 
riche  veuve.  C'est  fort  bien  entendu;  Vous  serez 
épousé;  moi,  je  serai  pendu,  regnabd,  l'oliet 
amour,  u,  ».  ||  S.  m.  Sou  épousé  la  faisait  dame, 
la  font.  Aïc. 

ÉPOUSÉE  (é-pou-zée),  s.  f.  \\  V  Celle  qu'on  vient 
d'épouser,  et  quelquefois,  par  anticipation,  celle 
qu'on  va  épouser.  Mener  l'épousée  à  l'église.  L'é- 
pousée recevait  du  curé  la  bénédiction  des  fian- 
çailles, cbateal'b.  Génie,  I,  I,  (0.  Et  Suzanne  mon 
épousée,  où  croyez-vous  qu'elle  soit?  beal'mabch. 
Jfar.  de  Fig.  v,  8.  ||  Marcher  comme  une  épousée, 
marcher  lentement,  d'une  manière  réservée.  Doux 
comme  une  épousée,  à  la  joue  il  me  baise,  réonim, 
Sat.  viu.  Il  Être  parée  comme  une  épousée  de  vil- 
lage, être  chargée  de  parure.  Reluire  de  joyaux 
ainsi  qu'une  épousée  ,  m.  Sat.  xiii.  ||  Voir  l'é- 
pousée, ancien  dicton  militaire  qui  signifiai!  avoir 


ÊPO 

une  teneur  panique,  et  qui  venait,  dit-on,  de  ce 
que  des  coureurs  du  duo  d'Albe,  ayant  aperçu  de 
loin  une  noce  de  paysans,  la  prirent  pour  une  troupe, 
et  revinrent  donner  l'alarme;  sur  quoi  le  duc  d'Albe 
mit  son  armée  en  bataille  [il  s'agit  du  duc  d'Albe 
qui  fit  longtemps  la  guerre  dans  les  Pays-Bas  in- 
surgés contre  l'hilippe  11]. 

—  HIST.  xiii'  s.  Mais  foi  que  je  doi  m'espousée 
Herme,  la  franclie,  la  loée,  Ren.  3601.  [Beauté] 
Tendre  ot  la  char  comme  rosée,  Simple  fu  corne 
une  espousée.  Et  blanche  comme  flor  de  lis,  h 
llose,  1004.  Il  XV' s.  Et  quoique  ce  roi  Jacques  fut 
frère  au  bon  roi  Pierre  de  Chypre,  il  n'estoit  pas 
d'espousée,  mais  bastard,  froiss.  m,  iv,  58.  Et  il 
la  mainc  par  dessoubz  l'esselle  comme  une  espousée, 
et  s'en  vont  disner,  Les  t!>joijes  de  mariage,  p.  59. 

—  tTYM.  Épousé;  bourguig.  cpôsée. 
ÉPOUSER  (é-pou-zé),  f.  a.  ||  1°  Prendre  pour 

époux  ou  pour  épouse.  Cette  veuve  a  épousé  un 
jeune  homme.  Il  épousera  sa  cousine.  Près  d'é- 
pouser la  sœur,  il  faut  tuer  le  frère,  corn.  Hor.  ii, 
3.  Il  [Claude]  n'osait  épouser  la  fille  de  son  frère, 
RAC.  Brit.  IV,  2.  II  était  défendu  à  un  homme  qui 
avait  soixante  ans  d'épouser  une  femme  qui  en  avait 
cinquante,  montesq.  Esp.  xxiii,  2|.  ||  Absolument. 
Je  prends  loi  de  Cassandre,  épousons  dès  ce  soir, 
BOTHOU,  Vencesl.  m,  2.  L'hymen  détruit  la  ten- 
dresse: Il  rend  l'amour  sans  attraits;  Voulez-vous 
aimer  sans  cesse.  Amants,  n'épousez  jamais,  qui- 
NAULT,  Alcesle,  v,  3.  c'est,  dans  son  caractère, 
une  espèce  parfaite;  Un  ambigu  nouveau  de  prude 
et  de  coquette,  Qui  croit  mettre  les  cœurs  à  contri- 
bution. Et  qui  veut  épouser,  c'est  là  sa  passion, 
BEGNAnn,  Joueur,  i,  6.  ||  Il  s'est  laissé  épouser,  se 
dit,  avec  quelque  ironie,  d'un  homme  à  qui  on  a  fait 
les  avances  dun  mariage,  et  qui  s'est  laissé  faire. 
Il  Épouser  la  mer,  se  disait,  dans  la  répuidique  de 
Venise,  d'une  cérémonie  annuelle  où  figurait  le  doge, 
et  qui  était  la  célébration  d'un  droit  de  souverai- 
neté sur  l'Adriatique  conféré  au  doge  en  (277  par 
le  pape  Alexandre  III.  ||  2°  Il  se  dit  des  choses  qu'on 
reçoit  en  épousant  une  femme.  Épouser  une  grosse 
dot.  Il  11  épouse  la  misère,  se  dit  en  parlant  d'une 
personne  qui  se  marie  à  une  autre  très-pauvre. 
Il  3°  Marier,  rendre  époux;  sens  archaïque .  aujour- 
d'hui inusité.  Aucun  des  curés  ne  voulut  les  épou- 
ser, SCARR.  Rom.  com.  m,  U.  ||  4°  Fig.  S'attacher 
par  choix  à,  prendre  parti  pour.  Dieux  seuls  que  je 
réclame,  épousez  ma  défense,  mairet,  Uorl  d'As- 
drubal,  m,  2.  Il  fallut  épouser  les  passions  du 
frère,  corn.  Perth.  1,  <.  On  ne  montera  point  au 
rang  dont  je  dévale.  Qu'en  épousant  ma  haine  au 
lieu  de  ma  rivale,  id.  Rudog.  ii,  2.  Le  mien  [mon 
maître]  me  fait  ici  épouser  ses  inquiétudes,  mol. 
Sicil.  t .  Et  sur  les  queslions  qu'on  pourra  proposer, 
Faire  entrer  chaque  secte  et  n'en  point  épouser, 
ID.  F.  sav.  ni,  2.  Dois-je  épouser  ses  droits  contre 
un  père  irrité?  bac.  Phèdre,  I,  t.  Tu  épouseras 
mes  intérêts,  lesace,  Gil  Rlas,  x,  1\.  Quelques 
vengeurs  pourtant,  armés  d'un  noble  zèle,  Ont  de 
ces  morts  fameux  épousé  la  querelle,  Gilbert,  Le 
t8'  siècle.  Il  6°  On  dit  quelquefois  dans  le  langage 
familier,  épouser  une  étude,  un  instrument,  s'y 
appliquer.  ||  6»  S'épousur,  v.  réfl.  S'unir  par  ma- 
riage. Ils  s'aimaient  depuis  longtemps  ,  enfin  ils 
se  sont  épousés.  Tu  vois  que  c'en  est  fait, ils  se  vont 
épouser,  bac.  Baj.  m,  3.  On  s'épouse  de  tout 
temps,  on  s'épousera  toujours;  on  n'a  que  cette 
honnête  ressource  quand  on  aime,  marivaux,  le 
Legs,  se.  2.  ||  Proverbes.  Tel  fiance  qui  n'éjiousepas, 
se  dit  pour  exprimer  que  les  affaires  manquent 
qu'on  tenait  pour  les  plus  assurées  ;  on  n'achève  pas 
tout  ce  qu'on  commence.  ||  Qui  épouse  la  femme 
épouse  les  dettes. 

—  IIIST.  xii*  s.  Du  meillor  homme  serez  vous  es- 
posée,  Ronc.  p.  161.  ||  xiii*  s.  Espousa  rois  Pépins 
Eerte  la  belle  et  gente,  Berte,  x.  Dont  vont  entre 
els  no  barons  devisant  là  où  on  espouseroit  [marie- 
rait] la  demoiselle,  et  quant,  h.  de  valenc.  xi.  11 
me  mena  à  un  prestre  en  secrè  liu  qui  m'espousa, 
et  je  ne  l'ozai  veer  [refuser],  [de  peur]  qu'il  ne  m'o- 
cesist,  beaum.  XXX,  98.  ||  xv  s.  [Leur  fille]  ayant 
depuis  peij  de  jours  esté  espousée  avec  le  roy  do 
Portugal,  COMM.  vni,  (7. 1|  xvi'  s.  Les  filles  n'osent 
espouser  [se  marier]  qu'elles  n'ayent....  mont,  i, 
413.  Il  ne  fault  pas  seulement  loger  la  science  chez 
soy,  il  la  fault  espouser,  id.  i,  (99.  Il  fault  [pour  la 
vérité  d'un  récit]  un  homme  qui  n'ayt  rien  espousé 
[sans  parti  pris],  id.  i,  233.  C'est  trahison  de  se 
marier  sans  s'espouser,  id.  m,  323.  Qui  espouse  le 
corps  espouse  les  dettes,  loysel,  tio.  11  permit  à 
qui  Toudroit  de  prendre  et  espouser  la  querelle  de 
celuy  que  l'on  auroil  oultragé,  auyot,  Solon-,  32. 


ÉPO 

Il  avoit  tousjours  continué  à  espouser  leurs  affaires, 
ne  plus  ne  moins  que  si  c'eussent  esté  ses  alliez, 
ID.  P.ASm.62.  Le  fit  prendre  prisonnier  avec  mon- 
sieur de  Montmorency  au  bois  de  Vincennes,  et 
puis  espouser  [confiner]  à  la  bastille  pour  seize  ou 
dix  sept  mois,    brant.  Cap.  fr.  t.  ii,  p.  315,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Wallon,  sipozé;  provenç.  espogar;  ca- 
tal.  esposar;  ilal.  sposare  ;  du  latin  sponsare,  de 
sponsum  (voy.  époux).  Dans  l'ancienne  langue,  es- 
pouser voulait  dire  aussi  marier. 

ÉPOUSEUR  (é-pou-zeur),  s.  m.  Celui  qui  re- 
cherche une  fille  en  mariage.  Théraméne  était  riche 
et  avait  du  mérite;  il  a  hérité,  il  est  donc  très- 
riche  et  d'un  très-grand  mérite;  voilà  toutes  les 
filles  en  campagne  pour  l'avoir  pour  épouseur,  la 
BRUY.  VII.  Je  te  dirai  sur  les  deux  épouseurs,  que  je 
n'aime  point  ce  mot,  même  par  plaisanterie,  J.  j. 
Rouss.  BÛ.  II,  t9.  Une  maison  où  il  y  a  quatre  de- 
moiselles à  marier  est  bonne  à  fréquenter;  les  épou- 
seurs y  abondent,  picard,  Filles  à  marier,  i,  1. 
Il  Familièrement  et  ironiquement.  Un  épou.seur  à 
toutes  mains,  l'épouseur  du  genre  humain,  c'est- 
à-dire  un  trompeur  qui  promet  aux  femmes  de  les 
épouser.  Un  épouseur  à  toutes  mains,  mol.  le  Fest. 
I,  (.  Il  en  a  bien  abusé  d'autres,  c'est  l'épouseur  du 
genre  humain,  id.  th.  ii,  7. 

—  f.TYM.  Épouser. 

tÉPOUSSETAGE  (é-pou-se-ta-j'),  s.  m.  Action 
d'épousseter.  ||  Dernière  façon  que  l'on  donne  à  la 
poudre  de  guerre  ou  de  chasse. 

ÉPOCSSETÉ,  ÉE  (é-pou-se-té,  tée),  part,  passé. 
Nettoyé  avec  l'époussette.  Meubles  époussetés.jl  Fig. 
Battu.  Sans  cela,  vous  n'auriez  de  nous  Reçu  la 
moitié  tant  de  coups;  Je  m'offrirais  de  les  repren- 
dre. Si  tant  de  coups  se  pouvaient  rendre.  Sans 
qu'aucun  de  votre  côté  En  demeur&t  épousseté, 
scarron,   Virg.  i. 

ÉPOUSSETER  (é-pou-se-té.  Régulièrement,  la 
syllabe  sset  prend  deux  (  quand  la  syllabe  qui  suit 
est  muette:  j'épousselte,  j'époussetterai;  cependant 
l'Académie,  qui  ne  dit  rien  sur  le  présent,  écrit, 
au  futur,  épousseterai ,  qu'elle  laisse  prononcer 
comme  on  voudra.  La  prononciation  vulgaire  et 
fautive  est  j'épouste,  et  j'épousterai  ;  cela  se  trouve 
aussi  dans  quelques  auteurs  :  Oui-da,  très-volon- 
tiers, je  l'épousterai  bien,  mol.  l'Êlour.  iv,  7;  11 
épouste  parfois  aussi  mon  justaucorps,  legrand, 
Famille  extravagante,  se.  tt),  v.  a.  ||  1°  ôter  la 
poussière  avec  une  vergette,  une  brosse.  Épous.seter 
son  habit.  Tu  rencontres  un  homme  qui,  pour 
épousseter  ses  habits  et  faire  sa  chambre  le  matin, 
donne  six  réaut  par  jour,  avec  la  Iiberlé  de  te  pro- 
mener et  de  te  diveilir  comme  un  écolier  dans  les 
vacances,  i.esage,  Gil  Blas,  m,  t.  ||  Absolument. 
On  n'en  finit  pas  de  biosst-r,  d'épousseter,  de  la- 
ver, etc.  Il  Épousseter  un  cheval,  le  brosser  après 
l'avoir  étrillé.  ||  S"  Fig.  Épou.sseter  quelqu'un,  ]e 
battre.  Je  l'épousseterai  comme  il  faut.  Au  reste, 
pour  se  venger  un  peu  du  poète  qui  avait  médit 
de  lui,  il  lui  fit  épousseter  le  dos  à  coups  de  bâ- 
ton, Francion,  vi,  p.  231.  L'impératrice  de  Russie 
époussette  le  vicaire  de  Mahomet ,  volt.  Roi  de 
Prusse,  <72.  Il  Critiquer  sans  ménagement.  La  pre- 
mière fois,  mon  ami,  nous  épousseterons  Wicliel 
Vanloo,  DiDER.  Salon  de  17C7,  Œuvres,  t.  xiv, 
p.  30.  dans  pougens.  ||  3°  Faire  i'époussetage  de  la 
poudre  de  guerre  ou  de  chasse,  jj  4°  S'épousseter, 
V.  ré)}.  Se  brosser.  Allez  vous  épousseter. 

—  HIST.  XVI' s.  Le  cheval  sera  estriUé,  espous- 
seté,  bouchonné,  ,o.  de  serres,  307.  Il  s'associa 
avec  Louis  XII  pour  faire  la  guerre  aux  Vénitiens, 
que  nostre  roy  espousselta  bien  à  bon  escient, 
BRANT.  Maximilian,  2. 

—  ÉTYM.  Époussette;  wallon,  èpoâseler. 

+  ÊPOUSSETOIR  (é-pou-se-toir),  s.  m.  Petit  pin- 
ceau à  l'usage  du  diamantaire. 

ÉPOOSSETTE  (é-pou-sè-f),  s.  f.  ||  1»  Réunion  de 
plusieurs  brins  de  bruyère,  de  poil  ou  de  crin  liés 
ensemble,  dont  on  se  sert  pour  faire  tomber  la 
poussière  de  dessus  les  meubles.  Ses  cheveux  étaient 
de  coton.  Et  gros  comme  poils  d'époussette,  scar- 
RON,  Virg.  vu.  ||  On  l'emploie  très-souvent  au  pluriel, 
quoiqu'il  ne  s'agisse  que  d'une  époussette  :  Voilà 
des  époussettes  trop  rudes.  ||  2»  Abusivement.  Brosse 
ou  vergette.  ||  3°  Morceau  d'étoffe  avec  lequel  on 
nettoie  un  cheval  après  l'avoir  étrillé. 

—  HIST.  xv  s.  Auquel  chemin  le  suppliant  trouva 
une  espoussete  [vieux  linge]  en  laquelle  il  bouta  les 
tasses  et  autres  utensiles  par  lui  prinses,  du  cange, 
espnussorium.  ||  xvi'  s.  Il  faut  lui  passer  doucement 
l'estriUe,  le  peigne,  l'e-spoussete  et  le  bouchon  sur 
le  dos,  0.  DE  serres,  30fi. 


LPO 


14G9 


—  ÉfYM.  E  pour  es....  préfixe,  et  pousse,  radical 
de  poussière  (voy.  pousse  2).  Cette  étymologie, 
donnée  par  Scheler ,  est  meilleure  que  celle  do 
pousser. 

t  ÉPOUTI  (é-pou-ti),  s.  m.  Petite  ordure  qui  se 
trouve  dans  les  draps  et  autres  ouvrages  en  laine. 

—  ÉTYM.  Part,  passé  à'époutir. 

t  ÉPOUTIER  (é-pou-tié),  ».  o.  Voy.  ÉPOUTIB. 
t  ÉPOUTIEUSE  (é-pou-tieû-z'),  s.  f.  Synonyme 
d'épincheuse. 
t  ÉPOUTIU  (é-pou-tir),  v.  a.  Synonyme  d'énouer, 

—  ÉTYM.  h....  pour  es  préfixe,  et  pouiie  ou  potie 
qui,  dans  l'ancienne  langue,  signifiait  petite  ordure  : 
Se  poulie  poés  veoir  Sor  li  [sur  eile]  de  quelque 
part  cheoir,  Ostez  li  tantost  la  poulie,  la  Rose, 
78>(.  Poulie  avait  donné  poutieux,  qui  fait  le  diffi- 
cile, le  minutieux.  Origine  inconnue. 

t  ÉPOUTISSAGE  (é-pou-li-sa-j'),  s.  m.  Action 
d'époutir. 

ÉPOUVANTABLE  (é-pou-van-ta-bf) ,  adj.  ||  i'  Ca- 
pable de  causer  une  épouvante.  Vision  épouvantable. 
Des  cris  épouvantables.  Que  Cambrai ,  des  Français 
l'épouvantable  écueil,  A  vu  tomber  enfin  ses  murs 
et  son  orgueil,  boil.  ^pf(.  vi.  Des  plus  puissants 
Etats  la  chute  épouvantable.  Quand  il  veut,  n'est 
qu'un  jeu  de  sa  main  redoutable,  rac.  Eslh.  m,  *. 
En  achevant  ces  mots  épouvantables.  Son  ombra 
vers  mon  lit  a  paru  se  baisser,  id.  Ath.  ii,  6. 
Il  2°  Par  exagération  et  en  mauvaise  part,  excessif, 
monstrueux.  Action  épouvantable.  Laideur  é|)ou- 
vantable.  C'est  épouvantable  de  se  comporter  ainsi. 

—  HIST.  xii' s.  Tu  espowcntables  les  [es];  e  li 
queiscontresteraà  tei?  Liber  psalm.p.  t02.  ||xiii's. 
Enfer  et  trestous  les  deables  Moult  laiz  et  moult 
espoentables,  la  Rose,  20508.  La  noise  que  il  me- 
noient  de  leur  nacaires  [timballes]  et  de  leur  cors 
sarrazinois  estoit  espoventable  à  escouter,  joinv. 
213.  Il  xv's.  Une  pestilence  rie  mortalité  très  grande 
et  très  espoentable  se  bouta  en  l'ost,  froiss.  ii, 

III,  30.  Il  XVI' s.  L'espovantable  [merveilleuse]  ma- 
gnificence des  villes  de  Cusco  et  de  Mexico,  mont. 

IV,  17.  Ceux  dont  la  puissance  leur  est  e.spouvaii- 
table  [les  épouvante],  langue,  379. 

—  ÉTYM.  Épouvanter;  Berry,  épouvantible ;  pro- 
venç.  espaventable ;  espagn.  espantable;  ital.  spa- 
ventevole. 

ÉPOUVANTABLEMENT  (é-pou-van-ta-ble-man), 
adv.  D'une  manière  épouvantable,  excessive.  Cet 
homme  est  épouvantablement  laid.  Cet  homme-là 
vous  aime  épouvantablement,  regnard,  le  Joueur, 

II,   B. 

—  HIST  XVI'  S.  Hz  avoient  mis  au  devant  les  cha- 
riots de  guerre  armez  et  esquipez  fort  espouvanta- 
blement,  amyot,   Timol.  30. 

—  ÉTYM.  Épouvantable ,  et  le  suffixe  ment;  pro- 
venç. espaventablament ;  ital.  spaventevolmente. 

ÊPOUVANTAIL  (é-pou-van-tall,  Il  mouillées), 
s.  m.  Il  1°  Objet  quelconque  propre  à  effrayer  les  oi- 
seaux et  placé  dans  un  champ,  un  jardin,  pour  les 
empêcher  de  venir  manger  les  semences  déposées 
dans  la  terre,  les  fruits,  etc.  Mettre  des  épouvan- 
tails  sur  les  cerisiers.  Comme  on  met  auprès  des 
concombres  un  épouvantait  qui  ne  peut  les  garder, 
ainsi  sont  leurs  dieux  de  bois,  d'argent  et  d'or, 
sAci,  Bible,  Baruch,  vi,  09.  ||  Fig.  C'est  un  épou- 
vantail  de  chènevière,  à  chènevière,  ou,  simple- 
ment, c'est  un  épouvantail,  se  dit  d'une  personne 
ou  d'une  chose  beaucoup  moins  redoutable  qu'elle 
ne  le  paraît.  ||  Personne  très-laide.  Un  vrai  monstre 
amphibie,  un  triste  épouvantail,  favaht,  Soli- 
man II,  1,  to.  Il  Par  plaisanterie,  dans  le  style  de  la 
galanterie,  adorateur  vieux  et  laid  qu'on  met  en 
avant  pour  effrayer  les  autres  ou  dérouter  les  soup- 
çons. Au  milieu  de  cette  foule  d'adorateurs,  on  en 
choisit  un,  le  plus  insignifiant,  mais  d'une  patience 
à  toute  épreuve,  qui  est  toujours  là,  prêt  à  profiter 
en  apparence  du  plus  léger  refroidissement  de  ses 
rivaux;  sa  vue  seule  entretient  les  craintes,  irrite 
les  amours-propres,  empêche  les  défections;  c'est 
ce  que  j'appelle  l'épouvantail,  mélesville  et  dovey- 
rier,  la  Marquise  de  Senneterre,  i,  7.  ||  2"  Fig.  Ce 
qui  cause  l'épouvante.  Ce  grand  mot  dont  il  fait  un 
épouvantail  à  son  parti,  boss.  Var.  )5.  Que  tout  ce 
qu'on  leur  prêche  d'un  avenir  n'est  qu'un  épou- 
vantail pour  alarmer  les  enfants,  mass.  Carême, 
Doutes.  Il  3"  Un  des  noms  vulgaires  de  la  sterne 
noire,  sorte  d'hirondelle  de  mer,  appelée  aussi 
goélette  et  Pierre  Garin.  ||  Au  pi.  Des  épouvantails. 

HIST.  xiii'  s.  Li  vilains  a  la  face  bise.  Qui  res- 

sembloit  espoentail,  Fabl.  mss.  de  SP^Germain, 
dans  lacuhne.  ||  xvi'  s.  Ils  dévoient  avoir  pour  tiltra 
espouvantaux  des  hosles  et  jouets  de  nos  ennemis, 
d'aub.  Uist.  II,  480, 


14T0  i'PO 

»__,    ttaa,MnUr:pronnç.eir>ar<mtalh;  M- 


ïioirVAirTB  (é-pouT.nf),  :  (■  Terreur  pro- 
fPOUVArrr»  ic-i  ivpouvanle  et  la  vou- 

'""'!•  VnTÏ?7c."'%u^e5pé"'»   ne    peuvent 

*  'Ih  .'uLÎ  den  pren.lre  l'Épouvante î  botbOU, 
Ç."^,,';r  I  L'éilouvanle  est  au  n.d  plu»  forte 
JuTiâmaU,  "  roNT.  Fabl.  m,  îo.  Autre  qua  ité 
2««(  naturelle  aux  conquérants,  qui  savent  que  1  é- 
Muranie  fait  plu»  de  la  moitié  de»  conquête», 
Wnu  IM  m,  »•  Tandi»  qu'on  vou.  verra,  dune 
T^Uiuppliante,  Semer  ici  la  plainte  et  non  pa» 
répouvante,  bac.  BnU  i.  ♦•  Ce  cri  glace  dépou- 
ranle  lo«  ennemis,  fén.  Tel.  xx. 

—  HIST.  xvr  ».  Il  suit  l'espouvanle  des  siens, 
D'AiiB.  mit.  u,  «o?.  Depuis  que  lespavente  5e  met 
en  un  royaume,  600  homme»  en  feront  fuir  dix 
mille,  CABLOIX,  I,  «8. 

—  ÉTYM.  Voy.  épouvanter;  provenç.  etpaven, 
»,  m,  ;  ital.  spavento. 

ÉPOUVANTE,  ÊE  (é-pou-van-té ,  tée) ,  part, 
passé  Frappé  d'épouvante.  Le  Oot  qui  l'apporta  re- 
cule épouvanté,  BAC.  Phèdre,  v,  6.  Je  suis  épou- 
vanté de  ce  comble  d'horreur,  volt.  Zaïre,  iv,  5. 
Voil»  la  source  des  reproches  d'une  conscience 
épouvantée  et  de»  murmures  secrets  qui  déchirent 
mon  cœur,  J.  J.  aouss.  Ilél.  ii,  6.  Pourquoi  mon 
cœur  bat-il  si  vite?  Qu'ai-je  donc  en  moi  qui  s'agite. 
Dont  je  me  sens  épouvanté?  A.  de  musset,  Poésies 
nouv.  la  Nuit  de  mai. 

t  ÊPOUVANTEMENT  (é-pou-van-le-man),  ».  m. 
Action  d'épouvanter.  U  se  repose  sur  la  parole  de 
celui  qui  a  promis  à  ceux  qui  le  servent  d'envoyer 
son  épouvantement  devant  eux,  balzac,  le  Prince, 
8.  L'Écriture  appelle  la  mort  le  roi  des  épouvan- 
temenli,  chateaub.  Génie,  II,  vi,  *. 

—  HIST.  xii*  s.  E  li  luen  cspowentement  contur- 
berent  mei.  Liber  psalm.  p.  *^<>.  Il  xV  s.  Et  toutes 
parolle»  semblables  de  grans  espoventemens,  comm. 
m,  J.  Il  xvi*  9.  Ces  mouvements  guerriers  qui  nous 
ravissent  de  leur  horreur  et  espovantement,  mont. 
Il,  407.  Lors  ce  front  [de  Dieu]  qui  ailleurs  porte 
contentement.  Porte  à  ceux-ci  la  mort  et  l'espou- 
■vantement,  d'aub.  Trag.  vu. 

—  Stym.  ^poutanler;  provenç.  espaventament  ; 
ital.  tparentamenlo. 

ÉPOUVANTER  (é-pou-van-té),  v.  a.  ||  !•  Causer 
de  répouvante;»*;t  comme  ils  font  du  vrai,  du  faux 
il»  m'épouvantent,  bêgnieb,  ÉUg.  I.  La  rigueur  de 
»e»  loi»  m'épouvante  pour  vous,  bac.  Bérén.  i,  i. 
De  noirs  pressentiment»  viennent  m'épouvanter,  id. 
Phèdre,  m,  «.  C'est  par  vos  faibles  mains  Qu'il 
[Dieu]  veut  épouvanter  les  profanes  humains, volt. 
fono».  III,  «.  Je  cherchai  la  gloire  dans  les  com- 
bats, je  plongeai  ma  main  dans  le  sang  des  mal- 
heureux; et  mes  fureurs  m'épouvantirent,  baetiié- 
LEMY,  Anach.  ch.  78.  ||  %'  Inspirer  de  l'horreur.  Le 
nom  seul  d'assassin  l'épouvante  et  l'arrête,  bac. 
Andr.  v,  i.  Je  vais  t'épouvanter  par  ce  secret  af- 
freux, VOLT.  If.  de  César,  m,  î.  Je  vous  dis  que 
vou»  m'épouvantei,  delaviome,  Éc.  des  Vieillards, 
IV,  ».  Il  3"  S'épouvanter,  v.  réfi.  Être  frappé  d'épou- 
vante. Théodore  ,  parlez  sans  vous  épouvanter, 
COBN.  Théod.  II,  6.  Le  peuple  s'épouvante  et  fuit 
de  toute»  part»,  bac.  i4lhal.  il,  2. 

—  HIST.  XI'  ».  Home  nel  veit  qui   mult  ne  s'es- 

faent.  Ci.  de  Hol.  cix.  ||  xii*  ».  I^ien  frémissent, 
ost  est  espoanlée,   iio'ie.  p.  88.   Ne  puet  muer 
[ne  peut»'empêcher]  qu'il  ne  s'en  cspaant,  ib.  p.  77. 

Que  li  plus  fier  en  sont  espocnti,  ib.  p.  Iti de 

vnr.  niaii>i.vs  ne  auiespocnté;  Del  martire  suiïrir  sui 
dul  tut  aprestez,  Th.  te  mari.  M8.  Les  ovres  Belial 
me  unt  espovented,  Roit,  p.  10(.  ||  xiii*  s.  Quant  sa 
fille  le  voil,  forment  s'en  espouvenle,  Berle,  xcvi. 
Kl  bien  appartient  à  office  de  bailli  qu  il  espoente 
•t  contraigne  le»  mellii  [querelleurs],  si  que  les 
paisibles  vivent  en  paix,  beauh.  34.  Et  sa  U  pères 
M  plaint  de  son  fils,  il  puet  le  fiz  menacicr  et  es- 
poenler,  s'il  ne  se  contient  en  bone  manière,  Liv. 

dfj'uil.  71,  Il  XV 1*  » Dont  les  ennemis  s'espou- 

«anlerent  si  fort  qu'ili  reculèrent  arrière,  aiivot, 
Cit.  «0.  U  n'y  avoit  qua  ce  populace  de  Pari»  qui 
l'espavAnt*  incontinent,  cabloix,  vm,  ï5. 

—  tTYM.  Bo'irguig.  tpoiUer  ;  picard,  epauter, 
tfttamàtr,  tfomandtr,  tpeuler  ;  wallon,  tpauilé  ; 
norro.  ^pmtcr;  provenç.  oparenfar,  espaïamar; 
«pagn.  «t  portug.  «ipoBjor;  it.il.  tpaventare;  du 
ttlin  fapawMm,  avec  la  finale  «•,  faire  trembler, 
'■•  •'  P«v«Tt,  avoir  crainte,  pator,  peur  (voy. 
nuB).  U  forma  par  a  M  trouva  dans  les  plus  an- 
oitD»  tntM  (voy.  l-hiitonqua)  :  ttpamttr  ,i'oii  et- 


EPR 

poenler;  et  puis,  par  l'intercalation  d'an  v ,  tspoven- 
ter  (comme  l'ancien  pooir  devenu  poiiotr). 

ÉPOUX,  OUSE  (é-pou,  pou-z';  1'*  se  lie:  un 
é-pou-z  aimable) ,  ».  m.  et  f.  ||  !•  Celui,  celle  qui  a 
épousé,  qui  est  conjoint  par  mariage.  Bien  plus  que 
l'on  ne  croit  le  nom  d'époux  engage.  Ht  l'amour  est 
souvent  un  fruit  du  mariage,  mol.  Sganarelle,  t. 
Iji  perte  d'un  époux  ne  va  pas  sans  soupir,  la  font. 
Fabl.  VI,  21.  L'hymen  déplaît  toujours  quand  l'é- 
poux ne  plaît  pas,  ouinault,  Àsirate,  u,  2.  U  me 
semble  déjà  que  ces  murs,  que  ces  voûtes  Vont 
prendre  la  parole,  et,  prêts  à  m'accuser.  Attendent 
mon  époux  pour  le  désabuser,  bac.  Phèd.  m,  •>. 
Quoil  déjà  de  Titus  épouse  en  espérance,  id.  Bérén. 
I,  1.  Elle  ne  prendra  pour  époux  qu'un  homme  qui 
craigne  les  dieux,  fên.  Tél.  xxii.  Penses-tu  que  je 
sois  moins  épouse  que  mère?  volt.  Orphel.  iv,  6. 
Il  »•  Dans  le  langage  mystique.  Le  céleste  époux, 
l'époux  de  l'Église,  Jésus-Christ,  ô  mort  1  quand 
viendras-tu  me  donner  le  baiser  de  l'époux?  fên. 
t.  xviii,  p.  tte.  Il  L'épouse  de  Jésus-Christ,  rÉt'lise. 
Il  Les  épouses  de  Jésus-Christ ,  les  religieuses. 
IIBelzunce,  illustre  par  les  prodiges  qu'il  fit  dans 
le  temps  de  la  peste ,  et  après  par  le  refus  de  l'é- 
vêché  de  Laon  pour  ne  pas  quitter  sa  première 
épouse  [Marseille  son  premier  diocèse] ,  st-sim.  224, 
e.  Il  3°  S.  VI.  plur.  Les  époux ,  le  mari  et  la  femme , 
les  gens  mariés.  Deux  jeunes  époux. 

—  REM.  C'est  une  faute  contre  le  bon  usage  que 
de  dire,  dans  le  langage  familier,  époux  pour  mari 
et  ^poui«  pour  femme.  Dites;  ma  femme  est  ma- 
lade, et  non  mon  épouse  est  malade.  Cette  nuance 
est  signalée  dans  Molière  quand  don  Juan  dit  à 
M.  Dimanche  :  Comment  se  porte  Mme  Dimanche, 
votre  épouse?....  c'est  une  brave  femme  (Festin, 
IV,  3);  et,  dana  Lesage,  quand  Mme  Jacob  dit  :  U 
fait  bien  pis,  le  dénaturé  qu'il  esll  il  m'a  défendu 
l'entrée  de  sa  maison ,  et  il  n'a  pas  le  cœur  d'em- 
ployer mon  époux  (Turc,  iv,  <2). 

—  HIST.  XI*  s.  Qui  altri  ospouse  purgisl  [prit] , 
ioii  de  Cuill.  tt.  Ilxii's.  Porquant  [il]  no  raist  pas 
en  obli  La  granl  amor  qu'il  out  od  lui  [elle];  S'es- 
pose  en  fist;  si  fist  mult  bien,  benoît,  u,  7964.  E 
li  espos  venoil,  e  si  ami,  e  si  frère,  od  tambors  e 
oz  estrumenz,  Machab.  i,  ».  Li  reis  Henris  h  vielz 
les  espuse»  preneit,  E  à  lur  dreiz  espus  del  tut  les 
defendeit ,  Th.  le  mart.  93.  Lai  [laisse]  saint  iglise 
aveir  ses  decrez  e  ses  leis;  Ele  est  espuse  Deu,  qui 
est  sire  des  reis,  tb.  20.  Et  lur  poesté  prenent  li  rei 
de  saint  iglise  :  Mais  el  n'a  pas  la  sue  de  nul  des 
vostres  prise.  Fors  de  Deu  sun  espus....  ib.  7». 
Il  XIV*  s.  Nous  ottroions  à  Ysabeau,  notre  famé  et 
nostre  espouse,  nostre  chastel,  du  cange,  avenius. 

—  ETYM.  Provenç.  espos;  espagn.  et  portug.  es- 
poso;  ital.  sposo;  du  lat.  sponsus,  de  spondere,  pro- 
mettre, fiancer;  grec,  otcvSeiv  ,  au  proiire,  verser 
et,  par  suite,  faire  des  libations,  promettre  solen- 
ni'Uement,  vu  qu'en  promettant  on  faisait  des  liba- 
tions aux  dieux. 

t  ÉPRAULT  (é-prô),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  céleri. 

ÉPREINDRE  (é-prin-dr^,  j'épreins,  nous  éprei- 
gnons;  j'épreignais,  nous  épreignions;  j'épreignis; 
j'épreindrai;  j'épreindrais  ;  épreins,  éf.reiynons; 
que  j'épreigne,  que  nous  épreignions;  que  j'èprei- 
gnisse;  éiireignant;  épreint,  v.  a.  Presser  entre 
ses  doigts  quelque  chose  pour  en  exprimer  le  suc. 
Épreinilre  du  verjus,  des  herbes.  Vénus  était  assise 
dans  une  conque  en  l'état  d'une  personne  qui  vien- 
drait de  se  baigner  et  qui  ne  ferait  que  sortir  de 
l'eau;  une  des  Grâces  lui  épreignait  les  cheveux 
encore  tout  mouillés,  la  font.  Psyché,  ii,  p.  (66. 
Il  Se  dit  aussi  du  liquide  qu'on  fait  sortir  en  éprei- 
gnant.  Ils  épreignaient  du  jus  de  sésame  et  s'en 
frottaient  le  corps  comme  d'huile,  vaugel.  p.  C. 
VII,  4.  Il  S'épreindre,  v.  refl.  Être  épreint.  Le  brou 
de  noix  ne  s'épreint  pas  facilement. 

—  HIST.  XIV*  s.  Mettez  l'herbe  en  un  sac,  et  l'es- 
praignez  pour  avoir  le  jus,  Ménagier,  ii,5.  ||xvi*  s. 
t-ar  trop  s'espreindre  d'aller  à  la  selle,  pabé,  vi, 
(».  Puis  seront  posées  en  ceste  décoction,  de»  com- 
presses un  peu  espraintes,  m.  vi,  22.  Et  que  la 
mère  se  epreigne  [s'efforce]  tant  que  possible  lui 
sera,  id.  ii,  62».  Ils  se  baisèrent  les  uns  les  autres, 
de  manière  que  tout  le  camp  se  trouva  plein  de 
caresse»  et  de  larmes  très  doulces  et  espraintes  à 
force  de  joye,  amvot,  Fab.  28. 

—  ÉTYM.  Lat.  exprimere,  qui  ,  ayant  l'accent 
sur  pri,  a  donné  réguhèr«meiit  es-preindre  (voy. 
F.XPBIMEB).  Entre  épreindre  et  «atprimer,  qui  sont  un 
même  mot,  on  voit  comment  la  pronuocialion  la- 
tine encore  subsistante  déterminait  la  forme  du  mot 
français  naissant. 


EPR 

ÉPREINT,  EINTE  (é-prin,  prin-t"),  port.  pa*sé 
d'épreindre.  Serré  pour  en  exprimer  un  liquide.  Les 
cheveux  mouillés,  puis  épreints.  ||  Tiré  hors  par 
expression.  L'aliment  commence  à  s'amollir  dans  U 
bouche  par  le  moyen  de  certaines  eaux  épreintes  det 
glandes  qui  y  aboutissent,  Boss.  ConnaiH.  Il,  tu, 

ÉPREINTE  (é-prin-f),  s.  f.  ||  1*  Envies  fréquen- 
tes, inutiles  et  douloureuses  d'aller  à  la  selle.  Avoir, 
sentir  des  épreintes.  ||  U  ne  se  dit  guère  qu'au 
pluriel.  Il  8*  Terme  de  vénerie.  Se  dit  de  la  fient* 
des  lo'.tres  et  de  quelques  autres  bêtes. 

—  HIST.  XIV*  s.  En  la  vénerie  des  loutres,  1* 
fiente  est  appelée  espraintes,  Uodus,  f"  XLi,  verso. 
Il  XVI*  s.  Les  violens  cris  et  espreintes  d'un  cruel 
enfantement,  pabé,  vi,  14.  Il  jette  de  la  boue  par 
le  siège,  ayant  de  grandes  doiileurs  et  espreintes, 

ID.  IX,  18. 

—  ETYM.  Épreint. 

ÉPRENDRE  (S')  (é-pran-dr^,  je  m'éprends,  nous 
nous  éprenons;  je  m'éprenais;  je  m'épris;  je  m'é- 
prendrai; je  m'éprendrais;  éprends-toi;  que  je  m'é- 
prenne ,  que  nous  nous  éprenions;  que  je  m'éprisse  ; 
m'éprenant;  épris,  «.  réft.  ||  1°  Se  mettre  à,  s'atta- 
cher à,  en  parlant  du  feu.  Si  quelquefois  le  feu  s'é- 
prend en  ces  corps,  DKSC.  If^lfor.  2.  Il  2''Fig  Se  laisser 
entraîner  par  quelque  passion,  quelque  sentiment. 
11  s'est  épris  d'une  belle  passion  pour  cette  leinme. 
On  a  touché  mon  âme,  et  mon  cœur  s'est  épris, 
CORN.  Cinna,  i,  2.  Ah!  lorsqu'elle  m'a  vu,  si  son 
âme  surprise.  D'une  ombre  de  pitié  du  moins  s'était 
éprise,  volt.  Scythes,  m,  I.  Je  m'épris  pour  elle 
de  l'inclination  la  plus  tendre,  mabivaux,  Marianne, 
7*  part.  Qu'il  étudie  les  plus  grands  maîtres,  qu'il 
s'éprenne  davantage  de  la  simplicité,  dideb.  Salon 
de  <767,  Œuvres,  t  xiv,  p.  3)8,  dans  pougens. 
Il  3°  Y.  a.  Éprendre,  inspirer  amour,  amitié.  Et  l'a- 
mour qui  pour  lui  m'éprit  si  follement,  cobn.  lff(. 
m,  5.  Beauté,  le  cher  souci  de  tant  de  beaux  es- 
prits. Qui  d'une  douce  flamme  avez  mon  cœur  épris, 
BACAW,  Berg.  u,  5.  Sa  vertu,  sa  douceur,  sa  poli- 
tesse, tout  m'avait  épris  de  lui,  st-sim.  dans  code- 
FROY,  Gloss.  de  Corn. 

—  REM.  Éprendre,  v.  actif,  qui  n'est  pas  dans  l'A- 
cadémie, ne  se  trouve  qu'au  figuré,  et  est  très-bon. 

—  HIST.  XI*  s.  Saut  en  li  fus  [l'étincelle] ,  que  l'erlia 
en  faitesprendre,  Ch.  de  TioJ.  cclxixvii.  ||  xii*  s.  Ou 
cierge  espris  ou  lanterne  embrasée,  Ronc.  p.  <67. 
Ses  blanches  mains,  ses  doigts  Ions  et  trutis.  Qui 
font  l'amour  enflamer  et  esprendre,  Couci,  v.  Ce 
est  la  riens  dont  je  sui  plus  espns,  ib.  xvii.  Et  se  je 
sui  de  vostre  amour  espris.  Douce  dame,  ne  m'en 
doit  estre  pis,  tb.  D'ire  et  de  mautalent  [il]  esprent 
tous  [tout  entier]  et  atise,  Sax.  xxiii.  Maintenant 
li  esprist  [rougit]  la  chiere,  Lai  d'ignaurit.  \\  xiii's. 
Si  commença  li  feus  si  grant  à  esprendre  que.... 
viLLEH.  lxxx.  Et  la  vile  [Coiistantinople]  commença 
à  esprendre  et  alumer  moût  durement,  et  ardi  toute 
celé  nuit  et  l'en  demain  jusques  à  la  vesprée,  id. 
cvi.  Tant  sont  espris  de  joie  que  nuls  d'eus  ne  pirla, 
Berte,  cxxii.  Toz  revenlis  et  esprendans,  [elle]  Li  a 
geté  ses  iex  [yeux]  es  suens  [siens],  toi  de  l'ombre. 
De  son  lit  saut  toz  estordiz  ;  Si  a  une  chaiidoile  prise; 
Au  feu  en  vient,  si  l'a  esprise,  Hen.  3412.  Tant  est 
grainilre  la  covoitise  Qui  e^pre^t  mon  cuer  et  alise, 
la  Rose,  3708.  ||  xiv*  s.  Je  me  double  forment  qu'au 
jour  d'ui  ne  perdez;  Trop  voi  vos  eni.emis  espris  et 
alumez,  Guescl  (4778.  ||  xv*  s.  Le  clocher  s'espre- 
noit  à  ardoir,  fboiss.  u,  ii,  05.  La  bonne  femme 
esprinse  de  joie,  louis  xi,  Nouv.  xiv.  Avoit  ung 
chevalier  au  dehors  du  tournoy,  p.sgardant  et  es- 
prenant  l'alaine  de  son  pis,  Perceforest,  t.  i,  f*  <4(. 
Il  XVI*  s.  Esprins  d'une  extrême  passion  de  honte, 
MONT.  I,  H.  Il  faut  tenir,  tirer  el  pousser  la  partis 
qui  est  ici  esprise  de  douleur,  paré,  Inirod.  2.  La 
fureur,  qui  esprent  ceulx  qui  sont  inspirez  d'esprit 
prophétique,  amvot,  Rom.  33.  Toute  la  ville  se 
trouva  esprise  d'une  superstitieuse  crainte,  id.  Se- 
lon, (9.  Tous  espris  de  sommeil  et  de  vin,  ID.  Cam. 
42.  U  fut  incontinent  espris  par  un  regard  et  un 
parler  affetté,  comme  si  c'eust  esté  quelque  jeune 
garson,  m.  Sylla,  72. 

—  ETYM.  t  pour  es....  préfixe,  et  prendre;  wal- 
lon, esprende,  allumer;  provenç.  esprendre. 

ÉPREUVE  (épreu-v'),  s.  f.  ||  1*  Action  d'éprou- 
ver, opération  à  l'aide  de  laquelle  on  juge  si  une 
chose  a  la  qualité  que  nous  lui  croyons.  Faire  l'é- 
preuve d'une  machine  nouvelle.  ||  Fig.  Faire  l'é- 
preuve d'une  chose,  en  essayer.  Assurer  par  là  [par 
des  dévotions  à  Marie]  son  salut  avec  tant  de  certi- 
tude que  ceux  qui  en  font  l'épreuve  n'y  ont  jamaii 
été  trompfs,  de  quelque  manière  qu'ils  aient  vécu, 
quoique  nous  conseillions  de  ne  laisser  pas  de  bien 
vivre,  pasc.  Prov.  ».   ||    Faire  l'épreuve,    signifie 


ËPR 

au^si  recevoir  témoignage  de,  marque  de.  Un  si 
vaillant  disciple  aura  bien  le  courage  D'en  mettre 
jusqu'au  bout  les  leçons  en  usape;  L'Asie  en  fait 
l'épreuve,  corn.  JVi'com.iii,  2.  La  princesse  palatine 
«vait  les  vertus  que  le  momie  admire,  inébranlable 
dans  ses  amitiés,  et  incapable  de  manquer  aux  de- 
voirs humains;  la  reine  sa  sœur  en  fit  l'épreuve 
dans  un  temps  où  leurs  cœurs  étaient  désunis, 
Boss.  Anne  de  Gom.  \\  2'  Il  se  dit  au  sens  moral. 
La  défiance....  Ne  peut  venir  d'ailleurs  que  du  man- 
que d'épreuve,  maipet,  Sophnn.  m,  i.  De  son  propre 
intérêt  chacun  se  fait  des  lois;  Et  l'épreuve  m'ap- 
p.end  que  du  pur  artifice  Nature,  son  contraire, 
aujourd'hui  fait  l'office,  BOTHon,  Aniig.  ii,  *■  La 
vraie  épreuve  du  courage  N'est  que  dans  le  danger 
que  l'on  touche  du  doigt;  Tel  le  cherchait,  dit-il, 
qui,  changeant  de  langage,  S'enfuit  aus.sitôt  qu'il 
le  voit,  LA  FONT.  Fabl.  vi,  2.  Il  vent  faire  une  dan- 
gereuse épreuve  de  sa  liberté,  boss.  Ilist.  ii,  i. 
J'ai  fait  de  mon  courage  une  épreuve  dernière,  bac. 
Bfrén.  v,  7.  ||  11  se  dit  aussi  en  parlant  des  person- 
nes. Tenter  une  épreuve  sur  quelqu'un.  Quelquefois 
l'une  des  parties  présente  d'elle-même  ses  esclaves 
à  cette  cruelle  épreuve  [la  question] ,  et  elle  croit 
en  avoir  le  droit  parce  qu'elle  en  a  le  pouvoir,  bar- 
THÉL.  Annch.  ch.  (8.  ||  Mettre  quelqu'un,  quelq\ie 
chose  à  l'épreuve,  essayer  si  quelqu'un,  quelque 
chose  peut  suffire,  résister,  fournir,  etc.  Je  ne  veux 
point  mettre  ma  vertu  à  l'épreuve,  sÉv.  277.  L'Église 
d'Kspagne  fut  mise  à  une  nouvelle  épreuve,  boss. 
hist.  I,  4).  Les  dures  épreuves  où  il  met  sa  pa- 
tience, ID.  Anne  de  Gom.  L'autorité  met  les  talents 
à  une  rude  épreuve,  fén.  Tél.  xii.  11  voulut  mettre 
la  patience  de  Télémaque  à  une  dernière  épreuve, 
m.  ib.  XXIV.  Il  Familièrement.  Mettre  à  l'épreuve  la 
patience  de  quelqu'un,  abuser  de  sa  patience.  ||  Â 
l'épreuve,  après  avoir  essayé.  S'étant  choisis  l'un 
et  l'autre  h  l'épreuve,  la  font.  Cal.  \\  Acheter 
quelque  chose  à  l'épreuve,  l'acheter  à  condition 
qu'on  l'essayera  avant  que  la  vente  soit  définitive. 
Il  3°  Être  à  l'épreuve  de,  pouvoir  résister  à.  Vne  cui- 
j  rasse  est  à  l'épreuve  du  mousquet;  un  manteau  est 
à  l'épreuve  de  la  pluie.  ||  Fig.  Mon  cœur  n'est  point 
à  l'épreuve  des  traits  Ni  de  tant  de  vertus,  ni  de 
tant  de  bienfaits,  cor.n.  Pomp.  iv,  3.  Est-il  une 
constance  à  l'épreuve  du  foudre  Dont  ce  cruel  arrêt 
met  notre  espoir  en  poudre?  id.  Rodog.  ii,  4.  X  l'é- 
preuve d'un  sceptre  il  n'est  point  d'amitié,  m.  Héracl. 
I,  3.  Nous  n'avons  pas  les  yeux  à  l'épreuve  des 
belles.  Ni  les  mains  à  celle  de  l'or,  la  font.  Fabl. 
VIII,  7.  Je  ne  suis  pas  encore  à  l'épreuve  de  tout  ce 
que  vous  me  mandez,  sÉv.  2).  Mon  discernement 
esta  l'épreuve  de  toute  dissimulation,  boss.  Lett. 
abb.  231.  Il  n'y  a  pre.sque  plus  d'amitié  qui  soit  à 
l'épreuve  de  la  franchise  d'un  ami,  flécii.  Duc  de 
IVont.  Elle  ne  fut  pas  à  l'épreuve  de  cette  raillerie, 
bamilt.  Gramm.  40.  ||  Absolument.  Etre  à  l'é- 
preuve, opposer  i  tout  une  force  invincible  de  ré- 
sistance  Lorsque  la  prudence  à  la  valeur  s'allie. 

Il  n'est  rien  à  l'épreuve,  corn.  Attila,  i,  2.  Si  ma 
santé  n'était  pas  à  l'épreuve,  elle  serait  fort  ébran- 
lée, sÉv.  670.  Il  À  toute  épreuve,  même  sens.  Je 
crois  être  à  toute  épreuve  là-dessus,  boss.  Lett. 
Corn.  47.  La  soumission  doit  être  à  toute  épreuve, 
ID.  Arert.  B.  On  lui  attribuait  un  courage  à  toute 
épreuve,  hamilt.  Gramm.  8.  |{  4"  Dans  les  assem- 
blées délibérantes,  épreuve  par  assis  et  levé,  mode 
de  voter  dans  lequel  ceux  qui  adoptent,  puis  ceux 
qui  rejettent  se  lèvent;  le  bureau  juge  où  est  la  ma- 
jorité. Il  5°  Souffrances,  malheurs,  dangers,  etc. 
qui  éprouvent  et  qui  exigent  force  et  courage.  J'ai 
peine  à  contempler  son  grand  cœur  dans  ses  der- 
nières épreuves,  BOSS.  Duch.  d'Orl.  Les  épreuves 
par  lesquelles  ils  devaient  passer,  m.  Hist.  ii,  6. 
X  quelle  épreuve,  fi  ciel,  réduis-tu  Mithridate?  rac. 
Uilhr.  IV,  4.  On  n'essuya  jamais  des  épreuves  plus 
dures,  volt.  TarKr.  v,  3.  ||  6°  Épreuve  judiciaire, 
manière  de  décider  de  la  vérité  ou  de  la  fausseté 
d'une  accusation ,  ou  même  de  toute  chose  en  contes- 
tation, en  usage  dans  la  première  partie  du  moyen 
ige.  Épreuve  du  feu,  de  l'eau,  de  la  croix  (voy. 
croix,  eau,  feu).  Il  7°  Terme  d'imprimerie.  Feuille 
d'impression  sur  laquelle  on  indique  les  corrections 
et  les  changements  que  le  compositeur  doit  faire. 
Os  épreuves  sont  chargées  de  corrections.  Ce  per- 
sonnage est  un  vieux  licencié  qui  lit  une  épreuve 
d'nn  livre  qu'il  a  sous  la  presse,  lesage,  Diable 
hoit.  40.  Ma  méthode  étant  de  travailler  toujours 
sur  les  épreuves  des  feuilles,  attendu  que  l'esprit 
sumble  plus  éclairé  quand  les  yeux  sont  satisfaits, 
VOLT.  Lett.  Duclot,  4"  mai  4764.  Je  ne  suis  pas 
11  4e  Malesherbes  :  je  n'ai  pas,  dans  mon  enthou- 
siaime,  corrigé  secrètement  les  épreuves  de  l'Emile, 


EPR 

VILLEMAIN,  Littér.  Tabl.  du  4  8'  siècle,  2'  partie, 
2'  leçon.  Il  8*  Terme  de  graveur.  Première  feuille 
d'essai  d'une  planche  gravée.  Cette  épreuve  est  mal 
venue.  ||  Toute  estampe  tirée  après  que  le  travail  est 
entièrement  terminé.  Épreuve  avant  la  lettre, 
épreuve  après  la  lettre  (voy.  lettre).  Chaque 
épreuve  d'une  estampe  a  ses  défauts  particuliers 
qui  lui  servent  de  caractère,  J.  J.  Rouss.  Ilélo'ise, 
II,  3.  Il  Épreuve  avec  la  remarque,  celle  qui  a  été 
tirée  avant  que  l'artiste  eût  fait  disparaître  quelque 
accident,  tel  qu'une  fausse  taille.  ||  Épreuve  grise, 
celle  qui  a  été  tirée  sur  une  planche  usée.  ||  Épreuve 
neigeuse,  celle  dans  laquelle  on  voit  çà  et  là  quel- 
ques taches  blanches.  ||  9°  Dans  la  photographie, 
épreuve  négative,  celle  qui  reproduit  le  modèle  en 
couleurs  inverses,  en  clair  les  obscurs,  en  obscur 
les  clairs  :  si  on  veut  obtenir  une  épreuve  positive, 
on  applique  ce  premier  dessin  négatif  sur  une  autre 
feuille  de  papier  jouissant  de  la  même  propriété, 
et  on  expose  le  tout  à  la  lumière. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  quant  que  l'en  [on]  a  en  ceste 
mortel  vie,  suefTre  nostres  sires  à  avoir  por  es- 
prueve  de  l'autre  recovrer,  Merlin,  f"  69,  rerso. 
Li  rois  Aedward  le  mors  [morceau]  benoît  [bénit], 
E  di.st  :  duoint  Deus  l'espruf  voirs  soit  [que  l'é- 
preuve soit  vraie],  Edouard  le  conf.  v.  324  9. 
Il  XIV*  s.  Les  queles  [bandes]  doivent  premièrement 
estre  séparées  du  membre  en  metant  une  espreuve 
[sondel  ou  semblable  entre  ce  qui  est  sus  la  plaie  et 
la  plaie;  et  o  [avec]  celé  espreuve  soit  faite  sépara- 
tion environ  la  plaie  legierement,  H.  de  mondeville, 
f°  41 ,  terso.  Une  espreuve  que  l'on  met  sur  la  table 
du  roi,  DE  LABORDE,  Émaux ,  p.  303.  Il  XV*  s.  Las  !  ils 
ne  me  cognoissent  mie.  Et  n'ont  pas  faict  de  l'art 
espreuve.  Comme  Avicenne  et  Villeneuve,  Kat.  à 
l'alch.  errant,  4  006.  Don  à  une  povre  fille,  soup- 
çonnée de  la  maladie  de  leppre,  pour  aller  aux  e.s- 
preuves  en  la  ville  de  Soissons,  Bibl.  des  Chartes, 
B"  série,  t.  v,  p.  4  39.  ||  xvi*  s.  Nous  en  sommes  à 
l'espreuve  [nous  l'esprouvons],  mont,  i,  4  65.  Semble 
elle  pas  avoir  preste  sa  vie  à  ceste  espreuve  de  sa 
patience?  id.  m,  4 62.  Ils  ont  eu  bonne  raison  de 
rendre  les  harnois  plus  massifs  et  à  meilleure  es- 
preuve  qu'auparavant,  lanohe,  286.  X  l'espreuve 
du  pistolet,  d'aub.  Conf.  préf.  Quand  ils  avoyent 
cuit  leur  fournée  et  qu'ils  venoyent  à  tirer  mes  es- 
preuves,  je  n'en  recevois  que  honte  et  perte,  pa- 
LissY,  343.  Pompeius  n'estoit  point  présent  à  ceste 
espreuve  qui  se  feit  de  la  volunté  du  sénat,  amtot, 
Pomp.  83.  On  lui  baille  [à  l'auteur]  pour  contrôleur 
un  homme  qui  prend  le  tiltre  de  correcteur,  auquel 
on  présente  la  première  espreuve....  on  a  recours 
pour  la  seconde  espreuve  à  l'autheur,  pasquieb. 
Lettres,  t.  i,  p.  602. 

—  ÉTYM.  Voy.  éprouver;  Berry,  éprouve;  prov. 
esproa.  La  voyelle  ou  s'est  changée  en  la  voyelle 
eu,  comme  dans  esprouver  qui  se  conjuguait,  au 
présent,  f espreuve,  comme  (rourfr,  je  treuve. 

ÉPRIS,  ISE  (é-prî,  pri-z'),  part,  poss^  d'épren- 
dre. Il  1"  Qui  est  en  feu.  Des  tisons  bien  épris. 
Il  2°  Fig.  C'est  ou  d'elle  ou  du  trône  être  ardem- 
ment épris  Que  vouloir  ou  l'aimer  ou  régner  à  ce 
prix,  CORN.  Rodog.  m,  5.  Epris  de  colère  et  d'a- 
mour, rotrou,  Antig.  v,  3 Les  deux  troupes, 

éprises  D'ardent  courroux ,  n'épargnaient  nuls 
moyens,  la  font.  Fabl.  vn,  8.  Ame  raisonnable, 
toi  qui  es  née  pour  l'éternité  et  pour  un  objet  éter- 
nel, tu  deviens  éprise  et  captive  d'une  fleur  que  le 
soleil  dessèche,  boss.  la  Yallière.  II  y  a  des  âmes 
sales,  pétries  de  boue  et  d'ordure,  éprises  du  gain 
et  de  l'intérêt,  comme  les  belles  âmes  le  sont  de  la 
gloire  et  de  la  vertu,  la  bruy.  vi.  Je  vois  qu'un  fils 
perfide  épris  de  vos  beautés....  rac.  Mithr.  ii,  4. 
Sans  craindre  ces  vertus  qu'ils  admirent  en  vous. 
Dont  j'ai  vu  Rome  éprise  et  le  sénat  jaloux,  volt. 
Brutus,  II,  2.  Épris  de  mille  erreurs,  m.  i.  chén. 
Fénel.  I,  2.  y  On  trouve  épris  pour.  Un  esprit  vrai 
doit  être  épris  Pour  des  vérités  éternelles,  volt. 
tpit.  33.  Il  Absolument.  Amoureux.  Car  enfin  il 
vous  hait;  son  âme  ailleurs  éprise....  rac.  Andr. 
Il,  2.  Et  toujours  plus  épris  et  toujours  plus  fidèle, 
volt.  Scythes,  ii,  3. 

t  ÉPROBOSCIDÉ,  ÉE  (é-pro-bo-ssi-dé ,  dée),  odj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  n'a  pas  de  trompe.  ||  S.  m. 
plur.  Famille  d'insectes  diptères. 

—  ÉTYM.  Lat.  e,  sans,  et  proboscis,  trompe. 
ÉPROUVÉ,   ÉE   (é-prou-vé,  vée),   part,  passé. 

Il  1*  Qui  a  subi  une  épreuve.  C'est  comme  un  ar- 
gent éprouvé  au  feu,  purifié  dans  la  terre,  et  raf- 
finé jusqu'à  sept  fois,  saci.  Bible,  Psaum.  xi,  7. 
Et  qu'enfin  tout  ce  bois,  éprouvé  par  les  feux,  Se 
durcisse  à  loisir  sur  ton  foyer  fumeux,  delille, 
Giorg.  I.  Il  2°  Sur  qui  on  paut  compter.  Des  mortels 


EPR 


1471 


éprouvés  dont  la  tête  et  le  bras  Sont  faits  pour 
ébranler  ou  changer  les  États,  volt.  Brut,  i,  4. 
Quelques  gens  éprouvés  dont  le  zèle  est  habile.... 
M.  J.  cnÉN.  Tib.  V,  4.  ||  Il  se  dit  aussi  des  cnoses. 
Un  homme  d'une  fidélité,  d'une  vertu,  d'une  va- 
leur éprouvée.  Des  yeux  toujours  ouverts  et  des  bras 
éprouvés,  volt.  Mérope,  i,  2.  ||  3"  C'est  un  homme 
dont  la  vie  a  été  fort  éprouvée,  qui  a  été  fort  éprouvé, 
se  dit  d'un  homme  qui  a  beaucoup  souffert.  Par 
combien  de  tourments  ma  vie  est  éprouvée,  bhi- 
FADT,  Ninus,  I,  2.  Il  4"  Res.senti.  Des  passions  éprou- 
vées par  un  cœur  ardent. 

ÉPROUVER  (é-prou-vé),  v.  a.  ||  l"  Reconnatlrff 
par  une  opération  si  une  chose  a  la  qualité  requise. 
Éprouver  une  arme  à  feu,  une  cuirasse.  C'est  un 
remède  que  j'ai  éprouvé.  Je  les  épurerai  comme  on 
épure  l'argent ,  et  je  les  éprouverai  comme  on 
éprouve  l'or,  saci,  Bible,  Znchar.  xin,  9.  {|  2°  Mettra 
à  l'épreuve,  en  parlant  des  personnes.  Éprouver 
son  ami.  Celui  qui  n'a  point  été  éprouvé,  que  sait- 
il?  BOSS.  Politique,  X,  il,  7.  Il  [ThéophrasteJ  avait 
coutume  de  dire  qu'il  ne  faut  pas  aimer  ses  amis 
pour  les  éprouver,  mais  les  éprouver  pour  les  ai- 
mer, LA  BRUT.  Disc,  sur  Théoph.  ||  Il  se  dit  aussi 
des  choses.  Sans  doute  qu'il  voulait  éprouver  votre 
zèle,  RAC.  Esth.  I,  3.  Tranquillisez  mon  cœur,  vous 
l'éprouvez  sans  doute  ,  gbesset  ,  Méchant,  v  ,  7. 
Il  3*  Hasarder,  risquer.  Va  contre  un  arrogant 
éprouver  ton  courage,  corn.  Cid,  i,  B.  Quand  tu 
vins  du  monstre  éprouver  l'aventure ,  th.  corn. 
Ariane,  m,  4.  Et  qu'en  me  réduisant  à  la  nécessité 
D'éprouver  contre  lui  ma  faible  autorité,  rac.  Brit. 
1,  2.  Il  4°  Faire  subir  des  épreuves,  mettre  en  des 
difficultés  ou  des  souffrances  qui  donnent  occasion 
au  mérite.  Dieu  nous  éprouve  en  toutes  manières 
BOSS.  Lett.  Corn.  33.  Jupiter  vous  éprouve,  mais  il  ne 
veut  pas  votre  perte;  au  contraire,  il  ne  vous  éprouve 
que  pour  vous  ouvrir  le  chemin  de  la  gloire,  fén. 
Tél.  II.  Il  5°  Apprendre  par  sa  propre  expérience.  J'é- 
prouvai, mais  trop  tard,  que....||6°  Ressentir.  On 
éprouve  sur  cette  montagne  un  froid  très-rigou- 
reux. Éprouver  du  plaisir.  Pensez-vous  avoir  seul 
éprouvé  des  alarmes?  rac.  Andr.  ii,  2.  La  Middle- 
ton  allait  éprouver  comme  il  s'y  prenait  pour  tour- 
menter, après  avoir  éprouvé  ce  qu'il  savait  pour 
plaire,  hamilt.  Gramm.  7.  Mon  cœur  Éprouve  à  . 
son  nom  même  une  secrète  horreur,  volt.  Fanât. 
m,  2.  J'éprouvais  ses  plaisirs,  ses  peines,  ses  goûts, 
ses  aversions,  dider.  Règne  de  Claude  et  Néion, 
liv.  II,  §  4.  Il  Éprouver,  suivi  d'un  qualificatif.  Quoi 
qu'il  en  soit,  depuis  que  je  vous  vois  chez  elle, 
Toujours  de  plus  en  plus  je  l'éprouve  cruelle,  corn. 
lllus.  com.  II,  4.  Je  lui  dois  d'un  ami  le  secours  et 
la  foi  ;  Il  ne  l'éprouvera  légère  ni  perfide,  crêbillon, 
dans  DEsFONTAiNES.  |{  7*  Subir.  La  forme  du  gou- 
vernement éprouva  de  grandes  altérations.  Dieux  I 
que  le  crime  seul  éprouve  enfin  vos  coups!  volt. 
Œdipe,  I,  3.  Il  8°  S'éprouver,  v.  réfl.  Être  éprouvé. 
L'or  et  l'argent  s'épurent  par  le  feu;  mais  les  hom- 
mes que  Dieu  veut  recevoir  au  nombre  des  siens 
s'éprouvent  dans  le  fourneau  de  l'humiliation,  saci, 
Bible,  Ecclésiastique,  il,  B.  ||Se  mettre  soi-même 
à  l'épreuve.  Portant  partout  le  trait  dont  je  suis 
déchiré.  Contre  vous,  contre  moi,  vainement  je 
m'éprouve,  bac.  Phèd.  ii,  2.  Saint  Paul  ordonnait 
aux  fidèles  de  s'éprouver  avant  que  de  venir  manger 
le  pain  de  vie,  mass.  Car.  Parole.  Tout  homme  qui 
est  l'esclave  d'un  tempérament  fâcheux,  aigri  par 
la  malignité,  poussé  par  des  motifs  déshonnêtes, 
n'est  capable  ni  de  s'éprouver  lui-même  ni  de  dé- 
couvrir la  vérité,  ni  de  la  faire  entendre  aux  au- 
tres, d'holbach,  Ess.  préj.  ch.  8,  dans  dumabsaip, 
GCuvres,  t.  vi.  ||  Se  mettre  l'un  l'autre  à  l'épreuve. 
Ils  ne  voulaient  pas  se  battre,  mais  seulement  s'é- 
prouver. Il  Tenter  aventure.  Contre  un  si  grand  cou- 
rage  il  voulut  s'éprouver,  rac.  Alex,  v,  2. 

—  HIST.  XI*  s.  De  vasselage  [vaillance]  [il]  es* 
souvent  esprovet,  Ch.  de  Roi.  ccxvii.  ||  xii*  s.  [Elle 
le  fait]  Por  esprover  se  por  mal  [je]  recreroie  [re- 
noncerais], Couci,  viii.  Tant  [j']ai  d'amor  mon  fin 
cuer  esprové.  Que  jà  sans  li  n'aurai  joie  certaine, 
ib.  XIV.  N'esprovez  plus  sur  moi  vostre  vengeance, 
ib.  XVII.  Car  au  besoin  est  amis  esprovez,  Bat.  SA- 
leschans,  y.  2635.  ||  xiii*  s.  Je  di  que  c'est  grant 
folie  D'essaier  ne  d'esprover  Ne  s',  famé  ne  s'amie, 
auboins  DE  SEZANNE,  Romanc.  p.  126.  Mais,  espoir 
[sans  doute],  ce  m'a  grevé,  Qu'on  ne  connoit  boin 
servise.  Tant  qu'on  ait  autre  esprové,  «6.  p.  4  27. 
Bien  est  vos  traïsons  veùe  et  esprovée ,  Berie,  xvi.  Le 
punt  vus  estuet  [il  vous  faut]  espruver,  Cumvuspor- 
rez  outre  passer,  marie,  Purgat.  4  276.  Entor  le  jar- 
din va  et  vient  Por  veoir  et  por  Sesprover  e  jà  peii^t 
partuis  Irover,  Par  où  il  se  peûst  eni  mètre,  ^j,. 


1*72 


I<1»U 


la  H 


.  croire  M.  p.role  e«provéo  c  yo.re, 
iiV».  Kl  'el  jugement  font  couli 
.  !,■«  »ln»  et  qui  assaveurent  cl  con- 
2"'  ',  I      ^,   .s  Imucc»)  et  le»  potages,  ohesmb, 
r,A  »«  's«  .-^uaan.z  perlu,  n'aiez  le  cuer  marri: 
tint  »ou>  rcult  esprouver  se   vous  este»  à  lin, 
ruetet   <"M-  C'esto.ent  toute  gent  d  esloffe  souf- 
fl'jant   Oui  e^prouvô  avoienl  esté  en  combattant,  ib. 
«0768*  Il  XV  s.  Il»  »'««prouverent  »i  bien  et  si  vassa- 
lement  qu'il»  obtinrent  la  place  et  l'eau  (dans  un 
comhai  naval],  pboiss.  i,  i,  m.  Et  s'avisa  qu'il  se 
viendroit  éprouver  à  celui  qui  estoit  plus  prochain 
de  «a  baniero,  m.  i,  l.  <*0.  Ce  Croquarl  clicvau- 
ehoit  une  fois  un  jeune  coursier  fort  embndé,  que 
il  avoit  acheté  trois  cents  escus ,  et  l'esprouvoit  au 
courir,  ID.  I,  I,  325.  Le  vaillant  et  gentil  chevalier 
llouciquaut  et  ses  bons  et  esprouvés  compaignons, 
Deu  merci,  n'eurent  mal  ne  blessure,  Bouciq.  i, 
l«.  Il  XVI*  s.  Et  si  «lit  d'avantage  qu'il  ne  falloit  pas 
que  les  lieslcs  sauvages  mesraes  de  l'Afrique  de- 
meurassent sans  esprouver  la  force  et  la  fortune  des 

Romains,  amyot,  Pomp.  20 Comme  s'il  eust  eu 

k  «'esprouver  à  rencontre  d'un  Isocrates  ou  d'un 
Anaximenes,  et  non  pas  à  manier  et  redresser  un 
peuple,  m.  Cic.  et  Déin.  Elle  luy  monstra  sa  ble- 
leure,  et  luy  compta  comment  elle  se  l'avoit  failte 
pour  s'esproiiver  elle  mesme,  m.  Bru(uî,  U.  Ce  qui 

filus  espreuve  et  qui  plus  descouvre  la  nature  de 
'homme,  c'est  la  licence  et  l'authorité  d'un  mapis- 
Irat  [le  pouvoir],  m.  Cie.  et  Dém.  *.  Ou  voir  Me- 
duxe,  ou  au  cours  [à  la  course]  s'esprouver  Aveo- 
ques  Atalante....  du  bkllay,  vu,  î6,  rcrîo. 

—  ETYM.  É  pour  M....  préfixe,  et  prouver;  lîerry, 
épreuter;  bourgiiig.  eprovai;  provenç.  esproar. . 

F-PROUVETTE  (é-prou-vè-f),  ».  f.  \\  f  Instrument 
dont  on  se  sert  pour  faire  quelque  épreuve.  Il  fallait 
savoir  si  la  force  qui  est  communiquée  aux  projec- 
tiles dépend  di'  la  promptitude  avec  laquelle  la  pou- 
dre s'enflamme;  mais,  pnur  faire  ces  expériences, 
on  avait  besoin  d'une  éprouvette  qui  donnât  des 
résultats  précis,  et  il  n'en  exi-stait  pas;  M.  d'Arci 
imagina  de  suspendre  un  petit  canon  à  un  pen- 
dule... coNDOBCET,  d'Àrci.  Il  2*  Terme  de  physitjue. 
Tube  de  verre  nu  de  cristal  d'un  fort  diamJtre,  à 
parois  plus  ou  moins  épaisses,  fermé  par  un  bout, 
ouvert  par  l'autre,  ordinairement  divisé  en  parties 
d'une  égale  capacité  et  servant  à  diverses  manipu- 
lations. Il  Petit  récipient,  petite  cloche  qui  fait  par- 
tie de  l'appareil  de  la  cuve  pneumatique,  et  l.>nt 
on  se  sert  pour  opérer  sur  une  petite  quantité  de 
gaz.  Il  8*  En  chirurgie,  esp^ce  de  sonde.  ||  4'  Sorte 
de  pivot  qu'on  réserve  au  bout  d'un  rasoir,  pour  le 
casser  apris  la  trempe  et  connaître  le  grain  de  l'a- 
cier. ||  6*  S  f.  plur.  Terme  de  métallurgie.  Barres 
de  fer  placées  dans  le  fourneau  de  cémentation 
pour  connaître  le  degré  de  carburation  du  fer  dans 
les  caisses. 

—  H1ST.  XVI*  s.  Extraire  les  choses  estranges  qui 
•ont  entrées  dedans  les  yeux,  en  renversant  les  pau- 
pieresavrc  la  queue  d'une  esprouvette,PABÉ,/nlrod.2. 

•  Rtym.  ï?j)rr>uter. 
t  EPSILON  (t-psi-lon'),  s.  m.  Terme  de  gram- 
maire grecque.   Nom  de  l'E  bref  des  Grecs;  cin- 
quième lettre  et  deuxif'me  voyelle  de  leur  alphabet. 

—  ÊTYM.  B,  e,  et  «ViXiv,  menu.  C'est  la  lettre 
phénicienne  ou  hébraïque  he. 

t  EPSOM  (è-psom'),  sel  d'Epsom,  sulfate  de  ma- 
gnésie, qui  est  purgatif.  Epsom  est  un  village  du 
comté  de  Surrey,  en  Angleterre,  qui  possède  des 
eaux  minér.ilcs  riches  en  sulfate  de  magnésie, 

EPTACORDE,  voy.  hf.ptacorue. 

EPTAfiO'E,   voy.  IIIÎPTAGONE. 

fprcfi,  P.E  (épu-sé,  sée),  part,  passé. 

r.Pl'CER  (é-pusé.  Le  c  prend  une  cédille  devant 
a  ou  0  ;  épuçant,  épuçons),  v.  a.  Débarrasser  des 
puces.  Ëpncer  un  chien.  ||  S'èpucer,  v.  réfl.  Se  dé- 
barrasser de  se»  puces. 

.  llisT.  XVI*  s.  Espuiccr.  ODDiN,  Diet. 

—  ÊTYM.  ^pourei....  préfixe,  et  puce;  provenç.  çt 
•spagn.  espulgar;  ital.  spulciare. 

t  EPCCUR  (é-pu-ch")  ,  ».  f.  Pelle  pour  enlever  la 
tourbe. 

—  ÉTm.  É  pour  es....  préfixe,  et  puch,  une  des 
formes  de  puilt  (>ov.  puits  et  puiseb). 

EPCISABLE  (é-pii-ia-W),  adj.  Qui  peut  être 
Aputfté. 

—  KTT¥.  t.puiter. 

ttroiSAirr.  aNTB  (é-nui-zan,  lan-t'),  adj.  Oui 
«propre  t  épuiser.  CuUures  énuisantes,  culture» 
qui  énutsent  rapidement  U  terre.' 

KPinsE,  ER  (é  pui-iè,  ,éc),  porr.  passé.  \\  i*  Mi» 


ÉPIJ 

à  sec.  Des  ruisseaux  èpuiié»  pour  les  arrosements. 
Il  sent  tarir  ses  jours  comme  une  onde  épuisée.  Et 
son  dernier  soleil  a  lui,  lauart.  llarm.  11,  4  0. 
Il  Fig.  Voire  pire  attendait  que  ma  colfcre  fût  épui- 
sée, PÉN.  Tél.  XV.  Il  Un  esprit  épuisé,  une  imagi- 
nation épuisée,  un  esirit,  une  imagination  qui  no 
peut  plus  proiluire.  Après  six  mille  ans  d'observa- 
tions, l'esprit  humain  n'est  pas  épuisé;  il  cherche, 
et  il  trouve  encore,  afin  qu'il  connaisse  qu'il  peut 
trouver  jusqu'à  l'infini,  Boss.  Conn.  v,  8.  ||  î"  Terre 
épuisée,  terre  à  laquelle  on  a  trop  fait  produire  sans 
la  restaurer  par  l'engrais.  L'homme  do  génie  est 
celui  qui  enfonce  le  soc  de  la  charrue  dans  un  ter- 
rain qu'on  n'a  qu'effleuré  avant  lui,  et  qui  sait  par 
là  rendre  fécond  un  sol  que  l'on  croit  épuisé,  mar- 
MONTEL,  Élém.  litl.  Olluires,  t.  viii,  p.  ^76,  dans 
pouoENS.  Il  Kig.  Leurs  Elats  et  d'argent  et  d'hommes 
épuisés,  COBN. /'ompi'e,  i,  (.  X  t'en  payer  le  prix 
ma  fortune  épuisée,  volt.  Zaïre,  l,  *■  ||  3*  Edition 
épuisée,  édition  dont  tous  les  exemplaires  ont  été 
vendus  par  l'éditeur.  ||  4°  AflTaibli.  Des  soldats  épui- 
sés par  les  privations.  Si  les  sens  épuisés  man- 
quaient à  la  vieillesse,  volt.  Scythes,  iv,  7.  L'on 
y  montre  encore  la  pierre  sur  laquelle  on  prétend 
qu'elle  [Cérès]  s'assit  épuisée  de  fatigue,  Barthé- 
lémy, Ânach.  ch.  08,  ||  Absolument.  C'est  un  homme 
épuisé,  c'est  un  homme  qui  n'a  plus  les  forces 
physiques  ou  morales. 

EPUISEMENT  (é-piii-ze-man),  s.  m.  ||  1'  Action 
d'épuiser.  On  travaille  à  l'épuisement  des  eaux  de 
la  mine.  ||  2°  Perte  considérable  des  forces  et  de 
l'énergie  vitale.  On  l'a  tant  saigné  qu'il  est  tombé 
dans  l'épuisement.  Elle  est  dans  un  épuisement  qui 
fait  pitié,  sÉv.  385.  Quelquefois  on  a  beau  vouloir 
marcher;  il  se  sera  jeté  une  telle  humeur  sur  les 
jambes,  ou  tout  le  corps  se  trouvera  si  faible  par 
l'épuisement  des  esprits,  que  cette  volonté  sera  inu- 
tile, Boss.  Connaiss.  m,  42.  Des  mouvements  qui 
les  jettent  dans  l'épuisement,  la  bruy.  i*.  U  fut 
six  mois  en  danger,  et  trois  ans  dans  une  langueur 
qui  était  un  éi)uisement  d'esprits  visible,  fonten. 
Varignon.  Et  ne  présume  rien  de  leur  triste  pâleur 
[de  mes  traits]  Que  mon  épuisement,  effet  d'un 
long  malheur,  lemerc.  Louis  IX,  m,  3.  Les  chefs 
et  Mortier  lui-même,  vaincus  par  l'incendie  qu'ils 
combattaient  depuis  trente-six  heures,  y  vinrent 
[au  Kremlin]  tomber  d'épuisement  et  de  désespoir, 
SÈGUR,  Bist.  de  Napol.  viii,  6.  ||  3°  Tarissement  mo- 
ral. Il  prend  l'épuisement  du  cœur  pour  l'effort  de 
la  raison ,  J.  J.  Bouss.  Hél.  1,  «0.  ||  4°  Épuisement  des 
finances,  pénurie  du  trésor  public.  |{  6*  Terme  de 
mathématique.  Méthode  par  épuisement,  méthode 
qui  consiste  à  épuiser  toutes  les  racines  d'une  équa- 
tion. L'énumération  exclusive,  et  que  les  mathéma- 
ticiens appellent  la  preuve  par  épuisement,  mar- 
MONTEL,  Elém.  littér.  Œuvres,  t.  ix,  p.  490. 
—  RTYM.  Épuiser. 

ÉPUISER  (é-pui-zc),  V.  a.  ||  1°  Mettre  à  .sec. 
Épuiser  une  source,  une  fontaine.  Et  ne  m'exposez 
plus  aux  plus  vives  douleurs  Qui  jamais  d'une  amante 
épuisèrent  les  pleurs,  rac.  Baj.  11,  B.  ||  2°  Il  se  dit 
aussi  du  sang  et  de  tout  ce  qui  contribue  à  entre- 
tenir îs  forces  du  corps.  On  l'a  épuisé  par  d'abon- 
dantes saignées.  Ses  déliauches  ont  épuisé  ses  for- 
ces. [Elles]  De  leur  père  endormi  vont  épuiser  les 
veines,  corn.  Médée,  i,  4.  Une  passion  qui  épuise 
votre  santé,  mass.  Car.  Temps.  Viens  épuiser  mon 
flanc  Du  reste  infortuné  de  cet  auguste  sang,  volt. 
Zaïre,  v,  10.  Et  celte  émotion  dont  son  âme  est 
remplie  A  bientôt  épuisé  les  sources  de  la  vie,  m.  16. 
m,  ♦.  Il  Absolument.  J'étais  donc  brûlant  d'amour 
sans  objet,  et  c'est  peut-être  ainsi  qu'il  épuise  le 
plus,  J.  J.  BOUSS.  Conf.  v.  |{  Familièrement.  Cela 
m'épuise,  cela  me  cause  de  l'épuisement.  Vous  m'é- 
puisez,  vous  m'obsédez  par  vos  instances,  par  votre 
bavardage,  etc.  ||  Il  se  dit  aussi  des  forces  morales 
et  intellectuelles.  La  nature  nous  a  donné  des  goûts 
qu'il  est  aussi  dangereux  d'éteindre  que  d'épuiser, 
BARTHELEMY,  Anach.  ch.  "8.  Cette  succession  rapide 
de  mouvements  vifs  et  tumultueux  épuise  et  dessèche 
le.  cœur,  sans  l'avoir  jamais  pu  remplir,  m***  be 
GENLis,  Ad.  et  TMod.  t.  1,  lett.  6'i,  p.  438,  dans 
rouGENS.  Il  3*  Épuiser  une  terre,  la  faire  devenir  in- 
féconde par  suite  de  cultures  mal  combinées  ou  do 
mauvais  assolements.  ||  4°  Épuiser  une  mine,  en  ex- 
traire tout  le  métal  qu'elle  contient.  |{  B*  Causer 
l'appauvrissement  d'un  État,  la  dépopulation  d'un 
pays,  la  ruine  d'une  armée.  Les  guerres  de  Louis  XIV 
avaient  épuisé  la  France.  La  victoire  l'épuisé  en  le 
favorisant,  sauriî»,  Sparlac.  I,  4.  Et  Charles  ce- 
pendant, rassemblant  des  soldat».  D'airain,  d'or  et  de 
sang  épuisait  ses  États,  hass.  Helv.  v.  ||  Épuiser 
quelqu'un  ,   le  miner.  ||  <•  Consommer,  absorber 


ÊPU 

complètement.  La  citadelle  a  épuisé  toutes  ses  rou- 
nilions.  Nous  avons  épuisé  nos  dernières  ressources. 
De  Claude  en  même  temps  épuisant  les  richesses, 
bac.  Brit.  IV,  a.  ||  Kig.  Cette  suite  continuelle  de 
méchantes  affaires  qui  nous  réduisent  à  toute  heure 
à  lasser  les  bontés  du  souverain,  et  qui  ont  épuisé 
auprès  de  lui  le  mérite  de  mes  services  et  le  crédit 
de  mes  amis,  mol.  le  Fesl.  iv,  6.  Bientôt  il  eut 
épuisé  tout  le  savoir  de  son  maître,  et  il  fallut  qu'il 
allât  herboriser  lui-même  aux  environs  du  Mans  et 
y  chercher  des  plantes  nouvelles,  fonten.  Jfori'n. 
Il  Épuiser  la  patience,  faire  qu'on  ne  puisse  plus 
supporter.  ||  Épuiser  sa  patience,  ne  pouvoir  plus 
supporter.  Les  Cretois  avaient  épuisé  toute  leur  pa- 
tience, FÉN.  Tél.  Xlll.  Il  7°  Épuiser  le  sort,  les  coups, 
la  vengeance,  la  colère,  etc.  avoir  éprouvé  du 
sort,  du  ciel,  etc.  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  funeste. 
Mais  quand  ce  coup  tombé  vient  d'épuiser  le  sort 
Jusqu'à  n'en  pouvoir  craindre  un  plus  barbare  effort, 
COBN.  Cfc'dipe,  v,  3.  Dureront-ils  toujours  ces  ennuis 
si  funestes'?  N'épuiseront-ils  pas  les  vengeances  cé- 
lestes? BAC.  Theb.  III,  2.  Je  conjure  les  dieux  d'é- 
puiser tous  les  coups  Qui  pourraient  menacer  une 
si  belle  vie,  id.  Bérén.  v,  7.  Je  suis  la  plus  cou- 
pable; épuise  tout  sur  moi,  id.  Baj.  I,  4.  Les  des- 
tins désormais  Ont  assouvi  leur  haine,  ont  épuisé 
leurs  traits,  volt.  Tancr.  v,  B.  Dieux  cruels,  épui- 
sez sur  moi  votre  colère,  id.  Triumr.  11,  B.  ||  8"  Met- 
tre en  usage  toutes  les  ressources  de.  Il  se  prépare 
contre  le  prince  quelque  chose  de  plus  formidable 
qu'à  Rocroy;  et,  pour  éprouver  sa  vertu,  la  guerre 
va  épuiser  toutes  ses  inventions  et  tous  ses  efforts, 
BOSS.  iotiii  de  Bourbon.  On  épuise  toutes  sortes 
d'artifices  pour  le  tromper,  fên.  Tel.  xii.  Épuise 
ton  esprit  et  ton  adresse  pour  bâter  mon  bonlieur, 
LESAGE,  Diable  boit.  4  5.  Nous  [prédicateurs]  que 
l'exercice  de  notre  ministère  appelle,  s'il  est  per- 
mis d'ainsi  dire ,  dans  un  monde  de  morts  et 
de  mourants...  il  nous  semble  que  nous  devons 
épuiser  toute  la  religion  pour  arracher  au  monde 
ceux  qui  nous  écoulent,  saurin,  Disc,  de  saint  Paul 
d  Félix  et  à  Drusille.  Le  ciel,  industrieux  dans  sa 
triste  vengeance,  Avait  à  le  former  [le  Sf  hinx]  épuisé 
sa  puissance,  VOLT.  Œd.i,  4.  ||  9°  Épu  serun  sujet, 
n'y  omettre  aucun  détail,  le  traiter  à  fond.  Crois-tu 
qu'il  ait  épuisé  dans  ses  comédies  tout  le  ridicule 
des  hommes?  mol.  Impromptu,  1,  3.  Les  longs  ou- 
vrages me  font  peur:  Loin  d'épuiser  une  matière, 
On  n'en  doit  prendre  que  la  (leur,  la  font,  t'abl. 
VI,  Épilogue.  Je  ne  vous  en  parlerai  pas,  nous 
avons  épuisé  cette  matière,  sév.  6B2.  La  curiosité 
fait  toujours  agir  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  épuisé  l'objet 
de  ses  recherches,  et  aucune  question  ne  peut  être 
épuisée  que  par  le  vrai,  Ti:Br,oT,  Ébauche  du  2"  di.c. 
Progrès  de  l'esprit  humain,  p.  203.  Les  premiers 
maîtres  du  théâtre  avaient  épuisé  les  combinai.son» 
des  caractères,  des  intérêts  et  des  passions,  mar- 
montel,  Élém.  Utiér.  Œuvres,  t.  vu,  p.  432,  dans 
pouGENS.  On  cui  reprochait  d'épuiser  ses  sujets  et 
de  ne  rien  laisser  à  penser  au  lecteur,  id.  Kém.  xi. 
Il  Un  homme  qu'on  ne  saurait  épuiser,  homme  d'un 
grand  savoir  et  qui  parle  bien  et  facilement  sur 
toute  sorte  de  sujets.  ||  10°  Épuiser  une  idée,  mettre 
en  dehors  tout  ce  qu'elle  renferme.  Ceux  qui  ont 
compris  que  le  terme  d'infini  est  tellement  absolu 
qu'il  épuise  ou  plutôt  qu'il  renferme  la  totalité  de 
l'être  sans  exception,  ont  voulu  éviter  cet  écueii  eu 
employant  une  distinction  scolastique,  boullair- 
villiers,  Réfut.  de  Spinosa,  p.  «4.  ||  11*  Traiter 
comme  par  la  méthode  de  l'épuisement  (terme  de 
mathématique).  X  force  de  tâtonner,  de  multip'.ier 
les  systèmes,  d'épuiser  pour  ainsi  dire  les  erreurs, 
on  arrive  enfin  à  la  connaissance  d'un  grand  nom- 
bra  de  vérités ,  tlrgot  ,  2*  dise  en  Sorbonne. 
Il  12°  S'épuiser,  v.  réfl.  Se  tarir.  Cette  source  s'é- 
puisera bientôt.  Les  vivres  s'épuisent.  L'or  et  l'ar- 
gent s'épuisent;  mais  la  venu,  la  constance,  la 
force  cl  la  pauvreté  ne  s'épuisent  jamais,  monteso. 
flom.  ch.  4.  Sur  son  lit  une  lampe  fatale  Versait  en 
s'épuisant  sa  lumière  inégale,  dlcis,  Othello,  v,  i. 
Dieu  veuille  que  ce  charme  ne  s'épuise  pas!  stael, 
Corinne,  XV,  9.  ||  Se  vendre  jusqu'au  dernier  exem- 
plaire. Uneéditionqui  s'épuise  rapidement.  |i  13°  Em- 
ployer tout  ce  qu'on  a  de  force  ou  d'hi■^ileté.  L'ar- 
chitecte ne  s'est  pas  épuisé  en  la  structure  de  c« 
palais  royal,  cobn.  Ancirom.  Décor,  du  5*  acte.  Il 
se  hâte  et  s'épuise  en  efforts  superflus,  id.  Ilor.  IV, 
2.  Il  ne  faut  pas  vous  épuiser  en  lectures.  SÊV. 
408.  Après  s'être  épuisé  en  regrets  inutiles,  hamilt. 
Gramm.  3.  \\  S'épuiser  en  conjectures,  faire  une 
multitude  de  conjectures  coup  sur  coup.  ||  Employer 
tout  ce  qu'on  a.  Ceux  qui  s'épuisent  en  folles  dé- 
penses, FLSCH.  Aig.  Ce  peuple  s'épui.sait  en  fêtes 


ÈPU 

et  en  réjouissances  pour  son  retour  [la  restaura- 
tion de  Charles  II] ,  hamilt.  Gramm.  a.  Son  État 
s'épuise  d'argent  et  d'hommes,  pén.  Tél.  xii.  L'ima- 
gination des  hommes  s'épuise  en  fictions  romanes- 
ques, VOLT.  Mœurs,  69.  Il  dépensa  beaucoup,  pen- 
dant que  ses  parents  s'épuisaient  pncore  davantage 
à  vivre  en  grands  seigneurs,  ID.  Jeannot  et  Colin. 
II  s'épuise  à  payer  leurs  plaisirs  onéreux,  c.  delav. 
Vf  près  sicil.  u,  6. 

—  HIST.  xW  S.  Vus  espucerez  ewes  en  joie  des 
fontaines  del  salvediir,  Liber  psabn.  p.  232.  Le  ca- 
lice en  la  main  del  Seignur....  la  lie  de  lui  nen  est 
expuisede,  ib.  p.  )0i.  ||xiii"  s.  Richart,  ne  que  es- 
puchier  Puet  on  la  mer  d'un  tamis  [pas  plus  qu'on 
ne  peut  épuiser  la  mer  avec  un  tamis].  Ne  vous 
vauroit  [vaudrait]  mais  castis  [correction],  Qu'on 
[car  on]  ne  puet  musart  casioier,  mâtzner,  p.  77. 
Elle  est  riche  et  très  eUreuse,  Elle  est  en  tous  hiens 
plantureuse,  Si  qu'on  ne  la  puet  espuisier,  Tant  y 
puist  on  prendre  et  puisier,  J.  de  meung,  Tr.  630, 
Il  xiv  s.  La  cilé  espuisée  par  mortailles  [mortalités] 

continues,  bebcheure,  f°  61.  rec(o.  ||  xvi"  s qu'il 

s'en  fidsoit  fort  d'en  vuider  l'eau....  et  estant  le  tout 
espuisé....  CARLOix,  IX,  27.  Comme  nous  voyons  la 
mcre  nourrice,  après  la  naissance  de  l'enfant,  luy 
présenter  son  mammelon  pour  en  espuiser  du  laict 
pour  sa  nourriture,  pabé,  ii,  2B. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  puiser;  picard, 
épucher. 

t  ÉPUISETTE  (é-pui-zè-f),  s.  f.  \\  1°  Écope,  sorte 
de  pelle  creuse ,  pour  ôter  l'eau  d'un  bateau. 
Il  2"  Terme  d'oiselier.  Filet  pour  prendre  les  petits 
oiseaux  dans  une  volière.  ||  S"  Terme  de  pêche.  Pe- 
tit filet  en  forme  de  poche,  monté  sur  un  cerceau 
et  attaché  à  un  long  manche  de  bois. 

—  ÉTYM.  Épuise. 

t  lÎPUISE  VOLANTE  (  é-pui-ze-vo-lan-t' ) ,  s.  f. 
Moulin  à  vent  pour  épuiser  les  eaux  d'un  endroit 
que  l'on  veut  mettre  à  sec. 

—  ÉTYM.  Épuise,  mot  qui  n'est  resté  usité  que 
dans  cette  locution,  el  volant. 

ÉPULIDE  (é-pu-li-d')  ou  ËPULIE  (é-pu-lie),  s. 
f.  Terme  de  chirurgie.  Petite  excroissance  qui  se 
forme  sur  les  gencives. 

—  HIST.  xn°  s.  Des  tumeurs  et  chairs  superflues  des 
gencives,  appellées  des  Grecs  epulides,  paré,  vi,  4. 

—  ÉTYM.  'EitoviVi;,  de  ÈTtl,  sur,  etoijXov,  gencive. 
lÎPULONS  (é-pu-lon),   s.    m.  plur.    Prêtres  de 

Rome  qui  présidaient  aux  repas  donnés  en  l'hon- 
neur des  dieux. 

—  ÉTYM.  Lat.  épuise,  repas. 

fiPULOTIQUE  (é-pu-lo-ti-k') ,  adj.  Terme  de  phar- 
macie. Qui  favorise  la  cicatrisation.  j{  S.  m.  Un  bon 
épulotique. 

—  HIST.  XVI*  s.  Médicament  épulotique  ou  cica- 
trizatif,  PARÉ,  vin,  1B. 

—  ÉTYM.  'Eirw^MTixà; ,  de  iiû,  sur,  et  oiXfi,  ci- 
catrice, de  oîXo;,  entier,  mot  à  mot  aàpîoûX»], 
chair  entière  ,  cicatrisée.  OJ).oi;  est  la  forme  io- 
nienne de  6)01;,  le  même  que  le  latin  solus. 

ÉPURATION  (é-pu-ra-sion;  en  vers,  de  cinq  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  d'épurer.  L'épuration  des 
métaux.  L'épuration  des  huiles.  ||  2°  Fig.  L'épura- 
tion des  mœurs.  L'épuration  du  goût.  L'épuration 
d'un  texte  fautif.  ||  3°  Par  extension  ,  l'épuration 
d'un  corps,  d'une  compagnie,  exclusion  de  ceux  qui 
sont  indignes  d'en  faire  partie.  ||  Épurations  politi- 
ques, exclusions  dictées  par  des  motifs  politiques. 

—  ÉTYM.  Épurer. 

tÉPURATOIRE  (é-pu-ra-toi-r'),  adj.  Qui  sert  à 
épurer. 

—  ÉTYM.  Épurer. 

ÉPURE  (é-pu-r'),  s.  f.  ||  1"  Terme  d'architecture. 
Dessin  d'une  construction  tracé  sur  une  muraille, 
ou,  plus  généralement,  sur  un  plancher  ou  sur  une 
aire  horizontale,  de  la  grandeur  dont  l'ouvrage 
doit  être  exécuté.  L'épure  d'une  façade.  {|  2°  Terme 
de  géométrie.  Reprôsentation,  sur  un  plan,  des 
points  et  lignes  situés  dans  l'espace  et  appartenant 
à  un  corps  de  forme  déterminée;  au  moyen  de  l'é- 
pure, on  peut  retrouver  les  positions  de  ces  points 
et  de  ces  lignes,  relativement  à  deux  plans  coor- 
donni^s,  l'un  vertical  et  l'autre  horizontal.  Un  offi- 
cier du  génie  vint  en  congé  à  Besançon  où  était 
une  école  d'.artillerie;  il  laissa  dans  sa  chambre  la 
collection  de  ses  épures  et  s'absenta  pour  quelques 
mois;  les  officiers  d'artillerie,  qui  avaient  sur  le 
cceur  quelques  plaisanteries  sur  leur  ignorance  des 
travaux  de  l'école  de  Mézières,  où  Monge  [l'inven- 
teur de  la  géométrie  descriptive]  professait,  résolu- 
rent de  s'emparer  du  trésor  de  l'officier  du  génie;  le 
complot  fut  exécuté;  les  épures  enlevées  furent  cal- 
quées, et  puis  les  originaux  remis  en  place;  mais 

DtC*   M  LA  LANGUE  FRANÇAISE. 


EPU 

grand  fut  l'étonnement  lorsque,  le  travail  fini,  on 
voulut  se  mettre  à  déchiffrer  les  hiéroglyphes  de 
l'école  de  Mézières;  personne  n'y  comprenait  rien; 
alors  on  va  trouver  Lacroix,  on  lui  remet  les  cal- 
ques; Lacroix  parvint  à  déchiffrer  tout  ce  qui  est 
relatif  au  point,  à  la  droite  et  au  plan,  et  publia  le 
premier  traité,  même  avant  Monge,  olivier.  Géo- 
métrie descriptive,  préface.  ||  L'ensemble  de  lignes 
et  de  points  que  l'on  trace  sur  un  plan  pour  résoudre 
un  prdbl'-me  de  géométrie  descriptive,  pure  ou  ap- 
pliquée. Une  belle  épure.  Tracer  une  épure.  Les 
candidats  devront  exécuter  une  épure. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  semble  être  formé  de  pur  (avec 
epoures....  préfixe),  et  signifier  la  mise  à  pur,  au 
net,  du  plan  des  bStiments. 

ÉPURÉ,  ÉE  (é-pu-ré,  rée),  part,  passé  d'épurer. 
Il  1°  Rendu  plus  pur.  Une  matière  épurée.  Un  air 
épuré.  Il  2°  Fig.  Cet  amour  épuré  que  Tite  seul  lui 
donne,  cohn.  Tite  et  Bérén.  v,  2.  Il  [Dieu]  est  seul  de 
nos  cœurs  l'allégresse  épurée.  Et  seul  notre  félicité, 
ID.  [mit.  II,  B.  U  est  d'autres  esprits....  De  qui  tous 
les  désirs  dignement  épurés....  id.  ib.  m,  4.  Des 
raisons  choisies,  épurées,  méré,  (Xiuvres posth.  t.  i, 
p.  B7.I1  n'a  laissé  dans  mon  cœur,  pour  vous,  qu'une 
flamme  épurée  de  tout  le  commerce  des  sens,  mol. 
Don  Juan,  iv,  9.  Pourvu  que  ses  transports,  par 
l'honneur  éclairés,  N'offrent  sur  mes  autels  que  des 
vœux  épurés,  id.  F.  sav.  1,  *.  Mon  culte  épuré  De 
ma  grandeur  naissante  est  le  premier  degré,  volt. 
Fanut.  II,  B.  Dégagés  de  la  terre,  épurés  de  tout 
crime,  lemercieh,  Louis  IX,  v,  6.  ||3°  Débarrassé 
de  ce  qui,  dans  le  langage,  n'est  pas  pur.  Par  ce 
sage  écrivain  la  langue  réparée  N'offrit  plus  rien 
de  rude  à  l'oreille  épurée,  boil.  Art  p.  1.  \\  Qui  s'at- 
tache à  la  pureté  du  langage  (emploi  vieilli).  J'ai 
des  amis  fort  épurés,  méré.  Œuvres  posth.  t.  11, 
p.  54.  Epuré  dans  le  langage,  m.  th.  p.  42.  ||  4°  Dé- 
barrassé de  ce  qu'il  y  a  de  grossier,  en  parlant  des 
ouvrages  d'esprit.  [Le  comique]  qui  est  épuré  des 
pointes,  des  obscénités....  la  bruy.  Disc,  sur  Théo- 
phraste.  |{  Rendu  plus  correct,  plus  élégant,  en 
parlant  du  langage,  du  style.  Je  n'aime  pomt  qu'on 
affecte  avec  les  enfants  un  langage  trop  épuré,  et 
qu'on  fasse  de  longs  détours,  dont  ils  s'aperçoivent, 
pour  éviter  de  donner  aux  choses  leur  véritable 
nom,  J.  J.  Houss.  Emile,  iv.  ||  5°  Qui  a  subi  une 
épuration,  une  élimination,  par  raison  politique 
ou  autre.  D'autres  invités  y  sont  venus  [au  bal]  et 
s'en  sont  allés  parce  qu'ils  n'ont  pas  trouvé  le  bal 
assez  épuré,  p.  L.  cour.  Lett.  n,  <09. 

t  ÊPUREMENT  (é-pu-re-maii) ,  s.  m.  Action  d'é- 
purer; état  de  ce  qui  est  épuré.  L'épurement  des 
métaux.  ||  Fig.  Il  se  dit  de  la  pureté  morale.  Qu'un 
tel  épurement  demande  un  grand  courage.  Qu'il 
est,  même  aux  plus  grands,  d'un  difficile  usage  I 
CORN.  0(/ion,i,  B.  En  tout  temps,  en  tous  lieux, 
en  toutes  actions,  Ce  digne  épurement  de  tes  inten- 
tions Doit  garder  sur  toi-même  une  puissance  égale, 
ID.  Imit.  III,  38.  La  croix  est  la  vraie  épreuve  de 
la  foi,  le  vrai  fondement  de  l'espérance,  le  parfait 
épurement  de  la  charité,  boss.  IJist.  u,  6.  |{  Se  dit 
aussi  des  exclusions  par  cause  politique  ou  autre. 
L'épurement  d'une  compagnie. 

—  ÉTYM.  Épurer. 

ÉPURER  (é-pu-ré),  v.  a.  ||  1"  Rendre  pur,  puri- 
fier. Épurer  de  l'eau  en  la  filtrant.  Le  feu  épure  les 
métaux.  U  règne  en  dieu  sur  les  airs  qu'il  épure. 
Des  prés,  des  bois  ranime  la  verdure,  malfil.  JVar- 
cisse,  ch.  I.  Il  Fig.  Le  malheur  avait  épuré  l'armée; 
ce  qui  en  restait  n'en  pouvait  être  que  l'élite,  d'es- 
prit comme  de  corps,  ségur,  Hist.  de  Nap.  v,  2. 
Il  2°  Rendre  plus  pur,  en  parlant  des  choses  morales. 
Epurer  les  mœurs,  les  sentiments.  Dieu  veut  épurer 
votre  charité  parles  afflictions,  boss.  Sou/f.  2.  Dé- 
gageant l'âme  des  sens,  elle  épure  la  vue  de  la  foi , 
MASS.  Car.  Tiéd.  i.  Mais  je  parle  à  Brutus....  Dont 
le  cœur  inflexible,  au  bien  déterminé.  Épura  tout  le 
sang  que  César  t'a  donné,  volt.  M.  de  Ces.  m,  2. 
Je  fais  en  frémissant  ce  sacrifice  impie,  Mais  mon 
devoir  l'épure,  et  mon  trépas  l'expie, 'in.  Orphel. 
IV,  6.  Il  ne  sera  jamais  question ,  pour  des  Fran- 
çais, dont  la  constitution  vient  d'épurer  les  idées 
(le  justice,  de  faire  ou  de  concerter  une  guerre  of- 
fensive, c'est-à-dire  d'attaquer  les  peuples  voisins 
lorsqu'ils  ne  nous  attaquent  point,  Mirabeau,  Col- 
lection, t. III,  p.  30(.  Il  Purger  de.  Mais  qui  connaît. 
Seigneur,  les  péchés  d'ignorance  î  Ëpure-m'en  dès 
aujourd'hui,  corn.  Psaume  xviii.  ||  Épurer  un  au- 
teur, l'expurger,  jj  Êfiurer  le  théâtre,  n'y  mettre 
rien  qui  puisse  blesser  les  mœurs.  ||  3°  Rendre  poli, 
châtié,  en  parlant  du  langage  et  des  ouvrages  û'es- 
prit.  Cet  auteur  a  contribué  à  épurer  la  langue. 
La  satire,  en  leçons,  en  nouveautés  fertile,  Sait 


EQU  1473 

seule  assaisonner  le  plaisant  et  l'utile,  Et  d'un  vers 
qu'elle  épure  aux  rayons  du  bon  sens.  Détromper 
les  esprits  des  erreurs  de  leur  temps,  boil.  Sat.  ix. 
On  a  voulu  épurer  notre  langue  depuis  François  I"; 
peut-être  a-t-on  fait  comme  ces  médecins  qui,  à 
force  de  saigner  et  de  purger,  précipitent  leur  ma- 
lade dans  un  état  de  faililesse  d'où  il  a  bien  de  la 
peine  à  revenir,  d'olivet.  Rem.  Racine,  §  M.  Trop 
heureux  l'écrivain  qui  dans  la  solitude....  Epure  ses 
travaux  dans  le  creuset  du  temps,  millev.  Indépen- 
dance du  poêle.  Écrivain  soigneux  et  correct,  il 
[RobertsonI  s'attachait  à  épurer  son  style  de  ces 
idiotismes  écossais  qu'affecte  aujourd'hui  le  célèbre 
romancier  d'Edimbourg  |W.  Scott],  villem.  iiltér. 
franc,  ts'  siècle,  2'  part.  3«  leçon.  Ces  premiers  cri- 
tiques qui  épurèrent  notre  langue,  Palru,  Vaugelas, 
Régnier- Desmarais,  étaient  des  esprits  justes  et 
fins  qu'on  n'a  pas  surpassés  dans  la  même  œuvre, 
ID.  Diction,  de  l'Àcad.  préface,  p.  xii.  ||  4°  Eliminer 
d'une  compagnie,  d'un  corps,  les  membres  qui  - 
sont  jugés  indignes  d'en  faire  partie.  ||  B°  S'épurer, 
1'.  ré/l.  Devenir  plus  pur.  L'or  s'épure  dans  le  feu, 
BOSS.  Ilist.  11,  9.  Par  lui  tout  s'embellit,  et  s'épure 
et  s'anime,  delille.  Paradis  pndu,  xii.  ||  Fig. 
Cette  purification  par  laquelle  l'âme  s'épure  peu  à 
peu,  BOSS.  Lett.  Corn.  75.  Ainsi  parmi  les  souf- 
frances et  dans  les  approches  de  la  mort,  s'épura 
comme  dans  un  feu  l'âme  chrétienne,  iD.  le  Tellier. 
Dont  les  âmes  se  sont  épurées  dans  la  solitude,  id. 
I,  Paq.  t.  Plus  il  approche  delà  mort  et  plus  il  s'é- 
pure, sÉv.  48.  Les  intérêts  personnels  qui  s'épurent 
par  leur  réunion,  se  sont  Lsolés  entièrement,  et  la 
corruption  est  devenue  générale,  baynal,  Ilist. 
phil.  H,  28.  Il  Devenir  plus  châtié,  en  parlant  de 
la  langue.  La  Bruyère  et  Fénelon  paraissent  croire 
que  la  langue  de  leur  temps  s'était  trop  épurée, 
avait  rejeté  trop  d'anciens  mots  expressifs,  et  l'Aca- 
démie a  été  chargée  de  ce  tort,  villemain,  Dict. 
de  l'Acad.  préface,  p.  xx. 

—  IIIST.  xiii*  s.  Cilz  qui  argent  espure,  Armuriers, 
guainiers,  chapeliers,  Dict  des  peintres.  Ainsi  fut 
luxure  lavée  D'omme,  de  femme,  et  espurée,  A'(- 
Graal,  v.  t7).  ||  xvi*  s.  Avoir  le  jugement  affiné  et 
le  discours  espuré  par  raisons  de  philosophie,  auyot, 
Aratus,  12. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  pur. 
ÉPCRGE  (é-pur-j'),  s.  f.  Un  des  noms  vulgaires 

de  l'euphorbia  latlujris,  L.  dite  petite  épurge,  ca- 
tapuce,  petite  catapuce.  ||  Grande  épurge,  un  des 
noms  vulgaires  du  ricin  commun  (eupborbiacées), 
dite  aussi  grande  catapuce. 

—  ÉTYM.  É  pour  es...  préfixe,  et  purger. 

t  ÉQDANIME  (é-koua-ni-m'),  adj.  Dont  l'humeur 
reste  égale.  M.  de  Chevreuse,  toujours  équanime, 
toujours  espérant,  toujours  voyant  tout  en  blanc, 
st-sim.  322,  209.  ||  Peu  usité. 

—  HIST.  XVI'  s.  J'ai  estimé  qu'il  ne  falloit  attendre 
pour  juges  aeqnanimes  de  ma  louange  que  ceux  qui 
l'ont  méritée  pour  eux,  d'aub.  Ilist.  Préf.  m. 

—  ÉTYM.  Lat.  œquanimus,  de  œquus,  égal,  et 
animus,  âme,  cœur. 

tÉQUANIMITÉ  (é-koua-ni-mi-té),  s.  f.  Qualité 
d'une  âme  équanime.  Sa  mère  [du  duc  de  Noailles] 
avait  su  profiter  de  la  douceur  et  de  l'équanimité 
du  duo  de  Chevreuse,  st-sim.  3I8,  150.  ||  Peu  usité. 

—  HIST.  XVI*  s.  Cela  donc  est  une  de  ces  choses 
qui  trouble  l'équanimité  et  tranquillité  d'esprit, 
AMYOT,  De  la  tranq.  d'âme,  3|.  Nous  reprochans 
qu'il  sort  bien  des  François  quelque  chose  subtile  et 
délicate,  mais  jamais  d'œuvre  où  il  paraisse  force 
pour  supporter  un  labeur,  equanimité  pour  estra 
pareil  à  soi-mesme,  ni  un  puissant  et  solide  juge- 
ment, d'adb.  Hist.  Préf.  v. 

—  ÉTYM.  Lat.  sequanimitas,  d'xquanimus,  équa- 
nime, de  xquus,  égal,  et  animus,  âme. 

f  EQUANT  (é-kouan),  s.  m.  Terme  de  l'ancienne 
astronomie.  Cercle  dont  le  centre  était  celui  de» 
mouvements  réguliers. 

—  ÉTYM  Lat.  ,rquans,  qui  égale. 

t  F.QUARRÉ  (é-ka-ré),  s.  m.  Terme  de  char- 
pente. Carré  tracé  dans  le  cercle  qu'ofi're  la  section 
d'un  tronc  d'arbre,  afin  d'équarrir  celui-ci. 

—  ÉTYM.  Voy.  équarrir. 

ÉQUARRI,  lE  (é-ka-ri,  rie),  part,  passé  d'équarrir. 
Il  1°  Dressé  de  manière  à  être  taillé  à  angle  droit. 
Un  arbre  équarri.  112°  Dépecé,  en  parlant  des  ani- 
maux abattus  ou  morts.  Un  cheval  équarri. 

t  ÉQUARRIER  (éka-ri-é),  v.  t,||l°  Couper  lai 
barbes  du  parchemin,  jj  i'  Terme  de  cirier.  Dres- 
ser la  cire  des  flambeaux. 

ÉQCARRIR  (é-ka-rir),  v.  a.  ||  1*  Tailler  i  angle 
droit.  Equarrir  une  pierre.  Apprends  à  manier  d'un 
bras  vigoureux  la  hache  et  là  scie,  à  equarrir  une 

I.  —    18S 


U74 

pMtr»,  ».  >■  «»w" 


I.  Jfm.  m.  C'Mt  rinslroment  [la 


S^arn.  iio"^ronc,.  cutk*...  ^m^r.  .  ||  2-  Ken- 
dre  c»rr*.  L'habilml»  où  nous  sommes  d  équarnr 
Bo«  parterro'  •'  m*""'  ""'  arbres,  behn.  de  st-p. 
iftiufe  t.  Il  S*  Terme  <ie  menuiserie.  Rafraîchir  les 
rire*  rarfresser  l'épaisseur  lics  ballants,  refiire  les 
ninu'rei,  etc.  Il  4'  Éqiiarrir  une  glace,  la  rendre 
carrée  en  se  servant  du  di.imani  et  des  pinces. 
Il  6'  Agrandir  un  trou  avec  l'équarrissoir.  118*  Dé- 
pecer un  animal  mort  ou  qu'on  abat.  Équarrir  un 
ebeval,  un  mouton.  Locution  tirée  de  ce  qu'on  le 
coupe  par  quartiers. 

—  BIST.  XIII*  s.  Ly  carette  de  tous  bois  esquariz 
doit  un  denier,  tailuab,  Recueil,  p.  47(.||xiv's. 
Despense  pour  abatre  et  esquarrer  le  dit  boys, 
Bibl.  des  Chartes,  f  série,  t.  m,  p.  240.  jj  xvi*  s. 
Le  juschoir  sera  composé  de  perches  de  bois  es- 
quarries,  pour  mieui  la  poulaille  s'y  affermir, 
qu'eslans  rondes,  o.  de  serrks,  348. 

—  ÉTYM.  ^pour«....préfiie,etcarr^;Berry,(;</«ar- 
rier;  provenç.  esquayrar,  escairar,  scayrar;  espagn. 
escuailrar;  portug.  esquadriar  ;  ital.  squadrare. 

ÉQUARRISSAGE  (é-ka-ri-sa^j'),  s.  m.  \\  i'  État  de 

co  qui  est  éqiiarri Une  poutre  de  sapin  de  cent 

vingt  pieds  de  long  et  de  deux  pieds  d'équarrissage 
aux  deux  bouts,  bern.  de  st-p.  Étude  6.  {|  Bois 
d'équarrissage,  liois  qui  doit  avoir  au  moins  seize 
centimètres  en  tous  les  sens.  ||  2"  Action  de  dépecer, 
pour  en  ultli.ser  les  diverses  parties,  les  cadavres 
d'animaux  dont  la  chair  ne  doit  pas  être  consommée 
par  l'homme.  Un  clos  d'équarrissage. 

—  ÈTYM.  Éqiinrrir. 

ÉQUAHKISSEMENT  (é-ka-ri-se-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion d'équarrir;  état  de  ce  qui  est  équarri.  {|  Terme 
de  maçonnerie.  Manière  de  tracer  les  faces  des 
pierres  sans  le  secours  des  panneaux.  ||  Manière 
de  mesurer  les  pierres. 

—  ÊTYM.  Équarrir. 

ËQITARRISSEUR  (é-ka-rl-seur),  «.  »n.  Celui  qui 
fait  métier  de  dépecer  les  bêles  mortes  ou  abat- 
tues. 

—  ftTYM.  Équarrir. 

t  ÉODARRISSOIR  (é-ka-ri-soir) ,  ».  m.  Instrument 
de  fer  carré,  qui  sert  à  percer  des  trous  dans  le  fer 
et  dans  le  cuivre.  ||  Instrument  à  l'usage  du  cir'er, 
de  l'orfèvre  et  du  vannier.  |1  Couteau  de  l'équarris- 
seur. 

—  ÊTYM.  Équarrir. 

ÉQUATECR  (é-koua-teur),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'as- 
tronomie. Grand  cercle  de  la  sphère  céleste,  per- 
pendiculaire à  l'axe,  et  qui  la  divise  en  deux  hé- 
misphères, l'un  méridional,  l'autre  septentrional. 
Les  régions  situées  sous  l'équateur.  La  situation  de 
l'équateur  qu'on  .se  figure  comme  un  grand  cercle 
tracé  au  ciel  et  dont  la  moitié  seule  est  visible, 
FRAKCŒUB,  Uranogr.  n°  8.  ||  2°  Grand  cercle  de  la 
sphère  terrestre,  projection  de  l'équateur  céleste 
sur  notre  globe,  appelé  autrement  ligne  équinoxiale 
ou,  simplement,  ligne.  La  France  est  au  nord  de  l'é- 
quateur. Les  degrés  de  latitude  se  comptent  à  partir 
de  l'équateur.  L'équateur  coupe  l'horizon  en  deux 
parties  égales,  fbahcœub,  Uranogr.  n°  ti.  ||  Equa- 
teur se  dit,  dans  le  même  sens,  du  soleil,  des  planètes 
et  de  leurs  satellites.  L'équateur  du  soleil.  Ainsi 
que  Mars,  cette  planète  [Jupiter]  a  deux  bandes  pa- 
rallèles à  son  équateur  et  qui  en  sont  très-voisines, 
KBAîicŒUB,  Uranogr.  n*  84.  |I  3°  Terme  de  physique. 
Équateur  magnétique ,  ligne  irrégulière,  formée 
autour  du  globe  par  la  suite  des  points  où  l'inch- 
naison  do  l'aiguille  aimantée  est  nulle. 

—  ÉTYM.  Lai.  irquatorem,  nom,  chez  les  Ro- 
mains, d'un  inspecteur  dos  monnaies,  de  œquare, 
rendre  égal;  ctrcuJiw  ,rq«a(or,  cercle  qui  rend  égal, 
i  cause  que,  sous  l'équateur,  les  jours  sont  con- 
stamment égaux  aux  nuits,  et  surtout  parce  que, 
quand  le  soleil  arrive  A  l'équateur,  les  jours  sont 
égaux  aux  nuits  par  toute  la  terre. 

ÉQUATION  (é-koua-sion  ),»./■.  lit*  Terme  d'al- 
gèlire.  Formule  de  l'égalité  établie  entre  deux  quan- 
tités fiquution  du  premier  degré,  du  second  degré, 
fiquatiou  différentielle.  Les  racines  d'une  équation. 
En  tirant  la  racine  d'une  équation  cubique,  desc. 
Géom.  ).  Il  Membres  d'une  équation,  les  deux  qtian- 
tités  qui  sont  données  comme  égales  entre  elles  et 
qui  sont  ?épa  réespar  le  signe  =.  ||  Termes  d'une  équa- 
uon ,  les  différentes  quantités  dont  chaque  membre 
M  l équation  est  composé  et  qui  sont  affectées  du 
irn!!'  "'"■°"  ''"  """^  -•  Il  Résoudre  une  équation, 
irouTer  u  ^i^u,  j^  j^  quantité   inconnue  qui   y 

mltr  .   » '"  1"»"''"*»  connues.  ||  Terme  de  géo- 
touon  algébrique  qu,  existe  entre  les  coordonaées 


d'un  point  quelconque  de  cette  ligne  ou  de  celte 
surface.  Descartes  avait  trouvé  l'art  de  mettre  les 
courbes  en  équation,  turgot,  Ébauche  du  2"  dise. 
Progrès  de  l'esprit  hum.  p.  280.  ||  2"  Terme  d'astro- 
nomie. La  quantité  variable,  mais  déterminée  par 
le  calcul,  qu'il  faut  ajouter  ou  ôler  aux  mouvements 
moyens  pour  obtenir  les  mouvements  vrais.  ||  Équa- 
tion du  centre,  différence  entre  la  longitude  vraie  et 
la  longitude  moyenne  de  la  terre.  ||  Équation  du 
temps,  différence  du  temps  vrai  au  temps  moyen. 
Il  Équation  personnelle,  temps  qui  s'écoule  entre 
voir  et  enregistrer,  qui  varie  avec  les  différents  ob- 
servateurs, et  qui  entre  comme  élément  dans  la 
correction  d'une  observation.  ||  3°  Terme  de  chimie. 
Équation  chimique ,  équation  représentant  d'une 
part  les  substances  chimiques  propres  à  donner  lieu 
à  une  réaction,  et  d'autre  part  les  substances  pro- 
duites par  cette  réaction,  ainsi:  SO',lîaO-f  4C  = 
.SBa-|-4C0;  ce  qui  veut  dire  que  du  sulfale  de 
baryte,  plus  du  charbon,  se  décompose  en  sulfure 
de  baryum,  plus  de  l'oxyde  de  carbone. 

—  ÈTYM.  Lat.  œqxiationem ,  de  aquare,  égaler. 

t  ÉQDATORIAL,  ALE  (é-koua-to-ri-al ,  a-l'),  adj. 
Il  l°Oui  appartient  à  l'équateur.  |1  Les  climats  équa- 
toriaux  ,  climats  voisins  de  l'équateur  terrestre. 
Plante  équatoriale,  plante  qui  naît  et  prospère  dans 
les  régions  équatoriales.  ||  Qui  se  rapproche  de  l'é- 
quateur. Étoiles,  constellations  équatoriales,  étoiles, 
constellations  très-voisines  de  l'équateur.  |{  Ligne 
équatoriale,  l'équateur.  ||  2°  S.  m.  Terme  d'astrono- 
mie. Instrument  pour  suivre  le  mouvement  des 
astres,  pour  déterminer  leur  ascension  droite  et 
leur  déclinaison.  Les  équatoriaux  de  l'observatoire 
de  Paris  sont  tous  fabriqués  en  France. 

—  ÉTYM.  Equateur. 

tÊQUATORIEN,  ENNE  (é-koua-to-riin,  riê-n"), 
adj.  Qui  appartient  à  la  république  de  l'Equateur. 
L'envoyé  équalorien.  ||  Substantivement.  Les  Equa- 
toriens. 

—  ÉTYJt.  La  république  de  VÉquateur,  contrée 
de  l'Amérique  méridionale. 

f  ÉQUEURAGE  (è-kè-ra-j') ,  *.  m.  Angle  dièdre 
que  forment  deux  faces  planes  d'une  pièce  de  bois. 
Il  Terme  de  marine.  Porter  les  équerrages,  présen- 
ter la  fausse  éqiierre  sur  une  pièce  désignée. 

—  ÉTYM.  Équrrre. 

ÉQUERRE  (é-kè-r'),  s.  f.  \\l'  Instrument  de  ma- 
thémaiique  ou  de  construction,  servant  à  tracer 
des  angles  droits.  Notre  assassin  [un  mauvais  mé- 
decin] renonce  à  son  art  inhumain,  Et,  désormais 
la  règle  et  l'équerre  à  la  main.  Laissant  de  Galien 
la  science  suspecte,  De  méchant  médecin  devient 
bon  architecte,  boil.  Arl  p.  iv.  ||  Équerre  à  épau- 
lement,  celle  dont  une  branche  est  trois  fois  plus 
épaisse  que  l'autre.  ||  Double  équerre,  règle  au  bout 
de  laquelle  s'emboîte  une  autre  règle,  de  manière 
à  former  avec  la  première  deux  angles  droits. 
Il  Triple  équerre,  instrument  de  gnomonique  formé 
de  trois  règles.  |]  Équerre  à  onglet,  équerre  ayant  un 
rebord  saillant  et  épais.  ||  Équerre  d'arpenteur,  in- 
strument de  cuivre,  à  pinnules  fendues ,  pour  tracer, 
sur  le  terrain,  des  perpendiculaires  à  une  ligne 
tracée  d'avance  et  mesurée.  ||  2°  Fausse  équerre, 
équerre  qui,  s'ouvrant  et  se  fermant  à  charnière, 
sert,  dans  plusieurs  arts,  à  mesurer  les  angles 
quelconques  formés  par  deux  surfaces  adjacentes. 
Il  Fausse  équerre,  l'angle  formé  par  les  faces  con- 
tiguës  d'un  bâtiment,  d'une  pièce  de  bois,  etc. 
lorsque  cet  angle  n'est  pas  un  angle  droit.  ||  3°  Terme 
d'aru  géométriques.  Ce  qui  est  h  angle  droit,  ce 
qui  a  la  forme  d'une  équerre.  Mettre  d'équerie. 
Disposer  en  équerre.  Un  livre  sur  tous  sens  doit  se 
trouver  d'équerre,  En  tête,  en  queue,  au  do^,  aux 
mors,  à  la  gouttière,  lesné,  la  Reliure,  p.  40. 
Il  4*  Pièce  de  fer  plat,  en  forme  de  T  ou  d'  L,  pour 
consolider  diffé>-ents  assemblages.  ||  Terme  de  serru- 
rerie. Petite  pièce  qui  retient  le  pêne  du  demi-tour. 
Il  8°  Coude  fait  à  un  tuyau  de  conduite  pour  l'eau. 
Il  6"  Terme  d'astronomie.  Petite  constellation  aus- 
trale. 

—  HIST.  xn*  s.  Li  reis  cumandad  que  l'am  preist 
pierres  grandes  e  de  gentil  grein  e  de  bone  quar- 
riere,  e  que  tuz  fussent  taillié  à  esquire,  pur  mètre 

alfundementdeltemple, Bois,p.ï4B.  ||xni's Sans 

compas  ou  sans  esquierre,  la  Rose,  H97i.  ||  xiv«  s. 
L'aloe  qui  vole  par  ondées  et  plie  son  vol  par  es- 
quierres,  Kinagier,  m,  2.  ||  xv«  s.  De  géométrie, 
qui  est  l'art  et  science  des  mesures  et  des  ecquerres, 
[Charles  V]  s'entendoit  souffisamment  et  bien  le 
monstroil,  christ,  dk  pisan  ,  Charles  V,  m,  tt. 
Il  XVI'  s.  Nous  avons  le  compas,  la  reigle,  l'escarre, 
le  plomb,  le  niveau,  la  sauterelle  [fausse  équerre], 
PAUssYi  «1.  L'angle  droict  est  nommé  d'aucuns 


EQU 

angle  de  l'esquierre  :  l'ouvert ,  angle  hors  d'o<;- 
quierre;  et  le  poinctu,  l'angle  en  l'esquierre,  poa- 
cadel,  Éléments  d'Euclide,  p.  3. 

—  ÉTYM.  Wallon,  skuer,  s.  m.;  provenç.  escaire, 
tcayre,  s.  m.;  ital.  S'/uadro;  du  latin  fictif  ejqua- 
drare,  de  ex,  et  quadrare,  rendre  carré,  parce 
que  cet  instrument  sert  à  dresser  certaines  pièces 
au  moyen  d'angles  droits. 

f  ÉQUERREK  (é-kè-ré),  v.  a.  Donner  à  une  pièce 
de  bois  la  forme,  l'équerrage  voulu. 

—  ÉTYM.  Équerre. 

t  ÉyUEHKET  (é-kè-ré) ,  ».  m.  Nom  de  plusieurs 
oiseaux  du  genre  des  mauves. 

tÉUUERRINE  (é-kè-ri-n'),  adj.  f.  Terme  de  la 
méthode  de  Guenon.  Vache  équerrine,  classe  de 
vaches  laitières,  se  distinguant  par  un  écusson  de 
poils  qui,  après  avoir  embrassé  les  mamelles  et  la 
face  interne  des  cuisses,  forme  une  sorte  d'équerre. 

—  ÉTYM.  Équerre. 

ÉQUESTRE  (é-kuÈ-str'),  adj.  ||  1°  Figure,  statue 
équeslre,  figure,  statue  représentant  une  personne 
à  cheval.  ||  Terme  de  di]ilomatique.  Sceau  équestre, 
sceau  qui  représente  un  cavalier.  ||  2°  Terme  d'his- 
toire romaine.  L'ordre  équeslre,  l'ordre  des  cheva- 
liers romains.  ||  On  désigne  aussi  par  là  le  corps 
des  nobles  servant  à  cheval.  ||  Rangs  équestres,  ceux 
qui  étaient  réservés  aux  cheraliersdansles  théâtres 
romains.  ||  3°  Noblesse  du  second  rang  en  Pologne. 

—  ÉTYM.  Lat.  equestris,  de  equus,  cheval;  grec, 
ÎTCTio;;  éolien,  'ixxo;;anc.  baut-allem.  ehu;  lithuan. 
aszva,  jument;  zend.  açpa;  pali,  assa;  sanscrit, 
açia,  qui  vient  lui-même  de  açu,  rapide. 

+  ÉQCI....  en  composition  ,  mot  qui  vient  du 
latin  œquus  et   signifie  égal. 

ÉQUIANGLE  (é-kui-an-gl';  ui  prononcé  comme  dans 
biiile),  adj.  Terme  de  géométrie.  Il  se  dit  des  figures 
dont  tous  les  angles  sont  égaux.  Les  polygones  régu. 
liers  sont  équiangles.  Le  triangle  équiangle  est  en 
même  temps  équilaléral.  ||  Figures  équiangles,  figures 
qui  ont  leurs  angles  égaux  chacun  à  chacun. 

—  ÉTYM.  Équi....  elle  latin  angulus ,  angle. 

f  ÉQDIAXE  (é-kui-aks';  ui  prononcé  comme  dans 
huile),ad/.Termede  minéralogie. Oui  ades  axes  égaux. 

—  ÉïYM.  hqui....  et  le  laiin  axis,  axe. 

f  ÉQUICRURAL(é  kui-krii-ral;  ui  prononcé  comme 
dans  huile),  adj.  m.  Oui  a  deux  jambes  égales.  ||  Syno- 
nyme peu  usité  d'isocèle  en  géométrie. 

—  ÉTYM.  Équi....  et  crural. 

t  ÉQUIBIFFÉRENCE  (é-k:ii-di-fé-ran-s'  ;  ui  pro- 
noncé comme  dans  huile),  s.f.  Terme  d'arithmétique. 
Égalité  de  deux  rapports  par  différence,  aulremeul 
dite  proportion  arithmétique. 

—  ÉTYM.  Équi....  et  différence. 

t  ÉQUIDIFFÉRENT,  ENTE  (é-kui-di-fè-ran  , 
ran-t';  ui  prononcé  comme  dans  huile),  adj.  Terme 
didactique.  Oui  offre  des  différences  égales  entre  elles. 

—  ÉTYM.   Voy.    ÉOmOIFFÉRENCE. 

t  ÉQUIDISTANCE  (é-kui-di-slan-s';  ui  prononcé 
comme  dans  huile),  ».  f.  Qualité  de  ce  qui  est  équidis- 
tant.  Des  parallèles  qui  conservent  entre  eux  une 
parfaite  équidistance. 

ÉQUIDISTANT,  ANTE  (é-kui-di-stan ,  sUn-t';ui 
prononcé  comme  danshuile),  adj.  Terme  de  géomé- 
trie. Oui,  dans  toutes  ses  parties,  est  également  éloi- 
gné des  parties  d'un  autre  corps.  Les  lignes  parallèles 
sont  équidislanles.  Les  points  d'une  circonférence  de 
cercle  sont  tous  éqnidislants  du  centre. 

—  HIST.  xiv  s.  Lignes  équidislanles  de  l'equino- 
cial,  ORESME,  Thèse  de  meunier.  ||  xvi*  s.  Vous 
planterez  vos  maillots  dans  des  raions  d'un  pied 
et  demi  de  profondeur,  tirés  à  ligne  droicte,  equi- 
distans  d'un  pied,  o.  de  serbes,  (61.  Deux  lignes 
equedistant  entre  le  nombre  à  partir  et  le  partiteur, 
DE  la  roche,  Arism.  f°  9,  verso. 

—  ÊTYM.  Équi. ...et  distant;  provenç.  equidistant. 
t  ÉQUIER   (é-ki-é),  ».  m.    Anneau  de  fer  dans 

lequel  passent  les  .sommiers,  à  chaque  bout  de  la 
scie  du  scieur  de  long. 

t  ÊQUIFFLE  (é-ki-fl'),  ». /■.  Jouet  d'enfant  avec 
lequel  on  lance  de  l'eau  comme  avec  une  .seringue. 
Nous  faisions  «es  tambours,  des  maisons,  des  équif- 
fles,  des  arbalètes,  J.  3.  bouss.  Conf.  i. 

t  ÉQl'IGNON  (é-ki-gnon),  s.  m.  Bande  de  fer 
dont  on  garnit  le  dessous  de  la  fusée  d'un  essieu 
de  bois. 

+  ÊOUILARGE  (é  kni-lar-j';  ui  prononcé  comme 
dans  huile) ,  adj.  Terme  didactique.  Qui  offre  la 
même  largeur  dans  ton  le  son  étendue. 

—  ÉTYM.  Équi...  et  large. 
ÉQl'ILATÉRAL,   ALE   ( é-kui-lalc-ral ,   ra-l';  ui 

prononcé  comme  dans  huile),  adj.  ||  1*  Terme  de 
géométrie.  Dont  tous  les  côtés  sont  égaux  entre  eux. 
Figure  équilatérale.  Triangle  équitatéral.  Deux  p» 


ËQU 

(ygones  sont  èquilatéraux  entre  eut,  lorsqu'ils  ont 
les  côtés  égaux  chacun  à  chacun  et  placés  dans  le 
même  ordre.  ||  2"  Terme  de  zoologie.  Coquille  équi- 
lalérale,  coquille  bivalve  qui,  lorsqu'on  la  partage, 
présente  deux  moitiés  exactement  semblables. 

IIIST.  XVI'  s.    Pour  bien  mesurer  le  champ 

triangulaire  equilateral,  convient  le  réduire  en 
juarré  parfaicl,  o.  de  serres,  13. 

—  ÉTYM.  Équi....  et  latéral. 
ÉQUILATÈRE  (é-kui-la-tû-r';  ui  prononcé  comme 

Jans  huile),  adj.  Terme  de  géométrie.  Synonyme 
peu  usité  d'équilatéral.  |{  Il  s'applique  surtout  à  Ihy- 
perbole  dont  le  demi-axe  est  égal  à  l'ordonnée  cen- 
trale rendue  réelle.  L'asymptote  coupe  par  moitié 
les  angles  de  tous  les  diamètres  conjugués  de  l'hy- 
perbole équilatère,  fhancœur,  Cours  de  malhém. 
pure,  t.  i,  p.  453. 

—  lllST.  xiu'  s.  Li  costés  du  triangle  equilatere 
est  graindres  de  [plus  grand  que]  sen  livel  [perpen- 
diculaire abaissée  sur  la  base]  le  [la]  septisme  par- 
tie de  soi,  Compul,  f.  te. 

—  lïTYM.  Équi....  et  le  lat.  latus,  lateris,   côté, 
t  lÎQUILBOQUET  (é-kil-bo-ké),  s.  m.  Nom   d'un 

petit  instrument  de  charpenterie  et  de  menuiserie, 
qui  sert  à  vérifier  le  cnlibre  des  mortaises. 

—  ÉTYM.  Mot  singulier  et  qui  paraît  avoir  de 
commun  avec  bilboquet  la  finale  boqriet,  petit  mor- 

,iu  de  bois. 

f  ÉQCILIBKANT,  ANTE  (é-ki-li-bran ,  bran-t'), 
adj.  Oui  établit,  qui  rêtabUt  l'équilibre.  La  puissance 
éqnilihrante. 

ÉQUILIBRE  (é-ki-li-br"),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  mé- 
canique. État   d'un  corps  sollicité  par  deux  ou  un 
plus  grand  nombre  de  forces  qui  s'entre-détruisent, 
ou  qui  s'annulent  sur  une   résistance.  En  mécani- 
que, on  démontrait  bien  la  nécessité  de  l'équilibre 
dans  les  cas  où   il  arrive,   mais  on  ne  savait  pas 
précisément  ce  qui  le  causait;  c'est  ce  que  M.  Vari- 
gnon  aperçut  par  la  théorie  des  mouvements  com- 
posés.... FONTEN.  Varignon.  Tout  le  monde  convient 
qu'il  y  a  équilibre  entre  deux  corps  quand  les  pro- 
duits de  leurs  masses  par  leurs  vitesses  virtuelles, 
o'est-à-dire  par  les  vitesses  avec  lesquelles  ils  ten- 
dent à  se  mouvoir,  sont  égaux  de  part  et  d'autre, 
d'alemd.  Traité  de  dynam.  G'Àtvres,  t.  xiv,  p.  221 , 
dans  ponoENS.   ||   Equilibre  stable,  celui  qui  tend  à 
se  rétablir  lorsqu'il  est   légèrement   troublé.    Équi- 
libre instable,  celui  qui  est  détruit  par  la  plus  lé- 
gère perturbation.  ||  2°  Dans  le  langage  général, 
état  d'un  corps  qui  se  tient  debout,   sans  pencher 
d'aucun  côté.  Cela  est  en   équilibre.  L'homme,   fier 
de  marcher  debout.  Vante  son  équilibre,  bérang. 
Jfartonn.  {|  Perdre  l'équilibre,  perdre  la  position  où 
l'équilibre  se  maintient.  11  perdit  l'équilibre  et  tomba. 
Perdant  l'équilibre,  il  me  donna  les  moyens  de  le 
renverser,  fén.  Tél.  v.  ||  Fig.  Arriver  à  un  certain 
état  d'équilibre  entre  le  crin,e  et  la  vertu,  mass,  Ca- 
rême, Tiéd.  2.  Il  Terme  de  danse.  Position  du  corps 
sur  un  seul  pied.  ||  Terme  dj  manège.  Action  de 
suivre  avec  élasticité  les  mouvements  du  cheval. 
Il  3°  Tour  d'équilibre,  tour  d'adresse  dans  lequel  on 
maintient  le  corps  ou  quelque  objet  fragile  en  équi- 
libre,  bien  que  les  positions  soient  très-difficiles. 
Dans  toutes  les  foires,  on   en  voit  faire  des  équili- 
bres, 3.  1.  ROLSS.  Ém.  II.  Il  4°  Fig.  Juste  proportion, 
juste  mesure.  De  la  droite  raison  je  sens  mieux  l'é- 
quilibre,  BOiL.  Éptt.  V.  Parmi  les  peuples  de  la 
(irèce,  les  uns  ont  plus  d'esprit,  les  autres  plus  de 
bravoure  ;  il  en  est  chez  qui  les  qualités  brillantes 
sont  dans  un  juste  équilibre,  barthél.  Anach.  ch. 
62.  Avec  un  cours  plus  libre,  La  richesse  prendrait 
un  plus  juste  équilibre,  M.  j.  chénier,  Gracques, 
II,  3.  Il  Faire,  rétablir,  tenir  l'équilibre,  rendre  des 
choses  égales.  Tenez  l'équilibre  entre  les  uns  et  les 
autres,  fén.  Tél.  x.  En  peines,  en  plaisirs  l'illusion 
féconde  Rétablit  en   secret  l'équilibre   du   monde, 
DEULLE,   Imagin,  vi.    ||    L'équilibre  des  humeurs, 
ancien  terme  de  physiologie,   pour  exprimer  une 
juste  proportion  des  humeurs,  un  bon  état  de  santé. 
Il  Terme  de  peinture.  L'équilibre  d'une  composition, 
la  distribution  égale  des  masses  dans  un  tableau. 
Il  B°  Terme  de  politique.  État  des  pouvoirs  qui  se 
contiennent  les  uns   les  autres.  Oui,  tant  que  son 
pouvoir  [de  Rome]  n'aura  point  d'équilibre.  Par  elle 
un  peuple   en   vain  serait  déclaré   libre,    saurin, 
Spariacut,  l,  i.  Comme   il  n'y  a  point  ici  d'autre 
volonté  de  corps  qui,  résistant  à  celle  du   prince, 
fasse  équilibre  avec  elle,  il  doit  arriver  tôt  ou  tard 
que  le  [irince  opprime  enfin  le  souverain  et  rompe 
le  traité  social,  i.  i.  rouss.  Contr.  m,  (O.  .lusiice 
ou  non,    poursuis,    tribun  séditieux,    Détruis  tout 
équilibre,  et  brise  tous  les  noeuds,  M.  J.  chénier, 
Gracques,  n,  s.  ||  L'équilibre  européen ,  la  balance 


lîQU 

des  possessions  territoriales  telle  que  les  traités  l'ont 
établie  entre  les  puissances  européennes.  Je  me  sou- 
viens toujours  du  mot  de  Fontenelle,  qui  disait  : 
on  ne  parle  en  temps  de  guerre  que  de  l'équilibre 
des  puissances  en  Europe;  il  y  a  un  autre  équi- 
libre aussi  efficace  pour  le  moins  et  aussi  propre  à 
conserver  chaque  puissance;  c'est  l'équilibre  de  sot- 
tises, d'alemb.  Lelt.  au  roi  de  Prusse ,  3o  juillet  I78i. 

—  EtYM.  Lat.  {cquilibrium,  de  sequus,  égal,  et 
libra,  livre,  poids. 

t  ÉQUILIBRÉ,  ÉE  (é-ki-li-bré ,  brée),  pmrt.  passé. 
Tenu  en  équilibre.  Des  forces  équilibrées.  ||  Terme 
d'ornithologie.  Pieds  équilibrés,  pieds  posés  au  mi- 
lieu de  l'abdomen,  en  sorte  que  le  corps  de  l'animal 
debout  est  presque  horizontal  et  en  équilibre.  |{  Fig. 
Dont  les  facultés  se  maintiennent  en  un  juste  rap- 
port. Le  génie  girondin,  celui  de  Fénelon,  Mon- 
taigne, Montesquieu,  celui  du  grand  parti  qui,  en 
93,  périt  pour  ne  pas  tuer,  est  vif,  mais  modéré, 
équilibré,  ce  semble,   michelet,  Régence,  p.  438. 

t  ÉQUILIBRER  (é-ki-li-bré),  V.  a.  Mettre,  tenir 
en  équilibre.  Éjuilibrer  la  pesanteur  par  la  force  de 
torsion  d'un  fil  métallique,  Acad.  des  se.  Comptes 
rendus,  t.  lvi,  p.  245.  ||  S'équilibrer,  v.  réfl.  Se 
mettre  en  équilibre.  ||  Se  faire  équibbre  l'un  à 
l'autre. 

—  HIST.  XVI'  s.  Equilibrer,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Équilibre. 

f  ÉQUILIBRISME  (  é-ki-li-bri-sm' ) ,  s.  m.  Tour 
d'éqiiilibriste. 

t  ÉQUILIBRISTE  (  é-ki-li-bri-st') ,  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  dont  le  métier  est  de  faire  des  tours 
d'adresse  ,  qui  s'applique  à  maintenir  certaines 
choses  fragiles  en  équilibre,  ou  à  s'y  tenir  soi- 
même  dans  une  position  difficile. 

t  I.  ÉQUILLE  (é-ki-ir,  Il  mouillées),  s.  f.  Nom, 
sur  les  côtes  entre  Caen  et  le  Havre,  du  poisson  dit 
lan?on  à  GranviUe  et  Saint-Malo  (genre  de  poissons 
malacoptérygiens  apodes,  vivant  sur  les  plages  sa- 
blonneuses et  se  cachant  dans  le  sable  à  la  marée 
basse). 

t  2.  ÉQUILLE  (é-ki-U",  î!  mouillées),  ».  f.  Croûte 
qui  couvre  le  fond  de  la  chaudière  à  cuire  le  sel. 
Il  Outil  pour  rompre  cette  croûte. 

t  ÉQUILLEUR  (é-ki-Ueur  ,  Il  mouillées) ,  s.  m. 
Ouvrier  qui  rompt  la  croûte  du  fond  des  poêles  dans 
les  salines. 

f  ÉQUIMULTIPLE  (é-kui-mul-ti-pl';  u!  prononcé 
comme  dans  huile),  adj.  Terme  d'arithmétique. 
Nombres  équimultiples,  nombres  qui  contiennent 
leurs  sous-multiples  autant  de  fois  l'un  que  l'autre. 
Quinze  et  dix-huit  sont  équimultiples,  l'un  de  5, 
l'autre  de  6. 

—  ÉTYM.  Équi....  et  multiple. 

f  ÉQUIN,  INE  (é-kin,  ki-n'),  arfj.  Terme  d'ortho- 
pédie. Pied  équin  ,  difformité  dans  laquelle  le  pied 
présente  une  disposition  assez  semblable  au  sabot 
du  cheval  et  n'appuie  que  sur  la  pointe.  ||  Terme 
de  médecine  vétérinaire.  Variole  équine,  nom  d'une 
affection  pustuleuse  du  cheval  qui  se  comniUnique 
à  la  vache  et  ,à  l'homme  et  y  produit  une  vaccine. 

—  ÉTYM.  Lat.  equinus,  de  cheval,  de  equus, 
cheval. 

■j- ÉQUINITTE  (é-ki-nè-f),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Partie  horizontale  du  support  des  girouettes. 

ÉQUINOXE  (é-ki-no-ks'),  s.  m.  Terme  d'astrono- 
mie. Moment  donné  où  le  soleil,  passant  à  l'équa- 
teur,  rend  les  jours  égaux  aux  nuits  dans  tous  les 
pays  du  monde.  L'équinoxe  du  printemps.  L'é- 
quinoxe  d'automne.  Hipparque  reconnut  que  les 
deux  intervalles  d'un  équinoxe  à  l'autre  étaient  iné- 
gaux entre  eux  et  inégalement  partagés  par  les 
solstices,  de  manière  qu'il  s'écoulait  64  jours  et 
demi  de  l'équinoxe  du  printemps  au  solstice  d'été, 
et  92  jours  et  demi  de  ce  solstice  à  l'équinoxe  d'au- 
tomne, LAPLACE,  Expos.  V,  2. 

—  ÉTYM.  Provenç.  equinocct;espagn.  cgut'noccto; 
ital.  equinoiio;  du  lat.  sequinoctium ,  de  xquus, 
égal,  et  nox,  nuit. 

ÉQUINOXIAL,  ALE  (é-ki-no-ksi-al ,  a-1'),  adj. 
Il  l°Qui  appartient  à  l'équinoxe.  Lorsque  le  soleil  est 
dans  l'équateur,  le  jour  doit  être  égal  à  la  nuit, 
puisqu'il  décrit  au-dessus  de  l'horizon  une  partie 
de  cercle  égale  à  celle  qu'il  décrit  au-dessous,  voilà 
pourquoi  on  donne  à  l'équateur  le  nom  d'équinoxial, 
coNDiL.  Art  déraison,  v,  4.  ||  2°  La  ligne  équinoxiale, 
l'équateur  terrestre,  ligne  qu'on  suppose  tracée  sur 
la  surface  entière  du  globe,  et  ainsi  nommée  parce 
que,  quand  le  soleil  décrit  son  cercle  perpendiculai- 
rement sur  cette  ligne,  les  jours  sont  partout  égaux 
aux  nuits.  ||  On  appelle  aussi  ligne  équinoxiale,  les 
parties  de  cette  ligne  qui  ont  été  quelquefois  tracées 
réellement  sur  la  terre  pour  quelques  observations 


ÉQU 


1475 


astronomiques,  comme  on  en  voit  une  dans  l'église 
Saint-Sulpice  à  Paris.  ||  Points  équinoxiaux ,  les 
points  où  l'écliptique  coupe  Téquateur.  ||  Les  payi 
équinoxiaux,  ceux  qui  sont  voisins  de  l'équateur.  ||  La 
France  équinoxiale ,  nom  donné  anciennement  à 
l'établissement  de  Cayenne.  ||  Cadran  équinoxial, 
cadran  solaire  dont  ïe  plan  est  parallèle  à  l'équa- 
teur. Il  3°  Terme  de  botanique.  Fleurs  éqiiinoxiales, 
fleurs  qui  s'ouvrent  et  se  ferment  chaque  jour  à  des 
heures  déterminées,  de  manière  que  le  temps  de 
leur  sommeil  est  égal  à  celui  de  leur  épanouisse- 
ment. 

—  HIST.  XIV"  s.  Lignes  equidlstantes  de  l'eqviino- 
cial,  ORESME,  Thè.'ie  de  meunier. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  eqmtnocetaJ;  ital. 
équinoxiale;  du  latin  xquinoclialis,  A'aquinoctium, 
équinoxe. 

t  ÉQUINTER  (é-kin-té),  v.  a.  Terme  d'équipe- 
ment militaire.  Tailler  en  pointe  l'extrémité  d'uns 
lanière. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esquintar,  déchirer.  Le  lan- 
gage populaire  a  esquinter,  fatiguer,  éreinter.  Ori- 
gine inconnue. 

ÉQUIPAGE  (é-ki-pa-j'),  ».  m.  ||1°  Terme  de  ma- 
rine. Ce  qyi  sert  à  équiper  un  navire,  mais  réduit 
par  l'usage  à  signifier  uniquement  le  personnel  de 
bord  pour  la  manœuvre  et  le  service  du  vaisseau. 
Le  bâtiment  a  péri,  mais  on  a  sauvé  l'équipage. 
Il  Rôle  où  sont  inscrits  tous  les  hommes  embarqués. 
Il  2°  Par  extension,  tontes  les  choses  nécessaires 
pour  certaines  entreprises  ou  opérations.  Équipage 
de  chasse.  Ce  seigneur  était  grand  chasseur  et  avait 
fait  venir  au  Mans  son  équipage,  scarron,  Jîom. 
corn.  Il,  17.  Il  En  bon  équipage,  bien  disposé,  bien 
préparé.  Tant  à  nous  voir  qiarcber  en  si  bon  équi- 
page. Les  plus  épouvantés  reprenaient  de  courage, 
CORN.  Cid,  IV,  J.  Il  Equipage  de  construction,  les 
chariots,  chèvres,  grues,  échafauds,  échelles,  etc. 
nécessaires  pour  construire  un  édifice.  ||  Equipage 
de  routier,  de  conducteur,  etc.  l'ensemble  des  ob- 
jets qui  servent  au  roulier  pour  le  transport,  d'un 
lieu  à  un  autre,  des  marchandises  dont  il  se  charge. 
Il  3°  Terme  de  mécanique.  Equipage  de  pompe,  toutes 
les  pièces  qui  servent  au  mouvement  d'une  pompe. 
Il  4°  Ensemble  des  machines  et  des  outils  servant 
à  la  construction  des  divers  ouvrages  qu'on  fabrique 
dans  un  atelier.  ||  Ensemble  de  toutes  les  lames  de 
lisses  qui  servent  au  tissage  d'une  étoffe.  ||  5»  Train, 
suite  de  chevaux,  de  voitures,  de  valets,  etc.  Il 
marche  sans  suite  et  sans  équipage,  flf.ch.  Tur.  Le  : 
vénérable  pontife.  Innocent  XI,  chassé  de  son  siège  l 
et  errant  comme  l'arche  d'Israël  de  contrée  en  con-  j 
trée  dans  un  équipage  peu  convenable  à  sa  dignité, 
MASS.  Panigyr.  St  Bernard.  \\  Faire  l'équipage  de 
quelqu'un,  préparer  ce  qui  est  nécessaire  à  un  mi- 
litaire qui  va  faire  campagne.  Je  fais  présentement 
l'équipage  de  mon  fils,  sÉv.  127.  En  attendant  i|u'on 
fit  mon  petit  équipage,  bamilt.  Gramm.  3.  ||  L'équi» 
page  de  Jean  de  Paris,  un  équipage  magnifique.  Un 
équipage  de  bohème,  équipage  délabré.  ||  6°  Equi- 
page de  guerre,  les  fourgons,  chevaux,  harnais, 
tentes  et  autres  appareils.  Equipage  de  l'artillerie. 
Équipage  des  vivres.  On  ne  concevait  pasi.;mment 
la  tête  de  cette  colonne  [l'armée  française  sortant 
de  Moscou]  pourrait  traîner  et  soutenir  dans  une  si 
longue  route  une  aussi  lourde  masse  d'équipages, 
sÉGtiR,  Hist.  de  Napol.  IX,  1. 1|  Equipage  de  pont, 
le  matériel  nécessaire  pour  jeter  un  pont  militaire. 
L'armée  avait  deux  équipages  de  pont.  ||  7°  Voiture 
de  haaître  et  ce  qui  en  dépend.  Un  équipage  modeste, 
il  est  vrai,  mais  propre  et  surtout  fort  commode» 
BOURD.  Pensées,  t.  i,  p.  347.  Quel  est  l'égarement 
de  certains  particuliers  qui,  riches  du  négoce  de 
leur  père,  se  moulent  sur  les  princes  pour  leur  gar- 
derobe  et  leurs  équipages!  la  bruy.  vu.  Quand  il 
vint  s'établir  dans  son  gouvernement,  Il  avait  pour 
cortège  un  valet  seulement.  Et  pour  tout  équipage 
une  méchante  rosse;  Maintenant  six  chevaux  font 
rouler  son  carrosse,  boursault,  Fables  d'Ésope, 

11,  6.  On  m'assure,  mais  d'assez  mauvaise  part, 
qu'on  vend  les  équipages  de  M.  le  duc  de  la  Feuil- 
lade,  MAINTENON,  Lett.  à  d'Aubigné,  t.  i,  p.  17I_, 
dans  pouGENS.  D'où  vient  que  vous  êtes  sans  équi- 
page,  vous  qui  faites  une  si  grande  dépense?  ha- 
MiLT.  Gramm.  7.  ||  Avoir  équipage,  avoir  vmture  et 
chevaux.  Mais,  par  exemple,  n'est-ce  pas  une  chose 
honteuse  que  vous  n'ayez  pas  encore  songé  à  lui 
faire  présent  d'un  équipage?  lesage,  Turcaret,  m, 

12.  La  plupart  des  femmes  sont  plus  sensibles  à  la 
vanité  d'avoir  un  é(|uipage  qu'au  plaisir  même  da 
s'en  servir,  ID.  ib.  m,  2.  Deux  fois  elle  eût  équi» 
page,  Dentelles    et   diamants,  bérang.   FrétiÛon. 

1  N'ayant  pas   encor   d'équipage ,   Je   pars    à    pied 


U76 


ÉQU 


modMU-neol,  10.  Ilobit  d,  cour.  ||  Équi(»g«  au  lieu 
d*  »oilur.,  Itofgo  rfvoluiionnaire,  (Il  Mmede 
U«nii<  Méi».  I.  V,  p.  »<.  Equipage  implique  toii- 
ioun  »(>  •  '    '  'Viux,  cl  l'on  ii«  <lira  fus  :  Mon- 

{,,  da,i ,  .-'8  il  8"  Toul  ce  qu  il  fiut  pour 

—m,.   Il  ic!  en    élal  de  s'acquillor  d'un 

«ruin  ofllM.  Tout  c«  que  la  grandeur  a  de  vains 
^uipi*rei.  «ALii.  VI.  26.  Elle  est  prête  il  partir 
MM  plu»  grand  équipaKe,  cobn.  Nicom.  il,  a.  Je 
rini  alor»  tout  mon  «oui,  quand  je  [Caron]  les 
terrai  dans  ma  nacelle  ,  «ans  tout  cet  équipage 
de  (?rand''ur,  d'ablancoubt,  Lucien,  Caron.  Klle 
B'a  pa»  eu  plus  de  peine  que  tou.h  à  faire  son  équi- 
page, »«v.  67».  En  Suisse,  tout  particulier  qui  se 
maria  e»t  oUiné  d'être  fourni  d'un  uniforme  qui 
devient  «on  habit  do  fête,  d'un  fusil  de  calibre  et 
de  tout  l'équipaRe  d'un  fantassin,  J.  i.  nouss,  Po- 
logne, 18.  I!  9*  Familièrement.  Manière  dont  une 
personne  est  vêtue.  Le  trop  .superbe  équipage  Peut 
souvent  en  un  passage  Causer  du  retardement,  L* 
FOKT.  Fafci.  iv,«.  Qu'est-ce  que  c'est  donc,  mon 
mari,  que  cet  êqnipuge-là?  mol.  Bourg,  gintilh. 
m,  3.  Elle  est  folle  de  n'avoir  point  changé  d'habit, 
»>.  de  venir  en  ce  lieu-ci,  avec  son  équipage  de 
campagne,  ID.  le  Festin,  l,  «.  Mais  vous  ne 
dite»  rien  de  tout  mon  équipage  [déguisement], 
BAC.  Plaid.  11,  I.  J'aperçus  le  grand  Orion  encore 
en  équipage  lie  chasseur,  KÉN.  t.  xjci,  p.  436.  Il  fut  ques- 
tion do  me  présenter  Ji  la  cour  en  équipage  d'abbé, 
IIAMILT.  Cramm.  3.  Dans  l'équipage  d'un  homme 
qui  a  pris  médecine,  la  bhcï.  xiv.  Si  je  reste  dan» 
un  équipage  à  faire  peur,  personne  ne  me  recon- 
naîtra plus,  j.  I.  nouss.  //e(.  VI,  u.  |{  Kig.  J'ai 
maintenant  affaire  à  des  caprices,  à  des  fantaisies: 
équipages  d'esprit  que  toute  femme  apporte  en  nais- 
sant, MARIVAUX,  .Surpr.  de  l'amour,  ii,  6.  ||  Mettre 
en  piteux  équipage,  g&ter  de  toute  façon.  Le  pis 
fut  que  l'on  mit  en  piteux  équipage  Le  jardin.... 

LA   FONT.    Fabl.   IV,  4. 

—  H1ST.  XVI*  s.  Hz  luy  aidèrent  i  mettre  sus  son 
esquipage  pour  faire  voile,  amïot,  Timol.  to.  Il 
s'er.  alla  en  telle  equippage  dansant  jusques  au  beau 
milieu  de  l'assemblée  du  peuple,  m.  Pyrrh.27. 
J'ay  veu  qu'ayans  mangé  à  la  suitte  de  ce  chef  la 
moitié  de  nos  équipages,  la  promesse  d'une  bataille 
nous  faisoit  encores  parla^;er  le  reste,  o'aub.  l'réf. 
Till.  Il  fallut  r'envoyer  quérir  équipage  nouveau 
pour  faire  une  seconde  batterie,  m.  Ilist.  i,  298. 
Chaires  à  demis  baings  avec  tout  leur  équipage, 

PARS,  m,  p.  640. 

-•  ÉTYU.  Équiper  (voy.  à  fiooiPER  la  série  des 
■en  s). 

t  ÉQUIPE  (é-ki-p'),  s.  f.  Il  !•  Héunion  de  deux, 
quatre  ou  six  ouvriers  qtii  transportent  sur  bran- 
canls  de$  pierres  dans  l'intérieur  des  ateliers  de 
construction.  ||  2°  Un  certain  nombre  d'ouvriers  at- 
tachés à  un  travail  spécial.  Une  équipe  de  drainage. 
Une  équipe  dans  les  gares  des  chemins  de  fer. 
Composer  une  équipe.  Un  homme  d'équipe.  Un 
chef  d'équipe.  ||  S*  Série  de  bateaux  amarrés  les  uns 
aux  autres,  allant  à  la  voile  ou  traînés  par  des 
hommes.  Quand  il  arrive  une  équipe  de  vin  appar- 
tenant k  quatre  particuliers,  si  les  voituriers  choi- 
sissent pour  leur  boisson  le  vin  de  l'un  plulêt  que 
celui  de  l'autre,  nomme  ils  en  sont  les  maîtres,  il 
faut  avant  la  déch.irge  qu'il  en  soit  indemnisé, 
iirr^l  du  Conseil  d'Étal  du  36  septembre  46B8. 

—  ETYM.  Voy.  équiper;  Berry,  équipe,  bande, 
atelier  d'ouvripn. 

fiQUIPÉ,  ÊE  (éki  pé,  pée),  port,  posté.  ||  !•  Garni 
de  toul  ce  qui  lui  est  nécessaire,  en  parlant  d'un 
navire.  Galères....  équipées  de  bons  rameurs,  com- 
manilées  par  de  bons  officiers,  bollin,  Ilist.  anc. 
(It'.uvret.  t.  m,  p.  68»,  dans  pouoens.  ||  Terme  île 
blason.  Se  dit  d'un  vaisseau  qui  a  ses  voiles  et  ses 
cordages.  De  gueules  à  la  nef  équipée  d'argent. 
Il  !•  Pourvu  d'un  train.  Equipé  pour  aller  faire 
campagne.  ||  8*  Vêtu  d'une  certaine  manit^re.  Vous 
me  verrez  équipé  comme  il  faut,  depuis  les  pieds 
jusqu'à  la  tête,  MOU  Hourg.  gent.  i,  i.  Quel  plaisir 
j'avais  de  me  voir  si  bien  équipé  I  mes  yeux  ne  pou- 
vaient pour  ainsi  dire  se  rassasier  de  mon  ajuste- 
ment, lesaor.  Cil  Bios,  1,  t6. 

t  EQUIPEDE  (é-kui-péKl'-,  ui  prononcé  comme 
dans  huile),  orf;'.  Terme  de  zoologie.  Qui  a  les 
pattes  d'énale  longueur. 

-■  fTYM    ^(jui....  cl  le  lat.  pet,  pedit,  pied. 

EOIIPEE  (é-ki-pée).  ..  f.  Il  l'  Proprement,  ac- 
uen  do    partir    avec   équipage.  Mon  lils  partit  hi^T 

l£l"  ,""**'•  "  *"  '"■■*  '"'"^  <*«  Cf'l»  Pe'i'e  *'|ui- 
pw;  tel  l'en  b;imo  qui  l'aurait  ajcablé  s'il  n'était 

K  'î"''  ""  '"  *°'>'  '•"•  S'il  revient  d'aussi 
l»nr.«  heure  qu  ,i  |e  croit,  il  viendra  nous  trouver 


ÉQU 

k  Grignan;  priez-le  de  faire  cette  jolie  équipée,  id. 
^63.  Je  fais  pourtant  de  petites  équipées  de  lemps 
en  lemps,  m.  138.  ||  ï'Fig.  Action,  démarche  irréflé- 
chie. Il  a  voulu  faire  cette  équipée  pour  Mlle  de  T.... 
sF.v.  460.  Aiouez  que  vous  m'avez  prise  pour  une 
(le  ces  femmes  de  qualité  qui  se  plaisent  à  faire  des 
équipées,  LESAOK,  Gillllas,  m,  6.  Il  lui  fit  sentir 
l'imprudence  de  son  équipée,  J.  J.  Rouss.  Km.  il. 
Que  pen-se  Votre  Majesté  de  la  belle  équipée  que 
nous  venons  de  faire  devant  GibralUr  [siège  infruc- 
tueux]? d'alemb.  Lettre  au  roi  de  Prusse,  <•  oct. 

1783. 

—  HIST.  XVI*  ».  Les  coureurs  de  Montaigu  ne 
laissoient  pas  pour  le  siège  de  faire  des  esquipées 
assez  loin,  d'aï  B.  Hist.  u,  382. 

—  ÊTVM.  Équipé. 

ÉQUIPEMENr  (éki-pe-man),  i.  m.  ||  1«  Terme 
de  marine.  Tout  ce  qui  sert  aux  manœuvres,  à 
l'armement  du  navire,  à  la  subsistance  de  l'équi- 
page. L'éi|uipement  de  ce  vaisseau  a  coûté  beau- 
coup. Il  2°  Tout  ce  qui  sert  à  habiller,  à  pourvoir 
d'outils,  d'armes,  etc.  Les  frais  d'équipement  d'un 
soldat.  L'équipement  d'un  conducteur  d'omi.ibus. 
Il  Action  de  pourvoir  à  ces  besoins.  L'équipement 
des  troupes  doit  être  complet. 

—  ETYM.  Équiper. 

ÉQUIPER  (éki-pé),  V.  a.  ||  1"  Pourvoir  un  vais- 
seau de  tout  ce  qu'il  lui  faut  pour  la  manœuvre,  la 
subsistance,  la  défense,  etc.  Aussitôt  que  l'on  aura 
équipé  une  frégate,  j'espère  passer  le  détroit  et 
voir  Ceuta,  voit.  Lett.  39.  Sémiramis,  s'élevant  au- 
dessus  de  son  sexe,  bâtissait  de  superbes  villes, 
équipait  des  flottes,  subjuguait  les  peuples  voisins, 
noLLiN,  Ilisl.  anc.  ÛKucres,  t.  u,  p.  62,  dans  pou- 
gens.  Justinien  ne  put  équiper  contre  les  Vandales 
que  cinquante  vaisseaux,  montesq.  iiom.  ch.  20. 
Quand  il  s'agissait  d'un  armement,  chacune  des  dix 
tribus  ordonnait  de  lever  dans  son  district  la  même 
quantité  de  talents  qu'elle  avait  de  galères  à  équi- 
per, BARTHÉLÉMY,  Anach.  ch.  66.  Il  2°  Pourvoir  de 
choses  nécessaires,  de  vêtements.  Equiper  un  sol- 
ilat.  Equiper  un  régiment  de  cavalerie.  ||  3°  Accou- 
trer. Vous  y  prenez  le  deuil;  vous  m'en  équipez, 
moi,  Qui  ne  pleure  personne  et  qui  ne  sais  pour- 
quoi, hautehociik,  le  Deuil,  se.  i.  ||  Kig  et  fami- 
lièrement. Il  a  été  bien  équipé,  c'est-à-dire  il  a  été 
maltraité,  raillé  comme  il  faut.  Comme  vous  éifui- 
pez  votre  ami  !  vahé,  A'tcotse,  se.  7.  ||  4°  S'équiper, 
V.  réfl.  Pourvoir  à  son  équipement.  Il  n'a  pas  de 
quoi  s'équiper.  Nous  voilà  au  temps  que  je  dois  par- 
tir pour  l'armée;  je  suis  ajirès  à  m'équiper,  mol. 
Scapin,  II,  8.  ||  Par  extension,  s'accoutrer.  Peut-on 
s'équiper  de  la  sorte  î 

—  HIST.  xu*  s.  Â  la  mer  vint  li  ber,  à  Sandwiz 
eschipa  [s'embarqua],  Th.  le  mart.  60.  ||  xiii'  s.  Une 
nef  [il]  vit  que  on  chartia.  Qui  la  nuit  devoit  es- 
kiper  Et  en  Yrlande  droit  aler,  Lai  de  Uelmn.  Lors 
s'est  de  la  rive  esquipé;  Si  s'en  vait  aval  durement; 
Et  Renan  le  governail  prent,  Ren.  22018.  ||  xiv  s. 
En  mer  vont  e.squipant,  et  li  vens  les  mena;  Tosl 
furent  eslonglet,  quant  li  vent  se  leva,  Beand.  de 
Seb.  II,  441.  Il  xV  s.  Quand  ils  furent  esquiiïés  en 
la  mer,  le  vent  se  changea;  fortune  monta;  ils  fu- 
rent trop  malement  tempestés,  froiss.  m,  iv,  6s. 
Adonc  fut  le  voile  levé,  et  le  vent, qui  estoit  comme 
à  souhait,  ferit  dedans,  tellement  que  la  nef  s'es- 
quipa  en  la  haulte  mer,  Perceforest ,  t.  m,  f°  64. 
Il  xvi*  s.  Tout  ce  qui  vit  est  naturellement  esquippé 
de  suffisante  couverture  pour  se  deffendre  de  l'in- 
jure du  temps,  mont,  i,  2B8.  Deux  pièces  [de  canon] 
le  retardèrent  pourestre  mal  esquipées,  d'aub.  Wis(. 
I,  161.  Quelques  uns  se  couvrirent  de  mauvaises  pe- 
tites places,  ni  basties  ni  esquipées  en  guerre,  id. 
ib.  I,  2112.  Cela  bien  esquippé  de  vivres  arrive  en  Af- 
frique  à  la  mi-octobre,  m.  «6.  ii,  86.  Les  Corinthiens 
esquipperent  une  galère,  amyot,  Timoléon,  lo. 
Nous  trouver,  au  premier  mandement  du  dict  sei- 
gneur prince,  esquippez  pour  l'accompagner  par- 
tout où  il  Iny  plaira  nous  commander,  condë,  Mé- 
moires, p.  647. 

—  ETYM.  Esquif  (voy.  ce  mot).  Équiper  est  pro- 
prement se  mettre  en  mer,  c'est  le  sens  ancien  ; 
puis,  de  là  et  de  l'attirail  qu'exige  un  vaisseau, 
tous  les  sens  consécutifs. 

t  ÊQUIPET  (é-ki-pè),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Planche  fixée  à  la  muraille  dans  les  chambres  des 
officiers  et  des  maîtres,  et  servant  i  ranger  quel- 
ques netits  objets. 

t  EQUIPÉTALË,  ÉB  (é-kui-pé-ta-lé,  lée  ;  ui 
prononcé  comme  dans  huile) ,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  les  pétales  sont  égaux  ou  à  peu  près. 

—  ETYM.  Équi....  et  pétale. 

fËQClPEUR   (é-ki-peur),  «.  m.  Ouvrier   arque- 


ÉQU 

busier  qui  ajuste  toutes  les  pièces  d'uu  fasil.   ||  On 
dit  aussi  éqiiipeur-monteur. 

—  ETYM.  Équiper. 

fÉQUIPOLLÉ,  ÉE  (é-ki-po-lé,  lée),  part,  passé 
La  perte  équipollèe  par  le  gain.  ||  Terme  de  blason. 
Se  dit  de  neuf  carrés  mis  en  forme  d'échiquier, 
dont  il  y  a  cinq,  savoir  ceux  des  quatre  coins  et 
du  milieu,  d'un  émail  difTérent  de  celui  des  autres 
carrés.  Cinq  points  d'or  équipollés  à  quatre  d'azur. 

ÉQUIPOLLE.VCE  (é-ki-polan-s')  ,  |.  ^.  ||  1»  Éga- 
lité de  valeurs.  {[  Peu  usité.  |l  2"  Terme  de  logique. 
Il  se  dit  des  propositions  équivalentes.  L'équipol- 
lence  des  propositions.  Il  y  a  trois  choses  à  consi- 
dérer dans  la  proposition:  l'opposition,  l'équipol- 
lence  et  la  conversion,  dider.  Opin.  des  anc.phil. 
{péripa  téticiens  ) . 

—  lilST.  xv  s.  Les  parties  de  lui  [de  l'homme] 
sont  disposées  à  la  equipoUence  des  a-ssietes  du 
monde,  christ,  de  pisan,  Charles  V,  i,  12. 

—  ETY.M.  Équipoller. 

ÉQUIPOLLENT,  ENTE  (é-ki-po-lan,  lan-t'),  adj. 
Il  1°  Équivalent.  L'un  est  équipollent  à  l'autre. 
Il  Vieilli.  Il  2°  Terme  de  minéralogie.  Se  dit  d'une 
variété  produite  par  des  décroissements  en  nombre 
égal  sur  deux  angles  ou  sur  deux  bords.  ||  3°  S.  m. 
L'équivalent,  .le  lui  en  ai  rendu  l'équipollent. 
Il  Vieilli.  Il  4°  Lùc.  adv.  X  l'équipollent,  à  propor- 
tion. Chacun  dans  cette  affaire  perd  à  l'équipollent 
de  ce  qu'il  y  avait  mis.  De  grasses  brebis  non  ga- 
leuses Il  avait  des  troupes  nombreuses.  Des  tau- 
reaux à  l'équipollent,  scarron,  Virg.  vu.  ||  Vieilli. 

—  HlST.  xin*  s.  Por  ce  qu'il  sunl  en  loi  clamé 
[appelés]  Equii'olens  as  diffamé,  la  Rose,  8228. 
Il  XIV'  s.  La  moitié  du  zodiaque,  ce  sont  six  signes 
ou  l'equipolent  [l'équivalent]  ne  plus  ne  moins, 
OBESME,  Thèse  de  meunier.  ||  xvi'  s.  Si  je  n'ai  point 
le  cœur  assez  gros,  je  l'ay,  à  l'équipollent,  ouvert, 
et  qui  m'ordonne  de  publier  sa  foiblesse,  mont,  iv, 
28.  Commutation  equipollente  à  ce  qui  avoit  esté 
ordonné  par  le  testament,  p.  pithou,  26. 

—  ÊTYM.  Lat.  aquipollens,  de  .rquus,  égal,  rt 
pnllere,  être  fort;  provenç.  equipollen;  espagH. 
equipolente ;  ital.  eguipalleme. 

ÉQCIPOLLER  (é-ki-po-lé).  ||  l"  Y.  a.  Egaler,  va- 
loir autant.  Le  gain  éqnipoUe  la  perte,  Dict.  de  l'A' 
Cad.  Il  2°  V.  n.  Équivaloir.  Cette  clause  équipolle  à 
l'autre.  ||  Terme  vieilli. 

—  HlST.  XVI*  s.  Une  satiété  si  lourdequ'elle  equipoUe 
àpenitence.MONT.  i,  70.  Ce  qui  me  fait  admirer  nostre 
Fr.ince,  voyant  les  moindres  pièces  de  ses  ruines  equi- 
poler  à  des  petits  royaumes,  lakoue,  I02. 

—  ETYM.  Équipollent. 

t  ÉQUIPONDÉRANCE  (  é-kui-pon-dé-ran-s' ;  ir 
prononcé  comme  dans  huile),  s.f.  Terme  didactique, 
Égalité  lie  poids. 

t  ÉQUIPONDÉRANT,  ANTE  (é-kui-pon-dé-ran, 
ran-t';  ui  prononcé  commedans huile), ad).  Qui  ost 
de  même  poids.  ||  Fig.  Article  essentiel,  article  éqii:- 
pondérant  à  tous  ceux  qui  vous  sont  contraires,  j.  i. 
ROuss.  Litres  de  la  mnningne,  viii. 

—  ETYM.  Équi....  et  le  lat.  ponderare,  peser. 

+  ÊQUISÉTACÊES  (é-kui-sé-ta-sée  ;  ui  prononré 
comme  dans  huile),  s.  f.  plur.  Famille  de  plant's 
acotylédones,  qui  ne  renferme  que  le  genre  equisc- 
lum  (prêle). 

—  ETYM.  Lat.  equus,  cheval,  et  seta,  soie  :  soie 
de  cheval,  à  cause  de  la  forme  des  rameaux. 

f  ÊOUISÉTIOUE(è-kui-sétik';  ui  prononcé  comme 
dans  huile),  adj.  Terme  de  chimie.  Acideéquisélii|ii>, 
acide  trouvé  dans  la  prêle  commune  (egu:«e(um  ;«i- 
lustre,  L.). 

t  ÊQUISONNANCE  (é-kui-so-nan-s';  ui  prononcé 
comme  dans  huile),  s.f.  Terme  de  musique  ;ui- 
cienne.  Consonnance  d'unisson  d'octave  ou  de  douliie 
octave. 

—  ETYM.  Lat.  squisonantia,  de  œquus,  égal,  et 
sonore,  sonner. 

t  ÉQUIS'VLLABISME  fé-kui-sil-la-bi-sm';  ui  pro- 
noncé commedans  huile),  s. m  Terme  de  grammaire. 
Prononciation  de  toute  syllabe  dans  un  temps  égal.  I.e 
caractère  particulier  à  la  langue  française  est  l'équi- 
syllabisme,  toutes  les  fois  que  la  voyelle  n'est  pa» 
surmontée  d'un  accent  circonllexe  ou  rendue  dou- 
teuse par  une  syllabe  fémininequi  la  suit,  legoaraDT. 

—  ETYM.  Équi....  et  syllabe. 

ÉQUITABLE  (é-ki-ta-b!'),  adj.  ||  !•  Qui  a  de  l'é- 
quité, en  parlant  des  personnes.  U  n'est  pas  permi. 
au  plus  équitable  homme  du  monde  d'être  juge  en 
sa  cause,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  26»,  éd.  Ijthiire. 
Un  jour,  u  m  en  souvient,  le  sénat  équitable  Vouf 
pressait  de  souscrire  à  la  mort  d'un  coupable,  bac. 
Bril.  IV,  ».  Si  les  hommes  sont  hommes  plutAl 
qu'ours  et  panthères,  l'ils  sont  éqattables,  s'iU  u 


EQU 

font  justice  à  eux-mêmes....  que  deviennent  les 
lois...?  L,\  BRUY.  XII.  Je  me  flatte  en  mourant  qu'un 
Dieu  plus  équitable  Itéserve  un  avenir  pour  les  coeurs 
innocents,  volt.  Fanât,  v,  4.  Ô  justice  suprême.... 
Tu  lis  seule  en  mon  cœur,  toi  seule  es  équitable, 
ID.  Tancr.  m,  6.  Chez  un  peuple  équitable  et  re- 
douté des  rois,  ID.  Scythes,  il,  i.  ||  Équitable  à.  X 
tous  deux  équitable,  hélas  1  j'ai  fait  des  vœux  Et 
même  des  efforts  pour  vous  sauver  tous  deux,  du 
BYER,  Scévole,  m,  4.  Il  2»  Conforme  à  l'équité,  en 
parlant  des  choses.  Un  jugement  équitable.  Et  nous 
verrons  du  ciel  l'équitable  courroux....  cobn.  Cid, 
v,  B. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉQUITÉ. 
ÉQUITABLEMENT  (é-ki-ta-ble-man),  adv.  D'une 

manière  éi|uiiable.  Il  a  jugé  équitablement. 

—  ÉTYM.  Équitable,  et  le  suffixe  ment. 

t  ÉQUITANT,  ANTE  (é-kui-lan,  tan-t';  ui  pro- 
noncé comme  dans  huile),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Se  dit  des  feuilles  pliées  longitudinalement, 
à  cheval  l'une  sur  l'autre,  chez  les  iris. 

—  ETYM.  Lat.  equitare,  aller  achevai,  de  equus, 
cheval. 

ÉQUITATION  (ékui-la-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes;  ui  prononcé  comme  dans  huile),  s.  f. 
I|  1°  L'art  de  monter  à  cheval.  École  d'équitation. 
Apprendre  l'équitation.  Simon  d'Athènes,  auteur 
du  premier  traité  d'équitation,  4*  siècle  avant  Jésus- 
Christ,  BARTHÉL.  Anach.  t.  VII,  tabl.  6.  ||  i"  Action 
de  monter  à  cheval.  L'équitation  est  recommandée 
par  les  médecins  en  certains  cas. 

—  HIST.  XVI*  s.  Par  ceste  equitation  et  mouve- 
ment, la  pierre  souvent  descend  en  la  vessie,  paré, 

XV,  89. 

—  ÉTYM.  Lat.  equitationem ,  de  equitare,  de 
equus,  cheval. 

ÉQUITÉ  (é-ki-té),  s.  f.  \\  1°  Disposition  à  faire  à 
chacun  part  égale,  à  reconnaître  impartialement  le 
droit  de  chacun.  La  timide  équité  détruit  l'art  de 
régner,  corn.  Pomp.  i,  t.  Dans  le  monde  il  n'est 
rien  de  beau  que  l'équité;  Sans  elle  la  valeur,  la 
force,  la  bonté,  Et  toutes  les  vertus  dont  s'éblouit 
la  terre,  Ne  sont  que  faux  brillants  et  que  morceaux 
de  verre,  boil.  Sat.  xi.  Sur  l'équité  des  dieux  osons 
nous  confier,  rac.  Phèdre,  v,  <.  De  votre  cœur, 
Abner,  je  connais  l'équité,  ïD.  ÀJhal.  v,  2.  Il  est 
vrai  qu'il  ne  fallait  que  de  l'équité  de  part  et  d'au- 
tre; mais  la  pratique  de  l'équité  est  si  opposée  à  la 
aature  humaine  qu'elle  fait  les  plus  grands  héros 
en  morale,  fonten.  Renau.  L'intérêt  est  ton  dieu, 
le  mien  est  l'équité,  volt.  Fanât,  ii,  6.  ||  2°  La  j'us- 
tice  naturelle,  par  opposition  à  la  justice  légale. 
Les  arbitres  jugent  plutôt  selon  l'équité  que  selon 
les  textes.  La  force  tenait  lieu  de  droit  et  d'équité, 
BOiL.  Art  p.  IV.  Il  En  é(|uité,  loc.  adv.  Conformé- 
ment à  l'équité,  indépendamment  de  toute  loi,  de 
toute  convention. 

—  HiST.  XIII'  s.  Vraie  fois  de  nécessité.  Non  tant 
seulement  d'équité,  Nous  fait  de  Dieu  sept  choses 
croire,  J.  de  meung,  Tr.  58,  ||  xv"  s.  D'entour  lui 
[il]  doit  touz  menteurs  rebouter,  Justice  avoir, 
équité  et  raison,  e.  desch.  Des  -vertus  nécess.  au 
prince. 

—  ÉTYM.  Provenç.  equitat;  espagn.  equidad; 
ital.  equità;  du  latin  xquilatem,  de  sequus,  pro- 
prement égal,  d'où  équitable.  Palsgrave,  p.  61 ,  re- 
marque qu'on  prononçait  é-ki-lé,  ce  qui  est  notre 
prononciation. 

t  ÉOUIVALEMMENT  (  é-ki-va-la-man  ),  adv. 
D'une  manière  équivalente.  C'était  équivalemment 
recevoir  le  décret  du  concile  de  Constance,  boss, 
Projet. 

—  ÉTYM.  Équivalent,  et  le  suffixe  ment. 

t  ÉQUIVALENCE  (é-ki-va-lan-s"),  s.  f.  Terme 
didacti(|ue.  Qualité  do  ce  qui  est  équivalent.  L'E- 
glise latine  n'a  pas  admis  l'équivalence  [des  deux 
termes  hypostase  et  substance],  couhnot,  Traité 
de  Venchainem.  de  nos  connaiss.  t.  ii,  p.  440. 
Il  Dans  le  droit  universitaire,  obtention  d'un  grade 
de  l'université  de  France,  sans  examen  ni  thèse, 
par  un  gradué  d'une  université  étrangère;  on  lui 
accorde  l'équivalent  du  grade  qu'il  a  dans  son  pays. 
Il  Teime  de  physique.  L'équivalence  des  forces, 
théorie  dans  laquelle  on  démontre  que  les  forces  de 
la  nature,  ne  se  perdant  jamais,  ne  font  que  se 
convertir  en  une  somme  éijuivalente  d'autres  forces; 
linsi  la  lumière  se  convertit  en  chaleur,  la  chaleur 
en  électricité,  l'électricité  en  chaleur,  et  ainsi  de 
suiie. 

—  HIST.  xiv  S.  Nul  ne  leur  peut  onques  rétribuer 
ceste  équivalence,  oresme,  Eth.  267. 

—  ÊTvri.  Équivalent. 

ÉQUIVALENT,  ENTE  (é-ki-va-lan ,  lan-t'),   adj. 


EQU 

Il  1°  Qui  équivaut,  qui  est  de  même  valeur.  Rendre 
un  service  équivalent  à  celui  que  l'on  a  reçu. 
Il  2°  Terme  de  géométrie.  Il  se  dit  des  surfaces  ou 
des  volumes  qui  ont  les  mêmes  contenances  sans 
avoir  les  mêmes  formes.  Triangle  équivalent  à  un 
quadrilatère.  Le  problème  de  la  quadrature  du 
cercle  consiste  à  trouver  un  carré  équivalent  à  un 
cercle.  ||  3°  S.  m.  Ce  qui  équivaut.  On  lui  offrit  l'é- 
quivalent. Cette  proposition  est  l'équivalent  de  cette 
autre.  Ce  mot  latin  n'a  pas  d'équivalent  en  français. 
Elle  lui  confia  son  goût  pour  le  jeune  mage,  et 
l'assura  que  dans  toutes  les  maisons  de  Persépo- 
lis  il  trouverait  l'équivalent  de  ce  qu'il  avait  vu 
dans  la  sienne,  volt.  Babouc.  Quel  peut  être  l'équi- 
valent de  la  perte  du  nom  de  juste?  raynal,  hist. 
phil.  IV,  33.  Il  Terme  de  chimie.  Nom  donné  à  des 
quantités  nialérielles  qui  peuvent,  dans  les  combi- 
naisons, se  remplacer  de  manière  que  l'une  d'elles 
représente  telle  ou  telle  autre,  et  conduise  à  en  ap- 
précier le  poids.  On  rapporte  les  équivalents  à  une 
unité  de  convention,  qui  est  de  too  d'oxygène  pour 
les  chimistes  français,  et  I  d'hydrogène  pour  les 
chimistes  anglais.  ||  Équivalent  d'un  engrais,  la 
quantité  de  cet  engrais  qui,  pour  une  égale  super- 
ficie de  terrain,  un  hectare  par  exemple,  équivau- 
drait, quant  aux  proportions  de  l'azote  et  des  phos- 
phates, à  la  quantité  moyenne  du  fumier  de  ferme 
employé  annuellement. 

—  ÉTYM.  Équivaloir;  provenç.  équivalent;  es- 
pagn. et  ital.  équivalente. 

t  ÉQUIVALEUR  (é-ki-va-leur) ,  s.  f.  Synonyme 
d'équivalence. 

—  ÉTYM.  Équi....  et  valeur. 

ÉQUIVALOIR  (é-ki-va-loir) ,  j'équivaus,  tu  équi- 
vaus,  il  équivaut,  nous  équivalons,  vous  équivalez, 
ils  équivalent;  j'équivalais;  j'équivalus;  j'équivau- 
drai; j'équivaudrais;  équivaux,  qu'il  équivaille, 
équivalons,  équivalez;  que  j'équivaille,  que  nous 
équivalions:  que  j'équivalusse;  équivalant;  équiva- 
lu, t).  n.  Il  1°  Être  de  même  prix,  de  même  valeur. 
Une  once  d'or  équivaut  à  quinze  onces  d'argent. 
Il  2"  Par  extension,  être  à  peu  près  la  même  chose 
que.  Cette  réponse  aurait  équivalu  à  un  refus.  ||  Il 
se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir.  Dans  le  langage 
vulgaire,  on  fait  quelquefois  équivaloir  actif  :  cette 
chose  équivaut  telle  autre;  c'est  une  grosse  faute. 
L'Académie  dit  qu'il  se  conjugue  comme  valoir; 
par  conséquent  il  ne  suit  pas  les  irrégularités  de 
prévaloir. 

—  ÉTYM.  Équi....  et  valoir. 
fÉQUIVALVE  (é-kui-val-v';  ui  prononcé  comme 

dans  huile),  adj.  Terme  d'histoire  naturelle.  Dont 
les  valves  sont  égales. 

—  ÉTYM.  tpii....  et  valve. 

f  ÉQUIVOCATION  (é-ki-vo-ka-sion) ,  s.  f.  Action 
d'équivoquer. 

—  HIST.  XIV'  s.  Par  equivocation  [homonyme] 
l'en  appelle  clef  un  membre  qui  est  au  col  d'une 
beste ,  et  appelle  l'en  clef  ce  à  quoy  l'en  ferme  les 
huis,  oresme,  Thèxe  de  meunier. 

—  ÉTYM.  Équivoquer  ;  provenç.  equivocalio;  es- 
pagn. equivocacion ;  ital.  equirocazione. 

ÉQUIVOQUE  (ô-ki-vo-k'),  adj.  ||  1»  Qui  peut  s'in- 
terpréter en  différents  sens,  s'appliquer  à  différentes 
choses.  Un  terme  équivoque.  Cela  est  équivoque. 
Vous  n'avez  pas  pris  garde  à  ce  sens  équivoque  Qui 
fait  qu'en  vous  flattant  il  semble  qu'il  se  moque, 
MAIR.  Soliman,  v,  3.  U^r  de  mots  équivoques  sans 
les  expliquer,  PASC.  Prov.  I.  Ce  terme  est  équi- 
voque, il  le  faut  éclaircir,  boil.  Art  p.  i.  [Qui]  D'un 
songe  équivoque  envoyé  par  les  dieux  Lira  d'un  œil 
plus  sûr  l'avis  iLystérieux,  c.  delav.  Paria,  ii,  2. 
Il  2°  Se  dit  de  tout  sur  quoi  on  peut  porter  des  juge- 
ments divers.  Des  traces  équivoques.  Une  expérience 
équivoque.  Si  la  machine  du  corps  disséquée  et  dé- 
montrée présente  encore  tant  d'énigmes  très-diffi- 
ciles et  très-obscures,  à  plus  forte  raison  la  machine 
vivante,  où  tout  est  sans  comparaison  moins  ex- 
posé à  la  vue,  plus  enveloppé,  plus  équivoque, 
FONTEN.  Du  Verney.  Savez-vous  bien  qu'ici  votre 
face  équivoque.  Et  rare  en  son  espèce,  étrange- 
ment nous  choqueY  regnard,  Démocrite,  iv,  B.  11 
se  contenta  de  sourire,  en  faisant  une  mine  très- 
équivoque,  GENLis,  Ad.  et  Théod.  t.  i,  lett.  8,  p. 37, 
dans  POUGENS.  ||  Terme  de  médecine.  Signe  équi- 
voque, signe  qui  peut  convenir  h  plusieurs  mala- 
dies. Il  3°  En  mauvaise  part,  suspect,  en  parlant  des 
personnes.  Et  malgré  la  vertu  dont  il  faisait  pa- 
rade. Très-équivoque  ami  du  jeune  Alcibiade,  boil. 
Sat.  xii.  Il  Un  homme  équivoque,  homme  à  qui  l'on 
ne  peut  se  fier.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses  qui  exci- 
tent quelque  soupçon  peu  honorable.  Sa  nais.sance 
est  un  peu  équivoque,  sEv.  421.  Us  s'engagent  dans 


ERA 


U77 


des  professions  équivoques  dont  ils  se  cachent  long- 
temps à  eux-mêmes  les  périls  et  les  conséquences, 
LA  BiiUY.  VI.  Que  j'ai  toujours  aimé,  quoique  sa  con- 
duite à  mon  égard  ait  été  souvent  équivoque,  J.  j. 
Rouss.  Confess.  viii.  ||  4°  Rime  équivoque,  petite 
pièce  de  poésie  badine  autrefois  en  usage,  dans  la- 
quelle le  son  d'un  mot  placé  à  la  fin  d'un  vers  re- 
paraissait dans  le  vers  con.sonnant,  mais  en  formant 
un  autre  sens.  Par  exemple  :  Je  viens  de  faire  un 
vers  alexandrin;  Qu'en  penses- tu,  mon  cher  Alexan- 
dre, hein?  Il  8"  S.  f.  Sens  équivoque,  interpréta- 
tion à  double  entente.  Toute  cette  entrevue  se  passe 
dans  cette  équivoque  [l'un  des  interlocuteurs  com- 
prenant une  chose,  et  l'autre  une  autre],  pASC. 
Lett.  à  Jaqueline.  26  janv.  1648.  Si  on  vous  laissa 
la  licence  de  corrompre  les  expressions  les  plus  ca- 
noniques par  les  malicieuses  subtilités  de  vos  nou- 
velles équivoques,  id.  Prov.  (6.  Je  m'aperçus  qu'il 
y  avait  dans  ces  vers  une  équivoque  de  langue, 
iioiL.  Sat.  xii,  Préface.  Ceux  de  Bâle  se  montraient 
fort  éloignés  et  des  sentiments  de  Luther  et  des 
équivoques  de  Bucer,  Eoss.  Var.  iv,  §16.  Les  équi- 
voques qu'on  pourrait  faire  sur  la  divinité  du  fils  de 
Dieu,  m.  Euch.  2.  Je  dois,  pour  lever  toute  équi- 
voque, distinguer  deux  sortes  de  mouvements,  fén. 
Exist.  279.  Les  soupçons  et  les  jalousies  se  réveil- 
laient ;  les  équivoques  des  traités  ,  les  questions 
qu'ils  laissaient  indécises,  ne  fournissaient  que  trop 
de  ces  prétextes  toujours  prêts  à  servir  tous  les  be- 
soins ou  toutes  les  passions,  fonten.  Rép.  card. 
Dubois,  t.  III ,  p.  3t  9 ,  dans  pougens.  ||  6°  Mauvais 
jeu  de  mots,  calembour.  La  belle  chose  de  faire 
entrer,  aux  conversations  du  Louvre,  de  vieilles 
équivoques  ramassées  parmi  les  boues  des  halles  et 
de  la  place  Maubert!  mol.  Critique,  se.  <.  Ces  sour- 
ces d'un  amas  d'équivoques  infimes  Dont  on  vient 
faire  insulte  à  la  pudeur  des  femmes,  id.  Fem.  sav, 
III,  6.  Il  V"  Terme  de  beaux-arts.  Défaut  de  préci- 
sion dans  la  pose,  l'expression,  la  couleur,  la  per- 
spective. Équivoque  de  mouvements.  Équivoque  de 
plan. 

—  REM.  Dans  le  xvii'  siècle,  équivoque  était  in- 
différemment masculin  ou  féminin.  Je  vous  de- 
mande pardon  de  ce  mauvais  équivoque ,  balz. 
liv.  m,  lett.  9.  Du  langage  français  bizarre  herma- 
phrodite. De  quel  genre  te  fiire,  équivoque  mau- 
dite. Ou  maudit?  boil.  Sat.  xii. 

—  HIST.  xiv  s.  L'un  [mètre]  est  de  rime  serpen- 
tine, L'autre  équivoque  ou  léonine,  machaut,  p.  9. 
Cest  nom  ici  n'est  pas  dit  comme  non  équivoque  à 
cas  d'aventure,  oresme,  Eth.\u,  12.  ||xvi's.  Les 
gens  de  guerre  firent  courir  parmi  eux  un  équi- 
voque un  peu  gaillard  sur  le  nom  de  la  place  et  sur 
ce  qui  perdoit  l'armée,  d'aub.  Hist.  m,  413.  De- 
mosthenes  disoit  que  l'effronté  n'a  pas  de  prunelles, 
mais  des  putains  aux  yeulx,  se  jouant  en  l'équivo- 
que de  ce  nom  Cora,  qui  signifie  une  pucelle  et  la 
prunelle  de  lœil,  amvot,  llauvaise  honte ,  i. 

—  ÉTYM.  Provenç.  equivoc;  espagn.  et  ital.  equi- 
voco;  du  latin  !cquivocus,  de  xquus,  égal,  sem- 
blable, et  vox,  voix,  parole. 

t  ÉQUIVOQUE,  ÉE(é-ki-vo-ke,  kée),  part,  passé. 
Vers  équivoques  ou  rime  équivoquée,  voy.  équi- 
voque. 

ÉQUrVOQUER  (é-ki-vo-ké),  v.  n.  \\  1°  Ancienne- 
ment, faire  des  jeux  de  mots,  des  homonymies, 
Il  2°  User  d'équivoque.  Il  ne  fait  qu'équivoquer. 
Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  at'otr.  ||  3°  S'équi- 
voquer,  i;.  réfl.  Dire  involontairement  un  mot  pour 
un  autre.  Mais  parce  que  vos  gens  de  Limousin  se 
pourraient  ici  équivoquer,  vous  les  avertirez,  Bal- 
zac, liv.  VII,  lett.  34.  Oui,  mais  enfin  parlons  sans 
nous  équivoquer,  th.  corn.  Berger  extrav.  iv,  3. 

—  HIST.  XVI'  s.  Afin  de  n'equivocquer  point,  nous 
entendons  par  honteux  celuy  qui  rougist  de  honte, 
AMYOT,  Mauvaise  honte,  I. 

—  ÉTYM.  Équivoque. 

ÉRABLE  (é-ra-bf),  s.  m.  Genre  d'arbres  de  la 
famille  des  acérinées,  qui  croît  dans  les  pays  tem- 
pérés. Il  Érable  champêtre  ,  acer  campestre  ,  L. 
Il  Érable  à  sucre  (acer  saccharirtum) ,  qui  donne, 
par  la  perforation  du  tronc,  au  printemps,  une 
sève  abondante  dont  on  extrait  du  sucre.  ||  Érable 
sycomore,  nom  vulgaire  de  l'érable  faux-platane 
des  botanistes. 

—  HIST.  XIII'  s.  Fin  cuer  de  cnaisne,  sanz  aube, 
de  perier,  d'aller  et  d'érable,  Liv.  des  met.  103. 
Arable,  J.  degahlande,  p.  590. 

—  ÉTYM.  Namur.  aïaui;  wallon,  atatibe  ;  gêner. 
iserable;  bourg,  âseraule ;  Franche-comté,  àera«i«, 
euzeraule ;  Bercy ,  arabe;  haute  Provence,  arabre ; 
d'après  Grandgagnage,  du  latin  aeer,  érable,  et 
arbor,  arbre;  acer,  qui  donnait  er  ou  air,  ayant 


1478 


ÉRA 


^21iiÏÏi?r2?;  «r.bl.i  oui.  i«  forn...  dm  pa- 

-^  £:r.nS  îi^JS^";.  »' V.H*..  a-onne  cul. 

'''[lîî','  )tifd'<*roWf. 

tÉJli  .     iVK  (é-ra-di-ki-tif,  ti-»*),  adj. 

Terni»  ilniKCi.iu».  yui  détruit  une  chose  psr  la  racine. 

—  JTTlI.  V.îy.  «R*i)ic»ilON. 
ttiiniCATIoN  (*ra-ili-ka-sion),  ».  f.  Action  de 

iMneiner,  d>ilir|ier.  ||  Kig.  Ce  qui  était  leur 
crime  en  France  (dei  religieuses  do  Port  UoyalJ, 
digne  d'éradication  et  des  dernières  peines  persoii- 
nelleii,  parut  fort  innocent  àKomo,  ST-siM.  260,  mS. 

—  ÈtitM.  I.al.  eradifalionem,  de  eradieare,  ar- 
racher, dee,  hors,  et  radt's,  racine. 

f.HArtÊ,  ÉE  (é-ra-flé,  liée),  part.  paaé.  Il  eut 
la  joun  érallée  par  une  balle. 

t  EraKLKMKNT  (é-ra-de-man),  ».  m.  Terme 
d'art  militaire.  Ëtat  d'une  pièce  de  canun  dont  l'âme 
est  irdfiée. 

flRAFI.KR  (é-radé),  «.a.  ||  1°  Écorcher  légère- 
ment, effleurer  la  peau.  Le  coup  d'épée  lui  a  éraflé 
la  peau,  |{  1*  Kniever  une  portion  de  la  surface  inté- 
rieure de  rime  d'un  canon,  en  parlant  d'un  boulet 
qui  s'y  brise. 

—  HiST.  xïi*  8.  Esrafler,  cotohave. 

—  Rtym.  É  pour  M....  préfixe,  et  rafler  f  bour- 
guig.  ^riflrr. 

I^HAFLURE  (é-ra-nu-r'),  t.  f.  \\  i*  Légère  écor- 
chure.  Il  a  reçu  une  éradure  à  la  main.  ||  2°  Terme 
d'aru.  Hachure  faite  dans  les  bois  ouvrés  par  une 
main  inhabile. 

—  ETYM.  Èrafler. 

ËRAILLË,  ËE  (é-r&-llé,  liée,  U  mouillées,  et  non 
é-rl-yé,  yée),  part.  faué.  ||  1*  Une  élolTe  éraïUée, 
étolTo  dont  les  fils  s'écartent.  ||  2°  Oui  présente  un 
aspect  semblable  k  celui  d'une  étofle  éraillée.  Un 
mur  éraillé  par  le  soleil.  Visage  éraillé.  Teint 
éraillé.  l'eau  éraillée.  ||  Avoir  l'œil  éraillé,  avoir  des 
filets  rouges  dans  l'œil,  ou  les  paupières  renversées. 
Rien  ne  le  rebuta,  ni  sa  vue  éraillée....  boil.  Sat.  x. 
Mme  Panache  était  une  petite  et  fort  vieille  créature 
arec  des  lippes  et  des  yeux  éraillés,  ST-sm.  44,  g. 
Il  Terme  do  marine.  Cordages  éraillés,  cordages 
détériorés. 

ÉRAILLEMEtrr(é-rA-lle-man,  H  mouillées, etnon 
é-ri-ye-man),  ».  m.  ||  1*  Action  d'érailier.  ||  i°  Ren- 
versement de  la  paupière  inférieure,  qui  l'empôche  de 
le  réunira  la  paupière  supérieure  pour  couvrir  l'œil. 

—  HIST.  XTi*  s.  U  survient  inflammation,  et  quel- 
ques fois  lippitude  ou  chassie,  et  enfin  eraillement 
des  yeux,  park,  xv,  <3. 

—  f.TYM.  Érailter. 

fiRAII.LER  (é-ri-llé,  <2  mouillées,  et  non  é-r&-yé), 
V.  a.  Il  1*  Kellcher,  séparer,  en  parlant  du  tissu  des 
élofTes.  Erailler  du  satin.  ||  2"  S'érailler,  B.  ré/l. 
Devenir  éraillé.  La  soie  est  sujette  fc  s'érailler.  Des 
yeux  qui  s'étaient  éraillés. 

—  HIST.  XVI'  s.  Eclropion  :  œil  éraillé,  quand  la 
paupière  inférieure  par  cicatrice,  ou  autre  occasion, 
se  renverse  et  ne  peut  couvrir  son  blanc,  park,  xv,  6. 

—  ETYM.  ÉrailUr  se  dit  dans  le  wallon  ardt,  que 
l'on  tire  de  rdî,  arracher;  rai  est  la  forme  wallone 
correspondant  k  l'ancien  français  rachi'er,  qui  est 
demeuré  dans  arracher  et  qui  vient  du  latin  ra- 
iicart;  mais  cette  étyraologie  ne  peut  convenir  k 
U  forme  française ,  parce  qu'elle  ne  rend  pas  compte 
do  t((  et  de  la  disparition  de  ch.  Scheler  la  tire 
d'un  type  latin  eradulare,  dérivé  de  eradne;  mais 
il  faut  plutél  y  voir  un  composé  de  e»,  et  du  latin 
fo//um,  racloir. 

ËRAILLURE  (é-rt-llu-r*,  il  mouillées,  et  non 
é-rl-yu-r*),  ».  f.  Marque  qui  resta  k  une  étoffe  quand 
elle  est  éraillée. 

—  ETVM.  f.millfr. 

t  ËRASMIEN,  IKNNE  (é-ra-smiin ,  smiè-n'),  adj. 
Terme   de   phUulogie.    Prononci.ilion   érasrnienne, 

frononciation  du  grec  dans  laquelle  on  prononce 
tta  comme  un  e  ouvert,  le  tliéta  comme  un  (, 
le  delta  comme  un  d,  l'upsilon  comme  un  u,  le  chi 
comme  un  »,  et,  dans  chaque  diphthongue,  les 
deux  voyelles  qui  la  composent,  prononciation  que 
l'on  suit  dans  nos  lycées,  par  opposition  &  la  pro- 
nonciation rcuchlinicnno.  qui  est  l'application  nu 
|Te«  ancien  de  la  prononciation  du  grec  moderne. 
""•j™-  Èrntmt,  érudit  du  xvf  siècle. 
t  RtAsmANlSME  (é-r»-.tl-«.ni-8m'),  ».  m.  Doc- 
l4iM»  dM  6r».iie,„,  " 


I  fiMASTIKM  (é-rt-stiln),  ».  m.  Sectaire  angli 
qw    niait   que  l'figUM,   anglicane   eOt  le   pouv. 


d'excommaoisr. 


RIS 

pouvoir 


ÈRE 

—  ÊTTM.  TTioma»  trotte,  chef  de  cette  lecte 
dans  le  xvii*  siècle. 

£IIATÉ,  ËE  (é-rs-té,  tée),  ^rt.  patte.  Un  chien 
ératé.  ||  Kig.  et  familièrement.  Rire,  courir  comme 
un  ératé,  rire  beaucoup,  courir  très-bien,  sans  point 
lie  cdlé,  comme  si  on  n'avait  pas  de  rate  (voy.DËKATÉ). 

ËRATER  (é-raté),  v.a.  ôter  la  rate,  jj  Fig.  et 
familièrement,  s'ératcr,  v,  réfl.  S'essouffler  k  force 
de  courir. 

—  ËTVH.  É  pour  e»....  préfixe,  et  rate. 

t  ÉRATO  (é-ra-to) ,  ».  f.  Terme  du  polythéisme 
grec.  La  muse  qui  préside  k  la  poésie  tendre  et 
amoureuse. 

—  ETYM.  'Epaxw,  de  ipiu>,  être  amoureux. 

+  ÉRAYEB  (é-rè-ié),  V.  a.  Se  conjugua  comme 
payer.  Terme  rural.  Labourer  en  faisant  verser  la 
tranche  en  dehors,  de  manière  k  former  une  rigole 
au  centre  de  la  planche  ou  billon. 

—  ETYM.  É  pour  «»....  préfixe,  et  raie. 

t  ERBUE  (êr-bue),  ».  f.  Fondant  argileux  qu'on 
ajoute  au  minerai  de  fer  dans  les  hauts  fourneaux. 
On  trouve  aussi  arbuc. 

ÈRE  (ê-r'),  ».  f.  Il  1"  Terme  de  chronologie. 
Epoque  fixe  d'où  l'on  commence  k  compter  les  an- 
nées. Il  est  ixm  de  remarquer  que  le  mot  d'ère  si- 
gnifie dénombrement  d'années  commencé  à  un 
certain  point  que  quelque  grand  événement  fait 
remarquer,  Boss.  Ilist.i,7.  \\  Ere  des  Olympiades,  ère 
grecque  commençant  au  solstice  d'été  de  l'an  770 
avant  J.  C.  |{  Ere  de  la  fondation  de  Home,  commen- 
çant au  at  avril  763  avant  J.  C.  ||  Ere  de  Nabonas- 
sar,  ou  des  Babyloniens,  ère  fort  employée  par  les 
astronomes  grecs ,  qui  commençait  le  26  février  7i7 
avant  J.  C.  ||  Ere  d'Alexandre  le  Grand,  ou  ère  de 
Philippe,  ou  ère  des  Lagides,  ou  ère  d'Edesse, 
commençant  le  <2  novembre  324  avant  J.  C.  , 
avec  le  rèRne  de  Philippe  Aridée,  frère  et  pré- 
tendu successeur  d'Alexandre.  ||  Ere  des  Séleucides, 
ou  syro-macédonienne,  ou  d'Apamée,  commençant 
k  la  prise  de  Babylone  par  Séleucus  Nicanor,  dans 
l'été  de  l'an  St2  avant  J.  C.  Son  entrée  [de  Séleu- 
cus] k  Babylone  après  une  victoire  devint  une  ère 
commune  k  presque  toutes  les  nations  de  l'Asie; 
c'est  ce  qu'on  nomme  l'ère  des  Séleucides,  condil- 
LAC,  llist.  ane.  u,  n.  ||  Ere  julienne,  ère  établie 
par  Jules-César,  commençant  le  t"  janvier  45  avant 
J.  C,  et  dont  l'année  est  l'année  julienne.  ||  Ere 
d'Espagne,  ou  ère  des  Kspagnols  (qui  fut  abolie 
vers  )36t)  commençait  environ  *8  ans  avant  J.  C, 
époque  de  la  conquête  de  l'Espagne  par  Auguste. 
Il  Ere  chrétienne,  ère  vulgaire,  ère  de  l'incarna- 
tion ,  point  de  départ  proposé  au  vi«  siècle  par  De- 
nys  le  Petit,  et  adopté  en  France  sous  Pépin  et 
Charlemagne,  d'après  lequel  les  modernes  suppu- 
tent soit  avant,  soit  après.  ||  Ere  dioclétienne,  ère 
qui  date  de  284  avec  le  règne  de  Dioclétien,  mais 
qui,  dite  ère  des  martyrs,  ne  commence  qu'en  302, 
époque  de  la  dixième  persécution  contre  les  chré- 
tiens, la  4  8*  année  du  règne  de  Dioclétien.  ||  Ere 
des  Arméniens,  ère  instituée  par  l'Église  armé- 
nienne, lors  de  sa  condamnation  par  le  concile  de 
Chalcédoine,  et  commençant  le  8  juillet  632  après 
J.  C.  Il  Ere  de  l'hégire,  ère  des  musulmans,  com- 
mençant à  la  fuite  de  Mahomet  k  Médine,  le  <  6  ou 
ta  juillet  «2J  après  J.  C.  ||  Ère  républicaine,  ère 
établie  en  France  k  partir  du  22  septembre  <792 
le  jour  de  fondation  de  la  république,  et  suppri- 
mée k  partir  du  i"  janvier  4800. 112° La  suite  même 
des  années  que  l'on  compte  depuis  un  point  fixe. 
Les  événements  qui  se  sont  accomplis  durant  l'ère 
républicaine.  ||  3"  Par  extension,  époque  remar- 
quable; ouverture  d'un  nouvel  ordre  de  choses. 
L'ère  des  croisades.  Une  nouvelle  ère  commence. 
De»  droits  de  l'homme  ici  l'ère  féconde  S'ouvre  et 
du  globe  accomplira  le  tour,  bérano.  h  juillet. 

—  ETYM.  Lat.  sera,  nombre,  chiffre,  d'm\  épo- 
que; paraît  être  primitivement  le  pluriel  «ra,  de 
.Ti,  .rri»,  cuivre,  proprement  morceaux  de  cuivre, 
pièces,  d'où  nombre. 

ËREBE  (é-rè-b'),  ».  m.  Terme  de  mythologie.  La 
partie  la  plus  obscure  do  l'enfer  ;  l'enfer  même.  Les 
monstres  de  l'érèbe.  Le  chaos  engendra  l'érèbe  et  la 
nuit,  niDgaoT,  Opi'n.  des  ane.  philos.  {Grecs). 

—  ETYM.  'Epi6o?,  obscurité,  ténèbres. 
ËRECTECR  (é-rè-kteur) ,  adj.  m.  Terme  d'anato- 

mic.Musclosérecteiirs,  ou,  substantivement,  les  érec- 
teurs,  miiscipsqui  servent  à  redresser  certainsorganes. 

—  ETYM.   Voy.  r.nECTION. 

t  ËRKCTILK  (é-rè-kti-I'),  adj.  Terme  d'anatomie. 
.Susceptible  d'érection.  Tissu  érectile,  tissu  qui  de- 
vient roido,  dur,  gonOé  par  l'afQui  du  sang  dans 
se*  vaisseaux. 

—  CTYM.  Voy.  iiiEcnoii. 


ERG 

t  ÉBECTII.ITÉ  (é-rè-kti-li-té),  ».  f.  Terme  d'ana- 
tomie. Qualité  du  tissu  érectile. 

—  ETYM.  Érectile. 

ÉRECTION  (é-rè-ksion;  en  vers,  do  quatre  syl- 
labes), ».  f.  Il  1°  Action  d'ériger  un  monument.  L'é- 
rection d'une  statue,  d'un  temple.  |{  2»  Fig.  Insti- 
tution, établissement.  L'érection  d'un  tribunal. 
L'érection  d'une  terre  en  duché.  Depuis  l'érection 
des  grands  fiefs,  les  rois  n'eurent  plus,  comme  j'ai 
dit,  des  envoyés  dans  les  provinces  pour  faire  ob- 
server des  lois  émanées  d'eux;  ainsi,  sous  la  troi- 
sième race,  on  n'entendit  plus  parler  de  capitu- 
laires,  montesq.  Esp.  xxvjii,  9.  ||  3°  Terme  de 
physiologie.  Action  par  laquelle  certaines  parties 
molles  se  redressent. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ces  muscles  ferment  en  deue  si- 
tuation et  érection  ledit  membre,  paré,  i,  33. 

—  Etvm.  Lat.  erccit'ofiem,  de  «rectum,  supin  de 
erigere  (voy.  ériger). 

ÉREINTÊ,  ÉE   (é-rin-té,  tée),  par»,  passé.  As- 
somméde  coups.  ||  Parextension,  très-fatigué.  Je  suis 
éreinté.  Le  lévrier  tout  éreinté  qu'il  était,  SÉV.  338. 
t  ÉRKINTEMENT  (é-rin-teman),  ».   m.    Néolo- 
gisme. Action  d'éreinter  un  auteiw,  un  acteur,  etc 
ÉREINTER  (é-rin-té),  v.  a.  \\  l'  Rompre  ou  fouler 
les  reins,   et,  par  extension,  battre,  rosser.  On  l'a 
éreinté.  ||  2°  Familièrement,  excéder  de  fatigue.  II 
{  éreinté  tous  ses  employés.  ||  3°  Fig.  Faire  perdre  la 
crédit,  la  réputation,  etc.  Montjeu  avait  la  protec- 
tion de  M.  Fouquet....  la  chute  de  M.  Fouquet  l'é- 
!  reinta,  st-sim.  44,  434.  Le  chancelier  demeura  mal 
i  avec  Mme  de  Maintenon ,  qui  peu  à  peu  avec  les 
jésuites  léreintèrent  auprès  du  roi,  ID.  4  14,  246. 
Il  Êreinter  quelqu'un ,  le  maltraiter  excessivement 
dans  une  feuille  publique,  dans  un  compte  rendu. 
Il  4°  Terme  de  sculpture.  Défaire,  gâter,  détmire 
une  étude  en  terre  faite  d'après  le  modèle.  ||  5°  b'é- 
reinter,  v.  réfl.  Se  donner  un  tour  de  rein.  Il  fit  un 
si  firand  effort  qu'il  s'éreinta.  ||  Se  fatiguer  excessi- 
vement. Chaque    jour  je   m'éreinte   k   co  travail. 
Il  Fig.   Se  maltraiter  l'un  l'autre  par  la  critique. 
Ces  journalistes  se  sont  éreintés  réciproquement. 

—  HIST.  xvrs.  Udisoitque  c'esloit  une  éloquence 

cassée  et  esrenée,   mont,  n,  408 S'ils   portent 

le  harnais  Une  heure  sur  le  dos,  ils  ont  l'eschitie 
arnée,  Et  en  lieu  d'un  roussin  prennent  la  haque- 
née,  RONS.  857. 

—  ÉTYM.J?  pour  es....  préfixe,  et  rein;  bourguig. 
erenat,  errenai;  Berry,  ereiner,  érener,  erner.  La 
forme  ancienne  erener,  qui  est  aussi  celle  des  pa- 
tois, est  plus  conforme  k  l'étymologie;  rien  en  effet 
dans  ce  mot  no  justifie  le  (  moderne. 

t  ÉBEINTEUR  (é-rin-teur),  ».  m.  Celui  qui  éreinté, 
maltraite  excessivement  dans  un  discours  public  ou 
dans  un  écrit.  Jamais  M.  VeuiUot,  dans  ses  plus 
beaux  jours,  n'a  eu  la  verve  bilieuse  ni  le  fouet 
sanglant  de  ce  formidable  éreinteur  [le  P.  GavazziJ, 
MARC  MONNiER,  Rnue  germati.  t.  xxv,  p.  444. 

+  ÉBÉ.MACAUSIE  (é-ré-ma-kô-zie) ,  ».  f.  Terme 
de  chimie.  Oxydation  par  degrés,  décomposition  qui 
a  pour  cause  l'action  de  l'air  humide  sur  certaines 
parties  contenues  dans  les  matières  organiques. 

—  ETVM.  'Hf/éu.a,  peu  à  pou,  elxaûai;,  combustion. 
ÉrÊmITIQUE   (é-ré-mi-li-k),  adj.  D'ermite.  La 

vie  érèmitique,  la  vie  isolée,  par  opposition  k  la  vie 
cénobitique. 

—  ETYM.  Voy.  ermite. 

t  ÉBÉ.ttONT  (é-ré-mon) ,  ».  m.  Morceau  de  bois 
qui  est  enchâssé  sur  l'avant-train  d'un  carrosse,  et 
qui  vient  embrasser  le  timon. 

ÉBÉSIPÉL.\TEUX,  EU.SE  (é-ré-zi-pé-la-teO, 
teil-z'),  adj.  Voy.  érysipélateux.  Les  médecin» 
appelaient  .sa  maladie  une  ébuUition  érésipélateuse; 
les  courtisans  disaient  que  c'était  la  rougeole,  dan- 
GKAU.  I,  74,  26  nov.  4  0H4.  .     . 

ÊBÊSIPELE  (é-ré-zi-pô-r),  t.  m.  PrononciaUon 
vulgaire  et  vicieuse  du  mot  érysipèle.  L'Académie 
l'adopte;  mais  ce  mot  n'est  pas  tellement  entré  dans 
l'usage  commun,  qu'on  ne  puisse  en  réformer  la 
prononciation  et  l'orthographe.  Voy.  érïsipéle. 

ËBEtUISME  (é-ré-ti-sm'),  ».  m.  ||  1"  Terme  de 
physiologie.  Etat  d'irritation,  d'excitation;  exalta- 
tion des  phénomènes  vitaux  dans  un  organe.  ||  %'  Fig, 
Violence  d'une  passion  portée  k  son  plus  haut  degré. 

—  ETYM.  *Epeet<TtJ.4« ,  de  tpcôiCEiv,  irriter,  de 
ïpi;,  querelle,  èpiÇtiv ,  quereller,  le  même  que 
iijtiv.  fut.  fiîtiv,  d'oi'v  le  latin  riia  (voy.  rixe). 

t  EBGASTCLE  (èi-ga-stu-l')  ou  ERSASTULUM 
(èr  ga-stu-lom'),  s.  m.  Terme  d'antiquité  romaine. 
Prison  pour  les  esclaves  condamnés  k  des  travaux 
pénibles. 

—  ETYM.  bit.  ergattulum,  prison  oit  l'on  tra- 
TBille,  de  l^i^ov-ai,  travailler,  de  Ip7«,  œuvr». 


ERG 


ERI 


ERI 


|/t79 


I 


f  ERGO  (6r-go),  conj.  Conséquemment,  donc.  Ma 
fille  est  nonne,  eigo  c'est  une  sainte,  la  font. 
ilazet.  Vous  vous  sentez  en  fonds,  ergo  plus  de 
maîtresse,  regnabd,  Joueur,  m,  6.  Damis  est  riclie, 
ergo  Damis  est  redoutable,  boissy,  Impatient,  m, 
*.  Il  S.  m.  [Il]  Lui  barbouillait  l'esprit  d'un  ergo  so- 
phistique, RÉGNIEH,  Sat.  X.  Moi,  j'ai  cinquante  ans! 
moi!  Finette....  —  Ma  sœur,  dans  mon  calcul  je 
crois  TOUS  faire  grice;  Et  je  raisonne  ainsi  :  j'en  ai 
cinquante  et  passe;  Vous  êtes  mon  aînée;  ergo, 
dans  un  seul  mot.  Vous  voyez  si  j'ai  tort.  —  Voire 
ergo  n'est  qu'un  sot,  begnabd,  JUéncchm.  i,  6. 
Il  Au  plur.  Des  ergo. 

—  HIST.  xvf  s.  Hz  nourrissoient  leurs  grans  trou- 
peaux de  songes,  D'ergog,  d'utrum,  de  quare,  de 
mensoiiges,  marot,  i,  276.  Ce  sont  les  thèses  des 
deux  partis,  pour  lesquelles  on  e,st  venu  des  ergots 
aux  fagots,  et  puis  des  arguments  aux  armements, 
d'aub.  Hist.  I,  60.  Un  maistre  aux  arts  est  si  plein 
d'ergots  qu'on  ne  sauroit  durer  auprès  de  lui,  des- 
PEB.  Contes,  IV. 

—  ÉTVM.  Lat.  ergo,  donc,  qui  est  le  grec  IpYw, 
parle  fait,  véritablement,  de  lf(ov,  œuvre  (oomp. 
organe). 

ERGO-GLC  (èr-go-glu)  ou  ERGO-GLCC  (èr-go- 
gluk).  Expression  familière  par  laquelle  on  se  mo- 
que de  grands  raisonnements  qui  ne  concluent  rien. 
Cette  femme  de  chambre  l'avait  dit  à  cette  blan- 
chisseuse, cette  blanchisseuse  à  la  nièce,  cette  nièce 
à  son  confesseur,  ce  confesseur  à  ce  bon  religieux, 
et  oe  bon  religieux,  qui  n'aurait  pas  voulu  mentir, 
au  sieur  Sigoigne;  ergo-gluc,  scarron,  Factum, 
OHuvres,  1. 1,  p.  <2l ,  dans  pougens. 

—  HIST.  xvr  s.  Il  s'en  suit  qu'elles  sont  plus  pe- 
santes, ergogluc,  c'est-à-dire  moins  promptes  à 
babiller,  choliêres,  Contes,  t.  ii,  Apresdinée  6. 
Ego  sic  argumentor  :  Omnis  clocha  clochabilis,  in 
clocherio  clochando,  clochans  clochativo,  clochare 
facit  clochabiliter  clochantes  :  Parisius  habet  clo- 
chas. Ergo  gluc,  RABELAIS,  Garg.  1,19. 

—  ÉTYM.  D'après  Scheler ,  ergo  glu  sont  les  pre- 
miers mots  de  la  conclusion  :  ergo  glu  capiunUir 
aves,  donc  les  oiseaux  sont  pris  par  la  glu. 

ERGOT  (èr-go;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  1'*  se  lie  :  des  èr-go-z  aigus; 
ergots  rime  avec  repos,  travaux,  etc.),  s.  m.  ||  1°  On- 
gle pointu,  éperon  qui  est  à  la  partie  postùrieure 
du  pied  de  certains  oiseaux.  Les  ergots  d'un  coq. 
Un  coq  qui  monte  sur  ses  ergots.  Le  P.  le  Vassor 
attrapa  les  poules  [des  moines],  leur  coupa  le  bee  et 
les  ergots  avec  un  couperet  et  les  jeta  aux  moines 
par-dessus  la  haie,  st-eim.  79,  27.  Cet  ergot  [l'er- 
got naissant  coupé  à  un  jeune  coq] ,  qui  n'est  pas 
plus  gros  qu'un  grain  de  chènevis,  quand  on  Fin- 
sère  dans  la  duplicature  de  la  crête  coupée,  y  prend 
racine  et  croît  en  six  mois  de  demi-pouce;  au  bout 
de  quatre  ans,  il  devient  une  corne  de  trois  à  qua- 
tre pouces  de  longueur,  BONNET,  Consicl.  corps  or- 
gan.  Œuvres,  t.  vi,  p.  77,  dans  pougens.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Se  lever,  monter  sur  ses  ergots,  le 
prendre  sur  un  ton  fier  et  menaçant.  La  femme  in- 
continent montant  sur  ses  ergots  :  Je  t'ai  tout  ap- 
porté,  disoit-elle  en  colère L'avare  dupé  ou 

L'homme  de  paille,  i,  3,  48G2,  dans  fr.  michel. 
Argot.  Il  Être  sur  ses  ergots,  être  d'une  humeur 
fière  et  impérieuse.  Junon  donc  revenait  d'Argos, 
Dame  toujours  sur  ses  ergots,  scarron,  Virg.  vu. 
Et  sur  ses  ergots  comme  uncoq,  id.  ib.  iv.  {|  2°  Terme 
de  vétérinaire.  Tubercule  corné,  placé  en  arrière 
de  la  région  du  boulet,  chez  les  mammifères  mo- 
nodactyles et  didactyles.  L'ergot  n'est  que  la  trace 
des  doigts  manquant  à  ces  animaux.  ||  Terme  de  vé- 
nerie. Ongles  de  surcroît  d'un  chien.  ||  Par  plaisan- 
terie. Et  puis  Jupin,  chargé  de  laine.  Commençait 
à  manquer  d'haleine.  Et  n'allait  plus  que  d'un  gigot, 
Ayant  une  épine  à  l'ergot,  scarr.  Typhon,  iv. 
Il  3°  Terme  de  jardinier.  Portion  de  branche  morte 
qui  reste  sur  les  arbres  fruitiers  et  qu'on  doit  re- 
trancher. Il  4°  Terme  de  botanique.  Ergot  de  blé, 
ergot  de  seigle,  corps  droit  ou  Cburbe  et  allongé  de 
I  à  4  centimètres,  rarement  plus,  occupant  la  place 
du  grain  de  blé  ou  de  seigle.  L'ergot  de  seigle  est 
formé  par  une  espèce  de  champignon  de  l'ordre  des 
tuberculariées ,  la  sphacelidie  ergot  de  M.  Fée  ;  il 
est  très-vénéneux.  Le  seigle  dégénéré  ou  altéré, 
et  qu'on  nomme  blé  cornu  ou  ergot,  n'est  bon  qu'à 
jeter,  il  cause  des  maladies  funestes,  Dict.  des  arts 
et  met.  Amsterd.  (767,  Boulanger.  \\  5°  Terme  d'a- 
natomie.  Ergot  de  Morand,  petite  éminence  recour- 
bée qui  est  dans  la  cavité  digitale  des  ventricules 
latéraux  du  cerveau. 

-  HIST.  xu*  s.   [De  morts!  En  fu  si  junchée  la 
place.  Qu'on  sano  i  sunt  desqu'as  argoz,  benoît, 


II,  9539.  Il  XVI'  s.  Les  coqs  bataillent  du  bec  et  des 
argots,  PARÉ,  Animaux,  16.  Subtilz  renards  et 
grands  mangeurs  d'images ,  Pour  hault  monter, 
contrefont  les  bigots.  Puis,  quand  ils  sont  huchez 
sur  leurs  argots,  Au  monde  font  de  merveilleux 
dommages,  guill.  crétin,  dans  jaubert.  Glossaire. 

—  ÉTYM.  Berry,  argot,  arigol;  génev.  argot; 
champ,  arlot.  Origine  inconnue.  Le  mot  est  très- 
ancien  sous  la  forme  d'argot, 

ERGOTAGE  (èr-go-ta-j') ,  s.  m.  Voy.  ehgoterie. 

ERGOTÉ,  ÉE  (èr-go-té,  tée) ,  adj.  Qui  a  des  er- 
gots. Chien  bien  ergoté.  ||  Seigle  ergoté,  seigle  at- 
taqué par  l'ergot.  Un  jésuite  irlandais,  d'ailleurs 
grand  observateur  et  ayant  de  bons  microscopes, 
lit  des  anguilles  avec  de  la  farine  de  blé  ergoté, 
VOLT.  ÏII.  aux  40  écus,  Nouv.  douleurs. 

—  ÉTYM.  Ergot.  Ronsard  a  dit  s'ergoter,  en  par- 
lant d'un  coq  qui  se  dresse  sur  ses  pattes,  742. 

«.ERGOTER  (èr-go-té) ,  1).  n.  Chicaner  par  des 
raisonnements  captieux,  trouver  à  redire.  Il  ne  fait 
qu'ergoter.  Que  tous  les  philosophes  viennent  er- 
goter contre,  ils  perdront  leur  temps  et  leur  pei- 
ne, J.  J.  Bouss.  3'  Promen.  ||  Le  participe  passé  peut 
s'employer  absolument.  Bien  raisonné.  —  Dites  bien 
ergoté. 

—  HIST.  xvi*  s.  Après  avoir  bien  ergoté  pro  et 
contra,  feut  ccnclud  en  baralipton  que....  rab.  Garg. 

I,   17. 

—  ÉTYM.  D'après  Ménage,  approuvé  par  Diez, 
ergo,  donc,  à  cause  que  ce  mot  revenait  sans  cesse 
dans  les  disputes  scolastiques.  Dans  ce  cas  le  vieux 
verbe  hargoter  (du  cange,  argutio);  le  bourguignon 
erigotay,  provoquer;  erigâ,  chicane;  le  normand 
hargoter,  quereller,  auraient  une  autre  source  et 
se  rattacheraient  sans  doute  à  ergot.  Cependant,  à 
l'historique  d'ERGOTiiUR,  voyez  hargoteur, qui  semble 
plus  près  de  ergot  que  de  ergo. 

t  2.  ERGOTER  (èr-go-té),  V.  a.  Terme  de  jardi- 
nage. Couper  l'extrémité  d'une  branche  morte. 

—  ÉTYM.  Ergot. 

f  ERGOTERIE  (èr-go-te-rie) ,  s.  f.  Action  d'ergo- 
ter; observation  vétilleuse;  raisonnements  captieux. 
Elle  avait  là-dessus  une  simplicité  de  coeur,  une 
franchise  plus  éloquente  que  des  ergoleries,  et  qui 
souvent  embarrassait  jusqu'à  son  confesseur,  j.  j. 
Bocss.  Confess.  vi.  ||  On  dit  aussi  ergotage.  Tout 
cela  n'est  que  de  l'ergotage. 

—  ÉTYM.  Ergoter  i. 

ERGOTEUR,  EUSE  (èr-go-teur,  teû-z'),  s.  m.  etf. 
Celui,  celle  qui  no  fait  qu'ergoter.  C'est  un  en- 
nuyeux ergoteur.  Le  Socrate  d'Athènes  était,  entre 
nous,  un  homme  très-imprudent,  un  ergoteur  im- 
pitoyable qui  s'était  fait  mille  ennemis,  volt.  Lett. 
Villevieille,  20  déc.  1768.  Ce  furent  parmi  les  er- 
goteurs de  leur  temps  deux  hommes  merveilleux, 
DiDEB.  Opinions  des  anc.  phil.  (scholastiques) . 

—  HIST.  XV*  s.  Le  suppliant  dist  à  Bertran  Ogier: 
tu  n'es  que  un  tricheur,  et  un  plaideur  et  un  har- 
goteur, ou  CANGE,  argutio.  \\  XVI'  s.  Vous  estes  un 
subtil  ergoteur,  choliêres.  Contes,  t.  n,  Apres- 
dinée 2.  Il  Montaigne  a  dit  ergoliste:  Je  trouve  ces 
ergotistes  encore  plus  tristement  inutiles,  l,  180. 

—  ÉTYM.  Ergoter  (. 

t  ERGOTINE  (èr-go-ti-n') ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Nom  donné  à  deux  substances  différentes  trouvées 
dans  l'ergot  de  seigle  et  toutes  deux  mal  déterminées. 

—  ÉTYM.  Ergot,  et  la  finale  ine,  qui,  en  chimie, 
désigne  les  principesde  beaucoup  de  corps  organisés. 

•j-  ERGOTISER  (èr-go-ti-zé) ,  v.  n.  Synonyme  peu 
usité  d'ergoter.  Us  ne  sauraient  se  persuader  que 
Dante  se  soit  amusé  à  ergotiser  dans  les  collèges  à 
l'âge  de  plus  de  trente-cinq  ans,  bayle,  Dict.  art. 
Dante,  note  k. 

f  t .  ERGOTISME  (èr-go-ti-sm'),  s.  m.  Manie  d'er- 
goter, de  se  servir  des  arguments  en  forme. 

—  IllST.  XVI*  s.  Je  crois  que  ces  ergotismes  en 
sont  cause  [du  mépris  de  la  philosophie] ,  qui  ont 
saisi  ses  advenues,  mont,  i,  Mh, 

—  ÉTYM.  Ergoter  \. 

t  2.  ERGOTISME  (èr-go-ti-sm') ,  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Affection  déterminée  par  l'usage  alimen- 
taire du  seigle  ergoté  qui  agit  comme  substance  vé- 
néneuse. 

—  ÉTYM.  Ergot. 

f  ÉRIANTUE  (é-ri-an-f),  ad;.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  a  des  fleurs  velues,  laineuses. 

—  ÉTYM.  'Epiov,  toison,  et  âvCoç,  fleur. 

I  ÉRIBLE  (é-ri-W),  s.  f.  Un  des  noms  vulgaires 
de  l'arroche. 

t  ÉRICACÉE  (é-ri-ka-sée)  ou  ÉRICINÉES  (é-ri-si- 
née),  ».  f.  plur.  Famille  de  plantes  dicotylédones 
monopétales. 

—  ÉTYM.  Lat.  erice,  bruyirs. 


f  ÉRICITE  (é-ri-si-f),  s.  f.  Empreintes  fossiles  d« 
feuilles  de  bruyère. 

—  ÉTYM.  Lat.  erice,  bruyère,  et  la  finale  ile,  qui 
en  géologie  indique  un  fcssile. 

fÉRICOÏDE  (4-ri-ko-i-d'),  adj.  Terme  de  bota 
nique.  Qui  ressemble  à  une  bruyère. 

—  ÉTYM.  Lat.  erice;  grec,  èfs.Un,  bruyère. 
ÉRIDAN  (é-ri-<ian) ,    s.  m.   Ancien  nom  du  Pô, 

fleuve  d'Italie.  ||  Terme  d'astronomie.  La  troisième 
constellation  des  quinze  méridionales,  placée  au- 
dessous  do  la  Baleine. 

t  ÉRIDELLE  (é-ri-dè-r)  ,  ».  f.  Sorte  d'ardoisa 
étroite  et  longue,  qui  a  deux  câtés  taillés  et  les 
deux  autres  bruts. 

ÉRIGÉ,  ÉE  (é-ri-jé,  jée),  part,  passé.  ||  1°  Dressé, 
élevé.  Une  statue  érigée  en  l'honneur  de....  ||  Par 
extension.  C'est  aux  manufactures  érigées  dans  les 
villes  à  produire  une  circulation  générale  parmi 
toutes  nos  cités,  condu,.  Comm.  gouv.  u,  2.  ||  2"  Fig. 
Etabli.  Combien  de  fortunes  érigées  et  bâties  sur  ces 
prétendues  récompenses!  bourdaloue.  Sur  la  ré- 
compense des  saints,  t"  av^nt.  \\  3°  Transformé 
en  une  chose  considérée  com.Tie  plus  élevée,  plus 
importante.  Des  hypothèses  érigées  en  axiomes. 

ÉRIGER  (é-ri-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  o  ou  o  ; 
érigeant,  érigeons),  v.  a.  \\  1°  Elever,  construire, 
dresser.  Ériger  un  temple ,  un  autel.  Il  érigea  les 
veaux  d'or,  auxquels  il  donna  le  nom  du  dieu  d'Is- 
raël, afin  que  le  changement  parût  moins  étrange, 
boss.  Hist.  I,  6.  Sur  leurs  corps  tout  sanglants  éri- 
gez vos  trophées,  volt.  Tancr.  v,  l.  Une  société 
considérable  de  philosophes  et  de  gens  de  lettres, 
du  nombre  desquels  je  suis,  ont  résolu,  sire,  d'é- 
riger à  M.  de  Voltaire  une  statue,  d'alemb.  Lettre 
au  roi  de  Prusse,  6  juillet  )770.  On  doit  ériger  au 
Bosphore  trois  statues  de  seize  coudées  chacune, 
représentant  le  peuple  d'Athènes  couronné  par  ceux 
de  Byzance  et  de  Périnthe,  bahthél.  Anach.  ch.  82. 
Il  2°  Instituer,  établir.  Ériger  un  tribunal.  Ériger 
une  église  en  cathédrale.  ||  Ériger  une  commission, 
une  fonction  en  titre  d'office,  faire  d'une  commis- 
sion, d'une  fonction  amovible  une  charge  inamo- 
vible. Louis  XIV,  au  mois  d'avril  1674,  érigea  les 
terres  et  seigneuries  de  Saint-Cloud  ,  de  Maisons, 
de  Créteil,  d'Ozoi-Laferrière  et  d'Armentières  en 
duché-pairie  en  faveur  de  François  de  Harlay,  ar- 
chevêque de  Paris,  et  de  ses  successeurs,  saint- 
FOix,  Essai  Paris,  Œuvres,  t.  m,  p.  234,  dans 
pougens.  Il  3°  Fig.  Donner  le  caractJre  de,  trans- 
former en  une  chose  considérée  comme  plus  élevée, 
plus  importante.  Nous  devons  tous  tant  que  nous 
sommes  Ériger  en  divinité  Le  sage  par  qui  fut  ce 
bel  art  [l'apologue]  inventé,  la  font.  Fabl.  vu, 
dédie.  Je  riais  de  le  voir....  En  lapins  de  garenne 
ériger  nos  clapiers,  boil.  Sat.  m.  Chacun  veut  en 
sagesse  ériger  sa  folie,  m.  ib.  iv.  L'argent  en  hon- 
nête homme  érige  un  scélérat,  id.  Ép.  v.  Et  bientôt 
en  oracle  on  érigea  ma  voix,  rac.  Athal.  ni,  3. 
Il  En  mauvaise  part.  Je  saurai....  L'ériger  en  tyran 
par  mes  propres  conseils,  cohn.  Perlhar.  ii,  2.  Et 
le  généralat ,  comme  le  diadème  ,  M'érige  sous 
votre  ordre  en  fantôme  éclatant,  id.  Agésil.  m,  <. 
Il  4°  S'ériger,  v.  réfl.  Être  érigé,  dressé,  construit. 
Des  palais  s'érigeaient  dans  la  ville.  ||  Se  poser 
comme.  Dorante  est-il  le  seul  qui  de  jeune  écolier, 
Pour  être  mieux  reçu,  s'érige  en  cavalier?  corn. 
Ment,  m,  3.  Et  de  dépositaire  et  de  libérateur  U  s'é- 
rige en  tyran  et  lâche  usurpateur,  id.  Itodog.  n,  3. 
Et  vous  voulez  cependant  vous  ériger  en  homme 
de  bien,  mol.  Festin,  v,  2.  Muncer  entreprit  do 
s'ériger  en  pasteur,  boss.  Variât.  1.  Où  le  vice  or- 
gueilleux s'érige  en  souverain,  boil.  Sat.  i.  Capys 
qui  s'érige  en  juge  du  beau  style,  la  bruy.  i. 

—  HIST.  xvi*  s.  Erigez  ceste  ymage  qui  est  cou- 
chée à  terre  ycy  en  ung  coing,  palsgh  p.  43i;. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espag.  erigir ;  ital.  erigere  ; 
du  latin  erigere,  de  e,  et  regere,  mettre  droit  (voy. 
régir). 

t  ÉRIGEROîf  (é-ri-jè-ron),i.  m.  Plante  de  l'Amé- 
rique du  Nord,  delà  famille  des  synanthérées.  L'é- 
rigeron  canadien,  dit  vulgairement  vergerolle  et 
verge  rette. 

—  ÉTYM.  "HpiyipMy,  séneçon. 

ÉRIGNE  (é-ri-gn')  ou  ÉRINE  (è-ri-n'),  s.  f.  Terme 
d'anatomie  et  de  chirurgie.  Petite  pince  armée  de 
crochets  donton  se  sert  soit  en  disséquant  soit  dans 
certaines  opérations  pour  soulever  et  écarter  les 
parties  qu'on  veut  disséquer.  ||  Ërigne  est  beaucoup 
plus  usité  qu'érine. 

—  HIST.  XVI"  s.  Puis  ce  fait,  inciseras  la  matrice, 
la  levant  en  haulto  avec  arainées  ou  petitz  crochetz 
propres  à  ce....  paré,  t.  u,  p.  032.  Tentes,  cro- 
chets, araignes,  id.  t.  m,  p.  639. 


448U 


ERM 


-  trvi  rom»  âlt«ré«  A-araignéê  m  iraigne 
f<«J«    <r«»/)  ,  comme  le  prouve  fh.slonque; 

"WoÔWr  (*-riBO-n').  :  r.  Terme  d-a,lronomie. 
L*  coii»!"!!»!'""  ''•'  '*  Vierge. 

_  «TYH  (trigoni,  nom  lie  l'amante  de  Bacchiis, 
«  mi  de»  nom»  que  les  anciens  onl  donnés  à  la 

^TcRWAClî,  IÎK(ft-rl-na-sé,  «ée),  adj.  Terme  de 
looloftie.  Oui  ressemble  à  un  hérision. 

_  ETYM.  Lat.  erinaceut  ou  herinaceus,  hérisson. 

I!liI!VE.  »oy.  àaiONE. 

t  fiHINlîE  (éri-née),  i.  f.  Terme  de  botanique. 
Champignon  parasite  nuisible  à  la  vigne. 

t  ÉRINNYE  (é-ri-nnie)  eu  ÊRINNYS  (é-ri-nnis'), 
/.  f.  Terme  du  polythéisme  grec.  Nom  des  furies. 

—  ETYM.  "Epiv.ùc;  sanscrit,  saranyâ.  Le  grec  et 
le  sanscrit  signifient  celle  qui  se  hSte,  se  préci- 
pite. C'est  originairement,  dans  la  mythologie  grec- 
que, un  nom  de  Démêler,  quand,  changée  en  ca- 
vale, elle  eut,  du  cheval  l'oseidon,  Dfspoina  et  le 
cheval  Arion.  De  m^me ,  dans  l'Inde  ,  Saranyâ 
te  change  en  cavale  pour  échapper  à  son  époux. 

t  ÊRIO....  signifie  laineux,  velu,  et  vient  de 
Ipiov,  toison. 

t  ÊIIIOCAMCÊ,  ÉE  (é-ri-o-ka-li-sé,  sée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  le  calice  velu, 

—  ETYM.  ^rio....  et  caii'ce. 

t  ÉRIOCARPE  (é-ri-o-kar-p'),  ad}.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  a  les  fruits  velus. 

—  ETYM.  Ério....  et  xapniç,  fruit. 

t  ÉRlOCACI-E  (é-ri-o-kô-l'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  a  la  tige  velue. 

—  ETYM.  Ério....  et  xaM),è?,  tige. 

t  ÉRlOCfiPUALE  (é-ri-o-sé-fa-l') ,  adj.  Terme 
d'hisloire  naturelle.  Oui  a  la  tête  velue. 

—  ETYM.  Ério....  et  xtçaXVi,  tèie. 

+  ÉRIOMÈTRE  (é-ri-o-mè-tr'),  s.  m.  Terme  de 
physique.  Instrument  pour  mesurer  les  épaisseurs 
des  libres  les  plus  déliées. 

—  ETYM.  Ério...  et  mètre,  mesure. 

t  ÉRIOPÉTALE  (ério -pé-ta-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  a  les  pétales  velus. 

—  r.rvM.  Ério....  et  pélale. 

f  ÉRIOPUORE  (é-ri-o-fo-r'),  ad/. 'Terme  de  bota- 
nique. Oui  est  chargé  de  poils  laineux. 

—  ETYM.  ^rio....  et  fopo;,  qui  porte. 
tÊRIOPHYM.E  (é-ri-o-a-l'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  a  les  feuilles  velues. 

—  ETYM.  Ério....  et  çû).),ov,  feuille. 

t  I5R10P0DE  (é-ri-o-po-d'),  od;.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  a  les  paiies  ou  les  pédicules  velus. 

—  ETYM.  Ério....  et  itoù;,  pieil. 

I  ÊRIOPTÈRE  (éri-o-plê-r') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  a  lus  ailes  velues. 

—  ETVM.  Ério...  etTcTtpèv,  aile. 
tERIOSPERME    (é-ri-o-spèr-Br),  odj.  Terme  de 

botanique.  Oui  a  les  graines  velues. 

—  ETVM.  Êrio....  et  <ni£p(ia,  graine. 

•t  ÊRIOSTft.MONE  (é-ri-o-sté  mo-n'),  adj.  Terme 
de  iKilanique.  Oui  a  les  étamines  velues. 

—  ETYM.  Ério...  et  <rtïi|j.u)v,  filament. 
tÊRlOSrOME  (é-rio-slo-ni'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  bouche  ou  l'ouverture  velue, 

—  ETVM.  ^rio....  et  ^6(ia,  bouche. 

t  ÊRIOSTYl-E  (é  ri  o-sti-1'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  a  le  style  velu. 

—  ETYM.  Ério...  et  slyle. 

t  ÉRISTIQUK  (é-ri  sti-k") ,  odj.  Terme  didactique. 
Oui  app.irlient  à  la  conlroverse.  Écrit  énslique. 
Il  S.f.  L'éristiqiie,  l'art  de  la  controverse. 

—  ETYM.  'Kpi!itix4;,de  Ipi;,  querelle, controverse, 
t  ERMAILlC   (t:r-ma-llé,    U   mouillées),  s.  m. 

Celui  <jui  fait  le  fromage  fde  Gruyère],  que  l'on  ap- 
pelle ermaillé  et  qui  est  comme  le  chef  du  chalet, 
Dicl.  des  arti  et  m^l.  Amst.  «767,  tat(iér«.  ||  Asso- 
ciation, à  Gruyère,  de  propriétaires  de  troupeaux 
qui  mettent  leur  laitage  en  commun  pour  la  fabri- 
cation lies  fromages.  ||  On  dit  aussi  ermailli. 

t  ERMES  (ér-m'),  t.  m.  plur.  Terrains  vagues 
(Drime). 

—  ETYM.  Provenç.  mne;  cspagn.  yermo;  ital 
trmo;  du  bas-lat.  ermus,  hermus,  du  lat.  erfmiis, 
dans  Prudence,  aliéralion  ti'erimus,  du  grec  Ipr,- 
liiK.  ilésert. 

KRMtN  (èr-min>,  ».  m.  Droit  qui  sa  paye  pour 
lenlrt»  et  U  sortie  des  marchandises  dans  le» 
éclieJlet  du  Uetant. 

—  ÊTTM.  Orig'nn  inronnnp, 

».S!!f 'l'^T^'i'"'  "''•«M>>ETrF.  (èr-mi  nft-f),  ».  f. 


ERO 

—  ETYM.  Hermine,  parce  qu'on  a  comparé  la 
partie  recourbée  de  l'erminetle  au  museau  de  Vher- 
mine. 

ERMITAGE  OU  HERMITAGE  (èr-mi-ta-j') ,  $.  m. 
Ijl"  Habitation  d'un  ermite.  ||  2»  Il  se  dit  quelque- 
fois, par  abus,  fwur  couventd'ermiles.  Ily  avait  au- 
trefois un  ermitageaumont  Valérien,près  de  Paris, 
Dict.  de  FAcad.  ||  8°  Fig.  Lieu  écané,  solitaire. 
C'est  un  véritable  ermitage.  ||  Par  extension,  petite 
maison  de  campagne  simple  et  modeste.  Venez 
me  voir  dans  mon  ermitage.  Vous  ne  connaissez 
pas  les  moulins,  l'ermilage ,  colin  d'haiilkv. 
Châteaux  en  Etpagne,  iv,  «.  ||  4- Vin  de  l'Her- 
raitage  ,  vin  d'un  cru  fameux  dans  le  Daupliiné. 
Un  auvernat  fumeux  qui,  mêlé  de  lignage.  Se  ven- 
dait chez  Crenet  pour  vin  de  l'Ermitage,  boil. 
Sal.  ni. 

—  IIIST.  XIII*  s.  Il  commença  par  grant  estude 
entendre  diligemment  à  piteuses  œuvres,  les  quex 
li  hermitaiges  [vie  d'ermite]  li  avoit  enseignie.  Lé- 
gende en  prose  de  Girart,  cité  clans  J.  des  savants, 
avril  1860,  p.  202.  Dedenz  la  lande  enz  el  boscage 
Ot  uns  sainz  homs  son  hermitage.  Lai  del  désiré. 
Il  xV  s.  Mon  cueur  est  devenu  hermite  En  l'ermi- 
taige  de  Pensée,  ch.  u'obl.  Bal.  42. 

—  ETYM.  Ermite;  provenç.  ermitatge  et  hertni- 
tori  ;  ital.  eremilaggio.  L'ancienne  langue  disait 
aussi  ermiloire. 

ERMITE  ou  IIERMITE  (èr-mi-f),  s.  m.  ||  l'  Soli- 
taire retiré  dans  un  lieu  désert,  où  il  se  livre  à  des 
exercices  de  piété.  Les  ermites  de  la  Thébaîde. 
Il  Familièrement.  Vivre  comme  un  ermite,  vivre 
seul,  loin  du  monde.  ||  Par  plaisanterie,  pAlés  d'er- 
mite, noix  sèches.  ||  2"  Terme  de  zoologie.  Crustacé 
du  genre  pagure  appelé  aussi  Bernard  l'ermile,  qui 
se  loge  dans  la  première  coquille  univalve  qu'il 
rencontre.  Il  Proverbe.  Quand  le  diable  fut  vieux, 
il  se  fit  ermite,  c'est-à-dire  qu'un  vieux  pécheur 
se  convertit  alors  que  l'âge  lui  interdit  les  plaisirs. 

—  REM.  1.  Mme  de  Sévigné  a  dit  hermitesse  :  Le 
conte  de  cette  hermitesse  dont  j'étais  charmée, 
338.  Il  2.  L'orthographe  juste  d'ermite  et  ermitage 
est  sans  h,  puisque  le  mot  grec  dont  ils  viennent  a 
un  esprit  doux. 

—  HlST.  xni*  s.  Car,  si  cum  tes  habis  nous  conte. 
Tu  semblés  estre  uns  sains  hermites,  Ren.  tM23. 
Li  abis  ne  fet  pas  l'ermite;  S'uns  hom  en  hermi- 
tage abite  Et  il  en  a  les  dras  vestus.  Je  ne  pris 
[prise]  raie  deux  festus  Son  abit  ne  sa  vesteûre, 
HUTEB.  260.  Il  XVI*  S.  De  jeune  hermite,  v'jux  dia- 
ble, NOÈL  DU  FAIL,  ContCS  d'EutTap.  ch.  VIII,  f"  41 , 

dans  pouGENS. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ermita,  hermitan  ;  espagn. 
ermi(a/7o;  ital.  eremita;  du  latin  eremita,  du  grec 
èpr.jiîro;,  de  lpT)|AO;,  désert. 

t  ERNECTE  (èr-neu-t)  ou  ERNOTT'='.  (tr-no-f),  s.  f. 
Terme  de  botanique.  Nom  vulgaire  du  carum  bul- 
bocastamim  (ombellifères),  et,  en  Norxiiandie,  de 
la  raijionse  (phyleuma  spicatum,  L.). 

—  ËTYM.  L'anglais  eartk-nul,  noix  de  terre,  de 
earih.  terre,  et  nut,  noix,  d'api-fes  LECOAhvNT. 

t  ftRODÉ,  f,E  (é-ro-dé,  déeV  pari,  passé.  Terme 
didactique.  Une  casserole  érouée  "ar  le  vert-de-gris. 

t  ÉKODER  (é-ro-dé),  v.  a  Terme  didactique. 
Ronger.  L'arsenic  érode  l'estomac. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Les  dites  vapeurs  acquièrent  une 
acrimonie  qui  erode  les  parois  et  costés  de  la  plaie, 
PAKE,   IX,  6. 

—  ETYM.  Lat.  erodere,  de  e,  et  rodere,  ronger, 
t  ÊROS  (é-ros'),  s.  m.   Terme  du  polythéisme 

grec.  Le  dieu  de  l'amour. 

—  ETYM.  'Eow:,  l'Amour. 

t  ÉRCSIF,  iVE  (é-ro-zif,  zi-v'),  ad;.  Oui  a  la 
propriété  d'éroder.  Dépressions  [dans  la  plaine  de  la 
Haule-Loire)  par  où  les  courants,  à  toute  crue  no- 
table, deviennent  érosifs  et  trop  souvent  ouvrent 
brusquement  de  nouveaux  lits,  dausse,  Acad.  des 
se.  Comptes  rendus,  t.  un,  p.  4248. 

—  ETYM.  Voy.  ÉROSION. 

ÉROSION  (é-ro-zion),  s.f.  Action  ou  effet  d'une 
substance  érosive.  On  trouva  dans  le  tube  intesti- 
nal des  érosions  plus  ou  moins  étendues. 

—  HlST.  XVI*  s.  Les  anevrismes  se  font  par  ana- 
stomose, et  diapedese,  ruption,  érosion,  et  playe, 
PABË,  v,  30. 

—  ÉTYM,  Lat.  erosionem,  da  erosum,  supin  d'ero- 
dere  (voy.  èrodeb). 

t  ÊROTÉMATIQUE  (é-ro-té-ma-ti-k*),  adj.  Terme 
de  philosophie.  Oui  est  énoncé  sous  la  forme  inter- 
rogativa  ;  qui  procède  par  interrogation.  Argu- 
ment, méthode  érolématique. 

—  ÉTYM.  'F.pwTT.iia,  interrogation. 

t  ÊROTIDIES  (é-ro-ti-die^,  s.  f.  plur.  Terme  d'an- 


ERR 

tiquité  grecque.   Fêtes  en  l'honneur  d'Ëros  ou  Ou- 

pidon. 

—  ÉTYM.  'Ep<««,  l'Amour. 

ÉROTIQCE  (é-ro-ti-k'),  adj.  ||  1*  Qui  appartient,, 
qui  se  rapporte  à  l'amour.  Ouvrage,  poème  é[0tir{ue 
Il  Terme  de  médecine.  Délire  erotique,  délire  ca- 
ractérisé par  une  propension  sans  frein  pour  let 
jouissances  de  l'amour.  ||  2°  S.  m.  plur.  Les  eroti- 
ques grecs,  les  poètes  grecs  qui  ont  chanté  l'amour. 
Il  Les  erotiques,  anciennes  poésies  relatives  à  l'a- 
mour. Théophraste,  qui  avait  été  disciple  d'Aristote, 
et  Aristote  lui-même  avaient  écrit  des  erotiques 
comme  Cléarque,   huet,    De  l'orig.  des  romans, 

p.  44,  dans  POBGENS. 

—  REM.  U  se  met  toujours  après  le  substantif 
quand  il  désigne  un  genre  de  composition  :'un  ou- 
vrage erotique;  un  pogme  erotique.  Il  peut  se  met- 
tre avant  quand  il  désigne  une  disposition  :  cet  ero- 
tique délire  ,  ce  délire  erotique.  Cependant,  en 
termes  de  médecine,  on  ne  peut  dire  que  délira 
erotique. 

—  ÉTYM.  'Eohmxic,  de  loioç,  l'amour. 

t  ÉROTIQUÈMENT  (é-ro-ti-ke-man),  ado.  D'une 
manière  éioiique. 

—  ETYM.  Erotique,  et  le  suffixe  ment. 
ÉROTOMANIE  (é-ro-to-ma-nie),  s. /".   Terme  de 

médecine.  Aliénation  mentale  causée  par  l'amour, 
ou  caractérisée  par  un  délite  erotique. 

—  ÉTYM.  'Epto;,  amour,  et  piavia,  folie. 

I  ERPfiTO...  Voy.  hehpéto....  le  mot  grec  ayant 
un  esprit  rude  qu'on  rend  toujours  par  h. 

t.  ERRANT,  ANTE  (è-rran,  rran-t'),  ad;.  ||  1*  Qui 
erre,  qui  n'est  pas  fixé.  Peuples  errants.  Hordes  er- 
rantes. La  vie  errante  que  je  mène  depuis  quaranti 
ans  et  plus,  m'ayant  donné  occasion  de  voir  et  de 
visiter,  plusieurs  fois  et  de  plusieurs  façons,  la  |ilu3 
grande  partie  des  provinces  de  ce  royaume....  vau- 
BAN,  Dlme,3.  Dans  maint  auteur  de  science  pro- 
fonde. J'ai  lu  qu'on  perd  à  trop  courir  le  monde; 
Très-rarement  en  devient-on  meilleur;  Un  sert  er- 
rant ne  conduit  qu'à  l'erreur,  gresset,  Fer(-ter(, 
I.  Ces  traits  de  sang,  ce  spectre  el  ces  errantes  om- 
bres, volt.  Fanât,  iv,  4.  Lorsqu'on  voit  les  peupla- 
des qui  erraient  commencer  à  se  fixer,  ce  change- 
ment doit  être  moins  regardé  comme  les  premier» 
temps  des  sociétés  civiles  que  comme  les  derniers 
de  la  vie  errante,  condillac,  Ilist.  anc.  l,  ch.  li. 
Voir,  c'est  avoir,  allons  courir.  Vie  errante  Lst 
chose  enivrante,  biîrang.  Bohémiens.  ||  Kig.  Mener 
une  vie  errante,  vivre  au  hasard,  sans  but.  ||  Étoiles 
errantes,  les  planètes,  par  opposition  aux  étoiles 
fixes.  Il  2°' Poétiquement.  Oui  flotte.  Et  mon  àma 
déjà  sur  mes  lèvres  errante,  bac.  l'hèd.  m,  ). 
Il  3°  Par  extension,  qui  ne  se  fixe  pas.  Imagination 
errante.  Et  ainsi  que  mon  corps,  mon  esprit  est 
errant,  RÉGNIER,  Élég.  ii.  De  nos  désirs  errants  rien 
n'arrête  le  cours;  Ce  qui  plaît  aujoiini'hui  déplaît 
en  peu  de  jours,  st-évbem.  dans  richelet.  Que  je 
raiïermirai  votre  fortune  errante,  tbistan,  M.  de 
Chrispe,  ii,  3.  Ses  yeux  creux  sont  pleins  d'un  feu 
âpre  et  farouche;  ils  sont  sans  cesse  errants  de  tous 
côtés,  FÉN.  Tel.  m.  |{  4*  Oui  se  trompe,  qui  erre 
dans  la  doctrine,  dans  la  religion.  Ceux  qui  se  lais- 
seraient tromper  ne  seraient  qu'un  troupeau  errant, 
Boss.  lar.  I"  ave^t.  §  49.  U  [St  Loiis)  lâcha  d« 
les  ramener  comme  errants,  il  les  dompta  comme 
rebelles,  fléch.  Panér/yr.  St  Louis.  ||  S.  m.  plur. 
Ceux  qui  errent  dans  la  foi.  S'il  arrivait  miracle  du 
côté  des  errants,  on  serait  induit  à  erreur,  pasc. 
Mir.  in.  Saint  Augustin,  que  j'aime  à  citer  comme 
celui  dont  le  zèle  pour  le  salut  des  errants  a  égalé 
les  lumières  qu'il  avait  reçues  pour  les  combattre, 
BOSS.  l'or,  t"  insir.  pastor.  §  49.  Les  hommes  ne 
peuvent  donc  se  passer  d'un  culte  extérieur  qui  les 
réunisse,  qui  les  discerne  des  infidèles  el  des  er- 
rants, MASS.  Car.  Yéril.  culte.  Celte  multitude  ef- 
froyable d'infidèles,  d'errants,  de  pécheurs,  id. 
Prof.  rel.  Serm.  l. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Les  calamités  des  errants  au  dé- 
sert, MAROT,  Ps.  cvii. 

—  ETYM.  Errer. 

2.  ERRANT,  ANTE  (è-rran,  rran-t'),  adj.  Qui 
voyage  au  hasard.  Usité  seulement  dans  ces  locu- 
tions-ci :  Le  Juif  errani ,  personnage  imaginaire 
que  l'on  suppose  condamné  à  voyager  incessam- 
ment jusqu'à  la  fin  du  monde,  peur  8«oir  outragé 
Jésus-Christ  lors  de  la  passion;  c'est  la  représen'ii- 
tion  légendaire  du  peuple  hébreu  deiuis  la  disper- 
sion ;  Chevalier  errant,  chevalier  qui  courait  le 
monde  à  la  recherche  d'aventures.  |!  Fig.  et  familiè- 
rement. C'est  un  chevalier  errant,  c'est  un  homme 
qui  change  souvent  de  demeure,  qui  voyage  «ans 
cesse. 


EKU 


ERR 


ERR 


1/^81 


—  mST.  XII'  s.  Moult  se  vont  entresaluanl  Li  re- 
nianïnt  et  li  errant,  Roman  du  Brut,  dans  lacubnb. 
Il  XVI"  s.  Le  chevalier  errant,  J.  mabot,  v,  238. 
Quant  aucune  personne  tient  et  occupe  aucun  chemin 
public  et  errant  [par  où  l'on  passe,  passant],  par  sa 
coulpe  empesché....  Coiistum.  génér.  t.  ii ,  p.  28). 

—  ETYM.  Non  pas  le  verbe  actuel  errer,  qui  vient 
(lu  latin  errare,  mais  l'ancien  verbe  errer,  qui  vient 
A'itinerare  (voy.  erre  et  aussi  errer  à  l'étymologie). 
Voyager  même  au  hasard  n'est  pas  la  même  chose 
que  errer;  et  dans  cet  emploi  d'errant  l'idée  de 
voyager  existe. 

ERRATA  (è-rra-ta) ,  s.  m.  Liste  des  fautes  recon- 
nues dans  l'impression  d'un  hvre  et  signalées  sur 
les  dernières  pages  imprimées.  Tout  mérite  d'être  lu 
dans  le  traité  des  tropes,  jusqu'à  l'errala;  il  contient 
des  réflexions  sur  notre  orthographe,  sur  ses  bizar- 
reries, ses  inconséquences  et  ses  variations,  d'alemb. 
Éloges,  du  Harsais.  {]  Au plur.  Des  errata. 

—  REM.  L'Académie  remarque  que  quelques  per- 
wnnes  disent  erratum  quand  il  n'y  a  qu'une  seule 
faute  :  Cette  faute  donnera  lieu  à  un  erratum.  Mais 
la  plupart  des  grammairiens  s'accordent  pour  dire 
que  vouloir  ici  suivre  le  latin  est  pédantesque,  et 
(|ue,  errata  ayant  pris  en  français  le  sens  de  liste  de 
fautes,  peu  importait  qu'il  y  eût  plusieurs  fautes  ou 
une  seule. 

—  ËTY.M.  Lat.  erratum,  chose  oii  l'on  a  erré,  de 
errare,  errer. 

ERRATIQUE  (%-rra-ti-k'),  adj.  ||  !•  Terme  de 
zoologie.  Qui  n'a  pas  d'habitation  fixe.  ||  2°  Terme 
d'astronomie.  Planète  erratique,  comète.  ||  3°  Terme 
de  médecine.  Irrégulier,  déréglé.  |{  Fièvres  errati- 
ques, les  fièvres  intermittentes  dont  le  type  est  ir- 
régulier. ||  Douleurs  erratiques,  celles  qui  changent 
de  place  d'un  instant  à  l'autre,  comme  certaines 
douleurs  rhumatismales  des  membres.  ||  4"  Terme 
de  géologie.  Blocs  erratiques,  fragments  de  roche 
qui,  ne  se  rattachant  à  aucune  couche,  paraissent 
avoir  été  transportés  loin  des  formations  auxquelles 
ils  appartenaient.  ||  Par  extension.  On  voit  les  trois 
éléments  anthropologiques  fondamentaux,  le  nègre, 
le  jaune  et  le  blanc,  arriver  jusqu'aux  confins  du 
continent,  et  se  montrer  parfois  d'une  manière  er- 
ratique, à  l'état  de  pureté  plus  ou  moins  complète, 
soit  siir  la  terre  ferme,  soit  dans  quelques-uns  des 
archipels  qui  en  sont,  pour  ainsi  dire,  le  prolonge- 
ment, QUATBEFAGES,  Revue  des  Deux-Mondes,  <8G4, 
t.  xux,  p.  627.  Il  5°  Terme  de  chimie.  Acide  erra- 
tique, un  des  acides  qui  constituent  la  matière  co- 
lorante des  fleurs  de  coquelicot  ;  il  est  d'une  belle 
Couleur  rouge. 

—  HIST.  XIII*  s.  Sept  planètes  Qu'on  nomme  es- 
toilles  erratiques,  j.  de  meung,  Tr.  9S.  ||  xV  s. 
Ce  monde  est  vain,  decourant,  erratique;  Tuyt  y 
mourront,  et  li  fol  et  li  saige,  eust.  descu.  Poésies 
mss.  dansLACCRNE.  ||  xvt"  s.  Cette  humeur  les  rend 
fantastiques,  lunatiques,  erratiques,  fanatiques, 
DESPER.  Contes,  XLiii.  Laugucurs,  fièvres  lentes  et 
erratiques,  paré,  v,  t». 

—  ETYM.  Provenç.  erratic,  eratic;  espagn.  et 
Ital.  erralico;  da  latin  erralicus,  de  errare,  errer. 

ERRATUM  (è-rra-tom'),  s.  m.  Voy.  errata. 

ERRE  {ê-r'),  s.  f.  ||  1"  Train,  allure.  Il  n'est  usité 
que  dans  ces  locutions  :  aller  grand'erre;  aller 
belle  erre.  Aucuns  à  coups  de  pierre  Poursuivirent 
le  dieu  qui  s'enfuit  à  grand'erre,  la  font.  Scam. 
Car  comme  l'on  m'a  fait  tantôt  courir  grand'erre, 
TH.  CORN.  Geôlier  de  soi-même,  ni,  3.  ||  2°  Terme 
de  marine.  Vitesse  acquise  par  le  navire.  Ce  bâti- 
ment n'ayant  plus  assez  d'erre,  le  gouvernail  ne 
fonctionne  pas.  Diminuer  l'erre  d'un  vaisseau. 
Il  3°  Au  plur.  Terme  de  cha.sse.  Traces  et  routes 
d'un  cerf.  Les  erres  sont  rompues,  les  traces  sont 
effacées.  On  dit  qu'un  cerf  est  do  hautes  erres  lors- 
qu'il fait  de  longues  fuites,  ou  quand  il  y  a  plusieurs 
heures  qu'il  est  passé.  ||  Fig.  Suivre  les  erres,  aller 
Bur  les  erres  de  quelqu'un,  l'imiter  dans  sa  con- 
duite ;  adopter  ses  opinions,  ses  sentiments.  Re- 
prendre, suivre  les  premières  erres,  les  dernières 
erres,  reprendre  une  affaire  où  on  l'avait  laissée. 
11  Les  erres,  parties  de  devant  d'une  bête  à  quatre 
pieJs,  en  y  comprenant  les  épaules. 

—  HIST.  XII*  s.  Endementres  [pendant  ce  temps] 
ad  fait  tut  Sun  eire  [voyage]  aprester.  Th.  le  mart. 
48.  li  xin*  s.  Le  jor  qu'el  devra  l'erre  prendre  [venir], 
la  Rose,  4  452).  ||xv*  s.  Il  n'est  pas  bon  de  trop  en- 
querre  Ne  s'empechier  es  faiz  des  cours;  S'on  m'as- 
sault,  pour  avoir  secours.  Vers  nonchaloir  iray 
grant  erre,  ctt.  d'orl.  Rond.  Le  mareschal  appresta 
son  erre  au  plus  test  qu'il  put.  Boude,  n,  6. 
|l  XVI*  s.  Bajazet  se  sauvoit  belle  erre  sur  une  ju- 
ment arabesque,   si....  mont,  i,   367.  Mais  quoi? 

DICT.    DE    LA    LANGtIP,    FRANÇAISE. 


je  vole  un  peu  trop  hault,  Et  m'esloigne  trop  de 
mes  erres,  du  bellay,  vu,  74,  verso.  Monlauban 
demeura  donc  jusques  à  la  paix  en  cet  estât,  où 
nous  la  lairrons  pour  conduire  le  duc  de  Montpen- 
sier  et  Burie  joint  à  lui,  sur  les  airres  des  vaincus, 
d'aub.  llist.  1,  )62.  Volant  aux  desmarches  du  duc 
qu'il  prenoit  toutes  les  erres  d'un  siège,  id.  ib.  li, 
310.  Hocstrat,  espérant  annuler  la  sentence,  print 
ses  erres  vers  Rome,  sleidan,  f°  23. 

—  ÉTYil.  Lat.  iter,  chemin  ;  ce  que  montre  l'an- 
cienne orthographe  eire,  et  aussi  oire,  et  le  pro- 
vençal edrar,  voyager,  qui  représente  iterare,  au 
sens  non  latin  de  voyager. 

ERREMENTS  (ê-re-man) ,  s.  m.  plur.  Procédé  ha- 
bituel, en  parlant;  d'affaires.  Suivre  les  derniers,  les 
anciens  errements.  Suivre  les  vieux  errements,  faire 
une  chose  comme  on  la  faisait  autrefois.  Bissy  dans 
les  mêmes  errements  [ayant  les  mêmes  intentions] 
le  soutenait  [Godet]  de  toutes  ses  forces  naissantes, 

ST-SIM.   4)5,   225. 

—  HIST.  XII*  S.  Merci  clamant  [demandant]  de 
mon  fol  errement,  pe]  Ferai  la  lin  de  mes  chansons 
oïr,  Couci,  XX.  Je  deïsse  et  l'estre  et  l'errement. 
Se  j'osaisse  en  faire  mention  De  la  grant  court  de 
France  au  dous  renom,  hues  be  la  ferïé,  Romane. 
p.  (82.  Il  XIII"  s.  Et  si  baille  on  toz  les  erremens  du  plet 
[procès]  ou  copie  du  dit  as  témoins,  beaum.  vi,  )4. 

—  ÉTYM.  L'ancien  verbe  errer,  cheminer,  procé- 
der, qui  vient  non  de  errare,  mais  de  ilinerare, 
faire  voyage  (voy.  erre). 

t  ERRENÉ,  ÉE  (è-rre-né,  née),  adj.  Ancien  sy- 
nonyme d'éreinté.  Les  sceaux  que  portait  fièrement 
La  chancelière  haquenée,  Qui  chancela  si  bien 
qu'en  fut  presque  errenée,  la  font.  t.  vi,  p.  461, 

édit.  WALCKENAEH. 

—  ÉTYM.  Voy.  éreinter. 

ERRER  (è-rré),  ».  n.  ||  1*  Aller  de  côté  et  d'autre, 
à  l'aventure.  Errer  çà  et  là.  L'humble  toit  est  exempt 
d'un  tribut  si  funeste;  Le  sage  y  vit  en  paix  et  mé- 
prise le  reste  ;  Content  de  ses  douceurs,  errant  parmi 
les  bois....  LA  font.  Phil.  et  Bauc.  Ces  hommes  au- 
trefois morts  au  monde  erraient  par  le  désert  et 
dans  les  villes,  fléch.  Panég.  I,  p.  39).  Tantôt  un 
livre  en  main,  errant  dans  les  prairies.  J'occupe 
ma  raison  d'utiles  rêveries,  boil.  Épit.  vi.  Il  erra 
cinq  à  six  mois,  toujours  poursuivi  ei  toujours  tran- 
quille, dans  les  montagnes  et  les  es  Iles  au 
nord  de  l'Ecosse,  h'alemb.  Éloges,  Mi/ord  Uaré- 
chal.  Il  2"  Fig.  S'égarer,  flotter  çà  et  là.  Mais  sans 
errer  en  vain  dans  ces  vagues  propos,  boil.  Sat.  iv. 
Le  bonheur  de  l'impie  est  toujours  agité;  Il  erre  à 
la  merci  de  sa  propre  inconstance,  rac.  Eslh.  ii,  9. 
Son  esprit  errait  d'impiété  en  impiété,  mass.  Car. 
Évid.  Il  Se  dit  de  la  pensée,  de  l'esprit  qui  ne  se  fixe 
pas.  Où  allez-vous,  cœurs  égarés?  quoi!  même 
pendant  la  prière,  vous  laissez  errer  votre  imaginst- 
tion  vagabonde?  BOss.  Slarie-Thér.  Notre  esprit  erre 
sur  mille  vains  objets,  mass.  lHyst.  Pentecôte.  ||  Lais- 
ser errer,  laisser  en  toute  liberté.  Laisser  errer  ses 
pensées,  s'abandonner  à  ses  rêveries,  à  de  vagues 
méditations.  11  laisse  errer  sans  art  sa  plume  et  son 
esprit,  Sait  peu  ce  qu'il  va  dire,  et  peint  tout  ce 
qu'il  dit,  DELiLLE,  I)iiagin.  vi.  ||  3'  Se  tromper, 
avoir  une  opinion  fausse.  Ses  chagrins  le  rendaient 
pourtant  méconnaissable.  Un  œil  indifférent  à  le 
voir  eût  erré,  la  font.  Filles  de  Min.  Très-lourde- 
ment il  errait  eu  cela,  id.  Cal.  Ils  n'auront  point  le 
malheur  d'avoir  erré  dans  la  foi,  pasc.  Prov.  )7. 
Dont  quelques-uns  ont  pris  sujet  d'errer  contre  l'im- 
mortalité de  l'âme,  id.  Juifs,  3).  La  même  erreur 
les  fait  errer  diversement,  boil.  Sat.  iv.  Si  j'avais 
erré  dans  ma  méthode,  j.j.houss.  Emile,  1. 1{  Abso- 
lument. Se  tromper  dans  quelque  doctrine.  Cet  es- 
prit de  douceur  et  de  modestie,  seul  capable  de  ra- 
mener ceux  qui  errent,  mass.  Mijst.  Dispos.  Si  ce 
grand  homme  a  erré,  que  ne  dois-je  pas  craindre? 
montesq.  Esp.  XXX,  26.  Il  est  faux  que  le  mufti 
prétende,  comme  le  grand  lama,  qu'il  ne  peut 
errer;  loin  de  vouloir  persuader  qu'il  est  infaillible, 
il  met  toujours  au  bas  de  ses  réponses  et  de  ses  dé- 
cisions :  D'ailleurs  il  n'y  a  que  Dieu  qui  ne  peut  ja- 
mais se  tromper,  saint -Foix,  Ess.  Paris,  ckuvres, 
t.  IV,  p.  372,  dans  pougens. 

—  SYN.  EHRER,  VAGUER.  Vaguer,  c'est  être  vaga- 
bond, c'est-à-dire  n'avoir  pas  de  demeure  fixe,  ou 
sortir  de  l'ordre  fixé.  Errer,  c'est  porter  ses  pas  à 
l'aventure.  On  erre  dans  les  bois  ;  et  l'on  n'y  vague 
pas,  ou,  si  l'on  y  vague,  c'est  comme  un  vagabond. 
Il  ne  faut  pas  laisser  vaguer  les  bestiaux  dans  les 
champs;  errer  ne  pourrait  pas  ici  remplacer  vaguer, 
attendu  que  vaguer  a  quelque  chose  de  blâmable 
qui  n'est  pas  dans  errer.  Au  figuré,  Bossuet  (cité 

I  par  Roubaud)  a  dit  :  «  L'homme  qui  se  pri.-%ate  à 


vous  par  contrainte,  par  bienséance,  laisse  vaguer 
ses  pensées,  sans  que  vos  discours  arrêtent  son  es- 
prit distrait.  »  Ici  errer  pourrait  remplacer  vaguer, 
sauf  que  vaguer  a  une  nuance  méprisante  qui  n'est 
pas  dans  errer. 

—  iiiST.  xiu*  s.  Oui  erre  contre  la  foi,  comme  en 
mescreance,  de  lequele  il  ne  veut  venir  à  voie  de 
vérité,  il  doit  eslre  ars  [brûlé],  eeadm.  xxx,  t». 
Il  XIV*  s.  Kt  pour  ce  aucuns  errent  en  ceste  ques- 
tion, ORESME,  £(h.  )02.  Il  XV*  s.  Et  cognoissoit  lois 
qu'il  avoit  erré  en  beaucoup  de  passages,  comm.  iil, 
)2.  Il  XVI*  s.  Il  alla  errant  çà  et  là  par  le  monde, 
jusques  à  ce  que....  amvot,  Lyc.  3. 

—  ÉTYiM.  Provenç.  et  espagn.  errar  ;  ital.  errare; 
du  latin  errare;  grec,  êpfeiv;  allem.  irren.  Il  ne 
faut  pas  confondre  ce  verhe  avec  un  autre  errer, 
qui  se  trouve  dans  l'ancien  français  et  qui  signifie 
aller,  voyager,  cheminer:  Tant  erra  qu'il  vint  en  uns 
prés  par  delà  Andrenople,  H.  de  valenc.  xi  ;  Les 
chevaliers  qui  la  menoent.  Qui  ensemble  od  li  er- 
roent.  Si  cumanda  tuz  à  rester,  marie  de  frange, 

I,  p.  394.  Ce  verbe,  sous  cette  forme  ou  sous  celle 
de  oirrer,  était  très-employé;  il  vient  du  bas-latin 
iterare,  voyager  (voy.  erre).  Le  chevalier  errant 
était,  d'après  la  remarque  de  Diez,  non  pas  le  che- 
valier qui  erre,  mais  le  chevalier  qui  voyage  de 
pays  en  pays. 

ERREUR  (è-rreur),  s.  f.  ||  1°  Action  d'errer  çà  et 
là.  L'autre  soleil  d'une  erreur  vagabonde  Court  inu- 
tilement par  ses  douze  maisons,  malh.  v,  25.  Sur 
son  voyage  et  ses  longues  erreurs.  On  aurait  pu 
faire  une  autre  odyssée,  gresset,  Vert-Vert,  i.  Con- 
tez-moi d'Ilion  les  terribles  assauts.  Et  vos  longues 
erreurs  sur  la  terre  et  sur  l'onde,  delille.  En.  i. 
Il  se  pourrait  que  vous  m'eussiez  écrit,  car,  dans 
mes  longues  erreurs,  j'ai  perdu  des  lettres,  p.  L. 
COUR.  Lett.  I,  322.  Il  Ne  se  dit,  en  ce  sens,  que 
dans  le  style  élevé  ou  dans  les  emprunts  faits  à  ce 
style.  Il  2°  Action  d'errer  moralement  ou  intellec- 
tuellement; état  d'un  esprit  qui  se  trompe.  Je  con- 
nais bien  l'erreur  que  l'amour  m'a  fait  faire,  malh. 
V,  30.  L'erreur  n'est  pas  une  pure  négation,  c'est- 
à-dire  n'est  pas  le  simple  défaut  ou  manquement  de 
quelque  perfection  qui  n'est  point  due,  mais  c'est 
une  privation  de  quelque  connaissance  que  je  de- 
vrais avoir,  desc.  Médit,  iv,  4.  Qui  chérit  son  er- 
reur ne  la  veut  pas  connaître,  corn.  Poly.  m,  3. 
Les  plus  courtes  erreurs  sont  toujours  les  meilleures, 
mol.  l'Etour.  IV,  4.  Josèphe  tomba  dans  une  sem- 
blable erreur,  BOSs.  Uist.  il,  )0.  Ce  que  l'âme  con- 
naissait l'induisait  à  erreur,  id.  ib.  ii,  6.  Je  sais 
sur  leurs  avis  corriger  mes  erreurs,  Et  je  mets  à 
profit  leurs  malignes  fureurs,  boil.  Épit.  vu.  Quelle 
était  mon  erreur!  bac.  Bére'n.  l,  4.  Je  reconnais 
l'erreur  qui  nous  avait  séduits,  ID.  Iphig.  m,  t.  Je 
t'en  ai  dit  assez  pour  te  tirer  d'erreur,  id.  Phèdre, 

II,  6.  Il  reconnut  son  erreur,  fén.  Tél.  ix.  Par  l'er- 
reur d'un  moment  ne  jugez  pas  ma  vie,  gresset. 
Méchant,  iv,  5.  |1  Laisser  dans  l'erreur,  ne  pas  re- 
dresser quelqu'un  qui  se  tfompe.  Mais  ne  le  laissez 
pas  dans  l'erreur  davantage,  corn.  Héracl.  iv,  6. 
Il  Mettre  en  erreur,  faire  que  quelqu'un  se  trompe. 
Elle,  que  vos  mépris  ayant  mise  en  fureur.  Rendent 
opiniâtre  à  vous  mettre  en  erreur,  corn.  Perihar.  iv, 
3.  Il  lUusion.  L'erreur  des  sens.  Chacun  songe  en 
veillant....  Une  flatteuse  erreur  emporte  alors  nos 
âmes;  Tout  le  bien  du  monde  est  à  nous,  la  font. 
Fabl.  VII,  ».  Des  ennemis  de  Dieu  la  coupable  in- 
solence Accuse  trop  longtemps  ses  promesses  d'er- 
reur, RAC.  Athal.  1,  2.  Il  faut  que  l'erreur  de  l'a- 
venir nous  soutienne ,  mass.  Car.  Prosp.  De  ce 
soupçon  jaloux  écoutez-vous  l'erreur?  volt.  Zaire, 
I,  5.  Où  manque  un  bien  réel,  la  douce  erreur 
abonde,  delille,  Imagùi.  il  ||  3°  Fausse  doctrine, 
fausse  opinion.  Et  cette  vieille  erreur  que  Cinna 
veut  abattre  Est  une  heureuse  erreur  dont  il  [la 
peuple  romain]  est  idolâtre,  corn.  Cinna,  n,  t. 
L'erreur  et  la  nouveauté  se  faisaient  entendre  dans 
toutes  les  chaires,  BOSs.  Reine  d'Anglet.  Ce  dieu, 
maître  absolu  de  la  terre  et  des  cieux.  N'est  point 
tel  que  l'erreur  le  figure  à  vos  yeux,  hac.  Esth.  m. 
4  Aller  à  l'erreur  par  la  vérité  et  établir  de  nou- 
veaux abus  en  voulant  rétablir  les  anciens  usages, 
MASS.  Confér.  Yoeat.  à  l'ét.  ecclét.  ).  Si  l'erreur  les 
dicta  cette  erreur  m'est  utile;  Elle  occupe  le  peuple 
et  le  rend  plus  docile,  volt.  Orptel.  n,  6.  L'erreur 
n'est  pas  un  crime  aux  yeux  de  l'Eternel,  M.  J. 
CHÊN.  Finelon,  ui,  4.  ||  Erreur  populaire,  faussa 
opinion  accréditée  parmi  le  vulgaire.  Les  erreur» 
populaires  en  physique,  en  médecine,  en  astrolo- 
gie,  en  histoire,  telles  que  le  phénix,  le  rémora,  le 
chant  du  cygne,  le  tombeau  de  Mahomet...,  du 
MARSAis,  Virit.   princ.  de  la  gramm.   Of.'uwe», 

i  —  18G 


t ,.  p. ,«.  Il  o"p^'jrr'irrp:;:  voti-';fo'" 

,'„,  un»  '"«:';;Jj;riu  pTur.  Dérégleme»t 
'.°^'.-',^u«.   Ueviendr.  tit  ou  tard  de  ses  er- 
ï^'^JVS.Î.un»  erreurs  maintenant  revenu, 
P?r  în  mj""-  ol..<aclo  il  n'est  pn,  retenu    bac. 
i-hMr,  1  <    Il  6- Faille,  méprise.  Erreur  de  rédac- 
ilM  il  Krrcur  de  calcul ,  faute  commise  dans  une  Bup- 
nuulion  l|  «'  Tero-e  d'astronomie.  Différence  entre 
la  calcul  et  l'observation.  ||  Erreur  d'un  quart  de 
cerele,  la  quantité  qu'il  faut  ajouter  aux  hauteurs 
qu'il  indique.  ||  Erreur  d'une  lunette  méridienne, 
la  quantité  dont  elle  s'éloigne  du  véritable  méri- 
dien. Il  Erreurs  ayslématique»,  erreurs  régulières 
ayant  une  ou  plusieurs  causes  définies,  par  exem- 
ple des  causes  qui  agissent  sur  les  observations, 
comme  l'imperfection  de  certains  instruments,  etc. 
{I  7«  Terme  de  jurisprudence.  Opinion  contraire  à 
la  vérité  sur  le  fait  ou  sur  le  droit,  qui  détermine 
k  agir.  Erreur  du  fait.  Erreur  de  droit.  ||  Erreur 
dan*  la  personne,   erreur  qui  consiste  à  prendre 
une  personne  pour  une  aulro.  Lorsqu'il  y  a  erreur 
dans  la  personne,  lo  mariage  ne  peut  être  attaqué 
que  par  celui  des  deux  époux  qui  a  été  induit  en 
erreur,  Code  Nap.  art.  )80.||  Erreur  sur  la  subs- 
tance ,  chose  prise  pour  une  autre.  L'erreur  n'est 
une  cause  de  nullité  que  lorsqu'elle  tombe  sur  la 
substance  même  de  la  chose  qui   en   est  l'objet, 
Codé  Nap.  art.  »(io.  ||  Erreur  commune,  erreur 
partagée  par  la  plupart,  jj  8'  Terme  de  médecine. 
Erreur  de  lieu,  ancienne  hypothèse  d'après  laquelle 
on  admettait  que  les  globules  sanguins  pouvaient 
s'engager  dans  des  capillaires  trop  petits  pour  les 
recevoir.    ||  Proverbe.    Erreur  n'est   pas   compte , 
c'est-à-dire  on  peut  toujours  revenir  sur  une  erreur. 

—  REM.  «  Erreur  est  du  masculin,  »  dit  Marg. 
Buffet,  Obierv.  p.  te),  en  toas.  Erreur,  en  effet, 
a  été  masculin  au  xvi*  siècle,  alors  qu'on  refit  du 
masculin,  d'après  le  latin,  les  substantifs  en  eur 
qui  venaient  de  noms  latins  en  or,  qui  étaient  tous 
féminins  dans  l'ancienne  langue  et  qui  ont  presque 
tous  repris  leur  genre  ancien,  excepté  quelques- 
uns,  par  exemple,  omoiir,  honneur,  labeur,  etc. 
,  -•  lilST.  XII*  s.  Que  il  ne  laissent  la  voie  par  er- 
rer, ou,  brisié  par  lassement,  perdent  la  déserte 
(le  mérite]  du  travail  qui  devant  est  aies.  Job,  p.  448. 
Hais  de  ce  [je]  sui  en  error  [troublé],  Ou'onques 
n'am.n  sans  poor  [peur],  Couci,  1. 1|  xiii' s.  Et  s'il 
ne  le»  veut  croire,  ancois  se  veut  tenir  en  se  [sa] 
malvcse  erreur,  11    soit  justiciés  comme  bougres 

!  [hérétique]  et  ars,  beal'M.  xi,  î.  ||xiv'  s.  Et  si  est 
chose  périlleuse  vivre  par  innocence  en  celles  hu- 
maines erreurs,  bebchecre,  ^  28,  recto.  ||xv"  s.  Si 
elle  avoit  fait  quelque  erreur,  le  chastis  [le  châti- 
ment] ne  luy  en  appartonoit  pas  en  public,  comm. 
V,  (7.  Pour  éviter  tout  erreur  fabuleux,  J.  lemaire, 
8«  livre,  Prologue,  dans  palsghave,  p.  lee  (qui 
blâme  le  masculin).  ||  xvi*  s  Afin  de  retirer  tous 
fidèles  de  cest  erreur  pestilent,  calv.  Instit.  323.  Là 
fut  soubs  toy  Moyse  ton  amy  Chef  de  ta  gent,  qui 
murmuroit  parmy  Les  longs  erreurs  de  ce  désert 
sauvage,  du  bellay,  m,  «s,  recto.  Nous  sommes 
toutsen  cette  erreur,  mont,  i,  (72.  Lors  tourna  son 
pespris  de  la  religion  en  trop  craintifvo  supersti- 
tion; et  encores  infecta  il  davantage  les  autres  de 
co  cont.igieux  erreur,  par  l'inconvénient  qui  luy 
advint  à  sa  mort,  amyot,  Numa,  37.  Les  prestres 
afformoient  qu'il  y  avoit  eu  erreur  [vice]  en  leur 
création,  et  qu'jlz  avoient  esté  induement  eslcus 
contre  les  signes  et  prognostiques  des  oiseaux,  id. 
Marcell.  4.  Le  commun  estimoit  qu'il  fist  erreur 
[eut  tort]  de  laisser  l'Attique,  qui  est  pals  aspre  et 
malaisé  pour  gens  de  cheval,  id.  Sylla,  34. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  error;  itaL  errore; 
du  latin  erroreriK  (voy.  erreb). 

ERRHIM,  INE  (è-rrin,  rri-n'),  adj.  Terme  de 
médecine.  Se  dit  des  médicaments  qu'on  introduit 
dans  les  narines.  ||  S.  tn.  Les  errhins.  Le  tabac  est. 
an  errhin. 

—  BIST.  XVI'  s.  La  cause  de  l'ulcère  pourra  estre 
divertie  par  purgationi,  masticatoires  et  errhines, 
rAit,  II,  47. 

—  ETYM.  'E^^ivov,  de  Jv,  en,  et  ilc,  fivè;,  nez. 

KRRONfi,  £E  (é-rro-né,  née),  adj.  Qui  est  enta- 
ché d'erreur.  Proposition  erronée.  Pourquoi  se  fait- 
on  dans  le  momie  des  consciences  erronées,  sinon 
p«rc«  qu'on  a  dans  le  monde  des  intérêts  à  sauver? 
■onMALoui,  Sur  la  fautse  conscience,  t"  ai-ent. 

•— itlST.  XV*  i.  Une  proposition  dampnable,  con- 
mant  (aulm  doctrine  et  erronée  en  la  foy  catho- 
llqt».  '.MU da  no^fci,  viawiLua,  p.  (17. 

—  triM.  Ut.  erroneiM,  errant,  vagabond,  de 
fTC,  vagibood,  da  trrare,  errât. 


ÉRD 

+  ERRONÉMENT  (è-rro-né-man),  adv.  D'une  ma- 
niiire  erronée. 

—  lilST.  XVI"  g.  SI  Eusebe  en  la  vie  de  Constantin 
dit  crronément....  do  tii-l.  Rec.  des  II.  de  Fr.  p.  239, 
dans  LACi'HSH.  Erronéemcnt,  cotgrave. 

—  ETYM.  Erroné,  et  le  suffixe  ment. 

ERS  (ér),  *.  m.  Terme  de  botanique.  Genre  de 
plantes  légumineuses  parmi  lesquelles,  outre  la 
principale  espèce  qui  est  l'ers  lentille,  on  distingue 
l'ers  crvilie  ou  ers  proprement  dit. 

—  msT.  xvi*  s.  Les  pois,  la  vesse,  les  orobes  ou 
ors  et  autres  légumes,  o.  de  eerbks,  400. 

—  ÉTYM.  Provenc.  en;  catal.  er;  espag.  terro; 
ital.  ervo;  du  latin  ervum.  L'«  appartenait  à  l'an- 
cien nominatif,  et  elle  est  restée  adhérente  à  ce  mot 
comme  dans  bras,  fitt,  etc. 

f  4.  ERSE  (èr-s'i,  adj.  Le  dialecte  erse,  ou,  sub- 
stantivement, l'erse,  dialecte  celtique  parlé  dans  la 
Haute  Ecosse.  L'erse,  ou  gaélique  proprement  dit, 
et  l'irlandais  sont  les  deux  dialectes  do  la  branche 
du  celtique  nommée  gaélique;  voy.  kymbiqi'E. 

t  ».  ERSE  (ér-s"),  s.  f.  "Terme  de  marine.  Petite 
élingue.  ||  Erse  de  gouvernail,  anneau  ou  cordage 
reliant  le  gouvernail  à  l'étambot,  pour  empêcher 
que  la  mîche  du  gouvernail  ne  sorte  de  sa  place. 

f  ERSEAU  (èr-s6),  s.  m.  Terme  de  marine.  Pe- 
tite er.se.  ||  Valet  de  bouche  à  feu. 

t  ËRIJBESCENCE  (é-ru-bè-ssan-s'),  ».  f.  Terme 
didactique.  Action  do  rougir,  état  de  ce  qui  com- 
mence à  rouRir. 

—  HlST.  xiv's.  Passion  est  mouvement  de  l'apetit 
ou  resgart  do  bien  ou  de  mal,  comme  sont  eru- 
bescence,  admiration,  espérance,  oresme,  Elh.  42. 

—  ÊTYM.  Lat.  erubescere,  devenir  rouge. 

t  ÉRiniESCEXT,  ENTE  (é-ru-bè-ssan,  ssan-t'), 
adj.  Terme  didactique.  Qui  devient  rouge.  Les  bois 
érubescents,  bern.  de  6T-pierrb,  dans  le  Dict.  de 

BESCIIKBF.I.I.E. 

KRUCAGE  (é-ru-ka-j')  ou  ÉRUCAGO  (  é-ni- 
ka-go)  ou  ÉRUCAGUE  (é-ru-ka-gh') ,  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Plante  qui  est  une  espèce  de  roquette 
et  qui  croît  dans  les  blés  de  nos  provinces  méridio- 
nales, bimi'as  erwcajo,  L.  (crucifères). 

—  ÉTYM.  Lat.  eruca,  roquette. 

f  ÊRCCINE  (é-ru-si-n") ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  qui  provient  de  l'extrait  acre  de  moutarde 
blanche. 

—  ÉTYM.  Lat.  eruco,  roquette. 
lîRtICTATION  (é-ru-kta-sion) ,  s.  f.  Émission  so- 
nore, par  la  bouche,  de  gaz  provenant  de  l'estomac. 

—  IlIST.  XVI*  s.  Il  se  fait  quelque  vacualion  par 
l'éructation  et  par  le  sanglot,  pabé,  xxiv,  44. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eructuatio;  du  latin  eructa- 
lionem,  de  eruetari,  de  e,  et  ruclari  (voy.  koter). 

ÉRCDIT,  ITE  (é-ru-di,  di-l"),  adj.  ||  1«  Qui  a 
beaucoup  d'érudition.  Il  est  érudit  et  se  connaît  en 
inscriptions.  Avant  de  se  rendre  érudit.  Se  mettre 
au  fait  de  la  patrie,  Savoir  Paris  avant  Madrid,  Sa- 
voir l'Europe  avant  l'Asie,  Voilà  le  bon  esprit, 
PANNAHD,  Mercure  de  janvier  4749,  dans  richelet. 
Il  Le  peuple  érudit,  les  savants  qui  cultivent  l'éru- 
dition. I.e  peuple  érudit  vante  fort  le  bon  Homère, 
Dissert,  sur  le  poème  épique,  dans  desfontaines. 
Il  Qui  a  le  caractère,  les  qualités  de  l'érudition. 
Ouvrage  érudit.  La  profusion  érudite  d'Origène, 
l'abbé  iiouteville,  dans  ceskgktaines.  L'abbé 
Alary,  quoique  formé  par  ce  savant,  digne  du 
seizième  siècle,  n'eut  garde  de  l'imiter,  ni  dans  sa 
critique  un  peu  brutale,  ni  dans  ses  préventions 
érudites,  ni  dans  ses  opinions  hasardées  ou  dange- 
reuses, d'alemd.  Éloges,  Alary.  \\  i"  S.  m.  Un  éru- 
dit. Les  illustres  érudits  qui  ont  déchiffré  les  hiéro- 
glyphes et  l'écriture  cunéiforme.  De  là  cette  foule 
d'érudits  profonds  dans  les  langues  savantes  jusqu'à 
dédaigner  la  leur,  qui,  comme  l'a  dit  un  auteur  cé- 
lèbre, connaissaient  tout  dans  les  anciens  hors  la 
grâce  et  la  finesse,  d'alemb.  Encyclop.  disc.prélim. 
Pour  l'érudit,  il  méprisait  Qui?  tout  le  monde  et  ses 
voisins  sans  doute,  lamottb,  dans  desfontaines. 

— HEM.  L'abbé Massieu  {Préface aux ceuvres de  Tou- 
rctJ)accusait  denéologisme,  en  4724 ,  lemotd'érudit. 

—  SYN.  ÉRUDIT,  SAVANT,  DOCTE.  Savant  est  le 
terme  le  plus  général ,  désignant  celui  qui  sait. 
Ainsi  l'Académie  des  sciences  est  composée  de  sa- 
vants ainsi  que  l'Académie  des  inscriptions  et  belles- 
lettres,  mais  ces  deux  ordres  de  savants  sont  bien 
différents  :  les  premiers  s'occupent  de  mathémati- 
ques, d'astronomie,  de  physique,  de  chimie,  de 
biologie  ;  les  autres  s'occopent  des  langues  des  peu- 
ples anciens,  de  leurs  ouvrages  écrits,  de  leurs 
usages,  de  leurs  monuments,  etc.;  et  on  les  nomme 
des  érudits.  Docte,  étymologiquement  celui  qui  a 
reçu  de  l'instruction,  exprime  une  autre  nuance  ;  il 


fiRU 

s'applique  non  pas  &  ceux  qui  sont  versés  dans  les 
sciences  mathématiques,  ou  physiques,  ou  organi- 
ques, mais  à  ceux  qui  sont  versés  soit  dans  l'éru- 
dition, soit  dans  les  lettres. 

—  ÉTYM.  Lat.  eruditus,  part,  passif  du  verbe  eru- 
dire,  instruire,  de  «,  etrttdù,  ignorant,  grossier, 
proprement,  dégrossir. 

ÉRUDITION  (é-rudi-sion  ;  en  vers,  de  cinq  lyl- 
labes),  ».  f.  Il  1*  Savoir  approfondi  dans  les  langue» 
anciennes  ou  orientales ,  dans  les  origines  des 
peuples,  dans  les  inscriptions  et  les  médailles,  en 
un  mot  dans  tous  les  documents  qui  fournissent 
les  matériaux  à  l'histoire.  La  sûre  érudition  d'un 
du  Cange.  Livre  plein  d'érudition.  Plus  soigneux 
d'étaler  de  l'érudition  que  de  parler  avec  précision, 
uoss.  Yar.  12.  Les  commentateurs,  si  abondants  et 
si  chargés  d'une  vaine  et  fastueuse  érudition ,  la 
BBUï.  XIV.  Budô  surtout  communiqua  à  la  nation 
française  le  goût  de  l'érudition  grecque,  l'ayant 
reçu  lui-même  de  Lascaris  son  maître,  qui  avait 
été  employé  par  Laurent  de  Médicis  à  établir  cette 
fameuse  bibliothèque  de  Florence,  rollin.  Traité 
des  Et.  i,  4.  Je  vois  toujours  en  vous  la  politesse 
d'un  grand  seigneur,  avec  l'érudition  d'un  homme 
d'État  ;  vous  auriez  été  digne  d'être  sénateur  ro- 
main, VOLT.  Diai.xni.  La  philosophie,  qui  forme  In 
goût  dominant  de  notre  siècle,  semble,  par  les  pro- 
grès qu'elle  fait  parmi  nous,  vouloir  réparer  le 
temps  qu'elle  a  perdu  et  se  venger  de  l'espèce  de 
mépris  que  lui  avaient  marqué  nos  pères;  ce  mépris 
est  aujourd'hui  retombé  sur  l'érudition',  et  n'en  est 
pas  plus  juste  pour  avoir  changé  d'objet,  d'alemb. 
Encyclop.  Disc,  prélim.  Votre  mépris  pour  l'éru- 
dition est  très-injuste;  c'est  elle  qui  nourrit  et  fait 
vivre  toutes  les  autres  parties  de  la  littérature,  de- 
puis le  bel  esprit  jusqu'au  philosophe,  id.  Apol.  de 
l'étude,  Ofîuireî,  t.  iv,  p.  223,  dans  podgens.  La 
vaste  érudition,  qui  était  sa  partie  dominante  et 
comme  son  élément  naturel,  n'est  pas  notre  objet 
principal,  quoique  nous  ayons  pour  elle  tout  le  res- 
pect et  toute  la  reconnaissance  qu'un  enfant  bien  né 
doit  à  sa  nourrice,  m.  Éloges,  Douhier.  \\  2°  Choses 
érudites,  recherches  savantes,  curieuses.  Elle  sem- 
blait raser  les  airs  à  la  manière  Que  les  dieux  mar- 
chent dans  Homère  ;  Ceci  n'est-il  point  trop  savant? 
Des  éruditions  la  cour  est  ennemie.  Même  on  les 
voit  assez  souvent  Rebuter  par  l'Académie,  la  font. 
Poésies  mêlées,  Lxv.  C'est  une  vieille  traduction 
d'un  vieil  auteur  en  vieux  français,  réimprimé,  non 
pour  le  public,  mais  pour  mes  amis  amateurs  de 
ces  éruditions,  P.  L.  cotR.  Lell.  l,  378. 

—  IlIST.  xvi*  s.  En  chaire  ne  se  doit  tenir  propos 
qui  ne  soit  totalement  à  l'érudition  de  son  prochain 
et  l'honneur  de  Dieu,  marg.  JVoui'.  il. 

—  ÉTYM.  Lat.  enidt'd'oncm  (voy.  érudit). 
ÉRUGINEITX,  ECSE  (é-ru-ji-iieû,  neû-z'),  adj. 

Terme  didactique.  Qui  tient  de  la  rouille  de  cuivre; 
qui  est  de  la  couleur  de  vert-de-gris.  Crachats  éru- 
gineux,  crachats  verdâtres  et  porracés,  dont  la  cou- 
leur est  analogue  à  celle  du  vert-de-gris. 

—  HIST.  xui*  S.  La  quinte  manière  de  cole  [bile] 
si  est  erugineuse,  ki  est  samblans  à  rouge  d'arain 

ALEBRANT,    f*  4  6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eruginos;  du  latin  seruginosus, 
de .rruffo,  vert-de-gris,  de  a-j,  cuivre  (voy  airain), 

ÉUC'PTIF,  IVE  (é-ru-ptif,  pli-v'),  ad;.  ||  1°  Term» 
de  géologie.  Qui  a  rapport  aux  éruptions  volcani.» 
ques.  Les  volcans  et  leurs  phénomènes  éruptifs. 
Il  Plan  éruptif,  plan  suivant  lequel  se  fait  une  érup- 
tion  de  volcan.  ||  2°  Terme  de  médecine.  Accoia- 
pagné  d'éruption.  Fièvres  éruptives,  fièvres  dans 
lesquelles  il  se  développe  une  éruption  de  boutons, 
de  vésicules,  de  pustules,  etc. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉRUPTION. 

ÉRUPTION  (é-ru-psion;  ec  ver»,  de  quatre 
syllabes),  s.  ^.  ||  1°  Sortie  instantanée  et  violente. 
L'éruption  d'uii  volcan.  ||  Fig.  Ces  différentes  érup- 
tions de  la  tyrannie;  précédées,  accompagnées  et 
suivies  de  terribles  secousses,  se  distinguent  toutes, 
comme  celles  de  l'Etna,  par  des  traces  effrayâmes, 
BARTHELEMY,  Anach.  cli.  6 4 .  ||  2*  Terme  de  méde- 
cine. Evacuation  abondante  de  sang,  d'humeur. 
Éruption  de  sang,  de  pus.  ||  Sortie  de  taches,  de 
pustules,  do  boutons,  etc.  qui  paraissent  à  la  peau. 
Éruption  de  petite  vérole.  Éruption  cutanée. ||  3° Érup 
tion  des  dents,  la  crise  dans  laquelle  les  premières 
dents  sortent  de  l'alvéole.  Le  temps  où  l'on  doit  le» 
sevrer  est  indiqué  par  l'éruption  des  dents,  J.  i. 
Rouss.  Ém.  I.  Il  Par  extension.  Un  chêne  droit  et 
sans  branches  jusqu'à  la  hauteur  de  quinze  pieds, 
scié  à  quatorze,  afin  d'éviter  les  défauta  du  boii 
causés  par  l'éruption  des  branches,  sur».  Kxpér. 
sur  lesvégél.  4"  mém. 


ÉRY 


ESB 


ESC 


1483 


I 


—  REM.  ÉRUPTION,  IRRUPTION.  Deui  mots  que 
l'on  confond  quelquefois,  qui  ont  le  même  radical, 
mais  qui  diffèrent  par  le  préfixe.  Le  premier  de  ces 
préfixes  exprime  Ja  sortie,  et  l'autre  l'entrée.  Erup- 
tion indique  que  quelque  chose  se  fait  jour  au  de- 
hors: l'éruption  de  la  lave  d'un  volcan.  Irruption 
indique  que  quelque  chose  se  précipite  dans  :  l'ir- 
ruption des  barbares  dans  l'empire;  l'irruption  de 
la  mer  dans  les  terres. 

—  msT.  XVI'  s.  Les  fleurs  blanches  cessent  à  l'é- 
ruption des  mois  [menstrues],  paré,  xviii,  08. 

—  ÉTYM.  Lat.  eniptionem,  de  erumpere,  sortir 
avec  violence,  de  e,  el  rumpere  (voy.  rompre). 

+  ÉRYCINE  (é-ri-si-n'),  s.  f.  Genre  de  lépido- 
ptères diurnes. 

t  ÉRYNGE  (é-rin-i'),  s.  f.  ou  ÉRYNGION  (é-rin- 
ji-on),  s.  m.  Plante  hérissée  de  piquants  dans  plu- 
sieurs de  ses  parties. 

—  ÉTYM.  'HpuYT°î  <"^  ^pÛYTfiov. 

|-  ÉKYNGIÉÈS  (é-rin-ji-ée),  s.  f.  pi.  Famille  de 
plantes  qui  ont  pour  type  le  genre  panicaut. 

t  ÉKYSIMON  (é-ri-zi-mon),  s.  m.  Genre  de 
plantes  crucifères. 

—  ÉTYM.  'EpOai|tov. 
ÉRYSIPÊLATEUX,  ECSE   ( é-ri-zi-pé-la-teû, 

teû-z'),  adj.  Qui  tient  de  l'érysipèle.  Inflammation, 
tumeur  érysipélateuse. 

—  HIST.  XVI"  s.  Phlegmon  erysipelateux,  pahé, 

—  ÉTYM.  Erysipèle. 

ÊRYSIPÈLE  (é-ri-zi-pè-1') ,  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Inflammation  superficielle  de  la  peau  avec 
tension  et  tumeur  et  ordinairement  avec  fièvre  gé- 
nérale. 

—  REM.  Erysipèle  a  été  quelquefois  fait  féminin 
au  xvii' siècle  ;  Ces  maux  étaient ....  une  petite  éry- 
sijièle  ou  érésipèle  sur  le  ventre,  que  j'ai  encore  et 
qui  m'inquiète  beaucoup  de  temps  en  temps  par  les 
cuis.sons  qu'elle  me  cause,  rac.  Lett.  à  son  fils, 
25  avril  t698. 

—  HiST.xiv's  HerisipiUe,  quant  elle  est  causée.... 
II.  DE  MONDEVILLE,  f°  48.  ||  xvi*  S.  Ils  sont  subjels 
aux  herpès,  erysipeles  et  autres  pustules  choléri- 
ques, paré,  Introd.  vi. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  régipel;  provenç.  et  espagn. 
crisipila,  s.  f .  ;  ital.  risipilo;  do  êpusÎTttXaç,  de 
Ipudà;  pour  ipuOpi;,  rougo,  et  TiÉXa?  outiéXo;,  peau; 
mot  inusité  qui  ne  se  trouve  que  dans  le  composé 
âne/oç. 

t  ÊRYTIMîMATIQlTE  (é-ri-té-mï-ti-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  l'érythème. 

t  ÉRYTUÈME  (é-ri-tê-m'),  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Exanthème  non  contagieux,  caractérisé  par 
des  taches  ronges  disséminées  sur  la  corps. 

—  ÉTYM.  'EpûOirina,  rougeur. 

t  JÎRrrURÉE  (é-ri-trée),  adj.  f.  Usité  dans  cette 
locution  :  la  mer  Erythrée,  la  mer  Rouge.  ||  S.  {. 
Genre  de  plantes  gentianées,  renfermant  la  petite 
centaurée. 

—  ÉTYM.'EpuOpaïoç,  rougeitre,  de  èpuOpôç,  rouge. 
t  ÉRYTURIN  (é-ri-trin),  t.  m.  Sorte  de  poisson. 

—  ÉTYM.  'EpuOpîvo;,  de  èp^epo;,  rouge. 

t  ÉRYTIIRINE  (é-ri-tri-n') ,  t.  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  colorante  extraite  de  la  roccelle  des  teintu- 
riers (lichens)  et  non  colorée  paroUe-môme,  mais 
devenant  d'un  beau  rouge  violet  sous  l'influence  de 
l'air  et  de  l'ammoniaque,  legoarant. 

—  ÉTYM.  'Voy.  ÉRYTiino. 

f  ËRYTURO....  mot  employé  en  composition  qui 
signifie  roufre  et  qui  vient  du  grec  IpuSpàj,  rouge. 

t  ERYTllROCARPE  (é-ri-tro  kar-p'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Oui  a  des  fruits  rouges. 

—  ÉTYM.  Érylhro....  et  xapTtôi;,  fruit. 

t  ÉRYTIIROtJÎPUALE  (é-ri-tro-sé  fa-1')  ,  adj. 
Terme  d'histoire  natureUe.  Qui  a  la  tête  rouge. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  xsça).r|,  tête. 

t  P.RYTHROCËRE  (é-ri-tro-sê-r'),  adj.  Terme  do 
zoologie.  Qui  a  les  antennes  rouges. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  xÉpoc;,  corne. 

t  ÉRYTHRODACTYLE  (é-ri-tro-da-kti-1' ),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  les  doigts  rouges. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  8àxTv).oç,  doigt. 

t  ÉRYTHRODERME  (é-ri-lro-dèr-m') ,  od/.  Terme 
do  zoologie.  Qui  a  la  peau  rouge. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  derme. 

t ÉRYTUROGASTRE.(é-ri-Ho-gastr') ,  adj. Terme 
de  zoologie.  Qui  a  le  ventre  rouge. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  yaiTi^p,  ventre. 

t  ÉRYTIIROÏOE  (é-ri-lro-i-d'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  est  d'une  couleur  rougeâtre.  ||  Terme 
d'anatomie.  Tunique  érylhroïde,  ancien  nom  de 
l'enveloppe  musouleuse  et  rougeâtre  du  testicule. 

—  HIST.  XYI»  s.  Les  parties  naturelles  sont  toutes 


celles  qui  sont  contei.ues  dans  la  circoLSCripfon 
universelle  du  péritoine  et  apophyses  œrythroîdes 
qui  enveloppent  en  second  lieu  les  testicules,  paré, 
I,  t. 

—  ÉTYM.  'EpuôpoEiSf,;,  de  IpuOpè;,  rouge,  et 
eISo;,  apparence. 

t  ÉRYTHROLOPHE  (é-ri-tro-lo-r),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  porte  une  huppe  rouge. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  >,6?o;,  huppe. 
tÉRYTHRONE   (é-ri-lro-n'),    s.  f.   Petite  plante 

bulbeuse  des  Pyrénées  et  des  Alpes,  vulgairement, 
dent  de  chien  et  vioulte,  erythronium  dens  canis, 
L.  (liliacées). 

—  ÉTYM.  'Epuepè;,  rouge. 

I  ÉRYTUROPE  (é-ri-tro-p*),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  a  les  pieds  ou  pédicules  rouges. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  itoO;,  pied. 

t  ÉRYTIIROPUYLLE  (é-ri-tro-fl-1') ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  les  feuilles  rouges.  ||  S.  f.  Nom 
de  la  matière  colorante  des  feuilles  qui  prennent 
une  teinte  rouge  au  moment  de  leur  chute,  et  de 
celle  des  fruits  qui  présentent  la  même  teinte. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  (pûXXov,  feuille. 

t  ÉRYTHROPTÈRE  (é-ri-tro-plê-r'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Oui  a  les  ailes  ou  les  nageoires  rouges. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  uTEpôv,  aile. 

t  ÉRYTHROSE  (é-ri-trô  z') ,  s.  f.  ferme  de  chimie. 
Matière  colorante  extraite  des  différentes  rhubarbes 
par  l'acide  nitrique. 

—  ÉTYM.  'Epuepoç,  rouge. 

t  ÉRYTIIROSPERME  (  é-ri-tro-spJr-m'  )  ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  des  graines  rouges. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  <r:tép(ia,  graine. 

I  ÉRYTHROSTOME  (é-ri-tro-sto-m'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  la  bouche  ou  l'ouverture  rouge. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  aniia,  orifice. 

t  ÉRYTIIROTIIORAX  (  é-ri-tro-to-raks')  ,  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  a  la  poitrine  rouge, 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  thorax. 

t  ÉRYTIIRO'XYLE  (é-ri-tro-ksil'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  le  bois  rouge. 

—  ÉTYM.  Érythro....  et  {û),ov,  bois. 

f  ES....  préfixe,  répondant  à  la  préposition  latine 
ex,  dont  les  sens  sont  très-variés  (grecèÇ). 

ES  (ê  devant  une  consonne,  bachelier  ê  lettres  ; 
plusieurs  prononcent  1'»  :  es'  lettres;  devant  une 
voyelle  l'j  se  lie  :  ê-z  arts),  prép.  Dans  les.  bache- 
lier es  lettres.  Licencié  es  lettres.  Le  lion,  pour  bien 
gouverner,  'Voulant  apprendre  la  morale,  Se  fit 
un  beau  jour  amener  Le  singe  maître  es  arts  chez 
la  gent  animale,  la  font.  Fahl.  xi,  5,  )|  Il  est  en- 
core usité  en  jurisprudence  dans  cette  locution  : 
'Verser  une  somme  es  mains  d'un  tel.  ||  Hors  de 
là,  es  est  ou  archaïque,  ou  dit  par  plaisanterie 
avec  affectation  d'archaïsme.  Le  bien  qui  se  trouve 
es  cho.'ies  tem|)oreUes,  pasc.  Prov.  9.  Encore  que  le 
pape  soit  souverain  es  choses  spirituelles,  m.  ib.  (8. 
S'il  advient  que  ces  pttits  V£r.s-ci  Tombent  es 
mains  de  quelque  galant  homme,  volt.  HuU  du 
pape.  Le  vilain  que  ledit  procureur  du  roi  par  son 
serviteur  le  gendarme  a  fait  constituer  es  prisons, 
p.  t.  COUR.  I,  176. 

—  HIST.  X'  s.  Es  périls,  Fragm.  de  Valenc.  p. 
407.  Il  xiii"  S.  Et  longuement  avez  es  bois  esté  per- 
due, Derte,  lu.  Autre  amor  naturel  i  a  Que  nature  es 
bostes  créa,  la  Rose,  B788.  ||  xiv*  s.  C'est  la  puissance 
vegetlativequi  estes  plantes,  c'est  assavoir  es  herbes 
et  es  arbres ,  et  si  est  es  bestes  et  es  hommes,  oresme, 
Elh.  30.  Il  XV*  s.  Le  duc  de  Bourgogne  fit  une  che- 
vauchée es  marches  de  Picardie,  froiss.  ii,  h,  t. 
Nourri  es  anciennes  guerres  de  France  et  d'Angle- 
terre, coMM.  I,  2.  Il  XVI*  s.  Cette  tragédie  que  le  duc 
d'Albe  nous  fait  voir  ez  comtes  do  Horne  et  d'Ai- 
guemond,  mont,  i,  30. 

—  ÉTYM.  Contraction  de  en  les,  comme  des  pour 
de  les. 

t  ESBR0U1''E  (è-sbrou-P),  ».  m.  Terme  populaire 
et  trivial.  Faire  de  l'eshroufe,  faire  ses  esbroufes, 
faire  de  l'embarras,  se  donner  de  grands  mouve- 
ments pour  rien. 

—  ÉTYM.  Ch.  Nlsard,  Revue  de  l'Instruction  pu- 
blique, 2  aol5t  <860,  trouvant  dans  des  textes  an- 
ciens esioufer  pour  éclater,  rejaillir,  pense  que 
c'est  le  même  mot;  cela  est  possible,  bien  que  l'é- 
penlhèse  de  l'r  au  milieu  du  mot  fasse  difficulté. 

f  ESBROCFER  (è-sbrou-fé) ,  v.  a.  Terme  popu- 
laire. Imposer  à  quelqu'un,  l'interdire.  Rien  qu'en 
le  regardant,  je  l'ai  esbroufe. 

—  ÉTYM.  Esbroufe. 

t  ESBROCFHUR  (è  sbrou-feur) ,  ».  m.  Terme  po- 
pulaire. Celui  qui  fait  de  l'esbroufe.  Il  a  l'air  de 
quelque  chose,  mais  ce  n'esi  qu'un  «sbroufeur. 

—  ÉTYM.  Esbroufe. 


tESBROCSSER  (.S')  (è-sbrou-sô),  «.  rifl.  Terme 
populaire.  S'esquiver. 

—  HIST.  XIII*  s.  Quant  II  vassai  s'estend  et  il  «'es- 
bruce.  Et  si  li  enfle  li  cuers  com  une  puce,  flomati 
d'Atidigicr,  ms.  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  l'ancien  verbe  brosser, 
brousser,  passer  au  travers.  t 

ESCABEAU  (6-ska-bô),  s.  m.  Siège  de  bois  sans 
bras,  ni  dossier.  La  terre  est  appelée  dans  l'Écriture 
l'escabeau  des  pieds  de  Dieu,  bourual.  Hyst.  Très- 
st  sacrem. 

—  HIST.  XII*  s.  Exalcez  le  Segnur  nostre  Dieu,  e 
aorez  le  scamel  des  piez  de  lui,  Liber  psolm.  p.  (43. 
Il  xm*  s.  Essauciez  nostre  Seigneur  Dieu,  et  aourei 
l'eschamel  de  ses  piez.  Psautier,  ftis.  ||  xv*  s. 
Et  le  roy  se  vint  seoir  sur  ung  escabeau,  comm.  iv, 

8.  Il  XVI*  s à  ma  destre  te  sieds.  Tant  que  t'aurai 

renversé  et  fait  estre  Tes  ennemis  le  scabeau  de  tes 

pieds,  MAROT,  IV,  321. 

—  ÉTYM.  Bourg,  escaibeau ;  wallon,  hame;  na- 
mur.  c/iame  ;  provenç.  escabel;  catal.  escambèll  ; 
espagn.  escabelo  ;  iiiil.  sgabetlo  ;  du  lnl'm  scabcllum , 
diminutif  de  scamnum,  qui  a  donné  dans  l'ancien 
français  escaine,  d'où  aussi  eschamel. 

t  ksCABÉCUER  (è-ska-bé-ché) ,  v.  a.  Terme  de 
pêche.  Préparer  les  sardines  pour  les  conserver. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escabessar,  décapiter,  de  es, 
et  cabessa,  tête. 

ESCABELLE  (è-ska-bè-1') ,  s.  f.  Synonyme  d'es- 
calieau.  Ma  chambre  est  petite,  à  peine  suffit-elle 
Pour  un  lit,  une  table,  avec  une  escabelle,  desmar. 
Fisi'o»uiatre,  iv,  4.  Soudain  nous  entassons  pour 
défenses  nouvelles.  Bancs,  tables,  coffres,  lit  cl 
jusqu'aux  escabelles,  corn,  le  ilent.  ii,  5.  Un  tapis 
tout  usé  couvrit  deux  escabelles,  la  font.  Phil.  et 
Baue.  Il  Fig.  Déranger,  renverser  les  escabelles  i 
quelqu'un,  rompre  toutes  ses  mesures.  M.  de  Beau- 
villier  fut  des  premiers  favorisé  de  ces  dîners  [où 
venait  Mme  de  Maintenon],  jusqu'à  ce  que  Godet  en 
renversa  les  escabelles,  et  arrêta  tout  court  les 
progrès  de  Fénelon  qui  s'était  fait  leur  docteur, 
ST-siMON,  414,  (94.  Il  Remuer  ses  escabelles,  déména- 
ger; et  fig.  changer  d'état,  de  fortune,  de  situation. 

—  HIST.  XV"  s.  Deux  scabelles  prisées  ensemble 
seize  deniers  parisis,  Bullet.  du  Biblioph.  mai  1863, 
p.  233.  Il  XVI"  s.  Faut  que  le  malade  soit  assis  sur 
une  escabelle,  paré,  viii,  25, 

—  ÉTYM.  Voy.  escabeau. 

t  ESCABELON  (  è-ska-be-Ion  )  ou  ESCABLOλ 
(è-ska-blon) ,  s.  m.  Terme  d'architecture.  Piédestal 
sur  lequel  on  place  un  buste,  un  vase,  etc.  dans 
les  galeries  et  les  cabinets. 

—  ÉTYM.  Voy.  escabeau. 
ESCACUE  (è-ska-ch'),  s.  f.  Mors  ovale. 

—  ÉTYM.  On  indique  le  celtique:  bas-breton, 
gweskein,  mors.  Mais  il  est  probable  que  escache  se 
rattache,  à  cause  de  la  pression  exercée,  au  verbe 
écacher  (rs-cacher)  ;  d'autant  plus  que  l'ordonnance 
de  lB8fl  dit  escacher  l'or,  escacheur  d'or,  pour  tirer 
l'or,  tireur  d'or. 

ESCADRE  (è-ska-dr';  Chifflet,  Gramm.  p.  (87, 
dit  que  l'o  est  long  :  escadre;  cette  prononciation 
est  abandonnée),  s.  f.  Réunion  de  vaisseaux  do 
guerre  sous  un  amiral.  Chef  d'escadre,  aujourd'hui 
contre-amiral.  Escadre  d'évolution.  Escadre  d'ob- 
servation. Il  Anciennement,  division  d'une  flotte. 

—  HIST.  XV*  s.  Chascun  conductier,  chief  d'esca- 
dre et  de  chambre,  sera  tenus  de  chevauchier  ave« 
ceux  de  sa  charge,  du  canoë,  atliqurta.  Leurs  ba- 
tailles d'Italie  n'ont  point  accoustumé  d'eslre  telles  ' 
car  ils  combattent  escadre  après  escadre  ;  et  du.-i 
quebiuefois  tout  le  jour  sans  ce  que  l'un  ne  l'autr» 
gagne,  comm.  viii,  6. 

—  ÉTYM.  Ital.  squadra,  brigade,  de  quadro, 
carré,  à  cause  de  la  forme  des  bataillons  (voy. 
CARRÉ).  Du  sens  de  bataillon,  il  a  passé  à  celui  du 
réunion  de  vaisseaux.  Escadre  est  entré  dans  le 
français  au  xv"  siècle,  venant  de  l'italien;  aupara- 
vant'le  français  avait  esquiere,  plus  souvent  altéré 
en  eschiele,'eschde,  bataillon,  troupe  de  guerre, 
qui  est  le  provençal  esqueira;  ital.  schtcra  ;  bas-lal. 
scara;  du  germanique  :  haut-allem.  scara;  allem 
mod.  Sehaar. 

+  ESCADRILLE  (6-ska-dri-ll'  ,  Il  mouillées,  et 
non  è-ska-dri-ye),t.  f.  Escadre  de  vaisseai>ï  légers, 
comme  frégates,  corvettes,  etc. 

(IIST.  XVI*  s.  M.  de  Lezigny  accompagné  de  sa 

squadriUe  de  commissaires  et  clercs  des  vivres, 
CARLOix,  IV,  14.  Et  quelques  scouadriUes  de  gens 
ramassés,  m.  v,  3, 

f.TVM.  Diminutif  d'e.îcadr«.  On  voit  par  1  histo- 
rique que  escadrille  signifiait  petite  escouade,  et 
que  ejcouad*  est  le  même  mot  que  escadre. 


tm  ESC 

ESCADBO.V  (».U-dron).  i.  m-  Il  1*  Troup«  de 


co»N.  Cid,  I,» Un 

ns  do  joio,  ID.  Kodag 


MmUlUoI',  f 
l«ur  MOI  MO» 

fT  (u1i?r.i  IT.>.i'"-.il  à  r.nstant  des  escadron» 
l^œit  <:onlr.  la  mémo  main  qui  les  avait  semé», 
mTMéiit  II,  ».  Il  f"»-  l»*-!  mi'i'sl'-e'  •'"  «^'e»  'f 
Moadrons'  nolianl»  (le.  rciit»,  le»  nu.igos]  Enlrat- 
ntnnl  »»n»  chou  animaux,  habilants,  la  font. 
mi.  ttHauci:  Il  »•  Toute  espèce  de  bajide,  com- 
parée *  un  c%cadron  de  guerre.  0  élernel,  veillez 
sur  «Ile;  anwe»  saint»,  rangez  à  l'entour  vos  esca- 
dron» inrisilile»,  et  faite»  la  gnrde  autour  d'une 
princcMe  ai  grande  et  si  délaissée,  Boss.  Duch. 
(TOrl.  Un  esca<lron  coifTé  [les  femmes]  d'alwrd 
court  A  son  aide,  boil.  Soi.  x.  Ft  partout  des  plai- 
deur» le»  escadron»  épars,  id.  Lut.  i.  Ou'il  trouve 
de  p*<lants  un  escadron  fourré,  id.  Sat.  viii.  ||  Es- 
cadron volant,  parti  de  cardinaux  qui,  dans  un 
conclave,  font  profession  de  n'cmbmsser  les  intérêls 
d'aucune  cour.  Le  premier  pas  que  (it  l'escadron 
volant,  dans  l'intervalle  des  neuf  jours,  qui  sont 
employés  aux  obsèf|ues  du  pape,  fut  de  s'unir  avec 
le  cardinal  Darberin,  hetz,  Mém.  t.  iv,  liv.  V, 
p.  191,  dans  POUCFNS,  au  mot  obsfques.  ||  Fig. 
Puisque  les  épitres  liminaires  sont  la  plupart  lon- 
gue» et  ennuyeuses,  et  que  ces  gros  escadrons  de 
helles  parole»  dont  elle»  sont  composées....  scabr. 
Yirg.  v,  Éi'<tre.\\3'  Aujourd'liui,  en  termes  mili- 
taires, division  d'un  régiment  de  cavalerie,  cora- 
DJandée  par  un  capitaine.  Former  un  escadron.  La 
télé,  le  llano  d'un  escadron.  ||  Chef  d'escadrons 
dan»  la  cavalerie  ;  chef  d'escadron  dans  l'artillerie 
et  l'état-major,  grade  au-dessous  de  lieutenant-co- 
lonel, au-dessus  de  capitaine. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Oulire  plus  fist  venir  pour  son 
renfort  Le  tiers  scadron,  qui  feisl  terrible  effort, 
J.  MABOT,  V,  «30.  Devant  le  roi  tous  leurs  quatre 
escadrons  S'en  vont  fuyant,  id.  v,  134.  De  mil'  au- 
tres vertus  cachées  L'n  long  escadron  j'apperçoy, 
nr  BP.LLAY,  V,  17,  verso,  llsn'alleri'nt  gueres  loing 
qu'ils  ne  trouvassent  aucuns  escadrons  de  gens  de 
pied,  qui....  M.  DU  bellay,  bo».  Scadrons  de  ca- 
vallerie  ligicre,  cabl.  iv,  M.  Un  escadron  de  Sor- 
boniste»,  Sat.  Uin.  p.  105.  Le  moyen  de  la  rendre 
fnotre  gendarmerie]  insuperable  est  do  l'iiccoustu- 
mer  de  comlmttre  en  esquadron,  langue,  292. 

—  £tym.  Ital.  sqfuadrone,  de  squadra,  troupe  de 
guerre  (voy.  escadre). 

ESCADRONXF.R  (è-ska-dro-né),  e.  n.  Terme  d'art 
militaire.  Faire  des  évolutions  propres  à  la  cava- 
lerie. D.-ins  huit  jours,  il  ira  s'y  élallir  avec  toute 
cetle  noblesse,  pour  lui  apprendre  àescadronner  et 
les  accoutumer  à  un  air  de  guerre,  sév.  BS9.  On  n'y 
npprend  [à  l'école  des  mousquetaires]  que  l'exercice 
et  à  oscadronner,  st-simon,  *7( ,  î3a. 

—  ÉTYM.  E\cndrnn. 

^  FJîCADRONNlSTE  (è-ska-dro-ni-sf),  ».  m.  Car- 
dinal qui  apiiai  tient  à  un  escadron  volant  (Toy.  es- 
cadron). 

•J  FJlCAFE  (*->ka-r),  ».  f.  Au  jeu  de  ballon,  coup 
de  pied  donné  au  ballon  pour  le  renvoyer. 

—  tTYM.  Même  radical  que  Mfa/igMOn. 

t  ESCAFIGNON  (6  ska-fi-gnon) ,  ».  m.  Terme 
Tleilli.  Sorte  de  chaussure  légère.  Sentir  l'escafi- 
(tnon,  sentir  mauvais  des  pieds.  Gousset,  escafi- 
gnon,  faguenas,  cambouis.  Qui  formez  ce  présent, 
que  mes  yeux  réjouis.  Sous  l'aveu  de  mon  nez, 
lorgnent  comme  un  fromage,  X  qui  la  puanteur 
doit  o^me  rendre  hommage,  Que  vous  avez  d'ap- 
pas, que  toire  odeur  me  plaît  I  st-auand,  le 
Cantnl. 

—  IIIST.  ty  s.  De  bon»  hamois,  de  bons  chau- 
çons  velus,  D'escafllon»,  de  soUers  d'abbaye,  bost. 
DESCil.  Potsiei  m»,  dans  lacurnk. 

—  ETYM.  Scheler  le  tire  de  escafrr,  échauffer,  & 
cause  du  sens  de  puanteur  ;  mai»  ce  sens  est  dérivé. 
La  forme  ancienne  est  escafilon,  et  se  rapporte  à 
tteafihiie. 

t  F-SCAFILOTTF,  (ê-ska  fl-lo-t*),  ».  f.  Côte  de 
biruf  qui  a  été  perforée  par  les  fabricants  de  moules 
à  bouton». 

—  IIIST.  IV»  s Puis  juien»  aux  papelotles,  X 

Wf  «  voler  aval  vent  Une  plume  ;  et  s'ai  moult  sou- 
Tent  TamUié  en  une  escifotte  La  poudrette  parmi 
jn*  colle  ,    ruoiss.   Potutt  mit.    dan»    lacdunk. 

nî''j''  '■''^*'""i  '"e"  une  grnnde  et  longue  co- 
qunu  de  moule  de  riviem  dont  le»  femme»  en  Pi- 
cattlio  M  servent  pour  amasser  la  crème  de  dessus 
M  Utl  pour  en  faire  du  beurre,  nicot. 

j«««gnon),  à  oaiu,  de  U  forme,  du  Utin  «copha. 


ESC 

ESCALADK  (è-ska-la-d'),  t.  f.  ||  f  Attaque,  as- 
SI.UI  à  l'aide  d'échelles.  Monter  &  l'escalade.  11  va 
donner  au  château  l'escalade,  la  font.  Fiancie. 
Prague  emportée  d'assaut  le  28  novembre  loai  par 
Jean  George,  électeur  de  Saxe,  et  par  escalade  le 
même  jour  2»  novembre  I74i  par  son  arrière-petit- 
lils,  MAaMONTEL,  Êlém.  Ult.  aHuvret,  t.  viii,  p. 
3«5,  dans  pour.KNS.  ||  2"  Action  d'un  voleur  qui  s'in- 
troduit quelque  part  en  franchissant  un  obstacle, 
mur  ou  haie.  Est  qualifiée  escalade,  toute  entrée 
dan»  les  bâtiments,  cours,  basses-cours,  édifices 
quelconques,  jardins,  parcs  et  enclos,  exécutée 
par-dessus  les  murs,  portes,  toitures  ou  toute  autre 
clôture,  Code  pénal,  art.  397.  Vol  k  l'escalade. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  seroyent  ordonnez  six  mille 
hommes  pour  présenter  et  donner  des  escalades, 
tant  pour  amuser  que  pour  estonner  les  ennemis, 
LANGUE,  462.  Us  emportèrent  d'escalade  la  ville  de 
Garnache,  d'aub.  llist.  il,  374,  Ils  retournèrent  à 
l'eschalade,  trouvans  plus  seur  (si  la  hauteur  des 
eschelles  leur  eust  permis)  de....  id.  n,  204. 

—  ETYM.  Ital,  scalata,  de  scalare,  écheler,  du 
latin  scala,  échelle  (voy.  échelle). 

ESCALADÉ,  ÉE  (è-ska-la-dé ,  dée),  part,  passé. 
Un  mur  escaladé, 

ESCALADER  (è-«ka-la-dé) ,  r.  a,  ||  l'Attaquer, 
emporter  par  escalade.  Escalader  une  forteresse.  Les 
géants  voulaient  escalader  le  ciel.  Je  crains  ...  Que 
ce  nouveau  Titan  n'escalade  les  cieux,  boil,  Sat.  iv. 
Il  Absolument.  Louis  XIII  mena  lui-même  [à  Suze] 
ses  troupes  aux  retranchements  et  les  escalada  à 
leur  tête,  l'épée  à  la  main  et  poussé  par  les  épaules 
pour  escalader  sur  les  roches  et  sur  les  tonneaux  et 
sur  les  parapets  ,  st-simon,  8  ,  96.  ||  î'  Monter 
dans  une  maison  par  les  fenêtres;  passer  par-dessus 
un  mur  de  clôture.  J'escalade  les  murs,  gagne  une 
galerie,  rotrob,  Vencesl.  iv,  2.  De  leur  jardin  on 
pouvait  Irès-aisément  escalader  le  petit  mur  qui  le 
séparait  de  mon  donjon,  J.  J.  Bouss.  Confess.  xi. 
Il  Par  extension.  Eussent-ils  été  [des  fruits)  au  haut 
d'un  arbre,  il  l'escaladait  pour  les  apporter  à  sa 
sœur,  BEBN.  DE  ST-piEBRE,  Paul  et  yirg, 

—  ETYM.  Escalade. 

+  ESCALADON  (  è-ska-Ia-don  )  ou  ESCALADOC 
(è-ska  la-dou),  ».  m.  Espèce  de  dévidoir  pour  la 
soie, 

ESCALE  (è-ska-l') ,  s.  f.  Terme  de  marine.  Ville 
maritime  de  la  Méditerranée  ou,  plus  parliculière- 
ment,  des  Etats  barbaresques,  oii  les  navires  du 
commerce  abordent.  ||  Faire  escale,  relâcher  ;  pen- 
dant un  voyage,  dont  le  but  est  déterminé,  s'ar- 
rêter dans  un  ou  plusieurs  ports  sur  sa  route  pour  y 
décharger  ou  charger  des  marchandises,  pour  y  tra- 
fiquer, JAL.  Il  Nom  des  marchés  établis  le  long  du 
fleuve  Sénégal,  où  se  traite  la  gomme, 

—  lliST.  XVI'  s.  Je  retourne  faire  scale  au  port 
dont  suis  issu,  hab.  Gorg.  i,  ».  Et  fist  crier  par  les 
soldats  :  escalle,  escalle  [échelle],  à  la  sape,  à  la 

sape,    CARLOlX,  V,    6. 

—  ETYM.  Ital.  scala,  échelle  (voy.  ce  mot), parce 
qu'on  descend  à  terre  à  l'aide  d'une  échelle. 

t  ESCALER  (è-ska-lé),  r.  n.  Terme  de  marine 
employi!'  dans  le  Levant.  Relâcher. 

—  ETYM,  Esrale. 

i  ESCALETTE  (è-ska-lA-t*),  »,  f.  Cube  de  bois 
équarri  qui  sert  pour  la  lecture  du  dessin  des 
soieries. 

ESCALIER  (è-ska-lié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais  ;  au 
pluriel,  r»  se  lie  :  des  è-ska  lié-z  élégants),  »,  ni. 
Il  1*  Suite  de  degrés  qui  ,  dans  un  bâtiment  ou 
autre  part,  sert  à  monter  ou  à  descendre.  Au  vesti- 
bule obscur  il  marque  une  autre  place.  Approuve 
l'e.scalier  tourné  d'autre  façon,  hOiL.  Art  p.  iv.  Dans 
le  temps  qu'il  fait  un  salon,  il  ne  prévoit  pas  qu'il 
faudra  faire  un  escalier  convenable,  fén.  Tél.  xxu. 
Des  célestes  palais  escalier  magnifique,  delille. 
Paradis  perdu,  m.  Prés  de  St  Jean  de  Latran  est 
l'escalier  saint,  transporté,  dit-on,  de  Jérusalem  à 
Rome;  on  ne  peut  le  monter  qu'à  genoux,  stael, 
Corinne,  v,  3.  ||  Terme  de  charpente.  Escalier  cir- 
culaire, escalier  dont  les  limons  sont  cintrés  et  toutes 
les  marches  triangulaires,  jj  Escalier  déroW,  esca- 
lier placé  dans  les  endroits  cachés  d'une  maison, 
j]  Terme  de  marine.  Escalier  de  commande ,  escalier 
mobile  pl.icé  sur  le  côté  de  tribord  d'un  vaisseau  en 
rade  lorsqu'il  e.st  monté  par  un  amiral.  1|  %'  Machine 
pour  élever  l'eau  par  échelons.  ||  8"  Terme  de  zoo- 
logie. Coquille  univalve. 

—  RKM,  Dans  quelques  province»,  on  dit  esca- 
lier pour  degré  :  monter  les  esr.alier»  quatre  à 
quatre.  C'est  une  faute  ;  escalier ,  étymologique- 
menl,  est  collectif  et  signifie  une  réunTon  de  de- 

Igrés.  Hais  on  pourra  mettre  le  pluriel  en  parliint 


ESC 

d'escaliers  partiels  :  les  difl'érents  escaliers  d'une 
maison,  ou  les  escaliers  des  différents  étages;  cou- 
rir dans  les  e.scalier». 

—  IIIST.  XVI'  s.  Le  moine  l'ayant  conduit  jiisques 
dan»  l'escallier  de  la  chambre,  d'aub,  //ii(.  ii,  473. 
Aisée  montée  aux  estages  du  logis,  par  escalier-à- 
repos,  vis,  ou  autrement,  o.  de  serbes,  îO. 

—  ETYM,  Provenç.  escalier;  espagn,  scalere,  ba»- 
lat.  »caiart«m;  de  scala,  échelle  (voy.  échelle). 

ESCALIN  (è-ska-lin) ,  ».  m.  Monnaie  des  Pays-Bas 
qui  vaut  soixante-cinq  centimes  environ. 

—  HIST.  XIII*  s.  Quant  li  rois  Richars  vit  qu'il  ot 
falli,  si  traist  au  conte  de  Flandres  et  au  conte 
de  Champagne,  et  tant  lor  doua  de  ses  eskallins 
que  U  jurèrent  la  mort  le  roi,  Chr.  de  Raim, 
p.  43. 

—  ÉTYM.  AUem.  Schilling;  hoU.  schelling  ;  angl. 
»he(it>ig. 

t  ESCALOPE  (è-ska-lo-p'),».  f.  Terme  de  cuisine. 
Tranches  de  veau  ou  de  toute  autre  viande  apprê- 
tées d'une  manière  particulière.  Escalopes  de  per- 
dreaux, de  foie,  etc.  ||  Sorte  d'assaisonnement. 

.—  ETYil,  Ane,  franc,  escaïopc,  coquille  :  La  limace 
gole  son  cors  De  l'escalope  toute  fors,  buteb,  ii, 
215,  L'escalope,  étant  une  tranche  mince,  a  peut- 
être  été  dite  ainsi  parce  qu'elle  est  roulée  en  forme 
de  cornet  ou  coquille.  Escalope,  au  sens  de  co- 
quille, tient  au  germanique  :  allem.  Schale,  écaille. 

f  ESCALPE  (è-skal-p'î,  I,  f.  Action  de  scalper. 
Le  couteau  d'escalpe  est  à  ta  ceinture,  chateaubr. 
Natch.  IX,  398. 

—  ÉTYM.  Voy.  SCALPER. 

t  ESCAMETTE  (è-ska-mè-t") ,  ».  f.  Terme  de  com- 
merce. Toile  de  coton  du  Levant. 

ESCAMOTAGE  (èska-mo-la-j'),  ».  m.  jj  !•  L'art, 
l'action  de  l'escamoteur.  L'escamotage  accompli 
[un  mouchoir  dans  lequel  il  y  avait  une  lettre  d'a- 
mour étant  pris  adroitement] ,  M,  de  Livernois  se 
redressa  et  passa  outre  d'un  air  calme,  cii,  de  Ber- 
nard, la  Chasse  aux  amants,  61.  ||  a-  Fig.  Action 
de  dérober  subtilement.  La  loterie  offre  le  hideux 
spectacle  d'un  gouvernement  exerçant  le  plus  vil 
des  escamotages,  et  mettant  l'innocence,  le  bien- 
être  des  hommes  au  misérable  prix  de  quelques 
millions,  Mirabeau,  Coiiecd'o»,  t.  iv,  p.  249. 

—  ÉTYM,  Escamoter. 

t  ESCAMOTE  (è-ska-mo-f),  ».  f.  Petite  balle  de 
liège  qui  sert  à  escamoter  avec  les  gobelets,  fj  En 
général,  objet  que  les  saltimbanques  escamotent. 

—  ÉTYM.  Voy.  escamoter. 

ESCAMOTÉ,  ÉE  (è-ska- mo-té,  lée),  part,  passé. 
Une  muscade  adroitement  escamotée. 

ESCAMOTER  (è-ska-mo-té),  v.  a.  \\  1'  Faire  dis- 
paraître quelque  chose  par  un  tour  de  main,  un 
tour  de  gobelet,  ou  de  toute  autre  manière.  Esca- 
moter une  carte.  ||  Absolument.  Ce  prestidigitateur 
escamote  bien.  |1  2°  Par  extension,  dérober  sublde- 
ment.  Assemblés  autour  du  carrosse  pour  en  esca- 
moter les  oranges,  hamilt.  Gromm.  to.  Monsieur 
que  voilà  vous  a  escamoté  60  pistoles  et  la  montre, 
ST-SIMON,  t37,  152.  C'est  lui  qui  m'escamola  le  dia- 
mant que  m'avait  donné  la  princesse,  volt,  le 
Blanc  el  le  Noir.  ||  Fig.  Des  courtisans  avides  et 
officieux  qui,  dans  ces  occasions  [événements  im- 
portants], se  postent  sur  les  avenues  pour  esca- 
moter la  nouvelle  d'un  pauvre  courrier,  hamilt. 
Gramm.  6.  Nous  tenons  le  présent  dans  nos  mains; 
mais  l'avenir  est  une  espèce  de  charlatan  qui,  en 
éblouissant  nos  yeux,  nous  l'escamote,  fontenelle, 
dans  DKSFONTAiNEs.  Tu  pourrais  bien  aussi  escamoter 
Dorante  à  ta  maîtresse,  Marivaux,  Jeux  de  l'atn.  et 
du  hns.  I,  6.  Il  3'  Terme  de  broderie.  Tirer  les  ex- 
trémités des  fils  d'or  ou  de  soie  du  côté  de  l'enver» 
de  l'étolTe.  ||  i'  Terme  militaire.  Escamoter  l'arme, 
supprimer,  dans  le  maniement  du  fusil,  certains 
mouvements  prescrits  par  l'ordonnance,  afin  d'ac- 
célérer la  charge. 

—  ETYM.  Espagn.  escamofor  et  escamodar,  chan- 
ger les  choses  de  place,  terme  de  bohémiens.  Là 
s'arrête  ce  que  nous  savons  sur  ce  mot;  ni  commii- 
lare  de  Ménage,  ni  squama,  indiqué  avec  doute 
par  Diez,  ou  le  gaélique  com,  tromperie,  ne  don- 
nent rien  d'assuré. 

ESCAMOTEUR  (è-ska-mo-leur),  ».  m.  ||  !•  Celui 
qui  escamote.  ||  2°  Fig.  Escamoteur,  escamoteuse, 
celui,  celle  qui  dérobe  subtilement. 

—  ETY»1.  Escamoter. 

t  ESCAMPATIVOS  (è-skan-pa-ti-vôs'),  f.  m.  plur. 
Faire  des  escampativos,  s'échapper  furtivement, 
faire  une  absence  furtive.  Ah  I  je  vous  y  prends 
donc,  madame  ma  femme,  et  vous  faites  des  es- 
campativos pendant  que  je  dors,  mol.  G.  Dandin, 
III,  R.  Il  Ausing.tv  »uis  lais  d'attendre,   je  m  eu 


ESC 


ESC 


ESC 


1485 


\at3  faire  un  petit  escampativos  et  daiisur  ici  moi- 
même,  si  tu  ne  viens  tout  à  cette  heure,  Francion, 
Uv.  IV,  p.  <B6. 

—  ÉTYM.  Forme  burlesque  tirée  d'escamper,  ou, 
peut-être,  le  latin  macaronique  escampate  vos. 

ESCAJfPER  (è-skan-pé),  t'.  n.  Terme  familier, 
fie  retirer,  s'enl^uir  en  grande  hâte. 

—  HIST.  XV'  s.  Comment,  y  estant  prins  Bertrand 
de  Guesclin,  le  roy  Henry  fut  contraint  d'eseamper, 
après  s'y  estre  porté  fort  vaillamment,  froiss.  liv.  i, 

p.  321  ,  dans  LACUHNIÎ. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  champ  :  prendre  les 

champs. 

KSCAMPETTE  (t-skan-pè-f),  s.  f.  Terme  fami- 
lier, usité  seulement  dans  cette  phrase  :  prendre 
la  poudra  ou  de  la  poudre  d'escampette,  s'enfuir. 

—  ETYM.  Diminutif  de  l'ancien  substantif  es- 
campe  :  Il  eut  une  fois  un  laquais  d'Auvergne  qui 
luy  avoit  desrobé  dix  ou  douze  escus,  et  avoit  pris 
Fescampe,  hes  accords,  Contes  de  Caulard,  f°  22, 
dans  LACURNE  (voy.  escamper). 

t  KSCAP  (6-skap),  s.  m.  Terme  de  fauconnerie. 
Faire  l'escap,  donner  l'escap  à  l'oiseau,  lui  faire 
connaître  son  gibier. 

—  ÉTYM.  Voy.  ESCAPER. 

ESCAPADE  (fe-ska-pa-d') ,  s.  f.  Action  de  s'échap- 
per d'un  lieu,  en  manquant  à  un  devoir  pour  un 
plaisir  ou  un  caprice.  On  le  mit  chez  un  autre  maî- 
tre, d'où  il  faisait  des  escapades,  j.  j.  rouss.  Conf. 
I.  Mme  de  la  Touche  ,  qui  fit  une  escapade  en 
Anpleterro  avec  le  duc  de  Kingston,  iD.  ib.  vu. 
Il  Terme  de  manège.  Action  subite  d'un  cheval  qui 
s'emporte  et  refuse  d'obéir  à  son  cavalier.  ||  Fig. 
Acte  par  où  l'on  s'échappe  des  règles  de  la  bieur 
séance  ou  du  bon  sens. 

—  HIST.  XVI'  s.  Voyez  ses  allures  [de  Plutarque] 
au  daimon  de  Socrate  ;  o  Dieu  I  que  ces  gaillardes 
escapades,  que  celte  variation  a  de  beauté  !  mont. 
IV,  137.  I!  fut  délivré  de  prison  fort  secrettemeht; 
les  seize  accusent  promptement  le  président  Brisson 
et  les  conseillers  l'Archer  et  Tardif  d'avoir  favorisé 
l'escapade  [évasion],  d'aub.  llist.  ni,  2r.8. 

—  tTYM.  liai,  scappala,  de  scappare  (voy.  échap- 
per). On  trouve  eschapeillon ,  au  xv  siècle  :  Et  ne 
l'eussent  pas  baillée  au  bon  homme,  si  ce  ne  fusl 
ung  petit  eschapeillon  que  elle  avoit  fait  en  sa  jeu- 
nes.se.  Les  <6  joyes  du  mariage,  p.  40. 

ESCAPE  (è-ska-p'),  s.  f.  Terme  d'architecture.  Le 
fût  d'une  colonne;  et,  proprement,  la  partie  infé- 
rieure et  la  plus  proche  de  la  base.  ||  Adoucissement 
qui  lie  et  accorde  avec  les  fûts  des  colonnes  les 
filets  qui  terminent  les  fûts  dans  certaines  ordon- 
nances, tant  par  en  haut  que  par  en  bas. 

—  ÊTYM.  Lat.  scapus,  fût. 

■)■  ESCAPER  (é-ska-pé) ,  V.  a.  Terme  de  faucon- 
nerie. Mettre  le  gibier  en  liberté  pour  lâcher  l'oiseau 
de  proie  à  sa  poursuite. 

—  ÉTYM.  Autre  fornoe  d'échapper. 

f  ESCAPODLER  (è-ska-pou-lé) ,  v.a.  Terme  de 
métallurgie.  Dégrossir  dans  la  forge. 

t  ESCARBILLE  (è-skar-bi-ll'.  Il  mouillées,  et  non 
è-skar-bi-ye),s.  f.  Portion  de  houille  qui,  ayant  échap- 
pé à  la  combustion,  reste  mêlée  avec  des  cendres. 

—  ÊTYM.  Forme  diminutive  tirée  du  latin  carbo. 
charbon,  de  la  même  façon  que  escarboucle  vient 
de  carbunculus. 

t  ESCARBIT  (è-skar-bif) ,  s.  m.  ou  ESCARBITE 
(è-skar-bi-f),  s.  f.  Terme  de  marine.  Petit  vase  de 
bois  dont  les  calfats  se  servent  pour  mouiller  leurs 
ferrements  et  l'étoupe. 

ESCARBOT  (fe-skar-bo  ;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie:  les  è-skar- 
bo-zet...;  escarbots  rime  avec  repos,  travaux),  s. 
m.  Insecte  du  genre  des  scarabées.  Le  trou  de  l'es- 
carbot  se  rencontre  en  chemin ,  la  font.  Fabl.  ir,  8. 
M.  Gleditsch  s'est  assuré  qu'un  seul  escarbot  peut 
enterrer  une  taupe  en  entier  dans  le  court  espace 
de  vingt-quatre  heures,  bonnet,  Contempl.  nat. 
XI,  B,  note  10.  Il  Nom  du  hanneton  vulgaire  dans 
certaines  contrées.  ||  Adj.  et  par  plaisanterie.  Quand 
la  gent  escarbote  Est  en  quartier  d'hiver,  et,  comme 
la  marmotte,  Se  cache  et  ne  voit  point  le  jour,  la 
FONT.  Fabl.  Il,  8. 

—  HIST.  XIV'  s.  Esoorpion  est  beste  petite  semblable 
à  escharbût,  fors  que  il  a  queue,  n.  de  mondeville, 
f°  86 ,  verso.  Il  xv  s.  Escharbot  qui  naist  en  fiens 
de  cheval,  Gloss.  du  xv  siècle.  Plus  enflée  qu'ung 
venimeux  scarbot,  villon.  Bail.  \\  xvi' s.  Les  es- 
carbots meurent  à  l'odeur  des  roses,  pare.  Ani- 
maux, 21. 

—  ÉTYM.  Berry,  écharbol;  du  latin  scardbmus; 
grec,  cxàpa6o;,  scarabée;  provenç.  escaravat;  ital. 
icarabone 


ESCARBOUCLE  (è-skar-bou-kl' ;  Chiffiet,  Grotiim. 
p.  2^8,  dit  qu'on  prononçait  indifféremment  escar- 
boucle et  écarboucle),  i. /■.  ||  1°  Nom  que  les  anciens 
donnaientaux  rubis.  ||  Par  extension.  Quand  j'observe 
ces  nuits  si  pures,  si  tranquilles.  Où  le  ciel  est 
semé  d'escarboucles  mobiles,  bernis,  Ifelig.  veng. 
vil.  M.  Pigal  prendra,  dans  les  deux  escarboucles 
dont  la  nature  vous  a  fait  des  yeux,  les  feux  dont 
il  animera  ceux  de  votre  statue,  d'alemr.  Lett.  à 
Volt.  30  mal  1770.  ||  2°  Tonne  de  blason.  Pièce  qui, 
embrassant  le  champ  de  l'écu,  est  formée  de  huit 
rais  terminés  chacun  par  un  bouton.  ||  3"  Espèce 
d'oiseau -mouche  (  l'oiseau -mouche  rubis-topaze). 

—  RE.V1.  Chateaubriand  a  distingué  à  tort  l'escar- 
boucle  du  rubis  :  Cent  degrés  de  rubis,  d'escar- 
boucles et  d'éméraudes  conduisent  dans  la  demeure 
de  Marie  au  sanctuaire  du  Sauveur,  Mart.  82. 

—  HIST.  XI'  s.  L'elme  [ilj  li  freint,  où  li  carbuncle 
luisent,  Ch.  de  Roi.  cv.  Il  li  dona  s'espée  et  s'es- 
carbuncle,  «6.  cxv.  X  Tervagant  [ils]  tollent  son 
escarhuncle,  ib.  clxxxiii.  *A.ssez  y  a  carboncles  [on 
croyait  que  l' escarboucle  luisait  dans  les  ténèbres]  et 
lantarnes  [sur  les  m^ts],  ib.  clxxxvi.  ||  xiii*  s.  Ses 
elmes  [son  haume]  fu  forgiés  en  la  cit  de  Baudart; 
Au  nasel  pi r  devant  uns  escarboucles  art  [brille], 
Ch.  d'Ant.  vm,  »90.  Mais  devant  ot  pargrant  mes- 
trise  Une  e.scharboucle  ou  [au]  cercle  assise,  la  Rose, 
1 106.  Il  xvi*  s.  Le  charbon  a  pareillement  similitude 
à  une  pierre  nommée  escarboucle,  dont  aucuns  lui 
ont  attribué  ce  nom,  paré,  xxiv,  36. 

—  ÉTYM.  Provenç.  carbuncle:  espagn.  earbunclo; 
ital.  carbonchin;  du  latin  carbunculus,  escarboucle, 
diminutif  de  carbo,  charbon. 

I ESCARBO0ILLER  (è-skar-bou-lI6,  Il  mouillées, 
et  non  è-skar-bou-yé),  v.  a.  Écraser.  Le  museau 
vermoulu,  le  nez  escarbouillé,  Régnier,  Sat.  x. 

—  HIST.  xvi's.  Ez  uns  escarbouiUoit  la  cervelle, 
ezaultres  rompoit  bras  et  jambes,  RAiiEL.Garj.i,  27. 

—  ÉTYM.  Escarbouiller  ou  escarbiller,  réduire  en 
petits  morceaux  de  charbon,  en  escarbilles  ;  bourg. 
écrabnuiller . 

ESCARCELLE  (è-skar-sè-l') ,  s.  f.  Grande  bourse 
à  l'antique,  qui  se  portait  suspendue  à  la  ceinture. 
Mettre  la  main,  fouiller  à  l'escarcelle.  Mainte  pis- 
tole  se  glissait  Dans  l'escarcelle  de  notre  homme, 
LA  FONT.  Ch.  imp.  Pour  tout  carquois,  d'une  large 
escarcelle  En  ce  pays  le  dieu  d'amour  se  sert,  m. 
Jlich.  Bon  homme,  c'est  ce  coup....  Qu'il  faut  fouil- 
ler à  l'escarcelle,  id.  Fabl.  iv,  4.  Tout  douxl  son- 
geons d'abord  à  garnir  l'escarcelle,  ducerceau,  Le 
faux  duc  de  Bourgogne,  m,  4.  St  Louis  reçut  l'es- 
carcelle et  le  bourdon  de  pèlerin,  chateaub.  /tin. 
m,  193.  Il  Fig.  Il  pleut  dans  son  escarcelle,  il  de- 
vient riche,  l'argent  afflue  dans  ses  mains.  Le  luxe 
et  la  folie  enflèrent  son  trésor;  Bref,  il  plut  dans 
son  escarcelle,  la  font.  Fabl.  vu,  ti. 

—  HIST.  XVI'  S.  Ouvrit  son  escarcelle  et  en  tirant 
de  l'argent....  Nuits  de  Straparole,  t.  n,  p.  447, 
dans  LACDRNR.  Larron  habillé  semblablement  en 
gentilhomme,  fouillant  en  la  gibecière  ou  grande 
escarcelle  du  feu  cardinal  de  Lorraine,  H.  est.  Apol. 
pour  Ilérod.  p.  <56,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  "(vallon,  carcèle,  gousset;  provenç,  es- 
carcella;  espagn.  escarsela;  ital.  scarsella.  Diez 
conjecture  que  escarcelle  est  un  diminutif  d'e^c/iarpe 
(escharp-celle);  mais  cette  étymologie  ne  peut  pas 
prévaloir  contre  celle  que  le  mot  offre  directement; 
escharcellus  se  trouve  dans  un  texte  du  xi'  siècle 
avec  le  sens  d'avare,  épargnant;  l'escarcele  est  la 
poche  où  l'on  met  ses  épargnes,  et  vient,  comme  le 
dit  Raynouard,  de  l'ancien  français  eschars,  avare; 
ital.  scarso;  anglais,  scarce;  hoïland.  schaars;  tous 
mots  que  Diez  rattache  au  latin  excarpsus,  réduit 
en  volume,  contracté,  d'cxcarpere  pour  excerpere. 

ESCARGOT  (è-skar-go;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie:  les  è-skar- 
go-z  et....;  escargots  rime  avec  repos,  travaux), 
s.  m.  Il  1"  Espèce  de  limaçon.  Les  yeux  du  limaçon 
terrestre^  connu  sous  le  nom  d'escargot,  sont  placés 
au  sommet  de  ses  grandes  cornes;  les  petites  en 
sont  dépourvues,  bonnet,  Conteiupl.  nat.  m,  2i, 
note  6.  Il  Fig.  Ce  vilain  et  dangereux  escargot  [l'abbé 
de  Vaubrun  aux  jambes  tortues]  se  produisit  à  la 
cour  et  chercha  à  s'y  accrocher,  st-sim.  78,  4. 
Il  2°  Terme  d'hydraulique.  Machine  en  spirale,  dite 
ordinairement  vis  d'Archimède,  servant  k  épuiser 
l'eau.  Il  3°  Escalier  en  escargot,  ou,  simplement, 
escargot,  escalier  en  spirale. 

—  HIST.  XIV'  s.  Limassons  que  l'en  dit  escargols, 
Me'nagier,  il,  B. 

—  ÉTYM.  Ch.  Nisardie  tire  de  e.?chorgai«tcr,  être 
en  sentinelle,  citant  un  Compost  [almaiiach]  de 
IS33,  réimpression  du  Compost  de  Uiu,  oùl'on 


voit  une  gravure  représentant  à  droite  un  château 
fort  flanqué  d'un  bastion,  et,  sur  ce  bastion  et  au 
haut  de  la  tourelle  ou  escharguele ,  un  escargot;  de 
sorte  qu'il  y  eut,  pour  nos  aïeux,  peut-être  à  causa 
des  variations  de  la  température,  un  rapport  entre 
Ye.icargot  et  Vescharguette.  Mais  il  ne  faut  voit 
là  qu'un  jeu  de  mots  en  image.  Diez,  avec  raison, 
conjecture  q\i'escargot  est  de  même  racine  que  l'es- 
pagnol caracol,  escargot  (voy.  caracoler),  aveo 
l'épenthèse  d'une  s.  La  forme  citée  à  l'historique 
justifie  cette  conjecture. 

t  ESCARGOTIÈRE  (è-skar-go-tiê-r"),  ».  ^.  Lieu 
où  l'on  élève  des  escargots  pour  l'alimentaticn. 

—  ÉTYM.  Escargot. 

fESCARGOULE  (è-skar-gou-l") ,  s.  f.  Voy.  CA»- 
tharelle,  champignon. 

ESCARMOUCHE  (è-skar-mou-ch'),  s.  f.  Combat 
entre  des  corps  détachés  ou  entre  des  tirailleurs. 
Une  légère  escarmouche.  Il  n'engageait  que  de  lé- 
gères escarmouches,  et  avec  tant  de  précaution, 
que  .ses  troupes  y  avaient  toujours  l'avanLage,  rol- 
LiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  1. 1,  p.  42.".,  dans  podgens. 
C'étaient  des  escarmouches  entre  des  partis,  et  non 
des  batailles  entre  des  armées,  raynal,  Hist.  phil. 
XIX,  3.  Il  Attacher  l'escarmouche,  la  mettre  en  ac- 
tion par  un  premier  mouvement,  une  première 
tentative.  ||  Par  extension.  Puis,  s'échaufl'ant  dans 
l'escarmouche,  L'un  d'eux  son  adversaire  touche, 
SCARRON,  Vtrg.  V.  |1  Fig.  Croissi  s'entremit  poui 
faire  cesser  cette  escarmouche  déplumes,  retz,  Mém. 
t.  II,  liv.  m,  p.  379,  dans  pougens.  Peu  de  temps 
après  commença  contre  lui  la  légère  escarmouche 
des  facéties  parisiennes,  marmontel,  Hém.  vu. 

—  HIST.  XV*  s.  Il  est  bien  vrai  que  conquis  nous 
avez  à  l'escarmouche  par  vostre  haulte  vaillance, 
Perceforest,  t.  v,  f°  8.  ||  xvi'  s.  Cela  et  quelques 
gentilshommes  volontaires  présentèrent  l'eîcar- 
mouche,  d'aub.  Hist.  ii,  464.  Il  y  eut  quelques  uns 
des  Romains  qui  coururent  après,  et  cela  fut  cause 
d'attacher  l'escarmouche,  amyot,  P.  jEm.  30.  Me  fit 
commandement  d'envoyer  trente  chevaux  en  oidre 
d'escarmouche  [épars],  Mém.  d'Angoulesme,  p.  45  , 
dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escarrmtssa;  catal.  escara- 
mussa;  ital.  escaramuza ,  scaramuccia ;  angl.  skir-' 
mish;  allem.  Scharmûtiel  ;  de  l'ancien  haut-allem. 
skerman,  combattre,  d'après  Diez,  qui  cite  à  l'appui 
l'anc.  franc,  escormte,  combat,  où  le  mot  est  dans 
sa  simplicité.  11  rejette  par  conséquent  l'étyraolagie 
de  du  Cange  :  haut-allem.  skara,  bande,  et  le  vieux 
verbe  musser:  la.  bande  qui  se  cache,  qui  est  en 
aguet;  cela,  en  effet,  n'est  pas  satisfaisant  pour  le 
sens.  On  a  proposé  aussi  le  celtique  :  welsh,  ys- 
garmes,  combat,  du  welsh  gram,  cri. 

ESCARMOUCUER  (  è-skar-mou-ché)  ,  v.  n. 
Il  1°  Combattre  par  escarmouches.  On  r.e  combattit 
point,  on  ne  fit  qu'escarmoucher.  ||  2°  Fig.  Disputer 
légèrement.  On  n'a  point  approfondi  la  question, 
on  n'a  fait  qu'escarmoucher.  Escarmouchez  seule- 
ment avec  lui,  sév.  467.  M.  Duveyrier,  qui  escar- 
mouche légèrement  avec  finesse,  bachaumont, 
Mém.  secrets,  t.  xxxiv,  p.  154,  dans  pougens.  {|  S'es- 
carmoucher,  v.  réfl.  Même  sens.  Je  travaillerais  en 
vain  tant  que  le  chancelier  s'escarmoucherait  aveo 
le  duc  sans  cesse  au  con.seil,  st-simon,  305,  246. 
C'est  [l'Ëcriturej  un  champ  de  bataille  où  l'on  s'at- 
taque, où  l'on  s'escarmouche  de  bien  des  manières, 
MONTESO.  Lett.  pers.  134.  Mais  on  ne  dira  pas  que 
nous  nous  étions  escarmouches  la  veille,  id.  ib.  54. 

—  HIST.  xv  s.  Il  se  commença  à  aider  et  escar- 
moucier  d'icelle  pelle  pour  faire  place,  Bibl.  des 
Chartes,  i"  série,  t.  v,  p.  489.  Et  si  fit-on  aucun 
compagnon  monter  sur  coursiers  pour  escarmoucher 
à  eux  [les  Escots],  froiss.  i,  i,  41.  ||  xvi'  s.  Si  la 
volonté  [comparée  à  un  cheval]  s'escarmouche  trop 
fort,  il  la  reprime,  il  corrige  sa  rébellion,  calv. 
[nstit.  223.  Il  se  meit  à  suivre  son  ennemy  à  la 
trace,  donnant  sur  la  queue,  et  escarmouchant  les 
derniers  dedans  les  destroits  des  montagnes,  amyot, 
Fab.  18.  C'est  la  cause  par  laquelle  il  [Luther]  s'est 
si  fort  escarmouche,  sleidan,  f°  19.  Elle  qui  estoit 
toute  plaisante ,  joyeuse  et  hardie ,  voyant  cet 
homme  beau,  gaillard  et  de  bonne  façon,  commença 
l'escarmoucher  du  coin  de  l'oeil,  lui  lançant  mille 
amoureux  regards.  Nuits  de  Straparole,  t.  H,  p.  188, 
dans  LACURNE.  Si  est  il  vray  que  à  qui  me  veult 
loyalement  injurier,  il  me  semble  fournir  bien  suffi- 
samment où  mordre  en  mes  imperfections  advouées 
et  cogneues,  et  de  quoy  s'y  saouler,  sans  s'escar- 
moucher  au  vent,  mont,  iv,  <13. 

—  ÉTYM.  Escarmouche. 
ESCARMOCCUEUR  (è-skar-mou-cheur) ,  t.m.  Celui 

qui  va  à  l'escarmouche.  Noirmoutier  «ortit  avec 


<486  ESC 

M*  «bmui  d.  Piri..  pour  pouM.r  d»  e»c.rmou. 
«te«M  dM   iroup..  qu«  «OW.PI«1.0DI   d..  Mm- 

'^'mn'xri'  î.' Courir  ç«  •«  U  comme  wcarmpu- 
ebwr.âri«  à  là  l.««r.,  *«i»0T,  Phitop.  a.  E.- 
etraiouch«uri  de  coIIm  [g«n.  entroprenanU  auprîis 
^  r*aiiD«>],  DieUoguu  d»  tahukkau,  J*  )7,  dan» 

UCUMt. 
—  ÏTYM.  Ktcarmouener. 
f  ESCAUNIJl  (à->k>r-n6),  v.  a.  Par«r  ,  «mincir 

du  ciiir.  . 

—ETYM.  E:...  préfiie,  et  le  lat.  coro.eamif, chair. 

ESCAROLK  (è-»k»-ro-l'),  ».  f.  ||  1"  Le  lacluca 
tcttriola,  L  II  I*  Plante  potagère  ,  espèce  de  chlco- 
rte  i  largw  feuilles,  dite  ausai  acarole,  cichorium 
endMa,  L.  C'est  l'escarole  cultivée  ut  dunt  on  fait 
dea  ulailes. 

—  ETYM.  Gène»,  ùeariole ,  eicariole  ;  latin  bota- 
oique,  tcariola.  Du  resta  origine  inconnue ,  à 
moins  qu'on  n'y  voie  la  racine  ikar,  qui,  daai  les 
langues  germaniques,  signiûe  couper  :  l'herbe  que 
l'on  coupe. 

ESCAROTIQUB  (  fc-ska-ro-ti-k' ) ,  adj.  Fausse  or- 
thograpiie  du  Dictionnaire  de  l'Académie  pour 
escharotiqua. 

I.  ESCARPE  (6-Bkai^p') ,  t.  f.  Terme  de  fortifica- 
tion. Muraille  de  terre  ou  de  maçonnerie  qui  rfgne 
au-dessus  du  fossé  du  cAlé  de  la  place  :  on  appelle 
contresnarpe  le  cdté  opposé,  jj  Terme  d'architecture. 
Talus  d'un  mur  jus(|u'au  cordon.  ||  Instrument  pour 
régler  le  talus  d'un  rempart  ou  d'un  mur. 

—  HI8T.  XVI*  8.  Le  roi  entreprend  un  retranche- 
ment de  Bit  pieds  de  gueule  en  ouvrage  et  en  fonds, 
faisant  mettra  la  plus  part  de  la  terre  en  escarpe  et 
vers  soi,  d'aub.  Mi$t.  ni,  m, 

—  Stym.  Ital.  searpa,  talu»,  escarpe;  du  germa- 
nique :  scand.  $carp;  anc.  haut-ull. tcarp;  ail.  scharf; 
angl.  iharp,  aigu,  tranchant.  Cependant  Schelcr 
élève  quelques  doutes  ,  demandant  s'il  ne  faudrait 
pas  plutôt  y  voir  un  dérivé  du  latin  tcalpellum,  pe- 
tit couteau,  qui  a  donné  l'italien  scarpello. 

+  3.  ESCAHPB  (è-slcar-p'),  t.  m.  Terme  d'argot. 
Voleur,  et  particulièrement  celui  qui  ne  recule  pas 
devant  l'assassinat. 

ESCARPÉ,  ÉB  (è-akar-pé  ,  pée) ,  part.  pané. 
Oui  a  un  talus  fort  roids ,  nbruot.  Où  le  rivage  de 
la  mer  était  escarpé,  ff.n.  Tél.  vii.  J'ai  marché  quel- 
que temps  dans  cette  Ile  escarpée  ,  volt.  Triumv. 
11,  4.  Du  penchant  escarpé  de  ces  antiques  monts 
Le  rocher  tombe,  roule,  et  s'élance  par  bonds,  de- 
ULLt,  Enéide,  xil.  Il  avait  d'abord  fallu  passer  la 
Loujaaujtied  de  Halo-Iaroslavelz ,  dans  le  fond  d'un 
repli  que  fait  son  cours,  puis  gravir  une  colline  es- 
carpée.... stouH  ,  i/if(.  de  Nap.  ix  ,  a.  ||  Kig.  La 
route  qu'il  [Locke]  ouvre  est  si  souvent  escarpée 
qu'on  a  autant  de  peina  à  aller  à  la  vérité,  sur  ses 
traces,  qu'à  ne  pas  s'égarer  sur  celles  da  Male- 
brancha,  condil.  Trailidestytt.  ch.  7. 

KSCARPEllEirT  (6-skar-pe-man) ,  <.  m.  ||  1*  Ëtat 
da  ce  qui  est  escarpé.  L'escarpement  des  monta- 

Îinas,  étant  trts-rapide  ,  montra  en  divers  endroits 
a  grès  des  rochers,  J.  i.  Roos^tedre  au  mar.  de 
Luxembourg, Corretp.  t.  iv,  p.  M,  dans  poucïns. 
Dat  lianes,  chargée*  de  fleurs  blanches  ou  écarla- 
tet....  pendaient  çt  et  là  le  long  des  escarpements 
da  la  montagne,  birn.  di  st.-p.  Paul  et  rirg.  Der- 
rière aux  [les  Russes]  et  ilii  haut  des  escarpements 
de  la  villa ,  leur  avant-garde  plongeait  ses  feux  sur 
Dalzons,  séour,  llist.  de  Nap.  u,  i.  jj!"  Terme  de 
géographie.  Pentes  des  plateaux  ;  monU  accolés  aux 
plateaux;  versant  le  plus  abrupt  d'une  montagne. 
Il  8*  Terme  da  fortificalion.  l'ente  roido.  L'escarpe- 
ment d'un  fossé.  ||  Perpendiculaire  du  terrain  qui 
s'élève  du  fond  du  fossé  au  sommet  du  rempart,  et 
à  la  eréla  des  glacis. 

—  RTYM.  Etcarper 

BSCARPER  (»4kar-pè),  «.  o.  ||  !•  Couper  droit  de 
haut  an  bas,  en  parlant  d'un  rocher,  d'une  mon- 
tagne, d'un  ross4,  d'une  route,  etc.  Las  vagues  de 
tt  mer  ao  [de  certaine*  oétes]  rongent  le  pied  et 
en  aaetrpant  tonla  U  hauteur  en  falaise,  parce  que 
P''**'  '**  '■'"*  '>»"'e».  ««  trouvant  sans  appui, 
tombent  lan*  cessa  dans  l'eau,  cuvu»,  Hérol.  p.  3». 
C  est  U  nature  du  terrain  qui  a  décidé  Kutusof  à 
raruser  ainsi  eetta  alla;  car  ici  la  ravin,  qui  escarpe 
plateau  du  centra,  est  déjà  à  sa  naissuice ,  sÊooa, 
i-îh^!?!*-  '"•  ••  Il  »*  S'ascarpar,  v.  rift.  De- 
^z!!^.J!^V*,   roida,   incliné.  X  l'endroit  où  les 


■ntu^..  •'•"•nwnt  et  sa  couvrent,  il  y  avait  un 
-  «UT.  xv,.  ^  Voua  aUa,  monUnt  de  rideaux 


ESC 

[rompes]  en  rideaux,  aisez  &  escarper  jusque*  aux 
maisons  de  la  ville,  d'alb.  Ilitt.  i,  2»8.  Descendre 
dedans  le  fossé  pour  escarper  [rendre  escarpée]  la 
brescha,  m.  du  bellat,  6»t. 

—  iîTYM.  Escarpe. 
ESCAIlPI.V(é-skar-pin),  ».  m.  Soulier  léger  qui 

laisse  le  cou  de  pied  découvert,  et  qui  est  à  semelle 
simple,  excepté  au  talon  où  il  y  a  deux  épaisseurs. 
Il  Kig.  et  familièrement.  Jouer  de  l'escarpin,  s'en- 
fuir. Il  Par  plaisanterie.  Escarpins  de  Limoges,  des 
sabots,  parce  que  les  paysans  limousins  portent 
tous  des  saboU.  ||  L'escarpin,  étant  une  chaussure 
élégante,  se  dit  pour  aristocratie,  richesse.  Au  vrai 
bonheur  puisqu'il  mène,  Le  sabot  vaut  bien  l'escar- 
pin, HÉBANO.  Turlupin.  ||  2*  S.  m.  plur.  Terme  de 
tanneur.  Souliers  pour  fouler  les  peaux.  ||  3'  Sorte 
de  torture  qui  consistait  dans  le  serrement  des 
pieds.  On  lui  a  mis  les  escarpins. 

UIST.  XII*  s.  Toute  dolente  hors  de  la  chambre 

esi  [sortit]  ,  Desafuhlée,  chaussée  en  eschapins, 
Garin,  dans  nu  canoë,  scarpus.  \\  xv*  s.  Aller  sans 
chausses  en  eschappin,  Tous  les  malins,  quand  il  se 
lieve,  Au  trou  de  la  pomme  de  pin,viLLO,N,  Test,  ron- 
deau. Il  xvi*s.  Et  lors,  tout  estant  desgarni,  se  pré- 
sente l'assaut;  ceux  de  dedans  descouverts  jusque*  à 
l'escarpin,  d'aub.  llist.  m,  30.  L'on  luy  donna  les 
escarpins  avec  le  feu,  que  l'on  dit  estre  l'un  des  plus 
cruelz  ferments  qui  se  peut  appliquer  sur  l'homme, 
coNDfi,  Mémoires,  p.  688.  J'ay  cette  aultre  pire  cous- 
tume,  que,  si  j'ai  un  escarj)in  de  travers,  je  laisse 
encores  de  travers  et  ma  chemise  et  ma  cappe  :  je 
desdaigne  de  m'amender   à  démy,   mont,  iv,  67. 

—  ETY5I.  Picard,  escrepin;  espagn.  escarpin; 
ital.  scarpa  et  scappino  ;  bas-lat.  scarpus.  Mot  dif- 
ficile. Muratori  la  tire  du  latin  carpisculus,  sorte  de 
chaussure;  mais  carpisculus  aurait  donné  escar- 
pilte,  et  il  manque  un  intermédiaire  pour  rendre 
sûre  cette  élymologie.  Diez  ne  voit  dans  l'italien 
icarpa,  chaussure,  qu'un  même  mot  avec  scarpa, 
escarpe,  et  venant,  comme  lui,  de  rallemanù 
scharf,  aigu  ,  c'est-à-dire  ce  qui  se  termine  en 
pointe.  U  faut  remarquer,  ce  qui  est  singulier,  que, 
dans  une  des  formes  italiennes  et  françaises  scap- 
pino, eschapin,  l'r  a  disparu. 

t  ESCARPINER  (è-skar-pi-né) ,  f.  n.  Terme  fa- 
milier et  vieilli.  Courir  légèrement. 

—  HiST.  XVI*  s.  Escarpiner,  cotgrave. 

—  ÊTYM.  Escarpin. 

ESCARPOLETTE  (è-skar-po-lè-f) ,  s.  f.  Espèce  de 
siège  suspendu  par  des  cordes  sur  lequel  on  se  place 
pour  être  balancé.  D'une  façon  sadinette  Se  bran- 
lent à  l'escarpolette,  BÉoHiEa,  Mac.  ||  Fig.  Ne  vous 
proposez  pas  de  me  balancer  entre  la  terreur  et  la 
volupté;  c'est  une  escarpolette  sur  laquelle  je  ne 
saurais  me  tenir  longtemps,  diueb.  Sur  les  saisons. 
Il  Une  tête  à  l'escarpolette,  un  étourdi. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  tout  ainsi  arresté,  et  les  as- 
siégez aians  garni  les  flancs  de  fauconnaux,  et  quel- 
que pierrier,  mettent  leur  femmes  en  sentinelles 
aux  autres  endroit*  et  se  trouvent  k  l'escarpoulette, 
d'aub.  7/ij(.  m,  t36. 

—  ÊTYM.  Écliarpe,  d'après  Ménage,  l'escarpo- 
lette étant  une  grande  écharpe,  sur  laquelle  on 
s'asseyait.  D'Aubigné  semble  donner  à  ce  mot  le 
sens  d'eicarpe  (voy.  sscahpk)  :  toujours  est-il  que 
la  formation  en  est  douteuse. 

t.  ESCARRE  (è-ska-r"),  ».  f.  Fausse  orthographe 
du  Dictionnaire  de  l'Académie  pour  escliare.  Ce  mot 
n'est  pas  d'un  usage  assez  vulgaire  pour  qu'on  ne 
puisse  le  corriger. 

«.  ESCARRE  <è-ska-r'),  ».  f.  Terme  vieilli.  Ouver- 
ture faite  avec  violence,  avec  fracas.  Le  canon  a  fait 
une  grande  escarre  dans  ce  bataillon,  dans  ce  mur. 

—  HIST.  XVI*  s.  Aliculi,  Cham  et  Simon  allèrent 
au  devant,  et  firent  un  grand  escarre  à  la  teste 
(front,  avant-garde]  de  Assam;  mais  le  gros  des 
Turcs  arrivant  au  combat,  Aliculi  fut  pris,  d'aub. 

/f<»l.  II,  S88. 

—  ÊTYM.  Anglais,  sear,  cicatrice;  ancien  haut 
allem.  jcar,  couiicr. 

t  ».  ESCARRE  (è-ska-r"),  ».  f.  Terme  de  blason. 
Pièce  qui  a  la  forme  d'une  équerre. 

—  ETYM.  Le  même  que  équerre. 

t  ESCART  (è-skar) ,  ».  m.  Terme  d'écolier.  Au  jeu 
de  barres,  avance  sur  l'adversaire,  dans  la  course 
qu'on  doit  fournir.  Demander  de  l'escart. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  le  même  que  écart. 

t  ESCVltTABLE  (è-skar-ta-bl") ,  adj.  Terme  de 
fauconnerie.  Se  dit  d'un  oiseau  fort  chargé  de  plu- 
mes qui  s'élève  très-haut  lorsque  la  chaleur  le  presse. 

t  ESCACMB  (è-sko-m"),  ».  m.  Terme  de  pèche.  Le 
même  que  échome. 

B8CAVECADB  (i-ska-ve-ea-d') ,   a.  f.  Terme  de 


ESC 

manège.  Secousse  du  caveçon  pour  presser  le  cheval 
d'obéir. 

—  IllST.  XVI*  s.  Escavessade  [licou] ,    cotgbave 

—  f.TVM.  F.S....  préfixe,  et  carefon. 

t  ESCA VILLE  (è-ska-vi-U',  U  mouiUées) ,  ».  (. 
Voy.  canthakelle,  champignon. 

tESCUARE  (è-ska-r'),».  {.  Croûte  noiritre  qui  se 
forme  sur  la  peau  par  gangrène  ou  par  application 
d'un  caustique  ou  du  feu. 

—  HIST  xiv*s.  Quand  l'escharre  sera  cheue,  h.  dr 
MONDEviLLE,  f*  68.  ||  XVI*  S.  Si  la  brusleure  est  pro- 
fonde, il  s'y  fait  escarre  ou  crouste  qui  est  la  chair 
bruslée,  pabé,  x  ,  t. 

—  F.TVM.  'lW/_ipi,  eschare,  proprement  foyer. 
tESClIARIFlCATION  (è-ska-ri-fi-ka-s;on),  ».  f. 

Terme  de  médecine.  Production  d'une  escliare. 

—  ÊTYM.  lischare. 

t  ESCIIAUIFIEU  (È-ska-ri-fl-é) ,  v.  a.  Produire 
une  eschare. 

t  ESOLiROTIQl'E  (è-ska-ro-ti-k') ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Oui  produit  une  eschare.  i|  S.  m.  Un  es- 
charolique,  substance  qui,  appliquée  sur  une  partie 
vivante,  la  désorganise. 

—  HIST.  XVI*  s.  Faudroit  venir  aux  médicaments 
escharotiqucs,  faisans  crouste,  paré,  vu,  7. 

—  f.TYSl.  'Ea/afUTizi;,  de  iu/ipa,  eschare. 

t  ESCUATOLÔGIE  (è-ska-to-lo^jie),  ».  {.  Terme 
de  théologie.  Doctrine  des  choses  qui  doivent  adve- 
nir lors  de  la  consommation  des  siècles  ou  fin  du 
monde. 

—  ÉTYM.  ''E<TxaTo;,  dernier,  et  Xiyo;,  doctrine 
(voy.  logique). 

t  ESCHATOLOGIQCE(è-ska-lo-lo-ji-k'),  a<y.  Oui 
a  rapport  à  l'eschatologie.  Les  idées  eschalologiques 
tiennent  une  grande  place  dans  plusieurs  des  Uvres 
des  Guèbres. 

—  ÉTYM.  Eschatologie. 

t  ESCUILLON  (è-ski-Uon,  U  mouillée»,  et  non 
è-ski-yon),  ».  m.  Météore  fort  dangereux  dans  les 
mers  du  Levant,  trombe,  siphon. 

ESCIENT  (è-si-an) ,  t.  m.  11  ne  s'emploie  que 
dans  ces  deux  locutions  adverbiales  :  1°  X  son  es- 
cient, à  mon  escient,  sciemment,  avec  connaissance 
de  cause;  2°  X  bon  escient,  sciemment,  et,  par 
extension,  tout  de  bon,  \érilablcmeiit.  Ceux  que 
l'abbé  de  Polignao  avait  engagés  par  là  [par  pro- 
messes] voulaient  voir  des  espèces  à  bon  escient, 

SI-SIM.  48,  60. 

—  HIST.  XI*  s.  Mon  escient,  deus  cens  ans  [il]  a 
passet ,  Ch.  de  Roi.  xxxix.  ||  xii*  s.  Là  me  souvint 
des  gens  de  maie  guise  Oui  m'ont  mis  .sus  men- 
songe à  esciant.  Que  jai  chanté  des  dames  laide- 
ment, OUESNES,  Romane,  p.  s».  Pour  Dieu  conseil- 
lez m'ent  [de  cela]  U'envoier  eu  Herope  selon  vostre 
esciant,  Sax.  ixi.  Prudhome  sont  et  sage  et  de  bon 
esciant ,  ib.  xxi.  Lur  paroles  n'ai  pas  tûtes  ci  en 
présent.  Mais  de  ce  qu'unt  requis  dirrai  mun  es- 
cient ,  Th.  le  mart.  65.  ||xui*  s.  Cius  [ce]  Robiers 
estoit  de  petit  enscienl,  ne  riens  ne  savoit,  Chr.  de 
Rains,  p.  2.  Lois  est  communs  commandemanz  de 
sages  homes  et  conseil,  et  chastiemant  des  torz  fez 
que  l'en  fet  à  escient  et  sans  esciant,  Liv.  de  just.  i. 
Il  XIV*  S.  Li  evesques  de  Durs  a  pris  le  sairemcnt 
Des  plus  vaiUans  de  tous  qui  plus  ont  d'escient, 
Guesc.  8696.  Il  XV*  s.  Et  travailloient  d'y  mettre 
gens  [dans  la  ville]  s'ilz  en  eussent  peu  finer  à  temps 
et  la  deffendre  à  bon  essient,  comm.  v,  <6.  ||  xvi*  s. 
....Soit  qu'ils  le  facent  à  leur  escient  ou  par  in- 
consideration  ,  calv.  Inslit.  986.  La  cler  le  disoit 
de  tel  escient  [si  sérieusement]  que  la  pauvre  garse 
n'eustosé  faillira  le  croire,  DESPER.Contf»,  x.  Il  n'y 
a  rien,  en  bon  escient,  en  notre  puissance  que  la 
volonté,  MONT.  I,  30.  Ainsi  que  l'on  procedoit  à  cesie 
élection,  il  tonna  à  bon  escient,  amïot,  Uarcell.  t7. 

—  ÊTYM.  Génev.  avoir  de  l'escient,  manquer  d'es- 
cient; provenç.  escien,  ccien;  du  latin  scientem, 
part,  présent  de  scire,  savoir  (voy.  scjence). 

t  ESCIONSEMENT  (è-ssi-0-ne-man),  t.  m.  Ebour- 
geonnement. 

—  F.TVM.  J?»....  préfixe,  et  scion. 

ESCL.\IRE  (è-sklê-r') ,  ».  m.  Terme  de  fauconnerie. 
Oiseau  de  proie  dont  le  corps  est  allongé  et  qui 
vole  bien. 

t  ESCLAME  (è-skia-m') ,  adj.  Terme  de  vénerie. 
Se  dit  d'un  animal  dont  le  corps  est  grêle  et  menu. 
Cerf  esclame. 

—  ÊTYM.  Voy.  ÉCLAM*. 

ESCLANDRE  (è-sklan-dr'),  ».  m.  \\  i*  Bruit  scan- 
daleux à  propos  de  quelque  accident  fâcheux,  dés- 
agréable. Je  ne  veux  point  d'esclandre  dans  ma  mai- 
son ;  ni  moi  ni  Toinon,  nous  n'en  avon*  que  faire, 
MARiVAOX ,  Mitrinnue,  3*  part.  Il  n'y  aura  pas  d'eï- 
dandre;  mais  toute  la  société  est  au  fait,  riCARD, 


ESC 


ESC 


ESC 


1487 


I 


reliU  ville,  iv,  2.  Croyez-moi,  sans  esclandre,  i 
nous  seuls,  étouffons  la  flamme,  P.  t.  cour,  i,  2«0. 
Il  Faire  esclandre  ou  causer  de  l'esclandre,  faire 
du  tapage.  Tous  les  amours  y  [dans  mon  gîte]  met- 
tent garnison;  En  vrais  soudards  ils  y  faisaient  es- 
clandre, BÉRANG.  Uétemf)sych.  ||  î'aire  esclandre, 
éclater  d'une  façon  scandaleuse,  i.es  désordres  de  sa 
vie  ont  fini  par  faire  esclandre.  ||  Faire  un  esclandre  à 
quelqu'un,  lui  faire  une  querelle  publique  et  scan- 
daleuse. Il  2°  Attaque,  rixe.  Le  pauvre  loup  dans 
cet  esclandre,  Empêché  par  son  hoqueton,  Ne  peut 
fiiir  ni  se  défendre,  la  pont.  FaU.  m,  3.  Quand  on 
n'a  quun  endroit  à  défendre  On  le  munit  de  peur 
d'esclandre,  ID.  ib.  i,  ».  Ce  n'est  coup  sûr  en- 
contre tous  esclandres,  ID.  On  ne  s'avise.  Vieux  en 
ce  sens. 

—  HEM.  F.sclandre  a  été  du  féminin  :  La  fortune 
lui  trame  en  secret  cette  esclandre,  iafont.  Fianç. 
Aujourd'hui  le  genre  est  fixé;  esclandre  est  du  mas- 
culin; mais  plusieurs  auteurs  s'y  trompent  encore  : 
Si  vous  vous  en  étiez  souvenu,  vous  n'auriez  pas 
fait  une  pareille  esclandre,  angelot  et  dcport, 
Une  camarade  de  pension,  li,  13;  Ahl  ah!  c'est 
pour  cela  que  vous  voulez ,  ma  toute  belle ,  une 
bonne  petite  esclandre ,  fr.  soulié  ,  Les  quatre 
sœurs,  part,  iv,  §  6;  Condamnons  par  maintes  es- 
clandres.... SCRIBE,  Nouv.  l'ourc.  se.  3. 

—  HlST.  XII'  s.  Encuntre  tun  frère  parlowes  [tu 
parlais],  e  encuntre  le  fil  ta  mère  posowes  [tu  met- 
lais]  escandie ,  Liler  psalm.  p.  67.  De  sa  mortel 
ovre  haïe  E  de  sa  laide  félonie,  Dunt  par  le  munt 
fu  grant  esclandres....  benoIt,  ii,  434)7.  De  la  des- 
corde sunt  entur  de  conseillier;  Wai  [malheur  à] 
celui  par  qui  vient  escanles  d'escunbrier,  Th.  le 
mort.  89.  Il  XIII'  s.  Mener  une  vie  .si  deshoneste  que 
ce  soit  escanlles  à  li  et  à  son  lignage,  beaum.  xii,  17. 
Mfcs  s'il  fussent  garnis  de  meurs  et  bien  letrez,  Ja- 
mais par  symonie  ne  fussent  enmitrez  ,  Dont  Diex 
et  la  gent  laie  les  tiennent  en  viltez  Por  l'erreur  et 
l'esclandre  où  il  se  sunt  boutez,  j.  de  meuno.  Test. 
B40.il  xV  s.  Et  tous  ces  appareils  et  l'esclandre  qui  s'en 
faisoit  estoient  pour  retraire  hors  le  duc  de  Lancastre 
et  sa  route  du  royaume  de  Castille,  froiss.  ii,  m,  40. 

Il  xvi"  s Pour  avoir  esté  si  hardis,  que  d'avoir  fait 

cette  esclandre  si  près  du  roi,  yver,  p.  0(6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escandol  ;  espagn.  escandalo  ; 
ital.  scandalo;  du  latin  scandalum,  qui,  ayant  l'ac- 
cent sur  Scan,  a  donné  e-selandre  (avec  épenthèse 
de  l'e  comme  dans  e-sprif),  et  qui,  beaucoup  plus 
tard  ,  a  fourni  .icandale. 

ESCLAVAGE  (è-skla-va-j') ,  s.  m.  ||  1*  État  d'es- 
clave dans  l'antiquité.  L'esclavage  chez  les  Grecs  et 
chez  les  Romains.  Emmener,  réduire  en  esclavage 
des  femmes,  des  enfants.  On  ne  croirait  jamais  que 
c'eûtété  la  pitié  qui  eût  établi  l'esclavage,  montesq. 
Ssp.  XV,  2.  Je  ne  vous  demande  que  la  liberté  d'une 
jeune  esclave  de  Babylone  que  vous  avez  depuis 
quelques  joiirs;  et  je  consens  de  rester  en  escla- 
vage à  sa  place,  si  je  n'ai  pas  le  bonheur  de  guérir 
le  magnifique  seigneur  Ogul ,  volt.  Zadig  ,  \». 
Il  État  d'esclave  chez  les  modernes.  L'esclavage  des 
nègres.  Le  cri  pour  l'esclavage  est  le  cri  du  luxe  et 
de  la  volupté,  et  non  pas  celui  de  l'amour  de  la  féli- 
cité publique,  montesq.  Esp.  xv,  9.  L'esclavage  est 
d'ailleurs  aussi  opposé  au  droit  civil  qu'au  droit  na- 
turel ;  quelle  loi  civile  pourrait  empêcher  un  es- 
clave de  fuir?  ID.  ib.  xv,  2.  ||  2°  Par  extension, 
assujettissement,  dépendance.  Etre  en  esclavage 
sous  un  despote.  Gouverner  les  peuples  contre  leur 
volonté,  c'est  se  rendre  très-misérable  pour  avoir  le 
faux  honneur  de  les  tenir  dans  l'esclavage,  fén. 
Tél.vm.  Ce  serait  mettre  les  familles  dans  le  plus  ri- 
goureux esclavage,  id.  ib.  xxiii.  L'esclavage  politique 
établi  dans  le  corps  de  l'État  fait  que  l'on  sent  peu 
l'esclavage  civil,  montesq.  Jfsp.  xv,  <3.  Dans  les 
climats  où  les  femmes  vivent  sous  un  esclavage  do- 
mestique, il  semble  que  la  loi  doive  permettre  aux 
femmes  la  répudiation,  et  aux  maris  seulement  le 
divorce,  id.  ib.  xvi,  <B.  X  peine  Jérusalem  jouit-elle 
de  quelque  ombre  de  liberté ,  qu'elle  fut  déchirée  par 
des  guerres  civiles,  qui  la  rendirent,  sous  ses  fan- 
tômes de  rois,  beaucoup  plus  à  plaindre  qu'elle  ne 
l'avait  jamais  été  dans  une  si  longue  suite  de  difTù- 
rents  esclavages,  VOLT.  Dic(.  phi(.  Jui/s.  ||  3°  Fig. 
Ce  qui  assujettit,  subjugue.  L'esclavage  des  pas- 
sions. Je  ne  hais  point  la  vie  et  j'en  aime  l'usage. 
Mais  sans  attachement  qui  sente  l'esclavage,  corn. 
Poly.  V,  2.  Je  brise  avec  honneur  mon  illustre  es- 
clavage, ID.  Ilodog.  m,  3.  U  vous  dégage  des  pas- 
sions.... qui  sont  les  sources  de  vos  péchés....  si 
vous  en  aimez  l'esclavage,  eoubd.  Axent,  Pénit. 
♦82.  Vous  vivez  dans  l'esclavage  du  péché  et  vous  y 
mourrez,  id.  8*  dim.  après   la  Pentec.  Dominic. 


t.  III,  p.  1.15.  Mais  si,  par  d'autres  soins  plus  dignes 
de  mon  âge,  Par  de  profonds  respects,  par  un  long 
esclavage,  bac.  Baj.  m,  2.  ||  L'esclavage  de  la 
rime,  la  gêne,  la  contrainte  qu'elle  impose,  ||  Ce 
qui  laisse  peu  de  liberté,  de  loisir.  Cet  emploi  est 
lucratif,  mais  c'est  un  esclavage.  ||  4°  Terme  de 
gravure.  Manière  gênée,  taille  qui  n'est  point  quittée 
à  propos.  Il  5°  Sorte  de  chaîne ,  ordinairement 
ornée  de  diamants  ou  de  pierres  précieuses,  qui 
descend  sur  la  poitrine  en  demi-cercle,  dite  ainsi 
parce  qu'on  la  compare  à  la  chaîne  portée  par  l'es- 
clave. Il  portait  un  chapeau  pointu  retroussé  d'un 
gros  diamant,  et  un  esclavage  de  perles  et  de  rubis 
au  lieu  de  carcan,  hamilton.  Le  bélier,  au  com- 
mencement. Il  6°  Ancien  terme  de  négoce.  Le  droit 
qu'une  compagnie  de  marchands  avait  seule  de 
vendre  et  d'acheter  certaines  marchandises. 

—  HEM.  M.  de  Malherbe  disait  et  écrivait  esclavi- 
tudo,  et  ne  pouvait  souffrir  esclavage;  néanmoins 
esohivage  est  beaucoup  plus  usité  que  l'autre, vaug. 
Rem.  t.  II,  p.  est ,  dans  pouoens. 

—  ÉTYM.  Esclave. 

t  ESCLAVAGISTE  (ê-skla-va-ji-sf),  s.  m.  Néo- 
logisme. Celui  qui,  dans  les  pays  où  les  nègres 
sont  esclaves,  est  partisan  de  l'esclavage. 

ESCLAVE  (è-skla-v'),  s.  m.  et  f.  ||  1°  Celui,  celle 
qui  est  sous  la  puissance  absolue  d'un  maître,  par 
achat,  par  héritage  ou  par  la  guerre.  Délivrer,  ra- 
cheter des  esclaves.  Platon  vendu  comme  esclave.  Le 
trafic  des  esclaves  à  la  côte  d'Afrique.  On  trouve  la 
sainteté  dans  les  emplois  les  plus  bas,  et  un  esclave 
s'élève  à  la  perfection  dans  le  service  d'un  maître 
mortel,  pourvu  qu'il  y  sache  regarder  l'ordre  de 
Dieu,  Boss.  le  Tellier.  De  mon  rang  descendue,  à 
mille  autres  égale,  Ou  la  première  esclave  enfin  de 
ma  rivale,  bac.  Baj.  v,  4.  Aristote  veut  prouver 
qu'il  y  a  des  esclaves  par  nature  ;  ce  qu'il  dit  ne  le 
prouve  guère,  montesq.  Esp.  xv,  7.  Les  Athéniens 
traitaient  leurs  esclaves  avec  une  grande  douceur  ; 
on  ne  voit  point  qu'ils  aient  troublé  l'État  à  Athènes, 
comme  ils  ébranlèrent  celui  dn  Lacédémone,  m.  ib. 
XV,  17.  Chaque  nation  européenne  a  une  manière 
de  traiter  ses  esclaves  qui  lui  est  propre  :  l'Espa- 
gnol en  fait  les  compagnons  de  son  indolence  ;  le 
Portugais,  les  instruments  de  ses  débauches  ;  le 
Hollandais,  les  victimes  de  son  avarice,  eaynal, 
IHst.phil.Ta,  "22.  Il  est  prouvé  que  quatorze  ou 
quinze  cent  mille  noirs,  aujourd'hui  épars  dans  les 
colonies  européennes  du  nouveau  monde,  sont  les 
restes  infortunés  de  huit  ou  neuf  millions  d'esclaves 
qu'elles  ont  reçus,  m.  ib.  Les  esclaves  de  tout  âge, 
de  tout  sexe  et  de  toute  nation  sont  un  objet  consi- 
dérable de  commerce  dans  toute  la  Grèce,  babtiiél. 
ch.  8.  Il  Terme  de  droit  romain.  Esclaves  de  la 
peine,  ceux  qui  étaient  condamnés  à  travailler 
dans  les  mines,  ou  à  combattre  des  animaux  féroces 
pour  divertir  le  peuple.  ||  Par  extension.  Esclave 
couronnée,  Je  partis  pour  l'hymen  où  j'étais  des- 
tinée, BAC.  Milhr.  I,  3.  Ce  n'est  donc  point,  Ismène, 
un  bniit  mal  afiermi  ?  Je  cesse  d'être  esclave  et  n'ai 
plus  d'ennemi,  m.  Phèdre,  n,  <.||Fig.  11  [un livre] 
est  esclave  né  de  quiconque  l'achète,  boil.  Sal.  ix. 
La  rime  est  une  esclave  et  ne  doit  qu'obéir,  in. 
Art  p.i  II  2°  Celui  qui  est  soumis  à  une  domination 
étrangère,  à  un  gouvernement  despotique.  Fut-il 
jamais  au  joug  esclaves  plus  soumis?  bac.  Esth. 
m,  4.  Quand  l'esclave  imprudent  pour  ses  maîtres 
combat.  Tout  son  sang  prodigué  se  répand  sans 
éclat,  c.  DELAV.  Yépres  sicil.  i,  2.  D'anciens  Gau- 
lois, pauvres  esclaves,  Un  soir  qu'autour  d'eux  tout 
dormait.  Levaient  la  dîme  sur  les  caves  Du  maître 
qui  les  opprimait,  bérano.  Escl.  gaulois.  \\  En  es- 
clave, à  la  façon  des  esclaves,  servilement.  Je  pré- 
tends n'être  point  obligée  à  me  soumettre  en  es- 
clave h  vos  volontés,  mol.  G.Dandin,  ii,  4.  Le 
sang  des  Ottomans  Ne  doit  point  en  esclave  obéir 
aux  serments,  hac.  Baj.  m,  3.  ||  3°  Dominé  par, 
assujetti  à.  Vous  seriez  devenu,  pour  avoir  tout 
dompté.  Esclave  des  grandeurs  où  vous  êtes  monté, 
CORN.  Cinna,  ii,  <.  Elle  a  trop  de  vertus  pour  n'être 
pas  chrétienne....  Pour  vivre  des  enfers  esclave  in- 
fortunée, ID.  Poly.  IV,  3.  Père  dénaturé,  malheu- 
reux politique.  Esclave  ambitieux  d'une  peur  chimé- 
rique, JD.  ib.  V,  6.  Vil  esclave  toujours  sous  le  joug 
du  péché.  Au  démon  qu'il  redoute  il  demeure  at- 
taché, BOIL.  Éptt.  XII.  Triste  destin  des  rois,  es- 
claves que  nous  sommes  Et  des  rigueurs  du  sort 
et  des  discours  des  hommes,  hac.  Iphig.  i,  6.  Es- 
clave d'une  lâche  et  frivole  pitié,  id.  Alhal.  ii,  7. 
L'empereur  soupçonneux,  esclave  de  son  rang, 
CAMPisTRON,  Andron.  I,  8.  Plus  une  âme  mondaine 
est  esclave  de  ses  passions,  mass.  Car.  Respect  hum. 
Elle  n'en  est  pas  moins  l'esclave  des  vanités  d'Egypte, 


IB.  t6.  Prosp.  J'eusse  été  près  du  Gange  esclave  des 
faux  dieux ,  Chrétienne  dans  Paris,  musulmane  en 
ces  lieux,  volt.  Zaire,  i,  ).  Mais  le  reste  du  monde, 
esclave  de  la  crainte,  id.  Àlx.  l,  4.  En  arrivant  i 
la  cour,  il  se  vit  entouré  une  seconde  fois  des  es- 
claves de  la  faveur,  conlorcet,  Kaurepas.  ||  Être 
esclave  de  sa  parole,  tenir  religieusement  la  pro- 
messe qu'on  a  faite.  ||  Être  esclave  de  son  devoir, 
l'accomplir  scrupuleusement.  Tout  cela  part  d'un 
cœur  toujours  maître  de  soi,  D'un  héros  qui  n'est 
point  esclave  do  sa  foi,  rac.  Andr.  iv,  6.  ||  i'  Qui 
est  volontairement  asservi  aux  volontés  de  quel- 
qu'un. Tous  les  hommes  vivants  sont  ici-bas  es- 
claves; Mais,  suivant  ce  qu'ils  sont,  ils  diffèrent 
d'entraves,  Régnier,  Sat.  m.  Qui  est  plus  esclave 
qu'un  courtisan  assidu,  si  ce  n'est  un  courtisan  plus 
assidu?  la  BHUY.  VIII.  Les  hommes  veulent  être  es- 
claves quelque  part  et  puiser  là  de  quoi  dominer 
ailleurs,  id.  ib.  Vous  exigez  que  vos  esclaves  vous 
servent  avec  tant  de  respect,  mass.  Car.  Temples. 
Diderot  s'est  fait  esclave  des  libraires,  et  est  devenu 
celui  des  fanatiques,  volt.  Lett.  à  d'Alembert,  15 
oct.  1769.  Je  ne  désire  pas  des  amis;  il  ne  me  faut 
que  des  dupes  et  des  esclaves,  genlis.  Veillées  du 
chdt.  t.  III,  p.  38) ,  dans  pougens.  ||  Dans  le  langage 
de  la  galanterie,  amant  et  serviteur  d'une  dame. 
Je  ne  souffrirai  point  qu'Hypsipile  me  brave.  Et 
m'enlève  ce  cœur  que  j'ai  vu  mon  esclave,  corn. 
Tois.  d'or,  IV,  3.  Une  aventure  me  fit  voir  la  char- 
mante Élise;  cette  vue  me  rendit  esclave  de  ses 
beautés,  mol.  l'Avare,  v,  6.  Mais  enfin  je  ne  puis.... 
....  esclave  d'un  coup  d'oeil  Par  des  soumissions  ca- 
resser son  orgueil,  volt.  Ali.  i,  4.  il  B°  Qui  n'a  au- 
cun moment  de  libre.  Cet  emploi  le  rend  esclave. 
Les  domestiques  sont  esclaves  dans  cette  maison. 
Il  6°  Adj.  Les  nègres  esclaves,  ô  malheureuse  et  res- 
pectable reine,  comment  vous  retrouvé-je  en  ce 
lieu  écarté,  vêtue  en  esclave  et  accompagnée  d'an- 
tres femmes  esclaves  qui  cherchent  un  basilic  pour 
le  faire  cuire  dans  de  l'eau  rose  par  ordonnance  du 
médecin?  volt.  Zadig,  1. 1|  Fig.  Avoir  une  âme  es- 
clave, avoir  une  âme  vile  et  basse.  ||  Par  extension. 
Oui  obéit  comme  ferait  un  esclave.  Sylla  peut  en 
effet  quitter  sa  dictature;  Mais  il  peut  faire  aussi 
des  consuls  à  son  choix.  De  qui  la  pourpre  esclave 
agira  sous  ses  lois,  corn.  Sertor.  iv,  3.  L'air  tient 
les  vents  tous  prêts  à  suivre  sa  colère  [de  Médée]  ; 
Tant  la  nature  esclave  a  peur  de  lui  déplaire,  ib. 
Méd.  III,  4.  Il  est  beau  d'étaler  cette  prérogative 
Aux  yeux  du  Rhône  esclave  et  de  Rome  captive, 
ID.  Sert.  IV,  2. 

—  liiST.  XII"  s.  Qui  estoit  franc  est  devenu  es- 
clave, Hachab.  I,  2.  ||  xiii'  s.  Et  qui  celé  rançon  ne 
porroit  paer,  si  seroit  esclas,  Kist.  occid.  des  croi- 
sades, t.  I,  p.  80.  Quant  Seif  Eddin  ot  les  mil  es- 
claz,  ib.  p.  87.  L'on  se  peut  clamer  par  l'assise  de 
esclaf  ou  de  esclave  qui  est  mesel  [lépreux]  ou  me- 
selle,  ou  qui  cheit  dou  mauvais  mau  [épilepsie], 
Ass.  de  Jér.  i,  429.  ||  xiv  s.  Le  royaume  de  Rome 
estoit  abandonné  non  pas  seulement  à  gens  es- 
tranges  et  pèlerines,  mes  encores  à  serfs  et  à  es- 
claves, BERCHEUBE,  f°  20,  verso.  Voulons  que  lesdits 
Cathelans  qui  vouldront  venir  en  nostre  dit  royaume 
le  puissent  faire  .seurement  et  sauvement  avec  leurs 
femmes,  enfans,  serviteurs,  esclaux  [valets],  es- 
claves, bagues,  joyaulx,  Ocdonn.  avril  1486. 

—  ËTYM.  Provenç.  esclau,  s.  m.  ;  esclava,  s.  f.; 
espagn.  esclavo  ;  portug.  escravo  ;  ital.  schiavo  ; 
allem.  Sclave  ;  angl.  slave  ;  de  slavus  ou  sclavus, 
Slave,  nom  de  peuple,  qui  fut  employé  pour  dési- 
gner un  serf  après  les  guerres  qu'Othon  le  Grand  et 
ses  successeurs  firent  aux  peuples  slaves  et  dans 
lesquelles  une  partie  de  ces  peuples  furent  emmenés 
en  captivité,  distribués  aux  guerriers  de  l'empire 
d'Allemagne  et  réduits  en  servitude.  Un  très-grand 
nombre  de  Slaves  étant  devenus  serfs,  le  mot  de 
slave  fut  employé  pour  synonyme  de  serf.  Les  pre- 
miers exemples  de  l'usage  de  slavut  en  cette  signi- 
fication remontent  au  x-  siècle;  voy.  guérard,  Po- 
lyptyque d'Irminon,  i,  283. 

fESCLIPOT  (ô-skli-po),  *.  m.  Terme  de  pèche. 
Caisse  dans  laquelle  on  laisse  tomber  la  morue  tran- 
chée et  habillée. 

t  ESCOBAR  (è-sko-bar),  s.  m.  Nom  d'un  jésuite, 
célèbre  casuiste,  né  en  I689à  Valladolid  (Espagne). 
Quoi  I  vous  ne  savez  pas  qui  est  Escobar  de  notre  so- 
ciété, qui  a  compilé  cette  Théologie  morale  de  vingt- 
quatre  de  nos  pères,  sur  quoi  il  fait,  dans  1»  préface, 
une  allégorie  de  ce  livre  à  celui  de  l'Apocalypse 
qui  était  scellé  de  sept  sceaux,  pasc.  Prov.  6.  C'est 
à  bon  droit  que  l'on  condamne  h  Rome  L'évêqus 
d'Ypre  [JanséniusJ  auteur  de  vains  débats;  Ses  seo« 
tatcurg  nous  défendent  en  soinine  Tous  les  plaisirs 


«488 


ESC 


•  Ton  foni»  icii' 
i,On  yp«rTi»iit. 


r,Hii  allant  au  petit 
,.«lnou»en  die;  La 
Veut-on  monler 


Ïtfeîîïïir .ou«T  C1...U...  ...erreux  est  Braod. 


rfMfto-   Mteobêt  Mit  un  chemin  de   rcloum,  la 

Sî^r.  monle.  J'ai  toujour,  on  1.1  lé  à  vous  dire 
«u'ily  a  de»  Eaoobar  de  différenle»  imprcMions, 
«ac  Pro'-  •■  Il  Kamilièrement.  Adroit  hypocrite, 
qui  uii  résoudre,  dan»  le  aens  conveiial.le  à  se» 
\nltrH*    le»  eu  de  conscience  les  plus  subtils. 

e!U;OBAIIIif!.  ÊK  (fc-sko-bar-dé, dée),  pari,  patte. 
Knl«»4,  obtenu  par  tromperie.  Un  tesUment  esco- 
ÛMé. 

ESCOBARDKR  (é-»ko-bar-dé).  ||  1*  K.  n.  User 
de  réticence»,  do  mois  à  double  entente  dans  le 
dessein  de  tromper.  Nous  n'escobarderons  point  sur 
une  de»  plu»  grandes  questions  qui  nous  aient  été 
jamais  founiise»,  miraukau,  Colleclion,  t.  v,  p.  *li. 
Il  f  Y.  a.  Obtenir,  se  procurer  selon  les  décisions 
d'I'Ucoliar.  C'est  aiiusi  qu'on  escol/ardait  les  survi- 
vance» depuis  que  le  roi  n'Oii  voulait  plus  donner 
que  des  charKes  de  secrétaire  d'État,  si-sm.  353, 
)«7. 

—  ETYM.  Escnbar,  avec  l'addition  d'un  d,  comme 
si  le  nom  s'écrivait  Kscobard  (voy.  marivaudage). 
Ce  verba  n'a  pas  été  fait  «l'.nprès  lo  caractère  de 
l'homme,  qui  fut  toujours  d'une  piété  exemplaire, 
mais  parce  que  dans  sa  Théoloqif  morale  univer- 
selle ,  disouLiiit  tous  les  cas  possililes,  ilconalut  en 
autorisant  les  deux  partis  opposés  en  cette  façon  ; 
les  sujets  sont  obligés  et  ne  le  sont  pas  de  payer 
le  tribut....  Un  faux  serment  est  un  péché  mortel  et 
n'en  est  pas  un,  etc. 

KSCOBARDKKIE  (*-sko-bar-de-rie),  t.  f.  Parole, 
acte  par  lequel  on  escoliarde.  Celui  [le  mot]  d'escor- 
banlerie  pour  signifier  un  adroit  mensonge,  d'a- 
LBMB.  Destr.  dei  Jésuites,  Œuvres,  t.  v,  p.  d», 
dans  pouoKNS. 

—  r.TY.M.  Kscoharder. 

+  ESCOBAUTIN,  INF.  (è-sko-bar-tin,  ti-n'),  adj. 
Mot  forgé  par  Pascal.  Oui  a  le  caractère  de  la  ca- 
suistique d'Escoliar.  Ridicule  do  dire  qu'une  récom- 
pense éternelle  est  oITerte  à  des  mneurs  escoliartines, 
PASC.  Pensées,    art.  xxiv,  65,  édil.  havet. 

t  KSCOCIIKR  (è-sko-ché),  t).  o.  Battre  la  pAte  du 
biscuit  avec  la  paume  de  la  main,  afin  de  la  ramas- 
ser en  une  seule  masse. 

t  ESOOFFIËR  (è-sko-fi-é),  v.a.  Terme  populaire. 
Tuer. 

—  RTYM.  Prov.  eseofir,  tuer,  défaire;  ital.  «on- 
/l(7(jpre;  du  latin  ex,  et  conficere,  achever,  tuer,  de 
Itim.  avec,  et  facere,  faire  (voy.  confire). 

KSCOKriON  (é-sko-fion),  i.  m.  Ancienne  coiffure 
à  l'uiago  <lii  peuple.  U'abord  leurs  escoffions  ont  volé 
par  la  place,  mol.  i'Élnur.  v,  u. 

—  llisr.  XVI'  s.  Car  les  pendants  et  les  bracelets 
d'or,  Les  scoffions  et  leschaisnes  encor,  db  bellaï, 
VII,  »(,  rMio.  Sa  leste  en  ce  beau  mois  sans  plus 
estoit  couverte  D'un  riche  e-scoffion  ouvré  de  soie 
verte,  ronsahd,  <8i. 

—  BTTM.  liai,  scuffia,  euffia  (voy.  coiffe). 
F.SCOr.RIFFE  (é-sko-gri-f),  ».  m.  ||  !•  Celui   qui 

prend  hardiment  sans  demander.  Un  tour  d'esco- 
gnffo.  Il  2*  Par  ironie  et  familièrement,  homme  de 
grande  uille  et  mal  fait.  Quel  grand  escogriffe!  Et 
surtout  ce  grand  escogriffe  de  maître  d'armes  qui 
m'emplit  do  poudre  tout  mon  ménage,  mol.  Hourg. 
0(n(.  III,  3.  Cil  Ulas,  me  dit-il,  qui  est  ce  grand 
escogriffe  que  j'ai  vu  tantôt  avec  toi?  lesage.  Cil 
niai,  III,  3.  lin  certain  escogriffe  avec  noire  ja- 
quette Se  plantait  devant  moi  droit  comme  un 
échilu,  DDcnciAO,  Li  faux  due  de  Bourgogne, 
V,  I. 

—  HIST.  XYi'  1.  F.scogriffe,  oudir,  Diet. 

—  CTYM.  Mot  d'origine  inconnue  et  qui  semble 
provenir  de  griffe  ou  griffon  par  quelque  formation 
burles'iue,  |ieut-étre  avec  ucot,  blton  (comp.  éco- 

rCRCIIK). 

KsœMPTK  (è-skon-f),  t.  m.  (|1«  Primo  payée 
lu  banquier  ou  k  toute  autre  personne  qui  fait 
avança  du  montant  d'un  effet  avant  l'échéance. 
Il  Le  taux  de  l'escompte,  la  quotité  variable  du  prix 
de  TMcompte.  L4  Danqiia  de  France  abaisse  ou 
*rtv«  !•  taux  de  l'escompte  ||  Escompte  en  dedans, 
escompte  qui  s«  prend  en  calculant  quelle  e.st  la 
•omme  qu'il  fimlrait  placei  au  jour  de  l'opération, 
pour  qu-«lle  prorfuislt,  k  l'échéance,  et  déduction 
rait*  de  l^Mcompu,  la  toUl  porté  au  billet  qu'on  es- 
compta. Eacompte  en  dehors,  escompte  qui  se  prend 
ta  cakulant  Ut  intértu  de  la  somma  portée  au  bil- 

ratnaeluDt  da  «m.  «mme.  ||  f  Opération  da 


ESC 

banque  qui  consiste  à  payer  par  anticipation  le 
montant  d'un  effet  non  échu,  sous  déduction  d'une 
somme  pour  intérêt,  change  ou  frais  de  recouvre- 
menu.  ||  Caisse  d'escompte,  comptoir  établi  à  Paris 
par  Turgot  en  «776,  pour  faciliter  l'escompte  des 
effets  de  commerce.  On  donne  aujourd'hui  à  un 
établissement  analogue  le  nom  de  comptoir  d'es- 
compte, de  banque  d'escompte,  de  caisse  d'es- 
compte.||  î' Terme  de  bourse.  Exercice  de  la  faculté 
laissée  k  l'acheteur  par  marché  ferme  de  se  faire 
livrer  plusieurs  jours  après  avoir  prévenu  le  ven- 
deur. 

—  ÊTYM.  Voy.  ESCOMPTER. 

ESCOMPTÉ,  ÉK  (é-skon-té,  tée),  part,  passé.  Un 
billet  escompté. 

ESCOMPTER  (è-skon-té),  v.  a.  ||  1°  Payer  à  quel- 
qu'un le  montant  d'un  effet  avant  l'échéance,  moyen- 
nant un  escompte.  ||  Absolument.  Faire  l'escompte 
des  billets,  faire  la  banque.  ||  Kig.  Liberté,  gloire, 
honneur,  patrie.  Sont  des  mots  qu'on  n'escompte 
point ,  BÉRANG.  Poète  de  cour.  ||  2°  Dépenser  d'a- 
vance. E.scompter  le  succès  d'une  affaire.  ||  Dépenser, 
consommer  rapidement  et  prématurément.  Escom- 
pter la  vie.  Escompter  sa  jeunesse.  Passer  ses  jours 
en  liberté,  C'est  en  termes  de  banque,  escompter  sa 
jeunesse,  panard,  dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  3°  S'es- 
compter, V.  réfl.  Etre  escompté.  Ces  billets  ne  s'es- 
comptent pas. 

—  ÈTYM.  Es....  préfixe,  el  compte. 

t  ESCOMPTEUR  (è-skoii-teur),  s.  m.  Homme  qui 
fait  l'escompte.  |{  Adj.  Uanquier  escompteur,  celui 
qui  fait  l'escompte. 

—  ÊTYM.  Escompter. 

ESCOPE  (6-sko-p') ,  s.  f.  Voy.  ÉCOPE. 

—  REM.  Les  bateliers  de  la  Seine  disent  échope. 

—  ËTYM.  Du  germanique  :  angl.  scoop  ;  holland. 
schoppen. 

t  ESCOPERCHE,  ».  f.  Voy.  êcoperche. 

ESCOPETTE  rè-sko-pJi-t')  ,  t.  f.  Arme  à  feu  ,  es- 
pèce de  carabine  que  l'on  portait  ordinairement  en 
bandoulière.  Une  espèce  de  soldat  qui,  sur  deux  bu- 
tons croisés  ,  appuyait  le  bout  d'une  escopette  qui 
me  parut  plus  longue  qu'une  pique ,  etavec  laquelle  il 
me  couchait  enjoué,  lksage,  Gil  Bios,  i,  2.  ||  Sorte 
d'arquebuse  dont  la  cavalerie  française  se  servait 
sous  le  règne  de  Henri  IV  et  de  Louis  XIV,  et  qui, 
dit-on,  portait  à  cinc|  cents  pas 

—  HtST.  XVI'  s.  Tué  d'ung  coup  d'escouppette  par 
un  soldat,  d'aub.  Uist.  i,  94. 

—  ÊTYM.  Espagn.  escopeta  ;  ital.  schioppetio, 
scoppietio, lie  l'italien  schioppo,  scoppio,  bruit,  ex- 
plosion, arme  à  feu  ;  du  latin  stlopus  ou  sclopus, 
bruit  que  produit  un  coup  sur  les  joues  gonflées. 

ESCOPETTERIE  (è-sko-pè-te-rie),  ».  f.  Décharge 
de  plusieurs  escopettes.  L'année  ne  fut  point  trou- 
blée par  cette  escopetterie,  et  passa  la  nuit  auprès 
de  nos  deux  brigades,  st-sim.  47,  62.  ||  Kig.  Cou- 
Ion  avait  dit  à  l'oreille  de  Monsieur  que  l'escopet- 
terie  des  entjuëtes  ne  serait  pas  moins  forte,  retz, 
m,  Ï02. 

—  HIST.  xYi*  s.  X  la  faveur  d'une  escoupetterie  à 
travers  la  rivière,  il  fit  passer  les  meilleurs  soldats 
dedans  l'eau,  d'adb.  Hist.  i,  2»6.  L'escopelterie  du 
canon  et  d'arquebuserie,  ID.  ib.  i,  3(7. 

—  ÊTYM.  Escopette. 

+  ESCOPETTIER  (è-sko-pè-tié),  ».  m.  Soldat  qui 
était  armé  d'une  escopette. 

—  ÊTYM.  Eicopette. 

ESCORTE  (è-skor-t"),  ».  f.  ||  !•  Troupe  armée  qui 
est  commandée  pour  suivre  quelqu'un,  ou  quelque 
chose,  et  veiller  à  sa  sûreté,  dans  une  roule.  Mar- 
cher sous  bonne  escorte.  Une  vaillante  escorte.  Le 
malheureux  Araspe  avec  sa  faible  escorte  ,  corn. 
iVicom.  V,  S.  La  princesse  partit  pour  Garbe  en 
grande  escorte,  la  font.  Ftonc^e.  Pour  marcher  sans 
escorte  on  doit  se  faire  aimer,  c.  dklav.  Yépr.ticil. 
u,  2.  Il  Escorte  de  convoi,  détachement  mis,  en 
vertu  d'un  ordre  de  route,  sous  un  chef  spécial, 
accompagné  du  nombre  nécessaire  d'officiers.  ||  Es- 
corte d'honneur,  troupe  de  soldats  ou  de  citoyens 
armés  qui  accompagne  un  souverain,  un  prince  ou 
tout  autre  grand  personnage,  à  l'entrée  ou  à  la  sortie 
d'une  ville.  ||  Terme  de  marine.  Vaisseaux  de  guerre 
qui  accompagnent  des  bâtiments  de  transport ,  des 
navires  marchands  ,  etc.  jj  2'  Cortège.  Des  millions 
d'anges  y  descendent  avec  lui  pour  lui  faire  escorte, 
BouHD.  Carime.  m,  2I8.  Errant  dans  le  palais  sans 
suite  et  sans  escorte,  La  mère  de  César  veille  seule 
k  M  porte  ,  BAC.  Prit,  i,  «.  ||  3«  Il  se  dit  aussi  d'une 
aeule  personne.  Je  vous  servirai  d'escorte,  je  vous 
ferai  escorte  jusque  chex  vous.  Sous  mon  escorte 
vous  n'avei  rien  k  craindre  dans  ce  trajet.  ||  Fig. 
Bientôt  l'ambition  et  toute  son  escorte  Dans  le  sein 


ESC 

du  repos  vient  le  prendre  k  main  forte,  boil.  Sat. 

VIII. 

—  HIST.  XVI*  g.  Les  mérites,  rencontrant  une  no- 
ble extraction,  sont  plus  forts  et  se  font  meilleure 
escorte  l'un  à  l'autre,  bbant.  Pescayre.  Les  rivières, 
les  passages  ,  à  sa  dévotion  ,  luy  conduiroient  et 
vivres  et  deniers  en  toute  seureté  et  sans  besoing 
d'escorte,  mont,  i,  356. 

—  ÊTYM.  Ital.  scorta,  escorte,  de  scorgere,  mon- 
trer le  chemin,  du  latin  ex-cornjere,  diriger  (voy. 
corriger). 

ESCORTÉ,  ÉE  (è-skor-té,  tée),  part,  passé.  Es- 
corté d'une  troupe  nombreuse.  Escorté  jusque  chez 
lui  par  .ses  amis. 

ESCORTER  (è-skor-té),  v.  a.  Accompagner  pour 
protéger,  défendre  ou  .surveiller  pendant  la  marche. 
On  détacha  cent  hommes  pour  escorter  le  convoi. 
Mais  ce  ne  sera  pas  sans  vous  faire  escorter  De  dix 
mille  des  miens,  tristan,  Panthée,  v,  B.  ||  U  se  dit 
de  même  d'une  seule  personne  qui  accompagne. 
Damis  :  Ne  me  quille  pas  au  moins.  —  Lavigne  : 
Je  n'ai  garde,  j'escorte  l'escorte,  mol,  dancourt, 
la  Parisienne,  se.  il.  ||  Fig.  Le  mérite  est  un  sot  si 
l'argent  ne  l'escorte,  montkleury,  Femme  juge  et 
partie,  ii,  l. 

—  ÊTYM.  Escorte;  ital.  scortare. 

t  t.  ESCOT  (è-sko),  ».  m.  Terme  de  commerce. 
Sorte  d'étoffe  de  laine  à  tissu  croisé,  dont  on  fait 
des  robes  de  deuil,  des  vêtements  pour  religieuses 
et  des  tabliers  communs. 

—  ÊTYM.  Escot  est  peut-être  ici  pour  écossais; 
du  moins  on  trouve  dans  le  Tarif  du  m  avril  4667  : 
Serge  d'Esco.sse  demy-ètroite....  serge  de  seigneur 
et  d'Ascot,  L'Isle,  Cipre,  Angleterre,  et  autres  pals 
estrangers. 

t  2.  ESCOT  (è-sko),  ».  m.  Terme  de  marine. 
Angle  le  plus  bas  de  la  voile  latine  qui  est  triangu- 
laire. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  écoute. 

t  ESCOTARD  (è-sk»  tar),  ».  m.  Terme  de  marije. 
Palier  de  l'écoutille. 

ESCOUADE  (è-skou-a-d') ,  ».  f.  Terme  militaire. 
Fraction  d'une  compagnie  sous  les  ordres  d'un  ca- 
poral ou  d'un  brigadier.  Une  escouade  d'infante- 
rie. Une  escouade  de  cavalerie.  ||  Escouade  brisée, 
escouade  formée  des  soldats  de  plusieurs  régiments. 
Il  Contrôle  d'escouade,  feuille  dont  les  fourrie.s 
font  usage  en  route  pour  délivrer  par  escouades  les 
billets  de  logement  des  compagnies. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  fut  faict  commandement  à  tous 
les  capitaines  de  gens  de  pied,  d'envoyer  une  es- 
couade de  leurs  compaignies,  carloix,  v,  2«.  Le 
sergent-major  est  tenu  d'assister  à  toutes  les  exécu- 
tions de  justice  avec  une  scouadre  de  soldats,  que 
chaque  capitaine  doit  fournir  à  son  tour,  lo.  vi,  t  ». 
La  nuict  que  ledit  soldat  devoit  livrer  sa  marchan- 
dise, escheut  à  son  esquadre  son  rang  de  faire  la 
garde  au  dit  boullevert,  m.  du  bellay,  461.  Douze 
vaisseaux  espagnols,  l'on  ne  me  mande  point  si  ce 
sont  les  dunkerquois  ou  ceux  de  l'escouade  de  dom 
Frédéric  de  Tollede,  bassompierre,  Ambass.  t.  i, 
p.  302,  dans  lacurne.  Il  y  avoil  [dans  l'armée  de 
Gustave-Adolphe]  un  lieutenant  qui  avoit  la  con- 
duite de  trois  régiments,  un  colonel  et  un  lieute- 
nant dans  chaque  régiment;  et  un  capitaine,  un 
lieutenant,  un  enseigne,  un  sergent  et  plusieurs 
chefs  d'esquadre  dans  chaque  compagnie,  l'His- 
toire de  Oitstave-Adolphe ,  par  R.  de  phade,  <686. 

—  ÊTYM.  Ital.  squadra  (voy.  escadre).  On  a  dit, 
ce  qui  prouve  l'identité  des  deux  mots,  comme  on 
voit  à  l'historique,  escouade  pour  flotte,  et  esquadre 
pour  troupe. 

f  ESCOUPE  (è-skou-p'),  ».  f.  Pelle  de  fer  dont  on 
se  sert  dans  les  fours  à  chaux. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  cscope. 
ESCOURGÉE  (è-skour-jée),  ».  f  \\  i'  Fouet  fait  de 

plusieurs  lanières  de  cuir.  En  les  faisant  [les  Juifs 
qui  refu.saient  de  manger  de  la  chair  de  porc]  dé- 
chirer avec  des  fouets  et  des  escourgées  de  cuir  de 
taureau,  saci.  Bible,  Uachab.  ii,  vu,  t.||3'  Coups 
donnés  avec  ce  fouet.  Chœur  et  héros  s'en  allant 
chargés  d'escourgées,  BOiL.  Héros  de  roman. 

—  HIST.  XIII'  s.  Dont  fu  Renaus  Porquès  de  main- 
tes pars  saisis ,  De  corgies  noées  fu  batus  et  laidis, 
Ch.  d'Andoch.  V,  3H.  ||  iiv  s.  Et  s'avoit  cascun 
jor  balii  d'une  escorgie  La  blanche  cbar  de  lui  que 
toute  l'ot  siUie  [marquée],  llaud.  de  Scb.  vi,  »6. 
Il  XV  s.  Avoit  l'un  de  ses  bras  couvert  duquel  ella 
tenoit  unes  très  singlans  escourgiées,  alain  cuart 
l'Espérance. 

—  ETYM.  Wallon,  cor<h«;  namur.  îcon'e;  rouchi, 
écorie,  écourie  ;  ital.  scoreggia,  scorregiata  ;  «s- 
courgie  est  un  renforcement  par  es  prosthètique  de 


ESC 


ESC 


ESP 


U89 


torgie,  qtie  donne  l'historique,  qui  est  le  mémo  que 
tourroie  (voy.  ce  mot).  Il  ne  faut  donc  pas  chercher 
ici  une  étymologie  celtique  :  bas-breton ,  skourjez , 
fouet;  gaélique,  sciurs,  fouetter.  L'italien  a  aussi 
scuriada,  qui  paraît  venir  d'un  autre  radical,  peut- 
être  le  latin  conum,  cuir. 

t.  ESCOURGEON  (è-skour-jon),  t.  m.  Variété 
d'orge  appelée  orge  d'automne  ou  d'hiver  (hor- 
deum  hexastichon,  L).  C'est  l'orge  à  six  rangs  (orge 
escourgeon  de  certains  auteurs)  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  la  variété  à  six  rangs  de  l'orge  vul- 
gaire, LEGOABANT.  Il  Variété  précoce  de  l'orge  com- 
mune, que  l'on  fait  manger  en  vert  aux  chevaux. 

—  HIST.  xiv  s.  Une  pièce  de  terre  semée  de  nou- 
ïiau  d'un  grain  appelé  scorion,  du  cange,  scario. 

■  Il  XVI'  s.  Une  espèce  de  froment,  dict  l'escourgeon, 

0.   DE   SERRES,    -107. 

—  ËTYM.  Ardennais,  socoran;  namur,  socouran; 
Hainaut,  soucorion,  soucrion;  norm.  sugrégeon, 
épeaulre  ;  liég.  soucrion,  orge  nu  ;  bas-lat.  scario. 
Origine  inconnue. 

t  2.  ESCOURGEON  (è-skour-jon),  s.  m.  Lanière 
de  cuir  servant  de  lien  pour  un  fléau. 

—  ÉTYM.  Voy.  ESCOURGÉE. 

ESCOUSSE  (è-skou-s') ,  s.  f.  Terme  familier.  Élan 
qu'on  prend  pour  mieux  sauter.  Prendre  son  es- 
cousse.  Il  Fig.  Ne  prenez  pas  de  si  loin  votre  escousse 
pour  être  en  peine,  sÉv.  623.  Je  retournai  chez  moi 
prendre  haleine,  et,  comme  on  dit,  son  escousse, 
tandis  qu'on  attelait  mon  carrosse,  st-sim.  404,  33. 

—  HIST.  xiii'  s.  Si  a  choisi  [aperçu]  une  fenestre 
Bien  haute  dix  piez  et  demi.  Il  s'escosse,  si  saut 
par  mi,  Ren.  35)0. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escosa;  ital.  scossa;  du  latin 
excussus,  part,  passé  de  excutere,  secouer.  11  y  avait 
le  verbe  escovsser,  escosser. 

t  ESCRÉPER  (è-skré-pé),  V.  a.  Éventer  la  soie 
teinte  en  bleu  pour  la  déverser. 

ESCRIME  (è-skri-m'),  s.  f.  Art  de  faire  des  ar- 
mes; exercice  pour  apprendre  à  se  battre  à  l'épée 
ou  au  sabre.  Maître  d'escrime.  ||  Fig.  La  fameuse 
Macette,  à  la  cour  si  connue,  Qui...  A  soutenu  le  prix 
en  escrime  damour,  HéONiER,  Sat.  xui.  Dans  les 
combats   d'esprit  savant   maître  d'escrime,    boil. 

Sat.  u apprendreàneleur  plus  répondre  Que  par 

des  mœurs  dignes  de  les  confondre....  X  fuir  enfin 
toute  escrime  inégale  Qui  d'eux  à  nous  remplirait 
l'intervalle,  J.  B.  rocss.  ^p.  n,  4.  Sa  vie  est  un  com- 
bat, son  commerce  une  escrime,  DELii.LE,Conrers.]i. 

—  HIST.  XV  s.  Si  allèrent  tant  que  ils  vinrent 
assembler  aux  Sarrazins,  et  si  dure  escrime  leur 
livrèrent  que  tous  les  occirent,  Bouciq.  n,  2). 
Il  xvi"  s.  En  moins  de  quatre  desmarches,  il  luy  fist 
perdre  toutes  ses  escrimes,  carloix,  vi,  B.  Jamais 
il  ne  prit  plaisir  à  faire  combattre  à  l'escrime  des 
poings,  ny  à  l'autre  escrime  où  les  combattans  s'ai- 
dent de  tout  ce  qu'ilz  peuvent,  amyot,  Alex.  7.  X 
ce  siège  [de  Metz],  M.  de  Guise  fît  perdre  l'escrime 
[fit  échouer]  à  ce  grand  capitaine,  le  duc  d'Albe, 
voire  à  l'empereur  son  maistre ,  brant.  Cap.  estr. 

p.  -249,  dans  LACURNE. 

—  ÊTYM.  Voy.  ESCRIMER;  provenç.  escrima;  esp. 
esgrima;  ital.  seherma.  L'ancienne  langue  disait 
escremie. 

ESCRIMER  (é-skri-mé),  «.  n.  ||  1°  S'exercer  à 
iire  des  armes.  ||  Faire  le  coup  d'épée.  Avoir  es- 
crimé dans  quelques  combats  particuliers  n'est  point 
du  tout  une  preuve  sûre  qu'on  a  véritablement  de 
valeur,  st-foix,  Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  m, 
220,  dans  pougens.  j|  2"  Par  extension  et  familiè- 
Irement.  Agiter,  mouvoir  comme  on  fait  avec  un 
fleuret.  Puis  escrima  de  l'encensoir,  scarron,  Yxrg. 
IT.  113°  Faire  tous  ses  efforts.  Mais  si  bien  il  escri- 
Qera  Que  de  tout  à  bout  il  viendra,  scarron,  Yirg. 
|i.  Il  i"  Familièrement.  Disputer  contre  quelqu'un 
Bur  une  matière  d'érudition,  de  science,  etc.  Il  y  a 

Î*  ilaisir  à  voir  deux    savants  escrimer  l'un  contre 
'autre.  Il  B"  S'escrimer,  v.  réfl.  Terme  famdier.  Se 
Ibattre.  Il  s'escrimait  de  sa  canne  et  parait  les  coups 
[de  balai.  L'un  s'escrimait  du  bec,  l'autre  jouait  des 
pattes,  LA  FONT.  Fabl.  xn,  2.  ||  Fig.  S'escrimer  des 
pieds  et  des  mains,  faire  les  plus  grands  efforts. 
Car  chacun  s'escrimait  et  des  pieds  et  des  mains, 
fciÉGNiER,  Sat.  X.  Il  Se  disputer.  Laissons-les  donc 
entre   eux   s'escrimer  en  repos,   boil.  Art  p.  m. 
IJI  6"  S'exercer,  s'appliquer  à.  S'il  s'est  heureuse- 
nent  escrimé  du  pinceau,  scarron,  Jodelet  ou  Le 
naître  valet,  i,  K  Tel  que  vous  me  voyez,  je  m'en 
escrime  [de  poésie]  un  peu,  mol.  Prie.  to.  \\  Popu- 
'  lairement.  S'escrimer  des  mftchoires  ou  de  la  mâ- 
choire, s'escrimer  des  dents,  bien  manger. 

—  HIST.  XII'  s.   Et  escremissent  cil  bacheler  le- 
gier,  Lancent  et  gitent  por  lor  cor  essaier,  Rokc. 

DICT.   DE   LA   LANGUE  FRANÇAISE 


p.  6.  Il  XV'  3 Il,  qui  estoit  tout  nu  et  dépourvu, 

etneportoit  forsuncoutel,  espoir  [à peu près]de  deux 
pieds  de  long,  trait  le  coutel  et  commence  à  estremir, 
FROiss.  m,  IV,  28.  Il  XVI'  S.  Nous  ne  serons  jamais 
bons  amis  que  nous  n'ayons  un  peu  escrimé  ensem- 
ble, LAROUE,  B64.  Le  régiment  de  M.  d'Yvoy  s'es- 
crima encor  mieux  [au  pillage]  que  les  deux  au- 
tres, ID.  B7B.  Je  luy  appris  à  tourner  les  talons  en 
dedans,  à  escrimer  des  deux  bras  [les  balancer],  à 
s'amonceler  le  ventre,  d'aub.  Conf.  ii,  t. 

—  ÉTYM.  Provenç.  escrimir,  escremir  ;  catal.  et- 
grimar;  espagn.  et  portug.  esgrimir;  ital.  scher- 
mire;  du  germanique:  ano.  haut-allem.  skirm, 
skerm,  bouclier,  défense.  Comp.  escarmouche. 

ESCRIMEUR  (è-skri-meur),  s.  m.  Celui  qui  con- 
naît l'escrime.  Un  escrimeur  adroit. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  n'y  a  escrimeur  dans  Paris  qu'il 
n'ait  porté  par  terre,  d'aub.  Fœn.  m,  U. 

—  ÉTYM.  Escrimer. 

ESCROC  (é-skro;  le  c  ne  se  prononce  jamais;  au 
pluriel,  Vs  se  lie  :  des  5-skro-z  adroits;  escrocs  rime 
avec  sots,  repos,  travaux),  s.  m.  Celui  qui  pratique 
l'escroquerie.  Dévalisé  par  des  escrocs.  X.  femme 
avare  galant  escroc ,  la  font.  Conte.  Le  prince 
d'Harcourt  était  grand  menteur,  grand  dépensier 
en  tout,  grand  escroc  avec  effronterie,  st-sim.  1 13, 
229.  Car  quel  malheur  qu'il  fût  si  dépravé....  Et 
qu'il  portât,  sous  un  si  beau  plumage,  La  fière  hu- 
meur d'un  escroc  achevé,  gresset,  Vert-Vert,  iv. 
Mais  un  escroc  que  je  chéris  Me  vole  en  parlant  ma- 
riage, bérano.  Cinq  étages. 

—  ÊTYM.  Ital.  scrocco,  écornifieur;  de  l'allemand 
Schurke;  ano.  haut-allem.  scurjo,  coqi>in,  d'après 
Diez,  qui  rejette  croc,  parce  que  crocco  manque  à 
l'italien,  et  puis  parce  que  ie  mot  aurait  donné  en 
français  escrocher. 

ESCROQUÉ,  ÉE  (è-skro-ké,  kée),  part,  passé. 
Qui  a  été  dérobé.  Une  somme  escroquée  par  un  che- 
valier d'industrie.  ||  Qui  a  subi  une  escroquerie.  Ce 
jeune  homme  escroqué  par  un  filou. 

ESCROQUER  (è-skro-ké),  v.  a.  ||  !•  Tirer  quelque 
chose  d'une  personne  par  fourberie.  Ils  se  sont  es- 
croqué de  l'argent  l'un  à  l'autre Raton  avec  sa 

patte...  Tire  un  marron,  puis  deux,  et  puis  trois  en 
escroque,  la  font.  Fabl.  ix  ,  il.  L'un  et  l'autre 
dès  lors  vécut  à  l'aventure  Des  présents  qu'à  l'abri 
de  la  magistrature  Le  mari  quelquefois  des  plai- 
deurs extorquait,  Ou  de  ce  que  la  femme  aux  voisins 
escroquait,  boil.  Sat.  x.  j|  Absolument.  U  ne  fait 
qu'escroquer.  ||  Fig.  Escroquer  des  approbations. 
Grand  et  hardi  menteur  s'il  en  fut  jamais,  et  un 
de  ces  faux  honnêtes  gens  qui  ont  escroqué  mon 
amitié,  balz.  Lett.  à  Coniart,  28  avril  4  653.  ||  Fa- 
milièrement. Escroquer  un  dîner,  prendre  part 
à  un  dîner  auquel  on  n'a  pas  été  invité.  ||  2'  Es- 
croquer quelqu'un ,  lui  soustraire  par  fourberie 
quelque  chose.  U  n'est  point  de  marchand  qu'il 
n'escroque.  Le  drôle  fit  un  trait  de  franc  sou- 
dard; Car  aux  faveurs  d'une  belle  il  eut  part  Sans 
débourser,  escroquant  la  chrétienne,  la  font.  À 
femme  cmre.  [\  3°  S'escroquer,  ».  réfl.  Se  faire  l'un 
à  l'autre  des  escroqueries.  Ils  se  sont  escroqués  l'un 
l'autre. 

HIST.  XVI'  s.  Et  les  ayant  escroqués  tous  deux 

de  cent  cinquante  escus,  il  se  déroba,  d'aub.  Fœn. 

IV,   40. 

—  ÉTYM.  Ital.  seroecare  (voy.  escroc). 

ESCROQUERIE  (è-skro-ke-rie),  s.  f.  Action  d'es- 
croquer. Il  Tertpe  de  jurisprudence.  Vol  à  l'aide 
d'artifices,  de  manœuvres  frauduleuses. 

—  ÉTYM.  Escroquer. 

ESCROQUEUR,  EUSE  (è-skro-keur,  keù-z"),  ».  m. 
et  /.  Celui,  celle  qui  escroque. 

—  HIST.  XVI'  s.  Mais  par  sus  tout  je  craignoy  le 
danger  Des  escroqueurs,  ne  me  tenant  mocquée.... 
DU  BELL.  VII,  61 ,  verso. 

—  ÉTYM.  Escroquer. 

f  ESCUARA  (è-sku-a-ra) ,  s.  m.  Langue  des  peu- 
ples basques. 

t  ESCULAPE  (è-sku-la-p'),  s.  m.  ||  l' Terme  du  po- 
lythéisme. Nom  du  dieu  delà  médecine.  ||  2°  Nom 
donné  quelquefois  à  un  médecin  en  renom.  Il  [M.  Hu- 
nauld]  est  le  seul  médecin  de  Paris  qui  ait  expliqué 
publiquement  les  œuvres  classiques  de  cet  Esculape 
de  nos  jours  [Boerhaave]  ,  mairan,  Éloges,  Uu- 
nauld.  Mon  Esculape  a  renversé  mon  verre;  Plus  de 
gaîtél  mon  front  se  rembrunit,  bérang.  Malade. 
Il  3°  Terme  d'astronomie.  La  constellation  du  Ser- 
pentaire. Il  4*  Espèce  de  couleuvre.  En  ce  sens  il  ne 
prend  pas  de  majuscule. 

—  ÉTYM.  Lat.  M'iculapitis ;  grec,  'Ao*>ifi7ii6ç. 

f  ESCULINE  (è-sku-li-n') ,  (.  f.  Substance  tirée 
des  marrons  d'Inde 


—  ÉTYM.  Lat.  iescultis,  nom  d'une  espèce  de 
chêne  à  glands  comestibles,  dont  la  vraie  ortho- 
graphe serait  esculus,  de  esca,  nourriture;  nom 
appliqué  par  les  botanistes  à  Vssculus  hippocat- 
tanum. 

t  ESGALIVER  (è-sga-li-vé) ,  «.  a.  Terme  de  tein- 
turier. Tordre  fréquemment  et  légèrement  la  sois 
teinte. 

t  ESHERBER  (è-zêr-bé),  v.  a.  Terme  de  jardinier 
ôter  les  herbes  dans  une  planche  de  légumes  ou  do 
semis. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  herhe.. 

E-SI-MI  (é-si-mi).  Ancien  terme  de  musique.  Le 
ton  de  mi.  E  est  le  nom  de  la  note  mi  dans  la 
gamme  alphabétique  encore  en  usage  en  Allema- 
gne et  en  Angleterre;  si  est  la  dominante  de  ce 
ton,  et  mi  le  nom  de  la  tonique,  dans  la  gamme 
adoptée  d'après  Gui  d'Arezzo. 

t  ESMILLER  (è-smi-Ué,  Il  mouillées),  ».  a.  Autre, 
forme  de  smiller. 

t  ÉSOCES  (é-zo-s"),  t.  m.  plur.  Terme  de  zoologis. 
Famille  de  poissons  malacoptérygiens  abdominaux, 
dont  le  type  est  le  brochet  {esox  lucius,  L). 

— ÉTYM.  Lat.  esox,  brochet. 

t  ÉSOCIEN,  lENNE  (è-zo-siin,  siè-n'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  ressemble  à  un  brochet. 

■^ÉSODERME  é-zoder-m'),  s.  m.  Membrane  in- 
térieure chez  les  insectes. 

—  ÉTYM.  'EffM,  en  dedans,  et  SipiJia,  peau. 

t  ÉSOPE  (è-zo-p'),  s.  m.  Personnage  à  demi  fa- 
buleux à  qui  les  Grecs  attribuaient  l'invention  de 
l'apologue  et  qu'ils  représentaient  comme  bossu  et 
contrefait.  ||  Familièrement.  C'est  un  Esope,  se  dit 
d'un  homme  laid  et  bossu. 

t  ÉSOPIQUE  (è-zo-pi-k'),  adj.  Se  dit  du  genre  de 
fables  attribué  à  Ésope,  c'est-à-dire  des  apologues, 
pour  les  distinguer  des  fables  mythologiques,  des 
fables  milésiennes,  etc. 

—  ÉTYM.  Ésope. 

fÉSOTÉRIQUE  (é-zo-té-ri-k"),  adj.  Terme  d'his- 
toire  de  la  philosophie.  Doctrine  ésotérique,  doc- 
trine secrète  que  certains  philosophes  de  l'anti- 
quité ne  communiquaient  qu'à  un  petit  nombre  de 
leurs  disciples;  il  se  dit  par  opposition  à  exotérique. 

—  ÉTYM.  'E<rwTepixà; ,  intérieur ,  de  ïaa>  ,  en 
dedans. 

t  ÉSOTÉRISME  (é-zo-té-ri-sm') ,  s.  m.  Ensemble 
des  principes  d'une  doctrine  ésotérique. 

—  ÉTYM.  Voy.  ésotérique. 

t  ÉSOUCOEMENT  (é-sou-che-man),  s.  m.  Terme 
d'eaux  et  forêts.  Action  d'extirper  les  souches. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  souche. 
ESPACE  (è-spa-s'),  s.  m.   \\  1°  Certaine  étendue 

superficielle.  Un  grand  espace.  Un  petit  espace.  Mé- 
nager l'espace.  Il  fallait  entre  vous  mettre  un  plus 
grand  espace,  rac.  Théb.  y,  2.  Les  espaces  par- 
courus sont  entre  eux  comme  les  produits  du 
temps  par  la  vitesse,  c'est  ce  qu'on  exprime  encore 
en  disant  qu'ils  sont  en  raison  composée  du  temps 
par  la  vitesse,  condil.  Art  de  rais,  u,  3.  Je  regar- 
dais au  loin;  j'interrogeais  l'espace;  De  tes  pas 
vers  mes  pas  je  rappelais  la  trace,  ducis,  Abuf  iv, 
8.  Il  2°  Étendue  indéfinie.  L'espace  est  l'ordre  des 
choses  coexistantes,  LEIBNITZ.  Le  compas  d'Uranie  a 
mesuré  l'espace;  ô  temps,  être  inconnu  que  l'âme 
seule  embrasse....  thomas,  Ode,  Temps.  Où  s'arrête 
l'espace  à  nos  yeux  étendu?  drulle,  Parad.  perdu, 
VII.  [Aussi]  Trop  serré  dans  l'espace  et  dans  l'im- 
mensité, Promène-t-il  partout  sa  vague  inquiétude, 
ddcis,  Abufar,  i,  3.  Ainsi  chaque  sens  a  son  champ 
qui  lui  est  propre,  le  champ  de  la  musique  est  le 
temps,  celui  de  la  peinture  est  l'espace,  j.  J.  Rouss. 
Essai  sur  l'origine  des  langues,  ch  <8.  Nous  n'es- 
sayerons pas  de  définir  la  notion  de  l'espace  :  c'est 
une  de  ces  idées  qu'il  suffit  d'énoncer  pour  que 
l'esprit  la  conçoive  clairement;  ainsi,  en  disant  que 
l'espace  est  le  lieu  qui  contient  les  corps,  le  récep- 
tacle universel,  comme  l'ont  appelé  lesscolastiques, 
nous  n'avons  nullement  la  prétention  d'en  donner 
une  idée  plus  exacte  que  celle  qui  est  dans  tous  les 
esprits,  Dict.  des  se.  philos.  Espace.  ||  11  se  dit  au 
pluriel  dans  le  même  sens.  Le  silence  éternel  de 
ces  espaces  infinis  m'effraie,  pasc.  Pens.  art.  xxv, 
t7  édit.  HAVET.  Iris  fend  les  espaces  immenses 
des  airs,  fén.  Tél.  xvi.  ||  Espace  céleste,  ou, 
simplement,  espace,  le  ciel.  Des  signes  destruc- 
teurs ont  parcouru  l'espace ,  c.  df.lav.  Pana  , 
IV  7.  Il  L'espace  absolu,  l'immensité  dans  laquelle 
se'meuvent  tous  les  corps  de  l'univers.  ||  Espaces 
imaginaires,  espaces  qui  n'existent  pas,  locution 
tirée  de  la  philosophie  ancienne  qui,  au  delà  de  la 
sphère  du  monde,  n'admettait  ni  aucun  corps  ni 
aucun  espace.  Un  monde  que  je  ftrai  naître  dans  les 

1.  —  187 


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ESH 


£î.m  '.   "".  *•  Il  ^  P«"*™  '*'""  '*' 

■*JJ^'  ijuind  elle  moraliMÏt ,  elle  »e 

mÎjIÎi  ùii  pou  Jju»  iM  e»paces,  ».  J.  ROOïS.  Con^.  m. 
ftfldfsrJ  pordu  dtiu  l'espace,  regard  vague,  qui  ne 
M  die  «iir  aucun  objet  ||  8*  Étendue  de  lemps.  Le 
fer  (|ui  lo!i  lua  Idur  donna  cette  grâce,  Que,  si  de 
hire  liien  il»  n'eurent  pa»  l'espace,  Ils  n'eurent  pas 
la  lemp*  de  faire  mal  aussi,  HAi.n.  i,  4.  Et  rose  elle 
a  Ȏcu  ce  que  vivent  les  roses.  L'espace  d'un  matin, 
10.  n,  <s.  Et  comme  la  douleur  un  assez  long  espace 
M'a  fait  sans  remuer  demeurer  sur  la  place,  hol. 
icoh  dei  f.  V,  ».  Quoi  1  voire  ambition  serait-aile 
bornée  l  régner  tour  à  tour  l'espace  d'une  année  T 
lAC.  Théb.  IV,  3.  Ce  petit  conciliabule  [de  M.  du 
Vainc,  Villeroy  et  d'Efliat]  dura  quelque  espace, 
l>»ndant  lequel  M.  le  duo  vint  me  parler,  STsm. 
iil3 ,  43.  L'espace  entre  la  fin  de  la  première 
guerre  punique  et  le  commencement  de  la  seconde 
fut  de  vingt-quatre  ans,  rollin,  Ilist.  ane.  (Jliu- 
vrtt,  t.  I,  p.  381,  dans  rooGENS.  Après  Cécrops 
régnèrent,  pendant  l'espace  d'environ  665  ans,  dix- 
sept  princes  dont  Codrus  fut  le  dernier,  barthél. 
Ànaeh.  Introduction,  part.  I.  ||  4'  Terme  de  musi- 
que. Intervalle  blanc  des  lignes  de  la  portée.  ||  B''Terme 
de  métallurgie.  Espace  nuisible,  partie  du  soufflet 
d'où  l'air  ne  peut  être  chassé.  ||  6°  S.  f.  Terme  d'im- 
primerie. Petite  pièce  de  fonte  qui  sert  à  séparer 
les  mots.  Il  y  a  des  espaces  petites,  fortes,  minces, 
moyennes,  pour  donner  au  compositeur  la  facilité 
de  justifier. 

—  REM.  Espace  a  été  anciennement  fait  quelque 
fois  du  féminin  ;  c'est  pour  cela  qu'il  a  gardé  ce  genre 
dans  l'imprimerie. 

—  UIST.  XII*  s.  Hall  deables,  fel  tiranz,  Holt  te 
peines  en  tote  guise  De  mètre  nos  en  ton  servise  ; 
Jamais  de  mei,  se  j'ai  espace  [temps],  N'auras  bai- 
lie,  ennuie  place,  Crégotre  le  Grand,  p.  si.  ||x]ii's. 
Pour  avoir  plus  d'espace  [de  temps]  de  leur  chose 
arreer,  Berle,  xvii.  Et  en  ceste  espasse  de  tans  li 
rois  Jehans  envoya  à  Rome,  Chr.  de  Rains,  p,  (67. 
Par  l'espace  de  six  ans  que  je  fu  en  sa  compaignie, 
JOINV.  181.  Il  xiv  s.  C'est  une  mesme  voye  ou  es- 
pace, mais  les  deux  manières  de  aller  au  courir  sont 
contraires,  ORESits,  Eth.  v.  ||xv'  s.  Quand  on  l'eut 
regardé  une  espace,  on  l'osta  de  là,  et  fut  pendu  à 
un  arbre,  fboiss.  u,  u,  t»8.  Et  se  pourmenerent 
eulx  deux  ung  espace  de  lemps,  COM».  i,  13.  jjxvi's. 
Nul  n'estoit  fait  sousdiacre,  qu'il  n'eustcsté  esprouvé 
par  longue  espace  de  temps,  calv.  Jmttf.  864.  Pre- 
nant leur  visée  grande  espace  au  dessus  de  la  bute, 
HONT.  ir,  161.  Le  petit  espace  de  la  place,  amyot, 
Eumfne,  33,  H  employa  cette  espace  à  la  lecture  des 
bons  livres,  d'aub.  UUt.  i ,  47. 

—  £TYH.  Provenç.  espaci,  espaii  ;  espagn.  esyor 
cto;  ital.  tpaiio;  du  latin  spatium. 

ESPACE,  ËE  (è-spa-sé,  sée),  part,  passé.  Mis  à 
distance.  Des  arbres  espacés  convenablement. 

ESPACEMENT  (è-spa-so-man),  s.  m.  Action  d'es- 
pacer. Il  Terme  d'imprimerie.  Intervalle  entre  les 
mots,  entre  les  lignes.  Espacement  régulier.||  Terme 
d'architecture.  Les  distances  convenables  entre  plu- 
sieurs corps. 

—  ETYM.  Bipactr. 

ESPACER  (è-8pa-»é.  Le  e  prend  une'  cédille  de- 
vant o  ou  o;  espaçant,  espaçons),  v.  a.  jj  !•  Ranger 
plusieurs  chose*,  de  mani&re  t  laisser  entre  elles 
l'espace  nic«ssaire.  ||  Terme  d'imprimerie.  Établir  un 
interralle  rigulier  entre  les  mots  et  les  ligne.s.  Bien 
espacer  les  mots.  ||  Terme  de  maçonnerie.  Espacer 
tant  plein  que  vide,  laisser  les  intervalles  égaux 
aux  poteaux,  aux  solives,  etc.  ||  î"  S'espacer,  v.  réfl. 
Prendre  de  l'espace,  s'étendre.  Louis  de  Bade  avait 
jeté  un  pont  de  bateaux  sur  le  Rhin  &  Hagenbach, 
et  de  là  s'était  espacé  en  Aîiace  par  corps  séparés 
rr-siii.  3»,  «.  Il  Fig.  Parler  en  détail.  Au  sortir  du 
salut,  Brissac  lui  conta  [au  roi]  ce  qu'il  avait  fait, 
non  sans  s'espacer  sur  1»  piété  des  dames  do  la 
cour,  ID.  <94,  vo. 

—  msT.  xvi«  s Observant  la  loy  de  traduire, 

ÏBl  est,  n'espacier  point  hors  des  limites  de  l'au- 
ear,  do  ullat,  i,  8.  vtrso. 

—  tTTM.  Kipau. 

JJMPADAOR  (»-,pa-da-j'),  ,.  m.   Action  d'es- 

Jj^îf^"  (*-»P^<i"),  :  f.  Sabre  de  bois  pour 
rprïrï^\%^b'|:;2<'»'«"«''-<'''"--ch.nvre 

"'■•  •*«»»«>»•  opada.  épie  (toy.  tri,). 


ESP 

t  KSPADER  (è-spa-dé),  v.  a.  Battie  le  chanvre 
sur  le  chevalet  avec  l'espade. 

—  ÈTYM.  Etpade. 

f  E.SPAUEUR   (è-spa-deur),  f.  n».  Ouvrier  qui 

nettoie  et  pare  la  filasse. 

—  ÊTYM.  Espader. 

t  ESPADOLE  (è-spa-do-r),  ».  f.  Instrument  pour 
battre  la  filasse  avant  de  la  passer  au  peigne. 

—  ÉTYM.  Diminutif  A'etpade. 

ESPADON  (è-spa-don),  ».  m.  ||  1'  Grande  et  large 
épée  qu'on  tenait  à  deux  mains.  Les  Suisses  quit- 
tèrent les  piques  pour  l'espadon  à  deux  mains, 
VOLT.  Mœurs,  l'-n.  ||  *•  Terme  d'escrime.  Sabre.  Se 
battre  à  l'espadon.  D'être  mort  avec  Sarpédon,  Ce 
maître  joueur  d'espadon,  scarron,  Yirg.  1. 1{  Domi- 
eiîpadon,  épée  à  lame  plate  et  droite.  ||  8"  Terme 
d'histoire  naturelle.  Squale  dont  la  mâchoire  supé- 
rieure est  armée  d'un  os  plat  et  allongé  comme  un 
glaive  (xiphias  gladius).  L'espadon  fait  une  guerre 
éternelle  à  la  baleine  et  la  poursuit  avec  acharne- 
ment; le  combat  de  ces  deux  cétacés  offre  un  grand 
spectacle,   bonnet,   Contempl.  nat.  xii,  27,  note. 

—  ÉTYM.  Génev.  espadron;  de  l'italien  tpadone, 
augmentatif  de  spada,  épée  (voy.  épée). 

ISPADONNER  (è-spa-do-né),  v.  n.  Se  servir  de 
l'espadon.  ||  Il  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  orotr. 

—  Rtym.  Espadon;  genév.  espadronner. 

f  ESPADONNECR  (è-spa-do-neur),  ».  m.  Tireur 
d'espadon. 

t  ESPADOT  (è-spa-do)  ou  ESPARDOT  (è-spar-do) , 
».  m.  Terme  de  pêche.  Sorte  de  crochet  de  fer  fixé 
solidement  i  un  bâton,  et  avec  lequel  on  prend  les 
poissons  restés  au  fond  des  écluses. 

t  ESPADRILLE  (è-spa-dri-ll',  JJ  mouillées,  et 
non  è-spa-dri-ye),  ».  (.  Nom  donné,  dans  les  Py- 
rénées, à  une  espèce  de  chaussure  appelée  aussi 
spartille  et  spardègne.  L'empeigne  est  faite  de  grosse 
toile  et  la  semelle  consiste  en  un  tissu  très-serré  de 
la  stipe  très-tenace  d'une  graminée  dite  vulgaire- 
ment spart  ou  sparte,  legoarant. 

—  IlIST.  xvi*  s.  Les  Romains  usoient  de  souliers 
tirants  la  façon  des  espartignes  et  souliers  de  cor- 
des dont  l'on  use  en  Espagne,  fav.  Th.  d'honn.  1. 1, 

p.  37,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Forme  diminutive,  tirée  de  l'espagnol 
sparlo,  spart  (voy.  ce  mot). 

f  ESPAGNOL  (è-.«pa-gnol) ,  ».  m.  Langue  parlée 
en  Espagne,  dite  aussi  castillan,  et  qui,  dérivant  du 
latin,  est  sœur  de  l'italien,  du  provençal  et  du 
français. 

t  ESPAGNOLE  (è-spa-gno-l'),  ».  f.  Jus  ou  coulis 
très-concentré  que  les  cuisiniers  préparent  à  l'a- 
vance pour  mettre  dans  les  sauces. 

ESPAGNOLETTE  (è-spa-gno-lè-t') ,  ».  f.  ||  1"  Sorte 
de  ratine  fine  qu'on  fabriquait  en  Espagne,  et  qui, 
depuis,  a  été  imitée  en  France.  ||  2°  Ferrure  servant 
à  fermer  une  fenêtre.  ||  3°  Faire  espagnolette,  s'est 
dit,  au  jeu  de  reversis,  quand  le  joueura  trois  as  et 
le  quinola,  ou  simplement  quatre  as.  Ij  4*  Il  s'est  dit 
quelquefois  pour  jeune  fille  espagnole.  Ce  n'était 
que  pour  donner  une  preuve  de  tendresse  à  certaine 
petite  Espagnolette  qui  avait  les  yeux  sur  lui,  ham. 
Gramm.  s. 

—  ÊTYJI.  Espagnol. 

+  ESPAGNOLISER  (è-spa-gno-li-zé) ,  v.  a.  Rendre 
espagnol,  mettre  du  parti  de  l'espagnol;  s'est  dit 
beaucoup  du  temps  de  1.1  Ligue  et  sous  Henri  IV,  alors 
que  le  roi  d'Espagne  avait  un  fort  parti  en  France. 
La  reine  de  Suède,  qu'on  dit  être  toute  espagnolisée, 
OOT  PATIN,  Lett.  t.  i,  p.  345. 

t  ESPALE  (è-spa-l"),  s,  f.  Terme  de  marine. 
Distance  de  la  poupe  au  banc  de  rameurs  le  plus  en 
arrière. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  d'épaule  (voy.  ce  mot),  dans 
le  sens  d'appui. 

t  ESPALET  (è-spa-lè) ,  ».  m.  Terme  d'armurier. 
La  partie  d'un  chien  de  fusil  qui  lui  sert  d'appui 
quand  il  se  débande. 

ESPALIER  (è-spa-lié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  r»  se  lie:  desè-spa-lié-z  exposés  au  midi),  s. 
m.  Il  1*  Rangée  d'arbres  fruitiers  dont  les  branches 
sont  dressées  et  appliquées  contre  un  mur  ou  sur 
un  treillage.  Des  murs  tapissés  d'espaliers,  jj  Con- 
tre-espalier, treillage  qui,  placé  à  quelque  distance 
d'nn  mur  garni  d'espaliers,  sert  lui-même  à  atta- 
cher les  branches  des  arbres  fruitiers  d'une  moins 
haute  taille.  ||  >•  Par  extension,  nom  du  mur  qui 
soutient  l'espalier.  S'il  a  un  espalier  bien  exposé, 
bien  crépi,  qui  réfléchisse  bien  les  rayons  de  lu- 
mière, Vict.  des  arts  et  m.  Jardinier.  ||  8*  Terme 
d'ancienne  marine.  Nom  donné  aux  deux  premiers 
forçats  d'une  galère  qui  réglaient  le  mouvement  des 
autres.  Les  deux  premiers  [forçats]  qui  manient  le 


ESP 

giron  des  rames  joignantes  l'espale  s'appellent  espa» 
liers,  qui  sont  ceux  qui  donnent  la  vogue  au  reste, 
i.  UOBIER,  De  la  conslruction  d'une  galère  et  de  son 
équipage,  Paris,  t622,  p.  «.  Quoi  I  vous  montrez, 
monsieur,  un  tel  art  [de  tricher  au  jeu]  dans  Paris, 
Et  l'on  ne  vous  a  pas  fait  présent  en  galère  D'un 
brevet  d'espalier?....  rkonard.  Joueur,  i,  to. 

—  HIST.  XVI'  s.  Telle  ordonnance  de  fruitiers  est 
appellée  espalier  et  palis.iade,  par  laquelle  les  ar- 
bres plantés  en  haie  s'entre-embrassent  et  s'entre- 
tient les  uns  les  autrçs,  o.  de  serres,  648.  Il  fut 
fort  fasché  qu'un  si  petit  poisson  avoit  le  pouvoir 
de  s'opposer  à  l'effort  de  quatre  cents  espaliers  et 
galliots  qui  estoient  en  sa  gallere,  par£,  Monstres, 
app.i. 

—  ÉTYM.  Ital.  spalliere,  appui  pour  les  épaules, 
de  spalla,  épaule  (voy.  ce  mot);  l'espalier,  forçat, 
était  ainsi  dit  parce  qu'il  était  placé  sur  l'espale 
(voy.  ce  mot). 

fESPALME  (è-spal-m'),  ».  m.  Terme  de  marine. 
Matière  qu'on  mêle  au  goudron  employé  à  calfater 
la  carène  des  vaisseaux. 

—ÉTYM.  Voy.  ESPAI.MER. 

ESPALMÉ,  ÉE  (è-spal-mé,  mée),  part,  passé. 
Une  chaloupe  bien  espalmée.  Ce  Sergestus  donc  sus- 
nommé Eut  un  vaisseau  bien  espalmé,  scahron, 
Virg.  V. 

ESPALMER  (è-spalmé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Nettoyer  la  carène  d'un  bâtiment  et  l'enduire  de 
suif.  Espalmer  un  navire.  Les  uns  poussaient  les 
nefs  dans  l'onde  Et  les  autres  les  espalmaient,sCAB. 
Virg.  IV.  ||  Absolument.  L'échouage  donna  une  mer- 
veilleuse facilité  pour  espalmer ,  fonten.  Cha- 
telles. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  espalmar  ;  ital. 
spalmare ;  du  lat.  expalmare,  frapperavec  la  main, 
àeex,  6\.palma,  la  paume  de  la  main  (voy.  paume), 
à  cause  que  cet  enduit  s'applique  avec  la  main. 

t  ESPALMECR  (è-spal-meur) ,  ».  m.  Celui  qui 
espalme,  qui  étend  de  l'espalme  sur  le  bois  ou  sur 
la  pierre. 

f  ESPAR  (è-spar),  ».  m.  ||  1"  Levier  qui  sert  pour 
la  grosse  artillerie.  ||  8°  Terme  de  pêche.  Forte  per- 
che plus  menue  qu'un  mâtereau.  ||  3°  Terme  de  ma- 
rine. Longues  pièces  de  sapin  dont  on  fait  de  petits 
mâts,  des  bouts-dehors  de  vergue,  etc.  Prenez  un 
espar   pour  faire  un   bout-dehors  de  bonnette. 

—  ÉTYM.  Allem.  Sparren,  chevron  ;  gaél.  spàr, 
poutre. 

t  ESPARCET  (è-spar-sè),  ».  m.  Voy.  espar- 
cettz. 

ESPARCETTE  (è-spar-sè- 1'),  ».  f.  Nom  Tulgaire 
du  sainfoin. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  pais  où  l'esparcet  est  aujour- 
d'hui le  plus  en  usage  est  le  Uauphiné,  vers  les 
quartiers  de  Die;  c'est  une  herbe  fort  valeureuse, 
non  de  beaucoup  inférieure  à  la  luzerne,  o.  de  ser- 
res, 275. 

—  ÉTY»J.  Espagn.  esparcilla,  qui  paraît  dan» 
cette  langue  se  rapporter  au  verbe  esparcir, 
épandre. 

t  ESPARCIER  (è-spar-sié) ,  ».  m.  Écluse  mobile 
en  bois  ou  en  tôle,  souvent  munie  d'un  manche 
dont  on  se  sert  pour  fermer  un  rigolet  d'irriga- 
tion. 

t  ESPARER  (è-spa-ré),  t>.  o.  Frotter  les  peaux 
avec  du  jonc. 

t  ESPARGOCTE  (è-spar-gou-f) ,  ».  f.  Nom  vul- 
gaire de  la  spergule  des  champs  (caryophyllées). 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  estoient  les  personnes  con- 
traintes par  la  famine  de  manger  l'herbe  de  l'espar- 
goutte  (napOéviov)  qui  croissoit  à  l'entour  du  chas- 
teau,  amyot,  Sylla,  30.  (Cette  espargoute  d'Amyot 
n'a  rien  de  commun  avec  la  spergule.) 

ESPARS,  ».  m.  plur.  Voy.  espab.  L'Académie  ne 
donne  que  le  pluriel  de  ce  mot. 

t  ESPART  (è-spar) ,  ».  m.  ||  1*  Morceau  de  bois 
tourné,  terminé  par  une  boule,  et  servant  à  tordre 
les  écbeveaux  de  soie  au  sortir  de  la  teinture. 
Il  8°  Terme  de  construction.  Chacun  des  six  mor- 
ceaux de  bois  qui  composent  la  civière  à  tirer  to 
moellon. 

—  ÉTYM.  Le  même  qu'e»por. 

t  ESPARTILLE  (è-spar-ti-ll',  »  mouillées),  ».  f. 
Se  dit  quelquefois  pour  espadrille  (voy.  ce  mot). 

t  ESPATAGE  (è-spa-ta-j'),  t.  m.  Nom  donné  à  la 
secoude  opération  par  laquelle  on  réduit  l'épaisseur 
du  fer  destiné  à  la  têle  et  déjà  mis  en  plaque  par 
le  dégrossissage,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Épater  (voy.  ce  mot) ,  au  sens  de  ren- 
dre plat;  le  Hainaut  dit  du  fer  tspaté,  réduit  en  tôle. 

t  BSPATARD  (è^^pa-ta^),  ».  m.  Enclume  et  mar- 
teau de  fonte  qui  arment  un  gros  martinet  dans 


ESP 

une  usine  à  fer.  ||  Cylindre  tranchant  sous  lequel  on 
passe  les  barres  de  fer  pour  les  couper  dans  le  sens 
de  leur  longueur. 

—  ÊTYM.  Voy.  ESPATAOB. 

ESPËCE  (è-spè-s'),  *.  (.  ||  1°  Apparence.  Ne  se  dit 
en  ce  sens  que  dans  la  théologie  :  dans  le  sacrement 
de  l'eucharistie,  les  apparences  du  pain  et  du  vin 
après  la  transsubstantiation.  Communier  sous  les 
deux  espèces.  La  liberté  qu'on  avait  dans  l'Église  de 
participer  ou  à  une  ou  à  deux  espèces,  fit  qu'on  fut 
longtemps  sans  s'apercevoir  de  leur  perpétuelle  af- 
fectation [des  Manichéens]  à  rejeter  celle  du  vin 
consacré,  BOfS.  For.  xi ,  §  12.  |]  2°  Terme  de  méta- 
physique. Espèces  ou  images  représentatives,  sorte 
d'émanations  subtiles  que  l'on  supposait  sortir  des 
corps  et  les  représenter  dans  les  organes  des  sens, 
par  exemple  dans  la  vision.  La  plus  commune  opi- 
nion est  celle  des  péripatéticiens,  qui  prétendent 
que  les  objets  de  dehors  envoient  des  espèces  qui 
leur  ressemblent,  et  que  ces  espèces  sont  portées  par 
les  sens  extérieurs  jusqu'au  sens  commun;  ils  ap- 
pellent ces  espèces-là  impresses,  parce  que  les  ob- 
jets les  impriment  dans  les  sens  extérieurs,  malebr. 
Rech.  vér.  m,  ii,  2.  ||  3°  Sorte,  qualité.  Les  diverses 
espèces  de  délit.  Marchandises  de  toutes  les  espèces. 
Est-ce  qu'on  n'en  voit  pas  de  toutes  les  espèces  [des 
maris].  Qui  sont  accommodés  chez  eux  de  toutes 
pièces?  MOL.  Éc.  des  f.  i,  t.  Mlle  Blake  était  une 
autre  espèce  de  ridicule;  sa  taille  n'était  ni  bien  ni 
mal;  son  visage  était  de  la  dernière  fadeur....  ha- 
MiLT.  Gramm.  7.  M.  du  Maine  voulut  se  marier;  le 
roi  l'en  détournait  et  lui  disait  que  ce  n'était  point 
à  des  espèces  comme  lui  à  faire  lignée,  st-sim.  4, 
61.  Le  roi  ne  feignit  pas  de  dire  que  ces  espèces-là 
[en  parlant  du  duo  du  Maine]  ne  devaient  jamais  se 
marier,  id.  36t,  22.  Cette  loi  est  établie  pour  donner 
à  la  république  des  enfants  d'une  bonne  espèce,  mon- 
TESQ.  Esp.  XXVI.  (8.  Des  auteurs  de  la  petite  espèce, 
LE  p.  CATROU,  dans  DESFONTAINES.  ||  Espècc  de,  suivi 
d'un  nom  de  personne,  se  dit  de  personnes,  d'êtres 
ijui  n'ont  pas  toutes  les  qualités  requises,  qui  ne  sont 
pas  tout  à  fait  ce  qu'il  faudrait  qu'ils  fussent.  On  a  dit 
que  le  singe  était  une  espèce  d'homme.  Une  espèce 
d'intendant.  U.ne  espèce  d'avocat.  Dans  les  bureaux 
des  ministres ,  on  avait  de  tout  temps  regardé 
l'abbé  de  Saint-Pierre  comme  une  espèce  de  prédi- 
cateur plutôt  que  comme  un  vrai  politique,  J.  J. 
Rouss.  Confess.  ix.  ||  Espèce  de,  suivi  d'un  nom  de 
chose,  se  dit  des  choses  qui  sont  très-voisines  et 
qui  se  remplacent  presque.  L'enseignement  est  une 
espèce  de  sacerdoce.  C'est  une  espèce  de  prodige 
que,  dans  un  si  vaste  empire  qui  embrassait  tant 
de  nations  et  tant  de  royaumes,  les  peuples  aient  été 
si  obéissants  et  les  révoltes  si  rares,  boss.  Uist. 
m,  6.  Espèce  d'instinct,  dont  les  inspirations  su- 
bites lui  dévoilaient,  dans  l'avenir  et  dans  le  pré- 
sent, ce  qu'il  devait  espérer  ou  craindre,  barthél. 
Anach.  Inlrod.  part,  u,  sect.  2.  |{  Une  pauvre  es- 
pèce, se  dit  de  gens  sans  mérite,  sans  qualités.  Il  y  a 
longtemps  que  nous  le  connaissons  pour  la  plus  pau- 
vre espèce  d'Angleterre,  hamilt.  Gramm.  8.  ||  C'est 
une  pauvre  espèce  d'homme  ,  c'est  un  homme  sans 
mérite.  ||  La  belle  espèce,  se  dit,  Ironiquement,  de 
gens  qu'on  trouve  doués  de  très-peu  de  qualités 
de  corps  ou  d'esprit.  Quoi  moi  I  quoi  ces  gens-là  I 
l'on  radote,  je  pense,  A  moi  les  proposer  [pour  ma- 
ris]! hélas!  ils  font  pitié:  Voyez  un  peu  la  belle 
espèce!  la  font.  Fabl.  vu,  6.  ||  Absolument.  Es- 
pèce se  dit,  par  mépris,  de  personnes  auxquelles 
on  ne  trouve  ni  qualités  ni  mérite.  Une  espèce 
comme  celle-là  [Langlée]  dans  une  cour  y  est  as- 
sez bien;  pour  deux,  c'en  serait  beaucoup  trop, 
ID.  95,  233.  L'espèce,  terme  nouveau  mais  qui  a 
un  sens  juste,  est  l'opposé  de  l'homme  de  considé- 
ration ;  l'espèce  est  celui  qui,  n'ayant  pas  le  mérite 
de  son  état,  se  prête  encore  de  lui-même  à  son  avi- 
lissement, DucLos,  Considér.  sur  les  moeurs,  ch.  6. 
AngéUque  :  Mais,  entre  nous,  que  ferais-je  avec  un 
homme  de  cette  espèce-là?  car  la  plupart  de  ces 
gens-là  sont  des  espèces,  vous  le  savez,  Marivaux, 
Préj.  vaincu,  se.  4.  Ne  t'inquiète  pas  de  ces  deux 
espèces  dont  je  daigne  à  peine  te  parler,  j.  j.  rouss. 
Hél.  Il,  4  8.  Comme  si  ce  n'était  pas  trop  honorer  de 
pareilles  espèces  que  de  faire  attention  à  leurs  procé- 
dés,». Confess.  xii.  ||  De  nouvelle  espèce,  c'est-à-dire 
qui  présente  quelque  singularité,  quelque  chose  de 
bizarre.  Voilà  un  philosophe  de  nouvelle  espèce!  j|  Des 
gens  de  toute  espèce,  c'est-à-dire  de  toute  condition, 
de  tout  caractère.  U  y  avait  à  cette  réunion  des  gens 
de  toute  espèce.  |{  4°  Terme  de  pharmacie.  Les  pou- 
dres mélangées  qui  forment  la  base  des  électuaires. 
Il  Mélange  de  racines,  de  fleurs,  de  semences  ou 
d'autres  substances  végétales,  qu'on  suppose  douées 


ESP 

de  propriétés  médicinales  analogues.  Espèces  amè- 
res,  feuilles  d'absinthe,  de  fumeterre,  de  petite  cen- 
taurée, fleurs  de  houblon,  de  camomille.  Espèces 
anthelmintiques,  absinthe, armoise,  tanaisia,  camo- 
mille, etc.  Espèces  apéritives  ou  diurétiques,  chien- 
dent, racines  d'asperge,  de  fraisier,  de  petit-houx, 
de  pissenlit,  de  persil,  etc.  Espèces  aromatiques, 
sommités  fleuries  des  labiées.  Espèces  astringentes, 
tormentiUe,  bistorte,  ratanhia,  écorce  de  chêne, 
roses  rouges,  etc.  Espèces  béchiques  (pour  la  toux), 
fleurs  de  mauve,  de  guimauve,  de  bouillon  blanc, 
de  coquelicot,  de  violette,  etc.  Espèces  émoUientes, 
feuilles  de  mauve,  de  guimauve,  de  molène,  etc. 
Espèces  pectorales,  feuilles  de  capillaire,  de  lierre 
terrestre,  d'hysope,  etc.  ||  Fig.  Brouiller  les  espè- 
ces, s'est  dit  pour  embrouiller  les  choses,  empêcher 
d'y  voir  clair.  Jugez  de  l'effet  de  ce  contre-temps, 
si  les  mesures  que  j'avais  prises  avec  madame  la 
Palatine  ne  l'eussent  sauvé;  elle  s'en  servit  très- 
finement,  cinq  ou  six  jours  durant,  pour  brouiller 
les  espèces  que  l'impétuosité  de  Viole  avait  un  peu 
trop  éclaircies,  retz,  Uém.  t.  il,  p.  323,  édit. 
CHARPENTIER.  ||  5°  Division  du  genre ,  réunion 
d'individus  sous  un  caractère  commun  qui  les  dis- 
tingue de  ceux  qui  appartiennent  au  même  genre. 
Noble  et  roturier  sont  des  espèces  par  rapport 
à  homme;  et  homme,  qui  est  un  genre  par  rapport 
à  noble  et  roturier,  est  une  espèce  par  rapport  à 
animal,  condillac,  Gramm.  préc.  de  leç.  prél. 
art.  t".  Œuvres,  t.  v,  p.  lxxviii,  dans  poogens. 
Il  Terme  de  rhétorique.  Un  des  lieux  communs  de 
rhétorique.  Le  genre  et  l'espèce.  ||  En  chimie,  es- 
pèce, collection  d'individus  identiques  par  leur  oom- 
position  élémentaire  et  immédiate.  ||  En  biologie, 
collection  d'individus  descendants  d'êtres  vivants  ou 
ayant  vécu,  qui  se  ressemblent  plus  entre  eux  qu'ils 
ne  ressemblent  à  tous  les  autrei  analogues.  D'après  la 
plupart  des  biologistes  d'à  présent,  le  caractère  fon- 
damental de  l'espèce  est  de  reproduire,  par  la  géné- 
ration, des  individus  capables  de  se  propager  à  leur 
tour.  Ce  naturaliste  a  découvert  plusieurs  espèces  en 
botanique.  Les  espèces  vivantes.  Les  espèces  fossiles. 
La  nature  n'est  pas  moins  admirable  dans  les  moyens 
par  lesquels  elle  conserve  les  individus  que  dans 
ceux  par  lesquels  elle  conserve  les  espèces,  bonnet, 
Lett.  div.  Ôiiuvres,  t.  xii,  p.  202,  dans  pocgens. 
Combien,  soigneuse  encor  de  leur  postérité.  Par 
des  moyens  divers  la  nature  puissante  Conserve 
chaque  espèce  à  jamais  renaissante,  helille.  Trois 
règ.  vu.  ||  L'espèce  humaine,  le  genre  humain.  Je 
hais,  je  fuis  l'espèce  humaine ,  composée  de  victimes 
et  do  bourreaux  ;  et,  si  elle  ne  doit  pas  devenir  meil- 
leure, puisse-t-elle  s'anéantir  I  raynal,  Hist.  phil. 
XI,  24.  Assez  de  monde  concourt  X  propager  notre 
espèce,  bérang.  Chap.  ||  6°  Terme  de  jurisprudence. 
Le  cas  particulier  sur  lequel  il  s'agit  de  prononcer. 
Cet  argument  n'est  pas  admissible  dans  l'espèce.  Cet 
arrêt  n'est  point  dans  notre  espèce,  patru.  Plaid. 
9,  dans  richelet.  ||  7°  Terme  d'arithmétique.  Se  dit 
de  quantités,  par  rapport  à  leur  nature.  Dix  heures 
et  trois  minutes  sont  des  quantités  de  même  es- 
pèce; dix  heures  et  trois  mètres  sont  des  quantités 
d'espèce  différente.  |1  Terme  de  géométrie.  Triangle 
donné  d'espèce  ,  dont  chaque  angle  est  donné. 
Courbe  donnée  d'espèce ,  courbe  dont  la  nature  est 
connue  ainsi  que  le  rapport  qu'ont  entre  eux  les 
différents  paramètres.  |{  8°  Chose,  par  opposition  à 
argent.  Les  saisies  et  exécutions  ne  se  feront  que 
pour  chose  certaine  et  liquide ,  en  deniers  ou  en 
espèces;  et  si  c'est  en  espèces,  sera  sursis  à  la 
vente,  jusqu'à  ce  que  l'appréciation  en  ait  été  faite, 
Ordonn.  avril  1667,  tit.  xxxiii,  art.  2.  Si  vous  esti- 
mez plus  à  propos  de  prendre  seulement  ce  qu'il 
faut  de  victuailles  en  espèces  pour  lesdits  vaisseaux 
et  de  leur  fournir  le  reste  en  argent,  colbert.  Cor- 
respond, t.  m,  p.  to.  Il  Ce  sens  n'est  plus  usité.  On 
dit  aujourd'hui  en  nature.  ||  Terme  de  pratique.  La 
chose  mêuje  qu'on  a  empruntée.  U  faut  rendre  en 
espèce  un  cheval  qui  a  été  prêté,  c'est-à-dire  il  faut 
rendre  le  même  cheval.  ||  9°  S.  f.  plur.  Espèces  son- 
nantes (c'est-à-dire  choses  sonnantes),  et,  absolu- 
ment, espèces,  pièces  de  monnaie.  Payer  en  es- 
pèces sonnantes.  Si  j'eusse  été  bien  en  espèces, 
je  me  serais  sans  doute  piqué  d'honneur,  je  n'au- 
rais pas  souffert  qu'il  eût  payé  pour  n.oi,  lesage, 
Guaman,  i,  6.  Le  roi  Guillaume  ordonna  le  grand 
renouvellement  des  espèces  d'Angleterre  en  )098, 
MAiRAN,  Éloge  de  }lalley.\\  Il  se  dit  aussi  au  singulier. 
L'espèce  est  rare  dans  sa  bourse.  Quantité  de  papier, 
et  fort  peu  d'argent  ;  et,  pour  ne  pas  manquer  quel- 
que bonne  affaire,  il  faut  incessamment  faire  de 
l'espèce,  dancourt.  Agioteurs,  i,  8.  Toute  l'espèce 
vieille  sortira  doue  de  r£iat  qui  fait  la  refonte,  et 


ESP 


1491 


le  profit   en  sera  pour  les  banquiers,   montesq 
Espr.  XX II,  <o. 

—  HIST.  XII*  s.  En  la  cited  entrad  od  forment 
grant  cumpaignie,  à  cameilz  [chameaux]  ki  portè- 
rent espèces  (épices]  e  or  senz  nombre,  flots,  271 
(I  Hii'  s.  Force  de  génération,  Por  l'espèce  avoir 
tous  jours  vive  Par  renouvelance  naïve,  la  Rose, 
7003.  Il  iiv"  s.  La  vertu  ymaginative,  laquelle  reçoit 
du  sens  commun  les  espèces  des  choses  sensibles, 
H.  DBMONDEviLLE,  f*  •16.  Les  diverses  espoisses  du 
spasme,  m.  ib.  f"  68.  Une  est  pour  avoir  lignée  el 
pour  sauver  et  continuer  humaine  espèce,  oresme, 
£(/i.  2B4.  Il  XV'  s.  Et  puisque,  par  bien  et  par  espèce, 
de  bien  et  de  humilité,  vous  estes  venu  en  ce  pays, 
vous  soyez  le  bien  venu,  froiss.  n,  m,  46.  Luy 
présente  ses  deux  mil  escuz  en  or,  car  en  auitre 
espèce  ne  donnoit  jamais  argent  aux  gens  esfan- 
gers,  COMM.  VI,  2.  ||  xvi'  s.  /  dsy,  soubz  especa 
d'amitié,  Antonius  attira  ArUvasdes,  puis  le  feit 
lier,  RAB.  Pant.  iv,  36. Telle  attestation,  quand  elle 
est  deument  faite,  est  une  espèce  de  glorifier  Dieu, 
CALv.  Instit.  289.  Ils  enseignent  de  cercher  Jésus 
Christ  en  l'espèce  du  pain ,  qu'ils  appellent,  m.  ib. 
<I03.  Ceste  espèce  de  magiciens  sont  reputez  estre 
desbonsetsecourables,  langue,  <36.  Unsols,  demy- 
sols,  carolus  et  aultres  espèces  françoyses,  carl. 

VI,  8, 

—  ÉTïM.  Provenç.  especia,  specia;  espagn.  et 
portug.  especie;  ital.  specie;  du  latin  species,  do 
même  radical  que  spicere,  voir  (  comp.  spec- 
tacle). 

tESPÉRABLE  (è-spé-ra-bl'),  adj.  Qu'on  peut  es- 
pérer. Une  fortune  commença  cette  année  à  poindre 
grandement  et  peu  espérable  alors,  montée  ensuite 
au  comble  [Bellisle],  st-sim.  230,  83. 

—  HIST.  XVI"  s.  U  n'est  rien  moins  espérable  du 
peuple  ainsin  agité  que  l'humanité  et  la  doulceur, 

MONT.  I,   136. 

—  ÉTVM.  Espérer. 

ESPÉRANCE  (è-spé-ran-s') ,  s.  f.  ||1°  Attente  d'un 
bien  qu'on  désire,  et  qu'on  entrevoit  comme  pro- 
bable. Mon  orgueil  à  ce  bruit  prendrait  quelque 
espérance,  corn.  D.  Sanche,  iv,  3.  Il  mettait  l'es- 
pérance du  succès  dans  les  troupes,  boss.  Hist.  m,  4, 
Il  éleva  sa  maison  à  de  plus  hautes  espérances,  m. 
t6.  I,  ti.  L'espérance  enferme  ou  est  elle-même, 
selon  les  docteurs,  une  espèce  de  désir,  id.  Connaiss. 
III,  6.  Qui  ne  sait  oil  son  rare  mérite  [d'une  prin- 
cesse] et  son  éclatante  beauté  ,  avantage  toujours 
trompeur,  lui  firent  porter  ses  espérances?  m.  4>m« 
de  Gonx.  Nous  n'avons  jamais  qu'un  moment  à  vi- 
vre, et  nous  avons  toujours  des  espérances  pour 
plusieurs  années ,  fléch.  Mme  d'Aiguillon.  Cela 
donna  sujet  à  M.  Despréaux  de  s'étendre  sur  vos 
louanges,  c'est-à-dire  sur  les  espérances  qu'il  a  con- 
çues de  vous;  car  vous  savez  que  Cicéron  dit  que, 
dans  un  homme  de  votre  âge,  on  ne  peut  guère  louer 
que  l'espérance,  rac.  Lett.  à  son  jils,  xxvi.  J'avais 
conçu  de  toi  de  grandes  espérances,  fén.  Tél.  xix. 
L'espérance  trompée  accable  et  décourage  ,  volt. 
Oreste,  iii,  4.  Le  temps  viendra  sans  doute  où  l'Eu- 
rope ne  sera  qu'une  grande  famille,  mais  l'espérance 
a  aussi  son  fanatisme;  serons-nous  assez  heureux 
pour  que  dans  un  instant  le  miracle  auquel  nous  de- 
vons notre  liberté  se  répèle  avec  éclat  dans  les  deux 
mondes?  MIRABEAU,  Collection,  t.  m,  3)4.  D'une 
prison  sur  moi  les  murs  pèsent  en  vain;  J'ai  les  ailes 
de  l'espérance,  A.  chén.  la  Jeune  captive.  Hélas! 
il  disait  lui-même,  d'après  Pindare,  que  l'espérance 
n'est  que  le  rêve  d'un  homme  qui  veille,  barthél. 
Anach.  ch.  6\.  Grâce  aux  amours,  bercé  par  l'es- 
pérance. D'un  lit  plus  doux  je  rêve  le  duvet,  bé- 
rang. Dieu  des  b.  gens.  Mon  cœur,  lassé  de  tout, 
même  de  l'espérance.  N'ira  plus  de  ses  voeux  impor- 
tuner le  sort,  LAMART.  Méd.  1,6.  Te  dirai-je.... 
Qu'un  instant,  comme  toi,  devant  ce  ciel  immense, 
J'ai  serré  dans  mes  bras  la  vie  et  l'espérance  ,  Et 
qu'ainsi  que  le  tien  mon  rêve  s'est  enfui  ?  A.  db 
MUSSET,  Lell.  à  Lamartine.  Je  sais  ce  que  la  terre 
engloutit  d'espérances,  Et,  pour  y  recueillir,  ce 
qu'il  y  faut  semer,  id.  ib.  \\  Par  antiphrase.  Grâce 
aux  dieux,  mon  malheur  passe  mon  espérance,  rac 
Andr.  v,  b.  ||  De  grande  espérance,  qui  fait  conce- 
voir une'haute  idée  d'un  mérite  futur.  Un  fils  d'une 
si  grande  espérance,  boss.  Ilist.  i,  8.  {j  Par  extension. 
Dans  une  terre,  dont  le  maître  s'est  éloigné,  on  voh 
un  arbre  de  riche  espérance  devenir  stérile,  cha- 
TEAUB.  Mart.u,  42.  Il  En  espérance,  en  perspective, 
en  comptant  qu'une  chose  se  fera.  Déjà  de  Titus 
épouse  en  espérance,  rac.  Bér.  1,  t.  jj  Dans  l'espé- 
rance ,  en  espérant....  Je  suis  venu,  dans  l'espé- 
rance de  vous  trouver.  Dans  l'espérance  que  le  dé- 
mon lui  avait  donnée  de..,,  pasc.  Prov.  H.  \\  Être 


1  fm 


ESP 


^^ZSnnM^n  tu»  iânf  tnpénact,  u  du 

dâi  MnOBOM  qui  n'e»p»renl  plm  conserver 

■J^   Nom  «ni  n»  p«M«r8  pa»  Ja  journée, 


noM*. 
Iiqu*il«  I 


■aiu  têttnat».  m  dit  «l'un  in»l»<l«  1"'on  >>'«»l'*r.« 
îaC;î5ÏÏÏîrr:  U.  médeelM  l'on'  «"'U"'"*..!; 
rM  mm      ' 
•nal  d*. 

■a  aalaito'  Noir*  Mii  o*  paiMra  . 
tl^mîum  «M  •»p4"nc«-  Il  -'''  P'"»"-  Espérance» 
•IniAa  e«  que  l'on  «llend  au  décis  de  quelque  pa- 
rwL  Uie  a  dii  mille  écus  de  rente  et  des  espé- 
II  I*  S*  dit  pour  la  personni  ou  la  chose  sur 
I  ••  fonde  l'espérance.  Voilà  donc  votre  roi  , 

.  "tpérance,  bac.  Alh.  iv,  s Notre 

i(,  :;.paiit  sans  éxard  sur  un  arbre  rniitier, 

Q\i.  ,♦  .  lu  boutons,  douce  et  frCle  espérance, 
LA  roNr.  t'abl.  IX,  a.  Je  l'aurai  fait  passer  [une 
jeune  flilel  chez  moi  dés  son  cufance,  Kt  j'en  aurai 
cliéri  la  plus  grande  espérance,  mol.  Éc.deifemm. 
IV,  I.  Il  S*  Celle  des  trois  vertus  théologales  par  la- 
quelle nous  es|>ér  n*  posséder  Dieu.  ||  4*  Jeu  de 
l'espérance,  espèce  >.'-i  jeu  de  dés. 

—  IIIST.  Xi*  s.  Oui  de  morir  nen  orent  espérance 
[no  s'attendaient  pas  à  mourir] ,  Ch.  de  Hol.  cviii. 
Il  xu*  s.  Que  tout  [}']  i  met  mon  cuer  et  m'esperance, 
CoMci,  n.  Uls  Deus  [mon  DIeuJ,  ma  forco,  en  lui 
est  ma  speranche;  il  est  mis  escudz  e  ma  satveted, 

Roii,  p.  2U&.  Il  xiu*  s et  n'avoisnt  esperanche 

que  jamais  fussent  délivrés,  Chr.  de  Hains,  p.  lou. 
L'espérance  où  tu  m'as  mis  par  l.i  promesse  de  l'a- 
venement  ton  fil,  Psautier,  f  <48.  ||xv'  s.  J'ai  es- 
pérance que  oeui  qui  le  liront....  COMU.  Prol.  Folle 
espérance  déçoit  l'homme,  leroux  de  imcr,  Prov. 
I.  II,  p.  300.  Il  xvi' s.  L'espérance  qu'ils  coBCovoienl, 
que....  AMYOT,  Philop.  18. 

—  ÉTïM.  Espérant,  part,  présent  d'espérer;  pro- 
venç.  e»7)eran<a;espagn.  eiyerania;  ital.  speraaîo. 

t  ESPÉRANT,  ANTB  (è-spé-ran,  ran-f) ,  adj.  Qui 
espère.  On  y  verra  [dans  des  articles  sur  Heruaiii] 
le  vrai  degré  de  chaleur  des  esprits  ;  rien  ne  rend 
mieux  le  surcroît  ei  le  tumulte  de  sentiment  qu'é- 
prouvait sincèrement  alors  toute  une  jeunesse  cspé- 
r.inte  et  enthousiaste,  ste-beuve,  Revue  des  Veux- 
llondes,  tr,  mai  1803,  p.  308. 

ESPÉRÉ,  ÉK  (é-spé-rô,  rée),  port,  passé.  Un  bon- 
heur lonplemps  espéré.  Des  récompenses  espérées. 

ESPÉRER  (é-spé-ré.  L'accent  aigu  se  change  en 
accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'espère,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel:  j'es- 
pérerai, j'espérerais),  v.  a.  ||  !•  Attendre  un  bien 
qu'on  diisiro  et  que  l'on  entrevolt  comme  probable. 
On  doit  tout  espérer  d'un  monarque  si  juste,  boil. 
Sal.  I.  J'avais  espiréque  Monseigneur  achèverait  la 
campagne,  si  siu.  a,  38.  Je  lui  fais  espérer  la  grâce 
de  Séide,  volt.  Fanal,  y,  i,  I.ève-toi,  cher  appui 
qu'espérait  ma  vieilles-se,  id.  Brut,  v,  7.  ||  Espérer 
avec  de,  et  un  infinitif.  J'espérais  d'avoir  de  quoi  te 
satisfaire  et  répondre  à  tes  dernières  lettres,  pasc. 
Lclt.  Jacqueline,  aejanv.  (648.  Il  espéra  de  conten- 
ter son  ambition,  uoss.  Ilist.  i,  8.  Hélas I  puis-je es- 
pérer de  vous  revoir  encore?  rac.  Brit.  n,  e.  J'es- 
pérais de  verser  mon  sang  après  mes  larmes ,  id. 
Btrin.  i,  4.  Que  pouvez-vous  offrir  à  l'Église  dont 
elle  puisse  espérer  ds  faire  quelque  usage  pour  la 
gloire  de  Jésus-Christ  et  le  salut  de  ses  enfants? 
MASS.  Conf.  Yoeat.  i.  Ils  espèrent  de  jouir  d'un  pa- 
radis où  ils  goûteront  mille  délices,  momt(:sq.  Lett. 
pert.  3fr.  Il  Espérer  avec  un  infinitif,  sans  préposi- 
tion. J'espérais  y  régner  sans  elfroi;  Moines,  abbés, 
prieurs,  tout  s'arma  contre  moi,  boil.  Lutr.  u.  Il 
espère  revivre  en  m  postérité,  rac.  Bsth.  u,  ». 
Il  S*  Espérer  quelqu'un,  espérer  sa  venue,  sa  pré- 
sence. Je  lis,  je  me  promène,  je  TOUS  espère;  gardez- 
vous  de  me  plaindre,  ttv.  S06.  ||  8*  Absolument  Ks- 
péroi  et  prenez  courage.  Il  n'y  a  point  d'homme 
plus  aisé  à  mener  qu'un  homme  qui  espère  ;  il  aide 
4  la  tromperie,  boss.  Penties  ehrél.  S«.  Après  cinq 
ans  d'amour  et  d'espoir  superflus  Je  pars  fidèle  on- 
eor,  quand  je  n'espère  plus,  hac.  Bérin.  i.  a.  il 
n'y  a  guère  de  personnes  à  qui  il  n'en  coûte  cher 
pour  avoir  trop  espéré,  rto.  Édue.  filles,  ta.  s'il 
pouvait  se  montrer ,  j'espérerais  encore ,  volt. 
Tantr.  i,  s.  ||  Espérer  en,  avoir  confiance.  Espère 
en  ton  courage,  espère  en   ma  promesse,  cobn. 

•"'f-  '•  • Dieu  veut  qu'on  espère  en  son  soin 

1  .  '.""^  •*"••  '•  *•  Souvenez-TOus  d'un  fils 
qui  n  espère  qu'en  vous,  lo.  Phid.  u,  ».  Kn  l'appui 
2  1*»"  ^umoi-'ous  espérer?  lo.  m,  «.  |l  Espérer 
tJly*""*  P'"»-  °">"  «m»,  aux  promesses  du 

ahS  II  klîf  •  '•  '•  "*''  «»P*fe»  au  ciel  qui  vous 

ySrt  1^  rTî.^""!."'"'  •""  PO"'  "oi.  "OL. 

M..  poir  irSy-^traro: ."  """'"•,  ■"• 

BO».  iS7i,  On  espèr*  k  m  hUnUeureui  hôrilago, 


ESP 

Boss.  ror.  3.  Il  Espérer  de  ,  avec  une  personne  pour 
régime.  Ceux  de  qui  j'espérais  sont  tous  mes  enne- 
mis, VOLT.  Irène,  iv,  ».  ||  Espérer  blende,  avec  un 
nom  de  chose  pour  régime,  avoir  bonne  espérance 
qu'une  chose  se  fera.  Saint  Ambroise,  que  le  jeune 
empereur  avait  mandé  pour  recevoir  de  lui  le  bap- 
tême, déplora  sa  perte  [il  avait  été  tué  avant  d'être 
baptisé]  et  espéra  bien  de  ron  salut,  boss.  Uist.i,  t  < . 

—  REM.  1.  Après  espérer,  le  qu»  régit  le  futur 
quand  la  phrase  est  affirmative,  et  le  subjonctif 
quand  elle  est  négative  ou  interrogative  :  J'espère 
que  vous  le  ferez;  je  n'espère  pas  que  vous  le  fas- 
siez; espériez-vous  que  je  le  fisse?  Cependant,  dans 
la  phrase  interrogative,  on  peut  mettre  aussi  ;%< 
futur  :  Espérez-vous  que  je  lo  fasse  ou  que  je  le  fe- 
rai? Il  t.  Quand  espérer  est  à  l'imparfait  ou  au 
plus-que-parfait,  c'est  non  du  futur,  mais  du  condi- 
tionnel, que  l'on  se  sert  :  J'espérais  qu'il  viendrait; 
j'avais  espéré  qu'il  serait  venu.  ||  3.  Des  grammai- 
riens ont  condamné  espérer  avec  le  présent.  Ce- 
pendant ce  verbe,  présentant  seulement  l'idée  d'une 
chose  douteuse,  peut  être  suivi  d'un  verbe  au  pré- 
sent ou  au  passé  :  J'espère  qu'il  travaille;  j'avais 
espéré  qu'il  travaillait.  J'espère  que  Pauline  se  porte 
bien,  SÉV.  dans  girault-duvivieh.  J'espère  Que  le 
vin  opère;  Oui  tout  est  bien  même  en  prison,  bé- 
RANG.  Guérison.  ||  4.  Espérer,  en  Picardie  et  dans 
tout  l'Ouest,  a  simplement  le  sens  d'atlendro  :  J'es- 
père la  diligence. 

—  HIST.  XI'  s.  Danz  Alexis  entrât  en  une  nef, 
Ourent  [ils  eurent]  lur  vent,  laisent  curre  par  mer; 
An  dreit  Talson  espeirent  arriver,  St  Alexis,  xxxix. 
Il  XII*  s.  Tu  es  escuz  à  tous  ces  qui  espeirent  en  tel, 
iioii,  208.  Et  s'ilvousplaistàoïr  ma  prière,  Ainsi  com 
je  l'espoir,  Couci,  xvm.  ||  xm's.  La  teue  [ta]  misé- 
ricorde soit  faite  seur  nos,  si  corne  nos  espérâmes 
en  toi.  Psautier,  P"  tôt.  ||xv*  s.  Ceux  dont  il  es- 
peroit  à  avoir  profit,  proiss.  i,  i,  76.  J'espoire  bien 
que  demain  nous  aurons  besogne  [paroles  de  Phi- 
lippe d'Artevelle  aux  capitaines  flamands],  id.  u, 
II,  tfll.  Pour  la  joie  qu'elle  eut  que  son  mari  n'es- 
toit  point  si  mal  ne  si  dévoyé  qu'elle  esperoit  [crai- 
gnait], LOUIS  XI,  Wouv.  lix.  ||xvi*  s.  Celuy  qui  se 
trouve  en  ce  'langer  ne  doibt  pas  beaucoup  espérer 
ny  de  S£  force  ny  de  sa  vigilance,  mont,  i,  33.  J'es- 
père que  nous  en  quitterons  l'usage,  ID.  i,  302. 
Lorsqu'aprez  une  longue  queste  la  beste  vient  à  se 
présenter  où  nous  l'espérions  le  moins,  id.  ii,  t27. 
On  ne  doibt  point  défendre  aux  gens  de  bien  d'cs- 
perer  honneur  de  leurs  vertueux  faicls,  amyot, 
Préf.  VI,  33.  Joyeux  de  cesto prospérité  non  espérée, 
id.  Timol.  te Ne  jamais  l'homme  heureux  n'es- 
père De  se  voir  tomber  en  mescbef ,  Sinon  alors  que 
la  misère  Desjà  lui  pend  dessus  le  chef,  bons.  40». 

—  ÉTYM.  Wallon,  espérer,  attendre;  Berry  et 
normand,  espérer,  attendre:  il  espère  à  chaque  in- 
stant la  fièvre;  provenç.  et  espagn.  «spcrar;  ital. 
sperare;  du  latin  sperare. 

ESPIÈGLE  (è-spiè-gl'),  adj.  ||  1*  Vif  et  malicieux 
sans  méchanceté.  Un  enfant  espiègle.  Bon  plaisant, 
d'un  sel  fin  dans  son  sérieux  ironique,  et  plus  es- 
piègle que  malin, MARMONTEL,  Uém.iv.  ||  2° Substan- 
tivement Un  espiègle.  Agathe,  la  plus  jolie  petite 
espiègle  quo  l'amour  eût  formée,  ne  perdit  pas  un 
mot  de  cet  entretien,  m.  Contes  moraux,  Connaiss. 
Eh  bien,  espiègle,  vous  n'applaudissez  pas?  Beau- 
marchais, Ifar.  de  Fig.  i,  to. 

—  Etym.  Wallon,  tpièk;  de  l'allemand  Eulen- 
spiegel,  proprement  miroir  de  chouette,  de  Eule, 
chouette,  et  Spiegel,  miroir.  Ménage  a  dit  :  a  Un  Al- 
lemand du  pays  de  Saxe,  nommé  Till  Ulesplegle,  qui 
vivait  vers  1480,  était  un  homme  célèbre  en  petites 
fourberies  ingénieuses.  Sa  vie  ayant  été  composée 
en  allemand,  on  a  appelé  de  son  nom  un  fourbe  in- 
génieux. Ce  mot  a  passé  ensuite  en  France,  dans  la 
même  signification;  cette  vie  ayant  été  traduite  et 
imprimée  avec  ce  titre:  Histoire  joyeuse  et  récréa- 
tive de  Till  Ulespiegle,  lequel  par  aucunes  fallaces 
ne  se  laissa  surprendre  ne  tromper.  »  On  remar- 
quera que  l'allemand  Spiegel,  miroir,  est  le  latin 
spéculum,  d'où  le  provençal  etpelh;  espagn.  es- 
pejo;  ilal.  tpeechio. 

ESPIÈGLERIE  (è-spiè-gle-rie),  t.f.  Tour  d'es- 
piègle. Mme  des  Ursins.  embarrassée  de  l'éclat  de 
la  retraite  des  deux  cardinaux,  fit  une  vraie  espiè- 
0erie;  ce  fut  une  nouvelle  feinte,  si-sim.  tï6,  la». 
Mes  tnurs  ne  me  semblaient  que  des  espiègleries  et 
notaient  pas  autre  chose,  j.  i.  bouss.  Confea.  i. 

—  KTYM.  Kspiigle;  wallon,  spiekreie. 

I  BSPIGNETTE  (è  spignè-t') ,  t.  f.  Un  des  noms 
TUlgaires  de  la  clavaire  coralloîde  (champignon), 
nommée  vulgairement  aussi  petite  clavaire,  barbe 
do  bouc. 


ESP 

f  ESPINQOIB  (è-spin-soir),  s.  m.  Marteau  de  pa- 
veur. 

ESPINGOLE  (è-spin-go-1') ,  s.  f.  Espèce  de  fusil 
court,  à  canon  évasé  en  trompe,  qu'on  charge  de 
plusieurs  balles;  quelquefois  le  canon  est  en  cuivre. 
Elle  se  charge  plus  facilement  que  les  autres  armes 
à  feu,  à  cause  de  la  forme  du  canon,  mais  elle  re- 
pousse beaucoup,  ce  qu'on  attribue  à  l'évasemenl 
de  la  bouche,  legoabant. 

—  ËTYM.  Le  même  que  espringale. 

ESPION,  ONNE  (è-spion,  spio-n'  ;  en  vers,  de  trois 
syllabes),  (.  m.  et  f.  \\  1°  Celui  qui  se  glisse  dans  le 
camp  ennemi  pour  surprendre  les  desseins  des  chefs. 
Quand  on  prend  un  espion,  on  le  fusille  presque  tou- 
jours. Il  Un  espion  double,  un  espion  qui  sert  les 
deux  partis.  ||  FIg.  Il  ne  dépense  guère  en  espions, 
se  dit  d'un  homme  fort  mal  informé  des  affaires  du 
monde.  Il  Fig.  et  familièrement.  Tromper  l'espion, 
tenir  un  langage,  une  conduite  propre  à  abuser  sur 
nos  desseins  ceux  qui  surveillent  nos  démarches. 
Il  2°  Personne  de  la  police,  chargée  d'épier  la  con- 
diiite  et  les  projets  des  personnes  en  état  de  suspi- 
cion. J'exerce  en  cette  occasion  Un  plus  noble  mé- 
tier que  celui  d'espion,  maibet,  Solim.  i,  3.  Mme 
d'Épinette,  concubine  en  titre  d'Ondedei  et  es- 
pionne avérée  de  Mazarin,  retz,  t.  ii,  liv.  m,  p.  94, 
dans  POUGENS.  113°  Celui,  celle  qui  surveille  par  in- 
térêt ou  par  curiosité  les  actions  d'autrui.  Infidèle 
espionne  et  mauvaise  interprète  ,  thistan  ,  Ma- 
rianne, V,  t.  Et  de  tous  les  emplois  le  plus  l&che 
aujourd'hui  Est  d'être  l'espion  des  paroles  d'autrui, 
BOOBSAULT,  Èsope  à  la  cour,  i,  6.  Tous  les  esclaves 
des  rois  et  des  reines  sont  autant  d'espions  de  leurs 
cœurs,  VOLT.  Zadig,  s.  \\  En  bonne  part.  Aussitôt 
M.  Colbert,  qui  avait  des  espions  pour  découvrir  le 
mérite  caché  ou  naissant,  déterra  M.  Kolle  dans 
l'extrême  obscurité  où  il  vivait,  fonten.  Rolle. 
Il  4*  Merle  d'Afrique  très-rusé. 

—  HiST.  xvr  s.  Ses  espions  luy  avoyent  dénoncé 
que  Quaresmeprenant,  leur  anticque  ennemy,  estoyt 
en  terre  descendu,  rab.  Pant.  iv,  42.  La  roioe- 
mere  entretenant  à  sa  suitte  20  espions,  d'acb. 
Hist.  H,  t77.  Il  sçeut  bien  les  rendre  espions  dou- 
bles, et  se  servir  de  ses  ennemis,  id.  ib.  u,  )8l. 
Cette  espionne  avertit  et  pressa  son  mari  et  ses 
compagnons,  id.  Hiit.  ii,  60.  Ce  que  voyans,  les 
espions  de  Nicoclès  furent  abusez,  amyot,  Arat.  7. 

—  ÉTYM.  Épier;  génev.épion;  espaga.  espion; 
ital.  tpione.  L'ancienne  langue  disait  espie. 

ESPIONNAGE  (è-spio-na-j' ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  j. m.  Action  d'espionner;  métier  d'espion. 
L'espionnage  serait  peut-être  tolèrable  s'il  pouvait  être 
exercé  par  d'honnêtes  gens,  mo.mesq.  Esp.  xii,  23. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nonobstant  toutes  les  rigueurs, 
aguets  et  espionnaiges  des  deux  frères,  carloix, 
vtu,  <6. 

—  ÉTYM.  Espionner. 

ESPIONNE,  ËE  (è-spio-né,<i  née),  part,  passé. 
Espionné  par  la  police. 

t  ESPIONNEMENT  (è-spio-ne-man ;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  s.  m.  Action  d'espionner. 

—  HlST.  XVI*  s.  Espionnement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Espionner. 

ESPIONNER  (è-spio-né;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes),  V.  a.  Observer  quelqu'un,  ses  actions,  ses 
discours  en  espion.  Ses  ennemis  l'espionnaient 
Il  Absolument  C'est  un  vilain  métier  que  d'espion- 
ner. Il  S'espionner,  ».  réfi.  S'observer  l'un  l'autre  en 
espions.  Us  se  sont  espionnés  longtemps. 

—  SYN.  épier,  espionner.  Ces  deux  mots  ont 
même  radical,  e.spionner  n'étant  qu'un  allongement 
de  espier.  Espionner  c'est  proprement  faire  l'espion, 
tandis  que  épier  ne  contient  que  l'Idée  de  l'observa- 
tion secrète.  Espionner  les  démarches  de  quelqu'un, 
c'est  les  observer  secrètement  pour  en  user  en  es- 
pion; les  épier,  c'est  aussi  les  observer  secrètement, 
mais  dans  des  Intentions  qui  peuvent  ne  pas  avoir 
le  caractère  de  l'espionnage. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ouy  certainement,  luy  respon- 
dit-il,  je  suis  espie  voirement,  qui  suis  venu  pour 
espionner  ton  imprudence  et  ta  folle,  amïot,  Com- 
ment discerner  le  fiait,  de  l'ami,  52. 

—  ÉTYM.  Espion;  génev.  ^pionn«r. 
ESPLANADE   (è-splanad') ,  s.  f.  ||  1*  Terme  de 

fortification.  Espace  uni  ou  terre-plein  ,  qui  s'étend 
depuis  le  glacis  d'une  citadelle  jusqu'aux  premières 
maisons  de  la  ville.  ||  Zone  de  servitude  qui  s'étend 
à  250  mètres  d'une  place  ou  d'un  poste  militaire. 
Il  Le  parquet  même,  corridor  ou  chemin  couvert, 
où  s'établissent  les  assiégés  pour  inquiéter  les  tra- 
vailleurs ennemis,  protéger  les  sorties,  etc.  ||  2° Es- 
pace uni  et  découvert  devant  un  grand  édifice.  L'es 
; luiadc  des  Invalides,  j] 8"  lieu  plus  ou  ïoins  élevé 


ESP 

d'où  l'oeil  embrasse  une  certaine  étendue  de  pays. 
U  le  prend,  il  l'emporte  [éléphant  de  pierre],  au 
haut  du  mont  arrive,  Rencontre  une  esplanade  et 
puis  une  cité,  la  font.  Fabl.  x,  <4.  X  la  base  de 
ce  rocher  est  une  esplanade  couverte  de  grands 
arbres,  ber».  de  st-pierbe,  P.  et  Yirg.  Le  Pnyi 
[forum  d'Athènes]  est  une  esplanade  pratiquée  sur 
une  roche  escarpée,  CHATEAUB.  Itin.  I83i.  ||  4°  Terme 
d'artillerie.  Madriers  sur  lesquels  on  place  les  bat- 
teries de  canon.  {|  B"  Terme  de  fauconnerie.  Route 
de  l'oiseau  qui  plane. 

—  HlST.  ivi'  s.  Quand  on  est  en  quelque  belle 
splanade,  mont,  ii,  3S8.  Sa  tranchée  de  (8  pieds 
en  œuvre,  flancquée  de  deux  forts,  au  pied  des- 
quels il  y  avoit  deux  esplanades  pour  sortir  au  com- 
bat, d'aub.  Hùt.  II,  69.  Le  prince  de  Condé  retourne 
sur  ses  pas,  pour  faire  à  ses  ennemis  (comme  il  di- 
soit)  pontd'or  et  esplanade  d'argent,  id.  ib.  ii,  435. 

—  ÉTYM.  L'ancien  verbe  esplaner,  rendre  plan, 
de  es....  préfixe,  et  plan  :  Mustapha  voyant  la  place 
comme  esplanée,  d'aub.  Ilist.  l,  241. 

t  ESPLANDIAN  (è-splan-dian) ,  t.  m.  Belle  co- 
quille univalve,  appartenant  au  genre  cône. 

ESPOIR  (È-spoir),  s.  m.  {{  !•  Le  fait  même 
d'espérer.  Attirer  par  l'espoir.  J'ai  bon  espoir 
qu'il  réussira.  U  n'a  point  son  espoir  au  nombre  des 
armées,  malh.  u,  t.  Apprends-moi  de  nouveau  quel 
espoir  j'en  dois  prendre,  corn.  Cid,  i,  f.  Quittez  le 
long  espoir  et  les  vastes  pensées,  la  pont.  Fabl.  xi,  8. 
Et  que  le  refus  qu'il  a  fait....  n'ait  pas  étouffé  dans 
mon  âme  toute  sorte  d'espoir,  mol.  Am.  méd.  i,  4. 
Mais  combien  d'écrivains  d'abord  si  bien  reçus  Sont 
de  ce  fol  espoir  honteusement  déçus  !  boil.  Sat.  ix. 
Mon  espoir  N'est  plus  qu'au  coup  mortel  que  je  vais 
recevoir,  bac.  Iphig.  v,  2.  Je  meurs  dans  cet  espoir, 
satisfaite  et  tranquille,  id.  ib.  Et  l'espoir  malgré 
moi  s'est  glissé  dans  mon  cœur,  id.  Phèd.  m,  y. 
Il  Sous  espoir,  dans  l'espoir,  en  espérant.  Lâcher  ce 
qu'on  a  dans  la  main ,  Sous  espoir  de  grosse  aven- 
ture, Est  imprudence  toute  pure,  la  font,  f  abJ.  ix, 
(0.  Dans  l'espoir  d'élever  Bérénice  à  l'empire,  hac. 
Bérén.  ii  ,  2.  ||  En  espoir,  dans  l'imagination  qui 
esp&re.  Mes  guerriers  en  espoir  dépouillaient  votre 
monde  Des  tributs  éclatants  qu'il  recueille  à  Gol- 
conde,  delav.  Paria,  i,  t.  \\  Au  plnr.  Alors  je  revis 
en  moi-même  Les  doux  espoirs,  les  bizarres  pen- 
sers,  VOIT,  dans  girault-duvivieh.  ||  Espoir  est  quel- 
quefois appliqué  au  présent,  parce  que  l'esprit 
humain  transporte  volontiers  une  idée  de  futur  au 
présent.  Me  cherchiez-vous,  madame?  Un  espoir  si 
charmant  me  serait-il  permis  ?  bac.  Andr.  i,  4.  Cet 
emploi  est  justifié  par  un  emploi  analogue  d'espérer. 
Il  d'Ancien  terme  de  mer.  Petite  piJce  de  canon 
mise  sur  le  pont  d'un  vaisseau ,  et  servant  à  fa- 
voriser les  descentes. 

—  SYN.  espoir,  espérance.  Ces  deux  mots  sont 
très-voisins,  ne  différant  que  par  un  suffixe  qui  est 
dans  espérance  et  qui  manque  dans  espoir.  Espoir 
est  le  substantif  du  verbe  espérer,  sans  aucun  suf- 
fixe, commegardel'est  de  garder,  et  par  conséquent 
équivaut  exactement  à  l'infinitif  pris  substantive- 
ment; l'espoir  ou  l'espérer  c'est  la  môme  chose.  Es- 
pérance dérive  du  participe  présent  ;  c'est  l'état  de 
l'âme  de  l'espérant.  Par  conséquent,  espoir  a  un 
sens  plus  général,  plus  indéterminé  qu'espérance; 
et  dans  le  vers  célèbre  de  la  Fontaine  :  a  Quittez  le 
long  espoir  et  les  vastes  pensées;  »  espoir  seul  con- 
vient, espérance  serait  impropre.  Spart  cette  nuance, 
espoir  et  espérance  se  confondent. 

—  HIST.  xii*  s.  Et  je  cuit  [crois]  bien  au  mien  espoir 
[d'après  l'espoirquej'ai]  Que....  Couci,\v.  Benoit  soit 
U  hardemensOù  j'ai  pris  si  bon  espoir,  t6.  xii.  Tost  au- 
ront perceti  l'engin  de  félonie;  Espoir  [sans doute],  il 
manderont  partout  leur  baronie,  Sax.  xx.||  xiii' s.  Mais 
un  espoir  m'a  tant  reconforté,  le  comte  d'anjod.  Ro- 
mancero, p.  t24.  Et  espoir  il  leur  en  prendra  pitié, 
viLLEH.  XLii.  En  assembler  trésor  [elle]  avoit  mis 
son  espoir,  Berte,  Lxv.  Bien  le  voudroit  Pépins, 
ainsi  com  j'ai  l'espoir,  ib. Mais,  espo'r,  ce  n'iert  [ne 
sera]  mie  tost,  Grans  biens  ne  vient  pas  en  poi  d'ore, 
la  Rose,  2038.  ||  xv'  s.  Les  gardes  de  la  porte  com- 
mencèrent &  corner  et  à  esmouvoir  ceux  de  la  ville, 
qui,  espoir  [peut-être],  dormoient  encore,  car  il 
estoit  moult  matin ,  froiss.  i  ,  i  ,  254.  Plusieurs 
menues  folies  auxquelles  ledit  mignon  trop  se  don- 
noit  d'espoir,  louis  xi,  Nouv.  th.  ||  xvi*  s.  Un  vain 
espoir  qui  de  vent  nous  vient  paistre,  hons.  *.  Ainsi 
i'alloy  sans  espoir  [crainte]  de  dommage  ,  ID.  34. 
L'âge  Tole  tousjours  sans  espoir  de  retour,  id.  i, 
6B7.  Seize  pataches  de  2b  à  30  tonneaux,  garnies 
d'espoires  [canons]  de  fonte  et  de  quelques  moiennes 
[pièces  d'artillerie],  d'aub.  Ilist.  m,  I8. 

—  ÏTYil.  Provenç.  esper;  du  latin  speret,  qui  se 


ESP 

trouve  dans  Ennius.  Espoir  dans  l'ancienne  langue 
avait  un  emploi  élégant  :  11  signifiait  peut-être,  qui 
l'a  remplacé. 

fESPOLE  (è-spo-1')  ou  ESPODLE  (è-spou-l'),  s.  f. 
Fil  de  la  trame  d'une  étoffe.  Celui  [le  fil  de  laine] 
qui  est  destiné  pour  la  trame,  est  mis  en  espoule, 
c'est-à-dire  qu'il  est  dévidé  sur  de  petits  tuyaux  ou 
morceaux  de  roseau,  disposés  de  manière  à  pouvoir 
être  facilement  placés  dans  la  poche  de  la  navette, 
Dict.  des  arts  et  m.  Amst.  <767,  Drapier. 

—  ÉTYM.  Voy.  ESPOLIN. 

fESPOLETTE  (è-spo-lè-f)  ou  ESPODLETTE 
(è-spou-lè-t') ,  s.  f.  Sorte  de  mèche  qui  seit  à  mettre 
le  feu  aux  bombes  et  obus. 

—  ÉTYM.  Voy.   ESPOLIN. 

t  ESPOLECR  (è-spo-leur)  ,  s.  m.  Ouvrier  qui 
charge  et  dispose  les  espolins, 

i  ESPOLIN  (è-spo-lin),  s.  m.  Petit  tube  de  roseau 
sur  lequel  on  dévide  la  laine,  le  coton  ou  la  soie, 
pour  la  trame  des  étoffes.  ||  Sorte  de  navette  qui  con- 
tient la  dorure  et  la  soie  propres  à  brocher. 

—  ÉTYM.  Espagn.  espolin;  ital.  spola ,  spuola; 
de  l'ancien  haut-allemand  spuolo,  navette. 

ESPONTON  (è-spon-ton),  s.  m.  \\  1"  Demi-pique 
que  portaient  autrefois  les  officiers  d'infanterie,  et 
dont  on  se  sert  sur  les  vaisseaux  pour  l'abordage. 
L'épée  au  côté ,  l'esponton  à  la  main  ,  volt.  Cand. 
14.  Il  2°  Terme  de  serrurerie.  Partie  basse  d'un  bar- 
reau de  grille,  qui  est  arrondie  en  diminuant  comme 
un  fuseau. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  se  tenir  comme  un  éponton  , 
se  tenir  droit  et  ébahi  ;  espagn.  esponton  ;  ital.  spon- 
tané, spuntone  ;  de  l'ital.  puntone,  pointe,  de  punto, 
piqûre,  du  latin  punclum  (voy.  poindre). 

t  ESPODLE,  s.  f.  Voy.  espole. 

I  ESPOOLETTE,  s.  f.  Voy.  espolette. 

t  ESPOULIN  (è-spou-lin) ,  s.  m.  Voy.  espolin. 

■f  ESPOCLINAGE  (ô-spou-li-na-j') ,  s.  m.  Action 
d'espouliner. 

t  ESPOUHNANDE  (è-spou-li-nan-d') ,  s.  f.  Ou- 
vrière qui  cliarge  et  dispose  les  espoulins. 

t  ESPODLINER  (ti-spou-li-né) ,  v.  a.  Travailler 
avec  les  navettes  nommées  espoulins. 

t  ESPRESSIONE  (è-spre-ssio-né).  Terme  de  mu- 
sique. Con  espressione,  mots  italiens  qui  signifient 
avec  expression,  c'est-à-dire  avec  chaleur  et  sen- 
sibilité. On  écrit  quelquefois,  en  abrégeant,  con  es- 
press.  ou,  simplement,  espress.  mais,  en  le  pro- 
nonçant, on  dit  toujours  con  espressione. 

—  £TYM.  Ital.  espressione  (voy.  expression). 

t  ESPRESSIVO  (è-sprè-ssi-vo).  Terme  de  musi- 
que. Mot  italien  signifiant  expressif ,  c'est-à-dire 
qui  doit  se  chanter  ou  se  jouer  avec  expression. 
Andante  espressivo. 

—  ÉTYM.  Voy.  expressif. 

ESPRINGALE  (è-sprin-ga-l'),  s.  f.  Espèce  de  ba- 
liste  autrefois  en  usage  dans  les  armées  du  moyen 
âge. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ainsi  que  là  Bertran  recordoit  son 
vouloir.  Un  carrel  d'espringalle  vint  lez  lui  asseoir; 
Mais  à  lui  ne  mesfit  ne  à  son  cheval  noir,  Guescl. 
v.  3971-4006.  Canon  ne  espringalle  ne  leur  vaudra 
néant,  ib.  \\  xv*  s.  Et  le  [le  château]  fit  pourvoir 
moult  bien  d'espringales,  de  Lombardes,  et  d'arcs 
à  tourz  et  d'autres  instrumens,  froiss.  i,  i,  315. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espingala;  espagn.  et  portug. 
espingarda.  La  vraie  forme  paraît  être  espringale, 
avec  l'r;  et  celle  qui  ne  l'a  pas  paraît  être  une  al- 
tération. En  tout  cas,  espringale  vient  de  l'allemand 
springen,  sauter,  qui  d'ailleurs  était  entré  dans  le 
français  :  Tan  tost  espringez  et  balez,    la  Rose, 

10)22. 

t  ESPRINSONS  (è-sprin-son) ,  s.  m  plur.  Maladie 
épidémique  qui  a  régné  à  Metz  en  1473-1474  et  qui 
paraît  avoir  été  une  sorte  de  dyssenterie. 

—  ÉTYM.  Le  radical  parait  être  épreinte  (es- 
preinle). 

ESPRIT  (è-spri;  le  t  se  lie  dans  le  parler  soutenu; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  è-spri-z  élégants),  s.  m. 
Il  1»  Souffle.  L'esprit  souffle  où  il  veut.  La  terre 
était  informe  et  toute  nue,  les  ténèbres  couvraient 
la  face  de  l'abîme,  et  l'esprit  de  Dieu  était  porté 
sur  les  eaux,  SACi,  Bible,  Genèse,  i,  2.  ||  L'esprit 
de  Dieu  descendit  sur  les  prophètes,  ils  reçurent 
l'inspiration  divine.  Il  2°  Aspiration.  Usité  seulement 
en  cet  emploi  dans  la  grammaire  grecque  :  esprit 
rude,  signe  d'aspiration;  esprit  doux,  signe  qui 
marque  absence  d'aspiration.  ||  3"  Substance  incor- 
porelle et  intellectuelle;  le  souffle  ayant  servi,  comme 
ce  qu'il  y  a  de  plus  subtil,  à  désigner  dans  les 
langues  l'immatérialité,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  la 
Bible  où  il  est  dit  que  Dieu  souffla  dans  l'homme 
un  souffle  de  vio  pour  l'animer,  Qui  ne  croirait,  à 


ESP 


1493 


nous  voir  composer  toutes  choses  d'esprit  et  de 
corps,  que  ce  mélange  nous  serait  compréhensible 
PASC.  Pensées,  1. 1,  p.  263,  édit.  lahure.  Le  premier 
de  tous  les  esprits,  c'est  Dieu,  souverainement  in- 
telligent, Boss.  Conn.  v,  <3.  Dieu  est  esprit,  dit 
notre  Seigneur,  et  ceux  qui  l'adorent  doivent  l'ado- 
rer en  esprit  et  en  vérité,  c'est-à-dire  que  celte 
suprême  intelligence  doit  être  adorée  par  l'in- 
telligence, iD.  ib.  L'intellectuel  et  le  spirituel,  c'est 
la  même  chose;  notre  langue  s'est  conformée  i 
cette  notion  :  un  esprit,  selon  nous,  est  toujours 
quelque  chose  d'intelligent,  et  nous  n'avons  point 
de  mot  plus  propre  pour  expliquer  celui  de  v«ûc  et 
mens,  que  celui  d'esprit,  id.  ib.  L'idée  d'un  être 
supérieur  à  tous  les  autres  êtres,  qui  les  a  tous  faits, 
et  à  qui  tous  se  doivent  rapporter  ;  un  être  souve- 
rainement parfait,  qui  est  pur,  qui  n'a  point  com- 
mencé et  qui  ne  peut  finir,  dont  notre  âme  est 
l'image,  et,  si  j'ose  le  dire,  une  portion,  comme 
esprit  et  comme  immortelle,  la  bruy.  xvi.  De  ce 
que  je  pense,  je  n'infère  pas  plus  clairement  que 
je  suis  esprit,  que  je  conclus  de  ce  que  je  fais  ou 
ne  fais  point,  selon  qu'il  me  plaît,  que  je  suis  li- 
bre, ID.  ib.  Il  4°  Le  Saint-Esprit,  l'Esprit  vivifiant, 
l'Esprit  consolateur  (avec  une  s  et  un  e  majuscules), 
la  troisième  personne  de  la  Trinité.  Docteurs,  di- 
tes-moi donc,  quand  nous  sommes  absous,  Le  Saint- 
Esprit  est-il  ou  n'est-il  pas  en  nous?  boil.  Épit.xii. 
C'est  le  Saint-Esprit  qui  est  en  nous  le  principe  im- 
médiat et  substantiel  de  toutes  les  opérations  de  la 
grâce,  BOURD.  Wystère,  Pentecôte,  t.  i,  p.  465.  Le 
Saint-Esprit  est  essentiellement  ferveur  et  amour,  ID. 
ib.  p.  472.  Il  On  dit  aussi  l'E.sprit-Saint.  ||  L'ordre  du 
Saint-Esprit,  ordre  institué  par  Henri  111  en  )B97; 
le  nombre  des  chevaliers  était  borné  à  cent,  sans  y 
comprendre  les  commandeurs  ecclésiastiques  et  les 
officiers  de  l'ordre.  ||  5°  Les  esprits,  les  substances  in- 
corporelles, telles  que  les  anges  et  les  démons,  lime 
semble  que  la  science  des  esprits  appartient  bien 
plus  à  la  théologie  révélée  qu'à  la  théologie  natu- 
relle, d'alemb.  Encycl.  Disc,  prélim.  ||  Les  esprits 
célestes,  les  anges.  Pareil  à  ces  esprits  que  ta  jus- 
tice envoie,  Quand  son  roi  lui  dit  :  pars,  il  s'élance 
avec  joie,  rac.  Esth.  Prol.  \\  Les  esprits  de  ténèbrei, 
les  anges  déchus.  Il  y  a  à  Endor  une  femme  qui  a 
un  es|irit  de  Python,  saci.  Bible,  Rois,  i,  xxviii,  7. 
J'irai  et  je  serai  un  esprit  menteur  dans  la  bouche  de 
tous  ses  prophètes,  id.  ib.  m,  n,  22.  U  n'était  bruit 
aux  champs  comme  à  la  ville  Que  d'un  manant  qui 
chassait  les  esprits,  la  font.  Belph.  Ceux  qui  sont 
possédés  du  malin  esprit,  eoss.  Nouv.  myst.  47. 
Je  veux  raconter  la  victoire  que  les  fidèles  rempor- 
tèrent sur  les  esprits  de  l'abîme,  cuateaub.  Itart. 
III.  Revenants,  lutins,  noirs  esprits.  Sorciers,  ma- 
lignes influences,  X  tout  croire  on  m'avait  appris, 
BÉRANG.  Feux  foU.  ||  Les  esprits  immondes,  les  dia- 
bles. ||  Fig.  L'esprit  du  démon,  pensée  malfaisante 
qui  germe  en  nous  et  qui  se  révèle  par  quelque  ac- 
tion méchante.  Il  est  animé  par  l'esprit  du  dé- 
mon. Il  Esprit  follet,  sorte  de  lutin  familier  qui, 
selon  le  préjugé  populaire,  est  plus  espiègle  que 
méchant.  J'espère  que  les  zéphyrs,  qui  sont  du 
nombre  des  esprits  doux,  me  seront  favorables,  et 
que,  devant  que  celte  lettre  soit  en  France,  je  pour- 
rai être  en  Angleterre  ,  voit.  Lett.  42.  ||  Esprit 
familier,  sorte  de  génie  que  l'on  croyait  attaché  à 
une  personne  pour  la  guider,  l'inspirer.  Le  démon 
ou  esprit  familier  de  Socrate.  ||  Revenant,  apparition 
d'un  mort.  L'hôtesse....  Soutient  toujours  qu'il 
revient  des  esprits,  la  font.  Rém.  L'hôtesse,  étant 
alors  sans  chambrière,  Court  à  la  cave,  et,  de  peur 
des  esprits ,  Mène  avec  soi  madame  Simonetle,  ID. 
ib.  Sa  femme  [à  d'Heudicourt]  avec  tout  son  esprit 
craignait  les  esprits  jusqu'à  avoir  des  femmes  à  ga- 
ges pour  la  veiUer- toutes  les  nuits,  st-sim.  2<8,)83. 
Il  Esprits  frappeurs,  esprits  écrivains,  âmes  de 
morts  que,  depuis  quelques  années ,  certaines  gens  s'i- 
maginentvenirfrapperaux  portes  et  aux  murailles, 
ou  conduire  la  plume  ou  le  crayon  de  personne» 
qui  écrivent,  et  substituer  leur  pensée  à  celle  de  ces 
personnes.  ||  6°  La  vie  considérée  ,  suivant  l'opi- 
nion ancienne,  entant  qu'elle  est  le  souffle.  Un  es- 
prit vit  en  nous  et  meut  tous  les  ressorts,  la  font. 
Fabl.  X,  <.  Il  Rendre  l'esprit,  mouï'r.  Et  fais  que 
sur  ma  tombe  Arcas  rende  l'esprit,  botr.  Ilercui,. 
mour.  V,  «.  Il  1°  Les  corps  légers  et  subtils  qu'on  re- 
gardait comme  le  principe  de  .a  vie  et  des  senti- 
ments. Esprits  vitaux.  Enfin  il  se  trahit  lui-même 
Parles  esprits  sortant  de  son  corps  échauffé  ;  Miraut, 
sur  leur  odeur  ayant  philosophé,  Conclut  que  c'est 
son  lièvre....  LA  font.  Fabl.  v,  4  7.  M.  de  Turenne 
reçut  la  coup  au  travers  du  corps,  vous  pouvez  pen- 
ser s'il  tomba  et  s'il  mourut  ;  cependant  le  reste  des 


U9'»  ESI' 

.^1.  il  au'il  M  irtln.  U  longueur  d'un  pu  et  que 
^U  2«UmâiDp«con.ul.ion.  etpuuon  jeta 
OMM  U -rn  iMmM^r  joi.  Dei armée» mfe- 

'*^.  oà  uîemNe  que  tout  «.it  nerfi  et  où  tout 

^  iM  e.priu  1  démêler  lei  ïices  dee  hommes,  la 
«OT  I.  Kendre  à  mon  «ang  glacé  wn   ancienne 
ebaleur,  À  mon  corp»,  4  me.  «en.  leur  premiiru 
fieueur    Et  d'espriu  tout  nouveaui  réchauffer  ma 
i)eD.4e,'cHAUL./jfm«  de  Uiuay.[\  Reprendre  se» 
Mpriu,  revenir  à  soi,  sortir  de  syncope.  J  ai  senti 
défaillir  ma  force  et  mes  espriu  :  Ses  femme»  m  en- 
touraient quand  je  le.  ai  repris,  rac.  Dajaxel,y,  *. 
Moi  qui  n'ai  pu  tantôt,  de  la  mort  menacée, Helenir 
mes  esprits  pronipU  à  m'abandonner  ,  ID.  ib.  v,  V2. 
On  le  porta  au  château ,  où  l'on  n'épargna  rien  pour 
lui  faire  reprendre  ses  esprits,  lesaok.  Diable  boit. 
4»  Je  me  meurs.  —  Dieux  puissants  I  raiPiielez  ses 
esprit»,  VOLT.  Kérope,  m,  ♦.  Il  Kn  un  sens  moins 
restreint,  se  remettre.  Mais  n'appréhende  plus,  je 
reprend»  mes  esprit»,  mol.  l'Ét.  iv,  3.  Permettez, 
messieur»,  que  je  reprenne  ici  mes  esprits,  fLÉcu. 
lam.  Il  Esprits  animaux,  fluide  imaginaire  qu'on 
supposait  formé  dans  le  coeur  et  dans  le  cerveau 
et  distribué,  par  le  moyen  des  nerfs,  dans  toutes 
les  parties  du  corps.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remar- 
quable,  c'est  la  génération  des  esprits  animaux, 
qui  sont  comme  un  veut  très-subtil,  ou  plutôt  comme 
une  namme  très-pure  et  très-vive,   qui,  montant 
continuellement  en  grande  abondance  du  cœur  dana 
le  cerveau,  se  va  rendre  de  là  par  les  nerfs  dans  les 
muscles  et  donne  le  mouvement  à  tous  les  membres, 
DESC.  Mélh.  V,  8.  Ce  que  tous  les  analomisles   ont 
nommé  esprits  animaux....  MAiBAN,  Éloges,  l'etiLle 
me  sers  ici  d'expressions  qui  ne  doivent  pas  être 
prises  à  la  lettre  :  nous  ignorons  la  nature  des  es- 
prits animaux;  ils  sont  encore  plus  hors  de  la  portée 
de  nos  sens  et  de  nos  instruments  que  les  vaisseaux 
qui  les  filtrent  ou  les  préparent,  bonnet,  liss.  anal. 
dm»,  ch.  4.  Il  Les  petits  esprits,  s'est  dit  quelquefois 
pour  esprits  animaux.  Je  vous  aime  trop  pour  que  les 
petits  esprits  ne  se  communiquent  pas  de  vous  à  moi, 
et  de  moi  à  vous,  sêv.  5  juiU.  (67i.  ||  8"  Terme  de 
chimie.  Substance  qui  s'échappe  des  corps  soumis  à  la 
distillation  et  qui,  à  cause  do  sa  sublililé,  fut  compa- 
rée au  souffle.  Esprit-de-vin.  Les  esprits  alcooliques. 
11  s'agissait  des  droits  sur  l'espiit-de-vin,  et  de  la 
manière  d'avoir  égard,  dans  les  droits  d'entrée,  aux 
différents  degrés  de  force  de  cette  liqueur,  conuor- 
CKT,  Motuigni.  ||  Terme  de  commerce.  Absolument. 
U»  esprit»,  nom  des  liqueurs  alcooliques,   et,  en 
particulier,  de  l'esprit-de-vin.   ||  Terme  d'ancienne 
chimie.  Esprit  volatil,  nom  donné  à  tous  les  sous- 
carbonate»  d'ammoniaque  provenant  de  la  distilla- 
tion de  matières  animales.   Esprit  de  sel,  solution 
d'acide  chlorhydrique  dans  l'eau.  Esprit  de  uilre, 
acide  azotique  étendu  d'eau.  Esprit  de  vitriol,  acide 
sulfurique   étendu   d'eau.    Esprit    ardent,    l'alcool 
trésrectiflé.  Esprit  alcalin ,  le  gaz  ammoniac.  ||  Es- 
prit» ou  eaux  spiritueuses,  nom  donné  par  les  an- 
ciens chimiste,  à  des  alcool»  chargés,  par  distilla- 
tion,  des   principes    médicamenteux   de   drogues 
simple*.  Il  Esprit  recteur,  nom  que  Doerhaave  avait 
donné  tu  liquide  odorant  qu'on  obtient  de  la  distil- 
lation  directe  des  végétaux  aromatiques.   ||   Terme 
d'alchimie.  Esprit  fugitif,   le  mercure.  Esprit  uui- 
verMl,  substance  subtile  et  rare  qui,  réunie  à  son 
lolide,  régit  et  vivifie  toute  la  nature.  ||  8°  L'âme 
de  l'homme.  L'esprit  et  le  corps.  Saint  Paul  appelle 
Dieu  le  père  de  tous  les  esprit»,  c'est-à-dire  de  toutes 
les  créatures  intellectuelle»,  capables  de  s'unir  à 
lui,  iioss.  Conn.  v,  O.  Encore  que  notre  esprit  soit 
de  nature  â  vivre  toujour»,  il  abandonne  à  la  mort 
tout  ce  qu'il  consacre  aux  choses  mortelles,  Boss. 
Duch.  iOri.  ||  Ctre  ravi  en  esprit,  avoir  une  vi- 
sion qui  tran»iorte  l'âme  dans  les  régions  célestes. 
Il  Terme  de  l'Ecriture  sainte.  L'esprit,  par  opposition 
k  la  chair.  L'esprit  est  prompt  et  la  chair  est  faible. 
Ne  demande  jamai.  à  ta  chair  infidèle  Ce  qu'elle  veut 
ou  m  veu  t  pa»  ;  Range-la  lous  l'esprit ,  et  fais  qu'en  dé- 
pit d'elle  Son  esclavage  ait  pour  toi  des  appâts,  cokn. 
/mil.  m,  44.  Ceux  qui  vivaient  selon  l'esprit,  ceux 
qui  vivaient  leton  la  chair,  boss.  Uitt.  l,  4.  Quand 
Hint  Paul  dit  que  U  chair  convoite  contre  l'esprit. 
tt  l'psprit  contre  la  chair,  il  entend  que  la  partie 
tBieUigente  combat  la  partie  sensitive;  que  l'esprit, 
«peMe  de  .'unir  â  Dieu,  est  combattu  par  le  plaisir 
•yMiMe  attaché  aux   disposition,  corporelles,   id. 
r?"\'>  '*•  Il  En  esprit,  spirituellement  Les  Gen- 
ul.  ï^iniMent  en  esprit  aux  Juifs,  nos».  Uitt.  Ii, 
7.   Vou»    D'tilorariu  pai  le  Seigneur   en  esprit, 
MAM.  tûf.  Culn.  Il  Les  espriu  bienheureux,  les 


ESI» 

âme*  qui  lont  en  paradis.  Des  esprit,  bienheureux 
la  troupe  l'environne,  tristan,  Mariane ,  v,  3. 
Il  10*  Grâce  et  don  de  Dieu.  L'esprit  de  prophétie. 
L'esprit  d'Elie  se  reposa  sur  Elisée.  L'esprit  du  Sei- 
gneur fut  en  lui  et  il  jugea  Israël,  saci.  Bible, 
Juget,  m,  *o.  Ce  roi  qui  avait  l'esprit  de  pro- 
phétie, PASC.  Proc.  4  8.  Des  hommes  à  qui  l'Es- 
prit-Saint  n'avait  pas  été  donné  ce  semble  avec 
mesure,  mass.  Car.  Culte.  Le  Seigneur  a  retiré  son 
esprit  du  milieu  de  cette  Église  infidèle,  lU.  tfyst. 
Atsompl.  Le  fanatique  recevait  l'esprit  ;  on  le  lui 
conférait  en  lui  soufflant  dans  la  bouche,  volt. 
Louis  IIV,  36.  Il  Chercher  l'esprit,  se  disait,  entre 
les  puritains,  d'un  recueillement  mental  de  dé- 
votion où  l'on  attendait  quelque  inspiration  du 
Seigneur.  ||  11°  En  particularisant  le  sens  d'es- 
prit, l'âme  considérée  comme  l'agent  des  pen- 
sées, des  souvenirs,  des  volontés.  L'esprit  dépend 
si  fort  du  tempérament  et  de  la  disposition  des 
organes  des  corps,  que,  s'il  est  possible  de  trou- 
ver quelque  moyen  qui  rende  communément  les 
hommes  plus  sages  et  plus  habiles  qu'ils  -n'ont 
été  jusqu'ici,  je  crois  que  c'est  dans  la  médecine 
qu'il  faut  le  chercher,  desc.  Méth.  vi,  2.  Mais  la 
pudeur  peut  tout  sur  l'esprit  d'une  fille  Dont  la 
vertu  répond  à  l'illustre  famille,  corn.  rWotJ.  ii, 
7.  Et  j'ai  l'esprit,  seigneur,  d'autant  plus  satisfait, 
Que  mon  .sang  rompt  le  cours  du  mal  que  j'avais 
fait,  ID.  Nicom.  v,  4  0.  Vous  ne  me  dites  rien  que 
ce  que  j'en  ai  dit,  Lorsqu'à  Léon  tantôt  j'ai  dépeint 
son  esprit,  id.  Pulch.  iv,  l.  Peut-il  dans  ton  esprit 
passer  pour  innocent?  maihet,  Jforf  d'Asdr.i,  4. 
Et  mettre  en  ton  esprit  cet  éternel  effroi  Que  le 
crime  en  tous  lieux  met  aux  âmes  sans  foi,  id.  ib. 
v,  3.  Le  temps  m'a  do  l'esprit  son  portrait  effacé, 
BOTR.  Bélis.  I,  2.  Mais  combien  mon  esprit  répugne 
à  ce  devoir  !  id.  Hercule  mour.  v,  2.  Tout  en  tout 
est  divers;  ôtez-vous  de  l'esprit  Qu'aucun  être  ait 
été  composé  sur  le  vôtre,  la  font.  l'abl.  ix,  4  2. 
Le  cœur  a  son  ordre;  l'esprit  a  le  sien  qui  est 
par  principes  et  démonstrations;  le  cœur  en  a  un 
autre,  pasc.  Pensées,  1. 1,  p. 288,  édit.  LAiiuiiE.Quoi  I 
toujours  Andromaque  occupe  votre  esprit,  uAcT/ln- 
drom.  II,  B.  Où  laissé-je  égarer  mes  vœux  et  mon 
esprit?  ID.  Phèd.  l ,  3.  Toi-même  en  ton  esprit 
rappelle  le  passé,  ID.  ib.  ii,  6.  Ce  qui  est  arrivé 
dans  une  même  secte,  c'est  ce  qui  arrive  à  toute 
heure  dans  un  même  esprit  ;  et  l'expérience  nous 
fait  voir  qu'il  se  divise  lui-même  et  qu'il  se  confond, 
dès  qu'il  est  assez  malheureux  pour  ne  s'attacher  pas 
à  la  simplicité  de  la  foi ,  bourd.àL.  Carême,  Sur  la 
paix  chrétienne.  11  pesait  les  esprits  et  donnait  à  cha- 
cun le  rang  qu'il  méritait,  fléch.  Jf.  de Montawier. 
Par  le  mot  esprit,  j'entends  tout  être  pensant,  uouL- 
lainvilliers,  Réfui.  de  Spinosa,  p.  90.  De  quelque 
côté  qu'il  tourne  son  esprit,  soit  qu'il  rappelle  le 
passé,  soit....  mass.  Av.  Uort  du  péch.  ||  S'emparer 
de  l'esprit  de  quelqu'un,  gagner  sa  confiance  au 
point  de  pouvoir  le  diriger.  ||  Etre  bien  dans  l'espnt 
de  quelqu'un,  posséder  ses  bonnes  grâces,  sa  bien- 
veillance. Il  Se  mettre  bien  dansl'espritde  quelqu'un, 
gagner  son  amitié,  sa  bienveillance.  Songez  seule- 
ment à  bien  vous  mettre  dans  l'esprit  de  mon  père, 
MOL.  l'Avare,  1,4.  Pour  se  bien  mettre  dans  l'esprit 
du  roi,  HAMiLT.  Gramm.  7.  ||  Se  dit  aussi  dans  le 
même  sens  au  pluriel,  en  poésie.  Junie  ....  S'est 
vue  en  ce  palais  indignement  traînée  ;  Hélas  1  de 
quelle  horreur  ses  timides  esprits  X  ce  nouveau  spec- 
tacle auront  été  surpris!  rac.  Brit,  l,  3.  Quoi  donc I 
à  me  gêner  appliquant  mes  esprits.  J'irai  faire  à  mes 
yeux  éclater  ses  mépris  I  id.  Bajax.  iv,  4.  D'horreur 
et  de  pitié  mes  esprits  déchirés,  volt.  Mort  de  Ces. 
m,  2.  Un  sexe  dangereux  dont  les  faibles  esprits.... 
ID.  Toncr.  i,  4.  ||  Mettre  en  l'esprit,  suggérer,  in- 
spirer. Et  les  tristes  discours  Que  te  met  en  l'esprit 
l'amitié  paternelle  ,  malh.  iv,  4  8.  N'y  a-t-il  point 
quelque  Dieu  qui  me  met  en  l'esprit  ces  pensées? 
Dgsc.  If^dit.  u ,  3.  Tu  te  mets  en  l'esprit  une  crainte 
frivole,  coBN.  Suiianlc,  u,  ».  ||  Venir  en  l'esprit,  se 
dit  des  pensées  qui  surviennent.  Chacun  disait  ce 
qui  lui  venait  dans  l'esprit ,  tt».  Tél.  v.  ||  Perdre 
l'esprit,  devenir  fou.  J'aurais  perdu  l'esprit  si  j'osais 
me  vanter  Qu'avec  ce  peu  de  gens  nous  puissions 
résister,  cohn.  Bodog.  ut,  2.  Elle  a  besoin  de  six 
grains  d'ellébore;  Monsieur,  son  esprit  est  tourné, 
MOL.  Amph.  u,  a.  C'est  une  radoteuse,  elle  a  perdu 
l'esprit,  LA  FONT.  Fabl.  x,  2.  ||  Où  avait-il  l'esprit 
quand....?  X  quoi  pensait-il  quand....?  Je  ne  sais 
pas   où   j'avais  l'esprit  ,   sÉv.   202.  1|  En   esprit , 

rla  pensée,  en  imagination.  11  voyait  en  esprit 
rang  qu'ils  devaient  tenir,  boss.  Serm.  Sept. 
Jacob  vit  en  esprit  le  secret  de  cette  élection,  id. 
HiH,  u,  2.  u  lettre  dont  Volro  Majesté  m'honore 


ESP 

m'a  transporté  en  esprit  à  Orembourg,  \olt.  ietl.  à 
Cath.  4»«.  Là,  pesant  mes  projets,  de  Néron  massacré 
Je  foulais  en  esprit  le  corps  défiguré,  LzooxiYi,Épich. 
et  Néron,  1,  s.  ||  Familièrement.  Il  a  l'esprit  au  ta- 
lon, se  dit  quand  quelqu'un  fait  une  lourde  faute, 
ou  quand  il  est  distrait,  préoccupé.  ||  12*  Présence 
d'esprit,  qualité  de  l'esprit  par  laquelle  on  fait  ou  dit 
.sans  hésitation  ni  délibération  ce  qui  est  à  propos. 
Il  Dans  le  même  sens.  J'ai  eu  bon  esprit  de  la  laisser 
Ih,  sév.  4  65.  Il  18°  Il  se  dit  en  particulier  des  facul- 
tés intellectuelles,  del'aptitude  à  comprendre,  à  sai- 
sir, à  juger.  Esprit  solide,  orné.  Cultiver  son  esprit. 
Avoir  lin  esprit  vif  et  pénétrant.  Avoir  l'esprit  ouvert. 
Avoir  l'esprit  borné,  bouché.  Il  n'a  pas  l'esprit  de 
régler  ses  affaires.  Je  n'ai  jamais  fait  beaucoup  d'état 
des  choses  qui  venaient  de  mon  esprit,  desc.  Méth. 
VI,  2.  liicn  que  j'aie  expliqué  mes  opinions  à  de. 
personnes  de  tr^s-bon  esprit  et  qui,  pendant  que  je 
leur  parlais,  semblaient  les  entendre  fort  distincte^ 
ment,  id,  ib.  vi,  6.  L'esprit  est  toujours  la  dupe  du 
cœur,  LA  rochep.  Max.  402.  Tous  ceux  qui  connais- 
sent leurs  esprits  ne  connaissent  pas  leur  cœur,  id.  ib. 
4  03.  U  y  a  deux  sortes  d'esprits  :  l'une  de  pénétrer 
vivement  et  profondément  les  conséquences  des 
principes,  et  c'e.st  là  l'esprit  de  justesse;  l'autre,  de 
comprendre  un  grand  nombre  de  principes  sans  les 
confondre,  et  c'est  là  l'esprit  de  géométrie;  l'un  est 
force  et  droiture  d'esprit,  l'autre  est  amplitude 
d'esprit,  pasc.  Pentées,  art.  vu,  2.  Tout  l'éclat  de» 
grandeurs  n'a  point  de  lustre  pour  les  gens  qui  sont 
dans  les  recherches  de  l'esprit;  la  grandeur  des 
gens  d'esprit  est  invisible  aux- rois,  aux  riches,  aux 
capitaines,  à  tous  ces  grands  de  chair,  ID.  Pensées, 
art.  xvu,  4,  édit.  havet.  Archimède,  sans  éclat, 
serait  en  même  vénération;  il  n'a  pas  donné  des 
batailles,  mais  il  a  fourni  à  tous  les  esprits  ses  in- 
ventions, ID.  ib.  Mon  esprit  diminue,  au  lieu  qu'à 
chaque  instant  On  aperçoit  le  vôtre  aller  en  aug- 
mentant, LA  FONT,  foti.xii,  4.  L'homme  du  meil- 
leur esprit  est  inégal;  U  souffre  des  accroissements 
et  des  diminutions,  la  bruy.  xi.  Le  mot  esprit, 
quand  il  signifie  une  qualité  de  l'âme  ,  est  un  de 
ces  mots  vagues,  auxquels  tous  ceux  qui  les  pro- 
noncent attachent  presque  toujours  des  sens  diflTé- 
rents  :  il  exprime  autre  chose  que  jugement,  génie, 
goût,  talent,  pénétration,  étendue,  grâce,  finesse, 
et  il  doit  tenir  Je  tous  ces  mérites  :  on  pourrait 
le  définir  raison  ingénieuse,  volt.  Dict.  phil.  Es- 
prit, n.  On  a  émis  la  question,  si  tous  les  hommes 
sont  nés  avec  le  même  esprit,  les  mêmes  disposi- 
tions pour  les  sciences,  et  si  tout  dépend  de  leur 
éducation  et  des  circonstances  où  ils  se  trouvent,  id. 
16.  V.  U  n'y  avait  de  réel  que  l'esprit,  dont  en  effet 
il  avait  beaucoup,  c'est-à-dire  une  conception  aisée, 
uuo  grande  pénétration,  beaucoup  de  discerne- 
ment, de  la  mémoire  et  de  l'éloquence,  M»'  le 
CAYLUS,  Souc.  p.  243,  dans  pougbns.  L'esprit  ne 
crée  rien,  mais  il  opère  sans  cesse  sur  cette  mul- 
titude presque  infinie  de  perceptions  diverses  qu'il 
acquiert  par  le  ministère  des  sens,  bonnet,  Pa- 
ling.  XXII,  2.  Un  esprit  élevé  ne  daigne  apercevoir 
dans  son  objet  que  les  rapports  qui  l'agrandissenl, 
marmontel,  Élém.  litt.  Œuvres,  t.  x,  p.  4  98,  dans 
poiiGENS.  Un  esprit  profond  ne  s'arrête  jamais  aux 
apparences  superficielles,  sa  méditation  s'exerce  â 
sonder  son  objet  et  à  tirer  comme  de  ses  entrailles, 
ex  visceribut  rei,  ce  qu'il  y  a  de  plus  riche  et 
de  plus  enfoui,  ID.  ib.  p.  4  97.  |1  L'esprit  et  le 
cœur,  la  partie  intellectuelle  et  la  partie  morale  de 
l'homme.  J'appelle  mondains,  terrestres  ou  gros- 
siers, ceux  dont  l'esprit  et  le  cœur  sont  attachés  à 
une  petite  portion  de  ce  monde  qu'ils  habitent,  qui 
est  la  terre,  la  bruy.  xvi.  ||  ItoUin  ayant  fait  un  ou- 
vrage à  l'usage  de  la  jeunesse  pour  se  former  l'es- 
prit et  le  coeur,  un  grand  nombre  d'auteurs  avaient 
imité  ce  titre,  et  c'est  d'eux  que  Voltaire  se  moque  : 
Que  je  vous  sais  bon  gré,  dit-il,  de  n'avoir  point 
dit  l'esprit  et  le  cœur;  car  on  n'entend  que  ces 
mots  dans  les  conversations  de  Babylone,  on  ne 
voit  que  des  livres  où  il  est  question  du  cœur  et 
de  l'esprit,  composés  par  des  gens  qui  n'ont  ni  de 
l'un  ni  de  l'autre,  volt.  Zadig,  4  6.  ||  Bon  esprit,  un 
esprit  qui  a  les  qualités  requises.  U  a  un  bon  esprit; 
il  sait  bien  ce  qu'il  sait,  sÊv.  B48.  Le  bon  esprit 
consiste  à  retrancher  tout  discours  inutile  et  â  dire 
beaucoup  en  peu  de  mots,  fên.  Éduc.  filles,  ch.  9. 
Elle  savait  que  le  bon  esprit  consiste  à  se  confor- 
mer à  sa  situation,  volt.  J'rtnc.  de  Babyl.  4.  Il  y  * 
bien  loin  du  grand  talent  au  bon  esprit,  id.  Lett. 
la  Tcntraille,  42  mai  4  7ss  Votre  esprit  est  vif  et 
curieux,  C'est  le  bon  esprit  à  votre  âge,  st-lam- 
BKRT,  à  Mlle  '**.  Il  Avoir  le  bon  esprit  de,  être  asse» 
raisonnable  pour.  11  eut,  daris  cette  affaire,  le  bou 


lîSP 

esprit  de  céder.   ||   Avoir  l'esprit  bien  Tait,  avoir  un 
bon  esprit.  II  a  l'esprit  bien  fait,  sÉv.  286.  La  nièce 
aura  l'esprit  mieui  fait  que  le  neveu,   begnard, 
Ugat.  in,  6.   ||   En  un  autre  sens,  il  a  l'esprit  bien 
fait    il  ne  se  facile  pas  des  contrariétés,  des  plai- 
santeries. Il  Esprit  faux,  esprit  qui  ne  sait  pas  dé- 
mêler l'erreur  d'avec  la  vérité.  Les  plus  grands  gé- 
nies peuvent  avoir  l'esprit  faux  sur  un  principe 
qu'ils  ont  reçu  sans  examen  :  Newton  avait  l'esprit 
très-faux  quand  il  commentait  l'Apocalypse,  volt. 
Dict.  phil.  Esprit,  Vl.  Un  esprit  faux  est  un  es- 
prit très-borné  :  c'est  un  esprit  qui  n'a  pas  contracté 
l'habitude  d'embrasser  un  grand  nombre  d'idées; 
vous   voyez   par    là  qu'il  doit  souvent  en  laisser 
échapper  les  rapports,  condil.  Artd'écr.i,  1.  Le 
caractère  de  l'esprit  juste,  c'est  d'éviter  l'erreur,  en 
évitant  de  porter  des  jugements;   il  sait  quand  il 
faut  juger,  l'esprit  faux  l'ignore  et  juge  toujours, 
ID.  ib.  Il  Esprit  particulier,  se  dit  parmi  les  proles- 
tants, de  la  connaissance  que  chacun  peut  avoir  sur 
le  véritable   sens   des   Écritures   et  des   dogmes. 
Il  14°  L'esprit  humain,  l'esprit  de  l'homme  en  géné- 
ral. Lorsque  j'ai  voulu  descendre  aux  choses  qui 
étaient  plus  particulières,  il  s'en  est  tant  présenté  à 
moi  de  diverses,  que  je  n'ai  pas  cru  qu'il  fût  possi- 
ble à  l'esprit  humain  de  distinguer  les  formes  ou  es- 
pèces de  corps  qui  sont  sur  la  terre,  si  ce  n'est 
qu'on  vienne  au-devant  des  causes  par  les  effets  et 
qu'on  se  serve  de  plusieurs  expériences  particuliè- 
res, DESC.  Méth.  VI,  3.  Si  l'esprit  humain  est  si  peu 
de  chose,  même  lorsqu'il  s'agite  et  qu'il  cherche  la 
vérité,  que  sera-ce  lorsqu'il  s'abandonne  au  poids  de 
son  corps  et  qu'il  n'agit  presque  que  par  les  sens  ? 
NicoLLE,  Ess.  mor.  <"  traité,  ch.  <0.  L'esprit  hu- 
main a  son  enfance  et  sa  virilité;  plût  au  ciel  qu'il 
n'eût  pas  aussi  son  déclin,  sa  vieillesse  et  sa  cadu- 
cité !    DIDEROT,   Opin.  des  anc.  phil.  {éclectisme). 
Il  IB"  En  un  sens  plus  particulier  que  celui  d'en- 
semble des  facultés  intellectuelles,  vivacité  d'esprit 
qui  fait  trouver  des  saillies  piquantes,  des  mots  spi- 
rituels, des  aperçus  ingénieux.  Il  n'y  a  point  d'es- 
prit dans  ce  livre.  Traits  d'esprit.  Vous  avez  de  l'es- 
prit si  vous  n'avez  du  cœur,  corn.  Nicom.  m,  4. 
Peu  d'esprit  avec  de  la  droiture  ennuie  moins  à  la 
longue  que  beaucoup  d'esprit  avec  du  travers,  la 
HOCHEP.  Uax.  502.  Eh!  mon  Dieu,  il  y  en  a  beau- 
coup que  le  trop  d'esprit  gâte,  qui  voient  mal  les 
choses  à  force  de  lumière,   et  même  qui  seraient 
bien  fâchés  d'être  de  l'avis  des  autres  pour  avoir 
la  gloire  de  décider,  mol.  Crit.  6.  Ah!  certes,  le 
détour  est  d'esprit,  je   l'avoue,  id.    Femmes  sav. 
I,  4.  Nul  n'aura  de  l'esprit,  hors  nous  et  nos  amis, 
ID.  ib.  m,  2.  C'est  un  homme  qui  me  parait  avoir 
de  l'esprit,  sèv.  41.  Je  dînai    avec  des    gens  qui 
ont  bien  de  l'esprit,  m.  423.  Â   mesure  qu'on  a 
plus  d'esprit ,   on  trouve  qu'il  y  a  plus  d'iiommes 
originaux  ;  les  gens  du  commun  ne  trouvent  pas 
de  différence  entre    les  hommes,  pasc.  Pensées, 
t.  I,  p.  284,  édit.  LAHURE.  Considérez  la  princesse, 
représentez-vous  cet  esprit  qui,  répandu  par  tout 
son  extérieur,  en  rendait  les  grâces  si  vives,  Boss. 
Vuch.  d'Orl.  Ceux  qui  se  piquaient  d'avoir  de  l'es- 
prit, id.   Var.  9.  Rire  des  gens  d'e.sprit,  c'est  le 
privilège  des  sots;  ils  sont  dans  le  monde,  ce  que 
les  fous  sont  à  la  cour,  je  veux  dire  sans  conséquence, 
LABRDT.  V.  Il  est  moins  rare  de  trouver  de  l'esprit 
que  des  gens  qui  se  servent  du  leur,  ou  qui  fassent 
valoir  celui  des  autres  et  le  mettent  à  quelque  usage , 
ID.  II.  Incapable  de  savoir  jusqu'où  l'on  peut  avoir 
de  l'esprit,  il  croit  naïvement  que  ce  qu'il  en  a  est 
tout  ce  que  les  hommes  en  sauraient  avoir,  ID.  ib. 
Mme  de  Longueville  était  alors  dans  cette  grande 
piété  où  elie  a  fini  ses  jours,  et  l'on  sait  que  dans 
l'un  et  dans  l'autre  temps  de  sa  vie  elle  a  fait  un 
cas  infini   de  l'esprit,  non  pas  seulement  de  cet 
esprit  qui  rend  un  homme  habile  dans  un  certain 
genre  et  qui  y  est  attaché,  mais  principaiement  de 
celui  qu'on  peut  porter  partout  avec  soi,  fonten. 
Dodart.  Son  plus  beau  feu  [de  l'esprit]  se  convertit 
en  glace  Dès  qu'une  fois  il  luit  hors  de  sa  place.  Et 
rien  enfin  n'est  plus  froid  qu'un  écrit  Où  l'esprit 
brille  aux  dépens  de  l'esprit,  J.  s.  Houss.  Ép.  ii,  3. 
,  Qu'est-ce  qu'esprit?  raison  assaisonnée,  m.  tf>.  i,  3. 
Son  esprit  [de  Pellisson]  lui  servait  non  pas  à  en 
montrer,  maisàen  donner;  etl'onsortaitd'avec  lui, 
non  pas  persuadé  qu'il  eût  plus  d'esprit  qu'un  autre, 
mais  se  flattant  d'en  avoir  pour  le  moins  autant  que 
lui,  d'olivet,  Hist.  Acad.  t.  ii ,  p.  286,  dans  pou- 
gens.  Ce  qu'on  appelle  esprit  est  tantôt  une  com- 
paraison nouvelle ,  tantôt  une  allusion   fine  ;  ici 
c'est  l'abus  d'un  mot  qu'on  présente  dans  un  sens 
et  qu'on  laisse  entendre  dans  un  autre;  là  un  rap- 
port dilicat  entre  deux  idées  peu  communes;  c'est 


ESP 

une   mélaphoro   singulière  ;    c'est  une   recherche 
de  ce  qu'un  objet  ne  présente  pas  d'abord,  mais 
de  ce  qui  est  en   efl'et  dans  lui;   c'est  l'art,    ou 
de   réunir  deux  choses  éloignées,  ou  de  diviser 
deux  choses  qui  paraissent  se  joindre,  ou  de   les 
opposer  l'une   à   l'autre;    c'est    celui  de   ne  dire 
qu'à  moitié  sa  pensée  pour  la  laisser  deviner;  enfin 
je  vous  parlerais  de  toutes  les  différentes  façons  de 
montrer  de  l'esprit,  si  j'en  avais  davantage,  volt. 
Dict.  phil.  Esprit,  i.  Loin  que  j'aie  reproché  à  Voi- 
ture  d'avoir  mis  de  l'esprit  dans  ses  lettres,  j'ai 
trouvé,  au  contraire,  qu'il  n'en  avait  pas  assez, 
quoiqu'il  le  cherchât  toujours,  m.  ib.  Au  peu  d'esprit 
que  le  bonhomme  avait,  L'esprit  d'autrui  par  sup- 
plément servait,   id.  Pauvre  diable.  L'esprit  qu'on 
veut  avoir  gâte  celui  qu'on  a,  gresset,  Méch.  iy,  7. 
On  n'applaudit  guère  dans  un  cercle  que  le  genre 
d'esprit    que   l'on   croit  avoir ,  genlis  ,   Mme    de 
Maintenon ,   t.  i,  p.  <70,  dans  pougens.   ||  Faux 
esprit.  Le  faux  esprit  est  autre  chose  que  de  l'es- 
prit déplacé  ;  ce  n'est  pas  seulement  une  pensée 
fausse;   car  elle  pourrait  être  fausse,  sans  être  in- 
génieuse; c'est  une   pensée  fausse  et  recherchée, 
VOLT.  Dict.  phil.  Esprit,  ii.  ||  Avoir  de  l'esprit  en 
argent  comptant  ou  argent  comptant,  en  montrer 
sans  préparation  et  aussitôt  que  la   circonstance 
l'exige.  Il  [Panard]  n'avait  de  l'esprit  que  quand  il 
écrivait;   il  ne  l'avait  point  en  argent  comptant , 
comme  disait  M.   de  Marivaux,   collé.   Journal, 
t.  m,  p.  <97.  Il  Avoir  de  l'esprit  jusqu'au  bout  des 
doigts,   faire  paraître  de  l'esprit  jusque  dans  les 
petites   choses.   ||   Avoir   de   l'esprit  au  bout  des 
doigts  ,   être    adroit    aux    ouvrages  de    la  main. 
Il  Faire  de  re.>!prit,  se  fatiguer  à  montrer  de  l'esprit. 
Il  On  dit  de  même  courir  après  l'esprit.  ||  Bureau 
d'esprit,  se  dit  d'un  salon  qui  passe  pour  recevoir 
des    causeurs  très-spirituels.  ||  Proverbe.    L'esprit 
court  les  rues,  rien  n'est  plus  commun  que  l'es- 
prit, tout  le  monde  se  pique  d'en  avoir.  ||  Cet  enfant 
a  trop  d'esprit,  il  ne  vivra  pas,  se  dit  d'un  enfant 
qui  a  beaucoup  d'esprit,  et,  plus  souvent,  ironique- 
ment ,  d'un  enfant  qui  n'a  guère  de  dispositions. 
Il  C'est  dans  le  sens  de  ce  dicton  que  la  Fontaine  a 
dit  :  Cette  réflexion  embarrassant  notre  homme  :  On 
ne  dort  pas,  dit-il,  quand  on  a  tant  d'esprit,  Fabl. 
IX  ,  4.  Il  Vive  les  gens  d'esprit,  se  dit,  soit  sérieuse- 
ment, soit  en  se  moquant,  des  gens  qui  s'imaginent 
avoir  trouvé  un  bon  expédient.   ||   On  dit  dans  un 
sens  analogue  que  l'amour  fait  venir  l'esprit  aux 
filles.  Comment  l'esprit  vient  aux  filles,  la  font. 
Titre  d'un  de  ses  contes.  Et  mort  de  ma  vie,  ma- 
dame ,  ce  n'est  pas  l'esprit  qui  donne  de  l'amour; 
c'est  l'amour  qui  fait  venir  de  l'esprit,  dancobht, 
la  Parisienne ,  se.  7.  ||  16°  En  particularisant  autre- 
ment esprit  pris  au  sens  d'âme,  les  sentiments  de 
l'âme.  Ton  esprit  amoureux  n'aura-t-il  point  d'om- 
brage? CORN.  Cid,  II,  3.  Votre  amour  en  tous  deux 
fait  ce  combat  d'esprits,  id.  Cinna,   ii,  K  Depuis 
que  mon  esprit  est  capable  de  flamme.  Jamais  un 
trouble  égal  n'a  confondu  mon  âme,  tu.  Jfed.  i,  2. 
Ah!  cruels  déplaisirs  à  l'esprit  d'une  amante,  id. 
Cid,  IV,  3.  Ce  que  j'ai  dans  l'esprit,  je  ne  le  puis 
celer,  ID.  Gai.  du  palais,  ii,    9.   Ne  vous  entr'ap- 
peler que  mon  âme  et  ma  vie.  C'est  montrer  que 
tous  deux  vous  n'avez  qu'une  envie,  Et  que  d'un 
même  trait  vos  esprits  sont  blessés,  id.  Veuve,  i, 
3.   Madame,  puissiez-vous   lire  dans  mon  esprit  ; 
Vous  verriez  jusqu'où  va  ma  pure  obéissance,  id. 
ib.  I,   3.   Ainsi  que  la  naissance,  ils   ont   les  es- 
prits bas,  ID.  Pomp.  iv,  2.  Ainsi,  de  vos  désirs  tou- 
jours reine  absolue,  Les  plus  grands  changements 
vous  trouvent  résolue;  De  la  plus  forte  ardeur  vous 
portez  vos  esprits  Jusqu'à  l'indifférence  et  peut-être 
au  mépris,  ID.  Poly.u,  2.  ||  Changer  d'esprit,  chan- 
ger de  sentiment ,  de  disposition.  Avec  votre  ja- 
louse elle  a  changé  d'esprit;   Et  je  l'avais  laissée  à 
l'hymen  toute  prête,  corn.  Perth.  m,  3.  Le  temps, 
qui  change  tout,  a  changé  mes  esprits,  volt.  Oreste, 
I,  6.  Il  17°  Humeur,  caractère.  Un  esprit  remuant, 
turbulent,  inquiet,  brouillon.  Un  esprit  souple,  vo- 
lage, faible.  Je  ne  suis  point  d'humeur  à  vouloir 
contre  vous  Faire  éclater,   madame,  un  esprit  trop 
jaloux,  MOL.  Sgan.  22.  ||  18°  Bel  esprit,  la  culture 
des  belles-lettres,  de  la  littérature.  Et  pour  l'homme 
au  sonnet  qui  s'est  jeté  dans  le  bel  esprit  et  veut  être 
auteur  malgré  tout  le  monde,  mol.  Mis.  y,  4.  ôvous 
donc  qui,  brûlant  d'une  ardeur  périlleuse.  Courez 
du  bel  esprit  la  carrière  épineuse,  boil.  Art  poét.  i. 
Le  faux  bel  esprit  tiact  de  plus  près  qu'on  ne  croit 
à  la  barbarie,  d'alemb.  Éloges,   Terrasson.   \\   Un 
bel  esprit ,  de  beaux  esprits ,   ceux  qui  se  distin- 
guent par  l'élégance  ei  la  délicatesse,  parfois  affec- 
tées. Il  [Boisrobert  proposant  à  Balzac  de  le  mettre  | 


ESP 


1495 


de  l'Académie  française  nouvellement  créée]  me 
parlait  seulement,  en  termes  vagues  et  généraux, 
d'une  académie  des  beaux  esprits,  et  m'ordonnait 
d'écrire  une  lettre  pour  demander  d'y  être  reçu, 
BALZ.  Lett.  à  Conrart,  2  nov.  4663.  L'ambition  de 
passer  pour  be!  esprit,  hamilt.  Gramm.  8.  ||  Une 
femme  bel  esprit,    une  femme  qui  a  des  préten- 
tions aux  connaissances  qui  constituent  le   bel  es- 
prit. Une  femme   bel   esprit   est  le   fléau  de  son 
mari,  de  ses  enfants,   de  ses  amis,  de  ses  valets, 
de   tout  le  monde,  j.  j.  Ronss.  Emile,  v.  ||  19°  Es- 
prit,  absolument,   pour  bel  esprit.  Le  duc  de  Cha- 
rost   fut  attrapé  par  une  madame  Martel,  vieille 
bourgeoise  de  Paris,  qui  était  un  esprit  et  qui  voyait 
assez  bonne  compagnie,  st-sim.  224,  24).  Le  vieux 
Caderousse  avait  fait  l'esprit  et  l'important,  puis  le 
dévot,  ID.  »83,  4  6!i.  Il  [Louis  XIV]  préférait  la  sou- 
mission aux  lumières,   et  disait  quelquefois  qu'il 
craignait  les  esprits,  duclos.  Règne  de  Louis  XIV, 
Œuvres,  t.  v,  p.  4  76,  édit.  delaunay.  ||  20°  11  se  dit 
des  personnes  considérées  par  rapport  au  caractère  de 
leur  esprit.  Les  esprits  généreux  jugent  tout  par 
eux-mêmes,  corn.  Théod.  iv,  4 .  Et  ces  esprits  lé- 
gers, approchant  des  abois,  Pourraient  bien  se  dé- 
dire  une   seconde    fois,   m.  Nicom.  iv,  2.    Faites 
quelque  indulgence  à  déjeunes  esprits,  rotr.  Antig. 
v,  4.  Tout  ce  que  vous  avez  été  durant  vos  jours, 
C'est-à-dire  un  esprit  chaussé  tout  à  rebours,  mol. 
l'Êtour.  II,  14.  Un  de  ces  esprits  remuants  et  auda- 
cieux qui  semblent  être  nés  pour  changer  le  monde; 
que  le  sort  de  tels  esprits  est  hasardeux,  et  qu'il  en 
paraît  dans  l'histoire  à  qui  leur  audace  a  été  fatale! 
BOSS.  Jîetiie  d'Anglet.  Mais  je  ne  puis  souffrir  qu'un 
esprit  de  travers.  Qui,  pour  rimer  des  mots,  pense 
faire  des  vers.  Se  donne  en  te  louant  une  gène  inu- 
tile, BOIL.  Disc,  aurai.  Je  sais  qu'un  noble  esprit 
peut  sans  honte  et  sans  crime  Tirer  de  son  travail 
un  tribut   légitime,  id.  Art  p.  iv.  L'honneur  seul 
peut   flatter  un  esprit  généreux,  hac.  Eslh.  ii,  5. 
Ciel  1  verra-t-on  toujours  par  de  cruels  esprits  Des 
princes  les  plus  doux  l'oreille  environnée  1  id.  Estlt. 
m,  4.  U  y  a  des  esprits,  si  j'ose  le  dire,  inférieurs, 
et  subalternes  qui  ne  semblent  faits  que  pour  être 
le  recueil,  le  registre  ouïe  magasin  de  toutes  les 
productions  des  autres  génies,  la  brut.  i.  Pour  trois 
ou  quatre  esprits  mal  timbrés,  de  travers,  N'allez 
pas,  emporté  d'une  critique  vaine,  Faire  ici  le  pro- 
cès à  la  nature   humaine,  regnard,  Éptt.  i.  Il  est 
de  ces  esprits  favorisés  des  cieux  Qui  sont  tout  par 
eux-même  et  rien  parleurs  aïeux,  volt.  Fanât,  i, 
4.   Personne  ne  conviendra   que   tous  les  esprits 
soient  également  propres  aux  sciences,  et  ne  diffè- 
rent que  par  l'éducation,  m.  Lett.  Gallitzin,  4  9  juin 
4  773.  Il   Un  grand  esprit,  un  homme  dont  les  pen- 
sées ont   étendue,  portée,    profondeur,  non   sans 
générosité  d'âme.  U  y  a  bien  de  la  différence  entre 
un  bel  esprit,  un  grand  esprit  et  un  bon  esprit,  fén. 
t.  xvm,  p.  86.  Il  Un  bon  esprit,  un  homme  qui  juge, 
apprécie  sainement.  Communiquer  au  public  le  peu 
que  j'aurais  trouvé,  et  convier  les  bons   esprits  à 
tâcher  de  passer  plus  outre,  en  contribuant,  chacun 
selon  son  inclination  et  son  pouvoir,  aux  expériences 
qu'il  faudrait   faire,    desc.    Méth.  vi,  2.   Mais  les 
meilleurs  esprits  font  des  fautes  extrêmes,  tristan, 
Mariane,  v,  3.  C'est  un  bon  esprit  qui  ne  se  mettra 
pas  au  bien  à  demi,  boss.  Lett.  abb.  4  44.   Un  bon 
esprit  n'est  pas  autant    qu'un  autre  le  maître   de 
penser  comme  il  voudrait,  fonten.  Saurin.  Je  vis 
qu'un  bon  esprit  peut  suffire  à  tout;  notre  grand 
Loclce  était  médecin  ;  il  fut  le  seul  métaphysicien 
de  l'Europe,  et  il  rétablit  les  monnaies  de  l'Angle- 
terre, VOLT.  Jenni,  4.  ||  Un  petit  esprit,  un  homme 
dont  les  pensées  sont  dépourvues  d'étendue,    de 
portée.  &  peine  les  petits  esprits  ont-ils  appris  quel- 
que chose    qu'ils  croient  tout  savoir,  et  il  n'y   a 
sorte  de  sottise  que   cette  persuasion  ne  leur  fasse 
dire  et  faire,  j.  J.  rouss.  Rép.  au  roi  de  Pologne. 
Il    Un  esprit  fort ,  celui  qui  affecte  de  se   mettre 
au-dessus  des  opinions  reçues,  surtout  en  matière 
religieuse.  Qui  font   les  esprits  forts,  parce  qu'ils 
croient  que  cela  leur  sied  bien,   mol.  Fest.  i,  2. 
Les  esprits  forts  savent-ils  qu'on  les  appelle  ainsi  par 
ironie?  quelle  plus  grande  faiblesse  que  d'être  in- 
certain quel  est  le  principe  de  son  être,  de  sa  vie, 
de  ses  sens,  de  ses  connaissances,  et  quelle  en  doit 
être  la  fin?  la  brdy.  xvi.  Ceux  qui  se  donnaient 
pour  esprits  forts  dans  le  monde,  mass.  Car.  Doutes. 
Il  21°  Opinions,  sentiments  communs  à  un  certain 
nombre  de  personnes  et  aux  grands  corps.  L'esprit 
de  famille.  L'esprit  de  parti.  L'esprit  républicain. 
L'esprit  monarchique.  Qu'à  la  cour  je  m'engage, 
Je  n'en  ai  pas  l'esprit  ainsi  que  le  courage,  bëgnie», 
Sat.  lu.  Il  ne  sort  jamais  aucun  ouvrage  de  chez 


1496 


ESP 


rroî.  ».  Vteïi^àMribue  /a.  grâce,  touta  1  année. 
fT^I.rene.  Ml«n.,  et  U  détot.on  de.  fidèle,  de- 
.,1  de  «uivre  «n  e»prit,  comme  les  êtres  na- 
,.  manquent  jamw.  de  «uivre  l'esprit  général 
uiii  rèaie  le  cour»  de  toute  la  machine  du  inonde, 
■leoti  Eu-  àe  mor.  >•  traité,  ch.  7.  Jl  prend  l'es- 
prit de»  lieux  où  il  est,  sf.v.  .vm.  L'esprit  de  l'Église 
a'e.tpM  de  tous  décharger  de  la  croix,  mass.  Car. 
Jtint.  De  l'esprit  de  parti  ^e  sais  quelle  est  la  rage, 
TOLT.  Taner.  m,  a.  Kspnt  d'un  corps,  d'une  .o- 
clété,  .'emploie  pour  exprimer  les  usages,  la  ma- 
nière de  parler,  de  se  conduire,  les  préjugés  d'un 
eorp.;  esprit  de  parti  est  à  l'esprit  d'un  corps  ce 
que  wnt  le.  passions  aux  sentiments  ordinaires,  id. 
bicl.  phil  Etpril,  11.  Il  L'esprit  est  bon,  l'esprit  est 
mauvais,  se  dit  des  dispositions  bonnes  ou  mauvai- 
le.  d'une  population,  de  la  troupe,  d'une  ville, 
etc.  à  l'égard  du  gouvernement.  ||  Ksprit  de  corps, 
attachement  des  membres  d'une  corporation  aux 
opinions,  aux  intérêts,  aux  droits  de  la  compagnie, 
à  l'honneur  d'un  corps  de  troupes,  etc.  L'esprit  des 
corjis  porte  malheur  aux  meilleurs  esprits,  d'alemh. 
UH.  à  Volt.  I*  juillet  «767.  Admis  enfin,  aurai-je 
lors,  Pour  tout  esprit,  l'esprit  de  corps?  Il  rend  le 
bon  sens,  quoi  qu'on  dise,  Solidaire  de  la  sottise, 
BÉRANG.  l'Aead.  et  le  Caveau.  La  plupart  arrivaient 
par  détachements,  formés  en  bataillons  provisoires, 
MUS  des  officiers  nouveaux  pour  eux,  qu'ils  devaient 
quitter  au  premier  jour,  sans  aiguillon  de  discipline, 
d'esprit  de  corps  ni  de  gloire,  et  traversant  un  sol 
dévoré  que  la  saison  et  le  climat  allaient  rendre 
chaque  jour  plus  nu  et  plus  rude,  sëcur,  Uist.  de 
Napol.  VI,  10.  Il  Esprit  publie,  opinion  qui  se  forme 
dans  une  nation  sur  les  objets  qui  l'intéressent.  An- 
glais, dont  on  nous  vante  ici  l'esprit  public,  ayant 
fait  le  mot,  vous  avez  la  cliose  sans  doute....  p.  l. 
COUR.  Lett.  X.  Il  bureau  d'esprit  public,  salon,  réu- 
nion dont  les  habitués  paraissent  avoir  la  prétention 
de  diriger  l'opinion  en  fait  de  politique.  ||  Bureau  de 
l'esprit  public,  s'est  dit  d'une  division  du  ministère 
■de  l'intérieur  ou  de  la  police  où  l'on  s'occupe  de  faire 
ou  de  diriger  l'esprit  public  par  des  pièces  de  théâtre, 
desféles,parlapresse,etc.  ||  Esprit  national, général, 
ucial,  les  opinions,  les  dispositions  qui  dominentdans 
une  nation.  Les  lois  sont  établies,  les  mœurs  sont 
inspirées;  celles-ci  tiennent  plus  à  l'esprit  général, 
celles-là  tiennent  plus  à  une  institution  particulière; 
or  il  est  aussi  dangereux,  et  plus,  de  renverser  l'es- 
prit général  que  de  changer  une  institution  par- 
ticulière, HONTESQ.  Esp.  XIX,  12.  ]|  faudrait  que 
l'elTet  pût  devenir  la  cause  ;  que  l'esprit  social, 
qui  doit  être  l'ouvrage  de  l'inslitution,  présidât 
à  l'institution  même,  i.  i.  bouss.  Contrat,  ii, 
7.  Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  l'esprit  du 
.iècle.  Il  Esprit  du  monde,  habitudes  de  po- 
litesse et  de  ménagement.  L'esprit  du  monde 
est  un  esprit  de  souplesse  et  de  ménagement , 
MASS.  jrj/.tt.  Pentecôte.  ||  22°  Les  esprits,  les  hom- 
me, d'un  état,  d'un  corps,  d'une  assemblée,  consi- 
dérés par  rapport  aux  dispositions  collectives  qui  les 
animent.  Les  esprits  étaient  irrités.  Calmer  les  es- 
prit.. Cette  fureur  mit  la  compassion  Dans  les  es- 
prits d'une  autre  nation  [les  pigeons]  Au  cou  chan- 
geant, au  cœur  tendre  et  tidéle,  la  font.  Fahl. 
VII,  8.  Exercé  dan.  la  connaissance  des  hommes 
«t  dan.  l'art  de  manier  les  esprits,  le  cardinal  d'Es- 
trées  en  fit  un  usage  heureux  dans  plusieurs  con- 
claves, d'alkmb.  Éloget,  Card.  d'Etirées.  ||  83"  Prin- 
cipes ,  motifs ,  impulsions ,  tendances ,  d'après 
leMjuels  on  m  dirige.  L'esprit  d'une  législation.  Je 
croi.  pouvoir  dire  qu'un  mettre  qui  voudrait  être 
honore  et  servi,  comme  ayant  en  lui-même  une 
•utre  puisunce  que  celle  de  Dieu,  serait  un  dé- 
mon ;  et  que  ceux  qui  le  serviraient  dans  cet  esprit 
wr«ient  des  idolâtres,  half.br.  Rech,  vér.  Éclaire. 
liv.  VI,  t.  IV,  p.  331 ,  dans  pouoeks.  Et  dans  tout  ce 
qu'il  dit  De  vous  et  de  Joad  je  reconnais  l'esprit, 
RAC.  Alhal.  II,  7.  Comprends  l'esprit  de  Rome  et 
connais  le  sénat,  volt.  JBrulut,  v,  a.  L'esprit  de 
Mahomet  par  ma  bouche  a  parlé,  id.  fanal,  u,  2. 
L'esprit  de  la  monarchie  est  la  guerre  et  l'agrandis- 
Mment;  l'esprit  de  la  république  est  la  paix  et  la 
modération,  «onteso.  Esp.  ix,  2.  Plusieurs  choses 
gouvernant  les  hommes:  le  climat,  la  religion,  les 
lois,  le.  maxime,  du  gouvernement,  les  exemples 
rteschoMspusée.,  le.  mœurs,  les  manières;  d'où 
u  »8  forme  un  esprit  général  qui  en  résulte,  id.  ib. 
m,  ♦.  Des  lois  dont  l'esprit  généreux  Aguerrit  aux 
oangenee  peuple  valeureux,  lehierrr,  Bamerell, 
".  »■  Il  Avoir  l'esprit  de  «on  éut,  de  son  Age,  con- 
naître et  pratiquer  ce  qui  convient  à  wn  éUt,  k  wn 
•ge,  Qui  n.  pu  l'e.prit  de  sdn  Age,  De  «.n  âge  a 


ESP 

tout  le  malheur,  volt,  dans  le  DM.  de  besche- 
RELLE.  Il  Entrer  dans  l'esprit  de  son  rôle,  jouer  un 
rêle  comme  il  doit  être  joué.  ||  Dans  l'esorit  de, 
dans  l'intention  de.  Tout  le  monde  était  nourri 
dans  l'esprit  d'observer  les  lois,  uoss.  Hist.  m,  3. 
Il  nourrit  ce  peuple  dans  l'esprit  de  tout  entre- 
prendre, ID.  tî».  m,  7.  Enfin  dans  l'esprit  de  conten- 
ter ceux...  LA  BRUT.  Disc.  s.  Théophr.  M.  d'Amiens  dit 
au  P.  de  la  Chaise  qu'il  n'avait  acheté  une  charge 
d'aumênier  que  dans  l'esprit  de  se  faire  évoque,  st- 
siM.  «C,  25.  Il  Esprit  de  retour,  le  désir  qu'une  per- 
sonne éloignée  de  son  pays  a  d'y  retourner.  S'établir 
aux  colonies  sans  esprit  de  retour.  ||  Esprit  de  retour, 
se  dit  aussi  de  certains  animaux  à  demi  domesti- 
ques qui  vont  et  qui  viennent,  notamment  les 
pigeons  et  les  abeilles;  ils  appartiennent  à  leur 
propriétaire,  même  étant  hors  de  chez  lui,  tant 
qu'ils  n'ont  pas  perdu  l'esprit  de  retour.  ||  24"  Es- 
prit de,  se  dit  pour  caractériser  la  force  avec  la- 
quelle un  sentiment,  une  passion,  une  idée  agis- 
sent. Ils  [les  papes]  n'usent  pas  de  domination  ; 
mais  l'esprit  qui  paraît  en  toute  leur  conduite 
est  celui  de  paix  et  de  vérité,  pasc.  Proi;.  48. 
La  chute  serait  trop  horrible,  de  tomber  dans  une 
réforme  où  l'esprit  d'illusion  domine  si  fort,  Boss. 
Var.  xill,  §  36.  Dieu  ,  notre  dieu  sans  doute  ,  a 
versé  dans  son  cœur  Cet  esprit  de  douceur,  bac. 
Eslh.  II,  9.  Répandre  cet  esprit  d'imprudence  et 
d'erreur  De  la  chute  des  rois  funeste  avant-cou- 
reur, ID.  Alhal.  1,  2.  Elle  répandait  au  dedans  de 
lui  l'esprit  de  sage.sse,  fén.  Tél.  xii.  Tant  ufi  es- 
prit d'emportement  et  de  fureur  avait  alors  saisi 
toute  la  nation  et  même  les  premiers  magistrats 
des  Étoliens  ,  bollin.  Ilist.  anc.Œuvres,  t.  vin, 
p.  351 ,  dans  pouGENS.  Ces  grâces  qui  minent  la  force 
des  lois  et  qui  achèvent  d'épuiser  ces  espi'its  primi- 
tifs d'ordre  et  de  régularité  qui....  UASS.  Or.  fun. 
rii/orf.  On  vient  recueillir,  môme  sur  de  viles  cen- 
dres, des  esprits  de  grandeur  et  d'élévation,  id. 
Or.  fun.  Villeroy.  Nous  Talions  voir ....  répandre 
sur  la  contrée  de  sa  dépendance  des  esprits  de  foi 
et  religion,  id.  Panég.  St  François.  De  leur  esprit 
de  rage  ils  ont  su  m'animer,  volt.  Triumv.  iv,  3. 
L'esprit  de  système  est  dans  la  physique  ce  que 
la  métaphysique  est  dans  la  géométrie,  d'alemb. 
fnlrod.  préress.  équin.  Œuvres,  t.  xiv,  p.  4B,  dans 
pocGENs.  Cet  esprit  de  tyrannie  et  d'oppression  qui 
n'estime  dans  la  fortune  que  le  moyen  d'acheter 
des  esclaves,  et  dans  l'autorité  que  le  droit  odieux 
de  faire  trembler  ou  gémir,  marmontkl,  Êlém.  de 
lut.  t.  VI,  p.  49,  dans  pougens.  L'esprit  de  la  prière 
et  de  la  solitude  Qui  plane  sur  les  monts,  les  tor- 
rents et  les  bois....  lamaht.  tfarm.  1,  il.  ||  Esprit 
de  vertige,  état  d'égarement,  d'erreur,  de  fascina- 
tion. Il  25°  Aptitude,  disposition.  Il  a  l'esprit  des  af- 
faires, du  commerce.  L'esprit  de  chicane.  L'esprit 
mathématique.  Il  [LeibnitzJ  réunissait  deux  grandes 
qualités  presque  incompatibles,  l'esprit  d'invention 
et  celui  de  méthode,  dideb.  Opin.  des  anc.  philos. 
{Leibnitiianisme).  Le  genre  d'esprit  qui  fait  cher- 
cher et  trouver  des  routes  nouvelles  est  encore  plus 
rare  que  le  talent  de  l'invention,  avec  lequel  il  ne 
faut  pas  le  confondre,  condorcet,  Margraaf.  L'es- 
prit de  commerce  est  un  esprit  d'intérêt,  et  l'intérêt 
produit  toujours  la  division,  raynal,  Uist.  phil.  u, 
23.  Ses  projets  portaient  l'empreinte  du  génie,  et 
l'esprit  de  détail  qu'il  avait  supérieurement  ne  rétré- 
cissait pas  ses  vues,  id.  ib.  iv,  20.  ||  26»  Le  sens  d'un 
auteur,  d'un  texte,  etc.  Ils  n'ont  pas  saisi  l'esprit  de 
ce  poste.  Ils  ont  faussé  l'esprit  de  la  loi.  Voici  quel 
e.st  l'esprit  de  notre  contrat,  patru.  Plaid.  3,  dans 
RiciiELET.  Ils  ne  font  que  prendre  le  vrai  esprit  de 
la  réforme,  boss.  Arert.  6.  Prenez  l'esprit  et  l'in- 
tention des  promesses  de  Jésus-Christ,  id.  Instr.  2. 
L'esprit  des  grands  écrivains  doit  se  chercher  non 
dans  un  passage  seul,  qui  pourrait  n'êtrequ'une  faute 
d'impression ,  mais  dans  l'usage  constant  et  uniforme 
auquel  nous  les  voyons  attachés  partout  ailleurs, 
d'olivet,  Ess.  gramm.  i,  2.  ||  Le  caractère  d'un 
auteur.  Il  a  voulu  imiter  cet  auteur,  mais  il  n'en  a 
pas  saisi  l'esprit.  ||  La  lettre  tue  et  l'esprit  vivifie, 
c'est-à-dire  il  faut  s'attacher  au  sens  même,  non 
aux  mots.  ||  27»  Choix  de  pensées  extraites  d'un 
auteur.  L'Esprit  de  Montesquieu,  de  Voltaire.  Dans 
ce  siècle  où  l'on  a  mis  le  nom  d'Esprit  à  la  tête  de 
tant  d'ouvrages  qui  souvent  démentent  leur  titre, 
la  plupart  de  nos  compilations  périodiques  pour- 
raient être  intitulées,  l'Esprit  des  ignorants  et  des 
sots,  d'alemb.  Éloges,  L.  Cousin.  ||  28°  Aigrette  de 
plumes  que  les  femmes  mettent  dans  leur  coiffure. 
Puis  de.  dentelles,  des  fleurs,  un  esprit,  une  ai- 
grette, picard,  Hante  de  briller,  m,  to.  ||  29°  Tulle 
point  d'esprit,  voy.  poirt. 


ESQ 

—  SYN.  1.  OCVHAGEDE  l'eSPRIT,  On  f RAGE  D'ESPRIT. 

Tout  ce  que  les  hommes  inventent  dans  les  science. 
et  dans  les  arts  est  un  ouvrage  de  l'esprit.  Les  com- 
positions des  gens  de  lettres  sont  des  ouvrages  d'es- 
prit. ||  2.  ESPRIT  PAL'x,  FAUX  ESPRIT.  Un  esprit  faux 
est  un  esprit  qui  ne  sait  pas  discerner  la  vérité  de 
l'erreur.  Le  faux  esprit  consiste  en  pensées  fausses 
et  recherchées.  ||  3.  esprit,  génie.  Quand  l'esprit 
s'oppose  au  génie, il  est  toujours  pris,dans'e  sens  du 
n°  t6,  pour  cette  disposition  qui  fait  saisir  vivement 
des  rapports  que  tout  le  monde  n'aperçoit  pas;  le 
génie  indique  alors  quelqu'une  de  ces  grandes  créa- 
tions dans  les  sciences  ou  les  arts  qui  honorent  une 
nation,  une  époque.  Entre  l'esprit  et  le  génie. 
Malgré  ce  qu'ils  ont  de  pareil,  La  différence  est  in- 
finie; Un  éclair  n'est  pas  le  soleil,  pons  (de  Verdun). 

—  HIST.  xii°  s.  Fus  [feu],  grésille,  neif,  glace, 
espiriz  de  tempestez,  liber  psalm.  p.  229.  Sainz 
Thomas  returna;  si  s'assist  sur  sun  lit.  Devint  tels 
cum  s'il  fust  très  tut  en  esperit,  Th.  le  mart.  U3. 
Et  quant  li  espirs  moi  présent  trespassevet  [passait 
devant  moi],  Job.  483,  ||  xiii*  s.  Que  du  père  et  du 
fils  et  du  saint  esperite....  Berte,  liv.  ||  xiv's.  La 
nutrition  et  digestion  se  fait  mieux  en  dormant, 
car  les  espriz  et  la  chaleur  sont  retraiz  dedens, 
ORESME,  Eth.  30.  Il  xv  s.  Car  ils  n'estoient  ni  an- 
gels  ni  esprits,  mais  hommes,  froiss.  u,  u,  <06. 
Trop  de  gens  sont  qui  honourent  l'abit  Et  ne  tien- 
nent compte  de  esperit,  e.  desch.  L'habit  ne  fait 
pas  l'homme.  Dieu  Père  et  fils  et  saint  Esprit, 
Sauve  etgarscestecompaignie,  Mart.  de  St  Élieniie. 
Cela  allège  le  cuer  et  le  reconforte  [de  se  confier  à 
un  ami],  et  les  esperitz  reviennent  en  leur  vertu 
pour  parler  en  ung  conseil  ou  prendre  autre  labeur, 
COMM.  V,  B.  Esprit  subtil,  à  besoing,  vaut  digeste, 
Faifeu,  p.  72.  ||  xvi'  s.  Pour  gouverner  les  eeperitz 
loyaux,  marot,  i.  t02.  Car  je  suis  iant,  0  Pan,  de 
deuil  espris  Que  presque  suis  hors  de  tous  mes  es- 
prits, ID.  I,  310.  Tranquillité  d'esprit,  mont.  1,  219. 
Androclus  ayant  repris  ses  espritz,  id.  i,  t93.  L'on 
disoit  qu'il  y  revenoit  des  espritz,  et  y  apparoissoit 
des  fantosmes,  amvot,  Solon,  <9.  Rendre  l'esprit, 
ID.  Arist.  41.  Une  femme  de  Syrie  nommée  Martine, 
que  l'on  disoit  avoir  l'esprit  de  prophétie,  id.  Ma- 
rins, 29.  Par  iceulx  [nerfs]  inllue  l'esprit  animal  en 
toutes  les  parties  du  corp,s  humain,  ir'.  Moral.  épU. 
p.  7.  De  la  manière  de  distiller  l'eau  de  vie,  ap- 
pelée l'ame  ou  l'esprit  de  vin,  paré,  ïxvi,  8.  On 
ouvre  mieulx  l'esprit  qu'on  ne  le  clost,  génin,  fl^- 
créai,  t.  II,  p.  248.  Si  est-ce  sans  le  corps  qu'il 
[l'homme]  seroit  ocieux....  L'esprit  incorporé  de- 
vient ingénieux,  bons.  25).  Les  ungz  le  disoyent 
estre  inspiré  du  saint  esprit,  et  les  aultres  le  di- 
soyent estre  inspiré  des  espritz  du  cellier,  palsgr. 
p.  637.  L'esprit  foible  ne  sait  pas  posséder  la  science, 
s'en  escrimer,  et  s'en  servir  comme  il  faut,  char- 
ron, Sagesse,  Préf.  de  la  2°  édit. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  esperi;  provenç.  esperit,  spe- 
rit;  espagn.  espiritu;  portug.  espirito;  ital.  spirito, 
spirto;  du  latin  spiritus,  esprit,  proprement  souffle, 
de  spirare,  souffler,  respirer.  Quoique  la  dérivation 
de  ce  mot  soit  certaine,  il  fait  difficulté  :  espir  est 
correct,  de  spiritus,  avec  l'accent  sur  spi;  mais 
esprit  suppose  ou  une  transposition  de  espir  sous  la 
forme  espri  ou  esperi,  ou  une  accentuation  vicieuse, 
spiritus  au  lieu  de  spiritus. 

t  ESPRITÉ.  ÉE  (è-spri-té,  tée),  adj.  Terme  pi- 
card qui  s'emploie  quelquefois.  Qui  a  de  l'esprit  La 
Berchère,  dont  le  fils  guère  plus  esprité,  mais  fort 
riche....  ST-siMON,  t.  xvii,  p,  2(4. 

t  ESPROT  (è-spro),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
d'un  petit  poisson  de  la  Manche,  la  clupée  spratle, 
dite  aussi  melet  et  haranguet. 

—  ÉTYM.  Angl,  sprot. 

t  ESQUAQUE  (è-koua-k') ,  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  squale  ange,  aujourd'hui  la  squatine  ange 
(  chondroptérygiens),  dit  aussi  ange  de  mer  ou 
simplement  ange. 

t  ....ESQUE,  suffixe  italien,  répondant  à  l'ancien 
français  esche ,  et  indiquant  une  qualité  :  chevale 
resque,  tude.sque,  etc. 

f  ESQCENIS  (è-ske-ni),  s.  m.  Terme  de  marine 
La  sellette  des  calfats. 

ESQUICHER  (è-ski-ché),  1).  n.  ||  1°  Terme  du  jeo 
de  reversi.  Jouer  sa  carte  la  plus  faible.  {|  2°  S'es- 
quicher,  v.  ré/l.  Même  sens  ||  Fig.  Éviter  de  se  pro- 
noncer, de  prendre  part  à  une  querelle.  Pressé  'de 
se  prononcer,  il  s'est  esquiché. 

—  ÉTYM.  Ce  pourrait  être  une  «utre  forme  de 
l'ancien  verbe  esehisser,  glisser,  couler  (voy.  do 
CANGE,  clidare). 

KSQUIF  (è-skif),  s.  m.  Canot,  barque.  Hais  voyant 
«lue  ce  prince....  N'envojait  qu'un  esquif  rempli  de 


ESQ 


satellites,  corn  i>omp.  „,  2.  ||  Fig.  Pour  moi  sur 
cutte  mer  qu'ici-bas  nous  courons,  Je  cherche  à  me 
pourvoir  d'esquif  et  d'avirons,  boiu  Ép»  v 

QPfT  ^rf  '  j°?",  ^"''''^^  *'  ^^■■S''^'  «'  gàlies  et 
«,L  ^^.""'^  '='^^-  Il  Ml- s.  Et  galietes  et 
escipss  corant,  Offt«r  de  Danem.  23u.  Il  xv,.  s 
Le  port  est  procliain,  et  se  peult  on  sauver  à  nage 
iiors  du  corps,  comme  hors  d'un  esquif  qui  faicl 
eau,  MONT.  II,  aaa.  ■»      m 

Mem.Schtfr;angi.  ,h,p;  comparez  le  latin  scopfta, 
LJ%.''t'^°''J"'"^!!^'  "  i«  gaélique  .ff.-o6,  vais- 
seau. Eschipre,  dans  l'ancien  français,  signifiait  ma- 
rinier, répondant  à  l'allemand  ScAt/r^r 

ESQUILLE  (è-ski-11'.  Il  mouillées,  et  non  è-ski- 
ye^  ï-r-  Terme  de  chirurgie.  Petit  fragment  d'un 
os  carié  ou  fracturé. 

—  HIST  XVI*  s.  Les  pièces  ou  esquilles  rompues 
quelques  fois  ont  leur  bout  mousse,  et  autres  fois 
agu  et  pointu,  paré,  xin,  ). 
n.7^  ^^™- ,e*"7-  «^^Ai-Hs;  du  lat.  «Wd,>;  du  grec 
^■n  ■  7  "/  ^^''8"«'''.  de  cxiCew,  fendre  en 
£"  cSr  ^''°'-  '''""'''^'  '=°'°P"^^  '"''="•  «w" 
t  ESQUILLEUX,  EUSE  (è-ski-Ueù,  lleû-z'  Il 
mouillées),  a^.   Terme  d'histoire  naturelle   Qui  se 

esTuinru::'"'""^ = ■'"'  '^'  «*™  '''^^"'"«^- 1^---' 

M^^^^'^'^n'^-  ^«3  autres  fractures  sont  dente- 
lées et  megalles  et  esquiUeuses,  paré,  xiii    i 

—  ÉTyii.  Esquille.  -^ 

ESQUINANCIE  (è-ski-nan-sie) ,  s.f.  Terme  de  mé 

d.>er-tom"hr''"^  '"''  «"^^'  OuellneZtms 
dirent  tout  haut  que  leur  orateur  Démosthène]  avait 
été  surpris  la  nuit,  non  d'une  esquinancie,  mais 
duneargyrancie,  pour  faire  entendre  que  c'était 

nen«-r.  ^;,i  t°'-  «*?«'"«n"a  ;  espagn.  eîçt^f- 
nenca;  ital  tcfetnan^ta  ;  de  xuvâyy,,  ,  angine 
(avec  épenthèse  d'une  s)  ,  de  xOu.v  ,  chien  ,  ef  ^ 
Zfiv,  étrangler;  ^uvà™  s'étant  dit  d'une  angine 
letanf^r/'"  "T  ''  'f"^"''  '=°'"'"«  '«  «^J-'^"  h»! 
AMïOT,  /)én  36;  sguinance,  Rabelais,  Pant.  m 
61  ;«9Utnanc!e,  PARÉ,  XXII    2  "".  lu, 

,Jvf  QUINE(è-ski.n') ,   ..  f.   Terme  de  manège 
^e  dit  des  rems  du  cheval.  Un  cheval  faible     fori 
desquine.  Ce  cheval  saute  d'esquine,  il  voûté  son 
dos  en  sautant.  Vieux  et  inusité 
—  ÉTYM.  Autre  forme  d'échiné. 
,„*-,^S9"'^^  (è-ski-n'),  ..  f.  Terme  de  botanique 
an  te  d'Amérique  dont  la  racine  est  employée  comme 

ESQUIPOT  (è-ski-po),  s.  m.  Sorte  de  tire-lire  en 
erre  cuite,  où  l'on  dépose  de  minces  épargnes 
L  esquipot  est  plein.  Tout  son  bonheur  est  là-defsou; 
dans  un  esquipot,  dancourt,  la  Désolât,  des  joueu- 
ses, se  43  Le  sexe  plein  d^  charité  Pour  li  corn- 
munauté  Fournira  de  quoi  mettre  en  pot;  Tend"  à 
nZr  'T.^T'P°^'  "'«»'•  Chanson  à  unTèr, 
des  enfei     '"  '""''  '  ««"^'"^i^"^  le  la  IZll 

un"^r'éfi™-ob:cr'  ""  '   "  ""'^«  •  ""''"^'  -vec 

PrS  nlfn^H"""'^'  '■  f-  Il  *°  ^^™«  de  peinture. 

remier  plan  d'un  ouvrage.  Esquisse  au  crayon    à 

^  plume,  au  pinceau.  Les  esquisses  ont  communé- 

«f  "86,  Œuvres,  t.  XIII,  p.  206,  dans  pougens 
L  esquisse  même  a  sa  manière  qui  n'est  pJceUe  dé 
1  ébauche,  iD.  ib.  p.  206.  L'esquive  est  l'ouvrage  de  la 

vi'f  h""  f  ''"■^^"'«'  ^*  '«  *^"«au  l'ouvrageK- 
va  1,  de  la  patience,  des  longues  études  et  d'une  ex- 
périence  consommée,  id.  Salon  de  4  787  txTv 
p.Mi.  |Fig.  [L'oiseau-mouchel  Vif,  proiot    eai 

distinction  quaal  ii  a  dit  -On  Jni^^ii         *'^  "^^"^ 
peinture  un' tableau  qui  V'e^tpS  m^sT.  f 
figures,  les  traits,  les' effets  de'fumiér'eTd'ombr: 
CIGT.   DE   LA  LANGUE  FRANÇAISE. 


ESS 

llf^'/l     Y"'  P-  *"  '  dans  PouGENs.  Il  faut  ajou- 
ter qu'ébauche  emporte   toujours  l'idée  d'un  ou- 

p[èTsM"on  tr'.L  '^"'^'^  'ï"«.  '''^^--^^  e^rcom- 
phIow      ?  s*  '^"""  'î"^  d'eUe  :  on  peut  avoir 

\TJ.Z^r''  "-  «^--.  -  -  l'aTàl 

—  HIST.  xvi's.  Esquiche,  cotgrave. 

t,n~..w"'  ^fP-^°-  <'^9«'"''.-  ital.  schiiio;  du  la- 
tin  «Aedtus,  fait  sur-le-champ;  du  grec  âvéSior 

l^b  fLT'  '"-w^  *  '*  '■'i^'  •  P°"  ^  commrdàn^ 
le  bas-latm  sctdo  pour  scheda 

Il  lo'?inf'ff'    ^    ^'V'^'-^^'  ^^«).    P«^'-    P«**<f. 

„        .  ,-f.?"™  g'-ossièrement  esquissée.  Il  2"  Fig 

Un  sujet  littéraire  qu.  n'est  qu'esquissé.   Voilà  mon 

t::TpZ::VT'''^  ^'  '"'"^^'«'  '■  '•  -- , 

ESQUISSER  (è-ski-sé),  v.  a.  \\  i-  Faire  une  es-  ' 
quisse.   Esquisser  une  figure,  in  tableau.  M  2'  Dé- 
crire sommairement.  Esquisser  rapidement  le  ta- 
bleau d'une  époque. 

—  ÉTYM.  Esquisse. 

JiSQDIVE,  ÉE  (è-SKi-vé,  vée),  part,  vassé   Un» 
mauvaise  rencontre  esquivée 

t  ESQUIVEMENT  (è-ski-ve-man),  s.  m.   Action 
d'esquiver.  "  ■«t-iion 

—  HIST.   XIII'  s.   Nul  autre  eschivement    nour 
moi  garder  [défendre],  Qe]  ne  vi,  Ber,.,  cxvm. 

—  ETYM.  Esquiver. 

mZT^^  ^t'"-'^^'  "■  '^^  Il  *°  ^"'«f  adroite- 
ment quelque  chose  ou  quelqu'un.  C'est  un  impor- 
tun que  j  esquive  autant  que  je  puis.   L'autre  es- 
quive le  coup,  et  l'assiette  volant  S'en  va  frapper  le 
mur  et  revient  en  roulant,  boil.  Sat.  m.   Allons 
je  ne  pourrai  pas  esquiver  l'interrogatoire,  picard 
Alcade,  IV,  4.  Faut-il  esquiver  la  réflexion  comme 
une  ennemie,  au  lieu  d'y  livrer  toute  son  âme? 
STAËL    Corinne,  i,  3.  ||  Par  extension.  Esquiver  une 
difficulté,  s'y  soustraire,  sans  la  résoudre.  Il  Absolu- 
ment. J'esquive  doucement,  et  m'en  vais  à  grands 
pas,  RÉGNIER,  Sat.  viu.  Les  petits,  en  toute  affaire 
B-squivent  fort  aisément;  Les  grands  ne  le  peuvent 
faire,  la  font.  Fabl.  iv,  6.  Le  lion  sort  et  vien 
d  un  pas  agile,  Le  fanfaron  aussitôt  d'esquiver   m 
'&.  VI,  2.  Je  saute  vingt  ruisseaux,  j'esquive,  je'  mè 
pousse    BOIL.  Sat.  vi.  ||  2°  S'esquiver,  v.  réft.  Se  re- 
tirer d  un  heu,  d'un  cercle,  en  évitant  d'être  re- 
marqué.  Je  me  suis  doucement  esquivé  sans  rien 
dire,  MOL.  Fdch.  i,  ..  ||  s'éviter  l'un  l'autre.  1 

.,i7r  "'^I'  ^''n^',  ^^  P""'  """'■  "'eschiveront  ba- 
taille, Ch.de  m.  Lxxxv.  Il  XII.  s.  A  mort  serez  j„- 
gié,  se  [je]  ne  vous  en  eschiu,  Sax.  xxiv.  ||  xiii-s 
Li  cuens  [comte]  qui  chevalier  ne  doute   [craintj 
ne  esquive,  AUDEFK.  le  bast.   liomancero,  p.  J. 
[Elle]  Ne  sait  comment  le  fioit  [elle]  puist  avdr  es- 
chivé,  Ber(e,XLv.  Et  l'ourse  l'esohiva  [l'évitai   autre 
vcne  est  tournée,  ib.  xlvi.   Mais  je  û  connois  à  s 
sage  Qu'il  eskievera  ce  damage,  Bl.  et  Jeh.  24h 
....qui  h  face  voloir  le  bien  et  eschuer  le  mal,  brun' 
lat.  Trésor,  p.  280.  Fui  et  eschieve  la  compa  ngnie 
des  mauvez,  jomy.  3«o.  1|  xv  s.  Adonc,  pour^es! 
chever  le  fossé  qui  estoit  [lar  devant  eux     les  Fla- 
mands] tournerent-ils  autour  du  bosquet  et  prirent 
l'avantage  des  champs,  froiss.  ii,  h,  ^»B.  Sur  ces 
deux  ailes    gens  d'armes  les  [les  Flamands]  com- 
mencèrent à  pousser  de  leurs  roides  lances  à  longs 
fers  et  durs  de  Bordeaux....  dont  ceux  qui  en  es- 
toient  atteints  se  restreignirent  pour  escheve"  les 
horions    ID.  u,  i,,  497.   Donc,  pour  eschiver  tous 
perds,  Jean  de  Hollande  s'enferma  dans  la  dite  ville 
ID.  Il    II,  235.  Il  xvi-  s.  Beaucoup  se  sont  bien  trou- 
jez  de  mourir,  eschevant  par  là  des  grandes  mi- 
sères, MONT.  I    89.  Il  fault  eschever  aux  coups  que 
nous  ne  sçaurions  parer,   id.  iv,  (64.  Le  moien 
deschevir  tel  danger,  est  d'enfermer  et  la  mère  et 

les  petits,   0.    DE  SERRES,    336. 

-ÉTYM.  Wallon,  hiuver;  provenç.  esquivar  es- 
chwar;   espagn    esquivar;  ital.  schivare;  dû  ger- 
manique: anc  haut-allem.  skiuhan ;  ^llern  schclfn 
avoir  peur.    I     y  avait  un  adjectif  dans  l'ancie"î 

LTSJ:=i;-^'''--'''-"'--p^^"-4ur^ 

ESSAI  (è-ssè),  s.  m.  \\i'  Moyens  divers  par  les- 
quels on  s'assure  si  un  objet  convient  à  l'emnlni 
qu'on  en  veut  faire.  Faire  l'essai  d'une  macSne 
d'une  arme  à  feu.  L'essai  d'un  remède  |Ussa  "'s 
animaux,  les  divers  exercices  auxquels  on  les  ou- 
met  pour  apprécier  leurs  apUtudes.  ||   Terme  de 

peut,  à  1  effet  de  reconnaître  la  nature  et  le  nombre 

des  substances  contenues  dans  un  minéral.  S 


ESS 


U97 


par  la  voie  sèche.  L'art  des  essai..  11  di„„  „    .• 
rement,  opération  qu'on  flusuTrà'ld^fp'"""*" 

Il   6°  Fig.  Tentative  comoaréa  anr  «ni-  ,        ? 

d'urma"tre-  ^Tib'u^  ""2  TT'  '  '^"™  ''^' 
sai  de  ses  fo  c  s!  pasc  A,^"  ^"n!  f'""'-  '""  *^- 
de  leur  liberté,  boT i^^^d'l^' .  r^-îV-ii 
ciel  que  sa  main,  heureusement  cruelle  Eût  fait 
"'ll'^o'p  l^'f  '^f  f"^^"^  nouvelle,  «iL^nV.  y 
les  'issafs?   «rr'V  ^"  ""''^^'  °^'^^^"'  '"^'■'^^  ^^ 

RAC  PW.  IV,  8  II  Faire  l'essai,  ressentir,  éprouver 
Quel  tourment  de  cesser  de  plaire,  Lorsqu^on  a  flh 

nT'r^L^'f'''  ••''"™  a"aél    OUINAULT  '?r,    13 

"  '  re°a     t^^l^^^T^l!^^^^-  Ôa  buv'anl  ei 


mangeant  je  fis  mon  coup  d'ess  d  «Éor»  ^^  '' 
Mes  pareils  à  deux  fois  ne'se  f^n  '  p^f  To n^;,^:'"  ^l 
pour  leu,^  coups  d'essai  veulent  des  coups  de  maî'tre 

Sai  fllll";'-  ■."'  '^"'^''^  P°'"'  ^  faire  uToup 
a  essai  fatal,  id.  tb.  n,  2.  Ce  n'est  pas  sur  ce  coun 

que  je  fais  mes  essais,  id.  le  if«nt.iT,  »  CettenTèce 

tes  règles,  puisque  je  ne  savais  pas  alors  au'il  v  p™ 
eût,  ID.  Examende  Umie.  Cette  intendance  ouf  fut 

ivJJl      II  *^^!^ssai,  par  forme  d'essai.  Prendre 

venie  a  1  essai.  Pour  détromper  ma  sœur     et  lui 

'it'êr"  MO?  ';  """  '"'  P'^""^°P"«  *  ''«^^ai  pou- 
vait être,  MOL.  Femm.  sav.  v,  6.  ||  Mettre  à  l'essai 
éprouver,  pousser  à  bout.  Pour  mettre  à  l'essa  m  à 
complaisance    ,.  ,.  rouss.  Ém.  „.   ||  S-Pre^i^re 
production  d'un  esprit  qui  s'essaye  dkns  unTeme 

I  quelconque.  Les  essais  de  ce  jeune  homme  dofnënt 
de  grandes  espérances.  Douze  ans  sont  écoulés  de- 
puis le  jour  fatal  Qu'un  libraire,  imprimantes  essai 
de  ma  plume  ,   Donna  pour  mon  malheur  un  iron 
heureux  volume,  boil.  Éptt  vi  La  <!tMM»\io  t       P 

nous  Offrit  les  premiers  erslis'de^rs'c'ïure    die 

is  es  de  laTrL'' ""'"'-  ""  "''  P'^  '"^- 
tisles  de  a  Grèce,  barthél.  Anach.  ch.  74.  Premiers 

su'chrîs^'  --édie  par  Susarion.  580  ans'a^anTjé 
sus-Christ,  ID.  tb.  tome  dernier,  table  V.  ||  Ouvrase 
dans  lequel  l'auteur  traite  sa  matière  sai's  avo    la 
prétention  de  dire  le  dernier  mot.  Ce  n'est  qi'un 

spéc  aux'  'd„r"^'^-  "  ^"™  <*«  ^^-"-^«"P  de  livret 
spéciaux  donne  par  un  sentiment  de  modestie 
comme  s.  le  nom  de  traité  ou  d'ouvrage  était ïon 
élevé.  Les  Essais  de  Montaigne.  Essai  de  morale^ 
Essai  sur  la  musique.  ||  10- Terme  de  vénerie.  Écor 
chures  que  font  aux  branches  faibles  et  flexfbles  îes 
cerfs  qui  sont  près  de  toucher  au  bois.  H  II  a  donné 
1  essai,   se  dit  du  sanglier,  qui,  rentrant  du  ga- 

S!'/''  ^°™^^'  a  frappé  avec  ses  défenses 
contre  de  jeunes  arbres. 

—  SYN.  ESSAI,  épreuve.  L'essai  se  fait  pour  savoir 
SI  une  chose  convient,  si  elle  peut  être  employée- 
1  épreuve  pour  savoir  si  la  chose  peut  soutenir  lé 
service.  On  fait  l'épreuve  d'un  pont  de  fil  de  fer;  on 
lait  i  essai  d  une  nouvelle  machine. 

—  HIST.   xiii*  s.   St  Bernars  nous  met  à  l'essai 
Foie  du  Paradis.  Bêle  suer  [sœur],  combien  puet 
avoir  Que  vous  poez  apercevoir  Qu'a voçc  li  conversé 
avez  ?  Dites  le  nous  se  vous  savez ,  Firent  cil  qui  firent 
lessai,  ruteb.  ii,  166.  ||  xiV  s.  Un  hanap  d'argent 
blanc  pour  faire  essay ,  Invent,  de  Charles  K    de 
LABOBDE,  Émaux ,  p.  304.  ||  xv  s.  Car  s'oncques 
nul  sceut  que  c'est  de  détresse,   Je  pense  bien  que 
J  en  ay  fait  l'essay,  ch.  d'orl.  Bal.  u.  \\  xvi«  s    Je 
1  aymerois  mieux  à  l'essay,  Avant  qu'entrer  en  ma- 
riage, MAROT.  I,  203.  Ill'escrivit  par  manière  d'essay 
en  sa  première  jeunesse,  mont.  1,  206.  Ayant  donné 
nJuT'-',  *''7.''^  '°?  elo^nence  et  de 'sa  magna- 
d'S  9.    '"       «fandement  estimé,  amïot,  Cat. 

!■  — 188 


♦  498  ESS 

"fiiZ   it-^ù),  :  m.  colonie  d'aboillei  lor- 

UoVdîu  rucU.  mJr.  pour  «jlcr  chercher  une 

il  J.  hll-lâ<.»u.  Uii4>u»d6tt.imquau.  U  ruche 

•I  rîoeiwi  r»»^  "»  e»»lni,  quelque  nombreui 

■■11  wU   »•  !■«••  P"  orUinairemenl  trop  pour  udo 

mbI*  mère;  e«lU-«  peut  fort  bien  pondre  ilan»  l'an- 

■i*  400M  ceuli,  BONMKT,  Conltmpl.  nat.  xi,  27. 

t)p  «naini  dool  les  pied*  en  mille  et  mille  anneaui, 

L'ua  par  l'autre  alUchè*  à  U  branche  pliante,  Uon- 

(rirenl  tout  à  coup  une  grappe  pendante,  oelille, 

imtid*,  VII.  Il  Par  extension ,  multitude  d'autres  in- 

Molai.    Des  tsiaima  de  uulerelica  ravagèrent   la 

OMlrte  II  Fig.  Ciel  I  quel  nombreux  e»saim  d'iono- 

«MMS beauté*....  hac.  Eâlh.  i,  2.  Au  bruit  du  luccès 

dw  eroiais,  de  nouveaux  essaims  partirent  de  l'oc- 

oidut,  VOLT.  Jfouri.  t>*.  Dans  cette  longue  suite 

d'iieursions,  les  peuples  barbares,   ou  plutAt  les 

essaims  sortis  d'eux,  détruisaient  ou  étaient  dé- 

Ixuits,  MOWTiso.  Uom.  20.  Mexico,  qui  put  quelque 

tuaps  douter  si  les  Castillans  étaient  un  essaim  de 

bligaMb  ou  un  peuple  conquérant,  se  vit  presque 

trtlltnwt  détruit  par  les  cruelles  guerres  dont  il 

Mil  théâtre,  «aynal,  lliti.  phit.  vi,  20. 

..  atT.  xui*  s.  [Les  mauvaises  Temmes,  dont] 
lapt  easains  plus  grans  que  de  mouches.  Qui  se 
ramiiUcnt  en  lor  rooche.s,  la  Bote,  87st.||xiv'  s. 
J«  kwi*  es  [abeille.s]  qui  s'enfouirent  de  mon  es- 
min,  Ordnm.  des  rois  de  Fr.  1. 1,  p.  242.  ||  xv  s. 
Lm  moucbet  à  miel,  qui  chascune  en  leur  eiain 
gkrdaat  kars  etfices  et  leurs  onlres,  alain  ciiart. 
QuaérUoguê  ùteictif.  ||xvi*s.  U  ruche,  pour  loger 
l'essoin,  sera  proprement  neltoiée,  o.  de  sf.rrks, 
444.  Voiey  qui  va  bien,  s'efcria  Socrate,  nous  es- 
■s  en  cherche  d'une  vertu,  tu  nous  en  apportes 
nain;  nous  communiquons  une  question,  on 
I  redonne  une  nichée,  mont,  it,  239. 
I.  Berry,  asrt'an,  essian,  ession;  provenç. 
fMm,  ùam;  eatal.  cxam,  axam;  cspagn. 
mtiambrt;  portug.  enxame;  ital.  seiame;du  latin 
caaaua,  essaim,  pour eza^men,  voy.  examen. 

t  ESSAIMAfiE  <k-ssS-ma-j'),  s.  m.  Tenjps  de  Tan- 
né* 01^  le»  essaims  d'abeilles  sortent  des  ruches. 

—  tint.  Essaimer. 

t  ESSADmiEHT  (%-ssi-me-man) ,  t.  m.  Partage 
qui  sa  fait,  k  certaines  époques  (le  l'année ,  des 
ah«illes  d'une  ruche,  nue  partie  abandonnant  Tan- 
ciMo«  demeure,  pour  aller  s'en  construire  une 
■«In. 

—  «wr.  «Y*  s.  Easemement,  Modus,  ms.  f"  125, 
dans  LACtntifB. 

—  ÉTYM.  Kuaimer. 

■SSADm  (i-flsâ-mé),  V.  n.  Sortir  en  essaim,  en 
pwlMit  des  abeilles. 

—  KEX.  V.e  verbe  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
■M«r,  quand  il  marque  l'action  :  Ce»  moucltes  n'ont 
pis  encore  essaimé;  avec  l'auxiliaire  (tre,  quand  il 
marqa*  l'étal:  Ces  mouches  sont  essai mées  depuis 
hier. 

—  msT.  xv  s.  Le  supliant  aia  aider  à  mettre  on 
txsinou[au)bournaydemouchesàmiel,  qui  icellui 
Jour  estoit  exainé  ou  vergier,  do  canoë,  bvgaxo- 
lut.  Il  XVI*  s.  Les  mois  d'avril  et  de  mai  seulement, 
est  le  vrai  temps  pour  les  abeilles  à  essoiner,  o.  de 
44a. 

TM.   Rioi'm;  Berry,  eriumer,  estemer,  et- 
r,  «snomer,  essionner;  picani,  (^chômer ;  wal- 
lon, tamé;  provenç.  wiamenar;  catal.  axammar; 
a.  ensambrar;  portug.  enxamear;  ital.  «cto- 


t  BS.SALEH  (é-ssa-lé) ,  c.  a.  Terme  de  salines. 
Induire  la  poéle  de  muire  gluante  avant  que  de  la 
mettre  au  feu. 

tBSSARS*  (B>san-f),  t.  f.  Action  d'essanger  le 
Bnge. 

ESSANGÉ,  ËB  (^san-jé,  jée),  part,  patti.  0u 
linge  essangé, 

BUAROn  (Vsan-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
on  o  {  essangwnt,  essangeons) ,  e.  o.  Décrasser  du 
Unfi  dans  do  l'eau,  avant  de  le  mettre  à  la  lessive. 
Wnger  des  torchons. 
■  ~  '™-  '^n»  corruption  très-vulgaire  change,  par 
ssimilation,  «ssan^cr  en  échanger,  qui  n'a  aucun 
Mnsia.  '  ^ 

aZi"w!!'  "i"*  *•  *'**  '*'  "•*""'  boyaulx  [du  co- 
-Î^'J^JU***''  'en^ersés  et  essaugés  en  rivière 

î««'o,  '"""''  "•  *•  Il  "'•  * Ces  ords  cu- 

îwïï*',  mîtj "'""""*•  «««igent  leurs  drapeaux, 

Um^T™.!-'*.'".  •**"«"'•.  proprement  faire  sor-Jr 


ESS 

coûté,  des  femmes  de  leissive,  Qu'esiauigian,  je 
cré,  leâ  paquet,  buroaud,  Ru.  de  fabl.  en  patois 
saintongiois.  p.  4a. 

t  KS8ARDER  (è-sar-dé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Eponger  les  ponts.  On  trouve  aussi  is.sarder. 

—  HIST.  XVI*  s.  V»  te  plonger  trois  fois  dans  le 
fleuve  d'Argire,  Et  te  lave  le  corps,  puis  moitié  le 
retire.  Et  l'essarde  k  la  lune,  afin  que  la  vigueur  Et 
le  charme  de  l'eau  pénètre  jusqu'au  cœur,  B.  bel- 
LBAU,  Berger.  1. 1,  p.  <i<,  dans  lacubnk. 

—  tmt.  Ori|?ine  inconnue. 
fESSARMENTER   (è-»ar-man-té),  ».  o.    Terme 

rural,  ôler  les  sarments,  ébourgeonner. 

—  ÊTïM.  Es....  préfixe,  et  sarment. 

t  ESSART  (è-sar),  t.  m.  ||  1*  Champ  qui  élait  en 
friche  et  couvert  de  bois,  et  qui  est  défriché  et  prêt 
à  être  mis  en  culture.  ||  t°  S'est  dit  aussi  de  remue- 
ments de  terre.  Toutes  les  levées,  essarts,  écluses, 
palissades,  pêcheries,  moulins  et  autres  ouvrages 
faits  de  nouveau....  dans  la  rivière  de  Charente.... 
Règlement,  30  août  1662. 

—  HIST.  XII'  s.  Des  dozc  pers  i  ferai  grant  essart, 
flonc.  p.  42.  Il  a  plus  d'ennemis  que  lièvres  en  essart , 
Sax.  XXIX.  Li  reis  ert  [était]  riches  huem,  sages  et  de 
grant  art,  Sout  [sut]  bien  que  chardenal  [les  cardi- 
naux] sunt  pernant  [prenant]  et  lumbart;  Coveiteus 
sunt  d'aveir  plus  que  vilain  d'essart,  Th.  je  mar».  66. 
Il  XIII*  s.  Berlo  s'en  va  fuiant  par  delez  un  essart, 
Berte,  xxii.  ||  xtz*  s.  MoiennanI  que  la  pluie  sur- 
vienne sur  tel  brnslement,  laquelle  de  nécessité 
convient  attendre,  et  fuir  'es  vents  pour  les  raisons 
des  essars,  o.  ie  serres,  so. 

—  ÉTYM.  Voy.  essarteb;  wallon,  sar,  saur;  pi- 
card, lart,  champ;  provenç.  eissart;  bas-lat.  ex- 
sartum,  qui  se  trouve  dan»  les  lois  barbares.  Dans 
l'ancienne  langue,  essart,  par  une  extension  facile 
à  comprendre,  avait  aussi  le  sens  de  lieo  désert, 
et,  par  suite,  de  destruction,  dégât. 

f  ESSARTAGE  (è-sar-ta-j'),  ».  m.  Action  d'essar- 
ter. Il  Ejsartago  ou  essartement.  mode  d'exploitation 
des  bois,  encore  employé  dans  quelques  cantons  du 
nord-est  de  la  France,  et  qui  se  pratique  en  arra- 
chant toutes  les  plantes  qui  couvrent  le  sol,  en 
écobuant  ensuite,  et  cultivant  pendant  deux  ou 
trois  ans,  pour  essarter  de  nouveau  après  quinze  ou 
dix-huit  ans. 

—  ÉTYM.  Essarter. 

ESSARTÉ,  ÉE  (è-sar-té),  part,  passé.  Champ  es- 
sarté. 

ESSARTEMENT  (è-sar-te-man) ,  s.  m.  Action  d'es- 
sarter. 

—  ÉTYM.  Essarter. 

ESSARTER  (è-sar-lé) ,  ».  a.  ||  1°  Arracher  le  bois, 
les  épines  d'une  terre  pour  la  défricher.  ||  3°  Essar- 
ter des  bois,  les  éclaircir  en  arrachant  les  sous-bois 
et  les  épines. 

—  HIST.  xui*  s S'il  y  a  vignes,  il  ne  les  doit 

pas  essarter,  ne  laissier  gastes  sans  feture,  beaum. 
XV,  12.  Ne  nus  [nul]  plus  grans  biens  ne  pot  estre  en 
bailli,  que  d'essarter  les  raalvès  bons  des  bons,  par 
radeur  [roideur]  de  justice,  id.  (8.  1|  xvi*  s.  Ainsi 
comme  le  laboureur  quand  il  veult  essarter  et  arra- 
cher quelque  plante  sauvage  qui  ne  porte  point  du 
fruict,  mettant  à  bon  esciant  la  marre  tout  du  pre- 
mier coup  dedans  la  terre,  il  en  couppe  les  racines, 
ou ,  en  approchant  le  feu ,  il  la  brusle,  ahyot,  JTau». 
honte,  2. 

—  ÊTYM.  Wallon,  sarté,  écobuer;  Berry,  esser- 
ter;  génev.  ejsarlir,  esserler ;  bourguig.  essatai, 
déchirer;  bas-lat.  exarlare,  du  verbe  fictif  exsarri- 
tare,  de  ex,  et  sarrire,  sarcler. 

t  ESSAUGUE  (è-ssô-gh'),  *.  f.  Terme  de  pêche. 

Voy.  A1SSAUGUE. 

t  ESSAYER  (è-sa-Té),  ».  a.  Terme  rural.  Épui- 
ser avec  une  pelle  l'eau  d'un  fossé  ou  celle  d'un 
ruisseau  qu'on  a  barré. 

—  HIST.  XIV  s.  Aura  dedans  ce  mur  un  treillich 
de  fer  par  où  les  yaues  de  la  ville  se  pourront  essia- 
ver,  DU  GANGE,  essatare.  ||xv*  s.  Regeter  le  fossé, 
et  faire  tant  que  le  vivier  se  puist  essayer,  et  qu'il 
soit  à  scci],  iD.  ib. 

—  ETYM.  Es....  et  l'ancien  français  ère,  ta»e  (voy. 
EAU).  On  dit  en  Normandie  que  la  peau  est  essavée 
quand  elle  est  irritée  par  la  présence  de  certains 
liquides  ;  ainsi  les  petits  enfants  s'essavent  dans 
leurs  langes. 

1  ESSAVURG  (&-5a-vu-r') ,  s.  f.  Terme  de  relieur. 
Taches  comme  d'eau  sur  le  cuir  de  ve;iu.  Quand  le 
veau  est  d'une  bonne  qualité,  qu'il  est  bon  de  ûeur, 
exempt  d'es.savures,  l'encoUags  est  plus  qu'inutile, 
LUiit,  la  Reliure,  p.  tll4. 

—  ETYM.  t'«o»er. 

ESSAYE,  £e  (ô  »à-ié,  iée),  jjort.  paui.  Dont  on 


ESS 

a  fait  l'essai.  Un  métal  essayé.  Un  cheval  essaye. 
Un  vêtement  essayé  et  trouvé  trop  juste.  ||  Fig. 
Burrhus  essayé  k  la  même  coupelle  ne  lui  aurait 
paru  qu'un  lâche  courtisan,  dideb.  Uègne  de  Claude 
et  Niron,  i,  8  tao. 

ESSAYER  (è-sè-lé),  j'essaye,  tu  essayes,  il  essaya 
ou  il  essaie,  nous  essayons,  vous  essayez,  ils  es- 
sayent ou  essaient  ;  j'essayais  jous  essayions,  voui 
essayiez;  j'essayai  ;  j'essayerai|^u  essaierai, ou  essai- 
rai;  j'essayerais,  ou  essaierais,  ou  essalrais;  essaye  es- 
sayons; que  j'essaye,  que  nous  essayions,  que  vous 
essayiez  ;  que  j'essayasse  ;  essayant;  essayé,  ».  a. 
Il  1*  Reconnaître  par  certains  moyens  si  l'objet  con- 
vient, est  capable  de  son  office,  etc.  Es.îaycr  un  che- 
val. Essayer  une  arme  à  feu.  Qu'ils  viennent  essayer 
leurmain  mal  assurée,  bac.  Brit.  vt,  ».  C'est  à  pré- 
sent le  moment  d'essayer  tes  forces;  iln'estplus  temps 
quand  il  les  faut  employer,  J.  J.  Bocs.'.  Ém.  v.  Dès 
que  le  faible  oiseau  peut  essayer  ses  ailes,  m.  j.chém. 
Fénelon,  i,  ».  Qui  laisse  les  chevreaux,  autour  de 
lui  paissant.  Essayer  leur  dent  folle  à  l'arbuste  naiv 
sant,  V.  HOGO,  Voix  intir.  <3.  ||  Essayer  de  l'or,  de 
l'argent,  examiner  à  quel  titre  ils  sont.  |i2°  Essayer 
un  vêtement,  le  mettre  afin  de  voir  s'il  va  bien, 
soit  qu'on  le  mette  soi-même,  soit  qu'un  autre  nous 
le  mette  :  j'essaye  mon  habit;  mon  tailleur  me  l'es- 
saye. Essayer  un  siège,  s'y  placer  pour  voir  si  on  y  est 
bien,  etc.  Vous  voulez  essayer  ce  bandeau  sur  mon 
front,  RAC.  At/iaî.  iv,  t.  ||Par  extension.  Il  suffit  de 
lui  faire  voir  en  éloignement  le  trône  où  il  doit  être 
assis,  et  de  lui  essayer,  pour  ainsi  dire,  la  con- 
ronne,  afin  qu'il  sache  la  porter  quand  la  provi- 
dence de  Dieu  la  fera  tomber  sur  sa  tête,  FtEcii. 
Hontausier.  Que  tu  vois  mal  encor  ce  que  c'est  que 
l'empire  I  Si  deux  jours  seulement  tu  pouvais  l'es- 
sayer. Tu  ne  croirais  jamais  le  pouvoir  trop  payer, 
CORK.  Oitton,  IV,  3.  Quand  on  s'assied  sur  un  trône, 
on  a  bien  l'air  de  l'essayer,  MABMorrEi.,  Bétit.  ch. 
)5.  Il  Fig.  D'un  masque  revêtu.  J'ai  d'abord  quelque 
temps  essayé  la  vertu;  J'ai  senti  que  mon  cœur 
n'était  pas  né  pour  elle,  legouvé,  Épichar.  et  Sér. 
III,  2.  Il  3*  Déguster.  Essayer  du  vin.  S'il  a  quelque 
douceur,  n'osez-vous  l'essayer  [l'amour]  ?  baC. 
Fhédre,t,  t.  |(4°  Fig.  Reconnaître,  comme  par  des 
essais,  l'action  de.  Essayez  sur  Cinna  ce  que  peut 
la  clémence,  corn.  Cinna,  iv,  3.  Il  me  faut  essayer 
la  force  de  mes  pleurs,  id.  Poly.  m,  2.  Je  vais  près 
de  Phocas  essayer  la  prifre,  id.  Héracl.  i,  4.  Tandis 
qu'il  n'est  point  de  Romaine  Qui,  dès  qu'à  ses  re- 
gards elle  ose  se  fier.  Sur  le  cœur  de  César  ne  les 
vienne  essayer,  bac.  Brit.  ii,  2.  EUe  brûlait  d'im- 
patience d'essayer  ses  regards  sur  ces  riches  mor- 
tels, et  de  remplir  ses  coffres  de  leurs  dépouilles, 
LESAGE,  Guîm.  d'Alf.  VI,  9.  Il  5°  Soumettre  à  l'essai, 
à  l'appréciation.  Essayer  le  goût  du  public  en  lui 
donnant  des  ouvrages  nouveaux,  Dict.  de  VAcad.  J'ai 
essayé  dans  nos  assemblées  publiques  une  bonne 
partie  des  articles  qui  entrent  dans  ce  volume;  il  ne 
m'est  jamais  arrivé  de  contenter  tout  le  monde,  d'o- 
uvET,  fltJt.  de  VAcad.  t.  u,  p.  387,  dans  pougens. 
Il  Reconnaître  si  quelque  chose  est  réel.  Essayez 
dès  ce  jour  l'effet  de  mes  promesses,  bac.  Athal.  u, 
7.  Il  6°  Tenter.  Et  quelque  cruauté  qu'elle  veuille  es- 
sayer. S'il  ne  faut  que  du  sang,  j'ai  trop  de  quoi 
payer,  cohn.  Théod.  v,  li.  Essayons  l'artifice  où  la 
rigueur  est  vaine,  botb.  Yencesl.  i,  4.  J'en  essaye- 
rai tant  de  toutes  les  manières,  que  quelque  chose 
enfin  nous  pourra  réussir,  moi..  Sicii.  «.  J'essairai 
tour  &  tour  la  force  et  la  douceur,  bac.  Brit.  m,  6. 
Faisons  mieux,  ne  proscrivons  rien,  laissons  la 
scène  ouverte  à  tous  les  sujets  et  à  tous  les  talents  ; 
essayons  tout  et  conservons  ce  qui  le  mérite ,; 
d'alejib.  Éloges,  la  Chaussée.  ||  7°  V.  ».  Essayer 
d'une  chose ,  l'éprouver  pour  savoir  si  elle  est 
propre  à  ce  qu'on  attend.  Essayez  de  tous  les  plai- 
sirs; ils  ne  guériront  pas  ce  fonds  d'ennui,  mass. 
Avent,  Bonheur.  Essayez  -  en  ,  rompez  avec  U 
monde,  id.  Carême,  Samar.  Vous  avez  longtemps 
essayé  du  monde,  id.  Car.  Salut.  Vos  passions  ayant 
essayé  de  tout,  et  tout  usé,  id.  Pet.  car.  Math. 
C'est  ainsi  qu'un  pigeon  mourrait  de  faim  près  d'un 
bassin  rempli  des  meilleures  viandes,  et  un  chat 
sur  des  tas  de  fruits  ou  de  grain,  quoique  l'un  et 
l'autre  pût  très-bien  se  nourrir  de  l'aliment  qui! 
dédaigne,  s'il  s'était  avisé  d'en  essayer,  j.j.  rooss. 
Inégalité,  t  "  partie.  L'âme  de  la  jeunesse  essiiie  de 
tous  les  sentiments,  chateacbr.  Natch.  ii  ,  «54. 
Il  Essayer  de,  avec  l'infinitif,  tâcher,  faire  ses  ef- 
forts. Lucile  n'essaya  pas  de  le  distraire,  et  lord 
Nelvil  était  blessé  de  ce  qu'elle  ne  l'essayait  pas, 
STAËL,  Corinne,  xx,  2.  ||  Essayer  à,  avec  l'infiniuf, 
même  sens.  Essayez  sur  es  point  k  la  faire  parler , 
COBM.  Hor.  I,  4.  Est-ce  donc  que  par  U  vous  voulez 


ESS 

essayer  X  réparer  l'accueil  dont  je  tous  ai  fait 
plainte  T  moi.  Amph.  ii,  2.  Essayez  un  peu  par 
plaisir  à  m'envoyer  des  ambassades,  !i  m'écrire  se- 
crètement de  petits  billets  doux,  k  épier  les  mo- 
ments que  mon  mari  n'y  sera  pas,  m.  G.  Dandin, 

1,  6.  C'est  le  plus  grand  sujet  de  félicité  de  la  con- 
dition des  rois,  de  ce  qu'on  essaye  sans  cesse  à  les 
divertir  par  toutes  sortes  de  plaisirs,  PASC.  Pensées, 
t.  I,  p.  266,  éd.  LAHÛBE.  ||  8°  S'essayer,  v.  réfl.  S'é- 
prouver, voir  si  l'on  est  capable  d'une  chose.  11 
s'est  essayé  k  nager.  S'essayer  à  la  coursa.  Trem- 
ble, son  bras  s'essaye  k  frapper  ses  victimes,  volt. 
Fanât,  v,  4.  On  s'essayera  à  chaque  fois  qu'une 
occasion  fera  sentir  le  besoin  de  s'essayer,  et, 
parce  qu'alors  on  aura  quelque  intérêt  à  savoir 
faire,  on  fera«ieui;  voilà  un  conseil  qui  ne  sera 
pas  désagréable  aux  pîiresseux  et  qui  sera  utile  à 
tous,  coNDiL.  Lang.  cale,  ii,  <).  Il  s'essaie  à  braver 
un  sceptre  qui  lui  pèse,  c.  delav.  Tépres  sicil.  n, 

2.  Il  Faire  la  première  épreuve  de  ses  forces.  11  s'es- 
saie en  attendant  mieux.  Perdez  un  ennemi  d'au- 
tant plus  dangereux  Qu'il  s'essalra  sur  vous  à 
combattre  contre  eux,  rac.  Àndr.  i,  2.  J'aimerais 
mieux  que  mes  chères  filles  n'entendissent  pas  de 
sermon  un  jour  de  Pâques  que  d'être  réduites  à 
tous  les  jeunes  cordeliers  qui  viendront  s'essayer 
chez  vous,  MAiNTENON,  Lettre  à  Kme  de  Fontaines, 
<2  mars  ten.  Lorsque  votre  beauté,  dans  son  choix 
indécis.  S'essaya  sur  le  père  avant  de  plaire  ju 
fils,  LEMERC.  Fréd.  et  Bruneh.  m,  6.  ||  S'éprouver 
l'un  l'autre.  Ils  n'ont  pas  lutté  sérieusement,  ils 
n'ont  fait  que  s'essayer. 

—  REM.  Avec  un  verbe  qui  suit  à  l'infinitif,  on 
dit  essayer  à  et  essayer  de,  mais  s'essayer  à  seule- 
ment. Il  n'en  était  pas  de  même  au  xvi*  siècle. 

—  HIST.  XI"  s.  Li  archevêque,  prudomet  essaiet, 
Ch.  de  Hol.  CLii.  ||  xii"  s.  [La  prison]  Qu'ele  me  fait 
assaier  et  sentir,  Couci,  xiii.  ||  xnr  s.  Je  di  que 
c'est  grant  folie  D'assaier  ne  d'esprouver  Ne  se  [sa] 
famé  ne  s'amie,  auboins  de  sezanne.  Romancero, 
p.  (26.  Bien  auras,  ains  que  tu  t'en  partes.  Les 
dolors  d'amors  essaiées,  le  Rose,  2293.  Ma  paroUe, 
Diex,  est  veraie.  Corn  est  li  argent  c'on  essaie. 
Psaumes  en  vers,  dans  Liber  psalm.  p.  269.  ||  xiv»  s. 
Se  les  turquoises  [tenailles]  ne  soufîssent  [à  extraire 
un  dard  fiché  dans  le  corps],  essoie  le  atraire.... 
H.  DE  MONDF.viLLE,  f"  87.  Que  aucun  barbier  ne  doit 
faire  office  de  barbier  en  la  dicte  ville  et  banlieue  de 
Paris,  se  il  n'est ,  essaiez  par  le  dit  mestre  et  les 
quatre  jurez,  Ordonn.  des  rois,  t.  v,  p.  iH.  Le 
Temple  et  l'Ospital  li  respondirent  que  il  estoit  bon 
que  l'en  essaiast  à  prenre  la  cité,  joinv.  27B.  Il 
disoient  ou  [au]  païs  que  le  soudanc  de  Babiloine  [le 
Caire]  avoit  mainte  foiz  essaie  dont  [d'où]  le  flum 
venoit,  id.  220.  {|  xv  s.  La  gentil  dame  fut  adonc 
durement  esbahie,  et  dit  :  a  Ha  I  très  cher  sire,  ne 
me  veuillez  moquer,  essayer,  ni  tenter  [le  roi  venait 
de  lui  dire  qu'il  l'aimait],  FROiss.  I,  i,  («6.  Ijxvi's. 
Et  pleust  à  Dieu  que  l'empereur  s'essayast  de  passer 
le  Rosne  quand  je  suis  icyl  marg.  Lett.  <27.  Nous 
vous  avons  envoyé  ce  porteur,  non  pour  essayer  à 
consoler  mon  nepveu  et  vous,  id.  ib.  ^62.  Ayant  es- 
sayé combien  sa  présence  donnoit  d'advantage  à  ses 
aflaires,  mont,  i,  <5.  Perdre  son  temps  à  essayer  de 
prendre  une  ville,  id.  i,  27.  S'estant  essayé  de  leur 
persuader  de....  id.  i,  <(7.  Quand  ces  receptes  ne 
peuvent  servir,  ils  en  essayent  de  contraires,  id.  i, 
4  29.  Je  n'ai  essayé  [trouvé]  gueres  de  fermeté  en 
mon  ame  pour  soustenir  des  passions  véhémentes, 
ID.  Il,  4  23.  Ou  les  accidents  ne  nous  essayant  pas 
jusques  au  vif,  m.  i ,  67.  Elle  ne  s'en  essaya  onc- 
ques  puis  [de  se  farder],  la  boétie,  <92.  La  resolu- 
tion des  reformez  fut  d'essayer  Paris  par  la  faim, 
d'aub.  Hist.  I,  21).  Ils  essayèrent  [éprouvèrent]  ce 
que  les  Turcs  ont  d'artifices  et  d'ingénieuses  cruau- 
îez,  ID.  ib.  1,  24).  Si  se  meit  à  imaginer  et  à  essayer 
toutes  sortes  de  ruzes  de  guerre  dont  il  se  pouvoit 
adviser,  amyot,  Fab.  )2.  Si  délibéra  de  se  retirer 
devers  le  roy  Artaxerces,  espérant  que,  quand  ce 
roy  l'auroit  une  fois  essayé,  il  ne....  id.  Aie.  77. 
Hz  ne  demandoient  plus  que  quelque  occasion  pour 
bien  tost  les  [leurs  armes]  essayer  et  employer  contre 
leurs  ennemis,  id.  Philop.  )5. 

—  ÉTYM.  £«so«;  Berry,  assayer;  wallon,  say  ; 
provenç.  essaiar,  assatjar,  assaiar,  ensaiar,issaiar  ; 
catal.  ensajar;  espagu.  cnsayar ;  portug.  ensaiar  ; 
ital.  assaggiare,  saggiare. 

t  ESSAYERIE  (è-sê-rie) ,  s.  f.  Endroit  particulier 
d'un  hôtel  des  monnaies  où  l'on  fait  des  essais. 

—  ÉTYM.  Essayer. 

ESSAifECR  (è-sè-ieur),  s.  m.  ||  !•  Celui  qui  dans 
UD  hôtel  des  monnaies  est  préposé  à  l'essai  des  ma- 
tières d'or  et  d'argeni  et  à  la  viriflcation  du  titre 


ESS 

des  monnaies.  ||  2"  Essayeur,  essayeuse,  se  dit, 
chez  les  tailleurs  et  chez  les  couturières,  de  celui 
ou  celle  qui  essaie  un  vêtement.  Je  vous  enverrai 
l'essayeur,  l'essayeuse. 

—  HlST.  xiii*  s.  Cm  ne  croit  pas  qu'il  soit  ameres 
[amant].  Mes  essaieres  [entreprenant]  etvanteres. 
Si  ne  si  ose  l'en  [on]  fier.  Fabliaux  mss.  n°  72)8, 
^  )35.  Il  xrv*  s.  Pefrin  langoieur  ou  essaieur  de 
pourceaus,  du  cange,  essaium. 

—  ÉTYM.  Essayer;  provenç.  issajaire,  assajador; 
espagn.  ensayador;  portug.  ensaiador;  ital.  assag- 
giatore,  saggiatore.  Le  provençal  issajaire,  et  le 
vieux  français  essaiere,  sont  au  nominatif;  assaja- 
dor et  essaieur  sont  au  régime. 

t  ESSAYISTE  (è-sè-yi-sf),  s.  m.  Auteur  d'essais 
littéraires.  Macaulay,  le  prince  des  essayistes. 

—  ÉTYM.  Mot  anglais  fait  à'essay,  qui  est  la 
forme  anglaise  d'essai ,  et  introduit  récemment 
dans  le  français. 

t  ) .  esse',  s.  f.  Nom  de  l's  (voy.  S). 

2.  esse  (è-s'),  s.  f.  Il  1°  Cheville  de  fer  tortue, 
placée  au  bout  de  l'essieu  d'une  voiture  pour  empê- 
cher la  roue  de  sortir  de  l'essieu.  ||  2°  Crochet  qui 
termine  chaque  extrémité  du  fléau  d'une  balance, 
et  auquel  on  attache  les  cordons.  ||  3°  Morceau  de  fer 
tortu  dont  on  se  sert  pour  accrocher  les  pierres  qu'on 
veut  élever  dans  un  bâtiment.  ||  4°  Terme  de  marine. 
Bandes  de  fer  courbées,  embrassant  le  bout  des 
traversins  ou  des  barres  de  perroquet ,  et  percées 
pour  laisser  passer  les  haubans.  ||  B"  Lame  de  fer  for- 
mant des  espaces  circulaires  de  différents  diamètres 
et  servant  à  jauger  le  fil  de  fer.  ||  6°  Terme  de  lu- 
thier. Ouverture  faite  en  s  qui  est  sur  la  table  des 
instruments  de  la  famille  du  violon  (violon,  alto, 
violoncelle,  contrebasse  et  même  pochette).  ||  7°  Sorte 
d'ancien  jeu.  La  cour,  sur  le  réquisitoire  du  procu- 
reur général ,  étant  informée  que,  dans  l'étendue 
de  la  justice  de  Chamarande,  il  se  joue  un  jeu 
nommé  jeu  de  clefs  ou  de  esse,  duquel  il  est  résulté 
des  inconvénients  pour  les  spectateurs  qui  en  ont 
été  blessés,  défend  à  toutes  personnes  de  jouer 
ledit  jeu  ,  à  peine  de  20  livres  d'amende.  Arrêt  de 
la  cour  du  Parlement,  )6  juin  )779. 

—  ÉTYM.  La  lettre  s,  à  cause  de  la  forme, 
t  ).  ESSEAU  (è-sô),  s.  m.  Voy.  aisseau. 

I  2.  ESSEAU  (è-sô),  s.  m.  Sorte  de  mesure  pour 
le  fumier,  usitée  dans  les  environs  de  Paris. 

—  ÉTYM.  Serait-ce  le  même  mot  que  Berry  isseau, 
rigole,  égout;  picard,  essiau,  eiseau,  puisard;  ano. 
franc,  essau,  évier? 

i-  ÉSSEIGLAGE  (è-sè-gla-j')  ,  s.  m.  Action  d'es- 
seigler. 

+  ESSEIGLEU  (è-ssè-glé),  s.  m.  Terme  rural.  Ar- 
racher ou  couper  à  la  faucille  les  brins  de  seigle 
qui  ont  poussé  dans  les  champs  de  froment. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  etseigle. 
■f  ESSEIMER,  V.  a.  Voy.  essimer. 

t  ESSEINER  (è-sè-né) ,  ».  a.  Terme  de  pêche. 
Tirer  une  seine  à  soi;  en  ôter  le  poisson. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  seine. 
fESSELIER  (è-se-lié),  s.  m.  Terme  de  charpen- 

terie.  Nom  de  certaines  pièces  de  bois  assemblées 
diagonalement  à  deux  autres,  et  qui  font  angle  obtus. 
Il  Dans  le  comble  d'un  toit,  les  deux  esseiierssont 
les  parties  qui  sont  assemblées  sous  l'entrait.  ||  Pièce 
du  faux  fond  d'une  cuve  de  brasseur. 

—  ÉTYM.  Aissel,  petit  ais  (voy.  Aïs). 

t  ESSELLE  (è-sè-l'),  s.  f.  Appareil  qu'on  met  sur 
le  dos  des  chevaux  et  des  ânes,  pour  le  transport  du 
fumier,  du  bois,  etc. 

f  ESSEMÉE  (è-sse-mée) ,  s.  f.  Terme  rural.  Ma- 
nière dont  une  terre  est  ensemencée. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  semer. 

t  ESSEMILLER  (è-se-mi-llé,  H  mouillées),  v.  a. 

Voy.   SMILLEB. 

t  ESSÉMINER  (è-ssé-mi-né) ,  ».  a.  Eparpiller, 
disséminer.  La  fourmi  essémina  les  graines  des 
hauts  cyprès,  bern.  de  st-piebre,  dans  le  Dict.  de 

BESCHERELLE. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  le  lat.  seminare,  se- 
mer ;  mot  fait  par  Bernardin  de  Saint-Pierre. 

ESSENCE  (è-ssan-s'),  s.  f.  ||1°  Terme  de  philoso- 
phie et  de  théologie.  Ce  qui  est,  ce  qui  existe.  Dieu 
est  l'essence  première.  ||  La  divine  essence,  Dieu. 
Les  rois  ,  comme  rayons  de  la  divine  essence,  En 
leur  gouvernement  imitent  sa  puissance,  R0TR.B(?/ts. 
III,  6.  Enveloppez-vous  dans  ce  voile;  vivez  cachée 
à  vous-même  aussi  bien  qu'au  monde;  et,  connue 
de  Dieu,  échappez-vous  à  vous-même,  sortez  de 
vous-même,  et  prenez  un  si  noble  essor  que  vous 
ne  trouviez  de  repos  que  dans  l'essence  éternelle  du 
Père,  du  Fils  et  du  Saint-Esprit,  boss.  la  Vallière. 
Adorant  l'essence  inconnue.  Les  saints,  les  martyrs 


ESS 


4499 


glorieux  Contemplaient  sous  l'ardente  nue  Le  trian- 
gle mystérieux,  v.  hogo.  Odes,  i,  )o.  ||  2°  Ce  qui 
fait  qu'une  chose  est  ce  qu'elle  est,  ce  sans  quoi 
elle  ne  serait  pas.  L'essence  du  triangle  est  d'avoir 
trois  côtés  et  trois  angles.  {|  3°  Dans  une  significa- 
tion très-voisine  de  celle-ci,  et  pourtant  très-diffé- 
rente, la  nature  intime  des  choses  que  nous  ne  pou- 
vons pas  bien  connaître  ni  démontrer.  Lorsqu'on 
s'obstine  à  disputer  sur  les  essences,  il  arrive  qu'on 
ne  sait  plus  ce  que  les  choses  sont ,  condil.  Art  d'écr. 
iv,  6.  N'oubliez  point  que  ce  que  nous  appelons 
essence  des  choses  n'est  que  leur  essence  nomi- 
nale, BONNET,  Ess.  anal,  âme,  ch.  4.  ||  4°  Au  sens 
d'être.  Essence  première,  essence  qui  est  d'origine. 
Essence  seconde,  essence  qui  est  dérivée.  Dieu  est 
essence  première  ;  les  créatures  sont  essences  se- 
condes. L'essence  seconde  suffit  pour  prouver  que 
deux  substances  difi'èrent,  mais  elle  no  suffitpaspour 
mesurer  avec  précision  la  différence  qui  est  entre 
elles,  coNDiLLAc,  Art  de  raisonner ,  i,  3.  ||  5°  Dans  le 
langage  général,  ce  qui  fait  le  fond,  la  nature  d'un 
objet.  Et  de  la  vouloir  vaincre  avecque  des  services, 
Après  qu'on  a  tout  fait,  on  trouve  que  ses  vices  Sont 

de  l'essence  du  sujet,  malh.  vi,  24 Amour  forcé 

ne  fut  jamais  amour;  L'amour  est  dans  les  cœurs 
libre  dès  sa  naissance;  Ravir  sa  liberté  ,  c'est  ravir 
son  essence,  desmarets,  Mirame,  iv,  4.  Cette  pro- 
position contenait  l'essence  des  plus  noires  hérésies, 
PASC.  Prnv.  3.  Il  est  de  l'essence  d'un  bon  livre 
d'avoir  des  censeurs,  et  la  plus  grande  disgrâce  qui 
puisse  arriver  à  un  écrit  qu'on  met  au  jour,  ce  n'est 
pas  que  beaucoup  de  gens  en  disent  du  mal,  c'est 
que  personne  n'en  dise  rien,  boil.  Éplt.  x,  xi,  xii, 
Préf.  L'essence  d'un  Spartiate  était  l'obéissance  aux 
loisdeLycurgue,  volt,  ilfœurs,  )54.  Voilà,  cousine, 
comment  dans  certains  pays  l'essence  des  choses 
tient  aux  mots,  et  comment  des  noms  honnêtes  suf- 
fisent pour  honorer  ce  qui  l'est  le  moins,  j.  i.rouss. 
Uél.  II,  23.  Il  6°  Terme  de  pratique.  La  chose  même 
que  l'on  a  reçue.  Rendre  en  essence.  |{  On  dit  queles 
choses  ne  sont  plus  en  essence,  pour  dire  qu'elle» 
ne  sont  plus  en  nature,  qu'elles  sont  détruites, qu'on 
ne  peut  pas  les  représenter  comme  on  les  a  reçues. 
Il  7°  Terme  d'eaux  et  forêts.  Espèce  ,  nature  des  ar- 
bres qui  prédominent  en  un  terrain.  Les  différentes 
essences.  Un  bois  d'essence  de  chêne.  ||  8°  Terme  ds 
chimie.  Essences,  nom  donné  à  des  liquides  sans 
viscosité,  très- volatils,  qu'on  appelait  autrefois  huiles 
éthérées,  huiles  essentielles  (dénomination  aban- 
donnée parce  que  ces  substances  n'ont  rien  de  com- 
mun avec  les  corps  gras).  Les  essences  se  divisent 
en  trois  groupes  :  hydrocarbonées,  oxygénées,  sul- 
furées. Il  Essence  de  térébenthine,  liquide  qui  pro- 
vient de  la  distillation  de  la  térébenthine  ordinaire. 
Il  9°  Terme  de  pharmacie.  Substance  aromatique 
très-volatile  qu'on  extrait  de  certains  végétaux.  Es- 
sence (Je  rose.  ||  Essence  de  lavande,  dite  aussi  huila 
d'aspic  ou  de  spic,  essence  qui  s'obtient  par  la  dis- 
tillation des  sommités  fleuries  de  la  lavande  offici- 
nale et  de  la  lavande  spic.  ||  Essence  de  Portugal, 
essence  fournie  par  le  zeste  de  l'orange.  ||  10°  Terme 
de  cuisine.  Essence  de  gibier,  de  légumes ,  de 
jambon  ,  etc.  extrait  des  parties  les  plus  nutritives 
des  viandes,  des  légumes.  ||  11°  Essence  d'Orient  ou 
de  perles,  liqueur  préparée  avec  une  matière  nacrée 
qui  se  trouve  à  la  base  des  écailles  de  l'ablette  et 
sur  toute  la  paroi  de  la  poitrine,  de  l'estomac  et  des 
intestins.  Cette  liqueur,  introduite  dans  de  petites 
boules  de  verre  creuses ,  sert  à  la  fabrication  des 
fausses  perles. 

—  HIST.  xiu"  s.  Tu  iez  saluz  de  nostre  essence, 
Balaiz  de  nostre  vanité.  Cribles  de  nostre  concience, 
buteb.  Il,  )4.  0  glorieuse  Trinité  ,  Une  essence  et 
vraie  unité  En  trois  glorieuses  personnes!  J.  de 
MEUNG,  Tr.  2.  Il  XIV  s.  Et  par  ce  appert  que  toutes 
choses  n'ont  pas  une  ydée  commune  qui  soit  leur 
essence,  obesme,  Eth.  vi,)).  ||xV  s.  En  tout,  par- 
tout est  mesme  essence,  Auquel  pas  ne  fait  dille- 
rence  Entre  animal  et  végétal,  Et  minerai,  ful-ca 
métal  Qui  t'enamoure,  Nat.àValch.err.  09.  ||xvi's. 
La  distillation  des  eaux  et  essences  tirées  de  toutes 
sortes  d'herbes,  racines  et  fleurs,  lanoue  ,  479. 
En  une  seule  essence  divine,  il  y  a  trinité  de  per- 
sonnes, calv. /«st.  73.  Ainsi  les  actions  de  vertu  na 
sont  souvent  que  masques ,  elles  en  portent  le  visage 
mais  elles  n'en  ont  pas  l'essence,  charron.  Sagesse, 
II,   3. 

ÉTYM.  Provenç.  essentia;  espagn.  esencia;  ital 

essenxia;  du  latin  essentia,  de  esse,  être. 

f  ESSENCIFIER  (è-ssan-si-fi-é) ,  V.  a.  Terme  d'al- 
chimie. Transformer  en  essence. 

KSSÉNIEN  (è-ssé-niin),  t.  m.  Nom  d'une  secte 
de  Juifs  qui  faisaient  profession  de  communauté  de 


«500  I''SS 

«  tîSS^I  ôrSTr-u,  n'ofrr.ient»  Dieu  que 

SlpoleWmrn.  qu'il»  n'aurainnt   PM  remué  un 
!2»   Phiinn  1  dirtingu*  .leui  ordres  d'f^sén.en»  : 
(«Tan»  .■«Hachaient  à  la  pratique,  et  les  autres 
ou'on  nomme  Thérapeutes  à  la  contemplation,  w- 
i>Ui    Opin.  **  <»"«•  P'"'«'-   (Ju»/*)-  Josèphe  dit 
dan»  un  autre  endroit  qu'ils  abandonnaient  tout  à 
Dieu-  ces  paroles  font  assez  entendre  le  sentiment 
des  È«*niens  sur  le  concours  de  Dieu,  m.  ib. 
_  gTYM.  Syriaque,  osa,  soin,  guérison. 
t  ESSENTIALISSIE  (è-ssan-si-a-li-sm') ,   ».  m. 
Doctrine  médicale  qui  admet  que  les  maladies  sont 
des  essences,  existant  par  soi  et  indépendamment 
du  fonctionnement  de  l'économie  animale. 

t  ESSEPfTIAUSTE  (e-ssan-si-a-li-sf),  adj.  Méde- 
cin essentialiste,  celui  qui  admet  l'essentialisnie. 
i  ESSENTIAIJT15  (è-ssan-si-a-li-té) ,  *.  f.  État  de 
ce  qui  est  essentiel.  Je  nie  l'essentialilé  de  cette 
clause.  Il  Terme  de  méilecine.  L'essentialilé  des  fiè- 
vres, doctrine  qui  attribue  les  fièvres  non  à  un  état 
patholofrique  des  solides  ou  des  liquides,  mais  à  un  ef- 
fort de  la  nature  pour  surmonter  le  mal  qui  l'opprime. 
—  ETYM.  Estcntiel. 

ESSENTIEL.  ELLE  (è-ssan-sl-èl,  è-l'),  adj. 
Il  1*  Qui  appartient  à  l'essence  ou  nature  propre 
d'une  chose.  La  rondeur  est  essentielle  au  cercle. 
La  raison  est  essentielle  à  l'homme.  La  sévérité 
du  pécheur  envers  lui-même  est  une  qualité  essen- 
tielle à  la  pénitence,  notmDAL.  Avent,  Sur  la  pé- 
nitence, 4  84.  Ce  philosophe  païen  [Porphyre]  as- 
sure que  les  mauvais  démons  sont  les  auteurs  des 
enchantements,  des  philtres  et  des  maléfices;  qu'ils 
ne  font  que  tromper  nos  ycui  par  des  spectres  et 
par  des  fantômes;  que  le  mensonge  est  essentiel  à 
leur  nature,  fonter.  Oracles,  i,  3.  En  distinguant 
ses  idées,  on  considère  quelquefois,  comme  entiè- 
rement séparées  de  leur  sujet,  les  qualités  qui  lui 
sont  le  plus  essentielles;  c'est  ce  qu'on  appelle  plus 
particulièrement  abstraire,  condillac,  Conn.  hum. 
sect.  II,  ch.  «.  Il  2°  Absolument.  Nécessaire,  indis- 
pensable, qu'on  ne  peut  séparer.  La  justice  est  la 
vertu  essentielle  d'un  roi.  Les  devoirs  essentiels.  En 
cette  paix  donc,  seigneur.  Essentielle  et  suprême. 
En  cet  unique  bonheur,  Qui  n'est  autre  que  toi- 
même,  P'ais  le  repos  de  mon  cœur,  corn.  Imit. 
m,  4  6.  Chaque  chose  est  vraie  en  partie  et  fausse  en 
partie;  la  vérité  essentielle  est  toute  pure  et  toute 
vraie,  pasc.  Pensées,  i,  «.  Les  soupçons  d'infidélité 
dans  lo  lien  sacré  du  mariage  ne  sont  plus  un  dé- 
cri  formel  et  une  flétrissure  essentielle,  mass.  Car. 
JfWi>.  Il  Terme  d'histoire  naturelle.  Caractères  es- 
sentiels, ceux  qui  expriment  les  particularités  les 
plus  remarquables  des  espèces,  des  genres  et  de 
toutes  les  coupes  systématiques.  |{  Terme  d«  miné- 
ralogie. Parties  constituantes  essentielles  d'une 
roche,  celles  dont  la  présence  est  nécessaire  pour 
la  constituer.  Il  Terme  de  médecine.  Maladies  essen- 
tielles, nom  donné  aux  maladies  qui  ne  dépendent 
d'aucune  autre,  pour  les  distinguer  de  celles  qui 
no  sont  que  symplomatiques.  ||  Terme  de  musique. 
Cordes  essentielles  du  ton,  ou  cordes  modales,  la 
médiantu  et  la  sous-sensible  (le  mi  et  le  la  dans  le 
ton  d'ut  majeur;  l'ut  et  le  fa  dans  le  ton  de  la  mi- 
neur). ||  8"  Grave,  important,  sérieux.  Ces  grandes 
sectes  de  philosophes  contraires  aux  oracles  durent 
leur  faire  un  tort  plus  essentiel  que  celui  de  les  ré- 
duire à  la  prose,  FOttTEN.  Orad.  ii,  «.  Ce  défaut  do 
connaissance  de  soi-même,  qui  met  un  obstacle  si  es- 
sentiel à  l'utilité  de  nos  confessions,  mass.  Car.Conf. 
Tout  est  léger  contre  lui  [le  prochain]  ;  et  sur  ce  qui 
vous  touche,  tout  paraît  essentiel  à  votre  orgueil,  et 
digne  de  vengeance,  m.  Car.  Médis.  Elle  [la  per- 
sonne dont  vous  médisez]  est  peut-être  d'un  sexe 
où,  sur  certains  points  principalement,  les  taches 
les  plus  légères  sont  essentielles,  m.  ib.  Le  relâche- 
ment, la  recherche  des  commodités....  sont  comme 
des  transgressions  essentielles  de  ce  premier  vœu 
de  chasteté,  id.  Profess.  rel.  Serm.  3.  ||  i"  En  par- 
lant des  personnes,  doué  de  qualités  sur  lesquelles 
on  peut  compter.  Ici  vous  êtes  homme  essentiel, 
ami  généreux,  lo.  Car.  Kesp.  hum.  Essentiel  sur 
!•»  probité,  réglé  dans  ses  mœurs,  id.  Car.  Riche. 
Ami  aussi  essentiel  qu'aimable,  volt.  Leit.  Chaba- 
non,  7  déc.  )7«7.  Vous  aviez  bien  raison  quand 
TOUS  ma  disiei  que  le  duc  de  Praslin  était  plus  es- 
mn    i"*''?'^""''  '"•  l^"- d'Argenlal,  (9  févr 


KSS 

macie.  Principes  essentiels,  produits  qui  appartien 
nent  en  propre  à  chaque  plante,  et  qu'on  a  cru  con- 
tenir les  vertus  particulières  de  chacune  d'elles; 
tels  sont  les  sels  essentiels.  ||  Huiles  essentiel- 
les, ancien  synonyme  d'essences  (voy.  essrncb). 
Il  6'  S.  m.  Le  point  principal,  impcMlant.  Tu  n'as 
point  d'ambition  pour  l'essentiel,  hamilt.  Gramm. 
4.  Je  serais  porté  à  croire  que  j'ai  tort,  si  nous  dif- 
férions dans  l'essentiel,  p'alemb.  Lett.  au  roi  de 
l'r.  40  avril  4  767.  L'essentiel  est  de  faire  bien,  VAC- 
VEN.  De  Vaelivilé. 

—  lllST.  XVI'  S.  Le  Fils  en  autre  sens  s'appelle  la 
Parole  essentiele  et  éternelle  du  Père,  calt.  Instit. 
78,  90.  Il  est  possible  qu'à  ceuli  qui  employent  bien 
le  temps,  la  science  et  l'expérience  croissent  avec 
la  vie;  mais  la  vivacité,  la  promptitude,  la  fermeté 
et  aultres  parties  bien  plus  nostres,  plus  importan- 
tes et  essentielles,  se  fanissent  et  s'allanguissent, 
MONT.  I,  408.  Et  ainsi  sa  preud'bommie  luy  sera 
propre,  intime,  essentielle,  comme  luy  est  son  es- 
tre,  et  comme  il  est  àsoy-mesme,  charron,  Sa- 
gesse, II,  3. 

—  ÉTYM.  Provenç.  esseneial;  espagn.  eieneial; 
ital.  esseniiàle;  du  latin  essentialis  (voy.  essence). 

ESSENTIELLEMENT  (è-span-si-è-le-man),  adv. 
Il  1°  Par  essence.  L'homme  est  essentiellement  so- 
ciable. Un  naturel-  essentiellement  mauvais.  Il  est 
nécessaire,  pour  la  conservation  du  corps,  que  nous 
ayons  des  sensations  essentiellement  différentes, 
quoique  les  impressions  que  les  objets  font  sur  no- 
tre corps  ne  diffèrent  que  très-peu,  malebb.  Hech. 
I,  46.  Il  î°  X  un  Irès-iiaut  degré.  Des  discours.... 
lesquels  à  la  vérité  n'attaquaient  pas  essentielle- 
ment votre  honneur  et  votre  probité,  mais  qui  ré- 
pandaient dans  le  public...  mass.  Car.  Médis. 

—  HlST.  XVI'  s.  Nous  enseignons  selon  l'Escriture, 
qu'il  n'y  a  qu'un  seul  Dieu  essentiellement,  calv. 
Instit.  95. 

—  f.TYM.  Essentielle,  et  le  suffixe  ment;  proveno. 
essencialment ;  espagn.  esencialmente ;  ital.  essen- 
xialmente. 

t  ESSER  (è-sé),  V.  a.  Présenter  le  fil  de  fer  à  un 
des  espaces  circulaires  de  l'esse,  pour  connaître  s'il 
est  d'un  calibre  convenable. 

—  ÉTYM.  Esse. 

t  ESSËRE  (è-ssê-r') ,  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Variété  de  l'urticaire. 

t  ESSERET  (è-se-rè) ,  s.  m.  Sorte  de  tarière  fort 
longue. 

t  ESSERNÊ,  ÉE  (è-sèr-né,  née),  adj.  Se  dit  d'un 
papier  qui,  faute  de  matière,  n'a  pas  la  grandeur 
de  la  forme. 

ESSETTE  (è-sè-f),  s.  f:  Sorte  de  marteau  à  tête 
ronde  d'un  côté  et  tranchant  de  l'autre. 

—  ÉTYM.  La  lettre  s. 

ESSEDLÉ.  ÊE  (è-sseu-lé,  lée) ,  part,  passé.  Laissé 
.seul,  éloigne  de  tous.  Par-ci,  par-là,  quelques  an- 
ciens sages  Tout  esseulés  errent  au  bord  des  eaux ,  la 
MOTTE,  Fabl.  Il,  20.  Avec  plus  de  mérite  que  femme 
du  monde,  on  vous  trouve  aussi  esseulée  qu'un  fa- 
vori disgracié,  dancourt,  Été  des  coquettes,  se.  43. 
Avec  un  établissement  considérable,  je  me  trouvai 
fort  esseulé,  st-sim.  45,  467.  ||  L'Académie,  n'ayant 
pas  le  verbe  esseuler,  ne  donne  esseulé  que  comme 
adjectif. 

t  ESSEULEU  (è-sseu-lé),  «.  a.  Laisser  seul. 
D'Huxelles  bas,  souple,  flatteur  auprès  des  gens 
dont  il  croyait  avoir  à  e.spérer,  dominant  sur  tout 
le  reste,  ce  qui  mêlait  ses  compagnies  et  les  esseu- 
lait  assez  souvent ,  st-sim.  4(6,  7. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  seul. 

ESSIEU  (è-sieu) ,  s.  m.  ||  f  Pièce  de  bois  ou  de 
fer  dont  les  bouts  entrent  dans  les  moyeux  des 
roues.  L'essieu  crie  et  se  rompt,  rac.  Phèdre,  v,  6. 
Il  2'  Terme  de  marine.  Dans  les  poulies,  l'essieu  est 
la  cheville  en  bois  ou  en  métal  autour  de  laquelle  le 
réa  tourne  comme  sur  un  axe. 

—  HIST.  XII'  s.  Sur  quatre  roes  e  aissels  de 
arainc  fud  chascune  baseasise,  flots,  p.  866.  ||  xiii's. 
Le  dit  meslre  Koiiques  fist  jurer  aus  charrons  que  il 
ne  metroient  nus  essiiujs  en  charete,  se  il  n'es- 
toient  aussi  souffisans  corne  il  vouroient  que  on  les 
leur  mcist  se  il  estoient  charetiers,  l.iv.  des  met. 
(06.  Seeles  [les  roues]  tornent  en  l'aisil,  tailliah, 
ttccueil,  p.  4«o.  Il  xvi'  s.  Ses  loix  furent  escriptes 
sur  des  aiiieux  ou  rouleaux  de  bois,  amyot,  Soton, 
62.  Cleanthes  le  Samien  s'advisa  de  maintenir  que 
c'estoit  la  terre  qui  se  mouvoit  par  le  cercle  oblique 
du  zodiaque  tournant  à  l'entour  de  son  aixieu, 
mont.  II,  329. 

—  ETYM.  Berry,  oOjsw;  picard,  achu;  wallon, 
asi;  ital.  assiculo  ;  du  latin  axiculus,  diminutif  de 
Oicis,  aie. 


ESS 

j  ESSIHERou  ESSEIHER  (e-ssi-mé) ,  V.  a.  Ternie 
de  fauconnerie.  Amaigrir  un  oiseau  pour  le  rendre 
moins  lourd  au  vol. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  un  radical  qui  s« 
trouve  dans  le  berry  semer,  retrancher,  et  dans  le 
français  se  ehemer  (voy.  ce  mot) ,  le  provençal  te- 
mar,  l'italien  scemare. 

t  ESSOINE  (è-ssoi-n"),  ».  f.  Voy.  iœoinb. 

f  ESSONIER  (è-sso-nié),  ».  m.  Terme  de  blason. 
Double  orle,  qui  couvre  l'écu,  dans  le  sens  de  la 
bordure,  et  qui  représente  l'enceinta  où  les  chevaux 
des  chevaliers  étaient  autrefois  placés,  en  attendant 
que  le  tournoi  commençât. 

—  ÉTYM.  Ce  semble,  à  cause  du  repos  provisoire, 
un  dérivé  de  essoine. 

ESSOR  (è-ssor) ,  ».  m.  ||  1°  Action  da  l'oiseau  qui 
s'élance  pour  prendre  son  vol.  Avant  que  la  nitée 
Se  trouvât  assez  forte  encor  Pour  voler  et  prendre 
l'essor,  la  font.  FcU).  iv,  2U.  Déjà  prenait  l'essor  pour 
se  sauver  dans  les  montagnes  cet  aigle....  fléch. 
Tur.  Il  reprit  l'essor,  il  alla  se  reposer  un  peu  plus 
loin ,  et  revint  encore  sur  le  sein  de  Vénus,  hontesq. 
Céphise  et  l'Am.  ||  Être  à  l'essor,  se  dit  d'un  oi- 
seau qui  vole  loin  de  son  nid  pour  ses  différents  be- 
soins. L'aube  du  jour  arrive,  et  d'amis  point  du 
tout;  L'alouette  à  l'essor,  le  maître  s'en  vient  faire 
Sa  ronde....  la  font.  Fabl.  iv,  22.  ||  Terme  de 
fauconnerie.  Monter  d'essor,  se  dit  du  vol  de  l'oi- 
seau lorsqu'il  monte  à  perte  de  vue  pour  trouver  un 
air  plus  frais.  ||  Par  extension.  Et  dès  que  son  Dieu 
l'ordonne,  Son  âme,  prenant  l'essor.  S'élève  d'un  vol 
rapide  Vers  la  demeure  où  réside  Son  véritable  tré- 
sor, rac.  Cantique,  li.  Son  âme,  hélas  I  trop  tôt 
prenant  l'essor.  Tel  un  fruit  mûr  qu'un  jeune  en- 
fant dérobe.  Nous  est  ravie....  bérang.  Ou^netcourl. 
Il  Prendre  l'essor,  s'est  dit  aussi  pour  s'en  aller  à  la 
hâte.  M'en  croirez-vous,  monsieur?  prenez  l'essor, 
hadtehoche,  le  Souper  mal  apprêté ,  se.  48.  ||  Fig. 
Prendre  l'essor  s'est  dit  pour  s'écarter  de  son  sujet. 
Pourquoi,  me  dira-t-on,  nous  ramener  toujours 
Cette  cassette  ?  est-ce  une  circonstance  Qui  soit  de 
si  grande  importance?  Oui,  selon  mon  avis;  on  va 
voir  si  j'ai  tort;  Je  ne  prends  point  ici  l'essor,  Ni 
n'affecte  de  railleries,  la  font.  Fianc.  ||  2°  Fig.  Mou- 
vement moral,  comparé  à  l'essor  de  l'oiseau,  par  le- 
quel un  homme,  un  esprit,  une  âme  se  portent  aux 
choses  élevées,  étendues.  Leur  esprit  prend  l'essor 
où  leur  langue  les  guide,  Régnier,  Sat.  v.  Et  quand 
je  me  demande  un  titre  légitime  D'où  prendre  quel- 
que gloire  et  chercher  quelque  estime.  Je  vois  pour 
tout  appui  de  mes  plus  hauts  essors  Le  néant  que 
je  suis  et  le  rien  d'où  je  sors,  corn.  Imit.  m,  40. 
Son  âme  toute  royale  garde  l'équilibre,  même  dans 
ses  plus  grands  essors  ;  ses  élévations  mêmes  on" 
quelque  chose  de  modéré  dans  le  principe,  sainte - 
BEuvE,  Causeries,  4  9  janvier  4  862.  ||  Donner  l'essot 
à  son  génie,  à  son  imagination,  à  sa  plume,  lui 
donner  libre  carrière.  Vous  n'avez  qu'à  suivre  les 
traits  d'une  imagination  qui  se  donne  l'essor,  mol. 
Critique,  7.  ||  En  un  sens  plus  restreint,  il  se  dit 
d'une  personne  qui  se  dégage  d'une  contrainte, 
d'une  sujétion,  d'une  infériorité.  Ce  jeune  homme 
a  pris  tout  à  coup  l'essor.  Quand  le  poids  du  mal- 
heur accablant  son  enfance  Interdisait  l'essor  à  ses 
puissants  destins,  saurin,  Spart,  u,  4.||8"  Suc- 
cès qu'obtient  un  livre,  une  idée.  N'espérons  plus 
que  la  haine  pardonne  A  mes  chansons  leur  trop 
rapide  essor,  bérang.  Xd.  d  to  camp.  ||  Essor  s'est 
dit  pour  pubbcation.  Si  Ton  peut  pardonner  l'essor 
d'un  mauvais  livre.  Ce  n'est  qu'aux  malheureux 
qui  composent  pour  vivre,  mol.  Ifii.  i,  ï.  ||  4' Dé- 
veloppement qui  a  quelque  chose  de  rapide  comme 
le  vol  de  l'oiseau.  Essor  des  sciences,  ues  arts,  de 
l'industrie.  ||  B°  Terme  des  fouriéristes.  Essor  har- 
monique, marche  que  suivraient  les  pa.ssions  indi- 
viduelles dans  une  société  réglée  selon  les  principes 
de  cette  école.  Essor  subversif,  la  marche  que  sui- 
vent les  passions  dans  les  sociétés  mal  organisées 
qui  contrarient  la  nature  de  l'homme. 

—  HiST.  XV*  s.  Sans  estre  mis  à  l'essor  de  lar- 
gesse, CH.  d'orl.  Bail.  422.  Il  XVI'  s.  Les  âmes  donc 
tirent  la  pénitence  De  leurs  vieux  maulx;  les  unes 
hault  pendues  Sont  parmy  l'air  à  l'essor  estendues; 
Aucunes  sont  dedans  la  mer  plongées,  nu  Bellay, 
IV,  60,  rrrto.  Nous  sommes  en  un  royaume  auquel, 
pour  la  facilité  de  nos  rois,  les  choses  viennent  ai- 
sément à  l'esisor  [au  désordre],  pjiSQ.  Recherches, 
p.  46 ,  dans  lacitrne.  J'.ipprehende  bien  que  nous 
laissions  les  choses  présentes  et  asseurées  pouj 
nous  jelter  à  l'essor  [à  l'aventure],  sullt,  Mém.  t.  vi , 

p.  432,  dans  LACCRNE. 

—  ÉTYM.   Voy.  ESSORER. 

t  KSSORAGE  (è-sso-ra-j'),  s.  m.  ||  V  Terme  de  fau- 


ESS 


ESS 


EST 


1501 


connerie.  Action  de  s'essorer.  ||  t'  Terme  de  fabri- 
cation de  poudre  à  tirer.  Action  d'enlever  à  la 
poudre  un  excès  d'bumiditô  qui  mettrait  obstacle  au 


-  ÉTYM.  Essorer. 

t  ESSORANT,  ANTE  (è-sso-ran,  ran-t"),  adj. 
Terme  de  blason.  Oiseau  essorant,  oiseau  repré- 
senté les  ailes  à  demi  ouvertes  et  l'œil  regardant  le 
soleil. 

ESSORÉ,  ÉE (è-sso-ré, rée),  part. passé.  ||  !•  Linge 
essoré.  ||  Terme  rural.  Terrain  essoré ,  terrain  dont 
la  surabondance  de  l'eau  a  disparu  à  l'aide  de  fré- 
quents labours.  |{  2"'  Terme  de  blason.  Se  dit  de 
la  couverture  d'une  maison,  d'une  église,  d'une 
tour  ou  d'un  cbâteau,  quand  elle  est  d'un  émail 
différent  de  celui  du  corps  de  ladite  maison,  à  cause 
que,  de  toutes  les  parties  d'un  bâtiment,  il  n'y  en  a 
point  qui  soient  plus  à  l'air  que  la  couverture  (voy. 
EssoREB,  à  l'ÊTYM.}.  Maison  d'azur  essorée  de 
gueules. 

ESSORER  (ê-sso-ré),  v.  a.  ||  1»  Exposer  du  linge 
à  l'air  pour  qu'il  sèche.  ||  Particulièrement,  essorer 
du  linge,  le  mettre  tout  mouillé  sur  un  linge  sec; 
rouler  le  mouillé  et  le  sec  ensemble,  les  presser  ou 
les  tordre  légèrement  pour  qu'on  pujsse  repasser 
tout  de  suite  le  linge  essoré,  ou  pour  qu'il  sèche  plus 
vite.  Il  2°  Terme  de  fauconnerie.  Essorer  un  oiseau ,  le 
laisser  sécher  au  soleil  ou  au  feu.  ||  S'essorer,  v.  réfl. 
Se  dit  de  l'oiseau  qui  s'écarte,  et  qui  revient  diffi- 
cilement sur  le  poing. 

—  HIST.  xm*  s.  Tantost  s'en  vont  tuit  troi  à  destre , 
Tant  qu'il  vinrent  à  la  fenestre;  Overte  estoit  pour 
essorer ,  Jlen.  9t  i\ .  Or  pot  [peut]  cil  son  roucin  ptoreir, 
YA  mettre  la  pel  essoreir,  ruteb.  290.  ||  xiv*  s.  Qu'il 
face  remuer  et  essorer  [mettre  à  l'air]  vos  grains  et 
autres  garnisons  [provisions], if ^noffîer,  n,3.  ||  xv"s. 
Quant  commenceray  à  voler  Et  sur  elles  [ailes]  me 
sentiray,  En  si  grant  aisejeseray  Que  j'ai  doublé  de 
m'essorer,  CH.  n'oRL.  Rondeau.  \\  xvi"  s.  Il  avoit  des 
mœurs  si  essorées  et  vagabondes  qu'il  n'estoit  co- 
gneu,  ny  de  luy  ny  d'aultres,  quel  homme  ce  feut, 
MONT.  IV,  260.  Il  te  falioit  un  esprit  poétique,  Non 
pas  ma  plume  essorée  et  rustique,  Pour  te  respon- 
dre....  MARDI,  n,   ICI. 

—  ÉTYM.  Génev.  essourer  des  couvertures ,  les 
mettre  à  l'air;  s'essourer,  sortir  de  chez  soi  pour 
prendre  l'air;  provenç.  essaureiar,  eisaurar;  ital. 
mrare ;  du  bas-latin  exaurare,  prendre  le  vent,  de 
e«,  et  aura ,  vent  (voy.  orage).  C'est  en  vertu  de 
cette  étymologie  que  essorer  veut  dire  mettre  à  l'air 
et  s'élancer  dans  les  airs. 

ESSORILLÉ,  ÉE  (ë-so-ri-Ué ,  liée.  Il  mouillées), 
part,  passé.  X  qui  les  oreilles  ont  été  coupées  ou 
détruites  d'une  façon  quelconque.  Mes  deux  cousines 
seront-elles  borgnes  ou  borgnesses  et  essorillées? 
VOLT.  l'Homme  aux  40  écus,  Conversation  avec  un 
thiruryien.  ||  Terme  de  zoologie.  Dont  on  ne  voit 
point  les  oreilles.  ||  S.  m.  plur.  Les  essorillés,  fa- 
mille de  mammifères  de  l'ordre  des  rongeurs. 

t  ESSORILLEMENT  (è-so-ri-Ue-man ,  U  mouil- 
lées), s.  m.  L'action  d'essoriller,  ancien  supplice 
qui  consistait  à  couper  les  oreilles.  ||  Aujourd'hui, 
action  d'essoriller  un  chien. 

—  ÉTYM.  Essoriller. 

ESSORILLER  (è-so-ri-llé,  iJ  mouillées,  et  non  è-so- 
ri-yé),  V.  a.  Il  1°  Couper  ou  faire  perdre  les  oreilles. 
I' Anciennement ,  couper  les  oreilles  d'un  homme 
en  exécution  d'un  arrêt  de  justice.  Au  commence- 
ment du  règne  de  Charles  VIII,  on  essorilla  Doyac 
gouverneur  d'Anvers,  qui  avait  été  l'un  des  minis- 
tres de  Louis  XI,  MÉZERAi,  Charles  VIII.  ||  Il  se  dit 
de  certains  chiens  auxquels  on  coupe  les  oreilles. 
Essoriller  un  chien.  ||  2°  Fig.  et  familièrement.  Cou- 
per les  cheveux  fort  courts. 

—  HIST.  XIV'  s.  Symon  condamnez  à  estre  essori- 
liez  et  banniz  du  baillage,  du  cange,  ouri». 

—  ÉTYM.  Berry,  essoriller,  essouriÙer,  prêter  l'o- 
reille; du  lat.  ex,  sans,  et  auris,  oreille. 

t  ESSOCCHEMENT  (è-sou-che-man) ,  t.  m.  Action 
d'essoucher. 

t  ESSOUCHER  (fe-sou-ché)  ,  D.  a.  Terme  rural. 
Arracher  les  souches  d'un  terrain. 

ESSOUFFLÉ,  ÉE  (è-sou-flé ,  née) ,  part. passif.  Hors 
d'haleine.  Fort  essoufflé  d'avoir  couru ,  la  font.  Nie. 
Un  moment,  s'il  vous  plaît,  souffrez  que  je  respire, 
Je  suis  tout  essoufflé....  hégnahd,  Ménechm.  i,  2. 

ESSOUFFLE5IENT  (é-sou-fle-man) ,  s.  m.  État  de 
celui  qui  est  essoufflé.  L'essoufflement ,  quand  on 
monte,  est  commun  dans  les  maladies  du  cœur. 

—  ÉTYM.  Essouffler. 

ESSOUFFLER  (è-80u-flé)  ,  v.  a.  ||  !•  Mettre  hors 
d'haleine  par  une  course  ou  une  ascension  rapide. 
Si  vous  ne  retenez  pas  votre  cheval,  vous  l'essouffle- 


rez, il  i'  S'essouffler,  ».  ràfl.  Perdre  haleine.  Je  me 
suis  essoufflé  à  monter  cet  escalier.  Tout  homme  qui 
s'essouffle  dans  le  travail  fait  plus  que  sa  force  ne 
lui  permet,  la  qotntinye,  Jardins,  i,  4. 

—  HIST.  xii's.  Mais  la  ventaille  [du  baume]  [elle] 
ne  11  velt  [veut]  pas  noer,  S'il  a  mestier  [besoin] ,  por 
le  miex  essoflur  [lui  donner  plus  d'air].  Et  que 
délivres  peûst  li  bers  [le  vaillant]  aler.  Bat.  d'A- 
leschans,  v.  4824. 

—  ÉTYM.  Es....  préfixe,  et  souffler. 

t  ESSUOAND  (è-ssu-gan) ,  t.  m.  Lieu  destiné  au 
coupage  du  savon. 

ESSUI  (è-sui) ,  s.  m.  \\  i°  Lieu  où  l'on  étend  une 
chose  pour  la  faire  sécher.  Un  bon  essui.  Mettre  quel- 
que chose  à  l'essui,  l'exposer  à  l'air.  ||  Terme  de 
tannerie.  Lieu  où  l'on  fait  sécher  les  cuirs  tannés. 
Il  2°  Émail  terne. 

—  HIST.  XVI'  s.  Bien  demesler  d'un  cerf  les  ruses 
et  la  fiente,  Le  bon  temps,  le  vieil  temps,  l'essuy 
[la  rosée  essuyée],  le  rembuscher,  rons.  210. 

—  ÉTYM.  Voy.  essuyer;  provenç.  efssuc ;  italien , 
asciutto. 

ESSUIE-MAIN  (è-sui-main) ,  s.  m.  Linge  avec  le- 
quel on  s'essuie  les  mains  après  les  avoir  lavées. 
Il  Au  plur.  Des  essuie-main  ou  essuie-mains,  sui- 
vant que  l'on  considère  la  main  ou  les  mains. 

—  ÉTYM.  Essuyer,  et  main. 

t  ESSUYAGE  (è-sui-ia-j'),  t.  m.  Action  d'essuyer; 
résultat  de  cette  action.  ||  Opération  qui  a  pour  but 
d'essuyer  les  aiguilles. 

—  ÉTYM.  Essuyer. 

ESSUYÉ,  ÉE  (è-sui-ié,  iée),  part,  passé.  ||  1"  Dont 
on  a  Oté  l'humidité.  Le  corps  bien  essuyé  après  un 
bain.  Dans  un  temps  où  la  terre  n'était  pas  encore 
bien  essuyée  des  eaux  du  déluge,  dider.  Optn.  des 
anc.  philos.  (Chinois).  \\  Fig.  Â  peine  à  demi  es- 
suyé du  naufrage,  mass.  Car.  Mélange.  ||  2» Enlevé, 
en  parlant  d'une  humidité.  ||  Fig.  Quels  pleurs  par 
un  amant  ne  sont  pas  essuyés!  bac.  Iphig.  ii,  3. 
118"  Dont  on  a  6té  une  tache,  un  enduit.  Ce  n'est 
plus  qu'un  cœur  bas,  un  coquin  ténébreux;  Son 
visage  essuyé  n'a  plus  rien  que  d'affreux,  boil. 
ÉpU.  IX.  Il  4°  Supporté.  De  mauvais  traitements 
longtemps  essuyés. 

ESSUYER  (è-sui-ié),  j'essuie,  nous  essuyons; 
j'essuyais,  nous  essuyions,  vous  essuyiiez  ;  j'es- 
suierai; j'essuierais;  essuie,  essuyons;  que  j'es- 
suie, que  nous  essuyions,  que  vous  essuyiez;  es- 
suyant; essuyé,  v.  a.  \\  1°  Oter  l'eau,  la  sueur, 
l'humidité  ,  etc.  en  frottant.  Essuyer  une  table. 
Essuyer  de  la  vaisselle.  Essuyer  ses  mains  à  une 
serviette,  avec  un  linge.  ||  Fig.  Louis  seul  court  au- 
devant  d'eux  [le  roi  Jacques  II  et  sa  femme] ,  les 
essuie  du  naufrage,  offre  un  asile  à  la  religion  et 
à  la  royauté  fugitives,  mass.  Or.  fun.  Louis  le 
Grand.  \\  Essuyer  les  larmes,  les  ôter  du  visage  avec 
un  mouchoir,  un  linge.  Puisque  vous  le  voulez,  je 
veux  bien  essuyer  mes  pleurs,  mol.  Scap.  I,  3. 
Il  Par  extension.  [Elle]  Trouble  à  regret  le  repos  de 
Narcisse,  Par  cent  baisers  essuie  à  son  réveil.  Sur 
ses  beaux  yeux,  les  restes  du  sommeil,  malfil.  Narc. 
III.  Il  Fig.  Essuyer  les  larmes,  les  pleurs,  consoler. 
Qu'au  milieu  de  mes  pleurs  qu'il  devrait  essuyer... 
CORN.  Rod.  v ,  4.  Ses  larmes  n'auront  plus  de  main  qui 
les  essuie,  bac.  Phèd.  i ,  b.  Tant  de  larmes  répan- 
dues, les  essuyez-vous?  mass.  Car.  Pdq.  Le  rejsi-fct 
les  répand  [  les  larmes  ]  ,  et  l'espoir  les  essuie , 
DELIL. Par.  perdu,  xn.  |{  Essuyer  les  plâtres,  occuper 
le  premier  un  appartement  dans  une  maison  nou- 
velle ;  et  fig.  s'exposer  au  premier  inconvénient 
d'une  affaire.  ||  S'essuyer,  essuyer  à  soi.  Il  s'es- 
suyait les  yeux  à  la  dérobée.  S'essuyer  le  front 
d'où  la  sueur  dégoutte.  Elle  s'est  essuyé  les  mains. 
Il  2"  Sécher,  en  parlant  de  l'action  du  soleil,  du 
vent.  Le  vent,  le  soleil  essuie  la  terre  qui  a  été 
trempée  par  la  pluie.  ||  3°  ôter  une  tache,  un  en- 
duit. Il  essuya  la  sauce  qu'il  s'était  mise  sur  le  vi- 
sage. Il  4°  Subir,  supporter,  souffrir.  Qu'il  me  faut 
de  la  sorte  essuyer  vos  caprices,  mol.  l'Étour.  i,  (O. 
La  quantité  de  sottes  visites  qu'il  faut  essuyer  est 
cause  que  je  prends  plaisir  d'être  seule,  m.  Critique, 
I.  Ces  conversations  ne  font  que  m'ennuyer.  Et  c'est 
trop  que  vouloir  me  les  faire  essuyer,  id.  Mis.  ii,  4. 
On  n'a  point  à  louer  les  vers  de  messieurs  tels,  X 
donner  de  l'encens  à  madame  une  telle,  Et  de  nos 
francs  marquis  essuyer  la  cervelle,  m.  ib.  m,  7. 
C'est  un  supplice  assez  fâcheux  que  de  se  produire 
à  des  sots,  que  d'essuyei,  »ur  des  compositions,  la 
barbarie  d'un  stupide,  id.  Bourg,  gent.  i,  i.  Plus 
d'une  fois  essuyant  les  dangers  Des  pirates,  des 
vents,  du  calme  et  des  rochers,  la  font.  Fabl.  vii, 
41.  Elle  a  essuyé  toutes  mes  humeurs  et  toutes  mes 
lassitudes ,   hairtenon  ,   Lett.    à  M.   de   Villette , 


!S  mai  l«83.  Fallut-il  essuyer  à  sa  porte  de  mau- 
vaises heures?  fléch.  Lamoignon.  Je  ne  sais  point 
en  lâcha  essuyer  un  outrage,  son,.  Sat.  i.  Essuyer 
l'inconstance  au  Parthe  si  commune,  bac.  Uithr. 
m,  1.  Il  est  des  contre-temps  qu'il  faut  qu'un  sage 
essuie,  m.  Esth.  m,  4.  U  faisait  un  frais  délicieux, 
qui  nous  récompensait  d'une  jo\irnée  fort  chaude 
que  nous  avions  essuyée,  fonten.  Mond.  i"  loir. 
J'essuyai  tranquillement  ce  discours,  parce  qu'il  ne 
m'eût  servi  de  rien  de  m'en  fâcher ,  lesagb  ,  Gil 
Blat,  I,  6.  Ahl  c'est  trop  essuyer  tes  indignes 
murmures,  volt.  Brutus,  iv,  s.  On  n'essuya  jamais 
des  épreuves  plus  dures,  m.  Tancr.  v,  3.  La  flotte 
d'Alexandre,  partant  de  Patale  au  mois  de  juillet, 
essuya  bien  des  tempêtes,  et  le  voyage  fut  long, 
parce  qu'elle  navigua  dans  une  mousson  contraire, 
MOifTESQ.  Esp.  XXI,  9.  ||  Essuyer  le  feu  de  l'ennemi, 
recevoir  des  décharges  de  canons  et  de  fusils;  et 
fig.  essuyer  le  premier  feu,  recevoir  le  premier  des 
manifestations  de  colère  ,  des  reproches ,  etc. 
Il  6' S'essuyer,  v,  réfl.  ôter  l'humidité,  les  taches, 
l'enduit  qu'on  a  sur  soi.  Tandis  que  dans  un  coin 
en  grondant  je  m'essuie  [d'éclahoussures] ,  Souvent, 
pourm'achever,  il  survient  une  pluie,  boil.  Sat.  vi. 

—  HIST.  XIII"  s.  Je  la  vueil  au  soleil  porter,  Por 
le  cuir  en  fere  essuer....  Ters  tes  iex  [yeux],  es- 
sue  ta  face,  Fabl.  et  contes  ane.  t.  iv,  p.  <i  et  474. 
Jupiter,  ce  dist,  le  lavoit.  Et  Phebus  la  toaille 
avoit,  Et  se  penoit  de  l'essuier,  la  Rose,  6633. 
Il  XV'  s.  Souffrez  qu'assuisse  à  bandon  Cez  piez  [de 
Jésus],  quant  il  me  fist  pardon  De  mes  péchiez,  dont 
tant  avoie,  Rés.  de  J.  C.  ||  xvi'  s.  Adonc  estoyenl 
très-bien  essuez  et  frottez,  changeoyent  de  chemise, 
rab.  Garg.  l,  23.  Hz  commençarent  cryer,  myault, 
myault,  feignans  cependant  s'essuer  les  œilz,  comme 
s'ilz  eussent  plouré,  m.  Pant.  iv,  B4.  Sus  donc  et 
qu'on  essuyé  Les  pleurs  et  le  soucy,  do  bellay,  ii, 
48,  verso.  11  falut  se  sauver  dans  les  bateaux  et 
gagner  Orléans,  non  sans  essuyer  quelques  arque- 
busades,  que  la  commune  leur  tira  vers  Boteilles, 
d'aub.  Vie,  vm.  Vos  larmes  sont-elles  des-jà  essuiées? 

ID.  Hist.  m,  188 Jusques  à  ce  que  les  rayons  du 

soleil  eussent  essuyé  l'aigail  de  la  fraîche  rosée, 
yver,  p.  623. 

—  ÉTYM.  Berry,  essuger,  et  au  participe  cssuj, 
essuite,  essuyé,  essuyée  ;  bourguig.  à  Vessôtle,  i 
l'abri;  provenç.  eisugar,  essugar,  echucar,  issugar; 
espagn.  enjugar;  portug.  enxugar  ;  ital.  asciugare; 
du  latin  exsuccare,  ôter  le  suc,  l'humidité;  de  ex, 
et  succus  (voy.  suc).  D'après  Scheler,  essuyer  au  sens 
de  supporter  est  un  tout  autre  mot  et  vient  de  :xse- 
qui,  qui,  entre  autres,  signifie  en  effet  supporter: 
exsequi  œrumnas;  mais  sequi  a  donné  plusieurs 
formes  dans  le  français,  et  aucune  n'est  sut'er.  Il  faut 
donc  ne  pas  séparer  ce  mot  en  deux;  en  effet,  dans 
cet  exemple  de  Mme  de  Maintenon,  «Elle  a  es- 
suyé toutes  mes  humeurs,  toutes  mes  lassitudes,  » 
par  rapport  à  Mme]  de  Maintenon  qui  parle,  elle 
les  a  enlevées;  essuyer  est  ici  au  sens  du  n"  1  ;  par 
rapport  à  elle-même,  elle  les  a  reçues,  elle  s'en  est 
chargée,  elle  en  a  souffert,  c'est  le  sens  du  n"  4.  U 
n'y  a  là  qu'un  changement  de  rapport,  assez  com- 
mun chez  nous,  par  exemple  saistr,  dans  saisir 
une  chose  et  le  mort  saisit  le  vif. 

+  ESSUYEUR,  EUSE  (ê-sui-eur,  eû-z'),  s.  r.i.  et 
f.  Il  1°  Celui,  celle  qu'on  emploie  à  essuyer.  Un  es- 
suyeur  d'assiettes.  Une  essuyeuse  de  vaisselle. 
Il  2°  S.  m.  Racloir  du  cylindre  gravé  qu'on  appelle 
docteur,  dans  les  fabriques  de  toiles  imprimées. 

—  ÉTYM.  Essuyer. 

EST  (est'),  s.  m.  Il  1°  Celui  des  quatre  points  car- 
dinaux qui  est  du  côté  du  soleil  levant.  L'est  est  op- 
posé à  l'ouest.  Le  vent  tournait  à  l'est.  ||  Par  exten- 
sion, la  partie  du  ciel,  de  la  terre,  d'une  contrée, 
qui  est  du  côté  de  l'est.  Un  vent  d'est.  Chemin  de 
fer  de  l'est.  Strasbourg  est  à  l'est  de  Paris.  ||  2°  Adj. 
Longitude  est. 

—  REM.  1.  L's  et  le  t  sont  nuls  dans  la  pronon- 
ciation, lorsque  ce  mot  termine  le  nom  d'une  aire 
de  vent;  ainsi  sud-est,  nord-est,  etc.  se  pronon- 
cent su-è,  nor-dè,  etc.  que  ces  expressions  soient 
ou  ne  soient  pas  précédées  du  nom  d'une  autre  aire 
de  vent,  leooabant.  Cette  prononciation  est  la  pro- 
nonciation constante  des  marins;  mais  dans  l'inté- 
rieur, et  particuhèrement  à  Paris,  on  fait  sentir  i.» 
et  le  t.  Il  2.  Les  dictionnaires  de  marine  ne  disent 
rien  sur  est ,  employé  pour  vent  d'est  ;  et  dans 
l'exemple  de  l'Académie  :  «  Il  y  a  quatre  vents 
principaux  :  l'est,  le  nord,  le  sud  et  l'ouest,  »  on 
doit  voir  une  ellipse  aussi  bien  que  le  désir  de  ne 
pas  répéter  quatre  fois  le  mot  vent;  mais  il  serait  fâ- 
cheux qu'on  pût  en  déduire  la  bonté  des  expres- 
sions :  U  nous  faudrait  un  nord,  un  est,  etc.   au 


1502 


EST 


,U„  d'un  «ni-"'"'"'.  """""'''"• ''""°'""" 
rî^ror'r/.Srérùel  .empU  ki  fud  dévora 

'•.'^,î°"»So^«"m.niqu«:  allem.  0««;  anglais, 

'"irACADE  (A..U-k.-d'),  ».  r-  Nom  donné  à  plu- 
d.u«  «roMM  el  longues  pièce.  d«  bo.s  garnies  de 
Sî  e»  d.  cU»Ine.  qu'on  met  à  l'entrée  d'un  port, 
d.n.  un  chenal,  pour  le»  fermer.  Les  ennemis  s  em- 
„rèr.n«  des  foru  qu'on  avait  faiu  à  Vigo  et  des 
baiwriei  qui  en  défendaient  l'entrée,  forcèrent  1  es- 
uu!,d.  qu'on  y  avait  faite,  st-aw.  (oo.  ni  ||  Terme 
de  marine.  Remplissage  en  boii  qu  on  place  dans 
IH  mailles  de  la  carcasse  d'un  vaisseau  ou  dans  les 
intervalles  qui  séparent  le»  couple». 

_  iiiST.  xvi*  ».  11  fallut  armer  le  pont  d  une  liai- 
«on  de  ma»l»  de  navire,  dcfîendus  encore  de  plu- 
sieurs paux  que  les  Italien»  appellent  stechi,  et  de 
\k  cette  ceinture  fut  apelée  siechata;  et  non  pas 
l'eHtocquade  qu'ont  escrit  les  Flamens,  par  le  mesme 

erreur  qui  a  fait  donner  ce  nom  aux  duels celte 

machine  a))',  .''aiser  le  pont  et  la  stecade,  ne  se 
contenta  pli»  de  mettre  tout  en  pièces...  d'aub.  Ilist. 
Il,  481.  Ce  sont  d',«  ennemis  très  puissans,  contre 
I<).iquel»  ayant  à  s'attacher,  il  ne  faudroit  (ainsi 
qu'on  dit)  rien  oublier  au  logis;  ains  faire  comme 
ceux  qui  doivent  entrer  en  estacade  [en  champ 
elos],  qui  auparavant  regardent  d'acroislre  leur  vi- 
gueur et  disposition,  accomoder  leurs  armes  défen- 
sives et  rendre  bien  tranchantes  les  offensives,  afin 
de  vaincre  ou  mourir  bravement,  i.arouk,  400.  En 
combattant  en  estacade   [en  duel],  mont,  m,  206. 

—  RTYM.  Ital.  iteccala,  de  tieccare,  palissader, 
de  tiecca  ou  ilecco,  morceau  de  bois;  du  flamand 
ilikke,  petit  morceau  de  bois;  allem.  Stecken.  Le 
mot  devrait  être  estecade,  comme  il  fut  d'abord; 
mais  il  fut  transformé  en  estacade  par  l'inlluence 
du  mot  tMlacht  ou  estaque,  tiès-usilé  jadis.  L'es- 
pagn.  et  leprovenç.  eslaca,  et  l'ital.  staca  sont  d'o- 
rigine germanique  aussi  :  ano.  haut-allem.  slaca; 
flamand,  itake ;  angl.  ilake,  bâton.  La  faute  d'ej- 
ieeade  pour  estacadt  signalée  par  d'Aubigné  se 
trouve  dans  l'exemple  suivant  :  Comme  deux  braves 
combattans  en  une  estocade,  après  qu'ils  ont  bien 
ftiit  leur  devoir,  viennent  à  estre  séparez  par  les 
juge»  et  mareschaux  de  camps....  bbant.  Cap.  es- 
tranq.  t.  I,  p.  75,  dans  lacuhne. 

t  ÉSTADOO  (f!-sta-dou) ,  ».  m.  Scie  k  deux  lames 
très-fines  qui  sert  à  former  les  dents  des  peignes. 

ESTAFETTE  (è-sta-fè-t') ,  ».  f.  Courrier  qui  porte 
la  paquet  d'une  poste  à  l'autre.  Faire  parvenir  un 
avi»  par  estafette.  ||  Titre  de  certains  journaux. 

—  ÉTTM.  Ital.  staffefla,  au  propre  petit  étrier, 
et,  par  extension,  courrier;  de  slaffa,  étrier,  qui 
vient  du  germanique  :  anc.  haut-allem.  itaph,  sta- 
jtho,  pas;   allem.  Staffel,  marche,  gradin   (comp. 

ÉTAPE). 

ESTAFIEU  (è-sta-fié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, 1'»  se  lie  :  des  è-sta-fié-z  armés),  ».  m.  ||  !•  En 
Italie,  domestique  armé  et  portant  manteau.  Ce 
cardinal  a  tant  d'estafiers.  ||  S*  En  français,  laquais 
de  haute  taille.  Ayant  k  ses  étriers  comme  doux  es- 
tafiers  La  Rancune  d'un  côté  et  L'Olive  de  l'autre, 
SCARHON,  nom.  com.  II,  7.  Maint  estafier  accourt: 
on  vous  happe  notre  homme,  On  vous  l'échiné,  on 
vous  l'assomme,  la  font.  Fabl.  xii,  ta.  Il  [un 
grand]  s'enivre  de  meilleur  vin  que  l'homme  du 
peuple:  seule  différence  que  la  crapule  laisse  entre 
les  conditions  les  plus  disproportionnées,  entre  le 
seigneur  et  l'eslafier,  la  brut.  ix.  Je  lui  réponds 
bien  que  je  ne  ferai  pas  longtemps  le  personnage 
d'estafier  auprès  de  sa  personne,  hamilt.  Gramm. 
4.  Il  y  avait  derrière  elle  deux  suivantes  et  un  esta- 
fier  qui  me  confirmait  dans  l'opinion  que  j'avais 
qu'elle  ne  pouvait  être  qu'une  dame  de  condition, 
LESAOE,  Ciitm.  d'Àlf.  VI,  3.  Il  Aujourd'hui,  peu  usiié 
en  ce  sens,  et  d'ailleurs  pris  en  mauvaise  part. 
Il  S*  Souteneur  de  mauvais  lieux. 

—  msT.  xvi«  s.  Les  estaffiers  qui  font  marcher 
res  misérables  [captifs]  sont  Cachât,  la  Bastide,  etc. 
n'AOB.  Fan.  iv,  U.  Tuants  tout  ce  qui  le  suivoit, 
San»  e»pargner  les  stafflers,  que  l'on  appelle  en 
iio»tre  tangue  lacqueti  [il  s'agit  d'Espagnols],  cab- 
wa,  ▼,  »ï.  Estaéer  de  St  Martin  [le  diable],  ou- 

—  trm.  lui.  ttafUere,  de  ttaffa,  étrier  (voy. 
muiTW).  h'etlaHer  on  avait  tiré  eslafe  qui  sigiii- 
n«tt  nn  coup  donné  par  «n  etUtlifr.  et  un  droit 
pty»  »  un  ataier;  c'est  pent-èiru  do  là  que  tstaficT 
t  prt»  le  leni  de  souteneur  de  fille» 

RmnLADR  (ëMita.fl.laKl'),  ,.  ,'.  Grande  coù- 
pur«.  n  a  riçu  une  MUfllade  sur  le  nez.  Il  y  a  une 


EST 

estafilade  k  voire  manteau.  ||  Fig.  Alboroni  mena- 
çait la  maison  Albani  d'une  estafilade  que  le  roi 
d'Espagne  pourrait  aisément  lui  donner,  »i-sim. 

603,   94. 

—  ËTYM.  Ital.  ilaf/ilata,  coup  d'étriviire»,  de 
staffile,  étrivière,  de  itajfa,  étrier  (voy.  esta- 
fette). 

ESTAntADÉ,  ÉE  (è-sta-fi-la-dé,  dée),  port. 
passé.  Le  visage  estafilade. 

ESTAFILAUER  (è-sta-fi-Ia-dé),  V.  o.  Faire,  don- 
ner une  estafilade. 

—  iitST.  XVI'  s.  Estafilader,  otJDiN,  Dict. 

—  ÉTVM.  Estafilade. 

f  ESTAGNON  (é-sta-gnon) ,  ».  m.  Sorte  de  bou- 
teille en  cuivre  étamé,  usitée  dans  le  midi  de  la 
France  et  dans  laquelle  on  met  de  l'eau  de  fleur 
d'orange,  de  l'huile,  etc. 

—  ÉT'YH.  Lat.  ttannum,  étain,  k  cause  de  l'éla- 
mage. 

t  ESTAIM,  ».  m.  Voy.  «TAïu. 

j  ESTAIN  (6-Btin),  ».  m.  Terme  de  marine.  Nom 
de  deux  pièces  de  bois  formées  en  portion  de  cercle, 
pour  faire  le  rond  de  l'arrière  d'un  vaisseau  et  sur 
lesquelles  on  cloue  les  extrémité»  des  bordages  tant 
des  flanc»  que  de  l'arrière. 

ESTAHE  (è-sta-m'),  s.  f.  Laine  tricotée  avec  des 
aiguilles,  dont  on  fait  des  bas  et  d'autres  pièces 
d'habillement.  Camisole  d'estame.  Et  deux  paires 
de  bas  d'estame  De  la  main  d'Hécuba  sa  femme, 
ECARR.  Virg.  vil. 

—  HIST.  xiii's.  X  Paris  [.j']  emportoie  chaume, 
busche  et  eslain  ,  Berte  ,  lïxiii.  ||  xiv*  s.  Esthame, 
DU  CANOË,  stannum.  \\  xvi"  s.  Depuis  que  les  bas  de 
soye,  ras  de  Millan,  et  d'estame,  ont  eu  la  vogue  et 
le  cours  en  ce  royaume,  carloix,  iv,  27. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  catal.  eilam  ;  espagn.  estam- 
bre;  ital.  tfamc;  du  latin  stnmen,  fil  de  la  que- 
nouille, grec,  (nriiiMv,  fli,  de  CTtiu,  être  debout, 
fixé;  latin,  stare  (voy.  stable). 

ESTAMET  (è-sta-mè),  ».  m.  Petite  étoffe  de  laine. 
On  dit  aussi  estamette. 

—  HIST.  XVI"  s.  Pour  ses  chausses  furent  levées 
unze  cents  cinq  aulnes  et  un  tiers  d'estamet  blanc, 
RAB.  Garg.  i,  8. 

—  ÊTYM.  Diminutif  d'estame. 

t  E.STAMETTE  (è-sla-mèf) ,  ».  f.  Voy.  esiamet. 

ESTAMINET  (è-sta-mi-nè;  le  t  ne  se  lie  pas;  au 
pluriel  l's  se  lie  :  des è-sta-mi-nè-z achalandés;  esta- 
minets rime  avec  traits,  succès,  etc.) ,  s.  m.  Café  où 
l'on  fume.  ||  La  salle  particulière  où  l'on  fume  dans 
un  café.  ||  Fig.  Ton,  langage  d'estaminet,  ton, 
langage  .sans  gêne.  Pilier  d'estaminet,  fainéant  qui 
passe  la  journée  à  fumer  et  à  boire. 

—  ÉTYM.  WalloB,  staminet.  Origine  inconnue. 
On  peut  songer  à  estaminet ,  dérivé  d'^tamme , 
sorte  d'étoffe  (voy.  ce  mot)  ,  et  supposer  que  les 
tables  étaient  couvertes  A'étamine  ;  c'est  ainsi  que 
bureau,  étoffe,  a  donné  son  nom  à  bureau,  table 
ou  lieu  où  l'on  travaille.  Scheler  conjecture  le  fla- 
mand Jlrom,  fatigué  par  le  travail;  ce  serait  le 
lieu  où  l'on  se  délasse;  mais  ni  le  sens  ni  la  forme 
niî  sont  favorables  k  celte  opinion.  On  ne  sait  où 
Bescherelle  a  pris  ce  qu'il  dit,  que  estaminet  vient 
du  fl.amand  ilamenay,  dérivé  de  stamm,  souche, 
famille,  et  qu'on  a  nommé  stamme  des  assemblées  de 
famille  où  l'on  buvait  et  fumait.  Quant  à  l'espagnol 
eslamento,  assemblée  d'états,  il  n'a  rien  k  faire  ici. 

t  ESTAMPAGE  (è-stan-pa-j') ,  ».  m.  ||  l"  Action  d'es- 
tamper. Prendre  l'estampage  d'un  monument  épi- 
graphique.  Il  i"  Action  d'imprimer  des  ornements 
dans  les  pâtes  céramiques  encore  molles.  ||  3°  Terme 
de  coutellerie.  Opération  par  laquelle  on  donne  la 
forme  convenable  k  des  pièces  de  tôle,  d'acier  fondu 
découpées  k  l'emporte-pièce. 

—  ÊTYM.  Estamper. 

ESTAMPE  (è-stan-p"),  s.  f.  ||  f  Image  imprimée 
par  le  moyen  d'une  planche  gravée.  Le  cabinet  des 
estampes.  Je  ne  doute  pas  que  le  vulgaire  des 
peintres  ne  dise  que  l'on  change  de  manière,  si 
tant  soit  peu  l'on  sort  du  ton  ordinaire;  car  la 
pauvre  peinture  est  réduite  k  l'estampe,  poussiij, 
Lett.  7  avril  1647.  J'ai  tout  Callot,  hormis  une  seule, 
qui  n'est  pas,  k  la  vérité,  de  ses  bons  ouvrages;  au 
contraire,  c'est  un  des  moindre»,  mais  qui  m'achè- 
verait Callot;  je  travaille  depuis  vingt  ans  à  recou- 
vrer cette  estampe,  la  brut.  xiu.  ||  Ï*  Terme  de 
maréchalerie.  Outil  servant  k  estamper.  ||  3*  Terme 
do  raffinerie.  Mastic  dont  on  garnit  le  fond  d'une 
forme.  ||  4' Terme  de  serrurerie.  Outil  pour  river  les 
boutons.  Il  B-  Terme  d'orfèvrerie.  Plaque  de  fer  gra- 
vée en  creux,  sur  laquelle  on  frappe  la  feuille  d'or 
ou  d'argent  dont  on  veut  former  ou  couvrir  un  or- 
nement quelconque  j 


EST 

—  HIST.  XIV*  S.  Pour  avoir  taillié  et  féru  en  es- 
tampe grans  quantité  de  très  petit*  bacin»,  de  la- 
BOKDE,  Émaux,  p.  307. 

—  ÉTYM.  liai,  stampa  (voy.  estamper). 
ESTAMPÉ,  ÉE  (è-slan-pé,  pée),  part,  patte.  Du 

cuir  estampé. 

ESTAMPER  (è-stan-pé) ,  V.  a.  ||  i*  Terme  d'aris. 
Faire  une  empreinte  avec  une  matrice  gravée.  On  es- 
tampe la  monnaie  avec  le  balancier.  ||  2°  Terme  de  ma- 
réchalerie. Estamper  un  fer  de  cheval,  voy.  étamper. 
Il  8°  Terme  de  raffinerie.  Mastiquer  une  poignée  de 
sucre  dans  le  fond  d'une  forme.  ||  4"  Terme  d'orfè- 
vrerie. Faire  le  cuiUeron  d'une  cuiller;  former  le* 
contours  d'une  boite  ou  d'un  ornement  quelconque. 
Il  6'  Terme  de  potier.  Imprimer  dans  un  creux  un» 
pièce  de  poterie.  ||  6°  Dans  les  colonies,  estamper 
un  nègre,  le  marquer  avec  un  fer  chaud  pour  re- 
connaître k  qui  il  appartient.  ||  7°  Terme  de  chapel- 
lerie. Passer  k  plat  sur  le  bord  d'un  chapeau  l'outil 
appelé  la  pitce. 

—  HIST.  xvi"  s.  Sur  une  demoiselle  nolivellement 
estampée  [dont  on  a  fait  l'estampage,  le  portrait], 
DES  ACCORDS,  Bigart.  !'  t73,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Norm.  estamper,  broyer;  provenç.  e«- 
(nmpi'r,  résonner,  retez-tir;  espagn.  et  portug.  ««- 
tampar;  ital.  stampare;  du  germanique  :  anc.  haut 
allem.  stamfdn,  frapper  du  pied;  allera.  »(amp^en. 
Dans  l'ancienne  langue  on  trouve  estamper  avec  le 
sens  de  demeurer  en  place  (froiss.  ji,  ii,  4*4),  de 
frapper  du  pied  (Perceforest ,  1. 1 ,  f"  63). 

t  ESTAMPEUR  (ê-sUn-peur),  ».  m.  \\  l'  Pilon  pour 
estamper  les  formes  k  sucre.  ||  i°  Orfèvre,  bijoutier 
qui  estampe.  ||  3°  Adj.  Les  balanciers  estampeur», 
dans  les  ateliers  monétaires. 

t  ESTAMPILLAGE  (è-8tan-pi-lla-j'.  Il  mouillée», 
et  non  ë-stan-pi-ya-j'),  ».  m.  Action  d'estampiller, 

ESTAMPILLE  (è-stan-pi-U' ;  U  mouillées,  et  non 
è-stan-pi-ye),  ».  f.  \\  i°  Empreinte  appliquée  sur  de* 
lettres,  brevets,  diplômes,  etc.  pour  en  constater 
l'authenticité.  La  Roche  suivit  le  roi  d'Espagne,  fui 
son  premier  valet  de  chambre  et  eut  son  estampille 
[sceau  d'acier  sur  lequel  est  gravée  la  signature  du 
roi]  ïSansjusqu'ksamort,  st-sim.  8B,  <tB.  ||  i°  Mar- 
que attestant  la  provenance  de  certaines  marchan- 
dises. Il  8»  Marque  apposée  k  des  livre»  pour  indiquer 
la  bibliothèque  k  laquelle  ils  appartiennent ,  et 
aussi  pour  leur  permettre  de  circuler.  Estampille 
du  colportage.  ||  4"  Instrument  avec  lequel  on  fait 
les  estampilles.  Par  condescendance  pour  la  déli- 
catesse timorée  du  roi,  il  fut  ordonné  qu'en  cas  de 
refus  de  sa  part ,  on  suppléerait  k  sa  signature 
par  une  estampille  qui  l'imiterait,  conduxac,  Etud. 
hist.  II,  <. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'e»(ampe. 

ESTAMPILLÉ,  ÊE  (è-»tan-pi-llé,  liée,  21  mouil- 
lées, et  non  è-stan-pi-yé,  yée),  part,  passé.  De» 
livres  estampillés. 

—  ÉTYM.  Estampille. 

ESTAMPILLER  (è-stan-pi-!Ié,  H  mouillées,  et  non 
è-stan-pi-yé),  V.  a.  Marquer  d'une  estampille.  Les 
fabricants  estampillent  leurs  produits.  ||  Terme  de 
papetier.  Marquer  le  papier  d'une  certaine  marque. 
Chaque  manufacture  estampille  différemment. 

—  ÉTYM.  Estampille. 

t  ESTAMPOIR,  ESTAMPURE,  VOy.  ÉTAMPOIR, 
étampure. 

t  ESTANCE  (è-stan-s') ,  ».  f.  Terme  de  marine 
Piliers  posés  le  long  des  hiloires  pour  soutenir  le* 
barotins  ou  petits  barots.||  Estance  k  taquets,  échelle 
de  fond  de  cale,  avec  une  corde  k  côté,  k  laquelle 
on  donne  le  nom  de  tire-vieille. 

t  ESTANCIA  (è-stan-si-a)  et,  quelquefois,  EffTAff- 
CIE  (è-stan-sie),  ».  f.  Établissement  rural  pour  l'édu- 
cation et  la  conservation  des  bestiaux  dans  l'Amé- 
rique du  Sud. 

—  ÉTYM.  Espagn.  es^anet'o,  établissement,  de 
estar,  être  fixé  (voy.  ester)  ;  provenç.  cstan%a,  for- 
tune, avoir;  anc.  franc,  estance,  situation. 

t  ESTANT  (è-stan) ,  voy.  en  estant. 
t  ESTAQUET  (è-sta-kè) ,  ».  m.  Terme  de  pèche. 
Attache  qui  sert  k  lier  des  parties  de  filets. 

—  ÉTYM.  L'ancien  français  e»(aehe  ou  etiaqu* 
(voy.  estacade). 

t  ESTASE  (è-sta-z') ,  ».  f.  Nom  de  deux  pièce»  de 
bols  qui  fixent  les  quatre  pieds  d'un  métier  d'étofTet 
de  soie.  ||  Traverse  d'en  haut  du  métier  de  velour*. 

t  ESTAU  (è-slô),».  m.  Terme  de  mines.  Massif  qui 
sépare,  dans  les  galeries  ouverte»  k  différentes  hau* 
leurs  dans  le  sein  du  gîte,  deux  étages  superpoaée. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  étau. 

t  ESTEAU  (é-stô),  t.  m.  Outil  des  ébéniitee,  dit 
aussi  àne. 
fESTElLLES  (è-stè-U',  K  mouillées),  t.  f.  plur. 


EST 

Terme  de  milallurgie.  Coins  de  bois  qui  assujeltis- 
•ent  le  marteau. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  l'ano.  franc,  attelé,  pièce 
de  bois  (voy.  attelle). 

-{•  ESTELAIRE  (è-Bte-lê-r'),  adj.  Terme  de  chasse. 
Cerf  estelaire ,  cerf  appriTOisé  qui,  enroyé  dans  les 
bois,  sert  à  en  ramener  d'autres. 

t  ESTELIN  (à-ste-lin),  i.  m.  Ancien  poids.  L'es- 
telin  contient  as  grains  4/5  ;  la  maille  contient 
1 1  grains  2/6  ;  le  félin  contient  7  grains  t/i , 
Édits,  etc.  sur  les  monnaies,  t.  vi,  f"  f84. 

-»  ÉTYM.  Voy.  STERLING. 

t  ESTÈQUE  (è-stè-k'),  s.  f.  Outil  de  bois  dont  le 
potier  de  terre  se  sert  pour  terminer  ses  ébauches. 

—  ÉTYM.  AU.  Stecfcen ,  bMon. 

ESTER  (è-sté) ,  V.  n.  Terme  de  palais.  Usité  seu- 
i        lement  à  l'infinitif  dans  cette  phrase:  ester  en  juge- 
ment, poursuivre  une  action  en  justice  ou  défendre 
•        à  cette  action,  c'est-à-dire  se  présenter  en  justice 
I        soit  comme   demandeur,   soit  comme  défendeur, 
ce  que  ne  peuvent  faire  plusieurs  sortes  de  person- 
nes qui  n'ont  pas  qualité  pour  cela,  La  femme  ne 
peut  ester  en  jugement  sans  l'autorisation  de  son 
mari,  CodeHap.  art.  aïs.  ||  Ester  à  droit,  compa- 
raître, se  présenter  devant  le  juge  sur  l'assignation 
qu'on  a  reçue;  expression  de  l'ancienno  jurispru- 
dence qui  ne  s'appliquait  qu'au  droit  criminel.  Il 
fallait  venir  ester  à  droit  soi-même,  à  moins  d'une 
dispense  expresse  du  roi,  volt.  Mœurs,  85. 

—  HIST.  XI'  s.  Au  camp  [champ]  estez,  que  ne 
seions  vaincuz,  Ch.  de  Roi.  lxxx.  ||  xu«  s.  Lors  se 
repasme,  ne  peut  en  piez  ester,  Ronc.  p.  <7l.  Lais- 
sez ester  vostre  ire,  qui  vient  de  mauvais  art,  Sax. 
5tix.  Il  xm"  s.  Il  tient  de  moi  qui  sui  sa  dame,  Trois 
forces  que  de  cors,  que  d'ame;  Car  bien  puis  dire, 
sans  mentir  :  Jet  fais  ester ,  vivre  et  sentir ,  la  Rose, 
19238.  Le  pays  où  on  est  estans  et  demorans,  beaum. 
t4.  Il  xvi*  s.  Et  pour  en  jugement  (auquel  ils  sont 
déferez  et  accusez  de  ne  vouloir  ester)  y  faire  ap- 
peler les   détenteurs  et  occupateurs  d'iceux  leurs 

droits,    M.  DU  BELL.  3t2. 

—  ÉTYM.  Provenç.  •esfar,  istar,  star  ;  espagn.  et 
portug.  estar;  ital.  «lare;  du  lalinstare,  être  debout; 
grec,  (TT?ivai;  sanscrit,  s(ha;  comp.  l'allem.  stelten. 

1.  ESTËRE  (è-slè-r'),  s.  f.  Natte  de  jonc.  Estères 
ou  nattes  de  jonc,  le  <00  pesant  3  livres,  Tarif, 
18  sept.  1604. 

—  ÉTYM.  Espagn.  estera,  natte,  esterar,  natter; 
portug.  esteira;  ital.  sloja;  du  latin  storea,  natte. 

t  2.  ESTÈRE  ou  ESTERRE  (è-stê-r') ,  s.  f.  Terme 
de  marine.  Crique  cachée  entre  deux  mornes  sur 
les  côtes  de  l'Amérique  et  servant  de  refuge  aux  ca- 
boteurs. X  l'égard  de  celles  [cargaisons]  qui  sont 
moindres  et  dont  les  barques  anglaises,  hollandai- 
ses, françaises  et  danoises  sont  ordinairement  char- 
gées, on  les  porte  dans  les  estères,  c'est-à-dire  aux 
lieux  d'embarquements  ou  embarcadères  qui  sont 
éloignés  des  villes  ou  aux  embouchures  des  rivières, 
LABAT,  Voyages,  t.  vir,  p.  224,  <742. 

ISTERLIN  (è-stèr-lin) ,  s.  m.  Nom  d'une  an- 
cienne monnaie. 

—  HIST.  x:ii'  s.  Nul  orfèvre  ne  peut  ouvrer  à  Paris 
d'ar(;2nt,  que  il  ne  soit  aussi  bon  comme  esterlins 
ou  meilleur,  delaborde.  Émaux,  p.  307.  ||  xv'  s. 
Et  firent  ces  vins  là  ravaller  les  vins  quatre  deniers 
esterlins  au  galon,  froiss.  ii,  ni,  64. 

—  ÉTYM.  Voy.  STEBLIHG. 

fESTERNEAU  (è-stèr-nô),  S.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  de  l'étourneau. 

t  ESTEROTE  (è-ste-ro-f),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Espèce  de  tramait  qui  sert  à  prendre  des  soles,  des 
turbots,  etc. 

t  ESTERRE,  s.  f.  Voy.  ESTÈRE. 

ESTEURLE,  s.  f.  Voy.  éteuble. 

t  ESTECF  (é-teu),  ».  m.  Ancienne  orthographe 
d'éteuf.  Mais  bah  I  vous  voulez  être  un  gaillard  po- 
pulaire. Adoré  des  bourgeois  et  des  marchands 
d'esteufs,  v.  hugo,  Ruy-Blas,  m,  6. 

f  ESTHÉSODIQCE  (  è-stè-zo-di-k' ) ,  adj.  Terme 
d'analomie  et  de  physiologie.  Qui  transmet  la  sen- 
sation. Tubes  esthésodiques,  tubes  nerveux  de  la 
substance  grise  servant ,  sans  être  sensibles ,  de 
conducteurs  des  impressions. 

—  ÉTYM.  Aîa6T|ui;,  sensation,  et  éôèç,  voie. 

(.ESTHÉTIQUE  (è-sté-ti-k'),  s.  f.  Science  qui  dé- 
termine le  caractère  du  beau  dans  les  productions 
de  la  nature  et  de  l'art;  philosophie  des  beaui-arts. 
Traité  d'esthétique. 

-  ÉTYM.  AldOiriTixè;,  de  alaSdivEiOai,  sentir.  Es- 
thétique a  été  créé  par  l'Allemand  Baumgarten, 
disciple  de  Wolf,  qui  nomma  arinsi  cette  science  parce 
qu'il  considéra  l'idée  du  beau  comme  nne  peroep- 
lion  Confuse  ou  un  sentiment. 


I-ST 

a.  KSTHÉTIQDK  (è-sté-ti-k'),  adj.  Se  dit  de  ce 
qui  se  rapporte  au  sentiment  du  beau.  Impression, 
appréciation  esthétique.  ||  Jugement  esthétique,  se 
dit,  dans  le  système  de  Kant,  du  jugement  lors- 
qu'il considère  les  formes  des  choses  de  manière  à 
en  tirer  un  sentiment  de  plaisir. 

fESTHIOMÈNE  (  è-sti-0-mè-n' ) ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Qui  ronge,  qui  corrode,  en  parlant  de 
certaines  ulcérations.  ||  S.  m.  Un  esthiomène.    . 

—  ÉTYM.  "EoSiéiievo; ,  rongeant ,  de  èoSîeiv , 
manger. 

t  ESTICEUX  (è-sti-seû) ,  t.  m.  Sorte  de  machine 
à  l'usage  des  tireurs  d'or. 

f  ESTIER  (è-stié),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Conduit 
de  communication  entre  un  lac  et  une  rivière,  entre 
un  marais  et  la  mer. 

—  HIST.  xvi*  s.  Pons  ou  fossez,  dits  vulgairement 
estez,  Coust.  génér.  t.  ii,  p.  7)7. 

—  ÉTYM.  Serait-ce  une  forme  d'estuaire  P  Ce 
semble  le  même  que  estère  2. 

t  ESTILLE,  s.  f.  voy.  étille. 

ESTIMABLE  (è-sti-ma-bl'),  ad;'.  ||  1°  Qui  mérite 
d'être  estimé.  Ses  bonnes  qualités  auraient  été 
d'une  grande  ressource  à  la  France  à  la  mort  de 
Louis  XIV,  dont  il  était  plus  estimé  qu'aimé,  parce 
qu'en  effet  il  était  plus  estimable  qu'aimable,  m-"' 
DE  CATLUS,  Souvenirs,  p.  260,  dans  pougens.  Un 
estimable  objet  formé  de  votre  sang,  volt.  Tancr. 
I,  2.  Laissez-le  s'estimer  pour  qu'il  soit  estimable, 
DELILLE,  Hom.  des  champs,  1. 1|  Il  se  dit  aussi  des 
choses.  Ils  [les  philosophes  anciens]  élèvent  fort 
hast  les  vertus,  et  les  font  paraître  estimables  par- 
dessus toutes  les  choses  qui  sont  au  monde,  desc. 
Mélh.  I,  10.  Vous  êtes  pauvre;  vous  avez  les  biens 
les  plus  estimables,  et  vous  manquez  de  ceux  qu'on 
estime  le  plus,  J.  J.  nouss.  Ém.  v.  jj  2""  Qui  a  des 
qualités  solides  mais  non  brillantes.  Un  auteur,  un 
livre  estimable.  Un  travail  estimable. 

—  HIST.  XIV*  s.  Si  par  fortune  non  estimable  [im- 
possible à  prévoir]  estoit  perdu,  bouiill.  Somme 
rural,  p.  372,  dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  estimable;  port. 
estimavel  ;  Ital.  stimabile  ;  du  Iditin  asstimabilis, 
(i'xstimare ,  estimer. 

ESTIMATEUR  (è-sti-ma-teur) ,  s.  m.  ||  i'  Celui  qui 
estime,  qui  apprécie.  Le  monde,  injuste  estimateur 
des  choses  du  ciel,  mass.  Car.  Resp.  hum.  Il  [Jé- 
sus-Christ] voudrait  que  tous  les  hommes  la  regar- 
dassent [la  pécheresse]  des  mêmes  yeux  que  lui; 
que  tous  les  hommes  fussent  des  estimateurs  aussi 
justes  que  lui  de  son  amour  et  de  ses  larmes,  m. 
Car.  Pécheresse.  Quintilien,  estimateur  non  moins 
éclairé  qu'équitable,  bolun.  Traité  des  Et.  iv,  ). 
Juste  estimateur  du  mérite,  Louis  XIV  connaissait 
trop  parfaitement  celui  de  l'abbé  dePolignac...  mai- 
RAN,  Éloges,  card.  de  Folignac.  ||  2°  Celui  qu'on 
charge  d'estimer  la  valeur,  le  prix  de  certaines 
choses.  Prendre  un  estimateur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Dieu  sera  juste  estimateur  de 
nostre  différent,  rab.  Garg.  i,  46.  La  difformité 
corporelle,  vice  constant,  inamendable,  et,  selon 
nous,  grands  estimateurs  de  la  beauté,  d'important 
préjudice,  mont,  u,  86. 

—  ÉTYM.  Lat.  xstimalorem,  à'œstimare,  estimer. 
ESTIMATIF,  IVE    (è-sti-ma-tif,   ti-v'),  adj.  Qui 

a  pour  objet  une  estimation.  État,  devis  esti- 
matif. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ou  quel  [le  2*  ventricule  du  cer- 
veau] est  la  vertu  resonable  estimative  qui  juge  et 
devise  et  ordenne  les  choses,  ii.  de  mondeville, 
f"  16.  Il  xvi*  s.  En  l'homme  l'entendement  est  le 
souverain,  qui  a  soubs  soy  une  puissance  estimative 
et  Imaginative  comme  un  magistrat,  charron.  Sa- 
gesse, 1,19. 

—  ÉTYM.  Estimer;  provenç.  estimatiu. 
ESTIMATION    { è-sti-ma-sion  ;    en  vers  ,  de  cinq 

syllabes),».^.  ||  1°  Action  d'évaluer ,  d'apprécier. 
Suivant  l'estimation  qui  en  sera  faite  par  des  ex- 
perts  Mettre    le  prix   et  l'estimation  à  chaque 

chose,  BALz.  7'  dise,  sur  la  cour.  Il  faut  [pour  être 
autorisé  à  tuer]  que  la  chose  soit  de  grand  prix  au 
jugement  d'un  homme  prudent;  ce  n'est  rien  dire, 
mon  père;  où  ira-t-on  chercher  un  homme  prudent 
pour  faire  cette  estimation?  pasc.  Prov.  7.  ||  Appré- 
ciation qu'on  fait  en  mer  du  chemin  parcouru,  de 
la  position  du  navire,  etc.  Ignore-t-on  l'imperfec- 
tion des  méthodes  par  lesquelles  on  mesure  le  che- 
min qu'a  fait  un  vaisseau,  et  on  juge  du  lieu  où  il 
est;  et  les  estimations  nautiques  ne  sont-elles  pas 
sujettes  à  bien  des  erreurs?  condil.  Art  de  rais,  v, 
8.  Aujourd'hui  on  dit  plutôt  estime.  |j  2°  Jugement 
par  lequel  on  attache  du  prix.  Dans  ses  premiers 
éoi  ita .  il  s'attache  davantage  &  détruira  ce  prestige 


EST 


1503 


d'illusion  qui  nous  donne  une  admiration  stupide 
pour  les  instruments  de  nos  misères  et  à  corriger 
cette  estimation  trompeuse  qui  nous  fait  honorer 
des  talents  pernicieux,  j.  j.  bouss.  Dial.  3. 

—  HIST.  xm'  s.  Et  tel  salere  doivent  estre  paie 
par  l'estimation  du  juge,  beauh,  xxi,  34.  ||  xvi*  s. 
Se  rendre  plus  naturellement  à  la  compassion  qu'à 
l'estimation,  mont,  i,  2.  Juger  par  l'estimation  des 
forces  de  l'ennemy  que....  id.  i,  b3.  X  euli  [les 
censeurs]  appartenoit  de  faire  la  prisée  et  l'estima- 
tion des  biens  de  chaque  citoyen,  amyot,  Caton, 
82.  D'où  s'ensuit  une  estimation  desmesurée  de  soy- 
mesmes  et  uncontemnement  d'autrui,  langue,  328, 

—  ÉTYM.  Provenç.  estimatio  ;  espagn.  estimacioni 
ital.  stimafione;  du  latin  eestimatioriem  (voy,  es- 
timer). 

t  ESTIMATIVE  (è-sti-ma-ti-v'),  s.  f.  Terme  didac- 
tique. Faculté  qui  apprend  à  juger,  ï  apprécier. 
Il  Peu  usité. 

—  ÉTYM.  Estimatif. 

t  ESTIMATOIRB  (è-sti-ma-toi-ï"),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  concerne  l'estimation.  ||  Se  dit  de 
l'action  qui,  à  Rome,  avait  pour  objet  de  déter- 
miner la  nature  d'un  contrat  de  vente,  de  prêt,  etc. 

—  ÉTYM.  Lat.  «stimatorius ,  de  asstimare,  es- 
timer. 

ESTIME  (è-sti-m'),  ».  f.  ||  1*  Sentiment  qui 
attache  du  prix  à  quelqu'un  ou  à  quelque  chose. 
Nous  avons  une  si  grande  idée  de  l'âme  de  l'homme 
que  nous  ne  pouvons  souffrir  d'en  être  méprisés, 
et  de  n'être  pas  dans  l'estime  d'une  âme;  et  toute  la 
félicité  des  hommes  consiste  dans  cette  estime,  pasc. 
Pensées,  1. 1,  p.  249,  édit.  lahure.  Il  est  important 
de  se  conserver  dans  l'estime  de  son  confesseur,  m. 
Prov.  io.  Qu'un  voisin  malicieux  X  vous  ruiner 
s'apprête,  Ou  menace  votre  tète  Par  des  crimes  sup- 
posés. L'estime  a  les  bras  croisés;  Qu'il  vous  faille 
pour  ressource  Un  prompt  secours  de  .sa  bourse  Dans 
quelque  péril  urgent.  L'estime  n'a  point  d'argent, 
pellisson.  Recueil  de  pièces  galantes ,  dans  rjohblet. 
Elle  n'en  parle  pas  avec  beaucoup  d'estime,  sÉv.  44. 
Quel  spectacle  de  voir  et  d'étudier  ces  deux  hommes 
[Condé  et  Turenne],  et  d'apprendre  de  chacun  d'eux 
l'estime  que  méritait  l'autre!  boss.  Louis  de  Bour- 
bon. Tous  les  métiers  étaient  en  estime,  id.  Hist. 
m,  3.  Sait-il  en  sa  faveur  jusqu'où  va  votre  estime  7 
HAc.  Mithr.  il,  t.  Vous  devez  avoir  une  haute  es' 
lime  pour  Idoménée,  fén.  Tél.  xii.  La  véritable 
estime  est  celle  qui  est  distribuée  par  des  hommes 
dignes  d'être  estimés  eux-mêmes,  d'alemb.  Ess.sur 
la  soc.  des  g.  de  lett.  Œuvres,  t.  m,  p.  <  oa ,  dans  pou- 
gens.  L'estime  est  un  sentiment  tranquille  et  person- 
nel ,  MARMONTEL,  Fragm.  philos,  mor.  gloire.  ||  Es- 
time de  soi-même,  la  juste  opinion  de  soi  que  donne 
une  bonne  conscience.  La  source  de  toutes  ses  con- 
solations est  dans  l'estime  de  lui-même.  L'estime  de 
soi-même  est  le  plus  grand  mobile  des  âmes  fières; 
l'amour-propre  fertile  en  illusions  se  déguise  et  se 
fait  prendre  pour  cette  estime ,  J.  J.  rouss.  s*  pro- 
men.  ||  Faire  estime,  estimer,  faire  cas.  Et  faire  les 
choses  sans  art  Est  l'art  dont  ils  font  plus  d'estime, 
MALH.  VI,  to.  Vous  méprisez  trop  Rome,  et  vous 
devriez  faire  Plus  d'estime  d'un  roi  qui  vous  tient 
lieu  de  père,  corn.  Hicom.  m,  *.  Et  quelle  estime, 
mon  père,  voulez-vous  que  nous  fassions  du  pro- 
cédé irrégulier  de  Ces  gens-là?  mol.  Préc.  se.  B. 
Certes  de  Spartacus  c'est  faire  grande  estiine  Que 
d'oser  en  mon  camp  vous  commettre  à  ma  foi,  SAU- 
rin.  Spart,  m,  *.  H  Voltaire  a  critiqué  cette  locu- 
tion ;  mais  elle  est  suffisamment  justifiée  par  l'usage 
et  par  l'analogie  (comparez  faire  cas).  ||  Être  perdu 
d'estime  et  de  réputation,  passer  pour  un  homme 
sans  probité  et  sans  honneur.  ||  Etre  en  grande  es- 
time, jouir  d'une  grande  réputation.  ||  2°  Estime  au 
sens  passif,  pour  l'estime  qu'on  inspire,  bonne  ré- 
putation, gloire.  Mon  estime  ne  dépend  point  de 
vous,  VAUGEL.  Obscrv.  Ainsi  vous  me  rendrez  l'in- 
nocence et  l'estime.  Lorsque  vous  punirez  la  cause 
de  mon  crime,  cgrn.  Rodog.  n,  3.  Il  faut  le  délivrer 
du  péril  et  du  crime.  Assurer  sa  puissance  et  sauver 

son  estime,  id.  Pomp.  i,  < Pour  éviter  le  crime 

D'employer  à  te  peindre  un  pinceau  sans  estime,  id. 
Bemerc.au  roi,  en  J6«3.  La  grande  estime  que  vos 
bonnes  qualités  vous  ont  donnée  a  déjà  fait  le  coup 
le  plus  important  de  cette  affaire,  betz,  Conjur.  de 
Fiesque.  Et  qu'il  eût  mieux  valu  pour  moi  ,  pour 
mon  estime.  Suivre  les  mouvements  d'une  peur  lé- 
gitime, MOL.  Vép.  am.  m,  3.  L'estime  de  modéra- 
tion qu'il  avait  même  parmi  les  nôtres,  boss.  Réfut. 
du  cal.  de  Ferry.  Son  estime  ne  sait  que  trop  bien 
éclater;  Sa  gloire  Va  si  loin  qu'elle  est  à  redouter, 
QuiNAULT,  Bellér.  l,  ».  jj  Mettre  en  estime,  mettre  en 
réputation,  rendre  digne  d'estime.  Par  quel»  faits 


<S04  EST 

Mbtunui  N"â.-lu  mli  u  gloira  en  wUmoT  «alh 
!!j.      ^LEf  Porno  ni    ».  J'y  vois  U  hauta  estime 
nrr;  rTr.^  «pîôi..,  ./  D.  5an^,  ,.  ».  L. 
!^,„  quelque  «time  .va.t  m.»  mon  courte, 
Etf  A  V    »  Il  Voltaire  a  cntiqué  cet  emploi  d  es- 
l!m»-  aa'cri'tique,   qui  n'est  pa.  valable  contre  le 
l«i«  «iécle,  prouve  facilement  qu'au  xvm'  cet  em- 
ploi «ail  en  désuétude.  Mais,  à  présent,  rien  n'em- 
p«eha  d'utiliser  celle  acception,    qui,    du  reste, 
appartient  aussi  au  xvi*  siècle.  ||  8"  Opinion,  juge- 
ment, appréciation.  J'ai   mal  connu  César;   inais 
puisqu'en  son  estime  Un    si   rare  service   est   un 
inorme  crime....  cobn.  Portip.  iv,  *.  C'est  de  mon 
Jugement  avoir  mauvaise  estime  ,   Que  douter  si 
j'approuve  un  clioix  si  légitime ,  mol.  Éc.  desf.  v,7. 
On  médisant  ne  peut  réussir,  s'il  n'est  en  estime 
d'abhorrer  la  médisance,  PASC.  Prov.  te.  En  quelle 
estime  est-il,  mon  frère,  auprès  de  vous  ?  —  D'homme 
d'honneur,  d'espri'.,  de  coeur  et  de  conduite,  mol. 
Femm.  lav.  ii,  i.  Voyons  ce  que  c'est;  suivant  l'es- 
pèce de  la  chose,  je  ferai  l'estime  de  votre  silence, 
MABiv.  Surprise  de  l'am.  ii,  «.  ||  i»  Évaluation  ap- 
proximative, surtout  en  termes  de  mer.  Le  tailleur 
[un  homme  dont  on  avait  démoli  la  maison  pendant 
son  absence]  les  suit  [les  arbres]  à  l'estime  ,  puis 
croise  et  ne  trouve  plus  sa  maison,  st-sim.  69,  237. 
les  déterminations  astronomi'jues  de  plusieurs  points 
qui  n'étaient  connus  auparavant  que  par  des  esti- 
mes, CONDORCET,  Jfourepoi.  La  géographie  est  bien 
éloignée  de  ce  degré  de  perfection  :  la  position  d'une 
grande  partie  des  villes  ,   le  cours  des  fleuves,   la 
forme  des  côtes,  tous  ces  objets  ne  sont  connus  sou- 
vent que  par  des  observations  grossières ,  des  estimes 
de  voyageurs,  des  détails  d'itinéraires,  des  comptes 
inexacts,  jd.  d'Ànville. 

—  HIST.  xV  S.  Et  y  mourut  trente  ou  quarante 
gentilshommes  d'estime,  comm.  viii,t6.  ||xvi's.  On 
ne  fait  pas  moins  de  tort  &  l'homme  en  lui  estant  sa 
bonne  estime  [réputation]  qu'en  le  despouillant  de 
sa  substance,  calv.  Inslil.  308.  Tout  ce  que  les  œu- 
vres ont  de  valeur  et  estime,  elles  l'ont  au  regard 
de  l'obéissance  que  nous  rendons  à  Dieu  ,  laquelle 
seule  il  regarde,  m.  ib.  057.  Nous  devons  avoir  en 
estime  leur  exemple,  m.  tb.  tooo.  L'ouvraige,  pai 
estime  de  tous,  excedoyt  en  prix  la  matière,  had. 
Carg.  i,  5).  Xenagoras  ne  prit  pas  ceste  mesure  à 
la  volée,  ny  par  estime  scuiomeiit,  ains  selon  les 
règles  de  l'art,  amïot,  P.  Mm.  25.  Desquels  fonds  ils 
(ont  quatre  ou  cinq  prix  appelles  estimes  ;  mettans  les 
plus  fertiles  et  gras  à  la  première,  o.  de  sekbes,  <2. 

—  ÉTYM.  Voy.  estimer;  wallon,  Oitème,  astome, 
supputation;  provenç.  et  espago.  estima;  italien, 
nima. 

ESTIMÉ,  ÉE  (è-!iti-mé,  mée),  pari.  passé.\\  i'  Oui 
jouit  de  l'estime.  Estimé  de  tout  le  monde.  ||  2°  Ré- 
puté, cru.  Pithée,  estimé  sage  entre  tous  les  hu- 
mains, BAC.  Phèdre,  iv,  2.  Il  suffit,  pour  être  es- 
timé savant,  de  savoir  ce  que  les  autres  ne  savent 
pas,  quand  même  on  ignorerait  les  vérités  les  plus 
nécessaires  et  les  plus  belles,  malebr.  Rech.  iv,  7. 
ESTIMER  (è-sti-mé) ,  v.  a.  ||  1*  Déterminer  la  va- 
leur, le  prix  de  quelque  chose.  Ou  estime  ce  cheval 
mille  francs.  Combien  estimez- vous  cette  maison? 
En  quelc|ue  contrée  de  l'univers  que  vous  alliez, 
vous  y  trouverez  l'homme  aussi  fin  que  vous;  et  il 
ne  vous  donnera  jamais  que  ce  qu'il  estime  le  moins 
pour  ce  qu'il  estime  le  plus,  raynal,  //ù(.  phil. 
m,  t.  Il  Kig.  Permctlez,  madame,  que  j'estime  La 
grandeur  de  l'amour  par  la  grandeur  du  crime, 
COBI».  Sertor.  v,  4.  ||  2'  Faire  cas,  avoir  de  la  con- 
sidération pour.  J'honore  sa  vertu,  j'estime  sa  per- 
sonne, CORN.  Héracl.  l,  2.  Je  vous  estime  trop  pour 
vouloir  rien  farder,  lo.  Nicom.  i,  2.  ...  11  [Annibal] 
m'a  surtout  laissé  ferme  en  ce  point  D'estimer  beau- 
coup Home  et  ne  la  craindre  point,  w.  ib.  ii,  3.  Son 
monsieur  Trissotin  me  chagrine  et  m'assomme.  Et 
i'enrage  de  voir  qu'elle  estime  un  tel  homme,  mol. 
F.  tav.  1,  ï.  Sur  quelque  préférence  une  estime  se 
fonde;  Et  c'est  n'estimer  rien  qu'estimer  tout  le 
monde,  lo.  Mis.  i,  t.  J'estimai  ces  bons  pères  de 
reicellcnca  de  leur  politique,  pasc.  Prov.  B.  Cet 
homme  [Retz]  si  fidèle  aux  particuliers,  si  redou- 
table à  l'État,  d'un  caractère  si  haut  qu'on  ne  pou- 
vait ni  l'estimer,  ni  le  craindre,  ni  l'aimer,  ni  lo 
n«lr  i  demi,  boss.  le  Tellier.  U  y  a  deux  choses 
quils  (les  hommes]  estiment  beaucoup....  la  vie 
«Urgent,  la  brut.  xi.  J'ai  remis  votre  lettre 
»u  roi,  il  vous  esUme  autant  qu'il  peut  estimer  un 
hértiique,  MAiNTïHON,  Ult.  à  M.  de  nUetle,  lo 
il!.  .'••*,•  "  •■  '="'''■«•  f*P"'".  pr&umer;  Si 
Ï-Ti^l'"'  *""«»"»«—  Estima,  mon  ami,  que 
c a-l  uû  grtod  miracle,  aioaiEa,  Sa«.  iv.  Ils  répon- 


EST 

dirent  qu'ils  estimaient  la  place  imprenable,  vauoel. 
Q.  C.  liv.  m,  dans  BicnELET.  Et  j'estime  Que  ce 
peu  que  j'ai  dit  est  l'avis  de  Maxime,  corn.  Cinna, 
II,  i.  Ouoi  que  vous  estimiez  de  ma  civilité,  Je  ne 
me  pique  point  d'insensibilité ,  ID.  Suie,  u  ,  3. 
Tu  m'estimes  bien  lâche,  imprudente  rivale,  ID. 
Rodng.  II,  t.  le  n'estime  pas  que  l'homme  soit  ca- 
pable de  former  un  projet....  la  bkuv.  Disc,  sur 
théophr.  Le  plus  sûr,  c'est  d'estimer  celle  [la  forme 
de  gouvernement]  où  l'on  est  né  la  meilleure  de 
toutes,  ID.  X.  Le  roi  Louis  XllI  expliqua  pendant  un 
quart  d'heure  l'avis  qu'il  eslimait  devoir  être  suivi, 
ST-SIM.  6,  87.  ||4°  Terme  de  marine.  Kaire  une  es- 
time. Il  6"  S'estimer,  e.  réfl.  Avoir  de  l'estime  pour 
soi-même.  Je  m'estimais  trop  peu  pour  un  honneur 
si  grand,  corn.  Hor.  ii,  2.  X  l'égard  de  ceux  qui 
s'estiment  à  propos  de  rien,  qui  sont  glorieux  de 
leur  rang  ou  de  leurs  richesses,  gens  insupportables 
et  qui  fâchent  tout  le  monde...  Marivaux,  Marianne, 
*•  part.  Ces  peuples  s'estimaient  sans  mépriser  les 
autres  nations,  raynal,  Hist.  phil.  xviii,  te.  Qui 
ne  s'estime  pas  perd  ses  droits  à  l'estime,  deulle, 
Parad.  perdu,  viii.  ||  S'estimer  son  prix,  avoir  de 
soi  la  juste  opinion  qu'on  doit  en  avoir.  ||  Avoir  une 
estime  réciproque.  Nous  nous  estimons  l'un  et  l'au- 
tre. Il  6°  Déterminer  sa  propre  valeur.  Glocester  : 
Moi,  je  paie;  à  présent  tu  ne  t'appartiens  plus.  — 
Tyrrel  :  Jamais  on  n'eut  sur  moi  de  droit  si  légi- 
time; Vous  m'avez  acheté  plus  que  je  ne  m'estime, 
c.  delav.  Enf.  d'Éd.  ii,  3.  ||  7°  Se  croire,  se  répu- 
ter.  Leur  brutale  vertu  veut  qu'on  s'estime  heureux, 
CORN.  Hor.  IV,  4.  Avant  que  de  combattre,  ils  s'es- 
timent perdus,  id.  Cid,  iv.  3.  Roxane  s'estimait 
assez  récompensée,  bac.  Baj.  m,  4. 

—  HIST.  XII*  s.  Et  tant  des  autres  que  nus  [nul]  nel 
peut  esmer,  Rone.  p.  32.  ||  xui*  s.  Vingt  ans  avoit 
Pépins,  ainsi  [je]  l'oï  esmer,  Berte,  m.  Sans  les 
autres  richesses  que  je  ne  sai  conter.  Qu'à  peine  les 
peut-on  ne  dire  ne  esmer,  ib.  xcviii.  ||  xiv*  s.  Non 
obstant  que  la  valeur  des  choses  et  dons  dessus  diz 
ne  soit  extimêe  et  declairée  en  ces  présentes,  Bibl. 
•des  Chartes,  6'  série,  t.  i,  p.  bo.  Ils  furent  si  sur- 
prins  et  orent  si  grant  joie  que  nul  ne  le  pourroit 
extimer,  Ménagicr,  i,  o.  ||  xv'  s.  Adonc  je  regarday 
l'entrée  Du  jardin  qui  estoit  fermée;  Mais  comme 
ma  vue  estima,  Zephirus  tost  la  deflerma,  i.A  font. 
15.  Le  conte  de  Dunoys  fort  estimé  en  toutes  cho- 
ses, coMM.  I,  3.  11  estima  peu  leurs  requestes  et 
demandes,  id.  v,  16.  ||  xvi*  s.  Il  ne  faut  point  esti- 
mer d'un  homme  par  un  seul  fait,  calv.  Instit.  826. 
U  se  pourmena  un  tour  ou  deux  par  la  salle,  pen- 
sant bien  profundement  comme  l'on  pouvoit  estimer, 
BAB.  Pant.  Il,  13.  Estimant  que  cela  ayderoit  à.... 
MONT.  I,  <5.  Je  ne  l'honore  ny  ne  l'estime  [la  pra- 
tique de  la  médecine],  id.  m,  2U7. 11  fut  seul  estimé 
cause  et  autheur  de  la  guerre  peloponesiaque, 
AMYOT,  Péric.  67.  Plusieurs  estiment  que  cette 
déesse  Euclia  soit  Diane,  et  la  nomment  ainsi,  u. 
Ârist.  60. 

t  —  ÉTYM.  Wallon,  astimer,  évaluer,  estimer; 
provenç.  esmar,  estimar;  espagn.  et  portug.  esli- 
mar;  ital.  stimare;  du  latin  assUmare,  que  des 
étymologistes  latins  dérivent  de  ses,  argent,  et  le 
suffixe  tim  (comme  dans  legi-timare)  :  évaluer  en  ar- 
gent. £stimare  avait  donné,  dans  l'ancienne  langue, 
d'après  la  suppression  des  voyelles  brèves ,  esmer 
(d'où  l'anglais  to  oi'm,  viser  à,  ce  qui  nous  indique 
qu'on  prononçait  (mer);  estimer  d.  été  refait  sur  le 
latin  dans  le  xiv  siècle. 

jESTISSECSES  (è-sti-seû-z'),  s.  f.  plur.  Petites 
tringles  du  métier  à  fabriquer  les  élofles  de  soie. 

—  ÊTYM.  Probablement  es...  préfixe,  et  tisser. 

t  t.  ESTIVAGE  (è-sti-va-j'),  s.  m.  Saison  d'été 
que  les  troupeaux  passent  dans  les  montagnes. 

—  ÉTYM.   Voy.  ESTIVAL. 

fa.  ESTIVAGE  (èsti-ïa-j'),«.m.  Chargement  d'un 
navire.  Quand  lo  navire  est  sous  la  charge,  comme 
on  ne  connaît  point  l'estivage  des  marchandises  de 
volume,  on  accumule  sans  ordre  et  sans  arrange- 
ment tout  ce  que  les  chargeurs  apportent;  et,  pour 
faire-un  meilleur  nolis,  on  charge  souvent  outre 
mesure,  et  jusqu'au  milieu  du  mât,  peyssonnel, 
Traité  sur  le  com.  de  la  mer  tioire,  u,  218,  1787. 

—  ÊTYM.  Voy.  ESTIVER  I. 

ESTIVAL,  ALE  (è-sti-val,  va-1'),  adj.  Il  i'  Qui  ap- 
partient à  l'été.  Le  Rhône  conserve  l'importance  de 
son  débit  estival,  fournet,  Acad.  des  se.  Comptes 
rendus,  t.  li,  p.  95».  ||  2"  Terme  de  botanique.  Qui 
est  d'été.  Fleurs,  plantes  estivales.  ||  Terme  d'entomo- 
logie. Insectes  estivaux,  insectes  qu'on  trouve  en  été. 
Il  Terme  de  médecine.  Maladies  estivales,  maladies 
qui  régnent  en  été. 

—  HisT.  xvi*  s.  Aux  longs  jours  estivaux,  la  bo- 


EST 

derie.  Hymne  écoles.  ^  <96,  dans  raynouard.  Les 
foudres  estivaux,  garnieb,  Porcie,  i,  choeur.  I.a 
saison  des  chaleurs  esteales,  amad.  jamin.  Poésies, 
p.  166,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  estival;  ital.  cslt- 
vale  ;  du  latin  asstivalis,  dérivé  d'un  radical  xst, 
qui  est  dans  sestas,  été  (voy.  ce  mot). 

t  ESTIVATION  (è-sti-va-sion) ,  s.  {.  \\  i'  Terme  de 
botanique.  Synonyme  de  prélloraison,  agencement 
qu'observent  les  diverses  parties  de  la  fleur  avant 
leur  épanouissement.  {|  Estivation  valvaire,  où  les 
pièces  florales  se  touchent  seulement  par  leurs 
bords.  Estivation  tordue,  où  les  pétales  se  recou- 
vrent les  uns  les  autres  et  sont  tordus  en  spirale. 
Estivation  imbricative  ou  imbriquée,  quand  cha- 
que partie  embrasse  de  ses  bords  ceux  de  la  partie 
intérieure.  Estivation  quinconciale ,  où  l'on  voit 
deux  parties  extérieures  ,  deux  intérieures  ,  une 
intermédiaire.  Estivation  chiffonnée ,  où  les  pé- 
tales sont  plies  et  ramassés  sur  eux-mêmes  sans  au- 
cune régularité.  Estivation  vexillaire  ,  préfloraison 
des  fleurs  papilionacées  où  l'étendard  replié  recou- 
vre la  moitié  des  autres  organes.  Estivation  co- 
chléaire,  préfloraison  des  fleurs  à  deux  lèvres,  où  la 
supérieure  recouvre  l'inférieure.  ||  2°  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Sorte  d'engourdissement  qui  s'em- 
pare de  certains  animaux  pendant  un  certain 
nombre  de  jours  de  la  saison  la  plus  chaude. 
L'estivation  s'observe  chez  certains  serpents  ,  chez 
des  crocodiles  et  chez  des  paissons  qui  s'enfoncent 
dans  la  vase. 

—  ETYM.  Au  sens  botanique,  eestivatio  est  un  mot 
fait  par  Linné,  et  tiré  du  latin  astira,  lieux  où  l'on 
cherche  un  abri  contre  la  chaleur;  le  bouton  étant 
comparé  à  un  de  ces  abris.  Au  sens  zoologique, 
estivation  vient  de  asstivare,  passer  l'été  en  un  cer- 
tain lieu  (voy.  ESTIVER  2). 

1 1 .  ESTrVE  (è-sti-v'),  s.  f.  Contre-poids  qu'on  donne 
à  chaque  côté  d'un  bâtiment  pour  en  balancer  la 
charge,  en  sorte  qu'un  côté  ne  pèse  pas  plus  qu'un 
autre.  Mettre  une  galère  en  estive.  ||  Chargement 
en  coton,  laine,  et  autres  marchandises  ayant  plus 
ou  moins  d'élasticité.  ||  Charge  en  estive,  se  dit  des 
cargaisons  susceptibles  d'être  pressées,  comprimées. 
Il  Donner  une  estive  à  des  haubans,  les  brider  avec 
des  palans  pour  les  roidir  à  mesure  qu'ils  s'allon- 
gent, et  avant  de  'es  mettre  en  œuvre. 

—  ÉTYM.  Voy.  ESTIVER  i  ;  espagn.  esliva,  lest. 

j  2.  ESTIVE  (è-sli-v') ,  i./.  Instrument  de  musique 
usité  durant  le  moyen  âge,  qui  paraît  avoir  été  une 
sorte  de  cornemuse. 

—  HIST.  XIII'  s.  Amis,  riens  ne  m'i  vaut,  sons, 
note  ne  estive,  audefroy  le  basx.  Romancero,  p.  1 1. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  sliva. 

t  t .  ESTIVER  (è-sti-vé) ,  v.  a.  Terme  de  marine. 
Comprimer  des  marchandises  d'un  grand  volume, 
afin  qu'elles  tiennent  moins  de  place. 

—  ÉTYM.  Provenç.  estipar,  entasser,  boucher, 
espagn.  et  portug.  ««Jtïar,  même  sens;  itaX. stivare; 
du  latin  stipare,  serrer,  presser. 

t  2.  ESTIVER  (e-sti-vé).  ||  l"  F.  o.  Mettre  les  bes- 
tiaux pendant  l'été  dans  les  pâturages.  ||  2°  V.  n. 
Demeurer  dans  un  endroit  pendant  l'été. 

—  HlST.  xvi'  s.  Estiver  les  bestes,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eitti'or;  du  latin  asstivare,  de 
xstivus,  estival,  de  xslas  (voy.  été  t). 

t  EST-NORD-EST  (èst'-nor-dèsf),  s.  m.  Terme  do 
marine.  Nom  d'une  aire  de  vent.  ||  Par  plaisanterie, 
un  enseigne  non  entretenu. 

ESTOC  (è-stok),  s.  m.  i|  1'  Terme  d'eaux  et  forêts. 
Souche.  Couper  un  arbre  à  blanc  estoc,  le  couper! 
au  pied  sur  la  souche.  Faire  une  coupe  à  blanc  es- 
toc, la  faire  sans  laisser  de   baliveaux.  ||  Fig.  Êlrel 
réduit  à    blanc    estoc,    être    entièrement    ruiné.} 

2°  Ternie  de  palais.  Souche  considérée  mélapho» 
riquement  comme  l'origine  d'une  famille.  Être  d« 
bon  estoc.  Les  biens  qui  viennent  de  son  estoc.  Je  lut] 
[à  son  fils,  Charles  de  Sévigné]  mande  de  venir  ici,f 
je  voudrais  le  marier  à  une  petite  fille  qui  est  uoi 
peu  juive  de  sou  estoc,  mais  les  millions  nous  pa-.| 
raissent  de  bonne  maison,  sÉv.  Letl.  13  oct.  <«75.J 
Cette  fabrication  se  fait  dans  les  hôtels  des  mon- 
naies, par  des  officiers  en  titre  et  d'estoc  et  de  li«] 
gne,  c'est-à-dire  de  père  en  fils,  Dict.  des  arts  e 
n\ét.  Uonnoyeur.   |{  Terme  de  pratique  ancienne. 
Biens  de  côté  estoc  et  ligne,  biens  propres  de  ligne. 

Fig.  Cela  ne  vient  pas  de  son  estoc,  cela  ne  lut 
vient  pas  naturellement.  j|  Dites-vous  cela  de  votre 
estoc  ?  Dites-vous  cela  de  vous-même?  ||  8°  Estoc 
volant,  bâton  ferré  que  l'on  pouvait  cacher  sous  ses 
habits.  {I  Brin  d'estoc,  bâton  ferré  en  pointe  par  le» 
deux  bouts.  ||  4*  Par  extension,  ancienne  épée  droit* 
et  fort  longue  La  pique  dans  le  poing  et  l'estoc  sur 


EST 


EST 


EST 


1505 


le  flanc,  ségnikh,  Sat.  n..  ||  Grande  épée  d'argent 
doré,  bénite  par  le  pape  et  accordée  comme  marque 
de  considération.  ||  8°  La  pointe  d'une  épée.  Coup 
d'estoc.  Frapper  d'estoc  et  de  taille.  ||  Fig.  D'es- 
coc  et  (le  taille,  de  quelque  manière  que  ce  soit. 
N'importe,  parlons-en  et  d'estoc  et  de  taille.  Comme 
oculaire  témoin,  mol.  Amph.  i,  <.  ||  6'  Vase  aplati 
sur  lequel  le  faïencier  empile  la  terre  molle.  ||  In- 
strument avec  lequel  il  arrondit  les  vases  sur  le 
tour.  Si  la  pièce  est  délicate,  il  l'égalise  avec  une 
espèce  de  lame  de  bois  appelée  estoc,  Dict.  des 
aris  et  met.  Porcelaine.  I|  7°  Terme  d'argot  de  jeu. 
Faire  l'estoc,  faire  passer  dessous  la  carte  de  dessus 
sans  qu'on  s'en  aperçoive. 

—  HiST.  XI!'  s.  Bon  ente  en  bon  estoc  deit  bien 
fructifier,  Th.  le  mart.  (28.  ||  xiif  s.  Renart,  qui 
moult estoit  soutis  [subtil].  Sur  un  estoc  [tronc  d'ar- 
bre] s'estoitasis,  Ben.  (982.  Il  n'estoitnus  vivansqui 
peust  savoir  le  premier  estoc  dont  li  héritage  vint, 
BEAUM.  XLiv,  8.  Ferir  de  pointe,  que  les  Franczeis 
appellent  ferir  d'estoc,  j.  demkuno,  Végèce,  i,  12. 
Il  xiv*  s.  Selon  ce  que  il  sont  plus  près  ou  plus  loing 
de  la  première  racine  ou  souche,  ou  estoc,  oresme, 
Elh.  25(.  Lors  assalent  païens  :  chil  [ceux-ci]  qui 
ont  Ions  basions  Les  frapoient  d'estoc,  parmi  leshau- 
bergons,  Baud.  de  Seb.  v,  204.  ||  iv"  s.  Or  m'est  avis 
que  c'est  grand  ennui  de  piteusement  pernseretaussi 
considérer  que  ces  grands  bourgeois  et  nobles  bour- 
geoises et  leurs  beaux  enfants,  qui  d'estoch  et  d'ex- 
traction avoient  demeuré,  et  leurs  devanciers,  en 
la  ville  de  Calais,  devinrent  [après  le  siège  de  Ca- 
lais], FROiss.  I,  I,  32.1.  Estoc  d'oneur  et  arbres  de 
vaillance,  La  flour  des  preux  et  la  gloire  de  France, 
E.  DF.scH.  Sur  la  mort  de  Guescl.  Lequel  d'estoc  et 
de  taillant  Endure  mainte  passion  D'amours  qui  le 
vont  assaillant,  CH.  d'orl.  Dali.  80.  Haches  pa- 
reilles desquelles  ils  combattront  d'estoc  de  mail  ou 
de  taille,  Jehan  de  Saintré,  ch.  48.  Là  devant  en 
estoc  [tout  droit]  pendoii  un  escu  blanc,  et  y  avoit 
appuyé  deux  glaives  [lances]  et  deux  espées,  Lan- 
celot  du  Lac,  t.  m,  f"  eu.  Les  monnoieurs  d'estoc  et 
de  liiîne,  Ordonn.  mars  am.  Les  pires  sont  les 
plus  heureux  Qui  prennent  de  taille  et  d'estoc,  liée, 
de  farces,  etc.  p.  <29.  ||  xvi's.  Et  combien  que  de 
son  propre  estoc  il  eust  grande  dignité  de  noblesse, 
pour  estre  de  la  race  et  maison  des  Servius,  amtot, 
Galba,  3.  Il  fut  à  la  fin  rembarré  d'un  coup  d'estoc 
qui  luy  donna  droit  dedans  la  bouche  par  telle  vio- 
lence, que  la  poincte  de  l'espée  luy  vint  à  ressortir 
par  derrière  au  chinon  du  col,  m.  Ces.  69.  Il  y  en 
a  [des  contes]  de  tous  bois,  da  toutes  tailles,  de 
tous  estocs,  à  tous  prix  et  à  toutes  mesures,  fors 
que  pour  pleurer,  desper.  Contes,  i.  Le  meslier  ou 
nefflier  se  plaist  d'estre  enté,  voir  sur  divers  estocs  : 
sur  soi-mesme,  sur  poirier,  sur  pommier,  sur  cei- 
gnes et  sur  aubespin,  0.  de  serres,  694.  [Les  pi- 
Queurs]  Suyvant  de  près  la  meute,  et  sao»  se  sou- 
cier De  fossé,  ni  d'estoc,  ni  d'espineux  roncier, 
Plaisir  des  champs,    p.  H 69. 

—  ÉTYM.  Wallon,  stock,  tronc  d'arbre;  génev. 
et  lorrain,  estoc,  esprit,  imagination;  provenç.  es- 
toc;  espagn.  et  portug.  estoque;  ital.  stocco;  de  l'al- 
lem.  Stock,  bâton  ;  mot  qui  se  trouve  aussi  dans  le 
celtiaue  :  gaélique,  stoc,  bâton.  En  Normandie,  les 
foresiiers  prononcent  blanc  iloc.  Brin  d'estoc  est 
une  altération  (voy.  brin)  de  l'allemand  Spriny 
stock,  bâton  qui  aide  à  sauter,  à  franchir;  on 
aurait  dû  au  moins  écrire  brind-estoc. 

ESTOCADE  (è-sto-ka-d'),j./'.  ||  1"  Terme  d'escrime. 
Botte,  grand  coup  de  pointe.  Allonger  une  estocade. 
Parer  une  estocade.  Et  le  perçant  à  jour  de  deux 
coups  d'estocade,  cor»,  le  ment,  iv,  1.  Au  bruit  des 
estocades,  des  passants  accoururent  et  les  séparè- 
rent, sT-siM.  14,  461.  Il  Estocade  de  seconde,  botte 
semblable  à  la  botte  de  tierce,  sauf  que  la  lame 
passe  sous  le  bras  de  l'adversaire.  ||  Fig.  Les  ducs  les 
laissaient  [les  nobles  inférieurs]  s'exhaler  et  tirer 
leurs  estocades  en  l'air  sans  rien  dire  ni  faire,  st- 
siM.  453,  (7.  Il  2°  Familièrement.  Attaque  à  laquelle 
on  nes'attend pas.  Cet  argument  était  pour  l'adversaire 
une  rude  estocade.  ||  3"  Demanded'argent.  Présenteur 
d'estocade,  quémandeur.  Voilà  quelle  est  mon  esto- 
cade; N'en  venez  pas  à  la  parade;  Mais  sur  moi  par 
compassion  Ripostez  d'une  pension  Sur  quelque  bon 
gros  bénéfice;  Ce  n'est  à  moi  crime  ni  vice.  Étant 
malade  et  n'ayant  rien ,  De  souhaiter  un  peu  de  bien , 
.scARRON,  Estocade  au  card.  Mazarin.  ||  Cette  locu- 
tion a  vieilli.  ||  4°  S'est  dit  pour  épée.  Vénus  [dans 
un  tableau]  a  le  casque  en  tête  et  une  longue  esto- 
cade, LA  FONT.  Lett.  à  sa  femme,  (2  sept.  (663. 

—  HIST.  xvi*  s.  Allonger  une  estocade  [demander 
l'aumône],  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Estoe;  ital.  stoccata. 

D'CT.  DE   Li»  LANGUS  FKAWÇAJSE 


ESTOCADER  (è-sto-ka-dé) ,  V.  n.  ||  1»  Porter  des 
estocades.  Lui  [La  Chitre]  toujours  à  crier  :  Les 
voilà,  à  moi,  marche  ici!  et  choses  pareilles,  et 
toujours  à  estocader  et  à  ferrailler,  st-sim.  216,  (65. 
Il  2°  Fig.  Argumenter  vivement  contre  quelqu'un. 
Il  y  a  plaisir  à  les  voir  estocader. 

—  HiST.  XVI*  s.  Estocader  [demander  l'aumône], 
onDiN,  Dict. 

—  t.TY1il.  Estocade.  L'ane.  français  disait  estoquer. 

fESTOCADEUR  (è-sto-ka-deur),  s.  m.  Quéman- 
deur, mendiant.  De  créanciers,  d'estocadeurs,  De 
faux  mangeurs  de  patenôtres,  scarhon,  Tirg.  vi. 
Il  Vieilli. 

t  ESTOGARD  (è-sto-gar),  $.  m.  Terme  de  métal- 
lurgie. Petit  ringard  pour  nettoyer  la  tuyère. 

—  ÉTYM.  Estoc. 

ESTOMAC  (è-sto-ma;  le  e  ne  se  fait  jamais  sentir; 
cependant  quelques-uns  prononcent  le  c  devant  une 
voyelle,  et  Chifflet,  Gramm.  p.  208,  en  fait  un  pré- 
cepte :  un  è-sto-ma-k  affamé;  au  pluriel,  l't  se  lie  : 
des  è-sto-ma-z  affamés;  estomacs  rime  avec  tas, 
lacs,  appâts,  etc.),  s.  m.  ||  1'  Viscère  où  s'opère  la 
digestion  des  aliments.  Se  remplir  l'estomac.  Les 
ruminants  ont  plusieurs  estomacs.  Plus  l'estomac 
est  bon,  plus  les  membres  profitent;  Quand  il  a  de 
la  force,  ils  sont  forts,  agissants;  Et  quand  il  est 
débile,  ils  sont  tous  languissants,  boursault,  Fabl, 
d'Ésofte,  II,  8.  Ne  crains  pas,  mon  cher  enfant,  que 
l'abondance  de  l'eau  afraiblis.se  ou  refroidisse  ton 
estomac,  lesage,  Gil  Blas.  Car  de  tous  mets  sucrés, 
secs,  en  pâte  ou  liquides,  Les  estomacs  dévots  fu- 
■rent  toujours  avides,  boil.  Sat.  x.  Ce  ne  fut  que 
par  un  poids  de  437  livres  qu'il  parvint  à  produire 
dans  les  tubes  des  effets  semblables  à  ceux  de  l'es- 
tomac de  l'oiseau,  bonnet,  Contempl.  nat.  Œuvres, 
t.  yiii,  p.  t3,  note  2.  ||  Avoir  l'estomac  creux,  vide, 
n'avoir  pas  mangé.  |1  11  a  deux  estomacs,  plusieurs 
estomacs,  se  dit  d'un  gros  mangeur.  ||  "Très-popu- 
lairement. Avoir  ou  sentir  son  estomac  dans  ses  ta- 
lons, avoir  très-grand'faim.  ||  Familièrement.  II  a  un 
estomac  d'autruche,  c'est  un  estomac  d'autruche, 
se  dit  d'un  homme  qui  mange  beaucoup,  sans  en 
être  incommodé ,  parce  que  c'est  une  vieille 
croyance  que  les  autruches  digèrent  les  pierres. 
Il  se  dit  aussi  d'un  homme  qui  digère  très-yite  ;  et 
dans  ce  sens  ou  dit  encore  il  a  l'estomac  chaud. 
Il  2°  Là  partie  du  corps  qui  répond  à  l'estomac,  la 
poitrine.  Le  creux  de  l'estomac.  Recevoir  un  coup 
dans  l'estomac.  Je  vais  lui  présenter  mon  estomac 
ouvert,  CORN.  Cid,  v,  l.  D'une  profonde  plaie  en 
l'estomac  ouverte,  m.  Rodog.  v,  4.  Le  général  Hord 
et  le  général  Dardoff  montrèrent  au  leurs  esto- 
macs couverts  de  blessures  reçues  à  son  service,  et, 
l'assurant  qu'ils  étaient  prêts  à  mourir  pour  lui,  ils 
la  supplièrent  que  ce  fût  au  moins  dans  une  occa- 
sion plus  nécessaire  [qu'à  Bender],  volt.  CharlesXlI, 
6.  Il  Se  dit  populairement  du  sein  d'une  femme. 
Elle  a  de  l'estomac.  ||  3"  L'estomac  d'une  volaille  ou 
d'une  perdrix,  ce  qui  reste  quand  les  cuisses  et 
les  ailes  ont  été  détachées.  f|  4°  Morceau  de  fer  qui 
fortifie  le  devant  de  l'enclume. 

—  HIST.  xiii*  s.  Cil  ki  ont  l'estomach  foible  et  ki 
vomissent  legierement,  alebrant,  f°  4  3.  ||  xv*  s. 
Respons,  et  sauve  de  propre  estomac  ce  que  de  pro- 
pre estomac  tu  as  mis  avant,  o.  chastel.  Expos,  sur 
la  vér.  mal  prise.  ||  xvi*  s.  Par  le  poulain  on  des- 
cend le  vin  en  cave,  par  le  jambon  en  l'estomach, 
RAB.  Garg.  i,  6.  Quand  je  voy  Barbo  en  habit  bien 
duisant,  Qui  l'estomac  blanc  et  poly  descœuvre.... 
MAROT,  m,  426.  Là  il  fut  receu  d'une  sentinelle 
perdue,  qui,  sans  parler,  lui  planta  une  harque- 
busade  dans  l'estomac  de  sa  cuirasse ,  d'acb.  Ilist. 
II,  380.  Je  luy  ay  appris  à  relever  sa  ceinture  à  la 
fosse  de  l'estomac,  comme  le  petit  Auger  barbier  de 
Paris,  ID.  Conf.  ii,  (.  Ledit  ventricule  a  deux  ori- 
fices, à  sçavoir  un  supérieur  nommé  l'estomach  et 
vulgairement  cœur;  et  l'autre  inférieur  nommé  py- 
lore, PARÉ,  I,  (4.  Chacua  n'a  pas  les  muses  en 
partage.  Et  leur  fureur  tout  estomac  na  poind, 
RONS.  307.  Quiconque  a  l'estomach  plein  peult  bien 
jeusner,  genin.  Récréât,  t.  ii,  p.  248.  Entre  la 
boucha  et  l'estomach  souvent  y  a  guerre,  id.  ib. 

t.  II,  p.  238. 

—  ÉTYM.  Wallon,  stoumak;  Berry,  estourna, 
stouma;  provenç.  eslomach;  espagn.  estomago;  ital. 
ïlomaco;  du  latin  stomachus,  du  grec  (rrôiia/o;, 
qui  signifie  gorge,  pharynx,  de  oTÔiJia,  bouche: 
qui  tient  à  la  bouche.  C'est  dans  le  latin  que,  de 
pharynx,  stomachus  a  glissé  au  sens  de  gasier. 

ESTOJIAOIIÉ,  ÉE  (è-sto-ma-ké,  kée),  part,  passé. 
Tout  estomaqué  de  cette  impertinence. 

ESTOSLAQUER  (S')  (è-slo-ma-ké),  v.  réfl.  Sa  tenir 
pour  offensé  de  quelque  chose,  s'en  choquer Il 


s'estomaquera.  Fera  le  difficile,  et  puis  s'apaisera, 
HAUTEROCHE,  Dcuil.  sc.  4.  Mais  tant  s'estomaquer 
n'est  pas  fort  nécessaire,  th.  corn.  D.  lierlr.  de 
Cigarral,  iv,  1.  Il  ne  faut  point,  monsieur,  s'esto- 
maquer si  fort;  On  peut  en  un  moment  nous  nieitie 
tous  d'accord,  hegnard,  le  Lég.  iv,  7.  ||  S'épjiser  à 
force  de  parler.  C'est  ainsi  que  s'estomaquait  Le 
Pythagore  à  longue  queue;  Ses  exclamations  s'en- 
tendaient d'une  lieue,  Kt  son  zèle  le  suffoquait,  la- 
MOTTE,  Fables,  le  Renard  prédicateur.  ||  Ce  mot, 
dans  les  deux  sens,  est  du  style  familier. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  est  stomacqué  merveilleuse- 
ment, que  vous  ayez  faict  tuer  domp  Alphonse  do 
sangfroid,  carloix,  v,  (7.  De  quoy  plusieurs  bien 
grands  s'estomacquerent  bien  fort,  id.  vi,  3i9. 

—  ÈTni.  Estomac,  dans  le  sens  de  poitrine,  cœur. 

ESTOMPE  (è-ston-p'),  s.  f.  ||  1"  Terme  de  des- 
sin. Petit  rouleau  fait  de  peau  ou  de  papier,  et  ter- 
miné ordinairement  en  pointe,  et  quelquefois  en 
coupe  plate,  pour  étendre  le  crayon  ou  le  pastel  sur 
le  papier.  Dessin  à  l'estompe,  ||  2*  Ce  dessin  même. 
Voilà  une  belle  estompe. 

—  ÉTYM.  Allem.  stumpf,  émoussé. 
ESTOMPÉ,  ÉE  (è-ston-pé,  pée),  port,  passé.  Un 

dessin  estompé. 

ESTOMPER  (&-ston-pé) ,  V.  a.  Dessiner,  ombrer 
avec  l'estompe. 

—  ÊTYM.  Estompe. 

jESTOMËRE  (è-sto-niê-r*),*.^.  Terme  de  pêche. 
Sorte  de  tramail. 

t  ESTOQCIAU  (è-sto-klô) ,  t.  m.  Terme  de  serru- 
rier. L'anneau  d'une  petite  cheville  de  fer  qui  tient 
le  ressort  d'une  serrure. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'estoc. 

t  ESTOn  (ê-âtou),  j.  m.  Terme  de  boucher.  Tabla 
à  claire-voie  pour  habiller  les  moutons. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  étal. 
ESTOlîFFADE  (è-stou-fa-d'),  ».  f.  Terme  de  cui- 

srfte.  Manière  de  cuire  des  viandes  en  vases  clos. 
Veau  à  l'eslouffade.  ||  Le  mets  ainsi  préparé.  Une 
estoulTade  de  perdrix.  ||  On  dit  plutôt  étouffade,  et 
surtout  étouffée. 

—  ÉTYM.  Étnuffer. 

ESTRADE  (è-stra-d') ,  s.  f.  \\  1»  Terme  de  guerre. 
Usité  seulement  en  cette  locution:  Battre  l'estrade, 
courir  la  campagne,  aller  à  la  découverte.  ||  Par  ex- 
tension. Les  uns  battaient  l'estrade  autour  de  sa 
maison,  hamilt.  Gramm.  9.  Il  fait  toute  la  nuit 
sentinelle  en  dedans;  Et  sur  le  point  du  jour  il  va 
battre  l'estrade,  regnard,  Faites  amour,  i,  t.  Sans 
adieu,  je  vais  battre  l'estrade  dans  les  cafés,  ti.vn- 
codrt.  Agioteurs,  i,  9.  ||  Les  batteurs  d'estrade, 
les  éclaireurs.  Israël  envoya  des  batteurs  d'estrade 
pour  considérer  le  pays  de  Jazer,  volt.  Phit.  iv, 
(86.  Il  Par  extension.  Les  batteurs  d'estrade ,  les 
gens  qui  courent  les  che.niins.  ||  2°  Plancher  élevé 
dans  une  chambre, dans  un  édifice,  un  peu  au-des- 
sus du  parqu'et,  pour  y  placer  un  lit,  un  trône,  pour 
y  faire  une  cérémonie.  Le  grand  mouvement  est  sur 
une  estrade  qu'on  nomme  lethé.1tr.e,  montesq.  Lett. 
pert.  28.  Il  Fig.  De  l'estrade  des  grands  dascenctint 
au  vulgaire  Le  mensonge  sans  frein,  sans  pudeur, 
sans  raison ,  S'accroît  de  bouche  en  bouche  et  s'enQe 
de  poison,  volt.  Don  Pèdre,  m,  2. 

—  HIST.  xv  s.  Hector  bastard  de  Bourbon  vint  à 
tout  trois  cens  »r.més  hommes  d'armes,  sur  aucunes 
compagnies  de  gens  du  roy  qui  aJloient  à  l'estrade; 
si  en  print  et  tua  plusieurs,  monstrel.  f"  149,  dans 
lacurne.  De  là  si  fu  le  siège  mis  Devant  la  ville  da 
Heolle;  Messire  George  Soliton  Si  en  avoit  la  charge 
et  garde,  Avecque  un  autre  Anglois  gascon  Et  qua- 
tre cens  hommes  d'estrade.  Vigiles  de  Otaries  Vil, 
p.  203,  dans  lacurne.  Adieu,  galans,  qui  soûliez 
faire  fringues  Parmi  les  rues,  routes  et  espan^des 
[sic],  Saillans  en  l'air,  pour  prendre  les  esplingues 
Au  seing  des  dames,  regardans  les  estrades,  ib. 
t.  II,  p.  3(.  Il  xvr  s.  Là  sont  Crotte,  Estanson  et 
Imbault,  Et  Fontrailles,  lesquelz  ont  maint  ribault, 
Tous  enragiez  de  courir  à  l'estrade,  i.  marot,  v, 
90.  En  telle  pompe  eslans  lors  décorez,  Devers  la 
roy  vindrent  faire  l'estrade,  id.  v,  4  73.  Le  duc  de 
Gui.'e  envoya  battre  l'estrade  vers  la  Fredonniere, 
qui  estoit  le  premier  rendez-vous  à  l'entreprise  da 
Blois;  ces  estradiots  luy  amenèrent  prisonniers  30 
ou  40  de  ceux  qui  commençoient  à  se  desbander, 
d'aub.  Hist.  I,  93.  Quelques  batteur»  d'estrade,  id. 
l'ft.  I,  93.  Bon  pied,  bon  œil,  sus  à  coup  qu'on  s'es« 
veille.  Francs  chastellains,  soudain  tost  à  l'estrade, 
ROG.  de  collerte,  p.  4  95,  dans  LACOaNB. 

—  ÊTYM.  Provenç.  espagn.  et  portug.  ettrada, 
voie,  chemin;  itaL  strada,  même  sans;  du  latiu 
strata,  voie  pavée,  de  stratum,  supin  desternere, 
étendre.  Estrade  vient  du  provençal  eu  de  l'espa- 

I.  —    189 


1506 


EST 


îM^riirSSr.  r...r«)e.  e'e.t  battre  le. 

■^  à  «MM    I*  etioM  étendue. 

flHIVADIOT  (»-itr«-di-o),  ».  m  Eïp6c«  de  «ol- 
dal  à  «b«»«l  qu'oo  •'""  •''•"'f°'»  ''•  '*  ^^^^  •'  "** 
l'Altanit  tl  dont  on  i'e«t  lerTi  durant  le  xv«  et  le 
rtf  tàidt.  Il  On  trouTe  au»si  itradiote.  Lei  «tndio- 
Mi,  irteboo*  (oldits  grecs  da  Venise  ,  cbevau- 
Uftn,  arfflte  de  cimeterrei  orientaux,  devaient 
pénétrer  dam  Ict  fliea  de  U  lourde  gendarmerie 
frîntaiM  fl,  do  cfll6,  faucher,  poignarder  les  cho- 
raui,  mciiKLET,  lliit.  de  France,  au  xvi'iiiele,\,i. 

—  HIST.  XVI*  1.  Plus  fien  qu'estradioU,  ).  lU- 
WT,  p.  *7,  dans  LACORini. 

—  tTYM.  Ital.  tlTodiotto;  du  grec  0Tpatu«rr|<, 
soldat 

BSntAGON  (è-stra-gon),  $.  m.  Espèce  d'armoise 
aromatique  {artemisia  dracuneuiui,  L),  qu'on  met 
dans  les  ulàdes  et  dans  les  ragoAts. 

—  tTYM.  Wallon,  dra;on«;  espagn.  taragona; 
portug.  tstragio;  ital.  targone;  du  latin  draconem, 
dans  la  signification  da  dracunculut ,  nom  qui 
ne  parait  pas  avoir  été  donné  k  notre  estragon, 
mais  que  les  botanistes  lui  ont  appliqué. 

ESTRAMAÇON  (é-stra-ma-son) ,  t.  m.  £p£e 
droite,  langue  et  à  deux  tranchants.  Je  me  conten- 
tai de  lui  donner  d'un  estramaçon  sur  la  tète  qui 
l'effraya  si  fort  qu'il  s'enfuit  hors  du  jardin,  scahr. 

Hom.  com.  i,  43 Ce  D.  Félix  est  un  méchant 

garçon;  Il  veut  faire  avec  vous  le  coup  d'estramaçon, 
ta.  CORN.  D.  Bertrand  de  Cig.  n.  i.  ||  Coup  d'estra- 
znaçon.ou,  simplement,  estramaçon,  coup  de  taille. 
Mais  il  faut  en  user  en  diverses  façons,  Ou  feindre 
une  estocade  ou  des  estramaçons  ,  deshahets,  Vi- 
tionnaira,  m,  <.  Carillan  sortit  chargeant  à  coups 
d'estramaçon  tout  ce  qu'il  trouva  devant  lui,  retz, 
ir,  147.  Il  Fig.  11.  de  la  Rochefoucauld  lui  donna  [au 
premier  président]  tant  de  coups  d'estramaçon,  qu'il 
Tint  à  bout  de  ce  qu'il  desirait,  sT-siu.  eg,  433. 

—  H18T.  XVI*  s.  Vesme  lui  passe  l'espée  au  travers 
du  corps,  et  en  la  retirant  lui  met  le  visage  en  doux 
d'un  estramaçon,  d'aub.  Ilist.  ii,  4  7. 

—  tTYM.  Ital.  f  (ramaixone  ;  bas-lat.  tcramataxut, 
grand  couteau  de  guerre,  da  l'allemand  Schramme, 
blessure,  et  le  bas-lat.  taxa,  couteau,  da  l'ancien 
haut  allem.  tahs,  couteau. 

KSrRAMAÇONKÊ,  £E  (b-stra-ma-so-né ,  née), 
part.  paui.  Rudement  estramaçonné  par  son  ad- 
versaire. 

BSTRAMAÇONNER  ((-stra-ma-so-né).  ||  1*  T.  a. 
Frapper  de  coups  d'estramaçon.  ||  2*  V.  n.  11  ne  cessa 

d'estramaçonner  durant  tout  le  comb.\t Avez-vous 

des  ennemis  secrets?  Parlez,  j'estramaçonne  et  je 
TOUS  en  défais,  th.  corn.  D.  César  d'Àv.  ii,  4. 
Il  8*  S'estramaçonner,  v.  réft.  Se  battre  k  coups 
d'estramaçon.  Ils  se  sont  eslramaçonnés  rudement. 
Il  Ce  terme  ne  sa  dit  plus  guère  qu'en  plaisan- 
tliit. 

—  BTm.  Eslramofon. 

fKSTRAN  ou  ESTRAND  (è-stran),  t.  m.  Terme 
de  marine  peu  usité.  Partie  d'une  côte  plate  que  la 
mer  couvre  et  découvre  tour  à  tour. 

—  tTYM.  Angl.  tirand,  bord  de  la  mer. 

t  KSTBANGUÊLO  (é-stran-ghé-lo),  adj.  Le  carao- 
tèra  estranghélo,  et,  subsUntivemeut,  l'estranghélo, 
caractère  s)rria(|ue  employé  dans  les  premiers  siècles 
de  l'ère  chrétienne. 

—  ETYM.  Syriaque,  star,  écriture,  et  ingxl,  évan- 
gile, ainsi  dit  parce  qu'il  demeura  consacré  i  la 
transcription  des  Evangiles. 

ESTEAPADB  (é-stra-pa-d"),  ,.  f.  ||  1*  Supplice 
de  mer  qui  consiste  k  guinder  un  coupable  k  la  hau- 
teur d'una  vergue,  d'où  le  laissant  tomber  dans  la 
mer,  on  l'y  plonge  autant  de  fois  que  le  porte  sa 
••ntenca.  ||  L'estrapade  de  terre  s«  donne  en  liant 
les  pieds  et  les  mains  du  coupable,  derrière  le  dos, 
à  une  corda  et  la  laissant  tomber  da  la  même  ma- 
niera jusqu'à  deux  ou  trois  pieds  da  terre  :  ce  qui 
eipoea  ses  bras  at  tas  jambes  k  da  grandes  douleurs 
par  la  poids  du  corps.  L'astrapade  éuit  un  châti- 
ment qui  ne  s'inOigaait  pas  aux  cavaliers;  ce  sup- 
plice cessa  d'ètra  en  usage  dans  les  armées  françaises 
sous  Uuis  XIII.  Il  Fig.  C'était  un  maître  [Marit]  ;  Il 
rimaH  aisément;  Point  ne  donnait  à  ses  Ters  l'es- 
wapada,  cainu  Botul«<iu  rur  Benstrade.  \\  »*  La 
wi!^  *'X  '"'"  **'  '»q>"'"8  on  élevait  le  patient. 
1^  »L  .^'"P*'**'  P**"  *  »'»"••  ""1  "n«  «e"e  PO" 
wSUMn.TJyy  •*  °*  '""  •"!'?''<:"»  beaucoup  de 
JJ"»™  Il  r  Terme  da  manège.  Défense  du  che- 

r»«1SS^u-«  hi^  '*,««~"'l««n*«  de  ruades. 
R  •  TOUT  qu  on  fait  an  voltU-ant  s.r  h  corde.  U 


EST 

consisteà  se  tenir  fortement  suspendu  avec  les  mains 
k  la  corde  et  à  taire  passer  une  ou  plusieurs  fols  son 
corps  entre  les  deux  bras  qu'on  tient  écartés  l'un  de 
l'autre.  Double,  tripleestrapade.  ||  6*  Se  dit,  au  jeu  de 
l'hombre,  de  la  chanca  du  joueur  qui  fait  la  bète 
après  avoir  joué  sans  prendre.  ||  <*  Outil  pour 
monter  le  grand  ressort  d'une  pendule. 

—  UIST.  XTi*  s.  Les  capporaulx  sont  tenus  de  l'ap- 
pliquer à  l'estrapade,  rtar,.  rv,  4  3.  Et  s'il  y  eust 
eu  une  atrapado  en  la  ville,  ils  se  pouvoient  bien 
asseurer  d'y  servir  d'eiempled'une  telle  abomination, 
ID.  v,  24.  Il  eust  l'estrapade,  c'est  k  dire  trois  traicts 
do  corde  bien  roi  des;  et  estoit  si  haulte  qu'il  en 
cuyda  mourir,  ■>.  vi,  3. 

—  ÉTYM.  liai,  strappata,  àe strappare,  arracher; 
du  germanique  :  suisse,  strapfen,  tirer;  allemand, 
slralf,   fortement  attaché  ;   angl.  ttrap  ,  courroie 

(com p.   ËTRiER). 

ESTRAPADE,  tE  (è-stra-pa-dé,  iée) ,  parl.passi. 
U  fut  tstrapaiié. 

ESTRAPADER  (ô-stra-pa-dé) ,  v.  a.  InHiger  l'es- 
trapade, 

—  ÊTYM.  Estrapade. 

ESTRAPASSÉ,  ÉE  (è-stra-pa-sé,  sée) ,  port,  passé. 
Cheval  estrapassé. 

ESTRAPASSER  (è-stra-pa-sé)  ,  v.  a.  Terme  de 
manéfe.  Fatiguer,  excéder  un  cheval  par  un  exer- 
cice trop  violent. 

—  ÊTYM.  Ital.  strapoMore,  de  stra,  préfixe,  qui 
est  le  lat.  extra,  hors,  et  pauo,  fou  :  rendre  fou 
k  force  de  tourmenter. 

fESTRAPONTLN  (è-stra-pon-tin),  Toy.  stra- 
pontin. 

t  ESTRAQUELLK  (6-stra-kè-l') ,  ».  f.  PeUe  pour 
porter  la  matière  du  verre  dans  les  pots. 

fESTRASSE  (è-stra-s*),  s.{.  Terme  de  commerce. 
Bourre  de  soie.  Estrasse  ou  cardasses  [à  faire  capi- 
ton] ,  le  cent  pesant  payera  comme  bourre  de  soie, 
4  00  sous.  Tarif,  4  8  sept.  4  664. 

jESTRELAGE  (è-stre-la-j'),  ».  m.  Ancien  terme 
de  finances.  Droit  levé  sur  chaque  setier.  Défendons 
de  lever  aucun  péage ,  estrelage  ou  autre  droit  en 
essence  sur  le  sel ,  sauf  aux  propriétaires  à  s'en  faire 
payer  en  argent,  suivant  le  règlement  de  notre  con- 
seil, Ordonn.  mai  4  080.  ^ 

—  HIST.  iiu*s.  Franchement,  sans  paier  tonlieu, 
slrelage  ,  ou  autre  débit  ,  ou  autre  coustume,  du 
CAHOE,  sextariaticum.  \\  xiv*  s.  C'est  assavoir  tout 
ce  que  on  appelloit  la  justice  et  setrellage  que  te- 
noit  k  censse  Fourcy,  ID.  tb. 

—  ÊTYM.  Lat.  sextariale,  setier,  d'oii  la  forme 
fictive  sextarialaticum ,  du  latin  sextarius,   setier. 

+  ESTRIF  (é-strif),  ».  m.  Terme  vieilli.  Querelle, 
lutta.  En  cet  estrif  la  servante  tomba,  la  font. 
Sert.  Il  On  écrivait  aussi  étrif.  Pendant  l'élrif,  D'un 
ton  plaintif  [je]  Dis  chose  telle,  la  font.  Poésies 
mêlées,  V. 

—  HIST.  XII*  s.  Commenciez  est  li  dex  [deuil]  et  li 
estris,  Bonc.  p.  72.  |{  im's.  Ensi  remest  [resta]  ceste 
chose  en  estrif,  h.  de  valenc.  xii. 

—  ÊTYM.  Hainaut,  ejirtve;  provenç.  ettris  et  es- 
trit,  dernière  forme  qui  conduit  Diez  à  regarder  ce 
mot  comme  dérivant  de  l'ancien  haut-allem.  strlt, 
combat;  angl.  to  strive.  On  cito  aussi  le  gaélique 
stri,  strigh,  combat.  L'anglais  strife  vient  du  fran- 
çais. 

t  ESTRIGUK  (è-stri-gh*),  ».  m.  Four  où  l'on  met 
les  glaces  pour  les  recuire  quand  elles  sont  apla- 
ties; on  les  dresse  à  mesure  qu'on  les  y  met. 

t  ESTRIQUK  (è-stri-k'),  ».  /.  Couteau  da  bois 
mince  et  flexible  qui  sert  à  estriquer. 

—  ÉTYM.  Flam.  sirikke,  bâton. 

+  ESTRIQCER  (è-stri-ké),  v.  a.  Boucher  avec  l'es- 
trique  les  feules  et  les  crevasses  que  la  terre  produit 
sur  les  bords  d'une  forme  à  sucre  en  se  séchant. 

I  ESTRIQUEUR  (è-stri-keur) ,  ».  m.  Crochet  de 
bois  pour  fouler  la  terre  autour  d'une  forme  à  sucre, 
avant  de  la  rafraîchir. 

^  ESTRIQDEUX  (6-stri-keù),«.  m.  Instrument  pour 
enlever  les  bavures  attachées  à  une  pipa  qui  sort 
du  moule. 

t  ESTRIVER  (è-stri-vé),  v.  n.  Terme  vieiUi.  Être 
en  querelle.  Avecque  tes  voisins  jour  et  nuit  estn- 
ver,  BÉGMJ5R,  Sat.  xiii. 

—  HIST.  XII*  s.  Donc  en  ont  comencié  entre  eus  à 
estriver,  77».  (e  mari.  440.  ||  xiu*  s.  Ce  dit  Renars: 
n  t  a  ipie;  Foi  est  qui  vers  seignor  estrive;  Jamais, 
k  nul  jor  que  je  vive.  Ne  ferai  rien  qui  lui  desplaise, 
Ben.  4  8363.  Il  xvi*  s.  La  philosophie  n'estrive  point 
contra  les  voluptés  naturelles,  pourvu  que  la  mesure 
y  soit  jointe,  MONT,  m,  aso. 

—  ETYM.  Estrif. 

t  ESTRIVIÊRKS  (*4tri-Ti6-r^,  ».  f.  plw.  Se  dit, 


EST 

chez  les  fabricants  de  soie,  des  bouts  de  cordes  at- 
tachées aux  arbalètes  des  lisserons. 

—  ETYM.  Le  même  que  étrivière. 

t  KSTROFFE  (è-stro-f) ,  s.  f.  Corde  qu'on  attacha 
k  la  queue  d'un  cheval,  puis  au  cou  du  suivant  pour 
les  faire  marcher  à  la  file. 

—  fiTYM.  Le  même  que  estrope. 

t  KSTROPE  (  è-stro-p'  ),  s-  f.  Terme  de  marine. 
Anneau  de  cordage  dont  on  ceint  les  poulies  et  au- 
tres pièces.  Il  Estrope  de  gouvernail,  cordage  qui 
sert  à  retenir  les  avirons  sur  les  tolets.  ||  Estrope  de 
marchepieds,  étriers  qui  soutiennent  les  marche- 
pieds.  Il  Terme  de  pèche.  Ligne  attachéa  sur  une 
corde  principale. 

—  ÊTYM.  Angl.  itrvp,  estrope. 

t  ESTROPER  (è-stro-pé) ,  v.  a.  Terme  de  marine. 
Ceindre  d'un  cordage  la  caisse  d'une  poulie  ou  tout 
autre  objet. 

t  ESTROPIAT  (è-slro-pi-a) ,  ».  m.  Anciennement, 
soldat  estropié  qui  mendiait.  Prôner  ce  qu'on  a  fait 
pour  le  bien  de  l'État,  Et  dire  :  ayez  pitié  du  pau- 
vre estropiât,  du  cerceau,  Le  faux  duc  de  Bourg. 
1,  1.  Il  Aujourd'hui,  homme  estropié,  impotent,  e< 
aussi  gueux  de  profession  qui  est  estropié  ou  qu< 
feint  de  l'être. 

—  HIST.  XVI*  s.  Et  ainsi  espargnant  pour  les  es- 
tropiatz  et  souffreteux,  bab.  Pant.  m,  i.  Aux  es- 
tropiais qui  avoient  perdu  bras  et  jambes,  carloix, 
m,  9. 

—  ËTYM.  Ital.  stroppiato  (voy.  estropier). 
ESTROPIÉ,  ÉE   (è-stro-pi-é,  ée),   port,  passé 

\\  1°  Qui  a  perdu  un  membre  ou  qui  l'a  hors  de  ser- 
vice. Estropié  par  une  chute.  Il  déterrait  les  sol- 
dats estropiés  dans  la  tranchée,  hamiit.  Gramm.  3. 
On  n'est  pas  tant  estropié  quand  on  l'est  du  bras  ou 
des  jambes,  que  quand  on  l'est  de  la  bourse,  d'a- 
BLANcouRT,  Avophth.  dans  richelet.  ||  Par  exten- 
sion. [Le  lion]  Peut  à  peine  rugir,  par  l'âge  estro- 
pié, LA  FONT.  fobl.  ni,  44.  ||  Terme  d'entomologie. 
Se  dit  des  papillons  de  jour,  qui  dans  l'état  de  re- 
pos ont,  par  la  disposition  de  leurs  ailes,  l'appa- 
rence d'insectes  à  ailes  luxées.  ||  Terme  de  pêche. 
Se  dit  d'une  morue  qui  n'est  pas  entière.  ||  2"  Fig. 
Qui  n'a  pas  de  développement,  d'ampleur.  Un  tissu 
d'énigmes  leur  serait  une  lecture  divertissante,  et 
c'est  une  perte  pour  eux  que  ce  style  estropié  qui 
les  enlève  soit  rare,  la  brut.  i.  Quelle  dilTérence 
de  ce  plaisir  estropié,  si  je  puis  parler  de  la  sorte, 
à  celai  que  le  même  air  ferait  éprouver,  s'il  était 
chanté  dans  le  goût  et  l'esprit  qui  lui  conviennent, 
d'alemb.  7/orm.  des  long.  Œuvres,  t.  m,  p.  4  48, 
dans  pouoENS.  |{  8°  Altéré  dans  sa  forme,  en  parlant 
des  mots,  des  phrases.  Expression  estropiée,  PA- 
TBU,  Plaid.  8,  dans  richelet.  Ils  [certains  visiteurs] 
fatiguent  plus  les  portes  des  maisons  à  coups  da 
marteau  que  les  vents  et  les  tempêtes;  si  l'on  allait 
examiner  la  liste  de  tous  les  portiers,  on  y  trouve- 
rait chaque  jour  leur  nom  estropié  de  mille  ma- 
nières en  caractères  suisses,  montesq.  Lett.  pers. 
87.  Concevez,  monsieur,  huit  pages  sans  points  ni 
virgules,  des  mots  estropiés,  transposés.. ..  p.  L.  couB. 
I,  »4.||4''  Substantivement.  L'estropié  jnarcha,  l'a- 
veugle ouvrit  les  yeux,  boil.  Sat.  xii.  Ce  sont  des 
estropiés  hors  d'état  de  gagner  leur  vie,  maintehon, 
lett.  à  l'abbé  Gobelin,  8  mars  4684.  M.  de  N'oailles 
fit  l'estropié  du  rhumatisme  ot  le  joua  longtemps, 

ST-SIM.  29,   78. 

t  ESTROPIEMENT  (è-stro-pi-man) ,  ».  m.  Action 
d'estropier;  résultat  de  cette  action.  Ce  fut  la  cause 
de  son  estropiement. 

—  HIST.  xvi*  s.  Estropiement,  oudin,  Dtct. 

—  ÉTYM.  Estropier;  ital.  itroppiamenlo. 

ESTROPIER  (è-stro-pi-é)  j'estropiais,  nous  estro- 
piions, vous  estropiiez;  que  j'estropie,  que  nous 
estropiions,  que  vous  estropiiez,  ».  a.  I{  1*  Priver 
de  l'usage  d'un  membre  par  coups  ou  b.essures.  Sa 
faire  estropier  sur  les  pas  des  Césars,  boil.  Sat.  viil. 
Il  Par  extension,  en  pariant  des  maladies.  Un  rhu- 
matisme l'a  estropié.  {|  Fig.  Chose  qui  ne  peut  être 
révoquée  sans  estropier  la  puissance  publique,  aoss. 
Var.  4  0.  Il  î*  Estropier  un  nom,  les  mots  d'une  lan- 
gue, les  défigurer  en  prononçant  ou  en  écrivant. 
Ils  prennent  par  où  ils  peuvent  les  termes  de  l'art 
qu'ils  attrapent,  et  ne  manquent  jamais  de  les  es- 
tropier et  de  les  mettre  hors  de  place,  mol.  Crth- 
que,  se.  8.  Le  marquis:  Tiens,  ce  que  les  Anglais 
ont  de  mieux,  c'est  qu'ils  parlent  français,  encore 
ils  l'estropient.  —  Le  baron  :  Et  nous  l'estropions 
nous-mêmes  pour  h  plupart,  boissy,  Français  d 
Lond.  se.  4.  Ribaudier  en  personne  Estropiait  alors 
un  discours  en  latin,  volt.  3  emper.  ||  Estropier  une 
pensée,  un  passage,  en  altérer  le  sens,  l'expression. 
Va,  va-t'en  faire    amende  honorable  au  Parnasse 


ET 


ET 


ETA 


4507 


D'avoir  fait  à  tes  ters  estropier  Horace,  mol.  Fem. 
ïOB.  m.  6.  Certains  passages  de  Dictys  de  Crète  que 
Scaliger  avait  estropiés,  volt.  Goût.  Voltaire  dans 
ses  derniers  jours  ne  pouvait  voir  sans  un  véritable 
chagrin  qu'on  se  permît  ainsi  d'estropier  nos  belles 
tragédies,  marmontel,  Élém.  liuér.  t.  ix,  p.  63, 
dans  pouGENS.  1|  Estropier  un  vers,  en  altérer  la  me- 
sure. Il  Estropier  une  sonate,  une  chanson,  la  jouer 
mal,  la  chanter  mal.  ||  3°  Terme  de  peinture.  Estro- 
pier une  figure,  n'en  pas  observer  les  proportions. 
Il 4°  S'estropier,  v.  réft.  Quoi!  ces  dieui  qui  s'estro- 
pient les  uns  les  autres,  PONTEN.Woi.^iope,  Homère. 
Il  Fig.  Voulant  se  redresser,  soi-même  on  s'estropie, 
Et  d'un  original  on  fait  une  copie,  boil.  Éptt.  ix. 

—  HIST.  ivi'  s.  Subjuguez  par  ung  petit  homme 
estropié,  rab.  Pant.  iv,  Nouv.  prol.  En  une  bat- 
taille,  dix  miïr  hommes  sont  stropiez  ou  tuez,  mont. 
m,  23.  On  a  attaché  l'honneur  à  couper  bras  et 
jambes,  &  estropier  l'un,  à  tuer  l'autre,  ianoue, 
248.  Les  armes  d'aujourd'hui  sont  si  griefves,  qu'un 
gentilhomme,  à  trente  et  cinq  ans,  est  tout  estropié 
des  espaules,  d'un  tel  fardeau,  m.  286.  Estropié  de 
quelques  coups  et  mesmes  de  l'honneur,  d'aub. 
Hùt.  1,  488.  Infinis  lieux  y  sont  [dans  le  texte] 
desesperéement  estropiez  et  mutilez,  amyot,  Moral. 
Éptt.  p.  <6. 

—  ÉTYM.  Espagn.  et  portug.  estropear;  ital.  strop- 
piare,  storpiare,  estropier,  stroppio,  obstacle,  em- 
pêchement. Origine  inconnue.  Diez  propose  par 
conjecture  le  latin  ex-torpidare ,  rendre  roide,  en- 
gourdi. Muratori  fait  mention  de  turpis,  laid.  Tout 
cela  est  incertain.  Estropier  est  récent  et  venu  de 
l'italien. 

t  ESTnAIHE  (è-stu-â-U',  Il  mouillées),  s.  f.  Nom 
donné  anciennement  aux  magasins  de  sels,  Lettres 
pat.  27  juin  (680. 

t  KSTCAIRE  (è-stu-ê-r'),  s.  m.  Terme  d'antiquité 
romaine.  Étang  maritime  oii  l'on  nourrissait  du 
poisson.  Il  Terme  de  géographie.  Sinuosité  du  litto- 
ral, qui  n'est  couverte  d'eau  qu'à  la  marée  mon- 
tante. Il  Se  dit,  par  analogie,  de  l'embouchure  d'un 
fleuve  qui  forme  une  sorte  de  golfe.  Les  rivages  de 
l'estuaire  girondin  encadrent  de  vastes  nappes  d'eau 
où  l'on  peut  étudier  tous  les  phénomènes  des  cou- 
ranls  et  des  marées,  reclus,  Revue  des  Deux-Mon- 
des,  4862,  déc.  p.  901. 

—  HKT.  XIV'  S.  Une  pièce  de  terre,  ainsi  comme 
elle  se  levé,  o  [avec]  le  fons  du  fossé  qui  est  et  flert 
[frappe,  porte]  à  l'estier  du  port  dessous  le  chas- 
teau,  DU  GANGE,  esterium. 

—  ÉTYM.  Lat.  asstuarium,  de  sestus,  flux  de  la  mer: 
lieu  où  le  flux  pénètre. 

ESTURGEON  (ë-stur-jon) ,  s.  m.  Gros  poisson  qui 
remonte  de  la  mer  dans  les  grands  fleuves.  Les  œufs 
de  l'esturgeon  constituent  un  aliment  très-recherché 
dans  le  Nord,  sous  le  nom  de  caviar.  On  fait  avec 
la  vessie  natatoire  de  l'esturgeon  l'ichthyocolle  ou 
colle  de  poisson.  X  son  souper,  un  glouton  Com- 
mande que  l'on  apprête  Pour  lui  seul  un  esturgeon; 
Il  n'en  laissa  que  la  tête,  la  font,  le  Glouton. 

—  HIST.  XIV*  s.  Bresmes  en  rost,  esturgon  et  ge- 
lée, hénagier,  ii,  *.  Esturgeon:  eschaudez,  osiez 
le  limon,  couppez  la  teste  et  la  fendez  en  deux,  ib. 
Il,  s. 

—  ÉTYM.  Espagn.  esiurion;  ital.  slorione/  de 
l'anc.  haut-allem.  stun'o ;  allem.  Stôr.  Betz  ,  i,  2, 
écrivait  éturgeon. 

t  ÉS0LE  (é-su-l') ,  s.  f.  Nom  de  plusieurs  euphor- 
bes, dont  une  {euphorbia  esula,  L.)  a  une  racine 
dont  l'écorce  a  été  employée  comme  purgatif  hydra- 
goguo.  Êsule  ronde,  euphorbia  peplus,  L.  Petite 
ésule,  ancien  nom  officinal  de  V  euphorbia  cyparis- 
sias.  Grande  ésule,  ancien  nom  officinal  de  l'eu- 
phorbe des  marais. 

JÉSUS  (é-zus'),  s.  m.  Nom  d'un  dieu  des  Gaulois, 
assimilé  tantôt  à  Mars  et  tantôt  à  Apollon,  et  à  qui 
on  sacrifiait  des  victimes  humaines.  Il  s'écrivait 
aussi  Ilésus. 

ET  (è  ;  le  t  ne  se  lie  jamais,  ce  que  remarque 
Palsgrave,  p.  37,  au  xvi*  siècle,  excepté  dans  les 
locutions  latines  :  et  csetera,  dites  è-tsé-té-ra,  et  ab 
hoc  et  ab  hoc,  dites  :  a-bo-kè-ta-bak),  conj.  ||  1°  Il 
sert  à  lier  entre  elles  les  parties  semblables  du  dis- 
cours. Corneille  et  Racine.  Bon  et  sage.  Le  riche  et  le 
pauvre.  Le  sage  est  ménager  du  temps  et  des  pa- 
roles, LA  font.  Fabl.  viii,  26.  Les  esprits  justes,  et 
qui  aiment  à  faire  des  images,  la  bruy.  i.  On  n'a 
pas  dans  le  cœur  de  quoi  toujouw  pleurer  et  ai- 
mer, ID.  IV.  Il  Ordinairement,  les  mots  joints  par  et 
se  suivent;  mais  on  peut  quelquefois  les  séparer,  soit 
Jans  le  style  familier,  soit  dans  le  style  élevé.  La 
raison  veut  et  la  nature  Qu'après  le  mal  vienne  le 
bien ,  halh.  v  ,  5.  Albe  le  veut ,  et  Rome  ;  il  faut  leur 


obéir,  CORN.  Ilor.  m.  «.  Les  truites  y  sont  admira- 
bles et  les  saumons  an  Rhin,  pellisson,  Lett.  hist. 
t8  oot.  (08i.  Il  2°  Après  les  noms  d'heure,  démesure, 
quand  il  y  a  une  fraction,  on  met  et  .■  midi  et  demi, 
midi  et  un  quart;  minuit  et  trois  quarts;  deux  heures 
et  un  quart;  une  aune  et  un  tiers.  ||  On  peut  aussi  sup- 
primer et ,  excepté  quand  la  fraction  est  demi  :  minuit 
un  quart;  midi  trois  quarts;  une  aune  un  tiers,  etc. 
Il  3°  Dans  les  noms  de  nombre  composés,  et  se  met 
généralement  devant  un  quoiqu'il  ne  se  mette  pas 
devant  deux,  trois,  quatre,  etc.  vingt  et  un,  trente 
et  un,  etc.  Il  n'y  a  d'exception  que  pour  cent  et 
quaire-vingt  :  quatre-vingt-un,  cent-un.  ||  Et  se  met 
aussi  devant  onae  après  soixante.  Soixante  et  onze. 
Il  4°  Et  répété  sert  à  donnerplusde  force  Ma  phrase. 
Quel  carnage  de  toutes  parts  I  On  égorge  à  la  fois 
les  enfants,  les  vieillards.  Et  la  sœur  et  le  frère 
Et  la  fille  et  la  mère.  Le  fils  dans  les  bras  de  son 
père,  RAO.  Eslh.  i,  6.  Et  le  riche  et  le  pauvre,  et 
le  faible  et  le  fort  Vont  tous  également  des  douleurs 
à  la  mort,  volt,  t"  Disc.  égal,  des  cond.  Aristote 
met  au  rang  des  monarchies  et  l'empire  des  Perses 
et  le  royaume  de  Lacédémone,  MONTESQ.JPsp.  xi,  9. 
Il  5°  Et  s'emploie  au  commencement  des  phrases 
qui  en  suivent  d'autres  sans  liaison  immédiate, 
dans  le  style  biblique  ou  poétique.  Et  Jésus  se 
rendit  sur  la  montagne  dos  Oliviers.  Et  voilà  que 
tout  d'un  coup....  Et  véritablement  on  ne  saurait 
nier  que....  Et  vous  prononcerez  un  arrêt  si  cruel  I 
RAC.  ^ndr.  I,  4.  Et  je  puis  voir  répandre  un  sang  si 
précieux  I  Et  je  laisse  avec  lui  périr  tous  ses  aïeux  I 
ID.  ib.  m,  8.  Et  moi  aussi,  j'avais  espéré,  mon- 
seigneur, que  vous  viendriez  à  Versailles,''^  main- 
tenon,  Lett.  au  card.  de  Noailles,  3  avr.  4697.  Et 
je  pleurais  I  et  je  me  trouvais  à  plaindre  I  et  la  tris- 
tesse osait  approcher  de  moi  1  J.  J.  rouss.  Hél.  v,  9. 
Et  qui  sait  dans  quels  pièges  adroits  les  perfides 
ruses  d'une  femme  vicieuse  et  jalouse  de  ses  vertus 
a  pu  surprendre  son  innocente  simplicité  I  id.  Ém. 
V.  Il  Et  fût-il,  c'est-à-dire  quand  même  il  serait;  et 
fussiez-vous,  c'est-à-dire  quand  même  vous  seriez. 
11  faut  les  combattre,  et  fussent-ils  trois  contre  un. 
Vous  le  devez  haïr,  et  fût-il  votre  père,  corn.  Hé- 
raci.  v,2.  Je  vengerai  sur  vous,  et  fussiez-vous  mon 
père....iD.  tft.  Vous-même  en  deviendriez,  je  le  gage, 
amoureux;  On  ne  s'en  peut  sauver,  et  fût-on  tout 
déglace,  LA  font.  i'BMnuque,  v,  4.  ||  £t  de  suivi 
d'un  infinitif  se  met  quelquefois  à  la  fin  d'un  récit 
pour  signifier  que  l'événement  se  termina  par  l'ac- 
tion que  l'infinitif  exprime.  Ainsi  parla-t-il;  et  cha- 
cun de  rire.  ||  De  nos  jours  on  a  quelquefois  com- 
mencé une  pièce  de  vers  par  et,  ce  qui  donne  l'air 
au  poète  de  continuer  des  réflexions  dont  le  com- 
mencement n'aurait  pas  été  communiqué  à  l'audi- 
teur ou  au  lecteur.  Et  j'ai  dit  dans  mon  cœur  :  que 
faire  de  la  vie?  lamabt.  Méd.  ii,  t9.  ||  6°  Et  cxtera, 
et  les  autres  choses,  et  le  reste,  et  tout  ce  qui  s'en- 
suit. Par  abréviation  on  écrit  etc.  Que  lui-même  [le 
juge]  il  chante  après  boire,  La  liberté,  la  gloire,  et 
castera,  bérang.  Vendanges.  ||  S.  m.  Le  signe  qui 
représente  cette  expression.  Un  et  caetera.  Des  et 
caetera.  !  Proverbe.  Dieu  nous  garde  d'un  quipro- 
quo d'ajwthicaire,  et  d'un  et  caetera  de  notaire, 
parce  que  les  quiproquos  d'apothicaires  empoison- 
nent et  que  les  et  caetera  de  notaires  engendrent 
les  procès. 

—  REM.  1.  La  règle  est  que,  et  joignant  deux  ou 
plusieurs  substantifs,  le  verbe  qui  s'y  rapporte, 
se  mette  au  pluriel.  Cependant  on  peut  quelquefois, 
quand  ce  ne  sont  pas  des  noms  de  personnes,  se 
soustraire  à  cette  règle,  soit  que  l'on  considère  les 
mots  ainsi  joints  comme  un  seul  sujet,  soit  qu'il  y 
ait  licence  poétique.  Ce  grand  homme  [Moïse]  a 
écrit  les  œuvres  de  Dieu  avec  une  exactitude  et  une 
simplicité  qui  attire  la  croyance,  boss.  Hist.  ii,  3. 
On  dit  que  ton  front  jaune  et  ton  teint  sans  couleur 
Perdit  en  ce  moment  son  antique  pâleur,  boil.  Lutr.i. 
Quel  nouveau  trouble  excite  en  mes  esprits.  Le  sang 
du  père,  ô  ciel,  et  les  larmes  du  fils?  hac.  Mithr. 
V,  5.  La  sagesse  et  la  pitié  du  souverain  peut  faire 
toute  s«ule  le  bonheur  des  sujets,  mass.  u"  dim.de 

carême La  tenoresse  et  la  crainte  Pour  lui  dans 

tous  les  cœurs  était  alors  éteinte,  volt.  Henr.  m. 
L'univers,  medis-je,  est  un  tout  immense  dont  toutes 
les  parties  se  correspondent;  la  grandeur  et  la  sim- 
plicité do  cette  idée  éleva  mon  âme,  Thomas,  Éloge 
de  Marc-Aurèle.  \\  2.  La  régularité  veut  qu'avec  e«on 
ne  change  pas  de  construction  et  qu'on  ne  dise  pas 
par  exemple  :  Saint-Louis  aimaitlajustice  et  à  chan- 
ter à  la  chapelle.  Cette  règle  n'est  pas  de  rigueur, 
du  moins  avec  la  conjonction  que;  et  les  exemples 
suivants  sont  très-bons.  Pour  moi  qu'en  santé  même 
un  autre  monde  étonne.  Qui  crois  l'âme  immortelle 


et  que  c'est  Dien  qui  tonne,  boil.  Sat.  i.  Vous- 
même  de  vos  soins  craignez  la  récompense,  Et  que 
dans  votre  sein  ce  serpent  élevé  Ne  vous  punisse  un 
jour  de  l'avoir  conservé,  bac.  Andr.  i,  2.  ||  3.  La 
versification  regarde  comme  un  hiatus  la  rencontra 
de  et  devant  une  voyelle  et  la  rejette;  ce  qui  est 
une  très-grande  gêne.  Pourtant  cette  rencontre  n'a 
rien  de  dur  à  l'oreille,  et  les  poêles  auraient  bien 
dû  suivre  l'exemple  de  Régnier,  qui  met  sans  scru» 
pule  et  devant  une  voyelle.  U  va  comme  un  ban- 
quier en  carrosse  et  en  housse ,  réonier  ,  Sat.  ji, 
[II]  Peut  autant  qu'autre  prince  et  a  trop  de  moyen . 
ID.  ib.  III.  La  Fontaine  aussi  en  a  des  exemples  :  Le 
juge  prétendait  qu'à  tort  et  à  travers  On  ne  saurait 
manquer  condamnant  un  pervers,  Fabl.  u,  3. 
Il  4.  Dans  des  membres  de  phrase  mis  en  corres- 
pondance par  des  adverbes  comparatifs ,  on  ne 
met  pas  et  devant  le  second  :  Plus  je  le  vois,  plus  ja 
l'aime.  Et  n'est  de  mise  que  quand,  au  lieu  d'une 
seule  proposition  il  y  en  a  plusieurs  :  Plus  je  la 
vois  et  plus  je  le  fréquente,  plus  je  l'aime.  Cepen- 
dant la  suppression  de  Yet  n'est  pas  d'absolue 
rigueur,  et  dans  des  phrases  de  ce  genre  il  s'em- 
ploie souvent  par  pléonasme  :  Plus  je  vous  en- 
visage. Et  moins  ja  me  remets,  monsieur,  votre 
visage,  RAC.  Piotd.  u,  4.  ||  5.  Les  grammairiens 
donnent  pour  règle  de  mettre  ni,  non  pasel,  dans 
les  propositions  négatives,  et  et,  non  pas  ni,  dans 
les  propositions  affirmatives;  et  ils  blâment  les  au- 
teurs qui  ne  se  sont  pas  conformés  à  cette  règle. 
Elle  est  sans  doute  bonne  à  suivre  en  général  ;  pour- 
tant, comme  le  remarque  M.  Lemaire ,  il  n'y  a  là 
rien  d'absolu,  et  c'est  la  pensée  qui  doit  domi- 
ner l'expression.  Ainsi,  cette  phrase  de  la  Bruyère  : 
Il  n'est  rien  que  les  hommes  aiment  mieux  et  qu'ils 
ménagent  moins  que  leur  propre  vie,  ch.  u,  vaut 
mieux  avec  et  qu'avec  ni,  demandé  par  quelques 
grammairiens.  En  contre-partie,  ce  passage  de  Boi- 
leau  :  Défendit  qu'un  vers  faible  y  pût  jamais  en- 
trer. Ni  qu'un  mot  déjà  mis  osât  s'y  remontrer. 
Art  p.  II,  est  critiqué,  et  l'on  veut  substituer  et  à 
ni,  sous  prétexte  que  la  phrase  est  affirmative; 
mais,  avec  des  verbes  à  signification  négative,  la 
disjonctive  ni  répond  mieux  à  la  pensée.  ||  6°  Et,  au 
xvii'  siècle,  se  mettait  sauvent  où  nous  mettons  ehl 
Et  bien  I 

—  HIST.  IX*  s.  Pro  Deo  amur  et  pro  Christian  po- 
blo.  Serment.  ||x*s.E  si  distrent  [et  ils  dirent  ainsi], 
Fragm.  de  Valenc.  p.  467.  ||xi"  s.  Il  en  apelet  e  ses 
dux  e  ses  contes,  Ch.  de  Jioi.  ii.  ||  xii's.  Sis  [siles] 
acouplons  deux  et  deux  as  chevaus,  Ronc.  p.  160. 
Il  XIII*  s.  Dame,  ce  respont  Berte,  et  je  les  amerai 

Berte,  vii Si  tost  qu'il  eut  lavé  [qu'il  se  fut  lavé], 

Et  no  François  en  ont  le  messagier  mené,  ib.  Lxvii. 
  ardoir  [elle]  fut  jugée,  et  par  droit  jugement  [et 
ce  fut  justice] ,  ib.  xcv.  ||  xv*  s.  Je  ne  vis  oncques  deux 
meilleures  dames  ni  de  plus  nobla  condition,  ni  na 
verrai  jamais,  et  vesquisse  mille  ans,  FR0iss.n,iii, 
32.  Nostre  maistre  et  bienfaiteur  et  prince  digne, 
COKM.  Prol.  La  plupart  des  gens  taschent  à  leur 
complaire  [aux  princes]  et  à  leurs  complexions  et 
conditions,  id.  ib.  ||  xvi*  s.  L'Escriture  a  coustuma 
de  leur  reprocher  qu'ils  ont  cœur  et  cœur,  c'est  à 
dire  le  cœur  double,  calv.  Instit.  4032.  Ils  ne  doi- 
vent pourtant  faire  escarmouche,  et  [ni]  n'entre- 
prendre d'y  mettre  ordre,  id.  ib.  42)0.  Puisque  vous 
le  voulez,  et  moi  aussi  [je  le  veux  bien],  dit  Lon- 
garine,  marg.  Nouv.  lviii.  Sans  contention  et  [ni] 
artifice,  mont.  Au  lect.  p.  xi.  Mes  défauts  s'y  liront 
au  vif,  et  ma  forme  naïfve,  id.  ii».  Aprez  qu'il  se  fust 
rendu  etsatronppe,  id.  i,  26.  Etquoy!  s'il  t'eust 
commandé  de  mettre  le  feu  en  nos  temples  T  m.  i, 
213.  Nous  osons  à  cette  heure  et  parler  et  escrire, 
id.  II,  42.  Adono  se  prirent  les  Athéniens  à  luy  dire 
tout  hault  :  «  Et  que  n'y  vas  tu  donc  toy  mesme?» 
AMYOT,  JVictas,  4  2.  Le  et  caetera  des  notaires  ne  sert 
qu'à  ce  qui  est  de  l'ordinaire  des  contrats ,  lot- 
sel,  368. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et;  espagn.  et  ital.  e;  du  latin 
et;  grec,  ts. 

ÉTABLAGE  (é-ta-bla-j') ,  s.  m.  Ce  qu'on  paye 
pour  la  place  d'un  cheval,  d*un  bœuf,  etc.  dans  une 
étable,  une  écurie.  ||  Terme  de  charron.  Entre-deux 
des  limonières  d'un  avant-train  ou  d'une  charrette. 

HIST.  XYi*  s.  Ceste  chose  ne  vaut  pas  l'esta- 

blage  [est  de  peu  de  valeur],  ocdin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Étable  4. 

4.  ÉTABLE  (é-ta-bl'),  t.  f.  ||  1'  Logement  où  l'on 
met  les  bestiaux.  Étable  à  porcs,  à  brebis,  et,  plus 
particulièrement,  dans  le  langage  ordinaire,  loge- 
ment du  bœuf.  Parmi  ces  gens,  un  gros  valet  d'é- 
table,  RÉGNIER,  Sat.  x.  Christ,  qui  fut  homme  et 
Dieu,  naquit  dans  une  étable,  rutr.  St  Genett,  ii, 


1.'...v 


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•/la  MiMm  Ooma»««  »  ^»m»<>r,oi  le  premier 


eKtt.  L 


irirti*  »«r«il  de  p«Mer  huit 

lotie  Ui  Vi.W.»  d-.AUKm»,  éuUo»  s.  encombrée» 
^Lier  que  ce  fut  un  de,  iravau»  d  Hercule  de 
ZoeMf';»*  ««■  «<""  '^''•••''«''.  et  arw.  affaire» 
îmbrou.ll«e.  et  ujalhonnêie».  ||  Kig.  Il  leur  faut  une 
éMlile  k  Part,  M  dit  de  gens  hargneux,  lia*  Terme 
d'»»l:unomie.  l'eiiie  conslellaUon  «nuée  «u  cœur 
du  Cancer. 

—  (ilST.  im*  ».  Car  h  tart  comcnce  à  fermer  S  es- 
Ubla  eil  qui  a  pcnlu  Son  cheval....  Lai  du  trot.  Car 
la  je  reconnoii  devant  justice  que  j'ai  le  ceval 
d'aucun  en  m'ettable,  je  doi»  estre  tantost  contrains 
tu  rendre,  bbaum.  xxivii,  2.  ||  xv  ».  Conseil  I  re- 
pondit l'archevcque;  beau  nepveu,  c'est  trop  lard; 
»ou»  voulez  dure  l'esUble  quand  le  cheval  est  perdu, 
Kiioisii.  u,  m,  »<.||xvi'  8.  Il  n'est  iioint  convenable 

3ue  le  sanctuaire  auquel  il  habite,  soit  infecté  d'or- 
ure  comme  un  estable,  calv.  Intlit.  636.  i  ceste 
heure  un  enfant  ne  sçauroit  eslre  huit  jours  marié 
qu'il  ne  vueille  incontinent  faire  estable  à  part. 
lANOUE,  48.  Il  ne  faut  point  se  desmembrer  de  la 
(Ocielé  civile,  et  faire  un  estable  et  vie  à  part  pour 
mieux  vaquer  [à  la  contemplation],  ID.  612.  Là  jet- 
tera on  le*  fumiers  à  mesure  qu'on  les  sortira  des 
«stables,  o.  de  serres,  24.  On  juge  un  cheval  non 
•eulement  i  le  veoir  manier  sur  une  carrière,  mais 
encore  àluy  veoir  aller  le  pas,  voire  et  à  le  veoir  en 
repos  à  l'estable,  mont,  i,  376. 

—  ETY»I.  l'icard,  fta/e,  elave ,  elaule;  Berry, 
étoule,élaiUe;  wallon,  tlâf;  provenç.  estahle,  s. m.; 
espagn  ettablo  ;  du  hi.  stahulum,  do  Jlare,  être 
fixé  (voy.  ester).  Élable  se  disait  de  l'écurie  ;  au 
XVI*  siicle,  on  le  faisait  souvent  masculin. 

a.  ËTADI.E  (é-ta-bl'),  ».  m.  Terme  de  marine. 
Continuation  de  la  quille  d'un  vaisseau  depuis  l'en- 
droit où  elle  commence  à  se  courber.  ||  S'aborder  de 
franc  étable,  se  dit  de  deux  galères  ou  vais.seaux 
qui  s'approchent  en  droiture  pour  s'enfoncer  par 
leurs  éperons. 

—  CTYN.  Anglo-sax.  ttefn;  isl.  ttefen;  danois, 
ttav;  allem.  Stab,  bAton.  l'I  s'est  introduite  dans 
le  mot  probablement  par  assimilation  avec  élable  i. 

ÉTABI.R,  ÊK  (é-ta-blé,  blée),  port,  passé.  Des 
b(rHr<  (tiiMi^K  à  l'aise. 

fiTABLEK  (é  la-blé),  v.  a.  Loger  dans  une  éta- 
ble, une  éeurio.  Élabler  des  moutons. 

—  IIIST.  XI'  8.  Les  di^mulez  fit  Charles  eslabler, 
Ch.  de  Uol.  XI.  Il  xni*  s.  OiI*nt  11  ceval  estable  sont, 
Puerre  et  avaine  II  plenté  ont,  FI.  et  Bl.  I24i. 
Il  XV  s.  ....  La  viUe  fut  si  nettement  arse  que  il  ne 
demnura  oncque»  pour  establer  ni  loger  un  iSieval, 
noiss.  II,  lii,  e>. 

—  F.TYM.  Lat.  stabulare,  de  stabulum,  étaWe. 

4.  ftTABLI,  lE  (é-ta-bli,  blie),  part,  pa-tsé  d'élii- 
iilir.  Il  !•  Fixé  et  assis.  Des  fondements  bien  établis. 
Il  Par  extension.  On  ne  reste  point  toute  la  journée 
établi  sur  une  chaise,  on  se  livre  à  des  jeux  d'exer- 
cice, on  va,  on  vient,  j.  j.  rouss.  Leil.  d  d'Alemb. 
Imaginet-vous  qu'elle  est  établie  dans  ma  chambre. 
et  qu'elle  m'attend  pour  me  prêcher,  oknlis,  Thédt. 
fidve.  Daiiffrt  du  monde,  m,  S.  ||  Kig.  Afin  que 
votre  foi  ne  soit  pas  établie  sur  la  sagesse  des  hom- 
mes, mai»  eiir  la  puissance  de  Dieu,  saci,  Ilibir, 
St  l'aul,  «"^p.  aux  Cor.  ii,  6.  Sur  tant  de  fonde- 
ments sa  puissanre  établie  Par  vous-même  aujour- 
d'hui ne  peut  être  alTaibhe,  bac.  Bri/.  iii,3.  Sur 
d'éclatant»  succès  m.i  piiis.sancn  établie  A  fait  jus- 
qu'aux deux  mers  respecter  Alhalie,  in.  Ath.  il,  6. 
Il  Le  gouvernemont  établi,  le  gouvernement  cpii.  au 
moment  où  l'on  parle,  a  le  pouvoir.  ||  i'  Institué. 
Obéir  aux  puissances  établies.  Qu'il  devait  l'ordre  et 
la  protection  h  ce  peuple,  qu'étant  établi  pour  le  gou- 
verner, il  l'était  aussi  pour  le  secourir,  et  que  la 
vie  ne  lui  était  pas  plu»  précieuse  que  son  devoir, 
VlEcil.  duc  de  Konlausier.  On  aime  àéfonlir  ailleurs 
ce  qu'on  trouve  établi  chez  soi,  «onteso.  Eup.  xix, 
«.  Il  S*  Reçu,  admis.  Une  croyance  établie  dans 
le»  eaprits.  Selon  toutes  les  apparences,  la  pensie 
du  poison  était  établie  dans  son  esprit  [de  Miidame{; 
et.  vjyanl  que  les  remèdes  avaient  été  munies,  elle 
ne  8onji>aii|ilu»  à  la  vie,  W  delà  eayktte,  llisl. 
iltnr  d'Ang.  CK-.uitm,  t.  m,  p.  175,  dans  pouoens. 
L»  témoignage  de  ceux  qui  croient  une  chose  déji 
*l«|.lie  n'«  point  de  force  (lour  l'nppuyer;  mais  le  té- 
««"gnagfl  de  ceux  qui  ne  la  croient  pas  a  de  la  force 
»p'>U  détruire,  niNTEs  Uratles,  1,  ».  Il  est  gé 
"  •    Îl»"'  *""''''  '^'^^  "'  peuple»  que  les  occupa 


•»  «éd^nuite» 


ne  convipnnent  qu'aux  femme», 


KATRAt..   ;/«!.  pK,l.  xni,  to.  Il  Eiint  établi  que! 
idm^Unt  que,  I,  pemuasion  iUnt  que....   Ils  flei 


ÉTA 

Komaiiis]  avaient  porté  les  choses  au  point  que  les 
peuples  étaient  leurs  sujets;  étant  éubli  que  c'éuit 
assez  d'avoir  oui  parler  d'eux  pour  devoir  leur  être 
soumis,  mohteso.  Ilom.  6.  ||  4*  Posé  comme  dé- 
montré. Des  principes  établis  par  une  solide  argu- 
mentation. Il  Question  bien,  mal  établie,  question 
dont  le  sens  est  exactement,  inexactement  déter- 
miné. L«8  questions  bien  établies  sont  des  ques- 
tions résolues,  condill.  Œuvres,  t.  m,  p.  is,  dans 
poiJGENS.  Il  6*  Oui  a  du  crédit,  de  la  faveur.  Etre 
établi  à  la  cour.  Vous  êtes  trop  bien  établi  dans 
mon  cœur,  lesage,  Turcaret,  m,  6.  ||  Il  se  dit  aussi 
de  choses  qui  ont  du  crédit.  Une  réputation  bien 
établie.  La  vérité  est  si  obscurcie  en  ce  temps  et  le 
le  mensonge  si  établi  que....  pasc.  dans  cousm. 
Il  i6°  Oui  a  une  position  fixe  dans  la  société,  une 
profession,  un  méiier.  Je  suis  jeune,  éiabli,  j'ai 
quelque  rang,  du  bien,  dancourt,  UmeArtus,  i, 
3.  11  n'est  pas  permis  fen  Kussie]  à  un  bourgeois 
établi  de  passer  dans  un  cloître,  volt.  Charles  XII, 
I.  Il  Marié. U  est  tout  naturel,  lorsque  l'on  est  jolie, 
Jiiune,  de  souhaiter  de  se  voir  établie,  colun 
d'iiauleville,  Optimiste,  iv,  B. 

2.  ÉTABLI  (é-ta-bli),  s.  m.  Sorte  de  table  longue, 
étroite  et  épaisse  sur  laquelle  les  menuisiers,  les 
serruriers,  etc.  fixent  les  pièces  auxquelles  ils  tra- 
vaillent. Il  Table  ha,ute  sur  laquelle  les  tailleurs  tra- 
vaillent, les  jambes  croisées. 

—  llIST.  xiu*  s.  Nus  menesterieus  du  mestier 
dessus  dit  (tailleur]  ne  puet  lever  establiede  ci  donc 
que  li  meslre  qui  gantent  le  mestier  aient  veu  et 
regardé  s'il  est  ouvriers  soufisant  de  coudre  et  de 
taillicr,  iiv.  des  met.  Ui.  ||  xvi*  s.  Ils  feirent  un 
amas  de  bois  autour  de  ce  corps,  des  tables,  bancs, 
establis  et  barrières  qu'ilz  alloient  arracher  çà  et 
là  par  la  place,  amtot,  César,  »7. 

—  ÊTVM.  ^«obJt  1. 

ÉTABLIR  (é-ta-blir),  v.  a.  ||  1°  Asseoir  et  fixer 
une  chose  en  quelque  endroit,  l'y  rendre  stable. 
Etablir  les  fondements  d'un  édifice.  ||  Fig.  Etablir 
sa  réputation,  sa  renommée,  ô  malheureuse  fille, 
Sur  qui  j'établissais  l'espoir  de  ma  famille,  botrod, 
Antig.  :v,  ï.  Quelque  temps  devant  la  dernière  dé- 
solation de  Jérusalem,  Solon,  l'un  des  sept  sages, 
donnait  des  lois  aux  Athéniens,  et  établissait  la  li- 
berté sur  la  justice,  BOss.  Hist.  i,  7.  Achevons  son 
repos  pour  étabhr  le  mien,  rac.  Alex,  m,  7.  Hélas! 
nous  espérions....  Que  sur  toute  tribu,  sur  toute 
nation,  L'un  d'eux  établirait  sa  domination,  id. 
Athal.  I,  1.  Non,  vous  avez  trop  bien  établi  ma 
rti.sgrâce,  m.  Brit.  m,  5.  ||  Bien  établir  sa  for- 
tune, son  crédit,  les  rendre  assez  solides  pour  qu'il 
ne  soit  pas  facile  d'y  porter  atteinte.  ||  Absolument. 
La  violence  abat,  la  douceur  établit.  ||  2°  Installer, 
placer,  mettre.  On  établit  des  boutiques  sur  le  champ 
de  foire.  Établir  un  camp.  Etablir  une  machine,  la 
construire  et  la  mettre  en  état  de  fonctionner. 
Il  Fonder.  Etablir  une  imprimerie,  une  fabrique. 
Il  Pratiquer,  disposer.  Etablir  des  étapes  sur  une 
route,  une  croisière  devant  un  port,  une  corres- 
pondance entre  deux  villes,  une  communication 
entre  deux  points.  ||  8°  Mettre  à  demeure  en  un 
certain  lieu.  Les  Phocéens  établirent  dans  la  Gaule 
une  colonie  qu'ils  nommèrent  Marseille.  Psammé- 
tique,  qui  devait  son  salut  aux  Ioniens  et  aux  Ca- 
riens,  les  établit  dans  l'Egypte,  fermée  jusqu'alors 
aux  étrangers,  boss.  Hist.  I,  7.  ||  Mettre  en  un 
logement.  Dans  un  an  j'ouvrirai  la  porte  condamnée, 
et  je  l'établirai  dans  son  nouvel  appartement,  gen- 
Lis,  Ad.  et  Théod.  t.  III,  p.  202,  dans  pougkns. 
Il  II  se  dit  somblablement  des  choses.  Etablir  sa 
demeure  en  un  certain  endroit.  Constantin  établit 
le  siège  de  l'empire  à  Constantinople.  ||  4°  En  termes 
de  guerre,  poster  d'une  façon  stable.  Il  établit  son 
aile  droite  sur  un  bon  terrain.  ||  6»  Instituer, 
pourvoir  d'une  fonction.  Il  établit  des  juges  d'une 
probité  reconnue.  Etablir  un  magistral  dans  une 
charge.  ||  Etre  établi  juge  de  certaines  affaires,  en 
être  constitué  juge.  ||  S'établir  une  espèce  de  juri- 
diction, d'empire,  etc.se  faire  une  espèce  de  juri- 
diction, d'empire.  ||  On  le  dit  de  même  des  choses. 
Établir  un  gouvernement,  une  administration,  un 
péage.  La  loi  qui  établit  cette  nouvelle  magistrature 
fut  appelée  la  loi  sacrée,  et  ce  fut  là  que  commen- 
cèrent les  tribuns  du  peuple,  BOSS.  Hist.  I,  8.  Les 
rois  furent  bannis  [de  Kome|,  et  l'empire  consu- 
laire fut  éubli  suivant  les  projets  de  Servius  Tul- 
lius,  iD.  ib.  Servius  Tullius,  successeur  de  Tarquin, 
établit  le  cens  ou  le  dénombrement  des  citoyens 
d.stribué»  en  certaines  classes,  par  où  cette  grande 
ville  [Home]  se  trouva  réglée  comme  une  famille 
particulière,  id.  i,  7.  ||  8*  Mettre  dans  un  état,  dans 
un  emploi  avantage;»,  dus  une  condition  fixe.  Il  a 


lîrrA 


IV 


bien  établi  tous  ses  enfants.  Je  n'en  parle  pas  dans 
mon  intérêt;  car,Dieu  merci,  j'ai  déjà  établi  mes 
petites  alfaires,  mol.  l'Amour  médecin,  m,  i.  Il 
est  vrai  qu'il  a  établi  sa  famille,  SÊV.  *(8.  ||  Etablir 
un  jeune  homme,  lui  procurer  un  établissement, 
une  profession,  un  métier.  ||  Etablir  une  lille,  la 
marier.  ||  7"  Mettre  en  crédit,  en  faveur.  Ses  al- 
liances i'éiablireiit  à  la  cour.  Ce  livre  l'a  bien 
établi  dans  I  opinion  publique.  ||  8°  U  se  dit  en  par< 
lant  des  doctrines,  des  lois,  des  devoirs,  etc.  Eta- 
blir la  foi  chez  les  infidèles.  Établir  l'ordre.  Rome, 
toujours  ennemie  du  christianisme,  fit  un  dernier 
effort  pour  l'éteindre  et  acheva  de  l'établir,  boss. 
Hist.  I,  (0.  Nous  lui  avons  vu  dire,  du  commun 
consentement  de  tout  le  parti,  que  la  supériorité  du 
pape  était  un  grand  bien  pour  l'Eglise,  qu'il  la 
faudrait  établir  si  elle  n'était  pas  établie,  id.  Var. 
xiii,  §  8.  Il  On  a  établi  que,  c'est-à-dire  c'est  une  cou- 
tume reçue  que....  On  a  sagement  établi  que  ceux  qui 
ont  un  commandement  un  peu  étendu  ne  soient  atta- 
chés à  aucun  corps  de  milice,  montesq.  Esp.  v,  18. 
Il  9°  Démontrer.  Établir  une  vérité,  une  proposition 
de  géométrie.  Etablir  des  principes,  les  poser. 
Etablir  un  fait,  l'exposer  avec  ses  preuves.  La  rai- 
son sur  laquelle  il  établit  sa  pensée,  pasc.  Prov. 
4.  Ils  pes  incrédules]  n'ont  rien  ;  ils  n'entendent 
rien;  ils  n'ont  pas  même  de  quoi  établir  le  néant 
auquel  ils  espèrent  après  cette  vie;  et  ce  misérable 
partage  ne  leur  est  pas  assuré,  boss.  Anne  de  Gcm. 
Moi-même  du  forfait  j'établirai  la  preuve,  H.  j. 
ciiêN.  Tib.  m,  3.  Il  Etablir  l'état  de  la  question,  la 
question,  bien  faire  comprendre  de  quoi  il  s'agit. 
Il  Etablir  un  compte,  la  balance  d'un  compte,  faire 
un  état  de  ce  qui  est  dû.  ||  10°  Terme  de  construc- 
tion. Etablir  les  bois,  faire  une  marque  sur  les 
bois,  à  l'endroit  où  doit  se  donner  le  trait  du 
scie,  afin  de  guider  l'ouvrier  qui  doit  les  débiter.  On 
dit  de  même  établir  les  pierres.  ||  Etablir  une  ar- 
moire, une  bibliothèque,  ta  faire.  ||  En  imprimerie, 
établir  tant  de  feuilles  sur  un  ouvrage.  ||  11°  Terme 
de  marine.  Etablir  une  voile,  la  déployer,  l'orienter. 
Il  Établir  un  navire,  en  disposer  convenablement 
toutes  les  parties  pour  la  marche  ou  pour  la  sia- 
tion.  Il  lî*  S'établir,  v.  réfl.  Fixer  sa  demeure  er 
un  lieu.  Ils  se  sont  étabhs  en  province.  Une  par- 
tie de  ces  peuples  que  Josué  chassa  de  leur  terra 
s'établirent  en  Afrique,  boss.  llist.  ii,  3.  De  quel 
droit  les  Français,  portant  partout  leurs  pas.  Se 
sont-ils  établis  dans  nos  riches  climats?  volt. 
Tancr.  I,  i.  ||  Fig.  Etablissez-vous  dans  la  charité  ; 
c'est  le  seul  moyen  de  trouver  la  vérité,  mass.  Myst. 
Incarnat.  \\  13"  Prendre  place  à  demeure  pour  un 
temps  plus  ou  moins  long.  U  s'est  établi  dans  mon 
cabinet.  11  s'établit  sans  façon  au  coin  du  feu.  Le 
roi  vint  s'établir  auprès  d'elle  et  lui  prodigua  les  plus 
tendres  soins,  genlis,  ilfme  de  Maintenon,  L  a, 
p.  225,  dans  pouGENS.  Deux  officiers  s'étaient  éta- 
blis dans  un  des  bâtiments  du  Kremlin;  de  là  leur 
vue  pouvait  embrasser  le  nord  et  l'ouest  de  la  ville: 
vers  minuit  une  clarté  extraordinaire  les  réveilla.' 
SÉGUR,  Hist.  de  Napol.  viii,  6.  ||  14° S'affermir.  Et, 
sous  un  faux  espoir  de  nous  mieux  établir,  Ce  renfoit 
accepté  pourrait  nous  affaiblir,  corn.  Sert,  i ,  2.  Pen- 
dant qu'Asaraddon  et  les  Assyriens  s'établissaient 
si  puissamment  dans  la  grande  Asie,  les  Mèdes 
commençaient  aussi  à  se  rendre  considérables, 
Boss.  hist.  i,  7.  Il  Prendre  position.  L'ennemi  s'éta- 
blit solidement  sur  la  rive  gauche  du  fieuve. 
Le  soir,  ils  [les  Russes]  s'établissaient  de  bonne 
heure  dans  une  bonne  position,  ne  laissant  sous  les 
armes  que  les  troupes  absolument  nécessaires  pour 
la  défendre,  tandis  que  le  reste  se  reposait  et  dor- 
mait, SÉGUR.  Hist.de  Napol.  vu,  2.  ||  15°  Gagner 
faveur,  confiance.  C'est  sa  destinée  de  se  pi-rdre 
dans  votre  esprit,  en  croyant  toujours  s'y  éta- 
blir, GENLIS,  Thédt.  d'éduc.  Méchant  pur  air,  iv,  4 
Il  16°  Se  faire  un  état,  une  position.  N'avoir  pas 
de  quoi  s'établir  convenablement  dans  le  monde. 
Pour  s'établir  dans  le  monde,  on  fait  tout  ce  qu'on 
peut  pour  y  paraître  établi,  la  rociiee.  ifor.  66, 
Il  Se  marier.  'Vous  êtes  trop  jeune  pour  vous  éta- 
blir. Je  cherche  à  me  venger,  vous,  à  vous  éta- 
blir, corn.  Sert.  V,  (.  Il  17°  S'instituer,  se  consi- 
dérer comme.  S'établir  juge  des  actes  d'autrui. 
Il  18*  Etre  établi.  Cette  idée  s'est  établie  sur  toute 
la  terre.  Expression  qui  aura  peine  à  s'établir.  Puis- 
que toutes  ces  choses  s'établissent  par  la  volonté  des 
hommes  et  qu'elle.'  sont  le  sujet  ordinaire  sur  lequel 
ils  exercent  leur  liberté,  boss.  Libre  arb.  s.  Un 
compte  s'établit  entre  les  deux  colonies,  batnal, 
Hist.  phil.  XIV,  30.  Il  Impersonnellf  ment.  Il  s'établis- 
sait peu  &  peu  parmi  eux  l'opinior  que....  Il  s'éta- 
blit dès  ce  jour  entre  eux  la  liaison  la  plus  intime 


ÉTA 

»1  en  appaience  la  plus  philosophique,  iiarmontel, 
Cont.  moraux,  Serup.  ||  19»  Terme  de  mer.  S'éta- 
blir, s'affourcher  pour  séjourner  sur  une  rade. 

—  HIST.  XI'  s.  Naimes  li  dux  puis  establist  la 
quarte  [la  quatrième  troupe],  Ch.  de  Roi.  ccxvu. 
Il  XII'  s.  X  bataille  establie,  Ronc.  p.  28.  Tele  leis 
volt  li  reis  en  sun  règne  establir.  Th.  le  mart. 
67.  Il  xni'  s.  Puis  en  fut  la  pais  si  et  faite  et  esta- 
blie. Bette,  tt.  X  cest  conseil  [ils]  se  tiennent, 
ainsi  fu  establis,  ib.  lixv.  [Une  chapelle]  Que  her- 
mite  jariis  y  orent  establie,  ib.  cix.  Sunt  en  terre 
eslabli  li  juge  Porestre  deffense  et  refuge  i  cel  cui 
li  monde  forfet,  la  Rose,  B48.1.  Les  cozes  qui  sont 
establies  à  Diu  servir,  si  ne  doivent  en  nule  ma- 
nière estre  mises  hors  de  mains  à  cix  [ceux]  qui 
sont  eslabli  h  fere  le  service  nostre  Segneur,  bbaum. 
XII,  47.  Chi  [ici]  commence  li  quars  capitres  qui 
parole  des  procureurs  el  des  establis  pour  autrui, 
ID.  7B.  Le  roy  el  le  conte  d'Anjou,  qui  puis  fu  roy 
de  Cécile,  furent  establiz  à  garder  l'ost  par  devers 
Babiloine,  JOINV.  222.  ||  xiv  s.  Le  jw^e  est  comme 
droit  animé  et  vivant  et  establi  pour  fais  selon  les 
lois  et  non  pas  selon  son  opinion,  oresme,  Elli. 
462.  Il  xvi*  s.  Avoir  un  but  estably,  mont,  i,  32. 

—  ÊTYM.  Provenç.  establir,  stablir  ;  espagn.  es- 
tablecer;  \ta\.  stabiiirei  du  latin  fictif  ifabitescere, 
de  stabilire,  de  stahilis,  stable  (voy.  ce  mot). 

ÉTABLISSEMENT  (é-ta-bli-se-man) ,  s.  m.||  1°  Ac- 
tion d'établir,  d'instituer,  de  fonder.  L'établisse- 
ment d'une  fabrique,  d'un  tribunal.  Il  n'y  a  rien  de 
plus  absurde  que  de  dire  qu'il  [Dieu]  ne  se  mêle 
point  du  gouvernement  des  peuples,  de  l'établisse- 
ment ni  de  la  ruine  des  États,  Boss.  Lib.  arb.  3. 
L'établissement  de  Carthage  est  attribué  à  Elissa, 
princesse  tyrienne,  plus  connue  soirs  le  nom  de  Di- 
don,  BOLLIN,  Hi.<^t.  anc.  (MMvres,  1. 1,  p.  233,  dans 
pouGENS.  Il  Par  extension.  L'établissement  d'une 
doctrine.  L'établissement  du  christianisme.  Il  doit  à 
(■(•t  ouvrage  l'établissement  de  sa  réputation.  ||  i°  Ré- 
sultat de  l'action  d'établir;  la  chose  même  qui  est 

établie Tout  établissement  Vient  tard  et  dure 

peu,  LA  FONT.  Fabl.  xi,  8.  L'établissement  de  Car- 
thage dans  son  pays  était  moins  solide  que  celui  de 
lîotne  dans  le  sien,  montesq.  Rom.  4.  ||  Fondation 
d'un  ordre  social  ou  politique.  Établissement  poli- 
tique, religieux.  L'établissement  impérial,  en  par- 
lant de  l'empire  romain.  ||  3°  Lieu  où  une  personne 
fixe  sa  résidence,  le  siège  de  ses  affaires.  ||  Kraisd'éta- 
blissement,  frais  qu'on  fait  pour  s'intaller  en  un  lieu, 
en  une  profession.  ||  Familièrement.  Faire  son  éta- 
blissement, s'arranger  quelque  part  pour  y  rester  à 
demeure.  Ah!  voici  nos  sacs;  allons,  faisons  notre 
établissement,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  Dangers  du 
viande,  in,  3.  ||4°  Il  se  dit  dans  un  sens  analogue 
de  colonies  qui  se  fixent  en  une  contrée.  Environ 
deux  siècles  après  la  guerre  de  Troie,  une  colonie 
de  ces  Ioniens  fit  un  établissement  sur  les  côtes  de 
l'Asie,  dont  elle  avait  chassé  les  anciens  habitants, 
BARTHÉLÉMY,  Anach.  ch.  72.  Il  II  se  dit  aussi  du  pied 
que  prennent  en  une  contrée  une  nation,  un  prince, 
un  gouvernement.  L'établissement  des  Européens 
dans  les  Indes.  Mérovée  y  fit  [dans  les  Gaules]  un 
plus  solide  établissement,  boss.  Hist.  i,  4i.||Le 
lieu  même  occupé,  avec  ses  dépendances.  Les  éta- 
blissements des  Anglais  dans  l'Inde.  ||  5°  Ce  qui  sert 
essentiellement  à  l'exercice  d'une  profession,  d'un 
métier.  L'atelier  d'un  menuisier  est  son  étaiilisse- 
ment.  ||  6°  Se  dit  de  toute  espèce  de  fonds  de  com- 
merce, quelle  qu'en  soit  l'importance.  ||  7"  Terme 
de  guerre.  Action  de  se  poster.  L'établissement  de 
l'ennemi  sur  un  point  qui  menaçait  nos  communi- 
cations. Il  L'établissement  des  quartiers,  la  distribu- 
tion des  troupes  dans  les  cantonnements.  ||  8"  Em- 
ploi, charge,  ou  avoir  qui  fait  que  l'on  est  établi 
dans  la  société.  Il  lui  fit  un  grand  établissement 
malgré  la  jalousie  des  satrapes,  boss.  Hist.  i,  s. 
C'est  un  hymen  qui  fait  votre  établissement,  mol. 
Femm.  sav.  m,  8.  ?'allait-il  appuyer  une  prétention 
raisonnable,...  procurer  un  petit  établissement?  elle 
était  toujours  prête,  fléch.  Mme  de  Uontausier.  Il 
[Mazarin]  lui  fit  épouser  Hortense,  la  plus  belle  do 
ses  nièces,  et  disposa,  en  sa  faveur,  de  tous  les  éta- 
blissements qui  dépendaient  du  roi,  de  la  même 
manière  qu'd  disposait  de  son  propre  bien ,  M""*  nE  la 
FAYETTE,  lUst.  d'Uenr.  d'Anglet.  Œuvres,  t.  m, 
p. 73 ,  dans  poiiOENs.  Pour  élever  mes  enfants  dans 
les  sciences  qui  feront  un  jour  leur  établissement,  la 
8RDY.  x.  Ils  osent  honorer  le  mérite  dénué  de  grands 
établissements,  m.  viii.  Chacun  se  souvient  assez 
de  tout  ce  que  son  établissement  lui  a  coûté  à  faire, 
ainsi  que  des  discours  qui  lui  en  ont  frayé  le  che- 
min, iij.  ib.  Il  y  a  un  sentiment  de  servitude  à  courir 
pour  son  établissement,  in.  iv.  Il  ne  doit  point  vou- 


ÉTA 

loir  donner  à  son  élève  un  établissement  au-dossus 
de  son  rang,  j.  i.  bouss.  Ém.  v.  ||  Action  de  procurer 
emploi,  charge  ou  avoir.  Il  s'est  donné  beaucoup 
de  peine  pour  l'établissement  de  ses  enfants.  ||  Ma- 
riage. Et  je  cours  sans  regret  à  mon  bannissement. 
Puisque  j'en  vois  sortir  ton  établissement,  COKN.  Mé- 
dée,  m,  3.  Ma  fille  désormais  ne  peut  plus  espérer 
d'établissement,  lesage,  Crispin  rirai  de  son  maî- 
tre, se.  t7.  Il  Ce  père  a  été  heureux  dans  l'établisse- 
ment de  ses  filles,  c'est-à-dire  il  les  a  bien  mariées. 
Il  9"  Exposé,  preuve.  L'établissement  d'un  fait,  d'un 
droit.  Il  Terme  de  pratique.  Établissement  de  pro- 
priété ,  analyse  des  titres  en  vertu  desquels  les 
parties  contractantes  possèdent  un  bien  cédé. 
il  Partie  des  actes  qui  contient  cette  analyse. 
Il  10°  Fondation  faite  en  vue  d'un  service  public. 
Les  hôpitaux  et  autres  établissements  de  charité. 
Les  collèges,  les  pensions  et  autres  établissements 
d'instruction  publique.  Mme  de  Maintenon  alla  se 
promener  à  un  village  ici  auprès,  oii  elle  fait  un 
établissement  de  charité  (9  sept.  t68B),  dangeao, 
I,  219.  Il  [le  cardinal  de  Fleury]  donna  tous  ses 
soins  à  faire  revivre,  à  mettre  en  exécution,  ou 
à  perfectionner  les  étabUssements  utiles,  mairan, 
Éloges,  Card.  de  Fleury.  Il  se  logea  auprès  du  Jar- 
din du  roi,  le  seul  établissement  public  où  l'on  en- 
seignât alors  à  Paris  ce  qu'il  désirait  savoir  [les 
sciences  physiques],  condorcet,  Duhamel.  Con- 
server les  hommes,  veiller  sur  leurs  jours,  écarter 
d'eux  les  horreurs  de  la  misère,  est  une  science  si 
peu  approfondie  que  même  les  établissements  qu'ils 
semblent  avoir  faits  pour  remplir  cet  objet,  produi- 
sent l'effet  opposé,  raynal,  Hist.  phil.  xii,  4.  ||  Éta- 
blissement public,  fondation  civile  ou  religieuse  qui 
a  pour  objet  l'utilité  matérielle  ou  "morale  du  pu- 
blic, et  qui  est  instituée  ou  reconnue  par  l'État. 
]]  Établissements  publics,  édifices  élevés  aux  frais  du 
public  et  destinés  à  certains  services;  tels  sont  les 
églises,  les  hôpitaux,  les  musées,  les  casernes,  etc. 
11»  Usine,  siège  d'exploitation  industrielle.  Cette 
fabrique  est  un  bel  établissement.  ||  Etablissements 
dangereux,  ceux  où  l'on  a  à  craindre  des  explosions; 
tels  sont  ceux  où  l'on  fabrique  la  poudre.  ||  Etablis- 
sements insalubres,  ceux  qui  répandent  des  exha- 
laisons nuisibles.  ||  Établissements  incommodes,  ceux 
qui  répandent  de  mauvaises  odeurs,  ou  qui  font  un 
bruit  désagréable  et  persistant.  ||  12°  S.  m.  plur. 
Les  Établissements  de  saint  Louis,  recueil  de  cou- 
tumes fait  sous  ce  roi.  Qu'est-ce  donc  que  cette 
compilation  que  nous  avons  sous  le  nom  d'Etablisse- 
ments de  saint  Louis?  qu'est-ce  que  ce  code  obscur, 
confus  et  ambigu  où  l'on  mêle  sans  cesse  la  juris- 
prudence française  avec  la  loi  romaine?  montesq. 
Esp.  xxviii,  38.  Il  13°  Terme  de  marine.  L'établisse- 
ment du  port,  ou  l'établissement  des  marées,  l'in- 
dication de  l'heure  de  la  haute  mer,  le  jour  de  la 
nouvelle  et  de  la  pleine  lune,  dans  un  certain  port. 
Il  14°  Terme  de  charpenterie.  Action  de  faire  le 
choix  du  bois  et  d'en  tracer  les  coupes  et  assem- 
blages. Il  S.  m.  plur.  Marques  des  menuisiers  pour 
distinguer  une  pièce  d'avec  une  autre. 

—  HIST.  XII'  s.  Li  lai  [les  la'iques]  volent  tenir  lur 
establisement  E  lur  us,  si  cum  orent  devant  els  lur 
parent,  Tk.  le  mart.  29.  Lai  [laisse]  ester  autrui 
dreit,  ce  qu'à  autrui  apent  :  Ne  chalengier  [dispu- 
ter] à  Deu  sun  establisement:  De  Deu  as  poesté  e 
tun  corunement,  ib.  76.  Leis,  droitures  ne  jugemenz 
Ne  autres  establissemenz  Ne  tendront  mais....  be- 
noît, Chr.  de  Norm.  26683.  ||  xui'  s.  Li  establisse- 
ment  que  li  rois  font  por  le  commun  porfit  doivent 
estre  gardés  par  la  porveance  des  baillis,  beaum.  42. 
Précieuse  chose  et  digne  est  de  plorer  le  trespasse- 
ment  de  ce  saint  prince,  qui  si  saintement  et  loia- 
lement  garda  son  royaume,  et  qui  tant  de  bêles  au- 
mosnes  y  fist,  et  qui  tant  de  biaus  establissemens 
y  mist,  joiNV.  303.  Premièrement  eslabli  un  gêne- 
rai establissement  sur  les  subjez  par  tout  le  royaume 
de  France,  ID.  294.  ||  xV  s.  Et  ne  rompirent  point 
leurs  ordonnances  ni  l'establissement  de  leurs  ba- 
tailles jusques  après  prime,  fboiss.  i,  i,  44. 

—  ÊTYM.  Établissant;  espagn.  eslablccemiento. 

f  ÉTACISME  (é-ta-si-sm') ,  s.  m.  Terme  de  gram- 
maire grecque.  Prononciation  du  Téta  grec  comme 
un  «  ouvert,  par  opposition  à  itacisme,  ou  pronon- 
ciation de  Fêta  comme  un  »,  qui  est  celle  des  Grecs 
modernes. 

—  ETYM.  'HTa,  nom  de  l'u). 

ÉTAGE  (é-ta-j'),  *.  m.  ||  1*  Proprement  séjour, 
station.  ||  Terme  de  droit  féodal.  Lige  étage,  ou,  sim- 
plement, étage,  obligation  des  vassaux  liges  de  rési- 
der un  certain  temps  chei  le  seigneur,  afin  de  le  dé- 
fendre. ||  2°  Par  extension  de  l'idée  de  demeure, 
espace  entre  deux  planchers,  formant  un  ou  plusieurs 


ÉTA 


1509 


appartementsde  plain-pied.  Je  me  brisai  hier  d'une 
chute  sur  l'escalier,  je  roulai  tout  un  étage,  mari- 
vaux.  Je  Legs,  se.  44.  ||  Maison  à  un  étage,  maison 
qui  n'a  que  le  rez-de-chaussée.  ||  Le  premier  se  dit 
de  celui  qui  est  au-dessus  du  rez-de-chaussée,  et 
ainsi  des  autres.  Elle  fuit,  et,  de  pleurs  inondant  son 
visage,  Seule  pour  s'enfermer  vole  au  cinquième 
étage,  BOiL.  Lutr.  ii.  Le  cardinal  Dubois,  arrivé 
comme  lui  [le  cardinal  de  Fleury]  au  ministère  su- 
prême, et  parti  de  bien  plus  loin,  s'écriait  souvent 
dans  l'amertume  de  ses  dégoûts  :  Je  voudrais  être  à 
un  cinquième  étage  avec  une  vieille  servante  et  quinze 
cents  livres  de  revenu,  d'alemb.  Art.  du  cardinal 
Dubois,  Œuvres,  t.  x,  p.  97,  dans  pougens.  Leste 
et  joyeux  je  montais  six  étages;  Dans  un  grenier 
qu'on  est  bien  à  vingt  ans  I  bérang.  Crcn.||  Com- 
munément on  sous-entend  le  mot  étage,  et  l'on  dit 
le  premier,  le  second,  le  troisième,  etc.  ||  Étage 
souterrain,  les  pièces  en  contre-bas  du  sol.  ||  Étage 
carré,  celui  où  il  ne  paraît  aucune  pente  de  comble, 
comme  un  attique.  {|  Étage  en  traletas,  étage  pra- 
tiqué dans  le  comble.  ||  3°  Par  analogie,  il  se  dit  des 
choses  disposées  par  rang  les  unes  au-dessus  des 
autres.  Deux  étages  de  redoutes.  Il  suffit  que  cet 
arbre  ait  un  seul  étage  de  bonnes  racines,  c'est-à- 
dire  qu'il  y  ait  des  racines  sortant  tout  autour  du 
pied,  de  sorte  qu'il  n'y  en  ait  point  de  beaucoup 
plus  hautes  ni  de  beaucoup  plus  basses  que  les  au- 
tres, LA  QuiNTiNYE,  t.  I,  dans  RICHELET.  Je  coupais 
les  cheveux  du  jeune  homme  par  étages,  et  tout  allait 
le  mieux  du  monde,  lesage,  Estev.  Gonzales,  ch.  I. 
||X  double  étage,  à  triple  étage,  se  dit  de  ce  qui  pré- 
sente deux,  trois  dispositions  en  étage.  Une  coiffure 
à  triple  étage.  Il  avait  pris  pour  ce  voyage  Sa  calotte 
de  maroquin  ;  Et  cette  loupe  à  double  étage  Dont  il  ne 
vit  jamais  la  fin.  Ornait  le  haut  de  son  visage,  ciiau- 
LiEO,  ^p<t.  de  M.  d'Hamilton.\\  Par  extension,  i 
triple  étage,  de  haute  taille.  Sur  l'animal  à  tripla 
étage  [un  éléphant]  Une  sultane  de  renom,  Son 
chien,  son  chat  et  sa  guenon.  Son  perroquet,  sa 
vieille  et  toute  sa  maison.  S'en  allait  en  pèlerinage, 
LA  FONT.  Fabl.  ■VIII,  t6.  ||  Fig.  C'est  un  fou,  un  sot 
à  triple  étage,  il  est  fou,  sot  au  dernier  point.  ||  4°  Il 
se  dit  des  différents  plans  d'un  terrain  qui  monte. 
Un  étage  de  collines  conduisait  à  la  montagne.  De 
colline  en  colline  et  d'étage  en  étage  Les  monts, 
dont  le  miroir  fait  onduler  l'image.  Descendent  jus- 
qu'au lit  des  mers,  lamart.  Harm.  i,  lO.  j]  5°  Dans 
le  style  badin,  sillon  qui  ])artoge  le  menton  chez  les 
personnes  très-grasses.  Son  menton  sur  son  sein 
descend  à  double  étage,  boil.  Lutr.  i.  Et  ton  men- 
ton, l'honneur  de  ton  chapitre.  Aura  bientôt  deux 
étages  de  moins,  volt.  Ép  n.  ||  S"  Fig.  Rang,  con- 
dition. Us  [les  dieux]  descendent  bien  moins  dans 
de  si  bas  étages  [le  vulgaire].  Que  dans  l'ame  des 
rois,  leurs  vivantes  images,  corn.  Hor.  m,  3.  Il 
tutoie  en  parlant  ceux  du  plus  haut  étage,  mol. 
Uis.  n,  5.  fNaiure]  que  sa  mortalité  avait  relé- 
guée au  plusbas  étage  de  l'univers,  boss.  iii,.4n- 
noiic.  2.  Et  [de  mauvais  poètes] ,  fiers  du  haut  étage 
où  La  Serre  les  loge,  Avalent  sans  dégoût  le  plus 
grossier  éloge,  boil.  Épit.  ix.  Le  duc  de  Biron,  le 
marquis  de  Castries,  et  quelques  autres  du  môme 
étage  composaient  sa  société,  marmontel,  Mém.  iv. 
Il  7°  Degré,  espèce,  genre.  11  y  a  des  esprits  de  tout 
étage.  Piller  maison,  brûler  villages,  Faire  serments 
de  tous  étages,  scarron,  Yirg.  y.  Mon.sieur,  dans 
la  faiblesse  duquel  il  y  avait  bien  des  étages,  retz, 
III,  (53.  Mon  Dieu!  que  votre  esprit  est  d'un  étage 
basi  MOL.  Femm.  sav.  i,  I.  C'est  un  haut  étage  de 
vertu  que  cette  pleine  insensibilité  où  ils  veulent 
faire  monter  notre  âme,  m.  Préf.  de  Tart. 

—  HIST.  XI*  s.  Il  me  suirat  ad  Ais  à  mon  estage, 
Ch.  de  Roi.  xiii.  En  un  emplain  [plaine]  il  ont  pris 
lur  estage  [poste],  ib.  ccxxvi.  Il  XII' s.  Lorsque  [je] 
la  vi,  lui  laissai  en  hostage  Mon  cuer,  qui  puis  i  a 
fait  lonc  estage,  Coud,  xix.  Demain  les  ferai  pen- 
dre par  dessus  cest  rivage.  Ou  saillir  de  la  tour  du 
plus  hautain  estage,  Sax.  xxvi.  Si,  come  li  murs 
monta  et  ces  treis  estages  par  trible  entravure  de- 
visa, si  que  l'entravure  le  temple  traversa.  Rois, 
246.  Une  vis  [escalier]  par  unt  l'un  muntat  à  l'es- 
tage  meien  et  d'iluo  al  suverain  i^au  plus  haut],  ib. 
p.  247.  E  se  tu  vols  parler  de  mun  povre  lignage.  Des 
citehains  de  Lundres  fui  nés  en  cel  estage.  Th.  le 
mart.  87.  ||  xiii'  s.  Et  n'i  avoit  si  haute  tour  qu'il 
n'i  feissent  deus  estages  ou  tro'r  de  fust  pour  plus 
haucier,  villbh.  ci.  Par  dessus  monte  une  fontaine 
De  ci  qu'amont  al  tierc  estage,  FI.  et  Bl.  <**» 
Il  XV'  s.  Un  hault  siège  de  l'estage  [taille]  d'un 
homme,  Percefnrest,  t.  ii,  f°  39.  ||  xvi'  s.  Quiconque 
.a  le  sol  appelle  l'estage  du  rez  de  chaussée  d'aucun 
héritage,  il  peut  et  doit  avoir  le  dessus  et  dessouz 


1510  ETA 

.  ^-i«  «laof  ;  »nc.  caUl.  eilalge;  ital.  slag- 
r/d W o^rroliro  ^.^m  (ce  que  prouvent 
Q  do  pror.,>çal  et  le  W  de  l'.Ulicn  qu.  r6pon- 
den?  ..1  lâlin  alicus),  de  /(«■<■,  êlre  debout,  être 
(lie  (TOT.  MTm).  etiage  signifiait  étage,  station 
debout,  résidence,  position,  nrag  (Toy.  siaoe). 

ÉTAOÉ,  ÊE  (4-ta-jé.  je»).  P<»«-  V<"'*-  H  **  «""8* 
en  éuge.  Trois  Tilles  élagées,  Galat»,  Constanti- 
nople  et  ScuUri,  chateaob.  /(m.  n,  «o.  Que  la  Tille 
éugte  en  long  amphithéâtre....  v.  nuGO,  Feuillet 
daut.  i.  Il  2'  Terme  d'histoire  naturelle.  Superposé 
fuivanl  un  cerUin  ordre.  Le  blé....  reçoit  du  ciel 
dans  ses  feuilles  éugées  de  lonK»  fileU  d'eau,  bebn. 
Dg  st-pikhrï,  Harm.  i,  Tabl.  géntr.  ||  La  queue 
des  oiseaux  est  étagée,  lorsque  les  plumes  arrivent 
à  des  longueurs  différentes,  comme  dans  les  per- 
ruches, les  aras,  les  faisans. 

t  ÊTACEMENT  (é-la-je-man) ,  i.  m.  Disposition 
de  ce  qui  est  étage. 

fiTAGRR  (é-ta-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  o  ou  o  ; 
j'étageais,  nous  étageons),  «.  a.  Disposer,  tailler 
par  étages.  Il  lui  faut  étaler  les  cheveux.  ||  Terme 
militaire.  Étager  des  redoutes,  disposer  des  redoutes 
les  unes  au-dessus  des  autres.  ||  S'étager,  v.  réft. 
Être  rangé  comme  en  étage.  Les  maisons  s'étagent 
lur  ta  colline,  tes  troupe»  s'élageaient  sur  la  hau- 
teur. 

—  mST.  XVI*  s L'aage  trompeur  malheureux , 

Oui  Tient  sur  l'homme  se  panchcr ,  Tourne  la  roue 
et  la  Tie,  Or  l'estageant  au  plus  hault  mal,  Or  l'a- 
baissant au  profond  val  Et  la  plus  ténébreuse  envie, 
LOTS  LE  CAROt<,  Poétiet,  I*  *»,  dans  lacubne. 

—  ETYM.  Étage. 

t  IÎTAGRre  (é-ta-jê-r'),  f.  f.  \\  1*  Dressoir,  meu- 
ble composé  de  tablettes  disposées  par  étages.]]  2°  Une 
tnbletto  dans  un  dressoir,  dans  une  bibliothèque. 
Il  3*  Petit  meuble  ayant  des  planches  superposées 
horizontalement,  sur  lesquelles  on  pose  certains  ob- 
jets dont  on  se  sert  jou.'cellement,  ou  bien  de  jolies 
choses  comme  bijoux,  objets  d'art,  petites  porce- 
laines. |]  4*  Elévation  graduée  sur  laquelle  on  range 
les  briques  et  les  tulles. 

—  ETYM.  Étager. 

ÉTAI  (é-tÎ!),  ».  m.  Il  !•  Forte  pièce  de  bols  qu'on 
emploie  pour  soutenir  un  mur  qui  menace  ruine, 
une  construction  qu'on  reprend  en  sous-œuvre. 
Mettre  un  étai,  des  étais.  I]  Terme  de  bla.son.  Voy. 
ÉTAiE.  ]|  Fig.  L'émission  d'assignats,  en  même 
temps  qu'elle  est  un  étai  moral  et  infaillible  de 
notre  réTolution....  bibabeau,  Collectinn,  t.  iv, 
p.  «7.  Il  î"  Terme  do  marine.  Gros  cordage  qui  sert 
à  soutenir  les  mSIs  d'un  navire  contre  les  efforts 
qui  pourraient  tendre  à  les  renverser  de  l'arrière 
vers  l'avant.  Il  Faux  étai,  cordage  qu'on  ajoute  sur 
les  mâts  majeurs  et  sur  ceux  de  hune,  pour  doubler 
et  soutenir  l'effort  d'un  étai. 

—  mST.  XV*  s.  Nous  savons  bien  que  nous  vous 
avons  si  estreints  et  si  menés  que  nous  vous  aurons 
quand  nous  voudrons;  car  votre  forteresse  ne  git 
que  sur  estais  [elle  était  minée],  fboiss.  i,  i,  242. 

—  ETYM.  Espagn.  estay;  du  flamand  slaede,  stage, 
appui. 

t  ÉTAIE  (é-tê),  ».  f.  Terme  de  blaiîon.  Chevron 
qui  n'a  que  la  moitié  de  la  largeur  ordinaire.  Il  porte 
d'or  k  l'étaie  de  gueule. 

—  BTYll.  C'est  la  forme  féminine  de  étai. 

i  ÊTAILLISSAGE  (è-ta-lli-sa-j',  «mouillées), 
».  m.  Terme  rural.  Action  de  couper  les  pousses  les 
plus  faibles  d'un  taillis  pour  faire  profiter  les  autres. 

—  ETYM.  É  pour  et....  préfixe,  et  I<u7/t». 
ËTAIH  (é-tin),  ».  m.  Sorte  de  longue  laine  qu'on 

a  (kit  passer  par  un  peigne  ou  grande  carde.  Lors- 
que cette  Uine  a  été  filée  et  qu'elle  est  bien  torse, 
on  lui  donne  le  nom  de  fli  d'étaim. 

—  HiST.  xm*  s.  X  Paris  j'emportoie  chaume, 
busche  et  estain,  Berte,  lixjii.  ||  ivi*  s.  Et  ne  sau- 
roit  on  dire  qu'il  se  soit  emeu  jamais  débat  en  une 
maison  entre  le  mari  et  la  femme  i  raison  de  la 
trame  et  de  l'esUim,  aktot,  Que  la  vertu  t* peut 
apprendre,  2. 

—  ETYM.  Lat.  ttamen  (voy.  bstame). 

BTAIN  (é-tin),  ».  m.    Métal  d'un  blanc  grisâtre 
pu»  dur  mau  moins  pesant  que  le  plomb,  ductile 
et  oxydshie,  pesant  71»»,  et  faisant  entendre  un 

Pl  e  en  différent»  sens.  V«iMi.1i«  H'i..in   k.;ii..  a-a 


«»'n    l.'étain  dan 


M»  »cns.  Vaisselle  d'étain.  Cuiller  d'é- 


briïlaii  .„r  I     ."l,"'  ''"P'  '•*"  '«"P'  "18  nos  pères] 

ÏÏns  1^  .ïi^lT  >«foï«r.;l>.rgent  e'tl'or étaient 
OMS  IM  ooffn».  i*  ,noT.  vu.  ])  L'éUin  en  petit  cha- 


KTA 

peau,  l'étain  le  plus  estimé  (ainsi  ditde  sa  forme,  et 
qui  Tenait  du  Pérou);  l'étain  en  rature,  ou  rature 
d'étain,  étain  neuf  sans  alliage,  en  petites  b.indes 
trés-minces,  Dict.  des  arts  et  m.  Potier  d'élnin.  Ce 
sont  d'anciennes  dénominations.  Il  Etain  de  glace, 
ancien  nom  du  bismuth.  ||  Potée  d'étain,  deu- 
toxyile  d'étain.  ||  Ëtain  oxydé,  un  des  noms  de  la 
cassitérite. 

—  HIST.  XIII*  s.  Il  lor  convint  mettre  jujques  as 
calices,  et  canterent  lonc  tans  en  calisces  d'estain, 
Chr.  de  Raint,  p.  68.  Droiz  dit  que  tels  hom  ne  doit 
vivre,  Ou'on  voit  pour  femme  fol  et  ivre,  Tantqu'il 
fait  de  son  or  estain.  Clerc  de  Kotidrat.  ||  xiv*  s. 
Vaisselle  d'estain  :  dix  douzaines  d'escuelies,  six  dou- 
zaines de  petits  plas,  Ménagier,  ii,  4.  ||  xv*  s.  Mars 
pour  le  fer,  et  pour  l'estaia  Entendons  Jupiter  le 

sain,  LA  FONT.  417. 

—  ETYM.  Provenç.  eslaing,  estanh;  espagn.  es- 
taûo;  ital.  stagna;  du  latin  stagnum,  supposé  àcAté 
do  tiannum,  en  raison  de  stagneus,  siagnatus,  qui 
appartient  à  l'étain;  stagnum  répond  seul  aux  mots 
romans  (stanrium  aurait  donné s(anno). 

ÉTAL  (étal),  ».  m.  |11*  Anciennement,  table  sur 
laquelle  un  marchand  met  en  vente  sa  marchandise. 
....De  faire  construire  et  édifier....  halle,  bancs, 
élaux  et  autres  choses  nécessaires  pour  loger  les 
marchands  et  leurs  marchandises,  Lett.  pat.  juill. 
(810.  Il  2*  Aujourd'hui,  en  un  sens  particulier, 
sorte  de  table  sur  laquelle  les  bouchers  débitent 
les  viandes.  ||  Boutique  de  boucher.  Ce  boucher  a 
plusieurs  étaux.  ||  3°  Terme  de  pêche.  Table  sur  la- 
quelle travaillent  les  décolleurs  et  les  trancheurs  de 
morue. 

—  HIST.  XI*  s.  Nous  remaindron  en  Testai  [debout] 
en  la  place. — Tour  vostre  amour  ici  prendrai  estai 
[position],  Ch.  deRoi.  clvii.  ||  xii*  s.  Les  deux  piez 
[il]  joint,  si  saut  en  son  estai  [sur  son  siège,  sa 
seUe],  Bonc.  p.  I44.  Dune  s'en  revont  al  rei  cil  dui 
riche  vassal;  E  li  sainz  arcevesques  parti  de  son  es- 
tai, Th.  le  mart.  46.  Li  prélat  deivent  ostro  li  plus 
espirital:  Ne  deivent  chanceler  pur  rien  de  lur  estai; 
ib.  74 .  Là  où  partout  [parlait]  al  rei  saint  Thomas 
achevai;  De  qiiisse  en  quisse  sist,  sovent  changot 
estai  [changeait  de  position].  L'une  quisse  en  la 
selle  e  l'altre  contreval,  ib.  (  14.  ||  xm*  s.  Car  aussi 
com  quant  est  li  pors  [sanglier]  Eschauffés  des 
chiens  par  effors.  Et  il  à  tous  estai  leur  livre.  Tant 
que  les  pluiseurs  à  mort  livre,  IH.  et  Jeh.  43CO.  Li 
talemelier  [boulangers]  puent  au  dimanche  porter 
leur  pain  en  leur  corbaillons,  et  porter  leur  estai  ou 
buffez  ou  tables,  por  tant  que  li  estaus  ne  soit  plus 
loncs  que  de  cinq  pies,  Liv.  des  met.  18.  Quant 
aucuns  hons  qui  vent  denrées  à  estai  ou  à  taverne, 
beaum.  XL,  2t.  Et  cil  à  cui  fu  commandé,  As  estaus 
del  bourcsont  aie;  Chars  [chairs]!  acatent  [achètent] 
des  plus  cieres  [chères],  FI.  et  Bl.  t243.  ||  xiv*  s. 
Et  ainsi  est  apporté  le  corps  du  beuf  à  Testai,  Mé- 
nagier, II,  6.  ||xv'  s.  Ils  se  relrairent,  et  là  rendi- 
rent estai  [tinrent  bon]  tous  les  chevaliers,  combat- 
tant jusques  à  tant  que  leurs  gens  furent  entrés  à 
sauveié,  fboiss.  i,  i,  )77.  Il  fut  appointé  qu'il  iroit 
Devant  Testai  d'ung  rotisseur.Et  de  la  chair  marchan- 
deroit,  villon,  Repues  franches.  ||  ivi's.  La  veille  de 
Pasques  il  y  a  un  marché  de  lard  à  Paris,  qui  se  tient 
au  parvis  Nostre-Dame,  où  tous  les  maistres  chair- 
cutiers  de  Paris  y  ont  des  estaux,  o.  db  serbes, 
83g. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  rtou;  wall.  sta;  provenç.  es- 
tai, estau,  place,  séjour;  anc.  espagn.  estalo;  por- 
tug.  eslôo;  ital.  stallo  ;  de  Tanc.  baut-allem.  stal, 
lieu  clos  et  couvert;  angl.  »(o/J,  établi;  hoU.  stael. 
Comparez  Tallem.  stellen,  placer,  et  le  grec  otsX- 
Xeiv,  disposer. 

Etalage  (é-ta-la-j'),  ».  m.  ||  l*  ExposiUon  de 
marchandises;  les  marchandises  étalées.  L'étalage 
d'un  marchand.  Sans  néanmoins  qu'ils  puissent 
avoir  des  cuisiniers  chez  eux,  étalage  de  viandes, 
loger,  ni  tenir  chambres  garnies,  Décl.  du  roi,  2» 
nov.  t680.  |]  Par  extension  ....On  vit  un  étalage 
De  corps  sanglants  et  de  caraage,  la  font.  Fabl. 
II.  3.  Il  2*  Droit  d'étaler.  Payer  l'étalage.  ||  3*  Fig. 
et  familièrement,  grande  toilette.  Quel  luxel  quel 
étalage!  Le  voilà  bien  parél  ma  foi,  c'est  grand 
dommage  Que  vous  ayez  ici  perdu  votre  étalage  I 
GRESSBT,  Méch.  IV,  6.  Si  mes  paons  de  leur  beau 
plumage  Me  font  admirer  les  couleurs,  Je  crois  voir 
nos  jeunes  seigneurs  Avec  leur  brillant  étalaîjB ,  volt. 
*p.  107.  Il  4*  Montre,  faite  avec  ostentation,  de  ce 
qu^on  est  ou  de  ce  qu'on  a.  Ces  emplois  singuliers 
qu'on  se  choisit  soi-même  Doivent  fuir  avec  soin 
de  paraître  au  dehors;  L'étalage  les  perd...  cobn. 
Imtt.  1,  t».  S'en  tenant  à  cet  étalage  d'éloquence, 
hamilt.  Gramm.  ».  Tout  est  écrit  d'un  style  simple  et 
concis,  dont  toutes  les  paroles  signifient,  et  qui  n'a 


ÉTA 

pour  but  que  l'instruction  sans  étalage,  PONTEt. 
Auy»cft.  Je  sais  ce  que  vous  m'allez  dire,  la  Grèce, 
TAsie,  la  Perse,  tout  cela  est  d'un  bel  étalage,  id. 
Alex.  etPhryné.  Les  Esséniens  étaient  vertueux  pour 
eux-mêmes;  ils  ne  faisaient  aucun  étalage,  volt. 
Phil.  III,  <4K.  Quand  j'aurai  tout  dit,  j'aurai  fait 
l'étalage  d'un  vrai  pédant,  J.  J.  Bouss.  Ém.  m. 
Tout  cet  étalage  de  fierté  et  de  noblesse  dans  le 
procédé,  n'était  donc  qu'une  vaine  démonstration, 
MARIVAUX,  Marianne,  8*  part.  Je  n'irai  point,  chan- 
geant tout  à  coup  de  langage.  Seigneur, d'un  vain 
remords  faire  ici  l'étalage,  benj.  constant,  Wal- 
stein,  II,  4.  Il  5*  S.  m.  plur.  Les  étalages,  la  par- 
tie la  plus  renflée  dans  les  hauts  fourneaux  (mé- 
tallurgie). 

—  HIST.  xni*  s.  Et  se  il  les  y  porte,  ou  fait  por- 
ter, il  doit  un  denier  d'estalage  tu  roy  de  chascun 
estai,  Liv.  des  met.  <  I3.  Les  haies  et  li  estalage  de 
le  [la]  vile,  tailliar,  Recueil,  p.  3)8. 

—  ÊTYM.  Étaler. 

ÉTALAGISTE  (é-ta-la-ji-sT) ,  adj.  Qui  étale  sa 
marchandise  dans  les  rues  ou  sur  les  places.  Un 
marchand,  une  marchande  étalagiste.  ||  S.  m.  et  f. 
Un  étalagiste. 

—  ETYM.  Étalage. 

t  ÉTALE  (é-ta-T) ,  adj.  f.  ||  1*  Qui  a  cessé  de  mon» 
ter  et  qui  ne  descend  pas  encore,  en  parlant  de  la 
mer.  La  mer  est  étale.  ||  S.  m.  L'étalé  de  la  marée. 
Il  2°  Adj.  m.  et  f.  Navire  étale,  navire  qui  ne  va  de 
l'arrière  ni  de  l'avant.  Vent  étale,  vent  médiocre- 
ment fort.  Cordage  étale,  cordage  qui  s'arrête  après 
avoir  filé.  Ancre  étale,  ancre  qui  s'arrête  au  fond 
Il  Terme  de  pêche.  Filet  étale,  filet  sédentaire. 

—  ÉTYM.  Étaler  2. 

4.  ÉTALÉ,  P.K  (é-ta-lé,  lée),  part,  patsé  d'éU- 
1er  t .  Il  1°  Exposé  à  la  vue  pour  la  vente.  Marchant 
dises  étalées.  ||  2°  Exposé  à  la  vue,  sans  idée  de 
vente.  Tous  ces  livres  étalés  là  sur  ce  bureau  n'y 
sont  que  pour  l'ornement,  comme  des  porcelaine» 
sur  une  cheminée,  genlis  ,  Ad.  et  Théod.  t.  i, 
lett.  33,  p.  274,  dans  pol'gens.  ||  3*  Déployé.  Une 
grande  carte  étalée  sur  le  plancher.  ||  Oui  occupe 
une  grande  place.  Ce  vaste  empire  étalé  au  nord  et 
à  Test  de  l'Europe.  ||  Terme  de  botanique.  Se  dit 
des  parties  ouvertes,  formant  un  angle  presque  droit 
avec  celles  d'où  elles  tirent  leur  origine.  Feuilles 
étalées.  Étamines  étalées.  ||  Tiges  étalées,  tiges  cou- 
chées naturellement  sur  la  terre.  ||  4*  Exposé  à  la 
vue,  avec  éclat,  avec  solennité.  Une  croix  lumi- 
neuse lui  p«rut  [à  Constantin]  en  l'air  devant  tout 
le  monde....  la  croix  fut  étalée  comme  ta  défense 
du  peuple  romain  et  de  tout  l'empire,  boss.  Hist.  i, 
1 1 .  Il  Fig.  J'ai  trouvé  votre  siège  d'Orange  fort  étalé 
[célébré,  répandu]  à  la  cour,  sSv.  474.  Nous  trou- 
vâmes notre  mystère  tout  étalé  [répandu]  à  Vannes, 
ID.  578.  Il  6*  Dont  on  fait  montre  et  ostentation.  Un 
grand  luxe  étalé  dans  les  cérémonies.  ||  6*  Couché 
ou  tombé.  Etalé  sur  un  canapé.  Un  patineur  étalé 
sur  le  dos. 

t  2.  ÉTALÉ,  ÉE  (é-ta-lé,  lée),  part,  passé  d'éta- 
ler 2.  La  marée  étalée  par  le  vaisseau. 

t  ÉTALEMENT  (é-ta-le-man) ,  ».  m.  Action  d'éta- 
ler. Le  suintement  et  Tétalement  de  ta  lymphe  plas- 
tique sur  une  plaie  récente. 

—  ÉTYM.  Étaler  t. 

I.  ÉTALER  (é-ta-lé),  v.  a.  \\  1*  Exposer  pour 
vendre.  Les  marchands  étalent  leurs  marchandises 
tes  plus  nouvelles.  ||  Fig.  et  familièrement.  Etaler  sa 
marchandise,  tirer  vanité  de  ce  qu'on  sait,  de  ce 
qu'on  possède.  ||  Absolument.  L'endroit  du  Pirée  où 
les  marchands  étalent,  la  bhuy.  Théoph.  xxiii.  ||  Fig. 
Le  savant  qui  ne  parle  que  pour  instruire  les  autres, 
et  qu'autant  qu'ils  veulent  être  instruits,  fait  une 
grâce  ;  au  lieu  que,  lorsqu'il  ne  parle  que  pour  étaler, 
on  lui  fait  une  grâce  si  on  l'écoute,  fontkn.  Loij- 
ville.  Gens  à  qui  une  communion  ne  coûte  qu'une 
journée  de  gêne  et  de  réserve,  qui  ce  joui^là  ne 
jouent  pas,  n'étalentpas,  ne  médisent  pas,  nes'assem 
btent  pas,  «iass.  Avent,  Disp.  à  la  comm.  ||  2*  Eten- 
dre, déployer.  Etaler  une  carte  de  géographie.  Etaler 
une  robe.  Il  étale  son  cordon  bleu  ou  le  cache  par 
Oiitentation,  la  bruy.  ix.  Etalant  toutes  deux  l'or, 
la  pourpre  et  l'hermine,  delille,  Géorg.  iv.  ||  Etaler 
son  jeu,  montrer  toutes  ses  cartes.  ||  Disposer  sans 
ordre,  mais  de  manière  à  faire  voir.  Etaler  des  li- 
vres sur  un  bureau.  Il  3"  Faire  voir,  montrer  ave« 
Tidée  d'éclat,  de  solennité.  J'ai  horreur  de  leur  in- 
famie, car  ils  étalent  ici  partout  leur  mollesse  et 
leur  lâcheté,  d'ablabcodrt,  Lucien,  1. 1,  dans  ricbi- 
LET.  Ainsi  [flatteuses  voluptés]  n'espères  pas  qu'a- 
près vous  je  soupire;  Vous  étalez  en  Tain  vos  char- 
mes impuissants,  cobn.  Poly.  iv,  2.  Il  (Dieul  étala 
à  son  tour  des  revers  équitables.  Par  qui  les  grands 
sont  confondus,  id.  ib.  Celle  que  j'éula  N'est  pas 


tant  qu'il  vous  semble  une  vertu  brutale,  cobn.  IVi- 
eom.  :u,  s.  Quelque  ravage  affreux  qu'étale  ici  la 
peste....  ID.  Ci'd.  1,  t.  Par  ce  trait  de  magnificence 
Le  prince  à  ses  sujets  étalait  sa  puissance,  la  font. 
Fabl.  VII,  7.  Elle  m'étale  avec  plaisir  toute  sa  belle 
âme,  SÉV.  43a.  La  fortune,  trompeuse  en  toute  autre 
chose,  est  du  moins  sincère  en  ceci,  qu'elle  ne  nous 
cache  pas  ses  tromperies  ;  au  contraire,  elle  les  étale 
dans  le  plus  grand  jour,  boss.  2*  serm.  pour  le 
*•  dim.  de  carême,  ii.  Dans  le  moment  fatal  Où 
j'étale  à  ses  yeux  les  pleurs  de  mon  rival ,  bac.  Bé- 
rén.  iii,  4.  Le  monde  étale  des  prospérités;  le  monde 
ne  fait  pas  d'heureux,  mass.  Dauphin.  Êgisthe.... 
Étalerait  en  vain  l'orgueil  de  sa  naissance,  volt. 
Mérope,  i,  3.  Un  des  premiers  qui  étala  dans  la 
chaire  une  raison  toujours  éloquente,  fut  le  P. 
Bourdaloue  vers  1868,  id.  Louis  HV,  33.  Jamais 
écrivain  n'avait  étalé  des  idées  politiques,  en  prose, 
aussi  fortement  que  Corneille  les  approfondit  en 
vers,  ID.  Comment,  sur  C'mna,  n,  <.  Quand  j'étale 
à  tes  yeux  ton  crime  et  ma  misère,  Duas,  Othello, 

\      m,  6.  Il  Présenter Le  sénat  Dont  plus  de  lamoi- 

'  tié  piteusement  étale  Une  indigne  curée  aux  vau- 
tours de  Pharsale,  corn.  Pomp.  i,  \.  \\  Fig.  En  par- 
lant de  choses  qui  étalent  pour  ainsi  dire La 

perte  de  sa  vie  Étalera  sa  gloire  et  ton  ignominie, 
CORN.  Cinna,  iv,  7.  Ce  discours  vous  fera  paraître  im 
de  ces  exemples  redoutables  qui  étalent  aux  yeui 
du  monde  sa  vanité  tout  entière,  boss.  iiejne  d'^ln- 
glet.  Les  spectacles  pompeux  que  ces  bords  nous 
étalent,  bac.  Iphig.  i,  *.  L'Angleterre,  si  fertile  en 
beautés,  étalait  ce  qu'elle  avait  de  plus  rare  dans  la 
cour  du  roi,  hamilt.  Gramm.  8.  Le  petit  terrain  où 
nous  étions  étalait  les  charmes  d'un  séjour  riant  et 
champêtre,  j.  i.  eouss.  Hél.  iv,  <7.  ||  4°  Il  se  dit 
quelquefois  dans  le  sens  de  faire  paraître  sur  le  théâ- 
tre. Ces  beautés  étaient  de  mise  en  ce  temps-là  et 
ne  le  seraient  plus  en  celui-ci....  elles  ont  fait  leur 
effet  en  ma  faveur,  mais  je  me  ferais  scrupule  d'en 
étaler  de  pareilles  à  l'avenir  sur  notre  théâtre,  corn. 
Cid,  Exam.  Voulez -vous  sur  la  scène  étaler  des  ou- 
vrages Où  tout  Paris  en  foule  apporte  ses  suffrages, 
BoiL.  Art  p.  m.  Qui  sait  bien  ce  que  c'est  qu'un 
prodigue,  un  avare.  Un  honnête  homme,  un  fat, 
un  jaloux,  un  bizarre,  Sur  une  scène  heureuse  il 
peut  les  étaler,  id.  <b.  ||  B"  Exposer  en  un  lan- 
gage qui  fait  valoir  les  choses.  Et  d'abord  leur  étale 
Tout  ce  que  la  faveur  départ  aux  favoris,  eégnier, 

Sat.  XIV Quoi  que  nous  étale  un  langage  si  doux, 

Elle  a  tout  fait  pour  elle,  et  n'a  rien  fait  pour  nous, 
corn.  Rodog.  ii,  4.  J'ai  voulu  de  Léonce  étaler  le 
courage,  in.  Hérad.  m,  2.  Ils  tombèrent  sur  la  mo- 
rale ;  Il  n'est  pas  besoin  que  j'étale  Tout  ce  que  l'un  et 
l'autre  [Hippocrate  et  Démocrite]  dit,  la  font.  Fabl. 
viii,  26.  Que  j'allais  à  tes  yeux  étaler  de  merveilles  1 
BOIL.  Épit.  IV.  Je  ne  me  propose  pas  cependant  de 
vous  étaler  ici  l'histoire  de  cet  événement,  mass. 
Avent,  Jugement.  En  vain  ta  politique  Vient  m'éta- 
ler  ici  ce  tableau  fanatique,  volt.  Fonat.  i,  4. 
Phénix  voulut  lui  représenter  que  c'était  avilir  la 
magistrature  à  pure  perte  et  jeter  un  comique  ex- 
travagant sur  tout  le  cérémonial  de  la  cour  que 
d'aller  en  grand  appareil  étaler  du  phébus  à  un  pe- 
tit marmot,  avant  qu'il  le  pût  entendre  ou  du  moins 
y  répondre,  J.a.  rouss.  Reine  fantasque.  Comme  un 
jour  il  [Platon  I  étalait  à  leurs  yeux  [des  prêtres 
égyptiens]  les  anciennes  traditions  de  la  Grèce.... 
BARTHÉL.  Anach.  Introd.  part  u,  sect.  i".  \\  6°  Faire 
parade,  déployer  avec  vanité.  [Ces  secours]....  Qu'a- 
vec tant  de  pom|)e  à  vos  yeux  elle  étale,  corn.  Ni- 
eom.iv,  2.  Plus  soigneux  d'étaler  de  l'érudition  et  de 
jeter  en  l'air  de  grands  mots,  que  de  parler  avec 
précision  dans  leurs  décrets,  boss.  For.  xii,  §32. 
Jusque-là  je  vous  laisse  étaler  votre  zèle,  rac.  Iphig. 
I,  2.  Il  7*  Populairement,  jeter  par  terre.  D'un  coup 
de  poing  il  l'a  étalé.  ||  8°  S'étaler,  v.  réfl.  Se  mon- 
trer avec  ostentation.  Tant  sa  présomption  inces- 
samment le  presse  De  venir  s'étaler  aux  pieds  de  sa 
maltresse,  scarron,  D.  Japhet  d'Àrm.  lu,  2.  Mais 
on  ne  peut  souffrir  ces  bruyants  téméraires.  Sur  la 
scène  du  monde  ardents  à  s'étaler,  volt,  la  Vanité. 
Il  aimait  à  s'étaler  noblement  aux  yeux  des  voisins, 
j.  j.  Bocss.  Confets.  n.  \\  Etre  montré  avec  ostenta- 
tion. Plus  savant  que  moi ,  du  moins  de  cette  science 
qui  s'étale,  J.  i.  rouss.  Ém.  y.  \\  9°  S'étendre.  S'étaler 
sur  l'herbe.  Il  Familièrement,  prendre  une  posture 
trop  abandonnée.  Il  ne  faut  pas  s'étaler  comme  cela 
sur  son  fauteuil.  ||  Populairement.  S'étaler,  se  lais- 
ser tomber.  Il  faisait  très-glissant,  et  il  s'est  étalé. 
Il  Se  dit  des  métaux  qui  s'étendent  sur  des  corps 
durs  à  l'aide  de  fondants,  de  mordants.  ||  Être  étalé, 
déployé.  J'ai  une  grande  carte  qui  s'étale  facile- 
ment. Son  cordon  s'étale  sur  sa  poitrine. 


ÉTA 

—  msT.  XIII'  s.  Se  vos  volés  là  fors  aler  En  cest 
jardin  pour  estaler  [pour  vous  y  tenir],  cobt  d'art. 
Ifs.  de  St  Germain,  dans  lacubne.  ||  xvi*  s.  Il  fait 
soudain  ses  vaisseaux  envoiler,  Guinder  au  mast, 
les  verges  estaler,  du  bellay,  iv,  38,  verso.  Un 
médicament  a  charge  d'aller  droict  aux  reins,  sans 
estaler  ailleurs  ses  opérations,  mont,  in,  218.  Après 
avoir  estalé  les  noms  des  plus  grands  Romains,  m. 
1,  267. 

—  ÉTYM.  .^(ol. 

f  2.  ÉTALER  (é-ta-!é),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Étaler  la  marée,  mouiller  pendant  la  marée  con- 
traire. (1  Etaler  un  bâtiment,  l'égaler  en  vitesse. 
Il  Étaler  le  vent,  le  courant,  la  marée,  opposer  une 
résistance  égale  à  leur  effort. 

—  ÉTYM.  Étaler  en  ce  sens,  c'est  ce  qu'on  disait 
jadis  faire  estai,  résister,  tenir  tête  (voy.  étal,  à 
l'historique)  :  X  l'estaler  et  au  poursivre,  o.  guurt, 

t.  II,   p.  271. 

t  ÉTALEUR,  EUSE  (é-U-leur,  leû-z'),  *.  m.  et  f. 
Terme  de  commerce.  Petit  marchand  qui  étale  sa 
marchandise  sur  les  ponts,  dans  les  rues.  Peu  usité. 
On  dit  plus  souvent  étalagiste.  ||  Batteur-étaleur, 
sorte  d'engin  qui  sert,  après  le  panier,  à  compléter 
le  nettoyage  du  coton  arrivant  des  îles. 

—  ÊTVM.  Étaler. 

i.  ÉTALIER  (é-ta-lié),  s.  m.  Celui  qui  tient  un 
étal  au  compte  d'un  maître  boucher.  Les  bouchers, 
du  nom  de  ces  élaux,  s'appelaient  autrefois  éta- 
liers  bouchers;  mais  le  titre  d'étalier  a  passé  à  leurs 
garçons  et  compagnons,  et  il  n'y  a  plus  qu'eux  qui 
le  portent,  Dict.  des  arts  et  m.  Boucher.  ||  Adj.  Gar- 
çon étalier. 

—  HlST.  xiii*  s.  Il  ne  savent  oii  trouver  les  ven- 
deurs, conporteurs,  et  einsi  perdent  leur  argent,  ce 
qu'il  ne  pourroient  faire  aus  estaliers,  Liv.  des  met. 

<39, 

—  ÉTYM.  Étal. 

t  2.  ÉTALIER  (é-ta-lié) ,  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Établissement  de  pieux  et  de  perches  que  l'on  fait 
au  bord  de  la  mer  pour  tendre  des  filets;  dit  parc 
sur  les  côtes  de  Normandie. 

—  ÉTYM.  ital,  dans  le  sens  d'établissement. 
ÉTALINGDÉ,  ÉE  (  é-ta-lin-ghé ,   ghée),   part. 

passé. 

ÉTAUNGUER  (é-ta-lin-ghé^  e.o.  Terme  de  ma- 
rine. Amarrer  un  cable  à  l'organeau  de  l'ancre. 

—  ÉTYM.  Espagn.  entalingar. 

t  ÉTALINGCRE  (é-ta-lin-gu-r'),  s.  f  Terme  de 
marine.  Nœud  qui  fixe  le  bout  d'un  câble  à  l'orga- 
neau d'une  ancre.  ||  Nœud  d'un  orin  sur  la  croisée 
d'une  ancre.  ||  Ontrouveaussientalingure,étalingue, 

i.  ÉTALON  (é-ta-lon),  î.  m.  Cheval  entier  pour 
la  conservation  de  la  race.  L'étalon  généreux  a  le 
port  plein  d'audace  ;  Sur  ses  jarrets  pliants  se  ba- 
lance avec  grâce;  Aucun  bruit  ne  l'émeut;  le  pre- 
mier du  troupeau,  Il  fend  l'onde  écornante,  affronte 
un  pont  nouveau,  delille,  Géorg.  m.  ||  Étalons  na- 
tionaux, étalons  qui  appartiennent  à  l'État  et  sont 
déposés  dans  les  haras  et  dépôts.  ||  Étalons  approu- 
vés, étalons  particuliers  qui  ont  été  soumis  à  l'ap- 
probation de  l'administration  des  haras.  ||  Étalons 
rouleurs,  chevaux  entiers  que  leurs  propriétaires 
conduisent,  à  l'époque  de  la  monte,  dans  les  fermes 
et  les  villages,  pour  la  saillie  des  juments.  ||  Étalon" 
d'essai,  synonyme  de  boute-en-train.  ||  Bœuf  éta- 
lon (locution  bizarre,  puisque  le  bœuf  est  châtré, 
mais  reçue),  âne  étalon,  le  mâle  employé  à  la  re- 
production et  à  l'amélioration  de  l'espèce.  ||  Fig. 
et  familièrement,  homme  ardent  aux  plaisirs  de 
l'amour.  Il  croit  en  venir  à  bout ,  s'il  peut  faire 
voir  qu'il  est  bon  étalon,  d'ablancoubt,  Lucien, 
dans  LE  Boux,  Dict.  comique. 

—  REM.  Ménage  et  le  Dictionnaire  de  l'Académie 
de  son  temps  disent  qu'on  prononçait  ételon. 

—  HlST.  xiii'  s.  Et  s'il  eyt  nule  [jument]  qui  n'eyt 
polein,  soit  enquis  si  ce  soit  par  malveise  garde  ou 
par  deffaute  de  viande,  ou  par  deffaute  d'estaloun, 
Traité  d'agriculture,  dans  Bibl.  des  chartes,  2"  sé- 
rie, t.  II,  p.  lit. 

—  ÉTYM.  Berry,  atelon;  ital.  stallone;  loi  des  Vi- 
sigoths,  equus  ods(aJ(um;dubas-lat.  statla  ouslal- 
lum,  écurie  (voy.  estal)  :  c'est-à-dire  cheval  tenu 
à  l'écurie  et  non  soumis  au  travail,  pour  être  em- 
ployé à  la  reproduction.  On  trouve  dans  les  langues 
celtiques  stal,  stalan,  étalon,  mais  il  parait  y  pro- 
venir du  roman. 

2.  ÉTALON  (é-ta-lon),  s.  m.  ||  l'  Modèle  des  me- 
sures et  des  poids  légalement  autorisés.  Fixer  l'éta- 
lon d'une  mesure.  ||  2°  Terme  de  construction.  Aire 
sur  laquelle  on  trace  le  plan  d'un  bâtiment.  On  dit 
aussi  ételon.  ||  3°  Terme  d'eaux  et  forêt».  lioUveau 
de  l'âga  do  la  dernière  coupe. 


ÉTA 


15H 


—  HIST.  XVI*  S.  X  charge  qu'ils  seront  tenus  esta- 
lonner  les  dits  bos  [bois]  de  cent  estalons  [bali- 
veaux] en  chascun  journel  bons  et  souffisans,  dd 
CANQE,  estallus. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  ttalo,  stallo,  dans  des  texte 
du  xiH'  siècle.  Ce  mot,  qui  signifie  aussi  baliveau, 
est  le  même  que  l'ancien  français  estaillon,  qui  si- 
gnifiait un  pieu  d'un  chariot,  et  tient  à  l'anciec 
haut- allemand  stihil,  pieu  :  un  bâton  ayant  été  pris 
pour  étalon  des  mesures  de  longueur,  et  puis,  par 
extension,  des  poids.  Comparez  l'anglais  sla»dard, 
qui  signifie  à  la  fois  étalon  et  étendard. 

ÉTAJLONNAGE  (é-ta-lo-na-j'),  *.  m.  Action  d'éta- 
lonner des  poids,  des  mesures. 

—  ÉTYM.  Étalonner  2. 

ÉTALONNÉ,  ÉE  (é-ta-lo-né,  née),  part,  passé 
d'étalonner  2.  Les  marchands  ne  doivent  se  servir 
que  de  mesures  et  de  poids  étalonnés. 

ÉTALONNEMENT  (é-ta-lo-ne-man),  t.  m.  Syno- 
nyme d'étalonnage.  Mesures  ordinairement  échan- 
tillées  sur  la  matrice  de  bronze....  pour  servir  d'éta- 
lonnement et  d'échantils  à  toutes  les  mesures.  Bâti 
Gautier,  6  mars  <660. 

t  * .  ÉTALONNER  (é-ta-lo-né) ,  v.  n.  Terme  de 
haras.  Servir  d'étalon. 

—  ÉTYM.  Étalon  ( . 

2.  ÉTALONNER  (é-ta-lo-né),  p.  a.  Faire  une  em- 
preinte sur  une  mesure,  sur  un  poids  dont  on  a 
constaté  la  conformité  avec  l'étalon.  Je  vous  envoie 
quatre  pintes,  quatre  chopines  et  quatre  demi-sep- 
tiers,  mesure  de  Paris,  qui  ont  été  étalonnés  à  l'hô- 
tel de  ville,  seiqnelai,  aux  intendants,  m9,  dans 

JAL. 

—  HIST.  xvi'  S.  Estaloner  les  poids  et  mesures 
appartient  au  seigneur  haut  justicier,  laubiërb, 
Gloss.  du  droit  fr. 

—  ÉTYM.  Étalon  2. 

ÊTALONNEUR  (é-ta-lo-neur),  «.  m.  Celui  qui  est 
préposé  à  l'étalonnage. 

—  ÉTYM.  Étalonner  2. 

ÊTAMAGE  (é-ta-ma-j'),  s.  m.  Action  d'étamer; 
manière  dont  une  chose  est  étamée.  Il  faut  renou- 
veler de  temps  à  autre  l'étamage  des  ustensiles  de 
cuivre. 

—  ÉTYM.  Étamer. 

ÉTAMBORD  (é-tan-bor)  et  aujourd'hui  ÉTAMBOT 
(é-tan-bo),  s.  m.  Terme  de  marine.  Forte  pièce  de 
bois  élevée  à  l'extrémité  de  la  quille  sur  l'arrière  du 
bâtiment.  L'étambot  sert  de  support  au  gouvernail. 
Les  pièces  les  plus  nécessaires  sont  les  quilles  et 
étambords^  les  quilles  et  quelques  autres  sont  d'une 
telle  longueur  et  grosseur  qu'il  faut  avoir  le  plus 
souvent  deux  charrettes  pour  les  charger.  Arrêt  du 
Conseil,  25juill.  (666.  Xla  prière  Devant  et  arrière. 
Depuis  l'étrave  jusqu'à  l'étambord;  Réveille  qui  dort, 
[paroles  du  mousse  à  bord  des  pêcheurs  de  Dieppe 
pour  appeler  à  la  prière  en  commun],  lehebicher, 
Hist.  et  Gloss.  du  normand,  l,  p.  <89.  ||  Faux  étam- 
bot,  pièce  de  bois  qui  renforce  et  soutient  l'é- 
tambot. 

—  ÉTYM.  Étam  pour  estant,  qui  est  debout,  et  le 
hollandais  bord,  pièce  de  bois;  angl.  board  (voy. 
bord). 

tÉTAMBRAI  (é-tan-brè),  s.  m.  ||  1»  Terme  de 
marine.  Anciennement,  toile  poissée  qu'on  met 
autour  des  mâts,  sur  le  plus  haut  tillac,  de  peur 
que  l'eau  ne  pourrisse  le  mât.  ||  2°  Aujourd'hui,  ou- 
verture pratiquée  dans  l'épaisseur  de  chaque  pont, 
pour  le  passage  des  mâts,  des  pompes,  etc.  ||  Pièce 
de  bois  qui  sert  à  arrêter  et  à  affermir  le  mât. 

—  ÉTYM.  D'après  Jal,  étancher,  et  braye,  culotte; 
proprement  culotte  qui  empêche  l'eau  de  couler 
(sous  le  pont). 

ÉTAMÊ,  ÉE  (é-U-mé,  mée),  pari,  posté.  Casse- 
roles étamées. 

ÉTAMER  (é-ta-mé),  v.  a.  Recouvrir  la  surface 
d'un  métal  d'une  couche  d'étain.  ||  Étamer  une  glace, 
y  mettre  le  tain. 

—  UIST.  xur  s.  Ouiconques  vuet  estre  lormiers  à 
Paris,  c'est  à  savoir  feseres  de  frains  et  de  lorains 
[rênes]  dorés,  seur-argentés  ,  estâmes  et  blans, 
estre  le  puet,  Liv.  des  met.  222. 

—  ÉTYM.  Élain,  par  un  changement  de  l'n  en  m, 
comme  dans  tenimeux,  de  tienm;  génev.  tamer  ; 
wallon,  rislainé. 

ÊTAMEUR  (é-ta-meur),  s.  m.  Artisan  qui  étame. 

—  ÉTYM.  Élamer.  Au  iv*  siècle  on  trouve  «W- 
myer,  qui  paraît  signifier  potier  d'étain,  Ordonn. 
<6  mars  tins. 

1.  ÉTAMINE  (é-ta-mi-n*),  ».  f.  \\  l'  Petite  étoffe  lé- 
gère.  U  est  un  art  de  donner  d'heureux  tours  X  l'éta- 
mine,  à  la  plus  simple  toile,  QBESSET,Fer(- Fer»,  ch.  1. 
Camelots  appelés  burats,  ou  étamine  d'Auvergne, 


1512 


lîTA 


.^K."Mun..  J.  longueur,  <b  »»  juUl.  .780, 
•''''•".,"  Rumine  à  voile,  pour  les  religieuses; 
"^  .,„„r  de»  voile»  flni  et  fort»,  ib.  Ta- 

iL  lourt.   Une   longue  robe   d'éUmine 

«ronUcepour  elle  [Amélie]  les  ornemenU  du  siècle, 
cii.tïAU».  ««K».  W7.  Il  Terme  de  marine.  Nom  dune 
i)(off«  .1»  laine  Kk*--»  dont  on  se  sert  pour  faire  les 
B«irflion«.  Il  *•  Tissu  trfcspnu  serré  de  crin ,  de  laine, 
etc.  Un  Wuioir  fait  d'élamine.  ÊUmine  de  laino,  de 
«oie.  Il  Toute  pièce  d'étoffe  qui  sert  k  passer  des  li- 
queur» pour  tes  filtrer.  ||  8*  Passer  par  l'étamine, 
4lf«  eiaminé  sévèrement.  Tout  passait  par  son  éta- 
mine,  la  font.  Caud.  Tout  ce  qui  s'offre  à  moi 
passe  par  l'étamine,  boil.  Sat.  th.  ||  Passer  par  l'é- 
Mmine,  étreiourai»  à  des  épreuves.  Il  y  avait  loin 
d'una  reine  de  4i  ans  [Anne  d'Autriche],  fille  d'Es- 
pa(?iio,  qui  avait  pllo-ménie  passé  déjà  par  jilus 
H'iine  étamine  en  affaires  d'Élat,  à  M.  le  duc  d'Or- 
léans qui  n'avait  que  sa  naissance,  st-simon,  400, 
ail.  Il  Kn  un  autre  sens.  MM.  do  Vendôme  et  de 
Vaudemont  avaient  passé  par  la  même  étamine 
[traitement  mercuriel];  Vendôme  y  a\Bit  laissé 
presque  tout  son  nez,  st-simon,  )78,  120.  ||  Acti- 
vement, passer  par  l'étamine,  eiaminer.  11  faut 
passer  ces  opinions  par  l'étamine. 

—  HIST.  XII'  s.  La  couele  [capuchon]  e  l'estamine 
out  desus  cel  [eut  sous  ce  vêtement]  li  ber.  Mais  de 
pan»  et  de  manches  les  out  fait  escurter;  Car  nevoleit 
•Isieclesa  viedemustrer.  Th.  le  mart.  t65.  Guillaume 
lor  seignor  à  Jloen  aporterent  ;  Du  cbief  de  son 
braier  une  clef  dellermcrent.  Et  cole  et  estamine  et 
un  froc  en  osterent,  Bomon  de  ilou,  dans  lacurne. 
Il  xiii*  s  Ains  ne  cuevre  pas  le  visage,  Qu'il  ne 
vuet  pas  tenir  l'usage  Des  Sarrasins,  qui  d'e.stami- 
nos  Cuev-ent  les  vis  as  Sarrasines,  la  Rose,  21213. 
||  XIV"  s.  pt  toutesvoies  fist  il  tant  vers  l'abbé  que 
Il  enporta  une  coule  et  une  estamine,  BU  cange, 
rtlame'nha.  |{  xv*  ».  Se  estamine  n'avez,  sacs  ou 
bluteaux,  villon.  Ballade.  11  jeûnera  ces  jours  là  et 
portera  l'estamine  ou  vestirala  haire,  lechev.  de  la 
IGOR,  Ituiruction  à  tes  filles,  f  «0,  dans  lacorne. 

—  ETYM.  Dérivé  A'eslame ;  wallon,  «itametnn  ; 
provenc.  eslamenha;  catal.  estamenya  ;  esjiagn.  es- 
lamei'ia;  itil.  slamigna. 

9.  GTAHINE  (é-ta-mi-n"),  ».  f.  Terme  de  botani- 
que. Organe  sexuel  mâle  des  végétaux,  composé  or- 
dinairement du  filet  qui  s'élève  du  centre  de  la  fleur 
et  de  l'anthère  qui  termine  le  filet  en  forme  de  pe- 
tite tète.  Vaillant,  à  qui  M.  de  Linné  accordait  le 
mérite  d'avoir  bien  décrit  le  premier  les  étamines 
et  les  pistils  et  connu  leur  usage  pour  la  féconda- 
tion des  plantes,  condorcet,  Linné.  ||  Fig.  Leurs 
mains  [des  nymphes]  vont  caressant  sur  sa  joue  en- 
fantine Dé  la  jeunesse  en  fleur  la  première  étamine, 
A.  cbEk.  08.  IfFau.sses  étamines,  les  filets  des  fleu- 
rons stériles  dans  les  composées. 

—  ETYM.  Lat.  stamina,  filaments. 
ËTAMINIER  (^U-mi-Dié),  i.  m.  Celui  qui  fait  de 

l'étamine. 

—  ETYM.  Étamine  t. 

t  ETAMOIR  (é-U-moir) ,  ».  m.  Palette  de  bois 
garnie  de  fer-blanc  sur  laquelle  on  frotte  le  fer 
à  louder  pour  en  faire  l'e.'isai.  {{  Ais  sur  lequel  on 
attache  une  plaque  de  fer  où  le  vitrier  fait  fondre  la 
soudure  et  la  poix-résine.  Plaque  sur  laquelle  le  vi- 
trier soude. 

t  ÉTAMPAOE  (é-ian-pa-j'),  ».  m.  Action  d'impri- 
mer, par  une  forte  pression,  un  dessin  à  une  plaque 
métallique  mince,  en  la  frappant  fortement  entre 
deux  moules,  dont  l'un  est  gravé  en  creux  et  l'autre 
en  relief. 

t  ËTAUPE  (é-Un-p'),  s.  f.  Modèle  sur  lequel  on 
frappe  do  l'argent,  ou  d'autres  métaux,  pour  y  faire 
l'empreinte.  ||  Pièce  d'acier  dans  laquelle  on  creuse 
de»  moulure»  pour  les  imprimer  en  relief  au  fer 
rougi.  H  Outil  de  .serrurier  pour  river  les  boutons. 
Il  Instrument  pour  percer  le  fer.  ||  Pièce  d'acier 
pour  faire  des  moulures  sur  les  plates-bandes  de  fer. 
!!  Poinçon  pour  former  la  tête  du  clou  d'épingle. 
Il  Bloc  cubique  d'acier  à  l'usage  du  graveur  de  ca- 
chets. Il  Batte  qui  sert  à  pétrir  la  terre  à  pipe. 

—  ETYH.  Voy.  iTAMPEB. 

ftTAMPfi,  ÊE  (é-Un-pé,  pée),  porl.  passi. 

ETAMPER  (é-tan-pé),  ».  o.  ||  !•  Terme  de  maré- 
chalerie.  Eumper  un  fer  à  cheval,  y  faire  les  huit 
trou»  Êtamper  gras,  percer  les  trous  très-près  du 
rebord  intérieur  du  fer.  Etamper  maigre,  pratiquer 
le»  trou»  près  du  bord  extérieur.  ||  f  Se  servir  de 
leuœpe  pour  pratiquer  diverses  opéraUons. 

,  jE^*"'  ^  même  que  estamper. 
élMiM**''*"*  '*-«»a-peur),  ».  m.   OuTrier   qui 


ÉTA 

t  £TAM1>EUX  (é-tan-peû),  ».  m.  Poinçon  pour 
rendre  les  paroi?  d'une  pipe  d'égale  épaisseur. 

t  ÊTAMPOIK.(é-tan-poir),  ».  m.  Outil  que  le  fac- 
teur d'orgues  emploie  pour  faire  prendre  en  relief 
au  métal  la  forme  que  l'élampe  présente  en  creux. 
Il  Outil  servant  à  ployer  les  lames  de  cuivre  pour 
faire  les  anche»  de  certains  tuyaux. 

t  ÉTAMPDRE  (é-Un-pu-r'),  ».  f.  Evasement  que 
présente  l'entrée  d'un  trou  percé  dan»  une  plaque 
do  métal. 

ËTAMDRE  (é-ta-mu-r"),  ».  f.  La  matière  qui  sert 
à  l'élamage. 

—  ETYM.  Étamn. 

t  ÉTANCK  (é-tan-s"),  t.f.  Terme  de  marine.  Sorte 
de  soutien.  Élances  à  coches  ou  à  taquets. 

—  ETYM.  Voy.  ÉTANÇy.N. 

t  ÉTANCHE  (élan-che),  adj.  Se  dit  do  ce  qui  re- 
tient bien  les  liquides.  Un  tonneau  étanche.  Une 
chaussée  élanche.  Un  navire  étanche.  ||  Substanti- 
vement. X  élanche  d'eau,  de  manière  à  élancher 
l'eau.  Entretenir  une  toiture  à  étanche  d'eau,  faire 
en  sorte  que  l'eau  n'y  pénètre  pas.  ||  Mettre  un  batar- 
deau  à  étanche,  mettre  à  sec  la  partie  d'un  fossé, 
d'un  canal  qui  est  close  par  ce  batardeau. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ne  n'y  peut  le  sujet  faire  excluse  ne 
rigole  ne  eslanche ,  que  du  cours  de  la  rivière  elle  ne  ait 
tons  jours  son  droitcours,  boutillieh,  Somme  rural, 
p.  429,  dans  lacurne.  |{  Eslanchesou  carpieres  à  gar- 
der et  nourrir  poisson,  DU  cange,  estaiichia. 

—  ETYM.  Voy.  ÉTANCHER  pour  la  discussion  de 
cette  difficile  étymologie. 

ÉTANCUÉ,  EE  (é-tan-ché,  chée) ,  part,  passé. 
Il  1"  Dont  on  a  arrêté  l'écoulement.  Des  larmes  étan- 
chées.  L'eau  que  versent  mes  yeux  n'est  jamais  étan- 
chée,  malh.  vi,  20.  ||  Vaisseau  étanche,  vaisseau 
dont  on  a  bouché  une  voie  d'eau.  ||  2*  Calmé,  en 
parlant  do  la  soif. 

ÊTANCUE.MENT  (é-tan-che-man),  ».  m.  Action 
d'étancher.  l.'étanchement  du  sang. 

—  ÊTYM.  Étancher. 

ÉTANCHER  (é-tan-ché),  V.  a.  ||  1°  Arrêter  l'écou- 
lement d'un  liiiuide.  Etancher  une  source.  Des  plus 
fraîches  beautés  une  foule  choisie  Vient  étancher 
leur  sans,  leur  verser  l'ambroisie,  deljlle,  Imag. 
VIII.  Il  Elancher  ses  larmes,  cesser  de  pleurer.  Élan- 
cher les  larmes  de  quelqu'un,  le  consoler.  ||  2°  Terme 
de  marine.  Étancher  une  voie  d'eau,  la  boucher, 
l'arrêter.  ||  3°  Étancher  la  soif,  l'apaiser  en  buvant. 
Dans  une  extrême  disette  d'eau  que  Marc  Aurèle 
souffrit  en  Germanie,  une  légion  chrétienne  obtint 
une  pluie  capable  d'étancher  la  soif  de  son  armée, 
Boss.  llist.  I,  <o.  Et  de  l'eau  de  ce  puits  sans  re- 
lâche tirée.  De  ce  sable  étancher  la  soif  démesurée, 
BOIL.  Épit.  XI.  Il  4*  S'étancher,  v.  réft.  Être  arrêté, 
en  parlant  d'un  liquide  qui  coule.  Le  sang  s'est 
étanche.  Ses  larmes  se  sontétancliées.  {|  Être  apaisé, 
en  parlant  de  la  soif.  La  soif  de  l'hydropique  ne  s'é- 
tanche  jamais. 

—  HIST.  XII'  s.  Se  jà  vos  plaies  se  pourront  es- 
tanchier,  Itonc.  p.  »7.  E  jo  i  lèverai  un  altel  à  nos- 
tre  Seignur,  si  estancherad  à  tant  la  murine  [mor- 
talité] el'ocùsion,  Jlots,  219.  Il  xui's.  Qui  sa  soifen 
puisse  estanchier ,  la  Rose,  cou.  Tant  que  j'en 
soie  si  venchiés.  Que  lor  orguex  [leur  orgueil]  soit 
estanchiés.  Ou  qu'il  seront  tuit  condampné  ,  «6. 
16086.  Dont  li  fu  ses  chevaus  devant  lui  amenés, 
Grans  ert  [était],  fort  et  isniaus,  Baiars  fu  apelés, 
Aine  ne  pot  encore  estre  estanchiés  ne  lassés,  Ch. 
d'Ant.  v,  643.  Ilxiv  s.  Car  la  mortalitez  des  boces 
[bubons  pestilentiels]  Qu'on  apeloit  épidémie,  Estoit 
dupaisestanchie,  Et  que  les  gens  plus  ne  moroient, 
MACHAUT,  p.  76.  Si  le  sans  i  commence  à  courre,  il 
est  à  paine  estanchié,  H.  de  mondeville,  f"  4o.  [Le 
sang]  Moût  petit  apriès  estanca,  j.  de  condet,  v. 
3«4.  Il  XV'  s.  [L'écuyer  anglais]  savoit  paroles  pour 
«itancher  [il s'agit  d'une  blessure],  kroiss.ii,  ii,  85. 
Netrouveroit  qui  sa  fainlui  eslanchast,  Lancelotdu 
Lac,  t.  m,  f"93.  Il  XVI'  s.  Et  qu'ainsi  soit  en  ce  val 
misérable  Je.sus  mourut  pour  la  guerre  estancher,  j. 
marot,  v,  203.  La  risée  en  alla  incontinent  demain 
en  main  en  la  plus  part  du  camp,  et  ne  se  pouvoit 
pas  Hannibal  mesme  estancher  de  rire,  amïot,  Fab. 
31.  Il  en  sortit  du  sang  en  si  grande  abondance 
que  l'on  ne  le  pouvoit  estancher,  id.  Agés.  46. 
Disant  ces  paroles,  elle  fondoit  en  larmes,  de 
telle  sorte  qu'on  ne  la  pouvoit  estancher,  pas- 
OUIER,  Recherches,  p.  52e,  dans  lacl'rnk.  Pour 
m'e-stancher  de  ce  long  discours  [y  mettre  un  terme] , 
ID.  16.  p.  7J4.  Ceulx  especialement  qui  avec  Bertrand 
chevauchoient  eurent  du  mal  à  foison;  car  il  che- 
vaucha SI  fort  qu'il  eslancha  [fatigua]  soubzluydeux 
bons  chevauU,  mkhard,  Uist.  de  du  Gucscl.  p.  m, 
dans  LACotNB. 


ÉTA 

—  ÉTYM.  Wallon,  titancM,  ttanehi;  provenç.  e»- 
tatitar,  estanquar;  espagn.  et  portug.  e»(anrar, 
ital.  ttancare.  Estancher  signifie  dans  l'ancien  fran- 
çais :  fermer  une  plaie,  faire  cesser  l'écoulement 
(Lors  respondi  la  dame  franche,  Qui  del  plorer  e»- 
tcil  estanche,  Grég.  le  grand,  p.  76),  abattre  l'or- 
gueil, faire  cesser  une  mortalité,  fatiguer  un  che- 
val, apaiser  la  soif;  l'e-spagnol  estancar  signifie 
arrêter  le  cours;  l'italien  sii,'nifie  lasser,  manquer, 
s'épuiser;  le  provençal  signifie  élancher,  rassasier. 
Diezle  tire  du  latin  stngnare,  être  stagnant,  auqi.e' 
le  sens  actif  d'empêcher  l'écoulement  a  é'é  donné, 
et  qui  a  pu  prendre  le  sens  figuré  de  fatiguer  (en 
italien).  H  nous  paraît  plus  vraisemblable  de  propo- 
ser un  autre  sto.r/iiare  ou  sfannare  qui  veut  dire  res- 
serrer, d'où  faire  cesser  soit  un  écoulement,  soit 
toute  autre  chose;  le  sens  provençal  de  rassasier 
s'en  déduit  facilement;  et  c'est  de  ce  sens  que  vient 
étancher  la  soif.  Celui  de  lasser  soit  dans  le  français 
soit  dans  l'italien  est  beaucoup  plus  obscur;  il 
semble  pourtant  que  estancher,  de  la  signification 
de  faire  cesser,  est  passée  à  celle  de  lasser,  parce 
que  la  la.ssitude  fait  cesser  l'action  à  laquelle  on  se 
livrait.  L'expression  mettre  à  bout  ne  représente- 
t-elle  pas  quelque  chose  d'analogue? 

f  ÉTANCIIOIR  (é-tan-choir),  ».  m.  Couteau  pour 
introduire  de  l'étoupe  entre  des  douves  mal  jointes. 

—  ÉTYM.  Étancher. 

ÉTANÇON  (é-tan-son),  ».  m.  Pièce  de  bois  qu'on 
met  pour  soutenir  un  mur  ou  des  terres  minées. 
Il  Terme  de  paumier.  Tringle  plate  de  bois  de  tilleul 
dont  est  garni  le  manche  de  la  raquette.  ||  Terme  de 
marine.  Kom  de  pièces  de  bois  posées  debout,  sous 
les  baux,  et  qui  servent,  pendant  que  les  vaisseaux 
sont  amarrés  dans  les  ports,  à  les  soutenir  et  à  en 
diminuer  la  fatigue.  ||  Terme  d'imprimerie.  Pièce  de 
bois  servant  à  maintenir  la  presse  inébranlable  dans 
sa  manœuvre. 

—  HIST.  xiii*  s.  Ly  carette  d'estanchons  de  set 
pieds  ou  de  huitjusjuesà  onze  pieds  doit  un  de- 
nier, TAILLIAB,  Recueil,  p.  4"0.||xiv'8.  Et  vault 
mieulx  tendre  rois  [rets]  à  fourches  que  aux  eslan- 
çons  pour  trois  causes....  Modus,  f°  XLVii.|jXY'  s. 
Et  quand  ils  retournèrent  dans  la  douce  Escosse,  ils 
trouvèrent  tout  le  pays  détruit;  mais  les  gens  du 
pays  n'en  faisoient  nul  compte  et  disoient  que  sur 
six  ou  huit  estançons  ilsauroient  fait  tantoàt  nou- 
velles maisons,  froiss.  ii,  ii,  238. 

—  ÉTYM.  Wallon,  ttansnn;  de  l'anc.  fr.  estance, 
appui,  soutien  (comp.  estancia),  de  l'ano.  verbe 
estant,  qui  se  tient  (voy.  ester). 

ÉTANÇONNÉ,  ÉE  (é-Un-so-né,  née),  part.passé. 
Mur  élançonné. 

t  ÉTAiyÇO\NEMENT(é-tan-so-ne-man),  ».  m.  ko 
tion  d'étaiiçoiiner;  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  XVI"  s.   Estançonnement,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Étançonner. 

ÉTANÇONNER  (é-tan-so-né),  ti.  a.  Soutenir  par 
des  élançons.  ||  Fig.  Les  ducs  de  Chevreuse  et  de 
Beauvillier  étançonnaient  leur  amitié  fugitive  (de 
Chamillartet  de  Desmarets],etse  portaient  pour  mi>- 
dérateurs  entre  eux,  st-simon,  22(,  251. 

—  HIST.  xv's.  Ils  prirent  leurs  lances,  et  se  feri- 
rent  sur  les  targes  si  grands  horions  que  les  chevaux 
estançonnerent  [s'arrêtèrent],  froiss.  m,  iv,  42. 
Il  XVI'  s.  Il  donna  l'avis  d'eslançonner  la  grosse 
tour  de  quatorze  gros  chesnes....  le  feu  mis  à 
la  mine  ne  peult  emporter  que  la  moitié  de  la  tour, 
à  cause  desdits  estançons,  cauloix,  ii,  t6. 

—  ÉTY.M.  Étançon;  wallon,  stansoné,  Oitanceiter. 

ÉTANFICUE  (é-tan-fi-ch'),  s.  f.  Hauteur  de  plu- 
sieurs lits  de  pierre  qui  font  masse  ensemble  dans 
une  carrière. 

—  HIST.  XI V  s.  Le  moulin  à  vent  et  tout  ce  qui 
se  meut  et  tourne  à  celui  moulin  est  meuble;  et 
tout  ce  qui  ne  se  tourne,  c'est  à  .savoir  l'estache  du 
moulin,  l'eslanfique  et  croix  qui  le  porte,  tout  ce  est 
héritage,    boutiluer.  Somme  rural,  p.  43i,  dan» 

LACUnNE. 

—  ÉTYM.  Estant,  debout,  et  fiche. 

ÉTANG  (é-tan;  le  g  ne  se  prononce  jamais,  même 
devant  une  voyelle;  Chiffiet,  Gramm.  p.  213,  le  re- 
marquait pour  le  XVII'  siècle;  au  pluriel,  l's  sehe: 
des  é-tan-z  agréables) ,  ».  m.  ||  1'  Amas  d'eau  rendue 
stagnante  par  la  direction  du  terrain  ou  par  des 
écluses.  Pour  qu'au  loin  il  abreuve  Le  sol  et  l'habi- 
tant, l.e  bon  Dieu  crée  un  fleuve;  Us  [les  gouver- 
nements qui  prohibent]  en  font  un  étang,  bêrano. 
Conireb.  ||  Étang  salé,  étang  communiquant  avec  U 
mer.  ||  i'  Ré.servoir  où  l'on  trempe  les  enclumes  que 
l'on  vient  de  forger. 

—  HIST.  xiu'  s.  En  estans  d'ave*  Un  stagna  aqtta 
rum],  Ptautier,  f  134. 


ETA 


ETA 


ÉTA 


1513 


—  ÉTYM.  Provenç.  estane ,  estaynch ,  estanh, 
f»auc  ;  catal.  estany  ;  espagn.  estanque;  port,  tan- 
gue; ital.  stagna;  du  latin  stagnum,  étang. 

t  ÉTANGDE  (é-tan-gh'),  ».  f.  Terme  des  motl- 
Tiaies.  Nom  d'une  grande  tenaille,  qui  sert  à  tenir 
les  flans  et  les  carreaui. 

—  ÊTYM.  liai.  stanga;Ae  l'ancien  haut-allem. 
stanga;  allem.  Slange,  perche  :  ce  qui  est  composé 
de  deux  perches  ou  branches. 

1.  ÉTa.VT  (é-tan),  part,  présent  du  verbe  être. 

t  2.  ÉTANT  (KN)  (é-tan) ,  loe.  adv.  Voy.  en  étant. 

t.  ÉTAPE  (é-ta-p'j,  s.  f.  ||  1°  Anciennement,  nom 
donné  aux  places  publiques,  où  les  marchands 
étaient  ohligés  d'apporter  leurs  marchandises  pour 
les  y  mettre  en  vente.  L'étape  est  belle.  L'étape  des 
vins  est  considérable.  Nulles  personnes,  de  quelque 
qualité  et  condition  qu'elles  soient,  ne  pourront 
faire  magasins  ou  étapes  de  vins  en  leurs  châteaux, 
maisons  de  champs  et  villages,  lièglemenl  du  6  mars 
4i;3,s.  Il  2°  Ville,  localité,  comptoir,  où  il  y  a  entre- 
pôt et  commerce  d'échange.  Alexandrie  étant  deve- 
rue  la  seule  étape,  celte  étape  grossit,  montesq. 
Fsp.  XXI,  <6.  Dans  la  faiblesse  de  l'empire,  les  bar- 
)>ares  obligèrent  les  Romains  d'établir  des  étapes  et 
rie  commercer  avec  eux;  mais  cela  même  prouve 
que  l'esprit  des  Romains  était  de  ne  pas  commercer, 
m.  ib.  XXI,  (5.  On  arrivait  à  Mu?,iris,  première  étape 
des  Indes,  et  de  là  à  d'autres  ports,  id.  ib.  xxi,  9. 
Il  Terme  de  marine.  Endroit  d'un  port  où  les  mar- 
chands apportent  leurs  marchandises.  Peu  usité. 
Il  3°  Fourniture  de  vivres,  de  fourrages  qu'on  fait 
aux  troupes  qui  sont  en  route.  Recevoir  son  étape 
en  argent.  La  fourniture  des  étapes  dans  toutes  les 
villes  et  lieux  sujets  au  passnge  des  troupes....  les 
adjudicataires  généraux  de  la  fourniture  des  étapes 
f.t  les  étapiers  particuliers  seront  exempts,  pour  les 
vins  qu'ils  fourniront  à  l'étape  seulement,  de  tous  les 
droits  d'octroi.  Arrêt  du  conseil  d'État,  tsdéc.  4  708. 
Il  Magasin  où  l'on  met  les  vivres  destinés  aux  troupes 
qui  passent.  Le  roi  ordonnait  dans  l'ordonnance 
du  19  novembre  1549  que  les  troupes  de  passage 
ne  pussent  s'approvisionner  de  vivres  qu'à  l'étape. 
Il  4°  Lieu  où  lies  trouiies  en  marche  s'arrêtent  pour 
passer  la  nuit,  ainsi  dit  parce  que  c'était  là  qu'on 
fournissait  l'étape.  Arriver  à  l'étape.  Quand  vous  irez 
à  votre  régiment,  n'oubliez  pas  mon  petit  château 
qui  est  votre  étape,  volt.  Lett.  la  Villerieille,  20 
déc.  I7b».  Il  Brûler  l'étape,  ne  pas  s'arrêter  à  l'é- 
tape. On  a  dit  autrefois  dans  le  même  sens  faire 
cuire  l'étape.  ||  Par  analogie,  brûler  l'étape  se  dit 
des  voyageurs  qui  ne  s'arrêtent  pas  au  lieu  ordi- 
naire. Je  pris  la  résolution  de  brûler  l'étape  de  *** 
et  de  passer  tout  droit,  j.  j.  rouss.  Conf.  vi.  ||  La 
distance  entre  deux  étapes.  Cette  étape  est  longue. 
Il  Dans  le  langage  familier,  les  soldats  comptent  par 
étapes  les  marches  qu'ils  ont  à  faire.  Il  y  a  tant  d'é- 
tapes de  Paris  à  Lille.  ||  Fig.  Faire  une  bonne  étape, 
faire  une  bonne  partie  d'un  travail.  ||  5°  Par  exten- 
sion, lieu  où  l'on  s'arrête  dans  le  cours  d'un  dépla- 
cement successif ,  tel  que  colonisation  ,  acclima- 
tement, etc.  Une  plante  peut-elle,  par  des  étapes 
successives,  passer  des  pays  chauds  dans  les  pays 
tempérés?  ||  Fig.  Les  étapes  de  l'humanilé,  de  la 
civilisation. 

—  HIST.  xv  s.  Le  maistre  de  l'estaple  des  laines 
[entrepôt]  de  toute  Angleterre,  froiss.  ii,  ii,  22.1. 
(I  xvi*  s.  Le  roy  Loys  vint  jusqu'en  leur  estappe  Les 
assomer,  heureux  est  qui  esohappe,  j.  marot,  v, 
(39.  Il  faut  six  ou  sept  jours  à  déloger,  à  faire  cuire 
du  pain,  ordonner  aux  commissaires  des  vivres  de 
faire  leurs  estapes,  et  le  chemin  qu'il  faut  tenir, 
Castelnau,  143.  Allegans  que  ceulx  d'Athènes  leur 
avoient  défendu  leurs  ports,  leurs  estappes  fleurs 
marchés],  et  tout  commerce  et  trafic  es  lieux  de 
leur  obéissance,  amyot,  Péric.  58.  Hannibal  n'avoit 
pas  auparavant  une  seule  ville,  une  seule  estappe, 
ny  un  seul  port  en  Italie,  id.  Fab.  36. 

—  ÊTYM.  Bas-latin ,  stapula;  du  germanique  :  flam. 
ttaptl,  entrepôt;  angl.  staple;  danois,  stabel,  amas. 
Ontrouvedans  Palissy,  p.3l6,  cifape  pour  pieu  ;c'est 
un  autre  mot  dérivé  de  l'allemand  Stab,  bâton 
(voy.  étable  2). 

i  2.  ÉTAPE  (é-ta-p')  ou  ÉTAPLE  (é-ta-pl'),  s.  f. 
Sorte  d'enclume  de  cloutier. 

—  ÉTV.M.  Même  dérivation  que  ilape  1. 
ÉTAPIKR   (é-ta-pié),  s.  m.  Celui  qui  e.st  chargé 

d<!  l'ournir  l'étape  ou  provisions  aux  gens  de  guerre 
qui  passent.  Droglio  proposa  d'obliger  toutes  les  villes 
qui  sont  sur  le  passage  ordinaire  des  troupes,  de  con- 
struire des  casernes  pour  les  loger  et  des  magasins 
fournis  pour  leur  usage ,  moyennant  quoi  plus  de 
coûtes, d'étapiersnidemagasiniers,ST-siM.  483  264. 

—  ETYM.  Étape. 

UICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


t  ÉTAPLIAU  (é-ta-pli-6) ,  s.  m.  Chevalet  sur  lequel 

l'ardoisier  s'assied  dans  la  carrière. 

—  ETYM.  Môme  dérivation  que  étape  t. 

t  ÉTARQPE  (é-tar-k'),  aiij.  Terme  de  marine. 
Haut,  tout  à  fait  hissé.  Ne  s'emploie  qu'avec  le 
nom  d'une  voile. 

—  H!ST.  XV*  S.  Bennucq  se  retira  en  l'estarge 
[place,  rang,  hauteur]  qu'il  avoit  conquis  sur  Bla- 
ncs, pour  livrer  estai  à  ceulx  qui  jouster  vouldroient, 
Perceforest,  t.  i,  f"  149. 

—  Etym.  Origine  inconnue. 

t  ÉTARQUER  (é-tar-ké),  V.  a.  Terme  de  marine. 
Hisser  une  voile,  de  manière  que  les  ralingues  en 
soient  très-tendues. 

ÉTAT  (é-ta  ;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire; Chifflet,  Gramm.  p.  217,  dit  qu'il  ne  se 
pronorce  jamais,  même  devant  une  voyelle;  au 
pluriel,  l'î  se  lie:  des  é-ta-z  enrichis  par  le  com- 
merce, les  Ê-ta-z  unis;  cependant  l'ancienne  pro- 
nonciation, celle  qu'on  a  pu  entendre  dans  la  bouche 
des  vieillards  était  é-ta  unis;  étals  rime  avec  las, 
appas,  etc.),  s.  m.  \\  1°  Manière  d'être,  fixe  et  du- 
rable. On  entend  ici  par  le  mot  de  bonheur  un  état, 
une  situation  telle  qu'on  en  désirât  la  durée  sans 
changement;  et  en  cela  le  bonheur  est  différent  du 
plaisir  qui  n'est  qu'un  sentiment  agréable ,  mais 
court  et  passager,  et  qui  ne  peut  jamais  être  un  état, 
fonten.  Bonh.  Œuvres,  t.  m,  p.  247,  dans  pou- 
gens.  Il  L'état  de  nature,  par  opposition  à  l'état  de 
société,  se  dit  de  la  vie  des  hommes  sauvages  ou 
des  hommes  supposés  dans  l'état  d'isolement.  Se- 
lon le  philosophe  de  Genève  (.1.  J.  Rousseau],  l'état 
de  nature  est  un  état  de  paix;  selon  le  philosophe  de 
Malmesbury  [Hobbes],  c'est  un  état  de  guerre,  Di- 
derot, Opin.  des  anc.  philos,  (hobbisme).  ||  Terme  de 
théologie.  État  d'innocence,  l'élat  auquel  le  premier 
homme  aété,  avant  le  péché,  dans  une  connaissance 
parfaite  et  dans  un  amour  actuel  de  Dieu,  sans  concu- 
piscence. Il  Ëtat  de  grâce,  de  péché,  état  de  l'âme 
reconciliée ,  non  reconciliée.  |{  Terme  de  ju.rispru- 
dence.  État  des  personnes,  l'ensemble  des  qualités 
juridiques  d'une  personne,  de  ses  droits  et  de  ses 
obligations.  ||  Qualité  à  raison  de  laquelle  une  per- 
sonne exerce  un  droit  ou  accomplit  une  obligation. 
Etatde  mineur,  de  femme  mariée.  ||  État  civil,  condi- 
tion d'une  personne  dérivant  des  actes  qui  constatent 
les  rapports  de  parenté,  de  mariage,  et  les  autres 
faits  de  la  vie  civile.  Actes  de  l'état  civil,  registres 
de  l'état  civil,  actes,  registres  qui  constatent  l'état 
civil  des  personnes.  Officier  de  l'état  civil,  fonc- 
tionnaire chargé  de  tenir  les  registres  de  l'état 
civil.  Il  Question  d'état,  contestation  dans  laquelle 
on  révoque  en  doute  la  filiation  de  quelqu'un  , 
ou  son  état  et  ses  capacités  personnelles.  ||  Élat  de 
prévention  ,  état  de  l'inculpé  contre  lequel  la 
chambre  du  conseil  de  première  instance  a  déclaré 
qu'il  y  a  lieu  à  suivre.  État  d'accusation,  état  du 
prévenu  contre  lequel  la  chambre  d'accusation  a 
prononcé  le  renvoi  à  la  cour  d'assises.  |j  Terme 
d'astronomie.  État  du  ciel,  disposition  où  se  trou- 
vent les  astres  les  uns  à  l'égard  des  autres  dans  un 
certain  moment.  Il  Terme  de  marine.  État  absolu, 
différence  entre  l'heure  donnée  par  le  chronomètre 
ou  montre  marine  et  l'heure  du  lieu  que  l'on  consi- 
dère; on  en  déduit  la  détermination  de  la  longitude: 
Il  En  physique,  manière  d'être  de  la  matière  pon- 
dérable, qui  se  présente  sous  trois  formes  :  l'état  so- 
lide, l'état  liquide  et  l'état  gazeux.  ||  Terme  de  chimie. 
État  naissant,  état  dans  lequel  des  substances,  se 
dégageant  de  combinaisons,  naissent  pour  ainsi  dire 
et  sont  aptes  à  en  former  de  nouvelles.  |j  Terme 
d'arts.  État  d'une  gravure,  tirages  d'une  même 
planche  aux  divers  degrés  d'avancement  de  l'œuvre. 
L'artiste,  à  chaque  phase  de  son  travail  (trait,  pre- 
mières tailles,  travail  à  l'eau  forte,  pointillé,  tra- 
vail à  la  roulette),  fait  tirer  une  épreuve  pour  se 
rendre  compte  de  l'efTet;  ces  épreuves  sont  néces- 
sairement très-rares,  et  de  plus  attestent  d'une  fa- 
çon irrécusable  le  rang  de  chacune  dans  le  tirage 
général.  ||  Terme  de  médecine.  L'état  d'une  maladie, 
le  point  où,  cessant  de  croître,  elle  ne  décline  pas 
encore.  ||  2°  Faire  état  de,  agir  comme;  emploi 
aujourd'hui  peu  usité.  Il  ne  faut  plus  que  les 
hérétiques  fassent  état  de  chefs  de  parti ,  balz. 
le  Prince,  2.  ||  Faire  état  de,  compter  sur.  Fai- 
tes état  de  moi,  monsieur,  comme  du  plus  chaud 
de  vos  amis,  mol.  Impr.  m.  ||  Faire  état  de,  se  pro- 
poser. Destin  se  coucha  de  bonne  heure  pour  ne 
pas  faire  attendre  VerviUe,  qui  faisait  étatde  partir 
de  grand  matin,  scarbon,  Rom.  com.  ii,  12.  Sinon, 
faites  état  de  m'arracher  le  jour  Plus  tôt  que  de 
m'ôter  l'objet  de  mon  amour,  mol.  Éc.  des  mar. 
m,  8.  Ceux  qui  font  état  de  le  [Dieu]  servir,  boubd. 


Domin.  i,  Affl.  dei  justes,  12«.  Faites  état  de  me 
voir  arriver  au  départ  des  hirondelles,  p.  L.  COUB. 
Lett.  Il,  8.  Il  Faire  état  que,  présumer,  penser,  être 
assuré.  Fais  état  que  demain  nous  assure  à  jamais 
Et  dedans  et  dehors  une  profonde  paix,  corn.  Mé- 
dée.  II,  4.  Faites  état  que  la  magnificence  Ne  con- 
sista que....  La  font.  Diable.  Faites  état  qu'il  ne  lu 
manquait  rien,  id.  Aveux.  Faites  état  que  jamais  les 
pères,  les  papes,  les  conciles  ni  l'Ecriture,  n'ont 
parlé  de  cette  sorte,  pasc.  Prnv.  4.  Nous  ferons  élat 
que  ce  qu'elle  [l'Église]  a  réglé  ne  nous  exemple 
pas  de  ce  qu'elle  a  abandonné  à  notre  prudence, 
BOfRn.  Car.  i.  Cendres,  un.  ||  Faire  élat  de,  estimer, 
attacher  de  l'importance,  faire  cas.  J'en  fais  autant 
d'étal  comme  de  cliènevottes,  bégnieb,  Snt.  x.  Quoi- 
que je  ne  fisse  pas  profession  de  mépriser  la  gloire 
en  cynique,  je  faisais  néanmoins  fort  peu  d'étal  de 
celle  que  je  n'espérais  point  pouvoir  ac(|uérir  qu'à 
faux  litres,  desc.  i/e(h.  i,  (3.  Je  ne  fis  plus  étatde 
la  toison  dorée,  cobn.  Uédée,  ll,  5.  Avez-vous  su 
l'élat  qu'on  fait  de  Coriace?  id.  7/or.  ii,  4.  Ou  si  da 
mes  conseils  vous  faites  peu  d'état,  lo.  Nicom  iv, 
5.  Et,  faisant  peu  d'état  de  m'avoir  outragée,  (il)  Pré- 
tend m'avoir  rendue  encor  son  obligée,  hotbou, 
llélis.  IV,  1.  Dis  à  ta  maltresse  Qu'avecque  ses  écrits 
elle  me  laisse  en  paix.  Et  que  voilà  l'état,  infâme, 
que  j'en  fais,  mol.  Dép.  am.  i,  6.  Il  connaîtra  l'état 
que  l'on  fait  de  ses  feux,  ID.  Éc.  des  mar.  ii,  7.  Je 
ferais  plus  d'état  du  fils  d'un  crocheteur  qui  serait 
honnête  homme  que  du  fils  d'un  monarque  qui  vi- 
vrait comme  vous,  id.  le  Fest.  de  P.  iv,  «.  Afin  de 
lui  faire  connaître  Quel  grand  état  je  fais  de  ses  no- 
bles avis,  id.  F.  sav.  iv,  4.  Les  chrétiens  font-ils 
plus  d'état  des  biens  de  la  terre,  ou  font-ils  moins 
d'état  de  la  vie  des  hommes  que  n'en  font  les  idolâ- 
tres et  les  infidèles?  pasc.  Prov.  14.  Et  son  lâcha 
attentat  Vous  fait  voir  que  de  lui  vous  fai.siez  trop 
d'état,  montfleury.  Femme  juge  et  partie,  v,  1, 
Il  3°  Disposition  dans  laquelle  une  personne  se  trouve. 
Nous  pouvons  beaucoup,  sire,  en  l'état  où  nous 
sommes,  corn.  Pomp.  iv,  1.  Ma  tante  est  toujours 
dans  un  état  déplorable  [fort  malade],  sév.  143.  Ces 
voyages  ont  dû  vous  mettre  en  mauvais  étal,  id.  395. 
Et  peut-être  après  tout  en  l'état  où  je  suis  Sa  mort 
avancera  la  fin  de  mes  ennuis,  rac.  Andr.  i  4  e- 
garde  en  quel  état  tu  veux  que  j  me  montre.  Vols 
ce  visage  en  pleurs....  in.  Uithr.  ii,  1.  Que  vous 
semble,  mes  sœurs,  de  l'état  où  nous  sommes?.... 
Est-ce  Dieu,  sont-ce  les  hommes  Dont  les  œuvres 
vont  éclater?  id.  Esth.  ii,  8.  Mon  père,  en  quel  élat 
[à  genoux]  vous  vois-je  devant  moi?  n.  Athal.  n, 
2.  La  Grèce  ignore  que  je  [l'hiioctetej  souffre;  ma 
douleur  augmente;  les  Atrides  m'ont  mis  dans  cet 
état; que  les  dieux  le  leur  rendenti  fén.  Tél.  xv.  Ils 
[Machaon  et  Podalire]  me  guérirent,  ou  du  moms 
me  mirent  dans  l'état  où  vous  me  voyez,  id.  «i». 
Il  Être  dans  son  état  naturel,  ordinaire,  être 
comme  d'habitude,  n'avoir  rien  qui  trouble.  Qu'a- 
vez-vous?  vous  n'êtes  pas  dans  votre  état  naturel. 
didebot.  Éloge  de  Richardson.  Tout  le  monde  a  le- 
marqué  que  vous  n'étiez  pas  dans  votre  état  ordi- 
naire, GENLis,  Ad.  et  Théod.  t.  i,  lett.  49,  p.  4i7, 
dans  poiGENs.  ||  Etre  dans  un  élat  afl'reux,  être  griè- 
vement blessé  ou  malade,  et,  au  moral,  êlre  dans 
de  grandes  souffrances.  ||  Ironiquement.  Il  est  dans 
un  bel  état,  il  est  très-i^ali,  tout  déchiré,  ou,  au 
moral,  il  est  dans  des  affaires  très-embarrassantes. 
Il  Populairement.  Être  dans  tousses  états,  êlre  fort 
troublé,  fort  agité.  On  dit  da  même  meitre,  se 
mettre  dans  tous  ses  états.  Laissez-le  tranquille, 
vous  allez  le  mettre  dans  tous  ses  états.  Pour  un  rien 
il  se  met  dans  tous  ses  états.  ||  État  se  dit  aussi  des 
choses.  Mon  arc  est  en  bon  état.  Mais  ton  cœur  est 
bien  malade,  la  font.  Imitation  d'Anacréon.  Mes 
mains  sont  toujours  au  même  état,  sév.  29s.  La  cour 
le  rappelle  en  vain;  il  persista  dans  sa  retraite,  tant 
que  l'état  des  afl'aires  le  put  soufi'rir,  encore  qu'il 
n'ignorât  pas  ce  qu'on  machinait  contre  lui  durant  son 
absence,  aoss.  le  TcHier.  Pour  savoir  si  les  armes  et 
toutes  les  autres  choses  nécessaires  à  la  guerra 
étaient  en  bon  état,  fén.  Tél.  xii.  Mon  fils  avait  en- 
voyé ce  merle  s'informer  de  l'élat  de  votre  sanié  et 
de  tout  ce  qui  se  passait  à  Babylone,  volt.  Princ. 
deBabylone,  4.  ||  Élre  en  élat  de,  être  dans  un! 
situation  telle  que  l'on  peut....  Mon  père  est  en  éla, 
de  vous  accorder  tout,  corn.  Poly.  iv,  5.  Vous  acbè- 
verez  au  sortir  du  combat.  Si  toutefois  Carlos  vou. 
en  laisse  en  état,  ID.  D.  Sanche,  m,  1.  Le  monde  est 
si  inquiet,  qu'on  ne  pense  presque  jamais  à  la  vie 
présente  et  à  l'instant  où  l'on  vit,  mais  à  celui  où 
l'on  vivra;  de  sorte  qu'on  est  toujours  en  éwt  de 
vivre  à  l'avenir,  et  jamais  de  vivre  maintenant,  pasc. 
Extraits  des  lettres  à  Mlle  de  Hoonnei,édit.  nAVRT, 

1.  —  190 


I5U  KTA 

4M  ti  i.u^  MU  wwmm*  «n  «ut  de  neeroltfe  bou» 
\mi^mZ!!mZH<"  >•  '•  So"  âm.juiten  état 

.ll..objoorl.f  Jeiul»  bien  en  élal  que  l'on  me  Tienne 
toirt  «ol.  r-rt.  T,  y  II  être  hor.  d'él.t  de,  nepou- 
Tolr  DU  U  pilote  «l»'t  h"'»  <*  **»•  ■!«  connaître  le 
d«n.er,r*K.M.  Jt.  ||  Mettre  en  étol,  bon  d'éut, 
ianoer    «ter  '•  pouvoir  de.  Je  le  mets  hors  d  étal 
«•«M  jàmtiJ  malade,  cobn.  Ment,  iy,  ( .  Kt  l'eût  mise 
«n  4UI,  malgré  tout  son  appui,  De  s'en  plaindre  à 
PO!Bp««  «uparafïnl  qu'à  lui ,  ID.  Pomp.  H,  *.  Il  mit 
on  Taiaseau  en  état  de  vOKuer,  rtn.  M.  vu.  ||  Ab- 
solument. En  état,  en  bonne  condition.  Mettre  les 
ehoMs,  les  lieui  en  état,  les  disposer  d'une  manière 
propre,  convenable  k  leur  destination.  Et  j'en  serai 
plus  libre  et  bien  plus  en  élat,  la  font.  Fabl.  iv, 
it.  Us  puissances  de  votre  Jme  étaient  encore  en 
élat,  «AM.  Car.  Rechute.  |{  Tenir  une  cliose  en  éut, 
la  tenir  prête.  Qu'avon.i-nous  de  plus  important  en 
celte  vie  que  le  soin  de  mettre  en  état  ce  compte  re- 
doutable que  nous  devons  rendre  au  juge  élernelT 
ID.  Car.  Laxare.  ||  Terme  de  procédure.   Mettre  un 
procès,  une  affaire  en  état,  faire  les  procédures  et 
Im  productions  nécessaires  pour  qu'elle  puisse  être 
jugée.  La  mettre  hors  d'état,  faire  quelque  nouvelle 
procédure  qui  la  recule.  ||  Ancien  terme  de  jurispru- 
dence. Se  mettre  en  état,  se  disait  d'une  personne 
qui,  décrétée  de  prise  de  corps,  ou  condamnée  par 
contumace,  ou  ayant  obtenu  des  lettres  de  grâce, 
se  constituait  prisonnière  afin  de  se  justifier  ou  de 
faire  entériner  sa  grSce.  ||  Laisser  les  choses  en  état, 
les  laisser  telles  qu'elles  se  trouvent,  sans  y  rien 
changer.  ||  En  l'étal,  les  choses  étant  ainsi.  En  l'é- 
tat, il  ne  sérail  pas  prudent  d'aller  plus  avant.  ||  En 
tout  étal  de  cause,  quoi  qu'il  en  soit.  En  tout  état 
de  cause,  un  dénonciateur  qui  se  cache  joue  un 
rêle  odieux,  bas,  lâche,  J.  ;.  rooss.  Dt'olosue  v. 
Il  <•  L'état  de  la  question ,  l'exposition  de  tout  ce 
qui  concerne  une  question,  une  affaire.  Il  fallait  fijer 
l'état  de  la  question  pour  que  le  peuple  l'eût  tou- 
jours devant  les  yeux;   autrement,   dans   le  cours 
d  une  grande  affaire,  cet  état  de  la  question  chan- 
gerait continuellement,  et  on  ne  le  reconnaîtrait 
plus,  MO»Tii.>;o.   Etp.  VI,  4.  Il  6' Ëtat  de  situation, 
proprement  manière  d'être  d'une  situation,  écrit, 
exposé  qui  indique  quel  est  &  un  moment  donné 

10  recouvrement  de  l'impôt ,  quel  est  le  nom- 
bre d'hommes  présents  à  un  corps  de  troupes , 
d'élèves  dans  les  écoles  et  les  collèges,  etc.  Bien 
plus,  il  veut  que  l'inileiibilité  des  états  de  situa- 
tion se  plie  à  cette  illusion;  il  en  conteste  les  ré- 
sultats; l'opiniltreté  du  comte  do  Lobau  ne  peut 
vaincre  la  sienne,  par  là  il  veut  sans  doute  faire 
comprendre  k  son  aide  de  camp  ce  qu'il  désire 
que  les  autres  croient,  sëgur,  hitt.  de  Nap. 
Tiii,  H.  Il  Absolument.  Etat,  liste,  tableau.  Dres- 
ser un  état  des  pensions.  ||  Ëtat  delà  France,  de 
l'Angleterre,  titre  de  certains  livres  qui  contien- 
nent le  dénombrement  des  charges,  des  dignités, 
des  forces,  etc.  La  résolution  de  rayer  H.  de  Cam- 
brai de  l'ètal  de  celte  année,  Boss.  Lett.  quiét.  404. 

11  Mémoire,  détail  article  par  article.  Ëtat  de  comp- 
tes. Ëtat  de  dettes.  Eut  de  frais.  ||  Ëlat  d'hypothè- 
ques, indication  des  hypothèques  qui  grèvent  un 
immeuble.  ||  Ëlat  de  lieux,  acte  contenant  la  des- 
cription délailiée  d'un  immeuble  loué  ou  affermé. 
Il  6*  Position  sociale.  Il  ne  faut  pas  avoir  des  goûts 
au-dessus  de  son  état.  Il  se  piqua  pour  certaine  fe- 
melle De  haut  étal,  la  font.  Ifa^n.  La  cause  la  plus 
immédiate  de  la  ruine  et  de  la  déroute  des  person- 
nes des  deux  conditions,  de  la  robe  et  de  l'épée, 
est  que  l'eut  seul,  et  non  le  bien,  règle  la  dépense, 
LA  KSUT.  n.  Heureux  qui,  satisfait  de  son  humble 
fortune.  Libre  du  joug  superbe  où  je  suis  attaché. 
Vil  dans  l'éUt  obscur  où  les  dieux  l'ont  cachet  rac. 
Iph.  I,  I.  Vous  êtes  dans  l'élat  où  fut  Apollon,  féx. 
Ttl.  II.  Comme  il  [Massillon]  parlait  ta  langue  de 
tous  les  états  en  parlant  au  cœur  de  l'homme,  tous 
les  états  couraient  k  ses  sermons,  d'ai.kmb.  Éloget, 
MassiUon.  Le  seul  avantage  que  donnent  les  lumiè- 
res, si  c'en  est  un,  est  de  n'envier  l'éUt  de  per- 
sonne, sans  on  être  plus  content  du  sien,  m.  Apol. 
i*  ri'iurff,  OEutre$,  t.  iv,  p.  ïO«,  dans  podokns. 
(>u'il  est  doux  de  les  voir,  dévorés  d'amertume, 
S'ennuyer  par  état  et  ramper  par  coutume  I  bernis, 
rp<«  IV,  Ind^.  Il  Être  au-dessus  de  son  état,  se  dit 
d'un*  personne  qui  a  des  senlimenU  ou  des  lumières 
»"P«neure»  à  la  condition  où  elle  est.  ||  Autrefois 
condition  élevée  au-dessus  du  peuple  et  de  la  bour- 
«•oiMe.  Il  y  a  en  France  trois  sortes  d'éULs,  l'église, 
tlï^t  î*  I?^'  "OHTMO.  un.  po-i.  44.  En  pré- 
lUt,  au  bonheur  si  d«ux  d'êtr»  «poux  et  pères  de 


ETA 

lamille,  Vicret  du  as  floréaX  an  ii,  rapport  de  Canv- 
ben,  p.  «4.  Celte  convoi  tisa  ifs  offices  et  étau  (cu- 
rée autrefois  réservée  aux  nobles  jmiers)  est  deve- 
nue plus  Ipre  depuis  que  tous  les  rangs  y  peuvent 
prétendre,  p.  L.  codh.  i,  fs.  ||  Manière  de  vivre. 
Tenir  état  de  prince.  ||  Tenir  un  grand  éUt,  vivre 
splendidement.  ||  Avoir  un  grand  état  de  maison, 
avoir  une  maison  considérable,  un  grand  nombre 
de  domestiques.  Ils  étalent  une  grande  magnifi- 
cence ;  mais,  du  reste,  ils  n'ont  ni  dîner,  ni  sou- 
per, point  d'état  de  maison,  genlis.  Ad.  et  Th. 
t.  m,  Ictt.  I ,  p.  12,  dans  pouof.ns.  ||  Tenir  un  état, 
représenter.  ||  Façon  de  se  vêtir.  Où  pouvez-vous 
donc  prendre  de  quoi  entretenir  l'étal  que  vous  por- 
tez ?  MOL.  VAv.  1,  B.  Il  Profession.  En  Egypte,  le 
fils  était  obligé  d'embrasser  l'état  de  son  père.  Vous 
riez  de  cette  nécessité  où  l'on  est  en  France  de 
prendre  un  état,  chateadbk.  René,  (98.  ||  V  An- 
ciennement, réunion  de  députés  des  divers  ordres 
représentant  soit  le  pays  tout  entier,  soit  une  pro- 
vince. J'allai  dîner  lundi  chez  M.  de  Chaulnes 
qui  fait  tenir  les  états  deux  fois  par  jour,  sÉv. 
74.  Une  tenue  d'états  ou  les  chambres  assemblées 
pour  une  affaire  très-capitale  n'offrent  point  aux 
yeux  rien  de  si  grave  et  de  si  sérieux  qu'une  U- 
ble  de  gens  qui  jouent  un  grand. jeu,  la  brut.  vi. 
Leurs  prérogatives  furent  de  présider  aux  grands 
états  du  peuple,  montesq.  Esp.  i,  44.  J'ai  ouï  dire 
qu'un  roi  d'Aragon  ayant  assemblé  les  étals  d'Aragon 
et  de  CaUlogne  ,  les  premières  séances  s'em- 
ployèrent à  décider  en  quelle  langue  les  délibéra- 
lions  seraient  conçues,  id.  Lett.  pers.  <0B.  ||  Te- 
nir les  états,  les  présider  au  nom  du  roi.  M.  de 
Chaulnes  ne  tiendra  pas  nos  états  [de  Bretagne], 
sev.  les.  Il  Salle  des  états,  ancien  nom  appliqué  au- 
jourd'hui, dans  le  nouveau  Louvre,  à  la  salle  où 
l'Empereur  ouvre  les  sessions,  en  y  réunissant  le  Sé- 
nat et  le  Corps  Législatif.  ||  Les  éUls  généraux  ou, 
absolument,  les  états,  l'assemblée  des  trois  ordres  du 
royaume.  Des  cas  si  pressants  qu'il  y  aurait  dan- 
ger à  remettre  la  levée  de  l'impôt  après  la  convoca- 
tion des  états,  rén.  t.  xxii,  p.  434.  Ils  assemblaient 
souvent  les  états  généraux,  sans  lesquels  il  n'y  a 
point  proprement  de  nation,  batnal,  Hist.  phil.  i, 
18.  Il  Par  extension.  Il  [Alexandre]  se  hâta  d'arriver 
à  cette  grande  ville  [Babylone],  pour  y  tenir  comme 
les  étals  généraux  de  l'univers,  rollin,  Ilist.  ane. 
OEutret,  t.  vi,  p.  B74,  dans  pougens.  ||  Le  tiers 
état,  la  partie  de  la  nation  française  qui  n'était  com- 
prise ni  dans  le  clergé  ni  dans  la  noblesse,  et  qui 
formait  le  tiers  ou  troisième  ordre  dans  les  états 
généraux.  Palsambleul  l'amour  est  un  fat;  Sans 
égard  pour  ma  naissance.  Il  me  fait  soupirer,  gé- 
mir, sentir  l'absence,  Comme  un  amant  du  tiers 
élat,  REGNARD,  Àttetidei-moi  tous  l'orme,  se.  10. 
Il  Pays  d'états,  pays  où  les  députés  des  différents 
ordres  de  la  population  interviennent  dans  le  gou- 
vernement. Il  Pays  d'états,  en  France,  provinces 
qui  avaient  des  assemblées  locales,  où  l'on  traitait 
les  affaires  de  la  province.  On  les  opposait  ordinai- 
rement aux  pays  d'élection.  ||  Les  États-Généraux, 
nom  qu'au  xvii*  siècle  on  donnait  souvent  à  la  Hol- 
lande. Il  8°  La  forme  du  gouvernement  d'un  peuple, 
d'une  nation.  État  monarchique.  Ëtat  républicain. 
J'ose  dire,  seigneur,  que  par  tous  les  climats  Ne 
sont  pas  bien  reçus  toutes  sortes  d'états,  corn.  Cin- 
na,  II,  1.  Les  Athéniens  affranchis  dressent  des  sta- 
tues à  leurs  libérateurs  et  rétablissent  l'état  popu- 
laire, BOSs.  Hist.  I,  8.  Les  enfants  commencent 
entre  eux  par  l'état  populaire,  la  brut.  xi.  ||  9*  Le 
gouvernement,  l'administration  suprême  d'un  pays. 
L'État  ne  doit  pas  entraver  l'action  du  pouvoir 
municipal.  Ministre  d'État.  Secrétaire  d'État.  Con- 
seil d'Stat.  Il  Le  chef  de  ITËUt,  le  roi,  l'empereur, 
le  président,  le  dictateur, etc.  Tous,  dégalonnant  leurs 
costumes,  Vont  au  nouveau  chef  de  l'État  De  l'aigle 
mort  vendra  les  plumes,  bérano.  Deux  grenad. 
Il  Homme  d'État,  homme  qui  gouverne  un  pays 
ou  une  branche  de  l'administration  d'un  pays;  et 
aussi  celui  qui  a  les  qualités  nécessaires  pour  gou- 
verner. Richelieu,  Cromwell  et  Frédéric  II  de  Prusse 
furent  de  grands  hommes  d'État.  ||  Coup  d'État,  voy. 
COUP.  Il  Raison  d'État,  considérations  d'intérêt  public 
par  lesquelles  on  se  conduit  dans  le  gouvernement 
d'un  Etat.  La  raison  d'État  est  un  mauvais  prétexte 
pour  justifier  une  action  criminelle.  11  n'est  point  de 
soliise  Dont  par  raison  d'Etat  leur  esprit  ne  s'avise, 
RÊGNIRR,  Sa«.  X.  Et  les  raisons  d'Étal....  corn.  Pomp. 
I,  ï.  Il  On  a  ditaussi  raisonsde  l'État.  Car  ce  n'e-^t  point 
•|*'"0"r  qui  fait  l'hymen  des  rois;  Les  raisons  de 
l'État  règlent  toujours  leur  choit,  corn.  D.  Sanche, 
Vf,  B.  Il  Par  analogie.  Les  scrupules  d'Etat  qu'il  fal- 
lait mieux  combattre,  Assez  et  trop  longtemps  nous 


ETA 

ont  gênés  tous  quatre,  coan.  TiteetBér.m,  s.  Vos 
chimères  d'État,  vos  indignes  scrupules,  id.  tb.  m, 
b.  Il  C'est  daiis  un  sens  analogue  à  raison  d'État  que 
Corneille  a  dit  vertu  d'État.  La  justice  n'est  pas 
une  vertu  d'État,  corn.  Pomp.  i,  l .  ||  Affaires  d'Etat, 
les  affaires  qui  sont  du  ressort  du  gouvertiemeiiU  Les 
ordres  de  la  cour  obligeaient  l'ambassadeur  à  con- 
certer toutes  choses  avec  l'intendant,  à  qui  la  divin» 
Providence  fait  faire  ce  léger  apprentissage  des  af- 
faires d'État,  BOSS.  le  TelUer.  ||  Fig.  et  famibère- 
ment.  Affaire  d'Etat,  affaire  importante.  La  moindre 
chose  pour  lui  est  une  affaire  d'État.  |{  Crime  d'État, 
tentative  pour  renverser  les  pouvoirs  établis.  Et  d'ua 
mot  innocent  faire  un  crime  d'ÉUt,  boil.  Sal.  n. 
Il  Par  analogie.  Autant  que  je  le  puis,  je  déguisa 
son  crime.  Et  nomme  seulement  imprudence  d'État 
Ce  que  nous  aurions  droit  de  nommer  attentat,  corn. 
S'tphnn.  V,  6.  Il  Lettres  d'État,  lettres  que  le  roi 
accordait  pour  suspendre  le  jugement  et  les  pour- 
suites contre  une  personne ,  qui ,  étant  au  service 
de  l'État,  ne  pouvait  vaquer  à  ses  affaires.  {|  10"  L'en- 
semble des  citoyens  considéré  comme  un  corps  po- 
litique. Si  l'on  doit  regarder  les  Etats  comme  im- 
mortels, y  considérer  les  commodités  à  venir  comme 
présentes....  voit.  Lett.  74.  Et  que  l'État  demande 
aux  princes  légitimes  Des  prix  pour  lesivertus,  des 
peines  pour  les  crimes,  corn.  Hor.  v,  s.  Nous  avons 
vu  que  tout  l'Étal  est  en  la  personne  du  prince, 
BOSS.  Politique,  vi,  i,  t.  Dans  le  calme  d'une  pro- 
fonde paix  vous  aurez  des  moyens  de  vous  signaler, 
et  vous  pouvez  servir  l'État  saiii  l'alarmer,  comme 
vous  avez  fait  tant  de  fois,  en  exposant  au  milieu 
des  plus  grands  hasards  de  la  guerre  une  vie  aussi 
précieuse  et  aussi  nécessaire  que  la  vôtre,  id.  Reine 
d'Anglet.  La  reine,  qui  se  trouva  grosse  et  qui  ne 
put  par  tout  son  crédit  faire  abandonner  ces  deux 
sièges  qu'on  vit  enfin  si  mal  réussir,  tomba  en  lan- 
gueur; et  tout  l'Etat  languit  avec  elle,  id.  tb.  Je  vous 
croirai  Burrhus,  lorsque  dans  les  alarmes  II  fau- 
dra soutenir  la  gloire  de  nos  armes.  Ou  lorsque, 
plus  tranquille,  assis  dans  le  sénat.  Il  faudra  déci- 
der du  destin  de  l'Eut,  bac.  i?rit.  m,  l.  Le  grand 
principe  de  Lycurgue,  et  Aristote  le  répèle  en  ter- 
mes formels,  était  que,  comme  les  enfanu  sont  à 
l'État,  il  faut  qu'ils  soient  élevés  par  l'Etat  et  selon 
les  vues  de  l'État,  rollin,  Hist.  ane.  Œuvres,  t.  u, 
p.  B44,  dans  POUGENS.  La  réunion  de  toutes  les  for- 
ces particulières,  dit  très-bien  Gravina,  forme  ce 
qu'on  appelle  l'État  politique,  kontesq.  Espr.  i,  ». 
La  vie  des  États  est  comme  celle  des  hommes,  id. 
tb.  X,  2.  Chaque  État  a  ses  lois  Qu'il  tient  de  la  nature, 
ou  qu'il  change  à  son  choix,  volt.  Brutus,  i,  3. 
Et  j'ai  toujours  connu  qu'à  chaque  événement  Le 
destin  des  États  dépendait  d'un  moment,  in.  Jf.  de 
C^s.  I,  1.  Ce  qui  fonde  un  État  le  peut  seul  conser- 
ver, ID.  Sémir.  m,  «.  ||  U"  L'étendue  de  pays  sou- 
mise à  une  sculo  souveraineté  politique.  Que  le  plus 
grand  État  ne  peut  souffrir  qu'un  maître,  corn. 
Perthar.  i,  I.  Régnez  toujours,  Porus,  je  vous  rends 
vos  États,  RAC.  Alex,  v,  3.  Près  de  la  borne  où  cha- 
que Étal  commence....  bérang.  Ste  Alliance.  \\  L'E- 
tat ecclésiastique,  les  Étals  du  pape.  On  a  dit  de 
même  les  Etats  ou  l'État  de  Venise,  de  Toscane. 

—  REM.  On  a  pris  l'habitude  d'écrire  avec  un  B 
majuscule  État,  quand  il  signifie  le  gouvernement 
d'un  pays,  un  corps  de  nation,  l'ensemble  d'un  pays 
sous  une  même  domination  :  ministre  d'Ëiat;  coup 
d'État;  les  lois  fondamenUles  de  l'Eut  ;  l'étendue  des 
États  de  ce  prince. 

—  HIST.  XIII'  s.  Lors  est  la  terre  en  bon  estât  ; 
Cunte  e  barun  e  li  prélat.  N'est  nuls  à  ki  11  reis  ne 
pleise,  Edouard  le  conf.  v.  872.  Restorer,  e  mètre 
en  estât,  E  enricher  de  riches  duns  [une  église], 
tb.  V.  2276.  Mes  s'il  ont  en  eus  engrestiés  [méchan- 
ceté], Orguel  ou  quelques  mauvestiés,  Li  granl  es- 
Ul  où  il  s'encroent.  Plus  tosl  le  mostrent  et  des- 
cloent,  la  Rose,  6287.  Li  enfant  demorent  en  le  [laj 
saizine,  et  li  plais  en  Testât  où  il  estoil  quant  li 
pères  morut  dusqu'à  l'aage  des  enfans,  beaum.  «9. 

—  xiv  s.  El  dist  Charles  de  Blois  :  Heraux,  vcnei 
avant;  Sur  quel  estât  veut-il  qu'on  TOist  [qu'on 
aille]  parlementant?  Cu»ci.  B5B9. 

—  XV»  s.  Tenez  esut,  ainsi  comme  à  message  de 
roi  appartient,  car  nous  le  voulons,  et  tout  sera 
payé,  FROiss.  ii,  ii,  4S.  El  en  telle  manière  la  plus 
grand'  partie  de  ses  gens  se  confessèrent  et  miient 
en  bon  estât,  id.  i,  i,  284.  Là  estoyent  les  femmes 
d'eslat  [de  distinction]  de  Paris  mandées,  dancié, 
chanté,  et  fait  joyeuse  chiere,  christ,  du  piîaN, 
Charles  V,  m,  î2.  Prince,  qui  veult  que  le  Don 
temps  reviengne.  Les  trois  estas  en  bonnes  meurs 
repringne  [reprenne],  eust.  desch.  Souffrance  du 
\peuph.  El  faut  advisé  que  c'esloit  le  moings  mfll 


ETA 

que  la  royne  presidast  en  conseil,  que  laisser  les 
choses  en  Testât  que  elles  estoient,  ju'venal.  Char- 
lei  Tl,  ues.  sire,  dist  la  pucelle,  il  fait  bon  ac- 
querre  honneur;  car,  par  les  grans  honneurs,  vient 
on  aux  grands  estais,  Peneforest,  t.  n,  f  97.  Belles 
filles,  je  TOUS  prie  que  vous  ne  soyez  pas  des  pre- 
mières à  prendre  les  estais  nouveanlx  [les  nouvelles 
modes] ,  le  chev.  de  la  tour  ,  Instruct.  à  ses  filles, 
f»  42,  dans  LACURNE.  La  veille  du  jour  de  Noël,  le 
roy  alla  tenir  son  eslat  [résider]  au  palais,  et  de- 
meura là  jusques  au  jour  St  Thomas,  monstrel.  t.  I, 
1°  93,  dans  LACURNE.  De  quoy  tu  n'as  rien  fait  dont 
il  puisse  apparoir  par  estât  [réellement],  Ordonn. 
des  rois  de  Fr.  t.  m,  p.  70.  Du  costé  du  roy  fuyt 
ong  homme  d'estat  [de  haut  rang]  qui  s'enfuyt  jus- 
ques à  Lusignen  sans  repaistre,  et  du  costé  du  conte 
ung  autre  homme  de  bien,  comm.  i,  4.  Tel  perdoit 
ses  offices  et  estats  pour  s'en  estre  fuy,  et  furent 
donnés  à  autres  qui  avoient  fuy  dix  lieues  plus 
loing,  ID.  ib.  Le  roy  arriva  en  la  ville  de  Paris  en 
Testât  qu'on  doit  venir  pour  reconforter  le  peuple, 
car  il  y  vint  en  très-grande  compaignie,  id.  i,  8.  II 
[Louis  XI]  estoit  naturellement  amy  des  gens  de 
moyen  estât  et  ennemy  des  grans  qui  se  pouvoient 
pisser  de  luy,  id.  i,  10, 

—  xvi*  s.  Certains  estats  dans  les  Indes....  mont. 
I,  54.  Affaires  d'estat,  id.  i,  47.  Jamais  homme  ne 
feit  moins  d'estat  [ne  compta  moins  sur]  de  sa  du- 
rée, ID.  I,  78.  Estât  [de  santé]  florissant,  m.  i,  91. 
La  philosophie  faict  estât  [profession]  de  serener  les 
tempestes  de  Tame,  ID.  i,  ns.  Ils  sont  morts  en 
estât  de  n'avoir  pas  leur  saoul  à  manger,  id.  i,  257. 
Ainsi  faites  estât  [comptez]  que  je  m'en  voys  quand 
et  vous,  ID.  III,  <83.  'Tout  cela  se  peut  apeler  faire 
un  estât  dans  Testât,  d'aub.  Hisl.  in,  450.  Je  luy 
appris  encore  à  dire  souvent,  maxime  d'estat,  ma- 
ladie d'estat,  période  d'affaires,  etc.  id.  Conf. il,  t. 
Jouer  à  honnestes  jeux,  comme  aux  merveilles,  aux 
estats,  aux  ventes,  aux  rencontres  et  autres,  yveh, 
p.  B24.  Ce  livret  contenoit  Testât  de  la  monition 
dont  il  avoit  fait  provision  pour  la  guerre,  de  bledz, 
d'armes,  etc.  amyot,  Cat.  d'Ut.  77.  11  avoit  d'estat 
de  Tempereur  lUbOO  cscus  tous  les  ans,  paré.  Pré- 
face. Autres  medicamens  sont  requis  au  commen- 
cement qu'en  Taugment,  en  Taugment  qu'en  Tes- 
tât, en  Testât  qu'en  la  déclinaison ,  id.  Introd.  2a. 
Commis  et  députez  spécialement  pour  le  tiers  estât, 
mesmes  pour  Testât  de  labour  [les  laboureurs] ,  Coust. 
génér.  t.  i,  p.  335. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  étay;  provenç.  estât,  stat; 
espagn.  estado;  ital.  stato;  du  latin  status,  état,  de 
stare,  être  debout,  fixe  (voy.  ester  et  stable). 

ËTAT-MAJOR  (é-ta-ma-jor),  s.  m.  ||  1°  En  gé- 
néral, se  dit  des  officiers  et  sous-officiers  sans  trou- 
pes. Il  Les  officiers  attachés  à  un  général  pour  Texé- 
cution  et  la  transmission  de  ses  ordres,  le  lever  des 
plans,  la  correspondance,  etc.  et  pour  tous  les  dé- 
tails du  service.  Le  général  et  son  état-major.  Un 
chef  d'état-major.  {{  Corps  d'officiers  chargés  spécia- 
lement du  service  d'état-major.  ||  État-major  géné- 
ral, le  corps  des  officiers  généraux.  ||  Ëtat-major 
général,  Tétat-major  du  général  en  chef.  On  traver- 
sait les  cours  d'eau  à  des  gués  bientôt  gâtés;  les  ré- 
giments qui  venaient  ensuite,  passaient  ailleurs,  où 
Us  pouvaient;  on  s'en  inquiétait  peu;  Tétat-major 
général  négligeait  ces  détails,  ségur,  Hist.  de  Nap. 
vj,  1.  Il  État-major  des  places,  corps  des  officiers, 
sous-officiers,  caporaux  ou  brigadiers,  employés  au 
commandement  et  au  service  des  places  de  guerre. 
Il  État-major  de  TartiUerie,  du  génie,  officiers  d'ar- 
tillerie, du  génie  qui  ne  sont  point  attachés  aux 
régiments  de  Tarme.  {|  Le  lieu  où  se  tiennent  les  bu- 
reaux de  Tétat-major.  Aller  à  Tétat-major.  ||  État- 
major  d'un  régiment  ,  le  colonel  ,  les  officiers 
supérieurs,  et  les  officiers  et  sous-officiers  qui  ne 
sont  pas  attachés  à  une  compagnie.  ||  Dans  la  ma- 
rine ,  les  officiers  d'un  bâtiment.  ||  2°  Fig.  État-major 
se  dit  souvent,  par  plaisanterie,  comme  les  gros 
bonnets,  des  personnages  les  plus  considérables. 
L'état-major  d'un  colléj-'e,  d'une   association,   etc. 

—  ÊTYM.  État,  elmajnr. 

ÉTAU  (é-to),  s.  m.  Instrument  au  moyen  duquel 
les  serruriers,  lesforgerons,  etc.  établissent  et  fixent 
les  pièces  auxquelles  ils  travaillent  ;  les  étaux  sont  for- 
mésdedeuxmâchoires  qu'on  serre  parune  vis.  ||  Êtau 
l  main,  petit  étau  qu'on  tient  à  la  main.  ||  Fig.  Être 
jirig,  serré  comme  dans  un  élau,  et,  simplement, 
être  dans  un  étau,  être  très-étroitement  serré. 

—  ÉTYM.  Picard,  etau,  souche  morte  et  coupée  à 
quelque  distance  de  la  terre  ;  lorrain,  eitauque,  étau. 
Comme  tout  historique  manque ,  on  peut  admettre 
que^tau  est  pour  ettaf  (voy. étal),  et  signifia,  éty- 
mologiqnement,  la  chose  dressée,  ou  qu'il  se  rap- 


ÉTÉ 

porte  à  l'ancien  flamand  stael,  fût.  Mais  le  picara 
etau  semble  se  rapporter  à  estoc,  et  le  lorrain  eitau- 
que s' y  rapporte  encore  plus  visiblement,  de  sorte  que 
Vétau  serait  proprement  le  bâton, la  tige  (esfocyallem- 
Stock),  où  Ton  serre,  Schraub-stock  des  Allemands. 
Tel  est  l'avis  de  Diez,  qui  paraît  tout  à  fait  fondé. 

t  ÉTAUPINAGE  (é-tO-pi-na-j'),  s.  m.  Terme  ru- 
ral. Action  d'étaupiner. 

t  ÉTAtJPINEU  (é-tô-pi-né),  t.  m.  Terme  rural. 
Faire  disparaître  les  taupinières,  soit  qu'on  les  ré- 
pande sur  le  sol,  soit  qu'on  les  batte  et  les  com- 
prime, ou  qu'on  les  fouisse,  ou  autrement. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  taupinière. 

t  ÉTAVILLON  (é-ta-vi-Uon,  Il  mouillées),  s.  m. 
Morceau  de  cuir  coupé  et  disposé  pour  faire  un  gant. 
On  appelle  étavillons  les  grandes  pièces  d'un  gant 
coupé,  Dict.  des  arts  et  m.  Amst.  t767,  gantier. 

t  ÉTAYAGE  (é-tè-ia-j') ,  t.  m.  Action  d'étayer. 
Des  travaux  d'étayage. 

ÉTAYÉ,  ËE  (é-tè-ié,  iée),  part,  passé.  Le  châ- 
teau étayé  en  plusieurs  endroits  menaçait  ruine.LE- 
SAGE,  Gil  Blas,  V,  ).  Il  Fig.  De  cent  peuples  rivaux 
ce  colosse  étayé  [l'empire  de  Rome]  Va  bientôt  de  sa 
chute  épouvanter  le  monde,  saurin,  Spart,  i,  t. 

ÉTAYEMENT  (é-tê-man;  et  aussi,  suivant  quel- 
ques-uns, é-té-ye-man),  i.  m.  Action  d'étayer;  ma- 
nière dont  une  chose  est  étayée.  Toutes  les  pièces 
qui  servent  à  étayer.  ||  Planche  qui  soutient  les  ciels 
plafonnés. 

—  ÉTYM.  Élayer. 

ÉTAYER  (é-tè-ié),  j'étaye,  tu  eiayes,  il  étaye  ou 
étale,  nous  étayons,  vous  étayez,  ils  étayent  ou 
étaient;  j'étayais,  nous  étayions,  vous  étayiez;  j'é- 
tayai  :  j'étayerai,  ou  étalerai,  ou  étairai;j'étayerais, 
ou  étaierais,  ou  étaîrais;  étaye,  étayons;  que  j'é- 
taye, que  nous  étayions,  que  vous  étayiez,  qu'ils 
étayent;  que  j'étayasse;  étiyant;  étayé,  v.  a. 
Il  1°  Appuyer,  soutenir  par  des  étais.  Étayer  un 
mur.  Il  Fig.  Je  ne  voudrais  pas  qu'on  allât  faire  un 
usage  indiscret  d'un  ressort  si  bas  [la  gourman- 
dise] ,  ni  étayer  d'un  bon  morceau  Thonneur  de 
faire  une  belle  action,  J.  J.  houss.  Ém.  ii.  Et  du 
nom  de  justice  Vous  osez  abuser  pour  étayer  vos 
droits,  M.  J.  CHÉN.Grocq.ii,  3.  ||2°S'étayer,  v.réft. 
Se  soutenir  sur  un  étai ,  sur  un  bâton.  Le  vieux  de- 
vin qui....  Pour  s'étayer  dans  sa  marche  incertaine. 
Courbe  son  corps  sur  un  appui  de  frêne,  malfil. 
Narcisse,  ii.  ||Fig.  En  vain,  pour  s'étayer  du  nom 
de  mes  aïeux.  Par  l'éclat  des  emplois  Charles  flat- 
tait mes  yeux,  c.  delav.  Vép.  sicil.  I,  1. 1|  Se  sou- 
tenir l'un  l'autre.  La  richesse  et  le  crédit  s'étayent 
mutuellement,  l'un  se  soutient  toujours  mal  sans 
l'autre,  J.  i.  rouss.  Emile,  y.  Ces  possessions  for- 
maient quatre  masses  trop  éloignées  les  unes  des 
autres  pour  s'étayer  mutuellement,  raynal,  Bist. 
phil.  IV,  23. 

—  HIST.  ini*  s.  Salomon  son  temple  en  estaie  Sur 
sept  pilliers....  j.  de  meung,  Tr.  4(2.  Hxiv  s.  Des- 
pense pour  estaier  et  relever  le  comble  du  toit,  Bibl. 
desch.  5*  série,  t.  m,  p.  239.  ||  xvi'  s.  Fabius,  par  un 
moyen  de  procéder  tout  différent,  sousteint  et  estaya 
dessoubz  [sa ville],  amyot,  Péric.  et  Fab.  eomp.  2. 

—  ÉTYM.  Étai;  Berry,  atéyer. 

*.  ÉTÉ  (é-té),  s.  m.  ||  1°  La  saison  qui  suitle 
printemps  et  précède  l'automne.  ||  Été  astronomi- 
que; il  commence  au  2)  juin  et  finit  au  22  septem- 
bre. Dans  notre  hémisphère.  Tété  commence  au 
passage  apparent  du  soleil  par  le  premier  point 
du  signe  de  TEcrevisse  et  finit  à  son  passage  par 
Téquinoxe  d'automne.  L'été  est  plus  chaud,  sous  la 
même  latitude,  dans  Thémisphère  boréal,  que  dans 
Thémisphère  austral,  parce  que  le  soleil  reste  huit 
jours  de  plus  dans  le  premier.  ||  Été  météorologique , 
qui  est  le  véritable  été  dans  le  sens  populaire;  il 
commence  du  lO  au  tB  mai,  et  va  jusqu'au  15  ou  20 
aollt.  Salon  d'été.  Habit  d'été.  Mais,  qui  l'aurait 
pensé?  pour  comble  de  disgrâce,  Par  le  chaud  qu'il 
faisait  nous  n'avions  point  déglace;  Point  de  glace, 
bon  Dieul  dans  le  fort  de  Tété,  Au  mois  de  juin.... 
BoiL.  Sat.  m.  L'été  même,  à  l'instant  qu'on  liait  en 
faisceaux  Les  épis  jaunissants  qui  tombent  sous  la 
faux,  J'ai  vu  les  vents  grondants  sur  ces  mois- 
sons superbes  Déraciner  les  blés,  se  disputer  les 
gerbes,  dïlille,  Géorg.  i.  Quel  siècle  !  dit-on  vrai? 
nos  hivers  font  éclore  Des  fleurs  qu'en  nos  étés  un 
vent  glacé  dévore,  lemerc.  Frédég.  et  Brun,  ii,  B. 
J'offrais  ma  tête  nue  à  l'ardeur  des  étés,  c.  delav. 
Paria,  m,  4.  ||  Familièrement,  se  mettre  en  été, 
quitter  les  habillements  d'hiver  et  se  vêtir  légère- 
ment. Il  i'  Le  semestre  d'été,  semestre  comprenant 
les  mois  d'avril  à  septembre.  Jl  3"  L'été  de  la  saint- 
Martin,  de  la  Saint-Denis,  l'époque  de  ces  fêtes, 
ainii  nommé,  parce  que,  à  ce  moment  de  l'automne, 


ETE 


1515 


U  y  a  souvent  des  jours  beaux  et  chauds.  ||  Fig; 
Ét«  de  la  Saint-Martin,  les  retours  de  jeunesse  qui 
prennent  quelquefois  aux  vieillards ,  et  les  der- 
niers rayons  de  beauté  des  femmes.  ||  4"  Grand  été, 
chaleur  exceptionnelle  du  mois  d'août  due  à  la  gran- 
deur des  arcs  diurnes  que  parcourt  alors  le  soleil. 
Il  Petit  été,  celui  de  la  Saint-Martin  (H  novembre), 
dû  à  la  petitessedes rayons  vecteurs,  c'est-à-dire  à  la 
moindre  distance  où  le  soleil  est  alors  de  la  terre. 
Il  5°  Fig.  et  poétiquement.  L'été  de  la  vie,  de  l'âge, 
l'époque  de  force  et  de  maturité  qui  suit  la  jeu- 
nesse. J'étais  encor  dans  mon  été.  Quand  cette 
noire  déité  Me  fit  du  fleuve  de  I.éthé  Passer  la 
rive  malheureuse,  volt.  Ép.  xiii.  ||  11  se  dit  quelque- 
fois en  poésie  pour  année.  ||  6°  Pas  d'été,  ou,  sim- 
plement, Tété,  figure  de  contredanse,  la  seconde  des 
cinq  figures  qui  composent  le  quadrille  ordinaire. 
L'été  exige  vingt-quatre  mesures,  et  comprend  les 
pas  suivants  :  un  cavalier  et  la  dauie  vis-à-vis  font  : 
1°  en  avant  deux  et  en  arrière;  i'  adroite  et  à 
gauche;  3°  un  traversé;  4"  un  à  droite  et  à  gauche; 
5°  ils  reviennent  à  leurs  places  et  balancent  quatre 
avec  leurs  partenaires;  6°  ils  finissent  par  un  tour 
de  main.  Depuis  plusieurs  années,  c'est-à-dire  de- 
puis qu'on  ne  danse  plus  dans  les  salons,  cette  fi- 
gure était  altérée  dans  sa  seconde  moitié,  c'est-à- 
dire  qu'après  avoir  fait  le  traversé,  le  cavalier  et  la 
dame  refaisaient  exactement  pour  retourner  à  leurs 
places  ce  qu'ils  avaient  fait  d'abord,  savoir  :  7»  en 
avant  deux  et  en  arrière:  8°  à  droite  et  à  gauche; 
9°  un  traverséqui  les  ramenait  àleurs  places.  Enfin 
aujourd'hui  Tété  est  encore  plus  altéré:  on  fait  deux 
fois  en  avant  quatre  et  en  arrière ,  puis  les  deux  cou- 
ples traversent;  après  quoi  ils  font  encore  deux  fois 
en  avant  quatre  et  en  arrière,  et  reviennent  à  leur 
places  par  un  second  traversé. 

—  HIST.  XI*  s.  Ce  est  en  mai  au  premier  jour  d'es 
ted,  Ch.  de  Roi.  clxxxv.  ||  xii*  s.  Quand  li  estes  e' 
la  douce  saisons  Font  feuille  et  flor  et  les  prés  ra- 
verdir.  Coud,  xiii.  Mais  cil  faus  amoureus  d'esté 
N'aiment  fors  quant  talent  lor  pront,  ib.  p.  <2l 
Il  xiv*  s.  Bien  sembloient  qu'il  avoient  esté  Engran' 
peine  yver  et  aisté,  Liv.  du  bon  Jehan,  v.  28)6 
Il  XVI*  s.  Quand  en  esté  le  haut  coq  boit,  la  pluy» 
soudain  vientet  paroist,  lerocx  iie  hncy,  Prov.  1. 1, 
p.  98.  Printemps  humide  avec  esté  chasse  des  biens 
bonté,  planté  [abondance] ,  id.  ib.  Si  l'hiver  est  sur- 
chargé d'eau.  Testé  n'en  sera  que  plus  beau,  m.  ib. 

—  ÉTYM.  Wallon,  oslé;  Berry,  sté,  aslé,  séche- 
resse; bourguign.  élai;  provenç.  es(a(,s.  f.;  ital. 
State,  eslate;  du  latin  xstatem,  du  radical  a;s(  qui 
est  dans  sestus,  chaleur,  et  dans  le  grec  aïOtiv, 
brûler,  identique  avec  le  sanscrit  idh,  allumer. 

î.  É'TÉ  (é-té),  part,  passéia  verbe  être  (voy.  ce  mot) . 

t  ÉTEIGNARIE  (é-tè-gna-rie),  *.  f.  Terme  de  sa- 
lines. Femme  chargée  d'éteindre  la  braise. 

fÉTEIGNEMENT  (é-tè-gne-man),  i.  m.  Action 
d'éteindre;  résultat  de  cette  action. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esteignement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Éteindre. 

t  ÉTEIGNEUR,  EDSE  (é-tè-gneur,  gneû-z') ,  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  éteint,  au  propre  et  au  figuré. 

—  HIST.  XVI"  s.  Esteigneur ,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Éteindre. 

ÉTEIGNOIR  (é-tè-gnoir),  t.  m.  ||  !•  Petit  usten- 
sile creux  en  forme  de  cône  qui  sert  à  éteindre  la 
chandelle.  ||  Fig.  Peut-être,  fait  comme  il  était,  Tau- 
rait-il  [le  duc  d'Orléans]  forcé  [le  duc  du  Maine]  à 
jeter  Téteignoir  sur  le  feu  qu'il  avait  allumé, st-sim. 
327,  2».  Il  2°  Familièrement,  celui  qui  éteint,  ou  ce 
qui  éteint   le   sentiment,  la  pensée,  les  lumières, 

les  progrès Messieurs  les   pédants  De  qui  la 

science  chagrine  Est  Téteignoir  du  sentiment,  volt. 
Ép.  CXI.  Les  Turcs  ces  ennemis  des  beaux-arts,  ces 
éteignoirs  de  la  belle  Grèce,  id.  Roi  de  Prusse,  210. 
La  crainte  de  déplaire  est  Téteignoir  de  l'imagina- 
tion, ID.  Lett.  Vernes,  2  janv.  )763.  La  controverse 
est  Téteignoir  et  Topprobre  de  l'esprit  humain  ;  la 
poésie  et  l'éloquence  en  sont  le  flambeau  et  la 
gloire,  ID.  Dict.  phil.  Lieux  commmns.  ||  3*  Nom  de 
plusieurs  champignons. 

—  ÉTYM.  Éteindre. 

ÉTEINDRE  (é-tin-dr"),  j'éteins,  tu  éteins,  il  éteint, 
nous  éteignons,  vous  éteignez,  ils  éteignent;  j'étei- 
gnais, nous  éteignions,  vous  éteigniez;  j'éteignis; 
j'éteindrai;  j'éteindrais;  éteins,  qu'il  éteigne,  étei- 
gnons; que  j'éteigne,  que  nous  éteignions,  que  vous 
éteigniez;  que  j'éteignisse;  éteignant;  éteint,  ».  a. 
Il  1°  Etoufl'er  le  feu,  en  arrêter  Tactivité,  l'action. 
Éteindre  un  incendie.  Éteindre  le  feu.  ||  Il  se  dit 
aussi  de  ce  qui  est  allumé.  Vous  éteindrez  la  bou- 
gie. Éteindre  la  lumière.  ||  2°  Fig.  Éteindre  l'en- 
cens,  faire  cesser  la  flaUiiria.  Combien  de  fois  étei- 


1516  fiTB 

^ii.11   Vmumn     don»  I»   do"*»  •'  '»»''8''«  «X*»"' 

M  1    ,ru'.u,.roLT.  aVi.p*    ..  ».  Il  K>R.  ÉUi.ndre 
21  lum.ér»..  rm|.«clier  le  développcmenl  de»»cien- 
CM    IVileiuJon  .le  rmulruclion.  Ceux  mêmes  qui  »e 
lont  »(Tofe<»  d'éleindro  les  lumitre»,  n'ont  fait  que 
I».  f4f>»ndr«,  n'ilOLBACii.  Estai,  préj.  Cli.  M,  dan» 
t>u«»M*i«,    (Kurres.    Éli-iKnons  les   lumières,    M 
nllumon»  le  feu,  BÉBAKO.  *i«ionnuirM.  Il  8' Eteindre 
U  chiui,  mettre  de  la  chaux  vire  enconUct  avec  de 
IViu  pour  former  de  l'hydrata  de  chaux.  ||  Éteindre 
le  fer,   le  plonger  dan»   l'eau  froide   lorsqu'il  est 
ehaiilTé  au  rouge.  ||  Eteindre  les  épingles,  les  laver 
dans  l'eau   fraîche,  aprJ»  qu'elles  ont  été  étamées. 
Il  i*  Poétiquement.    Eteindre  U  clarté  des  yeux, 
rendre  aveugle.  Le  fer  n'a  pas  éteint  le  cœur   de 
Ilélisaire,  Eicignanlde  ses  yeux  l'iinmorlelle  clarté, 
aoTBOU,  Uéiiiairt,  v,   8.    ||    Eteindre  U   lumière 
de<  yeux,  faire  mourir.  Phèdre  mourait,  seigneur, 
et  sa  main  meurtrière  Eteignait  de  ses  yeux  l'inno- 
cci.le  lumière,  bac.  Pl'èd.  iv,  ).  ||  6*  Eteindre  le 
feu,   faire  cesser  le  fuu  de  l'artillerie  ennemie  par 
une  artillerie  supérieure,  par  un  tir  supérieur.  La 
place  éteignit  plusieurs  fois  le  feu  de  l'assiégeant. 
Il  S*  Eteindre  la  vie,  faire  mourir.  Il  éteindra  ma 
vie  avant  que  mon  amour,  cour.  Œdipe,  u,  2.  Si 
le  duc  est  vivant,  quelle  vie  ai-jeéteinleY  rotr.  Venc. 
tv,  6.   Il  II  s'est  dit  aussi  quelquefois  des  personnes 
mêmes.  Berwick  découvrit  leur  cache  de  poudre  et 
de  munitions  [des  révoltés  des  Cévennes],  et  à  la  fin 
éteignit  tout  \  fait  ces  misérables,  st-sim.  ^48,^68. 
Il  flteindro  une  famille,  une  r.ice,  n'en  laisser  sub- 
sister aucun  membre  pour  la  continuer.  Les  guerres 
si  meurtrières  que  les  Grecs  eurent  à  soutenir,  élei- 

Snirenl  un  grand  nombre  de  familles,  accoutumées 
epuis  plusieurs  siècles  k  confondre  leur  gloire 
avec  celle  de  la  patrie,  barthêl.  Anach.  introd. 
part,  li,  sect.  3.  ||  7' Calmer,  en  parlant  de  tout 
ce  qui  est  comparé  i  un  feu,  à  une  flamme,  k  un 
incendie.  Eteindre  l'ardeur  de  la  fièvre.  Enfin  je 
suis  sorti  d'Kurope  et  j'ai  passé  ce  détroit  qui  lui 
sert  de  bomos;  mais  la  mer  qui  est  entre  vous  et 
moi  ne  peut  rien  éteindre  de  la  passion  que  j'ai 
pour  vous,  VOIT.  Leit.  40.  Tu  n'as  dans  leur  que- 
relle aucun  sujet  de  craindre;  Un  moment  l'a  fait 
naître,  un  moment  peut  l'éteindae,  corn.  Cid,  ii, 
s.  Et  comme  tous  mes  feux  n'avaient  rien  que  de 
saint.  L'honneur  les  alluma,  le  devoir  les  éteint, 
ID.  Iléracl.  m,  t.  J'ai  prévu  ce  tumulte....  Comme 
un  moment  l'allume,  un  moment  peut  l'éteindre, 
ID.  Nicom.  y,  t.  Un  si  vaillant  guerrier,  qu'on  vient 
de  nous  ravir,  Eteint,  s'il  n'est  vengé,  l'ardeur  de 
vous  servir,  id.  Cid,  u,  ».  Oui;  mais  cette  grJce 
n'éteint  pas  peut-être  le  ressentiment  des  parents  et 
dos  amis,  mou.  le  Festin  de  P.  i,  S.  Rien  n'est  plus 
doux  que  d'aller  éteindre  sa  soif  dans  un  clair 
ruisseau,  res.  t.  xix,  p.  »o.  Cette  soif  de  régner  que 
rien  ne  peut  éteindre,  bac.  Iphig.  iv,  4.  ||  8-  Dé- 
truire, faire  disparaître.  Aime  une  ombre  comme 
onibre,  et  de  cendres  éteintes  Eteins  le  souvenir, 
MALH.  Y\,  is.  Le  piemier  sang  versé  rend  sa  fu- 
reur plus  forte  [de  la  populace]  ;  Il  l'amorce,  il  l'a- 
rharoe,  il  en  éli-int  Ihorreur,  cokn.  Kicom.  v, 
4.  Dans  votre  infâme  sang  j'éteindrai  voire  amour, 
BOTMOo,  YtncfMl.i,  4.  Je  devrais  dans  ton  sang 
éteindre  ce  forfait,  la  fost.  Coup*.  L'indifférence 
éieinien  quelque  sorte  la  volonté, boss.  Orai,t.  ïiii,a3. 
Il  i«  disposait  k  venir  lui-même,  k  leur  tête,  élein-^ 
dr«  l'Eglise  et  l'empire  tout  ensemble,  et  ajouter  au 
meurtre  de  tant  de  rois  celui  du  souverain  pontife 
de  Jésus-Christ,  rt.«cB.  l'anég.  Fr.  de  Paule.  Il 
éteint  c«t  amour  source  de  tant  de  haine,  bac.  Brii. 
▼,  t.  Les  larmes  de  la  rein»  ont  éteint  cet  espoir 
m.  lUrin.  Y,  7.  Kt  les  soins  d«  I*  guerre  auraient- 
Us  en  un  jour  Eteint  dans  tous  les  coeur»  la  len- 
drass«  et  lamourT  id.  Iphig  ii,  3.  (Les  «mes  dans 
!•  TarUre  souhaitent]  une  mo't  qui  puisse  éteindre 
tout  sentiment,  rtn.  Tél.  xviii.  En  qui  des  mœurs 
tiéde»  éteignirent  toutes  les  grlces,  mass.  Car 
fnèrt  J.  Un  seul  mol  de  César  a-t-il  étemt  dans 
toi  L  amour  de  ton  pays,  ton  devoir  et  U  foi  ?  volt. 
«.  «  CCI.  m,  I.  Le  malheur  tôt  ou  lard  éteindra 
ma  raison,  otcis,  Lear,  ii,  4.  Us  ISches  courti- 
•ans  j,  tont  une  élude  rtallumer  le  vice  et  d'éteindre 

".  ^S:'.'-  '•  ""'"''"«M»  l'«yer.  Il  lO-Terme 
»BiiWrfo.inJLiîl.  '"^*  ''•  P«'"'""-e.  Adoucir, 

<iS^i2îii-S:^"2^%'T,i*îrs.'d"i?  r""-^""'"^ 


ETE 

logue,  dans  le  langagu  ordinaire,  d'un  éclat  qui 
s'efTace.  La  tristesse  avait  éteint  l'éclat  de  ses  yeux. 
La  mort  avait  éteint  se»  yeux,  fén.  Tél.  xvn. 
!|  13«  S'éteindre,  v.  réfl.  Cesser  de  briller.  Le  feu,  le 
namlieau  s'éteint.  ||  Fig.  Quiconque  maudit  son  père 
et  sa  mère,  sa  lampe  s'éteindra  au  milieu  des  lénè- 
lire.s,  BACl,  Bible,  Prov.  de  Salom.  xx,  20.  Sa  lu- 
mière s'éteint  et  son  Sme  s'envole,  cobn.  Rodog.  v, 
4.  Une  mémoire  qui  se  confond,  un  cœur  qui  s'é- 
leint,  liASS.  Car.  Impén.  Tes  yeux  otl  s'éteignait  la 
vio  Hayonnent  d'immortalité,  lamart.  If^dit.  I,  ». 
Il  14*  Cesser  d'être  en  activité,  en  parlant  des  vol- 
cans. Les  volcans  de  l'Auvergne  se  sont  éteints  bien 
longtemps  avant  l'Age  historique.  ||  16*  Perdre  son 
éclat.  Les  yeux  s'allument  et  s'éteignent  en  un  mo- 
ment, PASC.  Amour.  ||  16"  Il  se  dit  des  maisons,  des 
dignités  qui  finissent  faute  d'héritiers.  Cette  famille 
B'ust  éteinte.  Celte  pairie  s'éteindra  par  la  mortd'un 
tel.  Il  Avec  suppression  du  pronom  personnel.  Le 
jour  qui  de  leurs  rois  vit  éteindre  la  race  Éteignit 
tout  le  feu  de  leur  antique  audace, rac.  Athal.  i,  t. 
Il  17"  Cesser  d'exister,  être  détruit.  Où  le  culte  de 
Dieu  s'était  éteint,  boss.  Ilist.  i,  7.  Sa  loi  ne  s'é- 
teint pas  parmi  ces  rebelles,  m.  ib.  u,  4.  L'a- 
mour de  la  patrie  et  le  respect  des  lois  s'y  éteint, 
ID.  ib.  III,  7.  Et  son  fou  [d'un  auteur],  dépourvu 
de  sens  et  de  lecture.  S'éteint  à  chaque  pas  faute  de 
nourriture,  boil.  Art  p.  m.  Dans  l'ombre  du  secret 
ce  feu  [l'amour]  s'»llait  éteindre,  bac.  Bithr.  iv,  4. 
Les  empires,  ainsi  que  les  hommes,  doivent  croître, 
dépérir  et  s'éteindre,  d'alembert.  Éloges,  ifontes- 
qui'eu.  Je  languissais,  mes  ans  s'éteignaient  dans 
l'ennui,  m  j.  ciién.  Gracques.  i,  4.  Les  langueurs 
oïl  s'éteint  la  vieillesse,  c.  delav.  Paria,  m,  4. 
Il  18"  Mourir  doucement.  Il  s'éteignit  enfin  le  pre- 
mier mars  17(5,  âgé  de  près  de  80  ans,  fontkn. 
Uorin.  Si  vous  brillez  à  votre  aurore,  Quand  je  m'é- 
teins  à  mon  couchant,  volt.  Ép.  lxxxix.  Son  agonie 
[de  Mme  de  Mainlenon]  fut  si  douce  qu'elle  avait  l'air 
d'une  personne  qui  dort  tranquillement;  elle  s'étei- 
gnit à  six  heures  du  soir,  le  (S  avril  I7i»,  âgée  de 
84  ans,  GENLis,  Urne  de  Itninlenon,  t.  ii,  p.  277, 
dans  PODGBNS.  Jeune  je  m'éteindrai  laissant  peu  de 
mémoire....  v.  iiuGO,  Odes,  v,  1. 1|  19°  Il  se  dit  en 
parlant  du  jour  qui  finit.  Ce  jour  qui  va  s'éteindre 
est  le  dernier  pour  moi,  c.  delav.  Paria,  v,  2. 
Il  20"  Expirer  en  parlant  de  la  voix.  Les  sons  ren- 
dus parle  timbre  ne  s'éteignent  pas  sur-le-champ, 
DIDEROT,  LeIt.  sur  les  souris  et  muets.  Je  sens  ina 
voix  s'éteindre  et  mes  genoux  trembler,  G.  delav. 
le  Paria,  m,  i. 

—  HlST.  XII'  s.  Ta  digne  miseration  Esteigne  le 
grant  feu  de  t'ire,  benoît,  ii,  (:1497.  Puis  qu'en 
vous  sont  tout  mal  estaint  Et  tout  bien  à  droit 
alumé,  Couci,  m.  Ne  de  mon  cuer  [je]  ne  puis  la 
llame  eslaindre,  ib.  xi.  Esteigniez,  fait  lor  il,  ces 
cirges  alumez,  Th.  le  mart.  52.  ||  xiii"  s.  Ne  por  ce, 
se  je  veil  estaindre  La  foie  amor....  la  Rose,  6776. 
Si  comme  se  [sa]  me.sons  art  [brûle]  et  je  l'estaing.... 
BEADM.  XXII,  12.  Quant  aucuns  a  son  enfant  mort, 
si  comme  par  fu  [feu],  ou  par  yaue,  ou  parce 
qu'on  l'estaint  [étouffe]  en  dormant,  ou  par  aucune 
autre  malvese  garde,  id.  lxix,  b.  Quant  la  royne 
se  esveiUa,  elle  vit  la  chambre  toute  embrasée  de 
feu,  et  sailli  sus  toute  nue,  et  prit  la  louaille  et  la 
jeta  en  la  mer,  et  prist  les  touailles  et  les  estaint 
[éteignit],  joinv.  286.  ||  xiv  s.  La  gent  Fabie  des- 
confite et  extalncte,  bercheube,  ^  6o,  verso.  Les 
queles  choses  se  eles  ne  sont  tantost  ostées,  eles 
estaindront  [feront  mourir]  le  pacient,  h.  de  iiondb- 
viLLK,  f  100,  verso.  ||  xv  s.  Il  y  ot  aucuns  mineurs 
la-dedans  esleints  qui  oncques  ne  s'en  partirent, car 
la  mine  renversa  sur  eux,  fboiss.  u,  u,  36.  Oadit, 
et  il  est  vérité,  que  le  grand  désir  que  on  a  aux 
choses  que  elles  aviennent,  estaind  le  sens,  et  pour 
ce  sont  les  vices  maistres  et  les  vertus  violées  et 
corrompues,  lo.  m,  iv,  28.  Et  se  sslaignisl  le  bruyt 
que  nous  avions  ouy,  conii.  ii,  3.  ||  xvi-  s.  Trois 
cents  personnes  et  davantage  esleintes,  donnèrent 
le  premier  exemple  aux  uns  pour  tuer  impunément, 
aux  autres  pour  n'espérer  point  de  miséricorde, 
d'»ub.  Iliit.  1,  «30.  Ce  temple  [de  Janus]  demoura 
fermé  4a  ans,  tant  estoient  toutes  occasions  de  guer- 
res et  par  tout  esteiiites  et  amorties,  aiiyot,  A'uma, 
33.  Leur  monnoye  estoit  de  fer,  lequel  première- 
ment avoit  esté  esteinct,  venant  du  feu,  avec  du  vi- 
naigre, ID.  Lysand.  32.  Puis  en  icelle  [lessive]  on 
fera  esleindre  chaux  vive,  paré,  xxv,  32. 

—  ETYM.  Provenç.  atvnner,  etteinger,  txlenjer; 
espagn.  et  port  titingnir  ;  ital.  tstingunt  ;  du  lat. 
ezttmgwré,  de  ex,  et  «tmguere,  éteindre,  presser 
sur,  appuyer,  comme  le  prouveut  tn-ftincitw  (voy. 
iMTtucT),  et  les  rapprochements  avec  stigare  (i*- 


ÉTÉ 

stigare),  le  grec  <rriY|ui,  un  point,  et  l'allemaud 
tuehen,  piquer.  Bx-ttinf/uere ,  c'est  Ater  en  ap- 
puyant. 

ÉTEINT,  EnVTE  (é-tin,  tin-t"),  part,  passé  d'é- 
teindre. Il  1°  Qui  a  cessé  de  brûler.  Un  feu  éteint 
très-promptement.  La  bougie  est  éteinte.  ||  X  chan- 
delle éteinte,  ou,  substantivement,  à  éteinte  de 
chandelle,  s'est  dit  d'une  adjudication  qu:  reste  ou- 
verte tant  qu'une  petite  chandelle  qui  brûle  n'est 
pas  consumée.  On  dit  aujourd'hui  :  à  l'extiL^tion 
des  bougies  ou  des  feux.  ||  Fig.  Et  de  David  été  ot 
rallumer  le  flambeau,  bac.  Athal.  i,  2.  Même  au 
sein  du  sénat  traînant  Rome  à  son  char,  Germauicus 
éteint  triomphe  de  César,  H.  i.  chén.  Tibère,  i,  4 
Il  8"  Volcans  éteints,  volcans  qui  ont  cessé  de  brûler 
et  d'être  en  activité.  {|  3°  Qui  a  perdu  son  écat.  U 
(M.  de  Monaco]  avait  deux  gros  yeux  d'aveugle, 
éteints,  et  qui  en  effet  ne  distinguaient  rien  à  deux 
pieds  d'eux,  st-sim.  4  4,  2.  L'air  morne,  l'œil  éteint, 
pourtant  dans  leur  tristesse  Se  laissait  entrevoir  un 
rayon  d'allégresse,  delille  ,  Paradis  perdu,  t. 
Il  4"  Détruit,  qui  n'existe  plus.  La  vérité  était  donc 
éteinte  avant  que  la  réforme  parût?  boss.  Avert.  3. 
La  tyrannie  des  Pisistratides  est  entièrement  éteinte, 
ID.  Ilist.  i,  8.  Leur  haine  pour  Hector  n'est  pas  en- 
core éteinte,  bac.  Andr.  i,  4.  L'esprit  de  pénitence 
est  presque  éteint  parmi  les  fidèles,  mass.  Car. 
Jeûne.  Des  lois  ou  négligées  par  le  relâchement,  ou 
éteintes  par  la  coutume,  lo.  Or.  (un.  Villars.  Grand 
prince  [le  prince  Eugène],  qui,  dans  cette  cour  [de 
Louis  XIV]  Où  la  justice  était  éteinte.  Sûtes  inspirer 
de  l'amour.  Même  en  nous  donnant  de  la  crainte, 
VOLT.  Ép.  vm.  N'avoue-t  il  pas  lui-même  qu'il  serait 
ridicule  de  fonder  la  constitution  de  lElat  sur  des 
maximes  éteintes?  j.  j.  bouss.  Polysynodie,  juge- 
ment. L'amitié  même  éteinte  avait  encore  des  droits 
qu'il  aurait  dû  respecter,  id.  Conf.  ii.  Hélas!  des 
rois  bientôt  la  mémoire  est  éteinte,  ouas,  llamlet, 
11,  B.  Il  Famille,  race  éteinte,  celle  dont  il  ne  reste 
plus  d'héritier.  Et  quand  Dieu,  de  vos  bras  l'arra- 
cliant  sans  retour.  Voudrait  que  de  David  la  maison 
fût  éteinte,  rac.  Athal.  iv,  B.  ||  B°  Il  se  dit  des  fa- 
cultés qui  perdent  leur  activité.  De  ses  sens  presque 
éteints  il  a  perdu  l'usage,  lemerc.  Fréd.  et  Br.  v, 
4.  Il  Dans  un  sens  analogue.  Et  de  mes  jours  éteints 
[il  a]  ranimé  la  chaleur,  M.  j.  cniN.  Fén.iv,i. 
Il  Homme  éteint,  homme  dont  les  facultés  sont 
amorties  soit  par  les  fatigues,  soit  par  l'âge.  Elle 
est  d'une  extrême  délicatesse;  elle  ne  se  promène 
quasi  pas;  elle  a  toujours  froid  ;  à  neuf  heures  du 
soir  elle  est  toute  éteinte;  les  jours  sont  trop  longs 
pour  elle,  sÉv.  t.  vu,  lett.  705,  p.  229,  dans  pol- 
GENS.  Il  6"  Une  voix  éteinte,  si  faible  qu'on  peut  à 
peine  l'entendre.  Non  ,  lui  dit-elle ,  d'une  voix 
presque  éteinte,  je  n'accepte  point  ces  présents,  je 
pars,  marmontel.  Contes  moraux,  Soliman  II. 
Il  7°  Terme  de  chimie.  Mercure  éteint,  mercure  telle- 
ment trituré  avec  d'autres  substances  qu'on  n'aper- 
çoit plus,  dans  le  mélange,  aucun  globule  métallique. 

t  ÉTEIiVTE  (étin-t'),  s.  f.  Usité  seulement  dans 
dans  cette  locution  :  à  éteinte  de  chandelle  (voy. 
éteint). 

f  ÉTELLE  (é-tè  1'),  S.  f.  Nom  donné,  sur  les  bords 
de  la  Seine,  aux  vagues  secondaires  ou  éclats  d'eau 
qui  suivent  la  barre  ou  mascaret. 

—  ÉTVM.  Serait-ce  le  même  mot  que  le  lorrain 
^(«ll«qui  signifie  éclat  de  bois,  et  qui,  ici,  aurait 
un  sens  figuré?  Ételle  représente  le  latiu  has- 
tella,  petit  bâton  (voy.  attelle). 

t  fiTKLON  (éte-lon),  t.  m.  Voy.  étalon  2. 

ÉTENDAGE  (é-tan-da-j'j ,  s.  m.  Assemblage  de 
cordes  tendues  horizontilement  pour  y  étendre 
des  objets  k  sécher.  L'étend.ige  d'une  blanchisseuse. 
Il  Lieu  oti  e-t  l'étendage.  Mettre,  porter  du  linge, 
du  papier  â  l'étendage.  ||  Opération  qu'on  fait  aux 
laines. 

—  ÉTYM.  Étendre. 

ÉTENDARD  (é-tan-dar  ;  le  d  ne  se  he  pas  :  un 
é-tan-dar  orné;  au  pluriel,  Vs  ne  se  lie  pas  :  des 
é-tan-dar  ornés  ;  cependant  plusieurs  disent  :  des 
é-tan-dar-z  ornés),  s.  m.  ||  1"  Toute  sorte  d'enseigne 
de  guerre.  Et  voyant  pour  suicrolt  de  douleur  et  de 
haine  Parmi  ses  étendards  porter  l'aigle  romaine, 
RAC.  tlilhr.  v,  4.  Déployez  en  son  nom  cet  étendard 
fatal,  Des  extrêmes  périls  l'ordinaire  signal,  ta. 
Raj.  I,  2.  Cet  étendard  était  un  aigle  d'or  au  bout 
d'une  pique  avec  les  ailes  déployées,  et,  depuis 
ce  temp.s-là,  les  rois  de  Perse  n'en  ont  point  pris 
d'autres,  iioll.  Hist.  ane.  OKur.  t.  n,  p.  212,  dans 
LACDRNE.  Le  dieu  dont  j'ai  porté  les  sacrés  éten- 
dards, volt.  Fanât,  u,  t.  ||  i'  Aujourd'hui,  ea 
termes  militaires,  étendard  ne  se  dit  que  des  ensei- 
gnes de  la  cavalerie.  Se  ranger  sous  l'éttindarti. 


ÉTÉ 


ÉTÉ 


ÉTÉ 


1517 


Il  3'  Fig.  L'étendard,  lo  parli  sous  lequel  on  se  range. 
L'étendard  d'un  faux  prophète  réunit  des  pâtres 
errants  dans  les  déserts  de  l'Arabie,  turgot,  2' 
dise,  en  Sorbonne.  \\  Suivre  les  étendards  de,  se 
ranger  sous  les  ôtendards  de,  combattre  sous  les 
étendards ,  arborer  l'étendard  de ,  c'est-à-dire  embras- 
ser le  part;  ne,  s'attacher  à.  N'arboreront-ils  point 
l'étendard  de  Pompée ?cohn.  Serfor.  i,  i.  Il  obligea 
les  Grecs  à  marcher  sous  ses  étendards  contre 
l'ennemi,  Boss.  Ilist.  m,  6.  Mais  sous  ses  étendards 
j'ai  déjà  su  ranger  Un  peuple  obéissant  et  prompt 
à  vous  venger,  Ji\c.  Alhal.  iv ,  2.  ||  Lever  l'étendard, 
se  déclarer  chef  d'un  parli ,  d'une  faction.  Matha- 
tias  leva  l'étendard  de  la  liberté,  BOSS.  .4i-ere.  5. 
Contre  nous  de  la  tyrannie  L'étendard  sanglant  est 
levé,  Marseillaise.  ||  Lever,  arborer  l'étendard  de 
la  révolte,  se  révolter.  ||  Lever  l'étendard,  prati- 
quer avec  ostentation  quelque  chose.  On  peut  être 
homme  de  bien  sans  lever  l'étendard,  sans  courir  à 
toutes  les  dévotions,  MASS.  Carême,  Cuite.  ||  4°  Éten- 
dard désignait  autrefois,  sur  les  galères,  ce  qu'on 
nomme  aujourd'hui  pavillon  sur  les  vaisseaux. 
Il  6°  Terme  de  botanique.  Pétale  supérieur  des  fleurs 
papilionacées.   ||  6°  Sorte  de  papier. 

—  HIST.  XI*  s.  Et  l'estandarl  Tervagan  et  Mahom, 
Ch.  de  llol.  ccxxxvu.  ||  xir  s.  Nostre  emperere  fist 
l'estendart  venir  [le  chariot  qui  portait  l'étendard], 
Mult  l'a  bien  fait  de  chevaliers  emplir  Et  de  serjans, 
pour  le  fais  soustenir,  Garin,  dans  du  cange,  stan- 
dards m.  Quant  il  ont  en  bataille  fiché  leur  estan- 
dart,  Sax.  xix.  ||  xiii*  s.  Oïl,  se  Diex  me  saut  :  nous 
u'avons  chi  autre  fremeté  [forteresse] ,  ne  autre  es- 
tendart  fors  Dieu  tant  seulement  et  vous,  u.  de 
VALENC.  IV.  Il  xv  s.  L'estendart  du  roy  qui  estoit 
de  satin  vermeil  cramoisy,  al.  chartier,  Hist.  de 
Charles  VII,  p.  t82,  dans  lacurne.  Dame  Ysengrine 
y  vint  accompagnée  de  plusieurs  de  sa  congnois- 
sance,  qui  toutes  apportèrent  leurs  quenoilles,  lin, 
fuiseaux,  estendars,  happles,  et  toutes  agoubilles 
servans  à  leur  art,  les  Evang.  des  quenouilles,  f.  <3. 
Il  xvi'  s.  Alors  fit  le  seigneur  de  la  TremouiUe  son- 
ner à  l'estendart  pour  rassembler  ses  gens,  i.  d'au- 
TON,  Annales  de  Louis  XII ,  p.  <09,  dans  lacurne. 
Estendart,  bannière  ou  enseigne,  que  nous  disons 
aujourd'hui  drapeau,  pasquier.  Recherches,  dans 
LACURNE.  U  n'est  umbre  que  d'estendarts,  il  n'est 
fumée  que  de  chevaux,  et  clicquetis  que  de  har- 
nois,  RABEL.  11,  27.  X  l'estendard  tard  va  le  couard, 
LEROuï  '"'  UNO"-  P^nv.  t.  II,  p.  79.  Avant,  avant, 
gendarmeo,  „  •'—•■ai;  boute  selle,  boute  selle,  tost 
à  l'estendard ,  Chanson  de  la  bataille  de  ilarignan. 

—  ÉTYM.  Provenç.  estandarl,  eslandard;  espag. 
tstandarte  ;  ital.  stendardo;  angl.  standart.  Diez  le 
tire  du  latin  extendere  ,  étendre  ,  déployer  ;  du 
Cange,  du  germanique  stand,  être  debout.  Le  fait  est 
que,  à  part  l'italien,  c'est  l'o  qui  est  dans  le  vieux 
français,  dans  le  provençal  et  l'espagnol.  De  plus, 
Vétendard  était  quelque  chose  de  fixé  et  d'immobile 
durant  la  bataille,  ce  qui  va  à  stand;  enfin  l'anglais 
signifie  à  la  fois  étendard  et  étalon  [de  mesures], 
ce  qui  ne  paraît  se  concilier  qu'avec  une  racine 
analogue  à  celle  qui  est  dans  étalon  lui-même.  Ces 
raisons  font  pencher  la  balance  du  côté  de  stand. 
Cependant  remarquez  que,  dans  certaines  provin- 
ces, étendard,  comme  drapeau,  signifie  un  lange. 

t  ÉTENDELLE  (é-tan-dè-T),  s.  f.  Sac  de  crin  dans 
lequel  on  renferme  les  graines  oléagineuses  broyées, 
pour  les  soumettre  à  la  presse.  ||  Sorte  de  hangar 
où  l'on  étend  les  verres  dans  les  fours  à  vitres,  après 
avoir  été  soufflés  en  manchons.  ||  Endroit  où  l'on 
étend  les  peaux.  ||  Division  d'un  bloc  d'ardoise. 

—  HIST.  XIV*  s.  Huit  nappes  de  hoslel,  une  autre 
estendelle  de  fin  linge,  du  cange,  extendere. 

—  Etym.  Étendre. 

t  ÉTENDERIE  (é-tan-de-rie),  s.  f.  Voy.  éten- 
doir. 

t  ÉTENDEDR  (é-tan-deur) ,  s.  m.  Ouvrier  chargé 
d'aplatir  ou  d'étendre  les  manchons  de  verre. 

ÊTENDOIR  (é-tan-doir),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'im- 
primerie. Long  liteau  en  bois,  surmonté,  par  un 
bout,  d'une  traversed'un  pied  environ  de  longueur, 
assemblé  dans  le  manche  à  tenons  et  à  mortaises, 
qui  sert  à  porter  et  à  étendre,  sur  des  cordes,  les 
feuilles  imprimées  sortant  de  la  presse,  ainsi  qu'à 
les  enlever  quand  elles  sont  sèches.  ||  2°  Endroit  où 
l'on  étend  ce  qu'on  veut  faire  sécher.  On  dit  aussi 
étenderie.  ||  3°  Percha  sur  laquelle  les  blanohis- 
•euses  étendent  le  linge. 

—  ETYM.  Étendre. 

ÉTENDRE  (é-tan-dr'),  v.  o.  ||  !•  Donner  aune 
chose  plus  de  surface.  On  étend  l'or  sous  le  marteau. 
Eteudre  du  beurre  sur  du  pain.  |j  Etendre  des  trou- 
pes, leur  faire  occuper  plus  de  terrain,  leur  donner 


plus  de  front.  Arbogaste  étendit  dans  la  plaine  cette 
armée  de  barbares  qu'il  avait  emmenés  en  Gaule, 
FLÉCH.  Théodose,  iv,  48.  ||  Terme  de  trictrac.  Éten- 
dre son  jeu,  distribuer  les  dames  sur  autant  de  flè- 
ches qu'il  se  peut  afin  de  faire  facilement  des  cases. 
Il  Kig.  et  familièrement.  Étendre  le  parchemin,  faire 
de  longues  écritures  dans  une  affaire,  pour  en  tirer 
plus  de  profit,  prolonger  un  procès  par  des  chicanes; 
ainsi  dit  parce  qu'autrefois  les  écritures  de  justice  se 
faisaient  surtout  sur  parchemin.  ||  Étendre  la  cour- 
roie, étendre  les  profits  ou  les  attributions  d'un 
emploi,  au  delà  de  ce  qui  est  permis.  Sa  place  ne 
lui  vaudrait  pas  tant,  s'il  n'étendait  un  peu  la 
courroie.  {|  'ferme  de  peinture.  Grouper  ensem- 
ble plusieurs  parties  qui  reçoivent  la  lumière, 
et  où  les  objets  ne  sont  séparés  que  par  des  demi- 
teintes  adoucies.  {|  2°  Déployer  en  long  et  en  large. 
Étendre  son  manteau  par  terre  pour  se  coucher. 
Il  Étendre  du  linge  ,  le  placer  sur  des  cordes 
pour  qu'il  y  sèche.  Les  premiers  objets  qui  se  pré- 
sentèrent furent  Cunégonde  et  la  vieille  qui  éten- 
daient des  serviettes  sur  des  ficelles  pour  les  faire 
sécher,  volt.  Candide,  29.  jj  Étendre  les  bras, 
les  jambes,  les  allonger.  Le  Seigneur  a  étendu  sa 
main  sur  la  mer,  il  a  ébranlé  les  royaumes,  saci. 
Bible,  Isaïe,  xxiii,  4).  [La  Mollesse]  Soupire,  étend 
les  bras,  ferme  l'œil  et  s'endort,  boil.  Lutr.  ii. 
Il  Terme  de  physiologie.  Étendre  la  jambe  sur  la 
cuisse,  l'avant-bras  sur  le  bras,  faire  que  la  jambe 
et  la  cuisse,  le  bras  et  l'avant-bras  soient  en  ligne 
droite.  Il  Étendre  les  ailes,  se  dit  d'un  oiseau  qui  les 
déploie  pour  s'envoler.  ||  3°  Coucher  de  son  long. 
Étendre  un  blessé  sur  un  lit.  Télémaque  fit  la- 
ver la  plaie  sanglante  de  Pisistrate,  il  le  fit  éten- 
dre sur  un  lit  de  pourpre,  fén.  Tél.  xxi.  ||  Il 
se  dit  aussi  pour  renverser  à  terre.  Et  si  tu  veux 
m'en  croire,  Tu  retendras  tout  plat,  la  font.  Fabl. 
viii,  t7.  i  perne  fut-il  étendu  par  terre  que  je  lui 
tendis  la  main  pour  le  relever,  fén.  Tél.  v.  ||  Eten- 
dre un  homme  sur  le  carreau,  le  tuer,  le  renver- 
ser mort  par  terre  ||  4°  Développer,  amplifier.  Éten- 
dre un  sujet.  Pour  peu  que  j'eusse  voulu  étendre 
quelques-unes  de  mes  lettres,  elles  se  fussent  ap- 
pelées des  livres,  Balzac,  liv.  iv,  lett.  4.  ||  Éten- 
dre laclaused'un  contrat,  les  termes  d'un  arrêt,  etc. 
porter  le  sens  d'un  contrat,  d'un  arrêt  au  delà  de  ce 
que  les  termes  signifient  précisément.  En  cela  il  a 
étendu  sa  commission  et  a  fait  plus  qu'il  ne  devait 
faire,  balz.  liv.  vi,  lett.  3.  Selon  divers  besoins  il 
est  une  science  D'étendre  les  liens  de  notre  obéis- 
sance, mol.  Tart.iv,  6.  ||  Étendre  le  sens,  lasigni- 
ficaiion  d'un  mot,  lui  attribuer  un  sens  plus  ample 
qu'il  n'avait,  jj  On  dit  de  même  étendre  un  mot.  Ce 
mot  ne  désignait  d'abord  que  telle  chose,  on  l'a 
étendu  depuis  à  telle  autre.  115°  Augmenter,  agran- 
dir. Étendre  son  empire.  Étendre  sa  domination.  La 
découverte  de  l'Amérique  a  beaucoup  étendu  le  com- 
merce européen.  Plus  on  étend  sa  puissance,  plus 
on  est  dévoré  du  désir  de  tout  pouvoir,  i.  j.  rouss. 
Lett.  de  la  montagne,  9.  Il  n'est  point  d'État  aussi 
heureusement  situé  que  la  Russie  pour  étendre  son 
commerce,  raïnal,  Hist.  phil.  v,  2i.  La  popu- 
lation étendit  l'industrie,  m.  ib.  iv,  30.  ||  Par  ex-' 
tension.  J'ai  trouvé  l'art  d'étendre  ma  vie  sans  la 
prolonger;  j'existe,  j'aime,  je  suis  aimée,  je  vis 
jusqu'à  mon  dernier  soupir,  i.  j.  rouss.  Ilél.  vi, 
41.  Il  Fig.  On  n'étend  l'esprit  qu'en  abrégeant  ses 
idées,  MALEBR.  Hech.  vi,  u,  4.|16°  Porter  jusqu'à, 
faire  aller  jusqu'à.  Que  servirait  à  Louis  d'avoir 
étendu  sa  gloire  partout  oà  s'étend  le  genre  hu- 
main ?  BOSS.  ifar.  Thér.  Toutes  les  espèces  sur  les- 
quelles il  put  étendre  ses  expériences  ,  fonten. 
Hartsoeker.  Tel  était  le  génie  de  Carthage  :  tou- 
jours sévère  et  excessive  dans  ses  punitions,  elle 
les  portait  aux  dernières  rigueurs  et  les  étendait 
jusque  sur  les  innocents,  rollin,  Ilist.  anc.  Œuv. 
t.  I,  p.  281,  dans  pouGENS.  Etends  la  loi  de  la  né- 
cessité aux  choses  morales,  apprends  à  perdre  ce 
qui  peut  t'être  enlevé,  i.  J.  ROuss.  Ém.  v.  Antipaler 
est,  après  Philippe,  le  plus  habile  politique  de  la 
Grèce;  actif,  infatigable,  il  étend  ses  soins  sur  pres- 
que toutes  les  parties  de  l'administration,  bar- 
THÉL.  Anach.  61.  Quand  la  mort  sur  le  trône 
étend  ses  rudes  coups,  volt.  Henr.  vi.  Je  vais, 
sur  les  vaincus  étendant  mes  secours,  Consoler  leur 
misère  et  veiller  sur  leurs  jours,  id.  Alt.  iv,  4.  Que 
si  cette  inscription  est  de  quelque  nation  ancienne 
qui  ne  subsiste  f  us,  elle  étend  notre  âme  dans  les 
champs  de  l'infini,  bern.  de  st-piehre,  Paul  et 
Virg.  Il  Etendre  la  vue,  la  porter  sur  un  point  éloi- 
gné. C'est  un  plaisir  d'étendre  la  vue  sur  cette  belle 
campagne,  Dict.  de  l'Acad.  ||  7°  Terme  de  chimie. 
Étendre  un  acide,  de  l'cilcool,  y  ajouter  de  l'eau  et 


l'affaiblir  de  la  sorte.  ||  On  dit  de  même  étendre  du 
vin  avec  de  l'eau.  ||  8°  S'étendre,  v.  réfi.  Prendre 
plus  de  surface.  L'or  s'étend  sous  le  marteau.  ||  Se 
déployer.  L'armée  s'étend  dans  la  plaine.  L'ombre  de 
cet  arbre  s'étend  sur  nos  têtes.  Sur  la  face  des  eaux 

s'étend  la  nuit  profonde,  delille,  Enéide,  i En 

vain  sous  de  beaux  cieux  S'étendaient  à  tes  pieds 
des  champs  délicieux,  id.  Trois  règnes,  m.  |{  Fig.  Un 
silence  pieux  s'étend  sur  la  nature  (pendant  la  nuit] , 
LAMAHT.  Harm.  ii,  4.  ||  9°  So  coucher  tout  de  son 
long.  Ils  se  sont  étendus  sur  le  gazon.  Étendez- 
vous  là  seulement  ;  il  y  aura  plaisir  à  confondre 
votre  frère  ;  voici  madame  ;  tenez-vous  bien,  mol. 
Mal.  im.  m,  17.  ||  10°  Etre  allongé.  Ses  jambes  s'é-r 
tendaient  sous  la  table.  Et  vers  l'amant  qu'elle 
adore.  Ses  bras  s'étendent  encore  En  se  changeant 
en  rameaux,  uarmontel,  Daphné.  Le  liquide  azur 
Du  fleuve  qui  s'étend  comme  lui  [le  ciel]  calme  el 
pur,  A.  CHÉN.  Élég.  xiv  ||  11"  Aller  jusqu'à.  Et  sa 
bonté  [de  Dieu]  s'étend  sur  toute  la  nature,  rac. 
Athal.  II,  7.  L'horreur  de  mon  destin  s'étendrait  jus- 
qu'à vous,  VOLT.  Œdipe,  iv,  3.  La  flamme  dont 
brttia  àion  désespérée  S'étendit  en  fureur  aux  murs 
de  Césarée,  id.  Zaïre,  u,  4.  Je  suis  l'ami  et  le  dis- 
ciple de  Socrate;  et  je  crains  bien  que  la  haine  qu'on 
a  pour  lui  ne  s'étende  jusqu'à  moi,  marmontbl, 
Cont.  moraux,  Alcibiade.  \\  12°  Occuper  une  certaine 
étendue.  L'Etat  dont  mon  cœur  est  content  Sur  quel- 
ques bords  du  Nil  à grand'peine  s'étend,  corn. Pomp. 
II,  3.  Cette  histoire  s'étend  depuis  l'an  du  monde 
3483  jusqu'à  l'an  3600,  bollin,  Hist.  anc.  OHuvres, 
t.  III,  p.  24,  dans  POUGENS.  La  plaine  Qui  s'étend 
de  Pisaure  aux  remparts  de  Césène ,  volt.  Triumv. 
m,  5.  L'empire  des  Perses  s'étendait  jusqu'à  l'In- 
dus,  MONTESQ.  Esp.  XXI,  8.  ||  Par  extension.  Sa 
réputation  s'étend  par  toute  l'Europe.  Son  culte  [de 
Diane  ] ,  connu  depuis  longtemps  dans  quelques 
pays  éloignés,  s'étendit  dans  l'Asie  Mineure  ,  dans 
la  Syrie  et  dans  la  Grèce  proprement  dite  ;  il  était 
dans  le  plus  grand  éclat  sous  les  premiers  em- 
pereurs romains,  barthél.  Anach.  ch.  72,  note  8. 
Il  13°  Fig.  Prendre  plus  de  portée,  en  parlant  de 
l'esprit.  Son  esprit  s'est  étendu.  Les  idées  se  sont 
étendues,  genlis,  Veillées  du  chat.  t.  m,  p.  77,  dans 
POUGENS.  Il  14°  Il  se  dit  des  personnes,  en  parlant  de 
leurs  propriétés.  Ce  propriétaire  s'est  fort  étendu  de 
ce  côté.  Pourquoi,  dit  un  riche,  ne  me  sera-t-il  pas 
permis  d'accroître  mon  fonds,  et  pourquoi,  payant 
bien  ce  que  j'acquiers,  n'aurai-je  pas  droit  de  m'é- 
tendre?  bourd.  Carême,  ii,  Richesses,  14.  |1 15°  11  se 
dit  de  la  vue,  de  la  voix.  La  vue  s'étend  très-loin 
de  ce  côté.  Autant  que  la  voix  peut  s'étenare.  Au- 
tant que  mes  regards  au  loin  peuvent  s'étendre, 
volt,  ilérope,  v,  6.  ||  Tant  qu'elle  peut  s'étendre, 
se  dit  d'une  somme  d'argent,  et  signifie  pas  da- 
vantage, avec  un  sens  d'ironie.  Saint-Albin  :  J'ai 
quinze  cents  livres  de  rente?  —  Le  commandeur: 
Tant  qu'elles  peuvent  s'étendre,  diderot,  Père  de 
famille,  ii,  8.  ||  16°  Embrasser,  être  applicable  à. 
La  règle  que  je  vous  ai  donnée  s'étend  à  toutes  les 
autres,  boss.  Lett.abb.  62.  Cette  maxime  s'étend , 
quoique  avec  moins  de  sévérité,  à  tous  les  auti'es 
objets,  DIDEROT,  Lett.  sur  les  sourds  el  muets. 
Il  17"  S'étendre  sur  quelque  sujet,  le  traiter  avec 
développement.  Le  prince  s'étendit  sur  le  malneur 
ies  grands,  la  pont.  Fabl.  x,  46.  Il  s'étendit  fort 
au  long  sur  les  justifications  qui  étaient  dans  ia 
lettre,  SÉV.  409.  Je  me  suis  un  peu  étendue  sur  cette 
mort,  ID.  345.  Il  18°  Il  se  dit  aussi  d'une  armée  qui 
pousse  au  loin  ses  corps,  ses  partis.  Depuis  deux 
mois  les  deux  armées  ne  s'étaient  fait  qu'une  guerre 
de  partisans  ■•  son  but,  pour  les  Français,  était  de 
s'étendre  dans  le  pays,  poury  chercher  des  vivres.... 
SÉGUR,  Hist.  de  Nnpot.  x,  4.  ||  19°  Durer.  D'après 
David,  la  vie  ordinaire  ne  s'étend  pas  au  delà  de 
soixante-dix  ans.  ||  Proverbe.  Le  cuir  sera  à  bon 
marché,  les  veaux  s'étendent,  se  dit  pour  repro- 
cher à  quelqu'un  de  s'étendre  d'une  façon  peu  con- 
venable. 

—  HIST.  xn*  s.  Tu  estendras  la  tue  ire  [ta  colère] 
de  generaciun  en  generaciun,  Liber  psalm.  p.  i2i. 
Merveilles  fait  de  sei  Gerin  Od  [avec]  le  sueu  cler  bran* 
acerin;  N'en  ateint  home  qu'il  ne  fende.  Que  mort 
à  terre  ne  l'estende,  benoIt,  u,  529.  Donc  [il]  laisse 
courre  à  plein  frein  estendu,  Ronc.  p.  60.  Deus  est 
chiés  [chef]  dos  prelaz  :  pur  sale  i  maintenir.  Il  de- 
vreient  estendre  les  ccis,  prez  de  mûrir.  Th.  le 
mart.  70.  ||  xiii*  s.  Dame  Diex  qui  en  croi  fu  pour 
nous  estendus,  Berte,  xxiv.  Ne  tapis  estendus  pour 
son  cors  aaisier,  ib.  xxxviii.  En  sa  chambre  [elle] 
l'enmaine,  delez  le  feu  Testent,  ib.  iLvn.  Par  très- 
tout  le  royaume  la  nouvele  s'estent,  ib.  cxxxii 
Cis  grans  empereres  meiimes,  Qui  fu  d  e  tout  le 


■ 


4518  ET'- 

■and*  ànê.  nnl  «••flwdolt  loin  lei  empire»,  la 
ÎKr««»rBI  f'il  [M  •'W're'I  ••••««ndent  en  plu., 

,u.  T«~n«  .i  »""«  honneur  en  Acre  q"»  [1  1' «- 

i„Jo..n.  !..  dr..  d-or  et  d.  wie  par  où  lde.oU 
«J.r.  toi«r.  »'«.  Ili.y  ».  Car  qui  »e  Touldrolt  e»- 
tondre  i  »•«  P«"n»  et  u  proceins  (prochain»]  et 
uai»  et  »»«nii«  de  ae«  ami»,  ce  «eroitune  chose 
an»  an,  oir»ii«,  Eih.  viii,  U.  ||  xv  ».  Si  je  me 
»«nlore  aoroéda  telle  T»leur,  je  oseroye  hardiemoiit 
«t  k  cher»  e»tendu»  [à  visage  ouvert]  tel  honneur 
et  plu»  gr»nt  recevoir,  Perceforeit ,  t.  i,  f  »2. 
Il  XVI*  ».  Platon  a'estend  à  mille  préceptes  pour  ses 
gymnizes,  iio:<T.  I,  *»*.  Le»  fourmis  esteiidunt 
hors  de  l'aire  leurs  grains  pour....  i».  ii,  <««•  I-a 
couardise  ne  va  point  jusque»  là,  non  plus  que  la 
vaillance  ne  l'estend  pa»  qu'un  seul  eschcUe  une 
forter«»*e,  la  boCt»,  <a.  11»  ne  voient  autre  moyen, 
pour  astaurer  U  nouvelle  tyrannie,  que  d'estendre 
fort  laaervitude,  id.  3t. 

—  CTYM.  Wallon,  tiieind;  provenç.  eslendre,  ex- 
tendn;  espagn.  txtender;  portug.  estender;  ital. 
iUndeTe;A\x  latin  exlmàert,  de  ci,  et  tendere,  tendre. 

ÊTENUO,  DE  (6-Un-du,  due),  part,  pasii  d'é- 
tendre. Il  1*  Déployé.  Du  linge  étendu.  Le  régiment 
étendu  le  long  du  chemin.  ||  Terme  d'entomologie. 
Aile»  étendue»,  ailes  qui,  dans  l'état  de  repos  de 
l'insecle,  ne  se  rabattent  point  sur  le  corps  et  lais- 
sent l'abdomen  à  découvert.  ||  t'  Allongé.  Les  bras 
étendus.  ||  Fig.  Votre  empire  n'est  plein  que  d'enne- 
mi» couverts;  II»  pleurent  en  secret  leurs  rois  sans 
diadèmes;  Vos  fers  trop  étendus  se  relâchent  d'eux- 
mêmes,  bac.  ill«i.  il,  2.  Il  3' Couché  de  son  long.  Sur 
un  lit  de  gazon  de  faiblesse  étendu.  Il  semblait  dé- 
plorer ce  qu'il  avait  perdu,  cobr.  Rodog.  v,  4.  Je 
l'ai  vu  sous  vos  coups  étendu  sur  la  terre,  botrou, 
Jlerc.  mour.  i,  4.  Vos  corps  seront  étendus  morts 
en  cette  solitude,  Ska,  Bible,  Nombres,  x\y,  32. 
Sur  le  bord  d'un  puits  très-profond  Dormait  étendu 
de  son  long  Un  enfant  alors  dans  ses  classes,  lk 
'ONT.  Fabl.  V,  <<.  Il  i'  Terme  de  peinture  et  de 
culpture.  Contours  étendus,  contours  coulants,  sans 
Jiévation  ou  sans  creux  trop  ressentis.  ||  6"  Vaste, 
grand.  Une  forêt  fort  étendue.  Un  village  étendu. 
Il  Par  extension.  De  tes  forfaits  la  peinture  étendue 
Ne  lai.sse  plus  Dotter  ma  haine  suspendue,  corn. 
Toi»,  d'or,  m,  3.  Mes  révérends  pères,  mes  lettres 
n'avaient  pas  accoutumé  de  se  suivre  de  si  près  ni 
d'être  si  étendues;  le  peu  de  temps  que  j'ai  eu  a 
été  cause  de  l'un  et  de  l'autre,  pasc.  Prov.  16. 
Il  Fig.  Les  devoirs  d'un  magistrat  sont  fort  étendus, 
il  6*  Qui  a  de  l'étendue,  qui  saisit  par  llntelligence 
beaucoup  d'objets.  L'esprit  pouvant  être  fort  et  étroit, 
et  pouvant  être  aussi  étendu  et  faible,  pasc.  Pent. 
part.  1,  art.  to.  ||7*  Qui  a  de  l'extension.  Ce  terme 
est  trés-étendu.  ||  8*  Terme  de  métaphysique.  Qui 
jouit  de  la  propriété  de  la  matière  dite  étendue. 
Nous  connaissons  l'existence  de  la  nature  du  fini, 
parce  que  nous  sommes  finis  et  étendus  comme 
lui,  PASC.  Peniiet,  t.  i,  p.  303,  édit  lahore. 
L'esprit  de  l'homme,  n'étant  point  matériel  ou  étendu, 
Mt  »an»  doute  une  »ulistance  simple,  indivisible, 
«tsans  aucune  composition  de  partie»,  maleb.  Jtec/i. 
I,  «.  Il  9"  Terme  de  chimie.  A  quoi  on  a  ajouté  de 
l'eau.  Acide  étendu.  Cette  »ève  [do  l'érable]  étendue 
dans  l'eau  de  fontaine  offre  une  liqueur  fraîche  peu- 
dant  la  chaleur  de  l'été,  chateaub.  Amer.  70, 

ÉTEITDUB  (*-Un-due),  t.  f.  ||  i-  L'espace  étendu 
devant  nos  yeux,  sou»  nos  pas.  La  vaste  étendue  des 
mers.  La  foudre  gronde  dans  l'étendue.  Les  corps 
célestes  roulent  dans  l'étendue.  ||  Terme  d'escrime. 
Avoir  une  grande  étendue,  avoir  la  faculté  de  se 
fendre  beaucoup  et  de  toucher  ainsi  son  adversaire, 
en  restant  à  une  distance  taset  grande.  ||  %'  Pro- 
priété générale  de  la  matière,  qui  fait  qu'elle  oc- 
cupe une  certaine  portion  de  l'espace.  La  question 
se  réduit  k  savoir  si  cette  idée  do  l'étendae  est  une 
modalité  de  l'tme;  je  prétends  que  non,  parce  que 
cette  idée  est  trop  vaste,  qu'elle  est  infinie,  comme 
Je  viens  de  le  prouver,  malrbr.  Rech.  Rép.  à  Régit, 
ch.  I.  L'école  définissait  l'étendue,  ce  qui  a  des  par- 
tie» hors  des  partie»,  BonmiT,  ÛBiitre»  miUet, 
l.  ïviii,  p.  ««,  dan»  pouoEH».  La  notion  de  l'éten- 
due dépouillfa  de  toutes  ses  difficulté»  et  prise  par 
W  c*té  le  plus  clair,  n'est  que  l'idée  de  plusieurs  êtres 
qui  nous  paraissent  le»  un»  hors  de»  autres,  conml. 
Cowt.  ftitm.  I,  ».  Il  11  M  dit  aussi  de  chaque  dimen- 
T~  ^ «tendue  d'une  ligne,  d'une  surface.  ||  $•  Gran- 
??JJ^^n«Jpr8cie.  Un  pare  d'une  grande  étendue, 
»|»w™»««  ••  IM  domaines.  Par  toute  l'étendue  du 
JOJM»».  «bajuD  peut  faire  ses  plaintes,  assuré  de 
towoteçtion  du  pnnc.  «>«.  J.  nilier.  C'est  lui 
ITkaUa],  àoequoQ  dit,  qui  donna  le  nom  de  ThuM 


ÉTÉ 

&  l'Ile  qu'on  appelle  présentement  Islande;  comme 
son  empire  allait  apparemment  jusque-là,  il  était 
d'une  l)elle  étendue,  pot«TBN.  Oraclet,  t,  *.  ||  4*  U 
se  dit  de  la  durée.  La  vie  de  l'homme  est  d'une  éten- 
due bien  boroée  dans  l'étendue  de»  siècles.  ||  &*  Por- 
tée, en  parlant  de  la  vue,  de  la  voix.  L'étendue  du 
regard.  Il  m'ordonna  de  chanter  en  donnant  à  ma 
VOIX  toute  l'étendue  qu'elle  avait,  lesage,  Guiman 
d'Alf.  IV,  6.  IITerme  de  musique.  Distance  entre  le 
son  le  plus  grave  et  le  son  le  plus  aigu,  ou  somme 
de  tous  les  sons  propres  à  une  voix,  à  un  instru- 
ment. L'étendue  des  sons  appréciables.  ||  Dans  un 
sens  plus  particulier,  voix  qui  a  de  l'étendue,  voix 
sans  étendue.  ||  6°  Fig.  Ce  qu'une  chose  embrasse. 
Cette  haine  a  pour  moi  toute  son  étendue,  corn.  Sert. 
m,  4.  Mes  sentiments  d'estime  auront  plus  d'éten- 
due, 10.  Tois.  d'or,  v,  i.  Vos  vertus  n'ont  point  eu 
toute  leur  étendue,  id.  Pulch.  m,  3.  Votre  pouvoir 
est  de  grande  étendue,  pasc.  Prov.  8.  Donner  à  ma 
haine  une  libre  étendue,  vkc.Andr.]i,  6.  L'heure 
approche,  mon  fils,  où  la  trêve  rompue  Laissait  à 
mes  desseins  une  libre  étendue,  volt.  Fanât,  iv,  B. 
De  vos  engagements  remplissez  l'étendue ,  id. 
Triumv.  i,  3.  L'effroyable  étendue....  de  l'abîme  où 
je  suis  descendue,  id.  Scythes,  v,  4.  ||  7*  Terme  de 
grammaire.  Stendue  des  noms  appellatifs,  l'ensemble 
des  êtres  auxquels  ces  noms  peuvent  convenir.  Le 
nom  cheval  a  moins  d'étendue  que  le  mot  quadru- 
pède. Il  8°  Développement ,  longueur.  L'étendue 
d'un  discours.  Donnez  à  votre  ouvrage  une  juste 
étendue,  boil.  Art  p.  m.  Celte  matière  est  d'une 
grande  étendue,  montesq.  £sp.  xix,  1.  ||  9*  Éten- 
due d'esprit,  la  faculté  de  comprendre  un  grand 
nombre  d'objets  sans  les  confondre.  De  là  vient 
cette  bizarrerie  apparente  de  l'esprit  humain,  qui 
a  tant  d'étendue  en  un  sens  et  si  peu  en  un  au- 
tre, FONTEN.  Fragm.  eonn.  esp.  hum.  Son  esprit 
était  d'une  étendue  infinie.  M"'  de  caylus,  Soitven. 
p.  64,  dans  POUOENS.  Je  ne  me  lasserai  point  d'ad- 
mirer la  prodigieuse  étendue  de  tête  qu'il  t'a  fallu 
pour  conduire  des  drames  de  trente  à  quarante 
personnage»....  didbrot,  Éloge  de  liichardson. 

—  SYN.  étendoe,  ESPACE.  L'étendue,  venant  du 
verbe  étendre  composé  lui-même  de  tendre,  emporte 
avec  elle  l'idée  d'une  mesure,  ou  d'un  rapport  dans 
les  distances;  espace  ne  suppose  par  lui-même  ni  me- 
sure, ni  rapport.  De  là  vient  qu'appliqué  à  un  nom, 
l'étendue  se  prend  pour  ses  dimensions  intérieures  : 
Ce  champ  a  beaucoup  d'étendue  ;  et  espace  pour  ce 
qui  est  libre  àl'entour:  Nous  avons  de  l'espace. 

—  HlST.  xvi*  ».  Pour  vous  faire  rendre  Metz, 
Thoul  et  Verdun,  dont  vous  avez  desja  faict  estât, 
pour  Testendue  [extension)  des  limites  de  vostre 
couronne,  carloix,iv,  t».  Ils  ont  grand  tressail- 
lement, baaillement  et  estendue  [extension]  des 
membres,  paré,  ixiv,  tB. 

—  ÉTYM.  Éiendu. 

t  ÉTKNTE  (é-Un-f),  s.  f.  Terme  de  pêche.  Filet 
tendu  à  la  basse-mer  sur  des  piquets  enfoncés  dans 
la  vase.  ||  On  dit  aussi  tente. 

—ÉTYM.  Étendre.  Ce  filet  »a  nomme  en  Norman- 
die l'tendage. 

ÉTEttNÉL,  ELLK  (étèr-nèl,  né-1'),  adj.  ||  1*  Qui 
n'a  pas  eu  de  commencement  et  n'aura  point  de 
fin.  Des  philosophes  ont  cru  le  monde  éternel.  Dieu 
est  étemel.  Le  Père  éternel.  Le  Verbe  éternel.  Les  or- 
dres éternels  D'un  Dieu  qui  vous  demande  au  pied 
(le  se»  autels,  volt.  Zaïre,  v,  3.  Quel  sang  u  de- 
mandé l'éternelle  justiceT  id.  Fanât,  m,  (.||Une 
vérité  éternelle,  une  vérité  immuable.  ||  8°  Qui 
n'aura  point  de  fin.  Le  bonheur  éternel  du  paradis. 
Venez-vous  m'enlever  dans  l'éternelle  nuit?  bac. 
Andr.  v,  «.  D'un  éternel  oubli  ne  tirez  pas  les 
morts,  VOLT.  S^mir.  ii,  7.  De  tout  ce  qiie  j'aimais 
cette  éternelle  absence  [la  mort]  Abattit  mon  cou- 
rage, accabla  ma  constance,  st-lambert,  Saisons, 
Hiter.  La  passion  voit  tout  éternel;  mai3  la  nature 
humaine  veut  que  tout  finisse,  Diderot,  Père  de 
famille,  n,  t.  ||  La  ville  éternelle,  Rome.  Les  ou- 
vrages qui  ont  donné  et  donnent  encore  aujourd'hui 
la  plus  hante  idée  de  sa  puissance  [de  Rome]  ont  été 
faits  sous  les  rois  ;  on  commençait  déjà  à  bâtir  la 
ville  éternelle,  «ontesq.  Rom.  i.  ||  Poétiquement. 
Le  sommeil  étemel,  la  mort.  ||  8*  Par  extension, 
dont  on  ne  peut  prévoir  la  fin,  fixer  le  terme.  D'une 
éternelle  paix  Hermione  est  le  gage,  rac.  Andr. 
II,  4.  Un  obstacle  étemel  rompt  notre  intelligence, 
id.  Bajai.  u,  s.  ||  Un  éternel  adieu,  adieu  que  se 
font  des  peraonnet  qui  ne  doivent  plus  se  revoir. 
Il  V.  Hupo  a  donné  un  comparatif  à  étemel.  Mais 
si  la  Grèce  est  sans  prestige»,  Tu  .savais  des  lieux 
solennels  Où  sont  de  plu»  sacrés  vestige»,  Des  mo- 
n-imeiits  plu»  éternel»,  Odet,  iv,  «.   y  40  par  exa- 


ÉTE 

gération ,  qui  semble  ne  devoir  pai  finir,  qui  fatigue, 
qui  ennuie.  Claude  même  lassé  de  ma  plainte  éter- 
nelle ,  bac.  Brit.  IV,  2.  Tous  me»  moments  n  ' 
sont  qu'un  éternel  passage  De  la  crainte  à  l'espoir, 
de  l'espoir  à  la  rage,  id.  Bérén.  y,  4.  [Klles].... 
se  plaignent  tous  les  jours  des  dégoûts  et  des 
égarements  éterneb  qu'elles  éprouvent  dans  ce  saint 
exercice  [la  prière],  mass.  Car.  Prière*.  On  ne 
trouve  plus  guère  après  le  siècle  d'Hélène  [mère 
de  Constantin]  que  l'éternel  corinthien  [ordre  co- 
rinthien), chateaub.  Uin.  II,  t58.  Qu'importe  ce 
vain  flux  d'opinions  mortelles  Se  brisant  l'une 
l'autre  en  vagues  éternelles?  lamart.  Ilarm.  1,  B. 
Il  Un  causeur  étemel,  un  bavard  infatigable.  ||  Un 
homme  éternel,  un  homme  qui  fatigue.  Dans  l'es- 
pérance que  l'éternel  Saint-Germain  en  sortirait  avant 
elle,  HAMiLT.  Gramm.  4.  Léonore  et  son  éternelle 
gouvernante,  lesagb,  Diable  boit.  4.  Mais,  baron 
éternel,  ce  n'est  pas  sur  un  regard  équivoque,  sur 
une  simple  civilité  que  je  suis  assuré  qu'on  m'aime, 
BOISSY,  Français  à  Lond.  se.  <.  ||  Par  plaisanterie. 
Une  personne  éternelle,  une  personne  dont  on  at- 
tend l'héritage  et  qui  tarde  à  mourir.  J'en  ai  l'avis 
sur  moi,  que  je  dois  sûrement  Hériter  avant  peu 
d'une  tante  éternelle....  Qui  me  remet  toujours,  do- 
rât, Feinte  par  amour,  il,  7.  Songe-t-elle  à  vous 
a.ssurer  de  quoi  vivre?  elle  ne  sera  pas  étemelle,  et 
il  serait  fftcheux  qu'elle  ne  vous  mît  pas  en  état 
d'être  toujours  aussi  proprement  mise,  Marivaux, 
Hariane,  i'  part.  ||  6'  S.  m.  Dieu.  Il  les  reçoit  comme 
des  hôtes  que  l'Étemel  lui  envoie,  patru,  Plaid. 
9,  dans  richelet.  L'Éternel  est  son  nom,  le  monde 
est  son  ouvrage,  bac.  Esth.  m,  4.  Oui  je  viens  dans 
son  temple  adorer  l'Étemel,  id.  Athal.  I,  t.  ||  En 
cet  emploi  on  met  un  É  majuscule. 

—  SYN.  éternel,  perpétuel.  Éternel  se  rapporte 
à  la  durée  infinie  prise  absolument.  Perpétuel  se 
rapporte  à  l'homme,  et  admet  comme  possibles,  et 
même  comme  probables,  les  interruptions  ou  ter- 
minaisons auxquelles  l'humanité  est  sujette.  Une 
rente  est  perpétuelle  ;  l'abbé  de  Saint-Pierre  rêvait 
une  paix  perpétuelle.  Au  contraire  ceux  qui  croient 
que  le  monde  ne  finira  pas,  disent  qu'il  est  éternel. 

—  HIST.  m*  s.  Saches  que  tu  es  hom  mortaus 
[mortel],  E  il  est  veirs  Deus  eternaus,  benoIt,  ii, 
6267.  Il  XVI*  s.  Tu  y  verras  le»  œuvres  magnifiques 
De  l'Eternel,  marot,  iv,  208.  Pourvoir  ces  mont» 
couverts  d'une  neige  éternelle,  nu  «bu,*t,  vi,  lO, 
verso. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  etemal;  ital.  eter- 
nale;  du  bas-latin  .-Btemalis,  d'a-lernus,  contracté 
pour  xviternus,  de  svum,  âge,  durée  infinie  (giec, 
otû>),  et  du  suffixe  terniw  qui  s'applique  au  temps, 
comme  dans  hesternus,  sempiternus. 

ÉTERNELLE  (é-tèr-nè-1') ,  t.  f.  Plante  (voy.  im- 
mortelle). 

ÉTERNELLEMENT  (  é  -  ter  -  ne  -  le  -  man  ) ,  adv. 
Il  1"  D'une  façon  éternelle.  Dieu  existe  éternellement. 
Il  2*  Sans  fin.  Le  bonheur  des  élus  durera  éternel- 
lement. Par  les  muses  seulement  L'homme  est 
exempt  de  la  parque;  Et  ce  qui  porte  leur  marque 
Demeure  éternellement,  malh.  ii,  2.  Tous  vous  sa- 
vent louer,  mais  non  également;  Les  ouvrages  com- 
muns vivent  quelques  années;  Ce  que  Malherbe 
écrit  dure  éternellement,  m.  u,  fo.  Ils  seront  éter- 
nellement connus  par  leur  désertion,  noss.  Var. 
>"  instr.  poil.  §  <o.  Les  Lettres  Provinciales  seront 
éternellement  regardées  comme  un  modèle  de  goût 
et  de  style,  d'alemb.  Dest.  des  jésuit.  Œuvres, 
t.  v,  p.  66,  dans  pougens.  ||  3*  Sans  cesse,  conti- 
nucUeraent.  Resterez-vous  là  éternellement?  L'avoir 
[le  prince  de  Condé]  entre  les  mains,  c'était  y  avoir 
la  victoire  même  qui  le  suit  éternellement  dans  les 
combats,  boss.  le  Tellier.  Il  parlait  éternellemei  t 
sans  rien  dire,  hamilt.  Gramm.  7.  Voilà  cette  force, 
cette  raison,  cette  sagesse  qu'ils  nous  vantent  éter- 
nellement, MASS.  Car.  Avenir. 

—  HIST.  XIII*  S.  Tout  avant  ot  il  [Dieu]  l'image  et 
la  figure  comment  il  feroit  le  monde  et  les  autre» 
choses,  et  ceot  il  toz  jors  eternelment,  br.  latini. 
Trésor,  i,  I,  «.  Il  XVI*  s.  Je  commande  sur  pein» 
d'inobedience  et  d'estre  damnée  éternellement  que... 

MARG.  JVOUP.  XXII. 

—  ETYM.  Éternelle,  et  le  suffixe  m«nl;  provenç. 
etemalmen:  espagn.  et  ilaL  eternalmenle. 

ÉTERNISE,  ÉE  (é-tèr-ni-zé,  zée),  part,  passé.  On 
souvenir  éternisé  par  des  monuments  durables. 

ÉTERNLSER  (é-tèr-ni-zé) ,  v.  a.  ||  I*  Faire  durer 
sans  fin.  [Que]  Le  ciel,  grand  conquérant,  éternise 
tes  jours!  hotr.  Bélit.  t,  2.  Il  ne  faut  p.is  que  le 
roi  se  persuade  que  ce  palais  superbe  qui  occupe 
aujourd'hui  tant  d'esprits  et  qui  lasse  tant  de  main», 
éternise  son  nom,  mMaùe,  Préface  aui  œuvres  de 


ETE 

Malherbe.  Cet  ouvrage  est  un  monument  qui  éter- 
flisera  sa  honte,  pén.  Tél.  xtilIIs  cherchent  àéter- 
niser  sa  mémoire  par  des  titres  et  des  inscriptions, 
MASS.  Car.  Riche.  Ce  n'est  point  un  talileau ,  c'est 
une  estampe;  cela  n'est  fait  qu'avec  du  noir  de  fu- 
mée, on  en  tire  cent  copies  en  un  jour,  et  ce  secret 
éternise  les  tableaux  que  le  temps  consume,  volt. 
Dial.  XIII.  Heureux  qui,  satisfait  de  lumières  bor- 
nées, A  d'utiles  travaux  consacre  ses  années,  Igno- 
tant  le  désir  d'éterniser  son  nom,  gilb.  Ode  au  roi. 
Ou'une  haine  éternelle  éternise  la  guerre!  delille. 
En.  IV.  De  vengeance  affamé,  constant  dans  son 
courroux.  Voudrait-il,  prolongeant  son  effroyable 
joie,  Ainsi  que  sa  colbre  éterniser  sa  proie?  m.  Fa- 
rad, perdu,  X.  \\  Éterniser  se  dit  aussi  de  la  durée 
indéfinie  d'une  race,  d'une  famille.  S'il  vous  faut  de 
Bilus  éterniser  le  sang.  Si  la  jeune  Azéma  prétend 
à  ce  haut  rang,  volt.  Sémir.  ii,  7.  Je  veux  dans 
ma  famille  éterniser  l'empire,  legouvé,  M.  de  Nér. 
IV,  6. Il  Donner  une  gloire  sans  fin.  Ou  que  d'un 
beau  trépas  la  mémoire  durable.  Éternisant  des 
jours  si  noblement  finis....  bac.  Phèdre,  m,  B.  Cette 
supériorité  qu'une  régence  mémorable  éternisera 
dans  nos  annales,  mass.  Or. /un.  1/adome.  ||  2°  Pro- 
longer indéfiniment,  traîner  en  longueur.  Éterniser 
un  proc^s.  D'abord  sa  politique,  assurant  sa  puis- 
sance. Semblait  d'un  fils  docile  éterniser  l'enfance, 
volt,  ffenr.  ii.  Dion  proposait-il  des  voies  d'accom- 
modement avec  Denys,  on  le  soupçonnait  d'intelli- 
gence avec  ce  prince;  cessait-il  d'en  proposer,  on 
disait  qu'il  voulait  éterniser  la  guerre,  afin  de  per- 
pétuer son  autorité,  Barthélémy,  Anach.  ch.  60. 
Il  3°  S'éterniser,  v.  réfl.  Se  donner  une  durée  sans 
fin.  Il  aurait  voulu  pouvoir  s'éterniser  sur  la  terre 
dans  l'usage  des  voluptés,  mass.  Car.  Avenir.  Vous 
voudriez  vous  éterniser  dans  cette  vallée  de  larmes, 
ID.  Car.  Riche.  ||  Se  perpétuer.  C'est  ainsi  que  les 
abus  s'éternisent.  Puisse  votre  maison  s'éterniser, 
comme  vous  avez  immortalisé  votre  nom!  volt. 
Lett.  Richelieu,  H  fév.  1764.  ||  Se  donner  une  re- 
nommée éternelle.  Pour  vous  éterniser  sous  ces  arcs 
glorieux  Qu'une  savante  main  taille  aux  victorieux, 
TRISTAN,  Mort  de  Chrispe,  i,  3.  ||  Familièrement. 
Rester  longtemps ,  trop  longtemps.  Le  cardinal  Fleury 
s'éternisa  au  ministère.  On  aurait  cru  qu'il  voulait 
s'éterniser  chez  nous. 

—  HiST.  XVI*  s.  Je  veux  brusler,  pour  m'envoler 
auxcieux.  Tout  l'imparfait  de  mon  escorce  humaine, 
M'eternisantcommelefilsd'Alcmeine,  bons.  89.Tous- 
jours,  tousjours,  sans  que  jamais  jemeure,  Je  vole- 
ray  cyne  par  l'univers.  Eternisant  les  champs  où  je 
demeure  De  mes  lauriers  honorez  et  couvers,  m.  576. 

—  ÉTYM.  Bas-latin,  ssternisare,  de  xternus,  éter- 
nel (ïoy.  éternel). 

ÉTERNITÉ  (é-ttr-ni-té),  s.  f.Wl'  Durée  qui  n'a 
ni  commencement  ni  fin.  Dieu  est  de  toute  éternité. 
Ze  vois  ces  effroyables  espaces  de  l'univers  qui  m'en- 
ferment, et  je  me  trouve  attaché  à  un  coin  de 
cotte  vaste  étendue,  sans  que  je  sache  pourquoi  je 
suis  plutôt  placé  en  ce  lieu  qu'en  un  autre,  ni 
pourquoi  ce  peu  de  temps  qui  m'est  donné  à  vivre 
m'est  assigné  à  ce  point  plutôt  qu'à  un  autre  de 
toute  l'éternité  qui  m'a  précédé  et  de  toute  celle 
qui  me  suit,  pasc.  Pensées,  art.  ix.  Quand  je  con- 
sidère la  petite  durée  de  ma  vie,  absorbée  dans  l'é- 
ternité précédant  et  suivant....  je  m'effraie....  m.  ib. 
art.  ïxv,  le.  Que  l'on  célèbre  ses  ouvrages  Au  delà 
du  temps  et  des  âges,  Au  delà  de  l'éternité,  hac. 
Esth.  m,  9.  Avant  Aristote,  plusieurs  de  nos  py- 
thagoriciens et  entre  autres  Ocellus  de  Lucanie 
avaient  admis  l'éternité  du  monde,  bahthél.  Anach. 
ch.  64.  J'ai  réservé  pour  moi  L'éternité  qui  te  pré- 
ciJe,  L'éternité  qui  s'avance  est  à  toi,  delii.le,  Di- 
thyr.  [J'ai]  Quelquefois,  sur  l'Atlas,  médité,  près 
des  dieux.  L'éternité  du  temps,  l'immensité  des 
cieui,  DOCis,  Abufar,  ii,  7.  Roulez  dans  vos  sen- 
tiers de  flamme,  Astres,  rois  de  l'immensité;  In- 
sultez, écrasez  mon  âme  Par  votre  presque  éternité, 
LAMART.  Harm.iv,  9.  ||  De  toute  éternité,  dans  l'é- 
ternité ,  c'est-à-dire  d'après  le  dessein  éternelle- 
ment le  même  de  Dieu.  Son  heure  était  marquée  de 
toute  éternité,  sÉv.  345.  Les  nœuds  en  [de  cette  al- 
liance] étaient  serrés  dansl'éternité,  fléch.  Xar.  Th. 
Il  De  toute  éternité,  signifie  aussi  de  temps  immé- 
morial. Cela  est  ainsi  de  toute  éternité.  ||  2°  Temps 
qui  n'aura  point  de  fin.  Et  j'estimerai  plus  une  mort 
qui  lui  plaise....  Qu'une  éternité  qui  ne  lui  plairait 
pas,  ROTH.  Vencesl.  iv,  6.  C'est  un  fait  constant 
que  l'Eglise  chrétienne  a  toujours  cru  la  divinité  de 
Jésus-Ctrist,  l'immortalité  de  l'âme  et  l'éternité  des 
peines,  boes.  Var.xv,  §  ua.  Ce  grand  empire  qui 
s'était  vainement  promis  l'éternité ,  m.  Hist.  m , 
4.  La  bonté  de  Dieu  n'exclut  point  l'éternité  des 


ETE 

peines,  ni  l'éternité  des  peines  n'est  point  contraire 
à  la  bonté  de  Dieu,  BDuan.  Serm.  <9»  dim.  après 
la  Pentec.  Dominic.  ||  S"  La  vie  future.  Il  est  une 
autre  voie  et  plus  sûre  et  plus  prompte  Que  dans  l'é- 
ternité j'aurais  lieu  de  bénir,  corn.  Théod.  m,  3. 
Près  du  grand  voyage  de  l'éternité,  sÉv.  481.  Il  a 
élevé  votre  ennemi  dans  le  temps  pour  vous  sauver 
dans  l'éternité,  mass.  Car.  Pardon.  L'affaire  de  l'é- 
ternité ne  va  qu'apr^s  toutes  les  autres,  m.  Car. 
Impén.  Que  faites-vous  pour  l'éternité  que  vous 
ne  rendiez  au  monde  au  centuple?  m.  Car.  Salut. 
Devant  votre  tribunal  il  attend  la  décision  de^on 
éternité,  m.  Or.  fun.  Tilleroy.  ||  L'éternité  bienheu- 
reuse, le  bonheur  sans  fin  des  élus.  L'éternité  mal- 
heureuse, le  malheur  sans  fin  des  damnés.  La  foi 
doit  nous  confirmer  dans  la  créance  de  l'éternité 
malheureuse,  bourdal.  Serm.  <9'  dim.  après  la 
Pentec.  Dominic.  \\  i°  Au  plur.  Éternités,  l'éternité 
passée  et  l'éternité  à  venir.  Un  philosophe  nommé 
Timée  a  dit,  il  y  a  plus  de  deux  mille  cinq  cents 
ans,  que  notre  existence  se  trouve  entre  deux  éter- 
nités; et  les  jansénistes,  ayant  trouvé  ce  mot  dans 
les  paperasses  de  Pascal,  ont  cru  qu'il  était  de  lui, 
VOLT.  Lett.  à  lime  du  Deffand,  i  mai  <77î.  La  na- 
ture m'a  donné  la  permission  de  passer  encore 
quelque  temps  dans  ce  monde ,  c'est-à-dire  une  se- 
conde entre  ce  qu'on  appelle  deux  éternités,  comme 
s'il  pouvait  y  en  avoir  deux  ,  ID.  Lett.  Diderot  , 
20  avril  1773.  Il  Le  bonheur  éternel  des  élus,  le 
malheur  éternel  des  damnés.  L'horrible  nécessité 
d'être  éternellement  ou  anéantis  ou  malheureux, 
sans  qu'ils  sachent  laquelle  de  ces  deux  éternités 
leur  est  à  jamais  préparée,  pasc.  Pensées,  art.  ix. 
Il  5°  Par  exagération,  un  temps  fort  long.  Cela  est 
solide  et  durera  une  éternité.  Cette  heure  si  dou- 
loureuse m'a  paru  une  éternité.  ||  6"  Titre  que  l'on 
donnait  aux  empereurs  romains.  Prince  sublime 
[Galérius],  je  vais  commencer  à  punir  les  factieux 
qui  blasphèment  ton  éternité ,  chateaubr.  Ifort. 
397.  Il  7"  Mémoire  éternelle.  Il  ne  faut  pas  que  tu 
penses  Trouver  de  l'éternité  En  ces  pompeuses  dé- 
penses Qu'invente  la  vanité,  malh.  ii,  2. 

—  REM.  Corneille  a  mis  ce  mot  au  pluriel  pour 
dire  un  temps  fort  long.  Ah  1  combien  ces  moments 
de  quoi  vous  me  flattez.  Alors  pour  mon  supplice 
auraient  d'éternités!  Iléracl.  m,  i.  Voltaire  l'en  a 
repris  et  avec  raison. 

—  HIST.  xiii'  s.  Devant  le  commencement  n'estoit 
nul  tens,  mais  sa  éternité  [de  Dieu],  br.  latini, 
Trésor,  i,i,  <o. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eternitat;  espagn.  etemidad; 
ital.  eternità  ;  du  lat.  seternilatem  (voy.  éternel). 

t  ÉTERNUE  (é-tèr-nue),  s.  f.  Nom,  chez  les  her- 
boristes, de  la  ptarmique  vulgaire  (achillea  ptar- 
mica,  L.).  ||  Nom  donné  par  quelques  botanistes  à 
Vagroslis  stolonifera,  L.  pa.T  erreur  sans  doute  (car 
elle  n'a  rien  de  commun  avec  l'éternument) ,  et  par 
corruption  du  nom  vulgaire  cernue, 

—  ETYM.  Éternuer,  à  cause  que  cette  plante  fait 
éternuer. 

ÉTERNUER  (é-tèr-nu-é),  j'éternuais,  nous  éter- 
nuions,  vous  éternuiez  ;  que  j'éternue,  que  nous 
éternuions,  que  vous  éternuiez,  ti.  n.  ||  1"  Faire  un 
éternument.  Ne  fût-ce  que  pour  l'heur  d'avoir  qui 
vous  salue  D'un,  Dieu  vous  soit  en  aide,  alors  qu'on 
éternue,  mol.  Sgan.  2.  11  [le  riche,  le  puissant] 
crache  fort  loin  et  éternue  fort  haut,  la  bruy.  vi. 
Il  [le  pauvre,  le  faible]  crache  presque  sur  soi,  et 
il  attend  qu'il  soit  seul  pour  éternuer,  ou ,  si  cela  lui 
arrive,  c'est  à  l'ihsu  de  la  compagnie,  id.  ib.  On 
vous  salue,  quand  vous  éternuez,  pour  vous  mar- 
quer, dit  Aristote,  qu'on  honore  votre  cerveau,  le 
siège  du  bon  sen^  et  à'  l'esprit,  saint-foix,  Ess. 
Paris,  Œuvres,  t.  rv,  p.  276,  dans  pougens. 
Que  direz-vous,  monsieur  le  zélé,  à  ce  malheureux 
qui  bâille  et  dort  tout  éveillé,  et  à  l'autre  qui  depuis 
trois  heures  éternue  à  se  faire  sauter  le  crâne  et 
jaillir  la  cervelle?  que  leur  direz-vous?  —  Ce  que  je 
leur  dirai?  —  Oui!  —  F.hl  parbleu  I  je  dirai  à  ce- 
lui qui  éternue,  Dieu  vous  bénisse,  et  va  te  coucher 
à  celui  qui  bâille ,  beaumarch.  Barbier,  m ,  B. 
Il  Substantivement.Touslesmarchers,  toussers,  éter- 
nuers  sont  différents,  pasc.  dans  cousin.  ||  2°  Acti- 
vement, par  plaisanterie.  Il  m'a  éternue  son  bon- 
jour, il  m'a  dit  bonjour  en  éternuant.  ||  Éternuer  un 
mot,  un  nom,  se  dit  quelquefois,  par  plaisanterie, 
d'un  mot  où  il  y  a  beaucoup  de  consonnes  sifflantes, 
et  particulièrement  des  noms  polonais  ou  russes. 

—  HIST.  xiii'  s.  Il  esternue  et  se  demaine.  Moult 
estoit  li  rois  en  grant  paine,  Ren.  19689.  |{  xv*  s. 
Le  quel  Perrin  en  oyant  vespres,  par  contrainte  de 
nature,  esternua  une  fois  bien  haut,  dont  il  se  hon- 
toya,  DU  CANGE,  pudcratus. 


ÉTÉ 


1519 


—  ÈTYM.  Berry,  étoumer;  bourguig.  itarnué, 
wallon,  ilierni;  provenç.  estornudar,  stornudar, 
estrunidar;  catal.  estemudar;  espagn.  estornudar, 
ital.  starnutare;  du  latin  sternutare,  fréqtientatif  de 
sternuere,  qui  se  rapproche  beaucoup  du  greo 
uTapvDfrQat. 

t  ÉTERNCEUR,  EUSE  (é-tèr-nu-eur,  eû-z'),  s. 
m.  et  f.  Celui,  celle  qui  éternue  fréquemment. 

ÉTERNUMENT  (é-tèr-nu-man),  s.  m.  Mouvement 
subit  et  convulsif  du  diaphragme,  par  suite  duquel 
l'air  est  expiré  brusquement  par  le  nez  et  par  la 
bouche.  L'esprit  est  pour  lui  comme  les  éternuments 
qui  vont  venir  et  qui  neviennentjauiais,  marmoniel, 
Cont.  mor.  Connaiss. 

—  REM.  Dans  les  substantifs  de  ce  genre,  l'Aca- 
démie a  l'habitude  de  marquer  la  dérivation,  soit 
en  conservant  l'e,  soit  en  mettant  un  circonflexe. 
Elle  a  laissé  éternument  sans  aucune  marque. 

—  HIST.  XVI*  s.  Me  demandez-vous  d'où  vient  cette 
coutume  de  bénir  ceulx  qui  esternuent?....  le  troi- 
sième est  l'esternuement  ;  et  parce  qu'il  vient  de  la 
teste,  nous  lui  faisons  cet  honneste  recueil,  mont. 
IV,  *. 

—  ÊTYM.  Éternuer;  provenç.  estomudament;  ital. 
starnutamento. 

ÉTÉSIENS  (é-té-ziin),  ad/,  m.  pî.  Les  vents  été- 
siens,  vents  du  nord  qui  soufflent  dans  la  Méditer- 
ranée chaque  année  après  le  lever  de  la  canioule, 
et  qui  tempèrent  la  chaleur  de  l'été  pendant  qua- 
rante jours  environ. 

—  ÉTYM.  'EtififfCai,  sous-entendu  ivepioi,  vents  an- 
nuels, deÏToç,  année,  dit  aussi  îtoç  ou  Féioçavec  le 
digamma,  et  se  rattachant  au  latin  vêtus  (voy.viEUX). 

ÉTËTÊ,  ÉE  (é-tê-té,  tée),  part,  passé.  Arbre 
étêté.  Il  Terme  de  blason.  Se  dit  des  animaux  repré- 
sentés sans  tête. 

ËTÊTEMENT  (é-tê-te-man),  s.  m.  Mode  d'élagage 
qui  consiste  à  retrancher  toutes  les  branches  qui 
forment  la  tête  d'un  arbre. 

—  ÉTYM.  Ététer. 

ÉTËTER  (é-tê-té),  V.  a.  \\  l'  Couper  la  tête 
d'un  arbre.  Ètêter  des  saules.  On  étête  généralement 
les  jeunes  arbres  que  l'on  transporte  d'un  lieu  dans 
un  autre.  ||  2°  Par  analogie.  Étêter  un  clou,  une 
épingle. 

—  HIST.  xvi*  s.  Etesfer,  est  couper  généralement 
toutes  les  branches  pour  faire  reprendre  nouvelle 
vigueur  à  l'arbre,  o.  de  serres,  723.  Estester  [cou- 
per la  tête] ,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  tête. 

f  ÉTËTEUR  (é-tê-teur),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Ouvrier  qui  coupe  la  tête  des  morues  qu'on  vient  de 
pêcher;  le  couteau  dont  il  se  sert. 

ÊTEUF  (é-teu;  l'fnese  prononce  pas,  si  ce  n'est 
quand  le  mot  qui  suit  est  une  voyelle  ou  une  h 
muette),  s.  m.  Petite  balle  pour  jouer  à  la  longue 
paume.  Prendre  l'éteuf  à  la  volée.  ||  Fig.  Il  joue  de 
ces  éteufs-là,  se  dit  d'un  homme  qui  fait  des  coups 
qu'il  ne  devrait  pas  faire.  ||  Courir  après  son  éteuf, 
se  donner  beaucoup  de  peine  pour  ressaisir  un  avan- 
tage qu'on  laisse  échapper.  Il  ne  faut  pas  courir 
après  son  éteuf,  c'est-à-dire  il  ne  faut  lâcher  les  sû- 
retés qu'on  a  entre  les  mains,  pour  des  choses  in- 
certaines. Il  Renvoyer  l'éteuf,  se  décharger  sur  un 
autre  d'une  affaire,  d'une  commission.  11  [le  vent] 
accourait,  un  mont  en  chemin  l'arrêta;  L'éteuf  pas- 
sant à  celui-là.  Il  le  renvoie  et  dit....  la  font.  Fabl. 
IX,  7.  Le  docteur,  voulant  me  faire  de  fête,  dit 
que  je  connaissais  cette  cause  parfaitement  et  voulut 
que  je  l'expliquasse;  je  lui  renvoyai  l'éteuf  comme  à 
mon  ancien,  grosley.  Vie,  p.  no.  ||Se  renvoyer 
l'éteuf,  se  rendre  la  pareille.  ||  Repousser  ou  ren- 
voyer l'éteuf,  répliquer  vertement,  repousser  une 
attaque.  ||  Éteuf  a  vielli  ainsi  que  le  jeu  auquel  il 
servait,  et  on  ne  l'emploie  plus  sans  un  certain  ar- 
chaïsme. 

—  HIST.  xv*  s.  Sont-;e  coups  d'esteufs  ou  de  bil- 
les. Que  ferez  tesmoing  vos  voisins?  ch.  d'orl. 
Rondeau.  Le  duc  de  Bou-gogne  se  mist  encores 
après  son  esteuf,  et  à  remettre  le  siège  devant  Nancy, 
COMM.  v,  B.  ||xvi*  s.  Jouant  à  la  paulme,  il  receut 
un  coupd'esteuf,  mont,  i,  74.  Aubigné  de  ce  pas 
descend  au  cabinet  du  mareschal  d'Anville  ...  il 
joua  des  mesmes  estœufs  qu'il  avoit  fait  vers  l'autre 
mareschal,  d'aub.  Hist.  ii,  27X. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  stoffus;  le  même  qn'étoffe  (voy, 
ce  mot);  ainsi  dit  à  cause  qu'il  est  fait  d'étoffe, 
garni  d'étoffe. 

I.  ÉTEULE  (é-teu  1'),  s.  f.  Terme  d'agriculture. 
Chaume  qui  reste  sur  la  place  apr^3  la  moisson 
faite.  On  dit  aussi  esteuble.  ||  Proverbe  rural.  Le 
même  champ  ne  doit  pas  porter  deux  éteules  blan 
ebes  de  suite ,  c'est-à-dire  deux  céréalas. 


1520 


RTH 


_  HMT  ni'  1.  Tu  *nT«l«.  la  lu»  I"»  [t«  «'M- 
u7o."d..r"r.  leum  ..tuble.  Liber  p.alm.  p.M7. 
H  ,r^  C^«.  d«  ••■•"  """"'  '''""  ""  tro,.  fusée, 
"  i-!m..«n.  qui  e«toienl  couvertes  dï-stcules, 
rD^".*".'?  Htv..  s.  U  paille  de,  chaume, 
îiM'rtair;.un.e.lroi.ed«sl.led,  w  meslera  avec 
U  to-re^ur  lu.  •errir  dauUnt  d'amendement,  o. 

**J"tym.  Wullon,  iteil,  ».  f.;  Berry,  itroubU; 
boonruig.  i-rau/w,  *<ou/«;  nonn.  élan,  chaume; 
l)âï,deTealmilon,^»»u»,  chaumes,  dans  un  arrêt  du 
parlement  du  l4aoûH787;  gêner,  rtroufci/-»;  pro- 
fenç.  eslobla;  ilil.  ifoppto.  11  yadeui  forme»  dans 
ce  mot:  l'une  ««fuie  par  eu;  elle  vient  du  latin  »(«- 
ptila.  paille,  comme  l'ancien  français  neuU,  du  la- 
lin  lùbula;  l'aulro  ayec  la  Toyelle  o,  ou,  vient  du 
baut-allem.  itup/ila,  allom.  Sloppel,  angl.  jluble, 
paille. 

t  î.  ÉTEULE  (é-teu-r),  #.  r-  Voy-  «TELLE.  La 
btrre  a  déjà  beaucoup  plus  de  violence  que  dans 
la  marées  ordinaires;  le»  éteules  se  formaient  déjà 
en  ondulations  de  t  mètre  60  centimètres,  /.  des 
Débalt,  )7  mars  4882. 

■f  ÉrniAL(é-tal),».m.  Terme  de  chimie.  Matière 
solide,  cristallisable,  grasse,  qui  se  produit  pen- 
dant la  saponificaiion  de  la  cétine  à  l'aide  des  oxy- 
des métallique,. 

—  ÉTYM.  Mot  formé  de  la  première  syllabe  des 
root,  éiher  et  alcool. 

ÉTHER  (é-tèr),  i.  m.  ||  1'  Selon  les  anciens, 
«ubslancfi  trèssuhlilo  au-dessus  de  la  sphère  de  l'air, 
qui  pouvait  s'allumer  par  le  frottement  des  sphères 
supérieures,  et  était  ainsi  la  matière  du  feu.  Que 
Junon  soit  l'air,  que  Jupiter  soit  l'éther,  chateaubr. 
CMe,  II,  V,  a.  ||  Esprit  hypothétique  animant 
le  monde  entier.  Pythagore  tenait  que  le  monde 
était  animé  et  inlelliKent;  que  l'Ame  de  cette 
grosM  machine  était  l'éther,  d'où  sont  tirée,  toutes 
les  tmes  particulières ,  fénel.  Philos.  Pytha- 
gore. L'air  pur  ou  l'éther  est  un  esprit  qui  meut  les 
corps  et  qui  les  rend  visibles,  diderot,  Opinions 
de»  nne.  philos.  (Thomasius).  ||  i*  Chez  le,  moder- 
nes, l'air  le  plus  pur  et  le  plus  dilaté,  celui  qui  est 
dans  les  régions  supérieures  de  l'atmosphère.  D'un 
feu  rellgieui  le  saint  poète  épris  Cherche  leur  pur 
élher  et  plane  sur  leur  cime  [des  montagnes],  a. 
cntn.  m.  L'harmonieux  éther,  dans  ses  vagues 
d'azur.  Enveloppe  les  monts  d'un  fluide  plu,  pur, 
LAMART.  llarm.  ii,  4.  ||  Par  extension,  les  espaces 
célestes.  Les  astres....  Dans  le,  champ,  de  l'éther 
l'un  par  l'autre  heurtés  ,  lamart.  Médit,  i ,  6. 
'iH*  Terme  de  physique.  Fluide  hypothétique,  invi- 
•ible  et  impondérable,  éminemment  élastique,  que 
beaucoup  de  physiciens  modernes  ont  admis  pour 
expliquer  le,  |iliénomènesde  la  lumière  et  de  la  cha- 
leur et  qu'ils  supposent  remplir  les  vides  de,  corps 
et  le,  e,pace,  intermédiaires  aux  corps.  Les  ondula- 
tion» de  l'éther.  {|  4'Termo  de  chimie.  Liquides  très- 
volatils  qu'on  obtient  par  la  distillation  d'un  acide 
mêlé  avec  de  l'alcool.  Le  mot  éther  a  été  introduit 
dan»  le  langage  chimique  par  Frobenius,  en  <730, 
pour  désigner  ce  liquide,  déjà  connu  auparavant, 
ijii'd  appela  ainsi  proliablement  par  allusion  à  sa  lé- 
gèreté et  fc  »a  volatilité.  Fïiher  nitrique.  Ëiher  sulfu- 
rique.  Respirer  de  l'éther.  ||  Ether  minéral  fossile, 
a'est  dit  quelquefois  du  naphte. 

—  IIIST.  xvi"  s.  Ceux  du  plus  haut  estage  ressem- 
blent à  l'éther  et  plus  haute  région  voisine  du  ciel, 
sereine,  claire,  nette  et  paisible,  charron.  Sagesse, 
I,  «6.  De  toute»  par»  où  vous  jetiez  le»  yeux,  L'air 
se  fait  calme,  et  l'sther  gracieux,  auadis  jamin, 
Poésies,  p.  (M,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Provenç.  elher  ;  cspagn.  efer;  ilal.  etere; 
du  latin  «ether;  grec,  ai6^p,  de  aWeiv,  brûler. 

t  SniÈRATE  (é-té-ra-f),  s.  m.  Terme  de  chimie. 
Sel  produit  par  la  combinaison  de  l'acide  éthérique 
«TW  une  hase. 

ÉTHÈRÉ,  ÉK  (é-té-ré,  rée),  adj.  ||  !•  Qui  est  de 
la  nature  de  l'éther,  qui  appartient  à  l'éther.  Corps 
éthéré.  Je  contemple  sa  forme  [de  Laurence]  avec 
recueillement.  Comme  un  être  éthéré  tombé  du  fir- 
mament, LAMART.  Jocel.  IV,  il».  ||  L«  Toùte  éthé- 
rée,  U  tcûte  de,  cieux,  le  ciel.  Elle  n'a  d'autre 
objet  que  la  voûte  éthérée,  n*ONigR,  Sat.  xiii. 
Il  Mali^re  éihérée,  matière  très-sublile  que  les  phy- 
•icien,  du  xvii-  siècle  et  du  xviii*  suppoMient  rem- 
pur  .es  espace,  qui  séparent  les  corps  célestes.  Si 
le»  planiste,  >e  meuvent  autour  du  soleil  dan»  un 
milieu  quel  qu'il  soit,  dan,  une  matière  éthérée  qui 
remp-Utout,  et  qui,  quelque  subtile  qu'elle  soit, 
'*°...7*y*  P»  moins  tinii  qu'il  est  démontré, 
«■wm»  !••  mouvemenL,  de,  planètes  n'en  sont-ils 
pu  peTp«ii«a,œenl  et  même  prompt»ment  K.fTai- 


bli»  T  poKTïH.  Newton.  |j  Aujourd'hui,  pour  les  phy- 
siciens, matière  éthérée  est  synonyme  d'éther. 
Il  Les  régions  éthérées,  l'espace  du  ciel;  et  flg.  les 
régions  pure,  et  sublimes  de  l'âme.  X  mesure  qu'on 
approche  dis  régions  éthérées ,  l'âme  contracte 
linéique  chose  de  leur  inaltérable  pureté,  l.J.  Rouss. 
Ilél.  t,  î3.  Il  étonna  l'Kurope  par  des  productions 
dans  le«]uellBS  le»  âmes  vulgaires  ne  virent  que  de 
l'éloquence  et  de  l'esprit,  mais  où  celles  qui  habitent 
nos  région»  éthérées  reconnurent  avec  joie  un  des 
leurs,  10.  Dialogue  u.  jj  Fig.  U  se  dit  des  sentiments 
très-pur,  et  très-élevés.  Un  amour  éthéré.  Une  piété 
éthérée.  ||  J*  Terme  de  chimie.  Qui  a  les  qualités  ou 
les  propriété»  de  l'éther.  Liqueur,  odeur  éihérée. 
Il  Terme  de  pharmacie.  Teintures  éthérées,  teintu- 
res dont  l'excipient  est  l'éther. 

—  ÊTYM.  Provenç.  elherey;  espagn.  et  ital.  etereo; 
du  latin  xlhereus,  de  œlher,  éther  (voy.  éther). 

f  ÉTHÉRÈNE  (é-tè-rê-n') ,  *.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Nom  du  gaz  oléHant,  ou  hydrogène  bicar- 
boné. 

.  +  ÉrnÉRIFICATION    (é-té-ri-fi-ka-sion)  ,   ».    f. 
Terme  de  chimie.  Conversion  en  éther. 

tÉTnÉRIFIER(é-té-ri-fi-é),j'éthérifiais,nouséthé- 
rlfîions,  vous  éthérifîiez;  que  j'éthérifie,  que  nous 
éthérifiions,  que  vous  éthérifîiez,  v.  a.  Terme  de 
chimie.  Convertir,  transformer  en  éther. 

—  ÉTYM.  Éther,  et  le  lat.  facere,  faire,  devenu 
ficere  en  composition. 

tÉTIlÉRIODE  (é-té-ri-k'),  od;.  m.  Terme  de 
chimie.  Se  dit  d'un  acide  produit  par  la  combustion 
de  l'alcool. 

tÉTHÊRISATION  (é-té-ri-za-sion),  ».  f.  Action 
d'éthériser. 

+  ÉTHÉRISER  (é-té-ri-zé) ,  c.  o.  ||  1*  Terme  de  chi- 
mie. Combiner  avec  l'éther.  Ëthériser  un  liquide. 
Il  %'  Plonger,  en  faisant  respirer  l'éther,  dans  un 
état  où  la  personne  perd  tout  sentiment  d'elle- 
même.  On  éthérise  les  patients  qui  doivent  être  opé- 
rés, afin  qu'ils  ne  ressentent  pas  de  douleur. 

—  ÊTYM.  Élher. 

t  ÊTIIÉRISME  (é-té-ri-sm'),  ».  m.  Etat  dans  le- 
quel on  a,  par  l'influence  de  l'éther  ou  du  chloro- 
forme, perdu  tout  sentiment. 

—  ÉTYM.  Éthériser. 

t  ÉTUÉRO- CHLOROFORME  (é-té-ro-klo-ro-for- 
m'),  ».  m.  Mélange  d'éther  et  de  chloroforme  em- 
ployé par  quelque,  chirurgiens  dans  les  cas  où 
l'anesthésie  chirurgicale  et  obstétricale  a  besoin 
d'être  prolongée  longtemps. 

tÉTIIÉROL  (é-té-rol),  ».  m.  Terme  de  chimie.  Nom 
de  l'huile  de  vin  légère,  liquide  oléagineux  prove- 
nant de  la  décomposition  de  l'huile  douce  ou  pe- 
sante du  vin  par  l'eau. 

t  ÉTHÉROLAT  (é-té-ro-la),  ».  m.  Terme  de  phar- 
macie. Produit  de  la  distillation  de  l'éther  sulfurique 
sur  des  substances  aromatiques. 

t  ÉTHÉROLATURE  (é-té-rola-tu-r') ,  s.  f.  Terme 
de  pharmacie.  Synonyme  de  teinture  éthérée. 

t  ÉTHÊROLÉ  (été  ro-lé) ,  ».  m.  Terme  de  phar- 
macie. Médicament  liquide  formé  d'éther  et  de  prin- 
cipes médicamenteux  qui  y  ont  été  unis  en  totalité 
par  solution  directe  ou  par  simple  mixtion. 

t  ÉTHERONE  (é-té-ro-n') ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Liquide  limpide  et  léger,  très-volatil,  qui  accom- 
pagne l'huile  douce  de  vin  dans  la  distillation  sèche 
des  sulfovinates. 

t  ÉTHÉRYLE  (é-té-rl-l'),  ».  m.  Terme  de  chimie. 
Radical  hypothétique  de  l'huile  douce  ou  pesante 
du  vin. 

tErniONIQUE  (é-ti-o-ni-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  éthioniquo,  acide  obtenu  par  l'action  à 
froid  de  l'acide  sulfurique  anhydre  sur  l'alcool  ab- 
solu. 

RTHIOPS  (é-ti-ops'),  I.  m.  Ancien  terme  de  chi- 
mie. Nom  donné  à  certains  oxydes  et  à  des  sulfures 
métalliques,  à  cause  de  leur  couleur  noire.  ||  Elhiops 
martial,  deutoxyde  de  fer  noir.  ||  Ethiops  minéral, 
sulfure  noir  de  mercure.  ||  Éihiops  per  se,  pro- 
toxyde  noir  de  mercure.  ||  Êlhiops  végétal,  char- 
bon obtenu  par  la  combustion  d'une  algue  {fucus 
vesiculotut,  L.  )  dans  des  vaisseaux  fermés,  et  pré- 
conisé contre  les  scrofules. 

—  ÊTYM.  Ai6(o<|(,  éthiopien,  noir,  de  ot6eiv, 
brûler,  et  û»!»,  visage. 

ÉTHIQUE  (é-ti-k'),».  f.  Il  1- Terme  de  philosophie. 
La  science  de  la  morale.  L'éthique  politique  a  deux 
objets  principaux  :  la  culture  de  la  nature  intelli- 
gente, l'institution  du  peuple,  didkrot,  Opin.  des 
anc.  philos.  {Sarrasins).  \\  Les  Ethiques,  titre  d'un 
ouvrage  d'Aristote  qui  traite  de  la  morale.  Tel  est  le 
traité  des  caractères  de  moeurs  que  nous  a  laissé 
Thiophraste  ;  il  l'a  puiaé  dan»  les  Ë'.hiques  d'Aris- 


ETH 

tote,  dont  il  fut  le  disciple,  la  brut.  Diu.  sur 
Théofhr.  Il  2*  Adj.  Qui  appartient  à  la  morale. 
Précepte,  éthiques. 

—  HIST.  xiii*  s.  Ethique,  laquelle  nos  enseigne  à 
governer  no,  meismes  premièrement,  à  ensuivre 
vie  honeste  et  faire  les  vertueuses  œvres  et  soi  gar- 
der de,  vice, ,  brun.  lat.  Trésor,  p.  7.  ||  xvi'  s. 
Toute  leur  science  éthique  ne  contient  que  ces  deux 
articles,  de  la  resolution  à  la  guerre,  et  affection  à 
leurs  femmes,  mont,  i,  238. 

—  ÉTYM.  *H6ixè{,  moral,  de  ^9oç,  l9oc,  mœurs, 
habitude;  goth.  tidus;  anc.  haut-allem.  »tto;allem. 
Silte,  mœurs;  mots  que  l'on  conjecture  représenter 
le  sanscrit  svadhd,  proprement  se  poser  soi-même. 

■fETHMOCÉPUALE  (è-tmo-sé-ral') ,  ».  m.  Terme 
de  tératologie.  Nom  des  monstres  qui  ont  l'appareil 
nasal  atrophié,  et  ses  rudiments  apparents  à  1  exté- 
rieur sous  forme  d'une  trompe  au-dessus  des  orbites. 

—  ÉTYM.  Elhmo,  pour  elhmoïde,  et  x£ça).ii,  tète. 
+  ETH.MOCÉPHALIE   (è-tmo-sé-fa-lie),  ».  f.  État 

de,  monstres  ethmocéphales. 

ETILMOÏDAL, ALE  (è-tmo-i-dal,  da-l') ,  adj.  Terme 
d'anatomie.  Qui  appartient  à  l'ethmolde.  Les  os 
ethmoïdaux. 

ETHMOÏDE  (è-tmo-i-d'),  adj.  Terme  d'anatomie. 
Os  ethmoïde,  et,  substantivement  au  masculin, 
l'ethmolde,  os  du  crâne  dont  la  lame  supérieure  est 
criblée  de  petits  trous,  et  qui  concourt  à  former 
les  cavités  nasales. 

—  HIST.  XVI'  s.  Cet  os  a  esté  nommé  des  auteurs 
grec,  ethmoïde,  des  latins  spongieux  ou  cribleux, 
PARÉ,  m,  4. 

—  ÉTYM.  "HOiidi;,  crible,  et  ilSoç,  forme. 

E'niXARCHlE  (è-tnar-chie),  ».  f.  Terme  d'anti- 
quité. Dignité  d'ethnarque.  Il  Territoire  possédé  par 
un  ethnarque. 

—  ÊTYM.  *E9vapxîa,dei9vdipxi«f  ethnarque  (voy. 
ethnaroue). 

t  ETUNARCniQUE  (è-tnar-chi-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'etnnarchie. 

ETUNARQCE  (è-tnar-k'),  ».  m.  Terme  d'antiquité. 
Celui  qui  commandait  dans  une  province.  Au  temps 
où  Jérusalem  subsistait,  les  Juifs  avaient,  dans  les 
provinces,  des  chefs  de  leur  nation  nommés  eu  grec 
ethnarques.FLEL'RV,  Moeurs  des  Israélites,  tit.  xxxn, 
3*  partie. 

—  ÉTYM.  'E9v<£px'nc,  de  l9vo;,  peuple,  etdépxeiv, 
commander. 

ETHNIQUE  (è-tni-k'),  adj.  ||  1°  Qui  appartient  au 
paganisme,  dans  le  style  des  Pères  de  l'Eglise.  Les 
nations  ethniques.  |{  2°  Terme  de  grammaire.  Mot 
ethnique,  mot  qui  désigne  l'habitant  d'un  certain 
pays.  Français  est  un  mot  ethnique.  ||  3°  S.  m. 
L'ethnique,  la  désignation  qui  caractérise  un  peuple. 
Gaulois  est  l'ethnique  d'une  population  considérable 
en  Europe.  Allemand  est  l'ethnique  de  la  peuplade 
des  Alamans,  dont  les  Français  ont  fait  l'ethnique 
de  la  nation  entière. 

—  ÉTYM.  'E9vixèi;,  de  £9voc,  peuple.  Dans  le  lan- 
gage ecclésiastique,  rà  levu'signifiait  les  nations, 
les  gentils,   les  païens,  par  opposition  à  chrétiens. 

t  ETH.VO-GÉNÉALOGIE  (è-tno-jé-né-alo-jie), ». ^. 
Terme  didactique.  Généalogie  des  peuples,  c'est- 
à-dire  la  manière  dont  ils  procèdent  les  uns  des 
autres. 

—  ÉT'YM.  TE9voc,  peuple,  et  généalogie. 
ETHNOGRAPHE   (è-tno-gra-f ) ,  ».  m.    Celui   qui 

s'adonne  à  l'ethnographie. 

—  ÉTYM.  'EBvoc,  peuple,  etyptiçeiv,  décrire. 
ETHNOGRAPHIE  (è-tno-pra-fie) ,  ».  f.  Science  qui  a 

pour  objet  l'étude  et  la  descri  ption  des  divers  peuples. 

—  ÉTYM.  Voy.  ETHNOGRAPHE. 
ETHNOGRAPHIQUE  (ô-tno-gra-fl-k'),    adj.   Qui 

est  relatif  à  l'ethnographie. 

t  ETHNOLOGIE  (è-tno-Io-jie) ,  ».  f.  Traité  sur 
l'origine  et  la  distribution  des  peuples. 

—  ÉTYM.  'EOvo;,  peuple,  et  Xoyoî,  traité. 

t  ETHNOLOGIQUE  (è-tno-lo-ji-k'),  adj.  Qui  cou- 
cerne  l'ethnologie,  la  connaissance  des  nations. 

-f  ETHNOLOGISTE  (è-tno  lo-ji-sl'),  ».  m.  Celui  qui 
s'occupe  d'ethnologie. 

t  ÉTHOGRAPHIE  (é-to-gra-fie).  ».  f.  Description 
des  mœurs,  du  caractère  et  des  passions  des 
hommes. 

—  ÉTYM.  ''II9o{,  mœurs,  et  ypiçtiv ,  décrire. 

t  ETHOGRAPIIIQUE  (é-to-gra-fi-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  i'éthographie. 

ETHOLOGIE  (é-to-lo-jie),  ».  f.  Discours  ou  traité 
sur  les  mœurs  et  les  manières. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ethologie,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  ■'1190?,  mœurs,  elXofo;,  traité. 
tÊTHOLOGIQUK  (é-to-lo-ji-k') ,  adj.  Qu»  appar- 
tient à  l'éthologie. 


ETI 

t  fiTIIOLOGUE  (é-lo-lo-gh'J,  s.  m.  Celui  qui  s'oo- 
eupe  d'étholoKie. 

ÊTIIOPÊE  (é-to-pée),  s.  (.  Peinture  des  mœurs  et 
des  passions  humaines.  ||  Terme  de  littérature.  Fi- 
gure de  pensée  qui  a  pour  objet  la  peinture  des 
mœurs  et  du  caractère  d'un  personnage. 

—  ÉTYM.  'HOoî,  mœurs,  et  noieiv,  faire,  exposer 
(voy.  poëme). 

I  ÉTHOS  (étôs'),  I.  m.  Terme  de  rhétorique  an- 
cienne. La  i)artie  qui  traite  des  mœurs.  Ce  mot  ne 
s'emploie  guère  cliez  nous  que  par  moquerie  pour 
indiquer  un  style  prétentieux  et  boursouflé.  On  le 
jTononce  le  plus  souvent  et  même  on  l'écrit  ilhos 
(voy.  ce  mot)  par  imitation  de  la  prononciation  des 
grecs  modernes.  C'est  le  mot  grec  ^ôo;,  mœurs. 

t  ÉTHRIOSCOPE  (é-tri-o  sko-p'),  s.  m.  Terme  de 
physique.  Appareil  propre  à  faire  connaître  la  force 
du  rayonnement  de  la  chaleur  vers  le  ciel  exempt 
de  nuages. 

—  ÉTYM.  AlOpto,  pureté  de  l'air,  et  oxoiteïv, 
eiaminer. 

;  lÎTUYLE  (è-ti-l'),  s.  m.  Terme  de  chimie.  Com- 
posé qu'on  obtient  eu  décomposant  l'élher  iodhy- 
drique  par  le  zinc. 

ÉTIAGE  (é-ti-a-j') ,  s.  m.  Le  plus  grand  abaisse- 
ment des  eaux  d'une  rivière.  L'étiage  est  marqué 
par  un  zéro,  et  les  chiffres  mis  plus  haut  que  le 
zéro  font  connaître  les  diverses  élévations  des  eaux 
au-dessus  de  l'étiage,  qui  est  susceptible  de  varier; 
car,  s'il  arrive  que  dans  une  année  les  eaux  devien- 
nent plus  basses  que  dans  celle  où  l'on  a  fait  l'ob- 
servation et  placé  le  zéro ,  le  véritable  étiage  sera 
plus  las  que  celui  qui    est  indiqué  par  l'échelle, 

LEGOAKANT. 

—  ÉTYM.  Bas-laU  scstivaticum  (xstivalicus  est 
dans  du  Cange),  de  seslas,  été  :  le  niveau  de  l'été  pour 
une  rivière. 

t  ÉTIBEAD  (é-ti-bô)  ou  ÉTIBOIS  (é-ti-boi),  s.  m. 
Petit  carré  de  bois  sur  lequel  on  fait  la  pointe  du  fil 
de  l'épingle.  ||  Billot  sur  lequel  on  fait  avec  la  lime 
une  pointe  au  fil  de  fer  qui  doit  passer  par  un  nou- 
veau trou  de  la  filière. 

ÊTIER  (é-tié) ,  s.  m.  \\  1°  Terme  de  saline.  Fossé  ou 
conduit,  par  lequel  on  fait  entrer  l'eau  de  '  mer  dans 
les  marais,  pour  s'y  transformer  en  sel.  ||  2°  Terme 
de  marine.  Petit  canal  qui  aboutit  à  la  mer  ou  à  un 
grand  fleuve,  et  qui  peut  recevoir  de  petits  navires. 
Peu  usité. 

—  HlST.  XIV*  s.  Une  pièce  de  terre....  ainsi 
comme  elle  se  levet,  o  le  fons  du  fossé  qui  est  et 
fiert  àl'estierdu  port  dessous  lechasteau,  nu  cange, 
esterium.  Ou  [au]  dit  ester,  sur  l'eaue,  estoit  aussi 
une  autre  gabarre,  ID.  ib. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  esterium,  du  latin  lestuarium 
(voy.  estuaire). 

t  ÉTILLE  ouESTILLE(é-ti-ll',  «mouillées),  s. 
t.  Ancien  nom  d'un  métier  à  tisser.  Les  marchands 
fabricants  seront  obligés  de  porter  à  la  halle  en 
blancs  leurs  pièces  au  sortir  de  l'estiUe  ou  métier 
pouryêlrevues  et  visitées,  Arrêt  duconseil,  règlem. 
pour  les  manuf.  d'Amiens,  47  mars  <7I7. 

ÉTINCELANT,  ANTE  (é-tin-se-lan,  lan-t'),  adj. 
Il  1°  Oui  étincelle.  L'opale  étincelante,  corn.  Tois. 
d'or,  u,  3.  J'ignore  si  de  Dieu  l'ange  se  dévoilant 
Est  venu  lui  montrer  un  glaive  étincelant.BAC.  Alhal. 
II,  2.  Quand  le  soleil  brûlant  Embrasait  de  ses  feux 
le  sable  étincelant,  ducis,  Abufar,  i,  3.  ||  2°  Il  se 
dit  des  regards,  des  yeux  qui  semblent  jeter  des 
étincelles.  Que  d'yeux  étincelants  sous  d'horribles 
paupières  Mêlent  au  jour  qui  fuit  d'effroyables  lu- 
mières! CORN.  Toison,  m,  5.  Porter  partout  la  terreur 
et  étonner  de  ses  regards  étincelants  ceux  qui  échap- 
paient à  ses  coups,  lioss.  Louis  deBourbon.  Ou  tel  que 
d'Apollon  le  ministre  terrible,  Impatient  du  Dieu 
dont  le  soufle  invincible  Agite  tous  ses  sens,  Les  yeux 
étincelants.  la  tête  échevelée....  J.  b.  houss.  Ode 
au  comte  de  Luc.  Les  yeux  étincelants  d'une  bar- 
bare joie.  SAURiN,  Spartac.  ii,  l.||On  le  dit  aussi 
des  personnes  mêmes.  Rapportez  à  mes  yeux  son 
image  sanglante,  D'amour  et  de  fureur  encore  étin- 
celante, CORN.  Jlodog.  III,  3.  Et  Lacus aussitôt  étin- 
celant de  rage,  id.  Othon,  v,  8.  Mathan  près  d'A- 
thalie  étincelant  de  rage,  rac.  Athal.  v,  2.  ||  3°  Kig. 
Qui  jette  un  vif  éclat,  en  parlant  de  cequi  brille  mo- 
ralement, littérairement.  Tes  vers  étincelants  et  de 
lumière  et  d'art,  bégnieh,  Sat.  V.  U  roule,  pour 
ainsi  dire,  un  torrent  d'images  sublimes,  de  méta- 
phores hardies,  de  pensées  fortes  et  de  maximes 
étincelantes  de  lumière,  barthél.  Anach.  chap.  34. 

II  Substantivement.  Un  vif,  une  sorte  d'étincelant  au- 
tour d'eux  les  distinguait  malgré  qu'ils  en  eussent,  st- 
EiM.  i.  IX,  p.  123,  édit.  CHÉRUEL.  ||  4*  Terme  de  bla- 
son. Se  dit  des  charbons  dont  sortentdes  étincelles. 

DICT.    DE  LA  LANGDE  FaiN^AlSE. 


ETI 

—  HIST.  xvi*  S.  Voici  Henri  qui  s'avance.  Qui 
d'un  fer  estincelant  Le  chef  lui  va  martelant,  du  iiel- 
LOY,  II,  39,  reclo. 

ÉTINCELÉ,ÉE  (é-tin-se-lé,  lée),  adj.  Terme  de 
blason.  Semé  d'étincelles. 

—  HlST.  XV"  s.  L'aurmoire  estoit  toute  par  dedans 
de  fin  or  estincelée,  Perceforest,  t.  i,  f°  63. 

ÉTh\CELER  (é-tin-se-lé.  VI  se  double  quand  la 
voyelle  qui  suitest  muette:  il  étincelle,  il  étiiicellera), 
V.  n.  Il  1°  Jeter  des  étincelles.  Les  justes  brilleront  et 
ils  étincelleront  comme  des  feux  qui  courent  au  travers 
des  roseaux,  saci.  Bible,  Sagesse, m,  7. Pendant  la 
nuit,  des  mouches  luisantes  se  montraient  dans  les 
airs;  on  eilt  dit  que  la  montagne  étincelait,  stael, 
Corinne,  xi,  < .  ||  Il  se  dit  de  ce  qui  brille  comme  si 
des  étincelles  en  sortaient.  Il  y  a  des  étoiles  qui  élin- 
cellent  plus  que  d'autres.  L'autel  étincelait  des  flam- 
beaux d'hyménée,  volt.  Uérope,  v,  8.  Sitôt  qu'aox 
champs  de  l'air  l'œil  du  jour  étincelle,  gilb.  le  ./u- 
M(^.  112°  Par  extension,  on  dit  que  le  regard,  l'œil 
étincelle,  à  cause  qu'il  devient  brillant  dans  certai- 
nes passions  vives.  Ses  farouches  regards  élincelaient 
de  rage,  coRN.Pomp.  iv,  t.  11  étincelle  des  yeux,  la 
DRUY.  XI.  Il  Par  suite  on  dit  que  ces  passions  étincel- 
lent  par  ou  dans  les  yeux.  La  flamme  de  ton  cœur 
par  tes  yeux  étincelle,  Régnier,  Dial.  Ainsi  du  Dieu 
vivant  la  colère  étincelle,  rac.  Eslh.  ii,  7.  Mais  déjà 
la  fureurdans  vos  yeux  étincelle,  boil.  Lutrin,  m. 
Un  feu  divin  étincelle  dans  les  yeux  du  jeune  guer- 
rier, FÉN.  Tél.  XVII.  Quel  désespoir  horrible  en  tes 
yeux  étincelle!  volt.  Ali.  iv,  4.  Ses  traits  durs  et 
pensifs  ont  un  calme  odieux.  Et  surtout  quand  la 
joie  étincelle  en  ses  yeux,  lemerc.  Frédég.  et  Brun. 
m,  â.  Il  Enfin  on  dit  qu'un  homme  et  même  un  ani- 
mal étincelle,  quand  il  est  plein  de  feu.  Le  cheval 
partage  aussi  les  plaisirs  de  l'homme;  à  la  chasse, 
aux  tournois,  àla  course,  il  brille, il  étincelle,  buff. 
Cheval.  \\  3°  Fig.  Avoir  des  traits  vifs,  d'éclatantes 
beautés,  en  parlant  des  ouvrages  d'esprit.  Ses  ou- 
vrages [de  Juvénal],  tout  pleins  d'affreuses  vérités, 
Êtincelleni  pourtant  de  sublimes  beautés,  boil.  Art 
p.  II.  Il  On  peut  dire  aussi  que  les  beautés  étincellent 
dans  un  ouvrage.  ||  Il  se  dit  même  des  personnes. 
Malgré  son  fatras  obscur,  SouventBrébeuf  étincelle; 
Un  vers  noble  quoique  dur  Peut  s'offrir  dans  la  Pu- 
celle,  BOiL.^ptjr.  28. 

—  HlST.  xiii's.  [Le  ciel  qui  porte]  Toutes  les  estoiles 
0  li  [avec  lui] ,  Estincelans  et  vertueuses  Sor  toutes 
pierres  précieuses,  la  Rose,  17007.  ||  xvi"  s.  La  pro- 
vidence secrette  de  Dieu  n'a  jamais  esté  effacée  tel- 
lement du  cœur  des  hommes,  que  tousjours  quelque 
résidu  n'ait  estincellé  parmi  leurs  ténèbres ,  calv. 
Instit.  4  42.  En  la  nature  de  l'homme,  quelque  per- 
verse et  abastardie  qu'elle  soit,  il  y  estincellé  en- 
cores  quelques  flammettes ,  id.  tb.  1 8 1 .  Je  luy  contay 
le  feu  qui  me  brusloit.  Dont  la  chaleur  aux  yeux 
m'estinceloit.  bons.  778.  Ses  yeux  perçans,  qui  de 
travers  regardent.  Incessamment  estincellent^  et  ar- 
dent, MABOT,  II,  279.  Tout  habit  gris  est  une  cen- 
dre grise.  Couvrant  un  feu  qui  tousjours  estincellé, 
ID.  III,  <20.  Tout  le  ciel  estincellé;  Pour  vray,  onc 
je  ne  vis  une  nuict  estoillée....  la  boétie,  608. 
....  L'estinceler  De  vos  œillades  flamboyantes,  Jac- 
ques TAHUREAU,   PoésicS ,   p.   461,   dans  LACURNE. ' 

—  ÊTVM.  Provenç.  sintillar;  espagn.  centeltar; 
portug.  scintillar;  ital.  scintillare  ;  du  latin  scintil- 
lare,  de  scintilla,  étincelle. 

ÉTINCELLE  (é-tin-sè-l'j.s.  f.  ||  1°  Parcelle  en  igni- 
lion  et  lumineuse  qui  se  détache  d'un  corps  qui 
brûle  ou  d'un  corps  qu'on  a  choqué.  Faire  jaillir  une 
étincelle,  des  étincelles.  Comme  un  feu  mal  éteint 
qui  sort  de  temps  en  temps  de  dessous  la  cendre 
et  qui  repousse  de  vives  étincelles,  fén.  Tel.  vu. 
Comme  une  vieille  forêt  qu'une  étincelle  de  feu 
a  embrasée,  id.  ib.  xvi.  {|  Fig.  L'étincelle  divine  qui 
anime  l'homme,,  l'âme,  l'intelligence.  ||  2°  Fig.  Ce 
qui  est  comparé  à  une  étincelle  qui  met  le  feu.  _Et 
des  embrasements  d'une  guerre  immortelle  Etouffer 
sous  vos  pieds  la  première  étincelle,  volt.  Faiiat. 
1,4.  Cet  amour,  dites-vous,  qui  vous  toucha  pour 
elle  Fut  d'un  feu  passager  la  légère  étincelle,  id. 
Orphel.  m,  4.  La  querelle  des  sacrements  refusés 
aux  jansénistes  a  été  la  première  étincelle  de  l'em- 
brasement, d'alemb.  Destruction  des  }és  Œuvres, 
t.  V,  p.  73,  dans  pougens.  ||  3°  Ce  qui  est  comparé 
à  une  étincelle  qui  jette  une  courte  et  vive  lumière. 
C'était  un  grand  butin,  s'il  fût  resté  aux  vaincus 
une  étincelle  de  courage,  vaugel.  Q.  C.  ix,  40, 
dans  bicuelet.  Le  cardinal  Richelieu  avait  de  la 
naissance  ;  sa  jeunesse  jeta  des  étincelles  de  son  mé- 
rite, EETZ,  II,  94.  Avant  que  d'avoir  la  moindre 
étincelle  de  l'amour  de  Dieu,  boss.  Yar.  3.  il  fau- 
drai'  que  j'eusse  quelque  étincelle  de  ce  zèle  de 


ÉTI 


1521 


saint  Bernard,  m.  Birnard,  *.  Dieu  avait  répandu 
quelques  étincelles  de  cette  lumière  dans  les  Écri- 
tures, m.  llist.  II,  26.  Ces  étincelles  de  poésies  pa- 
rurent principalement  dans  les  deux  extrémités  du 
royaume,  en  Provence  et  en  Picardie,  fonten.  Uist. 
Thédt.  fr.  Œuiret,  t.  v,  p.  il,  dans  pougens.  Deux 
ou  trois  étincelles  de  raison  ne  pouvaient  pas  éclai- 
rer le  monde  au  milieu  des  torches  ardentes  et  des 
bûchers  que  le  fanatisme  alluma  pendant  tant  d'an- 
nées, VOLT.  Voyage  de  la  raison.  Vous  ranimez  eu 
moi  ces  vives  étincelles  Des  vertus  dont  brillaient 
vos  Ames  immortelles,  id.  M.  de  Ces.  ii,  2.  J'avais 
de  quelque  espoir  une  faible  étincelle,  m.  Uércps, 
II,  2.  Ce  n'est  pas  qu'il  n'y  ait  des  étincelles  d« 
génie  dans  Calderon,  id.  Lett.  Cideville,  24  mai 
(762.  Il  4°  Terme  de  physique.  Étincelle  électrique, 
trait  de  lumière  et  de  feu  qui  part  soudain  d'un 
corps  électrisé,  quand  un  autre  s'en  approche. 

—  HlST.  XII' s.  Son  douz  regart,  qui  vient  d'une 
estencelle  Mon  cuer  en  moi  ferir,  Couci,  xviii.  E  li 
parent  vienent  à  mei  et  demandent  mun  fiz,  qu'il 
l'ocient  pur  sun  frère  qu'il  ad  mort;  e  volent  es- 
teindre  la  stencele  qui  remese  m'est,  que  remem- 
brance  ne  seit  de  mun  marid,  flots,  p.  488.  Toute 
ma  terre  iert  mise  en  estencele  [sera brûlée],  iloouJ 
de  C.  41.  Il  XIII'  s.  El  limon  ot  assez  de  belles  Flo- 
rettes  d'or  et  estincelles  [paillettes],  Athis,  dans 
DU  cange,  scintilla.  \\  xvi'  s.  Ces  œuvres-là  il  re- 
pula  fient  |fumier],  Qui  luy  sembloyent  auparavant 
si  belles.  Mais  ce  n'estoient  que  vaines  estincelles, 
MABOT,  I,  78.  Petite  estincellé  luit  en  ténèbres, 
OÉNIN,  Récréât,  t.  il,  p.  247.  Quant  meurt  l'estiiv- 
celle,  elle  luit  tant  plus  clere,  id.  ib.  p.  248. 

—  ÉTYM.  Provenç.  scintilla,  cintilla;  espagn. 
centella;  ital.  scintilla;  du  latin  scintilla.  Le  fran- 
çais estincellé  est,  par  métathèse,  pour  escinlele. 
Le  XVI'  siècle  reprenait  parfois  la  forme  latine  et 
disait  scintille. 

ÉTINCELLEMENT  (é-tin-sè-le-man).  s.  m.  Éclat  de 
ce  qui  étincelle.  ||  Scintillation, en  parlant  des  étoiles. 

HIST.  XVI'  s.  L'argentine  rondeur  de  la  lune, 

l'eslincellemont  des  estoiUes,  carl.  m,  7. 

—  ÉTYM.  Étinceler;  provenç.  scinlillament ;  ital 
scintillamento. 

ÉTIOLÉ,  ÉE  (é-ti-o-lé,  lée),  part,  passé.  Qui  i 
subi  l'étiol^ment.  Plante  étiolée.  H  Par  extension. 
Enfant  étiolé.  ||  Fig.  Se  dit  aussi  en  pariant  de  l'in- 
telligence. Un  esprit  étiolé. 

ÉTIOLEMENT  (é-ti-o-le-man) ,  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  botanique.  Etat  d'une  plante  qui,  ayant  crû  dans 
un  endroit  obscur  ou  peu  éclairé,  n'a  fourni  que 
des  pousses  grêles,  allongées,  flexibles,  d'un  blano 
soyeux,  munies  de  feuilles  petites,  écartées  et  d'un 
blanc  jaunâtre.  Je  recherche  ensuite  la  cause  se- 
crète d'une  altération  singulière,  qui  survient  aux 
plantes  qu'on  élève  dans  des  lieux  renfermés  et  que 
les  jardiniers  ont  nommé  étiolement ,  bonnet, 
Rech.  us.  feuilles.  Œuvres,  t.  iv,  p.  45,  dans  pou- 
gens. Toutes  les  expériences  concourent  bien  à  éta- 
blir que  l'étioleinent  des  plantes  dépend,  en  dernier 
ressort,  de  la  privation  de  la  lumière,  id.  Con- 
templ.  nat.  v,  4).  ||  2°  Terme  de  médecine.  Affai- 
blissement morbide  qui  survient  chez  les  individus 
soustraits  à  l'influence  de  la  lumière  et  d'un  air  pur 
et  vif.  Il  Fig.  L'étiolement  de  l'esprit,  de  l'intelli- 
gence. 

—  ÉTYM.  Étioler. 

ÉTIOLER  (é-ti-0-lé),  v.  a.\\i°  Terme  de  bota- 
nique. Causer  l'étiolement.  L'obscurité  étiole  les 
plantes.  ||  2"  Terme  de  médecine.  Produire  l'étiole- 
ment sur  une  personne.  ||  3°  S'étioler,  v.  réft.  De- 
venir étiolé.  On  dit,  en  termes  de  jardinage,  qu'une 
plante  s'étiole,  quand  elle  pousse  des  tiges  longues, 
effilées,  d'un  blanc  éclatant,  terminées  par  de  très- 
petites  feuilles,  assez  mal  façonnées,  d'un  vert 
pâle,  bonnet.  Usage  des  feuilles,  4'  mémoire.  \\  Par 
extension.  Un  enfant  languit  sans  air  comme  la 
plante  qui  en  est  privée;  il  pâlit  et  s'étiole  comme 
elle  dans  une  chambre  fermée,  bebn.  de  st-p. 
Ilarm.  liv.  ii.  ||  Fig.  Il  se  dit  du  caractère,  de  1  in- 
telligence, des  grâces,  de  l'esprit,  de  la  beauté,  etc. 

—  ÉTYM.  Origine  longtemps  cherchée  inutile- 
ment ,  et  qui  est  donnée  par  le  normand  i'étieu- 
1er,  pousser  en  chaume,  qui  vient  de  éteule  4.       i 

ÉTIOLOGIE  (é-ti-o-lo-jie),  t.  {.  Terme  de  philo- 
sophie. Étude  sur  les  causes  des  choses.  Les  étioio- 
gies  des  dogmatiques  peuvent  se  réfuter  de  huit 
manières,  dideb.  Opin.  des  anc.  philos.  (Philos, 
pyrrhonnienne).  \\  Partie  de  la  médecine  qui  traite 
des  diverses  causes  des  maladies. 

— ÉTYM.AlxioXoYCa  ,de  aUiov,  cause ,  et  Xôyoc ,  traité. 

t  ÉnOLOGlQUE  (é-ti-o-lo-ji-k') ,  adj.  Qui  a  rap- 
port à  l'étiologie. 

I.  —  191 


1522 


m 


•rtnnR  (4ll-kT.  adi.  ||  1*  Ancien  terma  de  m6- 
d^dTaT./"'""' '•''■''•■  I>«ven.ré.H,""^  Kilo  est 

îi*^.    D„  .'.  votT.   i>(».    d'Argtnlal, 

rLrni:  Il  »''<"•  «il"»'  •"'**"  hal'iluelle  qui 
UMs'rit  I.  cJn<*-  0"  «"'  aujounl'hui  Bfcvre  hectique. 
Hlhl'«reiU;n.ion,  três-maigre.  Corps,  Tisage  éti- 
au«    Un.  roue  éliq-ie.  Avec  ion  nez  étique  et  sa 
Lunnlo  mine,  ttonin,  Sot.  x.  Lei  amant»  -le  ce 
corpt  étiqua  DiMtnl  qu'à  son  genou  qui  pique  II  faut 
un^ut  comme  aux  neurets,  matnard,  dans  mé- 
(uoc.  Je  riaii  de  le  voir  avec  sa  mine  étique,  Son 
ralal  jadi»  Wanc  et  sa  perruque  antique,  En  lajuns 
de  garenne  ériger  nos  clapiers,  BOit.  Sat.  m.  Sur 
■m  li.Hrp  flanqué  de  six  poulets  étiques  Paraissaient 
deui  la|iin«.  animaux  domestiques, ID.  ib.Voyez-vous 
celte  jeune  femme  étiqueT  elle  a  entendu  dire  que, 
!orx|u'on  éuit  maigre,  on   étoit  obUgé,  en  hon- 
neur,   d'avoir   de   l'esprit,    voisbnon,    Le   sultan 
Kuapouf,   œuvres,  t.   v,   p.   '«.  dans  pouoens. 
Il  Kig.   Parmi  Unt  de  styles,  il  y  en  peut   avoir 
de  trop  enflés  aus.si  bien  que  de  trop  bas;  de  trop 
iKjurii»,  comme  de  trop  maigres  el  do  trop  étiiiues, 
COSTA» ,  dans  hâhaoe,  Kern. 

—  lUST.  xiii*  S.  Ele  porroit  faire  l'oume  devenir 
elilce  et  tesike  (phtisique),  alebrant,  f'  9. 1|  xv  s. 
Elle  [l'eau]  rend  l'homme  étique  et  pale  et  mor- 
(onilu,  BASSEL.  VIII.  Il  XVI'  ».  Les  paliens  ont  une 
Qevre  lente,  qui  se  tourne  en  étique,  paré,  v,  il. 

—  fTYM.  Le  même  que  hecliqiie,  l'ancienne  pro- 
nonciation efTaçant  le  c. 

t  firiOUET  (é-ti-kè),  ».  m.  Petit  bSton.  Pressoir 
k  éiiquel.  Il  Terme  de  pêche.  Espèce  de  filet. 

—  ETYM.  Étiqxtet  est  le  masculin  d'étiquelte  et 
signifia  chose  qu'on  fixe;  voy.  étiquette  à  l'éty- 
mologie. 

ÊTIOt'ETÉ,  ÊK  (é-ti-ke-té,  têe),  part,  passé. 
Des  bocaux  étiquetés.  U  régnait  tant  de  bonne  foi 
que  le*  sacs  [d'argent] ,  étiquetés  et  cachetés  par 
les  banquiers,  circulaient  des  années  entières,  sans 
être  ni  comptés  ni  pesés,  katnal,  llist.  phil.  iv,  7. 
Il  Fig.  Ce  n'est  pas  un  esprit  inventeur,  mais  imita- 
teur; il  a  toutes  ses  idées,  toutes  ses  connaissances 
clas'<ées,  étiquetées. 

ÉTIOUKTKR  (é-ti-ke-té.  La  syllabe  que  prend  un 
accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
j'étiquete;  j'étiquMerai),  v.  a.  Marquer  d'une  éti- 
quette. Etiqueter  des  papiers,  des  marchandises. 
Les  apothicaires  étiquetent  leurs  fioles.  [L'Escurial] 
où  les  roi»  sont  ensevilis  dans  des  tombeaux  pa- 
reils, disposés  en  échelons,  de  sorte  que  toute 
cette  poussière  est  étiquetée  et  rangée  en  ordre 
ccmme  les  curiusités  d'un  muséum,  chateaus.  Ilin. 

ni,   309. 

—  REH.  C'est  une  anomalie  reRrettable  d'écrire 
j'étiquete  par  un  accent  grave,  et  l'étiquette  par  deux 
I,  quand  la  prononciation  est  exactement  la  même. 

—  HIST.  XVI*  s.  Etiqueter  les  témoins  [donner 
leurs  noms  par  écrit],  lauriëre,  Gloss.  du  droit  fr. 

—  ÊTYM.  £liquc(le. 

ïrriQUKTTE  (é-li-kè-f),  ».  f.  ||  !•  Polit  écriteau 
qu'on  met  sur  des  objets  pour  reconnaître  ce  qu'ils 
sont.  Ces  fiacons,  ces  paquets  ont  tous  une  étiquette. 
Mettez  une  étiquette  i  cliacun  de  ces  paquets.{|  Note 
qu'on  met  au  bord  d'un  sac  de  pièces  de  monnaie, 
pour  marquer  ce  qu'il  contient  ||  S*  Autrefois,  petit 
écriteau  qu'on  fixait  sur  un  sac  de  procès,  avec  les 
nomi  du  demandeur,  du  défendeur,  du  procu- 
reur, etc.  Il  Kig.  Juger,  condamner  sur  l'étiquette 
du  sac,  ou,  simplement,  sur  l'étiquette,  prononce^ 
k  simple  vue  et  sans  examen.  Sur  l'étiquette  du 
•ac,  on  peut  fort  bien  juger  que  c'est  un  homme 
de  bon  sens  et  de  bon  esprit,  sÉv.  Lett.  à  Bussy, 
tu  oct.  <e7&.  Sur  l'étiquette  hier  je  l'ai  refusé  net, 
rsissT,  Impatient,  m,  3.  ||  3*  Terme  d'ancienne 
pratiqua.  PUcet  qu'on  remettait  k  l'huissier  au  com- 
mencement de  l'audience  pour  faire  appeler  une 
UTaire.  ||  Affiche  que  la  sergent  des  criées  apposait 
k  la  porte  des  maisons  saisies  réellement  ||  4'  Céré- 
monial de  cour.  Il  n'y  a  (loint  dans  les  couvents 
d'au»térités  pareilles  k  celles  auxquelles  l'étiquette 
de  la  cour  assujettit  les  grands,  baintewo.n,  Letl. 
i  Mme  de  Brinon,  t.  Il,  p.  »4a,  dans  pouoens. 
Charlos-Oulnt  est  occupé  k  régler  les  rangs  et  à  for- 
mer l'étiquette,  VOLT.  Mœurs,  tM.  Là  du  moins  la 
magnihoence,  Tibondanue,  les  étiquettes  qui  com- 
po*«nl  la  UuMB  grandeur  du  Uéne,  justifient  en 
quaUjue  MTU  la  dissipation,  baynal,  llist.  phil. 
»".  <•  U  code  dt  l'éliquelle  a  été  jusqu'ici  le  feu 
•acre  dw  g«D,  de  cour  «t  des  ordres  privilégiés;  la 
natiuD  o  y  doit  pu  mettre  U  même  importance, 
««AMAU,   CoUMto»,  X.  I,  p.  4W.   U  ministre! 


ETI 

absorbé  tout  entier  dans  la  contemplation  de  l'éti- 
quette, de»  présentations,  des  tabourets,  des  pré- 
séances, ne  nous  méprise  pas,  à  proprement  parler, 
il  nous  ignore,  p.  L.  couh.  Lrtt.  viu.  II  y  eut  [au 
xvil*  siècle)  une  tentative  involontaire  de  répandre 
[en  écrivant  l'histoire]  sur  tous  les  temps  l'uniforme 
étiquette  de  celte  époque,  villemain,  Liltér.  franc. 
t  S' siècle,  2' part.  ♦•  leçon.  ||  6"  Formes  cérémo- 
nieuses dont  les  particuliers  usent  entre  eux.  Tenir 
k  l'étiquette.  Moquons-nous  de  l'étiquette  Et  du  sot 
qui  l'inventa,  mahmontel,  Luc.  se.  4.  Il  environne  sa 
femme  d'étiquettes,  et  se  gouverne  ainsi  que  toute 
sa  maison  par  l'autorité  de  la  coutume,  bern.  de 
ST-piEHRE,  llarm.  liv.  vi.  L'amour,  l'amitié,  le  vin 
Vont  égayer  ce  festin;  Nargue  de  toute  étiquette, 
KÉRANO.  B.  vin  et  fiUelte.  ||  Dîner  d'étiquette,  dîner 
de  cérémonie.  Il  II  se  dit  aussi  des  dilTérentes  formules 
dont  on  se  sert  dans  les  lettres  et  dans  les  placcls, 
suivant  les  personnes  auxquelles  on  s'adresse. 
Il  6°  Terme  de  pêche.  Nom  d'un  filet  carré  qu'on 
attache  au  bout  d'une  longue  perche,  parce  que, 
proprement,  l'étiquette  est  une  perche. 

—  HIST.  xiv  s.  Comme  le  suppliant  et  plusieurs 
autres  eussent  pris  jeu  aux  grans  billes  à  ferir  en 
l'estiquete  [marque  fixée  à  un  pieu),  du  cange, 
Pîfaqua.  Il  XV' s.  Que  nuls  ne  preignent  logis  sans 
avoir  l'etiquet  [billet]  de  monseigneur  le  mareschal, 
Ord.  des  ducs  de  Bourg,  à  la  suite  du  journal  de 
Paris,  an  M88,  p.  283,  dans  lacuhne.  Venté  ne 
quiert  tardemeut  ne  demeure,  mais  veult  qu'on 
vienne  tosi  à  droit  i.  l'estiquete,  sans  circumlocu- 
tions,  Uist.  de  la  toison  d'or,  t.  ii,  !°Hi,  dans 
LACDRNE.  le  temps  est  vostre  maintenant,  pour  bien 
ou  mal  en  faire;  mes  il  est  si  près  de  l'estiquelte 
que,  se  vous  ne  le  tournez  k  bien,  jamès  n'y  re- 
couvrerez, G.  CUASTEL.  Chr.  des  d.  de  Bourg,  m, 

.50.  Il  XVI'  s.  Aux  lieux  où  les  monstres  [revues]  se 
feroyent,  où  chacun  seroit  logé  par  estiquettes  [bil- 
lets] et  payeroit  la  taxe  qui  seroit  faite,  on  se- 
journeroil  seulement  huit  ou  dix  jours,  lanoue,  28o. 
Les  armes  des  bourgeois  estoient  envolées  à  l'hostel 
de  ville,  sur  lesquelles  estoit  mise  une  estiquette  et 
marque,  pour  les  rendre  à  ceux  à  qui  elles  appar- 
tenoient,  condé.  Mémoires,  p.  706. 

—  ÊTYM.  Estiquete,  signifiant  proprement  chose 
fixée,  est  de  même  origine  que  l'italien  «(ccco,  pi- 
quant, et  d'un  même  radical  que  le  Hainaut  stique, 
épée,  le  champenois  sliquer,  piquer  dans,  le  wal- 
lon stichi,  piquer,  et  provient  du  germanique  :  lli- 
mand,  slikke,  tige  pointue,  mot  qui  est  celtique 
aussi  :  gaélique,  stic,  un  bâton.  La  série  des 
sens  est  marque,  écriteau,  et,  par  suite,  ordre, 
arrangement,  d'où  cérémonial.  L'étymologie,  pro- 
posée par  quelques-uns,  est  hic  quxstio,  c'est  là 
la  question  (mots  inscrits  sur  les  sacs  à  procès),  ne 
tient  pas  devant  l'historique. 

t  ÉTIRABLE  (é-ti-ra-bl'),  adj.  Qui  peut  être  étiré. 
Les  produits  fondus  étirables,  aciers  et  fers  plus  ou 
moins  carbures,  k  l'étal  liquide,  contiennent  tou- 
jours en  dissolution  des  gaz  saturés  de  carbone,  cizan- 
COURT,  Àciid.  des  se.  Comptes  rendus,  i.  Lvii,  p.  3(7. 

t  ÉTIIIAGE  (é-ti-ra-j'i,  ».  m.  Action  d'étirer  un 
fil  métallique.  ||  Allongement  des  barres  d'un  métal. 
Il  Terme  de  filature.  L'élirage  du  coton ,  action  de 
le  faire  passer  sous  les  cylindres  cannelés. 

t  ÉTIRE  (é-ti-r),  s.  f.  Terme  de  corroyeur.  Cou- 
teau k  manche  double  employé  dans  les  ateliers  du 
planage  des  peaux. 

ÉTIRÉ,  ÉE  (é-ti-ré,  rée) ,  pari,  passé.  Du  fer  étiré. 

ET'  /«ER  (é-ti-ré),  t).  a.  ||  l'Terme  de  métallurgie. 
Étendre,  allonger.  Etirer  du  fer.  ||  Faire  passer  le 
coton  sous  les  cylindres  cannelés.  ||  Rendre  les  peaux 
d'une  épaisseur  plus  uniforme.  Il  2°  S'étirer,  t;.  réft. 
être  étiré.  Le  fer  s'étire  au  moyen  d'un  cylindre. 
Il  Populairement,  s'étirer,  étendre  les  membres 
pour  en  rétablir  la  souplesse,  quand  on  se  repose  ou 
qu'on  se  réveille. 

—  HIST.  XVI'  s.  Estirons,  eslevoDs  et  grossissons 
les  qualitez  humaines  tant  qu'il  nous  plaira;  enfle 
toy,  pauvre  homme,  etencores,  et  encores,  et  en- 
cores,  MONT.  Il,  272.  Estirantla  peau  avec  des  cor- 
dons, CHARRON,  Sagesse,  p.  240,  dans  lacurnb. 

—  ÈTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  (trer. 
tÉTlREOR  (é-ti-reur),  ».  m.  Celui  qui   pratique 

l'étirage  de  l'or,  de  l'argent.  Êtireur  d'or.  On  dit 
aussi  tireur  d'or.  Il  Cylindre  étireur  ou,  substanti- 
vement, l'étireur,  cylindre  qui  traite  le  fer  devenu 
malléable  par  le  recuit. 

—  ETYM.  Étirer. 
ÊriSIE  (é-ti-zie),  ».  f.  Maladie  qui  amaigrit  et 

fait  fondre  le  corps.  Il  est  tombé  en  étisie.  ||  Étal 
d'émaciation  eitrfmo  résultant  de  quelque  maladie 
chronique.  |1  Etisie  n'est  plus  un  terme  de  médecine. 


ETO 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉnODE.  La  finale,  qui  est  irrigulière, 
prorient  sans  doute  d'une  assimilation  k  phlhisie. 

f  ÉTNETTE  (è-tnè-f) ,  t.  ^  Pince  qui  sert  à  ar- 
ranger le  creuset  dans  le  fourneau  du  fabricant  de 
laiton. 

t  I.  ÉTOC  (é-tok),  ».  m.  Terme  de  marine.  Se  dit 
de  roches  voisines  des  côtes  et  dangereuses  pour  la 
navigation.  |)  On  dit  aussi  estoc. 

f  2.  ÉrOC  (é-tok).  Terme  d'eaux  et  forêts.  Abatagi 
à  blanc  étoc,  Revue  des  Deux-Bondes,  i.  xxv  (i8«o), 

p.  469  (voy.  ESTOC). 

t  ÉTOCAGE  (é-to-ka-j') ,  ».  m.  Terme  de  marine 
Sorte  de  cordage  placé  sur  les  étoqueresses. 

ÉTOFFE  (é-lo-n,  ».  f.  Il  1*  Nom  général  des  tis- 
sus de  soie,  de  laine  et  d'autres  matières  dont  on 
fait  des  habits  et  des  ameublements.  U  était  fort 
obligeant,  fort  officieux;  et,  comme  il  se  connais- 
sait fort  en  étofTes,  il  en  allait  choisir  de  tous  eûtes, 
les  faisa  t  apporter  chez  lui  et  en  donnait  i  ses  amis 
pour  de  l'argent,  mol.  Bourg,  gent.  iv,  6.  L'étoffe 
me  sembla  si  belle  que  j'en  ai  voulu  lever  un  habit 
pour  moi,  ID.  ib.  li,  8.  Je  tâte  votre  habit;  l'étofreen 
est  moelleuse,  id.  Tort,  m,  3.  Ils  [les  Spartiates] 
ne  pouvaient  s'imaginer  que  ce  même  homme  [AJci- 
biade]  eût  jamais  eu  chez  lui  de  cuisinier,  qu'il  eût 
porté  de  fines  étoffes  de  Milet,  bollin,  llist.  anc. 
Œuvres,  t.  m,  p.  644,  dans  pougens.  |{  Fig.  Ne 
pas  épargner,  ne  pas  plaindre  l'étoffe,  employer 
une  plus  grande  quantité  de  matière  qu'il  ne  fallait. 
Il  En  un  sens  contraire  ,  rogner  sur  l'étoffe. 
!|  Tailler  en  pleine  étoffe,  se  donner  ses  coudées 
franches,  prendre  autant  qu'on  veut,  faire  ce 
qu'on  veut.  Vous  taillerez  en  pleine  étoffe;  Vite 
un  congrès....  bérang.  Christophe.  ||  Terme  de 
peinture.  Se  dit  des  vêtements  d'un  portrait  et 
de  ceux  des  figures  d'un  tableau  de  genre.  Draperie 
se  dit  pour  les  tableaux  d'histoire.  ||  2°  Se  dit  de 
toutes  les  matières  qui  entrent  dans  la  fabrication 
des  chapeaux.  ||  Terme  de  mégissier.  Solution  de 
sel  marin  et  d'alun,  dans  laquelle  on  fait  chauffer 
les  peaux  jusqu'à  ce  qu'elles  en  soient  bien  impré- 
gnées. Il  3°  Morceau  d'acier  commun  dont  les  coute- 
liers forment  les  parties  non  tranchantes  de  leurs 
ouvrages.  ||  Mélange  d'étain  et  de  plomb  dont  les 
facteurs  d'orgues  font  des  tuyaux.  ||  Composition  k 
l'usage  des  potiers  d'étain.  ||  4°  Fig.  Matière,  maté- 
riaux, sujet.  L'étoffe  me  manque  quelquefois  pour 
remplir  mes  lettres,  sÉv.446.  Ce  que  vous  me  man- 
dez est  l'étoffe  de  dix  épigrammes,  id.  320.  Je  re- 
touche la  première  édition  [du  Dictionnaire] ,  j'y 
fais  des  additions  qu'il  faut  enchâsser  le  mieux 
qu'on  peut  et  lier  avec  la  vieille  étoffe,  bayle,  Lett. 
à  Marais,  27  sept.  I700.  ||  B'  Valeur  et  qualités  des 
personnes  et  des  choses.  J'ai  bien  un  avis  d'autre 
étoffe ,  RÉGNIER ,  Éptt.  m.  Le  barbon  rapporte 
quantités  d'histoires  de  pareille  étoffe  sur  la  loi  de 
Callisthène,  BALZ.  le  Barbon.  Bourgeois,  artisans 
et  autres  gens  de  telle  étoffe,  d'ahlancourt,  Lu- 
cien, t.  I,  dans  richelet.  Un  sot  n'a  pas  assez  d'é- 
toffe pour  être  bon,  larocuef.  Réftex.  387.  Nous 
avons  commencé  la  Morale  |Ies  Essais  de  moral» 
de  M.  Nicole],  c'est  de  la  même  étoffe  que  Pascal, 
sÉv.  68.  Il  y  a  des  gens  d'une  certaine  étoffe  ou  d'un 
certain  caractère,  avec  qui  il  ne  faut  jamais  se 
commettre,  la  brut.  v.  Une  femme  qui  fuit  le 
monde  en  enrageant.  Parce  qu'on  n'en  veut  jilus, 
et  se  croit  philosophe.  Oui  veut  être  méchante  et 
n'en  a  pas  l'étoffe,  gbesset.  Méchant,  iv,  9.  ||  Il  y 
a  en  lui  l'étoffe  d'un  grand  écrivain,  il  est  capable 
de  devenir  grand  écrivain.  ||  Absolument.  Ce  qu'il 
faut  pour  atteindre  à  un  certain  point.  11  y  a  bien 
des  gens  à  qui  l'étoffe  manque,  sÉv.  432.  La  gour- 
mandise est  le  vice  des  coeurs  qui  n'ont  point  d'é- 
toffe, J.  j.  Rouss.  Ém.  II.  Il  se  chargea,  s'il  me 
trouvait  de  l'étoffe,  de  chercher  k  me  placer,  ID. 
Conf.  m.  Leurs  subtiles  pensées  maripient  des 
esprits  sans  étoffe,  ID.  Emile,  iv.  ||  Se  dit  de  la  con- 
dition, de  la  naissance.  La  maréchale  de  Rochefort 
était  d'une  autre  étoffe  [que  Mme  de  Villars]  et  de 
la  mai.son  de  Montmorency,  st-sim.  3,  5).  ||  Être 
de  mince  étoffe,  être  d'une  condition  ou  d'une  valeur 
fort  médiocre,  'Ton  œil  ne  peut  se  détacher,  Philo- 
sophe De  mince  étoffe,  Du  vieux  coq  de  ton  vieux 
clocher,  bérang.  Bohémiens.  ||  6°  Au  plur.  Terme 
d'imprimerie.  Proprement,  le  matériel  d'une  impri- 
merie, et,  par  une  extension  naturelle,  l'intérêt  que 
l'imprimeur  en  doit  tirer  et  qu'il  calcule  en  dehot» 
des  prix  de  composition,  de  mise  en  pages  et  de 
tirage,  etc. 

—  HIST.  xm's.  Nus  [nul]  du  mestier  devant  dit  ne 
puet  ne  ne  doit  ouvrer  ymage  ne  crucefiz ,  ne  nule 
autre  chose  aopartenant  k  sainte  Yglise,  se  il  ne  le 
fait  de  sa  propre  estoffe,  ou  il  ne  le  font  li  un  ou- 


I 


ÉTO 

vrier  K  l'autre,  Liv.  des  met.  ne.  Nus  cordier  ne 
puet  ne  ne  doit  nule  corde  faire  de  quelque  ma- 
nière que  ele  soit,  que  ele  ne  soit  faite  tout  de  une 
estoffe,  ib.  41.  Il  XIV*  s.  Et  tu  n'as  sçavoir,  ny  es- 
tofTe,  Ne  théorique  ne  science  De  l'art,  ne  de  moy 
congnoissance,  Nat.  à  i'alch.  err.  U.  C'estoieiit 
toute  gent  d'estoffe  soufisaiit,  Qui  esprouvé  avoient 

esté  en  combatiant,  Guescl.  <0768.  ||xv'  s Se 

départirent  de  l'ost  environ  trois  cents  lances  de 
bonnes  gens  d'estoffe,  froiss.  ii,  ii,  b.  Adonc  vin- 
rent les  seigneurs  en  bonne  estoffe  et  en  grand  ar- 
roi,  ID.  u,  II,  229.  Pour  lesquels  canons  garnir  de 
pouldre,  charlion  et  autres  esloufles  nécessaires,  le 
Jouvencel,  f°  85,  dans  lacdhne.  ||  xvi-  s.  Preslres  et 
clercs,  et  gens  de  tous  estophes.  Hébreux  et  grecs, 
latins  et  philosoiihes,  marot,  ii,  2I6.  J'ay  aussy 
parlé  à  des  personnes  de  gros  estoffe,  qui  désirent 
que  l'empereur  allast  en  Italie,  m'asseurant  que  bien 
toust  seriez  mis  hors  [délivré],  marg.  Lett.  xxv.  Ils 
avoient  des  médecins  atiltrez,  qui  ne  failloient  de 
leur  mander  l'yssue  de  leurs  patients,  quand  ils  es- 
toient  d'estoffe,  carl.  ii,  <o. 

—  ÉTYM.  Wallon,  siloU',  sfo/';  bourguig.  eslofle; 
espagn.  et  portug.  estofa;  ital.  stoffa,  s.  f.  elstoffo, 
s.  m.;  ang'i. stiiff;  allem.  Stoff;  du  latin  slupo,  étoupe 
(voy.  ce  mot),  changé  par  la  prononciation  alle- 
mande en  slupfa,  stuffa,  stoff,  stuff,  et  sous  cette 
forme  entré  dans  les  langues  romanes.  Le  gaélique 
sluhh  paraît  être  non  propre  au  celtique,  mais  em- 
prunté à  l'anglais  stujf. 

ÉTOFFÉ,  ÉE  (é-to-fé,  fée),  ■part. passé.  \\  1° Gar- 
ni d'étoffe  Chapeau  bien  étoffé.  Lit  bien  étoffé.  Je 
donnerais  donc  él  madame  la  baronne  un  bon  grand 
carrosse  bien  étoffé,  lesage,  Turcaret,  m,  2. 
Il  2°  Fig.  Un  homme  bien  étoffé,  bien  vêtu.  Maison 
bien  étoffée,  bien  meublée.  On  n'y  voyait  point  d'a- 
meublements magnifiques;  mais  rien  n'y  sentait 
l'épargne,  et  tout  y  était  bien  étoffé,  lesage.  Es- 
tev.  Coni.  ch.  45.  Malgré  mon  petit  habit  violet.... 
j'avais  l'air  si  peu  étoffé  qu'il  ne  me  crut  pas  diffi- 
cile à  gagner,  i.  j.  kouss.  Conf.  iv.  ||  3°  Qui  a  du 
corps,  de  l'embonpoint.  Une  belle  demoiselle  plus 
grande  que  Mme  M....  de  deux  doigts,  plus  jeune, 
plus  étoffée,  VOLT.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  176. 
Il  Se  dit  d'un  cheval  de  forte  construction,  qui  a  de 
l'embonpoint.  Les  chevaux  arabes  senties  plus  beaux 
que  l'on  connaisse  en  Europe;  ils  sont  plus  grands 
et  plus  étoffés  que  les  barbes,  buff.  Cheval,  jj  4°  Qui 
a  des  qualités  de  force  et  d'ampleur.  Pour  cette  foi.". 
le  dépit  fut  mon  Apollon,  et  jamais  musique  plus 
étoffée  ne  sortit  de  mes  mains ,  j.  j.  rouss.  Confess. 
IX.  Une  belle  voix  de  basse,  étoffée  et  mordante, 
qui  remplissait  l'oreille  et  tonnait  au  cœur,  id.  tb.v. 

ÉTOFFER  (é-to-fé),  V.  a.  Employer  pour  une 
chose  toute  l'étoffe,  toute  la  matière  nécessaire.  Bien 
étoffer  un  chapeau.  1|  Garnir  de  tout  ce  qui  est  né- 
cessaire pour  la  commodité  et  l'ornement.  Étoffer 
un  carrosse,  un  lit.  Qu'elle  [la  Victoire]  a  fait  riche- 
ment son  armure  l'tofferl  malh.  ii,  ti.  ||  Fig.  Mon 
avis  serait  que  vous  travaillassiez  à  ceci  [une  dis- 
sertation sur  le  système  dp  Leibnitz]  comme  à  une 
dissertation  qui  paraîtrait  à  part;  vous  l'étofferiez, 
vous  la  poliriez,  vous  l'augmenteriez,  comme  il  vous 
semblerait  à  propos,  baïle,  Lett.  à  des  llaUcaux, 
2ï  oct.  1700. 

—  mST.  xiii«  s.  Li  chaucier  peueent  [peuvent] 
fournir  et  estoffer  leur  chauces  de  deux  soies,  mes 
qu'eles  soient  nueves  et  souffisans,  Liv.  des  met.  (39. 
Se  bourelier  vent  coller,  ou  aucune  chose  de  son 
mestier,  et  on  li  demande  de  quoi  la  chose  est 
estoffée,  dire  le  doit,  ib.  221.  j]  xiv*  s.  Cinq  cens 
hommes  de  pié  de  gent  bien  estoffée,  Archier,  ar- 
balestrier  et  geut  de  renommée,  Guescl.  <to24. 
Pour  sa  peine  et  sallaire  d'avoir  garnye  et  estoffée 
une  chaiere  appellée  faulx-desteuil,  de  la  borde, 
Émaux,  p.  3)0.  Je  sire  de  Blainville  ay  garnies  et 
estoflées  les  dites  capelles  d'un  messel  et  d'un  bré- 
viaire pour  chascune  capelle,  du  cange,  gradali- 
rantum.  \\  xv*  s.  Ces  gens  d'armes  et  archers  [An- 
glais], le  roi  de  Navarre  les  devoit  payer  de  tous 
points  et  estoffer,  fuoiss.  ii,  ii,  25.  Mettant  dessus 
la  place  de  chascune  déesse  un  plat  estoffe  de  pain 
et  de  vin,  Perceforest,  t.  m,  f»  155.  ||  xvi*  s.  Si 
j'estoffois  l'un  de  mes  discours  de  ces  riches  des- 
pouilles,  MONT.  I,  (56.  Leurs  bastiments  sont  os- 
toffez  d'escorce  de  grands  arbres,  ID.  i,  237.  Estant 
bien  aisé  à  cognoistre,  quand  ce  n'eust  esté  qu'à  la 
beaulté  et  sumptuosité  de  ses  armes,  qui  estoient 
magnifiquement  esloffées,  amyot,  Pyrrhus,  35. 

—  ÊTYM.  ÉtoHe  ;  espagn.  et  portug.  estofar. 
ÉTOILE  (é-toi-l'),  s.  f.  ||  1»  Primitivement  et  dans 

le  langage  ordinaire,  tout  astre,  soit  fixe,  soit  er- 
rant. Jamais  étoile,  lune,  aurore  ni  soleil  Ne  virent 


ÉTO 

abaisser  sa  paupière  au  sommeil,  corn.  Médée,  ii,  i. 
Cette  obscure  clarté  qui  tombe  des  étoiles,  ID.  Cid, 
IV,  3.  Aurait-il  [Dieu]  imprimé  sur  le  front  des  étoiles 
Ce  que  la  nuit  des  temps  enferme  dans  ses  voiles  ?  la 
FONT.  Fabl.  u,  13.  Thaïes  plaçait  la  terre  au  centre 
du  monde,  il  la  croyait  sphérique,  il  a  pensé  que 
les  étoiles  ne  sont  pas  d'une  autre  substance,  condil. 
Uist.  anc.  m,  H.  Pour  toute  réponse  à  cette  vive 
attaque,  l'empereur  le  prit  par  la  main  [le  cardinal 
Fesch],  le  conduisit  à  la  fenêtre,  l'ouvrit,  et  lui  dit: 
Voyez-vous  là  haut  cette  étoile?— Non,  sire. — Re- 
gardez bien.  —  Sire,  je  ne  la  vois  pas.  — Eh  bien  I 
moi,  je  la  vois,  s'écria  Napoléon,  ségur,  Uist.  de 
A'ap.  II,  3.  La  lune  est  dans  le  ciel  elle  ciel  est  sans 
voiles;  Elle  éclaire  de  loin  la  route  des  étoiles.  Et 
leur  sillage  blanc  dans  l'océan  d'azur, lamart.  Ilarm, 
I,  10.  Il  Fig.  Personne  éminente  ou  chère.  Quand.... 
Je  demande  à  mon  cœur  tous  ceux  qui  ne  sont  plus. 
Et  que,  les  yeux  flottants  sur  de  chères  empreintes. 
Je  pleure  dans  mon  ciel  tant  d'étoiles  éteintes, 
lamart.  Ilarm.  iv,  lo.  ||  L'âtoile  du  matin,  l'étoile 
du  soir,  la  planète  Vénus.  Est-ce  vous  qui  faites  pa- 
raître en  son  temps  sur  les  enfants  des  hommes  l'é- 
toile du  matin,  ou  qui  faites  lever  ensuite  l'étoile  du 
soir?SACi,  Bible,  Job,  ch.  xxxvui,  v.  32.  Là  le  lac 
immobile  étend  ses  eaux  dormantes  Où  l'étoile  du  soir 
s'élève  dans  l'azur,  lamart.  Méd.  i,  1. 1|  L'étoile  du 
berger,  la  planète  Vénus.  ||  U  fait  clair  d'étoiles,  la 
nuit  est  claire  et  les  étoiles  brillent.  ||  2°  Étoile  fixe, 
ou,  simplement,  étoile,  astre  fixe  qui  brille  de  sa 
lumière  propre.  Ces  masses  prodigieuses  qu'on  appelle 
des  étoiles  ne  sont  qu'un  point  à  nos  yeux  et  ne  nous 
paraissent  presque  que  des  étincelles ,  Nicole  ,  Ess.  de 
mnr.  l"  traité,  ch.  8.  Les  étoiles  fixes  ne  sauraient 
être  éloignées  de  la  terre  moins  que  de  vingt-sept 
mille  six  cent  soixante  fois  la  distance  d'ici  au  so- 
leil, qui  est  de  trente-trois  millions  de  lieues,  fon- 
ten.  Ilond.  6'  soir.  Il  [Tycho-Brahé]  a  composé  avec 
tant  d'exactitude  un  nouveau  catalogue  des  étoiles 
fixes,  que  ce  seul  ouvrage  peut  mériter  à  son  au- 
teur le  nom  que  quelques-uns  lui  ont  donné  de  res- 
taurateur de  l'astronomie,  rollin,  Hist.  aiic.  liv. 
xxvii,  ch.  2.  Les  étoiles  fixes  sont  autant  de  points 
de  comparaison  dont  les  astronomes  ne  peuvent  se 
passer....  aussi  s'est-on  donné  des  soins  infinis  dans 
tous  les  siècles  pour  connaître  le  nombre  et  la  si- 
tuation des  étoiles  fixes,  mairan.  Éloges,  Ualley. 
Chaque  étoile  fixe  est  un  soleil  comme  le  nôtre  en- 
vironné de  planètes,  volt.  Jenni,  8 Lorsque  la 

nuit  sur  ses  immenses  voiles  De  leur  rayon  trem- 
l-'ont  fait  briller  les  étoiles,  ducis,  Àbufar,  i,  3. 
Ses  grands  yeux  noirs  brillaient  sous  la  noire  man- 
tille :  Telle  une  double  étoile  au  front  des  nuits 
scintille  Sous  les  plis  d'un  nuage  obscur,  v.  iiugo. 
Orient.  33.  ||  L'étoile  polaire,  étoile  située  à  la  queue 
de  la  Petite  Ourse,  et  très-voisine  du  pôle  boréal. 
Il  Étoiles  fondamentales ,  certaines  étoiles  dont 
l'observation  est  presque  toujours  facile  et  qui 
servent  aux  marins.  ||  Étoiles  groupées ,  amas 
nébuleux  ressemblant  à  de  petites  comètes,  à  la 
vue  simple.  ||  Étoiles  doubles,  groupe  de  deux  étoi- 
les qui  forment  un  système  et  dont  l'une  tourne  au- 
tour de  l'autre,  conformément  aux  lois  de  la  gravi- 
tation. ||  Étoiles  doubles,  multiples,  se  dit  aussi  de 
groupes  d'étoiles  placées  dans  des  directions  vi- 
suelles si  voisines  qu'elles  paraissent  ne  former 
qu'un  astre.  ||  Étoiles  changeantes,  étoiles  qui  pré- 
sentent des  variations  de  couleur.  ||  Familièrement. 
Loger,  coucher  à  la  belle  étoile,  coucher  dehors,  en 
plein  air.  La  nuit  m'ayant  surpris  dans  un  endroit 
où  il  n'y  avait  aucune  habitation,  il  fallut  nie  ré- 
soudre à  coucher  à  la  belle  étoile,  lesage,  Estev. 
Gonz.  ch.  4G.  Il  Faire  voir  à  quelqu'un  les  étoiles  en 
plein  midi ,  lui  donner  un  grand  coup  sur  les  yeux , 
sur  la  tête,  qui  lui  fait  voir  mille  bluettes,  et  aussi 
lui  en  imposer,  lui  en  faire  accroire.  ||  On  dit  d'un 
prédicateur  qu'il  voit  les  étoiles,  quand  il  bat  la  cam- 
pagne et  perdle  filde  son  sermon.  ||  Compter  les  étoi- 
les, perdre  son  temps,  pousser  la  curiosité  trop  loin. 
Il  Poétiquement.  Porter  le  front,  avoir  le  front 
dans  les  étoiles,  être  au  comble  de  la  gloire.  Quand 
la  faveur....  Vous  ferait  devant  le  trépas  Avoir  le 
front  dans  les  étoiles,  malh.  iv,  b.  ||  3"  Étoiles  tom- 
bantes, étoiles  filantes,  petits  corps  que  l'on  voit 
pendant  la  nuit  traverser  l'air  et  s'éteindre  presque 
aussitôt,  et  qui  proviennent  de  régions  célestes  pla- 
cées bien  au  delà  de  l'atmosphère  terrestre.  La  plu- 
part des  météores,  les  feux  follets,  les  exhalaisons, 
les  étoiles  tombantes,  lesphosiihores  naturels  et  ar- 
tificiels, les  bois  pourris  et  lumineux,  ont-ils  d'au- 
tres causes  que  l'électricité?  Diderot,  Interprét.  de 
la  nat.  n'  35.  Encore  une  étoile  qui  file,  Qui  file, 
file  et  disparaît,  bérang.  Étoiles  /il.  ||  i'  Fig.  Desti- 


ETO 


1523 


née,  fortune,  influence  prétendue  desastres.  Aussi, 
pourvu  que  je  vous  aie  favorable,  il  ne  m'importe 
que  les  étoiles  me  soient  contraires,  voit.  Lell.  29. 
Un  destin  tout-puissant,  une  invincible  étoile  Aux 
yeux  de  ma  raison  attache  un  sombre  voile,  maibeï, 
Panthée,  i,  7.  A  ma  mauvaise  étoile  imputons  mon 
ennui,  rotbou,  Vencesl.  m,  2.  Mais,  madame,  ac- 
cusez une  étoile  fatale,  id.  ib.  v,  2.  Il  semble  que 
nos  actions  aient  des  étoiles  heureuses  ou  malheu- 
reuses, à  qui  elles  doivent  une  grande  partie  de  la 
louange  et  du  blâme  qu'on  leur  donne,  larochef. 
Ilé/lex.  58.  Son  étoile  est  d'être  utile  à  M.  de  Lavar- 
din,  sÉv.  438.  Tout  le  monde  croit  que  l'étoile  [le 
crédit]  de  Quaiito  [Mme  de  Monlespan]  piUit,  in. 
310.  L'étoile  du  roi  résiste  à  Buyter,  id.  225.  C'est 
mon  étoile,  disent-ils,  c'est  mon  ascendant,  c'est 
l'astre  puissant  et  bénin  qui  a  éclairé  ma  nativité, 
qui  met  tous  mes  ennemis  à  mes  pieds,  boss.  Po- 
lit. VII,  VI,  5.  Ils  se  trouvent  ilignes  de  leur  étoile, 
LA  BRUY.  VIII.  Je  crois  qu'à  la  fin  je  serai  un  sot;  il 
semble  que  ce  soit  mon  étoile  et  que  je  ne  puisse 
m'en  dispenser,  montesq.  Lett.  pcrs.  54.  Ils  étaient 
très-orgueilleux  et  très-ignorants;  il  n'y  avait  d'é- 
toiles que  pour  eux;  le  reste  de,  l'univers  était 
de  la  canaille  dont  les  étoiles  ne  se  mêlaient  pas, 
VOLT.  Dict.  phil.  Astronom.  Berger  ,  tu  dis  que 
notre  étoile.  Règle  nos  jours  et  brille  aux  cieux, 
BÉRANG.  Étoiles  filantes.  Je  m'en  prends  à  mon 
étoile,  et  j'accuse  les  dieux  qui  ne  veulent  pas 
nous  voir  ensemble  si  près  d'eux  [au  sommet  des 
Pyrénées],  non  plus  que  Castor  et  Pollux,  P.  L.  cour. 
Lett.  I,  23.  Il  Être  né  sous  une  heureuse,  sous  une 
fâcheuse  étoile,  réussir,  échouer  en  ce  qu'on  fait. 
Il  Lire  dans  les  étoiles,  se  dit  des  faiseurs  d'ho- 
roscope. Il  5°  Petit  artifice  qui  imite  dans  les 
airs  l'éclat  d'une  étoile.  Chaque  fusée  en  éclatant 
lance  un  bouquet  d'étoiles.  ||  6°  Ornement  qui  a 
quelque  ressemblance  avec  une  étoile.  Un  manteau 
parsemé  d'étoiles.  La  coupe  transversale  d'une  raoine 
de  vigne  offre  une  étoile  à  neuf  ou  dix  rayons  par- 
faitement bien  dessinée  des  mains  de  la  nature, 
BONNET,  Usage  des  feuilles,  6'  mém.  ||  7°  Insigne 
de  décoration,  ainsi  dit  à  cause  de  ses  rayons.  ||  L'é- 
toile des  braves,  l'étoile  de  l'honneur,  la  croix  de 
la  Légion  d'honneur.  Us  (les  maréchaux]  préfèrent 
au  cordon  bleu  De  l'honneur  l'étoile  sacrée,  béhang. 
Deux  cousins.  L'étoile  de  l'honneur  brille  sur  sa 
poitrine,  Barthélémy.  ||  Ordj-e  de  l'Etoile  polaire, 
ordre  de  chevalerie  institué  en  Suède.  M.  de  Linné 
fut  le  premier  homme  de  lettres  décoré  de  l'ordre  de 
l'Etoile  polaire,  coNDORCET.iinn^.  ||  Ordre  del'Eloile, 
ordre  de  chevalerie  institué  à  Paris  en  135)  par  le  roi 
Jean.  ||  8°  Fêlure  en  forme  d'étoile  faite  à  une  bou- 
teille, à  une  vitre,  etc.  Il  est  prudent  de  vider  les  bou- 
teilles qui  ont  une  étoile.  ||  9°  Terme  d'imprjmeiie 
Sorte  d'astérisque  qui  sert  à  remplir  un  vide,  ou  à 
marquer  un  renvoi.  ||  Monsieurtrois  étoiles, s'emploie 
pour  désigner  quelqu'un  qu'on  ne  veut  pas  nommer  ; 
ce  qui  s'indique,  en  écrivant  ou  en  imprimant  :  Mon- 
sieur ou  M.***.  Des  initiales  d'abord;  on  attribue  à 
M.  le  comte  trois  étoiles...  ;  et  puis  demain  le  nom  en 
toutes  lettres,  scribe,  LePuff,  iv,  \.  Ces  madrigaux 
niais  et  doux.  Qui  peignent,  avec  ou  sans  voile,  Des 
bergères  toutes  à  tous,  À  qui  les  adresserions-nous 
Sans  madame  de  trois  étoiles?  pons  (de  Verdun), 
Contes  el  poésies,  p.  C4.  ||  10°  Terme  de  vétérinaire.' 
Étoile  en  lête,  ou ,  simplement,  étoile ,  marque  blanche 
et  particulière  des  robes  foncées,  existant  au  front  du 
cheval  et  du  bœuf.  Comme  on  faisait  beaucoup  de 
cas  des  chevai.x  qui  avaient,  sur  le  devant  du  front, 
une  espèce  d'épi  ou  rebroussement  du  poil  qu'on  ap- 
pelle étoile  ou  pelote,  ils  vinrent  à  bout  d'en  faire 
parai  Ire, /)ic(.dci  ails  c(  met.  Marchands  de  chevaux. 
il  Fausse  étoile,  marque  artificielle  que  les  maciui- 
gnons  font  aux  chevaux  qui  n'en  ont  pas  de  véri- 
table. Il  11°  Étoile  de  mer,  astérie.  Diverses  espèces 
de  vers  d'eau  douce,  les  vers  de  terre,  les  orties  et 
les  étoiles  de  mer,  coupés  par  morceaux,  se  repro- 
duisirent de  bouture  comme  le  polype,  bonnet, 
\"  mém.  Ueprod.  salamandre.  \\  12°  Poéiiquement. 
Étoile  se  dit  pour  fleur  en  étoile.  Tandis  que  l'ètoilu 
inodore  [le  bluet]  Que  l'été  inèle  aux  blonds  épis, 
Ëmaille  de  son  bleu  lapis  Les  sillons  que  la  moisson 
dore,  v.  hugo.  Orient.  31.  ||  13°  Point  central  où 
aboutissent  plusieurs  allées,  qui  forment  comme  au- 
tant de  rayons  d'étoiles.  Ce  fut  Chandenier  qui  fit 
percer  une  étoile  régulière  à  mon  père  qui  voulait 
bâtir,  ST-siM.  38,  (83.  (;'est  une  sorte  d'étoile  où 
concourent  quelques  allées  qui  ressai/cnt  entre  elles 
un  parterre  moins  étendu  qu'irrégulier,  diderot, 
Mém.  La  promenade  du  scepd'^ue.  H  14°  ferme  da 
fortification.  Étoile  ou  fort  à  étoile,  ouvrage  de  for- 
tification fait  à  angles  saillants  et  qui  a  six  pointes. 


1524  ÉTO 

Il  t|>  Point  Rr.i«.«i  «n  forme  d'étoile  q"' J»,™" 
.Mie  («union;  on  H.,  «uai  le»  yeux  du  bouillon. 
"rp.n«ii  y  «roù«r  un«  é.oile  .1.  gr».»»..  aÉomEg. 

Sn/  I    II  le- Terme  de  chirurRie    Etoile,  ou  ban- 

".  .  ;.  u  ou,  «mplemenl,  étoile,  bandage  im- 
comper*  à  une  étoile,  parce  que  les 

'  l-  forment  à  pou  pr*s  un  X  par  leur  en- 

iro  cn.i«ment.  M  17-  Terme  de  coilTeur.  Extrémité 

,)•„„,  in»<«  ilBcho»e»x.  ||  18-  Terme  de  marine.  He- 

'     '  r  tilane,  contenant  la  mèche  qui 

ilo  routo.  Il  19*  Pifcce  de  la  calra- 

,„  „  ^  ;  j  ou  d'une  pendule  iiépélllion. 

Il  ine  dPS  piicet  du  moulin  à  mouliner  les  soies. 

|;Oulil  pour  faire  une  étoile  sur  le  dos  des  livres. 

Illnutrumenl  pour  vérifier  le  calibre  des  canon-s. 

Il  l'ro-crbe.  On  ne  peut  aller  contre  son  étoile,  on 

ne  peut  résister  à  sa  propre  destinée. 

—  HIST.  XI*  s.  Clere  est  la  lune,  les  esteiles  (lam- 
bienl,  Ch.  de  Rnl.  ccLxviii.  ||xii'  s.  Là  sus  au  ciel 
miinte  estoile  flambie,  Rone.  p.  <*T.  Enpris  [}']  ai 
greipior  [plus  grande)  folie  Que  li  faus  enfes  (en- 
fant) qui  crie  Pour  la  bêle  estoile  avoir  Qu'il  voit 
■jaut  et  clair  seoir,  Couci,  m.  As  esteilles  s'en  vunt 
j  k  la  tcnebrur,  E  se  su  ni  comandé  à  Deu  nostre 
seiBniir,  Th.  le  mart.  4».  |)  xiif  s.  Li  œl  qui  en  son 
;Mef  ostoient  A  deus  esloiles  resembloient,  la  Uose, 

•990 Diint  aucunes  gens  cuident  que  ce  soit  li 

dragons,  ou  que  ce  soit  une  estele  qui  cliiet  [tombe], 
muN.  LAT.  Trét.  p.  130.  |lxVs.  Car  fortune  n'est 
pas  si  très-cruelle,  Qu'elle  voulsist  hors  de  ce  monde 
ester  Celle  qui  est  des  princesses  l'estoille,  chailes 
n'OBL.  Bail.  if.  ||xvi'  s.  Estoient  logez  à  l'enseijjne 
de  l'ealoile  [en  plein  air],  Jean  d'auton,  Annales 
de  Louis  XII.  dans  lacuhne.  Sa  clarté  [de  ton  livre] 
nous  suffit;  l'homme  n'a  plus  que  faire  D'esloiles 
au  m;ilin  quand  le  jour  est  levé,  rons.  Sonn.  à  des 
Vaurres.  X  midy  estoile  ne  luit,  chat-huanl  ne  sort 
de  son  nid,  leboux  de  lincy,  Ptov.  t.  i,  p.  97. 

—  ÉTYM.  Wallon,  jitcui;  norm.  Ùelle;  ildtelle, 
il  fait  clair  d'étoiles;  provenç.  eslela,  slela;  espagn. 
cstreHa;  ilal.  tlella;  du  latin  Stella. 

RTOILÉ,  ÉE  (é-toilé,  lée),  part,  passé  ||  1°  Semé 
d'étoiles.  Le  ciel  est  étoile.  ||  Le  séjour  étoile,  la 
vortte  étollée,  le  ciel.  L'opale  étincelarile  à  la  perle 
mêlée  Renvoie  un  jour  pompeux  vers  la  voûte  étoi- 
Ife.  COHN.  Tôt»,  (for,  ii,  3.  Plus  heureux  dans  la 
mort,  les  voûtes  étoilées  ^Henniront  un  jour  nos 
ombres  consolées,  nucis,  Otcar,  v,  *.  Tout  me 
sourit,  les  fleurs  bnllènt  plus  lielles.  Les  jours  plus 
purs,  les  cieux  plus  étoiles,  bérano.  Encore  des 
amours.  {fVar  extension.  Cloris  n'est  que  parée  et 
dons  se  croit  belle;  En  vêtements  légers  l'or  s'est 
changé  pour  elle;  Son  front  luit,  étoile  de  mille 
iliamanls,  oïLitruT,  Le  XVIII' siècle.  Sur  ce  divan 
■loilé  d'or  Qu'inventa  l'opulente  Asie,  De  ses  che- 
.eux  je  crois  encor  Respirer  la  pure  ambroisie, 
MiiLEv.  ÉUg.  I,  s.  I)  2"  Qui  re.ssomble  à  une  étoile. 
Il  Terme  de  liolanique.  Feuilles  étoilées,  petites 
Touilles  verticillées,  fort  étalées,  disposées  en  rayons, 
n.Tr  ex.danslesBoJium.  )|  Chardon  étoile,  lachausse- 
irape  (cenlourra  calcilrappa,  t.).  ||  Terme  d'histoire 
li.iturelle.  Poils  étoiles,  poils  groupés  et  rayonnant 
d'un  centre  commun.  |{  3- Terme  de  chirurgie.  Ban- 
dage étoile,  voy.  «toile.  ||  4"  Cliamlire  étoilée,  juri- 
diction exceptionnelle  établie  en  Angleterre  depuis 
Henri  VII  jusqu'à  la  fin  du  long  parlement.  ||  B»  Fôlé 
en  étoile.  Bouteille,  glace  étoilée.  ||  Terme  d'eaux  et 
forêts.  Bois  étoiles,  les  bois  où  il  se  trouve  une 
fente,  et  quelquefois  plusieurs,  qui  se  croisent  sous 
difTSrents  angles  et  qui  ouvrent  le  copur  des  arbres. 
Ii8*  S.  m.  L'éloilé,  sorte  de  merle  d'Afrique.])  ICs- 
(lice  de  héron  et  de  gobe-mouches.  )|  l'n  des  noms 
vulgaire»  d'une  espèce  de  squale,  appelé  aussi  len- 
lillat,  offrant,  sur  tout  le  corps,  des  taches  blanches 
qui  ont  la  figure  de  lentilles  ou  de  petites  étoiles. 

t  frrOILlÎK  (é-toiléo),  ».  f.  Belle  tulipe  violette 
et  blanche. 

+  ÉTOILEHENT  (é-toi-le-man),  i.  m.  Etat  d'une 
chose  fêlée  en  étoile  ;  fêlure  en  étoile.  Le  sol  de 
celle  partie  de  l'Amérique  a  éprouvé  de  profon  les 
dis  ocations  à  une  époque  postérieure  au  soulève- 
ment de  la  chaîne  principale  des  Andes;  le  résultat 
de  ce  souli'vement  a  été  une  suite  d'étoilements 
iitué»  sur  plusieurs  lignes  parallèles  à  l'axe  des 
Andes,  pissis,  Aead.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  uv, 
P.  tt»«.  Cette  manière  de  considérer  une  éruption 
^mme  n  pnxluisant  à  l'aide  d'une  fente  diamé- 
WM  pa*s«ni  par  le  centre  du  grand  cratère)  cou- 

ïinî.  \'"!î  '."„''""  ''°"»  *™^  f"'  ''e  l'étoilement 
•«ce««lf  de    Etna,  SA1MTK  clair.  rFv,u.c,  Acad. 
î  «•Compte»  rendus,  i.  uv,  p,  (o«. 

T..  mam  ,f,  paon  .uierbo  étoda  le  plumage,  r.EULLR, 


firo 

Imagin,  t.  |I  Eclairer  comme  fait  une  étoile.  X  peine 
quelque  lampe  au  fonil  des  corridors  Etoilait  l'ombre 
obscure,  v.  hugo,  Cr('p.  33.  ))  1-  Fêler  en  étoile. 
F.loilar  une  glace.  On  a  étoile  ces  bouteilles.  ||  3°  S'é- 
toiler,  V.  réfl.  Se  fêler  en  forme  d'étoile.  Prenez 
garde  que  vos  bouteilles  ne  s'étoilent. 

—  KEM.  L'Académie  n'a  étoiler  ni  au  sens  de 
garnir  d'étoiles,  ni  à  celui  de  fêler;  elle  n'a  que 
s'Hoiler,  se  fêler. 

—  HIST.  XIII"  s.  Li  ciex  fu  cler  et  estelez ,  Ben. 
1133.  11  vous  fust  avis  que  la  terre  Vosist  [voulût) 
emprendre  estrif  et  guerre  Au  ciel  d'estre  miex 
esielée;  Tant  iert  [elle  était]  par  ses  llors  relevée, 
la  Ilnse,  8407.  Il  xiv  s.  Cheval  hay  obscur,  esloilé  au 
front,  Ribl.  des  Chart.  3-  série,  t.  n,  p.  12».  ||  xv  s. 
À  la  première  porte  de  Saint-Denis....  y  avoit  un  ciel 
tout  estellé,  pnoiss.  m,  IV,  ).  )|xvi'  s.  Nuict  estoil- 

léc,   LA   BOÉTIE,   608. 

—  ÊTYM.  Étoile;  wallon,  «(euîrf,  étoiler;  pro- 
venç. estelat,  étoile;  espagn.  estrellado;  ital.  stellaio. 

ÉTOLE  (é-to-l'),  s.  f.  Ornement  sacerdotal  qui 
consiste  dans  une  bande  d'étoffe,  chargée  de  trois 
croix  et  qui  descend  du  cou  jusqu'aux  pieds.  On 
n'administre  point  les  sacrements  sans  l'étole. 
jj  Droits  d'i'tole,  revenus  qui,  au  moyen  âge, 
étaient  attribués  particulièrement  au  bas  clergé  et 
que  l'on  considérait  comme  des  dons  volontaires 
pour  ne  pas  violer  le  principe  de  la  gratuité  des 
fonctions  ecclésiastiques. 

—  HIST.  XII'  s.  E  li  rois  li  bailla  lot  son  règne,  e 
li  livera  [livra]  sa  corone  e  sa  estole  e  son  anel, 
Machab.  i,  6.  Se  pape  ou  arcevesque  sa  terre  entre- 
diseit  [interdisait],  Senz  criiiz  e  .senz  estole  li  reis 
les^ssoilleit  [absolvait]  ;  N'i  poeit  sainte  iglise  vers 
li  mustrer  nul  dreil,  Th.  le  mart.  68,  i  la  curt  en 
ala  quant  il  i  fu  mandez;  Par  desuz  le  surpliz  s'est 
de  l'estole  armez,  D'une  chape  à  canoine  par  desus 
afuhlez,  ib.  37.  ))  xiii'  s.  Et  puis  li  misl-on  l'eslole 
enlour  le  col  qui  senefie  obédience,  Clir.  de  Itains, 
p.  l04.Jeme  voiroie confesser.  Se  vos  eussiez  vosire 
estole;  Mes  vostre  feme  n'est  pas  foie  Qu'ele  en  a 
lié  son  veel  [veau],  Ben.  20776.  ||  xiv"  s.  Li  uns 
occisl  un  prestre  à  son  col  une  estole,  Li  autres  un 
moustier  par  sa  folour  désole,  Guescl.  17547. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  estola  ;  ital.  stnla; 
du  latin  Hola,  robe;  du  grec  TTo)ii,  habillement, 
de  uTiiXeiv,  disposer,  arranger.  Comparez  l'alle- 
mand stellen,  poser,  placer. 

ÉTONNAMMENT  (é-to-na-man),  adv.  D'une  ma- 
nière étonnante.  Elle  a  eu  une  crise  affreuse;  mais 
elle  est  bien,  étonnamment  bien  à  présent,  genlis, 
Ad.  et  Th.  t.  i,  lett.  46,  p.  384,  dans  pougens. 

—  ÊTYM.  Étonnant,  et  le  suffixe  ment. 
ÉTONNANT,    ANTE    (é-to-nan,    nan-t'),    adj. 

Il  1°  Oui  frappe  d'ébranlement  moral.  0  nuit  désas- 
treuse !  ô  nuit  effroyable!  où  ralentit  tout  à  coup 
comme  un  éclat  de  tonnerre  cette  étonnante  nouvelle  : 
Madame  se  meurt,  Madame  est  mortel  boss.  Duch. 
d'Orl.  Il  2°  Qui  étonne.  Et  du  consul  Brutus  l'astre 
prédominant  Dissipa  tout  d'un  coup  ce  bonheur  éton- 
nant, CORN.  Sertor.  ii,  *.  Quels  honneurs  1  quel 
pouvoir!  déjà  la  renommée  Par  d'étonnants  lécils 
m'on  avait  informée,  bac.  Iphig.  Il,  3.  Quel  chan- 
gement, grand  Dieu!  quel  étonnant  langage!  volt. 
Ali.  V,  7.  Il  [Voltaire]  vient  de  nous  donner  une 
tragédie  qui  est  encore  un  ouvrage  étonnant  pour 
son  Sge,  d'alemb.  Leit.  au  roi  de  Prusse,  23  mars 
(778.  Il  11  est,  il  n'est  pas  étonnant  que....  avec  le 
verbe  suivant  au  subjonctif,  on  doit,  on  ne  doit  pas 
être  surpris  que....  Il  est  étonnant  qu'une  pareille 
chance  soit  arrivée.  D'où  vient  que  vous  ne  pouvez 
rire  de  tant  de  sottises  des  hommes?  c'est  qu'ils 
sont  faits  pour  être  ridicules,  et  il  n'est  pas  éton- 
nant qu'ils  le  soient,  fonten.  Jugement  de  Pluton. 
Il  Familièrement.  C'est  un  homme  étonnant,  c'est 
un  homme  digrA  d'admiration,  ou  singulier,  de 
manières  extraordinaires.  C'est  un  homme  étonnant 
et  rare  en  son  espèce.  Il  rêve  fort  à  rien,  il  s'égare 
sans  cesse,  regnard.  Distrait,  u,  t.  J'admire  Vol- 
Liire  comme  un  des  hommes  les  plus  étonnants  qui 
aient  encore  paru ,  et  c'est  de  très  lionne  foi  que  je 
le  pulilie,  DIDEROT,  Règnes  de  Claude  et  tiérnn, 
II,  6.  Il  Un  homme  étonnant,  se  dit  aussi  ironique- 
ment d'un  homme  qui  fait  de  prodigieuses  sottises. 
Etonné,  ÉE  (é-to-né,  née),  pari,  passé.  ||  l-Qui 
éprouve  du  vertige  par  suite  d'un  coup  ou  de  quel- 
que maladie.  La  faiblesse  de  ma  tête  toujours  vide 
et  étonnée  m'empêcherait,  quand  je  l'oserais,  de 
suivre  plus  loin  ces  réflexions,  d'.vlemb.  Lett.  au 
roi  de  Pru.v.se,  g  mars  i77o.  ||  Terme  d'architecture. 
Se  dit  d'une  voùle,  d'une  construction  qui  a  été 
ébranlée,  lézardée  par  une  commotion  quelconque. 
Il  11  fe  dit  aussi  des  pierres,  en  ce  sens.  Un  certain 


ÉTO 

nomlire  de  ces  débris  de  silex,  fendillés,  étonnés, 
craquelés  comme  les  porcelaines  de  Chine  ou  du  Ja- 
pon, semblent  dénoter  l'emploi  du  feu  pour  e.ssayer 
d'attendrir  les  matières  siliceuses,  vibbaye,  Acad. 
des  se.  Comptes  rendus,  t.  lvi,  p.  680.  ||  2°  Qui  est 
comme  sous  le  coup  d'une  commotion,  stupéfait. 
Le  destin  se  déclare,  et  nous  venons  d'entendre  Ce 
qu'il  a  résolu  du  beau-père  et  du  gendre;  Quand  les 
dieux  étonnés  semblaient  se  partager,  Pharsale  a 
décidé  ce  qu'ils  n'osaient  juger,  corn.  Pomp.  i,  t. 
Je  sens  manquer  la  force  à  mes  sens  étonnés,  ID. 
Suite  du  Ment,  v,  3.  De  vos  sens  étonnés  quel  dés- 
ordre s'empare?  rac.  Alhal.  m,  6.  Ah!  lisons:  ma 
main  tremble,  et  mon  âme  étonnée  Prévoit  que  ce 
billet  contient  ma  destinée,  volt.  Zaire,  iv,  6. 
Il  3°  Saisi  par  quelque  chose  d'inattendu,  de  singu- 
lier. Avoir  l'air  étonné.  Ne  me  regarde  plus  d'un 
visage  étonné,  corn.  Cid,  m,  ^.  Je  fus  étonné  que, 
deux  jours  après,  il  me  montra  toute  l'affaire  exé- 
cutée.... mol.  Pref.  de  la  Crit.  de  l'Éc.  des  f.  Le  gé- 
néral accoutumé  à  une  victoire  prompte,  étonné 
de  la  voir  bal.mcer  si  longtemps,  mass.  Or.  fun. 
prince  de  Conty.  ||  Cet  homme  est  étonné  comme 
un  fondeur  de  cloches,  il  est  étonné  comme  s'il 
tombait  des  nues,  comme  si  les  cornes  lui  venaient 
à  la  tête,  il  est  étonné  au  dernier  point.  ||  Sulistan- 
tivement.  Jouer  l'étonné,  faire  comme  si  on  était 
étonné.  Elle  lui  apprit  ensuite  ce  qu'elle  savait 
mieux  qu'elle,  dont  elle  fit  bien  l'étonnée,  sciiBROH, 
Rom.  corn,  i,  ï2. 

ÉTONNEMENT  (é-to-ne-man) ,  t.  m.  \\  1*  Ébran- 
lement, commotion.  Depuis  sa  chute,  il  lui  est 
resté  un  élonnement  du  cerveau.  ||  Terme  de  vété- 
rinaire. Etonnemcnt  du  sabot,  ébranlement  occa- 
sionné, dans  le  pied  du  cheval,  par  un  choc  violent 
contre  un  corps  dur.  ||  Terme  de  joaillier.  Fêlure 
d'un  diamant  occasionnée  par  un  contre -coup. 
Il  2"  Fig.  Ebranlement  moral.  Aucun  étonnement 
n'a  leur  gloire  flétrie,  corn.  Hor.  m,  5.  Sans  regret, 
sans  murmure  et  sans  étonnement,  id.  Poly.  ni,  i. 
Ces  promesses  [de  la  reine  et  du  cardinal]  rassu- 
raient M.  le  prince  et  ses  amis;  elles  confirmaient 
le  monde  dans  l'opinion  qu'on  avait  conçue  de  l'i- 
tonnoment  du  cardinal,  LA  rochef.  Mém.  82.  L'elTroi 
de  nos  aïeux  et  leurs  étonnements  De  leur  postérité 
se  font  les  châtiments,  brébeuf.  Pharsale.  vu.  La 
colère  de  Dieu  le  tenait  dans  un  profond  étonne- 
ment, BOSS.  Ilist.  II,  8.  D'aucun  étonnement  il  ne 
paraît  touché,  bac.  Brit.  v,  5.  ||  3°  Sensation  mo- 
rale causée  par  quelque  chose  d'extraordinaire,  de 
singulier,  d'inattendu.  Je  comprends  l'étonnemcnt 
où  vous  avez  été,  sÉv.  il.  De  voir  cela....  me 
donna  un  extrême  étonnement,  m.  437.  Je  sens 
croître  ma  joie  et  mon  étonnement,  rac.  Iphig. 
II,  î.  De  quel  étonnement,  ô  ciel!  suis-je  frappée! 
ID.  Bajas.  m,  6.  Je  ne  sors  pas  d'admiration  et  d'é- 
tonnement  à  la  vue  de  certains  personnages  que  je 
ne  nomme  point,  la  bruy.  m.  Enfin  nous  aimions 
à  voir  en  lui  [Napoléon]  le  compagnon  de  nos  tra- 
vaux, le  chef  qui  nous  avait  conduits  i  la  renom- 
mée ;  l'étonnement ,  l'admiration  qu'il  inspirait, 
flattaient  notre  amour-propre;  car  tout  nous  était 
commun  avec  lui,  ségdr,  Ilist.  de  Napol.  m.  3.  ||  Au 
plur.  Dans  ces  étonnements  dont  mon  âme  est 
frappée  De  rencontrer  en  vous  le  vengeur  de  Pom- 
pée, CORN.  Pomp.  m,  2.  Je  m'étonnerais  qu'il  y 
eût  un  seul  homme  dans  Gênes  capable  des  senti- 
ments que  vous  venez  d'entendre,  si  mes  étonne- 
ments n'étaient  épuisés  par  la  considération  de  ce 
que  souffre  la  république,  retz,  Conjur.  de  Fiesque. 
Vous  avez  tous  les  étonnements  que  doit  donner  un 
malheur  comme  celui  de  M.  de  Lauzun,  sEv.  hob. 
Un  de  mes  étonnements  est  qu'elle  s'y  connaisse  si 
peu,  DANCOURT,  Folle  enchère,  se.  3.  ||  Au  grand 
étonnement  de  tout  le  monde,  tout  le  monde  éunt 
étonné.  ||  On  dit  aussi  quelquefois,  simplement,  à 
l'étonnement.  Le  païen,  à  l'étonnement  de  l'univers, 
l'abbé  HOUTEviLLE,  dans  DESFONTAINES.  ||  4°  Admi- 
ration. Être  ravi  d'étonnement.  Cette  action  fera 
l'étonnement  des  siècles  futurs. 

—  syn.  étonnement,  SURPRISE.  La  surprise  est 
ce  qui  saisit  à  l'improviste  ;  l'étonnement  est  ce  qui 
étourdit,  cause  un  ébranlement  moral.  Par  consé- 
quent, la  surprise  est  plus  faible  que  l'étonnement; 
on  peut  être  surpris  sans  être  étonné.  La  surprise 
est  aussi  autre  chose  que  l'étonnement;  être  sur- 
pris, c'est  voir  ce  à  quoi  on  ne  s'attendait  pas;  être 
étonné,  c'est  en  recevoir  un  certain  coup  qui  arrête 
et  ébranle. 

—  HIST.  XVI*  s.  Sirepilus  ou  estonnemonî  [genre 
de  bruit  d'oreilles],  fait  d'une  grande  commotion, 
esbranlement,  ou  escousse  du  cerveau,  par£,  xvi, 
40.  X  l'instant  sont  arrivez  quatre  cens  chevaulx  ar- 


< 


ÉTO 

inez  de  toutes  pièces  qui  ont  donné  jusqu'à  la  grande 
place  de  la  dicle  ville,  dont  les  dicts  habitans  ont 
prins  un  tel  estonnement  qu'ils  ne  se  sont  jamais 
mis  en  aucune  deffense,  henri  iv,  Lettres,  t.  rv, 
p.  696. 
—  ÉTYM.  Étonner. 

tTONNEU  (é-to-né),  V.  a.  \\  1°  Causer  un  ébran- 
lement. Le  coup  lui  a  étonné  la  tête.  1|  Terme  de 
vétérinaire.  Se  dit  du  sabot  d'un  cheval  qui  se 
heurie  violemment  à  quelque  obstacle.  Ce  cheval 
s'est  étonné  le  pied.  {|  Terme  de  mineur.  Etonner  la 
roche,  allumer  un  bûcher  auprès,  afin  d'en  rendre 
rnl)attage  plus  facile.  ||  Terme  de  métier.  Faire  fen- 
diller, en  le  chauffant,  le  sable  destiné  à  la  fabri- 
cation du  cristal.  ||  Étonner  un  diamant,  y  faire  une 
fêlure.  Il  II  se  dit  aussi  du  drap  qu'on  tire  trop.  Si 
on  étonne  la  pièce  entière  à  force  de  la  tirer,  et  si 
on  en  dissout  tout  l'assemblage  en  la  contraignant 
par  une  extension  violente  à  donner  24  aunes  au 
lieu  de  <«  ou  20,  Dict.  dps  arts  et  m.  Drapier. 
Il  2°  Fig.  Causer  un  ébranlement  moral.  Va  la  voir 
(le  ma  part,  et  tâche  à  l'étonner  ;  Dis-lui  qu'à  tout 
le  peuple  on  va  l'abandonner,  cobn.  Théod.  n,  7. 
Trop  de  vérité  nous  étonne,  pasc.  dans  cousin.  Ma 
laiblesse  n'a  point  étonné  mon  ambition,  :n.  ib.  On 
le  vit  éionner  de  ses  regards  étincelants  ceux  qui 
échappaient  à  ses  coups,  Boss.-iotn's  de  Bourbon. 
Au  conseil  comme  au  sceau,  la  multitude,  la  va- 
riété, la  difficulté  des  affaires  n'étonnaient  jamais 
ce  grand  magistrat,  id.  le  Tcllier.  Mon  Dieu,  pour- 
quoi vois-je  devant  moi  ce  visage  dont  vous  étonnez 
1rs  réprouvés?  m.  <"  serm.  pour  le  vendredi  saint, 
m.  Pour  moi  qu'en  santé  même  un  autre  monde 
étonne,  boil.  Sat.  i.  Ah!  qu'un  si  rude  coup  étonna 
mes  esprits I  m.  Poésies  div.  6.  Observons  Bajazet, 
étonnons  Atalide,  bac.  Bajai.  m,  8.  Le  .sangd'Al- 
cide  est  beau,  mais  n'a  rien  qui  m'étonne,  volt. 
lllrr.  I,  3.  L'aspect  du  souverain  n'étonna  point  ce 
traître,  m.  Umr.  v.  La  Grèce  avait  été  bien  étonnée 
par  le  premier  Philippe,  Alexandre  et  Antipater, 
mais  non  pas  subjuguée,  montesq.  Rom.  v.  ||  Abso- 
lument. Les  grandes  choses  étonnent  et  les  petites 
rebutent,  la  brut.  xii.  ||  3"  Causer,  en  qualité 
d'extraordinaire,  de  singulier,  d'inattendu,  une 
certaine  sensation.  Les  exploits  de  ce  héros  étonnent 
'univers.  Ils  [les  jjhilosophes]  étonnent  le  commun 
des  hommes  ;  ils  [les  chrétiens]  étonnent  les  philo- 
sophes, PASC.  dans  cousin.  L'éternité  des  choses  en 
elle.s-mAmes  ou  en  Dieu  doit  encore  étonner  notre 
petite  durée,  id.  ib La  nouvelle  en  ce  cas  M'é- 
tonne bien  un  peu,  mais  ne  me  change  pas,  pieon, 
Mélrom.  v,  U.  ||  Absolument.  Ces  œuvres  mar- 
quaient le  pouvoir  de  bien  faire  plutôt  que  la  volonté 
(J'élcnner  ;  c'étaient  des  vertus  plus  que  des  miracles, 
j.  J.  Bouss.  Lettres  de  la  montagne,  3.  ||  4°  S'éton- 
ner, V.  ré(l.  Se  dit  d'une  voûte,  lorsque  étant  sur- 
chargée, elle  paraît  s'affaiblir  par  le  poids.  ||  5°  Res- 
sentir un  ébranlement  moral,  hésiter,  s'effrayer. 
Encore  voyons-nous  des  gens  qui  attendent  pour 
s'étonner  que  la  mauvaise  fortune  soit  venue, balz. 
6'  dise,  sur  la  cour.  Ne  vous  étonnez  point  de  ce 
qui  e.st  arrivé;  mais  au  nom  de  Dieu,  que  cela  vous 
serve  pour  prévoir  et  prévenir  à  l'avenir  semblables 
inconvénients,  Richelieu,  Lett.àM.  deChdIillon,  4  4 
Juin  (638.  Quoique  le  mien  [courage]  s'étonne  h 
ces  rudes  alarmes,  corn.  Hor.  l,  t.  Quoi  !  déjà  votre 
foi  s'affaiblit  et  s'étonne!  bac.  Àthal.  l,  2.  Le 
monstre  [Jacques  Clément]  au  môme  instant  tire 
son  coutelas,  L'en  frappe,  et  dans  le  liane  l'enfonee 
avec  furie;  Le  sang  coule,  on  s'étonne,  on  s'a- 
vance, on  s'écrie,  volt.  Henr.  v.  ||  6°  Trouver 
étrange,  singulier.  Je  m'étonne  de  vos  manières. 
Je  m'étonne  comment  je  la  puis  souffrir  [une  ma- 
ladie], voit.  Lett.  6.  On  ne  devrait  s'étonner  que  de 
pouvoir  encore  s'étonner,  larociief.  Jllax.  3S4.Vous 
faut-il  étonner  de  ce  que  je  l'ignore?  corn.  Ilor.  m, 
S.  C'est  de  quoi  .s'étonuer,  id.  Iléracl.  v,  7.  .l'ai 
cédé  mon  amant,  tu  t'étonnes  du  reste,  bac.  Baj. 
m,  t.  Je  me  suis  étonné  de  son  peu  d'allégresse, 
[  m.  Phèd.  IV,  t.  Il  Ne  pas  s'étonner  si,  ne  pas  s'é- 
I  tonner  de  ce  que.  Je  ne  m'étonne  pas  s'il  n^a  pu 
!  venir.  Faut-il  s'étonner  s'il  n'a  pu  venir?  Je  ne  m'é- 
.  tonne  pas  si  je  romps  tes  attentes,  mol.  l'Ét.  m,  5. 
i  Ne  vous  étonnez  pas  si  je  m'informe  des  nouvelles 
I  de  toute  la  famille,  car  j'y  prends  beaucoup  d'inté- 
rêt, ID.  le  Fist.  de  P.  iv,  3.  m  vous  étonnez  pas  si 
■0  m'adresse  à  vous,  bac.  Alhal.  m,  ♦.  ï'aut-il  s'é- 
tonner s'ils  ne  sont  point  aimés,  puisqu'ils  n'aiment 
rien  que  leurs  gramleurs  et  leurs  plaisirs?  péN.  Tél. 
xiii.  Il  S'étonner  que,  avec  le  verbe  suivant  au  suh- 
jonctif.  Faut-il  s'étonner  qu'il  ne  soit  pas  aimé?  Je 
m'étonne  que  vous  n'ayez  pas  prévu  cet  accident. 
Il  fallait  qu'elle   [cette  feinte]  cessSt  bientôt   sans 


ETO 

doute,  et  je  m'étonne  seulement  qu'elle  ait  pu  du- 
rer la  moitié  d'un  jour,  mol.  Princ.  d'Él.  v,  î.  Je 
ne  m'étonne  pas  que  des  hommes  qui  s'appuient 
sur  un  atome  chancellent  dans  les  moindres  efforts 
qu'ils  font  pour  sonder  1?  vérité,  la  brut.  xv:.  Mais 
je  m'étonne  enfin  que  pour  reconnaissance,  Pour 
prix  de  tant  d'amour,  de  tant  de  confiance,  'Vous 
ayez  si  longtemps  par  des  détours  si  bas....  bac.  Baj. 
V,  4.  Ne  faut-il  pas  s'étonner  au  contraire  Qu'il  en 
en  ait  si  longtemps  différé  le  salaire?  id.  Esth.  iii,4. 
Il  II  peut  se  dire  aussi  avec  l'indicatif.  Il  s'est  étonné 
que  je  n'ai  rien  vu  de  tout  cela,  balz.  Lett.  à  Chape- 
lain, sjanv.  4640.  Il  S'étonner  de,' avec  le  verbe  à 
l'infinitif.  [Les  gens]  S'étonnaient  de  voir  que  Martin 
CbassSt  les  lions  au  moulin,  la  font.  Fabl.  v,  2i. 
Il  Proverbe.  Cet  homme  est  bon  cheval  de  trom- 
pette. Une  s'étonne  pas  du  bruit,  se  dit  d'un  homme 
qui  ne  se  trouble  pas  pour  peu  de  chose,  que  les 
cris,  les  reproches  n'émeuvent  pas. 

HIST.  XI*  s.  Granz  fu  li  cops,  li   duz  [le  duc] 

en  estonad  [en  fut  étonné] ,  Ch.  de  Bol.  ccl.  ||  xir  s. 
Par  nous  vous  mande  n'en  soiez  estoné,  Bone. 
p.  423.  [Elle]  Nel  conut  [son  fils],  ne  s'estone  mie 
Cum  faitement  il  est  en  vie,  Grégoire  le  Grand, 
p.  4  4  3.  Il  xiii*  s.  Dou  fau  [fou]  moine  qui  de  la  noise 
Est  abaubis  et  estonés....  a.  de  coissi.  Du  cierge. 
Tel  cop  lez  l'oreille  li  done,  Tote  la  teste  li  estone, 
Ren.  I  -1902.  Le  chief  [la  tête]  ai  vuit  et  estoné  Du  duel , 
et  de  l'ire,  et  del  pens  [pensée]  Dont  tôt  est  desvoiez 
mon  sens,  ib.  tBS98.  Sire  Renart  tel  li  redone.  Que 
toute  la  fosse  en  estone  [retentit],  Ren.  6)2.  Nepur- 
quant  li  reis  sus  se  levé.  Pur  la  grant  feste  d'icel 
jur  Se  feint  e  ouvre  sa  dolur;  Mais  la  feblesce  tut 
l'estune  ,  Edouard  ;«  con^.  v.  3640.  ||xiv's.  Nous 
avons  de  bon  vin  le  cervel  estonné.  Si  en  seront  plus 
fort  dedensl'estour  morte  [mortel],  Gnescl.  22169. 
Il  XV*  s.  Si  en  doibs  parcourir  la  terre,  faire  retentir 
les  cieulx,  estonner  bois,  roches  et  montaignes  par 
force  de  cris,  g.  chastel,  Chr.  du  duc  Philippe, 
Introduct.  Si  prirent  à  lancer  si  grosses  pierres 
d'engins  et  de  canons  contre  les  murs  que  tous  les 
estonnerent,  et  si  druement  que  l'un  coup  n'atten- 
doit  pas  l'autre,  m.  Boude,  i,  28.  Plus  estonné  que 
le  premier  coup  de  matines,  Perceforesl,  t.  m, 
f»  4  47.  Il  XVI*  s.  0  bien  heureux  qui  de  rien  ne  s'es- 
tonne,  Et  ne  pallist,  quand  le  ciel  iré  tonne,  du 
BELLAY,  II,  7) ,  recto.  L'yvrongnerie  renverse  l'en- 
tendement, et  estonné  le  corps,  mont,  ii,  12. Toutes- 
fois  il  fut  plus  surpris  qu'estonné  :  car  ayant  re- 
tranché et  rempli  les  passages....  d'aub.  Ilist.  i, 
190.  Ledit  navire  toucha  en  terre,  et  de  ce  heurt  la 
quille  et  gaborts  s'estonnerent,  de  sorte  que  les 
joints  des  planches  s'ouvrirent  tant  que....  M.  du 

BELLAY,    B97. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  estener,  estcner,  du  lat.  ex-tn- 
nare,  ébranler  comme  par  un  coupde  tonnerre,  d'a- 
près Diez  ;  étymologie  qui  est  confirméepar l'histori- 
que oïl  l'on  trouve  estoner  au  sens  de  retentir,  etqui 
rejette  la  dérivation  germanique:  angl.  to  stun, 
étourdir;  anglo-sax.  stunian.  Exionare  est  une  (orme 
romane  au  lieu  de  la  forme  latine  attoriare,  frapper 
de  la  foudre,  étonner.  Il  y  a  une  autre  forme,  estor- 
ner:  I-^stornezfu  [du  coup]  .Nemesli  com bâtant,  iionc. 
p.  4  39.  Diez  y  voit  encore  ex-tonare,  à  cause  qu'en 
italien  tonare  et  tronare  {in-trnnare,  étourdir)  sont 
identiques;  mais  il  est  probable  que  dans  estorner 
nous  avons  le  représentant  de  l'ancien  haut-alle- 
mand slorni'n,  étonner. 

t  fiTONNlIUE  (é-to-nu-r') ,  s.  f.  Glace  blanche  ou 
éclat  produit  sur  le  diamant  par  l'outil  du  lapidaire 
ou  du  mineur. 

—  HIST.  XV*  s.  Il  se  tira  ung  peu  arrière  du  tour- 
nois, tant  que  l'estonneure  de  .son  pied  fust  appaisèe, 
Perceforest,  t.  I,  f°  4  46,  dans  lacbrne. 

—  ÉTYM.  Etonner,  Dans  le  sens  des  lanidaires  et 
dans  le  sens  de  l'historique,  etonnure  est  toujours  un 
ébranlement. 

t  ÉTOQLTîREAtJX  (é-to-ke-rô),  s.  m.  pi.  Chevilles 
de  fer  qui  servent  à  arrêter  certaines  pièces  de  ser- 
rurerie. 

—  ETYM.  Diminutif  d'«s(oc,  bâton,  épée. 

t  ÉTOOnERESSE  (é-to-ke-rè-s') ,  s.  f.  Toute  pièce 
de  fer  qui  sert  à  en  arrêter,  à  en  contenir  d'autres. 
Il  S.  f.  plur.  Terme  de  marine.  Cordes  longues  de 
huit  à  neuf  pouces. 

—  f.TYM.  Même  radical  qu'étoquereaux. 
ÉTOCFKADE  (é-tou-fa-d') ,  ».  f.  Voy.  étouffée, 

plus  usité  que  estoufade ,  auquel  l'Académie  ren- 
voie. 

—  ÉTYM.  Étouffer. 

t  fiTOUFFAGE  (é-tou-fa-j') ,  s.  m.  Action  d'as- 
phyxier les  abeilles,  la  cochenille,  les  chrysalides 
des  vers  à  soie,  etc.   Ici  on  châtre  les  ruches,  et 


ETO 


1525 


ailleurs  on  a  recouis  à  l'étouffage  des  abeilles,  i.b- 
ooarant. 

—  ÉTYM.  Étouffer. 

ÉTOUFFANT.  ANTE  (é-tou-fan,  fan-t'),  ai).  Oui 
fait  qu'on  étouffe,  qu'on  respire  à  peine.  Un  air 
étouffant.  Dans  aucun  temps  on  n'a  éprouvé  à  la 
Guyane  ces  chaleurs  étouffantes  si  ordinaires  dans 
d'autres  contrées  de  l'Amérique,  batnal,  Hist.  phil, 
XIII,  9.  Le  vent  de  mer,  (|ui  est  si  étouffant  pendant 
l'été,  répandait  alors  une  douce  chaleur,  stael, 
Corinne,  xx,  i. 

ÉTOUFFfi,  EE  (6-tou-fé,  fée),  part,  pcusé.  ||  1*  Qui 
a  perdu  la  communication  avec  l'air  et  ne  peut  plus 
vivre.  Les  uns  sont  étouffés  sous  le  faix  de  la  terre 
Qui  tombe  par  l'effort  des  machines  de  guerre,  mai- 
bet,  Mort  d'Asdrub.  l,  3.  Quand  tu  me  dépeignais.... 
Les  monstres  étouffés  et  les  brigands  punis,  bac. 
Phèd.  i,  4.  Songe  aux  cris  des  vainqueurs,  songe 
aux  cris  des  mourants  Dans  la  flamme  étouffés, 
sous  le  fer  expirants,  id.  Andr.  m,  8.  ||  Dans  l'An- 
cien Testament,  viandes  étouffées,  laciiair  des  ani- 
maux tués,  sans  qu'on  ait  versé  leur  sang.  ||  Qui  a 
perdu  la  communication  avec  l'air  et  ne  peut  plus 
brûler.  Feu  étouffé.  ||  2°  Trop  serré.  Il  partit  donc 
auj  acclamations  de  tout  le  canton,  étouffé  d'em- 
brassements,  volt.  l'Ingénu.  7.  Jeté  sur  cette  boule, 
Laid,  chétif  et  souffrant.  Étouffé  dans  la  foule. 
Faute  d'être  assez  grand,  bérano.  Kocaf.  ||  Terme 
d'horticulture.  Arbre  étouffé,  arbre  entouré  d'arbres 
plus  élevés  qui  l'empêchent  de  profiter.  ||  Endroit 
étouffé,  endroit  où  il  y  a  peu  d'air.  Chambre  étouf- 
fée. 'Vous  allez  dans  une  petite  ville  étouffée,  où 
peut-être  il  y  aura  des  maladies  et  du  mauvais  air, 
sÉviGNÉ,  84.  Il  3°  Fig.  Oui  ne  peut  se  manifester. 
Et  des  crimes  si  noirs  étouffés  au  berceau  ,  cor- 
neille, Œdipe,  I,  6.  Sa  vertu  reconnue  et  l'en- 
vie étouffée,  BOTROU,  Bélisaire,  i,  2.  La  voix  de 
la  nature  était  étouffée,  boss.  IHst.  ii ,  4  3.  Dos 
desseins  étouffés  aussitôt  que  naissants,  bac.  Brit. 
IV,  2.  Il  croit  peut-être,  il  croit  que  ma  haine 
étouffée....  ID.  Alex,  iv,  4.  Quel  feu  mal  étouffé 
dans  mon  cœur  se  réveille!  id.  Phèd.  iv,  5.  Telle 
fut  la  fin  d'Alcibiade  ,  en  qui  de  grandes  vertus 
étaient  étouffées  par  des  vices  encore  plus  grands, 
BOLLiN,  Ilisl.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p.  440.  ||  Ré- 
primé. Révolte  étouffée  à  grand'peine.  Et  foulant  à 
vos  pieds  leurs  fureurs  étouffées,  volt.  Tancr.  v,  4. 
Il  Cris  étouffés,  les  cris  sourds  d'une  personne  dont 
la  respiration  est  gênée.  ||  Soupirs  étouffés,  voix 
étouffée,  soupirs,  voix  qu'on  s'efl'orce  de  retenir,  de 
ne  pas  laisser  entendre.  'Vos  soupirs  étouffés  sem- 
blent me  faire  injure,  volt.  Tanc,  i,  4.  Adieu,  pour 
toujours,  dis-je  d'une  voix  étouffée,  genlis,  Veillées 
du  chdt.  t.  l,  p.  23B.  Il  Rire  étouffé,  le  rire  qui 
échappe  à  une  personne  s'efforcant  de  le  retenir. 
Il  Bruit  étouffé,  se  dit  d'un  bruit  qu'on  empêche  de 
se  faire  entendre,  et  d'un  bruit  qu'on  empêche  d'être 
divulgué. 

t  ÉTOUFFÉE  (étou-fée),  s.  f.  Terme  de  cuisine. 
Préparation  de  viamles  cuites  dans  un  vase  bien 
fermé.  Perdrix  à  l'étouffée.  Des  haricots  à  l'étouf- 
fée. Il  l'ius  usité  que  étouffade  ou  estoufade. 

ÉTOUFFEMENT  (é-tou-fe-man),  s.  m.  ||  1*  Action 
d'étouffer.  L'étouffement  d'un  incendie,  {j  Fig.  l.'é- 
touffement  d'une  révolte.  ||  2°  Difficulté  à  respirer. 
J'ai  des  étouffements  et  des  faiblesses  qui  me  pren- 
nent de  jour  à  autre,  sans  que  l'on  puisse  trouver 
ici  de  thériaque,  voit.  Lett.  «. 

—  ÊTYM.  Etouffer. 

ÉTOUFFER  (é-tou-fé),».a.  ||  l'Ôter  la  respiration 
en  privant  de  communication  avec  l'air  ou  en  com- 
primant. J'ai  pensé  êtreétouffé  à  la  porte,  mol.  Criti- 
que,se.  B.  On  étouffe  aisément  qui  se  laisse  presser, 
ROTBOU,  Antig.  l,  6.  Les  rlames  de  la  cour,  indi- 
gnées de  ce  qu'il  leur  avait  préféré  une  personne 
d'une  si  basse  naissance,  étouffèrent  l'enfant,  mon- 
TESO.  £sp.  VI,  43.  Il  Étouffer  les  cocons  des  vers  à 
scie,  les  mettre  dans  une  étuve  ou  les  exposer  à  la 
vapeur  d'eau  botiillante  pour  tuer  la  chrysalide,  afin 
que  le  papillon  qui  en  proviendrait  sans  cela  ne 
jierce  pas  le  cocon  pour  en  sortir;  les  cocons  per- 
cés ne  peuvent  plus  être  filés,  parce  que,  pour 
les  filer,  on  les  met  dans  l'eau  où  ils  surnagent, 
tandis  que,  s'ils  étaient  percés,  ils  se  rempliraient 
d'eau  et  tomberaient  au  fond.  ||  Par  exagération. 
Serrer  fortement.  Les  pleurs  recommencèrent,  et 
on  pensa  étouffer  l'enfant  &  force  de  le  baiser,  scar- 
HON,  Rom.  com.  l,  43.  La  connaissance  la  plus  lé- 
gère met  un  homme  en  droit  d'en  étouffer  un  autre 
en  l'embrasssant,  montesq.  Lett.  i^ers.  S8.  ||  Fig. 
Etouffer  quelqu'un,  le  perdre,  le  faire  périr.  J'em- 
brasse mon  rival,  mais  c'est  pour  l'étouffer,  rac. 
Brit.  IV,  3.  Égisthe  est  l'ennemi  dont  il  faut  trioin 


1526  RTO 

Blxr:  Mit  ta  fon  bercoiu  je  touIuj  l'étouffer. 
Volt  *'rw  i,  «.  ||  Kimiliêremont.  Que  la  peste 
rttoulbl  far»  <l'eicl.m«lion  pour  exprimer  son 
iZD»flt.mw«  de  quelqu'un  I  »•  ôlcr  la  commu- 
"«..on  .reo  l'.lr  libre  el  par  là  empêcher  <lo  brû- 
ler filoulTer  un  incendie.  Eiouiïer  du  charbon,  de 
b  braiM.  Il  Ki(f.  Il  n'oûl  point  vu  Créûse,  et  cet  ob- 
1«»  nou»eau  N'eût  point  de  notre  hymen  éloulTô  le 
llimlHWU.  C01.N.  Kédée,  i,  ».  |1  Fig.  Étouffer  la  ré- 
Tolle.  Il  étouffait  le»  querelles  dans  leur  naissance, 
ntat.  Duc  de  Mont.  Employez  votre  autorité  à 
étouffer  CI'»  disputes  dès  leur  naissance,  fén.  Tél. 
«III.  Il  Étouffer  une  affaire,  unu  querelle,  empêcher 
quelle  n'éclate,  qu'elle  n'ait  des  suites.  Vous  êtes 
pris:  ne  vous  montrez  donc  pas;  C'est  le  moyen  d'é- 
louffor  cotte  affaire,  la  font.  Rémoii.  Croyez-moi, 
madame,  puisque  nous  y  consentons,  ce  que  vous 
avez  de  mieux  i  faire,  c'est  d'étouffer  cette  mal- 
heureuse aventure....  picard.  Noce  sans  mariage, 
IV,  t  J.  Il  S'  Priver  les  plantes  de  l'air  nécessaire  à 
leur  végétation.  Les  mauvaises  herbes  étouffent  le 
blé.  Il  Fig.  Le  prédicateur,  dans  Samuel  Clarke,  a 
étouffé  le  philosophe,  volt.  Ph.  ignor.  ta.  (]  Terme 
de  jardinage.  Etouffer  des  boutures,  les  placer  sous 
une  cloche  en  verre  pour  les  soustraire  à  l'action 
do  l'air,  et  favoriser  le  développement  des  racines. 
Il  *•  Étouffer  des  sons,  les  rendre  moins  éclatants, 
les  amortir.  ||  Ne  pas  laisser  entendre.  Fasse  le  juste 
ciel  propice  à  mes  désirs  Que  ces  longs  cris  de  joie 
étouffent  vos  soupirs!  cohn.  Porno,  v,  5.  Pour  étouf- 
fer les  cris  que  poussaient  ces  malheureuses  victimes 
[dans  les  sacrifices  humains),  on  faisait  retentir, 
pendant  celte  barbare  cérémonie,  le  bruit  des  tam- 
bours et  des  trompettes,  rollik,  llist.anc.  Œu- 
rrtt,  t.  I,  p.  t«n,  dans  pobgens.  {)  Étouffer  la  voix, 
on  empêcher  l'émission.  La  grande  joie  où  je  suis 
étouffe  toutes  mes  paroles,  mol.  l'Am.  méd.  m,  8. 
Tant  do  coups  imprévus  m'accablent  à  la  fois  Qu'ils 
m'ôteut  la  parole  et  m'étouffent  la  voix ,  hac.  Phèd. 
rv,  a.  Le  sang  qui  coule  étouffe  sa  voix,  FêN.  Tél. 
XX.  Il  Fig.  L'amour  étouffe  en  vous  la  voix  de  la  na- 
ture, conn.  Rodog.  iv,  s.  ||  Étouffer  se  dit  aussi  de 
celui  qui  retient  sa  voix,  ses  soupirs,  etc.  Je  veux 
bien  toulolois  étouffer  ce  murmure,  corn.  D.  Sanche, 
IV,  3.  Je  me  suis  tu,  j'ai  étouffé  mes  soupirs,  fén. 
Tél.  vil.  En  l.lchant  d'étouffer  ses  sanglots,  J.  J. 
Rouss.^m.v.ll  5*  Supprimer,  détruire.  Cette  gloire.... 
Doit  étouffer  en  nous  tous  autres  sentiments,  corn. 
Uor.  Il,  i.  Quand  pourrai-je  étouffer  dans  tes  em- 
brassements  L'erreur  dont  j'ai  formé  de  si  faux  senti- 
ments' ID.  ib.  IV,  2.  Et  la  peur  d'être  ingrate  étouffe 
votre  douil,  id.  Toi».  Sor,  i,  t.  Croyez-vous  que.... 
L'absence  ait  de  mes  feux  les  ardeurs  étouffées? 
Rornou,  Bélis.  il,  4.  Il  faut  donc  étouffer  tous  les 
sentiments  de  la  nature,  sév.  4<8.  Je  le  priais  de 
ne  point  étouffer  le  Saint-Esprit  dans  son  cœur,  lo. 
Î7,  On  fit  les  derniers  efforts  pour  étouffer  cette 
doctrine,  Boss.  Lett.  W9.  Etouffe  dans  son  sang 
ses  désirs  effrontés,  rac.  Phèd.  Vf,  2.  Quoi  I  j'étouffe 
en  mon  cœur  la  raison  qui  m'éclaire....  ID.  Andr.  v, 
♦.  Quand  il  s'agit  d'étouffer  dans  leur  naissance  ces 
faibles  désirs  de  pénitence,  mass.  Carême,  Res- 
ptct  hum.  Je  sens  naître  malgré  moi  des  scrupules. 
—  Il  faut  les  étouffer,  lesage,  Turcaref,  jv,  ». 
Etouffez  dans  son  cœur  un  orgueil  insensé,  volt. 
iDruIut,  II,  4.  De  Séide  et  du  reste  étouffez  la  mé- 
moire, ID.  Fonat.  V,  3.  On  étouffe  l'esprit  des  eo- 
faots  sous  un  amas  de  connaissances  inutiles;  mais 
de  toutes  les  sciences  la  plus  absurde,  à  mon  avis, 
et  celle  qui  est  la  plus  capable  d'étouffer  toute  es- 
pèce de  génie,  c'est  la  géométrie  [paroles  mises 
dans  la  bouche  d'un  précepteur  ignorant  ]  ,  m. 
Jeannot.  ||  8*  Terme  de  marine.  Étouffer  les  voiles, 
les  presser  contre  le  mât,  pour  les  dérober  à  l'ac- 
tion d'un  vent  trop  violenL  On  dit  aussi  étrangler. 
Il  7*  Terme  de  cartonnier.  Étouffer  la  colle,  la  faire 
tourner  en  eau  pour  l'avoir  trop  remuée.  ||  8°  Y.  n. 
Avoir  la  respiration  gênée  par  défaut  d'air.  Ouvrez 
la  fenêtre,  on  étouffo  ici.  Délacez  cette  femme,  elle 
étouffe.  Elle  étoufferait  plutôt  que  de  laisser  échap- 
per un  soupir  en  sa  présence,  j.  t.  rouss.  Ém.  v. 
Sur  ces  sables  muets,  cette  mer  sans  courroux  S'en- 
tr'ouvre,  nous  dévore,  et  se  ferme  sur  nous;  Ma 
sœur,  j'étouffe  encore,  Ducis,  Àbufar,  u,  î.||  Fa- 
milièrement. Étouffer  de  rire,  rire  jusqu'à  perdre 
I»  respiration.  Ahl  pour  étouffer  n'étouffons  que 
P»  rire,  ntBAito.  Courmand;.  ||  Étouffer  à  force  de 
manuer,  avoir  la  respiration  gênée  parce  que  l'es- 
n-îl'T'  '"P  f'^'"'  ^'  d'ailleurs  à  chaque  repas 
I  «  r'î"  ","  '""'■•«-'ous  pas?  B8RAN0.  GouTmands. 
r  Kiouller  de  rage,  être  si  en  colère  qu'on  eu  perd 
h  rev.rition  IIFig.  J'étouffais  dans  l'univers,  jau- 
ni» voulu  m  éUnctr  dan»  l'infini ,  j. ,.  «ouss.  »•(.». 


ÊTO 

àH.  de  Haletherbet.  \\  »•  S'étouffer,  t.  réfl.  Perdre 
la  respiration.  Cette  femme  s'étouffait  do  rire,  sév. 
70.  Il  s'est  étouffé  de  crier  après  les  chiens,  la  bruv. 
vii.  Il  S'étouffiT,  se  serrer  les  uns  les  autres  dans 
une  grande  foule.  On  s'est  étouffé  à  ce  bal.  Il  y  avait 
bien  des  places  de  vides,  tout  le  monde  ayant  cru 
qu'on  s'y  étoufferait,  mairtf.non,  Lett.  d  M.  d'Aubi- 
gnd,  6  oct.  «082.  ||  Se  faire  périr  l'un  à  l'autre.  Que, 
rappelant  leur  haine  ,  au  lieu  de  la  chasser,  Us 
s'étouffent,  Altale,  en  voulant  s'embrasser,  rac. 
Théb.  iii,«.  Il  Être  étouffé,  n'être  pas  entendu.  Leurs 
murmures  s'étouffèrent  parmi  lesacclamations  géné- 
rales. Et  ce  bruit  insensé  que  l'homme  croit  sublime 
Se  sera  pour  jamais  étouffé  dans  l'abtme,  L'abîme 
qui  n'a  plus  d'échos,  lamabt.  Ifarm.  i,  to.  ||  Avec 
suppression  dupronom  personnel.  Si  cette  méchante 
doctrine  était  renfermée  dans  les  livres  de  deux  ou 
trois  casuites  inconnus,  peut-être  qu'il  serait  utile 
do  la  laisser  étouffer  par  l'oubli  et  par  le  silence, 
PASC.  .■)■  et  4'  factum  pour  les  curés  de  Paris,  2'  part. 

—  SYN.  ÉTOUFFF.R,  SUFFOQUER.  Ëtymologiquement 
étouffer,  c'est  empêcher  l'air  d'arriver;  suffoquer, 
c'est  serrer  la  gorge;  de  là  la  différence  entre  ces 
deux  verbes.  On  étouffe  quand  l'air  manque  d'une 
façon  quelconque;  on  suffoque,  quand  la  gorge  est 
obstruée  d'une  façon  quelconque. 

— HlST.  xvi's.  Les  plantes  s'estouffent  de  trop 
d'humeur,  et  les  lampes  de  trop  d'huile,  mort,  i, 
(39.  Essayant  d'estouffer  dans  le  vin  cette  fascheuse 
pensée,  id.  ii,  37.  Ils  [les  chiensde  la  fable]  entre- 
prindrentde  boire  cette  eau,  d'asseicher  le  passage, 
et  s'y  estoufferent,  id.  iv,  236.  Logez  pesle  mesle 
plusieurs  ensemble  dessoubs  petites  tentes  et  ca- 
bannesestouffées,  amyot,  Perte.  66.  Il  fut  foulé  aux 
piedz  et  estouffé  à  la  porte  du  camp  par  la  multi- 
tude des  fuyans,  in.  Lucull.  3I.  Cest  air  estouffé  et 
le  poulcier  ensemble  leur  entroit  dedans  la  gorge, 
m.  Serlor.  24. 

—  ÊTYM.  Bourguign.  étoffai;  wallon,  sito(é,  stofé; 
dee*....  préfixe,  et  un  radical  touf,  qui  se  trouve 
dans  l'italien  tuffo,  immersion,  l'espagnol  tufo,  va- 
peur, le  provençal  moderne  toufe,  vapeur  étouf- 
fante, le  lorrain  toufe,  étouffant.  Ce  radical  est  rat- 
taché par  Diez  au  grec  tûço;,  vapeur  (voy.  typhus). 
Scheler  conteste  cette  étymologie ,  objectant  que  les 
autres  langues  romanes  qui  auraient  le  primitif  n'au- 
raient pas  le  dérivé  étouffer,  et  que  toufe  n'est  pas 
dans  le  français  (ce  qui  n'est  pas  complètement 
exact,  puisqu'il  est  dans  le  lorrain);  en  conséquence 
il  incline  à  regarder  étouffer  comme  identique  avec 
étouper,  par  l'intermédiaire  du  germanique;  anc. 
h.  allem.  ituphan;  allem.  ttopfen.  Ce  qui  semble 
parler  pour  Diez,  c'est  que  le  français,  le  bourgui- 
gnon et  le  wallon  gardent  Vf  pour  étoufer  et  le  p 
pour  élouper  (voy.  touffeur). 

t  ÉTOUFFEUU,  EU6E  (é-tou-feur,  fefl-z'),  s.  m. 
et/.  Celui,  celle  qui  étouffe,  au  sens  actif.  |{  Nom  vul- 
gaire des  grands  serpents,  du  boa  particiilièrement. 

—  ÉTYM.  Étouffer. 

ÉTOUFFOIR  (é-tou-foir),  î.  m.  ||  l'Espèce  de  clo- 
che de  métal,  dont  onse  sert  pour  éteindre  la  braise 
en  la  couvrant.  {[  Fig.  Pièce  chaude  et  sans  air.  Les 
salles  d'assises  sont  de  vrais  étouffoirs.  ||  2°  Petits 
tampons  do  drap  qui  retombent  sur  les  cordes  d'un 
piano,  et  en  étouffent  le  son  aussitôt  que  le  doigt 
cesse  de  presser  les  touches  correspondantes  du 
clavier.  Lever  les  étouffoirs,  presser  une  pédale  qui 
les  soulève  tous  et  les  empêche  de  retomber. 

—  f.TYM.  J^(oi(//'er;  wallon,  slofeû. 

t  ÉTOUPAGE  (é-tou-pa-j'),  i.  m.  Terme  de  cha- 
pellerie. Action  d'étouper;  ce  qui  sert  à  étouper. 

—  ÉTVM.  Étouper. 

ÉTODPE  (é-tou-p'),  s.j  :u-  La  partie  la  plus 
grossière  de  la  filasse.  Étojpe  de  chanvre,  de  lin. 
Boucher  avec  de  l'étoupe.  Et  l'étoupe  enflammée  et 
la  poix  odorante  D'une  lente  fumée  exhalent  la  va- 
peur, DELILLE,  Enéide,  v.  ||  Fig.  Mettre  le  feu  aux 
étoupes,  exciter  à  la  sédition,  aux  querelles,  aux 
procès,  à  faire  l'amour,  à  satisfaire  quelque  passion 
emportée.  Je  la  regardais  quelquefois  du  coin  de 
l'œil,  d'une  manière  qui  mettait  le  feu  aux  étoupes; 
car  le  jeu  commençait  à  me  plaire,  lesage,  Gil 
Dlas,  II,  2.  Cette  fausse  dévote,  vrai  suppôt  de  Sa- 
tan, mit  le  feu  aux  étoupes  en  parlant  sans  cesse  à 
la  dame  de  l'amour  et  de  la  persévérance  du  Gé- 
nois, ID.  Guim.  d'Alf.  I,  3.  Il  On  dit  dans  le  même 
sens,  le  feu  prend  aux  étoupes.  |{  2°  Ti^rme  de  ma- 
rine. Produit  de  la  décomposition  de  v  .-«u  cordages 
dont  on  détord  les  torons  et  filets.  Etoupe  noire, 
celle  qui  résultedes  cordages  goudronnés.  ||  S-ferme 
de  botanique.  Substance  filamenteuse  et  compacte 
que  l'on  trouve  au  collet  ou  dans  le  fruit  de  certai- 
nes plantes 


ÉTO 

—  HIST.  XV*  s.  Regardez  et  entendez  que  mon- 
seigneur m'escrit....  Si  m'aîst  Dieu  et  les  saints,  i' 
n'en  fera  rien;  il  aura  en  bref  temps  autres  estou 
pesen  sa  quenouille;  de  coque  fol  pense  assez  re. 
maint  [reste],  froiss.  m,  iv,  (7.  ||  xvi*  s.  Cela  n'e.s. 
toit  que  mettre  le  feu  auprès  des  estoupes,  despkb. 
Contes,  VI.  Ils  avoient  porté  force  estouppe  et  souf- 
fre, avec  grande  quantité  d'argent  en  la  maison  de 
Celhegus,  amyot,  Cicéron,  it. 

—  ÊTYM.  Wallon,  sitop,  stop;  provenç.  eslopa, 
stopa;  es[>ign.  estopa;  liai,  stoppa;  an  latin  stup- 
pa,  étoupe,  en  grec  (rtOnri,  la  partie  de  l'écorce  du 
chanvre  la  plus  voisine  du  tronc,  oTÙitoç,  tronc,  en 
latin  stipes  (voy.  éteule). 

ÉTOUPÉ,  ÉE  (é-tou-pé,  pée),  part,  passé.  Le» 
oreilles  bien  éloupées. 

t  ÉTOCPEMENT  (é-tou-pe-man),  s.  m.  Actioij 
d'étouper;   résultat  de  celte  action. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  sergent  doit  faire  dépendre 
l'huys  de  la  maison,  sans  que  personne  le  puisse 
remettre,  sans  autre  closture  ou  estoupement, 
Coustum.  génér.  t.  i,  p.  778. 

—  ÉTYM.  Étouper. 

ÉTOCPER  (é-tou-pé),  V.  a.  Il  1°  Boucher,  remplir 
avec  de  l'étoupe.  Étouper  un  bateau,  les  fentes  d'un 
tonneau.  Le  drôle  avait  étoupé  la  clochette,  la  font. 
CtocheMe.  Il  S'étouper  les  oreilles,  se  les  emplir  de 
coton.  Il  2°  Terme  de  doreur.  Appliquer  une  pièce  à 
l'endroit  où  une  feuille  d'or  manque  d'éloffe.  ||  Pres- 
ser les  feuilles  d'or  avec  un  tampon  pour  les  faire 
prendre  sur  la  colle.  ||  3"  Terme  de  chapelier.  Ren- 
forcer les  parties  faibles  d'une  capade  avec  les  ro- 
gnures dune  autre. 

—  HIST.  XII' S.  Mult  par  fu  [fut  très]  esbale  la  gent 
chaperunée,  Quant  il  virent  lur  veie  tûtes  parz  estu- 
pée.  Th.  lemart.  (46.  |{  xiu*  s.  Les  huis  et  les  fenes- 
très  très  bien  estouperons,  Berte,  lxxvii.  Son  nés  [il] 
estope  isnelement ,  benoît,  t.  m,  p.  621.  Boa 
fait  estoper  Male-Bouche,  Qu'il  ne  die  blasme  ou 
reprouche,  la  Uose,  7421.  Encore  pot  on  bien  fere 
demande  en  cort  laie  por  cause  de  damace,  si  comme 
contre  cix  qui  estoupent  cemins,  ou  aucun  autre 
aaisement  commun,  beaum.  xlui,  4i.  Por  estoper 
l'usure  as  mavès  créanciers,  Liv.  de  jmt.  i"0.  Et  il 
meismes  son  cors  [lui-même,  de  sa  personne]  por- 
toit  les  cors  pourris  et  touz  puans  poui  mettre  en 
terre  es  fosses,  que  jà  ne  se  estoupast,  et  les  autres 
se  estoupoient  [se  bouchaient  le  nez],  joinv.  278.  Dist 
li  provost  :  ce  sont  estoupes  Dont  vous  me  volez  es- 
touper  [ce  sont  bourdes  par  lesquelles  vous  me  vou- 
lez tromper],  du  cange,  slupare.  \\  xv"  s.  Une  povre 
couste  de  vieille  toile  enfumée  pour  estuper  le  feu, 
froiss.  II,  II,  167.  En  estoupant  la  langue  aux  mes- 
disans.  Qui  ont  langue  pour  mesdire  legiere,  CH. 
d'orl.  Songe  en  comptât  n  (e.  ||  xvi'  s.  La  main  de 
Dieu  n'est  point  accourcie,  qu'il  ne  nous  puisse 
sauver;  et  son  oreille  n'est  point  estouppée,  qu'il  ne 
nous  puisse  ouir,  calv.  Instit.  689.  Par  quoy  leurs 
veues  furent  tantost  estouppées  [par  la  poussière], 
AMYOT,  Serlor.  24.  Hz  disoient  que  ce  n'estoit  pas 
une  esquinance  qui  luy  avoit  eslouppé  ia  nuict  le 
conduit  de  la  voix,  id.  Démosth.  3e. 

—  ÊTYM.  Étoupe;  picard,  étouper,  boucher;  wal- 
lon, stopé,  étouper;  anc.  espagn.  eslopar;  ital. 
stoppare  ;  bas-lat.  stuppare,  dans  la  loi  des  Alle- 
maïuis. 

t  ÊTOUPERIE  (é-foupe-rie) ,  s.  f.  Terme  de  com- 
merce. Toile  d'étoupes.  ||  Terme  de  marine.  Lieu  où 
l'on  met  les  étoupes. 

t  ÊTOUPEUX,  ECSE  (é-tou-peù,  peû-z'),  adj. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est  garni  d'étoupe, 
de  poils  fins,  serrés  et  mous  (palpes  de  papillons). 

t  ÉTOCPIÈRE(é-tou-piê-r'),  s.  f.  Terme  de  com- 
merce. Toile  faite  d'étoupes.  ||  Terme  de  marine. 
Ouvrière  qui  charpit  les  vieux  cordages  pour  calfa- 
ter les  vaisseaux. 

ÉTODPILLE  (é-tou-pi-11',  U  mouillées,  et  non 
é-tou-pi-ye),  s.  f.  Terme  d'artillerie.  Sorte  de  mèche, 
non  d'étoupe,  comme  ce  mot  semble  l'indiquer, 
mais  de  colon  filé,  et  trempé  d'eau  simple,  ou  d'eau- 
de-vie,  ou  d'huile  de  spic,  et  roulé  dans  de  la  pou- 
dre, pour  la  communication  plus  ou  moins  prompte 
du  feu,  dans  les  ouvrages  des  artificiers.  ||  Petit  cy- 
lindre de  cuivre  rempli  de  pulvérin  et  contenant  à 
sa  partie  supérieure  un  peu  de  fulminate  de  mercure 
pour  y  mettre  le  feu  par  le  frottement  d'un  corps 
rugueux  renfermé  dans  le  cylindre,  legoarast. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'étoupe. 

t  ÉTGUPILLER  (é-tou-pi-Ué,  Il  mouillées),  v.  a. 
Terme  d'artificier.  Garnir  d'étoupilles  les  pièces 
pour  que  le  feu  s'y  communique. 

ÉTOCPILLON  (é-tou-pi-Uon,  Il  mouillées,  et  non 
é-toii-pi-jon) ,  s.  m.  Mèche  d'étoupe  suiffêe  qu'on 


ËTO 


ÉTO 


ETO 


1527 


aiet  dans  la  liimitre  du  canon  pour  garantir  la 
charge  contre  l'humidité. 

— liiST.  Jiv's.  I.c  suppliant  copparestoupiIlon[bou- 
chon  d'étoupe]  d'une  cane  ou  cruche  qu'il  portoit, 
en  laquelle  avoit  do  la  servoise,  du  cange,  estopa. 

—  ÉTYM.  hUoui'ille. 

■f  ETOUPIN  (é-tou-pin),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Peloton  d'étoupe  qui  sert  à  hourrer  le  canon.  ||  Cordes 
de  coton  filé,  qu'on  prépare  avec  des  drogues  inflam- 
mables, telles  que  du  salpêtre, de  lapoudre  à  tirer, etc. 

—  ETYM.  Éloupe. 

ÉTOCUDERIE  (é-tour-de-rie),  î.  (.  Caractère, 
acte  d'étourdi.  Son  étourderie  est  incroyable.  11  fait 
loujours  des  étourderies.  11  n'a  d'autre  défaut  qu'un 
'>eu  d'étourderie,  gbesset,  Méchant,  II,  \.  En  lais- 

irit  les  enfants  en  pleine  hberté  d'exercer  leur 
rtourderie,  il  convient  d'écarter  d'eux  tout  ce  qui 

ourrait  la  rendre  coûteuse,  J.  i.  rouss.  Ém.  u. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉTOUBDIH. 

4.  ÉTOURBI,  lE  (é-tour-di,- die),  part,  passé 
,1  élourdir.  ||  1°  Oui  a  éprouvé  un  étourdissement.  Il 
,1  été  un  peu  étourdi  du  coup.  Je  n'ai  pu  soutenir 
Il  douche,  j'en  suis  fâchée,  car  j'aime  à  suer;  mais 
j'en  suis  trop  étouffée  et  trop  étourdie,  SÉv.  Lett. 
22  se|)t.  1077.11  Familièrement.  Etre  un  peu  étourdi, 
avoir  bu  un  verre  de  vin  de  trop.  ||  Avoir  la  tête 
étourdie  de....  être  accablé  de  discours,  de  paroles, 
de  demandes,  etc.  De  combien  d'importuns  j'ai  la 
tête  étourdie!  rotrou,  St  Genest,  il,  3.  Sainte  n'é- 
tait.... Qui  de  ses  vœux  n'eût  la  tête  étourdie,  la 
FONT,  ilandr.  \\  2°  Il  se  dit  parfois  des  parties  du 
corps  où  il  ne  reste  plus  qu'un  léger  ressentiment 
de  douleur.  Sa  goutte  l'a  quitté,  mais  il  a  le  pied  en- 
core tout  étourdi,  la  main  étourdie,  Dict.  de  l'Acad. 
Il  3°  Fig.  Remets  donc  ton  esprit  de  sa  chute  étourdi, 
MAIRET,  Sophonisbe,  1,  i.  Et  s'il  donnait  loisir  à 
des  cœurs  si  hardis  De  relever  du  coup  dont  ils 
sont  étourdis,  corn.  Pomp.  u,  *.  Vous  serez  si 
étourdie  des  honneurs ,  que  vous  n'aurez  pas  le 
temps  de....  sÉv.  (6.  ||I1  est  encore  tout  étourdi  du 
bateau,  se  dit  d'un  homme  qui  n'est  pas  bien  remis 
de  quelque  événement  fâcheux. 

2.  ÉTOURDI,  lE  (é-tour-di,  die),  adj.\\  1°  Qui 
agit  sans  réflexion,  sans  prendre  garde  à  ce  qu'il 
îa>t.  Et  puis,  il  faut  écrire  avec  tantde  retenue,  qu'é- 
tourdi comme  jesuis,  je  ne  prends  jamais  la  plume, 
oue  je  ne  tremble  de  peur  d'en  tvoo  dire,  voit.  Leit. 
il.  Des  enfants  étourdis  viennent  les  hommes  vul- 
gaires ;  je  ne  connais  pas  d'observation  plus  géné- 
rale et  plus  certaine  que  celle-là,  J.  J.  ROuss.  Êm. 
II.  Il  Être  étourdi  comme  un  hanneton,  comme  le 
premier  coup  de  matines,  c'est-à-dire  être  fort  étourdi. 
Plus  étourdi  de  peur  que  n'est  un  hanneton,  Ré- 
gnier, Sal.  XI  (locution  tirée  de  ce  que,  quand  on 
touche  un  hanneton  volant,  il  tombe).  ||  Il  n'a  été  ni 
fou  ni  étourdi ,  se  dit  de  quelqu'un  qui  a  s'i  se  tirer 
d'affaire  dans  quelque  désordre,  dans  quelque  em- 
barras, qui  a  su  profitei  de  quelque  chose  d'im- 
prévu. Il  II  se  dit  aussi  des  choses.  Une  action 
étourdie.  Je  n'approuverais  pas  ce  début  étourdi.  Si 
vous  aviez  affaire  à  quelqu'un  d'estimable,  gresset, 
Méchant,  u,  7.  1]  2°  Substantivement.  L'étourdi 
ne  calcule  rien.  Voyez  cette  étourdie.  Il  entra  en 
étourdi  dans  la  chambre  où  on  lui  avait  dit  qu'était 
M.  de  la  Garouffiire,  scahron,  Rom.  com.  u,  <5. 
Il  3»  X  l'étourdie,  loc.  adv.  Étourdiment.  Les  bar- 
bares coururent  sur  lui  à  l'étourdie,  vaugel.  Q.  C. 
IX,  B.  Entre  les  pattes  d'un  lion  Un  rat  sortit  de 
terre  assez  à  l'étourdie,  la  font.  Fabl.  ii,  n. 

—  SYN.  ÉTOURDI,  ÉCERVEi.É.  Celui  qui  est  étourdi 
est  léger,  inattentif;  celui  qui  est  écervelé  n'a  pas 
(le  cervelle  et  est  sans  raison.  Écervelé  est  donc  un 
défaut  beaucoup  plus  grave  que  étourdi. 

HIST.  xiV  s.  Là  commença  bataille  d'estourdie 

façon;  Maint  chevalier  versèrent  adont  jus  de  l'ar- 
çon, Guescl.  U709.  ||xv' s.  Si  n'est  ne  chaud  ne 
liastif  pour  leur  courir  sus  à  l'estourdie,  aine  attend 
lieu  et  temps  convenable,  Boucic.  IV,  4.  Lors  vien- 
drez-vous  soubdainement  X  l'estourdy  frapper  sur 
eulx,  Rec.  de  farces,  p.  297.  ||xvi'  s.  Les  absurdes 
mouvements  escervelez  et  estourdis  de  quoy  l'amour 
a  agité  ces  hommes  graves,  mont,  m,  3.ï8.  Cette 
perte  leur  estoit  advenue  par  la  témérité  et  noncha- 
lance estourdie  <ie  leur  capitaine,  amyot,  Fabius, 
9.  Bien  vaillant  homme  de  sa  personne,  mais  au 
demourant  estourdy  et  léger,  id.  Pélop.  20. 

—  ÊTYM.  Étourdi  H  ;  bourguig.  ^uidi, 
É'I'OUKDIMENT  (é-tour-di-man),  Si>,..  Syvne  façon 

étourdie.  Cloton  ne  neut  vous  faic.,-  .fb'r''-",  grâce 
Que  de  filer  vos  jours  trés-lentemenl;  Kiis  Cloton 
va  toujours  étourdiment ,  la  font.  Épit.  à  Turenne. 
Car  comme  étourdiment  j'emprunte  et  je  m'endette, 
Etourdiment  j'oublie  aussi  ce  qu'on  me  prête,  du 


FRÉNT,  Mar.  fait  et  rompu,  ii,  3.  Un  jeune  officier 
d'état-major  russe,  à  peine  sorti  de  l'enfance,  vint, 
en  donnant  étourdiment  dans  nos  postes,  se  faire 
prendre  avec  ses  dépêches,  ségur,  Uist.  de  Napol. 
m,  3. 

—  HIST.  XVI*  s.  Une  populace  qui  faisoit,  tout  es- 
tourdiement  estonnée,  barrer  les  rues  avec  les  chais- 
nes,  DES  ACCORDS,  Bigarr.  Descript.  pathétiques. 

—  ÉTYM.  Étourdie,  et  le  suffixe  ment. 
ETOURDIR  (é-tour-dir),  v.  a.  \\  i°  Causer  dans  le 

cerveau  un  ébranlement  qui  en  trouble  et  en  sus- 
pend les  fonctions.  Une  balle  morte  le  frappa  à  la 
tête  et  l'étourdit.  ||  Étourdir  un  bœuf  avant  de  le 
tuer,  lui  ôter  le  sentiment  en  lui  donnant  entre  les 
cornes  un  violent  coup  de  masse.  ||  Fig.  La  pesanteur 
du  coup  souvent  nous  étourdit,  corn.  Hodog.  m, 
6.  Elle  accusa  sa  sœur  du  plus  énorme  crime.  Sut 
à  force  d'audace  étourdir  sa  victime,  ducis,  Lear, 
1,  4.  Il  2°  Use  dit  de  ce  qui  cause  une  sorte  d'ivresse. 
Le  tabac  étourdit  l'homme.  U  but  quelques  verres  de 
vin  qui  l'étourdirent.  ||  Absolument.  L'opium  étour- 
dit. Il  3°  Fatiguer  par  le  bruit.  Vous  nous  étourdissez 
par  votre  caquet.  Ces  enfants  nous  étourdissent.  Qui 
donc  est  le  coquin  qui  prend  tant  de  licence  Que  de 
chanter  et  m'étourdir  ainsi?  mol.  Amph.  i,  2.  Pen- 
dant que  les  violons  étourdissaient  les  autres,  ha- 
milt.  Gromm.  iv.  ||  Familièrement.  Importuner,  fa- 
tiguer par  du  bavardage.  Vous  nous  venez  encore 
étourdir  la  tête,  mol.  G.  Dand.  ii,  ».  U  semble  que 
vous  m'étourdissiez  par  vos  discours,  sév.  377.  ||  On 
dit  de  même  étourdir  les  oreilles.  Il  y  venait  tous 
les  jours  des  poètes,  qui  ne  manquaient  pas  de  nous 
étourdir  les  oreilles  de  leurs  disputes  et  de  leurs 
vers,  LESAGE,  Estev.Gonx.  37.  ||  Étourdir  quelqu'un 
de  quelque  chose,  le  lui  répéter  d'une  manière  fas- 
tidieuse. Vous  êtes  de  plaisantes  gens  avec  vos  règles 
dont  vous  nous  étourdissez  tous  les  jours,  mol. 
Critique,  7.  Les  âmes  végétatives,  sensitives,  dont 
on  nous  a  tant  étourdis,  volt.  Phtl.  V,  308.  ||  Par  ex- 
tension. Étourdir  les  bois,  les  faire  retentir  de  grands 
bruits.  En  ses  filets  quand  la  proie  est  surprise,  De 
son  triomphe  il  étourdit  les  bois,  millev.  la  Diffé- 
rence. Il  4°  Étourdir  une  douleur  physique,  faire 
qu'elle  soit  moins  sensible.  Ce  remède  ne  guérit 
pas,  il  ne  fait  qu'étourdir  la  douleur.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Élourdir  la  grosse  faim,  la  calmer 
en  mangeant  quelque  peu.  ||  Étourdir,  s'est  dit 
pour  étouffer  une  affaire,  empêcher  qu'elle  n'éclate. 
L'avis  du  lieutenant  fut  d'étourdir  la  procédure,  en 
obtenant  un  arrêt  qui  fit  défense  de  poursuivre 
l'instruction  du  procès,  guyot  de  pitaval,  Causes 
célèbres,  i,  227.  ||  Étourdir  une  douleur  morale, 
faire  que  l'esprit  en  soit  moins  occupé.  U  aime  mieux 


étourdir  le  sentiment  qu'il  a  de  ses  fautes  que  d'a- 
voir le  chagrin  de  les  connaîtfe,  boss.  Connaiss.  i, 
(  6.  U  délassait  des  longs  ouvrages,  Du  pauvre  étour- 
dissait les  maux,  BÉRANG.  Violon  brisé.  \\  Étourdir 
quelqu'un,  l'empêcher  par  toutes  sortes  de  distrac- 
tions, de  réfléchir.  Il  fautétourdir  Angélique  à  force 
de  jeux,  d'amusements  et  de  petites  fêtes,  et  tâcher, 
s'il  se  peut,  d'empêcher  qu'elle  continue  de  réflé- 
chir à  l'engagement  que  j'exige  d'elle,  dancourt, 
Colin-mailiard,  se.  4.  Jamais  les  cœurs  sensibles 
n'aimèrent  les  plaisirs  bruyants;  vain  et  stérile  bon- 
heur des  gens  qui  ne  sentent  rien  et  qui  ci^oient 
qu'étourdir  la  vie,  c'est  en  jouir,  j.  ;.  Houss.  Ém.  v. 
Il  6°  Causer  étonnement,  stupeur.  Cette  nouvelle  le» 

a  tous  étourdis Pour   un  temps  les   extrêmes 

douleurs  Étourdissent  l'esprit  et  restreignent  les 
pleurs,  MAIRET,  Soliman,  v,  2.  Un  tel  événement 
étourdit  ma  prudence,  regnard,  Démocr.  v,  B. 
Il  6°  Étourdir  la  viande,  la  cuire  à  demi.  ||  Étourdir 
l'eau,  la  chauffer  légèrement.  ||  7°  S'étourdir,  v. 
réfl.  S'occuper  follement.  Il  s'étourdit  de  chimères. 
Il  Distraire  son  esprit  de  ce  qui  l'occupe,  l'inquiète. 
Vous  devez  vous  étourdir  et  détourner  le  cours 
de  vos  pensées,  hoss.  Lett.  abb.  30.  Je  ne  puis  plus 
soutenir  ces  grandes  paroles  par  lesquelles  l'ar- 
rogance humaine  tâche  de  s'étourdir  elle-même 
pour  ne  pas  apercevoir  son  néant,  id.  Duch.  d'Orl. 
Je  tâchais  de  m'étourdir  par  l'ébranlement  de  mes 
passions,  fén.  Tél.  viii.  Pressé  d'échapper  au  senti- 
ment intérieur  qui  l'oppresse,  il  semble  vouloir  s'é- 
tourdir en  s'abandonnant  à  une  joie  expansive,  sé- 
gur, Uist.  de  Nap. vin,  fO.  ||  S'étourdir  sur  quelque 
chose,  y  penser  le  moins  possible,  s'en  distraire. 
Pour  nous  étourdir  sur  le  sentiment  intérieur,  mass. 
Myst.  Incarn.  Pour  s'étourdir  sur  les  vérités  les  plus 
terribles  du  salut,  ID.  Carême,  Samar.  Si  l'on  peut 
s'étourdir  sur  son  état  en  y  pensant  peu,  J.  ;.  rouss. 
Ilél.  IV,  ^3.  Il  Chercher  à  s'étourdir,  chercher  à 
étourdir  sa  douleur,  à  distraire  son  chagrin,  ses  in- 
quiétudes, etc.  Mécontent,  msJheureux,  cherchant 


à  m'étourdir,  genlis,  Veillées  du  chdt.  t.  m,  p  3b6, 
dans  P0UGENS. 

—  HIST.  xii*  S.  Tant  l'en  donnèrent  [du  vin],  tôt  ■ 
le  font  estordir ,  Bat.  d'Aleschans,  v.  4BB2,  ||  xm"  s. 
|Li  prestres  a  la  noise  oïe.  Et  si  avoit  les  sainz  [les  do- 
uches] oïz  ;  De  son  lit  saut  toz  estordiz,  iîen.  3-110.  [UJ 

Hausse  l'espée,  etpuisfiert  Honte,  Tel  cop  qu'à  poi 
qu'il  ne  l'afronte;  Honte  en  fu  trestoute  estourdie, 
la  Rose,  <5703.  jjxv's.  Espoir,  confort  des  malheu- 
reux,Tu  m'estourdistrop  les  oreilles  De  tes  promesses 
nompareiUes,  Dont  trompes  les  cueurs  doloreux, 
en.  d'orl.  Chans.  14.  Quant  elle  estoit  estourdie  de 
chanter,  veiller  et  jeusner,  elle  se  reposoit,  Lan- 
celot  du  tac,  t.  i,  f°  28.  Vrayement  la  teste  m'es- 
lonrdit  De  confesser;  c'est  trop  grant  peine,  Rec.  de 
farces,  p.  1B2.  ||xvi's.  Pensent  ils  qu'une  apoplexie 
n'estourdisse  aussi  bien  Socrates  qu'un  portefaix? 
MONT.  Il,  20.  U  eut  depesché  cela  en  moins  qu'une 
horloge  aurait  sonné  dix  heures;  car  il  ne  faisoit 
qu'estourdir  ses  morceaux,  desper.   Contes,    lxxv. 

—  ÊTYM.Norm.cffaudt  (Villedieu,  e(aut);  provenç. 
stordit,  étourdi,  dans  du  Cange,  au  mot  stordatus; 
anc.  espagn.  estordir;  ital.  stordire  ;  bas-lat.  ifordo- 
tus.  Le  latin  classique  fournit  stolidus;  mais  la 
forme  ne  convient  pas;  l'allemand  fournit  stûrgen, 
étonner,  confondre;  mais  la  forme  ne  convient  pas 
non  plus.  L'espagnol  et  le  portugais  ont  aturdir, 
étourdir,  qui  indique  un  radical  turd,  que  Covar- 
ruvias  rattache  i.turdus,  grive,  prise  ici  pour  un 
type  de  sottise,  comme  l'étourneau  l'est  lui-même; 
de  sorte  que  es-(ourdtV  serait  le  même  mot  avec  un 
autre  préfixe.  Diez  approuve  celte  étymologie,  qui 
paraît  en  effet  tout  à  fait  probable.  Le  bas-latin  stor- 
datus indique  une  conjugaison  estourder,  qui  n'a 
pas  laissé  d'autre  trace.  D'un  autre  côté,  on  a  mis 
en  avant  le  kymri  twrdd,  bruit,  tonnerre,  qui  serait 
acceptable,  si,  comme  le  remarque  Diez,  une  éty- 
mologie latine -ne  devait  pas,  en  qualité  de  plus 
prochaine,  avoir  la  préférence.  On  a  dit  aussi  eitoi-- 
mir  ^ouT élourdir  :  xiV  s.  Cui  [iljataintàjilain  cop, 
pourvoir,  le  fait  dormir;  Pierre  de  Mont-Raboy  [il]  a 
si  fait  estormir  Que  jus  chiet  [tombe]  du  cheval.... 
Girart  de  Ross.  v.  ("8l.  Ce  doit  être  une  confusion, 
si  la  leçon  est  bonne,  avec  estormir,  combattre. 

ÉTOURDISSANT,  ANTE  (é-tour-di-san,  san-t')  , 
adj.  Qui  étourdit  par  son  bruit.  Ces  cloches  son* 
étourdissantes.  Il  Fig.  Des  fêtes  étourdissantes.  Uni» 
toilette  étourdissante.  Un  luxe  étourdissant.  On  dit 
aussi  :  Elle  était  étourdissante  de  toilette,  de  bi  . 
joui,  etc. 

ÉTOURDISSEMENT  (étour-di-se-man),  s.  m. 
Il  1°  Ébranlement  causé  par  un  coup  violent  ou  par 
une  forte  commotion.  Son  étourdissement  dura  long- 
temps. Il  2°  État  de  trouble  cérébral  qu'on  éprouve 
soit  en  montant  sur  un  édifice  élevé,  soit  en  regar- 
dant dans  un  abîme,  soit  par  une  cause  interne.  Et 
comme  sans  mesure  il  veut  toujours  monter,  Son 
étourdissement  le  fait  précipiter,  tristan,  l'anthée, 
111,  6.  Vous  avez  des  étourdissements;  comment 
avez-vous  résolu  de  les  nommer,  puisque  vous  na 
voulez  plus  dire  des  vapeurs?  sÉv.  t.  ix,  Lett.  soi , 
p.  60,  dans  POUGENS.  ||  3°  Trouble  où  nous  jette  un 
malheur  subit,  une  mauvaise  nouvelle.  Le  premier 
étourdissement  passé,  on  parvint  à  calmer  sa  dou- 
leur. Il  4°  Action  de  s'étourdir  sur.  Qu'est-ce  donc, 
après  tout,  que  leur  malheureuse  incrédulité,  sinon 
une  erreur  sans  fin,  une  témérité  qui  hasarde  tout, 
un  étourdissement  volontaire  et,  en  un  mot,  un  or- 
gueil qui  ne  peut  souffrir  son  remède,  c'est-à-dire 
qui  ne  peut  souffrir  une  autorité  légitime?  BOSs. 
Ann.  de  Gon%.  \\  B"  État  qui  fait  tourner  la  tête  par 
orgueil,  vanité,  etc.  Il  est  bien  difficile  d'être  aussi 
fortuné  sans  un  peu  d'étourdissement,  marmontel, 
ilém.  XI.  Il  6°  Terme  de  médecine  vétérinaire.  Sorte 
de  maladie  qui  attaque  les  bestiaux. 

—  HIST.  xvi'  s.  Quand  il  fut  revenu  de  ce  grand 
estourdissement,  il  demanda  le  nom  de  son  vain- 
queur, Mém.  surDuguescl.  ch.  2.  Au  lieu  de  servir 
à  esteindre  le  feu,  [les  témoins  d'un  duel]  aident 
à  l'enflammer  davantage,  et  souvent  à  la  ruine  d'eux- 
mesmes,  pénitence  très  méritoire  à  un  tel  estour- 
dissement, langue,  240. 

—  ÉTYM.  Étourdir.  On  trouve  dans  l'ancienne  lan- 
gue estourdison,  et  au  xvf  siècle  estourdiment ,  à 
côté  iVestourdissement. 

t  ÊTOUUUISSEUR,  EUSE  (é-tour-di-seur,  seû-z'), 
J.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  étourdit. 
HIST.  XVI*  s.  Estourdisseur,  ouDiN,  Diet. 

—  ÉTYM.  Étmtrdir. 
ÉTOURNEAD  (é-tour-nfi),  t.  m.  jj  1*  Sansonnet, 

oiseau  de  l'ordre  des  passereaux  (rfurniu  vulgarù, 
t.).  Les  étourneaux  volent  par  bandes.  Comme 
après  les  raisins  courent  les  étourneaux,  Régnier, 


1.V28 


ÉTR 


Mat  yi   El  e«nl  «eui  «ta  «nte  ét.ienl  comme  rien 

rSÎTl  *.»0W«-  <^'>»^"'-  ■"'•"*•  •'*«•  """""* 
uTaT^  liK»i>»i<J*r4  fl-élourni^au  *unt  pru.  comme, 
U  liooHe.  poor  un  type  de  lènèrci*).  C'est  un  éu.ur- 
iiMu  ...  Va  m»rmouiBl ,  un  maudit  étournenu  . 
uoL.'sgan.  ».  U  pl'^ce  éuit  Tondue  aui  hiflliU 
iBuerrii  »•  lou»  le»  itourneaux  de»  café»  do  l'an», 
rTnon,  Méiram.  r,  1. 1|  Vou»  été.  un  bel  étourneau 
pour  jiMr,  >e  dit  ironiquement  &  un  jeune  homme 
i|ui  TBUl  »9  mêler  dan.  une  conver»alion  où  il  n'a 
que  faire.  ||  8*  Terme  de  maiiéKO.  Cheval  d'un  poil 
gri*  Jaunâtre.  ||  Adj.  Cheval  étourneau. 

—  HIST.  xur  I.  Kn  ung  leu  arolt  rouigniau..  En 
l'autre  gais  et  eitorniau»,  la  Hoti,  660.  Merle»  et 
calondre»  et  gai»  Et  estorroiau»  et  roasigiios,  FI.  et 
m.  lOKO.  Il  XIV*  ».  Estourneaux  toient  plumé»  à  sec, 
elTondré»,  pui»  couppez  le»  col»  et  les  pié»,  Uéna- 
i/itr,  u,  6.  Il  XV'».  As-tu  liien  teste  d'estournelT 
Ventre  lieu  1  ne  me  crois-tu  raieT  Mir.  de  SI  Genev. 

—  ETYM.  Berry,  élourgneau;  provenç.  eiWmeiA, 
eilonuu;  ilal.  itometln;  du  latin  »«urfK/iu»,  diminu- 
tif de  ««iimitf,  étourneau.  Dans  l'anc.  français,  U  es- 
lourniaui.  au  nom.  «ingulier  ;  le  alornel ,  au  réttime. 

t  ÉTOCTKAD  (é-iou-lû),  ».  m.  Cheville,  qui  est 
attachée  perpendiculairement  »ur  le  plat  d'une  roue 
d'horlogerie,  nommée  par  cette  raison  roue  d'étou- 
teau,  el  qui  sert  à  régler  la  sonnerie  des  heure»,  des 
demie»  et  de»  quart». 

t  ÉTBAMPAGE  (é-lran-pa-j"),  ».  m.  ou  ÉTRAM- 
PCRR  (étran-pu-r"),  ».  f.  Terme  rurjl.  Action  d'en- 
foncer tanlAt  plu»  et  tantôt  moins  le  soc  de  la  char- 
rue dans  la  terre;  aérie  de  trous  dont  l'âge  de  la 
charnio  est  percé  à  cet  elTut. 

ftTRA.NC.K  (étran-j'),  adj.  \\l'  Élranger.  Mcssire 
Jean  est-ce  quelqu'un  d'élrangoT  I.A  font.  Jument. 
Peu  de  nos  chant»,  peu  de  no.  vers,  Par  un  eiicen.s 
flatteur,  amuaent  l'univer»  Et  »e  font  écouter  des 
nations  étrange»,  id.  fabt.  xii,  23.  ||  Vieilli  en  ce 
sen».  ||1*  Oui  est  hors  des  coudillon»,  des  appa- 
rences eommuue».  Une  résolution  si  étrange  donna 
de  la  frayeur  il  tout  le  monde,  vacoki..  Q.  C.  liv.  m, 
liane  *i<:helkt.  L'autre  répondit  là-dessus,  avec  une 
vantorie  étrange,  que  curies  il  y  avait  quelques 
dame»  qui  l'afTiiCtionnaient,  .'"roncion,  vi,  2ï7.  Ju 
fai»  d'étranges  efforts  pour  m'en  eiupêcher,  voit. 
un.  K.  D'un  étrange  malheur  son  destin  la  me- 
nace, CORN.  Cinna,  v,  t.  Si  prés  de  voir  mon  feu 
récompensé,  ô  Dieu!  l'étrange  peine!  lo.  Cid,  i,  t. 
Pirmi  tant  de  malheurs  mon  bonheur  est  étrange, 
ID.  Hfnui.  T,  ».  Et  par  messieurs  les  paons  plumé 
d'étrange  »orte  [le  geai],  la  fort.  Fabl.  iv,  s.  Ahl 
vraiment  je  faisais  une  étrange  sottise,  mol.  l'Étour. 

I,  •.  C'est  une  étrange  entreprise  que  celle  de  faire 
rire  le»  honnêtes  gens,  id.  Critique,  vu.  Ahl  l'é- 
trange cho»e  que  la  vie  !  id.  <'i<mour  méd.  i,  t.  Je 
sais  qu'un  tel  discours  de  moi  parait  étrange;  Mais, 
madamo,  apr6s  tout,  je  ne  suis  pa»  un  ange,  id. 
Tart.  III,  a.  Peut-on  m'attribuer  ces  sottises  étran- 
ges T  BOIL.  l!plt.  VI.  t'n  bruit  a.s8ez  étrange  est  venu 
jusqu'k  moi,  Rxc.  Iphig.  iv,  t.  U  [ce  refus]  pour- 
rait me  jeter  en  d'étranges  soupçons,  ID.  Ath.  ii, 
t.  Sirange  ambition  qui  n'aspire  qu'au  crime,  id. 
7Vb.  IV,  ».  Dieux  puisaanlal  quelle  étrange  pilleur 
De  son  teint  tout  à  coup  efface  U  couleur ,  ID.  Esth. 

II,  7.  Ctrange  empreasement  de  voir  des  misérables, 
VOLT.  Tancr.  m,  1. 1|  Il  est  étrange  qu'il  ne  soit  pas 
encore  venu.  Il  n'est  pas  étrange  de  penser  beau- 
coup et  peu  juste,  vauvkn.  Ftionditi.  ||  Trouver  fort 
étrange,  trouver  surprenant  et  blimalile.  U  trouva 
fort  étrange  qu'on  ne  l'eAt  pa»  invité.  Tous  ceux 
qui  lui  disent  qu'il  ne  devrait  pas  y  aller  [ &  l'ar- 
iDée]  trouveraient  fort  étrange  qu'il  n'y  all&t  pas, 
stv,  ^^h,  Il  S*  U  ie  dit  ausai  des  personnes.  Vuire 
flls  n'est  pas  si  étrange  que  voua  le  dites,  et  il  se 
met  à  la  raison,  mol.  V Avare,  iv,  4.  Voici  un  étrange 
théologien  (|ui  veut  toujours  qu'un'  homme  que 
Dieu  fait  roi  ait  encore  besoin  du  peuple  pour 
avoir  ce  litre.  Boas.  For.  a*  avtrt.^  3».  D'un  cœur 
qui  a'offre  à  vous  quel  farouche  entretient  Quel 
étrange  captif  pour  un  si  beau  lient  rac.  PMd.  ii, 
*.  ta  comtesse:  Ne  perdez  point  cela  de  vue,  étrange 
homme  que  vou»  êtes  ,  harivaox  ,  U  Ugt ,  se.  lo. 

—  HIST.  XI'  s.  Grani  sont  les  oz  [armées]  de  celle 
lent  estrange,  Ch.  dt  RM.  Lxxiiv.  De  plusurs  re- 
ine» viendront  li  home  estrange,  ib.  ccv.  Aide  res- 

rnl  :  CM  mot  m'est  mult  eatrange,  ib.  cclix. 
*"'*•*'•'■  m'eatout  [il  me  faut]  mourir  en  terre 
•.IratcM,  Couei,  xiii.  Li  saini  huem  fu  .li»  ans  en 
«irMig«  contré»,  Mal  aveit  dura  vie  e  sufferte  e 

m  e«  Uop  Mtrao|«  «t  Sera,  «ostachi  li  fuhtri. 


ÉTR 

dan»  Couei,  p.  ««0.  Ne  vallet  ne  meschine,  estrange 
ne  privés  [étranger  ou  de  la  maison],  Berle,  cxxxii. 
Kt  moût  doit  on  amer  mius  [mieux]  son  droit  si- 
gnour  que  un  estraigne,  Chr.  de  Haim,  p.  <&». 
^:ar  me  [ma]  mère  est  estrange  de  l'irelage  qui  me 
vient  de  par  le  père,  beaum.  xiv,  23.  ||  xV  s.  (Les 
murs  du  châtel)  estoient  haut»  malement  et  de 
pierre  dure,  et  ouvré»  jadis  de  mains  de  Sarrasins, 
ipii  faisoient  le»  soudure»  »l  forte»  et  les  ouvrages  si 
estrange»  que  ce  n'est  point  de  comparaison  à  ceux 
de  maintenant,  fhoiss.  i,  i,  239.  Car,  sans  faillir, 
ce  seroit  trop  estrange  Que  bien  servir  peust  ung 
cueur  en  maint»  lieux,  CH.  d'orl.  i.  Si  commanda 
à  son  varlet  qu'il  print  son  escu  et  le  portast  à  un 
peintre ,  et  feist  faire  une  congnoissance  (armai- 
riusj  estrange,  car  il  ne  vouloit  nullement  estre  re- 
congoeu,  Perceforest,  t.  vi,  ^  33.  Bailler  sans 
nul  engin,  comme  héritier.  Les  diz  lieus,  sans  faire 
l'estrange  (sans  faire  de  difficulté],  eust.  descii. 
Poésies  mss.  f  Ii76,  dans  lacubne.  ||  xvr  s.  Pour- 
tant, mon  Dieu,  parmi  les  gens  eslranges  Te  beni- 
ray  en  chantant  tes  louanges,  jiahot,  iv,  268,  Tous 
ceux  qui  sont  estranges  de  la  religion  d'un  seul 
Dieu,  CALV.  /;i»'(i(.  C06.  S'il  y  a  quel'|ue  corps  es- 
trange entré  dans  le  nez,  paré,  Introd.  2.  Nous 
entendons  dire  des  cho.ses  eslranges  de  nous;  car  on 
dit  que  nous  avons  esté  entendrez  miraculeusement, 
et  nourri»  et  allaictez  plus  eslrangement,  amyot, 
nom.  ».  Elles  s'assirent,  sans  trop  se  faire  semondre, 
auprès  de  luy,  et  furent  bien  aises  quand  Cyrus  com- 
mencea  à  se  jouer  à  elles  et  à  les  taster,  en  leur  di- 
sant à  chacune  quelque  mot  de  joyeusetéen  passant; 
et  ne  firent  point  des  estranges  ,  id.  Artax.  3«. 

—  ÉTVM.  Bourguig.  itreinge;  bressan,  eilranïe; 
Berry,  étrange,  étranger;  provenç.  eslranli,  es- 
train,  strani;  espagn.  ejlrano;  porlug.  estranho; 
ital.  esiraneo,  estrano,  esiranio,  sirano,  stranioi 
du  latin  erlraneus,  de  exira,  hors,  dehors. 

Etrange,  ÉE  (é-tran-jé,  jée),  part,  passe  d'é- 
tranger. Eloigné  d'un  pays,  d'un  canton.  Gibier 
étrange  par  le  déboisement. 

ÈTRANGKMENT   (  é-lran-je-man),   adv.   D'une 

manière  étrange Un  rival....  étrangement  nous 

presse,  mol.  l'Étour.  i,  i.  La  raison  est  étrange- 
ment ébranlée  en  la  pré.<ence  de  l'objet,  pasc. 
Amour.  De  ce  qui  s'est  passé  la  moindre  connais- 
sance Peut  faire  étrangement  parler  la  médisance, 
Otiw.  Uèr»  coquette,  iv,  7.  Avouez,  Catilina,  que 
vous  vous  ennuyez  ici  étrangement,  vauven.  Dial. 

—  HlST.  xu*  S.  Eslrangement  est  grande  sa  fier- 
iez. Bat.  d'Aleschans,  v.  <849.  Si'n  ocist  à  destre  e 
à  senestre  eslrangement,  de  ci  que  le  braz  li  fud 
endormi/,  des  granz  colps  que  il  oui  dunez.  Rois, 
p.  2 1 2.  Il  xiir  s.  Et  don(  veissiez  ces  chevaliers  esbahis 
et  courechiés  eslrangement  et  desconseillés,  H.  de 
VALENC.  XXXVI.  Il  XV  S.  Dame,  jesuy  voslre  serf  lige- 
ment;  D'amour  me  plaing,  mais  de  vous  bien  me  loue; 
Ne  m'escripvez  plus  si  eslrangement,  eust.  nKscii. 
Poésies  mss.  f  (71 ,  dans  lacuhne.  ||  xvi'  s.  Eslran- 
gement et  cruellement  jaloux,  amyot,  Thémist.  48. 

—  ETYM.  Étrange,  el  le  suffixe  ment;  provenç. 
esiranhamen,  estragnamen;  calai,  estranyament; 
espagn.  exlrnnaiiienfe;  ilal.  siranamente. 

».  ÉTRANGER,  ftRE  (é-tran-jé,  jè-r"),  adj. 
Il  1"  Oui  est  d'une  autre  nation,  qui  appartient,  qui 
a  rapport  aux  autres  pays.  Les  coutumes,  les  mœurs 
étrangères.  Les  langues  étrangères.  Rome  par  une 
loi  que  rien  ne  peut  changer  N'admet  avec  son  sang 
aucun  sang  élranger,  rac.  Bérén.  Il,  2.  La  Grèce 
me  reproche  une  mère  étrangère,  id.  Phèd.  u,  2. 
Etrangers  dans  la  Perse,  à  nos  lois  opposés.  Du 
reste  des  humains  ils  [les  Juifs]  semblent  divisés, 
ID.  Esth.  II,  t.  Des  hommes  étrangers  qui  venaient 
de  si  loin,  pén.  Tél.  u.  Il  (Newton]  a  laissé  envi- 
ron 32000  livres  sterling....  M.  Leibnitz,  son  con- 
current, mourut  riche  aussi....  ces  deux  exem- 
ples rares  et  tous  deux  étrangers  semblent  mériter 
qu'on  ne  les  oublie  pas,  fonten.  A'etrton.  L'hiver 
était  si  près  rie  nous,  qu'il  n'avait  fallu  qu'un  coup 
de  vent  de  quelques  minutes  pour  l'amener  ftpre, 
mordant,  dominateur;  on  sentit  aussitôt  qu'en  ce 
pays  il  était  indigène,  et  nous  étrangers,  sêgur, 
llist.  de  Napol.  ii,  7.  ||  Affaires  étransères,  rela- 
tions d'un  Etat  avec  les  gouvernements  étrangers. 
Ministre  des  affaires  étrangères,  le  ministre  chargé 
de  diriger  les  affaires  étrangères.  Il  On  dit  de  même 
le  ministère,  le  département  des  affaires  étrangères. 
Il  Etre  étranger  dans  son  pays,  ne  pas  en  connaître 
les  usages.  Etes-vous  à  ce  point  parmi  nous  étran- 
g'ireTBAC.  Athal.  il,  ♦.  ||  Par  extension.  Etre  étran- 
ger dans  sa  famille,  ne  aavoir  pas  les  affaires  de  !^ 
maison.  ||  N'être  étranger  nulle  part,  avoir  ce  qu'il 
faut  pour  ne  be  trouver  embarrassé  nulle  part,  pour 


ÉTR 

être  bien  vu,  bien  accueilli  partout.  ||  Terme  de  pein- 
ture. Lumière  étrangère,  lumière  différente  de  la 
princijiale,  el  ména,?ée  artistetnent  pour  le  bon  effet 
du  tableau.  ||  2*  Oui  n'appartient  pa»  à.  On  écarte 
tout  cet  attirail  qui  l'est  étran^jer,  pour  pénétrer 
jusqu'à  loi  qui  n'es  qu'un  fat,  la  hbut.  ii.  Oue  d'i- 
mitateurs votre  rang  n'a-t-il  pas  donnés  à  vos  dés- 
ordre.%1  ....que  de  crimes  étrangers  sur  lesquels  on 
ne  s'avise  pas  même  d'entrerenstrupulel  mass.  Car. 
Confess.  ||  Avecquoi  on  n'a  pas  de  rapport.  Ah  !  si  sou» 
votre  empire  on  ne  m'épargne  pas.  Si  mes  accusa- 
teur» observent  tous  mes  pas,  Que  ferais-je  au  milieu 
d'une  cour  étrangère?  rac.  Brit.  iv,  2.  [Cette  courl 
Ouel  séjour  étranger  et  pour  vous  et  pour  moi  !  idI 
ib.  v,  *.  Il  Oui  ne  concerne  pas.  Ces  lois  sévères 
Sont  faites  pour  vous  seuls  et  me  sont  étrangère», 
VOLT.  Scythes,  /,  <.  ||  3°  En  parlant  des  personnes, 
qui  n'est  pas  parent.  Et  les  fils  de  ce  roi ,  Ouoique 
nés  de  mon  sang,  sont  étrangers  pour  moi,  bac. 
Athal.  11,  7.  Il  fuf  assassiné  par  des  mains  étran- 
gères, VOLT.  Œdipe,  IV,  (.  Il  4'  Oui  ne  se  mélo 
point  d'une  chose,  qui  n'y  a  point  de  part,  qui  n'y 
prend  point  de  part.  U  n'est  pas  élranger  à  cette 
émeule.  Je  ne  suis  pas  assez  étranger  aux  affaires 
publiques  pour  ignorer....  raynal,  Bist.  phil.  xviii, 
43.  Si  la  reine  étrangère  à  la  publique  ivresse,  le- 
MERC.  Agamemn.  m,  a.  ||  Absolument.  Voyant  avec 
des  yeux  étrangers  ce  qui  se  passe  ici-bas,  mass. 
Av.  Disp.  Il  Etre  élranger  à  une  science,  à  un  art, 
n'en  avoir  aucune  notion.  ||  Etre  étranger  à  une 
compagnie,  n'en  pas  faire  partie.  ||  Etre  étranger  à 
toute  humanité,  n'avoir  aucun  sentiment  d'huma- 
nité. Il  5"  Oui  n'a  point  de  liaison,  d'intimité  avec. 
Nous  somme»  devenus  absolument  étranger»  l'un 
à  l'autre,  GENLis,.^d.  et  TMod.  t.  m,  lelt.  7,  p.  38, 
dans  pouGENs.  ||  6'  Oui  n'a  aucun  rapport,  aucune 
conformité  avec  l'objet  dont  on  parle.  Une  disserta- 
tion étrangère  au  sujet.  Des  citations  étrangères  à  la 
cause.  Il  Oui  n'est  pas  naturel  ou  propre  à  une 
personne  ou  à  une  chose.  Se  montrer  sou»  des  de- 
hors étrangers.  Cette  voie  est  basse ,  indigne  el  étran- 
gère, pasc.  Pens.  i,  a.  Tout  est  élranger  dans  l'hu- 
meur, les  mœurs  el  les  manières  de  la  plupart  de» 
hommes,  la  bruy.  xi.  Dans  quelques  république» 
anciennes ,  où  le  peuple  en  corps  avait  le  débat 
des  affaires,  il  était  naturel  que  la  puissance  exécu- 
trice les  propos.1t  el  les  débattit  avec  lui;  sans  quoi, 
il  y  aurait  eu  dans  les  résolutions  une  confusion 
étrangère,  montesq.  Espr.  xi,  6.  ||  7'  En  parlant  de» 
choses,  ignoré  de.  Cette  science  lui  est  tout  à  fait 
étrangère.  Avez-vous  quelque  notion  de  physique  et 
d'histoire  naturelle?  Rien  de  tout  cela  ne  m'est  étran- 
ger, GENLis,  Veillées  du  ctidt,  t.  l,  p.  t>ii,  dans 
POUGENS.  Il  Ignoré,  en  parlant  des  sentiments.  La 
bienveillance  lui  est  étrangère.  La  haine  lui  est 
étrangère.  Tout  autre  sentiment  nous  doit  être 
étranger,  volt.  Tancr.  iv,  1. 1|  Absolument.  Parler 
à  un  homme  intéressé  de  faire  des  largesses  aux 
pauvres,  c'est  lui  tenir  un  lanj-'age  étranger,  bourd. 
Pensées,  1. 1,  p.  34t.  ||  8»  Oui  est  inconnu.  Les  traits 
de  cet  homme  ne  me  sont  pas  étrangers.  Ma  voii 
ne  l'est  pas  étrangère,  bac.  Esth.  Prol.  ||9°  Terme 
de  chimie.  Oui  n'est  pas  de  même  nature  que  le 
corps  auquel  il  est  uni,  allié.  Des  métaux  purifiés 
de  tout  corps  étranger.  ||  Terme  de  chirurgie.  Corps 
étranger,  toute  chose  qui  se  trouve  engagée  contre 
nature  dans  les  parties  vivantes.  Une  balle,  une 
esquille  sont  des  corps  étrangers  qui  compliquent 
souvent  les  plaies.  ||  10°  S.  m.  Un  peuple  étranger. 
L'étranger  est  en  fuite  et  ie  Juif  est  soumis,  rac. 
Athal.  v,  8.  L'étranger  envahit  la  France  Et  je  mau- 
dis tous  ses  succès,  bérang.  Madcrn.  chans.  \\  11°  Les 
pays  étrangers.  Vivre  à  l'étranger.  Les  ouvrages 
français  qui  s'impriment  à  l'étranger.  ||  Passer  a 
l'élianger,  s'expatrier.  ||  Ce  que  nous  disons  l'é- 
Iranger,  se  disait,  au  xvui'  siècle,  le  pays  étran- 
ger. S'il  était  possible  qu'elle  ri'Encyclopédie]  s'im- 
primât dans  le  pays  étranger,  en  continuant, 
comme  de  raiiîon,  à  se  faire  à  Paris....  d'alemb. 
Lelt.  à  Volt.  28  janv.  (767.  ]|  lï°  Caractère  d'étran- 
ger. Ouoiqu'aveo  beaucoup  d'étranger  dans  ses  ex- 
pressions el  dans  son  accent,  il  [Law]  s'exprimait 
en  fort  bons  termes,  st-sim.  44(,  (47.1(13'  Ce  qui 
est  étranger,  non  naturel.  Par  l'addition  de  l'étran- 
ger et  du  superflu,  vous  effacez  souvent  le  propre 
et  l'essentiel,  balz.  Socr.  chrél.  Disc.  7.  ||  14'  S.  m. 
el  f.  Etranger,  étrangère,  une  personne  qui  n'est 
pas  du  pays  oil  elle  se  trouve.  Songez  qu'un  même 
jour  leur  ravira  leur  mère  Et  rendra  l'espérance  au 
fils  de  l'étrangère,  rac.  Phèd.  i,  i.  Huit  ans  déjà 
passés,  une  impie  étrangère....  id,  Athal.  l,  (.  La 
règle,  c'est  qu'étant  obiigé» de  vivre  comme  étran- 
gers sur  la  terre  et  de    n'aimer  ni   le  monde,  ni 


ETR 


ETR 


ÊTR 


1529 


,es  choses  qui  sont  dans  la  monde,  nous  devons 
craindre  tout  ce  qui  nous  rendra  notre  exil  trop  ai- 
mable, MASS.  Car.  Co"/'ess.  Il  Celui,  celle  qui  n'est 
pas  d'une  famille.  Il  a  légué  presque  tout  son  bien  à 
des  étrangers.  Il  ne  faut  pas  que  les  étrangers  voient 
,es  papiers  ni  saclient  les  secrets  de  notre  famille, 
r.e  moineau  du  voisin  viendra  manger  le  nôtre  I 
Non,  de  par  tous  les  chats!  entrant  lors  au  combat, 
Il  croque  l'étranger....  la  font.  Fabl.  xii,  2. 

—  lllST.  XV"  s.  Tuit  estrangier  l'ament  et  ame- 
ront  [Paris];  Car  pour  déduit,  et  pour  estre  jolis, 
Jamais  cité  tele  ne  trouveront;  Rien  ne  se  piiet 
comparer  à  Paris,  E.  desch.  Sur  les  beautés  de  Pa- 
ris. Il  XVI'  s.  Ces  exemples  estrangiers  ne  sont  pas 
eslranges  si  nous  considérons....  mont,  i,  )08.  Par 
ce  moyen  ne  pouvoient  les  Lacedemoniens  acliepter 
marchandises  estrangeres,  amyot,  l.yc.  <4.  Banni  de 
son  pays,  estranger  en  province  estrange,  id.  Sert. 
t.  Mais  comment  voudriez-vous  la  France  abandon- 
ner, Quand  tous  les  eslrangers  y  veulent  séjourner? 
UONS.  Élég.  <3. 

— ■  SYN.  ÉTRANGE, 'ÉTHANGER.  Ces  deux  mots  ont 
lé  primitivement  synonymes.  Aujourd'hui  ils  sont 
ilislincts,  et  signifient,  l'un  ce  qui  est  hors  des  con- 
ditions naturelles,  l'autre  ce  qui  est  hors  de  la  na- 
tion, du  pays.  Dans  le  figuré,  les  significations  se 
rapprochent  beaucoup;  cependant  elles  ne  se  con- 
fondent pas  complètement;  voy.  ci-dessus  le  n"  fi. 

—  ÊtYM.  Nivernais,  étranzé;  bourguig.  étraingé ; 
provenç.  estrangier,  estranher;  catal.  estranger; 
esp.ign.  fittrangero;  porlug.  estrangeiro;  ital.  stra- 
niere;   du  latin   fictif   extranearius,   d'extraneus, 

(voy.   ÉTRANOE). 

2.  ÉTRANGER  (é-tran-jé.  Le  g  prend  un  e  de- 
vant a  ou  o;nous  étrangeons,  j'étrangeais),  v.  a. 
Il  1°  Faire  éloigner  d'un  lieu,  désaccoutumer  d'y  ve- 
nir, en  parlant  d'animaux.  Etranger  le  gibier,  les 
loups  d'un  pays.  ||  2°Fig.  et  fiiniililrement.  Ecarter, 
éloigner,  en  parlant  des  personnes.  Ils  se  séparè- 
rent. Monsieur  outré,  mais  n'osant  éclater,  et  le 
roi  très-piqué,  mais  ne  voulant  pas  étranger  Mon- 
sieur, sT-siM.  91,  204.  Courtebonne,  au  lieu  de 
se  laisser  étranger  et  sa  femme,  sut  plaire  et  en 
tiier  les  meilleurs  partis,  m.  <45,  H3.  ||  3°  S'étran- 
ger,  V.  n'A.  S'éloigner,  s'écarter.  Le  gibier  s'est 
étrange  de  cette  plaine.  ||  Sauf  l'usage  technique 
pour  la  chasse,  ce  verbe  vieillit,  et  c'est  dommage. 

—  HIST.  xni'  s.  Pens  i  [penses-y]  de  bon  cuer 
orendroit  Conment  nos  pui.ssons  estrangier  [éloi- 
gner] Renart,  qui  bien  quide  raengier  Nos  gelines 
et  noz  chapons,  Rcn.  )()475.  Car  bien  est  drois  que 
s'en  estrange.  Et  die:  trop  m'avés  meffait,  Vengier 
m'estuet  de  ce  meffait,  la  Rose,  <44)6.  Contes,  dus, 
roys  et  princes  sunt  si  en  leur  dangier  [sous  l'empire 
des  Franciscains],  Que  qui  de  leurs  hostiex  les  voul- 
droit  estrangier.  Je  cuit  qu'il  le  vouldroient  par  rai- 
son ciialengier.  Et  prover  par  usaige  qu'en  ne  les 
puet  [peut]  chaiigier,  J.  de  meung,  Test.  «us.  ||  xvi"  s. 
....  Pour  tel  mal  estranger  [chasser],  Besoin  luy  est 
d'eslongner  la  personne,  A  qui  son  cœur  énamouré 
se  donne,  mabot.  i,  <G2.  J'apperçois  bien  qu'amour 
est  de  nature  estrange,  ....  11  se  veut  approcher 
quand  de  luy  on  s'estrange,  id.  vi,  262.  Du  temps 
qu'il  esloit  encores  payen  et  estrange  de  la  foy, 
CALVIN,  tnstit.  32.  Le  peuple  des  Pais  Bas  est  d'une 
nature  franche;  pardouceur  et  humanité  non  feinte 
on  remue  les  alTections  de  son  cœur;  mais  parcou|is 
et  injures  on  l'estrange  et  on  l'anime,  lanour,  .197. 
Si  la  dame  est  légère,  il  faut  estre  léger;  Si  elle 
fait  l'estrange,  il  faut  s'en  estranger,  am.  jamin. 
Poésies,  p.  i!07,  dans  lacurne. 

—  ËTYM.  Du  latin  exiraneare,  A'ertraneus  (voy. 
étrange),  prov.  estranhar ;  catal.  estranyar;  esp. 
«.rlroiior;  port,  estranhar;  ital.  Uranar:,  straniarc' 

ÉTUANGKTÉ  (é-tran-je-té) ,  s.  f.  Caractère  de  ce 
q~ùi  est  étrange.  Êlrangeté  de  mise,  ae  langage. 
Il  Chose  étrange.  Une  étrangoté  fait  quelquefois 
rire. 

—  REM.  Étrangeté  a  failli  être  banni  de  la  langue 
comme  venu  des  pays  étrangers  (vaugel.  A'oiu'. 
rem.  Observ.  de  M**,  p.  296).  L'accusation  est 
fausse;  le  mot  est  ancien  et  indigène,  et  heureuse- 
ment il  a  triomphé. 

—  HIST.  XV'  s.  Ballade  sur  restrangetédel'atour, 
et  du  chief  que  plusieurs  dames  font  à  présent, 
eust.  desch.  Poésies  mss.  f°  237.  ||  xvi'  s.  Toute  es- 
trangeté  est  ennemie  de  communication  et  société, 
MONT  i,  184.  Et  m'a  voit  la  coustume  esté  l'apperce- 
rince  de  ceste  eslrangeté,  id.  i,  iuo.  Je  vous  con- 
Mille  la  moder&tion,  l'attrempance,  et  la  fuyle  de 
la  nouvelleté  et  l'estrangeté,  id.  ii,  3(3. 

—  ÊTY5I.  Étrange. 

terHANGLANT,    ANTE  (é-tran-glan ,  glan-t'), 

DICT.   IiE  LA  LANGUE   FUANgAISE. 


adj.  Oui  accable;  qui  étonne.  ||  Qui  cuupe  court  à 

t^ut.  C'est  une  raison  étranglante,  sf.v.  B8S. 

ÉTRANGLÉ,  ÉE  (é-tran-glé,  glée),  part  passé. 
Il  1°  Tué  par  quelque  chose  qui  empêche  la  respi- 
ration. L'un  est  percé  d'un  plomb  funeste,  Tel  meurt 
étranglé  dans  sin  lit,  corn.  Imit.  i,  23.  ||  Fig^' 
La  Suisse  étranglée  entre  deux  armées  victorieuses, 
THIERS,  dans  le  Ditt.  de  poitevin.  ||  Voix  étranglée, 
voix  comme  d'un  homme  qu'on  étrangle.  Avec  une 
parole  lente  et  désagréable  par  l'organe  qui  avait  un 
son  étranglé,  il  [Janson]  avait  une  sagacité  qui  ajou- 
tait heaucoupà  la  finesse  de  son  esprit,  st-sim.  344, 
n.  Il  2°  Terme  de  chirurgie.  Qui  a  subi  l'étrangle- 
ment, la  constriction.  Hernie  étranglée.  ||  3"  Qui  est 
resserré,  rétréci  dans  quelque  partie  de  sa  longueur. 
Le  corps  de  la  guêpe  est  étranglé  par  le  milieu. 
L'injection  a  fait  voir  à  M.  de  Réaumur  que  ces 
prétendus  petits  cœurs  ne  sont  qu'un  même  vais- 
seau étranglé  çà  et  là,  bonnet,  4'  lett.  Hist.  nat. 
ij  4°  Qui  manque  de  largeur.  Une  allée  étranglée. 
Il  Habit  étranglé,  habit  trop  étroit,  qui  n'a  pas  as- 
sez de  tour.  ||  Substantivement.  Le  roi  y  [à  Versail- 
les] bâtit  tout  l'un  après  l'autre  sans  dessein  géné- 
ral; le  beau  et  le  vilain  furent  cousus  ensemble,  le 
vaste  et  l'étranglé,  st  sim.  4io,  <49.  ||  5°  Qui  n'a 
pas  reçu  tout  le  développement  requis,  en  parlant 
d'un  récit,  d'une  lettre  d'un  discours,  etc.  Voilà 
le  seul  chapitre  qui  ne  fut  point  étranglé,  sÉv.  H6. 
De  soigner  le  style,  de  le  rendre  touchant,  que  tout 
soit  développé  avec  intérêt,  que  rien  ne  soit  étran- 
glé, VOLT.  Lett.  à  Chabanon,  B  mai  <768.  Il  [ce 
compositeur]  n'offrirait  que  des  phrases  étranglées, 
j.  I.  Rouss.  Dict.  de  mus.  Récitatif.  \]  Il  se  dit  aussi 
quelquefois  des  personnes,  dans  le  même  sens.  Les 
gens  qui  font  de  si  belles  restrictions  et  contra- 
dictions dans  leurs  livres,  eU'  parlent  bien  mieux  et 
plus  dignement,  quand  ils  ne  sont  pas  contraints  ni 
étranglés  par  la  politique  [les  considérations  de  con- 
duite],  SÉV.  430. 

f  ETRANGLE-CHIEN  (ô  s'ran-gle-chiin),  s.  m. 
La  cynanque,  plante,  cynan<ftum  acutum,  L.  (asclé- 
piadées). 

fÉTRANGLE-LOCP  (é-tra  i;le-lou),  s.  m.  Un  des 
noms  vulgaires  du  paris  quai  'olia,  t.  (smilacées), 
dite  parisette,  raisin  de  renard,  herbe  ^  Paris. 

ÉTRANGLElttENT  (é-tran-gle-man),  s.  m.  ||  1°  Ac- 
tion d'étrangler;  état  de  celui  qui  est  étranglé.  Elle  est 
morte  d'un  étranglement  à  la  gorge,  sÉv.  472.  La 
fille  aînée  de  la  femme-chef  ordonna  l'étranglement 
de  douze  enfants,  chateaubr.  4mer.  2)6.  ||  2°Terme 
de  chirurgie.  Toute  constriction  exercée  sur  une 
partie  quelconque  de  manière  à  y  suspendre  la  cir- 
culation. Il  Élranglement  des  hernies ,  constric- 
tion de  l'intestin  ou  de  l'épiploon  sorti  du  ventre  et 
serré  par  l'ouverture  qui  lui  adonnépassage.  ||  Étran- 
glement se  dit  encore,  lorsqu'une  partie  celluleuse, 
entourée  d'une  enveloppe  aponévrotiqua  ou  d'une 
gaine  fibreuse,  étant  prise  d'inflammation,  l'enve- 
loppe, peu  extensible,  résiste  à  la  tuméfaction. 
Il  3°  État  de  ce  qui  est  étranglé,  rétréci  en  certains 
points.  N'oubliez  pas  de  vous  assurer  si  les  petjts 
sacs  dont  la  grande  artère  vous  a  paru  composée 
sont  de  véritables  sacs,  et  si  ce  ne  sont  point  de 
simples  étranglements  d'un  vaisseau  unique,  BON= 
NET,  i'iett.  Hist.  nat.  Il  Terme  d'hydraulique.  En- 
droit d'une  conduite  où  l'eau  ne  passe  qu'avec  peine. 
Il  Terme  de  mine.  Accident  d'une  couche  dont  le 
toit  et  le  mur  se  rapprochent  en  s'écartant  de  leur 
parallélisme. 

—  ÉTYM.  Étrangler;  provenç.  estrangolament. 

ÉTRANGLER  (é-tran-glé),  V.  a.  \\  1°  Faire  perdre 
la  respiration  ou  la  vie  en  pressant  le  gosier  avec 
force  ou  en  l'obstruant.  Un  os  l'a  étranglé.  Sinon, 
il  consentait  d'être  en  place  publique  Guindé,  la 
hart  au  col,  étranglé  court  et  net,  la  font.  Fabl. 
VI,  <9.  Il  Par  exagération.  Étrangler  quelqu'un,  le 
maltraiter,  le  châtier.  Ah!  maraud.  Il  faut  que  je 
t'étrangle,  iiauteroche,  le  Cocher,  se.  t9.  Mercure 
à  Caron  :  Pour  Mycène,  Cléone  et  Troie,  j'ai  honte 
do  te  les  montrer;  car  je  sais  qu'à  ton  retour  tu 
étrangleras  Homère  d'en  avoir  parlé  si  byperboli- 
quement,  d'ablan-court,  Lucien,  Caron  ou  le  Con- 
templateur. Je  l'étranglerais  de  mes  propres  mains, 
s'il  fallait  qu'elle  forlignât  de  l'honnêteté  de  t:a. 
mère,  mol.  G.  Dandin,  i,  4.  (1  Fig.  J'ai  un  mot 
qui  m'étrangle,  c'est-à-dire  je  ne  puis  m'empêcher 
de  le  dire.  ||  2°  Familièrement.  Causer  la  ruine. 
On  a  révoqué  les  édits  qui  nous  étranglaient  dans 
notre  province,  sÉv.  80.  ||  3°  Ne  pas  donner  à  une 
chose  la  largeur  nécessaire.  Étrangler  un  corridor. 
Il  Terme  de  marine.  Se  dit  en  parlant  de  tours  de 
cordage  dont  on  rapproche  les  cordons  vers  le  milieu 
par  une  bridure.  ||  Rétrécir  l'orifice  d'une  cartouche 


en  la  serrant  avec  ane  fleelle.  ||  Terme  militaire. 
Étrangler  le.s  bastions,  faire  une  ronde  sans  visiter 
réellement  les  bastions  et  en  passant  seulement  sur 
la  gorge.  ||  4"  Terme  de  littérature.  Ne  pas  donner  à 
un  sujet  l'étendue  et  les  développements  qu'il  exige. 
Il  a  étranglé  son  sujet,  sa  scène.  Je  ne  fais  qu'ef- 
fleurer ces  chapitres,  et  j'étrangle  toutes  mes  pen- 
sées, sRv.  284.  Il  Étrangler  une  affaire,  l'expédier 
trop  promptement  et  sans  l'avoir  bien  examinée.  On 
voulait  non  pas  hSter,  mais  étranger  l'affaire,  boss. 
Lett.  quiét.  Mém.  à  Louis  XIV.  Novion  et  M.  de 
Luxembourg  crurent  pouvoir  profiter  de  l'état,  prêt 
à  être  jugé,  où  le  procès  en  était  demeuré,  et  réso- 
lurentde  l'étrangler  à  l'improviste,  st-sim.  <7,  <96. 
Il  5°  V.  n.  Éprouver  ce  qu'on  éprouve  quand  quel- 
qu'un nous  étrangle.  Secourez  -  moi,  j'étrangle. 
Il  Étrangler  de  soif,  avoir  grand'soif.  Je  m'appelle 
Frontin,  je  suis  garçon,  je  n'ai  pas  le  sou,  j'étran- 
gle de  soif,  je  suis  las  comme  un  chien,  pont  db 
vesi.e,  Somnamb.  se.  2.  ||  6'  S'étrangler,  v.  réft. 
S'ôterla  vie  par  l'étranglement.  Il  s'étrangla  dans  la 
prison.  Il  Se  prendre  réciproquement  à  la  gorge. 
Pour  un  mot  quelquefois  vous  vous  étranglez  tous; 
Ne  vous  êtes-vous  pas  l'un  à  l'autre  des  loups?  la 
font.  Fabl.  xn,  ).  ||  Se  faire  mal  à  la  gorge.  Cette 
femme  s'est  étranglée  à  force  de  crier.  ||  S'étran- 
gler, avaler  de  travers,  c'est-à-dire  avaler  de  ma- 
nière que  la  substance  avalée  vient  toucher  l'ou- 
verture de  la  glotte  ou  même  s'y  engager. 

—  HIST.  XII'  s.  Li  pastre  deit....  l'oeille  [la  brebis] 
malade  sur  l'espaule  porter;  Ne  la  deit  pas  laissier 
al  larrun  estrangier.  Th.  le  mart.  29.  ||  xin"  s.  Et 
après,  quant  il  vit  ce,  si  l'estrangla,  et  fist  dire 
partout  que  il  estoit  mort  de  sa  mort,  villkh.  xcviii. 
Et  cil  par  la  gorge  l'aert  [le  saisit],  i-deuspoins 
l'estraint,  si  l'estrangle.  Si  li  a  tolue  la  jangle  [le 
babil],  la  Rose,  (2569.  ||  xiv  s.  Li  lions  qui  gar- 
doit  le  sanc  nostre  Signour,  Les  estranla  tous  deus, 
s'en  eurent  dou  piour  [du  pire]  ,  Baud.  de  Seb.  vi, 

24).  Il  XVI'  s Dont  le  malade   suffoque  et  es- 

trangle,    pare,  vi,  8. 

—  ÉTYM.  Picard,  etraner;  wallon,  sitrôné;  pro- 
venç. estrangolar,  estragolar,  estranglar,  stran- 
glar;  portug.  estrangular;  ital.  sirangolare ;  du  la- 
tin strangulare ;  grec  ,  orpafYaioijy  ,  dérivé  de 
aiçtif^Hy,  serrer;  comp.  l'allemand  Strang,  corde, 

t  ÉTRANGLION  (é-tran-gli-on),  s.  m.  Terme  de 
métallurgie.  Partie  étroite  du  canal  ou  de  l'arbre 
des  trompes. 

tÉTRANGLOIR  (é-tran-gloir),  s.  m  Terme  de 
marine.  Cordage  fixé  à  une  corne  et  formant  la 
principale  cargue  d'une  voile. 

t  ÉTRANGLURE  (é-tran-glu-r'),  ».  f.  Faux  pli  du 
drap  occasionné  par  le  foulage. 

ÉTRANGUILLON  (é-tran-ghi-llon,  «mouillées, 
et  non  é-tran-ghi-yon),  s.  m.  |{  1°  Terme  de  vétéri- 
naire. Angine  qui  attaque  le  bœuf  et  le  cheval. 
Il  2°  Poire  d'étranguiUon,  espèce  de  poire  très- 
âpre.  Il  3°  Goulet  d'un  souffiet  hydraulique. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'estranguillon  est  aussi  du  gibier 
du  mareschal;  ce  sont  glandes  qui  procèdent  de 
l'humeur  descendant  du  cerveau  refroidi,  sous  la 
gorge  du  cheval,  o.  de  serres,  983. 

—  ÉTYM.  Étrangler. 

ÉTRAPE  (é-tra-p'),  s.  f.  Petite  faucille  qui  sert  à 
couper  le  chaume. 

—  HIST.  xv  s.  [Damp  abbé]  au  seigneur  de 
Saintré  vient  par  ung  tour  d'une  estrape  [par  un 
croc  en  jambe] ,  à  bien  peu  qu'il  ne  l'emporta,  J.  de 
Saintré,  p.  635,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÊTRAPER. 

ÉTRAPÉ,  ÉE  (é-tra-pé,  pée),  part,  passé. 
ÉTRAPER   (é-tra- pé),  t).    O.  Couper  le  chaum» 
avec  l'étrape. 

—  HIST.  XVI'  s.  Estraper,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  une  autre  forme  de  l'ancien 
verbe  estreper,  déraciner,  extirper,  du  latin  exstir- 
pare,  de  ex,  et  stirps,  tronc,  souclie. 

t  ÉTRAQUE  (é-tra-k'),  S.  m.  Terme  de  marine. 
Largeur  d'un  bordage. 

t  ÉTRAQUER  (é-tra-ké),  V.  n.  Terme  de  vénerie. 
Suivre  la  trace  d'un  animal  sur  la  neige,  jusqu'à 
son  gîte. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  traquer. 
É'ftlAVE  (é-lra-v') ,  s.  f.  Terme  de  marine.  Nom 

des  pièces  de  bois  courbes,  qui  forment  la  proue  du 
vaisseau.  Le  mât  de  beaupré  s'appuie  sur  l'étrave. 
Il  Fausse  étrave,  pièce  de  bois  qui  recouvre  l'étraTS 
d'un  grand  bâtiment,  et  qui  en  suit  la  courbure  ex- 
térieure. 

—  ÉTYM.  Holland.  steven:  suéd.  stxf. 

i.  ÊTRE  (ê-tr'),  je  suis,  tu  es,  il  est,  nous  «om 
mes,  vous  êtes,  ils  sont;  j'étais;  je  fus;  je  serai;  je 

l.  —    192 


1530  <^'TR 

Mntol  Mil,  qu'il  foit.  '«'yon»,  •oyez,  qu'ils  wient; 

Lnl-  él*.  ».  n.  ni*  n  Mrt  en  général  à  ler  lal- 
irlbul  .u  ..ijtl.  kM-mcr  Teiislcnce  de  l'atlribul 
dini  !■  Mi«l,  »  «tuituer  à  quelqu'un  ou  à  quelque 
choM  un»  qualii*,  un  élai,  etc.;  c'est  U  le  sens 
propre  el  pnmilif.  La  terre  est  romle.  Louis  XIV 
lut  roi  de  Krance.  Il  était  négociant.  Mais  soit  cetl« 
croyance  ou  faussa  ou  véritable,  consi.  Poly.  ii, 
»,  Je  suis   toujours  nioi-même  el  mon  cœur  n'est 
point  autre,  lo.  Cinna,  m,  ♦.  Et  ne  l'écouter  pas 
est  le  faire  enragiT ,  mol.  Mélic.  i,    3.  Je  crois 
que  deux  et  doux  sont  quatre,  iD.  D.  Juan,  m,  t. 
Son  pays  le  crut  fou  [bémocrlle]  ;  petits  esprits  I 
mais  quoil  Aucun  n'est  prophite  chez  soi  ;  Ces  gens 
étaient  les  fous,  Démocrite  lo  sage,  la  font.  Fabl. 
rrii,  »».  Combien  de  gens,  seigneur,  s'ils  faisaient 
Diéine  chose,  Sachant  ce  qu'ils  étaient  et  voyant  ce 
qu'ils  sont,  Auraient  à  votre  cour  moins  d'orgueil 
qu'ils  n'en  onti  boursaolt,  ^iop«  d  la  cour,  v,  3. 
Rarement  un  esprit  ose  être  c»  qu'il  est,  BOiL.  Ép. 
IX.  J'étais  pire  et  sujet,  je  suis  amant  et  roi,  rac. 
y/K*.  V,  «.  Mardochée  à. ses  yeux  est  une  âme  trop 
vile,  ID.  Etth.  Il,  I.  Qu'ils  soient  comme  la  pomire 
et  la  paille  légère  Que  le  vent  chasse  devant  lui,  id. 
t6.  I ,   ».  Jetez  -  moi  dans  les  troupes  comme  un 
■impie  soldat,  je  suisThersite;  mettez-moi  à  la  tête 
d'une  armée  dont  j'aie  à  répondre,  je  suis  Achille, 
lA  BRUT.  a.  Être  chrétien  et  n'être  pas  pénitent 
était  une  nouveauté,  mass.  Car.  Jeûne.  Séparez  ce 
que  nous  sommes  du   ministère  que  nous  remplis- 
•ons,  ID.  Car.  Parole.  Ce  qui  rend  la  ferveur  si  es 
aentieUe  est  la  majesté  de  celui  que  nous  prions, 
m.   Car.  Prière  a.  U  ne  faut  que  des  substantifs 
pour  nommer  tous  les  objets  dont  nous  pouvons 
parler  ;  il  ne  faut  que  des  adjectifs  pour  en  exprimer 
toutes  les  qualités  ;  eniln  il  ne  faut  que  le  seul  verbe 
être  pour  prononcer  tous  nos  jugements, condillac, 
Gramm.  i,    O.  ||  Soyons  se  dit  souvent,  surtout 
dans  le  style  élevé,  en  se  parlant  h  soi-même.  Soyons 
indigne  sœur  d'un  si  généreux  frère,  corn.  Hor. 
IV,  4.  Etouffe  tes  soupirs,  malheureuse  Constance; 
Soyons  en  tous  les  temps  digne  de  ma  naissance, 
TOIT,  le  Prince  de  Saiarre,  m,  3.  Ah!  soyons  sage, 
il  est  bien  temps  de  l'être,  in.  Enfant  prod.  m,  o. 
Soyons  vrais,   de  nos  maux  n'accusons  que  nous- 
mêmes,  LA  HARPE,  Warwick,  V,  5.  Il  Terme  de  ma- 
nège. Etre  droit,  se  dit  d'un  cheval  qui  ne  boite 
point.  Il  2'  Avec  un  sens  antonomasti(|ue,  par  sup- 
pression   do   l'attribut,    avoir    l'existence     réelle. 
Dieu,  dans  l'Écriture  sainte^s'appelle  celui  qui  est. 
Kt  je  garde  avec   vous   la   même  liberté  Que  si 
votre  Sylla  n'avait  jamais  été,  corn.  Sertor.  m,  2. 
Que  l'homme,  étant  revenu  à  soi,  considère  ce  qu'il 
est  au  prix  de  ce  qui  est,  pasc.  Penséet,  art.  i,  t. 
Qui  sait  même  ce  que  c'est  qu'être,  puisqu'il  n'y  a 
rien  de  plus  général  et  qu'il  faudrait  d'abord,  pour 
l'expliquer,  se  servir  de  ce  mot-là  même,  en  di- 
sant :  c'est  être...?  id.  £'n(re(.  ateclf.  deSaci,  p.  xi, 
édit.   BAVKT.  Quoique  fils   d'Abraham,    il   [Jésus- 
Christ]  était  devant  qu'Abraham  fût  fait,  boss.  Uisl. 
11,  «.Notre  âme  n'est  pas  devant  notre  corps,  et  quel- 
que chose  lui  manque  lorsqu'elle  en  est  séparée,  in. 
«6.  El  les  faibles  mortels,  vains  jouets  du  trépas, 
Sont  tous  devant  ses  yeux  comme  s'ils  n'étaient  pas, 
RAC  Eslh,  I,   3.  Et  confonds  tous  ces  dieux  qui  ne 
furent  jamais,  in.  t't.  i,  i.  HAtons-nous  aujourd'hui 
do  jouir  do  la  vie  ;  Qui  sait  si  nous  serons  demain  ? 
ID.  Alhal.  11,  0.  Peut  être  sommes-nous  cause  qu'on 
y  a  fait  [dans  les  autres  planètes]  le  procès  à  des 
philosophes  qui  ont  voulu  soutenir  que  nous  étions 
[que  la  terre  avait  des  habitants],  fontkn.  Kondes, 
♦■  soir.  Les  espèces  inférieures  sont  pour  les  es- 
pèces supérieures  :  la  plante  est  pour  la  brute,  la 
brute  pour  l'homme,  l'homme  pour  des  natures  plus 
parfaites;  celles-ci  pour  d'autres  plus  parfaites  en- 
core, BO.tNET,  Œuvres  mêlées ,  t.  xviii,  p.  198,  dans 
rouoE.NS.  Accablés  du  soin  d'être  et  du  travail  de  vi- 
vre, ST.-LAMBF.RT,5aifou,  111.  ||  Il  se  dit  aussi  d'une 
existence  purement  idéale.  En  un  mot,  une  conver 
sion  qui  n'est  pas  entière ,  n'est  point  du  tout,  mass. 
Car.  Piques.  Où  la  vertu  n'est  point,  la  liberté  n'est 
P«»,  Dtias,  Àbufar,  u,  7.  ||Cela  n'est  pas,  je  doute 

Îjue  cela  soit,  cest-i-dire  cela  n'est  pas  vrai,  réel, 
•  dout»  que  cela  loit  vrai.  ||  Cela  sera,  cela  ne  sera 
rs,  c'est-à-dire  cela  arrivera,  cela  n'arrivera  p;is. 
votti  n'étiez  pas  encore  au  monde,  ou,  simple- 
ment, vous  n'éliez  pos  encore,  quand....  c'est-à-dire 
vous  n'BUoi  i«s  encore  né,  quand....  U  En  poésie  et 
dan»  lo  style  élevé,  n'être  plus,  avoir  cessé  de 
Wvr».  J  apprends  eo  ca  moment  que  mon  \>kto  n'est 
plna,  coa.1.  Olhm,  v.,  ».  Nos  pères  ont  péché 


ËTR 

nos  père»  ne  «ont  plus ,  Et  nous  portons  la  peine 
de  leurs  crimes,  BAC.  Esth.  l,  6.  ||  Le  prétérit  ^u», 
ou,  imper» jnnellement,  il  fut,  se  dit  pour  signifier 
qu»  quelque  chose  a  cessé  d'exister.  Il  fut  des  Juifs, 
il  fut  une  insolente  race,  rac.  Esth.  ii,  t.  Homère 
m'a  guidé  dans  les  champs  où  fut  Troie,  delille, 
Imagin.  vu.  ||  8°  Être,  se  dit  quelquefois  pour  ex- 
primer la  réalité ,  par  opposition  à  l'apparence. 
Uien  n'e^t  bon  que  d'avoir  une  belle  et  bonne  âme  : 
on  la  voit  en  toute  chose  comme  au  travers  d'un 
cœur  de  cristal  :  on  ne  se  cache  point;  vous  n'a- 
vez point  vu  de  dupes  là-<les3us;  on  n'a  jamais  pris 
longtemps  l'ombre  pour  le  corps;  il  faut  être,  il 
faut  être,  si  l'on  veut  paraître....  sév.  Lett.  »  sept. 
1876.  Il  i'  Se  trouver  en  un  lieu.  Soyez  ici  ou  là, 
que  m'importe?  ||  Fig.  Être  ailleurs,  ne  pas  prêter 
son  attention.  Répétez,  je  vous  prie,  j'étais  ailleurs. 
Il  6' Être,  se  construit  avec  certains  adverbes  et 
avec  des  locutions  adverbiales.  Maislais.sez-moi  pas- 
ser entre  vous  deux,  pour  cause  :  Je  serai  mieux 
en  main  pour  vous  conter  la  chose,  mol.  Princ.d'Él. 

I,  S.  Soyons  de  concert  auprès  des  malades,  id.  Am. 
méd.  m,  t.  Il  Être  bien,  être  mal  avec  quelqu'un, 
être  avec  quelqu'un  dans  de  bons,  dans  de  mauvais 
rapports.  ||  Être  bien,  être  mal,  se  porter  bien,  se 
porter  mal.  Et  sans  ces  adverbes  :  Comment  est  notre 
malade,  comment  va-t-iH  ||  6"  Être,  construit  avec 
la  préposition  à,  exprime  en  particulier  l'apparte- 
nance ,  la  dépendance.  Cette  maison  est  à  moi.  Avant 
que  d'être  à  vous,  je  suis  à  mon  pays,  corn.  7/or. 

II,  5.  Mais,  pour  en  disposer,  ce  sang  est-il  à  vous? 
ID.  Pulij.  IV,  S.  Que  si  j'étais  à  moi,  je  voudrais  être 
à  vous,  ID.  Tois.  d'or,  v,  t.  Que  disje?  votre  vie, 
Eslher,  est-elle  à  vous?  N'est-elle  pas  au  sang  dont 
vous  êtes  issue?  N'est-elle  pas  à  Dieu  dont  vous  la- 
vez reçue  ?  rac.  Esth.  i ,  3.  Vous  n'êtes  point  à  vous  ; 
le  temps,  les  biens,  la  vie,  Rien  ne  vous  appartient, 
tout  est  à  la  patrie ,  gressf.t,  Sidnei,  il,  6.  ||  Etre 
à....,  être  lié  par  les  noeuds  du  mariage,  de  l'a- 
mour. Ce  qu'elles  nous  sont  [les  liens  qui  nous  atta- 
chent à  elles]  ferait  qu'avec  justice  On  nous  impu- 
terait ce  mauvais  artifice,  cobn.  Ilor.  il,  8.  Je  vous 
vis,  je  formai  le  dessein  d'être  à  vous,  rac.  Mithr. 
I,  2.  Je  ne  suis  point  à  vous,  je  suis  à  votre  père, 
in.  l'b.  II,  6.  Nous  en  avons  parlé  cent  fois  le  comte 
el  moi,  sat.s  qu'il  sût  ce  que  je  vous  suis,  dancoubt, 
la  Folle  enchère,  se.  22.  ||  Être  à,  être  au  service 

de Je  connais  ce  valet,  il  est  à  don  Fadrique.... 

TH.  CORN.  Engagem.  du  has.  I,  6.  Cela  vient  d'un 
gentilhomme  qui  était  à  M.  de  Turenne,  sÉv.  20), 
Il  Je  suis  tout  à  vous,  tout  disposé  à  faire  ce  qui 
vxjussera  agréable.  ||  Je  suis  à  vous  dans  un  moment, 
c'est-à-dire  attendez-moi,  je  reviens  à  l'instant,  ou 
je  vais  m'occuper  de  vous.  Je  suis  à  toi  dans  un  mo- 
ment, HAMILT.  Gramm.  i.  ||  11  n'est  plus  à  lui,  se 
dit  d'un  homme  dont  l'esprit  est  dans  une  agitation 
extrême.  Je  ne  suis  plus  à  moi  quand  j'entends  ce 
discours,  CORN.  Poly.  il,  t.  ||  On  dit  dans  un  sens 
analogue,  n'être  plus  soi-même.  Je  ne  vous  con- 
nais plus;  vous  n'êtes  plus  vous-même,  rac.  Andr. 
m,  4.  Il  Être  à,  se  dit  aussi  de  la  situation,  du 
temps,  de  l'occupation ,  etc.  Le  malade  est  à  l'agonie. 
U  est  à  Sun  travail.  11  est  au  lit.  Ma  famille  est  à  la 
campagne.  Nous  sommes  au  mois  de  janvier.  Vous 
êtes  à  la  fin  du  trimestre.  ||  Être  à  jeun,  se  dit  d'une 
personne  qui  n'a  pris  aucun  aliment  dans  la  jour- 
née. Il  Être  à  mépris,  être  mé[irisé.  Et  toi,  pour  te 
montrer  que  tu  m'es  à  mépris,  Voilà  ton  demi-cent 
d'épingles  de  Paris,  mol.  Dép.  am.  iv,  4.  ||  Être  à, 
se  dit,  dans  le  langage  des  mathématiques,  des 
rapports  et  des  proportions.  2  est  à  4  comme  8  est 
à  to.  Comme  le  produit  d'un  terrain  inculte  est  au 
[iroduit  d'un  terrain  cultivé  ,  de  même  le  nombre 
des  sauvages  dans  un  pays  est  au  nombre  des  la- 
boureurs dans  un  autre,  montesq.  Esp.  xviii,  le. 
Il  Etre  à  quelque  chose,  s'en  occuper,  y  prêter  at- 
tention. Il  est  tout  à  ce  qu'il  fait.  Vous  n'êtes  pas  à 
à  ce  que  je  vous  dis.  ||  Être  à,  suivi  d'un  infinitif, 
être  occupé  à....  Je  fus  samedi  tout  le  jour  chez 
Mme  de  Villars  à  parler  de  vous,  sév.  15.  ||  Être 
longtemps  à,  mettre  beaucoup  de  temps.  U  est  long- 
temps à  faire  son  ouvrage.  Ces  soleils  sont  parfois 
longtemps  à  .se  lever,  tristan.  If.  de  Chrispe,  iv, 
2.  Il  Familièrement.  Il  est  toujours  à  se  plaindre, 
ils  sont  toujours  à  se  quereller,  il  ne  cesse  de  se 
plaindre,  ils  ne  cessent  de  se  quereller.  ||  Etre  à  faire, 

à  savoir,  etc.  c'est-à-dire  ne  pas  faire  encore,  no  pas 
savoir  encore,  etc.  Ah  1  sire,  êtes-vous  donc  &  vous 
apercevoir  Qu'il  sème....  mairet,  Si.lim.  n,  2.  Ce 
glorieux  vainqueur  e.st  encore  à  savoir  Le  mauvais 
traitement  qu'd  me  fait  recevoir,  id.  Soph.  i,  4. 
Je  n'étais  pas  à  savoir  en  combien  de  choses  elle 
[Mlle  Choinj  enlmit,   st-sim.  t.  yvi,  p.  264,  édit. 


ËTR 

ciiÉRUEL.  Je  n'étais  pas  à  dire  mon  avis  avec  colère  .'i 
Mme  la  duchesse  d'Orléans  sur  sa  manièred'être  avec 
Monseigneur,  st-sim.  t.  vin, p.  262.  ||  Être  à  plaindre, 
à  blâmer,  être  digne  de  pitié,  de  blâme.  |l  Cela  est 
à  vendre,  à  louer,   c'est-à-dire  on  veut  vendre,  on 
veut  louer  cela.  ||  On  dit  aussi  cette  marchandise  est 
à  prendre  ou  à  laisser.  ||  Cela  est  à  faire,  cela  est  à 
recommencer,  c'est-à-dire  on  devra  faire,  recom- 
mencer cela.  Il  Être  homme  à,  être  capable  de....  Al- 
bert n'est  pas  un  homme  à  vous  refuser  rien,  mol. 
/Vp.  om.  l,  2.  Il  Impersonnellement.  11  est  à  croire, 
à  désirer,  etc.  on  doit  croire,  désirer,  etc.  HT"  Être, 
Construit  avec  la  préposition  de,  indique  le  rapport 
da  l'effet  à  la  cause,  l'origine,  l'extraction.  Cette 
tragédie  est  de  Corneille.  Cet  enfant  est  de  lui.  Cette 
marchandise  est  de  fabrique  anglaise.  Ces  figues  sont 
du  Levant.  Ces  damnables  complots  sont  des  gens  de 
la  cour,  botr.  Bélis.  ii,  9.  Le  poète  Epiménide,.qui 
fil  un  voyage  à  Athènes  du  temps  de  Selon,  était 
de    Crète,   hollin  ,    Ilist.  anc.    CEuvret ,   t.  iv, 
p.  483,  dans  pouGENS.  Ces  lois  viennenldes  dieux,  le 
reste  est  des  humains,  volt.  Orphel.  ii,  3.  ||  Être  de, 
exprime  la  profession,  la  condition.  11  est  d'Église, 
d'épée,  de  robe.  ||  Il  exprime  la  matière.  Cette  statue 
est  de  marbre.  ||  Il  exprime  l'occuiiation.  Je  suis  de 
service,  de  garde.  Un  interne  e^t  de  garde  dans  un 
hôpital.  U  est  de  semaine.  ||  Marque  la  participation. 
Il  est  de  moitié  dans  raffaire.  Il  sera  de  la  paitic. 
[Ils]  Sont  de  tous  leurs  cadeaux,   de   toules  leurs 
parties,  mol.  Éc.  des  f.  iv,  8.  Mais,  monsieur,  cela 
serait-il  de  la  permission  que  vous  m'avez  donnée, 
si  je  vous  disais....  id.  Don  Juan,  i,  2.  On  ne  voit  pas 
que  vous  évitiez  ces  entretiens,  ces  lieux,  ces  plaisirs 
qui  sont  pourtant  de  toules  vos  confessions,  mass. 
Car.  Inconst.  Je  vous  supplierais  de  permettre  que 
le  nonce  du  pape  en  Pologne  fût  du  .souiier,  volt. 
Lett.  à  Cath.  20.  Aussi  disait-on  de  Fontenelle  qui! 
avait  été  le  patriarche  d'une  secte  dont  il   n'élail 
pas,  d'alemb.  Élog.  Despréaux.  M.  de  Mclun  fut  du 
voyage,   gf.nlis,  Mlle  de  Clermont,  p.  lie,  dan 
POUGENS.  Il  Être  du  nombre  de,  ou,  simplement. et:  - 
do,  être  parmi.   Je  ne  suis  pas  de  ces  gens  qui.... 
Il  Je. suis  d'à  vis  que. ....c'esl-à-dire  mon  avis  est  que.... 
I.e  prince  [Alexandre]  ayant  mis  l'affaire  en  délihé 
ration,  Parménion  était  d'avis  d'accepter  cesolTre'-'. 
et  dit  que  pour  lui  il  le  ferait  s'il  était  Alexandre, 
noLiiN  ,  7/is(.  anc.  (Kuvres ,    t.   m,   p.  303,  dans 
pour.ENs.  Il  Cela  est  bien   de  son  caractère,    cei,^ 
est  bien  de  lui,  c'est-à-dire  cela   est  conforme   f 
son  caractère,  à  sa  manière  de  penser  el  d'agir. 
Il  Cela  n'e.st  pas  du  jeu  ou  de  jeu,  c'est-à-dire  col.i 
n'est  pas  selon  les  règles  du  jeu,  ne  fait  pas  partie 
des    conventions.   ||  Exprime    la    manière   d'être. 
Cet  enfant  est  d'une  grande  intelligence.  Celle  étoïe 
est  d'un  teint  trop  clair.  Il  est  d'une  jalousie  qui 
devient  tous  les  jours  plus  insupportable,  cenlis, 
Thédl.    d'éduc.  la  Bonne  mère,  ii  ,  3.  ||Êlie  de, 
avec  un  substantif,  exprime  quelquefois  la  néces- 
sité ,  l'obligation  d'une  chose.   Dans  ce  lieu   une 
mise   décente    est    de   rigueur.  Comme  si  le  res- 
pect qu'on  a  pour  les  anciens  philosophes  était  de 
devoir,  et  que  celui  qu'on  porte  aux  plus  anciens 
pères  était  seulement  de  bienséance,  pa.sc.  Aulorilc 
en  phil.  ||  Exprime  la   conformité.  Ces  habitudes 
ne   sont  plus   de  nos  mœurs.  ||  Être  de  l'avis ,  de 
l'opinion    de   quelqu'un  ,   partager  son   avis,   son 
opinion.  ||  Être  de  quelque  chose  à  quelqu'un  , 
l'intéresser.  Le  Hhflne  el  Lyon  me  sont  de  quelque 
chose,  SÉv.  39.  Il  U  ne  m'est  de  rien,  nousnesomiiie.< 
pas  parents.  ||  Familièrement.  Il  ne  m'est  ni  d'Eve 
ni  d'Adam,  je  n'ai  pas  avec  lui  de  parenté  si  éloigné' 
qu'elle  soit.  {|  Impersonnellement.    Il  est  d'homnir 
sage,   etc.   c'est  l'action  d'un  homme  sage.  Pour- 
quoi celle  ruine?  était-il  d'homme  sage  De  muti 
ler  ainsi  ces  pauvres  habitants  [arbres  fruilier.s]  '. 
LA  font.   Fabl.  XII,  20.  Il  U  est  de  la  justice,  eic 
la  justice  commande.  ||  La  peste  soit  du  butor  I  Peste 
soit  de  vousl  Voy.  peste.  ||  8"  Terme  de  généalogi.' 
Être  du  trois  au  quatre,  du  cinq  ad  quatre  ave- 
quelqu'un,  être  dans  un  degré  de  parenté  tel  qu  ' 
les  deux  personnes  dont  il  s'agit,   appartenant  '■ 
deux  branches  différentes,  aient  un  bisaïeul,   u' 
trisaïeul  commun;  ainsi  la  larenté  du  grand  Comlù 
avec  M.  de  Vardes  était  du  cinq  au  quatre,  c'est- 
à-dire  qu'ils  avaient  un  trisaïeul  commun,  la  Tré- 
mouiUe.  Ce  qui  fait  que  l'on  exprime  ainsi  celle  pa- 
renté,  c'est  que  le  point  de  départ  n'e>t  compté 
qu'une  fois  :  la  Trémouille,  une  fille  ,  une  fille,  un» 
fille,  Condé,   cinq  ;  de  l'autre  côté,  une  fille,  un 
garçon,  une  fille,  Vardes,  quatre.  Elle  [la  princesse 
de  Tarenle]  n'est  que  du  trois  au  quatre  avec  ma- 
dame la  Dauphine;  il  faut  être  son  neveu  ou  »a 
nièce  pour  qu'elle  compte  cela  pour  quelque  cho.so, 


ËTR 


ÊTR 


EIR 


153t 


fÉv.  lett.  2S  mai  )(î80.  ||  9°  Être,  construit  avec  la 
particule  en,  exprime  le  point  où  l'on  est  parvenu 
dans  un  travail,  dans  une  affaire,  et  quelquefois 
l'état  où  l'on  est  réduit.  Où  en  êtes-vous  de  votre  ou- 
vrage? Où  en  est  l'affaire?  Où  en  êtes-vous  de 
votre  procès?  j'en  suis  à  faire  nommer  un  rappor- 
teur. Voilîi  où  j'en  suis.  Juge  ,  Araspe ,  où  j'en 
suis,  s'il  veut  tout  ce  qu'il  peut,  cobn.  Nicom.  ii, 
I.  Et  où  en  eussiez-vous  été,  si  on  eût  pris  vos 
poSmes  au  pied  de  la  lettre?  fonten.  Homère, 
Ésope.  Il  II  ne  sait  où  il  en  est,  i!  est  troublé  au 
point  qu'il  ne  sait  plus  ce  qu'il  fait.  Je  ne  sais  où 
j'en  suis,  corn.  Ment,  v,  6.  ||  En  êtes-vous  là? 
croyez-vous  cela?  ou  bien  êles-vous  dans  cette  réso- 
lution, dans  cette  erreur?  ||  Où  en  sommes-nous? 
se  dit  par  indignation  ou  par  plainte,  quand  on  voit 
quelcjue  grand  désordre.  ||  Il  n'en  est  pas  où  il  croit, 
il  est  bien  loin  de  ce  qu'il  e«père  ou  imagine.  ||  On 
supprime  quelquefois  la  particule  en.  Tu  n'es  pas 
où  tu  crois;  en  vain,  tu  files  doux  :  Ton  excuse  n'est 
point  une  excuse  de  mise,  mol.  Amph.  ii,  3.  ||En 
être,  être  de  la  partie,  de  l'affaire,  etc.  Je  vous  baise 
les  mains,  je  m'en  vais  ici  près  Chez  mon  oncle 
dîner.  —  6  Dieu!  le  galant  homme!  J'en  suis....  hé- 
GNiER,  Sat.  VIII.  On  proposait  une  chasse,  elle  dé- 
clara qu'elle  en  voulait  être,  fén.  Tél.  vu.  Ma  foi, 
je  n'en  suis  plus;  ceci  devient  tragique,  campis- 
not^ ,  Jaloux  désabusé,  iv,  6.  S'il  faut  prendre  long- 
temps de  la  peine,  je  n'en  suis  plus,  i.  J.  rouss. 
Confess.  iv.  ||  J'en  suis  pour  ce  que  j'ai  dit,  je  garde 
l'opinion  que  j'avais  exprimée.  ||  Elliptiquement  et 
familièrement.  Il  en  est,  il  est  d'une  société,  d'une 
bande  suspecte,  de  la  police.  ||  Elliptiquement  et  po- 
pulairement. C'en  est,  je  crois  que  c'en  est ,  se  dit, 
par  euphémisme,  des  excréments  humains.  ||  Cela 
n'en  est  pas,  celui-là  n'en  est  pas,  c'est-à-dire  on 
ne  doit  pas  faire  cela.  Il  s'agit  de  jeux,  et  les 
coups  n'en  sont  pas.  ||  J'en  suis  pour  ma  peine, 
pour  mon  argent,  j'ai  perdu  ma  peine ,  mon  ar- 
gent. J'en  suis  pour  une  dent,  j'y  ai  perdu  une 
dent.  J'en  suis  pour  mon  honneur;  mais  à  toi,  qui 
me  l'ôtes.  Je  t'en  ferai  du  moins  pour  un  bras  ou 
deux  côtes,  mol.  Sgan.  6.  Peste  soit  du  lourdaud 
qui  me  vient  fracasser;  Je  crois  que  j'en  serai  du 
moins  pour  une  côte,  legrand.  Roi  de  Cocagne, 
m,  9.  J'en  fus  pour  mes  lorgneries  et  mes  soupirs, 
dont  même  je  m'ennuyai  bientôt,  j.  j.  rouss.  Con- 
fess. VI.  Il  En  être  sur,  pointiUer  sur....  Quand  je 
vois  des  gens  en  être  avec  moi  sur  le  plus  ou  sur  le 
moins.,.,  la  bbuy.  vi.  ||  En  être,  se  dit  du  résultat, 
des  conséquences  d'une  chose.  On  l'a  traité  outra- 
geusement, et  il  n'en  a  rien  été.  Il  en  sera  de  cette 
affaire  ce  qu'il  vous  plaira.  ||  On  peut  aussi  suppri- 
mer la  particule  en  :  11  sera  de  cette  affaire  ce  qu'il 
vous  plaira.  ||  Il  en  sera  ce  qu'il  plaira  à  Dieu,  se 
dit  pour  exprimer  qu'on  se  résigne  à  la  volonté  de 
Dieu,  à  l'événement  quel  qu'il  soit.  ||  Ce  qui  en  est, 
la  réalité,  la  vérité.  On  prétend  qu'elle  plut  au  roi, 
je  ne  sais  ce  qui  en  est,  m'"'  de  caylus,  Souven. 
p.l'is,  danspouGENS.  Il  lien  est,  il  n'en  est  pas  de, 
exprime  la  similitude,  la  conformité.  Il  en  est  des 
peintres  comme  des  poètes,  ils  ont  la  liberté  de  fein- 
dre. Il  en  est  de  même  de  tout  le  reste.  ||  Il  n'en 
est  rien,  c'est-à-dire  cela  n'a  aucune  vérité,  cela 
est  faux.  Ne  croyez  pas  cette  nouvelle,  il  n'en  est 
rien.  ||  Il  n'y  a  pas  lieu  à  mettre  en,  lorsque  la 
phrase  a  un  complément  qui  en  tient  lieu.  Je  prie 
Dieu,  monseigneur,  qu'il  ne  soit  rien  de  tout  ce  que 
je  viens  dire,  balz.  liv.  ii,  lett.  e.  \\  10""  Être  con- 
struit avec  la  particule  y.  Y  être,  être  chez  soi.  Y 
être  pour  quelqu'un,  avoir  donné  l'ordre  précis  de 
recevoir  une  personne.  Et  pourquoi  lui  dire  que 
je  n'y  suis  pas?  est-ce  pour  les  personnes  comme 
elle  qu'on  n'y  veut  pas  être?  dancourt,  Chev.  à  la 
mode,  II,  8.  Il  Par  plaisanterie.  Allez  voir  là  dedans, 
et,  plus  souvent,  allez  voir  dehors  si  j'y  suis,  se  dit 
pour  renvoyei  quelqu'un  avec  qui  l'on  ne  se  gêne 
pas  ou  contre  qui  l'on  se  fâche.  Voyez  là  dedans 
si  j'y  suis,  legrand,  lîot  de  Cocagne,  ii,  <o.  ||Je 
n'y  suis  pour  rien,  je  n'ai  pris  aucune  part  à  la 
chose  dont  il  s'agit,  ou  je  n'y  suis  pas  compromis. 
lAvez-vous  perdu  à  cette  failUte?  Non,  je  n'y  suis 
jpour  rien.  ||  Vous  n'y  êtes  pas,  vous  ne  comprenez 
:  pas.  Il  y  est,  il  a  compris.  M.  de  Lauzun  épouse  di- 
:  manche,  au  Louvre,  devinez  qui....  c'est  assurément 
;  Mlle  de  Créqui.  —  Vous  n'y  êtes  pas,  sÉv.  9.  Com- 
[  ment?je  n'y  suis  pas;  vous  plairait-il  de  recommen- 
f  cer?  LA  BRUY.  v.  il  II  n'y  est  plus,  il  ne  fait  plus  at- 
tention ,  ou  il  est  dérouté.  ||  La  tête  n'y  est  plus,  il  est 
[  fou,  il  est  tombé  en  enfance.  ||  11°  Être  se  construit 
;  avec  différentes  prépositions.  ||  Être  après,  être  oc- 
[cupé  à.  On  est  venu  lui  dire  et  par  mon  artifice, 
[Que  les  ouvriers  sont  après  son  édifice,  mol.  l'Klour. 


Il,  \.  Il  Être  aprSs  quelqu'un,  l'obséder,  le  poursui- 
vre ,  ou  le  harceler  en  paroles.  Je  ne  puis  bouger  sans 
qu'il  soit  après  moi.  Vous  êtes  bien  moqueur,  pour- 
quoi êtes-vous  toujours  après  moi?  ||  Etre  avec  quel- 
qu'un, vivre  habituellement  avec  lui.  Y  a-t-il  long- 
temps que  vous  n'êtes  plus  avec  votre  frère?  ||  Être 
avec  quelqu'un,  se  trouver  quelque  part  avec  lui. 
Vous  étiez  avec  moi  lorsqu'il  me  parla.  ||  Être  avec 
quelqu'un,  rester  avec  lui.  Soyez  avec  madame,  mol. 
Mis.  111,6.  Il  Dansle  langage  biblique,  le  Seigneur  est 
avec  lui,  le  protège.  Le  Seigneur  était  avec  lui,  et 
tout  lui  réussissait  heureusement,  SACi,  Bible,  Genèse, 
XXXIX,  2.  Il  Être  en,  désigne  la  manière  d'être.  Être 
en  toilette, en  robe  de  chambre,  en  pantoufles.  Être 
en  fête,  en  promenade.  Une  exposition  en  plein 
midi.  En  printemps,  en  hiver.  Déguisé  en  Turc. 
Il  Être  dans  une  affaire  pour  un  quart,  pour  un 
dixième,  y  avoir  un  intérêt  d'un  quart,  d'un 
dixième.  ||  Être  pour,  suivi  d'un  infinitif,  être  pro- 
pre à,  capable  de.  Ce  serait  pour  monter  à  des 
sommes  très-hautes,  mol.  Fâch.  m,  3.  Morbleu! 
vous  n'êtes  pas  pour  être  de  mes  gens,  id.  Mis.  i,  (. 
Lui  aurait-on  appris  qui  je  suis,  et  serais-tu  pour 
me  trahir?».  V  Avare, u,  2.  Il  y  a  quelques  dégoûts 
avec  un  tel  époux,  mais  cela  n'est  pas  pour  durer, 
ID.  ib.  III,  8.  Il  Être  pour,  suivi  d'un  substantif,  être 
du  parti  de.  Je  ne  suis  point  pour  Albe  et  ne  suis 
plus  pour  Rome,  corn.  Uor.  i,  t.  ||  Dieu  est  pour 
nous,  Dieu  nous  protège.  ||Être  pour,-  être  destiné 
à.  Ceci,  cette  part  est  pour  vous.  Mes  vœux  sont 
pour  vous.  Sa  dernière  pensée  a  été  pour  vous.  Ce 
que  je  dis  n'est  que  pour  le  contenter.  ||  Être  pour, 
être  d'avis  de.  Vous  hésitez?  Moi  je  suis  pour  la 
promenade.  ||Être  sans  fortune,  sans  amis,  n'avoir 
point  de  fortune,  point  d'amis.  ||  On  dit  de  même 
être  sans  connaissance,  sans  vie,  sans  pitié,  etc. 
Il  Être....  sans....,  rester....  sans....  On  fut  quelque 
temps  à  la  cour  sans  entendre  parler  des  affaires 
d'Angleterre,  lafayette,  Mém.  cour  de  Fr.  Œu- 
vres, t.  II,  p.  390,  dans  pougens.  On  fut  deux  ans 
sans  entendre  parler  d'elle,  genlis,  Yeill.  du  chat. 
t.  I,  p.  ^69,  dans  pougens.  ||  Vous  n'êtes  pas  sans 
savoir...  vous  n'ignorez  pas  sans  doute.  ||  Cela  n'est 
pas  selon  la  raison,  selon  la  loi,  selon  les  conve- 
nances, etc.  cela  n'est  pas  conforme  à  la  raison,  à  la 
loi,  aux  convenances,  etc.  ||  C'est  selon,  la  chose 
dépend  des  circonstances.  i|  Être  sous,  dépendre  de. 
J'étais  sous  un  dur  maître.  ||  Être  sous,  suivre  les 
leçons  de.  J'étais  sous  tel  professeur.  ||  Être  sur, 
siéger  sur,  être  placé  sur.  Être  sur  les  tréteaux. 
Un  grand  causeur,  s'il  est  sur  les  tribunaux,  ne 
laisse  pas  la  liberté  de  juger,  la  bruy.  Théophr.  7. 
Il  Être   sur,   s'occuper  de   quelqu'un  ,   de  quelque 

chose,  en  converser Nous  étions  tout  à  l'heure 

sur  toi,  MOL.  le  Dép.  l  ,  2.  Sur  quoi  en  étiez- 
vous,  mesdames,  lorsque  je  vous  ai  interrompues? 
ID.  Critique,  B.  Vous  êtes  là  sur  une  matière  qui 
depuis  quatre  jours  fait  presque  l'entretien  de 
toutes  les  maisons  de  Paris,  m.  ib.  6.  L'autre  ou- 
vrage considérable  et  qui  n'est  pas  encore  impri- 
mé, est  la  traduction  de  Quinte-Curce,  sur  la- 
quelle il  [  Vaugelas  ]  avait  été  trente  ans  ,  la 
changeant  et  la  corrigeant  sans  cesse,  pellisson, 
nist.  Acad.X.  i,  p.  300,  dans  pougens.  ||  Dans  le 
langage  de  l'Écriture,  la  main  de  Dieu  est  sur.'... 
signifie  le  châtiment  infligé  par  la  colère  divine. 
La  main  de  Dieu  fut  sur  lui,  son  règne  fut  court, 
et  sa  fin  fut  affreuse,  boss.  Hist.  i,  6.  ||  12°  Être 
que  de,  être  de,  être  à  la  place  de;  ne  se  dit 
qu'avec  les  conjonctions  si  ou  quand.  Quand  je  se- 
rais de  vous,  je  ne  le  ferais  pas  davantage.  Si  j'étais 
que  de  vous  et  que  j'eusse  une  nièce,  Je  saurais 
m'en  défaire  aussitôt...  th.  corn.  Bar.  d'Alhikrac, 
IV,  7.  Si  j'étais  que  de  vous,  je  lui  achèterais  dès 
aujourd'hui  une  belle  garniture  de  diamants,  mol. 
Am.  méd.  i,  <.  Mais  enfin  si  j'étais  de  mon  fils  son 
époux,  Je  vous  prierais  bien  fort  de  n'entrer  point 
chez  nous,  id.  Tart,  i,  <.  Je  ne  souffrirais  point,  si 
jetais  que  de  vojjs.  Que  jamais  d'Henriette  il  pût  être 
répoux,  ID.  Femm.  sav.  iv,  2.  ||  13°  Impersonnelle- 
ment. Il  est,  c'est-à-dire  il  y  a ,  on  trouve.  Il  est 
des  hommes  que  la  résistance  anime.  Est-il  puis- 
sance capable  de  contraindre  la  volonté  ?||  Un  coquin 
s'il  en  est,  un  coquin  .s'il  en  fut,  se  dit  pour  exprimer 
qu'un  homme  est  aussi  coquin  qu'il  est  possible. 
Grand  et  hardi  menteur  s'il  en  fut  jamais ,  balz. 
[xlt.à  Conrard,  28  avril  1653.  ||  Des  grammairiens 
ont  demandé  s'il  fallait  écrire  s'il  en  fut  ou  s'il  en 
fût.  Le  verbe  n'est  pas  au  subjonctif,  comme  on  le 
voit  quand  le  verbe  est  un  présent.  ||  Il  est  en....  de, 
il  est  au  pouvoir  de....  Il  est  en  vous  de  l'éviter  [la 
colère  du  ciel]  par  un  prompt  repentir,  mol.  Festin, 
IV,  9.  Il  U  n'est  pas  en  moi  de  faire  telle  chose,  je 


n'ai  pas  le  pouvoir  de  faire  telle  chose,  ou  bien  mon 
caractère  ne  mêle  permet  pas.  ||  Est-il,  signifiant  il 
est  certain,  ne  s'emploie  que  dans  des  phrases  con- 
struites ainsi  :  toujours  est-il,  or  est-il.  Vous  soute- 
nez cet  homme,  toujours  est-il  qu'il  a  commis  une 
mauvaise  action.  Or  est-il  que  j'en  fais  un  tel  fonde- 
ment, que  je  ne  vous  rends  pas  même  les  devoirs 
ordinaires,  balz.  liv.  vi,  lett.  3.  Or  est-il  que  le  Fil» 
de  Dieu  a  voulu  choisir  la  parole  pour  être  l'instru- 
ment de  sa  grâce,  boss.  Prédic.  3.  ||  Il  n'est  rien  de 

si  beau  que....,  nulle  chose  n'est  aussi  belle  que 

Il  II  est  midi,  une  heure,  trois  heures,  c'est-à-dire 
l'heure  actuelle  est  midi,  une  heure,  trois  heures. 
Quelle  heure  est-il?  X  l'heure  qu'il  est.  |1 11  est  jour,  il 
est  nuit,  il  fait  jour,  il  fait  nuit.  1|  Il  n'est  que  lundi, 
mardi,  etc.  nous  ne  sommes  encore  qu'à  lundi, 
mardi.  J'y  reçus  une  de  vos  lettres;  et,  quoiqu'il 
ne  soit  que  lundi  et  que  celle-ci  ne  parte  que  mer- 
credi,  je  commence  à  causer  avec  vous,  SÉv.  Lett. 
iDjuill.  1677.  Il  Ce  qu'il  peut  être,  autant  qu'il  peut, 
être.  Et  Pompée  est  vengé  ce  qu'il  peut  l'être  ici, 
CORN.  Pomp.  V,  4.  Il  II  n'est  que  telle  chose,  c'est- 
à-dire  il  n'est  rien  de  tel  que,  cela  seul  convient. 
Pour  perdre  des  amants  celles  qui  s'en  affligent 
Donnent  trop  d'avantage  à  ceux  qui  les  négligent  : 
Iln'estlors  quelajoie,  elle  nous  venge  mieux,  corn. 
Mcl.  m,  B.  Il  II  n'est  que  de....  c'est-à-dire  le  mieux 
est  de....  Il  n'est  que  de  prendre  les  choses  comme 
elles  viennent.  Il  n'est  que  d'être  fin  et  de  soir  et  de 
nuit,  Régnier,  Épit.  ii.  Il  n'est  que  d'être  libre,  et 
en  deniers  comptants,  id.  ib.  ii.  L'éclat  d'un  tel  af- 
front l'ayant  trop  décriée ,  Il  n'est  à  son  avis  que  d'être 
mariée,  corn.  Suite  du  Ment,  i,  i.  Ma  foi,  il  n'est 
que  de  jouer  d'adresse  en  ce  monde,  mol.  Mal.  im. 
Interm.  i,  se.  6.  Il  n'est  que  d'entreprendre  pour 
réussir.  Exil  de  Cicéron,  dans  desfontaines.  U 
n'est  pour  se  haïr  que  d'être  un  peu  parent,  boissy. 
Babillard,  se.  3.  Il  n'est  que  d'être  roi  pour  être 
heureux  au  monde;  Bénits  soient  tes  décrets,  ôsa- 
gesse  profonde.  Qui  me  voulus  heureux,  et,  pro- 
digue envers  moi,  M'as  fait  dans  mon  asile  et  mon 
maître  et  mon  roi,  a.  chén.  Ëlég.  xxiv.  Il  n'est 
que  de  s'entendre;  cet  homme-là  et  moi  sommes 
quasi  d'accord,  p.  l.  cour,  i,  282.  ||  U  n'est  que 
de...  signifie  aussi:  en  fait  de  choses  dont  il  s'agit, 
la  meilleure  vient  de.  Il  n'est  pommes  que  de  Nor- 
mandie. Il  n'est  pruneaux  que  de  Tours.  ||  Il  n'est 
pas  que.. ..avccne, elle  verbe  suivant  au  subj  onctif, 
il  n'est  pas  supposable  que. . . .  Il  n'est  pas  que  vous  ne 
sachiez  quelques  nouvelles  de  cette  affaire ,  mol.  VAv. 
V,  2.  Il  n'est  pas  que  vous  n'ayez  ouï  parler  du  goût 
bizarre  de  cet  empereur  qui  préféra  les  écrits  do  je 
ne  sais  quel  poète  aux  ouvrages  d'Homère,  boil. 
Dissert,  sur  Joconde.  \\  14°  Être,  construit  avec  ce 
antécédent,  voy.  pour  les  règles  de  cette  construc- 
tion CE,  à  l'article  et  aux  remarques.  ||  Ce  se  rappor- 
tant à  une  personne,  à  une  chose,  à  une  action  déjà, 
déterminée.  C'est  ce  que  je  désirais.  C'est  bon.  C'est 
vrai.  Vous  m'aviez  bien  promis  des  conseils  d'une 
femme.  Vous  me  tenez  parole  et  c'en  sont  là,  ma- 
dame, corn.  Cinna,  iv,  t.  Est-ce  là  ce  beau  feu, 
sont-ce  là  tes  serments?  id.  Poly.  v,  3.  De  grâce, 
est-ce  pour  rire,  ou  si  tous  deux  vous  extravaguez 
de  vouloir  que  je  sois  médecin  ?  mol.  Méd.  m.  lui, 
1,  6.  Hé  parbleu!  je  l'aurais  pendue  [citrouille]  Â 
l'un  des  chênes  que  voilà;  C'eût  été  justement  l'af- 
faire, LA  FONT.  Fabl.  IX,  4.  ||  Ce  se  rapportant  à  une 
personne,  à  une  chose,  aune  action  indiquée  seule- 
ment dans  la  suite  de  la  phrase.  C'est  moi  qui  l'ai 
dit.  Qui  de  vous  deux  aujourd'hui  m'assassine? 
Sont-ce  tous  deux  ensemble,  ou  chacun  à  son  tour? 
CORN.  Poly.  v,  3.  A-ce  été  sous  mon  nom  que  j'ai 
brigué  l'empire?  ID.  Pulch.  m,  3.  Mais  est-ce  un 
coup  bien  sûr  que  votre  seigneurie  Soit  désena- 
mourée?ou  si  c'est  raillerie?  mol.  Dép.  amour,  i, 
4.  Sont-ce  encore  des  bergers?—  C'est  ce  qu'il 
vous  plaira,  id.  Bourg,  gent.  i,  2.  Sont-ce  des  vers 
que  vous  lui  voulez  écrire?  id.  ib.  ii,  «.  ||  C'est.... 
que,  avec  un  substantif.  C'est  une  plate  composition 
que' cette  comédie,  cette  comédie  est  une  plate 
composition.  En  un  mot,  c'est  un  ambigu  de  pré- 
cieu-se  et  de  coquette  que  leur  personne,  mol.  Préc. 
I.  Il  C'est....  que,  avec  un  infinitif.  Si  ce  n'est  pas 
à  moi  trop  de  témérité  que  d'oser  aspirer  à  l'hon- 
neur de  votre  alliance,  id.  la  Pr.  d'Èl.  v,  l.  C'est 
une  lâcheté  que  de  se  faire  expliquer  trop  sa  honte, 
ID.  le  Fest.  de  P.  i,  3.  Vous  moquez-vous?  ce  serait 
être  fou  que  d'aller  parler  à  une  statue ,  id.  ib.  m, 
7.  Il  Est-ce  que,  se  dit  pour  interroger.  Est-ce  que 
vous  feignez  d'ignorer  ma  naissance  ?  rotr.  Herc  i 
mour.  IV,  2.  Est-ce  qu'on;  croit  encor  mon  supplice' 
trop  doux?  RAC.  Mithr.  v,  4_.  Est-ce  que  de  Baal  I9  ' 
zèle  vous  transporte?».  AÏhal,  m,  3,  Est-ce  que 


<532 


ÊTR 


l5ti.o».6«  <!««»•    Il  C«.t»voutd.....  Il  vous 

!^^«^i  C3i.i.  i"»'»-  I,  ♦•  C'est  à  moi  de  mou- 
ÎT  o.ta  eî.«  V  «u/d.  vivre,  .d.  ThM.  m,  3. 
[•••il  bî*D  à  rousdefiireriiabilc  homme  t  mol.  Am. 
au'd  II  «•  Ce»»  à  mol  do  parler  et  d'êlro  le  mallro, 
in  JfW.'  «••  lui,  I.  ••  Ma  flllc,  cesl  k  nous  do  mon- 
irir  qui  nou»  sommes,  iiac.  Iphig.  il,  ♦.  C'est  à  l'a- 
mour do  rapprocher  Ce  que  sépare  la  fortune ,  i.  B. 
«OOM.  Cvitatt  XIX.  C'est  à  Tou»  de  frémir  et  non 
d«  l'aauser,  ddcis,  llamlet,  i,  ».  jj  C'est  i  vous 
»... .  Il  vous  appartient  de.  C'est  à  vous  h  régler  ce  qu'il 
faul  que  Je  fa.ise;  C'est  à  vous,  Emilie,  à  lui  donner 
M  (trace,  COHN.  Cinna,  m,  î.  C'est  k  monsieur  à 
me  mettre  de  la  façon  qu'il  veut,  «OL.  SiciV.  ta. 
C'est  4  vous  k  juger  de  son  crime,  volt.  Ilrulus,  v, 
».  Kt  ce  n'est  pas  k  vous  k  me  croire  infleiilile,  lo. 
Al:.  IV,  ».  Il  Ce  n'est  pas  que....  avec  l'indicatir, 
lignifie  «près  tout.  Ce  n'est  pas  qu'il  faul  quel- 
quefois pardonner  k  celui  qui,  avec  un  Rrand  cortège, 
un  habit  riche  et  un  ma^niAque  équipage,  s'en 
croit  plus  de  naissance  et  d'esprit  :  il  lit  cela  dans 
la  contenance  et  les  yeux  de  ceui  qui  lui  par- 
lent, lA  BRUT.  II.  Il  On  aura  le  mSme  sens  avec 
le  subjonctif  préoéilé  de  ne.  Ce  n'est  pas  qu'il 
ne  faille  quelquefois  pardonner...  ||  Ce  n'est  pas 
que,  avec  ie  subjonctif,  signifie  aus^i  :  on  ne  doit 
pas  dire,  prétendre  à  cause  de  cela.  Ce  n'est  pas  qu'il 
faille  renoncer  au  monde.  ||  Ce  que  c'est  que  de...., 
k  quoi  aboutit....,  voilà  le  sort.  Ce  que  c'est  que  de 
nousl  Voyez  ce  que  c'est  que  du  monde  aujour- 
d'hui, MOL.  lÉt.  l,  ».  Il  Voilà  ce  que  c'est,  voilà  en 
quoi  consiste  la  chose,  voilà  ce  dont  il  s'agit;  et 
au.<>si  quelquefois  :  la  chose  e.st  faite  maintenant 
comme  il  convient.  ||  C'eiît-à-diro  ,  voy.  dire. 
Il  16*  Soit  I  expression  elliptique  d'assentiment. Vous 
le  ïouler;  soiti  j'irai  avec  vous.  ||  Ainsi  soit-ill  for- 
mule qui  termine  certaines  prières.  ||  Eipression  de 
souhait.  Sois-je  du  ciel  écrasé,  ai  je  mens  I  uoi.. 
Mù.  I,  ».  Jésus  soit  notre  joiel  boss.  a  Purif.  Son 
«ang  soit  sur  nous  et  sur  nos  enfants,  m.  Ilist. 
H,  to.  Il  F.liiptiquement.  Soit  fait  selon  votre  vo- 
lonté, c'est-k-dire  qu'il  soit  fait....  Fntre  nous  soit 
dit.  Soit  dit  confidemment,  jecroisqu'il  est  jaloux  De 
tous  tes  sentiments  qui  m'attachent  k  tous,gbesskt, 
nichant,  V,  &.  ||  Soit,  conjoncli'ori ,  voy.  soit. 
Il  18'  Elliptiquement.  N'était,  n'eût  été,  si  ce  n'é- 
tait, si  ce  n'eût  été.  N'était,  n'eût  été  que  je  suis 
votre  ami.  N'était  l'amitié  que  j'ai  pour  vous.  Et 
encore  n'était  le  hasard  et  la  perte.  Je  voudrais.... 
KtoiiiER,  Ép.  II.  Uais  par  ma  foi,  madame,  n'était 
que  je  lui  ai  déjà  vu  Jouer  mille  fols  le  même  rôle,  je 
ne  saurais  qu'en  dire,  baron,  Homme  à  bonnes  (orl. 
III,  1.  Il  Fût-il....  quand  même  il  serait....  On  résolut 
sa  mort,  fût-Il  coupable  ou  non ,  la  font.  Fabl.  x,  ». 
Fût-elle  mon  ennemie,  je  la  louerais  de  même,  oen- 
lis,  jJd.ttr/idod.  t.iii,leit.4o,  p. 270,  danspouoENS. 
Il  Ne  fût-ce....  que,  quand  ce  ne  serait  que....  IJes- 
préauxestpoureuxunegrandeautorité,  ne  fût-ce  que 
parce  qu'il  est  mort,  d'ai.eub.  Latin  det  modernes. 
Il  17*  Cela  étant,  vu  que  la  chose  est  ainsi.  Et  cela 
ét<int,  qui  doute  qu'il  ne  fallût  faire  des  prières 
générale»?  balz.  liv.  i,  lett.  6.  Cela  étant,  Valère 
mon  maître  n'a  plus  qu'k  chercher  fortune  ailleurs, 
LISAOR,  Critp.  rir.  de  ton  maUre,  se.  ».  ||  Etant  ou 
en  étant,  dans  une  construction  absolue,  c'est-à- 
dire  ne  s<  rapportant  ni  au  sujet  ni  au  régime  du 
la  phrase.  Roqucbrune  n'était  pas  d'avis  qu'on  le 
reçût,  on  étant  des  poètes  comme  des  femmes, 
»CA«RON,  Roman  comique,  m,  6.  Je  n'ai  parlé  que 
des  noms  communs,  étant  indubitable  que  c'est 
fort  bien  parler  que  de  dire....  lancelot,  Gramm. 
génir.  ii,  lo.  Je  dis  qu'étant  impossible  que  Dieu 
emprunte  rien  du  dehors,  il  ne  peut  avoir  besoin 
que  do  lui-même  pour  connaître  tout  ce  qu'il  con- 
naît, Boss.  libre  arb.  3.  Vous  ne  pouvei  dilTérer, 
étant  important  de  ne  vous  pas  arrêter  davantage, 
ID.  Un.  quiét.  477.  Nous  étant  défendu  de  fixer 
notre  cœur  k  la  terre,  la  situation  doit  nous  p.irallre 
la  plus  souhaitable,  mass.  Car.  Prosp.  ||  Etant  se 
rapportant  au  régime.  On  connaîtra  que ,  n'étant 
»uir«  chose  qu'un  poëme  ingénieux,  on  ne  saurait 
le  censurer  sans  Injustice,  HOL.  Tari.  Prif.  ||  18*  Etre 
t  emploie  comme  auxiliaire  des  verbes  passifs  (en  ses 
Umps  simples  «t  composés  :  je  suis  aimé,  jai  été 
««•It  «  dun  grand  nombre  de  verbes  neutres 
(Mulefflent  en  ses  temps  simples  :  je  suis  venu,  je 
«ni,  !l^^"  i^.P«'"*.»'«  on  pourrait  dire  :  11  devait 
ÎÛ^'^ll^  ?""'•.*'*  P*""-  '^«:*"«>  f"«  exilé  de 

Uo«v*  si  te  fusw  venu  k  temps. ....  H'our»]  Vivait 


ÊTR 

seul  cl  caché;  Il  fût  devenu  fou  ;  la  raison  d'ordi- 
naire N'habite  pas  longtemps  chez  les  gens  séques- 
tré», LA  TONi.  Fabl.  viii,  tu.  Il  II  est  aussi  auxiliaire 
dans  tous  les  verbes  réfléchis,  directs  ou  indirects, 
mais  seulement  avec  ses  temps  simples.  Il  s'est  em- 
paré de  la  Tille,  Elle  s'est  cassé  le  bras.  Ils  se  sont 
blessés  en  jouant.  Chez  ces  gens  pour  toujours  il  [le 
fullel)  se  fût  arrêté,  la  pont.  Fabl.  vu,  «.  ||  19"  Etre 
se  dit  pour  aller,  quand  on  est  allé  dans  un  lieu  et 
qu'on  en  est  revenu;  ce  qui  fait  voir  qu'en  ce  sens 
ilre  a  d'abord  gardé  sa  signification  naturelle;  il  est 
allé  k  Rome  exprime  simplement  qu'il  a  fait  le  voyage 
de  Rome,  sans  dire  s'il  est  de  retour  ;  il  a  été  à 
Rome  exprime  qu'il  est  revenu  ;  être  pour  aller  ne 
s'emploie  qu'aux  temps  passés  :  je  fus,  j'ai  été, 
j'aurai  été,  j'aurais  été.  Je  fusse,  ayant  été.  J'ai  été 
premièrement  tout  contre  l'arsenal  au  bout  du  fau- 
bourg St-Germain  ,  du  faubourg  St-Germain  au 
fond  du  Marais,  mol.  ilm.  mcd.  u,  3.  Mon  cheval  a 
fait  tout  cela  aujourd'hui,  et  de  plus  j'ai  été  à  Ruel 
voir  un  malade,  ID.  tb.  La  comédiede  Racine  m'a  paru 
belle,  nous  y  avons  été,  sÉv.  à  Mme  de  Grignan, 
(lijanv.  1872.  Il  C'est  abusivement  qu'on  emploie 
(Ire  pour  aller  en  d'autres  circonstances  ;  cependant, 
dans  l'usage  vulgaire,  on  se  sert  souvent  de  je  fus 
et  j'ai  été  au  sens  d'aller  avec  un  inlinitif  suivant; 
et  on  en  trouve  des  exemples  dans  d'excellents  au- 
teurs et  dans  de  très-anciens  textes.  Il  fut  recevoir 
le  corps  de  son  frère  jusqu'à  Pavie;  son  frère  n'a- 
vait été  qu'une  journée  au-devant  de  lui ,  d'ablan- 
couRT,  Tacite,  434.  Et  nous  fûmes  coucher  sur  le 
pays  exprès,  C'est-à-dire,  mon  cher,  au  fin  fond 
des  forêts,  mol.  Fâcheux,  ii,  7.  X  peine  ai-je  été 
les  voir  trois  ou  quatre  fois,  depuis  que  nous  som- 
mes à  l'aris,  in. Impromptu,  t.  Jafus  retrouver  mon 
janséniste,  p»sc.  Prov.  l.  Elle  fut  au-devant  d'elle 
les  bras  ouverts,  sÉv.  <7.  Quand  un  Porphyre, 
quand  un  Julien  l'apostat,  ennemis  d'ailleurs  des 
Ecritures,  ont  voulu  donner  des  exemples  de  pré- 
dictions prophétiques,  ils  les  ont  été  chercher  parmi 
les  Juifs,  BO.?s.  Hist.  II,  6.  Il  prit  deux  perdrix  et 
fut  chez  sa  maltresse,  hamilt.  Gramm.  *.  Si  on 
eût  eu  à  chercher  un  homme  heureux,  on  l'eût  été 
chercher  bien  loin  de  lui  et  bien  plus  haut,  mais 
on  ne  l'y  eût  pas  trouvé ,  fonten.  Varignon. 
Tu  ceignis  en  mourant  ton  glaive  sur  ta  cuisse.  Et 
tu  fus  demander  récompense  ou  justice  Au  Dieu  qui 
t'avait  envoyé,  lamart.  Uéd.  n,  7.  ||  Proverbes.  On 
ne  peut  pas  être  et  avoir  été,  on  ne  peut  être  vieux 
et  jeune  tout  en.semble.  ||  U  faut  être  tout  un  ou  tout 
autre,  il  faut  avoir  une  conduite,  une  manière  de 
penser  décidée. 

—  BE.M.  1.  Etre  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  aïoi'r; 
J'ai  été.  et  non  je  suis  été;  ce  que  dit  l'italien  :  io 
sono  stato;  italianisme  qui  au  xvi*  siècle  essaya  de 
se  glis.ser.  ||  3.  Ce  furent  mes  sœurs  qui  y  allè- 
rent. L'euphonie  fait  admettre  le  singulier  dans  les 
locutions  intcrrogatives  :  Fut-ce  mes  sœurs  qui 
le  firent?  ||  3.  Les  constructions  du  verbe  être 
suivant  que  le  sujet  est  au  singulier  ou  le  complé- 
ment au  pluriel,  et  vice  versa,  présentent  de  l'em- 
barras. Il  y  a  trois  cas  :  t"cas.  Un  sujet  au  singulier 
avec  un  complément  au  pluriel,  et  le  verbe  au  sin- 
gulier. Une  tragédie  doit  être  des  passions  parlantes, 
VOLT.  Lett.d'Argental,  12  mars  1 740.  Celte  construc- 
tion ne  fait  pas  difficulté.  »•  cas.  Un  sujet  au  sin- 
gulier, avec  un  complément  au  pluriel,  et  la  verbe 
au  pluriel.  Le  reste  des  hommes  sont  des  coquins, 
PASc.  Imag.  8.  Tout  ce  que  je  vois  ne  sont  que  do 
vains  simulacres,  boss.  Brièveté.  L'effet  du  com- 
merce sont  les  richesses,  la  suite  des  richesses,  la 
luxe,  MONTESQ.  Fspr.  XX,  6.  La  seule  chose  qui  les 
surprenne  [les  éléphants|  sont  les  pétards  qu'on  leur 
lance,  Burp.  Éléphant.  Sa  nourriture  ordinaire  sont 
des  fruits,  des  amandes,  des  noisettes,  de  la  farine 
et  du  gland,  bupfon,  ^cureui'i.  Tout  cela  ne  sont 
que  des  arguties  et  des  subtilités,  j.  j.  rouss.  Prom. 
s.  Cette  construction  est  archaïque,  et  aujourd'hui, 
dans  des  cas  pareils ,  on  met  de  préférence  le  verbe 
au  singulier.  3*  cas.  Un  sujet  au  |»uriel,  avec  un 
complément  au  singulier  et  le  verbe  au  singulier.  Et 
deux  ans,  dans  leseie,  est  une  grande  avance, 
MOL.  Mélic.  I,  4.  Quatre  ou  cinq  mille  écus  est  un 
denier  considérable,  mol.  Poitrc.  m,  9.  Ici  deux 
ans,  quatre  ou  cinq  mille  écus  sont  considérés  clia- 
cun  comme  un  chiffre  unique,  et  le  sens  entraîne  avec 
soi  d'une  façon  naturelle  la  construction  du  verbe 
au  singulier.  ||  <.  L'Académie  remarque  à  propos 
du  verbe  ttrt  que  les  grammairiens  (et  il  vaudrait 
mieux  mettre  :  quelques  grammairiens)  l'appellent 
verbe  substantif.  Cela  est  vrai  ;  mais  il  aurait  fallu 
•jouter  :  t*  qu'ils  lui  donnent  ce  nom  par  opposi- 
Uon  k   tous  les  autres   verbes,    qu'ils  nomment 


ÊTR 

verbes  adjectifs  ;  2*  que,  dans  tous  les  cas,  ces  deux 
dénominations  sont  fort  mauvaises,  puisque  «ub- 
stanlifet  adjectif  désignent  deux  espèces  de  mots, 
et  verbe  une  troisième;  et  que  le  rapprochement  de 
ces  mots  contradictoires  n'a  absolument  aucun  sens, 
3*que  Dumarsais,  considérant  que  tout  verbe  se  ré- 
sout dans  le  verlie  être  suivi  de  son  participe  pré- 
sent, appelait  être  le  verbe  simple  ou  absolu,  et 
tous  les  autres  des  verbes  composés  ;  4°  que  ces 
mots  entraînaient  une  confusion,  puisiue,  k  un 
antre  point  de  vue,  mettre  est  un  verbe  simple,  et  ad- 
tne((re,  commettre,  etc.  des  verbes  composés;  6*  que 
Beauzée  a  trouvé  le  véritable  nom  en  appelant  ilre 
le  verbe  abstrait  ;  et  alors  tous  les  autres  verbes 
sont  concrets,  comme  réunissant  au  sens  du  verlie 
être  celui  de  leur  participe;  ou  attributifs,  parce  que 
ce  participe  commence  l'attribut  dans  la  proposition 
oïl  ils  entrent. 

—  HIST.  II*  s.  Nul  plaid  qui  cist  meon  fradre 
Karle  in  damno  sit  [qui  soit  en  dommaRc  à  ce  mien 
frère  Charle],  Serment.  In  nullaaiudha  fan  nulle 
aide]  contra  Lodhuwig  non  li  vi   [y]  er  [serai],  i6. 

—  X*  s.  Buona  pulcella  fut  Eulalia,  Eulalie.  Chi 
[qui]  rex  eret  [était]  à  cels  dis  [à  ces  jours]  sovre 
pagiens,  ib.  Por  o  [pour  cela]  s' furet  [fueral]  morte 
à  grant  honestet ,  ib.  Seit  niuls  ,  Frag.  de  Val. 
p.  407.  Et  si  fu  co  [cela],  ib.  p.  467.  K  eret  [éiait] 
mult  las,  ib.  p.  468.  Si  astreient  [seraient]  li  Judei 
perdut,  si  cum  il  ore  sunt,  ib.  p.  468.  E  io  ne  dol- 
reie  [je  ne  serais  pas  affligé]  de  tanta  millia  homi- 
nuin,  si  perdut  erent  [seront]?  ib.  p.  409.  Quand  il 
se  erent  convers  [quand  ils  se  seront  convertis]  de 
via  sua  mala,  ib.  p.  469.  Seietst  •[ soyez]  unanimes 
in  dei  servilio,  ib.  p.  409. 

—  XI' s.  Si  ceo  fust  uevesquéuabeie.  Lois  de  Guil. 
I.  X  graiitdolur  ermes  (nous  serons]  lioi  desevrez 
[séparés],  Ch.  de  Ilol.  cxlv.  [Des  péchés]  Que  je  ai 
rail  dès  i'hore  que  nés  [je]  fui,  ib.  clxxii.  Une  pot 
[peut]  estro  (il  est  impossible]  qu'il  seient  desevrez, 
ib.  cCLxxxvj.  Mais  li  quens  Guenes.  se  fut  bien 
pourpenset,  tb.  xxxii.  N'est  hom  quil  [qui  le]  veit 
e  conoistre  le  sait.  Qui  ce  ne  die....  ib.  xxxix.  De  là 
[ils]  s'en  furent  [s'en  allèrent]  pour  la  chresiienlet, 
ib.  LUI.  Se  vous  mourez,  esterez  sainz  martirs,  tb. 
Lxxxvii.  Set  ans  touz  pleins  ad  ested  en  Espeigne, 
ib.  l.  Li  reis  Marsil  esleit  en  Saragoce,  tb.  il.  Que 
nous  seiuns  conduit  à  mendier  ,  tb.  Quant  clias- 
cuns  ert  [sera]  à  son  meillor  repaire,  ib.  iv.  Charles 
serai  ad  Ais  à  sa  chapele,  tb.  Dient  païen  :  ainsi 
puet-il  bien  estre  ,  tb.  Là  où  cis  [ceux-là]  furent, 
des  autres  i  ot  bien  ,  ib.  viii.  S'est  qu'il  denian- 
det  [s'il  y  a  quelqu'un  qui  le  demande],  ne  l'esteut 
[il  n'est  besoin  de]  enseigner,  tb.  Seit  qui  l'ocie, 
toute  pais  puis  auriumes,  ib.  xxviii, 

—  III"  g.  Ah  !  rois  de  gloire,  lu  soies  merciû,  Hoiic. 
p.l60.  AdainoDeusoiez....ii.p.  17.  S'il  est  qui  croiro 
veuille  ma  volonté,  ib.  p.  20.  Qui  moût  sont  à  pri- 
sier,  i6.  p.  30.  Là  s'est  armez  li  corlois  Olivier,  ib, 
p.  49.  Seinpres  morrai,  mais  cher  me  sui  vendiiz, 
l'é.  p.  93.  Tant  a  esté  [tant  est  allé],  [que]  devant  la 
tour  antiu  Est  deseenduz  voyant  sa  iiaroiiie,  ib.  p. 
1 1 5.  D'une  grant  terre  qui  fu  au  roi  Orsaire,  ib.  p. 
145.  Si  [je]  m'i  confort  [en  son  souvenir],  quant  elo 
m'est  lointaine  [absente].  Coud,  Vlii.  Mais  itaiit  fu 
à  moi  reconforter  Que,  nuit  et  jour,  en  ploraut  [je] 
la  reniir  [regarde],  i6.  i.  Mais  il  convient  qu'à  sa 
volonté  [je]  soie,  ib.  m.  D'hui  cest  jour  eu  un  au 
soier  prest  d'ostoier  [entrer  en  campagne],  Sax. 
XVI.  Comment  vous  a  e.slé  entre  la  gent  foraine 
[étrangère]?  ib.  xxx.  Mult  nota  les  paroles  que  li 
quens  respundi.  Pur  ço  que  li  quens  ert  [était|  cu- 
sins  al  rei  Henri,  El  erent  d'un  conseil  et  durement 
ami,  Th.  le  mari.  6 1.  Se  vus  ncl  délivrez,  nus  sû- 
mes mal  bailli  :  Li  reis  e  saint  iglise  o  nus  iermes 
[.serons]  huni,  tb.  4  2.  Et  quant  vous  estes  eschapé 
Et  li  besoin  sont  trespassé,  Dont  ne  vous  est  gaires 
de  nous  [vous  ne  vous  souciez  guères  de  nous] ,  lio- 
man  de  Brut,  v.  6346.  Mon  tré  [lente]  tendez  en 
milieu  del  mostier,  Et  en  ces  porches  e.sseront  mi 
sommier,  flaoui  de  C.  4  60.  Et  jo  li  serrai  pur  père, 
e  il  me  scrrad  purfiz.  Rois,  p.  t44.  Uns  hom  astoit 
en  la  terre  Us,  ki  out  num  Job,  Job,  p.  441. 

—  un*  s.  Quant  nous  fusmes  [allâmes]  au 
bois  arcoier  et  joier,  Alexandre,  dans  du  cawge, 
arcuare.  La  dame  à  qui  je  sui ,  s'el  me  vcll  rete- 
nir, VIDAME  DB  CHARTRES,  Romancero,  p.  Il 4.  Jà 
pour  autre  ne  me  devra  guerpir  [quitter],  Quant  cl 
saura  com  je  lui  al  esté  Fins  et  verais,  courtois,  sans 
repentir,  le  comte  d'anjou,  ib.  p.  424.  Et  tout  cil 
qui  avoicnt  devant  esté  contre  lui  estoient  ce  jour  k 
f.i  vulenté,  VILLEH.  Lxxxvi.  U  i  avoit  un  Grieu  (GrecJ 
qui  miex  estoit  de  l'empereour  que  tuit  li  autre,  ID, 
xcvu.  Eusi  deaiorerent    huit  jors  pour  atendre  l9i 


ÊTR 


ÊTR 


ETR 


1533 


nés  [vaisseaux]  qui  encort!  esloiout  à  venir,  m.  txi 
tlec  trovereiit  Guillaume  de  Braiecuel  et  cex  qui 
ïvoec  lui  estoient,  qui  moût  estoient  à  grant  paor, 
m.  cxxxviu.  Tant  se  travailla  Joirois  li  marescliaux 
il  l'aide  des  barons  qui  estoient  dou  conseil  au  mar- 
cliis,  ID.  cxx.  Et  de  corone  d'or  [je]  fui  par  vous  co- 
ronnée,  Berte,  xvi.  Si  [elle]  saignoit  com  ce  fust 
perceOre  de  elou,  ib.  xxxii.  Ainsi  com  vous  orrez 
[ouïrez],  s'il  est  qui  vous  le  die,  ib.  ix.  Dame,  ce 
dist  Constance,  si  soit  com  dit  avez,  ib.  cxxxii. 
Pour  ce  qu'il  ert  [était]  divenres  [vendredi]....  ib. 
.  Vers  le  lion  [il]  s'en  va,  ou  soit  sens  ou  folie,  ib. 
11.  Ne  soiez  vers  les  pauvres  ne  sure  [aigre]  ne 
amere,  ib.  iv.  Sire,  fait-ele,  c'estroit  [ce  serait] 
lait,  iat  rfe  J'ombre.  Et  tant  furent  ensamlile  qu'il 
tn  ot  un  filg  et  une  fille,  Ckr.  de  Rains,  p.  9.  Et  li 
rois  respondi  que  li  legasdisoit  savo!enli5,  ne  ne  sa- 
Miit  pas  à  quoi  ce  moutoit  :  car  Saraziu  estoient 
moult  sa.qe  et  estoient  sour  le  leur,  et  bien  veoienl 
lor  meiliour  quant  temps  et  lius  en  estoit,  ib.  p. 
101.  Sire,  ormais  n'est  que  dou  haster  la  besoigne, 
:/).  p.  61.  Evain  en  son  cuer  porpensoit  Que  s'ele 
f  ncor  une  en  avoit,  Plus  belle  estroitla  compaignie, 
/l'en.  G(.  Car  c'est  celé  qui  la  bonté  Me  fist  si  grant 
(|u'ele  m'ouvri  Le  guichet  del  vergier  flori ,  la  Rose, 
(204.  Je  t'enseignerai  bien  autre  hui;  Autre,  non 
jias,  mes  ce  meïsmes,  Dont  cbascun  puet  estre  à 
raeïsmes  [être  à  même],  Mes  qu'il  prengne  l'enteii- 
ilement  D'amors  ung  poi  plus  largement,  ib.  0462. 
Trop  sunt  dolentes  et  confuses  Pucellesqûi  sunt  re- 
fusées, ib.  5800.  Avis  m'iere  [m'était]  qu'il  estoit  mains 
[matin], Il  ajàbiencincq  ans,  au  mains  [au  moins], 
En  mai  esloie,  ce  sonjoie,  El  tems  amoureus  plain 
(le  joie,  ib.  45.  Enciez  [avant]  qu'il  vint,  si  m'es- 
cria  :  Vassal,  pris  les  [tu  es],  noient  n'i  a  Du  con- 
tredire, ne  détendre,  ib.  4694.  Il  fu  que  [il  y  eut 
un  temps  où]  toutes  les  bonnes  viles  et  li  castel  de 
I.ombardie  furent  à  l'empereur  de  Romme,  en  son  do- 
maine ,  et  tenues  de  li ,  beaum.  xxx,  64.  Aucuns  dons 
et  pramesses  porroient  estre  convenencié  qui  ne  se- 
roient  pas  à  tenir,  m.  vi,  24.  Donques  quant  plusor 
parchonier  ont  compaignie  en  tix  [tels]  héritages,  il 
doivent  estre  €^  ferme  ou  àloier,  lo.  xxii,  4.  Tout  soit 
il  ainsi  que  commune  renommée  keure  [coure]  en- 
tre une  feme  qui  est  en  mariage,  qu'ele  est  bien  de 
plusors  homes  carnelment,  m.  xviii,  4.  S'on  espe- 
roit  qu'il  se  fust  tués  par  aucune  maladie,  par  le  [la] 
qucle  il  ne  fust  pas  à  soi ,  si  oir  [ses  hèritier.s]  ne 
doivent  pas  perdre  ce  qui  de  li  vient,  id.  lxix,  iu. 
Nous  en  sons  [sommes]  bien  entré  en  voie,  N'i  a 
si  fol  que  nele  voie,  Quant  Constantinohie  est  per- 
due, BUTEB.  401.  Un  chevalier  qui  estoit  à  monsei- 
gneur Erart  de  Brene ,  JOINV.  244.  Sire,  il  me 
semble  que  il  iert  [sera]  bon  que  vous  retenez  les 
forracns  et  les  orges  et  les  ris,  lo.  2ie.  El  dit  l'en 
que  nous  estions  trestous  perdus  dès  celle  journée, 
su  le  cors  le  roy  [le  roi  de  sa  personne]  ne  feust  [ne 
se  fût  trouvé  là],  id.  227. 

—  XIV'  s.  Quant  nous  avons  communellement  de- 
lettacion  en  aucune  chose,  c'estsigne  que  nous  suy- 
mes  [sommes]  à  telles  choses  enclins,  et  quant 
nous  avons  tristesce  en  aucunes  choses,  c'est  signe 
que  nous  suymes  enclins  à  l'opposite,  oresme,  Eth. 
65.  S'ainsi  sons  [nous sommes] pris  au  broi  [piège], 
s'iert  [ce  sera]  de  grant  lachetey,  Girart  de  Ross. 

V.  3270. 

xv's.  Or  ai -je  un  petit  d'escusance  De  ce  que  lors 
p  Jones  ère  [j'étais]  Et  de  trop  ignorant  manière, 
hoiss.  Espinette  amoureuse.  Et  tel  que  fui,  encor 
le  sui,  ib...  Beau  fieulz,  es-se  [est-ce]  Belle  chose  de 
bien  ouvrer?iD.  ib.  Or,  regardez  si  je  disoie  bien  voir 
[vrai],  veez  là  les  vingt  six  mille  hommes  d'armes; 
si  ils  sont  trois  mille  lances,  ils  sont  cent  mille,  id. 
11,11,  2(2.  Ainsi  estoient  menacés  les  Anglois  par 
les  François,  etdonnoient  grand  marché,  et  ibon- 
troient  par  leurs  paroles  que  tout  fut  à  eux,  id.  ii, 
m,  40.  Lors  demanda  le  roy  à  son  conseil  qu'il  es- 
toit de  faire,  id.  i,  i,  61.  Et  quant  le  jour  du  jiar- 
lement  qui  estoit  assigné  à  Mons,  fut  venu,  ils  y 
furent,  id.  i,  i,  ici.  Et  sachez  que,  si  ne  fussent 
les  gentils  hommes  qui  dedans  Aubenton  estoient  et 
qui  la  gardûient,  elle  eut  esté  tost  prise  et  d'assaut, 
II).  I,  I,  (03.  Sitost  que  le  jour  fut....  ID.  i,  i,  (44. 
Quand  messire  Aghos  des  Baux  sentit  que  ceux  de 
la  Keole  se  vouloient  rendre,  il  ne  voulut  oncques 
eslre  à  leur  traité,  mais  se  partit  d'eux,  id.  i,  i, 
337.  Votre  capilaine  où  est-il?  ne  veut-il  point  estre 
lie  ce  traité,  ib.  Si  avoit  un  frère  par  son  père  qui 
avoit  esté  [feu  son  père],  id.  i,  i,  447.11  ne  peut 
eslre  que  en  un  tel  ost  que  le  roi  d'Angleterre  me- 
noit,  qu'il  n'y  ait  des  vilains  garçons  et  des  malfai- 
teurs, ID.  I,  I,  272.  Et  fit  depuis  si  grands  proues- 
ses [Watelet  de  Mauny]  qu'on  n'en  pourroit  savoir 


le  nombre,  si  comme  vous  orrez  avant  en  l'histoire, 
s'il  est  qui  vous  le  die,  froiss.  i,  i,  40.  Tu  es  l'aisné 
fils  du  roi,  auquel,  parla  grâce  de  Dieu,  tu  es  à  suc- 
céder, et  es  à  eslre  notre  roi  et  seigneur,  mOnstr. 
1,  48.  Et  les  aucuns  disoient  que  le  duc  de  Bavière 
avoit  laschement  faict  qu'il  n'avoit  tué  le  duc  de 
Bourgongne  soudainement  et  s'en  estre  alléen  Alle- 
maigne,  et  il  n'en  eust  plus  esié,  juven.  des  ubs. 
Charles  VI,  (4(3.  Et  eussent  les  choses  esté  plus 
triumphantes,  se  n'eust  esté  le  temps,  qui  moult  fut 
mal  advenant,  jean  de  troyes,  Chron.  4482.  Ce 
moût  doutoit  le  roy,  qui  estoit  tourné  contre  luy, 
et  plus  lui  en  estoit  que  de  tous  les  aultres  à  qui  il 
avoità  faire,  fenin,  44i3.  Et  de  tels  yen  eut  qui 
bien  se  doubtoient  de  ce  qui  en  estoit,  mais  rien 
n'en  dirent  à  présent,  id.  (407.  Et  sagement  savoit 
jeter  son  regard  et  ses  semblans,  que  nul  n'apper- 
ceust  où  son  cœur  estoit,  boude,  i,  8.  Qui,  pour 
le  moins,  ay  tousjours  esté  des  chambellans  [de 
Louis  XI],  COMM.  Vrol.  Le  quel  me  print  en  son 
service,  et  fut  Tan  mil  quatre  cens  soixante  quatre, 
id.  i,  t.  p]t  faisoit  le  cas  si  énorme  que  nulle  chose 
qui  se  peut  dire  à  ce  propos  pour  faire  honte  et  vi- 
tupère à  un  prince,  ne  fust  qu'il  ne  dist,  ib.  Mon 
cousin,  vous  soyez  le  très  bien  venu,  ID.  IV,  (0. 
Moult  se  tenoit  bienheureux  de  ce  qu'il  pouvoit  es- 
tre bien  d'icelle  [être  bien  avec  elle],  Perceforest, 
1. 1,  4,  f-eo. 

—  xvi*  s.  D'estre  assis  je  n'ai  plus  d'envie  :  Il  n'est 
que  d'estre  bien  couché,  marot,  ii,  247.  Et  fusse 
Helaine  au  gracieux  maiiUien,  Qui  me  vinst  dire, 
amy,  fais  mon  cueur  tien.  Je  respondrois  :  point 
ne  seray  muahle ,  id.  ii  ,  398.  Les  fons  du  temple 
estoit  une  fontaine.  Où  decouroit  un  ruisseau  argen- 
tin, ID.  i ,  482.  Bref,  fust  de  nuict  ou  fust  de  jour. 
Je  ne  songeois  rien  que  l'amour,  du  bellay,  vu, 
23,  verso.  Prenez  le  cas  quecinqousixhyvers  Soi'nt 
jà  passez,  et  qu'avec  longue  peine  Ils  soi'nt  venus 
en  accroissance  pleine,  id.  vu,  23,  verso.  Soyez 
doux  et  clément,  la  doulceur  te  doit  plaire,  id.  vin, 
44 ,  verso.  [Socrate  se  retiroit  avec  fierté]  regardant 
tantost  les  uns  ,  tantost  les  aultres  ,  amis  et  enne- 
mis, d'une  façon  qui  encourageoit  les  uns  et  signi- 
fioit  aux  aultres  qu'il  estoit  pour  vendre  bien  cher 
son  sang  et  sa  vie  à  qui  essayeroit  de  la  lui  oster, 
MONT,  m,  e.  N'estoit  que....  [si  ce  n'est  que],  id. 
I,  7.  Estre  d'avis  que....  id.  i,  (4.  Le  roy  qui  est  à 
présent  [qui  règne],  id.  i,  40.  Ce  sont  vices  toujours 
conjoincts,  id.  i,  22.  C'estoient  les  formes  vraye- 
ment  romaines,  id.  i,  24.  Est  ce  à  toy  de  nous  gou- 
verner? id.  i,  89.  Il  est  en  nous  de....  [nous  pou- 
vons], id.  i,  (45.  Il  nous  faudroit  des  topographes 
qui  nous  feissent  des  narrations  des  endroicts  où  ils 
ont  esté,  ID.  i,  234.  Puisque  nous  en  sommes  sur  le 
froid,  ID,  I,  20(.  Pompeius  lefeut  veoir,  lD.i,3u(. 
Satan  est  l'adversaire  qui  machine  nostre  ruine,  le 
poché  est  les  armeures  des(|uelles  il  use  pour  nous 
opprimer  et  meurtrir,  calv.  Inst.  728.  Qu'est-ce 
autre  chose  que...?  id.  ib.  70(.  Si  ne  feront-ils  jamais 
tant  par  leur  belle  rhétorique,  qu'une  niesme  chose 
soyent  deux,  id.  ib.  64.  Estes  vous  encore  à  savoir 
que  les  femmes  n'ont  amour  ni  regret?  mars.  Nouv. 
XX.XII.  Le  pauvre  gentilhomme  ne  savoit  où  il  en  es- 
toit [qu!en  penser],  id.  ib.  lui.  Madame  fust  hyer 
disner  aux  Loges,  dont  elle  s'est  bien  trouvée,  id. 
ielt.  08.  Je  feusse  plus  toust  partie,  n'eust  esté  la 
grant  envie  que  j'avois  de  voir  Chumbert ,  id.  ib. 
(62.  Lecardinal  d'Armaignac  aesté  à  la  mort,  aban- 
donné des  médecins,  id.  ib.  (42.  Ils  demeurèrent 
long  temps  muets,  comme  si  fussent  esté  des  images, 
VVER,  p.  636.  Le  guet  nous  prit,  j'en  fus  pour  mes 
trois  jours  auCliastelet,  d'aub.  Fœn.  ii,  44.  Il  n'est 
pas  que  vous  n'aiez  veu  un  sonnet  à  sa  louange  qui 
a  fort  couru,  id.  ib.  ii,  4  2.  Celict  m'est  un  tombeau, 
puis  qu'ils  [les  martyrs  protestants]  n'ont  point  de 
tombeaux,  id.  Ilist,  i,  4  32.  A  il  jamais  esté  que  les 
tyrans,  pour  s'asseurer,  n'aient..,?  la  boétie,  64. 
Toujours  il  a  esté  que  cinq  ou  six  ont  eu  l'oreille  du 
tyran,  id.  62.  U  n'Est  pas  qu'eux  mesmes  ne  souf- 
frent quelques  fois  de  luy,  id.  65.  Et  faire  que  ma 
cité  n'ait  point  faute  d'aucune  chose  qui  soit  pour 
l'embelUr  et  orner,  lu.  4'J9.  11  avoit  abandonné  à 
piller  à  ses  soudards  quelques  vases  d'or  qui  avoient 
anciennement  esté  à  Alexandre  le  grand,  amyoï, 
P.  Jim.  38.  Un  peu  avant  que  je  fusse  la  première  fois 
à  Athènes,  on  dit  qu'il  y  advint  une  telle  chose, 
ID.  Démosth.  46.  Et  si  Heraclides  par  envie  a  esté 
desloyal  et  meschant ,  est  ce  pourtant  à  dire  que 
Dion  par  courroux  doive  maculer  sa  vertu  ?  id.  Dion, 
69.  [Voyant  tout  cela]  il  se  tourna  devers  ses  fa- 
miliers, et  leur  dit:C'estoit  estre  roy  cecy,  àvostre 
advis,  n'estoit  pas?  [n'est-ce  pas?|,  w.Alex.  37.  La 
nremiere  chose  qu'on  leur  donna,  furent  du  sel  et  des 


lentilles,  amyot,  Crassus,  38.  Les  Egyptiens  disent 
qu'il  fut  aus.si  en  leur  païs,  id.  Lyc.  6.  Qu'il  ait  esté 
en  Afrique  et  en  Espagne  et  jusques  aux  Indes,  je 
ne  sache  personne  qui  l'ait  escrit,  id.  ib.  Si  j'estois 

à  renaistre  au  ventre  de  ma  mère,  bons.  840 Et 

par  esclats  les  lances  acérées  Furent  toucher  les 
voûtes  etherées,  m.  04  9.  Car  l'amour  et  la  mort  n'est 

qu'une  mesme  chose,  ID.  304 Pour  faire  voir 

clairement  à  chascun  Que  les  vertus  et  les  dames 
n'est  qu'un,  id.  765.  La  perte  des  grands  rois  sont 
les  langues  llateuses,  id.  603.  L'im|iudence  aujour- 
d'hui sont  les  meilleures  armes  Dont  on  se  puisse 
aider....  id.  978.  Une  autre  branche  de  la  dissolu- 
tion, sont  les  excez  de  table,  et  tenir  grand  équi- 
page, langue,  4  6.  Us  répliqueront  que  ce  que  j'ay 
allégué  sont  conseils  evangeliques  et  non  préceptes 
obUgatoires,  id.  76.  Une  des  plus  singulières  choses 
qu'on  remarque  en  France,  sont  les  beaux  édifices 
dont  les  campagnes  sont  parsemées,  id.  4  06.  La  se- 
conde cause  furent  les  voyages  qui  s'entreprirent 
pour  la  conqueste  de  la  terre  saincte,  id,  228.  Plu- 
sieurs choses  qui  se  firent  alors  et  qui  arrivèrent, 
fut  plus  par  hazard  et  inopinément  quasi  que  par 
conseil,  id.  6B2,  Le  dit  sieur  de  'Vieilleville  fut  [alla] 
estrader  avesques  200  salades,  carloix,  ii,  4  3. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  être;  Berry,  jeseus,ie  suis; 
provenç,  esser;  catal,  esser,  ser ;espagn.  et  portug. 
ser;  ital.  essere;  d'une  forme  latine  barbare  essere, 
pour  esse ,  être,  du  radical  es  ou  as,  qui  fait  aussi, 
dans  le  grec  iatt,  in\i.lv,  etc.  dans  l'allemand  isl,  et 
dans  le  sanscrit  asmi,  le  verbe  abstrait.  Le  verbe  être 
est  formé  de  trois  verbes  latins  différents:  t"  esse, qui 
a  donné  l'infinitif  eslre,  le  présentée  suis,  tu  es, 
il  est,  nous  sommes,  vous  êtes,  ils  sont,  le  subjonc- 
tif je  sots,  le  futur  j'e  serot,  le  conditionnel  je  se- 
rais; 2»  fuo,  qui  a  donné  le  prétérit  je  fus  et  le 
subjonctif  je  fusse  (  voy.  fus  ,  pour  l'élymolo- 
gie);  3°  stare,  qui  a  donné  l'imparfait  j'estois, 
le  participe  présent  estant,  et  le  participe  passé 
esW  (voy.  le  verbe  ester).  D'après  Vaugelas,  qu'il 
soit,  qu'ils  soient  se  prononçait  sai'J,  saient ;  c'est 
une  prononciation  usitée  encore  en  Normandie.  L'an- 
cienne langue,  à  côté  de  l'imparfait  estoie,  avait  ua 
autre  imparfait  ère  ou  iere  qui  représente  le  latin 
eram,  et,  à  côté  du  futur  serai,  elle  avait  un  autre 
futur  ère  ou  iere  qui  représente  le  latin  ero.  Dans 
le  latin  barbare  esse-re,  re  provient  d'une  assimila- 
tion faite  mal  à  propos  avec  les  verbes  en  ère;  car 
déjà,  dans  es-se,  se  représente  ce  re, 

2.  ÊTRE  (ê-tr'),  s,  m.  \\  1°  Ëtat,  existence, 
qualité  de  ce  qui  est.  La  nature  dure  et  se  main- 
tient perpétuellement  dans  son  être ,  PAsc.  dans 
COUSIN.  Le  peu  que  nous  avons  d'être,  id.  ib. 
Si  notre  être,  si  notre  substance  n'est  rien,  tout 
ce  que  nous  bâtissons  dessus,  que  peut-il  être? 
Boss,  Duch.  d'Orl.  Avant  qu'il  [Dieu]  eût  donné 
l'être,  rien  ne  l'avait  que  lui  seul,  id.  Ilist.  n,  4. 
Qui  a  un  cœur  et  qui  peut  aimer  l'auteur  de  son 
être,  HASS.  Prière  i.  Le  corps  politique  ou  le  sou- 
verain ne  tirant  son  être  que  de  la  sainteté  du  con- 
trat, j.  I.  Bouss.  Contrat,  i,  7.  ||  L'être  suprême 
de  Dieu,  son  existence  suprême.  Ô  Dieul  si  c'était 
là  le  caractère  de  votre  être  suprême....  mass.  Ca- 
rême, Avenir.  \\  Le  non-être,  le  néant,  l'anéantisse- 
ment  Peut-être  Que  mon  cœur  combattu  par  la 

peur  du  non-être,  boursault,  Ésope  à  la  cour,  m, 
3.  Il  2°  Ce  qui  est.  Le  péché  qui  est  le  véritable  néant, 
parce  qu'il  est  contraire  à  Dieu,  qui  est  le  véritable 
être,  PASC.  Lett.  à  Mme  Pêrier,  i"  avril  4648.  Je 
sens  que  je  peux  n'avoir  point  été;  car  le  moi  con- 
siste dans  ma  pensée;  donc  moi  qui  pense  n'aurais 
point  été ,  si  ma  mère  eût  été  tuée  avant  que  j'eusse 
été  animé;  donc  je  ne  suis  pas  un  être  nécessaire; 
je  ne  suis  pas  aussi  éternel,  ni  infini;  mais  je  vois 
bien  qu'il  y  a  dans  la  nature  un  être  nécessaire, 
éternel  et  infini,  id,  Pens.  art,  i,  4 1.  Moi  néant,  moi 
ombre  de  l'être,  je  vois  celui  qui  est,  fén,  Exist. 
346.  ô  Dieul  ô  le  plus  être  de  tous  les  êtres I  id.  ib. 
264.  J'aurais  prié  ce  Dieu,  seul  être  que  j'adore, 
VOLT,  Ali.  V,  4.  Une  existence  évanouie  Ne  fait  pas 
baisser  d'une  vie  Le  flot  de  l'être  toujours  plein, 
LAMAHT.  Ilarm.  iv,  »,  ||  Être  suprême,  l'être  au- 
dessus  de  tout.  Dieu  étant  par  sa  nature  au-dessus 
de  tout,  rien  ne  peut  entier  en  comparaison,  ni  ne 
doit  être  mis  dans  un  degré  d'égalité  avec  ce  pre-  ' 
mier  être,  cet  être  suprême,  doord.  Pensées,  t.  i, 
p,  39.  S'il  y  a  au-dessus  de  nous  un  êire  suprême, 
auteur  de  cet  univers,  mass.  Car.  Prière  u.  ||. Ab- 
solument, l'Etre  suprême.  Dieu,  Le  sang  le  plus 
abject,  le  sang  des  plus  grands  rois  Ne  sont-ils  pas 
égaux  devant  l'Être  suprême?  volt.  Olympe,  ii,  i. 
Il  Le  grand  Être,  Dieu,  Ne  pouvant  élever  mes  fai- 
bles conceptions  jusqu'au  grand  Etre,  je  rapprochais 


■ 


1 53'. 


ÉTR 


M  nïlur»  el  U  inifnn.,  ).  ».  «oora.  Em.  iv.  ||  Etre 

ni  ••   «'^  m-éltTor  t  m«  source  qi.o  do  te  mWi- 
ïr  MB.  ««•,  10.  •*•  Il  '>»"»  'j^'"  »"P'-«me.  '  î^'™ 
dM  «lr«,  te  gran.1  Être,  l'fiire  souverain,  qui, 
pria  âlMoIiinxint,  «ignificnl  Dieu,  on  met  un  F.  ma- 
ru«cul«  Quand  élre  «uprérao  n'est  pas  pris  absolu- 
œenl  r»  est  minuscule.  ||  Terme  de  métaphysique. 
U  science  <le  lêlifl,  ou  ontologie,  étude  de  l'ôlre 
en  sol,  de  l'être  absolu,  indépondamment  de  toutes 
Im  propriétés  qui  le  déterminest.  ||  8*  Tout  ce  qui 
«liste ,  considéré  comme  ayant  l'eiistence   d'une 
façon  quelconque.  Les  êtres  de  la  nature.  L'en- 
semble des  êtres  vivants.   [Il]  Est  devant  tous  les 
f-mps  et  devant  tous  les  êtres,  botrou,  St  Genest, 
ni.  I.    Tout  en  tout  est  divers;  6tcz-vous  de  l'es- 
prit Ou'aiicun  être  ait  été  composé  sur  le  vôtre, 
lA  FONT.  Fabl.  IX,  ta.  En  comparant  les  propriétés 

I  moi  connues  de  cet  être  que  je  nomme  le  corps, 
avec  les  propriétés  à  moi  connues  de  cet  être  que 
je  nomme  l'âme,  je  découvre  que  les  deux  êtres 
ne  sont  pas  de  même  nature,  noNNET,  Ess.  analijt. 
ch.  <n.  Il  Dans  le  langage  philosophique.  Il  ne  faut 
pas  multiplier  les  êtres,  il  ne  faut  pas  supposer  des 
êtres  qui  n'existent  point.  ||  Être  pensant,  l'être  qui 
est  (loué  de  la  pensée.  Citoyen,  l'homme  adopte 
une  forme  de  gouvernement;  être  pensant,  il  n'a 
de  patrie  que  l'univers,  Mirabeau,  Collection,  t.  v, 
p.  383.  Il  Les  êtres  intelligents,  tout  ce  qui  est  doué 
d'intelligence,  et,  en  particulier,  l'homme.  Les  êtres 
particuliers  intelligents  peuvent  avoir  des  lois  qu'ils 
ont  faites;  mais  ils  en  ont  aussi  qu'ils  n'ont  pas 
faite»,  MONTESO.  Bspr.  i,  t .  ||  Être  de  raison  ,  ce 
qui  n'existe  que  dans  l'imagination.  Il  ne  me 
semble  pas  aussi  que  vous  prouviez  rien  contre 
moi  en  disant  que  l'idée  de  Dieu  qui  est  en  nous 
n'est  qu'un  être  de  raison;  car  cela  n'est  pas  vrai, 
si  par  un  être  de  raison  l'on  entend  une  chose  qui 
n'est  point,  mais  seulement  si  toutes  les  opérations 
de  l'entendement  sont  prises  pour  des  êtres  de  rai- 
son, c'est  à-<lire  pour  des  êtres  qui  partent  de  la 
raison,  auquel  sens  tout  ce  monde  peut  aussi  être 
appelé  un  être  de  raison  divine,  c'est-i-dire  un  être 
créé  par  un  simple  acte  de  l'entendement  divin, 
DEsc.  H^.  II,  to.  Un  homme  doué,  à  mesure  égale, 
de  Jugement  et  d'imagination,  de  véhémence  et  de 
finesse,  de  bel  esprit  et  de  sentiment,  est  un  être 
de  raison,  biderot,  Règne  de  Claude  et  Néron,  ii, 
S».  Il  4"  Une  personne.  Un  pauvre  petit  être,  un 
enfant  malade,  souffrant.  Je  m'arrête  et  j'entends 
Le  cri  d'un  être  faible  et  qui  souffrit  longtemps,  H.  i. 
ciifi*.  Fénel.  I,  ».  Pour  cet  être  enchanteur  que  le  dcs- 
tincombla,  ducis,  Otcar,n,  «.  ||  Personne,  avec  une 
signification  de  dénigrement.  Quel  être  insupporta- 
ble! Quel  être  vil  et  méprisable  I  ||  6°  Vie,  naissance. 
Mais  n'as-tu  point  appris  de  qui  j'ai  reçu  l'être? 
conit.  (tCdipe,  v,  ♦.  Vous  ignorez  son  nom  et  ceux 
dont  il  tient  l'être,  mol.  l'sychi,  iv,  a.Xcet  enfant 
obscur  k  qui  j'ai  donné  l'être,  volt.  Orphel.  i\,  3. 
Le  présent,  l'avenir,  et  jusqu'à  ta  naissance.  Tout 
ton  être,  en  un  mot,  est  dans  ma  dépendance,  ID. 
Mérope,  v,  ï.  Mon  être  se  consume  en  pénibles 
combats,  ducis.  Oscar,  m,  s.  Faire  un  doux  emploi 
do  son  être.  Mes  amis,  ce  n'est  pas  vieillir,  bébang. 
Vietll.  Oue  j'ai  bien  accompli  cette  loi  de  mon  être 
fsouffrirjl  LAMAHT.  Méd.  i,  ».  ||  6' Ce  qui  constitue 
la  nature,  le  fond  d'une  chose.  Je  soutiens  que  le 
temps  n'est  rien,  parce  qu'il  n'a  ni  forme  ni  sub- 
stance; que  tout  son  être  n'est  que  couler,  c'cst-à- 
diroque  tout  son  être  n'est  quede  périr,  et,  partant, 
que  tout  son  être  n'est  rien,  boss.  Yol.  de  Monlerby. 

II  Ce  qui  constitue  le  caractère  d'un  être  vivant,  et, 
en  particulier,  la  personnalité  d'un  homme.  C'est 
donc  la  pensée  qui  fait  l'être  de  l'homme,  et  sans 
quoi  on  ne  peut  le  concevoir,  pasc.  Pens.  part,  i, 
art.  4.  Nous  ne  nous  contentons  pas  de  la  vie  que 
nous  avons  en  nous  et  en  notre  propre  être  :  nous 
Toulons  vivre  dans  l'idée  des  autres  d'une  vie  ima- 
ginaire ,  cl  nous  nous  efforçons  pour  cela  de  paraî- 
tre; nous  travaillons  incevsamment  à  embellir  et  à 
conserver  cet  être  imaginaire,  et  nous  négligeons 
U  véritable,  id.  Pens.  1. 1,  p.  sut ,  éJit.  laiiure.  Les 
ancien»  ami»  sont  les  seuls  qui  tiennent  au  fond  de 
notre  être,  volt.  Leit.  Mme  du  Deffant,  27déc.  1768. 
C»  monde  est  un  grand  bal  où  des  fous....  Pensent 
•onor  leur  être  et  hausser  leur  bassesse,  id.  Dite.  t. 
Je  chtn»  un  époux  et  je  révère  un  maître;  Voilà 
mw  «nument»,  et  voilà  tout  mon  être,  id.  OJwnne, 
1,  ».  Oisposex  de  moi  comme  d'un  homme  qui  n'est 
Jiu.  rten  pour  lui-même,  et  dont  tout  l'être  n'a  de 

2f  ^îllil.!'""'  '.'■  """"'•  '"'•  '•  '«•  Le  cheval 
Ml  OM  cr4tluiequi  renonce*  son  être  pour  n'exis- 


ÊTR 

ter  que  par  la  volonté  d'un  autre,  BtTFPON,  Cheval. 
Il  Un  nouvel  être,  nouveaux  sentiments,  nouvelles 
forces,  nouvelles  ardeurs.  J'ai  pris  un  nouvel  être. 
Notreespritéclairé  tedoit  un  nouvel  être,  volt.  .^iï. 
I,  î.  Il  7*  U  réalité.  En  tout  Zadig  préférait  l'être  au 
paraître,  volt.  Zadig,  *.  ||  Existence,  importance, 
en  parlant  des  choses.  Celait  [porter  le  bougeoir  du 
roi]  une  distinction  qui  se  comptait,  tant  le  roi  avait 
l'art  de  donner  l'être  à  des  riens!  st-simon,  »o2,  02 
Il  8»Manière d'être, condition,  position  danslemondc. 
Il  m'apprit  en  secret  et  son  nom  et  son  être,  maik. 
So(tm.  1,  6.  On  pourrait  voir  chaque  chose  réduite 
En  son  état,  s'il  arrivait  qu'un  jour  L'autre  (le maî- 
tre] devint  l'intendant  à  son  tour;  Car,  regagnant 
ce  qu'il  entêtant  maître.  Ils  reprendraient  tous  deux 
leur  premier  être,  la  font.  Belph.  M.  d'O  fut  mis 
auprès  de  M.  lo  comte  de  Toulouse  avec  le  titre  de 
gouverneur  et  d'administrateur  de  sa  maison;  cela 
lui  donna  un  être,  une  grosse  subsistance,  st-si.u. 
39,  20t.  Vaudemont,  sans  biens,  sans  être,  .sans  éta- 
bli.ssement  que  ce  qu'elle  lui  donnait,  s'était  soumis 
aux  ordres  de  l'Espagne,  id.  96,  17.  ||  Être  représen- 
tatif, qualité  de  représentant,  d'ambassadeur.  Si  les 
ambassadeurs  abusent  de  leur  être  représentatif,  on 
le  fait  cesser,  en  les  renvoyant  chez  eux,  mont.  Hspr. 
XXVI,  21. 119"  S.  m.  plur.  Les  êtres,  voy.  êtres. 

—  IIIST.  XII'  s-  Je  deî-sse  et  l'estre  et  l'errement, 
Se  j'osaisse  en  faire  mention.  De  la  grant  cour  de 
France  au  dousrenon,  hues  de  laferté,  Tioman- 
cero  ,  p.  482.  Ire  et  malveis  conseil  unt  le  rei  de- 
ceO,  Oui  l'unt  vers  le  saint  humme  issi  fort  com- 
mcQ;  Li  leis  aveit  sun  estre  [  sa  manière  d'Être] 
ainceis  bien  coneû;  Or  cuidout  [pensait]  qu'il  fust 
tels  cum  il  l'outainz  veO,  Th.  Je  mort.  39.  Purespicr 
et  aprendre  l'estre,  e  damager  lo  païs,  ses  messa- 
ges i  ad  enveied,  Tloù,  p.)  51.  Ilxiii*  s.  Or  me  laissiez 
dont  [donc]  demander  :  Veniste»  vos  por  truander? 
Naie  [non] ,  ainz  je  ving  [vins]  veoirvostre estre, Tien. 
999.  Et  il  les.sent  la  fin  commune,  Xquoi  tendent  et 
tendre  doivent  Les  choses  qui  estre  reçoivent,  la  Rose, 
6366.  Il  [l'homme]  a  son  estre  avec  les  pierres.  Et 
vi  t  a  vec  les  herbes  drues ,  Et  sent  avec  les  bestes  m  ues, 
i6.(9246.  Il  XIV*  s.  Telle  personne  seroit  bien  loing 
(le  la  commune  nature  et  de  l'estre  des  hommes, 
ORESMF-,  Elh.  97.  Le  père  est  au  (Hz  cause  de  son  es- 
tre, id.  tft.  248.  Il  XV*  s:  Aucune  fois  venoit  la  royne 
vers  luy,  ou  on  lui  aportoit  ses  enfens;  là  parloit 
aux  femmes  et  demandoitde  l'estre  [de  l'étal]  de  ses 
enfens,  christ,  de  pisan,  Charles  Y,  i,  te.  Deman- 
dèrent l'ung  à  l'autre  dont  ilz  estoient,  et  quelle 
adventure  le  menoit  si  seul;  et  il  lui  compte  de  son 
estre  une  partie,  Laneelot  du  Lac,  t.  ii,  f°  34.  Bons 
mariniers  experts  qui  sachent  l'estre  et  la  naissance 
de  tous  vents,  le  Jouvencel,  f'ss,  dans  lacurne. 
Gérard,  sachant  .son  estre  [ayant l'usage  du  monde], 
comme  celuy  qui  à  la  court  avoit  esté  nourry,  les 
salua  moult  courtoisement  ,  Gérard  de  Nevers  , 
I"  part.  p.  t25,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  Le  masle  et 
femelle  ne  cerchent  seulement  leur  estre,  mais  aussi 
de  s'ayder  l'un  l'autre  ,  la  boétie,  89.  Qui  ne  se 
savent  garder  d'adviser  à  leurs  naturels  privilèges  e'. 
de  se  souvenir  des  prédécesseurs  et  de  leur  premier 
estre,  id.  Serv.  volant,  p.  43,  édit.  felgère.  Lycur- 
gus  n'a  point  laissé  de  livres  ny  de  papiers,  ains  a 
produit  et  mis  realement  en  estre  une  forme  de  gou- 
vernement que  nul  avant  luy  n'avoit  jamais  inventé, 
amyot,  Lyc.  65.  Nous  adorons  nostre  roy  ,  comme 
l'image  du  Dieu  de  nature,  qui  maintient  toutes 
choses  en  leur  estre  et  entier,  id.  Thém.  49.  Il  y  a 
encore  jusqucs  aujourd'huy  en  estre  quelques  uns 
des  dons  qu'il  a  consacrez  aux  dieux,  id.  Nicias,  4. 
Bien  que  les  champs  de  ton  estre  [pays]....  Du  pays 
qui  me  vid  naistre ,  Ne  se  bornent  pas  bien  loin, 
RONS.  548.  En  dignité  pareille  il  nous  faudroit  donc 
estre,  Si  voulions  ressembler  les  auteurs  de  noslre 
estre,  in.  Eleg.  to.  L'un  [au  lit  de  mort]  plainct  la 
compagnie  de  sa  femme,  l'autrede  son  fils,  comme 
commoditez  principales  de  son  estre,  mont,  i,  79. 
Il  est  du  lignage  et  estre  dont  l'héritier  procède, 
CousMim.  gêner,  t.  i,  p.  «97.  Ne  se  faut  point  es- 
merveiller  si  nous  voyons  venir  en  estre  quelque 
chose  qui  paravant  n'ait  point  esté,  pasqqier,  Let- 
tres, t.  ui,  p.  610. 

—  ÊTVM.  Etre  *. 

3.  ÊTKE  (ô-tr'),  ».  m.  Terme  d'administration  fo- 
restière, qui  s'emploie  dans  la  locution  :  à  blanc 
être,  synonyme  de  à  blanc  estoc.  Voy.  estoc. 

—  Hist.  XVI*  s.  Si  je  voulois  me  contenter  d'en- 
mencr  ce  quejetrouverois  de  trouppes  en  estre  [sur 
pied],  BASSOMPIERRB,  hdm.  t.  n,  p.  iss. 

—  ÈTYM.  Estre  a  quelquefois  signifié  être  debout 
par  une  confusion  avec  le  verbe  ester  qui  a  propre- 
ment ce  sens.  C'est  ce  qui  est  arrivé  ici. 


1<TR 

ÉTRfiCI,  IE(é-tré-si,  sie),  part,  passé.  Rendu 
plus  élroit.  Le  lit  de  la  rivière  ôtréci  par  un  barrage. 

ËTRÉCIR  (6-tré-sir),  p.  o.  |1 1°  Rendre  plus  étroit. 
Rirécir  un  lialiit.  Qui  servent  à  élargir  et  à  étrécir 
les  entrées,  desc.  Pass.  i,  t5.  Il  prit  les  habits  de 
Ragotin  et  il  en  étrécit  le  pourpoint  et  les  chausses, 
SCARR.  Rom.  corn.  u,«.  ||  Aujourd'hui  on  dit  plus 
souventrétrécir,  qui  n'est  pas  aussi  exact.  ||  Termede 
manège.  Étrécir  un  cheval,  le  ramener  graduelle- 
ment sur  un  terrain  étroit.  ||  2°  Fig.  De  peur  (;ue  les 
peines  n'étrécissent  le  cœur  que  Dieu  veut  dilater, 
Boss.  Lett.  abb.  208.  ||  3"  S'étrécir,  v.  rdfl.  Devenir 
plus  étroit.  Cette  toile  s'étrécira  au  blanchissage.  Le 
cliemin  va  en  s'étrécissant.  Sa  gorge  enfle,  et  du 
sang  dont  le  cours  s'épaissit.  Le  passage  se  ferme 
ou  du  moins  s'étrécit,  corn.  Attila,  v,  6.  La  glotte 
s'élargit  ou  s'étrécit  selon  les  tons  qu'elle  doit 
former,  boss.  Connaiss.  ii,  a.  Tantôt  ces  bandes 
[de  la  planète  Saturne]  s'étrécissent,  tantôt  elles 
s'élargissent,  fonten.  Mondes,  6*  «oir.  La  prunelle 
s'étrécit  ou  s'élargit  à  une  lumière  plus  forte  ou 
plus  faible,  buff.  De  l'enfance.  \\  Fig.  Devenir  plus 
intime.  Depuis  ce  temps  naquit  une  amitié  entre 
nous  qui  s'est  toujours  étrécie ,  st-sim.  3)H,  i;a. 
Il  Kig.  Devenir  étroit,  inhabile  à  comprendre.  L'esprit 
s'étrécit  à  mesure  que  l'ftmese  corrompt,  i.  J.  rouss. 
Iléloïse,  II,  27.  Il  Terme  de  manège.  Un  cheval  s'étré- 
cit lorsque,  n'allant  point  assez  au  large,  il  perd  de 
son  terrain  et  s'approche  trop  du  centre  de  la  volte. 

—  llis T.  xm*  s.  Et  si  tu  n'as  si  grant  richece  Qu'a- 
voir les  [certaines  choses]  puisses,  si  t'estrece  [res- 
serre la  dépense],  la  Rose,  2168.  Quant  aucuns  se 
plaint  d'impeecemens  de  lor  communs,  si  comme 
de  cemins  qu'on  a  estoupés  ou  estreciés....  beaiim 
IX,  ».  Ilxvi*  s.  D'autant  s'est  relasché  le  noeud  de 
l'affection,  que  celuy  de  la contraincte s'est  estrecy, 
mont.  III,  6.  Les  bords  de  la  boette,  qui  sont  carti- 
lagineux, se  sont  estressis,  et  les  ligamens  relaxés 
et  allongés,  PARÉ,  xxi,  27.  Depuis  il  changea  d'o- 
pinion et  estroissit  la  bataille  de  ses  gens  de  pied 
en  forme  de  brique  plus  longue  que  large,  amïot, 
Crassus,  43. 

—  ÉTVM.  Etreit,  qui  est  resté  la  forme  norman.le 
d'^(rot«,  et  qui,  sous  l'orthographe  estreit,  ét-it 
dans  l'ancienne  langue  la  forme  dialectique  de  Pa- 
ris et  de  l'Ouest;  Berry,  élretiir ;  génev.  étroicir. 
Dans  la  plus  ancienne  forme,  ce  verbe  est  de  la  i" 
conjugaison,  esireeer,  estrecier. 

ÉTRËCISSEMENT  (é-tré-si-se-man) ,  s.  m.  Action 
d'étrécir;  état  de  ce  qui  est  étréci.  L'étrécissemeut 
du  lit  de  la  rivière  accéltire  le  cours  de  l'eau. 

—  HlST.xvi*  s.  Les  planches  et  quarreaux  seront 
tant  longs  que  voudra,  mais  seulement  larges  «le 
quatre  à  cinq  pieds,  afin  que  par  tel  estroicissement 
des  costés  l'on  puisse  attaindre  avec  la  main  jus- 
qu'au milieu,  0.  de  serres,  632. 

—  ÉTifM.  ÉIrécir. 

t  ÉTRÉCISSURE  (é-tré-si-su-r') ,  s.  (.  Terme  de 
Dévier.  Etat  de  ce  qui  est  étréci. 

—  ÉTYM.  Étrécir. 

tÉTRElGNOlR  (é-trè-gnoir),  s.  m.  Terme  de 
construction.  Instrument  garni  de  clefs,  avec  lequel 
on  serre  des  pièces  assemblées  les  unes  dans  l.s  au- 
tres. 

—  ÊTYM.  Étreindre. 

ÉTREINDRE  (é-trin-dr'),  j'étreins,  tu  étreins,  il 
étreint,  nous  étreignons,  vous  étreignez,  ils  étrei- 
gnent;  j'étreignais;  j'étreignis;  j'étreindrai  ;  j'é- 
treindrais;  étreins,  étreignons;  que  j'étreigne,  que 
nous  étreignions,  que  voijs  étreigniez;  que  j'étrei- 
giiisse;  étreint;  étreignant,  v.  a.  ||  1°  Serrer  forte- 
ment par  un  lien.  Étreignez  ce  fagot.  ||  2°  Serrer, 
presser.  Il  l'étreignit  si  fortement  qu'il  lui  fit  perdre 
la  rcspintion.  Et  des  plis  écaillés  qu'avec  force  il 
déploie,  Saisit,  étreint,  étouffe  et  dévore  sa  proie, 
DELiLLE;  Trots  règ.  vu.  ||  Fig.  Étreindre  les  nœuds 
d'une  alliance,  les  resserrer.  Mes  bienfaits  l'ont  étreint 
d'une  chaîne  éternelle,  thistan,  Panthée,  i.  i. 
Quand  les  chaînes  d'hymen  étreignent  deux  esprits, 
MAiR.  Sophon.  IV,  t.  Il  3»  S'i'lreindre,  t).  rcft.  &e 
serrer  l'un  l'autre.  Ces  deux  athlètes  s'étreignireiit 
de  leurs  bras  nerveux.  ||  Proverbes.  Qui  trop  em- 
brasse mal  étreint,  signifie  qu'il  ne  faut  pas  faire 
plusieurs  entreprises  à  la  fois.  ||  Plus  il  gèle,  plus 
il  étreint,  c'est-à-dire  plus  un  mal  continue,  plus 
on  en  est  accablé.  Dans  celte  locution,  étreindre  est 
pris  absolument  :  Plus  cela  étreint,  serre. 

—  HIST.  xu*  s.  Là  courona  .sa  famé  Guitecllns  li 
pnissaiiz;  Doucement  la  baisa  et  estraint  par  le» 
flans,  Sax.  v.  ||  xm*  s.  Doucement  [il]  l'a  [sa  fille] 
baisiée,  estrainte  et  acolée,  Berle,  cxxvi.  Mais  por 
Diu  esiraignez  vostre  consel  entre  vous,  et  faites  si 
que  U  bonnour  de  l'empereour  i  soit,  etqua  tous 


l 


ÉTR 


ËTR 


ETR 


1535 


n'i  soies  pierdant,  ii.  devalenc.  xvii.  Etamorsplus 
et  plus  me  lie,  Et  tout  aiiès  estraint  ses  las,  Tant 
cum  j'i  ni  plus  de  solas,  la  Rose.  3387.  ||  xiV  s.  Et 
ainsi  sa  félicité  n'est  en  rien  altérée  neiauée,  mais 
elle  est  pour  ce  aussi  comme  astreinte  et  compri- 
mée, ORESME,  Elh.  25.  Qui  trop  embrasse  pou  es- 
traint, Uéiiagier,  l,  ».  1|  xv*  s.  Lors  le  liaisa  et  lui 
estraingnit  la  main,  en  signe  de  trùs  grand  amour, 
FROiss.  I,  I,  <7.  Le  roi  anglois  entendit  par  ceux  et 
par  autres  que  la  cité  estoit  durement  estreinte,  id. 
I,  I,  <32.  ijxvi*  s.  Nous  embrassons  tout,  mais  nous 
n'cstreignons  que  du  vent,  mont,  i,  230.  11  feit 
tant  qu'il  approcha  de  sa  bouche  le  bras  de  celuy 
qui  l'estraignoit,  et  le  mordit....  amyot  ,  Aie.  3. 
Si  le  ciel  se  descouvroit,  il  geloit  et  estraignoit  si 
ruidement,  que  les  chevaux  ne  pouvoient  boire  de 
l'eau  des  rivières,  id.  LucuU.  63.  Pour  estraindre 
en  peu  de  paroles  ce  qu'il  estond  bien  au  long,  id. 
Arlax.  <3. 

—  KTYM.  Provenç.  estrenher,  estreigner ;  catal. 
estrenger;  ital.  stringere,  stregnere;  du  latin  strin- 
gère,  serrer.  Comparez  l'anglais  itn'nj,  corde. 

ÉTREINT,  EINTE  (é-trin,  trin-f),  part,  passé 
d'élreindre.  Un  cerf  étreint  et  dévoré  par  un  hua. 

ÉTREINTE  (é-trin-f),  s.  f.\\i°  Action  par  la- 
quelle on  étreint.  L'étreinte  d'un  nœud.  Enfin,  lasso 
du  jour,  dans  un  transport  fatal,  Change  en  lien 
mortel  son  vêtement  royal.  S'y  suspend  et  finit 
dans  cette  étreinte  afi'reuse  Par  un  trépas  cruel  une 
vie  odieuse,  delille.  En.  xii.  ||  2°  Par  extension, 
action  de  presser  quelqu'un  dans  ses  bras.  Les  étrein- 
tes de  l'amitié.  Ses  bras  savent  trouver  des  étreintes 
caressantes,  j.  j.  Bouss.  Emile,  iv.  Je  l'embras- 
sai pourtant  avec  un  serrement  de  cœur  qu'il  parta- 
geait et  qui  se  fit  sentir  réciproquement  par  de 
muettes  étreintes,  plus  éloquentes  que  les  cris  et 
les  pleurs,  m.  Héi.  m,  44.  ||3°  Lien  qui  unit  avec 
une  grande  force  morale.  Serre  d'une  étreinte  si 
ferme  Le  nœud  de  leurs  chastes  amours  Que.... 
MALH.  II,  3.  Serre  encore  ces  nœuds  d'une  étreinte 
plus  forte,  TBisTAN,  U.  de  Chrispe,  v,  to.  Et  nous 
sommes  liés  d'une  chaîne  si  sainte  Qu'on  ne  saurait 
saDS  crime  en  défaire  l'étreinte,  maibet,  Sophon. 
IV,  6.  Et  lors  d'un  nœud  sacré  l'inviolable  étreinte, 
COBN.  Tois.  d'or,  i,  2.  ô  doux  liens,  6  douce 
étreinte I  ô  favorable  poidsdujoug  religieux!  Sainte 
captivité,  qu'on  te  doit  de  louangesl  m.  Imit.  m, 
io.  D'une  étreinte  invincible  il  [l'homme]  embrasse 
la  vie,  A.  ciiÉN.  tB7.  Il  4°  Sac  de  crin  dans  lequel  on 
renferme  les  graines  oléagineuses  avant  de  les  sou- 
mettre à  la  presse.  Il  5°  Nom,  auxvii' siiicle,  d'une 
sorte  de  lien  ou  ruban.  Les  étreintes  des  demi- 
ceints  et  branches  d'éperons  seront  marquées  et 
contre-marquées,  liègl.  30  déc.  4079. 

—  REM.  Au  commencement  de  ce  siècle,  Mercier, 
dans  sa  Néologie,  se  plaint  qu'étreinte  tombe  en 
désuétude;  aujourd'hui  ce  mot  est  redevenu  d'un 
usage  très-fréquent  :  Les  étreintes  de  la  nature; 
Une  douce  étreinte  entre  deux  âmes;  L'étreinte  de 
la  reconnaliisance,  etc. 

—  IIIST.  XIII'  s.  Sire,  pour  Dieu  mercis;  ci  n'a 
mestierd'estrainte  [de  contrainte],  audefr.  le  bast. 
Romancero,  p.  4  7.  ||  xvi*  s.  Leurame  [des  femmes] 
ne  semble  assez  ferme  pour  soustenir  l'estreinte  d'un 
nœud  si  pressé  et  si  durable  [celui  de  l'amitié], 
MONT,  i,  HO. 

—  ÉTYM.  Étreint. 

ÉTRENNE  (é-trè-n') ,  s.  f.  ||  1°  Présent  à  l'occasion 
du  premier  jour  de  l'an.  Recevoir  des  étrennes.  Cet 
enfant  a  reçu  de  très-jolies  étrennes Si  je  t'ap- 
prends la  guise  Et  le  moyen  d'être  un  jour  plus  content 
Qu'un  petit  roi,  sans  te  tourmenter  tant.  Que  me 
veux-tu  donner  pour  mes  étrennes?  LA  FONT.  Jument. 
Vous  m'envoyez  donc  des  étrennes,  ma  Irès-chère? 

sÉv.  Ï96 Compare  prix  pour  prix    Les  étrennes 

d'un  juge  et  celles  d'un  marquis,  bac.  Plaid,  i,  4. 
Mon  libraire  à  qui  j'ai  donné  cette  petite  histoire 
pour  ses  étrennes,  volt.  Babijl.  1 1. 1|  En  ce  sens,  il 
s'emploie  le  plus  souvent  au  pluriel.  ||  Au  sing.  Un 
cadeau.  Pourrez-vous  souffrir  que  ma  veine  Ose  vous 
donner  une  étrenne.  Vous  qui  n'en  recevez  que  de 
la  main  des  dieux?  volt.  Épit.  i.  ||  2°  Au  sing.  Pre- 
mière vente  que  fait  un  marchand  dans  sa  journée. 
J'ai  toujours  entendu  dire  qu'il  ne  fallait  jamais  re- 
fuser son  étrenne,  legband  ,  les  Paniers  ,  se.  2. 
!|  3-  Le  premier  usage  qu'on  fait  d'une  chose.  Ce 
linge  est  neuf,  vous  en  aurez  l'étrenne.  ||  Donner  à 
quelqu'un  l'étrenne  de  sa  barbe,  se  faire  embrasser 
par  quelqu'un  quand  on  vient  d'être  rasé.  |{  Proverbe. 
i  bon  jour,  bonne  étrenne,  se  dit  quand  il  nous 
arrive  quelque  chose  d'heureux  en  un  bon  jour. 

—  HIST.  XII'  s.  Se  truis  Roland  [si  je  trouve  Ro- 
land] ,  de  mort  [je]  li  fas  estregne,  llonc.  p.  42.  Près 


[ils]  ne  m'ont  mort;  Diex  leur  doint  maie  estraine, 
Couci,  XIV.  Il  xiii'  s.  [Dieu]  Lui  a  cestui  lundi  envoie 
bonne  estraine,  Berte,  l.  ||  xiv°  s.  Messire  Thomas 
Channcnne,  chevalier  trenchant  du royd'Engleterre, 
lequel  est  veuu  apporter  l'estraine  du  roy  d'Angle- 
terre du  jour  de  l'an,  de  laborde.  Émaux,  p.  307. 
Sire,  disÏBauduins  ,  si  soitcom  vous  plaira;  Qui  re- 
fuse au  matin  l'eslrine,  granttorta;  En  toute  la  jour- 
née, jabiennevendera,  Paud.  deSeb.  va,  B38.  ||xv' 
s.  Le  lundi,  premier  jour  de  la  semaine  ,  abonne  es- 
trainne,  se  départirent  ces  gens,  fboiss.  ii,  ii,  los. 
Escoutez  les  dures  nouvelles  Que  j'oui  le  jour  de 
l'estraine,  a.  chartier,  p.  625.  Le  dimanche  après 
les  estrenes  [le  ("jour  de  l'an],  Ord.  des  rois  de  Fr. 
t.  m,  p.  683.  Vous  estes  entré  en  ceste  terre,  en 
vostre  pute  estraine,  car  vous  y  mourrez,  l'crcefo- 
rest,  t.  IV,  f"  46.  Il  XVI'  s.  Et  recevoir  vueillez  aussi 
les  gants,  Que  de  bon  cueur  vous  transmets  pour 
l'estraine  De  l'an  présent,  marot,  ii,  73.  Le  prince 
voulut  donner  les  estrennes  [ironiquement]  au  car- 
dinal, d'aub.  Hisl.  m,  440. 

—  ÉTYM.  Wallon,  stremm;  provenç.  cstrena,  es- 
trenha;  espagn.  estrena;  ital.  strenna;  du  latin 
strena,  étrenne. 

ETRENNE,  ÉE  (é-trè-né,  née),  part,  passé.  \\  1°  Qui 
a  reçu  des  étrennes.  Cet  enfant  étrenne  par  les  amis 
de  la  maison.  ||  2°  Dont  on  a  fait  usage  pour  la  pre- 
mière fois.  Mon  habit  neuf  étrenne  pour  aller  dîner 
chez  vous.  Il  Z"  A  qui  on  a  acheté  pour  la  première 
fois  dans  la  journée.  Un  marchand  étrenne. 

ÊTRENNER  (é-trè-né)  ,  v.  a.  \\  1°  Donner  des 
étrennes  à  quelqu'un.  Il  a  étrenne  d'une  poupée  cette 
petite  fille.  ||  Fig.  Autrefois  l'amour  vainqueur  Dans 
mon  cœur  Aujourd'hui  t'eût  étrennée,  Mais  il  est 
mort  l'autre  année  De  douleur,  chaulieu,  à  Urne  D. 
Étrennes.  La  nature  en  vous  faisant  naître  Vous 
élrenna  de  ses  plus  doux  attraits,  voLT.^p.  i.  ||2°Par 
extension,  faire  usage  d'une  chose  pour  la  première 
l'ois.  Etrenner  une  robe.  Cela  n'a  pas  encore  servi, 
vous  l'étrennerez.  Enguerrand  de  Marigny,  qui  les 
lit  b.ltir  [les  fourches  patibulaires]  ,  les  étrenna, 
saint-foix,  Ess.  Paris,  Gîuvres,  t.  iv,  p.  oi ,  dans 
pouGENS.  Il  3"  Être  le  premier  qui  achète  à  un  mar- 
chand. Ëtrennez-moi,  je  n'ai  encore  rien  vendu  au- 
jourd'hui. Bénie  soit  la  main  qui  m'étrenne,  formule 
dont  beaucoup  de  marchands  ambulants  se  servent 
au  premier  argent  qu'ils  reçoivent  dans  la  jour- 
née. ||  4°  K.  n.  Faire  une  première  vente,  en  par- 
lant des  marchands.  Je  n'ai  pas  encore  étrenne 
d'aujourd'hui.  Apollon  avec  sa  lyre  S'en  alla  sans 
élrenner  pas,  boursault,  Ésope  d  ta  cour,  i,  5.  ||  Fig. 
Ne  craignez  rien,  cette  canaille  ne  fera  pas  fortune; 
le  dogme  qu'ils  prêchent  et  la  morale  qu'ils  ensei- 
f-'nent  sont  trop  absurdes  pour  etrenner,  d'alemb. 
Lelt.  à  Voltaire,  2  mars  (704. 

—  HIST.  XII*  s.  Dapteiez  fu  li  vasletons  [l'enfant]  ; 
Aveirs  trop  beaus  e  riches  dons  Li  a  sis  parreins  pré- 
sentez; De  lui  fu  primes  estrenez,  benoît,  ii,(0709. 
Il  XIII*  s.  L'aloete  cante  d'amor.  Si  estrine  l'aube  del 
jor,  Partonopeus,  v.  2(.  Et  maintenant  ce  chape- 
let. S'il  vous  plest,  [à]  Bel  acueil  portés.  Et  de  par 
li  le  confortés,  Et  l'estrenésd'ung  biau  salu,  laltose, 
(2047.  Il  XV*  s.  Elle  luy  priaqu'd  l'estrenast  le  jour 
des  estraines,  Àrresta  amorum  ,  p.  204,  dans  la- 
CURNE.  Il  XVI* s.  Mais  de  communiquer  son  honneur, 
et  d'estrener  aultruy  de  sa  gloire  ,  il  ne  se  veoid 
gueres,  mont,  i,  32(.  X  vous  qui  avez  tout,  je  ne 
sçaurois  donner  Présent,  tant  soit-ii  grand,  qui  vous 
puisse  estrener,  bons.  608. 

—  ÉTYM.  Étrenne;  wallon,  strimé;  provenç.  et 
espagn.  esirenar  ;  portug.  estrear. 

ÊTRES  (ê-tr'),  s.  m.  plur.  Les  diverses  parties 
d'une  maison;  la  distribution  différente  des  pièces 
dont  elle  se  compose.  Je  sais  les  êtres,  je  vous  con- 
duirai. Savoir  les  êtres  de  la  chapelle,  la  bruy. 
XIII.  Tu  sais  parfaitement  les  êtres  de  la  maison, 
J.  J.  rodss.  llél.  i,  53. 

—  HIST.  XII*  Li  reis  estut  [stetit]  as  estres  en  cel 
palais  auchur  [élevé,  mot  k  mol  altius].  Th.  le 
mart.  ((7.  Seoir  en  voist  [qu'elle  aille  s'asseoir]  en 
mil  cel  estre  Lès  celé  ente  qui  est  fleurie,  Lai  d'I- 
gnaur.  On  le  doit  nommer  quand  il  tonne;  Jà  puis 
ne  carra  [choira,  tombera]  cos  [coup]  en  l'estre, ib. 
Il  XIII"  s.  En  mi  la  chambre  aveit  deus  liz  Bienatur- 
Bez  et  bien  garniz;  Li  neims  [le  nain]  apele  Dé- 
siré, Si  li  ad  tut  l'estre  mustré.  Lai  del  Désiré. 
Atant  est  cil  entré  en  l'estre.  Lai  de  l'Ombre.  Re- 
nart,  qui  savoit  tous  les  estres,  Regarde  par  unesfe- 
nestres  Se elesestoient  fermées,  lien.iSi'i.  Lors  s'en 
vient  droit  à  la  feaestre  Corne  cil  qui  savoit  bien 
l'estre,  du  cange,  asirum.  Tant  fui  [je  fus]  à 
destre  et  à  scnestre.  Que  j'oi  [j'eus]  tout  l'afere  et 
tout  l'estre  Du  vergier  cerchié  et  vetl,  la  Uose,  (  425. 


Qu'ai  n'entrecloe  aire  les  fenestres,  Que  si  soit  um- 
bragiés  li  estres,  Que  s'ele  a  ne  vice  ne  tache  Sor  sa 
char,  que  jà  cil  nel  sache,  la  Pose,  liisa.  As  estrei 
delà  tour  estes  vous  [voilà]  Garsion,  Ch.  d'Ànt.  lu, 
870.  [Des  voleurs  entrés  ilans  une  maison  pauvre] 
Lors  s'assirent,  regardent  l'estre,  Les  angles  et  les  re- 
postailles  [les  lieux  où  l'on  serre].  Fabliaux  mss  de 
St-Germ.  f  52,  dans  lacurne,  ||  xv*  s.  Et  quant  re- 
venus fui  en  l'estre.  Par  dessous  le  rosier  m'assis, 
fboiss.  Espiiictte  amour.  Le  suppliant  trouva,  en 
ung  vieil aistre  où  il  y  avoit  ung  four,  du  seigle, 
DU  GANGE,  astrum.  Le  astre  demurra  au  puné  [la 
maison  demeurera  au  puîné],  id.  ib.  On  auroitune 
lieue  alée.  Avant  qu'on  soit  hors  de  cel  estre,  E. 
DEscii.  Poésies  mss.  f"  5(2,  dans  lacurne.  ||xvi*  t. 
Que  mille  corps  restent  ci  pour  hostaiges,  Dont 
remplis  sont  nos  monumens  et  estre,  j.  marot,  v, 
(0.  Regarde  donc  Paris,  ton  royal  estre,  D'œil  da 
pitié;  tu  es  son  dieu  terrestre,  m.  ti).209.  Estant  en- 
tré la  nuict  dedans  cette  maison  grande,  dont  il  ne 
sçavoit  pas  les  estres,  amyot,  Cic.  30. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  L'orthographe  est  or- 
dinairement ciYre,  rarement  aistre.  Quant  au  sens, 
il  varie:  ce  mot  veut  dire  chambre,  emplacement  dans 
un  lieu  ouvert,  jardin  ou  autre;  on  entre  en  l'estre, 
on  parcourt  l'estre  d'un  verger;  une  tour  a  des  es- 
tres ;  Paris  est  dit  l'eslre  du  roi;  on  dit  savoir  les 
estres  ou  l'estre  d'un  lieu.  Trois  conjectures  se  pré- 
sentent :  ou  bien  c'est  le  substantif  être  employé 
pour  signifier  manière  d'être,  et  delà  des  sens  con- 
sécutifs qui  sont  bien  forcés;  ou  bien  c'est  le  latin 
atrium,  appartement,  mais  l's  est  constante  dans 
notremot,  et  atrtumavaitdonnéaj'fre  (voy.  atrium); 
ou  bien  enfin  c'est  l'ancien  haut-allemand  astrih, 
allemand  moderne  Estrich,  plancher  carrelé;  mais 
ce  mot  allemand  paraît  venir  du  roman  :  bas-lat. 
astricus,  milanais  astn'c/i,  comasque  astrac,  sicil. 
astrucu,  altérés,  dit  Diez,  de  l'italien  laslrico,  pavé, 
que  Diez  croit  tiré  du  bas-latin  plastrum,  plàtie 
(voy.  ce  mot).  Dans  cette  hypothé.■^e,  il  faudrait  ad- 
mettrequele  français  estreou  Oîilre,  si  ancien,  pro- 
vient de  l'altération  d'un  mot  italien,  dans  lequel 
plusieurs  dialectes  italiques  et  même  le  bas-latin 
astricus,  qui  appartient  à  une  très-ancienne  pé- 
riode de  la  baiise  latinité,  auraient  pris  1'/  de  las- 
lrico pour  l'article;  cela  n'est  pas  probable.  Au- 
cune de  ces  trois  hypothèses  ne  peut  donc  être 
reçue.  11  reste  un  radical  astr  qui  est  dans  plusieuij 
langues  romanes,  et  dans  le  bas-latin  astrum,  qui 
signifie  foyer,  maison,  qui  se  retrouve  dans  dtre 
(voy.  ce  mut) ,  et  au  delà  duquel  on  ne  peut  jusqu'à 
présent  remonter. 

ÉTRÉSILLON  (é-tré-zi-llon,  H  mouillées,  et  non 
é-tré-zi-yon),  s.  jn.  ||  1"  Terme  d'architecture.  Pièce 
de  bois  qu'on  place  en  travers  dans  les  tranchées 
des  fondations.  ||  2°  Sorte  d'étançon  pour  maintenir 
les  terres  dans  une  mine.  |{  3°  Pièce  de  bois,  qui  sert 
d'appui  ou  d'arc-boutant,  pour  soutenir  des  murs  qui 
déversent,  et  tout  ce  qui  a  besoin  d'être  appuyé  de 
même.  ||  4°  Morceau  de  bois  qu'on  fait  entrer  de  force 
entre  les  solives  d'un  plancher  pour  le  consolider. 

—  ÉTY.M.  É  pour  es....  préfixe,  et  trésilton. 
ÉTRÉSU-LONNÉ,    ËE    (é-tré-zi-Uo-né,     née,    Il 

mouillées,  et  non  é-tré-zi-yo-né,  née),  part,  passé. 

ÉTRÉ.SILLONNER  (é-tré-zi-llo-né,  U  mouillées, 
et  non  é-tré-zi-yo-né)  ,  v.  a.  Soutenir,  étayer  avec 
des  étrésillons. 

t  ÉTRICAGE  (é-tri-ka-j') ,  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Action  d'étriquer;  effet  de  cette  action. 

t  ÉTRICUER  (é-tri-ché)  ,v.a.  Frotter  les  cordes  à 
boyau  avec  un  paquet  de  cordes  do  crin  imbibé  d'eau. 

ÉTHIER  (é-tri-é;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  des  é-tri-é-z  élégants),  s.  m.  ||  1°  Anneau 
pendant  de  chaque  côté  d'une  selle  et  servant  à  ap- 
puyer les  pieds  du  cavalier.  J'ai  déjà  remarqué  que 
chez  les  anciens,  tant  Grecs  que  Romains,  il  n'est 
fait  nulle  part  mention  d'étriers;  ce  qui  est  bien 
étonnant,  bollin,  Uist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p. 
665,  dans  POUGENS.  Il  Terme  de  manège.  Pied  de 
l'étrier,  se  dit  du  pied  gauche,  parce  qu'on  le  place 
le  premier  dans  l'étrier.  IfEn  parlant  du  cheval,  le 
pied  de  l'étrier,  le  pied  gauche  de  devant,  dit  aussi 
pied  du  montoir.  ||  Courir  à  franc  étrier,  courir  au- 
tant que  le  cheval  peut  aller.  |{  Avoir  toujours  le 
pied  à  l'étrier,  être  toujours  en  voyage,  et,  plus 
souvent  ,  se  tenir  prêt  à  partir.  [La  Choin  était' 
toujours  le  pied  à  l'étrier  pour  tous  les  voyages  de 
Meudon,  st-sim.  295,  30.  ||  Avoir  le  pied  à  l'étrier, 
être  sur  le  point  de  partir.  ||  Fig.  Avoir  le  pied  à  l'é- 
trier, être  en  bonne  voie  de  réussir.  ||  Mettre  la 
pied  à  l'étrier  à  quelqu'un,  l'introduire  dans  uns 
carrière.  Je  n'oublie  pas  que  c'est  vous  qui  m'avez 
mis  le  pied  à  l'étrier,  c'est  tous  qui  m'avez  fait  en- 


1530  ETR 

àtliin  a  tua  eooMnrer  ui»  «wnUKei.  Il  Perdre  les 
étrt.«    »X ".««ri»",  "ro  renversé  do  cheval. 
I  >Tétr.  d*eo..ccr.é,  p«r,lre  de  sm.  créJ.l.  Le  a>a. 
^h,id.Villeroy.du  fond  d.«  disgrâce,  n'av«il 
(■^^  «rdu  iJétner.  cl.ex  Mm.  de  Ma.ntenon, 
Im,!,   iMH.  ««<.  Il  Èlre  ferme  sur  ses  étriers,  être 
«jw"  sur  «on  chevsl!  et  Rg.  être  inébranlable  dans 
M  manière  do  »oir,  défendre  ses  sonlimcnls.  M.  de 
Carobray  paya  d'esprit,  d'autorités   mystiques,  de 
fermeté  sur  SCS  étners,  ït-sim.  m,  438.  ||  Il  signi- 
fjn  aussi  «ire  dans  une  position  solide.  Je  ne  le  vois 
pa*  bien  affermi  sur  ses  étriers,  d'alemb.  UII.  à 
l'ollaire,  48  oct.  47«0.  ||  Tenir  l'étrier  à  quelqu'un, 
lui  aider  i  monter  à  cheval  en  tenant  l'étrier.  L'em- 
pereur devait  baiser  les  pieds  du  pape,  lui  tenir 
lélrior,  volt.  Maun,  tft.  ||  Fig.  Tenir  l'étrieràquel- 
qu'un,  l'aider  dans  son  entreprise.  ||  Le  vin  de  1  é- 
Irier,  et,  plus  souvent,  le  coup  de  l'étrier,  le  der- 
nier coup  qu'on  boit  quand  on  est  près  de  monter  à 
cheval,  ou  it  cheval  même,  et,  par  extension,  au 
moment  de  partir,  de  se  quitter.  |{  2°  Bas  à  étrier, 
ou,  simplement,  étrier,  bas  qui,  au  lieu  de  pied, 
a  seulement  une  espèce  de  bande  qui  passe  sous  le 
pied  en  forme  d'élrier.  Les  laines  de  Ségovie  et  au- 
tres laines  étrangères  ne  pourront  être  employées 
qu'en  trois  fils,  excepté  seulement  pour  les  menus 
ouvrages,   tels  qiiu  lionnets,  calottes,  chaussons, 
éiriers  et  anlresde  pareille  qualité,  Arrêt  du  Conseil 
durai,  42juil.  4  74  7.  ||  3°  Terme  de  chirurgie.  Ëtrier 
ou  huit  du  cou-de-piert,  bandage  que  l'on  fait  après 
la    saignée   du    pied   pour    comprimer   la   veine. 
Il  4°  Terme  d'anatomie.  L'une  des  petites  pièces  os- 
seuses de  l'intérieur  de  l'oreille.  ||  6"  Terme  de  cliar- 
pcnlerie.   Harre  de  fer,  coudée  en  deux  endroits, 
qui  sertit  .soutenir  une  poutre.  ||  Terme  de  serrurerie. 
Barre  de  fer  plat  à  double  équerre  et  à  double  talon, 
servant  à  soutenir  quelque  chose.  ||  Ternie  de  ma- 
tinp.  Ilande  de  fer,  en  forme  de  crampon,  qui  sert 
k  joindre  une  pièce  de  bois  avec  une  autre.  ||  Petites 
cordes  dont  les  bouts,  joints  ensemble  par  des  épis- 
sures, servent  à  faire  couler  les  vergues  et  à  d'au- 
tres usages.  Il  6"  Bandes  de  cuir  qui  soutiennent  les 
couvreurs  sur  les  toils.  On  dit  aussi  jambier. 

—  niST.  xi*  s.  L'esireu  lui  tint  ses  oncle  Guine- 
mer,  Ch.  de  Roi.  xxvi.  jj  xii'  s.  Sun  estriu  li  teneit 
li  reis  al  remonter;  Et  quant  li  arcevesques  le  voleil 
refuser,  Nellairrai,  faiseit  il....  Th.  le  mart.  444. 
Il  xm«  s.  Nonques  miudres  [meilleur]  sarrasin  no 
misl  pied  en  estrier,  Chr.  de  Kains,  30.  ||  xV  s.  Le 
sire  de  Hangest  n'en  pcnlit  selle  ni  estrier ,  fhoiss. 
1.,  II,  M.  Se  doit  cxerciterà  saillir  sur  chevaux  tout 
armez  et  sans  mettre  pié<M'estrief,  cuhist.  ce  pisan, 
Charles  V,  ii,  il.  Maintenant  elle  dit  que  elle  a  un 
esiref  trop  long  et  l'autre  trop  court,  puis  dit  que  le 
cheval  Irote  tropdur,  Vestijoyfsde  mariage,  p. 80. 
Il  XVI*  s.  Entré  dedans,  remlit  grâces  à  Dieu,  Tan- 
tnst  s'en  part,  mect  le  pied  h  l'astrieu ,  Monte  à  che- 
val,).  marot  ,  V,  484.  I.'admiral,  conduisant  l'avant- 
gardo,  poussa  devant  lui  le  prince  Porcian  etMouy, 
lesquels  ayans  &  leur  esirié  chacun  une  trouppe 
d'arquebusiers....  d'aub.  Ilist.  i,  404.  Ayant  misa 
ses  deux  estriers  deux  bataillons,  à  droit  celui  des 
François,  k  gauche  celui  des  Espagnols,  pousse.... 
in.  t'b.  468.  U  n'aura  jamais  pour  ceste  occasion  si 
tost  le  pied  k  l'eslrier,  que  ci  n'aye  plus  tost  le  cul 
sur  la  selle  pour  ce  faire,  m.  nu  bellay,  4  37.  Il  l'a- 
TOit  faict  bransler  et  quasi  quicterlesestrieux,c«BL. 
VII,  î7. 

—  ETYM.  Berry,  elrivîeT,  elriviire;  provenç.  es- 
treup,  esirieu,  estriub ; ciM. eslreh;espagn. esiribo. 
Ce  mot  vient,  d'après  Krisch,  du  flamand  tiriepe, 
lanière  de  cuir;  mais  Diez,  prenant  en  consitlération 
l'eîipagnol  «fri6ar,  s'appuyer,  préfère  le  haut-alle- 
mand ttriban  ,  s'appuyer,  l'étrier  étant,  d'après 
cette  étymologie,  ce  sur  quoi  l'on  s'appuie.  L'éty- 
tnologie  lin  Friscli  paraît  plus  naturelle. 

t  fiTRlÈRE  (é-tri-ô-r*),  *.  f.  Terme  de  manège. 
Bande  de  cuir  qui  tient  les  étriers  suspendus  k  la 
«elle,  quand  on  ne  veut  pas  les  laisser  pendre.  Ce 
mol  est  aujourd'hui  plus  usité  que  porte-étriers  et 
Irousse-étricrs  de  l'Académie. 

—  ÊTYM.  ÈlrifT. 

t  fîTRlKUX  (é-trl-cû),  ».  m.  pi.  Etais  transver- 
•aui,  assujettis  d'une  maison  à  l'autre,  pour  conso- 
lider celle  qu'on  répare. 

TJ^^'  ^'''"  ""*  fortes  ancienne  i'étrier. 

IkTRIP.  ».  m.  Voy.  bstbif. 

KTKlU.B(étrl-U>,  H  mouillées,  et  non  *-tri-ye), 
«•  U  II  »•  Sorte  de  brosse  en  fer,  employée  dans  le 
pansag»  <|m  gramls  animaux  domestiques  et  sur- 
tout des  iolipédw.  Il  cja  ne  vaut  pus  le  manche  d'une 


liTH 

étrille,  cela  n'a  aucune  valeur.  ||  2-  Fig.  Un  cabaret 
où  l'on  paye  trop  cher.  Être  logé  k  l'étrille,  l'être 
en  iinoiiétellerie  où  l'on  fait  payer  trop  cher.  ||  3»  Tôle 
demi-forle.  ||  4'  Nom  d'une  espèce  do  crabe  bon  à 
manger,  sur  les  côtes  entre  Caen  et  le  Havre. 

—  IIIST.  xiii'  s.  Or  faut  roussin,  or  faut  estrilles. 
Espèce  à  porter  par  la  ville,  Choses  qui  (aillent  en 
minage.  ||  xvr  s.  Le  malheur  fut  qu'il  s'attaqua  à 
celle  lia  cornette]  des  valets,  qui  portent  l'estrille  à 
leur  drapeau,  n'Aua.  Ilist.  m,  84. 

—  ETYM.  Wallon  ,  sitreie  ;  cat.  estrijol;  ital. 
slreglia,stregghia;  du  latin  slrigilis,  qui  a  l'accent 
sur  siri. 

ÉTRILLÉ,  ÉE  (é-tri-Ué,  liée,  Jî  mouillées),  por(. 
passé.  Il  !•  Pansé  avec  l'étrille.  Un  cheval  bien 
étrillé.  Il  i'  Battu ,  maltraité.  Il  a  été  étrillé  d'impor- 
tance. Oui,  je  dormais  sur  un  petit  volume  Qui  me 
vaudra  d'être  encore  étrillé ,  bérano.  Cohier.  ||  3»  Qui 
a  payé  trop  cher.  Étrillé  dans  cet  hôtel,  il  n'y  est 
pas  retourné. 

ÉTRILLER  (é-tri-llé;  Il  mouillées,  et  non  é-lri- 
yé),  V.  a.  Il  1'  Nettoyer  le  poil  d'un  cheval  avec  l'é- 
trille. Même,  s'il  est  besoin,  étrille  le  mulet,  Ré- 
gnier, Sat.  XVI.  Il  2°  Fig.  et  familièrement.  Étriller 
quelqu'un,  le  battre,  le  malmener.  U  faut  l'étriller 
d'importance.  Oui  se  trouvera  pris,  je  vous  pri', 
qu'on  l'étrille,  Régnier,  Sat.  xiii.  Si  vous  m'y  surpre- 
nez, élrillez-y  moi  bien,  corn.  Suite  du  lient,  m,  5. 
Veut-il  qu'à  l'étriller  ma  main  un  peu  s'applique? 
MOL.  Amph.  l,  2.  Après  m'avoir  fait  si  bien  étriller, 
elle  me  mit  à  la  porte,  en  disant  qu'elle  ne  voulait 
point  souffrir  chez  elle  de  fripon,  lesage.  Cil  lilas. 
X,  10.  Il  Par  extension.  Qui  d'estoc  et  de  taille  étril- 
lent les  auteurs,  héonirb,  .Sa(.  x.  ||  U  se  dit  fami- 
lièrement aussi  d'une  bataille.  Les  Français  furent 
étrillés  à  Pavie.  ||  S"  Faire  payer  trop  cher.  On  l'a 
étrillé  dans  cet  hôtel.  ||  Il  a  été  bien  étrillé,  se  dit 
d'un  homme  à  qui  on  a  fait  payer  trop  cher,  ou  qui 
a  fait  de  grosses  pertes  au  jeu  ou  ailleurs,  ou  qui 
a  passé  par  quelque  rude  maladie. 

—  HIST.  xV  s Montés  sur  petites  haquenées 

qui  ne  sont  ni  liées  ni  estiillées,  fboiss.  i,  i,  34. 
Il  XVI"  s.  Il  fallut  que  le  prince  d'Orange,  bien  es- 
trillé  de  coups  de  canon,  se  relirast  pour  ce  jour, 
d'aob.  Ilist.  II,  70.  Bien  e.strillée  à  coups  de  fouet, 
parA,  XIX,  S2.  Ils  menoient  des  valctz  de  chambre 
delicatr,  pour  lesestriller  et  frotter dedanslebaing, 
amyot,  Alex.  72.  En  Espagne,  la  beauté  est  vuidée 
et  cstrillée  [grêle,  mince,  réduite  comme  par  une 
étrille],  en  Italie  grosse  et  massive,  charron.  Sa- 
gesse, p.  76,  dans  lACCRNB. 

—  f.TYM.  Étrille;  wallon,  sirii;  provenç.  estril- 
ftar;  catal.  esirijolar;  ital.  slregghiare,  stregliare. 

ÉTRIPÊ,  ÉE  (é-tri-pé,  pée),  porl.  passé.  Le  che- 
val aballii  et  étripé. 

ÉTRIPEU  (é-tri-pé),  t>.  o.  Oter  les  tripes  d'un 
animal.  Ç.'l  qu'on  l'attrape,  qu'on  le  grippe,  Çà 
qu'on  le  châtie,  qu'on  l'étripe,  scarron,  Virg.  iv. 
Il  Populairement  et  par  une  exagération  plaisante. 
Aller  à  élripe-cheval ,  presser  excessivement  un 
cheval.  Bon!  c'est  Pédrille;  es-tu  tout  seul?  —  Ar- 
rivant de  Séville  à  élripe-cheval,  reaumarch.  Ma- 
riage,s,  4  1.  Il  2°S'étriper,  v.  ré/l.  Se  dit  d'une  corde 
dont  les  filaments  s'échappent  par  quelque  effort 
violent. 

—  HIST.  XVI'  s.  Estriper,  cotgravb. 

—  ETYM.  ^  pour  es....  préfixe,  et  tripes. 
ÉTRIQUÉ,  ÉE  (é-tri-ké,   kée),  ad;.  ||  1»  Qui  n'a 

pîis  l'ampleur  suffisante.  Cet  habit,  ce  rideau  est 
bien  étriqué.  |{  Terme  de  vénerie.  Se  dit  d'un  ani- 
mal qui  a  peu  de  corps  et  qui  est  haut  sur  ses  jam- 
bes. Il  2"  Fig.  Voilà  un  plan  bien  étriqué.  Cette 
scène  est  bien  étriquée.  Ce  que  j'ai  dit  des  arts  dans 
le  Génie  du  christianisme  est  étriqué  et  souvent 
faux,  chateaub.  Italie,  64.  ||  Substantivement.  Los 
longueurs  doivent  être  accourcies;  mais  l'étriqué  et 
l'étranglé  détruit  tout,  volt.  ieH.d'/jrjCTiraJ,  4  oct. 
4760.  Il  L'Académie  n'a  plriîKe'que  comme  adjectif, 
n'ayant  pas  le  verbe  étriquer. 

t  I.  ÉTRIQUER  (é-tri-k-),  v.  a.  ||  1»  Rendre  étri- 
qué. Le  Kainm'amandé  qu'il  avait  en  vain  combattu 
Mlle  Clairon  quand  elle  m'étriquait  le  second  acte 
[deTancrède],  auquel  la  dernière  scène  est  absolu- 
ment nécessaire,  VOLT.  d'Argeulal,  28  oct.  476». 
Il  2*  Terme  de  marine.  Ajuster.  Etriquer  une  pièce 
de  bois,  en  retrancher  les  parties  qui  s'opposent  à 
sa  superposition  exacte  sur  d'autres  pièces. 

—  ÊTYM.  L'origine  probable  est  le  Hainaut 
étriqué,  rouleau  de  bois  qui  sert  k  raser  les  me- 
sures de  grain  :  d'où  étriquer,  mesurer  rigoureu- 
sement, et,  figurément,  rendre  trop  juste,  étroit. 
lîrrt(jfiie  vient  du  flamand  itrytcn,  racler,  allemand 
ttreichen.  L'ancienne  langue  a  estriquer,  qui  paraît 


ETR 

un  mot  différent  et  signifie  tantôt  secouer  (Si  les  es- 
trique  [les  dés],  puis  li  change,  Fabl.  mss  n'  7248, 
('  236,  dans  lacdbne),  tantôt  faire  sortir  un  animal 
de  son  gîte;  en  ce  sens  il  parait  être  pour  ei-lrai/Hcr. 
t  2.  ÉTRIQUER  (é-tri-ké),  v.  a.  Terme  de  jiêclie. 
Passer  les  doigts  entre  les  harengs  qui  so;'l  aux 
ainnettes,  pour  les  empêcher  de  se  toucher. 

—  ÊTYM.  Peut-être  l'ancien  français  estriquer, 
dans  le  sens  qui  est  à  l'élyroologie  du  précédent. 

t  ÉTRIQUET  (é-tri-kè),  s.  m.  Nom  d'une  osnècede 
filet. 

—  ÊTYM.  AUem.  Strick,  corde. 

t  ÊTRISTÉ,  ÉE  (é-tri-sté,  stée),  adj.  Terme  de 
vénerie.  Chien  étristé,  chien  qui  a  les  jarrets  bien 
formés. 

t  ÉTRrVE  (é-tri-v'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Po- 
sition d'une  manœuvre  à  laquelle  la  rencontre  d'un 
objet  quelconque  fait  faire  un  angle.  ||  Amarrage  fait 
sur  deux  cordages,  à  l'endroit  où  ils  se  croisent. 

t  ÉTRIVER  (é-tri-vé)  .  ||  1°  K.o.  Terme  de  marine. 
Faire  croiser  deux  cordages;  les  lier  par  un  troi- 
sième. Il  2°  V.  n.  Se  dit  d'un  cordage  qui  agit  ou 
appelle  en  faisant  un  coude. 

—  ÊTYM.  Ce  semble  l'ancien  verbe  estriver,  lut- 
ter (voy.  estrif). 

ÉrruiVIÈRE  (é-tri-viê-r') ,  t.  f.  ||  1»  Courroie  à  la- 
quelle est  suspendu  l'étrier.  |{  Coup  d'étrivière, 
coup  donné  avec  l'étrivière.  Ce  cheval  ne  marche 
qu'à  coups  d'étrivières.  On  peut  lui  donner  cent 
coups  d'étrivières,  volt.  Amabed,  45*  lett.  d'Ama- 
bed.  Il  Fig.  Allonger  l'étrivière,  susciter  une  difli- 
culté  noiivelh^,  un  nouveau  retard.  ||  i°  Au  jilur. 
Coups  d'étrivières.  Recevoir  les  étrivières.  Il  me 
fera  donner  les  étrivières  si  je  ne  le  salue,  pasc. 
Pens.  div.  4  37.  Les  fouets  hâtifs  sont  déployts. 
Oui  de  cent  diverses  manières  Donnent  à  l'air  les 
étrivières,  J.  b.  rocss.  Lelt.  àl.afosse.  |{  Fig.  J'ai  bien 
reçu  ma  part  des  étrivières;  Grippe-minaud  m'en 
donna  pour  trois  mois  [d'emprisonnement],  bé- 
RANG.  Cahier.  \\  3"  Fig.  Tout  mauvais  traitement  qui 
humilie  ou  déshonore.  Il  ne  s'en  est  tiré  qu'avec  les 
étrivières.  Monsieur  de  l'épée  royale,  vous  aurez, 
au  premier  jour,  les  étrivières  de  ma  façon,  dan- 
COLBT,  Maison  de  camp.  se.  30.  jj  S'en  tirer  avec 
les  étrivières,  se  dit  aussi  des  entreprises  oii  l'on 
reçoit  quelque  dommage,  des  affaires  oii  l'on  perd 
de  l'argent. 

—  HIST.  xii*  s.  Li  chevax  venoit  trestoz  seus 
[seul];  S'ot  de  sanctainte  l'estriviere,  la  Clutrretle, 
262.  Il  XIII*  s.  Li  lormier  de  Paris  pueent  taiUier 
et  faire  taillier  leur  renés ,  leur  cheneles ,  leur 
poitriaus,  leur  estrivieres  et  toutes  les  choses  qui  à 
leur  mestier  apartienent,  Liv.  des  met.  22:).  Toutes 
manières  de  genz  autres  que  chevaliers  ne  se  dei- 
vent  combatre  à  pié,  en  bliaus  ou  en  cotes  rouges 
et  chauces  rouges  à  estrivieres,  sanz  soliers.^ss.  d.: 
Jér.  I,  478.  Il  XVI*  s.  Or  si  quelqu'un  estrivoit,  assa- 
voir s'il  y  a  eu  un  Platon,  je  vous  prie,  ne  l'esti- 
meroit-on  pas  digne  d'estre  chastié  de  bonnes 
estrivieres?  calv.  Inst.  42.  Ses  vers  sont  faicts  à 
estriviere,  Fort  court  devant,  fort  long  derrière, 
DU  VERDiEB,  Bibl.  p.  237,  dans  laccrne. 

—  ÊTYM.  Ane.  franc,  estrif,  étrier  (voy.  étrier)  ; 
provenç.  estrubieira;  espagn.  esiribaderai  portug. 
estribeira. 

ÉTROIT,  OITE(é-troi,  troi-t'),  adj.  \\  1*  Qui  a  peu 
ou  n'a  pas  assez  de  largeur.  Habit  étroit.  Rue  étroite. 
Dans  un  chemin  étroit  je  trouvai  deux  guerriers, 
VOLT.  Œdipe,  iv,  4 .  Il  fallut  disputer,  dans  cet  étroit 
pa.ssape,in.  ib.  \\  Fig.  et  familièrement.  Avoir  la  con- 
science étroite  comme  la  manche  d'un  cordelier, 
n'être  aucunement  scrupuleux.  ||  Terme  de  manège. 
Un  cheval  étroit  de  boyau,  cheval  qui  a  le  ventre 
serré  et  les  côtes  plaies.  {{  Adverbialement.  .Mener 
ou  conduire  un  cheval  étroit ,  lui  donner  peu  de 
terrain.  ||  2°  Fig.  Resserré,  restreint.  Ses  affections 
se  renferment  dans  un  cercle  étroit.  Nous  divisons 
les  choses  les  plus  simples  en  diverses  idées,  parce 
que  notre  esprit  est  encore  trop  étroit  pour  les  pou- 
voir comprendre  toutes  ensemble  ,  Nicole  ,  Ess. 
de  mor.  \"  traité,  ch.  8.  Si  son  astre  en  naissant 
ne  l'a  formé  poète.  Dans  son  génie  étroit  il  est 
toujours  captif;  Pour  lui  Phébus  est  sourd,  et  Pé- 
gase est  rétif,  boil.  Art  p.  I.  ||  Des  bornes  étroites, 
d'étroites  bmitcs,  se  dit  de  ce  qui  a  peu  d'extension, 
de  ce  qui  est  fort  limité.  Les  bornes  étroitesdu  jour- 
nal ne  permettent  pas  de  traiter  toute  sorte  de  ques- 
tions. Il  C'est  un  cerveau  étroit,  c'est  un  génie 
étroit,  un  esprit  étroit,  c'est  un  homme  de  peu  de 
jugement,  de  peu  de  capacité,  un  homme  dont  les 
idées  ont  peu  d'étendue.  Un  génie  étroit  qui  ne  voit 
les  choses  que  par  parties,  et  n'embrasse  rien  d'une 
vue  générale,  MONTKsg.  LeU.  pers.  429.  ||  11  se  dit, 


ÉTR 


ETR 


ÊTU 


1537 


dans  un  sens  analogue,  de  ce  qui  est  sans  portée, 
sans  grandeur ,  sans  générosité.  Une  politique 
étroite  et  oppressive  mettait  plus  d'entraves  aux 
bonnes  intentions  des  jésuites  que  l'opposition  de 
l'ennemi,  chateaubr.  Génie,  iv,  iv,  8.  Les  esprits 
étrangers  à  l'activité  comme  à  la  méditation  ont 
quelque  chose  d'étroit,  de  susceptible  et  de  con- 
traint qui  rend  les  rapports  de  la  société  tout  à  la 
fois  pénibles  et  fades,  m"'  de  stael,  Corinne,  xiv, 

1.  Il  3°  Où  manque  l'aisance.  Sans  fortune,  saiis  es- 
pérance, et  presque  sans  ressource,  il  se  réduisit  à 
un  genre  de  vie  fort  étroit,  d'alemb.  Éloges,  du 
Marsais.  \\i°  Très-uni,  intime.  Fières  sœurs,  si  ja- 
mais notre  commerce  étroit  Sur  vous  et  vos  serpents 
me  donna  quelque  droit,  cobn.  Médée,  i,  4.  Con- 
corde étroite,  rotr.  Bélis.  m,  2.  Ce  sont  doux  arls 
[la  musique  et  la  danse]  qui  ont  une  étroite  liaison 
ensemble,  mol.  Bourg,  gent.  i,  2.  Il  me  favorisa 
même  quelquefois  de  sa  plus  étroite  confidence  et 

i  me  fit  voir  son  âme  entière,  et  que  n'y  vis-je  point! 
BOIL.  Lulr.  Préf.  U  y  avait  une  alliance  étroite 
entre  Attila  et  Genséric,  roi  des  Vandales,  montesq. 
Rom.  ch.  19.  Sans  l'étroite  amitié  dont  l'honore  Ti- 
tus, VOLT.  Brut.  IV,  7.  Il  Cœur  étroit,  cœur  qui  n'a 
point  d'expansion,  de  charité,  de  sensibilité.  Faibles 
esprits,  ou  plutôt  cœurs  étroits  et  entrailles  resser- 
rées, que  la  foi  et  la  charité  n'ont  pas  assez 
dilatées  pour  comprendre  toute  l'étendue  de  l'amour 
d'un  Dieu,  boss.  Anne  de  Goni.  Les  cœurs  étroits 
ne  sentent  jamais  de  vide,  parce  qu'ils  sont  toujours 
pleins  de  rien,  J.  J.  rouss.  Lettre  à  Urne  de  B.  Cor- 
respond, t.  II,  p.  201,  danspouGENS.  ||  5°  Qui  est 
selon  la  rigueur  de  la  loi,  de  l'ordre,  par  opposition 
à  relâché.  Quand  on  a  failli  contre  une  personne 
à  qui  on  a  de  si  étroites  obligations  que  je  vous  en 
ai,  VOIT.  Lett.  U8.  Il  est  libre  de  quitter  la  pre- 
mière vie  pour  «n  embrasser  une  plus  étroite,  pa- 
TRU,  Plaid.  <B,  dans  richelet.  De  quelque  étroit 
respect  qu'un  amour  soit  contraint.  N'osant  pas  de- 
mander, pour  le  moins  il  se  plaint,  rotr.  Bélis.  iv, 

2.  Cette  justice  étroite  que  l'on  nous  rend,  bourd. 
Carême,  i,  Jugem.  dern.  Si  l'amour  des  grandeurs, 
la  soif  de  commander.  Avec  son  joug  étroit  [de 
Dieu]  pouvaient  s'accommoder,  rac.  Alhal.  m,  3. 
Vous  souvient-il,  mon  fils,  quelles  étroites  lois  Doit 
s'imposer  un  roi  digne  du  diadème?  lo.  ib.  iv,  2, 
Cette  règle  étroite  et  austère  que  les  disciples  de 
saint  Benoît  pratiquent  si  exactement,  FLÉCH-Pon^ff. 
I,  p.  40t Les  devoirs  étroits  où  son  rang  l'em- 
prisonne, c.  DELAV.  Paria,  v,  2.  1|  Droit  étroit, 
droit  rigoureusement  conforme  au  texte  de  la  loi, 
par  opposition  à  droit  par  interprétation.  On  pou- 
vait ajouter  que  ces  successions  de  dignité  en  colla- 
téral étaient  de  droit  étroit,  et  qu'il  ne  pouvait  dé- 
pendre d'une  volonté  particulière  de  faire  un  homme 
duc  ou  de  l'empêcher  de  l'être,  st-sim.  64,  60. 
il  Sens  étroit,  dit  par  opposition  à  sens  général, 
étendu.  Pour  terminer  le  détail  des  qualités  acquises 
de  M.  Leibnitz,  il  était  théologien,  non  pas  seule- 
ment en  tant  que  philosophe  ou  métaphysicien  , 
mais  théologien  dans  le  sens  étroit ,  fonten.  Leibnili. 
Il  Prendre  quelque  chose  dans  le  sens  étroit,  l'inter- 
préter selon  toute  la  rigueur  de  la  lettre.  ||  En  ter- 
mes de  l'Écriture,  la  voie  étroite,  le  chemin  étroit, 
le  chemin  du  salut,  par  opposition  à  la  voie  large, 
c'est-à-dire  la  perdition.  Marcher  dans  la  voie  étroite 
de  l'Êiangile,  c'est  réformer  son  cœur  et  renoncer 
à  ses  passions,  bourd.  3*  di'in.  après  la  Penlecôle, 
Dominic.  t.  ii,  p.  383,  dans  pougens.  |'  6°  i  l'étroit, 
toc.  adv.  Dans  un  espace  trop  resserré.  Vous  savez 
bien  comme  on  est  à  l'étroit  Dans  ce  logis...  la 
FONï.  Berc.  Le  scorpion  tenait  la  place  de  deux 
signes....  et,  en  votre  considération,  se  serait  mis 
plus  à  l'étroit,  fonten.  Dialogues,  auguste,  Arétin. 
Quesnai ,  logé  bien  à  l'étroit  dans  l'entre-sol  de  Mme 
de  Pompadour,  ne  s'occupait  du  matin  au  soir  que 
d'économie  politique  et  rurale,  marmontel,  Mém.  v. 
il  Par  extension.  Les  rois  de  Macédoine  furent  ré- 
iluits  à  l'étroit,  boss.  llist.  ii,  9.  ||  Fig.  X  la  gêne, 
'oyez  dans  quel  sentier  la  vertu  chemine  double- 
ment à  l'étroit  et  par  elle-même  et  par  l'effort  de 
ceux  qui  la  persécutent,  boss.  Reine  d'Anglet.  \\  Être 
à  l'étroit,  vivre  à  l'étroit,  n'avoir  pas  les  commo- 
dités de  la  vie. 

—  REM.  Au  xvu*  siècle,  il  était  encore  loisible  de 
suivre  la  prononciation  normande  é(reit  ;  cela  est 
aujourd'hui  tout  à  fait  interdit.  La  nation  des  be- 
lettes. Non  plus  que  celle  des  chats,  Ne  veut  aucun 
iiien  aux  rats;  Et  sans  les  portes  étrètes  De  leurs 
liabitations....  la  font.  Fabl.  iv,  6.  Damoiselle  be- 
iotte  au  coros  long  et  fluet  Entra  dans  un  grenier 
par  un  trou  fortétreit,  lO.  ib.  m,  17. 

—  SYN.  étroit,  strict.  Ces  deux  mots  ne  sont 

WCT.    DE    la   langue    française. 


synonymes  qu'au  sens  de  rigoureux,  sévère,  bien 
qu'étymologiquement  les  mêmes,  puisque  étroit 
est  la  forme  française,  et  strict  la  forme  latine  de 
strictus  ;  l'usage  n'y  a  guère  mis  que  cette  nuance  : 
strict  peut  se  dire  des  personnes,  et  étroit  ne  s'en 
dit  Jamais,  en  ce  sens  :  un  homme  strict,  et  jamais 
un  homme  étroiL 

—  HIST.  XI'  s.  Es  destriers  montent,  si  chevau- 
chent estreiz,  Ch.  de  Bol.  lxxvii.  Contre  son  piz 
[poitrine]  estreit  [il]  l'ad  embracet,  ib.  clxi. 
Il  XII'  s.  Bien  se  défendent  à  cet  estroit  passage, 
Ronc.  p.  65.  Saint  Thomas  e  li  reis  furent  mult  lun- 
guement  Emmi  le  champ  tut  sul  à  estreit  parle- 
ment; Un  sul  n'i  apelerent  de  très  tute  lur  gent, 
ib.  tM.  Il  xiii'  s.  Estroit  [ils]  lui  ont  la  corde  en  la 
bouche  nouée,  Berte,  xvi.  Moût  lui  sera  la  voie  du 
paradis  estroite,  ib.  cxxxvi.  Et  s'il  n'ont  tant  de 
muebles,  les  despuelles  de  lor  héritages,  par  desor 
lor  estroite soustenance,  y  corroient,  beaum.xvii,  7. 

Il  XV' s Le  comte  d'Armignac,  qui  estoit  jeune 

et  entreprenant  et  de  grand'volonté,  demanda  ses 
armes  et  s'arma  tout  au  clair  et  à  l'estroit  et  de 
toutes  pièces,  froiss.  m,  iv,  20.  ||  xvi'  s.  Selon  les 
vivres  qui  y  estoient  si  estroits,  que  plus  ne  se  pou- 
voient,  coMM.  vui,  8.  Se  bâtirent  bien  estroit,  tant 
que  d'un  costé  et  d'autre  en  eut  plusieurs  de  morts, 
J.  T)' wiTon ,  Annales  de  Louis  XII,  p.  t88,  dans  la- 
cuRNE.  Vous  passerez  par  l'estroict  [détroit]  de  Si- 
byle,  HABEL.  Garg.  i,  33.  L'estroicte  cousture  de 
l'esprit  et  du  corps,  mont,  i,  io(.  Les  estruicts  bai- 
sers de  la  jeunesse,  ID.  i,  392.  Nous  embrassons  ce 
bien,  d'autant  plus  estroict  que....  id.  m,  K  Les 
siens  qui  ne  pouvoient,  pour  l'estroit  du  lieu,  aller 
aux  coups  d'espée,  lui  faisoient  passer  de  main  en 
main  leurs  pistoUets,  d'aub.  Hist.  ii,  290.  La  ma- 
nière de  vivre  et  la  police  des  Candiots  pour  lors 
estoit  austère  et  estroite,  amyot,  Lyc.  B.  Cognoistre 
les  maladies  qui  requièrent  dielteestroitte  ou  large, 
PARÉ,  Intr.  xiv. 

—  ÉTYM.  Génev.  etBerry,  étret,  étrette;  wallon, 
silreu  ;  provenç.  estreg,  estreit,  estrech  ;  espagn. 
estrecho;  portug.  ettreito;  ital.  stretto  ;  du  latin 
strictus,  participe  passif  de  slringere  (voy.  ètrein- 
dre). 

ÉTROITEMENT  (é-troi-te-man) ,  adv.\\i°X  l'é- 
troit, dans  un  espace  resserré.  Vous  êtes  logé  bien 
étroitement.  ||  2°  D'une  manière  étroite,  serrée. 
Ils  se  tenaient  embrassés  étroitement.  ||  Fig.  Ils 
sont  étroitement  liés.  C'est  dans  cette  sainte  maison 
qu'elles  venaient  s'unir  par  la  foi  et  par  la  charité 
plus  étroitement  qu'elles  n'étaient  unies  par  le  sang 
et  par  la  nature,  fléch.  Mar.  Thér.  Dans  son  voyage 
d'Italie,  il  se  lia  étroitement  avec  le  cardinal  Corsini, 
qui  fut  depuis  Clément  XII,  d'alemb.  Éloges,  Mon- 
tesq. Il  3°  Rigoureusement,  à  la  rigueur.  Observer 
étroitement  le  carême.  De  sorte  qu'il  oblige  étroite- 
ment tous  les  Français  de  reconnaître  et  de  confes- 
ser qu'ils  n'ont  plus  ces  saintes  reliques,  pasc. 
Prov.  18.  11  faut  étroitement  observer  le  silence,  Ou 
faire  d'un  secret  entière  confidence,  th.  cokn.  Mn- 
gag.  du  has.  11,  3.  ||  Avec  une  grande  surveillance, 
parce  que  plus  on  est  dans  un  lieu  étroit,  plus  la 
surveillance  est  facile.  La  reine,  pendant  tout  ce 
temps,  devait  être  étroitement  gardée,  volt.  Za- 
dig,  19.  Il  4°  En  vertu  d'une  obligation  étroite,  sur 
toutes  choses.  Scandale  qu'il  vous  est  d'autant  plus 
expressément  et  plus  étroitement  ordonné  de  pré- 
venir, bourdal.  Avent.  Resp.  hum.  379. 

—  HIST.  XII'  s.  Estroitement  [il]  a  Jhesu  reclamé, 
Ronc.  p.  B6.  Et  piez  et  poinz  estroitement  liés,  ib. 
p.  202.  Il  XIII'  Bêle  Yolans le  baise  estroitement.  Ro- 
mancero, p.  40.  Il  xiV  s.  Et  ceulx  qui  gardent  leurs 
pecunes  estroitement,  oresme,  Elh.  no.  Nous  vous 
mandons,  commandons  et  estroitement  enjoignons 
(\\ie....  Bibl.  des  chartes,  3' série,  t.  11,  p.  127. 
Il  xvi*  s.  C'estoient  lieux,  es  quelz  on  apprenoit  à 
vivre  .sobrement  et  eslroittement,  amvot,  Lyc.  <8. 
Ordonnance  qu'ilz  gardèrent  long  temps  fort  eslroit- 
tement, id.  ib.  Ils  gardent  leurs  femmes  si  eslroitte- 
ment, que  personne  ne  les  voit  jamais  dehors, 
ID.  Thém.  48.  Quand  le  mal  vient  à  son  estât,  il 
faut  nourrir  eslroittement  [en  petite  quantité],  paré, 
Intr.  <4. 

—  ÉTYM.  Étroite,  et  le  suffixe  ment;  wallon,  ît- 
treutmain;  provenç.  cstrecAamcn;  espagn.  estrecha- 
mente;  ital.  streitamenle. 

f  ÉTROITESSE  (é-troi-tè-s') ,  s.  f.  Qualité  de  ce 
qui  est  étroit.  L'étroitesse  d'un  logement.  ||  Fig.  Nous 
l'aurions  vu  porter  dans  les  fonctions  publiques 
toute  l'étroitesse  du  petit  esprit  monastique,  Dide- 
rot, Sur  l'hist.  du  parlem. 

—  ÉTYM.  Étroit.  On  trouve  dans  l'ancienne  lan- 
gue estrecc  et  estroisscur. 


ÉTRON  (é-tron),  *.  m.  Terme  très-bas.  Matière 
fécale  consistante  et  moulée.  ||  Étron  de  Suisse, 
petit  cône  que  les  enfants  font  avec  de  la  poudre  à 
canon  mouillée  et  mise  en  p&te,  et  qu'ils  allument 
par  le  sommet. 

—  HIST.  XIII'  s.  Estrons  sans  ordure,  jubinal.  Fa- 
trustes,  t.  Il,  222.  Ilxiv's.  Adonques,ditle  veneur, 
tous  les  estrons  que  nos  chiens  font  vous  feussent 
en  la  gorge!  Modus,  t"  en.  ||  xvi'  s.  Une  tartre 
bourbonnoise  composée....  d'estronos  tout  chaulx, 
BAB.  Pant.  II,  4  6. 

—  ÉTYM.  Wallon,  stron;  ital.  stronxo ,  étron,  et 
stronzare,  couper;  bas-lat.  strundius,  struntus; 
flamand,  stront,  ordure,  fumier;  de  l'allem.  ifrun- 
len,  morceau  coupé;  du  h.  allem.  strunzan,  déta- 
cher en  coupant  :  proprement,  ce  qui  est  rejeté. 

ÉTRONÇONNÉ,  ÉE  (é  tron-so- né,  née),  pari, 
passé.  Arbre  étronçonné. 

ÉTRONÇONNER  (é-tron-so-né) ,  v.  a.  Terme  de 
jardinage.  Couper  fort  bas  la  tête  à  un  arbre. 

—  ÉTYM.  É  pour  es...  préfixe,  et  tronçon. 

+  ÉTROPE  (é-tro-p') ,  s.  f.  Terme  de  marine.  Nom 
de  la  corde  qui  entoure  le  moufle  d'une  poulie. 

t  ÉTRUFFÉ,  ÉE  (é-tru-fô,  fée),  adj.  Terme  de 
vénerie.  Chien  étruffé,  chien  atteint  d'étruffure,  qui 
a  une  cuisse  atrophiée. 

—  ÉTYM.  Altération  du  mot  atrophié. 

t  ÉTRUFFURE  (é-tru-fu-r') ,  s.  f.  Terme  de  vé- 
nerie. Maladie  qui  survient  aux  chiens,  à  la  suite  de 
quelque  effort,  et  qui  les  fait  boiter,  la  cuisse  ne 
prenant  plus  de  nourriture. 

—  ÉTYM  Étruffé. 

t  ÉTRUSQUE  (é-tru-sk') ,  s.  m.  Nom  de  peuples 
confédérés  qui  habitaient  le  pays  dit  aujourd'hui 
Toscane,  qui  exercèrent  une  grande  influence  sur 
Rome  primitive,  et  qui  furent  finalement  soumis 
par  les  Romains.  ||  Adj.  La  langue  étrusque,  ou, 
au  masculin,  l'étrusque,  langue  parlée  par  ces 
peuples,  dont  il  reste  des  inscriptions,  mais  que 
les  érudits  ne  sont  pas  encore  parvenus  à  déchif- 
frer. Il  Vases  étrusques,  poterie  rouge,  brune  et 
noire,  dont  on  trouve  des  échantillons  nombreux, 
qui  sont  remarquables  par  la  forme  et  les  dessins. 
et  qui  paraissent  dépendre  de  l'art  antique  des 
Grecs. 

ÉTUDE  (é-tu-d'),  s.  f.  \\  1°  Application  d'esprit 
pour  apprendre  ou  approfondir  les  sciences,  les  let- 
tres, les  beaux-arls.  Passer  les  jours  et  les  nuits  i 
l'étude.  L'étude  des  mathématiques.  J'estimais  fort 
l'éloquence,  et  j'étais  amoureux  de  la  poésie;  mais 
je  pensais  que  l'une  et  l'autre  étaient  des  dons  de 
l'esprit  plutôt  que  des  fruits  de  l'étude,  besc. iléth. 
I,  9.  L'étude  a  été  pour  moi  le  souverain  remède 
contre  les  dégoûts  de  la  vie,  n'ayant  jamais  eu  de 
chagrin  qu'une  heure  de  lecture  n'ait  dissipé,  mon- 
tesq. Pens.  div.  J'entends  dire  qu'il  convient  d'oc- 
cuper les  enfants  à  des  études  où  il  ne  faille  que  des 
yeux  ;  cela  pourrait  être  s'il  y  avait  quelque  étude 
où  il  ne  fallût  que  des  yeux;  mais  je  n'en  connais 
point  de  telle,  J.  J.  ROUSS.  Ém.  11.  J'ai  su,  pauvre 
et  content,  savourer  à  longs  traits  Les  muses,  les 
plaisirs,  et  l'étude  et  la  paix,  A.  chén.  Élég.  xvi. 
Entre  l'étude  et  moi  tu  partageais  tes  jours,  m.  j. 
cnÉN.  Gracqucs,  1,  4.  Dans  l'étude  autrefois  vous 
cherchiez  un  secours,  c.  delav.  Paria,  11,  2. 
Il  2°  Connaissances  acquises.  Avoir  de  l'étude.  Mais 
je  ne  trouve  point  de  fatigue  si  rude  Que  l'ennuyeux 
loisir  d'un  mortel  sans  étude ,  boil.  Épit.  xi. 
Il  N'avoir  point  d'étude,  nulle  étude,  être  sans 
étude,  se  dit  surtout  de  ceux  qui  n'ont  point  les  étu- 
des littéraires  qu'on  fait  d'ordinaire  dans  la  jeunesse. 
Il  Au  plur.  Les  différents  degrés  de  l'instruction 
classique.  Faire  de  bonnes  études,  de  mauvaises 
études.  Le  cours  des  éludes.  Traité  des  études. 
Sitôt  que  j'eus  achevé  tout  ce  cours  d'études, 
au  bout  duquel  on  a  coutume  d'être  reçu  au  rang 
des  doctes,  eesc.  Hélh.  i,  6.  L'abbé  d'Olivet 
avait  dirigé  au  collège  des  jésuites  les  premières 
études  de  cet  écrivain  célèbre  [Voltaire],  d'alemb. 
Éloges,  d^Olivet.  \\  Faire  ses  études,  passer  par  les 
.différents  degrés  d'instruction  qui  doivent  former 
l'esprit  de  la  jeunesse.  ||  On  dit  de  même  faire  des 
études.  11  n'a  pas  fait  d'études.  ||  3°  Terme  de  théâtre. 
Action,  d'apprendre  par  cœur  un  rôle.  Il  ne  lui  est 
rien  arrivé  que  je  ne  lui  aie  prédit  à  elle-même, 
en  lui  disant  adieu,  quand  je  sus  l'étude  qu'elle  fai- 
sait de  ce  rôle,  corn.  Lett.  àl'abbé  de  Pure,  ti 
mars  (669.  ||  On  dit  plutôt  aujourd'hui  étudier  un  rflle. 
Il  Mettre  une  pièce  à  l'étude,  en  commencer  les  ré- 
pétitions. Il  La  pièce  est  à  l'étude,  elle  est  en  cours 
de  répétitions.  ||  4'  Étude,  se  dit  de  tout  travail  p.-é- 
paratoire.  L'étude  d'une  question.  Les  études  d'un 
chemin  de  fer.  Mettre  ua  projet  de  loi  à  l'élude.  Ce 

I.  —  193 


1  ^.•^<^ 


ÉTU 


r*tn 

rie. 
lie  c 
(oin  •!  ' 


,,.  •.  iviurfe.  Il  6*  Un  dewln  ou  un 
„iurM  do  «lUpturo,  exécuté  pour 
re  d'un  ol.jol.  Une  étu.le  de  drape- 
,  ^  ,..,,..  ,)e  Haphaèl.  Les  études 
!)ien  il»  ont  encore  lie- 
\,j'  ,1  de  1767,  (>;u».  t.  XIV, 
f'wV  "  dan»'  pouoKHï.  Nous  y  vîmes  aussi  un 
mnd  nombre  d'étude»  qu'ils  avaient  faites  daprts 
pluileura  beaux  monument»,  et  en  particulier  da- 
nrès  eolle  fameuae  »tatue  de  Polycl&te  ,  quon 
nomme  la  canon  ou  la  règle,  barthèl.  Anach. 
ch  7a  II  Tête  d'étude,  tête  dessinée  pour  servir 
de  modèle.  ||  Terme  de  musique.  Composition  faite 
pour  exercer  au  doigté  ,  au  jeu  d'un  instrument. 
Dm  étude»  pour  le   violon.  ||  6"  Soin  particulier 

Joe  l'on  apporte  à  quelque  chose.  Tandis  qu'autour 
es  deux  tu  perdras  ton  étude  [à  deviner  lequel  des 
deux  est  ton  fils),  Mon  4me  jouira  de  ton  inquié- 
tude, conN.  I[((racl.  iv,  6.  Son  ftme  semble  en  vivre 
[de soupçons],  et  je  mets  mon  étude  A  trouver  des 
raisons  à  son  inquiétude,  mol.  D.  Gare,  ii,  4.  Je 
mettrais  toute  mon  étude  k  rendre  ce  quelqu'un 
jaloux,  ID.  Si'ci'J.  7.  Ils  emploient  toute  leur  étude 
à  chercher,  Pasc.  Prov.  ».  Se  faire  une  étude  d'une 
bagatelle,  noss   m,  Véture,  3.  Je  songe  à  me  con- 
naître et  me  cherche  en  moi-même,  C'est  là  l'uni- 
que étude  où  je  veux  m'attacher,  boil.  ÉpU.  v.   Je 
mets  à  les  former  [de  jeunes  filles]  mon  étude  et 
mes  soins,  bac.  Ksth.  i,  t.   ...    Ta  fière   ingrati- 
tude Se  fait  de  m'offnnser  une  farouche  étude,  volt. 
Kortde  Ces.  ii,  6.  Mamain  donneau  papier,  sanstra- 
vail,  sansétude,  Des  vers  fils  de  l'amour  et  de  lasoli- 
«ude,  a.  CHêN.  Êlig.  xvi.  ||  Préméditation L'in- 
dignation qu'on  prend  avec  étude  Augmente  avec  le 
temps  et  porte  un  coup  plus  rude,  corn.  Pomp.  iv, 
«.Tranquille  en  me  frappant,  barbare  avec  étude , 
VOLT.  Irène,  iv,  4.  ||  7"  Objet  d'étude,  de  soin. Votre 
exemple  est  partout  une  étude  pour  moi,  corn.  Sert, 
m,    ï.   J'ai....  de   l'inquiétude  De  voir  qu'un  sot 
amour  fait  toute  votre   étude,  hol.  Sgan.  7.   Je 
me  suis  fait  une  élude  de  cet  endroit  d'une  de  vos 
lettres,  sév.  437.  jj  8°  En  mauvaise  part.  Affectation, 
recherche.  Éviter  l'apprêt  et  l'étude.  Elle  plaît  sans 
étude.  Que  ne  puis-jo  vous  représenter  cet  homme 
simple  et  .sans  étude T  flSch.  ii,  (24.  Toute  notre 
vie  est   une   étude   de   vanité,    mass.  Myst.  Ass. 
Il  9*  Étude  est  quelquefois  un  titre  d'ouvrage,  moins 
usité,  il  est  vrai,  que  essai.  Études  sur  la  musique 
ancienne.  ||  10°  Anciennement,  chambre,  cabinet  où 
l'on  étudie,  où  l'on  compose.  Et  ces  heureux  ha- 
sards de»  fruits  de  mon  étude,  corn.  La  poésie  à  la 
p«infur«.  Ces  vers,   produits  dans  mon  étude,  Ré- 
citent tes  commandements,   BACAN,    Psaume  tt 8. 
Plus  d'un  héros,   épris  des  fruits  de  mon  étude, 
Vient   quelquefois  chez  moi   goûter  la   solitude, 
BOIL.  Ép.  X.  Considérez  les  avantages  d'un  homme 
(un  orateur]  qui  n'apprend  pas  par  cœur....  la  cha- 
leur qui  l'anime  lui  fait  trouver  des  expressions  et 
des  figures  qu'il  n'aurait  pu  préparer  dans  son  étu- 
de, rtn.  Dial.  sur  l'éloq.  ii.  î|  11-  Aujourd'hui,  lieu 
où  l'on  réunit  les  élfves  pour  étudier   leurs  leçons 
et  faire  leurs   devoirs.  Les   études  de  ce  collège 
sont  vastes  et  bien  aérées.  ||  On  dit  très-souvent 
aussi  :  salle  d'étude,  jj  Dans  les  lycées  de  Paris,  aU' 
lieu  d'étude,  on  dit  ordinairement  quartier.   ||  Le 
temps  de  ce»  exercices.   L'étude  la  plus  longue  est 
celle  du  soir.  ||  Maître  d'étude,  maître  chargé  de 
la  surveillance  pendant  les  études,  les  récréations 
et  les  promenades.  Le  titre  officiel  est,  depuis  quel- 
ques années,  mattre-répétiteur.  ||  U-  Pièce  où  un 
notaire,  un  avoué,  un  huissier  fait  travailler  ses 
clercs.  Il  Dépêt  des  minutes  et  des  papiers  que  les 
notaires  et  lesavoués  conservent;  clientèle  du  no- 
taire, de  l'avoué,  etc.  Acheter  une  étude.  Il  cède 
ton  étude  k  son  premier  clerc. 

—  REM.  Élude  a  été  longtemps  masculin ,  d'après  le 
UtlD  qui  est  neutre.  .  Etude  pour  un  lieu  où  l'on 
étudie  est  féminin;  étude  pour  travail  d'étudier  est 

■  masculin  ;  qui  fait  au  contraire  n'y  entend  rien,.  » 
MALH.  Comment,  tur  Desporles  ,  édit.  lalannk  , 
t.  IV,  p.  345.  Cela  est  répété  par  Chifflet,  Grainm. 
p.  M».  Aujourd'hui  la  terminaison  féminine  l'a  dé- 
finitivement emporté,  et  étude  est  uniquement  du 
féminin. 

—  HIST.  xii*  ».  Ainz  voliez  pcTerte  de  vostre  gré 
porter,  Rn  oreisun  adès  e  en  esludie  ester,  Th.  le 
niort.st.  ||xiu«B.  [Les roi» qui]  Fièrement  metent  lor 
««tulde  X  faire  entoreus  armer  gens,  la  nnse,  62S8. 
Il  XV*  ».  Il  ne  vous  est  mie  mestiers,  Dame,  dis-je, 
qu«  le  vous  die;  Car,  sans  mettre  y  vostre  estudie, 
vous  en  aavés  là  et  avant,  froiss.  Ksp.  amour. 
Wlle8B^  n attendez  demain;  Ksii.de»  [universités!, 
TOUS  deussie;.  »ler  Devers  le  roy  pour  enhorter  Le 


ETIJ 

concilie,  et  chprclier  le  voir  [le  vrai],  e.  desch. 
dans  pouoEWS.  En  laquelle  chose  France  a  grand 
honneur,  le  roy  et  les  princes  d'icelle,  avec  la 
noble  université  de  l'estude  de  Paris,  Boude,  m, 
20.  J'ai  ma  fille  à  marier,  où  j'ay  grant  estude  de 
la  bien  asseurer,  Perceforest,  t.  v,  f  107.  ||  xvi'  s. 
Mais  par  sus  tout  il  mit  son  estudie  À  reparer  son 
paîs  d'Arcadie,  uarot,  iv,  77.  Puys  se  mettoyt  à 
son  estude  principal  par  troys  heures  ou  d'advan- 
taige,  BAB.  Garg.  i,  23.  Et  des  principaux  estudes 
de  ma  vie,  c'est  que  le  bout  s'en  porte  bien,  mont. 
1,  68.  Mais  on  trouva  enfin  que  c'estoit  une  estude 
profonde,  so»  esprit  s'exercitant,  m.  ii,  « 76.  Faire 
un  capitaine  d'un  personnage  qui  n'auroit  jamais 
bougé dedessus  les  livres  en  une  estude,  amyot,  Préf. 
x,  36.  Presque  toute  leur  estude  estoit  d'apprendre 
à  obéir,  id.  Lyc.  33.  Si  estoit  il  en  ses  premiers  ans 
plus  enclein  à  l'estude  de  la  poésie  qu'à  nul  autre, 
ID.  Cicéron,  2. 

—  ÉTYM.  Wallon,  sitûd,  s.  t.;  proveno.  ettudi ; 
espagn.  esîudio  ;  portug.  cstudo;  ital.  sixtdio  ;  dulat. 
jludtum.  Estudie  au  xii*  siècle  est  purement  ortho- 
graphique ;  le  vers  montre  que  la  prononciation  était 
esluide.  Plus  tard  estudie  se  dit,  mais  alors  il  est 
calqué  sur  le  latin. 

ÉTUDIANT  (é-tu-di-an) ,  t.  m.  Celui  qui  étudie. 
Je  commence  par  mettre  aux  pieds  de  Votre  Ma- 
jesté la  reconnaissance  du  jeune  étudiant  quelle 
a  bien  voulu  honorer  de  ses  bontés,  d'alemb.  Lett. 
auroide  Pr.  28  oct.  (761.  ||  Particulièrement,  celui 
qui  étudie  dans  une  université,  et,  en  France,  dans 
une  faculté.  Il  y  a  peu  d'étudiants  à  ce  cours.  Étu- 
diant en  droit.  {|  Au  féminin,  étudiante,  dans  une 
espèce  d'argot,  grisette  du  quartier  latin.  Commis 
et  grisettes ,  étudiants  et  étudiantes  affinent  dans 
ce  bal. 

—  ÉTYM.  Étudier  ;  provenç.  estudian  ;  espagn. 
estudiante;  portug.  estudante;  ital.  ttudiante. 

ÉTUDIÉ,  ÊE  (é-tu-di-é,  ée) ,  part,  passé.  ||  1°  Oui 
a  été  l'objet  d'études.  Un  auteur  étudié  avec  soin. 
Tacite  étudié  dans  les  classes.  La  botanique  étudiée 
avec  ardeur.  ||  Appris  par  cœur.  Leçon  bien  ,  mal 
étudiée.  Il  2°  Qui  a  été  médité,  composé  avec  soin. 
La  lecture  de  tous  les  bons  livres  est  comme  une  con- 
versation avec  les  plus  honnêtes  gens  des  siècles 
passés  qui  en  ont  été  les  auteurs,  et  même  une  con- 
versation étudiée  en  laquelle  ils  ne  nous  découvrent 
que  les  meilleures  de  leurs  pensées,  desc.  héth. 
I,  6.  Leur  discours  étudié  ne  fit  qu'augmenter  les 
soupçons  qu'on  avait  déjà  de  la  trahison,  fléch.  Hist. 
de  Théod.iv,  38.  Tout  cela  était  dit  avec  la  rapidité 
d'un  discours  étudié,  harivadx,  Paysan  parv.  6*  par- 
tie. La  tragédie  ne  représente  pas  les  hommes  tels  que 
nous  les  voyons  dans  la  société  ;  elie  peint  un  na- 
turel d'un  ordre  différent,  un  naturel  plus  étudié, 
plus  mesuré,  plus  égal,  condil.  Art  d^écr.  iv,  6. 
Il  Fig.  Feignant  des  sentiments  longtemps  étu- 
diés, volt.  Jf.  de  Cet.  II,  4.  Si  de  votre  ennemi  la 
haine  étudiée,  id.  Irène,  ii,  *.  ||  Fait,  travaillé, 
fini  avec  soin.  Un  dessin,  un  tableau  fort  étudié. 
Il  S"  Oui  sent  l'étude,  le  travail.  N'attendez  pas, 
messieurs,  que  je  ménage  vos  e.çprits,  ou  que  par 
des  figures  étudiées  je  flatte  ou  j'irrite  votre  dou- 
leur, FLÉCH.  Dauphine.  L'arrangement  étudié  des 
expressions,  mass.  Car.  Conf.  Fontenelle  et  La- 
motte  ont  écrit  en  prose  avec  beaucoup  de  clarté, 
d'élégance,  de  simplicité  même,  mais  Lamotte  avec 
une  simplicité  plus  naturelle,  et  Fontenelle  avec  une 
simplicité  plus  étudiée,  d'alehb.  Éloges,  Lamotte. 
Il  4°  Affecté,  sans  naturel.  Des  larmes  étudiées.  Le 
jeu  de  cet  acteur  est  étudié.  Je  n'ai  jamais  su  goû- 
ter cette  tristesse  étudiée,  balz.  liv.  vi,  lett.  2. 
IS'attendez  pas  de  cette  princesse  des  discours  étu- 
diés et  magnifiques,  boss.  Duch.  d'Orl.  Sans  pitié, 
.sans  douleur,  au  moins  étudiée,  hac.  Andr.  v,  t. 
(Cette  expression  de  Racine  fut  critiquée  dans  le 
temps;  à  tort;  car,  bonne  en  soi,  elle  était  déjà  dans 
l'usage.)  Il  II  se  dit  quelquefois  des  personnes  en  ce 
sens.  Il  n'est  point  naturel,  il  est  étudié,  Z>t<;<.  de 
l'Acad. 

ÉTUDIER  (é-tu-di-é),  j'étudiais,  nous  étudiions, 
vous  étudiiez;  que  j'étudie,  que  nous  étudiions,  que 
vous  étudiiez.  ||  1°  F.  n.  Appliquer  son  esprit  à  l'é- 
tude des  sciences,  des  lettres,  etc.  Étudier  endroit, 
en  médecine.  Il  me  semble  qu'on  pourrait  tirer  de 
là  que  M.  d'Avranches  [Huet]  est  peut-être  de  tous 
les  hommes  qu'il  y  eut  jamais  celui  qui  a  le  plus 
étudié,  D'oLivET,  Hist.  Acad.  t.  ii,  p.  40S,  dans 
POUGENS.  Il  eut  de  si  fréquentes  maladies  pendant 
son  enfance  que  ses  parents  n'osèrent  le  pres- 
ser d'étudier,  mairan.  Éloges,  abbé  de  Molières.  On 
doit  étudier  autant  pour  se  former  l'esprit  que  pour 
•ppiendre,   du  mabsais,    CEuvres,   t.  i,  p.  32.   Il 


ETU 

faut  étudier  pour  s'in.struire.  Mais  coiuiaent  faut-il 
étudier?  c'est  une  chose  qu'on  ignore  assez  com- 
munément, COHDIL.  Lang .  cale,  i,  (2.  ||  Étudier  en- 
semble, être  élevés  dans  le  même  collège,  dans  la 
même  maison  d'éducation.  ||  Faire  étudier,    faire 
faire  à  un  enfant  le  cours  des  classes.  J'enrage  que 
mon  père  et  ma  mère  ne  m'aient  pas  fait  étudier 
dans  toutes  les  sciences  quand  j'étais  jeune,   mol. 
B.  gent.  ii,  6.  L'on  trouva  moyen  de  me  faire  étu- 
dier,j.j.  RODSS.  JÈm.iv.  Il  2°  Étudier  à,  archaïsme  resté 
en  usage  au  commencement  du  xvii*  siècle.  Et  puis 
quand  je  n'alléguerais  autre  chose,  sinon  que  si  j'ai 
étudié  aux  bonnes  lettres  pour  me  rendre  capable 
de  la  vertu,  si  je  suis  homme  de  bien,  je  rends  à 
mon  père  en  son  bienfait  même  plus  que  je  n'ai  reçu 
de  lui,  MALH.  Le  traité  des  bienf.  de  Sénèque,  m, 
31.  J'avais  un  peu  étudié,  étant  plus  jeune,  entre 
les  parties  delà  philosophie,  à  la  logique,  et,  entre 
les  mathématiques,  à  l'analyse  des  géomètres  et  à 
l'algèbre,  desc.  Méth.  u,  6.  Plus  un   homme  à  lui- 
même  étudie  à  mourir.  Plus  il  commence  à  vivre  à 
l'auteur  de  son  être,  corn.  Imit.  ii,  (2.  Je  m'ima- 
ginais que  vous  avez  quelque  pensée  d'étudier  à  la 
magie,    méré.    Œuvres  posth.  t.  ii,  p.   360.   Vous 
n'étudiez  plus  qu'à  bien  vivre, iD.ïb. p.  260.  ||3°K.a. 
S'appliquer  à  apprendre  une  science,   un   art,  à 
comprendre  un  auteur,  à  bien  connaître  une  chose. 
Étudier  les  mathématiques,  le  grec,  le  dessin,  l'a- 
griculture. Il  4°  Tâcher  de  fixer  dans  sa  mémoire, 
d'apprendre  par  cœur.  Étudier  un  rôle,  un  morceau 
de  musique.  Étudier  ses  leçons.  ||  6°  Méditer,  pré- 
parer. Étudier  un  discours,  un  compliment.   ||  On 
dit  dans  le  même  sens  il  fait  des  contes  plaisants, 
mais  il  les  étudie.  ||  Absolument.  S'exercer  sur  un 
instrument  de  musique,  piano,  violon,  etc.   Cette 
pianiste  étudie  six  heures  par  jour.  ||  6°  Terme  d'in- 
génieur. Étudier  un  projet,  en  vérifier  les  moyens 
d'exécution  et  la  dépense.  ||   Les  architectes  disent 
dans  le  même  sens  étudier  un  plan.  ||  7"  Terme  de 
peinture  et  de  sculpture.  Étudier  une  draperie,  une 
pose,  s'assurer  de  leur  eff'et  avant  l'exécution  défi- 
nitive. Il  Étudier  un  modèle,  en  examiner  soigneu- 
sement toutes  les  qualités.  ||I1  se  dit  dans  le  même 
sens  en  littérature.  Je  suis  bien  persuadé  que  de 
tous  les  modèles  celui  que  Massillon  avait  le  plus 
étudié,  c'était  Racine,  marmontel,  Élém.  litt.  Œuv. 
t.  v,  p.  82,  dans  pougens.  ||  8°  Examiner  attentive- 
ment. Étudier  les  pliénomènes  de  l'électricité,  les 
phases  d'une  maladie.  ||  Observer  avec  soin  l'hu- 
meur, les  habitudes,  les  inclinations  des  personnes. 
Votre   homme  arrive....  je  l'ai  étudié  une  bonne 
grosse  demi-heure,  et  je  le  sais  déjà  par  cœur,  mol. 
Pourc.  I,  4.  J'étudiai  leur  cœur,  je  flattai  leurs  ca- 
prices, hac   Athal.  m,  2.  Étudiez  nos  mœurs  avant 
de  les  blâmer,  volt.  Ail.  iv,  2.  Comme  ils  (les 
affranchis]  ont  étudié  les  faiblesses  de  leur  maître 
et  non  pas  ses  vertus,  montesq.  Esp.  xv,  <9.  |1  Étu- 
dier un  terrain,  en  examiner   les  diverses  parties 
pour  l'objet  qu'on  se  propose.  ||  Fig.  Étudier  le  ter- 
rain ,  chercher  à  connaître  à  fond  les  choses  et  le» 
hommes.   ||    Il  faut  étudier  le  moment  favorable, 
l'épier  afin  de  le  saisir  et  d'en  profiter.  ||  9°  Feindre. 
Cent  fois  je  me  révolte  et  cent  fois  je  succombe;- 
Tant  le   calme  forcé    que  j'étudie   en   vain.    Près 
d'un  si  rare  objet  s'évanouit  soudain,  corn.  Pulch. 
n,  1.  Il  10°  S'étudier,  v.  réfl.  Être  étudié.  Lo  grec 
s'étudie  moins  aujourd'hui  qu'autrefois.  ||  11*  Faire 
étude  de  soi-même.  Il  se  juge  en  autrui,  se  tâte, 
s'étudie,  corn.  Pomp.  m,  i.  Je  veux  exprimer  ma 
pensée ,  les  paroles  convenables  me  sortent  aussitôt 
de  la  bouche,  sans  que  je  sache  aucun  des  mouve- 
ments que  doivent  faire,  pour  les  former,  la  langue 
ou  les  lèvres,  encore  moins  ceux  du  cerveau ,  du  pou- 
mon et  delà  trachée-artère;  puisque  je  ne  sais  pas 
même  naturellement  si  j'ai  de  telles  parties  et  que  j'ai 
eu  besoin  de  m' étudier  moi-même  pour  le  savoir ,  boss. 
Cnnnaiss.  m,  42.  Celui  qui  se  sera  étudié  lui-même 
sera  bien  avancé  dans  la  connaissance  des  autres, 
DIDEROT,  Règne  de  Claude  et  de  Nér.  i,S  i25.||  12°  S'é- 
tudier, s'appliquer,  s'exercer,  avec  d  et  le  verbe  à  l'in- 
finitif. Sa  rigueur  s'étudie  assez  à  m'accabler,  th. 
CORN.  Essex,  IV,  5.  Il  s'étudiait  à  reconnaître  les  ta- 
lents ;  il  les  encourageait,  les  aidait  par  des  attentions 
particulières,  fohten.  Boerhaave.  Plus  sa  place  [de 
Colbert]  l'élevait  au-dessus  d'eux,  plus  il  s'étudiait 
à  leur   témoigner  qu'avec  eux  il  n'était   que  leur 
confrère;  il  leur  donnait  des  fêtes  dans  sa  belle  mai- 
son de  Sceaux,  d'olivet,  Hist.  Acad.  t.  n,  p.  208, 
dans  POUGENS.   ||  Il  se  dit  aussi  avec  un  substantif. 
Plus  une  âme  est  humiliée.  Plus  elle  s'est  étudiée 
À  ce  noble  ravalement,  corn.  Imit.  ni,  43.  Un  per- 
sonnage grave  ne  s'étudie  point  à  une  si  extrava- 
gante rhUorique,  batle,  Dict.  erit.  art  Arodon, 


ETU 


ET  Y 


ETJC 


1539 


rem.  A.  ||  Pascal  a  construit  s'étudier  avec  pour, 
construction  que  rien  de  grammatical  n'interdit. 
L'on  s'étudie  tous  les  jours  pour  trouver  les  moyens, 
PASC.  dans  cousin.  ||  Bossuet  a  mis  s'étudier  de. 
Une  idée  intérieure  à  laquelle  je  m'étudie  de  me 
conformer,  boss.  Connaiss.  v,  6.  C'est  peut-être 
pour  éviter  deuid,  compléments,  l'un  de  s'étudier, 
l'autre  de  se  conformer,  qu'on  aurait  si  on  suivait  la 
construction  ordinaire  :  à  laquelle  je  m'étudie  à 
me  conformer.  D'ailleurs,  c'est  un  archaïsme  que 
la  grammaire  ne  repousse  en  aucune  façon  (voyez 
des  exemples  dans  l'historique.) 

—  HlST.  XIV'  s.  Mais  j'ai  estudié  au  livre  de  Ja- 
son....  GuescUn,  8900.  Aucun  pourroit  dire  que 
ceste  science  n'est  pas  si  nécessaire,  car  au  temps 
passé  plusieurs  roys  et  princesses  ont  très  bien  gou- 
verné qui  oncques  n'estudierent  politicques,  oresme, 
Prol.  Il  XV*  s.  Vous  devez  savoir  que  grand'  murmu- 
ration  estoit  entre  les  clercs  de  l'université  de  ces 
nouvelles,  et  cessoientde  lire  et  d'estudier;  et  n'a- 
voient  puissance  ni  affection  de  rien  faire....  fhoiss. 
III,  IV,  10.  Ainsi  le  roi  d'Angleterre  et  son  conseil 
estudioient  nuit  et  jour  à  faire  engins  et  instrumens 
pour  ceux  de  Calais  mieux  oppresser  et  contraindre, 
ID.  I,  I,  309.  Il  xvi'  s.  Hà,  malheureux,  vous  vous 
estudiez  A  vous  mocquer  de....  MAROT,  iv,  25).  Qui- 
conque s'estudie  bien  atentifvement ,  trouve  en 
soy....  MONT.  I,  7.  Il  avoit  en  sa  teste  une  harangue 
estudiée,  mais....  id.  iv,  88.  Les  aultres  s'estudienl 
à  eslancer  et  guinder  leur  esprit,  id.  m,  279.  Ly- 
curgus  ne  s'estudia  de  rendre  les  siens  belliqueux 
pour  faire  oultrage  aux  autres,  amyot,  Lyc.etNuma 
comp.  3.  Il  estudia  tousjours  aux  sciences  jusques 
à  ce  que  Sylla  fut  demeuré  vaincueur,  id.  Cic.  3. 
Il  se  remeit  de  rechef  à  estudier  en  rhétorique,  id. 
ib.  5.  Ils'estudioitàdire  tousjours  quelque  chose  de 
nouveau  à  la  louange  de  luy  et  de  ce  qu'il  faisuit, 
lu.  ib.  6). 

—  Stym.  Wallon,  sitûdt;  provenç.  et  espagn.  es- 
tudiar;  portug.  ciludar ;  ital.  studiare;  du  lat.  s(«- 
di'um,  étude. 

ÉTUDIOLE  (é-tu-di-o-l') ,  s.  f.  Petit  meuble  à  plu- 
sieurs tiroirs,  qui  se  place  sur  une  commode  ou  sur 
une  table,  pour  y  serrer  des  papiers  d'étude  ou 
d'autres  choses. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'étude,  au  sens  de  cabinet 
de  travail. 

ÉTCI  (é-tui),  s.  m.  ||  1°  Sorte  de  boîte  dispo- 
sée de  façon  que  les  choses  qu'on  y  veut  placer  y 
soient  étroitement  serrées.  Étui  de  chapeau  ou  à 
chapeau.  Élui  de  harpe.  De  son  étui  la  couronne 
est  tirée;  Dans  une  chartre  un  dragon  la  gardait, 
LA  FONT.  Fabl.  VI,  6.  ||  Êtui  de  mathématique,  bulle 
contenant  des  instruments  de  mathématique.  ||  C'est 
un  visage  à  étui,  se  dit  d'un  visage  fort  laid  qu'il 
faut  cacher  comme  dans  un  étui.  ||  2°  Petit  meuble 
de  poche  cylindrique  où  l'on  enferme  des  aiguilles. 
Il  3°  Fig.  Lieu  étroit.  Et  moi,  non  sans  bosse  à  la 
tête.  Avec  quelques  secours  d'autrui,  Je  sors  de  mon 
maudit  étui,  J.  J.  Houss.  Lett.  à  Lafosse.  \\  Le  corps, 
considéré  comme  un  étui  pour  l'Ame.  Mes  maladies 
augmentent  tous  les  jours;  la  nature  s'est  avisée 
de  faire  à  mon  âme  un  très-mauvais  étui,  volt. 
Leit.  Albergati,  7  mars  t/OO.  La  nature  a  donné  à 
mon  âme  un  étui  très-faible  et  très-mauvais,  qui 
ne  peut  guère  soutenir,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
quatre  ans,  le  voisinage  des  Alpes  et  des  inon- 
dations de  neige,  id.  Lett.  à  M.  Colini,  26  jany. 
1778.  Il  En  un  autre  sens,  enveloppe  trompeuse. 
Je  ne  pus  me  refuser  celte  malice  à  cet  étui  de 
sage  de  la  Grèce  et  de  citoyen  romain ,  st-sjm. 
454,  133.  Il  4°  Abusivement,  étui  pour  gaîne  qui 
est  le  mot  propre  pour  les  choses  tranchantes. 
Déjà  trois  fois  hors  de  l'étui....  Les  lames  des  poi- 
gnards ont  lui,  V.  HUGO,  Orient,  xi.  ||  5°  Terme  d'en- 
tomologie. Fourreau  qui  loge  le  dard  des  hyméno- 
ptères. Il  Terme  d'anatomie.  L'hippocampe,  la  partie 
supérieure  de  la  portion  sphénoïdale  du  ventricule 
latéral  du  cerveau.  ||  6°  Terme  de  marine.  Enve- 
loppe, en  toile  peinte,  des  voiles  de  rechange. 
Il  T"  Terme  de  pêche.  Baquet  couvert,  long  et  étroit, 
qui  sert  à  renfermer  le  poisson  dans  le  bateau. 

—  HIST.  XII'  s.E  puis  les  portad  l'um  là  où  l'um 
soleitlesarmesenestuiguarder,  Jîois,p.296.||xiii"s. 
Dix  gelines  pris  sans  faillie  ;  Les  cinc  en  ai  men- 
gies  hui,  Et  les  autres  mis  en  estui,  Rcn.  tOB48. 
Il  XIV*  s.  Un  grant  estuy  de  cuir  boully  pour  met- 
tre et  porter  uns  tableaux  que  a  faiz  Jehan  d'Or- 
léans, peintre  et  varlet  de  chambre  du  roi,  de  la- 
borde,  Émaux,  p.  308.  ||xvi*  s.  Oisifs  dedans  leur 
ctiambre,  ainsi  qu'en  un  estui,  du  bellay,  vi,  3o, 
verso. 

—  ÉTYM.  Berry,  éttau;  provenç. e«(ui,es(ugi;  es- 


pagn. estuche;  portug.  estojo;  ital.  astuccio;  du 
moyen  h.  allem.  Stûche  (d'après  Diez),  sorte  de 
gaîne;  allem.  mod.  stauchen,  entonner. 

ÉTDVE  (é-tu-v'),  s.  f.  Il  1°  Lieu  où.  l'on  élève  à 
volonté  la  température  pour  provoquer  la  transpi- 
ration. Éluve  sèche.  Étuve  humide  ou  bain  de  va- 
peur. ||  Étuve  naturelle,  caverne  dans  un  endroit 
volcanique.  ||  Par  exagération.  Cette  chambre  est  une 
étuve,  se  dit  d'une  chambre  bien  close  qui  est  très- 
chaude  en  hiver,  ou  d'une  chambre  où  l'on  a  trop 
chaud.  La  chaleur  de  leur  sang  et  de  leur  haleine, 
jointe  à  la  vapeur  de  cette  légère  flamme,  suffit 
pour  changer  leurs  cafés  en  étuves,  raynal,  Hist. 
phil.  XVII,  8.  Il  a*  Lieu  dont  on  élève  artificielle- 
ment la  température  pour  y  faire  dessécher  diffé- 
rentes substances.  Faire  sécher  des  raisins  dans  une 
étuve.  Il  Imagina  et  fit  exécuter  une  étuve  qui, 
donnant  une  chaleur  graduée  et  égale  dans  toute 
son  étendue,  réunissait  à  la  certitude  entière  du 
succès  [la  conservation  des  grains]  une  économie 
suffisante  dans  la  dépense,  condorcet,  Duhamel. 
Il  Tablettes  sur  lesquelles  le  confiseur  fait  sécher 
les  fruits  qu'il  a  préparés.  ||  Endroit  pour  faire  sé- 
cher les  chapeaux.  |{  Cabinet  clos  pour  connaître  l'in- 
fluence de  la  température  sur  les  horloges.  ||  Lieu 
où  l'on  met  éluver  le  sucre  en  pains.  ||  Lieu  échauffé 
dans  lequel  sont  des  tonneaux  à  moitié  pleins  devin 
destinés  à  aigrir  pour  faire  le  vinaigre.  ||  3°  Terme 
de  marina.  Ëtuve  do  corderie ,  lieu  rempli  de 
fourneaux  et  de  chaudières ,  pour  y  goudronner  les 
cordages.  ||  Étuve  à  bordage,  cylindre  dans  lequel 
des  bordages  sont  soumis  à  l'action  de  la  vapeur 
d'eau. 

—  HIST.  xiii*  s.  Puis  revonl  entr'eus  asestuves, 
Et  se  baignent  ensemble  es  cuves,  la  Rose,  iOta. 
Que  nuls  ne  nule  du  dit  mestier  ne  soutiengne,  en 
leursmesoiis  ouestuves,  bordiaus  de  jour  nedenuit, 
Liv.  des  met.  <89.  ||  xvi*  s.  Les  estuves  sont  seiches 
ou  humides,  paré,  xxv,  43. 

—ÉTYM.  'Wallon,  sitoûf,  s.  f.  ;  provenç.  estuba, 
stuva;  espagn.  estufa;  ital.  stufa;  bas-lat.  stuba 
dans  la  loi  des  Allemands;  du  germanique  :  anc.  h. 
allem.  stupa;  moyen  h.  allem.  slobe;  allem.  Stube; 
anc.  scand.  stofa;  angl.  stove. 

ÉTUVÉ,  ÉE  (é-tu-vé,  vée),  part,  passé.  Bassiné 
avec  un  liquide  tiède.  Une  contusion  étuvée  avec  un 
liquide  émollient. 

ÉTCVÉE  (é-tu-vée),  s.  f.  ||  1"  Manière  de  cuire 
les  aliments  dans  leur  vapeur.  Mettre  du  veau,  une 
carpe  à  l'étuvée.  ||  Mets  ainsi  préparé.  Une  étuvée 
de  pigeons.  (1  2°  Quantité  de  pains  de  sucre  que  peut 
contenir  une  étuve. 

—  ÉTYM.  Étuvé. 

ÉTUVEMENT  (é-tu-ve-man) ,  s.  m.  Action  d'étu- 
ver.  L'étuvemeut  d'une  plaie. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fomentation  est  une  evaporation 
ou  estuvement,  parE,  xxv,  29. 

—  ÉTYM.  Étuver. 

ÉTOVER  (é-tu-vé) ,  v.  a.  ||  1*  Mettre  au  four  ou  à 
l'étuve.  Il  Terme  de  marine.  Passer  à  l'étuve  des  fils 
de  caret  ou  des  bordages.  ||  2°  Terme  de  cuisine. 
Faire  une  étuvée.  ||  3°  Faire  une  lotion  douce  (par  al- 
lusion à  la  chaleur  de  l'étuve).  Étuver  une  plaie. 
J'étuve  de  mes  pleurs  leurs  blessures  sanglantes, 
RÉGNIER,  Sial.  Il  4°  S'étuver,  v.  réfl.  Se  faire  une 
lotion. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  vous  baingnerés  en  l'estuve 
Où  Venus  lesdamesestuve,  laliose,  12956.  ||xiv*s.  Se 
vous  voulez  saler  anguille,  estuviez  et  effondrez,  Ué- 
nagier,  n,  6.  ||  xvi*  s.  Et  avecques- gros  raisins  che- 
nins,  estuvarent  les  jamtes  de  Forgier  miguonne- 
ment,  rab.  Garg.i,  25.  Ils  estoient  tousjours  sales 
et  crasseux,  comme  ceulx  qui  ne  s'estuvoient  ny  ne 
s'oigiioient  jamais,  amyot,  Lyc.  34.  Nous  estuve- 
roiis  les  parties  honteuses  do  décoction  de  mauves, 

PARÉ,   XV,    65. 

—  ÉTYM.  Étuve;  wallon ,  sitouvé;  espagn.  estufar, 
eslnfar,  estobar;  ital.  stufare. 

ÉTCVISTE  (é-tu-vi-sf) ,  s.  m.  Celui  qui  tient  des 
étuves,  des  bains  de  vapeur.  ||  On  dit  aujourd'hui 
baigneur. 

—  ÉTYM.  Étuver.  On  trouve  au  xiii*  siècle  estuvier 
et  estuveur. 

ÉTYMOLOGIE  (é-ti-mo-lo-jie),  s.  f.  \\  i'  Doctrine 
de  la  dérivation  des  mots  par  rapport  à  leurs  raci- 
nes, et  de  leur  composition  par  rapport  à  leurs  sim- 
ples. Les  règles  de  l'étymologie.  ||  2°  Dérivation  d'un 
mot  par  rapport  à  un  autre  qui  est  dit  la  racine. 
Rechercher,  donner  l'étymologie  d'un  mot.  Les 
étymologies  servent  à  faire  entendre  la  force  des 
mots  et  à  les  retenir  par  la  liaison  qui  se  trouve 
entra  le  mot  primitif  et  les  mots  dérivés;  de  plus, 
elles  donnent  de  la  justesse  dans  le  choix  de  l'ex- 


pression, DU  MARSAis,  Uélh.  de  lalang.  lat.  Œu- 
vres, t.  I,  p.  0. 

—  HIST.  XIV*  s.  Si  que  des  rossignos  puet  [peut  | 
très  bien  estre  dis  Rossillon  li  chastiaus  sans  aucuns 
contredis;  Cil  noms  près  s'entr'accordent  :  rossi- 
gnoz,  rossillons;  De  telz  ethymologes  pas  ne  noua 
merveillons,  Girart  de  Ross.  v.  53<.  Lelonc  celle 
montaigne  est  assise  Poutieres  ;  Par  ethymologie 
puet  l'on  dire  Pautieres,  Quar  en  yver  y  a  trop 
grant  foison  de  pautes.  De  palus  et  de  boues....  ib, 
V.  647.  Il  xvi*  s.  Consire  ou  grande  consoulde... 
suivant  l'étymologie  de  son  nom,  ceste  herbe  a 
vertu  de  consolider,  o.  de  serres,  eto. 

—  ÉTYM.  "ETuiioXovîa,  de  huiio;,  véritable,  et 
XÔYO;,  diction. 

ÉTYMOLOGIQUE  (é-ti-mo-lo-ji-k')  ,  adj.  Qui 
concerne  les  étymologies.  Dictionnaire  étymolo- 
gique. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉTYMOLOGIE. 

t  ÉTYMOLOGIQPEMENT  (é-ti-mo-lo-ji-ke-man), 
adv.  D'après  l'étymologie,  selon  les  règles  de  l'éty- 
mologie. Étymologiquement,  étroit  et  strict  sont  le 
même  mot,  venant  tous  deux  du  latin  strictus, 
serré. 

t  ÉTYMOLOGISER  (é-ti-mo-lo-ji-zé).  ||  1"  F.  a. 
Donner  l'étymologie.  Martin  aura  mon  grand  manteau 
Que  mante  à  eau  j'étymologisais,  scarhon,  dans 
LE  ROUX,  Dict.  com.  ||  2°  Y.  n.  S'occuper  d'étymo- 
logia. 

—  HIST.  XV*  s.  Je  puis  assez  ethimologier  Le  no- 
ble nom  de  la  fleur  des  François,  E.  desch.  Sur  le 
nom  du  roi  Charles. 

—  ÉTYM.  Élymologie. 

ÉTYMOLOGISTE  (é-ti-mo-lo-ji-sf),  î.  m.  ||  l"  Ce- 
lui qui  recherche  les  étymologies.  Là  M.  Leibnitz 
paraît  en  divers  endroits  sous  presque  toute»  ses 
différentes  formes,  d'historien,  d'antiquaire,  d'éty- 
mologiste,  de  physicien,  de  mathématicien,  font. 
Leibnits.  Ces  métaphores  dont  les  premières  lan- 
gues sont  pleines  et  dont  les  étymologistes  aper- 
çoivent même  encore  les  vestiges  dans  les  plus  cul- 
tivées, TURGOT,  2*  dise,  en  Sorbonne.  ||  2°  Le  grand 
Étymologiste,  titre  d'un  dictionnaire  d'Hésychius, 
très-utile  pour  entendre  les  poètes  grecs, 

—  ÉTYM.  Étymologiser. 

EU,  EUE  (u,  ue),  part,  passé  du  verbe  avoir. 

—  HIST.  XIV*  s.  Soit  eue  une  bende  subtille  de  la 
latitude  d'un  pouce,  H.  de  mondeville,  f"  67. 

EURAGE  (eu-ba-j'),  s.  m.  Chez  les  Gaulois,  classe 
qui,  nommée  entre  les  druides  et  les  bardes,  avait 
pour  principale  occupation  l'étude  de  l'astronomie, 
des  choses  naturelles  et  delà  divination.  Une  chapelle 
des  chrétiens  s'élève  au  fond  d'une  vallée  près  da 
l'autel  où  l'eubage  égorge  la  victime  humaine, 
CHATEAUB.  Jfart.  292.  ||  On  trouve  aussi  euhage. 

—  ÉTYM.  Eubages,  euhages ,  dans  Amm.  Mar- 
cellin  (xv,  9),  qui  sont  les  oOâT6i«  (qui  paraît  une 
transcription  du  latin  vates)  de  Strabon ,  iv ,  iv ,  4  ;  ce 
mot  n'a  pas  été  retrouvé,  jusqu'à  présent  du  moins, 
dans  les  langues  néo-celtiques. 

t  EUBIOTIQUE  (eu-bi-o-ti-k')  ,  s.  f.  Terme  de 
philosophie.  Ensemble  de  préceptes  relatifs  à  l'art 
de  bien  vivre. 

—  ÉTYM.  Eij,  bien,  et  piôw,  vivre. 

f  EURLE  (eu-bl'),  J.  f.  Un  des  noms  vulgaires  de 
l'hièble. 

EUCHARISTIE  (eu-ka-ri-stie) ,  s.  f.  Le  sacrement 
du  corps  et  du  sang  de  Jésus-Christ  sous  les  espèces 
du  pain  et  du  vin.  Le  sacrement,  le  mystère  de 
l'eucharistie.  Adorer  l'eucharistie.  Exposer,  porter 
l'eucharistie.  Ainsi  l'eucharistie  est  parfaitement 
proportionnée  à  notre  état  da  foi,  parce  qu'elle  en- 
ferme véritablement  Jésus-Christ,  mais  voilé,  PAsa, 

Provinc.  <6 Quand  il  [Dieu]  a  voulu  accomplir 

la  promesse  qu'il  fit  à  ses  apôtres  de  demeurer  avec 
les  hommes  jusqu'à  son  dernier  avènement,  il  a 
choisi  d'y  demeurer  dans  le  plus  étrange  et  le  plus 
obscur  secret  de  tous ,  qui  sont  les  espèces  de  l'eu- 
charistie, ID.  Extrait  des  lett.  à  Mlle  de  Roannei, 
p.  *89,  éd.  HA  VET.  Ce  nom  nouveau  du  Seigneur  est 
celui  de  l'eucharistie,  nom  composé  de  biens  et  de 
grâces  qui  nous  montre ,  dans  cet  adorable  sacrement, 
une  source  de  miséricorde  ,  un  miracle  d'amour, 
un  mémorial  et  un  abrégé  de  toutes  les  grâces, et 
le  Verbe  même  tout  changé  en  grâce  et  en  douceur 
pour  ses  fidèles,  boss.  Marie-Thér.  Dès  l'origine  di; 
christianisme,  on  a  porté  l'eucharistia  aux  absents, 
on  a  réservé  la  communion  pour  la  donner  aux  ma- 
lades, ID.  rar.  1"  imlr.  past.  §  44.  La  raison  hu- 
maine ne  nous  fait  point  comprendre  qu'il  y  a  un 
Dieu  en  trois  personnes;  que  le  corps  de  Jésus- 
Christ  soit  réellement  dans  l'eucharistie  ;et  comment 
il  se  peut  faire  que  l'homma  soit  libre ,  quoique 


1540 


ELG 


Jéitj^Cliri».    non» 


le    donn»    (iaii5  l'eucharistie 


..  J.   p. 


641. 


S"  h.iV  S'Vi.îu-Cbn.t  d.n.  l-euchari,.ie  es.  l'a- 
i^Jni  de  no.  âœea,  m.  ib.  p.  »20.  Le»  ma'"»  <>" 
S«u.îînn"n.'l.  nulieuM,   eucharistie,    CHA- 

_  BTYII  Kùx«(»"'*>  ''»  *^'  '''*"•  *'  X'P'C»- 
rt.,,  donner  une  gricc,  qui  Tient  de  xipK,  grice. 

BÛCIMRISTI0UE(eu-ka-ri-8li  k'),  od;.  Oui  ap- 
partien.  A  l'eucliaristie.  Les  esptces  eucharistiques. 
Ceux  qui  ne  distinguent  pas  le  pain  eucharis.ique 
des  riandes  communes,  mass.  Car.  Jeûne. 

—  ETYM.  Eucharittie. 

f  EDCHROME  (eu-krô-m'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  a  une  belle  couleur. 

—  ETYM.  Eu,  bien,  et  XP"1»*.  couleur. 

f  EUCUYLIE  (eu-chi-liê),  ».  f.  Terme  de  phy- 
siologie. Bonne  qualité  des  sucs  ou  fluides  du 
corps.  ,  , 

—  BTYM.  EJ,  bien,  etxv^**.  «"C  (voy.  chyle). 

t  EUCLASE  (eu-kla-z'),  J.  f-  Terme  de  minéra- 
logie. Émeraude  prismatique  du  Brésil. 

EUCOLOGE  (eu-ko-lo-j),  i.  m.  Terme  de  liturgie. 
Livre  contenant  l'office  des  dimanches  et  des  princi- 
pales fêtes  de  l'année.  ||  La  véritable  orthographe 
serait  euchologe. 

—  ETYM.  K0xo>4y<ov  ,  livre  des  prières,  de  tOxe- 
o9«i,  prier, et  Xàftov,  recueil,  deXt'Yeiv,  lat.  lejere, 
cueillir,  rassembler  (voy.  lire). 

EUCRASIE  (eu-kra-zie),  ».  f.  Terme  de  médecine. 
Bonne  constitution  du  corps,  juste  tempérament 
les  humeurs. 

—  ETYM.  EJxpaffta,  de  «î,  bien,  et  xpâmc,  mé- 
lange (voy.  crase). 

f  EUCRASIQUE  (  eu-kra-zi-k' ) ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Oui  a  rapport  à  l'eucrasie  ;  capable  d'a- 
Bidiorer  la  crase  humorale. 

t  EUDÉMON  (eudé-mon) ,  ».  m.  Terme  d'astro- 
logie. La  quatrième  maison  dans  la  figure  du  ciel; 
elle  marque  les  succès,  la  pro.spérité,  etc. 

—  ÉTYM.  Eu,  bien,  et  8a{|jLwv,  démon. 

t  EIIDIAPNEUSTIE  (eudi-a-pneu-stie)  ,  ».  f. 
Terme  de  médecine.  Transpiration  facile. 

—  ETYM.  EO,  bien,  et  îionveîv,  transpirer,  de 
8ià,  à  travnrs,  et  it»eïv,  souffler. 

ECDIOMËTRE  (eu-(li-o-mè-tr'),  ».  m.  Terme  de 
chimie.  Instrument  consistant  en  un  tube  de  verre 
fort  épais  et  employé  à  déterminer  la  proportion 
relative  des  gaz  qui  composent  l'air  atmosphérique 
ou  tout  autre  mélange  gazeui. 

—  ETYM.  Kùîi«,  beau  temps  (dans  le  sens  d'at- 
mosphère pure,  parce  que  l'eiidiomètre  mesure  la 
pureté  de  l'atmosphère),  de  ei,  bien,  et  Sîo;,  qui 
appartient  à  Jupiter  pris  dans  le  sens  de  ciel,  en 
latin  di'u»,  divin  ,  céleste  ,  de  même  racine  que 
di>»,  jour  (voy.  diurne  et  jour),  et  («l'Ire. 

ECDIOMÉTRIE  (eu<li-o-mé-trie),  ».  f.  Art  d'ana- 
lyser les  gaz  i  l'aide  de  l'eudiométre. 

ECDIOMÉTRIQCE  (eu-di-o-mé-tri-k'),  adj.  Oui  a 
rapport  à  l'eudiométrie. 

t  EUDISTE  (eudi-sl') ,  s.  m.  Membre  d'une  con- 
grégation de  prêtres  séculiers  instituée  par  le  P.  Eu- 
des, frère  de  Hézerai    l'historien. 

t  El'EXIE  (eu-è-ksie),  ».  ^.  Terme  de  physiologie. 
Bonne  conformation  du  corps. 

—  ETYM.  Evt{(a,  de  tJ,  bien,  et  IÇi;,  état,  ma- 
nière d'être,  de  lx"^i  avoir  (voy.  hectique). 

EUFRAISE  (eu-frè-z'),  ».  f.  Plante  beaucoup  em- 
ployée autrefois  contre  les  maladies  des  yeux  (eu- 
phrati'a  oflicinalit,  L.)  (personées  ou  scrophula- 
riées). 

—  lllST.'xvi'  ».  Eufraize  vient  de  racine  plus  fa- 
cilement et  plus  seurement  que  de  semence;    se 

Îilâist  en  terre  légère  et  humide  non  exposée  au  so- 
eil;  elle  est  aussi  appellée  luminete,  pour  estre  sa 
vertu  d'illuminer  et  esclaircir  les  yeux,  o.  de  serres, 
ei6. 

—  ÉTYM.  ProTenç.  eu/raxta;  espagn.  et  ital.  eu- 
/Vii»io;  du  grec  ti^faaia,  galté,  allégresse,  de  «û, 
bien,  etçpoUiv,  penser,  sentir,  parler. 

tECGENlSE  (eu-jé-ni-n"),  ».  /'.Terme  de  chimie. 
Matière  crisUlline  qui  se  dépose  spontanément  dans 
1  eau  duiillée  de  girofle. 

t  ECOÉNIOUE  (eu-jé-ni-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
-.  L*,        «"8*n'q"e>  liquide  d'une  saveur  épicée 

rï!f-?il  ''  """  '"'■'«  odeur  de  girolle. 

miuwl^""*  *!"■""-'''-"')•  »''>•  /■•  P'"-  Tables 
«igub,n„,  sept  tables  trouvées  à  Gubbioou  Rugubio 

i-T.*;.rur:„'i:,vr,T:;r.  •>"  '""«"«- 


EUN 

i  EUGRAPHR  (eu-gra-r),  ».  m.  Terme  de  physi- 
que. Sorte  de  chambre  obscure. 

—  ETVM.  EO,  bien,  et  ypiçetv,  tracer. 

t  EUH  I  (eu),  inlerj.  qui  sert  à  marquer  l'étonne- 
ment,  l'appréhension,  l'ennui,  l'impatience,  surtout 
quand  elle  est  redoublée.  Ouoi  I  L'avez-vous  sur- 
prise [la  servante]  à  n'être  pas  lidèle?— C'est  pis  que 
tout  cela.  —  Pis  que  tout  celai—  pisi  —  Commentl 
Diantre,  friponne I  euhl  a-t-elle  comnnis?...  mol.  F. 
sav.  II,  6.  Kh  bien!  ne  voilà  pas  votre  tendre  mau- 
dit Oui  vous  prend  à  la  gorge  !  euh  !  regnabd  , 
Joueur,  H,  4).  Il  Elle  exprime  aussi  l'enrouement. 
L'intim'é....— Laissez-nous.  —  S'enroue.  —  Hél  lais- 
sez-nous. Euh  I  euhl  -  Reposez-vous,  Et  concluez, 
RAC.  Plaid,  m,  3.  ||  On  s'en  sert  encore  en  la  redou- 
blant pour  se  dispen.ser  de  répondre  d'une  ma- 
nière positive.  Comment  va  le  malade?  — Euhl 
euh!  euh  I 

f  EUHAGE  (eu-a-j') ,  ».  m.  Voy.  ïubaoe. 

j  EUHÉ!HIE  (eu-é-mie),  ».  m.  Terme  de  méde- 
cine. État  normal  du  sang. 

—  ETYM.  Ei,  bien,  et  oltta,  sang. 
EULOGIE  (eu-lo-jie),  ».  f.  ||  1°  Ancien  synonyme 

de  pain  bénit.  J'ai  reçu  votre  eulogie  avec  beau- 
coup de  reconnaissance,  Boss.  Lett.  abb.  40.  ||  2"  Au 
pluriel,  dans  l'Église  grecque,  nom  des  restes  bri- 
sés des  espèces  eucharistiques,  qui  étaient  distri- 
bués entre  les  fidèles  non  encore  admis  à  la  com- 
munion. Il  L'Académie  ne  donne  que  le  pluriel. 

—  ÉTYM.  EO)oYia,  de  eî,  bien,  et  Xôyo;,  dis- 
cours, deXifeiv,  dire,  en  latin  légère  (voy.  lire). 

t  EULYSINE  (eu-li-zi-n') ,  ».  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  très-soluble  dans  l'alcool,  qui  se  trouve 
dans  la  bile. 

—  ÉTYM.  Eî,  bien,  et  XO<n;,  solution. 

ElIMÉNIDE  (eu-mé-ni-d') ,  ».  f.  Terme  de  mytho- 
logie. Furie.  J'ai  vu  de  près  le  Styi,  j'ai  vu  les 
Euménides,  chaulieu.  Sur  la  mort.  Je  vois  les 
Euménides  Secouer  leurs  flambeaux  vengeurs  des 
parricides,  volt.  Œdipe,  v,  4.  Les  Euménides  des 
anciens  sont  belles,. et  n'en  sont  que  plus  efl'rayan- 
tes,  DIDEROT,  £»satî«r  la  peinture,  ch.  4.  Oreste, 
condamné  par  un  Dieu  à  tuer  sa  mère,  et,  pour 
ce  crime  inévitable,  tourmenté  par  les  Euménides, 
n'est  guère  moins  intéressant  pour  nous  que  pour 
les  Athéniens,  harmontel,  ÉUm.  litt.  (Fmv.  t.  x, 

p.   289,   dans  POUGENS. 

—  ÉTYM.  Eù|ievî;,  doux  de  caractère,  par  anti- 
phrase et  euphémisme,  de  eu,  bien,  et  liévo;,  ca- 
ractère. 

•j-  ECMÊRODE  (eu-mé-ro-d') ,  s.  m.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Genre  de  sauriens  à  membres  bien 
formés. 

—  ETYM.  Eî,  bien,  et  |i£poç,  partie. 

t  EUMOLPE  (eu-mol-p') ,  ».  m.  Terme  d'entomo- 
logie. Eumolpe  de  la  vigne ,  insecte  nuisible  dit  aussi 
coupe-bourgeon. 

t  EUMOLPIDE  (eu-mol-pi-d'),  ».  m.  Nom  d'une 
famille  sacerdotale  à  Athènes,  chargée  du  culte 
de  Cérès.  X  moins  que  l'accusé  ne  se  pourvoie  de- 
vant les  Eumolpides,  car  cette  famille  sacerdotale, 
attachée  de  tout  temps  au  temple  de  Cérès,  con- 
serve une  juridiction  qui  ne  s'exerce  que  sur  la 
profanation  des  mystères,  barthél.  Ànach.  ch.  21. 

—  ÉTYM.  EO|io),itoi:,  auteur  de  cette  famille. 

t  ECMOLPIQUE  (eu-mol-pi-k'),  adj.  Nom  donné 
par  Fabre  d'Olivet  à  des  vers  alexandrins  sans  rime, 
où  il  mettait  alternativement  des  terminaisons  mas- 
culines et  féminines. 

—  ÉTYM.  EûiioXito;,  harmonieux,  de  e5,  bien,  et 
(loXTrfl,  chant,  parce  que  Fabre  trouvait  que  ces 
vers  blancs  avaient  une  belle  harmonie. 

t  EDNOMIA  (eu-no-mi-a),  t.  f.  Petite  planète 
trouvée  en  1851. 

t  EUNUCHISME  (eu-nu-ki-sm'),  ».  m.  État  de 
celui  qui  est  eunuque. 

—  ÉTYM.  Voy.  EUNDQDE. 

ECNtTQUE  (eu-nu-k'),  ».  m.  j|  1°  Anciennement, 
chez  les  souverains  de  l'Asie  et  de  l'Egypte,  homme 
employé  à  la  garde  de  la  chambre  des  princes,  sans 
pour  cela  qu'il  fût  chStré.  Le  roi  fit  venir  un  de  ses 
eunuques,  saci,  Bi6I.  Paralip.  ii,  xvni,  8.  Dieu  fit 
en  même  temps  que  Daniel  se  concilia  les  bonnes 
grâces  et  la  bienveillance  du  chef  des  eunuques,  id. 
ib.  Panxel,  i,  ».  Par  toute  l'Écriture  le  nom  d'eunu- 
que se  prend  souvent  pour  un  valet  de  chambre,  ou 
en  général  pour  tout  officier  servant  auprès  de  la  per- 
sonne d'un  prince  sans  marquer  aucun  défaut  person- 
nel, FLEDBT,  JTofur»  det  Israél.  tit.  xxv,  2"  part. 
Il  S'  Homme  châtré  employé  &  la  garde  des  femmes, 
particuIièrementdansl'Orient.  On  voit,  dansl'histoire 
de  la  Chine,  un  grand  nombre  de  lois  pour  6ter  aux 
eunuques  tous  les  emplois  civils  et  militaires;  mais 


EUP 

Us  reviennent  toujours  ;  il  semble  que  les  eunuque» 
en  Orient  soient  un  mal  nécessaire,  montesq.  Espr. 
XV,  48.  L'eunuque  Narsès  fut  encore  donné  à  ce 
règne  pour  le  rendre  illustre,  id.  Rom.  ch.  20.  Ja- 
mais passion  n'a  été  plus  forte  et  plus  vive  que  celle 
de  Cosrou,  eunuque  blanc,  pour  mon  esclave  Zé- 
lide,  lu.  Lett.  pers.  63.  ||3°  Tout  individu  humain 
qui  a  été  châtré.  On  crève  les  yeux  au  jeune  roi 
son  fils  [deTancrède],  et  on  le  fait  eunuque,  volt. 
Mœurs,  49.  ||  4°  Fig.  Homme  impuissant  &  agir,  à 
produire.  Cet  homme  est  sans  imagination;  c'est 
un  eunuque.  Seule  [Charlotte  Corday]  tu  fus  un 
homme  et  vengeas  les  humains;  Et  nous,  eunuques 
vils,  troupeau  lâche  et  sans  âme.  Nous  savons  ré- 
péter quelques  plaintes  de  femme,  Mais  le  fer  pèse- 
rait à  nos  débiles  mains,  A.  chén.  Ode  ix.  Même  à 
ces  majestés  caduques  II  faudrait  des  peuples  d'eu- 
nuques, bBrang.  Ste-All.  Il  6°  Espèce  de  flûte  qui  n'a 
que  trois  trous,  dans  laquelle  on  chante  et  qui  donne 
une  sorte  d'agrément  à  la  voix;  dite  autrement  jom- 
barde. 

—  ÉTVK.  EOvoûxo;.,  de  eùv:^,  lit,  et  l/u'',  gar- 
der, avoir  (voy.  hectique). 

t  EUPATHIE  (eu-pa-lie),  ».  ^.  Terme  didactique. 
Douceur,  soumission  dans  les  souffrances,  facilitéà 
soufl'rir. 

—  ÉTYM.  Eu,  bien,  et  itâOo;,  souffrance. 
EUPATOIRE  (eu-pa-toi-r'),  ».  f.  Genre  de  plantes 

de  la  famille  des  composées  ,  dont  une  espèce, 
l'eupatoire  d'Avicenne  ,  ou  eupatoire  des  Arabes, 
ou  chanvrin  (eupafortum  eannabinum,  L.),  a  été 
employée  en  médecine. 

—  HIST.  XVI'  s.  Absinthe,  eupatoire,  agrimoine... 
PABÉ,  xxv,  c. 

-ÉTYM.  EùitaTÔpiov,  du  roi  Eupolor,  qui  mit 
cette  plante  dans  l'usage  médical. 

t  EUPATORINE  (eu-pa-to-ri-n'),  ».  f.  Terme  de 
chimie.  Poudre  blanche,  retirée  de  l'eupaloriam 
eannabinum,  L. 

t  EUPATRIDES  (eu-pa-tri-d') ,  ».  m.  pi.  Nom 
donné,  dans  les  commencements  d'Athènes,  à  la 
première  classe  du  peuple,  par  opposition  aux  agri- 
culteurs et  aux  artisans,  et  conservé  plus  tard  à 
des  familles  nobles  qui  avaient  les  sacerdoces  et  le 
soin  des  choses  religieuses. 

—  ÉTYM.  EÙTtaTpîSnç,  de  eu,  bien,  et  itaTrip, 
père. 

t  EUPEPSIE  (eu-pè-psie) ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Bonne  digestion. 

—  ÉTYM.  Ei,  bien,  et  Tt^c,  digestion,  coction. 
t  ECPÊTALE  (eu-pé-ta-l') ,  ».  {.  Pierre  précieuse, 

l'opale.  Il  Laurier  nain  à  grandes  feuilles. 

—  ÉTYM.  EJ,  bien,  et  néra^ov,    pétale,  Teuille. 
tEUPHÉMIOUE    (eu-fé-mi-k'),  adj.  Oui  appar- 
tient à  l'euphémisme.  Tour,  expression  euphémique. 

t  EUPHÉMIQUEMENT  (eu-fé-mi-ke-man),  adv. 
Par  euphémisme;  d'une  manière  euphémique. 

EUPHÉMISME  (eu-fémi-sm'),  ».  m.  Figure  de 
rhétoriqua  qui  consiste  dans  l'adoucissement  d'un 
mot  dur.  L'euphémisme  est  une  figure  par  laquelle 
on  déguise  des  idées  désagréables,  odieuses  ou  tris- 
tes, sous  des  noms  qui  ne  sont  point  les  noms  pro- 
pres de  ces  idées,  dumarsais,  Tropes,  ii,  I6.  Un 
ouvrier  qui  a  fait  la  besogne  pour  laquelle  on  l'a  fait 
venir,  et  qui  n'attend  plus  que  son  payement  pour 
se  retirer,  au  lieu  de  dire  payez-moi,  dit  par  euphé- 
misme: n'avez-vous  plus  rien  à  m'ordonner?iD.  ib 

—  ÉTYM.  Eùçriiiiffliô; ,  de  eOçYip-CCEiv,  employer 
des  expressions  de  bon  augure,  de  ci,  bien,  et 
çTi|ii,  dire  (voy.  fable,  fatal). 

t  EUPHONE  (eu-fo-n*) ,  adj.  ferme  de  zoologie. 
Oui  a  une  belle  voix.  ||  S.  m.  Terme  de  musique. 
Sorte  d'harmonica. 

—  ÉTYM.  EOçuvot,  de  eu,  bien,  etçuv-ri,  voix. 

EUPHONIE  (eu-fo-nie),  ».  f.  \\  1°  Terme  de  musi- 
que. Son  agréable  d'une  seule  voix  ou  d'un  seul  in- 
strument. La  musette  sert  â  accompagner  quelques 
airs  de  romance  qui  ne  sont  pas  sans  euphonie, 
CHATEAUB.  CUrmont ,  I20.  Il  a°  Terme  de  gram- 
maire. Ce  qui  rend  la  prononciation  douce  et  cou- 
lante. L'euphonie  n'a  rien  d'absolu,  et  chaque  langue 
a  la  sienne  propre.  La  langue  négligerait  lanalogie 
grammaticale  pour  s'attacher  à  l'euphonie  ,  au 
nombre,  à  l'harmonie,  et  à  la  beauté  des  sons,  1. 1. 
Houss.  Essai  sur  l'orig.  des  langues,  ch.  3. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  eufonia,  du 
grec  eùçtovîa,  de  eJ,  bien,  et  çuvfi,  voix. 

EUPHONIQUE  (eu-fo-ni-k'),  adj.  Oui  produit  de 
l'euphonie,  qui  s'emploie,  se  met  par  euphonie. 
Il  Lettre  euphonique,  celle  qui  est  employée  pour 
adoucir  la  prononciation ,  par  exemple  l't  dan» 
ios-y ,  lorsque  l'impératif  est  va ,  et  qu'on  dirait 
régulièrement  va-y.  C'est  le  mécacisioe  des  organes 


EUR 


EUX 


lîVA 


1541 


de  la  parole  qui  fait  ajouter  ces  lettres  euphoniques, 
gans  quoi  il  y  aurait  un  bâillement  ou  hiatus,  on- 
UAnSA'S,  t.  V,   p.  40). 

—  ÉTYM.  Euphonie. 

t  EUPHONIQCEMENT  (eu-fo-ni-ke-man),  adv. 
D'une  manière  euphonique. 

EUPHORBE  (eu-for-b'),  s.  m.  Genre  de  plantes  à 
suc  laiteux,  acre  et  caustique,  qui  a  servi  de  type 
à  la  famille  des  euphorbiacées. 

—  REM.  L'Académie  fait  euphorbe  du  masculin; 
mais  les  botanistes  n'usent  que  du  féminin,  genre 
qui,  consacré  par  l'usage,  doit  être  préféré. 

—  ÉTYM.  Provenç.  cu/brM,  euforbia;  espagn.  et 
ital.  euforbio;  du  lalin  etiphorbia  ou  euphorbion; 
de  Enphorbus,  médecin  du  roi  Juba.  Ce  prince,  qui 
cultivait  les  sciences  naturelles,  appliqua  cette  plante 
à  l'usage  médical  et  la  dénomma  d'après  son  méde- 
cin (Pline, xxv,  38).  EÛ!popgo;,quisignifiebien  nourri, 
vient  de  e5,  bien,  et  çopêri,  nourriture,  deçépëeiv, 
nourrir,  paître;  à  çopèri,  ipepSJi,  tient  le  latin  herba, 
herbe  (voy.  ce  mot). 

t  EUPHORBIACÉES!  (eu-for-bi-a-sée) ,  s.  f.  plur. 
Famille  de  plantes  à  laquelle  le  genre  euphorbe  a 
donné  son  nom. 

t  ECPHORBINE  (eu-for-bi-n") ,  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Matière  découverte  dans  la  racine  d'eu- 
phorbe. 

—  ÉTYM.  Euphorbe. 

t  EUPHOBBIQUE  (eu-for-bi-k') ,  adj.  Terme  de 
chimie.  Acide  euphorbique,  acide  cristaUisable, 
trouvé  dans  les  fleurs  et  les  feuilles  de  l'euphorbia 
cyparissias,  L. 

t  ECPHOTIBE  (eu-fo-ti-d'),  s.  (.  Terme  de  miné- 
ralogie. Nom  donné  par  Haûy  à  une  roche  formée 
de  smaragdite  et  de  jade. 

—  ETYM.  Eu,  bien,  et  9<b{,  ipioTè;,  lumière. 

t  EUPHRAISE  (eu-frê-z') ,  s.  f.  Voy.  eufraise. 

I  EUPHROSYNE  (eu-fro-zi-n'),  s.  f.  ||  1°  Nom 
d'une  des  trois  Grâces.  ||  2°  Nom  donné  à  un  asté- 
roïde découvert  en  485«. 

—  ÉTYM.  E'JcppoaOvr] ,  joie,  gaieté,  de  eùçpMV, 
de  tî,  bien,  et  çpovetv,  penser. 

t  EOPHCÏSME  (eu-fu-i-sm') ,  s.  m.  Nom  donné, 
dans  le  seizième  siècle,  à  ce  qui  fut  appelé  plus 
tard  en  France  style  précieux;  il  était  fort  à  la  mode 
à  la  cour  d'Angleterre,  sous  Elisabeth,  et  Shaks- 
peare  en  contient  des  exemples.  ||  Par  extension,  et 
dans  un  style  recherché,  bon  goût  dans  la  tenue, 
dans  les  vêtements.  Apparut  soudain  un  être  brus- 
que ,  négligé ,  professant  autant  de  mépris  pour 
l'euphuîsme  que  pour  l'étiquette,  ch.  de  bernabo. 
Un  homme  sérieux,  §  viii. 

—  ÉTYM.  EOçur;;,  de  bon  goût,  élégant,  de  eu, 
bien,  et  çûeiv,  être  (voy.  fus).  Euphuès  est  le  titre 
d'un  ouvrage  de  Lyly  qui  parut  en  Angleterre  en 
4  680,  et  qui  donna  son  nom  à  un  certain  style 
précieux  et  recherché  d'une  manière  outrée. 

jEUPHCÏSTE  (eu-fu-i-st'),  s.  m.  Personne  qui 
parle  l'euphuîsme. 

—  ÉTYM.  Voy.  EUPHUÏSUE. 

t  EUPHUÏSTIQUE  (eu-fu-i-sti-k'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  l'euphuîsme. 

t  EITPIONTÎ  (eu-pi-o-n'),  t.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  découverte  dans  les  goudrons  provenant  de 
la  distillation  de  la  houille  et  des  matières  animales. 

—  ÉTYM.  Eu,  bien,  et  ititov,  gras. 

t  EUPLASTIQUE  (eu-pla-sti-k'),  adj.  Terme  de 
médecine.  Favorable  aux  forces  plastiques. 

—  ÉTYM.  Eu,  bien,  et  plastique. 

t  ....  EUR,  E0SE,  finale  des  noms  d'agents  for- 
-  mes  avec  le  radical  des  verbes.  C'est  le  suffixe  latin 
tor,  en  sanscrit  tar,  tri ,  qui  marque  l'action  transi- 
•  tive.  Le  (  de  ce  suffixe  est  tombé  dans  l'ancien  fran- 
çais, qui  avait  deux  terminaisons  pour  cette  finale, 
au  cas  sujet  et  au  cas  régime,  suivant  la  déclinaison 
imparisyllabique  latine,  où  l'accent  tonique  se  dé- 
place. Ainsi  imperator  faisait  emperere,  et  impe- 
ratorem  faisait  empereor.  Le  féminin  français  en 
euse  parait  s'être  formé  par  analogie  de  la  forme 
dialectique  en  eux  que  subit  la  finale  eur  (voy. 
EUX  2). 

f  EURASIEN  (eu-ra-ziin) ,  s.  m.  Nom  donné  dans 
l'Inde  aux  métis  nés  d'Européens  et  de  femmes  in- 
diennes. 

EURHYTHMIE  (eu-ri-lmie.  L'Académie  écrit  à 
tort  eurythmie),  s.  f.\\l'  Bel  ordre,  belle  propor- 
tion, en  parlant  de  l'ensemble  des  parties  d'un  ou- 
vrage d'architecture.  ||  2°  Terme  de  peinture  et  de 
Bculpture.  Harmonie  dans  la  composition.  ||  3"  Terme 
de  musique.  Heureux  choix  du  rhythme  et  du  mou- 
vement d'un  morceau;  belle  proportion  entre  les 
parties.  ||  4°  Terme  de  médecine.  Régularité  du  pouls. 

—  ÉTYM.  Eu,  bien,  et  ^uefiôç,  rhythme. 


t  EURHVTHMIQUE  (eu-ri-tmi-k") ,  adj.  Qui  a  un 
rhythme  régulier. 

t  EURIPE  (eu-ri-p'),  s.  m.  ||  1°  Nom  d'un  détroit 
entre  la  Grèce  et  l'Ile  d'Eubée  où  la  mer  avait  un 
flux  et  reflux  irrégulier.  ||  Fig.  S'est  dit  pour  mou- 
vement irrégulier.  Une  prudente  critique  des  au- 
teurs nous  découvre  le  calme  ou  la  tempête  de  leurs 
passions,  l'euripe  de  leurs  mouvements  et  l'admi- 
rable diversité  de  leurs  esprits,  naudê,  dans  le  Dict. 
de  BESCHERELLE.  |{  2°  Terme  d'antiquité.  Nom  qu'on 
donnait  à  Rome  à  un  canal  d'environ  trois  mètres 
de  largeur  qui,  dans  le  grand  cirque,  séparait  de 
l'arène  les  gradins,  et  avait  pour  objet  d'empêcher 
les  bêtes  féroces  de  se  jeter  sur  les  spectateurs. 

EUROPÉEN,  ENNE  (eu-ro-pé-in,  è-n'),  adj.  Qui 
appartient  à  l'Europe.  La  république  européenne. 
Il  S.  m.  et  f.  Habitant  de  l'Europe.  Il  n'y  a  plus 
aujourd'hui  de  Français,  d'Allemands,  d'Espagnols, 
d'Anglais  même,  quoi  qu'on  en  dise;  il  n'y  a  que 
des  Européens ,  J.  j.  booss.  Gouvem.  de  Poiog. 
ch.  3.  Le  Père  de  la  Rédemption  s'embarque  à  Mar- 
seille... il  aborde  le  dey  d'Alger,  il  lui  parle  au  nom 
de  ce  roi  céleste  dont  il  est  l'ambassadeur;  le  bar- 
bare .s'étonne  à  la  vue  de  cet  Européen  qui  ose  seul, 
à  travers  les  mers  et  les  orages ,  venir  lui  rede- 
mander des  captifs ,  CHATEAUH.  Génie,  iv,  m,  6. 

—  REM.  Au  XVII*  siècle  et  au  xviii',  on  était  par- 
tagé entre  européen  et  européan.  Aujourd'hui  euro- 
péan  est  tombé  en  désuétude. 

—  ÉTYM.  Lat.  Europxus,  de  Europa,  l'Europe  ; 
grec,   Eùpiim). 

t  EURYCÈRE  (eu-ri-sê-r'),  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. Qui  a  de  larges  cornes. 

—  ÉTYM.  Eu  pu;,  large,  et  xipai;,  corne. 

t  EURYGNATHE  (  eu-righ-na-t' ),  adj.  Terme 
d'anthropologie.  Se  dit  de  la  prédominance  de  la 
partie  moyenne  de  la  tête,  c'est-à-dire  de  la  région 
supérieure  de  la  face.  Le  type  mongolique  est  eu- 
rygnathe. 

—  ÉTYM.  Eùpùi;,  large,  etyvâôo;,  mâchoire. 

t  EURYSTOME  (eu-ri-slo-m'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  une  large  bouche,  un  bec  très-fendu. 

—  ÉTYM.  Eùpùî,  large,  et  axôna,  bouche. 
EURYTHMIE,  EURYTHMIQUE,  voy.  EURHYTHMIE, 

EURHYTHMIOUE. 

t  EUSÉMIE  (eu-sé-mie) ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Ensemble  de  bons  signes  dans  une  maladie. 

—  ÉTYM.  Eu,   bien,  et  <jr,(i.a,  signe. 
EUSTACHE  (eu-sla-ch'),  s.  m.  Petit  couteau  gros- 
sier, à  manche  de  bois. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  nom  propre  transporté  à 
l'instrument. 

t  EUSTYLE  (eu-sti-l') ,  s.  m.  Terme  d'architecture 
ancienne.  Espace  convenable  entre  les  colonnes, 
deux  diamètres  et  un  quart,  selon  Vitruve. 

—  ÉTYM.  EûffTuXo;,  de  eu,  bien,  et  otû).o;, 
colonne. 

t  EUTAXIE  (eu-fa-ksie) ,  s.  f.  Terme  de  physio- 
logie. Disposition  régulière  des  différentes  parties 
du  corps. 

—  ÉTYM.  Eu,  bien,  etTiÇiç,  ordre  (voy.  tactique). 
t  EUTERPE  (eu-tèr-p'),  s.  f.  ||  1°  Celle  des  neuf 

Muses  à  laquelle  on  attribue  l'invention  des  mathér 
matiques  et  l'art  de  jouer  du  chalumeau.  ||  2°  Nom 
donné  à  une  petite  planète  découverte  en  4  853. 

—  ÉTYM.  EùtepTm,  de  eu,  bien,  etTÉpiteiv,  réjouir, 
f  EUTHANASIE  (eu-ta-na-zie),  s.  f.  Bonne  mort, 

mort  douce  et  sans  souffrance. 

—  ÉTYM.Eù6ava(Ti'a,deEu,bien,  et6âvaToç,  mort. 
fEUTHYMIE  (eu-tl-mie),  s.  f.  Terme  didactique. 

Tranquillité  d'esprit. 

—  ÉTYM.  Eùôuiiîa,  deeî,  bien,  eteu(iôc,  le  moral, 
t  EUTROPHIE  (eu-tro-fie) ,  s.  f.  Terme  de  phy- 
siologie. Bonne  nutrition. 

—  ÉTYM.  EÙTpoçia,  de  e5,  bien,  et  Tpoç^,  nour- 
riture. 

t  EUTYCHIANISME  (eu-ti-ki-a-ni-sm') ,  s.  m.  Doc- 
trine des  Eutychiens. 

f  EUTYChIeN  (eu-ti-kiin) ,  s.  m.  Membre  d'une 
secte  du  V  siècle,  ainsi  nommée  d'après  Eutychès, 
abbé  d'un  monastère  aux  environs  de  Constanti- 
nople,  qui  enseigna  que  la  nature  humaine  et  la 
nature  divine  s'étaient  confondues  dans  je  Christ, 
et  qu'après  l'incarnation  elles  ne  formaient  plus 
qu'une  seule  nature,  la  nature  divine  ayant  absorbé 
la  nature  humaine  comme  la  goutte  d'eau  qui,  tom- 
bée dans  la  mer,  se  confond  avec  l'eau  de  la  mer. 
On  dit  aussi  Eutychéen. 

i .  EUX  (eu  ;  \'x  se  lie  :  eû-z  et  nous),  plur.  masc. 
du  pronom  il,  lui.  ||  1°  Il  s'emploie  comme  régime 
de  préposition.  C'est  à  eux  qu'il  faut  vous  adresser. 
Il  est  question  d'eux.  Le  plus  considérable  d'eux 
tous  était   le  fameux  Milon ,   Exil  de  Cicér.  dan» 


DESFONTAINES.  ||  Dans  le  langage  grammatical  tech- 
nique on  le  met  aussi  après  le  verbe  :  je  les  aime, 
c'est-à-dire  j'aime  eux.  ||  F.ux  peut  enfin  être  com- 
plément direct  du  verbe  quand  ce  verbe  est  sous- 
entendu.  Qui  accusez -vous?  Eux,  sans  doute. 
Il  2°  Il  s'emploie  comme  sujet.  Nous  voulons  partir; 
eux  prétendent  rester.  Dindenaut  prisait  moins  ses 
moulons  qu'eux  leurs  ours,  la  font.  Fabl.y,  20. 
Etaient-ce  des  esprits  faibles,  eux  qui  ont  eu  la 
force  de  vaincre  le  monde?  mass.  Car.  Mot.  de 
conv.  Il  Familièrement.  Eux  autres ,  ces  gens-là 
dont  on  parle.  Il  s'est  fait  un  grand  vol  ;  par  qui  ? 
l'on  n'en  sait  rien;  Eux  autres  [des  Bohémiens  dont 
on  parle]  rarement  passent  pour  gens  de  bien,  mol. 
l'Ét.  IV,  ».  Il  Eux-mêmes,  voy.  même. 

—  HIST.  x«  s.  Eus  noieds,  Fragm.  de  Val.  p.  467. 
E  de  cel  péril  que  super  els  metreiet,  ib.  p.  468. 
Il  XI'  s.  Li  quels  d'els  deuz  en  fut  li  plus  isnels 
(prompt]  ?  Ch.  de  Kol.  cvi.  ||  xii*  s.  Par  als  [eux] 
conquis-je  et  Valence  et  Morel,  Honc.  p.  202.  Et 
avecaus,  quatre  cent  compeignon,  tii.  p.  185.  Mais 
maugré  eulx  [je]  vous  ai  mon  cuer  [cœur]  donné, 
Couci,  XIV.  Et  yauls  pourvoir  profitablement,  qui 
pour  le  [la]  foibleté  de  leurs  corps  ne  poent  enten- 
dre à  le  [la]  deffense  de  leur  choses,  tailliar.  Re- 
cueil, p.  600.  De  Jofroi  de  Paris  [il]  firent  leur  jus- 
ticier, Pourmaintenir  la  guerre  et  pour  ax  enforcier, 
Sax.  IV.  [Ils]  avoienl  entour  aus  gent  françoise  tous 
dis,  Berte,  v.  La  traïson  [ils]  devisent  entre  eus 
trois  à  loisir,  ib.  xiii.  |1  xv*  s.  Pour  ton  noble  cœur 
encourager  et  eux  montrer  exemple  en  matière 
d'honneur,  froiss.  i,  i,  <.  N'avoyent  nulles  places 
pour  eux  retirer,  comm.  i,  2. 

—  ÉTYM.  Els,  als,  eus,  aux,  ax,  yauls  du  vieux 
français  représentent  le  latin  illos  (voy.  il). 

t  2 EUX,  EUSE,  finale  qui  répond  à  la  fi- 
nale latine  osus  et  qui,  avec  des  radicaux  de  sub- 
stantifs, forme  des  adjectifs  indiquant  ce  qui  com- 
pose et  constitue,  ce  qui  possède  et  est  doué  de.  L'o- 
rigine de  ce  suffixe  doit  être  recherchée  dans  le 
suffixe  sanscrit  «ont,  vat,vas,  forme  féminine  usi, 
qui  a  donné  les  participes  passés  actifs,  en  wç,  uia 
(pour  uijia)  dans  la  langue  grecque.  Le  latin,  qui 
n'a  pas  de  pareils  participes,  a  appliqué  aux  suffixes 
en  osus  le  sens  plus  haut  indiqué,  et  que  vant 
avait  aussi  en  sanscrit ,  témoin  açva-vant  ,  qui 
possède  des  chevaux,  en  parlant  d'un  pays.  ||  Eux, 
euse  est  aussi  une  forme  dialectique  du  suffixe  eur, 
qui  forme  en  français  les  noms  d'agent.  Cette  forme, 
fréquente  au  moyen  âge  et  restée  en  usage  dans 
les  campagnes,  n'existe  plus  dans  la  langue  admise 
que  pour  un  petit  nombre  de  mots,  tels  que  fau- 
cheux (l'araignée),  partageux,  péteux  (voy.  eur). 

ÉVACUANT,  ANTE,(é-va-ku-an,an-t'),arfj.  Terme 
de  médecine.  Qui  détermine  des  évacuations.  Re- 
mède évacuant.  ||  S.  m.  Un  évacuant.  Les  évacuants. 

ËVACUATIF,  IVE  (é-va-ku-a-tif ,  ti-v'),  adj. 
Synonyme  d'évacuant. 

—  IIIST.  xvr  s.  Après  avoir  ainsi  usé  de  reporcu» 
sifs,  il  faut  venir  aux  résolutifs  et  evacuatifs,  paré, 

XXI,  20. 

—  ÉTYM.  Évacuer;  provenç.  evacuatiu;  espagn. 
et  ital.  ex'acuatiro. 

ÉVACUATION  (é-va-ku-a-sion  ;  en  vers,  de  six 
syllabes),  s.  f.  ||  I°Action  de  vider.  L'évacuation  d'un 
hôpital.  Bagration  et  Barclay  revenaient  versSmo- 
lensk  à  grands  pas,  l'un  pour  la  sauver  par  une  ba- 
taille, l'autre  pour  protéger  la  fuite  de  ses  habitants 
et  l'évacuation  de  ses  magasins,  ségur,  Hist.  de 
Napol.  VI,  3.  Il  2°  Terme  de  guerre.  Action  do  sortir 
d'une  place,  d'un  pays ,  qu'on  occupait.  On  stipula  l'é- 
vacuation de  la  place.  Vous  n'avez  jamais  vu  un  tel 
vacaimedans  le  salon  de  Marly  qu'il  y  en  a  eu  sur 
l'évacuition  des  troupes  d'Espagne,  maintenon, 
Lett.  au  d.  de  Noaitles,  30  juin  I7«9.  ||  3°  Action  de 
sortir  d'un  établissement.  L'évacuation  au  collège 
de  Clermont  nous  occupe  beaucoup  plus  que  celle 
de  la  Martinique,  d'alemb.  Lett.  d  Volt.  4  mars  1762. 
Il  4°  Terme  de  médecine.  Sortie  des  matières  excré- 
mentitielles,  sécrétées  ou  exhalées,  à  travers  un 
organe  quelconque  ouvert  naturellement  ou  par 
l'art.  L'évacuation  du  pus  d'un  abcès.  ||  Plus  parti- 
culièrement, issue  de  matières  par  le  haut  ou  par 
le  lias.  Après  avoir  été  près  de  mourir,  il  a  fait  une 
si  considérable  évacuation  que....sÉv.  4)  2.  On  donna 
à  monseigneur  force  émétinue,  et  sur  les  deux  heu- 
res il  fit  une  évacuation  prodigieuse  haut  et  bas, 
ST-siM.  9( ,  196.  Il  Les  matières  évacuées.  Les  éva- 
cuations étaient  de  mauvaise  nature.  ||  5°  Terme  de 
jurisprudence.  Evacuation  des  procès,  se  dit  da 
l'action  de  terminer  tous  les  procès  pendants  devant 
une  cour. 

—  HIST.  xiv*  s.  Si  comme  le  médecin  conseilla  se 


1542 


lîVA 


en  m»deelne,  ohmm,  *«•  •»•  Il  ^*  /•  "/'* 
Bind  dit  qu'il  roulait  mourir  avec  le.  autres  et  par 
".«.Mtion  du  «Dg  et  de.  playe.  mourut,   ;uv. 

Ctart*  ^/.    '»"•  Il  '"''  '■  ''"'"*'  ''   " 

lion  I  b»*)'"  d'eracuation,  paré,  xv,  «8. 

(TYH,  ProTBDÇ.  «'octiacto;    espagn.  evacua- 

tUm;  lui.  eraeuaiione;  du  Utin  «>o«u<Uion«m,  de 
<ra(uar«.  éracuer. 

ÉVACUÉ,  ÉB  (é-v»-ku-é,ée),  port,  patte. 
Il  !•  Dont  on  e>l  .orti.  Le  pay.  évacué  par  l'ennemi. 
Un  colléRe  évacué  à  cauM  d'une  épidémie  de  fiÈvre 
typhoïde,  jj  2'  Terme  de  médecine.  Qui  a  été  rejeté 
au  dehors,  laaliéres  évacuée».  Le  liquida  ayant  été 
évacué  par  la  paracentèse. 

ÉVACUER  (é-va-ku-é),  j'évacuais,  nous  éva- 
cuions, vous  évacuiez;  que  j'évacue,  que  nous  éva- 
cuions, que  vous  évacuiez, o.  a.  ||  !•  Terme  de  guerre. 
Cesser  d'occuper  un  lieu,  un  pays.  On  évacua  Man- 
heim,on  rasa  la  ville  et  la  citadelle,  en  sortoqu'il  n'y 
resta  pas  une  maison,  et  les  ruines  mêmes  en  furent 
jetées  dans  le  Khin  et  dans  le  Necker,  lafayette, 
Mém.  Cour  Franc.  HCuv.  compl.  t.  m,  p.  3),  dans 
pouoiMS.  Le  peu  de  ces  républicains  qui  avaient 
échappé  au  fer  et  à  la  famine  évacua  le  Brésil  par 
une  capitulation  du  2«  janvier  (654,  raynal,  Uist. 
phil.  IX,  10.  Il  Absolument.  La  garni.son  fut  obligée 
d'évacuer.  ||  On  dit  aussi  évacuer  des  troupes,  les 
faire  sortir  du  lieu  qu'elles  occupent.  Evacuer  de 
l'arliUerie,  la  faire  sortir  d'un  lieu  pour  la  diriger 
sur  un  autre.  ||  i°  Dans  le  langage  ordinaire,  sortir 
d'un  lieu  quelconque.  Le  public  a  évacué  la  salle. 
La  gendarmerie  fit  évacuer  les  lieux.  ||  3°  Terme  de 
médecine.  Faire  sortir  du  corps  un  liquide,  une  hu- 
meur. Évacuer  le  pus  d'un  abcès.  Evacuer  les  liu- 
meurs.  Il  Absolument.  Évacuer,  rendre  beaucoup 
d'humeurs  par  le  haut  ou  par  le  bas.  Il  prit  de  l'é- 
métique,  et  évacua  beaucoup.  ||  Fig.  Et  la  médecine 
oie  fil  éTacuer  ces  malheureux  vers  que  je  vous  en- 
voie, CHAUtiEn,  à  Tousiin  et  à  YoU.  ||  4'  Dans  le 
langage  mystique,  affaiblir.  C'eût  été  affaiblir  et 
évacuer  la  vertu  miraculeuse  de  la  croix,  que  d'ap- 
puyer la  prédication  de  l'Évangile  sur  le  secours  de 
la  nature,  fén.  t.  xxi,  p.  sa.  ||  6°  S'évacuer,  v.  réfl. 
fllre  évacué.  La  salle  s'est  évacuée  peu  à  peu.  ||  Etre 
chassé  hors  du  corps,  il  y  a  des  humeurs  qui  s'éva- 
cuent diflicilement. 

—  HIST.  xiv  s.  La  saigniée  de  la  veine  évacuante 
la  matière  qui  est  coLJointe  à  la  plaie,  h.  de  hon- 
DEviLLK,  f  43,  verso.  Il  XVI*  s.  Que  la  foy  est  éva- 
cuée et  anéantie,  si  la  justice  regarde  le  mérite  de 
noj  œuvres,  ou  si  elle  dépend  de  l'observation  de  la 
loy,  CALV.  Instit.  6ui.  Du  sang  et  pus  qui  peuvent 
esire  évacués  par  les  urines,  par^,  xv,  62. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  euacuar  ;  ital.  eva- 
cuare;  du  latin  euacuare,  de  e,  et  vacuus,  vide 
(voy.  vacant). 

ÉVADÉ,  ÊE  (é-va-dé,  dée) ,  pari,  passé.  Oui  s'est 
échappé  de  quelque  lieu.  Un  forçat  évadé  du  bagne, 
li  Substantivement.  On  a  repris  les  évadés. 

ÉVADER  (S')  (é-va-dé),  v.  rifl.  ||  1»  S'échapper 
furtivement  d'un  lieu  où  l'on  était  retenu.  Les  pri- 
wnniers  M  sont  évadés.  Comme  on  ne  le  trouvait 
point,  on  croyait  qu'il  [Arétin]  se  fût  évadé  [hors 
de  l'enfer],  et  on  n'avait  garde  de  s'imagii.ar  qu'il 
éuit  avec  Auguste,  koîiten.  Jug.  de  Plut.  \\  Simple- 
ment, quitter  un  lieu  sans  être  vu.  Nous  nous  éva- 
dons sans  être  aperçus,  et  nous  nous  renfermons 
dans  notre  chambre,  i.  i.  Rouss.  Emile,  m.  ||  Kig. 
Je  vois  notre  maison,  et  ma  frayeur  s'évade  [s'en 
va],  uoL.Amphit.  i,  1. 1|  Absolument  et  avec  ellipse 
du  pronom  personnel.  Ce  n'est  pas  mon  dessoin 
qu'on  me  fas.se  évader,  cohn.  Polyeucte,  iv,  (.  Si  je 
rentre  chez  moi,  je  ferai  évader  le  dréle;  et  quel- 
que chose  que  je  puisse  voir,  moi-même,  de  mon 
déshonneur,  je  n'en  serai  point  cru  à  mon  ser- 
ment et  l'on  me  dira  que  je  rêve,  mol.  Georg.  Dand. 
Il,  8.  Il  I*  FIg.  Se  tirer  d'embarras  par  une  échap- 
patoire. Fourbe,  tu  crois  par  là  peut-être  l'évader, 
HOL.  Àmp>'.  111,  5.  Il  S'il  s'est  employé  comme 
verbe  oautre,  sans  (ironom  personnel.  Nous  nous 
amuuDs  trop,  il  est  temps  d'évader,  corm.  lllui. 
com.  IV,  9.  Comme  après  le  coup  fait  vous  étiez 
évadé,  TH.  COM.  Calant  doublé,  i,  i.  De  quelque 
cité  que  VOUS  VOUS  tourniez,  il  ne  vous  reste  plus 
aucune  défaite,  aucun  subterfuge,  ni  aucun  moyen 
d'évader,  vous  étespri.  et  convaincu,  uoss.  î'itTtn. 
poi.rU("dim.  de  favent,  ii. 

—  «tu.  s'tvADCH,  s'tcBAPPER.  S'échapper,  c'est 
•orur  d«  c«  qui  retient:  le  mercure  s'échappe  des 
doigta.  8'évader  ne  se  dit  que  de  l'homme ,  ou  de  ce 
que  1  on  aMimile  à  l'homme  :  Ce  prisonnier  s'est  éva- 
dé ;  mon  moineau  s'nt  évadé  ouéchappé  de  laçage. 


ÉVA 

—  HIST.  nv*  s.  Ilz  seront  hors  de  foy,  d'espé- 
rance et  d'amour  pour  évader  aux  biens  qui  puent 
Ipeuvent]  ensuire  de  la  grâce  du  Père,  du  Kils  et 
du  Saint  Esprit,  JToduf,  f"  LXiii,  verto.  Ainsi  appert 
par  ceste  exemple  que  l'enfant,  qui  estoit jeune,  sceut 
celer  et  taire  et  évada  [trouva  une  évasion],  Jf^na- 
gier,i,  ».  jj  xv  s.  Lors  «uis-je  esjoy  de  ton  aise, 
et  prens  plaisir  en  ce  que  tu  évades  les  misères  que 
je  seuffre  chacun  jour,  alain  chari.  le  Curial. 
Il  xvi*  s.  Il  ordonna  à  son  frère,  qu'il  allast  environ- 
ner le  palais  du  roy,  pour  garder  que  personne 
des  serviteurs  n'evadast,  amyot.  Public.  7.  Les 
subterfuges  que  cerchent  ici  les  sorbonistes  pour 
évader  ne  lesdepeschent  point, calv.  Instit.  6(2. 

—  ÉTYM.  Provenç.  «laîtr;  du  latin  evadere,  aller 
dehors, s'échapper, de  e, etuarfere, aller  (voy.JE  vais). 

ÉVAGATION  (é-va-ga-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Terme  ascétique.  Disposition  qui  fait 
que  l'esprit  se  détache  de  l'objet  auquel  il  devrait  se 
fixer.  Mon  indilTérenoe  ne  se  fait  que  trop  con- 
naîtra dans  toute  ma  conduite  à  l'égard  du  sacre- 
ment de  ce  Dieu  d'amour,  dans  les  évagations  de 
mon  esprit,  dans  mes  tiédeurs,  mes  lâchetés,  mes 
ennuis  en  la  présence  de  ce  sacrement ,  bourd. 
Pensées,  t.  m,  p.  261. 

—  SYN.  ÉVAGATION,  DIVAGATION.  La  divagation  est 
la  disposition  qui  empêche  l'esprit  de  se  fixer  à  un  ob- 
jet quelconque;  l'évagation,  celle  qui  l'empêche  de 
se  fixer  à  l'objet  qui  devrait  l'arrêter. 

—  HIST.  xvi's.  Evagation  [action  d'aller  çà  et  là], 

COTORAVE. 

—  ÉTYM.  Lat.  et-ajoltonem,  deevagari,  de  e,  et 
vagari,  vaguer. 

t  ÉVALTONNER  (S")  (é-val-to-né) ,  v.  réfl.  Prendre 
un  ton  dégagé,  s'émanciper.  Un  jeune  homme  éval- 
tonné.  M.  de  Breteuil  a  commencé  à  s'évaltonoer; 
il  a  parlé  au  roi  devant  le  cardinal  pour  rétablir 
l'ordre  du  tableau  dans  la  promotion,  Q'aegens.  sltm. 
t.  m,  p.  36.  Il  Terme  vieilli,  ou  du  moins  provincial. 

—  ÊTYM.  È  pour  es....  préfixe,  et  l'ancien  franc. 
valeton,  jeune  garçon,  diminutif  de  valet,  qui  si- 
gnifiait jeune  homme  (voy.  valet).  Évaltonné,  très- 
usité  en  Lorraine,  signifie  évaporé,  étourdi,  et 
quelquefois  égaré,  hagard. 

t  ÉVALUABLE  (é-va-lu-a-bl') ,  adj.  Qui  peut  être 
évalué. 

—  ÉTYM.  Évaluer. 

ÉVALUATION  (é-va-lu-a-sion;  en  vers,  de  six 
syllabes),  s.  f.  Action  d'évaluer.  Le  peu  d'unifor- 
mité dans  les  mesures  met  continuellement  dans  la 
nécessité  de  faire  des  évaluations,  condil.  Lang. 
cale.  I,  4  3. 

—  HIST.  XVI*  s.  Escheant  arpentement  public, 
gens  experts  sont  députés  pour  faire  l'évaluation 
des  propriétés,  o.  de  serres,  (2. 

—  ÉTYM.  Évaluer. 

ÉVALUÉ,  ÉE  (é-va-lu-é,  ée),  part,  passé.  Dont 
le  prix  est  fixé  à.  Un  cheval  évalué  à  mille  francs. 
Il  Dont  la  quantité  est  déterminée  approximative- 
ment. Attroupement  évalué  à  dix  mille  personnes. 

ÉVALUER  (é-va-lu-é),  j'évaluais,  nous  évaluions, 
vous  évaluiez;  que  j'évalue,  que  nous  évaluions, 
que  vous  évaluiez,  v.  a.  ||  1°  Estimer  la  valeur,  le 
prix  d'une  chose.  C'est  un  calcul  très-fautif  que 
d'évaluer  toujours  en  argent  les  gains  ou  les  pertes 
des  souverains;  le  degré  de  puissance  qu'ils  ont  en 
vue  ne  se  compte  point  par  les  millions  qu'on  pos- 
sède, J.  J.  Houss.  Poil  perpét.  ||  2"  Fixer  approxi- 
mativement une  quantité.  La  durée  du  phénomène 
fut  évaluée  à  cinq  minutes.  ||  3°  S'évaluer,  v.  réfl. 
Etre  évalué.  Cela  ne  se  peut  évaluer. 

—  ÊTYM.ipoures  ...  préfixe,  et  t'aJu«.  L'ancienne 
langue  disait  a«aluer(BEAUM.  xiii,  24).  On  ne  trouve 
pas  évaluer  dans  les  anciens  textes. 

t  ÉVALVE  (é-val-v'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Qui  n'a  point  de  valves.  Péricarpe  évalve. 

—  ÉTYM.  É....  sans,  et  t!ûii-e. 

t  ÉVANESCENT,  ENTE  (é-va-nè-ssan,  ssan-t'), 
adj.  Terme  didactique.  Qui  s'évanouit,  s'efface, 
disparaît.  ||  Terme  de  botanique.  Nectaire  évanes- 
cent,  celui  qui  s'amoindrit  à  mesure  que  le  fruit 
sa  développe  et  qui  finit  par  disparaître. 

—  ÊTYM.  Lat.  evanescere,  de  e,  et  vanus,  vain. 
tÉVANGÉLUIRE   (é-van-jé-li-ê-r'),  «.  m.   Livre 

qui  contient  les  évangiles  lus  ou  chantés  à  chaque 
messe  et  qu'on  dit  avoir  été  composé  par  saint  Jé- 
rôme. Parmi  les  livres  que  léguait  aux  frères  mi- 
neurs et  aux  frères  prêcheurs  le  testament  de  saint 
Louis,  se  trouvait  un  évangéliaire  grec,  envoyé  au 
roi,  en  426»,  par  l'empereur  Michel  Paléologue, 
LE  CLERC,  Uist.  litt.  de  la  France,  t.  xiiv,  p.  »2. 

—  HIST.  XIV*  s.  Un  evangelier  et  un  epistoliar  de 
grans  volumes    ou  canob,  evangeliarium. 


EVA 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  evangeliariutn ,  de  evangelium, 

évangile. 

ÉVANGÉLIQUE  (é-van-jé-li-k'),  odj.  jj  1*  Qui  ap- 
partient, qui  est  conforme  à  l'Evangile.  Mener  une 
vie  évangélique.  La  loi  évangélique,  qui  est  une  loi 
de  grâce,  une  loi  d'amour  et  de  liberté,  bouhdal. 
Purif.de  la  Vierge,  Myst.  t.  ii,  p.  477.  Saint  Justin 
fut  un  des  premiers  philosophes  qui  embrassèrent 
la  doctrine  évangélique,  dider.  Opin.  des  anc.  phil. 
(Jésus-Christ).  ||  11  se  dit  aussi  des  personnes.  Nous 
ne  voyons  point  de  riches  contents  de  leurs  riches- 
ses ;  et  nous  voyons  des  pauvres  évangéliques  con- 
tents de  leur  pauvreté,  bourdal.  Sur  la  récom- 
pense des  tainis,  Premier  avent.  Unissant  sous  les 
lois  d'une  même  profession  ce  qu'il  avait  assemblé 
d'ouvriers  évangéliques,  plécb.  Panég.  t.  u,  p.  24  2. 
Il  2°  Particulièrement.  Qui  est  de  la  religion  protes- 
tante. Ministre  évangélique.  Les  cantons  évangé- 
liques et  les  cantons  catholiques  de  la  Suisse. 
Il  Substantivement.  Les  évangéliques.  Bien  de  plus 
licencieux,  rien  de  plus  séditieux  tout  ensemble, 
rien  enfin  de  moins  évangélique  que  ces  évangé- 
liques prétendus,  Boss.  Kar.  v,  §  13. 

—  HIST.  XV*  s.  Les  estais  de  l'Empire  qui  sont 
sous  la  confession  d'Ausbourg,  appeliez  autrement 
évangéliques,  villeroy,  if^in.  t.  vi,  p.  7,  dans 
lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  evangelic;  espagn.  et  ital. 
evangelico  ;  du  latin  evangelicus,  de  evangelium. 
Evangile. 

ÉVANGÉLIQUEMENT  (é-van-jé-li-ke-man),  adv. 
D'une  manière  évangélique.  Prêcher  évangélique- 
ment.  C'est  en  cela  même  qu'on  serait  véritable- 
ment, qu'on  serait  évangéliquemenl,  qu'on  serait 
héroïquement  sévère,  bourdal.  3*  dim.  après  la 
Pentecôte,  Dominic.  t.  ii,  p.  359. 

—  ÉTYM.  Évangélique,  et  le  suffixe  ment. 

t  ÉVANGÉLISATiON  (é-van-jé-li-za-sion),  s.  f. 
La  prédication  de  l'Evangile;  ses  effets. 

—  ÉTYM.  Provenç.  evangelisation,  du  lat.  evan- 
gelizare,  évangéliser. 

ÉVANGÉUSÉ ,  ÉE  (é-van-jé-li-zé ,  zée) ,  part,  passé. 
On  jette  les  fondements  d'un  édifice  sacré  où  les 
pauvres  sont  évangélisés,  où  les  petits  trouvent  la 
pain  qui  nourrit  l'âme,  mass.  Villeroy. 

ÉVANGÉLISER  (é-van-jé-li-zé),  v.  a.  Prêcher  l'é- 
vangile. Fonde-t-elle  des  hôpitaux?  elle  y  joint  des 
missions,  afin  que  les  pauvres  soient  nourris  et 
évangélisés  tout  ensemble,  flêch.  j^iffuti.  Ceux  qui 
évangélisent  vos  terres  et  vos  vassaux,  mass.  Car. 
Parole  de  Dieu.  ||  Absolument.  Saint  François  Xavier 
a  évangélisé  dans  le  Japon. 

—  HIST.  xui*  s.  Nostre  sires  donra  la  seua  paroi» 
[donnera  sa  parole]  as  evangelizanz,  Psautier, 
fia. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  evangelixar  ;  ital. 
evangeliizare ;  du  lat.  evangelitare ,  da  evange- 
lium. Evangile. 

f  ÉVANGÉLISME  (é-van-jé-li-sm'),  s.  m.  Néolo- 
gisme. Caractère  des  enseignements  évangéliques. 

—  ÉTYM. Voy.  évangile. 

ÉVANGÉLISTE  (é-van-jé-li-sf),  s.  m.  ||  1° Chacun 
des  quatre  saints  qui  ont  écrit  les  Evangiles.  Les 
quatre  évangélistes.  Qui  a  ayipris  aux  évangélisies 
les  qualités  d'une  âme  vériiablement  héroïque,  pour 
la  peindre  si  parfaitement  en  Jésus-Christ  ?  pasc. 
Pensées,  part,  ii,  art.  lO.  Et  lorsqu'il  est  mort  pour 
nous  sur  le  Calvaire,  victime  de  l'univers,  lia  voulu 
que  le  plus  chéri  de  ses  évanf;élistes  remarquât  qu'il 
mourait  spécialement  pour  sa  nation,  uoss.  le  Tel- 
lier.  Il  Évangélistes  synoptiques,  voy.  synoptique. 
Il  2"  Prédicateur  en  général.  Voici  vos  libérateurs, 
et  je  donnerai  à  Jérusalem  un  évangéliste ,  saci  ,  Bible, 
Isa'ie,  XLi,  27.  ||  Fig.  Je  me  contentais  de  connaître 
l'erreur  sans  la  réfuter,  et  la  vérité  sans  m'en  ren- 
dre l'évangélisle,  scudéri.  Sur  le  Cid.  ||  3*  Chez  les 
protestants,  celui  qui  assiste  le  pasteur.  ||  4*  Se  di- 
sait autrefois,  au  palais,  du  conseiller  qui  tenait 
l'inventaire  d'un  procès  pendant  que  le  rapporteur 
lisait  les  pièces.  Noailles  ouvrit  son  sac,  de  colère, 
en  prit  les  pièces  qu'il  mit  devant  lui,  et,  tandis 
qu'il  rapportait,  ma  voilà  à  les  feuilleter  et  à  ma 
faire  son  évangéliste,  st-sim.  440,  42B.  ||  Se  di- 
sait autrefois  de  celui  qui,  dans  une  compagnie, 
était  nommé  pour  être  témoin  et  inspecteur  d'un 
scrutin.  Il  Ces  deux  acceptions  viennent  sans  douta 
de  ce  que  ce  surveillant  voyait  si  l'on  disait  vrai,  si 
l'on  parlait  en  mots  d'Evangile. 

—  HIST.  xii*  s.  Et  ceste  chose  fust  li  encomen- 
cemenz  de  ses  miracles,  si  cum  dist  li  evvange- 
listes,  ST  BERNARD,  p.  553.  ||  xiu*  S.  Evangelistre, 
apostre,  martyr  et  confesseur  Por  Jhesu  Crit  soff ri- 
rent de  la  mort  la  presscur,  ruteb.  I3e, 


ÉVA 


ÉVA 


ÉVA 


1543 


—  ÉTYM.  Provenç.  espagii.  et  ilal.  evangelista, 
du  lat.  evangelista  {Moy.  évangile). 

ÉVANGILE  (é-van-ji-1'),  s.  m.  ||  1°  La  loi,  la  doc- 
trine de  Jésus-Christ.  Saint  Thomas  porta  l'Évangile 
aux  Indes,  boss.  Hist.  ii,  7.  Saint  Kilien  prêcha  l'E- 
vangile dans  la  Franconie,  id.  ib.  i,  **.  Les  Juifs 
qui  avaient  reçu  l'Évangile,  id.  ib.  ii,  ».  Que  ses 
douleurs  l'ont  rendue  savante  dans  la  science  de 
l'Évangile,  et  qu'elle  a  bien  connu  la  religion  et  la 
vertu  de  la  croix,  quand  elle  a  uni  le  chrisliarnsme 
et  les  malheurs  I  id.  Reine  <ÏAnglet.  L'Evangile 
est  proposé  à  l'homme  comme  sa  seconde  raison, 
comme  le  suppléicent  de  sa  conscience,  Mirabeau, 
Collection,  t.  v,  p.  27<.  (|  2°  Nom  des  livres  qui 
contiennent  la  vie  et  la  doctrine  de  Jésus-Christ.  11 
parut,  dans  les  premiers  siècles  de  l'Église,  un 
grand  nombre  d'Évangiles.  L'Église  n'a  reconnu  que 
quatre  Évangiles.  Jurer  sur  les  Évangiles  ou  sur 
l'Évangile,  jurer  en  touchant  les  Évangiles.  ||  Évan- 
giles apocryphes,  ceux  que  l'Église  n'a  pas  recon- 
nus. L'Évangile  de  l'enfance,  celui  de  ces  livres  où 
est  racontée  l'enfance  de  Jésus-Christ.  |{  3°  Abso- 
lument. L'Évangile,  le  recueil  des  quatre  Évangiles 
reconnus  par  l'Église,  à  savoir  l'Évangile  selon 
saint  Matthieu,  l'Evangile  selon  saint  Marc,  l'Évan- 
gile selon  saint  Luc,  et  l'Évangile  selon  saint  Jean. 
Lire  l'Évangile.  ||  Croire  une  chose  comme  l'Évan- 
gile, la  croire  sans  réserve.  ||  Familièrement.  Ce  n'est 
pas  mot  d'Évangile,  c'est  une  chose  qui  mérite  peu 
de  foi.  Les  serments  des  gascons  Passent  peu  pour 
mots  d'Évangile,  la  font.  Gase.  \\  En  sens  inverse, 
parole  d'Évangile,  chose  qui  mérite  toute  confiance. 
Tu  as  beau  rire,  c'est  l'Evangile,  bamilt.  Gramm. 
3.  Ses  procès-verbaux  [du  maire]  sont  paroles  d'É- 
vangile pour  MM.  les  juges  de  Tours,  p.  L.  conR.  i, 
(60.  Il  Gens  de  l'Évangile,  bonnes  gens,  faciles  à 
tromper.  Ce  diable  était  des  gens  de  l'Évangile, 
Simple,  ignorant,  à  tromper  très-facile,  la  font. 
Vapef.  Il  4°  La  partie  de  l'Évangile  qu'on  lit  à  la 
messe.  Il  Le  c6té  de  l'évangile,  le  c6té  gauche  de  l'autel 
en  entrant  dans  le  chœur,  ainsi  dit  parce  que  c'est 
le  côté  où  l'on  dit  l'évangile.  ||  C'est  l'évangile  du 
jour,  se  dit  d'une  chose  nouvelle  dont  tout  le  monde 
s'entretient.  Je  ne  sais  comment  je  pourrai  vous 
parler  d'autre  chose  aujourd'hui  que  de  cet  évan- 
gile du  jour,  sÉv.  46  mars  4  689.  Vous  savez  que 
Mme  de  Savoie  ne  souhaite  au  monde  que  l'ac- 
complissement du  mariage  de  son  fils  avec  l'in- 
fante du  Portugal,  c'est  l'évangile  du  jour,  sÉv. 
t.  VI,  lett.  B85,  dans  pougens.  Il  [Locke]  prouve 
que  la  souveraineté  appartient  aux  peuples,  et 
■  qu'ils  ne  font  que  la  déposer  entre  les  mains  de 
ceux  qu'on  appelle  souverains....  vous  savez  que 
s'est  l'évangile  du  jour  k  présent  parmi  les  protes- 
tants, BAYLE,  Lett.  à  Uinutoli,  24  sept.  <o»3. 
Il  B°  Commencement  du  premier  chapitre  de  saint  Jean 
qu'un  prêtre  récite  en  mettant  un  pan  de  son  étole 
sur  la  tête  de  la  personne  à  l'intention  de  qui  il  le 
récite.  Il  n'est  pas  croyable  ce  qu'elle  [Mme  de 
Saint-Herem]  dépensait  à  se  faire  dire  des  évangiles 
sur  la  tête,  st-simon,  97,  se.  ||  Cotte  cérémonie  se 
nomme,  dans  le  département  des  Côtes-du-Nord, 
donner  l'évangile.  ||  6°  Évangile  est  le  titre  de  quel- 
ques anciens  livres  burlesques.  L'Evangile  des  que- 
nouilles. Il  7°  Évangile  éternel,  doctrine  de  Joachim 
de  Flore,  moine  calabrais  du  xn"  siècle,  et  de  Jean 
de  Parme  ,  du  xiii"  ,  suivant  laquelle  l'ancien 
testament  répondant  au  premier  âge  du  monde, 
le  nouveau  testament  au  deuxième  âge,  un  troi- 
sième testament  inaugure  le  troisième  âge  (voy. 
lOACHiMiTE).  Il  8°  Il  se  dit,  dans  le  langage  néo- 
logique,  des  doctrines  novatrices  qui  agitent  la 
société.  Ses  compagnons  [de  Byron  allant  en  Grèce] 
épars,  groupés  sur  le  navire.  Ne  parlent  point  entre 
eux  de  foi  ni  de  martyre,  Ni  des  prodiges  saints  par 
la  croix  opérés,  Ni  des  péchés  remis  dans  les  lieux 
consacrés;  D'un  plus  lier  évangile  apôtres  plus  fa- 
rouches, Des  mots  retentissants  résonnent  sur  leurs 
bouches:  Gloire,  honneur,  liberté,  grandeur,  droit 
des  humains....  lamabt.  Harold,  xi. 

—  REM.  1.  Évangile'prend  un  É  majuscule  quand 
il  s'agit  de  la  loi  de  Jésus-Christ,  des  livres  qui 
contiennent  sa  vie,  et  du  recueil  de  ces  livres.  Il 
prend  un  é  minuscule  quand  il  s'agit  delà  partie  de 
l'Évangile  que  le  prêtre  dit.  ||  2.  Le  genre  d'évan- 
gile a  été  longtemps  féminin;  Boileau  l'a  encore  fait 
féminin  :  L'Évangile  au  chrétien  ne  dit  en  aucun 
lieu:  Sois  dévot;  elle  dit:  Sois  doux,  simple, 
équitable,  Sat.  xi.  Monsieur  Joli  [évêque  d'Agen] 
prêcha  à  l'ouTerture  [de  l'assemblée  du  clergé  en 
I67B]  ;  mais  comme  il  ne  se  servit  que  d'une  vieille 
évangile  et  qu'il  ne  dit  que  de  vieilles  vérités,  son 
sermon  p«rut  vieux,  sÉv.  lett.   44  juin  467B.  Au- 


jourd'hui évangile  est  toujours  masculin.  ,1  3.  Évan- 
gile, au  sens  de  la  partie  qui  se  dit  à  la  messe,  a 
été  fait  féminin,  par  exception,  pendant  que  le  mot 
était  d'ailleurs  masculin.  Aujourd'hui  aucune  excep- 
tion n'a  plus  lieu. 

—  HIST.  XIII*  s.  Sire,  tout  n'est  pas  Evangile 
Quanque  l'en  dit  aval  la  vile,  la  Rose,  I248I.  Et 
lors  le  seignor  deit  comander  que  on  aporte  une 
Evangille,  Ass.  de  Jér.  96.  ||  xv*  s.  [Le  chancelier  de 
France]  dit  en  plein  conseil  royal  au  chancelier 
d'Aquitaine,  qu'il  ne  disoit  pas  Evangile  [ne  disait 
pas  la  vérité],  monstrel.  t.  i,  f"  163,  dans  la- 
CUBNE.  Jl  XVI'  s.  Il  est  maudit  en  l'Evangile  qui  a  le 
choix  et  prend  le  pire  [par  allusion  aux  Juifs  qui, 
ayant  le  choix  d'adopter  la  religion  du  Christ,  la  re- 
jetèrent et  sont  maudits],  leroux  de  lincy,  Prov. 
t.  I,  25.  Ainsi  choisissiez  vous  le  pire;  c'est  pour- 
quoy  estes  mauldict  en  l'Evangile,  babel.  iv,  46. 
Je  ne  me  soucie  pas  plus  de  l'évangile  que  de  l'e- 
pistre  [pas  plus  de  l'un  que  des  autres],  Moyen  de 
parvenir,  p.  4)0,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  evangeli,  avangeli;  espagn.  et 
ital.  evangelio;  portug.  evangelho  ;  du  lat.  evange- 
lium,  du  grec  eOcuytiXiov ,  bonne  nouvelle,  de  su, 
bien,  et  àyyéWeiv,  annoncer,  d'où  i-YYeXo;,  mes- 
sager, ange  (voy.  ce  mot). 

ÉVANOUI,  lE  (é-va-nou-i,  le),  part.  paî.ç^  d'éva- 
nouir. Il  1"  Dissipé,  disparu.  Une  ombre  évanouie. 
Projets  évanouis  aussitôt  que  formés,  campist.  An- 
dronic,  iv,  4.  Et  dans  cette  nuit  funeste  Je  cher- 
chais en  vain  le  reste  De  mes  jours  évanouis,  J.  b. 
Rouss.  Odes,  i,  4  0.  Les  soleils  aux  soleils  succèdent 
à  mes  yeux.  Les  cieux  évanouis  se  perdent  dans 
les  cieux,  delille,  Imag.  m.  ||  2°  Qui  est  en  syn- 
cope. Toujours  évanouie.  Madame,  elle  ne  marque 
aucun  signe  de  vie,  rac.  Baj.  iv,  B.  Je  proteste 
contre  ceux  qui  prétendent  que  je  suis  tombé  en 
apoplexie;  je  n'ai  été  évanoui  qu'un  quart  d'heure 
tout  au  pfiis,  VOLT.  Lett.  d'Argental,   2  janv.  4767. 

ÉVANOUIR  (S')  (é-va-nou-ir),  v.  réfl.  \\  1°  Dispa- 
raître sans  laisser  de  traces.  Là  périssent  et  s'éva- 
nouissent toutes  les  idoles,  et  celles  qu'on  adorait 
sur  des  autels,  et  celles  que  chacun  servait  dans 
son  coeur,  boss.  Hist.  ii,  4  4.  Dans  les  pays  de  com- 
merce, l'argent  qui  s'est  tout  à  fait  évanoui  revient, 
parce  que  les  États  qui  l'ont  reçu  le  doivent,  mon- 
TESQ.  Esp.  XX,  23.  Le  lendemain  on  cherchait  les 
pieux  voyageurs,  mais  ils  s'étaient  évanouis  comme 
ces  saintes  apparitions  qui  visitent  quelquefois 
l'homme  de  bien  dans  sa  demeure,  chateaubr.  Gé- 
nie,iv, m,  e.  Il  Par  extension.  C'est  le  dernier  éclat 
d'un  feu  prêt  à  .s'éteindre ,  Sur  le  point  d'expirer  il 
tâche  d'éblouir.  Et  ne  frappe  les  yeux  que  pour  s'é- 
vanouir, CORN.  Au  roi  sur  Cinna,  Pomp.  etc.  Qui 
croit  les  posséder  [ces  douceurs]  les  sent  s'évanouir, 
ID.  lUracl.  I,  4.  Et  ma  haine,  qu'en  vain  tu 
crois  s'évanouir,  id.  Rodog.  iv,  B.  Vains  fantômes 
d'État,  évanouissez-vous,  id.  ib.n,  4.  Maissahaine 
sur  vous  autrefois  attachée  Ou  s'est  évanouie  ou 
s'est  bien  relâchée,  bac.  Phèd.  i,  4 .  Nos  bonnes  ré- 
solutions s'évanouissaient ,  fi5n.  Tél.  iv.  Mais  au 
moindre  revers  funeste.  Le  masque  tombe,  l'homme 
reste.  Et  le  héros  s'évanouit,  j.  b.  rouss.  Ode  à  la 
fortune.  Il  Avec  suppression  du  pronom  personnel, 
quand  certains  verbes,  voir,  sentir,  faire,  etc. 
précèdent.  X  des  paroles  si  consolantes,  Don  Garcie 
sentit  évanouir  toute  sa  crainte,  lesage,  Diab.  boit. 
ch.  9.  Il  Faire  évanouir,  dissiper,  détruire.  Cette 
nouvelle  a  fait  évanouir  toutes  nos  espérances.  On 
en  [des  mauxj  a  vu  qui  ont  sapé ,  par  les  fonde- 
ments, de  grands  empires  et  qui  les  ont  fait  éva- 
nouir de  dessus  la  terre,  la  bruy.  x.  Le  spectacle 
de  la  mort  de  Virginia,  immolée  par  son  père  à 
la  pudeur  et  à  la  liberté,  fit  évanouir  la  puis- 
sance des  décemvirs,  montesq.  Esp.  xi,  4  5.  La 
prude  loua  cette  résolution  d'un  air  bien  capable  de 
la  faire  évanouir,  mahmontel,  Cont.  mor.  Alcib. 
Il  Terme  d'algèbre.  Faire  évanouir  une  inconnue, 
la  supprimer  à  l'aide  d'une  opération  dans  une 
équation.  Ainsi  x+y^=a,  x—y^b;  en  ajoutant  ces 
deux  équations,  il  vient  2x^a+b  ;  y  s'est  évanoui. 
Il  2°  Perdre  connaissance,  tomber  en  faiblesse.  X 
cette  nouvelle  elle  s'est  évanouie.  ||  Faire  évanouir, 
causer  une  faiblesse,  une  perte  de  connaissance. 
L'hémorragie  l'a  fait  évanouir. 

—  REM.  On  trouve  évanouir  employé  neutrale- 
ment  :  Harlay,  à  ce  qu'il  a  dit  depuis  à  Valincourt, 
pensa  évanouir,  st.-sim.  t.  i,  p.  398,  édit.  chéruel. 
C'est  un  archaïsme  aujourd'hui  inusité. 

—  HIST.  XII*  s.  E,  ço  dit,  [les  deux  anges]  s'es- 
vanoïrent,  Machab.  ii,  a.  Li  duz  esvano'iz  del  sanc 
Qui  li  isseit  parmi  le  flanc...  Grégoire  le  Grand,  p. 
63.  Il  xiir  s.  Ensinc  ont  bien  entendu  li  message  ce 


que  Merlins  leur  a  dit,  et  il  se  toment  t.utre  part 
por  parler  ansambls,  et  cil  s'esvanoist,  et,  quand  cil 
se  retornent  por  parler  à  lui,  si  l'orent  penîu,  Jfer- 
lin,  !°  44 ,  verso.  Quand  il  urent  fini  lurdiz,  De  mes 
oiz  [yeux]  sunt  il  evaniz,  Edouard  le  conf.  v.  3777. 
Quant  jel  vi,  tant  m'en  esioi.  Qu'à  poi  ne  m'en  es- 
vanoï,  la  Ruse,  44966.  ||xiv*  s.  Celle  delettacion  est 
aussi  comme  evanuie  et  absorbée,  et  ne  la  sent  l'en 
pas,  ORESME,  Eth.  89.  Le  pacient  s'esvanoist  et 
est  descoulouré ,  henri  de  mondeville  ,  f°  69. 
Il  XV*  s.  Ne  demeura  guère  que  la  rougeur  s'éva- 
nouit, et  print assurance,  Louisix,  JVoMV.  c.  ||xvi*  3. 
Il  se  mit  sur  un  lit,  où  il  évanouit  plusieurs  fois, 
MARG.  Souv.  XXVI.  Advenant  le  soleil,  esvanouissent 
les  ténèbres,  rab.  Pant.  m,  47.  X  ces  motz  Pa- 
nurge  esvanouyt  de  la  corapai^nie,  et  se  mussa  en 
bas  dedans  lasoutte,  id.  tb.  iv,  60.  Appelerà  nostre 
secours  un  contentement  esvanoui,  pour  l'opposer 
à  ce  qui  nous  presse,  mont.ii,  247.  Comme  onvoid 
d'un  esclair  s'esvanouir  le  trait,  bons.  926. 

—  ÉTYM.  Provenç.  csi!anuir;  ital.  svanire;  defs.... 
préfixe,  et  le  lat.  vanescere,  disparaître,  de  vanus, 
vain  (voy.  ce  mot),  avec  intercalation  de  la  voyelle 
u,  ou  (comme  dans  c'ponouir) , voyelle  dont  la  na- 
ture est  douteuse  ;  on  trouve  dans  du  Gange  eva- 
nuare  en  un  texte  du  xiii*  siècle.  L'ancien  français 
avait  aussi  envanir:m'  s.  E  me  volent  vers  vus  mes- 
1er  et  mal  tenir,  E  l'amur  et  la  pais  défaire  e  en- 
vanir.  Th.  le  mart.  4  29;  xiii"  s.  Li  sainz  s'en  va 
e  s'envani ,  Edouard  le  Conf.  v.  3B73. 

t  ÉVANOUISSANT,  ANTE  (é-va-nou-i-san,  san-t'), 
adj.  Qui  devient  nul,  en  parlant  de  quantités  ma- 
thématiques. Il  me  montrait  mille  fois  plus  d'espace 
au-dessus  de  ma  tête  que  je  n'en  avais  sous  mes 
pieds,  et  il  m'humiliait  par  le  rapport  évanouissant 
du  point  que  j'occupais  à  l'étendue  prodigieuse  qui 
s'offrait  à  ma  vue,  dideh.  la  Promenade  du  sceptique. 

ÉVANOUISSEMENT  (é-va-nou-i-se-man),  s.  m. 
Il  1*  Action  de  disparaître  sans  laisser  de  trace.  L'é- 
vanouissement d'une  vision.  ||  2°  Terme  d'algèbre. 
Disparition  d'une  quantité,  d'un  dénominateur. 
Il  8°  Syncope,  perte  de  sentiment.  Il  est  revenu  da 
son  évanouissement. 

—  HIST.  XII*  s.  Le  duel  [deuil] ,  l'esvanuiscement. 
Tout  ferai  savoir  à  la  gent,  chhestien  de  troyes, 
Perceval,  v.  335,  dans  potvin.  |1  xiv*  s.  Soit  le  cy- 
rurgien  garni  de  toutes  les  choses  qui  li  appartie- 
nent,  avant  que  il  face  incision,  quant  à  llus  da 
sang,  à  esvanissement  et  à  ester  dolour,  H.  de  mon- 
deville, {°  403.  Il  XV" s.  Après  l'évanouissement  da 
cette  vision,  notre  jaloux  se  reveille,  Lonis  xi, 
Nouv.  XI.  Il  XVI*  s.  Soudain  il  luy  prit  au  milieu  da 
son  parler  un  esvanouissement,  amyot,  Flam.  4  0, 

—  ETYM.  Évanouir. 

jÊVAPORABLE  (  é-va-po-ra-bl' ) ,  adj.  Qui  est 
susceptible  de  s'évaporer.  Quoique  l'eau  soit  évapora» 
ble,  BERN.  DERT-piEHRE,  Liv.  II,  Jlarm.  29,  de  l'eau. 

—  ÉTYM.  Évaporer;  provenç.  et  espagn.  evopo- 
rable  ;  portug.  evaporavel. 

t  ËVAPORATIF,  IVE  (é-va-po-ra-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  tient  à  l'évaporation ,  qui  en  dépend  ou  la  produit. 

—  msT.  XVI*  s.  Les  eaux  congelatives  sont  aussi 
evaporatives  et  exalatives,  palissy,  247. 

—  ÉTYM.  Évaporer;  provenç.  «Daporaltu; espagn. 
et  ital.  eraporativo. 

ÉVAPORATION  (é-va-po-ra-sion  ;  en  vers,  da 
six  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Passage  d'un  liquide  à  l'é- 
tat de  gaz  an  moyen  de  la  dilatation  de  ses  molé- 
cules par  le  calorique  ou  par  la  diminution  de  pres- 
sion. Il  A.scension  lente  et  graduelle,  dans  l'air,  d'un 
liquide  qui  s'y  répand  sous  la  forme  de  lluide  aéri- 
forme.  ||  Évaporation  spontanée,  transformation  des 
liquides  en  vapeurs  à  la  température  et  à  la  pression 
ordinaires.  ||  Terme  de  salines.  Opération  par  la- 
quelle on  sépare  le  sel  de  l'eau  qui  le  contient. 
Il  2°  Fig.  Légèreté  d'esprit.  Il  y  a  un  peu  d'évapo- 
ration  dans  son  fait.  N'y  ayant  rien  dont  Dieu  se  . 
serve  plus  souvent  pour  retirer  les  ftmes  d'une  cer- 
taine évaporation  que  leur  insensibilité  produit,  et 
pour  les  faire  rentrer  en  elles-mêmes,  que  de  la 
vue  de  ces  terribles  objets  [idées  de  la  mort],  Kl- 
COLE,  Ess.  mor.  3*  traité,  ch.  4. 

—  HIST.  xvi*  s.  Et  faut  garder  que  rien  ne  s'en- 
fuye  par  dessus,  pour  l'évaporation  et  la  deperdi» 
tion  qui  se  feroit  de  sa  vertu,  paré,  xvi,  8. 

—  ÉTYM.  Provenç.  evaporacio;  espagn.  évapora- 
don;  ital.  evaporaiione ;  du  latin  evaporalionem , 
de  evapnrare,  évaporer. 

t  ÉVAPORATOIRE  (é-va-po-ra-toi-r'),  adj.  Terme 
de  physique.  Appareil  évaporatoire,  appareil  propre 
à  favoriser  l'évaporation. 

—  ÉTYM.  Évaporer. 

ÉVAPORÉ,   ÉE  (é-va-po-ré,  rée),  part,  passé. 


au  ÊVA 

Il  1.  MulBi  vér  ré.iponiion.  Uqueur  évaporée. 

?•«,    •    I  II  Di»P*  eomino  quelque  chose  qui  s  é- 
f.Do'r.  Voiu  l'acceplena  Quand  vos  premier» «ou- 
;n^nïïr.porér,  .0.  Olhony,  *.  H»-  Fig  Qu. 
1  <1«  l'élounierie  arec  peu  de  réserve.   Le  style  de 
CM  jeunes  gens  évaporé»,    «àv.   M9.  Que  sur  le 
visage  (du  jaMinier]  il  y  ait  une  grande  appa- 
rence de  bonne  saiilé,  et  qu'il  n'y  en  ait  point  d'es- 
prit évaporé  ni  do  sottn  présomption,  LA  quintinye, 
Jardins,  i,  ♦.  Il  veut  être  Tolàtre,  évaporé,  plaisant, 
>oiL.  t.pU.  IX.  Il  II  se  dit  aussi  des  choses.  On  les 
découvre  à  leurs  manières  libres,  à  leurs  airs  éva- 
porés, à  leurs  paroles  peu  mesurées  et  peu  discrètes, 
MURD.  Pentéet,  t.  ii,  p.  408.  Birtoo,  &  qui  tout  était 
égal,  montrait  une  gaieté  évaporée,  volt.  Jenni, 
7.  Il  Substantivement.  Son  fils,  qui  m'embarrasse, 
est  un  évaporé,  mol.  le  Dép.  m,  i.  Il  lit  vœu  de 
ne  plus  occuper  son  cœur  d'une  petite  évaporée, 
IIÀUILT.  Gramm.  10. 

—  SYN.  ÉVAPORÉ,  ÉVENTÉ.  Au  sons  propre,  une 
liqueur  est  évaporée  quand  sa  substance  s'est  dissi- 
pée en  vapeur;  elle  est  éventée,  (juand  le  parfum 
qui  la  distinguait  s'est  dissipé,  quoique  la  substance 
puisse  rester.  L'eau  s'évapore  et  ne  s'évente  pas. 
Une  bouteille  do  vin  est  éventée,  si  le  vin  a  perdu 
son  arôme.  Au  figuré,  l'évaporé  tient  plus  de  la  lé- 
gèreté de  la  conduite;  éventé  tient  plus  de  l'é- 
tourderle  des  manières.  Un  coquette  a  des  airs  éva- 
porés, mais  elle  n'a  pas  des  airs  éventés. 

ÉVAPORER  (é-va-po-ré),  t).  o.  ||  1*  Résoudre  en 
vapeur,  en  parlant  des  liquides.  Évaporer  lente- 
ment un  liquide,  l'évaporer  à  une  douce  chaleur. 
Il  2*  Fig.  Donner  issue,  laisser  s'exhaler.  Et  que 
chacun,  lassé  du  souci  qui  l'accable,  Cherche  à 
l'évaporer  pour  le  moins  en  discours,  corn.  Imi- 
tation, I,  (0.  Je  n'étais  point  fâché  d'évaporer 
ma  bile,  iioL.  l'Êt.  iv,  8.  ||  8'  S'évaporer,  v.réfl. 
S'en  aller  en  vapeurs.  L'esprit  de  vin  s'évapore  ai- 
sément. Il  Avec  suppression  du  pronom  personnctl. 
Faire  évaporer  une  liqueur  à  un  feu  lent.  ||  Fig. 
Quand  le  creuset  des  ordonnances  Peut  faire  éva- 
porer la  loi,  BÉRANG.  Ventru.  ||  4"  Kig.  Se  répan- 
dre au  dehors,  se  faire  jour,  se  faire  entendre.  J'ai 
caché  si  longtemps  l'ennui  qui  me  dévore,  Qu'en 
dépitque  j'en  aie  il  faut  qu'ils'évapore,  corn.  Pulch. 
Il,  I.  Souffrez  qu'une  imprudente  ardeur.  Prête  à 
•'évaporer,  respecte  ma  pudeur,  id.  t6.  ii,  t.  Le  mal 
qui  s'évapore  en  devient  plus  léger,  id.  Suréna,  i, 
i.  L'innocente  joie  aime  à  s'évaporer  au  grand  jour, 
I.  j.  Bouss.  Leil.  à  d'Alemb.  sur  les  spect.  ||  Absolu- 
ment, avec  ellipse  du  pronom  personnel.  Laissons 
évaporer  un  peu  sa  bde  émue,  regnard,  i^ga».  v,  2. 
Il  6'  Se  dissiper,  se  perdre.  Leur  contemplation  [des 
philosophes]  s'évaporait  en  vaines  pensées,  et  leurs 
paroles  aussi  peu  solides  qu'elles  semblaient  magni- 
fiques.... boss.  /;««.  II,  42.  Au  milieu  des  jeux  et 
dos  assemblées  où  l'âme  se  dissipe  et  s'évapore  or- 
dinairement, la  sienne  se  recueillait  en  elle-même, 
rLÉCH.  Marie-TMr.  Ce  n'est  pas  que  ce  cœur  se 
soit  jamais  évaporé  dans  les  chimères  d'une  fausse 
gloire,  MASCARON,  Or.  fun.  de  Turtnne.  Dès  qu'il 
a  de  l'argent,  son   amour  s'évapore,  hegnard,  le 

Joueur,  I,   s un  passé  qui  s'évapore,  lamart. 

Kidit.  XV.  Et  que  les  saints  échos  de  la  voûte  so- 
nore Te  portent  plus  brûlant,  avant  qu'il  s'évapore. 
Le  soupir  qui  t«  cherche  en  montant  vers  lescieux, 
ID.  Ilarm.  i,  s.  (La  vie]  Songe  qui  s'évapore,  étin- 
celle qui  fuit,  ID.  ib.  m,  ».  (I  Son  esprit  s'évapore,  il 
devient  fou.  J'ai....  vu  ses  yeux  s'égarer.  Et  son  es- 
prit frappé  soudain  s'évaporer ,  beonard  ,  Fol. 
amour,  ii,  «.  ||6'  Montrer  de  la  légèreté  dans  ses 
discours,  dan»  ta  conduite.  Ce  jeune  homme  s'éva- 
pore.  Il  II  commence  à  «'évaporer,  se  dit  de  celui 
qui,  après  avoir  mené  une  vie  réglée,  se  dérange. 
A  T^T''-***'*"'^»' VAPORISER.  Employés  en  parlant 
de  liquides,  ce»  mots  peuvent  ôlre  distingués  en  ce 
que  par  l'évaporation  on  laisse  perdre  la  vapeurdans 
latmosphère,  tandis  qu'on  la  recueille  par  la  vapo- 
risation. On  vaporise  de  l'eau  pour  utiliser  la  va- 
peur aqueuse  comme  force  motrice.  On  évapore  un 
»a    tf    ""  *"°^'  ^"""^  les  concentrer,   c'est-à-dire 


nn.n.i!?  .*"?"''"""■  '*  ''«"'''*  en  diminuant  la 
SI  ni.  li"  '"1""*?  1"'''^  conliennont ,  léooarant. 
ta»  i  '     T'î"°"  »«  f"'  "«"e  k  une  tempéra- 

U^pïr:;eri'ébXit."'"^"°"  "^  '"''  '^ 
•«iCLmrn.*"  <^"»''»  fumées  du  ohief  se  puis- 
■  Ulrr,  ^  •*1P°;"«'  P»T'  P«'  les  cheveux, 

11,  iw!'^    '  ^"*  ^  "omstant,  mon  ame....  «ont. 

-  eiTM.  ProvMç.  ttup^r,  e,tap,rar.espagn. 


EVE 

etaporari  Ital.  (i)aporore;du  latin  evaporare,  iee, 
et  vapor,  vapeur. 

ÉVASÉ,  ÊE(é-va-zô,  lée),  pari,  passé.  Verre 
évasé.ll  Familièrement.  Un  nez  évasé,  nez  dont  les 
narines  sont  très-ouvertes. 

ÉVASEMENT  (é-va-ze-man),  s.  m.  ||  !•  Action 
d'évaser;  état  de  ce  qui  est  évasé.  Ce  n'est  pas  sans 
raison  que  ce  pont  [le  pont  de  Saint-Esprit,  sur  le 
Rhône]lest  cité;  il  est  de  toute  beauté  pour  la  hau- 
teur, la  longueur,  l'évasement  des  arches  et  la 
tournure  légère  des  piles;  je  le  mesurai  en  tous 
sens;  il  a  1 1 18  pieds  de  long  sur  IB  de  large  seule- 
ment; les  arches  sous  lesquelles  je  descendis  ont  33 
pas  d'évasement,  de  brosses,  Lett.  sur  l'Italie,  1. 1, 
lett.  I.  Il  2*  Terme  de  fortification.  Évasement  d'une 
embrasure,  côté  qui  regarde  la  contrescarpe. 

—  HIST.  XVI*  s.  Esvasement,  cotgeave. 

—  ÉTYM.  Évaser. 

EVASER  (é-va-zé),  V.  a.  ||  l*  Élargir  un  orifice, 
une  ouverture.  11  faut  évaser  davantage  ce  tuyau. 
Il  2°  Terme  de  jardinage.  Évaser  un  arbre,  lui  faire 
prendre  plus  de  circonférence.  ||  3°  S'évaser,  v.  réfl. 
Devenir  évasé.  Cet  arbre  s'évase.  Cette  baie  va  en 
s'évasant  du  côté  de  la  mer. 

—  lilST.  XV"  s.  Il  faut  qu'il  face  contre-mur  de 
certaine  espesseur,  afin  que  le  fondement dudit mur 
ne  s'esvaso  par  défaut  de  fermeté  de  terre  joignant, 
Ordonn.  148B. 

—  ÉTYM.  É....  pour  es....  préfixe,  et  vase,  s.  m. 
ÉVASIF,  IVE  (é-va-zif,  zi-v'),  adj.  Qui  sert  à 

éluder.  Réponse  évasive.  Moyen  évasif. 

—  ÉTYM.  VOy.  ÉVASION. 

ÉVASION  (é-va-zion  ;  en  vers ,  de  quatre  syllabes) , 
».  (.  Il  1"  Action  de  s'évader.  C'eût  été  [le  ])lai- 
doyer  pour  Mme  de  Mazarin]  un  bon  morceau  pour 
votre  recueil,  et  d'autant  plus  nécessaire  qu'on  y 
aurait  trouvé  bien  des  choses  qui  excuseraient  l'é- 
vasion de  Mme  de  Mazarin,  bayle,  Leit.  à  Des 
Maiseavx,  m  janv.  (706.  Napoléon,  qui  depuis  ac- 
cusa Davoust  de  l'évasion  de  l'aile  gauche  des 
Russes,  pour  être  resté  quatre  jours  dans  Minsk, 
SÉGUH,  Hist.  de  Nap.  iv,  6.  ||  2°  Fig.  Moyens,  ar- 
guments évasifs.  Une  lettre  qui  lui  prépare  des  apo- 
logies et  des  évasions,  boss.  Lett.  quiét.  137.  Elle 
n'opposa  à  la  bonté  que  des  évasions  et  des  arti- 
fices, MASS.  Car.  Sam.  Pour  ne  laisser  aucune  éva- 
sion à  l'erreur  que  je  combats,  id.  Car.  Fautes  lég. 
Point  d'évasion ,  monsieur  :  elle  était  d'une  humeur 
charmante;  en  sortant  d'avec  vous  on  la  voit  fondre 
en  larmes,  beaumarch.  Mère  coupable,  u,  i9. 

—  HIST.  XV"  s.  Je  faiz  doubles  conclusions,  Je 
trouve  [trouve]  tant  d'évasions,  D'escriptures  en 
parchemin,  e.  desch.  Poésies  mss.  ("  373,  dans  la- 
CURNE.  Il  XVI"  s.  Ceux  qui  ont  voulu  estre  les  plus 
subtils  entre  eux,  ont  trouvé  cesle  évasion  pour  es- 
chapper,  c'est  que....  calv.  Inst.  487.  Lui  offrir 
200  mil  escus  pour  fermer  les  yeux  à  l'évasion  de 
son  prisonnier,  d'aub.  Vie,  civ. 

—  ETYM.  Lat.  evasionem,  de  evadere  (voy.  évader). 
t  EVASIVEMENT  (é-va-zi-ve-man) ,  adv.  D'une 

manière  évasive. 

tÊVE  (è-v'),  s.  f.  La  femme  d'Adam,  la  mère 
du  genre  humain.  Saint  Augustin  nous  apprend 
qu'il  y  a  dans  chaque  homme  un  serpent,  une  Eve 
et  un  Adam  :  le  serpent  sont  les  sens  et  notre  na- 
ture, l'Eve  est  l'appétit  concupiscible,  et  l'Adam  est 
la  raison,  pascal,  Lett. à  Mme  Perrier,  <7  oct.  17BI. 
I)  No  connaître  un  homme  ni  d'Eve  ni  d'Adam,  ne 
le  connaître  nullement.  ||  On  dit  aussi  :  Il  ne  m'est 
ni  d'Eve  ni  d'Adam,  il  n'est  pas  mon  parent.  ||  Fille 
d'Eve,  se  dit  on  général  des  femmes,  et  surtout  d'une 
femme  curieuse. 

ÉVÊCHÉ  (é-vê-ché),  s.  m.  ||  1»  Territoire  soumis 
à  l'autorité  spirituelle  d'un  évêque.  Une  carte  dos 
évêchés  d'Afrique....  il  y  avait  on  Afrique  plus  de 
six  cents  évêchés,  dont  une  partie  n'était  que  de 
gros  bourgs  et  même  dos  châteaux,  fonten.  Delisle. 
Il  2"  La  dignité  épiscopale.  Un  autre,  ambitieux 
pour  les  vers  qu'il  compose.  Quelque  bon  bénéfice 
en  l'esprit  se  propose,  Et....  Méditant  un  sonnet, 
médite  un  évêché,  Régnier,  Sat.  ii.  L'on  a  eu  de 
grands  évêchés  pour  un  mérite  de  chaire,  qui  pré- 
sentement ne  vaudrait  pas  â  son  homme  une  simple 
prébende,  la  brut.  xv.  ||  8"  Siège  d'un  évêché.  On 
érigea  cette  ville  en  évêché.  ||  4"  Le  palais  épiscopal. 
AUer  à  l'évêché.  ||  B"  Les  trois  évêchés,  Metz,  Toul 
et  Verdun,  et  leur  territoire,  pris  sur  l'Allemagne 
par  Henri  II.  Le  département  de  la  Moselle  est  formé 
d  une  partie  dos  trois  évêchés. 

-—  hist.  XI"  s.  Se  ceo  fust  u  evesqué  u  abeîe, 
Lots  de  Cuil.  i.  ||  xiii"  s.  Tu  devroies  congnoistre 
es  clers  de  l'eveschié,  Liquel  ont  bon  engin,  liquel 
lont  cmpeschié,  j.  DE  MEUNo    Test   697. 


EVE 

—  ÉTYM.  Provenç.  ecejcal,  avescat,  bisbat  ;c3.t. 
bisbat;  espagn.  obispado;  portug.  bispado;  ital. 
vescovado;  du  latin  episcopatus,  de  episcopus,  évo- 
que (voy.  évêque).  Evêché  est  du  féminin,  comme 
duché,  comté,  dans  l'ancienne  langue  et  jusque 
dans  le  xvi"  siècle. 

t  ÉVECTION  (é-vé-ksion) ,  s.  f.  Terme  d'astro- 
nomie. Inégalité  périodique  que  l'on  a  observée 
dans  le  mouvement  de  la  lune  et  qui  est  due  à  l'at- 
traction solaire.  La  seconde  inégalité,  appelée  par 
quelques-uns  éveetion,  est  proportionnelle  au  sinus 
du  double  de  cette  même  distance,  moins  l'ano- 
malie moyenne  de  la  lune,  d'alehb.  Syst.  du  monde, 
Disc,  prélim. 

—  ËTYM.  Lat.  evectionem,  action  de  s'élever  en 
l'air,  de  evectum,  supin  de  evehere,de  e,  et  vehere, 
porter  (voy.  véhicule). 

ÉVEIL  (é-vèll.  Il  mouillées),  s.  m.  ||  l'Action 
d'éveiller.  Peu  usité  au  propre.  ||  2°  Fig.  Avis  donné 
à  quelqu'un  sur  une  chose  qui  l'intéresse  et  à  la- 
quelle il  ne  pensait  pas.  C'est  lui  qui  m'en  a  donné 
l'éveil.  Vous  saurez  que  c'est  moi  qui  donnai  l'éveil 
à  nos  astronomes,  marmontel,  Cont.  iiior.  Con- 
naiss.  ||  Tenir  en  éveil,  tenir  attentif.  ||  Etre,  se  tenir 
en  éveil,  être  attentif,  sur  ses  gardes. 

—  HIST.  xm"  s.  Certes,  Dangier,  moult  me  mer- 
veil  Que  vous  n'estes  en  grant  esveil  De  garder  ce 
que  vousdevés,  la  Rose,  3724.  ||  xv"  s.  Le  cheva- 
lier, qui  les  voit  venir  par  l'esveil  du  preudhomme, 
se  leva,  puis  print  son  escu  et  sa  lance,  Perce  forât, 
t.  IV,  f"  127. 

—  ÉTYM.  Voy.   ÉVEILLER. 

t  ÊVEILLABLE  ( é-vè-lla-bl',  »  mouillées),  adj. 
Qu'on  peut  éveiller.Une  curiosité  facilement  éveillaliie. 

ÉVEILLÉ,  ÊE(é-vè-llé,  liée,  iimouillées),  pari. 
passé.  Il  1°  Qui  a  cessé  de  dormir;  qu'on  a  tiré  du 
sommeil.  Éveillé  par  le  bruit.  Éveillé  avant  le  jour 
Il  2°  Excité,  suscité.  Les  admirations,  les  sympathies 
éveillées  dans  son  cœur.  ||  3°  Gai,  vif.  Il  a  l'air 
éveillé.  Les  petites  de  Valençais  qui  sont  fort  éveil- 
lées, sÉv.  362.  Elle  était  des  plus  jeunes  et  des  plus 
éveillées ,  et  rassemblait  chez  elle  ce  qu'il  y  avait 
de  plus  jeunes  femmes,  m""  delafaïette,  Mém. 
cour  de  France,  t.  m,  p.  44,  dans  pougens.  Si  ces 
yeux  éveillés  que  vous  savez  si  bien  faire  parler.... 
J.  j.  Rouss.  Hél.  II,  te.  Il  Familièrement.  Cotte  femme 
est  bien  éveillée,  elle  a  de  la  vivacité  dans  le  ton, 
et  de  la  liberté  dans  les  manières.  ||  Éveillé  comme 
une  potée  de  souris  (voy.  potée).  ||  Substantive- 
ment. C'est  un  éveillé.  C'est  une  petite  éveillée. 
C'est  ce  petit  éveillé  de  Gil  Blas  qui  avait  plus  d'es- 
prit qu'il  n'était  gros,  lesage,  Gil  Blas,  z,  2.  J'é" 
tais  un  éveillé,  un  gaillard;  ce  qui  me  fit  surnom- 
mer le  garçon  de  bonne  humeur,  id.  Est.  Gonx, 
ch.  I.  Sans  compter  que  le  diable  est  un  éveillé  qui 
pourrait  bien  tenter....  mabivaux  ,  Paysan  parv- 
2"  part.  Il  4"  Avisé,  soigneux.  Gens  éveillés  et  aler- 
tes surtout  ce  qu'ils  croient  leur  convenir,  la  brut. 
viiL  115"  Gaillard,  leste.  Ils  lui  faisaient  des  contes 
assez  éveillés,  hamilt.  Gramm.  H. 

ÉVEILLER  (é-vè-Ué,  ii mouillées,  et  non  é-vè-yé), 

V.  a.  Il  1°  Tirer  quelqu'un  du  sommeil Les  souri» 

et  les  rats  Semblent,  pour  m'éveiller,  s'entendre  avec 
les  chats,  boil.  Sat.  vi.  Oui,  c'est  Agamemnon, 
c'est  ton  roi  qui  t'éveille,  rac.  Iphig.  i,  (.11  faut 
que  tous  les  jours  j'éveilla  tout  mon  monde, 
ID.  Plaid.  I,  7.  Dans  mon  réduit  où  l'on  voit  l'indi- 
gence. Sans  m'éveiller  assise  àmon  chevet,  bêrano. 
Dieu  des  bonnes  gens.  \\  2"  Fig.  Donner  de  la  gaieté. 
Il  est  mélancolique,  il  lui  faudrait  quelque  chose 
qui  l'éveillftt  un  peu.  ||  Rendre  plus  jctif.  L'ambition 
l'a  éveillé.  ||  3"  Stimuler,  exciter.  Éveiller  les  soup- 
çons, la  jalousie.  Mais  laissez-no'is  le  temps  d'éveil- 
ler un  parti,  volt.  Mérope,  v,  3.  C'est  moi  qui  U 
première  éveillai  son  courage,  ducis,  Macbeth,  U, 

2.  L'aspect  d'un  tel  censeur  éveille  ses  remords,  le- 
merc.  Agamemnon,  i,  i.\\  Absolument.  Il  faut  qua 
sa  douceur  [de  l'idylle]  flatte,  chatouille,  éveille, 
BOiL.  Art  p.  II.  Il  4°  Faire  naître.  Quelle  foule  d'i- 
dées j'éveille  dans  son  cerveau  par  ce  pou  de  moisi 
J.  J.  rouss.  Ém.  III.  Il  5°  S'éveiller,  v.  réfl.  Sortir  du 
sommeil.  U  s'endort,  il  s'éveille  au  son  des  instru- 
ments, BAC.  Eslh.  II,  9.  Il  Kig.  Il  n'est  pas  mauvais 
que  le  peuple  s'éveille  de  temps  en  temps,  retz,  it, 
t-^8.  [6  roi]  Il  est  temps  que  tu  t'éveilles:  Dans  la 
sang  innocent  ta  main  va  se  plonger,  rac.  Eslh.  lU, 

3.  IIS"  Prendre  de  la  vivacité,  en  parlant  de  choses. 
Aussitôt  des  objets  les  images  pressées  En  foule  s'é- 
veillaient dans  ses  vastes  pensées ,  delille,  Imag. 
v.  Dans  mon  cœur  attendri  quel  sentiment  s'éveille'? 
c.  DKLAV.  Pario,  III,  A.  Il  Proverbe.  N'éveillez  pa», 
ou,  il  ne  faut  pas  éveiller  le  chatqui  dort,  c'est-à-dire 
ne  rappelez  pas  une  mauvaise  afTa're  assoupie. 


EVE 

—  SYN.  ÉVEILLER ,  RÉVEILLER.  Ces  tleux  verbes  ne 
diffèrent  que  par  le  préfixe  re,  qui  marque  rôdupli- 
calion  de  l'action.  On  dort  et  on  s'éveille;  on  se  ren- 
dort et  on  se  réveille.  Cette  distinction  est  réelle  ; 
mais,  dans  l'usage,  on  la  néglige  souvent  :  Je  vous 
réveillerai  demain  à  six  heures. 

HIST.  XI'   s.  Charles  se  dort,  qu'il  ne  s'es- 

veiUemie,  Ch.  de  Roi.  lv.  ||  xif  s.  As  oroilles  vient 
la  parole,  Ausi  come  li  vanz  qui  vole.  Mes  n'i  areste 
ne  demore,  Se  li  cuers  [cœur]  n'est  si  esveilliez  Qu'au 
prendre  soit  apareillie/,  crestien  de  troies,  Chev. 
au  lyon,  v.  (57.  Li  sainz  huem  ne  fist  mie  ses  ser- 
vans  esveiUier,  Th.  le  mart.  (Oi.  ||  xiii*  s.  Et  que 
or  avoit  li  rois  d'Espaigne  enveillet  le  chien  qui  dor- 
moit,  Chr.  de  Bains,  p.  74.  Car  mesdisant  félon  et 
de  put  aire  Font  les  amans  à  grant  dolor  languir, 
Qui  sont  louzjors  esveillé  de  mau  faire,  Quant  on 
cuide  que  il  doient  dormir.  Poésies  mss  avant  I300, 
t.  IV,  p.  1468,  dans  lacurne.  Mez  seulement  pour 
le  grant  amour  que  il  aen  nous,  nous  esveille  [Dieu] 
|iar  ses  menaces,  joinv.  285.  ||xv«  s.  Plus  esveillé 
qu'un  rat,  louis  xi,  Nouv.  n.  11  appela  son  varlet, 
qui  estoit  un  galant  tout  esveillé,  id.  ib.  xviii. 

—  ÉTVM.  Provenç.  esvelhar,  esveillar;  ital.  sve- 
gliare;  du  lat.  evigilare,  s'éveiller,  de  e,  ex,  elvi- 
gilare,  veiller. 

I  lîVEILLEUR  (é-vè-Ueur,  «mouillées),  s.  m.  Ce- 
lui qui  éveille.  L'amour  est  l'éveiUeur  suprême;  L'âme, 
la  belle  au  bois  dormant,  m""'  ackermann,  dans  la 
Revue  de  l'inslruc.  publique,  (8  juin  1863,  p.  (82. 

t  ÉVEILLURE  (é-vè-llu-r' ,  Il  mouillées) ,  s.  f.  Creux 
naturels  qui  se  trouvent  dans  les  meules  des  moulins. 

ÉVÉNEMENT  (é-vè-ne-man),  s.  m.  ||  1°  Tout  ce 
qui  arrive.  Beaucoup  d'événements  ont  démenti 
leurs  causes,  rotrou,  Antig.  i,  2.  Conseils  marqués 
par  le  doigt  de  Dieu,  dont  l'empreinte  est  si  vive  et 
si  manifeste  dans  les  événements  que  j'ai  à  traiter, 
qu'on  ne  peut  résister  à  cette  lumière,  boss.  Iteine 
d'Angles.  Le  monde  cependant  se  rit  de  mes  excu- 
ses, Croit  que,  pour  m'inspirer  sur  chaque  événe- 
ment, Apollon  doit  venir  au  premier  mandement, 
iioiL.  Épit.  VI.  Les  choses  de  dehors  qu'on  appelle 
les  événements  sont  quelquefois  plus  fortes  que  la 
raison  et  que  la  nature,  la  bruy.  vi.  Après  cela, 
sa  vie  [de  M.  Parent]  n'a  plus  d'événements,  et  n'en 
3.  peut-être  été  que  plus  heureuse,  fonten.  Parent. 
C'est-à-dire  qu'il  vous  faut  des  hommes  communs  et 
des  événements  rares  ;  je  crois  que  j'aimerais  mieux 
le  contraire,  j.  i.  Rouss.  Hél.  i'  préface.  ||  Faire  évé- 
nement, causer  un  sentiment  de  surprise.  Dans 
cette  maison,  les  actions  honnêtes,  délicates,  ver- 
tueuses ne  peuvent  faire  événement,  geni.is.  Ad. 
et  Théod.  t.  iii,  lett.  68,  p.  BU9,  dans  pougens. 
Il  C'est  tout  un  événement,  c'est  une  grande  affaire, 
une  chose  inattendue.  ||  2°  Incident  dramatique.  Ce 
drame  est  plein  d'événements.  ||  3°  Issue,  bon  ou 
mauvais  succès.  Et  les  remèdes  que  je  tente  Demeu- 
rent sans  événement,  malh.  v,  5.  Ce  n'est  pas  à 
dire  que  Dieu  ne  s'ennuie  point  de  donner  de  bons 
événements  à  tous  nos  mauvais  conseils,  balz.  le 
Prince,  ch.  (B.  Nos  souhaits  ne  règlent  pas  l'évé- 
nement des  affaires,  m.  liv.  i,  lett.  3.  Mais  ce  n'est 
pas  assez  d'entreprendre  ardemment;  L'honneur  de 
l'entreprise  est  dans  l'événement,  botrou  ,  Antig. 
m,  B.  Qui  se  voulant  venger  pense  à  l'événement 
N'a  pas  ou  grand  courage  ou  grand  ressentiment, 
iD.  hélis.  a,  (7.  Jamais,  certes,  jamais  plus  beau 
commencement  N'eut  en  si  peu  de  temps  plus  triste 
événement,  mol.  l'Étour.  ii,  (3.  L'événement  n'a 
point  démenti  mon  attente,  rac.  Mitkr.  v,  (.Ce 
combat  doit,  dit-on,  fixer  nos  destinées;  Et  même, 
si  d'Osmin  je  compte  les  journées,  Le  ciel  en  a  déjà 
réglé  l'événement,  id.  Baj.  I,  2.  Ah!  de  tant  de 
conseils  événement  sinistre,  in.  ib.  iv,  7.  C'est 
par  trop  imiter  les  hommes  :  Nous  jugeons  par 
l'événement,  la  motte,  Fabl.  i,  (O.  Fatalité  con- 
traire à  l'événement  de  toutes  les  autres  batailles, 
où  les  blessés  sont  toujours  le  plus  grand  nombre, 
VOLT.  Louis  XV,  22.  Il  Dénoûment,  dans  une  pièce 
de  théâtre.  Chaque  vers,  chaque  mot  court  à  l'évé- 
nement, BoiL.  Art  p.  m.  Il  3°  Terme  de  jurispru- 
dence. L'événement  de  la  condition,  la  réaUsation. 
;|  4°  A  tout  événement,  loc.  adv.  X  tout  hasard, 
quoiqu'il  arrive.  Six  mille  hommes  Que....  Je  faisais 
tenir  prêts  à  tous  événements,  corn.  Pomp.  iv,  (. 
Dont  à  tout  événement  ils  puissent  tirer  parti,  j. 
j.  RGUss.  Ém.  m. 

—  Hisr.  xvi«  s.  Toutesfois  l'événement  de  Cippus 
[oe  qui  arrive  à]  est  mémorable,  mont,  i,  «2. 

—  ÉrY.M.  Lat.  evenire,  advenir,  se  faire,  de  e, 
et  venire,  venir. 

ÉVENT  (é-van),  j.  m.  ||  1°  L'exposition  au  vent, 
le  grand  air.  Mettre  des  marchandises,  des  bardes 

ÛICT.   DE  LA  LANGUE   FRANgAlit. 


EVE 

à  l'évent.  Il  Donner  de  l'évent  à  une  pièce  de  vin, 
y  donner  de  l'air  en  faisant  une  petite  ouverture 
par  en  haut.  ||  Fig.  et  familièrement.  Avoir  la  tète 
à  l'évent,  être  très-étourdi.  Ecoutez,  vous  avez  une 
têle  à  l'évent.  Dont  la  vivacité  pourrait  enfin  vous 
nuire,  dancourt,  Mme  Artus,  i,  B.  ||  Une  tête  à 
l'évent,  un  étourdi.  Elle  est  une  tête  à  l'évent,  th. 
CORN.  D.  César  d'Avalos,  i,  <.  Cette  tète  à  l'évent 
me  prend  pour  quelque  grue,  monfl.  Fille  capt. 
m,  3.  Il  2°  Altération  des  viandes  et  des  liqueurs  qui 
ont  été  exposées  trop  longtemps  au  grand  air.  Du 
lard  qui  sent  l'évent.  Du  vin  qui  a  de  l'évent.  ||  Fig. 
Je  craindrais...  Que  votre  vin....  Vu  le  long  temps 
qu'il  est  en  perce,  Se  sentit  un  peu  de  l'évent,  Ré- 
gnier, Louanges  de  Mac.  \\  Défaut  du  plâtre  éventé. 
Il  3°  Terme  d'Iiistoire  naturelle.  Nom  donné  aux  na- 
rines des  cétacés,  parce  qu'ils  rejettent  parla,  en 
soufflant,  l'eau  restée  dans  leur  bouche,  chaque  fois 
qu'ils  la  ferment  pour  avaler  leur  nourriture. 
Il  4" Terme  de  fondeur.  Nom  de  petits  rouleaux  de 
cire  qu'on  place  perpendiculairement  au  modèle, 
qu'on  entoure  d'une  enveloppe  de  terre  rouge  et  de 
fiente  de  cheval,  et  qu'on  soumet  au  feu  de  petites 
bûches  de  bois  rangées  autour  du  modèle;  la  cire  se 
fond,  et  il  reste  autant  de  petits  canaux  formés  par 
l'enveloppe  qui  s'est  durcie  qu'il  y  avait  d'évents. 
C'est  par  les  évents  que  s'échappe  l'air  chassé  parla 
matière  en  fusion.  ||  5°Terme  d'artillerie.  Différence 
en  moins  du  diamètre  du  boulet  au  cabbre  de  la 
pièce.  Aujourd'hui  on  ne  dit  plus  que  vent  en  ce 
sens.  Voy.  ce  mot.  ||  6°  Défectuosité  d'un  canon  de 
fusil,  d'une  mine,  qui  consiste  en  une  petite  ou- 
verture ou  fente  par  où  l'air  peut  passer.  ||  7°  Ancien 
terme  de  commerce.  Mesurer  une  pièce  sans  évent, 
la  mesurer  de  manière  qu'il  ne  reste  rien  par-des- 
sus l'aunage.  Faisons  très-expresses  défenses  aux- 
dits  gardes-jurés  et  aux  préposés,  d'auner  lesdites 
toiles  autrement  que  bois  à  bois  et  sans  pouce  ni 
évent,  Lett.  pat.  28  juin  t780,  art.  9. 

—  HIST.  XVI'  s.  Tenir  les  tonneaux  bien  bouchés, 
de  peur  de  l'esvent,  o.  de  serres,  2((. 

—  ÉTY.M.  Voy.  éventer. 

t  ÉVENTABLE  (é-van-ta-bl'),  aiij.  Qu'on  peut  éven- 
ter ;  qui  peut  s'éventer.  Cette  mine  sera  difficilement 
éventable;  une  liqueur  très-éven table,  legoarant. 

tÉVENTAGE(é-van-ta-j'),s.m.  ||  1°  Terme  de  tan- 
neur. Action  de  mettre  à  l'air  les  peaux  destinées  au 
chamoisage.  ||  2°  Terme  rural.  Action  d'étendre  sur 
le  sol  les  mauvaises  herbes  coupées  par  le  ratissage. 

—  ÉTYM.  Éventer. 

ÉVENTAIL  (é-van-lall.  Il  mouillées),  s.  m. 
Il  1°  Sorte  d'écran  portatif  avec  lequel  les  dames  s'é- 
ventent; il  est  en  papier  ou  en  étoffe,  plissé  en 
forme  palmée  ,  et  s'ouvre  et  se  ferme  à  volonté 
dans  ses  pbs.  Mon  éventail  resta  hier  une  grande 
seconde  à  terre  sans  qu'il  s'élançât  du  bout  de  la 
chambre  comme  pour  le  retirer  du  feu,  i.  j.  rouss. 
Ilél.  IV,  9.  Il  Recourir  à  son  éventail,  se  dit  d'une 
femme  qui  ouvre  son  éventail  pour  se  cacher  quand 
il  se  dit  ou  se  fait  quelque  chose  qu'elle  a  une  cer- 
taine honte  de  voir  ou  d'entendre.  Champfort  nous 
avait  lu  de  ses  contes  impies  et  libertins,  et  les 
grandes  dames  avaient  écouté  sans  avoir  même  re- 
cours à  l'éventail,  laharpë.  Prophétie  de  Caiotté. 
Il  Fig.  I!  se  dit  de  ce  qui  a  forme  d'éventail.  Le  ma- 
gnolia n'a  d'autre  rival  que  le  palmier,  qui  balance 
auprès  de  lui  ses  éventails  de  verdure,  chateaubr. 
dans  le  Dict.  de  bescherelle.  ||  2°  Espèce  de  cadre 
couvert  de  toile  ou  de  papier  qu'on  suspend  au  pla- 
fond, et  dont  on  se  sert,  dans  quelques  pays,  pour 
donner  du  vent  et  de  la  fraîcheur  eu  l'agitant.  J'ai 
un  éventail  qui  fait  un  vent  dans  ma  chambre  qui 
ferait  des  naufrages  en  pleine  mer,  balz.  liv.  ii, 
lett.  4.  Il  3°  Peinture  exécutée  sur  un  éventail. 
Toutes  vos  petites  compositions  ne  sont  que  de 
riches  écrans,  de  précieux  éventails ,  diderot  , 
Salon  de  (767,  (Euv.  t.  xiv,  p.  370,  dans  pougens. 
Il  4°  Terme  de  jardinage.  Tailler  un  arbre  en  éven- 
tail, lui  donner  par  la  taille  la  forme  d'un  éventail. 
Il  5°  Terme  de  marine.  Voiles  à  éventail,  voiles  dont 
les  laizes  sont  taillées  de  manière  à  venir  se  réunir 
aux  points  d'écoute.  ||  B"  Morceau  carré  de  bois  ou 
de  fer-blanc,  que  l'émailleur  place  entre  la  lampe  et 
lui,  pour  ne  point  être  incommodé  de  la  chaleur. 
Il  Tissu  d'osier  que  les  orfèvres  se  mettent  devant  le 
visage  pour  examiner  l'état  de  la  soudure.  ||  Treillis 
portatif  employé  dans  les  serres.  ||  Terme  d'art  mi- 
litaire.Espèced'aispour  couvrir  les  tireurs.  Il  7*Terme 
de  construction.  Croisée  dont  la  partie  supérieure 
se  termine  en  demi-cercle  ou  en  ovale.  ||8°  Un  des 
noms  vulgaires  de  l'agaric  comestible  (les  jardins. 
Il  Au  plur.  Des  éventail?. 

—  HIST.  XVI*  s.  Auprès  d'elle  de  beaux  petits  en- 


EVE 


1545 


fans,  avec  des  esventaux  en  leurs  mains,  dont  ilz 

l'esventoient,    amyot,   Anton.    3) Sans  le  mol 

esvtintail  [action  d'éventer]  De  ce  doux  vent....  r. 
belleau,  Berg.  t.  ii,  p.  (62,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Éventer. 

t  ÊVENTAILLIER  ( é-van-ta-Ué  ,  Il  mouillées), 
s.  m.  Marchand  d'éventails. 

ÉVENTAILLISTE  (é-van-ta-lli-sf.  Il  mouillées, 
et  non  é-van-ta-yi-st') ,  î.  m.  Celui  qui  fait  des  éven- 
tails. Il  Peintre  qui  ne  peint  que  des  éventails. 

—  ÉTYM.  Éventail. 

ÉVENTAIRE  (é-van-tê-r') ,  s.  m.  Sorte  de  plateau 
d'osier  sur  lequel  des  marchandes  de  fruits  et  de 
légumes  portent  leur  marchandise. 

—  REM.  C'est  une  faute  commune  et  grossière  de 
dire  inventaire,  au  lieu  d'éventaire;  elle  a  été  com- 
mise par  J.  J.  Rousseau  :  Une  petite  qui  avait  sur  son 
inventaire  une  douzaine  de  pommes,  Prom.  ix. 

—  ÉTYM.  Ainsi  dit  de  évent,  à  cause  que  les  mar- 
chandises y  sont  à  l'évent. 

t  ÉVENTE  (é-van-t'),  s.f.  Casier  pour  mettre  des 
chandelles. 

ÉVENTÉ,  ÉE  (é-van-té,  tée)  ,par(.  passé.  ||  l°Qui 
se  donne  de  l'air;  qui  reçoit  de  l'air.  Éventé  par  un 
large  éventail.  ||  2°  Altéré  par  l'évent.  Vin  éventé. 
Il  3°  Dont  on  empêche  l'effet,  en  parlant  d'une  mine, 
en  y  donnant  l'évent,  en  la  découvrant.  Mine  éven- 
tée. Il  Fig.  Ton  piège  est  découvert,  ta  mine  est  éven- 
tée,Tristan,  Mariane,  m,  2.  Un  dessein  éventé  suc- 
cède rarement,  corn.  Médée,  m,  4.  Que  ce  secret 
ne  soit  point  éventé,  la  font.  Aveux.  ||  4°  Étourdi, 
inconsidéré.  Il  n'est  enseignement  pareil  A  celui-là 
de  fuir  une  tête  éventée,  la  fcnt.  Fabl.  ix,  8.  Ou 
prit  ces  paroles  pour  des  propos  d'un  homme  éventé, 
BOSS.  Var.  (O.  Ses  airs  éventés  me  le  rendirent  in- 
supportaDle,  et  mon  air  froid  m'attira  son  aversion, 
J.  /.  ROUSS.  Co/ifes.  XI.  Il  Substantivement.  Que  l'on 
me  vît  connu  d'un  pareil  éventé,  mol.  Fdch.  i,  (. 
Ne  me  parle  jamais  de  ce  vieux  éventé,  dorat, 
Feinte  par  amour,  i,  1 .  Si  d'un  pied  étourdi  quelque 
jeune  éventé  Frappe  en  courant  son  chien  qui 
jappe  épouvanté,  La  voilà  qui  se  meurt  de  tendresse 
et  d'alarmes,  GiLB.te  XVI!I<^siècle. 

t  ÊVENTEMENT  (é-van-te-man),  s.  m.  Action 
d'éventer. 

—  HIST.  XVI'  s.  Trois  ou  quatre  fois  de  l'an,  les 
blés  du  grenier  seront  remués,  revisités  et  esventés 
avec  la  pelle;  tel  esventement  lui  profitera,  pour  le 
moins,  de  deux  ou  trois  pour  cent,  o.  deserres,  (39. 

—  ÉTYM.  Éventer;  provenç.  eventament. 
ÉVENTER  (é-van-té),  v.  a.  \\  1°  Agiter  l'air  avec 

un  éventail.  Des  gens  éventent  le  sultan  pendant  sa 
promenade.  ||  Mettre  au  vent,  exposer  au  grand  air. 
Il  faut  éventer  un  peu  ce  meuble.  ||  Éventer  du 
grain,  le  remuer  de  temps  en  temps  pour  prévenir 
la  fermentation.  ||  Soulever  les  étoffes  plongées  dans 
le  bain  d'alun  pour  leur  faire  prendre  l'air.  ||  Terme 
de  marine.  Éventer  la  quille,  abattre  en  carène  un 
vaisseau  jusqu'à  ce  que  sa  quille  paraisse  hors  de 
l'eau.  Il  2°  Altérer  par  l'exposition  à  l'air.  Eventer  de 
la  poudre,  du  levain.  ||  Éventer  une  liqueur,  une 
substance,  en  affaiblir  la  vertu  en  la  laissant  expo- 
sée à  l'air.  Il  Fig.  [Un  de  ces  hommes  qui]....  te- 
naient leur  doctrine  Non  dans  la  tête,  ains  dans 
certaine  hermine.  Bien  chaudement,  crainte  de 
l'éventer.  D'où  la  tiraient  quand  en  avaient  affaire, 
SAINT-GLAS,  Contcs  (1672),  cité  dans  le  Chasseur 
bibliographe,  2'  année,  n*  8.  ||  Terme  de  vénerie. 
Éventer  un  piège,  lui  ôter  l'odeur  qui  pourrait  en 
éloigner  l'animal.  |]  3°  Éventer  une  mine,  découvrir 
l'endroit  où  elle  est  pratiquée  et  en  empêcher 
l'effet.  Il  Fig.  Éventer  la  mine,  la  mèche,  la  pou- 
dre, pénétrer  un  dessein  secret  et  empêcher  qu'il  ne 
réussisse,  le  divulguer.  Messieurs  Basnage  et  moi 
serions  trouvés  enveloppés  dans  les  dépositions,  et 
il  [Jurieu]  se  glorifiait  d'avoir  été  le  premier  qui 
avait  éventé  la  mine  du  malheureux  complot,  di- 
sait-il, du  projet  de  paix  qui  se  tramait  en  Suisse, 
BAYLE,  Lett.  à  Minuloli,  (4  sept.  (693.  ||  On  dit 
dans  le  même  sens  éventer  un  complot,  un  secret. 
L'artifice  est  trop  lourd  pour  ne  pas  l'éventer, 
coEN.  Poly.  V,  1.  Un  confident  peu  sur,  un  parleur 
indiscret.  Qui  des  plus  retenus  évente  le  secret, 
hotr.  Bélis.  III,  4.  Fallut-il  éventer  les  conseils 
d'Espagne  et  découvrir  le  secret  d'une  paix  trom- 
peuse que  l'on  proposait  afin  d'exciter  la  sédition 
pour  peu  qu'on  l'eût  différée....  boss.  le  Tellicr. 
Il  4°  Terme  de  jardinage.  Éventer  un  oeil,  approcher 
la  coupe  très-près  de  cet  œil  ;  alors  il  ne  donne  plus 
qu'une  pousse  très-faible.  ||  Éventer  la  sève,  faire 
de  trop  grandes  plaies  aui  «rbres,  ou  tirer  sea 
coupes  trop  en  lougueur.  ||  6°  Terme  de  chassa 
Éventer  la  voie,  se  dit  du  chien  qui  trouve  une 

J.  -194 


iTM 


FTV'F 


Ht.  lUaùir  hirbar*  d—  homme»,  Vint  »ur  ineroe 

hT*/  ni    u    DrrTr»  U  premier.  «renU,  sa  de- 

„„  Im'  «„r*au  t  érenwr  leur  dîner,  comme  le 
eJil«a  érent.  le  Riber,  on  pnmpndra.t  peut-être  à 
Uur  perfectionner  Twlorat   «u   môme   point,  J.   i. 
tovuVÉm.  H.  Il  Abuolumcnt.  Lorsque  lo  loup  Teul 
iortir  du  boi»,  jamais  il  ne  manque  de  prendre  le 
Tent  il  «'arrêt*  lur  la  lisière,  évente  do  tous  côtés,  et 
nfoi'l  les  émanations....  Bvrr.  Lnup.  ||  Fig.  J'évente 
les  beautés  et  leur  plais  d'une  lieue,  REONAnn, 
Joueur,  III,  •'•!!••  Terme  de  marine.  Éventer  une 
foile,  la  disposer  de  manière  à  mettre  le  vent  do- 
dan».  Il  7'  Terme  de  charpentier   et  de   maçon. 
Sventer  une  pi^ce  de  bois,  une  pierre,  la  tirer  avec 
la  corde,  pondant  qu'on   la  monte,  pour  empêcher 
qu'elle  ne  heurte  contre  le  mur.  ||    8*  Eventer  une 
carrière,  éventer  le  tuf,  y  pénétrer,  y  faire  ouver- 
ture. Il»*  F.  n.  Terme  de  manège.  Lever  trop  le  nez 
en  parlant  du  cheval.  i|  10«  S'éventer,  «.  réfl.  Se 
donner    de    l'air.    S'éventer    pour    se   rafraîchir. 

LU'  Se  gâter  à  l'air.  Ce  vin  s'éventera  si  on  ne 
uche  la  bouteille.  ||  Avec  ellipse  du  pronom  per- 
sonnel. Pour  prendre  tous  les  jours  de  ce  vin,  on 
est  contr,iint  do  le  laisser  éventer,  Boss.  Déf.  eomm. 
Il  Fig.  M'ol.liger  à  porter  de  ces  petits  chapeaux  0»i 
laissent  éventer  leurs  débiles  cerveaux  [des  jeunes 
gens  à  la  mode],  hol.  ^e.  det  mar.  i,  <.  ||  Sire  dé- 
eouvert,  connu.  Le  secret  s'est  éventé. 

—  HIST.  xiu*  s.  Gandins  est  oissus  [sorti!  du 
tournois,  Parlonopex  enmaine  o  soi,  Pourax  [eux] 
eshatre  et  esvanter.  on  canoë,  ermiore.  Emmi  le 
pré  un  tas  avoitDe  fcin  qu'aOné  [rassemblé]  i  avoil, 
Por  esventer  et  por  fcncr,  Rm.  iiMU  Li  vens  me 
vient,  li  vens  m'e- vente.  Et  trop  sovent  Plusors  foies 
sent  te  veut,  rdtf.b.  36.  Il  l'esventoit  d'un  cuevre 
chief.  Et  si  lui  soiistenoit  le  chief.  Quant  elle  se 
clinoit  vers  terre,  Bl.  et  Jehan,  ta63.  ||  xiv*  s.  Se 
le  vin  sent  l'esventé,  Ménagier,  m,  3.  ||  iv*  s. 
Oui  ont  ouy  le  fait  compter  Et  l'yront  partout  es- 
vanter ,  coomLLAiiT  ,  Droiu  nouveaux.  ||  ivi'  s. 
Tant  plus  la  drogue  est  precieusn,  et  moins  se  doit 
esventor  [exposera  l'air),  maro.  Nouv.  lui.  Ayant 
de.Hcouvert  qu'il  avoit  esventé  un  secret  important 
qu'il  luy  avoit  fié,  hont.  n,  as.  Les  passions  s'a- 
languissent  en  s'esventant  et  en  s'exprimant,  ID. 
III,  «46.  J'esvenle  peu  mes  propositions  [projets], 
ID.  tv,  ti.  Je  ne  fus  pas  si  tost  esventé  [on  ce  sut 
pas  plus  tAt  ma  sortie],  que  voyià  trois  ou  quatre 
cavalcades  de  divers  lieux  pour  m'attraper,  m.  iv, 
a».  Les  ruses  et  subtilitez  que  l'on  pourroit  ap- 
prendra es  livres,  ne  serviroient  non  plus  que  les 
mines  e^ventécs,  amyot.  Préf.  a,  36.  Crœsus  com- 
mença à  l'estimer  homme  de  cervelle  esventée, 
ou  grossier  et  sans  jugement,  id.  Sol.  67.  Il  com- 
manda k  ceuli  qui  estoient  soubz  sa  charge,  qu'ilz 
l'en  retournassent  au  pals  sans  esventer  ny  publier 
sa  mort,  m.  Ci'mon,  Ss.  En  quatre  coups  de  nez,  il 
(le  chien)  esvente  une  plaine.  Et,  guidé  de  son 
flair,  i  petits  pas  se  traine  Le  front  droit  au  gibier, 

«DNS.  S3». 

—  ETYM.  É  ponr  et....  préfixe,  et  vent;  provenç. 
esrenlar.  rrrnfar;  ital.  «renlar». 

i  CVKNTEUB,  F.rSF.  (é  vanteur,  teû-z'),  ».  m. 
«t  /.  Celui,  celle  qui  évente. 

—  ETYM.  Érenler.  Esrenteur.  dans  habot,  ni 
«»»,  lignifie  celui  qui  évente,  qui  fait  connaître    ' 

t  ÉVEJITIP,  IVE  (é-van-tif,  ti-v),  adj.  Oui  peut 
advenir.  Il  faut  bien   savoir  les  lois   des  sorts,  les 
prol)abilité5  éventives,  pour  juger  quelle  prédiction 
ne    peut  s'accomplir  sans   miracle,'  j.  j.  rouss 
Ém.  IV. 

—  f TYM  IM.  erentum,  supin  de«c;ntr«,  advenir. 
t  ÉVEVriLl.ER  (é-van-ti-llé,  «  mouiUées),  v.  n. 

Terme  de  fauconnerie.  Secouer  tes  ailes  en  restant  i 
U  même  place  dans  l'air. 

—  ETYM.  Lat.  gventilare,  exposer  au  Tent;  de  « 
et  ttniut,  Tent.  ' . 

ÉVHITOlR(é-van-toir),  i.  m.  [jf  Sorte  d'éven- 
ttil  grossier  dont  on  se  «ort  dans  les  cuisines  pour 
aunmer  les  charbons,  jj  V  Ouverture  de  la  voie  qui 
••  fait  au-dessus  de  l'ouvrier,  dans  une  houillère; 

HIST.  xiv>  ..  Le  suppliant  trouva  d'aventure 
»n  "venlour  de  plumes,  duquel  il  esventa  le  feu 
oùlonf»,,o,tUdilte  fausse  monnoye,  docangr. 
ÎÎÎÎ^.'J' "'".'•  ,'^"'™''"'"  «ervesou  roposoiri 
I^'^iLTh"^'"  '""'""''™  «»'"'  de  vingt  en 

i  tramiATIOII  (é-Tan-tra-lon). ,.  f.  Terme  de 


EVE 

chirurgie.  Hernie  qui  se  fait  en  un  point  quelconque 
des  parois  abdominales,  par  une  ouverture  acciden- 
telle. Il  Plaie  pénétrante  do  l'abdomen  avec  issue 
d'une  portion  des  viscères. 

—  ETYM.  Éventrer. 

ÉVEHTRÊ,  ÉB  (évan-tré,  trée),  porl.  patte. 
Dont  le  ventre  a  été  ouvert.  Un  chien  éventré  par 
le  sanglier.  ||  Fig.  Ouand,  par  les  rois  chrétiens 
aux  bourreaux  turcs  livrée,  La  Grèce,  notre  mère, 
agonise  éventrée,  T.  nuoo,  F.  d'aut.  *0. 

ÉVENTREB  (é  van-tré),  «.  a.  ||  f  Ouvrir  le  ven- 
tre. 81  le  tigre  a  mis  à  mort  quelques  gros  animaux, 
il  ne  tes  éventro  pas  sur  la  place,  bupp.  Tigre.  Faire 
des  araignées  pour  éventrer  des  mouches,  voi-t. 
Jenni,  8.  ||  Terme  de  chasse.  Blesser  avec  le  bou- 
toir. Le  sanglier  éventra  plusieurs  de  nos  chiens. 
Il  f  Par  extension,  ouvrir  en  coupant.  Eventrer  un 
pâté.  Il  Éventrer  un  portefeuille,  un  portemanteau, 
les  ouvrir  en  les  fendant  et  sans  se  servir  de  la  clef. 
Il  Terme  de  marine.  Percer  une  voile,  dans  un  dan- 
ger. IIS"  S'éventrer,  v.  rifl.  S'ouvrir  le  ventre.  Le 
Japonais  s'éventre  par  point  d'honneur. 

—  HIST.  XVI*  s.  Après  avoir  saigné  et  peDé  le  pour- 
ceau, ils  lui  couppent  la  teste  et  les  quatre  jambes, 
pour  en  faire  des  jamlions  :  est  fendu  de  long  en 
long  par  le  dos,  puis  est  eventré .  les  intestins  sont 
emploies  avec  le  sang....  Le  lard  est  divisé  en  trois 
parties:  le  ventre  et  les  deux  espis,  o.  db  serres, 

838. 

—  ÉTYM.  E  pour  es....  préfixe,  et  «entre. 
ÉVENTUALITÉ  (é-van-tu-a-li-té),  ».  ^.Caractère 

de  ce  qui  est  éventuel.  L'éventualité  d'une  clause, 
d'un  traité.  ||  Événement  futur,  incertain.  Les  éven- 
tualités de  la  guerre. 

—  ETYM.  ^cenfiie!. 

ÉVENTUEL,  ELLE  (é-van-tu-èl,  h-V),  adj.  Qni 
est  subordonné  à  quelque  événement  incertain. 
Clause,  condition  éventuelle.  Tout  cela  n'est  qu'é- 
ventuel. Il  Protits  éventuels,  profits  qui  ne  sont  pas 
fixes  et  réguliers.  ||  Traitement  éventuel,  et,  subs- 
tintivement ,  l'éventuel,  traitement  attribué  aux 
professeurs  des  facultés  et  des  lycées,  et  prélevé 
pour  les  premiers  sur  les  droits  d'examen,  et  pour 
les  seconds  sur  la  pension  et  les  frais  d'études  payés 
par  les  élèves. 

—  ÉTYM.  Lat.  fictif,  eeenfuaîi»,  de  eventus,  évé- 
nement, de  ecenire,  advenir,  da  e,  et  lenire, 
venir. 

Ê'VENTUELLEMENT  (é-van-tu-è-le-man),  adv. 
D'une  manière  éventuelle.  Il  a  eu  cette  succession 
éventuellement. 

—  ETYM.  Éventuelle,  et  le  suffixe  mcnl. 

t  ÉVENTURE  (é-van-lu-r'),  «.  f.  Crevasse  dans 
un  canon  de  fusil. 

—  ÉTYM.  Éventer. 

ÉVÊQtTE  (é-vê-k'),  ».  m.  ||  !•  Prélat  chargé  de 
la  direction  spirituelle  d'une  circonscription  terri- 
toriale qui  fut  réglée  dans  l'origine  sur  les  diocèses 
de  l'administration  romaine  et  qui  comprend  un 
certain  nombre  de  paroisses.  Nommer,  préconiser 
un  évêque.  Les  évêques  ont  le  titr?  de  Monsei- 
gneur. Le  chapitre  où  il  est  dit  que,  si  un  pape 
parlant  d'un  évêque  l'appelle  son  fils  au  lieu  de  l'ap- 
peler son  frère,  au  préjudice  da  la  société  qui  est 
entre  lui  et  tous  les  évêques  du  monde  dans  l'épi- 
scopat,  l'acte  oii  se  trouve  une  telle  expression  soit 
nul,  PAsc.  Prov.  19.  Les  évêques,  écrivante  Louis, 
frère  de  Charles  le  Chauve,  lui  disaient:  Ayez  soin 
de  vos  terres,  afin  que  vous  ne  soyez  pas  obligé  de 
voyager  sans  cesse  par  les  maisons  des  ecclésias- 
tiques, et  de  fatiguer  leurs  serfs  par  des  voitures, 
MONTESO.  Esp.  xix,  13.  Comme  les  comtes  menaient 
les  hommes  libres  à  la  guerre,  les  leudes  y  me- 
naient aussi  leurs  vassaux  ou  arrière-vassaux  ;  et 
les  évêques,  abbés,  ou  leurs  avoués  y  menaient  les 
leurs,  ID.  ib.  XXX,  17.  Umourut  comme  était  mort 
Fénelon,  et  comme  tout  évêque  doit  mourir,  sans 
argent  et  sans  dettes,  d'alems.  Éloges,  Massillon. 
Il  Evêque  l'n  partibus  tn/ide iiutn ,  on ,  simplement  et 
par  abréviation,  évêque  in  partibus,  évêque  dont 
le  diocèse  est  dans  les  pays  des  infidèles,  et  qui, 
par  conséquent,  n'a  point  de  siège  effectif.  ||  Dispu- 
ter, se  débattre  de  la  chape  à  l'évêque,  voy.  chape. 
Il  8*  Quelques  communions  protestantes  ont  gardé 
l'épiscopat,  par  exemple  l'Église  anglicane.  Car  que 
peuvent  des  évêques  qui  ont  anéanti  eux-mêmes 
l'autorité  de  leur  chaire  et  la  révérence  qu'on  doit  à 
la  succession,  en  condamnant  ouvertement  leurs 
prédécesseurs  jusqu'il  la  source  même  de  leur  sacre, 
c'est-k-dire  jusqu'au  pape  saint  Grégoire  et  au  saint 
moine  Augustin  son  disciple  et  le  premier  apôtre  de 
la  nation  anglaise?  boss.  Jleinc  d'Anglet.  jj  8*  Évê- 
que des  champs,  ou  évêque  de  campagne  qui  donne 


EVE 

la  bénédiction  par  les  pieds,  ancienne  locution 
pour  dire  pendu.  [Nous]  Eussions  été  par  ces  mé- 
chants Faits  au  moins  évêques  des  champs,  «CARHON, 
Virg.  III.  Il  Évêque  d'Avranches,  s'est  dit  pour  pe- 
naud (on  ignore  d'où  vient  cette  locution).  [Il 
s'agit  du  diable  qui  voulait  happer  l'âme  de  Dagu- 
bert  mourant,  et  passa  près  d'un  saint]  qui  se  mil 
en  prières  Pour  que  cette  âme  esquivât  les  chaU' 
diëres  Du  faux  glouton,  qui  reparait  bientôt  Non 
pas  al&gre  et  gai  comme  tantôt.  Hais  traînant  l'aile 
et  la  queue  et  la  hanche,  Penaud,  maté,  tout  évê- 
que d'AvranehCf  piRon,  Conte dtVagr>bert.  ||  4°  Nom 
da  plusieurs  oiseaux  d'Amérique,  à  plumage  bleu, 
du  genre  du  tanftara.  ||  B"  Pierre  d'évêque,  sorte  de 
quartz  améthyste;  ainsi  dite,  parce  qu'on  fait  avec 
cette  pierre  les  chatons  des  anneaux  pastoraux 
116"  Bonnet  d'évêque,  nom,  au  théâtre,  des  petites 
loges  du  cintre,  ainsi  dites  à  cause  de  leur  forme. 
Il  7°  Détacher,  découper,  faire  le  bonnet  d'évêque, 
se  dit  d'une  manière  de  découper  une  dimle  qui 
consiste  à  détacher  les  cuisses  d'un  seul  morceau 
avec  le  croupion  ;  ce  morceau,  posé  debout  avec  le 
croupion  en  l'air,  a  quelque  ressemblance  aTec  une 
mitre.  ||  Proverbe.  Devenir  d'évêque  meunier,  pas- 
ser d'une  bonne  à  une  médiocre  condition,  déchoir. 
On  le  dépouilla  de  son  riche  bénéfice,  pour  le  faire 
évêque  Je  Zamora,  petit  diocèse  de  quatre  mille 
écus  de  rente;  c'était  en  quelque  sorte  devenir  d'é- 
vêque meunier,  lesage,  Bachel.  de  Salam.  ch.  73. 
Il  Quelques-uns  croient  qu'on  disait  primitivement 
d'évêque  devenir  aumônier,  d'après  certain  conte 
que  l'on  rapporte,  de  brieux.  (Il  n'y  a  aucune 
trace  de  cette  prétendue  ancienne  manière  de  dire.) 
||Dn  chien  regarde  bien  un  évêque,  voy.  cbien.  ||  Le 
proverbe  a  dit  autrefois:  Évêque  d'or,  crosse  de  bois; 
Mais  tout  au  rebours  il  dit  or  [maintenant]  :  Ëvêque 
de  bois,  crosse  d'or. 

—  HIST.  XI*  s.  Assez  i  ad  evesques  et  abés,  Ch. 
de  Uol.  Il  xir  s.  En  la  terre  le  conte  de  Champaigne 
se  croisa  Gamiers  li  Tesques  de  Troics,  villeh.  m. 
Le  soudanc,  qui  estoitjoene  et  legiers,  s'enfui  en  la 
tour  que  il  avoit  fet  faire,  avec  trois  de  ses  eves- 
ques [imans]  qui  avoient  mangié  avec  li,  joinv.  245. 
Il  XVI'  s.  Flambeau  de  la  guerre  civile  Et  porte-en- 
seigne des  méchants,  Si  tu  n'es  evesque  de  ville, 
Tu  seras  evesque  des  champs,  Sat.  Uénippée,  Sur 
un  cur^  séditieux.  Qui  m'ont,  par  le  moyen  du  feu 
roi,  fait  de  meunier  devenir  evesque,  ib.  Haran- 
gue de  M.  le  recteur  Rose. 

—  ÉTYM.  Provenç.  evesques,  avesqne,  vesque, 
bisbe;  espagn.  obispo;  portug.  bispo;  ital.  vescoio; 
du  latin  episcopus,  de  iitCoxoito;,  proprement  sa  - 
veillant,  de  éizl,  sur,  et  «Txomïv,  examiner.  L'an- 
cien françab  disait  evesque  et  vesque;  cette  der- 
nière forme  provient  du  provençal,  qui  lui-même 
fait,  bien  que  rarement,  comme  l'italien,  le  retran- 
chement de  la  première  syllabe  du  mot. 

t  ÊVEROLE  (é-ve-ro-l'),  s.  f.  Ampoule  ou  ves- 
sie qui  vient  sur  la  peau.  Expert,  il  en  savait  cre- 
ver ses  éveroles,  Régnier,  Sat.  i. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  eve,  eau  :  ampoule  pleine 
d'eau. 

t  ÉVERRER  (è-vè-ré),  V.  a.  Terme  de  vétéri- 
naire. Enlever  sous  la  langue  des  chiens  un  petit 
nerf  qu'on  a  pris  pour  un  ver  occasionnant  la  rage. 

—  HIST.  xvi*  s.  Esverer,  cotgrave. 

—  ETYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  fer. 

f  ÉVERSIF,  IVE  (é-ïèr-sif,  si-v'),  adj.  Qui  ren- 
verse, qui  détruit.  U  est  aisé  de  voir  combien  ces 
dernières  expériences  sont  éversives  de  l'opinion 
de  M.  Priestloy  sur  la  phlogislication  de  l'air  par 
la  combustion,  lavoisier,  Mémoire  sur  la  com- 
bustion des  chandelles  dans  l'air  atmoiphéri- 
que,  <777. 

—  SYN.  ÉvERSiP,  subversif.  Cbs  deux  mots  ne 
difiTirent  que  par  le  préfixe.  Éversif  se  dit  de  ce  qui 
renverse;  subversif,  de  ce  qui  bouleverse.  Aussi 
dira-t-on  éversif  d'une  doctrine  et  non  subversif;  et 
subversif  de  la  société  plutôt  que  éversif. 

—  t.rru.  Voy.  ÉvERSioN. 

ÉVERSION  (é-v6r-sion;  envers,  de  quatre  sylla- 
bes), I.  f.  Ruine,  renversement  d'une  ville,  d'un 
Etat. 

—  HIST.  XV'  s.  Elle  trouvera,  dans  les  histoires, 
destructions  de  maisons,  eversions  de  royaumes  et 
de  seigneuries,  amtot,  />e /o  curiositf^,  *o. 

—  ÉTYM.  Lat.  eversionem,  de  eiersum,  supin  de 
evertere,  renverser,  de  «,  et  vtrtere,  tourner  (voy. 

VERSION). 

ÉVERTUER  (S')  (é-vèr-tu-é),  v.réfl.  ||  l*  Faire 
vertu,  faire  cfi'ort  pour  arriver  à  quelque  chose  da 
louable;  s'efi'orcer  de.  Il  n  est  pas  digne  d'un  chré- 
tien de  ne  s'évertuer  contre  la  mort  qu'au  moment 


EVI 

qu'elle  se  présente  j  our  l'enlever,  boss.  Mar.-Ther. 
Il  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet.  Ma  constance 
contre  elle  à  regret  s'évertue,  corn.  Hor,  ii,  5. 
Il  2*  n  se  dit  aussi  de  tout  effort.  L'alarme  vient  trop 
tard,  en  vain  on  s'évertue,  tristan,  Panth.  n,  3. 
Il  laisse  la  tortue,  Elle  part,  elle  s'évertue,  la  font. 
Fabl.  VI,  )0.  Lorsqu'à  la  bien  chercher  d'abord  on 
s'évertue  [la  rime],  boil.  Art  p.  i.  Honteux  d'un 
trop  long  silence,  je  m'évertuais  pour  relever  l'en- 
tretien ,  J.  J.  RODss.  Confess.  ix.  Notre  siècle , 
penseur  brutal.  Contre  Delille  s'évertue,  bérano. 
Couplet.  Il  Absolument.  Se  remuer,  donner  signe 
d'activité.  Allons,  qu'on  s'évertue,  rao.  Plaid,  m,  3. 

—  REM.  Régnier  a  dit  s'évertuer  de  :  En  vain  de 
le  cacher  mon  respect  s'évertue,  Élég.  v.  Cette  con- 
struction, qui  est  un  archaïsme,  n'a  rien  qui  soit 
contraire  à  la  grammaire. 

—  HIST.  XI*  s.  [Il]  Met  sei  sur  piet,  quanqu'il  pot, 
s'esvertue,  Ch.  de  Roi.  clxvii.  ||  xiii'  s.  Pour  l'a- 
nior  la  pucele  [il]  s'esvertue  et  esforce;  Les  escus 
froisse  et  fent  com  s'il  fussent  d'escorce,  audefr. 
LE  BAST.  Homancero,  p.  <9.  Adono  d'amis  me  re- 
sovint;  Esvertuer  lors  me  convint,  la  Rose,  7270. 
Amors  li  entre  ou  cuer,  et  11  sans  h  remue;  De  de- 
sirrier  fremist  et  d'espoir  s'esvertue,  ruteb.  i,  432. 
Dans  Pierres  li  ermites  à  la  barbe  canue  Del  ferir 
sor  les  Turcs  durement  s'esvertue,  Ch.  d'Ant.  viii, 
f  136.  Il  XVI*  3.  Eux  qui  sont  soubmis  à  la  royauté, 
doyvent  esvertuer  toutes  leurs  forces  pour  faire  ser- 
vice à  leur  souverain,  amyot,  Épit. 

—  ÉTYM.  ^poures....  préfixe,  et  vertu;  provenç. 
esvertudar. 

t  EVHÉ.MÉRISME  (e-vé-mé-ri-sm'),  s.  m.  Terme 
de  philosophie.  Système  suivant  lequel  les  dieux  du 
paganisme  étaient  regardés  non  comme  des  person- 
nages divins,  mais  comme  des  personnages  hu- 
mains divinisés  par  la  reconnaissance  ou  la  folie  des 
hommes. 

—  ÉTYM.  Evhémère,  philosophe  grec,  auteur  de 
ce  système. 

t  EVHÉMÉRISTE  (e-vé-mé-ri-sf) ,  j.  m.  Partisan 
de  l'evhémérisme. 

ÉVICTION  (é-vi-ksion),  s.  f.  Terme  de  juris- 
prudence. Dépossession  que  l'on  subit,  en  vertu 
d'une  sentence  ou  d'un  droit  exercé  de  quelque 
autre  façon,  d'Uïie  chose  qu'on  avait  acquise  de  bonne 
foi.  Subir  l'éviction.  Garantir  de  l'éviction.  Le  ven- 
deur est  garant  de  l'éviction  que  l'acheteur  peut 
souffrir.  Il  Avant  le  code  de  procédure,  on  donnait  le 
nom  d'éviction  à  la  sentence  même  qui  ordonne  le 
délaissement  de  l'objet. 

—  HlST.  xiu'  s.  Et  ferons  quant  que  loiaul  van- 
deor  puent  [peuvent]  faire  ne  doivent  an  toute  cause 
d'evicion,  BiU.  des  chartes,  4"  série,  t.  ii,  p.  tes. 
||  xvi"  s.  En  chose  vendue  par  décret  [autorité  de 
justice]  éviction  n'a  point  de  lieu  [la  vente  judiciaire 
purgeant  les  hypotlièques],  loïseù,  411. 

—  ÉTYM.  Lat.  evictioiiem,  de  evictum,  supin  de 
evincere,  évincer  (voy.  évincer). 

I  ÉVIDAGE  (é-vi-da-j'),  s.  m.  Action  d'évider. 

ÉVIDÉ,  ÉE  (é-vi-dé,  dée),  part,  passé.  Creusé 
en  cannelure.  ||  Échancré.  Une  table  évidée,  un 
bassin  très-plat,  j.  j.  rouss.  Ém.  m.  ||  Toile  évidée, 
toile  qui  est  percée  ou  découpée  à  jour.  ||  Drap 
évidé,  drap  qui,  après  avoir  été  foulé  à  sec,  s'est 
échauffé  dans  la  pile,  œ  qui  le  rend  lâcha  et  de 
mauvaise  qualité.  |{  Terme  de  maiine.  Se  dit  des 
fonds  de  la  carène  Isrsqu'ils  ont  peu  de  renflement. 
Il  On  dit  d'un  tsoalisr  à  rampe  courbe  qu'il  est 
évidé  |>ar  le  milieu.  Un  esealier  à  rampes  en  lignes 
droites  brisées  peut  aussi  être  dit  évidé,  si  le  milieu 
de  la  cage  est  vide  «t  non  rempli  par  un  poteau  ou 
massif  qui  soutirant  las  marches  comme  dans  les 
escaliers  à  vis. 

t  ÉVIDEMENT  (é-vi-de-man),  s.  m.  Etat  de  ce 
qui  est  évidé.  ||  Terme  de  maçonnerie.  Refouillement 
fait  dans  une  pierre.  ||  Taille  faite  sur  le  marbre,  le 
bois.  Il  Terme  de  chirurgie.  Opération  qui,  dans  cer- 
taines maladies  d'un  os,  consiste  à  en  enlever  la 
partie  intérieure,  en  respectant  le  périoste;  ce  qui 
permet  la  régénération  de  l'os. 

ÉVIDEMMENT  (é-vi-da-man) ,  adv.  ]|  1°  D'une 
manière  évidente.  De  cela  même  que  je  pensais 
à  douter  de  la  vérité  des  autres  choses,  il  suivait 
trùs-évidemment  et  très-certainement  que  j'étais, 
DESC.  Uéth.  IV.  s.  Les  uns  veulent  toujours  croire 
aveuglément,  les  autres  veulent  toujours  voir  évi- 
demment, MALEBB.  Rech.iv,  3.  \\  2°  ]1  est  certain 
que....  Évidemment  il  a  prouvé  ce  qu'il  voulait  dé- 
montrer. Il  Dans  celte  acception,  évidemment  se  met 
au  commencement  de  la  plirase.  ||  S'emploie  quel- 
quefois dans  les  réponses  pour  certainement. 
—,  HIST.  xiu'  s.  Je  le  connois  evidanment,    Lai 


ÉVI 

d'amours,  iubinal,  t.  ii,  p.  <oo.  ||  xv  s.  Et  tous- 
jours  se  plaignoit-on  du  gouvernement  qui  estoit 
très  mauvais,  et  le  voioit  on  évidemment,  mais  au- 
cune provision  ne  s'y  mectoit,  juven.  des  urs. 
Charles  YI,  <405.  ||  xvi*  s.  Hannibal  s'en  alla  mon- 
ter sur  une  petite  butte,  non  gueres  roide,  de  la- 
quelle il  pouvoit  descouvrir  évidemment  tout  le 
camp  des  Romains,  amyot,  Fab.  3i. 

—  ÉTYM.  Évident,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
evidenmen. 

ÉVIDENCE  (é-vi-dan-s') ,  s.  f.  Caractère  de  ce  qui 
est  évident;  notion  si  parfaite  d'une  vérité  qu'elle 
n'a  pas  besoin  d'autre  preuve.  L'évidence  d'une 
proposition.  Il  faut  bien  que  l'évidence  de  Dieu  ne 
soit  pas  telle  dans  la  nature,  pasc.  dans  cousin. 
Faisons  paraître  cette  vérité  dans  son  évidence, 
boss.  Loi  de  Dieu,  3.  Vous  ne  voyez  pas  dans  une 
moindre  évidence  comment....  m.  Hist.  m,  7.  Pour 
que  l'esprit  puisse  acquiescer  à  une  idée,  il  faut 
qu'il  connaisse  la  convenance  entre  cette  idée  et  son 
objet  par  une  perception  vive  et  sensible  qui  n'ad- 
mette rien  de  contraire  à  elle-même;  et  l'idée  de 
cette  perception  est  le  mode  de  penser  que  nous 
nommons  évidence,  boulainvilliehs.  Réf.  de  Spi- 
nosa,  p.  124.  L'évidence  appartient  proprement  aux 
idées  dont  l'esprit  aperçoit  la  liaison  tout  d'un  coup, 
d'alemb.  Disc,  prélim.  encycl.  t.  i,  p.  228,  dans 
POUGENS.  Aucune  preuve  n'a  la  même  force,  aucune 
idée  la  même  évidence,  aucune  image  le  même 
charme  pour  tous  les  esprits,  diderot,  Claude  et 
Néron,  à  M.  Naigeon.  ||  Évidence  des  sens  ou  sensi- 
ble, celle  qu'on  acquiert  par  les  sens.  ||  Évidence  de 
raison,  celle  qu'on  obtient  par  le  raisonnement.  Les 
deux  exemples  que  j'ai  apportés  dans  ce  chapitre  sont 
plus  que  suffisants  pour  faire  concevoir  que  l'évi- 
dence de  raison  consiste  uniquement  dans  l'identité, 
condill.  Art  de  rais,  i,  t.\\  Evidence  de  fait,  celle 
qu'on  acquiert  par  le  moyen  de  l'observation.  |i  Évi- 
dence de  sentiment,  ce  qui  paraît  certain  par  le 
sentiment  seul,  et  sans  qu'on  puisse  en  rendre 
compte.  Il  Se  rendre  à  l'évidence ,  admettre  forcément 
ce  qui  est  incontestable.  ||  Se  refuser  à  l'évidence, 
s'obstinera  contester  ce  qui  est  incontestable.  |1  Met- 
tre en  évidence,  faire  connaître  clairement,  mani- 
festement. Nous  sommes  encor  loin  de  mettre  en 
évidence  Si  nous  nous  conduirons  avec  plus  de  pru- 
dence, CORN. Ci/ma,  ii,  1.  Je  ne  veux  que  mettre  ici 
en  évidence  tous  les  fondements  de  cette  religion 
chrétienne  qui  sont  indubitables,  pasc.  Juif,  t. 
Il  Mettre  en  évidence ,  faire  qu'un  objet  frappe  les 
yeux,  soit  remarqué.  La  lumière  mettra  en  évi- 
dence leurs  mauvaises  œuvres,  boss.  Haine,  2. 
Il  Se  mettre  en  évidence,  se  montrer  avec  l'inten- 
tion de  se  faire  remarquer,  j]  Se  mettre  en  évidence, 
être  manifesté,  en  parlant  de  choses.  De  quel  front 
oserai.s-je,  après  sa  confidence,  SoufTiir  que  mon 
amour  se  mît  en  évidence?  corn.  Suite  du  Ment. 
IV,  8.  Il  Etre  en  évidence,  être  remarqué,  attirer 
l'attention  générale.  J'étais  placé  vis-à-vis  d'eux,  à 
deux  pas-dela  table,  bien  isolé  et  bien  en  évidence, 
marmontel,  Mém.  v.  ||  Être  en  évidence,  être  ma- 
nifesté, en  parlant  de  choses.  Eh  bien,  ta  perfidie 
est-elle  en  évidence  î  corn,  la  PI.  roy.  n,  2.  Nier 
des  trahisons  qui  sont  en  évidence,  Â  l'infidélité 
c'est  joindre  l'impudence,  th.  corn.  l'Am.  à  la  m 
v,  9.  Il  On  dit  de  même  venir  en  évidence.  Toujours 
le  fond  du  sac  ne  vient  en  évidence,  régnier,  Sat.  ii. 

—  SYN.  évidence  ,  certitude.  La  certitude  dé- 
pend des  motifs  de  crédibilité;  l'évidence  dépend  de 
la  clarté  de  la  chose  même.  Lacertitudead'ailleurs, 
au  sens  philosophique,  une  solidité  que  l'évidence 
peut  ne  pas  avoir  :  il  était  autrefois  évident  que  le 
soleil  tournait  autour  de  la  terre;  cette  évidence 
était  fausse  ;  les  peuples  en  croyaient  avoir  la  certi- 
tude, ils  n'en  avaient  que  la  persuasion. 

—  UIST.  XIV*  s.  X  greigneur  [  plus  grande  ]  évi- 
dence du  propos,  H.  DE  MONDEviLLE,  f°  07,  verso. 
Il  XVI*  s.  X  faulte  d'éloquence  ils  ne  les  peuvent 
mettre  en  évidence  [leurs  pensées],  mont,  i,  <88. 

—  ÉTYM.  Provenç.  evidencia ,  evidensa  ;  espagn. 
evidencia;  ital.  evidema;  du  lat.  evidentia,  de  evi- 
dens,  évident. 

ÉVIDENT,  ENTE  (é-vi-dan,  dan-t'),  adj.  Qui  est 
connu  tout  d'abord  et  sans  peine.  Vérité  évidente. 
Péril  évident.  Surprise  tout  à  coup  d'un  funeste  ac- 
cident. D'un  jugement  du  ciel  effet  trop  évident, 
BOTROU,  Bélis.  V,  7.  Philémon  reconnut  ce  miracle 
évident,  la  font.  Phil.  et  Baucis.  ||  Il  est  évident 
que,  il  est  clair  et  incontestable  que.  Il  m'est  évi- 
dent que  les  sensations  de  couleur  ne  sont,  pour 
mon  âme,  que  différentes  manières  de  se  sentir: 
ce  ne  sont  que  ses  propres  modifications,  Conuill. 
Art  de  rais,  i,  e. 


ÉV[ 


1 547 


—  REM.  Quand  une  chose  est  évidente,  elle  ne 
saurait  être  plus  évidente;  maïs  l'évidence  en  peut 
être  saisie  plus  promptement  et  plus  sensiblement, 
Condil.  Lang.  cale,  ii,  (t.  Cependant  Montesquieu 
a  dit  :  Il  nous  est  plus  évident  qu'une  religion  doit 
adoucir  les  mœurs  des  hommes,  qu'il  ne  l'est  qu'une 
religion  soit  vraie,  montesq.  Etp.  xxiv,  4.  En  cet 
emploi,  évident  reçoit  fort  bien  la  marque  de  la 
comparaison. 

—  HIST.  XV*  s.  Rien  ne  m'est  seur,  que  la  chose 
incertaine.  Obscur,  fors  ce  qui  est  tout  évident; 
Double  ne  fais,  fors  en  chose  certaine,  CH.  d'orl. 
Bal.  407.  Il  xvi*  s.  Et  à  nostre  évident  dommage, 

MONT.  I,   99. 

—  ÉTYM.  Provenç.  évident;  eviden;  espagn.  et 
ital.  évidente;  du  latin  evidens,  dee,  etvidere,  voir. 

ÉVIDER  (é-vi-dé) ,  v.  a.  ||  1°  Creuser  en  canne- 
lure. Evider  une  lame  d'épée,  un  canon  de  pistolet. 
Il  2"  Échancrer.  Évider  le  collet  d'une  robe.  ||  3°  Creu- 
ser à  l'intérieur,  en  parlant  des  flûtes,  des  clari- 
nettes. Évider  une  flûte.  |{  4°  Terme  d'architecture. 
Tailler  à  jour,  sculpter  les  rehefs  d'une  façade,  etc. 
Il  5°  Terme  de  jardinage.  Evider  un  arbre,  ûter  du 
centre  d'un  arbre  les  branches  qui,  n'étant  pas  frap- 
pées de  la  lumière,  s'étiolent.  ||  6"  Faire  à  la  lime 
la  petite  rainure  qu'on  aperçoit  des  deux  côtés  du 
trou  de  l'aiguille.  ||  7°  Mettre  la  dernière  main  à 
un  ouvrage  de  chaudronnerie.  ||  Découper  une 
platine  de  verrou;  refendre  et  terminer  le  panneton 
d'une  clef;  faire  une  garniture  de  serrure  sur  le 
tour.  Il  8°  Évider  du  linge,  ôter  l'empois  qu'on  a 
mis  dans  le  linge. 

—  ÉTYM.  É  pour  es....  préfixe,  et  vide. 

t  ÉVIDEUR  (é-vi-deur),  s.  m.  Ouvrier  qui  fait 
la  cannelure  longitudinale  des  aiguilles  et  qui  en 
arrondit  la  tête. 

ÉVIDOIR  (é-vi-doir),  s.  m.  Outil  dont  un  facteur 
d'in.struments  se  sert  pour  évider  les  flûtes,  les  cla- 
rinettes, etc.  Il  Assemblage  de  pièces  de  bois  avec 
une  échancrure,  dans  laquelle  le  charron  assujettit 
les  pièces  qu'il  veut  évider  ou  travailler. 

—  ÉTYM.  Évider. 

ÉVIER  (é-vié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
Vs  se  lie  :  des  é-vié-z  engorgés),  s.  m.  Large  pierre 
creusée  en  bassin,  sur  laquelle  on  lave  la  vaisselle, 
et  qui  a  un  conduit  pour  l'écoulement  des  eaux  de 
la  cuisine.  ||  Canal  de  pierre  qui  sert  d'égout  dans 
une  pièce  ou  dans  une  allée. 

—  REM.  C'est  une  faute  populaire  de  dire  levier 
au  lieu  de  évier,  par  coalescence  de  l'article,  comme 
dans  ces  autres  fautes  que  l'usage  a  consacrées 
lierre,  loriot,  lendemain. 

—  HIST.  xiii*  S.  Ne  soit  nus  [nul]  si  hardis  ke 
il  ait  euwier  qui  ait  sen  esseut  [issue]  devant  de- 
vers le  [la]  rue....  tailliar.  Recueil,  p.  <63. 

—  ÉTVM.  Wallon,  aiot,  puisoir;  du  latin  aqua- 
rium, de  o'/uo,  auo.  frunç.  eve,  aujourdhui  eau 
(voy.  ce  mot). 

t  ÊVILASSE  (é-vila-s'),  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Sorte  d'ébène  Je  Madagascar. 

ÉVINCÉ,  ÉE  (é-vin-sé,  sue),  part,  passé.  Évincé 
par  une  cabale  du  poste  qu'il  occupait. 

ÉVINCER  (é-vin-sé.  Le  c  prend  une  cédille  devant 
a  ou  o;  évinçant,  nous  évinçons),  v.  a.  ||  1°  Terme 
de  jurisprudence.  Déposséder  juridiquement  quel- 
qu'un. Ce  jugement  l'évincé  du  bien  qu'il  possédait. 
Il  2°  Par  extension,  enlever  à  quelqu'un  par  intrigue 
une  place,  une  affaire,  etc.  On  est  parvenu  à  l'é- 
vincer. Il  3°  S'évincer,  v.  réfl.  Se  chasser  l'un  l'autre. 
Ils  cherchent  mutuellement  à  s'évincer. 

—  ÉTYM.  Lat.  evincere,  vaincre,  chasser,  de  e, 
hors  de,  et  viiicere,  vaincre. 

t  ÉVIRATION  (é-vi-ra-sion),  s.  f.  Terme  didacti- 
que. Castration;  état  d'eunuque.  ||  Terme  de  méde- 
cine. Perte,  avant  l'âge,  des  désirs  et  des  facultés 
sexuelles  chez  l'homme. 

—  ÉTYM.  Lat.  evirationem,  castration  (voy.  évihê). 
t  ÉVIKÉ  (é-vi-ré) ,  adj.  m.  Terme  de  blason.  Se  dit 

d'un  animal  qui  ne  porte  jias  la  marque  de  ton  sexe. 

—  ÉTYM.  Lat.  eviratus,  châtré,  de  e,  et  vir,  mâle. 
t  ÉVISCÉUATION  (é-vi-ssé-ra-sion),  s.  f.  Terme 

de  chirurgie.  Synonyme  d'éventration. 

—  ÉTYM.  Lat.  e,  hors,  et  viscera,  viscères. 
ÉVITABLE  (é-vi-ta-bl'),  adj.  Qui  peut  être  évité. 

Oui,  par  là  seulement  ma  perte  est  évitable,  cobn. 
Pomp.  IV,  <.  Si  ce  fut  un  piège  que  la  fortune  lui 
dressa,  l'on  peut  dire  qu'il  n'y  en  eut  jamais  de  plus 
subtil  ni  de  moins  évitable,  uouhouhs.  Rem.  nouv, 

—  HIST.  XVI*  s.  Toute  estrangeté  et  pariicularité 
an  nos  mœurs  et  conditions  est  évitable  [doit  être 
évitée],  MONT.  I,  <84.  Au  mal  qui  n'est  point  evi- 
able,  C'est  grand  folie  en  avoir  peur,  lekoli  de 
UNCï,  Prov.  t.  II,  p.  344. 


1548 


EM 


—  tmi.  Ui.  nitabilii,  «le  mitare,  évilor. 
«««*in>  rA..i.i»-i'l  ».  m.  T<"rmo  de  manne.  K»- 
jr^C. .  P^  V,\;-un  naT,re  à  l'ancre  pui,,e 
C.SÎnt  U.urn.r  lirsque  le  vont  ou  la  marée 
^oVll  Mourement  que  fait  un  navire  pour  *v.- 
u7  F»lri  un  *»lla«e.  Il  Largeur  que  doit  avoir  une 
rivière  ou  un  canal  pour  le  libre  passage  de»  grands 
bâUmenti. 
_  tm.  Kriltr. 

t.VrTÉ,  ÉE  (évi-t6,  lée),  pari,  pasté.  Dont  on 
l'est  détourné.  L'n  péril  évité.  Un  importun  évité. 
Il  Terme  de  musique.  Cadence  évitée,  cadence  har- 
monique à  laquelle  on  ajoute  une  dissonance  pour 
moduler  ou  prolonger  la  phrase. 

ÉVITÉE  (é-vi-lée),  t.  f.  Terme  de  marine.  Syno- 
nyme d'évilage.  Une  rivière  ou  un  canal  n'a  point 
tMM  d'évitage  ou  d'évitée,  lorsqu'il  n'y  a  point  as- 
tet  de  largeur  pour  y  faire  tourner  librement  un 
vaisseau. 

—  RTYM.  tvité. 

tfiVITEMENT  (é-vi-te-man),  t.  m.  Action  d'évi- 
ter. Il  Terme  de  chemin  de  fer.  Gares  d'évitement, 
portion  de  voie  supplémentaire  pratiquée  de  distance 
en  distance,  pour  y  remiser  un  train  et  laisser  la 
voie  principale  libre  et  ouverte. 

—  lllST.  XVI*  s.  Evitcment,  coTORikVB. 

—  f.TYM.  Éviter. 

fiVITKR  (é  vi-lé),  c.  a.  ||  1°  Se  détourner  de  per- 
sonnes ou  d'objets,  dont  la  rencontre  est  désagréa- 
ble ou  nuisible.  Seigneur,  depuis  six  mois  je  l'évite 
et  je  l'aime,  rac.  Phèdre,  iv,  2.  Un  songe  (me  de- 
vrais je  inquiéter  d'un  songe t)  Entretient  dans  mon 
cœur  un  ennui  qui  le  ron^'e;  Je  l'évite  partout, 
partout  il  me  poursuit,  ID.  Ath.  ii,  5.  Evite  un  mal- 
neureui,  abandonne  un  coupable,  ID.  Andr.  m,  3. 
De  combien  de  soupirs  interrompant  le  cours,  Ai-je 
évité  vos  ycui  que  je  cherchais  toujours?  ID.  Brit. 
III,  8.  Ce  qui  me  désespère,  c'est  que  je  n'y  vois 
point  de  remède;  cor  la  comtesse  m'évite,  mabi- 
VAin,  l'Heur,  tiralag.  i,  3.  ||  Dans  le  style  élevé, 
il  se  dit  aussi  des  choses.  Ses  yeux  qui  vainement 
voulaient  vous  éviter,  rac.  Ph.id.  n,  i.  Ne  cherche 
point  la  mort  qui  voulait  t'éviter,  volt.  Mi.  n,  4. 
Il  i'  Êchapi'er  i.  Éviter  la  prison.  On  ne  peut  éviter 
■1  destinée.  Éviter  un  danger.  La  vertu  la  plus 
ferme  évite  les  hasards;  Qui  s'expose  au  péril  veut 
bien  trouver  sa  perte,  corn.  Poiy.  ii,  4.  ||  Ne  pas 
donner  lieu.  Éviter  une  querelle.  ||  Avec  de  et  l'in- 
finitif. Un  vers  était  trop  faible,  et  vous  le  rendez 
dur;  J'évite  d'être  long  et  je  deviens  obscur,  boil. 
Art  p.  I.  11  évite  uniquement  de  donner  dans  le 
sens  des  autres  et  d'être  de  l'avis  de  quelqu'un,  la 
BIDT.  V.  Duclos,  ami  sûr,  homme  vrai,  mais  cir- 
eonspect,  et  qui  faisait  cas  de  ce  livre,  évita  de 
m'en  parler  par  écrit,  J.  i.  rouss.  Confess.  xi.  ||  Avec 
que  elle  subjonctif.  J'évitais  qu'il  ne  m'en  parlât. 
Il  On  pourrait  au.ssi  supprimer  ne  .•  J'évitais  qu'il 
m'en  parlât.  ||8'  Terme  de  musique.  Éviter  une  ca- 
dence, passer  brusquement,  dans  une  note  de  ca- 
dence, à  un  accord  différent  de  celui  (lu'olle  an- 
nonçait; ajouter  à  cet  accord  final  une  dissonance 
pour  faire  transition.  ||  4*  V.  n.  Terme  de  marine. 
Un  vaisseau  a  évité,  lorsqu'il  a  changé  bout  pour 
bout,  à  la  longueur  ùo  son  câble,  sans  qu'il  ait  levé 
«es  ancres.  ||  Éviter  à  la  marée,  présenter  l'avant  au 
courant  de  la  mer,  à  la  longueur  des  amarres.  ||  Évi- 
ter au  vent,  présenter  l'avant  au  lieu  d'où  le  vent 
vient.  Il  6*  S'éviter,  v.  réft.  Se  détourner  l'un  de 
l'autre.  Pour  Valîire  et  Cléon,  quoique  je  sois  bien 
ïûre  Qu'ils  se  connaissent  fort,  ils  s'évitent  tous 
deux,  omssET,  Méchant,  iv,  «.  ||  S'éviter,  faire  ef- 
fort pour  perdre  souvenir  de  soi-même.  Possédé 
d'un  ennui  qu'il  ne  saurait  dompter.  Il  craint  d'être 
à  soi-même  et  cherche  à  s'éviter,  boil.  Éptt.  v. 
M'itant  imposé  la  loi  de  courir  le  monde  et  de  m'é- 
viter  moi-même,  volt.  Princesse  de  Bab.  8.  |1  Être 
évité.  C'est  un  inconvénient,  une  dépense,  qui  peut 
s'éviter. 

—  REM.  Peut-on  dire  éviter  quelque  chose  à  quel- 
qu  uiiT  On  le  trouve  dans  de  bons  auteurs  :  Elle  ve- 
nait lui  demander.,.,  de  lui  éviter  une  place  dont  je 
ne  voulais  point  [pour  elle] ,  st-sim.  t.  viii,  p.  864, 
«dit.  CHÉmiEL;  Son  exemple  me  dirigeait  et  m'a  peut- 
être  évité  bien  des  faux  pas,  mariyaux,   Paysan 

,|x"ri'.  part.  7;  La  lapin  évite  par  U  à  ses  petits  les 

'  '"'*'"*»'«"»»  du  bas  âge,  buffok,  Lapin;  Je  veux 

voui  «viier  l  ennui  de  trouver  cet  homme  maussade, 

;*.?."■'•■  dan»  i-AVKADx.  Néanmoins  il  ne  paraît 

èvii^n,  „""■  *""""  »'">'f  ""  régime  indirect;  nous 

ter??»,  L,        ""  ';?";■'""  ■J""'»  '"i  f»i^«  évi- 
ter   Lest  «POTBnfr  qu'il  faut  employer  on  ce  cas 

C  ,u,  ren^  P,„pw  d'^ri^r  impi,ssïble,  c'e'l  qTil 


RVO 

n'a  pasdc régime  indirect,  et  que.  si  on  lui  en  donne 
un  (comme  on  fait  avec  quelques  verbes,  par  exem- 
ple; achetez-moi  un  livre,  cherchez-moi  un  loge- 
ment), ce  régime  indirect  équivaut  &  pour;  ce  qui 
n'a  pas  de  sens  dans  éviter  à  quelqu'un  quelque 
chose.  Cette  locution  vicieuse  paraît  être  née  au 
commencement  du  xviii'  siècle. 

—  HIST.  XV*  s.  Eviter  aux  inconvénients,  Gloss. 
de  l'hisloire  de  Paris,  dans  iacdrnr.  I|xvi*  s.  Pour 
éviter  aux  inconvénients,  je  vous  prie,  vruiUez  faire 
le  vouloir  du  roy,  maro.  Leit.  141.  X  fin  que  nous 
sçachions  ce  que  nous  devons  suivre  ou  appeler, 
et  qu'il  nous  faut  fuir  et  éviter,  amyot,  Préf.  iv, 
28.  Combien  qu'ils  gouvernassent  fort  moderéemenl, 
ils  ne  peurent  éviter  qu'ils  ne  tombassent  en  soup- 
çons et  murmures  du  peuple,  m.  Numa,  4.  Evitant 
toutes  compagnies,  il  se  tenait  es  plus  solitaires  et 
plus  esgarcz  endroits  des  champs,  id.  Timol.  7. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  evitar;  ital.  cti- 
tare;  du  latin  evitare,  d'une  racine  vil,  qui  se 
trouve  dans  in-t3t(are  et  dans  le  simple  tntare.  Éviter 
a  été  d'abord  neutre,  et  il  était  resté  neutre  dans 
cette  ancienne  phrase  de  palais  :  éviter  aux  frais. 

ÉVOCABLE  (é-vo-ka-bl)  adj.  \\  1"  Qu'on  peut 
évoquer.  Un  démon  évocable.  ||  %'  Terme  de  juris- 
prudence. Il  se  dit  des  causes  que  certains  tribu- 
naux peuvent  évoquer. 

—  ETYM.  Émqucr. 

ÉVOCATION  (é-vo-ka-sion;  envers,  de  cinq  syl- 
labes), s.  {.  Il  1°  Terme  de  magie.  Action  d'évoquer, 
de  faire  apparaître  les  démons,  les  ombres  ou  les 
âmes  des  morts.  On  raconte  de  cet  empereur  super- 
stitieux [Julien]  qu'assistant  un  jour  à  une  évoca- 
tion de  démons,  il  fut  tellement  effrayé  à  leur  appa- 
rition qu'il  fit  le  signe  de  la  croix  et  qu'aussitôt  les 
démons  s'évanouirent,  didebot,  Opin.  des  anc.  phi- 
los. {Éclectisme).  ||  2°  Terme  de  procédure.  Action 
de  la  part  d'un  tribunal  supérieur,  de  retenir  la  con- 
naissance d'une  affaire  qui  n'a  pas  subi  le  premier 
degré  de  juridiction,  ou  de  s'en  saisir  d'oflice.  La 
cour  de  cassation  est  chargée  de  statuer  sur  les  de- 
mandes en  évocation.  ||  L'évocation  du  principal,  se 
dit  pour  un  appel  interjeté  d'une  sentence  qui  n'a 
été  rendue  que  sur  un  incident.  11  y  a  requête  pour 
l'évocation  du  principal,  patru ,  Plaidoyer  1 2 ,  dans 

HICHELET. 

—  HIST.  xvi*  S.  Les  abus  qui  se  font  par  faveurs 
et  surprises.  Aux  évocations,  et  aux  causes  commi- 
ses, DU  BELLAY,   VIII,    62,  rCCtO. 

—  ETYM.  Prov.  evocalio;  du  lat.  ecocoJtonero ,  de 
evncnre,  évoquer. 

ÉVOCATOIRE  (é-vo-ka-toi-r'),  ad;.  Terme  de  ju- 
risprudence. Oui  donne  lieu  à  une  évocation.  Cause 
évocatoire.  ||  Cédule  évocatoire,  acte  qu'on  faisait 
signer  à  la  partie  adverse,  pour  lui  déclarer  qu'on 
entendait  se  pourvoir  au  conseil,  afin  d'évoquer 
l'affaire  k  un  autre  parlement. 

—  ÉTYM.  Lai.  erocatorius ,  deevocare,  évoquer, 
t  ÉVOÉ  ou  ÉVOUÉ  (é-vo-é).  Terme  d'antiquité. 

Cri  que  l'on  faisait  entendre  dans  les  orgies,  pour 
invoquer  Bacchus. 

tÉVOLAGE  (é-vo-la-j') ,  s.  m.  Période  pendant 
laquelle  les  étangs  de  la  Dombe  sont  pleins  d'eau  et 
donnent  du  poisson,  et  qui  est  suivie  de  l'assec. 

—  ÉTYM.  Ancien  adjectif  eveux  ou  evol  signifiant 
aqueux  et  venant  de  et'e  (voy.  eau). 

t  ÉVOLUÉ,  ÉE  (é-volu-é,  ée),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  a  subi  son  évolution,  son  développe- 
ment. La  fièvre  jaune  évoluée. 

—  ETYM.  Voy.  ÉVOLUTION. 

t  ÉVOLUER  (é-vo-lu-é)  ,v.n.  ||  1°  Terme  d'art  mili- 
taire. Exécuter  des  évolutions.  ||  Terme  de  marine. 
Bâtiment  qui  évolue  bien.  ||  8°  Terme  de  métier. 
Faire  un  tour  sur  soi-même.  On  fait  évoluer  des 
meules  à  deux  cents  tours  par  seconde,  pour  les  met- 
tre à  l'épreuve.  ||  3°  Fig.  et  néologisme.  Passer  par 
des  phases  progressives.  Dans  l'histoire  on  voit  les 
formes  de  la  liberté  évoluer  successivement. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉVOLUTION. 

t  ÉVOLUTÉ,  ÉE  (é-vo-lu-té,  tée),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Se  dit  de  coquilles  univalves  qui  s'enrou- 
lent dans  le  plan  vertical,  et  dont  la  spire  est  plus 
ou  moins  allongée. 

—  ETYM.  Voy.  ÉVOLUTION. 

t  ÉVOLUTIF,  rVE  (é-vo-lu-tif,  ti-v'),  adj.  Néolo- 
gisme. Oui  a  la  propriété  de  développer,  de  procurer 
l'évolution.  La  force  évolutive  inhérente  aux  sociétés. 

—  ÉTYM.  Voy  ÉVOLUTION. 

ÉVOLUTION  (é-vo-lu-sion;  en  vers,  de  cinq  sylla- 
bes),».^. III"  Terme  de  physiologie.  Action  de  sortir 
en  se  déroulant.  L'évolution  des  feuilles,  des  bour- 
geons. Le  papillon ,  comme  le  poulet ,  parvient  à  l'état 
de  perfection  par  une  évolution  dont  lesMalrighi,les 


EX-A 

Swammerdam,  les  Héaumur  nous  ont  dévoilé  les 
degrés,  bonnet,  Consid.  corps  organ.  OEuv.  t.  v, 
p.  281 ,  dans pouGENS.  |{  Évolution  organique,  sys- 
tème physiologique  dont  les  partisans  supposent,  à 
tort,  que  le  nouvel  être  qui  résulte  de  l'actd  de  la 
génération  préexistait  à  cet  acte;  ce  système  est 
opposé  à  l'épigenèse.  Tant  de  faits  divers  que  j'ai 
rassemblés  dans  cet  ouvrage  en  faveur  de  l'évolu- 
tion, prouvent  assez  que  les  corps  organisés  ne  sont 
point  proprement  engendrés,  mais  qu'ils  préexis- 
taient originairement  en  petit,  bonnet,  Consid. 
corps  org.  (Hmv.  t.  vi,  p.  318,  dans  pougens. 
Il  2°  Fig.  Développement  d'une  idée,  d'un  système, 
d'une  science,  d'un  art.  ]|  L'évolution  historique,  le 
développement  des  sociétés  et  de  leur  civilisation 
suivant  un  ordre  déterminé.  ||  3°  Mouvements  du 
corps  dans  les  exercices.  Qu'il  apprenne  à  faire  tous 
les  pas  qui  favorisent  les  évolutions  du  corps,  à 
prendre  dans  toutes  les  attitudes  une  position  aisée 
et  solide,  j.  j.  rouss.  tm.  ii.  |]  S'applique  aux  divers 
mouvements  qu'on  fait  exécuter  dans  un  manège. 
Il  4»  Terme  de  guerre.  Mouvement  de  troupes  qui 
changent  leur  position  pour  en  prendre  une  nou- 
velle. Faire  exécuter  des  évolutions  à  un  régiment. 
Dans  cet  état  de  choses,  quoi  espoir  de  se  mesurer 
avec  avantage  contre  des  hommes  vieillis  dans  la 
discipline,  formés  aux  évolutions,  instruits  dans  la 
tactique?  RAïiiAL,  llist.  phii.  xvui,  47.  ||  Par  exten- 
sion. Ils  [les  canards  sauvages]  attendent  la  nuit  et 
font  des  évolutions  autour  du  bois,  ciiateaub.  C^nie, 
i,v,  7.  Il  11  se  dit  aussi  d'une  escadre.  Une  évolu- 
tion navale.  ||  Terme  de  marine.  Rotation  d'un  na- 
vire autour  de  son  axe  vertical.  Manœuvre  ou  mou- 
vement qui  nécessite  un  changement  d'allure  ou  de 
direction  dans  le  cap.  |i  5°  Terme  de  musique.  Sub- 
version du  dessus  à  la  basse  et  réciproquement, 
sans  qu'il  en  résulte  aucune  dissonance  dans  l'har- 
monie. 

—  ÉTYM.  Lat.  et'oZulionem,  de  evolutum,  supin 
de  erolrere,  de  e,  et  volière,  rouler  (vuy.  volume). 

t  ÉVOLUTIONNAIRE  (é-vo-lu-sio-nê-r'),  adj. 
Terme  d'art  militaire.  Qui  concerne  les  évolutions. 

t  ÉVONYME  (é-vo-ni-m'),  j.  m.  \\  1"  Nom  mo- 
derne du  genre  fusain  (rhamnacées)  dans  lequel 
on  distingue  l'évonyme  européen,  dit  vulgairement 
fusain,  bonnet  de  prêtre.  ||  2°  Terme  de  chimie. 
Matière  extraite  des  fruits  de  Vetonymus  euro- 
pxui,  L. 

—  ÉTYM.  Eù(ivu|/.o;,  fusain  ,  de  ej  ,  bien,  et 
ivofiix,  nom. 

ÉVOQUÉ,  ÉE  (é-vo-ké,  kée),  part,  passé.  Un  dé' 
mon  évoqué  du  fond  des  enfers.  ||  Une  affaire  évo- 
quée devant  la  juridiction  compétente. 

ÉVOQUER  (é-vo-ké;,  v.  a.  {]  l"  Faire  apparaître 
les  démons  ou  les  âmes  des  morts  par  l'effet  de 
certaines  conjurations.  Samuel  dit  à  Saûl  :  Pour- 
quoi avez-vous  troublé  mon  repos  en  me  faisant 
évoquer?  SACi,  Bible,  Rois,  i,  xxviu,  (5.  La  femme 
lui  dit  ;  Qui  voulez-vous  que  je  vous  évoque?  Evo- 
quez-moi Samuel,  répondit  SaQl,  boss.  Polit,  v.  S, 
(.  Il  2"  Figurément,  il  se  dit  des  orateurs  qui  apo- 
strophent les  mânes  des  héros.  Faut-il  d'une  ombre 
illustre  évoquer  la  puissance?  m.  j.  chén.  Tib.  ii, 
2.  Il  Évoquer  un  souvenir,  le  rappeler.  Il  me  semble 
qu'en  prononçant  ces  paroles  on  évoque  l'his- 
toire et  qu'on  ranime  les  morts,  stael,  Cor.  iv, 
4.  Il  3°  Terme  de  jurisprudence.  Attirer  à  soi  la 
connaissance  d'une  affaire.  Le  parlement  évoque 
à  soi  l'affaire,  la  font.  Troq.  Il  craignait  que  les 
amis  qui  leur  restaient  à  la  cour  n'obtinssent  du  roi 
qu'il  évoquât  à  lui  seul  le  jugement  de  cette  affaire, 
d'alemb.  Desir.   des  jés.  Œuv.  t.  v,  p.  lue,  dans 

POUGENS. 

—  HIST.  XVI*  S.  LasI  tu  te  tais,  et  aux  miennes 
demandes  Tu  ne  rens  point  responses  réciproques; 
Tant  seulement  aigres  soupirs  évoques  Du  cœur 
profond,  mahot,  iv,  4B. 

—  ÉTYM.  Lat.  eiocare,  de  e,  et  vocare,  appeler, 
de  foi,  voix  (voy.  voix). 

t  ÉVULSIF,  IVE  (é-vul-sif,  si-v'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  est  propre  &  arracher. 

—  ÉTYM.  Voy.  ÉVULSION. 

t  ÉVULSION  (é-vul-sion),  s.  f.  Terme  didactique. 
Action  d'arracher,  extraction.  Évulsion  d'une  dent, 
d'un  fragment  d'os. 

—  ÉTYM.  Lai.  ei'uUioixm,  de  evulsum,  supin  de 
evellere,  de  e,  et  réitère,  tirer. 

EX  (èiis'),  particule  qui  se  joint  par  le  trait  d'u- 
nion à  certains  mots  pour  exprimer  l'état  ou  la  po- 
sition antérieure  d'une  personne  :  un  ex-ministrei 
un  ex-député  (voy.  es....). 

—  ÉTYM.  Lit.  M;  grec,  <{,  hors. 
EX-ABRUPro  (è-kza-bru-plo),  voy.  abudpto. 


EXA 


EXA 


EXA 


1  649 


W: 


EXACERBATION  (è-kza-sir-ba-sion),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Accroissement  passager  de  l'intensité 
des  accidents  d'une  maladie. 

—  SVN.  EXACERBATION, PAROXYSME, REDOUBLEMENT. 

Êtymologiquement,  l'exacerbation  indique  que  le 
mal  devient  plus  acerbe;  le  paroxysme,  qu'il  de- 
vient plus  aigu;  le  redoublement,  qu'il  redouble.  Le 
redoublement  ne  se  dit  guère  que  de  la  fièvre,  dont 
l'augmentation  se  manifeste  par  plus  de  chaleur  et 
un  pouls  plus  fréquent.  L'exacerbation  et  le  pa- 
roxysme sont  extrêmement  voisins;  pourtant  exa- 
cerbation  s'applique  davantage  à  l'état  général  de 
la  maladie:  Sa  pneumonie  a  eu  une  exacerbation  au- 
jourd'hui ;  au  lieu  que  paroxysme  s'applique  davan- 
tage à  un  symptôme  particulier:  11  avait  son  asthme, 
et  il  y  est  survenu  un  paroxysme  de  sufTocation. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quelquefois  elle  [une  maladie]  a 
des  exacerbations,  c'est  à  dire  que  sa  violence  re- 
double par  certains  périodes,  paré,  xx,  8. 

—  ÉTYM.  Lat.  exacerbationem,  de  ex,  et  acerbus, 
acerbe. 

EXACT,  ACTE  (è-gza,  OU,  suivant  la  prononcia- 
tion la  plus  commune,  6-gzakt,  c  et  t  sonnant, 
gzak-t'.  Il  y  a  des  divergences  pour  la  prononciation 
du  masculin:  plusieurs  disent  6-gza,  ne  faisant  pas 
plus  sonner  et  que  dans  respect  ;  Richelet  note 
qu'on  prononce  è-gza;  au  pluriel,  même  diver- 
gence, les  uns  disant  è-gzakt,  les  autres  disant 
è-gzak;  le  mieux  est  de  ne  faire  sentir  et  ni  au  sin- 
gulier, ni  au  pluriel),  adj.  |1 1°  Qui  suit  rigoureuse- 
ment la  vérité,  la  convention.  Il  est  fort  exact.  His- 
torien exact.  Soyez  exact  au  rendez-vous.  Les  rois 
sont  plus  exacts  à  punir  ce  qui  blesse  leur  caractère 
que  faciles  à  pardonner  par  le  mouvement  de  la  na- 
ture, ST-ÉVREM.  dans  le  i)t'c(.  de  richelet.  Sur  le 
point  dont  il  s'agit  j'ai  eu  quelques  entretiens  avec 
des  ecclésiastiques  instruits  et  d'une  raison  exacte  et 
saine,  Mirabeau,  Collection,  t.  iv,  p.  340.  ||  2°  En 
parlant  des  choses,  fait  avec  soin,  avec  ponctualité. 
Compte  exact.  Expression  exacte.  Exacte  recherche, 
.'e  veux,  pour  espion  qui  soit  d'exacte  vue,  Prendre 
le  savetier  du  coin  de  notre  rue,  mol.  Ëc.  des  f.  iv, 
4.  J'espère  que  vous  y  verrez,  mes  pères,  une  ré- 
ponse exacte,  et  dans  peu  de  temps,  pasc.  Prov.  xi. 
Il  Qui  est  vrai  de  tout  point.  Notion  exacte.  Le  fait  est 
exact.  C'est  exact.  Si  les  idées  des  mathématiciens 
sont  exactes,  c'est  qu'elles  sont  l'ouvrage  de  l'algèbre 
etde  l'analyse,  condillac,  Conn.  hum.  sect.  Ii,  ch.  7. 
Il  Les  sciences  exactes,  les  mathématiques  et  les 
sciences  qui  s'appuient  sur  les  mathématiques.  11 
[Boiieau]  ignorait  jusqu'aux  termes  les  plus  com- 
muns de  la  langue  des  sciences  exactes,  e'alemb. 
Éloges,  Despréaux.  ||  3°  Qui  est  conforme  à  son 
modèle.  Copie,  reproduction  exacte.  ||  4°  Sévère, 
rigoureux.  Ici  l'exact  refus  fait  montre  d'amitié, 
TRISTAN,  M.  de  Chrùpe,  m,  2.  En  matière  d'Etat.... 
Il  n'est  scrupule  exact  qu'il  n'y  faille  garder,  corn. 
Attila,  i,  2.  Observateurs  zélés  de  l'exacte  justice, 
VOLT.  Scythes,  ii,  6.  ||  Il  se  dit  dans  un  sens  ana- 
logue du  régime.  Une  diète  exacte.  Un  régime 
exact  et  même  ses  austérités  lui  valurent  une  santé 
assez  égale,  fonten.  des  Billettes. 

—  ÉTYM.  Lat.  exactus,  soigneux,  exact,  propre- 
ment poussé  jusqu'à,  achevé,  de  ex,  hors,  et  oc- 
tus,  part,  passé  de  agere,  pousser  (voy.  agir). 

EXACTEMENT  (è-gza-kte-man),  ndi'.  D'une  ma- 
nière exacte.  Pour  moi ,  monseigneur,  qui  vous 
connais  jusque  dans  l'âme, et  qui  sais  combien  exac- 
tement vous  vous  acquittez  de  tous  les  devoirs  de 
toutes  sortes  d'amitiés,  voit.  Lett.  (57.  [Il]  Tenait 
exactement  ce  qu'il  avait  promis,  tristan,  Panthée, 
i,  4.   Observe  exactement  la  loi  que  je  t'impose, 

HN.  Cinna,  v,  t. 

—  ETYM.  Exacte,  et  le  suffixe  ment. 
EXACTEUR   (è-gza-kteur),  s.  m.  \\  1°  Celui  qui 

exige  ce  qui  est  dû  à  lui  ou  à  un  autre.  Comme  un 

maître,  sévère  exacteur  de  ses  droits  et  déterminé  à 

ne  rien  perdre  de  ce  qui  lui  est  dû,  bourdaloue, 

"yst.  Purif.  de  la  vierge,  t.  ii,  p.  214.  Des  ber- 

;ersqui,  couverts  à  peine  de  lambeaux   déchirés, 

■ardent  des  moutons    infiniment   mieux    habillés 

u'eux,   et   qui  paient  à   un  exacteur  la  moitié  des 

âges  chélifs  qu'ils  reçoivent  de  leurs  maîtres,  volt. 

Vtitc.  de  Babyl.  3.   ||  2»  Celui  qui  commet  une  ex- 

':tion,  qui  exige  plus  qu'il  n'est  dû.    Maudit  so;t 

lui  qui  créa  la  race  détestable  des  grands  exac- 

lurs,  DIDER.  Salon  de  1767,  (Jlnmes,  t.  xiv,  p.  («o, 

■,ns  POUGENS. 

—  HIST.  XIV'  s.  Les  droiz  de  vray  roy  ne  sont  pas 
«actions,  ne  les  bons  roys  ne  sont  pas  exacleurs, 
«ESME,  Thèse  de  meunier.  ||xvi'  s.  Aussi  se  mons- 
Ira-il  pareillement  severe  observateur  et  roide  exac- 
''ur  de  la  (Mscipline  militaire,  amyot,  P.  Aim.  c. 


'-  ÉTYM.  Lat.  excctorem,  celui  qui  exige,  et  pir- 
ticulièrement  celui  qui  exige  l'impôt,  de  exactum, 
supin  de  exigere  (voy.  exiger). 

EXACTION  (è-gza-ksion  ;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  d'exiger  une  chose  due.  Les 
États  les  plus  sages  et  les  mieux  policés,  comme 
Athènes  et  Rome,  ont  toujours  été  embarrassés  à 
trouver  un  juste  tempérament  pour  réprimer  la  du- 
reté dans  l'exaction  du  prêt  et  la  mauvaise  foi 
du  débiteur  qui  refuse  ou  néglige  de  payer  ses  det- 
tes, rollin,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  6B,  dans 
LACURNE.  Il  Usure.  Les  Juifs,  enrichis  par  leurs  exac- 
tions, étaient  pillés  par  les  princes  avec  la  même  ty- 
rannie; chose  qui  consolait  les  peuples  et  re  les 
soulageait  pas,  montesq.  Esp.  xxi,  20.  ||  2"  Aete 
d'un  percepteur  des  deniers  publics,  et,  en  géné- 
ral, d'un  administrateur  quelconque  qui  exige  ce 
qui  n'est  pas  dû  ou  plus  qu'il  n'est  dû.  Le  reste  de 
l'empire  souffrait  beaucoup  sous  tant  d'empereurs  et 
tant  de  Césars;  les  officiers  se  multipliaient  avec  les 
princes;  les  dépenses  et  les  exactions  étaient  infi- 
nies, Boss.  Hist.  I,  to.  Il  Contribution  exigée  d'une 
population  comme  amende  et  punition.  Thémistocle 
parcourut  les  îles  qui  avaient  suivi  leur  parti  [des 
Perses]  pour  y  faire  des  exactions  et  pour  en  tirer 
de  l'argent,    rollin,   Hist.  anc.    (Jiuvres,  t.  m, 

p.  249,  dans  POUGENS. 

—  HIST.  xni'  s.  [Nous]  affrancissomes  la  devant 
dite  abeye,  et  volons  que  ele  soit  efTranchie  et  cuite 
[quitte]  de  toutes  exactions,  corovées  et  tailles, 
tailliar,  necueil,  p.  263.  ||  xiv  s.  Tirant  regarde 
lesquels  de  ses  gens  scevent  mieulz  trouver  exac- 
tions, oresme.  Thèse  de  meunier.  ||xvi'  s.  Il  estoit 
besoin  d'imposer  de  bien  grosses  tailles  et  de  faire  de 
griefves  et  excessives  exactions,  amyot,  Ant.  26. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exaction;  espagn.  exaccion ; 
ital.  esazione;  du  lat.  exactionem  (voy.  exacteur). 

t  EXACTIONNER  (è-gza-ksio-né) ,  V.  n.  Com- 
mettre des  exactions. 

—  HIST.  xv*  s.  Le  pape  Boniface  avoit  mis  en 
difficulté  à  canoniser  le  roy  saint  Loys,  alléguant 
que  le  dit  roy  saint  Loys  avoit  griefvement  exaction- 
né  son  peuple,  Hist.  de  la  toison  d'or,  t.  i,  f°  97, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Exaction.  Ce  mot,  qui  est  ancien,  est 
régulièrement  fait,  comme  passionner,  de  passion, 
impressionner ,  de  impression. 

EXACTITUDE  (è-gza-kti-tu-d') ,  i. /■.  ||  1' Qualité 
de  la  personne  qui  est  exacte.  Avec  exactitude  il 
suit  toutes  ses  lois,  corn.  Pulchér.  i,  3.  L'exactitude 
qu'on  avait  à  garder  les  petites  choses,  boss.  Jlist. 
m,  3.  L'Espagne  sur  ce  sujet  [les  jeûnes]  a  des 
coutumes  que  la  France  ne  suit  pas;  mais  la  reine 
se  rangea  bientôt  à  l'obéissance....  et  l'extrême 
exactitudjede  cette  princesse  marquait  la  délicatesse 
de  sa  conscience,  id.  Ilar.-Thér.  Après  qu'il  avait 
rempli  dans  la  dernière  exactitude  ses  fonctions  né- 
cessaires, il  se  renfermait  dans  son  cabinet  où  il 
étudiait....  FONTEN.  Méry.  L'exactitude  de  l'esprit 
n'a  presque  rien  de  pénible  :  ce  n'est  point  une  ser- 
vitude comme  l'imagination  la  représente,  malebr. 
Rech.  I,  H.  Dites,  n'est-il  pas  vrai  que  votre  promp- 
titude M'a  presque  soupçonné  de  peu  d'exactitude? 

I.  B.  Rouss.  le  l'iatt.  m,  7.  Il  me  parut  qu'on  pou- 
vait raisonner  en  métaphysique  et  en  morale  avec 
autant  d'exactitude  qu'en  géométrie,  condill.  Conn. 
hum.  Introd.  ||  2°  Précision,  justesse  dans  les  cho- 
ses. Un  calcul  d'une  grande  exactitude.  L'exacti- 
tude d'une  mesure.  Et  quand  l'obéissance .  a  de 
l'exactitude.  Elle  voit  que  la  gloire  est  dans  la 
promptitude ,  corn.  Sertor.  iv ,  2.  J'abandonne 
l'exactitude  Aux  gens  qui  riment  par  métier;  D'au- 
tres font  des  vers  par  étude;  J'en  fais  pour  me 
désennuyer,  gresset,  ies  Ombres. 

—  REM.  Vaugelas,  Hemarques,  dit  :  a  C'est  un 
mot  que  j'ai  vu  naître  comme  un  monstre  et  auquel 
on  s'est  accoutumé;  on  lui  a  en  vain  opposé  exac- 
teté.  >>  Arnaud  avait  risqué  le  mot  d'exaoteté  dans  un 
livre  De  la  fréquente  communion  (1643),  se  réglant 
en  cela  sur  les  terminaisons  en  usage  dans  les  mots 
dene((e(e,  sainteté,  honnêteté;  mais,  sa  voyant  à  peu 
près  seul,  il  se  rétracta  depuis  et  revint  t  exactitude, 
ste-beuve,  Vaugelas,  Constitutionnel,  2S  déc.  isas. 

—  ÉTYM.  Exact. 

+  EXAGÉRANT,  ANTE  (è-gza-jé-ran,  ran-t'.), 
adj.  Qui  exagère.  TertuUien,  plus  exagérant  que 
saint  Cyprien,  fén.  t.  ii,  p.  107. 

EXAGÉRATEUR,  TRICE  (è-gza-jé-ra-teur,  tri-s"), 
s.  m.  et/'.  Il  1°  Celui,  celle  qui  exagère.  C'est  un 
grand  exagérateur.  C'est  un  homme....  ne  parlant 
jamais  qu'à  propos,  point  prompt  à  décider,  point 
du  tout  exagérateur  incommode,  mol.  Am.  magn. 

II,  3.  Vespasion  et  Titus  firent  ce  siège  mémorable 


qui  finit  par  la  destruction  de  la  ville  [Jérusalem]; 
Josèpho  l'exagérateur  prétend  que,  dans  cette  courte 
guerre,  il  y  eut  plus  d'un  million  de  Juifs  massa- 
crés, volt.  Dict.  phil.  Juifs.  ||  2°  Adj.  le  ne  suis 
point  exagérateur  comme  celui  qui  ne  racontait 
que  des  prodiges  de  votre  altesse,  balz.  6'  dise. sur 
ta  cour.  Toutes  les  passions  sont  exagératrices,  et 
elles  ne  sont  passions  que  parce  qu'elles  exagè- 
rent,   CIIAMPF0RT,  Max.  et  pcns.  t.  i,  p.  367. 

—  ÉTV.M.  Lat.  exaggeratorem ,  de  exaggerare, 
exagérer. 

EXAGÉRATIF,  IVE  (è-gza-jé-ra-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  tient  de  l'exagération.  Ce  qui  paraît  principale- 
ment leur  avoir  inspiré  ce  langage  exagératif,  c'est 
que,  prenant  pour  modèle  les  livres  attriijués  à 
saint  Denys  l'Aréopagite,  ils  en  ont  imité  le  style 
extraordinaire,  boss.  États  d'oraison,  i,  2. 

—  ÉTYM.  Voy.   EXAGÉRATEUR. 

EXAGÉRATION  (6-gza-jé-ra-sion ;  en  vers,  de 
six  syllabes) ,  s.  f.  \\  i°  Action  d'exagérer;  résultat  de- 
cette  action.  Je  l'ai  vu  [le  prince  de  Condé],  et  ne 
croyez  pas  que  j'use  ici  d'exagération,  je  l'ai  vu  vi- 
vement ému  des  périls  de  ses  amis;  je  l'ai  vu,  sim- 
ple et  naturel,  changer  de  visage  au  récit  de  leurs 
infortunes....  boss.  Louis  de  Bourbon.  Hé  bien!  ne 
croyez-vous  pas  que  ceux  à  qui  s'adressera  une  exa- 
gération aussi  forte  l'écouteront  avec  plaisir  ?  font. 
Auguste,  Arélin.  Je  parle  votre  langage  :  je  réponds 
à  vos  exagérations  par  les  miennes,  marivaux, 
Préj.  vaincu,  se.  4.  Les  fortes  âmes  de  ceux-ci  [les 
anciens]  paraissent  aux  autres  [les  modernes]  des 
exagérations  de  l'histoire,  i.  j.  rouss.  Gouv.  de 
Polog.  ch.  2.  L'exagération  qui,  en  voulant  agran- 
dir les  petites  choses,  les  fait  paraître  plus  petites 
encore  ,  d'alemb.  Éloges  ,  Fléchier.  L'exagération 
est  naturelle  au  langage  humain;  les  mots  expri- 
ment l'inspiration  que  l'homme  reçoit  des  faits  bien 
plutôt  que  les  faits  mêmes,  guizot.  Histoire  de  la 
civil,  en  France,  S'  leçon.  ||  Figure  de  pensée  qui 
consiste  à  mettre  à  la  place  de  la  véritable  idée  de 
la  chose  une  autre  idée  du  même  genre,  mais  d'un 
degré  supérieur,  jj  2°  Terme  de  beaux-arts.  L'exagé- 
ration des  formes.  La  manière  de  cet  artiste  a  de 
l'exagération.  L'exagération  des  gestes. 

—  HIST.  xvi'  s.  Au  premier  qui  me  demande  la 
vérité  nue  et  crue,  je  quitte  soubdain  mon  effort, 
et  la  luy  donne  sans  exaggeration,  sans  emphase  et 
remplissage,  mont,  iv,  -isi. 

—  ÉTYM.  Lat.  exaggerationem  (voy.  EXAtÉRRR). 
EXAGÉRÉ,  ÉE  (é-gza-jé  ré,  rée),  adj.   ||   1°  Qui 

porte  le  caractère  de  l'exagération.  S'il  y  a  des  peuples 
qui  aiment  les  expressions  exagérées,  ce  n'est  pas 
parce  qu'elles  sont  fausses,  c'est  parce  qu'elles  les 
remuent;  mais  rien  n'empêche  d'allier  l'exactitude 
avec  la  force  ;  le  style  est  donc  susceptible  d'une 
beauté  réelle,  condillac.  Art  d'écr.  ii,  (6.  Si  l'on 
considère  le  nombre  des  traits  qui  caractérisent  un 
personnage  comique,  on  peut  dire  que  la  comédie 
est  une  imitation  exagérée,  marmontel,  Élém.  de 
litt.  t.  VI,  p.  -142,  dans  pougens.  ||  S.  m.  Ce  qui 
porte  le  caractère  de  l'exagération.  Quelle  différence 
mettez-vous  donc  entre  le  romanesque  et  l'exagéré  t 
DIDEROT,  Salon  de  H767,  Oliuvres,  t.  xv,  p.  IBO, 
dans  POUGENS.  ||  2°  Dont  les  sentiments  ne  gardent 
pas  la  juste  mesure,  en  parlant  des  personnes.  Je 
la  trouvai  susceptible  ,  exagérée,  défiante:  voilà  les 
suites  amères  de  l'infortune,  genlis,  Thédt.  d'éduc. 
Ennem.  génér.  ii,  3.  ||  S.  m.  Celui  qui  a  des  opinions 
outrées,  violentes,  surtout  en  pplitique.  ||  3°  Terme 
de  beaux-arts.  Qui  n'est  pas  soumis  aux  justes  pro- 
portions. Il  ne  faut  pas  mettre  la  nature  exagérée  à 
côté  de  la  nature  vraie  sous  peine  de  contradiction, 
DIDEROT,  Pensées  sur  la  peinture,  Œuvres,  t.  xv, 
p.  187,  dans  POUGENS. 

t  EXAGÉRÉMENT  (è-gza-jé-rè-man) ,  adv.  D'une 
manière  exagérée.  Elle  [la  minorité  de  la  chambre 
de  1830]  ne  craint  exagérément  ni  les  journaux,  ni 
les  sociétés  populaires,  ni  l'ancienne  congrégation, 
ni  le  midi,  ni  l'ouest,  ni  l'Europe,  carrel,  tfc'ut). 
t.  I,  p.  246. 

—  ÉTYM.  Exagéré,  et  le  suffixe  ment. 

EXAGÉRER  (è-gza-jé-rè.  La  syllabe  5^  prend  l'ac- 
cent grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'exagère ,  sauf  au  futur  et  au  conditionnel  :  j'exagére- 
rai, j'exagérerais),  v.  a.  ||  1°  Donner  aux  choses  des 
proportions  plus  grandes  qu'elles  n'ont  réellement. 
Ces  fortes  expressions  par  lesquelles  l'Écriture  sainte 
exagère  l'inconstance  des  choses  humaines,devaient 
être  pour  cette  princesse  si  précises  et  si  littérales, 
BOSS.  Duch.  d'Orl.  En  exagérant  tout,  on  ne  définit 
rien,  la  chaussée,  Gouvem.  1,  a.  Va,  tempère, 
Gracchus,  ce  zèle  fanatique,  Et  n'exagère  point  la 
misère  publique,  M.  J.  ciién.  GracQ.  11,  ».  ||  Exa- 


fSSO 


BXA 


!*  .s  «Sîtoi  «agérer  k  M.  de  M"', 

ti  .„u>.ui  «T?o  "  bon  p.rl  .*v.  33,.  Il  S-exa- 
!î«,^^u«*wr  »  «".  nendanl  qu«  .on  esprit  en- 
fcl  «  d«^l."r.  SV.aK'Ve   »a  peine  et  gro.s.l 

r.Brd«dom.rt,que.  vient  d.  .'eiaRérer  les  défaut, 
d.".u™  m»ttr...  oKmJS,  TWdl.  d-<du«.  Jo  Harch. 
dt  mode  K.  ».  Il  Al«olumcnt.  Il  y  a,  «an»  cxaRérer, 
einnuanle  endroiU....  boïs.  «ouv.  myit.  ♦.  Le  zèle 
de  luliliié  publique  était  en  lui  une  véritable  pas- 
(inn,  et  toute»  les  passion»  «agirent,  condobcet, 
Puhamtl.  On  n'avait  point  exagéré  en  nous  disant 
que  nous  trouverions  plu»  d'or  et  d'argent  à  Delphes 
qu'il  n'y  en  a  peut  être  dans  le  reste  de  la  Grèce, 
iARTiiiL.  Anach.  ch.  2J.  ||  2' Donner  une  expression 
excrasive.  L'action  théâtrale  étant  privée  de  l'ei- 
nrcsïion  du  visage,  on  s'efforça  d'y  suppléer  par 
l'expression  du  geste,  et  l'immensité  des  théftlres 
oblige»  de  l'exagérer,  iiarmontel,  Élém.  littir. 
OHutret,  t.  ix,  p.  tB«,  dans  polokns.  ||  Terme  de 
peinture  et  de  sculpture.  Exagérer  les  formes,  les 
proportion»  de»  figure».  ||  3°  Faire  valoir,  faire  res- 
sortir. Surtout  'il  est  très-nécessaire  que  vous  teniez 
la  main  à  ce  que  les  règlements  et  instructions  que 
j'ii  envoyés  pour  les  manufactures  et  les  teintures 
•oient  soigneusement  exécutés,  ne  pouvant  assez 
Tou»  exagérer  les  avantages  que  toutes  les  provinces 
du  royaume  qui  s'y  conforment  ex.icloment  reçoi- 
vent, COLBERT,  Cnrresp.  t.  ii,  Iclt.  210.  Il  ne  man- 
qua pas  de  bien  exagérer  combien  il  était  important 
de  ne  pas  toucher  aux  rentes  de  la  ville  de  Paris, 
ID.  ib  t.  u,  p.  68.  Cet  arrêt  ayant  été  publié  et  porté 
lur  le  bureau  de  la  Chambre  de  justice,  au  lieu 
qu'elle  devait  rendre  publique  et  exagérer  une  si 
sensible  marque  de  la  bonté  du  roi  pour  ses  peu- 
ple», ID.  ib.  Il  Cet  emploi  vieillit. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Exaggerer  celte  vengeance  divine 
[It  mort  d'Arius]  par  la  circonstance  du  lieu  [un 
privé  où  il  mourut],  mont,  i,  34». 

—  Ctyh.  Lat.  ezaggerare,  proprement  accumuler 
U  terre,  et,  par  suite,  exagérer,  de  ex,  et  aggerare, 
faire  un  monceau  de  terre,  de  agger,  monceau  de 
terre. 

'  fEXAGÉREDR.  EUSE  (è-gza-jé-reur,  reû-z'), 
*.  m.  et^  Celui, celle  qui  exagère.  Ce  propos  de  table 
était  bon;  vous  en  auriez  été  contente?  n'avez-vous 
point  quelque  eiagéreuse  comme  celle-là?  sëv.  6». 

—  ETYM.  Exagérer. 
EXAfiONE,  aitj.  Voy.  hexagone. 

t  EXALBUMINÊ,  ÉE  (è-gzal-bu-mi-né,  née),odj. 
Terme  de  liotanique.  Sans  périsperme. 

—  ETYM.  Lai.  ex,  sans,  et  albumine. 

t  EXALTABLE  ( ègzal-ta-bl' ) ,  adj.  Qui  peut 
s'exalter.  Une  âme  exallable. 

t  EXALTANT,  ANTE  (è-gzal-lan,  tan-f),  adj. 
Oui  exalte.  Des  passions  exaltantes. 

EXALTATION  (è-gzal-ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
•yllabe»),  i.  f.  ||  !•  Action  d'élever,  d'exhausser.  La 
fête  de  l'exaltation  de  la  sainte  croix,  fûte  qui  se  cé- 
lèbre le  a  septembre,  en  mémoire  de  ce  que  Hé- 
raclius  rapporta  à  Jérusalem  du  Calvaire  la  croix 
de  Jésus-Christ,  enlevée  quatorze  ans  auparavant 
parCosrots,  roi  du  Herse.  ||  2' L'avènement,  l'intro- 
nisation d'un  pape.  Les  jours  de  son  exaltation  [du 
pape]  furent  le»  jour»  de  votre  gloire,  patru.  Éloge 
de  M.  Bellièvre.  ||  8*  Terme  d'ancienne  chimie.  La 
sublimation  ou  volatilisation  d'un  corps  quelconque. 
L'exalution  des  sols,  des  soufres.  ||  4'  'forme 
d'astrologie  judiciaire.  Une  planète  est  dans  sou 
exaltation  lorsqu'elle  est  dans  le  signe  où  les  astro- 
logues supposent  le  plus  de  vertu  à  ses  influences. 
Il  S*  Action  de  rendre  plus  éclatant,  plus  glorieux. 
Si  nous  envisageons  cet  événement  fia  mort  de 
Pascal  le  père]  non  pas  comme  l'effet  du  hasard..., 
mais  comme  une  suite  indispensable,  inévitable 
juste,  sainte,  utile  au  bien  de  l'Église  et  à  l'eiall 
tation  du  nom  et  de  la  grandeur  de  Dieu  pasc 
Ltlt.  à  Périer,  n  oct.  «661.  Pardonnez  à  des  aveu- 
gle» qui  servent,  sans  le  savoir,  à  l'exaltation  de 
mon  nom,  MASS.  Myit.  Pau.  ||  6'  Etat  de  l'esprit 
baussi  tu  delà  de  son  état  ordinaire.  L'exaltation 
«!•»  espnt».   U  me  fit  d'abord  connaître  clairement 

«•  jf  *""*"'  "on  *me;je  fis  de  si  prodigieux 
enorta  d  exaltation  que  j'en  tombai  malade,  volt. 
•  a  auxioinu,  Nouveaux  tyitèmct.  lia  la  tête  vive, 
ne  ta  grandeur  dame,  il  est  irès-suscepUble  d'cxal- 

~00Wi  La  manière  de  vivre  des  Chartreux  sup- 
religieux,  ■-  m  „^  corinn,.  x, ,.  |i  Exaltation 


EXA 

politique,  ardeur  cxccssiro  dans  lei  opinions  ou  le» 
partis  politiqups.  L'exaltation  des  hommes,  des  opi- 
nions pendant  la  révolution.  ]|  7"  Terme  de  méde- 
cine. Symptôme  qui  consiste  en  ce  que  le  malade 
a  des  idées  plus  vives  qu'il  ne  conviendrait.  U  avait 
de  la  fièvre,  de  l'exaltation.  ||  Augmentation  déme- 
surée de  l'action  d'un  organe  ou  d'un  système  d'or- 
gane». L'exaltation  des  fonctions  des  reins. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  semble  monstrer  que  l'exaltation 
et  haut  règne  dos  François  est  un  heur  grand  et  jo- 
cunditéaux  Bourguignons,  0.  chast.  Expos,  sur  vé- 
rité mal  prise.  ||  xvi'  s.  En  haine  de  son  exaltation 
on  abaissoit  son  extraction,  d'aub.  Ilist.  11,  *!>o. 

—  ETYM.  Provenç.  exallatio  ;  espagn .  eia/(acton  ; 
ital.  esaltaxinne ;  du  lat.  eiai(a(JO»i«in,  de  exaltare, 
exalter  (voy.  exalter). 

EXALTE,  ÉE  (è-gzal-té,  tée),  part,  passé. 
Il  !•  Élevé  très-haut;  loué  extrêmement.  Parle  pour 
consoler  mon  âme  inquiétée.  Parle  pour  la  con- 
duire à  quelque  amendement.  Parle  afin  que  ta 
gloire  ainsi  plus  exaltée  Croisse  éternellement,  cobn. 
Imit.  m,  i.  Ces  pauvres  autrefois  si  petits,  mais 
alors  comblés  de  gloire  et  si  hautement  exaltés , 
BOUBDALOUE,  8«  dim.  après  la  Pentecôte,  Dominic. 
t.  m,  p.  t<»,  dans  TOUOENS.  Ils  savent  qu'un  héros 
par  son  rang  exalté  Ne  doit  qu'à  la  vertu  ce  que 
doit  le  vulgaire  X  la  nécessité,  j.  b.  Ronss.  Odes,  iv,  B. 
Il  2"  Rendu  plus  actif.  Qu'aurait-ce  élé  si  le  venin 
eût  été  un  peu  plus  exalté?  et  il  le  serait  devenu 
sans  doute  si  l'on  n'avait  pas  été  assez  heureux  pour 
trouver  un  remède  aussi  puissant  que  celui  qu'on  a 
découvert,  iiontesq.  Lett.  pers.  <I3.  ||  S"  Avoir  la 
tête  exaltée,  l'imagination  exallée,  avoir  une  tête, 
une  imagination  qui  s'enflamme  facilement  et  qui 
s'emporte.  Les  têtes  exaltées  qui  ne  s'expliquent 
rien,  mai»  que  tout  frappe,  ont  des  visions,  Dide- 
rot, Hègne  de  Claude  et  Nér.  1,  §  Jio.  Les  petites 
âmes  portent  dans  les  grandes  choses  le  vice  qui  est 
en  elles;  c'est  la  raison  pour  laquelle  on  donne  le 
nom  de  tètes  exaltées  à  ceux  qui  marquent  une 
violente  indignation  contre  des  vices  communs 
qu'on  partage  ou  qu'on  a  quelque  intérêt  à  ména- 
ger, ID.  ib.  II,  24.  Il  11  se  dit  aussi  des  personnes. 
Vous  êtes  un  homme  exalté.  ||  En  politique,  le  parti 
exalté,  le  parti  révolutionnaire  le  plus  ardent.  ||  S. 
m.  et  f.  C'est  un  exalté,  une  exallée. 

EXALTER  (è-gzal-té),  V.  a.  ||  1»  Élever  très-haut, 
louer,  vanter  beaucoup.  Exaller  le  mérite  d'une  ac- 
tion. Ils  exaltaient  la  taille  et  la  valeur  des  Alle- 
mands, d'ablancohrt.  César,  liv.  i,  dans  richelet. 
Pour  sauver  du  mépris  ma  constance  abattue,  Je  ne 
puis  exalter  l'ennemi  qui  me  tue,  rotb.  Uerc.  mour. 
m,  3.  Ce  n'est  pas....  Qu'aisément  je  ne  pusse,  en 
quelque  ode  insipide,  T'exalter  aux  dépens  et  de 
Mars  et  d'Alcide,  boil.  ÉpU.  i.  Oui,  l'honneur,  Va- 
lincourt,  est  chéri  dans  le  monde;  Chacun  pour 
l'exalter  en  paroles  abonde,  ID.  Sat.  xi.  On  l'exalte 
partout,  on  l'admire,  on  l'encense,  c.  delav.  Po- 
rto, u,  î.  Il  2»  Rendre  plus  actif.  Exaller  les  pro- 
priétés d'un  médicament.  Exalter  les  fonctions  du 
foie.  Il  Fig.  Ce  conquérant  imposteur  exalta,  si  l'on 
peut  s'exprimer  ainsi,  par  ses  dogmes  sanguinaires 
la  férocité  naturelle  de  ces  peuples,  batnal,  Uist. 
phil.v,  t.  Contrarier  ouvertement  les  grands  sen- 
timents est  un  moyen  sur  de  les  rendre  opiniâtres 
et  de  les  exalter,  genlis,  Mlle  de  Lafayette,  p.  t63, 
dans  PODOENs.  {|  3"  Ancien  terme  de  chimie.  Redou- 
bler la  vertu  d'une  substance  en  la  purifiant.  Exal- 
ter de  l'antimoine.  ||  4°  Élever  l'esprit  au-dessus  de 
«on  état  ordinaire.  Le  récit  de  ces  grandes  actions 
l'exaltait.  ||  Absolument.  Alors,  s'eialtant  pour  exal- 
ter :  Eh  quoi!  c'est  vous,  ajoute-t-il,  que  cette  pen- 
sée n'enflamme  point?  séour,  Hist.  de  Nap.  vm,  9. 
Il  Terme  de  piété.  Exalter  son  âme,  prendre  des 
sentiments  d'orgueil.  Si  je  n'ai  pas  eu  d'humbles 
sentimenta  et  que  j'aie  exalté  mon  âme,  boss.  Jfor. 
Thér.  Il  6*  Jeter  dans  une  sorte  de  transport,  de  dé- 
lire. Des  méditations  prolongées  lui  ont  exalté  l'es- 
prit. ||  8*  S'exalter,  ».  réft.  Être  élevé,  loué.  Si  ta 
gloire  peut  s'exalter  Par  l'effet  où  j'ose  prétendre. 
Permets  qu'en  ton  saint  nom  je  puisse  exécuter  Ce 
que  tu  me  vois  entreprendre,  corh.  Imit.  m,  <6. 
Il  Prendre  de  l'exaltation.  U  s'exaltait  en  racontant 
ce  haut  fait.  ||  Se  louer,  se  vanter  réciproquement. 
Dans  la  camaraderie  on  s'exalte  les  uns  les  autres. 

—  HlST.  xvi-  s.  Puis  je  sens  bien  ma  plume  trop 
ruralle  Pour  exalter  sa  maison  liberalle,  marot,  u, 
33.  11  est  besoin  de  monstrer  ici  brièvement,  com- 
ment et  par  quels  moyens  il  [le  pape]  s'est  exalté 
desja  dès  longtemps  pour  entreprendre  quelque  ju- 
risdiclion  sur  les  autre»  l':gli»e»,  calv.  Intlit.  899. 

—  ETYM.  Provenç.  «toJtor;  lat.  emUtart,  haus- 
ser, de  ex,  et  a((i(.«,  haut. 


EXA 

EXAMEN  (è-gza-min.  Quelques-uns  prononcent 
è-gza-mèn'  ;  mais  cette  prononciation  est  affectée  : 
autrefois  c'était  la  bonne;  Chifflet  disait  que  l'n  se 
prononçait  toujours),*,  m.  ||  1°  Action  d'examiner. 
L'officier  auquel  le  roi  renvoya  l'examen  de  notre 
affaire,  fén.  Tél.  11.  Toute  la  vie  du  chrétien  doit 
être  un  examen  et  une  censure  continuelle  et  se- 
crète de  sf?s  actions,  de  ses  désirs,  de  ses  pensées, 
MASS.  Car.  Conf.  Je  mo  borne  à  l'examen  de  quel- 
ques questions  qui  me  paraissent  les  plus  impor- 
tantes, CONDILLAC,  Études  hiit.  part.  l,  ch.  8.  U 
y  a.  dans  le  septième  tome  de  Paméla,  un  exa- 
men très-judicieux  de  l'Andromaquede  Racine,  par 
lequel  on  voit  que  cette  pièce  ne  va  pas  mieux  à  son 
but  prétendu  que  toutes  les  autres,  J.  j.  bodss.  Let- 
tre à  d'Alembcrt.  D'un  sévère  examen  je  ne  crains 
pas  la  suite,  H.  /  chén.  Œdipe  roi,  m,  2.  ||  Terme 
ecclésiastique.  Examen  de  conscience,  préparation 
à  la  confession.  Elle  [Anne  d'Autriche]  redouble  se» 
dévolions  toujours  assidues;  elle  apporte  de  nou- 
veaux soins  à  l'examen  do  sa  conscience  toujours 
rigoureux,  boss.  Mar.-Thér.  Ceux  (livres  d'heures] 
dans  lesquels  les  examens  de  conscience  sont  un 
peu  détaillés,  genlis,  Ad.  et  Théod.  t.  11,  lett.  7, 
p.  tu  ,  dans  pougens.  ||  Faire  son  examen  de  con- 
science, examiner  attentivement  sa  propre  conduite. 
De  bonne  foi  du  moins  il  fait  sonexamen,  coLLtx 
d'harlev.  Chdt.  en  Esp.  11,  3.  ||  Terme  de  philoso- 
phie. Le  libre  examen,  le  droit  naturel  de  n'accep- 
ter comme  vrai  que  ce  qu'admet  la  raison  ou  l'ex- 
périence; et,  plus  particulièrement,  indépendance 
d'opinion  qui  fait  repousser  le  joug  de  l'autorité 
en  matière  de  foi  et  examiner  les  dogmes  tradition- 
nels d'après  sa  |  ropre  raison.  Un  homme  d'examen. 
Esprit  d'examen.  ||  2"  Épreuve  orale  ou  écrite  que 
subit  un  candidat  pour  être  admis  à  tel  ou  tel 
grade.  Subir  un  examen.  Passer  son  examen,  ses 
examens.  Il  3°  Par  extension,  sorte  d'interrogatoire 
qu'on  fait  subir  à  quelqu'un  sur  certain»  faits.  Exa- 
men d'un  accusé.  ||  Partie  de  la  procédure  publi- 
que, en  matière  criminelle ,  qui  comprend  les  in- 
terrogatoires et  l'exposition  des  charges. 

—  mST.  XV*  s.  Il  laissa  meuble  et  héritage  Et  se» 
parens  sans  retorner;  Jhesucrist  le  face  tourner  Au 
jour  du  derain  examen  De  sa  deslie  partie;  amen, 
le  Tombel  de  la  Chartrose,  ms.  d'Avranches.  Que  cel- 
luy  qui  sera  passé  maistre  sans  grâce  et  par  exa- 
men, sera  tenu  paier,  avant  qu'il  levé  son  ouvrouer, 
la  somme  de  «  escus  d'or,  Ordonn.  fév.  1485. 
Il  XVI*  s.  Le  nombre  de  qui  on  fait  l'examen,  de- 
LABOCHE,  Arismelique,  f  t) ,  verso. 

—  ETYM.  Lat.  examen,  pro|iremenX  l'aiguille  de 
la  balance  qui  dénonce  l'équilibre,  de  là  action  de 
peser,  d'examiner,  pour  exagmen,  de  exigere  o\i 
exagère,  réduire  à  (voy.  exiger). 

t  EXAMIXABLE  (è-gza-mi-na-bl') ,  odj.  Qui  peut, 
qui  doit  être  examiné. 

—  HlST.  xvi*  s.  Qui  est  celuy  au  monde  qui  ay« 
droict  de  commander  et  donner  la  loy  au  monde, 
s'assujettir  les  esprits,  et  donner  des  principes  qui  ne 
soyentplusexaminables,  que  l'on  ne  puisse  plusniei 
ou  douter,  que  Dieu  seul?  charron,  Sagesse,  u,  ». 

—  ÉTYM.  Examiner. 

EXAMINATEUR,  TRICE(è  gza-mi-na-teur,  tris'), 
I.  m.  et  f.  Il  1»  Celui,  celle  qui  examine.  On  a  des  exa- 
minateurs à  proportion  qu'on  est  élevé,  st-évrb- 
MOND,  dans  richelet.  Ô  fâcheux  examen  d'un  mys- 
tère fatal  Où  l'examinateur  souffre  seul  tout  le  mal, 
MOL.  Éc.  des  f.  II,  «.  Tous  ces  sages  du  paganisme, 
tous  ces  examinateurs  curieux  de  la  nature  et  de» 
choses  du  monde,  Nicole,  Essais,  t.  ix,  p.  208,  dans 
poiGENS.  Ces  curieux  examinateurs  des  coutume» 
reçues,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  267,  éd.  Lahure.  Il 
faudrait  voir  les  originaux  et  attendre  qu'un  grand 
nombre  de  savanU  eût  fait  cette  étude  à  fond  [an- 
cienneté de  la  Chine] ,  afin  que  parle  grand  nombre 
d'examinateurs  la  chose  pût  être  pleinement  éclair- 
cie,  FÉN.  t.  iix,  p.  161.  Il  2*  Celui,  celle  quia  pour 
fonction  de  faire  subir  les  examens  aux  candidats 
pour  de»  gradesou  des  fonctions.  Examinatrice  pour 
l'instruction  primaire.  \\Ad}.  Dames  examinatrices, 
dames  chargées  de  faire  subir  l'examen  aux  personnes 
nui  postulent  les  places  de  maltresses  de  pensions, 
d'institutrices,  de  directrices  de  salles  d'asile,  etc. 

—  HlST.  xiu*  s.  Les  noms  des  six  jurez  exami- 
neus  sont  teil....  Liv.  des  met.  42o.  ||  xiv*  s.  Auili- 
teurs,  seelleurs,  examinateurs,  Ord.  As  rois  del-'r. 
t.  I,  p.  467.||xvi*  s.  II  faut  estre  bien  aspre  et  sé- 
vère examinateur  et  contreroUeur  de  ce  qui  aura  esté 
dit  quant  à  l'usage  et  à  la  vérité,  auvot,  Comm.  il 
faut  OHÏr,  1 1. 

—  ETYM.  Lat,  examinatnrem ,  de  czaminare, 
examiner 


EXA 

tEXAMINAllON  (è-gza-mi-na-sion),  t.  f.  Ac- 
tion d'examiner. 

—  HIST.  xm*  s.  Quant  aucuns  est  condam- 
nés comme  bourres,  par  l'examinalion  de  sainte 
Eglise,  sainte  Eglise  le  doit  abandonner  à  la  laie 
justice,  BEAL'M.  XI,  2.  Il  XVI'  s.  Une  sérieuse  et 
•ttentifve  examination  non  seulement  de  ses  paro- 
les et  actions,  mais  de  ses  pensées  plus  secrettes.... 
CHARRON,  Sagesse,  i,  i. 

—ÉTYM.Provenç.raaminocf  on;  ital.eiominflitonf; 
du  lat.  examinaiionem ,  de  examinare,  examiner. 

KXAMINfi,  ÉE  (è-gza-mi-né,  née),  part,  passé. 

Il  1°  Les  lieux  examinés  avec  soin Mais  sur  la 

foi  d'un  songe,  Dans  le  sang  d'un  enfant  voulez- 
vous  qu'on  se  plonge  ?  Vous  ne  savez  encor  de  quel 
père  il  est  né,  Quel  il  est. —  On  le  craint,  tout  est 
examiné,  hac.  Àlh.  ii,  6.  ||2°Un  élève  examiné  par 
le  professeur. 

EXAMINER  (è-gza-mi-né),  V.  a.  \\l"  Considérer 
avec  attention  et  pour  se  rendre  compte.  11  se  juge 
en  autrui,  se  tâte,  s'étudie,  Examine  en  secret  sa 
joie  et  ses  douleurs,  corn.  Pomp.  m,  J.  Allons  exa- 
miner pour  ce  coup  généreux  Les  moyens  les  plus 
firompts  et  les  moins  dangereux,  m.  Héracl.  i,  5. 
Lt  sans  examiner  par  quel  destin  jaloux  La  gran- 
deur d'.i  courage  est  si  mal  avec  vous,  m.  Sicom. 
m,  2.  Sa  rigueur  importune  examine  et  publie  Où 
manque  le  devoir  d'autrui,  id.  Imit.  ii ,  3.  Examine 
leurs  yeux,  observe  leurs  discours,  rac.  Brit.  i,  4. 
Je  n'examine  point  si  j'y  pourrai  survivre,  id.  Bé- 
rén.  II,  s.  Il  Examiner,  se  dit  des  différentes  commis- 
sions pour  le  théâtre,  le  colportage,  les  autorisations 
de  livres,  etc.  ||  Absolument.  On  doute,  on  examine, 
et  je  reviens  confus  Demander  à  vos  pieds  vos  or- 
dres absolus,  VOLT.  Orphel.  ii,  7.  ||  2°  Regarder  at- 
tentivement. Plus  j'examine  cette  personne,  plus  je 
crois  la  reconnaître.  On  ne  la  contemplait  point,  on 
l'examinait,  genlis,  MUede  Clermont,  p.  (67,  dans 
POUGENS.  Il  3°  Faire  subir  un  examen.  Examiner 
un  élè?e.  ||  4°  S'examiner,  v.  réfl.  Examiner  s^h 
conscience,  ses  propres  actions.  Plus  je  rentre  en 
moi-même  et  plus  je  m'examine,  Moins  j'y  puis  de 
mon  mal  rencontrer  l'origine,  rotr.  Bélis.  v,  t. 
Quand  un  homme  s'examine  ,  quelle  satisfaction 
pour  lui  de  trouver  qu'il  a  le  cœur  juste!  montesq. 
L'tt.pfrs.  83.  Il  Se  regarder  l'un  l'autre.  Ils  s'exa- 
^iiinent  quelque  temps,  et  enfin  se  reconnaissent. 

—  IIIST.  xm'  s.  Bien  le  sauras  par  toi  meïsmes  ; 
Il  convient  que  tu  t'essaîmes,  la  Rose,  2660.  Toutes 
les  fois  que  tesmong  sont  examiné  et  on  lor  a  fête 
aucune  demande,  do  Is  [la]  quele  il  ne  sont  pas 
bien  avisé....  beaum.  ix,  <3.  ||  xv"  s.  Moult  fut  fort 
et  bien  examiné,  au  tranchant  des  espées,  ce  noble 
toumoy,  Perceforest,  t.  iv,  Bl.  ||xvi*  s.  Nostre  foy 
n'est  pas  moins  esproiivéepartribulation,  que  l'or  est 
examiné  en  la  fournaise,  calv.  Instit.  BBi.  Les  che- 
valiers passoient  par  devant  eulx  [les  censeurs]  pour 
estre  examinez  et  visitez  à  la  monstre ,  amvot ,Pomp. 
32.  Il  me  donna  un  meschant  pourpoint  tout  deschiré 
et  deschiqueté  d'usure  et  un  collet  de  cuir  bien  exa- 
miné [usé]  et  un  meschant  chapp?'iu , paré  ,  m,  p.  7H  . 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  examinar;  ital.  esa- 
minare ;  du  lat.  examinare,  de  examen,   examen. 

f  EXANIE  (È-gza-nie) ,  s.  f.  Terme  de  chirurgie. 
Procidence  de  l'intestin  rectum. 

—  f.TYM.  Lat.  ex,  hors,  et  omis. 

t  EXANTHÉMATEUX,  EUSE  (è-gzan-té-ma-teû , 
teû-z')  ou  EXANTHÉMATIQUE(è-gzan-té-ma-ti-k'), 
ad;'.  Qui  a  rapport  aux  exanthèmes.  {|  Fièvres  exanthé- 
matiques  ou  éruptives,  fièvres  qui  sont  caractérisées 
par  certaines  éruptions,  telles  que  la  rougeole,  la 
variole,  la  scarlatine,  etc.  Ici  exanthématique  n'est 
pas  pris  dans  le  sens  rigoureux  d'exanthème. 

EXANTHÈME  (è-gzan-tê-m') ,  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Groupe  de  maladies  cutanées  dont  le  carac- 
tère commun  est  une  rougeur  plus  ou  moins  vive,  dis- 
paraissant momentanément  sous  la  pression  du  doigt, 
et  existant  sans  vésicules,  papules,  ni  pustules. 
_  —  ÉTYM.  'EÇivOrifia,  de  èÇ,  hors,  et  àv9eïv  ,  fleu- 
rir, proprement  effleurir  (voy.  anthère). 

EXARCHAT  (è-gzar-ka),  s.  m.  Province  gou- 
vernée par  un  exarque.  Pépin  conquit  l'exarchat 
de  Ravenneetledonnaaupape.  ||  Dignité  d'exarque. 

—  f.TYM.  Exarque. 

EXARQUE  (è-gzar-k') ,  s.  m.  \]  1°  Vicaire  général 
de  l'empereur  en  Occident  qui  faisait  sa  résidence 
h  Ravenne.  L'exarchat  fut  institué  sons  l'empereur 
Justin  le  Jeune,  en  567,  et  le  dernier  exarque  fut 
Eutychius,  qu'AstoIphe,  roi  des  Lombards,  défit 
en  702.  Il  2°  Dans  l'Eglise  grecque,  dignitaire  dé- 
puté par  le  patriarche  pour  visiter  les  provinces,  et 
dont  le  titre  répond  à  celui  de  légat  dans  l'Église 
lat.m;. 


EXC 

—  ÉTYM.  'ESapxoî,  de  i$,  hors,  au  loin,  et  âp- 
yeiv,  commander. 

"  t  EXARTURftME  (è-gzar-trê-m'),  ï.m.  ouEXAR- 
TIIROSE  (è-gzar-trô-z'),  f.  /'.Terme  de  chirurgie. 
Synonyme  de  luxation. 

—  F.TYM.  'Ei,  hors,  et  SpBpov,  articulation. 

t  EXARTICnLATION  (6-gzar-ti-ku-la-sion),  s.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Synonyme  de  désarticulation, 
d'amputation  dans  l'article. 

—  ÈTYM.  Lat.  ex,  hors,  et  articulation. 

t  EXARTICCLÊ,  ÉE  (è-gzar-ti-ku-lé,  lée),  adj. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  n'offre  pas  d'articu- 
lations visibles. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  sans,  et  article. 
EXASPÉRATION  (è-gza-spé-ra-sion ;  en  vers,  de 

six  syllabes)  ,s.f.\\l'  État  d'un  esprit  exaspéré.  11  est 
dans  une  grande  exaspération.  ||  Par  extension,  état 
d'agitation,  d'irritation  des  esprits.  L'exaspération 
était  à  son  comble.  ||  2°  Terme  de  médecine.  Accrois- 
sement de  l'intensité  des  symptômes  d'une  maladie. 

—  HIST.  XVI*  s.  Cette  nostre  exaspération  immodé- 
rée et  illégitime  contre  ce  vice  [manie  de  parler  de 

soi],  MONT,  m,  338. 

—  ËTYM.  Lat.  exasperationem,  de  exasperare, 
exaspérer. 

EXASPÉRÉ,  ÉE  (è-gza-spé-ré,  rée),  part,  passé. 
Il  1°  Irrité  à  l'excès.  Je  l'ai  trouvé  fort  exaspéré, 
il  2"  Rendu  plus  âpre,  en  parlant  d'une  maladie. 
Le  mal  exaspéré  par  un  traitement  intempestif. 

EXASPÉRER  (è-gza-.spé-ré  :  pé  prend  un  accent 
grave  quand  la  syllabe  q\ii  suit  est  muette  :  j'exas- 
père; excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  j'exaspé- 
rerai) ,  t).  a.  Il  1°  Irriter  à  l'excès.  Ce  nouvel  outrage  l'a 
fort  exaspéré.  ||  2°  Rendre  plus  Spre,  plus  cuisant. 
Exaspérer  une  douleur.  ||  3°  S'exaspérer,  v.  réfl. 
Devenir  irrité.  Il  s'exaspérait  en  racontant  son  aven- 
ture. Il  Devenir  plus  âpre,  en  parlantd'un  mal  Le 
catarrhe  s'exaspère  par  un  temps  froid. 

—  HIST.  XVI'  s.  Exaspérer,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Lat.  exasperare,  de  ex,  et  asper,  âpre 
(voy.  ce  mot). 

EXAUCÉ,  ÉE  (è-gz6-sé,  sée),  part,  passé.  Cette 
princesse  demandait  des  enfants  au  ciel;  elle  fut 
exaucée.  Il  en  mourra  peut-être;  et  d'un  père  in- 
sensé Le  sacrilège  vœu  peut-être  est  exaucé,  hac. 
Phèdre,  iv,  6. 

t  EXAUCEMENT  (è-gz6-se-man) ,  s.  m.  Action 
d'exaucer  ;  état  de  celui  qui  est  exaucé. 

EXAUCER  (è-gz6-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vant a  ou  0  .•  exauçant,  exauçons) ,  «.  o.  ||  1°  Écouter 
favorablement  celui  qui  prie,  supplie.  Si  j'ai  gardé 
l'iniquité  au  fond  de  mon  cœur,  le  Seigneur  ne 
m'exaucera  pas,  saci.  Bible,  Psaume  lxv,  i«.  Les 
vents  nous  auraient-ils  exaucés  cette  nuit?  rac. 
Iphig.  i,  4.  Il  2'  Il  se  dit  aussi  de  l'accomplissement 
de  ce  qu'on  demande.  Souviens-toi  que,  pour  prix 
de  mes  efforts  heureux.  Tu  promis  d'exaucer  le  pre- 
mier de  mes  vœux,  hac.  Phèdre,  iv,  2. 

—  REM.  Exaucer  n'est  pas  synonyme  d'octroyer, 
accorder.  Il  ne  se  dit  que  de  Dieu,  du  ciel,  des 
puissances  célestes,  ou  des  êtres  que  la  passion  ac- 
tuelle nous  leur  fait  assimiler  (rois,  princes,  mat- 
tresses,  etc.). 

—  ÉTYM.  Exaucer  est  le  même  que  exhausser. 
(voy.  ce  mot)  :  exaucer  quelqu'un,  c'est  le  porter 
en  haut,  de  manière  que  sa  prière  soit  entendue  des 
puissances  supérieures;  et  par  catachrèse  on  dit 
exaucer  une  prière. 

t  EXAUDI  (è-gzô-di) ,  i.  m.  Premier  mot  de  l'in- 
troït de  la  messe  du  cinquième  dimanche  après 
Pâques.  Dimanche  de  l'Exaudi. 

—  ÉTYM.  Lat.  exaudi,  écoute,  de  ex,  et  audire,  ou'ir. 
t  EXCÉCARIE  (è-ksé-ka-rie),  s.  f.  Terme  de  ho- 

tanique.  Genre  d'euphorbiacées,  où  l'on  distingue 
Vexcœcaria  agalloche,  connue  dans  l'Inde  sous  le 
nom  de  calambac  et  appelée  par  Rumphius  arbre 
aveuglant,  i.egoarant. 

—  ÉTYM.  Lai.  excxcare,  aveugler,  ileex,  etcrcus, 
aveugle. 

t  EXCARNATION  (èks-kar-na-sion) ,  s.  f.  Action 
de  dépouiller  un  organe  des  parties  charnues  qui 
l'entourent. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  hors,  et  caro,  carnis,  chair. 

t  EXCARNER  (èks-kar-né),  v.  a.  ôter  le  bois  des 
dents  de  peigne,  en  faire  l'écartement. 

—  ÉTYM.  Voy.  excarnation,  le  bois  qu'on  ôte 
étant  comparé  à  de  la  chair. 

t  EXCAVATEUR  (ek-ska-va-teur) ,  ».  m.  Terme  de 
chemin  de  fer.  Appareil  destiné  à  faciliter  les  déblais. 

—  ÉTYM.  Excaver. 

EXCA'VATION  (èk-ska-va-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'excaver.  Durant  la  capi- 
tulation de  LnieiTibourg,  Vauban  faisait  travailler  à 


EXC 


1551 


l'excavation  du  fossé  et  à  tirer  de  la  pierre  pour  rac- 
commoder la  place,  danoead,  i,  2b,  \3  juin  t684. 
Il  2° Creux  dansle  sol,  dû  soitàlamain  de  l'homme 
soit  à  un  accident  naturel.  On  sol  entrecoupé  d'ex- 
cavations. 

t  EXCA'VER  (èk-ska-vé) ,  v.  a.  Creuser  sous  terre. 
Excaver  le  sol.  jj  Absolument.  X  mesure  qu'elles 
[les  marmottes]  excavent,  elles  jettent  derrière  elles 
la  terre  qu'elles  tirent  de  la  mine,  bonnet,  Con- 
lempl.  natur.  xn,  3i. 

—  ÉTYM.  Lat.  excarare,  de  ex,  et  eavus,  creux, 
cave  (voy.  cave,  adjectif). 

EXCÉDANT,  ANTE  (è-ksé-dan,  dan-V),  adj. 
Il  1»  Qui  excède,  qui  est  de  surcroît.  Les  sommes 
excédantes.  Pour  mieux  voir  notre  objet,  nous  ve- 
nons de  le  circonscrire  ;  nous  en  avons  retranché 
toutes  les  extrémités  excédantes,  bufp.  Nature  det 
animaux.  \\  S.  m.  Surcroît;  nombre,  quantité  qui 
excède.  Un  excédant  de  compte.  On  croirait  que  les 
pays  ingrats  ne  devraient  se  peupler  qu«  de  l'excé- 
dant des  pays  fertiles  et  nous  voyons  que  c'est  le 
contraire,  j.  j.  Ronss.  Orig.  des  langues,  ch.  9. 
Il  Fig.  Si  j'ai  trop  de  suite  et  de  fermeté,  je  vou- 
drais vous  en  pouvoir  donner  mon  excédant,  st- 
siM.  480,  206.  Tenté  d'employer  l'excédant  de  mon 
entretien,  j.  j.  rouss.  Hél.  ii,  (3.  Que  fera-t-il  de 
cet  excédant  de  forces?  m.  Etn.iii.  ||  2°  Qui  excède, 
qui  fatigue,  importune  k  l'excès.  Ou  j'aurais  une 
prude  au  ton  triste,  excédant,  Une  bégueule  enfin 
qui  serait  mon  pédant,  gresset,  Méch.  ii,  7. 

—  REM.  Autrefois  l'Académie  écrivait  excédent, 
s.  m.,  ce  qui  était  en  harmonie  avec  précédent  et 
antécédent,  qui  ont  même  radical  que  excédant. 

EXCÉDÉ,  ÉE  (è-ksé-dé,  dée),  part,  passé.  ||  1°  Dé- 
passé. Le  revenu  excédé  par  les  dépenses.  ||  2°  Ac- 
cablé au  delà  de  ce  qu'on  peut  supporter.  Je  suis 
excédé  de  fatigue.  Pour  des  âmes  excédées  de  plai- 
sirs et  las-ses  de  repos,  il  faut  sans  cesse  des  at- 
titudes nouvelles  et  des  sensations  toujours  plus  ex- 
quises, rivarol,  Dict.  univers,  de  la  lang.  franc. 
p.  XXV.  Il  3°  Très-annuyé.  Fatigué  delà  cour,  excédé 
de  la  ville,  Je  ne  puis  être  bien  que  dans  ce  libre 
asile,  GRESSET,  Sidn.  ii,  2.  11  devint  triste,  inquiet, 
jaloux;  il  fit  tant,  qu'elle  en  fut  excédée  et  prit  le 
parti  de  le  congédier,  marmontel,  Cont.  mor.  Qua- 
tre flacons.  Il  ranime  vingt  fois  l'auditoire  excédé, 
DELiLLE,  Convers.  i.  ||  4°  Battu  outrageusement. 
Battu  et  excédé. 

EXCÉDER  (è-ksé-dé  ;  ce  prend  un  accent  grave 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  j'excède;  ex- 
cepté au  futur  et  au  conditionnel  :  j'excéderai),  v.  a. 
Il  i"  Outrepasser,  aller  au  delà  des  justes  bornes.  Il  a 
excédé  son  pouvoir,  ses  pouvoirs.  Il  excède  sa  charge , 
et  lui-même  y  renonce,  corn.  Nie.  m,  3.  C'est  qu'ils 
ont  excédé  toutes  bornes,  pasc.  dans  cousin.  Les 
hommes  sepiquentd'être  constants  ou  indifférents  se- 
lon la  mode,  qui  excède  toujours  la  nature,  vauven. 
Ifoï.  40.  Il  Absolument.  Voilà  ce  qui  regarde  les  vai- 
nes et  fausses  sciences;  et  pour  ce  qui  est  des  vé- 
ritables, on  excède  beaucoup  à  s'y  livrer  trop,  ou 
à  contre-temps,  ou  au  préjudice  de  plus  grandes 
obligations,  boss.  Concupisc.  8.  Dieu  a  tout  fait 
avec  mesure,  avecnombre  et  avec  poids;  rien  n'ex- 
cède, rien  ne  manque,  m.  Poh't.  vu,  vi,  6.  Le  peu 
de  discernement  qui  accompagne  toujours  une  dé- 
votion presque  naissante,  le  faisait  excéder  [le  duc 
de  Bourgogne]  dans  le  contre-pied  de  ses  défauts, 
ST-siM.  t.  VIII,  p.  207,  édit.  CHÉRUEL.  ||  2°  Dépas- 
ser. Vous  pourrez  employer  jusqu'à  mille  francs, 
mais  n'excédez  pas  cette  somme.  ||  Surpasser  en 
longueur,  en  dimension,  en  valeur.  Une  dette  qui 
excède  cent  francs.  Cette  poutre  excède  le  mur  de 
plus  d'un  pied.  Celles  [pièces]  de  la  comédie  par- 
lent de  personnes  communes,  et  ne  consistent  qu'en 
intrigues  d'amour,  et  en  fourberies  qui  se  dévelop- 
pent si  aisément  en  un  jour,  qu'assez  souvent  chez 
Plaute  et  chez  Térence  le  temps  de  leur  durée  excède 
à  peine  celui  de  leur  représentation,  corn.  2' dise, 
trag.  Pourvu  seulement  qu'en  vendant  il  n'excède 
pas  le  plus  haut  prix  des  étoffes  de  cette  sorte,  pasc. 
Prov.  8.  Ce  prince  [Porus]  était  monté  sur  un  élé- 
phant bien  plus  grand  que  tous  les  autres,  et  lui- 
même  excédait  la  stature  ordinaire  des  hommes, 
ROLLIN,  Ilist.  anc.  Œuv.  t.  vi,  p.  497,  dans  pof- 
GENS.  Et  jamais  ma  dépense  excédant  ma  recette 
c.  delav.  Éc.  desvieill.  i,  ).  ||  Fig.  Formé  d'uir 
telle  manière  Que  l'art  ingénieux  excédait  la  m:, 
tière,  Régnier,  ^pi*.  i.  Pour  moi,  quoique  déjà  mi 
passion  fût  telle.  Que  sa  force  excédât  toute  forcf 
mortelle,  mairf.t,  Sophon.iv,  i.  Ce  sont  des  actions 
dont  la  reconnaissance  Du  plus  riche  monarqueex- 
cède  la  puissance,  bothob,  Tencesl.  i,  4.  ||  3°  Battre 
outrageusement  (sens  autrefois  très-usité  en  matière 


<5R*2 


hXC 


lu- 

tu: 
Cil 

4»  cuii".  Il  1 


■    1  ni.i»  gain  aujourd'hui;  en 

.'  •uriout  au  parlicipe  el 

vaincu»  il'avoir  fait  ris bcl- 

,  lufoico»  et  roiiclioii»  (lewliu 

r  lialiu»,    oicéilés,  Ole.  dé- 

"   'uconseUdÉtat,  SU  juiU. 

uns  :oxcéderquelqu'un 

^^ j  doli  (lo  ce  qu'on  peut 

WPMrter.  Celte  course  m'a  excédé.  Les  nègres  no 
iOiit^U  P"  »»»«/  malheureux  d'être  réduits  à  la 
i«r»itudoT  faul-il  encore  les  eicéderî  bufp.  Jforc. 
thoitii,  p.  «3.  Il  Excéder  de  plaisir,  fatiguer  à  force 
de  pUisir.  ||  Familitremoiit.  Kxcédor  quelqu'un  de 
bonne  chère,  l'exciter  h  quelque  cxcfs  do  table  pur 
l'abondance  des  mois.  ||  6"  Importuner,  tourmen- 
ter. Vous  m'excédez  par  vos  railleries.  Je  ne  sais 
ce  que  j'ai,  tout  m'oxcôde  aujourd'hui,  gbesset, 
U  Méchant,  l,  ♦.  Il  t'  S'excéder,  v.  ré/l.  Se  fatiguer 
k  l'excès.  S'excéder  à  la  chasse.  S'excéder  do  tra- 
vail, de  débauches.  Un  jour  11  s'excéda  de  fatigue 
pour  des  pauvres  qu'il  traitait,  prit  beaucoup  de 
froid....  FONTHR.  Dodart. 

—  IIIST.  XIV'  8.  Proportion  arismetique  est  quant 
le  grant  surmonle  ou  excède  lo  moien  aulantcomme 
lemoion  surmonte  lo  petit,  obks.me,  Elh.  44.  Vertu 
est  entre  excéder  ou  défaillir,  id.  t'i».  46.  ||  xv*  s.  Un 
chascun  d'eux  [des  trois  ordres)  son  droit  estât 
maintiengne;  Car  l'excéder  est  monstre  et  droicte 
enseigne  De  pis  avoir  pour  le  peuple  et  l'Eglise,  E. 
DESCiiAMps .  Souffr.  du  peuple.  \\  xvf  s.  Plusieurs  ef- 
fects  des  animaulx  excédent  nostro  capacité,  mont. 
Il,  368.  Peu  à  peu  elle  [la  noblesse]  a  tant  excédé 
qu'en  fin,  sou»  la  vertu  de  vaillance ,  elle  a  asservi  et 
confondu  les  autres,  langue,  t»7.  La  commune  pre- 
noil  plaisir  à  rabbatro  et  rabaisser  ceulxqui  lui  sem- 
bloient  trop  excéder  en  grandeur,  amïot,  Thém.  43. 

—  ÊTYM.  Lat.  eicedere,  excéder,  do  ex,  hors, 
et  cedere,  aller  (voy.  cédeh). 

KXCELI-KMMKNT  (èksè-la-man),  ad».  ||1' D'une 
manière  excellente,  paifailemenl.  .Si  quelqu'un  pou- 
vait apprendre  en  un  jour  à  jouer  du  luth  excellem- 
ment, DESC.  Uéth.  VI,  (I.  Par  les  secrètes  et  admi- 
rables manières  dont  Dieu  opère  ce  changement, 
que  saint  Augustin  a  si  excellemment  expliquées, 
et  qui  dissipent  toutes  les  contradictions  imaginaires 
que....  PASCAL,  Prov.  (8.  Comme  dit  excellemment 
saint  Jean  Chrysoslome,  uoss.  Parole  de  Dieu,  2. 
H  f  Par  excellence.  Oui  n'est  pas  contre  eux  est 
excellemment  pour  eux,  pascal,   dans  cousin.  La 

fnideur,  en  colorant  vos  joues,  vous   rend  excel- 
emment  belle,  ciiateaub.  Génie,  i,  i,  4». 

—  IIIST.  XIV*  s.  Celui  qui  fait  son  œuvre  excel- 
lentement....  OHESME,  i'i/i.  IX  (I6).  Priamus  excel- 
lemment aorné  defilz  et  de  filles,  id.  Thèse  de  meu- 
nier. Il  xvr  s.  Comme  ainsi  soit  que  plusieurs  choses 
ayant  esté  escrites  sagement  et  excellentement  de 
ces  anciens  pères,  calv.  Inslit.  Dédie.  L'authorité 
de  Hoyse  fut  si  excellemment  maintenue  par  ceste 
horrible  vengeance....  m.  ib.  39. 

—  ETYM.  Excellent,  et  le  suffixe  ment.  Excellent- 
ment  est  la  forme  régulière  (représentée  par  excel- 
lemment, grâce  il  l'assimilation  des  consonnes) ,  alors 
que  excellent  était  pour  le  masculin  et  le  féminin; 
puis,  quand  le  féminin,  suivant  la  nouvelle  règle, 
devint  excellente,  on  forma  cjiellenlemenl ,  qui  n'a 
pas  duré. 

KXCELLKNCE  (fe-ksè-lan-s') ,  t.  f.  \\  i'  Éminent 
degré  de  qualité,  en  un  genre.  L'excellence  d'un 
remède,  d'un  fruit.  Oigne  de  la  grandeur  et  de  l'ex- 
coUonce  do  l'homme,  mass.  Car.  Culte.  L'excoUence 
de  la  musique  est  dans  le  chant,  et  la  mélodie  on  est 
l'âme,  MARMONTKL,  Élém.  liKér.  UKuv.  t.  ix,  p.  l  H  , 
dans  POUGKNS.  jj  Familièrement.  Avoir  une  grande 
idée  de  sa  propre  excellence,  de  l'excellence  de  son 
esprit,  être  infatué  do  soi,  de  son  mérite.  ||  Dans  les 
collèges,  lycée»  cl  pensions,  prix  d'excellence,  prix 
unique  décerné  à  l'élève  qui  s'est  lo  plus  distingué 
pendant  toute  la  durée  de  l'année  scolaire,  dans 
toutes  les  branches  d'étude  réunies.  ||  Dans  les  ly- 
cées do  Paris,  prix  donné  à  l'élève  qui  a  obtenu  le 
plu»  lie  points  dans  les  compositions  durant  les  doux 
premiers  trimestres  de  raiinùe;  prix  dit  aussi  de  se- 
mestre. Il  Par  excellence,  /oc.  adr.  Au  plus  haut 
degré.  Uien  fait  et  beau  par  excellence,  la  font. 
•■'<l.  chien.  Si  le  ciel  t'eût,  dil-il,  donné  par  excel- 
lence Autant  do  jugement  que  de  barbe  au  men- 
ton, ID.  fabl.  m,  b.  Sa  mère  Antonia disait  d'un  sot 
par  excellence  :  il  est  plus  béto  que  mon  fil»  Claude, 
WDMOT,  Hignt  de  Clawi*  et  Kér.  i,  §  lo.  ||  par 
•icallence,  se  dit  aussi  pour  marquer  1  éminonce 
aune  qualit*  dan»  uno  personne.  Aristole  a  été  ap- 
r^!iLÎÇi  "'"'"'  P"  «««'lenco.  [Le  roi  de  Perse) 
qu  eiM*  lie»  nanon»  grecques)  appelaient  lo  grand 


EXC 

roi  ou  le  roi  par  excellence,  boss.  Ilist.  m,  5.  On 
ne  l'appelait  jAgrigente]  simplement  que  la  grande 
ville  par  excellence,  fén.  Empéd.  \\  On  dit  dans 
le  même  sens.  Dieu  est  l'être  par  excellence.  ||  Par 
excellence,  se  dit  enfin  pour  désigner  qu'un  nom 
commun  est  pris  pour  un  nom  propre  et  par- 
ticulier, tant  la  qualité  dont  il  s'agit  appartient 
à  la  chose  ,  à  la  personne  dont  on  parle.  Cha- 
peau se  dit,  par  excellence,  du  chapeau  de  car- 
dinal. Il  2*  Titre  qu'on  donne  aux  ambassadeurs, 
aux  ministres.  Ils  changeraient  entre  eux  les  sim- 
ples Excellences,  S'il»  osaient,  en  des  Majestés,  la 
KO.NT.  Vabl.  XI,  6.  Il  II  se  fait  donner,  on  lui  donne 
do  riCxcellence,  on  l'appelle  Votre  Excellence.  ||  Une 
F.xcellenco,  une  personne  qui  a  droit  au  titre  d'Ex- 
cellence. J'ai  cru  suivre  un  ami  et  non  un  protecteur, 
un  homme  et  non  une  Excellence,  p.  l.  coub.  Lelt. 

I,  (54.  Qu'est  ceci?  dit  d'un  ton  dur  Une  Excellence 
bretonne,  BÉRANO.lfcise  du  .S't-i"ïp.  ||  En  ce  sens, 
on  met  des  majuscules  :  Votre  Excellence,  Son 
Excellence.  ||  On  écrit  aussi  en  abrégé  V.  E.  pour 
Votre  Excellence,  S.  E.  pour  Son  Excellence.  |1  Par 
plaisanterie,  ce  titre  se  donne  à  des  gens  qui  n'ont 
aucune  dignité.  Ah  I  te  voilà;  bonjour,  l'ami  Fron- 
tin;  comment  se  porte  Ton  Excellence'?  —  Fort  au 
service  de  la  Vôtre,  monsieur  la  chevalier,  dan- 
COUBT,  les  Curieux  de  Compiègne,  se.  t  et  2. 

—  lllST.  xii'  s.  Ta  grant  proesce  e  ta  science  E  ta 
puissance  e  t'cxcellence  [11]  Prie  et  requiert,  humles 
vers  loi.  Que  11  tienges  (que  tu  lui  tiennes]  amor  e 
foi,  BENOIT,  II,  4295.  Il  xm"  S.  L'eucollenco  de  ta 
figure,  BOTEB.  II,  4  3.  S'il  plaisoit  à  la  très  deboniere 
excellence  le  roy,  tout  cil  qui  seroient  preudome  et 
loyal,  porroient  estre  tainturiers,  Liv.desmét.  137. 
Il  xiV  s.  Vers  heroyques  sont  dittiés  des  faiz  et  ad- 
ventures  de  gens  de  très  grant  excellence,  obesme, 
Elh.  22.  Il  XV*  s.  Et  vous  plaise  me  vouloir  pardon- 
ner, Se  je  n'escris  devers  vostre  excellence, Comme 
je  doy,  en  telle  révérence  Qu'il  appartient....  ch. 
d'obl.  Départie  d'amour  en  ballade.  \\  xvi'  s.  J'avois 
ouï  dire  que  la  plupart  des  Italiens  estoient  sujets  à 
trois  vices  par  excellence,  MARG.iVou».Li.  Entre  toutes 
choses  animées,  l'homme  est  de  la  plus  grande  ex- 
cellence ,  LANGUE  ,  490.  D'altez  ni  d'excellence  et 
autres  mots  nouveaux  de  nouvelle  fabrique,  le  lan- 
gage ni  la  franclii.se  des  François  n'en  csloit  jadis 
infectée,  st-jul.  Mesl.  hist.  p.  696,  dans  lacukne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  excellencia;  espagn.  excelencia; 
ilal.  eccellenxia;  du  lat.  excellenlia,  de  excellcns, 
excellent. 

EXCELLENT,  ENTE  (è-ksê-Ian,  Un-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  est  à  un  degré  éminent,  qui  l'emporte.  11 
fut  appelé  à  cette  excellente  fonction  de  ministre  du 
Dieu  vivant  pour  la  défense  de  l'Église  et  pour  le 
salut  des  peuples,  boubdal.  Panég.  de  S,  Ignace, 

II.  Elle  avait  deux  frères  d'une  excellente  beauté, 
LA  BRUY.  III.  Il  Titre  qui  se  donne  dans  certaines 
formules  nobiliaires.  Très-haut  et  très-excellent 
prince.  ||  2°  Qui  est  très-bon  en  son  genre.  Excel- 
lent vin.  Chère  excellente.  Musique  excellente. 
Un  excellent  Uvre.  Certes  il  écrit  bien,  sa  lettre 
est  excellente,  corn.  Suite  du  ilent.  il,  t.  J'aurais 
voulu  faire  voir  que  les  plus  excellentes  choses  sont 
sujettes  à  être  copiées  par  de  mauvais  singes,  mol. 
Prvf.  des  Préc.  ||  3°  Il  se  dit  aussi  en  îe  sens  des 
personnes.  Un  excellent  prince.  D'excellents  géné- 
raux. Telle  est  l'opinion  de  beaucoup  d'excellents 
personnages.  La  nature,  fertile  en  esprits  excel- 
lents. Sait  entre  les  auteurs  partager  les  talents, 
BoiL.  Art  p.  1.  Il  On  lo  dit  des  animaux.  Un  excel- 
lent cheval.  Des  chiens  excellents.  ||  Un  excellent 
homme,  ou  un  homme  excellent,  un  homme  doué 
d'une  grande  bonté  do  coeur.  ||  Être  excellent  sur 
quelqu'un,  sur  quelque  chose,  en  bien  parler,  et, 
quelquefois  ironiquement,  s'en  moquer.  Sur  ma- 
dame des  Ursins,  le  cardinal  [d'Estrées]  était  excel- 
lent; il  ne  finissait  point  sur  elle  et  avec  une  liberté 
qui  ne  se  refusait  rien,  st-sim.  370,  156.  ||  Familiè- 
rement. Je  vous  trouve  excellent,  se  dit  de  quelque 
acle,  de  quelque  parole  qu'on  juge  déplacée.  Je 
vous  trouve  excellent  de  me  parler  ainsi.  Mais,  mais, 
je  vous  trouve  excellent  !  Et  de  vos  volontés  voilà 
donc  le  ministre?  FAVART,  Soiimaii  II,  i,  io.||On 
dit  dans  lo  même  sens.  11  est  excellent  avec  ses  pro- 
positions. Il  11  se  dit  des  choses  en  ce  même  sens 
ironique.  Cela  e>t  excellent!  Voilà  qui  est  excellent! 
Il  4*  S.  m.  Ce  qui  excelle.  Se  consoler  du  grand  et 
de  l'excellent  par  le  médiocre,  la  bruv.  ix. 

—  UEM.  A  cause  du  haut  degré  d'éminence  qui 
est  dans  excellent,  des  grammairiens  ont  dit  que 
ce  mot  ne  comportait  pas  de  <legrés  de  comparai- 
son. Il  y  a  là-dessus  à  consulter  l'usage;  car  le  mot 
n'exclut  pas,  de  soi,  la  comparaison.  Le  comparatif 


EXC 

est  très-peu  usité;  pourtant  on  lo  trouve,  et  il  ne  parai  l 
pas  qu'on  puisse  condamner  absolument  ces  emplois, 
bien  que  rares.  Il  n'est  dans  tous  les  arts  secret  plli» 
excellent  Que  de  savoir  connaître  et  choisir  son  ta- 
lent, coBN.  Remerc.  au  roi.  Nous  prenons  plaisir  de 
nous  comparer  aux  autres,  et  nous  sommes  bien  ai- 
ses d'avoir  sujet  de  croire  que  nous  sommes  plus 
excellents,  bgss.  dans  le  Dict.  de  BEscnEBELLE. 
Quant  au  superlatif  relatif,  il  est  pleinement  en 
usage  ".  Les  termes  de  cette  lettre  où  M.  de  Salnt- 
Cyran  parle  du  sacrifice  de  la  messe  comme  du  plus 
excellent  de  tous,  pa.sc.  Prov.  16.  Employez- y 
l'or  et  tout  l'art  des  plus  excellents  ouvriers,    la 

BRUY.  VI. 

—  HIST.  XIV'  s.  [Toi]  Qui  yeulx  de  cinquante  hom- 
mes si  faire  chaplement  [combat]  Contre  trois  cens 
ou  plus  en  armes  excellent,  Guescl.  i«098  ||  xV  s. 
Nostre  prince  digne  de  très  excellente  mémoire, 
coMM.  Prol.  Il  xvi*  s.  Ce  voyage  fut  mieux  consuliu 
et  digéré  que  les  précédons,  et  y  eut  de  plus  excel- 
lons chefs  qui  s'y  trouvèrent,  lanole,  408.  Daim; 
de  beauté  excellente  et  très  renommée,  amvot, /^t- 
rn^tr.  H.  Xenophantus  lopins  excellent  musicien 
qui  fust  de  ce  temps  là,  id.  ib.  75. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eice(ienl;  espagn.  excelenie  ; 
du  lat.  excellenlem ,  de  excellere,  exceller.  D'après 
Palsgrave,  p.  66,  au  xvi*  siècle,  on  prononçait  eu- 
sellant.  Le  fait  est  que,  longtemps  auparavant,  on 
trouve  eucellence  dans  Rutebeuf;  voy.  l'historiqua 

d'EXCELLENCE. 

EXCELLENTISSIME  (  è  -  ksè  -  lan  -  ti  -  si  -  m'  ) ,  adj. 

Il  1°  Forme  superlative  d'excellent.  Titre  donné  aux 
sénateurs  do  Venise.  112'  F'amiUèrement.  Très-bon, 
parfait.  C'est  excellentissime.  Il  nous  a  donné  d'un 
vin  excellentissime. 

—  ÊTYM.  Lat.  ezcellentissimus,  superlatif  de  ex- 
cellens,  excellent. 

EXCELLER  (è-ksè-Ié) ,  c.  n.  Être  supérieur  en 
son  genre.  Les  humains  sont  plaisants  de  prétendre 
exceller  Par-dessus  nous!....  lafont.  Fabl.  xi,  6. 
Je  ne  connais  rhéteur  ni  maître  es  arts  Tel  que  l'a- 
mour ;  il  excelle  en  bien  dire,  m.  Con/id.  Sur  les 
plus  fins  je  prétends  qu'il  excelle ,  id.  t6.  Jacob  excella 
en  tout  au-dessus  d'Esaû.  boss.  Ilist.  i,  3.  Corneilla 
ne  peut  être  égalé  dans  les  endroits  où  il  excolle;  il 
a  pour  lors  un  caractère  original  et  inimitable,  la 
BRUY.  l.  La  plupart  de  ceux  qui  ont  excellé  en  quel- 
que genre  n'y  ont  point  eu  de  maître,  font.  Tourne- 
fort.  D'Aguesseau  avait  excellé  dans  les  première» 
intendances,  st-sim.  69,134.  ||  Il  se  construit  avec 
à  et  l'infinitif.  Tel  excelle  à  rimer  qui  juge  sotte- 
ment, BoiL.  Art  p.  II.  Pour  toute  ambition,  pour 
vertu  singulière.  Il  excelle  à  conduire  un  char  dan» 
la  carrière,  bac.  Brit.  iv,  4.  |1  II  se  dit  aussi  des 
choses.  La  géométrie  excelle  en  ces  trois  genres, 
PASO.  Géom.  Ses  traités  [de  M.  Perrault]  do  la  circu- 
lation de  la  sève  dans  les  plantes,  du  son  el  do  la 
mécanique  des  animaux,  excellent  entre  tous  les 
autres,  fonten.  Perrault.  ||  Il  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  ot;otr. 

—  HlST.  XVI"  s.  Si  on  vouloit  pratiquer  cesto  sou- 
veraine reigle  d'estat  qui  excelle  les  plus  excellentes, 
et  dit  :  rendez  à  Caesar  ce  qui  est  à  Caesar,  lanouk, 
348.  La  noblesse  de  France  excelle  toute  autre  de 
ce  monde,  carloix,  i,  2. 

—  ÊTY.M.  Lat.  exoellere,  do  ex,  el  l'inusité  cel- 
lere,  aller,  mouvoir;  grec,  xi),).Eiv. 

■f-  EXCENTUEK  (è  ksan-tré),  v.  a.  Terme  do  toui- 
neur.  Faire  varier  le  centre. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  hors,  et  centre. 
EXCENTKICITÉ  (è-ksan-tri-si-lé),  s.f.  \\  1°  Terme 

d'astronomie  ancienne.  Distance  ou  écartement  entre 
le  cenlre  de  la  terre  et  le  centre  du  cercle  décrit  par 
un  astre,  quand  on  eut  reconnu  que  cet  astre  n'é- 
tait pas  toujours  à  la  même  distance  de  nous. 
Il  2° Terme  de  géométrie.  Distance  du  centre  d'une 
ellipse  à  son  foyer.  Deux  intervalles  entre  lo  lieu 
vrai  et  le  lieu  moyen  d'une  planète  étant  donnés,  \\ 
fallait  déterminer  géométriquement  son  apogée  et 
son  excentricité,  fgnten.  Cassini.  La  distance  du 
cenlre  à  l'un  des  foyers  est  l'excentricité  de  l'ellipse, 
LAPLACE,  Expos.  I,  2.  Il  3'  Terme  de  botanique.  Ex- 
centricité des  couches  ligneuses,  disposition  ordi- 
naire dans  les  tiges  des  arbres  qui  fait  quo  la  moelle 
occupe  rarement  le  cenlre  du  bois,  dont  les  couches 
conceniriques  sont  en  général  plus  larges  d'un  côté 
que  de  l'autre.  Les  expériences  décident  que  l'as- 
pect du  midi  ou  du  nord  n'est  point  la  cause  d» 
l'excentricité  des  couches  ligneuses,  buff.  Ezpoi 
sur  les  végétaux,  3'  mém  \\  4'  Déviation  de  l'axe  de 
l'ftme  d'une  bouche  à  feu.  ||  6'  Eloignement  au 
centre.  L'excentricité  d'un  quartier.  ||  6' Fig.  et 
néologisme.  Caractère  original,  bizarre,  façon»  sin- 


EXC 


EXC 


EXC 


1553 


gulières.  Cet  homme  se  fait  remarquer  par  son  ex- 
centricité, par  ses  excentricités.  Il  En  ce  sens,  il  a 
été  emprunté  de  l'anglais. 

—  ÊTYM.  Excentrique. 

EXCENTRIQUE  (è-ksan-tri-k') ,  od/.  1|  f  Terme 
de  géométrie.  Oui  est  en  dehors  du  centre;  dont 
les  centres  ne  se  rapportent  pas.  Cercles  excentri- 
ques. Il  Se  dit  des  ellipses  considérées  par  rapport 
à  leur  plus  ou  moins  grande  excentricité.  Une  el- 
lipse tr&s-excentrique,  c'est-à-dire  une  ellipse  très- 
allongée.  Vous  voyez  par  là  que  plus  l'ellipse  est 
excentrique,  plus  la  vitesse  varie  de  l'aphélie  au 
périhélie,  condil.  Art  de  rais,  m,  6.  L'orl)e  de 
Mars  étant  un  des  plus  excentriques  du  système 
planétaire,  et  la  planète  approchant  fort  près  de  la 
terre  dans  ses  oppositions,  laplace.  Expos,  v,  4. 
Il  2°  Terme  de  physique.  Choc  excentrique,  celui 
qui  a  lieu  quand  les  corps  ne  se  meuvent  pas  sui- 
vant une  même  ligne  qui  joigne  leurs  centres  d'in- 
ertie. Il  3°  Terme  militaire.  Mouvement  excentri- 
que, mouvement  qui  écarte  un  corps  du  centre  des 
opérations.  L'empereur  russe  ne  s'était  pas  montré 
comme  un  homme  de  guerre  aux  yeux  de  ses  enne- 
mis; ils  le  jugèrent  ainsi  sur  ce  qu'il  avait  négligé 
la  Bérézina,  seule  ligne  naturelle  de  défense  de  la 
Lithuanie;  sur  sa  retraite  excentrique  vers  le  nord, 
quand  le  reste  de  son  armée  fuyait  vers  le  midi, 
sÉGUR,  Hist.  de  Napol.  viii,  <•  ||  4°  Terme  de  bota- 
nique. Se  dit  de  l'ovaire  quand  il  n'occupe  pas  le 
centre  delà  fleur,  et  de  l'embryon  lorsqu'il  s'éluigne 
sensiblement  du  centre  du  périspernie.  ||  Couches 
ligneuses  excentriques,  celles  qui  ne  sont  pas  con- 
centriques à  la  moelle  de  l'arbre.  D'autres  veulent 
que  les  cercles  ligneux  de  tous  les  arbres  soient  ex- 
centriques et  toujours  plus  éloignés  du  centre  ou 
l'axe  du  tronc  de  l'ariire,  du  côté  du  midi  que  du 
côté  du  nord,  bdff.  Expe'r.  sur  les  végétaux,  3"  mém. 
Il  B"  Qui  est  loin  du  centre.  Quartier  excentrique. 
Il  6'  Fig.  et  néologisme.  Oui  pense  et  agit  en  oppo- 
sition avec  les  habitudes  reçues.  Personnage  excen- 
trique. Il  Au  masc.  Le  club  des  Excentriques, 
nom  d'un  club  :mglais.  ||  En  ce  sens,  ce  mot  vient 
de  la  langue  anglaise  qui  lui  a  donné  cette  accep- 
tion. II  7°  S.  m.  Cercle  dont  le  centre  ne  coïncidait 
pas  avec  celui  de  la  terre  et  qui  fut  imaginé  par  les 
anciens  astronomes  pour  expliquer  les  mouvements 
des  corps  célestes  qu'on  avait  reconnus  n'être  pas 
toujours  à  égale  distance  de  nous.  L'hypothèse  de 
l'excentrique  et  des  épicycles.  ||  8"  Mandrin  au 
moyen  duquel  les  tourneurs  font  varier  le  centre  de 
la  pièce  sans  l'enlever  de  dessus  le  tour.  ||  9°  Terme 
de  mécanique.  Toute  pièce  qui,  ayant  la  forme 
d'une  courbe  sans  être  un  cercle,  communique 
le  mouvement  dans  diverses  machines.  C'est  au 
moyen  d'un  excentrique  qu'on  fait  mouvoir  le  le- 
vier qui  sert  k  ouvrir  et  à  fermer  alternativement 
la  partie  d'une  machine  à  vapeur  nommée  tiroir, 

LEGOARANT. 

—  HIST.  XIV"  S.  Tout  cercle  qui  divise  l'e-spere 
[la  sphère]en  deux  moitiés  et  ne  a  pas  son  centre  ou 
[au]  centre  du  monde  est  appelle  excentrique, 
ORESME,   Thèse  de  meunier. 

—  ÉTVM.  Provenç.  exceiitric;  espagn.  excenirico: 
ital.  eccentrico;  du  latin  excentricus,  de  ex,  hors, 
et  cenirum,  centre. 

f  EXCENTRIQUEMENT  (è-ksan-tri-ke-man) ,  adv. 
D'une  manière  excentrique. 

—  ETYM.  Excentrique,  et  le  suffixe  ment. 
(.EXCEPTÉ,  ÉE  (è-ksè-pté,   ptée),  part,  passé. 

Qui  n'est  pas  compris  dans.  Encore  impunément 
nous  souffrons  en  tous  lieux,  Leur  dieu  seul  ex- 
cepté, toute  sorte  de  dieux,  corn.  Poly.  iv,  fl.  De 
ceux  [captifs]  qu'on  peut  te  rendre  il  est  seul  ex- 
cepté, vcLT.  Zaïre,  i,  4.  Meurent  les  protestants, 
les  princes  exceiités,  u.  j.  chén.  Charles  IX,  ii,  4. 
■2.  EXCEPTÉ  (è-ksè-pté),  prép.  ||  1»  X  la  réserve 
de.  On  trouve  tout  consterné  excepté  le  cœur  de 
cette  princesse,  boss.  Duch.  d'Orl.  On  adorait  jus- 
qu'aux bêtes  et  jusqu'aux  reptiles;  tout  était  Dieu 
excepté  Dieu  lui-même,  id.  Hist.  n,  8.  Les  voici  ces 
nouveaux  conquérants  [les  apôtres]  qui  viennent 
sans  armes ,  excepté  la  croix  du  Sauveur,  fiîn.  t.  xvii , 
p.  179.  Il  2°  Excepté,  suivi  d'une  préposition,  quand 
le  terme  duquel  on  excepte  est  lui-même  régi  par 
cette  préposition.  Je  crois  bien  que  ce  Lalli  était  un 
homme  odieux,  un  méchant  homme,  si  vous  vou- 
lez, qui  méritait  d'être  tué  par  tout  le  monde,  ex- 
••epté  par  le  bourreau,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
23  juin  (766.  La  malheureuse  facilité  qu'ont  les 
hommes  de  s'accoutumer  à  tout,  excepté  au  repos 
et  au  bonheur,  barthél.  Ânach.  inlrod.  part.  <. 
Il  Cependant oii peut  suivre  aussi  la  rèsle  ordinaire. 
Il  le  [Dieu]  faut  regardercomme  l'auteur  de  tous  les 

DICT.    DR    LA    LANr,Un   FRANÇALSE. 


biens  et  de  tous  les  maux,  excepté  le  péché,  pasc. 
Extraits  des  lettres  à  Mlle  de  Roannex ,  vu .  ||  3"  Ex- 
cepté que,  conj.  avec  l'indicatif.  Neptune  envoya 
aussitôt  une  divinité  trompeuse,  semblable  aux 
songes,  excepté  que  les  songes  ne  trompent  que 
pendant  le  sommeil,  fên.  Tél.  IX. 
•  —REM.  Excepté  est  invariable  placé  avant  le  sub- 
stantif, et  variable  placé  après  :  Excepté  une  femme; 
une  femme  exceptée.  Cette  règle  est  moderne, 
comme  on  peut  voir  à  l'historique  de  excepter. 

—  HIST.  xiv  s.  Hormis  et  essieuté  tout  le  fief 
que  je  tieng  de  monseigneur,  du  cange,  excepto 
(voy.  pour  le  reste  l'historique  de  excepter). 

—  ÉTVM.  Excepté*;  provenç.  exceptât,  septat; 
ital.  eccettalo. 

EXCEPTER  (è-ksè-pté),  V.  a.  Ne  pas  comprendre 
dans.  On  accorda  l'amnistie  aux  rebelles,  mais  en 
exceptant  les  chefs.  Ah  I  Seigneur,  que  le  ciel, 
qu'ici  j'ose  attester.  De  cette  loi  commune  a  voulu 
m'excepter!  rac.  Phèd.  n,  5.  ||  Excepter  que,  avec 
l'indicatif.  J'ai  oublié  d'excepter,  quand  j'ai  parlé 
de  son  ignorance  [de  l'abbé  de  Lavau],  qu'il  .sait 
fort  bien  lire,  furetière,  3' faclum,  1. 1,  p.  sui. 
Il  S'excepter,  v.  réft.  Se  mettre  en  dehors  de.  ô 
roi,  qui  du  rang  des  hommes  T'exceptes  par  ta 
bonté,  MALH.  II,  4.  Ils  [les  Pyrrhoniens]  ne  sont 
pas  pour  eux-mêmes,  ils  sont  neutres,  indifférents, 
suspendus  à  tout,  sans  s'excepter,  pasc.  Pensées, 
t.  I,  p.  292,  édit.  Lahure.  Il  Proverbe.  Oui  dit  tout 
n'excepte  rien.  ||  On  excepte  toujours  les  présents  ou 
les  personnes  présentes,  c'est-à-dire  les  jugements 
désagréables  qu'on  exprime  d'une  façon  générale 
sont  censés  ne  s'appliquer  en  rien  aux  présents. 

—  HIST.  xiii*  s.  Ne  nule  grâce  de  fortune,  Car 
ge  n'en  excepte  nesune  [aucune],  la  Rose,  6284. 
Il  xv  s.  Exceptées  les  forteresses,  froiss.  i,  i, 
H8.  Et  furent  ces  trêves  accordées  de  toutes  par- 
ties, mais  on  excepta  hors  la  terre  de  la  duché 
de  Bretagne,  id.  i,  i,  323.  ||xyi's.  Tous  les  autres 
bateaux  périrent,  exceptée  la  nacelle  où  estoient 
ces  deux  petits  enfans,  amyot,  Rom.  3.  Si  bien 
formé  en  toutes  les  parties  de  son  corps,  qu'il  n'y 
avoit  que  redire,  excepté  qu'il avoit  un  peu  la  teste 
longue,  ID.  I'éricl.3. 

—  ÈTYM.  Provenç.  picppfar;  du  latin  exceplare, 
fréquentatif  de  excipere,  de  ex,  hors,  et  cipere 
pour  capere,  prendre  :  mettre  en  dehors.  Excipere 
veut  dire  prendre  en  tirant  au  dehors,  de  là  le  dou- 
ble sens  de  recevoir  et  d'exclur». 

EXCEPTION  (è-ksè-psion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f  II  1"  Action  d'excepter.  Dieu  a  fait  quel- 
ques exceptions  à  cette  défense  générale,  pasc. 
Prov.  14,  Voilà  qui  est  sans  exception  d'âge,  de 
sexe,  de  qualité,  id.  ib.  7.  Tous  les  saints  Pères  sans 
exception,  id.  l'b.  I6.  Je  sais  que  cette  maxime  doit 
avoir  ses  exceptions,  mass.  Carême,  Commun.  ||  A 
l'exception  de,  loc.  adv.  Excepté,  hormis.  Les  cy- 
gnes sont  blancs,  à  l'exception  de  ceux  de  la  Nou- 
velle Hollande,  dont  le  plumage  est  noir.  ||  2°  Ce  qui 
n'est  pas  soumis  à  la  règle,  à  la  loi  commune.  C'est 
une  exception.  Il  est  dans  l'exception.  En  fait  de 
bonheur  c'est  l'exception  qui  flatte,  font.  Dial.  i, 
Morts  mod.  Laissez  les  exceptions  s'indiquer,  se 
prouver,  se  confirmer  longtemps  avant  d'adopter 
pour  elles  des  méthodes  particulières,  j.  j.  houss. 
Ém.  II.  Il  n'y  a  point  d'exception  à  cette  règle,  que 
chacun  doit  parler  d'après  sa  pensée,  marmontel, 
Élém.  litlér.  Œuvres,  t.  x,  p.  45U,  dans  pougens. 
Le  système  des  athées  n'est  fondé  que  sur  des  ex- 
ceptions, tandis  que  le  déisme  suit  la  règle  géné- 
rale, CHATEAUB.  Génie,  i,  vi,  4.||Cet  homme  est 
une  exception,  il  a  des  qualités  ou  des  vices  qui  le 
mettent  à  part.  Us  sont  moins  l'ornement  que  l'ex- 
ception de  l'indéfinissable  espèce  humaine,  qui, 
dans  le  reste  de  ses  individus,  semble  n'avoir  été 
qu'ébauchée  par  la  nature,  d'alemb.  Éloges,  Des- 
préaux. Il  S"  Terme  de  grammaire.  Constatation 
d'une  irrégularité,  et  dénombrement  ou  au  moins 
désignation  des  mots  qui  échappent  à  la  règle. 
Il  4°  Terme  de  j'i"  -jirudence.  Tous  moyens  oppo.sés 
à  une  demande  judiciaire,  particulièrement  à  la  pro- 
cédure. Présenter,  fournir  ses  exceptions.  Opposer 
une  exception.  ||  Exception  dilatoire,  celle  qui  tend 
à  différer  la  procédure.  ||  Lois,  tribunaux  d'excep- 
tion, lois,  tribunaux  qui  sont  hors  de  la  règle  de 
la  constitution  du  pouvoir  judiciaire,  et  que  l'on 
crée  en  vue  de  graves  et  exceptionnelles  conjonc- 
tures. Il  Proverbe.  L'exception  confirme  la  règle, 
c'esl-à-dire  l'exception  ,  manifestant  la  règle,  la 
constate.  ||  Il  n'y  a  point  de  règle  sans  exceptions, 
proverbe  qui,  outre  son  sens  propre,  sa  dit  figuré- 
raeiit  pour  excuser  quelque  manquement. 

—  UlST.  xiii*  s.  La  promesse  qui  estoit  ntile  por 


l'esceptcion.  Lin.  de  just.  <Ba.  Lesqueles  deffenses 
sont  appelées  exceptions  [moyen  de  défense  oppo.sé 
au  demandeur],  beaum.  vin,  l.  ||  xiv  s.  Exception  : 
ceste  mille  [règle]  est  exceptée  en  3  liex  [lieux], 
H.  de  mondeville,  f"  fOO,  t'erso.  Il  XVI'  s.  U  allégua 
plusieurs  exceptions  et  subterfuges  pour  ne  point 
comparoir,  amyot,  Marcell.  i. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eicepft'o;  espagn.  excepcion; 
ital.  eccextone;  du  latin  exceptionem  ;  àeexceptum, 
supin  de  excipere  (voy.  excepter). 

EXCEPTIONNEL,  ELLE  (è-ksè-psio-nèl,  nè-l'), 
adj.  Il  1°  Oui  a  rapport  à  une  exception.  Clause,  dis- 
position exceptionnelle.  ||  2°  Néologisme.  Oui  fait 
exception,  extraordinaire.  C'est  d'un  bon  marché 
exceptionnel. 

—  ÊTYM.  Exception. 

t  EXCEPTIONNELLEMENT  (è-ksè-psio-nè-le- 
man),  adj.  D'une  manière  exceptionnelle. 

—  ÊTYM.  Exceptionnelle ,  et  le  suffixe  ment. 
EXCÈS  (è-ksê;  l's  se  lie  :  des  è-ksê-z  indignes),  s.  m. 

Il  1°  Différence  en  plus  de  deux  quantités  inégales. 
L'excès  d'une  ligne  sur  une  autre.  L'excès  ou  le  dé- 
faut d'une  idée  sur  une  autre,  ou,  pour  me  servi  • 
des  termes  ordinaires,  l'excès  ou  le  défaut  d'une 
grandeur,  malebr.  Rech.  vi,  1,  5.  ||  U  se  dit,  en  arith- 
métique, pour  exprimer  le  résultat-  d'une  soustrac- 
tion. Il  2°  Fig.  Ce  qui  dépasse  une  limite  ordinaire, 
une  mesure  moyenne.  L'excès  du  froid.  L'excès  du 
chaud.  J'espère  que  vous  m'avouerez  que  la  pension 
que  le  roi  me  fait,  n'est  pas  un  excès  qui  doive 
être  sujet  à  réformation ,  balz.  liv.  vi,  lett.  6.  Pour 
voir  à  quel  excès  irait  ton  insolence,  corn.  Hé- 
racl.  1,  2.  Un  excès  de  plaisir  nous  rend  tout  lan- 
guissants, id.  Cid,  IV,  B.  Et  de  sa  digne  ardeur  [de 
l'âme  dévote]  le  salutaire  excès.  Égal  aux  fortunes 
diverses.  M'adore  autant  dans  les  traverses,  Que 
dans  lesplus  heureux  succès,  id.  Imit.  m,  6.  Né- 
ron tant  détesté  N'a  point  à  cet  excès  poussé  sa 
cruauté,  rac.  Bérén.  iv,  6.  Ma  douleur,  à  cette 
triste  vue,  Â  son  dernier  excès  est  enfin  parvenue, 

ID.  t'i).  v,6 Qui  sait  môme,  qui  sait  si  le  ciel  irrité 

A  pu  souffrir  l'excès  de  ma  félicité?  id.  Ipliig.  m, 
6.  Et  qu'Aman  soit  admis  à  cet  excès  d'honneur, 
ID.  Esth,  u,  7.  Madame,  je  sais  trop  à  quel  excès 
de  rage  La  vengeance  d'Hélène  emporta  mon  cou- 
rage, ID.  Andr.  iv,  B.  Protésilas  ne  disait  rien;  mais 
il  tâchait  de  me  faire  entrevoir  le  danger  et  l'excès 
de  toutes  ces  réformes  que  vous  me  faisiez  entre- 
prendre, FÉN.  Tél.  xiu.  Peut-être  que  la  bonté  de 
Dieu  vous  a  réservé  pour  être  un  monument  publii, 
de  l'excès  de  ses  miséricordes  envers  les  plus  grands 
pécheurs,  mass.  Car.  iaiare.  Un  excès  de  pru- 
dence est  souvent  un  danger,  DELiLLE,  Pitié,  iv.\\  Ab- 
solument. Et  toujours  d'un  excès  vous  vous  jetez 
dans  l'autre,  mol.  Tart.  v,  4.  Toujours  il  va  d'un 
excès  dans  un  autre,  lafont.  Mandr.  Je  veux  avec 
excès  vous  aimer  et  vous  plaire,  volt.  Zaïre,  i,  2. 
Tout  excès  mène  au  crime,  id.  Ali.if,  i.lJH  so. 
dit  quelquefois  au  pluriel.  Mais  tels  sont  les  excès 
du  malheur  qui  m'opprime,  corn.  Clit.  ii,  8.  ||  Fa- 
milièrement. U  n'y  a  pas  d'excès,  se  dit  quand  on 
veut  rabattre  quelque  chose  d'une  louange.  Il  se 
montre  fort  aimable. — Vraiment,  il  n'y  a  pas  d'ex- 
cès. Il  Excès  de  pouvoir,  fait  de  rendre  une  décision 
ou  d'agir  en  dehors  des  attributions  légales.  ||  3°  Au 
plur.  Débauche,  dérèglement.  Faire  des  excès.  Ses 
excès  ont  ruiné  sa  santé.  Des  excès  de  table.  Vous 
avez  beau  vouloir  sanctifier  vos  passions;  elles  vous 
punissent  toujours  des  excès  qu'elles  vous  font  com- 
mettre, 3.  1.  Rouss.  lév.  d'Éphr.  a.  ||  Au  sing.  Fa- 
milièrement. Nous  avons  fait  hier  unpelit  excès,  sa 
dit  d'une  partie  de  table.  ||  4°  Au  plur.  Violences, 
outrages.  11  prévit  à  quels  excès  ils  se  porteraient, 
Hoss.  Hist.  m,  B.  Il  En  termes  de  jurisprudence, 
séparation  de  corps  pour  cause  d'excès,  de  sévi- 
ces et  d'injures  graves.  ||  5°  A  l'excès,  jusqu'à 
l'excès,  loc.  adv.  Outre  mesure,  à  l'extrême.  Vous 
montrez  un  chagrin  qui  va  jusqu'à  l'excès,  corn. 
Cid,  1,  2.  Le  respect  pour  l'autorité  allait  jusqu'à 
l'excès,  boss.  Hist.  m,  B.  Ses  débordements  allè- 
rent à  l'excès,  ID.  t'b.  n,  i.Ils  [les  Scythes]  aiment  le 
vin  au  point  que,  pour  dire  boire  à  l'excès,  on  dit 
boire  comme  un  Scythe,  barthél.  Anach.  ch.  20. 
Il  6°  Dans  l'excès,  au  delà  de  la  limite  ordinaire. 
Et  lorsque  la  valeur  ne  va  point  dans  l'excès,  lillft 
ne  produit  point  de  si  rares  succès,  corn.  Cid,  iv, 
3.  Madame  de  Nesles  est  affligée  dans  l'excès,  sÉv. 
487.  Il  Proverbe.  L'excès  en  tout  est  un  défaut. 

REM.  Peut-on  dire  trop  d'excès?  Voy.  la  re- 
marque à  EXCESSIF. 

—  HIST.  XIV'  £.  Se  dix  estoit  le  plus  grand  excè» 
en  aucune  matière  et  deux  estoit  la  plus  grant  det- 
faute,  ORESME,  Elh.  44.  Puisque  il  a  ja  fait  les  eici's 

L  —195 


FXC 

1  10.  O.  1*-  On  du  quo  fieti 


f554 

ÏV  ouffrir  chotauli  ne  ours,  E.  ois- 

JTTii  'P'*   I^  If™"'  Alenndre  j«dii  El 

llatimnrojt  en  flreni  gloire  [de  iKJirel;  L'excès 
[tel  nVn  «ppwuTe  pourunt,  ba»»»!..  i.  Commo- 
eion»  do  p«iipl«  fHutroi  delji  et  eicé»  contre  nos- 
Irc  dll  Migneur,  Bibl.  dei  ch.  t'  série,  t.  I,  p.  »<. 
Il  i»i»  1.  Ceuli  qui  di«nl  qu'il  n'y  »  jamais  deicfc» 
en  la  fertu,  d'autant  que  ce  n'est  plu»  vertu  si  l'ei- 
c»«  y  est...  NOKT.  I,  aJ».  Commettre  des  eicès, 
iMTor.  Cam.  K.  Il  commença  à  parler  et  i  nom- 
mer celui  qui  lui  avait  fait  cet  eicèi  [violence], 
ri»t,  VIII,  »t. 

—  ETYH.  Provenç.  «are«;  espagn.  <»;«o;  ilal. 
weMto,'du  lat.  ncntus,  de  txcurum,  supin  de 
mudtrt  (voy.  EicÉDKn). 

mCESSIP,  IVE  {."i-ks6-sir,  sl-v"),  odj.  ||1'  Oui 
evcMe  la  règle,  la  mesure,  le  degré  ordinaire.  Pour 
un  si  cher  objet  que  je  mets  dans  vos  bras.  Est-ce 
i:n  prii  eicessif  qu'un  si  juste  trépas?  corn.  Attila, 
IV,  «.  Les  qualités  excessives  nous  sont  ennemies  et 
non  pas  sensibles,  pasc.  dans  cousin.  Ce  qu'ils 
voient  de  plus  dans  les  autres  est  oulré  et  excessif, 
MASS.  Cor.  Hetp.  hum.  Le  froid  eicessif,  la  fai- 
blesse excessive,  la  vieillesso  excessive,  et  le  mal 
aux  yeux  eicessif  ne  m'ont  pas  permis,  monsieur, 
d«  vous  remercier  plus  têt ,  volt.  Lett.  à  M.  Panc- 
koueke,  <•'  fév.  1768.  ||  Climat  excessif,  celui  où 
rtiiver  est  extrêmement  froid,  et  l'été  extrêmement 
chaud,  li  !•  11  se  dit  des  personnes  qui  portent 
les  choses  à  l'excès.  C'est  un  homme  excessif.  i:t, 
n^tteur  excessif,  il  loua  la  colère  Et  la  griffe  du 
prince,  et  l'antre,  et  cette  odeur,  la  pont.  Fabl. 
vil,  7.  Oue  vous  êtes  excessifs  en  Provence  1  tout 
est  extrême,  vos  chaleurs,  vos  sereins,  vos  bises, 
vos  pluies....  s<v.  itt.  Voilï  quel  est  le  peuple, 
violent,  mais  eiorable  ;  excessif,  mais  généraux, 
MiKABiAU,  ColUelion,  t.  iv,  p.  3)4.  ||  Eicessif  à, 
suivi  d'un  infinitif.  Corrigeant  partout  la  nature. 
Excessive  à  payer  ses  soins  avec  usure,  la  font. 
FaH.  XII,  90.  Il  On  a  dll  eicessif  à  penser,  de  celui 
^iii  médite  avec  trop  d'application.  Il  est  excessif 
k  penser,  utut,  OEuv.  posth.  t.  11,  p.  sos. 

—  REM.  1.  Kicessit  n'admet  ni  le  comparatif,  plus 
fiauif,  ni  le  superlatif,  tris-excessif.  \\  S.  Quant  à 
trop  excessif,  comme  excès  emporte  déjà  l'idée  de 
trop,  c'est  un  pléonasme;  mais  ce  pléonasme  n'est 

p.n  inusité Deuxsoleils  en  un  lieu  trop  étroit 

Rendaient  trop  eicessif  le  contraire  du  froid,  scahr. 
Von  Japhet,  i,  i.  Mais  de  bonne  foi,  j'en  écris  [des 
lotlres]  souvent  d'une  longueur  trop  excessive,  s£v. 
es.  Il  8.  Trop  d'excès  est  encore  un  pléonasme  qui 
se  trouve  :  Ah  I  sire,  un  tel  honneur  a  trop  d'excès 
pour  moi,  corn.  llor.  v,  î.  Sa  faute  a  trop  d'excès 
pour  être  rémissible,  m.  la  Place  roy.  u,  4.  ||4.  Si 
excessif  se  dit  (voy  EXCEsgivF.MKNT). 

—  HIST.  iiv  a.  Celle  nouvelle  [de  la  mort  de  Tar- 
quin]  fut  aui  Pères,  oultre  reson,  luxurieuse  et 
excessive-,  quar  les  premiers  d'euls  se  prinstrent  à 
fer*  Injures  au  pueple,  bf.rciieure,  ^  as,  reclo. 
Il  XV  s.  [Maison]  Où  serviteurs  ol  en  grande  habon- 
dance.  Qui  gaiges  ont  eices.sis  sanz  raison,  F.,  des- 
CHAHPS,  Administr.  de  l'hilel  du  prince.  N'y  avoil 
si  meschtnio  morveuse  qui  ne  les  face  faire  [des 
halilu]  plus  excessifs,  Arresta  am.  p.  3*7,  dans 
LACi'RNE.  Il  XVI*  s.  La  bonne,  l'excessive,  la  divine 
[poésie],  MONT.  I,  »*«.  Puissance  excessive  et  de- 
mcsiirén,  amtot,  Thém.  43.  El  ne  faudra  point 
qu'ils  ayent  crainte  d'cslre  excessifs  en  cola;  car  on 
ne  peut  trop  détester  ce  qui  est  si  contraire  à  Dieu, 

LA NOUE,   7«. 

—  ETYM.  Fxeis;  provenç.  «zeetriu;  espagn.  «ce- 
ïi'ro;  ital.  eecessiro. 

EXCE.SSIVKMENT  (è  k.sêsl-ve-man),  adv.  Avec 
excès,  à  un  degré  excessif.  Ma  Unie  n'est  plus  si 
excMsivement  mal,  s»v.  a»  avr.  <«7ï.  Puisqu'il 
en  est  question,  je  vous  dirai  tout  nel  que  cette  li- 
berté me  déplaît  excessivement,  Beaumarchais. 
Bari. de «r.  Il,  I s.  ' 

—  RRl.  Ne  dites  pas  :  Ce  vers  est  eicessivefnent 
Barœonieui,  cet  adverbe  ne  pouvant  s'appliquera 
■ne  qualité  que  l'on  regarde  comme  bonne,  jollien. 
ceiw  remarque  doit  être  restreinte  :  elle  est  juste 
pour  les  ,m.i,i;.  ,.,,1  impliquent  douceur,  flnesso; 

'»  •-  u  pour  les  autres.  Voici  des  exem- 

P*»_.  Il  de  blimable  :  Mme  la  maréchale 

kL«^^\  'Va*"  ■"*••  ^  »»<«  oicessiven,enl 
»«»•  ««o»    v«lon.li„  Imprudentes,  Marivaux, 


EXC 

Paysan  part.  part.  î.  Mais  on  ne  dira  pas  excessi- 
vement mieux  :  Sarrette,  directeur  du  Conserva- 
turc,  n'était  pas  musicien,  mais  il  éUiit  excellent 
logicien,  ce  qui  valait  excessivement  mieux,  ADAM, 
Derniers  souven.  d'un  musicien,  Gossee. 

—  HIST.  XVI*  s.  On  pueit  et  trop  aymer  la  vertu, 
et  se  porter  excessivement  en  une  action  juste, 
MONT.  I,  MJ. 

—  RTYM.  Exeessire,  et  le  suffixe  ment. 

t  EXCESSIVETC  (•Vksè-si-ve-té),  ».  f.  Qualité  de 
ce  qui  est  excessif. 

HIST.  XIV*  s.  L'exposant  avoit  confessé  avoir 

orins,  par  exce.ssivelé  de  vin,  les  dittes  choses,  du 
CAitOK.  eieessititas. 

—  ÉTYM.  Excessif. 

EXCIPER  (è-ksi-pé),  r.  n.  Terme  de  jurispru- 
dence. Alléguer  une  eiception,  une  fin  de  non-re- 
ccvoir.  Eiciper  de  l'autorité  de  la  chose  jugée 
Il  S'appuyer,  s'autoriser  d'une  pièce,  etc.  Il  excipa 
de  plusieurs  actes. 

—  ETYM.  Lat.  exeipere,  excepter  (voy.  ce  mot). 

EXCIPIENT  (t-ksi-pi-an),  s.  m.  Terme  do  phar- 
macie. Substance  qui  sert  à  dissoudre  ou  à  incorpo- 
rer certains  médicaments,  soit  pour  leur  donner  la 
forme  convenable,  soit  pour  en  masquer  la  saveur 
ou  en  diminuer  l'activité. 

—  ÉTYM.  Lat.  excipicns,  part.  prés,  de  exeipere, 
dans  le  sens  de  prendre,  recevoir,  de  ex,  et  eapere 
prendre  (voy.  excepter,  à  l'étymologie). 

EXCISE  (è-ksi-z'),  s.  f.  Impôt  établi  sur  la  bière, 
le  cidre,  etc.  en  Angleterre.  ||  Le  bureau  od  l'on  per- 
çoit l'excise. 

—  ETYM.  Angl.  excise,  le  même,  sauf  le  préfixe, 
que  accise  (voy.  ce  root). 

f  EXCISER  (èksi-zé),  v.  a.  Terme  de  chirurgie. 
Faire  une  excision.  Exciser  un  lambeau  de  peau. 

—  ETYM.  Voy.  excision. 

EXCISION  (t-ksi-zion),  i.  f.  Terme  de  chirurgie. 
Opération  par  laquelle  on  enlève  des  parties  d'un 
petit  volume. 

—  HIST.  XVI*  s.  Incision  [sprte  de  fracture  du 
crine]  contient  en  soi  :  excision  ou  entailleure,  en 
laquelle  l'os  est  aucunement  eslevé  et  renversé,  te- 
nant  neantmoins  encores  l'os  sain,   paré,  viii,  t. 

—  ETYM.  Lat.  exeisionem,  de  ejcisum,  supin  de 
excidere,  de  ex,  hors,  et  crdere,  couper. 

t  EXCITABILITÉ  (è-ksi-ta-bi-li-té),  s.  f.  Terme 
didactique.  Faculté  qui  appartientaux corps  vivants, 
d'entrer  en  action,  quand  ils  reçoivent  l'action  d'une 
cause  stimulante. 

—  ÉTYM.  Excitable. 

t  EXCITABLE  (è-ksi-ta-W),  od;.  Qui  est  suscep- 
tible d'être  excité. 

—  Etym.  Lat.    excilahilis,  da  excitare,  exciter. 
EXCITANT,  ANTE(è-ksi-tan,  tant'), adj.  ||  l°Ter- 

me  de  médecine.  Qui  a  pour  effet  d'augmenter  l'ac- 
tion vitale  des  organes.  ||  S.  m.  Les  excitants.  Un 
excitant.  ||  1'  Terme  de  théologie.  Grâce  excitante, 
grSce  qui  excite  seulement  sans  déterminer.  Vous 
verriez,  mon  père,  que  non-seulement  ils  tiennent 
qu'on  résiste  effectivement  à  ces  grâces  faibles, 
qu'on  appelle  excitantes  ou  inefficaces,  en  n'exécu- 
tant pas  le  bien  qu'elles  nous  inspirent...  pasc.  Prov. 
18.  Cette  attention  précède  toute  grâce  convertis- 
sante et  excitante,  BOss.  Averl.  2.  ||  S-  Dans  le  lan- 
gage général,  qui  excite,  anime,  provoque.  Des 
paroles  excitantes. 

t  EXCITATEUR,  ICE  (è-ksi-tateur,  tri-s'),  s.  m. 
et  f.  Il  1*  Celui,  celle  qui  excite.  Un  excitateur  de 
troubles.  ||  2*  S.  m.  Terme  de  physique.  Instrument 
métallique  &  l'aide  duquel  on  décharge,  sans  rece- 
voir de  commotion,  un  appareil  électrique. 

—  HIST.  XVI"  s.  Excitateur  [instigateur],  monet, 
Oic<. 

—  Etym.  Lat.  excilatorem,  de  excitare,  exciter. 

EXCITA-HF,  IVE  (è-ksi-ta-tif,  ti-v*),  adj.  Syno- 
nyme d'excilant,  qui  est  plus  usité.  ||  S.  m.  Une 
nouvelle  léthargie  dura  quatre  jours;  ni  les  remè- 
des, ni  les  eicitatifs  ne  pouvaient  le  tirer  de  cet 
étal,  condorcbt,  Bertin. 

—  HIST.  XVI*  S.  Excitatif,  cotgrave. 

—  Etym.  Exciter;  provenç.  excitatiu;  espagn. 
exeitativo;  ital.  eccitalico. 

EXCITATION  (è-ksi-ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabe.*),  s.  f.  Il  1*  Action  d'exciter.  Les  excitations 
ne  lui  manquèrent  pas.  ||  Terme  de  jurisprudence. 
Excitation  à  la  haine  ou  au  mépris  du  gouverne- 
ment, k  la  débauche,  etc.  délits  prévus  et  punis  par 
le  code.  ||  J*  Terme  de  médecine.  Etat  d'activité  plus 
grande,  soit  d'un  organe,  soit  de  l'économie  tout 
entière.  Excitation  locale.  Excitation  générale. 
HS'Kig.  t'exçitaMon  dçs  esprits  était  grande. 

—  HIST.  XVI*  s.  Estans  accompagnez  d'une  esUte 


EXC 

de  gens  valeureux,  il  faut  estimer  que  l'ordonnance, 
l'ardeur  et  l'excitation  ne  manqueroit,  langue,  43i. 

—  Etym.  Provenç.  excitasinn;  ital.  ecctloxion*, 
du  latin  excitationem ,  de  excitare,  exciter. 

EXCITÉ,  ÉE  (è-ksi-té,  tée),  part,  passé.  \\  1*  Animi 
à.  Excité  par  l'exemple.  L'esprit,  occupé  de  choses 
incorporelles,  par  exemple  de  Dieu  et  de  ses  per- 
fections, s'y  est  senti  exciié  par  la  considération  de 
ses  oeuvres,  ou  par  sa  parole,  ou  enfin  par  quel- 
que autre  chose  dont  les  sens  ont  été  frappés, 
BOSS.  Connais»,  m,  1 4.  ||  Absolument.  Qui  est  dans 
un  état  d'excitation.  Il  inquiétait,  on  le  voyait 
excité.  Il  î*  Qu'on  a  fait  naître ,  causé.  La  curio- 
sité une  fois  excitée  n'aime  pas  à  languir,  ponten. 
It^fl.  poét.  Œuvres,  t.  v,  p.  145,  dans  pougens. 
Il  vous  importe  peu  qu'une  des  plus  violentes  per- 
sécutions excitées,  au  seizième  siicle,  contre  Ra- 
mus,  ait  eu  pour  objet  la  manière  dont  on  devait 
prononcer  quisquis  et  quamquam ,  volt,  i'icl. 
phil.  Quisquis. 

t  EXCITEMENT  (è-ksi-te-man),  ».  m.  État  de  ce 
qui  est  excité.  L'eicitement  des  esprits. 

EXCITER  (è-ksi-té),  V.  a.  \\  1*  Pousser  à,  presser 
de.  E*citer  quelqu'un  au  travail.  S'il  [le  Saint-Esprit] 
agit  en  nous,  s'il  nous  excite  à  de  saints  gémisse- 
ments, il  faut  agir  avec  lui,  gémir  avec  lui,  avec 
lui  s'eiciter  soi-même,  BOSs.  Etats  dorais,  m,  li. 
N'allez  pas  lui  faire  croire  que  vous  m'excitez,  et 
que  vous  voulez  me  faire  entrer  dans  ces  sentiments, 
maintenon,  Lett.  au  duc  de  Noailles,  t.  v,  p.  248, 
dans  poucENs.  Ce  fut  pourtant  le  même  Aristophane 
qui  commença  à  exciter  le  peuple  contre  la  préten- 
due impiétéde  Socrate,  fonten.  Oracl.  1,  7.  11 
étonne,  il  éveille,  il  excite  notre  Sme,  delH/LE, 
Imagin.  1,  p.  <6.  ||  Exciter  à  pitié,  à  compassion, 
porter  à  la  pitié,  à  la  compassion  (locutions  vieil- 
lies). Il  II  se  dit  aussi  avec  certains  noms  de  chose 
pour  régime.  Va  donc  voir  si  le  bruit  de  ce  nouvel 
orage  Aura  de  nos  amis  excité  le  courage,  bac.  Brit. 

I,  4.  n  presse,  il  fait  partir  tous  ceux  dont  mon 
malheur  Pourrait  à  la  révolte  exciter  la  douleur, 
ID.  Mithr.  IV,  a.  Excite  la  langueur,  calme  la  vio- 
lence, bernis,  Belig.  vengée,  m.  \\  Avec  un  nom  de 
chose  pour  sujet.  Ma  gloire,  mon  repos,  tout  m'ex- 
cite à  partir,  bac.  Bérén.  m,  4.  Vivez  donc:  que 
l'amour,  le  devoir  vous  excite,  m.  Phèd.  l,  3.  Une 
foulfc  d'amis  que  son  danger  excite,  volt.  Mérope, 
V,  6.  Leur  sang  et  leurs  blessures  Les  excitaient 
encore  à  venger  leurs  injures,  id.  Henr.  viii.  ||  S'Ani- 
mer, encourager.  Ce  capitaine  excitait  les  soldats 
par  son  exemple.  Je  vais  les  exciter  par  un  dernier 
effort,  ViKQ.Alex.  n,  5.  ||  Absolument.  Le  bon  exem- 
ple excite.  ||  3°  Irriter  Vous  voyez  bien  qu'il  va  se 
fScher;  ne  l'excitez  pas.  Il  ne  faut  pas  exciter  ces 
animaux.  ||  4°  Faire  naître,  causer,  avec  un  nom 
de  chose  pour  sujet.  Jusque-là,  réprimez  les  trans- 
ports violents  Qu'excitent  d'une  sœur  les  mépris 
insolents,  CORN.  Pomp.  n,  4.  Nul  mets  n'excitait 
leur  envie,  la  font.  Fabl.  vu,  t.  Mais  qu'en  vous 
ce  discours  n'eicite  aucun  souci,  eotr.  Antig.  v, 
4.  Il  semblait  que  ma  vue  excitât  son  audace,  r\c. 
Andr.  v,  3.  Un- sujet  plus  puissant  excite  mes  alar- 
mes, ID.  Athal.  II,  4.  Il  Dans  le  même  sens,  avec  un 
pronom  personnel  placé  en  régime  indirect.  Qu'il 
[ce  trépas]  t'excite  partout  des  haines  immortelles  , 
CORN.  Perlhar.  m,  3.  Nous  distinguons  les  choses 
qui  nous  touchent  ou  nous  environnent  par  les 
sensations  qu'elles  nous  excitent,  boss.  Conn.  m, 
8.  Et,  dans  cette  douleur  que  l'amitié  m'excite,  mol. 
D.  Gare,  v,  4.  Cette  tournure  est  peu  usitée,  sang 
être  incorrecte.  ||  Il  se  dit  aussi  en  ce  sens,  avec 
un  nom  de  personne  pour  sujet.  L'art  plus  grand 
encore  d'exciter  à  la  fois  le  rire  et  les  larmes  .sans 
qu'on  se  repente  d'avoir  ri,  ni  qu'on  s'étonne  d'a- 
voir pleuré,  d'alemb.  Éloges,  Deslouches.  \\  Exciter 
l'envie,  la  pitié,  l'admiration,  etc.  être  un  objet 
d'envie,  de  pitié,  d'admiration.  ||  5°  U  se  dit,  en  mé- 
decine, de  ce  qui  produit  l'excitation.  |1  6"  S'exciter, 
V.  réfl.  Se  donner  excitation.  S'exciter  au  combat. 
Sans  avoir  besoin  de  la  mort  pour  exciter  sa  piété ,  sa 
piété  s'excitait  toujours  assez  elle-même  et  prenait 
dans  sa  propre  force  un  continuel  accroissement, 
Boss.  Mar.-Thér.  Quand  on  réfléchit  sur  ses  lie- 
soins  et  sur  les  actes  que  Dieu  nous  commande,  ou 
que  l'on  commence  à  s'y  exciter....  id.  Et.  d'orait. 
v,  3.  Âmes  pures  qui  portez  le  joug  du  Seigneur  el 
qui  marchez  dans  les  sentiers  de  ses  commande- 
ments et  de  SCS  conseils,  venez  vous  exciter  ici  par 
les  exemples  d'une  reine,  flP-cu.  Mar.-Thér.  Je 
m'excite  contre  elle  et  tâche  \  la  braver,  bac.  Brit. 

II,  2.  Il  S'exciter  réciproquement.  Ils  s'excitaient  en 
marchtmt&l'assAut.  y?"  Etre  excité,  causé.  Mais  saisi 
tu  scus  quel  nom  ce  fâcheux  bruit  s'exciteî  CORH 


EXC 


EXC 


EXC 


1555 


Héracl.  i,  '.  Quelle  effroyable  tempête  s'est  excitée 
en  nos  jours,  touchant  la  grUce  et  le  libre  arbitre! 
Boss.  Cornet.  Les  viandes  frappent  l'œil  ou  l'odorat 
et  en  ébranlent  les  nerfs;  les  sensations  conformes 
s'excitent,  c'est-à-dire  que  nous  voyons  et  sentons 
les  viandes  par  l'ébranlement  des  nerfs,  id.  Connaiss. 
ni,  41.  Je  prévis  les  troubles  qui  s'exciteraient 
bientôt  dans  la  petite  république  de  Genève,  volt. 
Lelt.  Pezai,  5  janv.  4767.  |{  Impersonnellement.  Il 
s'excitera  un  cri  commun  contre  tous  les  habitants 
de  la  terre,  saci,  Bible,  Urémie,  xxv,  30.  Tout  ce 
que  nous  apercevons  [  dans  la  sensation  ] ,  c'est 
qu'à  la  présence  de  certains  objets,  il  s'excite  en 
nous  divers  sentiments,  par  exemple  ,  ou  un  sen- 
timent de  plaisir  ou  un  sentiment  de  douleur, 
BOSs.  Conn.  m,  8. 

—  RKM.  Saint-Simon  a  dit  exciter  de  :  Ma  mère 
s'appliquait  à  m'exciter  de  me  rendre  tel  que.... 
ST-siM.  I,  20.  Cette  tournure,  suggérée  par  le  désir 
d'éviter  la  répétition  de  à,  n'est  pas  usitée. 

—  SYN.  EXCITER,  ANIMER.  Étymologiquemeut,  ex- 
citer, c'est  faire  sortir,  mettre  en  mouvement,  en 
action;  animer,  c'est  donner  de  l'âme.  On  anime 
ce  qui  est  inanimé  ou  n'est  pas  assez  animé  ;  on 
excite  ce  qui  est  dans  le  repos,  dans  Timmobilité. 
Là  est  l'origine  des  nuances  qu'expriment  ces  deux 
verbes. 

—  HIST.  XIII*  s.  Si  l'ont  li  deable  escité,  Et  mis 
au  cuer  si  gran  orguel.  Qu'à  peine  daigne  tourner 
l'ueil.  Ne  regarder  la  povre  gent ,  Theophilûs. 
Il  XV*  s.  Et  puis  querez  joustes  et  les  bouhours 
[tournois],  Et  excitez  tous  excès  en  nature,  e. 
DEscii.  Boiïade,  Vie  dissipée.  \\^yi' s.  Ils  excitèrent 
l'indignation  et  la  haine  du  roy,  langue,  6)2.  Son 
ambition  l'excita  et  enflamma,  de  manière  que.... 
AMYOT,  Nicias,  13.  Ceste  amour  esveilla  et  excita 
plusieurs  vices  qui  estoient  encore  cachez  chez 
iuy,  ID.  Anton.  30. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  excitar;  ital.  ecci- 
tare ;  du  lat.  excitare,  de  ex,  et  citare,  presser, 
fréqui^ntatif  de  ciere,  pousser  (voy.  CITE^). 

t  P:XC1TEUR  (è-ksi-teur) ,  s.  m.  Celui  qui  excite. 
Mais  votre  altesse  qui  le  vit,  Sans  savon  liva  bien  les 
télés  De  ces  eîciteurs  de  tempêtes,  scARRon,  Yirg.  v. 

—  ÉTYM.  Exciter. 

f  EXC1TO-MOTE0R  ,  TRICE  (è-ksi-to-mo-teur, 
tri-s'),  adj.  Terme  de  physiologie.  Système  excilo- 
motcur,  division  du  système  nerveux  qui,  formée 
par  les  tubercules  quadrijumeaux,  la  moelle  al- 
longée, la  moelle  spinale  et  les  vrais  nerfs  spinaux, 
est  mise  en  action  par  les  agents  externes,  sans 
l'influence  directe  de  la  volonté. 

—  ÉTYM.  Exciter,  et  moteur.  La  règle  de  la  com- 
position des  mots  latins  voudrait  exciti-moteur. 

t  EXCLAMATIF,  IVE  (èk-skla-ma-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  exprime,  marque  l'exclamation.  Phrase  excla- 
mative.  Point  exclamatif. 

—  ÉTYM.Voy.  exclamation;  provenç. ciciamolîu. 
EXCLAMATION    (  èk-skla-ma-sion;  en  vers,  de 

cinq  syllabes),  s.  f.  \\  1°  Cri  subit  de  joie,  d'admira- 
tion, de  surprise,  d'indignation,  etc.  Il  fit  des  ex- 
clamations douloureuses,  iiamilt.  Gramm.  3.  Quel- 
quefois le  langage  des  sentiments  est  rapide;  c'est 
une  exclamation  qui  tient  lieu  d'une  phrase  entière, 
CQNuiLL.  Art  d'écr.  ii,  4  2.  Tant  de  bouches  ne  jiar- 
lent  presque  que  par  exclamation,  montesq.  Lelt. 
pers.  73.  Dès  qu'il  fut  seul  avec  ses  officiers  les  plus 
dévoués,  toutes  ses  émotions  [à  la  nouvelle  de  la 
conspiration  de  IVlalet  ]  éclatèrent  à  la  fois  par  des 
exclamations  d'étonnement ,  d'humiliation  et  de 
colère,  ségur,  Hist.  de  Nap.  ix,  4  2.  ]|  2°  Terme  de 
grammaire.  Point  d'exclamation,  point  ainsi  figuré  ! 
Il  3°  Figure  de  rhétorique,  qui  consiste  à  se  livrer 
tout  à  coup  dans  le  discours  aux  élans  impétueux 
de  la  passion.  L'exclamation  :  c'est  ainsi  que  saint 
Paul,  .après  avoir  parlé  de  ses  faiblesses,  s'écrie: 
Malheureux  que  je  suis  I  qui  me  délivrera  de  ce 
corps  mortel?  dumarsais,  OEutres,  t.  v,  p.  285. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  ne  veulent  qu'on  s'en  sej-ve 
filu  nom  de  Dieu]  par  une  manière  d'interjection  ou 
d'exclamation,  mont,  i,  402. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exclamatio  ;  espagn.  exclamoh 
cion;  ital.  exclamasione ;  du  lat.  exclamationem,de 
exdamare  (voy.  exclamer). 

t  EXCLAMATIVEMENT  (èk-skla-ma-ti-ve-man) , 
adv.  D'une  manière  exclamative. 

t  EXCLAMER  (S')  (èk-skla-mé) ,  v.  réft.  Pousser 
des  exclamations.  Il  [le  roi]  avait  affaire  à  un 
homme  [VaudemontJ  qui  savait  répondre,  s'excla- 
mer, admirer,  st-sim.  177,  (OO. 'Voilà  M.  de  .a 
Roehefoucault  à  s'exclamer,  M.  de  Bouillon,  le  duc 
de  Tresmes  à  répéter  à  basse  note,  m.  495,  400. 

—  REM.  On  devrait  dire  plutôt  exclamer  comme 


au  XVI*  siècle;  mais  l'assimilation  avec  s'écrier  l'a 
emporté. 

—  HIST.  XVI*  s.  Exclamer,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Lat.  exdamare,  de  ex,  et  clamare,  crier 

(voy.   CLAMEUR). 

EXCLU,  CE  (èk-sklu,sklue), pan. poss^ d'exclure. 
Il  1°X  qui  l'on  interdit,  Exclu  du  consulat  par  l'hy- 
men d'une  reine,  corn.  Sertor.  iv,  3.  Pourquoi,  de 
cette  gloire  exclu  jusqu'à  ce  jour,  M'avez-vous  sans 
pitié  relégué  dans  ma  cour?  rac.  Brit.  11,  3.  Qu'avec 
lui  ses  enfants  de  ton  partage  exclus....  id.  .4(/iaJ.  iv, 
3.  Si  un  seul  pécheur  devait  être  exclu  de  la  grâce, 
MASS.  Car.  F.  conf.  Tout  le  sexe  est  exclu  de  ces 
solennités,  volt.  Scythes,  in,  4.  ||  2*  Mis  hors. 
Exclu  de  l'assemblée  dont  il  faisait  partie.  ||  Sub- 
stantivement. On  a  admis  de  nouveau  les  exclus. 
I!  3°  Incompatible  avec.  La  recherche  dans  le  style 
exclue  par  le  genre  naïf. 

—  KEM.  Jusque  dans  le  courant  du  xvin*  siècle , 
on  a  dit  exclus,  excluse,  aussi  bien  que  exclu,  ex- 
clue :  Ca  fut  beaucoup  de  déplaisir  à  Psyché  de  se 
voir  excluse  d'un  asile  où  elle  aurait  cru  être  mieux 
venue  qu'en  pas  un  autre  qui  fiit  au  monde,  la 
FONT.  Psyché,  II,  p.  4  60;  Pourquoi  de  ce  conseil 
moi  seule  suis-je  excluse?  rac.  Bajax.  m,  3.  Au- 
jourd'hui on  ne  dit  que  exclu,  exclue. 

EXCLURE  (èk-skiu-r') ,  j'exclus,  tu  exclus,  il  ex- 
clut, nous  excluons,  vous  excluez,  ils  excluent; 
j'excluais,  nous  excluions,  vous  excluiez;  j'exclus, 
nous  exclûmes;  j'exclurai;  j'exclurais;  exclus,  qu'il 
exclue;  que  j'exclue,  que  nous  excluions,  que  vous 
excluiez,  que  j'exclusse;  exclu;  excluant,  v.  a. 
Il  i"  Interdire  l'accès  en  fermant  pour  ainsi  dire; 
retrancher,  renvoyer  quelqu'un  d'un  corps,  d'une 
assemblée.  11  [la  Fontaine]  me  doit  savoir  bon  gré 
de  ne  l'avoir  point  produite  [une  sentence  contre 
ses  Contes]  lorsqu'il  poursuivait  sa  réception  à  l'A- 
cadémie, parce  qu'elle  l'en  aurait  infailliblement 
exclu,  FURETIÈRE,  3*  factum,  1. 1,  p.  300.  Furetière, 
après  avoir  été  de  l'Académie  pendant  vingt-trois 
ans,  en  fut  exclu  le  22  janvier  4685,  d'oliv.  Ilist. 
Acad.  t.  II,  p.  48,  dans  pougens.  ||  2°  Fig.  ôter  l'ac- 
cès, le  droit  de Rome  vous  permet  cette  haute 

alliance  Dont  vous  aurait  exclu  le  défaut  de  nais- 
sance, CORN.  Nicom.  I,  2.  Il  [l'empereur  Julien]  ex- 
clut les  chrétiens  non-seulement  des  honneurs,  mais 
des  études,  BOSS.  His(.  i,  4(.  Et  d'ailleurs  que  tenté- 
jeen  prétendant  régner?  J'exclus  un  faible  roi  qui  ne 
peut  gouverner,  oucis,  Uamlel,  i,  4.  Je  vois  plus 
près,  tout  seul,  Pierre  Armand  un  neveu  :  Il  exclut 
les  cousins;  la  chose  paraît  claire,  collin  d'harle- 
ville.  Vieux  célib.  ii,  44.  ||  Exclure  de,  avec  un  in- 
finitif, empêcher  de.  Je  ne  prétends  pas  vous  ex- 
clure d'écrire  pour  vos  affaires,  boss.  Lett.  quiet.  4  2 
Aurait-il  [Marculfe]  traité  d'impie  la  coutume  qui 
excluait  les  femmes  d'y  succéder?  montesq.  Esp. 
XVIII,  22.  Il  3*  N'être  pas  compatible  avec.  La  faveur 
des  princes  n'exclut  pas  le  mérite  et  ne  le  suppose 
pas  aussi,  la  bruy.  xii.  Ils  croient  qu'une  manière 
de  vivre  en  exclut  une  autre,  J.  :.  rouss.  Ém.  v. 
Il  4°  S'exclure,  ti.  re'/î.  Se  mettre  hors,  s'interdire. 
Je  ne  vois  pas  que  Dieu  se  soit  exclu  de  s'en  servir 
[des  anges],  BOss.  Déf.  des  Var.  Le  peuple  voulut 
bien  s'exclure  des  premières  places,  mais  il  ne  vou- 
lut pas  en  être  exclu;  et  la  preuve  qu'il  méritait  d'y 
prétendre,  c'est  qu'il  eut  la  sagesse  et  la  vertu  de 
s'en  abstenir,  mahmontel,  Œuv.  t.  xvii,  p.  486, 
dans  pol'gens.  {[  Se  mettre  hors  l'un  l'autre.  Ces 
deux  prétendants  s'efforçaient  de  s'exclure.  |{  Il  se 
dit  des  choses  incompatibles.  Qualités  rares  en  elles- 
mêmes,  et  qui  dans  les  esprits  d'une  trempe  com- 
mune semblent  s'exclure  mutuellement,  condorcet  , 
Uargraaf. 

—  HIST.  XIV'  s.  Jà  soit  ce  que  nuls  ne  fust  exclus 
dudit  suffrage  ou  assentement....  bercheure,  f°  2I  , 
verso.  Et  par  ce  est  excluse  violence,  oresme,  Eth. 
62.  Il  xvi*  S.  Il  les  avoit  priés  d'empescher  que  Ti- 
moleon  no  peust  descendre  et  prendre  terre  en  la 
Sicile,  à  fin  que,  quand  ce  secours  là  en  seroit  ex- 
clus, ils  poussent  à  leur  aise  départir  entre  eulx 
toute  la  Sicile,  amyot,  Timol.  I2.  Eulx  seuls  exclus 
du  traité  de  la  paix,  id.  Age's.  47. 

—  ÉTY'M.  Provenç.  esctoure,  Cidure ;  espagn.  ex- 
cluir;  ital.  escludere;  du  lat.  excludere,  de  ex,  et 
claudere,  fermer  (voy.  clore). 

EXCLUSIF,  l-VE  (èk-sklu-zif,  zi-v'),  adj.  ||l°Oui 
a  force  d'exclure.  Un  droit  exclusif  de  tout  autre. 
Le  vice-roi  de  Goa  accordait  à  des  particuliers  des 
privilèges  exclusifs,  montesq.  Esp.  xx,  20.  Faut-il 
de  tous  les  champs  qu'exclusifs  possesseurs....  m.  j. 
CHÉN.  Gracq.  u,  3.  ||  Avoir  voix  exclusive  dans  une 
élection,  avoir  le  droit  d'exclure  le  candidat  pré- 
senté, U  y  a  des  couronnes  qui  ont  voix  exclusive 


dans  l'élection  d'un  pape.  ||  2*  Oui  jouit  de  'privilè- 
ges exclusifs.  Les  Danois  s'établirent  dans  ces  con- 
trées, il  y  a  plus  d'un  siècle  ;  une  compagnie  exclu- 
sive y  exerçait  ses  droits....  raynal,  Hist.  p/itj.  xi, 
20.  Il  3°  Qui  est  incompatible  avec.  Qu'on  ne  nous  ob- 
jecte plus  nos  idolâtries  comme  exclusives  du  salut, 
boss.  Avert.  3.  ||4°  U  se  dit  aussi  des  personnes  qui 
n'admettent  pas  ce  qui  est  contraire  à  leur  opinion, 
à  leurs  goûts.  L'esprit  de  parti  rend  exclusif. 
Esprit  exclusif.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  goût 
exclusif,  patriotisme  exclusif,  passion  exclusive,  opi- 
nions exclusives.  Encore  un  coud,  les  plaisirs  ei- 
clusifssont  lamort  du  plaisir,  j.  j.  h'j.iss.  Emile,  iv. 
Le  christianisme  a  fait  de  l'amour  de  la  patrie  un 
amour  principal  et  non  pas  un  amour  exclusif, 
chateaub.  Génie,  1,  v,  44. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  exclud  toutes  oeuvres....  ils  no 
peuvent  donc  faire  par  toutes  leurs  cavillations,  que 
nous  ne  retenions  la  diction  exclusive  en  sa  géné- 
ralité, CALV.  Instit.  688. 

—  ÉTYM.  Voy.  exclusion. 

EXCLUSION  (èk-sklu-zion;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  d'exclure,  de  mettre  hors. 
Je  vous  souhaite,  dans  votre  retraite,  des  journées 
remplies,  des  amis  qui  pensent,  l'exclusion  des  .sots 
et  une  bonne  santé,  VOLT,  ieff.d'^rjence,  2  déc.  4  764. 
Il  Fig.  Tant  s'en  faut  que  l'imagination  donne  l'ex- 
clusion au  génie,  vauven.  Du  génie.  \\  2°  Action 
d'inlerdire  quelque  chose  à  quelqu'un.  Exclusion 
de  la  tutelle.  Louis  le  Jeune  ayant  donné  l'exclusion 
à  un  de  ses  sujets  pour  l'évêché  de  Bourges,  volt. 
Mœurs,  6.  Nous  sommes  étonné  que  l'auteur  de  la 
Métromanie,  qui  avait  été  élu  par  l'Académie  autant 
qu'il  pouvait  l'être,  ait  continué,  après  une  exclu- 
sion dont  elle  avait  été  plus  affligée  que  lui,  à  l'at- 
taquer par  des  épigrammes  qui  ne  font  honneur  ni 
à  son  équité,  ni  à  sa  reconnaissance,  d'alemb.  Élo- 
ges, Si  Aulaire.  Malgré  la  pluralité  des  suffrages, 
j'aurais  eu  l'exclusion  de  la  part  de  la  cour,  si  les 
marques  de  bonté  et  d'estime  que  j'ai  reçues  des 
étrangers  et  surtout  de  Votre  Majesté  n'avaient  été 
ma  sauvegarde,  id.  Lett.  au  roi  de  Prusse,  22  août 
1772.  Ces  gens  ne  reconnaissent  qu'un  droit  aux  em- 
plois littéraires,  la  capacité  de  les  remplir,  qui 
chez  nous  est  une  exclusion ,  p.  l.  cour,  i,  435. 
Il  3°  Incompatibilité.  D'ordinaire  il  arrive  que,  ne 
pouvant  concevoir  le  rapport  de  deux  vérités  oppo- 
sées, et  croyant  que  l'aveu  de  l'une  enferme  l'exclu- 
sion de  l'autre,  ils  [les  hérétiques]  s'attachent  à 
l'une,  ils  excluent  l'autre,  pasc.  l'ensécs  sur  le 
pape,  4  2.  Le  roi  dit  à  M.  de  Lauzun  que  cet  ordre 
[de  la  Jarretière]  n'était  pas  une  exclusion  au  sien, 
sÉv.  624.  Il  4°  Caractère  exclusif.  Voulez-vous  déga- 
ger les  plaisirs  de  leurs  peines,  ôtez-en  l'exclusion, 
J.  J.  Rouss.  Ém.  IV.  Il  5"Termedecalcul.  Méthode  d'ex- 
clusion, mode  de  solution  des  problèmes  fondé  sur 
ce  qu'on  exclut  successivement  les  inconnues.  ||  6"  A 
l'exclusion  de,  Joe.  prép.  Telle  personne  ou  telle  chose 
étant  exclue.  Il  ne  vous  suffit  pas  de  posséder  à  notre 
exclusion  l'ancienne  et  la  solide  vertu,  balz.  liv.  v, 
lett.  8.  On  ne  peut  pas  dire  qu'elle  soit  en  quel- 
qu'une de  ses  parties  à  l'exclusion  des  autres,  desc. 
Pass.  29.  Parmi  les  productions  monstrueuses  de  la 
nature,  on  peut  compter  le  cœur  d'une  mère  qui 
aime  l'un  de  ses  enfants  à  l'exclusion  de  tous  les  au- 
tres, marmontel.  Contes  mor.  Mauv.  mère. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exclusio;  esp.  exclusion;  ital. 
escluxione;  du  ]a.l.  exclusionem,  de  exclusum,  su- 
pin de  excludere  (voy.  exclure). 

EXCLCSI'VEMENT  (èk-sklu-zi-ve-man) ,  adv 
Il  1°  En  excluant.  Si  exclusivement  à  toute  autre 
science  vous  endoctrinez  votre  enfant  dans  la  géo- 
métrie, CHATEAUBR.  C^n.  ui,ii,  4 .  ||  Uniquement. 
Voilà  comme  une  théorie  exclusivement  attachée  à 
la  pratique  des  anciens  donne  les  faits  pour  la  li- 
mite des  possibles,  et  veut  réduire  le  génie  à  l'éter- 
nelle servitude  d'une  étroite  imitation,  mahmontel, 
ÉUm.  litt.  œuv.  t.  X,  p.  37,  dans  pougens.  ||  2°  En 
ne  comprenant  pas.  Depuis  le  mois  de  mai  jusqu'au 
mois  d'octobre  exclusivement,  c'est-à-dire  le  mois 
d'octobre  n'étant  pas  compris.  ||  Ancien  terme  de  ju- 
risprudence. Jusqu'à  sentence  définitive  exclusive- 
ment, sans  prononcer  la  sentence  définitive,  ce  cjui 
arrivait  quand  un  juge  supérieur  chargeait  un  juge 
inférieur  de  faire  seulement  l'instruction  d'un  procès 
criminel. 

—HIST.  XVI*  s.  Ainsi  de  restreindre  au  Père  ex- 
clusivement le  nom  de  Dieu  pour  le  ravir  au  Fils, 
il  n'y  a  ne  raison  ne  propos ,  calv.  Instit.  97. 

—  t.TVil.  Exclusive,  elle  suffixe  menJ. 

t  EXCLUSIVISME  (èk-skiu-zi-vi-sm'),  t.  m.  Néo- 
logisme. Esprit  d'exclusion. 

t  EXCOGITATION  (èk-skoji-ta-sion),  s.  f  Effort 


isr)6 


l'.xi; 


A,  ,*i1...„n   .1.  r..,nbin.i«)fi.  On  p«ul  jug«r  de  la 
"       I  .lit)  et  d««  niécp»,  d  une  pa- 

J^jj^'  i.ilo»  eicogilaiioni,  »T-sjii. 


rngiladonem,  de  escogitare,  p«n- 


tn,  < 

—  I 

"j  |.\  i  K  (tk-*ko-ji-té,  tel!),  part,  paiié 

^u„  ..■   eicogiler.    ImaKiné   à  K^nJ 

,  •'    1  <ls  c()i"t.ii<.ii»on  et  lie  réfleiion.  [Le  duc  <le 
!"^  anjll  loulu  wnes  de  reuourceii  dana  l'es- 
:  .iitea  pour  le  niai,  pour  les  plus  pîo- 
'  un  et  lea   noirceurs  les  plus  longue- 

„,,  „i ,  »,  ,,^,iu.s,  ST-Biii.  »»ï,  ".Il  Inusité. 

—  HI«T.  ivi'  s.  David  n'a  pu  eicogiter  une  plus 
gfjete  male'liclion  sur  «es  ennemis,  quVn  primt 
qu'ils  fussent efTacei  du  livre  iJe  vie,  calv.  Imt.  33». 

—  tnu  Lat.  txcogilart,  de  ex,  et  cogitarr, 
ponwr  (vov-  ctMDPB). 

KXC.OMMUNICATIOrJ  (èk-skomu-ni-ka-sionj  en 
ven,  <l'  ■  •  '  "•  "ilics),  f.  f.  f'uniiioii  ecclésiasti- 
que, >  <|u'un  de  la  communion  exté- 
rieure ■  !  I-',  c'cst-à-dire  du  corps  de  ceux 
qui  la  com|H»«nt.  Fulminer  une  excommunica- 
tion, une  sentence  d'pxcommunication.  Je  ne  pense 
l'Ss  qu'on  puisse  rien  imaginer  de  plus  contradic- 
luire  d'un  cAté,  que  de  dénier  aux  rois  l'admi- 
nistration de  la  parole  et  des  sacrements,  et  de 
l'autre  de  leur  accorder  l'excommunicatioD,  qui, en 
elTet,  n'est  autre  chose  que  la  parole  céleste  armée 
de  la  censure  qui  vient  du  ciel,  boss.  Var.  vn, 
<{  «8.  Il  y  a  deux  choses  dans  l'excommunication  : 
une  peine  pour  lo  coupable  et  une  Ini  pour  l'in- 
nocent, boubdal.  b'dim.  apréi  l'Épiph.  Dominic. 
t.  i,  p.  'iil,  dans  pouuKHS.  Vnus  savez  sans  doute 
la  grande  nouvelle  de  l'excommunication  de  l'in- 
fant duc  de  Parme  par  notre  siint-pére  le  pape, 
pour  avoir  attaqué  l'immunité  des  biens  ecclésias- 
tique», d'alimb  Letl.  à  foliaire,  18  fév.  <708. 
Il  Kxcommunication  majeure,  celle  qui  retranche 
entièrement  de  la  communion  de  l'Eglise.  Excom- 
munication mineure,  celle  qui  est  encourue  pour 
avoir  participé  avec  ceux  qui  sont  frappés  du  l'au- 
tre. La  mineure  entraîne  privation  des  sacrements. 
Kicommui.icalion  de  droit,  celle  qui  est  ordon- 
née par  les  conciles,  sous  le  nom  d'anathème.  Ex- 
communication de  fait,  ouipjo/acto,  celle  que  l'on 
encourt  immédiatement  en  faisant  une  chose  défen- 
due sous  peine  d'être  excommunié.  ||  Dans  la  reli- 
gion protestante,  c'est  le  consi:<t<>ire  qui  prononce 
l'excommunication.  Cette  excommunication  ne  pou- 
vant  non  plus  se  faire  que  par  le  consistoire  et  à  la 
pluralité  de*  voix,  1. 1.  nouss.  Confets.  xii. 

—  IIIST.  xvi»  s.  La  vengeance  extrême  de  l'Eglise 
est  l'excommunication,  de  la'juelle  elle  n'use  qu'en 
grande  nécessité,  cai.v.  Irut.  87e. 

—  STVM.Prov.  e.(Cumcniaxon,-espagn.ezcommu- 
nicflfion  ;  ilal.  .tcommuni'caxione  ;  du  lai.  rxcommu- 
nirationem,  evnmmunicalion  fvoy.  fxcommonieb). 
L'ancienni'  langue  'lisait  escomuniement,  et  même, 
au  féminin,  Mcomuni'e. 

F.XCOMMINIÊ.  ÊE  ()k-sko-mu-ni-é,ni-ée),par(. 
P'iur.  I.e  roi  Robert  excommunié  par  le  pape.  11 
faut  mettre  ces  faits,  et  les  raisonnements  i|ui  en 
■ont  la  suite,  k  cAté  des  relations  de  la  légende 
dorée,  du  corbeau  excommunié  pour  avoir  volé  la 
bague  de  l'abb''  Omrad,  et  des  extravagances  que 
l'imMcitlilé  a  débitées  sur  les  prétendus  hommages 
que  les  animaux  ont  rendus  i  nos  redoutables  mys- 
tères, n'ALRiiB.  Éloges,  du  Marsait.  ||  5.  m.  Il  n'é- 
tait pas  permis  aux  excommuniés  d'entrer  dans  les 
églises.  Des  excommuniés  qui  ne  peuvent  paraître 
en  aucun  lieu  et  dont  tout  le  monde  doit  s'éloigner, 
ROUBDAL.  F.ihort.  eharit.  rnrers  les  prisonniers,  t.  i, 
p.  87,  dans  pouoENS.  ||  Fig.  Il  est  fait  comme  un 
excommunié,  il  est  mal  habillé,  en  désordre.  Crotté 
depuis  la  lêtejusqu'aux  pieds,  botté  jusqu'à  la  cein- 
ture, fait  enfin  comme  un  excommunié,  bamilton, 
Gramm.  7.  ||  Un  visage  d'excommunié,  mauvaise 
mine  Je  voyais  déjà  la  nécessité  avec  son  visage  d'e«- 
communié,  et  elle  me  faisait  peur,  lesaor,  Cuzm. 
tÀlf.  II,  (.  Il  Cet  homme  est  pis  qu'excommunié,  il 
Bit  dans  le  mépris  et  la  haine  de  chacun.  ||  On  dit 
aussi  :  jurer,   «a  rer,  comme   un  excommunié. 

EXCOMMUNIER  (èksko-mu-ni-é),  j'excommuniais, 
noiiseicoramiiniions,  vous  excommuniiez;  que  j'ex- 
eommiinie,  que  nous  excommuniions,  (|iie  vous  ex- 
communiie,,  r.  n  ||f  Retrancher  quelqu'un  de  U 
f omm  :ninn  .le  Vf^Ue  I  es  papes  ont  excomiiiunié  les 
r-iiJi'in.i„iq,iiiieni  leur  habit,  PASC.  Proï  6  Si 
que.q.i  un  v  révolte  contre  l'Église  et  qu'il  la  scan- 
d.h.e  i-jr  ,.,  crimes  ou  par  ses  erreurs,  on  doit 


enl 

c 


nleirommun.anl.  le  reirancherdu  corps  de  l'Eglise 
^'  s^^iera,,  ,.  .-    ,ar.  xv,  §  .i.  n  AbsolumeirL  le 


EXC 

consistoire  (chez  les  protestants]  seul  a  droit  d'ex- 
communier. Il  2*  S'excommunier,  v.  réfl.  Se  retran- 
cher de  la  communion  des  fidèles.  Il  .s'excommunie 
lui-inérneduchrislianisme,  boss.  i,  PerU.  ï.  Desimes 
adonnées  k  la  pratique  de  toutes  les  bonnes  œuvres 
ont  passé  des  années  entilTes  sans  paraître  une  fois 
k  la  sainte  table;  elles  se  sont  excommuniées  elles- 
mêmes,  intimidées  par  les  discours  qu'elles  enten- 
daient, BOUBU.  Pens.  t.  ni,  p.  3i6.  y  S'eicommuoier 
l'un  l'autre.  Les  antipapes  «'excommuniaient. 

—  HIST,  XII'  s.  L'apostolies  [pape]  les  leis  [les  lois] 
idunc  escumenia,  E  celui,  qui  qu'il  seit,  qui  ja- 
mais les  ternira  [tiendra] ,  ïTi.  le  mari.  6».  ||xui's. 
Simaudi  et  escomenie  Tous  ceus  qui  aiment  vilonnie, 
la  Rose,  3091.  Et  aussi  li  moustiers  est  communs  à 
toz  por  ferescs  orisons,  en  tans  et  en  lieu  convena- 
bel,  exceptés  les  esijueminciés,  BHAtiM.  xxiv,  (♦.  En 
[on]  prise  si  pou  [peu]  les  excommuniemens  hui  et 
tous  les  jours  que  avant  se  lessent  les  gens  mourir 
escommeniés  que  il  se  facent  absodre,  jomv.  200. 
Il  XV*  s.  Escommunié  mange  bien  pain,  le  roux  de 
UNcr,  Prov.  t.  i,  p.  M.  ||  ivi*  s.  Les  moines  du 
temps  présent,  en  se  dressant  un  autel  à  part,  ont 
rompu  le  lien  d'unité;  car  ils  se  sont  excommuniez 
du  corps  do  l'Eglise,  calv.  Inst.  1020.  César,  ayant 
en  horreur  celuy  qui  la  luy  presentoit  [la  tête  de 
I'om|iée]  comme  un  meurtrier  excommunié,  se  prist 
à  plorer,  auyot.  Pompée,  tiî. 

—  ETYM.  Provenç.  escotneniar,  escomengar,  escu- 
menjar,  escumergar;  catal.  escomunicar;  espagn. 
«Komuigar;  porlug.  escommunyar  ;  ital.  scomuni- 
care  ;  du  lat.  eicommuntcore,  de  ex,  hors,  et  (om- 
municare,  communiquer. 

EXCORIATION  (èk-sko-ri-a-sion) ,  *.  f.  Légère 
plaie  qui  n'intéresse  que  la  peau. 

—  HIST.  xvi"  s.  Quelque  excoriation  qui  aura 
esté  faite  en  réduisant  les  intestins,  pars,  vi,  <t. 

—  ÊTYM.  Excorier;  provenç.  excoriacio;  espagn 
RreorinciVin;  ilal.  eiforiuxione. 

EXCORIÉ,  ÉE  (."k-sko-ri-é,  ée),  part,  passé.  La 
peau  excoriée  par  les  ontiles  du.malade. 

EXCORIER  (èk-sko-ri-é),  j'excoriais,  nous  exco- 
riions, vous  excoriiez;  que  j'excorie,  que  nous  exco- 
riions, que  vous  excoriiez),  v.  a.  Terme  de  chirur- 
gie. Ëcorcher  légèrement.  Le  coup  lui  a  excorié  la 
peau.  Il  S'excorier,  v.  réfl.  Se  faire  une  excoriation 
k  soi-même.  11  s'est  excorié  en  tombant.  |{  Être  ex- 
corié. Les  parties  comprimées  s'excorient  souvent. 

—  ËTYM.  Lat.  excoriare,  de  ex,  etcorium,  cuir, 
peau 

t  EXCOR'nCATION(èk-skor-ti-ka-8ion),  «.^.Syno- 
nyme de  décortication. 

t  EXCORTIQUER  (èk-skor-ti-ké),  v.  a.  Synonyme 
de  décorticjuer. 

—  ETYM.  Lat.  ex,  et  cortex,  écorce. 
EXCRÉMENT  (èk-skré-man),  s.  m.   ||   !•  Tout  ce 

qui  est  évacué  du  corps  de  l'animal  par  les  émonc- 
toires  naturels,  comme  les  matiî'res  fécales,  l'urine, 
la  sueur,  etc.  ||  En  particulier,  les  matières  fécales. 
Il  i'  Fig.  Terme  de  mépris  et  d'injure.  Va-t'en  à  la 
maie  heure,  excrément  de  la  terre,  malh.  iv,  14. 
Va-t'en,  chétif  insecte,  excrément  de  la  terre, 
LA  FONT.  FaM.  Il,  «.Leduc  d'Estrées  et  Mazarin 
étaient  des  excréments  de  la  nature  humaine,  à  qui 
le  reste  des  hommes  n'osait  parler,  st  sim.  455, 
t55.  X  peine  les  deux  philosophes  daignérenl-ils 
jeter  les  yeux  sur  ces  excréments  de  la  littérature, 
volt.  Ingénu,  n.  De  par  tous  les  diables!  parle  fran- 
ç.iis,  si  tu  veux  ou  si  tu  le  peux,  excrément  de  col- 
lège I  BBUBïs,  Grondeur,  i,  )0. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  sang  ne  pourroit  nourrir  s'il 
n'estoit  purgé  de  deux  sortes  d'excremens,  pabé, 
Inirod.  6.  Un  lopin  d'excrément  de  fer,  palissy,  22. 

—  ÊTYM.  Lat.  excremenlum,  de  excernere,  séparer, 
de  ex,  hors,  et  cernere,  séparer,  le  même  que  le 
grec  xpiveiv  (voy.  crise). 

EXCRÊMENTEUX,  EUSE  (èk-skré-man-teû,  teû- 
z') ,  adj.  Terme  de  médecine.  Qui  est  de  la  nature 
de  l'excrément.  |{  Peu  usité. 

—  HIST.  XVI'  s.  Si  l'art  [métier]  est  de  petit  tra- 
vail comme  des  petits  cousiuriers,  elle  rendra  le 
corps  plus  mol  et  excremenleux,  pars,  Introd.  *i. 

—  ETYM.  Excr('menl 

EXCREMENTIEL.  ELLE  (èk-skré-man-siel,  sièl') 
ou  EXCRÊMKNTITIEL,  ELLE  (  èk-skré  man-ti-siel, 
siè-l').  adj.  Terme  de  médecine.  Qui  appartient  k 
l'excrément.  ||  Humeurs  eicrémentitielles,  celles  qui, 
impropres  k  la  nutrition  ,  sont  destinées  à  être 
évacuées.  {|  Excrémentiel  n'est  plus  guère  usité. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ce  que  j'entends  de  la  clioleie 
[bile]  excrementitielle,  comme  aussi  l'alimentaire, 
PAB*,  Introd.  0. 

—  ElYX,  Eiarimenl. 


EXC 

t  EXCRESCESCE  (èk-skrè-8san-s'),  ».  f.Le  même 
que  excroissance.  Au  heu  de  s'unir  comme  frères 
au  pied  du  trône  contre  les  eicrescences  qui  n'ont 
et  ne  prétendent  que  contre  notre  ordre,  sx-siu. 
485,  87.  Ce  territoire  [Metz,  Toul  et  Verdun]  pou- 
vait être  regardé  comme  une  excrescence  de  l'em- 
pire germanique,  V01.T.  Mœurs,  (78. 

—  ETYM.  Voy.  excroissance. 

t  EXCRETA  (ik-skré-ta) , ».  m.  pjur. Terme  d'hy- 
giène. Choses  qui  sont  rejetées  du  corps. 

—  ETYM.  Lat.  excréta,  choses  excrétées,  A'excre- 
tus,  part,  passé  de  «rcemere  (voy.  excrément). 

t  EXCRÉTER  (èkskré-té),  v.  a.  lerme  de  phy- 
siologie. Opérer  l'excrétion.  Les  matières  excrétées. 

—  ETYM.  Voy.  EXCRÉTION. 

EXCRÉTEUR,  ICE  (èk-skré-teiir,  tri-s'),  adj.  Qui 
sert  aux  excrétions.  |{  Conduit  excréteur,  conduit 
qui  porte  le  liquide  sécrété,  de  la  glande  qui  le 
fournit,  à  un  réservoir  ou  directement  au  dehors. 
Il  Poils  excréteurs  des  plantes,  ceux  qui  sont  ter- 
minés par  une  extrémité  glanduleuse. 

—  HIST.  XVI*  s.  Par  évacuation  de  la  matière 
qui  de  qualité  maligne  irriloit  la  faculté  excrétrice 
à  excrétion  par  en  haut,  paré,  xviii,  76. 

—  ETYM.  Lat.  excernere  (voy.  excbément). 

EXCRÉTION  (èk-skré-sion),  ».  f.  Terme  de  phy- 
siologie. Action  par  laquelle  certains  organes  creux 
rejettent  au  dehors  les  matières  liquides  ou  solides 
qu'ils  contiennent.  L'excrétion  des  matières  fécales 
L'excrétion  de  l'urine.  L'excrétion  de  la  salive,  du 
mucus  nasal,  etc.  ||  Les  excrétions,  les  matières 
excrémentitielles  elles-mêmes.  L'urine,  les  exhala- 
tions cutanées  et  pulmonaires,  les  déjections  alvi- 
nes,  etc.  sont  des  excrétions. 

— HIST.  xvi"  s.  L'excrétion  etretention  ,PARÉ,xx,t  5. 

—  ETYM.  Lat.  eicretioncm,  de  excretwn,  supin 
de  excernere  (voy.EXChÉMENT). 

EXCRETOIRE  (èk-skré-toi-r*),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie.  Oui  procure  l'excrétion.  ||  Glandes  excrétoires 
des  plantes,  celles  dont  la  surface  laisse  suinter  un 
liquide. 

—  ETYM.  Lat.  excretum,  supin  de  excernere  (voy. 

EXCHÉMENT". 

EXCROISSANCE  (èk-skroi-san-s') ,  s.  f.  ||  1*  Terme 
de  pathologie.  Tumeur,  de  quelque  nature  qu'elle 
soit,  qui  fait  saillie  sur  une  surface,  par  exemple 
la  peau,  une  membrane  muqueuse,  l'écorce  d'un 
arbre,  etc.  ||  Fig.  Celui  [le  parlement]  de  Dombes, 
qui  n'était  qu'une  excroissance  inutile,  est  suppri- 
mé, VOLT.  Ult.  Rochefort,  »  nov.  <77).  ||  J*  Par 
extension,  espèce  de  tubérosité.  Ce  globe  dont  nous 
décrivons  si  pompeusement  la  superficie  et  sur  le- 
quel s'élèvent  çà  et  là  de  petites  excroissances  que 
nous  nommons  des  montagnes,  dont  à  force  de 
trigonométrie  nous  avons  la  gloire  de  mesurer  l'élé- 
vation, BONNET,  Palingén.  xii,  6. 

—  HIST.  XIV*  s.  Excressances,  poireaus,  verrues. 

H.  DE  MONDEVILLE,   f°  401,   t  «rsO.  ||  XVI*  S.  Ampuloi 

les  excroissances,  comme  loupes,  verrues,  pohpes, 
chancres  et  autres  chairs  superflues,  pabé,  /n(r.  2. 

—  ETYM.  Lat.  excrescens,  part,  présent  de  excres- 
cere,  se  développer,  de  ex,  et  crescere,  croître  (voy. 
croItke). 

EXCURSION  (èk-skur-sion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabe.s) ,  I. /■.  ||  1*  Course  au  dehorsi.  Des  excur- 
sions botaniques.  Ce  fut  de  là  qu'elle  vint  faire  à 
l'hermitage  une  nouvelle  excursion,  J.  J.  bouss. 
Confess.  ix.  ||  Fig.  Digression.  Faire  une  excursion 
hors  de  son  sujet.  {|  i'  Particulièrement.  Irruption 
sur  le  territoire  ennemi.  Us  revinrent  de  leur  excur- 
sion avec  des  prisonniers  et  du  butin,  jj  3°  Terme 
d'astronomie.  Cercles  d'excursion,  se  dit  des  cercles 
parallèles  à  l'écliptique,  qui  limitent  les  excursions 
des  planètes  des  deux  côtés  de  ce  grand  cercle. 
\\  4°  Terme  de  critique  philologique.  Longue  disser- 
tation sur  un  point  d'antiquité  peu  connu,  à  l'occa- 
sion d'un  mol,  d'une  pensée  d'un  auteur.  On  dit 
aussi  eicursus. 

—  ETYM.  Lat.  excursionem,  de  cxcursum,  supin 
de  excurrrre.  lie  ex,  hors,  et  currere,  courir. 

t  EXCURSIONNISTE  (èk-skur-sio-ni-sf),  s.  m.  Ce- 
lui qui  fait  une  excursion  scientifique  ou  de  plaisir. 

t  EXCURSUS  (èk-skur-sus'),  s.  m.  Mot  latin  (de 
excurrere,  voy.  excursion),  qui  se  dit  souvent  pour 
excursion  ii*  4  (voy.  excdrsion) 

t  EXCURVÊ,  ÊE  (èk-skur-vé,  vée),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  est  courbé  de  dedans  en  dehors,  op- 
posé à  incurvé. 

—  ETYM.  Lat.  ex,  en  dehors,  et  crinafiu,  courbé. 
EXCUSABLE  (èk-sku-za-W),  adj.  Oui  est  dign» 

d'excuse,  en  parlant  des  personnes.  Madame,  croyez- 
moi,  vous  serez  excusable  D'avoir  moins  de  cha- 
leur conu-e  uu  objet  aimable,  corn.  Cid,  m,  i.  L'a 


EXC 


EXC 


EXC 


i:)ri7 


long  amas  d'honneurs  rend  Thésée  excusable,  hac. 
Phid,  I,  I.  Voyez  si  le  sujet  est  excusable  de  se 
plaindre,  lamlis  que  le  maître,...  K\sfi.  Aient,  Affl. 
On  n'est  jamais  excusable  de  faire  mal  ce  qu'on  fait 
volontairement,  i.  >.  rouss.  3'  lettre  à  M.  de  Males- 
herbes.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses.  Tout  est  trop 
excusable  en  un  amant  jaloux,  corn.  Nicom.  iv,  2. 
Regardez  d'un  autre  oeil  une  excusable  erreur,  R.4C. 
Phèd.  IV,  6.  Imprudence  excusable  au  cœur  des  mal- 
;heureux,  volt.  Oreste,  iv,  3. 

—  HIST.  xiv  s.  Pechié  excusable  et  venial.ORESME, 
Thèse  de  meunier.  ||  xvi*  s.  Nulle  occasion  d'un  si 
horrible  souhait  peult  estre  excusable,  mont,  ii, 

74. 

—  ÉTYM.  Provenc.  creusa 6 /«;  espagn.  escusable  ; 
ital.  scusabile;  du  lat.  excusabilis,  de  excusare, 
excuser. 

i  EXCUSABLEMENT  (èk-sku-za-ble-man) ,  adv. 
D'une  manière  excusable. 

—  HIST  XVI'  s.  Personne  ne  débat  que  le  vice 
soit  à  éviter  et  à  haïr  sur  toutes  choses  :  mais  c'est 
une  question,  s'il  se  pouvoit  présenter  tel  proffit, 
ou  tel  plaisir,  pour  lequel  tel  vice  fust  excusable- 
ment  faisable,  charron.  Sagesse,  u,  3. 

—  f.TYM.  Excusable,  et  le  suffixe  ment. 
EXCUSATION{èk-sku-za-sion),  s.f.  Ancien  terme 

(le  jurisprudence.  Se  disait  des  excuses  qu'on  allègue 
pour  être  dispensé  d'une  tutelle,  d'une  charge.  ||  On 
ne  dit  plus  aujourd'hui  en  ce  sens  qu'excuse. 

—  HIST,  xii*  s.    Quand  Deus  par  celé  demandise 

10  rapeloit  à  pénitence,  si  ajoinst-il  parole  d'escusa- 
tion,  et  si  dist....  Joh,  p.  462.  ||  xiV  s.  Il  y  chiet 
[échoit  aux  péchés  véniels]  miséricorde  et  pardon 
ou  excusation,  oresme,  Thèse  de  meunier.  ||  xv°  s. 
Ce  qu'il  commandoit  estoit  incontinent  acomply 
sans  nulle  difficulté  ne  excusation,  comm,  vi,  (o. 

—  RTYM.  Provenç.  eicuzad'o;  espagn.  escuiacto//; 
ital.  scusazione;  du  latin  excxuationem,  de  excu- 
sare, excuser. 

EXCnSE  (èk-sku-z')',  t.  f.  \\  i'  Raison  qu'on  allè- 
gue pour  se  disculper  ou  pour  disculper  un  autre. 
Kxciiso  valable.  Mauvaise  excuse.  Se  confondre  en 
excuses.  Quand  nous  pouvons  couvrir  d'excuses  nos 
défauts,  RÉGNIER,  Sat.  xiv.  Bien  que  je  sache  au 
vrai  tes  façons  et  tes  ruses,  .l'ai  tant  et  si  longtemps 
excusé  tes  excuses....  ID.  Élég.  il.  S'il  [lioileau)  a 
cherché  quelquefois  des  excuses  sur  la  rime,  ça  été 
pour  porter  des  coups  plus  violents,  comme  c]uand 
il  dit....,  FfRETiÊRK,  3" /ac(«»n,  1. 1,  p,  322.  M.  Bayle, 
j'ai  reçu  vos  excuses,  et  j'ai  bien  voulu  vous  lémoi- 
gTier  parla  présente  que  j'en  suis  satisfaite  ,  bayle, 
lettres  (Letl.  de  la  reine  Christine,  I4  déc.  1686). 

11  Fig.  Votre  amour  fait  ma  f.iute,  il  fera  mon  ex- 
cuse, corn.  Pomp.  IV,  3.  Leur  incrédulité  n'a  plus 
d'excuse,  boss.  Ilist.  n,  U).  Mais  votre  amour  n'a 
plus  d'excuse  légitime,  rac.  Iphig.  i,  6.  Mon  cœur 
n'a  pour  excuse  aucune  illusion,  volt.  Brutus, 
IV,  3.  Cotte  triste  vertu  l'excuse  des  ingrats,  m. 
Adélaïde,  iv,  B.  Ce  tort  afl'reux  n'avait  nulle  ex- 
cuse, OENLis.  Urne  de  Uaintenon,  t.  ii,  p.  2io,  dans 
pol'gens.  Il  2°  Prétexte.  Lors  pour  sortir  elle  prend 
tme  excuse,  la  font.  Rich.  Je  lui  sers  d'excuse 
pour  ne  plus  voir  ses  amies,  siîv.  225.  ||  3°  Kxcuse, 
se  dit  du  motif  qui  empêche  un  juré  de  siéger.  Le 
p'ésidenl  ne  trouva  pas  son  excuse  valable.  ||  Motif 
légal  pour  se  dispenser  d'une  charge  imposée  par 
la  loi.  Il  [le  tuteur  nommé]  devra  sur-le-champ..,, 
proposer  ses  excuses,  sur  lesquelles  le  conseil  de 
famille  délibérera,  C.  Napol.  art,  i-m.  ||  Circonstance 
qui, de  plein  droit,  diminue  la  gravité  d'un  crime  et 
par  suite  atténue  la  peine.  ||  Se  dit,  dans  un  sens 
analogue,  du  motif  qui  empêche  un  écolier  de  ve- 
nir à  la  classe.  L'enfant  apporta  une  excuse  écrite  par 
le  répétiteur.  ||  4"  Formule  de  politesse.  Faire  excuse  à 
quelqu'un,  le  piier  qu'il  excuse.  Quoil  tu  faisais  ex- 
cuse à  qui  m'osait  braver,  corn,  Hici,  i.  Pour  vous, 
je  ne  veux  point,  monsieur,  vous  faire  excuse,  mol. 
Éc.  des  maris,  m,  lO,  Je  lui  fis  excuse  d'avoir  mal 
pris  son  sentiment,  pasc.  Prov.  i.  Il  m'écrit  en  me 
faisant  des  excuses  de  la  liberté,  skv.  470.  Je  lui 
fis  mille  excuses  de  l'avoir  fait  attendre,  hamilt. 
Gramm.  ».  ||  Faire  excuse  de  quelque  chose,  s'en 
excu.ser,  s'en  disculper.  Et  l'état  où  je  suis  ne  sau- 
rait consentir  Que  j'en  fasse  une  excuse  ou  montre 
un  repentir,  corn,  Tois.  d'or,  m,  3.  Oui,  je  l'aime, 
Sévère,  et  n'en  fais  point  d'excuse,  id.  Poly.  ii , 
î.  Ne  m'oblige  point  à  faire  les  excuses  de  ta  froi- 
deur [à  l'excuser),  mol.  Princ.  d'Él.  n,  4.  ||  Fa- 
milièrement. Faire  excuse,  faire  bien  excuse ,  s'em- 
ploie pour  contredire.  Il  n'est  pas  encore  venu? 

Jo  vous  fais  excuse,  il  est  arrivé  depuis  une  heure. 
Il  Dans  le  même  sens,  n.ais  populairement.  Faites 
Sïcuse,  il  est  arrivé.  ||  Faire  des   excuses  à  quoi- 


qu'un, lui  témoigner  le  regret  que  l'on  a  de  l'avoir 
offensé,  gêné  ou  contrarié.  Il  lui  fit  des  excuses  de 
son  emportement,  et  l'affaire  n'eut  pas  de  suite. 
Toute  excuse  est  honteuse  aux  esprits  généreux , 
corn.  Cid,  m,  3.  |{  Exiger  des  excuses,  demander 
une  réparation,  par  excuse,  d'une  offense  dont  nous 
avons  été  victimes.  |{  Faire  ses  excuses,  se  dit  par  po- 
litesse, quand  on  manque  à  quelque  devoir  de  so- 
ciété ou  qu'on  refuse  poliment  quelque  invitation. 
Je  ne  puis  me  rendre  à  ce  bal;  je  ferai  mes  excu- 
ses. Faites-lui  mon  excuse,  rotrou,  Vencesl.  ii,fi. 
J'ai  fait  mes  excuses  i  Mme  de  Coulunges,  sÉv. 
481.  Il  lui  dit  qu'il  ferait  ses  excuses  à  la  compa- 
gnie, hamilt.  Gramm.  4.  ||  Recevoir  les  excuses  de 
quelqu'un,  se  déclarer  satisfait  de  la  politesse  qu'il 
a  faite  en  s'excusant.  Sa  maîtresse  voulut  bien  rece- 
voir ses  excuses,  hamilt.  Gramm.  4. 

—  REM.  Furetière  d'abord,  puis  Ménage,  Bou- 
hours  et  Laveaiix  ont  condamné  la  locution  deman- 
der excusé ,  dans  le  sens  de  demander  pardon. 
Cette  locution  a  été  employée  à  diverses  reprises  : 
.,,.  Je  suis  confuse  De  ce  que  vous  voyez!  je  vous 
demande  excuse,  dupbesny,  la  Coquette  de  vi  liage , 
I,  8.  Je  vous  demande  excuse,  a-t-il  dit,  et  j'ai 
tort,  LA  font.  Ragotin,  n,  H.  Mme  de  Sévigné 
écrit  des  Rochers  :  Ma  chère  enfant,  je  vous.demande 
excuse,  à  la  mode  du  pays  (c'est  un  provincialisme 
dont  elle  se  moque).  Ce  qui  fait  que  cette  locution 
est  à  rejeter,  c'est  que  le  sens  rigoureux  serait 
qu'on  demande  à  son  interlocuteur  qu'il  fasse  ses 
excuses,  comme  dans  l'expression  exiger  des  excu- 
ses; c'est  le  contraire  de  ce  que  l'on  veut  dire. 

—  SYN.  FAIRE  DES  excuses,  FAIRE  SES  EXCUSES. 

Faire  des  excuses,  se  dit  quand  on  aoffensé,  blessé, 
contr.irié  quelqu'un ,  et  qu'on  veut  faire  disparaître 
par  ce  genre  de  réparation  le  tort  commis.  Faire  ses 
excuses  se  dit  des  dispenses  que  l'on  prend  à  l'égard 
de  certains  devoirs  de  société  et  que  l'on  fait  agréer 
au  moyen  de  ce  genre  de  civilité. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  curé  en  sa  défense  et  excuse 
parla  en  bref  et  dit....  louis  xi,  Nouv.  xcvi.  ||  xvi*  s. 
Et  au  partir,  lui  assignoit  jour  qu'il  y  devoit  retour- 
ner, où,  sans  trop  grandes  excuses  [motifs],  n'a- 
voit  encore  failli,  mahg.  Nouv.  lxx. 

—  RTYK.  Voy.  Excuser. 

EXCUSÉ ,  ÉE  (èk-skuzé,  zée) ,  part,  passé.  \\  1*  Qui 
a  été  disculpé.  L'enfant  excusé  par  la  mère.  Cruelle, 
pensez-vous  être  assez  excusée?  rac.  Phèdre,  y,  7. 
|]  2"  Pardonné.  Une  faute  excusée.  L'ignorance  de 
la  religion  et  de  la  police  du  pays  n'était  excusée 
en  aucun  état,  boss.  Hist.  m,  3. 

EXCUSEE,  (êk-sku-zé),  v.  a.  \\  1°  Donner  les  rai- 
sons qui  peuvent  disculper  quelqu'un  d'une  faute, 
d'un  manquement.  Je  ne  vois  pas  comment  on 
pourrait  l'excuser  [Dieu]  de  tromperie,  si  en  effet 
CCS  idées  [des  objets  extérieurs]  étaient  produites 
par  d'autres  causes  que  par  des  choses  corporelles, 
DESC.  Médit.  SI,  9.  Je  vous  excusai  fort  sur  votre 
intention,  mol.  Mis.  m,  5.  Je  ne  m'étais  chargé 
dans  cette  occasion  Que  d'excuser  César  d'une  seule 
action,  bac.  Brit.  i,  2,  ||  Excuser  une  chose  sur,  la 
rejeter  sur.  Le  monsieur  sur  la  vue  excuse  ce  dé- 
faut, RéGNiEB,  Sat.  X.  Il  Excuser  à,  suivi  d'un  nom 
de  personne  ou  de  chose  personnifiée,  excuser  en- 
vers, auprès  de.  Vous  m'excuserez  à  lui  si  je  ne  lui 
écris,  car  le  messager  part,  malh.  Lett.  à  Peiresc, 
13  févr.  1611.  Non ,  je  te  connais  mieux,  tu  veux 
que  je  te  prie.  Et  qu'ainsi  mon  pouvoir  t'excuse  à 
ta  patrie,  corn.  Hor.  ii,  5.  Ne  viens  point  m'excu- 
ser  l'action  de  cette  infidèle,  mol.  B.  gent.  m,  9. 
112°  Recevoir,  admettre  les  raisons  que  quelqu'un 
allègue  pour  se  disculper.  Après  l'avoir  entendu,  on 
ne  peut  s'empêcher  de  l'excuser.  Vous  m'excuserez 
.sur  l'humaine  faiblesse,  mol.  Tart.  m.  3. 113°  Ex- 
cuser un  juré,  recevoir  comme  valables  les  motifs 
qui  l'empêchent  de  siéger.  Le  président  l'excusa 
comme  malade.  {|  Se  dit  aussi  dans  les  assemblées 
délibérantes  pour  les  membres  qui  ne  peuvent  pas 
venir  siéger.  {|  4°  Servir  d'excuse,  avec  un  nom 
de  chose  pour  sujet.  Rien  n'excuse  à  présent  votre 
cœur  obstiné,  volt.  Orphel.  v,  4.||S°  Pardonner, 
tolérer,  par  indulgence.  Il  faut  excuser  ce  léger  ou- 
bli. J'ai  tant  et  si  longtemps  excusé  tes  excuses, 
EÉONIER,  Élég.  11.  Je  veux  bien  excuser  son  heu- 
reuse imprudence,  rac.  Iphig.  iv,  to.  F.xcuse  lus 
transports  de  ce  cœur  offensé,  volt.  Zaïre,  m,  7. 
Il  6°  Excuser  quelqu'un  de  faire  une  chose,  le  dis- 
penser de  la  faire.  U  m'a  invité  à  dîner,  je  l'ai  prié 
de  m'en  excuser.  ||  Absolument.  Être  indulgent.  Le 
rat  [de  ville]....  Va,  vient,  fait  les  honneurs,  le 
priant  d'excuser,  A.  chén.  Fable,  jj  Excusez-moi, 
vous  m'excuserez,  formules  de  civilité  usitées  quand 
ou  veut  se  dispenser  de  faire  une  chose,  ou  quand 


on  contredit  une  personne  pour  laquelle  on  a  de  ia 
déférence.  Vous  resterez  avec  nous? — Excusez-moi, 
je  ne  le  puis.  Vous  m'excuserez,  si  je  ne  vous  ac- 
compagne pas  plus  loin.  Monsieur,  excusez-moi,  je 
n'y  puis  rien  comprendre,  bac.  Plaid,  ii,  2.  ||  Ab- 
solument. Excusez.  Ahl  seigneur,  excusez,  si,  vous 
connaissant  mal....  corn.  Aftcom.  i,  3.  ||  Ironique- 
ment. Excusez,  excusez  du  peu,  se  dit  pour  exprimer 
son  étonnement  de  l'outre-cuidance  ,  de  l'im- 
pertinence, de  l'avidité  de  quelqu'un,  etc.  ||  7°  S'ex- 
cuser, V.  réfl.  Présenter  ses  excuses,  ses  raisons 
pour  se  disculper.  Elle  s'excusa  sur  ce  qu'elle  n'a- 
vait jamais  vu  le  roi,  vaugel.  Q.  C.  liv.  iv,  dans 
richelet.  Tu  sais  bien  t'excuser,  et  n'admets  point 
d'excuses  Pour  les  faiblesses  du  prochain,  cobn. 
Imit.  II,  3.  Mais  si  pour  s'excuser  il  nomme  sa 
complice....  id.  Cinna,  m,  \.  Tout  l'Érèbe  entendit 
cette  belle  homicide  S'excuser  au  berger  qui  ne 
daigna  l'ouïr.  Non  plus  qu'Ajax,  Ulysse  et  Didon  son 
perfide,  la  font.  Fabl.  xii,  24.  Et  vous  vous  excu- 
sez de  m'avoir  fait  heureux!  bac.  Milhr.  iv,  2. 
Il  S'excuser  sur  une  personne  ou  une  chose,  rejeter 
la  faute  sur  cette  personne  ou  cette  chose.  Vous 
excuserez-vous  sur  les  suites  inséparables  d'une 
naissance  illustre? mass.  Carême,  Mélange.  ||  8° S'ex- 
cuser de  faire  une  chose,  s'en  dispenser.  Encore 
que  les  raisons  pour  lesquelles  je  l'avais  prise  [la 
résolution  de  publier  un  livre]  fussent  trfs-fortes, 
mon  inclination,  qui  m'a  toujours  fait  haïr  le  mé-. 
tier  de  faire  des  livres,  m'en  fit  incontinent  trou- 
ver assez  d'autres  pour  m'en  excuser,  desc.  Uéth. 
VI,  t.  On  dit  que  M.  le  prince  s'est  excusé  de  servir  , 
celte  campagne;  je  trouve  qu'il  fait  fort  bien,  sÉv. 
Lett.  du  26  févr.  t676.  Lorsque  Mendose  le  voulut 
mener  chez  elle,  il  trouvait  toujours  quelque  pré- 
texte pour  s'en  excuser,  lesage,  Viab.  boit.  I3. 
Il  Absolument.  Mais  lorsque  vous  voudrez,  sans  elle, 
en  disposer,  N'aura-t-elle  aucun  droit.  Seigneur, 
de  s'excuser?  CORN.  Œdipe,  i,  3.  ||  9°  Être  excusé. 
Une  telle  action  ne  saurait  s'excuser,  mol.  Mis. 
i,  1.  Il  Proverbe.  Qui  s'excuse  s'accuse,  c'est-à-dire 
chercher  à  se  justifier  avant  d'être  accusé,  indique 
qu'on  se  sent  coupable. 

—  HIST.  xii*  s.  Pour  ce,  dame,  vous  loe  [je  vous 
conseille]  à  cscuser  Que  cil  ne  soient  ateint  de  l'he- 
resie  Qui  désormais  ne  vous  verront  [voudront] 
amer,  qoesnes.  Romancero,  p.  <08.  ||  xni"  s.  Par 
iceste  manière  bien  [nous]  vous  escuserons  [de  ne 
pas  vous  montrer],  Berte,  lxxvii.  Ce  ne  seroit  pas 
sens,  se  je  m'en  escusoie  [je  niais  être  la  reine], 
ib.  cvi.  S'il  [un  enfant]  fesoit  larrechin,  il  ne  seroit 
pas  jugiés,  car  ses  âges  [son  âge]  l'escuseroit, 
BE.\UM.  XVI,  10.  Il  xiv°  s.  Vostre  jeunesse  vous  ex- 
cuse d'estre  bien  saige  et  vous  excusera  encores  en 
toutes  choses  que  vous  ferez  en  intention  de  faire 
bien,  Ménagier,  Prologue.  Plus  tost  s'escuse  femme 
que  vens  ne  voist  [n'aille]  ventant,  Baud.  de  Seb. 
III,  301.  Il  XV'  s.  Et  estoye  [je]  du  guet  ceste  nuit, 
car  nul  n'en  estoit  excusé,  comm.  i,  9.  ||xvi'  s.  Je 
leur  donne  la  victoire  s'ils  se  peuvent  excuser  que 
ceste  accusation  de  Christ  ne  s'adresse  point  à  eux, 
CALV.  [nstit.  961 .  Au-dessus  du  grand  bastion  d'en 
haut  y  avoit  un  grand  chemin  creux  qui  excusoit 
[dispensait]  l'ennemy  de  faire  tranchées ,  m.  du 
HELL.  428.  Vous  suppliant  escuzer  la  paine  que  vous 
donne  à  lire  tant  de  fascheuses  lettres,  marg.  Leit. 
72.  Mon  ignorance  m'excusera  mieux  sur  ce  que.... 
MONT,  n,  107.  Ils  ra'esleurent  maire  de  leur  ville 
[Bordeaux];  je  m'en  excusai,  mais....  id.  iv,  14». 
D'Aubigné,  ayant  appris  cette  nomination,  se  ren- 
dit à  Chastelleraud  pour  s'excuser  de  l'accepter  [pour 
la  refuser],  d'aub.  Vie,  cxi.  Qui  trop  tost  s'excuse 
rie  péché  s'accuse,  genin,  Récréât,  t.  u,  p.  248.  Tel 
se  plaint  qui  n'a  point  mal;  tel  s'excuse  qui  s'ac- 
cuse, LEROUX  DE  LINCY,  PrOV.  t.  II,   p.  424. 

—  ÊTYM.  Provenç.  escusar;  espagn.  excusar;  ital. 
scusare;  du  latin  excusare.  H  faut  revenir  sur  l'é- 
tymologie  donnée  à  accuser  :  exciiser,  accuser 
c'est  tirer  de  cause,  mettre  en  cause;  causa  parât 
donc  bien  être  dans  le  mot.  Mais,  d'autre  part, 
causa  SB  rattache  à  cudere,  frapper,  pousser,  dont 
le  fréquentatif  cusare  est  admis  par  les  étymolo- 
gisles  latins  comme  radical  de  accusare  et  excusare; 
causa  se  rapportant,  pour  la  forme,  à  cudere, 
comme  clausa  h  cludere,  et,  pour  le  sens,  signi- 
fiant ce  qui  pousse,  et  figurément  affaire  juridique. 

t  EXCUSEUR  (ék-sku-zeur),  ».  m.  Celui  qui  ex- 
cuse. Quand  je  pense  que  cette  lettre  s'adresse  au 
plus  indulgent  de  tous  les  hommes,  à  l'excuseurda 
toutes  les  fautes,  au  loueur  de  tous  les  ouvrages, 
à  une  colombe....  voit.  Lett.  131. 

—  HIST.  xiv*  s.  Car  il  n'avoit  nul  excuseur  Ne 
bon  amy  ne  procureur.  Qui  pour  U  dire  mot  osastj 


1553 


EXE 


tt  ptour  d'iToIr  Mduo  et  mut,  U  Livre  du  bon 
Hhan,  T.  1711. 

_  trvt.  Eteuitr. 

KXBAT  (è-gi6-«l') ,  *■  n».  Permission  quo  1  évêque 
donna  t  un  «ocl*»iâ»tiqua ,  «on  diocésain,  daller 
tutett  d«n«  un  autre  diocèse.  ||  Dans  les  lycées, 
collèges,  fU:.  Iiulielin,  permis  de  sortie.  Donner  un 
»ie*t.  Dniribuer  dos  excat.  ||  Dans  lesliililiothècnies, 
permis  de  sortir  arec  des  livres.  ||  Dans  les  liApitaux, 
liltel  desortie.  H  Kig.  Donner  i  quelqu'un  son  eieat, 
le  conKédier.  ||  Au  p/ur.  Des  eieat. 

—  f.TYM.  Lat.  aeat,  qu'il  sorte,  deeztre,  sortir, 
do«,  lior»,  cti're,  aller  (voy.  irai). 

t  KXKCHABILITÊ  (è-gzé-kra-bi-li-té),  t.  f  Qua- 
lité di>  ce  qui  est  eiécrablo. 

—  IllST.  XV*  s.  L'eiecrabilitédesonmeflalt,  Uitt. 
dt  la  toison  d'or,  t.  u,  I*  26.  dans  lacuhne. 

—  fmt.  Lat.  extecrabilitatem,  li' exsecrabilit, 
eiécniMe. 

EXECRABLE  (è-gzé-kra-bl') ,  ad/.  ||  !•  Qu'on  doit 
eiécrer,  avoir  en  horreur.  Exécrable  assassin  d'un 
héros  que  j'adore,  corw.  Cid,  v,  a.  Un  exécrable 
Juif,  l'opprobre  des  humains,  hac.  Esth.  ui,  I-  En 
horreur  i  ses  fils,  exécrable  à  sa  mère,  volt.  (HCd. 
I,  3.  Il  S'il  se  dit  aussi  des  choses.  L'exécrable  hon- 
neur de  lui  donner  un  maître,  cobn.  Cinna,  l,  3. 
D'un  infémc  trépas  l'instrument  exécrable,  u.c. 
Esth.m,  4.  Va,  j'ai  bien  mérité  Cet  exécrable  prix 
de  ma  crédulité,  volt.  Fanal,  iv,  «.  Depuis  qu'un 

'exécr.'ible  duel  nous  a  ravi  notre  autre  fils,  Beau- 
marchais, Mère  coupable,  iv,  )3.  ||  3*  Serment  exé- 
crable,  serment   accompagné  d'imprécations.    Un 

■  serment  exécrable  à  sa  haine  me  lie,  corm.  Cinna, 
Ui,  2.  Il  [l'ierre]  se  mit  alors  à  Taire  des  serments 
exécrables,  et  à  dire  en  jurant  :  Je  ne  connais  point 
col  homme  dont  vous  me  parlez,  Ska,Bible,  Étang. 
SI  Mare,  xiv,7l.  ||i*  Par  exagération,  très-mauvais, 
pitoyable.  Cela  est  d'un  style  et  d'un  goût  exécrables. 

—  SYN.  1.  EXÉCRABLE,  uÉTKSTABLE.  Ce  qui  est  exé- 
crable est  digne  de  malédiction;  ce  qui  est  détes- 
table est  di^ne  d'être  repoussé,  mais  sans  l'idée  de 
malédiction.  Il  y  a  donc  quelqua  chose  de  plus  fort 
dans  exécrable  que  dans  détestable.  Un  crime  exé- 
crable est  plus,  dans  l'expression,  qu'un  crime  dé- 
testable, et  un  vice  exécrable  plus  qu'un  vice  dé- 
testable.  Il  1,  EXÉCRABLE,  ABOMINABLE.  La    TorCO  de 

l'expression  est  la  même;  la  nuance  est  diUérente. 
On  maudit  ce  qui  est  exécrable;  on  se  détourne 
ivec  abomination  de  ce  qui  est  abominable. 

—  HtST.  XVI'  s.  Le  roi,  qui  s'en  alloit  exécrable  à 
son  peuple,  se  rend  inimitable  aux  dévotions,  d'aub. 

Ilist.  II,   330. 

—  ETYM.  Lut.  extecrabilis  (voy.  exScxer). 
1-3LCCRABLEME!VT     (ô-gzé-kra-ble-man) ,    adv. 

D'une  manière  exécrable.  Il  versifie  exécrablement. 

—  IllST.  XVI'  s.  Ils  juroient  et  blasphemoyent  le 
plus  exécrablement  que  jamais  homme  ouyt  parler, 
PAUSST,  m. 

—  ETYM.  Ezierabk,  et  le  suffixe  menl. 
EXl^CRATION  (è-gzé-kra-sion;  en  vers,  de  cinq 

syllabes),  ».  f.  jjl'Chez  les  anciens,  nicnaces  et 
malédictions  sous  des  formules  religieu.se$.  La 
royauté  fut  abolie  avec  des  exécrations  horribles 
contre  ceux  qui....  boss.  Uist.  m,  7.  Celui  qui  le 
prêtait  [le  grand  serment] ,  revêtu  de  la  mante  de 
pourpre  do  la  déesse  Proserpine,  et  tenant  à  la  main 
une  torche  allumée,  prononçait  contre  lui-même 
dans  le  temple  les  exécrations  les  plus  terribles  qu'il 
soit  possible  d'imaginer,  rollin,  Ilist.  anc.  DI-mv. 
t.  V,  p.  302 ,  dans  pouGENS.  Les  exécrations,  lesdé- 
lestalions,  les  conjurations,  montesq.  Esp.  xii,  4, 
Il  i'  Aujourd'hui,  imprécation,  jurement.  lUit  mille 
exécrations.  ||  8*  Sentiment  qui  fait  maudire.  La  sa- 
gesse est  en  exécration  aux  pécheurs,  saci.  Bible, 
Scctéiiasliq.  i,  20.  Tout  le  monde  en  parle  avec 
exécration,  pasc.  i'roc.  16.  Ils  doivent  être  en  exé- 
cration k  tous  les  siècles,  pén.  T^i.  ivii.  Elle  re- 
gardait avec  exécration  cet  usage  de  vendre  le  mal- 
heur et  le  lionheur  des  hommes,  volt.  Ingénu,  ta. 
Il  Chose  exécrable.  Je  ne  veux  plus  parler  de  cette 
exécration  qui  me  rend  odieux  le  pays  où  e;;a  s'est 
commise,  d'alshb.  Lett.  à  Voltaire,  u  août  1760. 
Il  II  se  dit  dans  le  môme  sens  en  parlant  des  per- 
sonnes. L'opprobre  de  son  sexe  et  l'exécration  de  la 
pottérité,  osaus,  VtiUéei  du  chdt.  t.  u,  p.  22s, 
tton»  PouoKRs.  Il  4'  Terme  ecclésiastiiiue.  Lorsqu'un 
Uou  Mint  est  pollué  par  quelque  accident,  on  dit 
qu  il  y  1  exécration,  c'est-à-dire  perte  de  oonsécra- 
"on,  et  il  faut  de  nouveau  le  consacrer. 

—  HIST.  ivi-  ».  c'e.st  la  différence  qui  est  entre 
•««ommunication  «t  l'eiocraUon  que  les  docteurs 
ÎSLnf*!^^''?*  *''■*"""  anatbema,  qu'en  anathema- 
utMl  nu  homme,  on  lui   oste  toute  cspcranco  de 


pardon,  et  on  le  donne  au  diable;  en  l'excommu- 
niant, on  punit  pluslost  les  mœurs,  calv.  Instit. 
993.  Des  soldats  qui  a'csioicnt  condamnez,  avec  hor- 
ribles exsecralions,  de  n'entrer  en  aulcune  compo- 
sition que  de  se  faire  tuer  ou  demeurer  victorieux, 
HONT.  ui,   1)2. 

—  ÊTVM.  Lat.  euecrationem ,  àeextecrari,  exécrer. 
i  EXÊCRATOIRE  (è-gzé-kra-toi-r*),  ûd;.  Terme 

ccclé.si.i.siique.  Oui  a  rapporta  l'exécration,  qui  em- 
porte l'exécration. 

—  f.TYM.  Voy.  exécration. 

EXÉCRÉ,  ÊE  (è-gzé-kré,  krée),  part,  passé.  Né- 
ron meurt  exécré;  quelques  années  plus  tôt,  Néron 
mourait  regretté,   didebot,  Claude  et  Nér.  i,  §  79. 

EXÉCRER  (è-gzé-kré.  La  syllabe  xé  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'exècre;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel;  j'exé- 
crerai, j'exécrerais),  v.  a.  Avoir  en  exécration.  Tout 
le  monde  l'exècre.  Ce  ministre  s'était  fait  exécrer 
par  sa  tyrannie.  ||  S'exécrer,  v.  rift.  Avoir  une 
haine  violente  l'un  pour  l'autre.  Ils  ne  peuvent  se 
souffrir,  ils  s'exècrent. 

—  lllST.  xvi'  s.  Exécré,  baIp,    OEuv.  (°  68,  dans 

LACL'RNK. 

—  ÊTYM.  Lat.  exsecrari,  de  ex,  hors,  et  tacer, 
sacré  (voy.  ce  mot)  :  proprement,  rendre  maudit; 
ex,  par  opposition  à  cum  (eonsecrare),  donne  un 
sens  péjoraiif. 

EXÊCITABLE  (è-gzé-ku-table),  adj.  Qui  peut 
être  exécuté.  Cela  n'est  pas  exécutable.  Projet  exé- 
cutable. 

—  ÉTYM.  Exécuter. 

EXÉCUTANT  (è-gzé-ku-tan),  ».  m.  Terme  de 
musique.  Musicien  qui  exécute  sa  partie  dans  un 
concert.  Il  y  avait  à  ce  concert  vingt  exécutants. 
Il  On  dit  aussi,  au  féminin,  exécutante. 

EXÉCUTÉ,  ÉE  (è-gzé-ku-l6,  tée),  part,  passé. 
Il  1*  Mené  à  accomplissement.  Ce  que  tu  m'as  dicté. 
Je  veux  de  point  en  point  qu'il  soit  exécuté,  rac. 
Esth.  II,  6.  Nos  lois,  nos  justes  lois  seront  exécu 
tées,  VOLT.  Scythes,  iv,  8.  ||2''  Joué,  en  [larlanl  de 
musique.  Un  morceau  bien  exécuté,  mal  exécuté. 
Il  3°  Un  débiteur  exécuté,  un  débiteur  dont  on  fait 
vendre  le  bien  pour  le  payement  de  ses  dettes. 
Il  Se  dit  aussi,  à  la  bourse,  de  celui  dont  on  vend 
les  valeurs.  ||  4°  Mis  à  mort  par  autorité  de  justice. 
Un  certain  comte  qui  fut  exécuté  à  Vienne,  sév.  68. 

EXÉCUTER  (é-gzé-ku-té),  v.  a.  ||  1°  Mettre  à  ef- 
fet, mener  à  accomplissement.  Soldats,  exécutez 
l'ordre  que  j'ai  donné,  corn.  Poly.  v,  3.  On  n'exé- 
cute pas  tout  ce  qui  se  propose,  El  le  chemin  est 
long  du  projet  à  la  chose,  mol.  Tari,  m,  l.  L'em- 
pereur exécuta  son  décret  contre  les  images  plus 
violemment  que  jamais,  boss.  Ilisl.  i,  u.  Que  Bà- 
ville  me  semble  aimable.  Quand  des  magistrats  le 
plus  grand  Permet  que  Bacchus  à  sa  table  Soit  notre 
premier  président  I  Trois  muses,  en  habit  de  ville, 
Y  président  à  ses  côtés;  Et  ses  arrêts  par  Arbou- 
vllle  Sonia  plein  verre  exécutés,  boil.  Chanson  à 
boire.  Vous  pouvez  justement  vous  llatter  D'une 
mort  que  leurs  bras   n'ont  fait  qu'exécuter,    kac. 

Andr.  v,  3 Cessez,  vous  dis-je,  et  laissez-moi, 

Madame,  exécuter  les  volontés  du  roi,  m.  Mithr. 
V,  4.  Neptune,  par  le  fleuve  aux  dieux  mêmes  ter- 
rible. M'a  donné  sa  parole  et  va  l'exécuter,  m.Phèd. 
IV,  4.  Gens  prêts  à  exécuter  ses  ordres  injustes, 
FÉN.  Tél.  ui.  On  ne  sait  jamais  bien  commander  que 
ce  qu'on  sait  exécuter  soi-même,  j.  j.  bouss.  Ém.  v. 
Il  Absolument.  Seigneur,  que  veux-tu  m'appren- 
dreî  Je  suis  prêt  de  l'écouter;  Joins  à  la  grSce 
d'entendre  La  force  d'exécuter,  corn.  7miMu,  t). 
Je  promettais  beaucoup  et  j'exécutais  peu,  id.  Ro- 
dog.  I,  6.  Ne  faut-il  que  délibérer,  La  cour  en  con- 
seillers foisonne;  Est-il  besoin  d'exécuter.  L'on  n'y 
rencontre  plus  personne,  la  font.  Fabl.  u,  2.  Le 
sage  quelquefois  fait  bien  d'exécuter.  Avant  que  de 
donner  le  temps  à  la  sagesse  D'examiner  le  fait,  id.  ib. 
1,14.  Pour  que  celui  qui  exécute  ne  puisse  pas  oppri- 
mer, il  faut  que  les  armées  qu'on  lui  confie  soient 
peuple  et  aient  le  même  esprit  que  le  peuple,  mon- 
tesq. Esp.  XI,  6.  Il  2*  U  a  quelquefois  pour  sujet  un 
nom  de  chose,  et  signifie  alors  faire  exécuter.  Ce 
que  n'ont  pu  mes  soins  et  nos  communs  forfaits,  Un 
oracle  d'Egypte,  un  songe  l'exécute,  volt.  Sémir. 
II,  8.  Il  3°  Terme  d'arts.  Faireun  ouvrage  d'après  un 
modèle,  un  plan.  Exécuter  un  monument,  un  bas- 
relief.  Il  Absolument.  Il  conçoit  bien,  mais  il  exécute 
mal.  Il  Par  extension.  Exécuter  un  morceau  de  mu- 
sique, un  ballet,  un  opéra.  ||  Exécuter  de«  mouve- 
ments, se  mouvoir  d'une  certaine  façon.  On  dit  de 
même,  exécuter  une  manœuvre,  des  évolutions. 
Il  4*  1  erme  de  procédure.  Saisir  les  biens  d'un 
débiteur  pour  les  vendre   par  autorité  de  justice. 


EXE 

Kxécuter  un  débiteur  en  ses  meubles.  LaRappinière, 
4  qui  l'hôte  devait  de  l'argent,  le  menaça  de  le  faire 
exécuter,  et  par  celle  menace  lui  ferma  la  bouche, 
sCARR.  Rom.  corn,  i,  12.  ||  Terme  de  bourse.  Exécu- 
ter une  personne,  faire  vendre  ou  acheter  publique- 
ment les  valeurs  dont  cette  personne  est  acheteur 
ou  vendeur,  lorsqu'elle  ne  remplit  pas,  au  terme, 
son  engagement.  ||  Terme  de  guerre.  Exécuter  mili- 
tairement un  soldat,  le  punir  de  mort.  Exécuter 
militairement  une  ville,  y  exercer  toutes  les  rigueurs 
militaires,  pour  contraindre  les  habitants  à  ce  qu'on 
exige  d'eux.  ||  6°  Exécuter  à  mort,  ou,  simplement, 
ce  qui  est  seul  usité  présentement,  exécuter,  faire 
mourirpar  suite  d'une  condamnation  judiciaire.  Exé- 
cuter un  criminel.  On  exécuta  les  auteurs  de  la  ré- 
volte, vAicEL.  Q.  C.  X,  I.  Il  6°  S'exécuter,  v.  réft. 
Se  résoudre  à  faire  une  chose  par  raison  ou  par 
complaisance.  Tâchez  que  l'enfant  s'exécute  de 
bonne  grice,  et  qu'il  ne  vous  reste  qu'à  adoucir  la 
peine  qu'il  aura  acceptée,  kén.  t.  xvii,  p.  28.  Nous 
attendons  toujours,  pour  nous  exécuter,  l'instant 
où  nous  sommes  forcés  par  les  circonstances,  Mi- 
rabeau, CoUeclion,  t.  iv,  p.  70.  ||  7*  Vendre  ce 
qu'on  possède  pour  éviter  la  saisie.  On  ne  s'exécute 
qu'à  la  dernière  extrémité.  ||  8°  Avec  un  nom  de 
chose  pour  sujet,  être  mis  à  effet.  Puis  les  devoirs 
qu'on  rend  à  des  fronts  couronnés  Doivent  s'exé- 
cuter sans  être  examinés,  rotroo.  Délit,  u,  s. 
L'édit  du  prince  s'exécute,  la  font.  fabl.  vi,  u.  Je 
vois  bien  que  la  paix  ne  peut  s'exécuter,  rac.  Théb. 
II  ,  3.  Ne  vois  point  l'attentat  qui  va  s'exécuter, 
VOLT.  Fanal,  iv,  3.  {|  Impersonnellement.  La  volonté 
du  Seigneur  demeure  ferme,  et,  pendant  que  les 
hommes  délibèrent,  il  ne  s'exécute  que  ce  qu'il  ré- 
sout, BOSS.  Mar.-Thér. 

—  HIST.  XIV'  s.  U  disoienl  que  ceste  chose  devoit 
estre  exécutée  et  démenée  par  le  povoir  et  par  l'of- 
fice des  consuls,  hebcueure,  f'37,  rcclo.  |1  xvi' s. 
Les  vengeances  qu'il  [Dieu]  exécute  sur  les  forfaits 
ne  sont  point  obscures,  calv.  Insl.  t».  Le  mort 
exécute  le  vif,  et  non  le  vif  le  mort;  c'est  à  dire, 
que  tout  droit  d'exécution  s'esteint  avec  la  personne 
de  l'obligé  ou  condamné,  loysel,  8»i.  Plusieurs  du 
parti  mesmede  M.  de  Guise,  le  voyant  si  long  temps 
se  tenir  coy,  pendant  qu'on  executoit  [achevait  de 
poursuivre]  ceux  qui  avoyent  esté  rompus,  ne  sça- 
voyenl  que  penser  de  luy,  langue,  b93.  En  ceste 
sorte  s'amuserent-ils,  pendant  que  leur  entreprise 
s'exécuta,  id.  647.  Les  corps  de  ceuli  qui  ont  esté 
exécutez  par  justice,  amyot,  Thém.  42.  Il  fut  appelé 
en  justice  et  exécuté  à  mort,  id.  «6.  47. 

—  ÉTYM.  Provenç.  executar;  espagn.  ejeciilar; 
liai,  esecutare;  da  latin  eiseculum,  supin  de  exsequi, 
exécuter,  poursuivre,  de  ex,  et  sequi,  suivre  (voy. 
ce  mol).  Palsgrave,  p.  38,  au  xvi*  siècle,  dit  qu'on 
prononçait  euiecuter. 

EXÉCUTEUR,  TRICB  (è-gzé-ku-leur,  tri-s'),  s.  m. 
elf.  Il  1°  Celui,  celle  qui  exécute.  L'exécuteur  de  l'en- 
treprise. D'un  ordre  exprès  encor  j'étais  l'exécuteur, 
ROTiiOU,  Bélis.  I,  2.  Le  prince  est  exécuteur  de 
la  loi  de  Dieu,  BOSS.  Polit,  vu,  m,  t3.  La  vue  des 
démons  exécuteurs  de  l'arrêt  de  Dieu  ne  fera  tout 
au  plus  sur  eux  qu'une  légère  impression, boubdal. 
Uyst.  Passion  de.  J.  C.  t.  i,  p.  240,  dans  pougens. 
Voyez  quelle  peut  être  la  situation  d'un  citoyen  dans 
ces  républiques  [d'Italie]  :  le  même  corps  de  ma- 
gistrature a,  comme  exécuteur  des  lois,  toute  la 
puissance  qu'il  s'est  donnée  comme  législaieur, 
MONTESQ.  Esp.  XI,  6.  ||  Adj.  Puissance  exécutrice, 
voy.  EXÉCUTIF.  Lorsque,  dans  la  même  personne  ou 
dans  le  même  corps  de  magistrature,  la  puissance 
législative  est  réunie  à  la  puissance  exécutrice,  il 
n'y  a  point  de  liberté....  il  n'y  a  point  encore  de 
liberté  si  la  puissance  de  juger  n'est  pas  séparée  de 
la  puissance  législative  et  de  l'exécutrice,  monte50. 
Esp.  XI,  6.  On  dit  plutôt  aujourd'hui  pouvoir  exé- 
cutif, puis.sance  executive;  mais  exécutif  est  un  néo- 
logisme du  xviii'  siècle,  et  Montesquieu  s'est  servi 
du  mot  existant.  |{  2"  Exécuteur,  exécutrice  lesla- 
meniaire,  celui ,  celle  que  le  testateur  a  chargéd'eié- 
cuter  ses  dispositions  testamentaires.  Arislote  fit  un 
testament  dont  Antipater  fut  l'exécuteur ,  pénel. 
Arislote.  ||  3°  L'exécuteur  de  la  haute  justice,  ou, 
comme  on  dit  aujourd'hui,  l'exécuteur  des  hautes 
œuvres,  ou,  absolument,  l'exécuteur,  le  bourreau. 
Kl  lors  l'exécuteur,  la  voyant  ainsi  prêle.  D'un 
prompt  éclair  d'acier  lui  fil  voler  la  tête,  tristan, 
Mariane,  v,  2.  Comme  on  le  [Agis,  roi  de  Sjiartel 
menait  au  lieu  oii  il  devait  être  étranglé ,  il  vi 
un  des  exécuteurs  qui  pleurait  et  qui  était  touché 
de  son  infortune,  rolun,  Hist.  anc.  Œuvret,  t.  vu, 
p.  646  ,  dans  pougens.  ||  Par  extension.  Qu'est-ce 
qu'une  armée  selon  celte  idée?  c'est  une  troupe 


EXÉ 


EXE 


EXE 


1559 


troiécuteurs  de  la  justice  de  Dieu  qu'il  envole  pour 
faire  mourir  des  gens  qui  ont  mérité  la  mort  et  qu'il 
a  condamnés  à  ce  supplice,  Nicole,  Bti.  demor. 
2"  traité,  ch.  2. 

—  HIST.  XIII'  s.  Enten  que  les  letres  doivent  estre 
montrées  à  l'essecutor,  Liv.  de  Just.  20  Ou  il  le 
demande  comme  eiecuiteres  par  le  [la]  reson  de 
testament,  beaum.  vi,  4.  ||  xiv*  s.  Hz  estoient  exé- 
cuteurs des  punicions,  oresme.  Thèse  de  meunier. 
Il  XV'  s.  Ne  tentez  Dieu  ne  son  eiecuteresse  fortune, 

0.  DELA  MARCHE,  IfM.  liv.  I,  p.  201  ,  dansLACURNE. 

Il  XVI'  s.  Et  adonc  commanda  à  l'exécuteur  qu'il 
luy  tranchast  la  teste,  amyot,  Caton,  34.  Nos  cour- 
tisans, juges  de  tout,  exécuteurs  de  rien,  d'aub. 
Ilùt.  I,  488. 

—  ÉTYM.  Provenç.  executor,  execudor  ;  espagn. 
ejecutor;  ital.  esecutore,  eseguilore  ;  du  lat.  exsecu- 
torem  (voy.  exécuter).  Dans  l'ancien  français,  exe- 
cutor est  le  régime  venant  de  l'accusatif  latin  ex- 
secutôrem  avec  l'accent  sur  t6;  mais  execuiteres 
est  un  nominatif  venant  d'un  autre  mot ,  le  latin 
fictif  execittalor. 

"EXÉCUTIF,  IVE  (é-gzé-ku-tif,  ti-v'),  adj.  Chargé 
de  l'exécution.  La  puissance  executive,  le  pouvoir 
exécutif,  pouvoir  chargé  d'exécuter  les  lois  et  aussi 
de  tracer  les  règles  nécessaires  à  leur  exécution.  On 
oppos.)  le  pouvoir  exécutif  soit  au  pouvoir  législa- 
tif, soit  au  pouvoir  judiciaire.  Le  corps  exécutif 
doit  l'emporter  à  la  longue  sur  le  corps  législatif; 
et,  quand  la  loi  est  enfin  soumise  aux  hommes,  il 
ne  reste  que  des  esclaves  et  des  maîtres,  l'Élat  est 
détruit,  J.  J.  Rouss.  Lett.  de  la  montagne,  vi.  ||  On 
dit  quelquefois  substantivement  l'exécutif  pour  le 
pouvoir  exécutif. 

—  REM.  Exécutif  n'est  ni  dans  Furetière,  ni  dans 
Richelet,  ni  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie,  si  ce 
n'est  il  partir  de  l'édition  de  (835  (voy.  exécuteur). 

—  ÉTYil.  Voy.  EXÉCUTER  ;  provenç.  exequtiu  ; 
espagn.  ejecutivo  ;  ital.  esecutivo. 

EXÉCUTION  (è-gzé-ku-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f,  ||  1°  Action  de  passer  du  projet,  du 
dessein  conçu  à  l'acte,  à  l'accomplissement.  Ai-je 
été,  qu'il  vous  semble,  ou  rebelle  ou  trop  lent  A 
l'exécution  de  ce  coup  violent?  mair.  Snphonisbe,  v, 
8.  Voilà  mon  bras  tout  prêt  Pour  l'exécution  de  ce 
funeste  arrêt,  rotrou,  Bélis.  m,  6.  C'est  par  là 
d'ordinaire  qu'on  en  vient  à  l'exécution,  sÉv.  417. 
Lo  dessein  me  plaît,-  l'exécution  n'est  pas  moins 
heureuse,  boss.  Lett.  412.  Le  concile  en  exécution 
de  cette  sentence  déposa  Nestorius,  id.  Hist.  i,  (  i . 
Il  Mettre  à  exécution,  exécuter.  Le  projet  fut  mis  à 
exécution.  ||  Absolument.  11  ne  faut  point  être  de 
ceux  qui,  à  force  d'écouter,  de  chercher,  de  déli- 
bérer, se  confondent  dans  leurs  pensées  et  ne  savent 
à  quoi  se  déterminer;  gens  de  grandes  délibéra- 
tions et  de  grandes  propositions,  mais  de  nulle 
exécution,  Boss.  Polit,  v,  ii,  8.  Il  est  prompt  et  ra- 
pide dans  l'exécution,  fén.  Tél.  xvii.  ||  Homme 
d'exécution,  bomme  capable  d'exécuter  hardiment 
une  entreprise.  Stuart,  homme  d'exécution  et  très- 
zélé  protestant,  boss.  Var.  (0.  Il  n'y  avait  alors 
auprès  de  sa  personne  que  deux  Français  ;  l'un  était 
M.  Siquier,  son  aide  de  camp,  homme  de  tète  et 
d'exécution  qui  s'était  mi.s  à  son  service  en  Turquie, 
VOLT.  Charles  XII,  8.  ||  2°  Terme  d'arts.  Action 
d'exécuter  d'après  certaines  règles,  ou  conformé- 
ment à  un  modèle,  à  un  plan.  L'exécution  d'un  ta- 
bleau, d'un  monument,  d'une  symphonie.  ||  Manière 
d'exécuter.  L'exécution  entre  pour  beaucoup  dans  le 
mérite  des  ouvrages  de  peinture,  de  sculpture  et 
de  poésie.  ||  Terme  de  peinture.  Habileté  à  exécuter. 
Ce  peintre  a  de  l'exécution.  ||  Terme  de  musique. 
L'action  de  jouer  sur  des  instruments  ou  de  chanter 
un  morceau.  L'exécution  de  ce  quatuor,  de  cet 
opéra  est  parfaite,  est  mauvaise.  ||  Facilité  de  lire 
et  d'exécuter  une  partie  vocale  ou  instrumentale. 
Cet  artiste  a  beaucoup  d'exécution.  Pour  la  ma- 
nière de  chanter,  que  nous  appelons  en  France 
exécution,  aucune  nation  ne  saurait  le  disputer  à 
la  nôtre,  bichelet.  Il  ne  me  semble  pas  on  effet 
qu'on  puisse  pousser  l'exécution  à  un  plus  haut 
degré  de  perfection  que  celui  où  elle  est  aujourd'hui, 
J.  J.  Houss.  Dissert,  sur  la  mus.  mod.  \\  3°  L'exécu- 
tion d'un  mouvement,  d'une  manœuvre,  l'action 
d'opérer  un  mouvement,  une  manoeuvre.  ||  Terme 
de  marine.  Signal  d'exécution,  signal  relatif  à  une 
évolution ,  à  un  ordre  précédemment  signalé.  ||  Plans 
d'exécution,  plans  des  diverses  parties  d'un  navire. 
Il  4"  Terme  de  jurisprudence.  Fait  d'accomplir  ce 
qu'un  acte  ou  un  jugement  prescrivent.  ||  Moyens 
pour  procurer  l'exécution.  ||  Exécution  provisoire, 
•xéeution  nonobstant  tout  recours.  ||  Terme  de  pro- 
cédure. Exécution  d'un  débiteur,  vente  de  ses  biens 


par  autorité  de  justice.  ||  Saisie-exécution,  saisie  des 
meubles  d'un  débiteur  pour  les  faire  vendre.  ||  Acte 
portant  exécution  parée,  acte  qu'on  peut  mettre  à 
exécution,  commandement  préalablement  fait  ;  tels 
sont  les  jugements  et  contrats  en  forme  authen- 
tique. Il  Terme  de  bourse.  Vente  ou  achat  public  des 
valeurs  dont  une  personne  est  acheteur  ou  vendeur, 
lorsque  cette  personne  ne  remplit  pas,  au  terme, 
snn  engagement.  ||  6°  Terme  de  guerre.  Exécution 
militaire,  mise  à  mort  d'un  condamné  par  un  con- 
seil de  guerre.  ||  Exécution  militaire,  se  dit  aussi  du 
dégât  que  l'on  fait  dans  un  pays,  dans  une  ville  pour 
punir  les  habitants  ou  pour  les  contraindre  à  faire 
ce  qu'on  exige  d'eux.  ||  Effet  que  produit  le  feu  d'une 
troupe,  d'une  batterie.  L'artillerie  fit  une  terrible 
exécution  sur  la  masse  qui  s'avançait.  |{  6"  Supplice 
capital.  L'exécution  du  condamné  aura  lieu  demain. 
Ceux  qui  ont  vu  l'exécution  [de  la  Brinvilliers]  di- 
sent qu'elle  est  montée  sur  l'échafaud  avec  bien  du 
courage,  sÉv.  Lett.  du  <7  juillet  4676.  S'il  y  a  dans 
la  place  une  fameuse  exécution  ou  un  feu  de  joie, 
il  paraît  à  une  fenêtre  de  l'hôtel  de  ville,  la  bruy. 
VII.  L'exécution  se  fit  dans  la  prison,  pendant  la 
nuit,  de  peur  que  la  fermeté  du  coupable  n'attendrit 
les  assistants,  barthél.  Anach.  ch.  40.  ||  Par  ex- 
tension. Il  y  eut  en  une  nuit  < 85,000  égorgés 
de  la  main  d'un  ange;  quoique  Dieu  ne  fasse  pas 
toujours  des  exécutions  si  éclatantes....  boss.  Po- 
lit. VII,  V,  16. 

—  HIST.  xm'  s.  Ainçois  doivent  tout  li  jugement 
estre  mis  à  execussion  sans  délai,  beaum.  vu,  12. 
Il  xiv  s.  Il  ont  fait  ou  royaume  mainte  exécution; 
Il  ont  ars  [lirûlé]  maint  moustier,  mainte  belle 
maison.  Occis  famés,  enfans  à  grant  destruction, 
Guescl.  70(6.  Quant  aucuns  biens  se  vendoient  par 
execucion  de  justice,  bercheure,  f"  32,  verso. 
Il  xvr  s.  Execution  odieuse  [peine  de  mort],  mont. 
I,  (9.  Les  effects  et  exécutions  ne  sont  en  nostre 
puissance,  m.  i,  'JO.  Une  telle  prudence  est  mortelle 
ennemye  des  haultes  exécutions,  m.  i,  34.  La  con- 
noissance  des  exécutions  testamentaires  appartient 
aux  juges  laiz,  et  par  prévention  aux  royaux,  loy- 
SEL,  3(6.  Homme  d'exécution,  amyot,  Timol.  4.  La 
pluspart  de  la  noblesse,  ayant  entendu  l'exécution 
[massacre]  de  Vassy,  se  délibéra  de  venir  près  Pa- 
ris, LANOUE,  647.  Les  bons  conseils  sont  les  sources 
d'où  dérivent  les  belles  exécutions,  id.  585. 

—  ÉTYM.  Provenç.  executio  ;  espagn.  ejecucion  ; 
ital.  eseculione;  du  lat.  exsecutionem ,  exécution 
(voy.  exécuter). 

EXÊCCTOIRE  (è-gzé-ku-toi-r') ,  adj.  \\  1°  Terme 
de  jurisprudence.  Qui  doit  être  mis  à  exécution; 
qui  donne  le  pouvoir  d'exécuter.  Les  lois  sont  exé- 
cutoires en  vertu  de  leur  promulgation.  Jugement 
exécutoire,  nonobstant  appel.  Ces  arrêts  sont  exé- 
cutoires de  droit,  Boss.^uert.  5.  ||  2°  Terme  de  pra- 
tique. Titre  exécutoire,  ou,  substantivement,  un  exé- 
cutoire, mandement  du  juge  qui  taxe  le  chiffre  dos 
frais  et  en  vertu  duquel  on  en  poursuit  le  payement. 

—  HIST.  xvi's.  Les  jugemens  ne  sont  exécutoires, 
après  l'an  et  jour,  loysel,  894. 

—  ÉTYM.  Voy..  exécuter;  espagn.  ejecutorio  ; 
portug.  exeeulorio. 

t  EXÉCUTOIREMENT  (è-gzé-ku-toi-re-man),  adx\ 
Terme  de  jurisprudence.  D'une  manière  exécutoire. 

—  ÉTYM.  Exécutoire,  et  le  suffixe  ment. 

EXÉGÈSE  (è-gzé-jè-z'),  s. /■.  Explication  gram- 
maticale et  mot  par  mot.  ||  Dans  un  sens  plus  par- 
ticulier, l'interprétation  grammaticale  et  historique 
de  la  Bible.  |{  Se  dit  aussi  de  l'explication  des  lois  et 
textes  du  droit.  Exégèse  du  Cpde,  des  Institutes 
de  Gains.  ||  Se  dit  enfin  de  toute  interprétation  en 
matière  d'histoire.  L'exégèse  historique. 

—  ÉTYM.  'E$:nY1oiÇ,  explication,  de  èÇ,  hors,  et 
fifiXa^ou ,  guider,  de  âfeiv,   conduire   (voy.  agir). 

t  EXÉGÈTE(è-ezé-jè-t'),  s.  m.  Savantqui  se  consa- 
cre à  l'explication  etàl'interprétation  desÛvres saints. 

—  ÉTYM.    'E£r)Yiitri;,  interprète   (voy.  exégèse). 
EXÉGÉTIQUE   (ô-gzé-jé-ti-k'),   adj.   Qui   sert   à 

interpréter,  à  expliquer.  Commentaire  exégétique. 
Il  Partie  exégétique  de  la  grammaire,  celle  qui 
s'occupe  du  vrai  sens,  de  l'étymologie  et  de  l'em- 
ploi des  mots,  par  opposition  à  la  grammaire  mé- 
thodique ou  proprement  dite  qui  traite  des  formes 
des  mots  ou  de  leur  syntaxe.  ||  .Méthode  exégétique, 
celle  qui  procède  par  l'interprétation  des  textes. 

—  ÉTYM.  Exégète. 

1.  EXEMPLAIRE  (è-gzan-plê-r') ,  adj.  \\  l»  Qui 
peut  servir  d'exemple.  Vous  autres  grands  hommes, 
que  la  fortune  a  mis  sur  le  théâtre,  qui  jouez  un 
rôle  exemplaire....  voit.  Lett.  (87.  Vous  direz  quel- 
que jour  que  ce  trait  exemplaire  Était  pour  votre 
État  un  mal  fort  néces.saire,  tristan,  Hlariane,  v. 


2.  Il  faut  mettre  le  poids  d'unt  vie  exemplaire  Dans 
les  corrections  qu'aux  autres  on  veut  faire,  mol. 
Mis.  III,  6.  Il  Idée  exemplaire,  type  idéal.  Quand 
une  fois  par  la  considération  d'un  ou  de  plusieurs 
triangles  particuliers  j'ai  acquis  l'idée  exemplaire 
de  triangle,  je  juge  que  tout  ce  qui  est  conforme  à 
cette  idée  est  triangle,  et  que  ce  qui  n'y  est  pas  con- 
forme n'est  pas  triangle,  du  marsais,  Ol'Aiiires, 
t.  V,  p.  (97.  Il  2"  Qui  doit  effrayer  comme  exemple. 
Punition  exemplaire.  Sa  trahison  mérite  un  supplice 
exemplaire,  mair.  Ifort  d'Asdr,  iii,  3.  Rends,  sans 
plus  différer,  ta  vengeance  exemplaire,  corn.  Hél. 
II,  (.  Et  ce  sont  ces  honneurs  qui  portent  ma  co- 
lère X  revêtir  leurs  noms  d'un  opprobre  exemplaire, 
GiLB.  Apolog. 

—  IIlST.  xiV  s.  Se  il  entendoit  une  forme  exem- 
plaire qui  est  en  la  pensée  divine,  oresme,  Eth. 
VI,  (0.  ijxvi'  s.  Ces  exemplaires  et  terribles  chasli- 
ments,  carloix,  vii,  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  exemplaris,  de  exemplum,  exemple. 

2.  EXEMPLAIRE  (è-gzan-plê-r'),  s.  m.  \\  1°  Mo- 
dèle à  suivre.  Ce  roi,  des  bons  rois  l'éternel  exem- 
plaire, MALii.  II,  (.En  sorte  qu'il  s'y  trouve  [en  des 
personnages  de  tragédie]  un  bel  exem]  'lire  d'équité 
ou  de  dureté,  corn.  ("  dise.  Cette  char. lé  que  pra- 
tiqua sur  la  croix  le  fils  de  Dieu,  notre  Sauveur  et 
notre  divin  exemplaire,  eourdai.ouk,  Serm.  il', 
Dim.  après  la  Pentecôte,  Dominic.  t.  iv,  p.  30(. 
Je  conseille  à  un  auteur  né  copiste  de  ne  se  choisir 
pour  exemplaires  que  ces  ouvrages  où....  LA  bruy. 

1.  Il  2°  Archétype,  idée  divine.  Ce  qui  est  dit  dans 
la  Genèse  de  l'approbation  que  Dieu  donna  d'abord 
à  chacun  de  ses  ouvrages,  ù  mesure  qu'ils  sorlaient 
de  ses  mains,  puis  à  tous  en  générai  quand  il  les 
eut  finis,  pourrait  bien  avoir  fourni  à  Platon  cette 
sublime  idée  des  exemplaires  éternels  sur  lesquels 
le  monde  a  été  formé,  iiollin,  Ilist.  anc.  xxvi,  m, 

2,  §  3.  Par  rapport  au  monde  sensible,  elles  [les 
idées]  sont  l'exemplaire  que  Dieu  a  consulté  lors- 
qu'il l'a  voulu  produire;  elles  sont  un  monde  intel- 
ligible, CONDIL.  Ilist.  anc.  m,  (9.  L'univers,  selon 
Platon,  est  un  exemplaire  de  la  divinité  :  le  temps, 
l'espace,  le  mouvement,  la  matière  sont  des  ima- 
ges de  ses  attribuls,  buff.  Animaux,  Systèmes  de 
la  reprod.  Dieu  forma  à  la  fois  tous  les  exemplai- 
res des  âmes  humaines,  chateaub.  Natch.  iv,  185. 
Il  3°  Chaque  objet  provenant  d'un  type  commun. 
Il  n'y  a  que  deux  exemplaires  de  ce  livre  dans  toal 
Paris.  Un  exemplaire  d'une  médaille,  d'une  estampe. 
On  en  faisait  [de  la  loi  de  Moïse]  des  exemplaires 
authentiques,  boss.  Ilist.  il,  3.  Le  jour  qu'on  lui  [à 
Copernic]  apporta  le  premier  exemplaire  de  son 
livre,  savez-vous  ce  qu'il  fit?  il  mourut,  fonten. 
les  Mondes,  i"  soir.  \\  4°  11  se  dit,  par  extension, 
des  divers  individus  de  môme  espèce  ou  variété, 
soit  animale,  soit  végétale,  que  l'on  conserve  dans 
les  collections  d'histoire  naturelle  comme  échantil- 
lons de  cette  espèce  ou  variété.  Ce  voyageur  a  rap- 
porté de  beaux  exemplaires  de  cette  coquille,  de 
cette  plante,  de  cet  insecte,  legoabant. 

—  HIST.  XII'  s.  De  Herupois  [je]  tenrai  [Kendrai] 
le  plus  droit  essemplaire,  Sax.  xxxi.  ||  xiu»  s.  Car 
là  prist-il  son  exemplaire  Et  quanqu'il  li  fu  néces- 
saire, laUose,  16937.  Il  xiv  s.  Kous  y  regarderions 
et  nous  seroit  aussi  comme  examplaire,  oresme, 
Eth.  vu,  13.  Il  xvi'  s.  Il  me  dict  qu'il  estoit  aprez  à 
escrire  de  l'institution  des  enfants,  et  qu'il  prenoit 
l'exemplaire  de  la  mienne,  mont,  i,  194.  Un  seul 
exemplaire  entier  deC.  Tacitusn'apeu....  id.  m,  80. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  exemplar;  ital.  esem- 
plare;  du  latin  cxemplare,  de  exemplum,  exemple. 

t  EXEMPLAIREMENT  (è-gzan-plê-re-man) ,  adv. 
D'une  manière  exemplaire.  Le  peuple  chrétien  , 
châtié  si  longtemps  et  si  exemplairement  par  la 
justice  du  ciel,  balz.  Disc,  à  la  rég.  Vous  devez  là- 
dessus,  non-seulement  accomplir  votre  devoir,  mais 
l'accomplir  exemplairement,  bourdal.  Inst.  pour  le 
carême,  Exhort.  t.  ii,  p.  247. 

—  HIST.  XVI'  s Et  en  tirer  exemplairement  la 

punition  de  leurs  offenses,  carloix,  v,  29. 

—  ÉTYM.  Exemplaire,  et  le  suffixe  ment. 

t  EXEMPLARITÉ  (è-gzan-pla-ri-té) ,  s.  f.  Qualité 
de  ce  qui  est  exemplaire. 

—  HIST.  xvr  s.  Bienheureux  tu  seras  renommé,  si, 
par  l'exemplarité  d'autruy,  tu  te  remets  à  plus  mo- 
destes termes,  Peregr.  d'amour,  f"  1 5,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Exemplaire  ( . 

EXEMPLE  (è-gzan-pl'),  s.  m.  \\  1°  Ce  qui  peut 
être  imité  en  tant  que  modèle.  C'est  un  exemple  à 
fuir  que  celui  des  forfaits,  corn.  Cinna,  m,  1. 
L'exemple  touche  plu»  que  ne  fait  la  menace,  id. 
Poly.  m,  3.  Rien  n'est  si  contagieux  que  l'exem- 
ple, et  nous  ne  faisons  jamais  de  grands  biens  ni  de 


1560 


EXE 


madi  i»»ui  qui  n'en  produlMnt  da^rablible.,  L*- 
Lcm»  Mam  «»o.  Vou.«»M  noire  mère  en  eiem- 

Z  i-«.nipi»  <>'  '•  «"«"q"'""*.  ,»*"•  V"-  '••i'«  f""- 

daJI  H  «tindeur  «ur  le»  eiemple»  pluiôt  que  «ur 
Im  liiree  de  m*  «ncêlrci,  n.«cii.  Vauphine.  Ile  ont 
■pprii  *  notre  terrice  el  par  no»  exemples  i  faire 
h  Buerre.  vmtot,  Révol.  rom.  i,  p.  los.  Il»  se 
hl»aieiil  honneur  de  «iiivra  »on  «ri»  dan»  le  sénat 
(I  «»»e«euiple»à  l» guerre,  ID.  i6.  »,  p.  <♦».  Kécom- 
penMi  >e<  «oins  en  voua  conformant  t  ses  exemples, 
MASS.  Car.  Mol  de  eonv.  Il  y  a  de  mauvais  exemples 
qui  »onl  pire»  que  les  cnme»,  mouteïO-  ilom.  H. 
Leurs  usaK*».  'Burs  droits,  ne  sont  point  mon 
exemple,  volt.  Zaïre,  l,  ».  Ciel!  Undis  que  Louis, 
l'exemple  de  la  tnrro....  ID.  ib.  m,  3.  ||  Le  commun 
exemple,  ce  que  chacun  fait.  Kn  voyant  que 
l'exemple  commun  dément  l'évidence  secrète  de 
leur  conscience,  «ass.  Prof.  rel.  Serm.  i.  Il  Un 
homme  de  mauvais  exemple,  un  homme  dont  la 
conduit»  est  iIvréKlèe.  ||  Un  lieu  de  mauvais  exemple, 
un  mauvais  lieu.  Je  me  trouve  en  un  lieu  de  fortmau- 
T»l.< exemple,  i\ioK.  Sat.  1. 1|  De  grand  exemple,  qui 
donne  des  exemples  éclatant»  do  vertu.  C'était  un 
préUt  d'un  vrand  exemple,  d'une  rare  piété,  ST-sm. 
t.  xviil,  p.  M,  édit. cnÉBUEL.  Il  Prendre eiemplede, 
sur,  se  conformer  à.  Va,  cruel  citoyen.  Mon  cœur 
désespéré  prend  l'exemple  du  tien,  volt.  If.  de  C. 
U,  &.  Il  Passer  en  exemple,  devenir  objet  d'imita- 
tion. Mais  do  peur  qu'en  exemple  un  tel  combat  ne 
passe,  COBN.  Cid,  iv,  6.  jj  Exemple  de  bonté,  de 
charité,  acte  de  bonté,  de  charité.  Qu'en  un  siècle 
où  les  exemples  de  bon  naturel  sont  si  rares,  vous 
soyez  affligé  d'une  perte  [la  mort  de  son  père]  qui 
TOUS  rend  un  des  plus  riches  hommes  de  France; 
cela,  sans  mentir,  est  admirable  et  au-dessus  de 
tous  vos  exploits,  voit.  lelt.  <67.  On  voyait  plu- 
sieurs de  ces  chef»  blessés....  soutenir  les  meilleurs; 
retenir  les  plus  ébranlés....  étonner  à  la  fois  les  en- 
nemis et  leurs  fuyards,  et  combattre  l'exemple  du 
mal  par  un  plus  noble  exemple,  séoun,  llist.  de 
Napol.  IX,  (0.  Il  Donner  un  exemple  de,  faire  un 
acte  de.  Il  donne  un  exemple  rie  témérité,  fiîn.  Tél. 
XII.  Il  Donner  l'exemple,  faire  le  premier.  Je  veux 
vous  donner  l'exemple,  sÉv.  365.  Les  Mèdos  don- 
nèrent à  tous  les  sujets  de  ce  prince  efféminé  [Sar- 
danapale]  l'exemple  de  le  mépriser,  boss.  Hùt.  i ,  7. 
Il  i'  Chose  dont  on  peut  tirer  enseignement.  Les 
exemples  vivants  sont  d'un  autre  pouvoir,  Un  prince 
dans  un  livre  apprend  mal  son  .devoir,  corn.  Ctd, 
1,  3.  Apprends  sur  mon  exemple  à  vaincre  ta  co- 
lère, ID.  Cinna,  v,  3.  Ces  exemples  récents  suffi- 
raient pour  m'instruire,  m.  i6.  ii,  i.  Vous  devez  un 
exemple  k  la  postérité,  id.  ib.  v,  i.  lies  exemples 
un  jour  ayant  fait  place  aux  vAtres,  id.  Sertor.  ju, 
1.  Je  dois  un  autre  exemple  et  je  viens  le  don- 
ner, VOLT.  Ah.  y,  7.  On  n'a  droit  de  faire  mou- 
rir, même  pour  l'exemple,  que  celui  qu'on  ne  peut 
conserver  !«ns  danger,  3.1.  rouss.  Contrat,  u,  k. 
Il  Personne  du  sort  ou  des  actions  de  laquelle  on 
peut  tirer  enseignement.  Ce  déplorable  chef  du 
parti  le  meilleur....  Devient  un  grand  exemple, 
et  laisse  à  la  mémoire  Des  changements  du  sort 
une  éclatante  histoire,  corn,  i'omp.  i,  t.  Quel  exem- 
ple terrible  ne  suis-je  pas  pour  les  roisT  rés. 
Tél.  IX.  Il  II  est  l'exemple  de  ses  condisciples, 
de  sa  famille ,  il  sa  conduit  de  manière  à  servir 
d'exemple  k  ses  condisciples,  à  sa  famille.  ||  Faire 
un  eiemple  de  queliju'un,  le  faire  servir  d'exemple, 
le  punir  pour  apprendre  aux  autres  les  peines  aux- 
quelles ils  s'expose  raient  s'ils  commettaient  les  mêmes 
faute*.  Soit  qu'il  [Clolairo  IIJ  fût  mal  habile,  ou  qu'il 
fût  forcé  par  les  circonstances,  il  se  rendit  accusa- 
teur de  Brunehault  el  Ht  faire  de  cette  reine  un 
exemple  terrible.  MONTESQ.  S.ïp.  xixi,  i.  ||  Absolu- 
ment. Faire  des  exemples,  punir  exemplairement. 
C'est  une  démence  que  de  faire  des  exemples,  kén. 
TH.  xii.  Il  S*  Kiemple  d'une  chose,  celui,  celle  qui  a 
éprouvé,  subi  une  certaine  chose  et  qui  en  sert  aux 
autre»  d'avertissement.  Rome  a  été  un  exemple  de  la 
justice  de  Dieu,  boss.  llist. m,  t.  Il  S6r\it  d'exemple 
à  la  «évère  jalousie  de  Dieu,  id.  ib.  u,  a.  Exemple 
infortuné  d'une  longue  constance,  rac.  Bérén.  i,  a. 
Adieu;  servons  tous  trois  d'exemple  à  l'univers  De 
l'amour  la  plus  tendre  et  la  plus  malheureuse,  m. 
ib.  V,  7.  [()  ciel]  J'étais  né  pour  servir  d'exemple  à 
U  colère,  id.  Andr.  v.  6.  ||  4*  Chose  pareille  k  la 
choM  dont  il  s'agit.  6  vertu  sans  exemple!  ô  dé- 
mené* qui  rend  Votre  pouvoir  plus  juste  el  mon 
erini»  plu»  grand!  corn.  Cinna,  v,  3.  C'est  une 
Impiété  qui  n  eut  jamais  d'exemple,  id.  Poly.  m,  a. 
L  UD»  M  l'autre  a  pour  moi  des  malheurs  sans  ei 


P'e,  m.  Hviot.  t,  s.  Oix  il  s'est  i.assé  tant 


exem- 

de  cho- 


EXE 

ses  si  hors  d'exemple,  pasc.  Prov.  l.  H  s'en  trouve 
de»  exemptes  [de  U  moquerie]  dans  les  discours  de 
Jésus-Christ  même,  id.  i6.  h.  Vengeance  dont  le 
monde  n'avait  vu  encore  aucun  exemple,  boss.  Hiit. 
Il,  8.  Votre  exemple  n'est  pas  une  règle  pour  moi, 
BAC.  JfiUr.  1 ,  3.  J'ajouterai  encore  que,  si  un  exem- 
ple est  nécessaire  pour  faire  entendre  une  pensée, 
ce  n'est  pas  par  U  pensée  qu'il  faut  commencer 
comme  on  fait  communément,  c'est  par  l'exemple, 
condil.  Art  d'écT.  iv,  a.  ||  F.xemple  que....  fait  qui 
prouve  que....  J'avoue  que  j'ai  vu  dans  nos  his- 
toires des  exemples  qu'on  a  payé  de  son  bien  une 
erreur,  qu'on  a  cédé  sa  maltresse,  volt.  Zadig,  5. 
Il  B*  Passage  d'auteur  qui  sert  à  prouver  quelque  fait 
de  langue.  Vous  avez  vu  dans  son  projet  qu'elle  [l'A- 
cadémie] .se  proposait  de  donner  non-seulement  des 
règles,  mais  encore  des  exemples,  et  d'examiner 
très-sévèrement  ses  propres  ouvrages ,  pellisson, 
llist.  Acad.  m.  U  faut  d'abord ,  dans  un  dic- 
tionnaire, déterminer  le  sens  général  qui  est  com- 
mun à  tous  ces  mots;  et  c'est  là  souvent  le  plus  dif- 
ficile :  il  faut  ensuite  déterminer  avec  précision  le 
sens,  l'idée  que  chaque  mol  ajoute  au  sens  général, 
et  rendre  le  tout  sensible  par  des  exemples  courts, 
clairs  et  choisis,  d'alemb.  Mél.  iill.  Œuvres,  t.  m, 
p.  493,  dans  pouGENS.  Il  6°  ModMe  d'écriture.  Un 
bel  exemple  d'anglaise.  C'est  une  belle  main  qui 
trace  des  choses  insignifiantes  dans  les  plus  beaux 
caractères;  un  bel  exemple  de  Rossignol  ou  de  Ho- 
cellet,  niDEBOT,  Saion  de  t767,  (JfLut-res,  t.  xjv, 
p.  96,  dans  pouoENS.  ||  U  se  dit  aussi  des  lignes  que 
l'écolier  forme  sur  ce  modèle.  Faites  votre  exem|ile. 
Il  7°  Par  exemple,  Joe.  adv.  Il  s'emploie  pour  ex- 
pliquer ou  confirmer  ce  qu'on  veut  dire.  Par  exem- 
ple, il  est  certain  que...  Il  n'y  a  rien,  par  exemple, 
que  l'on  puisse  comparer  à  saint  Augustin  que  Platon 
et  Cicéron,  la  bbuy.  xvi.  ||  Sorte  d'exclamation  fa- 
milière qui  exprime  l'étonnement,  la  surprise,  avec 
une  idée  de  négation.  Par  exemple  I  voilà  qui  est 
fort.  Vous  avez  l'air  furieux?  —  Moi,  par  exemple! 
pas  le  moins  du  monde.  Hestez-vous  à  Paris?  — 
Certainement.  —  Retournez-vous  à  Senlis?  —  Par 
exemple!  Il  8*  X  l'exemple  de,  loc.  prépos.  Par  imi- 
tation, pour  se  conformer  à.  X  l'exemple  de  ses  an- 
cêtres. Je  devais,  à  l'eiempled'ApoUon, enseigner.... 
FÉN.  Tél.  u.  Je  crois  qu'à  mon  exemple,  impuis- 
sant à  trahir,  Il  hait  à  cœur  ouvert  ou  cesse  de  haïr, 
RAC.  Brtl.  V,  *. 

—  REM.  Exemple  a  été  fait  plus  d'une  fois  fémi- 
nin. Dire  que  cette  exemple  est  fort  mal  assortie, 
BéoWRH,  Sat.  X.  Aujourd'hui  il  est  constamment 
masculin;  cependant  le  féminin  s'est  conservé  long- 
temps dans  le  sens  d'exemple  d'écriture,  et  l'Acadé- 
mie dit  encore  aujourd'hui  que  plusieurs  personnes 
font,  en  ce  sens,  exemple  du  féminin.  Mais  il  n'y 
a  aucune  raison  pour  conserver  cette  anomalie. 

—  HIST.  XI"  s.  Mauvaise  essample  nen  serat  jà 
de  mei,  Ch.  de  Roi.  lxxvii.  ||  xii'  s.  Cil  qui  par  son 
essample  attrait  les  altres  à  laissor  et  à  perece,  ST- 
BEBN.  S57.  Toute  la  cour,  qui  moult  est  ample,  Prent 
à  l'empereOr  exemple  De  lui  honorer  et  servir, 
gautieb  d'abras,  Eracles,  (887.  Où  li  autre  puis- 
sent aprendre  Et  auchun  [aucun]  biel  example  pren- 
dre, Lai  d'Ignaurès.  \\  xiii'  s.  Pource  que  vous  et 
voslre  frère  et  les  autres  qui  l'orront  y  puissent 
prendre  bon  exemple,  joinv.  I93.  Segnor  et  dames, 
prendons  garde  as  apostoles,  et,  à  lor  exemple, 
plurons  nos  peciés  en  ccst  siècle,  maubice  de  sully, 
Sermoiis,  dans  Àrch.  des  missions  scient,  t.  v, 
p.  (62.  Il  XIV*  s.  Or  povés  vous  bien  tuit  el  savoir  el 
entendre,  Dist  li  dus,  à  quel  fin  ois  exem|iles  puet 
tendre,  Cirart  de  Ross.  y.  2927.  j|  xv  s.  Et  les  fil 
tantost  et  sans  délai  pendre,  afin  que  les  autres  y 
prissent  exemple,  froiss.  i,  i,  27i.  Et  fut  toul  le 
premier  qui,  par  son  bien  faire,  bon  exemple  donna 
aux  autres,  Boucte.  ii,  22.  {|  xvi*  s.  Notable  exemple 
de  la  forcenée  curiosité  de  nostre  nature,  mont,  i,  43. 

—  ETYH.  Provenç.  exemple,  eixample,  eyssam- 
ple,  essemplc,  iskample;  espagn.  exemple;  ital. 
esempio;  du  latin  exemplum,  d'origine  incertaine. 
On  a  proposé  eximere,  tirer  hors,  de  sorte  que 
exemplum  serait  proprement  un  échantillon;  mais 
la  dérivation  a  fait  difficulté;  cependant  on  a  cité 
des  exemples  d'un  suffixe  lum,  lo,  en  latin  et  en 
grec,  suffixequi,  réuni  au  p  de  exemplum,  donne- 
rail  le  mot.  Palsgrave,  p.  9,  au  ivi'  siècle,  dit 
qu'on  prononce  euxemple. 

I .  EXKMPT  ,  EMPTE  (è-gzan  -  gïan  - 1'  ) ,  adj. 
Il  1*  Qui  n'est  point  assujetti  k.  Être  exempt  du  ser- 
vice militaire.  Être  exempt  de  la  taxe.  Tous  le  di- 
sent exempt  de  la  rigueur  des  lois,  rotr.  Ve7icesl. 
V,  ».  Il  II  est  exempt  de  bien  faire,  se  dit  par  raille- 
rie d'un  homme  qui  se  t'ent  oisif  pendant  que  .ses 


EXE 

compagnons  travaillent.  ||  Fig.  Par  les  muses  seule- 
ment L'homme  est  exempt  de  la  parque ,  malh.  ii  ,  2. 
Le  dieu  qu'on  nomme  Amour  n'est  pas  exempt  d'ai- 
mer; X  son  flambeau  quelquefois  il  se  brûle,  la 
FONT.  Psyché,  i,  p.  22.  ô  vous  dont  les  grand 
noms  sont  exempts  de  la  mort,  louis  bac.  Relig.  u. 
On  ne  plaint  jamais  dans  autrui  que  les  maux  dont 
on  ne  se  croit  pas  exempt  soi- même,  j.  i.  bouàs. 
Ém.  IV.  Il  Dispensé  de.  L'on  s'est  trouvé  exempt  do 
charger  l'ouvrage  de  longues  observations,  labbbt 
Disc,  sur  TMophr.  {{  2°  Qui  n'a  pas  soufl'ert  de, 
qui  n'éprouve  pas.  Exempt  d'ambition,  de  faste, 
d'avarice.  Crois- tu  les  gens  du  monde  exempts  d'in- 
quiétude? Ne  vois-tu  rien  pour  eux  ni  d'amer  ni  de 
rude?  CORN.  Imit.  m,  (2.  Le  sage  vit  exempt  d'un 
tribut  si  funeste  [l'ambition],  la  fort.  Philém.  et 
Raucis.  X  mesure  qu'ils  se  justifiaient  de  l'une  [in- 
putation],  vos  pères  en  substituaient  une  autre,  afin 
qu'ils  n'en  fussent  jamais  exempts,  pasc.  Prov.  *'. 
Exempte  dessoupçons  dont  je  suis  tourmentée,  r.ic. 
Bajax.  IV,  ♦.  L'imbécile  Ibrahim,  sans  craindre  sa 
naissance.  Traîne,  exempt  de  péril,  une  éternelle 
enfance,  id.  Bajax.  i,  t.  Elle  avoua  qu'il  avait  des 
défauts  dontCador  était  exempt,  volt.  Zadig,  il. 
(I  II  se  dit  de  même  des  choses.  Un  ouvrage  exempt 
de  défauts.  Sa  conduite  n'apasétéexemptede  blâme. 
Je  Im  garde  une  flamme  exemple  (l'infamie,  corn. 
Pomp.it,  4.  Vousavez  perdu  ce>  consolations  qui  par 
un  charme  secret  faisaient  oublier  les  maux  dont  la  vie 
humaine  n'est  jamais  exemple,  boss.  Anne  de  Gonx. 

—  HiST.  xui*  s.  Et  Johan  de  Beaumont  dit  que 
chascnn  doit  motrer  [montrer]  qu'il  soit  eians, 
c'est  à  dire  qu'U  n'est  pas  du  poer  [pouvoir]  à  celui 
juge,  Liv.  de  just.  8a.||xv*  s.  De  l'escot  s'en  yra 
exent.  Moyennant  qu'il  montre  ce  livre,  villon, 
Repues  franches.  \\  xvj'  s.  Voyez-le  bien  [mon  cœur], 
il  est,  certes,  exempt  De  faux  penser,  feintise  ou 
trahison,  marot,  i,  362.  Vie  exemple  d'affliction, 
MONT.  I,  2t».  Aulcune  partie  n'est  exempte  de  cor- 
ruption, ID.  IV,  19». 

—  ÊTYM.  Provenç.  ,exempt,exem;  espagn.  eien(n; 
portug.tJen(o;du  latin  eiemptuî,  exempté,  retiré.  <Je 
eii'mcrs, retirer,  de  ex,  elemere,  prendre,  recevoir. 

2.  EXEMPT  (è-gzan  ;  le  I  ni  le  p  ne  se  lient  :  un 
è-gzan  intelligent;  au  pluriel,  1'*  se  lie  :  des  è-gzan-z 
intelligents),  s.  m.  ||  !•  Autrefois,  sous-officier  de  ca- 
valerie quicommandait  en  l'absence  du  capitaine  el 
des  lieutenants;  ainsi  dit  parce  qu'il  était  exempté 
du  service  de  cavalerie  ordinaire  Je  vis  sortir  M.  1» 
duc  de  Chartres  d'une  porte  de  derrière  de  son 
appartement,  suivi  d'un  seul  exempt  des  gardes  de 
Monsieur,  st-sim.  ii,  <3.  ||  2"  Officier  de  police,  ains- 
dit  parce  que  des  exempts  de  la  cavalerie  comman- 
daient les  escouades  de  la  maréchaussée  ou  des  gar 
des  de  la  Prévôté  de  l'Hôtel  qui  procédaient  aux  ar- 
restations. Ufut  arrêté  par  un  exempt  de  police.  Pa- 
les soins  vigilants  de  l'exempt  Balafré  Ton  affaire 
allait  bien,  le  drôle  était  coffré,  mol.  l'Ét.  v,  ». 
Il  3°  Ecclésiastique  qui  n'est  point  soumis  à  la  juri- 
diction de  l'ordinaire. 

—  RTYM.  Le  même  que  le  précédent. 
EXEMPTÉ,    ÉE    (è-gzan-lé,    tée),  part,   passé. 

Exempté  du  service  militaire  pour  cause  d'infirmité. 
EXEMPTER  (è-gzan-té) ,  v.  a.  ||  1°  Rendre  exempt, 
affranchir  d'une  chose  obligatoire.  C'était  la  cou- 
tume d'exempter  les  empereurs  de  la  gêne  de  cer- 
taines lois  civiles;  ainsi  Auguste  fut  exempié  de  la 
gêne  de  la  loi  qui  limitait  la  faculté  d'affranchir 
MONTESQ.  Esp.  xxiii,  21.  ||  2"  Préserver,  garantir.  Ki 
daigne  son  courroux  [du  ciel),  me  prenant  seul  en 
butte,  M'exempler  par  ma  mort  de  pleurer  votre 
chute,  MAIH.  Sophon.  i,  4.  ||  Dispenser.  Exemptez  JX 
valeur  d'un  si  triste  avantage,  uac.  Alex,  ii,  ».  Au 
lieu  que  les  infortunés  en  personne  exigeraient  de 
nous  des  soins,  des  soulagement»,  des  consolations, 
des  travaux  qui  pourraient  nous  associer  à  leurs 
peines,  qui  coûteraient  du  moins  à  notre  indolence 
el  dont  nous  sommes  bien  aises  d'être  exemptés, 
j.  1.  Bouss.  ielt.  àd'Alemb.  ||  3°  .S'exempter,  t>.  rtfl. 
S'ôter  une  chose  obligatoire.  Il  s'est  exempté  de 
toute  responsabilité.  Il  ne  faut  pas  s'exempter  de 
crainte  par  cette  doctrine  commune  que  l'on  ne 
perd  la  grâce  que  par  un  péché  mortel,  et  que  l'on 
ne  se  souvient  pas  d'en  avoir  commis,  nicole  Ess. 
morale,  3'  traité,  ch.  a.  ||  Se  dispenser.  Aurait-il  pa 
s'exempter  de  prêter  so")  carrosse?  aurais-je  pu  re- 
fuser de  le  prendre  ?  Marivaux  .  .Waiiimne,  part.  2" 

—  IIIST.  XIV  s.  Très  chier  fils  en  Dieu,  comme 
par  ton  chevaucheur  porteur  de  cestes  [leltresj,  tu 
nous  eusses  moult  affectueusement  escrit  que  l'cglise 
de  Paris  vouleissions  exempter  de  l'archevesque  de 
Sens  [ériger  en  archevêché],  Lelt.  de  Grégoire  XI  à 
Charles  V,  dans  llist.  litt.  t.  xxiv.  p.  407.  i|xvi*«- 


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EXE 


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15tJ1 


On  n'a  pas  exempté  d'ambition  l'intention  de  Pom- 
peius  au  gouvernement  des  affaires,  mont,  iv,  «2. 
Je  suis  seur  qu'ils  auront  mon  labeur  agréable,  et 
l'exempteront  de  toute  calomnie,  paré,  ix,  2*  dise. 

—  f.TYM.  Exempt  4. 

EXEMPTION  (è-gzan-psion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  Dispense,  affranchissement  d'une 
charge,  d'une  obligation.  Exemption  de  service.  Don- 
nez des  exemptions  aux  familles  qui  augmentent  la 
culture,  FÉN.  Tél.  xii.  La  noblesse  était  exempte 
d'une  partie  des  taxes;  cette  exemption  absurde.... 
coNDiLL.ic,  Comm.  gouv.  part,  n,  ch.  tt.  ||  Privi- 
lège de  certaines  abbayes  exemptes  de  lajuridiclion 
desévêques  et  ressortissant,  par  d'anciens  privilèges, 
immédiatement  au  saint-siége.  Un  autre  mémoire 
qui  soutenait  les  droits  de  l'archevêque  de  Paris 
contre  les  exemptionsque  prétend  l'abbaye  de  Saint- 
(lermain  des  Prés,  fonten.  du  Hamel.  \\  Terme  de 
classe.  Petit  certificat  que  le  maître  donne  à  un 
écolier  quand  il  est  satisfait  de  lui,  et  à  l'aide  du- 
quel l'écolier  peut  se  racheter  de  quelque  puni- 
tion ou  obtenir  une  sortie  de  faveur.  Il  a  trois 
exemptions.  ||  Fig.  État  où  l'on  n'est  pas  sujet  à, 
où  l'on  est  délivré  de.  Cette  paisible  tranquillité  qui 
les  rend  heureux  par  l'exemption  des  peines  plutôt 
que  par  le  goût  des  plaisirs,  i.  j.  Rouss.  Hél.  i,  23. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exemptio;  espagn.  exencion; 
ital.  esenzione;  du  lat.  exemptionem,  de  exemptum, 
supin  do  eximere  (voy.  exempt  <). 

EXEQUATUR  (ê-gzé-koua-tur),  s.  m.  ||  1»  Terme 
de  pratique.  Ordre  ou  permission  d'exécuter. 
Il  Formule  par  laquelle  une  sentence  d'arbitres  ou 
un  jugement  rendu  par  un  tribunal  étranger  est 
rendu  exécutoire.  ||  2°  Terme  de  diplomatie.  Auto- 
risation accordée  à  un  agent  étranger  d'exercer  ses 
fonctions-  dans  le  pays.  Ce  consul  a  reçu  son  exe- 
quatur.  ||  Au  flur.  Des  exequatur. 

—  ÉTYM.  Lat.  exsequatur,  qu'il  exécute,  de  exse- 
qui  (voy.  exécuter). 

j  EXI^RÇANT.  ANTE  (è-gzèr-san,  san-t'),  adj. 
Qui  exerce,  qui  pratique.  La  pharmacie  exerçante. 

EXERCÉ,  ÉE  (è-gzèr-sé  ,  sée)  ,  part,  passé. 
Il  1°  Dressé,  formé.  Des  soldats  exercés  aux  ma- 
nœuvres. Il  Fig.  Carthage,  enrichie  par  son  trafic, 
voyait  tous  ses  citoyens  attachés  à  leurs  richesses 
et  nullement  exercés  dans  la  guerre,  boss.  Hisl.  ui, 
6.  Un  peuple  qui  est  exercé  à  la  vertu,  pas.  Tél.  v. 
Il  2°  Devenu  habile  par  l'exercice.  Une  main  exercée. 
IJn  esprit  exercé  voit,  dans  un  sujet  qu'il  médite, 
une  multitude  de  rapports  que  nous  n'apercevons 
pas;  comme  les  yeux  exercés  d'un  grand  peintre 
démêlent  en  un  moment,  dans  un  paysage,  une 
multitude  de  choses  que  nous  voyons  avec  lui  et 
qui  cependant  nous  échappent,  condill.  Log.  i,  2. 
1 1  3°  Pratiqué.  Les  professions  exercées  dans  les  villes. 
Le  pouvoir  exercé  d'une  manière  glorieuse  par  le  mi- 
nistre. Sur  qui  sera  d'abord  sa  vengeance  exercée  ? 
BAC.  Baj.  V,  1. 

EXERCER  (è-gzèr-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de- 
vant a  ou  0  ;  exerçant,  nous  exerçons),  v.  a. 
Il  1°  Dresser,  former,  par  certains  mouvements  ré- 
guliers. Exerce  des  conscrits  au  maniement  des  ar- 
mes, des  écol.ers  à  la  gymnastique.  Végèce  recom- 
mande qu'on  exerce  les  jeunes  soldats  à  porter  un 
poids  de  plus  de  46  de  nos  livres  outre  leurs  armes, 
ROLLiN,  Hi.it.  anc.  Œuvres,  t.  xi,  2"  part.  p.  404, 
dans  pouGENS.  C'est  surtout  à  cause  de  l'âme  qu'il 
faut  exercer  le  corps,  j.  j.  houss.  Coud,  de  Pologne, 
ch.  3.  Il  II  se  dit  des  animaux.  Exercer  un  che- 
val. Exercer  des  chiens  à  la  chasse.  ||  2°  Mouvoir, 
pour  mettre  ou  tenir  en  état  de  mieux  faire  cer- 
taines fonctions.  Exercer  ses  bras,  ses  jamlies. 
Il  Exercer  son  bras,  sa  vigueur,  user  pleinement 
de  sa  force  musculaire.  Sans-Quartier  [Fréron]  brû- 
lait d'exercer  sa  vigueur  sur  l'infortuné  Faible-sot 
[Palissot] .  GiLB.  le  Carriaval  des  auteurs.  \\  S'exer- 
cer, exercer  à  soi-même.  S'exercer  les  doigts  sur  le 
piano.  11  3°  Fig.  Il  se  dit  des  choses  intellectuelles 
et  morales.  Exercer  des  écoliers  à  la  composition. 
Exercer  des  acteurs.  Exercer  la  mémoire  d'un 
enfant.  Exercer  à  la  patience,  à  la  tempérance. 
J'ai  voulu  dans  la  guerre  exercer  ma  jeunesse  , 
VOLT.  Jf^rope,  I,  2.  Un  esprit  qu'on  n'exerce  à  rien 
devient  lourd  et  pesant  dans  l'inaction,  j.  j.  rouss. 
Hél.  V,  3.  Il  Exercer  sa  plume,  son  éloquence, 
ses  talents,  employer  sa  plume,  son  éloquence,  ses 
talents.  Voilà  un  sujet  sur  lequel  vous  pourrez 
«ercer  votre  plume.  C'est  le  cas  d'exercer  votre 
éloquence.  |-|  Il  prend  aussi  un  nom  de  chose  pour 
sujet  Cela  exerce  l'esprit,  l'intelligence.  ||  4°  Mettre 
à  l'épreuve.  Exercer  la  patience  de  quelqu'un.  Tous 
ces  défauts  humains  nous  donnent  dans  la  vie  Des 
moyens  d'exercer  notre  philosophie,  hol.  Jfù.  v,  t. 

DICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISÏ. 


Job,  qui ,  livré  entre  les  mains  de  Satan  pour  être 
exercé  par  toute  sorte  de  peines,  boss.  Hist.u,  3. 
Pour  exercer  leur  vertu  ou  ranimer  leur  vigilance, 
MASS.  Car.  Lazare.  ||  Dieu  se  plaît  à  exercer  les  bons, 
les  gens  de  bien,  c'est-à-dire  il  leur  envoie  des  afllic- 
tions  pour  mettre  à  l'épreuve  leur  patience,  leur  rési- 
gnation, ô  Dieu  qui  ne  laissez  suteister  le  monde  et 
toutes  choses  du  monde  que  pour  exercer  vos  élus, 
ou  pour  punir  les  pécheurs,  pasc.  Prière  pour  lus. 
des  maladies. \\B°  Pratiquer  une  profession,  im  mé- 
tier. Exercer  la  médecine.  Il  vient  nous  dire  des  in- 
juresà  tous  deux,  en  méprisant  ladanse  que  j'exerce 
et  lamusiquedontil  fait  profession,  mol.  Bourg,  gent. 
n,  4.  Il  Exercer  une  charge,  en  faire  les  fonctions. 
Il  On  dit  de  même  exercer  la  piraterie,  le  brigan- 
dage, se  livrer  à  la  piraterie,  au  brigandage.  ||  Il  se 
dit  absolument  soit  en  parlant  d'une  charge,  soit 
en  parlant  d'une  profession.  Ce  notaire  a  vendu  sa 
charge  après  avoir  exercé  peu  de  temps.  Ce  méde- 
cin n'exerce  plus.  Il  Gérer,  administrer.  Il  a  exercé 
de  très-hautes  fonctions.  Il  exerça  l'autorité  souve- 
raine, BOSS.  Hist.   i,   <<.  Il  me  laisse   exercer  m 
pouvoir  inutile,  rac.  Bajai.  i,    ).  ||  6*  Mettre  en 
effet,   donner  effet.  Ce  sera  par  lui-même  que  le 
peuple  exercera  ces  actes  de  souveraineté  [combat- 
tre son  roi] ,  encore  qu'on  ait  supposé  qu'il  n'en  peut 
exercer  aucun,  boss.  Var.  B"  avert.  §  49.  ||  Exercer 
la  police,  faire  observer  la  police.   Les  magistrats 
avaient  de  la  peine  à  exercer  la  police,  montesj. 
Esp.  XXV,  3.  Il  Fig.  Exercer  la  police,  surveiller  at- 
tentivement. Il  Exercer  son  droit,  ses  droits,   un 
privilège,  en  user,   les  faire  valoir.  ||  Exercer  une 
grande  surveillance,    une   surveillance  active  sur 
quelqu'un,    sur  quelque  chose,    surveiller  atten- 
tivement quelqu'un   ou  quelque  chose.  ||  Fig.  Exer- 
cer un  grand  empire,  exercer  de  l'ascendant,  exer- 
cer de  l'influence,    une    grande   inlluence,    etc. 
avoir  beaucoup  d'empire,  d'ascendant,  d'influence. 
Il  Exercer  une  action  sur,  influer  sur.  Cet  homme 
exerce  de  l'action  sur  le  peuple,    jj  Exercer  une 
action,  produire  un  effet,  avec  un  nom  de  chose 
pour  sujet.  L'action  que  la  lumière  exerce  sur  les 
plantes.  Il  me  semble  qu'on  peut  former  quelques 
doutes  sur   le   rapport  établi  par  Newton  entre  les 
forces  que  le  soleil  et  la  lune  exercent  sur  la  terre, 
d'alemb.  Introd.  précess.  équin.   Œuvres,  t.  xiv, 
p.  56,  dans  POUGENS.  Il  Mettre  en  usage.  Il  laisse 
en  son  offense  Une  matière  au  roi  d'exercer  sa  clé- 
mence, ROTB.  Antig.  iv,  t.  Elle  exerce  la  vertu  de 
libéralité,  sév.  284.  Les  Cretois  sont  les  peuples  du 
monde  qui  exercent  le  plus  noblement  et  avec  le 
plus  de  religion  l'hospitalité,  FÉN.  Tél.  \.  ||  On  dit 
de  même  exercer  des   actes  de  libéralité,  de  clé- 
mence. Il  lise  ditaussi,  dans  un  sens  analogue,  d;  la 
violence,  de  la  cruauté,  de  la  colère,  etc.  Je  pren- 
drais plaisir  à  exercer  sur  lui  toutes  les  cruautés 
que  je  pourrais  imaginer,  mol.  la  Princ.  d'Él.  m, 
5.  Un  loup  rempli  d'humanité....  Fit  un  jour  sur  sa 
cruauté,  Quoiqu'il  ne   l'exerçât  que  par  nécessité. 
Une  réflexion  profonde  ,  la  font.  Fabl.  x,  6.  [Té- 
rée  qui]   Exerça  sa  fureur  sur  vos  divins  appas, 
ID.  ib.  III,  t5.   La  dure  et  impitoyable   vengeance 
qu'il  [Dieu]  voulait  exercer  sur  eux  [les  Amorrhéens] 
par  les  mains  de  son  peuple  élu,  boss.  Hist.  u,  3. 
Je  donne  plein  pouvoir  à  tous  ceux  qui  ont  tant 
critiqué  mon  ode  sur  Namur  d'exercer  aussi  contre 
ma  satire  toute  la  rigueur  de  leur  critique,  BOir.. 
Sal.ii,   Avertissement.  Hé!   laissez-les   entre  eux 
exercer  leur  courroux,  rac.  Bajai.  iv,  7.  Nous  igno- 
rons si  M.  de  la  Chaussée  exerça,  en  effet,  cetie 
vengeance  de  l'injure  qu'il  avait  reçue,   d'alemd. 
Acad.  franc,  v,  p.  443.  ||  On  dit  de  même  exercer 
des  actes  de  cruauté.  ||  7° F.  n.  Use  dit,  absolument, 
des  commis  dufiscqui  vont  chez  certains  marchands 
constater  ce  qui  est  soumis  aux  droits  indirects.  Les 
droits  réunis  s'en  viennent  au  milieu  d'une  fête  de 
village  exercer  (c'est  le  mot ,  nous  appelons  cela 
vexer),  p.L.  couR.i,  267.  ||  On  le  dit  aussi  activement. 
Exercer  un  cabaretier.  Et  après  avoir  exercé,  en  la 
présence  de   sa  femme,    toutes   les  boissons  qui 
étaient  dans  leur  cave,  sans  y  trouver  aucun  débit. 
Arrêt  du  Conseil  d'État,  2b  oct.  (723.  ||  8°  Terme 
de  pratique.  Exercer  un  droit,  une  action ,  agir  en 
vertu  d'un  droit,  d'une  action.  Exercer  les  droits 
de  son  débiteur.  Il  9°  S'exercer,  «.  réfl.  Se  préparer, 
se  former  par  des  mouvements  réguliers.  S'exercer  à 
faire  des  armes.  Étant  accoutumés  à  coucher  sur  la 
terre,  X  s'exercer  beaucoup,  à  manger  sobrement, 
TRISTAN,  Panthée,  iv,  2.  ||  Il  se  dit  aussi  des  mem- 
bres, des  forces.   Son  industrie  [de  l'esclave]  est 
étouffée ,  son  âme  abrutie  ;  et  ses  forces  ne  s'exercent 
jamais  dans  toute  leur  élasticilé,  volt.   Pici.  pbil. 
Propriété.  ||  Par  extension.  S'exercer  à  la  patience. 


Absente  de  la  cour,  je  n'ai  pas  dû  penser,  Seigneur, 
qu'en  l'art  de  feindre  il  fallût  m'exercer,  bac.  Bn'J. 
II,  3.  Le  talent  de  la  parole  dans  lequel  il  [Péri- 
clès]  s'était  heureusement  exercé  sous  Anaxagore, 
HOLLiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  m,  p.  38),  dans 
pouGENS.  Us  s'exercent  sur  les  sujets  que  j'ai  trai- 
tés, BARTHÉi..  Anach.  ch.  8.  ||  10°  Prendre  pour  objet 
de  ses  attaques ,  de  ses  efforts.  Leur  critique  s'exer- 
cera sur  ce  livre.  Mais  que  vos  yeux  sur  moi  se 
sont  bien  exercés!  rac.  Andr.  i,  4.  La  jalousie  et 
l'émulation  s'exercent  sur  le  même  objet  qui  est  le 
bien  ou  le  mérite  des  autres,  la  brot.  xi.  La  satire 
s'exerçait  à  ses  dépens,  hakilt.  Gramm.  6.  ||  11»  Etre 
pratiqué.  La  fraude  s'exerce  impunément.  La  bien- 
faisance s'exerce  de  tous  côtés.  La  guerre  aussi 
s'exerceen  son  empire  [de  l'Amour],  la  font.  Confid. 
Le  meurtre  s'exerçait  avec  impunité,  boil.  Art  p. 
IV.  Il  12°  Use  dit  des  choses  intellectuelles  ou  morales 
mises  à  l'épreuve,  en  mouvement.  Vois  si  ma  patience 
a  de  quoi  s'exercer,  rotrou,  Antig.  lu,  4.  Il  faut  que 
la  sensibilité  de  l'âme  s'exerce;  et,  si  elle  n'a  pas  un 
objet  véritable,  elle  s'en  fait  un  fantastique,  mar- 
montel,  Cont.  mor.  Mari  sylphe.  Votre  curiosité 
s'exerce  indifféremment  et  sans  choix  sur  tous  les 
objets  qui  se  présentent,  genlis  ,  Thédt.  d'éduc. 
la  Curieuse,  i,  i. 

—  HIST.  xiv°  s.  Dans  [le  seigneur]  Jehan  de 
Brene,  plaideur  de  Pontigny,  seoit  comme  juges, 
et  tenoitses  plais,  et  eierçoit  juridiction,  du  cangb, 
plaeitare.  De  quoy  exercer  les  œuvres  de  libéra- 
lité,  OHESME,  Eth.  <06.  Il  XV*  S.  Bien  montez  et 
bien  armez  et  qui  jà  avoient  exercé  le  fait  de  la 
guerre,  comm.  iv,  t.  i|xvi"  s.  Cette  force,  je  l'eusse 
prinse  en  moy  mesme  si  on  m'y  oust  exercé,  mont. 

I,  t44.  Les  uns  s'y  exercent  le  corps,  ID.  i,  t7). 
Exercer  les  arts,  les  sciences,  lo.  i,  )80.  Exercer 
des  vengeances,  id.  m,  80.  Exercer  un  mestier  me- 
chanique,  amyot,  Lyc.  52.  Exercer  la  charité  envers 
quelqu'un,  id.  Arisl.  67. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exercir;  espagn.  exercer;  ital. 
esereere;  du  latin  exercere,  de  ex,  et  arcere,  con- 
tenir, c'est-à-dire  tirer  de ,  déployer,  libérer.  On  a 
beaucoup  dit,  dans  le  xvi'  siècle,  exerciter,  tiré  du 
latin  exercitare. 

EXERCICE  (è-gzèr-si-s') ,  «.  m.  ||  1°  Action  d'exer- 
cer quelqu'un  à  quelque  cnose  ou  de  s'y  former  soi- 
même.  Cela  ne  s'apprend  que  par  un  long  exercice. 
Bientôt  il  devint  grand,  robuste,  agréable  et  adroit 
à  tous  les  exercices  du  corps,  fén.  Tél.  xxiv.  Tous 
ces  exercices  durs  et  pénibles  tendaient  à  leur  pro- 
curer une  forte  et  robuste  santé,  capable  de  soute- 
nir les  fatigues  de  la  guerre,  àlaquelleilsétaientdes- 
tinés,  ROLLIN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  ii,  p.  545, 
dans  POUGENS.  ||  Fig.  Des  sièges,  des  combats  ser- 
virent d'exercice  à  son  enfance,  fléqh.  Tur. 
Il  2°  Terme  de  guerre.  L'action  d'exercer,  des'exercer 
au  maniement  des  armes  et  aux  évolutions.  L'exer- 
cice du  fusil.  Aller  à  l'exercice.  U  lui  a  appris  à 
faire  l'exercice  du  mousquet  et  de  la  pique,  sév. 
365.  Nos  soldats  commencent  à  faire  l'exercice  de 
bonne  grâce,  id.  bbb.  Mais  pour  vous  tous,  jeunes 
soldats.  J'étais  un  père  à  l'exercice,  bérang.  Vieux 
caporal.  \\  Exercice  à  la  prussienne,  sorte  d'exercice 
introduit  dans  les  armées  prussiennes  dans  le  xviii* 
siècle  et  imité  ailleurs.  U  n'est  pas  nécessaire  que 
les  mères  aient  fait  l'exercice  à  la  prussienne,  j.  j. 
ROUSS.  Ém.  V.  I!  Exercice  à  feu,  exercice  où  l'on  ap- 
prend aux  soldats  à  tirer.  Autour  de  nous  toute 
l'Europe  en  armes  fait  l'exercice  à  feu,  p.  l.  cour. 

II,  109. Il  Terme  de  marine.  Répétition  ou  apprentis- 
sage de  tous  les  mouvements  qui  peuvent  se  faire 
sur  un  vaisseau.  1|  3°  U  se  dit  des  mouvements  par 
lesquels  on  exerce  le  corps.  Le  jeu  du  billard  est 
un  bon  exercice.  La  sueur  vient  quand  on  fait  de 
l'exercice,  desc.  Pass.  129.  En  faisant  de  l'exercice, 
je  reposerai  mon  esprit,  sév.  479.  ||  Mouvements 
involontaires  ou  provoqués  auxquels  se  livrent  les 
animaux,  sans  autre  but  que  le  mouvement  même. 
Il  4°  Il  se  dit  des  exercices  du  corps  soumis  à  cer- 
taines règles  et  que  l'on  apprend  à  bien  exécuter. 
tels  que  monter  à  cheval,  danser,  etc.  Les  exer- 
cices de  la  gymnastique.  L'exercice  de  l'équitation. 
U  réussit  dans  cet  exercice.  La  plupart  de  ces  exer- 
cices n'ont  plus  d'autre  objet  que  les  agréments; 
au  lieu  que,  chez  les  anciens,  tout,  jusqu'à  la  danse, 
fais.iit  partie  de  l'art  militaire,  montesq.  Rom.  2. 
1!  Au  plvr.  L'ensemble  de  ces  exercices.  Son  père 
[à  Alexiovitz]  n'a  jamais  voulu  qu'il  fît  ce  qu'on  ap- 
pelle ses  exercices,  volt.  Russie,  ii,  3.  ||  6°  Fig.  et 
familièrement,  peine,  fatigue,  embarras.  Le  démon 
des  combats  vint  troubler  l'univers;  Un  pays  con- 
testé par  ''es  peuples  divers  Engagea  Télamon  dant 
un  ihir  exercice,  la  font.  Filles  de  Uinée.  Le  saço 

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roi  (>t\ 
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lienu,  '•'ur  av.ij'.Mil  iJuniié 
:.•  l'cjercice,  rtn.  t.  xii, 

Lit»  II.- 11  «  -'  -""•  ''«  e*  1"'  """"  '■'^'ï!!;''' 
rieatli*.  L'eiercie»  da  la  mémoire.  Dans  1  tge 

„„,.  I „.«neade  rériéoliir  est  en  entier  eiercice. 

j  .'il  n'eit  aucune  do  no»  facultés  spi- 

,,,,  ,  1  eiercice  ne  tienne  à  celui  de  no»  or- 

■aoM,  nuutt,  Ea.  anal,  dm»,  ch.  a*.  ||7*  Terme 
2*  eolM(«.  Conférences  où  les  écoliers  ré|>ondiint 
lur  Mrtalne»  partie»  des  humanité».  Soutenir  uu 
•MTCiM.  Il  Bierciee»  public»,  conférences  (|ui  se 
faiiaieol  dan»  le»  haute»  écoles.  U  [le  Telljcr]  réta- 
lilil  la»  éludes,  et  fit  revivre  dans  les  écoles  du 
droit  o«s  exercice»  publics  et  solennel»,  et  ce»  ri- 
Koareuie»  épreuves  qui  feront  refleurir  les  lois  et 
l'éloquence  de  nos  pères,  flécii.  U  Tell.  H  [M.  l'abbé 
de  Louvois]  fil  des  exercices  public»  sur  Virgile, 
Honi6ro  ut  Tliéocrita  ,   qui    réponilirent  à  une   si 
excellente   éducntion,    roNTF.N.    Abbé   de   LouvoU. 
Il  Dans  le»  classes,  exercice»  au  tableau,  les  eior- 
dcas  de  traduction  ou  do  calcul  que  l'élève  fait  à 
la  craie  »ur  un  tableau  noir,  sous  la  direction  du 
profeiseur.  ||  11  so  dit  aussi  des  devoirs  ou  composi- 
tions donnés  pour  familiariser  l'élève  avec  laa  rè- 
gle*. Les  thèmes,  les   version»,   les  analyse*  sont 
d'excellents  exercices  pour  apprendre  les  langues. 
Il  II  se  dit  enfin  des  livres  qui  contiennent  les  exer- 
cicei.  Il  /tu  pJur.  Il  se  dit  de  ce  qui  fait  l'occupation 
Oabituclled'une  compagnie.  Exercices  académiques. 
{{ 8*  Terme  de  musique.  Morceau  composé  pour  fa- 
miliariser un  exécutant  avec  une  des  diflicullés  du 
chant  ou  de  l'instrument.  Exercices  pour  le  trille, 
pour  le  coup  d'archet,  pour  le  double  coup  de  lan- 
gue (sur  la  fiûte).  ||  »•  U  so  dit  de»  chose»  morales 
qu'on  met  en  pratique.    Le»  édifices  consacré»   à 
l'exercice  du  culte.  Théodorlc,  roi  des  Ostrogoths, 
qui  laissa,  quoique  arien,  un  assez  libre  exercice  à 
la  religion  i-aiholique,  Boss.  Uiit.  I,  4t.  On  mettait 
dans  cet  entretien  [des  Lévite»,  par  dîmes  et  obla- 
tions]   un  des  principaux  exercices  de  la  religion 
el  le  salut  de  tout  le  peuple,  m.  Polit,  vu,  v,  «.  Ja- 
mais monarque  eut-il  do  plu»  grandes  entreprises 
,  à  conduire  que  l'incomparable  saint  Louis,  et  néan- 
'  moins  jamais  homme  fut-il  plus  appliqué  et  plus 
fidèle  aux  exercices  de  la  religion?  bourdal.  U* 
dite,  aprèt  la  Pentecile,  Domin.  t.  m,  p.  408.  Elle 
m'admet  quelquefois  à  ses  exercices  de  piété,  main- 
TKiOH,  Utt.  à  Mme  de  Frontenac,  <780.  Tout  pro- 
fane exercice  est  banni  de  son  temple,  hac  Athal. 
III,  7.  Il  Exercices  de  pénitence.  Passant  les  années 
entières  dans  l'exercice  des  jeûnes  ,  des  macéra- 
tions ,   des    prières,    uass.   Car.  Élus.   ||   Exerci- 
ces spirituels,  certaines  pratiques  de  dévotion  qui 
sa  font  dans  les  communautés  religieuses  où  l'on 
s«  met  en   retraite.  ||  10*  Occupation.   Selon  ces 
principes  [du   quiétisme] ,  il  [  le  P.    Falooni  ]  re- 
prend ceux  qui  croient  que  les  exercices  de  la  vie 
humaine   interrompent    l'acte   d'amour   continu  , 
Bosfl.  État  foraiton,  i,  *6.  Tout  autre  emploi,  tout 
autre  exercice  [que  la  guerre]  leur  était  interdit  : 
art»,  belles-lettres,  sciences,  métiers,  culture  môme 
de  la  terre,  rien  de  tout  cela  ne  faisait  leur  occu- 
pation et  ne  leur  paraissait  digne  d'eux,  toixiN, 
Ilitt.  ane.   it-MV.  t.    iv ,  p.    B53 ,    dans   pougkns. 
Il  It'  Action  de  faire  ce  qui  est  d'une  fonction,  d'une 
charge,  du  pouvoir.  L'exercice  d'une  profession,  du 
pouvoir.  Le  pontife  rentre  en  exercice  avec  tous  les 
prêtres,  BOSS.  Hitt.  ii,  «.  Voyons-le  dans  l'exercice 
ordinaire  de  sa   charge,  flëcii.  Lam.  \\  Etre  dans 
l'exercice  de  ses  fonction»,  remplir  actuellement  les 
fonction»  d'une  charge,  d'un  emploi.  ||  Plus  .spéciale- 
ment, il  se  dit  d'une  charge ,  d'un  emploi  dont  lesfono- 
tion»  sont  remplies  par  deux  ou  plusieurs  personnes 
qui  alternent,  qui  se  succèdent.  Entrer  en  exercice. 
C'est  son  année  d'exercice.  ||  U"  Action  d'user  d'un 
droit.  L'exercice  d'un  privilège.  ||  IS-  Collège  de  plein 
exercice,  collège  où  les  classes  comprennent  jusqu'à 
la  philosophie  inclusivement,  avec  les  classes  de  ma- 
Ihèmatiquesqui  sy  joignent.  ||  14*  Terme  de  finance. 
La  perception  et  l'emploi  des  revenus  publics  relative- 
ment à  chaque  année.  Cela  est  compris  dans  l'exer- 
cice courant.  L'exercice  de  i  8«4.  L'exercice  de  l'année 
Mt  cIm  le....  Il  Terme  d'ancienne  administration. 
Exercice  pair,  se  disait  des  comptes   des  années 
«ont  le  chiffre  est  un  nombre  pair,  comme  m\, 
«7M.  Exercice   impair,    compta   des   années   im- 
Pjurw.  Il  IB*  Visite  de»  commis  chez  certains  niar- 
«and»  pour  la  perception  des  droiU  indirecU.  On 
m  plaint  partout  et  avec  raison  de  la  supercherie  et 
«•  l  infiilélilé  avec  laquelle  les  commis  des  aides  font 
vj^    '  "'  ■  VAL8AN,  Mme,  p.  «I.  Et  par  l'eier- 

j,  */<!  1^  cave  n'ayant  trou\è  que  peu 

"'(<  du  conteil  if^tat,  ii  ocX.  I72S. 


EXil 

—  REM.  Prendre  do  l'exercice,  qui  est  fort  usuel, 
est  condamné  parle»  grammairiens  qui  recomman- 
dent de  dire  :  faire  de  l'exercice.  Cependant  pour- 
quoi ne  dirait-on  pas  prendre  de  l'exercice,  puis- 
qu'on peut  comparer,  en  ce»  cas-là,  l'exercice  à  un 
remède  qu'on  prend?  En  tout  cas  prendre  de  l'exer- 
cice est  ancien ,  el  on  lu  trouve  dans  Uégnier  :  Je 
prends  de  l'exercice  au  prix  de  ma  santé,  ÉpU.  u. 

—  HIST.  xiii*  s.  L'usaige  et  l'exercice  des  armes, 
j.  DE  MEUNO,  Vighe,  i,  28.  Il  xiV  s.  Pour  les  esba- 
loraens  et  exercites,  ohesme,  Thèie  de  meunier. 
Ilivi's.  Les  exercices  du  corps,  les  exercices  de  l'es- 
prit, mont,  i,  160.  M.  lo  prince  do  Condéesloit  à  Paris 
pour  l'establissement  de  l'exercice  public  [de  la  reli- 
gion réformée] ,  suyïantredictduroy,LANOUE,  645. 

—  ÊTYM.  Provenç.  exercici,  excrcisi;  espagn. 
exereicio;  ital.  eserciiio;  du  lat.  exerctliurn,  de 
exercere,  exercer. 

t  EXERCITANT  (è-gzer-si-tan) ,  s.  m.  Celui  qui 
fait  l'exercice  de  la  retraite  spirituelle. 

—  ÊTYM.  Lat. eiercilonj,  d'ciercilore, fréquentatif 
d'exn*cere,  exercer. 

t  EXERCITATION  (è-gzèr-si-ta-sion) ,  ».  f.  Terme 
vieilli.  Dissertation  en  forme  de  dispute.  Exercitation 
philosophique. 

—  HIST.  xiv  s.  Et  ne  se  peut  faire  sans  très  grant 
difficiiltà  et  grant  peine  et  par  longue  exercitation 
[exercice],  ohesme,  Elh.  74. 

—  ÊTYM.  Provenç.  exercitacio;  espagn.  exercita- 
eion;  ital.  etercitaiione ;  du  lat.  exercitationem ,  de 
cicrcitare,  fréquentatif  de  exercere  (voy.  exeiiCEr). 

EXERESE  (è-gzé-rê-z'),  *.  f.  Terme  de  chirurgie. 
Opération  par  laquelle  on  enlève  du  corps  Icut  ce 
qui  lui  est  inutile,  étranger  ou  nuisible. 

—  ÉTYM.  TEÇaiptaii;,  de  Uaiptïv,  retirer,  de  i5, 
hors,  et  alptïy,  prendre  (voy.  uMêsie). 

EXERGUE  (è-gzèr-gh') ,  t.  m.  Petit  espace  hors 
d'oeuvre,  qui  se  pratique  dans  une  médaille,  pour  y 
mettre  l'inscription,  la  date.  Cet  exergue  est  trop 
petit.  Une  médaille  [le  talisman  fait  pour  Catherine 
do  Médicis]  ayant  dans  l'exergue  le  nom  d'Oxiel, 
votT.  Koeurt,  (73.  ||  Le  mot,  la  devise,  la  date,  qui 
se  trouvent  dans  cet  espace. 

—  ÊTYM.  "ES,  hors,  et  êp^ov,  œuvre  (voy.  or- 
gane) :  hors  de  l'œuvre. 

tEXFOKTATION  (èk-sfé-ta-sion) ,  t.  f.  Terme  de 
médecine.  Grossesse  extra-utérine. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  hors,  et  fœtare,  féconder  (voy. 

PgTUS). 

tEXFOUATIF,  IVE  (èk-sfo-li-a-tif,  ti-v'),  adj. 
Terme  de  chirurgie.  Qui  sert  à  exfolier  les  os.  Tré- 
pan exfoliatif,  lame  tranchante  sur  les  bords,  qui, 
montée  sur  l'arbre  du  trépan,  servait  à  amincir  les 

f  initions  d'os  nécrosés,  pour  déterminer  une  exfo- 
iation  plus  prompte. 

—  HIST.  XVI*  s.  Une  trépane  exfolialive,  par  la- 
quelle se  fera  amputation  de  l'os  tant  et  si  peu  que 
l'on  voudra,  paré,  xvi,  32. 

—  ÊTYM.  Exfolier. 

EXFOLIATION  (èlc-sfo-li-a-sion),  t.  /'.Soulève- 
ment et  chute  de  l'écorce  par  feuillets  minces  et  des- 
séchés. Il  Terme  de  chirurgie.  Séparation,  par  feuil- 
les ou  par  lames,  des  parties  d'un  os,  d'un  tendon, 
d'un  cartilage,  etc.  qui  sont  frappées  de  nécrose. 

—  HIST.  xvi*  s.  Tousjours  nalure  jette  une  exfo- 
liation d'os  où  la  trépane  aura  fait  son  circuit  et  aura 

touché,  PARÉ,  VIII,  20. 

—  ÊTYM.  Exfolier. 

EXFOLIÉ,  ÊE(èk-sfo-li-é,  ée),  part.  poii^.Dont 
l'écorce  s'en  va  par  membranes  minces.  Un  chêne 
exfolié  annonce  mieux  celui  qui  lui  donne  la  crois- 
sance qu'une  colonne  en  ruine  ne  dit  quel  fut  l'ar- 
chitecte qui  réleva,  chatbaub.  Génie,  i,  v,  6. 
Il  Terme  de  chirurgie.  Os,  tendon  exfolié,  os,  ten- 
don qui  a  subi  l'exfoliation. 

EXFOLIER  (èk-sfo-li-é),  j'exfoliais,  nous  exfo- 
liions, vous  exfoliiez;  que  j'exfolie,  que  nous  exfo- 
liions, que  vous  exfoliiez,  v.  a.  Terme  de  botani- 
que. Knlever  une  écorce  par  lamelles.  ||  S'exfolier, 
V.  réfl.  Se  dit  da  l'écorce,  qui  s'en  va  par  lamelles. 
Il  Se  dit  aussi  d'une  substance  qui  s'enlève  par  des 
parties  larges  et  minces.  Ce  roc  est  un  granit  ten- 
dre qui  s'exfolie  et  dont  les  débris  fertilisent  les 
plantes,  bern.  de  st-p.  Étud.  v.  ||  Se  dit  enfin  d'un 
08,  d'un  tendon,  d'un  cartilage  malade,  dont  les 
parties  privées  de  vie  se  détachent  par  parcelles. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ce  faisant,  on  aiJera  nature  à  exfo- 
lier, séparer,  etjetter  hors  l'os  corrompu,  parê,xvi,34. 

—  ETYM.  Lat.  exfoliare,  de  ci,  hors,  et  folium, 
feuille,  qui  adonné,  dans  le  type  français,  effeuiller. 

BXHALAISO)S(è-gïa-lè-zon),  s.  f.  Vapeur,  odeur 
qui  s'exhale  de  certains  corps.  Exnalaison  douce, 
agréable.  De»  exhalaison»  fétides.  De  cegoufl're  in- 


EXfl 

furnal  l'impure  exhalaison  Dans  l'air  atteint  l'oiseau 
frappé  de  son  poison,  deulle,  Enéide,  vi.  Courir  le 
danger  d'être  étouffé  ou  consumé  par  une  exhalaison 
qui  s'enfiamme  à  la  lueur  des  lampes  qui  éclairent  1< 
travail  [dans  les  mines],  raynal,  tiiit.phil.  vi,  <» 

—  HIST.  XIV*  s.  Car  lors,  siestes  vigilant,  Verrei 
par  l'air  jeclant,  courant  Une  exhalaison  venimeuse, 
Mal  odorante  et  maligrieuse.  Traité  d'alch.  147. 

—  ÊTYM.  l.SLl.exhalationem,deexhalaTe,  exhaler. 
EXHALANT,     ANTE    (è-gza-lan,    lan-t'j,     adj. 

Terme  d'anatomie.  Vaisseaux  exhalant»,  vaisseaux 
dont  Bichat  avait  supposé  l'existence  (faute  de  coa- 
naltre  l'endosmose  et  l'exosmose) ,  pour  expliquer 
l'exhalaison  des  liquides  dans  les  corps  vivants. 

EXHALATION  (è-gza-la-sion) ,  *.  f.  ||  1*  Action 
d'exhaler.  ||  2°  Terme  da  botanique.  L'action  des 
plantes  qui  rendent  à  l'atmosphère  les  gaz  absorbés 
par  elles.  Exhalation  aqueuse,  exhalation  d'eau  qui 
se  fait  par  les  stomates.  ||  3°  Terme  de  physiologie. 
Action  par  laquelle  certains  fluides  sont  versés  à  la 
surface  des  diverses  membrane»  et  de  la  peau. 

—  HIST.  XIV*  s.  Les  vapeurs  ou  exhalations  qui 
sunt  entre  nous  et  le  sol.iil,  ohesme.  Thèse  de  meu- 
nier. Il  XVI*  s.  Une  exhalation  de  tout  le  corps  vapo- 
reuse et  bénigne,  paré,  IiUrod.  e.  Muscles  servant  à 
l'expulsion  de  l'air,  àl'exhaJationdela  voix,  id.i,  il. 

—  ÉTYM.  Provenç.  eihalacio  ;  espagn.  exhala- 
tion; ital.  esalaiione;  du  latin  exhalationem,  de 
exhalare,  exhaler.  V>a.ns exhalaison ,  la  finale  apri» 
la  forme  française  {ationem  devenant  aison,  oralio- 
nem,  oraison);  etdansex/ialalion,  la  finale  est  res- 
tée latine. 

t  EXUALATOIRE  (è-gza-la-toi-r'j,  adj.  Terme 
didactique.  Qui  a  rapport  à  l'exhalation.  ||  5.  f. 
Terme  da  salines.  Appareil  pour  faciliter  l'évapora- 
tion  de  l'eau. 

—  ÉTYM.  Exhaler. 

EXHALE,  ÉE  (è-gza-lé,  lée) ,  part. pojj^.  ||  1"  Dé- 
gagé, émis.  Les  vapeurs  exhalées  par  ca  marais. 
Menez  le  blasphémateur  hors  du  camp  [pour  le 
mettre  à  mort];  il  ne  faut  point  qu'on  y  respire  1  ; 
mémo  air  que  lui,  et  son  dernier  soupir,  exhalé  de- 
dans, l'infecterait,  boss.  Polit,  vu,  v,  )6.|1  2''  Fig. 
Exprimé  avec  vivacité.  Un  ressentiment  exhalé  en 
termes  peu  mesurés. 

EXHALER  (è-gza-lé),  ».  a.  ||  1*  Émettre,  dégager, 
en  parlant  de  vapeurs,  d'odeurs.  Les  ruisseaux  des 
rues  exhalaient  una  odeur  infecte.  Ces  montagnes 
de  morts....  Dont  les  troncs  pourris  exhalent  dans 
les  vents  De  quoi  faire  la  guerre  au  reste  des  vi- 
vants, COBN.  Pomp.  I,  I Quels  abîmes  ouvert» 

Exhalent  jusqu'à  moi  les  vapeurs  des  enfers?  u>.  Tois. 
d'cr,  m,  6.  Il  S*  Fig.  Il  se  dit  de  ce  que  l'on  com- 
pare aune  exhalaison.  Et  son  âme  exhalait  un  sou- 
pir amoureux,  régnieb,  Élég.  iv.  Depuis  que  je  suis 
Dé  ,  j'ai  vu  lu  calomnie  Exhaler  les  venins  de  sa  bou- 
che impunie,  VOLT.  Tancr.  ui,  3.  Et  du  sang  de 
Clutalre  éternel  déshonneur  [elle  eût]  Exhalé  sur  sa 
race  un  souffle  empoisonneur,  lemerc.  Fréd.el  Br. 
u,  it.  Il  Exhaler  son  àme,  la  vie,  mourir.  Celui-ci, 
consumé  de  langueur  et  d'infirmités,  voit  de  loin 
l'appareil  de  son  sacrifice,  exhale  chaque  jour  uns 
portion  de  son  &me,  et  se  sent  mourir  mille  fois 
avant  que  d'avoir  pu  mourir  une  seule,  mass.  Villars. 
Il  exhale  à  présent  les  restes  de  sa  vie,  lkmeiic. 
Fréd.  et  Bruneh.  v,  <.  ||  Évaporer.  Qui  pleure  l'af- 
faiblit [le  ressentiment],  qui  soupire  l'exhale,  corn. 
Sertor.  v,  3.  ||8°  Exprimer  avec  vivacité;  faire  écla- 
ter en  paroles.  Dans  le  prologue  de  cette  pièce,  La- 
bérius  exhale  sa  douleur  d'une  manière  fort  respec- 
tueuse pour  César,  et  en  même  temps  fort  touchante, 
rolun,  Ilist.  anc.  liv.  ixv,  i,  u,  2.  Ce  droit  d'ac- 
cusation non-seulement  tiendrait  les  grands  en  res- 
pect, mais  servirait  encore  à  exhaler  les  murmures 
du  peuple  qui,  sans  ca  secours,  pourraient  se  tour- 
ner en  sédition,  vertot,  RéKol.rom.  li,  ("O.  Exha- 
ler son  dépit  contre  un  mari  coupable,  C'est,  en 
voulant  se  faire  aimer,  S'efl'orcer  d'être  moins  ai- 
mable, imbeht.  Jaloux  sans  amour,  i,  6.  II  exhale 
sa  rage  en  hurlements  horribles,  delu-le,  Enéide, 
u.  Mais  tandis  qu'exhalant  le  doute  et  le  blasphème, 
lamart.  Uéd.  1,  \».  Il  On  dit  dans  un  sens  analogue 

exhaler  sa  bile ,  sa  mauvaise  humour Lorsqu'au- 

trefois  Horace  après  Lucile  Exhalait  en  bons  mots 
les  vapeurs  de  sa  bile,  Boit.  Sol.  vu.  ||  Il  peut  avoir 
pour  sujet  un  nom  de  chose.  A  ce  nouvel  affront  un 
reste  de  chaleur  En  sanglots  mal  formés  exhal» 
sa  douleur,  corn.  Pomp.  m,  «.  ||  4°  S'exhaler, 
t'.  réfl.  Etre  exhalé.  Les  vapeurs  qui  s'exhaleut  le 
soir.  L'odeur  qui  s'exhale  d'une  rose.  ha.  fumée  qui 
s'exhale  et  s'évanouit  dans  les  airs,  fléch.  Vauph. 
Il  Impersonnellement.  Il  s'exhale  des  vajpeurs  de  C6 
marais.  ||  Fig.  On  voyait  sur  son  visage  les  fuiiei 


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1563 


peintes;  et  tout  le  veninempestédunoirCocyte  sem- 
blait s'exhaler  de  son  cœur,  fénel.  Tél.  vu.  Leurs 
soupirs  n'osaient  s'exhaler,  mais  leurs  cœurs  s'en- 
tendaient: ils  croyaient  souffrir  et  ils  étaient  heu- 
reux, j.  j.  RODSs.  Ilél.  m,  (8.  Il  5°  Se  dissiper  par 
l'évaporation.  L'éther  s'exhale  rapidement.  Dans  les 
pays  froids  la  partie  aqueuse  du  sang  s'exhale  peu 
par  la  transpiration,  montesq.  Esp.  xiv,  <o.  ||Fig. 
11  se  dit  de  la  vie,  de  l'âme.  Un  reste  de  chaleur 
tout  prêt  à  s'exhaler,  bac.  Phèd.  i,  3.  Dans  la  nuit 
du  tombeau  l'âme  s'engloutit-elle  ?  Tombe-t-elle  en 
poussière?  ou,  prête  à  s'envoler,  Comme  un  son 
qui  n'est  plus  va-t-elle  s'exhaler?  lamart.  Méd.  i,  6. 
Il  6°  Éclater,  en  parlant  de  sentiments,  de  passions. 
Non ,  je  n'ai  point  un  courroux  à  s'exhaler  en  pa- 
roles vaines,  mol.  le  Fest.  i,  3.  C'était  en  ces  dis- 
cours que  s'exhalait  ma  plainte,  j.  b.  rouss.  Odes, 
I,  (2.  Il  II  peut  aussi  avoir  pour  sujet  un  nom  de 
personne.  M.  le  prince  de  Conti  et  son  fils  s'exha- 
laient en  désespoirs,  st-sim.  tl ,  (28. 

—  IIIST.  xiv*  s.  Car  l'élément  du  feu  et  d'air.  Si 
ainsi  est,  doibt  s'exhaler,  i'Alch.à  nat.  610.  ||xvi*s. 
UnevapeurquiexhaledetoutleurcorpSjPABÉ,  Intr.e. 

—  ÉTYM.  Lat.  exhalare,  de  ex,  hors,  et  halare, 
respirer  (voy.  haleine). 

EXHAUSSÉ,  ÉE  (è-gzô-sé,  sée),  part,  passé. 
Mis  haut.  Eschyle  dans  le  chœur  jeta  les  person- 
nages. D'un  masque  plus  honnête  habjUa  les  vi- 
sages. Sur  les  ais  d'un  théâtre  en  public  exhaussé 
Fit  paraître  l'acteur  d'un  brodequin  chaussé,  boil. 
An  p.  m.  Au  nom  de  Dieu,  ôtez  de  vos  lettres  ce 
Konsieur  tant  exhaussé,  ou  j'en  mettrai  dans  les 
miennes  un  encore  plus  haut,  id.  Lett.  à  Brossette, 
28.  Il  Rendu  plus  haut.  Un  plafond  trop  exhaussé. 

EXHAUSSEMENT  (è-gz6-se-man),  s.  m.  Élévation 
en  parlant  des  constructions.  L'exhaussement  d'un 
mur,  d'une  maison. 

—  HlST.  XV*  s.  Et  tout  premièrement  le  prierez.... 
que  les  choses....  veuille  bien  tenir  secrètes....  pour 
son  propre  honneur  et  exhaussement.  Boude,  m, 
(B.  Il  xvi*  ».  Il  treuve  puis  après  tous  autres  propos 
fades,  bons  et  indignes  dé  son  exaulcement  [haute 
position],  AMTOT,  Ép.  moral,  p.  (2. 

—  ÉTYM.  Exhausser;  provenç.  essalsamen,  essau- 
chamenz,  issalsamen  ;  anc.  cat.  exalçament. 

EXHAUSSER  (è-gzô-sé),  V.  o.  ||  1°  Élever  à  une 
grande  hauteur.  Jadis  en  Grèce  on  en  posa  Le  fonde- 
ment ferme  et  durable.  Puis  jusqu'au  ciel  on  ex- 
haussa Le  faite  de  ce  temple  aimable,  volt.  Temple 
du  goût.  |]  Kig.  Les  titres  dont  les  hommes  tâchent 
d'exhausser  leur  bassesse,  mass.  Avent,  Jugem.  X 
prix  d'argent  il  eût  exhaussé  sa  bassesse  par  l'é- 
clat des  dignités,  :d.  Car.  Biche.  ||  2°  Donner  plus 
de  hauteur  à  ce  qui  a  déjà  une  certaine  hauteur. 
Exhausser  un  mur.  Une  grande  taille  ne  cherche 
point  à  se  rehausser  en  exhaussant  sa  chaussure, 
Boss  dans  lafaye,  Synony.  p.  729.  ||  3°  S'exhaus- 
ser, V.  réfl.  Devenir  plus  haut.  Ces  constructions 
s'exhaussent  à  vue  d'œil. 

—  SYS.  HAUSSER,  exhausser,  sehausseu.  Hausser 
ne  marque  rien  de  plus  que  de  porter  ou  faire  mon- 
ter plus  haut.  Exhausser  c'est  hausser  considérable- 
ment; c'est  aussi  donner  plus  de  hauteur  à  ce  qui 
a  déjà  une  certaine  hauteur  :  en  ce  dernier  sens  il 
est  synonyme  de  hausser  :  on  hausse  ou  on  ex- 
hausse un  mur;  mais  on  voit  la  plus  grande  gé- 
néralité de  hausser ,  si  l'on  remarque  qu'on  dit 
hausser  la  main  et  non  l'exhausser.  Rehausser,  c'est 
hausser  de  nouveau,  hausser  ce  qui  a  baissé. 

—  HlST.  xn"  s.  Car  pour  sa  loi  esauchier  combaton 
[nous  combattons] ,  Ronc.  p.  71.  De  vasselage  [vail- 
lance] essauciez  et  prisez,  ib.jp.  80.  De  grant  ou- 
trage faire  nuls  hom  ne  mouteplie  [prospère];  Ainz 
se  monte  et  essauce  qui  son  cuer  humilie  ,  Sax. 
xxxii.  Quant  vit  que  il  n'aura  l'amur  al  rei  Henri, 
Az  piez  lui  est  chatt  [tombé];  si  lui  cria  merci;  Fait 
l'a  e  eshaucié  (élevé  en  dignité,  en  richesse],  ço 
conut  e  gehi  [avoua],  Th.  le  mart.  33.  Mis  quers 
[mon  cœur]  est  esleezciez  [rendu  joyeux],  e  mis 
fiz  [mon  fils]  en  Deu  eshalciez.  Rois,  p.  6.  ||  xiii'  s. 
Bien  fust  la  crestienté  essaucie,  non  mie  abaissie, 
viLLEH.  xxxiv.  Et  se  tant  se  cuide  essaucier  Qu'il  la 
prengne  [sa  femme]  riche  forment  [très-riche] ,  la 
Rnse,  8620.  Or  avint,  si  comme  il  plot  à  Nostre 
Seignor,  que  sainte  Eglise  esisauça  et  crut  de  jor  en 
jor...  BRUN.  lat.  Très.  p.  83.  Il  xv  s.  Pour  exaulcer 
«on  nom,  proiss.  ii,  u,  11.  Ni  les  seigneurs  pour 
exaulcer  leur  estât  n'espargnoient  ni  or  ni  argent, 
ID.  II,  II,  223.  Il  xvi*  s  Ce  nonobstant,  prendre 
n'exaucerai  [je  ne  ferai  l'éloge  de  prendre  des  dons] 
En  mon  escrit,  et  si  confesseray.  Que  bien  souvent 
quand  à  femme  l'on  donne ,  Le  refuser  est  chose 
honneste  et  bonne,  makot,  i,  402. 


—  ÉTYM.  Provenç.  esalsar,  exaltar,  eyssaussar; 
anc.  espagn.  exaliar;  du  lat.  exaltare,  de  ex,  et 
altus,  haut  (voy.  ce  mot).  On  voit  par  l'historique 
que  exhausser  et  eioucer  sont  le  même  mot  écrit  diffé- 
remment :  exhausserquelqu'un ,  lui  donner  de  l'éléva- 
tion, de  l'honneur,  le  satisfaire,  et,  par  extension, 
exhausser  ou  exaucer  ses  vœux,  les  satisfaire. 

fEXHAUSTION  (è-gzô-stion),  s.  f.  \\  1°  Terme 
didactique.  Action  d'épuiser.  Pompe  d'exhaustion, 
pompe  placée  sur  quelques  navires  à  vapeur  pour 
enlever  du  fond  de  la  chaudière  une  certaine  por- 
tion d'eau  sursaturée  soit  de  sel  marin,  soit  de  toute 
autre  matière  tenue  en  dissolution,  legoarant. 
Il  2°  Fig.  Terme  de  logique.  Action  d'épuiser  tous 
les  cas  possibles  dans  une  question.  L'induction  est 
impossible,  car  elle  suppose  l'exhaustion  de  tous  les 
singuliers,  DinEROT,  Opin.  des  anc.  philos.  [Pyrrho- 
m'ens).  ||  Terme  de  mathématique.  Méthode  d'ex- 
haustion ,  manière  de  prouver  que  deux  grandeurs 
sont  égales,  en  montrant  que  la  différence  en  est 
plus  petite  que  toute  quantité  donnée. 

—  ÉTYM.  Lat.  exhaustionem,  épuisement,  de  ex, 
et  haurire,  puiser. 

EXHEréDATION  (è-gzé-ré-da-sion),  s.  f.  Action 
d'exhéréder.  L'exhérédation  paternelle  n'est  point  ad- 
mise par  le  code  civil.  Les  eihérédations  sont 
odieuses,  PATRU,  Plaidoyer  vi,  dans  richelet. 
Charles  VI  en  France  avait  signé  l'exhérédation  de 
son  propre  fils,  volt.  Mœurs,  tO).  ||  Droit  d'exhé- 
réder. Les  exhérédations  obligent  les  enfants  à  con- 
server à  leurs  pères  le  respect  qu'ils  leur  doivent, 
LE  MAITRE,  dans  RICHELET.  ||  L'état  de  celui  qui  est 
exhérédé.  L'exhérédation  où  il  était  le  réduisait  à 
la  misère,  Dict.  de  VAcad.  Vous  aurez  encouru 
l'exhérédation,  piR.  Métrom.  i,  8. 

—  ftXYM.  Lat.  exheredationem ,  de  exheredare, 
exhéréder. 

EXHÉRÉDÉ,  ÉE  (è-gzé-ré-dé,  dée),  port,  passé. 
Un  parent  exhérédé. 

EXHÉRÉDER  (è-gzé-ré-dé.  La  syllabe  ri  prend 
l'accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'exhéréde,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  : 
j'exhéréderai ,  j'exhéréderais),  v.  a.  Synonyme, 
dans  le  langage  technique,  de  déshériter.  Il  fut  ex- 
hérédé. Il  Absolument.  Le  droit  d'exhéréder. 

—  HlST.  XVI*  s.  On  exhereda  le  vray  et  légitime 
héritier,  comme  excommunié,  5at.  Mén.  p.  )82. 

—  ÉTYM.  Lat.  exheredare,  de  ex,  hors,  et  hères, 
hoir  (voy.  hoir). 

EXHIBÉ,  ÉE  (è-gzi-bé,  bée),  part,  passé.  Le 
passe-port  exhibé  à  la  réquisition  du  gendarme. 

EXHIBER  (è-gzi-bé),  v.  a.  \\  1°  Terme  de  prati- 
que. Produire  une  pièce  en  justice.  Exhiber  ses  ti- 
tres, ses  pièces,  ses  livres.  ||  Familièrement.  U  nous 
exhiba  une  pancarte  chargée  d'attestations.  Nous 
exhibâmes  aussitôt  nos  denrées,  ce  qui  ne  déplut 
point  àl'inconnu,  lesage,  Gil  Blas,  n,  8.  jj  î'S'ex- 
hiber,  v.  réfl.  Se  produire,  se  montrer,  dans  le  lan- 
gage plaisant.  Belle  aurore.  Je  t'adore.  Je  t'honore, 
Exhibe-toi,  SCARRON,  dans  le  roux,  Dict.  cantique. 

—  HlST.  XIV'  s.  Leduc  ne  pot  pas  bonnement  Soy 
exiber  présentement  Contre  cil  qui  nourry  l'avoit 
Et  aïdé  en  son  bon  droit,  Liv.  du  bon  Jehan,  -(745. 
Il  XV*  s.  En  lieu  d'amours  tant  de  fois  exhibées.  De 
tant  d'onneurs  él  d'unibles  révérences,  g.  chaste- 
lain,  Expos,  sur  vérité  mal  prise.  ||  xvi*  s.  Dieu 
nous  a  donné  peu  de  cérémonies  et  aisées  pour  nous 
représenter  Jesus-Christ  depuis  qu'il  nous  a  esté 
exhibé,  calv.  Instit.  966.  Amour  est  une  chose  fa- 
cile, qui  s'exhibe  à  tous  et  ne  se  dénie  à  personne, 
Triomphe  de  la  noble  dame,  f°  224,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  exhibere,  de  ex,  hors,  et  habere, 
avoir  (voy.  avoir)  :  mettre  dehors. 

EXHIBITION  (ê-gzi-bi-sion ;  en  vers,  de  cinq  syl- 
labes) ,  s.  f.  Il  1°  Terme  de  pratique.  Action  de  pro- 
duire un  acte,  une  pièce.  L'exhibition  d'un  passe- 
port. Il  2*  Familièrement.  Action  de  montrer,  de 
tirer  de  sa  poche,  etc.  Je  tirai  de  ma  poche  la  bourse 
où  étaient  mes  doublons,  et  je  lui  en  montrai  une 
poignée;  l'hôte  parut  très-surpris  de  cette  exhibi- 
tion, LESAGE,  Èslev.  Gon«.  ch.  2.  ||  3°  Réunion, 
dans  un  lieu  donné,  des  animaux  qui  concourent 
pour  des  prix  ou  des  primes.  L'exhibition  diffère  des 
concours  proprement  dits,  en  ce  que,  dans  celle-là, 
les  animaux  n'ont  pas  d'épreuve  à  subir;  aussi  n'a- 
t-elle  lieu  généralement  que  pour  les  bœufs  et  les 
moutons,  Dict.  gén.  de  méd.  et  de  chir.  vétér.  ||0n 
dit  do  môme  exhibition  de  tableaux,  etc. 

—  illST.  xvi*  s.  Nous  avons  en  Jésus  Christ  une 
pleine  exhibition  de  toutes  les  choses  qui  estoient 
figurées  par  les  cérémonies  de  la  loy  mosaïque, 
CALV.  Instit.  659. 

—  ÉTYM.  Provenç.    exhibition:   espagn.  exhibi- 


sion  ;  ital.  esibixione  ;  du  lat.  ei/n!)«(ionem,  de 
exhibere  (voy.  exhiber). 

t  EXHILARANT,  ANTE  (è-gzi-h-ran ,  ran-t'), 
adj.  Qui  donne  de  l'hilarité.  La  douceur  exhilarant» 
de  l'harmonie,  mol.  M.  de  Pourc.  i,  H. 

—  ÉTYM.  Lat.  exhilarare,  de  ex,  et  hilaris,  gai 

(voy.  HILARITÉ). 

t  EXHORTATIF,  IVE  (è-gzor-ta-tif,  ti-y'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  contient  une  exhortation. 
Discours  exhortatif.  Éloquence  exhortative. 

—  ÉTYM.  Lat.  exhortatitus ,  de  exhortari,  exhorter. 
EXHORTATION  (è-gzor-ta-sion;  en  vers,  de  cinq 

syllabes),  s.  f.  Discours  en  vue  d'exhorter.  Je  reçois 
de  tout  mon  cœur  les  exhortations  que  vous  me  fai- 
tes là-dessus,  d'étudier  souvent  une  leçon  si  utile  et 
si  nécessaire,  voit.  Lett.  7(.  11  ne  faut  pas  deman- 
der s'il  fit  une  belle  exhortation,  scarron,  flomon 
com.  I,  9.  C'est  là  qu'on  jette,  en  passant,  de» 
maximes  qui  font  plus  d'impression  que  ce  qu'on 
dit  dans  des  exhortations  préparées,  maintenon, 
Lett.  à  Mme  de  Viefville,  23  fév.  <706,  Autant  nous 
devons  de  sévérité  à  l'esprit  de  mécontentement  et 
de  murmure,  autant  nous  devons  de  patience,  d» 
discussion  et  d'exhortation  aux  doutes  des  âmes  ti- 
morées, MIRABEAU,  Collection,  t.  IV,  p.  340. 
11  Exhortation  religieuse,  discours  de  piété,  en  lan- 
gage famiher,  qui  se  fait  pour  exhorter  à  la  dévo- 
tion. Il  Terme  de  rhétorique.  Figure  qui  consiste  à 
exciter  les  sentiments  qui  doivent  conduire  à  telle 
ou  telle  action.  ||  Fig.  Ce  premier  succès  était  déjà 
une  exhortation  assez  puissante. 

—  HlST.  XII*  s.  Quant  il  font  paroles  d'exhorta- 
tion. Job,  p.  492.  Il  XIV*  s.  Se  sermons,  persuasions 
ou  exhortacions  souffisoient  pour  faire  les  gens  ver- 
tueux, ORESME,  Thèse  de  meunier.  ||xvi*  s.  Et  par 
semblables  paroUes  et  exhortations  aguiser  leurs  cou- 
rages et  les  esmouvoir  à  guerre  et  à  bataille,  Ro- 
gier  histor.  i ,  4. 

—  ÉTYM.  Lut.  exhortationem,  de  exhortari,  exhor- 
ter. On  a  dit  exhortement  et  enhortement. 

t  EXHORTATOIRE  (è-gzor-ta-toi-r') ,  adj.  Terme 
didactique.  Qui  contient  une  exhortation. 

—ETYM.  Lat.  cachorta(onus,decxhor(art, exhorter. 

EXHORTÉ,  ÉE  (è-gzor-té,  tée),  part,  passé. 
M.  de  Boisrobert,  exhorté  par  tous  les  académiciens 
et  en  particulier  par  M.  Chapelain,  témoigna  au 
cardinal  que  l'unique  moyen  de  terminer  le  dic- 
tionnaire.... PELLissoN,  Ilist.  de  VAcad.  ni. 

EXHORTER  (è-gzor-té),  t).  a.  |j  1»  Pousser  à.... 
par  des  paroles.  Exhorter  à  la  paix,  à  l'union.  En 
secret  dans  mon  cœur  je  l'exhorte  à  la  fuite,  corn. 
Pomp.  Il,  ).  Je  vous  exhorte  non  pas  à  pleurer  une 
reine,  mais  à  imiter  une  bienfaitrice,  fléch.  Marie- 
Thér.  d'Autr.  On  exhorte  les  autres  à  faire  le  bien; 
il  suffisait  de  le  proposer  à  cette  princesse,  id.  ib. 
Il  Donner  du  courage  pour.  Exhorter  des  troupes 
avant  le  combat.  Je  lis  qu'il  exhorta  sa  femme  à 
vivre;  mais  je  ne  lis  point  qu'elle  l'ait  exhorté  à 
mourir,  diderot,  Rigne  de  Claude  et  Néron,  i, 
§  108.  Il  Exhorter  quelqu'un  à  la  mort,  l'exhortei 
à  mourir  en  bon  chrétien.  Il  fallut  exhorter  à  la 
mort  celle  qui  m'avait  donné  la  vie,  genlis,  Mlle  de 
Lafayetle,  p.  106,  dans  lacurne.  ||  Absolument. 
Nous  sommes  ambassadeurs  pour  Jésus-Christ,  dit 
saint  Paul,  et  Dieu  exhorte  par  nous,  boss.  Polit. 
VII,  v,  t3.  Il  Exhorter,  avec  que  et  le  verbe  suivant 
au  subjonctif.  Nous  vous  exhortons  que  vous  ne  rece- 
viez pas  en  vain  la  grâce  de  Dieu,  boss.  u,  Pénit.  l. 
Il  Exhorter,  avec  de  et  le  verbe  suivant  à  l'infinitif 
(plus  rare  que  exhorter  à).  lU'exhortait  d'entrepren- 
dre quelque  chose  digne  de  sa  naissance,  vaijoel. 
0  C.  liv.  m,  dans  richelet.  Quand  un  académi- 
cien est  reçu,  on  doit  lui  faire  lecture  des  statuts, 
qu'il  est  exhorté  de  garder,  pellisson,  Hist.  de  l'A- 
cad.  II.  Lorsque  David  exhortait  le  généreux  Urie 
de  retourner  dans  sa  maison  et  d'y  jouir,  dans  le 
repos,  des  plaisirs  domestiques,  mass.  Conf.  Fuite 
du  M.  Les  exhortant  de  ne  pas  flétrir  par  une  fuite 
honteuse  la  gloire  du  nom  français,  m.  Conty.  Elle 
m'exhorta  de  consulter  d'habiles  gens,  J.  J.  rouss. 
Conf.  VI.  Il  Fig.  Exhorter  peut  avoir  rien  pour  sujet. 
11  n'y  a  rien  qui  exhorte  tant  à  savoir  bien  mourir 
que  de  n'avoir  point  de  plaisir  à  vivre,  voit.  Lett. 
7».  112°  S'exhorter,  «.  réfl.  Se  donner  des  exhorta- 
tions à  soi-même.  Il  [Pompée]  craint  que  la  défaite 
N'étouffe  dans  leurs  cœurs  [de  ses  soldats]  l'espoir  de 
la  retraite.  Et  qu'outré  de  douleur  en  le  voya'nt  mou- 
rir, L'univers  sur  son  chef  ne  s'exhorte  à  périr, 
BRÉBEUF,  Pharsale,  vu.  11  est  quelquefois  difficile 
de  discerner  le  pressentiment ,  do  l'instinct  de  la 
raison,  du  tact  des  vraisemblances;  alors  l'homme 
ferme  s'exhorte  et  se  résout;  la  femm»  et  l'homme 
faible  coureiU  au  devin,  dider.  Claude  et  Néron,  i. 


1564 


EX\ 


$  M.  Il  Se  donner  •!••«  eiliorwiion»  réciproque».  Ils 
•'eiborl^ronl  1  te  Ineii  c<)»'luire. 

—  m»T  xn'  •  Ce  proplicw  parle  à  eulx  en  pu- 
blic.  !••  éinorlant   i  U  »ertu  el  t  leur  debvoir, 

■oirr.  1,  "»•  .    ,  .... 

—  trm.  Ul.  txhorlari,  de  es,  et  horlart,  eici- 
l»r,  que  le»  (fnmniainen»  latin»  disant  6tro  le  fré- 
quenUtif  dAonV>r;  on  rapproche  horinr  du  grec  Sp- 
w/(ii,  pouaier,  presner,  avec  changomont  d'esprit. 
L'ancienne  langue  disait  «nhorter,  usité  jusque  dans 
le  XVI"  «iftcle. 

EXHUMATION  (é-gxu-ma-»ion  ;  en  vers,  de  cinq 
lyllabes),  ».  f.  Action  d'oihumer  un  corps.  On 
m'a  assuré,  ce  qui  pourrait  bien  être,  que  l'arche- 
Téque  de  Paris  avait  fait  consulter  un  savant  caiiu- 
niste,  pour  lui  demander  si  Voltaire  n'était  pas 
dans  le  cas  de  l'exhumation ,  et  que  le  canoniste 
avait  répondu  qu'on  s'en  gardit  bien  ,  d'alemb. 
un.  au  roi  de  Pr.  l"  juillet  1778. 

—  F.TYM.  Kthumer. 

ITXIIUMP..  P.B  (è-gïu-mé,  tnée),  pari.  jxujrf.Tiré 
de  la  sépulture.  Un  corps  exhumé  par  autorité  de 
justice.  Il  Fig.  Tiré  de  l'oulili.  Des  souvenirs  fflcheux 
exhumés  mal  à  propos. 

KXIIUMER  (é-gzu-mé),  v.  a.  ||  i«  Tirer  un  corps 
do  U  sépulture.  Celui  qui  avait  exhumé  un  cadavre 
pour  le  dépouiller  était  banni  do  la  société  des  hom- 
mes jusqu'à  ce  que  les  parents  consentissent  à  l'y 
faire  rentrer,  monteso.  Brp.  xxx,  (».  US"  Fig.  Tirer 
de  l'oubli.  Kxhumer  de  vieux  titres.  Cet  historien  a 
exhumé  des  faits  oubliés  jusqu'il  lui. 

—  6TYM.  Lat.  exKumare,  de  ex,  hors,  et  humtu, 
terre  :  déterrer  (voy.  bumus). 

t  EXHYMÉNINK  (é-gxi-mé-ni-n'),  f.  f.  Terme  de 
botanique.  La  membrane  externe  du  grain  du  pollen . 

—  ÉTYM.  *E{,  hors,  et  ()|iy|v,  membrane. 
EXIOfi,   t.K  (é-gi:i-jé,  jée),  pari.  pané.  Réclamé 

comme  ilO.  Un  payement  exigé  avec  r.gueur. 

FXIGEANT,  EANTK  (.Vgzi-jan,  jan-t'),  adj.  Oui 
est  habitué  h  exiger  lieaiicoup.  Se  montrer  exigeant. 
La  religion  n'est  pas  plus  exigeante  que  U  philoso- 
phie, HARTH^L,  Ànach.  ch.  78. 

EXIGENCE  (è-gzi-jan-s'),  /  f.  ||1«  Caractère,  pré- 
tention de  celui  qui  est  exigeant.  Il  est  d'une  exi- 
gence insupportable.  ||  2*  Ce  qui  est  exigé.  Les  exi- 
gences de  l'étal  social.  ||  3°  Prétention  injuste  im- 
posAek  une  personne.  ||  4*  Occurrence,  besoin.  Selon 
l'exigence  des  affaires.  Et  selon  l'exigence  et  des 
temps  et  des  lieux  Savoir  faire  parler  et  son  front 
et  ses  yeux,  hotr.  Yencetl.  i,  i.  C'était  une  magis- 
trature extraordinaire  qu'on  faisait,  selon  l'exigence, 
dans  tous  les  temps  de  la  république,  Boss.  Var.  <3. 

—  HIST.  xv«  s.  Et  est  à  supposer  que  depuis  ils 
ont  esté  punis  selon  l'exigence  du  piteux  cas, 
l^i;i»  XI,  Nouv.  xcviii.  Il  XVI'  ».  Il  falsoit  beaucoup 
de  choses  selon  l'exigence  des  temps  et  selon  les 
occurrence»  de  sa  ville,  amtot,  Arist.  ei. 

—  RTYM.  Lat.  exigentia,  de  exigent,  exigeant. 
EXIGER  (è  gzi-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  o  ou  o  ; 

exigeant,  nous  exigeons) ,  tJ.  a.  ||  !•  Réclamer 
quelque  chose  en  vertu  d'un  droit  fondé  ou  pré- 
tendu. Ce  n'est  pas  exiger  grande  reconnaissance 
Des  soins  que  mes  bontés  ont  pris  de  votre  enfance, 
COBN.  lUracl.  i,  î.  Sers-toi  de  ton  autorité  pour 
exiger  d'eux  ce  qui  t'est  dû,  dourdal.  2*  dm.  op. 
Fâq.  Dominic.  t.  u,  p.  28.  Si,  pour  te  prodiguer 
me»  plu»  tendre»  caresses.  Je  n'ai  point  exigé  ni 
eermenls,  ni  promesses,  boil.  Lutrin,  n.  S'il  exige 
le  sang  que  ta  bouche  a  promis,  volt,  fanât.  :v,  a. 
Syracuse  à  regret  exige  une  victime,  m.  7'oner.  u, 
».  Il  Absolument.  Ouand  on  n'est  pas  pressé  d'in- 
struire, on  n'est  point  pres.sé  d'exiger,  et  l'on  prend 
son  temps  pour  ne  rien  exiger  qu'à  propos ,  j.  i. 
»ou8s.  Èm.  II.  Il  »•  Obliger  ou  vouloir  obliger  à 
quelque  chose  qui  n'est  pas  dû.  Il  exige  des  intérêts 
exorbitants.  11  exigea  qu'on  le  servit  avant  tous  les 
autres.  Je  TOUS  crois  trop  raisonnable  pour  vouloir 
exiger  de  moi  que  ce  qui  peut  m'être  permis  par 
rhonneur  et  la  bienséance,  mol.  t Avare,  iv,  ). 
N'en  exigez  pas  plus  de  mon  cœur  outragé,  volt. 
>ll>.  jv,  I.  Il  8*  Faire  pay.  r,  faire  fournir  par  force. 
Kxiger  de*  contributions  de  guerre.  On  exigea  d'eux 
lin  tribut  énorme.  ||  4-  Fig.  Il  se  dit,  avec  un  nom 
de  chose  pour  sujet,  de  ce  qui  oblige  moralement. 
Mais  enfin  elle  est  reine,  el  celte  qualité  Semble 
exiger  do  nou»  quelque   civilité,  cobn.  «ic.  u,    4. 

n».  y  A.  Son  orgueil  dès  longtemps  exigeait  ce 
-lîll!  IPV"">?"1.  ">•   »"«•  m,  a.  Il  Avoir  néces- 


sairement besoin.  Cette 


scène  exigeait  trois  acteurs 


•  S!  T? '"'P?^''-  Il  *■  S"'Ker,  V.  réfl.  Etre 
••"•   vole,  .rhitraire».  il  est  impossible  que  les  p4u- 


EXI 

pie»  ne  soient  exposés  à   un  pillage  universel  ré- 
pandu  par  le    royaume,  vàub.  Dime,  p.  4e5. 

—  HIST.  xvi«  ».  Ils  exigent  ce  que  je  ne  dois  pas, 
plu»  rigoureusement  beaucoup  qu'ils  n'exigentd'eulx 
ce  qu'ils  doibveiil,  mo.nt.  i,  )»7.  Antonius  tira  vers 
les  province»  et  régions  de  l'Orient  pour  exiger  el 
lever  argent,  àmtot,  Anton.  2«. 

—  ÊTYM.  Proveiiç.  et e3|iagn.  exigir;  ital.  esigere; du 
lat.  «ii9<-rc .  (le  CI,  hors,  étagère,  pousser  (voy.  aoik). 

t  EXIGEUR,  EUSK  (è-gzi-jeur,  jeû-z"),  ».  m.  et/. 
Celui,  celle  qui  exige. 

—  HIST.  XV*  s.  Adviaez  vous,  toutes  gen»  de  pra- 
tiques, Marchans  d'argent,  exigeurs  de  finance, 
EUST.  DESCii.  Poésiet  mu.  f*  33i ,  dans  lacdrnb. 

—  KTYM.  Exiger. 

t  EXIGIBILITÉ  (é-gzi-ji-bi-li-té),  t.  f.  Ëtat  de  ce 
qui  est  exigible.  L'exigibilité  d'une  dette, 

—  ETYM.  Exigible. 

EXIGIBLE  (ê-gzi-ji-bl'),  atlj.  Qu'on  peut  exiger. 
La  dette  est  créée,  maie  «Ue  n'est  pas  encore  exi- 
gible, PATRi;,  P(otdoyer3,  dans  richelet.  Le  peu 
de  bonne  foi  qui  se  rencontre  aujourd'hui  dans  le 
monde  fera  que  peu  de  gens  voudront  se  fier  à  de 
semblables  billets  quand  ils  ne  seront  plus  exigibles, 
VAUBAN,  Dime,  p.  89. 

—  ETYM.  Exiger. 

EXIGU,  DR  (b-gzi-gn,  gû),  adj.  Petit,  avec  in- 
suffisance. La  somme  était  fort  exiguS.  Son  loge- 
ment est  exigu. 

—  SYN.  EXIGU ,  PETIT.  Ce  qui  sépare  ces  deux  mots, 
c'est  que  dans  exigu  est  l'idée  d'insuffisance  qui  n'est 
pas  dans  petit. 

—  ÉTYM.  Lat.  eiiguut,  proprement  restreint,  de 
exigere,  pousser  hors  (voy.  exiger). 

EXIGUlfrÉ  (è-gzi-gu-i-té),  i.  f.  l'etitesse,  avec  in- 
suffisance. L'exiguitéde  ses  ressources.  {|  Par  exten- 
sion. Le  rat  de  la  fable,  dans  son  exiguïté,  ne  se 
prisait  pas  moins  que  l'éléphant. 

—  ETYM.  Lat.  ariguitalem ,  de  exiguui,  exigu. 

EXIL  (è-gzil),  (.  m.  ||1*  Expulsion  hors  de  la  pa- 
trie. Le  bannissement  est  infamant  et  l'exil  ne  l'est 
pas.  Suivre  en  tous  lieux,  seigneur,  l'exil  de  votre 
femme,  corn.  Sertor.  m,  *.  L'exil  des  Tarquins 
même  ensanglanta  nos  terres;  Et  nos  premiers  con- 
suls nous  ont  coûté  des  guerres,  iD.  Ciiina,  u,  i. 
Oui  tous  deux  de  l'exil  rappelés  par  moi-même,  rac. 
Brit.  III,  a.  L'exil  medélivra  des  plussédilieux,  m. 
ib.  IV,  2.  Quel  temps  à  mon  exil,  quel  lieu  prescri- 
vez-vous? id.  Phèd.  IV,  2.  La  cour  fut  inexorable 
sous  Tibère  comme  auparavant;  il  [Ovide]  mourut 
dans  son  exil  la  quatrième  année  du  règne  de  cet 
empereur,  âgé  d'environ  soixante  ans,  hollin,  llist. 
anc.  XXV,  i,  2,  2.  L'exil  est  un  supplice  d'autant 
plus  rigoureux  pour  un  Athénien,  qu'il  ne  retrouve 
nulle  part  les  agréments  de  sa  patrie,  barthél. 
Anach.  ch.  te.  L'exil  est  quelquefois,  pour  les  carac- 
tères vifs  et  sensibles,  un  supplice  beaucoup  plus 
cruel  que  la  mort,  stael,  Corinne,  xiv,  3.  ||Exil 
volontaire,  action  de  quitter  volontairement  le  pays 
où  l'on  est  accoutumé  de  vivre.  Je  m'impose  à  moi- 
même  un  exil  volontaire,  botr.  Tencesl.  ii,  2. 
Il  J"  Par  extension,  tout  séjour  hors  du  lieu  où  l'on 
voudrait  être.  La  ville  où  nous  sommes  est  pour 
nous  un  lieu  d'exil.  Vivre  loin  de  vous  est  un  exil 
pour  moi.  Salut,  champs  que  j'aimais  et  vous  douce 
virdure.  Et  vous,  riant  exil  des  bois,  gilb.  Adieux 
à  la  vie.  ||  Dans  le  langage  mystique.  La  terre  est  un 
lieu  d'exil.  Qu'il  est  difficile  de  regarder  comme  un 
exil  une  terre  de  délices!  «ass.  Car.  Dang.  desprosp. 
Et  n'accuse  point  l'heure  Qui  te  ramène  à  Dieu  I  Soit 
qu'il  nais.*e  ou  qu'il  meure ,  Il  faut  que  l'homme 
pleure  Ou  l'exil  ou  l'adieu,  lamart.  Ilarm.  :v,  6. 

—  HIST.  XI*  s.  Qui  tei  a  mort,  France  a  mis  en 
exill,  Ch.  de  Roi.  ccvii.  ||  xii*  s.  C'est  la  chose  pur 
quoi  m'estuet[il  me  faut]  essil  sufl'rir,  TA.  le  mari. 

b7 Si  erent  rais   En  eixil  fors   [hors]  de  lur 

pals,  besoit,  I,  657 E  l'eissil  [ravage]  et  la  ra- 
pine Que  fait  la  gent  iiltremarine,  m.  dans  ray- 
NOUARD,  Lexiq.  ||  xiu*  s.  Que,  quant  plus  tost  definera, 
Plus  tost  en  paradis  ira.  Quant  il  lerra  [laissera] 
l'essil  présent,  la  Rose,  6040.  Tex  manière  d'usages 
c'est  essil  [dégât],  et  nus  essius  [dégât]  ne  doit  estre 
soufers,  beaum.  xxiv,  7.  ||  xiv*  s.  Il  s'enfuirent  en 
une  ville,  pour  illecques  demeurer  en  exil,  bes- 
cheure  ,  1*  2 1 ,  verto. 

—  ETYM.  Provenç.  ««l'J,  ravage,  destruction;  du 
latin  exilium,  dont  l'étymologie  est  douteuse,  à 
cause  de  la  forme  parallèle  eisuJ,  exsulare  ;  on  a 
indiqué  exsilire ,  qui  n'explique  point  exsulare; 
quant  à  «jrtulare,  on  a  proposé  ex  solo ,  hors  du  sol, 
ou,  en  prenant  en  considération  con-suJ,in-.vu(a,  un 
thème  sul  qui  serait  voisin  de  joltum,  siège.  Dans 
l'ancienne  langue,   exil  avait  le  sens  de  ravage. 


EXI 

destruction  plus  souvent  que  celui  de  banni»sement. 
Palsgrave,  p.  80,  dit  (au  ivi*  siècle)  qu'on  pro- 
nonçait euiil. 

EXILE,  ÉE  (è-gzi-lé,  lée),  part,  passé.  ||  !•  Ex- 
pulsé hors  de  la  patrie.  Aristide  exilé  par  l'ostracis- 
me. Gémissant  dans  ma  cour  et  plus  exilé  qu'elle, 
BAC.  Birén.  m,  t.  Du  doux  pays  de  nos  aïeux  Se- 
rons-nous toujours  exilées?in.  Esth.  i,  2.  ||  Fig.  Tous 
nos  vieux  différends  de  leur  âme  exilés,  corn.  Ro 
dog.  V,  2.  Et  laissez-moi  du  moins  mourir  persuadé» 
Quedéjà,  de  votre  âme  exilée  en  secret....  id,  Birén. 
y,  6.  Je  verrai  les  soupçons  exilés  de  mon  cœur, 
VOLT.  Mérope,  m,  «.  ||  %'  Eloigné  de  la  cour  par  or- 
dre du  souverain.  Je  ne  sais  si  vous  savez  que  les 
maréchaux  d'Humières  et  de  Bellefonds  sont  exilés 
pour  ne  vouloir  pas  obéir  à  M.  de  Turenne,  sÉv. 
Lett.  du  24  avril  <672.  ||  On  disait  daji»  le  même  sen» 
exilé  dans  sa  terre.  ||  3"  Substantivement.  Nérine.  hé 
bien  I  que  dit,  que  fait  notre  exilée?  corn.  Médée, 
III,  2.  Un  illustre  exilé  qui  dans  nos  régions  Fuit  une 
cour  féconde  en  révolutions,  volt.  Scythes,  i,  B. 

EXILER  (è-gzi-lé),  e.  a.  Il  1*  Envoyer  en  exil. 
On  dépouille  Tancrède,  on  l'exile,  on  l'outrage,  volt. 
Tancr.  i,  8.  ||  Par  extension.  Les  oiseaux  que  l'hiver 
exile  Reviendront  avec  le  printemps,  bérang.  les 
Oùeattz,  ||2°  Reléguer  quelqu'un  dans  ses  terres, 
l'ii  assigner  une  résidence  d'où  il  ne  pouvait  sortir; 
c'était  le  roi ,  non  les  tribunaux  qui  infligeait  celte 
sorte  de  punition.  Le  parlement,  ayant  refusé  d'ob- 
tempérer, fut  exilé.  Il  Par  extension,  exiler  quel- 
qu'un de  notre  présence,  lui  défendre  de  se  présen- 
ter devant  nous.  Exile  de  mes  yeux  cet  insolent 
vainqueur,  corn.  Tais,  d'or,  iv,  2.  ||8°  S'exiler,  v 
réfl.  Se  condamnera  un  exil  volontaire;  se  retirer 
loin  du  monde.  Il  s'est  exilé  i  la  campagne.  Ob- 
tiendrais-tu d'un  père  ....Et  qu'il  cessât  enfin  de 
s'exiler  ici?  volt.  Scythes,  m,  2.  {|  S'exiler  l'un 
l'autre.  Les  deux  partis  tour  à  tour  vainqueurs  et 
vaincus  se  proscrivaient,  s'exilaient.  ||  4°  Être  exilé. 
[Ce  jardin  des  plantes]  Où  s'exilent  pour  nous  de 
leurs  terres  natales  Des  règnes  diflérents  les  fa- 
milles royales.  Le  tigre,  le  lion,  le  cèdre  aux  longs 
rameaux.  Et  l'énorme  éléphant....  delille.  Trois 
règnes,  vi.  ||  Fig.  L'amour  du  bien  commun  de 
tous  les  cœurs  s'exile,  c.  delj^v.  Messén.  i,  t.  Ces 
gais  festins  d'où  s'exilait  la  gêne,  Où  l'austère  Sé- 
nèque  en  louant  Diogène  Buvait  le  falerne  dans 
l'or!  v.  HDGo,  Odes,  iv,  U. 

—  S'Y».  EXILER,  BANNIR.  Le  bannissement  est  une 
peine  infamante  que  prononcent  les  tribunaux;  l'exil 
ne  figure  pas  parmi  les  peines  infamantes,  et  à  ce 
point  de  vue  il  est  complètement  distinct  du  bannis- 
sement. Dans  l'ancienne  monarchie,  le  roi  exilait  un 
ministre  disgracié,  mais  Une  le  bannissait  pas.  Dans 
le  langage  mystique,  la  terre  est  pour  les  hommes 
un  lieu  d'exil  et  non  un  lieu  de  bannissement. 

—  HIST.  XI* s.  Si  home  enpuissuned  [empoisonne] 
altre ,  seit  ocis  ou  permanablement  eissilled,  Lois  de 
Gtiill.  38.   Il  XIII*  s.  Et   trestout  li  royaume  essiliés 

et  honnis,   Berte,    icix Ou  estre   bannis  du 

roiaume  ïtort,  com  fu  mestre  Guillaume  De  Saint- 
Amor,  qu'ypocrisie  Fist  essilier,  par  grant  envie, 
la  Rose,  <  1702.  Lors  avint,  selonc  ce  que  les  estoires 
racontent,  que  Saturnus,  rois  de  Grèce,  fu  essilliez 
de  son  règne....  brun.  lat.  Très.  p.  4).  Les  exulez 
[il]  fist  reapeler,  Ke  Harold  ont  fait  enchacer, 
Edouard  le  eonfess.  v.  4ii4.  ||  xvi*  s.  Où  faim  rè- 
gne,  force  exule,   rab.  Gorj.  i,  32. 

—  ÉTYM.  Exil  ;  pic&Ti ,  essillffr ,  dépenser,  dissi- 
per; provenç.  issilhar,  détruire,  rendre  malheureux. 
Essilier,  comme  essiJ,  availdans  l'ancienne  langue 
le  sens  de  ravager,  détruire;  c'est  ainsi  que  du  latin 
exterminare,  bannir,  nous  avons  fait  exterminer, 
signifiant  détruire  entièrement. 

fEXINANITION  (é-gzi-na-ni-sion),  s.  f.  Terme 
didactique.  Extrême  épuisement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Si  la  doctrine  les  rencontre  mous- 
ses [les  âme.s],  elle  les  suffoque....;  si  desliées,  elle 
les  purifie  volontiers,  clarifie  et  subtilise  jusques  à 
l'exinanition,  mont,  iv,  42. 

—  ETYM.   Lat.  exinanitionem,  de  ex,  et  truinilio 

(voy.  INANITION). 

EXISTANT,  ANTE  (è-gzi-sUn,  stan-t'),  ad;'.  Qui 
existe  actuellement.  Nous  ne  pouvions  avoir  pour 
rédempteur  qu'une  des  trois  personnes  existantes 
de  toute  éternité,  chateaub.  Génie,  i,  i,  4.  ||  S.  m. 
Ce  qui  existe.  Le  reproche  si  commode  aux  ignorants 
qui  ne  savent  mesurer  le  possible  que  sur  l'existant, 
J.  I.  Houss.  Polysynod. 

EXISTENCE  (è-gzi-sten-s'),  t.  f.\\i°  Eut  de  ce 
qui  existe.  L'empire  romain  d'occident  s'est  dissous 
après  plus  de  quatre  siècles  d'existence.  La  |  reuve 
de  l'eiistenco  de  Dieu  la  plus  belle,  la  plus  relevée> 


EXO 


EXO 


EXO 


1565 


la  plus  solide  et  la  première,  ou  celle  qui  suppose 
le  moins  de  choses,  c'est  l'idée  que  nous  avons  de 
l'infini,  malebr.  Rech.m,  ii,  «.  L'impossibilité  où 
je  suis  de  prouver  que  Dieu  n'est  pas  me  prouve  son 
existence,  la  bruy.  xvi.  Il  est  certain  que  l'existence 
des  créatures  est  une  vraie  existence,  réellement 
distinguée  de  celle  de  Dieu;  et  cela  n'est  point  con- 
tre sa  grandeur  ni  contre  sa  souveraineté ,  fonten. 
Doutes  sur  les  causet  occasionnelles.  Œuvres,  t.  ix, 
p.  61 ,  dans  pouoENS.  Substituer  une  existence  par- 
tielle et  morale  à  l'existence  physique  et  indépen- 
dante que  nous  avons  tons  reçue  de  la  nature,  J.  i. 
RODSS.  Contrat,  ii,  7.  ||  2°  Réalité.  L'existence  d'un 
complot,  d'un  fait.  ||  Terme  d'administration  et  de 
commerce.  L'existence  en  magasin,  la  quantité  de 
marchandises  que  renferme  un  magasin  ou  les  ma- 
gasins. Il  3"  Vie.  Donner,  recevoir  l'existence.  Il 
ne  vient  que  trop  tôt  le  moment  où  l'existence  fa- 
tigue dans  chacune  de  ses  heures  comme  dans  son 
ensemble,  stael,  Corinne,  iv,  6.  Nous  attendions 
d'avance  L'aliment  qu'on  accorde  à  la  simple  exis- 
tence, Ducis,  Bornéo,  IV,  B.  Il  Être  persuadé  d'une 
chose  comme  de  son  existence,  y  croire  ferme- 
ment. Je  suis  persuadé,  comme  de  mon  existence, 
que....  J.  J.  Rouss.  Conf.  vu.  ||  4°  Rang,  position 
sociale.  C'est  un  homme  qui  a  une  belle  existence. 
Une  existence  équivoque.  Satisfait  d'une  modique 
fortune  et  d'une  existence  obscure,  genlis,  Yeill. 
du  chdt.   t.  m,  p.  2,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Exiiter. 

EXISTER  (è-gzi-sté) ,  V.  n.  ||  1°  Avoir  l'être.  Le 
plus  simple  raisonnement  prouve  qu'il  y  a  un  être 
éternel,  quoique  nous  ne  puissions  concevoir  ni  un 
être  qui  a  toujours  été  ni  un  être  qui  commence  à 
exister,  d'alemd.  Lett.  au  roi  de  l'r.  30  nov.  (770. 
Pour  eux,  cesser  de  vivre,  c'était  cesser  d'exister; 
et  la  mort  n'était  pas  plus  une  peine  qu'une  récom- 
pense, CONDIL.  Ilist.  anc.  xi,  B.  Rien  n'existe  que 
par  celui  qui  est;  c'est  lui  qui  donne  un  but  à  la 
justice,  une  base  à  la  vertu,  j.  j.  Ronss.  llél.  m, 
<8.  Il  8°  Simplement,  être,  se  trouver,  avoir  lieu 
actuellement.  Tant  que  cette  loi  existera.  Ce  monu- 
ment n'existe  plus  depuis  longtemps.  S'il  n'y  avait 
pas  quelque  point  dans  lequel  tous  les  intérêts  s'ac- 
cordent, nulle  société  ne  saurait  exister,  j.  j.  rouss. 
Contrat,  il,  (.  Se  tenir  constamment  recluse  comme 
vous,  C'est  exister  snns  vivre  et  n'être  point  pour 
nous,  BoissY,  Dehors  trompeurs ,  i,  3.  ||  Imperson- 
nellement. Il  existe  une  loi  qui  défend  cela.  11  a 
existé  autrefois  un  usage....  Il  existe  des  arrêtés 
qui....  Il  3°  Vivre.  Quand  j'aurai  cessé  d'exister.  Fi- 
gurez-vous que  je  n'ai  pas  un  moment  à  moi,  et  je 
ne  croirais  pas  vivre  si  je  vivais  autrement;  ce  n'est 
qu'en  s'occupant  qu'on  existe,  volt.  Lett.  Tressan, 
<2  nov.  (760.  jl  Use  dit  quelquefois  pour  :  suffire  aux 

besoins  de  la  vie Me  laissant  tout  son  bien.  Neuf 

cents  livres  de  rente  h  peu  près,  dont  j'existe,  v. 
HUGO,  Marion  de  Lorme,  i,  3. 

—  HIST.  xv  s.  Par  ceste  faulse  information,  le 
lundi  ensuivant ,  moy  existent  en  l'ostel  de  la 
Pierre,  près  la  court,  le  dit  sergeant  me  dit  que  je 
rendisse  mon  corps  prisonnier,  viriville,  Chron. 
de  la  pucelle,  p.  34B. 

—  ETYM.  Lat.  existere  ou  exsistere,  de  ex,  eisis- 
tere  ,  forme  dérivée  de  slare,  être  debout,  être 
stable  (voy.  ester). 

EXOCET  (è-gzo-sè),  ».  m.  Terme  d'ichthyologie. 
Genre  de  poissons  malacoptérygiens  abdominaux, 
pourvus  de  grandes  nageoires  pectorales  qui  leur 
permettent  de  voler  tant  que  la  dessiccation  des  bran- 
chies ne  les  oblige  pas  à  se  plonger  dans  l'eau. 

—  ÊTYM.  'EîdixotToc,  de  êÇu,  hors,  et  xoity),  lit,  de 
même  radical  que  xoip.â«4ai,  dormir  (voy.  cimetière). 

t  EXOCTfSTE  (è-gzo-si-sf),  *.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Renversement  de  la  vessie  urinaire. 

—  ÉTYM.  "Eiti),  hors,  et  xûoti;,  vessie. 
EXODE  (è-gzo-d'),  s.  m.  ||  1"  Le  second  livre  du 

l'ontateuque.  L'Exode  contient  l'histoire  de  la  sortie 
des  Israélites  hors  de  l'Egypte.  ||  Fig.  L'exode  s'est 
(lit  de  la  grands  émigration  des  Irlandais  après  la 
famine  provenue  de  la  maladie  des  pommes  de  terre. 
Il  II  s'est  dit  aussi  d'autres  émigrations.  Du  Farwest 
à  rutali,  par  la  Cordillère,  les  saints  [les  Mormons], 
chassés  de  l'IUinois,  ont  accompli  leur  exode,  et 
c'était  tout  un  peuple  qui  se  déplaçait  pendant 
les  sévérités  de  l'hiver,  H.  roulleaux,  Fragm.  éco- 
nomiques, (865,  p.  243.  lia»  Une  des  quatre  parties 
de  la  tragédie  grecque  qui  renfermait  la  catastrophe 
du  la  pièce. 

—  ËTYM.  "ÏÇoSo;,  sortie,  issue,  et  èÇôSiov,  pour 
le  terme  du  théâtre  grec;  de  ii,  hors,  et  6001;, 
voie,  chemin. 

JEXODIQUE  (è-gzo-di-k'),  adj.  Terme  de  phy- 


siologie. Nerfs  exodiques,  nerts  dans  lesquels  l'ac- 
tion passe  du  dedans  au  dehors. 

—  Etym.  TÇu,  hors,  et  656;,  voie. 

t  EXOGÈNE  (è-g/.o-jê-n'),  adj.  Terme  de  boUni- 
que.  Dont  l'accroissement  se  fait  à  l'extérieur;  qui 
cesse  de  vivre  de  dedans  en  dehors.  ||  Terme  de  géo- 
logie. Roches  exogènes ,  couche  superficielle  du 
sol  terrestre. 

—  ETYM.  'E{u,  en  dehors,  et  fevi^lç,  engendré, 
produit. 

t  EXOGNATHE  (è-gzogh-na-f),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  des  mâchoires  extérieures. 

—  ETYM.   "EÇw,  en  dehors,  et  yvâOo;,  mâchoire, 
t  EXOG"VrNE  (è-gzo-ji-n') ,  adj.  Terme  de  botani- 
que. Oui  a  le  .style  saillant  hors  de  la  fleur. 

— ÉT'YM.  *EÇm,  en  dehors,  etifvvi^,  femelle,  style. 

t  EXOINE  (è-gzoi-n') ,  s.  f.  ||  1°  Ancien  terme  de 
prati'jue.  Excuse,  en  justice,  de  ce  qu'on  ne  peut  se 
trouver  à  une  assignation.  Il  fallait  aux  pairs  une 
exoine,  c'est-à-dire  une  légitime  excuse  et  grave 
pour  se  dispenser  de  s'y  trouver  [aux  assemblées], 
st-sim.  371,  ♦70.  Il  8°  Terme  de  médecine  légale. 
Certificats  d'excuse,  d'exemption  ou  de  dispense, 
déUvrés  par  un  médecin  à  un  malade  qui,  appelé  à 
une  fonction  qu'il  ne  peut  remplir,  doit  justifier  de 
son  absence  ou  de  son  incapacité  motivée. 

—  HIST.  xiii*  3.  Se  tu  as  la  voiz  clere  et  saine. 
Tu  ne  dois  mie  querre  essoine  [excuse]  De  chanter, 
se  l'en  t'en  semont  [prie],  la  Rose,  22(4.  ||  xvr  s. 
Soufl"rance  se  doit  bailler  à  ceux  qui,  par  essoine  légi- 
time, ne  peuvent  faire  la  foi  en  personne,  LOYSEL,  680. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  sunnis,  sumnis,  sonnia,  em- 
pêchement; de  l'ancien  saxon  suniien,  empêche- 
ment, excuse  (radical  qui  se  trouve  dans  soin,  voy. 
ce  mot),  avec  la  préposition  ex  qui  renforce  le  sens. 

t  EXOMÈTRE  (è  gzo-mè-tr') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Renversement  delà  matrice. 

—  ETYM.  'EÇo),  hors,  et  niipa.,  matrice. 
EXOMPHALE  (è-gzon-fa-l') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Hernie  ombilicale. 

—  Etym.  "EÇÔH-çaXoi;,  de  âÇ,  hors,  et  iinyaXè;, 
nombril. 

t  EXOMPHALOCËLE  (  è-gzon-fa-lo-sè-I' ) ,  t.  f. 
Synony.iie  d'exomphalu. 

—  Etym.  Exomphale,  et  x^Xni,  tumeur. 

t  EXONÉRATION  (f;-gzo-né-ra-sion),  s.  f.  Terme 
de  pratique.  Décharge,  soulagement.  Exonération 
du  service  militaire.  Exonération  d'impôts.  ||  Autre- 
fois, remplacement  militaire  fait  par  l'État  même 
au  moyen  d'une  somme  fixée  chaque  année. 

— Etym.  Lat.  ezonera(ionem,d'citonerore,exonérer. 

t  EXONÉRER  (è-gzoné-ré.  La  syllabe  né  prend 
un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'exonère  ,  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  : 
j'exonérerai  ,  j'exonérerais) ,  v.  a.  Faire  cesser  ce 
qui  est  onéreux,  ou  écarter  la  partie  onéreuse  d'une 
«chose.  En  douanes,  on  exonère  une  marchandise 
en  ne  lui  faisant  pas  payer  les  droits  auxquels  elle 
est  soumise  par  le  tarif,  legoahant.  ||  Payera  l'Etat 
ce  qu'il  faut  pour  exempter  du  service  militaire.  Ce 
père  a  exonéré  son  fils.  ||  Terme  de  palais.  S'exonérer, 
».  réft.  Acquitter  une  dette.  ||  Payer  à  l'État  son 
remplacement  militaire.  Ce  conscrit  s'est  exonéré. 

—  Etym.  Lat.  exonerare,  décharger,  de  ex,  hors, 
et  onus,  fardeau. 

t  EXONIROSE  (è-gzo-ni-rô-z'),  f.  f.  Terme  de 
médecine.  Pollution  nocturne. 

—  ÉTYM.  'EÇovEÎpuaiî,  de  i?,  hors,  et  iveipo;, 
songe  :  pollution  en  songe. 

EXOPHTHALMIE  (  è-gzo-ftal-mie  ) ,  s. /'.  Terme 
de  chirurgie.  Sortie  de  l'œil  hors  de  l'orbite  par 
l'effet  de  quelque  lésion. 

—  ÉTYM.  'E|6(p6aX|ioî ,  de  (io>,  hors,  et  6çp6aX- 
[làî,  oeil  (voy.  ophthalmie). 

t  EXOPTILE  (è-gzo-pti-l),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  la  plumule  n'est  point  renfermée  dans 
la  cavité  cotylédonaire. 

—  ÉTYM.  'ESw,  hors,  etitTtXov,  plume. 

EXORABLE  (è-gzo-ra-bl') ,  adj.  Qui  se  laisse  flé- 
chir par  des  supplications,  ô  dieux,  qui  comme 
vous  la  rendez  adorable.  Rendez-la  comme  vous  à 
mes  vœux  exorable,  corn.  Cinna,  m,  3.  Le  ciel  à 
mon  amour  serait-il  favorable,  Jusqu'à  rendre  sitôt 
Ariane  exorable?  th.  corn.  Ariane,  iv,  6.  Qu'exo- 
rable  à  la  prière,  il  [le  prince]  soit  ferme  contre  les 
demandes,  et  qu'il  sache  que  son  peuple  jouit  de 
ses  refus,  et  ses  courtisans  de  ses  grâces,  montesq. 
Esp.  xii,  27.  Voilà  quel  est  le  peuple;  violent, 
mais  exorable;  excessif,  mais  généreux....  mira- 
beau.  Collection,  t.  iv,  p.  3U.  Qu'entends-je?  à 
mes  discours  seriez-vous  exorable?  v.  hugo,  Crom- 
well,  m,  7. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nous  avons  assez  de  matière  de 


là  pour  trouver  Dieu  exorable  et  débonnaire,  calv. 
Instit.  687.  Preste  moy  ton  oreille  exorable  at  be- 
nine,  rons.  7(3. 

—  ETYM.  Lat.  exorabilis,  de  exorare,  vaincre  par 
prière,  de  ex,  et  orare,  prier  (voy.  oraison). 

EXORBiTAMMENT  (  è-gzor-bi-ta-man  )  ,  adv. 
D'une  manière  exorbitante.  Les  gouvernements  des- 
potiques où  il  n'y  a  qu'un  homme  exorbitammen! 
favorisé  de  la  fortune,  montesq.  Esp.  vi,  9. 

—  HIST.  XVI'  s.  Par  Saint  Picaut,  vous  estes  exor- 
bitammeut  incrédule,  chouères,  Contes,  t.  11,  ap. 
dlnée  6. 

—  ÉTYM.  Exorbitant,  et  le  suffixe  ment. 

+  EXORBITANCE  (è-gzor-bi-tan-s') ,  s.  f.  Néolo- 
gisme. Qualité  de  ce  qui  est  exorbitant.  On  donnait 
pour  preuve  de  l'exorbitance  de  ces  profits  [des 
fournisseurs]  l'élévation,  progressive  chaque  année, 
du  prix  des  draps  de  troupes,  laquelle  contrastait 
avec  l'abondance  et  le  bas  prix  des  laines  qui  ea 
sont  la  matière  première,  moluen,  Mém.  t.  m, 
p.  4(4.  La  constitution  du  (B  janvier  ne  laisse  aper- 
cevoir, sous  des  apparences  empruntées  à  la  théorie 
représentative,  que  l'exorbitance  de  la  prérogative 
présidentielle,  sans  donner  la  moindre  raison  de 
cette  exorbitance  ,  proudhon  ,  la  Révolution  so- 
ciale, p.  (B4. 

—  ÉTYM.  Exorbitant. 

EXORBITANT,  ANTE  (è-gzor-bi-tan ,  tan-t') , odj. 
Il  1°  Qui  sort  des  limites;  qui  dépasse  de  beaucoup 
la  juste  mesure.  Rien  n'est  plus  contraire  à  la  na- 
ture que  le  partage  inégal  des  biens,  l'opulence 
exorbitante  des  uns  et  la  pauvreté  affreuse  des  au- 
tres, FÉN.  t.  XXII,  p.  362.  Malgré  cette  dépense  exor- 
bitante que  vous  faites,  hamilt.  Gramm.  6.  Vingt 
mille  écus!  le  legs  serait  exorbitant,  regnabd. 
Légat.  11,  6.  Il  a  quelquefois  donné  aux  pauvres  des 
sommes  exorbitantes  pour  un  particulier  d'une  for- 
tune si  modique,  mairan,  Éloges,  Lemery.  On  avait 
altaché  au  consulat  un  pouvoir  exorbitant,  montesq. 
Esp.  XI,  (4.  Un  bénéfice  exorbitant  surmonte  tous 
les  obstacles,  raynal,  Hist.phil.  vill,  34,  ||  On 
dit  exorbitant  de.  Au  lieu  de  privilèges  exorbitants 
du  droit  commun,  nous  leur  laisserions  [aux  An- 
glais] le  droit  commun  du  commerce,  d'argenson, 
Mém.  t.  m,  p.  78.  Quant  à  l'action  pénale  exorbi- 
tante du  droit  commun,  exclusive  de  la  preuve,  ber- 
ville.  Du  droit  de  plainte  en  mat.  de  diffamation. 
Il  2°  Fig.  Qui  blesse  les  convenances,  la  morale,  la 
règle.  C'est  une  action  exorbitante,  mol.  Jfoi.  imag. 
m,  6,  Une  thèse  qu'un  bachelier  breton  se  prépa- 
rait à  soutenir,  où  il  y  avait  des  propositions  moins 
exorbitantes,  à  la  vérité,  que  celles  du  collège  de 
Clermont,  mais  qui  étaient  contraires  aux  libertés 
de  l'Église  gallicane,  rac.  Jiist.  Port-Royal,  2"  part. 

—  HIST.  XVI*  s.  Propositions  qu'ils  [les  stoïciens] 
appellent  euxmesmes  paradoxes,  c'est  à  dire  es 
tranges  opinions,  advouans  eulx-mesmes  facilement 
qu'eues  sont  estranges  et  exorbitantes, amtot.  Com- 
munes conceptions,  *.  Privilège  par  luy  produit, 
exhorbitant  neantmpins  du  sort  commun  de  la 
justice,  PASQuiER,  Rech.  p.  868,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  exorbitare,  dévier,  sortir  de  l'or- 
nière, de  ex,  hors,  et  crbita,  ornière  (voy.  orbite). 

EXORCISE,  ÊE  (è-gzor-si-zé,  zée),  part,  passé. 
Un  démoniaque  exorcisé  par  le  prêtre. 

EXORCISER  (è-gzor-si-zé),  v.  a.  ]|  1*  Conjurer  les 
démons,  les  chasser  du  corps  des  possédés  à  l'aide 
des  paroles  et  des  cérémonies  de  l  Église.  Au  mo- 
ment que  Théodose  forçait  le  passage  des  Alpes,  un 
démon  qu'on  exorcisait  dans  l'église  de  Saint-Jean - 
Baptiste,  que  ce  prince  avait  fait  bâtir,  s'écria 
pitoyablement  :  Faut-il  donc  que  je  sois  vaincu  et 
que  mon  armée  soit  en  déroute?  fléchier,  Théod. 
IV,  6B,  Il  Absolument.  L'Église  a  le  pouvoir  d'exor- 
ciser. Il  Fig.  La  raison  nous  exorcise  ;  Esprits,  fuyons 
sans  retour,  bérang.  Lutins,  jj  %°  Par  extension. 
Exorciser  un  possédé,  employer  les  exorcismes  de 
l'Église  pour  délivrer  un  possédé.  J'ai  des  mélancolies 
qui  me  tiennent  hors  de  moi-même  et  qui  étonnent 
tout  le  monde;  et  il  y  a  quelques  heures  au  jour 
où  le  père  Tranquille  et  le  petit  jésuite  ne  feraient 
point  de  difficulté  de  m'exorciser,  voit.  Lett.  88. 
Ainsi  qu'un  possédé  que  le  prêtre  exorcise,  BOiL. 
Sat.  IV.  Il  3°  Prononcer  sur  le  sel,  sur  l'eau,  les 
prières  de  l'Église.  ||  4°  Se  dit  par  exagération  pour 
exhorter  fortement  quelqu'un,  le  presser  par  de  for- 
tes raisons.  Ces  messieurs  de  l'assemblée  envoyèrent 
après  moi  MM.  de  la  Trémoille  et  de  Richelieu  pour 
m'aider  à  exorciser  ma  mère  [lui  arracher  les  lettres 
d'Etat],  ST-SIM.  (8,  2(6. 

—  ETYM.  Lat.  exorcixare,  du  grec  iîopxfÇeiv,  de 
a,  hors,  et  6pxo<,  serment  •  chasser  par  des  ser- 
ments, par  des  con'U''ations. 


1500  EXO 

«Jiifll  to  iwtuilîe  non™*  »roraime. 

'^ïir  «imT  Ui  iorcleni,   enchanU^ur.,  de- 

^SliiTS^'"""'  "••  «"*"'  plu"»""  maladies. 
Mai,  Inirod.  "• 

ËxORCnVI  (*«io'r-ii-«tn') ,  «.  m.  ||  1*  Nom  de  cer- 
uinei  pri*f«  •ocléiiaatiquei  qui  te  font  pourchas- 
Mf  le  <i«mon.  ||  f  II  $e  prend  aussi  pour  une  sorte 
de  charme  qui  consiste  \  dire  do  certains  vers  ou 
d*  oerlâines  paroles  dans  la  vue  de  produire  des 
•AU  surnaturel».  Ce»  exorcisme»  sont  condamnés 
parce  qu'il»  sont  luperstilieux,  thibr»,  TraiU  des 
nptrttilioiu,  ch.  s». 

—  iiisT.  xvi»  ».  Les  uns  Invoquent  et  adjurent  jo 
ne  sçay  quel»  esprits  par  murmures,  exorcismes, 
unprecations,  PAR«,  xix,  »». 

—  ÉTYM.  Ut.  exorcùmus;  grec,  £{opxiiT(t4c  (voy. 

■JORCISK*). 

EXORCLSTE  (è-gzor-si-sf),  ».  m.  Prêtre  qui  exor- 
cise. L'ordre  d'exorciste  est  un  des  quatre  mineurs. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ils  mettent  sept  ordres  ou  degrez 
«ecleslastique»  ausquels  ils  imposent  le  titre  de  sa- 
crement; et  sont  ceux  qui  s'ensuivent  :  huissiers, 
lecteurs,  exorcistes,  acolytes,  soudiacres,  diacres 
etpre.stres,  calvin,  Imlit.  *n». 

—  «TTM.  Lat.  exorcisia;  grec,  éÇopxKjr^?  (voy. 
KXOBCI.SÏR).  ,       ., 

nORDE  (è-gior-d"),  ».  m.  lll*  Terme  de  rhéto- 
rique. La  première  partie  du  discours.  Exorde  par 
insinuation.  Exorde  ex  abrupto.  Un  exorde  doit  être 
simple  et  sans  affectation;  cela  est  aussi  vrai  dans 
la  poésie  que  dans  les  discours  oratoires,  parce  que 
c'est  une  règle  fondée  sur  la  nature,  qui  est  la 
même  partout,  boil.  Ixingin,  Sublime,  Héflexion 
a.  Belle  conclusion  et  digne  de  l' exorde,  rac.  Plaid. 
ui,  3.  Cicéron,  qui  quelijuefois  s'est  permis  la  rail- 
lerie dans  SCS  harangue»,  ne  laisse  p.is  de  demander 
quel'exorde  soit  grave  et  sentencieux,  makmontel, 
jfJe'm.  lilt.  t.  vit,  p.  333,  dans  pougens.  Fléchier  a 
fait  d'un  mauvais  exorde  do  Lingendes  le  frontispice 
incomparable  de  l'oraison  funèbre  deTurenne,  id. 
ib.  t  viii,  p.  206. 112"  Par  extension,  début,  com- 
mencement d'un  discours  quelconque,  d'une  affaire, 
d'une  entreprise,  etc.  Il  n'en  était  qu'à  l'exorde 
de  son  discours  [au  début  de  ses  affaires] ,  habiu.t. 
Gramm.  7. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  Athéniens....  ordonnèrent  que 
sa  principale  partie  [de  la  rhétorique],  qui  est  es- 
mouvoir  les  affections,  en  feustostée,  ensemble  les 
exordes  et  perorations,  uont.  i,  380. 

—  ÉTYM.  Lat.  exordium,  de  ex,  et  ordiri,  com- 
mencer (voy.  otmDiR). 

t  EXORRUIZE  (fc-gzo-ri-ï*),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  la  radicule,  à  l'époque  de  la  germina- 
tioR,  s'allonge  par  son  extrémité,  ne  poussant  que 
tardivement  des  radicules  latérales.  ||  S.  m.  plur.  Se 
dit  des  végétaux  dont  les  racines  sont  développées 
dans  la  graine. 

—  ÊTYM. 'EÇm,  hors,  et  fîÇa,  racine;  Ir  se  re- 
doublant dan»  les  composés  de  ce  genre. 

t  EXOSMOSB  (6-gzo-smô-z'),  ».  f.  Terme  de  phy- 
sique. Courant  de  dedans  en  dehors  qui  s'établit, 
«n  même  temps  que  son  opposé  l'endosmose,  à  tra- 
vers une  cloison  membraneuse  séparant  deux  liqui- 
des de  densité  différente. 

—  ÊTYM.  'E{cii,  hors,  et  iôtiiA; ,  action  de  pousser. 

t  EXOSTOHE  (è-gzo-sto-m'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Une  des  ouvertures  des  tuniques  d'une 
graine,  par  laquelle  passe  le  boyau  pollinique. 

—  ETYM.  tiu,  hors,  et  «rtôiia,  bouche,  ouverture. 
EXOSTOSE  (&-gio  stô-z'),  ».  f.  Tumeur  osseuse 

qui  se  développe  à  la  surface  d'un  os.  ExoSlose  dou 
loureuse.  Il  Excroissances,  tumeurs  sur  le  tronc  et 
lei  branchesde  certains  arbres.  ||  Exo.stose ou  fausset, 
tumeur  charnue,  blanche,  assez  consistante,  isolée, 
qui  se  manifeste  sur  les  tuniques  du  bulbe  du  safran. 

—  HIST.  rvi*  ».  Les  exostoses  ne  sont  procréées 
que  d'une  pituite  crasse  et  visqueuse,  par8,  xvi,  3. 

—  ETYM.  "EJoaTuoicdett,  et  4<rToûy,  os  (voy.os). 
EXOTERIQUE  (6-gio-tô-ri-k'),  adj.  Oui  »e  fait  au 

dehors,  public.  Presque  tou»  le»  philosophes  de 
l'antiquité  ont  eu  deux  sortes  de  doctrines,  l'une 
publique  et  l'autre  cachée  (exotérique  et  ésotérique), 
s'houhach,  Bitai  prij.  ch.  40,  du»  domahsais, 
ItMVTfs,  t  Ti,  p.  us. 

~J|T?]!'lJW*"«P>x4<,  du  dehors,  de  I{m,  hors. 

t  KXOTHËQCK  (é-gio-tè-k') ,  ,.  f.  Terme  de  bota- 

Jlî.™^*"*  extérieure  des  loges  de  l'anthère. 

nii^JI**'  ^°">  ""  W|X1.  loge- 

m  au  p.jr,.  Yégiuux  exotique».  Si  je  ne  ut)uvai 


EXP 

point  de  plantes  exotiques  et  de  productions  de» 
Inde»,  je  trouvai  celles  du  pays  disposées  et  réunies 
de  manière  à  produire  un  effet  plus  riant  et  plus 
agréable,  j.  J.  nous».  Ilél.  n,  n.  ||  Fig.  Termes, 
usages  exotiques. 

—  niST.  xvr  ».  Marchandises  exoticques  et  pcre- 
grine»,  qui  estoyeiil  par  les  haUos  du  port,  bab. 

Ponl.  IV.  *.  ,  .,.        1      .!„ 

—  ÉTYM.  Lat.  «lOliV»»,  du  grec  ««Tcxôç,   de 

EXPANSIBaiTÉ  (èk-span-»l-bi-li-té),  i.  f.  Terme 
do  physique.  Propriété  des  gaz,  des  vapeurs  qui 
tendent  à  occuper  un  plus  grand  espace.  U  diffé- 
rente expansibilité  des  fluides  soumis  aux  expérien- 
ces, CONDORCET,  Ilucquet. 

ETYM.  Expansible. 

EXPANSIBLE  (fck-.span-si-bl'),  adj.  Terme  de 
physique.  Oui  est  suscejitilile  d'expansibilité.  Le  dif- 
férent degré  de  chaleur  auquel  chaque  fluide,  chargé 
du  poids  de  l'atmosphère,  peut  devenir  expansible, 
CONDORCET,  Hucqvet. 

—  ÉTYJI.  Voy.  EXPANSION. 

EXPANSIF,  IVE  (ék-span-sif,  si-v'),  adj.  ||  1*  Qui 
peut  dilater  ou  se  dilater.  Fluide  expansif.  Feu  sa- 
cré, céleste  Vénus,  par  qui  tout  se  conserve  et  se 
reproduit  sans  cesse,  où  est  ton  équilibre?  où  est 
ta  force  eipansive?  J.  J.  eouss.  Pygmalion.  \\  i'  Fig. 
Oui  se  communique,  s'épancho  avec  effusion. Bonté  ex- 
pansive.  Ame  expansive.  Cet  hommeest  peu  expansif. 

—  ÉTYM.  Voy.  expansion;  provenç.  expamiu; 
espagn.  expansivo. 

EXPANSION  (èk-span-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),»./'.  ||  1*  Terme  de  physique.  Dilatation 
d'un  corps  doué  d'expansibilité.  L'expansion  de  l'air 
par  la  chaleur.  ||  2"  Terme  d'anatomie  et  de  bota- 
nitpie.  Prolongement  de  certaines  parties.  L'accrois- 
sement [dans  le  ver]  s'opère  par  la  simple  expansion 
des  anciens  anneaux,  et  non  par  le  développement 
de  nouveaux  anneaux,  bonnet,  4*  lett.  hist.  nat. 
Il  Ces  parties  elles-mêmes  prolongées.  Expansions 
membraneuses.  113"  Fig.  Action  de  s'étendre,  de  se 
développer.  L'expansion  du  mouvement  révolution- 
naire. Il  4°  Epanchement  des  pensées,  des  senti- 
ments. Avoir  beaucoup  d'expansion. 

—  ÉTYM.  Lat.  eipansioncm, de  eipamum,  supin  de 
expandere,  déployer,  de  ex,  et  pondère,  déployer. 

EXPATRIATION  (èk-.spa-tria-sion;  envers,  de 
six  syllabes) ,  ».  f.  Action  d'expatrier,  ou  de  s'expa- 
trier. La  faveur  personnelle  du  cardinal  Fleury  a 
inondé  la  France  non-seulement  de  proscriptions, 
mais  d'expatriations,  st-simon,  415,  326. 

—  HIST  XVI*  s.  Expatriation,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Expatrier. 
EXPATHIÉ,  ÉE  (èk-spa-tri-é,  ée),  part,  passé. 

Oui  a  quitté  sa  patrie  ou  qui  a  été  chassé  de  sa  pa- 
trie. Expatrié  depuis  longtemps  et  établi  en  Améri- 
que. Il  y  a  trente  ans  que,  dans  une  ville  d'Italie,  un 
jeune  homme  expatrié  se  voyait  réduit  à  la  dernière 
misère,  il  était  né  calviniste,  j.  j.  Rouss.  Emile,  iv. 
EXPATRIER  (èk-spa-tri-é),  j'expatriais,  nous  ex- 
patriions, vous  expatriiez;  que  j'expatrie,  que  nous 
expatriions,  que  vous  expatriiez,  v.  o.  ||  1°  Obliger 
quelqu'un  à  quitter  sa  patrie.  On  l'a  expatrié. 
Il  2°  S'expatrier,  v.  réfl.  Quitter  sa  patrie,  aller  s'é- 
tablir à  l'étranger.  Les  Phocéens,  assiégés  les  pre- 
miers, se  défendirent  avec  courage  ;  il  s'expatrièrent 
pour  éviter  le  joug,  s'embarquant  avec  leurs  fem- 
mes, leurs  enfants,  leurs  effets,  et  n'abandonnant 
aux  Perses  qu'une  ville  déserte,  condillac,  Hist. 
anc.  11,  t.  Pour  vous  expatrier,  mon  enfant,  de  la 
sorte.  Sans  doute  vous  aviez  un  motif,  un  objet? 
COLLIN  b'harleviile,  Vieux  eilib.  iv,  3.  ||  Fig.  Je 
consens  qu'il  [le  sage]  y  faisse  un  tour  [dans  les 
plaines  de  l'immensité],  mais  je  ne  veux  pas  qu'il  y 
séjourne  ;  s'expatrier  ainsi ,  ce  serait  n'être  ni  parent, 
ni  ami,  ni  citoyen,  dider.  Claude  et  Hér.  n,  2). 

—  SYN.  EXPATRIER,  EXILER  Expatrier  n'emporte 
que  l'idée  de  sortir  de  sa  patrie;  exiler  y  joint  l'idée 
qu'une  condamnation  ou  une  autorité  supérieure 
nous  oblige  à  en  sortir. 

—  HIST.  xiv*  s.  Expatriez  s'entendent  en  deux  ma- 
nières ou  pour  les  ahsens  du  pays  ou  pour  les  exilez 
et  bannis,  BoanuER,  Somme  ruroJ,  p.   «3,  dans 

LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  hors  de,  et  patrie. 
t  KXPECTANCE(èk-spè-ktan-s'),  s.f.  Néologisme. 

État  de  ce  qui  attend.  Plusieurs  centaines  do  mil- 
lions de  francs  en  billets  de  l'échiquier  peuvent  se 
maintenir  dans  la  circulation  à  Londres ,  place  où 
abondent  des  capitaux  en  expectancede  placement, 
par  conséquent  en  état  d'offres,  mollibn,  Uém.  t. 
m,  p.  247,  note. 

—  ÉTYM.  Exptctant. 


EXP 

EXPECTANT,  ANTE(èk-spS-ktan,  kUn-t'),  o<Jj. 
Il  1°  Oui  attend.  Médecine  expectante,  celle  qiil,  at- 
tendant que  la  nature  agisse  par  elle-même,  emploie 
des  moyens  peu  actifs.  ||  Par  extension.  Méthode 
expectante,  rîgle  de  conduite  par  laquelle  on  s« 
comporte  comme  la  médecine  expectante.  Elle  [ta 
science  sociale]  a  pris  une  excellente  attitude,  en 
recommandant  aux  gouvernements  la  méthode  ex- 
pectante, le  respect  des  phénomènes  spontanés,  le 
laisser  faire,  m.  houlleadx,  Fragm.  iconomiques, 
p.  221.  Il  Les  grandes  puissances  sont  dans  une  atti- 
tude expectante,  elles  attendent  les  événements 
pour  se  décider.  ||  2*  Qui  est  dans  l'attente  d'une 
place,  d'un  emploi,  d'un  payement,  etc.  Le  capital 
qui  sera  liquidé  appartiendra  aux  personnes  jouis- 
santes ou  expectantes  qui  y  auront  droit.  Décret  du 
23  ftoréal  an  ii.  Rapport  de  camiion,  p.  too.  |1  S.  m. 
Celui  qui  doit  avoir  la  première  place  vacante.  Après 
quelques  années  de  pratique,  il  fut  reçu  expectant 
à  l'Hôtel-Dieu,  ponten.  Iforfn.  ||  3*  Terme  de  jar- 
dinage. Œil  expectant  (voy.  latent). 

—  HIST.  XVI*  s.  Quand  l'ung  des  dits  conjoints  va 
de  vie  à  trépas,  délaissant  enfant  ou  enfans;  aux 
dits  enfans  appartiennent  les  héritages  en  fond  et 
propriété  expectant;  et  au  survivant  le  viage  et 
usufruit  seulement,  sa  vie  durant,  Nouv.  coutt 
gén.  t.  I,  p.  442. 

—  ÉTYM.  Lat.  exspeetans,  deexspectare,  tltendre, 
de  ex,  et  spcctare,  regarder  (voy.  spectacle). 

t  EXPFCTANT1S.ME  (èk-spè-ktan-ti-sm'),  ».  m. 
Terme  de  médecine.  Nom  de  raillerie  donné  à  la  cir- 
conspection des  partisans  de  la  méthode  expectante. 

EXPECTATIF,  rVE  (èk-spè-kia- tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  donne  droit  d'attendre,  d'espérer.  Les  induits 
étaient  des  grflces  expectatives. 

HIST.  xvi*  s.  Mandats  deprovidendo,  grâces  ex- 
pectatives générales  ou  .spéciales,  réservations,  re- 
grez,  translations,  mesmes  de  prelatures,  dignitez, 
et  autres  bénéfices  cstans  à  la  nomination  du  roy... 
ne  sont  receues  en  France,  p.  pitbod,  64. 

—  ÉTYM.    Voy.  EXPECTANT. 

t  EXPECTATION  (èk-spè-kta-sion) ,  ».  f.  \\  1*  At- 
tente de  quelque  événement.  I.a  grande  expectation 
du  public  a  été  heureusement  terminée,  Boss.  Lett. 
abb.  238.  D'Harcourt  tenait  tout  le  monde  en  ex- 
pectation, et  se  présentait  avec  un  poids  et  une  au- 
torité qui  ne  s'éloignaient  pas  de  l'audace,  st-siu. 
259  218.  Il  2°  Terme  de  médecine.  Méthode  dans 
laquelle  le  médecin,  observant  la  marche  des  mala- 
dies et  laissant  agir  la  nature,  n'intervient  active- 
ment qu'à  l'apparition  de  symptômes  fScheux. 

—  HIST.  XIV*  s.  Les  philosophes....  dient  que  paour 
e.st  expectation  ou  supposement  de  mal  à  venir, 
ORESME , Eth.  78.  Il  xvi*  s.Tiberius le  voulutsurmonter 
en  attentant  ceste  hardie  entreprise  et  qui  estoit  do 
très  grande  expectation,  amyot,  les  Graeques,  ti 

—  ÉTYM.  Provenç.  espectacio,  expectacion;  du 
lat.  exspectationem,  de  eispcc(are  (voy.  expectant). 

EXPECTATIVE  (èk-spè-kta-ti-v'),  s.  ^.  ||  1*  At- 
tente fondée  sur  des  promesses  ou  des  probabilités. 
Être  dans  l'expectative.  Une  agréable  expectative. 
Ces  jouissants,  dans  certains  cas,  pourraient  éprou- 
ver une  diminution  sur  leurs  rentes  actuelles,  qui 
tournerait  au  profit  des  eipectanlsqui,  n'ayant  rien 
fourni,  ignorent  quelquefois  jusqu'à  l'existence  de 
cette  expectative,  Décret  du  2»  floréal  an  n,  Rap- 
port de  CAMBON,  p.  9B.  Donnant  aux  simples  expec- 
tatives une  valeur  disponible,  ib.  p.  too.  ||  Avoir  l'ex- 
pectative d'un  emploi,  d'une  succession,  y  avoir  de 
justes  prétentions,  pour  le  temps  où  l'on  pourra  les 
faire  valoir.  ||  On  dit  quelquefois  :  une  triste  expecta- 
tive. Il  Ironiquement.  I^  belle  expectative  1 11  En  ex- 
pectative, en  espérance.  ||  2*  Espèce  de  droit  de 
survivance  qu'on  donne  en  certains  pays.  Le  roi  d'Es- 
pagne lui  donna  l'expectative  de  la  première  com- 
manderie  vacante.  Plusieurs  étrangers  trouvaient 
ces  expectatives  de  successions  si  avantageuses  à 
l'Espagne  qu'ils  croyaient  à  un  manège  caché,  ST- 
siM.  490,  121.  Il  3*  Lettre  ou  bref  du  pape  qui  don- 
nait à  celui  à  qui  on  l'adressait,  l'assurance  qu'il 
serait  pourvu  d'un  certain  bénéfice,  lors  de  la  va- 
cance. Les  expectatives  sont  abolies.  ||  4*  Terme  do 
théologie.  Acte  de  Sorbonne  qui  se  soutenait  par  un 
écolier  de  théologie  pour  s'exercer  avant  la  vesperie 
des  licenciés,  et  en  attendant  qu'arrivassent  le» 
docteurs  qui  devaient  argumenter  à  la  vesperie. 

—  ÉTYM.  Expeclalif. 

EXPECTORANT,  ANTE  (èk-spfe-kto-ran,  nn-V), 
adj.  Oui  facilite  l'expectoration.  ||  SubsSinlivement. 
Un  bon  expectorant. 

EXPECTORATION  (èk-spè-kto-ra-sion) ,  ».  f. 
Il  1*  Terme  de  médecine.  Action  d'expectoiw. 
Il  ï*  Fi«.  Terme  de  lacouf  de  Rome.  Action  de  ftir* 


EXP 


EXP 


EXP 


1567 


I 


sortir  du  secret  de  la  pensée  la  nomination  d'un  car- 
dinal. Le  roi  consentit  à  l'expectoration,  et  dépê- 
cha un  courrier  à  Polignac  pour  le  faire  revenir 
sur-le-champ,  st-sim.  339,  4  97. 

—  ÉTYM.  Expectorer. 

EXPECTORÉ,  ÉE  (Èk-spé-kto-ré,  rée), part. passé. 
Les  raati^^es  expectorées  avaient  l'aspect  purulent. 

EXPECTORER  (èk-spè-kto-ré) ,  t).  a.  ||  1°  Terme  de 
médecine.  Rejeter,  en  toussant,  les  mucosités  ou 
autres  maliiJres  qui  obstruent  les  bronches.  ||  Abso- 
lument. Cela  fait  expectorer.  Ce  malade  expectore 
racilement.il  i°  Fig.  Terme  de  cour  romaine.  Rendre 
publique  une  nomination  qui  est  in  petlo.  Le  pape 
fit  avertir  le  roi  qu'il  allait  expectorer  Polignac  avec 
les  autres  et  que  cela  ne  se  pouvait  plus  différer, 

ST-SIM.   339,  t97. 

—  ÉTYM.  Lat.  expectorare,  de  ex,  hors,  et  pec- 
lus,  pi'ctoris,  poitrine  (voy.  pis,  s.  m.). 

EXPÉDIÉ,  EE  (ék-spé-di-é,  ée),  part,  passé. 
Il  1°  Transmis  par  un  moyen  de  transport.  Un  ballot 
expédié  par  le  roulage.  ||  2"  Terminé  promptement. 
Une  affaire  expédiée  à  la  hâte.  ||  Do  qui  on  a  réglé 
le  compte,  l'affaire.  Voilà  douze  artistes  expédiés 
en  douze  pages,  diderot.  Salon  de  iibt,  Œuvres, 
t.  XIV,  p.  288,  dans  pougens.  ||  S"  Mis  à  mal,  perdu, 
tué.  Les  assassins  s'étaient  sauvés,  ne  doutant  pas 
qu'il  ne  fût  expédié,  iiamilt.  Gramm.  H.  Dans  l'es- 
prit de  Florise  il  est  expédié,  gresset,  Méchant, 
T,  t.  I!  4°  Mis  au  net,  copié.  X  la  fin  mon  père  en- 
voya chercher  ses  provisions  de  grand  écuyer;  elles 
n'étaient  pas,  disait-on,  expédiées,  st-sim.  8,  403. 
Il  5°  5.  f.  Expédiée,  genre  d'écriture  courante. 

t  EXPÉDIENCE  (èk-spé-di-an-s'),  S. /■.  Qualité 
de  ce  qui  est  expédient. 

—  HIST.  xiii"  s.  Puis  se  souffri  traïr  et  vendre, 
Batre,  lier,  cloer  et  pendre,  Pour  haster  nostre 
expedience  [libération],  Son  doulz  costé  ouvrir  et 
fendre,  J.  de  meung,  Tr.  321. 

—  ÉTYM.  Expédient. 

4 .  EXPÉDIENT  (èk-spé-di-an) ,  adj.  m.  Qui  ex- 
pédie, facilite,  profite.  Il  était  expédient  de  faire 
cela.  Vous  seul  [Dieu]  savez  ce  qui  m'est  expédient, 
vous  êtes  le  souverain  maître,  faites  ce  que  vous 
voudrez,  pasc.  Prière  pour  l'us.  des  maladies.  Ne 
croyant  pas  que  tout  ce  qui  était  permis  fût  ex- 
pédient, FLÉCH.  M.  de  Mont.  Si  tout  leur  est  per- 
mis, tout  n'est  pas  expédient,  mass.  Carême,  Mé- 
lange. Quand  le  prince  lui  a  dit  [à  un  citoyen]  :  Il 
est  expédient  à  l'État  que  tu  meures....  j.  J.  Rouss. 
Contr.  soc.  u,  6. 

—  REM.  Expédient  n'est  employé  qu'au  masculin 
et  avec  le  verbe  être.  U  n'y  a  cependant  aucune  rai- 
son pour  ne  pas  en  user  comme  dans  les  siùcles  pas- 
sés, lui  donner  un  féminin  et  l'employer  ainsi  que 
tout  autre  adjectif. 

—  HIST.  xiv  s.  Que  pour  notre  vie  faire  bonne, 
il  est  miex  et  plus  expédient  dire  et  prononcier  que 
delettacion  est  malvese  chose,  ohesme,  Eth.  294. 
Ordonnances  justes  et  expedientes,  id.  Thèse  de 
MEUNIER.  Il  XVI'  s.  L'Estat  de  France  est  maintenant 
si  atténué  et  affoibli,  qu'il  ne  serait  pas  expédient 
qu'il  se  departist  de  ces  alliances,  langue,  379. 

—  ÉTYM.  Provenç.  expedien;  espagn.  espedienle  ; 
ilal.  espediente;  du  latin  expedire,  être  utile,  pro- 
prement dégager,  de  ex,  hors,  et  pes,  pedis,  pied: 
tirer  le  pied  hors.  D'après  PaiSgrave,  p.  9  (xvi"  siè- 
cle), on  prononçait  euxpedient. 

2.  EXPÉDIENT  (èk-spé-di-an),  s.  m.  ||1»  Moyen 
de  se  tir'er  d'embarras,  d'arriver  à  ses  fins.  L'expé- 
dient qu'ils  ont  pris  en  cette  circonstance.  Quel  est 
l'expédient  que  Caton  me  propose?  mair.  Mort 
d'Asdr.  v,  2.  U  ya  d'autres  personnes  [que  les  avo- 
cats] à  consulter,  qui  sont  bien  plus  accommodan- 
tes, qui  ont  des  expédients  pour  passer  doucement 
par-dessus  la  loi  et  rendre  juste  ce  qui  n'est  pas 
permis,  mol.  Mal.  imag.  i,  9.  Le  trop  d'expédients 
peut  gâter  une  affaire....  N'en  ayons  qu'un,  mais 
qu'il  soit  bon,  la  font.  Fabl.  ix,  4  4.  Vous  avez 
trouvé  des  expédients  pour  rendre  la  confession 
douce,  PASC.  Prov.  42.  ||  Être  fécond,  fertile  en  ex- 
pédients, être  habile  à  imaginer  toutes  sortes  de 
moyens  de  sortir  d'embarras.  Tout  cela  s'est  fait  par 
mon  génie,  fertile  en  expédients,  fés.  Dial.  des 
morts  mod.  4  9.  Cette  fertilité  d'expédients  vient 
moins  d'étendue  et  de  force  de  génie  que  de  défaut 
de  force  et  de  justesse  pour  savoir  choisir,  m.  th. 
Pour  toi,  de  qui  l'esprit  et  délicat  et  fin,  Prompt  en 
expédients ,  en  ressources  fertile ,  Découvre  d'un  coup 
d'oeil  les  moyens  et  la  fin,  chaul.  Au  marquis  de 
la  Fare.  \\  11  se  prend  souvent  eu  mauvaise  part 
pour  indiquer  une  mesure  qui  tire  d'embarras  pour 
le  moment,  mais  laisse  subsister  la  difficulté.  Ce 
u'est  U  qu'un  expédient,  ce  n'est  pas  une  solution. 


Il  2°  Au  plur.  Moyens  onéreux  et  extrêmes  qu'on  em- 
ploie pour  se  procurer  de  l'argent.  Il  est  aux  expé- 
dients. Le  malheur  de  vous  être  trouvé  cliargé  de 
dettes  de  famille  très-considérables  qui  vous  ont  forcé 
d'en  faire  encore  de  nouvelles  et  de  recourir  à  des 
expédients  aussi  onéreux  que  désagréables,  volt. 
Lett.  Morangiès,  30  oct.  4  772.  Quoiqu'elle  fût  sans 
cesse  aux  expédients  pour  vivre,  j.  j.  rouss.  Confess. 
v.  Il  3°  Ancien  terme  de  pratique.  Sorte  de  concilia- 
tion dans  laquelle  les  parties  se  concertaient  d'avance 
sur  la  décision  que  le  juge  devait  rendre.  Jugement 
d'expédient,  jugement  rendu  sur  l'accord  des  parties. 

—  HIST.  xiV  s.  Pour  le  commun  expédient  [avan- 
tage], 0RESME,  Thèse  de  meunier.  ||  xv°  s.  ...JSe 
sait  on  trouver  nul  expédient,  comm.  i,  46.  ||  xvi"  s. 
Cest  expédient  leur  sembla  très  bon  pour  pacifier 
leur  dissention  présente,  auïot,  Numa,  6. 

—  ÉTYM.  Expédient  4. 

EXPÉDIER  (èk-spé-di-é),  j'expédiais,  nous  expé- 
diions, vous  expédiiez;  que  j'expédie,  que  nous  ex- 
pédiions, que  vous  expédiiez,  ».  a.  ||  1°  Faire  partir 
pour  une  destination.  Expédier  un  ballot  par  le  che- 
min de  fer.  Expédier  un  courrier,  une  estafette.  Lui 
qui  faisaitquelquefois  expédier  des  lettres  de  cachet, 
VOLT.  l'Ingénu,  20.  En  4604 ,  une  société  formée  en 
Bretagne  expédia  deux  navires  pour  prendre  part, 
s'il  était  possible,  aux  richesses  de  l'Orient,  que  les 
Portugais,  les  Anglais  et  les  Hollandais  se  dispu- 
taient, RAYNAL,  Hist.  phil.  IV,  2.  ||  2°  Hâter  l'exé- 
cution d'une  chose,  la  fin  d'une  affaire.  S'agit-il  de 
la  conscience,  on  n'y  regarde  pas  de  si  près,  et  il 
semble  que  ce  soit  une  de  ces  affaires  qu'on  peut  ex- 
pédier dans  l'espace  de  quelques  moments ,  bouro. 
Pensées,  t.  4,  p.  34».  Ceux  qui  expédient  le  plus 
d'affaires,  fén.  Tél.  xxii.  Il  y  a  ici  trop  de  monde; 
on  expédie  les  audiences  trop  rapidement,  volt. 
l'Ingénu,  4  5.  Xénophon,  au  livre  des  Revenus,  vou- 
drait qu'on  donnât  des  récompenses  à  ceux  des  pré- 
fets du  commerce  qui  expédient  la  plus  vite  les  pro- 
cès, M0NTESQ.  Esp.  XX,  48.  ||  Absolument,  en  ce 
sens.  Nous  n'aurions  jamais  fait  ici,  si  nous  voulions 
appuyer  autant  sur  chaque  nouvelle;  il  faut  ex- 
pédier, expédiez  à  notre  exemple,  sÉv.  498.  ||  En  ce 
sens  il  se  dit  aussi  des  personnes.  Ce  juge  expédie 
promptement  les  parties.  Il  est  là  embarrassé  à  ex- 
pédier quelques  malades,  et  je  vais  lui  dire  que  vous 
êtes  ici,  MOL.  Pourceaugn.  i,  7.  S'il  y  a  plusieurs 
personnes  qui  n'aient  pas  plus  de  droit  d'être  expé- 
diées l'une  que  l'autre,  le  juge  qui  prendra  quelque 
chose  de  l'une  à  condition  de  l'expédier  la  première, 
péchera-t-il ?  pasc.  Prov.  s.  Je  vous  conduirai  à 
mon  maître,  d'abord  que  j'aurai  expédié  ce  bon  la- 
boureur, LESAGE,  GtiBZoi,  ui,  3.  Quoique  je  n'aie 
plus  guère  besoin  de  pratiques,  il  est  toujours  bon 
d'expédier  les  vieilles;  quelque  profession  que  l'on 
quitte,  il  en  faut  sortir  avec  honneur,  oancourt, 
la  Femme  d'intrigue,  iv,  42.  Us  perdent  plus  de 
temps  à  me  remettre  qu'ils  n'en  auraient  mis  à  m'ex- 
pédier,  i.  j.  rouss.  Hél.  m,  23.  ||  3°  Déclarer  à  la 
hâte.  J'entends  à  demi-mot,  achève  et  m'expédie 
Promptement  le  motif  de  cette  maladie,  corn.  Mél. 
IV,  4.  De  prime  abord  sont  par  la  bonne  dame  Ex- 
pédiés tous  les  péchés  menus,  la  font.  Mari  conf. 
Il  4°  Familièrement.  Expédier  de  l'argent,  des  pro- 
visions, les  dépenser  promptement.  Il  a  expédié  son 
dtner  en  quelques  minutes.  Après  avoir  expédié  une 
partie  du  gibier,  lesage,  Gil  Blas,  vi,  4.  ||  5°  Se 
débarrasser  de.  Si  vous  pensiez  m'expédier,  en  me 
mandant  des  merveilles  de  votre  santé....  sÉv.  421. 
L'on  voit  des  gens  brusques,  inquiets,  suffisants, 
qui ,  bien  que  oisifs  et  sans  aucune  affaire  qui  les  ap- 
pelle ailleurs,  vous  expédient,  pour  ainsi  dire,  en 
peu  de  paroles  et  ne  songent  qu'à  se  dégager  de  vous, 
LA  BRUY.  V.  Il  Par  extension.  Je  me  souviens  de  ce 
que  je  souffris  à  la  maladie  de  ma  pauvre  tante,  et 
comme  vous  me  fîtes  expédier  cette  douleur,  sèv. 
225.  Il  B»  Mettre  à  mal,  ruiner.  Ils  avaient  porté 
beaucoup  d'argent  au  jeu,  ils  furent  promptement 
expédiés.  C'est  le  coup,  scélérat,  par  où  tu  m'expé- 
dies. Et  voilà  couronner  toutes  tes  penidies,  mol. 
Tart.  V,  7.  Tandis  qu'on  l'expédiait  insensiblement, 
la  fidèle  Fatime  qui  s'aperçut  de  sa  décadence,  rêva 
une  nuit  qu'elle  le  quittait  et  le  lendemain  elle  le 
quitta,  MARM0NTEL,  Cont.mor.  Mauv.  mère.  ||  Faire 
mourir.  La  maladie  l'aura  bientôt  expédié.  C'est  de 
la  meilleure  foi  du  monde  qu'il  [un  médecin]  vous 
expédiera,  mol.  Mal.  imag.  m,  3.  Ce  portier  du  lo- 
gis était  un  chien  énorme.  Expédiant  les  loups  en 
forme,  la  font.  Fabl.  ix,  40.  U  n'en  faut  pas  da- 
vantage, avec  une  direction  d'intention,  pour  expé- 
dier un  bommeen  sûreté  de  conscience ,  paso.  Prov. 
7.  Les  habitants  d'Avila  se  font  une  grande  joie  de 
voir  expédier  aujourd'hui  quelqu'un  de  ces  voleurs, 


LESAGE,  Estev.  Gonz.  ch.  8.  ||  Expédier  un  hommo 
en  forme  commune  (voy.  commun),  ou  l'expédier  en 
bref,  lui  gagner  tout  son  argent,  le  mettre  à  mal, 
le  faire  mourir.  Eh  I  messieurs,  laissez-moi  mourir, 
Permettez  qu'en  forme  commune  La  parque  m'ex- 
pédie, et  finissez  vos  pleurs,  la  font.  Fabl.  xii,  8. 
Il  7°  Terme  de  pratique.  Faire  la  copie  littérale  d'un 
acte.  Passez  chez  votre  notaire  afin  qu'il  expédie  votre 
contrat.  ||8°  S'expédier,  v.  réfl.  Se  hâter,  se  dépê- 
cher. Allons,  qu'on  s'expédie.  ||Etre  fait  à  la  hâte. 
Cela  ne  peut  pais  s'expédier  ainsi.  ||  Être  fait  prompte- 
ment. Par  ce  moyen  [la  division  des  affaires]  tout  s'ex- 
pédie avec  ordre  et  distinction,  boss.  Polit,  x,  ii,  4. 
— HIST.  xiv"  s.  Un  seul  ne  pourroit  entendre,  ne  bien 
délivrer  ou  expédier  toutes  les  causes  et  les  contro- 
versies  d'un  grant  pueple,  oresme.  Thèse  de  meu- 
nier. Il  XV*  s.  Et  crioient  à  ceulx  qui  estoient  sur 
l'eschaffaut  qu'ilz  les  expédiassent,  et  incontinent 
ilz  eurent  tous  deux  les  testes  trenchéas,  comm.  v, 
4  7.  Il  xvi"  s.  Puys  patenostres  en  avant  ;  pour  lesquel- 
les mieux  en  forme  expédier....  rab.  Garg.  i,  22.  Et 
pour  avoir  plus  tost  expédié,  je  presupose,  qu'en 
courage,  expérience  et  nombre,  les  deux  esqua- 
drons  soyent  esgaux,  langue,  31  o.  lycs  grands  tra- 
vaux [maux]  expédient  et  depeschent  promptement 
l'homme,  et  les  longs  ne  sont  pas  grands,  amyot, 
Comm.  lire  les  poètes ,  56.  Il  fera  acheter  de  vieils 
boufs  es  marchés  d'alentour,  afin  de  s'en  servir  à 
boutées  [coups  de  travail]  pour  expédier  ses  labour.* 
et  semences,  o.  de  serres,  298. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  expeditare,  fréquentatif  do 
expedire  (voy.  expédient  4). 

EXPÉDITEUR  (èk-spé-di-teur),  s.  m.  Terme  de 
commerce.  Celui  qui  expédie  des  marchandises.  Les 
frais  ne  sont  pas  à  la  charge  de  l'expéditeur. 

—  HIST.  XVI"  s.  Quel  expéditeur  de  causes,  quel 
abregeur  de  procès,  quel  videur  de  débats....  ce 
seroit  I  RABEL.  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Expédier. 

EXPÉDITIF,  IVE  (èk-spé-ditif,  ti-v'),  adj.  Qui 
expédie  promptement  les  affaires  ;  prompt  en  be- 
sogne. C'est  un  homme  expédilif,  qui  aime  à  dépê- 
cher ses  malades;  et,  quand  on  a  à  mourir,  cela  se 
fait  avec  lui  le  plus  vite  du  monde,  mol.  Pourc.  i, 
7.  Il  II  se  dit  aussi  des  choses  qu'on  dépêche,  qu'on 
fait  promptement.  La  science,  l'esprit,  le  talent  n'é- 
taient pas  encore  des  choses  commodes,  expéditives, 
qu'on  veut  acquéri  r  en  une  heure ,  pour  en  user  aus- 
sitôt, viLLEMAiN,  Lin.  (r.  I8'  siècle.  2'  part.  4"leç. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ceulx  mesmes  qui  le  haïssoient  et 
qui  le  craignoient,  s'esbahissoient  de  veoir  com- 
ment il  estoit  actif  et  expeditif  en  toutes  choses, 
AMYOT,  les  Gracq.  39. 

—  ÉTYM.  Voy.  EXPÉDIER. 

EXPÉDITION  (èk-spé-di-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  1"  Action  d'expédier,  d'envoyer  par 
une  voie  quelconque  de  transport.  L'expédition  des 
marchandises.  ||  Commerce  d'expédition,  genre  de 
commerce  qui  se  borne  à  l'envoi,  vers  une  destina- 
tion ultérieure,  de  marchandises  arrivant  de  l'é- 
tranger et  pour  le  compte  de  l'étranger.  ||  Au  plur. 
Dépêches,  lettres,  actes.  Ce  courrier  attend  ses 
expéditions.  Il  Expéditions  en  cour  de  Rome,  se  di- 
sait des  affaires  dont  les  banquiers  se  chargeaient 
pour  cette  cour,  et  qui  se  faisaient  aussi  prompte- 
ment qu'il  se  peut  parla  voie  des  courriers.  ||2°  Ac- 
tion d'expédier,  de  hâter;  dibgence.  De  l'unité  d'une 
même  volonté  dépendent  l'expédition,  le  secret, 
l'obéissance,  l'ordre  et  l'union,  fén.  t.  xxii,  p.  4:iii. 
L'expédition  des  affaires  devient  plus  lente  à  mesiuro 
que  plus  de  gens  en  sont  chargés,  j.  j.  rouss.  Contr. 
soc.  III,  2.  Il  Homme  d'expédition,  homme  qui  ter- 
mine promptement  les  affaires.  ||  Chose  de  prompte 
expédition,  chose  qui  se  fait  vite.  Il  faut  attendre 
que  la  première  édition  [du  Dictionnaire  de  Bayle], 
dont  on  a  tiré  plus  de  deux  mille  exemplaires,  soit 
vendue  ;  et  ce  n'est  pas  une  chose  de  prompte  expé- 
dition, DAVLE,  Lett.  à  la  Monnoye,  4»  août  4697. 
Il  3°  Terme  de  guerre.  Entreprise  à  main  armée  et 
en  corps  de  troupes  contre  un  pays.  L'expédition  de 
Xercès  contre  la  Grèce.  L'expédition  d'Egypte.  Mar- 
cellus  employa  une  bonne  partie  de  la  seconde  an- 
née du  siége  à  diverses  expéditions  qu'il  fit  en  Si- 
cile, rollin,  Bisl.  anc.  Œuvres,  t.  x,  p.  81,  dans 
pougens.  Clovis  n'avait  pas  été  le  seul  des  princes 
chez  les  Francs  qui  eût  entrepris  des  expéditions 
dans  les  Gaules,  montesq.  Esp.  xviu,  29.  Cimon, 
par  des  voies  légitimes,  avait  acquis  dans  ses  expé- 
ditions une  fortune  immense,  barthél.  Anach.  in- 
Irod.  part,  u,  sect.  3.  Ainsi  les  grandes  expéditions 
s'écrasent  sous  leur  propre  poids;  le  génie  de  Na- 
poléon, en  voulant  s'élever  au-dessus  du  temps, 
du  climat  et  des  distances,  s'était  comme  perdu 


pri»*'    j-oiir    II-:» 


■.  (Il  Sap.  IX,  M.  lIKipé- 
iieiil,  Bi|'*Silition,  entre» 
■a  pour  lo  conjtnorce  ou 
ÏH^r  u"tiiétnd,m„.'\H'  KiK.  V..il9,  voyage  qui 
-  fcilâ  l'ImproTlilo.  Le  lendemain  de  ma  de^nl^re 
Uilre  éenw,  je  »oii  revenir  A  l'heure  que  j'y  pen- 
uli  1»  moin»  mi  belle-Bile....  cela  me  surprit  et 
m'aurait  inqiiiMée,  ii  je  ne  toyaii  clairement  qu'elle 
en  tit  fort  «i»e  et  que  c'e»t  d'ausai  bon  cœur  que 
i»  bonne  gr*ce  qu'elle  a  fait  cette  expédition,  8«v. 
tai.  Il  Ironiquement,  équipée,  chose  faite  mal  à 
propos.  Vous  *tei  allé  à  telle  assemblée;  tous  avez 
rm  It  une  helle  expédition.  |l  B*  Terme  do  pratique. 
Action  de  copier.  Pressez  l'expédition  do  cet  acte, 
y  Copie  légale,  non  revêtue  de  la  forme  exécutoire, 
d'actes  notariés  ou  de  jugements.  L'eipéilition  d'un 
acte  de  vente,  d'un  brevet.  ||  6'  KiKure  do  rhétori- 
que par  laquelle  on  écarte  tout,  excepté  un  seul 
chef,  sur  lequel  on  réunit  toute  la  force  de  son 
raiaonnement  ;  c'est  une  aorte  de  paralspae. 

—  HIST.  XV*  8.  Il  avoit  niia  sus  une  audience  pu- 
blique.... et  si  falsoil  de  bonnes  expéditions,  et  [je] 
l'y  vpy,  huit  jours  avant  son  trespiis,  deux  bonnes 
heures,  comm.  viii,  «8.  jj  xvi' s.  En  ces  lointaines 
eipeditions  [les  croisades] ,  lanooe,  3»8.  Nul  des 
dits  bourgeois  ne  peut  estre  tenu  aller  en  expédi- 
tion ou  voyage  pour  ledit  seigneur,  si  bon  luy  sem- 
ble, qu'il  ne  puisse  revenir  coucher  en  sa  maison, 
LA  THAUM.  Coût,  de  Berry.  p.   )«8,  dans  lacuhne. 

—  ÊTYM.  Provenç.  fipf dtdo  ;  espagn.  fipf dicion  ; 
iial.  tpedixiam ;  An  lat.  expeditionem,  àeexpedire, 
déljarrasscr  (voy.  expédient  i). 

EXPÉDITIONNAIRE  {èk-spé-di-sio-nê-r'),  t.  m. 
Il  1"  Terme  de  commerce.  Celui  qui  est  charKé  de 
faire  des  envois  do  marchandises.  ||  2°  Commis 
charR*  de  faire  des  eifédilions  ou  de.s  copies.  Il  e.st 
expéditionnaire  au  ministère  de  l'intérieur.  ||  3"  Au- 
trefois ,  s'est  dit  de  certains  officiers,  établis  en 
France,  pour  solliciter  en  cour  de  Home  les  rescrits, 
bulles,  provisions,  elo.  \\i'  Ad j.  Banquiers  et  no- 
taires expéditionnaires,  banquiers,  notaires  qui  se 
chargeaient  de  faire  les  expéditions  en  cour  de 
Rome.  Il  Oui  fait  des  copies.  Commis  expédition- 
naire. Il  [Béranjfer]  était  là  [au  minùstère]  simple 
copiste  expéditionnaire,  p.  l.  courb.  Leit.  u,  475. 
Il  Chargé  d'une  eip/dition  militaire.  L'armée  expé- 
ditionnaire du  Mexique,  l'armée  chargée  d'une  ex- 
pédition dans  le  Mexique. 

—  F.TYM.  Expédition. 

t  EXPÊDirrVEMENT  (èk-spé-di-ti-ve-man) ,  adv. 
D'une  manière  expéditive.  L'insurrection  [de  )83o] 
qui  trancha  si  expéditivement  la  difficulté  et  poussa 
les  courages  qui  s'étaient  enhardis  jusqu'au  refus 
de  l'impét....  cabhr:  ,   Œuvres,  t.  m,  p.  460. 

—  f.TYM.  Erpédilive,  et  le  suffixe  ment. 
EXPÉRIENCH  (èk-spé-ri-an-s'),  t.  f.  ||   !•  Acte 

d'éprouver,  d'avoir  éprouvé.  Je  ne  vous  en  croirai 
qu'aprts  l'expérience,  cohn.  Cid,  ii.<.  L'expérience 
que  j'ai  de  la  confusion  des  disputes,  pasc.  Esprit 
gi'nm.  t.   Ah!  de  vos  premiers  ans  l'heureuse  expé- 
rience  Vous   fait-elle,  seign»ur.   hair  votre   inno- 
cence? BAC.  Brt't.  IV,  3.  Vous  ne  savez  pas.  répon- 
dit Idoménée,  combien  toutes  les  expériences  sont 
inutiles  aux  princes  amollis  et  inappliqués  qui  vivent 
sans  réflexion,  fén.  Tél.  xiii.   Le  monde  entier  est 
occupé  à  observer  un  seul  homme  [le  roi]  à  touie 
heure,  et  k  le  juger  en  toute  rigueur:  ceux  qui  le 
jugent  n'ont  aucune  expérience  de  l'état  où  il  est, 
m.  ib  xii.  [I.es  rois  sont]  défiants,  par  l'expérience 
continuelle  qu'ils  ont  de  l'artifice  des  hommes  cor- 
rompus dont  ils  sont  environnés,  id.  ib.  xiu.  Celui 
qui  a  eu  l'expérience  d'un  grand  amour,  néglige 
l'amitié,  LA  BRUT.  IV.   L'expérience  du  monde  en 
dégoûte,  on  le  sait,  t.  i.  bouss.  Emile,  iv.  ||  Faire 
l'expérience  d'une  chose,  la  ressentir,  l'éprouver. 
X  mes  dépens  j'en  fais  l'expérience,  r4gnieb,  Élég. 
V.   La  haute  TaiUance  Dont  je  ne  fais  ici  que  trop 
d'expérience,  corn.   .Sn-Jor.  m,  2.  ||  En  un  autre 
sens,  faire  l'expérience  de,  essayer  si   une  chose 
réusiit.  Et  de  Totre  beauté  faites  l'expérience,  «caih. 
Sophon.m,  1.  Saint-Aubin  en  a  fait  cent  foisl'expf- 
rience  [d'un  conseil  médical],  sSv.  396.  ||  Dans  le 
•tjlo  élevé,  faire  l'expérience  de,  faire  l'apprentis- 
»»ge.  U  vint  chercher  la  guerre  au  sortir  de  l'en- 
fance, Rt  même  en  fit  sous  moi  la  noble  expérience, 
«*c.  Bajax.  1,  t.  Il  »•  Connaissance  des  choses  ac- 
quise p.ir  un  long  usage.  C'est  [la  patience  &  souffrir 
un  malheur]  l'effet  vertueux  de  votre  expérience. 
COM.  Mot.  V,  ».   L'expérience   consommée  est   la 
«ouronne  des  vieillards,  et   U  crainte  de  Dieu  est 
J^fgloire,  lAci,  Bible,   EuUsiaitiq.  xxv,  8.   Une 
J~«  souru  de  peu  d'expérience  Crut  fifchir  un 
Tien,  ehal ...  l»  ro„.  f^^,^   ^^  ^  ^    ^^  ^^^,^^^^^  .^^j._ 


EXP 

cieuse  prévoyance  n'a  pu  mettre  dans  l'esprit  de» 
hommes,  une  maîtresse  plus  impérieuse,  je  veux 
dire  l'expérience,  les  a  forcés  de  le  croire,  Boss. 
Reine  d'Anglet.  Je  m'en  rcpo.serai  sur  votre  expé- 
rience, BAC.  Hrit  m,  I.  Un  roi  sans  expérience  do 
la  guerre,  fên.  Tél.  v.  L'expérience  est  la  mémoire 
de  Iwaucoup  de  choses,  didrrot,  Opin.  des  anc. 
pMos  {Hobbitme).  Expérience  signifie  communé- 
ment la  connaissance  acquise  par  un  long  usage  de 
la  vie,  jointe  aux  réflexions  que  l'on  a  faites  sur 
ce  qu'on  a  vu,  et  sur  ce  qui  nous  est  arrivé  de  bien 
et  de  mal.  du  mabs.  (Kutrei,  t.  v,  p.  2*7.  Ne  son- 
geons qu'à  rendre  utile  et  salutaire  aux  hommes 
celle  expérience  héréditaire  que  le  présent  dispose 
et  lègue  aux  siècles  à  venir,  marmontel,  Élém. 
littér.  Œuvres,  t.  vm,  p.  76,  dans  poigens.  L'es- 
prit, la  pureté  des  intentions  et  de  l'âme  ne  sau- 
raient tenir  lieu  d'expérience,  oenlis,  Yeill.  du 
ehdt  t.  M,  p.  *I6,  dans  pougens.  ||  Au  plut.  Ses 
longues  expériences  étaient  pour  l'F.tal  un  trésor 
inépuisable  de  sages  conseils;  et  sa  justice,  sa  pru- 
dence, la  facilité  qu'il  apportait  aux  affaires,  lui  mé- 
ritaient la  vénération  et  l'amour  de  tous  les  peu- 
ples, iioss.  le  Tellier.  ||  8°  Tentative  pour  reconnaître 
comment  une  chose  se  passe.  Expérience  'le  phy- 
.sique.  de  chimie,  de  physiologie.  Les  expérienc(s 
sont  les  véritables  maîtres  qu'il  faut  suivre  dans  la 
physique,  pasc.  Pesant,  de  l'air.  Conclusion.  L'art 
de  faire  des  expériences  porté  à  un  certain  degré 
n'est  nullement  commun,  ponten.  Newton.  [I.'écri- 
turo]  par  laquelle  les  productions,  les  vues,  les  ex- 
périences, les  découvertes  de  tous  les  ûges  accumu- 
lées servent  de  base  et  de  degré  à  la  postérité  pour 
s'élever  toujours  plus  haut,  tubgot,  2*  dise,  en 
Sorbnnne.  Personne  n'a  su  mieux  disposer  une  ex- 
périence pour  la  rendre  propre,  soit  à  conlirmer  les 
résultats  de  la  théorie,  soit  à  servir  de  base  a'i  cal- 
cul, coNDORCET,  Danil  Bemoulli.  V.n  physique  le 
mot  expérience  se  dit  des  épreuves  que  l'on  fait  pour 
découvrir  les  différentes  opérations  et  le  mécanisme 
de  la  nature,  dd  marsais.  Œuvres,  t.  v,  p.  249. 
Il  faudrait  laisser  à  la  postérité  des  expériences  com- 
mencées; il  faudrait  la  mieux  traiter  que  l'on  ne 
nous  a  traités  nous-mêmes,  bufp.  Erp.  sur  les  vé- 
gét.  2*  mèm.  \H°  Expérience,  se  dit  quelquefois  ab- 
solument pour  méthode  expérimentale,  connaissance 
à  posteriori  par  l'observation  des  faits. 

—  HiST.  XIII'  s.  Ainsinc  va  des  amis  poissans, 
Douz  est  à  lor  mescongnoissans  [à  ceux  qui  ne  les 
connaissent  pas]  Lor  servise  et  lor  acoinlance  Par 
le  défaut  d'expérience,  la  Base,  (8781.  ||  xiV  s.  Cure 
nouvelement  aquise  et  démenée  en  lumière  par  l'ex- 
I  erience  de  ceux  d'ore  [d'à  présent],  h.  de  monde- 
ville,  f"  *.  Pour  ce  que  procès  de  temps,  longue 
expérience  et  longue  estude  y  sont  requises  quant  à 
engin  de  homme,  ohf.sme,  Eth.  x  (te).  Il  ont  expé- 
rience que  plusieurs  fois  ont  passés  telz  perilz,  id. 
tb.  79.  Il  xvi*  s.  Je  cognoy  par  expérience  cette  con- 
dition de  nature  qui....  mont,  i,  *i.  Il  n'y  a  que 
quelques  hommes  qui  sa  meslent  d'enregistrer  leurs 
expériences,  id.  m,  230.  Il  ne  faut  point  flater  soy- 
mesmes,  ni  autrui,  ains  dire  franchement  ce  que 
les  expériences  passées  demonstrent,  langue,  22. 
Geste  très  belle  sentence,  que  l'expérience  a  tant 
de  fois  fait  trouver  véritable,  id.  41.  S'il  estoit  ques- 
tion de  savoir  si  un  cheval  ou  un  chien  sont  bons 
ou  mauvais,  on  vouidroit  avoir  du  temps  pour  en 
faire  l'expérience  avant  qu'en  juger,  id.  70.  Com- 
bien d'hommes  riches  se  sont  ruinez  après  ces  mi- 
sérables expériences  [d'alchimie],  id.  477. 

—  ÊTYM.  Provenç.  experientia,  esperientia ;  es- 
pagn.  cipertencta ;  ital.  esperiemia  ;  du  latin  expe- 
rientia, de  expericns,  éprouvant,  de  eipmn  (voy. 
expert).  D'après  Palsgrave,  p.  »,  au  ivi*  siècle,  on 
prononçait  euiperieme. 

EXPÉRIMENTAL,  ALE  (èk-spé  ri-man-tal,  ta-l'), 
adj.  Oui  est  fondé  sur  l'expérience.  Physique,  phi- 
losophie expérimentale.  Résultais  expérimentaux. 
On  en  a  conclu  que  c'était  à  la  philosophie  expéri- 
mentale à  rectifier  les  calculs  de  la  géométrie,  Di- 
DKROT,  Interpr.  de  la  nat.  n°  2.  |{  Méthode  expé- 
rimentale, voy.  MÉTHODE.  Il  Fig.  U  était  nécessaire 
de  leur  faire  commencer  sérieusement  leur  cours 
de  vertu  expérimentale,  genlis.  Ad.  et  Théod.  t.  i, 
lett.  49,  p.  4)3,  dans  PouoENg. 

—  SYN.    MÉTHODE    EXPÉRIMENTALE,  EMPIRISME.  La 

méthode  expérimentale  diffère  de  l'empirisme  en 
ceci  qu'elle  s'efforce  d'atteindre  et  atteint  en  beau- 
coup de  cas  les  lois  des  faits  par  l'induction,  et  puis 
de  ces  lois  tire  des  déduction»  qu'elle  vérifie,  tandis 
que  l'empirisme  n'use  ni  d'induction  ni  de  déduc- 
tion et  ne  lie  pas  les  faits. 

—  ETïM.    L'ancien  sul)6tautif  expcri'mi'nl  (qui  .si- 


EXP 

gnifiait  surtout  sortilège);  du  latin  experimenfum, 
essai,  de  erperiri  (voy.  expert). 

t  EXPÉRIMENTALEMENT  ( èk-spé-ri-manla-le- 
man),  odr.  D'une  manière  expérimentale. 

—  f.TYM.  Expérimentale,  et  ie  suffixe  ment. 

t  EXPÉRIMENTATEUR,  TRICE  (èk-spé-ri-man- 
ta-teur,  tri-s').  ||  !•  S.  m.  et  f.  Terme  didactique  et 
néologisme.  Celui,  celle  qui  fait  des  essais,  des  ex- 
périences. Il  2°  Adj.  L'habileté  expérimentatrice. 

—  f.TYM.  Expérimenter. 

+  EXPÉRIMENTATION  (èk-spé-ri-man-ta-sion) , 
j.  /.  Il  1°  Néologisme.  Action  d'expérimenter.  ||  2*  Mé- 
thode |iar  laquelle  s'acqiii.^rent  les  connaissances 
positives  dans  la  plupart  des  sciences  naturelles. 

—  SYN.     EXI'ÉRIENCE,    EXPÉRIMENTATION.     L'expé- 

rience  est  proprement  la  connaissance  acquise  par 
suite  de  ce  que  l'on  a  vu  ou  éprouvé  depuis  long- 
temps ,  et  se  prend  au  moral  et  au  physique  ;  l'ex- 
périmentation est  l'opération  que  l'on  fiit  pour  par- 
venir à  une  certaine  connaissance  :  il  ne  s'applique 
guère  qu'au  physique.  U  est  clair  que,  quand  il  s'a- 
git de  physique,  de  chimie,  etc.  quoiqu'on  dise  des 
expériences,  on  entend  des  expérimentations;  c'est 
une  extension  remarquable  du  mot  expérience. 

—  ÊTYM.  Expérimenter. 
EXPÉRIMENTÉ,   ÉE   (èk-spé-ri-man-té ,   tée)  , 

part,  passé.  ||  1"  Examiné  parexpérience.  Un  remède 
nouveau  expérimenté  avec  prudence  par  un  méde- 
cin habile.  ||  2°  Instruit  par  l'expérience.  Ils  étaient 
expérimentés  au  fait  de  la  guerre,  vaughl,  Q.  C. 
liv.  m,  dans bichelet.  Il  ne  faut  pas  se  flatter,  lej 
plus  expérimentés  dans  les  affaires  font  des  fautes 
capitales,  boss.  Reine  d'Anglet.  Les  nations  les  plus 
expérimentées  sur  la  mer  voulaient  bien  déjà  obéir 
au  premier  de  tous  les  Russes  qui  eût  connu  la  mer, 
fonten.  Czar  Pierre  1".  Pour  être  un  officier  expé- 
rimenté, il  ne  suffit  pas  d'avoir  fait  plusieurs  cam- 
pagnes, il  faut  les  avoir  faites  avec  l'esprit  d'obser- 
vation et  avoir  su  mettre  à  profit  ses  propres  fautes  et 
celles  lies  autres,  du  marsais,  ŒMvret,  t.  v,  p.  248. 
EXPÉRIMENTER  (  èk-spé-ri-man- té  )  ,  t).  c. 
Il  1°  Éprouver  par  expérience.  On  ne  peut  se  rendre 
compte  décela  sans  l'avoir  expérimenté.  Expérimenter 
un  nouveau  remède.  S'il  y  en  a  qui  nient  qu'ils  aient 
des  idées  distinctes  de  l'esprit  et  du  corps....  sur  ce 
qu'ils  n'ont  jamais  expérimenté  d'avoir  été  sans  corps, 
desc.  il^p.  Il,  «.  J'expérimente  déjà  que  ma  connais- 
sance s'augmente  et  se  perfectionna  peu  à  peu,  ID. 
Médit.  111,19.  Pour  avoir  expérimenté  souvent  que... 
PASC.  Prov.  ib.  Il  Absolument.  Le  désir  d'expérimen- 
ter et  de  connaître  s'appelle  la  concupiscence  des 
yeux,  parceque,  de  tous  les  organes,  nos  yeux  sont 
ceux  qui  étendent  le  plus  nos  connaissances,  boss. 
Concupisc.  8  II  2°  Absolument.  Dans  les  sciences  ex- 
périmentales, solliciter  la  production  des  faits  qu'on 
veut  observer,  afin  de  pouvoir  parvenir  à  en  assi- 
gner la  loi,  à  en  déterminer  les  causes,  à  reconnaî- 
tre la  manière  dont  ces  causes  agissent  Expérimen- 
tons, méditons,  et  ne  nous  étonnons  de  rien, 
BONNET,  9' lett.  hist.  natur.  Nous  n'expérimentons 
que  depuis  hier,  disait  Leibnitz,  qui  n'expérimen- 
tait g  ère,  mais  qui  méditait  sans  cesse,  id.  Lett. 
div.  Œuv.  t.  m.  p.  299,  dans  pougens.  ||  3°  S'expé- 
rimenter, V.  réfl.  S'instruire  par  expérience.  Quand 
il  s'agit  de  démontrer  que  l'œil  s'expérimentera  de 
lui-même,  didkrot,  Lett.  sur  les  aveugles.  Il  faudra 
quelque  temps  à  son  œil  pour  s'expérimenter,  id.  tb. 
Il  Être  l'objet  d  une  expérience.  Un  remède  qui  s'ex- 
périmente facilement. 

—  SYN.  EXPÉRIMENTER,  OBSERVER.  ObserN'or,  c'est 
consulter  des  faits  qu'on  ne  modifie  pas  ou  qu'on 
ne  peut  modifier.  L'astronomie  est  le  théâtre  de 
l'observation.  Expérimenter,c'est  modifier  les  condi- 
tions des  phénomènes  pour  reconnaître  comment  ils 
se  passent.  Cette  différence,  aujourd'hui  si  précise 
entre  l'observation  simple  cl  l'observation  préparée, 
n'était  aperçue  ni  au  xvi*  siècle  ni  par  Descartes. 

—  HlST.  xii*  s.  Vaches  qui  ju  [joug]  n'aient  ex- 
périmenté. Rois,  p.  2».  Il  xjif  s.  Semés  cuere  |.mon 
ripur]  à  droit expermente  [conjecture  bien],  Parlo- 
nopex,  V.  6333,  Il  XVI"  s.  C'est  grand  dommage  que 
je  ne  suis  bien  expérimenté  [misa  l'épreuve,  appré 
cié];  car,  par  faute  de  me  connoltre,  je  vois  que 
TOUS  avez  mauvais  jugement  de  moi,  haro.  A'outi. 
lvi  Commence  à  expérimenter  comment  te  succé- 
deront la  doulceuret  la  clémence,  mont,  i,  I29.  Le 
vaisseau  est  bon,  le  pilote  expérimenté,  id.  n,  236. 
Il  estoit  addroit  aux  armes,  expérimenté  au  faict  de 
la  guerre,  amvot,  Marcell.  t.  11  avait  veu  et  expé- 
rimenté beaucoup  de  choses,  ib.  Caton,  62.  La 
Motte  eut  pitié  de  ces  gentils-hommes,  leur  envoya 
du  pain  et  du  vin  par  un  tambour,  la*  priant  d'ex- 
perimeuter  sa  courtoisie,  o'aub.  £ù(.  u,  432..., 


I 


EXP 

—  tlYM.  Provenç.  experimentar ,  expermenlar  ; 
fl^pagn.  experimentar;  ital.  sperimenfare  ;  du  latin 
fxperimenlare ,  de  experimentum ,  de  experiri, 
éprouver  (voy.  expert). 

EXPERT,  PEKTE(èk-spêr,  spèr-t'),  adj.\\l'Qai 
a ,  par  l'expérience,  acquis  une  grande  habileté  dans 
un  métier,  dans  quelque  chose.  De  ses  mains  à  vain- 
cre experles  Elouftant  le  serpent  trompeur,  régnieh, 
hymne.  Elle  est  experte  au  fait  dont  il  s'agit,  la 
PONT.  Comm.  l'esprit.  Les  assaillants....  Étaient  les 
plus  experts  en  l'art  de  massacrer,  id.  Fiancée.  Voilà 
le  moyen  de  les  engager  à  se  rendre  experts  en  leur 
art,  PASC.  Prov.  8.  Le  nocher  dans  son  art  s'instruit 
pendant  l'orage;  Il  n'y  devient  expert  qu'après  plus 
d'un  naufrage,  pir.  Mélrom.  v,  2.  Le  cœur  est  ex- 
pert en  tromperies,  chateaubr.  Génie,  i,  v,  a. 
Il  Substantivement.  Et  jusques  au  manger  et  au 
boire,  nous  n'oserons  plus  rien  trouver  de  bon,  sans 
le  congé  de  messieurs  les  experts,  mol.  Critique,  7. 
Il  renferme  toujours  son  conte  en  quatre  vers:  Bien 
ou  mal,  je  le  laisse  à  juger  aux  experts,  la  font. 
Fabl.  VI,  t.  Il  2°  S.  m.  Terme  de  jurisprudence. 
Nom  donné  à  des  hommes  qui,  ayant  la  connais- 
sance acquise  de  certaines  choses,  sont  commis  pour 
les  vérifier  et  pour  en  décider.  S'en  rapporter  au 
dire  des  experts.  ||  X  dire  d'experts,  suivant  le  dire 
des  experts.  L'affaire  sera  décidée  à  dire  d'experts. 
Il  Fig.  X  dire  d'experts,  sans  réserve;  locution  qui 
vient  de  ce  que  le  dire  des  experts  est  définitif  et 
sans  réserve.  Pendant  la  fermentation  calomnier 
à  dire  d'experts,  beaumarch.  Barb.  de  Sév.  n,  8. 

—  REM.  On  dit  expert  en,  dans  et  à.  Avec  un  in- 
finitif, on  dit  expert  à. 

—  SVN.  EXPÉRIMENTÉ,  EXPERT.  Ces  deux  mots Ont 
même  radical,  le  latin  experiri,  éprouver.  Mais  le 
premier  signifie  celui  qui  a  de  l'expérience,  à  qui 
les  choses  sont  connues  par  un  long  usage  ;  le  se- 
cond signifie  celui  qui  a  acquis,  par  l'usage  aussi, 
non  pas  une  connaissance  générale,  mais  une  ha- 
bileté spéciale. Un  homme  est  expérimenté  dansles  af- 
faires; mais  il  est  expert  dans  son  métier.  Ce  chirur- 
gien, très-expérimenté,  est  expert  à  traiter  les 
maladies  d«s  voies  urinaires. 

—  HIST.  XIV'  s.  Conoisans  et  espersen  fait  de  mo- 
noyes,  Ordonn.des  rois  de  Fr.  i,  p.  770.  Les  con- 
iuls  expert  et  savant  du  débat  et  des  dissencions, 
BERCHEURE,  f°  42.  ||  XV*  S.  Â  conseiller  sont  ces  Ga- 
lois  expers,Maisne  sceventleursconsaulx exploiter, 
E.  DESCHAMPS,  Conseils  des  François.  \\  xvi*  s.  Chas- 
que  expert  doibtestrecreu  en  son  art,  mont.ii,  28C. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  expar;  provenç.  expert,  es- 
pert;  espagn.  experto;  ital.  spcrto;  du  lat.  expertits, 
qui  a  éprouvé,  part,  passé  d'experiri,  dsex,  etd'un 
radical  inusité  penn,  qui  est  dans  pericuium,  pé- 
ril (voy.  ce  mot),  et  dans  peritus,  habile. 

t  EXPERTEMENT  (èk-spèr-te-man) ,  adv.  D'une 
manière  experte. 

—  ÉTYM.  Experte,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
espertament;  ital.  espertament. 

EXPERTISE  (èk-spèr-ti-z') ,  s.  f.  Terme  de  juris- 
prudence. Visite  et  opération  d'experts.  Procéder 
par  expertise.  Faire  une  expertise.  ||  Procès-verbal, 
rapport  des  experts.  Après  quatre  vacations,  ils  ont 
clos  leur  expertise. 

—  HIST.  xn'  s.  On  y  requeroit  aultrefois  une  exi. 
pertise  bellique  [expérience  militaire]  plus  univer- 
selle,mont.  II,  65.  Expertise  d'armes,  brant.DucZs, 
p.  <04,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Expert  ;  provenç.  et  espagn.  esperteia. 
t  EXPERTISER  (èk-spèr-ti-zé),  v.  n.  Faire  une 

expertise.  ||  Activement.  On  expertisera  le  dégât. 
Il  S'expertiser,  v.  réfl.  Etre  expertisé.  Cela  s'experti- 
sera sans  difficulté. 

—  ÉTYM.  Expertise. 
tEXPIABLE(ùk-spi-a-bl'),odj.  Qui  peut  être  expié. 

—  HIST.  XIV*  s.  La  haine  non  expiable  que  il 
avoient  contre  les  Romains,  bercheure,  f°  33,  terio. 
Il  XVI*  s.  Expiable,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Lat.  expiabilis,  de  expiare,  expier. 
+EXPLATEim,TRICE(èk-spi-a-teur,  tri-s'),  ad;. 

Propre  à  expier.  Puisse  la  cruauté  du  destin  s'épui- 
ser sur  moi  seul,  victime  eipiatrice  pour  toute  ma 
famille!  diderot.  Essai  sur  Cl.  ii,  77.  Je  viens  de 
préparer  des  dons  expiateurs,  soumet,  Clytemn.i,  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  expiatorem,  d'expiare,  expier. 

EXPIATION  (èk-spi-a-sion;  en  vers,  de  cinq  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  d'expier  un  crime,  un  délit, 
une  faute.  Il  trouve  l'expiation  de  ses  fautes  dans  sa 
patience  et  dans  ses  désirs,  mass.  Daup.  ||  2*  Céré- 
monie religieuse  faite  en  vue  d'apaiser  la  colère  cé- 
leste. Sacrifice  d'expiation.  Expiations  publiques. 
Vos  expiations  ont  satisfait  les  dieux,  volt.  Olympe 
l,  2.  Une  religion  qui  offrirait  aux  hommes  plus  d'en- 

DICT.    DE    IJk  LANGUE   FRANÇAISE. 


couragement  aux  vertus 'ociales que  d'eipîationspour 
les  perversités,  in.Dict.phil.  Heliç/.,\.  ||F6te  do  l'Ex- 
piation, la  quatrième  des  fêtes  établies  par  Moïse. 
Au  dixième  jour  du  septième  mois,  qui  est  le  temps 
de  la  fête  des  Expiations,  vous  ferez  sonner  du  cor 
dans  toute  votre  terre,  SAci,  Bible,  Lévit.  xxv,  9. 

—  HIST.  XII*  s.  Le  jor  de  s'expiation  [RoUon]  Mit 
son  cresmal  [habit  de  baptême]  droitement  jus.... 

BENOIT,  II,  7023. 

—  ÉTYM.  Provenç.  expiacio;  espagn.  expiacion; 
ital.  espiasione;  du  latin  expialionem,  A'expiare, 
expier. 

EXPIATOIRE  {èk-spi-a-toi-r'J,  adj.  Qui  a  la  pro- 
priété d'expier.  Toutes  les  fois  que  le  courroux  des 
dieux  se  déclare  par  la  famine,  par  une  épidémie 
ou  d'autres  fléaux,  on  lâche  de  Te  détourner  sur  un 
homme  et  sur  une  femme  du  peuple,  entretenus 
par  l'État  pour  être,  au  besoin,  des  victimes  expia- 
toires, chacun  au  nom  de  son  sexe,  barthél.  Anach. 
ch.  21.  X  toi,  Ronsard,  à  toi  qu'un  sort  injurieux 
Depuis  deux  siècles  livre  au  mépris  de  l'histoire, 
J'élève  de  mes  mains  l'autel  expiatoire  Qui  te  puri- 
fiera d'un  arrêt  odieux,  ste-beuve.  Poésies,  Ron- 
sard. Il  Sacrifice  expiatoire,  sacrifice  qui  se  fait  peur 
l'expiation  de  quelque  faute.  La  messe  est  un  sacri- 
fice expiatoire.  ||  Chapelle  expiatoire,  chapelle  que 
l'on  élève  au  lieu  où  s'est  commis  quelque  acte  que 
l'on  veut  expier. 

—  ÉTYM.  Lat.  expiatorius,  de  expiare,  expier. 
EXPIÉ,  ÉE  (èk-spi-é,  ée),'  part,  passé.  Qui  aété 

objet  d'expiation.  Oubliez,  croyez-moi,  des  meur- 
tres expiés,  volt.  Olympe,  i,  2. 

EXPIER  (èk-spi-é),  j'expiais,  nous  expiions,  vous 
expiiez;  que  j'expie,  que  nous  expiions,  que  vous 
expiiez,  v.  a.  \\  i°  Réparer  un  crime  par  la  peine 
qu'on  fait  subir.  Et  punissez  en  moi  ce  noble  crimi- 
nel [Horace,  mon  mari].  De  mon  sang  malheureux 
expiez  tout  son  crime,  corn.  Hor.  v,  3.  Enfin  le 
sort,  dont  les  vicissitudes  laissent  rarement  le  crime 
sans  punition,  expia  la  conquête  du  nouveau  monde, 
et  les  Indiens  furent  pleinement  vengés  des  Espa- 
gnols, RAïNAL,  Hist.  phil.  x,  <o.  Il  Terme  d'anti- 
quité. Purifier  quelqu'un,  au  moyen  de  la  cérémo- 
nie appelée  expiation,  de  la  souillure  contractée  par 
quelque  faute  grave.  Eurytion  expia  Pelée  du  meur- 
tre de  Phocus.  ||  C'est  dans  ce  sens  latin  qu'expier 
est  employé  dans  la  phrase  suivante  :  Rends-moi 
mon  sérail  comme  je  l'ai  laissé;  mais  commence 
par  l'expier  [exterminer  les  coupables],  montesq.  Lett. 
pers.  163.  Il  2°  Réparer,  par  la  peine  qu'on  subit,  un 
crime,  une  faute.  Le  prince,  dont  les  péchés  sont 
plus  éclatants,  doit  les  expier  aussi  par  une  péni- 
tence plus  édifiante,  boss.  Polit,  vu,  vi,  <3.  Partez, 
j'ai  fait  le  crime  et  je  vais  l'expier,  rac.  Andr.  v,  6. 
On  expiait  l'homicide  en  donnant  une  certaine  quan- 
tité de  bétail  [chez  les  Germains] ,  et  toute  la  famille 
recevait  la  satisfaction,  montesq.  Esp.  xxiv,  il. 
Il  II  peut  avoir  en  ce  sens  un  nom  de  chose  pour 
sujet.  L'opprobre  et  le  supplice  expieront  votre  au- 
dace, LA  MOTTE,  Inès,  III,  3.  ||  3°  Réparer  d'une 
façon  quelconque.  Impatient  déjà  d'expier  son  of- 
fense, RAC.  Phèd.  II,  B.  Quand  pourrai-je  à  vos 
pieds  expier  ce  reproche?  id.  Brit.  m,  7.  Mais  ce 
n'est  pas  assez  expier  vos  amours;  Avez-vous  bien 
promis  de  me  haïr  toujours?  id.  Bérén.  v,  B.  Le  dé- 
sir d'expier  sa  faute  le  mettrait  au-dessus  de  lui- 
même,  VOLT.  Princ.  de  Babyl.  io.  Comment  expier 
les  alarmes  d'une  craintive  amante?  J.  J.  houss. 
Hél.  i,  B.  Il  4°  S'expier,  ti.  réfl.  Être  expié.  Et  peut- 
être  il  est  temps  que  le  crime  s'expie ,  volt.  Sem. 

I,  5. 

—  HIST.  xiv*  S.  Expier  aucun  forfait  n'est  autre 
chose  mes  que  purger  ou  mundifier,  ou  les  diex 
apaiser,  ou  satisfaire  à  leur  volonté,  bercheure, 
f°  2,  verso.  Li  cenceur  espioient  et  purifloient  le 
peuple  par  certains  sacrifices  à  ce  ordenez,  id.  ib. 
Les  nouveaux  faiz  sont  assez  expiez  et  puuiz,  id. 
p"  70,  verso. 

—  ÉTYM.  Lat.  expiare;  de  ex,  et  pins,  pieux 
(voy.  ce  mot). 

EXPIRANT,  ANTE  (èk-spi-ran,  ran-f),  adj. 
Il  1°  Qui  expire,  qui  est  près  d'expirer,  de  mourir. 
Le  malheureux  emploi  Dont  son  cœur  expirant  s'est 
reposé  sur  moi,  rac.  Phèd.  v,  6.  Mais  il  est  expi- 
rant d'une  atteinte  mortelle,  volt.  Tancr.  v,  B. 
Il  2°  Fig.  Qui  finit.  Un  pouvoir  expirant.  Flamme 
expirante.  La  liberté  semblait  expirante.  [Elle]  Vo- 
mit en  vain  les  feux  de  sa  rage  expirante,  volt,  fa- 
nât, u,  2.  Si  des  beaux  jours  naissants  on  chérit  les 
prémices.  Les  beaux  jours  expirants  ont  aussi  leurs 
délices,  delille,  llom.  des  ch.  i.  ||  Voix  expirante, 
voix  qui  se  fait  à  peme  entendre. 

EXPIRATEUR  (  èk-spi-ra-teur  ) ,  adj.  m    Terme 


hXP 


1569 


d'anatomie.   Muscles  expiraleurs,  muscles  qui  con- 
tribuent à  l'expiration,  en  resserrant  le  thorax. 

—  ÉTYM.  Lat.  expirare,  expirer. 
EXPIRATION  (èk-spi-ra-sion;  en  vers,  de  cinq 

syllabes) ,  s.  f.  \\  1°  Terme  de  physiologie.  Action  par 
laquelle  les  poumons  expulsent  l'air  qu'ils  ont  in- 
spiré. C'est  l'expiration  qui  donne  naissance  à  la  voix. 
Haies  a  prouvé  qu'en  supposant  4  200  expirations  par 
heure,  nous  évacuons  en  un  jour  par  les  poumons 
environ  une  livre  et  un  tiers  de  vapeurs  ou  d'exhalai- 
sons, bonnet,  Contempl.  nat.  vu,  3,  note  2.  ||  Se  dit 
aussi  en  parlant  d'un  soufflet  de  forge.  ||  2°  Fin,  terme. 
Expiration  d'un  brevet,  d'une  patente.  i|  Fin  d'un  cer- 
tain temps  marqué.  X  l'expiration  de  l'année,  du 
trimestre.  Elle  attendait  avec  une  impatience  inex- 
primable l'expiration  des  trois  mois  de  séjour  qu'on 
étaitforcé  de  faire  dans  ce  palais,  genlis.  Veillées  du 
chdt.  t.  III,  p.  400,  dans  pougens.  1|  Échéance  d'un 
terme  dont  on  est  convenu  de  part  et  d'autre.  L'eî- 
piration  d'un  bail.  Philippe  de  Valois  ne  vit  pas 
l'expiration  de  la  trêve;  il  mourut  à  Nogent-le-Roi, 
le  22  août  4350,  âgé  de  67  ans,  saint-foix,  Ess. 
Paris,  (Euvres,  t.v,  p.  <<6,  dans  pougens.X  l'ex- 
piration de  sa  servitude,  l'engagé  jouit  de  tous  les 
droits  du  citoyen  libre,  raynal,  Hist.  phil.  xwm,  32. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espiracio  ;iliL\.  spiraxione  ;  du 
lat.  expiralionem,  de  expirare,  expirer. 

EXPIRÉ,  ÉE  (èk-spi-ré,  rée),  port,  passé.  \\  1°  Ex- 
pulsé du  poumon.  De  l'air  expiré.  ||  2°  Mort.  S'il 
paraît  quelque  mieux  dans  l'état  du  malade....  dès 
qu'il  est  expiré,  la  douleur  éclate  par  les  cris  et  les 

sanglots,  BOss.  Pensées  chrét.  38 X  ce  mot,  ca 

héros  expiré  N'a  laissé  dans  mes  bras  qu'un  corps 
défiguré,  RAC.  Phèd.  v,  6.  Vous  sentirez  ce  ver  qui 
vous  ronge  expiré,  mass.  Car.  Avent.  Etd'un  père 
expiré  j'apportais  en  ces  lieux  La  volonté  dernière 
et  les  derniers  adieux, volt,  Zaïre,  v,  <0.  Toujours 
des  héros  expirés  Les  héros  vivants  sont  l'ouvrage, 
oiLB.  Ode  à  la  reine.  \\  3*  Fig.  Qui  a  pris  fin.  Un 
bail  expiré.  Votre  commission  est  expirée,  boss. 
Par.  de  Dieu,  i.  Les  six  mois  expirés,  il  vola  à 
Morges,  genlis.  Veillées  du  chdt.  t.  i,  p.  2B7,  dans 

POUGENS. 

—  REM.  Les  grammairiens  ont  condamné,  comme 
si  c'était  une  hardiesse  de  Raoine,  le  participe  ex- 
piré pour  mort.  D'abord  Bossuet  et,  bien  avant, 
Montaigne  ont  employé  ce  participe;  jiuis  la  raison 
que  donne  d'Olivet,  à  savoir  qu'on  ne  peut  pas  plus 
dire  expiré  pour  ayant  expiré  que  parlé  pour  ayant 
parlé,  est  mauvaise,  car  expirer  se  construit  aussi 
bien  avec  le  verbe  être  qu'avec  le  verbe  avoir.  Du 
reste  les  écrivains  l'ont  adopté. 

EXPIRER  (èk-spi-ré).  ||  1°  V.  a.  Terme  de  phy- 
siologie. Expulser  l'air  qui  est  entré  dans  la  poi- 
trine. Il  Par  extension.  Les  végétaux  jspirent  sans 
doute  l'air  et  l'expirent,  behn.  de  st-p.  Harm.  lit. 
B.  Il  2*  V.  n.  Exhaler  son  âme,  l'âme  étant  comparée 
au  souffle  qui  s'exhale  de  la  poitrine,  mourir.  Elle 
a  fait  expirer  un  esclave  âmes  yeux,  bac.  Brit.  iv, 
4.  Lorsqu'il  fut  expiré,  Cassius  le  dépouilla  de  ses 
habits  royaux,  le  p.  catrou,  dans  desfontaines. 
Il  Par  exagération.  Elle  n'est  mariée  qu'avec  une  fi- 
gure qui  sort  d'un  cabinet,  qui  vient  à  table,  et  qui 
fait  expirer  de  langueur,  de  froid  et  d'ennui  toutca 
qui  l'environne,  marivaux.  Jeux  de  l'am.  et  du 
has.  1,  4.  Il  Fig.  Les  flots  tranquilles  viennent  ex- 
pirer au  pied  des  canneliers  en  fleurs,  ciiateaub. 
Mart.  77.  Il  Être  détruit.  J'ai  joui  des  derniers  mo- 
ments de  sa  gloire  [de  la  Grèce],  et  je  ne  l'ai  quit- 
tée qu'après  avoirvusa  liberté  expirer  dans  la  plaine 
de  Chéronée,  barthél.  Anach.  ch.  72.  Hector  tomba 
sous  lui,  Troie  expira  sous  vous,  rac.  Andr.  i,  2. 
Il  3°  Prendre  fin,  arriver  à  son  terme.  Son  bail  ex- 
pira à  la  Saint-Jean,  le  mien  a  expiré  hier.  On  veut 
que  la  substitution  soit  expirée  au  premier  degré, 
PATRU,  Plaid.  <2,  dans  RICHELET.  Demain  la  trêve 
expire  et  demain  l'on  t'arrête,  volt.  Fanât,  ii,  6. 
Votre  Majesté  avait  bien  voulu  abréger  de  moitié  le 
temps  de  sa  prison  ;  ce  terme  est  expiré ,  et  il  y  est 
encore,  à  ce  qu'il  croit,  contre  vos  ordres,  d'alemb. 
Lettre  au  roi  de  Prusse,  to  avril  1767.  ||  Fig.  Cesser, 
se  dissiper,  s'évanouir.  Les  sons  expirèrent  lente- 
ment. Cette  lueur  expira  par  degrés.  Dès  que  ma 
flamme  expire,  un  mot  la  fait  renaître,  corn.  Tite 
et  Bérén.  ii,  <.  C'en  est  fait,  je  me  rends,  et  ma 
colère  expire,  id.  Rodog.  iv,  3.  Il  semble  qu'à  ces 
mots  notre  discorde  expire,  ID.  Uor.  i,  4.  D'une  ac- 
tion si  noire  Que  ne  peut  avec  elle  expirer  la  mé- 
moire? RAC.  Phèd.y,  7.  Je  le  vis,  son  aspect  n'avait 
rien  de  farouche;  Je  sentis  le  reproche  expirer  dans 
ma  boucha,  id.  Iphig.  ii,  < .  Notre  vocation  à  l'autel 
expire  à  mesure  que  nous  voyons  revivre  de  nouvel- 
les espérances  pour  la  terre,  mass.  Carême.  Vocal. 

1.  —  197 


1!S70  KXP 

-  tn.  Ktpittru6oaiagM  tfoeavoir,  quand  on 
^MnprimiTvuU-.l»  UU  »  expiré   hier;   cet 
ri'  ";  Mpir*  »  riniunt  même;  avec  le  verba 
jTTuâod"  a  »•«»  exprimer  l'eut: le  bail  ejt  ex- 
pW'depuii  longtemp»;  cet  homme  est  expiré  depuis 
qaelguee  heures.  ....  .  .     v.ii. 

—  lijsT  XI»*  s.  U  povoir  du  lieutenant  du  bailli 
Mpireri,  Ordonn.  det  voit,  t.  vu,  p.  s*».  De  ceste 
amour  proprement  Hom  mortel  ne  porroit  dire  U 
prix,  le  doux  nenlpmenl,  U  grand  ralour  qu  elle 
«pire  reihjlel,  Jfodui,  ms.  f  so3,  dans  LACimNi. 
Il  iv  s.  El  finira  cestui  premier  livre  au  trépas  du 
Irts  chrétien  roi  de  Franc»,  Charles  le  Bien  aimé, 
leiiuel  expira  sa  vie  en  son  hostel  de  Saint-Paul  k 
Pari».  II0NST8.  Prol.  ||  xvi'  s.   U  furie  des  vipères 
«ïpiro  par  l'aitouchement  d'un  rameau  de  fouteau, 
iiAB.  Pant.  IV,  «î.  Je  luydemandaysi  hors  laguerre 
toute  son  auclorité  estoit  expirée,   hont.   i,   2*7. 
Ouand  nous  »«ron3  expirez,  ce  buchicr....  id.  ji,  an. 

Autant  que  mes  jeux  peuvent  recognoislre  cette 
belle  saison  expirée....  lu.  m,  3os. 

—  ETïM.  Provenç.  «ipirar,  etpeirar  ;  port,  exjn- 
ror;  ilal.»pi>ar«;du  lai.  exspirare,  deez,  et  spi- 
rare,  souffler. 

t  EXPLANAIRE  (Mc-spla-nê-r") ,  s.  f.  Genre  des 
polypiers  lamelUfùres  madrépores. 

t  EXPI^NATION  (èk-spla-na-sion),  «. /■.  Syno- 
nyme peu  usité  d'explication. 

—  HIST.  xii*  s.  Kt  l'esplanation  des  alquantes  [le- 
çons] ai  ge  mimes  [moi-même]  dite  davant  lo  poble, 
BoaiiAMS,  Uomét.  de  Si  Grég.  p.  17. 

—  ETYM.  Lat.  explanationem.,  de  explanare,  de 
ex,  elptanus,  plan,  uni. 

EXPLÉTIF,  IVK  (èk-splé-tif,  ti-v'),  adj.  Terme 
de  grammaire.  Il  se  dit  de  mots  inutiles  au  sens, 
mais  qui  servent  à  remplir  la  phrase.  Dans  la  phrase 
suivante  tout  est  explétif  :  Je  vous  le  traiterai  comme 
il  le  mérite.  Jfo»  l'est  dans  les  exemples  suivants  : 
Prends-moi  le  bon  parti;  laisse-là  tous  les  livres, 
DOIL.  Sat.  viu.  Avant  que  de  parler  prenez-moi  ce 
mouchoir,  mol.  Tart.  m,  2.  ||  Particule  explétive, 
petit  mot  ou  partie  de  mot  qui  s'ajoute  sans  chan- 
ger le  sens.  He  est  souvent  dans  nos  verbes  une 
particule  explétive.  En  grec  nsp  est  une  pjirticule 
explétive.  ||  S.  m.  C'est  un  explétif.  L'usage  des 
eiplélifs. 

—  ETYM.  Provenç.  expletiu;  espagn.  expletivo; 
ital.  eipleliiio;  du  latin  expletimu,  deexplere,  rem- 
plir, de  ex,  et  l'inusité  pkre,  remplir.  On  trouve 
dans  A.  Chartier  explétif  au  sens  de  ce  qui  remplit: 
l'uisqii'ilz  ont  temps  et  espace  eiplective.  Ballade. 

t  EXPLEtivement   (èlt-splé-tl-ve-man),  adv. 
Comme  eijilétif;  d'une  manière  explétive.  Vous  est 
employé  eiplétivement. 
.  —  ETYM.  Explétive,  et  le  suffixe  ment. 

EXPLICABLE  (Mc-spli-ka-bl'),  adj.  Qui  peut  être 
cxpli>|ué.  Cela  n'est  pas  explicable. 

—  ETYM.  Lat.  explicabilis ,  de  explicare,  expliquer. 
EXPLICATECR  (  èk-spli-ka-teur  ),  j.   m.   Celui 

qui  explique.  Admirable  cxplicateur  et  ordonna- 
teur du  passé  et  de  ces  choses  accomplies  qui  ne 
tirent  plus  à  conséquence,  Montesquieu....  saintb- 
BEQVK,  dans  le  Dtc(.  de  Docutz,  à  mot.  |]  Parti- 
culièrement. Celui  qui  fait  l'explication  de  certaines 
choses  exposées  &  la  curiosité  publique.  L'eiplicateur 
d'une  ménagerie,  d'un  panorama. 

—  HtST.  xvi«  s.  Kjplicateur,  oudin,  Dict. 

—  ETYM.  Lat.  ejpiicolorem,  de  explicare,  expli- 
quer. 

EXPLICATIF,  IVE  (èk-spll-k»-lif,  ti-v'),  adj.  Qui 
sert  à  expliquer.  Commentaire  explicatif.  Noies  ex- 
plicatives. Ce  Mnt  des  induits  plutôt  eiplicaiifs  qu'am- 
pliatifs,  PATHO,  Dite,  pour  let  l/rhonùtei.  ]| Terme 
de  grammaire.  Proposition  explicative,  se  dit  d'une 
proposition  incidente  qui  ne  sert  qu'à  expliquer 
une  idée  principale.  Elle  est  opposée  à  la  proposi- 
tion restnctive  ou  déterminative.  Dans  cette  phrase 
thomme,  qui  ut  un  animai  raisonnable,  doit 
ûgir,  etc.  iiuieit,  etc.  est  une  proposition  explica- 
tive. Au  contraire,  dans  la  phrase  /homme  qui  est 
venu  est  reparti,  qui  est  tenu  est  une  proposition 
restrictive.  Dans  la  proposition  explicative  on  met 
tme  virgule  avant  oiti;  on  n'en  met  point  dans  la 
propotitioa  lestrictive. 

—  ETYM.  Provenç.  expUcaliu;  du  latin  expUcati- 
•»«,  de  ntplicare,  expliquer, 

nPLlCATlON  (ik-spli-ka-sion;  en  vers,  de  cinq 

?u^û!l*;i,''  ^- J'  *'  ^''^""  P*'  '=1"«'  °"  "pose 

U Î5l»  ^°**  ■*" '°*°'*" ^ «"  <•'""'"  lintelligcnce, 
•o  dï^."-?'.T'  ""  '"'  nouveau  et  inconnu;  je  lui 

MùT,  V  r^  ?"  '^^  """^ea  de  l'Iiaraon,  Boss. 
*"».  I,  ».  r.  Mt  l«pi,„iicmqu,  fait  saint  AugusUn 


EXP 

do  ces  paroles,  Bounn.  Carême,  i.  Aumône,  169. 
J'entends  clairement  cette  explication,  et  je  la  re- 
çois, M.LEBR.  Recherche,  éclaircissement,  liv- vi. 
Il  Eipli-ation  morale,  interprétation  morale  d'un 
texte  qui  comporte  un  tout  autre  sens.  Thomas 
Walleis,  jacobin  anglais,  fit  imprimer,  vers  la  fin 
du  XV  siècle,  à  l'usage  des  prédicateurs,  une  expli- 
cation morale  de»  laétamorphoses  d'Ovide,  du  mar- 
SAis,  Tropet,  m,  ».  ||  8"  Ce  qui  aide  à  trouver  la 
cause,  le  motif  d'une  chose  difficile  à  concevoir. 
Cela  me  donne  l'explication  d'un  fait  dont  je  n'avais 
pu  encore  me  rendre  compte, Dict. d<!i'Acod.  Il  3°Jus- 
tificalion  ,  éclaircissement.  Me  donuerez-vous  l'ex- 
plication d'une  telle  conduite'?  Une  explication!  en 
laut-il  quand  on  s'aime?  che-sset,  Méchant,  iv,  7. 
Sous  quelque  forme  qu'elle  en  parle,  une  explication 
sévère  éclaircil  ma  honte  à  l'instant,  beaum.  Hère 
coupable,  i,  8.  Elle  voulut  avoir  une  explication 
particulière  avec  Mme  de  Montespan,  genlis,  Urne  de 
Uaintenon,  t.  i,  p.  *3,  dans  pougens.  Le  silence 
suspendit  un  entretien  qui  peut-être  aurait  conduit 
à  une  explication  heureuse,  stael,  Corinne,  xix, 
6.  Il  Avoir  une  explication  avec  quelqu'un,  le  forcer 
à  expliquer  ses  intentions  dans  une  circonstance 
éfjuivoque.  J'ai  eu  une  explication  avec  lui.  Ils  ont 
eu  des  explications,  une  explication.  ||  Demander  à 
quelqu'un  l'explication  d'une  parole  équivoque,  lui 
demander  d'expliquer  un  propos  qu'il  a  tenu  et  qui, 
s'il  n'était  pas  expliqué,  paraîtrait  offensant.  ||  Il  se 
dit  tris-souvent  au  pluriel.  Demander  des  explica- 
tions. I]  4°  Interprétation,  par  la  parole,  do  représen- 
tations et  choses  figurées.  L'explication  de  la  sphère. 
L'explication  d'un  tableau.  ||  5°  Terme  de  classe. 
L'explication,  la  traduction  de  vive  voix  d'un  auteur 
après  préparation  ou  à  livre  ouvert.  Ce  qui  doit  do- 
miner dans  les  classes,  c'est  l'explication,  rolli.n, 
Traité  des  El.  vi,  11,  11,  B.  M.  Kollin  approuve  la 
méthode  de  commencer  par  l'explication,  c'est  un 
grand  suffrage,  pu  marsais,  (XCuvres,  t.  i,  p.  234. 

—  ETYM.  LâL  expHcationem,  de  explicare,  ex- 
pliquer. 

f  EXPLICIT  (èk-spli-sif),  s.  m.  Terme  de  paléo- 
graphie. Mot  qui  indique  qu'un  ouvrage  est  terminé, 
et  que  l'on  trouve  à  la  fin  des  manuscrits  latins  du 
moyen  âge.  L'explicit  et  l'incipit. 

—  ETYM.  Lat.  du  moyen  âge  explicit,  il  finit, 
verbe  formé  du  latin  explicitut,  fini,  terminé,  de 
explicare,  déployer,  terminer,  expliquer  (voy.  ex- 
pliquer). 

EXPLICrrE  (èk-spli-si-f),  adj.  Qui  est  formelle- 
ment expliqué,  énoncé.  Clause,  volonté  explicite. 
Il  Terme  de  théologie.  Foi  explicite,  acquiescement 
formel  aux  dogmes.  La  foi  explicite  en  Dieu  rému- 
nérateur, BOSs.  Étals  d'orais.  u,  i». 

—  ETYM.  Lat.  explicitus,  expliqué,  déployé,  de 
explicare  (voy.  expliquer). 

t  EXPLICITÉ  (èk-spli-si-té),î.  f.  Qualité  de  ce  qui 
est  explicite.  L'explicité  d'une  clause,  d'une  volonté. 

—  ETYM.  Explicite. 

EXPUCITEMKNT  (èk-spli-si-te-man),  adv.  D'une 
manière  explicite.  Les  points  de  foi  qu'il  faut  croire 
explicitement  pour  être  sauvé,  boss.  États  d'or,  u,  I  ». 

—  ETYM.  Explicite,  et  le  suffixe  ment. 
EXPLIQDÉ,  ËE  (èk-spli-ké,  kée),    pari,  passé. 

Il  1°  Dont  on  a  donné  l'explication.  Un  texte  obscur 
exiiliqué  par  ce  savant  critique.  Quand  on  aurait  dé- 
cidé qu'il  faut  prononcer  les  syllabes  prochain, 
qui  ne  voit  que,  n'ayant  point  été  expliquées,  chacun 
de  vous  voudra  jouir  de  la  victoire?  pasc.  Prov.  1. 
Il  i'  Qu'on  a  fait  connaître.  Les  motifs  de  sa  conduite 
expliqués  par  lui-même.  ||  3° Terme  de  gravure.  Qui 
parait  plus  ou  moins  distinct,  en  parlant  du  plus  ou 
moins  d'éloignement  où  un  objet  est  du  devant  du 
tableau. 

EXPLIQUER  (èk-spli-ké),  j'expliquais,  nous  ex- 
pliquions, vous  expliquiez;  que  j'explique,  que  nous 
expliquions,  que  vous  expliquiez,  v.  a.  |1 1*  Rendre 
intelligible  ce  qui  est  obscur.  Expliquer  un  passage 
du  Timée  de  Platon.  Si  nos  cœurs  avaient  mêmes  dé- 
sirs. Je  n'aurais  pas  besoin  d'expliquer  mes  soupirs, 
Cor:«.  Cinna,  m,  4.  Quella  nécessité  y  a-t-il,  par 
exemple,  d'expliquer  ce  qu'on  entend  par  le  mot 
homme?  ne  sait-on  pas  assez  quelle  est  la  chose 
qu'on  veut  désigner  par  ce  terme?  pasc.  Peni.  part. 
I,  art.  tt.  Souvent  on  s'embarrasse  beaucoup, 
quand  on  ne  songe,  en  expliquant  les  difficultés, 
qu'à  éblouir  le  vulgaire,  lioss.  l'ar.  »•  <itert.  §  'il. 
Il  ï*  Faire  connaître  la  cause,  le  motif  de  ce  qui  pa- 
rait singulier,  inconcevable.  Expliquer  un  phéno- 
mène. Que  l'hèdre  explique  enfin  le  trouble  où  je  la 
vois,  RAC.  PMd.  m,  5.  Le  phénomène  de  l'eau  qui 
s  élève  au-dessus  de  son  niveau  dans  une  pompe  as- 
pirant* ne  pouvait  être  expliqué  par  les  philosophes 


EXP 

anciens,  condillac,  Traitéd-  tyst.  ch.  4«.  Lama 
nie  de  tout  expliquer  qu'  /amour  des  système 
avait  introduite,  d'àleub.  léfl.  sur  le  goût ,  (jfMi 
t.  m,  p.  41.1,  dans  pocgens.  Comment  décrire  toi 
jours  les  prodiges  et  ne  succomber  jamais  à  la  teo 
tation  de  les  expliquer?  bonnet,  Lett.  div.  O-'m 
t.  XII,  p.  62,  dans  poucens.  ||  11  se  dit  dans  le  mèoi 
sens  avec  un  nom  de  chose  pour  sujet.  Ceci  expl 
que  pourquoi  il  n'est  pas  venu.  Voilà  qui  expliqu 
leur  admiration  pour  lui.  ||  S'expliquer,  expliqut 
à  soi-même.  Je  ne  peux  m'expliquer  votre  conduiti 
Je  ne  m'explique  pas  cette  différence  dans  ne 
comptes,  celte  erreur  de  calcul.  {|  3"  Faire  entendi 
nettement,  déclarer.  Explique,  explique  mieux  i 
fond  de  ta  pensée,  cohn.  Uéracl.iu,  3.  On  dit  plu: 
vous  souffrez,  sans  en  être  offensée,  Qu'il  vous  ose 
madame,  expliquer  sa  pensée,  rac.  Brit.  u,  : 
Il  Faire  connaître.  Je  vous  veux  devant  elle  expli 
quer  sa  naissance,  rac.  Aihal.  v,  ï.  |{  Exprimer,m< 
nifester.  Ainsi  tout  votre  amour  n'est  qu'une  politi 
que,  Et  le  cœur  ne  sent  point  ce  que  la  bouch 
explique?  CORN.  Othon,  i,  l .  La  joie  et  les  transpon 
qu'on  Vient  de  m'expliquer,  rac.  Brit.  m,  3.  L'ei 
fant  ayant  tousses  besoins  à  expliquer  et  par  con» 
quent  plus  de  choses  à  dire  à  la  mère  que  la  mère 
l'enfant....  J.  J.  Kovss.  Inégalité,  l"  partie.  ||  i"  I: 
terpréter  des  représentations  figurées.  Ce  profe 
seur  explique  la  sphère.  Expliquer  à  quelqu'un  I 
tableau  qu'il  a  sous  les  yeux.  ||  Instruire  sur  quelqu 
chose.  J'adore  le  Seigneur,  on  m'explique  sa  lui 
RAC.  Ath.  u,  7.  Il  Faire  un  exposé.  Dans  les  secon 
et  troisième  livres  il  expliquait  l'origine  de  touu 
les  villes  d'Italie ,   rollin  ,   Hist.   anc.   liv.   xxv 

ch.  II,  art.  2.  Il  6°  Interpréter Ne  doutez  poii 

que,  fiers  de  sa  disgrâce,  k  la  haine  liientôt  ils  n 
joignent  l'audace,  Et  n'expliquent,  seigneur,  1 
perte  du  combat  Comme  un  arrêt  du  ciel  qui  it 
prouve  Amurat,  rac.  Baj.  i,  1.  ||  Fig.  Je  ne  voi 
nierai  pas,  seigneur,  que  ses  soupirs  M'ont  daign 
quelquefois  expliquer  ses  désirs,  rac.  Brit.  11,  '. 
Il  6°  Donner  la  traduction.  Vous  entendez  cela,  1 
vous  savez  le  latin  sans  doute. — Oui,  mais  faite 
comme  si  je  ne  le  savais  pas  ;  expliquez-moi  ce  qu 
cela  veut  dire,  mol.  Bourg,  gent.  u,  4.  ||  Terme  d 
classe.  Expliquer  un  auteur,  le  traduire  de  vii 
voix.  Expliquer  du  latin.  Et  absolument  :  On  atro 
peu  de  temps  pour  expliquer.  |{  T'S'expliquer,  t;.  réj 
Faire  connaître  sa  pensée,  sa  manière  de  voir.  M 
croiiez-vous,  seigneur,  et  puis-je  m'explique! 
CORN.  Nicom.  v,  b.  Vous  devriez  attendre,  prince; 
qu'on  se  fût  expliqué  sur  vous,  MOL.  Psyché,  1,  1 
Votre  cœur  avait  eu  la  bonté  de  s'expliquer  en  m 
faveur,  ID.  la  Prince  d'Élide,  iv,  «.  Je  m'y  suis  ei 
pliquésur  l'opinion  des  mystiques,  Boss.  Lett.  abi 
223.  Mandez-moi,  monsieur,  si  vous  m'entendez  ;  j 
craindrais  de  me  trop  expliquer,  haintenon,  Let 
au  card.  de  Noaillei,  si  déc.  leos.  Laissez-le  s'ei 
pliquer  sur  tout  ce  qui  le  touche,  bac.  Ath.  11,  ' 
Partout  où  le  souverain  ne  souffre  pas  qu'on  s'expl 
que  librement  sur  les  matières  économiques  et  pol 
tiques....  RAYNAL,  Hiit.phil.  X,  13.  ||  Je  ne  sais  si  j 
m'explique,  si  je  me  fais  comprendre.  |{  Fig.  Mais  to 
pinceau  [de  Mignard]  s'explique  et  trahit  ton  silence 
Malf:ré  toi,  de  ton  art  il  nous  fait  confidence,  uoi 
VcU-de-Grdce.  |{  S'expliquer,  donner  un  éclaircissi 
ment.  Sur  cet  enfant,  madame,  expliquez-vous  si 
l'heure,  volt.  Orphel.  m,  3.  ||  S'expliquer  avec  que 
qu'un ,  avoir  avec  lui  un  éclaircissement.  Dieux 
souffrez  qu'à  moH  tour  avec  vous  je  m'explique 
CORN.  Sertor.  i,  3.  Elle  vient,  tu  pourras  t'explique 
avec  elle,  volt.  Triumv.  11,  2.  ||  Avec  ellipse  du  pri 
nom  personnel.  Il  faut  faire  expliquer  cet  homme.  J 
le  ferai  expliquer.  ||  On  dit  aussi  je  le  ferai  s'expli 
quer.  ||  8°  S'expliquer  d'une  chose,  en  dire  ce  qu'o 
en  pense,  en  parler.  11  n'était  pas  le  seul  qui  s'ripli 
quâld'un  tel  dessein,  HOSS.  Avert.  5.  On  s'expliqu 
de  sa  peine  avec  des  amis,  on  en  fait  part  à  des  pa 
rents,  bourdal.  Instruct.  paix  avec  leproch.  Exhtm 
t.  Il,  p.  339.11  y  aun  terme,  disent  les  uns,  qui  peic 
la  chose  au  naturel;  il  y  a  un  mot,  diseni  les  ai 
très,  qui  est  hasardé....  et  c'est  du  même  trait  et  d 
même  mot  que  tous  ces  gens  s'expliquent  ainsi,  u 
BRUY.  I.  Il  Je  m'en  expliquerai  avec  lui,  je  m'entec 
drai  avec  lui  là  dessus.  ||  9' Etre  expliqué,  êtrerendi 
intelligible.  Pour  tout  autre  que  lui  je  sais  comn 
s'explique  La  règle  de  la  vraie  et  saine  politiqii» 
CORN.  A'icom.  u,  I.  Cela  s'explique  de  soi-même 
BOSS.  Lett.  abb.  133.  ||  Être  expliqué  l'un  par  l'autre 
Ces  deux  passages  s'expliquent  l'un  par  l'autre 
Il  lO*  Se  faire  connaître,  en  parlant  des  senlimenll 
Peut-être  en  vous  par  là  s'explique  la  nature 
COR».  Uéracl.  v,  8.  Que  n'est-il  permis  à  votr 
douleur  de  s'expliquer?  MASS.  YMeroy.  ||  li«  Etn 


EXP 

exposé,  manifesté.  Qu'une  âme  accoutumée  aux 
grandes  actions  Ne  se  peut  abaisser  à  des  soumis- 
sions; Elle  n'en  conçoit  point  qui  s'expliquent  sans 
honle,  COBN.  Cid,  n,  6.  Cette  noble  inclination, 
qui  s'explique  si  souvent  pour  tant  de  monde  par 
les  effets  les  plus  avantageux,  th.  corn.  Uaximin, 
Épitre.  Avant  que  son  destin  s'explique  par  ma  voix, 
RAC.  Athal.  I,  2.  Il  W'  Se  déployer,  se  développer 
(ce  sens  est  lalin).  Nous  serons  forcés  d'avouer 
qu'il  y  a  dans  la  graine  un  principe  secret  d'ordre 
et  d'arrangement,  puisqu'on  voit  les  branches,  les 
feuilles,  les  fleurs  et  les  fruits  s'expliquer  et  se  dé- 
velopper de  là  avec  une  telle  régularité,  boss.  Con- 
naiss.  iv,  2.  Ainsi  la  tragédie  agit,  marche  et  s'ex- 
plique, BoiL.  Art  p.  m. 

—  lllST.  XVI*  s.  En  après  le  pouls  s'explique  [se 
'('iveloppe]  et  se  dilate  à  mesure  que  la  chaleur  de 

l'iiccès  s'augmente,  paré,  xx,  28.  Quand  je  veois 
ces  braves  formes  de  s'expliquer,  si  vifves,  si  pro- 
fondes, je  ne  dis  pas  que  c'est  bien  dire,  je  dis  que 
c'est  bien  penser,  mont,  m,  362. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  explicar ;  ital.  es- 
plicare  ;  du  lat.  explicare,  proprement  déployer,  de 
es,  et  plicare,  ployer  (voy.  ce  mot).  Expliquer  a  été 
refait  sur  le  latin;  la  forme  d'origine  est  esployer 

(voy.  ÉPLOYÉ). 

+  EXPLIQUEUR,  EUSE  (èk-spli-teur ,  keû-z'), 
».  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  explique.  11  y  a  des  per- 
sonnes qui  ont  la  sottise  de  croire  à  la  science  des 
expliqueurs  de  songes,  legoarant. 

—  SYN.  ExpLicATEUR ,  EXPLiQUEUR.  Ce  dernier  se 
prend  en  mauvaise  part  comme  indiquant  non-sou- 
Jement  l'habitude,  mais  la  manie  d'expliquer.  Ei- 
pUcateur  n'a  pas  la  même  nuance. 

EXPLOIT  (ék-sploi;  le  (  se  lie:  un  èk-sploi-t 
éclatant;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  èk-sp!oi-z  écla- 
tants), ».  m.  Il  1"  Chose  accomplie  en  guerre,  action 
d'éclat.  Les  plus  rares  exploits  que  vous  ayez  pu 
faire,  corn.  JVtcom.  ii,  3.  Seigneur,  pour  mes  pa- 
rents je  nomme  mes  exploits;  Ma  valeur  est  ma 
race,  et  mon  bras  est  mon  père,  m.  D.  Sanche, 
I,  3.  La  fameuse  journée  du  Raab  où  Louis  re- 
nouvela dans  le  cœur  des  infidèles  l'ancienne  opi- 
nion qu'ils  ont  des  armes  françaises,  fatales  à  leur 
tyrannie,  et  par  des  exploits  inouïs  devint  le  rem- 
part de  l'Autriche  dont  il  avait  été  la  terreur,  boss. 
Har.-Thér.  Pour  moi,  loin  des  combats,  sur  un  ton 
moins  terrible.  Je  dirai  les  exploits  de  ton  refîne 
paisible,  boil.  Ép.  i.  Bientôt,  ressuscitant  les  hé- 
ros des  vieux  9ges,  Homère  aux  grands  exploits 
anima  les  courages,  jd.  Art  p.  iv.  Tous  les  jours  il 
m'éveille  au  bruit  de  ses  exploits,  m.  Lutr.  ii.  Les 
exploits  de  son  père  effacés  par  les  siens,  hac.  Andr. 
n,  I.  Et  par  ce  noble  exploit  vous  [à.  vous  Lévites] 
acquirent  l'honneur  D'être  seuls  employés  aux  au- 
tels du  Seigneur,  ID.  Athal.  iv,  3.  ||  Ironiquement. 
Bessus  faisait  de  grands  exploits  de  la  langue 
[en  paroles],  vaugel.  Q.  C.  vu,  4.  ||  Exploits  ga- 
lants, succès  auprès  des  dames.  Sur  ses  exploits 
galants  j'attaque  Des  Renais  ,  collé,  Dupuis  et 
Des  Ronais,  i,  8.  ||  Se  dit  aussi  des  chasseurs  qui 
tuent  beaucoup  de  gibier.  ||  Ironiquement.  Vous  avez 
fait  là  un  bel  exploit  1  ||  2°  Terme  de  pratique.  Acte 
que  l'huissier  dresse  et  signifie  pour  assigner, 
notifier,  saisir.  Dresser  un  exploit.  Libeller  un  ex- 
ploit. Et  je  vous  viens, monsieur, avec  votre  licence, 
Signifier  l'exploit  de  certaine  ordonnance....  mol. 
Tart.  V,  4.  C'est  un  petit  exploit  que  j'ose  vous  prier 
De  m'accorder  l'honneur  de  vous  signifier,  rac. 
Plaid.  II,  2.  Il  Soufller  un  exploit,  se  dit  d'un  huis- 
sier qui  ne  remet  pas  la  copie  d'un  exploit,  bien 
que  l'original  porte  qu'elle  a  été  remi.se. 

—  HlST.  XI"  s.  [Il]  Point  le  cheval,  laisse  courre  nd 
esp'eit,  Ch.  de  Roi.  cclix.  \\  xii=  s.  Li  messagier  le 
rei  se  sunt  mult  entremis  De  faire  lur  espleit,  mais 
il  n'i  unt  plus  pris.  Th.  le  mart.  66.  ||  xiii'  s.  Ce 
que  le  chasuble  estoit  de  sarge  de  Reins,  senefie 
que  la  croiserie  sera  de  petit  esploit,  aussi  comme 
vous  verres  se  Dieu  vous  donne  vie,  Jomv.  299. 
Chi  [ci]  define  li  chapitres  qui  parole  des  esplois 
qui  pueent  venir  aus  seigneurs,  beaum.  xxvii,  27. 
Baron,  franc  chevalier,  ço  seroit  grans  esplois,  Se 
nos  sur  celé  gent  chevaulchions  demanois  [aussitôt], 
Ch.  d'Ant.  VIII,  8)4.  ||xvs.  Là smglerent  ce  premier 
jour  à  l'ordonnance  de  Dieu,  du  vent  et  des  mari- 
niers, et  eurent  assez  bon  exploit  pour  aller  devers 
Gascogne,  où  le  roi  [anglais]  tendoit  à  aller,  froiss. 
l,  I,  264.  Il  XVI'  s.  Fautes  [défauts]  valent  exploits, 
LOïSEL,  897.  On  sergent  est  cru  du  contenu  en  son 
exploit,  et  de  sa  prise,  jusqu'à  cinq  sols,  ip.  9o(. 
Timoleon  n'arreste  gueres  à  choquer,  voyant  le  peu 
d'exploit  que  faisoient  ses  gens  de  cheval,  amyot 
Timol.  S7.  Cest  exploit  d'armes,  joint  avec  le  tesmoi- 


EXP 

gnage  d'Antigonus,  donna  grande  réputation  à  Phi- 
lopœmen,  id.  Philop.  40. 

—  ETYM.  Provenç.  esplec,  espleg,  espleit,  espley, 
et  aussi,  au  féminin,  esplecha;  bas-lat.  esplecta, 
espleclum,  expletum  (voy.  exploiter).  Explectum 
a  le  sens  d'accomplissement,  d'exécution,  d'où  ex- 
ploit militaire,  et  celui  d'instrument,  d'outil,  d'où 
exploiter.  Exploit  judiciaire  offre  quelque  diffi- 
culté; on  a  proposé  ex  placito,  acte  qui  fait  partie 
du  plait;  mais  placitum  ne  donne  pas  ploit;  du 
Cango  a  expletum,  copie;  le  sens  peut  convenir, 
mais  la  forme  convient  mal,  c'est  plicare,  plicitum, 
qui  donne  ploier,  ploit  iplere  ne  se  transforme  pus 
ainsi;  la  forme  rattache  donc  \' exploit  judiciaire  à 
l'autre  cj-p/ort  ;  le  sens  aussi,  car  la  signification 
d'instrument  va  à  un  exploit  judiciaire. 

t  EXPLOITABILITE  (èk-sploi-ta-bi-li-té),  s.  {. 
Qualité  de  ce  qui  peut  être  exploité.  ||  Terme  de  pra- 
tique. Etat  de  ce  qui  peut  être  saisi  et  vendu  par 
voie  de  justice. 

EXPLOITABLE  (èk-sploi-ta-bl'),  adj.  ||  1°  Qui 
peut  être  exploité  avec  avantage.  Ferme  exploitable. 
Cette  mine  n'est  pas  exploitable.  ||  Bois  exploitables, 
bois  en  état  d'être  abattus  pour  l'usage  auquel  on  les 
destine.  |{  2''Terme  de  pratique.  Use  ditdes  biens  qui 
peuvent  être  saisis  par  exploit  et  vendus  par  justice. 

—  HlST.  XVI*  s.  Le  propriétaire  peut  contraindre 
son  hoste  de  garnir  sa  maison  de  meubles  exploita- 
bles, pour  sûreté  de  son  louage,  loysel,  476. 

—  ETYM.  Bas-lat.  explectabilis ,  de  explectare, 
exploiter. 

EXPLOITANT  (èk-sploi-tan) ,  adj.  m.  \\  1°  Terme 
de  pratique.  Huissier  exploitant  par  tout  le  ressort, 
huissier  qui  a  droit  d'y  signifier  des  exploits.  ||  2°  S. 
m.  Celui  qui  exploite  une  entreprise,  des  terres,  etc. 

EXPLOITATION  (  èk-sploi-ta-sion  ;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'exploiter  des  terres, 
des  bois,  une  mine,  etc.  11  perfectionna  l'adminis- 
tration des  salines,  non  pas,  comme  on  pourrait 
l'imaginer,  en  augmentnnt  le  revenu  qu'elles  pro- 
duisaient au  gouvernement,  mais  en  en  rendant 
l'exploitation  moins  onéreuse,  condorcet,  Haller. 
Les  propriétaires  de  Franche-Comté,  forcés  de  ven- 
dre leurs  bois  à  bas  prix  pour  l'exploitation  des 
salines,  id.  Montigni.  Tel  est  l'avantage  de  l'exploi- 
tation des  terres  sur  l'exploitation  des  mines,  con- 
DiLLAC,  Comm.  gouv.  11,  to.  ||  Absolument.  Se  dit 
de  l'exploitation  des  mines.  ||  Chemin  d'exploitation, 
chemin  fait  pour  les  besoins  d'une  exploitation. 
Il  Chemin  de  fer  en  état  d'exploitation,  cliemin  de 
fer  achevé  et  tout  prêt  pour  servir  aux  transports. 
Il  2°  Par  extension,  il  se  dit  d'un  privilège  de  théâ- 
tre, d'un  journal,  d'un  brevet.  ||  3°  La  chose  même 
exploitée.  Le  matériel  qui  est  sur  l'exploitation. 
Il  4*  Le  lieu  où  l'on  exploite  (il  se  dit  surtout  aux 
lies,  en  Amérique,  en  Algérie).  On  lui  a  concédé 
une  vaste  exploitation.  {|  6°  En  un  sens  défavorable, 
exploitation  d'un  homme,  le  profit  excessif  que  l'on 
en  tire  en  l'employant.  L'exploitation  des  ouvriers 
par  les  entrepreneurs.  L'exploitation  de  l'homme  par 
l'homme  est  une  chose  odieuse,  anti-sociale;  et  il 
me  semble  qu'à  mon  égard  vous  en  avez  un  peu 
abusé,  CH.  DE  liERNAHu,  le  Paratonnerre. 

—  ETYM.  Bas-lat.  expleclationem,  de  explectare, 
exploiter. 

EXPLOITÉ,  ÉE  (èk-sploi-té,  tée),  part,  passé. 
Mis  en  exploitation.  Un  domaine  exploité  avec  grand 
profit.  Il  Par  extension.  Dont  on  tire  parti,  profit. 
Une  bonne  idée  habilement  exploitée. 

EXPLOITER  (èk-sploi-té),  v.  a.  \\  1°  Terme  d'a- 
griculture et  d'industrie.  Faire  valoir,  tirer  le  pro- 
duit. Exploiter  une  ferme,  un  chemin  de  fer  ,  une 
papeterie,  un  journal,  un  brevet,  un  théâtre.  Dans 
une  habitation  établie  sur  un  bon  sol  et  suffi- 
samment pourvue  de  noirs,  de  bestiaux,  de  toutes 
les  choses  nécessaires,  deux  hommes  exploitent 
un  carré  de  cannes,  c'est-à-dire  cent  pas  géomé- 
triques en  tout  sens,  BAYNAL  ,  Ilist.  phil.  XL,  30. 
Toutes  les  mines  du  Pérou  étaient  originairement 
exploitées  par  le  moyen  du  feu  ;  dans  la  plupart 
on  lui  substitua  en  157)  le  mercure,  id.  ib.  vu, 
30.  Il  On  a  dit  dans  le  même  sens  exploiter  de  ses 
mains,  locution  qui  n'est  plus  guère  usitée.  ||  Ex- 
ploiter des  bois,  abattre,  façonner  et  débiter  les 
bois  dans  la  forêt.  M.  de  Marcellus  chérit  le  souve- 
nir des  Druides,  et,  pour  cela,  ne  veut  pas  qu'on 
exploite  aucun  bois,  p.  l.  cour.  1,  <80.  ||  2°  Par  ex- 
tension, tirer  profit  ou  bon  parti  de  quelque  chose 
considéré  comme  objet  d'exploitation.  Exploiter  la 
curiosité  publique.  C'est  une  mine  d'or  que  cette 
idée,  entre  des  mains  qui  sauront  l'exploiter,  J.  J. 
Hotiss.  Lctt.  à  d'Ivernois,  Corresp.  t.  vi,  p.  )23, 
dans  PCUGEKS.  jl  3°  Dans  le  même  sens,  mais  en 


EXP 


1571 


mauvaise  part,  tirer  on  profit  illicite  ou  peu  honoi 
rable  de  quelque  chose.  Exploiter  la  crédulitâ  publi- 
que. Exploiter  une  place,  un  emploi.  ||  Il  se  dit 
aussi  des  personnes.  Exploiter  une  dupe.  Cet  entre- 
preneur exploite  ses  ouvriers.  ||  4°  Terme  de  féoda- 
lité. Exploiter  un  fief,  se  saisir  des  produits  d'une 
terre  dont  le  tenancier  a  manqué  à  faire  foi  et  hom- 
mage. Il  5°  Y.  n.  Par  plaisanterie  ou  ironiquement, 
faire  quelque  exploit,  quelque  prouesse.  Vraiment 
vous  avez  bien  exploité.  ||  Exploiter  sur  les  grands 
chemins,  voler  sur  la  grande  route.  Nous  eûmes  re- 
cours à  la  fuite  et  nous  nous  mîmes  à  exploiter  sur 
les  grands  chemins,  lesage,  Gil  Bios,  i,  5.  ||  6°  Terme 
de  pratique.  Dresser  et  signifier  des  exploits.  Tous 
les  procès-verbaux  et  exploits  faits  par  les  huissiers, 
sergents,  archers  et  autres  ayant  pouvoir  d'exploi- 
ter.... Arrêt  du,  conseil,  li  mars  )676.  ||  Activement. 
Sommer  par  exploit.  D'hombre  a  fait  banqueroute  ; 
parlez,  je  vous  prie,  à  un  procureur,  et  qu'on  m'ex- 
ploite ce  drôle,  dont  je  suis  très-mécontent,  volt. 
Lett.  Houssinot, déc.  iT37 .  ||  Proverbe.  A  mal  exploiter 
bien  écrire,  voy.  écrire.  ||  7°  S'exploiter,  v.  réfl-  Être 
exploité.  Cette  mine  s'est  exploitée  de  tout  temps. 

—  HlST.  XI'  s.  Par  quele  gent  cuid-il  [pense-t-il] 
espleiter  tant?  Ch.  de  Roi.  xxix.  Moût  bien  espleite 
cui  dames  Deus  aïue  [aide],  ib.  cclxvii.  |1  xii'  s. 
Paien  s'esploitent  de  leur  cors  adouber,  Honc.p.  )26. 
Il  XIII' s.  Seigneur,  ce  dist  Tybers,  mal  avez  esploi- 
tié,  Berte,  xxi.  E.sploitié  en  avons  com  félon  et  re- 
nart,  t6.  xxii.  Devant  qu'il  a  fet  vers  son  seigneur 
ce  qu'il  doit,  il  ne  doit  joir  ne  exploitier  du  fief, 
BEAUM.  xiv,  19.  Il  XV*  s.  Si  me  lai.ssez  aller....  et 
s'en  exploiteront  mieux  mes  besognes,  au  plaisir  de 
Dieu,  qui  tout  ce  me  veuille  octroyer,  fhoiss.  i,  i, 
)7.  Et  tant  exploicterent  qu'ilz  tuèrent  plus  de  huyt 
cens  hommes,  comm.  11,  )0.  ||  xvi*  s.  Maintenant  que 
ma  vie  est  exploictée  et  employée,  mont,  ii,  294. 
L'occasion  de  bien  exploitter,  amyot,  Alcib.  et  Cor. 
comp.  6.  Ils  avoient  esté  là  devant  unze  jours,  sans 
exploicter  [avancer]  que  bien  peu,  carloix,  vu,  )0. 

—  ÉTYM.  Berry,  épléter,  abonder,  avancer,  il 
éplète  à  moissonner  ;  provenç.  explechar,  expleitar, 
explectar,  espleyar,  exploiter,  user,  se  servir,  agir, 
opérer;  d'un  fréquentatif  fictif  piplt'citore,  de  expli- 
care, lequel,  ayant  le  sens  d'achever,  terminer,  a 
donné  toutes  les  acceptions  du  verbe  exploiter. 

t  EXPLOITEUR  (èk-sploi-teur),  s.  m.  ||  1"  Celui  qui 
exploite  une  terre,  une  mine,  etc.  ||  2°  Celui  qui  tire 
des  avantages  illicites  ou  excessifs  de  quelque  posi- 
tion. Il  Celui  qui  abuse,  à  son  profit,  de  la  confiance 
d'une  personne.  ||  3"  Celui  qui  est  habile  à  quelque 
chose.  Xla  plume,  àl'épée,  exploiteur  à  deux  mains, 
DU  fresnt,  Reconcil.  normande,  11,  4. 

—  HlST.  xvi's.  Exploiteur,  onwN,  Dict. 

—  ÉTYM.  Exploiter. 

t  EXPLORABLE  (ék-splo-ra-bl') ,  adj.  Qu'on  peut 
explorer.  Ce  pays  est  facilement  explorable. 

EXPLORATEUR  (èk-splo-ra-teur) ,  s.  m.  \\  1°  Celui 
qui  explore.  Arrête,  raison  qui  chancelles;  Ne 
va  pas  d'un  vol  orgueilleux  Sonder  les  clartés  im- 
mortelles D'un  Dieu  qui  se  cache  à  tes  yeux;  Loin, 
explorateurs  téméraires  De  ses  conseils,  de  ses  mys- 
tères D'un  voile  épais  toujours  couverts,  prade,  Ode 
sur  la  Grâce,  )727,  dans  richelet.  ||  2°  Celui  qui  va 
ou  qu'on  envoie  à  la  découverte  dans  un  pays  pour 
en  connaître  l'étenduo,  la  configuration,  etc.  ||  3°  En 
un  sens  aujourd'hui  peu  usité,  personnage  qu'on 
envoie  dans  une  cour  étrangère  pour  en  sonder  les 
intentions,  les  desseins  secrets.  ||  4°  Adj.  Qui  ex- 
plore, qui  se  Uvre  à  des  recherches.  Philcsophe  ex- 
plorateur. La  science  exploratrice.  ||  B°  Terme  da 
chirurgie.  Qui  a  pour  but  de  reconnaître  quelque 
chose  dans  un  organe,  dans  une  tumeur.  Ponction 
exploratrice.  |{  Trocart  explorateur,  ou,  substantive- 
ment, explorateur,  trocart,  stilet  entaillé  de  maniera 
à  ramener  une  parcelle  du  tissu  dans  lequel  on  la 
plonge.  Il  Stylet  explorateur,  stylet  garni  d'une  olive 
de  biscuit  de  porcelaine  blanche,  laquelle,  frottée 
par  -otation  sur  une  balle  engagée  dans  les  tissus, 
revnnt  avec  une  tache  métallique  qui  décèle  la 
présence  et  la  nature  du  projectile. 

—  HlST.  xV  s.  Pour  voir  Testât  de  l'ost  et  le  bien 
savoir,  il  envoya  quatre  cens  combattans  explora- 
teurs qui  avoient  délibéré  de  mettre  en  un  lieu  leur 
embusche  et  envoyer  aucuns  coureurs  devant,  Ju  v.  des 
URSiNS,  Ilist.  de  Charles  VI,  p.  282,  dans  lacubne. 

—  ETYM.  Lat.  exploratorem,  de  explorare,  ex- 
plorer. 

fEXPLORATIF,  IVE  (èk-splo-ra-tif,  tî-v'),  adj. 
Qui  a  pour  but  d'explorer.  Un  voyage  exploratif. 

—  ÉTYM.  Explorer. 

EXPLORATION  (èk-splo-ra-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f,  \\  1°  Action  d'explorer  un  pays.   LCf 


1572  KXP 

;i',SKl  ••t;^•X«'*4'''"''•r'="°■'fS."• 
"^n.r  .tunuremen.  J«  .ymptôme.  d'une  maladie, 

d«  iood«f  un»  plaio,  un  ulcère. 
—  ui«T.  XVI'  »•  Eiploration,  cotobave. 

t  BXPLOHATIVEMENT  (  èk-splo-ra-ti-ve-man  ) , 
ode.  En  «iplorant. 

_  rrvM.  Explorative,  et  le  suffixe  ment. 

KXPLORÊ,  ÉK  (èk-»plo-r4,  rée),  part,  patti.  La 
Nou»elle- Hollande  encore  peu  explorée  par  les  voya- 
geur». Il  >'lg-  Sujet  déj»  exploré. 

EXPLOREE  (èk-splo-ré),  ».  o.  ||  !•  Parcourir  en 
aiaminant,  en  cherchant  &  découvrir.  Il  voulut  ex- 
plorer ce»  contrées.  ||  l'arcourir  du  regard.  Et  quand 
iur  cette  mor,  las  de  chercher  sa  route,  Du  (irma- 
nent  gplendido  il  explore  la  route,  Des  astres  in- 
connus s'y  lèvent  à  SCS  yeux,  lamart.  Jïarm.  iv,  i3. 
||l*Flg.  Explorer  une  bibliothèque,  les  vieux  docu- 
ments. Il  8«  Examiner  attentivement  les  symptômes 
d'une  maladie;  sonder  une  plaie,  une  fistule. 

—  IIIST.  XVI'  ».  Apportez-moi  les  œuvres  de  Vir- 
gile ,  et,  par  trois  fois  avec  l'ongle  les  ouvrant,  explo- 
rerons, parles  vers  du  nombre  entre  nous  convenu, 
le  sort  futur  de  voslre  mariage,  babel.  Pant.  m,  <o. 

—  ÉTYM.  I.at.  explorare,  explorer.  D'après  Pott, 
florare  serait  ici  le  même  que  plorare,  pleurer, 
viendrait  du  radical  sanscrit  plu,  couler,  et  aurait 
pris  lo  sons  do  aller,  et,  avec  ex,  aller  au  loin. 

t  KXPLOSIBLK  (èk-splo-zi-W),  adj.  Susceptible 
de  faire  explosion.  Mélange  eiplosible.  Allumettes 
explosibles.  Halles  explusibles. 

—  ÉTYM.  Voy.  EXPLOSION. 

t  EXPLOSIF,  IVE  (èk-splo-zif,zi-v'),  adj.  Terme 
de  physique.  Qui  est  relatif  à  l'explosion;  qui  aie 
caractère  d'une  explosion.  ||  Distance  explosive,  le 
plus  grand  intervalle  au  delà  duquel  il  n'y  a  plus 
d'étincelle  électrique  entre  deux  corps,  dans  un 
milieu  quelconque  non  conducteur. 

—  ETYJI.  Voy.  EXPLOSION. 

KXPLOSIO.N  (èk-splo-zion  ;' en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  {.  \\  1°  Action  d'éclater  avec  un  bruit 
instantané,  produite  par  une  indammation  brusque 
ou  par  une  décomposition  spontante,  ou  par  l'ex- 
cès de  tension  d'une  vapeur.  L'explosion  d'une  mine, 
d'un  volcan.  Une  explosion  de  gaz.  Le  23  octobre,  à 
une  heure  et  demis  du  matin,  l'air  avait  été  ébranlé 
par  une  effrayante  explosion;  Mortier  avait  obéi,  le 
Kremlin  n'existait  plus,  ségub,  Uist.  de  Nap.  ix,  6. 
Il  Explosions  fulminantes,  explosions  des  chaudiè- 
res à  vapeur  qui  éclatent  comme  la  foudre,  et  qui 
B'ont  lieu  qu'au  repos,  c'est-à-dire  après  un  temps 
d'arrêt  plus  ou  moins  prolongé,  généralement  au 
moment  où  l'on  va  remettre  la  machine  en  marche, 
et  lorsque,  par  son  calme  complet,  le  générateur 
ne  fait  en  rien  pressentir  l'événement.  |{  2°  Action 
d'éclater,  en  parlant  d'une  passion,  d'une  sédition, 
d'une  révolution.  Il  est  des  passions  douces  qui  sont 
toujours  nécessaires  et  qui  se  développent  d'autant 
plus  que  l'humanité  est  perfectionnée;  il  en  est  d'au- 
tres violentes  et  tenibles  qui  sont  plus  développées 
dans  les  temps  de  barbarie;  elles  sont  naturelles 
aussi....  leurs  explosions  ramènent  aux  passions 
douces  et  les  améliorent,  turgot.  Plan  du  \"  dise. 
»ur  i'hi'jl.  un<«.  Elle  étouffa  pourtant  enfin,  non  la 
violence,  mais  l'explosion  de  sa  colère,  d'albmb. 
Éloget,  Duto-àchu.  ||  8»  11  se  ditde  l'apparition  d'une 
maladie  épidémique  ou  contagieuse  au  milieu  d'une 
popuhttion.  L'explosion  de  la  fièvre  jaune  à  Sainl- 
Nazaire,  en  France. 

—  ÊTYM.  Lat.  explosionem,  Aeexplosum,  supin 
de  txflodert  ou  explaudere,  de  ex,  et  plaudere, 
frapper,  battre  avec  bruit  (voy.  plausible). 

tEXPOLIATRUR  (èk-spo-li-a-teur),  î.  m.  Syno- 
nyme inusité  de  spoliateur.  Je  viens,  lui  dis-je,  au 
nom  de  Jésus-Christ  le  père  universel  des  pauvres, 
vous  conjurer  de  n'être  pas  complice  de  l'expolia- 
teur  des  pauvres,  karmontel,  Uém.  ii.  ||  On  dit  au- 
jourd'hui spoliateur. 

"^TYM.  Lat.  extpoliatorem ,  de  ex,  et  spoliare 
dépoudler  (voy.  SPOLIATEUR). 

t  KIPONCTION  (èk-spon-ksion),  s.  f.  Terme  de 
diplomatique.  Indication,  dans  les  manuscrits  de 
luppnmer  une  lettre  fautive,  un  mot  fautif,  ce  qui 
»e  faisait  en  mettant  un  point  au-dessus  de  la  lettre 

UanTher'"""'*"'  ^°  '^'"'*  '®  °""  ^"'''  '^*"*''  ^'" 

d»»*^!^"'  '^'' '"P"'»*"'»'"'" ,  de  eipungere ,  biffer , 
tin^yjH'  "arTierd'un  point  (voy.  poindbe). 
J  ^.'^"KKTIEL.EU.K  (èk^spo-nan-si-èl,  è-1'), 
SuinlLu,?*  *•'«*'>"•  O"-^'"*  exponenUelle 
U  BUbelanllTemenl.  Un^  exponr-mielle,  |1  Eq^stion 


EXP 

exponentielle,  équation  renfermant  l'inconnue  ou  la 
variable  en  exposant.  ||  Courbes  exponentielles,  cour- 
be» représentées  par  des  équation»  exponentielles. 
—  ÊTYM.  I.at.  exponent,  exposant,  de  ex,  et  po- 
nere,  mettre  (voy.  pondre).  Condillac  {Langue  du 
calcul,  II,  (3)  blime  comme  n'étant  pas  français 
exponentiel;  mais  le  mot  s'est  établi  ;  il  est  même 
correct,  car  il  est  formé  d'exponens,  comme  poten- 
tiel, de  potens. 

t  EXPORTATEUR  (èk-spor-ta-teur),  f.  m.  Terme 
de  commerce.  Celui  qui  exporte  des  marchandises. 
\\Ad}.  Fabricant,  commissionnaire  exportateur. 
—f.TYM. Lat. fxpormtorem, defxporlare,  exporter. 
EXPORTATION  (èk-spor-ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1"  Terme  de  commerce.  Action  d'ex- 
porter des  marchandises.  L'exportation  des  grains.  Je 
sais  bien  que  deux  grands  hommes  [l'Hôpital  et  Col- 
bert]  se  sont  opposés  à  la  liberté  entière  do  l'expor- 
tation du  blé,  VOLT.  Lett.  Roubaud,  t"  juill.  t769. 
Plus  on  exportera,  plus  nos  blés  auront  de  prix; 
plus  ils  auront  de  prix,  plus  il  y  aura  de  bénéfice 
pour  le  cultivateur;  plus  il  y  aura  de  bénéfice  pour 
le  cultivateur,  plus  il  cultivera,  et  plus  il  cultivera, 
plus  l'agriculture  sera  florissante  :  il  faut  donc  encou- 
rager l'exportation,  CONDIL.  Comm.gouv.  n,  <2.  On 
jugea  qu'il  ne  fallait  point  de  prohibition  ni  de  dé- 
fense permanente  soit  d'exporter,  soit  d'importer, 
mais  qu'il  fallait  tour  à  tour  permettre  et  défendre 
l'exportation  et  l'importation  suivant  les  circonstan- 
ces; ce  parti  parut  le  plus  sage,  et  cependant  il  l'é- 
tait le  moins,  ID.  ib.  Lorsque  Turgot  donna  sa  loi  en 
faveur  de  la  libre  exportation  des  grains,  non-seule- 
ment de  province  à  province,  mais  au  dehors  et 
dans  tous  les  temps,  Necker  se  permit  de  lui  dire 
qu'il  y  voyait  quelque  danger,  marmontel,  Ifém. 
XII.  Il  Fig.  Je  ne  vois  pas  pourquoil'on  défendrait  le 
transport  des  pensées  de  province  à  Paris,  tandis 
qu'on  permet  l'exportation  de  Paris  en  province, 
VOLT.  Lett.  d'Argental ,  8  oct.  t706.  jj  2°  Choses  qu'on 
fait  sortir  d'un  pays,  soit  qu'elles  y  croissent  na- 
turellement, ou  qu'elles  y  aient  été  fabriquées.  Le 
chiffre  des  exportations  s'est  accru. 

EXPORTÉ,  ÊE  (èk-spor-té,  tée),  part,  passé.  Le 
blé  exporté  de  France  en  Angleterre. 

EXPORTER  (èk-spor-té),  V.  a.  Transportera  l'é- 
tranger les  produits  du  sol  ou  de  l'industrie  natio- 
nale. Que,  dans  tous  les  gouvernements,  on  protège 
également  les  travaux  de  toute  espèce,  et  que,  sans 
restriction,  sans  interruption,  on  permette  d'expor- 
ter et  d'importer  les  choses  même  les  plus  néces- 
saires; alors  toutes  les  nations  seront  riches,  et 
leurs  richesses  respectives  seront  en  raison  de  la 
fertilité  du  sol  et  de  l'industrie  des  habitants,  con- 
dillac, Comm.  gouv.  i,  29.  ||  Absolument.  Cette  pro- 
vince, nous  l'avons  supposé,  s'est  aussi  interdit  tout 
commerce  extérieur;  elle  ne  peut  donc  pas  exporter  : 
ses  blés  seront  donc  à  un  prix  d'autant  plus  bas, 
qu'elle  en  a  plus  et  qu'il  lui  en  faut  moins,  id.  ib.  i, 
20.  Il  S'exporter,  v.  réfl.  Être  exporté.  Ces  marchan- 
dises s'exportent  en  grande  quantité. 

—  ÉTYM.  Lat.  exportare,  de  ex,  hors,  et  portare, 
porter.  Exporter  se  trouve  dans  le  xiv  siècle  avec 
le  sens  de  porter  hors  :  Et  ainsi  est  l'orine  esportée 
entre  les  deux  tuniques  de  la  vessie,  h.  de  monue- 
VILLE,  f*  30. 

t  EXPORTEUR  (èk-spor-teur),  s.  m.  Synonyme 
d'exportateur. 

EXPOSANT,  ANTE  (èk-sp6-zan,  zan-l'),  i.  m.  et 
f.  \\l°  Terme  de  pratique.  Celui,  celle  qui  expose 
ses  prétentions  dans  une  requête  en  justice  ou  autre. 
Les  raisons,  les  dires  de  l'exposant.  X  ces  causes, 
voulant  favorablement  traiter  ledit  exposant,  For- 
mule des  anciens  privilèges  du  roi  pour  l'impres- 
sion et  la  vente  des  livres.  \\  2°  Celui,  celle  qui 
met  ses  produits  industriels  ou  artistiques  dans  une 
exposition  publique.  Les  exposants  sont  très-nom- 
breux. Il  3°  Terme  d'algèbre.  Petit  chiffre  placé  à 
droite  et  un  peu  au-dessus  d'un  nombre  et  qui  en 
exprime  la  puissance  :  o',  fc',  2  et  3  sont  les  ex- 
posants, et  indiquent  la  2«  puissance  de  o  et  la  3' 
de  6.  On  additionne  les  exposants  pour  multiplier 
une  lettre  élevée  à  une  puissance  par  cette  même 
lettre  élevée  à  une  autre  puissance ,  ou  à  la  même, 
CONDILLAC,  Long.  cale,  ii,  6.  ||  Il  s'est  dit  aussi  du 
nombre  qui  exprime  le  rapport  de  deux  autres; 
locution  aujourd'hui  inusitée.  Trois  est  l'exposant 
du  rapport  de  douze  à  quatre.  ||  Exposant  de  rang, 
s'est  dit  du  nombre  qui  exprime  la  place  qu'un 
terme  occupe  dans  une  suite  quelconque.  On  dit  au- 
jourd'hui indice.  ||  4°  Exposant  de  rapports,  nom 
donné  par  quelques  grammairiens  aux  prépositions; 
dénomination  mauvaise,  car  les  prépositions  expri- 
ment mais  n'exposent  pas  les   rapports  entre  les 


EXP 

mots  d'une  phrase.  ||  6"  Terme  de  marine.  Expcsaut 
de  charge,  différence  entre  le  volume  de  la  carène 
lége  et  celui  de  la  carène  au  tirant  d'eau  en  charge. 

<.  EXPOSÉ,  ÉE  (èk-spS-zé,  zée),  part,  passé. 
Il  1*  Mis  devant  les  yeux.  Des  tableaux  exposés  à  la 
vue  du  public.  Ces  morceaux  faits  sont  exposés  au 
public  pendant  plusieurs  jours,  diderot.  Salon  de 
<7«7,  Œuvres,  t.  xv,  p.  <B6,  dans  pougens.  Je 
vis,  il  y  a  quelques  jours,  la  lettre  exposée  en  vente 
aux  Tuileries,  d'alemb.  Le«.  d  Voltaire,  16  oct.  1778. 
il  Qui  est  en  vue.  Un  prince  si  exposé  à  tout  l'univers 
ne  donne  rien  aux  spectateurs  [dans  ses  derniers 
moments],  boss.  Louis  de  Bourbon.  L'endroit  où  je 
vous  parle  est  le  moins  exposé,  volt.  Triumv.  il, 
4.  Il  Mis,  avant  l'enterrement,  dans  la  maison  mor- 
tuaire sous  les  yeux  du  public ,  en  parlant  d'un 
mort  (en  cercueil,  ou  embaumé  et  sans  cercueil). 
Le  corps  de  Meyerbeer  est  resté  quatre  jours  ex- 
posé. Il  2°  Abandonné  sur  la  voie  publique.  Un  en- 
fant exposé  dont  le  mérite  éclate,  corn.  Œdipe, 
v,  4.  Il  3°  Tourné  d'un  certain  côté.  Maison  expo- 
sée au  soleil.  Espalier  bien  exposé.  Dans  un  che- 
min montant,  sablonneux,  malaisé.  Et  de  tous  les 
côtés  au  soleil  exposé,  la  pont.  Fabl.  vu,  ».  ||  Ex- 
posé au  grand  air,  soumis  à  l'action  du  grand  air. 
Il  4°  Qui  est  en  butte.  Vous  voyant  exposée  aux  fureurs 
d'une  femme,  corn.  JVt'com.  i,  4.  Nous  saurons  si 
c'est  une  témérité  de  ne  le  pas  croire,  et  nous 
verrons  le  jugement  du  pape  exposé  au  jugement 
du  parlement,  pasc.  Prov.  4  9.  Malheureux  d'être 
exposé  aux  artifices  des  méchants,  fén.  Tél.  ii.  Le 
roi  était  exposé  presque  à  demi-corps  à  une  bat- 
terie de  canon  ,  pointée  vis-à-vis  l'angle  où  il  était, 
VOLT.  Charles  XII,  8.  ||  Absolument.  Exposé,  en 
danger.  Retirez-vous  de  là,  vous  seriez  trop  ex- 
posé. Il  5°  Expliqué.  Une  théorie  exposée  avec  une 
grande  netteté.  Il  y  a  dans  ce  livre  des  vérités  bien 
exposées,  volt.  Jeimt,  9. 

2.  EXPOSÉ  (èk-spô-zé) ,  t.  m.  ||  1°  Récit  d'un  fait 
et  de  ses  circonstances.  La  fraude  de  ces  peuples 
[les  Gabaonites]  à  qui  on  ne  pardonna  que  sur  un 
faux  exposé,  BOSs.  Polit,  vu,  v,  19.  Us  faisaient  à 
cette  cour  un  exposé  faux,  et  par  conséquent  dan- 
gereux des  forces  que  le  parti  de  ce  prince  avait  en 
Ecosse  et  en  Angleterre,  d'alemb.  Éloges,  Milord 
Maréchal.  |j  2°  Ce  qui  est  déduit  dans  une  requête 
présentée  au  juge.  Un  faux  exposé.  Être  condamné 
sur  son  propre  exposé.  ||  3°  Compte  rendu.  L'exposé 
de  la  situation  du  royaume.  L'exposé  d'une  doctrine. 

—  ÉTYM.  Exposé,  1. 

EXPOSER  (èk-spô-zé),  v.  a.  ||  1"  Mettre  en  vue, 
présenter  aux  regards.  Exposer  un  mort  sur  un 
lit  de  parade.  Â  cette  cérémonie  on  exposa  de 
belles  tapisseries.  Il  donna  de  même  de  l'or  pour 
faire  des  tables  qui  servaient  à  exposer  les  pains, 
SACi,  Bible,  Paralip.  l,  xxvui,  18.  ||  Par  exten- 
sion. Sitôt  que  ce  jeune  astre  aux  regards  de  la 
reine  Exposa  sa  clarté  si  belle  et  si  sereine,  botb. 
Herc.  mour.  ii,  1.  ||  Exposer  en  spectacle,  faire  voir 
à  tout  le  monde.  ||  Fig.  Être  exposé  à  la  vue  du  pu- 
blic, être  exposé  aux  regards,  aux  yeux  de  tous,  etc. 
être  dans  une  situation  qui  attire  l'attention  publi- 
que, jj  Onditdans  un  sens  analogue  :  Cette  place,  cette 
dignité  expose  à  la  vue  de  toute  la  terre,  aux  yeux 
de  tout  le  monde,  etc.  Dans  un  rang  qui  l'exposa 
aux  yeux  de  tout  le  monde,  bac.  Bri(.  ii,  3.  ||  Ex- 
poser le  saint  sacrement,  le  présenter  à  l'adoration 
des  fidèles.  ||  2»  Il  se  dit  des  artistes,  des  agricul- 
teurs ,  des  industriels  qui  mettent  leurs  œuvres , 
leurs  produits  sous  les  yeux  du  public.  Exposer  des 
machines.  Plusieurs  artistes  du  premier  ordre,  bles- 
sés par  les  critiques  qui  ont  été  faites  des  ouvrage» 
qu'ils  avaient  exposés  au  salon  du  Louvre,  en  ont 
été  découragés  au  point  de  renoncer  pour  jamais  à 
cette  exposition,  saint-foix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  ni, 
p.  1 97 ,  dans  POUGENS.  Combien  de  tableaux  se- 
raient demeurés  des  années  entières  dans  l'ombre 
de  l'atelier  s'ils  n'avaient  point  été  exposés  !  didebot, 
Saîondel767,  ût'ut!.  t.  xiv,  p.  8,  dans  pougens. 
il  Absolument.  Cet  artiste  n'a  pas  exposé  cette  an- 
née. Il  Fig.  Exposons  les  tableaux  de  la  vertu,  et  il 
se  trouvera  des  copistes,  didebot,  Claude  et  Nér.  u, 
32.  Il  3°  Exposer  en  vente,  se  dit  tant  des  choses  que 
l'on  expose  à  la  vue  du  public  pour  être  vendue», 
que  de  celles  dont  la  vente  n'est  connue  que  par  aes 
affiches  publiques.  Exposer  des  meubles,  une  biblio- 
thèque. Vous  jurez  que  les  livres  seront  par  vous  re- 
çus, gardés,  exposés  et  vendus  fidèlement;  vous  ju- 
rez que  vous  ne  les  supprimerez  ni  ne  les  cacherez, 
mais  que  vous  les  exposerez  en  lieu  et  temps  oppor- 
tun, Serment  des  libraires  en  I302,  dans  Uisl.  litt. 
de  la  Fr.  t.  ixiv,  p.  290.  {]  4*  Exposer  un  criminel, 
lui  faire  subir  la  peine  du   carr.in.  Autrefois  on  ex- 


l 


ESP 

posait  sur  la  roue  le  corps  des  voleurs  de  grands 
chemins.  ||  6°Eiposerun  enfant,  dans  le  sensancien, 
abandonner  un  enfant  dans  un  lieu  désert  pour  s'en 
défaire,  pour  qu'il  y  périsse.  Mais  Phorbas,  ce  vieil- 
lard qui  m'exposa  jadis....  corn.  Œdipe,  m,  B.  Elle 
prit  un  panier  de  jonc,  et,  l'ayant  enduit  de  bitume 
et  de  poix,  elle  mit  dedansle  petit  enfant,  l'exposa 
parmi  les  roseaux  sur  le  bord  du  ileuve,  saci,  Bi- 
ble, Exode,  II,  3.  S'ils  [les  Spartiates]  trouvaient 
l'enfant  mal  fait,  délicat  et  faible,  et  s'ils  jugeaient 
qu'il  n'aurait  ni  force  ni  santé,  ils  le  condamnaient 
à  périr,  et  le  faisaient  exposer,  rollin,  Hist.  anc. 
CKuv.  t.  II,  p.  B23,  dans  pougens.  On  ne  trouve 
aucune  loi  romaine  qui  permette  d'exposer  les  en- 
fants, MONTESQ.  Esp.  XXIII,  22.  ||  Dans  le  sens  rno- 
derne,  l'abandonner  dans  un  établissement  destiné 
à  recueillir  les  enfants.  ||  6"  Ancien  terme  de  mon- 
naie. Exposer  de  la  monnaie,  la  faire  circuler,  la 
distribuer.  On  pendait  ceux  qui  exposaient  de  la 
fausse  monnaie.  Le  roi  a  défendu  d'exposer  des  es- 
pèces étrangères.  H  7°  Placer,  tourner  vers.  Bien  ex- 
poser un  bâtiment, un  espalier,  l'exposer  au  levant, 
au  midi.  1|  8°  Soumettre  à  l'action  de.  Exposer  des 
bardes  à  l'air.  Exposer  du  linge  au  soleil  pour  le  faire 
sécher.  ||  S'Exposer  aux  bêtes  un  condamné,  le  leur 
livrer  pour  qu'elles  le  déchirent.  Sous  Trajan,  saint 
Ignace,  évêque  d'Antioche,  fut  exposé  aux  bêtes  farou- 
ches ,  Boss.  Hist.  I ,  <  0.  Il  Dans  un  sens  analogue ,  mais 
qui  a  vieilli,  livrer  à,  faire  tomber  aux  mains  de. 
Ton  destin  te  trahit,  et  ta  beauté  fatale  Sous  l'appât 
d'un  hymen  t'expose  à  ta  rivale,  corn.  Méd.  m,  1. 
Il  10°  Exposer  au  péril,  au  danger,  faire  courir  lo 
péril,  le  danger.  ||  On  a  dit  aussi  exposer  en  péril, 
en  danger.  Heureux  couple  d'amants  que  le  destin 
assemble.  Qu'il  expose  en  péril,  qu'il  en  retire  en- 
semble, CORN.  dit.  II,  6.  Je  lui  dis  ingénument  en 
quels  dangers  ma  jeunesse  avait  été  exposée,  fén. 
Tél.  IV.  Il  Absolument.  Exposer  quelqu'un,  lui  faire 
courir  un  péril.  Te  demander  du  sang,  c'est  exposer 
le  tien,  corn.  Cinna,  i,  <.  Au  lieu  de  vous  faire  at- 
tendre que  l'orage  fût  passé,  il  veut  vous  exposer, 
sÉv.  25.  Il  Exposer  à,  faire  courir  le  risque  de.  N'ex- 
posons, lui  djt-il,  que  cette  seule  tèle  X  la  réception 
que  l'Egypte  m'apprête,  corn.  Pomp.  ii,  2.  Expo- 
sez-moi, de  grâce,  à  moins  d'ignominie.  Et  ne  me 
rangez  pas  à  l'indigne  destin  De  me  voir  le  rival  de 
monsieur  Trissotin,  mol.  F.  sav.  iv,  2.  M'en  irai-je 
moi  seul,  rebut  de  la  fortune....  Exposer  votre  nom 
au  mépris  de  sa  cour?  bac.  Mithr.  m,  i.  ||  Exposer 
quelque  chose,  courir  risque  de  le  perdre.  Joram, 
leur  roi  légitime ,  pour  qui  ils  venaient  d'exposer 
leur  vie  dans  une  bataille  sanglante,  eoss.  Polit. 
VII,  VI,  2.  Un  petit  tyran  expose  sa  souveraineté 
pour  défendre  sa  vie,  montesq.  Esp.  x,  t2.  ||  Faire 
courir  risque,  avec  un  nom  de  chose  pour  sujet. 
Cela  vous  expose  à  bien  des  calomnies.  Quoi  1  ma- 
dame, c'est  vous,  c'est  l'amour  qui  m'expose?  rag. 
Mithr.  IV,  2.  Voyez  à  quoi  nous  exposent  la  hauteur 
et  la  violence,  genlis,  Veill.  du  chdt.  t.  i,  p.  32. 
Il  Absolument.  Cette  place  expose  à  bien  des  jalou- 
sies. Il  Au  passif.  Être  exposé  à,  courir  le  risque  de. 
Être  exposé  à  périr,  à  perdre  sa  fortune.  ||  En  un 
autre  sens,  être  exposé,  être  en  butte.  Etre  exposé 
i  la  raillerie,  à  la  calomnie.  ||  Être  exposé  aux  coups, 
au  feu  de  l'ennemi.  Être  exposé  à  l'ardeur  du  soleil, 
i  la  pluie,  etc.  |]  11°  Faire  connaître.  Ce  qu'on  ne 
doit  point  voir,  qu'un  récit  nous  l'expose,  boil.  Art 
p.  m.  Mais  je  t'expose  ici  mon  âme  toute  nue,  rac. 
Brit.  II,  2.  Où  chacun  doit  venir  exposer  au  Sei- 
gneur ses  misères,  mass.  Car.  Temples.  Le  premier 
satrape,  chargé  du  soin  de  la  ville,  exposait  les  plus 
belles  actions  qui  s'étaient  passées  sous  son  gouver- 
nement, VOLT.  Zadig,  6.  ||  Faire  un  exposé.  Il  ex- 
posa la  situation.  ||  Terme  de  pratique.  Exposer  vrai, 
exposer  faux,  faire  un  exposé  vrai,  faux.  ||  Expliquer. 
Exposer  une  doctrine,  une  théorie.  Les  pères  de 
Constantinople  firent  profession  de  n'exposer  que 
la  foi  ancienne,  dans  laquelle  tous  les  fidèles  avaient 
été  baptisés,  boss.  Far.  )•'  avert.  §  30.  Diogène  a 
de  la  profondeur  dans  l'esprit,  de  la  fermeté  dans 
l'âme,  de  la  gaieté  dans  le  caractère;  il  expose  ses 
principes  avec  tant  de  force,  qu'on  a  vu  des  étran- 
gers l'écouter,  et  sur-le-champ  abandonner  tout  pour 
le  suivre,  barthél.  Anach.  ch.  7.  ||  Absolument.  Ce 
pi,»fesseur  expose  bien.  1|  12°  Terme  de  littérature. 
Faire  l'exposition  d'une  œuvre  dramatique.  Eschyle, 
inventeur  de  la  tragédie,  est  peut-être  de  tous  les 
poètes  grecs  celui  qui  expose  ses  sujets  de  la  ma- 
nière la  plus  simple  et  la  plus  frappante ,  mahmontel, 
Élém.  litt.  Œuvres,  t.  vu,  p.  343,  dans  pougens. 
Sophocle  avait  pris  la  manière  d'Eschyle  dans  l'art 
d'exposer  en  action;  les  deux  Œdipe,  l'Electre,  l'An- 
tigoneen  sont  des  exemples,  m.  il),  p.  346.  IJlS'S'ex- 


EXP 

poser,  V.  réfl.  Élre  mis  eu  vue.  Les  produits  de  l'in- 
dustrie et  des  arts  s'exposent  à  des  intervalles  ré- 
glés. Il  14°  Courir  un  péril.  S'exposer  à  la  mort, 
s'exposer  à  être  tué.  Cependant  des  humains  pres- 
que les  quatre  parts  S'exposent  hardiment  au  plus 
grand  des  hasards,  la  font.  Fabl.  vu,  2.  Je  m'ex- 
pose à  me  perdre  et  cherche  à  vous  servir,  volt. 
Marianne,  m,  B.  ||  Absolument.  S'exposer,  se  met- 
tre en  danger,  courir  des  risques.  Qui  souffre  un 
attentat,  s'expose  et  l'autorise,  rotrou,  Bélis.  i,  2. 
X  s'exposer  les  uns  trouvent  mille  délices;  Moi,  j'en 
trouve  à  me  conserver,  mol.  Amph.  ii,  t.  Ju.ste 
ciel!  où  va-t-il  s'exposer?  rac.  Bajat.  m,  4.  Contre 
un  peuple  en  fureur  vous  exposerez-vous?  id.  Iphig. 
v,  3.  Et  qui  voudrait  jamais  s'exposer  pour  son  roi? 
ID.  Esth.  II,  3.  Il  Se  mettre  en  butte.  S'exposer  au 
feu  des  ennemis,  à  l'ardeur  du  soleil.  Il  faut  bâter 
mon  départ;  je  ne  veux  plus  m'exposer  aux  regards 
de  Théodora,  lesage,  Diab.boit.  ch.  xiii.  ||  Se  met- 
tre dans  le  cas  de  faire  ou  de  subi#quelque  chose 
de  fâcheux.  S'exposer  à  un  refus.  Il  vaut  mieux  s'ex- 
poser à  l'ingratitude  que  de  laisser  sans  secours  un 
malheureux.  S'exposer  à  tuer  un  homme.  ||  1B°  Être 
expliqué.  Cette  théorie  s'expose  assez  facilement. 

—  HIST.  XIV"  s.  Alors  vint  en  volenté  à  Romulus 
et  Remus  que  il  feroient  une  cité  en  celi  lieu  où  il 
avoient  esté  exposez,  bercheure,  f°  9.  Pour  que  la 
noble  fortune  des  plus  riches  fust  exposée  à  l'envie 
des  poures,  m.  f°  22,  recto.  ||  xv  s.  0  nobles  et 
vaillans  chevaliers,  ne  vous  oubliez  pas  en  ceste 
matière,  exposez  vous  en  bataille  volontiers  et  de 
cuer,  gerson,  dans  Hist.  litt.  de  la  Fr.  t.  xxiv, 
p.  377.  Il  xvi*  s.  C'est  bonne  œuvre  et  charitable 
que  d'exposer  sa  vie  pour  deffendre  le  bien  com- 
mun, Bosier  histor.  i,  2.  L'art  d'exposer  les  si- 
gnifiances  des  songes,  amyot,  Arist.  66.  S'exposant 
au  danger  de  la  mer  en  si  longue  navigation,  id. 
Lucull.  4.  Les  ambassadeurs  luy  exposèrent  leur 
charge  en  peu  de  paroles,  id.  Crass.  36. 

—  ÉTYM.  Ex,  et  poser,  par  l'étymologie  ;  mais, 
par  le  sens,  exposer  répond  au  latin  exponere,  dont 
le  participe  expositus  a  servi  à  rapprocher  exposer 
du  sens  qu'il  a.  Le  plus  ancien  français  disait  ei- 
pondre,  de  exponere. 

t  EXPOSEUR  (èk-spô-zeur) ,  s.  m.  Celui  qui  ex- 
pose, ou  qui  explique. 

—  iilST.  XVI'  s.  Exposeur,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Exposer. 

t  EXPOSITEUR  (èk-spô-zi-teur),  s.  m.  1|  1°  Celui 
qui  soumet  à  l'appréciation  du  public  des  objets  de 
son  art  ou  de  son  industrie  dans  une  exposition 
publique.  On  dit  aujourd'hui  exposant.  ||  i'  Celui 
qui  expose  un  enfant.  ||  3°  Anciennement,  exposi- 
teur  de  fausse  monnaie ,  celui  qui  la  mettait  en 
circulation,  qui  la  distribuait. 

—  HIST.  xu'  s.  E  li  dit  Merlin  [les  dits  de  Merlin] 
l'unt  durement  esmaié  [mis  en  émoi];  Li  fol  espo- 
situr  [interprètes]  l'en  unt  poi  esvié  [peu  détourné] , 
Th.  le  mart.  168.  ||xvi's.  David  mesme  est  très  bon 
expositeur  de  son  intention  en  ce  passage  où.... 
CALV.  Instit.  iO. 

—  ÉTYM.  Lat.  expositorem ,  commentateur,  de 
expositum,  supin  de  exponere,  de  ex,  et  ponere, 
mettre  (voy.  pondre).  Dans  l'historique,  expositeur 
a  le  sens  de  :  celui  qui  explique. 

EXPOSITION  ( èk-spô-zi-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  d'exposer  aux  regards; 
état  de  la  chose  exposée,  mise  en  vue.  L'exposition 
du  saint  sacrement.  Il  Exposition  de  peinture,  ou, 
simplement,  exposition,  mise  sous  les  regards  du 
public,  de  tableaux,  en  un  lieu  approprié.  Ce  fut 
sous  sa  dictée  que  je  rendis  compte  au  public  de 
l'exposition  des  tableaux  en  (759,  l'une  des  plus 
belles  que  l'on  eût  vues,  marmontel,  Mém.  vi.  ||  Il 
se  dit,  dans  le  même  sens,  des  produits  de  l'art  et 
de  l'industrie.  Exposition  universelle,  celle  dans 
laquelle  sont  reçus  les  produits  de  tous  les  pays. 
La  première  exposition  universelle  eut  lieu  à  Lon- 
dres, en  (864.  Il  Le  lieu  où  l'on  expose.  Aller  à  l'ex- 
position. Il  2°  Manière  dont  un  tableau  est  placé  re- 
lativement au  point  d'où  lui  vient  le  jour  et  au 
point  d'où  il  doit  être  vu.  ||  3°  La  peine  infamante 
du  carcan.  Être  condamné  à  l'exposition.  L'expo- 
sition a  été  abolie  par  le  gouvernement  provisoire 
de  t84B.  Il  4°  Action  d'abandonner  un  enfant  sur  la 
voie  publique.  Les  expositions  des  enfants  sont 
cruelles  et  ordinaires  parmi  les  chrétiens,  le  maître, 
Plaid.  7 ,  dans  riohelet.  Comme,  malgré  les  expo- 
sitions d'enfants,  le  peuple  augmente  toujours  à 
la  Chine,  il  faut  un  travail  infatigable  pour  faire 
produire  aux  terres  de  quoi  le  nourrir,  montesq. 
Esp.  viii,  2).  Il  Abandon  d'un  enfant  dans  tm  hos- 
pice. Il  Terme  de  droit.  Exposition  de  part,  action 


EXP 


1573 


de  déposer  et  de  délaisser  un  enfant.  L'exposi- 
tion ne  constitue  pas  par  elle-même  le  crime,  il 
faut  qu'il  y  ait  eu  délaissement,  c'est-à-dire  que 
l'enfant  ait  été  seul  et  sans  surveillance  ni  secours. 
Il  5°  Direction  de  la  surface  d'un  terrain,  d'un  édi- 
fice, par  rapport  aux  points  cardinaux.  L'exposition 
au  midi,  au  couchant.  Ce  palais  est  dans  une  belle 
exposition.  Les  différents  usages  des  parties  des  édi- 
fices demandent  des  expositions  différentes,  Yitruv» 
abrégé,  *'•  part.  ch.  3,  dans  richelet.  ||  6°  Récit, 
narration.  Il  a  fait  l'exposition  do  cette  affaire  fort 
nettement.  ||  7°  Explication.  L'exposition  de  la  doc- 
trine chrétienne.  J'ai  donné  l'exposition  de  cette 
méthode,  non  pour  m'ériger  en  réformateur,  mais 
afin  que  les  maîtres  qui  seraient  en  état  de  l'enten- 
dre pussent  en  faire  usage,  du  marsais,  Lett.  à 
M.  ***.  Exposition  du  système  du  monde ,  titre  d'un 
ouvrage  de  Laplace.  \\  8°  Terme  de  littérature.  Partie 
d'une  œuvre  où  l'on  fait  connaître  le  sujet.  L'expo-, 
sition  du  sujet  dans  un  drame,  dans  un  poème.  Ne 
trouveriez-vous  pas  qu'il  fût  aussi  beau  de  dire  l'ex- 
position du  sujet  que  la  protase,  le  nœud  que  l'épi- 
tase,  et  le  dénoûment  que  la  péripétie?  mol.  Crit. 
de  l'Éc.  des  f.  7.  L'art  de  l'exposition  dramatique 
consiste  à  la  rendre  si  naturelle  qu'il  n'y  ait  pas 
même  le  soupçon  de  l'art,  marmontel,  Élém.  litt. 
Œuvres,  t.  viii,  p.  343,  dans  pougens.  La  plus 
froide,  la  plus  pénible,  la  plus  longue,  et  en  même 
temps  la  plus  obscure  de  toutes  les  expositions,  est 
celle  de  Rodogune,  id.  ib.  p.  347.  ||  9°  Interpréta- 
tion. L'exposition  du  texte  de  l'Écriture.  ExpositioQ 
littérale. 

—  HIST.  XII"  s.  La  detée  [dictée]  expositions  des 
alquantes  [quelques;  il  s'agit  de  leçons]  est  recontée 
par  lo  notarié  davant  lo  poble,  bohmans,  Hom.  de 
St  Grég.  p.  <7.  ||  xiir  s.  Onques  si  noble  vision  N'ot 
si  vile  eiposicion,  la  Rose,  6638.  ||  xiv  s.  C'est  leur 
exposition  [explication],  oresme.  Thèse  de  meunier. 
Il  XVI"  3.  Autoclides  au  livre  qu'il  a  fait  de  telles 
expositions  [sur  la  conduite  à  tenir  durant  les  écli» 
pses],  AMY0T,  Nicias,  43. 

—  ÉTYM.  Provenç.  expositio,  espositio;  espagn. 
exposicion;  ital.  esposixione;  du  latin  expositionem 
(voy.  expositeur). 

4.  EXPRÈS,  ESSE  (èk-sprê,  sprè-s'),  adj.  ||  1°  Qui 
est  exprimé  de  manière  à  ne  laisser  aucun  doute 
possible.  César  viendra  bientôt,  et  j'en  ai  lettre  ex- 
presse, CORN.  Pomp.  1,  3.  D'ailleurs  c'est  l'ordre  ex- 
près de  son  père  mourant,  id.  Nicom.  iv,  5.  Elle 
veut  que  votre  âme,  esclave  de  la  sienne,  Lui  de- 
mande sa  grâce,  et  jamais  ne  l'obtienne;  Ce  sont 
ses  mots  exprès,  id.  Perthar.  iv,  \.  Ce  rut,  s'il  m'en 
souvient,  votre  prière  expresse,  id.  Sophon.  i,  2. 
Du  consul  et  de  vous  j'ai  la  parole  expresse,  id.  ib. 
IV,  3.  Lisez  ce  qu'il  cite  d'Aristote,  et  vous  verrez 
qu'après  une  autorité  si  expresse  il  faut  brûler  les 
livres  de  ce  prince  des  philosophes,  ou  être  de  notre 
opinion,  pasc.  Prov.  4.  Ce  Père  [saint  Ambroise] 
pouvait-il  s'en  expliquer  d'une  manière  plus  expresse? 
bourdaloue,  Annonciat.  de  la  Vierge,  Xyst.  t.  ii, 
p.  109.  Aussitôt  qu'il  fut  parvenu  à  l'empire,  il  dé- 
fendit par  un  édit  exprès  que  l'on  composât  jamais 
de  vers  pour  lui,  fonten.  Auguste,  grelin.  ||  2°  11 
se  dit  aussi  de  ce  qui  est  fermement  déterminé,  ar- 
rêté. Il  peut,  pour  conserver  son  honneur,  se  trou- 
ver au  lieu  assigné,  non  pas  véritablement  avec 
l'intention  expresse  de  se  battre  en  duel,  mais  seu- 
lement avec  celle  de  se  défendre,  si  celui  qui  l'a 
appelé  l'y  vient  attaquer  injustement,  pasc.  Prov. 
7.  Tout  ce  qui  montre  de  l'ordre,  des  proportions  et 
des  moyens  propres  à  faire  de  certains  effets,  mon- 
tre aussi  une  fin  expresse,  un  dessein  formé,  boss. 
Connaiss.  iv,  «.  Un  jugement  d'habitude  est  re- 
dressé par  un  jugement  de  réflexion  expresse,  ID. 
ib.  I,  8.  Il  3°  Qui  s'exprime  en  termes  exprès,  en  par- 
lant des  personnes  ou  des  livres.  L'Écriture  y  est 
expresse  [que  la  prière  vient  de  Dieu],  boss.  Défense 
de  la  tradition,  x,  21.  ||  4°  S.  m.  Messager  chargé 
d'une  mission  déterminée.  J'envoie  cet  exprès  pour 
en  avertir  madame,  boss.  Lett.  abb.  7. 

—  HIST.  XIII'  s.  El  [Héloïse]  11  manda  [à  Abélard] 
parletre  expresse....  la  Base,  88B4.  |l  xv"  s.  Ayant 
la  charge  expresse  dece  faire,  comm.  vu,  2.  ||  xvi's. 
Par  paroles  expresses  de  son  testament,  mont,  i,  )7. 
La  plus  expresse  marque  de  la  sagesse,  c'est  une 
esjouissance  constante,  id.  i,  176.  Tout  autre  choix 
que  celui  qui  vient  de  la  main  expresse  de  Dieu.... 
ID.  II,  249.  L'assemblée  générale  lui  depescha  deux 
exprès  pour  lui  porter  un  témoignage  authentique  da 
leur  repentir,  d'aub.  Vie,  cxxxix.  11  envoya  gens 
exprès,  pour  accuser  Phrynicus,   amtot.  Aie.  60. 

I  Ayant  eu  cette  vision  bien  expresse  et  bien  manl» 
I  feste,  ID.  Arist.  29. : 


lîXP 


mé,  p»rticlpe  d» 
■  re,  presser  (voy. 


—    E.TÏM.   IT'i'.' 

mprimir*,  d0cj, 

"Vnnt»  (*k-.pré).  ad».  X  crUina  fin   arec 
on*' ""on  pi«liir..  Mai.  voici  me.  deux  fll.qua 
j"  n,.n,lé.*.rr6..  conK.  Modo,.   ■>.   «   Le  c.el  e 
Mfr*  tipr*»  une  grtnde  Ticiime,  id.  Perthor.  iv,«. 
T«ui  TOUii  Uiwz  eipr»s  et  me  laissez  parler  par 
Mk  mslice,  HOL.  Don  Juan,  m,  i.  C'est  une  soli- 
lu.li.  faite  exprès  pour  y  rêver,  »ev.  Sï).  La  pha- 
Un(çe  macédonienne  ne  peut  conserver  longtemps 
M  milldiiéet  sa  consistance,  parce  qu'il  lui  faut  des 
lieui  propres  cl  pour  ainsi  dire  faits  exprès,  hoss. 
Hitt.  m,  «  Je  sors  de  cliei  un  fat  qui,  pour  m'em- 
pelsonner.  Je  pense,  expris  chez  lui  m'a  forcé  de 
dîner,  boil.  Sol.  m.  Pausanias  nous  apprend  que, 
dans  la  suite,  on  laissa  exprès  quelques  temples 
dans  l'état  oïl  les  Perses  les  avaient  mis,   sans  les 
rétahlir,  afin  que  ces  ruines  sacrées  fussent  des  mo- 
tifs toujours  subsistants  de  la  haine  irréconciliable 
qui  devait  être  entre  les  Grecs  et  les  Barbares,  roll. 
«til.  anc.  (Ih'.uv.  t.  m,  p.  ïS6,  dans  pougkns.  ||Tout 
exprès,  même  sens  avec  plus  de  force.  De  ta  soeur 
tout  exprès  j'ai  pris  l'image  entière,  cohn.  T'ois,  d'or, 
ij,  t.  Ce  M  d'Ivernois  de  Genive  passait  à  Motiers 
deux  fois  l'an  tout  expr^s  pour  m'y  venir  voir,  J.  J. 
Kooss.  Confrii.  xii.  ||  C'est  comnje  un  fait  exprès,  se 
dit  d'une  chose  qui  devient  fâcheuse  par  l'occur- 
rence. Il  11  semble  fait  exprès  pour  cela,  se  dit  d'un 
homme  qui  a  beaucoup  de  disposition  pour  quelque 
chose. 

—  REM.  Par  exprès  est  une  locution  populaire, 
que  le  Imn  usage  rejette  et  qu'on  évitera,  mais  on 
Terra  à  rhistorii|ue  que  c'est  non  une  faute  en  soi, 
mais  un  archaïsme.  Il  faut  même  remarquer  que 
l'adverbe  exprès  s'explique  par  l'ellipse  de  par  de- 
vant l'ailjectif  expris  pris  substantivement. 

—  IIIST.  xiv  s.  Ainsi  mon  vif  argent  je  tire  Des 
•lemens  et  leur  matire;  Puis  son  soiilphre  le  suit  de 
près.  Comme  tout  ung  qui  par  exprès  L'eschaulTe 
petit*  petit,  Nal.  à  l'alch.  err.  34a.  ||xvi"3.  Vais- 
seaux minces  et  légers,  comme  ceulx  qui  estoient 
faits  exprès  pour  cingler  légèrement,  amïot,  Sertor. 
to.  Paix  faicte  exprès  à  nostre  ruine,  d'adb.  Uist.  i, 

—  ÉTYM.  Expris  f. 

t  EXPRESS  (èk-sprès'),  adj.  m.  Terme  de  che- 
min rie  fer.  Train  express  ou,  substantivement,  ex- 
press, train  qui  marche  beaucoup  plus  vile  que  le 
train  ordinaire,  et  qui  ne  s'arrête  qu'à  un  petit 
nombre  de  stations.  L'express  n'est  pas  encore 
passé. 

—  ÉTYM.  Mot  emprunté  à  l'anglais  express,  qui 
lui-même  vient  du  français  expris  (voy.  exprés). 

KXPRESSÉMENT(èk-sprè-sé-man),  adv.  \\  l'  En 
termes  expri^s.  11  n'y  a  aucun  droit  divin  ni  humain 
qui  permette  expressément  de  tuer  un  voleur  qui  ne 
te  défend  pas;  et  c'est  néanmoins  ce  que  vous  per- 
mettez expressément,  pasc.  Proï.  H.  Le  Fils  vous 
a  fait  expressément  entendre  que  le  nombre  de  ses 
élus  est  très-petit,  bourdaloue,  T  dim.  après  la 
Pentecdte,  Dominic.  t.  m,  p.  69.  Ijî»  Tout  exprès. 
Je  viens  de  détacher  une  branche  ailmirable.  Choi- 
sie expressément  de  grosseur  raisonnable,  mol.  l'Ét. 
IV,  7. 

—  HIST.  xiv'  S.  Et  fut  expressément  touché  que 
les  Roumains  donroient  ostages  à  Porsenne,  ber- 
cuEUBE,  f»  32,  wrjo.  Il  XV  s.  Fut  dit  et  requis.... 
que  nous  lui  promissionsexpressementfoy  et  loyauté 
porter,  nioiss.  i,  i,  63.  ||  xvf  s.  Un  roy  de  Pont, 
pour  gouster  de  ce  brouet  noir,  achepta  expressé- 
ment ui\  cuisinier  Lacedaemonien ,  amyot,  Lyc.  21. 
L'une  de  ses  ordonnances  portoit  expressément,  qu'il 
n'y  eut  pas  une  loi  escripte,  id.  ib,  22. 

—  ÊTYM.  Expresse,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
ripressamenti  espagn.  erprMomcnff;  ital.  expressà 
«Mite.  Cet  adverbe  devrait  être  expressément;   l'ac- 
ceiït  provient  d'un  abus   autorisé  par  l'usage,  dit 
Chifllct,  Gramm.  p.  188. 

EXPRKSSIP,  lVE(èk-8prè-sit,8i-v'),ad;.  ||l"0"i 
al»  vertu  de  bien  exprimer.  Un  terme  expressif.  Un 
(ÇesU,  un  silence  eiprewif.  Celle  faconde  parler  e.st 
expressive.  Des  paroles  aussi  expressives  de  ta  vio- 
lence extrême  soufferte  veulent  des  pensées  aussi 
Claires  qu'elle»  le  sont  elles-mêmes,  st-sim.  ao«, 
^■■JT?'  "*'  '■^'"'luUons,   par  ces  mélanges  multi- 

^^**  ■■'"  '"'"  ' '   -=0  formait  cette  langue  [grcc- 

.  sonore,  la  langue  do  tous 

'  «.  en  Snrbonne.  jj  f  Qui  a 

»»ui   «nï* ^',t'      •,"  P^P'onomie  expressive.   Ses 


loe'i 

lot.. 

d*  r 


EXP 

—  ÉTYM.  Voy.  EXPHESsioN  ;  provenc.  exprestiu; 
espagn.  expresivn;  ital.  erpressxvo. 

EXPRESSION  (èk-sprè-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  ».  f.  j|  l"  Action  d'exprimer  le  suc  de 
cerlaines  choses  par  la  pression.  Huiles  Urées  par 
expression.  ||  Terme  de  médecine.  Sueur  par  expres- 
sion, se  dit  des  gouttes  de  sueur  qui  se  montrent 
sur  la  face  de  ceux  qui  souffrent  une  angoisse  ex- 
trême et  particulièrement  sur  celle  des  agonisants. 
Il  »•  Fig.  Action  de  faire  sortir,  paraître  au  dehors  , 
c'est-à-dire  manière  de  rendre  sa  pensée  par l'organe 
de  la  parole,  ou  parle  ministère  de  la  plume.  11 
faut  admirer  la  force  agréable  de  l'expression  du 
célèbre  d'Ablancourt,  où  il  n'y  a  m  rudesse,  m 
obscurité,  ni  aucun  terme  à  désirer,  st-évbem. 
Wïcouri  des  traducteurs,  dans  richelet.  ||  Les 
mots  eux-mêmes  en  tant  qu'ils  sont  plus  ou  moins 
forts.  Les  plus  horribles  expressions  qu'on  pourrait 
former  contre  Arius,  PASC.  ProtJ.  a.  Le  matin  elle 
neurissait  ;  avec  quelles  grâces,  vous  le  savez  ;  le  soir 
nous  la  vîmes  sécliée;  et  ces  fortes  expressions  par 
lesquelles  l'Écriture  sainte  exagère  l'inconstance  des 
choses  humaines  devaient  être  pour  cette  princesse 
si  précises  et  si  littérales,  Boss.  Duch.  d'Orl.  Lafière 
et  imprudente  jeunesse,  au  lieu  qu'en  conseillant 
des  choses  dures,  elle  devait  du  moins  en  tempérer 
la  rigueurpar la douceurdes expressions,  joignitl'in- 
sulle  au  refus,  ro.  Polit,  x,  ii,  ».  La  noblesse  de  ses 
expressions  [de  Louis  XIV]  vient  de  celle  de  ses  sen- 
timents ;  et  ses  paroles  précises  sont  l'image  de  la  jus- 
tes.se  qui  règne  dans  ses  pensées,  id.  Marie-Thér. 
Selon  que  notre  idée  est  plus  ou  moins  obscure, L'ex- 
pression la  suit  ou  moins  nette  ou  plus  pure,  boil. 
Art  p.  1.  Tous  ces  pompeux  amas  d'expressions  frivo- 
les Sont  d'un  déclamateur  amoureux  de  paroles,  id.  ib, 
m.  Moïse,  Homère,  Platon,  Virgile,  Horace  ne  sont 
au-dessus  des  autres  écrivains  que  par  leurs  expres- 
sions et  par  leurs  images  :  il  faut  exprimer  le  vrai  pour 
écrire  naturellement,  fortement,  délicatement,  la 
BRUY.  I.  Un  bon  auteur  et  qui  écrit  avec  soin  éprouve 
souvent  que  l'expression  qu'il  cherchait  depuis  long- 
temps sans  la  connaître  et  qu'il  a  enfin  trouvée,  est 
celle  qui  était  la  plus  simple,  la  plus  naturelle,  qui 
semblait  devoir  se  présenter  d'abord  et  sans  effort, 
id.  «6.  Entre  toutes  les  expressions  qui  peuvent  rendre 
une  seule  de  nos  pensées,  il  n'y  en  a  qu'une  qui 
soit  la  bonne,  lo.  ib.  Une  chose  qui,  quoique  infini- 
ment moins  considérable,  sied  bien,  et  que  M.  Do- 
dart  avait  parfaitement,  c'est  la  noblesse  de  l'ex- 
pression ;  outre  qu'elle  tient  je  ne  sais  quoi  de  celle 
des  mœurs,  elle  fait  foi  que  l'on  a  vécu  dans  un 
monde  choisi,  car  ce  n'est  que  là  qu'elle  se  prend 
ou  se  perfectionne,  fonten.  Dodart.  Si  les  fenêtres, 
par  exemple,  sont  mal  disposées,  que  les  unes 
soient  plus  grandes,  les  autres  plus  petites,  les 
unes  placées  plus  haut,  les  autres  plus  bas,  ce  dé- 
rangement blesse  les  yeux  et  semble  leur  faire  une 
sorte  d'injure;  c'est  l'expression  de  saint  Augustin, 
BOLLit<,  Hist.  ane.  Œuvres,  t.  xi,  f'part.  p.  t26, 
dans  pouGENS.  Racine  suivait  exactement  le  conseil 
que  donnait  César,  de  fuir  comme  un  écueil  toute 
expression  qui  ne  serait  pas  marquée  au  coin  de 
l'usage  le  plus  certain  et  le  plus  connu,  d'olivet, 
Rem.  sur  Hoc.  §  19.  Si  vous  aviez  vu  les  expres- 
sions terribles  et  tendres  de  sa  douleur,  vous  en 
auriez  été  touchée ,  montesq.  Ars.  et  hmén. 
Il  Familièrement.  Expressions  à  mi-sucre,  expres- 
sions doucereuses.  Est-ce  dans  ces  amants  qui  par- 
tent pour  l'armée,  dont  les  expressions  sont  toutes 
tendres  et  à  mi-sucre î  Thédt.  ital.  la  Thèse  des 
dames,  dans  le  roux,  Dict.  com.  ||  Au-dessus  de 
toute  expression,  qui  ne  peut  être  suffisamment 
exprimé,  soit  en  bien,  soit  en  mal.  Son  zèle  est 
au-dessus  de  toute  expression.  ||  On  dit  aussi  au 
delà  de  toute  expression  ,  au  delà  de  l'expres- 
sion. Cette  réponse  impertinente  m'a  choquée  au 
delà  de  l'expression,  genlis.  Ad.  et  Théod.  t.  i, 
lett.  32,  p.  266,  dans  pougens.  Je  vous  aime  au  delà 
de  toute  expression,  m.  ib.  t.  m,  p.  6li.  ||  3°  Ha- 
bileté à  s'exprimer,  faculté  de  s'exprimer.  Je  la  re- 
merciai de  toutes  les  forces  de  mon  expression  et  de 
toutes  les  forces  de  mon  âme,  scarr.  îlom.  com.  ii, 
•  4.  Dire  d'une  chose  modestement,  ou  qu'elle  est 
bonne,  ou  qu'elle  est  mauvaise,  et  les  raisons 
pourquoi  elle  est  telle,  demande  du  bon  sens  et  de 
l'expression,  la  bhuy.  y.  ||4°  Action  de  faire  sortir, 
paraître  au  dehors,  c'est-à-dire  manière' dont  les  im- 
pressions que  nous  recevons  du  dehors  se  peignent 
dans  tout  notre  extérieur,  et  notamment  dans  les  traits 
du  TisafTc.  Ses  yeux  [de  Voltaire)  et  son  sourire 
avaient  une  expression  que  je  n'ai  vue  qu'à  lui ,  mar- 
mostel,  Mém.  vu.  Aussitôt  qu'il  aperçut  son  petit- 
fils,  il  lui  lendit  les  bras  avec  l'expression  la  plus 


KXP 

touchante,  obmus.  Ad.  et  Théod.  t.  m,  lett.  67. 
p.  40»,  danspooGENS.  Et  surtout,  quand  la  joie  étin- 
celle en  ses  yeux.  De  leur  férocité  l'expression  rapide 
Trahit  toute  l'horreur  de  sa  beauté  perfide,  lemepc, 
Frédég.et  Br.  m,  J.  Puis,  montrant  un  ciel  toujours 
pur,  il  leur  demanda  .?i  dans  ce  soleil  brillant  ils  no 
reconnaissaient  pas  son  étoile;  mais  cet  appel  à  su 
fortune  et  l'expression  sinistre  de  ses  traits  démen- 
taient la  sécurité  qu'il  affectait,  ségl'r,  Ilist.  deNap. 
IX,  4.  Il  Absolument,  l'expression,  une  certaine  dis- 
position des  traits  qui  lait  que  les  sentiments  s'y 
peignent  en  caractères  nets  et  apparents.  Quel  est  le 
visage  le  plus  propre  à  l'expresiîion  ?  c'est  celui  qui, 
pour  la  forme  des  traits  et  par  les  rapports  qu'ils  ont 
entre  eux,  s'altère  suivant  la  vivacité  des  passion i 
et  la  nuance  des  sentiments;  ajoutez-y  la  régularité, 
et  supposez  encore  que,  dans  son  état  habituel,  ij 
ne  montre  que  des  sentiments  qui  ont  droit  déplaire, 
vous  joindrez  à  l'expression  les  grâces  et  la  beauté, 
CONDILLAC,  Art  d'écrire,  ii,  I6.  Si  la  beauté  peul 
se  passer  d'expression  et  de  grâce,  on  n'avait  encore 
rien  vu,  dans  cette  cour  si  brillante,  d'aussi  beau 
que  cette  jeune  personne ,  genlis,  Mme  de  Mainte- 
non,  t.  n,  p.  2,  dans  pougens.  ||  5"  Terme  de  pein- 
ture. Représentation  vive  et  naturelle  des  passions, 
des  attitudes,  des  actions  de  ceux  qu'on  veut  peindre. 
La  belle  expression,  les  attitudes  justes,  bahier,  le 
Cabinet  de  Quinault,  p.  48.  On  a  de  l'expression 
longtemps  avant  d'avoir  de  l'exécution  et  du  des- 
sin, didebot,  Salonde  nei ,  (Jlluvres,  t.  xiv,  p.  66, 
dans  POUGENS.  Il  n'avait  point  fait  une  étude  parti- 
culière des  beaux-arts,  mais  l'expression  dont  bril- 
lent les  chefs-d'œuvre  en  ce  genre  saisit  infaillible- 
ment tout  homme  de  génie,  d'alemb.  Éloges,  Mon- 
tesquieu. Il  Terme  de  musique  transporté  de  la 
peinture.  Qualité  par  laquelle  le  compositeur  sent 
vivement  et  rend  avec  vérité  toutes  les  idées  qu'il 
doit  rendre,  tous  les  .sentiments  qu'il  doit  exprimer. 
Il  y  a  beaucoup  d'expression  dans  cette  musique.  Ne 
croyez  pas,  mademoiselle,  que  ces  êtres  si  sensibles 
à  l'harmonie  soient  les  meilleurs  juges  de  l'expres- 
sion, DIDEROT,  Lett.  surles  sourds  et  muets.  ||  Signes 
d'expression,  signes  qui  indiquent  d'accélérer  ou  do 
ralentir.  ||  Il  se  dit  aussi  des  exécutants,  des  chan- 
teurs. Ce  pianiste  joue  avec  expression.  ||  On  dit  de 
môme  qu'un  danseur,  qu'une  danse  a  de  l'expres- 
sion. Il  6"  Terme  de  physiologie.  Fonction  d'expres- 
sion, une  des  fonctions  de  la  vie  animale  qui  a 
pour  but  de  manifester  les  sentiments  et  les  volon- 
tés, et  qui  emploie  la  mimique  et  surtout  la  phona- 
tion. Il  7°  Manifestation.  Le  nom  de  son  fils  est  le  nom 
de  Verbe,  Verbe  qu'il  engendre  éternellement  en  so 
contemplant  lui-même,  qui  est  l'expression  parfaite  de 
sa  -vérité,  son  image,  son  Fils  unique,  boss.  Hist.  ii, 
6.  De  cette  manière,  la  parole  des  députés  serait  plus 
l'expression  de  la  voix  de  la  nation,  montesq.  Esp. 
XI,  6.  Il  8°  Personnification.  Victor  Hugo  était  la  plus 
haute  expression  de  la  littérature  romantique. 
Il  9°  Terme  de  mathématique.  Forme  sous  laquelle 
on  représente  des  constructions,  des  résultats.  L'al- 
gèbre réduit  à  des  expressions  simples  et  générales 
et  qui  n'ont  qu'un  très-petit  nombre  de  lettres,  les 
résolutions  d'un  nombre  infini  de  problèmes  et 
souvent  même  des  sciences  entières,  malebr.  fie- 
cherche,  vi,  i,  6.  Il  [M.  Lagny]  a  donné  à  l'Aca- 
démie, en  1705,  l'expression  algébrique  de  la  sé- 
rie infinie  des  tangentes  de  tous  les  arcs  ou  angles 
multipliés  d'un  premier  arc  ou  angle  quelconque 
connu ,  FONTEN.  Lagny.  Il  faut  remarquer  que 
toute  expression  d'une  division  à  faire  est  identique 
avec  l'expression  de  son  quotient,  condil.  Lang. 
cale.  I,  7.  Il  Réduire  à  sa  plus  simple  expression,  ra- 
mener les  termes  d'une  fraction  ,  d'une  formule  , 
d'une  équation  au  moindre  nombre  possible.  75/100 
réduit  à  sa  plus  simple  expression  est  3/4.  ||  Fig. 
Réduire  quelque  chose  à  sa  plus  simple  expression, 
le  réduire  au  moindre  volume. 

—  HIST.  xvt*  s.  Lorsque  par  expression  de  mam- 
melles  on  fait  sortir  le  laict,  paré,  ii,  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  expressionem,  de  expressum,  supin 
de  exprimere,  exprimer  (voy.  ce  mot). 

t  EXPRESSIVEMENT  (èk-sprè-si-ve-man  ) ,  adr. 
D'une  manière  expressive.  Labbey  a  paru  assez  sen- 
sible aux  regrets  que  j'ai  témoignés  fort  expressive- 
menl  de  me  le  voir  enlever,  p.  l.  cour.  Lett.  I,  ♦. 

—  ETYM.  Expressiie,  et  le  suffixe  ment. 
EXPRIMABLE  (èk-spri-ma-W),  adj.  Oui  peut  être 

exprimé,  énoncé.  Cette  pensée  n'est  pas  exprimable 
en  vers.  Une  quantité  exprimable  en  nombres  en- 
tiers. 

—  ÉT^II.  Exprimer. 

EXPRIME,  EE  (èk-spri-mé,  mée),  part.  pas»». 
Il  !•  Tiré  par  expression.  Le  suc  e^irimé  da  l'o- 


EXP 


EXP 


EXQ 


1575 


range.  ||  ï*  Figuré,  représenté  par  le  style,  par  la 
dessin  ou  par  la  musique.  Des  passions  heureuse- 
ment exprimées.  ||  3°  Euoncé  par  des  paroles.  Et  ne 
rejetez  pas  des  vœux  mal  exprimés  Qu'Hippolyte 
sans  vous  n'aurait  jamais  formés,  bac.  Phèd.  ii,  2. 
EXPRIMER  (tli-spri-mé),  v.  a.  \\  1°  Extraire  la 
liqueur  de  certaines  choses  en  les  pressant.  Il  est 
des  végétaux  d'où  l'art  sait  exprimer  Quelques  sucs 
bienfaisants....  ducis,  Lear,  iv,  D.  Au  doux  mur- 
mure de  leurs  ondes  [des  fontaines],  Exprimez  vos 
grappes  fécondes,  Où  rougit  l'heureuse  liqueur, 
LAMART.  Méd.  II,  t.  Il  Fig.  Qu'importe  à  des  malheu- 
reux dont  on  exprime  la  sueur,  d'avoir  pour  oppres- 
seurs les  Komains  ou  les  Perses?  mahmontel,  liélis. 
ch.  XI.  Il  2°  Rendre  par  les  paroles.  Qui  cependant 
pourrait  exprimer  ses  justes  douleurs?  qui  pour- 
rait raconter  ses  plaintes?  Boss.  Reine  d'Anglet. 
Mais,  pour  bien  exprimer  ces  caprices  heureux  [de 
l'élégie].  C'est  peu  d'être  poète,  il  faut  être  amou- 
reux, BOiL.  An  p.  II.  Qui  pourrait  cependant  t'ei- 
primer  les  cabales  Que  formait  en  ce  lieu  ce  peuple 
de  riva!es?nAC.  Esth.  i,  ).  Que  ne  puis-je  t'exprimer 
ce  que  je  sens  si  bien!  et  comment  sens-je  si  bien 
ce  que  je  ne  puis  t'exprimer?  mo.ntesq.  Lelt.  pers.  7. 
Il  Énoncer  en  termes  exprés.  Il  faut  exprimer  cela 
dans  le  contrat.  ||  3°  Représenter  parle  style,  le  des- 
sin ou  la  musique.  L'antiquité  nous  parle  de  l'écume 
d'un  cheval  qu'une  éponge  jetée  par  dépit  sur  un  ta- 
bleau exprima  parfaitement,  corn.  dit.  Préf.  Que 
diriez- vous  de  celui  qui,  sans  exprimer  ni  traits  ni 
taille,  voudrait  peindre  une  figure  humaine,  avec  un 
voile  pour  vêtement?  n'aurait-on  pas  droit  de  lui 
demander  où  est  l'homme?  j.  j.  rouss.  Hél.  2-  préf. 
Il  Fig.  Reproduire.  Dans  tout  le  cours  de  sa  vie, 
elle  a  exprimé  ce  parfait  original  [la  femme  forte 
décrite  par  David]  par  sa  générosité  naturelle,  par 
le  bon  usage  des  biens  et  de  la  faveur....  fléch. 
Urne  de  Mont.  Le  dessein  de  Dieu  a  été  de  leur  pro- 
poser, dans  la  personne  de  Marie,  une  image  sen- 
sible et  vivante  dont  ils  étudiassent  tous  les  traits 
pour  les  exprimer  en  eux  et  se  les  appliquer,  bouhd. 
Instr.  pour  l'oct.  de  l'Ascension,  §  m,  i.  114°  Ma- 
nifester, faire  connaître.  Exprimer  sa  douleur  par 
îles  larmes.  Licine  à  la  campagne  exprimait  tant 
d'audace....  tristan,  U.  de  Chrispe,  i,  3.  Il  semblait 
que  chaque  peuple  eût  une  manière  particulière 
d'exprimer  sa  pudeur,  montesq.  Gnide,  3.  ||  5°  S'ex- 
primer, V.  réfl.  Être  tiré  par  expression.  Le  suc 
qui  le  nourrit  [l'animal]  est  longtemps  à  s'expri- 
mer [des  aliments],  BOSs.  Conn.  de  Dieu,  u,  (O. 
De  la  même  sorte  que  le  vin  et  l'huile  s'expriment 
du  raisin  et  de  l'olive  pressée,  m.  ib.  ||  6"  Se  faire 
comprendre  par  la  parole.  S'exprimer  en  bons  ter- 
mes. Des  êtres  si  singulièrement  constitués  doivent 
nécessairement  s'exprimer  autrement  que  les  hom- 
mes ordinaires,  j.  j.  rouss.  Dialogues,  i.  D'autres 
s'exprimeront,  l'homme  seul  sait  parler,  delille, 
Trois  règnes,  viii.  Il  a  peu  d'esprit,  quoiqu'il  sache 
s'exprimer  avec  assez  de  grâce  et  d'aisance,  genlis, 
Ad.  et  Théod.  t.  i,  lett.  37,  p.  334,  dans  pougens. 
Il  Rendre  sa  pensée.  Nous  jugeons  naturellement 
de  la  peine  qu'un  écrivain  a  eue  à  s'exprimer  par 
celle  que  nous  avons  à  l'entendre,  condillac,  .Art 
de  penser,  ii,  7.  ||  Être  exprimé.  Seigneur,  la  vérité 
doit  ici  s'exprimer,  corn.  Cinna,  v,  3.  Ses  discours 
me  font  voir  du  respect,  de  l'estime  Et  même  quel- 
que amour,  sans  que  le  nom  s'exprime,  ID..IK.II,  4. 

—  HIST.  xiV  s.  Les  quiex  [lesquels]  dons  et  orde- 
nances  nous  voulons  estre  tenu  pour  exprimez  en 
ces  présentes,  Bill,  des  Charles,  B"  série,  1. 1,  p.  80. 
Il  xvi*  s.  J'en  oy  qui  s'excusent  de  ne  se  pouvoir 

exprimer,  mont,  i,  188 Faicts  d'un  limon  laic- 

teux  exprimé  par  la  chaleur  de  la  terre,  m.  ii,  3)0. 
La  figure  de  la  langue  est  triangulaire,  plus  grosse 

.  et  mieux  exprimée  [prononcée]  en  sa  base,  qu'en 
sa  pointe,  paré,  iv,  12. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exprimar,  espremer,  expri- 
mir;  espagn.  exprimir;  ital.  esprimere;  du  latin 
exprimere,  de  ex,  et  premere,  presser  (voy.  pres- 
sion). Exprimer  a  été  fait  par  calque  du  latin  expri- 
mere !  la  forme  ancienne  est  espreindre  (voy.  éprein- 
ere).  Il  y  avait  aussi  un  verbe  eipresser.  D'après 
Palsgrave,  p.»,  au  xvi' siècle,  exprimer  se  pro- 
nonçait euzprimer. 

EX-PROFESSO,  voy.  professo  (ex). 

t  EXPROMISSION  (èk-spro-mi-ssion),  s.  f.  En 
droit  romain,  substitution  d'un  nouveau  débiteur  à 
l'ancien. 

—  ÉTYM.  Lat.  ea;prominere,seporterpour  caution, 
de  ex,  et  promiltere,  promettre  (voy.  promettre). 

EXPROPRIATION  (èk-spro-pri-a-sion),  s.  f.  Action 
d'exproprier.  Expropriation  pour  cause  d'utilité  pu- 
bliqus.  Jury  d'expropriation.  I|  Terme  de  jurispru- 


dence. Expropriation  forcée,  saisie  des  biens  d'un 
débiteur. 

—  ÉTYM.  Exproprier. 

EXPROPRIÉ,  ÉE  (èk-spro-pri-é,  ée),  part,  passé. 

Exproprié,  parce  que  le  chemin  de  fer  passait  sur 
son  terrain.  ||  Substantivement.  Les  expropriés. 

EXPROPRIER  (èk-spro-pri-é),  j'expropriais,  nous 
expropriions,  vous  expropriiez;  que  j'exproprie,  que 
nous  expropriions,  que  vous  expropriiez,  «.a.  ôter  à 
quelqu'un  la  propriété  d'un  bien  en  général  par  voie 
légale.  Ses  créanciers  menaçaient  de  l'exproprier. 
Il  Exproprier  pour  cause  d'utilité  publique,  se  dit  de 
l'administration  qui,  pour  un  service  public,  prend 
la  propriété  de  quelqu'un  moyennant  indemnité. 

—  lllST.  XVI"  s.  Exproprié,  cotghave. 

—  ÉTYM.  Lat.  e.t,  hors,  et  propre. 

t  EXPUGNABLE  (èk-spugh-na-W),  adj.  Que  l'on 
peut  prendre  de  vive  force.  Gibraltar  n'est  pas  ex- 
pugnable. 

—  HIST.  xiv*  s.  Une  tour  qui  seroit  non  expugna- 
ble,  si  elle  separachevoit,  berciieure,  f°  30,  recto. 

—  ÉTYM.  Lat.  expugnabilis,  de  expugnare,  pren- 
dre de  force ,  de  ex,  et  pugnare,  se  battre,  de  pu- 
gnus,  poing  (voy.  ce  mot). 

EXPULSÉ,  ÉE  (èk-spul-sé,  sée],  part,  passé. 
Il  1°  Chassé  hors.  Les  Tarquins  expulsés  de  Rome.  On 
voyait  venir  d'autrescadis,  d'autres  pachas,  d'autres 
effendis  qui  prenaient  la  place  des  expulsés  et  qui 
étaient  expulsés  à  leur  tour,  volt.  Candide,  30. 
L'émigration  d'unehorde  de  fanatiques  expulsés  par 
d'autres,  d'alemB.  Letl.  aurai  de  Pr.  i"  mars  (76  5. 
Il  Substantivement.  Les  expulsés.  ||  2°  Terme  de 
médecine.  Un  calcul  expulsé  de  la  vessie. 

EXPULSER  (èk-spul-sé),  v.  o.  ||  1°  Chasser  quel- 
qu'un du  lieu  où  il  était  établi,  d'un  bien  dont  il 
était  en  possession.  On  l'expulsa  de  sa  maison,  de 
sa  terre.  ||  2°  .^ar  extension,  exclure  d'un  lieu,  d'une 
compagnie.  On  l'expulsa  de  l'assemblée.  Platon  vou- 
lait qu'on  expulsât  les  poètes  de  sa  république. 
Il  3°  Terme  de  médecine.  Faire  évacuer.  Expulser 
du  corps  les  mauvaises  humeurs.  ||  Par  plaisanterie. 
Expulser  la  superflu  de  la  boisson  [uriner],  uol. 
Itéd.  mal.  lui,  ui,  fi. 

—  IllST.  XVI'  s.  Pour  expulser  ce  lyon  de  vos  parcs, 
J.  MAROT,  V,  64.  Nonobstant  icclle  familiarité,  na- 
ture expulse  le  plomb  au  dehors,  si....  paré,  viii,  2. 

—  ÉTYM.  Lat.  expulsare,  fréquentatif  de  expel- 
lere ,  chasser  (voy.  expulsion).  On  a  dit  aussi,  dans 
le  XVI*  siècle,  expeller,  calqué  directement  sur  le 
latin  expellere. 

t  EXPULSEUR,  CLTRICE  (èk-spul-seur,  spul-tri- 
s'),  adj.  Terme  didactique.  Qui  expulse.  Action  ex- 
pultrice.  Il  Terme  de  physiologie.  Force  expultrice, 
celle  que  possède  la  substance  organisée  de  rejeter 
les  principes  qui  lui  sont  devenus  nuisibles. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  faculté  expultrice  destinée  à 
expeller  et  rejeter  les  excremens,  paré,  Introd.  8. 

—  ÉTYM.  Lat.  expulsorem,  expultricem  (voy.  ex- 
pulsion). 

EXPULSIF,  IVE  (èk-spul-sif,  si-v'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  a  la  vertu,  la  force  d'expulser.  ||  Terme 
de  chirurgie.  Bandage  expulsif,  bandage  qui,  exer- 
çant une  compression  méthodique,  détermine  la 
sortie  du  pus  ou  d'un  liquide  épanché,  d'un  corps 
étranger,  etc.  ||  Terme  d'obstétrique.  Douleurs  ex- 
pulsives,  douleurs  qui,  accompagnant  les  contrac- 
tions de  l'utérus,  s'appliquent  sur  le  fœtus  et  en  dé- 
terminent l'expulsion. 

—  HIST.  xui'  s.  La  première  vertu  [du  corps]  est 
apetitive,  la  seconde  retentive,  la  tierce  digestive, 
la  quarte  expulsive,  brun,  latini.  Trésor,  p.  iu9. 
Il  XVI'  s.  S'ils  doivent  se  servir  du  reste  comme  de 
la  vertu  expulsive  de  quelque  racine  orientale,  pour 
pousser  hors  de  leur  entendement  les  vapeurs  super- 
bes qui  y  estoient  montées,  lanoue,  332. 

—  ÉTYM.  Lat.  expulsivus,  de  expulsum  (voy.  ex- 
pulsion). 

EXPULSION  (èk-spul-sion;  envers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  Action  d'expulser.  L'assemblée  or- 
donna l'expulsion  de  celui  de  ses  membres  qui.... 
Sulpitia,  dame  romaine,  fit  un  poème  sur  l'expul- 
sion des  philosophes,  où  elle  maltraitait  fort  Domi- 
tien,  ROLLiN,  Ilist.  anc.  liv.  xxv,  ch.  f,  art.  2,  §3. 
Rome,  après  l'expulsion  des  rois,  devait  être  une 
démocratie,  montesq.  Ei:p.  xi,  13.  L'expulsion  hors 
de  la  ville  et  de  la  société,  id.  ib.  xii,  4.  Ainsi,  de- 
venu de  tout  point  citoyen  du  pays,  j'étais  à  l'abri 
de  toute  expulsion  légale ,  même  de  la  part  du  prince, 
J.  J.  Roi;ss.  Confess.  xii.  1|  Terme  de  jurisprudence. 
Action  de  faire  sortir  un  locataire,  un  tenancier  des 
lieux  qu'il  occupe.  ||  2°  Terme  de  médecine.  L'ex- 
pulsion des  mauvaises  humeurs.  L'expulsion  d'un 
calcul  hors  de  la  vessie.  . 


—  HIST.  3uy'  s.  La  délivrance  de  Rome  et  l'expul- 
sion des  roys,  bercheure,  f"  27,  verso.  ||xvi's.  Par 
tel  moyen  l'expulsion,  évacuation  et  absumption  de 
la  sanie  se  fera  beaucoup  mieux,  paré,  ix,  6. 

—  ÉTYM.  Lat.  expulsionem,  de  expulsum,  supin 
de  expellere,  chasser,  de  ex,  hors,  etpellere,  chas- 
ser. 

t  EXPURGATION  (èk-spur-ga-sion) ,  s.  f.  ||  !•  Ao 
lion  d'expurger  un  livre.  |{  2°  Terme  d'eaux  et  forêts, 
Action  d'éclaircir  les  futaies  trop  fourrées.  ||  3"  An- 
cien terme  d'astronomie.  Êmersion. 

—  HIST.  xvi'  s.  Cest  humeur  est  actiré  parla  rato 
pour  la  nutrition  d'icelle  et  l'expurgation  du  sanjf, 
PARÉ,  Introd.  6. 

—  ÉTYM.  Lat.  expurgalionem,  de  expurgare,  ex- 
purger. 

EXPURGATOIRE  (èk-spur-ga-toi-r'),  adj.  Terms 
didactique.  Usité  dans  cette  locution  :  Indice  ou  in- 
dex expurgatoire,  catalogue  de  livres  qui  sont  dé- 
fendus à  Rome,  jusqu'à  ce  qu'ils  aient  été  purgés  et 
corrigés;  différents  de  ceux  qui  sont  absolument  dé- 
fendus. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  commanda  dès  lors  l'indice  ex- 
purgatoire:  il  fit  décimer  le  régiment....  d'aub.  Ilisl. 
I,  362. 

—  ÉTYM.  Expurger;  espagn.  expurgatorio.  ES' 
purgatoire,  dans  l'ancienne  langue,  a  la  sens  de 
purgatoire. 

t  EXPURGÉ,  ÉE  (èk-spur-jé,  jée),  part,  passé.  Va 
Horace  expurgé. 

t  EXPURGER  (èk-spur-gé.  Le  g  prend  un  e  de- 
vant a  ou  o),  V.  a.  ôter  les  expressions  licencieuses 
ou  grossières  qui  peuvent  se  trouver  dans  un  livre, 
et  aussi  ce  qui  choque  telle  ou  telle  doctrine  ou  opi- 
nion établie.  ||  S'expurger,  v.  réfl.  Être  expurgé. 
Martial  s'expurgerait  bien  difficilement. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espurgar,  espurjar;  espagn. 
espurgar  ;  ital.  spurgari?;  du  lat.  expurgare,  ieex, 
hors,  etpurjore,  purger.  Espurger  se  trouve  dans 
les  plus  anciens  textes  avec  le  sens  de  justifier,  net- 
toyer :  XII'  s....  Qu'il  se  puisse  espurgier,  E  son  po> 
chié  guerpir  et  à  Deu  repairier,  Th.  le  mart.  32. 

EXQUIS,  ISE  (èk-skt,  ski-z'),  adj.  ||  f  Qui  a 
quelque  chose  de  recherché  et  d'excellent.  Un  mets 
exquis.  Un  repas  simple,  mais  exquis  pour  le  goût 
et  pour  la  propreté,  fén.  Tél.  i.  Mille  bonbons,  mille 
exquises  douceurs  Chargeaient  toujours  les  poches  de 
nos  sœurs,  gresset,  Yert-Vert,  i.  ||  2°  Il  se  dit  de 
choses  de  prix.  Faute  d'un  plus  exquis,  et  comme 
par  bravade.  Ceci  servira  donc  de  mouchoir  de  pa- 
rade, corn,  la  Suiv.  II,  B.  La  maison  de  la  ville  et 
les  meubles  exquis,  la  font.  Fabl.  ii,  20.  ||  Fig. 
Un  travail  exquis.  Et  plus  le  bien  qu'on  quitte  est 
noble,  grand,  exquis,  corn.  Cinna,  u,  t.  Tous  les 
discours  sont  des  sottises.  Partant  d'un  homme  sans 
éclat;  Ce  seraient  paroles  exquises  Si  c'était  un 
grand  qui  parlât,  mol.  Amph.  ii,  f.  ||  3°  Qui  est  d'une 
excellence  où  se  fait  sentir  la  délicatesse,  en  parlant 
des  qualités  de  l'esprit,  du  cœur.  Avoir  un  juge- 
ment, un  goût  exquis.  Ma  langue  est  impuissante, 
et  je  voudrais  avoir  Celles  de  tous  les  gens  du  plus 
exquis  savoir,  id.  l'Ét.  u,  14.  Du  nom  de  fierté 
noble  on  orna  l'impudence.  Et  la  fourbe  passa  pour 
exquise  prudence,  boil.  Sat.  xii.  ||  U  se  dit  quel- 
quefois dés  personnes.  Même  beauté,  tant  soit  ei- 
(|uise.  Rassasie  et  soûle  à  la  fin,  la  font.  Pâté.  La 
philosophie  et  les  lois  faisaient  de  beaux  effets  dans 

des  naturels  si  exquis,  BOSS.  Hist.  m,  B Sachez 

que  je  faufile  Avec  ducs,  archiducs,  princes,  sei- 
gneurs, marquis,  Et  tout  ce  que  la  cour  offre  de  plus 
exquis,  REGNARD,  le  Joueur ,  m,  H.  ||  4° Supplice  ex- 
quis, supplice  recherché,  rendu  le  plus  douloureux 
qu'il  est  possible.  Les  rois,  comme  ministres  de  Dieu 
qui  en  exercent  l'empire,  sontavec  raison  menacés, 
pour  une  infidélité  particulière,  d'une  justice  plus 
rigoureuse  et  de  supplices  plusexijuis....  boss.  Polit. 
X,  VI,  3.  Il  5°  Terme  de  médecine.  Fièvre  réglée  ex- 
quise, fièvre  dont  les  accès  sont  parfaitement  régu- 
liers. Il  6"  S.  m.  Ce  qui  est  exquis.^  Un  goût  du  beau 
et  de  l'exquis  répandu  partout  et  qui  se  fortifiait 
sans  cesse,  fonten.  ..166^  Gallois. 

—  REM.  Quoique  plus  exquis  et  très-exquis  ne 
soient  pas  très-usités,  on  voit  par  l'exemple  deBossuet 
qu'on  peut  se  servir  à  propos  des  degrés  de  compa- 
raison. 

—  HIST.  XII'  s.  Ainsi  est  or  [présentement]  l'a- 
mors  trovée.  Et  mix  [mieux]  esquise  et  mix  provée, 
GAUT.  d'arras,  Hle  et  Galeron,  f°  605,  recto,  t"  col. 
Il  xiii*  s.  Granz  sunt  les  uevres  de  nostre  Seigneur, 
esquises  en  toutes  ses  volentez.  Psautier,  !"  138. 
Il  xvi'  s.  Cette  beauté  tant  exquise,  marg.  Nouv.  x. 
Crœsus  avoit  sur  luy  tout  ce  qu'il  estoit  possible 
d'avoir  de  plus  exquis,  plus  singulier  et  plus  admi- 


<870 


EXS 


n\A»  tn  monde.  -.-roT,  Selon,  »».  Il  estoit  ciqui» 
M  diU«Dl  âu  Ming  d»  »  peraonno,  jiuquM  k  uBcr 
d«  ftoUMiMiu  «t  de  tour»  de  promcnemen»  en  nom- 
bnceruio  id.  Cù^on,  lo.  Le»  mammelles  reçoi- 
TCDl  D«rft  d««  InlercojUui.  k  caiu»  do  quoy  elle» 
oni  Mnllmeol  fort  exquis,  par»,  h,  ».  U»  fièvre» 
titre»»  eiquiM*  eeuent  pour  le  plui  au  septième 
leotii  10.  XX,  30. 

—  tm.  ut.  exquinlus,  recherché,  exquis,  de 
tgyttifiurTeTe,  chercher  (voy.  quérir). 

f  EXQUISEMENT  (*k-»ki-zo-man)  ,  adv.  D'une 
nuiniire  exquise.  Sculpture  eiquisement  travaillée. 

—  inST.  XVI*  s.  Toute»  sorte»  de  viande»  eiqui- 
■ement  accoustrées,  ahvot,  Lucullut,  80.  Cœsar 
inrenU  et  publia  une  refomiation  [du  calendrier] 
singulière  et  plus  eiquisement  calculée  que  nulle 
autre,  id.  C^tar,  77. 

—  ETVM.  Hiquise,  et  le  suFfiie  ment. 

t  EXSANtiUE  (èk-san-gh") ,  adj.  Terme  de  méde- 
cine. Privé  de  sang  ou  qui  en  a  perdu  beaucoup.  L'ar- 
tère avait  été  ouverte,  et  le  malade  était  exsangue. 
Il  Kig.San»  force  ni  vigueur.  Quand  la  versification  est 
harmonieuse,  qui  est-ce  qui  chicane  la  pensée? 
qui  est-ce  qui  s'aperçoit  que  les  scènes  sont  exsan- 
gues? WDEBOT,  Salon  de  <707,  fjKuvrcs,  t.  xv, 
p.  71 ,  dans  POL'OENS.  Si  tu  crains  d'Ctre  un  poëte 
exsangue,  un  diseur  de  puérilités  sonores ,  ID. 
Claude  et  Nir.  n,  §  6.  (L'adjectif  ariansiue]  n'au- 
rait-il  pas  été  regretté  par  Voltaire,  et  mis  au  nom- 
bre des  expressions  que  cet  homme  de  goût  se  pro- 
posait de  restituer  au  vocabulaire  de  l'Académie  ?id, 
rt.u,  $  toi). 

—  msT.  ivi*  s.  Toutes  lesquelles  parties  sont 
froides  et  eiangues  de  la  nature,  paré,  Introd.  v. 
J'avais  traisné  languissant  après  des  paroles  fran- 
çoises  si  exangues,  si  descharnées,  et  si  vides  de 
matière  et  de  sens,  que  ce  n'estoient  voiremcnt  que 
paroles  françoises,  mont,  i,  4(6. 

—  ËTYN.  Lat.  ezsanguis,  de  ex,  sans,  et  sanguis, 
sang. 

t  EXSCUTELLJÎ,  ÉE  (ék-sku-ttl-lé ,  lée) ,  adj. 
Terme  do  zoologie.  Se  dit  des  insectes  sans 
écusson. 

—  ETYM.  Lat.  ex,  sans,  etseuteltum,  êcu. 
fEXSERT,  ERTE  (èk-sêr,  s6r-t'),  adj.  Terme  de 

botanique.  Qui  fait  saillie  au  dehors,  qui  dépasse  les 
oarties  environnantes  en  longueur  ou  en  hauteur. 

—  ETYM.  I^t.  exsertus,  tiré  hors,  do  exserere ,  de 
ex,  hors,  et  jercrc,  joindre,  enlacer  (voy.  sèbie). 

t  EXSERTION  (èk-sèr-sion),  s.  f.  Terme  d'histoire 
naturelle.  État  d'une  chose  exserte,  qui  fait  saillie, 
qui  s'élève  de  la  surface  d'une  autre. 

—  ÊTYM.  Extert. 

t  EX-SICCAnON  (èk-si-kka-sion),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Action  de  dessécher  une  chose. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'ulcère  simple  a  une  commune 
indication  do  curation,  à  sçavoir  exsiccation  ;  car 
toute  ulcère  a  besoin  de  desiccation,   paré,  xi,  b. 

—  ÉTYM.  Provene.  exsicatio;  du  lat.  exsiccare, 
sécher,  de  ex,  eliiccut,  sec. 

traSPClTION  (èk-spu-i-sion),  ».  f.  Terme  de 
médecine.  Action  d'expulser  de  la  bouche.  L'expec- 
toration expulse  hors  des  bronches,  l'expuition  hors 
de  la  bouche. 

—  ÉTYM.  Lat.  extpuilionem,  de  exspuere,  de  ex, 
et  ipuere,  cracher  (voy.  sputation). 

t  EISTIPCLÉ,  ÉE(tk-sti-pu-lé,  lée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  n'a  point  de  stipules.  On  dit  aussi 
exstipulaire  et  exstipulacé. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  sans,  ot  ttipule. 

+  EXSTROPHIK  (èk-stro-fie),  i.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Déplacement  ou  vice  de  conformation  d'un 
organe  membraneux,  renversé  de  manière  que  la 
surface  interne  s'en  trouve  à  nu.  L'exstrophie  de  la 
vessie. 

—  ÉTYM.  'Ex,  en  dehors,  et  atpÉçeiv,  tourner 
(voy.  strophe). 

EXSCCCION  (èk-su-ksion).  t.  f.  Action  d'absor- 
ber par  la  succion.  Les  ventouses  tirent  le  sang  par 
une  sorte  d'exsuccion. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  hors  de,  et  tuceion. 

t  KXSCDAT  (èk-su-da),  ».  f.  Terme  de  physiolo- 
gie pathologique.  Blastème  produit  en  des  condi- 
tions pathologiques. 

—  8TY1I.  Kxtuder. 

EXSUDATION  (èk-»u-da-sion),  ».  f.  jj  1-  Terme 
t  iT  iT""-  *'"'''"  •■«  '""•  D«  fortes  exsudations. 
rioCu  «  '  '?"'"*  '"  "=«  '«"»•  Il  »•  Terme  de  phy- 
roi.  51  '-s  "Jl'"""'"*  '•'""''  '^""eur  à  travers  leTpi- 
U  sueur  HP  -"Tx  """■■"'•  '=»':oniparé  à  celui  de 
de.  tiJu'j^« '".''*?'"*"'•  '""«d'"n  liquide  hors 
•élrtionmiTIÏa"'  **', ''"■*'  "'•  »  '»  -lifférenco  de 
sécrétion  qu.  indiqu,  U  «,rtie  d'un  liquide  élaboré 


EXT 

par  l'organe  sécréteur.  Dans  la  pleurésie,  il  se  fait 
une  exsudation  à  la  surface  de  la  plèvre. 

—ÉTYM. Lat.  exsudationcm,  àeextudare,  exsuder. 

EXSUDE,  ÉE  (ék-su-dé,  dée),  part  passé.  Les 
liquides  exsudés. 

EXSUDER  (èk-su-dé),  V.  n.  Sortir  à  la  façon  de 
la  sueur.  Le  sang  exsude  quelquefois.  Le  miel  étant 
un  suc  qui  exsude  des  fleurs  par  l'action  du  soleil, 
BONNET,  Conlempl.  uat.  ii,  Î7.  ||llse  conjugue  avec 
l'auxiliaire  avoir,  quand  on  veut  marquer  l'action  : 
lo  miel  a  exsudé  de  la  fleur;  avec  être,  quand  on 
veut  marquer  l'état  :  le  miel  est  exsudé. 

—  HIST.  xvi*  s.  L'humeur  qui  exsude  et  sort  de- 
hors par  les  embouchures  des  veines  capillaires, 

PARÉ    XI     3. 

—ÉTYM.  Lat.  exsudare,  de  ex,  hors,  t\sudare,  suer. 

t  EXS  DEFLATION  (èk-su-ffla-sion),  ».  /'.Action 
de  chasser  en  soufflant.  Dès  son  commencement, 
elle  [l'Église]  a  montré  par  ses  esorcismes  et  par  ses 
exsuf nations,  qu'elle  connaissait  le  péché  originel 
dans  les  petits  enfants,  ROSS.  Var.  V'insU.  past.  §  22. 

—  ÉTYM.  Lat.  exsuf flare,  de  ex,  hors,  et  sufflare, 
souffler. 

EXTANT,  ANTE  (èk-stan,  stan-t'),  adj.  Terme 
vieilli  de  pratique.  Qui  est  en  nature.  Tous  les  effets 
extants  de  la  succession. 

—  ÊTYM.  Lat.  exstans,  existant,  de  ex,  et  stare, 
être  debout  (voy.  stable). 

EXTASE  (èksta-z') ,  s.  f.  ||  1°  Terme  de  la  vie 
mystique.  Élévation  extraordinaire  de  l'esprit,  dans 
la  contemplation  des  choses  divines,  qui  détache 
une  personne  des  objets  sensibles  jusqu'à  rompre  la 
communication  de  ses  sens  avec  tout  ce  qui  l'envi- 
ronne. Ce  songe  de  Salomon  était  une  extase  où 
l'esprit  de  ce  grand  roi ,  séparé  des  sens  et  uni  à 
Dieu,  jouissait  de  la  véritable  intelligence,  Boss. 
Polilique,  v,  I,  t.  Parles  ravissements,  les  trans- 
ports et  les  extases  où  son  corps  demeurait  sujpendu 
et  immobile,  FtÉCH.  Panég.  u,  p.  236.  M.  le  cardi- 
nal de  Noailles  chassa  de  son  diocèse  Mlle  Rose, 
célèbre  béate  à  extase,  st-sim.  87,  <2».  ||  2°  Par  ex- 
tension, cive  admiration,  volupté  intime  qui  absorbe 
tout  autre  sentiment.  La  joie  de  Psyché  fut  grande, 
si  l'on  doit  appeler  joie  ce  qui  est  proprement  ex- 
tase; encore  ce  mot  est-il  faible,  et  n'exprime  pas  la 
moindre  partie  du  plaisir  que  reçut  la  belle,  la  font. 
Psyché,  I,  p.  85.  Vous  avez  voyagé  à  la  suite  d'A- 
lexandre et  vous  n'êtes  point  en  extase  d'admiration, 
VOLT.  Dial.  xxviii,  1.  Forcé  de  m'occiiper  malgré 
moi  de  ma  triste  situation,  je  ne  pus  plus  retrouver 
que  bien  rarement  ces  chères  extases  qui  durant 
cinquante  ans  m'avaient  tenu  lieu  de  fortune  et  de 
gloire,  et,  sans  autre  dépense  que  celle  du  temps, 
m'avaient  rendu  dans  l'oisiveté  le  plus  heureux  des 
mortels,  i.  J.  Rouss.  Prom.  7.  Je  reçus  Amélie  dans 
une  sorte  d'extase  de  cœur,  chateaubr.  René.  Nous 
y  vîmes  [dans  les  bibliothèques  de  Toscane]  de  quoi 
ravir  en  extase  tous  les  hellénistes  du  monde,  pour 
me  servir  de  vos  termes,  p.  l.  cour.  Lett.  à  M.  Re- 
nouard,  libraire.  Ces  purs  ravissements,  cette  divine 
extase  D'une  âme  sans  remordsquela  ferveur  embrase, 
c.delav.  Paria,  i,  2.  Ton  sein,  oppressé  par  l'extase, 
Se  soulevait  sous  ses  transports,  lamart.  Ilarold, 
Dédie.  Il  3°  Terme  de  médecine.  Affection  du  cerveau 
dans  laquelle  l'exaltation  de  certaines  idées,  absor- 
bant l'attention,  suspend  les  sensations,  arrête  les 
mouvements  volontaires,  et  même  ralentit  quelque- 
fois l'action  vitale.  L'extase  diffère  de  la  catalepsie, 
en  ce  que,  dans  la  catalepsie ,  les  fonctions  intellec- 
tuelles sont  complètement  suspendues,  tandis  que 
dansl'eitase  elles sontseulementdétournées.  |{  4° Dis- 
traction ,  prétexte  (sens  aujourd'hui  inusité).  Les 
princes  n'en  peuvent  jamais  sauver  leur  réputation 
par  les  mêmes  extases  qui  en  préservent  les  subal- 
ternes, RETZ,  Jf^m.  t.  III,  liv.  IV,  p.  224,  dans  la- 

CURNE. 

—  HIST.  xiv  S.  Cavernes  ou  fosses  dont  vent  is- 
soit  tel  que  il  perturboit  les  sens  des  approchans  et 
les  mettoit  aussi  comme  en  extasie,  oresme.  Thèse  de 
MEUNIER.  Il  XVI' S.  De  quoy  cos  princes  rioient  si  fort, 
qu'ils  en  tomboienten  spasme  et  estaze,  carl,  y,  28. 

—  ÉTYM.  Provenç.  extaxis,  exthasis;  espagn.  ex- 
tasis ;  ital.  estasi;  du  grec  Ixoroiaiç,  transport,  de 
ix,  hors,  et  oTÔffi;,  base,  fondement,  de  même  ra- 
dical que  le  latin  slare,   être  debout  (voy.  stable). 

EXTASIÉ,  ÉE  (èk-sta-zi-é,  ée),  part,  passé. 
Ohl  la  grande  beauté  fait  perdre  la  raison;  U  est 
extasié  quand  il  est  devant  elle  ,  hauterocbe  , 
Bourg.  d«  quai,  iv,  S.  Tous  les  savants,  tous  les 
poètes  qui  mangeaient  en  grand  nombre  à  sa  tabla 
[de  Denis  le  tyran] ,  quand  il  leur  lisait  ses  poèmes, 
paraissaient  au  dehors  extasié»  d'admiration,  rollin, 
1//1JJ.  ane,  (tCuv.  t.  v,  p.  222,  dans  podgens. 


EXT 

EXTASIER  (S')  (èk-sta-zi-é),  je  m'extasiais,  nous 
nous  extasiions,  vous  vous  extasiiez;  que  je  m'ex- 
tasie, que  nous  nous  extasiions,  que  vous  \ous  ex- 
tasiiez ,  V.  réfl.  Il  !•  Tomber  en  extase.  Inusité  en 
ce  sens  propre.  ||  2°  Par  extension,  être  saisi  d'une 
vive  admiration.  La  bonne  tante,  en  s'extasiant  et 
en  pleurant  de  joie,  s'écriait  :  Je  vous  l'avais  bien 
dit  que  vous  ne  seriez  jamais  sous-diacre,  volt.  l'Jn- 
génu,  t9.  Un  peintre  s'extasie  à  des  objets  qui  ne 
sont  pas  même  remarqués  d'un  spectateur  vulgaire, 
I.  /.  ROUSS.  Ilél.  I,  (2.  On  s'extasie  sur  les  val- 
lées de  la  Suisse  ;  mais  on  ne  les  trouve  si  agréa- 
bles que  par  comparaison,  chateaubr.  Ifon»  Blanc. 
Il  Avec  ellipse  du  pronom  personnel.  Chaque  vers 
qu'il  entend  le  fait  extasier,  Bou,.  Art  p.  i. 

—  ÉTYM.  Extase. 

EXTATIQUE  (èk-sta-ti-V),  adj.  \\  1°  Qui  est  causé 
par  l'extase.  Que  dans  ces  transports  extatiques  Où 
seul  tu  me  feras  la  loi.  Tout  hors  de  moi,  mais  tout 
en  toi,  Je  te  chante  mille  cantiques,  corn.  /mit. 
m,  6.  On  voit  par  toute  la  suite  que  la  sentence  de 
saint  Antoine  [6  soleil,  pourquoi  me  troubles-tu?] 
regardait  un  genre  d'oraison  extatique,  BOss.  États 
d'orais.  v,  <2.  Je  n'entends  point  l'extatique  gri- 
mace D'un  faux  béat  qui,  le  front  vers  les  cieux, 
Aux  chérubins  fait  partout  les  doux  yeux,  j.  B.  ROuss. 
j^p.  I,  6.  Les  psaumes  avaient  un  mode  extatique 
qui  leur  était  particulièrement  consacré,  chateaub. 
Génie,  m,  l,  2.  ||  2°  Oui  est  ravi  en  extase.  Un  es- 
prit extatique.  ||  Substantivement.  Les  extatiques. 
Il  3°  Qui  cause  un  vif  transport  comparé  à  l'extase. 
Favori  d'Apollon,  dont  la  voix  extatique  Anime  les 
ressorts  d'une  âme  frénétique,  nESMARETS,  Vision- 
naires, I,  ♦.  Je  ne  dirai  point  combien  mon  cœur 
alors  Sentit,  par  son  amour,  d'extatiques  transports, 
th.  corn.  Berger  extrav.  I,  2. 

—  HIST.  xvi'  s.  Esprit  abstraict,  ravy  et  ecstatic. 
Qui,  fréquentant  les  cieulx,  ton  origine.  As  délaissé 
ton  hoste  et  domestic,  Ton  corps....  rab.  À  Vesprit 
de  la  Royne  de  Navarre  (  diiain  placé  en  tète  du 
3'  livre  de  Pantagruel).  Cette  morgue  grave,  severo 
etecstatique  en  une  action  si  folle,  mont,  m,  86». 

—  ÉTYM.  'ExcnaT'.xo;,  de  ëxaTiutî,  extase. 

t  EXTEMPORANÊ,  ÉE  (èk-stan-po-ra-né,  née), 
adj.  Il  1°  Terme  de  jurisprudence.  Sans  prémédita- 
tion. Il  2°  Terme  de  pharmacie.  Médicaments  extem- 
poranés  ou  magistraux,  ceux  qui  ne  doivent  être 
préparés  qu'au  moment  où  ils  sont  prescrits,  par 
exemple  les  loochs,  les  potions. 

—  ÉTYM.  Lat.  extemporaneus ,  de  la  locution  M 
tempère,  sur-le-champ,  de  ex,  et  tempus,  tempo- 
ris,  temps. 

t  EXTEMPORANÉITÉ  (èk-stan-po-ra-né-i-té),  ».  f. 
Qualité  de  ce  qui  est  extemporané.  L'extemporanéité 
de  leur  production  [des  objets  naturels]  qui  n'est 
qu'un  enchaînement  de  miracles  réitérés  à  chaque 
instant  de  la  durée,  diderot,  Interprét.  de  la  nal. 
n°  60. 

—  ÉTYM.  Extemporané. 

t  EXTEMPORANÉMENT  (èk-stan-po-ra-né-manj, 
adv.  D'une  façon  extemporanée. 

EXTENSEUR  (èk-stan-seur),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie.  Qui  sert  à  étendre.  Les  muscles  extenseurs  du 
bras.  Il  S.  m.  L'extenseur  du  pouoe. 

—  ÉTYM.  Voy.  EXTENSION.  Paré  a  dit  estendeur , 

1,   48. 

EXTENSIBILITÉ  (èk-stan-si-bi-li-té) ,  s.  f.  Qualité 
de  ce  qui  est  extensible.  L'extensibilité  des  fibres  est 
déterminée  par  la  nature  de  leurs  éléments  et  par 
l'activité  des  sucs,  bonnet.  Causes  prem.  vi,  t3. 

—  ÉTYM.  Extensible. 

EXTENSIBLE  (èk-stan-si-bl')  ,  adj.  ||  1°  Qui  est 
susceptible  d'être  étendu  par  l'action  simultanée 
de  deux  forces  agissant  en  sens  contraire.  L'or  est 
le  plus  extensible  de  tous  les  métaux.  ||  2°  Termo 
d'anatomie.  Qui  peut  s'étendre ,  s'allonger.  La  lan- 
gue extensible  du  fourmilier. 

—  ÉTYM.  Voy.  EXTENSION. 

EXTENSIF,  IVE  (èk-stan-sif,  si-v'),  adj.  Qui  a  la 
vertu  de  produire  l'extension.  Force  extensive. 
Il  Terme  de  grammaire.  Qui  exprime,  qui  marque 
l'extension.  Ce  mot  est  pris  dans  un  sens  eitensif. 
Il  Terme  rural.  Culture  extensive,  par  opposition  à 
culture  intensive,  celle  qui  s'applique  à  un  ter- 
rain étendu  relativement  au  capital  employé;  telle 
est  la  culture  pastorale. 

—  ÉTYM.  Provenç.  extensiu;  espagn.  extensivo ; 
ital.  stcnsiro;  du  latin  eitensivus,  de  extensttm,  su- 
pin de  eitendere  (voy.  extension). 

EXTENSION  (  èk-stan-sion  ;  en  vers  ,  de  qriatra 
syllabes),  ».  f.  \\  1"  Action  d'étendre  ou  de  s'élenJre. 
L'or  est  susceptible  d'une  extension  prodigieuse. 
Il  Terme  de  physiologie.  Action  d'étendre,  c'est-à- 


EXT 

dire  de  mettre  un  membre  en  droite  ligne  avec  un 
tutre.  L'extension  de  la  main,  de  l'avant-bras, 
du  bras,  mouvements  par  lesquels  la  main  est  mise 
en  droite  ligne  avec  l'avant-bras,  l'avant-bras  avec 
le  bras,  le  bras  avec  l'épaule.  ||  Terme  de  chirurgie. 
Action  d'étendre  un  membre  raccourci  par  une  frac- 
ture ou  une  luiation.  ||  2"  Action  d'étendre  un  mus- 
cle pour  exercer  un  effort,  pour  opérer  quelque 
chose.  Si  vous  considérez  comiiien  de  gens  entrent 
dans  l'exécution  de  ces  mouvements  [des  machines] , 
quelle  force  de  bras  et  quelle  extension  de  nerfs  ils 
y  emploient,  la  bruy.  vi.  ||  Terme  de  musique. 
Effort  d'écartement  du  petit  doigt  pour  atteindre  à 
certaines  notes  élevées  sur  les  cordes  du  violon, 
sur  le  violoncelle  pour  atteindre  à  une  tierce  majeure, 
sans  que  la  main  quitte  sa  position.  Cet  ut  se  fait 
par  extension.  ||  Sa  main,  ses  doigts  ont  beaucoup 
d'extension,  une  grande  extension,  ils  peuvent  em- 
brasser beaucoup  de  touches  du  clavier.  |{  3°  Dans  le 
langage  vulgaire,  il  se  dit  quelquefois  du  relâche- 
ment, de  la  distension,  par  quelque  effort,  d'un  ten- 
don, d'un  ligament.  L'extension  d'un  tendon.  |{  4°  Il 
se  dit  quelquefois  pour  étendue.  Extension  en  lon- 
gueur, en  largeur,  en  profondeur.  {|  5°  Fig.  Accrois- 
sement, augmentation.  L'extension  de  son  autorité. 
Extension  de  privilège.  Un  pareil  inconvénient  ne 
pouvait  pas  empêcher  la  compagnie  anglaise  de  don- 
ner une  grande  extension  à  son  commerce,  haïnal, 
Hist.  phiï.ni,  33.  ||  Action  d'étendre  une  loi,  un  ar- 
ticle à  des  objets  qui  n'y  étaient  pas  d'abord  inclus. 
Chose  qui  ne  peut  recevoir  d'extension,  patru.  Plaid. 
4 ,  dans  RicHELET.  Il  est  clair  que  ce  sénatus-consulte 
n'était  qu'une  extension  de  la  loi  pappienne,  qui, 
dans  le  même  cas,  avait  accordé  aux  femmes  les 
successions  qui  leur  étaient  déférées  par  les  étran- 
gers, MONTESQ.  Esp.  xxvii,  ch.  Unique.  ||  6°  Terme 
de  logique  et  de  grammaire.  Synonyme  d'étendue. 
Dans  une  proposition  l'attribut  s'appelle  quelquefois 
le  grand  terme,  parce  qu'il  a  plus  d'extension  que 
le  sujet,  c'est-à-dire  qu'il  s'applique  à  un  plus  grand 
nombre  d'objets.  ||  Terme  de  grammaire.  Action 
d'étendre  la  signification  d'un  mot.  Le  sens  par  ex- 
tension tient  le  milieu  entre  le  sens  propre  et  le  sens 
figuré.  On  ferre  aussi  d'argent  une  cassette  ,  etc.... 
alors  ferrersignifie,  par  extension,  garnir  d'argent 
au  lieu  de  fer,  dd  marsais,  Tropes,  part,  n,  art.  ). 
Il  On  dit  dans  un  emploi  analogue  :  Ce  sens  est  une 
extension,  n'est  qu'une  extension  de  tel  autre  sens. 

—  HIST.  xiV  s.  L'éternité  de  Dieu  est  sans  suc- 
cession et  son  immensité  sans  extension,  oresme. 
Thèse  de  meunier.  ||  xvi'  s.  La  cholere  ne  ressemble 
point  à  des  nerfs  de  rame,ains  plustost  ou  à  des  ex- 
tensions ou  à  des  convulsions  d'icelle,  amyot.  Coin, 
refréner  la  colère,  46.  La  rotule  contient  la  jambe  en 
deue  extension,  paré,  iv,  36.  L'ame,  espandue  en 
toutes  les  parties  du  corps  et  entière  en  soy,  n'occupe 
point  de  lieu  par  extension  corporelle,  id.  xv,  62. 

—  ÉTYM.  Provenç.  extensio;  espagn.  extension; 
ital.  stensione;  du  lat.  extensionetn,  de  extensum, 
supin  de  eitendere,  étendre  (voy.  étendre). 

t  EXTENSO  (IN-)  (i-nèk-stin-so),  ad».  Dans  toute 
son  étendue.  Citer  les  pièces  in-extenso. 

—  ÉTYM.  Lat.  in,  en,  et  extenso,  étendu,  parti- 
cipe passif  de  extendere,  étendre. 

E'XTÉNnATION  (èk-sté-nu-a-sion  ;  en  vers,  de  six 
syllabes),  s.  f.  \\  i°  Action  de  rendre  ténu,  maigre  et 
faible;  résultat  de  cette  action.  L'exténuation  d'un 
malade  par  une  longue  fièvre.  Son  exténuation  est 
extrême.  |{  2°  Terme  de  rhétorique.  Figure  de  pen- 
sée qui  consiste  à  substituer  à  la  véritable  idée  de 
la  chose  dont  on  parle,  une  idée  du  même  genre 
mais  moins  forte. 

—  HIST.  XVI*  s Consomption  et  exténuation  de 

tout  le  corps,  paré,  xi,  25. 

—  ÉTYM.  Lat.  extenuationem,  de  extenuare,  ex- 
ténuer. 

EXTÉNUÉ,  ÉE  (èk-sté-nu-é,  ée),  part,  passé. 
Il  1"  Rendu  ténu,  rendu  faible.  Une  armée  exté- 
nuée. Un  visage  exténué.  On  voyait  cette  malheu- 
reuse [Arachné] ,  dont  tous  les  membres  exténués  se 
défiguraient  et  se  changeaient  en  araignée ,  fên. 
Tél.  XVII.  Sa  surprise  est  extrême,  en  jetant  les 
yeux  sur  Mme  de  la  Vallière,  qu'elle  s'attendait  à 
trouver  changée,  exténuée  par  un  tel  genre  de  vie 
[la  vie  de  Carmélite],  genlis,  Mme  de  Mainlenon,  1. 1, 
p.  253.  dans  pouoENS.  ||  Avoir  le  visage  exténué, 
avoir  le  visage  maigre,  décharné.  ||  2°  Usé,  ruiné 
par  quelque  chose  qui  consume  les  forces.  Exténuée 
d'agitations,  d'abstinences,  de  veilles,  elle  semblait 
,  enfin  résolue  à  revenir  sur  elle-même,  à  recommen- 
cer sa  vie  ordinaire,  J.  J.  HOUSS.  fl^i.  VI,  41.  Il  3' Fig. 
Rendu  moindre.  Mais  cette  même  grâce  en  moi  di- 
minuée Et   par  mills  péchés  sans  cesse,  exténuée  , 

DICT.    DE    LA   .'.ANOUE   FR*.WÇAISB 


EXT 

COHN,  Pcly.  II,  6.  Je  tâchai  que  la  confirmation  [des 
dispositions  de  Louis  XIV  pour  ses  bâtards] ,  puis- 
qu'il en  fallait  passer  par  là,  fût  la  plus  simple  et  la 
plus  exténuée  qu'il  serait  possible,  ST-siM.  299,  87. 
EXTÉNUER  (èk-sté-nu-é),  j'exténuais,  nous  ex- 
ténuions, vous  exténuiez;  que  j'exténue,  que  nous 
exténuions,  que  vous  exténuiez,  v.  a.  ||1' Rendre 
ténu  et  faible.  Elle  était  exténuée  par  une  longue 
abstinence,  st-évrem.  Matrone  d'Éphèse.  \\  2°  Fig. 
Amoindrir  beaucoup.  Pour  plaire  ,il  [le  poète]  a  be- 
soin quelquefois  de  rehausser  l'éclat  des  belles  ac- 
tions, et  d'exténuer  l'horreur  des  funestes,  corn. 
2*  dise.  S  Dieu  ne  plaise  que  j'exténue  les  bien- 
faits  demilord,  i.  i.  Rouss.  Hél.  ii,  6.  La  réflexion 
que  je  fais  ici  peut  exténuer  mes  torts  dans 
leurs  effets,  mais  c'est  en  les  aggravant  dans 
leur  source,  id.  Confess.  xi.  Le  bon  milord,  embar- 
rassé d'une  pareille  commission,  et  ne  sachant  com- 
ment s'en  acquitter  honnêtement,  tâcha  d'en  exté- 
nuer l'insulte  en  transformant  cet  argent  en  nature 
de  provision,  m.  ib.  xii.  ||  Absolument.  Cette  partie 
a  besoin  de  la  rhétorique  pour  peindre  les  passions 
et  les  troubles  de  l'esprit,  pour  consulter,  délibé- 
rer, exagérer  ou  exténuer,  corn.  2"  dise.  ||  3'  S'ex- 
ténuer, V.  réfl.  Se  faire  petit,  ténu.  Qu'est-ce  qu'une 
voix?  un  souffle  qui  se  perd  en  l'air;  je  suis  une 
voix,  un  cri,  si  vous  le  voulez;  saint  Jean  s'exténue 
jusque-là,  boss.  Élevât,  sur  les  mystères,  24"  se- 
maine. Il  Diminuer,  devenir  moindre.  Votre  ardeur, 
à  force  d'éclater.  S'exhale,  se  dissipe,  ou  du  moins 
s'exténue,  corn.  Àgésil.  iv,  3.  ||  S'épuiser,  user  ses 
forces.  11  s'exténue  à  force  de  veilles.  Mercenaires 
qui  s'exténuent  dans  la  triste  recherche  de  tous  les 
fatras  théologiques,  volt.  Phil.  m,  297.  Votre  es- 
prit s'exténue  X  se  forger  les  traits  d'une  femme  in- 
connue, piRON,  Mélrom.  ii,  tl. 

—  SYN.  ATTÉN  UER  UNE  FAUTE ,  EXTÉNUER  UNE  FAUTE. 

La  nuance  est  très-peu  marquée,  puisque  ces  deux 
verbes  ne  diffèrent  que  par  le  préfixe  (ex,  od);  pour- 
tant on  voit  que  atténuer  signifie  seulement  amoin- 
drir, et  exténuer,  amoindrir  beaucoup.  Du  reste, 
en  ce  sens,  atténuer  tend,  dans  le  langage  actuel, 
à  se  substituer  partout  à  exténuer. 

—  HIST.  XVI*  s.  L'oeil  abaissé  sur  face  exténuée, 

MAHOT,  VI,  246 Quand  ils  osent  tellement  exle- 

nuer  la  transgression  de  la  loy  ...  calv.  Instit.  3t7. 
Homme  de  bonnes  lettres,  mais  tout  exténué,  par- 
tie de  sa  naturelle  compleiion,  et  partie  de  l'étude, 

DESPER.  Contes,  XLIX. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  extenuar;  ital.  es- 
tenuare;  du  lat.  extenuare,  de  ex,  et  (eimis,  petit, 
ténu  (voy.  ce  mot). 

EXTÉRIEUR,  EURE  (èk-slé-rieur,  rieu-r'.  Dans 
la  versification  du  xvii'  siècle,  extérieur  est  de  qua- 
tre syllabes  :  ex-té-ri-eur;  aujourd'hui  on  le  fait  sou- 
vent de  trois) ,  odj.  ||  1°  Qui  est  au  dehors.  La  forme 
extérieure.  Les  ornements  extérieurs.  ||  Avantages 
extérieurs,  la  beauté,  la  taille,  etc.  ||  Terme  de  bo- 
tanique. Se  dit  de  l'embryon,  quand  il  est  situé, 
dans  la  graine,  à  la  surface  du  périsperme.  ||  Terme 
de  géométrie.  Angle  extérieur,  voy.EXTERNE.  {|  2°  Qui 
se  passe  au  dehors.  Une  vie  tout  extérieure.  Vous 
accordez  aux  hommes  l'effet  extérieur  et  maté- 
riel de  l'action,  et  vous  donnez  à  Dieu  ce  mou- 
vement intérieur  et  spirituel  de  l'intention;  et, 
par  cet  équitable  partage,  vous  alliez  les  lois  hu- 
maines avec  les  divines,  pasc.  Prov.  7.  Lorsque  le 
culte  extérieur  a  une  grande  magnificence,  cela 
nous  flatte  et  nous  donne  beaucoup  d'attachement 
pour  la  religion,  montesq.  Esp.  xxv,  2.  ||  3°  Qui  a 
rapport  aux  pays  étrangers.  Le  commerce  extérieur. 
La  politique  extérieure.  ||  On  a  dit  ministre  des  re- 
lations extérieures,  pour  des  affaires  étrangères. 
Il  4°  S.  m.  Ce  qui  est  au  dehors  d'un  local.  Nous 
entendîmes  du  bruit  à  l'extérieur.  ||  5°  Les  pays 
étrangers.  Des  nouvelles  de  l'extérieur.  ||  6»  Ce 
qui  paraît  au  dehors.  L'extérieur  de  ce  bâtiment 
est  beau.  {]  7*  L'ensemble  de  l'apparence  d'une 
personne.  Les  sénateurs  les  plus  illustres,  à  n'en 
regarder  que  l'extérieur ,  différaient  peu  des  paysans, 
BOSS.  Hist.  vu,  8.  Un  extérieur  simple  est  l'habit 
des  hommes  vulgaires,  il  est  taillé  pour  eux  et 
sur  leur  mesure  ;  mais  c'est  une  parure  pour  ceux 
qui  ont  rempli  leur  vie  de  grandes  actions,  la  bbuy. 
II.  Il  est  étrange  qu'il  ait  fallu  une  loi  pour  ré- 
gler son  extérieur  [de  l'homme  de  robe]  et  le  con- 
traindre ainsi  à  être  grave  et  plus  respecté,  id.  xiv. 
Il  avait  cet  extérieur  que  le  cabinet  donne  ordinai- 
rement, quelque  chose  d'un  peu  rude  et  d'un  peu 
sauvage,  du  moins  pour  ceux  à  qui  il  n'était  pas 
accoutumé,  ponten.  Guglielmini.  Je  dirai  cepen- 
dant de  votre  extérieur  ce  qui  me  paraît  frapper 
tout  le  monde ,  que  vous  avez  beaucoup  de  noblesse 


EXT 


1577 


et  de  grâces  dans  tout  votre  maintien,  d'alemb. 
Portrait  de  Mlle  de  Lespinasse.  ||  Terme  de  vétéri- 
naire. Conformation  extérieure  des  animaux  domes- 
tiques, par  rapport  aux  services  qu'ils  peuvent  ren- 
dre, à  l'utilité  dont  ils  peuvent  être.  ||  8*  Il  se  dit  de 
même  de  ce  qui  paraît  de  la  conduite.  Deux  raisone 
doivent  faire  craiiidreauprincededonnertropàl'ex- 
terieur  dans  les  exercicesde  la  piété,  boss.  Polit. 
VII,  m,  9.  Il  9°  Politesse  froide,  simple  démonstra- 
tion de  civilité.  Depuis  l'affaire  du  régiment  des 
gardes,  il  n'y  avait  plusguèreque  de  l'extérieur  en- 
tre eux  [la  maréchale  de  Boufflers  et  le  Régent], 
ST-siM.  475,  84.  jj  10°  Fig.  Une  simple  apparence. 
L'amour  a  tant  de  force  Qu'il  attache  mes  sens  à 
cette  fausse  amorce.  Et  fera  son  possible  à  toujours 
conserver  Ce  doux  extérieur  [amour  feint]  dont  ou 
me  veut  priver,  corn,  la  Suiv.  i,  9. 

—  REM.  Extérieur  n'a  pas  de  degré  de  compa- 
raison ,  il  a  pour  superlatif  extrême.  Cependant 
on  le  trouve  avec  des  degrés  de  comparaison  dans 
de  bons  auteurs  :  On  pourrait  dire  qu'il  y  a  des  par- 
ties fondamentales  sans  lesquelles  l'animal  ne  peut 
se  développer;  d'autres  qui  sont  plus  accessoires  et 
plus  extérieures...  buff.  Animaux,  ch.  H.  Comme 
le  sens  comparatif  est  oublié,  on  peut  ne  pas  con- 
damner cet  emploi. 

—  SYN.  l'extérieur,  les  DEHORS  D'UNE  PERSONNE. 

L'extérieur  est  ce  qui  tout  d'abord  se  voit,  est  saisi 
par  l'œil  :  il  est  d'un  extérieur  agréable.  Dehors 
dit  quelque  chose  de  plus;  il  comprend  non-seule- 
ment l'apparence  extérieure,  mais  aussi  les  gestes, 
l'attitude,  la  manière  de  parler,  etc. 

—  HIST.  xvi*  s.  Dieu  ne  s'arreste  point  tant  à  l'ap- 
parence extérieure  du  bien,  qu'à  la  pureté  de  cœur, 
CALV.  Instit.  275.  Hypocrites  en  extérieur,  et  inté- 
rieurement pleinsd'orgueil  et  de  vengeance ,  lanode, 
77.  Non  pourtant  que  je  me  mette  en  peine  pour 
maintenir  celte  décence  extérieure  [ne  pas  crier 
dans  une  colique  néphrétique],  mont,  m,  20l. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  exterior;  ital.  esle- 
riore;  du  lat.  exteriorcm,  qui  est  un  double  com- 
paratif, puisqu'il  est  le  comparatif  A'exlerus,  qui 
est  lui-même  formé  de  la  préposition  ex  et  du  suf- 
fixe ter,  qui  est  le  Tepo;  grec,  tara  sanscrit,  et  qui 
sert  à  la  compai'aison.  Dans  exterus,  le  sens  cou.pa- 
ratif  de  ce  premier  suffixe  étant  oublié,  on  y  a 
ajouté  ior  (voy.  extra). 

EXTÉRIEUREMENT  (èk-sté-ri-eu-re-man;  voy. 
extérieur),  adv.  X  l'extérieur,  au  dehors.  Cette 
maison  est  belle  extérieurement.  ||  Fig.  Il  veut  qu'on 
le  croie  honnête  homme,  mais  il  ne  l'est  qu'extérieu- 
rement. Malheur  si  nous  ne  l'honorons  qu'extérieu- 
rement! BOURDALOUE ,  Myst.  nativ.  de  J.  C.t.i,  p.  24. 

—  HIST.  xvi*  s.  Celui  qui  se  sera  abstenu  de  trans- 
gresser extérieurement,  aura  satisfait  aux  loii  poli- 
tiques, CALVIN,  Inslit.  275. 

—  ETYM.  Extérieure,  et  le  suffixe  ment. 
tEXTÉRIORISTE(èk-sté-ri-o-ri-st'),  s.  m.  Terme 

de  philosophie  catholique.  Philosophes  ainsi  dits ,  par- 
ce que,  selon  eux,  toute  idée,  tout  principe,  toute 
vérité  viennent  à  l'homme  du  dehors.  Synonyme 
de  traditionnaliste  ,  parce  que  la  tradition  vient 
du  dehors.  ||  Dans  un  sens  plus  général,  extério- 
riste  peut  se  dire  dans  toutes  les  philosophies. 

—  ÉTYM.  Extérieur. 

t  EXTÉRIORITÉ  (èk-sté-ri-0-ri-té) ,  s.  ^.  État, 
qualité  de  ce  qui  est  extérieur. 

— HIST.  XVI"  s.  Il  nous  faut  ici  regarder  autre  chose 
que  l'extériorité  des  cérémonies,  calv.  Inst.  270. 

—  ÉTYM.  Extérieur. 
EXTERMINATEUR,  TRICE  (èk-stèr-mi-na-teur, 

tri-s'),  adj.  Qui  extermine.  La  peste  noire  du  xiV  siè- 
cle fut  exterminatrice Ce  chat  exterminateur.  Vrai 

cerbère,  était  craint  une  lieue  à  la  ronde,  la  font. 
Fabl.  III,  t8.  Il  L'ange  exterminateur,  celui  qui  tua 
les  premiers-nés  des  Égyptiens.  Songez  qu'autour  de 
vous  L'ange  exterminateur  est  debout  avec  nous, 
HAC.  Ath.  V,  3.  En  une  seule  nuit  l'épée  de  l'ange 
exterminateur  fit  périr  4  86  000  hommes  da  son  ar- 
mée [de  Sennachérib] ,  rollin,  Hist.  ane.  Œuv. 
t.  II,  p.  62,  dans  pouGENS.  ||  Substantivement.  L'un 
[Mahomet]  de  tousses  rivaux  fut  l'exterminateur, 
LEMERC.  Louis  IX,  m,  3.  Des  monstres,  des  bri- 
gands noble  exterminateur,  delille.  En.  vm. 

ÉTYM.  Provenç.  exterminayre ,  exterminador , 

ital.  esterminatore;  du  lat.  exterminatorem,  de  ex- 
terminare,  exterminer.  Dans  le  provença.,  exter- 
minayre est  le  nominatif,  venant  du  latin  txtermi- 
ndtor;  exterminador  est  le  régime ,  venant  da 
exterminatorem. 

EXTERMINATION  (èk-stèr-mi-na-sion;  envers, 
de  six  syllabes) ,  s.  f.  Action  d'exterminer.  L'exter- 
mination d'tm  peuph.  .'Is  travaillèrent  à  l'eilermi- 

I.  —  198 


1378 


EXT 


du  PM««taB»»,  Wc«.  <*»  FÀead.  Il  ouerre 

£m  o»U«  qui  »  po"'  °*'J*'  """  *""*™ 

d«  Mupla.   La  Muiulmani  firent  une 

^MmiÂatioa  iui  «iloraleura  du  feu. 

■^'jJlJ^CTl.  t.  Ili  M  deifeireni  euli  menue*,  eui- 
aÛ»  hé«i  pour  lool  certain  que  leur  pali  fiut  arnvé 
ttonatemiMtioadnnttn,  aiitot,  Sylla,  *i. 
—  triM.  IM.  tturminationem,  de  exterminare, 

MMmiaar. 

KXmUtnt,  tn  (ék-»t»r-nii-n*,  née),  part. 
pcsU.  Il  1*  Un»  population  eiterminée  par  le  glaive. 
||t*  Pamlliirement.  Kpulsé  de  btigue.  11  arriva 
htrtieé,  utcrmlné. 

irmUfimiR  (*k.«l6r-mi-né),  t>.  a.  ||  1*  Chasser 
entJtremenI,  Faire  disparaître.  Vous  exterminerez 
de  destoui  la  ciel  le  nom  d'Amalee,  et  prenez  bien 
garde  de  ne  le  pas  oublier,  saci.  Bible,  DeuUron. 
ni,  I».  Jusqu'à  ce  qu'il  voua  enlève  et  vous  exter- 
mine de  cette  terre  eicellenta  qu'il  vous  a  donnée, 
ID.  Joni,  ixiil,  ts.  La  racine  arrachée  et  les  ar- 
bres détruits,  Le  cruel  veut  encore  exterminer  les 
(VuiLi,  aOTR.  Antig.  m,  B.  Exterminez,  grands  dieux, 
de  la  terre  où  nous  sommes,  Quiconque  avec  plaisir 
répand  le  sang  des  hommes,  volt.  Panât,  m,  «. 
Il  Par  extension.  Exterminer  la  religion  chrétienne 
et  élever  le  déisme  sur  les  ruiniîs  du  christianisme, 
PASC.  Pro».  XVI.  Par  un  seul  de  ses  discours  il  ex- 
termina les  faux  serments  et  les  blasphèmes  dans 
un  pays  oii  ils  étaient  autorisés  par  l'usage  et  par 
la  coutume,  fléch.  Panég.  n,  p.  207.  Du  milieu 
de  mon  peuple  exterminez  les  crimes,  Et  vous  vien- 
drez alors  m'immuler  vos  victimes,  hao.  Ath.  i,  t. 
Il  I*  Faire  périr  entièrement.  On  doit  de  tous  les 
Juifs  exterminer  la  race,  rac.  Eslh.  1,  3.  ||  Il  se  dit 
aussi  d'une  seule  personne.  Et  ne  pouvez-vous  pas 
d'un  mot  l'exterminer?  rac.  EstK  ii,  t.  [H]  Jura 
d'exterminer  Achab  et  Jé/abel,  lo.  Aihal.  i,  a.  Fai- 
sons plus,  mes  amis,  jurons  d'exterminer  Quicon- 
que, ainsi  que  lui,  prétendra  gouverner,  volt.  Jf.  de 
Cit.  u,  «.  H  Absolument.  La  politique  des  monarques 
de  l'Asie  était  d'exterminer  pour  commander,  con- 
DiLLAC,  Hitt.  anc.  Lois,  chap.  ».  ||  Familièrement  et 
par  forme  d'imprécation.  Je  sois  exterminé,  si  je 
ne  tiens  parole  I  kol.  le  Dép.  iv,  i.  ||  3»  S'extermi- 
ner, V.  rifl.  Les  hommes  à  l'état  sauvage  s'exter- 
minent les  uns  les  autres.  ||  Dans  le  langage  fami- 
lier, par  hyperbole,  se  fatiguer  beaucoup.  11  est  dans 
le  potawcr,  où  il  s'extermine  k  mettre  en  couleur  ses 
treillages,  en.  de  bernabd,  le  Gendre,  %  •. 

—  HlST.  xii*  s.  Eissi  atterron  les  Normanz,  Les  or- 
goiUos,  les  sorquidanz  [outrecuidants],  E  seient 
tuit  exterminé,  Chacié  del  païs  e  osté,  benoît,  ii, 
ttiss.  Il  XIV*  s.  Et  ceuli  qui  sont  du  tout  incurables 
et  incorrigibles,  l'en  les  doit  exterminer,  oresme, 
gth.  »20.  Il  XVI*  s.  Crain  que,  si  tu  te  vantes  d'avoir 
toy-mesme  trouvé  la  voye  juste,  tu  ne  périsses  et 
soyes  exterminé  d'icelle,  calv.  Instit.  s<9.  Dieu 
pour  semblables  intquitcz  a  anciennement  exter- 
miné des  peuples  entiers  de  devant  sa  face,  la- 
notn,  <ft.  A  fin  d'exterminer  de  tout  point  la  con- 
voitise d'avoir  et  de  s'enrichir,  il  feit  une  autre 
troisième  ordonnance  nouvelle,  ahyot,  Lye.  <5. 
L'a  fait  bannir  et  exterminer  du  pays,  pasq.  Rech. 
V,  p.  40»,  dans  lacurhe. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  eilermfnar;  ital. 
Mlerminore;  du  lat.  exterminare,  proprement  chas- 
ser, expulser,  de  ex,  hors,  et  terminus,  terme, 
limite  (voy.  tebbï).  C'est  pourquoi  le  sens  premier 
est  faire  disparaître,  et,  par  extension,  faire  périr. 

EXTERNAT  (èk-slèr-na;  le  (  ne  se  lie  pas  ;  au 
pluriel,  r»  se  lie  :  des  èk-stèr-na-z  habilement  diri- 
gés; externats  rime  avec  fracas,  mftts,  etc.),  t.  m. 
Il  1*  Ecole  où  l'on  ne  reçoit  que  des  élèves  externes. 
Fonder,  diriger  un  externat.  ||  J*  Service  d'externe 
dans  les  hOpitaux. 

—  ÉTTII.  Externe. 

EXTERNE  (èk-stèr-n') ,  odj.  |1  1*  Qui  est  au  de- 
hors. Les  parties  externes.  Les  causes  externes  des 
maladie»,  ji  En  médecine,  externe  se  dit  des  afTec- 
liooi  qni,  occupant  les  parties  superficielles  du 
corpt,  Cd  sont  pas  produites  par  des  causes  inté- 
lieures.  Pathologie  externe.  ||  Médicament  pour 
l'usage  externe,  médicament  qui  doit  être  appliqué 
à  la  peau,  et  non  être  pris  k  l'intérieur.  ||  »•  l'erme 
de  géométrie.  Angle  externe,  angle  dont  l'ouver- 
ture est  en  dehors  relativement  k  une  figure  poly- 
gonale, ou  relativement  k  l'espace  compris  entre 
«•M  parallèles.  ||  »•  Terme  d'anatomie.  Qui  c^t 
tourné  en  dehors,  par  rapport  k  l'axe  fictif  qu'.ii 
nippon  pkriager   verticalement  le  corps  en  deux 

rî.  ?    *8»'«'-     L'angle    externe   de    l'omoplate. 
»  Histoire  extemo,  histoire  des  documents  qui 
iwvom  pour  cMD(oier  '.'histoire  interne.  L'histoire 


EXT 

externe  du  droit  est  l'histoire  des  sources  et  des 
monuments  du  droit.  ||  6*  Ëléve  externe,  ou,  sub- 
stantivement, externe,  élève  qui  vient  du  dehors 
i  un  établinement  d'instruction  pour  y  suivre  un 
cours.  Le»  pensionnaire»  et  les  externes.  ||  Ex- 
terne libre,  celui  qui  fréquente  les  cours  du  lycée, 
mais  vit  chei  tes  parents  et  non  dan»  une  pension. 
Il  6*  S.  m.  Nom  donné  à  des  éludiant»  en  méde- 
cine qui  sont  chargés  du  premier  degré  du  service 
médical  dans  les  hôpitaux.  Les  externes  font  le 
pansement  de»  malade»,  les  saignées  et  ce  qu'on 
nomme  la  petite  chirurgie,  sous  la  surveillance  des 
internes.  ||  7*  Celui  qui  travaille  dans  une  élude  de 
notaire  ou  d'avoué  et  qui  ne  fait  pas  partie  des 
clercs  gradué». 

—  HlST.  XVI*  s.  Celui  qui  ne  commeltoit  rien  par 
œuvre  externe  contre  la  loy,  estoit  bon  observateur 
d'icelle,  calv.  Instit.  «7».  C'est  esire  esbloui  de 
l'aparence  des  choses  externes,  lanoub,  îo«. 

—  ETYM.  Lat.  extemus,  extérieur,  de  estra,  dé- 
rivé de  ex,  hors. 

t  EXTERRITORIALITÉ  (èk-slè-ri-lo-ri-a-li-té) ,  t. 
f.  Terme  de  droit  des  gens.  Droit  que  les  ambassa- 
deurs ont  de  vivre,  dans  le  pays  où  il»  sont  accré- 
dités, sous  le  régime  des  loi»  de  la  nation  qu'ils 
représentent. 

—  ETVM.  F.x,  et  territorial. 

t  EXTINCTEUR  (èk-stin-kleur) ,  ».  m.  Celui  qui 
éteint,  détruit.  Et  mériter  le  nom  d'extincteur  de 
ma  race,  dufhény.  Dédit,  i,  6.. 

— ÉTYM.Lat.rasIiiictorem,  de«tstinj«ere,éteindre. 

EXTINCTION  (èk-stin-ksion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'éteindre;  état  de  ce  qui 
est  éteint.  L'extinction  d'un  incendie.  ||  Autrefois  à 
l'extinction  de  la  chandelle,  aujourd'hui  à  l'extinc- 
tion des  bougies,  des  feux,  se  dit  de  certaines  ventes 
où  l'on  est  reçu  à  enchérir  jusqu'à  ce  qu'un  certain 
nombre  de  petites  bougies  soientéteintes.  ||  l'erme  de 
pharmacie.  Opération  qui  consiste  à  chauffer  au 
rouge  certains  corps  et  à  les  tremper  ensuite  brus- 
quement dans  l'eau  froide  pour  en  détruire  la  cohé- 
sion. Il  ï°  Action  de  verser  de  l'eau  sur  la  chaux  vive 
et  de  la  transformer  en  hydrate  ou  chaux  éteinte. 
Il  Terme  de  pharmacie.  Extinction  du  mercure, 
opération  qui  consiste  à  détruire  le  brillant  métal- 
lique du  mercure  en  le  triturant  avec  un  corps  gras. 
Il  S°  Action  de  diminuer  l'intensité  de  la  lumière. 
Les  vapeurs  répandues  dans  l'air  influent  considé- 
rablement sur  l'extinction  de  la  lumière;  la  sérénité 
du  ciel  et  la  rareté  de  l'air  rendent  la  lumière  des 
astres  plus  vive  sur  les  montagnes  élevées,  laplace. 
Expos.  I,  te.  Il  4°  Perte  totale.  11  cessa  de  vivre  par 
la  seule  extinction  de  ses  forces  et  presque  sans  ac- 
cident le  26  de  janvier  dernier  474S,  maihan.  Éloge 
de  Halley.  ||  L'extinction  de  la  chaleur  naturelle,  la 
perte  de  la  chaleur  naturelle.  ||  Familièrement.  Dis- 
puter jusqu'à  extinction  de  chaleur  naturelle,  ou, 
simplement,  jusqu'à  extinction,  disputer  longtemps 
et  avec  opiniâtreté.  Il  dansait  quelquefois  jusqu'à 
extinction,  hamilt.  Gramm.  8.  ||  5°  Extinction  de 
voix,  affection  du  larynx  qui  affailjlit  tellement  la 
voix  qu'on  peut  à  peine  se  faire  entendre.  Il  m'a 
pris  une  extinction  de  voix  dans  la  roulade,  picard. 
Petite  ville,  m,  8.  ||  6"  Fig.  11  se  dit  de  ce  qu'on 
éteint  comme  un  feu.  L'amour-propre  parvient  à 
l'entière  extinction  de  l'amour  de  Dieu  ;  par  la 
constitution  de  la  justice  de  cette  vie,  l'amour  de 
Dieu  ne  parvient  jamais  à  l'entière  extinction  de 
l'amour-propre,  Boss.  Et.  d'orais.  v,  29.  Il  a  eu  du 
temps  de  reste  pour  entamer  un  ouvrage  continué 
ensuite  et  achevé  par  un  de  nos  plus  grands  et  de 
nos  meilleurs  princes,  l'extinction  de  l'hérésie,  la 
BHUï.  X.  Il  Se  dit  aussi  des  familles,  races,  tribus 
dont  il  ne  reste  plus  personne  en  vie.  L'extinction 
d'une  famille.  Outre  la  difficulté  de  cette  guerre 
[contre  les  lienjamitesj,  il  y  avait  encore  k  con- 
sidérer l'extinction  d'une  tribu  dans  Israël,  boss. 
Polit.  IX,  m,  2.  Il  7°  Acte  qui  met  fin  à  l'exis- 
tence d'une  obligation,  d'une  dette,  d'une  action. 
Les  modes  d'extinction  d'une  obligation  sont  le 
payement ,  la  compensation  et  la  novation.  Les 
principaux  objets  compris  dans  cette  nouvelle 
cession  consistaient  dans  l'extinction  de  4  20o  ooo 
livres  de  rentes  viagères ,  ratnal,  Hist.  phil.  iv, 
S7.  Dans  une  semblable  position,  il  était  difficile  de 
songer  aux  moyens  d'effectuer  l'extinction  d'une  dette 
immense,  montesquiou,  flapp.  du  27  aoûl  i7sio,  p.  2. 

—  lliST.  xvr  s Que  les  prétendus  députez  sont 

touz  chargez  par  leurs  mémoires  de  demander  l'cs- 
tiiiction  de  la  religion  refforinée,  d'aub.  Hist.  ii, 
'.i36.  Ardens  à l'estinction  des  reformez,  id.  ib.  l,  82. 

—  ETYM.  Lat.  euttncttonem,  de  eutinguere, 
éteindre  (voy.  ce  mot). 


EXT 

t  EXTINGUIBLK  (ék-stln-gui-bl';  ui  prononcé 
comme  dans  huile),  adj.  Oui  peut  être  éteint 

—  HIST.  XV*  s.  Une  soif  non  eistinguible,  c'est  à 
dire  qui  ne  se  peut  appaiser,  par8,  xxui,  >. 

—  ËTYH.  I.at.  exitinguibilit ,  de  exslinguert , 
éteindre  (voy.  ce  mot). 

EXTIRPATEUB  (èk-stir-pa-teur),  i.  m.  ||  1*  Celui 
qui  extirpe.  Il  n'y  a,  pour  tous  les  candidat», qu'une 
seule  et  même  profession  de  foi:  c'est  celle  exacte- 
ment que  font  sur  les  place»  publiques  les  arracheurs 
de  dents,  les  extirpateur»  do  cor»,  les  destructeurs 
de  punaises,  alph.  kabr,  les  Guêpes,  juillet  (842. 
Il  Fig.  Louis  XIV  fut  surnommé  par  ses  (latteiirs 
i'extirpateur  du  calvinisme.  ||  t'  Instrument  agricole 
ayant  la  forme  générale  d'une  herse,  muni  do  pieds 
ou  d'espèces  de  socs  propres  à  déraciner  et  à  en- 
traîner les  herbes  nuisible». 

—  HIST.  XVI*  s.  Saint  Dominique  extirpateur,  par 
ses  presches,  de  l'heresie  albigeoise, pasquier,  dans 
le  Dict.  de  dociiez. 

—  ETYM.     Extirper. 

EXTIRPATION  (f  k-stir-pa-sion  ;  en  ver»,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'arracher  les  racines  des 
plantes.  L'extirpation  du  chiendent.  ||  2°  Terme  de 
chirurgie.  Action  de  rftrancher  une  tumeur,  un 
polype,  jusque  dans  les  derniers  prolongements. 
L'extirpation  d'un  cancer,  d'un  cor.  ||  8*  Fig.  Des- 
truction. L'extirpation  des  vices,  des  hérésies.  On 
ries  mystiques]  porte  si  avant  l'extirpation  du  désir, 
qu'on  ne  saurait  plus  en  former  ni  en  arrêter  un 
sur  quoi  que  ce  soit,  Bcss.  États  lîorais.  m,  8.  la 
vieux  Frédéric,  électeur  de  Saxe,  souhaitait  l'extir- 
pation de  l'Église  romaine,  volt.  Mœurs,  I28. 

—  HIST.  XV*  s.  Â  l'exaltation  de  notre  foi,  extir- 
pation des  erreurs  et  édification  et  amendement  du 
peuple  chrestien,  monstr.  liv.  ii,  ch.  t06.  ||  xvi*  s. 
Après  l'extirpation  de  ceste  partie,  la  malade  so 
trouva  mieux,  pabé,  xviii,  48. 

—  ÉTYM.  Lat.  exstirpationem,  de  exstirpare,  ex- 
tirper. 

EXTIRPÉ,  ÉE  (èk-stir-pé,  pée) ,  part,  passi.  Le 
chiendent  extirpé  difficilement  d'un  champ  dont  il 
s'est  emparé.  ||  Fig.  Ce  crime  une  fois  extirpé,  où  se- 
raient les  maux  domestiques  qu'on  attribue  à  la 
nature?  uarmontel,  Ess.  bonh.  CEuvres,  t.  xvii, 

p.   22t  ,   dans  POUGENS. 

EXTIRPER  (èk-stir-pé),  V.  a.  ||  1*  Arracher  une 
plante  avec  ses  racines.  Extirper  les  mauvaises  her- 
bes. Il  11  ne  se  dit  guère  qu'en  parlant  des  plantes 
qui  nuisent.  ||  2°  Terme  de  chirurgie.  Enlever  en 
ôtant  toutes  les  racines.  Extirper  une  loupe,  un 
cancer.  113"  Fig.  Détruire  entièrement.  Extirper  les 
abus,  les  vices.  Ce  que  j'extirpe  au  loin,  dans  ma 
cour  prend  racine,  botrou,  St  Genest,  m,  2.  Le 
désir  d'extirper  le  cromvellisme  et  la  doctrine  qui 
donnait  au  peuple  le  droit  de  juger  les  rois  à  mort, 
BOss.  Far.  6"  oifrt.  §  «2.  Après  que  le  christianisme 
eut  été  extirpé  par  le  massacre  de  trente-sept  mille' 
hommes  exécutés  presque  en  un  moment,  la  na- 
tion [japonaiseJ.se  partagea  en  trois  sectes,  dibe- 
ROT,  Opin.  des  anc.  phil.  [Japonais).  ||  Extirper 
une  race,  une  population  ,  la  détruire  entière- 
ment. Les  Muscogul);es  s'emparèrent  de  la  Flo- 
ride après  en  avoir  extirpé  les  Yamases,  cuateaub. 
ilmer.  les  Uuscogulges. 

—  SYN.  EXTIRPER,  DÉRACINER.  Un  Ouragan  déra- 
cine un  arbre  et  ne  l'extirpe  pas.  Déraciner  signifie 
qu'un  végétal  a  été  arraché  de  terre  sans  qu'un  se 
soit  inquiété  si  ses  raciues  sont  restées  ou  non  dans 
le  sol.  Extirper  indique  que  l'on  n'a  pas  laissé  dans 
le  sol  les  racines,  et  qu'on  les  a  enlevées  en  même 
temps  qu'on  enlevait  le  végétal.  De  plus,  extirper 
indique  surtout  l'acte  volontaire. 

—  HIST.  xu*  s.  Lor  vingnes  (vignes]  et  lor  bois 
fist  li  rois  estreper,  Et  lur  maisons  ardoir,  et  lor 
chasteaux  gaster,  wace,  dans  lu  camge,  slirpare. 
Il  xiii*  s.  Quant  fia  mort]  toutes  les  cuide  estreper, 
la  llose,  46113.  Il  xiv*  s.  Chancre  [cancer]  dont 
toutes  les  rachines  ne  poent  [peuvent]  eslre  eslre- 
pées,  H.  de  mondeville,  f-"  »8.  Telz  ilivins  [devins' 
ont  esté  lousjours  reprouvez  et  extirpez  de  toutes 
bonnes  policies,  oresme.  Thèse  de  meunier.  ||  xvi's. 
Extirper  un  membre  gangrené,  pabê,  Préf. 

—  ETVM.  Provenç.  et  espagn.  extirpari  ilal.  slir- 
pare; du  lat.  exsiirparc,  de  ex,  hors,  et  sdrpt, 
souche,  racine.  La  forme  française  est  estreper;  ex- 
tirper a  été  refait  sur  le  latin  au  ivi*  siècle.  Stirpt 
est  rapproché  par  les  étymologisles  de  stipes,  tronc, 
que  l'on  rapproche ,  à  son  tour,  du  causatif  sanscrit 
stha-pa,  faire  tenir  debout. 

EXTORQUÉ,  ÉK  (èk-stor-ké,  kée),  part,  patsi'. 
Il  connut  pour  lors  le  cas  qu'il  faut  faire  d  hoimeun 
et  d'hommages  extorqués  par  la  crainte  et  qui  no 


EXT 

parlaient  point  du  cœur,  holun,  Hùt.  ane.  QEue. 
t.  VII,  p.  280,  dans  pougens.  Il  n'avait  qu'une  légère 
part  aux  cinquante  mille  livres  perdues  au  jeu  par 
Candide  et  à  la  valeur  des  deux  brillants  moitié 
donnés,  moitié  extorqués,  volt.  Candide,  22. 

EXTORQDER  (èk-stor-ké) ,  ».  o.  Obtenir  par  vio- 
lence morale.  Je  sais  bien  que  mon  agrément  ne 
validerait  pas  une  démission  qui  a  été  extorquée 
par  la  force,  retz,  Mém.  t.  m,  livre  iv,  p.  4*8, 
dans  P0UGEN6.  Que  nous  serviront  alors  ces  grâces 
prétendues  que  nous  aurons  comme  extorquées  des 
vicaires  (le  Jésus-Christ?  bourdal.  Serm.  24*  dim. 
après  la  Pentecôte,  Domin.  t.  iv,  p.  tl7.  L'un  et 
l'autre  dès  lors  vécut  à  l'aventure  Des  présents  qu'à 
l'abri  de  la  magistrature  Le  mari  queli]uefois  des  plai- 
deurs extorquait,  Ou  de  ce  que  la  femme  aux  voisins 
escroquait,  BoiL.  Sat.  x.  Us  n'auraient  point  prétendu 
extorquer  à  sa  famille  quatre  cent  mille  francs  d'a- 
mende; à  quoi  son  bien  était  tort  loin  de  monter, 
VOLT.  Lett.  Beaumont,  3  juin  (77t.  Enfin  j'extorquai 
son  consentement  plus  à  force  d'importunités  et  de 
caresses,  que  de  raisons  dont  elle  se  contentât,  i.  J. 
ROBss.  Confess.  v.  ||  Par  extension.  Grotius  a  extor- 
qué de  son  temps  une  réputation  qu'il  était  bien 
loin  de  mériter,  volt.  Lett.  Linguet,  45  mars  (787. 

—  HIST.  xiv  s.  Acuns  tyrans  extorquent  et 
trayent  pecunes  des  populaires,  oresme,  Thèse  de 
MEUNIER.  L)  dits  ouvriers  pour  plus  extorquer  l'ar- 
gent des  privez  et  des  estranges,  Ord.  des  rois  de 
Fr.  t.  XII,  p.  62).  Les  droiz  lesquels  il  avoient  ex- 
torqué des  pères  [sénateurs],  bercheure,  f.  40, 
recto.  Il  XVI*  s.  Pour  accroistre  la  foule,  on  loue 
des  gens  pour  venir  pleurer  et  jetter  des  cris  et  des 
plaintes  qui  sont,  au  sceu  de  tous,  toutes  feinctes  et 
extorquées  avec  argent,  charron.   Sagesse,  i,  32. 

—  ÊTYM.  Lat.  extorquere,  arracher,  de  ex,  et  tor- 
quere,  tordre  (voy.  tordre)  :  arracher  par  torsion. 
La  langue,  ayant  fait  de  torquere,  tordre  (par  un 
changementd'accent:  lorqu^re  au  lieu  de  lorquëre), 
a  dit,  dans  sa  haute  période,  estordre  et  non  extor- 
quer, qui  ne  se  montre  qu'au  xiv*  sitcle. 

t  EXTORQCEUR,  ECSE  (Èk-stor-keur ,  keû-z'), 
».  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  extorque. 

—  HIST.  xvi'  s.  Extorqueur,  cotohavb. 
EXTORSION  (èk-stor-sion  ;   en  vers,  de  quatre 

syllabes),  s.  f.  Manière  violente  de  prendre  ou  de  se 
1  procurer  quelque  chose.  L'extorsion  d'un  consente- 
ment. Il  11  se  dit  particulièrement  de  l'argent  ou  des 
taxes  qu'on  lève  injustement.  Tout  ce  qu'on  paye 
pour  le  maintien  de  l'ordre  public,  est  de  droit  et  de 
justice;  ce  qu'on  lève  de  plus  est  extorsion,  raynal, 
Hist.  phil.  XIII,  5t. 

—  HIST.  xiv  s.  Il  faisoient  sur  le  peuple  grans 
extorsions,  oresme,  Thèse  de  meunier.  ||  xv*  s.  Mais 
l'en  ne  verra  jà  tant  faire  D'abus,  d'excès,  d'extor- 
cions.  Comme  l'en  fait  aux  cours  d'églises,  e.  desch. 
Poésies  mss.  f°  523,  dans  lacurne,  au  mot  prise. 
Il  XVI"  s.  Il  lascha  la  bride  aux  gens  de  guerre,  qui 
de  là  prirent  hardiesse  de  commettre  plusieurs  extor- 
sions, violences  et  larrecins,  amyot,  Anton.  13. 

—  ÉTYM.  l'rovenç.  estorsio;  espagn.  extorsion;  ital. 
f!r(orstonf;du  lat.  exlorsionem,  de  extorsum,  supin 
de  extorquere  (voy.  extorquer).  Paré,  xv,  66  bis, 
emploie  eiîorstonî  dans  le  sens  de  torsions,  tran- 
chées. 

f  EXTORSIONNAIRE  (èk-slor-sio-nè-r'),  adj.  Qui 
commet  l'extorsion,  qui  a  le  caractère  de  l'extorsion. 

—  ÉTYM.  Extorsion. 

t  t.  EXTRA....  préfixe  qui  signifie  en  dehors. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  en  dehors,  et  qui  est  pour  ex- 
tera,  de  l'adjectif  exferus,  extérieur  (voy.  extérieur). 

t  2.  EXTRA  (èk-stra),  s.  m.  |1 1°  Terme  familier. 
Ce  que  l'on  fait  d'extraordinaire.  |I  2°  Ce  que  l'on 
mange,  ce  que  l'on  sert  sur  la  table  de  plus  que  de 
coutume  ou  de  meilleure  qualité  que  de  coutume. 
Faire  un  extra.  Une  bouteille  devin  d'extra.  ||  3»  Les 
pensionnaires  d'une  table  d'hôte  ou  autres  appellent 
aussi  extra  la  personne  qu'ils  invitent  à  dîner  et  dont 
ils  doivent  payer  l'écot  par  suite  d'un  prix  convenu 
pour  chaque  extra,  legoarant.  ||  Le  pluriel  est  in- 
variable :  des  extra. 

■  -  ÉTYM.  Abrégé  populaire  de  extraordinaire. 

t  EXTRA-AXILLAIRE  (èk-stra-a-ksil-lê-r'),  adj 
Terme  de  botanique.  Qui  naît  à  côté  de  l'aisselle 
des  feuilles. 

—  ÉTYM.  Extra....  fTédie,  et  axillaire. 

I  EXTRA -BUDGETAIRE  (ék-stra-bu-djé-tê-r') , 
adj.  Oui  est  en  dehors  du  budget.  Dépenses  extra- 
budgétaires. 

—  ETYM.  Extra...,  préfixe,  et  budget. 

t  EXTRACTEUR  (èk-stra-kteur),  s.  m.  Celui  qui 
extrait. 

—  HIST.  XVI*  S.  Je  ma  suis  trouvé  avec  un  philoso- 


EXT 

phe,  grand  extracteur  de  quinte-essence,  PARÉ,xxv,8a. 

—  Ktvm.  Lat.  extractorem,  de  exiractum,  supin 
de  exirahere,  extraire  (voy.  extraire). 

EXTR ACTIF,  IVK  (èk-stra-ktif,  kti-v'),  adj. 
Il  I"  Terme  de  grammaire.Qui  marque  extraction.  Si 
je  veux  reudre  raison  d«  cette  façon  de  parler,  du 
pain  suffit  ;ie  commence  par  dire  de  le  pain,  alors 
la  préposition  de,  qui  est  ici  une  préposition  extrac- 
tive  et  qui,  comme  toutes  les  autres  prépositions, 
doit  être  entre  deux  termes,  cette  préposition,  dis- 
je,  me  fait  connaître  qu'il  y  a  ici  une  ellipse,  du 
MARSAIS,  (HCuvres,  t.  iv,  p.  <70.  Il  2°  Terme  de  chi- 
mie. Qui  est  extrait  des  végétaux.  Principes  extrac- 
tifs.  Il  employa  res;ii'it-de-vin  pour  dissoudre  le 
corps  sucré  [des  substances  végétales],  et  le  séparer 
des  parties  gommejies  et  extractives,  condohcet, 
Margraaf.  \\  S.  m.  L'eitractif,  principe  immédiat 
qu'on  supposait  exister  dans  les  plantes  et  les  ani- 
maux, et  posséder  la  propriété  de  s'épaissir  pendant 
l'évaporation  de  sa  dissolution.  ||  S"  Qui  sert,  qui  est 
relatif  à  l'extraction.  Machine  extractive.  ||  Industrie 
extractive,  celle  qui  recueille  directement  les  pro- 
duits de  la  nature  :  chasse,  pêche,  récolte  des  fruits 
naturels,  exploitation  des  mines.  Dunoyer  a  intro- 
duit cette  expression. 

—  ÉTYM.  Lat.  extractum,  supin  de  ettrahere, 
extraire  (voy.  ce  mot). 

t  EXTRACTIFORME  (fck-stra-kti-for-m')  ,  adj. 
Terme  de  chimie.  Qui  a  la  forme  ou  l'apparence 
d'un  extrait. 

—  ÉTYM.  Extrait,  et  forme. 
EXTRACTION  (èk-stra-ksion;  en  vers,  de  quatre 

syllabes),  s.  f.  ||  1*  Action  d'extraire,  de  tirer  hors. 
L'extraction  d'un  clou  enfoncé  dans  une  planche. 
Il  Terme  de  chirurgie.  Opération  par  laquelle  on 
retire  de  quelque  partie  du  corps,  soit  un  corps 
étranger,  soit  une  partie  qui  cause  des  douleurs  ou 
nuit  à  une  fonct'on  importante.  L'extraction  d'une 
dent,  d'une  balle.  ||  L'extraction  d'un  prisonnier, 
l'action  de  l'extraire,  de  le  faire  sortir  momentané- 
ment de  la  prison  pour  quelque  objet.  ||  Par  exten- 
sion. De  la  difficulté  de  se  procurer  des  esclaves 
dérive  naturellement  la  méthode  d'employer  de  pe- 
tits navires  à  leur  extraction,  raynal,  Hist.  phil. 
XI,  21.  Il  2°  Terme  de  chimie  et  de  pharmacie.  Opé- 
ration pharmaceutique  par  laquelle  on  sépare  une 
substance  quelconque  du  composé  dont  elle  fait 
partie.  L'extraction  d'un  sel.  ||  8°  Terme  de  métal- 
lurgie. Opération  par  laquelle  on  tire  les  métaux  de 
la  terre,  de  la  mine.  Dans  cette  partie  du  nouveau 
monde,  l'extraction  de  l'or  n'est  ni  dangereuse  ni 
fort  pénible  ;  quelquefois  il  se  trouve  à  la  superficie 
du  sol,  RAYNAL,  Hist.  phil.  IX,  21.  Il  i'  Fig.  Il  se 
dit  de  la  naissance  considérée  par  rapport  au  sang, 
à  la  famille  d'où  l'on  provient.  Et  quoi  qu'ait  fait  ce 
bras,  il  ne  m'a  point  acquis  Ni  ces  titres  fameux, 
nt  ce  renom  exquis  Qui  des  extractions  effacent  la' 
mémoire,  rotroo,  St  Genest,  i,  4.  Mais  son  extrac- 
tion provint-elle  des  deux....  ID.  Àntig.  iv,  3.  Saint 
Paulin,  en  faisant  le  panégyrique  de  sa  parente 
sainte  Mélanie,  a  commencé  les  louanges  de  cette 
veuve  si  renommée  par  la  noblesse  de  son  extraction, 
Boss.  Or.  funèbre,  Gornay.  11  était  de  l'ordre  de  la 
prédestination  et  du  salut  de  l'homme,  que  l'homnae 
fût  un  jour  persuadé  qu'il  est  d'une  extraction  di- 
vine, BOURDAL.  Annonciat.  de  la  Vierge,  Myst.  ii, 
p.  138.  Il  faut  convenir  qu'il  y  a  dans  la  noblesse 
d'extraction  et  dans  l'ancienneté  des  familles  je  ne 
sais  quel  attrait  puissant  pour  se  concilier  l'estime 
et  pour  gagner  les  cœurs,  hollin.  Traité  des  Et.  v, 
1"  partie,  §  6.  Homme  de  basse  extraction,  mais 
qui  fit  une  fortune  singulière  et  rapide,  genlis, 
Ad.  et  Th.  t.  ii,  lett.  2,  p.  21,  dans  pougens. 
Il  5°  Terme  de  mathématique.  La  manière  de  trouver 
les  racines  d'un  nombre  donné,  et  l'opération  par 
laquelle  on  les  trouve. 

—  HIST.  xHi*  s.  Une  fille  en  remest  [resta]  el 
castel  de  Buillon,  Li  dus  Godefrois  est  de  celle  estra- 
cion,  Ch.  d'Ant.  vu,  774.  j|  xiv  s.  L'extraction  des 
choses  qui  sont  entre  les  leivres  des  plaies  outre  na- 
ture, H.  DE  MONDEviLLE,  f°  35.  Un  Chevalier  de 
Franche  [France],  de  haute  estration,  Baud.  de 
Seb.  IV,  470.  Il  xv*  s.  C'est  grand  ennui  de  piteuse- 
ment penseï  que  ces  grands  bourgeois  et  ces  no- 
bles bourgeoises  et  leurs  beaux  enfants,  qui  d'estoc 
et  d'estraotion  avoient  demeuré ,  et  leurs  devan- 
ciers, en  la  ville  de  Calais,  devinrent,  froiss.  i,  i, 
323.  Il  XVI'  s.  Ne  seroit-ce  pas  aussi  un  honneste 
exercice  aux  seigneurs  et  gentils-hommes,  de  se 
recréer  quelquesfois  en  telles  extractions  [d'essen- 
ces] ?  LANOUE,  479.  L'extraction  violente  des  dents, 
PAR*,  XV,  27.  L'abréviation  de  racines  n'est  aultre 
chose  fors  que  extraction  d'icelles  jusques  à  ce  qu'elles 


EXT 


1579 


soyent  reduictes  en  nombre  ou  le  plus  près  que  faire 
se  peult,  est.  de  la  roche,  Arismetique,  (°  80,  verso. 

—  ÉTYM.  Provenç.cilroccio;  espagn.  extraccion; 
ital.  estrasione;  du  lat.  exfractionem ,  de  extractum, 
supin  de  exirahere,  extraire. 

t  EXTRACTO-RÉSINE  (èk-stra-kto-ré-zi-n'),  s.  f. 
Terme  de  chimie.  Produit  végétal  qui  participe  de 
la  résine  et  de  l'extractif.  L'aloès  est  une  extracto- 
résine. 

—  ÉTYM.  Lat.  extractus,  extrait,  et  rétirte. 
tEXTRACTO-RÉSlNEUX,  EUSE  (èk-stra-kto-ré- 

zi-neû,  neû-z'),  adj.  Terme  de  chimie.  Qui  tient 
de  l'extracto-résine.  L'aloès  est  une  substance  ex- 
traclo-résineuse. 

t  EXTRADER  (  èk-stra-dé  ) ,  1).  a.  Néologisme. 
Faire  l'extradition.  C....etP....  vont  être  extradés  de 
Suisse  et  ramenés  à  Paris,/,  des  Débats,  l  "avril  IS64. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  extradere,  remettre,  de  ex, 
hors,  et  tradere,  livrer  (voy.  tradition). 

EXTRADITION  (èk-stra-di-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  de  remettre  un  réfugie 
pour  une  cause  quelconque  au  gouvernement  étran- 
ger qui  le  réclame.  Les  Turcs  insistèrent  en  vain  sur 
l'extradition  de  Canterair,  volt.  Russie,  n,  1. 
Il  8°  Remise.  Il  a  fallu  payer  cher  l'extradition  des 
pièces  [du  procès],  volt.  Lett.  Yernes,  24  mai  1783. 
—  ÉTYM.  Lat.  «I,  hors,  et  (rodtit'o,  action  de 
remettre  (voy.  tradition). 

EXTRADOS  (èk-stra-dô) ,  J.  m.  La  surface  con- 
vexe el  extérieure  d'une  voûte. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  en  dehors,  et  dos. 
EXTRADOSSÉ,    ÉE    (èk-stra-dô-sé,    sée),    adj. 

Terme  d'architecture.  Qui  a  un  extrados.  Une  voûte 
extradossée. 

■f  EXTRADOSSER  (èk-stra-dô-sé),».  o.Temed'ar- 
chitecture.  Faire  l'extrados.  Extradosser  une  voûte. 

—  ÊTYM.  Extrados. 

t  EXTRA-EUROPÉEN,  ENNE  (èk-stra-eu-ro-pé- 
in,  pé-è-n'),  adj.  Terme  didactique.  Qui  est  situé 
hors  de  l'Kurope;  qui  se  rapporte  aux  pays  situés 
hors  de  PEurope. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  européen. 

t  EXTRA-FIN,  INE  (èk-stra-fin,  fi-n'),  odj.Terme 
de  commerce.  Qui  est  d'une  qualité  très-fine.  Li- 
queurs extra-fines. 

—  ÉTYM.  Extra,  abrégé  populaire  pour  extraordi- 
nairement,  et  fin,  adjectif. 

t  EXTRA-FOLIACÉ,  ÉE  (èk-stra-fo-li-a-sê,  sée), 
adj.  Terme  de  botanique.  Synonyme  d'extrâ-folié. 

t  EXTRA  -  FOLIAIRE  (èk-stra-fo-li-ê-r') ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Synonyme  d'extra-folié. 

t  EXTRA-FOLIÉ,  ËE  (èk-stra-fo-li-é,  ée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  croit  en  dehors  ou  à  côté 
des  feuilles.  ||  Hampe  extra-foliée,  hampe  qui  naît 
sur  la  racine  en  dehors  des  feuilles,  exemple  :  la 
convallaria  maialis. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  foHum,  feuille. 

t  EXTILA-HUMAIN,  AINE  (èk-stra-u-min,  mè- 
n'),  adj.  Qui  est  en  dehors  de  l'humanité.  Une 
origine  extra-humaine. 

—  ÊTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  humain. 

1.  EXTRAIRE  (fek-strê-re),  j'extrais,  tu  extrais, 
il  extrait,  nous  extrayons,  vous  extrayez,  ils  ex- 
traient; j'extrayais,  nous  extrayions,  vous  extrayiez; 
(le  parfait  serait  j'extrayis,  inusité)  ;  j'extrairai  ;  j'ex- 
trairais; extrais,  extrayons,  extrayez,  qu'ils  ex- 
traient; que  j'extraie,  que  nous  extrayions,  que  vous 
extrayiez,  qu'ils  extraient  (l'imparfait  du  subjonc- 
tif serait  que  j'extrayisse,  inusité);  extrayant,  ex- 
trait, V.  a.  Il  1°  Tirer  une  chose  d'un  lieu,  d'un 
corps  oil  elle  s'est  formée  ou  introduite.  Extraire  des 
pierres  d'une  carrière.  Extraire  une  épine  du  pied. 
Extraire  une  balle,  une  dent.  On  ignore  que  les 
métaux  ne  peuvent  sortir  librement  du  Portugal; 
qu'il  n'est  possible  de  les  en  extraire  que  par  les 
vaisseaux  de  guerre,  qui  ne  sont  pas  visités,  ray- 
nal, Hist.  phil.  IX,  28.  Il  2°  Par  extension.  Extraire 
un  prisonnier  de  prison,  l'en  faire  sortir  pour  com- 
paraître, pour  être  transféré,  etc.  ||  3°  Séparer  une 
substance  d'une  autre  par  une  opération  chimique. 
On  extrait  du  sucre  de  la  betterave.  j|  4°  Copier  un 
passage,  un  article  dans  un  livre,  dans  un  journal. 
Il  à  extrait  ce  passage  d'Aristote.  ||  Extraire  un  pro- 
cès, en  faire  un  sommaire.  ||  Extraire  un  livre,  en 
faire  un  résumé,  et  aussi  en  faire  des  extraits.  Je 
voulais  vous  envoyer  le  Lexicon  Germanico-Tho- 
meeum  du  P.  Heserus;  j'ai  voulu  attendre  que  j'eusse 
le  loisir  de  l'extraire,  corn.  Lett.  au  P.  Boulard, 
22  avril  1662.  Il  Terme  de  commerce.  Extraire  le  jour- 
nal, le  dépouiller  pour  voir  ce  qui  est  dû  par  chaque 
particulier,  ou  ce  qu'on  lui  doit.  ||  5°  Terme  de  ma- 
thématique. Extraire  la  racine  carrée,  la  racine 
cubique    d'un  nombre,   la  chercher,  la  trouver. 


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EXT 


r  tllnin  lu  enlior»  eonlanu»  litn.  un  nombre 
fr.etioDiulf«,  chercher  combien  de  foi»  ce  nombre 
t<>nll«i«l'uoW.|(l'S'eiCr.iro,  v.  réfl.  Elreeilrait. 
Lm  liiinr-  f'eiwlanl  de»  plantes  de  différente» 
bfon«.||n  ••  <"'  »"*•'  •*•»  r»c\a»»de»  nombres.  La 
racine  cubique  l'eitrait  ainsi. 

gCK.  I. On  trouve  «(raiioft  dans  Bonnet(ce  qui 

«ft  une  faute,  l'impnrfait  e»t«lro|/ai«,  qu'il  a  lul- 
nliae  ailleur»)  :  Wallu  eitraisail  de  tête  la  racine 
carrée  d'un  nombre  de  cinquante-trois  figures,  Pa- 
Ungén.  ivii,  ».  Il  *•  Le  parfait  j'extrayù,  l'imparfait 
du  iubjonclif/cslroyùse  «ont  inusités,  à  tort;  on  do- 
Trait  les  remettre  en  usage;  car  rien  dans  l'eupho- 
nie ne  s'y  oppose. 

—  HIST.  XI'  s.  Que  entrais  est  de  moult  grant  pa- 
rented,  Ch.  d»  Roi.  xxvi.  Il  xm*  s.  Il  s'est  recordez 
que  nos  somes  poudre;  il  set  que  nos  somes  estret 
de  terre,  Piautier,  ^  <sï.  Por  ce  est  cil  fous  qui 
done  à  perte  Bone  aventure  quant  il  l'ot  [eut]  ;  Es- 
traire  en  doit  aucun  bon  mot,  Henart,  («774.  On 
apele  cex  quisunt  estraitdefranquelignie,  si  comme 

de  rois....  gentil,  beaum.xlv,  30.  ||xvs Jcn'îi 

aujourd'hui  fiance  certaine  pour  Jeanne  ma  fille  gar- 
der, fors  en  tou.s;  je  l'ai,  k  grand  peine,  mise  etex- 
traite  hors  des  mains  et  du  pays  du  père,  mon  mari, 
mois».  Il,  ni,  ta.  Et  [Philippe  d'Artevelle]  prit  le 
chemin  de  Gand,  si  fort  pensif  que  on  ne  pouvoit 
de  lui  extraire  rien  ni  nulle  parole,  ID.  ii,  ii,  <8&. 
Il  XVI*  s.  Pareillement  avecques  le  feu  l'on  avoit  apris 
d'eitraire  les  essences  de  plusieurs  choses,  langue, 
4«o.  Par  la  continuation  de  lire  les  anciennes  his- 
toires, et  d'en  extraire  ces  vies  que  je  rédige  par 

■  escript,  amtot,  P.  £m.  s.  Extraire  un  enfant  mort, 
une  ballo,  les  pierres  delà  vessie,  ?\ni,  Introd.  2. 
Comment  les  racines  quarrécs  ou  secondes  se  peu- 
vent extraire  ouabbrevier,  est.  de  la  rocue,  ^rù- 
melique,  ^  »o,  verto. 

—  Etym.  Provenç.  etiraire;  espagn.  extraer;  port. 
tslrahir;  iial.  utrarre;  du  lat.  extrahere,  de  ex, 
hors,  et  trahere,  tirer  (voy.  traire). 

ji.  EXTRAIRE  (î'k-slrê-r'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  est  situé  en  dehors,  à  l'extérieur.  Em- 
bryon extraire. 

—  ETYM.  Lat.  extrarius,  extérieur,  deesefro,  hors 
(voy.  extra). 

♦  .EXTRAIT,  AITE  (èk-strè,  strè-t') ,  port,  passé. 
Il  1*  Tiré  hors.  La  balle  extraite  par  le  chirurgien. 
Une  dent  extraite.  ||  S"  Tiré  de.  Une  essence  ex- 
traite de  plantes  aromatiques.  ||  3°  Copié  de.  Un 
beau  passage  extrait  de  Bossuet.  ||  4"  Obtenu  par  l'o- 
pération mathématique  dite  extraction.  La  racine 
cubique  extraite  de  H  est  3. 

3.  EXTRAIT  (èk-strè;  le  «  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  \'t  se  lie  :  des  ei-strè-z 
énergique»;  extraits  rime  avec  palais,  effets,  succès, 
paix,  etc.),  ».  m.  Il  1"  Terme  de  chimie.  Produit 
qu'on  aextrait  d'une  substance.  Extrait  de  guimauve, 
de  réglisse.  ||  Extrait  de  saturne,  dissolution  de  sous- 
acétate  de  plomb.  ||  J"  Passage,  article  tiré  d'un  li- 
vre, d'un  écrit.  Où  est  le  savant  parmi  les  nations  les 
plus  fameuses  pour  l'assiduité  au  travail  et  pour  la 
patience  nécessaire  à  copier  et  à  faire  des  extraits, 
qui  n'admire  là-dessus  les  talents  de  M.  du  Cange  et 
qui  ne  l'oppose  à  tout  ce  qui  peut  être  venu  d'ail- 
leurs en  ce  genre-là?  Prdf.  du  Dict.  de  furetière. 
11  lui  faisait  faire  des  extraits  de  livres  choisis,  j.  j. 
«ouss.  Ém.  IV.  Il  Terme  d'imprimerie.  Article,  mé- 
moire^ passage  plus  ou  moins  long  inséré  dans  un 
recueil  périodique  et  tiré  à  part  presque  toujours 
fur  la  demande  do  l'auteur.  Un  extrait  de  la  Revue 
des  Deux-Mondes.  ||  S-  Abrégé,  sommaire.  Faire 
l'extrait  d'un  livre,  d'une  correspondance,  d'un  pro- 
cès. Ce  siècle  ridicule  est  celui  des  brochures.  Des 
chansons,  des  extraits,  et  surtout  des  injures,  volt. 
Ep.  «5.  Combien  de  lectures  inutiles  dont  nous  se- 
rions dispensés  par  de  bons  extraiu!  d'alemb.  Disc, 
prélim.  encycl.  (Jl'.uv.  t.  i,  p.  Soo,  dans  pouovns. 
Il  n'y  a  point  de  si  mauvais  livre  dont  on  ne  pui.we 
tirer  de  bonnes  cho-ses,  disent  tous  les  gens  d'esprit 
et  de  goût  ;  il  n'y  a  pas  non  plus  de  si  bon  livre 
dont  on  ne  puisse  faire  un  extrait  malignement 
tourné,  qui  défigure  l'ouvrage  et  l'avilisse,  mabmon- 
TKL.  Elem.lilt.  (il.ut).  t.  vu,  p.  347.  danspouosNs. 
Il  Terme  de  pratique.  Analyse  ou  copie  sommaire  ou 
partielle  d'un  acte.  ||  Fig.  et  familièrement.  Un  ex- 
trait d'homme,  un  bout  d'homme,  un  tris-petit 
homme.  ||  *•  Terme  de  commerce.  Projet  de  compte 
quun  négociant  envoie  à  son  correspondant,  ou 
qn  un  commisîiionnairo  envoie  à  son  commettant. 
iTi?!!."»  ''°"""  """'  »"'  8ran(Hivre  ou  livre  de  rai- 
«(U-"*  V?"  'l"'  r-gistres  de  l'état  civil,  copie  cerv 
«^-i^ï'"'"'^»'""="'«  ''*•'>« civil,  et  constatant 
naissance,  mariage,  mort.  Extrait  rt«  nai.onr»    r.-r. 


FXT 

tiflcat  tiré  du  registre  des  naissances  et  constatant  la 
naissance  de  quelqu'un.  Extrait  baptistaire  ,  ou  él- 
irait de  baptême,  extrait  du  registre  des  baptêmes  et 
constatant  le  baptême  de  quelqu'un.  Extrait  mor- 
tuaire, extrait  du  registre  des  morts,  constatant  la 
mort  de  quelqu'un.  Les  msines  de  ce  pays-là  (Mar- 
seille] ont  sans  doute  son  extrait  mortuaire,  volt. 
Phil.  m,  t»o.  Il  Parplaisanterie.  Uncertain  Monsieur 
(le  Voltaire  A  donné  extrait  mortuaire  De  tous  les  sei- 
gneurs qui  sont  morts.  Facétie  du  poète  Roy  contre 
te  poème  de  Fontenoy  de  Voltaire,  citée  par  la- 
harpe.  Lycée,  »'  part.  liv.  m,  chap.  2 ,  sect.  t. 
Il  6°  Terme  de  jeu  de  loto.  Numéro  unique  sorti 
sur  une  ligne.  ||  Terme  de  loterie.  Un  seul  numéro 
gagnant.  Extrait  déterminé,  numéro  sur  lequel  on 
fait  une  mise  en  indiquant  qu'il  sortira  le  t",  le  s*, 
le  3«,  le  4*  ou  le  6*.  Extrait  simple,  numéro  joué 
sans  autre  condition. 

—  RE.M.  Des  grammairiens  ont  condamné  extrait  de 
baptême,  voulant  qu'on  dît  uniquement  extrait  bap- 
tistaire; mais,  comme  on  dit  extrait  de  naissance  (par 
une  ellipse  d'ailleurs  admissible),  il  n'y  a  pas  de  rai- 
son pour  ne  pas  dire  aussi  un  extrait  de  baptême. 

—  HlST.  xvi*  s.  Par  ainsi  l'essence  du  Fils  ne  seroit 
qu'un  extrait  je  ne  say  quel,  tiré  comme  par  un 
alambic  de  l'essence  de  Dieu,  calv.  Instit.  82.  Si  y 
trouva  quelques  loix  qui  luy  semblèrent  bonnes  ,  et 
en  feit  exlraict  ,  en  délibération  de  les  porter  en 
son  païs  pour  s'en  servir  à  l'advenir,  amyot,  Lyc.i. 

—  ÉTYM.  Extrait  t  ;  provenç.  estrat;  catal.  ex- 
trade; espagn.  extracto;  ital.  esiratto. 

EXTRAJUDICIAIRE  (êk-stra-ju-di-si-ê-r') ,  adj. 
Terme  de  pratique.  Acte  eitrajudiciaire,  acte  qui  ne 
se  rattache  pas  à  un  p  rocès  pendant  en  justice. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  judiciaire. 
EXTRAJUDICIAIREMENT  (èk-slra-ju-di-si-ê-re- 

man),  adv.  Par  acte  ou  forme  extrajudiciaire. 

—  Etym.  Extrajudiciaire,  et  le  suffixe  men(. 

t  EXTRA-LÉGAL,  ALE  (èk-stra-lé-gal ,  ga-1'), 
adj.  Oui  est  en  dehors  de  la  légalité. 

—  Etym.  Lat.  extra,  hors,  et  légal. 

I EXTRA-MUROS  (èk-stra-mu-ros') ,  adj.  Locution 
latine  qui  s'est  introduite  dans  le  langage  familier  et 
dans  le  langage  administratif,  et  qui  signifie  hors  des 
murs  d'une  ville  ou  d'une  citadelle.  Demeurer  ex- 
tra-muros. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  muros,  les  murs. 

t  EXTRA-OCULAIRE  (èk-stra-o-ku-lê-r'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Qui  s'insère  en  dehors  des  yeux. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  ei  oculaire. 

EXTRAORDINAIRE  (èk-stror-di-nê-r'.  La  pro- 
nonciation oii  l'o  est  nul  est  encore  la  plus  usitée; 
mais  l'écriture  commence  à  l'emporter  sur  l'usage; 
plusieurs  disent  èk-stra -or-di-nê-r' ,  faisant  sentir 
l'o  ;  prononciation  qu'on  trouve  dans  VIrato  de  Mé- 
hul  :  Non  jamais  sur  terre  On  n'aura  goûté  De  féli- 
cité Plusextraordinaire  ;  il  y  a  une  note  pour  o.  Marg. 
Buffet,  Observ.  p.  49,  note,  de  son  temps,  comme 
prononciation  vicieuse  extreordinaire  et  extraordi- 
naire), adj.  Il  1"  Qui  n'est  pas  selon  l'ordinaire,  se- 
lon l'ordre.  Séance  extraordinaire.  Action  extraor- 
dinaire. Evénement  extraordinaire.  Dieu,  qui  fait 
tout  en  son  temps,  avait  choisi  celui-ci  pour 
faire  cesser  les  voies  extraordinaires,  c'est-à-dire 
les  prophéties,  Boss.  Hist.  ii,  4.  Il  n'est  pas  inouï 
de  voir  des  États  hypothéquer  leurs  fonds  pendant 
la  paix  même,  et  employer,  pour  se  ruiner,  des 
moyens  qu'ils  appellent  extraordinaires  et  qui  le 
sont  si  fort  que  le  fils  de  famille  le  plus  dérangé 
les  imagine  à  peine,  montesq.  Esp.  xiii,  il.  ||  Dé- 
pense extraordinaire ,  dépense  qui  excède  celle 
que  l'on  fait  ordinairement,  ou  dépense  imprévue 
que  l'on  fait  en  sus  de  celle  qu'on  s'était  proposé  de 
faire.  ||  Conseiller  d'Etat  en  service  extraordinaire, 
conseiller  d'Etat  qui  n'a  pas  de  traitement  et  qui  ne 
remplit  pas  de  fonctions  au  conseil.  ||  Ambassadeur 
extraordinaire,  envoyé  extraordinaire,  celui  qu'un 
gouvernement  envoie  en  certains  cas  particuliers. 
Il  Affaires  extraordinaires,  se  disait,  sous  l'ancienne 
monarchie,  des  ressources  financièresqu'on  se  créait 
en  dehors  du  produit  des  impôts.  Sous  l'administra- 
tion du  grand  Colbert,  les  revenus  ordinaires  de  la 
couronne  n'allaient  qu'à  cent  dix-sept  millions,  à 
vingt-sept  livres,  et  puisa  vingt-huit  livres  le  marc 
d'argent;  tout  le  surplus  [des  dépenses]  fut  toujours 
fourni  en  affaires  extraordinaires,  volt.  Louis XIV, 
30.  Il  Aujourd'hui,  budget  extraordinaire,  partie  du 
budget  qui  comprend  les  dépenses  non  obligatoires, 
et  auxquelles  on  fait  face  par  des  ressources  extra- 
ordinaires. Il  Autrefois,  procédure  extraordinaire,  la 
procédure  criminelle,  par  opposition  à  la  procédure 
civile.  Juger  à  l'extraordinaire,  juger  au  criminel. 
!!  Question  extraordinaire,  voy.  QtnîsnoN.  ||  î"  Sin- 


EXT 

gulicr,  rare,  peu  commun.  Un  génie  extraordinaire. 
Un  homme  extraordinaire.  Il  est  d'une  laideur,  d'une 
avarice  extraordinaire.  ||  3°  Etrange,  bizarre,  cho- 
quant. Langage,  habit  extraordinaire.  Avoir  l'air 
extraordinaire.  ||  4*  S.  m.  Chose  qui  se  fait  contre 
l'ordinaire.  C'est  pour  lui  un  extraordinaire  que  de 
l)oire  du  vin.  L'extraordinaire  est  uneaction  qui  ar- 
rive àla  vérité  moins  souvent  que  sa  contraire,  mais 
qui  ne  laisse  pas  d'avoir  sa  probabilité  assez  aisée 
pour  n'aller  point  jusqu'au  miracle,  corn.  2*  diM. 
troj;.  Cet  extraordinaire  que  l'on  voyait  dans  les  in- 
stitutions de  la  Grèce,  nous  l'avons  vu  dans  la  cor- 
ruption de  nos  temps  modernes,  montesq.  Etp.iv, 
e.  Le  goût  de  l'extraordinaire  est  le  caractère  de  la 
médiocrité,  didehot,  SaUm  de  ^^et,  (i.'ur.  t.  xni, 
p.  (08,  dans  poHGENS.  Il  D'extraordinaire,  en  sur- 
plus, non  attendu.  Vingt  personnes  d'extraordinaire 
à  table,  sÉv.  430.  ||  6"  Dans  les  comptes,  ce  qui  est 
outre  la  dépense  ordinaire,  fonds  pour  y  faire  face. 
L'extraordinaire  monte  à  tant.  L'extraordinaire  est 
complètement  dépensé.  ||  6°  Anciennement.  L'ex- 
traordinaire des  guerres,  ou  de  la  guerre,  et,  ab- 
solument, l'extraordinaire,  fonds  destiné  aux  dépen- 
ses de  la  guerre.  M.  de  Louvois,  dont  un  des  fils  avait 
appris  de  lui  [Rolle]  les  éléments  de  mathématiques, 
lui  donna  au  bureau  de  l'extraordinaire  des  guerres 
une  seconde  place  qui  valait  mieux  que  celle  de  l'A- 
cadémie, et  pouvait  le  mener  plus  loin,  fonten. 
Rolle.  La  Tourane  etSauvion,  trésoriers  del'extraor- 
dinaire  des  guerres,  culbutèrent  et  firent  banque- 
route, st-sim.  92,  214.  Chamillart  chassa  d'autorité, 
pour  friponnerie ,  un  principal  commis  de  l'extraordi- 
naire de  la  guerre ,  résidant  en  Flandre ,  ID.  1 99 ,  1 47, 
Il  Trésorier  extraordinaire  des  guerres,  employé  su- 
périeur des  finances  qui  prenait  immédiatement  ses 
fonds  au  trésor  royal  pour  les  dépenses  de  la  guerre. 
Il  7"  Nom  donné  autrefois  à  un  supplément  de  la  ga- 
zette, qui  contenait  les  nouvelles  étrangères.  |{  8"  En 
matière  ecclésiastique,  autorité  placée  en  dehors  de 
celle  du  diocésain.  M.  le  Preux  peut  confesser  celles 
qui  ont  coutume  de  s'y  confesser  à  l'ordinaire  ou  à 
l'extraordinaire,  BOss.  Lett.  abb.  58.  ||  9*  Terme 
d'ancienne  jurisprudence.  Casuel  d'une  seigneurie. 

—  HIST.  xiv's.  Les  poursuites  des  crimes  sontap- 
pellées  extraordinaires,  parce  qu'on  n'y  observe  les 
anciennes  formes,  boutiliee.  Somme  rural,  p. 
p.  t84,  dans  lacurne.  |I  xvi'  s.  Il  faudroit  une  ex- 
traordinaire valeur  aux  ennemis,  ou  une  grande  las- 
clieté  aux  nostres  pour  perdre  la  bataille,  langue. 
427.  La  cour  advertie  de  telle  venue,  accompagnée 
de  mille  lances  d'extraordinaire,  s'avance  à  Orléans, 
d'aub.  Hist.  I,  101.  Je  vis  du  jour  à  la  journée,  et 
me  contente  d'avoir  de  quoy  suffire  aux  besoins  pré- 
sents et  ordinaires  ;  aux  extraordinaires  toutes  les  pro- 
visions du  monde  n'y  sçauroient  baster,  mont,  l,  3(  7. 

—  ETYM.  Provenç.  eiiraordmor»;  espagn.  eartro- 
ordinario;  ital.  siraordinario  ;  du  lat.  extraordina- 
rius,  de  extra,  hors,  et  ordo,  ordintj,   ordre. 

EXTRAORDINAIREMENT  (èk-stror-di-nè-re- 
man;  plusieurs  disent  èk-stra-or-di-nê-re-man;voy. 
EXTRAORDINAIRE),  fld».  ||  1"  D'une  façon  extraordi- 
naire, par  extraordinaire.  Ceux  qui  ont  reçu  extra- 
ordinairement,  doivent  espérer  extraordinairement, 
PASO,  dans  COUSIN.  Le  jour  de  la  fête  de  Vesta,  le  tem- 
ple était  ouvert  extraordinairement  [il  n'y  avaitaucun 
endroit  du  temple  où  l'on  ne  pût  entrer],  Hist.  des 
Vestales,  dans  dksfontaines.  Tout  ceci  me  paraltun 
songe,  mais  la  vie  humaine  est-«lle  autre  chose? 
je  rêve  plus  extraordinairement  qu'un  autre  et  voilà 
tout,  cazotte,  le  Diaiile  amoureux,  ch.  x.  ||  Antien- 
nement,  procéder  extraordinairement  contre  quel- 
qu'un, procéder  criminellement  contre  lui.  ||  i'  Ex- 
trêmement. 11  est  extraordinairement  riche.  Ce 
garçon-là  m'aime  extraordinairement ,  dancoohi, 
Eté  des  coquettes,  se.  (4.  Il  se  voit  des  gens  qui  ont 
extraordinairement  du  mérite,  bussy,  Hist.  amour, 
des  Gaules,  préface.  Dans  cette  phrase  de  Bussy,  il 
y  a  une  inversion  peu  usilée;  on  dirait  plutôt  :  qui 
ont  du  mérite  extraordinairement.  {|  3°  Bizarrement. 
Elle  est  coiffée  fort  extraordinairement. 

—  HIST.  XIV*  s.  Interroy  estoit  un  office  qui  n'es- 
toit  pas  ordenaire,  ainçois  se  fesoit  estrordenairs- 
ment,  bercheurk,  f°  »,  verso.  ||  xvi'  s.  Il  [l'homme] 
s'eslevera,  si  Dieu  luy  preste  extraordinairement  la 
main,  mont,  ii,  3go. 

—  ETYM.  Extraordinaire,  et  le  suffixe  ment. 

t  EXTRA-PERSONXEL,  ELLE  (èk-stra-pèr-so- 
nel,  nèl'),  odj.  Terme  de  philosophie.  Qui  est  en 
dehors  de  notre  personne. 

—  ETYM.  Extra....  préfixe,  eipersonnel. 

t  EXTRA-REFRACTAIRE  (èk-stra-ré-fra-ktê-r), 
odj.  Minerai  extra-réfractaire,  minéral  plus  réfrac- 
taire  que  les  autres. 


EXT 

—  f.TTM.  Extra,  abrégé  de  extraordinaire,  et 
réfractaire. 

t  KXTHA-KÉGLEMENTAIRE  (èk-stra-rè-gle-man- 
té-r'),  adj.  Qui  est  en  dehors  des  règlements. 

—  ÊTM.  Extra....  préfixe,  et  règlement. 

\  EXTRA  -STATUTAIRE  (èk-stra-sta-tu-tê-r") , 
adj.  Oui  est  en  dehors  des  statuts.  Prélèvement 
«itra-statutaire. 

—  ÉTYM.  Extra....  préfixe,  et  staivt. 

t  EXTRA-UTÉRIN,  INE  (èk-stra-u-té-rin,  ri-n'), 
adj.  Terme  d'anatomie  et  de  pathologie.  Qm  existe 
ou  qui  se  passe  hors  de  la  cavité  de  l'utérus.  Gros- 
sesse extra-utérine. 

—  ÉTYM.  Extra....  préfixe,  et  «(«rus. 
EXTRAVAGAMMENT  (èk-stra-va-ga-man) ,  adv. 

D'une  manière  extravagante.  Je  pensais,  car  nous 
autres  poètes  Nous  pensons  extravagamment,  Ce  que 
dans  l'état  où  vous  êtes  Vous  feriez  si....  voit.  Im- 
promptu à  Anne  d'Autriche,  cité  dans  géruzez, 
Théâtrede  Corneille,  p.  27).  Il  est  extravagamment 
jaloux,  PATRU,  Plaid.  9,  dans RiciiRLET.Villars avait 
trouvé  les  plus  singulières  ressources  pour  soi  dans 
la  funeste  perte  d'une  bataille  [MalplaquetJ  follement 
donnée  et  extravagamment  rangée,  st-sim.  2B9,  219. 

—  REM.  Dans  l'impromptu  de  Voiture,  poète  est 
de  deux  syllabes,  comme  cela  se  faisait  souvent  au 
commencement  du  xvii"  siècle. 

—  ÉTYM.  Extravagant,  et  le  suffixe  ment. 
EXTRAVAGANCE     (èk-stra-va-gan-s'),      s.     f. 

Il  1°  État  de  celui  qui  est  extravagant.  On  fait  quel- 
quefois grâce  à  l'impertinence  en  faveur  de  l'extra- 
vagance, RETZ,  Uém.  t.  II,  liv.  III,  p.  246,  dans 
pouGENS.  On  dira  que  nos  mystiques  savent  bien 
comme  nous  que  la  séparation  de  Dieu  d'avec  son 
paradis  est  impossible,  et  enfin  qu'il  faut  leur  lais- 
ser leurs  amoureuses  extravagances,  boss.  États  d'o- 
rais.  IX,  <.||I1  se  dit  aussi  des  choses.  L'extrava- 
gance de  sa  conduite.  Je  sais  ce  qu'est  un  songe  et 
le  peu  de  croyance  Qu'un  homme  doit  donner  à  son 
extravagance,  CORN.  Poîy.  I,  t.  Quelque  insolent  es- 
poir qu'ait  la  folle  arrogance.  Apprends  que  j'en  sau- 
rai punir  l'extravagance,  ID.  Olhon,  v,  6.  ||2"  Fait, 
discours  extravagant.  Il  a  fait  mille  extravagances. 
Jamais  oreille  N'ouït  d'extravagance  à  la  tienne  pa- 
reille, MAIB.  Sophon.  I,  4.  Elle  [l'aigle]  menaça 
Jupiter  D'abandonner  sa  cour,  d'aller  vivre  au  dé- 
sert, Avec  mainte  autre  extravagance,  la  font. 
Fabl.  II,  8.  Manger  son  blé  en  vert  est  grande  ex- 
travagance, REONARD,  Vendanges,  i,  t.  Elle  me  dit 
cent  extravagances  qui  me  charmèrent,  lesage, 
Turcaret,  iv,  2.  C'est  une  petite  dissimulée  qui  se- 
rait au  désespoir  qu'on  sût  les  mauvaises  situations 
où  la  mettent  presque  tous  les  jours  ses  extrava- 
gances, DANCoi'RT,  Les  bourgeoises  a  la  mode,  m,  9. 

—  HIST.  XVI'  s.  Vêla  la  description  de  la  renom- 
mée ville  de  Orbe  qui  a  esté  icy  mise  par  forme  de 
digression;  après  laquelle  extravagance  [digression] 
faut  retourner  à  nostre  propos,  Roman  d'Àlector, 
f°i3e,  dans  LACORNE.  Le  troisiesme  [Lucain]  plus 
verd,  mais  qui  s'est  abattu  par  l'extravagance  de  la 

force,    MONT.  I,    266. 

—  ÉTYM.  Extravagant. 
EXTRAVAGANT,  ANTE(èk-stra-va-gan,  gan-t'), 

ad;'.  Il  1"  Oui  extravague,  qui  est  bizarre.  Parbleu  I 
s'il  faut  parler  des  gens  extravagants,  Je  viens  d'en 
essuyer  un  des  plus  fatigants,  mol.  Mis.  11,  5.  Crois- 
tu  que  d'une  fille  humble,  honnête,  charmante. 
L'hymen  n'ait  jamais  fait  de  femme  extravagante? 
BOiL.  Sat.  X.  Il  Qui  a  le  caractère  de  l'extravagance. 
Discours  extravagant.  Les  fifres,  les  tambours,  le  ca- 
non et  le  fer,  Concert  extravagant  des  musiques  d'en- 
fer, RÉGNIER,  Sat.  IV.  C'est  un  fait  à  n'y  rien  con- 
naître, Un  conte  extravagant,  ridicule,  importun; 
Cela  choque  le  sens  commun  ;  Mais  cela  ne  laisse 
pas  d'être,  mol.  Amph.  n,  <.  Cette  manie  épidémique 
•donna  un  prix  extravagant  aux  terres  que  le  gou- 
vernement faisait  vendre,  raynal,  Hist.  phil.  xiv, 
44.  Avec  une  telle  manière  de  penser,  on  a  des  mé- 
moires extravagants  chez  la  marchande  de  modes, 
GENLis,  Ad.  et  Th.  t.  11,  lett.  3o,  p.  265,  dans  pou- 
gens.  Il  2°  Substantivement.  La  complaisance  est 
trop  générale  de  souffrir  indifféremment  toutes  sor- 
tes de  personnes je  goûte  ceux  qui  sont  raisonna- 
bles, et  me  divertis  des  extravagants,  mol.  Crit.  1. 
Ma  foi,  les  extravagants  ne  vont  guère  loin  sans 
vous  ennuyer,  et  la  plupart  de  ces  gens-là  ne  sont 
plus  plaisants  dès  la  seconde  visite,  ro.  ib. 

—  HlST.  XVI' s.  Le  vin  logé  en  tonneaux  de  chesno 
en  tire,  es  premières  années,  une  odeur  extrava- 
gante, odieuse  à  aucuns,  agréable  à  d'autres,  0.  de 
serres,  203.  Ciceron  se  moqua  si  plaisamment  des 
philosophes  stoïques  et  de  leurs  estranges  et  extra- 
vagantes opinions,  qu'il  en feit  rire  lesjuges.AMYOT, 


EXT 

Cat.  d'Ut.  33.  Pardes  chemins  extravagans  [détour- 
nés] que  des  païsanslui  montrèrent,  bassompiehhb, 
Mim.  t.  I,  p.  9,  dans  lacdrne. 

—  ÉTYM.  Extravaguer. 
EXTRAVAGANTE  (èk-stra-va-gan-f) ,  s.  f.  Nom 

de  constitutions  des  papes ,  postérieures  aux  Clé- 
mentines, et  ainsi  dites  parce  qu'elles  furent  con 
servées  isolément  et  en  dehors  du  corps  du  droit 
canonique.  ||  On  écrit  les  Extravagantes  avec  un  e 
majuscule  quand  on  cite  le  corps  de  ces  décrétales  : 
cela  est  dans  les  Extravagantes  ;  mais  avec  un  e 
minuscule  quand  on  cite  une  de  ces  décrétales  :  cela 
est  décidé  dans  la  seconde  extravagante.  ||  Se  dit 
aussi  de  certaines  constitutions  d'empereurs  non 
contenues  dans  le  corps  du  droit  civil. 

—  ÉTYM.  Ainsi  dites  parce  qu'elles  étaient  qvasi 
vagantes  extra  corpus  juris,  ou  extravagantes. 

EXTRAVAGUER  (  èk-stra-va-ghé)  ,  j'extrava- 
guais,  nous  extravaguions,  vousextravaguiez  ;  que 
j'extravague  ,  que  nous  extravaguions  ,  que  vous 
extravaguiez  ;  extravaguant ,  v.  n.  ||  1°  Dire , 
faire  des  choses  folles  et  dépourvues  de  raison.  De 
grâce,  est-ce  pour  rire,  ou  si  tous  deux  vous  extra- 
vaguez,  de  vouloir  que  je  sois  médecin?  mol.  leMéd. 
malg.  lui,  i,  6.  Je  mets  en  fait  qu'il  n'y  a  jamais  eu 
de  pyrrhonien  effectif  parfait;  la  nature  soutient  la 
raison  impuissante,  et  l'empêche  d'ex travaguer  jus- 
qu'à ce  point,  pasc.  Pensées,  t.  1,  p.  292 ,  éd.  Lahure. 
Un  homme  qu'une  fièvre  ardente  fait  extravaguer, 
BOSS.  Hist.  II,  11. 112"  S'extravaguer,  v.  réfl.  Faire 
des  digressions  intempestives;  sens  aujourd'huihors 
d'usage.  La  poste  me  retient  vos  lettres  un  ordinaire, 
parce  qu'elle  arrive  trop  tard  à  Paris,  et  elle  me  les 
rend  au  double  le  courrier  d'après  ;  c'est  pour  cela 
que  je  me  suis  extra vaguée  comme  vous  voyez; 
qu'importe'?  en  vérité,  il  faut  un  peu,  entre  bons 
amis,  laisser  trotter  les  plumes  comme  elles  veu- 
lent, sÉv.  Lett.  24  nov.  4  675. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  fault  la  garder  pa  vue]  d'extra- 
vaguer  ny  çà  ny  là  hors  les  ornières  que  l'usage  et 
les  loii  luy  tracent,  mont,  ii,  314.  Duris  est  assez 
coustumier  d'extravaguer  hors  de  la  vérité,  a.\iyot, 
Péric.  53.  J'en  ferais  forces  contes,  mais  je  m'extra- 
vaguerais  trop  de  mon  sujet,  brant.  Dames  gai.  v. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  vagari,  vaguer. 
EXTRAVASATION    (èk-stra-va-za-sion)  ou  EX- 

TRAVASION  (èk-stra-va-zion),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Épanchement  d'un  liquide  hors  de  ses  vais- 
seaux. L'extravasation  du  sang. 

—  ÉTYM.  S'extravaser. 

EXTRA  VASE,  ÉE  {èk-stra-va-zé,  zée) ,  part,  passé. 
Sorti  de  ses  vaisseaux  ou  de  son  vaisseau.  Du  sang 
extravasé.  ||  Par  extension.  Le  bronze  extravasé  doit 
couler  dans  le  moule,  lamart.  Joc.  viii,  259. 

EXTRA VASER  (S')  (èk-stra-va-zé) ,  v.  réfl.  Terme 
de  médecine.  Se  répandre,  en  parlant  d'une  humeur, 
hors  de  ce  qui  la  contient.  ||  Il  se  dit  également  des 
sucs  végétaux.  La  gomme  s'extravase  à  la  partie  de 
4a  branche  rompue  ou  écorchée ,  la  quintinve, 
Jardins,  dans  ricbelet.  |{  Avec  ellipse  du  pronom 
personnel.  Une  commotion  morale  fit  eitravaser  la 
bile  et  lerendit  jaune  comme  un  coing. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  hors,  et  vas,  vase,  vaisseau 
(voy.  vase,  s.  m.). 

EXTRAVASION  (èk-stra-va-zion) ,  s.  m.  Voy.  ex- 
travasation. 

t  EXTRA- VERTÉBRÉ,  ÉE  (èk-stra-vèr-té-bré , 
brée) ,  adj.  Terme  de  zoologie.  Se  dit  des  animaux 
articulés  dont  quelques  anatomistes  ont  assimilé  le 
têt  à  des  vertèbres  extérieures. 

—  ÉTYM.  Extra....  préfixe,  et  vertébré. 
EXTRÊME  (èk-strê-m'),   odj.  ||  1°  Qui  est  tout  à 

fait  au  bout.  L'extrSme  limite.  A  l'extrême  frontière. 
Mon  extrême  vieillesse  ne  me  peut  permettre  de  jouir 
plus  longtemps  de  sa  bonté,  vaugel.  Q.  C.  liv.  vi, 
dans  RicHELET.  Son  extrême  jeunesse  donne  un  nou- 
veau prix  à  tous  ses  talents,  volt.  Princ.  de  Babyl. 
B.  Il  2°  Porté  au  dernier  point,  au  plus  haut  degré. 
La  préface  m'a  semblé  parfaitement  belle,  et  j'ai  eu 
un  extrême  plaisir  à  la  lire,  voit.  Lett.  30.  Nos  sens 
n'aperçoivent  rien  d'extrême,  PASC.Pens. part,  i,  art. 
i.  Mais  enfin,  qu'ai-je  fait  en  ce  malheur  extrême? 
HAC.  Théb.  II,  <.  Modérez  donc,  seigneur,  cette 
fureur  extrême,  ID.  Andr.  m,  t.  Jugez  de  ma  dou- 
leur, moi  dont  l'ardeur  extrême.  Je  vous  l'ai  dit 
cent  fois,  n'aime  en  lui  que  lui-même,  m.  Bérén. 
I,  4.  Ce  changement  est  grand,  ma  surprise  est  ex- 
trême, ID.  t'b.  m,  2.  Des  extrêmes  périls  l'ordinaire 
signal,  ID.  Bajax.  i,  2.  Je  vois  qu'à  l'excuser  votre 
adresse  est  extrême,  id.  ib.  m,  6.  Votre  gloire  est 
perdue,  et  cette  honte  extrême....  volt.  Ali.  iv,  3. 
Il  ne  peut  y  avoir  que  deux  sortes  d'esprits  qui  se  1 
suffisent  à  eux-mêmes,  l'extrême  génie  qui  n'existe  ' 


EXT 


1581 


point,  et  l'extrême  sottise  qui  n'existe  que  trop, 
d'alemb.  Essai  tur  la  soc.  des  g.  de  lett.  OEmd. 
t.  m,  p.  31,  dans  pougens.  C'était  sur  l'&me  de  c« 
jeune  homme  que  l'extrême  vertu  dans  l'extrême 
malheur  avait  fait  le  plus  d'impression,  MARMONTa., 
Bélisaire,  ch.  1.  ||3°Parti  extrême,  parti  violent, 
hasardeux.  Tout  ce  qui  est  extrême  demande  une 
résolution  extrême,  raynal,  Hist.  phil.  xviii,  44 
Il  Les  voies  extrêmes,  ce  qui  est  le  plus  à  la  rigueur. 
Il  y  a  des  circonstances  où  un  tel  arrangement  [le 
partage  égal  des  terres  dans  une  démocratie]  serait 
impraticable,  dangereux,  et  choquerait  même  la 
constitution;  on  n'est  pas  toujours  obligé  de  pren- 
dre les  voies  extrêmes,  montesq.  Esp.  v,  7.  ||  Re- 
mèdes extrêmes,  remèdes  hasardeux  auxquels  on 
n'a  recours  que  quand  ils  paraissent  être  devenus 
la  seule  ressource  du  malade.  |)  4°  Qui  est  éloigné 
de  l'état  modéré.  Toutes  ses  affections  sont  extrêmes, 
tous  ses  excès  sont  impunis,  barthél.  Anach.  ch, 
»4.  Il  Les  cUmats  extrêmes,  les  climats  très-chauds 
ou  très-froids;  se  dit  a«ssi  des  climats  où  les  difl'é- 
rences  sont  très-grandes  entre  l'été  et  l'hiver,  par 
exemple,  la  Russie,  le  Canada.  Enfin  un  ciel  dévo- 
rant l'arrêtait  [Napoléon]  ;  car  tel  est  ce  climat  [de 
Russie],  le  ciel  y  est  eilrême,  immodéré;  il  dessè- 
che ou  inonde,  brûle  ou  glace  cette  terre  et  ses  ha- 
bitants qu'il  semble  fait  pour  protéger,  ségdr,  Hist. 
de  Nap.  v,  <.  HB"  Qui  outre,  qui  n'a  point  de  me- 
sure, en  parlant  des  personnes.  Vardes  est  tout  ex- 
trême [ou  tout  l'un  ou  tout  l'autre],  sÉv.  422.  Et  il 
connaissait,  dans  le  parti  [la  Fronde] ,  de  ces  fiers 
courages  dont  la  force  malheureuse  et  l'esprit  ex- 
trême ose  tout  et  sait  trouver  des  exécuteurs,  boss. 
le  Tellier.hes  femmes  sont  extrêmes,  elles  sont  meil- 
leures ou  pires  que  les  hommes,  la  bruy.  m.  Extrême 
dans  la  débauche,  dans  la  bravoure,  dans  ses  idées, 
dans  ses  expressions,  volt.  Jenni,  7.  Avec  toutes 
les  vertus  n'étant  extrême  sur  aucune,  montesq. 
Rom.  4  5.  Hélas!  pour  mon  malheur  le  ciel  me  fit 
extrême,  ddcis,  Abufar,  iv,  5.  ||  6»  Quoique  extrême 
soit  un  superlatif,  l'usage  de  bons  auteurs  et  l'Aca- 
démie lui  donnent  des  degrés  de  comparaison.  Les 
maux  les  plus  extrêmes,  Dict.  del'Acad.  Mais  quand 
la  passion  en  nous  est  si  extrême,  Régnier,  5at.  iv.Et 
prenez-moi  les  plus  extrêmes  En  sagesse....  id.  Épit. 
m.  La  gaieté  de  Pomenars  était  si  extrême  que.... 
SÉv.  70.  Le  retour  plus  extrême  qu'auparavant  dans 
le  vice,  MASS.  Car.  Inconst.  La  nouvelle  de  l'accep- 
tation du  testament  [de  Philippe  IV]  avait  causé  à 
Madrid  la  plus  extrême  joie,  st-sim.  83,  89.  Ce  peu- 
ple qui,  s'imaginant  que  la  liberté  doit  être  aussi 
extrême  que  le  peut  être  l'esclavage,  cherchait  à 
abolir  la  magistrature  même,  montesq.  Dial.  de 
Sylla.  Il  7"  S.  m.  Dernière  limite  des  choses.  Quand 
on  veut  poursuivre  les  vertus  jusqu'aux  extrêmes, 
PASC.  Pensées  div.  4  4,  éd.  Faugère.  L'Hercule  est 
l'extrême  de  l'homme  laborieux  ;  l'Antinous  est  l'ex- 
trême de  l'homme  oisif,  diderot.  Salon  de  476B, 
Œuvres,  t.  xiii,  p.  432,  dans  pougens.  La  noblesse 
et  la  dignité  sont  les  décences  du  théâtre  héroïque; 
leurs  extrêmes  sont  l'emphase  et  la  familiarité,  mar- 
MONTEL,  Élém.  lut.  t.  IV,  p.  315,  daus  pougens. 
Il  X  l'extrême,  à  la  dernière  limite,  sans  mesure  ni 
réserve.  Cinna,  ne  porte  point  mes  maux  jusqu'il 
l'extrême,  corn.  Cinna, 1,  4.  Mais  porter  dès  l'abord 
les  choses  à  l'extrême,  id.  Sertor.  iv,  2.  Après  la 
mort  de  Clodius,  les  Êques  eux-mêmes  ne  poussèrent 
pas  leurs  avantages  à  l'extrême,  le  p.  catrou,  dans 
DESFONTAiNES.  ||  Pousser,  porter  tout  à  l'extrême , 
n'avoir  de  modération  en  rien.  ||  8°  Les  extrêmes, 
les  deux  dernières  limites  d'une  chose  qui  sont  l'une 
à  une  extrémité  et  l'autre  à  l'autre,  et,  par  suite, 
les  contraires.  Entre  plusieurs  opinions  également 
reçues  [pour  la  conduite  delà  vie],  je  ne  choisissais 
que  les  plus  modérées,  tantà cause  que  ce  sont  tou- 
jours les  plus  commodes  pour  la  pratique  et  vrai- 
semblablement les  meilleures,  comme  aussi  afin  de 
me  détourner  moins  du  vrai  chemin,  en  cas  que  je 
faillisse,  que  si,  ayant  choisi  l'un  des  extrêmes, 
c'eût  été  l'autre  qu'U  eût  fallu  suivre,  desc.  Méth. 
ni,  2.  La  religion,  comme  toutes  les  vertus,  est  en- 
tre deux  extrêmes,  le  libertinage  [l'incrédulité]  et 
la  superstition,  du  marsais,  OEuo.  t.  vii,  p.  59.  La 
Fontaine  est  peut-être  celui  de  tous  les  poètes  qui 
passe  d'un  extrême  à  l'autre  avec  le  plus  de  justesse 
et  de  rapidité,  mahmontel,  Élém.  litt.  Œuv.  t.  vu, 
p.  382,  dans  POUGENS.  Je  m'étonne  presque  de  pro- 
noncer son  nom  dans  cet  ermitage,  au  milieu  d'un 
dé.sert,  à  l'autre  extrême  des  impressions  que  fait 
naître  la  plus  active  population  du  monde,  de  stael, 
Corinne,  xii,  4.  ||  Les  extrêmes  se  touchent,  c'est- 
à-dire  il  arrive  souvent  que  des  choses  opposées  ' 
sont  pourtant  très-voisines,  ou  reviennent  l'une   4 


1BR2  ETT 

r«tttni,  eomm»  r«nhno«  *l  l'eitrên.»  vi»""^-  If 
rxlrtm**.  m»»»"'.  *»M  bien  prè,  l'un  .le  I  autre, 
1*;"  ",„".,  nf  «.  Il  »•  Terme  d'iinlhmélique. 
?  '  nier  terme  d'une  pro[iortion. 

r^,  I,  arithmétique,  la  somme  des 

eiir<ffl«*e<l  é*.-«li!  *  I»  somme  des  moyens;  dans 
loule  proportion  (téométrique  le  produit  des  ex- 
ir^mM  est  éfral  au  produit  des  moyens,  condil. 
Itng.  cale,  i,  «'•  Il  11*  Bernitre  extrémité.  Des 
«nneints  la  défaite  et  la  Tuite  Semblaient  nous  don- 
ner Rome  à  l'extrême  réduite,  du  RrKH,  Scévole, 
I,  ».  Il  Parti  Tlolenl.  I^  extrêmes  sont  toujours  fâ- 
e'heul;  malt  ee  sont  des  moyens  sages  quand  Ils 
sont  nécessaires,  i<«Ti,  Mém.  t.  I,  li?.  ii,  p.  io», 
dans  t^uorm.  ||  Pro»erbe.  Aux  maux  extrêmes,  les 
extrêmes  remèdes. 

—  REM.  Les  grammairiens  ont  remarqué  que,  dans 
ntrémt,  l'aoeent  circonflexe,  ne  représentant  point 
une  f  supprimée,  serait  plus  régulitrement  rem- 
placé par  un  accent  grave,  d'apré.!  l'analogie  i|ui 
teut  que,  quand  dans  les  dérivés  l'accent  devient 
aigu  (extrimili),  le  mot  primitif  prenne  l'accent 
grave  et  non  l'accent  circondexe,  par  exemple  :  pro- 
blème, problématique,  système,  systématique. 

—  HIST.  XIT*  s.  Et  entendement  des  extrêmes  ou 
termes  en  chascunodes  sciences,  orfsme,  Kth.  IS5. 
Si  que  en  l'extrême  de  ceste  mort  l'ennemi  d'enfer 
[le  diable)  ne  puisse  avoir  pouvoir  de  me  tenter, 
«OUTIUIER,  Somme  rural,  p.  874,  dans  lacuhne. 
Il  XV'  s.  Vinrent  au  Dauphin,  qui  avoil  passé  la  pre- 
mière extrême  angoisse,  ei  luy  demandèrent  com- 
ment il  se  sentoit,  Perceforesi,  t.  iv,  ^  31.  Hxvi'  s. 
Evite  comme  deux  extrêmes  vicieux....  mont,  iil,  t3. 
Jusques  à  la  première  entrée  et  extrême  barrière, 
ID.  1,  70.  Lescboses  qui  sont  &  nostre  cognoiss.mce  les 
plus  grandes,  nous  les  jugeons  estre  les  extrêmes 
que  nature  face  en  ce  genre,  id.  i,  sot.  Jusques  à 
son  extrême  vieillesse,  iD.  i,  308.  Amour  est  sans 
milieu;  c'est  une  chose  extrême  Oui  ne  veut  (je  le 
•çay)  de  tiers  ny  de  moitié,  ronsard,  a*.  11  s'en- 
fuit à  la  plus  extrême  diligence  qui  luy  fut  possible, 
AuroT,  Crauus,  7. 

—  ÉTYM.  Bourg,  estrâme;  provenç.  extrem,  es- 
Iretn;  espagn.  etiremo;  ital.  jfrfmo.du  latin  extre- 
mut,  superlatif,  par  le  suffixe  imus,  de  l'adjectif 
txltrus  (Toy.  extêriebr),  avec  retranchement  d'un 
e,  exiremut  pour  exierinms,  comme  extra  puur  ex- 
ttra. 

EXTREMEMENT  (Èk-strê-me-man),adi).  ||  !•  D'une 
manière  extrême,  au  dernier  degré.  Peut-être  dans  la 
classe  des  gens  supérieurs,  est-il  plus  facile  de  trouver 
des  gens  extrêmement  vertueux  que  des  hommes  ex- 
trêmement .sages,  MONTEso. \F.vpr.  xxvili,  41.  ||2°  Il 
se  dit  souvent  pour  très,  beaucoup,  fort.  Il  est  ex- 
trêmement riche,  fl  y  a  en  ce  lieu  de  certains  ani- 
maux qui  ont  la  forme  du  corps  fort  agréable  et  la 
peau  extrêmement  douce,  souples,  éveillées  et  plai- 
santes, fort  aisées  &  apprivoiser  et  naturellement 
amies  de»  hommes,  voit.  Lelt.  30.  Je  ne  sais  pas 
bien  certainement  qui  tous  êtes;  mais  je  suis  as- 
suré que  la  lettre  que  j'ai  reçue  ne  peut  être  que 
d'un  extrêmement  honnête  homme,  id.  ib.  45.  ||  En 
ce  sens,  il  peut  prendre  un  complément  substantif. 
Les  Grecs,  en  général ,  avaient  extrêmement  de 
l'esprit,  roNTXN.  Oracles,  i,  7. 

—  HEM.  J'admire  la  solidité  que  vousjetez  dans  vos 
conférences  académiques,  et  je  vois  bien  qu'il  s'y 
agit  d'autre  chose  que  do  savoir  s'il  faut  dire  :  il  a 
extrêmement  d'esprit,  ou  il  a  extrêmement  d«  l'es- 
prit [question  alors  agitée  à  l'Académie  française], 
BOlt,.  UH.  à  Brosselte,  >*.  Il  vaut  mieux  dire  de 
l'etprit  qtte  d'esprit;  du  moins  c'est  donner  un  em- 
ploi abusif  h  extrêmement  que  d'en  faire  un  ad- 
Terbe  de  quantité;  tandis  qu'avec  de  l'esprit,  la 
phrase  se  construit  régulièrement  :  Il  a  de  l'esprit 
extrêmement  (voy.  irpinimbiit,  pour  une  construc- 
tion de  ce  genre). 

—  III8T.  xvi«s.  C'est  estre  bien  insensé  et  hors  du 
sens  extrêmement ,  que. ...  amyot,  De  la  curiosité,  t  ». 

~-  ETYM.  K'Tiri'm*',  et  le  suffixe  ment. 
EXTHEMEONtmON    (  èk-strê-mon-ltsion;     en 
vers,  de  cinq  syUabes),  t.  f.  ||  1-  Le  sacrement  qu'on 
ailminiiitre  aux  malades  en  danger  de  mourir,  par 
1  application  des  saintes  huiles.  Hecevoir  l'extrême- 
onclion.On  a  voulu  lui  donner   l'extrême-onction , 
«a».  '41. |||«  Le  moment  de  l'extrêmeonclion,  l'a- 
gonie. Iji  duchesse  de  Charost  mourut  sans  avoir  pu 
Bire  remuée  de  son  lit,  entendre  ou  dire  plus  de 
înrt.'"''.'.*    ,*  '""••  ^»'mn  à  l'extrême-onction, 
ÎW.  ?  •  '*"^"''   "-«m.  3a«,  («7.  Il  Fig.  Le 
R^r  îl  4*  »•  """"™"'  ■'«•»"««  heure  à  la 
^1  rtîéi.  «»!*"!?•  Jf  '"'  '""Bue  et  appliquée   de 
tout  oeiM;mai,  au,  tux  l'extrême-onction  fia  perIBl 


EXT 

des  deux  ami»  [Noallles  et  d'Aguesseau] ,  »t-sim. 
79,  *»s. 

—  ETYM.  Extrême,  et  onelion. 

EXTREMIS  (IN)  (i-nèk-stré-mis*),  loc.  adv.  X  la 
dernière  extrémité,  à  l'article  de  la  mort.  Disposi- 
tion testamenWire  in  extremis.  Mariage  célébré  in 
extremis,  ou  mariage  in  extremis. 

—  ETYM.  Lat.  in,  en,  dans,  extremis,  les  choses 
extrêmes. 

t  EXTn  EMISER  (èk-stré-mi-zé)  ,v.a.  Donner  I  ex- 
trême-onction. Le  malade,  qui  perdaitconnaissance, 
fut  exirémisé  en  toute  haie.  ||  Mot  de  la  Bretagne. 

—  ETYM.  Extrême  (onction). 

EXTRfiMirfi  (èk-stré-mi-té),  s.  f.  \\  l'  Bout,  fin. 
Les  deux  eilri'mitùs  d'une  ligne.  Marchez  contre 
(lie des  extrémités  du  monde,  saci.  Bible,  Jérêmie, 
XIX,  0.  Alors  Adonibezec  dit  :  J'ai  fait  couper  l'extré- 
mité des  mains  et  des  pieds  à  soixante  et  dix  rois 
i|ui  mangeaient  sous  ma  table  les  restes  de  ce  qu'on 
me  servait,  id.  Juges,  i,  7.  Et  dans  ce  bourg  une 
veuve  fort  sajje  Oui  demeurait  tout  à  l'extrémité, 
LA  FONT.  Herm.  C'est  une  opinion  assez  générale- 
ment reçue  que  les  Cimbres  occupaient  dans  les 
temps  les  plus  reculés,  à  l'extrémité  de  la  Germa- 
nie, la  Chersonèse  cimlirique,  connue  de  nos  jours 
sons  le  nom  de  Holstein,  de  Slesvig,  de  Ju'land, 
RAYNAL,  Hist.  phil.  V,  t.  Elle  alla  s'asseoir  à  l'ex- 
trémité du  cap  sur  le  bord  de  la  mer,  stael,  Co- 
rinne, xili,  3.  Il  11  se  dit  aussi  du  bout  d'une  épo- 
que, d'un  temps.  Ces  guerres  furent  longues  et 
sanglantes  sous  l'empire  de  Basile  le  Macédonien, 
c'est-à-dire  à  l'extrémilé  du  ix«  siècle,  boss.  Var. 
XI,  S  <4.  Il  Fig.  Vous  verrez  dans  une  seule  vie  tou- 
tes l'os  extrémités  des  choses  humaines:  la  félicité 
sans  borne  aussi  bien  que  les  misères,  boss.  Reine 
d'Anglet.  Voulez-vous  parcourir  les  deux  extrémités 
delà  pensée  humaine,  vous  élancer  tout  à  coup  aux 
extrémités  de  la  joie  et  de  la  tristesse,  aux  extré- 
mités de  la  pureté  d'âme  et  de  la  corruption  hau- 
taine et  violente?  parcourez  quelques-unes  de  ces 
lettres  [dans  Clarisse  Harlowe],  villemain,  Litt. 
franc,  xviii*  siècle,  t"  leçon,  lia*  S.  m.  plur.  Les 
membres.  Les  extrémités  supérieures  comprennent 
les  bras,  les  avant-bras  et  les  mains;  les  inférieures 
comprennent  les  cuisses,  les  jambes  et  les  pieds. 
Il  lise  dit,  dans  le  langage  ordinaire,  des  pieds  et 
des  mains  seulement.  Il  est  mourant,  il  a  les  extré- 
mités froides.  ||  Terme  de  beaux  arts.  Se  dit  des  pieds 
et  des  mains  d'une  statue,  d'une  figure.  Extrémités 
bien  traitées.  Se  dit  aussi  des  parties  qui  terminent 
un  tableau.  ||  Par  analogie.  Ce  cheval  a  la  crinière, 
la  queue  et  les  extrémités  noires.  ||  8'  Position  la 
plus  fâcheuse,  la  plus  dangereuse.  Cependant  trou- 
vez bon  qu'en  ces  extrémités  Je  ladie  &  rassembler 
nos  Parlhes  écartés,  corn.  Rodog.  m,  2.  De  quel- 
que côté  que  je  me  tourne,  je  me  vois  pressé  par 
de  grandes  extrémités,  saci,  Bible,  Paralip.  l,  xxi, 
(3.  Le  peuple  souffrait  les  plus  dures  extrémités, 
BOSS.  llist.  II,  8.  Ce  qu'il  y  avait  de  plus  grand  dans 
le  sénat  [romain],  est  qu'on  n'y  prenait  jamais  des 
résolutions  plus  vigoureuses  que  dans  les  pi  us  grandes 
extrémités,  id.  ib.  m,  6.  Enêtes-vous  réduit  àcetle 
extrémité? RAC.  Hiihr.  m,  4.  Je  saurai  m'affranchir, 
dans  ces  extrémités,  Du  secours  dangereux  que  vous 
me  présentez,  id.  Iphig.  v,  2.  Vous  voyez  en  quelle 
extrémité  sont  réduits  les  alliés,  fén.  Tél.  xvii.  C'est 
dans  ce  moment-là  même  et  dans  l'extrémité  l^plus 
pressante  qu'un  officier  nommé  Gongyle  arriva  de 
Corinthe  sur  une  galère  à  trois  rangsde  rames,  roi.- 
LIN,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  m,  p.  «a»,  dans  podgens. 
Il  4*  Parti  extrême,  pensée  extrême.  Elle  [la  pru- 
dence] nous  avertit  qu'elle  ne  se  mêle  point  de  ré- 
gler les  extrémités  ni  de  conduire  le  désespoir, 
BALZ.  De  la  cour,  *'  dise.  Seigneur,  pour  vous  tirer 
de  ces  perplexités,  La  saine  politique  a  deux  extrémi- 
tés, CORN.  Suréna,  m,  h.  Seigneur,  vous  emporter 
à  celte  extrémité  C'est  plutôt  désespoir  que  géné- 
rosité, CORN.  Cinna,  iv,  8.  X  toute  extrémité  dans 
ses  doutes  il  passe,  mol.  fl.  Gare,  iv,  8.  11  n'y  a 
point  d'extrémité  où  je  ne  m'abandonne  pour  vous 
disputer  sa  conquête,  id.  Xiare,  iv,  s.  Il  faut  qu'il 
ait  de  bonnes  raisonspour  se  porteràl'extrémitéde.... 
sÉv.  276,  Le  zèle  tout  seul  s'emporte  à  des  extrémi- 
tés dangereuses,  fléch.  Panég.  n,  p.  2U( .  ||  De  cou- 
pables extrémités,  des  moyens  extrêmes  et  condam- 
nables. C'est  toi  qui  t'abandonnes  à  ces  coupables 
extrémités?  mol.  l'Àv.  u,  2.  ||  Pousser  les  choses  i 
l'extrémité,  les  traiter  sans  mesure,  les  conduire  à 
une  catastrophe.  Il  ne  fallait  pas  pousser  toutes  les 
affaires  à  l'extrémité,  boss.  Unité  de  l'Église,  ».  On 
ne  songeait  qu'à  pousser  tout  h  l'extrémilé,  m.  Var. 
».  Il  Pousserquelqu'unà  l'extrémité,  aux  extrémités, 
le  pousser  à  bout.  ||  S*  Voies  de  fait,  n  t'est  porté 


EXT 

contre  lui  aux  extrémités  les  plui  odieuses.  Combien 
faut-il  que  la  chose  vaille  pour  nous  porter  à  cette 
extrémité  de  tuer  celuiqui  nous  prend  quelque  chose? 
PASC.  l'rov.  1.  Il  Action  par  les  armes.  Home  n'en  ve- 
nait aux  extrémités  qu'après  avoirépuisé les  voiesde 
douceur,  boss.  llist. m,  *.\\t'  Grandeur  extrême, 
énormité.  Rien  ne  peut  égaler  l'extrémité  du  danger 
où  je  metrouve,  MASS.Car.  Foc.Vous  perdez  courage 
en  sentant  l'extrémité  de  vos  misères,  id.  Car.  La- 
tare.  Il  7°  Excès.  La  parfaite  raison  fuit  toute  extré- 
mité, EtveutqueronsoitsaKeavecsobriété,MOL.  Jfù. 
I,  t.  Vous  allez  toujours  d'une  extrémité  à  l'autre, 
PASC.  Prov.  7.  C'est  quelquefois  un  plaisir  de  pas- 
ser d'une  extrémité  à  l'autre,  sÈv.  3»8.  Je  crois 
que  le  milieu  de  ces  extrémités  est  toujours  le  meil- 
leur, ID.  Utt.  du  20  nov.  «664.  On  voyait,  et  dans 
sa  maison  et  dans  sa  conduite,  tout  également 
éloigné  des  extrémités,  tout  enfin  mesuré  par  la 
sagesse,  uoss.  le  Tellier.  L'on  voit  peu  d'esprits 
entièrement  lourds  et  stupides;  l'on  en  voit  encore 
moins  qui  soient  sublimes  et  transcendants;  le  com- 
mun des  hommes  nage  entre  ces  deux  extrémités, 
LA  BRBY.  XI.  Les  extrémités  sont  vicieuses  et  partent 
de  l'homme;  toute  compensation  est  juale  et  vient 
de  Dieu,  id.  xvi.  L'on  dit  du  jeu  qu'il  égale  les 
conditions;  mais  elles  se  trouvent  quelquefois  si 
étrangement  disproportionnées,  et  il  y  a  entre  telle 
ol  telle  condition  un  abîme  d'intervalle  si  immense 
et  si  profond,  que  les  yeux  souffrent  de  voir  de 
telles  extrémités  so  rapprocher,  lu.  vi.  On  le»  voit 
[ces  hommes  insolents  dans  la  prospérité]  aussi 
rampants  qu'ils  ont  été  hautains,  et  c'est  en  un 
moment  qu'ils  passent  d'une  extrémité  à  l'autre, 
fEn.  Tél.  in.  Toutes  vos  inclinations  se  trouvent  jus- 
tement à  l'autre  extrémité  de  ce  qu'on  appelle  vertu 
et  dévotion,  mass.  Car.  Samaril.  La  vertu  pru- 
dente et  solide  tient  toujours  un  milieu  juste  et 
équitable:  c'est  l'humeur  toute  seule  qui  aime  le» 
extrémités,  ID.  Car.  Culte.  ||  S"  A  l'extrémité  «u 
dernier  moment.  N'attendez  pas  à  l'extrémité  pour 
arranger  cette  afîaire.  ||  À  la  dernière  extrémité,  à 
tonte  extrémité,  quand  on  ne  peut  plus  faire  autre- 
ment. Ils  répondirent  qu'à  toute  extrémité  ils  étaient 
résolus  de  mourir,  vauoel.  Q.  C.  liv.  m,  dans  Ri- 
CHELET.  Il  n'y  avait  aucune  faute  à  l'al>andonner 
trop  tard  [Néron],  à  ne  lui  dire  qu'à  la  dernière  ex- 
trémité :  Je  me  lasse  de  faire  des  efforts  superflus, 
sois  méchant...  diderot,  Claude  et  Sér.  i,  4».  ||  A 
l'extrémité,  à  la  dernière  extrémité,  à  toute  extré- 
mité, au  dernier  instant  de  la  vie,  dans  le  plus 
grand  danger.  Le  malade  est  à  toute  extrémité.  1  an- 
tôt sauvée,  tantôtàl'extrémité,  sÉv.  7.  Notre  saint- 
père  était  à  la  dernière  extrémité,  id.  676.  M.  le 
duc  de  Savoie  a  été  à  l'extrémité ,  de  la  rougeole  ; 
il  a  reçu  tous  ses  sacrements,  maintehon,  Utt.  au 
duc  de  Noailles,  «9  juin  i7)0.  Elle  fut  atUquée 
d'une  fièvre  qui  la  mit  à  l'extrémité,  ramilt. 
Gramm.  7.  {{  En  parlant  d'une  place  assiégée.  La 
ville  est  à  l'extrémité,  elle  ne  peut  plus  tenir.  Rome 
réduite  à  l'extrémité  et  presque  prise,  boss.  Hist. 
I,  8.  Il  9»  X  l'extrémité,  jusqu'à  la  limite  des  forces. 
Je  suis  suffoquée  quand  j'attends  à  l'extrémité, 
SÉV.  483.  Il  10'  X  l'extrémité,  extrêmement.  Où  je 
soufl"re  l'hiver  froid  à  l'extrémité,  malh.  it,  7. 
Il  Vieux  en  ce  dernier  sens. 

—  HIST.  XIII*  s.  Car  ce  sunt  deus  extrémités  Que 
richece  et  mendicité,  la  Rose,  t(467.  |{  XIV  s.  Je 
dis  doncqiies  que  le  moien  selon  la  nature  de  la 
chose,  c'est  ce  qui  est  entre  les  deux  extrémités  par 
eguale  distance,  oresme,  Eth.  44.  Les  extrémités 
des  os  des  jointures  qui  sont  cartillagineuses,  B.  mt 
mondeville,  f  ».  Il  XVI»  s.  L'extrême  onction  ne  la 
donne  que  par  un  prestre,  et  ce  en  extrémité  de  la 
vie,  CALV.  Instit.  H"i>.  Quand  l'ame  est  desjà  preste 
à  sortir,  ou,  comme  ils  parlent,  en  extrémité,  id. 
ib.  1 178.  Je  vous  supplie,  mais  c'est  de  toute  l'ex- 
trémité de  mon  cueur,  qu'il  vous  plese  que  souvent 
mad.ime  ait  de  vos  nouvelle»,  maro.  Lelt.  xxxvi, 
J'enveis  mourir  un  qui,  estant  i  l'extrémité,  se..- 
MONT.  l,  80.  Callicles  dit  l'extrémité  de  la  philoso> 
phie  estra  dommageable,  m.  i,  224.  Ce  sénat  fut 
comme  une  forte  barrière  tenant  les  deux  eitremi- 
tez  en  égale  balance,  amyot,  Lyc.  9.  Les  extrémités 
de  fertilité  dont  Pline  fait  mention  sont  admirables, 
célébrant  plusieurs  terres  par  leurs  estranges  fécon- 
dités, 0.  DE  SERRES,  88.  Vous  nous  obligerez  à  toute 
extrémité  [extrêmement],  sollt,  Mém.  t.  u,  p.  3'6, 
dans  LACURNE. 

—  ETYM.  Provenç.  eitrpmifat  ;  espagn.  extremi- 
dad;  ital.  sfrfmild;  du  latin  extremitattm ,  de  ex- 
tremiis.  extrême. 

EXTRINSÈQnK  (  èk-strin-sè-k' ) ,  adj.  (|  1*  Qui 
est  ou  se  trouve  en  dehort.  Causal  extrinsèque».  Je 


EXU 

ne  puif  vous  avouer  que  la  seule  probabilité  ex- 
trinsèque, Boss.  Lett.  »4.  Il  î"  Terme  de  rhétorique. 
Lieuï  communs  extrinsèques  on  extérieurs,  ceux  qui 
ne  sont  pas  tirés  de  la  définition  même  d'un  fait, 
mais  des  circonstances  qui  s'y  rapportent,  comme 
la  loi,  les  titres,  les  témoins,  la  voix  publique,  etc. 
Il  3"  Terme  de  monnaie.  Valeur  extrinsèque,  valeur 
légale  d'une  monnaie,  abstraction  faite  du  poids. 

—  HIST.  xiv*  s.  Et  se  il  a  [il  y  a]  aucune  chose 
extrinsèque  entre  les  lèvres  de  la  plaie,  ii.  de  mon- 

DEVILLE,    (°  42. 

—  ÉTYM.  Provenç.  extrinsec;  espagn.  extrinseco; 
ital.  estrinseco;  du  latin  extrinsecus,  de  extra,  hors, 
et  secus,  auprès,  le  long,  de  même  radical  que  se- 
quo  ou  sequnr  (voy.  suivre). 

t  EXTKINSÈOPEMENT  (  ék-strin-sè-ke-man), 
adv.  D'une  manière  extrinsèque. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  causes  des  playes  récentes 
sont  celles  i]ui  peuvent  advenir  extrinsequement, 
c'est  à  dire  par  choses  externes,  paré,  vu,  2. 

—  ÉTVM.  Extrinsèque,  et  le  suffixe  ment. 

tEXTRORSE  (èk-stror-s'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  se  dirige  de  dedans  en  dehors.  Les  an- 
thères de  l'iris  sont  extrorses. 

—  ÊTYM.Lat.  ra(rorsum,  en  dehors,  contracté  de 
extra  versum,  tourné  en  dehors. 

I  EXTROVERSE  (nk-stro-vèr-s'),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Étamine  tournée  vers  la  face  extérieure 
de  la  fleur. 

—  CTYM.  Lat.  extra,  en  dehors,  et  versus,  tourné 

(voy.  VERSION.) 

t  EXTROYERSION  (èk-stro-vèr-sion),  s.  f.  Syno- 
nyme de  exbtrophie. 

—  ÉTYM.  Lat.  extra,  en  dehors,  eiversio,  action 
de  tourner. 

t  EXUBÊRAMMENT  (  è-gzu-bé-ra-man  ) ,  adv. 
D'une  manière  exubérante. 

—  ÉTYM.  Exubérant,  et  le  suffixe  ment.  On  trouve, 
dans  le  xvi*  siècle,  exuperament,  exuperance,  qui 
ne  sont  peut-être  pas  les  mêmes  que  exubéramment, 
exubérance. 

EXUBÉRANCE  (è-gzu-bé-ran-s'),  s.  f.  ||  1°  Pléni- 

ijtude  qui  surabonde.  Exubérance  de  végétation.  La 

phair,  les  œufs,  les  graines,  les  germes  de  toute 

spèce   font  leur  nourriture  ordinaire    [aux    ani- 

aux]  ;  cela  seul  peut  borner  l'exubérance  de  laiia- 

ure,  BUFF.  Jforc.  c/ioii-ii,  p.  284.  ||Fig.  Exubérance 


EXU 

de  sève,  se  dit  d'une  personne  en  qui  ia  force  et 
l'ardeur  surabondent.  ||  2°  Défaut  de  l'écrivain  qui 
ne  sait  pas  s'arrêter,  et  dit  plus  qu'il  ne  convient. 
Exubérance  d'images,  d'idées. 

—  HIST.  xvi*  s.  Il  vouloit  couper  et  adapter  re- 
mèdes corrosifs  pour  amputer  l'exubérance  de  la- 
dite conjonctive,  paré,  vm,  25. 

—  ÉTYM.  Lat.  exuberantia,  de  exuberans,  exu- 
bérant. 

EXUBÉRANT,  ANTE  (è-gzu-bé-ran,  ran-t'),a<ij. 
Qui  a  de  l'exubérance.  Style  exubérant.  En  faveur 
de  ses  grandes  beautés,  on  lui  [à  Homère]  passa 
ses  contes  puérils,  ses  comparaisons  exubérantes, 
ses  harangues  hors  de  saison....  mahmontel,  EsMi 
sur  le  goût,  Œuv.  t.  iv,  p.  422,  dans  pocgens. 

—  HIST.  XVI*  S.  Exubérant,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Provenç.  exubérant  ;  espagn.  exubé- 
rante; ital.  esuberante;  du  lat.  exuberanlem,  de  ex, 
hors,  eXuber,  fertile,  mamelle. 

t  EXUBÉRER  (è-gzu-bé-ré) ,  il  exubère,  j'eiubé- 
rerai,  j'exubérerais,  v.  n.  Être  exubérant. 

—  HIST.  xvi"  s.  Exuberer,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Voy.  EXUHIÎRANT. 

fEXULCÉRATIF,  IVE  (è-gzul-sé-ra-lif.ti-v'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Qui  est  capable  d'exulcérer. 

t  EXULCÊRATION  ( è -gzul-sé - ra-sion) ,  s.  (. 
Terme  de  médecine.  Ulcération  légère  et  superfi- 
cielle. 

—  ÉTYM   Exulcérer. 

EXULCÊRÉ  ÉE  (è-gzul-sé-ré ,  rée),  part,  passé. 
Les  lèvres  exulcérées. 

EXULCÉRER  (è-gzul-sé-ré.  La  syllabe  c^  prend  un 
accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
j'exulcère  ;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel: 
j'exulcérerai,  j'exulcérerais),  v.  a.  Terme  de  méde- 
cine. Causer,  déterminer  une  exulcération,  ou  ulcé- 
ration légère,  y  S'exulcérer,  v.  réft.  Etre  exulcéré. 
Les  lèvres  se  sont  exulcérés. 

—  HIST.  xvi'  s.  Leur  bouche  estant  molasse,  ten- 
dre et  facile  à  exulcérer,  paré,  xi,  io. 

—  ÉTYM.  Lat.  exulcerare,  de  ex,  et  ulcerare,  ul- 
cérer. 

t  EXULTATION  (  è-gzul-ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Action  d'exulter,  grande  joie.  Sur  sa 
chute  on  se  récria,  X  savoir  le  peuple  de  Troie, 
D'exultation  et  de  joie,  scahron,  Virg.\.  11  vous  est 
aisé  de  me  faire  passer  pour  un  monstre,  comme 


EX-V 


1583 


vous  avez  commencé,  et  je  vois  déjà  l'exullatioii 
barbare  de  mes  ennemis,!,  i.  nouss.  lett.  à  Hume, 
(0  juillet  t7B0. 

—  HIST.  xiv  s.  Dévotement  [ils]  chantèrent  cbani 
d'exultacion,  Girart  de  Hoss.  v.  4468. 

—  ÉTYM.  Lat.  exsullationem ,  grande  joie,  de 
exsullare,  exulter. 

t  EXULTER  (è-gzul-té),  V.  n.  Témoigner  uns 
joie  triomphante.  Nos  voisins  exultaient  de  nous 
voir  ainsi  nous  affaiblir  et  nous  détruire  nous-mê- 
mes, ST-siM.  413,  183.  Il  se  montre  donc,  ce  cher 
Palissoll  il  exulte  en  public,  volt.  Lett.  Thiriot, 
H  août  I7C0.  Je  crus  voir  devant  moi  Un  de  ces 
champions  des  vérités  nouvelles  Que  les  anges  de 
Dieu  servaient,  couvaient  des  ailes,  Et  qui,  nour- 
ris déjà  du  pain  caché  du  fort.  Exultaient  du  sup- 
plice et  vivaient  de  leur  mort,  lamart.  Joc.  v,  i»0. 
Il  Ce  verbe  est  peu  usité,  mais  non  inusité. 

—  HIST.  XVI'  s.  Exulter,  monbt,  Dict. 

—  ÉTYM.  Lat.  exsultare,  tressaillir  d'allégresse, 
de  ex,  et  saltare,  sauter  (voy.  sauter). 

EXUTOIIIE  (è-gzu-toi-r'),  i.  m.  Terme  de  méde- 
cine. Ulcère  établi  et  entretenu  par  l'art,  pour  dé- 
terminer une  sup|iuration  permanente.  ||  Fig.  Issue 
donnée  à  quelques  mauvaises  dispositions. 

—  ÉTYM.  Lat.  exutum,  supin  de  exuere,  dé- 
pouiller, au  propre  dépouiller  d'un  vêtement,  de 
ex  ,  et  un  radical  uere,  qui  serait,  d'après  certains 
étymologistes,  pour  duere  (induere),  et  répondrait 
au   grec   Sûu.  èùvo). 

t  EXUVUBILITÉ(è-gzu-ïi-a-bi-li-té),  s.  f.  Terme 
de  zoologie.  Faculté  de  changer  de  peau  ou  plutôt 
d'épiderme,  qu'ont  certains  animaux, 

—  ÉTYM.  Exuviable. 

fEXUVIABLE  (è-gzu-vi-a-bl"),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  est  susceptible  de  changer  de  peau, 
par  exemple  les  serpents. 

—  ÉTYM.  Lat.  eiurtaj,  dépouille,  la  vieille  peau 
dont  un  serpent  se  dépouille,  de  exuere,  dépouiller 
(voy.  exutoire). 

EX-VOTO  (tks-vô-to) ,  s.  m.  Figures  représenta- 
tives qu'on  suspend,  à  la  suite  d'un  vœu,  dans  les 
chapelles.  Il  n'y  a  pas  beaucoup  d'ex-voto  pour  les 
naufrages  de  la  Loire,  sEv.  425.  ||  >e  dit,  par  déni- 
grement, d'un  mauvais  tableau  dont  le  sujet  est 
pieux.  ||.ku  plur.  Des  ex-voto. 

—  ÉTYM.  Lat.  ex,  d'après,  voto ,  un  vœu. 


F 


FA 


FAB 


PAB 


F  (èf,  ou,  suivant  la  manière  moderne  d'épeler, 
fe),  s.  f.  quand  on  prononce  cette  lettre  èf:  une  pe- 
tite f;  et  s.  m.  quand  on  la  prononce  fe:  un  f  ma- 
juscule. Il  1"  La  sixième  lettre  de  l'alphabet  et  la 
quatrième  consonne.  Depuis  dix  ans  dessus  l'F  [du 
dictionnaire  de  l'Académie]  on  travaille;  Et  le  destin 
m'aurait  fort  obligé.  S'il  m'avait  dit,  tu  vivras  jus- 
qu'au G,  boisrobert,  Épigr.  vi,  dans  hichelet.  ||  Il 
jurait  par  f  et  par  b,  se  dit  quand  on  veut  faire 
entendre  qu'il  s'agit  de  jurements  très-grossiers 
que  la  décence  ne  permet  pas  de  répéter.  Les  b, 
les  f  voltigeaient  sur  son  bec;  Les  jeunes  sœurs 
crurent  qu'il  parlait  grec,  gresset,  Vert-Vert,  iv. 
Il  C'est  un  grand  if  (c'est-à-dire  un  gimd  j.  f.),  ex- 
pression très-injurieuse  fondée  sur  ce  que  la  quali- 
fication j.  f.  avant  l'invention  du  j,  et  en  supprimant 
les  points,  faisait  précisément  le  moti/.  112°  Terme 
de  musique.  F  ou  F-ut-fa,  indique  le  ton  de  fa.  ||  F 
écrit  au-dessus  ou  au-dessous  d'une  note  signifie 
forts.  FF  signifie  fortissimo.  |]  3°  F  indique  une  mon- 
naie frappée  à  Angers. 

—  HIST.  xiii*  s.  F  nous  rendi  joie  au  monde;  Par 
quoi  nous  fuissiemes  [.serions]  tuit  monde  [purs]. 
Se  nostre  créance  fust  ferme.  Qui  chascun  jour  de- 
vient enferme,   Senefiance  de  l'ABC,  jubin.  t.  ii 
B.  277.  '   '     ' 

—  ÉTYM.  F  des  Latins;  F,  digamma  des  Grecs. 
FA  (fa),  t.  m.  Terme  de  musique.  La  quatrième 

ûote  de  la  gamme  d'ut.  Le  fa  est  la  sous-dominante 
de  la  gamme  d'ut.  \\  Signe  qui  représente  cette  note. 
La  note  placée  sur  la  ligne  supérieure,  à  la  clef  do 
soi,  est  un  fa.  ||  La  clef  de  fa,  signe  en  forme  de  C 
retourné  et  suivi  de  deux  points,  indiqu"  )a  ligne  sur 


laquelle  est  la  note  fa,  qui  fait  350  vibration."  en 
une  seconde.  Les  parties  de  basse  sont  écrites  sur 
la  clef  de /a,  quatrième  ligne.  La  clef  de  fa,  troi- 
sième ligne,  est  aujourd'hui  inusitée. 

—  HIST.  xiii*  s.  Di!  la  note  du  premier  fa  [ils] 
Montoient  dusqu'en  le  sol  fa  ,  Bataille  des  sept  arts, 

—  ÉTYM.  Les  noms  des  six  notes  (l'ancienne 
gamme  n'en  avait  que  six)  ont  été  donnés  par  Gui 
d'Arezzo;  ils  lui  vinrent  en  l'esprit  en  chantant  la 
première  strophe  de  l'hymne  de  saint  Jean-Bap- 
tiste :  Ut  queant  Iaxis  resonare  fibris  Ift'ra  geslo- 
rum  famuh  tuorum,  Snhe  polluti  lahii  reatum. 

FABAGO  (fa-ba-go),  s.  m.  ou  FABAGELLE  (fa- 
ba-jè-l'),  s.  f.  Terme  de  botanique.  Plante  qui  passe 
pour  vermifuge  (ïi/gop/i!/Mum  fofcojo,  L.). 

t  FABER  (  fa-bêr  ) ,  s.  m.  Terme  d'ichthyologie. 

Voy.  FORGERON. 

—  ÉTYM.  Lat.  faber,  forgeron. 

FABLE  (fa-bP),  i.  /.  ||  1°  Ce  que  l'on  dit,  ce  que 
l'on  raconte.  Inusité  en  ce  sens,  qui  est  le  propre. 
Il  2°  Sujet  de  malins  récits.  La  science...  Sert  au  peu- 
ple de  fable,  aux  plus  grands  de  risée,  Régnier,  Sat. 
m.  Il  me  laisse  au  milieu  d'une  terre  étrangère,  La 
fable  de  son  peuple  et  la  haine  du  mien,  corn.  Médée, 
1,  5.  Gardez-vous  de  l'homme  malicieux,  qui  est  tou- 
jours appliqué  à  faire  le  mal,  de  peur  qu'il  ne  vous 
rende  pour  jamais  la  fable  du  monde,  SACi,  Bible, 
Ecclésiastique,  u,  35.  Nous  allons  servir  de  fable  et 
de  risée  à  tout  le  monde,  mol.  Préc.  se.  19.  Un 
prince  sera  la  fable  de  toute  l'Europe  et  n'en  saura 
rien,  pasc.  Àm.-propre,  l.  Suis-je,  sans  le  savoir, 
la  fable  de  l'armée î  bac.  Iph.  n,  7.  Je  ne  prétends 
pas  qu'une  patience  <-idicula  me  rende  la  fable  de  la 


ville,  HAMU,T.  Gramm.  8.  Par  vous  la  piété  devient 
la  fable  du  monde,  le  jouet  des  impies,  mass.  Ca- 
rême, Injust.  Il  3°  Kécit  imaginaire ,  c'est-à-dire 
d'imagination.  Non  plus  que  si  nos  peines  Étaient 
fables  du  peuple  inutiles  et  vaines,  Régnier,  Sat. 
IV.  Et  si  l'enfer  est  fable  au  centre  de  la  terre, 
Il  est  vrai  dans  mon  sein,  malh.  v,  2).  Après  y 
avoir  bien  pensé,  il  m'a  semblé  que  cela  sent  ex- 
trêmement sa  fable  et  qu'il  n'est  pas  possible  qu'il  y 
ait  au  monde  un  homme  si  petit  ni  si  galant,  voit. 
Lett.  28.  En  une  saison  où  l'histoire  est  si  brouillée, 
j'ai  cru  que  je  vous  pouvais  envoyer  des  fables,  et 
qu'en  un  lieu  oïl  vous  ne  songez  qu'à  vous  délasser 
l'esprit,  vous  pourriez  accorder  à  l'entretien  d'Araa- 
dis  quelques-unes  de  ces  heures  que  vous  donnez  aux 
gentilshommes  de  votre  province  ,  m.  Lett.  3.  Tii 
ne  trouveras  plus  ici,  Alexandre  ,  de  fables  ridi- 
cules à  conter  pour  te  vanter  d'être  le  fils  de  Jupi- 
ter, FÉN.  t.  XIX,  p.  238.11  4°  Récits  mythologiques 
relatifs  au  polythéisme.  Les  dieux  de  la  Fable.  La 
Fable  offre  à  l'esprit  mille  agréments  divers,  BOiL. 
Art  p.  III.  Mais  dans  une  profane  et  riante  peinture 
De  n'oser  de  la  Fable  employer  la  figure.  C'est  d'un 
scrupule  vain  s'alarmer  sottement,  id.  ib.  Là  [en 
Grèce],  l'histoire  ou  la  Fable  ont  semé  leurs  grands 
noms  Sur  des  débris  sacrés,  sur  les  mers,  sur  les 
monts,  LAMART.  Uarold,  ».  ||  En  ce  sens  il  s'écrit 
avec  majuscule,  et  ne  se  dit  qu'au  singulier,  j]  Il  se 
dit  aussi  au  singulier  sans  majuscule  et  au  pluriel , 
pour  exprimer  tout  récit  ayant  un  caractère  my- 
thologique quelconque.  Rien  n'est  beau  que  le  viai , 
le  vrai  seul  est  aimable  ;  II  doit  régner  partout  , 
et  même  dans  la  fable,  boil.  tpit.  ix   Le  récit  qLHi 


1584  FAB 

hit  HéroaoW  d«  premier!  cotnmenoemenU  de 
ciru.  .  I-.0  plu.  I  .ir  d'une  fable .  que  d'une 
bCr.*  nOLUn.  Ttait.  de.  Et.  r.  ....  ».  L«  fa- 
ble. *)it  rh.-loin)  de»  lemp.  groMiem  volt. 
Mawn  eux.  !.«  P'c  louait  l«  premier  rang  dan»  le» 
»u«l)l(w:  »u»  tiistoiro.  ou  plutôt  >a  fable;  mêlée  i 
Il  mylhologi»  di!»  aiiclcu»  hèrosdu  Latium,  présente 
un  être  myalérieui  et  augurai,  bhkf.  Oit.  t.  iiu, 
p.  (4,  dan»  pouoEM.  ||  8- Terme  de  poésie  épi- 
que et  dramatique.  U  suite  de»  fait»  qui  forment 
une  pièce  dramatique  ou  épique,  en  tant  qu'elle  est 
un  triMil  d'imaKination.  ||  6*  l'ciit  récit  ijui  cache 
une  moralité  »ou»  le  voile  d'une  fiction  et  dans  le- 
quel d'ordinaire  le»  animaui  «ont  les  personnage». 
L'apologue  e»t  oumpoaédedeuj  partie»,  dont  on  peut 
appeler  l'une  le  corps,  l'autre  l'âme;  le  corps  est  la 
fable;  l'âme,  la  moralité,  la  fo«t.  Fabl.  Préface. 
Arislote  n'admet  dans  la  fable  que  les  animaux,  lu. 
ib.  Le»  fable»  ne  sont  pa»  ce  qu'elles  semblent  être  ;  Le 
plu»  »imple  animal  nous  y  tient  lieu  de  mat  ire,  ID. 
ifr.  VI,  <.  On  doute  que  les  fables  d'Ésope,  telles  que 
nous  le»  avons,  soient  toutes  de  lui,  du  moins  pour 
l'expression;  on  en  attribue  une  grande  partie  à  Pla- 
nude,  qui  a  écrit  sa  vie,  et  qui  vivait  dans  le  xiV 
siècle,  ROLUN,  Ilist.anc.  (XCuv.  t.  u,  p.  626,  dans 
poucEKS.  Dans  la  plupart  de  ses  fables  il  (la  Fontaine] 
est  infiniment  au-dessus  de  tous  ceux  qui  ont  écrit 
avant  et  après  lui, en  quelque  langue  que  ce  puisse 
être,  VOLT,  ioui'ï  HV,  Écrivains.  \\1'  Mensonge, 
chose  controuvée.  Tu  veux  rendre,  Asdrubal,  par 
une  pure  fable.  Le  coupable  innocent  et  l'innocent 
coupable,  mairet,  *or(  d'Àsdrubal,  u,  3.  Sa  mort 
est  trop  certaine  et  fut  trop  remarquable  Pour  crain- 
dre un  grand  effort  d'une  si  vaine  fable,  cohn.  Hé- 
racl.  I,  2.  [l'harnace]....  me  troublant  par  des  fa- 
bles ,  Grossit,  pour  se  sauver,  le  nombre  des 
coupables,  hac.  Uithr.  ui,  t. 

—  SEM.  U  est  probable  qu'au  coacnnccment  du 
xvu*  siècle  beaucoup  prononçaient  fable;  car  on  fait 
un  reproche  de  mettre  à  la  rime  périssable  et  fable. 
Ceux  qui  soutenoient  que  c'éloieut  autant  de  fautes 
en  faisoiont  de  bien  moins  supportables,  car  ils  fai- 
soienl  rimer  périssable  avec  fable,  étoffer  avec  enfer, 
t'rancion,  1.  v,  p.  (89.  Au  reste,  aujourd'hui  aussi, 
quelques  personnes  prononcent  fable. 

—  HIST.  XII*  s.  Junst  [soit  à  jeun,  s'abstienne]  li 
oroille  [l'oreille]  de  llaves  et  de  novales  et  de  totes 
teles  choses ,  c'oiseuses  sont,  ST  bern.  ms.  p.  3U2, 
dans  LACURNE.  E  quan.  lovez  estoit  li  saiiiz  huem 
de  la  taille,  N'avclt  cure  à  oîr  de  chançuii  ne  de  fa- 
ble Ne  de  nule  altre  chose,  s'ele  ne  fust  verable. 
Th.  le  mart.  t02.  |{  xiu*  s.  Ne  vous  tenrai  jà  longue 
fable  [discours]  Du  leuplesant  etdelitable,  la  Rose, 
Itiv.  Kable  est  uns  contes  que  l'om  dit  des  chuses 
qui  ne  sont  pas  voires  [vraies]  ne  voiresemblables, 
si  conune  U  fable  de  la  nef  qui  vola  parmi  l'air  lon- 
guement, BRUN,  latini.  Trésor,  p.  Bis.  ||  xv  s.  11  ne 
leiint  à  fable,  mais  s'appareilla,  et  monta  tantost  à 
cheval,  et  partit,  froiss.  liv.  ii,  p.  4U9,  dans  la- 
CURNE.  Clémence  grant  et  magnanimité,  Gela  avez  ; 
mais  vous  passez,  sans  fable,  Ung  droit  César  en  li- 
béralité, CH.  d'orl.  Rondeau  de  Robertel.  Mal  osas 
le  ladre  huchier.  Et  k  nos  gens  dire  tels  fauves, 
la  Poil,  de  N.  S.  \\  xvi*  s.  Sarvir  de  fable  au  peu- 
ple, UunT.  11,  3S. 

—  ETYM.  Bourguign.  /aul«;  wallon,  fâve;  du  lat. 
fabula,  récit,  fable,  de  fari,  parler;  grec,  (pâvai, 
dire,  parler. 

FABLIAU  (fa-bli-ô),  ».  m.  Conte  en  vers,  à  la 
mode  dans  les  premiers  iges  de  la  poésie  française. 

—  HIST.  XII*  s.  Seigneur,  ceste  chançons  ne  muet 
[provient]  pas  de  fabliai.  Mais  de  chevalerie,  d'a- 
mours et  de  cemliiai  [comliats],  Sax.  u.  ||  xiu*  s. 
Par  cest  llabel  poez  savoir,  Molt  sont  femes  de 
grant  savoir,  Fabl.  et  conUt  anc.  l.  iv ,  p.  <  87.  Chan- 
sonnette, mo»,  fableaux  Pour  gaaigner  les  bons 
morceaux,  Hitt.  litt.  de  la  France,  t.  xxiv,  p.  41». 

—  CTYM.  Anc.  franc,  fablel,  diminutif  de  fable; 
provenç.  fablel. 

t  KABLIER  (fa-bli-é),  s.  m.  1)  1*  Poète,  auteur  de 
fables.  Comme  l'arbre  qui  porte  des  pommes  est  ap- 
pelé pommier,  elle  [Mme  de  Bouillon]  disait  de 
M.  de  la  Fontaine:  c'est  un  fablier,  pour  dire  que 
»«»  fables  naissaient  d'elles-mêmes  dans  son  cerveau, 
•t  »'y  trouvaient  faites  sans  méditation  de  sa  part 
ainsi  que  les  pommes  sur  le  pommier,  duvet,  liist. 
.icad.  t.  Il,  p.  331,  dans  pouoens.  Jadis,  quand  je 
lr»ç«i  le»  lois  du  paysage.  De  notre  aimable  fablier 
lia  Foiiiaine)  Empruntant  le  simple  langage....  iie- 
uua  Conrmouon,  m.  ||2*  Recueil  de  fables.  Fa- 
buer  de  l'enfance. 

/-m;  î'^^'f- *''»'>''.Bien  que  le  latin  ait  fabularius , 
fabl^r  «  M  fait  directement  de  fabU. 


FAB 

t  FABBECOULIER  (  fa-bro-kou-lié  )  ou  FABBE- 
GDIER  (fabre-ghié),  ».  m.  Nom»  vulgaires  du  mi- 
cocoulier (celtis  auslralis,  /..). 

FABRICANT  (fa-bri-kan),  ».  m.  ||  1"  Celui  qui  fa- 
brique ou  qui  fait  fabriquer.  Fabricant  de  draps, 
de  chapeaux,  de  poteries.  ||  2°  Particulièrement, 
le  chef  d'un  établissement  d'industrie  manufactu- 
rière'. Léo  fabricants  de  Lyon.  ||  Àdj.  Industrie  fa- 
bricante  (au  lieu  d'inda^trie  manufacturière),  celle 
qui  élabore  les  produits;  expression  introduite  par 
Dunoyer.  .   , 

FABBICATECR,  TRICE  (fa-bri-ka-teur,  tn-s), 
f.  m.  et/.  Il  1"  Celui,  celle  qui  fait,  fabrique.  Strata- 
gème inouï  [le  cheval  de  Troie] ,  qui  des  fabrica- 
teurs  Paya  la  constance  et  la  peine,  la  pont.  Fabl. 
II  t.  Il  Le  fabricateur  souverain.  Dieu,  le  Créateur. 
Le  fabricateur  souverain  Nous  créa  besaciers  tous 
de  même  manière  ,  la  font.  Fab.  l ,  7.  Ils  n'é- 
taient que  les  aveugles  instruments  de  cet  éternel 
fabricateur  qui  anime  le  ver  de  terre  et  qui  fait 
tourner  le  soleil  sur  son  axe,  volt.  Philos,  ignor. 
quest.  t».  Il  i°  En  mauvaise  part.  Un  fabricateur  de 
fausse  monnaie.  Les  fabricateurs  de  calomnies.  J'ai 
la  consolation  de  voir  que  tous  les  fabricateurs  de 
systèmes  n'en  savaient  pr.s  plus  que  moi ,  volt. 
Lett.  Mme  du  Deffant,  t9  févr.  1766. 

SYN.  FABRICANT,  FAbRiCATE'JH.   Le  fabricant 

est  un  industriel  qui  a  une  fabri^iue  et  y  confec- 
tionne certains  produits.  Le  fabricateur  n'est  point 
un  industriel,  n'a  point  de  fabrique  et  se  dit  de 
celui  qui  fait  quelque  œuvre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fabricateur,  cotgrave. 

— ÉTVM.  Lat.  fabricatorem ,àe  fabricars ,  fabriquer. 

FABRICATION  (fa-bri-ka-sion;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  L'art  ou  l'aclion  de  fabriquer. 
La  fabrication  des  chandelles.  ||  Terme  d'économie 
politique.  Industrie  qui  modifie  les  produits  natu- 
rels, celle  qu'on  nomme  ordinairement  industrie 
manufacturière.  ||  2°  En  mauvaise  part.  La  fabrica- 
tion d»  iï  fausse  monnaie,  d'un  faux  en  écriture, 
de  fauîies  nouvelles. 

—  HIST.  XVI*  s.  Pour  bien  comprendre  comme  se 
fait  l'ûuye,  il  faut  considérer  la  structure  et  fabri- 
cation de  la  susdite  anfractuosilé  dont  se  fait  l'au- 
dition, PARÉ,  IV,   10. 

—  ÉTVM.  Provenç.  fabncatio ;  espagn.  fabrica- 
don;  ital.  fabricaiiune ;  du  latin  fabricationem,  de 
fabricare,  fabriquer. 

FABRICIEN  (fa-bri-siin)  ou  FABRICIER  (fa-bri-sié), 
s.  m.  Membre  du  conseil  de  fabrique  d'une  paroisse. 

—  ÉTVM.  Fabrique.  On  trouve,  en  ce  sens,  an 
xv*  siècle,  fabrisseur,  du  cange,  fabricerius ,  et 
au  XVI*,  fabriqueur,  Coust,  génér.  t.  ii,  p.  785. 

FABRIQUE  (fa-bri-k'),  s.  <.  \\  1*  Construction  d'un 
édifice  ;  il  ne  se  dit  guère  qu'en  parlant  d'une  église. 
Un  fonds  destiné  pour  la  fabrique  d'une  église  pa- 
roissiale. Il  Par  analogie.  Une  fabrique  si  immense 
[l'univers] ,  un  mouvement  si  rapide  et  si  uniforme, 
une  communication  de  lumière  si  constante  entre 
des  globes  si  prodigieusement  éloignés,  tout  cela  pa- 
raît ne  pouvoir  être  établi  que  par  la  même  Provi- 
dence, VOLT.  Dial.  XXIX.  ||  2°  Terme  d'architecture. 
Construction  dont  la  principale  décoration  consiste 
dans  l'arrangement  et  l'appareil  des  matériaux.  Ce 
bâtiment  présente  de  belles  fabriques.  La  grande 
fabrique  des  tours  de  Notre-Dame,  malgré  la  mul- 
titude infinie  des  petits  repos  qui  en  divisent  la  hau- 
teur et  aident  l'œil  à  les  mesurer....  diderot.  Salon 
de  )786,  Œuvres,  t.  xiii,  p.  234,  dans  pouoens. 
Il  Par  extension,  toutes  constructions  qui  servent  à 
l'ornement  des  parcs,  des  jardins.  Une  belle  fabri- 
que rustique.  Il  me  semble  que,  le  temple  n'étant 
pas  ici  un  pur  accessoire,  une  simple  décoration  de 
fond,  il  fallait  le  montrer  davantage  et  n'en  pas 
faire  une  fabrique  pauvre  et  mesquine  ,  diderot. 
Salon  de  t7«6,  p.  <3,  dans  pouoens.  ||  Terme  de 
peinture.  Se  dit  de  tous  les  bâtiments  en  général 
que  les  peintres  représentent,  mais  plus  particu- 
lièrement de  ceux  qui  ont  plus  d'apparence.  Les  fa- 
briques sonld'un  grand  ornement  dans  les  paysages. 
Il  3°  Fabrication.  Ce  drap  est  de  bonne  fabrique.  La 
fabrique  des  étoffes  de  soie,  des  draps.  Je  ne  suis 
point  marquis  ,  mais  j'ai  bâti  des  maisons  pour 
toutes  mes  fabriques,  et  je  leur  ai  avancé  des  som- 
mes considérables,  sans  être  secouru  d'un  denier  par 
le  ministère,  volt.  Lett.  d'Argenlal,  2S  juin  1773. 
Il  Prix  de  fabrique,  prix  qu'une  marchandise  coilte, 
lorsqu'on  l'achète  à  la  fabrique  même.  ||De  fabrique, 
se  dit  de  certaines  marchandises  de  médiocre  qua- 
lité, ainsi  dites  parce  qu'elles  sont  fabriquées  en 
grande  quantité,  avec  une  certaine  négligence,  et 
non  exprès  et  avec  soin.  Couteaux,  bas,  montres  de 
I  fabrique.  ||  Louis  de  fabrique,  louis  qui  n'est  ni  au 


FAB 

titre  ni  au  poids.  ||  Par  extension.  J'y  avais  montré 
quelle  doit  être  la  fabrique  des  nerfs  et  de»  muscle» 
du  corp»  humain,  desc.  Kéth.  v,  •.  Les  animaux 
reptile»  sont  d'une  autre  fabrique  [que  le  renard ,  le 
castor),  fEn.  Exist.  t».  ||  Fig.  et  familièrement.  Ce» 
deux  hommes  sont  de  même  fabrique ,  ils  ne  va- 
lent pas  mieux  l'un  que  l'autre.  ||  i°  Etablissement 
où  l'on  fabrique.  Monter  une  fabrique.  ||  Il  se  dit 
aussi  du  lieu  où  l'on  fabrique  les  ariicles  dont  on 
parle.  Cette  étoffe  est  de  la  fabrique  de  Lyon.  ||  Col- 
lectivement. Les  ouvriers  d'une  fabrique.  Toute  la  fa- 
brique est  en  émoi.  ||  Fig.  Cela  sort  de  sa  fabrique, 
c'est  pure  invention  de  sa  part.  ||  Fig.  Le  Gotb  Jor- 
nandez  a  appelé  le  Nord  la  fabrique  du  genre  bu- 
main,  MONTESQ.  Esp.  xvu,  6.  ||  6°  Tout  ce  qui  ap- 
partient à  une  église  paroissiale,  les  fonds  et  revenus 
affectés  à  l'entretien  de  l'église,  l'argenterie,  le 
luminaire,  les  ornements,  etc.  11  fit  la  division  de» 
dîmes  en  quatre  parties  pour  la  fabrique  de»  égli- 
ses, pour  les  pauvres....  montesq.  Esp.  xxxi,  42, 
J'ai  vu  Mme  la  duchesse,  marraine  de  nos  cloches, 
donner  h  la  fabrique  cinquante  louis  en  or.  et  dix 
écus  aux  pauvres,  p.  l.  cour,  j,  184.  ||  Collective- 
ment. Les  marguilliers  chargés  de  l'administration 
des  revenus  et  dépenses  d'une  église.  Adressez  votre 
réclamation  à  la  fabrique.  ||  Place,  banc  que  le» 
marguilliers  occupent  dans  l'église. 

—  HIST.  XV*  s.  En  ton  dixiesme  tu  prens  toute 
l'universe  fabrique  de  Dieu,  tout  ce  qui  est  dedens 
régnant  et  logeant,  o.  chasïelain.  Expos,  sur  vérité. 
Je  vous  commande  à  payer  vingt  lions  d'amende  à 
la  fabrique  de  céans,  et  autant  à  monseigneur, 
LOUIS  XI,  Nouv.  xciv.  Il  xvi*  s.  Timoleon  n'espargna 
pas  le  chasteau  de  Syracuse  pour  la  beaulté  et 
magnificence  de  la  fabrique,  amïot,  Timol.  3S, 

—  ÉTYM.  Provenç.  fabriga;  espagn.  et  i*al.  fa- 
brica; du  latin  fabrica,  de  faber,  forgeron,  char- 
pentier, fevre  dans  l'ancien  français,  qu'on  retrouve 
dans  or-fé\re.  Faber  vient  de  facere,  faire. 

FABRIQUÉ,  ÉE  (fa-bri-ké,  kée),  part,  posté. 
Il  l"  Fait  en  fabrique.  Des  produits  mal  fabriqués. 
Il  Par  extension.  L'homme  est  donc  si  heureusement 
fabriqué....  pasc.  dans  cousin.  ||2°  Controuvé.  C'est 
une  histoire  fabriquée.  Textes  fabriqués. 

FABRIQUER  (fa-bri-ké),  je  fabriquais,  nous  fa- 
briquions, vous  fabriquiez;  que  je  fabrique,  que 
nous  fabriquions,  que  vous  fabriquiez;  fabriquant, 
t'.  a.  Il  1°  Faire  certains  ouvrages  par  de»  procédé» 
mécaniques.  Fabrique''  des  draps,  des  chapeaux.  Il» 
[les  Anglais]  ne  savaient  pas  quand  ils  gagnaient 
les  Ijalailles  d'Azincourt,  do  Crécy  et  de  Poitiers, 
qu'ils  pouvaient  vendre  beaucoup  de  blé  et  fabri- 
quer de  beaux  draps  qui  leur  vaudraient  bien  da- 
vantage, volt.  Dict.  philos.  Commerce.  Quelques 
marchandises  d'Europe  que  la  colonie  ne  fabriquait 
pas,  raynal,  Hist.  phil.  viii,  a.  ||  »*  Tenir  une  fa- 
brique, rairefabriquer.il  fabrique  de  la  porcelaine. 
!  Absolument.  U  a  cessé  de  fabriquer.  Ce  pays, 
cette  ville  fabrique  beaucoup.  ||  3*  En  mauvaise 
part.  Fabriquer  de  la  fausse  monnaie.  ||  Fig.  Fabri- 
quer de  fausses  nouvelles,  une  calomnie.  Des  pas- 
sages que  TOUS  fabriquez  à  plaisir,  pasc.  Prov.  a. 
Que  la  doctrine  si  ancienne  de  saint  Augustin  est 
une  nouveauté  insupportable,  et  que  les  invention» 
nouvelles  qu'on  fabrique  tous  les  jours  à  notre  vue 
passent  pour  l'ancienne  foi  de  l'Ëglise,  ID.  ib.  3. 
Il  4°  U  se  dit  de  ce  qui  est  comparé  au  produit 
d'une  fabrique....  Et  fabriquons  nos  jours  ou  fâ- 
cheux ou  plaisants,  Régnier,  Sat.  Xiv.  Le  ciel,  dont 
nous  voyons  que  l'ordre  est  tout-puissant ,  Pour 
différents  emplois  nous  fabrique  en  naissant,  mol. 
Femm.  sav.  i,  t.  ||  5*  Se  fabriquer,  v.  réfl.  Être 
fabriqué.  Ce  drap  se  fabrique  en  Angleterre. 

—  HIST.  xvr  s.  La  meschanceté  fabrique  des  lor- 
ments  contre  soy,  mont,  u,  46. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fabregar;  espagn.  fabricar; 
ital.  fabricare  ;  du  lat.  fabricare ,  fabriquer  (voy. 
fabrique). 

FABULEUSEMENT  (  fa-bu-leû-ze-man  ) ,  adr. 
D'une  manière  fabuleuse.  Ce  ramas  énorme  de  fa- 
bles expliquées  fabuleusement  et  ce  chaos  de  chi- 
mères....volt.  Observ.  sur  l'Uist.  des  temps  fabuleux. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  contre-son  que  rendent  le» 
bois,  nommé  par  les  poètes  fabuleusement  écho, 
CARLOIX,   VI,  25. 

—  ÉTYM.  Fabuleuse,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
fabloxament;  espagn.  fctbulosamente  ;  ital.  faiolo- 
sametite. 

FABULEUX,  EUSE  (fa-bu-leû,  leû-r'),  adj. 
1  1°  Qui  tient  de  la  fable;  controuvé,  imaginaire, 
la  parabole  est-elle  autre  chose  que  l'apologue, 
c'est-à-dire  un  exemple  fabuleux  et  qui  s'insinue 
avec  d'autant  plu»  de  facilité  et  d'effet  qu'il  e»t  plu» 


lAC 


FAC 


FAC 


1585 


I 


commun  et  plus  familier'?  la  font.  Fables,  préface. 

Noire  esprit  ne  s'étaul  jamais  rempli  quelle  lectures 
fabuleuses,  pour  ne  r;en  dire  de  plus,  mass.  Car. 
Dégnûts.  Le  Venceslas  de  Rotrou  est  entièrement 
dans  ce  goût,  et  toute  cette  histoire  est  fabuleuse, 
VOLT.  Sémiramis,  dissert.  On  n'avait  aucune  idée, 
en  lîiirnpe,  de  la  nation  chinoise;  le  Vénitien  Marc- 
Paul,  qui  avait  fait  |'ar  terre  le  voyage  de  la  Chine, 
en  avait  donné  une  relation  qui  avait  passé  pour 
fabuleuse,  raynal,  Hisl.  phil.  i,  t9.  Aux  tableaux 
fabuleux  qu'il  traçait  des  cités,  c.  delav.  Paria,  i, 
4.  Il  2"  Oui  a  rappiTt  à  la  mythologie.  La  fabuleuse 
antiquilé.  Cesse,  Pô,  d'aliuser  le  monde;  Il  est 
temps  d'ôter  à  ton  onde  Sa  fabuleuse  royauté,  malh. 
VI,  2.  Des  héros  fabuleux  passer  la  renommée, 
coRi't.  Cid.  V,  8.  Il  Temps  fabuleux,  celui  dont  on 
n'a  pas  d'histoire  certaine,  et  dont  les  souvenirs 
sont  altérés  par  des  fables.  C'est  un  héroïsme  qu'on 
renvoie  aux  temps  faliuleux,  mass.  Panégyr.  St 
Tliom.  Bientôt  après  arrivent  trois  fils  de  Tancrède 
de  HauteviUe,  du  territoire  de  Coulance, Guillaume, 
surnommé  Kier-à-Bras,  Drogon  et  Humfroi;  rien 
ne  ressemble  plus  aux  temps  fabuleux,  volt.  h'ss. 
mœurs,  40.  ||  3°  Fig.  Oui  passe  toute  croyance, 
bien  que  réel.  Il  y  a  dans  l'histoire  de  ce  grand 
homme  des  traits  qui  ont  quelque  chose  de  fabuleux. 
Il  a  gagné  une  foriune  fabuleuse.  Que  l'avenir  vienne 
au  gré  de  nos  désirs  et  avec  les  enchantements  les 
plus  fabuleux,  fén.  t.  xvii,  p.  313.  ||  Familière- 
rapot.  Extraordinaire,  à  peine  croyable.  C'est  fabu- 
leux. Il  est  d'une  force  fabuleuse.  ||  4°  S.  m.  Les 
circonslances  fabuleuses  d'un  n'-oit.  Comme  Arioste 
avait  outré  le  merveilleux  des  poèmes  par  le  fabu- 
leux incroyable,  nous  outrons  If  fabuleux  par  un 
assemblage  confus  de  dieux,  de  bergers,  de  héros, 
d'enchanteurs,  de  furies  et  de  dénions,  st-évrem. 
dans  BiCMELET.  Toutes  ces  aventures  qui  tiennent 
du  fabuleux,  et  (|ui  sont  pourtant  trés-vraies,  n'ar- 
rivent point  chez  les  peuples  policés  qui  ont  une 
forme   de   gouvernement  régulière,  volt.  Uœurs, 

490. 

—  IIIST.  xvi*  s Et  à  bien  desguiser  la  vérité 

Ides  clioses  D'un  fabuleux  manteau  dont  elles  sont 
encloses,  rons.  894. 

ÉTYM.  Lat.  fabiilosus,  de  fabula,  fable.  Ron- 
sard a  dit  aussi  [ableux. 

FABULISTE  (fabu-li-st') ,  ».  m.  Auteur  qui  com- 
pose des  fables.  Cette  règle  [ne  mettre  dans  les  fables 
que  des  animaux)  est  moins  de  nécessité  que  de 
bienséance,  puisque  ni  Esope  ni  Phèdre  ni  aucun 
des  fabulistes  ne  l'a  gardée,  la  font.  Fabl.  Pref. 
Lo  mot  fabuliste  paraît  encore  nouveau;  mais  il  est 
établi  par  la  Fontaine,  à  qui  il  appartenait  bien  de 
donner  les  noms  en  cette  matière,  lamotte,  Fabl. 
Préf.  p.  xU,  éd.  in-4°. 

—  REM.  Fabuliste  n'est  ni  dans  le  Dictionnaire  de 
Nicol  ni  dans  la  i"  édition  de  celui  de  l'Académie. 

— SYN.  fabuliste,  fablier.  Fablier  n'est  qu'un  mot 
de  circonstance  fait  [lour  la  Fontaine;  c'est  fabuliste 
que  l'usage  a  admis  pour  désigner  un  auteur  qui 
compose  des  fables. 

—  ÉTYM.  Lat.  fabula,  apologue,  et  la  finale  iste, 
qui  signifie  celui  qui  s'applique  à  un  objet  d'une 
maniùre  spéciale. 

t  FABULOSITÊ  (fa-bu-lo-zi-té),  s.  f.  Qualité  de 
ce  qui  est  fabuleux. 

—  HIST.  xvi»  s.  Fabulosité,  oudin,  Dict. 

—  EïYM.  Fabuleux. 

FAÇADE  (fa-sa-d'),  s.  f.  \\  1°  Un  des  côtés  d'un 
bStimeiit,  d'un  é'Iifice  lorsqu'il  se  présente  au  spec- 
tateur ou  lorsqu'il  décore  une  place,  une  rue.  La 
façade  qui  regarde  la  rivière.  ||  Façade  latérale,  le 
mur  de  pignon  ou  le  retour  d'un  bâtiment  isolé. 
Il  2"  l'ariiculièrement.  Le  côté  où  se  trouve  la  prin- 
cipale entrée.  On  voit  sur  cet  autel  [du  temple  du 
Goût]  le  plan  de  cette  belle  façade  du  Louvre,  dont 
on  n'est  point  redevable  au  cavalier  Bernini,  et  qui 
fut  construite  par  Perrault  et  par  Louis  le  Vau, 
grands  artistes  trop  peu  connus,  volt.  Temple  du 
Gi)ût.  Nous  conçilmes  les  plus  grandes  espérances, 
quand  nous  vîmes  élever  cetle  belle  façade  du  Lou- 
vre qui  fait  tant  désirer  l'achèvement  de  ce  palais, 
ID.  Louis  XIV,  33.  Michel  Ange  était  grand  dessina- 
teur, lorsqu'il  conçut  le  plan  de  la  façade  et  du  dôme 
de  Saint-Pierre  de  Rome,  dider.  Esmi  sur  la  pein- 
ture, ch.  C. 

—  HIST.  xvi*  s.  A  la  faciade  et  front  de  ce  discours, 
FAv.  Th.  d'hunimur,  t.  u,  p.  (092,  dans  lacuhne. 
Faciate,  cotorave- 

—  f.TY.M.  Ital.  facciata,  de  faccia,  face. 

FACE  (fa-s'),  s.  f.  Il  1"  Visage.  La  face  humaine. 
Le  sceptre  que  porte  sa  race,  Où  l'heur  aux  mérites 
est  joint ,  Lui  met  le  respect  en  la  face ,  màlh.  m ,  < . 

DICT.    DE   LA     LANGUE   FRANÇAISE. 


Un  fantôme  pareil  et  de  taille  et  de  face,  Tandis  que 
vous  fuirez,  remplira  votre  place,  corn.  Médée,  iv, 
0.  Ouand  lui,  la  face  ouverte  et  nullement  émue. 
rotr.  Antig.  i,  2.  Nous  couvrons  notre  face  devant 
Dieu,  Boss.  Ilist.  il,  6.  Pyrrhus  m'a  reconnu  ,  mais 
sans  changer  de  face;  Il  semblait  que  ma  vue  ex- 
citât son  audace,  Rkc.Andr.  v,  3.  Le  sang  de  toutes 
parts  ruisselle  sur  sa  face  céleste  [de  Jésus-Chrisi], 
MASS.  Carême,  Passion.  Ses  cheveux  [de  la  Vierge] 
flottent  portés  pardesfaces  de  chérubins,  chateal'br. 
Nalch.  iv.  Le  voyage  qu'ils  font  [  mes  parents 
morts]  est  profond  et  sans  bornes;  On  le  fait  à  pas 
lents,  parmi  des  faces  mornes,  Et  nous  le  ferons 
tous!  V.  Huo.  F.  d'aut.t.  ||  Se  couvrir,  se  voiler  la 
face,  se  cacher  la  figure  en  signe  de  chagrin  ou  d'in- 
dignation ou  de  honte.  ||  U  s'emploie  dans  le  lan- 
gage de  l'anatomie  et  de  la  médecine.  Les  muscies 
de  la  face.  Les  altérations  de  la  face.  ||  Face  hippocia- 
tique,  l'aspect  que  présente  le  visage  d'une  personne 
à  l'agonie,  ainsi  dite  d'une  description  frappante  faite 
de  cet  état  des  traits  par  Hippocrate.  ||  Face  se  dit  le 
plus  souvent  dans  le  langage  familier.  Avoir  une  grosse 
face,  une  face  rebondie,  enluminée.  ||  Face  île  ca- 
rême, visage  pâle  et  blême.  1|  Face  de  réprouvé, 
physionomie  sinistre  et  effrayante.  ||  Avoir  une  face 
de  prédestiné,  avoir  un  visage  plein,  vermeil  et  se- 
rein. Il  La  face  s'allonge,  se  dit  de  celui  dont  la  fi- 
gure exprime  quelque  désappointement.  X  cet  ef- 
froyable prodige.  D'un  pied  ma  face  s'allongea, 
SCAKR0N,  Virg.  m.  ||  Populairement.  Couvrir  la  face 
à  quelqu'un,  lui  donner  un  soufllet.  ||  Un  homme  à 
deux  faces,  à  double  face,  homrme  perfide,  trom|ieur, 
faux.  Il  2°  Faire  face,  se  dit  d'un  homme  qui,  pour- 
suivi, se  retourne  et  résiste  aux  a,ssaillants.  ||  Fig. 
Pourvoir  à  une  chose,  parer  à  un  inconvénient.  Faire 
face  à  ses  engagements.  J'ai  parlé  de  la  déroute 
[banqueroute]  de  la  Touane  et  de  Sauvion  et  que  le 
roi  fit  face  pour  eux  afin  de  soutenir  son  crédit,  st- 
SIM.  99,  B3.  Il  Terme  militaire.  Faire  face  à  l'ennemi, 
lui  présenter  le  front  des  lignes.  Défiant  les  Romains, 
qui  se  serrent,  font  face,  saurin,  Spartac.  i,  4. 
Il  Faire  face  de  tous  côtés,  se  dit  d'une  troupe  ran- 
gée de  telle  sorte  qu'elle  présente  le  front,  de  quel- 
que côté  que  l'ennemi  s'avance.  ||  Elliptiquement  ; 
Face!  Face  à  droite I  etc.  commandement  de  faire 
face,  de  faire  face  à  droite,  etc.  ||  Faire  volte-face, 
voy.  VOLTE-FACE.  ||  3°  Teruiede  numismatique.  Dans 
unepiî'ce  de  monnaie,  côté  où  se  trouve  la  tête  du 
souverain.  ||  Dans  une  médaille,  le  côté  où  se  trouve 
la  tête  ou  quelquefois  le  nom  seul  de  celui  pour  qui 
elle  a  été  frappée.  ||  Jouera  pile  ou  face,  voy.  pile. 
I)  4°  Face,  en  histoire  naturelle,  se  dit  aussi  des  ani- 
maux mammifères.  La  face  du  chien.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Belle  face,  marque  blanche  très-grande  occu- 
pant presque  toute  la  partie  antérieure  de  la  tête 
du  cheval,  et  s'étendant  jusqu'aux  yeux,  et  même 
au  delà.  ||  5°  Terme  du  jeu  de  bassetle.  La  pre- 
mière carte  que  découvre  celui  qui  tient  la  banque. 
La  face  est  un  valet.  ||  6"  U  se  dit  des  tempes  par 
rapport  aux  cheveux  qui  les  couvrent.  Il  a  les  faces 
dégarnies.  ||  7'  Terme  de  peinture  et  de  sculpture. 
Hauteur  équivalant  à  celle  de  la  face  et  qui  sert 
à  déterminer  la  dimension  en  longueur  d'une  figure 
humaine.  On  divise  ordinairement  la  hauteur  du 
corps  en  dix  parties  égales,  que  l'on  appelle  faces 
en  termes  d'art,  parce  que  la  face  de  l'homme  a  été 
le  premier  modèle  de  ces  mesures,  buff.  Uist.  nat. 
hom.  Œuv.  t.  IV,  p.  322,  dans  pougens.  ||8°  Terme 
de  l'Ëcnture.  La  face  de  Dieu,  la  présence  intellec- 
tuelle ou  morale  de  la  divinité.  Gain  s'étant  retiré 
de  devant  la  face  du  Seigneur,  saCI,  Bible,  Genèse, 
IV,  16.  U  rejette  les  orgueilleux  de  devant  sa  face, 
BOSS.  Croix,  1.  Le  Seigneur  voulait  vous  sanctifier 
dans  le  secret  de  sa  face,  mass.  Carême,  Foc. 
Il  9»  Façade.  S'il  rencontre  un  palais,  il  m'en  décrit 
la  face,  boil.  Art  p.  i.  ||  Faire  face,  avoir  la  fai^ade 
tournée  vers  un  point.  Cette  naison  f.iit  face  à  une 
grande  boutique.  ||  Les  faces  de  l'architrave,  les 
bandes  dont  elle  est  composée.  ||  Les  faces  d'un 
bastion,  les  deux  côtés  qui  vont  de  la  pointe  aux 
deux  flancs.  ||  10°  Surface  que  présente  une  chose. 
La  face  supérieure  d'un  bloc  de  marbre.  Tout  de 
même  que  les  peintres,  ne  pouvant  également  bien 
représenter  dans  un  tableau  plat  toutes  les  diverses 
faces  d'un  corps  solide,  en  choisissent  une  des  prin- 
cipales, DESC.  Uéth.  v,  2.  Il  Terme  d'horlogerie. 
Face  de  pignon,  plans  ou  côtés  qui  déterminent 
l'épaisseur  d'un  pignon.  ||  Terme  d'eaux  et  forêts. 
La  face  d'un  baliveau  ou  d'un  pied  cormier,  le  côté 
sur  lequel  on  applique  la  marque  du  marteau.  Ou 
appelle  aussi  faces  du  bois  les  quatre  côtés  d'une 
pièce  équarrie.  ||  Face,  le  biseau  d'une  échoppe. 
Il  Terme  de  menuiserie.  Faces  plates,  parties  de  la 


montre  du  buffet  d'orgues  qui  sont  entre  les  tou- 
relles, et  qui  n'ont  pas,  comme  ces  dernières, 
de  saillie  sur  le  massif.  ||  Terme  d'astrologie.  Le 
tiers  d'un  signe  du  zodiaque  ou  (O  degréa.  Venus 
est  dans  la  troisième  face  du  Taureau.  ||  Terma 
d'histoire  naturelle.  Les  parties  aplaties  d'un  or- 
gane. La  face  interne,  celle  qui  regarde  l'axe  du 
corps;  la  face  externe,  la  face  opposée.  ||  Face  in- 
férieure, externe  ou  dorsale  des  feuilles,  celle  sur 
laquelle  fait  saillie  la  nervure  moyenne  ou  pr  nci- 
pale;  face  supérieure,  interne  ou  ventrale,  celle 
qui  est  opposée  à  la  précédente.  ||  Terme  de  géomé- 
trie. Les  diverses  surfaces  planes  qui  limitent  un 
.solide.  Les  pyramides  d'Egypte  ont  quatre  faces. 
Il  11°  Superficie.  La  face  de  la  lune.  On  ne  Ta  point 
revusur  la  face  de  l'eau,  tristan,  U.  de  Chrispe,^ 
v,  rfr  Le  moindre  vent  qui  d'aventure  Fait  rider  I» 
face  de  l'eau  Vous  oblige  à  baisser  la  tête,  la  font. 
Fabl.i,  22.  L'iniquité  couvrit  toute  la  face  de  lu  terre, 
BOSS.  Hist.  II,  t.  .Répandus  sur  la  terre,  ils  [les  Juifs] 
en  couvraient  la  face,  rac.  Estk.  ii,  i.  La  tristesse 
était  répandue  sur  la  face  de  l'Espagne,  volt. 
Mœurs.  (77.  La  face  entière  de  la  terre  porte  au- 
jourd'hui l'empreinte  de  la  puissance  de  l'iiomme, 
BUKF.  7'  époq.  nat.  OEutres,  t.  xii,  p.  339,  dans 
POUGENS.  Du  monde  un  voile  épais  enveloppe  la 
face.  c.  DELAV.  Paria,  iv,  7.  ||  Dans  le  langage  de 
l'Ëcriture,  la  face  des  eaux,  la  face  de  l'abtme,  des 
abîmes.  ||  12°  Aspect.  Et  le  taon  des  guerres  civile? 
Piqua  les  âmes  des  méchants.  Oui  firent  avoir  à  nos 
villes  La  face  déserte  des  champs,  malh.  vi,  29. 
Paris  changera  de  face  dans  quelques  mois,  SÉV. 
<45.  Les  solitudes  prenaient  une  face  riante,  boss. 
I,  Pdq.  t.  Je  ne  veux  proposer  que  le  simple  coup 
d'œil  de  la  face  de  la  nature,  fén.  Exist.  9.  Tout  la 
monde  ne  sait  pas  voir;  on  prend  pour  l'objet  en- 
tier la  première  face  que  le  hasard  nous  a  présen- 
tée, FONTEN.  Dodart.  jj  13°  Fig.  11  se  dit  des  divers  as- 
pects ou  points  de  vue  que  présente  quelque  cho.se. 
Oue  l'air  dont  vous  vivez  vous  fais.iit  un  peu  tort; 
Ou'il  prenait  dans  le  monde  une  méchante  face, 
MOL.  Ùis.  m,  B.  Le  ton  de  voix  change  un  discoura 
de  face  ,  pasc.  Puiss.  tromp.  4  (éd.  Faugùre).  La 
vérité  ne  s'offre  à  eux  que  sous  une  double  face, 
MASS.  Avent ,  Épiph.  Sous  quelque  face  qu'on  cmi- 
sidère  les  choses,  les  moines  sont  des  misérables 
qui  scandalisent  et  qui  fatiguent  trop  le  Mexique 
pour  les  y  laisser  subsister  plus  longtemps,  rayn.\l, 
Ilist.  phil.  VI,  t3.  Les  choses  dans  ce  monde  pren- 
nent des  faces  bien  différentes  ;  tout  ressemble  à 
Janus;  tout,  avec  le  temps,  a  un  double  visat;e, 
VOLT.  Lett.  Florian,  I4  janvier  I7fi7.  L'on  ne  pré- 
sente qu'un  côté  de  l'objet,  on  met  dans  l'ombra 
toutes  les  autres  faces,  et  ordinairement  ce  côté 
qu'on  choisit  est  une  pointe,  un  angle  sur  lequel  on 
fait  jouer  l'esprit  avec  d'autant  plus  de  facilité  ([u'on 
l'éloigné  davantage  des  grandes  faces  sous  lesquelles 
le  bon  sens  a  coutume  de  considérer  les  choses, 
BLFFON,  Disc,  de  réception.  ||  Terme  de  musi(|uo. 
Faces  d'un  accord,  les  différents  aspects  que  pré- 
sente cet  accord,  selon  que  l'on  prend  pour  la  note 
la  plus  basse  l'une  ou  l'autre  do  celles  dont  il  sa 
compose.  ||  14°  Eiat,  situation  des  choses.  Albe  e< 
Rome  demain  prendront  une  autre  face,  corn.  Ilor. 
1,  2.  En  vit-on  jamais  un  [sort]  dont  les  rudes  tra- 
verses Prissent  en  moins  de  rien  tant  de  faces  diver- 
ses? m.  ib.  IV,  4.  [Les  morts]  qui  détruisent  les  partis 
etdonnent  une  autre  face  aux  affaires,  id.  Sert.  Av 
lecteur.  Mais  les  choses  depuis  ont  bien  changé  de 
face,  MOL.  le  Dép.  v,  7.  Ils  ont  changé  la  face  de 
la  chrétienté,  pasc.  Pror.  B.  Quel  fruit  lui  en  re- 
vint-il, sinon  de  connaître  par  expérience  le  fai- 
ble des  grands  politiques ,  leurs  volonlés  chan- 
geantes ou  leurs  paroles  trompeuses,  la  diverse  faca 
des  temps,  les  amusements  des  promesses...?  boss. 
Anne  de  Gont.  D'un  secret  tout  à  coup  la  vérité 
connue  Change  tout,  donne  à  tout  une  face  impré- 
vue, BOIL.  Art  p.  m.  Oui,  puisijue  je  retrouve  un 
ami  si  fidèle.  Ma  fortune  va  prendre  une  face  nou- 
velle, RAC.  Andr.  i,  i.  C'est  donc  toi  dont  l'audaca 
De  la  terre  à  ton  gré  prétend  changer  la  face,  volt. 
Fanât,  u,  b.  Les  révolutions  des  empires,  la  diverse 
face  des  temps,  les  nations  qui  ont  dominé....  tout 
cela  que  peut -il  paraître?  vauven.  Max.  ccii. 
Il  15°  Morceau  de  cuir,  etc.  attaché  vers  le  milieu 
d'un  ceinturon  d'épée  et  auquel  sont  fixés  des  pen- 
dants. Il  16°  X  la  face  de,  loc.  prép.  En  présence,  à 
la  vue  de.  U  est  difficile  de  défendre  un  ouvrage 
des  ténèbres  à  la  face  de  tant  de  juges  si  éclairés, 
PATRU  Plaidoyer  2,  dans  rjcuf.let.  Et  faisons  en 
ces  lieux  Justice  à  tout  le  monde,  à  la  face  des 
dieux,  CORN.  Cinna,  i,  3.  Elle  fut  hier  mariée  a  la 
face  du  soleil,  sÉv.  399.  C'est  pour  cela  qu'à  la  face 

I.  —  199 


1586 


FAC 


d.  MIM  l#f  mUom  11  r«r«l«rt  toute  ta  lurpUudo 
A^  _i.k«>r  ■(  tonla  iOn  Ignominie,  boubdai..  Ju- 
îlf*^  .-î.^»  P  '»'>^''  fCh«rlo.  IV  de  Lor- 
SZiîlWâtfii  de  Cu«nce]  continuèrent  de  vivre 
«unibl*  i  ta  f»c«  «lu  momie,  comme  étant  efTec- 
l^anl  miri*..  .T-.m.  6.,  ..7.  Nou.  jurâmes 
eu  elle  à  l«  face  des  cieui,  volt.  Tancr.  v,  3.  ||  Fig. 
Vou.  en  faire  rougir  à  U  face  de  toute  1  Eglise, 
fAïc  Prov.  <«.  En  préaence  des  empereurs  et  &  la 
ru*  de  tout  l'univers,  bos».  Ilùt.  n,  7.  ||  17*  De 
fiee  loe.  adv.  Du  point  où  l'on  voit  toute  la  face. 
Nous  ïoyon»  tout  le  palais  de  face.  Une  figure  <Jes- 
sinie  de  face,  prise  de  face.  ||  Fig.  Vous  avez  bien 
fait  de  n'y  pas  peindre  le  genre  humain  tout  à  fait 
de  face;  ce  triste  visage  n'est  pas  bon  à  être  vu  de 
face  dans  touM  la  diiïormilé  de  ses  traits,  d'alemb. 
un-  à  nUairt,  U  févr.  «7«3.  ||  Terme  militaire. 
De  face,  de  front.  ||  18'  De  prime  face,  voy,  phimb 
tkct.  Il  !»•  En  face,  loc.  adv.  Par  devant.  Voir 
quelque  chose  en  face.  ||  Regarder  quelqu'un  en 
face,  flier  tes  regards  sur  son  visage.  ||  Kig.  Soute- 
nir le  regard  de  quelqu'un.  Osez-vous  bien  après 
cola  me  regarder  en  face?  ||  Regarder  le  péril,  la 
mort  en  face,  les  regarder  sans  effroi,  sans  trouble. 
Il  Vi^-à-vis.  Avoir  le  soleil  en  face.  Ce  château  a 
en  face  un  fort  beau  canal.  ||  Devant  la  personne 
même,  ta  personne  même  étant  présente.  Quoi  I 
TOUS  o«ei  me  soutenir  en  face  Que  plus  tôt  qu'à 
cette  heure  on  m'ait  ici  pu  voir?  hou  Amph.  ii,  2. 
)e  ménage  les  gens  et  sais  comme  embarrasse  Le 
contraignant  effort  de  ces  aveui  en  face,  id.  F.  sav. 
I,  a.  Docte  abbé,  de  ce  pas  j'irai  leur  dire  en  face.... 
ûoiL.  ÉpU.  XII.  Ils  n'ont  pas  la  force  de  résister  à 
personne  en  face.  fên.  TU.  xxiii.  En  général,  nous 
ne  louons  aujourd'hui  les  grands  en  face  que  très- 
rarement,  et  encore  ce  n'est  que  dans  les  épltres 
dédicaioires  qui  ne  sont  lues  de  personne,  pas  même 
de  ceux  ii  qui  elles  sont  adressées,  volt.  Sur  les 
panégijr.  Us  se  disaient  en  face  des  choses  insul- 
tantes, qu'ils  croyaient  des  traits  d'esprit,  volt. 
Baboue.  ||  tO«  En  face  de,  loc.  prip.  Vis-à-vis.  En 
face  du  théâtre  est  un  des  plus  anciens  temples 
d'Athènes,  celui  de  Bacchus,  barthêl.  Ànachar. 
ch.  8.  En  face  des  autels  par  le  sang  profanés,  le- 
«KRC.  Fréd.  et  Br.  n,  3.  ||  Se  placer  en  face  de  quel- 
qu'un, se  placer  devant  lui;  et  fig.  lui  résister  ou- 
vertement. ||  En  face  de  l'Eglise,  devant  les  ministres 
de  l'Église,  et  suivant  les  formes  ordinaires  de  l'E- 
glise. Epouser,  se  marier  en  face  de  l'Église.!!  21°  Face 
à  face,  loc.  adv.  Vis-à-vis  l'un  de  l'autre,  en  par- 
lant de  deux  personnes  qui  ont  le  visage  tourné 
l'une  vers  l'autre....  Chacun  d'eux  devint  statue  et 
marbre  dur;  Le  couple  infortuné  face  à  face  re- 
pose, LA  FONT.  Fillei  de  Minée,  jj  Kig.  Nous  voilà 
face  k  face  avec  la  vérité,  lamart.  Méd.  i,  28.  ||  On 
dit  de  même  voir  Dieu  face  à  face.  Et  c'est  là  que 
bientôt  voyant  Dieu  face  à  face,  cobn.  Poly.  v,  2. 
J'ai  vu  Dieu  face  k  face,  et  mon  âme  a  été  sau- 
vée, SAC1,  Bi'bJe,  Genèse,  xxxii,  30.  Un  prophète 
à  qui  Dieu  parlait  face  à  face,  Boss.  Hist.  ii,  3. 
Il  Proverbe.  Face  d'homme  fait  vertu,  ou  porte 
vertu,  c'est-à-dire  une  chose  n'en  va  que  mieux 
quand  on  y  est  présent  et  qu'on  s'en  occupe. 

—  IIIST.  XII'  s.  Aval  la  face  [l'eau]  lui  est  clcre 
coulée,  Donc.  p.  48,  Dame,  mar  vi  [je  vis  à  la 
maie  heure]  le  clair  vis  et  la  face  Où  rose  et  lis  (lo- 
rissent  chascun  jour,  Couct,  xi.  Cil  fu  bons  empe- 
rere;  Deus  li  duna  sa  grâce.  Saint  iglise  l'eshauce; 
U  veit  Deu  face  à  face,  I7i.  le  mort.  »t.  Mais  l'une 
de  ses  faces  comcnça  à  festrir,  Si  que  dedenz  la 
bûche  tresqu'as  denz  li  purri,  ib.  94.  ||  xur  s.  Acolé 
sont  estroitcment.  Douce  à  bouce  et  face  à  face, 
FI.  et  Bt.  2698.  La  vérité  a  maintes  fois  face  de 
mensonge;  et  maintes  fois  est  mençoigne  coverte 
en  semblance  de  vérité,  brdn.  latini,  Trésor,  p. 
347.  Il  xiv*  s.  Et  dient  les  expositeurs  que  tetragone 
«t  un  corps  quarré  comme  un  dey  et  a  six  faces, 
oaisHE,  Eth.  24.  Il  XVI*  s.  N'oser  regarder  en  face 
les  ennemis,  mout.  i,  «4.  Vous  avez  bien  la  face 
descouverte  ;  or  moy ,  je  suis  tout  face  [paroles 
d'un  sauvage  presque  nu],  id.  i,  26».  Brief,  haut 
et  bas,  en  face  et  à  dos,  k  dexlre  et  à  gauche,  nous 
sommes  assiégez  et  assaiUiz  de....  calv.  Iiistit.  701. 
U  ne  tint  plus  conte  de  ses  ennemis,  lesquels  de 
première  face  l'avoient  tant  effrayé,  id.  ib.  tto. 
Et  ainsi  les  reformez  commencèrent  quelque  face 
Jftçon]  de  siège,  d'aub.  llist.  n ,  437.  La  passion 
nu  cœur  m'apparoist  sur  la  face  :  La  face  ne  ment 
5?'IJ'>  «'•»'  le  miroucr  du  cœur,  bons.  273.  Face 
a abb«  [visage  enluminé],  n.  est.  Apol  pour  Hiro- 
"^  p.  »",  dans  LAcuiiNB,  Face  de  grand  turc  [le 
«omèn'l,  ovniN,  t)\et. 
-tm.  Picard,  fathe;  provenç.  fait,  fada, 


FAC 

fatia,  fâcha;  anc.  catal.  faç;  espagn.  fat;  porlug. 
face;  ital.  faccia;  du  latin  faciet.  Les  étymologistes 
ont  rapproché  faeies,  de  fax,  facU,  (lambeau,  et  du 
grec  fiai;,  apparition. 

t.  FACE,  ÉE  (fa-sé,  sée),  adj.  Usité  seulement 
dans  celte  locution  familière:  Être  bien  face,  avoir 
le  visage  plein,  une  noble  figure, 

-  f.TYM.  Face.  ,    „    ,    . 

5.  FACE,  ÉE  (fa-sé,  sée),  part,  passé.  Face  du 
premier  coup. 

FACER  (fa-sé.  Le  «  prend  une  cédille  devant  a  ou 
o:  façons),  v.  a.  Terme  du  jeu  de  bassettc.  Amener 
la  carte  sur  laquelle  un  joueur  a  mis  son  argent. 

FACÉTIE  (fa-sé-sie),  s.  f.  Discours,  acte  qui  tient 
le  milieu  entre  la  plaisanterie  et  la  bouffonnerie.  Dé- 
biter, faire  des  facéties.  Feu  Priam,  qui  n'était  pas 
sot,  Outre  mille  bonnes  parties.  Se  plaLsait  fort  en 
facéties,  scabron,  Virg.  vin.  Il  y  a  cent  facéties, 
cent  contes  qui  font  le  tour  du  monde  depuis  trente 
siècles,  volt.  Dict.  phil.  ana,  anecdotes.  L'histoire 
des  deux  voleurs  qui  venaient  toutes  les  nuits  pren- 
dre l'argent  du  roi  Rampsinitus,  et  de  la  fille  du 
roi  qui  épousa  un  des  deux  voleurs,  l'anneau  de 
Gygès  et  cent  autres  facéties  sont  indignes  d'une 
attention  sérieuse,  ID.  Défense  de  mon  oncle,  xxi. 

Hl.ST.  xvi*  s.  Parmy  les  jeux,  les  festins,  facé- 
ties, entretiens  communs  et  populaires,  mont,  iv, 

<2I. 

—  ÉTYM.  Lat.  facetta,  plaisanterie,  de  facetut, 
facétieux. 

FACÉTIECSEMENT  (fa-sé-si-eû-ze-man) ,  adv. 
D'une  manière  facétieuse.  Il  nous  a  conté  cela  facé- 
tieusement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Facetieusement  et  comme  par  rail- 
lerie, CARLOIX,  II,  16. 

—  ÉTYM.  Facétieuse,  et  le  suffixe  ment. 
FACÉTIEUX,    EUSE   (fa-sé-si-eû ,    eù-z'),    adj. 

Il  1*  Qui  a  le  caractère  de  la  facétie.  Un  conte  facé- 
tieux. N'est  qu'un  pur  stratagème,  un  trait  facé- 
tieux, Une  histoire  à  plaisir,  un  conte  de  Lélie.... 
MOL.  Et.  III,  2.  Il  U  se  dit  aussi  des  personnes.  Si  je 
n'avais  appris  que  quelques  beaux  esprits  facétieux 
se  réjouissent  aux  dépens  du  misérable,  scarron. 
Portrait  de  Scarron  fait  par  lui-même.  ||  2°  S.  m. 
Une  personne  facétieuse.  Enfin  tous  les  facétieux  de 
l'hôtellerie  se  réjouirent  sur  la  musique,  scarron, 
nom.  corn.  I,  46.  Il  Ton,  esprit  facétieux.  M.  du 
Maine  raconta  le  soir  chez  lui ,  avec  ce  facétieux  et 
cet  air  de  fine  plaisanterie  qu'il  possédait  si  bien, 
l'empire  que  ce  malotru  [qui  donne  un  élixir  au 
roi]  avait  pris  sur  la  médecine,  st-simon,  4(6,  247. 

—  HIST.  XVI*  s.  Encore  qu'il  fust  facétieux  et  eust 
grâce  à  parler,  il  ne  rioit  jamais  de  ce  qu'il  disoit, 
bouchkt,  dans  le  Dict.  de  dochez.  X  tous  nobles 
lecteurs  ayant  vouloir  et  affection  de  veoir  choses 
nouvelles,  plaisantes  et  facesoieuses,  Faifeu,  p.  )). 

—  ÉTYM.  Facétie. 

FACETTE  (fa-sè-f),  s.  f.  ||  1°  Petite  face;  un  des 
côtés  d'un  corps  à  faces  nombreuses.  Diamant  taillé 
à  facettes.  Et  font  jouer,  dans  l'ombre.  De  leurs  mi- 
roirs les  facettes  sans  nombre,  millev.  Charlem.  à 
Paiie,  ch.  ii.  ||  Fig.  Vous  regardez  les  biens  par  la 
facette  la  plus  désagréable,  sÉv.  437.  ||  Etre  à  fa- 
cettes, présenter  des  aspects  divers.  On  peut  juger 
de  lui  comme  on  veut  :  c'est  un  homme  à  facettes, 
encore  plus  que  les  autres,  m.  293.  Enfin  tout  est  à 
facettes:  on  l'aime  [M.  de  Grignan],  on  le  gronde, 
on  l'estime,  on  le  blâme,  on  l'embrasse,  on  le  bat, 
m.  422.  Il  Style  à  facettes,  style  qui  présente  des 
brillants  entrecoupés,  comme  les  facettes  d'un  dia- 
mant. Il  2*  Terme  d'anatomie.  Petite  portion  cir- 
conscrite de  la  surface  d'un  os.  ||  Terme  de  zoologie.  ' 
Yeux  à  facettes,  yeux  des  insectes,  composés  d'une 
multitude  de  lentilles  auxquelles  correspond  un  filet 
de  nerf  optique. 

—  HIST.  xm*  s.  Comme  rose  par  desous  lis  Est  sa 
facete  [petit  visage]....  Poésies  mss.  du  Vatican, 
n*t490,  f*tt6,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  face. 

FACETTÉ,  ÉE  (fa-sè-lé,  tée),  part,  passé.  Pierre 
bien  facettée. 

FACETTER  (fa-sè-té),  v.  a.  Terme  de  lapidaire. 
Tailler  à  facettes.  Facetter  un  diamant. 

—  ÉTYM.  Facette. 

FACHÉ,  ÉE  (fâché,  chée),  part,  passé.  ||  1*  Oui 
ressent  un  déplaisir  permanent  contre  quelqu'un  ou 
quelque  chose.  Je  regrette  fort  le  chevalier  d'Aidie; 
car  il  était  bien  fâché  contre  le  genre  humain,  volt. 
Lett.  d'Argental,  4  mai  476).  Je  suis  très-étonné, 
monsieur ,  que  vous  prétendiez  l'avoir  fâché  ;  car 
c'est  le  vieillard  le  moins  fâché  et  le  moins  fâcheux 
que  j'aie  jamais  vu,  id.  Lett.  Faucher,  26  juin  (769. 
Je  l'ai  vu  souvent  en  colère,  mais  je  ne  l'ai  jamais  I 


FAC 

vu  fâché,  j.  j.  nouss.  Confess.  vn.  ||2°  Peiné,  con- 
trarié. Ce  n'est  qu'une  conjecture,  répondis-je;  j'en 
suis  bien  fâché,  fohten.  Jug.  de  Platon.  On  est  fâ- 
ché pour  l'honneur  de  Virgile,  d'Horace,  d'Ovide, 
et  autres,  que  le  nom  de  Cicéron  ne  se  trouve  pas 
une  seule  fois  dans  leurs  ouvrages,  duclos,  Consid. 
Mœurs,  ch.  3.  ||  Il  se  dit  par  une  sorte  d'ironie  en 
certaines  phrases  familières.  Cela  ne  vous  contenta 
pas;  j'en  suis  bien  fâché.  Vous  ne  voulez  pas  venir; 
j'en  suis  fâché,  mais  j'irai  sans  vous.  ||  Populaire- 
ment. Fâché  de  la  peine,  se  dit  pour  demander 
pardon  à  quelqu'un  d'une  peine  qu'il  veut  bien 
prendre  pour  nous.  Mes  amis,  fâché  de  la  peine, 
Surtout  ne  tirez  pas  trop  bas,  bérang.  Vieux  eapo- 
rai.  Il  3°  Affligé.  Je  n'en  suis  fâchée  Que  d'avoir  vu 
par  là  votre  vertu  tachée,  corn.  Nicom.  m,  7.  Je 
fus  fâché  de  [la  mort  de]  l'abbé  d'Estrées  qui  était 
de  mes  amis,  st-sim.  482,  261. 

FACIIER  (fâ-ché),  V.  a.  ||  1°  Exciter  un  déplaisir 
permanent,  indisposer  fortement.  Il  ne  faut  fâcher 
personne Si  vous  me  fâchiez,  j'ajouterais  peut- 
être....  CORN.  Nicom.  III,  3.  Affable  à  tous  avec  di- 
gnité, elle  savait  estimer  les  uns  sans  fâcher  les 
autres;  et,  quoique  le  mérite  fût  distingué,  la  fai- 
blesse ne  se  .sentait  pas  dédaignée,  boss.  Duch. 
d'Orl.  Il  Familièrement.  .Soit  dit  sans  vous  fâcher, 
sorte  d'excuse  dont  on  se  sert  quand  on  veut  faire 
entendre  à  quelqu'un  que,  si  on  lui  dit  quelque 
chose  de  peu  flatteur,  ce  n'est  pas  pour  le  fâcher. 
Il  2''  Causer  du  déplaisir,  de  la  peine.  Votre  refus  l'a 
fâché.  Les  enfants  n'ont  l'âme  occupée  Que  du  con- 
tinuel souci  Qu'on  ne  fâche  pas  leur  poupée,  LA 
FONT.  Fabt.  IX,  6.  I!  est  vrai  qu'il  me  fâcherait  s'il 
parlait;  mais  il  serait  à  propos  qu'il  me  fâchât, 
MARiv.  Fausses  confid.  ii,  t3.  ||  Il  prend  aussi  pour 
sujet  un  nom  de  chose.  Une  chose  me  fâche,  c'est 
que  le  chevalier  Folard,  que  je  cite  dans  cette  his- 
toire, vient  de  devenir  fou;  il  a  des  convulsions  au 
tomlréaude  saint  Paris,  volt.  Ie«.  Formont,  <0  déc. 
i73(.  Il  3° Dans  le  style  élevé,  causer  de  la  douleur, 
de  l'indignation.  Te  dirai-je  un  penser  indigne,  bas 
et  lâche;  Je  l'étouffé,  il  renaît,  il  me  flatte  et  me 
fâche,  COBN.  Poly.  lu,  B.  Des  dieux  qu'a  pu  fâcher 
sa  vertu  trop  sévère,  id.  7/or.  v,  3.  Son  retour  me 
fâchait  plus  que  son  hyménée,  id.  Rodog.  u,  2. 
Nicomède,  en  deux  mots,  ce  désordre  me  fâche,  id. 
Nicom.  IV,  3.  Pour  moi,  je  l'avoûrai,  sa  trahison 
me  fâche,  th.  corn.  Ariarie,  v,  2.  Quoique  j'atten- 
disse il  y  a  longtemps  la  nouvelle  que  vous  m'avez 
mandée  [la  mort  de  Mme  de  Fontanges],  elle  n'a 
pas  laissé  de  me  surprendre  et  de  me  fâcher, 
LOUIS  XIV,  dans  Extr.  de  la  corresp.  de  la  fam.  de 
Noailles  (godefhot,  Lex.  de  Corneille).  \\  Fig.  Que 
faites-vous  pour  eux  [les  innocents  tués  par  Hérode], 
si  vous  les  regrettez?  Vous  fâchez  leur  repos,  et 
vous  rendez  coupables  Ou  de  n'estimer  pas  leurs 
trépas  honorables.  Ou  de  porter  envie  à  leurs  féli- 
cités, MALH.  I,  4.  Il  4*  Fâcher,  s'emploie  imperson- 
nellement avec  à,  et  signifie  il  est  pénible  k.  U 
me  fâche,  et  j'ai  dépit  que  notre  Démosthène  ait 
été  de  ces  gens-là ,  balz.  6*  discours  sur  la  cour. 
U  leur  fâche  d'avoir  admiré  sérieusement  des  ou- 
vrages que  mes  satires  exposent  à  la  risée  de  tout 
le  monde,  boil.  Disc,  sur  la  satire.  U  le  fâche  en 
ces  lieux  d'abandonner  ta  proie,  bac.  Milhr.  m.  i. 
Avec  ce  surcroît  de  princes  vrais  et  faux  dont  son 
fils  [à  Mme  d'EspinoyJ  était  environné  de  si  près, 
bien  leur  fâchait  de  ne  l'être  pas  aussi,  st-simon, 
69,  246.  Les  courtisans  enlèvent  du  produit  de  nos 
champs  le  plus  clair,  le  plus  net,  dont  bien  fâche 
audit  seigneur  roi,  p.  l.  cour,  i,  326.  ||  Avec  que  et 
le  subjonctif.  Il  leur  fâchait  qu'il  en  fût  ainsi.  ||  On 
trouve  aussi  l'indicatif.  U  leur  fâchait  qu'il  ne  di- 
clarait  pas  sa  toute-puissance,  boss.  Serm.  quinq. 
4.  Il  On  lit  dans  J.  J.  Rousseau  cette  phrase  :  Les 
Ximenès  et  les  Voltaire  peuvent  critiquer  la  Julie 
[la  Nouvelle  Héloise]  à  leur  aise;  ce  n'est  pas  à  eux 
qu'elle  est  curieuse  de  plaire;  et  tout  ce  qui  fâche  à 
l'éditeurde  leurs  cri  tiques,  c'est  qu'ils  les  fassentde  si 
loin,  Lett.  d  Mme  de  Luxemb.  i  766,  t.  xix.  p.  f  85,  édit. 
t824.  Cette  phrase  est  incorrecte;  c'est  fdcher  impei^ 
sonnel  qu'il  faut  ici.  ||  6"  Se  fâcher,  v.  rtfl.  Prendre  de 
l'humeur,  témoigner  un  vif  mécontentement.  Par 
adresse  il  se  fâche,  après  s'être  assuré,  corn.  Pomp. 
IV,  4.  Je  ne  me  fâche  jamais  que  l'on  m'écrive, 
boss.  Lett.  Corn.  t«.  Mme  de  Maintenon,  charmée 
du  roi,  ne  pouvait  se  fâcher  de  rien,  gknlis,  Mme 
de  Maintenon,  t.  I,  p.  204,  dans  pougens.  ||  6°  S'af- 
fliger. Ne  vous  fâchez  point  tant,  ma  très-chère 
madame,  mol.  Sgan.  46.  ||  S'irriter.  |!  Par  exten- 
sion. Votre  sang  est  trop  bon,  n'en  craignez  rien 
de  lâche.  Rien  dont  la  fermeté  de  ces  grands  cœurs 
se  fâche,  corn.  Uor.  ii,  e.  U  [Ctaude]  régna  toute- 


FAC 


FAC 


FAC 


1587 


fois,  bien  qu'il  se  fît  haïr,  Jusquà  ce  que  Néron  se 
fâcha  d'obéir,  corn.  Othon,  m,  5.  Tu  charmais  trop 
ma  peine;  et  le  ciel  qui  se  fâche  Me  vend  déjà  bien 
cher  ce  moment  de  relâche,  m.  Hor.  m,  *.  ||  7°  Se 
brouiller,  se  mettre  mal  avec  quelqu'un.  Ils  se  sont 
fâchés  sans  motif.  {|  Proverbe.  S'il  se  fâche,  il  aura 
deux  peines,  c'est-à-dire  il  aura  la  peine  de  se  fâ- 
cher et  puis  de  se  calmer,  on  se  rit  de  sa  colère. 

—  SYN.  FÂCHER ,  METTRE  EN  COLÈRE.  Mettre  en 
colère,  c'est  exciter  un  accès  décolère  qui  peut  ne 
laisser  aucune  trace  après  soi;  au  contraire,  ce  qui 
fâche  laisse  des  traces  qui  durent,  une  impression 
lenle  à  s'effacer. 

—  iHST.  XIV*  3.  La  femme  et  le  suppliant  se  fâchè- 
rent, DU  GANGE,  Sangulatus.  \\  xvi"  s.  Il  vous  dira 
vérité  de  plusieurs  chouses  dont  je  crains  par  leotre 
vous  ennuyer,  saichant  bien  les  affaires  que  vous 
avez ,  qui  ne  sont  pour  estre  faschés  de  petites 
chousps,  MARG.  Lett.  cxix.  Il  nous  fasche  qu'ils  nous 
marchent  sur  les  talons,  mont,  u,  li.  Son  valet 
e.stant  surchargé  d'argent,  illuy  ordonna  qu'il  ver- 
sast  là  ce  qui  luy  faschoit,  id.  ii,  4  24.  L'estre  mort 
ne  les  fasche  point,  mais  oui  bien  le  mourir,  m.  ii, 
385.  Je  me  desrobbe  aux  occasions  de  me  fascher, 
ID.  IV ,  71.  Les  plus  ambitieux  d'entre  les  Spartiates 
commenceoient  à  se  fascher  de  luy  pour  l'envie 
qu'ilz  luy  portoient,  amyot,  AU.  46.  Je  ne  le  co- 
gnois  point,  mais  il  me  fasche  de  l'ouir  ainsi  par- 
tout appeler  le  juste,  id.  Arist.  20.  Je  luy  ay  trouvé 
un  mary,  qui  ne  sera  pas  mal  à  propos  pour  elle, 
si  d'adventure  l'aage  ne  luy  fasche,  id.  Calon,  60. 

—  ÉTYM.  Prov.  fastigar,  dégoûter,  qui  a  donné 
fascher,  comme  masiicare  a  donné  mascher.  Fasti- 
gar vient  de  fastic,  fastig,  qui  représente  le  latin 
/astidhim,  dégoiît,  ennui  (voy.  fastidieux).  Cette 
étymologie,  donnée  par  Diez,  paraît  tout  à  fait  vé- 
ritable. Cependant  il  est  étonnant  que  fâcher  qui, 
s'il  vient  de  fastigar,  est  certainement  un  mot  an- 
cien, ne  se  trouve  pas  dans  les  vieux  textes  ;  mais, 
à  cela,  une  lecture  plus  étendue  peut  remédier 
en  le  fournissant. 

FACHERIE  (fâ-che-rie),  s.  f.  Ëtat  d'une  personne 
fâchée.  En  tout  cas,  ce  qui  peut  m'ôter  ma  fâcherie, 
C'est  que  je  ne  suis  pas  seul  de  ma  confrérie,  mol. 
Sgan.  se.  <  7.  Et  je  m'en  sens  le  cœur  tout  gros  de  fâ- 
cherie, id.  Éc.  des  mar.  ii,  6.  Les  grands  et  les  petits 
ont  mêmes  accidents ,  mêmes  fâcheries  et  mêmes 
passions  ,  pasc.  Vens.  i,  art.  o.  La  fâcherie  que 
nous  donne  quelque  perte  de  nos  biens,  boss.  Libre 
arh.  2.  Il  Brouille.  11  y  a  de  la  fâcherie  entre  eux. 

—  SYN.  fXcheeie,  humeur.  Entre  fâcherie  et  hu- 
meur on  peut  discerner  cette  nuance  :  la  fâcherie 
suppose  quelque  chose  qui  blesse  ou  qui  brouille  : 
Il  survient  une  fâcherie  entre  des  amis;  on  a  le 
cœur  gros  d'une  fâcherie;  la  perte  d'un  procès  nous 
cause  une  fâcherie.  La  mauvaise  humeur,  ou,  ab- 
solument, l'humeur  est  un  état  qui  suppose  plutôt 
une  contrariété  :  Il  avait  projeté  de  sortir;  voyant 
(|ue  la  pluie  commençait,  il  prit  de  l'humeur.  La 
fâcherie  a  quelque  chose  du  chagrin;  l'humeur  a 
quelque  chose  de  la  colère.  De  plus,  souvent,  l'hu- 
meur se  rapporte  à  la  disposition,  au  tempérament 
du  sujet. 

—  HiST.  xv  s.  Pourvu  qu'il  ne  vende  rien  De 
son  bien.  S'il  boit,  j'en  suis  resjouie;  Car  ai  tout 
au  long  du  jour  Son  amour,  Et  sommes  sans  fa- 
scherie,  basselin,  xxxvi.  ||  xvi"  s.  J'ai  perdu  des 

Kenfants,  mais  en  nourrice,  sinon  sans  regret ,  au 
Boins  sans  fascherie,  mont,  i,  310. 

—  ÉTYM.  Fâcher. 

t  FACHEUSEMENT  (fà-cheû-ze-man),  adv.  D'une 
manière  fâcheuse. 

—  HIST.  XVI'  s.  Socrates  eut  un  visage  constant, 
mais  serein  et  riant,  non  fascheusement  constant 
comme   le  vieil  Crassus,  qu'on  ne  veit  jamais  rire, 

mont.  III,   3)1. 

—  ÉTYM.  Fâcheuse,  et  le  suffixe  ment. 
FACHEUX,  EUSE  (fâ-cheû,  cheù-z'),  adj.  \\  1"  Qui 

fâche,  qui  cause  du  chagrin,  en  parlant  des  choses. 
Ce  fut  pour  empêcher  ce  fâcheux  hyménée  Que  Sy- 
phax  fit  la  guerre  à  cette  infortunée,  corn.  Sophon. 
I,  2.  Je  viens  vous  apporter  de  fâcheuses  nouvelles, 
ID.  Hor.  III ,  6.  Mais  n'examinons  point  ces  ques- 
tions fâcheuses,  id.  Sertor.  m,  2,  Je  ne  suis  point 
d'humeur  fâcheuse,  id.  Agésil.  iv,  4.  Rien  n'use 
tant  l'ardeur  de  ce  nœud  qui  nous  lie.  Que  les  fâ- 
cheux besoins  des  choses  de  la  vie,  mol.  F.  sav.  v, 
se.  dern.  Il  ne  lui  dit  rien  de  fâcheux  et  n'ose  le 
reprendre,  Boss.  ie».  62.  U  échappait  toujours  à 
tuther  quelque  mot  fâcheux  contre  Zuingle,  m. 
Yar.  I,  §  t.  De  quel  front  soutenir  ce  fâcheux  en- 
tretien? bac.  Brit.  II,  2.  Il  Fâcheux  à,  suivi  d'un 
infinitif.  Mais  ces  secrets  pour  vous  son*  ficheux  à 


comprendre,  corn.  Polyeucte,  v,  2.  Pardonnez-moi 
ce  mot,  il  est  fâcheux  à  dire,  id.  Nie.  iv,  3.  ||  Un 
air  fâcheux,  un  visage  fâcheux,  air,  visage  qui  an- 
nonce de  mauvaises  disposifions.  Il  n'a  pas  mau- 
vaise mine,  mais  il  a  pourtant  quelque  chose  de 
fâcheux  dans  le  visage,  hauteroche,  Crispin  méd. 

II,  4.  D'où  vient  ce  sombre  accueil  et  ces  regards 
fâcheux?  RAC.  Théb.  iv,  3.  ||  Il  est  fâcheux  de  ou 
que,  c'est  une  chose  triste,  regrettable  de,  que.... 
U  est  fâcheux  de  voir  de  telles  choses.  U  est  fâcheux 
que  vous  ne  vous  soyez  pas  trouvé  avec  nous.  Il  est 
fâcheux  que  les  moyens  de  prospérité  aient  été 
anéantis  par  l'impossibilité  où  se  trouvaient  peut- 
être  les  Espagnols  de  contenir  un  peuple  si  enclin 
aux  soulèvements,  raynal,  Jlist.  phil.v,  (6.  ||S. 
m.  Ce  qu'il  y  a  de  fâcheux.  Le  fâcheux  de  l'affaire 
est  que....  ||  2''  Pénible.  Un  chemin  fâcheux.  Un 
passage  fâcheux.  Les  incommodités  d'un  climat  fâ- 
cheux et  d'une  nourriture  grossière,  buffon,  Qua- 
drup.  t.  vn,  p.  2)9,  dans  pougens.  ||  3°  Qui  est 
d'humeur  difficile,  qui  gêne,  en  parlant  des  per- 
sonnes. Que  l'on  aille  égorger  ce  fâcheux  orateur, 
TRISTAN,  Mariane,  m,  6.  La  fâcheuse  [la  raison]  a 
pour  nous  des  rigueurs  sans  pareilles,  boil.  Sat.  iv. 
Et  n'ayant  point  au  trône  un  fâcheux  concurrent, 
RAC.  Théb.  1,3.  Fâcheux  pour  sa  maltresse  et  froid 
pour  ses  amis,  boissy,  Deh.  tromp.  ii,  6.  Sans  objet 
de  jalousie,  sans  raison  aux  yeux  du  monde,  je 
devins  fâcheuse,  parce  que  je  me  trouvais  à  plain- 
dre, genlis,  Thédt.  d'éduc.  l'Amant  anotiy.  i,  6. 
114°  Rigoureux,  sévère,  cruel  (dans  le  sens  élevé 
du  verbe  fâcher).  Cette  pensée  adoucit  les  peines 
de  la  sujétion;  et  sous  des  maîtres  fâcheux,  l'obéis- 
sance n'est  plus  fâcheuse  au  vrai  chrétien,  boss. 
Hist.  H,  6.  Après  ces  bienheureux  jours,  Rome  eut 
des  maîtres  fâcheux ,  et  les  papes  eurent  tout  à 
craindre  tant  des  empereurs  que  d'un  peuple  sédi- 
tieux, ID.  Polit,  vu,  VI,  )4.  ||S°  Importun,  incom- 
mode. Quel  fâcheux  personnage!  Que  tous  ces  jeu- 
nes fous  me  paraissent  fâcheux  !  mol.  Éc.  des  mar. 

III,  «.  Que  le  ciel  te  confonde,  Homme,  à  mon  sen- 
timent, le  plus  fâcheux  du  monde,  id.  Fâcheux, 
1,3.  Il  Substantivement.  Faut-il  qu'aujourd'hui  fâ- 
cheuses et  fâcheux  Conspirent  à  troubler  les  plus 
chers  de  mes  vœux?  mol.  Fdch.  u,  6.  Ahl  marquis, 
que  l'on  voit  de  fâcheux  tous  les  jours  Venir  de  nos 
plaisirs  interrompre  le  cours  1  id.  ib.  ii,  7.  Sous 
quel  astre,  bon  Dieu,  faut-il  que  je  sois  né  Pour 
être  de  fâcheux  toujours  assassiné?  id.  ib.  l,  ).  Au 
lieu  de  quatre  amis  qu'on  attendait  le  soir,  Quel- 
quefois de  fâcheux  arrivent  trois  volées,  boil.  Épit. 
VI.  Un  fâcheux  est  celui  qui ,  sans  faire  à  quelqu'un 
un  fort  grand  tort,  ne  laisse  pas  de  l'embarrasser 
beaucoup,  la  eruy.  Théophraste,  xx. 

—  HlST.  xvi"  s.  Ils  tenoient  leurs  chevaux  tous- 
jours  entravez,  tant  ils  estoient  fascheux  et  farou- 
ches, MONT.  I,  365.  Essayant  d'estoufl'er  dans  le  vin 
cette  fascheuse  pensée,  id.  ii,  37.  Or  fut  d'adven- 
ture l'hyver  fort  fascheux  et  maladif  en  Sardaigne, 
AMYOT,  les  Gracqucs,  34.  On  dit  que  Paracelse,  mé- 
decin allemand,  a  guery  grand  nombre  de  ladres 
par  le  moyen"  de  l'or  potable,  combien  qu'il  soit 
fascheux  à  croire  que  l'or  soit  médicamenteux  et 
alimenteux,  bouchet,  Séries,  liv.  m,  p.  292,  dans 
LÂCURNE.  Fascheux  à  ferrer  [homme  difficile  à  con- 
duire, à  persuader],  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Voy.  fAcher. 

FACIAL,  ALE  (fa-si-al,  a-1'),  adj.  \\  1°  Ternie 
d'anatomie.  Qui  appartient  à  la  face.  Nerfs  faciaux. 
Il  Angle  facial ,  voy.  angle.  ||  2°  Terme  de  théologie. 
Vision  faciale  ou  béatifique,  voy.  béatifique. 

— ÉTY.M.  Face;  provenç.  facial. 

FACIENDE  (fa-si-an-d') ,  s.  f.  Terme  vieilli.  Ca- 
bale, intrigue.  Ligurio,  qui  de  la  faciende  Et  du 
complot  avait  toujours  été,  la  font.  Mandrag.  Ca- 
voie  allait  souvent  dîner  avec  bonne  compagnie,  et 
la  plupart  gens  de  faciende  et  de  manège,  st-sim. 
))4,  267.  Fénelon  ne  pouvait  me  connaître  que  par 
autrui  ;  et,  à  la  façon  dont  j'étais  avec  les  deux  ducs, 
et  à  ce  que  je  voyais  Ubrement  de  cette  faciende  à 
Yaucresson,  il  ne  lai  pouvait  être  revenu  rien  qui 
lui  inspirât  cette  frayeur,  id.  365,  78. 

—  HIST.  XVI'  s.  Si  bien  qu'ils  sçavent  toutes  vos 
faciendes  et  à  Rome  et  à  Madrid,  Sat.  ile'n.  p.  91. 
Alin  que  telle  chose  ne  révoquant  les  hommes  de 
leurs  arts   et   faciendes    [occupations]....    paré, 

I,    )5. 

—  ÉTYM.  Latin  fictif,  faciendus,  devant  être  fait, 
de  facere,  faire;  espagn.  hociendo, ferme,  métairie. 
De  choses  à  faire,  le  sens  s'est  particularisé  en  ca- 
bale, manège. 

t  FACIES  (fa-si-ès'),  s.  m.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. L'aspect,  le  port,  la  physionomie  d'un  corps, 


tel  qu'il  se  présente  à  première  vue  et  avant  un  exa- 
men ultérieur. 

—  ÉTYM.  Lat.  faciès,  face. 

FACILE  (fa-si-1'),  adj.  ||-1»  Que  l'on  fait,  que  l'on 
obtient  sans   peine.   C'est  une   chose   facile.   Vic- 
toire facile.   Le  prince   doit,   par  sa  constance  et 
par  sa  fermeté,  rendre  aisé  et  facile  l'exercice  do 
la  justice,  BOSS.  Polit,  viii,   iv,    3.   Non,  je  crois 
tout  facile  à  votre  barbarie,  rac.  Bérén.  iv,  6.  Tu 
n'es  point  observé;  l'accès  t'en  est  facile,,  volt.  Or- 
phel.  I,  6.  J'admirais  cette  vie  et  si  douce  et  si  pure. 
Ce  facile  bonheurque  donne  la  nature,  Ducis,  Olhel' 
lo,  m,  4.  Qu'y  a-t-il  de  plus  difficile?  de  se  connaî- 
tre; de  plus  facile?  de  donner  des  avis,  barthél. 
Anach.  ch.  2».  ||  Cet  homme  est  de  facile  accès,  il 
est  aisé  de  l'aborder  et  de  l'entretenir.  ||  Avoir  le 
travail  facile,  travailler  vite  et  bien.  Agatharque  se 
vantait  d'avoir  le  travail  facile,  et  de  finir  promp- 
tement  ses  tableaux,  p.  l.  cour.  Lett.  11,  339.  ||  Au- 
teur facile,  auteur  que  l'on  comprend  sans  beaucoup 
de  peine.  Xénophon  est  facile.  Langue  facile,  langue 
qu'on  n'a  pas  beaucoup  de  peine  à  apprendre.  L'os- 
pagnol  est  facile  pour  les  Français.  ||  Impersonnelle- 
ment. Il  est  facile  de....  Il  n'est  pas  si  facile  qu'on 
pense  D'être  fort  honnête  homme  et  de  jouer  gros 
jeu,    DEsiiouL.  Itéflex.  xiv.  ||  Substantivement.   Ce 
qu'il  y  a  de  facile.   C'est  là  le  facile  de  la  chose. 
Il  2°  Facile   à....  en    parlant  des  choses,  avec  un 
verbeà  l'infinitif,  sedit  de  ce  qui  sefaitsans  peine; 
et  alors  le  verbe  prend  la  signification  passive.  Idée 
facile  à  concevoir.  Prix  facile  à  obtenir.  ||  Familière- 
ment. Cela  est  facile  à  dire,  sorte  de  reproche  qu'on 
adresse  à  ceux  qui  conseillent  ce  qu'ils  ne  feraient 
pas.  Cela  vous  est  bien  facile  à  dire,  et  vous  vous 
croyez  par  là  dégagé   de  payer  l'amende,    daix- 
court.   Femme   d'intrigues ,    v,    6.    ||  Facile  à.... 
en  parlant  des  personnes,  se  dit  en  un  sens  ana- 
logue. Il  se  rendra  facile  à  conclure  une  paix  Qui 
faisait  dès  tantôt  ses  plus  ardents  souhaits,  corn. 
Sertor.  v,  4.  De  véritables  gens  de  bien,   faciles  à 
recevoir  les  impressions  qu'on  veut  leur  donner, 
MOL.  Préf.  de  Tart.  Je  me  sens  sur  ce  point  trop 
facile  à  confondre,  boil.  Épit.  viii.  Ces  événements 
n'altéraient  que  faiblement  la  tranquillité  d'Henri  III, 
le  plus  facile  des  hommes  à  se  consoler,  anquet. 
Ligue,  it,  p.  )67.  j|Terme  de  manège.  Cheval  facile 
au  montoir,    qui  se  laisse  monter   sans   remuer, 
Il  3°  Terme  d'art  et  de  littérature.  Il  se  dit  des  com 
positions  qui  ne  sentent  point  la  gêne,  qui  se  déve- 
loppent sans  peine,  sans  effort.  Un  style  facile.  Des 
chants  faciles   et  expressifs.  Facile   ne  signifie  pas 
seulement  une  chose  aisément  faite,  mais  encore 
qui  paraît  l'être;  le  pinceao  du  Corrége  est  facile, 
le  style  de  Quinault  est  beaucoup  plus  facile  que  ce- 
lui de  Despréaux,  comme  le  style  d'Ovide  l'emporte 
en  facilité  sur  celui  de  Perse,  volt.  Vict.  phil.  Fa- 
cile. Ce  drame  lyrique  de  Quinault  fut  comme  tout 
ce  qui  sortait  alors  de  sa  plume,  tendre,  ingénieux, 
facile,  IB.  Comment.   Corneille,  Andromède,  préf. 
Il  4°  Qui  fait  sans  peine,    qui    crée,   qui   produit, 
exécute  aisément.  Un  génie  facile.  Un  talent  facile. 
Desportes  n'est  pas  net,  Dubellay  trop  facile,  Ré- 
gnier, Sat.  IX.  Je  n'ai  point  l'heureux  don  de  ces  es» 
prits  faciles  Pour  qui  les  doctes  sœurs,  caressantes, 
dociles.  Ouvrent  tous  leurs  trésors,  J.  B.  Rouss.  Od& 
ou  comte  du  Luc.  ||  On  dit  de  même  une  plume  fa- 
cile. Un  crayon  facile.  Un  ciseau,  un  burin  facile. 
Il  B°  Traitable.  Ces  féroces   humains....  Vont  d'un 
esprit  moins  fier  et   d'un  cœur  plus   facile  Sous 
notre  joug  heureux  baisser  un  front  docile,   volt. 
Alz.  I,  ) .  Il  En  parlant  des  choses.  Les  mers  qui  bai- 
gnent cette  longue  côte  sont  faciles,  ouvertes,  dé- 
barrassées de  tous  les  obstacles  qui  pourraient  gê- 
ner  la  navigation,    raynal,   Hist.   phil.   xm,   9. 
Il  6°  Il  se  dit  des  dispositions  morales  commodes  aux 
autres  comme  les  choses  faciles. Comte....  Soigneux 
de  ma  fortune  et  facile  à  mes  vers,  Régnier,  Sat.  11. 
....Saluez ces  pénates  d'argile;  Jamais  la  ciel  ne  fut 
aux  humains    si  facile   Que  quand    Jupiter    même 
était  de  simple  bois,  la  font.  P/iit.  et  Bauc.  L'on 
désirerait  de  ceux  qui  ont  un  bon  cœur  qu'ils  fus- 
sent  toujours    pliants ,    faciles ,  eomiilaisants ,    la 
BRUV.  XI.   D'une  mère   facile  affectez   l'indulgence, 
RAC   Brit.  1,    2.  Déjà  même  les  dieux   nous  sem- 
blaient plus  faciles,  volt.  Œdipe,  i,  1 .  Il  m'aime,  il 
est  facile,  il  craindra  devant  moi  D'armer  lo  déses- 
poir d'un  gendre  tel  que  toi,  ID.  Rotice  sauvée,  m, 
3.  Pour  les  séditieux  César  toujours  facile  Conserva 
en  nos  périls  un  courage  tranquille,  id.  ib.  iv,  î. 
Facile   et  non  pas   faible,  ardent,  plein  de   génie. 
Trop  ami  dos  plaisirs,  et  trop  des  nouveautés,  m. 
llenr.  vu.  ||  Un  homme  facile  à  vivre,  un  homme 
dont  l'humeur  est  égale  et  accommodante.  ||  Il  se 


I 


4588  KAC 

dit  4«  «kMW  «tan»  I»  n>«ma  •«•.  »  eonnalmit  le» 
àmniJu^d,  U  jusllc:  l'un  hcil.  .  »n.  le  pre- 

hul  eooeluf..-  «)«.  /»  Ï-'W-X--  *  '«  '«ile  «u.l,ence 
d«  e*  *«•  migUirâl  et  pir  1»  Iranquilliléda  »on  fa- 
T.,r«bl«  riMge,  uneliiiB«(!itée!U!calm»il,iD.  ib.  Sa 
Cusile  bofilé.urion  froiil  répandue  Jusqu'au»  moin- 
dre» déiaiN  »l  d'abord  descendue,  «*c.  Brit.y,  i. 
Ah  !  j'ai  quili*  lie»  dieu»  dont  la  lionlé  facile  Me 
iierineiiait  U  mort,  la  mort  mon  seul  asile,  volt. 
Alt-  V,  'II**  ('articulièrement.  Qui  manque  de  la 
rermel  néce«aire,  qui  se  laisse  aller  i  une  in.lul- 
genee .  à  une  complaisance  excessive.  C'est  un  homme 
trop  facile;  on  lui  fait  faire  ce  qu'on  veut.  Je  ne 
l'aurai»  pas  cru  si  facile.  Ahl  parle,  est-il  bien  vrai 
que  cet  audacieux  D'un  père  trop  facile  ait  surpris 
Il  fa  I  blesse  T  VOLT.  rancT.lii,  <.||En  mauvaise  part, 
femme  facile,  femme  qui  cède  facilement.  ||  Au 
xvii'  siÊcle  on  disait,  sans  aucun  sens  défavorable, 
d'une  femme  qu'elle  élait  facile,  pour  signifier 
qu'elle  faisait  un  twn  accueil.  A-t-elle  été  facile? 
Son  hommage   auprès  d'elle  al-il  eu   plein  effet? 

CORH.   Olhon,  II,    t laissons  celle  causeuse; 

Qu'elle  suit  A  ton  choix  facile  ou   rigoureuse,   id. 
Mil.  V.  ». 

—  8YN.  !•  Ai««,  FACILE.  Étymologiquement,  facile 
est  ce  qui  «e  fait  sans  peine  (de  facere,  faire);  aisé 
est  ce  qui  a  ou  donne  de  l'aise.  Girard  a  bien  ex 
primé  celte  nuance:  Le  premier  rie  ces  mots  exclut 
proprement  la  peine  q'ii  naît  des  obstacles  et  des 
oppositions  qu'on  met  à  la  chose:  et  le  second  ex- 
clut la  peine  ipii  naît  de  l'éiai  môme  de  la  cho.se; 
ainsi  l'on  dit  que  l'entrée  est  facile  lorsque  personne 
n'arrête  au  passage;  et  qu'elle  est  aisée  lorsqu'elle 
est  large  et  commode  à  passer.  ||  2*  facilb,  kaible. 
Un  homme  facile  est  en  général  un  esprit  qui  se 
rend  sans  peine  à  la  raison,  aux  remontrances,  un 
cn-ur  qui  se  laisse  fléchir  aux  prières;  et  faible  est 
celui  qui  laisse  prendre  sur  lui  trop  d'autorité,  volt. 
Piet.  phil. 

—  HIST.  XVI"  s.  Tant  s'en  fallait,  que  les  femmes 
fussent  faciles,  que  l'on  ne  sçavait  anciennemenl  i|ue 
c'esloii  que  d'adultère,  AMYOT.  Lyc.  3i.  Il  esloit<loulx 
et  privé  arec  ses  familierseï  amis,  facile  à  pardonner 
quand  on  l'avoil  courroucé,  tn.  Pxjrrhus,  I7. 

—  ÉTYM.  Uii.facilis,  aisé  à  faire,  de /'ocere,  faire. 
t'acile  est  récent  et  fait  sur  le  lalin  ;  si  cet  a  ijectif 
a  existe  dans  l'ancienne  langue,  il  s'est  riit/e/e, 
comme  frtU  de  frugilis. 

FACILE.MKrrr  (fa-si-le-man).  aiv.  Avec  facilité, 
«ans  peine.  Quand  il  [Théodose]  était  ému  par  un 
sentiment  plus  vif  île  col6re,  c'est  alors  qu'il  se  por- 
tait plus  facilement  à  la  clémence,  boss.  Polit,  viii, 
T,  ».  Les  princes  oublient  facilement  la  vertu  et  les 
aervices  d'un  homme  éloigné,  bollin,  Jlùl.  anc. 
(JKuiTM,  t.  viii ,  p.  H,  dans  poi  GENS. 

—  HIST.  xvi«  s.  Eslre  le  premier  île  la  Grèce,  c'est 
facilement  estre  le  premier  du  monde,  mont.  t.  ji, 
p.  7Aa,  dans  lacurnr. 

—  ETYM.  fari(e,  et  le  suffixe  ment. 

i.  FACILITÉ  (fa-si-li  lé),  *.  f.  \\  !•  Qualité  de  ce 
qui  est  facile.  La  facilité  d'un  travail.  La  facilité 
d'un  morceau,  d'un  passage.  ||  Absence  d'obslacle. 
La  facil'té  de  sortir,  d'enlrer.  Cela  se  peut  faire 
avec  facilité.  Ne  te  figure  point  d'impossibilité  Où  tu 
fais,  «i  tu  veux,  trop  de  facilité,  corn.  Théod.  v, 
3  II  J»  Au  p/ur.  Moyen  d'arriver  à  un  but.  Les  fa- 
cilités que  nous  avons  apportées  pour....  pasc.  l'rov. 
».  Je  ne  songerai  plus  qu'à  vous  donner  toutes  les 
facilités  pour  revenir,  sÉv.  8S.  Vous  apportez  toutes 
les  facilités  possibles  à  l'union,  boss.  Un.  56.  On 
agite  de  nouveau  l'affaire  qui  les  avait  obligés  de 
s'assembler;  les  conjurés  en  représentent  les  avan- 
tages et  les  facilités,  vertot.  liévol.  rom.  xu,  p.  au7. 
Où  tant  de  justes  ont  trouvé  les  facilités  d'une  vie 
sainte  et  fidélo,  mais.  Car.  Hot.  de  conv.  Vous  vous 
promettez  que  la  suite  apportera  à  ce  changement 
de»  faciliiés  que  vous  ne  tiouvez  pas  aujourd'hui, 
ID.  Pam'gyr.  SI  JeanBaptùle.  Ce  corps  a  établi  le 
siège  de  ses  affaire»  à  Gothenbuurg,  dont  la  position 
offrait  pour  l'expédition  de»  hàtimenut,  pour  la  vente 
de»  m.irchandise».  des  facilités  que  refusaient  les 
autres  port»  du  loytume,  raynal,  //i>(.  pint.  v,  8. 
Il  Terme  de  (in;inces  et  do  commerce.  Délai  accordé 
*  un  acheteur,  à  un  débiteur  pour  le  layement.  Les 
faciliiè»  du  cominerw.  Ses  créancieri  lui  donnèrent 
d»  facilité».  Il  Au  siiig.  Vendre  avec  facilité  pour  le 
ptjemsnL  ||  »•  Disp.,»ition  à  faire  quelipie  chose 
«os  peine  ni  effort.  Il  t  une  gl-ande  facilité  à  par- 
ler. R«  mouvoir  avec  facilité.  Ecrire  avec  facilité, 
ncilué  k  mal  faiie.  Il  ne  se  déHait  pas  de  sa  trop 
Urand.  facbié  k  écrire,  facilité  que  M.  Despréaux 
n  âvail  point  eiqu,  doit  être  l.ujour. -quand 


FAC 

ce  n'est  point  le  fhiit  d'un  long  exercice,  olitbt, 
Wi'xf.  Arad.  t.  Il,  p.  118,  dans  pouoens.  Personne 
ne  niera  que  Pétrarque  n'ait  rendu  de  grands  ser- 
vices il  la  poésie  lUlienne,  et  qu'elle  n'ait  acquis, 
sous  sa  plume,  de  la  facilité,  de  la  pureté  et  de  l'é- 
légance, VOLT.  Aux  auuurt  delà  gai.  lilt.  ||  Absolu- 
ment. Aptitude  i  concevoir,  à  produire,  à  travailler 
sans  effort».  Cet  enfmt  n'a  aucune  facilité.  Ce  peintre 
a  beaucoup  de  facilité.  Acquérir  de  la  facilité.  Tant 
il  a  de  facilité  dans  l'esprit,  sév.  4i>6.  J'aime  tou- 
jours le  P.  Ha|iin;  c'est  un  bon  et  honnête  homme; 
il  était  soutenu  du  P.  Bourdaloue ,  dont  l'esprit 
est  charmant  et  d'une  facilité  fort  aimable,  id.  Leit. 
28  ocl.  1885.  Il  On  dit  dans  le  môme  sens  facilité 
desprit,  de  conception.  Facilité  d'élocution.  Faci- 
lité d'exécution,  de  composition,  de  pinceau,  etc. 
Tout  le  monde  admirait  son  activité;  et  ses  ennemis 
même  ne  pouvaient  disconvenir  de  l'étundue  et  de 
la  facilité  de  son  esprit,  veriot,  Rérvl.  rom.  ix, 
p.  337.  Il  4°  Manière  facile  dont  une  chose  est  ou 
semble  faite.  Son  style  a  de  la  grâce  et  de  la  facilité. 
Cela  est  écrit  avec  facilité.  On  a  des  vers  du  duc  de 
Nevers,  du  comte  Antoine  d'Hamilton,  né  en  France, 
qui  respirent  tantôt  le  feu  poétique,  tantôt  la  douce 
facilité  du  style  épistobûre,  volt.  Cons.  à  un  jour- 
naliste. Sensible  à  l'harmonie  de  ses  beaux  vers  [de 
Quinaiilt],  charmé  de  l'élégante  facilité  de  son  style, 
je  ne  lisais  jamais  les  belles  scènes  de  f'roserpiiie, 
de  Thésée  et  d'Armide,  qu'il  ne  me  prît  envie  de 
faire  un  opéra,  marmontel,  if(?m.  iv.  ||  6°  Condes- 
cendance, complaisance.  Il  est  d'une  grande  faci- 
lité en  affaires.  Sa  facilité  à  y  consentir  me  surprit. 
Et  sa  facilité  vous  doit  bien  faire  voir  Qu'elle  cherche 
un  combat  qui  force  son  devoir,  corn.  Ctd,  v,  4. 
Votre  facilité  se  trouverait  punie,  ID.  Tois.  d'or,  i, 
I.  Des  longs  ennuis  où  ce  retard  l'expose,  Par  ma 
facilité  je  me  trouve  la  cause,  th.  corn.  Ariane, 
m,  I.  La  facilité  du  Sauveur  du  monde  à  la  rece- 
voir et  à  lui  remettre  ses  péchés,  bourdal.  Car.  m, 
Conrers.  de  itagdel.  m.  Sa  justice,  sa  prudence, 
la  f.icilité  qu'il  apportait  aux  affaires  lui  méritaient 
la  vénération  et  l'amour  de  tous  les  peuples,  boss. 
le  Tellier.  Et  nos  seuls  ennemis,  altérant  sa  bonté, 
Abusaient  contre  nous  de  sa  facilité,  rac.  liril.  v, 

3 Nous  engagea  tous  deux  par  sa  facilité  À  la 

laisser  jouir  de  sa  crédulité,  id.  Bujai.  i,  4.  Le 
peuple  abusera  de  ta  facilité,  volt.  il.  de  Ces.  i,  4. 
Un  pardon  trop  aisé  doit  me  rendre  suspect;  Que 
pourra-t-il  penser  de  ma  facilité?  la  chaussék, 
Préj.  à  la  mode,  v,  6.  ||  Manque  de  fermeté,  com- 
plaisance, indulgence  excessive.  C'est  votre  facilité 
qui  est  cause  dd  ce  désordre.  Ce  grand  roi  [David] 
eut  aussi  trop  d'indulgence  pour  les  entreprises 
d'Absalon  et  d'Adomas....  et  son  excessive  facilité 
eut  les  suites  qu'on  sait  assez,  boss.  Polit,  viii,  iv, 
I  ( .  Encore  qu'il  [Constantin]  eût  quelquefois  un  peu 
trop  de  facilité,  il  avait  beaucoup  de  zèle  pour  la 
religion,  flêch.  Hist.  de  Théodose,  u,  8.  ||  Facilité 
de  mœurs  ou  de  caractère,  disposition  naturelle  à 
s'accommoder  sans  peine  avec  tout  le  monde.  Au 
nom  de  l'amitié,  soyez  moins  épineux  dans  la  so- 
ciété ;  c'est  la  douceur  des  mœurs,  la  facilité  qui 
en  fait  le  charme,  volt.  Lett.  d'Argens,  (752.  Mais 
cet  air  de  grandeur  était  tempéré  par  la  douceur  et 
la  facilité  de  ses  mœurs,  vertot,  Hérol.  rom.  xui, 
p.  m.  Il  Kacilité  se  dit  aussi  d'une  femme  qui  se 
laisse  aller  sans  trop  de  résistance. 

—  SYN.  facilité  de,  facilité  K.  Avec  de,  c'est 
la  possibilité  qui  est  laissée  de  faire  une  chose  sans 
peine;  avec  à,  c'est  la  disposition  naturelle  qui  per- 
met de  faire  une  chose  sans  peine  :  pour  un  pri- 
sonnier, que  retient  un  geôlier  peu  vigilant,  facilité 
de  s'échapper;  pour  un  prisonnier  hardi,  indus- 
trieux, entreprenant,  facilité  à  s'échapper.  La  faci- 
lité d'apprendre,  c'est  quand  on  est  en  position, 
lieu,  place  où  il  est  facile  d'apprendre;  la  facilité  à 
apprendre,  c'est  quand  on  apprend  vite  par  une 
heureuse  disposition. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  debonnaireté  et  facilité  de 
complexion,  mont,  i,  i97.  La  facilité  et  les  inven- 
tions d'Ovide  m'ont  ravi  aultrefois,  id.  ii,  toi.  Sa 
facilité  de  se  pouvoir  ainsi  aiséeiient  tourner  d'une 
façon  de  vivre  en  une  autre,  amyot,  AU.  47. 

—  ÉTYM.  Provenç.  facilitai;  espagn.  facilidad; 
ital.  facilita;  du  latin  facililalem,  de  facilit,  facile. 

2.  FACILITÉ,  ÉK  (fa-si-li-té,  tée),  part,  passé. 
Le  passage  des  troupes  facilité.  La  digestion  facilitée 
par  quelques  toniques.  ||  Terme  de  musique.  Facilité 
s'écrit  au-dessus  de  la  ligne,  quand,  un  passage  de 
chant  et  surtout  une  roulade  étant  difficiles,  le  com- 
positeur donne  une  variante  plus  simple. 

FACILITER  (fa-si-li-té),  c.  a.  Rendre  facile, 
moins  difficile.  Mais  pour  faciliter  d'auUnt  mieux 


FAÇ 

l'entreprise,  cor!«.  Nicom.,  v,  B.Il  [Louis XIV]  pourra 
la  [la  paix]  faciliter,  en  se.relicbant  des  conditions 
que  ses  victoires  et  ses  cona'-êtes  semblent  autori- 
ser, sans  déro^'er  à  la  gloire,  haintenon.  Lrtt.  d 
Mme  de  S(  Géran,  ib  mai  I8»7.  Pourlui  faciliter  de 
si  doux  entretiens,  bac.  Brit.  m,  8.  Et  de  faciliter 
l'accès  du  rang  suprême  Au  malheur,  à  la  plainte, 
à  la  liberté  même,  M.  i.  ciiÉ.s.  Tilière,  m.  i. 

—  HIST.  xvi'  s.  U  se  mit  incontinent  à  luy  facili- 
ter la  jouissance  de  ses  amours,  amvot,  Fab.  4:t. 

—  ÊTYM.  Facili';  ital.  facilitare.  On  trouve  foci- 
liser  dans  une  traduction  du  Prince  de  Kachiaiel, 
p.  32  (dans  lacuhne).  Pasquier,  Itech.  p.  603,  dans 
lacurne,  met  faciliter  au  rang  des  mots  nouvelle- 
ment introduits. 

FAÇON  (fa-son),  s.  f.  |{  1"  Action  de  faire;  usité 
en  ce  sens  seulement  avec  la  préposition  de,  dans 
le  style  familier,  et  signifiant  par  le  fait  de  quel- 
qu'un, par  son  œuvre.  Il  doit  lancer  contre  elle  un 
trait  de  ma  façon,  tbistan,  Kariane,  ii,  3.  ce  hé- 
ros de  ma  façon,  corm.  Ex.  de  Nicom.  Je  disais,  en 
voyant  des  vers  de  sa  façon,  mol.  His.  i  i.  Le» 
uns  ne  voulaient  point  de  Dieu  ;  les  autres  nous  en 
donnaient  un  de  leur  façon,  m*ss.  Carême,  Véritt 
de  la  religion.  Les  œuvres  de  notre  choix,  nous 
nous  y  prêtons  avec  complaisance;  c'est  un  joug  de 
notre  façon  qui  ne  nous  blesse  jamais,  id.  Carême, 
Culte.  Il  substitue  à  la  véritable  idée  des  choses  un 
fantôme  de  sa  façon,  id.  Or.  fun.  Villeroy.  ||  De  U 
façon  de,  se  dit  aussi  de  l'enfant  fait  à  une  femme. 
Mais,  monsieur,  entre  nous,  quand  de  votre  façon 
Vous  aurez,  s'il  se  peut  encor,  garçon  ou  fille.... 
begnard.  Distrait,  i,  4.  Honoria  était  déjà  grosse 
de  la  façon  d'un  de  ses  domestiques,  volt.  Kœurt, 
4 1.  Il  2°  Travail  de  l'artisan  qui  a  fait  quelque  chose. 
Payer  la  façon  d'un  habit.  Il  peut  y  ajouter  là  une 
matière]  des  couleurs  et  de  la  façon  par  le  dessus, 
mais  non  pas  lui  donner  aucune  bonté  intérieure, 
balz.  De  la  cour,  2*  dt'sc.  Tout  montre  combien  la 
façon  de  l'ouvrier  surpasse  la  vile  matière  qu'il  a 
mise  en  œuvre,  fên.  Exist.  29.  Il  en  connaissait  un 
[tailleur]  qui  avait  des  mœurs,  qui  se  contentait  de 
.ses  façons,  sans  escamoter  le  moindre  morceau  de 
drap,  LEsAGE,  Guzm.  d'Alfar.  vi,  (.[Si  le  coiffeur 
n'intervenait  pas,)  nos  têtes  seraient  mal  de  la  façon 
de  l'auteur  de  notre  être,  J.  i.  bouss.  Ém.  i.  ||  À  façon, 
se  (lit  d'un  travail  qu'un  ouvrier  accomplit  chez  lui 
pour  un  patron  qui  fournit  la  matière.  Un  ouvrier  à 
façon.  Prendre  à  façon.  Travail. er  à  façon.  ||  Il  se  dit 
aussi  de  celui  qui  achète  lui-même  des  étoffes.  Je 
donne,  je  fais  faire  mes  habits  à  façon.  ||  terme  de 
construction.  Bois  à  façon,  bois  que  l'on  fournil 
à  l'entrepreneur.  ||  Au  plur.  Les  apprêts  que  l'oi: 
fait  subir  à  certains  objets  po.ir  les  employer  L'ap- 
pétit dispenserait  des  façons,  t.  i.  Rouss.  £in.  iv.  La 
moitié  des  équipages  reste  à  terre  pour  donner  à  la 
morue  les  façons  dont  elle  a  besoin,  l'autre  moitié 
s'embarque  sur  les  bateaux,  ravnal,  Hist  phil. 
XVII,  13.  Il  3°  Terme  d'économie  politique.  Chacun» 
des  opérations  destinées  à  créer  ou  à  accroître  l'u- 
tilité d'un  produit;  ou  chaque  degré  d'élaboration 
d  un  produit  accompli  par  un  producteur  dilléient. 
Toutes  les  fois  qu'une  façon  ne  contribue  pas  à 
créer,  ou  bien  à  augmenter  la  valeur  d'un  produit, 
elle  n'est  pas  productive,  i.  b.  say,  Épitomé,  façons 
productiles.  Toutes  ces  différentes  ventes,  tous  ces 
achats  ont  été  nécessaires  pour  que  le  coton  du 
Brésil  filt  porté  en  robes  de  toile  peinte;  ce  sont 
autant  de  façons  productives  données  à  ce  produit; 
et  plus  ces  façons  auront  été  rapides,  plus  cett» 
production  se  sera  faite  avec  avantage;  mais  si, 
dans  une  même  ville,  on  achetait  et  vendait,  plu- 
sieurs fois,  une  même  année  durant,  la  même  mar- 
chandise sans  lui  donner  une  nouvelle  façon,  cette 
circulation  serait  funeste  au  lieu  d'être  avantageuse, 
et  augmenterait  les  frais  au  lieu  de  les  éparguer, 
ID.  Traité,  I8M,  p.  (50.  ||  4°  Manière  dont  on  fait 
une  chose,  forme  qu'on  lui  donne.  La  façon  de 
celle  étoffe  est  belle.  Il  a  un  habit  d'une  façon 
tonte  particulière.  ||  En  bonne  façon,  suivant  lei 
règles,  bien  conditionné.  C'est  un  contrat  en  forl 
bonne  façon,  rac.  Plaid,  m,  4.  {|  Venu  à  sa  der- 
nière façon,  achevé.  Un  livre  parvenu  à  .sa  der- 
nière façon ,  Mém.  de  Trév.  dans  deskontaines. 
Il  Façon  à  la  reine,  manière  de  tailler  les  pièces  de 
verre  et  de  les  arranger  pour  former  une  vitre.  ||  Fa- 
çon de  compte,  la  somme  que  le  roi  allouait  autre- 
fois à  un  comptable  pour  la  reddition  de  ses  cojip- 
tes.  Il  Terme  de  pratique  ancienne.  La  façon  d'un 
arrêt,  le  travail  d'un  greffier  pour  dresser  un  arrêt, 
l|  6"  Terme  d'agriculture.  Opération  qui  a  poul 
but  le  travail,  l'ameublissement  de  la  terre.  Le! 
labours,   hersages,   etr    «ont  des  façons.  Doun  l 


FAÇ 

une  première,  une  seconde  façon  à  la  vigne,  aux 
champs.  Mettre  les  terres  en  état  de  rendre  tout 
ce  qu'on  en  peut  attendre,  quand  elles  ont  eu 
toutes  les  façons  nécessaires,  vauban,  /)ime,  p.  68. 
Il  Fi^.  Donner  une  façon  à  la  vigne  du  Seigneur, 
travailler  à  la  propagalion  de  doctrines  qu'on  juge 
bonnes.  J'espère  qu'il  pourra  encore,  comme  il  le 
dit,  donner  quelque  façon  à  la  vigne  du  Seigneur, 
d'alemb.  Lett.  ou  roi  de  Prusse,  9  avril  *^^3. 
il  6°  Terme  de  marine.  Les  façons  d'un  bâtiment, 
les  courbes  données  à  la  carène,  à  l'avant,  à  l'ar- 
rière. Il  Ligne  ou  lisse  des  façons,  celle  qui  fait  le 
tour  de  la  carène  en  passant  par  l'extrémité  de  toutes 
les  vaiangues.  ||  7°  Manière,  .sorte.  C'est  sa  façon. 
On  en  parle  d'une  façon  étrange.  Une  épître  à  la 
façon  de  Boileau.  Revenant  à  examiner  l'idée  que  j'a- 
vais d'un  êlre  parfait,  je  trouvais  que  l'existence  y 
était  comprise  en  même  façon  qu'il  est  compris  en 
celle  d'un  triangle  que  ses  trois  angles  sont  égaux  à 
deux  droits,  df.sc.  Méth.  iv,  6.  Accoutumés  à  ne  rien 
considérer  qu'en  s'imaginant,  qui  est  une  façon  de 
penser  particulière  pour  les  choses  matérielles,  ID. 
ib.  IV,  6.  Et  de  quelle  façon  punissez-vous  l'offense.  Si 
vous  traitez  ainsi  les  vœux  de  l'innocence?  corn. 
//or.  III,  t.  Sans  dessein  de  justifier  la  façon  dont  je 
l'ai  fait  parler  [Chimène]  en  français,  ID.  Ci'd,  Avert. 
La  façon  de  donner  vaut  mieux  que  ce  qu'on  donne, 
ID,  Ment.  I,  t.  Kt,  de  quelque  façon  que  l'on  me 
considi're,  m.  Cinna,  i,  2.  De  la  façon  enfin  qu'a- 
vec toi  j'ai  vécu,  id.  ib.  v,  t.  Et  de  quelle  façon 
est-ce  écouter  des  vœux  Qu'obliger  un  amant  à 
travailler  contre  eux  ?  iD.  Perthar.  n,  2.  Monsieur 
le  mort,  laissez-nous  faire;  On  vous  en  donnera  de 
toutes  les  façons;  Il  ne  s'agit  que  du  salaire,  la 
FONT.  Fabl.  VII,  n.  On  obtient  tout  de  mol  quand 
on  s'y  prend  de  la  bonne  façon,  mol.  Préc.  8.  Et 
qu'enfin  tout  le  mal,  quoique  le  monde  glose. 
N'est  que  dans  la  façon  de  recevoir  la  chose,  iD. 
Éc.  des  femmes,  iv,  8.  La  vilaine  façon  de  parler 
que  voilà!  ID,  Mar.  forcé,  (6.  Hélas!  de  la  façon 
qu'il  parle,  serait-il  bien  possible  q\i'il  ne  dit  pas 
vrai?  ID.  Mal.  im.  i,  4.  Il  semble,  de  la  façon  que 
vous  parlez,  que  la  vérité  dépende  de  notre  volonté, 
PAsc.  Prov.  8.  Je  suis  heureux  autant  qu'un  vieux 
malade  peut  l'être  ;  votre  façon  d'être  heureux  est 
d'une  espèce  toute  différente,  volt.  Lelt.  Chabanon, 
20  nov.  (767.  Quand  il  s'agit  de  faire  parler  les  pas- 
sions, tous  les  hommes  ont  presque  les  mêmes  idées; 
maisla  façon  delesex|>rimerdislinguel  hommed'es- 
prit  d'avec  celui  qui  n'en  a  point,  ID.  Mariamne, 
Préface.  Si  c'était  pour  négocier  la  paix,  il  viendrait 
ici  faire  une  bonne  oeuvre;  car  nous  en  avons  grand 
besoin,  à  la  façun  dont  nous  faisons  la  guerre,  d'a- 
lemb. iett.  au  roi  de  Prusse,  3o  juillet  i7Ht.  Que 
tous  ces  impôts  qu'on  lève  surnous  en  tant  de  façons 
vont  en  leur  poche  [des  courtisans]  et  non  pas  dans 
celle  du  roi,  p.  l.  cour.  Aux  dmes  dévotes.  ||  En 
toutes  façons,  à  tous  égards.  Ce  qu'on  voit  dans 
l'histoire  sainte  est  en  toutes  façons  plus  remar- 
quable :  la  force  prodigieuse  d'un  Samson....  boss. 
Jlist.  I,  6.  Il  De  toute  façon,  quoi  qu'il  en  .soit,  en 
dépit  de  tout.  Il  faudra  bien,  de  toute  façon,  que 
vous  y  consentiez.  ||  En  façon  du  monde,  avec  une 
négation,  signifie  nullement.  Je  fus  d'autant  plus 
obligé  à  Marin  que  je  ne  le  connais.sHis  en  façon  du 
monde,  st-sim.  i,  29.  ||  Familièrement.  S'en  donner 
de  la  l)onne  façon,  bien  manger,  faire  une  grande 
dépense,  mener  grand  train.  X  ce  repas  il  s'en  est 
donné  de  la  bonne  façon.  Depuis  qu'il  a  fait  cet  hé- 
ritage, il  s'en  donne  de  la  bonne  façon.  ||  Familiè- 
rement. En  donner  de  la  bonne  façon  à  quelqu'un, 
le  maltraiter  en  actions  ou  en  paroles.  Si  vous  lui 
tombez  sous  la  main,  il  vous  en  donnera  de  la  bonne 
façon.  C'est  un  traître,  un  parjure.  Qu'un  autre 
traiterait  de  la  bonne  façon,  la  chaussée,  Préjug. 
à  la  mode,  iv,  t3.  ||  On  dit  de  même  de  la  belle 
façon.  Oh!  je  vais  la  tancer  d'une  belle  façon,  do- 
BAT,  Feinte  par  amour,  ii,  2.  |1  Familièrement.  Des 
gens  d'une  certaine  façon,  des  gens  d'un  certain 
rang.  Vous  savez  qu'une  fille  aussi  de  sa  façon  Donne 
avec  un  jeune  homme  un  étrange  soupçon,  mol. 
Éc.  des  femmes,  v,  2. 118°  Façon  d'agir,  manière  de 
se  comporter.  Votre  façon  d'agir  le  fait  assez  con- 
naître, CORN.  Pomp.  Il,  3.  Il  Façon  de  faire,  môme 
sens.  Les  façons  de  faire  des  Grecs,  vaugel.  Q.  C. 
612.  Il  y  a  longtemps  que  vos  façons  de  faire  don- 
nent à  rire  i  tout  le  monde ,  mol.  Bourg,  gent.  m,  3. 
L'usage  a  préféré  façon  de  faire  à  manière  de  faire 
et  manière  d'agir  à  façon  d'agir,  la  bruy.  xiv.  ||  Fa- 
çon de  voir,  opinion,  idée  qu'on  se  fait.  Devons- 
nous  assurer  que  ces  qualilès  soient  les  seules  que  la 
matière  ait  en  effet,  ou  plutôt  ne  devons-nous  pas 
croire  que  ces  qualités  que  nous  prenons  po'"  des 


FAÇ 

principes  ne  sont  autre  chose  que  des  façons  de 
voir?  buff.  Hist.  des  anim.  ch.  3.  ||  Façon  de  pen- 
ser, pensées  que  l'on  a,  jugement  que  l'on  porte. 
Je  lui  ai  dit  franchement  ma  façon  de  penser.  ||  Fa- 
çon de  parler,  de  dire,  manière  dont  on  s'exprime. 
Vos  façons  de  parler  me  font  tant  de  plaisir  que 
j'en  oublie  presque  ce  que  j'ai  à  vous  dire,  mari- 
vaux,  l'Épreuve,  se.  8.  Soldat  pendant  longtemps, 
aujourd'hui  paysan,  comment  saurais -je  donner 
aux  vices  des  noms  aimables  et  polis?  peut-être 
aussi  ne  le  voudrais-je  pas,  s'il  était  en  moi  de  quit- 
ter nos  rustiques  façons  de  dire  pour  vos  expres- 
sions, vos  formules,  p.  l.  cour.  Procès,  t.  ii,  p.  77. 
Il  Façon  de  parler,  phrase,  locution.  Cette  façon  de 
parler  est  mauvaise ,  nouvelle.  Ce  sont  façons  de  par- 
ler obligeantes  de  ce  pays-là,  mol.  Bourg,  gentilh. 
IV,  6.  Il  Fig.  C'est  une  façon  de  parler,  c'est-à-dire 
ce  oui  est  dit  ne  doit  pas  être  pris  à  la  rigueur.  Vous 
n'avez  regardé  cet  engagement  que  comme  une  fa- 
çon de  parler,  genlis,  Mlle  de  Clermonl ,  p.  67,  dans 
F>onGENs.  Il  On  dit  aussi  par  façon  de,  et,  elliptique- 
ment, dans  le  langage  familier,  façon  de.  Je  lui 
dis,  façon  de  plaisanter,  que  je  ne  voulais  plus  le 
voir.  Il  Façon  d'être,  manière  de  se  conduire.  Nous 
n'eûmes  ni  lieu  de  nous  plaindre,  ni  lieu  de  nous 
louer  de  notre  façon  d'être  ensemble,  marmon- 
TEL,  Mém.  IV.  Il  9"  Manière  propre  d'un  écrivain, 
d'un  artiste.  La  seconde  façon  d'un  auteur  est  la 
critique  de  la  première,  olivet,  Hist.  Acad.  t.  ii, 
p.  184,  dans  P0U0ENS.  ||0n  dit  dans  le  même  sens 
façon  de  faire.  Un  jeune  homme  doit-il  être  le  co- 
piste de  la  façon  de  faire  de  ces  auleurs?  Marivaux, 
dans  DESF0NTAINES.  Il  10°  Une  façon  de....  se  dit  de 
ce  qui  n'a  guère  que  l'apparence.  C'est  une  façon 
de  bel  esprit.  Ce  ne  sont  plus  rien  que  des  idées  ou 
des  lanlômes,  des  façons  de  chevaux,  mol.  l'Av. 
m.  6.  Je  ne  suis  qu'une  façon  de  musicien,  regnard. 
Sérénade,  se.  2C.  Une  façon  de  secrétaire  que  j'ai 
amené  avec  moi,  espèce  de  rimailleur,  fait  des  vers 
sur  cette  aventure,  volt.  Lett.  d'Argental,  23  sept. 
<7B0.  Il  11°  L'air,  le  maintien,  le  port  d'une  personne. 
Monsieur  un  tel  a  fort  bonne  façon.  Certes,  ou  je  me 
trompe,  oudéjA  la  victoire.  Qui  son  plus  grand  hon- 
neur de  tes  [lalmes  attend,  Est  aux  bords  de  Charente 
en  son  haliit  de  gloire  Pour  te  rendre  content;  Que  sa 
façon  est  brave  et  sa  mine  assurée!....  halh.  ii,  12. 
Voici  venir  quelqu'un  d'assez  pauvre  façon, Régnier, 
Sat.  VIII.  Sa  mine,  ses  façons,  tout  me  le  rend  suspect, 
nAUTEROCHE,  Bourg.  de  quai,  iv,  7.  Bien  fait  et 
beau,  d'agréable  façon,  la  font.  Aveux.  Je  me  tour- 
nai vers  mon  janséniste,  et  je  vis  bien  à  sa  façon 
qu'il  n'en  croyait  rien,  pasc.  Frov.  4.  ||  Familière- 
ment. N'avoir  ni  mine  ni  façon,  en  parlant  d'une 
personne,  être  sans  grâce  et  sans  maintien.  En  par- 
lant d'une  chose,  n'avoir  |)oint  de  mine,  et  aussi, 
figurément,  être  absurde,  sans  rime  ni  raison.  Ce  que 
vous  avez  fait  n'a  ni  rime  ni  façon.  ||  Use  dit  aussi, 
dans  un  sens  analogue,  de  l'apparence  de  certaines 
choses.  Ce  rôti,  cet  habit  a  bonne  façon,  mauvaise  fa- 
çon. Il  12°,4up!u»".  Il  se  dit  des  manières, des  procédés 
dont  on  use.  Les  enfants  ont  de  petites  façons  qui  plai- 
sent. Lui  voir  les  mêmes  petites  façons  qu'elle  fai- 
sait à  l'autre,  sÉv.  t63.  Onditquevoilàcomme  il  fau- 
drait vivre  dans  le  monde  et  non  pas  comme  tels  et 
tellesàqui  la  dévotion  a  gâté  l'esprit, et  qui  décrient 
la  véritable  piété  par  des  façons  sauvages  et  des  sin- 
gularités indiscrètes,  mass.  Carême,  Mauv.  riche. 
J'avais  des  grâces  et  de  petites  façons  qui  n'étaient 
point  ordinaires,  mabiv.  JWan'onne  ,  <"  part.  Vous 
êtes  un  insolent,  je  ne  suis  point  faite  à  ces  façons- 
là,  voisenon,  Hist.  de  la  sultane  Grisemine,  OEuv. 
t.  V,  p.  65,  dans  pouGENS.  Il  Faire  des  façons  à  quel- 
qu'un, l'inviter,  l'agacer.  Quelque  façon  qu'on  me 
fasse  pour  m'y  faire  retourner,  sév.  77.  ||  13°  Ma- 
nières affectées,  ton.  C'est  une  femme  pleine  de  fa- 
çons. Celles  qui  font  tant- de  façons  n'en  sont  pas 
estimées  plus  femmes  de  bien,  mol.  Critique,  3. 
Je  pourrais  vous  demander  si  ce  ne  sont  pas  ici  les 
façons  du  rang  et  de  la  naissance  plutôt  que  des  be- 
soins réels,  MASS.  Carême,  Jeûne.  ||  Faire  des  fa- 
çons, prendre  un  air  affecté,  se  donner  un  air  de 
réserve  et  de  pruderie.  Prenez  bien  garde,  vous, 
à  vous  déhancher  comme  il  faut,  et  à  faire  bien  des 
façons,  MOL.  Impromptu,  3.  Souvenez- vous  des  fa- 
çons, pour  n'en  jamais  faire,  eoissy.  Français  à 
Londres,  se.  (4.  ||  14'  Politesses  cérémonieuses, 
manière  gênanle  de  témoigner  ses  égards,  .sa  ré- 
serve. X  force  de  façons  il  assomme  le  monde,  mol. 
Mis.  II,  5.  Mon  Dieu,  que  de  façons!  gardez  la  ba- 
gue puisque  monsieur  le  veut,  id.  Avare,  m,  12. 
Il  Familièrement.  Ne  faites  point  tant  de  façons,  ou, 
simplement,  point  tant  de  façons,  c'est-à-dire  faites, 
sans  dJ"«   de   cérémonies,  la  chose  dont  il  s'agit. 


FAÇ 


1589 


Point  de  façon,  je  vous  conjure;  Entrons  vite  dans 
la  maison,  mol.  Amph.  m,  6.  {|  Sans  façon,  sans 
cérémonie.  Un  dîner  sans  façon.  Metiez-vous  à  table 
avec  nous  sans  façon.  Madame,  vous  savez  nue  j'a- 
gis sans  façon,  th.  corn.  Baron  d'Albikrac,  m,  •. 
Il  allaitsouperavec  lui  sans  façon,  hamilt.  Gramm. 
7.  J'accepte  sans  façon  l'offre  que  vous  me  faites, 
DANCOURT,  Trahison  punie,  m,  2.  ||  Un  homme  sans 
façon,  un  homme  simple,  non  cérémonieux  en  ses 
manit''res.  Mais  ce  président  sans  façon  Ne  pérore 
ici  qu'en  chanson,  bérano.  Acad.  et  cav.  ||  Sans  fa- 
çon, se  prend  substantivement  au  masculin  et  si- 
gnifie conduite  simple,  non  cérémonieuse,  ou  qui  va 
ju.squ'au  familier  déplacé.  On  le  regardait  sous  le 
nez  avec  un  sans  façon  qui  l'indignait.  ||  15°  Diffi- 
cultés pour  se  décider,  pour  consentir.  Qu'elle  y 
fait  de  façons!  CORN.  Ment,  iv,  6.  Votre  plus  court 
sera,  madame  la  mutine.  D'accepter  sans  façon 
l'époux  qu'on  vous  destine,  mol.  Sgan.  I.  Ah!  je 
vous  entends,  voilà  l'affaire,  que  diable,  pourquoi 
tant  de  façons?  Monsieur,  le  mystère  est  découvert, 
ID.  V Amour  méd.  i,  3.  Que  de  sottes  façons  et  que 
de  badinages!  id.  MHic.  I,  3.  La  femme  fit  quelque 
peu  de  façons,  la  font.  Rém.  Ils  ne  font  point  tant 
de  façons  pour  se  marier,  sév.  126.  On  dit  que  cette 
dernière  [une  dame]  est  repnussée  [n'est  pas  faite 
dame  d'honneur  de  la  Dauphine],  parce  quelle  a 
fait  trop  de  façons  et  trop  de  propositions,  id.  397. 
....Hé!  faut-il  tant  tourner  autour  du  pot?  ....Poiir 
moi,  je  ne  sais  point  tant  faire  de  façon,  rac.  Plaid, 
m,  3.  Ce  ne  fut  pas  sans  beaucoup  de  façons  qu'il  y 
consentit, HAMI  lt.  Gramm.  3.  Des  barbons  qui  font  des 
façons  à  la  porte  du  néant,  volt.  Lett.  en  vers  et  en 
prose,  <60.  Il  Ne  pas  faire  façon  de,  ne  pas  hésiter 
à,  sur.  Pour  moi,  je  n'en  fais  pas  de  façons,  mol. 
Mis.  IV,  t.  Mme  de  Brissac  et  le  chanoine  dînent  ici 
fort  souvent;  comme  on  ne  mange  que  des  viandes 
fort  simples,  on  ne  fait  nulle  façon  de  donner  à 
manger,  sév.  278.  Ne  faites  point  de  façon  de  m'en- 
voyer  les  commissions,  id.  303.  Elle  en  fit  bien 
quelque  façon  d'abord,  HAMILT.  Gramm.  9.  ||  16°  Soin, 
attention,  circonspection.  Cela  ne  mérite  pas  qu'on 
apporte  tant  de  façons.  On  ne  fait  pas  tant  de  façon 
à  la  réception  d'un  laquais,  J.  ).  rouss.  Conf.  m.  La 
comtesse:  Quoi!  Suzon,  il  voulait  te  séduire?  — 
Suzanne  :  Oh  que  non;  monseigneur  n'y  met  pas 
tant  de  façon  avec  sa  servante;  il  voulait  m'acheter, 
BEAUMAFiCH.  Mar.  de  Fig.  11,  <■  ||  U  y  faut  plus  de 
façon,  cela  exige  plus  d'effort,  de  temps.  Pour 
qu'un  homme  soit  peintre,  il  y  faut  plus  de  façon 
[que  pour  qu'il  soit  général],  p  L.  cour.  Letl.  11,  223. 
Il  Sans  plus  de  façon,  sans  autre  façon,  incontinent, 
sans  s'arrêter.  Ils  lavent  leurs  enfants  à  la  mer  sans 
autre  façon,  J.  j.  bouss.  Èm.  1.  \\  Ne  pas  chercher 
de  façons  à  une  chose,  passer  sans  hésiter  par-des- 
sus les  difficultés  qu'elle  présente.  Tout  ceci  sent  un 
peu  la  comédie,  mais,  avec  lui,  on  peut  hasarder 
toute  chose;  il  n'y  faut  point  chercher  tant  de  fa- 
çons, MOL.  Bourg,  gent.  m,  t4.  Il  y  en  a  d'autres 
qui  font  du  mariage  un  commerce  de  pur  intérêt.... 
ces  personnes-là  à  la  vérité  n'y  cherchent  pas  tant 
de  façons,  et  regardent  peu  la  personne,  id.  Mal. 
im.  II,  7.  Je  leur  entendais  dire  d'excellentes  cho- 
ses; mais  ils  les  disaient  avec  si  peu  d'effort;  ils  y 
cliun^haient  si  peu  de  façon....  mabivaiix,  Marianne, 
4°  part.  Il  Faire  les  façons  d'une  chose,  en  prendre 
la  peine.  Si  vous  ne  le  voulez  pas,  trouvez  bon  que 
je  n'en  fasse  pas  les  façons,  sÉv.  37.  ||  17°  Ornement 
broché  à  l'extrémité  des  coins  d'une  paire  de  lias. 
Il  18°  Par  façon,  pour  faire  comme  le  veut  l'usage. 
Ce  précieux  baume  la  guérit  pendant  la  nuit  parfai- 
tement.... et  ce  n'est  que  par  façon  qu'elle  a  pris  un 
jour  de  repos,  sév.  Ii44.  L'union  conjugale  n'est  que 
par  façon  et  pour  la  forme  dans  la  comédie,  boss. 
Lett.  t8).  Il  19°  De  la  façon,  loc.  adv.  De  cette  fa- 
çon. Et,  de  la  façon,  quoiqu'elles  soient  chastes, 
elles  [les  Muses]  ne  laissent  pas  d'être  publiques, 
BALZ.  liv.  VII ,  lett.  )  t .  Vous  vous  plaignez,  armez  et 
frappez  à  la  fois;  Est-ce  de  la  façon  qu'on  demande 
ses  droits?  roth.  Antig.  11,  2.  Ah!  je  vous  connais, 
lui  dis-je,  Ingrat  et  cruel  garçon;  Faui-il  que  qui 
vous  olilige,  Soit  traité  de  la  façon?  la  font.  Amour 
mouillé.  On  se  rirait  de  vous,  Alceste,  tout  de  bon. 
Si  l'on  vous  entendait  parler  de  la  façon,  mol.  Mis. 
I,  1.  Il  20°  De  façon  que,  ou  de  telle  façon  que,  loc. 
conj.  avec  l'indicatif,  si  bien  que,  tellement  que. 
Il  [le  héron]  l'ouvrit  [le  bec]  pour  bien  moins;  tout 
alla  de  façon  Qu'il  ne  vit  plus  aucun  poisson,  la 
FONT.  Fabl.  VII,  4.  Il  De  façon  que,  ou  de  telle  façon 
que,  loc.  conj.  avec  le  subj.  Vivre  de  façon  qu'on  ne 
fasse  tort  à  personne.  ||  Ces  deux  locutions  se  distin- 
guent en  ce  que  la  première  indique  que  le  résultat 
est  obtenu;  la  seconde,  qu'il  est  à  obtenir  :  U  ir^- 


♦  590 


FAC 


filU«deraeoD  qu'il  p«ut  rlrre,  c'eat-à-dlre  que  son 
muilX  Tlrre;  !l  tr..«ille  de  façon  qu'il  puisse 
iître. o'e*-à-(lirequ'll  toit  .e. efforts  pour  ylvre  de 
•on  tr.»«.l.  Il  «•  I»o  f»?""  *'  '<"■  P''"'?''*""»'  ^'f 
rinBuieif,  de  telle  façon  que....  Conduisez-vous  de 
tooon  »  »ou»  fsiro  ïlmer. 

—  sri».  1"  MÇON,  MAKitRK.  Il  est  très-difflcile  d  é- 
l>lilir  une  nuance,  14  où  Ils  se  touchent,  entre  ces 
deui  mots,  qui  pourtant  viennent  d'étymologies  tris- 
différentes,  puisque  façon  c'est  le  mode  de  faire 
ou  d'être  hit,  et  manière,  le  mode  de  tenir  ou 
(l'être  tenu  dans  la  main ,  à  la  main.  Ouand  on  dit  : 
Je  m'y  prendrai  d'une  autre  façon,  ou  je  m'y  pren- 
drai d'une  autre  manière,  on  ne  note  aucune  diffé- 
rence effective.  ijaTAçoNS,  «ANIÊBES.  Manières  aun 
peu  plus  de  généralité  que  façons;  il  se  dit  aussi 
bien  des  grandes  manières  que  des  petites  manières; 
façons  ne  se  dit  guère  que  des  petites  manières.  La- 
fr.ye  cite  deux  phrases  de  Saint-Simon  qui  indique 
avec  précision  la  nuance  :  Barbesieux  avait  les  ma- 
nières d'un  grand  seigneur,  et  les  façons  les  plus 
polies;  et  :  Harcourt  mariait  merveilleusement  l'air, 
'e  langage  et  les  manières  de  la  cour  et  du  grand 
monde  avec  les  propos,  les  façons  et  la  liberté  mi- 
litaire. Le  maniéré  est  celui  qui  affecte  des  ma- 
nières; le  façonnier  est  celui  qui  affecte  des  façons. 
Oi'int  au  style,  on  dit  un  style  maniéré,  et  non 
un  style  façonnier. 

—  HIST.  xu*  8.  Oyng,  dist  il,  ton  chief,  et  ta  fa- 
ceon  [face]  levé,  ST  bernaed,  66*.  Eslevez  de  joye 
vos  mains  devant  la  fazon  nostre  Seigneur,  car  il 
vient,  ID.  t>3o.  Cors  [ill  ot  bien  fait  et  clere  la  fazon, 
Itone.  p.  20,Escuz[ils|  ont  painz  de  diverses  façons, 
ib.  p.  (32.  [Tous]  Fier  et  hardi,  armé  d'une  façon 
[d'une  même  façon],  tb.  p.  (86.  ||  xiv*  s.  Bien  [il] 
recognut  Bertran,  quant  il  vit  sa  façon;  Adont  is- 
nellemcnt  esta  son  chapperon,  Guescl.  *31H. 
Il  xv  s.  Si  vous  le  voyez,  vous  diriez  bien  :  cel 
homme-ci  a  bien  façon  et  ordonnance  d'estre  droit 
homme  d'armes,  fboiss,  ii,  m,  7.  Et  en  icelle  ren- 
contre, au  nombre  des  morts,  y  furent  trouvez  des 
gens  de  façon  et  de  bonne  maison,  jean  de  troyes, 
Chron.  («05.  Et  me  semble  que  ung  sage  personnage 
qui  aura  povoir  de  dix  mille  hommes  et  façon  de  les 
entretenir  est  plus  à  craindre  que  ne  seroient  dix 
qui...  COMM.  I,  <8.  Alors  madame  luy  dist:  Et  qu'est 
cecy,  maislre?et  que  veultdire  ceste  façon? Jc/i.  de 
Satntré,  ch.  3.  ||  xv:*  s.  Il  ne  prétend  nulle  part,  en 
façon  que  ce  soit,  que....  calv.  Inslil.  S3.  En  telle 
façon  que....  [avec  le  subj.],  mont,  i,  26.  De  façon 
que....  IB.  «6,  Combien  a  la  mort  de  façons  de  sur- 

f)rinsol  id.  i,  73.  Voulant  leur  persuader  de  laisser 
eur  façon  et  prendre  celle  des  Grecs  [pour  les  sépul- 
tures], ID.  i,  tt7.  Nous  rencontrasmes  un  gentil- 
homme de  bonne  façon,  in.  ii,  44.  Loyaux  cousts 
sont  entendus,  frais  de  lettres,  labourages,  semen- 
ces, façons  et  réparations  nécessaires,  loysel,  40o. 
De  deux  en  deux  ans  les  façons  [des  habits]  chan- 
gent, et  les  fiiut  renouveler,  et  qui  ne  s'y  accom- 
mode est  mocqué,  langue,  (62.  C'est  grand  mer- 
veille de  quoy  ils  n'ont  plustost  pris  nos  façons  de 
faire,  qui  sont  meilleures  que  les  leurs,  id.  404.  Ils 
firent,  prendre  à  leurs  soldats  plusieurs  façons  ro- 
maines, tant  aux  armes  qu'en  la  discipline]  m.  405. 
[Celui  qui]  monstrant  sans  esloffe  beaucoup  de  fa- 
çon, cherche  sa  gloire  au  mespris  de  son  sujet, 
d'aub.  llist,  II,  4«7. 

—  ÊTYM.  Bourguign.  faiçon;  picard,  fachon;  pro- 
venç.  faisio;  aisi.facciô;  espagn./occiora;  portug. 
^«ilio;  ilal.  faiione;  du  lat.  facUonem,  pouvoir  de 
faire.  Façon,  venant  de  faire,  a  pris  sans  peine 
tous  les  sens  qu'il  a  ou  qu'il  a  eus,  même  celui  de 
mine,  visage;  pourtant  il  est  possible  que  le  Jatin /■<;- 
eies  ait  agi  pour  donner  anciennement  à  façon  le 
sens  de /ace;  mais,  en  aucun  cas,  façon  ne  peut 
venir  de  ^ocies ,  il  vient  de  facUonem, 

FACONDE  (fa-kon-d'),  s.  f.  ||  !•  Facilité  à  parler 
d'abondance.  Peu  usité  en  ce  sens  qui  est  le  sens 
propre  et  qui  a  vieilli.  ||  2*  Loquacité,  incontinence 
de  paroles.  Derrière  chaque  siège  exerçant  sa  fa- 
conde ,  Et  d'un  vague  intérêt  fatiguant  tout  le 
monde,  deullb,  Conrers.  ii. 

—  HIST.  XIV*  s.  [Je]  no  quier  veoir  la  biauté  d'Ab- 
«alon,  Ne  d'Uliies  le  sens  et  la  faconde,  machaut, 
p.  (32.  Il  XV*  ».  J'ay  peu  science,  moins  faconde,  Et 
encor  prudence  mineur;  Et  vous  me  clamez  ser- 
viteur Digne  pour  estre  on  Ubie  ronde,  ch.  d'orl. 
Jtondeau  dt  Cad  ter. 

«.Zi.rY'  ,''''°^^"Ç-  e'  ospagn.  rocundio;  ital.  fa- 
Z^^L  *"  l»»/aeund.o,  de  /-acundt^v,  qui  a  de  la 


FAÇ 

t  FAÇONNAGE  (fa-so-na-j'),  s.  m.'Art  de  façon- 
ner un  ouvrage  quelconque. 

FAÇONNÉ,  ÉE  (fa-so-né,  née),  pari,  passé. 
Il  1*  Oui  a  reçu  une  façon.  Un  ouvrage  grossière- 
ment-façonné.  La  table  où  l'on  servit  le  champêtre 
repas  Fut  d'ais  non  façonnés  à  l'aide  du  compas, 
LA  FONT.  Phil.  el  nauc.  Sur  une  table  longue  et  fa- 
çonnée exprès,  D'un  tournoi  de  basselle  ordonner 
les  apprêts,  boil.  Sol.  x.  Si  peu  que  l'esprit  des 
femmes  s'élevât  au-dessus  de  la  préoccupation  des 
modes,  elles  auraient  bientôt  un  grand  mépris  pour 
les  habits  d'une  figure  trop  façonnée,  fén.  t.  xvii, 
p.  OB.  Les  ouvrages  les  plus  façonnés  du  gothique, 
ID.  dans  le  Dict.  de  poitevin.  H  2°  Fig.  l'orme  à.  La 
plupart  des  Parisiens,  nés  sous  le  règne  de  Louis, 
et  façonnés  au  joug  despotique,  regardaient  alors 
un  roi  comme  une  divinité  et  un  usurpateur  comme 
un  sacrilège,  volt.  Louis  XIV,  16.  Les  commu- 
nes ignorantes ,  sans  l'habitude  des  affaires ,  fa- 
çonnées à  un  long  esclavage,  Mirabeau,  Collec- 
tion, 1. 1,  p.  205.  Il  Formé  au  monde.  Le  marquis  est 
fortfaçonné.sÉv.  495.  ||  3» Étoffe  façonnée,  étoffe  qui 
a  reçu  des  ornements,  qui  est  tissée  de  manière  à 
former  des  dessins,  se  dit  par  opposition  à  étoffe 
unie,  et  surtout  des  étoffes  de  soie.  ||  S.  m.  L'un  des 
deux  genres  primitifs  de  la  fabrique  de  Lyon  :  le 
façonné  et  l'uni. 

t  FAÇONNEMENT  (fa-so-ne-man),  î.  m.  Action 
de  façonner,  de  donner  la  façon;  résultat  de  celte 
action.  Le  façonnement  d'un  ouvrage. 

—  HIST.  Façonnement,  cotgrave. 

—  f.TYM.  Façonner. 

FAÇONNER  (fa-so-né) ,  v.  a.  ||  1°  Travailler  une 
chose,  lui  donner  une  façon,  une  forme  particu- 
lière. Façonner  un  morceau  de  bois.  L'or  qui  naît 
au  Pérou,  l'or  qui  naît  à  la  Chine,  Ont  la  même 
nature  et  la  même  origine;  L'artisan  les  façonne 
et  ne  peut  les  former,  volt.  Loi  nat.  part.  (.  ||  Fa- 
çonner du  bois  qui  vient  d'être  abattu,  l'ébrancher, 
le  scier  de  manière  qu'il  puisse  être  vendu.  On  a 
laissé  Blondeau  abattre  et  façonner  tout  le  bois, 
p.  L.  COUR.  I,  142.  Il  2°  Donner  la  dernière  façon  à 
un  ouvrage  ,  y  ajouter  des  ornements.  Façonner  un 
vase,  une  étoffe.  ||  3°  Terme  d'agriculture.  Façonner 
un  champ,  une  vigne,  leur  donner  les  labours  con- 
venables, les  façons.  Les  tempêtes  des  comices  don- 
nèrent alors  tant  de  distractions  aux  bourgeois,  que 
les  terres  n'en  furent  que  médiocrement  façonnées, 
LE  p.  CATROU,  dans  DESF0NTAINES.  Vous  savez  com- 
ment je  vivais  chez  nous,  toujours  travaillant,  la- 
bourant ou  façonnant  ma  vigne,  et  chantant  la  ven- 
dange ou  le  dernier  sillon,  p.  l.  cour.  2*  lettre 
particià.  ||  4"  Fig.  Former  les  mœurs,  l'esprit.  L'u- 
sage du  monde  l'a  façonné.  On  façonne  les  hommes 
par  l'éducation.  [Un  oncle]  Que,  depuis  quatre  mois, 
le  marquis,  son  neveu.  Malgré  tant  de  leçons  a  fa- 
çonné si  peu,  LANGUE,  Coquette,  i,  3.  ||  En  mau- 
vaise part.  [Elle]  Façonnait  aux  forfaits  ce  cœur 
jeune  et  facile,  volt.  Uenr.  n.  ||  Terme  de  manège. 
Façonner  un  cheval,  lui  donner  une  allure  régulière 
et  gracieuse.  ||  5°  Accoutumer.  Je  l'ai  façonné  à  mes 
manières,  Dict.  de  l'Acad.  ||  6°  Y.  n.  Faire  des  diffi- 
cultés, des  façons  pour  exécuter  une  chose.  Jeunes 
coeurs,  croyez-moi,  laissez-vous  enflammer;  Tôt 
ou  tard  il  faut  aimer;  Et  c'est  en  vain  qu'on  fa- 
çonne; Tout  fléchit  sous  l'amour,  il  n'exempte  per- 
sonne, benserade,  Ballet  des  plaisirs.  J'ai  de  l'es- 
prit; et  je  ne  fais  point  de  difficulté  de  le  dire,  car 
à  quoi  bon  façonner  là-dessus?  la  RocnEFOuc.  Por- 
trait. Le  maréchal  du  Plessis  me  parla,  sans  fa- 
çonner, de  la  part  de  la  reine,  retz,  m,  216. 
Il  Cet  emploi  a  vieilli  ;  on  dit  présentement  faire  des 
façons.  Il  7°  Se  façonner ,  v.  réfl.  Recevoir  une 
certaine  façon.  Ce  bois  se  façonne  facilement.  ||  8°  Se 
former.  De  même  les  esprits  débonnaires  et  doux 
Se  façonnent,  prudents,  par  l'exemple  des  fous, 
RÉGNIER,  Sat.  xu.  C'est  à  la  cour  où  se  façonne,  X 
mon  avis,  chaque  personne,  ecarron,  Poésies, 
dans  LE  ROUX,  Dict.  comique.  Pauline  se  façonnera 
en  écrivant  ce  que  vous  pensez,  sÉv.  643.  Que  je 
me  suis  façonné  avec  lui  en  quatre  jours  de  temps  I 
BOissY,  Français  à  Londres,  se.  6.  ||  9°  S'accoutu- 
mer, se  conformer.  Au  joug  depuis  longtemps  ils  se 
sont  façonnés,  rac.  Jirit.  iv,  *.  Le  peuple  se  façonne 
à  la  docilité,  volt.  Orpliei.  m,  *. 

—  HIST.  XIV*  s.  Il  voit,  sur  letombiau,  imaiges  en- 
levées De  partie  senestre,  moult  très  bien  facenées, 
Cirorl  de  Ross.  v.  4366.  ||  xvi*  s.  Il  fault  que  la 
bienséance  extérieure  se  façonne  quand  et  quand 
l'ame,  mont,  i,  182.  Il  luy  mesprint  d'estre  monté 
sur  un  cheval  façonné  à  cette  eschole,  id.  i,  3B9. 
Ils  ne  peuvent  sinon  suyvre  l'exercice  à  quoy  ils  se 
sont  façonnés,  langue,  48). 


FAC 

—  ÊTYM.  Façon;  provenç.  faissonar  ;  anc.  eirpag. 
faccionar. 

f  FAÇONNERIE  (fa-so-ne-rie) ,  s.  f.  Manière  de 

façonner  les  étoffes;  son  action  ;  ses  effets. 
FAÇONNIEU,  IÈRE(fa-80-nié,niê-r'),  adj.  ||  1°  Qui 

fait  trop  de  façons,   de  cérémonies Il  a  épousé 

une  jeune  nymphe  de  quinze  ans,  fille  de  M.  et  da 
Mme  de  la  Bazinière,  façonnière  et  coquette  en  per- 
fection, sÈv.  à  Urne  de  Grignan,  28  oct.  (67).  Il 
est  bonhomme,  le  baron,  un  peu  trop  façonnier 
d'abord  ;  cela  n'est  pas  du  goût  du  siècle,  dancgurt. 
Maison  de  camp.  se.  1 3.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses. 
De  tous  leurs  sentiments  [des  précieuses]  cette  noble 
héritière  Maintient  encore  ici  leur  secte  façonnière, 
BOii.  iSo(.  X.  Dans  l'éducation  façonnière  des  ri- 
ches, J.  J.  Rouss.  Ém.  II.  Il  2°  Substantivement.  Un 
façonnier,  une  façonnière.  Et  la  plus  grande  façon- 
nière du  monde,  mol.  Critique,  2.  Je  ne  sais  pas 
pourquoi  vous  m'avez  donné  ce  rôle  de  façonnière,  id. 
[mpr.  I.  Il  Celui  qui  affecte  une  vertu  qu'il  n'a  pas.  De 
tous  vos  façonniers  on  n'est  point  les  esclaves,  11  est 
de  faux  dévots  comme  il  est  de  faux  braves,  mgl.  Tart. 
I,  6.  Il  3°  S.  m.  et  f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  travaille 
aux  ouvrages  façonnés.  ||  Adj.  Ouvrier  façonnier. 

—  ÉTYM.  Façon. 

t  FAC-SIMILAIRE  (fa-ksi-mi-lê-r') ,  adj.  Néolo- 
gisme. Oui  tient  du  fac-similé.  Édition  fac-similaire, 
copie fac-similaire,  édition,  copie,  qui  reproduisent 
exactement  l'original. 

FAC-SIMILE  (fa-ksi-mi-lé),  s.  m.  Imitation  exacte, 
soit  imprimée,  soit  gravée,  d'une  écriture,  d'un 
dessin.  Le  fac-similé  d'une  signature.  ||  Au  plur.  Des 
fac-similé. 

—  ÉTYM.  Lat.  fac,  fais  (voy.  faike),  et  simile, 
semblable  (voy.  similitude). 

f  FAC-SIMILER  (fa-ksi-mi-lé) ,  v.  a.  Néologisme. 
Reproduire  au  moyen  d'un  fac-similé.  Fac-similer 
une  écriture. 

f  FACTAGE  (fa-kta-j'),î.  m.  Terme  de  commerce 
L'action  du  facteur  pour  transporter  la  marchan- 
dise de  la  messagerie,  ou  du  roulage,  ou  du  chemin 
de  fer,  au  domicile  ou  au  magasin  du  consigna- 
taire.  ||  Compagnie  établie  pour  le  transport  des  pa- 
quets, pour  les  commissions.  Le  factage  parisien. 
Il  Ce  qu'on  paye  au  facteur. 

—  ÊTYM.  Le  radical  fact  qui  est  dans  facteur 

(voy.  FACTEUR). 

FACTEUR  (fa-kteur),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  fait, 
sens  ancien  et  propre  qui  n'est  plus  usité.  ||  2°  Cs- 
lui  qui  fabrique  des  instruments  de  musique.  Fac- 
teur de  pianos.  On  a  un  vieux  clavecin  ;  Emile  l'ac- 
corde; il  est  facteur,  j.  :.  rouss.  Ém.  v.  ||  3'  Terme 
de  mathématique.  Les  facteurs  du  produit,  et,  sim- 
plement, les  facteurs,  le  multiplicande  et  le  multi- 
plicateur. Il  Par  extension,  ce  nom  s'applique  à  tout 
nombre  qui  est  multiplié  ou  qui  multiplie.  2  est  trois 
fois  facteur  dans  «.  ||  Fig.  Chacun  des  éléments 
qui  concourent  à  un  résultat.  Le  travail  et  le  CR- 
pital  sont  les  deux  facteurs  de  la  richesse  publique. 
Il  4°  Terme  de  commerce.  Celui  qui  est  chargé  d'un 
négoce  pour  le  compte  d'un  autre.  [Le  buisson, 
le  canard  et  la  chauve-souris]  Ils  avaient  des  comp- 
toirs, des  facteurs,  des  agents  Non  moins  soigneux 
qu'intelligents,  la  font.  Fables,  xii,  7.  Rupelmonde, 
après  avoir  travaillé  de  sa  main  aux  forges  de  la 
véritable  dame  de  Rupelmonde ,  en  était  devenu 
facteur,  puis  maître,  st-sim.  446,  no.  Jacques 
Cœur  avait  trois  cents  facteurs  en  Italie  et  dans 
le  Levant,  volt.  Ifœurs,  80.  Réduit  à  la  pauvreté, 
un  de  ses  oncles  [de  Mahomet]  le  donna  pour  fac- 
teur à  une  veuve  nommée  Cadige,  qui  faisait  en 
Syrie  un  négoce  considérable,  id.  ib.  e.  Comme  ils 
[les  Hollandais]  étaient  les  facteurs  de  l'univers, 
ils  vendaient  l'esprit  des  autres  nations  ainsi  que 
leurs  denrées,  id.  Princ.  de  Babyl.  7.  Je  n'aime 
point  qu'un  même  peuple  soit  en  même  temps 
le  dominateur  et  le  facteur  de  l'univers ,  mon- 
tesq.  Esp.  XX,  4.  Il  6*  Employé  chargé  de  distri- 
buer les  lettres  envoyées  par  la  poste.  Le  facteur 
n'a  pas  apporté  de  lettre.  j|  Factrice,  se  dit  d'une 
femme  qui  fait  le  même  service  que  le  facteur. 
Notre  directrice  des  postes  cherche  une  nouvelle 
factrice.  ||  6°  Employé  dans  une  entreprise  de  trans- 
port, qui  charge  et  décharge,  porte  les  objets 
transportés  à  leur  destination,  t'n  facteur  de  che- 
min de  fer.  Le  facteur  de  la  diligence.  ||  T  Au  fémi- 
nin, factrice,  nom  qu'on  donne  aux  femmes  qui, 
dans  les  magasins,  sont  chargées  de  servir  les 
acheteurs.  C'est  une  factrice  très-capable.  ||  8°  Ce- 
lui qui,  préposé  par  le  gouvernement  dans  les 
marchés  publics,  vend  les  denrées  aux  enchères  et 
en  gros.  Les  facteurs  de  la  halle.  ||  H  se  dit  aussi 
au  féminin.  Madame  une  telle,  factrice  à  la  halle. 


FA  G 

Il  9'  Facfeur-couvoir,  sorte  de  caléfacteur  pour  faire 
couver  les  œufs. 

—  HIST.  XII'  s.  [Dieu]  Reis  des  anges,  faitres  del 
muntl,  Père  des  choses  qui  i  sunt,  benoIt,  ii,  4. 
Il  xiv  s.  Avec  aucuns,  ses  facteurs  [agents],  qui 
opprimoient  le  peuple,  oresme.  Thèse  de  meunier. 
Il  ïv*  s.  Marchandises  dont  ils  sont  grands  fac- 
teurs entre  les  Sarrasins,  froiss.  iji,  iv,  68.  Car, 
quant  les  yeulx ,  qui  sont  facteurs  du  cueur , 
Voyent  plaisir  à  bon  marchié  en  vente.  Qui  les 
tendroit  [tiendrait]  d'achater  leur  bonheur  ?  ch. 
d'orl.  Rondeau.  Et  vous  aussi  bouter  hors  et  éloi- 
gner de  vous  les  complices,  faiteurs  et  favorisants 
dudit  duc  de  Bourgogne,  monstrel.  i,  76.  Jacques 
Cueur  avoit  plusieurs  clercs  et  facteurs  sous  lui,  qui  se 
mesloient  desdites  marchandises  par  tous  les  pays  et 
royaumes  chrétiens,  math,  decodci,  Hist.  de  Char- 
les VII,  p.  09) ,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  Oh  vous  fac- 
teurs [poètes]  parlans  beau  comme  un  ange.  D'hon- 
neur et  loz  donnez  un  million  Au  roy  Loys,  J.  marot, 
V,  ::!6.  Les  facteurs  de  la  loi  [ceux  qui  l'observent] 
seront  justifiez,  non  pas  les  auditeurs,  calv.  Instit. 
644.  Il  désire  chercher  la  vraie  félicité  et  le  facteur 
et  source  d'icelle,  mahg.  Nouv.  xix. 

—  ÉTYM.  Provenç.  factor,  faitor,  créateur,  fac- 
teur ;  espagn.  factor  ;  ital.  fattore  ;  du  lat.  factorem, 
faiseur,  celui  qui  fait  quelque  chose  ;  d'où  le  sens 
ancien  de  créateur  et  le  sens  particulier  d'homme 
d'affaires.  L'ancien  français  faitre  est  le  nominatif  du 
latin  fdctor,  avec  l'accent  sur  fac;  facteur  est  le  ré- 
gime de  factorem,  avec  l'accent  sur  to.  Il  y  avait  aussi 
dans  l'ancienne  langue  faisere  au  nominatif,  faiteor 
au  régime;  celui-là  vient  du  latin  fictif  factator. 

FACTICE  (fa-kti-s'),  adj.  ||  1°  Qui  est  fait  ou  imité 
par  l'art.  Plusieurs  compositions  de  pierres  factices 
qui  imitent  la  dureté  et  le  brillant  des  pierres  pré- 
cieuses autant  que  le  permet  la  différence  des  moyens 
employés  à  les  produire,  gondorcet,  Margraaf. 
Il  2°  Fig.  Qui  n'est  pas  naturel.  Un  goût  factice. 
Une  sensibilité  factice.  On  remet  cet  être  factice  [un 
enfant]  entre  les  mains  d'un  précepteur,  j.  j.  ROiiSS. 
hm.  1.  On  parle  beaucoup  de  ma  gaieté;  je  crois, 
moi,  qu'elle  est  factice,  malgré  le  naturel  dont  on 
me  loue,  genlis.  Ad.  et  Théod.  t.  i,  lett.  6,  p.  24, 
dans  POUGEN.S.  Il  Besoin  factice,  besoin  qui  résulte 
non  de  la  nature,  mais  du  caprice  ou  de  l'habitude. 
i  leurs  besoins  ils  bornent  leurs  désirs.  Mais  sans 
chercher,  au  gré  de  vains  caprices,  À  se  créer  mille 
besoins  factices,  malfil.  Narcisse,  ch.  1. 1|  3°  Terme 
de  grammaire.  Mot  factice ,  mot  qui  n'est  pas  reçu, 
mais  qui  est  formé  selon  l'analogie,  et  aussi  mot 
formé  par  imitation  d'un  son,  par  exemple  glouglou. 
Il  4"  Terme  de  logique.  Idée  factice,  idée  qui  dérive 
d'un  travail  de  l'intelligence,  par  opposition  à  idée 
innée,  qui  s'y  forme  spontanément,  et  à  idée  ad- 
ventice, qui  y  vient  du  dehors,  par  exemple  celle 
d'un  centaure,  d'un  hippogriphe,  etc.  {j  S°  Terme 
de  bibliographie.  Recueil  factice,  recueil  fait  de 
morceaux  qui  ne  sont  associés  que  par  la  reliure. 

—  HIST.  XIII'  s.  Faitisse  [bien  faite]  estoit  et  ave- 
nant. Je  ne  sais  famé  plus  plaisant,  la  Rose,  J249. 

Il  XV' s hanches  charnues.   Elevées,   propres, 

faictisses,  Â  tenir  amoureuses  lysses,  villon,  les 
Regrets  de  la  belle  heaulmiere.  Pcdn  blanc,  fectis 
et  bis,  Ordonn.  avril  1485.  ||  xvi'  s.  [Un  mais- 
tre  des  monnoies  jugea]  une  image  d'or,  après 
plusieurs  examens,  estre  bon  or,  mais  factis  et  non 
naturel,  Contes  d'Eutrapel,  p.  (  34,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  factitius,  de  facere,  faire  (le  radi- 
cal fact,  et  le  suffixe  titius,  voy.  ice,  suffixe).  L'an- 
cien français  faitis ,  le  provençal /"aifts  en  dérivent, 
il  est  vrai,  mais  ont  le  sens  de  beau,  bien  fait. 

fFACTlCEMENï  (fa-kti-se-man  ),  odv.  Néolo- 
gisme. D'une  manière  factice. 

—  ÊTYM.  Factice,  et  le  suffixe  ment. 

t  FACHEUSEMENT  (fa-ksi-eû-ze-man),  ode. 
D'une  manière  factieuse. 

—  HIST.  XVI'  s.  Faclieusement,  onmN,  Dict. 

—  ÊTYM.  Factieuse,  et  le  suffixe  ment. 
FACTIEUX,  EUSE  (fa-ksi-eû,  eû-z'),  adj.  ||  1°  Qui 

excite  du  trouble  dans  l'État.  Toi-même,  Ptolomée, 
âme  basse  et  parjure.  Prince  digne  d'un  peuple  et 
lâche  et  factieux,  Tu  te  vois  rétablir  au  rang  de  tes 
aïeux,  BRÉBEUF,  Fharsale,  v.  Il  ne  faut  point  s'é- 
tonner s'ils  perdirent  le  respect  de  la  majesté  des 
lois  ni  s'ils  devinrent  factieux,  rebelles  et  opiniâtres; 
on  énerve  la  religion  quand  on  la  change,  et  on  lui 
ôte  un  certain  poids  qui  seul  est  capable  de  tenir  les 
peuples,  Boss.  Reine  d'Anglet.  Si  mon  Dictionnaire 
eût  eu  l'entrée  libre  en  France,  mes  ennemis  de  ce 
pays-ci,  gens  factieux  et  adroits  à  empoisonner  les 
choses,  eussent  inféré  de  là  que  mon  livre  ne  di- 
sait rien  en  faveur  des  protestants  ni  contre  la  France, 


FAC 

BAYLE,  Lett.  dif"",  13  mai  1697.  ||  Substantive- 
ment. Celui  qui  fait  partie  d'une  faction,  qui  a  un 
esprit  de  désordre.  Joad  de  temps  en  temps  le  mon- 
tre aux  factieux,  rac.  Àthal.  m,  3.  Eh  quoil  tout 
factieux  qui  pense  avec  courage  Doit  donner  aux 
mortels  un  nouvel  esclavage,  volt.  Fanât,  ii,  5. 
Il  2°  Qui  est  en  proie  aux  factions.  Penses-tu  qu'un 
vrai  zèle,  en  ces  temps  factieux.  Les  pressât  d'em- 
brasser les  intérêts  des  cieux?  lemierre,  Barnevelt, 
I,  5.  Il  Qui  a  le  caractère  de  la  faction.  Je  n'ai  point 
consolé  ses  revers  [de  J.  J.  Rousseau],  idolâtré  sa 
gloire  présente  et  factieuse,  dit-on,  villemain  , 
Littér.  Tabl.  du  (8»  siècle,  2'  partie,  2«  leçon. 

—  HIST.  xv  s.  Saillirent  aux  champs  pour  pren- 
dre et  mettre  à  mort  les  factieux,  lefèvre  de  st- 
RÉMY,  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  Lat.  factiosus,  proprement  qui  fait  beau- 
coup, entreprenant,  et  par  suite  factieux,  de  facere, 
faire. 

FACTION  (fa-ksion;  en  vers,  de  trois  syllabes), 
s.  f.  Il  1°  Action  de  faire,  au  sens  propre  qui  ne  sub- 
siste plus  que  dans  un  terme  d'alchimie  :  faction  de 
l'œuvre  divin,  accomplissement,  perfection,  achè- 
vement du  grand  œuvre.  ||  Terme  de  droit  romain. 
Faction  de  testament,  capacité  de  faire  un  testa- 
ment ou  de  recevoir  par  testament,  et,  en  général, 
d'intervenir  dans  un  testament.  ||  2°  Il  se  disait, 
dans  la  latinité,  pour  société  de  gens  qui  faisaient 
la  même  chose;  de  là  le  nom  donné  aux  diflféren- 
tes  troupes  de  concurrents  aux  jeux  du  cirque.  L«s 
factions  du  cirque.  ||  3°  Parti  remuant  et  séditieux 
dans  un  État,  dans  un  corps  (sens  qui  dérive  faci- 
lement du  sens  d'association).  Lorsque  deux  fac- 
tions divisent  un  empire,  corn.  Sertor.  m,  2.  Comme 
la  faction  d'Annibal  était  alors  la  plus  puissante, 
on  n'eut  aucun  égard  aux  remontrances  d'Han- 
non,  ROLLiN,  Ilist.  anc.  Œuvres,  t.  i,  p.  443, 
dans  pouGENS.  Je  sais  qu'aux  factions  Syracuse  li- 
vrée.... VOLT.  Taner.  i,  i.  Les  factions  gibelines  et 
guelfes  divisaient  plus  que  jamais  l'Italie;  les  Gibe- 
lins étaient  originairement  les  partisans  des  empe- 
reurs, ID.  Mœurs,  6B.  Cette  faction  fut  celle  des 
Puritains  qui  a  subsisté  longtemps  sous  le  nom  de 
Whigs;  et  le  parti  opposé,  qui  fut  celui  de  l'Église 
anglicane  et  de  l'autorité  royale,  a  pris  le  nom  de 
Torys,  ID.  t'i).  H79.  Le  terme  de  parti  par  lui-même 
n'a  rien  d'odieux,  celui  de  faction  l'est  toujours,  id. 
Dict.  phil.  Faction.  ||  4°  La  garde  que  fait  un  sol- 
dat en  un  poste  (sens  qui  dérive  du  sens  d'action  de 
guerre ,  d'expédition,  qu'a  eu  faction).  Entrer  en 
faction.  Faire  sa  faction.  Faction  d'une  heure.  Sa 
faction  est  de  telle  à  telle  heure.  U  me  dit....  Qu'il 
avait  tant  servi,  tant  fait  la  faction, Régnier,  Sat. 
VIII.  La  mort  lui  fut  nuit  et  jour  toujours  présente; 
car  il  ne  connaissait  plus  le  somaieiL...  jamais  il 
ne  fut  si  attentif  :  Je  suis,  disait-il,  en  faction,  boss. 
le  Tellier.  Us  regardent  l'homme  vivant  sur  la  terre 
comme  un  soldat  mis  en  faction,  j.  i.  Rouss.  Hél. 
in,  21.  Il  Relever  de  faction,  retirer  un  soldat  du 
poste  où  il  avait  été  placé  pour  faire  la  garde.  |1  Fig. 
et  familièrement.  Attente  prolongée.  Je  n'aime  pas 
à  faire  faction  dans  la  rue. 

—  HIST.  xiv  s.  Faction  n'est  autre  chose  que  au- 
cune aliance  privée  si  corne  est  conspiration  ou  con- 
juration ou  machination,  bercheure,  f°  2,  verso. 
Faction  ou  opération  de  mélodies,  oresme.  Thèse 
de  MEUNIER.  Il  XVI'  s.  Limoux ,  ville  du  Languedoc, 
divisée  par  la  Garonne,  l'estoit  aussi  par  les  deux 
factions,  d'aub.  Hist.  i,  <3s.  Lui  et  les  siens  à  son 
exemple  ne  faisoient  plus  aucunes  factions  [gardes], 
ID.  ib.  II,  385.  Le  soldat  qui  estoit  en  faction  à  la 
porte,  ID.  ib.  440.  En  toutes  les  factions,  prises  des 
villes  etgenerallement  toutes  entreprises  qui  s'offri- 
rent, il  fut  toujours  des  premiers,  carloix,  i,  2.  X  la 
guerre,  avant  aller  aux  factions,  chascun  s'assayede 
son  costé  de  gaigner  la  bonne  grâce  des  dieux,  la 
BOÉTiE ,  U8.  Ayant  fait  resolution  d'estre  François  de 
faction  [en  action] ,  comme  il  l'estoit  de  naissance , 
SOLLY,  Mém.'t.  IV,  p.  83,  dans  LACUSNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  factionem,  proprement  pouvoir  de 
faire,  de  facere,  faire. 

FACTIONNAIRE  (fa-ksio-nê-r';  en  vers,  de  cinq 
syllabes).  ||1°  Adj.  Terme  militaire.  Qui  est  assujetti 
à  faire  faction.  Soldat  factionnaire.  ||  Peu  usité  en 
CGt  emploi.  {|  2°  S.  m.  Soldat  en  faction.  On  plaça 
des  factionnaires  à  toutes  les  avenues.  Relever  un 
factionnaire.  ||  3°  Autrefois,  le  premier  capitaine  fac- 
tionnaire, ou,  simplement,  le  premier  factionnaire 
d'un  régiment,  capitaine  d'infanterie  qui  devait  pas- 
ser à  la  place  du  capitaine  de  grenadiers,  quand  elle 
venait  à  vaquer.  * 

—  HIST.  XVI'  s.  Factionnaire,  cotgrave. 
—ÊTYM.  Faction. 


FAC 


1 59Î 


t  FACTOKAGE  (fa-kto-râ-j'),  t.    m.   Terme   do 
commerce.  Droit  conventionnel  que  reçoit  le  facteur 
sur  la  valeur  des  marchandises  dont  il  procure  la^ 
vente. 

—  ÉTYM.  Facteur. 

t  FACTOHAT  (fa-kto-ra),  t.  m.  Charge,  fonctions 
de  facteur. 

FACTORERIE  (fa-kto-re-rie)  ou  FACTORIE  (fa- 
kto-rie),  s.  f.  Siège  des  bureaux  des  facteurs  d'une 
compagnie  de  commerce  à  l'étranger.  Factorie 
hollandaise.  Laurent  Lange,  compagnon  du  prince 
Ismaelof  ambassadeur  du  czar,  demandait  qu'on  ac- 
cordât aux  Russes  la  permission  d'avoir  dans  toutes 
les  provinces  une  factorerie;  on  ne  les  leur  permit 
qu'à  Pékin  et  sur  les  limites  de  Kalkas,  volt.  Dict. 
phil.  Chine.  Des  compagnies  de  commerçants  pla- 
cèrent des  factoreries  au  milieu  des  déserts,  cha- 
teaubr.  Amer.  27 1. 

—  ÊTYM.  Facteur,  qui  donne  régulièrement  fac- 
torie et  non  factorerie.  Factorerie  ne  mériterait 
pas  d'avoir  l'usage  pour  lui. 

FACTOTUM  (fakto-tom';  on  a  prononcé  autre- 
fois, et  on  prononce  quelquefois  encore  fa-kto-ton), 
s.'m.  Terme  familier.  Celui  qui  fait  toute  chose  dans 
une  maison,  auprès  d'une  personne.  Autant  que  je 
puis  m'y  connaître.  Vous  êtes  factotum  de  monsieur 
notre  maître,  destouches,  Glor.  i,  3.  De  valet,  bar- 
bier, chirurgien,  vous  l'avez  établi  trésorier,  secré- 
taire, espèce  de  factotum,  beaumahch.  Mère  coup. 
Il,  23.  \\Auplur.  Des  factotums. 

—  REM.  Autrefois  on  écrivait  factoton.  Cela  peut 
être  cause  Que  le  pater  avec  le  factoton  N'auront  de 
toi  ni  crainte,  ni  soupçon,  la  font.  Mazet. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  Croisette  qui  estoit  là  servoit 
de  dominus  factotum,   montluc,  Mém.  t.  ii,  p.  43, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  fac,  fais  (de  facere,  faire),  et  (ofum, 
tout  (voy.  TOUT). 

FACTUM  (fa-ktom'  ;  on  a  prononcé  fa-kton,  comme 
dicton,  rogaton),  s.  m.  ||  1°  Exposé  des  faits  d'un 
procès.  Il  exposa  tout  ce  détail  dans  son  factum, 
avec  une  candeur  si  noble,  si  simple,  si  éloignée  de 
toute  ostentation  qu'il  toucha  tous  ceux  qu'il  ne  vou- 
lait que  convaincre,  volt  Polit,  et  lêgisl.  dern.  ar- 
rêt en  fav.  des  Calas.  ||  Il  n'est  plus  usité  dans  la 
jurisprudence  où  l'on  dit,  en  ce  sens,  mémoire. 
Il  2°  Mémoire  qu'une  personne  publie  pour  attaquer 
ou  pour  se  défendre.  Racine  prêta  sa  belle  plume 
pour  polir  le  factum  de  M.  de  Luxembourg,  et  répa- 
rer la  sécheresse  de  la  matière  par  un  style  agréa- 
ble, ST-siM.  t7,  200.  Je  conseille  à  Beaumarchais  de 
faire  jouer  ses  factums,  si  son  Barbier  ne  réussit 
pas,  volt.  Lett.  d'Argental,  8  mars  1776.  Je  vous 
crois  trop  raisonnable  pour  vous  en  prendre  à  moi 
seul  de  la  publication  de  mon  factum  littéraire, 
p.  L.  COUR.  Avertiss.  sur  la  lettre  à  M.  Renouard. 
il  Au  plur.  Des  factums. 

—  REM.  Autrefois  on  prononçait  facton.  Par  ar- 
rêt ta  muse  [Rousseau]  est  bannie  Pour  certains  cou- 
plets de  chanson  Et  pour  un  mauvais  factum  Que  te 
dictala  calomnie,  volt.  Temple  du  goût ,  Variantes. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  factum,  exposition  du  fait,  du 
litige,  du  latin  factum,   chose  faite. 

H .  FACTURE  (fa-ktu-r'),  s.f\\  i°  Manière  dont  une 
chose  est  faite;  usité  seulement,  en  ce  sens,  en  par- 
lant de  productions  littéraires,  de  musique,  de 
peinture.  La  facture  de  ce  tableau  est  bonne.  Vau- 
deville ,  dont  la  facture  annonce  un  assez  bon  fai- 
seur, bachaumont,  Afdin.  secrets,  t.  xxxv,  p.  I94, 
dans  POUGENS.  11  a  moins  d'art  et  de  variété  dans  la 
facture  du  vers,  laharpe.  Correspond,  t.  m,  p. 
393,  dans  POUGENS.  Il  Couplet  de  facture,  couplet 
composé  pour  l'effet,  et  qui  se  distingue  par  la  ri- 
chesse et  le  redoublement  des  rimes.  ||  Terme  de  mu- 
sique. Caractère  d'un  morceau  de  musique  au  point 
de  vue  de  l'art  de  la  composition.  Ce  morceau  est 
d'une  bonne  facture.  Morceau  de  facture,  morceau 
de  longue  haleine,  se  distinguant  .surtout  par  la 
complication  des  procédés  employés.  ||  Par  plaisan- 
terie. Une  fricassée  de  poulets  en  haute  facture, 
BRILLAT  SAVARIN,  Physiologie  du  goût,  Variété  23, 
Bonheur  en  voyage.  \\  2°  Terme  de  facteur  d'orgues 
Qualité,  largeur,  grosseur  des  tuyaux  d'orgue.  Les 
jeux  de  la  petite  facture,  les  jeux  dont  les  tuyaux 
sont  étroits. 

—  HIST.  XII' s.  Li  uns  ert  sire,  l'autre  sers,  Li  uns 
faitre  [créateur],  l'autre  faiture  [créature],  wace. 
Vierge  Marie,  p.  46.  ||  xiV  s.  Laisser  vous  fault 
faire,  o  Nature,  Qui  sçavez  l'art  de  tel  facture, 
l'Alchim.  ànat.  646.  ||  xvi*  s.  Comment  Dieu  nous 
peut-il  venir  en  pensée,  que  nous  ne  pensionsquant 
et  quant,  veu  que  nous  sommes  sa  factura,  que..,. 
CALVIN,  Instit.  6, 


«892  FAC 

— ftUf  tte  fairt*.  _ 

»  MCTI'BK  (fâktu  O,  ».  r  Terme  de  commerce. 
Ifimoir»  d«  IV^I-éca  et  du  prix  de.  marchand.ses 
.«nduet  k  quBiqu  un.  Dr*«i*r  une  facture.  Présen- 
irr  M  facture.  U  valeur dei  marchandise»  sera  jus- 
«ill««  parlirre»  ou  facture»,  Ordonnance,  août  168). 
Il  Vendre  une  marchandise  sur  le  pie<l  de  facture, 
U  ren'Ire  au  prix  courant.  ||  Faire  suivre  les  frais 
d'une  facture,  charger  le  voiturier  qui  transporte 
le*  marchandises,  de  toucher  de  l'acheteur  le  mon- 
uot  de  tous  les  frais  de  cette  facture. 

—  ETYM.  Fadeur. 

t  PACTOBKR  (faktu  ré) ,  ».  o.  ||1'  Fabriquer.il 
parait  que  cp  sel  [le  sel  ammoniac]  est  formé  ou  du 
moins  ébauché  par  la  nature,  et  que  les  anciens 
Arsbes,  qui  lui  ont  donné  son  nom,  savaient  le  fao- 
tureret  en  faisaient  un  grand  usage,  bukp.  Jftn.  t. 
lu,  p.  4t^,  dans  pooGENs.  I|  Peu  usité.  ||  2"  Dans  les 
mai'dbsde  commerce,  se  dit  pour  faire  la  facture 
de.  Il  a  facturé  tant  de  mètres  de  drap.  ||  Absolu- 
ment. Je  n'ai  pas  facturé  du  tout  aujourd'hui.  Il  est 
habile,  expédilif  à  facturer. 

—  ETYM.  Facture  \. 

t  I.  FACTURIER  (fa-ktu-rié) ,  ».  m.  Terme  de 
commerce.  Celui  qui,  dans  une  grande  maison  de 
commerce,  est  spécialement  occupé  à  faire  les  fac- 
tures. Il  Se  dit  aussi  du  livre  des  factures. 

—  ÊTYM.  Facture  2. 

f  î.  FACTORIER  (fa-ktu-rié),  ».  m.  Ancien  terme 

3ui  signifiait  fabricant,  manufacturier.  Fait  S.  M. 
éfense  à  tous  ouvriers  et  facturiers  de  ladite  pro- 
vince de  Languedoc  et  autres  du  royaume  de  faire  et 
façonner  pour  lesdites  échelles  que  des  draps.... 
Arrélduconieil,  15  mai  1676. 

—  ÊTYK.  Facture  i . 

t  FACULE  (fa-ku-l"),  ».  (.  Terme  d'astronomie. 
Tache  lumineuse  qu'oa  aperçoit  quelquefois  sur  le 
•oie  il. 

—  £TYM.  Lat.  faeula,  diminutif  de  fax,  torche. 
fFACULTATAIRE  (fa-kul-ta-tê-r'),  s.  m.  Dans  la 

compagnie  on  entend  par  facultalaires  tous  ceuxqui 
ne  sont  ni  membres  ni  actionnaires;  on  leur  adonné 
ce  nom,  parce  qu'ils  ont  la  faculté  de  prendre  ou  de 
laisser  les  eaux,  comme  la  compagnie  a  la  faculté 
de  les  leur  laisser  prendre  ou  de  les  leur  refuser, 
CAPPKAU,  De  (acompr^nte  dei  Alpines,  p.  3h,  Aii, 

—  tm».  Voy.  FACI'LTÉ. 

FACULTATIF,  IVE  (fa-lul-ta-tif,  ti-v'),  adj. 
j]  1*  Oui  accorde  une  facult'',  un  droit,  un  pouvoir. 
Bref  facultaiif,  bref  par  lequel  le  pape  donne  un  droit. 
un  pouvoir  qu'on  n'aurait  pas  sans  cela.  ||  2°  Har 
extension,  qui  donne  ou  laisse  la  faculié  de  faire 
ou  de  ne  pas  faire  une  chose.  Cette  disposition  de 
la  loi  n'est  que  facultative.  ||  Terme  de  droit.  Obli- 
gation facultative,  celle  oCi  le  débiteur  a  la  faculté 
de  donner  en  payement  une  chose  autre  que  la 
chose  due  et  qui  est  dite  in  facultale  solutionis. 

—  ÉTYM.  Lat. /acui(a(em  (voy.  faculté).  Ce  mot 
est  formé,  par  rapport  à  facvlté,  comme  qualitatif, 
à  qualil^,  quantitatif,  à  qunnd't^.  Mais,  dans  son 
emploi  régulier,  la  finale  atif  appartient  aux  ver- 
bes {significatif,  nominatif,  etc.),  non  aux  sub- 
•tantifs. 

t  PACDLTATISTE  (fa-kiil-ta-li-sf),  t.  m.  Mot 
forgé  par  Diderot,  et  signifiant  membre  de  la  fa- 
culté de  médecine.  Le  médecin  qui  n'aurait  pas  été, 
je  crois,  fort  émerveillé  de  la  distinction  subtile 
d'un  fameux  archiatre  de  nos  jours  entre  l'assassi- 
nat positif  et  l'assassinat  négatif,  mais  qui  ne  con- 
naissait pas  mieux  que  le  facuitatiste  le  péril  auquel 
on  s'expose  en  commençant  un  forfait  et  la  récom- 
pense qu'on  s'assure  en  le  consommant,  Diderot, 
Claude  el  Nér.,  i,  3.3. 

t  FACULTATIVEMENT  (  fa-kul-ta-ti-ve-man  )  , 
adv.  D'une  manière  facultative. 

FACULTÉ  (fa  kul-té),  t.  /■.  1|  !•  Moyen,  pouvoir, 
droit  de  faire  quelque  chose.  Je  n'ai  pas  la  faculté 
de  délibérer.  Si  tu  veux  sortir,  en  as-tu  la  faculté? 
Je  t'en  laisse  la  faculté.  La  loi  interdit  aux  mineurs 
la  faculté  de  disposer  de  leurs  biens.  ||  La  faculté 
d'un  légat,  ses  pouvoirs.  ||  ï'  Huissance  physique  ou 
morale,  fonction  du  corps  ou  de  l'esprit.  Avec  la  fa- 
culté de  se  mouvoir,  boss.  m.  Future,  3.  Toutes  les 
facilité»  de  l'ftnie  se  réiluisent  à  sentir  et  penser;  nos 
plaisirn  consistent  à  aimer  et  connaître,  duclos, 
Connd.mizun,  ch.  ii.  Le  caractère  qui  le  distingue 
*  lÎ"'™*  P'""'""  "*'  '«  capuc  hon  d'une  peau 
*u  *'  '*'"*  "l"  "  *  """'  '®  ''^""'  "  qu'on  appelle 
c»ch»-niu«e»u,  parce  que  l'animal  a  la  faculté  d'a- 
Itattre  cette  peau  sur  ses  yeux,  pour  se  garantir  des 


FAD 

tourbillons  de  sable  et  de  neige  que  le  vent  chasse 
trop  lmi>éiueusement,  bdff.  Quadrup.  t.  xi.  p.  <«2, 
dan»  pouGP.ss.  Ils  [les  animaux)  n'ont  ni  l'esprit  ni 
l'entendement  ni  la  mémoire  comme  nous  l'avons, 
parce  qu'ils  n'ont  pas  la  puissance  de  comparer  leurs 
sensation»  et  que  ces  trois  facultés  de  notre  âme  dé- 
pendent de  cette  puissance,  m.  Diic.nat.  desanim. 
ÛEut).  t.  V,  p.  316.  La  faculté  de  sentir  est  bornée 
comme  le  s^nt  toutes  les  facultés  de  notre  être, 
BONNET,  Essai  anal.  âme.  Quoiqu'il  [Colomb]  n'eût 
que  cinquante-neuf  ans,  ses  forces  physiques  étaient 
trés-affaililies,  mais  ses  facultés  morales  n'av-aient 
rien  perdu  de  leur  énergie,  baynal,  Hist.  phil.  vi, 
7.  De  toutes  mes  facultés  la  plus  puissante  c'est  la 
faculté  de  souffrir,  stael,  fonnne,  iv,  6.  ||  3«  Par 
extension,  vertu  d'une  substance,  pouvoir.  L'aimant 
a  la  faculté  d'attirer  le  fer.  ||  *•  Facilité,  talent.  La 
faculté  de  bien  dire.  Il  n'avait  pas  les  hautes  facul- 
tés qu'exige  un  pare'l  emploi.  ||  Il  est  doué  de  bril- 
lantes facultés,  il  a  de  grands  talents,  d'heureuses 
aptitudes.  |{  6°  Au  plur.  Les  biens,  les  res.sources, 
les  moyens  dont  on  dispose.  Chacun  a  été  taxé  selon 
ses  facultés.  Outrepasser  ses  facultés.  ||  6°  Terme  d'é- 
conomie politique.  Facultés  industrielles,  aptitudes 
au  travail  industriel.  Facultés  productives,  aptitudes 
des  hommes  et  des  agents  de  la  nature  à  concourir 
à  la  production.  On  peut  et  l'on  doit  dire  non-seu- 
lement les  facultés  productives  de  l'homme ,  mais 
les  facultés  productives  des  capitaux,  j.  a.  say,  Épi- 
tomé,  facultés  productives.  ||  7"  Corps  scientifique  ou 
littéraire  chargé  d'un  enseignement  spécial  dans 
une  université,  Il  y  avait  autrefois  quatre  facultés, 
lafaculté  de  théologie,  celle  de  droit,  celle  de  mé- 
decine et  celle  des  arts.  Les  animaux  ont-ils  des 
universités?  Voit-on  fleurir  chez  eux  les  quatre  fa- 
cultés? Y  voit-on  des  savants  en  droit  et  méde- 
cine F.ndosser  l'écarlale  et  se  fourrer  d'hermine? 
BoiL.  Sot.  VIII.  Comme  un  recteur  suivi  des  quatre 
facultés,  ID.  Sat.  m.  Depuis  l'invention  de  l'impri- 
merie, la  faculté  de  Paris  s'est  arrogé  le  droit  de 
dire  son  avis  en  mauvais  latin  sur  les  livres  qui 
lui  déplaisent.  voLr.  Trois  emp.  en  Sorbnnne.  La 
première  opération  de  la  faculté  de  théologie  avait 
été  d'extraire  de  mon  livre  les  propositions  con- 
damnables, MABMONTEL,  Mém.  Vil.  ||  Depuis  la  créa- 
tion de  l'université  impériale,  la  faculté  des  arts  a 
été  divisée  en  deux,  celle  des  sciences  et  celle  des 
lettres,  de  sorte  qu'il  y  a  aujourd'hui  cinq  facultés. 
Il  Dans  l'usage  commun,  la  faculté  de  médecine 
se  nomme  simplement  la  faculté.  Pour  tout  l'or  du 
monde,  il  ne  voudrait  pas  avoir  guéri  une  personne 
avec  d'autres  remèdes  que  ceux  que  la  faculté  per- 
met, MOL.  Pourc.  I,  7.  Il  aurait  beau  faire  el  beau 
dire,  je  ne  lui  ordonnerais  pas  la  moindre  petite 
saignée,  le  moindre  petit  lavement,  et  je  lui  dirais 
Crève,  crève,  cela  t'apprendra  une  autre  fois  à  te 
jouer  de  la  faculté,  id.  Mal.  im.  m,  3.  Ce  n'est  pas 
la  première  fois  que  messieurs  de  la  faculté  se  sont 
trompés,  sÉv.  Lett.  24  juillet.  469).  ji  8°  Dans  le 
langage  des  classes,  il  se  dit  d'un  genre  d'exercice 
ou  de  composition.  Le  thème  latin  est  sa  meilleure 
faculté.  Il  a  eu  des  prix  en  différentes  facultés,  en 
histoire,  en  vers  latins,  en  mathématiques. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  ne  soiiffii*  pas  la  vie  ou  la  fa- 
culté d'une  personne  à  ce  faire,  oresme,  Eih.  287. 
Il  tv  s.  Ils  estoient  richement  vestus  et  esterez  de 
toutes  choses,  selon  leur  faculté,  chu.  de  pisan, 
Charles  V,  i,  («.  ||xvi'  s.  Il  faut  colloquer  les  en- 
fants non  selon  les  facultez  [richesses]  de  leur  père, 
mais  selon  les  facultez  de  leur  ame,  mont,  i,  178. 
Et  à  ceste  fin  se  présentent  les  facultez  [pouvoirs] 
de  tels  légats  à  la  cour  de  parlement,  où  elles  sont 
veues,  examinées,  vérifiées,  p.  pithou,  <). 

—  ETYM.  Piovenç.  facultat;  espagn  faculdad ; 
ila\.  facullà;  du  lat.  facultalem,  de  facilis,  facile 
(voy.  ce  mot).  Facultas  est  uns  forme  de  facilitas. 

FADAISE  (fa-dê-z'),  s.  f.  Hagalelle  fade;  mot. 
pensée,  discours  qui  ne  signifie  rien  ou  qui  exprime 
quelque  chose  de  si  commun  que  cela  ne  vaut  pas 
la  peine  d'être  dit.  Moi  qui  n'aime  à  débattre  en  ces 
fadaises-là,  bégnier,  Sol.  viii.  Je  prêtai  l'oreille 
pour  ouïr  les  bons  discours  que  je  m'imaginais  qu'ils 
feraient;  de  tous  côtés  je  n'entendis  rien  que  des 
vanteiies,  des  fadaises  et  des  contes  faits  mal  à  pro- 
pos, Fronci'on,  liv.  vi,  p.  225.  C'est  bien  pour  dire 
des  fadaises  que  je  dis  tout  cela,  sÉv.  153.  Ma  cou- 
sine, me  dit-il,  je  crois  que  le  nom  de  fadaises  est 
le  plus  convenable;  la  plupart  des  choses  qu'on  fait, 
qu'on  dit  et  qu'on  imprime  méritent  assez  ce  titre, 
VOLT.  Cather.  Yadi,  préface.  ||  Absolument,  la  fa- 
daise, les^ropos  qui  sont  pures  bagatelles.  Son- 
gez à  me  répondre,  et  laissons  la  fadaise,  mol.  Éc. 
des  fenim.  i,  a. 


FAD 

—  HIST.  xvi«  8.  Tout  ce  qu'on  en  peut  disputer 
n'est  que  fadaise,  si  ce  nom  [Dieu]  n'y  resonne, 
cuLV.  Instit.  385.  La  nature  pour  lui  apprendre  sa 
mortalité  et  notre  fadeze  jfaiblessel....  mont,  ii, 
20.  Il  n'est  point  de  plus  grande  faileze,  que  de  sa 
picquer  des  fadezes  du  monde,  m.  iv,  «4.  la  trop 
grande  bonté  d'un  personnage  est  estimée  fadese, 

0.    DO  SERRES,   39. 

—  ÉTYM.  Fade;  provenç.  fadexa,  s.  t.  et  fades, 
s.  m. 

t  FADASSE  (fa-da-s'),  adj.  Néologisme  trivial. 
Oui  a  quelque  chose  de  fade  au  point  d'entraîner  le 
dégoût.  Il  Substantivement.  C'est  une  blonde,  une 
grande  fadasse. 

—  ÉTYM.  Fade. 

FADE  (fa-d),  adj.  \\  t"  Oui  est  sans  saveur.  Xcfité 
de  ce  plat  paraissaient  deux  salades,  L'une  de  pour- 
pier jaune  et  l'autre  d'herlies  fades,  boil.  Sat.  m.  Un 
vin....  Et  qui,  rouge  et  vermeil,  mais  fade  et  dou- 
cereux, N'avait  rien  qu'un  goût  plat  et  qu'un  délioire 
alîreux,  m.  t'b.  ||  Se  sentir  le  cœur  fade,  avoir, 
éprouver  du  dégoût.  ||  Fig.  Des  peines  près  de  qui 
le  plaisir  des  monarques  Est  ennuyeux  et  fade....  la 
font.  Fabl.  viii,  t3.  |{  i'  Fig.  Il  se  dit  de  ce  qui 
n'est  ni  piquant,  ni  vif,  ni  animé.  Mon  Dieu!  lais- 
sons là  vos  comparaisons  fades,  mol.  Jft'j.  i,  (.  Cela 
est  bien  fade  à  imaginer,  sÉv.  ».  Je  vous  assure 
que  toute  cette  badinerie  n'est  encore  ni  fade  ni 
usée,  iD.  572.  U  [l'abhé  Têtu]  a  écrit  une  lettre  à 
M.  de  'Vivonne  bien  plus  jolie  que  Voiture  et  Balzac; 
les  louanges  n'en  sont  point  fades,  id.  ("juillet 
<676.  Tout  ce  qu'on  dit  de  trop  est  fade  et  rebutant, 
BOIL.  Art  p.  1.  Y  a-t-il  rien  de  plus  fade  que  la 
louange  que  vous  vous  donnez  au  commencement 
de  la  troisième  catilinaire?  fên.  t.  xix,  p.  252.  Ces 
adulations  fades  pour  des  maîtres  et  des  protec- 
teurs, MASS.  Car.  Culte.  J'aime  autant  Quinault  que 
vous  [l'aimez],  et  je  ne  suis  pas  de  ces  pédants 
qui  le  trouvent  fade  et  qui  le  condamnent  pour 
avoir  parlé  d'amour  quand  il  en  devait  parler,  volt. 
Lettre  à  Mme  du  Deffant.  26  nov.  t775.  Je  n'aime 
pas  beaucoup  les  scènes  champêtres,  qui  sont  fades 
en  peinture  comme  des  idylles,  quand  elles  ne  font 
aucune  allusion  à  la  Fable  ou  à  l'histoire,  stael, 
Corinne,  vm,  4.  ||  Oui  est  donné  comme  piquant  et 
ne  l'est  pas.  Un  compliment  fade.  Une  plaisanterie 
fade.  Un  jeu  de  mots  fade,  jl  3»  En  parlant  de  lair 
et  du  visage,  qui  est,  qui  offre  le  caractère  de  l'in- 
sipidité déplaisante.  C'était  un  visage  d'homme; 
rien  de  fade,  rien  d'efTéminé,  hamilton,  Gramm. 
n.  Son  teint  délicat  sans  être  fade,  J.  J.  Boiss. 
tm.  II.  Ce  gros  bec  leur  donne  [aux  toucans]  une 
physionomie  triste  et  sérieuse  que  leurs  grands  yeux 
fades  et  sans  feu  augmentent  encore,  bukk.  Ois. 
t.  xui,  p.  t"3,  dans  pouGENS.  ||  En  parlant  des  per- 
sonnes ,  insipide  et  prétentieux.  Caressante  sans 
être  fade,  sÉv.  4t(.  Il  y  a  à  la  ville,  comme  ail- 
leurs, de  fort  soties  gens,  des  gens  fades,  oisifs, 
désoccupés ,  la  bruy.  vi.  Un  caractère  bien  fade 
est  celui  de  n'en  avoir  aucun,  id.  v.  Oui  voudrait, 
au  moyen  de  son  air  languissant.  Passer  pour  Aire 
tendre,  et  qui  n'est  rien  que  fade  ,  lachaussich, 
Uetnur  imprév.  I,  3.  Près  de  Rose  il  n'est  point  fade. 
Et  n'a  rien  de  freluquet,  berano.  Sénateur.  ||  Sub- 
stantivement. C'était  un  grand  fade,  blondin,  assez 
bien  fait,    j.  J.  rol'ss.   Confess.  vi. 

—  SYN.  FADE.  INSIPIDE.  Ce  qui  est  insipide  n'i 
aucune  espèce  de  saveur;  ce  qui  est  fade  a  une  sa- 
veur qui,  étant  plate,  déplaît  au  goût  et  le  sou- 
lève. Le  fade  est  donc  pire  que  l'insipide.  Cette 
proposition  est  vraie  au  physique,  mais  il  semble, 
qu'au  moral  c'est  le  contraire.  Qu'on  dise  qu'une 
épigramme  est  fade,  cela  signifie  que  le  trait  n'est 
pas  piquant.  Si  l'on  dit  qu'elle  est  insipide,  c'est 
presque  une  injure  pour  l'auteur. 

—  HIST.  XIII'  s.  Ou  s'il  avient  qu'il  soit  maladei 
Et  truist  [trouve]  toutes  viandes  fades,  la  Rose, 
6023.  Li  oil  andui  [les  deux  yeux]  à  ce  malade, 
Ki  erent  mal,  de  culur  fade,  Devenent  sain  e  cler 
e  pur,  Éd.  le  confess.  v.  27S2.  Bien  sait  qu'elle  a  esté 
malade,  Qu'encor  en  a  le  cuer  tôt  fade,  Amadas  et 
ïdoine.  |{  xvi'  s.  C'est  le  sel  pour  donner  gousl  et 
saveur  à  toute  doctrine,  qui  autrement  seroit  fade, 
CALV.  Instit.  385.  Il  treuve  puis  après  tous  les  au- 
tres propos  fades,  bas  et  indignes  de  son  eiaulce- 
ment,   amyot,  Xoral.  Ép.  p.  <2. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fad;  ital.  fado;  du  latiD 
fatuus ,  insipide  (comparez  fat).  L'u  est  tombé 
comme  d.i!is  le  provençal  vax,  de  vacuus. 

tFAnE.MENT(fa-de-inan),adi-. Dune  manière  fade- 

—  HIST.  XVI'  s.  Fadement.  cotorave. 

—  ÉTYM.  Fade,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  (a- 
àamen. 


FAG 


FAG 


FAG 


1593 


FADKUR  (fa-deur),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de  ce  qui  est 
fade.  La  fadeur  d'un  mets.  i|  2°  Fig.  H  se  dit  de  ce 
qui  manque  de  vivacité,  de  piquant,  d'animation. 
Je  suislasse  à  mourir  de  lafadeur  des  nouvelles,  siiv. 
236.  Cette  manière  basse  de  plaisanter  a  passé  du 
peuple  à  qui  elle  appartient,  jusque  dans  unegramle 
partie  de  la  jeunesse  de  la  cour,  qu'elle  a  déjà  in- 
fectée; il  est  vrai  qu'il  y  entre  trop  de  fadeur  et  de 
grossièreté,  pour  devoir  craindre  qu'elle  s'étende 
plus  loin,  LA  BRUT.  V.  Il  II  se  dit  ausisi  de  la  mine, 
nés  manières,  de  la  conversation.  Son  visage  était 
ùe  la  dernière  fadeur,  hamilt.  Gramtn.  7.  ||  Il  se  dit 
enfin  d'un  excès  de  flatteriedans  la  complaisance  ou 
dans  la  louange.  Vraie,  franche,  naturelle,  la  fa- 
deur des  éloges  lui  était  à  charge,  mass.  Or.  fun. 
Madame,  .le  ne  veux  point  mourir  sans  vous  avoir 
envoyé  une  ode  pour  Mme  de  Pompadour;  je  veux 
la  chanter  fièrement,  liardiment,  sans  fadeur;  car 
je  lui  ai  obligation;  elle  est  belle,  elle  est  bienfai- 
sante, sujet  d'ode  excellent,  volt.  Lett.  duc  de  la 
Vallière,  mai  I769.  Le  grand  point  dans  toutes  ces 
fêtes  est  d'éviter  la  fadeur  de  l'épithalame;  je  devrais 
éviter  la  fadeur  des  longues  et  ennuyeuses  lettres, 
ID.  Lett.  Richelieu,  t7  juill.  1773.  ||  3°  Discours  fade; 
louange  fade;  galanterie  fade....  Ah!  vous  allez  lâcher 
quelque  fadeur,  destouches,  Phil.  mar.  il,  2.  On 
m'a  su  mauvais  gré  d'avoir  dit  des  fadeurs  à  Cathe- 
rine, VOLT.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  tet.  Si  leurs 
entretiens  dégénèrent  en  fadeurs,  j.  i.  Bouss.  Étn. 
V.  Saint-Firmirr.  Vous  étiez  déjà  de  la  famille,  trop 
aimable  orpheline.  —  MmeDolban  :  Allons,  point  de 
fadeur,  collin  d'harlev.  Malice  pour  malice ,  i,  2. 
Ne  prenez  pas  ce  que  je  viens  de  vous  dire  pour  une 
Tadeur;  je  vous  assure  que  c'est  l'exacte  vérité, 
GENLis,  Veill.  du  chdt.  t.  m,  p.;  443,  dans  pougens. 

—  SYN.  FADAISE,  FADEDR.  La  fadaise  est  propre- 
ment ce  qui  est  fade,  la  fadeur  en  est  la  qualité  abs- 
traite; mais  quand,  par  métonymie,  nous  prenons 
la  qualité  pour  la  chose  elle-même,  les  fadeurs  se 
»:onfondent  avec  les  fadaises,  sauf  que  la  fadeur  est 

ivant  tout  une  pensée  fade,  tandis  que  la  fadaise, 
{'est  tout  ce  qui  n'a  aucune  valeur. 

—  ÉTYM.  Fade.  Fadeur  paraît  avoir  été  fait  dans 
!e  xvn'  siècle. 

t  FAFELO,  UE  (fa-fe-lu,  lue),  adj.  Terme  faini- 
jer  et  vieilli.  Espiègle.  Cette  petite  infante  éveillée 
jlfafelue,  sÉv.  Lett.  I9  fév.  I690. 

—  ÉTYM.  N'est-ce  pas  le  même  que  fanfelue,  qui 
signifiait  chose  légère  :  Qui  me  valent  tex  [telles] 
.iinfelues?  la  Rose,  »3;h  (voy.  fanfheluche). 

t  FAGICOLE  (fa-ji-ko-l'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  vit  ou  croît  sur  le  hêtre. 

—  ÉTYM.  Lat.  fagtts,  hêtre  (voy.  fau),  et  colère, 
habiter. 

t  KAGINE  (fa-gi-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie.  Prin- 
cipe trouvé  dans  les  faînes. 

—  ÉTYM.  Lat.  fagus,  hêtre. 

f  FAGNE  (fa-gn') ,  s.  f.  Terme  de  géologie.  Marais 
dans  une  petite  cavité  au  sommet  d'une  montagne. 

—  ÉTYM.  Ce  semble  une  autre  forme  de  fange. 
FAGOT  (fa-go;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 

ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  fa-go-z  enflam- 
més; fagots  rime  avec  repos,  travaux,  maux,  etc.), 
s.  m.  Il  1°  Assemblage  de  menues  branches;  bourrée 
dans  laquelle  se  trouvent  toujours  trois  ou  quatre 
brins  de  bois  plus  gros  que  les  autres.  Il  fallait  tous 
les  fagots  de  la  petite  maison  pour  le  dégeler,  ha- 
milt. Gramm.  9.  C'est  après  une  déclaration  aussi 
solennelle  que  Jean  Chauvin,  dit  Calvin,  fils  d'un 
tonneUer  de  Noyon,  fit  brûler  dans  Genève,  à  pe- 
tit feu  avec  des  fagots  verts,  Michel  Servet  de  ViUa- 
Nueva;  cela  n'est  pas  bien,  volt.  Dict.  phil.  Tri- 
nité. Voilà,  mes  chers  amis,  en  quelle  extrémité  se 
trouve  réduit  le  bonhomme  Paul  que  nous  avons 
vu  faire  tant  et  de  si  bons  fagots  dans  son  bois  de 
Larçay ,  p.  L.  couR.  Aux  âmes  dévotes.  ||  L'âme  d'un 
fagot,  l'intérieur  fait  du  plus  menu  bois.  ||  Châtrer 
un  fagot,  en  ôter  quelques  bâtons.  ||  Prendre  l'air 
d'un  fagot,  se  chauffer  légèrement.  ||  Brûler  le  fa- 
got, aller  boire  bouteille  au  cabaret  où  l'on  se  fait 
allumer  un  fagot  pour  se  chauffer.  ||  Terme  de  forti- 
fication. Fagots  de  sape,  petites  fa.scines.  ||  Familiè- 
rement. C'est  un  fagot  d'épines,  se  dit  d'une  per- 
sonne revêche  et  bourrue.  Je  vous  ai  mandé  comme 
Mme  de  Vins  m'a  écrit  joliment  sur  la  jalousie  qu'elle 
a  de  Mme  de  Villars;  jamais  vous  n'avez  vu  un  si 
joli  fagot  d'épines,  sÉv.  233.  Mme  de  Vins  vient  de 
mécrire  une  lettre  encore  fort  jolie  et,  comme  vous 
dites,  bien  plus  flatteuse  qu'elle;  elle  me  dit  que, 
pour  ne  point  souhaiter  mon  amitié,  il  n'y  a  point 
d'autre  invention  que  de  ne  m'avoir  jamais  vue; 
D'est-ce  pas  un  fagot  de  plumes  au  lieu  d'un  fagot 
d'épines?  ID.  240.  C'était  un  grand  homme  fPussortj 

DICT.    DE   LA    LANGUE   FltANÇAlSF,. 


sec,  de  dur  et  difficile  accès,  un  fagot  d'épines, 
ST-siM.  43,  269.  Il  y  a  des  difficultés  à  tout;  ce 
monde-ci  n'est  qu'un  fagot  d'épines,  volt.  Lctl. 
d'Àrgental,  21  juill.  1661.  ||  Populairement.  Être 
habillé  comme  un  fagot,  c'est  un  fagot  habillé, 
se  dit  d'une  personne  habillée  fort  mal,  .sans  aucun 
goût.  Il  Elle  est  faite  comme  un  fagot,  elle  est  mal 
faite.  Elle  se  met  comme  un  fagot,  elle  s'habille  mal. 
Il  Être  tout  en  un  fagot,  se  replier  pour  tenir  moins 
de  place.  |1  2°  Cet  homme  sent  le  fagot,  il  a  des 
sentiments  d'hérétique,  et  court  risque  d'être  brûlé 
avecdes  fagots,  ainsi  que  cela  se  faisait.  Un  païen 
qui  sentait  quelque  peu  le  fagot ,  Et  qui  croyait 
en  Dieu,  pour  user  de  ce  mot.  Par  bénéfice  d'in- 
ventaire. Alla  consulter  Apollon,  la  font.  Fabl. 
IV,  <9.  Tu  vis  sa  muse  [de  J.  B.  Rousseau]  indiffé- 
rente Entre  l'autel  et  le  fagot,  Manier  d'une  main 
savante  De  David  la  harpe  imposante  Et  le  flageolet 
de  Marot,  volt.   Temple  du  goût.    Ainsi  l'ont  dit 

les  malins  huguenots Mais  ces  gens-là  sentent 

bien  les  fagots,  id.  Mule  du  pape.  ||  Se  dit  aussi 
des  choses.  Un  livre  qui  sent  le  fagot,  livre  qui 
pourrait  faire  brûler  son  auteur.  Cela  sent  bien  le 
fagot,  SÉv.  B2t.  Il  Aujourd'hui  sentir  le  fagot  ne  se 
dit  guère  qu'en  plaisantant  pour  faire  entendre  à 
quelqu'un  qu'on  n'a  pas  grande  confiance  dans  la 
régularité  de  sa  vie,  dans  la  sincérité  de  ses  croyan- 
ces. Vous  confier  cette  jeune  fille  1  oh  que  non!  vous 
sentez  le  fagot.  ||  3°  Fig.  Il  se  dit  pour  contes  fago- 
tés, pour  récit  de  choses  peu  importantes,  et  aussi 
pour  bourdes.  Cette  nouvelle  est  un  fagot.  Que 
pourrions-nous  conter  si  nous  ne  contions  des  fa- 
gots? SÉV.  464.  Je  n'écrirai  point  aujourd'hui  à  mon 
ami;  je  ne  l'en  aime  pas  moins:  il  me  conte  tou- 
jours des  fagots  fort  jolis,  ID.  13  déc.  1684.  Mais 
enfin  vous  avez  été  contente  de  mes  fagots;  c'est 
une  fort  plaisante  chose  que  de  trouver  dans  mes 
lettres  des  nouvelles  de  la  cour,  id.  28  juillet  <680. 
Tant  que  vous  ne  cesserez  de  nous  conter  des  fa- 
gots, et  de  vous  servir  de  fagots  allumés,  au  lieu  de 
raisons,  vous  n'aurez  pour  partisans  que  des  hypo- 
crites et  des  imbéciles,  volt.  Dial.  xxvi ,  <.||  Lo- 
cution née,  ditDomergue(So!ulions9ramma(icaies, 
p.  <42),  de  ce  qu'un  marchand  de  fagots  criait  sa 
marchandise  en  même  temps  qu'un  vendeur  de  la 
gazette  de  Renaudot  criait  la  sienne.  Mais  il  est 
probable  que  cette  anecdote  est  fausse,  et  que  fagot 
est  ici  un  emploi  métaphorique  pareil  à  celui  qu'a 
reçu  fagoter;  ou  peut-être,  fagot  signifiant  en  an- 
glais passe-volant ,  conter  des  fagots  vient-il  de 
compter  des  passe-volants.  \\  4°  Se  dit  quelquefois  pour 
paquet,  faisceau.  J'ai  reçu  un  fagot  de  lettres  des 
Lavardins,  sév.  233.  Le  fameux  négociant  qui  reçut 
Charles-Quint  dans  sa  maison,  et  qui  alluma  un  fagot 
de  cannelle  avec  une  obligation  de  cinquante  mille 
ducats  qu'il  avait  de  ce  prince,  montra  plus  de  gran- 
deur d'âme  que  l'empereur,  volt.  Dict.  phil.  Grand. 
Il  Terme  de  commerce.  Paquet  de  plumes  d'autru- 
che, plumes  telles  qu'elles  arrivent  de  l'étranger. 
Il  Populairement.  Paquet  de  hardes,  de  linge,  etc. 
Il  5°  Ouvrage  de  charpenterie,  de  menuiserie,  dont 
les  pièces  démontées  sont  liées  en  paquet,  en  fais- 
ceau. ||  Terme  de  marine.  Barques  ou  chaloupes  en 
fagot,  des  barques  et  des  chaloupes  démontée,*, 
qu'on  porte  sur  un  vaisseau  pour  les  monter  d.ins 
le  besoin.  Il  a  bien  fait  de  faire  doubler  la  Belle, 
puisqu'elle  a  été  estimée  assez  forte  pour  aller  aux 
îles  d'Amérique  ;  mais  une  autre  fois  il  suffira  de 
faire  porter  en  fagot  les  membres  des  barques  lon- 
gues qui  devront  demeurer  aux  dites  îles,  afin  de 
les  faire  border  de  poirier  de  l'Amérique,  quand 
elles  y  seront  arrivées.  Ordres  du  roi,  5  avril  1680, 
dans  JAL.  Il  Terme  de  musique.  Ancien  synonyme 
de  basson,  ainsi  dit  parce  que,  se  brisant  en  deux 
parties,  il  ressemble  à  deux  morcaux  de  bois  liés 
ensemble.  Fagotto  est  en  italien  le  nom  du  basson, 
et,  dans  la  musique  imprimée  .soit  d'orchestre,  soit 
de  chambre,  souvent  on  donne  ce  titre  à  la  partie 
du  basson.  ||  Proverbes.  Il  y  a  fagots  et  fagots, 
c'est-à-dire  il  y  a  de  la  différence  entre  des  per- 
sonnes de  même  état ,  entre  des  choses  de  même 
sorte.  Vous  en  pourrez  trouver  autre  part  à  moins; 
il  y  a  fagots  et  fagots;  mais  pour  ceux  que  je  lais.... 
MOL.  Méd.  m.  lui,  i,  6.  ||  Il  y  a  bien  de  la  différence 
entre  une  femme  et  un  fagot,  se  dit  quand  on  parle 
de  deux  choses  fort  dissemblables. 

—  HlST.  xm*  s.  Nus  feniers  ne  puet  ne  ne  doit 
conporter  ne  faire  conporter  par  la  vile  de  Paris 
fagoz,  se  il  ne  sont  vendus,  Liv.  des  met.  243. 
Il  xiv*  s.  Car  par  eux  les  fossez  furent  bientost  em- 
plis De  fagos,  de  tonneaux  qui  furent  desemplis, 

Guescl.  21215.  Il  XVI*  s Et  se  jecte  tout  vestu 

sur  un  fagot  de  paille,  carloiï,  y,  (5.  Les  fagots 


marchands  doivent  estre  espincez  de  trois  pieds  et 
dcmy  de  long,  et  neuf  paulmes  de  cloyere  au  rond, 
Nouv.  coustum.  gén.  1. 11,  p.  14». 

—  ÉTYM.  Bourgiiig.  faigd;  provenç.  fagot;  ital. 
fagotto,  fangolto;  angl.  fagot;  kymri,  fagod;  bas- 
breton,  fagod;  irland.  fagoid.  Diez,  qui  remarque 
que  le  latin  fagus,  hêtre,  dont  quelques-uns  ont 
tiré /'agoe,  auraitdonné /"ai/ot,  le  tire  de  fax,  torche, 
faisceau  de  bois  inflammalile;  le  c  ayant  été  change 
en  3  comme  dans  l'italien  sorffo,  du  latin  soricem, 
souris,  etleprovençaUugor,  dulatin  lux,  lumière; 
le  wallon  a  hac,  fagot,  qu'il  rattache  aussi  à /"aa;. 

FAGOTAGE  (fa-go- ta-j'),  s.  m.  ||  1"  Acte  de  celiu 
qui"  fagote  ;  action  de  fagoter.  Blondeau  est  assigiij 
pour  le  port  d'armes;  il  est  comme  un  fou;  je  craim 
que  mon  fagotage  n'en  souffre,  p.  l.  cour.  Lett.  n, 
(42.  Il  2°  Bois  propre  à  être  mis  en  fagots.  Il  n'y  a 
que  du  fagotage  dans  ce  bois.  ||  3"  Kig.  et  familière- 
ment. Travail,  opération,  collection  faite  à  la  hâte 
et  sans  soin.  11  eût  fallu  faire  un  fagotage  de  récon- 
ciliation, SÉv.  690.  Tout  le  fagotage  de  bagatelles 
que  je  vous  mandais,  id.  215.  Je  suis  bien  heureuse 
que  de  tels  fagotages  vous  plaisent,  id.  124.  Mais 
n'admirez-vous  point  le  fagotage  de  mes  lettres? 
je  quitte  un  discours,  on  croit  en  être  dehors,  et 
tout  d'un  coup  je  le  reprends,  id.  12  janv.  1674. 

—  HIST.  xvi*  s.  Dresser  la  garenne,  sert  et  à  se 
munitionnerde  connins,  et  du  fagotage  pour  le  feu, 
0.  De  serres,  36.  Ce  fagotage  de  tant  de  diverse» 
pièces  se  faict  en  cette  condition,  que  je  n'y  mets 
la  main  que  lorsqu'une  trop  lasche  oysifveté  me 
presse,  mont,  m,  196. 

—  ETYM.  Fagoter. 

t  FAGOTAILLE  (fa-go-tâ-ll'.  Il  mouillées),  s.  f. 
Terme  d'eaux  et  forêts.  Garniture  d'une  chaussée 
d'étang  avec  des  fagots. 

—  ÉTYM.  Fagot. 

FAGOTÉ,  ÉE  (fa-go-té,  tée),  part,  passé. 
Il  1"  Mis  en  fagots.  Du  bois  fagoté.  ||  2°  Fig.  Fait  de 
pièces  diverses  et  grossièrement  comme  un  fagot. 
Le  Catholicon  [sorte  de  dictionnaire]  de  Joannes  de 
Janua  fagoté  des  recueils  de  Papiasetde  ceux  d'Ugo- 
tion,  Préf.  du  dict.  de  Furetière.  ||  3°  Familière- 
ment. Vêtu,  arrangé  comme  un  fagot.  Eût-elle  en 
vrai  magot  tout  le  corps  fagoté....  corn,  le  Ment,  i, 
4.  Vouu  voilà  fagoté  d'une  plaisante  sorte!  mol.  l'Ét. 
IV,  1.  Talma  était  fagoté  on  110  peut  pas  plus  mal; 
des  draperies  si  lourdes  et  si  embarrassantes  qu'il  na 
pouvait  laire  un  pas,  p.  l.  cour.  ie((.  11,  i36.  ||  Cela 
est  mal  fagoté,  cela  est  fait  sans  talent  ou  sans  goÉt. 

t  FAGOTEMENT  (fa-go- le-man),  s.  m.  Synonyme 
de  fagotage. 

—  HIST.  XVI'  s.  Fagottement,  oudin,  Dict. 
FAGOTER  (fa-go-té),  v.  a.  ||  1°  Mettre  en  fagots. 

Fagoter  du  bois  coupé.  ||  2"  Fig.  et  familièrement. 
Mal  disposer,  mal  arranger.  Qui  a  fagoté  cela  ainsi? 
Il  Habiller  avec  mauvais  goût.  Qui  vous  a  fagoté 
comme  cela?  mol.  Bourg,  gent.  v,  1.  C'est  le  céré- 
monial et  l'étiquette  qui  fagolent  ces  gens-là  comme 
vous  les  voyez,  dider.  Saion de  1767,  (Jt'.uv.  t.  xiv, 
p.  46,  dans  POUGENS.  |{  3"  Arranger  un  conte,  un 
mensonge,  et,  en  un  autre  sens,  tramer.  Ils  m'ont 
fagoté  cent  histoires  invraisemblables.  Je  ne  sais  ce 
qu'ils  fagotent  ensemble.  ||  4°  V.  n.  Terme  de  pê- 
che. Faire  rouler  des  fagots  le  long  d'un  étang  pour 
forcer  le  poisson  à  descendre.  1|  5°  Se  fagoier,  v. 
réfl.  Être  mis  en  fagots.  Ce  bois  se  fagote  difficile- 
ment. Il  Fig.  S'habiller  avec  mauvais  goût.  On  no 
peut  se  fagoter  plus  mal  que  cette  femme.  ||  Être 
composé ,  inventé  sans  grand  soin.  Ce  sont  des 
contes  qui  se  fagotent  en  un  rien  de  temps. 

—  HIST.  xiii*  s.  Nus  marcbanz  de  fein  ne  puet  ne 
ne  doit  porter  fein  fagotez  ne  délie/  de  grange  ne  de 
meson  à  nul  des  porz  de  Paris,  Liv.  des  met.  24,->. 
Il  XV'  s.  On  alla  aux  bois  lointains  et  prochains  et 
commença-t-on  à  fagoter  àgrand'pleiité  [les  Gantois 
devant  Audenarde],  fhoiss.  ii,  11,  166.  ||  xvi'  s.  Sied 
il  pas  bien  à  deux  consuls  romains....  d'employer 
leur  loisir  à  ordonner  et  fagotter  gentiement  une 
belle  missive,  pour....  mont,  i,  288.  Ce  vénérable.., 
emmailloté  et  fagoté  dans  une  grosse  robe  fourrée, 
NOËL  DU  FAiL,  Eutrapel,   chap.  I",  De  la  justice. 

—  ÉTYM.  Fagot. 

FAGOTEDR  (fa-go- leur),  s.  m.  \\  1'  Celui  qui  fait 
des  fagots.  Payer  les  fiigoteurs.  ||  2°  Fig.  et  par  dé- 
nigrement. Un  fagoteur  de  romans. 

—  HIST.  xiv  s.  Le  suppliant  dist  à  icelui  Thomas 
qu'il  n'estoient  raie  en  sa  puissance  ne  d'un  tel  fa- 
goteur mengeur  de  soupes....  du  cange,  fagotar». 
Il  xvi*  s.  Je  voudrois  estre  un  pitaut  de  village.... 
Ou  fagoteur  qui  travaille  au  bocage,  bons.  44. 

FAGOTIN  (fa-go-lin),  s.  m.  \\  1"  Petit  fagot 
préparé  avec   des  morceaux  de  bois  blanc  qu'on 

l.  ~  'JOO 


■ 


lâ'J'» 


KM 


ted  M  UM  «ulUtud»-  d«  Mutolloi  pour  allumor  lo 

billi  iu.  montrent  le  clui.lnl.'i.  cl  lei  bateleur.. 
Ut  tour*  d»  f««uiin.  Un  moi»  durant,  le  roi  tien- 
drait t^ur  |)l*ni6ro,  dont  l'oiirerture  Devait  être 
Wirori  «rind  fealiD,  Suivi  d«i  tours  de  fagolin,  la 
K)KT,  tabl.  vu,  1.  Il  8*  Par  extension,  bouffon  d'un 
Uiéiire  de  fuire.  Là  dan*  le  camaral  tous  pouvez 
espin-r  Le  liai  et  la  grand'bande,  à  savoir  deux  mu- 
teilvs,Et  parfois  ragotin  et  les  marionnettes,  hol. 
Tari.  Il,  ».  Il  Kamiliirement.  Cest  UD  vrai  fagotin, 
se  dit  d'un  mauvais  plaisant. 

—  KTYM.  liimiiiutif  lie /'agoL 

t  FAGOTiNES  (fa  go-ti-n') ,  I.  f.  plur.  Petites  par- 
lies  de  soie  faites  par  des  particulier!. 

—  ÉTYII.  Fagot. 

FAOOUB  (fa-goue),  t.  f.  Nom  donné  par  les  bou- 
chers au  thymus  ou  ris  de  veau.  ||  Nom  vulgaire  du 
pancréas  chez  la  porc. 

—  r.TYM.  Origine  inconnue. 

FAGUENAS  (fa-glienS),  i.  m.  Terme  familier  ol 
Tieilli.  Odeur  rebutante  qui  sort  d'un  corps  échauffé; 
odeur  il'hdpital.  Gousset,  escaRgnon,  faguenai,  cam- 
bouis, Oui  formez  ce  présent  que  mes  jeux  ré- 
jouis Sous  l'aveu  de  min  nez  lorgnent  comme  un 
fromage,  st-ama:<d.  Cantal. 

—  ETYM.  Origine  Inconnue.  Odeur  de  crocheteiir 
échauffé,  dit  la  Moniioye,  CfojJ.  de*  noels  bourgui- 
gnoiu,  qui,  en  conséquence,  le  tire  de /'aqum.  Le 
g  fait  difliculté;  il  en  ferait  moins  si  l'on  savait  que 
le  mot  vint  des  dialectes  du  Midi  qui  se  rapprochent 
do  re.sp.ignol. 

t  FAGUKTTE  (fa-ghè-f),  t.  f.  Terme  d'art  mili- 
laire.  l'élit  fagot. 

—  ÉTYM.  Le  même  radical  fag  que  dans  fagot. 

f  FAHAM  (fa-ham'),  i.  m.  Teriiie  de  botanique. 
Orchidée  parasite  {anyrxcum  fragrans,  Dupetit- 
Thouars),  voisine  des  vanilles,  de  llle  Maurice^  usi- 
tée comme  digestiv»  et  contre  la  phihisie. 

t  FAIBLAGE  (fè-bla-j") ,  i.  m.  ||  1»  Diminution  de 
valeur  ou  de  quantité.  11  y  a  ici  du  faiblage,  ce  cClé 
de  l'étoffa  est  moins  fort.  |{  3'  Ancien  terme  de  mon- 
nayeur.  Quanlilé  permise  de  laquelle  une  monnaie 
est  au-dessous  du  titre.  Faiblage  de  poids,  d'aloi. 

—  KTYM.  Faible. 

FAIBLE  (fè-bl'.  Chifflet ,  Gramm.  p.  soi,  dit 
qu'on  laisse  piner  faible;  ce  qui  prouve  que  de  son 
temps  foible,  c'est-àdire  fouéble,  était  la  pronon- 
ciation la  plus  usitée),  adj.  \\  !•  Qui  est  sans  force, 
«ans  vigueur.  Avoir  les  jambes  faibles.  Nous  naissons 
tatbles.  Les  faibles  mortels.  Ce  héros  dans  mes  bras 
est  tombé  tout  sanglant,  Faible,  et  qui  s'irritait 
contre  un  trépas  si  lent,  bac.  Jfifftr.  v,  4.  jj  Dans 
un  *^'e  faible,  dans  l'enfance,  dans  les  premiers 
temps  de  l'adolescence.  Et  ses  femmes  en  paix  gui- 
daient mes  faibles  ans,  volt.  Fanal,  i,  2.  ||  Avoir 
les  yeux  faibles,  la  vue  faible,  se  dit  des  personnes 
qui.  supportent  difficilement  le  grand  jour.  Ces  cha- 
crelas  (voy.  kakeblak)  sont  blancs  et  blonds,  ils  ont 
les  yeux  faibles  et  ne  peuvent  supporter  le  grand 
jour;  au  contraire  ils  voient  bien  la  nuit,  buff.  Hist. 
nat.  homme,  t.  v,  p.  4S,  dans  poogens.  ||  Avoir  les 
reins  faibles,  n'avoir  pas  l'échiné  forte;  et  fii,'. 
dans  la  langage  familier,  n'avoir  pas  assez  de  bien, 
de  crédit,  de  talent,  etc.  pour  venir  à  bout  de  ce 
que  l'on  entreprend.  ||  i'  Il  se  dit  des  facultés  intel- 
lectuelles. Notre  faible  raison.  Une  tête  faible.  Avoir 
riiit(;lli(.'ence  faible.  Plus  l'esprit  est  faible,  plus  il 
Imagine  de  chimères,  cuclos,  Hist.  Louis  XI,  Œu- 
vres, t.  II,  p.  489,  dans  pouGENs.  Il  Dans  le  style  de 
l'Écriture,  l'esprit  est  prompt  et  la  chair  est  faille, 
c'est-à-dlro  la  tenution  vient  vite  ,  et  la  chair  y 
succombe  facilement  ||  Un  esprit  faible,  un  esprit 
qui  n'a  pasde  force  ou  d'étendue,  qui  se  laisse  do- 
miner, ou  qui  se  laisse  gouverner  par  les  préjugés, 
les  opinions.  ||  8*  Qui  manque  de  puissance,  de  res- 
sources, etc.  Un  État  faibk-  et  pauvre.  Un  gouver- 
nement faible.  L'ennemi  trop  faible  pour  tenir  tête. 
Une  armée  faible  en  nombre,  en  infaïueiie.  Mais 
que  ceux  qui  veulent  croire  que  tout  est  faible  dans 
les  malheureux  et  dans  les  vaincus  ne  pensent  pas 
pour  cola  nous  persuader  que  la  force  ait  manqué  à 
son  courage  ni  la  vigueur  &  ses  conseils,  boss. 
Hunt  d  Anglel.  11  épuisa  son  royaume  d'hommes  et 
ao  vais^eam,  même  d'argent,  lui  qui  possédait  les 
mines  du  nouveau  monde,  et  laissa  une  monarchie 
«^f  «.T*'  "*''  •■'''PaBne  plus  faible  qu'elle  n'a- 

"lin  r.  M     l!'"""'"  «le  "'«nt,  de  capacité.  Un  écri- 
ne  JîtL''?,r"'  '1"""""  P"'  «îhrotiens,  ,i  je 

weoee  et  le  goût  des  Écritures  divines... 


FAI 

nos».  Anne  de  Gons.  J'ai  trouvé  dans  votre  style  tant 
de  force  et  tant  de  naturel  que  j'ai  cru  n'être  que  votre 
faible  traducteur,  et  que  je  vous  ai  cru  l'auteur  do 
l'original,  volt.  Lett.  Cetarotti,  tojanv.  <7a«.  ||  Un 
élïtve  faible,  élève  qui  fait  peu  de  progrès.  Il  est 
faible  en  version  grecque,  en  vers  latins.  ||  8»  Il  se 
dit,  dans  un  sens  analogue,  des  productions  do  l'art 
ou  de  l'esprit.  Un  ouvrage  faible.  Ca  que  cet  artiste 
a  exposé  est  faible.  Mais,  si  j'ose  avoir  mon  avis, 
Mahomet,  malgréson  faible  cinquième  acte  qui  sera 
toujours  faible,  est  un  morceau  très-singulier,  volt. 
Utt.  d'Argenlat,  a  fév.  (7*a.  Voilà  sans  contredit 
la  plus  faible  des  tragédies  de  Kacine  [liérénice]  qui 
sont  restées  au  théâtre  ;  ce  n'est  pas  même  une  tra- 
gédie; mais  que  de  beautés  do  détail,  etquel  charme 
inexprimable  règne  presque  toujours  dans  la  diction  I 
m.  Comm.sur  Corn.  Bem.  sur  UMnice  de  Racine, 
acte  v,  se.  7.  M.  Chardon  me  mande  qu'il  a  trouvé  le 
mémoire  de  M.  de  Beaumont  pourles  Sirven  bien 
faible,  ID.  i««.  flomiiauiMe,  30  janv.  4707.  ||  Style 
faible,  style  qui  n'a  pas  de  force,  pas  d'énergie. 
Il  6°  Oui  manque  de  force  morale,  qui  est  trop  in- 
dulgent, sans  fermeté.  Une  mère  trop  faible.  Un 
cœur  faible.  Penses-tu  que  j'imite  une  faible  Per- 
sane? BAC.  Alex,  m,  2.  Je  suis  père,  seigneur,  et 
faible  comme  un  autre,  id.  Iphig.  I,  6.  Un  sexe 
dangereux  dont  les  faibles  esprits  D'un  peuple  en- 
cor  plus  faible  attirent  les  hommages,  volt.  Tancr. 
I,  4.  Je  le  trouve  [Claude]  plus  faible  que  méchant, 
DiDkR.  Claude  et  Nér.  i,  34.  Us  ressemblent  à  ces 
âmes  faibles  qui  ne  peuvent  entendre  l'histoire  d'un 
malheureux  sans  lui  donner  des  larmes,  et  pour  qui 
il  n'y  a  point  de  tragédies  mauvaises,  id.  /,eK.  sur 
les  sourds  et  muets.  Les  gens  faibles  s'engagent 
facilement  dans  l'avenir;  les  projets  éloignés  ne  les 
effrayent  pas,  genlis,  Mlle  de  Lafayetle,  p.  282, 
dans  POUGENS.  ||  Elle  est  faible,  elle  a  été  faible,  se 
dit  d'une  femme  qui  s'est  laissée  aller  à  la  séduc- 
tion. Il  II  se  dit  aussi  des  choses.  Sur  cela  je  pleure 
sans  pouvoir  m'en  empêcher;  voilà  qui  est  bien 
faible;  mais  pour  moi  je  ne  sais  point  être  forte 
contre  une  tendresse  si  juste  et  si  naturelle,  sév. 
32.  Il  1°  Peu  considérable  par  rapport  à  la  quan- 
tité, à  la  valeur,  à  l'intensité.  Tu  reverras  le  calme 
après  ce  faible  orage,  corn.  Ci'd,  n ,  3.  De  si  faibles 
sujets  troublent  cette  grande  âme!  id.  Polyeucle,  i, 
4.  Le  faible  souvenir  en  trois  ans  s'en  perdit,  id. 
Iléracl.  IV,  4.  Le  malheureux  Araspe  avec  sa  faible 
escorte  L'avait  déjà  conduit,  ni.  Nie.  v,  7.  Quelque 
léger  dégoût  vient-il  le  travailler.  Une  faible  va- 
peur le  fait-elle  bâiller?  boil.  Sat.  x.  Vous  redou- 
tez un  mal  faible  dans  sa  naissance,  bac.  Brit.  m, 
I.  Tant  d'honneurs....  Sont-ce  de  ses  bienfaits  de 
faibles  récompenses?  id.  i6.  iv,  2.  Ma  rivale....  Op- 
posait un  empire  à  mes  faibles  attraits,  id.  Baj.  l, 
i.  X  peine  un  faible  jour  vous  éclaire  et  me  guide, 
ID.  Iphig.  1,1.  Seigneur,  honorez  moins  une  faible 
conquête,  id.  ib.  i,  2.  La  fureur  de  mes  feux,  l'hor- 
reur de  mes  remords.  N'était  qu'un  faible  essai  des 
tourments  que  j'endure,  id.  Phèd.  iv,  6.  Ou  aime 
h  voir  le  faible  ruisseau  dont  est  sorti  à  la  fin  ce 
grand  fleuve  qui  a  inondé  la  terre,  volt.  Polit,  et 
législ.  Comm.  sur  l'Esprit  des  lois;  des  Francs.  J'ai 
commandé  qu'on  porte  à  votre  père  Les  faibles 
dons  qu'il  convient  de  vous  faire;  Ils  paraîtront  bien 
indignes  de  vous,  id.  Droit  du  seign.  m,  6.  Il  lui 
promit  d'employer  à  la  servir  tout  son  faible  crédit, 
GENLIS,  Ulle  de  Lafayetle,  p.  (0,  dans  pougens.  La 
faible  voix  de  l'enfance  qui  va  s'élever  en  votre  fa- 
veur pénétrera  jusqu'au  trône  de  l'Eternel,  id.  «6. 
p.  23,  dans  POUGENS.  Il  On  dit  dans  un  sens  analo- 
gue :  c'est  une  faible  excuse.  Vos  raisons  sont  bien 
faibles.  ||  Du  vin  faible,  du  café  faible,  du  vin,  du 
café  où  la  partie  aqueuse  prédomine.  ||8°  Qui  est  au- 
dessous  du  taux,  du  litre,  de  l'étalon  légal.  ||  Mon- 
naie faible,  monnaie  qui  n'a  pas  le  poids.  ||  Poids 
faible,  poidsinférieur  àce  qu'il  devrait  être.  ||  Un 
mètre  faible,  longueur  qui  n'atteint  pas  tout  à  fait 
un  mètre.  Le  corps  entier  n'a  que  treize  pouces,  de- 
puis le  bout  du  nez  jusqu'à  l'origine  de  la  queue,  et 
dix  pouces  faibles  de  hauteur,  buff.  Quadrup.  t.  ix, 
p.  142,  dans  POUGENS.  ||  9*  Qui  n'a  pas  assez  d'é- 
paisseur, de  grosseur,  de  solidité.  Cette  poutre, 
cette  corde  e.st  trop  faible.  ||  Il  se  dit  d'un  poste, 
d'une  place  de  guerre  mal  fortifiée.  Ce  poste  trop 
faible  fut  enlevé  par  l'ennemi.  Chaque  place  a 
son  côté  faible.  Ce  n'est  pas  pour....  que  vous  êtes 
encore  ici ,  c'est  comme  des  espions  qui  venez  re- 
garder les  endroits  faibles  do  cette  contrée,  mass. 
Carime,  Parole.  ||  Fig.  Le  côté  faibled'une  chose,  ce 
qu'elle  a  de  défectueux.  Le  côté  faible  d'un  système. 
Il  Le  côté  r.^ible  de  quelqu'un,  son  défaut  particu- 
lier, sa  passion  dominante.  Vous  avez  trouvé  son 


FAI 

côté  faible.  Prendre  quoiqu'un  par  son  côté  faible. 
Il  Côté  faillie  se  dit  aussi  de  ce  qu'une  personne 
sait  le  moins.  Il  a  fait  de  bonnes  étwdes,  mais  le 
grec  est  son  côté  faible.  ||  10*  Faible  de,  avec  UD 
substantif,  indique  le  genre  de  faiblesse.  Un  che- 
val faible  de  reins.  Un  homme  faible  de  caractère. 
Un  ouvrage  faible  de  raisonnement.  Les  ennemi» 
étaient  faibk-s  d'infanterie,  b'ablancourt,  Arrien, 
liv.  I,  dans  richelet.  ||  Terme  de  marine.  Faible  de 
côté,  se  dit  d'un  bâtiment  qui  donne  une  forte 
bande  sous  l'impulsion  d'un  vent  de  travers.  Faible 
d'échantillon,  se  dit  d'un  bâtiment  dont  les  muraiU 
les  ont  peu  d'effet  relativement  à  la  capacité.  ||  Fai- 
ble de,  avec  un  infinitif,  faible  pour,  à  cause  que... 
Faible  d'avoir  déjà  combattu  l'amitié,  Vainorait-ella 
à  la  fois  l'amour  etia pitié?  corn,  dans girault-du- 
viviER.  Il  U*  S.  m.  Use  dit  de  toute  personne  qui 
manque  de  force  et  a  besoin  de  protection.  La  justice 
ne  regarde  ni  le  fort  ni  le  faible,  patru  ,  Plaidoyer  6, 
dans  richelet.  Donner  courage  aux  faibles,  pascal, 
danscoL'Si:*.  Les  plus  faibles  ne  furent  pas  lesderniers 
à  comprendre  la  nécessité  de  vivre  ensemble,  pour 
se  garantir  de  la  violence  et  de  l'oppression,  hollw, 
Hist.  ane.  t.  ii,  p.  49i ,  dans  pocoens.  C'est  le  faible 
qui  trompe  ,  et  le  puissant  commande,  volt.  Fanal. 

11,  6.  Le  faible  est  destiné  pour  servir  le  plus  fort, 
ID.  Orph.  IV,  2.  Il  lî°  U  se  dit  aussi  des  personnes 
dont  l'âme  n'est  pas  forte,  se  trouble,  s'émeut  faci- 
lement. Vaines  circonstances  qui  ne  blessent  que  1  i- 
magination  des  faibles,  pascal,  dans  cousin.  Her- 
cide  est  faible  ami,  le  faible  est  bientôt  traître, 
VOLT.  Uahom.  iv,  1. 1|  Scandaliser  les  faibles,  tenir 
des  propos,  écrire  des  choses  qui,  heurtant  les  opi- 
nions reçues,  alarment  les  esprits  ou  les  consciences 
qui  ne  sont  point  préparées  là  contre.  11  ne  faut  pas 
scandaliser  le  moindre  des  faibles,  maintenon,  Li:tl. 
au  card.  de  Noailles,  2  nov.  ilub.  Je  crains  de 
scandaliser  les  faibles  plutôt  que  de  les  édifier,  volt. 
PIM.  III,  328.  Il  13°  Ce  qu'il  y  a  de  moins  fort,  de 
moins  solide  dans  une  chose.  Le  faible  d'une  poutre. 
Le  faible  d'une  place  de  guerre.  ||  Terme  d'escrime. 
Le  faible  d'une  épée,  le  tiers  du  tranchant,  qui  fait 
l'extrémité  de  la  lame.  ||  14°  Fig.  Ce  qu'il  y  a  de  dé- 
feotueux  en  quelque  chose.  La  république  avait  son 
faible  inévitable,  bcss.  Hist.  m,  7.  Toutes  les  gran- 
deurs ontleur  faible,  ID.  I,  Visit.  (.C'est  ici  que  li- 
doiatrie  découvrit  tout  à  fait  son  faible,  id.  Hist.  ii, 

1 2.  Il  Le  fort  et  le  faible,  ce  sur  quoi  l'on  peut  comp- 
ter et  ce  sur  quoi  l'on  ne  peut  pas  compter.  Coi.- 
naître  le  fort  elle  faible  d'une  affaire.  ||  15°  Le  prin- 
cipal défaut  d'une  personne,  sa  passion  dominante. 
Il  aime  ses  enfants,  ce  courage  inilexible;  Son  fai- 
ble est  découvert,  par  eux  il  est  sensible,  corn 
Uéde'e,  m,  4.  Nous  nous  aimons  un  peu,  c'est  notre 
faible  à  tous;  Le  prix  que  nous  valons,  qui  le  sait 
mieux  que  nous  ?id.  Excuse  à  Ariste.  Tous  les  coeurs 
ont  leur  faible  cl  c'était  là  le  mien,  ID.  Sophon.  v, 
5.  Ma  raison  s'est  troublée  et  mon  faible  a  paru, 
ID.  Théodore,  v,  î.  Et  que  voire  langage  à  mon 
faible  s'ajuste ,  mol.  Dép.  am.  Il  ,  7.  Je  l'ai 
prise  par  son  faible,  id.  Am.  méd.  m,  6.  C'est 
de  flatter  le  faible  de  leur  cœur,  lu.  D.  Gare,  ii, 
t.  Il  me  répondit  qu'en  intéressant  sa  conscience  je 
le  prenais  par  son  faible;  ce  n'était  pas  effectivement 
par  son  fort,  lesage,  Gil  Blas,  i,  2.  Elle  savait  qiio 
le  faible  de  ce  prince,  jaloux  de  sou  auloriié,  était 'io 
paraître  tout  faire  par  lui-même,  duclos,  louii  17 1', 
Œuvres,  t.  v,  p.  182,  dans  pougens.  Ce  qui  fait 
le  mérite  essentiel  de  quelques  hommes  ne  peut 
même  subsister  dans  quelques  autres  comme  un 
faillie,  vauven.  Jfaa;.  ccLVn.  ||  16°  Tendresse  trop 
complaisante.  Il  a  un  faible  pour  cet  enfant.  Puis- 
que me  voilà  sur  l'article  du  tripot  [le  théâtre],  je 
vous  avouerai  que  j'ai  du  faible  pour  le  Droit  du 
Seigneur,  et  que  l'ouvrage  me  parait  neuf  et  pi- 
quant; j'ai  peut-être  tort,  volt.  Lett.  d'Argental, 
2  avril  (763.  Il  17°  Faible  se  dit  aussi  pour  dési- 
gner ce  qui  manque  à  quelqu'un.  C'est  le  faible 
commun  des  gens  de  qualité,  Leurs  titres  bien  sou- 
vent font  tout  leur  patrimoine,  destouches,  Glor. 
V,  6.  Il  Infériorité.  La  Briffe  sentit  son  faible  à  l'é- 
gard du  premier  président  en  tout  genre,  ST-SIM. 
(7,  202.11 18°  Du  fort  au  faible,  toc.adv.  En  moyenne, 
toute  compensation  faite.  Quatre  chevaux  porteront 
tout  cela,  du  fort  au  faible.  I|  On  dit  aussi,  simple- 
ment, le  fort  et  le  (aible.  On  a  examiné  ce  que  pou- 
vait rendre  l'acre  l'année  commune,  de  dix  ure, 
dans  toute  la  province,  le  fort  et  le  faible,  vauban, 
Dlme,  p.  47.  Il  Lo  fort  portant  le  faible,  même  sens. 

—  SVN.  1°  faible,  débile.  Faillie  vient  du  latin 
/lehiiii,  digne  d'être  pleuré,  misérable,  d'oé  faible. 
Débile  vient  du  latin  debilis,  composé  de  de-habi' 
lis,  qui  a  cessé  d'être  habile,  capable.  De  la  sorte. 


FAI 


FAI 


FAI 


1595 


au  fond,  faible  eïpnme  l'état  de  faiblesse,  tandis 
(li;e  débile  exprime  une  décadence,  une  diminu- 
i  lion,  une  perte  :  La  faible  enfance,  la  débile  vieil- 
'.  iosse.  Voilà  la  nuance  fondamentale  entre  ces  deux 
mots  dont  la  signification  est  très-voisine,  mais 
dont  l'emploi  l'est  moins,  attendu  que  faible  est  de 
tons  les  styles,  tandis  que  débile  n'est  que  du  style  ou 
soigné  ou  relevé.  ||  2°  faibles,  faiblesses.  U  y  a  la 
même  différence  entre  les  faibles  et  les  faiblesses 
qn'entre  la  cause  et  l'effet.  Un  faible  est  un  penchant 
qui  peut  être  indifférent,  au  lieu  qu'une  faiblesse 
est  une  faute  toujours  répréheusible  {Encycl.  vu,  '^7). 

—  HIST.  xr  s.  U  est  si  fieble  qu'il  ne  puet  en 
avant,  Ch.  de  Roi.  CLXiii.  |]  xii'  s.  L'égyptien  enfant 
ciii  li  Amalechilelaissout [laissait]  floibe  etmaladeen 
la  voie.  Job ,  p.  6lo.  Mult  sovent  le  blasmeient  que 
toi  vie  meneit  :  Kar  il  ert  granment  fiebles,  e  trop 
se  destraigneit.  Th.  le  mart.  93.  ||  xiii*  s.  U  ne  mon- 

i  stra  mie  vers  eus  la  seue  ire  ;  qu'il  sot  que  fueble  es- 
toient,  Psautier,  (°  94  Tex  [tel]  est  febles  qui  de- 
vient fors,  Ren.  206)8.  Et  le  feble  [il]  doitsoustenir, 
Que  li  fors  ne  le  puist  honir,  Fabliaux,  barbazan, 
t.  I,  p.  67.  Il  xiv*  s.  Encore  y  a  chose  qui  m'est  po 
[peu]  belle;  C'est  maletote  et  subside  et  gabelle,  Flebe 
monnaie  et  imposition,  machaut,  p.  89.  ||xv'  s.  Et 
[le  comte  deFoix]  prend  sur  chacun  feu  par  an  deux 
francs,  et  le  fort  porte  le  foible,  feoiss.  u,  ni,  9. 
Il  xvi*  s.  ïost  ou  tard,  deprès  oudeloing,  le  fort  du 
foible  a  besoing,  génin,  Récréations,  t.  ii,  p.  260. 

-  ÉTYM.  Berry,  feuble,  feube;  wallon  flawe;  na- 
mur.  flauwe;  rouchi,  flau;  ano.  wallon /loi/ïe;  pro- 
venç.  feble,  fible,  freble:  espagn.  feble  ;  fotlug.  febre  ; 
ilal.' fievole ;  du  latin  flebilis,  digne  d'être  pleuré, 
misérable,  de/!cre,  pleurer;  comparez  le  grec  çXéw, 
couler.  Du  sens  do  misérable  l'idée  a  passé  à  celui 
de  faible,  comme  dans  l'allemand  tcemg',  qui,  signi- 
fiant digne  d'être  pleuré,  signifie  aujourd'hui  petit. 

i  Parmi  les  formes  les  plus  anciennes  est  floibe  qui  re- 
produit exactement  le  latin.  Grandgagnage  rappro- 
che les  formes  wallonnes  du  hollandais  flaauw, 
faible;  il  est  possible  qu'elles  y  tiennent,  d'autant 
pins  qu'il  y  a  dans  la  langue  d'oïl  floe,  qui  est  très- 
voisin  des  mots  wallons. 

FAIBLEMEM  (fè-ble-man),  adv.  D'une  manière 
faible.  Nos  malheurs  jusqu'ici  vous  touchent  faible- 
ment, CORN.  Hor.  m,  6.  Que  le  cœur  d'une  femme 
est  mal  connu  de  vous,  St  que  vous  savez  peu  ce 
qu'il  veut  faire  entendre,  Lorsque  si  faiblement 
on  le  voit  se  défendre!  mol.  Tart.  iv,  6.  Rome  s'ac- 
croissait, mais  faiblement,  boss.  Ilist.  i,7.  11  faut 
prendre  sur  soi  certaines  choses  décisives  où  l'on  ne 
peut  vous  conseiller  que  faiblement,  id.  Polit,  x,  iv, 
4.  Je  m'en  plaignis,  mais  si  faiblement  que  je  n'in- 
sistai point,  MARIVAUX,  Marianne,  t"  part.  Après 
celte  paix,  la  France  se  rétablit  faiblement,  'volt. 
I.nnis  XV,  30.  Le  marquis  d'Argens  vient  d'impri- 
mer à  Berlin  le  discours  de  l'empereur  Julien 
contre  les  Galiléens,  discours  à  la  vérité  un  peu 
faillie,  mais  beaucoup  plus  faiblement  réfuté  par 
saint  Cyrille,  id.  Lett.  de  Bordes,  6  oct.  (764.  Je  me 
croirais  haï,  d'être  aimé  faiblement,  id.  Zaïre,  i,  2. 
J'ai  peur  que  la  raison,  l'amitié  filiale  Combattent 
faiblement  l'illusion  fatale,  iD.Scythes,  i,  3.  C'est  la 
plus  faiblement  écrite  de  mes  pièces  de  théâtre, 
mais  la  plus  pathétique,  marmontel,  lUém.  iv. 

—  IllST.  XI'  s.  [Il]  trait  l'olifan,  fieblement  le  sé- 
nat, Ch.  de  Roi.  CLiv.  ||  xiii*  s.  Si  floiliement  qu'à 
peine  le  put  la  dame  oïr,  Berle,  lxxxvii.  ||  xiv"  s. 
Et  seroit  lieblement  et  petitement  affermé  ou  as- 
seuré  de  sa  félicité,  orf.sme,  Hth.  23. 

—  ÊTYM.  Faible,  et  le  suffixe  nienl;  provenç.  fe- 
blamen  ;  espagn.  feblemente. 

FAIBLESSE  (fè-blè-s') ,  s.  f.  \\  1°  Manque  de  force. 
La  faiblesse  du  corps.  Je  ne  sais  ce  que  j'ai  :  je  suis 
sans  fièvre,  je  tousse  moins,  je  dors  très-bien;  mais 
ma  faiblesse  est  extrême,  mainteno."),  Lett.  à  Mme 
Glapion,  t.  m,  p.  200,  dans  pougens.  Elle  [l'àme] 
ne  doit  plus  se  regarder  elle-même,  ni  s'arrêtera 
la  disproportion  qu'elle  trouve  entre  sa  faiblesse  et 
les  difficultés  de  la  voie  où  Dieu  l'appelle,  ma.ss. 
Profess.  rel.  Serm.  \.  Au  commencement  de  la 
carrière,  il  nous  soutient  par  des  consolations  sen- 
sibles; c'est  un  lait  dont  il  nourrit  notre  faiblesse, 
ID.  ib.  Serm.  2.  Vous  comprenez  bien  que  l'intention 
de  l'Eglise,  en  vous  permettant  l'usage  des  mets  dé- 
fendus, est  de  soulager  votre  faiblesse,  et  non  d'ai- 
der votre  sensualité,  id.  Carême,  Jeûne.  Ceux  dont 
la  tendre  enfance  N'avait  que  la  faiblesse  et  des 
pleurs  pour  défense,  volt.  Orphel.  1,  2.  D'un  mo- 
ment de  repos  ma  faiblesse  a  besoin,  c.  delav.  Po- 
ria,  m,  2.  ||  2"  Il  se  dit  des  facultés  intellectuelles. 
Faiblesse  de  jugement.  La  faiblesse  de  sa  mémoire. 
Il  3°  Manque  de  puissance,  de  ressources.  La  faiblesse 


des  petits  États  n'autorise  point  à  méconnaître  leurs 
droits,  Dict.  de  i'^cad.  ||  4"  Défaillance,  évanouis- 
sement. Je  vous  vois  prêt,  monsieur,  à  tomber  en 
faiblesse,  mol.  Sgan.  <(.  Voilà  une  faibles.se  qiu 
prend  à  M.  de  Chaulnes  avec  le  frisson,  sÉv.  79.  Elle 
affectait  d'avoir  deux  ou  trois  faiblesses  par  jour, 
HAMiLT.  Gramm.  10.  ySTig.  Manque  de  talent,  de 
capacité.  Cet  orateur  a  été  d'une  faiblesse  extrême 
dans  la  discussion.  ||  lise  dit,  dans  un  sens  analogue, 
des  productions  de  l'art  et  de  l'esprit.  La  faiblesse 
du  style.  Molière  sentit  d'ailleurs  la  faiblesse  de  cette 
petite  comédie,  et  ne  la  fit  point  imprimer,  volt. 
Vie  de  Molière.  Il  a  fallu  que  longtemps  après  il  soit 
venu  un  homme  supérieur,  pour  que  les  Français 
qui  ne  jugent  des  arts  que  par  comparaison,  sen- 
tissent combien  la  plupart  des  airs  détachés  et  des 
symphonies  de  Lulli  ont  de  faiblesse,  id.  Comm.  sur 
Corn.  Rem.  Pertharite,  Préf.  ||  La  faiblesse  d'un 
raisonnement,  d'un  argument,  leur  insuffisance  à 
prouver  ce  qui  est  en  question.  ||  8°  Manque  de  force 
morale.  Dans  mon  sort  ravalé  je  sais  vivre  en  prin- 
cesse; Je  fuis  l'ambition,  mais  je  hais  la  faiblesse, 
CORN.  Théod.  II,  4.  C'est  faiblesse  d'attendre  Le  mal 
qu'on  voit  venir,  sans  vouloir  s'en  défendre,  id. 
Pomp.  II,  4.  C'est  faiblesse  d'aimer  qui  ne  vous 
aime  pas,  m.  Suréiia,ui,  3.  Quelle  faiblesse  à  moi 
d'en  croire  un  furieux I  rac.  Milhr,  m,  3.  J'eus  la 
faiblesse  d'éluder  mon  serment,  fén.  Tél.  xv.  L'im- 
pulsion à  laquelle  ce  prince  obéissait,  n'altérait 
point  son  jugement  :  vrai  caractère  de  la  faiblesse  ! 
duclos,  RègnedeLouis  XIV,  CUCuv.  t.  v,  p.  96,  dans 
poi'GENS.  Mais  avec  quel  courroux,  avec  quelle  ten- 
dresse, Mahomet  do  mes  sens  accuse  la  faiblesse! 
VOLT.  Fanât,  iv,  3.  Ce  prince  [Louis  XIII]  n'avait 
guère  d'autre  faiblesse  que  celle  d'être  gouverné  dans 
sa  maison,  dans  son  État,  dansses  affaires,  dans  ses 
moindres  occupations;  cette  faiblesse  le  rendit  mal- 
heureux toute  sa  vie,  id.  Mœurs,  m.  ||0n  dit  de 
même  faiblesse  de  caractère,  d'âme,  d'esprit,  de 
cœur,  de  courage,  de  résolution.  ||  7" Complaisance, 
inclination  qui  se  laisse  aller.  Les  faiblesses  d'une 
mère  pour  ses  enfants.  Ah  1  que  vous  savez  bien  ici 
contre  moi-même.  Perfide,  vous  servir  de  ma  fai- 
blesse extrême  !  MOL.  Mis.  IV,  3.  Je  ne  veux  dire 
aucune  douceur  à  M.  deGrignan;  je  me  sens  une 
telle  faiblesse  pour  lui  que  je  me  fais  scrupule  de 
tout,  SÉv.  6H.  Quelque  faiblesse  que  j'aie  pour  les 
modes,  id.  77.  Me  voilà  sans  défense  en  proie  à  vos 
appas,  Ma  belle  enfant;  mon  cœur  a  beaucoup  de 
faiblesse,  Un  coup  d'œil  m'assassine  ou  tout  au  moins 
me  blesse,  boursault,  fab/es  d'Ésope,  l,  3.  Si  vous 
sentiez  pour  moi  quelque  heureuse  faiblesse,  rac. 
Alex.  II,  5.  Ces  noms  de  roi  des  rois  et  de  chef  de 
la  Grèce  Chatouillaient  de  mon  cœur  l'orgueilleuse 
faiblesse,  id.  Iphig.  1, 1. 1|  8-  Défaut  de  raison,  d'em- 
pire sur  soi-même,  et  actes  qui  en  sont  la  suite.  Je 
vous  prie  de  ne  point  parler  de  mes  faiblesses,  mais 
vous  (levez  les  aimer,  et  respecter  mes  larmes,  puis- 
qu'elles viennent  d'un  cœur  tout  à  vous,  sÉV.  33. 
J'honore  votre  force  et  votre  philosophie,  et  je  ne 
ferai  confidence  de  mes  faiblesses  qu'à  ceux  qui 
n'ont  pas  plus  de  courage  que  moi,  id.  (3  ocL  I8"3. 
Combattez -vous  vos  sens?  domptez-vous  vos  faibles- 
ses? boil.  ÉpU.  XII.  Et  vos  cœurs  rougiraient  des 
faiblesses  du  mien,  rac.  Alex.  I,  2.  Zaïre,  il  faut 
pourtant  avouer  ma  faiblesse;  D'un  mouvement  ja- 
loux je  ne  fus  pas  maîtresse,  id.  Rajas,  i,  4.  Vous 
n'avez  point  du  sang  dédaigné  les  faiblesses,  id. 
Iphig.  IV,  4.  Je  me  flattais  sans  cesse  Qu'un  silence 
éternel  cacherait  ma  faiblesse  [un  amour],  id.  ib. 
II,  t.  Vil  spectacle  aux  humains  des  faiblesses  d'a- 
mour, ID.  Bérén.  v,  6.  Combien  d'autres  âmes  qui, 
après  avoir  fini  les  passions  d'éclat,  conservent  en- 
core toutes  les  autres,  et  font  entrer  toutes  leurs  fai- 
blesses dans  leur  vertu  1  mass.  Profess.  rel.  Serm. 
I.  U  [Dieu]  ne  sait  point  punir  des  moments  de 
faiblesse,  volt.  Henr.  vu.  Les  faiblesses  qu'on  met 
au  grand  jour  ne  plaisent  qu'à  la  malignité,  m. 
Louis  XIV,  25.  Songe  que  la  colère,  l'envie,  l'indi- 
gnation, la  pitié  sont  des  faiblesses  indignes  d'un 
philosophe,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  {cyniques). 
De  n'offrir  qu'aux  talents  ,  de  vertus  ennoblis.  Et 
qu'à  l'amitié  douce  et  qu'aux  douces  faiblesses  D'un 
encens  libre  et  pur  les  honnêtes  caresses,  a.  ché- 
NiEB,  Élég.  XVI.  Enfin,  pour  vous  rendre  compte  de 
toutes  ses  faiblesses,  elle  avait  peur  en  voiture,  et 
elle  se  trouvait  mal  en  voyant  une  araignée  ou  une 
souris,  GENLis,  Veill.  du  chdt.  t.i,  p.  23,  dans  pou- 
gens.  Il  9"  Faiblesse  se  dit  en  parlant  d'une  femme 
qui  n'a  pas  résisté  à  la  séduction.  Quelle  folie  que 
celle  d'un  jeune  homme  qui  croit  à  la  fidélité  d'une 
femme  déjà  célèbre  par  ses  faiblesses,  et  à  qui  l'at- 
trait du  plaisir  a  fait  oublier  la  pudeur!  marmontel, 


Mém.  III.  Il  10"  En  parlant  des  choses,  manque  de 
solidité  ou  de  force.  La  faiblesse  d'une  poutre,  d'une 
digue,  d'une  corde.  La  faiblesse  d'une  place  do 
guerre,  d'un  poste.  ||  11"  U  se  dit  de  ce  qui  est  peu 
considérable  en  son  genre.  Malgré  la  faiblesse  du 
nombre  ils  voulurent  combattre.  La  faiblesse  de  nos 
connaissances.  La  faiblesse  de  .sa  voix  [d'isocrate], 
jointe  à  une  timidité  naturelle,  l'avait  empêché  de  so 
produire  en  public  et  de  monter,  comme  les  autres,  sur 
la  tribune  aux  harangues,  rollin,  Ilist.  anc.  (H'aiv. 
t.  VI,  p.  84,  dans  poiioENS.  L'expédition  de  l'amiral  An- 
son  est  une  preuve  de  ce  que  peut  un  homme  intelli- 
gent et  ferme  malgré  la  faiblesse  des  préparatifs  et  la 
grandeur  des  dangers,  volt.  Louis  XV,  27.  ||  12°  La 
faiblesse  d'un  poiils,  d'une  mesure,  d'une  monnaie, 
conditiond'un  poids,  d'une  mesure,  d'une  monnaie 
qui  sont  un  peu  au-dessous  de  la  valeur  légale. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  il  ala  tout  chancelant  pour  la 
feblesce  de  sa  maladie,  et  prist  le  dey  [iléj  et  les  ta- 
bles et  les  geta  en  la  mer,  joinv.  253.  Grant  péché 
firent  cil  qui  lui  loerent  [conseillèreni]  l'alée,  à  la 
grande  fiebesce  là  où  son  corps  estoit,  id.  30o. 
Il  xiV  s.  S'il  [les  ligaments  des  vertèbres]  estoieut  poi, 
il  ne  pourroient  le  chief  soustenir  pour  leur  feblesce, 
H.  DE  mondeville,  f"  19,  verso.  Il  XVI'  s.  U  lui  prit 
une  foiblesse ,  dont  elle  se  pasma  incontinent  et 
perdit  la  parole  entièrement,   amyot,  Bruius,    18. 

—  ÉTYM.  Fai6/c;  Berry, /atWe/^;  provenç.  feblesa; 
anc.  catal.  feblea.  L'ancien  français  avait  aussi  foi- 
bleté,  qui  est  resté  dans  certains  patois. 

t  FAIBLET,  ETTE  (fai-blè,  blé-t'),  adj.  Termo 
familier  et  peu  usité.  Un  peu  faible.  La  comparai- 
son est  faiblette ,  N'en  déplaise  à  si  grand  poSte, 
ECARRON,  Virg.  vi. 

—  HIST  XII'  s.  Tu  [Eve]  es  fieblette  et  tendre  chose, 
Et  es  plus  fresche  que  n'est  rose,  Adam,  Mystère. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faible. 

FAIBLIR  (fè-blir),  t).  n.  ||  1° Perdre  de  sa  force, 
de  son  courage,  de  sa  persévérance.  Il  sentit  son 
courage  faiblir.  Il  a  faibli  dans  cette  circonstance. 
Il  Perdre  de  son  mérite  dans  les  arts  ou  dans  les 
lettres.  Personne  ne  goûtait  mieux  que  Mme  de  Sé- 
vigné  tout  ce  qu'il  y  avait  d'excellent  dans  la  Fon- 
taine; cependant  elle  sentait  fort  bien  quand  il 
faiblissait,  ^(Jm.  de  Trév.  n-ie,  dans  desfontaines. 
1!  Il  se  dit  aussi  des  ouvrages  mêmes.  Ces  fautes 
trop  souvent  répétées  sont  cause  que  cette  pièce, 
admirablement  commencée,  faiblit  de  scène  eu 
scène  et  ne  peut  plus  être  représentée,  volt.  Comm. 
sur  Corn.  Rem.  Othon.  ||  2°  En  parlant  des  choses, 
devenir  faible.  Ce  vin  faiblit.  Le  vent  faiblit.  La  pou- 
tre faiblit  dans  le  milieu.  ||  Terme  de  boulanger.  La 
pâte  faiblit,  elle  ne  soutient  pas  la  forme  qu'on  lui 
a  donnée  en  la  mettant  en  pains.  ||  U  se  conjugue 
avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  REM.  Faiblir,  qui  n'est  pas  dans  Richelet,  n'est 
dans  le  dictionnaire  de  l'Académie,  qu'à  partir  de 
l'édition  de  (740. 

— ÉTYM.  Fatb!e,etla  terminaison  l'r.-génev./'aftler. 
L'ancien  français,qui  n'avait  pas /■aibh>,avait/c6Joier. 

t  FAIBLISSANT,  ANTE  (fè-bli-san,  san-t'),  adj. 
Qui  faiblit,  qui  devient  faible.  Sa  voix  faiblissante. 

FAÏENCE  (fa-ian-s'),  s.  f.  Poterie  déterre  vernis- 
sée ou  émaillée.  Le  mérite  de  l'Itahe  est  d'avoir  vul- 
garisé dans  l'Europe  méridionale  le  goût  des  faïences 
artistiques^  quoique  la  faïence  européentie  à  émail 
slannifère,  la  première  connue  en  Europe,  ait  été 
de  nouveau  inventée  en  Allemagne,  puisque  c'est  le 
seul  pays  où  l'on  puisse  en  faire  remonter  la  fabri- 
cation au  xu'  siècle,  demmin,  Guide  de  l'amat.  da 
faien.  et  porcel.  p.  t7. 

—  ÉTYM.  Faenza,  bourg  d'Italie,  où  cette  pote- 
rie a  été  inventée.  Dans  J.  Marot,  t.  v,  p.  714, 
Faenza  est  nommée  Fayence  :  Itavenne  ont  prins, 
cité  de  grosse  estime;  Fayence  aussi  est  tombée  en 
leurs  trappes. 

t  FAÏENCE,  ÉE  (fa-ian-sé,  sée),  adj.  So  ditde  toute 
peinture  qui  est  couverte  de  petites  fentes  ou  gerçure.:. 

FAÏENCERIE  (fa-ian-se-rie),  s.  f.  \\l°  Fabrique  de 
faïence.  Établir  une  faïencerie.  ||2°  Poterie  enfaienco. 
Fonds,  articles  de  faïencerie.  ||  3°  L'art  de  faire  la 
faïence. 

FAÏENCIER,  lERE(fa-ian-sié,  siê-r'),  s.  m.  et  f. 
Il  1"  Celui,  celle  qui  fabrique  ou  qui  vend  de  la  faïence. 
Quand  je  vois  des  monarques  et  des  empires  se  bat- 
tre et  s'acharner  les  uns  sur  les  autres,  au  milieu 
de  leurs  dettes,  de  leurs  fonds  publics,  et  de  leurs 
revenus  engagés,  il  me  semble  voir,  dit  un  écrivain 
philosophe,  des  gens  qui  s'escriment  avec  des  bâ- 
tons dans  la  boutique  d'un  faïencier,  raynal,  Uist. 
phil.  XIX,  <).  Il  i'Adj.  Qui  appartient  à  la  faïence; 
qui  tient  de  la  faïence.  L'industrie  faïencière.  Ou- 
vrier faïencier. 


159G 


FAI 


♦  I   rAiLLK  (fâ-ll";  «  moulllie»),  t.  f.  TermnSe 
tMoatf    Kuiiture,  nolulioii    do    continuité  d'une 
Miiêb*,  <I'UH«  »lr»li(lc»Uon  ;  folution   romiilie  de 
MftfHV»*  *tnn{r«n,  a'eo  ou  unt  fente.  U  dépres- 
ilM  dm  AiguiltM  Mirbréet  et  du  rheiial  de  In  Mer 
M  0/Me  n'e»t  qu'une  lorto  de  grande  faille  intor- 
odl»  au  milieu  du  mont  Blanc  et  dépendante  d'un 
•ytlimede  rupture»,  rouRHar,  Acad.  det  te.  Comp- 
Ut  Ttndiu,  t.  Lv,  p.  «<<.  Les  plis  et  les  replis  les 
plua  torlueui  [des  cours  d'eaux  des  montagnes]  se 
suecé<leot  parfois  avec  liru'sqtierie,  et  il  n'est  guC-re 
possible  de  les  eipliquer  uniquement  par  les  failles 
dont  l'inlenrentian  aurait  facilité  ces  sortes  de  tra- 
cés, ID.  ib.  t.  LU ,  p.  <  <  17.  Il  l'arllculiéremcnt,  faille 
ou  fausse  faille,  solution  de  continuité  dans  une 
couche  de  hourlie  ou  lllon,  solution  qui  est  remplie 
par  une  substance  sans  valeur. 

—  ËTYM.  La  ftiUU  est  l'endroit  oi)  la  roche  faut, 
nanquR ,  c'est  donc  In  même  que  l'ancien  français 

^ai'ffs  qui  signifiait  manque,  défaut  et  dont  le  radi- 
rjil  est  le  même  que  celui  de  faillir  (voy.  ce  mot); 
tant  faille  est  une  locution  tr6s-commune  dans 
nos  vieux  textes.  Ce  mol  est  pris  dans  la  bouche  des 
mineurs  au  sens  particulier,  du  reste  naturel ,  de 
manqueiet  il  n'est  pas  besoinde  recourir  à  l'allemand 
Faif, cbiite,  qui  n'aurait  donné  ni  un  nom  féminin, 
ni  des  U  mouillées. 

t  3.  PAILLK  (fi-ir;  U  mouillées),  s.  f.  Etoffe  de 
soie  nuire  à  gros  grains,  fabriquée  en  Flandre. 
Il  Vêtement  de  tête  des  bourgeoises  flamandes. 

—  r.TVM.  Flamand,  falie. 
FAILLI.  IK(ra'lll,llie,  il  mouillées,  et  non  fa-yi), 

part.  pau^.  Il  1"  Qui  n'a  pas  réussi.  Dans  quelques 
jours  cette  affaire  sera  faite  ou  faillie.  ||  Accejitiuii 
qui  vieillit.  ||  2*  Failli  de  cœur,  coeur  failli,  lâche, 
sans  cœur.  Avantages  qui  eussent  mis  la  confusion 
dans  l'Etat  s'ils  eussent  été  prodigués  à  un  homme 
moins  failli  de  cœur  et  de  courage,  st-sim.  236,  u 
(Acception  qui  vieillit  dans  la  langue  littéraire, 
mais  qui  demeure  très-vivante  dans  le  parler  de  plu- 
sieurs provinces).  ||  Terme  de  marine.  Failli  gars, 
mauvais  novice,  homme  sans  capacité,  i  bord  d'un 
bâtiment.  ||  3*  X  jour  failli,  à  coup  failli,  voy.  fail- 
i.iB.  Il  4*  Terme  d'hippiatrique.  Des  tendons  faillis, 
des  tendons  distendus  et  qui  ne  font  plus  leur  office. 
Il  Terme  de  blason,  qui  se  dit  de  deux  chevrons 
rompus  dans  leurs  montants,  jj  6"  S.  m.  Commer- 
çant qui  a  fait  faillite.  Réhabiliter  un  failli.  Le  bilan 
d'i-n  rnilli.  \\Adj.  Un  commerçant  failli. 

FAILLIBILITÊ  (fa-Ui-bi-li-té,  i/ mouillées,  et  non 
fa-yi-hi-li-té),«.  f  Possibilité  de  faillir,  de  se  trom- 
per. L'Eglise  de  France,  sans  jamais  rompre  avecle 
chef,  était  encore  regardée  à  Rome  comme  un  mem- 
bre séparé  sur  bien  des  articles,  comme  sur  lasu- 
i>ériorité  des  conciles,  sur  la  faillibilité  du  premier 
pontife,  sur  quelques  droits  de  l'épiscopat,  volt. 
Mœurx,  (M.  On  s'est  avisé  de  nos  jours  qu'il  y  a 
quelque  chose  de  commun  entre  tous  les  hommes  : 
le  sens  moral  chez  le  plus  stupide,  la  faillibilité 
chez  le  plus  sage,  dupont-wuite.  De  l'individu  et 
de  l'État,  p.  64,  2*  édil. 

—  ETYM.  Failltble. 
FAILLIBLF.  (fa-lli-W,  Il  mouillées,  et  non  fa-yi- 

bl'),  adj.  Oui  peut  se  tromper,  faillir.  Lorsqu'on  est 
aussi  faillible  que  je  le  suis,  il  y  a  bien  peu  de  mé- 
rite i  avouer  publiquement  qu'on  s'est  trompé, 
soMNET,  Lett.  div.  itCuvres,  t.  m,  p.  sa. 

—  F.TYM.  Faillir. 
FAILLIR  (fa-Uir,  U  mouillées,  et  non  fa-jir)  je 

faux,  tu  faux,  il  faut,  nous  faillons,  vous  faillez, 
ils  faillent;  je  faillais,  nous  faiUions;  je  faillis,  nous 
faillîmes;  je  faudrai,  nous  faudrons;  je  faudrais, 
nous  faudrions;  que  je  failUsse,  que  nous  faillis- 
sions; faillant,  failli,  faillie  (les  trois  personnes  du 
présent  au  singulier,  le  futur  et  le  conditionnel 
vieillissent,  et  c'est  dommage;  les  personnes  qui 
ont  liesoin  du  futur  ou  du  conditionnel  et  qui  en 
ignorent  U  véritable  forme,  les  composent  suivant 
la  n^glo  des  vcrties  en  i>,  et  disent  :  je  faillirai,  je 
faillirais;  c'est  un  barbarisme,  mais  qui  a  chance 
de  s'introduire  et  de  devenir  correct;  déjà  quelques 
grammairiens  disent  que  ce  verbe,  dans  le  sens  de 
faire  faillite,  se  conjugue  régulièrement  sur  «nir  ■ 
Otuuid  un  négociant  faillit,  les  créanciers,  etc.;  si'l 
laâlllMait,  vous  seriez  ruiné;  si  la  baisse  continue 
Il  nillira  :  c'est  un  usage  tout  moderne  qui  cherche 
ta^-î  "'">'  *•  "•  Il  *■  Manquer  le  but,  ne  pas 
wuctier  cequon  vise.  Son  coup  [d'épéej  par  un 

lïim    .!.""!.':■."  '™«  '■''"'«  <=*»«;  L'esdkve  avait 

a 

l< 


hn«K  ""'"0°  "'M.  Son  coup  [d'épéej  par  un 
tonheur  coule  au  long  d'une  cête;  L'esclave  avait 

».  tt"T"'.f"^"""'  ^'  ••  S'  J«  fa"«  [avec 
r«rÛi!';. "'"'':;''"  ''«™')  ««t  raison,  et  que 
à^î!.^Nu''"* '*'»*"•  '•'••COUR.  II,  <B7.  Il  Jouer 
*  ""P  '*'"•■>'.  »  «O'-P  failli,  jouer  à  la  place  du 


FAI 

premier  des  joueurs  qui  manque;  se  dit  au  volant, 
à  la  paume,  etc.   ||  »'  Faire  défaut,   manquer  à. 
Pas  n'y  faudrai,  lui  repartit  la  dame,  la  font.  Coc. 
Deux  jours  après,  la  commère   ne  faut  De  mettre 
un  fil,    ID.   Gag.  H.   Jourdain  :  Il  suffit  que, si  je 
lui  ai  prêté  de  l'argent,   il  me  le  rendra  bien.  — 
Mme  Jourdain  :  Oui,  attendez-vous  à  cela.  —  As- 
surément, ne  me  l'a-t-il  pas  dit?—  Mme  Jourdain  : 
Oui,  oui,    il  ne   manquera   pas  d'y  faillir,    mol. 
Bourg,  genl.  m,   3.  Il  J'irai  là  sans  faillir,  j'irai 
sans  faute,  sans  y  manquer.  ||  En  parlant  des  cho- 
ses, faire  défaut.   Supplice  qui  jamais  ne  faut  Aux 
désir»  qui  volent  trop  haut,   malh.  v,   (8.  Tour  ni 
détour,   ruse  ni  stratagème  Ne  vous  faudront,  la 
PONT.  Cuv.  Or  la  grâce  ne  peut  faillir;   Puisqu'il 
sème  ,  il  doit  recueillir,  bèrang.  Jfon  curé.  ||  3°  Se 
tromper,  se  mépr«ndre  en  quelque  chose.  Ce  scul- 
pteurs failli  dans  les  proportions.Tu  faux,  de  Pré,  de 
nousporiraire  Ce  que  l'éloquence  a  d'appas;  Quel  be- 
soin as-tu  de  le  faire?  Qui  te  voit  ne  la  voit-il  pas? 
MALH.  IV,  (3.   Prince,   ne   cachez  plus  ce  que  le 
ciel  découvre.  Vous  devez  être    las  de  nous  faire 
faillir,  corn.  D.  Sanche,  iv,  2.  Mais  je  dénie  qu'ils 
faillent  contre  les  règles,  id.  Épttre  à  la  Suite  du 
Menteur.  Pas  ne  faillit  dedans  sa  conjecture,  la  font. 
Ual.   Il  4°  Tomber  en  faute,  avoir  tort,    pécher.  Il 
n'est  pas  bienséant  à  un  homme  sage  d'avoir  tant 
de  regret  pour  une  chose  où  il  n'a  point  failli, 
VOIT.  Lett.  «».  Non  pas  que  je  ne  faille  en  cette  pré- 
férence, CORN,  iîédée,  u,  6.   Quand  le  bras  a  failli, 
l'on  en  punit  la  tête,  va.  Cid,  n,  ».  Qu'une  âme  gé- 
néreuse a  de  peine  à  faillir!  id.  Cinna,  m,  3.  Ai-je 
failli  de  me  payer  moi-même?  la  font.  Rich.  Si  ma 
femme  a  failli,  qu'elle  pleure  bien  fort;  Mais  pour- 
i|uoi  moi  pleurer,  puisque  je  n'ai  point  tort?  mol. 
Sgan.  *l.  Les  mauvais  succès  sont  les  seuls  maîtres 
qui  peuvent  nous  reprendre  utilement  et  nous  arra- 
cher cet  aveu  d'avoir  failli  qui  coûte  tant  à  notre  or- 
gueil, Boss.flctned'/Ingiel.  Aucuns  monstres  par  moi 
domptés  jusqu'aujourd'hui  Ne  m'ont  acquis  le  droit 
de  faillir  comme  lui,  rac.  Phèd.  i,  4.  Jeune  si  j'ai 
failli  souvent,  que  ce  jour  acquitte  ma  vie,  beau- 
MARCH.  if^re  coup.  V,  8.  ||  S"  Céder,  manquer.  Cet 
édifice  a  failli  par  le  pied.  H  6"  Être  au  bout,  au  terme. 
Le  jour  commençait  à  faillir.  ||  X  jour  faillanl,  à  la 
chute  du  jour.  ||  A  jour  failli,  après  la  chute  du  jour. 
Il  Proverbe.  Au  bout  de  l'aune  faut  le  drap,  c'est-à- 
dire  à  force  d'auner  on  arrive  au  bout  de  la  pièce  de 
drap,  et  fig.  toutes  choses  ont  leur  fin.  ||  7°  Il  se  dit  des 
foncliousde  la  vie  qui  manquent,  qui  font  défaut.  Ne 
te  donna-t-oii  pas  des  avis,  quand  la  cause  Du  mar- 
cher et  du  mouvement  Quand  les  esprits,  le  senti- 
ment. Quand  tout  faillit  en  toi,  la  font.  Fabl.  viii, 
(.  Il  Le  cœur  me  faut,  se  dit  quand  on  sent  quelque 
faiblesse,  quelque  épuisement,  et  qu'on  a  besoin  de 
manger.  ||  Le  cœur  faut,  se  dit  aussi  de  l'effet  d'im- 
pressions morales.  Le  cœur  me  faut,  mol.  Éc.  des  f. 
II,  2.  Quand,  debout  sur  le  faîle.  Elle  vit  ce  bûcher 
qui  l'allait  dévorer.  Les  bourreaux  en  suspens,  la 
flamme  déjà  prête.  Sentant  son  cœur  faillir,  elle 
baissa  la  tête,Etse  prit  à  pleurer,  c.  delavigne  ,  Jeanne 
d'Arc.  Il  8°  Terme  de  commerce.  Faire  faillite.  Ce 
banquier,  ce  négociant  a  failli.   ||   9"  Être  sur  le 
point  de.  Il  leur  tint  un  discours  qui  faillit  à  les 
faire  tomber  de  leur   haut,    balz.  6'  dise,  sur  la 

cour.  Quand  la  vieille  P faillit  à  mourir  l'année 

passée,  sÉv.  (Bussy  à  Mme  de  Sévigné),  < 6  oct. 
4677,  éd.  Régnier.  Je  faillis  à  mourir  de  rire,  ha- 
MiLT.  Gramm.  S.  Cette  proposition  faillit  à  reculer 
les  affaires  pour  un  temps,  au  lieu  de  les  avancer, 
VOLT.  Charles  III,  8.  Le  jeune  homme  failht  à  se 
trouver  mal,  j.  j.  rooss.  JEm.iv.  ||  On  peut  suppri- 
mer, et  aujourd'hui  on  supprime  communément  la 
préposition  d.  On  prétend  qu'on  faillit  tout  gâter  en 
(084 par  l'ordre  qu'on  voulut  mettre  au  blé,  main- 
tenon,  Lett.  à  Mme  de  Brinon,  t.  u,  p.  2B4,  dans 
pouoENS.  Il  On  dit  aussi  faillir  de.  J'ai  failli  de  tom- 
ber. Il  Cette  locution ,  qui  s'établit  dans  le  xvi*  siècle, 
s'explique  par  l'historique,  où  l'on  voit  q\iB  faillir  à 
signifie  proprement  ne  pas  réussir  à;  de  là  le  pas- 
sage est  facile  au  sens  de  être  sur  le  point  de  se 
faire.  Cela  montre  en  même  temps  que  la  forme  la 
plus  correcte,  presque  exclusivement  employée  dans 
le  XVI*  siècle,  est  faillir  à.  ||  U  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  acoi'r;  cependant  on  dira  :  la  mémoire  lui 
a  failli  ou  lui  est  faillie;  cette  race  a  failli  ou  est 
faillie;  ce  négociant  a  failli  ou  est  failli;  suivant 
qu'on  voudra  exprimer  l'acte  ou  l'état. 

—  HIST.  XI'  s.  lU'ament  tant,  ne  li  faldrunt nient, 
Ch.  de  Hol.  xxix.  Charles,  chevauche;  tei  ne  faidrat 
clarté,  t(i.  cLxxv.  ||xu'  s.  Li  cuers  lui  faut,  s'a  [s'il 
a]  la  bouche  serrée,  Bonc.  p.  1 47.  Se  ma  vertu  ne  faut, 
vous  le  comparrez  [payerez]  char,  tl.  p.  4»6.  Sur 


FAI 

Aiute  joie  est  cele  couronnée.  Que  j'ai  d'amor;  Diei  I 
i  faudrai-je  donc  [y  échouerai-jel?  Couct,  vi.  Car 
s'il  [mon  cœur]  revient  à  moi,  a  il  failli,  ib.  a. 
S'ele  seûsl  com  s'amors  me  justise  [tourmente],  Ja 
ne  faussist  pitiez  ne  l'en  fust  prise,  ib.  xvii.  Pour 
li  [madame]  [je]  m'en  vais  souspiranl  en  Syrie,  Car 
je  ne  doi  toillir  mon  creator,  qoesnes.  Romancero. 
p.  93.  Quant  Dex  verra  que  ses  besoins  [de  Quesnes] 
est  grans.  Il  lui  faudra,  car  il  lui  a  failli,  hue 
d'oisi,  ib.  p.  <03.  Mielzvalt  filz  àvilain,  qui  est  prou] 
e  senez.  Que  ne  fait  gentilz  bum  failliz  e  débutez, 
Th.  le  mart.ti.  \\  xiii*  s.  Petits'en failli  que  toute l'oi 
[armée]  n'en  fust  perdue,  villeh.  l.  Quant  il  orent 
tout  porté,  si  i  failli-il  trente-quatre  mil  mars  d'ar- 
gent de  la  convenance  [prix  convenu],  id.  xxxvu. 
[Qu']  Il  confonde  Tybert  le  mauvais,  le  faillit, Berte, 
LUI.  Mais  li  cuers  lui  failloit,  ib.  xxxi.  Ci  faut  [finit] 
li  capitres  de  l'office  as  baillis,  ueauh.  44.  On  ne 
doit  tenir  à  héritage  nule  coze  qui  muire,  car  ne 
qui  muert  faut,  et  héritages  ne  pot  faillir,  id.  ixiy, 
8.  Tandis  que  il  alloit  le  pertuis  e.slouper,  le  pié  li 
failli,  et  cheï  [tomba]  en  l'yaue,  joinv.  287.  ||  xv's. 
Certes,  dame,  voyez  ci  votre  chevalier  qui  ne  vous 
fauldroit  pour  mourir,  si  tout  le  monde  vous  failloit, 
FROiss.  i,  I,  44.  Et  se  partirent  un  samedi,  après 
jour  faiUant,  deCambray,  id.  i,  i,  ioo.  Et  pouvoit 
estre  environ  jour  failli,  lo.  i,  i,  400.  Le  prince  vo- 
tre ains-né  fils  ne  peut  faillir  qu'il  ne  soit  encore 
grand  sire  sans  l'héritage  de  Flandre  [les  Flamands 
députés, vers  le  roi  d'Angleterre] ,  lu.  j,  i,  249.  Pour 
paour  du  traict  commencèrent  une  grande  partie 
d'eulx  à  reculer  et  eux  traire  en  sus,  comme  lasches 
et  faillis  que  ils  furent,  Boucic.  i,  24.  Le  roy  faisoit 
parler  à  tous  ceulx  qu'il  povoit  penser  qui  lui  pour- 
roient  ayder,  et  ne  failloit  pas  à  promettre,  comm. 
Il,  9.  N'esloit  point  vray,  mais  toute  mensonge,  uu 
peu  s'en  failloit,  id.  m,  2.  ||  xvi*  s.  Le  dyable  me 
faille,  si  j'eusse  failly  de  coupper  les  jarrets  à  mes- 
sieurs les  apostres,  RAB.  Garg.i,  39.  Je  voisbien^jue, 
s'il  avoit  besoin  d'excuses,  ne  lui  faudriez  d'avocat, 
MARC.  Nouv.  Lxvi.  Les  estançons  de  bois  venus  à 
faillir,  mont,  i,  26.  Icyfault  la  règle,  id.  i,  27.  Fail- 
lant  à  sa  parole,  id.  i,  3o.  Ne  faillez  sur  voslre  vie 
à  me  confesser  la  vérité,  id.  t,  4  27.  L'archer  qui 
oultrepasse  le  blanc  fault,  comme  celuy....  id.  i, 
224.  Voyant  que  ses  gens  avoient  failly  d'enfoncer  le 
battaillon  des  ennemis  [n'avaient  pas  réussi],  id.  i, 
367.  La  navire  faillit  la  Sicile  et  fut  poulsée  contre 
la  cosie  de  Tarente,  id.  m,  35.  Je  n'eusse  gueres 
failly  de  faillir  plustost  que  de  bienfaireà  leur  mode, 
ID.  iii,  260.  Quand  ce  vient  à  combattre,  la  moitié 
[des  pistoUes,  pistolets]  faillent  [ratent],  langue, 
a  13.  Ce  messager  faillit  à  estre  pendu,  d'alb. 
Ilist.  1,244.  Ce  sont  coustumierement  personnes  de 
cœur  failly,  desquelles  les  pensées  ne  s'cstendent 
point  plus  avant  que  les  vies,  amyot,  Préf.  vi,  32. 
Il  mourut  sans  enfants,  de  sorte  que  sa  race  faillit 
en  luy,  ID.  Lyc.  67.11s  faillirent  [ne  réussirent  pas] 
îi  s'enlrerencontrer,  id.  Pyrrhus,  44.  Evalcus  se 
jetta  à  costé,  et  luy  lira  un  coup  d'espée,  duquel  il 
faillit  à  lui  couper  la  main,  mais...  ID.  t'6.  70.  U 
lui  en  prend  comme  aux  poures  orphelins  qui  sont 
moins  avantagez  que  leurs  frères,  d'autant  que  leur 
père  est  failli  trop  tost,  bèzk,   Vie  de  Calvin,  p.  2. 

—  ETYM.  Namur.  failli,  amaigri  ;provenç.  faillir, 
faillir;  calai,  falir,  faliir;  portug.  [alir ;  ital.  fal- 
lire;  du  latin /'a/Jeie,  changé  par  les  langues  roma- 
nes en  fallire,  d'où  faillir,  falhir,  fallire;  et,  par 
le  français,  en  outre  en  fallêre,  d'où  falloir  (car  c'est 
le  même  mol);  comp.  le  grec  açiXXeiv,  manquer, 
el  l'allem.  fallen,  tomber;  la  racine  est  le  sanscrit 
sphal,  vaciller.  Le  latin  fallere  a  passé  aisément  du 
sonsde  tromper  à  celui  de  faillir. 

FAILLITE  (fa-Ui-t',  Il  mouillées,  et  non  fa-yi-l'), 
s.  f.  Terme  de  commerce.  Action  d'un  commerçant 
qui  cesse  ses  payements;  état  d'un  commerçant 
qui  a  cessé  ses  payements.  Ce  marchand  a  f.iil  fail- 
lite (voy.  banqueroute  et  déconfiture,  pour  la 
différence  do  ces  mots  avec  faillite). 

—  lllST.  XVI'  s.  Déconfiture  est  quand  le  delleur 
fait  rupture  et  faillite,  ou  qu'il  y  a  apparence  no- 
toire que  ses  biens,  tant  meubles  qu'immeubles,  ne 
suffiront  pas  au  paiement  de  ses  dettes ,  loysel,  6s7. 

—  ETYM.  Failli. 

■f  FAILLOISE  (fa-Uoi-z',  Il  mouillées),  *.  /'.Terme 
de  marine.  Le  lieu  où  le  soleil  se  couche. 

—  ETYM.  Faillir:  le  lieu  où  le  soleil  faut,  manque. 

FAIM  (fin;  l'm  ne  se  lie  jamais  :  une  faim  exces- 
sive, dites  une  fin  excessive),  s.  f.  \\  1*  Besoin  de 
manger.  La  faim  détruisit  tout,  la  font.  Fabl.  m, 
6.  Et  la  fièvre  bientôt  terminant  son  destin  F'it  par 
avance  en  lui  ce  qu'aurait  fait  la  faim,  boil.  Sat. 
1.  Lui ,  qui  s'était  étudié  toute  sa  vie  à  supporter  les 


FAÎ 


FAI 


FAI 


1597 


plus  extrêmes  rigueurs  que  la  nature  numaine  peut 
soutenir,  voulut  essayer  combien  de  temps  il  pour- 
rait supporter  la  faim  sans  en  êlre  abattu,  volt. 
Charles  XII,  8.  Vous  devez  avoir  une  faim  dévo- 
rante, j'ai  grand  appétit,  commençons  par  souper, 
IT).  Candide ,  8. ||  Avoir  faim,  n'avoir  pas  faim,  res- 
sentir, ne  pas  ressentir  le  besoin  de  manger.  {|  Avoir 
faim  de,  appétit  de.  11  n'a  faim  que  des  morceaux 
les  plus  délicats.  ||  Etourdir  la  grosse  faim,  voy. 
ÉTOURDIR.  Il  Familièrement.  Crier  à  la  faim,  être 
pressé  de  manger.  ||  On  dit  aussi  crier  la  faim, 
comme  crier  misère.  |{  Mourir  de  faim,  mourir  par 
manque  d'aliments.  ||  Par  exagération ,  mourir  de 
faim,  et,  populairement,  crever  de  faim,  avoir  ex- 
trêmement faim.  Donnez-moi  à  manger,  je  meurs 
de  faim.  Jamais  on  n'a  laissé  mourir  de  faim  une 
pauvre  femme  [comme  on  vous  a  laissée  mourir], 
sÉv.  21.  Il  Familièrement.  Mourir  de  faim,  crever 
,  de  faim,  manquer  des  choses  nécessaires  à  la  vie.  Ses 
parents  le  laissent  crever  de  faim.  L'on  dit  d'un 
grand  qui  tient  table  deux  fois  le  jour,  et  qui  passe 
savieàfaire  digestion,  qu'il  meurtdefaim,  pour  ex- 
primer qu'il  n'est  pas  riche,  ou  que  ses  affaires  sont 
fort  mauvaises  :  c'est  une  figure,  on  le  dirait  plus  à  la 
lettre  de  ses  créanciers,  la  bruy.  xii.  Si  la  religion  de 
M.  Pope  ne  lui  permet  pas  d'avoir  une  place,  elle  n'em- 
pêche pasquesa  traduction  d'Homère  ne  lui  ait  valu 
deux  cent  mille  francs;  j'ai  vu  longtemps  en  France 
l'auteur  de  Rhadamiste  près  de  mourir  de  faim,  volt. 
Consid.  due  aux  gens  de  lettres.  La  faim  mit  au  tom- 
beau Malfilâtre  ignoré,  gilb.  Dix-huit,  siècle.  \]  Mou- 
rirdefaim  auprès  de  son  bien,  c'est-à-dire  être  assez 
avare  pour  ne  pas  toucher  à  son  bien.  ||  Substantive- 
ment. Un  meurt-de-faim,  voy.  mourir.  ||  2°  Faim 
canine,  état  maladif  dans  lequel  les  chiens  mangent 
avec  une  grande  voracité  les  aliments  qu'ils  vo- 
missent bientôt.  ||  Kàim  de  loup,  un  des  noms  de 
la  boulimie.  Il  Par  extension.  Faim  canine,  faim  de 
loup,  appétit  dévorant.  Il  avait  une  faim  canine. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  maie  faim.  Qu'il  soit 
bref;  car  enfin,  madame  la  duchesse.  Je  meurs  de 
maie  faim,  et  l'audience  presse,  dancourt,  Sancho 
Pança,  ii,  3.  ||  3°  Famine.  Le  peuple  à  qui  la  faim 
se  faisais  déjà  craindre,  rac.  Théb.  i,  3.  il  dompta 
les  mutins,  reste  pâle  et  sanglant  Des  flammes,  de 
la  faim,  des  fureurs  intestines,  id.  Bérén.  i,  ■». 
Il  4°  Fig.  Désir  très-vif,  passionné,  en  mauvaise 
part.  La  faim  insatiable  des  richesses.  Avide  faim 
d'honneurs,  fatal  poison  des  cœurs,  Maudite  am- 
bition! ROTR.  Bélis.  u,  8.  La  plus  avide  de  tou- 
tes les  faims,  la  plus  cruelle  de  toutes  les  soifs,  la 
faim  et  la  soif  de  l'or,  percent  toutes  les  barrières, 
RAYNAL,  Hist.  fini,  xvii,  )3.  ||  En  bonne  part.  Ceux 
qui  ont  faim  de  la  justice,  Boss.  Nécess.  l.  Les  bien- 
heureux [aux  Champs  ElyséesJ  ont  tout  sans  rien 
avoir,  car  ce  goût  de  lumière  pure  [lumière  des 
Champs  Êlysées]  apaise  la  faim  de  leur  cœur,  fén. 
Tél.  XIX.  Il  Par  plaisanterie.  Je  n'ai  pas  grande  faim 
de  mort  ni  de  blessure,  mol.  Dép.  am.  v,  t.  \\  Pro- 
verbes. La  faim  chasse  le  loup  hors  du  bois,  fait 
sortir  le  loup  hors  dubois,  c'est-à-dire  la  faim  oblige 
les  plus  fainéants  à  travailler,  contraint  un  homme 
à  faire  des  choses  hors  de  son  caractère.  ||  C'est  la 
faim  qui  épouse  la  soif,  se  dit  du  mariage  de  deux 
personnes  qui  sont  toutes  ceux  dans  la  misère.  {|  On 
dit  dans  le  même  sens  mariage  de  la  faim  et  de  la 
soif.  Mme  du  Maine  fit  un  mariage  de  la  faim  et  de 
la  soif,  ce  fut  celui  de  Mlle  de  Lusson  avec  le  duc 
d'Albermale....  il  n'avait  rien  vaillant,  st-sim.  78, 
9.  Il  C'est  la  faim  et  la  soif,  se  dit  de  deux  époux  sans 
biens. 

—  SYN.  FAIM,  APPÉTIT.  La  faim  est  proprement 
le  besoin  de  manger.  L'appétit  est  le  désir  de  man- 
ger. La  faim  n'a  pas  besoin  d'excitations  pour  être 
ressentie  ou  augmentée,  et  toute  substance  nutri- 
tive la  satisfait.  L'appétit  est  souvent  irrité  par  les 
ragoûts,  et  il  n'est  pas  satisfait  par  toute  sorte  de 
mets. 

—  HIST.  xui*  s.  Ou  je  morrai  de  faim  ou  de  froit 
sans  targer,  Berte,  xxxix.  Car  je  ai  si  grant  fain 
que  ne  sai  que  penser,  ib.  xmi.  Et  se  aucuns  a  faim 
de  .savoir  qui  cil  fu  qui  commencha  cest  livre.... 
BEAUM.  13.  Il  XV' s.  X  peine  pouvoit  le  roi  dormir, 
pour  faim  devoir  celle  qui  puis  fut  sa  femme,  fhoiss. 
II,  II,  229.  ||xvi*  s.  Qui  pourra  penser  que  le  tiers 
estât  aie  en  mesme  temps  au  cœur  la  gaieté  des  ar- 
mes, la  preur  au  visage,  et  la  faim  entre  les  dents 'f 
d'aub.  Hist.  11,  252.  Il  n'est  rien  qui  nous  jecte  tant 
aux  périls  qu'une  faim  inconsidérée  de  nous  en  met- 
tre hors,  MONTAIGNE,  III,  6.  Faim  fait  disuer,  Pas- 
setemps  souper,  lf.roux  de  lincy  ,  Prov.  t.  ii , 
p.  196.  Qui  a  faim  mange  tout  pain,  id.  tb.  p.  381. 

—  £tYM.  Wallon,  fuaim;  picard,  fonye  (Arras); 


provenç.  fam;  espagn.  hambre;  portug.  fome;  ital. 
famé;  du  latin  famés. 

t  FAIM-CALLE  (fin-ka-1') ,  s.  f  Voy.  faim-valle. 

FAIM-VALLE  (fin-va-1'),  s.  f.  Terme  de  vétéri- 
naire. Sorte  de  névrose  qui  force  les  chevaux  à  s'ar- 
rêter tout  à  coup,  et  ne  leur  permet  de  reprendre  le 
travail  qu'après  que  le  besoin  de  manger  qui  les  sai- 
sit est  satisfait.  ||  On  trouve  aussi  faim-calle,  voy. 
fringale. 

—  ÈTYM.  Faim-valle  ou  faim-calle  a  été  tiré  du 
latin  famés  caballi,  faim  de  cheval.  Mais  l'étymolo- 
gie  la  plus  probable  est  faim,  et  le  bas-breton 
gwall,  mauvais;  de  la  sorte  faim  valle  répond  à 
maie  faim,  et  l'on  explique  les  formes  cale  (faim- 
cale)  et  gale  (fringale)  qui  appartiennent  aussi  à  ce 
mot.  Les  formes  cale  et  gale  excluent  aussi  le  latin 
fa  mes  valida,  qui  a  été  proposé  et  qui  s'est  dit  d'une 
forte  famine. 

FAÎNE  (fê-n'),  t.  f.  Le  fruit  du  hêtre.  Huile  de 
faîne. 

—  HIST.  xm*  s.  Et  quant  ses  mangiers  ert  [était] 
plus  granz,  Si  mangoit  faînes  ou  glans.  Roman  de 
Mahomet,  v.  H9.  Après  la  feste  Sainte  Crois,  Que 
saingler  [sangliers]  encroissent  de  nois  ,  De  nois, 
de  glans  et  de  favine,  Partonop.  v.  629.  ||  xvi"  s. 
Us  appellent  elsea,  c'est  à  dire  l'olive,  et  phe^os  la 
fouine,  de  mesme  nom  que  les  arbres  qui  les  por- 
tent, AMYOT,  Comment  il  faut  lire  les  poêles,  28. 
Les  glands,  fannes,  chastaignes,  cornoailles,  cor- 
mes, couldres  et  semblables  fruits  bastards,  o.  de 
SERRES,  336.  La  faine,  produite  par  le  hestre  ou 
fousteau,  dit  en  latin  fagus,  id.  795. 

—  ÈTYM.  Wall,  faiène;  namur.  /'atème;  Hainaut, 
fuine ;  Berry,  fouine;  picard,  faigne ;  du  lat.  fa- 
gina  ou  faginea  glans,  gland  du  hêtre  ;  faine  vient 
de  fdgina,  comme  gaine  de  vdgina;  les  formes  tri- 
syllabiques  viennent  de  faginea. 

FAI]^fÉANT,  ANTE  (fè-né-an,  an-t'),od7'.  ||  l-Qui 
ne  fait  rien ,  qui  ne  veut  point  travailler.  ÊcoUer,  ou- 
vrier fainéant.  Quand  un  roi  fainéant,  la  vergogne 
des  princes.  Laissant  à  ses  flatteurs  le  soin  de  ses 
provinces....  malh.  II,  (.  ||  Les  roisfainéants,  roisde 
la  première  race,  qui  abandonnèrent  le  pouvoir  aux 
maires  du  palais.  Hélas!  qu'est  devenu  ce  temps, 
cet  heureux  temps,  Où  les  rois  s'honoraient  du 
nom  de  fainéants?  boil.  Lutr.  ii.  Auprès  d'eux 
sont  couchés  tous  ces  rois  fainéants  Sur  un  trône 
avili  fantômes  impuissants,  VOLT.  Henr.  vii.||  2°  Sub- 
stantivement. Celui,  celle  qui  n'aime  point  le  tra- 
vail, qui  vit  dans  la  paresse.  C'est  un  grand  fainéant, 
une  grande  fainéante.  Ce  n'est  pas  que  mon  cœur 
du  travail  ennemi  Approuve  un  fainéant  sur  le  tiône 
endormi,  boil.  Ép.  i.  Avec  nous  demeuraient  deux 
abbés  gascons,  aimables  fainéants  d'une  gaieté  in- 
tarissable, qui  allaient  courant  le  monde,  mabmon- 
tel,  Mém.  m. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  Epicuriens  en  leurs  resveries 
pensent  que  Dieu  soit  oisif  et  comme  un  fait-neant, 
CALV.  Inslit.  (36.  Tout  en  la  manière  qu'à  un  fai- 
néant l'estude  sert  de  torment,  mont,  i,  3I9. 

—  ÉTYM.  Faire,  néant,  ne  rien  faire  ;  bourguig. 
fenian  (vriy.  feignant). 

FAINÉANTER  (fè-né-an-té),  v.  n.  Être  fainéant, 
faire  le  fainéant.  Il  a  fainéanté  toute  sa  vie.  ||  Il  se 
conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  ÊTVM.  Fainéant. 

FAINÉANTISE  (fè-né-an-ti-z') ,  s.  f.  Vice  du  fai- 
néant. Vivre  dans  la  fainéantise.  Tous  les  citoyens 
étaient  amollis  par  la  fainéantise  et  par  les  voluptés, 
ROLLiN,    Hist.  anc.   Œuvres,  t.  vu,   p.  56i ,  dans 

POUGENS. 

—  HIST.  XVI'  s.  [Le  roi  Henri  lll  tombait]  en  non- 
chalances et  fainéantises,  sully,  dans  le  2)îc(.  de 

DOCHEZ. 

—  ÉTYM.  Fainéanter. 

t  FAÎNÉE  (fê-née) ,  s.  f.  Récolte  des  faînes.  Dans 
les  futaies  de  chêne  et  de  hêtre ,  les  glandées  et  les 
faînées  sont  si  rares  qu'elles  correspondent,  une 
fois  sur  sept  ou  huit,  avec  l'année  de  l'exploitation 
d'une  coupe,  de  forcade,  liapp.  au  min.  des  fin. 
19  fév.  1860,  in-i°,  p.  36. 

).  FAIRE  (fê-r'.  Au  xvi'  siècle,  d'après  Bèze, 
les  Parisiens  prononçaient  à  tort  fesant  au  lieu  de 
faisant;  c'est  cette  prononciation  des  Parisiens,  con- 
damnée alors,  qui  a  prévalu;  on  prononce  aujour- 
d'hui fe-zan,  fe-zon,  fe-zô,  fe-zié),  je  fais,  tu  fais, 
il  fait,  nous  faisons,  vous  faites,  ils  font;  je  faisais;  je 
fis;  je  ferai;  je  ferais;  fais,  qu'il  fasse,  faisons,  faites, 
qu'ils  fassent;  que  jefasse,  que  tu  fasses,  qu'il  fasse, 
que  nous  fassions  ,  que  vous  fassiez  ,  qu'ils  fas- 
sent; que  je  fisse;  faisant;  fait,  faite,  v.  a.  {{  Mot 
à  signification  très-étendue  qui,  exprimant  au  sens 
actif  ce  que  agir  exprime  au  sens  neutre,  et  au  sens 


déterminé  et  appliqué  à  un  objet  ce  que  agir  ex- 
prime au  sens  indéterminé  et  abstrait,  dénote  toute 
espèce  d'opération  qui  donne  être  ou  forme.  ||  1"  Don- 
ner être  ou  forme.  ||  2"  Engendrer.  ||  3°  Façonner,  fa- 
briquer, construire,  en  parlant  des  œuvres  matériel- 
les de  l'art  et  de  l'industrie.  ||  4°  Se  dit  dans  le  même 
sens,  en  parlant  des  œuvres  de  l'intplligence,  de  l'i- 
magination. Il  5°  Il  s'emploie  dans  un  sens  beaucoup 
plus  étendu,  en  parlant  de  tout  ce  qu'un  sujet  opère, 
eflectue,  exécute  dans  l'ordre  physique  ou  moral. 
Il  6°  Faire  quelque  chose  pour  quelqu'un,  lui  accor- 
der ou  lui  faire  obtenir  quelque  chose.  ||  7°  11  se  dit 
des  choses  qui  sont  agents  de  quelque  chose.  ||  8°  Se 
faire,  faire  à  soi,  se  créer,  se  procurer.  ||  9°  Faire 
d'une  personne,  d'une  chose....  la  changer  en,  en 
user  comme  de....  ||  10'  Faire  suivi  de  la  préposi- 
tion de,  disposer  de  quelqu'un  ou  de  quelque  chose, 
en  tirer  parti  d'une  façon  quelconque.  ||  11°  Em- 
ployer ses  forces,  son  activité  à  quelque  chose,  s'en 
occuper,  y  passer  son  temps.  ||  12°  Faire  du  mal,  . 
l'aire  du  bien  à  quelqu'un.  ||  13°  Récolter;  semer, 
cultiver.  ||  14°  Dans  le  commerce,  faire  le  genre  d'o- 
pérations auxquelles  on  se  livre.  |{  15°  Produire  le 
même  effet,  le  même  résultat  que....  ||  16°  Arranger, 
mettre  dans  un  état  convenable.  ||  17°  Mettre  en  pra- 
tique, observer,  en  parlant  de  choses  d'obligation, 
de  précepte.  ||  18°  Former  par  un  exercice  conve- 
nable; accoutumer,  habituer.  ||  19°  Se  dit  des  choses 
qui  marquent  espace,  étendue.  ||  20°  Il  exprime  un 
grand  nombre  de  modes  d'action  et  de  manières 
d'être,  au  moyen  des  autres  mots  de  la  phrase  aux- 
quels il  est  lié  et  qui  lui  donnent  sa  signification  spé- 
ciale. Il  21°  Il  se  dit  de  certaines  fonctions  de  guerre. 
Il  22°  Divers  emplois,  en  termes  de  marine.  ||  23°  X 
la  natation,  faire  la  planche.  ||  24°  Divers  emplois, 
en  termes  de  vénerie.  ||  25°  Divers  emplois ,  en 
termes  de  jeux.  ||  26°  Amasser,  mettre  ensemble. 
Il  27°  Faire  des  recrues,  appeler  des  hommes  sous 
les  drapeaux.  ||  28°  Acquérir,  gagner.  ||  29°  Consacrer 
un  temps  à  l'étude  d'une  chose.  ||  30°  Il  se  dit  en 
parlant  des  différentes  professions,  métiers,  emplois. 
Il  31°  Passer  par,  avoir  pour  maîtres,  en  parlant  de 
domestiques.  ||  32°  Faire  une  maladie,  passer  par 
une  maladie,  la  subir.  ||  33°  Il  se  dit  de  différentes 
occupations  de  la  vie  courante.  ||  34°  Constituer 
quelqu'un  en  une  certaine  dignitéou  titre.  ||  35° Don- 
ner à  quelqu'un  certaine  qualité,  condition.  ||  36°  En 
termes  de  bourse,  faire  tant.  En  termes  de  finance 
et  de  jeu,  faire  bon.  ||  37°  11  se  dit  des  personnes 
qu'on  se  concilie,  qu'on  s'attache.  ||  38°  Représenter 
un  personnage.  ||  39°  Prendre  le  caractère  àe  jouer 
le  rôle  de.  ||  40°  Causer,  déterminer,  procurer. 
Il  41°  Etre;  constituer.  ||  42°  Former  un  ensemble, 
un  tout.  Il  43°  Faire  tout,  avoir  la  suprême  influence, 
être  décisif.  ||  44°  Représenter  comme,  en  parlant 
de  personnes  ou  de  choses.  ||  45°  Évaluer  à  un  cer- 
tain prix.  Il  46°  Allouer,  en  parlant  d'une  somme. 
]l  47°  En  termes  de  grammaire,  avoir  une  certaine 
désinence  ou  flexion.  {|  48°  Rendre  des  excréments. 
Il  49°  Chemin  faisant.  ||  50°  Faire  suivi  d'un  adjectif 
pris  adverbialement.  ||  51°  Faire  construit  avec  la 
particule  en.  ||  52°  Faire  construit  avec  un  infinitif. 
Il  53°  Faire  à  savoir,  faire  connaître.  ||  54°  Faire, 
verbe  neutre.  Opérer,  travailler,  se  comporter. 
Il  55°  Faire,  avec  un  adverbe  ou  une  locution  ad- 
verbiale, se  comporter  comme  l'indiquent  l'adverbe 
ou  la  locution.  ||  66°  Faire  à  quelqu'un,  lui  causer 
une  certaine  impression.  ||  67°  Faire  des  armes, 
s'exercer  à  l'escrime.  ||  58°  Faire,  avoir  une  part 
dans  le  jeu,  dans  une  affaire.  ||  69°  Faire  que,  agir  de 
manière  que.  ||  60'  Finir.  ||  61°  Faire  de,  se  com- 
porter à  l'égard  de.  ||  62°  Faire  pour  quelqu'un,  le 
suppléer,  tenir  sa  place,  être  son  agent.  ||  63"  Faire 
en,  être  négociant  en.  ||  64°  Faire  pour,  travailler 
pour;  faire  pour,  faire  contre,  être  favorable  à,  con- 
traire à.  Il  65°  Avoir  une  influence,  un  effet  quelcon- 
que. Il  66°  Dire,  répliquer  (fait-il,  fit-il).  ||  67°  Avoir 
fort  à  faire,  avoir  à  faire,  avoir  beaucoup  d'efforts  à 
faire  pour.  ||  68°  C'est  à  faire  à....  ||  69°  Ne  faire  que, 
suivi  d'un  infinitif.  ||  70°  Ne  faire  que  de.  ||  71°  Faire 
servant  à  remplacer  un  verbe  qu'il  faudrait  répéter, 
et  prenantalors  la  signification  de  ce  verbe.  ||  72°  Im- 
personnellement, faire  sert  à  marquer  l'état  de 
l'atmosphère.  ||  73°  Se  faire,  verbe  réfléchi.  Se  consti- 
tuer en  un  ceruin  état.  ||  74°  Se  produire  récipro- 
quement. Il  75°  Être  son  propre  instituteur.  ||  76°  Se 
développer,  en  parlant  des  personnes.  ||  77°  S'ac- 
coutumer, s'habituer.  ||  78°  Se  faire  suivi  d'un 
adjectif,  devenir.  ||  79°  Se  faire  suivi  d'un  infini- 
tif, rend  le  verbe  causatif  en  même  temps  que  ré- 
fléchi. ||  80°  Se  laisser  faire,  ne  pas  se  défendre,  ne 
pas  opi)Oser  de  résistance.  ||  81°  Se  faire,  êtr»  fait. 
Il  82°  Impersonnellement,  être,  arriver. 


1598 


FA! 


!•  Dooiwri  dm  ou  I*  formé.  Dieu  i  hit  homme 
à  M  imite.  Dtao  â  ùil  ta  monde  en  «ix  jour». 
TflemâtMiii'oiil  un  et  m'ont  r<rm«;  donnez-moi 
rin..ll.»ence  .  .«"  que  j'apprenne  vo.  commande- 
D<DU  êta.  Bible,  Piaume  cxviii,  7J.  lU  pen- 
Mal  que  pour  eux  le  ciel  fl«  l'Amérique ,  volt. 
AlM  IV  I.  Sur  un  modèle  égal  eyant  /ait  le»  hu- 
uui'iu.'lD.  ScyOut,  iv,  ».  Bleré»  eniemble,  nés  le 
mime  jour  dam  ce  cbiteau ,  voue  conviendrez 
qu'il  lemble  que  la  destinée  le*  ait  laits  l'un  pour 
rautro,  OKXL»,  Théàt.  d'édue.  la  Cloiian,  »c.  i. 
Il  Toui  lee  Joure  que  Dieu  fait,  c'o(t4-<lire  chaque 
jour.  Il  l'ar  eileniion.  Titbon  n'a  plu»  le.s  an>  (|ui  le 
firent  ciKale,  malii.  vx,  tg.  ||Fig.  Homère  a  fait  Vir- 
vile,  dit-on;  li  cela  est,  c'est  sans  doute  ton  plus 
bel  ouvrage,  volt.  Eu.  poit.  ifiq.  m.  ||  S*  Kngeii- 
drer.  Faire  un  enfant,  en  parlant  d'une  femme,  le 
mettre  au  monda.  Et  aussi  en  parlant  de  l'humme  : 
Vous  ferez  un  enfant,  et  vous  voiUi  bien  avancé  I 
Il  Faire  un  enfant  à  une  femme,  la  rendre  enceinte. 
Il  [Frédéric)  a  fait  plus  do  livre»  qu'aucun  des  prin- 
ces contemporains  n'a  fait  de  bâtards,  et  il  a  rem- 
porté plus  de  victoires  qu'il  n'a  fait  de  livres,  volt. 
UU.  PnuMfi*  marsi772.||  Fairedes  petits,  en  par- 
lant des  femelles  des  animaux,  mettre  ba».  C'est 
une  épagneula  trèf-petite,  ajouta  Zadig;  elle  a  fait 
depuis  peu  des  cbiens,  volt.  Zadig  ^  3.  Lorsque  la 
marte  est  prête  il  mettre  bas,  elle  grimpe  au  nid  de  l'é- 
cureuil, l'en  chasse,  en  élargit  l'ouverture,  s'en  em- 
pare et  y  fait  ses  petits,  bukp.  Quadrup.  t.  ii,  p.  i*6, 
dans  pouoiNi.  Les  feuilles  du  haricot  &  bouquets 
incarnats,  plongées  dans  l'eau  par  leur  pédicule,  y 
ont  till  des  racines,  mais  seulement  à  l'extrémité 
inférieure  de  ce  dernier,  bonnet,  Uiage  des  feuil- 
les, 4*  mém.  Il  Cet  enfant  fait  ses  dents,  les  dents 
lui  viennent.  ||  On  dit  d'un  malade  chez  qui  se  pro- 
duisent pathologiquement  do  l'albumine,  du  sucre, 
du  tubercule  :  il  fait  de  l'albumine,  du  sucre,  du 
tubercule.  ||  8*  Façonner,  fabriquer,  construire, 
en  parlant  des  onuvres  matérielles  de  l'art  ou  de 
l'industrie.  Faire  du  pain,  un  habit,  un  tissu,  une 
machine,  une  maison Saluez  ce»  pénates  d'ar- 
gile; Jamais  le  ciel  ne  futaux  humains  si  facile  Que 
quand  Jupiter  même  élait  de  simple  bois;  Depuis 
qu'on  l'a  fait  d'or,  il  est  sourd  à  no»  voix,  là  font. 
Phil.  tl  Pauc.  Il  Faire  le  vin,  se  dit  de  toutes  les  opé- 
rations qui  forment  la  fabrication  du  vin.  ||  Faire  le 
dlnor,  le  déjeuner,  préparer  le  dîner,  le  déjeuner. 
Il  Faire  à  dîner,  donner  de  quoi  dîner.  Faites-moi 
à  dîner.  ||  Ne  faire  œuvre  de  ses  doigts,  et,  plus  sou- 
vent de  ses  dix  doigts,  ne  faire  rien  du  tout,  ne 
point  travailler.  ||  Il  se  dit  au.ssi  des  travaux  des 
animaux.  Les  abeilles  font  le  miel.  L'oiseau  fait 
son  nid.  iJFig.  Faire  des  brioches,  voy.  brioche. 
Les  symphoniste»  de  l'opéra,  après  Lulli,  étaient  si 
inhabiles  et  excitaient  si  bien  les  cri»  du  parterre, 
qu'ils  étaient  taxés  à  six  snis  par  faute  qu'ils  fai- 
iaiant  devant  le  public;  avec  le  total  de  ces  amen- 
des ils  faisaient  faire  une  immense  brioche  qu'ils 
mangeaient  ensemble;  les  condamnés  à  l'amende 
paraissaient  k  ce  festin  avec  une  petite  brioche  en 
carton  k  la  boutonnière;  on  le»  nomma  croque- 
brioche,  faiseur»  de  brioches;  et,  par  abréviation, 
brioche  devint  synonyme  de  faute,  d'ftnerie,  cas- 
TiL-BLAta,  Iliit.  de  l'acad.  de  nusique,  t.  u,  ch.  2, 

Le*.  Il  4*  Se  dit  dans  le  même  sens,  en  par- 
t  de*  (Buvres  de  l'intelligence,  de  l'imagina- 
tion. Pairaun  projet,  un  plan.  Faire  un  poëme,  un 
conte,  des  vers.  Il  y*  un  vieux  évêqued'Êvreux,  qui 
a  plus  de  quatrc-vingU  ans  ;  c'était  autrefois  l'é- 
véquedu  Puy;  il  a  faitlaviedemagrand'mfcre.sÉv. 
40«.  Kt  toujours  méoontentdece  qu'il  vient  défaire, 
Il  plattà  tout  le  monde  «t  ne  saurait  se  plaire,  boil. 
Sat.  II.  Faisant  le  même  calcul  sur  le  quatrième  sa- 
tellite de  Jupiter,  que  nous  avons  supposé  grand 
comme  la  terre,  nous  verrons  qu'il  aurait  drt  se 
consolider  jusqu'au  centre  en  a»06  ans,  bbpf.  TWo- 
ri»  d«l<i  terre,  part,  /lypolh.  Œuvres,  Un,  p.  (8i, 
dans  pocoms.  ||  Terme  de  peinture.  Peindre.  Paire 
l'histoire.  F*ir«  les  animaux.  Ce  peintre  ne  fait  que 
le  paysage.  Faire  sec  et  dur,  peindre  sèchement  et 
durement.  Pigal,  qu'on  appelait  à  Home  le  mulet 
de  la  sculpture,  k  force  do  faire,  a  su  faire  la  na- 
tur»,  la  Caire  vraie,  chaude  et  vigoureuse,  bider. 
Sol.  d«  17*»,  <tMmres,  t.  xin,  p.  8Si.||8Ml  s'em- 
plotedans  un  tans  beaucoup  plus  étendu,  en  par- 
tent de  tout  ce  qu'un  sujet  opère,  eiïeclue,  exécute 
•Un»  l'ordre  physique  ou  dans  l'ordre  moral.  Ne  fais 
point  dauire  crime,  et  j'atteste  les  dieux  Qu'au  lieu 

a  i  !1.  "J"'*"  ''"""*'  "'•"».  """••  "'>r-  ", 
ehâii^nr^T*?""  ""  P""««  Héraclius  faire  le 

î^r  î'  t  "^t:  "•  ••  ■^"  '<"»»  «Prt»  la  ha- 
rangua, LA  wnT.  FaW.i.  *..  Tu  vois.  Tolnetic,  le* 


FAI 

daMein*  violents  que  l'on  fait  (ur  lai  [sur  mon 
cœur],  «ol.  Jfaf.  imag.  i,  to.  Nous  avioni  bu  de 
je  ne  sais  quel  vin  Qui  m'a  fait  oublier  tout  ce  que 
j'ai  pu  faire,  id.  Amph.  u,  s.  Ne  voulez-vous  point, 
un  de  cet  jours,  venir  voir  avec  elle  le  liallet  et  la 
coraéflie  que  l'on  lait  chez  le  roi  î  lo.  B.  gtnt.  m, 
5.  Tu  crains  pour  moi  les  maux  que  j'ai  voulu  me 
faire.  Et  tu  ne  trembles  point  de  ceux  que  tu  me 
fais,  th.  coh!«.  Ariane,  lu,  4.  Lamech,  sorti  de 
Gain,  avait  faille  second  meurtre, et  on  peut  croire 
qu'il  t'en  Tit  d'autres  apr&s  ces  damnables  exemples, 
Boss.  Uist.  II,  t.  La  mémoire  de  Joseph  et  de»  mer- 
veilles que  Dieu  avait  faites  par  ce  grand  ministre 
de»  rois  d'Egypte  élait  encore  récente,  id.  ib.  ii,  3. 
J'ignore  de  quel  crime  on  a  pu  me  noircir.  De  tous 
ceux  que  j'ai  faitf  je  vais  vous  éclaircir,  bac.  Uril. 
IV,  ï.  Ce  que  j'ai  fait,  Abner,  j'ai  cru  lo  devoir 
faire,  ID.  Alhal.  ii,i.  On  accumule  ces  richesses 
qui  sont  le  fruit  des  péchés  qu'on  a  déjà  faits,  et  les 
moyens  do  ceux  qu'on  veut  faire,  flécii.  i,  140. 
Voiis  semblez  approuver  mes  feux  ;  Mais  vous  ne 
faites  rien  de  tout  ce  qu'il  faut  faire  Pour  rendre 
mon  amour  heureux,  chaul.  À.  la  marquise  D.  L. 
Elle  leur  fait  [à  ses  filsj  une  destinée  au  gré  de  ses 
souhaits,  sans  consulter  si  les  conseils  éternels  s'a- 
justent avec  la  témérité  de  ses  espérances,  majs. 
Carême,  yocalion.  Sous  ces  (leurs  trompeuses  je 
trouvais  à  chaque  pas  le  serpent  qui  faisait  sur 
moi  des  morsures  cruelles,  m.  Paraphr.  l's.  xxii. 
Je  ne  ine  souviens  plus  quel  était  l'honDéte  bominc 
qui  priait  Dieu  tous  les  malin»  que  ses  ennemis 
fissent  des  sottise»,  volt.  Letl  .  d'Alembert,  25  mars 
1705.  En  général,  les  animaux  peuvent  apprendre 
à  faire  mille  fois  tout  ce  qu'ils  ont  fait  une  fois, 
à  faire  de  suite  ce  qu'ils  ne  faisaient  que  par  in- 
tervalles, à  faire  pendant  longtemps  ce  qu'ils  ne 
faisaient  que  pendant  un  instant,  à  faire  volontiers 
co  qu'ils  ne  faisaient  d'abord  que  par  force,  à  faire 
par  habitude  ce  qu'ils  ont  fait  une  fois  par  hasard, 
à  faire  d'eux-mêmes  ce  qu'ils  voient  faire  aux  au- 
tres, Bus'FON,  i)isc.  nat.  anim.  (iiuiTCs,  t.  v,p.  3C0, 
dans  POUGENS.  Il  Faire  que  sage,  c'est-à-dire  faire 
la  chose  que  ferait  une  personne  sage,  voy.  que. 
Il  6°  Faire  quelque  chose  pour  quelqu'un,  lui  ac- 
corder ou  lui  faire  obtenir  quelque  chose.  Il  n'a 
rien  voulu  faire  pour  sa  famille.  C'est  là  [à  la  cour] 
que  l'on  sait  parfaitement  ne  faire  rien  ou  faire 
très-peu  de  chose  pour  ceux  que  l'on  estime  beau- 
coup, LA  BBUY.  VIII.  Il  On  dit  de  même  :  la  nature 
a  tout  fait  pour  lui,  c'est-à-dire  il  est  doué  de  très- 
heureuses  dispositions.  ||  7°  U  se  dit  des  choses  qui 
sont  agents  de  quelque  chose.  La  mine  fit  explosion. 
La  grêle  a  fait  du  dégât.  Ce  qui  fit  vos  grandeurs 
fera  votre  ruine,  M.  i.  chèn.  OEdipe  roi,  a,  2. 
Il  Opérer.  Les  planètes  font  leur  révolution  autour 
du  soleil  en  un  temps  déterminé.  ||  8°  Se  faire,  faire 
à  soi,  se  créer,  se  procurer.  C'en  est  peut-être  assez 
[de  fermeté]  pour  une  âme  commune  Qui  du  moindre 
péril  se  fait  une  infortune,  CORN.  Jîor.i,  t.  Je  me  fais 
desvertusdignes  d'une  Romaine,  id.  Cinno,iil,  4.  Et 
de  cette  union  de  tendresse  suivie  Se  faire  les  douceurs 
d'une  innocente  vie,  mol.  Femm.  sav.i,  i .  Une  fille.... 
Qui,  dans  l'obscurité  nourrissant  sadouleur.  S'est  fait 
une  vertu  conforme  à  son  malheur,  bac.  iirit.  ii,  3. 
Aux  champs  Apubens  se  faire  une  patrie,  volt. 
Tancr.  i,  t.  On  se  fait  des  idées  vagues  et  des  pré- 
jugé» sur  tout,  ID.  Louis  XIY,  ch.  26.  Je  me  suis 
fait  enfin  dans  ces  grossiers  climats  Un  esprit  et  des 
mœurs  que  je  n'espérai»  pas,  id.  Scythes,  ii,  t.  Il 
proscrit  le  sénat,  et  s'y  fait  des  amis,  id.  Home 
sauv.  IV,  4.  Il  Se  faire  fête  d'une  chose,  s'en  réjouir. 
Il  Se  faire  honneur  ou  gloire  de  quelque  chose,  s'en 
tenir  honoré,  glorieux.  ||  9°  Faire  d'une  personne, 
d'une  chose....  la  changer  en,  en  user  commode.... 
Que  de  tous  tessujetsil  fasse  des  rebelles,  corn.  Per- 
tliar.m,  3.  Etd'Indouqu'ilétaitonvouslefaitLapon, 
LA  PONT.  Fab.  VII,  6.  Il  [le  loup]  s'habille  en  berger, 
endosse  un  boqueton.  Fait  sa  houlette  d'un  bâton, 
id.  ib.  III ,  3.  Aussi  les  missionnaires  eurent-  ils 
la  sagesse  de  civiliser,  jusqu'à  un  certain  point, 
les  sauvages,  avant  de  penser  à  les  convertir;  ils 
n'essayèrent  d'en  faire  des  chrétiens,  qu'après  en 
avoir  fait  des  hommes,  BATHAL,  Ilist.  phil.  viil,  «4. 
Il  Fig.  Faire  d'une  mouche  un  éléphant,  exagérer 
excessivement  une  petite  chose.  ||  Faire  de  quelque 
chose  une  obligation,  un  devoir,  etc.  l'imposer 
comme  une  obligation,  un  devoir.  Et  avec  le  pro- 
nom personnel,  se  faire  un  devoir,  une  obligation 
d'une  chose,  la  considérer  comme  de  devoir, comme 
d'obligation.  ||  Faire  un  mérite  à  quelqu'un  de  quel- 
que oho.se,  lui  tenir  cette  chose  à  mérite.  Et,  avec 
le  pronom  personnel,  se  faire  un  mérite  d'une  chose , 
la  considérer  comme  un   mérite  pour  »oi.   ||  Faire 


FAI 

gloire,  Ikire  vanité  de  quelque  choie,  en  tirer  gloire, 
vanité.  ||  Faire  ses  délice»  de  quelque  chose,  y  pren- 
dre un  plaisir  extrême.  ||  10"  Faire  suivi  de  la  pré- 
position de,  signifie  disposer  de  quelqu'un  ou  de 
quelque  chose,  en  tiret  parti  d'une  façon  quelcon- 
que.  Que  voulez-vous  que  je  fasse  de  cet  homme-làî 
Nous  avons  besoin  d'argent,  il  n'en  sait  que  faire, 
BAMiLT.  Gramm.  S.  ||  Que  ferez-vous  de  cette  chose, 
de  cette  personne,  c'est-à-dire  à  quoi  vous  tervira- 
t-elle?  Que  ferait-il  de  moi  Y  que  ferais-je  de  luiT 
BOURSAULT,  Ésope  à  la  cour,  iv,  l.  ||  Qu'avez-vout 
fait  de  cette  personne,  de  cette  chose?  c'est-à-dire 
comment  en  avez-vous  disposé?  qu'est-clle  deve- 
nue? Français,  qu'avez-vous  fait  du  héros  que  j'a- 
dore? voi.T.  Adél.  du  Guesel.  I,  a.  ||  l'aire  ce  qu'on 
veut  de  quelqu'un ,  se  dit  d'une  personne  facile  ou 
faible  qui  s'accommode  à  ce  qu'on  veut  d'elle.  X  nul 
fâcheux  débat  jamais  vous  ne  viendrez,  Ftvous  ferez 
de  lui  tout  ce  que  vous  voudrez,  mol.  Tart.  il,  2. 
Il  Faites-en  de»  choux,  des  raves,  c'est-à-dire  faites- 
en  ce  que  vous  voudrez.  Il  N'avoir  que  faire  de,  n'avoir 
pas  besoin  de  (grammaticalement,  lalocution  équivaut 
à  :  n'avoir  chose  que  l'on  puisse  faire  de....).  Ou*a-t.on 
que  faire  de  l'agriculture?  où  l'on  donne  le  bien  pour 
rien,  à  quoi  bon  travailler  pour  l'acquérir?  balz.  Des 
gens  savants.  Veux-tu  le  réserver  (le  bien]  Pour  un 
âge  et  de»  temps  qui  n'en  ont  plu»  que  faire?  la 
FONT.  Fabl.  X,  8.  Ma  foi,  je  crois  que  je  n'ai  que 
faire  d'aller  au  magicien,  et  voici  qui  me  montre 
tout  ce  que  je  puis  demander,  mol.  Jfar.  forcé,  il. 
Je  sais  bien  que  Votre  Majesté  n'a  que  faire  d* 
toutes  no»  dédicaces,  id.  Prie.  rid.  Épilre  dédie.  Il 
dit  fort  posément  ce  dont  on  n'a  que  faire,  bac. 
Plaid,  m,  3.  ||  N'avoir  que  faire  à  quelqu'un,  n'a- 
voir rien  à  faire  auprès  de  lui.  Je  n'ai  point  été  le 
voirparce  quejon'aiquefaireà  lui,  kamilt.  Gramm. 
4.  Il  On  n'a  que  faire,  il  est  inutile.  On  n'a  que  faire 
d'avoir  peur  do  trop  charger  la  complaisance,  mol. 
l'Av.  I,  t.  Vous  n'avez  que  faire  de  vous  reprocher 
vos  vérités,  bkbn.  he  st-p.  Uort  de  Sner.  ||  N'avoir 
que  faire,être  inutile.  Vous  êtes  un  sot  do  venir  vouf 
fourrer  où  vous  n'avez  que  faire,  mol.  Mèd.  m.  t.i,  2. 
Un  gouverneur  n'a  que  faire  ici,  sEv.  489.  |{  N'avoir 
que  faire  de  quelqu'un  ou  de  quelque  chose,  n'en 
faire  nul  cas.  Je  n'ai  que  fjJre  de  lui  et  de  ses  visites. 
Il  N'avoir  que  faire,  signifie  aussi  qu'on  désapprouve, 
qu'on  trouve  mauvais.  Je  n'ai  que  faire  de  vos  dis- 
cours. Je  n'ai  que  faire  ni  d'air  ni  de  chanson,  mol 
Précieuses,  6.  Tu  n'as  que  faire  de  railler,  id.  Impr. 
3.  Nous  n'avons  que  faire  de  leurs  démêlés,  pasc. 
Prov.  S.  Il  11"  Employer  se»  forces,  son  activité  i 
quelque  ctiose ,  s'en  occuper,  y  passer  son  temps. 
Faire  un  travail.  Faire  sa  besogne.  Il  n'a  rien  fait  de 
toute  la  journée.  Que  fait-il  tout  le  long  du  jour? 
Le  ciel  me  sera  témoin  que  j'ai  fait  pour  toi  tout  ce 
que  j'ai  pu,  mol.  Fourb.  de  Scap.  ii,  t  i.Hé!  bonjour, 
ma  chère  Lisette  ;  comment  te  portes-tu,  mon  enfant  î 
que  fait  ta  belle  maltresse?  regnard,  ileloiir  tm/r. 
se.  3.  Il  Ne  rien  faire,  ne  faire  rien,  vivre  dans  loi- 
siveté.  Vous  n'été»  pas  homme  à  vous  embarrasser 
de  ce  que  disent  le»  dames  de  salon  avec  un  nom- 
bre de  fainéants,  lâches  envieux  qui  ne  veulent  rien 
faire  et  qui  sont  fâchés  que  les  autres  fassent, 
MAINTENON,  Lett.  OU  duc  de  Noailles,  (3  fév.  i7ll. 
Parce  que  la  noblesse  ne  faisait  rien,  on  a  cru  qu'il 
n'y  avait  rien  de  si  noble  que  de  ne  rien  faire,  bay- 
nal,  Hist.  phil.  viii,  33.  i|  Ne  faire  rien,  se  dit  d'un 
écolier  qui  ne  travaille  pas,  ne  s'applique  pas.  Un 
jeune  homme  qui  ne  fait  rien.  ||  N'avoir  rien  i  faire, 
plus  rien  à  faire,  n'avoir  pas  ou  plus  d'occupation. 
Il  C'est  une  personne  à  tout  faire,  qu'on  peut  em- 
ployer ou  qu'on  emploie  à  tout  dans  une  maison; 
en  mauvaise  part,  c'est  une  personne  dangereuse, 
capable  d'actions  mauvaises  ou  violentes.  ||  Je  ne 
puis,  je  ne  sais  que  faire  à  cela,  c'est  une  chose  où 
je  ne  puis  rien.  ||  Que  voulez-vous  que  j'y  fasse?  c'est- 
à-dire,  je  n'y  puis  rien,  cela  ne  dépend  pas  de  moi. 
Il  C'est  un  faire  le  faut,  voyez  faire  le  fadt,  à  son 
rang.  ||  Je  n'en  ferai  rien,  je  me  garderai  bien  de  faire 
ce  dont  il  est  question.  Vous  voulez  que  je  parte;  je 
n'en  ferai  rien.  Non,  je  n'en  veux  rien  faire;  et, 
dans  cette  occurence.  Tout  ce  que  vous  croirez  m'est 
de  peu  d'importance,  mol.  Mis.  iv,  3.  ||  On  dit  dans  la 
même  sens  et  dans  le  langage  familier:  non  ferai.  Je 
proteste  de  ne  prétendre  rien  à  tous  vos  biens, 
pourvu  que  vous  me  laissiez  celui  que  j'ai.  —  Non  fe- 
rai, de  par  tous  les  diables,  mol.  l'Av.  v,  s.  ||  U"  Faire 
du  mal  à  quelqu'un,  lui  causer  une  souffrance  phy- 
sique ou  morale.  Oiseleur,  laisse-moi,  dit-il  [l'au- 
tour|  en  son  langage;  Je  ne  t'ai  jamais  fait  de  mal. 
L'oiseleur  repartit  :  Ce  petit  animal  Ten  avait  il  fait 
davantage?  la  font.  Fab.yi,  4&.  Je  lui  fais  plu»  de 
mal  que  tous  les  autres,  8«v.  230    ||  Faire  quelque 


FAI 

cliose  à  quelqu'un,  l'oiïenser,  lui  faire  du  mal.  Ils 
ne  seront  pas  plus  ravis  que  de  voir  pendre  un 
Limosin.— Qu'est-ce  que  les  Limosins  leur  ont  donc 
fiif?  MOI,.  Pourc.  m,  2.  Cela  est  bien  horrible  d'être 
accusée  par  un  mari,  lorsqu'on  ne  lui  fait  rien  qui 
ne  soit  à  faire,  id.  G.  Dandin,i,  6.  Moi  qui  jamais 
n'ai  rien  fait  à  personne,  11  semble  qu'aujourd'hui 
tout  le  monde  m'en  veut,  imbert.  Jaloux  sans  amour, 
IV,  H  Faire  du  bien  à  quelqu'un,  se  dit  d'une 
nerionne  qui  donne  des  secours  à  quelqu'un  dans 
la  gêne;  se  dit  ans.»;!  d'une  chose  qui  procure  du  bien- 
flre.  Celte  potion  lui  fit  du  bien.  {|  Elliptiquement, 
grand  bien  vous  fasse,  se  dit  quand,  refusant  de  faire 
une  chose  qui  est  proposée,  on  souhaite  poliment  que 
la  chose  fasse  bien  à  celui  qui  la  propose.  Serviteur, 
et  grand  bien  te  fasse.  Dit  le  hibou,  pour  moi,  je  veux 
guérir,  LAMOTTE,  Fables,  v,  t.\\  13°  Terme  d'agri- 
culture. Récolter.  Les  cultivateurs  ont  fait  beaucoup 
de  légumes  cette  année.  On  iera  beaucoup  de  vin  en 
liourgogne.  ]|  Faire  les  foins.  ||  Fig.  Faire  ses  or- 
ges, voy.  OBGE.  Il  II  signifie  aussi  semer,  cultiver, 
sans  impliquer  l'idée  de  récolte.  J'avais  fait  du  blé 
d'hiver,  il  n'a  pas  réussi.  ||  14°  Dans  le  commerce, 
faire  signifie  le  genre  d'opérations  auxquels  on  se 
livre.  Ce  jardinier  fait  les  primeurs.  Ce  négociant 
fait  les  eaux-de-vie.  ||  15°  Produire  le  même  efl'et, 
le  même  résultat  que....  Le  fusil  était  chargé  avec 
du  petit  plomb;  mais,  tiré  de  prés,  le  coup  fit  balle. 
Les  doigts,  qui  ont  deux  lignes  de  largeur,  sont  à  peu 
près  égaux  en  grosseur,  mais  le  premier  doigt,  qui  fait 
pouce,  et  qui  a  de  longueur  douze  lignes,  a  un  ongle 
de  trois  pouces  six  lignes  qui  est  large  et  plat  comme 
ceux  des  makis,  buff.  Quadrup.  t.  xra,  p.  74,  dans 
PouGENs.  H  Terme  de  vétérinaire.  Faire  les  forces,  faire 
ciseaux,  se  dit  d'un  cheval  qui  remue  sans  cesse  sa 
mâchoire.  Faire  grenier  ou  magasin,  se  dit  lorsque 
des  pelotes  d'aliments  restent  entre  les  joues  et  les 
molaires  du  cheval.  Faire  la  révé»ence ,  broncher. 
Il  16°Arranger,  mettre dansunétatconvenable.F.iire 
\ine  cliambre.  Faire  un  lit.  Faire  un  appartement. 
Faire  les  habits.  Un  grand  benêt  de  vingt-cinq  ou 
vingt-six  ans,  qu'elle  avait  pris  pour  faire  le  jardin, 
n:v.  H3.  Au  noble  hôtel  de  la  Vermine,  On  est  logé 
très-proprement;  Rivarol  y  fait  la  cuisine,  Et  Champ- 
ceuets  l'appartement,  beaumarch.  Épigr.  ||  Faire 
la  barbe,  raser.  ||  Terme  de  boucherie.  Faire  une 
bête,  la  tuer  et  la  préparer  comme  il  faut.  ||  Fig. 
Faire  le  bec  à  quelqu'un,  voy.  bec.  ||  Familièrement. 
Faire  maison  netle  ,  congédier  tous  ses  domesti- 
ques. Il  Faire  table  rase,  voy.  table.  ||  17°  Mettre 
en  pratique,  observer,  en  parlant  de  choses  d'obli- 
gation, de  précepte.  Faire  ce  que  Dieu  ordonne. 
Faites  votre  devoir,  et  laissez  faire  aux  dieux,  corn. 
Ifor.  II,  8.  Si  les  sages  mortels  à  qui  je  dois  la  vie 
N'avaient  fait  à  mon  cœur  un  contraire  devoir, 
VOLT.  Orph.  IV,  4.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Obli- 
gation de  faire,  obligation  d'accompjir  une  action. 
Obligation  de  ne  pas  faire,  obligation  de  s'abstenir 
d'une  action.  ]|  Se  conformer  à  une  prescription  , 
k  une  obligation  temporaire.  Faire  diète.  Faire  gras. 
Faire  la  quarantaine,  ou  faire  quarantaine.  Ce  sont  les 
riches  qui  n'ont  pas  la  force  de  faire  carême;  les  pau- 
vres jeûnent  toute  l'année,  volt.  Dict.  phil.  Carême. 
Il  Fig.  Faire  son  devoir,  se  dit  de  choses  employées 
avec  une  grande  force  à  faire  quelque  chose.  Qu'il 
n'est  griffe  ni  dent  en  la  bête  irritée  Qui  de  la  mettre 
en  sang  ne  fasse  son  devoir,  la  font.  Fabl.  ii,  i). 
Il  Faire  une  fêle,  la  célébrer.  Faire  les  Rois.  Faire 
la  Cène.  Je  m'en  vais  après  dîner  à  Brévanes  faire 
la  Saint-Martin,  sév.  479.  ||  Populairement.  Faire 
le  lundi,  passer  la  journée  du  lundi  à  s'amuser  au 
lieu  de  travailler.  ||  Faire  le  sabbat,  voy.  sabbat. 
Il  18°  Former  par  un  exercice  convenable.  Ce  gé- 
néral a  fait  de  bons  officiers.  Tandis  que,  pour  faire 
des  soldats,  il  obligeait  les  hommes  à  une  vie  si  la- 
borieuse et  si  tempérante,  noss.  Hist.  I,  6.  ||  Faire 
la  main,  donner  de  l'habileté  à  la  main.  Cela  fait 
la  main.  ||  Se  faire  la  main,  devenir  habile  de  la 
main.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Faire  l'oiseau,  le 
dresser.  Il  Accoutumer,  habituer.  Les  voyages  l'ont 
fait  à  lafatigue.  Voiture  qui,  si  galamment.  Avait  fait 
je  ne  sais  comment  Les  muses  à  son  badinage,  sar- 
rasin. Pompe  funèbre  de  Voiture.  ||  19°  Se  dit  des 
choses  qui  marquent  espace,  étendue.  Faire  des 
pas.  Faire  une  promenade.  Faire  un  tour  de  jardin. 
Un  homme  qui  fait  deux  lieues  par  heure.  Faire  du 
chemin.  Voyage  qui  ne  peut  pa3j|tre  moins  de  trois 
cents  lieues;  et  autant  tout  auWBins  pour  les  au- 
tres détours  en  différents  endroits  ;  il  se  trouvera 
qu'Alexandre,  dans  l'espace  de  moins  de  huit  ans, 
aura  fait  avec  son  armée  dix-^ept  cents  lieues,  sans 
parler  de  son  retour  à  Babylone,  rollin,  Hist.  anc. 
Œumts,   t.  VI,  p.  189,  dans  pougens.  M.  Fabry, 


FAI 

q\ii  avait  erré  pendant  quinze  mois  dans  les  terres 
de  l'Ouest,  au  delà  du  fleuve  Mississipi,  m'a  assuré 
qu'd  avait  fait  souvent  trois  et  quatre   cents  lieues 
sans  rencontrer   un  seul  homme,  buff.  Quadrup. 
t.  III,  p.  221,  dans  POUGENS.  ||  Fig.  Faire  son  che- 
min, obtenir  de  l'avancement,  s'enrichir.  ||  On  dit 
dans  le  même  sens,  il  a  bien  fait  du  chemin  en  peu 
de  temps.  ||  Faire  des  progrès,  voy.  progrès.  ||  20°  Il 
exprime  un  grand  nombre  de  modes  d'action  et  de 
nianiSres  d'être,  au  moyen  des  autres  mots  de  la 
phrase  auxquels  il  est  lié  et  qui  lui  donnent  sa  si- 
gnification  spéciale.  En   voici  quelques  exemples. 
Il  Faire   l'admiration,  être  admiré.  Quoique  jeune 
encore,  il  faisait  l'admiration  de  tous  ceux  qui  le 
connaissaient,    rollin,  Hist.  anc.   Œuvres,  t.  x, 
p.  421.  Il  Faire  des  affaires,  de  mauvaises  affaires  à 
quelqu'un,  lui  susciter  des  embarras,  des  querelles, 
des  périls.  Les  mauvaises  affaires  que  M.  d'Aubigné 
s'était  faites  l'obligèrent  à  la  fin  de  prendre  un  éta- 
blissement à  l'Amérique,  m""  be  caylus.  Souvenirs, 
p.   )  I ,   dans  POUGENS.  ||  Faire  de  mauvaises  affai- 
res, se  ruiner,  faire  faillite.  ||  Faire  besoin,  être  né- 
cessaire. Quand  nous  faisons  besoin,   nous  autres 
misérables.  Nous  sommes  les  chéris  elles  incompa- 
rables, MOL.  l'Ét.  I,  2.  Il  Faire  un  faux  bond,  com- 
mettre une  faute.  Mais  s'il  faut  qu'à  l'honneur  elle 
fasse  un  taux  bond,  mol.  Éc.  des  f.  m,  2.  ||  Faire 
comparaison,  comparer.  Voyez  ces  animaux,  faites 
comparaison  De  leurs  beautés  avec  les  vôtres,  la 
font.  Fabl.  I,  7.  Il  Cette  muraille  fait  le  coude,  elle 
forme  un  coude,  un  angle.  ||  Faire  le  coup  de  fusil, 
échanger  des  coups  de  fusil  avec  une  troupe  armée. 
Il  Faire  des  discours,  tenir  des  propos,  un  langage. 
Tous  ces  signes  sont  vains;  quels  discours  as-tu  faits? 
MOL.  l'Ét.  III,  4.  Il  Sa  maison  fait  face  à  la  mienne, 
elle  est  en  face  de  la  mienne.  ||  Ce  tableau  fait  pen- 
dant à  tel  autre,  il  sert  ou  peut  servir  de  pendant  à  tel 
autre.  {]  Faire bonnemine,bonvisageàquelqu'un,voy. 
MINE  et  VISAGE.  Il  Faire  règle,  loi,  jurisprudence, 
c'est-à-dire  être  tenu  pour  règle,  loi,  jurisprudence. 
Ce  texte  fait  règle.  Cet  exemple  fait  loi.  Cet  arrêt 
fait  jurisprudence.  ||  Faire  des  siennes,  faire  des  fre- 
daines. Il  On  dit  faire  des  leurs,  quand  il  s'agit  de  plu- 
sieurs personnes.  Causant,  riant,  faisant  des  leurs. 
Les  amours  suivent  sur  deux  lignes ,  bérang.  Uon  en- 
terr.  ||  Faire  les  yeux  doux,  voy.  œil.  ||  Ne  faire  ni 
une  ni  deux,   voy.  nEux.  ||  21°  Il  se  dit  de  cer- 
taines fonctions  de  guerre.  Faire  sentinelle,  faire 
faction ,  faire  la  garde,  faire  le  guet,  faire  la  ronde , 
faire  la  revue  d'une  armée.  ||  22°  Terme  de  marine. 
Faire  de  l'eau,  faire  sa  provision  d'eau.  ||  Faire  eau, 
se  dit  en  parlant  d'un  vaisseau  qui  a  une  fente  par 
où  l'eau  s'introduit.  |{  Faire  les  vivres,  réunir  les 
vivres  nécessaires.  Faire  du  bois,  faire  la  provision 
de  bois  pour  le  bâtiment.  ||  Faire  le  quart,  faire  bon 
quart,  veiller  pendant  le  quart.   ||  Faire  abordage, 
donner  contre  un  vaisseau  par  accident.   ||  Faire  la 
contre-marche,  faire  passer  le  vaisseau  derrière  la 
flotte  pour  revirer  ou  changer  de  bord.  ||  Faire  pa- 
villon, déployer  le  pavillon.  ||  Faire  des  feux,  indi- 
quer par  des  fanaux  le  danger  où  l'on  se  trouve. 
(I  Faire  honneur  à  une  roche,  s'en  éloigner.  ||  Faire 
porter,  arriver  pour  avoir  plus  de  vent  dans  les  voi- 
les. Il  Faire  servir,  déployer  les  voiles,  mettre  le  na- 
vire en  route.  ||  Faire  tête,  présenter  le  cap  au  vent 
ou  au  courant.  ||  Faire  vent  arrière,  prendre  le  vent 
en  poupe.  ||  Faire  le  nord,  faire  le  sud,  naviguer 
vers  le  nord,  vers  le  sud.  |i  Faire  des  bordées  ou  une 
bordée,  synonyme  do  courir  des  bordées.  Flacourt 
toucha  en  faisant  sa  bordée  trop  près  du  Diamant, 
Mém.  de  villette,  4  686,  dans  jal.  ||  Faire  sa  cale, 
arranger  dans  la  cale  do  son  navire  tout  ce  qui  doit 
y  trouver  place.  ||  Dans  les  galères,  faire  armes  en 
couverte,  c'était  faire  ce  qu'on  nomme  aujourd'hui 
le  branle-bas  de  combat.  ||  Anciennement.  Faire  cap 
à  la  Hotte,  prendre  la  tête  de  la  flotte,  marcher  le 
premier  dans  ime  réunion  de  navires,  pour  indiquer 
la  route  à  tous  les  bâtiments.  Faire  cap  à  la  mer, 
tourner    l'avant    du    navire    du   côté    du    largo. 
Il  23°  Terme  de  natation.  Faire  la  planche,  se  sou- 
tenir sur  le  dos  dans  l'eau.  ||  24°  Terme  de  vénerie. 
Faire  sa  tête,  se  dit  du  cerf  dont  le  bois  pousse  de- 
puis le  mois  de  mars  jusqu'au  mois  d'août.  ||  Faire  sa 
nuit,  se  dit  du  cerf  qui  sort  des  demeures  à  la  fin  du 
jour,  et  va  aux  gagnages,  où  il  reste  jusqu'au  lende- 
main matin.  ||  Faire  tête  aux  chiens,  les  attendre,  se 
défendre,  surtout  en  parlant  du  sanglier  et  du  loup. 
Il  25°Te«ne  de  jeux.  Faire  les  cartes,  les  battre  avant 
de  les  distribuer.  ||  Absolument.  A  qui  est-ce  à  faire? 
Il  Faire  une  levée,  prendre  les  cartes  qui  sont  jouées 
pour  un  coup.  ||  Faire  la  main,  faire  sa  main,  c'est-à- 
dire  faire  le  plus  grand  nombre  de  levées.  ||  Faire  le 
jeu,  mettre  au  jeu.  Le  jeu  est-il  fait?  ||  Faire  tant  de 


FAI 


1599 


points,  gagner  tant  de  points.  ||  Faire  la  partie  do 
quelqu'un,  jouer  avec  lui.  ||  Faire  le  whist,  le  boston 
de  quelqu'un ,  jouer  habituellement  avec  lui  le  whist, 
le  boston.  Après  avoir  l'ait  le  whist  de  la  marquise, 
picard.  Trois  quartiers,  i,  2.  ||  Absolument,  faire 
le  whist,  le  piquet,  faire   la  partie  de  whist,  de 
piquet.   Il   Au  billard ,  faire   signifie   faire   entrer 
une  bille  dans  la  blouse.  Faire  quelqu'un  ,  faire  sa 
bille.  Faire  une  biUe  au  doublé.  Faire  un  caram- 
bolage, caramboler.  ||  Au  trictrac,  faire  une  case, 
un  jan.   Faire  école,  oublier  de  marquer  les  points 
que  le  coup  de  dé  donne.  Faire  école  de  partie, 
oublier  de  marquer  un  trou.  ||S  laquintaine,  faire 
une  tête,  enlever  la  tête  avec  la  lance.  Us  dispu- 
tèrent le  prix  en  une  seule  course,  dans  laquelle 
ils  firent  chacun  quatre  têtes,  dargeau,  i,  vu,  i 
mars  1685.  ||  26*  Amasser,  mettre  ensemble,  en  par- 
lant d'argent  ou  de  choses  dont  on  a  besoin.  Voilà 
tout  l'argent  qu'il  a  pu  faire.  Faire  des  provisions, 
faire  ses  provisions.  Faire  une  somme.  ||  Faire  de 
l'argent,  s'en  procurer.  Il  avait  des  tableaux  et  des 
curiosités;  il  en  a  fait  quelque  argent.  ||  27°  Faire 
des  recrues,  appeler  des  hommes  sous  les  drapeaux. 
Il  On  a  dit  dans  le  même  sens,  mais  on  ne  le  dit 
plus  guère,  faire  des  hommes,  faire  des  troupes,  faire 
des  régiments.  Alexandre  voulut  faire  ces  nouvelles 
troupes  pour  contrecarrer  les  vieilles  et  réprimer 
leur  licence,  vaugel.  Q.  C.  664.  LaVardin  et  Amilly 
faisaient  des  troupes  pour  le  roi  dans  le  pays  du 
Maine,  betZ,  il,  316.  ||  On  dit  aussi  faire  la  mai- 
son d'un  prince,  d'un  grand  seigneur,  jj  28°  Acqué- 
rir, gagner.  Il  a  fait  de  très-beaux  bénéfices.  Cet  en- 
trepreneur fait  à  peine  ses  frais.  Je  suis  bien  aise 
que  saint  Candide  fasse  des  miracles;  mais  je  ne  me 
soucie  pas  que  ses  miracles  fassent  de  l'argent,  main- 
tenon,  Lett.àMme  de  Ilrinon,  22  août  <683.  ||0n  dit 
dans  un  sens  analogue,  faire  une  bonne   maison. 
Il  Faire  fortune,  gagner  beaucoup  d'argent.  Il  Ht  une 
assez  grande  fortune  qu'il  n'eût  pas  faite  s'il  n'eût 
été  qu'homme  de  lettres,  volt.  Louis  XIV,  Écri- 
vains,  FaKncour.  Il  Faire  sa  fortune,  gagner  puis- 
sance, dignité,  gloire,  crédit,  renom.  Il  y  avait  entre 
Henri  et  Louis  cette  différence  qui  se  trouve  si  sou- 
vent entre  un  gentilhomme  qui  a  sa  fortune  à  faire, 
et  un  autre  qui  est  né  avec  une  fortune  faite,  volt. 
Fragm.  sur  l'hist.  art.  18.  ||  Faire  sa  fortune,  signi- 
fie aussi  devenir  riche.  ||  29°  Consacrer  un  temps 
à  l'étude  d'une  chose.  Faire  ses  humanités,  son  ap- 
prentissage. Il  Faire  son  temps,  accomplir  les  années 
de  son  service.  Ce  soldat  a  fait  son  temps,  il  est  li- 
béré. Il   Faire  son  temps,  se  dit  aussi  d'un  forçat 
condamné  pour  un  temps.  ||  Par  extension.  Ce  vieil- 
lard a  fait  son  temps,  il  a  vécu  longtemps.  ||  Cela 
a  fait  son  temps,  cela  n'est  plus  de  mise,  n'a  plus 
d'influence.  Ces  idées  ont  fait  leur  temps.   ||   30°  il 
se  dit  en  parlant   des  différentes  professions,  mé- 
tiers ,   emplois  qu'on   exerce.    Faire   les  fonctions 
de  maître  des  cérémonies.  Faire  la  médecine,   le 
commerce,  la  banque.  Il  ne  sait  pas  faire  son  métier. 
Il  Fig.  Faire  métier  et  marchandise,  trafiquer  mal- 
honnêtement. Ces  gens  qui,  par  une  âme  à  l'intérêt 
soumise.  Font  de  dévotion  métier  et  marchandise, 
MOL.  Tart.  I,  6.  Il  Dans  l'Église  catholique,  faire  le 
diacre,  le  sous-diacre,  faire  les  fonctions  de  diacre, 
de  sous-diacre.  ||  31°  Passer  par,  av«ir  pour  maî- 
tres, en  parlant  de  domestiques.  Ce  domestique  a 
fait  plusieurs  maîtres.  Cette  femme  de  chambre  n'est 
pas  habile;  elle  fera  plusieurs  maisons.  ||  32°  Faire 
une  maladie,  passer  par  une  maladie,  la  subir.  Elle 
a  fait  une  maladie  de  langueur,  et  s'est  vue  réduite 
à  la  dernière  misère,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  la  Mar- 
ch.  de  mod.  se.  5.  ||  33°  Il  se  dit  de  différentes  oc- 
cupations de  la  vie  courante.  Faire  de  l'exercice. 
Faire  des  visites.  Faire  une  promenade.  ]|  Faire  un 
bon  dîner,  un  mauvais  dîner,  avoir  à  son  dîner  des 
mets  bons,  mauvais.  J'espère  que,  cet  hiver,  vous 
voudrez  bien  faire  chez  moi  de  ces  petits  dîners  dont 
je  prétends  tirer  tant  d'avantages,  rac.  Lelt.  à  Boi- 
leau,  e  oct.    IC92.  ||   34»  Constituer  quelqu'un  en 
une  certaine  dignité  ou  titre.  Il  a  perdu  d'honneur 
Celui  que  de  mon  fils  j'ai  fait  le  gouverneur,  corn. 
Cid,  II,  7.  Ne  vous  hasardez  point  à  faire  un  em- 
pereur, m.  Othon,  II,  5.  Je  puis  faire  les  rois,  je 
puis  les  déposer,  rac.  Bérén.  m,  ).  Les  évêques 
du  temps  des  Carlovingiens  faisaient  et  défaisaient 
les  rois  volt.  Mœurs,   27.  J'ai  fait  des  souverains 
et  n'ai  pas  voulu  l'être,  m.    Œd.  ii,  4.  ||   Faire  de 
l'Académie,  de  l'Institut,  élii-e  membre  de  l'Acadé- 
mie, de  l'Institut.  Il  faudra  le  faire  de  l'Académie; 
après  avoir  eu  tant  de  prix,  il  est  bien  juste  qu'il  en 
donne,  volt.  Lett.Marmontel,  2)  aoùH  767.  ||  Faire 
se  dit  aussi  pour  donner  une  profession.  11  a  fait  son 
fils  avocat,   prêtre.  Sa  mère  l'a  faite  couturière. 


1600 


r\i 


,  ui'i"  ■•"i:i''  ,  con<ll- 

hJT  rvou.  m'»ur<«  f»ita  heureuse .  et  cestas- 
iTDOorvou.,  i».  i'«-</«.r.  n,  «.  Un  autre  pemtre 
."^fi^t  voi;  le  tableau  d'une  Hélène  qu'.l  avait 
MlnwTvee  i-oin  et  qu'il  avait  ornée  de  beaucoup  de 
Serteria»,  il  lui  dit  :  Oh  mon  ami,  n  ayant  pu  la 
bira  belle    vous  avez  voulu  du  moins  la  laire  riche, 
"oixiN,  HÙl.  anc.  (If.uv.  t.  u,  •"  part.  p.  .72,  dans 
rouoïNS,  On  a  traW  le  flU,  on  fait  la  m.'re  esclave, 
VOLT.  Mérop.  II,  4.  Madame  d'Ostalis  et  moi,  nous 
(ommei  ce  qu'on  nous  a  faites,  oeklis  ,  Ad.  et  Théod. 
t.  Il,  Ictt  s»,  p-   ■■">».  dan»  pouoENS.  H  Faire  quel- 
qu'un dupe,  le  tromper.  11  m'a  fait  sa  dupe.  Il  Donner 
on  certain  caractère.  Enfin  je  veux  vous  faire  en- 
nemi» légitimes,  cohn.  Hor.  ii,  6.  J'ai  fait  des  mal- 
teureux  «ans  doute,  et  la  l'hrygie  Cent  fois  dans 
votre  sang  a  vu  ma  main  rougie,   bac.  Andr.  i,  *■ 
l'rennent-ils   donc   plaisir    à  faire  des  coupables, 
Afin   d'en   faire  après  d'illustres   misérables'/   id. 
Thfb.  m,  î.  Et  je  vous  ferai  juge  entre  Athalie  et 
/ul,  ID.  Alhal.  v,  a.  De  deux  fils  que  j'aimai  les 
dieux  m'avaient  fait  père,  volt.  Brutui,  y,  7.  So- 
phonisbe  en  ces  lieux   peut  faire  des  perfides,   m. 
Soph.  IV,   I.  La  raison  fait  des  philosophes,   et  la 
gloire  fait  des  héros  ;  la  seule  vertu  fait  des  sages, 
VAUVE».  Max.  631.  Il  Avec  un  nom  de  chose  pour  su- 
jet. Et  nous  verrons  ainsi  qui  fait  mieux  un  brave 
homme  Des  leçons  d'Annibal,  ou  de  celles  de  Rome, 
CORN.  Nicom.  I,  3.  Les  exploits  Qui  vous  ont  l'ait 
l'envie  et  la  terreur  des  rois,  rotr.  Bélis.  v,  3.  In- 
spirez-nous celte  bonne  volonté  qui  fait  les  justes, 
MASS.  Carême,  Tiédeur,  <.  ||  36°  Terme  de  bourse .  La 
rente,  la  bourse  a  fait  tant,  c'est-à-dire  le  taux  de  la 
rente,  de  la  bourse  a  étéde  tant.  ||  Terme  de  finan- 
ces. Faire  les  deniers  bons,  se  rendre  garant  du  paye- 
ment d'une  somme.  Locution  vieillie.  ||  Terme  dejeu. 
Faire  bon,  répondre  qu'on  payera  tout  ce  qu'on  per- 
dra au  delà  de  ce  qui  est  au  jeu.  Faire  bon  partout. 
Faire  bon  de  tout.  ||  37°  Il  se  dit  des  personnes  qu'on 
se  concilie,  qu'on  s'attache,  etc.  Faisons  des  pro- 
tecteurs sans  faire  d'ennemis,  corn.  Théod.  ii,  2. 
Tout  ami  dit  :  j'ai  fait  un  ami, et  ce  lui   est  une 
grande  joie,  boss.  Polit,  x,  iv,  S.  En  un  soir,  ce 
n'est  pas  être  heureux  à  demi,   Je  trouve  un  doux 
asile  et  je  fais  un  ami,  collin  d'harlev.  Ckit.  en 
Esp.  Il,   II.  Il   Faire  une  maîtresse,   gagner   l'a- 
mour d'une  femme.  Tous  sauraient  comme  lui ,  pour 
faire  une  maîtresse,  Perdre  le  souvenir  des  beau- 
tés de  leur  Grèce,  cohn.  Toison  d'or,   i,  2.  C16on 
fait  chaque  jour  de  nouvelles  maltresses,  destou- 
ches, Dissip.  I,  2.  Il  Très-familièrement.  Faire  une 
femme,  se  dit  pour  faire  une  maîtresse.  ||  Faire  un 
amant,   en  parlant  d'une  femme.  Il  est  vrai,  jus- 
qu'ici je  n'ai  point  fait  d'amants;  Mais  je  n'ai  point 
encor  passé  le  temps  d'en  faire,  hautf.rochk,  Bourq. 
de  qualité,  i,   b.  Aussi,  m'a-t-on  dit,  n'avail-elle 
guère  fait  d'amants,  mais  beaucoup  d'amis  et  même 
d'amies,  kabiv.  Jtoi'nnwf,  *•  part.  |{  38°  Représen- 
ter un  personnage.  Faire  les  amoureux,  les  valets. 
Et  qui   fait   les  rois   parmi   vous?    mol.  Impr.    I. 
Mme  de  Caylus  fait  Esther,    sEv.    572.  ||  Kaire  tel 
ou  tel  personnage,  se  donner  pour  avoir  telle   ou 
telle  qualité.  L'un  devait  faire  le  maître,  et  l'autre 
le  valet.  ||  Fig.  Faire  un  sot  personnage,  un  plat 
personnage,  figurer  d'une  manière  peu  honorable, 
désagréable,  ou  nulle,  parmi  d'autres  personnes, 
dans  une  affaire.  ||  39°  Prendre  le  caractère  do , 
jouer  le  rôle  de.  D'une  vaine  parure  inutile  à  sï 
peine,  Elle  peut  acquérir  de  quoi  faire  la  reine, 
CORN.  Uédèe,  m,  2.  Ce  serait  à  vos  yeux  faire  la 
souveraine,  id.  Nicom.  m,  i.  11  me  souvient  que 
votre  oncle  a  déjà  commencé  par  un  soufflet,  à 
faire  le  Jupiter  sur  mon  visage,  hauteroche,  le 
Cocher,  se.  «.  Tandis  que  ce  nigaud,  comme  un 
évèque  assis,  Fait  le  veau  sur  son  àne  et  pense  être 
bien  sage,  la  font.  Fabl.  m,  i .  Il  n'est  pas  ju.squ'au 
savant  Usser  qui  n'ait  voulu,  à  ce  qu'on  prétend, 
faire  le  prophète,  boss.   Korial.  xiu,  §  4i.  Leur 
Confutzée,  que  nous  appelons  Confucius",  n'imagina 
ni  nouvelles  opinions,  ni  nouveaux  rites;  il  ne  fit 
ni  l'inspiré,  ni  le  prophète  ;  c'était  un  sage  magis- 
tral, qui  enseignait  les  anciennes  lois,  volt.  Mœurs, 
«nirod.  Chine.  C'est  alors  que  Pierre  dit  :  Mon  frère 
Charles  veut  faire  l'Alexandre,  mais  il  ne  trouvera 
pas  en  moi  un  Darius,  m.  /I«,ïste,i,  I6.  Viens,  Ca- 
mille, Soupe  avec  nous,  Que  nous  Cassions  les  fous, 
bAhaho,  Bonne  fille.  [)  Feindre  d'être  ce  qu'on  n'est 
P*»-  Ainsi  U  cruauté  tait  la  douce ,  et  paraît  offi- 
Cjouae  w  bienfaisante,  bai.7.\c,  b'  duc.  svr  la  cnur. 
«>™»w  »veo  chaleur   fait  lo  paw.onné,  cobn.  le 
ment.  IV,  ».  R,en  ne  vous  sert  Ici  de  faire  le  sur- 


FAI 

pris,  m.  Ilodog.  ii,  ■•».  Tu  fais  adroitement  le  doux 
et  le  sévi're,  id.  Perihar.  iv,  2.  Rn  vain  par  politi- 
que il  fait  ailleurs  l'amant,  m.  Tite  et  Bérén.  m, 
I .  Je  ferai  lo  vengeur  des  intérêts  du  ciel ,  mol. 
Festin,  V ,  2.  Je  connus  que  j'avais  trop  fait  le 
jan.séniste,  pasc.  Pror.  i.  ||  Mettre  de  l'alfectation 
,1  se  montrer  avec  telle  ou  telle  qualité.  Tu  me 
braves,  Cinna,  tu  fais  le  magnanime,  corn.  Cinnu, 
V,  I.  Ce  trône  refusé  dont  vous  faites  le  vain, 
iD.  Toi>.  d'or,  m,  i.Vous  faites  hors  de  .temps 
le  brave  et  le  rebelle,  mair.  Soliman,  v,  s.  Elle 
[l'idolâtrie]  faisait  quelquefois  la  respectueuse  en- 
vers la  divinité,  iioss.  //»•«(.  ",  I2.  On  fait  le  philo- 
sophe et  l'esprit  fort,  et  l'on  est  en  secret  le  pé- 
cheur le  plus  rampant,  mass.  Carême,  Doutes  sur  la 
religion.  .Me  voilà  forcé  par  vous-même  à  m'exposer 
à  toute  la  méchanceté  de  mes  ennemis,  à  tout  le  ri- 
dicule d'un  vieillard  qui  veut  faire  le  jeune  homme, 
et  à  tous  les  chagrins  qui  peuvent  suivre  un  tel  dés- 
agrément, volt.  Letl.  d'Argentalj'i  oct.  1777.  ||  Se 
donner  certains  airs,  prendre  certaines  manières.  Il 
fait  l'impertinent.  Faire  le  dégoûté.  Elle  [mouche] 
s'en  attribue  uniquement  la  gloire.  Va,  vient,  fait 
rempres.sée,  la  pont.  Pabl.  vu,  '■>.  Cette  D**'  l'ait  la 
personne  de  quahté,  sÉv.  218.  La  vanité  de  faire 
l'éclairée  quand  je  ne  le  suis  pas,  id.  434.  ||  Faire  le 
mort,  faire  semblant  d'être  mort.  L'autre  plus  froid 
que  n'est  un  marbre  Se  couche  sur  le  nez,  fait  le 
mort,  tient  son  vent,  la  font.  Fab.  v,  20.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Faire  le  mort,  dissimuler.  {|  Faire  du, 
trancher  de,  simuler.  Et  faisant  des  mourants  et  de 
l'âme  saisie,  Régnier,  Sat.  xiii.  Il  fait  de  l'insensi- 
ble, afin  de  mieux  surprendre,  corn.  Rodog.  iv,  o.  J'ai 
fait  du  souverain  et  j'ai  tranché  du  brave,  rotr.  Ven- 
cesl.iv,  2.  Un  tel  aveu  vous  surprend  et  vous  touclie  ; 
Mais  faire  ici  de  la  petite  bouche  Ne  sert  de  rien.... 
LA  PONT.  Calendrier.  Apparemment  Lanoue  n'eilt 
point  fait  du  prophète  s'il  n'eût  eu  de  ces  présages  po- 
litiques devant  les  yeux  qui  sont  bien  plus  certains 
que  les  présages  de  la  superstition,  batle,  LetiresKr 
les  comètes ,  y.  620.  |{  Faire  deson  drôle,  faire  le  brave, 
et  aussi  avoir  des  succès.  J'ai  bravé  ses  armes  assez 
longtemps  [de  l'amour]  et  fait  de  mon  drôle  comme 
un  autre,  mol.  Princ.  d'Él.  n,  2.  J'ai  ouï  dire,  moi, 
(jue  vous  avez  été  autrefois  un  bon  compagnon  parmi 
les  femmes;  que  vous  faisiez  de  votre  drôle  avec 
les  plus  galantes  de  ce  temps-là,  id.  Scapin,  i,  6, 
Il  40°  Causer,  déterminer,  procurer,  avec  un  nom 
de  personne  pour  sujet.  Quand  je  lui  veux  partout 
faire  des  ennemis,  cobn.  Sertor.  v,  i.  ...Ou  mille 
empêchements  que  vous  ferez  vous-même,  id.  Ni- 
com. v,  B.  Et  j'aurais  cette  honte  en  ce  funeste  sort 
D'avoir  prêté  mon  crime  à  faire  votre  mort,  id. 
Ofîdtpe,  II,  4.  Que  m'importe  qu'il  [le  ciel]  montre  un 
visage  plus  doux  Quand  il  fait  des  malheurs  qui  ne 
sont  que  pour  nous,  id.  ib.  v,  1 1 .  C'est  à  l'heur  du 
retour  que  leur  courage  aspire  Et  non  pas  à  l'hon- 
neur de  me  faire  un  empire,  id.  Tois.  d'or,  i,  3.  No- 
tre gloire,  il  est  vrai,  deviendra  sans  seconde,  Si 
nous  faisons  sans  eux  la  liberté  du  monde,  m.  Ser- 
Uir.  II,  2.  Et  je  vous  consolais  au  milieu  de  vos  plain- 
f^s.  Comme  si  notre  Rome  eût  fait  toutes  nos  craintes, 
ID.  Hor.  I,  (.  [Ma  mort]....  Ferait  une  triste  et 
prompte  occasion  De  rejeter  l'État  dans  la  division, 
ID.  l'ulch.  II,  2.  S)  dans  les  différends  que  le  ciel 
vous  peut  faire,  ID.  Suréna,  iii,  l.  Malgré  toute 
la  puissance  romaine  on  voyait  les  chrétiens,  sans 
révolte,  sans  faire  aucun  trouble,  changer  la  face  du 
monde  et  s'étendre  par  tout  l'univers,  boss.  Hisl.  ii,  7. 
Si  on  le  vit  faire  des  réconciliations  sincères  dans 
ces  lieux  où  l'on  dissimule  les  haines  et  où  l'on  ne  les 
quitte  pas,  fléch.  Pone9.11,  p. 353.  Un  roi  victorieux 

nous  a  fait  ce  loisir,  bac.  Esth.  Prol Par  quel 

charme....  Bajajjet  a  pu  faire  un  si  grand  change- 
ment, ID.  Bajaz.  III,  I .  Vous  ferez  d'un  seul  mot  le 
sort  de  cet  empire,  volt.  Orphel.  y,  4.  Occupez  le 
sénat,  faites-lui  des  coupables,  M.  J.  chén.  Tib.  m,  2. 
Il  Fig.  Faire  la  pluie  et  le  beau  temps,  régler  tout 
à  son  gré.  Je  fais  comme  il  me  plaît  le  calme  et  la 
tempête,  rac.  E»lh.  m,  b.  {|  Avec  un  nom  de  chose 
pour  sujet.  Cet  Achille  de  qui  la  pique  Faisait  aux 
braves  d'Uion  La  terreur  que  fait  en  Afrique  Aux  trou- 
peaux l'assaut  d'un  lion,  malh.  m,  i.  Car  Chimène 
aisément  montra  par  sa  conduite  Que  la  haine  aujour- 
d'hui ne  fait  pas  sa  poursuite,  CORN.  Cid,v,  4.  La  sienne 
[estime]  dans  la  cour  lui  fait  mille  jaloux,  lu.  iVi'com. 
111,8.  La  paix  calme  l'effroi  que  me  fait  la  bataille,  m. 
llor.  IV,  4.  Ce  qui  fait  nos  frayeurs  ne  peut^  mettre 
en  peine,  ID.  Poly.  1,  3.  Votre  amour  fait  ma  faute, 
il  fera  mon  excuse,  m.  Pomp.  rv,  3.  Seigneur,  l'occa- 
sion fait  un  cœur  différent,  id.  Mcom.  iv,  B.  Oui,  je 
veux  bien  qu'on  sache,  et  j'en  dois  être  crue.  Que  le 
"vt  offre  ici  dem  -'"ets  à  ma  vue,  Qui.  m'inspirant 


FAI 

pour  eux  différents  sentiments.  De  mon  cceur  agile 
font  tous  les  mouvements,  mol.  Éc.  des  mar.  11,  I4. 
Ce  nom  [de  gentilhomme]  ne  fait  aucun  scrupule  à 
prendre,  id.  Bourg,  gent.  m,  I2.  Vous  voyez  ce  que 
la  douceur  a  fait  sur  son  esprit,  sÉv.  57«.  Leur  at- 
tente frustrée  fait  leur  supplice,  iioss.  Hist.  11,  I3. 
La  joie  importune  De  tant  d'amis  nouveaux  que  m'a 
faits  la  fortune,  rac.  Bérén.  i,  i.  Une  fontaine  qui 
coulait  dans  un  coin  y  faisait  un  doux  murmure  qui 
appelait  le  sommeil,  pén.  Tél.  iv.  Vous  devez  sentir 
le  vide  de  tout  ce  qui  fait  l'agitation  et  l'empresse- 
ment des  autres  hommes,  mass.  Carême,  Prosp. 
temp.  C'est,  sire,  mon  extrême  et  respectueuse  ten- 
dresse pour  votre  personne....  qui,  plus  que  tout, 
me  fait  du  désir  [m'inspire  le  dc.sir]  de  me  rappro- 
cher de  votre  majesté,  st-sim.  t.  vui,  p.  242,  édit. 
chEhuel.  De  grands  États,  tels  que  la  Bourgogne, 
l'Artois,  la  Flandre ,  la  Bretagne,  la  Guyenne,  rele- 
vants de  la  couronne,  faisaient  toujours  l'inquiétude 
du  prince  beaucoup  plus  que  sa  grandeur,  volt. 
Mœurs,  76.  Cet  habile  naturaliste  a  remarqué,  dans 
une  lave  grise,  pesante  et  très-dure,  dos  cristaux 
assez  gros,  mais  confus,  lesquels  réduits  en  poudre 
ne  faisaient  aucune  effervescence  avec  l'acide  ni- 
treux ,  buff.  Jfin.  t.  m ,  p.  125,  dans  pougens. 
Il  Cela  ne  lui  fait  ni  chaud  ni  froid,  cela  lui  est  tout 
à  fait  indifférent.  ||  Cela  ne  fait  ni  chaud  ni  froid,  cela 
est  indifférent,  ne  nuit  ni  ne  sert.  ||  41°  Etre,  consti- 
tuer. C'estgloire  de  passer  pour  un  cœur  abattu  Quand 
la  brutalité  fait  la  haute  vertu,  cohn.  Hor.  iv,  4.  Il 
fait  toute  magloire,  il  fait  tous  mes  désirs;  Ne  de- 
vrait-il pas  faire  aussi  tous  mes  plaisirs  ?  id.  Tite  et  Bé- 
rén. I,  I .  L'habit  fait  la  doctrine,  pasc.  Prov.  4.  Quoi- 
qu'ils ne  refusent  en  effet  que  de  reconnaître  que 
Janséniusaittenu  ces  propositions  qu'ils  condamnen  t, 
ce  qui  ne  peut  faire  d'hérésie,  id.  ib.  17.  La  penséfi 
qui  fait  l'être  de  l'homme,  iD.  dans  cousin.  L'humilité 
d'un  seul  fiiit  l'orgueil  de  tous,  id.  dans  cousin.  Les 
nouvelles  d'Allemagne  font  toute  notre  attention,  sPv. 
202.  Les  petites  vertus  qui  font  l'agrément  de  la  socié- 
té, ID.  266 .  Huit  ou  neuf  ans  au  plus,  dont  on  pourrait 
disputer  sur  un  compte  de  490  ans,  ne  feront  jamais 
une  importante  question,  boss.  Hisl.  11,  4.  Toutefois 
cette  vérité  faisait  si  peu  un  dogme  universel  de  l'an- 
cien peuple ,  que  les  Saducéeus ,  sans  la  reconnaî- 
tre, non-seulement  étaient  admis  dans  la  synagogue, 
mais  encore  élevés  au  sacerdoce,  id.  ib.  6.  Le  sang 
des  Ottomans  dont  vous  faites  le  reste,  rac.  Baj.  11 , 
3.  Que  Dieu  fera  toujours  le  premier  de  vos  soins, 
id.  Athal.  IV,  3.  Ils  vont  jusqu'à  un  certain  point 
qui  fait  les  bornes  de  leur  capacité,  la  brly.  i.  La 
crainte  fait  presque  toute  notre  religion,  mass.  Car. 
Confess.  Consolez  mes  vieux  ans  dont  vous  faites 
l'espoir,  volt.  Tancr.  i,  4.  L'amour  du  genre  hu- 
main qui  fait  mon  caractère,  id.  Lett.  Prusse,  2.  Le 
nom  de  phénicoptère,  oiseau  à  l'aile  de  flamme,  est 
un  exemple  de  ces  rapports  sentis  qui  font  la  grâce, 
l'énergie  du  langage  de  ces  Grecs  ingénieux,  buff. 
Ois.  t.  xvi,  p.  294,  dans  pougens.  ||  Un  dit  dans  un 
sens  analogue,  faire  un  bon  avocat,  un  bon  sol- 
dat, etc.  avoir  les  qualités  qui  font  le  bon  avocat,  le 
bon  soldat,  etc.  Pour  faire  un  lion  mari  vous  aimez 
trop  les  femmes,  de  bièvre,  Séducteur,  11,  2.  ||  42°  U 
se  dit  aussi  de  choses  qui,  par  leur  réunion,  forment 
un  tout,  un  ensemble.  Deux  et  deux  font  quatn>. 
Les  qualités  qui  font  le  grand  homme.  Les  plébéiens 
qui  faisaient  toujours  le  plus  grand  nombre  dans 
ces  assemblées,  vertot,  Révol.  rom.  m,  269.  On 
trouva  que  le  nombre  des  citoyens  pubères  fai- 
sait à  Rome  le  quart  de  ses  habitants,  montesq. 
Bowi.  m.  Il  43°  I-aire  tout,  avoir  la  suprême  in- 
fluence, être  décisif.  L'argent  faisait  tout  à  Rome, 
BOss.  Hist.  I,  9.  Les  dates  font  tout  en  cette  ma- 
tière, ID.  ib.  II,  13.  Les  caractères  de  Guillaume 
et  de  Jacques  firent  tout,  volt.  Louis  XIY,  16.  D'un 
bout  du  monde  à  l'autre  bout  L'habit  fait  tout,  aé- 
RANG.  Vieux  hab.  \\  Qu'est-ce  que  cela  fait?  c'est- 
ànlire  quelle  influence  cela  a-t-il?  Qu'est-ce  que 
cela  fait  à  notre  sujet'?  boss.  Nouv.  myst.  lo.  Qu'est- 
ce  que  le  nom  fait  à  la  chose?  volt.  Pliil.  ignor. 
13.  Il  Familièrement.  Qu'est-ce  que  cela  fait  là  " 
c'est-à-dire  à  quoi  cela  sert-il  en  ce  lieu-là?  ||  Qu'est-ce 
que  cela  me  fait?  que  m'importe?  ||  Ne  rien  faire 
à....  être  sans  importance  dans....  Rien  n'y  font 
les  soupçons,  la  font.  F.  aiare.  Hérès  chez  Pla- 
ton ne  ressuscita  à  la  vérité  que  pour  quinze 
jours;  mais  c'était  toujours  une  résurrection,  et  le 
temps  ne  fait  rien  à  l'affaire,  volt.  Z>ic(.  pliil. 
Résurrection,  3.  Quoique  les  noms  ne  fassent  rien 
à  la  nature,  c'est  cependant  rendre  service  à  ceux 
qui  l'étudient  que  de  les  leur  interpréter,  biff 
Quadrup.  t.  v,  p.  185,  dans  pougens.  ||  44°  Re- 
présenter comme,  en  parlant  de  penonnes  ou  da 


FAI 


FAI 


FAI 


1601 


choses.  Ils  reçoivent  à  bras  cuverts  un  banni  qui 
leur  l'ait  aisée  la  conquête  de  son  pays,  balzac, 
i'  discours.  Mais  je  vous  vois,  Maxime,  et  l'on  vous 
faisait  mort,  corn.  Cinna,  iv,  5.  L'Indignité....  Dont 
je  connais  qu'à  tort  je  te  faisais  l'autour,  botr.  Bélis. 
I,  î.  Mais,  las!  il  le  fait,  lui,  si  rempli  déplaisirs 
[le  mariage].  Que  de  se  marier  il  donne  des  désirs, 
MIL.  Éc.  des  f.  ï,  4.  Je  viens  d'apprendre  que  celui 
que  tout  le  monde  faisait  auteur  île  vos  apologies 
les  désavoue,  pasc.  Proi".  I6.  Il  n'est  pas  si  terrible 
qu'on  le  fait,  mass.  Carême,  Fausse  coiif.  ||  45°  Éva- 
luer à  un  certain  prix.  Combien  faites-vous  le  mètre 
de  velours?  dix  francs.  Le  marchand  fit  son  chantre 
mille  écus,  et  son  grammairien  trois  mille,  la  font. 
Yie  d'Ésope.  ||  46°  Allouer,  en  parlant  d'une  somme. 
C'était  bien  peu  de  ne  faire  que  loo  livres  à  une  fille 
qui  avait  apporté  souo  livres,  boss.  Lett.  relig.  lu. 
Il  Faire  les  fonds,  fournir  l'argent  nécessaire.  C'est 
lui  <jui  a  fait  les  fonds  de  cette  entreprise.  ||  47°  Terme 
de  grammaire.  Avoir  une  certaine  désinence  ou 
flexion.  Cheval  fait  au  pluriel  chevaux.  ||  48°  Ren- 
dre des  excréments.  Ce  malade  fait  tout  sous  lui. 
Faire  du  »ang,  de  la  bile,  des  glaires,  rendre  du 
sang,  de  la  bile,  des  glaires  avec  les  selles.  Ai-je 
bien  fait  de  la  bile?  mol.  Mal.  imag.  i,  2.  {|  Absolu- 
ment. Rendre  ses  excréments.  Le  duc  de  Gesvres 
voulut  faire  le  gaillard  au  souper  de  la  noce  ;  il  en 
fut  puni;  il  fit  partout  dans  le  lit,  st-sim.  h 5,  258. 
Quand  vous  aurez  fait,  vous  couvrirez  de  terre  vos 
excréments,  volt.  Plul.  iv,  20».  {{  Faire  dans  ses 
chausses,  laisser  aller  ses  excréments  dans  sa  cu- 
lotte; et  fig.  avoir  une  peur  extrême.  La  postérité  ne 
se  doutera  jamais  combien,  dans  ce  siècle  de  lu- 
mières et  de  batailles,  il  y  eut  de  savants  qui  ne 
gavaient  pas  lire  et  de  braves  qui  faisaient  dans 
leurs  chausses,  p.  l.  cour.  Leit.  1,  02.  ||  Faire  de 
l'eau,  uriner.  ||  Faire  du  sable,  faire  une  pierre, 
rendre  du  sable,  une  pierre  avec  l'urine.  ||  49°  Che- 
min faisant,  tout  en  cheminant;  locution  qui  est 
par  inversion  pour  :  en  faisant  chemin.  Chemin  fai- 
sant, il  vit  le  cou  du  chien  pelé,  la  font.  Fabl.  i, 
6.  I|  50°  Faire,  suivi  d'un  adjectif  pris  adverbialement. 
Il  Faire  court,  abréger.  Mais  bientôt  il  le  prit  en 
homme  de  courage,  En  galant  homme  et,  pour  le 
faire  court.  En  véritable  homme  de  cour,  la  font. 
Joe.  Il  Faire  ferme ,  s'arrêter  pour  tenir  tête  à 
l'ennemi.  J.es  Tyriens,  voyant  les  ennemis  maîtres 
de  leur  rempart,  se  retirèrent  vers  la  place  d'A- 
génor,  où  ils  firent  ferme,  bollin,  Flist.  anc.  OEu- 
vres,  t.  vi,  p.  287,  dans  pougens.  ||  Faire,  avec  un 
adverbe  de  quantité,  autant,  plus,  assez.  Je  crois 
feire  pour  elle  autant  que  vous  pour  Rome,  corn. 
Uor-  II,  3.  Quand  on  a  assez  fait  auprès  de  cer- 
taines personnes  pour  avoir  dû  se  les  acquérir,  si 
cela  ne  réussit  point,  il  y  a  encore  une  ressource  qui 
est  de  ne  plus  rien  faire,  la  BRUY.iv.J'ai  fait  plus  que 
maint  duc  et  pair  Pour  mon  pays  que  j'aime,  bêrang. 
Vivand.  ||  Faire  tant,  en  venir  à.  L'aigle  et  le  chat- 
huant  leurs  querelles  cessèrent,  Et  firent  tant  qu'ils 
s'embrassèrent,  LA  FONT.  faii.  v,  I8.  ||  Xtantfaireque 
de  choisir,  encore  faut-ilavoir  ce  qu'il  y  a  de  mieux. 
(I  6t°  Faire,  construit  avec  la  particule  en.  En  faire 
de  même,  agir,  se  comporter  semblablement.  C'est 
que  je  l'aime  et  qu'on  estime  Qu'elle  en  fait  de  même 
de  moi,  MALH.  v,  20.  ||  En  faire  trop,  assez.  Quehe 
illusion  I  de  peur  d'en  faire  trop  pour  Dieu,  on  ne 
(ait  rien  du  tout,  mass.  Carême,  Mort.  On  se  re- 
proche de  n'en  pas  faire  assez  pour  une  fortune 
de  boue,  10.  16.  ||  En  faire  autant,  faire  la  même 
chose.  Une  autre  la  suivit,  une  autre  en  fit  autant, 
LA  FONT.  Fabl.  m,  4.  Il  En  faire  à  sa  tête,  ne  faire 
que  sa  volonté.  Qui  voulant  en  faire  à  sa  tête,  la 
FONT.  Fabl.  11,  10.  Il  En  faire  à  deux  fois,  se  repren- 
dre plus  d'une  fois  à  quelque  chose,  avoir  de  l'hé- 
sitation. Sans  en  faire  à  deux  fois,  je  vous  conjure 
d'embrasser....  sév.  80.  ||  En  faire  à  quelqu'un  pour 
un  bras ,  lui  casser  un  bras  en  le  battant.  J'en 
suis  pour  mon  honneur;  mais  à  toi  qui  me  l'êtes, 
Je  t'en  ferai  du  moins  pour  un  bras  ou  deux  côtes, 
MOL.  Sgan.  6.  ||  Populairement.  Je  croyais  m'en 
tirer  avec  cent  sous,  je  m'en  suis  fait  pour  quinze 
francs,  c'est-à-dire  la  dépense  s'est  élevée  à  quinze 
francs.  ||  52°  Faire,  construit  avec  un  infinitif. 
Dans  cette  construction  ,  faire  donne  à  la  phrase 
un  sens  causatif;  c'est  par  cet  artifice  que  le  fran- 
çais a  remplacé  les  verbes  causatifs  qui  se  trou- 
vent dans  certaines  langues;  aussi ,  en  cet  em- 
ploi, le  participe  fait  est  toujours  invariable  :  les 
soupçons  qu'il  a  fait  naître,  et  non  qu'il  a  faits 
naître,  parce  que  faire  naître  estconsidéré  comme  un 
seul  mot.  En  cet  eiiiploi  faire  a  trois  sens  :  être 
cause  que;  charger  de;  attribuera.  ||  Etre  cause 
que.  Cela  fait  dire  à  Cicéron  que....  Que  le  sort  fa- 

DICT.   EE  LA  LANGUE  FRANÇAISE. 


vorable  Lui  fasse  rencontrer  un  ami  secourable, 
HALii.  I,  *.  Qui  le  tait  se  charger  du  soin  de  nia 
famille?  Qui  le  fait,  malgré  moi,  vouloir  vecfer 
ma  fille?  corm.  Hor.  v,  :).  Mais,  seigneur,  je 
m'emporte,  et  l'excès  d'un  tel  heur  Me  fait  vous  en 
parler  avec  trop  de  chaleur,  id.  Serlor.  i,  3.  Il  a  fait 
entendre  les  sourds  et  parler  les  muets,  saci,  liible, 
Év.  St  Marc,  vu,  37.  J  ai  pilli  du  dessein  qui  vous  a 
fait  sortir,  rac.  Phèdre,  iv,  G.  [Calchas]  Fera  taire 
nos  pleurs,  fera  parler  les  dieux,  m.  Ipkig.  i,  <.  Je 
le  fis  nommer  chef  de  vingt  rois  ses  rivaux,  m.  ib. 
III,  0.  L'amour  d'une  vaine  gloire  vous  a  fait  parler 
sans  prudence,  fén.  TiU.  iv.  La  nature  n'a-t-eilepas 
imposé  une  grande  peine  au  peuple  et  aux  malheu- 
reux de  les  avoir  fait  naître  dans  la  dépendance? 
MASS.  Pel.  carême,  Ilum.  des  grands.  \\  Faire  faire, 
être  cause  qu'on  fait.  Vous  savez  les  honneurs  qu'on 
fit  faire  à  son  ombre,  cohn.  Poly.  i,  4.  Télémaque 
prend  ces  armes,  don  précipux  delà  sage  Minerve, 
qui  les  avait  fait  faire  par  Vulcain,  fén.  Tel.  xviii. 
II  Avec  faire,  on  supprime  d'ordinaire  Is  pronom  per- 
sonnel d  un  verbe  lélléchi.  Je  l'en  ferai  repentir.  Je 
ne  feindrai  pas  de  vous  dire  que  le  hasard  nous  a 
fait  connaître  il  y  a  six  jours ,  mol.  Mal.  im.  i ,  s. 
Les  mauvais  traitements  qu'il  me  faut  endurer  Pour 
jamais  de  la  cour  me  feraient  retirer,  mol.  Fd- 
chenx,  m,  ï.  ||  Familièrement.  Je  ne  lui  fais  pas 
dire,  ou,  ce  qui  est  plus  usité  aujourd'hui,  je  ne  le 
lui  fais  pas  dire, il  le  dit  de  lui-même,  c'est  sa  pro- 
pre pensée,  et  non  une  ponsée  que  je  lui  suggère. 
Vous  l'entendez,  monsieur,  je  ne  lui  fais  pas  dire, 
nANCOLRT ,  Bourg,  à  la  mode,  iv  ,  6.  ||  Charger 
de.  Je  ferai  bâtir  ma  maison  à  ou  par  cet  archi- 
tecte. 11  fil  fiiire  ses  habits  à  ou  par  un  mauvais 
tailleur.  J'ai  fait  dire  par  .un  messager  au  médecin 
de  venir.  Il  Attribuer,  prétendre.  Vous  faites  dire  à 
Cicéron  une  chose  qu'il  n'a  jamais  dite.  Et  faisant 
faussement  parler  les  immortels,  botrou,  Anlig.\, 
5.  Aqui  Strabon  fait  traverser  l'Europe,  boss.  Ilist. 

1,  7.  Le  sang  de  ces  héros  dont  tu  me  fais  descen- 
dre, BAC.  In'iig.  V,  6.  Cessez  de  démentir  Le  sang  des 
demi-dieux   dont  on  me  fait  sortir,  volt.  Mer.  iv, 

2.  Il  53°  Faire  à  savoir,  faire  connaître.  Si  j'avais  du 
crédit  en  France,  je  ferais  publier  à  son  de  trompe  : 
On  fait  à  savoir  que,  quand  les  Jacobins  d  sent  que 
la  grâce  suffisante  est  donnée  à  tous,  ils  entendent 
que  tous  n'ont  pas  la  grûce  qui  suffit  effectivement, 
PASC.  Prov.  <.  On  fait  à  savoir  à  tous  qu'un  tel  n'est 
pas  heureux,  P.  h.  couR.  Lett.  11,  <2.  ||  Génin  a  établi 
par  de  bonnes  raisons,  ce  semble ,  qu'il  faut  lire 
assavoir,  ancien  verbe  (  voy.  assavoir)  qui  fut 
jadis  très-employé.  Il  est  de  fait  que  dans  ces 
sortes  de  constructions  faire  ne  prend  pas  la 
préposition  d.  On  trouve,  il  est  vrai,  dans  la  vieille 
langue  des  tournures  telles  que  il  f,iil  d  louer  ; 
mais  cela  signifie  non  pas  :  il  fait  louer,  mais  :  il 
agit  de  manière  à  être  loué,  il  fait  chose  à  louer. 
Il  La  Fontaine  a  dit  simplement,  dans  le  même 
sens,  faire  savoir.  De  par  le  roi  des  animaux  Fut 
fait  savoir  à  ses  vassaux,  la  font.  Fabl.  vi,  t4. 
Il  54°  V.  n.  Opérer,  travailler,  se  comporter.  11  ap- 
prendrait à  vaincre  en  me  regardant  faire,  corn. 
Cid,  I,  3.  Allons  donc  les  voir  faire  et  montons  à  la 
tour,  ID.  Pomp.  1,  4.  Le  cerf  ne  pleura  point,  com- 
ment eût-il  pu  faire'?  Cette  mort  le  vengeait;  la 
reine  avait  jadis  Étranglé  sa  femme  et  son  fils,  la 
FONT.  fafcJ.  VIII,  U  (l'édition  originale  est  ainsi;  les 
éditions  modernes  ont,  à  tort  :  comment  l'eût-il  pu 
faire).  Faites,  prenez  parti;  que  rien  ne  vous  ar- 
rête, Et  ne  me  rompez  pas  davantage  la  tête,  mol. 
Mis.  IV,  3.  11  faut  faire  et  non  pas  dire;  et  les  effets 
décident  mieux  que  les  paroles,  id.  Fest.  de  P.  11, 5. 
Que  ne  laissiez-vous  un  peu  faire  à  la  Providence? 
sf.v.  430.  L'attaque  se  fit  avec  une  vigueur  extraor- 
dinaire, et  dura  trois  bons  quarts  d'heure;  car  les 
ennemis  se  défendirent  en  fort  braves  gens;  mais 
comment  auraient-ils  pu  faire?  pendant  qu'ils  étaient 
aux  mains,  tout  notre  canon  tirait,  sans  disconti- 
nuer, sur  les  deux  demi-lunes,  rac.  Lett.  d  Boileau, 
3  avril  <69i.  En  vérité,  dit-il,  voilà  un  grand  em- 
barras! laissez-moi  faire,  pën.  TU.  vn.  Voyant 
d'autres  gens  entrer,  je  fis  comme  eux,  on  me 
laissa  faire,  j.  j.  rolss.  Confess.  11.  Juger  est  une 
chose,  et  faire  est  une  autre,  diderot.  Salon  de 
1705,  OEuvres,  t.  xm,  p.  3i8,  dans  pougens.  L'in- 
térêt personnel  et  l'habitude  générale  en  dérobent 
le  crime  et  la  bassesse;  je  fais,  dit-on,  comme  font 
les  autres,  et  l'on  se  plie  à  des  actions  contre  les- 
quelles la  conscience  cesse  bientôt  de  réclamer, 
RAYNAL,  Ihst.  phit.  XXX,  8.  ||  Faire,  être  employé, 
avoir  part  aux  affaires,  à  l'administration,  au  gou- 
vernement. Le  maréchal  de  Lorge,  qui  voulait  faire, 
qui  en  sentait  les  moyens,  ne  cessait  de  proposer 


le  siégs  de  Mayeuce,  st-sim.  a7,  168.  [Le  duc  de 
Duras]  c'était  un  fort  honnête  homme  et  fort  aiméj 
brave,  doux,  voulant  faire,  mais  sans  aucun  es- 
put,  m.  60,  80.  Il  Façon  de  faire,  manière  de  faire, 
façbn,  manière  dont  on  agit,  dont  on  se  comporte. 
J'ai  hésité  si  je  ne  rapporterais  pas  cette  espèce  aux 
hirondelles  de  rivage,  dont  elle  parait  avoir  quelques 
façons  de  faire,  buff.  Ois.  t.  xii,  p.  350,  dans  pou- 
cens.  Il  Avoir  du  savoir  faire',  voy.  savoir-faire. 
Il  Ainsi  fit-il,  aussi  fit-il,  se  dit  par  inversion,  il  fil 
ainsi.  Je  lutte  comme  Jacob,  mais  il  adora  l'ange 
après  avoir  lutté,aiissi  fais  je,  volt.  Lett.  d'Argenlal, 
2:1  juillet  1744.  Il  65°  Faire,  avec  un  adverbe  ou  une 
locution  adverbiale,  se  comporter  comme  l'indi-iuent 
l'adverbe  ou  la  locution.  Ayez  soin  que  tous  deux 
fassent  en  gens  de  coeur,  corn.  Cid,  iv,  6.  N'em- 
pêchez point  de  bien  faire  celui  qui  le  peut;  faites 
bien  vous-même,  si  vous  pouvez,  saci  ,  Bible, 
Prov.  de  Salom.  m,  7.  Çà,  voyons  un  peu  comme 
vous  ferez,  mol.  Pourc.  m,  2.  J'avais  mangé  de 
l'ail  et  fis  en  homme  sage  De  détourner  un  peu 
mon  haleine  de  toi,  lo.  Amph.  11,  3.  C'est  faire 
en  honnêtes  gens  que  de  débuter  par  là,  id.  Préc. 
b.  El  Ion  a  trouvé  que  S.  M.  ne  pouvait  mieux  faire 
que  de  jeter  les  yeux  sur  un  si  bon  sujet,  sÉv. 
4u7.  J'y  ferai  de  mon  mieux,  in.  560.  Quand  le  Sei- 
gneur vous  l'aura  mise  entre  les  mains  (une  villej, 
vous  passerez  au  fil  de  l'épée  tout  ce  qu'elle  aura  da 
combattants,  en  épargnant  les  femmes,  les  enfants 
et  les  animaux;  vous  ferez  ainsi  à  toutes  les  villes 
éloignées,  iioss.  Polit,  ix,  v,  0.  Ceux  qui  font  bien 
mériteraient  d'être  enviés,  s'il  n'y  at-ait  encore  un 
meilleur  parti  à  prendre,  qui  est  de  faire  mieux,  la 
BRUY.  IV.  Il  Bien  faire,  signifie  quelciuefois  agir  à  pro- 
pos. Pour  bien  faire,  il  faudrait  que  vous  le  pré- 
vinssiez, RAC.  Andr.  11,  ).  ||  Bien  faire,  faire  du  bien. 
Le  plaisir  de  bien  faire  est  un  plaisir  céleste,  Tris- 
tan, Wor(  de  Chr.u,  0.  La  miséricorde  divine  ne  cesse 
jamais  de  bien  faire  aux  hommes,  noss.  Pénit.  i. 
il  Dans  plusieurs  provinces  on  dit  qu'une  femme  est 
en  train  de  bien  faire,  pour  exprimer  qu'elle  est 
enceinte.  ||  Faire  bien,  se  bien  conduire.  La  comtesse 
de  Cuiche  [qui  venait  de  perdre  son  mari|  fait  fort 
bien;  elle  pleure  quand  on  lui  conte  les  nonnètetcs 
et  les  excuses  que  son  mari  lui  a  faites  en  mou- 
rant, sÊv.  173.  Il  Bien  faire,  mal  faire,  se  com- 
porter bien,  mal  dans  un  combat. \'oilà  notre  avant- 
garde  à  bien  faire  animée,  mol.  Ampli.  1,  t.  Voyant 
que  son  régiment  faisait  mal,  sëv.  207.  M.  le  due 
était  lieutenant  général  de  jour,  et  fit  à  la  Condé 
c'est  tout  dire,  rac.  Lett.  à  Boileau,  (5  juin  ««9;; 
Il  Être  prêt  à  bien  faire,  être  tout  disposé  aux  plai- 
sirs de  la  table,  de  l'amour Étant  donc  la  don- 

zelle  Prèle  à  bien  faire,  la  font.  0»  ait.  Nous  étiocj 
à  table,  plusieurs,  joyeux,  en  devoir  de  bien  faire, 
p.  L.  COUR.  Pamphl.  des  pamphl.  |l  Faire  bien,  avoir 
du  succi;s,  réussir.  Quand  il  veut  prendre  la  peine  do 
parler,  il  fait  très-bien,  sÉv.  (83.  Le  voilà  dans  le 
monde,  il  y  fait  fort  bien,  id.  498.  ||  Faire  bien,  faire 
mal,  s'assortir,  ne  pas  s'assortir,  produire  urt  bon, 
un  mauvais  effet.  Le  bleu  et  le  jaune  font  bien  l'un 
avec  l'autre.  Ce  tableau  ferait  mieux  ailleurs.  Ces 
deux  adverbes  joints  font  admirablement,  mol.  F. 
vat!.  m,  2.  Il  a  laissé  un  petit  bois  sombre  qui  fait 
fort  bien,  sÉv.  202.  ||  Faire  bien  ou  mal  à,  en  par- 
lant des  personnes,  faire  bon  accueil.  Le  roi  fit  fort 
bien  à  M.  de  Pomponne,  sÉv.  408.  Il  [le  duc  de 
Bourgogne]  salua  Mme  de  Maintenon  qui  lui  fit  fort 
bien,  st-sim.  214,  I36.  ||  Faire  bien  à,  en  parlant  des 
choses,  être  agréable,  utile.  Le  déjeuner  rn'a  bien 
fait,  je  me  trouve  bien  d'avoir  déjeuné.  ||  Faire  bien 
ou  mal,  ou  tout  autre  adverbe  ou  locution  adver- 
biale avec  de,  avoir  raison,  tort  de....  Ne  ferions-nous 
pas  mieux  d'accepter  le  parti?  cobn.  S<?rlor.  iv,  3. 
Et  fit  très-sagement  de  changer  de  logis,  la  font. 
fabi.  111,8.  Il  56° Faireà  quelqu'un, lui  causerunecer- 
taine  impression.  Il  est  gai,  il  est  content,  il  est  favori 
de  M.  deTurenne;  comment  vous  fait  ce  nom?  sÉv. 
607.  Le  roi  était  accoutumé  au  visage  de  Mme  de  Saint- 
Simon  par  les  Marly  et  par  la  voir  souvent  à  la  suite 
de  Mme  la  duchesse  de  Bourgogne,  choses  d'habi- 
tude qui  lui  faisaient  infiniment,  st-sim.  274,  20a. 
Il  Rien  ne  lui  fait,  il  est  insensible  aux  avis,  aux  re- 
proches, etc.  Il  57°  Faire  des  armes,  s'exercer  à  l'es- 
crime. Il  58°  Faire,  avoir  une  part  dans  le  jeu,  dans 
une  affaire.  Il  partagea  le  prix  avec  le  prince  de  la 
Roche-sur- Yon,  parce  qu'ils  avaient  fait  de  moitié; 
mais  ce  marché  fut  un  peu  désapprouvé,  dangrau,  i, 
131,4  mars  i685.  ||  59°  Faire  que,  agir  de  manière 
que,  avec  l'indicatif  quand  la  phrase  est  affirmative 
et  à  l'indicatif:  Cela  fait  qu'on  vient,  cela  fera  qu'on 
viendra;  avec  le  subjonctif,  quand  on  veut  expri- 
mer un  souhait,  un  désir,  un  eut   qu'on  se  pro- 

I-  —  201 


<6D2  FAI 

■M*  •  Ttim  UD'on  vienne.  Fti»  qv»  Jamai»  rien  ne 
KTnai..  «AtH  I.,  ».  Kai.  que  je  porte  eny,e  au 
;^û  parfaite,  conn.  Cinna,  .r,  «.  Est-on  dune  fi- 
gure i  faire  qu'on  »e  mille  T  uot.  Psyché,  i,  ( .  El  fai- 
iont  qu'à  «e«  fil»  il  ne  puiase  dicter  Oue  des  condi- 
tion» qu'ils  roudront  accepter,  «ac.  Mithr.  i,  ».  Ses 
demi^re»  comédies  font  qu'on  s'étonne  qu'd  ait  pu 
tomber  de  si  haut,  l*  bbut.  i.  Tout  cela  fait  qu'on 
»it  et  meurt  plus  t«t,«*rNAL,//«(.ph'i.i,».  |i  Fasse 
que  ou  fassent  que,  »o  dit  par  forme  de  souhait.  Fasse 
le  juste  ciel....  Oue  ces  longs  cris  de  joie  étouffent 
vos  soupirs,  co«N.   Pomp.  v,  6.  ||  60"  Finir.  Nous 
n'aurions  jamais  fait,  si  nous  voulions  prendre  à 
e<rur  les  affaires  du  monde,  b*lz.  liv.  ii,  lett.  f. 
teun  coiffures  toujours  sont  pour  moi  des  supplices; 
Jamais  elles  |les  lemmes]  n'ont  fait,  j'en  suis  au 
désespoir,  th.  cobn.  V Inconnu,  v,  ♦.  Je  n'aurais  ja- 
mais fait  si  je  voulais  vous  en  faire  le  détail,  sév. 
180.  Monsieur,  peut-on  entrer?— Non,  monsieur,  ou 
Je  meure.  — Hé!  pourquoi?  j'aurai  fait  en  une  petite 
heure,  rac.  Plaid,  ii,  <o.  ||  On  n'a  jamais  fait  avec 
lui,  c'est-A-dire  il  ne  finit  rien,  il  demande  toujours. 
Il  II  a  fait  &  moi,  il  a  fait  avec   moi,  nous  avons 
rompu,  nousTie  sommes  plus  amis;  cette  phrase  a 
vieilli.  Et  d^s  ce  moment  elle  eût  fait  avec  lui, 
HAMILT.   Gramm.   4.    ||  «l"  Faire  de ,  avec  aiiuii, 
comme,   etc.    se  comporter    à    l'égard   de.  Tout 
homme  bien  sage  Boit  faire  des  habits  ainsi  que 
du  langage,   mol.   Éc.  des  mar.  I,  ».  Je  voudrais 
bien  qu'on  fit  de  la  coquetterie  Comme  de  la  gui- 
pure et  de  la  broderie,  m.  ib.  il ,  9.  ||  62°  Faire  pour 
quelqu'un,  le  suppléer,  tenir  sa  place,  et  aussi  être  son 
agent,  son  commissionnaire,  sa  caution.  ||  63°  Faire 
dans  les  draps,  être  négociant  en  draps.  ||  Faire  en 
meuLles,   se  dit  de  toutes  les  fournitures  néces- 
saires pour  garnir  les  meubles  :  laines,  crins,  étof- 
fes, etc.  Marchand  de  literie  et  de  faire  en  meubles. 
Il  64"  Faire  pour,  travailler  pour.  Tu  ne  fais  que  pour 
toi,  s'il  t'en  faut  récompense,  corn.  Pertiiar.  ii,  s. 
Et  comme  ils  font  pour  eux,  faisons  aussi  pour  nous, 
ID.  Nicom.  IV,  6.  Il  Faire  pour,  faire  contre,  être  fa- 
rorable  à,  contraire  à,  avec  un  nom  de  personne  pour 
sujet.  Il  faut  avec  vigueur  ranger  les  jeunes  gens, 
Et  nous  faisons  contre  eux  à  leur  être  indulgents, 
MOL.  Éc.  des  f.  v,  7.  Est-ce  donc  faire  pour  le  pro- 
grès d'une  langue  que  de....  la  bruï.  xiv.  Il  y  a 
une  ville  dans  la  Judée  qui  a  toujours  fait  contre 
vous,  elle  s  appelle  Nazareth,  volt.  Phil.  v,  278. 
)|  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet.  C'est  ce  qui 
fait  pour  vous,  et  sur  ces  conséquences  Votre  amour 
doit  fonder  de  grandes  espérances,  mol.  Éc.  des  m. 
I,  t.  Il  66*  Avoir  une  influence,  un  effet  quelconque. 
L'argent /ait  plus  auprès  de  lui  qu'aucune  recom- 
mandation Il  Faire  à.  importer  à,  contribuer  à.  J  ai 
t.lché  d'expliquer  ceiies  [les  expériences]  qui   fai- 
saient le  plus  k  mon  sujet,  desc.  Diopt.  2.  Même  si 
cela  fait  à  votre  allégement,  J'avouerai  qu'à  lui  seul 
en  est  toute  la  faute,  mol.  Wp.  am.m,  4.  ||  66°  Dire, 
répliquer;  i!  n'est  d'usage  que  dans  ces  locutions 
familii'res  d'ailleurs  :  Fait-il,  fait-elle,  fis-je,  fit-il, 
fit-elle.  Monsieur,  au  nom  de  Dieu,  lui  fais-je  assez 
•auvent,  mol.  l'Ét.  i,  B.  Moi,  j'ai  blessé  quelqu'un, 
fis-ja  tout  étonnée,  m.  Éc.  des  f.  n,  ».  \]  67"  Avoir 
fort  à  faire,  avoir  beaucoup  d'efforts  à  faire  pour 
venir  à  bout  de  quelque  chose.  Elle  [la  cour]  aurait 
fort  k  faire  et  ses  soins  seraient  grands  D'avoir  à 
déterrer  le  mérite  des  gens,  mol.  if  i».  m,  7.  ||68°C'est 
i  faire  t.  ..  de....  se  dit  de  quelqu'un  qu'on  recon- 
naît pour  très-capable  de  faire  une  chose.  C'est  à 
faire  à  lui  d'ordonner  une  fête.  ||  Absolument.  Saint 
l'aul,  saint  Augustin  ont  prêché,  c'était  à  eux  à  faire, 
iÉv.  («4.  Il  Ironiquement.  C'est  k  faire  à....  il  ne 
convient  pas.  C'est  à  faire  à  vous  à  parler  ainsi. 
Il  C'est  à  faire  à....  de....  il  n'appartient  qu'à.  De- 
vant une  telle  Iwauté  C'est  à  faire  à  des  insensi- 
bles De  conserver  leur  liberté,  cors.    Ode  sur  un 
prompt  retour.  C'est  à  faire  aux  insensés  de  comp- 
ter sur  une  vie  qui  doit  finir  et  qui  peut  finir  à 
toute  heure,   st-évrem.    Lett.  à  M.  de  Créquy. 
C'est  k  faire  aux  castors,  dira  l'Indien,  de  s'enfuir 
dans  des  tanières;  l'homme  doit  dormir  à  l'air  dans 
un  hamac  suspendu  k  des  arbres,  i.  j.  rouss.  Lett.  à 
m.  Philnpolis.  Il  Absolument.  Raisonner  sur  les  af- 
f^res,  délibérer  longtemps,  chercher  la  raison,  la 
vérité,  la  justice  avec  application ,  selon  eux  c'est  à 
laire  au  vulgaire,  saint-réal,  Usage  de  l'hwt.  Disc. 
J.  Il  Fig.  C'est  à  faire  k  du  temps,  le  temps  viendra  à 
nout  (le.  Phihsic  assurément  tient  son  esprit  charmé; 
«  n  aurais  j,imais  c-u  qu'elle  l'eilt  tant  aimé.  -  Alci- 

Il  ô;  rff."     'f"'  "  ""^  '™P»-  <:o"N.  la  Veuve,  ii,  6. 
'•*  """«"^  •«  *•  '•«  »»ire.  BALZ.  UtI.  II,  4.  Il  C'est 


FAI 

k  faire  i,  avec  un  infinitif,  signifie  aussi  quitte  pour 
(sens  qui  vieillit).  Et  s'il  ose  venir  à  quelque  vio- 
lence. C'est  k  faire  k  céder  deux  jours  à  l'insolence, 
CORN.  Poly.  V,  I.  Vous  coucherez  aussi  avec  moi,  si 
vous  voulez. — J'ai  ordre  de  coucher  chez  ma  tante; 
mais  n'importe,  c'est  à  faire  à  être  un  peu  grondée, 
BARon,  Coquette  et  fausse  prude,  iv,  to.  Ou'est-ce 
que  de  ne  pas  se  produire  par  son  beau  côté?  c'est 
i  faire  à  ne  recevoir  pas  les  louanges  que  l'on  aurait 
remportées  peut-être,  bavlb,  Projet  d'un  dict.  cri- 
tique,*. Il  C'est  à  faire  à,  il  ne  reste  plus  qu'à,  tout 
ce  qui  est  à  faire  c'est  de....  (sens  qui  vieillit).  Au- 
jourd'hui l'on  s'a.ssemble, aujourd'hui  l'on  conspire, 
L'heure,  le  lieu,  le  bras  se  choisit  aujourd'hui  ;  Et 
c'est  à  faire  enfin  à  mourir  après  lui,  corn.  Cinna, 

1,  2.  C'est  à  faire  k  périr  pour  le  meilleur  parti,  11 
ne  m'en  peut  coûter  qu'une  mourante  vie,  Que  l'âge 
et  les  chagrins  m'auront  bientôt  ravie,  id.  Pulch.  ii, 

2.  Il  69°  Ne  faire  que,  suivi  d'un  infinitif,  signifie  in- 
cessamment. Il  ne  fait  qu'étudier.  Pendant  son  sé- 
jour à  Bade,  il  ne  fit  que  jouer.  ||  Ne  faire  que  croî- 
tre et  embellir,  se  dit  d'une  jeune  fille  qui  chaque 
jour  devient  plus  grande  et  plus  belle.  ||  Par  exten- 
sion, s'augmenter,  devenir  pire.  Sa  passion  pour  le 
vin  ne  fait  que  croître  et  embellir.  ||  En  un  autre 
sens,  ne  faire  que,  équivaut  à  seulement.  Je  n'ai  fait 
que  le  voir,  c'esl-à-ilire  je  l'ai  vu  seulement.  Ces 
beaux  lieux  ne  faisaient  que  lui  rappeler  le  triste 
souvenir  d'Ulysse,  fén.  Tél.  i.  Les  uns  voient  croî- 
tre en  paix,  jusqu'à  l'âge  le  plus  reculé,  le  nombre 
de  leurs  années;  il  en  est  qui  ne  font  que  se  montrer 
à  la  terre,  mass.  Pensées  de  la  mort.  J'ai  été  bien 
malade  cet  hiver  ;  j'ai  cru  mourir  ;  mais  je  n'ai 
fait  que  vieillir,  voi.t.  Lett.  Mme  de  Fontaine,  43 
mars  (762.  ||  70°  Ne  faire,que  de,  équivaut  à  tout  à 
l'heure.  Un  prince  qui  pour  lors  ne  faisait  que  de 
naître,  corn.  Œdipe,  iv,  3.  Il  ne  fait  que  de  sortir 
de  ma  chambre,  sév.  70.  Noô  ne  faisait  que  de 
mourir,  boss.  Hist.  ii,  2.  ||  71°  Faire  sert  à  rempla- 
cer un  verbe  qu'il  faudrait  répéter,  et  prend  alors 
la  signification  de  ce  verbe.  Et  comme  ils  font  du 
vrai ,  du  faux  ils  m'épouvantent  [  ils  m'épouvan- 
tent par  le  faux,  comme  ils  m'épouvantent  par  le 
vrai] ,  RÉGNIER,  .eif'gi.  i.  Elle  [Albe]  m'estime  autant 
que  Rome  vous  a  fait,  corn.  Ilor.  ii,  3.  L'exemple  tou- 
che plus  que  ne  fait  la  menace,  id.  Poty.  m,  3.  [Les 
oisillons  I  Se  mirent  à  jaser  aussi  confusément 
Oue  faisaient  les  Troyens  quand  la  pauvre  Cassandre 
Ouvrait  la  bouche  seulement,  la  font.  Fabl.  i,  8. 
Ce  baudet-ci  m'occupe  autant  Que  cent  monarques 
pourraient  faire,  id.  ib.  vi,  n.  Je  veux  savoir  vos 
pensées  à  fond  et  vous  connaître  un  peu  mieux  que 
je  ne  fais,  mol.  Festin,  m,  4.  Ah!  que  j'ai  de  dépit 
que  la  loi  n'autorise  i  changer  de  mari  comme  on 
fait  de  chemise,  id.  Sgan.  5.  Puisque  me  voilà 
éveillé,  il  faut  que  j'éveille  les  autres,  ef  que  je  les 
tourmente  comme  on  m'a  fait,  id.  Prol.  de  laPrinc. 
d'El.  2.  Il  l'appelle  son  frère,  et  l'aime  dans  son 
9me,  Cent  fois  plus  qu'il  ne  fait  mère,  fils,  fille  et 
femme,  id.  Tart.  i,  2.  Il  fallait  cacher  la  pénitence 
avec  le  même  soin  qu'on  eût  fait  les  crimes,  boss. 
R.  d'Ànglet.  Vous  m'enverrez  la  traduction,  ainsi 
que  vous  avez  fait  la  latine,  id.  Lett.  quiét.  3I7. 
(.mand  ils  eurent  résolu  la  mort  de  saint  Paul,  ils 
le  livrèrent  entre  les  mains  des  Romains  comme 
ils  avaient  fait  Jésus-Christ,  id.  fli'st.n,  70.  Les  étran- 
gers le  connaissaient  mieux  que  ne  faisait  une  partie 
d'entre  nous,  fonten.  LiUre.  Charles  voulait  braver 
les  saisons  comme  il  faisait  ses  ennemis,  volt.  Char- 
les III,  liv.  IV.  Au  milieu  de  ces  troubles  on  parla 
de  paix  comme  on  fait  toujours,  id.  Russie,  i,  I6. 
Il  II  ne  faut  pas  confondre  cet  emploi  du  verbe  (aire 
avec  les  cas  où  faire,  gardant  sa  signification  pro- 
pre, gouverne  le  pronom  le  qui  représente  un  verbe 
précédent.  Je  voulais  partir;  mais  je  n'ai  pu  le  faire. 
Je  lui  prête  mon  bras,  et  veux  dès  maintenant.  S'il 
daigne  s'en  servir,  être  son  lieutenant;  L'exemple 
des  Romains  m'autorise  à  le  faire, corn.  iVi'com.ii,  3. 
Il  72°  Imper.sonnellpment, faire  sert  à  marquer  léut 
de  l'atmosphère.  H  fait  jour.  Il  fait  froid.  Quelle  cha- 
leur il  a  fait  tout  la  jour  1  Les  chaleurs  qu'il  a  fait  l'an- 
née dernière.  Il  a  fait  du  vent.  Il  a  fait  un  grand 
coup  de  vent.  Il  va  faire  de  l'orage.  Il  a  fait  hier  de 
la  pluie.  II  faisait  doux  quand  nous  sommes  sortis.  Il 
fait  sec  aujourd'hui.  Selon  le  temps  qu'il  fait  l'homme 
doit  naviguer,  Régnier,  Sat.  vi.  M.  le  prince  n'avait 
pas  eu  lieu  de  s'imaginer  qu'il  piU  trouver  le  roi  au 
retour  duKtin,  par  un  temps  aussi  froid  qu'il  faisait, 
RETZ,  m,  347.  Allez  doucement,  il  fait  gl.icé,  vous 
vous  rompriez  les  jamlies,  volt.  Uœurs,  (28.  ||  La 
locution  il  fait  chaud  s'explique  par  il,  sujet  indé- 
terminé, annonçant  le  vrai  sujet  qui  est  placé  plus 
loin  par  inversion  ;  «'J,  c'est-à-dire  le  chaud,  fait, 


FAI 

c'est-à-dire  règne.   Cest   pour  cela  que  l'on  dit  : 
quelle  chaleur  il  a  ^ai(,et  non  faite.  j|  Par  ezteniioD, 
se  dit  des  diverses  conditions  des  choses.  Il  fait  cher 
vivre  à  Paris.  Qu'il  fera  dangereux  rencontrer  sa 
colêrel  corn.  Suite  du  Ment,  m,  2.  11  doit  faire  mal 
sûr  recevoir  vos  serments,  th.  corn,  le  Galant  aou- 
bli,  v,  2.  II  ne  fait  pas  bien  sûr,  k  vous  le  traiichef 
net,  D'épouser  une  fille  en  dépit  qu'elle  en  ait,  mol. 
Femm.  sav.  v,  l.  Il  fait  meilleur  chez   nous,  la 
pont.  Fnbl.  IV,  )3.  La  peste!  il  y  ferait  bon,  méfiant 
comme  vous  êtes, BEAUMAHcn.  flarb«>r,m,7.  {|  Ironl» 
quement.  Il  fait  beau,  il  ferait  beau,  c'est-à-dire  c'est, 
ce  serait  une  chose  ridicule.  Il  nous  ferait  beau  voit 
attachés  face  à  face  A  pousser  de  beaux  sentiments, 
MOL.  Amph.  I,  4.  Il  73"  Se  faire,    v.  réfl.  Se   con- 
stituer en  un  certain   état.  Se    faire  avocat.   Elle 
s'est  faite   religieuse.  Mais  je  me  fis  toujours  maî- 
tre de  ma  fortune,  corn.   Œdipe,  v,  4.   De  nos 
jours,  un  imposteur  s'est  dit  le  Christ  en  Orient; 
tous  les  Juifs  commençaient  à  s'aitrouper  autour 
de  lui  ;   ils  s'imaginaient  déjà  qu'ils  allaient  de- 
venir les  maîtres  du   monde  ,  quand  ils  apprirent 
que  leur  Christ  s'était  fait  Turc,   BOSs.   llist.  ii,  ». 
Jésus-Christ,  tout  saint  qu'il  était ,   n'a  pas  voulu 
entreprendre  de  se  faire  grand,  bourdal.  lo*  dim, 
après  la  Pentec.  Dnminic.  t.  m,  p.  208.  Qui  sait 
que  son  Dieu  l'a  sauvé  en  se  faisant  petit,  et  qui 
prétend  se  sauver   en  se   faisant   grand ,    id.   ib. 
p.  209.  Puisque  Votre  Majesté,  qui  s'est  faite  homme, 
continue  toujours  à  mlîonorer  de  ses  lettres,  j'ose 
la  supplier  de  me  dire  comment  elle  partage  sa  jour- 
née, volt.  Lett.  roi  de  Prusse,  (8  juin  1740.  |{  Se 
faire  belle,  se  dit  d'une  femme  qui  se  pare.  ||  Se 
faire  de  fête,  s'inviter  soi-même.  Il  s'offre,  il  se 
fait  de  fête,  il  faut  l'admettre,  la  brut.  ix.  ||  74°  Se 
produire  réciproquement.  Quand  on  a  commencé  à 
prendre  ce  train  [une  éducation  vigoureuse  et  toute 
dévouée  à  la  patrie],  les  grands  hommes  se  font  les 
uns  les  autres,  boss.  Uist.  m,  8.  ||  75°  Se  faire,  être 
son  propre  instituteur,  son  propre  maître.  Son  talent 
n'est  pasordinaire  pour  une  femme,  etpour  une  femme 
qui  s'est  faite  toute  seule,  diderot,  Salon  de  470», 
OEuK.t.  XV,  p.  35,danspouGENs.  ||76°Se  développer, 
en  parlant  des  personnes.  C'est  un  jeune  homme  qui 
se   fera.  La  fille  crût,  se  fit;  on  pouvait  déjà  voir 
Hausser  et  baisser  son  mouchoir,  la  font.  Coupe. 
Mlle  de  Marcay  se  fait  et  danse  des  mieux,  mainte- 
non,  Lett.  à  d'Àubigné,  25  juin  i6S4.||Se  bonifier, 
en  parlant  des  clioses.  Ce  vin,  ce  fromage  s'est  fait. 
Il  77°  Se  faire  à,  s'accoutumer,  s'habituer.  Lt  doutant 
s'ils  voudront  se  faire  à  l'esclavage,  corn.  Sertor.  iii, 
2.  Qui  sait  faire  sa  cour  se  fait  aux  mœurs  des  prin- 
ces, iD.  Othon,  III,  3.  Eh  bien  tant  pis!  je  fronde  Ce 
mariage  avec  cet  homme-là  ;  Mais,  s'il  est  fait,  le  pu- 
blic s'y  fera,  volt.  Prude,  m,  8.  II  [le  cheval]  voit 
le  péril  et  l'affronte  ;  il  se  fait  au  bruit  des  armes, 
il  la  cherche  et  s'anime  de  la  même  ardeur,  buff. 
Quadrup.  t.  I,  p.  »,  dans  pougens.  |{  II  se  dit  aussi 
des  yeux,  de  l'imagination,  etc.  Rien  ne  nous  sur- 
prendra de  voir  la  même  chose  Où  nos  yeux  se  sont 
faits  quinze  ans  sous  Théodose,  corn.  Pulchér.  u, 
a.  L'imagination  se  fait  à  cette  grande  peine  [un 
supplice],  montesq.  Espr.  vi,  1 1. 1|  S'abaisser,  con- 
descendre. Passe  encor  de  le  voir  [Jupiter],  de  ce  su- 
blime étage  Dans  celui  des  hommes  venir.  Prendre 
tous  les  transports  que  leur  cœur  peut  fournir,  Et  se 
faire  à  leur  badinage,   mol.  Amph.  Proi.  ||78°  Se 
faire,  suivi  d'un  adjectif,  devenir.  Ces  arbres  com- 
mencent à  se  faire  beaux.  Nous  nous  faisons  \\ea^, 
sans  nous  en  apercevoir.  ||  79°  Se  faire,  suivi  d'un 
infinitif,  rend  le  verbe  causatif  en  même  temps  que 
rèlléchi  (bien  entendu,  dans  ces  constructions  le 
participe  fait  est  toujours  invariable  ;  Elle  s'est  fait 
connaître,  ils  se  sont  fait  connaître).  Faites-vous 
contenter  par  ce  couple  céleste,  la  font.  Fabl.  l, 
14.  Si  le  mari  ne  se  fût  fait  connaTIrc,  Elle  en  allait 
eufiler  beaucoup  plus,  id.  Jfuri  conf  La  douceur  de 
sa  voix  a  voulu  se  faire  paraître  dans  un  air  tout 
charmantqu'elle  a  daigné  chanter,  mol.  Princ.  d  El. 
m,  2.  L'histoire,  de  quelque  manière  qu'elle  soit 
écrite,  a  le  privilège  de  se  faire  lire,  d'ouvet,  llist. 
Acad.  t.  II,  p.  2.  La  marte  ne  s'approche  jamais  des 
maisons,  et  elle  diffère  encore  de  la  fouine  par  la 
manière  dont  elle  se  fait  chasser,  blff.  Quadrtip. 
t.  II,  p.  243,  dans  POUGENS.  Une  effrayante  voix  s'est 
fait  alors  entendre,  volt.  Œdipe,  i,  3.  ||  80°  Fami- 
lièrement. Se  laisser  faire,  ne  pas  se  défendre,  ne 
pas    opposer  de  résistance.  Cette  jeune   fille  s'est 
laissé  marier  à  un  homme  qui  ne  lui  convenait  pas. 
Nous  laisserons-nous  faire  ainsi  ?||  81°  Se  faire,  être 
fait.  La  mauvaise  subtilité   est  moins  dangereuse 
quand  on  raconte  des  choses  faites  que  quand  on 
débbère  des  choses  à  faire;  ici,  pour  no  rien  dire 


FAI 


FAI 


FAI 


1603 


de  pis ,  elle  est  cause  que  les  choses  ne  se  font 
point,  BALZ.  De  la  cour,  ï'  dise.  Notre  connaissance 
l'est  faite  à  l'armée,  mol.  Précieuses,  <2.  El  vos 
Doces  se  feront  dès  ce  soir?  id.  Mar.  f.  <2.  On  veut 
que  tout  se  fasse  par  moi;  et  cela  n'est  point,  main- 
tenon,  Le»,  à  Dangemi,  t.  vu,  p.  76,  danspouGENS. 
Leurs  habits,  leurs  tentes,  leurs  cordages,  leurs  ta- 
pis, tout  se  fait  avec  la  laine  de  leurs  brebis,  le 
poil  de  leurs  chameaux  et  de  leurs  chèvres,  bcff. 
Suppl.  à  i'hisl.  nat.  Œuv.  t.  xi,  p.  205,  dans  pou- 
gens.  Il  La  nuit  se  fait,  la  nuit  commence.  Arriver 
à  l'heure  où  la  nuit  se  fait.  ||  Terme  de  marine.  Le 
jusant  se  fait,  il  prend  de  la  force.  La  brise  se  fait, 
elle  devient  plus  vive.  Le  vent  s'est  fa:i  depuis  le 
lever  du  soleil,  il  s'est  levé  ou  il  a  pris  de  la  con- 
sistance depuis  le  lever  du  soleil.  ||  82°  Imperson- 
nellement. Etre,  arriver.  Comment  se  fait-il  que 
TOUS  ne  soyez  pas  venu?  Il  s'est  fait  des  fentes  dans 
cette  muraille.  Il  se  fit  un  grand  silence.  Il  s'est 
fait  des  choses  qu'on  ne  sait  pas.  Quoi!  se  pour- 
rait-il faire  Qu'k  l'œuvre  de  ses  mains  Rome  devint 
contraire?  cosn.  Nicom.  iv,  6.  Il  est  visible  qu'en 
tuant  le  monde  de  cette  sorte  il  se  ferait  un  trop 
grand  nombre  de  meurtres,  pasc.  Prov.  7.  Ce  qui 
paraît  le  plus  certain  c'est  qu'il  se  faisait  des  assem- 
blées secrètes  dans  sa  maison  du  Capitole,  vehtot, 
jR^toJ.  rom.  vii,  p.  224.  ||  On  dit  de  même  il  se  fait 
tard,  il  se  fait  nuit,  le  jour  commence  à  manquer, 
la  nuit  commence  à  venir. 

Proverbes.  Ce  qui  est  fait  n'est  pas  à  faire,  c'est- 
à-dire  quand  on  peut  faire  une  chose,  il  ne  faut  pas 
la  dillérer.  ||  H  a  fait  comme  Robin  fit  à  la  danse, 
du  mieux  qu'il  put.  ||  11  est  comme  le  bonnetier,  il 
n'en  fait  qu'à  sa  tête,  c'est-à-dire  il  suit  toujours  sa 
volonté,  sa  fantaisie  (on  joue  ici  sur  ce  que  le  bon- 
neiier  fait  des  bonnets  à  sa  tête).  ||  L'occasion  fait 
le  larron,  c'est-à-dire  l'occasion  fait  qu'on  cède  à  des 
tentations  auxquelles  autrement  on  n'aurait  pas  cédé. 
Il  On  rie  saurait  faire  d'une  buse  un  épervier,  on 
ne  peut  transformer  un  sot  en  habile  homme.  ||  Les 
riches  font  leur  paradis  en  ce  monde.  ||  Comme  il  to 
fera,  fais-lui,  c'est-à  dire  rends  lui  la  pareille.  ||  C'est 
k  moi  à  faire,  et  à  vous  à  vous  taire.  ||  Laissons-les 
dire  pourvu  qu'ils  nous  laissent  faire.  ||  Faire  et 
dire  sont  deux,  c'est-à  dire  il  y  a  loin  entre  la  pa- 
role et  l'effet.  Il  Qui  bien  fera  bien  trouvera.  ||  On 
ne  peut  faire  qu'en  faisant,  c'est-à-dire  ce  n'est 
qu'en  pratiquant  les  choses  qu'on  y  devient  habile. 
I,  Qui  a  fait  l'une  a  fait  l'autre,  se  dit  de  deux  per- 
sonnes, de  deux  choses  qui  se  ressemblent  extrême- 
ment. Il  Qui  fait  un  pot  fait  bien  un  poêle,  c'est-à-dire 
qui  peut  le  plus  peut  le  moins.  ||  Faire  de  cent  sols 
quatre  livres  et  de  quatre  livres  rien,  se  dit  d'un 
prodigue  qui  mange  son  avoir.  ||  Maison  faite  et 
femme  à  faire,  c'est-à-dire  il  faut  acheter  une  mai- 
son toute  construite  et  épouser  une  femme  jeune 
dont  on  puisse  former  le  caractère.  |i  Quand  les 
mots  sont  dits,  l'eau  bénite  est  faite,  c'est-à-dire 
il  faut  convenir  de  toutes  les  clauses  d'un  marché 
avajit  que  de  le  conclure.  ||  Pari»  te  s'est  pas  fait 
en  un  jour,  ou  tout  en  un  jour,  c'est-à-dire  il  faut 
donner  du  temps  pour  faire  les  grandes  affaires. 
Il  Qui  se  fait  brebis,  le  loup  le  mange,  c'est-à-dire 
il  ne  faut  pas  être  trop  déijonnaire.  ||  Le  bon  oiseau 
se  fait  de  lui-même,  c'est-à-dire  un  esprit  intelligent 
s'instruit,  se  développe  par  lui-même.  ||  Fais  oeque 
dois,  advienne  que  pourra.  |{  Tout  se  fait  avec  le 
temps,  c'est-à-dire  avec  de  la  patience  on  vient  à 
bout  (les  choses. 

—  REM.  1.  Quand  faire  est  suivi  d'un  infinitif,  ce 
verbe  doit  être  précédé  des  pronoms  lui,  leur,  et 
non  des  pronoms  le,  la,  les,  lorsque  l'infinitif  a  un 
régime  direct  :  On  lui  fit  obtenir  un  emploi  ;  on 
lui  fit  faire  cette  démarche;  et  il  veut  avant  lui 
les  pronoms  le,  la,  les,  toutes  les  fois  que  le  verbe 
qui  est  à  l'infinitif  n'a  point  après  lui  de  régime  di- 
rect :  On  le  fit  renoncer  à  ses  prétentions;  on  le  fit 
consentir  à  cette  demande.  ||  2.  C'est  la  règle.  Pour- 
tant Corneille  a  dit  :  Sors  de  mon  cœur  ,  nature, 
ou  fais  qu'ils  [mes  filsj  m'obéissent;  Fais-les  servir 
ma  haine  ou  consens  qu'ils  périssent,  id.  Rodog. 
IV,  7.  La  règle  voudrait  :  fais-leur  senrir....  Cette 
construction  est  un  archaïsme,  et  pourrait  s'em- 
ployer en  vers  ou  dans  le  style  élevé.  Il  ne  faut 
pas  confondre  ces  cas  avec  ceux  où  le  pronom  est 
régime  direct  du  verbe  à  l'infinitif  :  Je  l'ai  fait 
nommer,  c'est-à-dire  j'ai  fait  nommer  cet  homme. 
113.  Quand,  au  lieu  d'un  pronom  placé  avant,  il  y 
,  a  un  substantif  placé  après,  là  où  l'on  met  lui, 

I  l*ur,  on  met  a,  et  là  où   l'on  met  le,  la,  les,  on 

I  ne  met  point  d  .-  Je  ferai  faire  la  démarche  à  cet 

I  homme;  je  ferai  renoncer  cet  homme  à  ses  préten- 

tions,  bans  le  premier  cas ,  homme  est   régime 


indirect  de  faire  faire  ;   dans  le  second ,  régime 
direct  de  faire  renoncer.  ||  4.  Je  le  fais  parler,  c'est- 
à-dire  je  fais  qu'il  parle,  ou  je  lui  attribue  des  pa- 
roles. Je  lui  fais  parler,  c'est-à-dire  je  fais  qu'on  lui 
parle.  Je  le  fais  répondre,  c'est-à-dire  je  fars  qu'il 
réponde,  ou  je  lui  attribue  une  réponse.  Je  lui  fais 
répondre ,  je  fais  qu'on   lui  réponde.  Je  fais  faire 
un  habit  à  mon  fils,  je  commande  qu'on  lui  fasse 
un  habit.  Je  fais  faire  un  habit  par  mon  tailleur, 
je  charge  mon  tailleur  de  faire  un  habit.  ||  6.  Dans 
cet  emploi,  quand  c'est  un  nom,  non  un  pronom, 
on  met  toujours  à  :  Homère  fait  dire  à  Ulysse.;.,  il 
met  dans  la  bouche  d'Ulysse....  mais  le  sens  doit 
être  déterminé  d'ailleurs;  car  cela  peut  signifier  : 
il  recommande  qu'on  dise  à  Ulysse....  ||  6.  Il  faut 
bien  prendre  garde  à  la  clarté  ;  car  des  amphibo- 
logies naissent  facilement.   Fais-lui   tenir  parole, 
peut   signifier    également  fais  qu'il  tienne  parole, 
ou   fais  qu'on   lui  tienne  parole.   Faites-lui    faire 
un  lit,  peut  signifier  également  ayez   soin  qu'on 
lui  fasse  un  lit,  et  chargez-le  de  faire  un  !it.  Dans 
ce  vers  de  Racine  :  Veille  auprès  de  Pyrrhus,  fais- 
lui  garder  sa  foi,  Àndr.   iv,  5;   sa  foi  détermine 
le  sens,  c'est-à-dire  fais  qu'il  garde  sa  foi;  mais, 
s'il  y  avait  la  foi,  le  sens  serait  douteux.  ||  7.  Avec 
le  pronom   relatif ,  l'amphibologie  est   la   même. 
L'homme   à  qui  j'ai    fait  gai-der   la   terre ,    peut 
signifier  l'homme  par  qui  j'ai  fait  garder  la  terre, 
et  l'homme  pour  qui  j'ai  fait  g-anler.  11  faut  donc 
veiller  attentivement  au  sens.  ||  8.  Il  faut  distin- 
guer lui  faire  apprendre  et  le  faire  apprendre.  On 
dit  :  lui  faire  apprendre,  loi-sque  apprendre  a  un 
régime  direct  :  Je  lui  fais  appi-endre  le  latin.  On 
dit  le  faire  apprendre,  lorsque  apprendre  n'a  pas 
de  régime  direct,  comme  dans  ces  vers  de  la  Fon- 
taine :  Mes  parents,  reprit-il,  ne  m'ont  point  fait 
instruire;  Ils  sont  pauvres  et  n'ont  qu'un  trou  pour 
tout  avoir;  Ceux  du  loup,  gros  messieurs,  l'ont  fait 
apprendre  à  lire,  Fahl.  xii,  <7.  ||9.  X  l'impératif, 
les  pronoms  se    placent  entre  faire  et  le   verbe. 
Faites-le  bien  garder.  Faites-vous  aimer,  jj  10.  On 
trouve  dans  ta  Rose  (voy.  l'historique)  :  L'avaient 
moult  fête  jaunir.  Ici  le  participe  est  accordé;  mais 
ce    n'est   point    un    archaïsme ,   c'est  une   faute. 
Il  11.  Employé  de  la  sorte,  faire  n'a  point  de  passif. 
On  ne  dit  pas  :  il  fut  fait  peindre.  Il  y  a  déjà  long- 
temps que  l'Académie  a  condamné  il  fut  fait  mou- 
rir: La  plupart  n'ont  pas  été  contents  de  il  fut  fait 
mourir;  ils  veulent  qu'on  dise  :  on  le  fit  mourir,  ou 
on  le  fit  exécuter,  Observ.  sur  Vaugelas,  p.  275, 
dans  P0UGKNS.II12.  11  y  a  divergence  sur  la  ma- 
nière d'interpréter  le  rôle  syntactique  des  pronoms 
lui,  leur  et  le,  la,  les  avec  faire  suivi  d'un  infinitif. 
Faut-il  analyser  :  Je  lui  fais  faire  une  démarche, 
par:  je  fais  à  lui  ceci,  faire  une  démarche,  ou  par: 
je  fais  faire  une  démarche  par  lui?  Faut-il  analy- 
ser :  Je  le  fais  rire,  par  :  je  fais  le,  lui  rire,  ou 
par  :  je  fais  rire  Te,  lui  ?  L'ancien  usage  (i*  s.  La 
faire  diavle  servir),   et  l'anglais,  qui  sans  doute 
provient  de    cet  ancien  usage   français  {he  fnade 
him  laugh,  il  le  fit  rire),  montrent  que  c'est  la  pre- 
mière analyse  qui  est  la  bonne.  L'emploi  du  régime 
indirect  des  pronoms  au  cas  particulier  cité  dans 
la  remarque  première   est  une  exception  à  la  régie 
ancienne.  ||  13.  Les  écrivains  ont  hésité  entre  aïotr 
affaire  à,  et  oroir  à  faire  d.  Les  Suédois  crurent 
avoir  à  faire  à  *n  000  combattants,  volt.  Russie, 
I,  17.  Aujourd'hui,   dans   ce  sens,  on  ne  se  sort 
que  de  avoir  affaire.  ||  14.  L'ellipse  du  verbe  faire 
veut  qu'un   participe  qui  suit  reste   invariable.  11 
m'a  fait  toutes  les  avanies  qu'il  a  voulu.  Il  m'a  fait 
tous  les  maux  qu'il  a  pu. 

—  HIST.ix'  s.  Ino  quid  [pourvu  que]  il  mi  altresi 
fazet  [me  fasse  semblablementj.  Serment. 

—  X'  s.  [Ils]  voldrent  [voulurent]  la  faire  diavle 
servir,  Eulalie.  Fisient  [ils faisaient],  Fragm.  deVa- 
lenciennes,  p.  487.  Ne  fait,  t6.  U  ne  fereiet  [ou  ne 
ferait],  ib.  p.  408.  Quant  [un  lierre]  umbre  li  fesist, 
ib.  E  sis  [si  les]  penteiet  [repentait]  de  cel  mel  [mal] 
que  fait  habebant,  ib.  Chi  [ceux  qui]  sil  [si  le]  feent 
[font]  cum  faire  lo  deent,  et  cum  cil  lo  fisient  dont 
ore  aveist  odit  [avez  ouï],  ib.  faciest  [que  vous  fas- 
siez] cest  [lisez  ceste]  predictam  peniteutiam,  tb. 
Faites  vosl  almosnes,  tb. 

—  xi'  s.  [Ils]  doinent  lur  terme  de  lur  adaise- 
ment;  Quant  vint  al  fare,  dune  le  font  gentement, 
S(  Alexis,  x.  De  quel  forfait  que  homo  out  fait  en 
cel  tens,  Lois  de  Guill.  4 .  Cinquante  chars  qu'en 
[on]  ferat  charier.  Chant,  de  Roi.  m.  Li  emperere  se 
fait  et  baud  et  liez,  ib.  vm.  Enz  en  vos  bains  que 
pour  vous  Deus  i  [à  Aix-la-Chapelle]  fist,  tb.  x.  Fai- 
tes la  guerre  com  vous  l'avez  emprise,  tb.  xiv  Pec- 
chet  fereit  qui  donclui  fesist  plus, tb.  xvi  Qui  toute 


gent  velt  [veut]  faire  recréant,  tb.  xxix.  Vostre  mes- 
sage [nous]  fesismes  à  Charlon,  tb.  xxxi.  Livrez  le 
mei,  j'en  ferai  la  justice,  tb.  xxxvii.  Miex  en  vaut 
l'orl  [le  bord]  que  ne  font  cinq  cenz  livres,  ib. 
xxxviii.  Oui  porreit  faire  que  Rolansy  fust  morz,  tb 
XLiv.  Et  vingt  hostages;  faites  les  bien  (farder,  t't. 
LUI.  Moût  [il]  se  fait  fier  de  ses  armes  porter,  tb. 
Lxx.  Respont  Rolanz  :  Jà  fereie  que  folz,  tb.  lxxxi. 
Li  rei?  Marsile  de  nous  a  fait  marché,  tb.  lxxxvui. 
Cil  qui  là  sont  ne  font  mie  à  blasmer,  tb.  xc.  Cedisl 
Rolanz  :  compains,  que  faites  vous  ?  tb.  civ.  Quant 
jel  vous  dis,  [vous]  n'en  feîstes  nient,  tb.  cïvu.  Mieux 
vaut  mesure  que  ne  fait  estoutie  [fube],  tb.  Dist 
l'archevesqne  :  assez  le  faites  bien  [le  bien  faire, 
c'est  se  bien  comporter,  ici  il  s'agit  de  combat],  tb. 
cxxxix.  Li  reis  creit  Deu,  faire  velt  son  sei-vice,  tb. 
ccLxvui.  Dist  l'un  à  l'aultre  :  bien  fait  à  remaneir 
[il  est  bon  de  rester],  tb.  cclxxvii.  Deus  face  hui 
entre  nous  deus  le  dreit,  ib.  cclxxxv. 

, —  xii"  s.  Maintes  feiz  asod  meijeti;  Unkes  jamèi 
ceo  ne  me  fis.  Roman  de  flou,  v.  5789.  Si  fait  conseil 
[un  tel  conseil]  donner,  Ronc.  p.  (  ».  Faites  le  lire  [un 
bref),  tb.  p.  24.  Qui  mieux  fera,  assez  dire  l'orei 
[ouïrez],  ib.  p.  4).  Dist  Berengers  :  mes  armes  m'a- 
portez;  Et  on  si  fait  par  vives  poestez,  tb.  p.  !>3. 
Escu  no  broigne  [cuirasse]  ne  lui  fist  garison  [dé- 
fense], t'b.p.  74.  Bataille  aurons,  font-il  [disent-ils], 
car  esgardez,  tb.  p.  06.  Sont  li  lit  fait  où  nous  de- 
vons coucher,  ib.  p.  98.  Que  fait  [comment  se  porte] 
mes  sires?  est-il  sains  et  haitiés?  ib.  p.  <B9.  [Ils 
m'ont  laissé]  Si  com  la  beste  fait  [laisse]  au  bois  son 
faon,  ib.  p.  170.  Miex  [je]  veil  morir  que  [je]  fasse 
tel  vilté,  ib.  p.  35.  Car  ensi  doit-on  faire  de  traiter 
félon,  ib.  p.  200.  Nouvele  amor  où  j'ai  mis  mon  pen- 
ser Me  fait  chanter  de  la  plus  debonaire,  Couci,  u. 
Et  mes  chansons  [je]  fais  por  vous  solement,  ib.  vu. 
Que  jà  à  moi  [vous]  ne  fêtes  beau  semblant,  ib.  x. 
Tant  [je]  fas  pour  lui  [pour  elle]  greveuse  penitance, 
ib.  XI.  Tant  com  lui  plaist  [elle]  me  peut  fere  lan- 
guir, ib.  Mais  ma  dame  est  de  si  très  graiit  vail- 
lance [prix],  Que  son  ami  ne  doit  fere  faillance,  ib 
XXIV.  Et  maugré  tout  mon  lignage  [je]  Ne  quiet 
ochoison  trouver;  D'autre  face  mariage;  Folz  est 
qui  j'en  oi  [ouis]  parler.  Dame  de  Faiel,  dans  Couci. 
Et  au  pauvre  [la  dame]  se  fait  et  chiche  et  morne, 
QUESNES,  Romancero,  p.  86.  Et  je  puis  bien  faire 
voire  ventance.  Que  je  fais  plus  pour  Dieu  que  nuls 
amans,  ib.  p.  95.  Onques  en  leur  jouvente  [ils]  ne 
firent  se  mal  non,  Sax.  m.  Le  nez  moult  très  bien 
fait,  les  denz  menuz  et  blanz,  tb.  v.  De  Jofroi  de  Pa- 
ris [ils]  firent  leur  justicier,  ib.  iv.  Ce  fu  à  Pente- 
coste,  que  il  fet  bel  et  cler,  ib.  xiii.  Se  l'offrande  fu 
riche,  ne  lait  à  demander,  tb.  Sire,  ce  dist  dus  Nai- 
mes,  faites  faire  errament  [promptement]  Vos  Char- 
tres et  vos  briés  [brefs]  à  clerz  bien  escrivans,  ib. 
XXI.  Idunkes  fu  ocis  e  al  coeu  [cuisinier]  fu  livrez; 
Li  keus  manja  le  cuer;  quant  li  fu  demandez,  Fist 
al  seigneur  acreire  que  sans  cuer  il  fust  nez.  Th.  le 
mort.  31.  Cil  qui  ad  malvaispere,  malvaise  ests'eri- 
tez  [son  héritage]  ;  Cil  qui  ad  fieble  chef,  souvent  est 
llaclez  [fiagellé];  Quand  li  filz  fait  le  père,  li  ordres 
est  muez,  ib.  (28.  Fist  li  poples  à  Saûl  :  comment! 
si  muirad  Jonathas!  Jiois,  p.  5i. 

—  xiu'  s.  Nous  en  parlerons  moult  volentiers,  et 
le  vus  ferons asavoir  d'ici  enhuitjors,viLLEH.  xiii.Et 
distrent  que  si  faite  gent  ne  dévoient  avoir  droit  en 
terre  tenir,  iD.  cxv.  Et  nous  n'avons  mie  mestier  de 
perdre  nos  homes,  qiiar  trop  en  avons  petit  à  ce  que 
nos  en  avons  à  faire,  id.  lxii.  Sire,  que  volés-vosqus 
nos  faciemes?  id.  cxlvi.  Là  le  fist  moût  bien  Mahiu» 
de  Valaincourt,  car  il  perdi  son  cheval,  droit  à  la 
porte  devers  Blaquerne,  id.  lxxvi.  Puis  en  fut  la  pais 
si  et  faite  et  establie,  Berte,  u.  Des  journées  [mar- 
ches] qu'il  firent,  trop  ne  vous  conterai,  ib.  vu.  Or 
vous  faites  aimer  [de]  gent  letrée  et  gent  laie,  ib. 
VIII.  X  nostre  gent  françoise  [il]  fit  maint  riche  p 'e- 
sent,  ib.  ix.  Ménestrel' s'apareillent  pour  faire  lor 
mestier,  ib.  xi.  X  une  fenestrele  qui  ert  [était]  faite 
de  pierre,  ib.  xii.  Tant  [nous]  avons  fait  pour  vous 
[que]  nuls  nel  porroit  descrire,  ib.  xiv.  Li  rois  fist 
de  la  serve  toute  sa  volonté  [jouit  d'elle],  tb.  xv. 
[Elle]  Moût  faisoit  la  dolente  et  moutsembloit  irée, 
tb.  XVI.  Cil  jour  [il]  fit  moût  lait  temps  et  de  froide 
manière,  ib.  xx.  Se  tu  lui  fais  nul  mal,  par  l'apostrc 
saint  Pierre....  ib.  xx.  Quant  pour  faire  tel  meurtre 
[nous]  venimes  ceste  part  [Ici],  tb.  xxu.  Jusqu'à  tart 
que  noir  fist  [«lu'il  fit  noir],  [elle]  ne  s'osa  f- 
dresser,  tb.  xxxviii.  [Elle]  Cuida  que  il  fust  joi  i-, 
pour  ce  qu'il  faisoit  clair,  tb.  xliii.  Car  me  monstioz 
la  voie,  si  aurez  fait  aumo.sne,  ib.  xlvi.  Et  Symons 
fait  le  feu,  n'ot  pas  le  cuer  vilain,  tb.  xlix.  L'u- 
mour  [l'amitiéi  que  m'avez  faite  vous  soit  de  Dieu 
rendue,  tb.  m.  Constance,  dist  Symons,  faite»  lui 


1604 


FAI 


falra  un  lit,  BerU,,  un.  X  tou«  m  fit  amor  [aimer] 
BatUi  ont  (joj  voii.i  en  di,  t*.  ux.  One  puisquele 
r»\\n]  lor  dioie  vou.Ircnt  ,'voulurentj  faire  mourir, 
\l.  LX„u  Bun  .«  feroil  garder  [il  ferait  bon  80  gar- 
aerl  qui  i«)urroit,  do  mesfaire,  «6.  LXix.  [Ma  liUeJ 
M  fâilainil  haïr  [de]  gent  voisine  et  loinlaine,  i6. 
ixxiv.  C'est  que  ma  fille  face  la  malade  tous  dis,  i(). 
MXV.  More,  co  disl  la  serve,  voslro  conseil  [nous] 
foron»,  >b-  Lxxvu.  Je  tant  feroie  à  vous  [je  vous  soi- 
îicucrais  tant]....  Ouo  d'un  de  vos  eiifanls  [je]  lui 
fcroie  [iroscnl,  i6.  ixxxiii.  Dame,  que  fait  mes  pères, 

3U0  DicxpuistboiiÉir?— Fille,  il  lefaisoil  bien  quant 
e  lui  [je]  li"'  partir,  ti».  lxxxvh.  Tais-toi,  vieille, 
fail-cle,  [je]  n'en  forai  rien  pour  ti  [toi],  ifc.  lxxxix. 
Ou»!  ce  soroit  bien  fait  que  la  vieille  en  arsist  [on 
brrtlll],  li).  xci.  Dit  [il]  lui  a  qu'au  retour  riche 
bomme  [il]  le  fera,  ib.  cxxii.  DIanchcncurs  s'est 
dressée,  aussi  fil  li  rois  Klores,  ib.  cxxviii.  Bien  est 
drois  [que]  nous  fassions  toutes  vos  volontés,  ib. 
cxxxu.  Por  ce,  [il]  fait  bon  bien  faire,  chascuns  en 
doit  penser  Ou'en  la  fin  pert  [paraît]  le  bien...  ib. 
cxxxix.  Ouar  il  estoitsor  toute  rien  Et  frans  etdous 
Cl  debonere;  Ouamiues  chascuns  envousist  fere.  En 
jiettsl  fere  entor  oslel  [à  la  maison,  dans  la  paix]; 
Hais  aus  armes  [à  la  guerre]....  Lai  de  l'Ombre.  11 
le  [l'anneau]  vous  convient  à  reprendre.  -Non  fet— 
si  tel,  là  n'a  que  dire,  ib.  Perroz  qui  son  engin  et 
s'art  Mist  en  vers  fere  de  Renart  Et  d'Ysengrin  son 
chier  compère,  lien.  0050.  Par  une  broce  en  un 
pendant,  Maugré  Ircstoz  mes  anemis,  Fis-je  tant 
que  el  bois  me  mis,  ib.  8720.  Mais  Uenart  n'en  fait 
que  sourire.  Que  moult  a  entre  faire  et  dire,  ti».  832. 
(Bien  est  fou]  Oui  cuide  que  tel  femme  l'aime,  Por 
ce  que  son  ami  le  claime,  El  qu  '  el  lui  rit  et  li  fait 
feste,  la  Rose,  45s7.  Car  si  cum  il  m'ieit  lois  avis.  Ne 
feist  en  nul  paradis  Si  bon  cstre,  cum  il  faisoit  Ou 
[aul  vergier  qui  tant  me  plaisoit,  i6.  C44.  Sans  faille 
ainsinc  esl-il  des  hommes.  Se  nous,  por  plus  biaus 
estre,  fomes  (faisons]  Les  chapelés  et  les  cointises 
Sor  les  biautéscjueDiex  a  mises  En  nous...  ib.  0102. 
Si  n'i  feïst  riens  avarice  Ne  de  pâleur,  ne  de  me- 
grcce,  Car  11  soucis  et  la  destrece.  Et  la  pesance  et 
les  ennuis  Qu'el  sofl'roit  dejors  et  de  nuis,  L'avoient 
moult  fête  jaunir.  Et  mcgre  et  pale  devenir,  ib.  206. 
Car  d'une  source  vient  si  haute  L'eve,  qu'el  ne  puet 
faire  faute,  ib.  211000.  Et  li  escommeniement  font  à 
douter  [sont  redoutaliles], comment  qu'il  soient  geté, 
soit  à  tort  soit  à  droit,  beaum.  B8.  Et  en  ce  lésant, 
pourra  estre  li  contens  [querelle]  de  la  vile  apaisiés, 

11).  L,  to Etli  sires  est  tenus  au  fere,  m.  xii,  12. 

Je  vos  requier  que  vos  en  faciès,  comme  de  mur- 
drier  [meurtrierj,  id.  lxi,  3  Tix  [tels]  dons  ne  tix 
promesses  ne  font  pas  à  tenir,  id.  vi,  24.  Qui  se  veut 
aidier  desresonsqui  ne  font  fors  que  le  plot  delaier, 
il  les  doit  dire  avant  que  celés  qui  poent  fere  la  qiie- 
rele  périr,  m.  vu,  5.  Et  li  fera  entendant  que  ele  li 
fera  avoir  par  force  de  paroles  ou  par  herbes  ou  par 
autres  fais  qui  sont  malvais  et  vilain  à  ramentevoir, 
ID.  XI,  28.  La  quinte  manière  de  quemins  [chemins] 
qui  furent  fet,  ce  fuient  li  cemin  que  Julien  César 
fit  fere,  id.  xxv,2.  Assez  puecnt  [peuvent]  chanter  et 
lire;  Maismult  a  entre  fcreet  dire;  C'est  la  nature, 
BUTEB.  7».  Chascuns  |chanoine)  a  son  hostel,  son  leu 
et  sa  mainie,  El  s'en  i  a  de  tox  qui  ont  grant  seigno- 
rie,  Oui  poi  font  [font  peu]  pour  amis  et  assés  pour 
amie,  id.  339.  Et  le  siècles  est  ores  tel  que  moult  y 
a  do  ciaus  [ceux]  qui  feroient  volentiers  cornent  il 
fussent  riches,  tôt  fust  ce  à  tort,  Ass.  de  Jér.  1,  248. 
Sire,  je  croi  que  vous  fériés  bien  se  vous  demouriez 
k  ce  ponce!  garder,  joinv.  227.  Je  leur  fiz  tailler 
cotes  et  hargaus  jsurcots]  de  vert,  el  les  menai  de- 
vant le  roy.  id  281.  Et  pour  ce  ne  font  force  [diffi- 
culté] li  Assacisd'eulz  faire  tuer,  quant  leur  seigneur 
leur  commande,  in.  200.  Je  leur  fis  dire  à  [par]  mon 
sarrazin,  que  il  me  sembloit  que  ce  n'estoit  pas 
bien  fait,  id.  241. 

—  XIV»  s.  Quant  un  homme  nuist  et  fait  peine 
hors  la  loy  àaucun  qui  ne  li  contrarioit  pas  ou  nui- 
soil....  il  fait  injuste,  orksme,  F.th.  107.  Plus  que 
faire  n'avons  de  ce  liepart  félon;  Voist  [qu'il  aille] 
faire  ailleurs  son  ni,  plus  de  lui  ne  voulons,  Guesrl 
SI  I9J.  Ce  qui  est  fait  est  fait,  il  ne  peul  autrement. 
Tous  nous  convient  mourir;  si  ne  savons  comment; 
Pour  co  fait-il  bon  vivre  en  estant  durement,  ib. 
S2iSi.  Si  fu  dit,  il  fu  fait  assez  hastivcment,  ib. 
teoio.  Nos  termes  ne  font  mencion  De  la  lieautéqui 
est  es  chiens  Ou  es  oiseauU;  ce  n'y  fait  rien,  Ifo- 
flu»,  I* ex.  L'on  li  disoit  :  •  Vilains,  et  que  fais-lu  cest 
tais  [combien  vends-tu  ce  faix]?  •  Par  le  ciel  Dieu 

d^n^!!y',2u.  **""'"  "  ^''*  fj"  ''  ^^''^'  '''""' 

i:n"^e''MuJ'.ii„.'*'n  '""  "?""'  P"  «"Sin,  quant 
en  ne  p<ut  avant  all«r  par  fores,  nioiss.  i ,  i ,  1 5 1 . 


FAI 

Et  dirent  l'un  &  l'autre  :  Allons  nous  armer,  nous 
chevaucherons  tantost  devant  Bergerac....  11  n'y 
eut  plus  fait  ni  plus  dit;  tous  furent  armés,  et 
les  chevaux  ensellés  et  tous  montés,  id.  1,1,  217. 
Il  fit  le  roi  d'Angleterre  escrire  au  saint  pore,  id.  1, 
I,  H.  Co  vous  fais-je  ferme  et  vrai  (ces  renseigne- 
monts  sont  cerUins],  car  je  me  embaltis  si  près 
d'eux  que  je  fus  pris  et  mené  en  leur  ost....  id.  1,  i, 
40.  Mais  petit  y  faisoienl,  car  Tost  des  Anglois  esloit 
si  suffisamment  gardé  que  les  Kscoçois  n'y  pouvoient 
entrer....  id.  i,  1,  b».  Celui  [Artevelle]  esloit  entré 
en  si  grand  fortune  et  en  si  grand  grâce  à  tous  les 
Flamands  que  cestoit  tout  lait  et  bien  fait  quant 
qu'il  voulûil  deviser  el  commander  par  tout  Flandre, 
de  l'un  des  co->té3  jusques  à  l'autre,  id.  i,  i,  66. 
....  Madame  Philippe  de  Hainaut,  roine  d'Angleterre, 
qui  lioment  et  doucement  le  reçut  [mon  livre] 
de  moi  et  m'en  fit  grand  profit,  ID.  l'rol.  Robert 
Bruce,  roi  d'Escosse,  qui  avoit  tant  et  si  souvent 
donné  à  faire  au  bon  roi  Edouard  dessus  dit,  qu'on 
tenoit  pour  mouli  preux,  reconquit  toute  Escosse, 
iD.  I,  1,  î.  Monseigneur,  je  suis  jeune  et  encore  à 
faire;  si  crois  que  Dieu  m'ait  pourvu  de  cette  em- 
prise pour  mon  avancement,  id.  i,  i,  I7.  Et  à  ce 
temps  là  ils  fies  Escots]  aimoient  et  |>risoient  assez 
peu  les  Anglois,  et  encore  font  ils  à  présent,  id.  i,  i, 
34.  Et  s'allièrent  par  cerla.nes  convenances,  que,  si 
l'un  des  trois  pays  avoit  à  faire  contre  qui  que  ce 
fust,  les  deux  autres  le  dévoient  aider,  id.  i,  i,  125. 
Et  rien  n'y  avoient  fait,  combien  qu'ils  y  eus- 
sent grands  frais  mis  et  dépendus,  id.  1,1,  (45. 
En  ce  temi'S  là  que  le  duc  de  Bourgogne  fit  son  ar- 
mée en  l'icardie,  id.  11,  11,  i.  Sur  le  chemin  que 
nous  fesismes  ensemble,  id.  ii,  m,  )2.  Â  quoi  faire 
montrent  ils  maintenant  leurs  estais  ?id.  11,  11,  205. 
Mais,  seigneur,  nous  vous  disons  bien  que,  au  l'aire 
le  serment,  toujours  en  nos  cœurs  nous  avons  ré- 
servé nos  fois  devers  notre  naturel  seigneur  le  roi 
d'Angleterre,  id.  ii,  h,  8.  Ceux  qui  ens  es  villages 
estoient,  sonnoient  les  cloches  à  herle  [à  volée),  et 
montroient  t^ien  que  le  pays  avoit  à  faire  [était  en 
danger],  id.  ii,ii,  (84. 11  s'acointad'un  riche  homme 
de  Montpellier  lequel  avoit  aussi  à  faire  à  Paris 
pour  ses  besognes,  id.  ii,  m,  7.  Et  s'il  eusl  fait  un 
temps  pluvieux,  ceux  de  l'ost  eussent  eu  fort  à  faire, 
ID.  H,  II,  232.  Et  vit  bien  le  chevalier  anglois  que 
il  n'avoit  que  faire  de  plus  avant  entrer  en  Flandre, 
ID.  II,  II,  203.  Et  y  firent  d'armes  ce  qu'ils  purent, 
et  se  combattirent  moult  vaillamment;  mais  ils  ne 
pouvoient  pas  tout  faire  [le  sire  d'Enghien  et  sa 
suite  tombés  dans  l'embijche  des  Gantois],  id.  ii,ii, 
<23.  On  leur  [aux  Anglois]  donnoit  tant  à  faire,  que 
on  ne  savoil  auquel  lez  [côté]  entendre,  id.  ii,  ii, 
216.  Vous  ferez  tant  que  vous  me  perdrez,  id.  ii,  m, 
22.  Il  lait  tout  de  sa  teste,  car  il  est  naturellement 
sage,  ID.  II,  m,  61.  Si  se  passa  le  dimanche  ainsi 
tout  le  jour  sans  rien  faire,  lu.  11,  11,  216.  Ils  mirent 
la  greigneur  partie  de  leurs  gens  d'armes  el  archers 
à  l'endroit  [de  la  ville  assiégée]  où  il  faisoit  le  plus 
foible.  iD.  1,  I,  302.  Ha!  dit  le  comte,  c'est  fait! 
n'aura  jamais  paix  en  Flandre  tant  que  Jean  Lyon 
vive,  iD.  11,  II,  50.  Et  [le  roi  d'Angleterre]  eut  de  la 
mam  ce  jour  le  plus  à  faire  à  messire  Eustache  de 
Ribeumont,  et  fut  le  roi  ahattu  à  genoux  par  deux 
fois,  du  dessus  dit  messire  Kustache  de  Ribfeumont, 
ID.  I,  I,  328.  Me.ssire  l'ijrre  de  Craon  qui  se  veoit  en 
ce  danger  et  avoit  à  fai.-e  à  forte  partie,  id.  m,  iv,  6, 
Ceux  qui  sont  plus  tenus  de  servir  se  font  plus  chier 
achapler,  al.  ciunTiER,  Quadriloge  invectif.  Chas- 
cun  dit  bien  :  oblie,  oblie;  Mais  il  ne  le  fait  pas 
qui  veult,  ID.  Le  débnt  d'un  reieille  malin.  Oui  sires 
est  vueille  ci  garde  prendre  ;  Pour  ce  furent  les  rois 
et  princes  fai^,  e.  desch.  Gouvernement  des  rois. 
Faictes  de  lui  ainsi  que  vous  vouldrez  ;  Content 
me  tiens  de  ce  que  vous  ferez,  cii.  d'ohl.  i.  Mais 
[les  Parisiens]  feirent  diligence  de  luy  [au  duc  de 
Bourgogne]  résister  en  toutes  manières,  el  s'en  alla 
honteusement  sans  rien   faire,  ivv.  des  urs.  C/iar- 

/fs  r/,  141a Et  ils  achetoient  iceux  vivres  ce  que 

on  leur  faisoit  [mettait  à  prix],  par  especial  pain 
elvin,  JEAN  DE  TBOVES,  Chron.  1485.  Car  [ils] 
n'avoient  mie  à  faire  à  enfant,  Boiicic.  m,  2. 
J'aime  mieux,  dit-il  [Anaxagoras],  que  je  me  soye 
fait  (cultivé]  que  si  j'eusse  fait  mes  possessions,  id. 
IV,  6.  Mais  ils  en  firent  comme  hommes  et  non 
point  comme  anges  (en  distribuant  après  la  bataille 
les  récompenses  et  les  punitions  un  peu  à  l'aven- 
ture], coMM.  I,  4.  Ou  le  bailleroient  à  son  compai- 
gnon  [le  connestable  prisonnier]  pour  en  faire  à  son 
plaisir,  id.  m,  H.  Quelquefois  peu  d'argent  fait 
grant  service,  id.  vu,  b.  Voyant  la  ligue  si  appro- 
chée, ne  voulut  plus  faire  de  l'ignorant,  lU.  vu,  16. 
Pourroit  sembler  anx  lecteurs  que  je  disse  toutes  ces 


FAI 

choses  pour....  mais  par  ma  foy,  non  fay  ;  aini  le 
dy  seulement  pour....  comm.  vu,  4i.  Or  voyant  le 
roy  que  là  ne  povoit  si  tost  avoir  fait,  se  delil>era  de 
se  venir  mettre  dedans  Paris,  in.  i,  2.  El  y  faisoit 
très  l)eau  venir  son  ost  pour  cculx  qui  estoient  en- 
core derrière,  id.  i,  «.  Il  [Louis  XI]  congnoissoit 
toutes  gens  d'autorité  et  de  valleur  qui  estoient  en 
Angleterre,  en  Espaigne....  comme  il  faisoit  ses 
subjectz,  ID.  I,  10.  Et  a  toujours  bien  semblé  aux 
Normans  et  fait  encores  que....  id.  i,  I3.  Et  après 
qu'il  oust  esté  ung  an  en  prison  ou  plus,  il  fist  le 
bon  plaisir  du  roy,  dont  il  fist  que  saige,  iD.  v,  (6 
N'ayez  plus  d'espérance  en  ce  sainct  homme  ni  en 
autre  chose,  car  seurement  il  est  fait  de  vous  [pa- 
roles des  commissaires  ecclésiastiques  à  Louis  XI 
mourant],  id.  vi,  (2.  Vous  savez  bien  où  est  le 
grand  jardin  de  céans,  ne  faites  pas  [n'est-ce  pas]  1 
LOUIS  XI,  Nouv.  xLvi.  Le  lieu  n'est  grain  honneste,  il 
y  fait  trop  puant,  id.  ib.  lxxxviii.  Elle  qui  ostoit 
faite  [filtéej  et  pourvue  de  bourdes,  lui  dit....  lu.  ib. 
lxxxviii. 

—  XVI*  s.  L'un  brusle  et  ard,  l'autre  est  transi; 
Ou'aije  que  faire  d'estre  ainsi?  marot,  i,  ^12.  Vaut- 
il  pas  mieux  doncques  que  tu  la  comptes,  Qaa 
d'endurer  mille  peines  et  hontes'?  Certes  si  fait,  id. 
I,  254.  Doresnavant  que  tu  deviens  homme  et  te 
fays grand,  il  te  fauldra....  rab.  7'anMi,8.  Je  meurs, 
c'est  faict  de  moy,  id.  16.  iv,  <9.  Dessoubs  le  voile 
nocturne  Tout  se  fait  paisible  et  coi,  du  bellay,  m, 
7!),  rccfo.  Il  jappoil  comme  un  petit  chien,  a  quoi  la 
chambrière  esloit  faite,  qui  lui  ouvroit  incontinent 
la  porto.  DESPEB.  Coules,  lvi.  Je  ne  sçay  que  faire 
de  croire  que  co  le  soit  [je  ne  puis  croire  que  c'est 
lui),  id.  Cymbal.  77.  Nous  ne  faisons  que  partir 
de  boire,  toutefoys....  id.  ib.  79.  Il  est  pour  faire  un 
présent  [digne  d'être  offert  en  présent]  au  roy,  iD.  16. 
141.  X  ce  que  m'ayant  perdu,  ce  qu'ils  ont  à  faire 
bientost,  ils  y  puissent  retrouver  aucuns  traicts  de 
mes  conditions  et  humeurs,  mont.  Au  tect.  p.  xi. 
Donner  loy  au  pis  faire,  in.  i,  26.  Faictes  place  aux 
aultres,  id.  i,  88.  Nous  n'en  avons  que  faiie,  id.  i, 
97.  Les  sauvages  d'Escosse  n'ont  que  faire  do  la 
Touraine  [ils  n'en  voudraient  pas],  id.  i,  ne.  S'il  y 
a  quelque  degré  d'honneur,  mesme  au  mal  faire, 
ID.  I,  (21.  Se  faire  fort  de  veoir....  id.  i,  123.  Hom- 
mes faicts,  ID.  I,  181.  Se  faire  le  poil  et  les  ongles, 
m.  ib.  Il  n'en  fault  pas  faire  à  deux,  id.  i,  i83. 
Caton  n'en  faisoit  que  rire,  id.  i,  <8».  Non  comme 
il  se  faict  [comme  l'on  faict],  id.  i,  i83.  La  bonne 
rhythme  ne  faict  pas  le  bon  poème,  id.  i,  i89.  C'est 
une  bonne  chose  que  le  bien  dire,  mais  non  pas 
aussi  bonne  qu'on  la  faict,  id.  i,  i93.  J'estois  desja 
si  faict  et  accoustumé  à....  id.  i,  220.  Soit  qu'il  feist 
soleil  ou  qu'il  pleust,  id.  i,  28o.  Il  ne  faict  que  d'en 
venir,  m.  16.  Un  es(]uif  qui  faict  eau,  lo.  11,  222. 
C'est  à  faire  aux  seuls  Spartiates  de....  id.  iv,  67.  11 
faict  bien  piteux  et  hazardeux,  despendro  d'un 
aultre,  in.  iv,  97.  Qui  le  croiroit,  s'il  no  faisoit  que 
l'ouïr  dire  et  non  le  veoir?  la  boetie,  is.  Ce  sont 
ceux  qui,  ayant  la  teste  d'eux  mesmes  bien  faite, 
l'ont  encore  polio  par  l'estude  et  le  sçavoir,  id.  43. 
Mais  comme  on  dit,  pour  fendre  le  bois,  il  se  fait 
des  coings  du  bois  mesme,  id.  6B.  De  ton  bien,  il 
s'en  feroit  d'argent  plus  do  cent  fois  autant,  in. 
117 Ou  bien  si  toy  mesme  enseignes  tes  rece- 
veurs et  les  fais  de  ta  main,  in.  2«7.  Si  les  hommes 
virent  (tournent]  la  terre  et  la  font  [labourent]  à 
bras,  m.  23o.  De  chanter  rien  d'autruy  me.shuy 
qu'ay  je  que  faire?  Car  de  chanter  pour  moy  je 
n'ai  que  trop  à  faire,  in.  604.  Par  l'oisiveté  les  ma- 
ladies se  font  plus  fréquentes,  el  les  corps  devien- 
nent délicats,  lanoue,  125.  On  m'asseiira  que  la 
Bretaigne,  qui  ost  des  plus  grandes,  feroit  [fourni- 
rait] aisément  trois  cens  bons  chevaux,  id.  233. 
Ou'un  gentil-homme  aille  teindre  son  espée  dans  le 
sang  de  son  ami,  avec  lequel  il  n'avoit  l'ail  aupara- 
vant qu'un  lict,  qu'une  table,  et  qu'une  bourse,  ID. 
247.  11  commençoit  à  se  faire  tard,  m.  602  II  com- 
mença à  devenir  presumptueux,  se  dévoyant  es  fa- 
çpns  de  faire  de  monarchie  superbe  et  odieuse  1 
chascun,  amyot,  nom.  41.  Ceulx  qui  estoient  plus 
faits  et  plus  forts,  apportoient  du  bois  :  et  ceulx  qui 
estoient  plus  petits  et  plus  foibles,  des  herbes,  id. 
Lyc.  30.  C'est  bien  et  dévotement  fait,  de  penser 
que  l'on  ne  doibt  toucher  aux  trespassez,  non  plus 
qu'aux  choses  sacrées,  id.  Soion,  39.  Quoy  I  tu 
mors  comme  une  femme,  Alcibiades  ;  ce  non  fais, 
responditil,  mais  comme  un  lion,  id.  Aie.  3.  Il 
prit  plaisir  et  feit  gloire  de  se  vestir  simplement,  la. 
Pélop.  ».  Et  si  ostoit  jla  barque]  de.sjasi  pesante  et 
si  remplie  do  l'eau  qu'elle  faisoit  que....  id.  LucuU. 
24.  Lucullus  ne  faisoit  que  de  se  mettre  à  som- 
meiller, iD.  ib.  i».  II  se  met  i  la  voile  sans  abordei 


FAI 


FAI 


FAI 


1605 


nulle  part,  sinon  où  11  estoit  contrainct  à  ce  faire, 
pour  prendre  vivres  ou  faire  eau,  amyot,  Pomp.  <07. 
Si  bien  Caton,  disoit-il,  n'a  que  faire  de  Rome,  ce.-tai- 
nement  Rome  a  aiïaire  de  Caton,  ID.  Cat.  li'Viiq. 
44.  Caton,  onques  puis  ce  jour  là,  ne  feit  ny  ses 
cheveux,  ny  sa  barhe,  m.  ib.  68.  Leur  disant  que  la 
perle  n'estoit  pas  à  l'adventure  si  grande  comme 
l'on  la  falsoit,  ID.  th.  77.  Sans  y  avoir  esgard,  ilz 
avoient  tousjours  fait  les  choses  qu'ilz  voyoieiil  estre 
à  faire  par  raison,  id.  Demosth.  27.  Clesiplion 
l'escrimeur  voulut  faire  [lutter]  à  coups  de  pied,  et 
regibher  à  rencontre  de  sa  mule,  id.  Com.  refréner 
la  colère,  I4.  Les  Allantes  sont  les  premiers  qui  se 
sont  ainsi  faictz  tondre,  id.  Thésée,  b.  Le  peuple  ne 
s'en  feit  que  rire  [ne  fit  que  s'en  rire],  m.  Pélop. 
B6.  N"avez-vou3  fait  qu'une  maîtresse  à  Paris? 
d'aub.  Fœn.  ii,  (  u.  H  se  fait  donner  dos  cizeaux,  com- 
mence à  s'en  faire  les  ongles,  id.  i6.  m,  B.  Ceux-ci, 
ayant  faict  25«oo  hommes,  assiégèrent  Ulpian,  m. 
Hisl.  I,  24.  Je  n'ai  que  faire  à  ceux  à  qui  nature  a 
donné  le  ventre  pour  délices,  l'esprit  et  le  courage 
pour  fardeaux,  eux  aussi  n'ont  que  faire  de  moi,  id. 
ib.  Il,  489.  Le  patient  au  lieu  duriiie  fait  du  sang, 
parR,  vui,  34.  Il  entra  en  matière  et  monstra  que 
ce  décret  faisoil  pour  lui  [lui  était  favorable],  slei- 
dan,  f"  8.  Les  vents  appaiseront  leurs  haleines  ter- 
ribles, La  mer  se  fera  douce,  bons.  «30. 

—  ÊTVM.  Courguig.  fare;  picard,  fouère,  foaire; 
wallon,  fér;  provenç.  far,  fair,  faire;  catal.  fer; 
espagn.  hazer;  portug.  faxer  ;  lui.  fnre,  du  latin 
facere.  On  est  incertain  pour  la  provenance  de  la 
racine  fac.  Curtiiis,  Élym.  grecques,  I,  62,  2i9,  la 
rattache,  non  sans  vraisemblance,  au  sanscrit  dhd, 
faire,  poser,  qui  a  donné  le  grec  TÎ'iri(ii;  dh  sanscrit 
se  change  quelquefois  en  f  dans  le  latin,  par 
exemple  dhûma.  fitmus;  le  c  serait  une  lettre  eu- 
phonique, comme  en  grec  dans  éOri-xa;  enfin  l'o 
bref  de  fado  aurait  son  parallèle  dans  l'ebrefdu 
grec  Oéoi;. 

2.  FAIHE  (fê-r'),x.m.  ||  1°  L'action,  la  puissance  de 
faire.  Dieu  donne  le  vouloir  et  le  faire  selon  son  bon 
plaisir,  FÉN.  Exist.  i,  05.  Que  je  te  hais,  dit-elle,  en 
embrassant  le  siret  Contraste  assez  plaisant  du  faire 
avec  le  dire,  lamotte,  Fab.  v,  20.  ||  2°  Terme 
d'art.  Manière  propre  de  chaque  artiste.  Les  an- 
ciens graveurs  de  la  Grèce  avaient  un  faire  léger  et 
fin,  MACiETE,  Des  pierres  gravées,  p.  84,  dans  m- 
CHELET.  Donnez  à  Vien  la  verve  de  Doyen  qui  lui 
manque,  donnez  à  Doyen  le  faire  de  Vien  qu'il  n'a 
pas,  et  vous  aurez  deux  grands  artistes,  diderot. 
Salon  de  I7(i7,  OEuires,  t.  xiv,  p.  3i9,  dans  pou- 
gens.  Il  Ton  général,  caractère  d'une  œuvre.  Ce  ta- 
bleau est  d'un  beau  faire.  Le  faire  en  est  incompa- 
rablement plus  libre,  plus  fougueux,  plus  hardi, 
plus  chaud  et  plus  beau,  didf.rot,  Salon  de  t"G7, 
t.  XV,  p.  81.  Il  Diderot  l'a  écrit  sans  signe  du  plu- 
riel :  11  y  a  une  infinité  de  faire  différents.  Peint, 
en  cire,  OEuvres,  t.  xv,  p.  390.  11  vaut  mieux  lui 
donner  ce  signe  :  Des  faires  différents.  ||  Proverbe. 
Il  y  a  loin  du  dire  au  faire. 

—  ËTVM.  Faire  I. 

FAIKK  LE  FAUT  (fê-re-le-f8),  *.  m.  Chose  inévi- 
table, qu'il  faut  faire,  subir.  La  maréchale  de  Ro- 
chefort,  qui  croyait  honorer  fort  sa  place  de  dame 
d'honneur  de  Mme  la  duchesse  d'Orléans,  la  déso- 
lait de  plaintes  et  de  reproches;  et,  puisque  je 
voyais  la  chose  devenir  un  faire  le  faut....  st-sim. 
Ï73,  )  9(!. 

—  REM.  L'Académie,  qui  a  faire  le  faut  à  faire, 
l'écrit  sans  trait  d'union. 

—  HIST.  xv  s.  A  mon  jugement,  c'est  un  faire  le 
fault  d'en  sortir  à  ce  coup;  la  remise  serviroit  de 
ruine,  Biblinlh.    des  chattes,  3'  série,  t.  i,  p.  su. 

Il  xvi*  s.  Et  c'est  à  toi  un  faire  il  le  faut;  autre- 
ment.... LA  BoêriE,  )  17. 

—  f.TYM.  Faire,  le,  et  faut  de  falloir. 
FAISAULE    (fe-za-bl'),   adj.  Oui  peut  être  fait. 

Commandez-moi  des  choses  faisables.  La  proposition 
que  vous  croyez  si  faisaUe,  Boss.  Leil.  Cnrn.  44. 
Il  Cela  est  faisable,  se  dit'  aussi  d'une  chose  qui  ne 
répugne  point  à  la  justice.  ||  Au  billard,  une  bille 
faisable  est  celle  qu'on  peut  faire.  La  bille  est  fai- 
sable. Placé  ainsi ,  vous  n'êtes  pas  faisable. 

—  HlST.  XIV"  s.  Election  n'est  pas  parespecial  opi- 
nion de  choses  faisables  par  nous,  oresme,  Elh.  65. 

—  f.TYM.  Faire.  On  trouve  aussi  faisible. 
FAISAN  (fè-zan;  quelques-uns  prononcent  fe-zan, 

mais  c'est  par  une  mauvaise  tendance  à  l'assimiler 
au  participe  faisant,  qui  se  prononce  en  effet  fe- 
lan),  s.  m.  \\  i°  Oiseau  de  la  famille  des  gallinacés, 
de  la  grosseur  d'une  poule.  11  suffit  de  nommer  cet 
Oiseau  pour  se  rappeler  le  lieu  de  son  origine;  le 
faisan,   c'est-à-dire   l'oiseau   du    Phase,  était,  dit- 


on,  confiné  dans  la  Colchide  avant  l'expédition  des 
Argonautes,  buff.  Ois.  t.  iv,  p.  60,  dans  pou- 
gens.  Ij  2°  Faisan  d'eau,  le  turbot,  ainsi  dit  à  cause 
de  la  bonté  de  sa  chair. 

—  lliST.  xv  s.  Le  suppliant  et  Jehan  Baudclot  di- 
rent qu'ilz  iroient  veoir  dedens  le  bois,  se  l'on  y 
trouveroit  aucuns  qui  chassaissentaux  cocq-Limoges, 
autrement  nommez  faisans,  pelabûrdk.  Émaux,  223. 
Il  XVI' s.  Faisant  bruant  [coq  de  bruyère],  vingt  de- 
niers, faisant  non  bruant  ou  gentil  |le  vrai  faisan], 
deux  sols  six  deniers,  Cnusium  gén.  t.  11,  p.  407. 
Faites  que  soyez  secret,  luy  montrant  bon  visage; 
autrement  la  queue  du  faisant  se  gasteroit  [la  mèche 
s'éventerait],  Nuits  de  Straparole,  t.  i,  p.  85,  dans 

LACURNE. 

—  Etym.  Provenç.  faisan,  fayhan;  catal.  faysâ  ; 
espagn.  faysan ;  porlug.  faisào;  WA.  fagiano;  du 
latin  phasianus,  de  Pliasis,  le  Phase ,  fieuve  de  la 
Colchide,  d'où  cet  oiseau  fut  apporté  en  Occident. 

FAISANTES  (fo-zan-s'),  .«.  f.  pi.  ||  1°  Tout  ce  qu'un 
fermier  s'oblige  de  fournir  i  .son  bailleur  en  sus  du  prix 
du  bail.  Il  2"  Ternie  rural.  Faisance-valoir,  action  de 
faire  valoir  une  terre;  terre  que  l'on  fait  valoir. 

—  IllST.  XII'  s.  Oue  vus  puissiez  as  autres  buens 
essamples  duner;  Car  à  vostre  faisance  volent  tuit 
[tous]  e.sguarder,  J'/i.  le  mart.  78.  ||  xiii'  s.  Pour 
toutes  rentes  et  pour  tous  services,  pour  toutes  faisan- 
ces  et  pour  toutes  autres  choses,  nu  cangr,  fesancia. 

—  ËTVM.  Faisant.  Faiinme  dans  l'ancienne  lan- 
gue signifie,  comme  cela  doit  être,  action  de  faire; 
d'oil  le  sens  très-particulier  que  ce  mot  a  pris  dans 
le  langage  rural,  de  tr's-bonne  heure  du  reste. 

FAISANDE  (fè-zan  d'),  adj.  Voy.  faisane. 

FAISANDÉ,  ÉE  (fè-zan-dé,  dée'),  part,  passé.  De 
la  viande  faisandée. 

FAISANDE.\U  (fè-zan-dô),  s.  m.  Jeune  faisan.  Un 
faisandeau  bien  gras  est  un  morceau  exquis  et  en 
même  temps  une  nourriture  très-saine,  BL'FF.Otseaua;, 
t.  IV,  p.  92,  dans  pougens. 

—  HlST.  XVI'  s.  Faisanneau,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de /'oiîon,  comme  si  on  écri- 
vait faisand. 

FAISANDER  (fè-zan-dé),  v.  a.  ||  1*  Donner  au  gi- 
bier, en  le  gardant  quelque  temps,  un  certain  fumet 
que  le  faisan  prend  en  se  mortifiant.  ||  Se  dit  aussi  de 
toute  viande  qu'il  est  à  propos  de  garder  a'ant  de 
l'apprêter.  ||  2°  Se  faisander,  «.  rc/Z.  Devenir  faisandé. 
Il  Avec  ellipse  du  pronom  se.  Vous  avez  trop  laissé 
faisander  ce  lapin. 

—  llisr.  XIV  s.  Chapons  faisandés  de  deux  0^1 
trois  jours,  Ménagier,  11,  5.  Pour  les  faisander,  il  les 
convient  saigner,  et  incontinent  les  mettre  et  faire 
morir  en  un  seel  d'eaue  froide,  et  tantost  remettre 
en  un  aultre  seel  d'eau  très  froide,  et  cil  Esra  fai- 
sandé ce  matin  mesmes  comme  dedeuxjours  tué,  tb. 

—  Etym.  Faisan,  comme  si  on  ccriva.l  faisand, 
parce  que  le  faisan  a  besoin  d'être  gardé  avant 
d'être  mangé. 

FAISANDERIE  { fè-zan -de-rie),  s.  f.  Lieu  oA  l'on 
élève  des  faisans.  Quelques  économistes  no  donnent 
que  deux  femelles  à  chaque  mâle,  et  j'avoue  que 
c'est  la  méthode  qui  a  le  mieux  réussi  dans  la  con- 
duite d'une  petite  faisanderie,  que  j'ai  eue  quelque 
temps  sous  les  yeux,  buff.  Ois.  t.  iv,p.  î8,  dans 

POUGENS. 

—  ÉTYM.  Faisan,  comme  si  on  écrivait  faisand. 
4.  FAISANUIER  (fè-zan-dié;  l'r  ne  se  lie  jamais; 

au  pluriel,  'l'î  se  lie  :  des  fè-zan-dié-zhabiles),  s. 
m.  Celui  qui  tient  une  faisanderie.  La  quantité  de 
la  nourriture,  l'étendue  et  l'exposition  de  la  faisande- 
rie, les  soins  du  faisandier,  comme  serait  celui  de 
retirer  chaque  poule  aussitôt  qu'elle  est  fécondée 
par  le  coq,  uufp.  Ois.  t.  iv,  p.  70,  dans  pougens 

—  IllST.  XVI'  s.  Faisannier,  cotgrave. 

—  ETYM.  Faisan,  comme  si  on  écrivait  faisand. 
t2.  FAISANDIER  (fè-zan-dié),  s.  m.  Nom  donné, 

dans  les  I.aniles,  à  des  métayers  de  passage. 

—  ETYM.  Bas-lat.  facienda,  ferme,  exploitation; 
du  latin  facere,  faire;  espagn.  haciendcro. 

FAIS.ANE  (fè-za-n'),  s.  f.  La  femelle  du  faisan. 
Il  Adj.  Poule  faisane.  ||  On  dit  aussi  faisande. 

—  HlST.  XV  s.  Faisandes  deviennent  bécasses  [les 
belles  femmes  deviennent  vieilles  et  laides],  cocjuil- 
LART,  p.  13,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Fai.-^an. 

t  FAISANT,  ANTE  (fe-zan,  zan-t'),  ai^.  Qui  fait, 
qui  agit.  Je  puis  dire  que  mon  père  fut  l'homme  le 
plus  obligeant,  le  mieux  faisant  et  le  plus  généreux 
qui  ait  paru  à  la  cour,  st-sim.  «,  S4. 

FAISCEAU  (fè-sô),  s.m.  ||  1°  Assemblage  de  choses 
longues,  liées  ensemble.  Un  faisceau  de  piques,  de 
flèches.  Voyez  si  vous  romprez  ces  dards  liés  en- 
semble.... Tous  perdirent  leur  temps,  le  faisceau  ré- 


sista, LA  FONT.  Fabl.  IV,  (  8.  Il  Fig.  Les  immolant  tous 
trois  à  ses  vœux  politiques  De  faire  un  seul  faisceau 
des  tiges  monarchiques,  lemerc.  Frédégo'ide  tt  Br. 
IV,  I.  Il  Kn  parlant  de  personnes  bien  unies.  Former 
un  faisceau.  {|  l'Auplur.  Verges  liées  avec  une 
hache  qui  les  surmontait  ;  c'était  chez  les  Romains 
le  symbole  de  la  puissance;  les  faisceaux  étaient 
portes  par  les  licteurs;  les  verges  servaient  à  frapper 
les  condamnes,  et  la  hache  à  leur  couper  la  tête. 
Les  consuls  avaient  douze  faisceaux  ;  le  dictateur 
en  avait  vingt-quatre,  le  proconsul  et  le  préteur 
n'en  avaient  i;ue  six.  Néron  devant  sa  mère  a 
permis  le  premier  Qu'on  portât  des  faisceaux  cou- 
ronnés de  laurier,  rac.  Bril.  i,  ).  ||  Prendre  les  fais- 
ceaux, être  élevé  A  la  dignité  consulaire.  ||  Déposer, 
rendre  les  faisceaux,  se  démettre  de  l'autorité  con- 
sulaire ou  dictatoriale.  Sylla  marche  en  public  sans 
faisceaux  et  sans  haches,  corn.  Serlor.  v,  2.  jj  3' foute 
espèce  d'assemblage  que  l'on  com|>are  à  un  fais- 
ceau. L'Islande  est  peut-être  la  contrée  de  l'univers 
où  il  y  en  a  le  plus  [de  sources  chaudes],  parce  que 
cette  île  n'est,  pour  ainsi  dire,  qu'un  faisceau  de 
volcans,  buff.  Uin.  t.  ni,  p.  I8",  dans  pougens. 
Il  Terme  de  physique.  F'aisceau  aimanté,  réunion 
méthodique  d'aimants  naturels  ou  artificiels,  ac- 
colés de  manière  que  les  pôles  semblables  soient  réu- 
nis et  puissent  se  renforcer  mutuellement.  ||  Faisceau 
lumineux,  assemblage  de  rayons  de  lumière  partant 
du  même  point,  se  dirigca'.t  dans  l'espace  en  di- 
vergeant, et  formant  u!i  cAne  lumineux.  Plusieurs 
pinceaux  constituent  un  faisceau.  ||  Terme  d'anato- 
m le.  Groupe  icguiierde  fibres.  Faisceau  fibreux.  Fais- 
ceau musculaire.  Faisceau  nerveux.  ||  Terme  d'ar- 
chitecture. Colonne  en  faisceau,  colonne  formée  d'un 
assemblage  de  petites  colonnes.  {|  4°  Terme  militaire, 
l'iquet  dans  un  camp,  où  sont  maintenus  les  dra- 
peaux et  les  étendards.  ||  Assemblage  de  fusils  qu'on 
forme  en  engageant  les  baïonnettes  les  unes  dans 
les  autres.  Mettio  les  fusils  en  faisceaux.  Rompre  les 
fdi.sceaux.  ||  Il  se  dit  aussi  d'une  espèce  de  piquet 
autour  duquel  on  range  les  fusils.  Courir  au  faisceau 
dans  une  alerte.  \\  5°  Terme  des  ardoisières.  Ardoi- 
ses irrégulières  par  leur  forme  et  leur   épaisseur. 

—  HiST.  xiii'  s.  Quatre  vingt  milliers  de  reime 
[branches]  et  soixante  neuf  milliers  de  faisseaux, 
DU  CANGE,  Constnniinople,  Charles,  p.  20.  {|  xV  s. 
Comme  le  suppliant  eust  marchandé  de  coupper  et 
a'uattre  certaine  quantité  de  bois  et  en  faire  des  fa- 
gùs  et  fasohiel,  nu  cange,  fascia.  \\  Longueur  de 
faisceaux,  c'est  trois  pieds  et  demy,  Coust.  gén.  1. 1, 

p.  814. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  fascellus ,  diminutif  du  lat. 
fascis,  faix. 

f  FAiSELEDX  (fè-ze-leû),  s.  m.  Ouvrier  qui  en- 
lève, dans  les  ardoisières,  les  faisceaux,  les  dé- 
combres. 

—  ÉTYM.  Faisceau. 

FAISEUR,  RUSE  (fe-zéur,  zeû-z'),  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Celui,  celle  qui  fait  quelque  chose.  Ce  n'est 
plu.5  le  marchand  au  port....  qui  se  propose  des 
gains  ?ans  danger....  c'est  un  faiseur  de  vœux  au 
milieu  de  la  tempête,  qui  se  repeiit  d'être  parti  du 
logis,  BALz.  De  la  cour,  4'  discours.  Je  n'aime 
pas  les  faiseurs  de  remontrances,  mol.  le  Fesl.  i,  2. 
Mais  quoi  !  rien  ne  remplit  Les  vastes  appétits  d'un 
faiseur  de  conquêtes,  la  font.  Fabl.  viii,  27.  Puis, 
comme  on  sait,  dévots  et  pauvres  gens.  Pour  ho- 
noier  l'état  du  mariage,  Sont  la  plupart  de  grands 
faiseurs  d'enfants,  sénecé  ,  Serpnil  mangeur  de 
Koimac.  Tous  les  faiseurs  de  projets  sont  trompés 
eux-mêmes  les  premiers,  comme  Law  le  fut  dans 
son  système,  volt.  Dicl.  pliil.  (force  physique). 
■Warwick  chassa  enfin  d'Angleterre  le  roi  qu'il  avait 
fait,  et  alla  à  la  tour  de  Londres  tirer  de  prison  ce 
même  Henri  VI  qu'il  avait  détrôné,  et  le  replaça 
sur  le  trône  ;  on  le  nommait  le  faiseur  de  rois,  10. 
Uœurs,  na.  11  faut  savoir  que  les  faiseurs  de  tra- 
gédies, c'est-à-dire  les  rois  et  moi,  nous  sommes 
sifllés  quelquefois  par  un  parterre  qui  n'est  pas  trop 
bon  juge,  id.  Lelt.  Thiriot,  9  oct.  1742.  Une  dou- 
zaine de  faiseurs  et  faiseuses  de  cabrioles  que  V.  M. 
fait  venir  de  France  dans  ses  Ëtats,  id.  Leti.  roi  dt 
Prusse,  49.  Ces  erreurs  sont  de  peu  d'importance, 
en  comparaison  de  celles  où  les  faiseure  de  ccllec- 
tions,  qui  n'ont  pour  tout  mérite  que  le  lasie  des 
cabinets,entralnent  les  naturalistes  qui  suivent  ces 
mauvais  guides,  buff.  Ois.  t.  xi,  p.  71,  dans  pou- 
gens. Il  Faiseur  de  tours,  escamoteur.  ||  Faiseur  d'af- 
faires, homme  qui  a  un  cabinet  et  qui,  moyennant 
un  bénéfice,  traite  pour  autrui  toute  sorte  d'affaire» 
d'argent.  {]  Par  extension  et  familièrement.  Faiseur 
d'embarras,  celui  qui  affecte  des  airs,  desprétentiocs. 
Il  Faiseur  de....  celui  qui  fait  semblant  de  faire,  ou 


1606 


FAI 


qui  affecto  une  apparence  de....  Ne  te  voilà-t-il  pas 
comme  ces  faiseurs  de  sensiblerie  qui  voient  un  sen- 
timent parloulT  picard,  Petite  tille,  in,  i.  ||  2'^  Celui, 
celle  qui  fabrique  ceruins  objets.  Un  faiseur  d'inslru- 
mects.  Une  faiseuse  de  corsets.  Dieu  n'est  point  un 
limple  faiseur  do  formes  et  défigures  dans  une  ma- 
tière préeiistante,  boss.  Élevai,  m,  2.  Vous  portez 
les  mêmes  jarretières  que  la  reine,  vous  les  prenez 
donc  chez  la  même  faiseuse, volt.  Zadig,  ch.  7.  ||  Fa- 
milièrement. Cela  est  d'un  bon  faiseur,  c'est  l'œuvre 
.  d'un  artisan  habile  et  renommé.  J'ai  remarqué  que 
leurs  rabau  ne  sont  pas  de  la  bonne  faiseuse,  mol.  Us 
ïréc.  6.  Il  8"  Il  se  dit  en  parlant  des  auteurs.  Mais  nous 
autres  faiseurs  de  livres  et  d'écrits,  boil.  É-pUre  vi. 
Mon  ancien  ami,  mon  philosophe,  mon  faiseur  de 
beaux  vers,  volt.  Lettres  en  vers  et  en  prose,  tt>'. 
Je  fus  bercé  par  tes  faiseurs  De  vers ,  de  chansons,  de 
poèmes,  bérano.  Deux  cousins.  ||  Souvent  il  se  prend 
en  mauvaise  part.  C'est  lui  [l'amour]  qui  sert  de  ma- 
tière aux  faiseurs  de  romans  et  aux  poètes,  desc. 
Pass.  90.  Le  vieux  tailleur  s'écrie  :  eh  quoil  ma 
fille  Ne  m'a  donné  qu'un  faiseur  de  chansons!  Mieux 
jour  et  nuit  vaudrait  tenir  l'aiguille  Que,  faible  écho, 
mourir  en  de  vains  sons,  bérang.  Tailleur  et  fée. 
Être  un  faiseur  habile  De  contes  graveleux,  id.  Roger 
B.  Il  C'est  un  faiseur  de  phrases,  se  dit  de  celui  qui 
fait  de  belles  phrases,  de  grandes  phrases,  sans  beau- 
coup d'idées.  Il  C'est  un  faiseur  d'almanachs,  c'est 
un  hommequi  aime  à  pronostiquer.  ||  Absolument. 
Celui  qui  travaille  habituellement  pour  un  autre. 
Ce  théâtre,  ce  libraire  a  ses  faiseurs  attitrés.  Ce  mi- 
nistre a  un  bon  faiseur.  ||  4°  Absolument  et  en  mau- 
vaise part.  C'est  un  faiseur,  c'est  un  homme  qui  a 
envie  de  faire  du  nouveau,  du  bruit,  de  changer.  Les 
faiseurs  sont  redoutés  dans  les  administrations.  ||  Un 
faiseur,  un  intrigant; celui  qui  fait  des  affaires  peu 
honoraliles.  ||  Proverbe.  Los  grands  diseurs  ne  sont 
pas  les  grands  faiseurs,  c'est-à-dire  ceux  qui  se  vantent 
le  plus  sont  ordinairement  ceux  qui  font  le  moins. 

—  REM.  On  trouve  aussi  dans  les  livres  l'ortho- 
graphe feseur,  conforme  à  la  prononciation. 

—  llisr.  XIV*  s.  Et  pour  ce  ceulx  qui  sont  faiseurs 
de  bonnes  œuvres  sont  loés  à  cause  de  leur  vertu, 
OBESMK,  Eth.  28.  Et  injustice  est  operative  ou  faise- 
resso,  et  par  elle  .sont  faiz  les  extrêmes,  m.  ib.  )5:i. 
Il  XV*  s.  Car  pour  rimer....  N'est  aujourd'hui,  bien 
le  puis  soustenir.  Si  grant  faiseur  ne  si  noble  pouette, 
E.  DEScii.  Poésies  mss.  ^  225,  dans  lacurxe,  au  mot 
put.  Il  xvr  s.  Si  j'estoy  faiseur  de  livres,  mont.  i,8I. 
Voilà  pourquoy  les  faiseurs  de  lois  dellendent  les 
donations  entre  le  mari  et  la  femme,  m.  i,  215.  Il 
vouloit  donner  les  diseurs  pour  juges  aux  faiseurs, 
B'aub.  Ilist.  i,  166.  De  grand  vautour,  petit  faiseur, 

COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Faisant,  picard,  f oiseux,  f oiseux  de  fa- 
gots, menteur;  bourguign.  feieu;  wallon,  feû.  L'an- 
cien français  avait  faisiere,  au  nominatif,  et  faseor, 
au  régime;  ces  formes  repondent  à  un  bas-lat.  fac- 
titor,  factalôrem,  et  non  à  factor,  factorem,  qui 
avait  donné  faitr',  factor. 

f  FAISSE  (fè-s') ,  s.  f.  Cordon  de  plusieurs  brins 
d'osier  placé  de  dislance  en  distança  pour  fortifier 
tin  ouvrage  de  vannerie. 

—  ÊTYM.  Lat.  fascia,  bande. 

t  FAISSELLE  (fJ-sè-l"),  s.  (  Panier  d'osier,  cor- 
beille ou  paillasson  pour  le  fromage.  I|  Vase  en  terre 
percé  de  trous  dans  le  fond,  pour  laisser  égoutler 
le  petit-lait  qui  s'y  sépare  de  la  partie  casceuse  et 
coagulée.  ||  En  Normandie,  la  table  sur  laquelle  on 
presse  les  marcs  de  pommes,  pour  les  faire  ègoutter. 

— HlST.  XIV»  s.  Faisselle  à  faire  fourmage,  du  canoë, 
flseina.  I|  xvi*  s.  Par  les  trous  des  faisselles  ou  esclis- 
ses,  les  fourmages  s'esgoutteront,  0.  de  serres,  287. 

—  ÉTYM.  Génev.  farcelle;  Jura,  fachalle  ;  Berry, 
fachelle;  du  latin  fiscella,  diminutif  de  fitcut,  pa- 
nier (voy.  FISC). 

t  FAISSER  (fî-sé),  V.  a.  Garnir  de  cordons  d'osier 
un  ouvrage  de  vannerie  pour  le  rendre  plus  fort. 

—  ÉTYM.  Lat.  fasciare,  lier,  botteler,  de  fascis, 
laisceau  (voy.  faix). 

+  FAISSERIE  (lï-ze-rie),  s.  f.  Tout  ouyrage  de  van- 
nerie à  claire-voie. 

—  ÉTYM.  Faisser, 

t.  FAIT,  AITE  (fê,  fè-t'),  part,  passé  de  faire. 
Il  1*  Formé,  exécuté.  L'homme  fait  à  rimape  de  Dieu. 
L'n  tertre  fait  de  main  d'homme.  Ce  tailleur  vend 
des  habits  tout  faits.  ||  FamiUèrement.  Ce  n'est  ni 
fait  ni  à  faire,  se  dit  d'un  travail  mal  fait,  et,  par- 
ticulièrement, (l'un  travail  littéraire,  d'une  rédac- 
tion ,  etc.  Il  Vig.  Suivez  le  roi ,  seigneur,  votr'- 
ambassade  est  faite,  corn.  Nicom.  m,  a.  Je  pour- 
rais décider,  car  ce  droit  m'appartient  ;  Mais  rap- 
portonsrnous-en.  —  Soit  fait ,  dit  le  reptile ,  LA  font. 


FAI 

Fabl.  X,  a.  ||  C'est  une  nouvelle,  une  histoire,  un 
conte  fait  à  plaisir,  la  nouvelle,  l'histoire  est  con- 
trouvée,  le  conte  n'a  rien  de  vrai.  ||  C'est  un  graind 
pas  de  fait,  on  a  beaucoup  avancé  ce  dont  il  s'agit. 
Il  C'est  judicieusement  fait  à  lui,  il  a  agi  judicieuse- 
ment. C'est  fort  bien  fait  à  vous,  mol.  le  Fest.  i,  2. 
Il  Tout  est  fait,  rien  autre  n'est  nécessaire.  Dans 
toutes  les  a.ssembléesqui  s'étaient  tenues  jusqu'alors 
dans  le  parti,  dès  que  Luther  y  était  et  qu'il  avait 
parlé,  Mélanciiihon  nous  apprend  lui-même  que  les 
autres  n'avaient  qu'à  se  taire,  et  tout  était  fait,  ijoss. 
Var.  IV,  §  33.  On  croit  que  tout  est  fait  quand  on  a 
rempli  ce  devoir,  mass.  Carême,  Culte.  \\_  Voilà  qui 
est  fait,  la  chose  est  décidée.  Voilà  qui  est  fait,  votre 
frère  va  nous  quitter,  SEV.  83.  Ohl  voilà  qui  est 
fait;  je  renonce  à  toutes  les  femmes  et  à  tous  les 
trésors  du  monde,  Marivaux,  Surpr.  de  l'amour,  i, 
2.  Voilà  qui  est  fait,  je  n'aimerai  plus  d'impératrice 
de  ma  vie,  volt.  Lelt.  à  Catherine,  t:i8.  ||  Cela  vaut 
fait,  c'est  comme  si  la  chose  était  faite.  Il  suffît  que 
le  mort  soit  venu  m'en  instruire;  Cela  vaut  fait.... 
hauteroche,  le  Deuil,  se.  6.  ||  On  dit  de  même  . 
Tenez  cela  pour  fait,  jj  Aussitôt  dit,  aussitôt  fait,  se 
dit  pour  exprimer  que  l'action  suit  aussitôt  la  parole. 
Il  Familièrement.  C'est  fait  pour  moi,  cela  semble 
fait  pour  moi,  n'est  fait  que  pour  moi,  cela  n'arrive 
qu'à  moi,  en  parlant  de  désagréments,  de  malheurs. 
Il  On  dit  de  même  :  C'est  un  fait  exprès,  c'est  comme 
un  fait  exprès.  Se  pourrait-il...;  elle  aussi....  c'est 
donc  un  fait  exprès,  picard.  Trots  quartiers,  11,  (3. 
Il  C'est  une  affaire  faite,  exprime  que  la  chose  est 
terminée,  et  aussi  qu'il  n'y  a  plus  à  revenir  là- 
dessus.  Il  Est-ce  fait"?  se  dit  communément  pour 
demander  si  une  chose  est  achevée.  ||  C'est  fait,  se 
dit  pour  avertir  que  la  chose  est  achevée.  ||  Est-ce 
fait?  se  dit  dans  les  jeux  des  enfants  pour  demander 
si  celui  qui  doit  chercher  peut  commencer;  en  cas 
d'affirmation,  on  répond  :  fait.  ||  i°  Bien  fait,  mal 
fait ,  ayant  le  corps  bien  ou  mal  proportionné.  Si 
pour  toucher  son  cœur  j'étais  assez  bien  faite,  corn. 
Agésil.  H,  7.  Il  est  noble  chez  lui,  bien  fait  de  sa 
personne,  mol.  Tart.  n,  3.  bien  fait  de  corps,  la 
FONT.  Handr.  Cela  serait  plaisant  que  votre  fille  ne 
fût  pas  bien  faite,  sÉv.  id.  ||  Fait  à  peindre,  dont  le 
corps  est  tellement  bien  fait  qu'il  mériterait  de  sei-vir 
de  modèle  à  un  peintre.  C'était  une  grande  fille 
faite  à  peindre,  qui  se  mettait  bien,  qui  marchait 
comme  une  déesse,  hawilt.  Gramm.  ch.  0.  I|  On  dit 
dans  le  même  sens  :  fait  à  plaisir,  fait  à  ravir,  fait 
au  tour  ou  au  moule.  ||  Avoir  la  taille  bien  faile, 
mal  faite,  avoir  une  belle  taille,  une  vilaine  taille. 
Avoir  la  jambe  bien  faite,  mal  faite,  bien,  mal  cim- 
formée.  ||  Ironiquement.  Cela  lui  rend  la  jambe  bien 
faite,  se  dit  de  quelque  chose  dont  on  tire  avantage, 
mais  qui  ne  peut  être  d'aucune  utilité.  ||  3-  Con- 
stitué, disposé.  Je  ne  sais  pas  comme  sont  faites  vos 
beautés  d'Asie,  mais  je  vous  assure  que  cinq  ou  six 
des  plus  belles  personnes  de  l'Europe  sont  devenues 
amoureuses  de  vous,  voit.  Lelt.  <2I.Dbs  Parthes  le 
mieux  fait  d'esprit  et  de  courage,  corn.  Suréna,  1, 
I.  Le  sort  avait  raison,  tous  gens  sont  ainsi  faits; 
Notre  condition  jamais  no  nous  contente,  la  font. 
Falil.  VI,  H.  Dire  d'un,  puis  d'un  autre,  est-ce 
ainsi  que  l'on  traite  Les  gens  faits  comme  moi?  me 
prend-on  pour  un  sot?  ID.  16.  iv,  l(s.  On  est  faite 
d'un  air,  je  pense,  à  pouvoir  dire  Qu'on  n'a  pas 
pour  un  cœur  soumis  à  son  empire,  mol.  Femme, 
sav.  n,  3.  Il  ajoute  qu'il  est  fait  ainsi  et  qu'il  dit  ce 
qu'il  pense,  la  bruy.  v.  Voyoz,  mon  cher  Télémaque, 
comme  les  hommes  sont  faits!  vous  voilà  tout  dé 
sole  parce  que  vous  avez  vu  votre  père  sans  le 
reconnaître,  fén.  Tél.  xxiv.  Les  hommes  sont  faits 
de  façon  qu'ils  veulent  bien  commettre  le  mal,  mais 
ils  ne  veulent  pas  qu'on  le  leur  prêche,  volt.  Dicl 
phil.  Fraude.  Les  ennuyeux  et  les  pervers  Compo- 
sent ce  vaste  univers;  Le  monde  est  fait  comme  la 
France,  in.  Epll.  «2.  Messieurs  les  Parisiens  s'ima- 
ginent toujours  que  le  reste  de  la  terre  est  fait 
comme  le  faubourg  Saint-Germain  et  le  quartier  du 
Palais-Royal,  m.  Lett.  Thibouville,  H  janv.  <778 
Mon  cher  et  respectable  ami,  comment  donc  sont 
faits  les  grands  hommes,  si  celui-là  [le  roi  de  Prusse] 
n'en  est  pas  unTiD.  Lett.  d'Argental,  l  sep.  I750. 
Il  faut  avouer  que,  s'il  y  a  eu  de  la  raison  dans  sa 
conduite ,  cette  raison  n'était  pas  faite  comme  celle 
des  autres  hommes,  id.  Russie,  II,  (.  ||  F.sprit  bien 
fait,  mal  fait,  personne  dont  la  raison  est,  n'est  pas 
saine  et  droite.  C'est  aux  rois,  c'est  aux  grands,  c'est 
aux  esprits  bien  faits....  corn.  //or.  v,  3.  Leschosesles 
plus  simples  ne  se  font  pas  d'elles-mêmes,  et  elles  se 
font  toujours  mal  par  les  esprits  mal  faits,  fen.  Éduc 
des  filles,  <3.  Je  sais  que  tous  les  lieux  sont  égaux 
pour  les  «.jprits  bien  Oùts,  maia  il  n'en  est  pas  de 


FAI 

même  quand  les  esprits  bien  faits  ont  des  cœurs  aen- 
sibles,  volt.  Lett.  Chauvelin,  26  août  <7«3.  ||  On  dit 
dans  un  sens  analogue,  avoir  le  cœur  bien  fait.  Con- 
sultez-vous, et  soyez  mes  témoins,  ô  mes  lecteurs  I 
ou  consultez  du  moins  Ces  cœurs  bien  faits,  où  U 
vertu  sincère  Ne  fut  jamais  une  plante  étrangère,  mal- 
fil.  Narcisse,  ch.  1. 1|  Avoir  la  tête  mal  laite,  être 
bizarre,  déraisonnable.  ||  4°  Constitué  en  une  cer- 
taine dignité.  Les  princes  à  faire  ne  peuvent  sa 
passer  de  ces  gens-là  [les  bons  conseillers] ,  et  les 
princes  faits  en  ont  grand  besoin,  balz.  De  la 
cour,  t"  dise.  \\  6°  Habitué.  Mais  votre  bras  au 
crime  est  plus  fait  que  le  mien,  co»n  Rodog.  v, 
4.  Car  les  femmes  y  sont  faites  à  coqueter,  mol.  Éc. 
des  f.  I,  6.  Il  y  a  soixante  ans  que  j'y  suis  accou- 
tumé [à  la  calomnie  ] ,  mais  je  n'y  suis  pas  encore 
entièrement  fait,  volt.  Lelt.  à  d'Àlembert,  408. 
Il  6°  Être  fait  pour,  être  propre  à,  capable  de.  Cet 
homme  n'est  pas  fait  pour  un  pareil  emploi.  Une 
duchesse  de  Berry  était  faite  pour  lui  céder  ses 
dames  [à  la  duchesse  de  Bourgogne],  quand  il  lui 
plairait  de  les  vouloir  prendre,  st-sim.  2B9,  )3«. 
Cette  manière  d'écrire  n'est  pas  faite  pour  aller 
à  la  postérité,  volt.  Phil.  m,  (07.  Un  homme 
que  la  perte  trouble....  un  homme  avare  ne  sont 
pas  plus  faits  pour  jouer,  que  ceux  qui  ne  peu- 
vent atteindre  à  l'esprit  de  combinaison,  vauven 
Du  jeu.  Il  T  Destiné.  Oui  de  l'âne  ou  du  maître  est 
fait  pourse  lasser,  la  font.  Fab.  m,  1 .  Ses  maximes  [du 
duc  de  Bourgogne]  étaient  que  les  rois  sont  faits  pour 
les  sujets,  et  non  lessujets  pour  les  rois,  duclos,  Règne 
de  Louis  XIV,  Œuvres,  t.  v,  p.  6I,  dans  folgens. 
Non,  non  le  consulat  n'est  point  fait  pour  son  âge, 
VOLT.  Drutus,  II,  4.  De  ce  bonheur  qui  semblait  fait 
pour  tous.  Le  beau  Narcisse,  Ëcho,  sa  belle  amante. 
Sont  privés  seuls  par  un  pouvoir  jaloux,  malfil. 
Narcisse,  ch.  II.  H  N'être  fait  que  pour,  être  destiné 
seulement  à.  Ce  que  je  vous  dis  là  au  reste  n'est  fait 
que  pour  vous,  mademoiselle;  vous  le  .sentez  bien 
mariv.  Marianne,  u'  part.  ||  8°  Habillé,  arrangé. 
Suis-je  fait  en  voleur  ou  bien  en  assassin  1  corn 
Suile  du  tient.  ),  (.  Je  suis  dehors,  faite  comme  u| 
loup-parou,  SÉV.  231.  La  véritable  reine  reprenait 
un  teint  frais  et  vermeil;  mais  elle  était  crasseuse, 
court-vêtue  et  faite  comme  un  petit  torchon  qu'on  a 
traîné  dans  les  cendres,  fEn.  t.  xix,  p.  6.  ||  Comme 
le  voilai  fait!  se  dit  de  quelqu'un  plus  mal  vêtu,  plus 
mal  arrangé  que  d'ordinaire,  et  aussi  de  quelqu'un 
qui  n'a  pas  aussi  bon  visage  que  d'habitude.  Dieu, 
comme  êtes-vous  fait!  rEonier  ,  Sat.  xi.  Comme 
le  voilà  fait!  Débraillé,  mal  peigné,  l'œil  hagard.... 
segnabd.  Joueur,  i,  7.  ||  On  dit  de  même  :  être  fait 
comme  un  voleur.  ||  Être  fait  comme  il  plaît  à  Dieu, 
se  dit  d'une  personne  dont  les  vêtements  sont  en 
désonire.  ||  9"  Accompli.  On  n'a  jamais  pris  le 
deuil  des  enfants  de  la  reine  quand  ils  n'avaient  pas 
sept  ans  faits,  &t-sim.  299,  73.  ||  Homme  fait,  homme 
arrivé  à  la  force  de  l'âge.  Il  [le  peuple]  ne  se  jierd 
que  lorsque  les  hommes  faits  sont  déjà  corromjius, 
MONTESQ.  Esp.  IV,  5.  En  vérité,  je  suis  presque  amou- 
reux Non  d'une  jeune  enfant,  mais  d'une  femme  faite, 
col:  in  n'uABL.  Vieux  eélib.  iv,  2.  ||  C'est  déjà  un 
homme  fait,  en  parlant  d'un  jeune  garçon  qui  gran- 
dit, qui  devient  sage,  capable.  Je  me  crojais  déjà 
un  homme  fait,  fEn.  Tél.  m.  ||Terme  de  manège. 
Cheval  fait,  qui  n'est  plus  jeune  et  qui  est  dressé. 
Il  U  se  dit  aussi  des  choses  qui  ont  atteint  leur  plus 
haut  point.  Votre  style  est  devenu  comme  on  peut 
le  souhaiter;  il  est  fait  et  parfait,  sf.v.  us.  Quelques 
gens  de  lettres  dont  la  réputation  soit  faite  et  dont 
le  témoignage  ait  du  poids,  gfnlis,  Veill.  du  cfidt 
t.  m,  p.  106,  dans  POUGENS.  ||  10"  Qui  est  à  point  pou/ 
être  mangé.  De  la  viande  faite.  Le  fromage  est  fait. 
Il  11°  Terme  de  marine.  Vent  fait,  venl  qui  a  déjà 
soufflé  quelque  temps  dans  un  certain  rumb  et  qu'on 
croit  devoir  durer.  ||  un  dit  de  même  :  temps  fait.  Le 
(lot,  le  jusant  sont  faits,  lorsque  le  courant  en  a  at- 
teint sa  vitesse  moyenne.  ||  12°  Phrase  faite,  phrase 
consacrée  dans  sa  construction  cl  dans  laquelle  on  ne 
peut  rien  changer.  Les  idiotismes  sont  des  phrases 
l^tes.  H  y  a  un  certain  nombre  de  phrases  toutes 
faites  que  l'on  prend  comme  dans  un  magasin  et 
dont  l'on  se  sert  pour  se  féliciter  les  uns  les  autres 
sur  les  événements,  la  brut.  vin.  ||  Mot  fait,  mot 
autorisé  par  l'usage.  Ce  mot  est  fait,  n'est  pas  fait. 
Il  13"  X  prix  fait,  à  prix  convenu.  Les  imindicités 
les  plus  monstrueuses  avaient  leur  prix  fait,  volt. 
Hœurs,  127.  ||  14*  foutes  charges  faites,  toutes  chaii 
ges  payées.  La  Silésie,  laquelle  vaut  par  an  à  son 
vainqueur  quatre  millions  sept  cent  mille  écus  d'Al- 
lemagne, toutes  chargés  faites,  volt.  Lett.  Thiriot,  U 
oct.  4743.  Il  IS-C'en  est  fait,  lacbœe  est  accomplie. 
Mais  puisque  c'en  est  fait,  le  mal  est  sans  remède. 


FAI 

COM.  Cid,  II,  1.  C'en  est  fait  :  on  dira  que  Phèdre 
trop  coupable  D«  son  époux  trahi  fuit  l'aspect  redou- 
table, RAC.  Phèd.  m,  3.  Il  C'en  est  fait,  se  dit  aussi 
pour  indiquer  une  résolution  irrévocablement  prise. 
C'en  est  fait,  je  m'expatrie.  ||  16°  C'est  fait  de  moi,  je 
suis  perdu.  C'est  fait  de  votre  vie  et  je  vous  le  pro- 
mets, CORN.  Nicom.  V,  7.  S'il  m'échappait  un  mot, 
c'est  fait  de  votre  vie,  racî.  Bajax.  ii,  t.  Mentor  m'a- 
bandonne, c'est  fait  de  moi,  fén.  Tél.  vu.  ||  On  trouve 
aussi  :  C'en  est  fait  de.  Nous  sommes  tous  perdus,  c'en 
est  fait  d'Israël,  rac.  Eslh.  i,  3.  C'en  était  fait  de  lui 
et  de  son  armée,  si  sa  bonne  fortune  ne  lui  eût  en- 
voyé Varron,  rollin,  Hist.  anc.  CKub.  t.  i,  p.  433, 
dans  poiiGENs.  ||  La  locution  c'en  est  fait  de....  n'est 
pas  grammaticalement  explicable;  on  oublie  le  rap- 
port exprimé  par  en,  et  on  l'exprime  de  nouveau  par 
de;  il  y  a  pléonasme  vicieux;  et,  bien  que  Racine  et 
Rollin  s'en  soient  servis,  il  ne  faut  pas  les  imiter. 
Il  17*  Terme  de  beaux-arts.  Le  bien  fait,  le  mal  fait, 
l'exécution  bonne  ou  mauvaise  d'un  tableau,  d'un 
dessin,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  les  dé- 
tails et  leur  arrangement.  ||  Proverbes.  Ce  qui  est 
fait  est  fait,  quand  une  chose  est  accomplie,  il  faut 
en  prendre  son  parti.  ||  Ce  qui  est  fait  n'est  pas  à 
faire,  quand  on  peut  faire  une  chose,  il  ne  faut  pas  la 
différer  à  un  autre  temps;  et  aussi,  il  ne  faut  pas 
revenir  sur  ce  qui  est  fait.  Vous  critiquez ,  vous 
dites  qu'il  fallait  s'y  prendre  autrement,  mais  ce 
qui  est  fait  n'est  pas  à  faire. 

2.  FAIT  (fè  ;  le  (  se  lie;  un  fè-t  accompli;  au 
pluriel,  Vsse  lie  :  les  fè-z  accomplis) ,  s.m.  |l  l"  Chose 
faite,  acte,  action.  Chacun  répond  de  son  fait.  Saisir 
un  fait  par  un  mot,  et  le  caractère  et  les  mœurs 
d'une  nation  par  un  fait,  stael,  Corinne,  xi,  4. 
Pour  fait  d'outrage  aux  enfants  d'Henri  Quatre ,  De 
par  le  roi  payez  dix  mille  francs,  bérang.   Dix  mille 

francs.  ||  Venir  au  fait,  passer  à  l'acte Notre  ga- 

.'ant  n'étale  Un  long  narré  ;  mais  vient  d'abord  au 
fait,  la  font.  Magn.  ||  Au  fait  et  au  prendre,  au  mo- 
ment d'agir,  de  parler,  etc.  ||  Prendre  quelqu'un  sur 
le  fait,  le  surprendre  dans  l'acte  même  qu'il  commet. 
Il  Fig.  Ahl  disait-il,  j'ai  pris  la  nature  sur  le  fait, 
mais  il  se  trompait  sur  les  apparences,  ce  qui  n'arrive 
que  trop,  soit  qu'on  se  serve  ou  non  des  microscopes, 
VOLT.  Microm.  5.  ||  Convenir  de  ses  faits,  s'entendre 
d'avance  sur  ce  qu'on  fera.  Cette  dame  et  celui-ci 
convinrent  de  leurs  faits  par  l'entremi-se  de  la  duè- 
gne, LESAGE,  Guzm.  d'Alf.  ch.  3.  ||  Cela  est  du  fait 
d'un  tel,  c'est  un  tel  qui  en  est  l'auteur.  S'il  y  a  de 
la  contradiction,  elle  est  du  fait  de  la  nature,  et 
non  pas  du  mien,  J.  j.  houss.  Conf.m.  ||  2°  Au 
plur.  Belles  actions,  exploits.  Elle  [mon  amitié]  est 
comme  tes  faits,  sans  borne  et  sans  mesure,  hotr. 
Bélis.  Il,  6.  Ouclqu'autre  te  dira  d'une  plus  forte 
voix  Les  faits  de  tes  aïeux  et  les  vertus  des  rois, 
LA  PONT.  Fabl.  Dédicace.  Les  faits  de  guerre  ne 
sont  pa.i  trop  amusants,  et  je  dis  hardiment  qu'il 
n'y  a  rien  de  si  ennuyeux  qu'un  récit  de  batailles 
inutiles,  qui  n'ont  servi  qu'>  répandre  vainement  le 
sang  humain,  volt.  Lett.  Mme  du  Deffant,  22  févr. 
<7«9.  Il  On  le  joint  souvent  en  ce  sens  avec  une 
épithète.  Traçant  l'histoire  De  tes  faits  laborieux, 
malh.  II,  2.  L'éclat  de  mes  hauts  faits  fut  mon  seul 
partisan,  corn.  Cid,  i,  s.  si  par  d'illustres  faits  on 
peut  les  mériter,  rac.  Théb.  v,  3 Poursuis,  Né- 
ron, avec  de' fis  ministres  Par  des  faits  glorieux 
tu  vas  te  signaler,  m.  Brit.  v,  e.  ||  Faits  et  gestes 
d'une  personne,  se  dit,  par  plaisanterie,  de  sa  con- 
duite. Il  3°Fait  de  guerre,  acte  qui  a  le  caractère  de 
guerre  entre  nations.  ||  Il  se  dit  aussi  pour  combat  : 
C'est  un  brillant  fait  de  guerre.  |l  Voie  de  fait,  acte 
par  lequel  on  s'empare  violemment  d'une  chose; 
acte  de  rigueur.  Il  traita  durement  le  peuple  par 
voie  de  fait,  boss.  Hist.  m,  7.  ||  Par  extension,  coups 
portés,  blessure  faite  par  la  violence;  en  ce  sens  il 
se  dit  surtout  au  pluriel.  ||  <•  Terme  de  palais.  Pren- 
dre le  fait  de  quelqu'un,  prendre  fait  et  cause  pour 
quelqu'un,  intervenir  en  cause  pour  lui.  ||  Dans  le 
langage  commun,  se  déclarer  pour  quelqu'un,  pren- 
dre son  parti.  Vous  lui  faites  trop  d'honneur  de  pren- 
dre son  fait  et  cause,  sev.  614.  ||  S°  Toute  chose  qui 
arrive,  qui  a  lieu.  Ces  faits  ne  laissent  aucun  doute 
sur  sa  culpabilité.  Un  fait  avéré  et  public.  Déna- 
turer les  fans.  Comme  mon  intention  est  de  vous 
faire  observer  dans  cette  suite  des  temps  celle  de 
la  religion  et  celle  des  grands  empires  ;  après 
avoir  fait  aller  ensemble,  selon  le  cours  des  an- 
nées, les  faits  qui  regardent  ces  deux  choses.... 
BOSs.  hist.  Dessein  général.  Après  cela,  quelque 
partie  de  l'histoire  ancienne  que  vous  lisiez,  tout 
vous  tournera  à  profit  ;  il  ne  passera  aucun  fait  dont 
vous  n'aperceviez  les  conséquences,  id.  ib.  On  ferait 
des  volumes  immenses  de  tous  les  faits  célèbres  et 


FAI 

reçus  dont  il  faut  douter,  volt.  Diet.  phil.  Histoire. 

Je  hais  les  petits  faits,  assez  d'autres  en  ont  chargé 
leurs  énormes  compilations,  m.  Lett.  Ilénault,  8 
janv.  (752.  Il  Faits  accomplis,  questions  jugées  par 
l'évcnement,  et  qui  sont,  ou  peuvent,  ou  doivent 
être  tenues  pour  terminées,  des  faits  sur  lesquels  il 
n'y  a  plus  à  revenir.  Doctrine  des  faits  accomplis, 
régie  en  politique,  par  laquelle  on  accepte  ce  qui  est 
fait  et  accompli.  ||  C'est  un  étrange  fait,  c'est  une 
chose  étrange.  C'est  un  étrange  fait,  qu'avec  tant  de 
lumières.  Vous  vous  effarouchiez  toujours  sur  ces  ma- 
tières, MOL.  Éc.  des  f.  IV,  8.  Il  6"  L'événement,  le  cas, 
l'espèce  dont  il  s'agit  dans  une  contestation,  dans 
une  discussion,  dans  une  plaidoirie.  Il  parla  pendant 
une  heure  sans  dire  un  mot  du  fait.  Kt  je  sais  même 
sur  ce  fait  [garder  un  secret]  Bon  nombre  d'iiom- 
mesqui  sont  femmes,  la  font,  l'abl.  vai,  6.  Si  vous, 
maître  et  fermier,  à  qui  touche  le  fait,  Dormez 
sans  avoir  soin  que  la  porte  soit  close.  Voulez-vous 
que  moi,  chien....  m.  ib.  xi,  3.  Pourquoi  dire  qu'il  y 
a  plus  de  chrétiens  que  de  musulmans  sur  la  terre? 
on  sait  que  le  fait  est  au  moins  très-douteux,  volt. 
Cons.  à  Louis  Rac.  \\  Aller  au  fait,  venir  au  fait, 
s'occuper  du  point  de  la  discussion.  Venez  au 
fait,  et,  elliptiquement,  au  fait.  M.  Claude  allait 
au  fait  et  se  présentait  à  la  difficulté  sans  re- 
culer, BOss.  Conf.  avec  Claude,  2.  Cette  question 
n'allait  pas  au  fait,  hamilt.  Gramm.  s.  Au  fait, 
est  ma  devise,  volt.  Letl.  d'Argenson,  28  juill.  (739. 
Il  Familièrement.  Aller  au  fait,  venir  au  fait,  en  ve- 
nir à  l'essentiel,  au  principal,  à  l'intéressant.  Cette 
pauvre  B***  est  devenue  passionnée  de  l'insensible 
C***;  il  l'a  vue  s'enflammer;  d'abord  il  a  été  au  fait, 
et  lui  a  fait  mettre  en  gage  ses  perles  pour  soutenir 
un  peu  la  bassette,  sÉv.  4oo.  ||  elliptiquement.  Au 
fait,  c'est-à-dire  que  voulez-vous  de  moi?  ||  En  un 
autre  sens,  tout  bien  considéré.  Au  fait,  que  risqué- 
je?Au  fait,  pourquoi  pensionner  Ma  muse  indépen- 
dante et  vraie?  bêrang.  Refus.  ||  Erreur  de  fait,  se 
dit  quand  on  s'appuie  sur  un  fait  qui  n'est  pas  réel. 
I|  C'est  un  fait  à  part,  c'est  un  autre  fait,  c'est  autre 
chose,  c'est  une  autre  affaire.  Albert  :  Hé  bien  I  bon- 
jour, te  dis-je.  —  Mascarille  :  Oui,  mais  je  viens 
encore  Vous  saluer  au  nom  du  seigneur  Polidore. 
—  Albert  :  Ah!  c'est  un  autre  fait;  ton  maître  t'a 
chargé  De  me  saluer?  mol.  Dép.  amour,  m,  2.  ||  Le 
fait  est  que....  la  vérité  est  que....  ||  C'est  un  fait, 
cela  est  de  fait ,  il  est  de  fait  que,  c'est-à-dire  il  est 
constant,  reconnu  que.  11  est  de  fait  que  Cicéron 
parla  ainsi.  Comment  croire  que  son  épouse  ne  l'ait  ja- 
mais aimé?  c'est  un  fait  pourtant,  OEHUS,  illle  de  la 
Fayette,  p.  260,  dans  pougkns.  ||  On  dit  dans  le  même 
sens  :  C'est  un  point  de  fait.  C'est  un  point  de  fait, 
les  hommes  dégénèrent,  fonten.  Socrate , Montaigne. 
Il  Mettre,  poser  en  fait,  avancer  une  proposition 
comme  incontestable.  Je  mets  en  fait  qu'une  hon- 
nête femme  ne  la  [la  comédie  de  l'École  des  fem- 
mes] saurait  voir  sans  confusion,  mol.  Critique,  3. 
Je  mets  en  fait  que,  si  tous  les  hommes  savaient  ce 
qu'ils  disent  les  uns  des  autres,  il  n'y  aurait  pas 
quatre  amis  dans  le  monde,  pasc.  Pensées,  t.  i, 
p.  283,  édit.  LAiiERE.  Je  mets  en  fait  qu'il  n'y  a 
aucun  peuple  chez  lequel  il  soit  juste,  beau,  con- 
venable, honnête,  de  refuser  la  nourriture  à  son 
père  et  à  sa  mère  quand  on  peut  leur  en  donner, 
VOLT.  Philos,  ignor.  quest.  32.  ||  Familièrement. 
Pour  la  rareté  du  fait,  à  cause  de  la  singularité 
de  la  chose.  ||  On  dit  de  même  :  pour  la  beauté  du 

fait Je   voudrais,   m'en   coùtût-il   grand'chose. 

Pour  la  beauté  du  fait,  avoir  perdu  ma  cause,  mol. 
Mis.  i,  (.  Il  Être  silr  de  son  fait,  être  sûr  de  ce 
qu'on  avance  ou  du  succès  do  ce  qu'on  entreprend. 
Si  le  roi  le  peut  voir  [mon  projet],  je  suis  sûr  de 
mon  fait,  mol.  Fâcheux,  m,  i.  Descartes  est  si  silr 
de  son  fait  quand  il  se  trompe  grossièrement  en 
physique,  que  je  dois  me  défier  de  ce  qu'il  me  dit  sur 
l'âme,  VOLT.  Phil.  ignor.  6.  ||  Être  sûr  de  son  fait 
signifie  aussi  obtenir  une  certitude.  Il  surprend  sa 
femme,  et  le  voilà  sûr  de  son  fait.  ||  Entendre  bien 
son  fait,  être  habile  dans  sa  profession.  ||  Être  au 
fait,  être  instruit  d'une  chose,  habitué  à  un  travail.  Ce 
domestique  est  au  lait  du  service.  D'abord  il  a  été 
au  fait,  sÉv.  400.  Qui  les  aurait  vues  sans  être  au 
fait  des  intrigues  de  la  cour,  aurait  cru  qu'elles 
étaient  les  meilleures  amies  du  monde,  u"  de  cay- 
Lus,  Souvenirs,  p.  ((9,  dans  polofns.  Le  garde, 
ravi  de  trouver  un  brave  de  sa  province,  qui  ne  pa- 
raissait pas  au  fait  des  usages  de  la  cour,  volt. 
l'Ingénu,  9.  Lorsqu'on  est  au  fait,  comme  j'y  suis, 
du  commerce  des  fers,  on  dirait  qu'en  France  on  a 
fait  un  pacte  général  de  ne  se  servir  que  de  ce  qu'il 
y  a  de  plus  mauvais  en  ce  genre,  buff.  Hin.  t.  vu, 
p.  87.  Il  La  Bruyère  a  dit,  au  même  sens,  être  dans 


FAI 


1607 


le  fait  :  Leur  avez-vous  lu  un  seul  endroit  de  l'ou- 
vrage; c'est  assez,  ils  sont  dans  le  fait  et  entendent 
l'ouvrage,  la  bruy.  i.  ||  Mettre  au  fait,  instruire  de 
quelque  chose,  habituer  à,  former  à.  Je  voudrais 
mettre  au  fait  celui  qui  me  suivra,  Lui  laisser  me» 
projets,  GRESSET,  le  Méch.  i,  2.  ||  Se  mettre  au  fait, 
s'instruire  de  quelque  chose,  s'y  faire,  s'y  former. 
Mettez-vous  au  lait  de  ma  situation.  Mon  àme  s'in- 
struisait de  tout  ce  qui  pouvait  l'aflliger,  elle  se 
mettait  nu  fait  de  ses  nialheurs,  marivaiix,  Marianne, 
3*  part.  Il  7°  Terme  de  jurisprudence.  Il  se  dit  par 
opposition  à  droit.  La  possession  de  fait;  la  posses- 
sion de  droit.  Moyens  de  lait;  moyens  de  droit.  Dan» 
toutes  les  affaires  on  distingue  le  fait  et  le  droit;  le 
fait  consiste  dans  ce  qui  est  arrivé,  et  le  droit  dépend 
de  l'application  de  la  loi  au  fait  dont  il  est  question, 
lorsque  ce  fait  est  certain.  Pépin  fut  proclamé  roi  e* 
sacré  par  Boniface,  archevêque  de  Mayence;  jamais 
révolution  ne  s'opéra  avec  moins  d'effort  et  de  bruit: 
Pépin  possédait  le  pouvoir;  le  fait  fut  converti  en 
droit,  GiizoT,  Hist.  de  la  civil.  (  9-  lefon .  ||  Question 
de  fait,  point  de  fait,  se  dit  par  opposition  à  question 
de  droit,  point  de  droit.  On  examine  deux  questions, 
l'une  de  fait,  l'autre  de  droit,  pasc.  Prov.  (.  ||  Gou- 
vernement de  fait,  gouvernement  régissant  un  pays, 
sans  tenir  son  mandat  du  droit  qui  fait  les  souve- 
rains. Il  Terme  de  procédure.  Faits  et  articles,  le» 
faits  sur  lesquels,  en  matière  civile,  l'une  des  par- 
ties fait  interroger  sa  partie  adverse.  On  l'a  interr- 
rogé  sur  faits  et  articles.  ||  Faits  admissiblcset  per- 
tinents, ceux  qui,  appartenant  à  la  cause,  peuvent 
être  admis  à  la  preuve.  Faits  justificatifs,  ceux  qu'un 
accusé  allègue  pour  sa  défense.  Faits  nouveaux,  coul 
qui  n'ont  pas  encore  été  allégués  au  procès.  ||  8"Toute 
chose  dont  on  a  reconnu,  constaté  la  réalité.  Les 
sciences  reposent  sur  l'observation  des  faits.  11 
voyait  les  laits  d'autant  plus  sûrement  qu'il  ne  les 
voyait  point  au  travers  d'un  système  déjà  formé, 
qui  eût  pu  les  changer  à  ses  yeux,  fonten.  Mery. 
Les  faits  sont  dans  les  sciences  ce  qu'est  l'expérience 
dans  la  vie  civile,  buff.  Ois.  t.  m,  p.  ("9,  dans 
pocoENs.  Ces  phénomènes,  dont  l'explication  a  tou- 
jours paru  difficile,  sont  de  nouvelles  preuves  de 
notre  théorie  et  montrent  la  liaison  avec  les  grands 
faits  de  l'histoire  du  globe,  m.  Uinér.  t.  ix,  p.  I03, 
dans  POL'GENS.  Tout  ce  qui  a  l'an  de  faits  a  droit 
d'en  imposer;  il  ne  suffit  point  de  s'inscrire  en  faux 
contre  de  telles  choses;  il  faut  prouver  qu'elles  sont 
fausses,  bonnet,  Consid.  corps  organ.  Œuvres, 
t.  VI,  p.  600,  dans  pougens.  Les  faits  et  les  objets  nous 
instruisent  beaucoup  mieux  que  les  livres,  oenlis, 
Veillées  du  chdt.  t.  i,  p.  (49,  dans  pougens.  ||  Dans 
le  langage  strictemrnt  scientifique.  Fait,  tout  alUi- 
but  ou  propriété  d'un  coips  brut  ou  organisé,  re- 
connu pai  l'observation  immédiate.  ||  9°  Ce  qui  con- 
cerne quelqu'un,  ce  qui  lui  est  spécial.  Mais  puisque 
tout  le  monde  est  aveugle  en  son  fait,  béonier,  Sat. 
XV.  Tout  son  fait,  croyez-moi,  n'est  rien  qu'hypocri- 
sie, mol.  Tart.  1,  t.  Je  crains  fort  pour  mon  fait 
quelque  chose  approchant,  id.  Amph.  ii,  s.  Chez  la 
devineuse  on  courait  Pour  se  faire  annoncer  ce 
que  l'on  désirait  :  Son  fait  consistait  en  adresse, 
Quelques  termes  de  l'art,  beaucoup  de  hardiesse,  la 
FONT.  Fabl.  vu,  (  5.  L'armée  étant  une  fois  établie, 
elle  ne  doit  pas  dépendre  immédiatement  du  corps 
législatif,  mais  de  la  puissance  exécutrice;  et  cela 
par  la  nature  de  la  chose,  son  fait  consistant  plus  en 
action  qu'en  délibération,  montesq.  Espr.  ii,  «. 
Il  10°  Conduite.  La  cave  et  le  grenier.  Du  fait  des 
sœurs  maintes  choses  apprirent,  la  font.  Maiet.Ea 
raisonnant  sur  le  fait  des  nonnains,  id.  «6.  ||  Il  y  a  un 
peu  de  folie,  de  malice  dans  son  fait,  c'est-à-dire  sa 
conduite  témoigne  de  quelque  folie,  de  quelque  ma- 
lice. 11  y  avait  plus  d'ambition  que  de  religion  dan» 
son  fait,  BOSS.  Var.  (O.  ||  11*  Ce  qui  est  conve- 
nable à  quelqu'un.  Cet  emploi  serait  bien  son 
fait.  Critiquer  gens  m'est  fort  nouveau,  Ce  n'est  mon 
fait,  LA  FONT-  Court.  J'ai  ton  fait,  mol.  fEt.  v,  4». 
Le  mariage  n'est  guère  votre  fait,  id.  Mar.  f  s.  El 
ce  n'est  pas  mon  fait  que  les  choses  d'esprit,  :d. 
Fcmm.  sav.  m,  2.  Ce  n'est  point  là,  mon  frère,  le 
fait  de  votre  fille,  et  il  se  présente  un  parti  plus  sor» 
table  pour  elle,  id.  Mal.  imag.  m,  S.  On  dit  qu'il 
n'y  a  rien  de  plus  beau,  voilà  votre  fait,  s4v.  83. 
Une  femme  si  connue  du  roi  [la  maréchale  de  Ro> 
cheforl]  et  si  fort  à  toutes  mains,  était  son  vrai  fait 
pour  mettre  auprès  de  Mme  la  duchesse  de  Char- 
tres sT-siM.  3,  63.  J'ai  peur  qu'il  ne  soit  difficile  à 
remplacer  [Thiriot]  ;  il  était  tout  votre  fait, volt.  Lett. 
noi  de  Prusse,  214.  Ce  prétendu  ami  du  genre  hu- 
main, n'est  mon  fait  que  quand  il  dit  :  Aimer  l'agri- 
culture,id.  Lett.  Cideville,  25  nov.  (768.  i  tes  vœul 
ma  raison  s'oppose,Un  long  roman  n'est  plus  mon  fait. 


1608 


FAI 


BtltAHO.  Romans.  ||  lî"  La  part  qui  revient  à  quel- 
qu'un. Dinner  à  quelqu'un  son  fait.  On  a  partagé  la 
«iiccpssicn,  chacun  a  PU  son  fait.  ||  Par  extension.  Clia- 
cun  son  fait,  nul  n'a  toul  en  partage,  la  font.  UxU. 
Il  Kig.  Donner  à  quelqu'un  son  fait,  se  venger  île  lui, 
le  liailre  dans  une  discussion,  dans  une  lune,  dans  un 
combat.  ||  Avoirson  fait,  lecevoiriiuelque  mécompte, 
quelque  revers,  quelque  cliftliment.  Ton  homme  a 
son  fait,  MOL.  Kc.  des  mar.  il,  5.  Pour  le  pauvre  Irère 
Girard,  Il  avait  eu  son  fait  à  part,  la  font.  Cord. 
X  force  de  s'exposer  il  aura  son  fait,  siîv.  44.  |{  En 
un  autre  sens,  avoir  son  fait,  recevoir  un  mauvais 
compliment.  Chacun  a  son  lait,  sans  qu'il  ait  eu 
l'intention  de  le  lui  donner,  la  bruy.  v.  |{  Je  lui 
ai  bien  dit  son  fait,  je  lui  al  dit  ce  que  je  pensais 
de  lui.  Il  me  donna  un  soufllet,  mais  je  lui  dis 
bien  son  fait,  mol.  Pourc.  i,  6.  Grâce  à  mes  crc- 
seaux ,  X  mes  arsenaux.  Je  puis  au  prcfet  Dire 
un  peu  son  fait,  niïnANO.  Carabas.  ||  13°  Le  bien,  la 
fortune  de  quelqu'un.  Son  fait,  dit-on,  consiste  en 
des  pie  res  de  prix  ;  Un  grand  coffre  en  est  plein, 
LA  FONT.  Fabl.  X,  10.  Le  malheureux  n'osant  presque 
ri^pondre.  Court  au  magot,  et  dit  :  c'est  tout  taon 
fait,  iD.  l'aysan.  Bienheureux  celui  qui  a  tout  son 
fait  bien  placé,  moi»  l'Av.  I,  4.  Les  beaux  habits,  mon- 
sieur, mangent  mon  petit  lait,  th.  corn,  i Amour 
à  la  mode,  i,  6.  Un  vagabond,  qui  mange  tout  son 
fait,  DANCOUBT,  JloiiJ.  Javille,  se.  I7.||14°  Dans  le 
fait,  loc.  adv.  Roellemcnt,  effectivement.  Malgré 
les  apparences,  c'est,  dans  le  fait,  un  homme  dan- 
gereux. Il  15°  Par  le  (ait,  même  sens.  Il  se  trouva, 
par  le  fait,  maître  de  tout  lo  pays.  ||  16°  De  fait,  (oc. 
adv.  En  réalité,  véritablement.  Un  homjie  qui  lût 
homme  et  de  fait  et  de  mine,  RÉCNitH,  SaL  xiv.  ||  Ue 
fait,  en  effet,  certainement.  De  fait,  la  défiance 
où  madame  se  treuve  No  peut  venir  d'ailleurs  que 
d'un  manque  d'épreuve,  MAiRiiT,  Sophon.  lit,  2. 
Il  El  de  fait,  même  sens.  Lt  de  fait,  l'Espagne  était 
policée  et  commerçante,  tand.s  que  la  Germanie 
était  rncore  inculte,  blff.  Min.  t.  v,  p.  3«:i,  dans 
poucuNS.  Il  17°  tjiJiuIde,  (oc.  pri'p.  Eii_£a_91U-Con- 
cerne.  Maître  en  fait  d'armes.  Expert  en  fait  de 
procès.  L'autre  était  passe  maître  en  fait  de  trom- 
peries, la  FONT.  faW.  111,6.  11  se  surpasse  en  fait  de 
chansons,  sÉv.  417.  Tout  ce  qui  est  nécessaire  et 
honnête  en  fait  de  politique,  ua.milt.  Cramm.  6. 
En  fait  de  procédés,  on  est  bien  près  du  mépris, 
quand  on  a  droit  à  l'indulgence,  iiucLOS,  Constd. 
moeurs,  ch.  4.  Princes,  en  fait  de  religion,  obéissant 
plus  aux  peuples  que  les  peuples  ne  leur  obéissent, 
VOLT.  Uœurs,  180.  I"n  fait  de.vin,  qu'on  se  montre 
savant,  bébang.  Uort  viv.  ||  18"  Populairement. 
Si  fait,  loc.  adv.  Au  contraire,  quand  on  veut  allir- 
mer  ce  qu'un  autre  nie.  Je  n'y  entends  rien;  si  fait 
pourtant,  j'y  entends  quel(|ue  chose,;,  j.  rocss.  llél. 
IV,  2.  Il  Si  fait,  non  fait,  termes  durs  et  mal  polis,  de 
CAiLLiÊRis,  )(!!io.  Si  fait  se  dit  encore;  non  fait  ne 
se  dit  plus.  Il  19°  Tout  à  fait,  loc.  adv.  Entièrement. 
Je  suis  chrétien,  N'éarqiie,  et  le  suis  tout  à  fait, 
COBN.  Poly.  Il,  6.  Théglalli-l'halasar,  premier  roi 
d'Assyrie  ou  de  Ninive,  qui  réduisit  à  l'extrémité 
le  royaume  d'Israël,  et  détruisit  tout  à  fait  celui  de 
Syrie,  iiûss.  Ilist.  i,7.  ||  Proverbe.  La  bonne  volonté 
est  réputée  pour  le  fait. 

—  IllST.  xii°  s.  Al  roi  Marsille  fil]  a  touz  les  faix 
contez,  Rtnc.  p.  6fl.  Seignor,  dit  l'apostoles  |le 
pape{,  moult  est  honteus  ces  fais  [ce  fait),  Soi.  xv. 
Al  jour  del  jugement ,  quant  Dex  tiendra  ses  plais. 
Auront  li  pecbeor  graut  gaaing  de  lor  fais  [bonnes 
actions],  ib. 

—  xiii*  s.  Bien  voient  qu'il  auront  de  leur  fait  la 
déserte  |récompense|,  Bcrte,  xciv.  Ouiconques  vous 
tiegne  pour  sage,  je  vous  tieng  pour  fol,  et  bien  sai 
que  jou  meïsmes  serai  blasmés  pour  vostre  fait,  h. 
SE  VALENC.  m.  Et  11  vaillans  bons  tant  m'amoit, 
Ou'en  tous  ses  fais  me  reclamoit,  la  Rose,  ejua. 
Il  renoncèrent  de  fet  à  toutes  les  cozes  temporel 
dehors  lor  églises,  beaum.  lvi,  i.  Mais  bien  se  gart 
li  maris  qui  tele  venjance  veut  pendre  [prendre]  de 
se  [sa]  feme,  qu'il  ne  laisse  passer  le  fet  présent,  ID. 
XXX,  104.  Le  [la]  quinte  cause  si  est,  se  cil  à  qui  le 
[la]  dette  est  demandée,  a  esté  sousaagiés,  et  on  li 
demande  du  fet  de  ses  devanciers,  id.  vui,  7.  Et  sa- 
chiésque  ce  fu  un  très  biau  fait  d'armes,  joinv.  220. 
Quant  il  laisse  le  prologue  et  vient  au  fait,  et  dit  la 
propre  chose  sur  quoi  est  l'achoisons  et  la  matière  de 
tôt  son  conte,  bbun.  latini,  Trésor,  p.  617.  Toutes 
choses  qui  .sont  en  nos  fnous]  par  nature,  sont  pre- 
mièrement en  pooir,  et  puis  en  fait,  id.  ib.  p.  2C«. 

—  XIV*  s.  Tout  le  fait,  tout  le  négoce  de  venu 
jnoial  et  de  politiques,  obesme,  Elh.  ^o.  Or  ditles 
vostre  fait,  j'en  ai  dit  ma  partie,  Guescl.  8646. 

—  IV*  s.  Kt  passèrent  outre  à  ce  mardi  au  matin 


FAI 

tous  ceux  do  l'avant-gardu,  étalait  i>^  u^uutuj  qu'ils 
venoient,  ils  se  logcolent  en  la  ville,  fboiss.  n,  ii, 
18».  Il  estoit  ordonné  que  ces  gens  d'armes  devoieni 
aller  de  fait  [de  force]  en  la  maison  de  Jean  de 
Lyon,  ID.  11,  II,  64.  De  fait  avisé  (à  dessein[,  id.  i, 

1,  186.  Là  eut,  je  vous  dis,  de  premier  (ait,  de  belles 
jouslPS  et  de  grandes  appertises  d'armes,  m.  ii,  ii, 
h.  Brièvement,  on  ne  vit  oncques  tant  de  bonnes 
gens,  chevaliers  et  escuycrs  qui  là  estoient,  estre 
perdus  à  si  peu  de  l'ait;  car  chacun  fuyoït  qui  mieux 
mieux,  m.  i,  i,  230.  Et  ne  se  voulut  conjoindre  en 
ces  deliances  [déffs],  et  dit  qu'il  feruit  son  fait  à 
part  lui  à  temps  et  à  point,  iD.  i,  1,  79.  Or  convint 
là  les  Anglois  souffrir  et  endurer  grand  peine,  car 
leurs  ennemis  cstoient  quatre  contre  un  et  toutes 
gens  de  fait  et  de  mer,  in.  1,  1,  (22.  Nous  leur 
[aux  Gantois]  avons  octroyé  que....  nous  les  aide- 
rions.... contre  tous  ceux  qui  par  voie  de  fait  les 
voudroient  grever,  ip.  11, 11,  241.  Et  de  fait  messiie 
Seret  de  Poix  fut  rué  jus  par  les  gens  au  duc  d'Or- 
liens,  FENiN,  1414.  Or  ai-je  esté  pris  sur  le  fait.  Je 
ne  le  puis  jamais  nier.  Patelin.  Et  espie  et  en- 
quiert,  dont  il  fait  que  foui  ;  car  noble  cuer  de 
homme  ne  doit  point  enquérir  du  fait  des  femmes. 
Les  16  joyrs  du  mariage,  p.  65.  Escripre  et  mettre 
par  mémoire  ce  que  j'ay  scuu  et  congneu  des  faicls 
du  roy  Louis,  comm.  /'ro(.  Si  le  jeune  prince 
s'est  allé  perdre,  ne  perdons  pas  sa  maison  ni  le 
fait  de  son  père  ni  le  nostre,  iD.  1,  13.  le  roy  estoit 
trop  puissant  et  avoit  son  fait  bien  acoustré,  id.  m, 

2.  ....  Bien  montez  et  bien  armez  et  qui  jà  long- 
temps avoient  exercé  le  fait  de  la  guerre,  m.  iv,  I. 
Et  quant  le  roy  nnstre  maistre  eust  entendu  le  fait 
de  la  mer  aussi  bien  qu'il  entendoit  le  fait  de  la 
terre,  jamais  le  roy  Edouard  ne  fust  passé  [en 
Trancel,  id.  iv,  6. 

—  XVI*  s.  Je  parle  devant  ceux  qui  estoient  au 
fait,  ausquels  il  en  souvient,  et  qui  peuvent  cestuy- 
ci  dédire  s'il  ment,  m.  du  ukllay,  22.^.  I.a  force  de 
l'amitié  .se  montre  bien  plus  richement  en  son  faicl, 
qu'on  celuy  d'Aretheus,  mont,  i,  2I7.  Si  je  feusse 
nay  d'une  complexion  plus  desreglée,  je  crains  qu'il 
feust  allé  piteusement  de  mon  faict,  id.  11,  I23. 
Seroit-il  vray  que  pour  estre  bon  à  faict  [entière- 
ment], il  nous  le  faille  estre  par  naturelle  propriété? 
in.  II,  124.  Tout  à  faict,  id.  i,  251.  C'est  le  fait  d'un 
bon  mesnager,  de....  la  boéiie,  <i2.  Les  jeunes 
hommes  se  trouvèrent  estonnez,  et  restiverent  un 
petit  quand  ce  vint  au  laict  et  au  prendre,  amïot, 
Pélop.  ce.  S'il  estoit  besoing  que  toute  une  iBiuppede 
gens  de  cheval  tournast  ensemble  à  demyouà  laict, 
ID.  Philop.  ((. 

—  Etym.  Provenç.  fag,  faig,  fait;  catal.  fet;  es- 
pagn.  hccho;  portug.  feito  ;  iul.  falto;  du  latin 
faclum,  fait,  neutre  de  factus,  participe  passif 
de  facere. 

FAÎTAGE  (fê-ta-j'),  S.  m.  ||  1*  Nom  de  la  pièce  de 
bois  qui  fait  le  sommet  de  la  charpente  d'un  bâti- 
ment, et  qui  est  assemblée  dans  la  tète  du  poinçon. 
Il  Faîtage  double  ou  sous-faîte,  pièce  d'un  comble 
posée  de  niveau  au-dessous  du  faîte  et  liée  par  des 
croix  de  Saint-André.  ||  Plomb  ou  tuiles  concaves 
qui  protègent  le  haut  d'un  toit.  ||  2°  Terme  de  féo- 
dalité. Droit  qui  se  payait  pour  le  faite  de  chaque 
maison,  au  moment  où  on  le  posait. 

—  ÊTYM.  Failc. 

f  FAITARI),  ARDE  (fè-tar,  tar-d'),  adj.  Terme 
vieilli.  Oui  tarde  à  faire  quelque  chose,  paresseux. 

—  HIST.  XIII*  s.  As.sez  puet  en  trouver  de  ccus 
Oui  felaid  sont  et  parecheus ,  du  canoë,  felica. 
I!  xvi*  s.  Elles  [les  abeilles]  sont  vigilantes  en  leurs 
affaires,  et  ont  l'œil  sur  celles  qui  sont  faitardes  et 
ne  font  rien,  pabê,  Anim.  7. 

—  CTYM.  Fait,  et  tard:  celui  qui  fait  tard. 
FAITAUDISE  (fè-tar-di-z'),   s.  f.   Terme  vieilli. 

Paresse,  fainéantise. 

—  HiST.  xm*  s.  Car  tant  li  deplaist  fetardie,  du 
CANOË,  fctica. 

—  ÊTYM.  Fattard. 

FAÎTE  (fê-f),  s.  m.  ||  1*  La  partie  la  plus  élevée 
d'un  édifice.  Quand  verrai-je,  ê  Sion!  relever  tes 
remparts  Et  de  tes  tours  les  magnifiques  faîtes? 
BAC.  Esth.  I,  2  Et  du  temple  déjà  l'aube  blanchit 
le  faite,  id.  Athal.  i,  4  ||  Synonyme  de  faîtage.  Ap- 
prends à  monter  sur  un  comble,  à  poser  le  faite, 
j.  J.  Rouss.  Ém.  m.  ||  Sous-faîte,  pièce  de  bois  pla- 
cée au-dessous  du  faite,  au-iuel  elle  est  reliée  par 
les  entretoises.  ||  2*  Par  extension,  la  partie  la  plus 
haute  de  quelque  chose  d'élevé.  Le  faîte  d'une  che- 
minée. L'un  des  deux  compagnons  grimpe  au  faîte 
d'un  aibre,  la  font.  Fabl.  v,  20.  Ils  [les  manakins| 
ne  se  perchent  point  au  faîte  des  arbres,  mais  sur 
les  branches,  à  une  moyenne  hauteur,  buff.  Oit. 


FAI 

t.  viii,  p.  44*,  dans  pouuens.  {[  3*  Fig.  Le  plus  haut 
point.  Déchoir  du  faite  de  la  gloire,  vauo.  Q.  Cm, 
<3.  Et  monté  sur  le  faite  il  aspire  à  descendre,  corn. 
Cinna,  11,  t.  Vous  qui  pouvez  la  mettre  au  faite  des 
grandeurs,  id.  /'onip.  11:,  ».  La  rage  alors  se  trouve 
à  son  faîte  montée,  la  font.  Fabl.  u,  ».  J'avaisprévu 
ma  chute  en  montant  sur  le  faîte;  Je  m'y  suis  trop 
complu;  mais  qui  n'a  dans  la  tête  Un  petit  grain 
d'ambition?  in.  Fabl.  X,  <o.  Qui  les  place  sur  le  faite 
de  la  prospérité,  mass.  Carême,  Aam.  Quel  espoir 
enchanteur  M'éiéveen  un  moment  au  faite  du  bon- 
heur? VOLT.  Brutus,  III,  6.  Il  4*  Terme  de  géographie. 
Ligne  de  faite,  ligne  constituée  par  les  faites  de* 
montagnes  ou  coteaux  d'une  contrée.  La  ligne  de 
faîte  de  la  chaîne  divise  la  contrée  en  deux  régions 
bien  distinctes.  ||  5°  Terme  de  commerce.  Le  cfilé 
opposé  à  la  lisière  dans  lesdraps,  les  étoffes.  Permet 
S.  M.  à  Wus  marchands  et  autres....  de  faire  auner 
toutes  les  pièces  tant  par  la  lisière  que  parle  dos  ou 
faîte,  et  d'en  payer  le  prix  sur  le  pied  du  moindre 
aunage,  Arrêt  du  conseil,  %  oct  108». 

—  HiST.  XII*  s.  Dune  vunt  les  terres  si  gastant. 
Qu'il  n'i  laissent  fesl  en  estant.  Qui  fusl  del  fieu  [fiel] 
le  duc  Reinier,  benoIt,  v.  263».  |l  xv  s.  Trois  leieu- 
res  d'un  festre  oe  maison  neufve  couverte  de  tuille, 
du  canoë,  festrum.\\xt\'  s.  Le  faisted'aulcuns  bas- 
timens  paroist  encores,  mo.nt.  i,  232.  Au  fesle  et 
sous  les  couvertures  du  logis  est  la  chambre  des  ser- 
viteurs,o.nE  si  RKES,  20.  Cibelà  fest,  en  signe  de  su- 
zeraineté, Coust.  géaér.  t.  11,  p.  «6.  fous  vendeurs 
de  drap  en  détail  les  auliicronl  par  le  fest,  16.  p.  76. 

—  ETYM  Berry,  fait;  norm.  fét;  génev.  la  frète  i 
Bâie,  (<•  frêle.  On  le  tire  du  latin  fasiigium  ;  mais,  ce 
que  nous  connaissons  jusqu'à  présent  du  mot  ne 
comporte  pas  celte  étymologie,  et  admet  seulement, 
à  cause  de  l'antiquité  du  mot,  quelque  forme  telle 
que  fasium,  ne  tenant  à  fasliijium  que  par  le  ra- 
dical (fasiigium  a  l'accent  sur  sti). 

f  KAÎTERIES  (fè-tc-rie),  s.  f.  pi.  Moules  de  diver- 
ses sortes  à  l'usage  des  carreleurs. 

FAÎTlRllK  (fê-tiè-r').  \\i'  Adj  f.  Qui  est  placée  au 
faîte  d'un  comble.  Tuile  faîtière.  ||  2*  S.  f.  Faîtière 
tuile  à  demi-canal  qui  recouvre  le  faite  d'un  toit. 
Il  3°  Sorte  de  lucarne  pratiquée  dans  le  toit  pout 
éclairer  l'espace  qui  est  sous  le  comble.  ||  4°  La  faî- 
tière d'une  tente,  la  perche  qui,  placée  au  haut  de 
la  tente,  s'étend  d'un  bout  à  l'autre  et  soutient  la 
toile.  Il  5°  Terme  de  zoologie.  Nom  vulgaire  de  la  co- 
quille appelée  bénitier  el  tuilée  (Iridacna  gigas,  LK). 

—  lllsT.  XVI*  s.  Prens  une  tuile  festiere,  grande, 
forte  et  espaisse,  parA,  xij,  22. 

—  ETYM.  FaUe. 

FAIX  (le;  Yx  se  lie:  un  fê-z  accablant),  t.  m. 
Il  1°  Charge  sous  laquelle  on  plie.  Sous  le  faix  du 
fagot  aussi  bien  que  des  ans,  la  font.  Fabl.  1,  )•. 
Tant  qu'il  vit  sous  le  faix  mou  rit  son  camarade,  id. 
il).  VI,  16.  Il  Par  extension,  charge.  Ion  aiguille  à  mes 
doigts  est  un  faix  bien  léger,  botr.  Ilerc.  mour.  i,4. 
Il  Terme  d'eaux  et  forets.  Faix  à  col,  délit  de  celui 
qui  est  saisi  chargé  du  bois  qu'il  a  dérobé.  ||  2°  Fig. 
Si  faut-il  qu'à  la  fin....  Je  m'allège  du  faix  dont  je 
suis  accablé,  halh.  iv,  4.  Succombant  sous  le  faix 
que  j'ai  dessus  le  cœur,  bêonier,  Sa(.  vi.  Porter  tout 
seul  le  faix  de  ce  plaisir  commun,  id.  Épit.  11.  Il  ne 
peut  porter  tout  seul  le  faix  de  tant  de  grandes  af- 
faires, PATBU,  Plaidoyer  6,  dans  richf.let.  Sou- 
liendrez-vous  un  faix  sous  qui  Home  succombe? 
CORN.  Pomp.  I,  (.  Faire  honte  à  ces  rois  que  le  tra- 
vail étonne,  El  qui  sont  accablés  du  faix  de  leur  cou- 
ronne, BoiL.  Disc,  au  roi.  Mais,  pour  comble,  à  la 
fin,  le  marquis  en  prison  Sous  le  faix  des  procès  vit 
tomber  sa  maison,  id.  .Sat.  v.  Des  guerriers  illustreit 
courl)6s  sous  le  faix  des  lauriers,  t.  j.  bouss.  Écon. 
2.  Il  Absolument.  Succomber  sous  le  faix,  plier  sous 
le  faix,  ne  pas  pouvoir  supporter  quelque  chose  qui 
accable.  Je  vous  vois  succomber  sous  le  faix,  sév. 
347.  Ces  gens  lisent  toutes  les  histoires  et  ignorent 
les  histoires;  ils  parcourent  lous  les  livres  et  ne  pro- 
fitent d'aucun...,  ils  plientsous  le  faix,  leur  mémoire 
en  est  accablée,  pendant  que  leur  esprit  demeure 
vide,  LA  BRUY.  xitl.  Il  Poétiquement  Le  faix  des  ans, 
des  années.  Mon  corps  n'est  point  courbé  sous  le  faix 
des  années,  boil.  Sat.  i.  Malgré  le  faix  des  ans  el 
du  sort  qui  m'opprime,  bac.  kithr.  11,  ».  ||  3*  Terme 
de  construction.  Se  dit  en  parlant  d'un  bâtiment  qui 
s'est  affaissé  comme  il  doit  faire.  Ce  l>àtiment  a  pris 
son  faix.  {{ 4°  Terme  de  marine.  Faix  de  pont,  plan- 
ches épaisses  et  étroites,  posées  sur  les  baux  d'un 
pont,  dans  la  longueur  d'un  vaisseau,  depuis  l'avant 
jusqu'à  l'arrière.  |l  B'  Bloc  cubique  d'ardoise  des- 
tiné à  être  fendu,  jj  6*  Mesure  de  bouille,  employée 
à  Saint-Êticnne. 

—  SYN.  cuAROK,  FÀiz,  PARDEAO.  La  charge  est  ce 


FAL 

qu'un  homme  ou  un  animal  peuvent  porter;  elle 
n'exprime  rien  de  plus.  Le  fardeau  est  une  charge 
pesante.  Le  faix,  signifiant  étymologiqucment  un 
faisceau,  exprime  proprement  une  muUiplicité  de 
choses  réunies  :  le  faix  des  années,  des  affaires,  etc. 
mais  ce  sens  étymologique  a  disparu  par  le  frotte- 
ment de  l'usage;  et  la  distinction  est  que  fardeau 
est  de  tous  les  styles,  et  que  faix  est  plus  particu- 
lièrement du  style  élevé. 

—  HIST.  XI*  s.  Greignor  [plus  grand]  fais  [il]  porte 
parjoo  [jeu]  quand  il  s'enveise  [s'amuse],  Ch.de 
Roi.  Lxxvi.  Il  XFi*  s. Quant  li  baron  l'entendent,  chas- 
cuns  s'est  arrier  trais.  Tout  ainsi  com  li  asnes  qui  re- 
garde le  fais,  Sax.  xv.  Li  clers  porte  sun  merc  en 
sum  le  chief  adcs.  Ne  li  est  pas  al  cors  mais  est  à 
l'aneme  [âme]  fais.  Th.  le  mart.  30.  E  mult  li  seit 
bon  gré  que  si  grant  fais  emprent,  Qu'encontre  rei 
de  terre  saint  iglise  dcfent,  th.  B8.  Se  ele  [la  pen- 
sée] lo  faihs  des  terriens  penseirs  ki  l'apresset,  get- 
tet  en  sus  de  soi.  Job,  p.  407.  {|  xiii'  s.  Et  tous  fussent 
mort,  se  ne  fust  la  chevalerie  qui  estoit  en  l'arriére 
garde,  qui  soustint  le  fais  des  Sarrasins  qui  moult 
les  arguoient,  Chr.  de  Rains,  93.  J'en  prens  sor  moi 
trestout  le  fcs,  la  Rose,  19740.  Or  ai  tant  fetque  ne 
puis  mes;  Si  me  covient  tenir  en  pes;  Diex  doinst 
que  ce  ne  soit  trop  tart;  Toz  jors  ai  acreû  mon  fès, 
BUTEB.  38.  Mon  cheval  s'agenoilla  pour  le  fez  que  il 
senti,  et  je  en  alai  outre  parmi  les  oreilles  du  che- 
val, JoiNV.  225.  Il  xiV  s.  Quant  un  homme  porte  un 
pesant  faez  et  aucuns  autres  le  soulegent  en  pre- 
nant une  partie  de  tels  faez,  oresme,  Eth.  289. 
Il  xV  s.  [Des  engins],  qui  nuit  et  jour  jetoient  pier- 
res de  faix  au  chastel,  froiss.  i,  i,  227.  Si  tost  qu'ils 
Tirent  leurs  ennemis,  ils  reculèrent  tout  à  un  faix 
si  dosordonnéement....  m.  i,  i,  280.  Il  mist  tant  de 
choses  en  ymagination  et  si  grandes  qu'il  demeura 
soubz  le  faix,  comm.  iv,  ).  ||  xvi'  s.  Les  Turcs,  prests 
à  se  retirer,  s'avisèrent  que  ce  faix  d'eau  avoit  rendu 
inutile  l'arqu'ebuserie  et  l'artillerie  des  chrestiens, 
d'aub.  Ilist.  II,  4  99.  X  haute  montée  le  faix  encom- 
bre, COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fais;  espagn.  ha*  ;  portug. 
feixe  ;  ital  fascio  ;  du  latin  fascis,  faisceau. 

FAKIR  (fa-kir),  s.  m.  Voy.  faquir. 

t  FALABRÉGUIER  (fa-la-bré-ghié),  s.  m.  Un  des 
noms  du  micocoulier. 

FALAISE  (fa-lè-z'),  s.  f.  Terres  ou  rochers  escar- 
pés le  long  de  la  mer.  Les  falaises  de  la  mer  en  Nor- 
mandie sont  composées  de  couches  horizontales  de 
craie  si  régulièrement  coupées  à  plomb,  qu'on  les 
prendrait  de  loin  pour  des  murs  de  fortifications, 
suFP.  Addit.  théor.  OEuv.  t.  xii,  p.  459,  dans  pou- 
gens. 

—  HIST.  XII'  s.  Quistrent  [ils  parcoururenf]  tant 
Talées  et  plaines,  Quistrent  faloises  et  montaignes, 
Brut,  ms.  f°  <08,  dans  lacuhne.  f|  xiii*  s.  Là  desro- 
chent  li  Tur  à  moult  grant  encombrier  ;  Qui  chiet 
[tombe]  en  la  faloise,  ja  n'en  estent  plaidier,  Aussi 
bien  li  venroit  en  enfler  tresbuchier,  Ch.  d'Ànt.  vi, 
4027.  Il  XV*  s.  Mainte  falize  [l'Angleterre]  a  sur  la 
mer  posée,  Haulte  et  blanche....  eust.  deschamps, 
Bail,  de  l'Ànglet.  \\  xvi*  s.  Un  banc  estoit  de  sablon 
amassé.  Voisin  du  bord  où  Francus  fut  chassé, 
Haut  de  falaize  et  de  bourbe  attrainée,  rons.  609. 
....Puis  voyant  le  vaisseau  Qui  le  portoit  échoué  des- 
sus l'eau,  Demi-covert  de  falaize  et  de  bourbe,  id. 
825. 

—  ÉTYM.  Berry,  falaise,  le  sous-sol  graveleux  de 
la  Brenne,  dans  jaubert.  Glossaire;  wallon,  falije, 
carrière  de  pierre;  du  h.  allem.  felisa,  rocher;  al- 
lem.  mod.  Fels.  Ce  mot  a  eu  dans  l'ancien  fran- 
çais le  sens  de  lieu  sablonneux. 

FALAISER  (fa-lê-zé),  V.  n.  Terme  de  marine. 
Briser  contre  tme  falaise,  en  parlant  de  la  mer.  Peu 
usité. 

—  ÉTYM.  Falaise. 

FALARIQUE  (fa-la-ri-k'),  s.  f.  Terme  d'antiquité. 
Espèce  de  lance,  entortillée  d'étoupes  pleines  de 
soufre  et  d'autres  matières  inflammables,  qu'on  lan- 
çait pour  mettre  le  feu  aux  maisons,  aux  tours  en 
bois;  suivant  la  grosseur  on  la  lançait  avec  le  bras, 
avec  l'arc,  ou  avec  les  balistes. 

—  ÉTYM.  Lat.  falarica,  de  fala,  tour  de  bois. 
FALBALA  (fal-ba-la),  s.  m.  Large  bande  d'étoffe 

plissée  que  les  femmes  mettent  au  bas  et  autour 
de  leurs  jupes,  de  cailliêres,  4690  (qui  dit  que  le 
mot  est  venu  de  la  cour).  Son  habit  d'une  étoile  an- 
tique Sur  des  falbalas  en  portique  Offrait  d'équivo- 
ques couleurs,  hamilt.  CEutres ,  m,  4  64  (lett.  du 
4"  juillet  4  705).  Parlons  maintenant  de  nos  belles; 
iîlles  repassent  leurs  dentelles,  Vont  mettre  dans 
irolre  jardin  Leurs  cornettes  sur  des  ficelles,  Répa- 
rent quelques  falbalas ,  id.  ib.  m,  497  (année  4707). 

DICT.   DE  LA  langui:   FnAXÇ.USE. 


FAL 

Falbala  par  haut  pour  celles  qui  n'ont  point  de  han- 
ches, celles  qui  en  ont  trop  le  portent  plus  bas,  be- 
GNAHD,  Àllendex-moi  sous  l'orme,  se.  6.  |{  Aujour- 
d'hui le  falbala,  qui  paraît  dater  de  la  fin  du  règne 
de  Louis  XIV,  s'appelle  volant.  j|Oii  met  aussi  des 
falbalas  à  des  rideaux. 

—  ÉTYM.  Génev.  farbala;  espagn.  falbdli  et 
aussi  farbalâ;  portug.  falbala;  ital.  falbala;  Parme, 
frambalà  ;  piém.  farabalà.  D'après  Ménage  (au  mot 
passe-caille),  falbala  a  été  inventé  par  M.  de  Lan- 
glée,  maréchal  des  camps  et  armées  du  roi,  qui,  à 
une  couturière  lui  montrant  une  robe  avec  cette 
bande  plissée,  fit  accroire  qu'on  nommait  ainsi  à  la 
cour  ces  sortes  de  bandes  ;  la  couturière  redit  ce 
mot  imaginaire,  qui  fit  fortune.  D'après Cénin,  Ré- 
créât, t.  I,  p.  41,  il  vient  de  l'espagnol  falda,  habit 
de  femme,  faldellin,  cotillon  plissé.  D'après  d'au- 
tres, il  vient  de  l'anglais  furbelow,  falbala,  de  fur, 
fourrure,  below,  en  bas;  ce  qui  est  peut-être  la 
vraie  étymologie  ;  à  moins  toutefois  que  furbelow 
ne  soit  une  altération  du  mot  français,  transformé 
de  manière  à  avoir  un  sens  apparent  en  anglais. 
On  voit  que  l'origine  de  ce  mot,  né  du  temps  de 
Louis  XIV,  est  ignorée. 

t  FALBALASSER  (fal-ba-la-sé) ,  V.  a.  Garnir  de 
falbalas.  Une  robe  bien  falbalassée. 

t  FALCALDINE  (fal-kal-di-n'),  s.f.  Terme  de  mé- 
decine. Affection  qu'on  a  regardée  comme  une  va- 
riété de  la  sj'philis  et  qui  règne  dans  le  Falcaldo, 
contrée  de  la  province  de  Bellune. 

t  FALCATULE  (fal-ka-tu-l'),  t.  f.  Dent  fossile 
ayant  la  figure  d'une  faux. 

—  ÉTYM.  Diminutif  tiré  du  lat.  falcatus,  qui  est  en 
forme  de  faux. 

FALCIDIE  (fal-si-die)  ou  FALCIDIENNE  (fal-si- 
diè-n'),  adj.  fém.  Terme  de  droit  romain.  Quarte 
falcidie  ou  falcidienne,  portion  dont  l'héritier  testa- 
mentaire, chargé  de  legs  excessifs,  avait  le  droit  de 
faire  la  distraction.  ||  Substantivement,  la  falcidie. 

—  ÉTYM.  Lat.  lex  falcidia,  de  Falcidius,  nom  du 
tribun  qui  fit  rendre  cette  loi. 

t  FALCIFORME  (fal-si-for-m') ,  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  forme  d'une  faux.  Ligament 
falciforme  du  foie. 

—  ÉTYM.  Lat.  faix,  faux  i,  et  forma,  forme. 

t  FALCINELLE  (fal-si-nè-l'),*.  f.  Genre  d'oiseaux 
de  l'ordre  des  échassiers  longirostres. 

t  FALCIROSTRE  (fal-si-ro-str') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  le  bec  en  faux. 

—  ÉTYM.  Lat.  faix,  faux  2,  et  rostrum,  bec. 

+  FALCONELLE  (fal-ko-nè-l'),  s.  f.  Genre  de  pas- 
sereaux dentirostres. 

t  FALCONIDE  (fal-ko-ni-d'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  ressemble  au  faucon4  ||  S.  m.  Les  falco- 
nidés, la  famille  des  faucons. 

—  ÉTYM.  Lat.  falco,  faucon. 

t  FALCORDE  (fal-kor-d),  s.  f.  Nom  vulgaire  de 
la  mouette  blanche  et  de  la  mouette  noire. 

t  FALCCLAIRE  (fal-ku-lê-r'),  adj.  Qui  est  en 
forme  de  faux. 

—  HIST.  Lat.  falcula,  diminutif  do  faix,  faux  2, 
s.  f. 

t  FALE  ou  FALLE  (fa-l'),  s.  f.  Terme  vulgaire. 
Le  jabot  des  oiseaux.  Ces  pigeons  ont  la  fale  pleine, 
ils  sont  rassasiés. 

t  FALERNE  (fa-lèr-n'),  s.  m.  Terme  d'antiquité 
romaine.  Le  vin  des  environs  de  Falerne  en  Cam- 
panie,  qui  avait  une  grande  réputation.  La  vertu  du 
vieux  Caton,  Chez  les  Romains  tant  prônée.  Était 
souvent,  nous  dit-on.  De  falerne  enluminée,  J.  B. 
Bouss.  Odes,  II,  2.  Le  falerne  écumait  dans  de  larges 
cratères  Ceints  de  myrtes  fleuris ,  v.  hugo  ,  Odes, 
II,  5. 

t  FALISQUE  (fa-li-sk'),  s.  m.  Voy.  phalisque. 

FALLACE  (fal-la-s'),  s.  f.  Action  de  tromper  en 
quelque  mauvaise  intention.  Un  homme  sans  fraude 
ni  fallace,  Dict.  de  l'Acad.  Elle  lui  mit  au  sein  la 
ruse  et  la  fallace,  régnieh,  Sat.  vu. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  mena  tellement  le  pape  par  ses 
dons  et  par  ses  fallaces  qu'ils....  froiss.  i,  i,  41. 
Il  XVI*  s.  Adono  voyant  que  par  force  ou  fallace 
N'avoicnt  pouvoir  de  gaigner  cette  place,  j.  marot, 
p.  20,  dans  LACURNE. 

ÉTYM.  Provenç.  et  ital.  fallacia;  espagn.  fdla- 

eia;  du  lat.  fallacia,  de  fallax,  trompeur,  dsfaUere, 
tromper  (voy.  faillir,  falloir). 

FALLACIEUSEMENT  (fal-la-si-eû-ze-man) ,  adv. 
D'une  manière  fallacieuse.  Agir  fallacieusement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fallacieusement,  koszt,  Dict. 

—  ÉTYM.  Fallacieuse,  et  le  suffixe  ment. 
FALLACIEUX,   EUSE    (fal-la-si-eû ,   eû-z'),  adj. 

Qui  trompe  et  égare  pour  nuire.  Le  papier  me  man- 
querait, si  je  voulais  dire  tout  ce  que  j'ai  découvert 


FAL 


i6oy 


depuis  qu'il  est  parti  d'ici;  vous  pouvez  bien,  saoi 
scrupule,  le  traiter  comme  un  homme  fallacieux, 
POUSSIN,  Lett.  3  nov.  4647.  Il  II  se  dit  aussi  dci 
choses.  Serments  fallacieux,  salutaire 'contrainte, 
Que  m'imposa  la  force  et  qu'accepta  la  crainte , 
coBN.  Rodog.  II,  4 .  Une  vive  image  des  dangereuses 
insinuations  et  des  détours  fallacieux  de  l'esprit 
malin,  boss.  Uist.  11,  4.  L'élo<iuent  Bossuet  est  le 
seul  qui  se  soitservi  après  lui  [Corneille]  de  cette 
belle  épithète,  fallacieux....  pourquoi  appauvrir  sa 
langue?  un  mot  consacré  par  Corneille  et  Bossuet 
peut-il  être  abandonné?  volt.  Comm.  Com.  Rodo- 
flu  e. 

—  SYN.  FALLACIEUX,  TROMPEUR.  Fallacieux  enché- 
rit sur  l'idée  de  trompeur.  Un  langage  trompeur  nous 
égare  et  nous  présente  les  choses  autrement  qu'elles 
ne  sont;  un  langage  fallacieux  nous  trompe  pour 
nous  nuire  de  dessein  prémédité. 

—  HIST.  XVI*  s.  Parquoy  il  donna  congé  à  ce» 
conducteurs  barbares,  et,  laissant  leur  fallacieux 
destour  du  droit  chemin,  en  peu  de  jours  passa  la 
rivière  d'Euphrates  et  arriva  en  la  cité  d'Autioche, 
AMïOT,  Lucullus,  37. 

—  ÉTYM.  Lat.  fallaciosus,  de  fallacia,  fallace. 
FALLOIR  (fa-loir),  il  faut;  il  fallait;  il  fallut;  il 

faudra;  il  faudrait;  qu'il  faille;  qu'il  fallût;    point 
de  participe  présent,  voy.  pourtant  ce  qui  est  dit  au 
n°  4  4  pour  ce  participe;  fallu,  invariable ,  v.  n.  im- 
personnel. Il  1"  Faire  besoin  (le  sens  étymologique 
de  falloir  étant  manquer).  Il  lui  fallait  cent  francs. 
Que  vous  faut-il  encore?  J'ai   le  cheval  qu'il  vous 
faut.  Il  nous  faudrait  mille  personnes  Pour  éplucher 
tout  ce  canton,  la  font.  Fabl.  i,  8.  Il  fallait  un  Aris- 
tote  pourun  Alexandre,  rollin,  Hisl.  anc.  Œuv.  t.  vi, 
p.  604,  dans  pougens.  Pour  le  petit  nombre  de  ceux 
dont  la  tête  est  ferme,  le  gotit  délicat  et  le  sens  ex* 
quis,  et  qui  comme  vous,  messieurs,  comptent  pour 
peu  le  ton,  les  gestes  et  le  vain  son  des  mots,  il  faut 
des  choses,  des  pensées,  des  raisons,  bufp.  Disc,  de 
récep.  à  l'Acad.  Il  a  fallu  vingt  mille  ans  pour  la 
retraitedes  eaux,  qui  d'abord  étaient  élevéesde deux 
mille  toises  au-dessus  du  niveau  de  nos  mers  ac- 
tuelles, ID.  4*  époque,  CEuv.  t.  xii,  p.  230,  dars 
pougens.  Il  me  faut  qui  m'estime,  il  me  faut  des 
amis  Â  qui  dans  mes  secrets  tout  accès  soit  permis, 
A.  CHÈN.  Élég.  XII Dieu  cruel,  fallait-il  nos  sup- 
plices Pour  ta  félicité  ?  lamaht.  Méd.  i,  7,  ||  î-  Il  se  dit 
de  l'argent  à  donner  pour  achat  d'une  marchandise, 
pour  prix  d'un  salaire.   Combien  vous  faut-il  pour 
votre  marchandise,  pour  votre  peine?  ||  3*  Employé 
avec  le  pronom  personnel  se  et  précédé  de  la  parti- 
cule e«,ce  verbe  indique  une  différence  en  moins. 
En  cet  emploi ,  c'est  un  verbe  neutre  réfléchi,  comme 
s'enfuir,  et  il  se  conjugue  comme  les  verbes  réflé- 
chis, c'est-à-dire  avec  le  verbe  être.  Vous  dites  qu'il  " 
s'en  faut  tant  que  la  somme  y  soit;  il  ne  peut  s'en 
falloir  tant,  Dict.  de  l'Acad.  La  Valteline  est  toute  à 
nous;  et,  s'il  s'en  faut  quelque  chose,  ce  n'est  qu'un 
fort  qui  n'est  pas  meilleur  que  les  autres  qui  se  sont 
rendus,  malh.  Lett.   à  Racan ,  4  8  janv.  4  625.  La 
maîtresse  du  monde  I  ah  !   vous  me  feriez  peur  S'il 
ne  s'en  fallait  pas  l'Arménie  et  mon  cœur,  corn. 
Nicom.  m,  2.  Vous  ne  les  auriez  pas,  s'il  s'en  fallait 
un  double,  mol.  Jf^d.  m.  lui,  1,  6.  Pour  moi,  j'ai  vu 
des  moments  où  il  ne  s'en  fallait  rien  que  la  for- 
tune ne  me  mît  dans  la  plus  agréable  situation  du 
monde,  sÉv.   430.  J'ai  été  sur  le  point,  ces  joiirs 
passés,  de  mourir;  il  no  s'en  est  pas  fallu  rcp.js- 
seur  d'un  cheveu,  volt.    Lett.   Richelieu,  20  sept. 
1773.  Il  Le  compte  n'y  est  pas,  il  s'en  faut  cent  sous, 
la    différence   en  moins   est   de  cent   sous.   ||  On 
le  dit  aussi  avec  la  préposition  de.  Il  ne  s'en  est 
fallu  que  d'un  moment,  volt.   Princ.  de  Babyl. 
7.  Il  Cette  construction,   il  ne  s'en  est  pas  fallu 
l'épaisseur   d'un   cheveu,   s'ovplique  ainsi  ;  iJ,  su- 
jet indéterminé ,  c'est-à-dire  l'épaisseur  d'un  che- 
veu, ne  s'en  est  pas  fallu.  On  dirait  aussi  :  il  ne  s'en 
est  pas  fallu  de  l'épaisseur  d'un  cheveu;  mais  alors 
l'explication  grammaticale  est  dilTcrente  :  ti  s'en 
faut  se  dit  absolument  pour  signifier  il  y  a  une 
différence  en  moins;  et  de  l'épaisseur  d'un  cheveu 
devient  une  locution  adverbiale  qui  modifie  il  t'en 
faut  II  II  se  construit  avec  que  et  le  subjonctif.  H 
s'en  fallait  qu'il  n'eût  achevé,  Dict.  de  l'Acad.  Il  s'en 
faut  peu  de  chose  que  cela  n'aiUe,  ib.  ||  4"  Il  s'en 
faut  beaucoup,  il  s'en  faut  bien,  la  différence  en 
moins  est  grande.  Il  s'en  faut  beaucoup  qu'il  ait  sa- 
tisfait l'attente  du  public,  Dict.  de  l'Acad.   H  s'en 
faut  beaucoup  que  l'un  ait  autant  de  mérite  que 
l'autre.  Il  ne  s'en  est  pas  beaucoup  fallu  qu'il  fût 
tué.  Je  puis  vous  assurer  qu'il  s'en  faut  bien  qu'on 
y  meure  de  faim,  rac.  Lett.  46  à  Boileau.  Cet  homme 
paraît  faire  tout  ce  qu'il  veut,  mais  il  s'en  faut  bien 

I.     -  203 


IP.fO 


FAL 


qu'il  le  fasse,  rtn.  Tél.  m.  Tous  les  hôtes  d'Ibrahim 
n'étaient  pas  riches;  il  s'en  fallait  beaucoup,  cha- 
TKAUBR.  Itin.  c  part.  ||  On  dit  aussi  :  beaucoup  s'en 
faut  L'abbaye....  no  vaut  pas  beaucoup  s'en  faut  Les 
deux  mille  francsqu'll  me  faut,  rBgnier,  Épil.  m.  \\  Il 
s'en  faut  de  beaucoup  (voy.  ci-dessus  l'explication 
(le  cette  construction),  se  dit  surtout  pour  exprimer 
une  diiï(!rence  en  moins  de  quantité.  S'en  faut-il  de 
beaucoup  que  la  somme  soit  complète?  1'  s'en  faut 
de  beaucoup  que  leur  nombre  soit  complet,  Dict.  de 
l'Àcad.  Vous  voilà  bien  arriéré,  il  s'en  faut  de  beau- 
coup que  votre  tâche  soit  aussi  avancée  qu'elle  devrait 
l'être,  16.  Ce  prince,  comme  on  l'a  dit,  n'avait  pas  re- 
gagné tout  son  royaume  parl'épée;  il  s'en  fallait  de 
beaucoup,  volt,  llist.  du  pari.  ch.  xxxviii.  ||  Avec 
ne  surabondant.  Il  s'en  faut  beaucoup  qu'elle  ne  soit 
aussi  merveilleu-se  qu'on  se  rimagine,HAMiLT.  Gram. 
s.  Il  s'en  fallait  beaucoup  que  tout  ne  fût  fait,  fon- 
TEN.  Litlre.  Il  n'a  rien  mis  du  sien  dans  sa  réputa- 
tion que  son  mérite,  et  communément  il  s'en  faut 
beaucoup  que  ce  ne  soit  assez,  ID.  Uiry.  II  s'en  faut 
bien  qu'ils  ne  fussent  tous  agréables  à  Dieu,  mass. 
Profess.  relig.  Serm.  2.  ||  Dans  cette  construction 
le  mieux  est  de  ne  pas  mettre  ne.  ||  5'  Il  ne  s'en  faut 
guère,  la  différence  n'est  pas  grande.  Il  ne  s'en  est 
guère  fallu  que  je  ne  fusse  trompé  par  son  air  de 
candeur.  Pour  les  moines,  je  ne  pensais  pas  tout  à 
fait  comme  eux;  mais  il  ne  s'en  fallait  guère;  vous 
m'avez  fait  plaisir  de  me  désabuser,  sév.  2 j  juil.  i  672. 
Il  On  le  dit  aussi  avec  de.  II  ne  s'en  faut  de  guère 
que  ce  vase  ne  soit  plein,  Diet.  de  l'Acad.  \\  B"  11  s'en 
faut  peu,  peu  s'en  faut,  la  différence  en  moins  est 
petite,  locution  qui  a  pris  le  sens  de  presque.  Peu 
s'en  est  fallu  que  je  ne  vinsse.  Peu  s'en  faut  que 
vous  n'ayez  engraissé  un  étique,  balz.  liv.  vir,  lett.  22. 
Aussi  le  reçoit-il  [le  coup]  peu  s'en  faut  sans  dé- 
fense, CORN.  Hor.  IV,  2.  Peu  s'en  fallut  que  le  soleil  Ne 
rebroussât  d'horreur  vers  le  manoir  liquide,  la  pont. 
Fabl.  XI,  3.  Peu  s'en  faut  que  d'amour  la  pauvrette 
ne  meure,  moi..  l'Ét.  i,  6.  Un  discours  que  rien  ne  lie 
et  n'embarrasse,  marche  et  coule  de  soi-même,  et  il 
s'en  faut  peu  qu'il  n'aille  quelquefois  plus  vite  que  la 
pensée  même  de  l'orateur,  boil.  Traité  du  subi.  ch. 
I  «6.  Avec  quels  yeux  cruels  sa  rigueur  obstinée  Vous 
laissait  à  sespiedspeu  s'en  faut  prosternée!  rac.  Phèd. 
m,  I .  Peu  s'en  faut  que  Mathan  ne  m'ait  nommé  son 
père,  iT).Athal.  m,  6.  Peu  s'en  fallutqu'il  n'interrompît 
Mentor,  FÉN.  Tél.  xu.  {|  Il  s'en  faut  de  peu,  s'emploie 
quand  il  s'agit  d'une  différence  en  quantité.  Il  s'en  faut 
de  peu  que  ce  vase  ne  soit  plein,  Dict.  de  l'Acad. 
Il  7°  Être  de  nécessité,  de  devoir,  d'obligation  (parce 
ijue  avoir  ce  qui  manque  devient  une  nécessité).  Il 
ne  faut  pas  croire  tout  ce  qu'on  dit.  Il  vous  faudra 
faire  ce  voyage.  Eh  bien  !  vous  le  voulez ,  il  faut 
vous  satisfaire,  II  faut  affranchir  Rome,  il  faut  ven- 
ger un  père.  Il  faut  sur  un  tyran  porter  de  justes 
coups,  COBN.  Cinr.a,  m,  4.  Et  pour  la  voir  tomber 
[l'âme  tiède],  il  ne  faut  pas  même  la  voir  attaquée, 
MASS.  Carême,  Tiédeur,  2.  Il  faut  être  utile  aux 
nommes  pour  être  grand  dans  l'opinion  des  hommes, 
ID.  Petit  car.  Grand,  de  J.  C.  ||  Avec  que  il  veut 
.e  subjonctif.  Il  faut  bien  que  je  pleure  ;  Mon  in- 
sensible amant  ordonne  que  je  meure,  corn.  Hor. 
II,  6.  Faut-il  que  je  dérobe  avec  mille  détours  Un 
bonheur  que  vos  yeux  m'accordaient  tous  les  jours  1 
BAC.  Brit.  II,  «.  Il  En  ce  sens  il  est  peu  usité,  non 
inusité,  à  l'infinitif.  Il  va  falloir  partir.  Mais  sentir 
dans  son  sein  que  le  fer  veut  ouvrir,  Une  âme  ar- 
dente à  vivre,  et  puis  falloir  mourir  I  al.  humas, 
Christine,  v,  2.  ||  H,  dans  le  langage  familier,  peut 
se  supprimer.  Allons,  mon  fils,  marchons  :  fallut  se 
rendre,  Fallut  partir....  volt.  Ba.itille.  ||  Faut-il? 
fallait-il?  etc.  s'emploie  pour  exprimer  un  regret. 
Fallait-il  qu'il  entreprît  ce  fatal  voyage?  Faut-il 
m'être  engagé  dans  cette  affaire  ?  Faut-il  voir  tant 
de  misère  ?  Faut-il  que  sur  le  front  d'un  profane 
adultère  Brille  de  la  vertu  le  sacré  caractère  I  rac. 
Phèdre,  iv,  2.  Faut-il  que  de  tes  mains  le  plus 
parfait  ouvrage  X  «on  Dieu  qu'il  adore  offre  un  cou- 
pable hommage  I  volt.  Henr.  x.  ||  Il  faut  voir, 
il  est  nécessaire  de  voir,  il  faut  examiner.  Avant 
de  se  prononcer  il  faut  voir.  ||  Familièrement.  Il 
faut  voir,  il  est  curieux ,  intéressant  de  voir.  Il 
faut  voir  ce  que  cela  deviendra.  ||  Il  faut  voir  se 
I  rejette  quelquefois  à  la  fin  du  membre  de  phrase, 
j  en  forme  d'exclamation.  On  les  battit,  il  faut  voir  I 
j  l|  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  aussi  faut-il  voir. 
11  a  tiit  l'insolent,  aussi  faut-il  voir  comme  on  l'a 
traité,  jj  C'est  ce  qu'il  faudra  voir,  se  dit  pour  ré- 
pondre à  une  folle  menace.  Il  dit  qu'il  m'empêchera 
de  passer,  c'est  ce  qu'il  faudra  voir.  ||  Dans  le 
xvii*  siècle,  quand  falloir  était  suivi  d'un  verbe  ré- 
fléchi, on  mettait  le  pronom  avant  falloir,  et  alors 


KAL 

falloir  aux  temps  composés  prenait  la  conjugaison 
des  verbes  réfléchis.  Il  s'est  fallu  passer  à  cette  ba- 
gatelle ;  Alors  que  le  temps  presse,  on  n'a  pas  à 
choisir,  CORN.  Hent.  1,  6.  Cette  construction  pour- 
rait très-bien  s'employer  encore.  ||  Un  faire  le  faut, 
voy.  ce  mot  composé  à  son  rang  alphabétique.  118°  I! 
s'emploie  avec  ellipse  du  verbe  qui  précède.  Par- 
ler plus  qu'il  ne  faut.  Ne  dire  que  ce  qu'il  faut,  et 
de  la  manière  dont  il  le  faut  est,  ce  me  semble,  un 
mérite  dont  les  Français,  si  vous  m'en  exceptez,  ont 
plus  approché  que  les  écrivains  des  autres  pays, 
VOLT.  Ij-tt.  sur  Zaïre.  \\  II  le  faut,  cela  est  nécessaire. 
D'éveiller  ces  amants,  il  ne  le  fallait  pas,  la  font. 
Joe.  Il  faut  avoir  pitié  de  l'amour  que  vous  m'avez 
inspiré;  il  le  faut,  stael,  Corinne,  xvi,  3.  ||  9°  Comme 
il  faut,  comme  il  convient.  Pour  aimer  comme  il 
faut,  il  faut  pour  ce  qu'on  aime  F.mbrasser  l'amer- 
tume et  la  dureté  même,  corn.  Imit.  m,  5.  Rien 
ne  la  contentait,  rien  n'était  comme  il  faut,  la 
font.  Fahl.  VII,  a.  Quand  on  prend  comme  il  faut 
cet  accident  fatal,  id.  Coupe.  Je  suis  de  retour  dans 
un  moment  ;  que  l'on  ait  bien  soin  du  logis,  et  que 
tout  aille  comme  il  faut,  mol.  Mar.  ^.  <.  ||  10°  Un 
homme  comme  il  faut  (on  prononce  ko-mi-fô), 
homme  de  bon  ton,  de  bonne  compagnie.  Les  gens 
comme  il  faut.  C'est  une  femme  tout  à  fait  comme 
il  faut.  C'est  un  homme  très-comme  il  faut,  Dict. 
de  l'Acad.  Elle  a  l'air  très-comme  il  faut,  elle  n'a 
rien  marchandé, picard, Trow  quartiers, l,^.  ||  Dans 
le  langage  des  tailleurs  et  des  modistes,  un  vête- 
ment comme  il  faut,  un  vêtement  de  bon  ton,  bien 
porté.  Il  II  ne  faut  pas  confondre  comme  il  faut, 
avec  comme  il  en  faut,  qui  signifie,  en  parlant  de 
personnes  ou  de  choses,  comme  la  personne  ou  la 
chose  est  nécessaire.  Voilà  un  homme  comme  il  en 
faut  [pour  tel  ou  tel  emploi].  Et  par  plaisanterie  :  Ce 
n'est  pas  une  femme  comme  il  faut,  c'est  une  femme 
comme  il  en  faut.  ||  11°  Si  faut-il  que,  encore  faut-il 
que,  loc.  conj.  signifiant  il  est  nécessaire,  malgré 
tout,  que....  Je  veux  bien  le  croire  innocent,  si  faut- 
il  qu'il  s'explique.  Encore  faut-il  que  je  sache  à 
quoi  m'en  tenir.  ||  12°  Tant  s'en  faut  que,  loc.  conj. 
Bien  loin  que.  Tant  s'en  faut  qu'il  consente,  qu'au 
contraire  il  fera  tout  pour  l'empêcher.  Et  tant  s'en 
faut  que  les  vents  aient  emporté  ma  promesse,  ils 
m'ont  donné  lieu  de  la  tenir,  voit.  Lett.  49.  ||  Fami- 
lièrement. Tant  s'en  faut  qu'au  contraire,  s'emploie 
quelquefois  par  plaisanterie  pour  dire  simplement 
au  contraire.  Vous  demandez  si  cette  femme  est 
jolie,  tant  s'en  faut  qu'au  contraire,  Dict.  de  l'Acad. 
C'est  une  phrase  elliptique  :  Tant  s'en  faut  qu'elle 
soit  jolie,  qu'au  contraire  elle  est  laide.  ||.  13°  C'est 
pour  son  nez,  il  lui  en  faut,  se  dit  par  ironie  pour 
marquer  qu'il  ne  mérite  pas  d'avoir  ce  qu'il  demande. 
Il  14° Molière  a  employé  le  participe  présent  fallant  : 
Mais  lui  fallant  un  pic,  je  sortis  hors  d'effroi,  les 
Fdch.  u,  2;  ce  qui  pourrait  très-bien  être  imité  à 
l'occasion. 

—  KEM.  1.  n  s'en  faut  exprime  dans  toute  sa 
conjugaison  une  absence,  une  privation  dont  le  sens 
négatif  se  porte  sur  la  proposition  subordonnée. 
Alors,  quand  ce  verbe  n'est  accompagné  ni  d'une 
négation,  ni  de  quelque  mot  qui  ait  un  sens  né- 
gatif, tel  que  peu,  presque,  rien,  etc.  la  propo- 
sition subordonnée  ne  prend  pas  la  négative  ne  ; 
Il  s'en  faut  de  beaucoup  que  la  somme  y  soit  ;  Il 
s'en  faut  bien  que  tous  les  hommes  soient  de  ce 
caractère.  Mais,  lorsque  il  s'en  faut  est  accom- 
pagné d'une  négation  ou  de  quelqu'un  des  mots 
qui  ont  un  sens  négatif,  ou  bien  encore  si  la  phrase 
marque  interrogation  ou  doute,  la  proposition  sub- 
ordonnée prend  la  négative  ne  :  Il  ne  s'en  faut  pas 
de  beaucoup  que  la  somme  n'y  soit;  Il  s'en  faut  peu 
que  l'un  n'ait  autant  de  mérite  que  l'autre;  Peu 
s'en  fallait  qu'on  ne  m'abandonnât  ;  Il  s'en  faut  peu 
qu'il  ne  soit  le  dernier;  Combien  s'en  faut-il  que  la 
somme  n'y  soit?  S'en  faut-il  beaucoup  que  la  somme 
n'y  soit?  giradlt-duyivier.  ||  2.  Que  de  travaux  il  a 
fallu  pour  l'achever,  et  non  fallusl  II  a  fallu  des 
travaux  équivaut  à  :  des  travaux  ont  fallu,  c'est-à- 
dire  ont  fait  besoin.  Mais  comme  falloir,  en  vertu 
de  l'usage,  n'est  susceptible  que  de  la  construction 
impersonnelle,  l'explication  est  :  il  (c'est-à-dire  les 
travaux)  a  fallu,  c'est-à-dire  a  fait  besoin.  Voilà 
pourquoi,  dans  la  phrase  citée,  fallu  reste  inva- 
riable. Il  8.  S'en  falloir  est  un  de  ces  verbes  neutres 
construits  avec  le  pronom  personnel  et  ayant  même 
forme  que  les  verbes  réfléchis,  construction  qui 
était  familière  à  l'ancienne  langue.  Voyez  pour  cela 
le  pronom  se,  soi. 

—  HIST.  XIII'  s.  Petit  s'en  faut  que  mes  cuers 
[mon  cœur]  ne  se  desment  [déconcerte]  de  cor- 
roux,  Psautier,  f*  <7(,  Li  mien  pié  sunt  meO,  ne 


FAL 

s'en  falut  guieres,  à  pechié  faire,  tli.  f  m.  Noz 
avons  parlé  de  le  [la]  division  des  quemins,  parc* 
que  noz  regardons  qu'il  sont,  ne  s'en  faut  gai»e», 
tout  corrumpu  par  le  [la]  convoitise  de  cix  [ceux] 
qui  y  marcissent  [qui  y  sont  limitrophes],  beaum. 
XXV,  3.  Il  XV'  s.  II  ne  faut  pas  demander  si  Saintré 
fut  du  roy  et  de  la  royne  très  grandement  loué, 
Jeh.  de  Saintré,  ch.  38.  X  bien  peu  s'en  faillit 
qu'elle  ne  se  pasma  ;  et  fust  à  l'envers  tombée,  le 
elle  ne  se  feust  bientost  levée ,  ib.  Un  coq  d'Inde  sa 
gorge  à  toi  semblable  porte;  Combien  du  riches 
gens  N'ont  pas  si  riche  nez  !  pour  te  peindre  en  la 
sorte,  Il  faut  beaucoup  de  temps,  basseliw,  vi. 
Il  XVI'  s.  Et  ne  se  fauldra  plus  doresnavant  trouver 
en  place  ny  en  compaignye  qui  ne  sera  bien  expoly 

en  l'officine  de  Miner\e,  habel.  Pant.  n,  s Tant 

s'en  fault  que  il  les  voulsist  assaillir,  ou  leurs  es- 
tudes  distraire,  m.  16.  m ,  32.  Dont  il  appert  qu'en  c« 
temps  là  ceste  opinion  a  esté  rejettée  :  de  dire  qu'il 
fausist  [fallût]  par  satisfaction  recompenser  les 
fautes  passées,  calv.  Instit.  521.  Il  me  faust  ad- 
jouster  cet  aultre  exemple,  mont,  i,  <6.  Il  s'en  fault 
tant  que  je  sois  arrivé  à  ce  degré  d'excellence,que.... 
ID.  II,  <22.  Le   temps  qu'il  lui  falloità....  ID.  I,  2S. 

—  ÉTYM.  Falloir  est  le  même  que  faillir  (voy. 
ce  mot),  n'en  différant  que  par  la  conjugaison. 

4.  FALOT  (fa-lo;  le  (  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  1'» 
se  lie  :  des  fa-lo-z  allumés),  s.  m.  ||  1°  Sorte  de  grande 
lanterne.  Le  fils  de  la  Feuillade  se  lassa  de  faire 
allumer  tous  les  soirs  les  falots  des  quatre  coins  de 
cette  place  [des  Victoires],  st-sim.  69,  <30.  La  rue 
où  je  logeais  était  sombre  et  déserte;  Quelques  om- 
bres passaient,  un  falot  à  la  main,  a.  de  musset, 
Poésies  )iouv.  Nuit  d'octobre.  ||  Fig.  Un  sot  est  un 
falot;  la  lumière  passe  à  travers,  bealmarch.  itère 
coup,  n,  8.  Il  Terme  de  blason.  Meuble  d'armoiries 
en  forme  de  vase  avec  un  manche.  Falot  allumé  et 
emmanché,  falot  dont  la  flamme  et  le  manche  sont 
d'un  autre  émail.  ||  2°  Sorte  de  grand  vase  qu'on  em- 
plit de  suif,  de  poix-résine  et  autres  matières  sem- 
blables, et  dont  on  se  sert  pour  éclairer  les  cours 
d'une  grande  maison,  les  abords  d'un  lieu  de  fête,  etc. 
On  dit  plus  ordinairement  pot  à  feu.  ||  3°  Terme  do 
marine.  Le  falot  ou  fanal  est  la  lanterne  doràe  sur 
son  chandelier,  au  plus  haut  de  la  poupe;  l'amiral  a 
le  falot  de  trois  lanternes,  le  vice-amiral  de  deux, 
et  les  autres  navires  de  guerre  d'une,  Etienne  clei- 
RAC,  (643,  dans  JAL. 

—  HIST.  xiv  s.  Olivier  de  Clisson  venoit  moult 
puissamment  X  falos,  à  brandons,  o  [avec]  lui  hom- 
mes cinq  cent,  Guesclin,  2(749.,  ||  xvi'  s.  Combien 
qu'ils  semblassent  fallots  ardens  pour  enflamber 
toute  la  terre,  ils  n'estoyent  néanmoins  que  tisons 
fumans,  calv.  Instit.  4  56.  Phanot,  cotgrave. 

—  ËTYM.  Bourguign.  foilô  ;  espagn.  farol  ;  ital. 
fald  ;  piémontais,  farà;  vénit.  fana  ;  farot  dans  Ni- 
cot;  fanot  dans  du  Cange,  au  mot  fanon;  du  grec 
çavi;,  brillant,  ou  oàpoç,  phare;  car  il  s'est  fait  une 
confusion  entre  ces  deux  mots  (voy.  fanal).  Il  y 
avait  dans  l'ancien  français  faille,  provenç.  falha, 
signifiant  torche,  et  venant  du  lat.  fàcula,  diminu- 
tif de  fax,  torche. 

2.  FALOT,  GTE  (fa-lo,  lo-f  ) ,  adj.  Plaisant, 
drôle,  grotesque.  Conte  falot.  Aventure  falote.  Là, 
par  quelque  chanson  falote.  Nous  célébrerons  la 
vertu  Qu'on  tire  de  ce  bois  tortu  [la  vigne],  st- 
amand,  dans  richelet.  Sans  ce  trait  falot  Un  homme 
l'emmenait,  qui  s'est  trouvé  fort  sot,  moi..  l'Ét.  11, 
<4.  Un  bon  couplet  chez  ce  peuple  falot  [le  Français] 
De  tout  mérite  est  l'infaillible  lot,  volt.  Ép.  xxxv. 
Payant  tribut  X  l'attribut  De  sa  galle  falote  (de  Mo- 
mus],  bérano.  Marotte.  \\  Substantivement.  Il  fait  le 
falot. 

—  HIST.  XVI'  s.  dy  dessous  gist  et  loge  en  serre 
Ce  très  gentil  fallot  Jan  Serre,  mahot,  p.  421,  dans 
LACtiRNE.  Ce  vieux  cynique  [Diogène]  estoitim  vray 
falot,  GARASSE,  Recherche  des  recherches,  p.  ix,  dans 

LACURNE. 

—  ÊTYM.  Ital.  falotieo,  capricieux.  Origine  fort 
incertaine.  II  est  possible  que  cetadjectif  soit  le  même 
que  falot  i,  l'individu  gai,  un  peu  fou,  capricieux, 
ayant  été  comparé  à  quelque  chose  qui  vacille 
comme  la  lumière  d'un  falot,  d'une  lanterne  poi- 
tée  à  la  main.  L'espagn.  faroson,  homme  effronté, 
farota,  femme  dévergondée,  appiu^ent-il  à  falot, 
i  falotieo? 

FALOTEMKîrr(fa-Io-te-man),  adv.  D'une  manière 
falote. 

—  HIST.  xvr  ».  Et  pour  mon  ennui  compenser,  Je 
TOUS  vins  ma  dame  embrasser,  Et  la  baise  falote- 
ment  Un  petitet  tant  seulement,  boo.  decolleïye, 

p.  62,  dans  LACURNE. 

—  KTYM.  Falote,  et  le  suffixe  ment. 


FAL 


FAL 


FAM 


1611 


t  FiXOTKRIE  (fa-lo-te-rie),  t.  f.  Acte  de  falot. 

—  HIST.  xvi*  s.  Faloterie,  oddin,  Dict. 

—  £tym.  Falot  î;  ital.  faloticheria. 

i.  FALOURDK  (fa-lour-d'),  *•.  f.  Fagot  de  quatre 
ou  cinq  bûches  liées  enseiniile.  Pour  uue  voie  de 
falourdes  de  perches  est  dû  auidits  orficiers  30  sols 
n  deniers,  Déclar.  aaoct.  4715,  Tarif.  On  en  vend 
beaucoup  [de  bois  flotté]  au  menu  peuple  en  falour- 
des composées  de  six  ou  sept  bûches,  Dict.  des  arts 
et  m.  Uarch.  de  bois,  i^a^.  ||  Falourde  de  harts, 
grand  fagot  de  douze  ou  quinze  longs  morceaux  de 
bois,  garni  dans  l'intérieur  de  débris  de  harts,  de 
liens  de  train  de  bois. 

—  HIST.  xm*  s.  Je  sai  bien  connoistre  tes  bordes 
Et  tes  lobes  et  tes  falordes,  Sen.  46656.  En  autre 
lieu  les  covient  trere,  Où  il  me  fet  l'oreille  sorde, 
Qu'il  n'a  cure  de  ma  falorde.  Et  je  li  referai  la  moe, 
RUTEB.  u,  7».  Il  IV*  s.  Seigneurs,  de  nostre  loy  des- 
truire  Ne  cesse  Jhesu  le  trahistes  [le  traître]  Pour 
[à  l'aide  de]  fallourdes  que  il  a  dictes.  Et  du  dire 
point  ne  recroit  [ne  se  lasse],  la  Pass.  de  N.  S.  J.  C. 
L'endemain  il  fit,  par  les  vilains  du  pays,  acharier 
et  apporter  grant  foison  des  bûches  et  de  velour- 
des,  FROiss.  I,  I,  233.  Grant  foison  d'estrain  [paille] 
et  de  belourdes,  id.  ii,  ii,  86.  {|  xvi*  s.  Fagots  et  ve- 
lourdes,  Coustumier  génér.  t.  i,  p.  8)4.  Faullourde, 

PALSGR.   p.   <97. 

—  ÉTYM.  On  a  fait  venir  ce  mot  de  faix  lourd, 
et  Diez  approuve  cette  étymologie,  mais  elle  ne  peut 
se  soutenir  en  présence  des  anciennes  formes.  On 
trouve  dans  le  xiu"  siècle  falorde  (espagn.  falordia), 
tromperie,  bourde,  mais  non  avec  le  sens  de  fagot. 
Plus  tard  c'est  velourde  ou  belourde  que  l'on  trouve, 
signifiant  fagot;  enfin  plus  tard  encore,  et  avec  le 
sens  de  fagot,  falourde.  Dans  l'état  actuel  il  n'est 
pas  possible  d'éclaircir  ce  problème  ni  de  dire  si 
falourde  et  velourde  sont  le  même  mot,  ni  s'il  y 
a  quelque  rapport  entre  falorde,  tromperie,  et  fa- 
lourde, fagot.  Fagot  lui-même  a  le  sens  de  bourde. 

1 2.  FALOURDE  (fa-lour-d'),  s.  f.  Hirondelle  de 
mer. 

—  ÉTYM.  Voy.  FABLODZB. 

■f  4 .  FALQUE  (fal-k'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Se  dit 
de  petits  panneaux  qui  se  placent  dans  des  couUsses 
à  l'endroit  des  tolets,  pour  élever  les  bords  des  ba- 
teaux et  empêcher  l'eau  de  la  mer  d'y  pénétrer.  On 
dit  aussi  fargue. 

—  ËTYM.  Origine  inconnue.  Espagn.  falcas;  ital. 
fahhe. 

t  2.  FALQUE  (fal-k'),  s.  f.  Terme  de  manège.  Ac- 
tion de  falquer.  Les  falques  sont  proprement  trois  ou 
quatre  petites  courbettes  pressées  avant  l'arrêt. 

t  FALQUE,  ÉE  (fal-ké,  kée),  od;.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  est  en  forme  de  faux. 

—  ÊTYH.  l.at.  falcatus,  de  faix,  faux  a. 
FALQUER  (fal-ké),  v.  n.  Terme  de  manège.  Faire 

falquer  un  cheval,  le  faire  couler  sur  les  hanches  en 
deux  ou  trois  temps. 

—  ÊTVM.  Lat.  fictif,  falcare,  faucher  (voy.  ce  mot), 
f  FALQCET  (fal-ke),  s.  m.  Terme  de  fauconnerie. 

Nom  d'oiseau  de  leurres,  qui  s'appelle  aussi  hobe- 
reau. 

—  ËTYM.  Diminutif  de  l'anc.  français  faic  (voy. 
faucon). 

t  FALSIFIABLE  (fal-si-fi-a-W),  adj.  Qui  peut  être 
falsifié. 

—  HIST.  XVI*  S.  U  ne  peut  fuir  que  les  sens  ne 
soient  les  souverains  maistres  de  sa  connoissance  ; 
mais  ils  sont  incertainset  falsifiablesà  toutes  circon- 
stances, MONT.  t.  II,  p.  499,  dans  lacurne. 

FALSIFICATEUR  (fal-si-fi-ka-teur),  s.  m.  Celui 
qui  falsifie.  Je  cite  ces  vers  pour  faire  voir  combien 
ce  métier  de  petits  barbouilleurs,  de  petits  follicu- 
laires, de  petits  calomniateurs,  de  petits  falsificateurs 
du  coin  de  la  rue  est  abominable,  volt.  Uonnêt. 
UMr. 

—  KTYM.  Falsifier. 

FALSIFICATION  (fal-si-fl-ka-sion;  en  vers,  de  six 
syllabes),  s.  f.  Action  de  falsifier;  résultat  de  cette 
action.  La  falsification  des  monnaies  a  toujours  eu  lieu 
dans  tous  les  États  et  dans  tous  les  temps,  rollin, 
Uist.  anc.  Œuv.  t.  x,  p.  638,  dans  pougens.  I|  Alté- 
ration volontaire  et  frauduleuse  des  substances  ali- 
mentaires, des  vins,  des  alcools,  d'une  substance 
médicamenteuse  par  son  mélange  avec  des  substan- 
ces inertes  ou  de  qualité  inférieure.  ||  Altération  des 
textes.  La  falsification  de  cet  acte  est  manifeste.  ||  Al- 
tération des  faits.  Je  l'ai  placé  [le  lieu  de  la  scène] 
dans  Séville,  bien  que  don  Femand  n'en  ait  jamais 
été  le  maître,  et  j'ai  été  obligé  à  cette  falsificalion 
tour  former  quelque  vraisemblance  à  la  descente  des 
Maures,  corn.  Ex.  du  Cid. 

—  HIST.  ivi*  8.  Il  en  mit  aussi  en  justice  un  au 


tre,  le  chargeant  de  falsification  de  testament,  amtot, 
C.  d'Utique,  23.  Ennemi  juré  de  toute  espèce  de 
l'alsification,  mont,  i,  283. 

—  ÈTYM.  Falsifier. 

FALSIFIÉ,  ÊE  (fal-si-fl-é,  ée),  port,  passé.  Al- 
téré à  dessein  de  tromper.  Monnaies  falsifiées.  Du 
vin  falsifié.  Des  actes  falsifiés.  Tous  ces  exemples  pris 
au  hasard  chez  les  peuples  d'Achem,  de  Bantam,  de 
Ceylan,  de  Bornéo,  des  îles  Moluques,  des  Philip- 
pines, tous  copiés  d'après  des  voyageurs  très-mal  in- 
struits, et  tous  falsifiés,  sans  en  excepter  un  seul, 
ne  devraient  pas  assurément  entrer  dans  un  livre  où 
l'on  promet  do  nous  développer  les  lois  de  l'Europe, 
VOLT.  Dict.  phil.  Lois  (Esprit  des). 

FALSIFIER  (fal-si-fi-é),  je  falsifiais,  nous  falsi- 
fiions, vous  falsifiiez;  que  je  falsifie,  que  nous  falsi- 
fiions, que  vous  falsifiiez ,  t).  o.  ||  1°  Altérer  avec  des- 
sein de  tromper.  Falsifier  l'écriture,  un  seing,  une 
date,  un  sceau,  un  cachet.  J'ai  pris  soin  de  ne  pas 
falsifier  le  sens  d'un  passage,  pasc.  Prov.  i  t.  On  dit 
qu'ils  [les  jésuites]  prouvent  dans  un  de  ces  mémoi- 
res que  le  parlement  a  falsifié  et  tronqué  les  passa- 
ges de  leurs  constitutions,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
3)  oct.  1764.  Il  2°  Altérer  une  substance  par  un  mé- 
lange. On  n'y  voit  point  de  vin  que  l'on  ne  falsifie, 
bOURSAULT,  Fabl.  d'Ésope,  n,  6.  Celle  [la  civette] 
qu'on  tire  de  Guinée  serait  la  meilleure  de  toutes, 
si  les  nègres,  ainsi  que  les  Indiens  et  les  Levantins, 
ne  la  falsifiaient  en  y  mêlant  des  sucs  de  végétaux, 
comme  du  ladanum,  du  storax  et  d'autres  drogues 
balsamiques  et  odoriférantes,  bupf.  Quadrup.  t.  iii, 
p.  369,  dans  pouOERs.  ||  3°  Falsifier  de  la  monnaie, 
en  altérer  la  valeur.  ||  4°  Ne  pas  rendre,  ne  pas  rap- 
porter les  choses  telles  qu'elles  sont.  Les  anciens  qui 
ont  écrit  que  Thémistocle  et  d'autres  s'étaient  em- 
poisonnés avec  du  sang  de  taureau,  falsifiaient  à  la 
fois  l'histoire  et  la  nature,  volt.  Dict.  phil.  Taureau. 
Brumoy  a  déguisé  autant  qu'il  l'a  pu  ce  dialogue, 
comme  il  a  falsifié  presque  toutes  les  pièces  qu'il  a 
traduites  [des  tragiques  grecs],  id.  Dict.  phil.  Art 
dramatique.  ||  6°  Donner  une  fausse  apparence.  D'ail- 
leurs, ce  grand  courroux  pourrait-il  être  feint?  Au- 
rait-il pu  sitôt  falsifier  son  teint.  Et  si  bien  ajuster 
ses  yeux  et  son  langage  X  ce  que  la  fureur  marquait 
sur  son  visage?  corn,  la  Suiv.  iv,  9.  ||  6°  Falsifier 
les  clefs,  faire  de  fausses  clefs.  Romulus  permit  au 
mari  de  répudier  sa  femme,  si  elle  avait  commis  un 
adultère,  préparé  du  poison  ou  falsifié  les  clefs, 
MONTESQ.  Esp.  XVI,  <6.  ||  7°  Terme  de  manège.  Fal- 
sifier les  allures  d'un  cheval,  les  rendre  fausses,  les 
faire  tourner  de  bien  en  mal.  {|  8°  Se  falsifier,  ».  réfl. 
Être  falsifié.  Tout  se  viole  et  tout  se  falsifie,  lamotte, 
Fabl.  II,  7. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ma  conscience  ne  falsifie  pas  un 
iota,  MONT.  I,  203.  Elle  estoit  bien  advertie  com- 
ment l'edict  de  paix  se  falsifioit  [faussait]  par  tout, 
d'aub.  Hist.  I,  200 De  n'ouvrir  point  leurs  por- 
tes à  gens  de  guerre,  soubs  une  simple  lettre  de  ca- 
chet que  l'on  falsifie  souvent,  carloix,  vui,  7.  Us 
vendent  leur  theriaque  falsifié  bien  et   chèrement, 

PARÉ,  XXIII,  30. 

—  ETYM.  Lat.  falsificare,  de  fcUsus,  faux  (voy. 
FAtix  Oi  et  facere,  faire. 

t  FALTRANK  ou  FALLTRANK  (fal-trank),  t.  m. 

Infusion  de  plantes  aromatiques  recueillies  dans  les 
Alpes  suisses,  et  dont  on  use  pour  les  chutes  et  les 
coups.  Il  Ces  plantes  elles-mêmes.  Thé  de  faltrank. 
Faltrank  suisse. 

—  ÊTYM.  Allem.  fallen,  tomb»r,  et  Trank,  bois- 
son :  boisson  pour  les  chutes. 

FALUN  (fa-lun),  s.  m.  Débris  coquilliers  de  di- 
vers âges  formant  des  dépôts  meubles,  quelquefois 
très-considérables,  exploités  en  quelques  endroits 
pour  l'amendement  des  terres,  et  ditVérents  de  la 
marne  qui  est  un  mélange  naturel  de  calcaire  et 
d'argile.  Les  faluns  de  la  Touraine.  Si  ce  falun  a  été 
produit  à  la  longue  dans  la  mer,  elle  est  donc  ve- 
nue à  peu  près  de  quarante  lieues  dans  un  pays 
plat,  et  elle  n'y  a  point  formé  de  montagnes,  volt. 
Dict.  phil.  Coquilles. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  Peut-on  conjecturer 
l'allem.  fahl,  angl.  fallow,  gris  cendré?  Le  Dic- 
tionnaire des  arts  et  métiers  de  (787  dit  falum  et 
falumière. 

f  FALUNAGE  (fa-lu-na-j'),  s.  m.  Action  de  dépo- 
ser du  falun  sur  les  terrains  en  cuiture,  pour  les 
amender.  Le  falunage  a  la  même  action  que  le  mar- 
nage. 

FALUNÊ,  ÉE  (fa-lu-né,  née),  part,  posté.  Terre 
falunée. 

FALUNER  (fa-lu-né),  V.  a.  Terme  d'agriculture. 
Amender  un  champ  avec  du  falun. 

—  ÉTYM.  Falun. 


t  FALU.\EUR  (fa-lu-neur),  s.  m.  Ouvrier  qui  ex- 
ploite le  falun. 

PALCNIËRE  (fa-lu-niê-r'),  ».  f.  Mine  de  falun; 
endroit  d'où  l'on  tire  du  falun.  La  Tourraine  possède 
des  falunières  très-étendues,  recouvertes  do  quel- 
ques pieds  de  terre,  et  exploitées  dans  le  pays  de- 
puis un  temps  immémorial.  Si  quelques  petits  frag- 
ments de  coquilles  mêlées  à  la  terre  mai-neuse, 
étaient  réellement  des  coquilles  de  mer,  il  faudrait 
avouer  qu'elles  sont  dans  cette  falunière  depuis  des 
temps  reculés  qui  épouvantent  l'imagination,  volt. 
Dict.phil.  Coquilles. 

—  ÉTYM.  Falun. 

FAME  (fi-m'),  s.  f.  Réputation.  Mot  tombé  en 
désuétude  et  conservé  seulement  dans  cette  locution 
d'ancienne  pratique  :  Rétabli  dans  sa  bonne  fime  et 
réputation. 

—  HIST.  XII*  s.  Vostre  famé  nenest  mie  saine;  car 
à  mal  le  pople  meine,  Rois ,  p.  8.  Et  vint  la  famé  i 
toz  ces  de  Israël  que  desconfiz  furent  li  Philistien,  ib. 
42.  Il  XVI*  s.  Los  et  famés  glorieuses,  j.  mahot,  v, 
(69.  Entre  les  mains  le  mettrai  d'une  femme  Qui  ap- 
pelée est  renommée  ou  lame,  habot,  i,  36<. 

—  ETYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  fama;  du  lat. 
fanta  ;  grec,  ç^iiiT) ,  de  ipàco,  »Tniî,  dire,  en  latin  fart 
(voy.  fable). 

FAMÉ,  ÉE  (fa-mé,  mée),  adj.  U  ne  se  dit  que  joint 
aux  adverbes  bien,  mal  ;  bien  famé ,  mal  famé,  qui 
a  une  bonne,  une  mauvaise  réputation.  Tout  est 
perdu,  tant  que  vos  agents  ne  seront  que  des  proté- 
gés ou  des  hommes  mal  famés,  ratnal,  Uist.  phU. 
IV,  33. 

—  HIST.  ivi*  s.  Lors  un  vieillart,  personne  trè» 
famée,  j.  marot,  p.  t66,  dans  lacurne.  Lesquehies- 
toyent  gens  honnorables  et  bien  famez,  bab.  Pant. 
ui,  32. 

—  ÉTYM.  Fdme.  Famé  n'a  pas  d'accent  parce 
que  Va  n'y  est  pas  long  ;  et  il  ne  l'est  pas,  parce  que 
la  syllabe  qui  suit  n'est  pas  muette.  Il  arrive  sou- 
vent que  cette  circonstance  abrège  la  syllabe  anté- 
cédente; il  faut  rectifier  en  ce  sens  la  remarque 
mise  à  diffamer. 

FAMÉLIQUE  (fa-mé-li-k'),  odj.  ||  1°  Qui  a  souvent 
faim,  faute  d'avoir  de  quoi  manger.  La  famélique  et 
honteuse  lésine,  boil.  Sat.  x.  Tu  verras  ce  prince 
glouton  Rendre  facilement  croyable  Tout  ce  que 
nous  conte  la  fable  Du  famélique  Érésichlon,  chaO- 
UEU,  Àuduc  deNevers.  Un  de  ces  écrivains  faméli- 
ques qui  prennent  hardiment  le  titre  d'historien, 
VOLT  Russie, 11,  iO.  \\2°  En  parlant  des  choses.  Vi- 
sage famélique.  ||  3°  S.  m.  Brancas,  pauvre  de  lui- 
même  et  panier  percé  d'ailleurs,  était  un  famélique 
qu'on  ne  pouvait  rassasier,  st-sim.  «28,  (99.  D'un 
homme  pauvre  il  fait  un  mendiant;  d'un  travailleur, 
un  oisif;  d'un  malheureux,  un  scélérat;  c'est-à- 
dire  qu'il  conduit  un  famélique  à  l'échafaud  par  la 
misère,  raïnal,  Hist.phil.  xix,   40. 

—  HIST.  XVI*  s.  L'attraction  de  la  viande,  que  nous 
voyons  quelquesfois  estre  si  subite  aux  gens  famé- 
liques, qu'à  peine  on  a  le  loisir  de  lamascher,  pars, 

II,  20. 

—  ÉTYM.  Lat.  famelicus,  de  famés,  faim.  Famé- 
lique n'était  point  usité  dans  l'ancienne  langue;  on 
disait  famdleus  :  Et  se  feri  entre  aus  [eux]  corne 
lions  famelleus,  et  fist  tant  d'armes  de  son  cors  que 
o'estoit  mervelle,  Chr.  de  Rains,  p.  4  60. 

t  FAMEUSEMENT  (fa-meù-zeman),  adv.  D'une 
manière  fameuse.  ||  Dans  le  langage  populaire,  ex- 
trêmement, excellemment.  Cela  est  fameusement 
bon.  Il  est  fameusement  bête. 

—  HIST.  xvi*  s.  Fameusement,  oodin,  Dict, 

—  ÉTYM.  Fameuse,  et  le  suffixe  ment. 
FAMEUX,  EUSE  (fa-meû,  meù-z'),  adj.  ||  1*  Qui 

a  une  grande  réputation,  bonne  ou  mauvaise.  La  fa- 
meuse Macettfi,  à  la  cour  si  connue,  Régnier,  Sol. 
XIII.  Le  fameux  Scipion  le  fut  bien  [lieutenant]  de 
son  frère,  corn.  JVtcom.  u,  3.  Et  vous  serez  fameux 
chez  la  postérité,  id.  Cinna,  u,  4.  C'est  ce  roi  si 
fameux  dans  la  paix,  dans  la  guerre,  boil.  Poésies 
div.  xviii.  La  fameuse  Cornélie,  fille  du  grand  Sci- 
pion et  mère  des  Gracques,  est  connue  de  tout  le 
monde;  il  n'y  avait  pointa  Rome  de  noblesse  plus 
illustre' ni  de  maison  plus  riche  que  la  sienne,  uoll. 
Traité  des  Éludes,  v,  4"  part.  §3.  L'histoire  des  em- 
pereurs romains  fait  plus  souvent  mention  des  pan- 
tomimes fameux  que  des  orateurs  célèbres ,  id.  dans 
LAFAYB,  Synon.  Ce  brillant  escadron  fameux  par 
cent  batailles,  volt.  Fonienoy.  Le  renard  est  fa- 
meux par  ses  ruses,  et  mérite  en  partie  sa  répu- 
tation ,  BUFF.  Renard.  Les  remarques  de  l'abbé 
d'Olivet  déplurent  surtout  à  un  satirique  [l'abbé 
DesfonUines]  plus  fameux  que  célèbre,  et  plus  caus- 
tique que  juste,  d'alemb.  dans  lafatb,  Synon.  A 


1612 


FAM 


celle-ci  succéda  Messaline,  fameuse  par  ses  débau- 
ches, et  à  Messaline  Agrippine,  non  moins  fameuse 
par  son  ambition,  didek.  Claudf.  et  «ér.  i,  ^  «9. 
Il  II  se  dit  aussi  des  choses.  11  fréquentoit  au  logis 
de  l'intimé,  qui,  pour  laquais  et  autres  semblables 
gens  tient  le  cabaret  le  plus  fameux  de  la  ville , 
PATiiîi,  Plaidoyer  *l,  dans  richelet.  Ce  grand  cou- 
rage Oui  m'a  fait  entreprendre  un  si  fameux  ou- 
vrage, cohn.  Cinno,iï,  6.  Ne  vous  exposez  plus  à  ces 
fameux  revers,  id.  ib.  m,  4.  La  fameuse  journée  Où 
sur  le  mont  Sina  la  loi  nous  fut  donnée,  rac.  yllAai. 
I,  I.  Peut-être  on  t'a  conté  la  fameuse  disgrâce,  id. 
àslh.i,  1.  Il  2°  Use  dit  aussi  dansle  langage  familier, 
en  mauvaise  part  pour  désigner  un  excès.  Un  fameux 
ivrogne.  Samson  est  représenté  comme  un  fameux 
paillard,  volt,  l'hil.  ii,  oo.  ||  Voilà  une  fameuse  bê- 
tise! Un  fameux  imbécile.  ||3°  Dans  le  langage  po- 
pulaire, excellent,  admirable.  C'est  fameux!  Hé!  je 
me  connais  bien  aussi,  et  je  n'ai  pas  là  une  fameuse 
connaissance,  it\mv.Jeux  del'am.  et  du  has.  m,  6. 

—  SYN.  FAMEUX,  RENOMMÉ,  CÉLÈBRE.  Renommé 
est  celui  dont  le  nom  est  connu;  célèbre,  celui  dont 
on  parle  beaucoup  et  souvent,  en  bien;  fameux,  ce- 
lui dont  la  réputation,  en  bien  ou  en  mal,  s'étend  au 
loin.  Renommé  dit  moins  que  célèbre  ou  fameux; 
le  renom  fait  seulement  que  la  personne  ou  la  chose 
est  citée  avec  éloge  parmi  celles  de  son  espèce. 
Quant  à  fameux  et  célèbre,  on  remarquera  que  le 
genre  de  célébrité  marqué  par  le  premier  est  plus 
relatif  à  ce  que  dit  la  voix  commune,  et  celui  qui 
est  marqué  par  le  second  plus  relatif  à  ce  que  di- 
sent les  livres. 

—  lllST.  xvr  s.  Université  fameuse,  Âne.  coût,  de 
Normandie,  f"  15,  dans  lacurhe. 

—  ÉTYH.  Provenç.  famos  ;  espagn.  et  ital.  fa- 
moso  ;  du  latin  famosus,  de  fama  (voy.  fâme).  Fa- 
meux n'a  pas  d'accent  parce  que  Va  n'y  est  pas  long 
(voy.  FAMÉ) .  Dans  certaines  provinces  on  dit  fameux. 

t  FAMILIAL,  ALE  (fa-mi-li-al,  a-1'),  adj.  Néolo- 
gisme. Oui  est  de  la  famille,  qui  a  rapport  à  la  fa- 
mille (dans  le  langage  de  la  science  politique).  Or- 
ganisation familiale.  Liens  familiaux.  L'intervention 
de  l'État  dans  le  gouvernement  de  la  commune  n'est 
pas  seulement  plus  légitime  et  moins  inquiétante 
que  son  intervention  dans  la  vie  familiale  ou  indi- 
viduelle.... M.  roulleaux,  Fragm.  économ.  p.  <74. 

—  ÉTYM.  Famille. 

FAMILIARISÉ,  ÉE  (fa-mi-li-a-ri-zé,  zée) ,  part, 
passé.  Hendu  familier  avec,  habitué  à.  Cet  oiseau 
aussi  beau  que  rare,  est  encore  aimable  par  ses 
mœurs  sociales  et  par  la  douceur  de  son  naturel,  il 
est  bientôt  familiarisé  avec  les  personnes  qu'il  voit 
Iréquemment,  buff.  Ois.  t.  xi,  p.  274,  dans  pou- 
GENS.  Les  hommes  n'exigent  point  de  preuves  pour 
adopter  une  opinion,  leur  esprit  n'a  besoin  que  d'être 
familiarisé  avec  elle,  comme  nos  yeux  avec  les  mo- 
d»s,  DucLOs,  Consid.  mcBurs,  ch.  2. 

FAMILIARISER  (fa-mi-li-a-ri-zé),  V.  a.  \\  1»  Ren- 
dre familier,  apprivoisé.  Il  n'y  a  rien  de  si  farouche 
qu'on  ne  puisse  familiariser  avec  un  peu  de  soin, 
HAMiLT.  Gramm.  4.  ||  2°  Habituer  à,  rendre  familier 
avec.  Familiariser  quelqu'un  au  travail,  un  cheval 
avec  le  bruit  des  armes  à  feu.  ||  Absolument.  Cet 
usage,  qui  est  fort  ancien,  familiarise  avec  les  faux 
serments,  et  ne  met  aucun  obstacle  à  la  corruption, 
BAYNAL,  Hisl.  phil.  II,  20.  Il  8"  Se  familiariser,  fami- 
liariser à  soi ,  se  rendre  propre.  Se  familiariser  la 
manière  d'un  artiste,  le  style  d'un  auteur.  ||  Se  fa- 
miliariser un  auteur,  le  posséder  bien,  l'entendre 
bien.  Il  Se  familiariser  une  langue  étrangère,  l'enten- 
dre, la  parler  comme  sa  propre  langue.  ||  4°  Se  fa- 
miliariser,», réfl.  Se  rendre  familier  avec  quelqu'un. 
Se  familiari.ser  avec  tout  le  monde.  Je  connaissais 
aussi  quelques  pédants....  je  m'en  amusais  quelque- 
fois et  les  congédiais  ensuite  sans  me  familiariser 
avec  eux,  vauven.  Dialogue,  Calilina,  Sénécion.  Od 
prétend  que  l'abbé  Gallois  disait:  M.  Colbert  veut 
quelquefois  se  familiariser  avec  moi,  mais  je  le  re- 
pousse par  le  respect,  volt.  Louis  XIV,  Écrivains, 
Gallois.  Il  Absolument.  Prendre  des  manières  trop 
familières.  Ne  vous  familiarisez  pas  trop;  sou- 
venez-vous toujours  du  personnage  de  mère,  de 
sœur  aînée,  de  religieuse,  maintenon,  £c((.  dlfmcde 
Fontaines,  1605,  t.  m,  p.  os,  dans  pougens. 
Il  5"  S'accoutumer  à.  Se  familiariser  avec  le  danger. 
11  se  trouve  des  hommes  qui  se  familiarisent  avec 
leur  propre  grandeur  et  à  qui  la  tête  ne  tourne  point 
dans  les  postes  les  plus  élevés,  la  bruy.  xi.  Î  l'é- 
gard du  tonnerre,  c'est  une  bagatelle....  nous  nous 
familiarisons  fort  dans  notre  siècle  avec  tout  ce  qui 
faisait  trembler  dans  les  siècles  passés,  volt.  Lett. 
Mme  du  Deffant,  B  juin  1772.  Il  faut,  après  un  grand 
malheur,  se  familiariser  avec  tout  ce  qui  vous  en- 


FAM 

toure,  STAËL,  Corinne,  i,  2.  ||  6" Acquérir  la  connais- 
sance facile  d'une  chose.  S'ils  trouvent  étrange  qu'un 
petit  espace  ait  autant  de  parties  qu'un  grand,  qu'ils 
regardent  le  firmament  au  travers  d'un  petit  verre, 
pour  se  familiariser  avec  cette  connaissance,  en 
voyant  chaque  partie  du  ciel  en  chaque  partie  du 
verre,  pasc.  Espr.  géom.  i.  Se  familiariser  avec  une 
langue  étrangère,  boil.  Disc,  sur  l'Ode. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  duc  de  Guise,  familiarisant  en- 
cor  avec  l'admirai  de  Chastillon,  luy  rapporta  que  le 
prince  de  Condé  ne  s'esloit  pas  conduicl  comme  son 
ami  pour  le  gouvernement  de  Picardie,  d'aub.  Ilist. 
I,  87.  Elle  la  faisoit  aider  par  une  fille  de  chambre 
nommée  Xainte,  avec  laquelle  le  roi  de  Navarre  se 
familiarisoit,  id.  ii,  34B. 

—  ÊTYM.  Familier.  ' 
FAMILIARITÉ  (fa-mi-li-a-ri-té),  t.  f.  ||  1"  Grande 

intimité.  Il  s'est  approché  des  grands,  et  a  été  reçu 
en  leur  familiarité,  balz.  2«  /iij(.  Tu  as  donc  fami- 
liarité avec  le  prince?  mol.  Pnnc.  d'Él.  m,  3.  Dieu 
s'émeut  plus  sensiblement  sur  les  pécheurs  conver- 
tis, qui  sont  sa  nouvelle  conquête;  mais  il  réserve 
une  plus  douce  familiarité  aux  justes,  qui  sont  ses 
anciens  et  perpétuels  amis,  boss.  Marie-Thér.  Po- 
lybe,  que  son  étroite  familiarité  avec  les  Romains 
faisait  entrer  si  avant  dans  le  secret  des  affaires,  id. 
Ilist.  m,  6.  Aussi  la  rougeur  lui  monterait-elle  au 
visage,  s'il  était  malheureusement  surpris  dans  la 
moindre  familiarité  avec  quelqu'un  qui  n'est  ni  opu- 
lent, ni  puissant,  ni  ami  d'un  ministre,  ni  son  do- 
mestique, ni  son  allié,  la  bruy.  ix.  Pour  admettre 
les  honnêtes  gens  dans  sa  familiarité,  rén.  Tél.  ii. 
Si  le  duc  de  Duras  m'honorait  de  sa  bonté  et  de  sa 
familiarité  comme  vous  le  prétendez....  volt.  Lett. 
Richelieu,  25  mai  1772.  Rassuré  bientôt  par  la  manière 
libre  et  douce  dont  le  roi  lui  pariait,  il  reprit  avec  lui 
sa  familiarité  ordinaire,  et  tous  deux  s'entretinrent 
en  riant  du  combat  de  Bender,  m.  Charles  XII,  7. 
Il  Par  extension.  Cette  familiarité,  pour  ainsi  dire, 
des  sacrés  mystères  ne  faisait-que  la  rendre  plus  res- 
pectueuse et  plus  circonspecte;  et  l'usage  fréquent 
qu'elle  en  faisait  ne  diminuait  pas  sa  ferveur,  fléch. 
UarieThér.  Les  sciences,  en  faveur  desquelles  il  s'a- 
baissait au  rang  de  simple  particulier,  doivent  l'éle- 
ver en  récompense  au  rang  des  Auguste  et  des 
Charicmagne,  qui  leur  ont  accordé  aussi  leur  fami- 
liarité, fonten.  Cxar  Pierre.  \\  2°  Manière  libre  et 
familière.  Il  en  est  des  rois  comme  des  femmes, 
pour  lesquelles  la  familiarité  a  toujours  quelque  fâ- 
cheuse conséquence,  dider.  Claude  et  Nér.  i,  §  34. 
Il  Ton  familier.  Si  la  Sophonisbe  de  Mairet  n'avait 
pas  été  infectée  d'une  familiarité  comique,  souven; 
poussée  jusqu'à  la  bassesse,  elle  se  serait  soutenue 
au  théâtre,  volt.  Lett.  Richelieu,  B  juill.  (773.  C'est 
par  son  excellente  manière  de  raisonner  qu'il  [Bayle] 
est  surtout  recommandable,  non  par  sa  manière  d'é- 
crire, trop  souvent  diffuse,  lâche,  incorrecte,  et 
d'une  familiarité  qui  tombe  quelquefois  dans  la  bas- 
sesse, ID.  Louis  XIV,  Écrivains,  Bayle.  ||  Au  plur. 
Choses  familières,  traits  familiers.  Ces  jeux  de  l'i- 
magination, ces  finesses,  ces  tours,  ces  traits  sail- 
lants, ces  gaietés,  ces  petites  sentences  coupées,  ces 
familiarités  ingénieuses,  qu'on  prodigue  aujour- 
d'hui, ne  conviennent  qu'aux  petits  ouvrages  de  pur 
agrément ,  id.  Dict.  phil.  Esprit.  L'éloquent  Bos- 
suet  voulait  bien  rayer  quelques  familiarités  échap- 
pées à  son  génie  vaste,  impétueux  et  facile,  id. 
Temp.  du  goût.  ||  3°  Au  plur.  Manières  libres  et  in- 
convenantes. Prendre,  se  permettre  des  familiarités 
avec  quelqu'un.  J'étais  familier  avec  la  première, 
sans  avoir  de  familiarités;  au  contraire  j'étais  aussi 
tremblant  qu'agité  devant  la  seconde,  même  au  fort 
des  plus  grandes  familiarités,  j.  j.  rouss.  Conf.  i. 
Us  ne  passeraient  pas  tout  d'un  coup  aux  dernières 
familiarités,  id.  Em.  i.  ||  Avoir  des  familiarités  avec 
une  femme,  en  obtenir  des  faveurs.  ||  4°  Nom  donné 
à  des  associations  religieuses  qui  existaient  autrefois 
en  Franche-Comté.  ||  Proverbe.  Familiarité  engen- 
dre mépris. 

—  lllST.  xiii*  s.  Ne  saiez  pas  familiez  à  toz,  mes 
aiez  quenoissenoe  [connaissance]  à  toz;  quar  po 
avient  que  de  grant  familiarité  ne  vegne  péril  de  ju- 
ridiction, Liv.  de  just.  7i.  On  doit  moult  regarder 
s'il  avoit  entre  noz  [nous]  deussanblant  d'amor....et 
s'on  voit  familiarité,  il  ne  doit  pas  eslreoîs  de  le  [la] 
porsuite  du  larrecin  contre  mi,  beaum.  xxxi,  <3. 
Il  xiv  s.  La  familiarité  des  dames  que  elle  sot  pour- 
chacier,  bercheure,  f>  20,  verso.  Comme  l'on  dit 
que  trop  grant  familiarité  engendre  mesprisemcnl, 
aussi  fait  trop  grant  humilité,  Ménagier,  i,  9.  Pour 
la  familiarité  que  j'avoie  avec  luy  ou  qu'il  povoit 
avoir  en  moy,  ib.  i,  3.  ||  xv  s.  [Monseigneur  le 
comte  de  Blois]  me  bailla  ses  lettres  de  familiarité 


FAM 

adressans  au  comte  de  Poix  [lettres  attestant  qui 
Froissart  était  de  la  familiarité-  du  comte  de  Bloi»J, 

FROISS.  II,  m,  *. 

—  ÉTYM.  Provenç.  familiaritat  ;  espuga.  familia- 
ridad;  ilai.familiarità;  du  lat.  familiaritattm,  de 
familiaris,  familior. 

FAMILIER,  1ÈRE  (fa-mi-lié,  liè-r';  au  ivii'  «. 
Chifflel,  Gramm.  p.  (88,  dit  qu'on  prononçait  fami- 
lier comme  enfer,  hiver;  la  prononciation  a  tout  à 
fait  changé),  adj.  \\  1°  Oui  vit  avec  quelqu'un  sani 
façon  et  comme  en  famille.  C'est  un  de  ses  amis  les 
plus  familiers.  Ne  regardez  pas  la  femme  d'un  au- 
tre; ne  vous  rendez  point  familier  avec  sa  servante, 
et  ne  vous  tenez  point  auprès  de  son  lit,  saci.  Bible, 
Ecclésiast.  ili,  27.  Le  chevalier,  familier  avec  tout 
le  monde,  hamilt.  Gramm.  e.  ||  2'  Terme  de  my- 
thologie romaine.  Dieux  familiers,  dieux  lares  des 
maisons  de  chaque  particulier.  ||  Il  se  dit,  dans  un 
sens  analogue,  des  petits  génies,  lutins,  kobolds  ger- 
maniques, qu'on  croyait  habiter  la  maison,  j]  Esprit, 
démon,  génie  familier,  être  surnaturel  que  l'on 
disait  être  attaché  à  une  personne  pour  l'inspirer, 
la  diriger.  Non,  je  sais  tout  cela  d'un  esprit  fami- 
lier, COHN.  Suite  du  Ment,  iv,  6.  ô  l'heureux  temps 
que  celui  de  ces  fables.  Des  bons  démons,  des  es- 
prits familiers,  Des  farfadets  aux  mortels  secou- 
rables!  volt.  Ce  qui  platt,  etc.  ||  Kig.  Ce  sont  [les 
hommes  de  talents  éminents]  les  anges  tutélaires 
des  royaumes  et  les  esprits  familiers  des  rois,  balz. 
De  la  cour,  t"  dise.  \\  3°  Oui  se  familiarise,  qui  se 
comporte  avec  familiarité.  Ouelle  autre  a  mieux 
pratiqué  cet  art  obligeant  qui  fait  qu'on  se  ra- 
baisse sans  se  dégrader,  et  qui  accorde  si  heu- 
reusement la  liberté  avec  le  respect?  douce,  fami- 
lière, agréable  autant  que  ferme  et  vigoureuse.... 
BOSS.  Heine  d'Anglet.  ||  Oui  a  trop  de  familiarité. 
Voyez-vous?  il  se  rend  familier,  hac.  Plaid,  i,  8. 
Cet  homme  me  parait  familier,  volt.  Écoss.  u, 
B.  Il  est  également  importun,  bavard  et  familier, 
OENLis,  Ad.  et  Thiod.  t.  i,  lett.  43,  p.  372,  dan» 
pouGENS.  Il  Être  familier  comme  les  Épîtres  de 
Cicéron,  se  dit  d'une  personne  qui  se  rend  trop  fa- 
milière, par  allusion  aux  lettres  écrites  par  Cicé- 
ron à  ses  amis  et  dites  Epîtres  familières.  ||  4°  Il  se 
dit  des  choses  qui  ont  un  caractère  de  fjuniliarité. 
Ils  vivent  dans  un  commerce  très-familier.  Il  a  des 
manières  un  peu  trop  familières.  Des  gens  d'un  ca- 
ractère libre  et  familier.  Le  commerce  plus  familier 
qu'on  a  à  la  campagne  me  la  fit  mieux  connaître,  et 
toujours  à  son  avantage,  duclos,  Confess.  Comte 
de  •**,  Œuv.  t.  viu,  p.  (42,  dans  pougens.  Malgré 
le  ton  familier  du  nouveau  venu,  j.  i  rouss.  Conf. 
VI.  La  demande  est  un  peu  familière,  collin  d'bar- 
LEV.  M.  de  Crac,  se.  (O.  ]|6'  Animal  familier,  se  dit 
des  animaux  qui  ne  s'effarouchent  pas,  qui  viennent 
près  de  l'homme,  qui  ont  de  la  tendance  à  s'appri- 
voiser. Les  bengalis  sont  des  oiseaux  familiers  et 
destructeurs,  buff.  dans  le  Dict.  de  beschereu-E. 
Parmi  les  animaux,  les  uns  paraissent  être  plus  ou 
moins  familiers,  plus  ou  moins  sauvages,  plus  ou 
moins  doux,  plus  ou  moins  féroces,  id.  ib.  ||  6'  Qui 
est  du  parler  de  la  conversation.  liangage  familier. 
Style  familier.  Dans  les  discours  familiers  et  dans 
les  discours  de  science,  pasc.  Fspr.  géom.  l.  Ce 
n'est  pas  qu'il  faille  condamner  des  vers  familiers 
dans  ces  pièces  de  poésie;  au  contraire,  ils  y  sont 
nécessaires  comme  les  jointures  dans  le  corps  bu- 
main,  ou  plutôt  comme  des  repos  dans  un  voya- 
ge ,  volt.  Conseils  d  un  journaliste.  ||  Terme , 
mot  familier,  locution,  expression  familière,  terme, 
mot,  locution,  expression  qui  ne  peuvent  entrer 
que  dans  le  langage  familier.  [|  Être  familier,  avoir 
un  ton  familier.  Il  était  familier  de  l'inquisition; 
milord  Boldmind  n'était  familier  que  dans  la  con- 
versation ;  volt.  Dict.  phil.  Liberté  de  penser. 
Il  1°  Oui  n'est  pas  assez  respectueux  en  tant  qu'ex- 
pression. Le  terme  d'amitié  est  un  terme  trop  fa- 
milier avec  des  personnes  placées  bien  au-dessus 
de  nous.  |1  8°  Ordinaire,  habituel.  L'allégorie  est  très- 
familière  aux  poètes  grecs.  Vous  savez  qu'il  y  a  des 
gens  opiniâtres  sur  les  petites  choses  et  à  qui  le 
terme  non  est  beaucoup  plus  familier  dans  de  cer- 
taines occasions  que  le  terme  oui,  volt.  Lett.  Ri- 
chelieu, <9  juill.  (773.  Il  9*  Avec  quoi  l'on  se 
famibarise.  Le  premier  qui  vit  un  chameau  S'en- 
fuit à  cet  objet  nouveau;  Le  second  approcha;  le 
troisième  osa  faire  Un  licou  pour  le  dromadaire; 
L'accoutumance  ainsi  nous  rend  tout  familier,  la 
FONT.  Fabl.  IV,  (0.  Il  10"  11  se  dit  de  ce  que  l'on  con- 
naît pour  l'avoir  souvent  vu,  étudié,  pratiqué. 
Des  notions  familières  à  tout  le  monde.  Son  visage 
m'est  familier,  la  brut.  vu.  Dans  une  chambre  od 
il  est  familier  [il  a  ses  habitudes],  id.  «.  feux  qui 


FAM 


FA  M 


FAM 


1G13 


[larcourent  ses  ouvrages  [de  Bacon]  le  trouveront 
versé  dans  toute  la  littérature  ancienne  et  moderne, 
et  familier  avec  les  auteurs  grecs,  latins,  hébreux, 
italiens,  français,  allemands,  arabes,  dideh.  Opin. 
des  anc.  phil.  {seolastiques).  \\  11»  S.  m.  et  f.  Fami- 
lier, familière,  celui,  celle  qui  est  dans  la  familiarité 
d'une  personne  éminente.  Il  fit  entrer  ses  familiers 
et  ses  médecins,  vaugel.  Q.  C.  iir,  6.  Au  sabbat  elle 
est  la  première,  Et  du  bouc  noir  la  familière,  scarb. 
Virg.  VI.  Madame  de  Mainlenon  se  produisit  fort  peu 
au  camp  [de  Compiègne],  toujours  dans  son  carrosse 
avec  trois  ou  quatre  familières,  st-sim.  )0,  )3.||  Les 
familiers  de  la  maison,  ceux  qui  sont  reçus  habituel- 
lement et  familièrement  dans  une  maison.  ||  12°  Ce- 
lui, celle  qui  affecte  la  familiarité  avec  les  personnes 
d'un  rang  au-dessus  du  sien.  Il  fait  le  familier  avec 
le  ministre.  Elle  fait  la  familière  avec  la  princesse. 
Le  [un  grand]  tirer  par  son  habit,  lui  marcher  sur 
les  talons,  faire  le  familier,  prendre  des  libertés, 
marquent  mieux  un  fat  qu'un  favori,  la  bbuy.  iv. 
Les  petits  courtisans  se  relâchent  sur  ces  devoirs, 
font  les  familiers,  et  vivent  comme  gens  qui  n'ont 
d'exemple  à  donner  à  personne,  id.  viii.  ||  13°  Offi- 
cier de  l'inquisition.  Un  familier  du  saint-office.  Les 
plus  adroits  s'empressèrent  d'être  les  archers  de  l'in- 
quisition, sous  le  nom  de  ses  familiers,  aimant 
mieux  être  satellites  que  suppliciés,  volt.  Mœurs, 
<40.  Il  14°  S.  m.  Ce  qui  a  le  caractère  du  style  fami- 
lier. Mais  prenons  garde  à  la  bassesse  Trop  voisine 
du  familier,  lamotte,  Fabl.  n,  )2.  On  ne  distin- 
guait pas  assez  les  bornes  qui  séparent  le  familier  du 
simple  :  le  simple  est  nécessaire,  le  familier  ne  peut 
être  souffert,  volt.  Comm.  Corn.  Bem.  sur  Uor. 
Il  Manières  familières.  Il  a  été  d'un  familier  auquel 
je  ne  m'attendais  guère.  ||  15°  S.  f.  Familière,  es- 
pèce d'araignée. 

—  HiST.  xm*  s.  Je  Miles  de  Galathas  chevjJiers  et 
familiaires  dou  très  noble  empereor  de  Constantino- 
ble,  DU  GANGE,  Villeh.  append.  p.  2B.  Aucuns  de  ses 
familles  groussoient  de  ce  que  il  fesoit  de  si  larges 
aumosnes,  ioinv.  298.  ||  xiv*  s.  Priver  de  ses  pecu- 
nes  son  familier  compaignon  est  plus  dure  chose  et 
plus  injuste,  ohesme,  Eth.  245.  Il  ont  fait  édifier  ung 
hostel  ou  maison  à  leurs  dépens  pour  mettre  eulx  et 
leurs  biens,  familiers  et  serviteurs  à  sauveté,  du 
CANGE,  familiarius.  ||  xvi*  s.  S'il  n'est  assez  fami- 
lier des  livres  pour  y  trouver  tant  de  beaux  discours 
qui  y  sont,  mont,  i,  (74.  Ils  ont  donné  le  prix  à  celle 
des  vertus  qui  leur  estoit  plus  familière,  lo.  ii,  07. 
Ces  langues  estoient  familières  à  mon  pere,iD.  ii,  <37. 
Je  suis  du  camp  d'amour  pratique  chevalier;  Pour 
avoir  trop  souffert,  le  mal  m'est  familier,  Ron- 
sard, 230.  Si  la  dure  mère  est  devenue  noire  par 
remèdes  acres,  soient  appliqués  remèdes  doux  et  fa- 
miliers, TARÉ,  VIII,  18.  Le  fils  familier  [le  fils  de 
famille],  greigneur  de  vingt  ans,  peut  ester  en  ju- 
gement sans  autorité  ou  licence  de  père,  Coust.  gê- 
ner, t.  II,  p.  440. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  familiar;  ital.  fa- 
migliare  ;  du  latin  familiaris,  de  familia,  famille. 

FAMILIÈREMENT  (fa-mi-liê-re-man),  adv.  D'une 
manière  familière.  Je  n'oublierai  pas  même  plu- 
sieurs petites  circonstances  qu'un  historien  omet- 
trait sans  doute,  mais  qu'un  ami ,  ce  me  semble  , 
peut  dire  familièrement  à  son  ami,  pellisson,  Ilist. 
de  l'Acad.  à  M.  D.  I.  I.  Suétone  rapporte  ce  que  les 
premiers  empereurs  de  Rome  avaient  fait  de  plus 
secret;  mais  avait-il  vécu  familièrement  avec  douze 
Césars  ?  volt.  Russie,  Préf.  hist.  J'ai  vu,  ces  jours- 
ci  ,  le  roi  de  Prusse,  et  je  l'ai  vu  comme  on  ne  voit 
guère  les  rois,  fort  à  mon  aise,  dans  ma  chambre, 
au  coin  de  mon  feu,  où  ce  même  homme  qui  a  ga- 
gné deux  batailles  venait  causer  familièrement 
comme  Scipion  avec  Térence,  id.  Letl.  d' Argen- 
tan, io  sept.  tT*2. 

—  HlST.  XVI*  s.  Se  l'en  se  doit  avoir  et  contenir 
vers  luy  en  rien  plus  familiai  rement  que  se  il  ne 
eust  onques  esté  ami,  oresme,  Eth.  206. 

—  ETYM.  Familière,  et  le  suffixe  ment  ;  provenç. 
familiarment;  espagn.  familiarmenle  ;  itii.  fami- 
gliarmente. 

FAMILLE  (fa-mi-ir,  W  mouillées,  et  non  fa-mi-ye), 
s.  f.  Il  1*  Chez  les  Homains,  réunion  de  serviteurs, 
d'esclaves  appartenant  à  un  seul  individu  ou  atta- 
chés à  un  service  public;  c'est  le  sens  primitif. 
Il  î"  Par  suite  il  se  dit  de  toutes  les  personnes,  pa- 
rents ou  non,  maîtres  ou  serviteurs,  qui  vivent 
sous  le  même  toit.  Chef  de  la  famille.  Gouverne- 
ment de  la  famille.  ||  En  Italie,  chez  les  grands, 
toutes  les  personnes  attachées  au  service  d'une 
maison.  La  famille  d'un  cardinal.  ||  3°  L'ensemble 
des  personnes  d'un  même  sang,  comme  père,  mère, 
enfants  frères,  oncles,  neveux,  cousins,  etc.  Entrer 


dans  une  famille  par  alliance.   U  était  lo  chef  de  la 
famille.  La  famille  de  sa  femme.  Un  repas,  une  fête 
de  famille.  J'ai  vu  trancher  les  jours  de  ma  famille  en- 
tière, HAC.ilndr.  m,  6.  ||  Par  extension.  Instruits  par 
tes  vertus,  nous  sommes  ta  famille,  volt.  AU.  i,  2. 
Cet  accord   [sur  un  môme  méridien]  introduirait 
dans  leur  géographie  [des  peuples  de  l'Europe]  la 
même  uniformité  que  représentent  déjà  leur  calen- 
drier et  leur  arithmétique,  uniformité  qui,  étendue 
aux  nombreux  objets  de  leurs  relations  mutuelles, 
formera  de  ces  peuples  divers  une  immense  famille, 
la  place.  Expos.  I,  H 4.  Il  La  grande  famille  humai- 
ne, l'ensemble  des  hommes,  l'humanité  tout  entière. 
(I  Avoir  un  air  de  famille,  se  dit  de  la  ressemblance 
que  l'on  trouve  entre  les  différents  membres  d'une 
même  famille.  ||  Bonne  famille,  famille  honnête  et 
aussi  famille  occupant  quelque  rang  dans  la  société. 
Riche  suffisamment  et  de  bonne  famille,  la  font. 
Contr.  Il  Fils  de  famille,  enfant  de  famille,  jeune 
homme  qui  est  d'une  bonne  famille.  Pinucio,  jeune 
homme  de  famille,  la  font.  Berc.  Lisette  est  une  fille 
de  famille,  qui  peut  trouver  mieux,  monsieur;  et  je 
ne  vois  pas  que  votre  Lépiiie  lui  convienne,  mariv. 
Pré},  vaincu,  se.  4.  ||  Il  se  dit  quelquefois  par  mo- 
querie. —  C'est  un  jiur.n  homme  distingué.  —  Le 
colonel  :  Oui,  je  sais;   ce  que  nous  appelons,  nous 
autres,  un  fils  de  famille,  un  da  ces  mauvais  sujets 
que  leurs  parents  jettent  dans  an.  régiment  pour 
s'en  débarrasser,  CH.  de  Bernard,  un  Fils  de  famille, 
II,  6.  Il  Conseil  de  famille,  voy.  conseil.  ||  4°  Les 
personnes  de  même  sang  vivant  sous  le  même  toit, 
et,  plus  particulièrement,  le  père,  la  mère  et  les 
enfants.   Laissez  à  son  destin  cette  ingrate  famille, 
COHN.  Poly.  IV,  6.  Les  dieux  et  l'empereur  sont  plus 
que  ma  famille,  m.  m,  3.  Qu'est-ce,  à   proprement 
parler,  qu'une  famille,  sinon  une  forme  de  royaume 
oii    l'on   commande   et   où    l'on  obéit?  bourdal. 
2"  dim.  après  Pdq.  Dominic.  t.  ii,  p.  <o.  Si  vous 
ne  voyez  plus  votre  auguste  famille.  Le  Dieu  que  vous 
servez  vous  adopte  pour  fille,  volt.  Zaïre,  iv,  t. 
Il  Père  de  famille,  mère  de  famille,  celui,  celle  qui 
est  mariée  et  qui  a  des  enfants.  ||  Soutien  de  famille, 
le  fils,  le  frère  qui  soutient  une  famille;  il  a  droit  à 
l'exonération  du  service  militaire.  Fléau  de  famille, 
mauvais  sujet  qui  désole  ses  parents.  ||  En  famille, 
chez  soi,   au  milieu  des  siens.  Comme  il  causait 
en  famille,  on  le  vint  avertir,  sÉv.  295.  ||  La  sainte 
Famille,  Joseph,  la  Vierge  et  l'enfant  Jésus.  ||  Une 
sainte  Famille,  tableau  qui  représente  la  sainte  Fa- 
mille ,   quelquefois   avec   saint   Jean.    Une   sainte 
Famille  de  Raphaël  (Famille  par  une  F  majuscule). 
Il  5°   Terme  de  droit.  Père  de  famille,  voy.  père. 
Il  Fils  de  famille,  le  fils  qui   est  sous  l'autorité  pa- 
ternelle. Il  6°  Les  enfants  par  rapport  aux   parents. 
Vous  vous  mariez,  vous  aurez  bientôt  de  la  famille. 
Sa  profession,  devenue  d'autant  çlus  nécessaire  qu'il 
était  déjà  chargé  de  famille,  l'occupait  beaucoup, 
fonten.  Holle.  Je  vous  revois  enfin,  chère  et  triste 
famille,  volt.  Zaïre,  ii,  3.  Les  familles  sont  généra- 
lement plus  nombreuses  dans  le  peuple  que  dans  les 
autres  conditions,  buff.  Probab.  de  la  vie.  Le  ciel 
bénit  toujours  les  nombreuses  familles,  COL.  d'harlev, 
Chdt.  en  Esp.  v,  4  0.  J'en  sais  [des  chapons]  qui  sont 
bons  maris.  Qui  même  ont  de  la  famille,  bérang.  Cha- 
pons. Il  11  se  dit  de  même  des  animaux.  Voyez  cette 
poule  accourir  avec  toute  sa  petite  famille.  ||  7°  Race 
composée  de  ceux  qui  sont  du   même  sang  par  les 
mâles,  n  est  de  famille  de  robe.  Une  famille  bour- 
geoise. Elle  vit  qu'elle  allait  unir  la  maison  de  France 
à  la  royale  famille  des  Stuarts,  boss.  Reine  d'An- 
glet.  N'en  doutons  pas,  chrétiens  ;  Dieu  a  préparé  dans 
son  conseil  éternel  les  premières  familles,  qui  sont 
la  source  des  nations,  et,  dans  toutes  les  nations,  les 
qualités  dominantes  qui  devaient  en  faire  la  fortune; 
il  a  aussi  ordonné  dans  les  nations  les  familles  par- 
ticulières dont  elles  sont  composées,  mais  principa- 
lement celles  qui  devaient  gouverner  ces  nations  et 
en  particulier,  dans  ces  familles,  tous  les  hommes 
par  lesquels  elles  devaient  ou  s'élever  ou  se  soute- 
nir ou  s'abattre,  id.  Marie-Thér.  \\  Famille  régnante, 
voy.  régnant,  il  Terme  d'histoire.  Pacte  de  famille, 
traité  défensif  conclu  entre  Louis  XV  et  le  roi  d'Es- 
pagne, en  <70).  Il  8°  Tous  les  religieux  d'un  même 
ordre  ,   d'une  même   classe ,  d'un   même    monas- 
tère. Il  Tous  les   philosophes  d'une  même  école. 
Les  philosophes  de  la  famille  (le  Piaton  et  de  celle 
d'Aristote,   balz.  De  la  cour,   f"  dise.  ||  9°  U  se 
dit  des   choses  qui  offrent  des  analogies  d'origine 
ou  de  res-semblance.  Les  idées  du  Tasse  ne  sont 
pas  d'une  aussi   belle   famille  que  celles  du  poète 
latin  [Virgile],  CHATEAUB.  Génie,  ii,i,  i.  ||  10°  Terme 
d'histoire  naturelle.  Mot  introduit  en  botanique  par 
Magnol,  et  aujourd'hui  généralement  adopté  non- 


seulement  dans  la  botanique  mais  aussi  dam  la  zoo- 
logie pour  désigner  des  groupes  de  genres  liés  par 
des  caractères  communs.  Les  familles  naturelles  de 
Jussieu.  La  famille  des  labiées.  Les  singes  et  le» 
makis  forment  deux  lamiUes  distinctes  dans  l'ordre 
des  quadrumanes.  Les  panthères,  les  onces,  les  léo- 
pards, les  guépards,  les  ocelots,  les  sen'als,  les  mar- 
gais  et  les  chats  ne  font  qu'une  même  et  méchante 
famille,  buff.  Quadrup.  t.  vu,  p.  267,  dans  pou- 
gens.  Les  animaux  et  les  végétaux  ne  composent 
qu'une  même  famille  et  leurs  analogies  sont  en 
grand  nombre,  bonnet,  Lett.  dit).  CEuï.  t.  xii,  p. 
389,  dans  pouGENS.  Il  y  a  une  famille  entière  de 
fleurs  qui  appartient  à  cette  forme  [crucifères],  cha- 
TEAUB.  Génie,  iv,  i,  2.  ||  11°  De  la  botanique  et  de 
la  zoologie  où  le  mot  de  famille  s'est  d'abord  établi, 
il  a  passé  à  la  classification  des  substances  chimi- 
ques La  famille  des  sels.  ||  12°  Il  se  dit  aussi  en 
géométrie.  Réunion  de  surfaces  caractérisées  par 
une  propriété  commune  du  plan  tangent.  ||  Réunion 
de  courbes  ayant  un  caractère  géomélrique  ou  ana- 
lytique commun.  La  famille  des  courbes  du  second 
degré.  ||  13°  Terme  de  grammaire.  Famille  de  mots, 
ensemble  de  mots  appartenant  à  un  même  radical. 
Père  en  français,  padre  en  italien,  paler  en  latin, 
Tzaii\p  en  grec,  appartiennent  à  une  même  famille. 

—  REM.  J'y  étais  allé  en  famille,  qui  fut  aussi  sa- 
tisfaite de  cette  maison  que  moi,  busst-rab.  Leit.  du 
21  nov.  4608.  Locution  vicieuse,  parce  que  famille 
n'a  plus  pour  ainsi  dire  son  sens  propre,  jlllien, 
Gramm.  p.  248.  U  fallait  dire  :  J'y  étais  allé  en  fa- 
mille, et  ma  famille  fut.... 

—  SYN.  famille,  maison.  Famille  se  dit  quand  on 
considère  l'ensemble  des  individus  de  même  sang 
qui  vivent  les  uns  à  côté  des  autres  :  la  famille 
royale,  impériale.  Maison  se  dit  quand  on  consi- 
dère la  famille  en  sa  succession  dans  le  temps  et  en 
sa  transmission  :  les  maisons  souveraines.  Un  homme 
est  de  bonne  famille  quand  il  provient  d'une  fa- 
mille qui  occupe  un  certain  rang  dans  la  société,  il 
est  de  bonne  maison,  quand  il  provient  d'une  famille 
héréditairement  distinguée.  ||  L'Académie  remarque 
que,  quand  on  parle  des  grandes  et  anciennes  races 
de  Franco  et  des  pays  étrangers,  on  se  sert  moins 
ordinairement  du  mot  famille  que  du  mot  maison , 
et  qu'au  contraire,  lorsqu'on  parle  des  anciens  Grecs 
ou  des  anciens  Romains,  on  emploie  de  préférence 
le  mot  famille.  La  famille  des  Héraclides.  La  famille 
des  Atrides.  La  famille  des  Césars.  Cette  remarque 
n'a  rien  d'absolu;  car  on  voit  Bossuet  appliquer  le 
mot  famille  aux  grandes  races  des  temps  modernee. 

—  HIST.  xiv  s.  Ce  fut  Brutus  de  qui  famille  cil 
estoit,  BEBCHEUBE,  f°  56,  verso.  Retenir  aucuns  au- 
tres hostous  [hôtels,  logements]  en  le  [la)  ville  pour 
les  caretons  et  famile  dou  dit  prevost  et  jurés,  caf- 
F1AUX,  Abattis  de  maisons,  p.  48.  |i  xv°  s.  L'arche- 
vesque  de  Ravenne  estoit  de  la  famille  et  maison  de» 
Ursins  de  Rome,  a.  chartier,  Ilist.  de  Charles  VII, 
p.  259,  dans  LACUBNE.  Environ  trente  valets  que 
pagfs,  de  la  famille  du  ducde  Bourgogne,  monstbbl. 
t.  I,  f°  282,  dans  LACURNE.  Tant  y  demeura,  que  ce 
seigneur  le  retint  de  sa  famille  pour  ce  qu'il  che- 
vauchoit  moult  bien,  Perccforest,  t.  m,  f°  »4. 
Il  xvi*  s.  Famille  d'Archambaut,  plus  y  en  a,  pis 
vaut,  cotgrave.  François  George  de  la  famille  des 
frères  mineurs,  du  verdier,  Bibl.  p.  623,  dans  la- 

CUHNE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  familia  ;  espagn.  familia , 
famiglia;  du  latin  familia,  famille,  famulus,  ser- 
viteur, de  l'osque  famel,  serviteur,  faama,  maison, 
ce  qui  explique  famel.  Faama  est  le  sanscrit  d/iS- 
man,  maison,  du  radical  dhd ,  poser;  la  transition 
du  dh  sanscrit  à  Vf  latine  est  normale,  ex.  dhûma, 
fumus.  Le  sens  étymologique  montre  par  quels  de- 
grés le  mot  famille  est  venu  à  signifier  les  membres 
de  la  maison  unis  par  les  liens  du  sang. 

jFAMILLEUX,  EUSE  (fa-mi-Ueû,  lleû-i',  U 
mouillées),  adj.  Terme  de  fauconnerie.  Se  dit  d'un 
faucon  qui  veut  toujours  manger. 

—  ÉTYM.  Ane  fraiiç.  famclleus,  famélique,  du 
lat.  famés,  faim  (voy.  famélique,  à  l'étymologie). 

t  FAMILLIS.ME  (fa-mi-Ui-sm',  Il  mouillées),  s. 
m.  L'amour  de  la  famille,  dans  le  langage  des  fou- 
riéristes. 

FAMINE  (fa-mi-n'),  s.  f.  ||  1°  Manque  d'aliments, 
dans  une  ville,  dans  une  province,  etc.  Il  y  eut  di- 
sette, après  vint  la  famine,  valoel.  Q.  C.  i,  8.  On 
venait  de  toutes  les  provinces  en  Egypte  pour  ache- 
ter de  quoi  vivre,  pour  trouver  quelque  soulage- 
ment dans  la  rigueur  de  cette  famine,  SAa ,  Bible , 
Gen.  XLi,  67.  On  verra  par  quels  soins  ta  sage  pré- 
voyance Au  fort  delà  famine  entretint  l'abondance, 
BOiL.  Éplt.  I.  Bientôt  le  riche  même,  après  de  vains 


1614 


FAN 


efforts.  Éprouva   la  famine  au  milieu   des  trésors, 
VOLT.  Ilenr.  x.  La  famine  vainquit  enfin  le  courage 
des   Rochelois;    et,  après    une  année  entière  d'un 
siège  oïl  ils  se   soutinrent  par  eux-mêmes,  ils  fu- 
rent obligés  de  se  rendre,  id.  Mœurs,  i  76.  |{  Pacte 
de  famine,  conspiration  tramée  enlre  des  gens  ri- 
clics  et  puissants,  sous  Louis  XV,  pour  opérer  des 
disettes  factices.  ||  2"  Il  se  prend  quelquefois  pour 
manque  d'aliments,   même  en  parlant  d'un  seul  in- 
dividu. Pressé  par  la  famine  ,  le  loup  brave  le  dan- 
ger,  BUFF.   Loup.  Il  Crier  famine,   se  plaindre   du 
manque  où  l'on  est.  Elle  [la  cigale]  alla  crier  fa- 
mine Chez  la  fourmi  sa  voisine,  la  font.  Fabl.  i,  \ . 
I|  Crier  famine  sur  un  tas  de  blé,  se  dit  des  avares 
qui,   tout  en  regorgeant,  se  plaignent  de  leur  mi- 
sère, et  de  ceux  qui  se  plaignent  sans  raison,  p'i,  que 
cela  est  mal  de  crier  famine  sur  un  las  de  blé  I  volt. 
Lett.  la  Uoulière,  22  oct.  477u.  j|  H  se  dit  aussi  des 
personnes  qui  se  plaignent  de  manquer  de  certaines 
choses  essentielles,  tout  en  regorgeant  d'autres.  Je 
conclus  aujourd'hui  toutes  mes  affaires;  si  vous  n'a- 
viez du  blé,  je  vous  offrirais  du  mien  :  j'en  ai  vingt 
mille  boisseaux  à  vendre,  je  crie  famine  sur  un  tas 
de  blé,  SÉV.  2t  oct.  1673.  ||  Prendre  une  place  par 
famine,  se  dit  d'une  place  bloquée  qui  finit  par  se 
rendre  faute  de  vivres.  {{  Fig.Prendre  quelqu'un  par 
famine  ou  par  la  famine,  lui  retrancher  le  néces- 
saire, lui  refuser  de  l'argent  pour  l'amener  à  com- 
position. 

—  SYN.  DISETTE,  FAMINE.  Quand  la  famine  règne, 
on  meurt  de  faim;  quand  la  disette  règne,  on  a  de 
la  peine  à  se  procurer  les  aliments.  La  •  disette  est 
moins  grave  que  la  famine  ;  disette,  rareté  d'ali- 
ments; famine,  absence  d'aliments. 

—  HlST.  xif  s.  Puis  il  [Joseph]  fu  en  Egipte  asez 
plus  qu'enperere,  E  guardi  ses  parens  de  la  famine 
amere.  Th.  le  mart.  6b.  Une  famine  avint  al  tens 
David,  et  durad  treis  ans,  Rois,  p.  20).  ||  xui*  s.  En 
Egypte  fist  Dieux  famine  por  Pharaon  chastier, 
Psautier,  ['  4ie.  ||  xiv«  s.  On  ne  fu  pas  sachans  Que 
la  ville  deUst  estre  prise  en  deux  ans,  Se  ne  fust  par 
famine  ou  par  engins  getans  ,  Guescl.  8244. 
Il  XVI*  s.  Les  Anglois  incommodoient  extrêmement 
Paris  qui  commençoit  à  crier  famine,  Mém.  s.  du  G. 
ch.  8.  Le  long  jeûner  de  tel  façons  les  mine,  Qu'à 
la  parfin  tomboient  morts  de  famine,  marot,  iv,  28. 

-•  ETYM.  Bourguig.  fameigne;  nivernais,  faimène; 
■picard.,  fameine  ;  provenç.  famina;  du  lat.  fictif 
famina,  dérivé  de  famés,  faim. 

t  KAMOSITÊ  (fa-m6-zi-té),s.  [.  Néologisme.  Qua- 
lité de  ce  qui  est  fameux,  et,  en  mauvaise  part,  re- 
nom funeste.  La  famositô  de  certains  personnages 
historiques. 

—  ETYM.  LM.  famositatem,  de  famosus,  fameux. 
FANAGK   (fa-na-j'),  s.  m.  \\  1°   Action  de  faner. 

Il  Salaire  du  faneur.  ||  2°  Tout  le  feuillage   d'une 
plante.  ||  Dessiccation  des  plantes  fourragères. 

—  ÉTYM.  Faner. 
FANAISON  (fa-nè-zon),  s.  f.  Temps  où  l'on  fane 

les  foins. 

—  ÉTYM.  Faner. 

FANAL  (fa-nal),  «.  m.  ||  1"  Feu  qu'on  allume  du- 
rant la  nuit  au  sommet  des  tours,  à  l'entrée  des 
ports,  le  long  des  plages  maritimes.  Chercher  sans 
boussole  un  fanal  presque  inaccessible,  j.  j.  rouss. 
Prom.  3.  Astre  inutile  à  l'homme  [la  lune],  en  loi 
tout  est  mystère;  Tu  n'es  pas  son  fanal,  et  tes  molles 
lueurs  Ne  savent  pas  mûrir  les  fruits  de  ses  sueurs, 
LAMART.  Ilarm.  i,  lo.  ||  Par  extension.  Dès  que  l'on 
vena  sur  le  haut  des  montagnes  Briller  de  loin  en 
loin  des  fanaux  allumés,  lemiebre,  G.  Tell,  ii,  8. 
Il  Fig.  Athènes  étant  comme  le  fanal  de  toute  la  terre, 
elle  ferait  éclater  partout  la  gloire  de  ses  actions,  hol- 
tiN,  Uist.  anc.  OKut).  t.  vu,  p.  (89,  dans  pougkns. 
Il  2°  Grosse  lanterne  dont  on  se  sert  à  bord  des 
vaisseaux.  Au  xvu*  siècle,  les  officiers  généraux 
portaient  trois  fanaux  à  l'arrière,  auxquels  l'amiral 
en  ajoutait  un  fixé  à  la  grande  hune;  alors  tous  les 
vaisseaux  avaient  un  fanal  derrière,  jal.  En  (  685 , 
j'eus  ordre  d'aller  à  Rochefort  armer  le  Bourbon 
[vaisseau  de  3'  rang]  et  de  le  mener  avec  quatre 
autres  vaisseaux  à  Belle-Ile,  pour  y  joindre  M.  de 
Preuilly;  je  ne  l'y  trouvai  point;  on  me  rapporta 
pourtant  qu'il  trouvait  à  redire  qu'il  y  eût  trois  fa- 
naux au  Bourbon,  et  j'en  fis  ôter  deux  dès  que  je 
sus  qu'ils  blessaient  sa  délicatesse,  J/^m.  de  Villette, 
<685,  dans  jal.  Le  vaisseau  que  l'amiral  montera 
portera  le  pavillon  carré  blanc  au  grand  mât  et  les 
quatre  fanaux ,  Ordonn. d'aoûH68(  ,liv.  i.  lit.  i,  art.  7. 
Il  8*  Il  s'est  dit,  par  extension,  pour  lanterne,  ré- 
verbère. Aujourd'hui  les  spectacles  journaliers,  la 
foule  des  chars  dorés,  les  milliers  de  fanaux  qui 


PAN 

un  plus  beau  spectacle  et  annoncent  plus  d  abon- 
dance que  les  plus  brillantes  cérémonies  des  mo- 
narques du  XVI'  siècle,  volt.  Mœurs,  i  2( .  Ces  fa- 
naux que  Louis  XIV  établit  le  premier  dans  Paris, 
qui  ne  sont  pas  même  encore  connus  à  Kome,  éclai- 
rèrent pendant  la  nuit  la  ville  de  Pélersbourg.  lu. 
Russie,  II,  M.  Il  Faire  fanal,  allumer  le  fanal,  ou 
marcher  devant  avec  le  fanal  pour  guider.  ||  4°  Fig. 
Ce  qui  sert  de  guide,  de  lumière  intellectuelle. 
Iles  grandes  vérités  devinrent  autant  de  fanaux  à 
l'aide  desquels  on  se  dirigea  dans  les  recherches 
scientifiques,  Vict.  de  l'Acad. 

—  UIST.  xvi*  s.  Modoart,  qui  vivoit  eu  ce  temps- 
là, duquel  j'use  en  tout  ce  discours  comme  d'un  fa- 
nal pour  me  conduire  dans  les  obscurités  de  cette 
histoire,  pasouier,  dans  le  Dict.  de  uociiEZ. 

—  ETYM.  Bas-lat.  fanale,  fanarium;  ital.  (anale; 
du  grec  «pavèç,  brillant;  comparez  falot  2. 

+  FANARIOTE  (fa-na-ri-o-f),  i.  m.  Terme  d'his- 
toire grecque.  Nom  d'anciennes  familles  grecques 
retirées  à  Constantinople,  et  qui  y  formaient  une 
classe  à  part.  Les  fanariotes  fournissaient  des  ban- 
quiers, des  hommes  de  bureau,  des  diplomates  et 
des  hospodars. 

—  ÉTYM.  Fanal  ou  Fanar,  nom  d'tm  quartier  à 
Conslautiuople. 

FANATiQCK  (fa-na-ti-k'),  adj.  ||  1°  Qui  croitavoir 
des  inspirations  divines.  Leurs  opinions  [des  ana- 
baptistes] mêlées  au  calvinisme  ont  fait  naître  les 
indépendants,  qui  n'ont  point  eu  de  bornes;  parmi 
lesquels  on  voit  les  trembleurs,  gens  fanatiques  qui 
croient  que  toutes  leurs  rêveries  leur  sont  inspirées, 
Boss.  Reine  d'Anglet.  11  est  vraisemblable  que  Maho- 
met fut  d'abord  fanatique,  ainsi  que  Cromwell  le  fut 
dans  le  commencement  de  la  guerre  civile,  volt. 
Mœurs,  rem.  ».  ||  2»  Qui  est  animé  d'un  ïèle  outré 
pour  la  religion.  Un  prédicateur  fanatique.  {|  Par  ex- 
tension ,  qui  se  passionne  à  l'excès  pour  une  opi- 
nion. Homme  fanatique  de  la  liberté.  ||  3°  Il  se  dit 
des  passions,  des  doctrines.  Un  zèle  fanatique.  Des 
doctrines  fanatiques.  En  vain  ta  politique  Vient  m'é- 
taler  ici  ce  tableau  fanatique,  volt.  Fanât,  i,  4.  Ils 
ne  se  piquent  pas  du  devoir  fanatique  De  servir  de 
victime  au   pouvoir  despotique,  id.  Brutus,    i,  4. 
Il  4°  S.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  croit  avoir  des  inspira- 
tions divines.  Moi  de  ce  fanatique  [Mahomet]  encen- 
ser les  prestiges  1  volt,  fanât.  I,  «.  ||  Celui,  celle  que 
le  fanatisme  religieux  inspire.  Les  philosoplies  sont 
les  médecins  des  âmes  dont  les  fanatiques  sont  les 
empoisonneurs,    volt.  Lelt.  à  d'Alemb.  (48.  ||  En 
France   on  a  donné  particulièrement  ce  nom  aux 
protestants  des  Cévennes,  à  l'occasion  de  leur  révolte 
lors  des  persécutions  qui  accompagnèrent  la  révo- 
cation de  l'édit  de  Nantes.  Montrevel  ne  trouva  pas  les 
fanatiques  si  aisés  à  réduire  qu'il  l'avait  cru;  on  leur 
avait  donné  ce  nom,  parce  que  chaque  troupe  de  ces 
protestants  révoltés  avait  avec  eux  quelque  prétendu 
prophète  ou  prophétesse,  st-sim.  H7,  27.  Nous  ver- 
rons dans  le  siècle  de   Louis  XIV  plus  de  quarante 
mille  fanatiques  périr  par  la  roue  et  dans  les  flam- 
mes; et,cequi  est  remarquable,  il  n'y  en  eut  pas  un 
seul  qui  ne  mourût  en  bénissant  Dieu,  pas  un  qui 
montrât  la  moindre  faiblesse,  volt.  Jfœurs,  rem.  (6. 
Celui  qui  meurt  pour  un  culte  faux  mais  qu'il  croit 
vrai,  ou  pour  un  culte  vrai,  mais  dont  il  n'a  pas  de 
preuves,  est  un  fanatique,  bider.  Pens.  philos.  a°  38. 
Il  Par  extension,  celui,  celle  qui  a  une  passion  ex- 
cessive pour  quelqu'un  ou  quelque  chose.  Les  fana- 
tiques  de   Corneille   n'y  trouveront  peut-être  pas 
[dans  le  Commentaire]  leur  compte;  mais  je  fais  plus 
de  cas  du  bon  goût  que  de  leur  suffrage,  volt.  Lelt. 
Vamilavile,  26  mars  <704.  J'ai  bien  peur  qu'il  [le 
Commentaire  sur  Corneille]  n'excite  de  grandes  cla- 
meurs de  la  part  des  fanatiques;  car  la  littérature  a 
aussi  les  siens,  d'alemb.  Lett.  à  Volt.  2  mars  (  7»4. 
Il  5°  S.  m.  Se  dit,  à  l'hombre,  de  celui  dans  les  mains 
duquel  les  quatre  valets  se  trouvent  réunis. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ce  sont  tous  songes  et  fanatiques 
folies  [nos  idées  sur  Dieu],  mont,  ii,  27». 

—  ETYM.  Lat.  fanaticus ,  de  fanum,  temple,  lieu 
consacré. 

FANATISÉ,  ÉK  (fa-na-ti-zé,  zée),  part,  passé. 
Ce  n'est  pas  ainsi  qu'on  ramène  un  peuple  égaré  et 
fanatisé  de  politique  ou  de  religion,  bern.  se  st-p. 
Mort,  de  Socr. 

FANATISER  (fa-na-ti-zé),  v.  a.  Rendre  fanatique 
pour  une  religion,  pour  un  parti.  Il  les  fanatisa  par 
ses  publications  furibondes.  ||  Se  fanatiser,  ».  réfl. 
Devenir  fanatique. 

—  REM.  Fanatiser,  qui  n'est  ni  dans  Fiiretière  ni 
dans  Richelet,  n'est  dans  le  dictionnaire  de  l'Acadé- 


FAN 


éclairent  pendant  la  nuit  les  grandes  villes,  forment    mie  qu'à  partir  de  l'édition  de  (836. 


—  ETYM.    Voy.   FANATIQUE. 

t  FANATISEUR    (fa-na-ti-zeurj,   t.   m.    Néolo- 
gisme. Celui  qui  fanatise. 

—  ÉTYM.  Fanatiser. 
FANATISME  (fa-na-ti-sm'),  «.  m.  ||  1»  lUusiou  du 

fanatique,  de  celui  qui  croit  avoir  des  inspirations  di. 
vines.  C'est  un  vrai  fanatisme.  \\  2°  Secte  ou  doctrine 
fanatique.  On  eut  bien  de  la  peine  à  détruire  ce  fa- 
natisme naissant.  ||  3'  Disposition  d'esprit  des  fana- 
tiques, zèle  outré  pour  une  religion.  On  entend 
aujourd'hui  par  fanatisme  une  folie  religieuse,  som- 
bre et  cruelle;  c'est  une  maladie  qui  se  gagna 
comme  la  petite  vérole,  volt.  Dict.  phil.  Fanatisme. 
Le  fanatisme  est  à  la  superstition  ce  que  le  trans- 
port est  à  la  fièvre,  ce  que  la  rage  est  à  la  colère,  ID. 
ib.  Le  plus  grand  exemple  de  fanatisme  est  celui  de* 
bourgeois  de  Paris  qui  coururent  assassiner,  égor- 
ger, jeter  par  les  fenêtres,  mettre  en  pièces  la  nuit  de 
la  Saiut-Barthélemi  leurs  concitoyens  qui  n'allaient 
point  à  la  messe,  m.  ib.  Heureusement  le  fanatisme 
est  sur  son  déclin  d'im  bout  de  l'Europe  à  l'autre, 
ID.  Lett.  d  Mme  du  Deffant,  30  juiU.  4  788.  ||  4"  At- 
tachement opiniâtre  et  violent  à  un  parti,  à  une  opi- 
nion, etc.  Ce  Talhot  était  un  de  ces  vrais  Anglais 
qui  dédaignent  les  superstitions,  et  qui  n'ont  pas 
le  fanatisme  de  punir  les  fanatiques,  volt.  Incurs. 
sur  Nonolte.  Les  regards  des  deux  mondes  attachés 
sur  vous,  le  fanatisme  heureux  d'une  grande  révo- 
lution, le  spectacle  de  votre  gloire....  mihabeau,  Col- 
lection, t.  m,  p.  270. 

—  ÉTYM.  Voy.  fanatiqdb. 

t  FANCUON  (fan-chon),  s.  f.  Petit  fichu  à  poin- 
tes ou  arrondi  que  les  femmes  portent  en  place  de 
bonnet,  ou  par-dessus  le  bonnet. 

—  ETYM.  Fanchon,  nom  de  femme,  diminutif  de 
Françoise. 

t  FANXHONNETTE  (fan-cho-nè-f),  t.  f.  Sorte  de 
pâtisserie  qui  sert  d'entremets.  Fanchonnettes  au 
café,  au  chocolat. 

f  FANDANGO  (fan-dan-go),  s.  m.  Dan-se  espagnole 
à  trois  temps  et  à  mouvement  vif,  avec  accompa- 
gnement de  castagnettes;  air  de  cette  danse.  Oa 
joua  le  fandango  sévillan;  de  jeunes  Égyptiens 
l'exécutaient  avec  leurs  castagnettes  et  leurs  tam- 
bours de  basque,  cazotte  ,  Diable  amoureux,  xvi. 
(Jette  Espagnole....  Qui  soulève,  en  dansant  son  fan- 
dango léger,  Les  plis  brodés  de  sa  basquine,  v. 
HUGO,  Orient.  21.  ||  Au  plur.  Des  fandangos. 

—  ÉTYM.  Espagn.  fandango. 
t  FANDROSSK   (fan-dro-s*),   *.  m.  Épervier  de 

Madagascar. 

FANE  (fa-n'),  s.  f.  ||  1°  Feuille  sèche  tombée  de 
l'arbre.  {|  2°  Toute  sorte  de  débris  de  feuilles  ou 
d'herbes  que  l'on  ramasse  pour  faire  litière  aux  ani- 
maux. Il  3"  Tiges  vertes  ou  desséchées  des  plantes 
qui  ne  sont  pas  spécialement  cultivées  comme  four- 
ragères, telles  que  la  pomme  de  terre,  le  colza,  la 
fève,  etc.  Fane  et  feuille,  c'est  la  même  chose,  et  on 
s'en  sert  indifféremment  à  l'égard  des  plantes  :  la 
fane  ou  la  feuille  de  cette  plante  est  différente  de 
celle  de  cette  autre,  la  oumTiNYE,  Jardins,  glos- 
saire. Il  4°  Terme  de  jardinage.  L'enveloppe  de  la  . 
fleur  des  anémones  et  des  renoncules. 

—  ÉTYM.    Voy.  FANEH. 

FANÉ,  ÉE  (fa-né,  née),  part,  passé.  ||  l'L'herbedu 
pré  fanée  et  mise  en  meule.  ||  2°  Qui  a  perdu  sa  fraî- 
cheur. Fleur  fanée.  ||  Par  extension.  Beauté  fanée. 

t  FANÈGCK  (fa-nè-gh'),  s.  f.  Mesure  espagnole 
de  capacité  pour  les  substances  sèches;  elle  équivaut 
à  près  de  60  htres. 

—  8  rYM.  Esp  fanega,  de  l'arabe  fantca,  grand  sac. 

FANER  (fa-né),  V.  a.  \\  1*  Tourner  et  retourner 
l'herbe  d'un  pré  fauché  pour  la  faire  sécher.  Faner 
de  l'herbe,  de   la  luzerne.  ||  Absolument.  Vo.là  un 
bon  temps  pour  faner.  Savez-vous  ce  que  c'est  que 
faner  î  il  faut  que  je  vous  l'explique  :  faner  est  h 
plus  belle  chose  du  monde,  c'est  retourner  du  foin 
en   batifolant  dans  une  prairie;  dis  qu'on  en  sait 
tant,  on  sait  faner,  sÉv.  d  Coulanges,  2a  juill.  4  671. 
Il  2*  Faire  perdre  la  fraîcheur.  Le  grand  hâle  fane 
lesfleurs.  Il  Par  extension,  altérer  l'éclat  d'une  étoffe, 
du  teint.  Le  soled  a  fané  cette  couleur.  Un  liberti- 
nage précoce  qui   ruine  la  santé  des  jeunes  geni 
avant  la  maturité  de  l'âge,  et  fane  la  beauté  des  fem- 
mes à  la  fleur  de  leurs  années,  raynal,  Uist.  phil 
XIX,  44.  Il  8^  Se  faner,  ti.  réfl.  Perdre  sa  fraîcheur 
son  éclat.  Des  fleurscueilliesse  fanent  promptement. 
Il  Par  extension,  il  se  dit  des  co'Ueurs  et  du  teint. 
Vos  vives  couleurs  se  fanent,  j.  j.  booss.  Hél.  i,  3. 
Perles,  tombez;  fanez-vous,  roses;  La  voilà  laide  e 
lu  l'aimes  autant,  bérang.  Laideur.  ||  Cette  femme 
commence  à  se  faner,  se  fane,  sa  beauté  commence  i 


FAN 

se  passor,  se  passe.  Les  débauchés  passent  en  un  mo 
ment  de  renl'ance  à  la  vieillesse,  et  se  fanent  en  leur 
fleur,  o'ABLANC0URT,£«cten,  dans  leboux,  Dict.  com. 
Toute  chair  se  fane  comme  l'hcrhe  et  comme  la 
feuille  qui  croît  sur  les  arbres  verts,  saci,  Ecclésias- 
tique, xiv,  (R.  Il  Ondit  de  même  ;  la  beauté  se  fane. 
IIAvac  ell-pse  du  pronom.  Laisser  faner  une  fleur. 

—  REM.  On  a  dit  fanir  au  xvii'  siècle ,  comme  au 
XVI'.  Le  mesme  jour  qui  voit  leur  bouton  demi-clos, 
Le  voit  s'épanouir,  fanir,  tomber  à  terre,  racan, 
Psaume  3f>. 

—  SVN.  PANRR,  FLÉTRIR.  Faner  dit  moins  que  flé- 
trir. Une  fleur  fanée  par  le  chaud  du  jour  reprend 
sa  fraîcheur  le  soir;  une  fleur  flétrie  ne  redevient 
pas  fraîche;  aussi,  figurément,  dit-on  que  la  répu- 
tation d'un  homme  est  flétrie.  Une  réputation  fa- 
née serait  simplement  une  réputation  passée.      ' 

—  HIST.  XV*  s.  Les  faings  faner,  froiss.  ii,  n,  <06. 
Il  XVI'  s.  La  beauté  de  son  corps  estant  pieça  fanée, 
MONT.  I,  2H.  Les  républiques  naissent,  fleurissent 
et  fanissent  de  vieillesse,  comme  nous,  id.  m,  97. 
Prés  sont  defensables  depuis  la  mi-mars  jusqu'à  la 
Toussaint,  ou  que  [à  moins  que]  le  foin  soit  du  tout 
fanné  et  enlevé,  loysf.l,  245.  Non  frais  ne  verdoyant, 
ains  comme  arbre  qui  se  va  fenant  et  séchant  à  faulte 
de  prendre  nourriture,  amvot,  Rom.  32.  Il  meit  sur 
sa  teste  un  chapeau  de  fleurs  tout  fené,  et  prit  en 
sa  main  une  torche,  m.  Pyrrhus,  27.  Environ  la 
my-juin  les  aulx  attaignent  leur  parfaite  meureté, 
laquelle  l'on   recognoit  au  fener  de  leurs  feuilles, 

0.  DE  SERRES,  6)2. 

—  ÊTYM.  Génev.  fenef,  tourner  et  retourner 
l'herbe;  Berry,  fener,  se  fener;  norm.  fener;  wallon, 
flcmi,  se  faner;  provenç.  fenar;  du  latin  fœnum, 
foin  (voy.  ce  mot).  Faner  veut  dire  proprement  faire 
du  foin,  et ,  par  la  métonymie  de  l'effet  à  la  cause, 
ïetourner  l'herbe  fauchée  des  prés,  puisque  c'est  le 
moyen  de  la  faire  sécher,  d'où  le  sens  de  flétrir. 

FANEDR,  ECSE  (fa-neur,  neû-z'),  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  fane  les  foins.  {|  S.  f.  Faneuse,  machine 
composée  pour  remplacer  le  râteau  et  la  fourche 
dans  le  fanage. 

—  ÉTYM.  Faner;  Berry,  feneux,  feneuse 
FANFAN  (fan-fan),  s.  m.  et  /.  Terme  enfantin. 

Un  petit  enfant.  Ce  pauvre  petit  fanfan.  Si  le  fanfan 
[Ascagne]  était  pendu.  Ce  serait,  ma  foi,  grand 
dommage,  scarr.  Virg.  vu.  EUe  venait  d'être  cou- 
pée, mais  coupée  [ayant  les  cheveux  coupés]  en 
vraie  fanfan,  sÉv.  44.  ||  11  se  dit  à  une  jeune  fille 
en  termes  d'amitié.  Oui,  ma  pauvre  fanfan,  pouponne 
de  mot»  âme,  mol.  Éc.  des  mar.  ii,  )4.  ||  Il  se  dit 
aussi  d'un  grand  niais.  C'est  un  grand  fanfan.  ||  Fan- 
fan la  tulipe,  personnage  de  chansons  populaires. 

—  ÉTYM.  Prononciation  enfantine  du  mot  enfant. 
FANFARE  (fan-fa-r'),  s.  f.  \\  1° Terme  de  musique. 

Air  dans  le  mode  majeur  et  d'un  mouvement  vif  et 
bien  rhythmé,  exécuté  par  des  cors  ou  des  trompet- 
tes. Casimir  [prince  palatin]  fait  porter  en  triomphe 
au  son  des  fanfares  les  dépouilles  de  la  France,  volt. 
Mceurs,  <73.  Je  n'ai  jamais  entendu,  sans  une  cer- 
taine joie  belliqueuse,  la  fanfare  du  clairon,  cha- 
TEAiiB.  Mart.  VI.  Il  Par  extension,  toute  musique 
militaire,  et  souvent  celle  qui  se  rapporte  à  des  actes 
militaires.  Au  bruit  des  lugubres  fanfares,  Hélas  [en- 
fants!] vos  yeux  se  sont  ouverts,  bérano.  Orage. 
Il  8°  Terme  de  vénerie.  Air  qu'on  sonne  au  lancer  du 
cerf.  Sonner  la  fanfare.  ||  3°  Réunion  de  musiciens 
se  servant  d'instruments  de  cuivre;  beaucoup  de 
villes  ont  de  ces  sociétés  qui  se  forment  à  côté  des 
orphéons.  La  fanfare  de  Melun  se  rendra  à  cette 
fête.  Il  4°  Fig.  Démonstrations  de  triomphe  et  de  sa- 
tisfaction. Le  roi  méprisa  ces  superbes  fanfares 
[menaces  prononcées  publiquement  par  Charles- 
Ouint  devant  le  pape  et  les  cardinaux],  mais  répon- 
dit aux  accusations  par  une  lettre  apologétique 
qu'il  adressait  au  saint-père  et  aux  cardinaux,  mé- 
ZERAY,  Abrégé  de  l'Ilist.  de  Fr.  t.  iv,  p.  688,  Amst 
)8S8.  Voilà  ton  demi-cent  d'aiguilles  de  Paris,  Que 
tu  me  donnas  hier  avec  tant  de  fanfare,  mol.  le 
Pép.  IV,  4. 

—  HiST.  XVI'  s.  L'inclination  à  la  liberté,  et  à  tant 
de  belles  fanfares  qu'ils  guignent  de  loin,  que  le 
monde  leur  jette  en  veue,  ne  leur  fait  venir  que  trop 
d'envie  d'en  sortir  [du  collège],  langue,  4  22.  Ils  y 
envoyèrent  huit  ou  neuf  cens  lances,  et  force  har- 
quebusiers  à  cheval,  faisans  de  grandes  faufares  de 
trompettes,  et  crians  bataille,  id.  647.  Il  leur  manda 
par  ung  trompette,  qu'il  n'avoit  yas  agréables  telles 
fanfares  [réception  triomphale],  carloix,  x,  t3. 

—  ÊTYM.  Ane.  espagn.  fanfa,  vanterie.  Diez  pense 
que  c'est  un  mot  créé  par  onomatopée.  Le  fait  est 
qu'on  ne  lui  trouve  pas  de  racine. 

f  FANFARER  (fan-fa-ré),  v.  a.  Célébrer  par  des 


FAN 

fanfares.  Puis  chanteront  en  chœur  leurs  poètes 
élus.  Oui,  tourmentant  à  froid  leur  nullité  notoire. 
Viennent,  après  un  air,  fanfarer  la  victoire,  Barthé- 
lémy, dans  le  Dict.  de  dochez. 

—HIST.  xvi's.  Ne  faisant  que  s'entreregarder,  faire 
fanfarer  leurs  trompettes,  et  bruire  leurs  tambours, 
SULLY,  t.  II,  p.  2H,  dans  lacurne.  Phanpharpr 
la  victoire.  Pèlerin,  d'amour,  tu,  p.  69o,  dans  la- 
curne. Au  reguard  de  fanfarer  et  faire  les  petilz  po- 
pismes  [sifflements]  sur  ung  cheval,  nul  ne  le  feit 
mieulx  que  luy,  rab.  Carg.  i,  23. 

FANFARON,  ONNE  (fan-fa-ron,  ro-n'),  ad). 
Il  1°  Oui  sonne  la  fanfare  sur  lui-même,  qui  exagère 
sa  bravoure.  Il  est  brave  et  fanfaron  en  même  temps. 
Il  En  général,  qui  se  vante  trop,  qui  veut  passer 
pour  valoir  plus  qu'il  ne  vaut  en  effet.  Il  parle  beau- 
coui'  de  son  mérite,  il  est  fanfaron.  Ces  petits  mes- 
sieurs sont  fanfarons;  ils  ont  trop  peu  d'esprit  pour 
.s'apercevoir  qu'on  les  raille,  et  trop  bonne  opinion 
d'eux-mêmes  pour  ne  pas  croire  qu'on  les  aime, 
DANCOURT,  Été  des  coquettes,  se.  8.  D'accord,  mais 
il  a  l'air  un  peu  trop  fanfaron,  destouciies, //omm. 
sing.  III,  3.  Il  Particulièrement,  qui  affecte  une  bra- 
voure qu'il  n'a  pas.  Mais  qui  pourrait  soullrir  un  âne 
fanfaron?  LA  font.  Fabl.  ii,  fl.  ||  2°  11  se  dit  des  cho 
ses.  11  publia  cependant  des  relations  fanfaronnes 
de  cette  expédition,  anqubtil.  Ligue,  t.  m,  p.  81 
Il  3'  S.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  se  vante  outre  me- 
sure de  succès  réels  ou  imaginaires.  Le  fanfaron 
travaille  à  ce  qu'on  dise  de  lui  qu'il  a  bien  fait 
la  bruy.  II.  Je  ne  sais  si  je  n'en  ai  point  fait  en 
quelques  endroits  un  fanfaron;  mais  il  est  certain 
que  c'était  un  héros,  volt.  Œdipe,  B'  lettre.  Du 
cerf  prêt  à  forcer  l'enceinte,  Chasseur,  tu  fais  le 
fanfaron,  bérano.  Double  chasse.  ||  Celui  qui  se  vante 
de  qualités,  d'un  mérite  qu'il  n'a  pas.  C'est  un  fan 
faron  de  vertu,  de  doctrine  et  d'éloquence,  balz 
Lett.  à  Conrart,  28  avril  (  653.  Il  ne  s'est  point  passé 
d'année  que  quelqu'un  de  ces  faux  généreux  et  de 
ces  francs  fanfarons  d'amitié  ne  m'ait  manqué  de 
parole,  scarr.  /.ett.  OEuv.  t.  i,  p.  231,  dans  pougens. 
Ce  ne  sont  point  fanfarons  de  vertu,  mol.  Tart.  1,  6. 
Le  maréchal  de  ViUars,  fanfaron  des  qualités  mêmes 
qu'il  avait,  traversant  un  jour  la  place  dans  un  car 
rosse  brillant,  chargé  de  pages  et  de  laquais,  voulut 
tirer  pour  sa  vanité  quelque  profit  de  son  désintéres 
sèment,  doclos,  Mém.  Régence,  OEuv.  t.  vi,  p.  40, 
dans  POUGENS.  {|  Un  fanfaron  de  vice,  celui  qui  se 
Tante  d'être  plus  vicieux  qu'il  ne  l'est  en  efTet.  Savez- 
vous,  dit-il  [Louis  XIV],  ce  que  c'est  que  mon  neveu 
[le  duc  d'Orléans]  1  c'est  un  fanfaron  de  crimes,  nu- 
CLOS,  Règnede  Louis XIV,  OlCuvr.  t.  v,p.  39.  ||  4° Par- 
ticulièrement. Celui,  celle  qui  fait  parade  de  courage 
sans  en  avoir.  Ce  n'est  qu'un  fanfaron.  Vous  n'êtes 
qu'une  fanfaronne,  lui  dit  don  Carlos,  scarr.  Rom. 
com.  i,  9.  Il  6°  Fanfaron  s'est  dit  pour  ce  que  nous  ap- 
pelons aujourd'hui  un  muscadin. Quand  un  jeune  frisé, 
relevé  de  moustache....  Ce  fanfaron  chez  elle  [une 
dame]  eut  de  moi  connaissance,  séonier,  Sat.  viii. 

—  ÉTYM.  Fanfare  ;  espagn.  fanfarron  ;  portug. 
fanfarrâo;  ital.  fanfano.  Il  y  a  dans  l'espagnol  far- 
fante,  fanfaron,  dans  le  portugais  farfalhar,  faire  le 
fanfaron,  que  les  étymologistes  tirent  de  l'arabe  far- 
fdr,  mal  dire,  être  trompeur.  Mais  il  n'est  pas  sûr 
que  fanfaron  et  arfante  soient  le  même  mot. 

FANFARONNADE  (fan-fa-ro-na-d'),  s.  f.  Acte,  pa- 
role de  fanfaron.  Vous  voyez  comme  la  fanfaron- 
nade de  ces  deux  volontaires  [ils  avaient  été  à  un 
assaut  contre  l'ordre]  a  été  punie  [ils  furent  mis  dans 
un  fortj;  il  vaut  mieux  être  sage,  SBV.  29  cet.  (688. 
Quoi,  vous  doutez,  dit-il,  qu'avec  mes  huit  mille  bra- 
ves Suédois,  je  ne  passe  sur  le  corps  à  quatre-vingt 
mille  Moscovites  ?  Un  moment  après,  craignant  qu'il 
n'y  evit  un  peu  de  fanfaronnade  dans  les  paroles.... 
volt.  Charles  XII,  2.  Il  y  a  là  une  fanfaronnade 
d'érudition  orientale  qui  pourra  vous  effrayer,  m. 
Lett.  Mmfi  du  Deffant,  mars  (  705. 

—  ÊTYM.  Espagn.  fanfaronner,  La  finale  ade 
indique  une  origine  espagnole.  Des  dictionnaires 
citent  d'Aubigné  pour  fanfaronnade  ;  mais ,  dans  le 
passage  indiqué,  la  nouvelle  édition  (p.  73,  I854, 
éd.  LALANNF.)  porte  ioni(^. 

t  FANFARONNER  (fan-fa-ro-né),  e.  n.  Faire  des 
fanfaronnades.  Villars  n'avait  cessé  d'écrire  au  roi 
sur  les  fautes  d'Hochstedt,  de  déplorer  de  s'être 
trouvé  éloigné  des  armées,  en  un  mot  de  fanfaron- 
ner avec  une  efl'ronteriequine  lui  avait  jamais  man- 
qué, ST-SIM.  <43,  86. 

—  HlST.  XVI'  s.  Fanfaronner,  ouom,  Dict. 

—  ÉTYM.  Fanfaron  ;  espagn.  fanfarronear. 

FANFARONNERIE  (fan-fa-ro-ne-rie),  s.f.  \\  l' Ca- 
ractère du  fanfaron.  C'est  pure  fanfaronnerio  De 
vouloir  profiter  de  la  poltronnerie  De  ceux  qu'atta- 


FAN 


1615 


que  notre  bras,   mol.  Àmph.  i,  2.  ||  V  Habitude  de 
faire,  de  dire  des  fanfaronnades. 

—  HIST.  xvT  s.  La  fanfaronnerio  de  certains  avo- 
cats du  palais  à  Pans,  les  quels  [pour  certaines  dis- 
positions du  parlement  sur  le  règlement  de  leurs 
salaires]  s'en  allèrent  au  grelfe  do  la  cour  y  remet- 
tre leurs  chaperons  et  protester  de  cesser  leur  caquet, 
SULLY,  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÊTYM.  Fanfaronner. 

t  FANFIOLK  (fan-fi-o-l"),  t.  f.  Synonyme  inusIK 
de  fanfreluche.  11  [le  peintre  Boucher]  a  beau  me 
les  montrer  nues,  je  leur  vois  toujours  le  rouge,  lej 
mouches,  les  pompons  et  toutes  les  fanfioles  de  la 
toilette,  DIDER.  Salon  de  tTOi,  CEuv.  t.  xni,  p.  44, 
dans  POUGENS. 

t  FANFRE  (fan-fr'),  s.  m.  Nom  d'un  petit  poisson, 
dit  aussi  pilote  du  requin  {ytaucrates  ductor). 

FANFRELUCHE  (fan-fre-lu-ch'),  t.  f.  ||  1»  Chose 
très-petite,  presque  sans  substance  et  qui  .se  détruit 
très-facilement  C'est  pour  cela  qu'il  (Rabelais]  a 
employé  le  mot  fanfreluche,  qui  signifie  souvent  un 
papillon  qui  périt  par  le  feu,  venant  se  briller  soi- 
même  à  la  chandelle,  Lett.  de  M.  iacrose  à  M.  Le 
Duchat,  dans  le  Rabelais  de  (8(3,  t  i,  p.  49. 
Il  2°  Terme  de  dénigrement.  Ornement  apparent,  de 
peu  de  valeur  et  de  peu  de  goût  Si  vous  joignez  à 
toutes  ces  fanfreluches-là  des  airs  évaporés,  ce  n'est 
pas  pour  une  dame  qu'on  vous  prendra,  of.nlis  , 
Thédt.  d'éduc.  la  Lingère,  1,  6.  ||  Fig.  L'idée  qu'on 
peut  faire  passer  une  infinité  de  lignes  courbes  en- 
tre la  tangente  et  le  cercle  m'a  toujours  paru  une 
fanfreluchede  Rabelais,voLT.  i«/(.  à  d'Alembert,  60. 

—  HIST.  XIII'  s.  Elle  lui  dist  tant  de  bellues.  De 
trufes  et  de  fanfelues,  ruteb.  295.  Que  me  valent 
tex  [telles]  fanfelues?  Jo  Rose,  9328.  ||  xvi'  s.  Que 
les  Epicuriens  me  respondent,  veu  qu'ils  imaginent 
que  tout  se  fait  selon  que  les  petites  fanfreluches 
qui  volent  en  l'air  semblables  à  menue  poussière,  se 
rencontrent  à  l'aventure?  calv.  Instit.  <6.  Les  fan- 
freluches antidotées,  rab.  Gàrg.  1,  2. 

—  f.TYM.  Ital.  fanfaluca;  bas-lat.  famfaluca, 
famfoluca  (  Flor.  gloss.  :  Famfaluca  graece,  buUa 
aquatica  latine  dicitur)  ;  altération  du  grec  7to|içoXu{, 
bulle  (voy.  pompholyx). 

t  FANFRELCCUER  (fan-fre-lu-ché),  V.  a.  Orner 
de  fanfreluches. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  vanité  qu'elles  font  paroistro 
en  leurs  patins  pertuisés,  fanfreluches  et  haut  mon- 
tés, JACQ.  olivier.  Alphabet  de  l'imperf.  des  femmes, 
p.  J78,  dans  POUGENS. 

—  ÊTYM.  Fanfreluche. 

FANGE  (fan-j'i,  s.  f.  \\  1°  Boue,  '  bourbe.  Mais  je 
n'ai  plus  trouvé  qu'un  horrible  mélange  D'os  et  de 
chairs  meurtris  et  traînés  dans  la  fange,  rac.  Athnl. 
II,  B.  Il  nous  fallut  repasser  le  Rhin  sur  le  pont  de 
Strasbourg  à  travers  des  eaux  et  des  fanges  incon- 
cevables, ST-SIM.  47,  B5.  Arrachez-moi  des  fanges 
de  Lutèce;  Sous  un  beau  ciel  mes  yeux  devaient 
s'ouvrir,  bérano.  Yoy.  imag.  \\  Par  extension  et  poé- 
tiquement, pays  marécageux.  On  a  vu  mille  fois  des 
fanges  méotides.  Sortir  des  conquérants,  boileau, 
ÉpU.  I.  Il  2°  Fig.  Ce  qui  souille  comme  fait  la  fange; 
bassesse,  abjection.  Elle  a  vu  parmi  la  fange  Fouler 
ce  qu'elle  adorait,  halh.  h,  4.  Et  qu'à  moins  d'être 
au  rang  d'Horace  ou  de  Voiture,  On  rampe  dans  la 
fange  avec  l'abbé  de  Pure,  boil.  Sat.  ix.  Les  gran- 
des âmes  choisis.sent  hardiment  des  favoris  illustres, 
et  des  ministres  approuvés;  Louis  XI  n'eut  guère 
pour  ses  confidents  et  pour  ses  ministres  que  des 
hommes  nés  dans  la  fange,  et  dont  le  cœur  était  au- 
dessous  de  leur  état,  volt.  Mœurs,  94.  Vous  êtes  de- 
puis longtemps  enfoncés  dans  la  fange  de  notre  an- 
tique barbarie;  il  est  triste  d'être  ignorants,  mais  il 
est  aflTreux  d'être  lâches  et  corrompus,  va.  Pol. 
et  législ.  Anne  Dubourg  à  ses  juges.  11  y  a  eu  tou- 
jours dans  la  fange  de  notre  littérature  plus  d'un  de 
ces  misérables  qui  ont  vendu  leur  plume  et  cabale 
contre  leurs-bienfaiteurs  mêmes,  id.  Dict.  phil.  Ame. 
S'élever  jusqu'au  faîte,  ou  ramper  dans  la  fange, 
a.  CHÉNiER,  VlnveiUion.  ||  Couvrir  de  fange,  insulter 
grossièrement,  couvrir  d'ignominie.  Une  .statue  no 
console  pas,  lorsque  tant  d'ennemis  conspirent  à  la 
couvrir  de  fange,  volt.  Lett.  d'Argental,  »  avril  t773. 
Il  3'  Dans  le  langage  ascétique,  il  se  dit  des  voluptés 
du  monde  par  opposition  à  la  vie  dévote.  Plongé 
dans  la  fange  des  voluptés  terrestres.  11  m'a  tiré 
d'un  abîme  de  fange  et  de  boue,  post-rotal. 
Psaume  39. 

—  HIST.  XIII"  s.  Si  fort  le  hurte  qu'il  l'abat  En 
une  fange  trestot  plat,  Ren.  42350.  Mult  av.iit  en  la 
rue  fange.  Si  fu  la  voie  mult  estrange,  ruteb.  ii,  4»0. 
Tex  [tel]  est  issuz  et  nez  de  fane;  Tant  pai  <st  fiers , 
bien  le  puis  dire.  Qu'il  ne  daigne  chanter  ne  lir«i 


f616 


FAN 


Utst.  de  Sle  léoc.  ma.  de  St-Germ.  C  2»,  daiis  la- 
CDBNE.  Ilxvi*  S.  Fange  sèche  cnvy  [difficilement] 
i'aivar.he,  leboux  dk  linct,  l'rov.  t.  i,  p.  68. 

_  ETYM.  Norm.  fangue;  wallon,  fanië;  provenç. 
fane,  fanh,  faing,  s.  m.  ;  (anha,  faigna,  fangua, 
s.  f.;  catal.  fang;  espagn.  et  ital.  fango.  On  a  donné 
pour  étymologie  le  goth.  fani,  génil.  fanjis.  Mais  il 
y  a  un  mot  latin  peu  usité  famicosus,  fangeux,  qui 
aura  très-bien  donné  fangeux  ;  et,  comme  le  latin 
a  aussi  un  substantif  fam  x,  famicis,  signifiant  ab- 
cès, bourbe,  on  trouvera  là  le  radical  de  nos  mots 
romans  sans  recourir  à  l'allemand.  D'ailleurs  il  est 
possible,  comme  cela  est  arrivé  pour  d'autres,  que 
le  mot  latin  et  le  mot  allemand  se  soient  rencontres 
et  confondus. 

FANGEUX,  ECSE  (fan-jeû,  jeû-z'),od;.  ||  l"  Qui  est 
plein  de  fange.  J'aime  mieux  un  ruisseau....  Qu'un 
torrent  débordé  qui,  d'un  cours  orageux.  Roule  plein 
ie  gravier  sur  un  terrain  fangeux,  boil.  Art  p.  i. 
Sitôt  qu'Amazan  fut  débarqué  sur  le  terrain  égal  et 
fangeux  de  la  Batavie,  il  partit  comme  un  éclair 
pour  la  ville  aux  sept  montagnes,  volt.  Princ.  Ba- 
byl.  9.  Il  Fig.  J'ai  fait  le  premier  pas  et  le  plus  pé- 
nible dans  le  labyrinthe  obscur  et  fangeux  de  mes 
confessions,  J.  J.  bouss.  Confess.  1. 1|  2°  Couvert  de 
fange,  en  f.<irlant  des  personnes.  De  près  me  voyant 
Fangeux  comme  un  pourceau....   Régnier,  Sal.  xi. 

—  HIST.  XVI'  s.  Puis  passans  le  marets  le  dernier 
de  tous  avec  grande  difficulté  à  travers  de  l'eau 
boueuse  et  fangeuse,  amyot.  César,  20. 

—  ËTYM. fange;  provenç.  fangos;  espagn. et  ital. 
fangoso. 

j  FANGHAME  (fan-ga-m'),  s.  m.  Arbrisseau  de 
Madagascar  et  de  Maurice  qui  contient  un  suc  ex- 
trêmement vénéneux. 

f  FANION  (fa-ni-on) ,  s.  m.  Ancien  terme  de 
guerre.  Sorte  d'étendard  de  serge,  qu'un  valet  de 
chaque  brigade  de  cavalerie  ou  d'infanterie  portait  à  la 
lé  te  des  menus  bagaijes  de  la  brigade,  pendant  la  mar- 
che des  équipages  de  l'armée,  et  qui  servait  à  leur 
faire  observer  leur  ordre  pour  éviter  la  confusion. 

—  ETYM.  Voy.  FANON. 

t  FANNIEN  (fa-nniin) ,  adj.  m.  Papyrus  fannien, 
espèce  de  papier  d'Egypte,  de  dix  pouces  de  large. 

—  ÉTYM.  Lat.  Fannius,  nom  propre  de  Romain, 
t  FANOIR  (fa-noir),  s.  m.  Terme  rural.  Cône  eu 

bois,  à  claire-voie,  sur  lequel  on  jette  l'herbe  fau- 
chée, les  foins,  la  luzerne,  etc.  pour  les  faire  sécher. 

—  lîTYM.  Faner. 

<.  FANON  (fa-non),  *.  m.  |11»  Pièce  de  drap,  de 
toile,  de  soierie,  suspendue  au  bout  d'une  lance, 
d'unepique,  etqui,  pouvant  se  déployer,  sert  de  signe 
de  ralliement.  ||  Terme  de  blason.  Large  bracelet  qui 
pend  au  bras  droit.  ||  2°  Ancien  terme  de  marine. 
Nom  que  l'on  donnait  au  fond  et  au  coin  inférieur 
d'une  voile  qui  fiotte  au  vent  comme  une  bannière, 
lorsque  la  voile  est  carguée,  jal.  jj  3°  Manipule  que 
les  prêtres  portent  au  bras  gauche  lorsqu'ils  offi- 
cient. Le  fanon  doit  être  de  la  même  étoffe  que  l'é- 
tole.  Il  AupluT.  Les  doux  pendants  de  derrière  de  la 
mitre  d'un  évêque,  d'un  archevêque,  d'une  bannière. 
Il  Autrefois,  manche  pendante  qu'on  portait  au  poi- 
gnet, surtout  en  Allemagne.  Il  4°  Par  assimilation, 
peau  pendante  que  les  taureaux,  les  bœufs  ont  sous 
la  gorge.  ||  Terme  d'ornithologie.  La  pièce  de  peau 
charnue,  rouge  et  nue,  qui  pend  sous  la  gorge  de 
certains  oiseaux,  notamment  du  dindon.  ||  5°  Lames 
cornées  qui  garnissrnt  transversalement  le  palais  de 
certains  cétacés.  Les  fanons  de  la  baleine.  ||  6"  Terme 
de  vétérinaire.  Touffe  de  poils  à  la  partie  postérieure 
du  boulet  et  au  pli  de  la  peau  du  bœuf  et  du  mou- 
ton, situé  à  la  partie  inférieure  du  cou.  Le  fanon 
cache  l'ergot  du  cheval. 

—  HKST.  xiii"  s  Des  armes  ù  trait  defension,  Amit, 
alb,  stol  et  fanon,  Si  se  fit  armer;  Car  hom  que  est 
de  religion  Ne  deivet  aver  allrespar  treison  Pur  n'ul 
mestier.  Vie  de  S(  Thomas,  dans  benoît,  Chroni- 
que, t.  III,  p.  479.  Moult  fièrement  li  aîda,  La  sor- 
ceinte  baillié  li  a.  Et  puis  le  fanon  et  l'estole,  lien^ 
338).  Et  puis  le  mist  on  le  fanon  au  bras  seniestre, 
qui  senefie  astinenche,  Chr.  de  Rains,  p.  104. 
Il  XVI'  s.  Son  blanc  fanor  [du  taureau  enlevant  Eu- 
rope] est  plus  que  neige  blanc,  baïp,  (JEuv.  P  25a, 
dans  LACURNR. 

—  ÉTYM.  Bas-lat. /'ono ,  bande;  de  l'anc.  h.  allem. 
fana,  goth.  fana;  comparez  le  lat.  pannus  (voy. 
PAN),  et  le  grec  itîjvo;. 

2.  FANON  (fa-non),  «.  m.  Terme  de  chirurgie. 
Espèce  de  cylindre  fait  avec  une  poignée  de  paille 
entourée  d'une  bande  étroite  et  fortement  serrée  qup 
l'on  employait  dans  le  pansement  des  fractures  de 
1* cuisse  et  de  la  jambe.  ||  Faux  fanon,  fanon  fait 
avec  une  pièce  de  Imge  pliée  en  plusieurs  doubles. 


FAN 

roulée  à  plat,  et  repliée  à  ses  extrémités,  que  l'on 
plaçait  entre  le  membre  fracturé  et  le  fanon. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  torches  ou  fenons  sont  faites 
de  bastons  de  grosseur  d'un  doigt,  lesquels  on  enve- 
loppe de  paille,  puis  d'un  demy  linceul,  pabé,  xii,  8. 

—  ÊTYM.  Fenon,  ainsi  nommé  du  foin  ou  paille 
dont  on  entortille  les  bâtons  (voy.  faner,  ancienne- 
ment/('nfr). 

FANTAISIE  (fan-tè-zie),  s.  f\[i'  Ancien  syno- 
nyme d'imagination.  Fantaisie  signifiait  autrefois 
l'imagination,  et  on  ne  se  servait  guère  de  ce  mot 
que  pour  exprimer  cette  faculté  de  l'àme  qui  reçoit  les 
objets  sensibles,  volt.  Dict.  phil.  Fantaisie.  \\  En 
ce  sens  il  a  vieilli,  et  quelques-uns  l'écrivent,  étymo- 
logiquement,  phantaisie.  ||2"  De  fantaisie,  par  l'œu- 
vre de  l'imagination,  sans  réalité.  Heureusement  on 
rectifie  sur  les  lieux  ce  que  les  géographes  ont  sou- 
vent tracé  de  fantaisie  dans  leur  cabinet,  volt.  Dict. 
phil.  Géographie.  \\  Tête  de  fantaisie,  tête  de  pure 
imagination.  Un  peintre  fait  un  portrait  de  fantaisie 
qui  n'est  d'après  aucun  modèle,  volt.  Dict.  phil. 
Fantaisie.  Petit  portrait  de  fantaisie.  Mis  en  tèle 
de  mon  recueil,  bébano.  Portrait.  ||  Robe,  habit  de 
fantaisie,  robe,  habit  qui  n'est  pas  conforme  à  la 
mode  courante,  surtout  à  l'uniforme  réglementaire, 
et  qu'on  imagine.  Un  shako ,  un  sabre  de  fantaisie. 
On  dit  même,  dans  l'armée,  du  drap  de  fantaisie 
pour  désigner  du  drap  plus  fin  que  celui  qui  est 
fourni  par  l'État.  ||  Un  objet  de  fantaisie,  ou  une 
fantaisie,  une  chose  curieuse,  singulière.  |{  Un 
nom  de  fantaisie,  un  nom  qu'on  imagine  de  pren- 
dre. Tu  portes  un  nom  de  fanta.sie.  {|  Fig.  Se  dit 
de  la  figure  d'une  personne  que  l'on  compare  à  un 
objet  de  fantaisie.  Elle  a  une  petite  figure  sans  au- 
cune régularité,  un  minois  de  fantaisie  extrêmement 
commun,  genlis.  Ad.  et  Théod,  1. 1,  lett.  53,  p.  45(, 
dans  pougens.  ||  3°  Esprit,  pensée,  idée.  [Ceux]  Xqui 
l'amour  lascif  règle  la  fantaisie,  Régnier,  Sat.  xii. 
Au  logis  d'une  fille  où  j'ai  ma  fantaisie,  iD.  ib.  xiii. 
Ce  qu'un  enfant  a  dans  la  fantaisie,  la  font.  Faucon. 
Il  n'avouera  jamais  qu'il  est  médecin,  s'il  se  le  met 
en  fantaisie,  que  vous  ne  preniez  chacun  un  biton, 
mol.  le  Méd.  m.  lui,  i,  s.  Cotte  frénésie  [faire  des 
vers]  De  ses  noires  vapeurs  troubla  ma  fantaisie, 
BOIL.  Sat.  II.  Nous  sommes  tous  faits  naturellement 
comme  un  certain  fou  athénien....  qui  s'était  mis 
dans  la  fantaisie  que  tous  les  vaisseaux....  lui  ap- 
partenaient, fonten.  les  Mondes,  i"  soir.  \\  Avoir  en 
fantaisie,  avoir  dans  l'idée.  Ces  messieurs  ont  en  fan- 
taisie de  nous  donner  les  âmes  des  pieds  [les  violons 
pour  danser],  mol.  les  Préc.  rid.  <3.  |{  4"  Volonté 
passagère.  Je  suis  en  fantaisie  d'admirer  l'hon- 
nêteté de  ces  messieurs,  sKv.  67.  La  fantaisie  m'a 
pris  de  me  lever,  id.  197.  Sa  femme  s'était  mise  &  la 
fantaisie  de  se  parer,  id.  367.  ||  Fantaisie  veut 
dire  aujourd'hui  un  désir  singulier,  un  goût  pas- 
sager :  il  a  eu  la  fantaisie  d'aller  à  la  Chine;  sa 
fantaisie  du  jeu,  du  bal,  lui  a  passé,  volt.  Dict. 
phil.  Fantaisie.  Croyez-vous  le  monde  bien  an- 
cien î  ma  fantaisie  est  qu'il  est  éternel,  id.  Dial. 
24.  Il  X  la  fantaisie,  selon  qu'on  en  a  volonté.  Un 
bœuf  est  plus  puissant  que  toi  ;  Je  le  mène  à  ma 
fantaisie,  la  font.  Fabl.  11,  9.  Je  te  dis,  moi,  que  je 
veux  que  tu  vives  à  ma  fantaisie,  et  que  je  ne  me 
suis  pas  mariée  avec  toi  pour  souffrir  tes  fredaines, 
MOL.  Iléd.  m.  lui,  I,  4 .  Disposer  do  tout  selon  sa 
fantaisie,  pasc.  Prov.  6.  Rois  qu'il  fit  et  défit  à  sa 
fantai^e,  Boss.  Ilist.  1,1 1.  ||  5°  Goût  particulier.  De 
tous  les  visages  il  n'y  en  avait  point  à  sa  fantaisie 
comme  le  vôtre,  SÉv.  520.  Ah  I  que  vous  écrivez  à 
ma  fantaisie!  id.  32.  Il  [M.  de  Grignan]  devrait  bien 
renvoyer  toutes  les  fantaisies  ruineuses  qui  senent 
chez  lui  par  quartier,  id.  6  j«in  )680.  C'est  la  fan- 
taisie des  hommes  qui  met  le  prix  aux  choses  fri- 
voles; c'est  cette  fantaisie  qui  fait  vivre  cent  ou- 
vriers que  j'emploie;  c'est  elle  qui  me  donne  une 
belle  maison,  un  char  commode,  des  chevaux,  volt. 
Babouc.  Avoir  des  fantaisies,  c'est  avoir  des  goûts 
extraordinaires  qui  ne  sont  pas  de  durée;  fantaisie 
en  ce  sens  est  moins  que  bizarrerie  et  que  caprice, 
ID.  Dict.  phil.  Fantaisie.  ||  6°  Il  se  dit  d'un  amour 
passager.  Mais  l'amant  qui  vous  charme  et  pour  qui 
vous  brûlez.  Ne  vous  est  après  tout  que  ce  que  vous 
voulez;  Une  mauvaise  humeur,  un  peu  de  jalousie 
En  fait  assez  souvent  passer  la  fantaisie,  corn.  lier. 
ni,  4.  Son  amour  n'était  qu'une  fantaisie;  les  fan- 
taisies se  passent,  mariv.  Pays.  parv.  5'  part.  Il 
[Néron]  se  prend  de  fantaisie  pour  une  affranchie 
nommée  Acte,  dideb.  Claude  et  Nér.  i,  48.  Cette 
dangereuse  coquette  n'a  point  fait  naître  des  fantai- 
sies, et  n'a  jamais  inspiré  que  de  grandes  passions, 
OENUS,  Ad.  et  TUod.  t.  i,  lett.  60,  p.  431,  dans 
POUGEKS.  Il  7*  Cajiricp,  boutade.  Quelle  fantaisie  vous 


FAN 

a  pris?  Cet  homme  a  des  fan'aisies  ridicules.  Un 
chétif  centenier  des  troupes  de  Mysie  Qu'un  gros  de 
mutinés  élut  par  fantaisie,  corn.  Uéracl.  i,  2.  |{  Sa 
passer  la  fantaisie  d'une  chose ,  satisfaire  son  ca- 
price. La  Temple  ayant  résolu  d'en  passer  sa  fantaisie, 
iiAMiLT.  Gramm.  to.  ||  Fantaisies  musquées,  bizarre- 
ries tout  à  fait  singulières.  On  dit  quelquefois,  eu 
conversation  particulière,  des  fantaisies  musquées; 
mais  jamais  on  n'a  entendu  par  ce  mot  des  bizarre- 
ries d'hommes  d'un  rang  suiiérieur  qu'on  n'ose  con- 
damner, comme  le  dit  le  Dictionnaire  de  Trévoux, 
voi.T.  Dict.  phil.  Fonta«t«.  Il  8' Terme  de  peinture. 
Ouvrage  où  l'on  a  suivi  son  caprice  et  son  imagina- 
tion en  s'affranchissant  des  règles.  Des  arabesques 
sont  des  fantaisies.  Le  tout  me  parut  si  bizarre,  que 
ma  première  idée  fut  d'envoyer  chercher  un  peintre 
pour  en  faire  une  fantaisie,  montesq.  Lett.  pers.  4». 
Il  Terme  de  musique.  Réunion  d'airs  pris  selon  le 
caprice  du  compositeur,  et  lies  entre  eux  par  des 
transitions  ou  ritournelles;  c'est  ce  qu'on  nommait 
autrefois  pot-pourri.  Fantaisie  sur  les  airs  de  Guil- 
laume Tell,  pour  piano  et  violon,  par  Osborne  et  de 
Bériot.  La  fantaisie  se  distingue  de  la  sonate  dont 
tous  les  morceaux  sont  assujettis  à  des  règles  cer- 
taines, par  la  liberté  qu'elle  laisse  au  compositeur 
dans  la  façon  de  traiter  son  sujet;  il  n'est  pas  né- 
cessaire que  le  thème  en  soit  connu;  Mozart  a  des 
fantaisies  sur  des  motifs  composés  tout  exprès. 
Il  9°  Se  dit  des  mouvements  d'un  cheval  qui  veut 
agir  contre  la  volonté  du  cavalier.  Ce  cheval  a  des 
fantaisies.  ||  10°  Fil  tiré  du  fleuret,  lorsqu'U  est  sa- 
vonné, cuit  et  prêt  à  être  teint. 

—  HIST.  XIV'  s.  [Les  bêles]  ont  tant  seulement 
fantaisie  et  memore  des  choses  singulières,  oresme, 
Eth.  1 98.  Les  choses  de  mathématiques  sont  cognucs 
par  abstrattion,  ymagination  et  phantasie,  id.  ti>.  <  81 . 
Il  XV'  s.  Et  ainsi  petità  petit,  ou  temps  de  celle  crois- 
cence,  nature  appreste  la  fantasie  et  entendement, 
CHR.  de  pisan,  Jlist.  de  Ch.  Y,  i,  ».  ||xvi'  s.  Le 
travail  des  grans  journées  d'Espagne  m'estoit  plus 
portable  que  le  repous  de  France,  où  la  fantasie  me 
tourmente  plus  que  la  peine,  maro.  Lett.  x.xxvi.  Et 
continuèrent  longuement  cette  vie,  sans  qu'il  s'a- 
perçut jamais  qui  elle  estoit,dont  il  entra  en  grande 
fantaisie  [inquiétude],  pensant....  iD.  Nouv.  XLiii. 
X  ma  fantaisie,  il  n'est  rien  que  la  coutume  ne  face, 
MONT.  1,  m.  S'il  eust  mis,  comme  moi,  par  escript 
ses  fantaisies,  id.  i,  2O6.  Lorsque  quelqu'un  prend 
fantaisie  de  s'aller  battre,  il  faut  que  celui  qui  le  se- 
conde.... LANOUE,  248. 

—  ÉTYM.  Grec,  çavtatria,  action  de  se  montrer,  ap- 
parition, de  çavToç,  visible,  de  çaiveiv,  montrer, 
briller  (voy.  phénomène). 

t  FANTAISISTE  (fan-tè-ri-st*),  ».  m.  Néologis- 
me. Peintre  de  fantaisies.  ||  Écrivain  qui  est  dans 
les  lettres  ce  que  le  fantaisiste  est  dans  la  peinture. 
Il  Adj.  Un  peintre,  un  littérateur  fantaisiste. 

—  ÉTYM.  fantaisie. 

t  FANTASIA  (fan-ta-zi-a),  s.  f.  Courses  usitées 
chez  les  Arabes  dans  les  fêtes,  et  qui  consistent  à 
s'élancer  de  toute  la  vitesse  de  leurs  chevaux,  à 
revenir  sur  leurs  pas,  avec  de  grands  cris,  en  dé- 
chargeant leurs  armes. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  le  mot  italien  fantasia, 
fantaisie. 

t  FANTASIASTE  (fan-ta-ei-a-sf),  s.  m.  Sectaire 
chrétien  qui  soutenait  que  le  Christ  n'avait  revêtu 
un  corps  humain  qu'en  apparence,  et  que  sa  mort 
n'avait  pas  été  réelle. 

—  ETYM.  Grec,  çavTauiaTriH,  de  çayTooio,  imagi- 
nation (voy.  fantaisie). 

t  FANTASIER  (fan-te-zi-é),  je  fantasiais,  no«s 
fantasiions;  que  je  fantasie,  que  nous  fantasiions, 
V.  o.  Mettre  dans  .sa  fantaisie,  imaginer.  On  me  fait 
fantasier  le  cerveau  de  souci,  rBgnieh,  Sat.  vL 
Comme  il  leur  plut  [au  parlement]  de  se  fantasier 
toutes  choses  sur  mon  sujet,  j'étais  exposé  à  la  dé- 
fiance des  uns,  à  la  frayeur  des  autres,  betz,  iv,  (63. 

—  HIST.  XVI'  3.  La  beauté  :  nous  en  fantasions  les 
formes  à  nostre  poste,  «ont.  ii,  2uo.  Il  y  a  danger 
que  nous  fantasions  des  offices  nouveaux  pour  excu- 
ser nostre  négligence  envers  les  naturels  offices,  m 

m,  374. 

—  ÉTYM.  Fantaisie. 

FANTASMAGORIE  (fan-ta- sma-go-rie),  *.  )'. 
Il  1*  Art  de  faire  voir  des  fantômes,  c'est-à-dire  de 
faire  paraître  des  figures  lumineuses  au  sein  d'une 
obscurité  profonde;  il  n'a  commencé  à  être  bien 
connu  que  vers  la  fin  du  xviii*  siècle.  Cela  se  fait 
au  moyen  d'une  lanterne  magique  mobile  qui  vient 
former  les  images  siur  une  toile  que  l'on  voit  par 
derrière.  Comme  ces  images  grandissent  à  me- 
sure que  le  foyer  s'éloigne  de  la  toile,  elles  ont  l'ail 


FAN 


FAN 


FAN 


1617 


de  s'avancer  sur  le  spectateur.  1|  2°  Par  analogie, 
en  littérature,  abus  d'effets  produits  par  des  moyens 
où  l'on  trompe  l'esprit,  comme  la  fantasmagorie 
trompe  l'œil. 

—  lïTYM.  <ï>âvTa<T(ioi,  apparition  (voy.  fantôme), 
et  àyopÉu,  parler  :  parler  aux  fantômes,  appeler  les 
fantômes. 

FANTASMAGORIQUE  (fan-ta-sma-go-ri-k') ,  adj. 
Oui  appartient  à  la  l'anté^smagorie.  Apparition  fan- 
tasmagorique. 

t  FANTASMAGORIQCKMENT  (fan-ta-sma-go-ri- 
ke-man),  adv.  À  la  manière  d'une  fantasmagorie. 

—  KTYM.  Fantasmagorique,  et  le  suffixe  ment. 

f  FANTASMASCOHE  (  fan-ta-sma-sko-p' )  ou 
KANTASMATOSCOPE  (fan-ta-sma-to-sko-p'),  s.  m. 
Terme  d'optique.  Machine  qui  offre  l'aspect  d'une 
porte  qui  s'ouvre,  et  d'où  semble  sortir  un  fantôme 
paraissant  s'agrandir  et  s'approcher  des  spectateurs. 
C'est  l'instrument  qui  produit  la  fantasmagorie. 

—  ÊTY.M.  <l>âvTa(T|jia,  fantôme,  et  (txokeîv,  voir. 

+  FANTASMATIQUE  (l'an-ta-sma-ti-k'),  adj.  Oui 
tient  de  la  vision,  du  fantôme.  Sous  la  lueur  fan- 
tasmatique d'un  ciel  crépusculaire  s'élevait  une 
énorme  masse  noire  chargée  d'aiguilles  et  de  clo- 
chetons, v.  HDGO,  dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ÊTYM.  <J>âvToci3ix.a,  fantôme  (voy.  fantôme). 
FANTASQUE   (fan-ta-sk'),  adj.  ||  1°    Sujet  à  des 

fantaisies.  [CharonJ  Pousse  les  uns,  frappe  les  au- 
tres. Et  ne  passe  que  qui  lui  plaît.  Le  fantasque  ani- 
mal qu'il  est,  sc.^RR.  Virg.  vi.  Vive,  étourdie,  ca- 
pricieuse folle  par  la  tête,  sage  par  le  cœur,  bonne 
par  tempérament,  méchante  par  caprice;  voilà  en 
quatre  mots  le  portrait  de  la  reine  ;  Fantasque  était 
son  nom:  nom  célèbre  qu'elle  avait  reçu  de  ses  an- 
cêtres en  ligne  féminine  et  dont  elle  soutenait  di- 
gnement l'honneur,  j.  s.  houss.  Reine  Fantasque. 
L'er»  Tant,  sans  la  communication  des  pensées  d'au- 
trui,  ne  serait  que  stupide  ou  fantasque,  selon  le 
degré  d'inaction  ou  d'activité  de  son  sens  intérieur 
matériel,  buff.  Nature  des  anim.  ||11  est  fantasque 
comme  une  mule,  se  dit  d'une  personne  très-fan- 
tasque. Il  Termede manège. Cheval  fantasque,  cheval 
qui  a  des  caprices.  ||  2°  Bizarre,  extraordinaire  en  son 
genre.  Habit  fantasque.  Le  gascon  approuvant  fort 
ses  raisons,  ils  prirent  quelque  fantasque  sujet  de  se 
quereller  dans  les  Tuileries,  Francion,  liv.  vu,  p. 
286.  Sur  les  fantasques  airs  d'un  rêveur  de  musique, 
CORN.  Excuse  à  Ariste.  Quoi  I  mes  pères,  on  ne 
pourra  se  moquer  des  passages  d'Escobar  et  des  dé- 
cisions si  fantasques  et  si  peu  chrétiennes  de  vos  au- 
tres auteurs,  sans  qu'on  soit  accusé  de  rire  de  la 
religion!  pasc.  Prov.  xi.  ||  3°  S.  m.  et  f.  ...La  fan- 
tasque inégale,  Qui,  m'aimant  le  matin,  souvent  me 
hait  le  soir,  boil.  Sat.  x.  Il  y  a  des  nuances  entre 
avoir  des  fantaisies  et  être  fantasque  :  le  fantasque 
approche  beaucoup  plus  du  bizarre,  volt.  Dict.  phil. 
Fantaisie.  \\  Proverbe.  Il  y  a  de  quoi  contenter  les 
f::,ntasques,  se  dit  quand  on  donne  à  choisir  entre 
plusieurs  choses  différentes. 

—  HIST.  XV"  s.  Tu  monstres  bien,  o  cueur  seulet, 
que  tu  es  tout  fantasque,  gerson,  dans  le  Dict.  de 
DOCHEZ.  Il  XVI'  s.  Il  m'enfante  tant  de  chimères  et 
monstres  fantasques,  que....  mont,  i,  33.  Plusieurs 
mesprisent  ce  mesnage,  comme  fantasque  [incer- 
tain], pénible,  despensier,  o.  de  serres,  400 Et 

tenus  pour  fantasques  et  philosophes,  chakron,  Sa- 
gesse, I,  45. 

—  ÉTYM.  Le  \a.tin  fantaslicus,  avec  l'accent  sur  ta, 
aurait  donné,  dans  l'ancienne  langue,  fantasche; 
c'est  probablement  ce  mot  qui  est  devenu /'antasque. 

FaNTASQUEMENT  (fan-ta-ske-man),odt!.  D'une 
manière  fantasque.  Il  s'habille  fantasquement. 

—  ÉTYM.  Fantasque,  et  le  suffixe  ment. 

FANTASSIN  (fan-ta-sin),  s.  m.  Soldat  d'infante- 
rie. François  Pizarro  attaqua  cet  empire  [le  Pérou] 
avec  deux  cent  cinquante  fantassins,  soixante  cava- 
liers, et  une  douzaine  de  petits  canons  que  traînaient 
souvent  les  esclaves  des  pays  déjà  domptés,  volt. 
Uœurs,  448.  On  donne  cinq  sous  numéraire  au  fan- 
tassin, comme  on  les  donnait  du  temps  de  Henri  IV, 
ID.  Louis  Iir,  30. 

—  lilST.  xvi"  s.  Les  princes  avoient  encor'  t7000 
fantacins  et  2600  chevaux,  d'ahb.  Hist.  i,  273.  Ba- 
taillon de  fantachins,  carloix,  vi,  h  5. 

—  ÉTYM.  Ital.  /'anfocctno,  diminutif  de /'anie,  fan- 
tassin, proprement  petit  garçon,  de  infante,  par 
aphérèse  (voy.  enfant  et  infanterie). 

FANTASTIQUE  (fan-ta-sti-k') ,  aii;.  ||  1»  Qui 
n'existe  qu'en  fantaisie,  en  imagination.  L'imagina- 
tion grossit  les  petits  objets  jusqu'à  en  remplir  notre 
âme  par  une  estimation  fantastique;  et  par  une  in- 
solence téméraire  elle  amoindrit  les  grands  jusqu'à 
■a  mesure ,  comme  en  parlant  de  Dieu,  pasc.  Pen- 

DICT.  DE  LA  LANGUE  FRANÇAISE. 


sées  dit'.  64,  édit.  faugêrf.-.  LesThémistocle,  lesMil- 
tiade,  les  Aristide,  les  Phocion  sont  persécutés,  tan- 
dis que  Persée,  Bacchus  et  d'autres  personnages 
fantastiques  ont  des  temples,  volt.  Moeurs  introd. 
Là,  cette  nuit,  Zopire  à  ses  dieux  fantastiques  Oll're 
un  frivole  encens  et  des  vœux  chimériques,  m.  Fa- 
nât. III,  5.  Les  de  Sau-ssure,  les  Deluc,  lesWerner, 
sont  partis  de  là  [des  observations  de  Pallas]  pour 
arriver  à  la  véritable  connaissance  de  la  structure 
de  la  teiTe,  si  différente  des  idées  fantastiques  des 
écrivains  précédents,  cuviERj^iojedePaf/oi.  ||  2''Qui 
n'a  que  l'apparence  d'un  être  corporel.  Vision 
fantastique.  Il  [ÉnéeJ  .saisit  son  fer  par  la  garde  : 
Monsieur  vEneas,  prenez  garde.  Dit  la  sibylle;  ces 
vilains  Sont  corps  fantastiques  et  vains  Qui  dé- 
coupés ne  neuvent  être,  scarron,  Virg.  vi.  L'âme 
sans  Dieu  est  une  âme  sans  vie,  sans  mouvement, 
sans  lumière....  sa  vie  n'est  plus  qu'une  vie  imagi- 
naire et  fantastique;  et,  semblable  à  ces  cadavres 
qu'un  esprit  étranger  anime,  elle  paraît  vivre  et  agir, 
mais  elle  demeure  dans  la  mort,  mass.  Car.  Las. 
Fantastiques  beautés,  ce  lugubre  sourire  M'annon- 
ce-t-il  votre  courroux?  v.  hugo.  Odes,  i,  3.  ||  Contes 
fantastiques,  se  dit  en  général  des  contes  de  fées, 
des  contes  de  revenants,  et,  en  particulier,  d'un 
genre  de  contes  mis  en  vogue  par  l'allemand  Hoff- 
mann, où  le  surnaturel  joue  un  grand  rôle.  1|  Fa- 
milièrement, on  dit  :  c'est  fantastique,  à  peu  près 
comme  :  c'est  fabuleux.  ||  3°  Oui  se  laisse  aller  à  sa 
fantaisie,  à  ses  rêveries.  Vieilli  en  ce  sens.  Il  [Ron- 
sard] avait  le  cerveau  fantastique  et  rétif,  Régnier,  Sal. 
IX.  Il  4°  S.  m.  Ce  qui  n'existe  que  dans  l'imagination. 
L'illusion  nous  frappe  autant  que  l'existence  ;  Et,  par 
le  sentiment  suffisamment  heureux,  De  l'amour  seu- 
lement nous  sommes  amoureux  ;  Ainsi  le  fantastique 
a  droit  sur  notre  hommage,  Et  nos  feux  pour  objet  ne 
veulent  qu'une  image,  piron,  Métromanie,  ii,  8.  [{  Le 
fantastique,  le  genre  des  contes  fantastiques. 

—  HIST.  xiv  s.  Choses  fantastiques,  oresme.  Thèse 
de  MEUNIER.  Estienne  Marcou,  home  lunatic,  ou, 
par  aucuns  intervalles  ou  decours,  ainsi  que  fan- 
lastic  ou  insensible,  du  c\iiaE,fantasticus.  Je  parle 
àtoy,  sot  fantastique,  Qui  te  dis  et  nomme  en  prati- 
que Alchimiste  et  bon  philosophe,  Nat.  à  l'alchim. 
err.  n.  \\xvi'  s.  Envers  ces  fantastiques  [rêveurs], 
ausquels  rien  ne  plaist  que  nouvelleté,  les  tesmoigna- 
ges  de  l'Escriture  ne  profitent  point  beaucoup,  calv. 
Instit.  m.  Nul  ne  doutera  que  le  corps  de  Jésus 
Christ  ne  soit  fantastique  ou  fantosme ,  s'il  a  esté  de 
ceste  condition,  id.  nos.  Je  resigne  cet  appétit  fan- 
tastique [bizarre]  à  Galba,  qui  ne  s'addonnoit  qu'aux 
chairs  dures  et  vieilles,  mont,  m,  384.  Lamule  que 
tu  m'as  baillée  n'est  pas  bonne  ;  elle  est  par  trop 
fantastique  [fantasque],  desper.  Contes,  xxvii. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fantastic  ;  esp.  et  ital.  fantas- 
tico,  du  latin  fantaslicus,  du  grec  çavToimxoi;  (voy. 
fantaisie). 

t  FANTASTIQUEMENT  (fan-ta-sti-ke-man),  adv. 
D'une  manière  fantastique. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quelques  roys  lesquels  fantastique- 
ment guarissent  d'aucunes  maladies,  rab.  Pant.  v, 
20. 

—  ÉTYM.  Fantastique,  et  le  suffixe  ment. 

t  FANTASTIQUER  (fan-ta-sti-ké) ,  v.  n.  Imagi- 
ner selon  sa  fantaisie. 

—  HIST.  xvi°  s.  Si  philosopher  c'est  doubter,  à  plus 
forte  raison  niaiser  et  fantastiquer,  comme  je  foys 
[fais],  doibtestre  doubter,  mont,  ii,  2». 

—  ÉTYM.  Fantastique. 

I  FANTINE  (fan-ti-n'),  s.  f.  Partie  du  chevalet  à 
dévider  la  soie  de  dessus  les  cocons. 

FANTOCCINl  (fan-to-tchi-ni) ,  s.  m.  plur.  Marion- 
nettes auxquelles  on  fait  exécuter  des  scènes  sur  un 
théâtre.  Aller  voir  les  fantoccini. 

—  ÉTYM.  Ital.  fantoccino,  marionnette,  au  plur. 
fantoccini,  diminutif  de  fante,  jeune  garçon,  ser- 
viteur, aphérèse  deinfante  (voy.  enfant). 

t  FANTOCHE  (fan-to-ch'),  s. m.  Néologisme.  Il  se 
dit,  au  lieu  de  fantoccini,  non-seulement  des  ma- 
rionnettes, maisdes  personnages  de  théâtre  qui  sont 
fantastiques  et  n'ont  pas  de  réalité.  \\Adj.  Bizarre. 

—  ÉTYM.  Ital.  fantoccio  (voy.  fantoccini). 
FANTÔME  (fan-tô-m'),  s.  m.  ||  1°  Image  des  morts 

qui  apparaît  sumaturellement.  Ou  le  fantôme  affreux 
d'une  mère  sanglante,Ou  l'aspect  importun  d'une  mère 
vivante,  legouvé,  if.  de  Nér.  i,  4.  J'ai  d'un  géant 
vu  le  fantôme  immense  Sur  nos  bivouacs  fixer  un 
œil  ardent,  bérang.  Ch.  ducosaque.  ||  Par  extension, 
ce  qui  a  l'apparence  d'un  fantôme.  L'ombre  crois- 
sait, et  déjà  dans  le  crépuscule  mes  regards  ne  dis- 
tinguaient plus  que  les  fantômes  blanchâtres  des  co- 
lonnes et  des  murs,  volney.  Ruines,  1. 1|  2°  Il  se  dit 
poétiquement  de  personnages  fictifs  qui  occupent 


l'imagination.  T  revoit  près  de  lui,  buta  coup  ani- 
més. Ces  fantômes  si  beaux,  à  nos  pleurs  tant  aimés, 
Dont  la  troupe  immortelle  habite  sa  mémoire:  Julie, 
amante  faible  et  tombée  avec  gloire;  Clarisse,  beauté 
sainte  où  respire  le  ciel....  a.  chén.  lllég.  xiv.  Si  je 
pouvais  d'un  mot  évoquer  devant  toi  Les  fantômes 
divins  dont  ta  plume  féconde....  lamabt.  Réponse 
aux  adieux  de  W.  Scott.  ||  3°  Il  .se  dit  aussi  du  si 
mulacre  surnaturel  d'une  personne.  Un  fantôme  pa 
reil  et  détaille  et  de  face.  Tandis  que  vous  fuirez 
remplira  votre  place,  coRN.Jfdd^e,  iv,  6.  D'un  fan- 
tômeodieux,  soldats,  délivrez-moi,  tUiC.Athal.v, 
6.  Il  4"  Par  extension,  personne  très-maigre.  Ce  n'est 
plus  qu'un  fantôme.  ||  5"  Personne  qui  n'a  que  l'ap- 
parence de  ce  qu'elle  devrait  être.  Faire  un  roi  d'un 
enfant  pour  être  son  tuteur,  C'est....  mettre  sur  le 
trône  un  fantôme  pour  roi,  corn.  Perthar.m,  3.  Si 
tout  meurt  avec  nous,  les  lois  sont  une  servitude 
insensée;  les  rois  et  les  souverains,  des  fantômes 
que  la  faiblesse  des  peuples  a  élevés,  mass.  Carême, 
Avenir.  Un  nonce  fut  envoyé  à  ce  congrès  pour  être 
un  fantôme  d'arbitre  entre  des  fantômes  de  pléni- 
potentiaires, VOLT.  Louis  XIV,  9.  Vois  l'homme  en 
Mahomet,  conçois  par  quel  degré  Tu  fais  monter 
au  ciel  ton  fantôme  adoré,  id.  Fanât,  i,  4.  Lépide 
est  un  fantôme  aisément  écarté,  id.  Triumv.  i,  3. 
Oubliez  un  époux....  Fantôme  de  lui-même,  indi- 
gne de  vous  voir,  LEMERC.  Charles  VI,  i,  2.  ||  Par 
extension.  Un  impasteur,  un  fantôme  de  pénitent, 
MASS.  Carême,  Rechute.  C'est-à-dire,  vous  êtes  un 
fantôme  de  chrétien  ,  id.  Carême.  Vérit.  culte. 
Il  6"  Vaine  apparence  que  présentent  les  choses.  Es- 
timer le  fantôme  autant  que  la  personne,  mol.  Tart. 
X,  6.  Ce  fantôme  d'honneur  que  vous  prétendez, 
tout  vain  qu'il  soit,  être  une  excuse  légitime  pour 
les  meurtres,  pasc.  Prov.  xiv.  Sans  s'effiayer  de  ce 
qu'on  dirait,  sans  craindre,  comme  autrefois,  ce 
vain  fantôme  des  âmes  infirmes  dont  les  grands  sont 
éiiouvantés  plus  que  tous  les  autres,  la  princesse  pa- 
latine parut  à  la  cour  si  différente  d'elle-même, 
Boss.  Anne  de  Gonl.  Les  hérétiques  faisaient 
un  fantôme  de  l'Incarnation,  id.  Var.  xi.  Com- 
bien de  fantômes  de  conversion  I  bourd.  Cari!- 
me,  m,  Résurrect.  3)7.  Au  lieu  du  fantôme  de  la 
pénitence,  je  les  aurais  réduits  à  en  avoir  la  prati- 
que solide,  id.  Dominic.  iv.  Rechute.  Ils  courent 
après  un  fantômed'une  fausse  gloire,  fén.  Tél.  xiv. 
Je  croyais  que  la  probité  était  un  beau  fantôme,  id. 
ib.  xiii.  L'amour-propre  ne  cesse  de  nous  rappeler 
nos  mœurs  irrépréhensibles,  de  nous  présenter  un 
fantôme  de  vertu  et  de  régularité  qui  nous  endort  et 
nous  rassure,  mass.  Confér.  Relr.  des  curés.  Mé- 
prisez le  monde  et  la  vie;  tout  cela  n'est  qu'un 
fantôme  d'un  moment,  volt.  Lett.  Mme  du  Dejfant, 
nov.  1708.  Il  7°  Chimères.  Tous  ces  fantômes  qui  l'a- 
busaient s'évanouiront,  mass.  Carême,  Riche.  Elle 
n'est  plus  troublée  par  les  fantômes  des  sens,  id. 
Carême,  Pnërc. Fier  mortel,  bannis  ces  fantômes; 
Sur  toi-même  jette  un  coup  d'œil;  Que  sommes- 
nous,  faibles  atomes.  Pour  porter  si  loin  notre  or- 
gueil? malfilAtre,  Ode,  le  Soleil  immobile.  ||  Idées 
noires.  Vous  qui  avez  tant  de  raison  et  de  courage, 
faut-il  que  vous  soyez  la  dupe  de  ces  vains  fantômes? 
SÉV.  333.  Il  Fig.  Combattre  des  fantômes,  se  mépren- 
dre et  discuter  ce  qui  n'a  pas  été  dit.  Comment  est-ce 
que  Jésus-Christ  se  détermine  à  prier  pour  les  uns 
plutôt  que  pour  les  autres,  c'est  sur  quoi  je  ne  veux 
pas  dire  quel  est  le  sentiment  de  l'auteur  [Malebran- 
che] ,  de  peur  qu'il  ne  se  plaigne  que  j'ai  formé  des 
fantômes  pour  les  combattre,  fén.  t.  m,  p.  7.  |{  Fami- 
lièrement. Se  faire  des  fantômes  de  rien,  s'exagérer 
une  difficulté,  un  péril.  ||  8°  Terme  de  chirurgie. 
Mannequin  propre  à  l'étude  de  certaines  opérations 
Ces  commissaires  interrogèrent  onze  jeunes  paysan- 
nes tant  sur  la  théorie  que  sur  la  pratique  des  ac- 
couchements; ils  les  firent  manœuvrer  sur  le  fan 
tome,  bachaumont,  Mém.  secrets,  Londres,  1788, 
t.  xxxii,  p.  27.  Il  9°  Terme  de  scolastique.  Images 
produites  dans  le  cerveau  par  l'impression  des  ob- 
jets extérieurs.  ||  10°  Terme  de  physique.  Fantôme 
magnétique,  figure  qu'on  obtient  à  l'aide  d'un  cou- 
rant magnétique  lorsqu'on  laisse  tomber  de  la  li- 
maille de  fer  sur  une  feuille  de  papier  tendue,  im- 
prégnée d'empois  d'amidon  préparé  à  la  gélatine. 
Il  11»  Terme  de  zoologie.  Nom  de  quelques  insectes 
du  genre  des  mantes. 

—  HIST.  xn'  s.  Tant  leur  a  dit  fantosmes  que  de- 
cheOs  [déçus]  les  a,  flou,  ms.  p.  75,  dansLACURNE. 
Il  xm*  s.  Si  font  [les  verres]  fantosmes  aparens  Â 
ceuxquirogardentparens,  ia  Rose.  ) 838 1 .  Fantosme 
nous  va  fauvoiant[fourvoyant],HUTEB.  324. ||  xiv's.  Or 
entendez,  royne,  et  tout  chil  oui  sont  cha  [çà]  ;  Ne 
tenez  à   fantasme  tout  che   [ce]   c'on  vous  dira, 

I.  —  203 


1618 


FAQ 


Baud.  de  Seb.  m,  *o*.  ||  xvi"  s.  Accoustumer  un 
cheval  à  ne  craindre  les  cors  mortz,  en  luy  met- 
tant un  phantosme  [mannequin]  parmy  son  foin, 
RAD,  Carg.  i,  38-  La  cour  du  parlement  fit  le  proccz 
de  ce  duc,  et  le  fil  mettre  en  figure  et  en  représen- 
tation en  fantosme,  comme  on  dit,  à  quatre  quar- 
tier», DAVB.  Ilist  m,  a»7.  Hz  se  transfigurèrent  en 
plusieurs  fantasmes  terribles  et  espouvanlables, 
jiMYoT.  Numa,  27.  Kstant  si  facile  d'imprimer  touts 
phantosmes  en  l'esprit  humain,  c'est  injustice  de  ne 
le  paistre  pluslost  de  mensonges  proufitaLles  que 
de  mensonges  ou  inutiles  ou  dommageables,  mont. 
11,  244. 

—  RTYM.  Provenç.  fantasma,  fantauma;  esp.  et 
ital.  fantasma  ;  du  latin  phantasma,  du  grec  ^âv- 

TOmu.^  (voy.  FANTAISIE). 

FANTDN  (fan-ton),  s.  m.  Voy.  ff.nton. 

f  FANC,  UE  (fa-nu,  nue),  adj.  Terme  rural.  Qui 
a  beaucoup  de  iane.  Se  dit  du  blé  qui  pousse  trop 
de  feuilles. 

—  ETYM.  Fane. 

FANUM  (fa-nom'),  s.  m.  Terme  d'antiquité  ro- 
maine. Terrain  consacré  par  des  paroles  religieu- 
ses; temple. 

—  ETYM.  Lat.  fanum,  de  fari,  dire  les  paroles 
consacrées  (voy.  fable). 

FAON  (fan),  s.  m.  ||  1°  Le  petit  de  la  biche,  ou  de 
la  chevrette,  ou  de  la  daine.  Le  premier  [un  chas- 
seur] de  son  arc  avait  mis  bas  un  daim;  Un  faon 
de  biche  passe  et  le  voilà  soudain  Compagnon  du 
défunt,  LA  font.  Fab.  viii ,  27.  Rencontrais-je  un 
pas  difficile,  je  vous  le  voyais  franchir  avec  la  légè- 
reté d'un  faon,  j.  J.  Rouss.  Ilél.  I,  23. ||  Employé  ab- 
solument, il  se  dit  toujours  du  faon  de  la  biche.  Le 
faon  ne  porte  ce  nom  que  ius(|u'à  six  mois  environ, 
alors  les  bosses  commencent  à  paraître,  et  il  prend 
le  nom  de  hère  jus  |u'à  ce  que  ces  bosses  allongées 
en  dagues  lui  fassent  prendre  le  nom  de  daguet, 
buff.  Cerf.  ||2"  Par  extension,  petit  de  toute  autre 
b^te  fauve.  Le  faon  du  renne.  Et,  pour  étendre  sa 
couronne,  Croître  comme  un  faon  de  lionne,  malh. 
m,  3.  Mère  lionne  avait  penlu  son  faon;  Un  chas- 
seur l'avait  pris,  la  font.  Fab.  x,  <3. 

—  HIST.  XII*  s.  [Ils  m'ont  laissé]  Si  com  la  be.ste 
fait  au  bois  son  faon,  Ronc.  p.  Ifl9.  ||  xiii"  s.  Autre 
amor  naturel  i  a.  Que  nature  es  bestes  créa.  Par 
quoi  de  lor  faons  chevissent.  Et  les  aleitent  et  nor- 
ris.sent,  la  Rose,  5789.  ||  xv  s.  Les  çonnins,  les  liè- 
vres, leurs  faons,  eust.  desch.  Poésies  mss.  f"  tta, 
dans  LACi'BNE.  Comme  la  brebis  congnoit  par  na- 
ture entre  les  autres  aigneaulx  son  faon  au  braire, 
Perrefnrest,  t.  v,  f"  86.  Comment  il  fut  porté  en  un 
nid  d'aigle  entre  les  faons,  ib.  t.  iv,  f"  (2B.  ||  xvi"  s. 
La  tigre  à  qui  on  a  dérobé  les  petits  fants,  yver, 

p.   669. 

—  ÉTYM.  On  a  proposé  le  latin  infans,  enfant;  et 
même  on  peut  voit,  dans  l'historique,  un  auteur  du 
XVI' siècle  c]ui  écrit /'ont  et  le  tire  par  conséquent  de 
infans.  Mais  cela  est  inadmissible,  faon  étant  dis- 
syllabique dans  l'ancienne  langue.  Diez  le  rapproche 
(vu  sa  signification  générale  de  petit  de  bête),  avec 
toute  vraisemblance,  du  mot  provençal  feda  qui  veut 
dire  brebis  et  vient  du  latin  fœta;  il  tire  donc 
fann  du  latin  foetus,  produit  de  conception,  allongé 
en  fietnnus.  L'anglais  fawn  dérive  du  français. 

FAONNER  (fa-né),  V.  n.  Mettre  bas,  en  parlant 
des  biches  et  des  chevrettes  ou  femelles  de  che- 
Treuil.  Il  Se  dit  aussi  en  parlant  de  toute  autre  bcte 
feuve.  Il  n  se  conjugue  av.ec  l'auxiliaire  at'oir. 

—  HlST.  X  n"  s.  Tuit  [les  animaux]  faonnent  à  lor 
usages,  Et  font  honor  à  lor  lignages.  No  ne  les  lais- 
sent decheoir,  la  Rose,  49195.  Là  ot  une  orse  faon- 
né  de  novel,  Agohnt,  v.  665.  ||  xiv*  s.  Si  les  bestes 
qui  sont  vendues  àlivreràjour,  si,  avant  que  livrées 
soient,  elles  faonnoient,  les  faons  seroient  à  l'a- 
chepteur,  boutiluer,  Somme  rural,  p.  420,  dans 

LACUHNE. 

—  ËTYM.  Faon. 

\  FAOtinciIE  (fa-our-ch"),  s.  m.  Voy.  PAHOucn. 

FAQUIN  (fa-kin),  s.  m.  ||  1"  Portefaix  (sens  pro- 
pre, qui  n'est  plus  du  tout  usité).  Un  tas  de  faquins 
qui  attendent  sur  le  port  ceux  qui  viennent  par 
eau,  SCARR.  Rom.  com.  l,  ts.  ||2'  Mannequin  de 
bois  ou  de  paille,  propre  à  l'exercice  de  la  lance  ; 
ainsi  nommé  parce  qu'on  se  servait  autrefois  de 
quelque  gros  faquin  armé  de  toutes  pièces  contre 
lequel  ou  courait.  Monseigneur,  au  sortir  du  ser- 
mon, alla  courre  la  bague  et  les  têtes,  et  fit  courre 
aussi  le  faquin,  dangeau,  i,  (37,  48  mars  (brb. 
Il  8"  Fig.  Un  homme  de  néant,  mélange  de  ridicule 
et  de  bassesse.  Je  m'assure  qu'à  Rome  les  honncles 
gens  louaient  Annibal,  et  qu'il  n'y  avait  que  les  fa- 
quins qu-  lui  dissent  des  iniures,  balz.  liv.  v,  lett.  3. 


FAR 

Quel  avantage  a-t-on  qu'un  homme  vous  caresse. 
Vous  jure  amitié,  foi,  zèle,  estime,  tendresse.  Et 
vous  fasse  de  vous  un  éloge  éclatant.  Lorsqu'au  pre- 
mier faquin  il  court  en  faire  autant?  mol.  His.  i,  f. 
Vous  n'êtes  pour  tout  potage  qu'un  faijuin  de  cuisi- 
nier, m.  l'Avare,  m,  e.  Ils  [les  huissiers  de  la  cour] 
traitent  les  savants  de  faquins  à  nasardes,  id.  Fdth. 
m,  2.  Alors  le  noble  altier,  pressé  de  l'indigence. 
Humblement  du  facjuin  rechercha  l'alliance.  Bon.. 
Sat.  V.  Et  j'aime  mieux  endurer  une  injure  Que 
d'illustrer  un  fai|uin  ignoré,  J.  B.  Bouss.  Epigr.  i, 
7.  Les  faquins  qui  poursuivent  la  mémoire  de  Bayle 
méritent  le  mépris  et  le  silence,  volt.  Lett.  Thi- 
riot,  27  mai  (756.  Je  crains  qu'il  ne  faille  dire 
bientôt  de  ce  titre-là  ce  que  Jacques  Rostbif  dit 
du  nom  de  monsieur:  il  y  a  trop  de  faquins  qui 
le  portent,  d'alemb.  Lett.  d  Voltaire.  «  avril  (7U(. 

—  HIST.  XVI"  s.  A  Paris,  en  la  rostis.serie  du  petit 
chastelet,  au  devant  de  l'ouvroir  d'un  rostisseur,  un 
faquin  mangeoit  son  pain  à  la  fumée  du  rost....  le 
rostisseur  repliquoit  que  de  fumée  de  son  rost 
n'estoit  tenu  nourrir  les  faquins,  et  renioit,  en  cas 
qu'il  ne  le  payast,  qu'il  lui  osteroit  ses  crochets, 
RAB.  m,  36.   Gaston  porte  paix,  et  le  facquin  faix, 

LEROUX  de  LINCY,    PtoV.  t.  Il,   p.   (60. 

—  ÉTYM.  Espagn.  faquin;  ital.  facchino,  porte- 
faix. Faquin,  récent  dans  le  français,  vient  de 
l'italien;  et  l'italien /"acc/imo  est  d'origine  incon- 
nue, Diez  dit  que,  si  on  le  trouvait  dans  l'ancien 
français,  il  représenterait  l'ancien  flamand  rant- 
kin,  jeune  garçon;  mais  jusqu'à  présent  on  ne  l'y 
a  pas  trouvé;  et  le  mot  reste  italien.  Ouîiijt  à  l'arabe 
faqlr,  pauvre,  besoigneux,  ni  le  sens  ni  la  forme 
n'expliquent  suffisamment  facchino.  Le  latin  fascis 
n'aurait  pas  donné  un  mot  italien  avec  ce. 

FAQUINEUIE  (fa-ki-ne-riel,  s.  f.  Action  ou  ca- 
ractère du  faquin.  Un  homme  qui  se  croit  des  plus 
braves  du  monde,  veut  porter  le  nom  d'une  terre 
au  lieu  que  la  terre  devrait  porter  le  sien;  quelle 
faquinerie  I  Francion,  liv.  vi,  p.  220. 

—  ETYM.  Faquin.  On  liouyefaquinage,  dans  cot- 

GRAVE. 

FAQUIR  ou  FAKIR  (fa-kir),  s.  m.  Religieux 
mahométan  qui  vit  d'aumônes  et  qui  se  livre  sou- 
vent à  un  extrême  ascétisme.  ||  Herbe  des  faquirs, 
nom  donné  dans  l'Orient  au  haschich. 

—  ÉTYM.  Arabe,  faqir,  pauvre. 

t  FAR  (far),  s.  m.  Nom  d'une  espèce  de  flan  qui 
se  fait  dans  le  Finistère,  avec  de  la  farine  et  des  œufs. 

f  FARADlSATION(fa-ra-di-za-sion),  s.  f.  Terme 
de  physique.  Nom  proposé  par  Duchenne  de  Boulo- 
gne, pour  désigner  l'application  médicale  de  l'é- 
lectricité d'induction. 

—  ÉTYM.  Faraday,  célèbre  physicien  anglais, 
qui  a  découvert  l'électricité  d'induction. 

f  FARAIS(fa-rê),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Espèce 
de  ficelles  que  les  corailleurs  emploient  pour  l'aire 
leurs  filets.  {|  Filet  propre  à  la  pêche  du  corail. 

f  FARAISON  (fa-rê-zon),  î.  f  Première  figure 
que  l'on  donne  par  le  souffle  au  verre  tiré  au  bout 
de  la  canne. 

FARANDOLE  (fa-ran-do-l') ,  s.  f.  Danse  proven 
cale,  qui  est  une  espèce  de  course  mesurée,  exécu- 
tée par  plusieurs  personnes  qui  se  tiennent  par  la 
main.  Il  L'air  de  la  farandole,    allégro  à    six-huit 
fortement  cadencé. 

—  ETYM.  Prov.  moderne,  farandoJo;  espagn.  fa- 
ràndula,  métier  de  comédien,  troupe  de  comédiens 
ambulants.  Origine  incertaine.  Comme  faràndula 
suppose  un  primitif /aranda,  Diez  demande  si  ce 
primitif  ne  représente  pas  l'allemand  fahrende, 
gens  qui  voyagent,  comédiens  ambulants.  Honnorat 
propose  pour  farandole  çà^oyÇ  et  6oO).oî  ,  parce 
que  les  danseurs  sont  en  quelque  sorte  attachés 
l'un  à  l'autre  ;  ce  n'est  pas  là  une  étymologie. 

t  FARADD  (fa-rô),  i.  m.  Terme  populaire.  Celui 
qui  porte  de  beaux  habits  et  en  est  fier.  C'est  un  fa- 
raud  Quand  des  farauds,  Sur  l'oreille  ayant  leurs 

chapeaux....  vaiié,  Pipe  cassée,  iv.  Monsieur,  faut 
vous  déclarer  Que  c'est  une  femme  effrontée  Qui  fit 
assassiner  son  homme  Par  son  faraud,  Souveau re- 
cueil d'ariettes  et  chansons,  dans  fr.  micuel,  ar- 
got, pharos.  Un  faraud  de  Moulins  qui  vient  pren- 
dre possession  d'une  femme,  cela  se  reconnaît 
d'une  lieue,  picard.  Voyage  interrompu,  i,  7.  ||  Il 
se  dit  aussi  au  féminin.  Une  faraude.  ||  id;.  Un  air 
faraud.  Une  mine  faraude. 

—  ETYM.  Berry  et  norm.  faraud,  élégant;  bour- 
guig.  farA,  fier,  hautain.  Origine  incertaine.  Jau- 
bcrt,  Gloss.,  propose  pour  étymologie /îeroud,  fier, 
orgueilleux,  avec  une  teinte  de  ridicule;  ce  serait  le 
diminutif  de  fier.  Fr.  Michel  le  tire  de  l'espagnol  fa- 
'aute,    qui   est  aussi  en   catalan,   et  qui   désigne 


FAR 

l'homme  qui  esta  la  tête  d'une  affaire.  L'espagnol  a 
aussi  faroton,  homme  effronté. 

(.  FARCE  (far -s'),  t.  f  ||  !•  Terme  de  cui- 
sine. Viandes  hachées  et  épicées,  qu'on  introduit 
dans  les  volailles  ou  dans  le  gibier  mis  à  la  broche, 
dans  les  pâtés,  etc  ||  2°  Hachis  fait  d  herbes  cui- 
tes. Farce  d'épinards.  |]  Par  extension.  Farce  d  o- 
seille,  bien  que  l'oseille  ne  se  hache  pas. 

—  HIST.  xiu'  s.  Si  que  la  crousie  en  est  faussée, 
Et  la  farce  s'en  est  volée,  babbazan,  Fabliaux,  t. 
IV,  p.  95. 

—  ETYM.  Lat.  farsus,  lirci,  part,  passé  de /ar- 
cire,  farcir. 

2  FARCE  (far-s'),  s.  ^.  |1 1°  Pièce  dramatique  et 
souvent  simple  dialogue  où  l'on  emploie  les  plaisan- 
teries ha.sanlées  et  les  lazzis  burlesques.  Le  récil 
en  farce  en  fut  fait;  On  l'appela  le  pot  au  lait ,  la 
font.  Fabl.  VII,  lo.  C'est  dommage  que  Molière 
soit  mort;  il  ferait  une  très-bonne  farce  de  ce  qui 
se  pa-sse  à  l'hôtel  de  Bellièvre,  sEv.  (95.  l^s  four- 
beries de  Scapin  sont  une  de  ces  farces  que  Mo- 
lière avait  préparées  en  province ,  volt.  Vie  de 
Molière.  Ce  que  Regnard  était  à  l'égard  de  Mo- 
lière dans  la  haute  comédie,  le  comédien  Dan- 
court  l'était  dans  la  farce,  ID.  Louis  XIV,  Écrivains. 
Le  genre  humain,  répondit  M.  Husson,  est  ca|ialila 
de  tout  :  Néron  pleura  quand  il  fallut  signer  l'arrêido 
mort  d'un  criminel,  joua  des  farces,  et  as.sas.sma  sa 
mère,  id.  Put  pourri.  1|  Fig.  Tirez  le  rideau,  la 
farce  est  jouée,  se  dit,  ordinairement  par  plaisan- 
terie, pour  signifier  :  tout  est  fini,  c'en  est  fait;  c'est 
le  mot  attribué  à  l'empereur  Auguste  au  moment 
de  mourir.  ||  Terme  de  musique,  l'élit  opéra  bouffe 
en  un  acte  en  usage  en  Iialie.  Dieu  a  voulu  que 
j'aie  fait  des  pièces  de  théâtre  pour  mes  péchés  ; 
mais  je  n'ai  jamais  fait  de  farce  Italienne  ;  rayez  cola 
de  vos  anecdotes,  VOLT.  Lett.Thiriot,  (7«8  (sans  date). 
Qu'un  nonce  du  pape  ait  fait  entrer  le  grand  Turc 
dans  sa  croisade  contre  vous,  cela  est  digne  de  la 
farce  italienne,  id.  Lett.  à  Cath.  24.  ||  2°  Le  c<jmi- 
que  bas  et  grossier  propre  aux  farces.  Cet  auteur 
tombe,  donne  dans  la  farce.  Le  bourgeois  aimait 
la  grosse  farce,  et  la  payait;  les  Jodelets  de  Scar- 
ron  étaient  à  la  mode,  volt.  Dict.  phil.  Hou/fon. 
Il  3°  Fig.  Action  plaisante,  ridicule,  récit  bouffon. 
Le  premier  qui  les  vit,  de  rire  s'éclata;  Quelle  farce, 
dit-il,  vont  jouer  ces  gens-là?  la  font.  Fabl.  m,  t. 
Que  diable  est-ce  que  cette  belle  farce  qu'on  me 
fait  jouer?  hamilt.  Gramm.  4.  C'est  quelquerois  une 
farce  de  voir  les  caresses  qu'elle  [Mlle  de  Coêtlo- 
gon]  lui  fait  [à  Cavoie)  devant  le  monde,  st-sim. 
34,  (42.  Les  jansénistes  et  les  molinistes  ont 
joué  une  farce  en  France  ;  les  luthériens  et  les  cal- 
vinistes avaient  donné  des  tragéilies  sanglantes  à 
l'Angleterre,  à  l'Allemagne,  à  la  Hollande,  volt 
Déf.  milord  Roliugbroke,  axiome.  ||  Populairement. 
Faire  une  farce  à  quelqu'un,  lui  faire  une  mauvaise 
plaisanterie.  ||  Faire  d«s  farces,  se  divertir  d'une 
manière  bouffonne.  ]]  Faire  ses  farces,  mener  une 
conduite  déréglée,  en  parlant  d'un  jeune  homme. 
Il  a  fait  ses  farces  à  Paris.  ||  4"  Il  se  prend  comme 
adjectif  dans  le  langage  populaire.  Des  paroles  far- 
ces. Un  geste  farce.  Cela  est  farce. 

—  SYN.  1°  FARCE,    COMÉDIE    BOIFFONNE.    CeS  fflOtS 

se  prennent  très-souvent  l'un  pour  l'autre.  Toutefois 
la  comédie  suppose  une  action  et  une  iwinture  de  ca- 
ractère, que  la  farce  n'exige  pas  :  M.  de  Pourceau- 
gnac  est  une  comédie  bouffonne;  les  scènes  plai- 
santes que  jouent  les  bateleurspour  attirer  le  public, 
ne  sont  que  des  farces.  Il  2' FARCE,  parade.  Farce  est 
le  terme  générique  ;  la  parade  est  la  farce  que  des 
bateleurs  jouent  sur  des  tréteaux  pour  attirer  le 
monde  et  l'engager  à  entrer  dans  un  théâtre. 

—  HIST.  xvi*  s.  S'esbatant  tout  le  long  du  jour  à 
cuir  des  musiciens,  joueurs  de  farces  et  toute  telle 
manière  de  gens,  amyot,  Sylla,  54.  Les  farces  des 
bateleurs  nous  resjouissent,  mais  aux  joueurs  elles 
servent  de  corvée,  mont,  i,  3S(.  Nos  farces  sont 
vrayement  ce  que  les  Latins  ont  appelle  mimes  ou 
priapées,  la  fin  et  l'effect  desquels  estait  un  ris  dis- 
solu ;  et  pour  ce  toute  licence  et  lascivie  y  estoit  ad- 
mise, comme  elle  est  aujourd'hui  en  nos  faices, 
sibilet,  Art  poétique,  livre  ii,  p.  4î4,  dans  licubne, 
au  mot  moralité. 

—  ÉTYM.  Farce  i ,  parce  que  c'était,  ou,  comme 
la  farce  de  la  cuisine,  quelque  chose  de  mélangé 
et  d'ai-'réable,  cest-à-dire  une  esp'ce  de  revue  de 
sujets  divers,  ou  une  pièce  farcie  (voy.  farci).  Es- 
pagn. port,  et  ital.  farsa. 

t  FARCER  (far-sé).  ]]  1  T.  n.  Terme  populaire.  Rire, 
plaisanter,  faire  des  farces,  Dict.  de  FAcad.  de 
(  7 1  H.  I  !  2°  r.  o.  Mettre  en  farce,  raillerdans  une  farce. 
Molière,  que  bien  connaissez  Et  qui  tous  a  si  bien 


I 


FAR 

farces,  Messieurs  les   coquets  et   cocfuettes,  Poé- 
sies  de  Cliapelle,  dans  le  Dict.  de  Trévoux. 

—  HIST.  XV'  s.  Que  tu  es  bien  taillé  de  farcer  une 
belle  l)Ourdel  froiss.  livre  II,  p.  2r>i ,  dans  la- 
C'iRNE.  Vous  vous  estes  bien  joué  et  farce  de  moi, 
LOUIS  XI,  Nouv.  xxxviii.  il  xvr  s.  Comme  quelqu'un 
des  assistants,  à  l'heure  qu'on  le  farçoit  et  gaudis- 
soit  ainsi,  lui  demandast  :  ne  te  courrouces  tu  point, 
Socrates,  de  te  voir  ainsi  blîisomierî  amïot.  Com- 
ment il  faut  nourrir,  3i. 

—  ÊTVM.  Farce  2. 

FAKCECR,  EOSE  (far-seur,  seû-z') ,  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Comédien,  comédienne  qui  ne  joue  que  dans 
les  farces.  L'ivrogne  fournit  quelques  scènes  à  un 
farceur;  il  n'entre  qu'à  peine  dans  le  vrai  comique, 
LA  BRUY.  I.  On  imagina  là  Home]  de  faire  venir 
d'Étrurie  des  farceurs  dont  les  jeux  furent  regardes 
comme  un  moyen  propre  à  détourner  la  colère  des 
dieux,  DUCLOS,  Mém.  jeux  scéniques,  Œuvres,  t.  i, 
p.  336,  dans  PouGF-NS.  Ainsi  donc  celui  qui  a  re- 
fusé pour  moi  tant  de  princesses  m'abandonne  pour 
une  farceuse  des  Gaules,  volt.  Babyl.  )0.  ||  Ce 
mot  se  prend  presque  toujours  en  mauvaise  part. 
Il  2°  Fig.  Un  homme  qui  est  dans  l'habitude  de 
faire  des  bouffonneries.  J'étais  prêt  à  vous  écrire 
sur  le  sujet  des  injures  que  vous  me  dites  depuis 
si  longtemps  dans  vos  écrits,  où  vous  m'appelez  im- 
pie, bouffon,  ignorant,  larceur,  imposteur,  calom- 
niateur, fourbe,  hérétique,  calviniste  déguisé,  pa!=c. 
Proti.  XII.  Il  3"  Populairement,  il  se  dit  d'un  jeune 
homme,  d'une  jeune  fillequi  ont  mauvaise  conduite. 
Il  s'est  attaché  à  une  grande  farceuse  du  quartier. 
Il  II  se  dit  aussi  de  celui  qui  se  moque  du  moude, 
qui  ne  croit  pas  ce  qu'il  dit. 

—  HlST.  XV*  s.  Ils  sont  si  grands  farceurs  que, 
s'ils  savent  que  j'ai  esté  malade,  ils  ne  me  feront 
que  farcer,  louis  xi,  Nouv.  lix.  ||  xvr  s.  Il  ne  bou- 
geoit  onlinairement  d'avec  des  farceurs,  bouffons  et 
basteleurs,  amyot,  Sylla,  2. 

—  ETYM.  Farcer. 

FAItCl,  lE  (far-si,  sie),  part,  passé  de  farcir. 
il  1"  Hempli  d'une  farce.  Vous  m'envoyez  toujours  des 
pâtés  farcis  de  truffes,  volt.  Lett.  envers  et  en  prose, 
(35.  Il  2"  Par  extension.  Dans  tout  autre  temps,  ils 
(les  lions-marins]  sont  très-gras,  et  leur  estomac  est 
farci  des  poissons  et  des  crustacés  qu'ils  mangent 
en  grande  quantité,  buff.  Quadr.  t.  il,  p.  232,  dans 
pouGENS.  Il  Kig.  Ici  dans  un  quartier  farci  de  bour- 
geoisie, HAUTKROCHE,  Bourg.  de  qualité,  v,  t.  Sa 
lettre  est  toute  farcie  de  tundresse,  sÉv.  93.  Ses  criti- 
ques sont  farcies  d'erreurs,  boss.  Lett.  207.  Ses  che- 
veux blonds  étaient  farcis  de  ce  ruban  couleur  de  ci- 
tron, HAMILT.  Gram.  7.  Un  médecin  farci  de  secrets 
merveilleux,  id.  ib.  lo.  Des  parlements  farcis  d'en- 
fants de  gens  d'affaires,  de  sots  du  bel  air  ou  d'igno- 
rants pédants,  st-sim.  ♦OD,  h 6.  Le  roi,  à  qui  Waller 
venait,  selon  l'usage  des  rois  et  des  poètes,  de  pré- 
senier  une  pièce  farcie  de  louanges,  won.'Dict. 
phil.  Hochester.  ||  Pièces  farcies,  pièces  dans  les- 
quelles on  mêlait  à  la  langue  vulgaire  des  mots  du 
latin  ou  même  d'une  autre  lan;:ue.  Dante  a  fait  des 
pièces  farcies  où  se  trouvent  des  mot*  italiens,  pro- 
vençaux et  français. 

FAKCLV  (far-sin),  s.  m.  Terme  de  vétérinaire. 
Affection  chronique  et  souvent  contagieuse  qui  at- 
taque les  chevaux,  les  mulets,  et  qui  consiste  en 
une  inflammation,  suivie  de  ramollissement,  des 
ganglions  et  vaisseaux  lymphatiques.  ||  Farcin  de 
rivière,  variété  de  farcin  qui  attaque  les  chevaux 
de  halage,  dont  le  service  est  très-pénible. 

—  HIST.  XV*  s.  Point  il  ne  frappoit  son  roussin, 
Pource  qu'il  avoit  le  farcin.  Que  d'ung  baston  court 
et  noailleux,  villon,  Archer  de  Bagnolet.  ||  xvi*  s. 
Parce  traitement  le  cheval  sera  délivré  du  farcin, 
très  fascheuse  maladie,  et  contagieuse,  0.  de  seh- 

EES,  9K2. 

—  liTYM.  Lat.  farciminum,  de  farcire,  farcir, 
parce  que  le  farcin  gonfle  et  farcit,  pour  ainsi  dire, 
les  membres  i|u'il  affecte. 

FAKCl.NEUX,  EUSE  (far-si-neû,  noû-z') ,  adj. 
Terme  de  vétérinaire.  Qui  a  le  farcin.  Cheval  farci- 
noux.  Il  Oui  tient  du  farcin.  Bouton  farciueux.  Af- 
fection farcineuse. 

—  HIST.  xrv'  s.  [Mon  cheval]  Frecineux  est  de- 
dans le  ventre,  machaut,  p.  80. 

—  ÊTYM.  Farcin. 

t  FARCINlfiUE  (far-si-niê-r') ,  s.  f.  Espèce  de 
potentille  commune  dans  les  champs  [potentilla 
verna,  t.,  rosacées). 

FAHCIR  (far-sir),  V.  "  a.  \\  1°  Terme  de  cuisine. 
Remplir  de  farce.  Farcir  un  poulet.  ||  Par  extension. 
Se  farcir,  farcir  à  soi,  .se  remplir.  Se  farcir  l'esto- 
mac de  viandes.  ||  2°  Fig._ Remplir  comme  on  rem- 


FAR 

plit  d'une  farce.  11  prit  le  vert  (la  couleur  verte] 
et  farcit  Matta  de  bleu,  hamilt.  Cramm.  4.  De  cé- 
drat, de  pistaches  dont  tu  farcis  la  pauvre  fille,  id. 
ib.  L'empereur  cherchait  do  tous  côtés  à  acheter 
des  troupes,  il  en  farcissait  loTyrol,  st^im.  85,  loi. 
Les  fadaises  dont  tant  d'historiens  ont  farci  leurs 
chroni(]nes,  volt.  Oreilles,  7.  Vous  aurez  le  loisir 
de  farcir  l'encyclopédie  de  vérités  qu'on  n'eût  pas 
osé  dire  il  y  a  vingt  ans,  id.  Lett.  d'Alemb.  n. 
Il  Farcir  à  soi.  Pour  mettre  quelque  choix  dans  le 
fatras  dont  je  m'étais  farci  la  tête,  3.  J.  rouss.  Con- 
fess.m.  Il  3°  Se  farcir,  être  farci.  Les  dindons  se  far- 
cissent avec  des  truffes. 

—  HIST.  XII'  s.  Dune  rova  [demanda]  que  um  fe- 
sist  les  povres  enz  venir;  Les  tables  en  fist  l'um  del 
refrictur  emplir  :  Jo  crei  qu';!  pensa  d'el  [d'autre 
chose]  que  del  ventre  farsir.  Th.  le  mart.  47.  ||  xiu's. 
Atant  a  Renart  envaî  [entamé]  Un  benedicamus 
farsi  X  orgue,  à  treble  et  à  deschant,  Ben.  21374. 
Si  li  doit  feindre noviaus  songes.  Tous  farcis  deple- 
sans  mençonges,  la  Rose,  9916.  Ous'il  est  doubles  et 
lobans  [trompeur],  D'orguel  farcis  et  de  ramposnes, 
ib.  4  9017.  Il  XVI*  3.  On  farcissoit  ses  viandes  [d'un 
roi  de  Tunis,  du  temps  de  Montaigne]  de  drogues 
odoriférantes,  de  telle  sumptuosité  qu'un  paon  et 
deux  faisands  revenaient  à  cent  ducats,  mont,  i,  393. 

—  ÊTYM.  Provenç.  farsir,  frasir;  du  latin  farcire. 
t  FARCISSUUE  (far-si-su-r'),  s.  f.  Action  de  far- 
cir; la  farce  dont  un  mets  est  farci. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  y  paroist  à  la  farcissure  de  mes 
exemples,  mont,  i,  81. 

—  ÉTYM.  Farcir. 

FARD  (far;  le  d  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel,  Vs 
ne  se  lie  pas,  et  on  prononce  :  les  far  et  les  autres 
cosmétiques;  cependant  quelques-uns  la  lient:  les 
far-z  et....),  s.  m.  ||  1°  Composition  destinée  à  em- 
bellir le  teint,  en  remédiant  aux  défauts  qu'il  a. 
C'est  pour  eux  [les  étrangers]  qu'elle  étale  et  l'or 
et  le  brocard  ,  Que  chez  toi  se  prodigue  et  le 
rouge  et  le  fard,  boil.  Sat.  x.  Une  courtisane  qui 
tire  toutes  ses  grâces  du  fard,  qui  n'a  qu'une  beauté 
empruntée,  et  qui  sait  tout  au  plus  charmer  les 
oreilles  par  le  son  d'une  voix  douce  et  mélodieuse, 
ROLLIN,  llist.  anc.  t.  XI,  2*  part.  p.  773,  dans  pou- 
gens.  L'air  la  noircit  [la  céruse]  en  assez  peu  de 
temps,  et  les  vapeurs  du  charbon  ou  les  mauvaises 
odeurs  des  égouts,  des  latrines,  etc.  changent  pres- 
que subitement  le  beau  blanc  de  perle  en  gris 
obscur,  en  sorte  qu'il  est  souvent  arrivé  aux  femmes 
qui  se  servent  de  ce  fard  de  devenir  tout  à  coup 
aussi  noires  qu'elles  voulaient  paraître  blanches, 
BUFF.  Hin.  t.  v,  p.  387,  dans  pougens.  ||  2°  Fig. 
Déguisement,  feinte,  dissimulation  dans  les  dis- 
cours. Leurs  paroles  n'ont  point  de  fard,  malh.  vi, 
iO.  Les  bons  esprits....  Qui  savent,  avisés,  avecque 
différence.  Séparer  le  vrai  bien  du  fard  de  l'appa- 
rence, RÉGNIER,  Sat.  v.  Toutes  les  couleurs  et  le 
fard  de  la  poésie  ne  l'ont  su  peindre  [Angélique, 
de  l'Arioste]  aussi  belle  que  nous  vous  voyons,  voit. 
Lett.  4.  Je  vois  trop  que  vos  cœurs  n'ont  point 
pour  moi  de  fard,  corn.  Cinna,  11,  ).  Je  te  parle 
sans  fard,  et  veux  être  chrétien,  m.  Poly.  v,  2.- De 
ses  pleurs  tant  vantés  je  découvre  le  fard,  id.  Ro- 
dog.  u,  4.  Seigneur,  moi  qui  connais  le  fond  de  son 
courage  Et  qui  n'ai  jamais  vu  de  fard  en  son  lan- 
gage, id.  dit.  V,  3.  Et  n'y  doit  point  chercher  ni 
le  fard  du  langage  Ni  la  subtilité,  id.  Imit.  i,  6.  La 
sévérité  des  femmes  est  un  ajustement  et  un  fard 
qu'elles  ajoutent  à  leur  beauté,  la  rochef.  iît'/L  204. 
Sans  envie,  sans  fard,  sans  ostentation,  toujours 
grand  dans  l'action  et  dans  le  repos,  il  parut  à 
Chantilly  comme  à  la  tête  des  troupes,  boss.  Louis 
de  Bourbon.  Tout  ne  fut  plus  que  fard ,  qu'er- 
reur, que  tromperie,  boil.  Épit.  ix.  ||  Terme  de  lit- 
térature. Faux  ornements.  Soyez  simple  avec  art.  Su- 
blime sans  orgueil,  agréable  sans  fard,  id.  Art  p.  1 

—  HIST.  xiii*  s.  Renart,  qui  set  assez  de  fart,  Li 
avoit  dit....  Ben.  14938.  ||  xvi*  s.  Fard  est  perdu 
dessus  mine,  de  singe,  j.  marot,  p.  20,  dans  la- 
CCRNE.  Et  d'eau  de  fard  son  visage  ne  lave,  marot, 
IV,  (48.  Les  regrets  de  quelque  femmelette,  qui  re- 
grette la  perte  des  bouettes  où  estoient  ses  fards, 
amyot,  Timol.  22.  Si  on  y  adjouste  demie  dragme 
de  sublimé,  lavé  et  préparé  comme  celui  des  fars, 
il  sera  de  grande  efficace,  parF.,  xvi,  36. 

—  ÊTYM.  Diez,  trouvant  que  le  lat  tincta,  teinte, 
est  traduit  en  vieil  haut-allemand  par  gi-farwit,  gi- 
farit,  de  farwjan,  teindre,  tire  de  là  le  mot  fard. 
Scheler  cite  de  Paisgi-ave:  paynting  of  ones  face, 
farcement;  ce  qui  supposerait  un  verbe  farcr. 
C'est  une  faute  de  Paisgrave;  le  verbe  est  farder, 
et  non  farcer  (voy.  farder). 

'     f  FAKDAGE  (far-da-j'),  s.  m.  Terme  de  marine. 


FAR 


1619 


Nom  qu'on  donne  aux  objets  inutiles,  encombrants 
et  pesjints  qu'on  embarque  sur  un  navire,  et  à  ceux 
qu'on  ajoute  .sans  molifs  sérieux  à  son  gréenient, 
JAL.  Il  Lit  de  fagots  sur  lequel  on  établit,  dans  la 
cale,  des  choses  qu'on  ne  doit  pas  arrimer  trop  près 
du  fond  du  navire,  parce  qu'elles  redoutent  l'humi- 
dité, ID. 

—  HIST.  XIV*  S.  Icellui  Monin  et  ledit  Olivier  prin- 
drent  une  jument  pour  porter  leur  faniaige,  nu 
GANGE,  fardi'llus.  Il  XV*  s.  Un  des  chevaulx  qui  por- 
toit  bouges  et  autres  fanlages,  id.  16. 

—  ÊTYM.  Voy.  FARDEAU;  espagn.  fardage ;  por- 
tug.  fardagem;  ital.  fardaggio,  bagage  de  soldat. 

t  I.  FARDE  (far-d'i,  s.  ^.  Tonne  de  commerce. 
Balle  de  café  moka;  elle  pèse  185  kilogrammes. 

—  ÊTYM.    Voy.  FARDEAO. 

t  2.  FARDE  (far-d')  ou  FARGUE  (far-gh'l,  ».   f.  . 
Terme  de  mer.    Nom   donné  à  des   bniilages  qu'on 
élève  pendant  un  combat  pour  tenir  le  pont  à  cou- 
vert, et  dérober  aux  ennemis  la  vue  de  ce  qui  s'y 
passe. 

FARDÉ,  ÉE  (far-dé,  dée),  part.  poM^.  ||1°  En- 
duit de  fard.  Visage  fardé.  ||  Proverbe.  Temps  pom- 
melé et  femme  fardée  ne  sont  pas  de  longue  durée. 
Il  2"  Fig.  Â  quoi  on  a  donné  un  faux  lustre.  Lui,  qui 
connaît  sa  dupe  et  qui  veut  en  jouir,  Par  cent  de- 
hors fardés  a  l'art  de  l'éblouir,  mol.  Tart.  i,  2. 
Il  3'  Il  se  dit  des  ornements  faux  ou  affectés  du 
langage,  du  style.  L'un  n'est  point  trop  fardé,  mais 
sa  muse  est  trop  nue,  boil.  Art  p.  i.  Ce  style  con- 
traint et  fardé,  qui  règne  dans  presijue  tous  les  li- 
vres qu'on  fait  depuis  cinquante  ans,  est  la  marque 
des  esprits  faux  et  porte  un  caractère  de  servitude 
que  je  déteste,  volt.  Lelt.  Thiriol,  tt  sept.  (7:!6. 
Il  4°  Dissimulé,  trompeur,  en  parlant  de  personnes. 
Vous  perdez  Amarante,  et  cet  ami  fardé  Se  saisit 
finement  d'un  bien  si  mal  gardé,  corn,  la  Suiv. 
I,  6.  Il  5"  Il  se  dit  de  ce  qu'on  déguise  pour  ne  pas 
déplaire.  Ne  vouloir  pas  entendre  ces  sortes  de 
vérités,  ou  ne  les  vouloir  entemlre  que  déguisées, 
que  fardées,  qu'affaiblies  et  diminuées,  bourdal. 
4*  di'm.  après  Pâq.  Dominic.  t.  11,  p.  (33. 

FARDEAU  (far-dô),  s.  m.  ||  1°  Chose  plus  ou  moins 
pesante  destinée  à  être  transportée  ou  élevée  suit 
par  l'homme,  soit  par  les  bêles  de  somme,  soit  par 
un  véhicule.  Les  fardeaux  les  plus  e.iLtraordiiiairc'S 
que  l'on  ait  élevés  en  France  .sont  les  deux  [nerres 
qui  forment  le  fronton  de  la  colonnade  du  Louvre. 
Ésope  prit  le  panier  au  pain  ;  c'était  le  fardeau  le 
plus  pe.sant;  chacun  crut  qu'il  l'avait  fait  par  bétise; 
mais,  dès  la  dlnée,  le  panier  fut  entamé,  et  le 
Phrygien  déchargé  d'autant,  la  font.  Vie  d'Ésope. 
Moitié  de  ce  fanleau  ne  vous  sera  que  jeu,  id.  1  abl. 
VI,  16.  Un  homme  qu'on  soulage  d'un  fardeau  acca- 
blant, FÉN.  Tél.  xii.  C'est  une  chose  étonnante  de 
voir  de  quels  fardeaux  ils  [les  soldats  romains) 
étaient  chargés  dans  une  marche,  hollin,  Traid 
des  Et.  3*  part.  ch.  ^".  \\  Se  dit  de  l'enfant  dans  le 
sein  de  la  mère.  ||  2°  Fig.  I!  se  dit,  dans  le  lan- 
gage élevé,  d'impôts  trop  lourds.  Un  nii  sage.... 
Craint  le  Seigneur  son  Dieu....  Et  d'injustes  fardeaux 
n'accable  point  ses  frères,  rac.  Ath.  iv,  2.  ||  3°  Dans 
le  langage  poétique,  fardeau  de  la  terre,  homme, 
race  inutile  au  monde.  Voudrais-je,  de  la  terre  inu- 
tile fnrtienu.  Trop  avare  du  sang  reçu  d'une  déesse. 
Attendre  chez  mon  père  une  obscure  vieille.sse  ? 
RAC.  Iph.  1,  2.  l't  ce  peuple,  autrefois  vil  fardeau 
de  la  terre.  Semble  apprendre  <le  nous  le  grand  art 
de  la  guerre,  volt.  Ali.  m,  6.  ||  4°  Ce  qui  pèse  mo- 
ralement. Ce  (d'indignes  favoris)  sont  des  fardeaux 
et  des  empêchements  des  royaumes,  qui  pèsent  à 
toutes  les  parties  de  l'État,  balz.  De  la  cour,  2*  dise. 
Me  voiià  délivrée  d'un  pesant  fardeau  [dit  la  femme 
d'Argaii,  en  apprenant  sa  mort  sup|iosée',  mol.  Hal. 
imag.  m,  18.  S'clant  déchargé  du  fardeau  de  son 
scrupule,  pasc.  Prov.  s.  Mon  discours,  dont  vous 
vous  croyez  peut-être  les  juges,  vous  jugera  au 
dernier  jour  ;  ce  sera  un  nouveau  fanleau,  comme 
parlaient  les  prophètes  ;  et,  si  vous  n'en  sortez 
plus  chrétiens,  vous  en  sortirez  plus  coupables, 
Boss.  Anne  de  Gom.  Le  crime  d'une  mère  est  un 
pesant  fardeau,  bac.  l'hédre,  m,  3.  C'est  un  pc- 
sant  fardeau  qu'avoir  un  gros  mérite,  regnabd,  U 
Joueur,  II,  8.  Chacun  ne  portera-t-il  pas  son  propre 
fardeau  devant  la  majesté  terrible  de  celui....  mass. 
Carême,  Hesp.  hum.  Je  ne  vous  ennuie  point  de 
mes  autres  misères;  il  ne  faut  pas  appesantir  son 
fardeau  sur  les  épaules  de  l'amitié,  mais  savoir  le 
porter  avec  in  peu  décourage,  volt.  Lett.  d'Argcn- 
tal,  (4  sept.  1773.  Se  déhvrer,  par  la  calomnie,  du 
fardeau  de  la  reconnais.sance,  marmcitei,  If^m.  1. 
Ce  fardeau  de  malheur  qu'en  naissant  i'a  porte,  c. 
DELAV.  Paria,  i,  I.  Déposer  le  fardeau  des  miaèrei 


1G20 


FAR 


humaines,  Est-ce  dore  là  mourir?  lamapt.   Médit. 
I,  27.  Il  Poéliquemenl.  Le  fardeau  des  ans.  ||  5 "  Ce 
qui  exige  Ijeaucoup  de  soin  et  engage  la  responsabi- 
lité. I.e  fardeau  était  trop  pesant  pour  une  seule  tète, 
VAUOEL.    Q.   C.  livr.  X,  dans  biciielet.  Le  fardeau 
ll'empire]   que  .sa  main  est  lasse  de  porter,  corn. 
Cinna,  u,  (.  .Vlais  je  sais  peu  louer;  et  ma  muse 
tremUaute  Fuit  d'un  si  grand  fardeau  la  charge  trop 
pesante,  mil.  Disc,  au  roi.  Mais  à  )ieino  le  ciel  eut 
rappelé  mon  père....  Je  sentis  le  fardeau  qui  m'était 
imposé;  Je  connus....  que  le  choix  des  dieux,  con- 
traire à  mes  amours,  Livrait  à  l'univers  le  reste  de 
mes  jours,  hac.  Bérén.  u,  2.  Mon  cœur  peut-il  por- 
ter, seul  et  privé  d'appui,  Le  fardeau  des  devoirs 
qu'on   m'impose  aujourd'hui?  volt.  Zaïre,  lu,  4. 
Il  6°  Il  se  (lit  de  ce  que  "coûtent  les  guerres  en 
hommes  et  en  argent.   Ils  soutinrent  le  fardeau  de 
tant  de  guerres,  boss.  Ilist.  i,  <o.  Ce  qu'il  y  eut  de 
plus  étrange,  c'est  i|u'étant  entré  dans  Dresde  le  (8, 
il  y  fit  la  paix  le  25  avec  l'Autriche  et  la  Saxe,  et 
laissa   tout  le  fardeau    au    roi   de  France,   volt. 
Louis  XV,  (7.  Il  7"  Terme  de  mines.  Terres,  roches 
qui   menacent  d'ébouler.  ||  8°  Terme  de  brasserie. 
L'eau  et  la  farine  que  contient  une  cuve  à  iaire  de 
la  bière. 

—  HiST.  xni*  s.  Lors  se  sont  andui  [tous  deux] 
esveiUié  ;  Si  ont  moult  bien  apareillié,  Comme  mar- 
cheanz,  lor  farde!  ;  Et  Primaut  a  pris  un  hardel ,  Et  si 
l'a  à  son  col  pendu,  Ren.  389).  Cil  qui  metent  far- 
diaus  en  l'iaue  en  Grève  pour  aler  à  Corbuel  à  la 
foyre....  si  ne  doivent  noient,  Liv.  de.t  met.  286. 
Il  xvs.  Dont  St  Christophe  et  son  fardel  [J.  Christ 
qu'il  porta]....  eust.  desch.  Poésies  mss.  f"  393, 
dans  LACUBNE.  Adonc  luy  rendit  ses  lettres  toutes 
telles  que  elles  estoient,  liées  en  un  fardeau,  Bou- 
ciq  n,  25.  Il  xvi"  s.  Fardeau  de  robes  ou  trosseau 
(trousseau  des  nouvelles  mariées] ,  JVout;.  coust. 
génér.  t.  ii,  p.  (237. 

—  ÊT\M.  Bourguig.  fadeà  ;  provenç.  fardel  ;  cat. 
fardell  ;  espagn.  fardo,  fardillo  ;  liai,  fardello.  Ori- 
gine incertaine.  Du  Cange  le  tire  de  çoptoi;,  far- 
deau, faix  ;  mais  le  changement  de  voyelles  (o  en  a) 
dans  toutes  les  langues  romanes  fait  difficulté. 
Génin  pense  que  fardel  est  dit  pour  hardel,  de 
hart,  lien  ;  mais,  ici  aussi,  le  changement  de  h  en  f 
dans  toutes  les  langues  est  un  obstacle  qu'on  ne 
peut  lai-sser  de  côté.  Le  simple /'ordo  se  trouve  dans 
le  portugais,  et  les  étymologistes  portugais  le  tirent 
de  l'arabe  fard,  qui  signifie  vêtement,  drap.  Dans 
le  fait,  il  y  a  aussi  dans  le  portugais  farda,  habit; 
dans  l'espagnol  et  le  portugais,  fardar,  et,  dans  le 
vieux  français,  fardes,  habillement  (De  poures  far- 
des se  vesti,  Rou,  ms.  p.  (82,  dans  laclrne).  Diez 
admet,  comme  la  vraie  origine,  que  du  sens  de  vê- 
tement on  ait  passé  à  celui  de  bagage,  et  de  celui  de 
bagage  à  celui  de  fardeau;  c'est  ainsi  que,  inverse- 
ment, robe,  qui  signifiait  butin,  a  passé  au  sens  de 
vêtement.  Cependant  toute  incertitude  n'est  pas 
écartée,  vu  qu'on  ne  trouve  pas  le  passage  du  sens 
d'habillement  à  fardeau. 

i  FARDEMENT  (far-de-man) ,  s.  m.  L'action  de 
farder. 

—  HlST.  XVI'  s.  Fardement  de  vieilles  choses  pour 
les  mieux  vendre,  hob.  estienne,  Vict. 

—  F.TVM.  Farder  4. 

*.  FARDER  (far-dé),  v.  a.  \\  l'  Mettre  du  fard.  On 
lui  a  fardé  le  visage.  ||  Se  farder,  farder  à  soi.  Se 
farder  le  visage.  ||  2°  Dionner  à  une  chose  du  lustre, 
une  apparence  qui  en  cache  les  défauts.  Farder  une 
étoffe.  Farder  sa  marchandise.  Et  moi,  sans  compli- 
ment qui  vous  farde  mon  cœur,  Je  vous  offre  et  de- 
mande une  amitié  de  sœur,  corn,  la  Veuve,  v,  8.  A 
la  gymnastique  oii  a  fait  succéder  l'art  de  farder  les 
corps  et  de  leur  dliner  une  beauté  factice,  fén. 
t.  XXI,  p.  33,  Les  couleurs  les  plus  vives  pour  farder  des 
vices  et  des  crimes  [chez  les  dieux  du  paganisme], 
qui  seraient  tombés  dans  le  décri  sans  la  parure 
qu'ils  [les  poètes]  leur  prêtaient  pour  en  couvrir  la 
difformité,  l'absurdité  et  l'infamie,  bollin.  Traité 
des  Et.  u,  I,  2.  Non,  de  tous  les  amants  les  regards, 
les  soupirs  Ne  sont  point  des  pièges  perfides...,  Tou- 
jours lafeinte  mensongère  Ne  farde  point  do  pleurs, 
vains  enfants  des  désirs.  Une  insidieuse  prière,  A. 
CEiËN.  Ode  VI.  Il  Fig.  Farder  sa  marchandise,  trom- 
per, faire  illusion.  Vous  ne  fardez  point  votre  mar- 
chandise, vous  êtes  honnête  lioninie,  volt.  Dict. 
phil.  Maladie.  \\  3°  Déguiser  ce  qui  peut  déplaire  et 
choquer.  Je  vous  estime  trop  pour  vouloir  rien  far- 
der, COHX.  Nicom.  I,  2.  Je  répondrai,  madame,  avec 
la  liberté  D'un  soldat  qui  sait  mal  farder  la  vérité, 
BAC.  BiH.  1,  2.  Il  4»  En  termes  do  littérature,  parer 
d'ornements  Go  mauvais  goût.  Farder  uu  discours. 
Farder  son  langage.  ||  Il  s'est  dit  aussi  en  parlant  de 


FAR 

la  peinture.  [Amours]  Vous  avez  fardé  la  peinture. 
Vous  affadissez  l'opéra,  bêrang.  Pauv.  amours.  ||  B'Il 
se  dit  quelquefois  simplement  pourdéguiser,  avec  un 
nom  do  chose  pour  sujet.  Affreuse  image  du  trépas. 
Qu'un  triste  honneur  m'avait  fardée,  Surprenantes 
horreurs,  épouvantable  idée.  Qui  tantôt  ne  m'é- 
brauliez  pas,  cuhn.  Àndrom.  m,  ).  ||  6° Se  farder,  v. 
réfl.  S'enduire  de  fard.  Cettefemme  se  farde.  ||  Fig. 
On  a  beau  se  farder  aux  yeux  de  l'univers,  boil. 
Sat.  XI.  Il  Être  fardé.  Tout  se  farde  à  la  cour ,  jus- 
qu'à la  vérité,  boursault,  Ésope  à  la  cour,  i,  3. 

—  HIST.  XIII*  s.  Toutes  font  à  Venus  hommage. 
Sans  regarder  preu  no  dommage.  Et  se  cointoient 
[se  parent]  et  se  fardent  Pour  cens  bouler  [tromper] 
qui  les  regardent,  la  Rose,  9084.  ||  xiv  s.  Dire  ses 
pechiés  sans  rien  polir  ne  farder,  Méttagier,  i,  3. 
Il  XV*  s.  En  regardant  ces  belles  Heurs  Que  le  temps 
nouveau  d'amours  prie,  Chascune  d'elles  s'ajolie  Et 
fardo  de  plaisans  couleurs,  en.  d'ohl.  Rondeau. 
Il  XVI*  s.  Eloquent  à  inventer  des  raisons  fardées  de 
paroles  honestes,  amïot,  Dion,  47.  C'estoient  belles 
paroles  et  bien  fardées  pour  couvrir  la  mauvaise  in- 
tention qu'il  avoit  en  son  cueur,  id.  Timol.  42. 
D'ami  fardé,  flatteur  et  papelart,  Nous  garde  Dieu.... 
LEROUX  DE  LiNCY, Prov.  t.  U,  p.  283.  La  sagesse  hu- 
maine.... faict  favorablement  et  industrieusement 
d'employer  ses  artifices  à  nous  peigner  et  farder  les 
maulx,  et  en  alléger  le  sentiment,  mont,  i,  227. 
Vostre  extrême  volupté  a  quelque  air  de  gémisse- 
ment etdeplaincte....  voire  quand  nous  en  forgeons 
l'image  en  son  excellence,  nous  la  fardons  d'epithe- 
tes  et  qualitezmaladifves  et  douloureuses,  langueur, 
mollesse,  foiblesse,  défaillance,  m.  m,  85. 

—  ÊTYM.  Fard.  On  trouve ,  au  xii*  siècle,  un  dé- 
rivé, fardoillié,  barbouiller:  Fardoillié  furent  d'alun 
et  d'arrement  [encre],  la  Prise  d'Orenge,  v.  460. 

2.  FARDER  (far-dé),  v.  n.  S'affaisser  sous  son 
propre  poids  en  parlant  de  murs  et  de  construc- 
tions. Ce  mur  farde.  ||  Termede  marine.  Se  dit  d'une 
voile  qui  prend  sous  le  vent  une  forme  arrondie  et 
régulière.  Cette  voile  farde  bien,  ||  Terme  de  navi- 
gation fluviale.  On  dit  qu'un  bateau  farde  sur  un 
autre,  quand  il  le  serre  de  trop  près. 

—  HIST.  xv*  s.  Prince  qui  veut  vivre  en  temps  et 
saison.  Pour  son  hostel  fasse  sa  garnison.  De  gens 
d'honneur  et  prodommes  se  farde  [se  charge],  E. 
DESCIIAMPS,  Admn.  de  l'hostel  du  prince. 

—  ÊTYM.  Même  radical  que  dans  fardeau.  X 
Rouen,  le  peuple  dit  farder  pour  porter  des  far- 
deaux :  Les  déchargeurs  des  navires  portent  très- 
lourd,  parce  qu'ils  sont  accoutumés  à  farder. 

f  FARDEOR  (far-deur),  s.  m.  Celui  qui  déguise, 
qui  farde  quelque  marchandise. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fardeur  de  chevaux  [celui  qui  les 
maquignonne],  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Farder  f . 

FARDIER  (far-dié),  s.  m.  Chariot  à  roues  basses 
pour  transporter  des  blocs  de  pierre,  des  statues,  etc. 

—  ÉTYM.  Voy.  fardeau. 

t  FARE  (fa-r'),  s.  f.  Nom  d'une  pêche  solennelle 
que  les  pêcheurs  faisaient  pour  leur  fête,  vers  le 
mois  de  mai,  et  qui  fut  défendue  en  4670,  parce 
qu'elle  dépeuplait  les  rivières. 

FARFADET  (far-fa-dè;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie:  les  far-fa- 
dè-z  et  les  fées;  farfadets  rime  avec  traits,  succès, 
faix,  etc.),  s.  m.  ||  1°  Esprit  follet,  lutin.  Ulysse 
voit,  à  l'entrée  des  enfers,  des  farfadets,  des  ombres 
qui  viennent  lécher  du  sang  et  boire  du  lait  dans 
une  fosse,  volt.  Dial.  2».  Comme  je  n'ai  jamais  vu 
de  génies,  de  démon.s,  de  péris,  de  farfadets,  soit 
bienfaisants,  soit  malfaisants,  je  n'en  puis  parler  en 
connaissance  de  cause,  et  je  m'en  rapporte  aux 
gens  qui  en  ont  vu,  id.  Dict.  phil.  Génie.  ||  2"  Fig. 
et  familièrement.  Homme  vif  en  ses  mouvements, 
frivole  en  ses  goûts  et  en  ses  discours.  C'est  un 
farfadet,  un  véritable  farfadet. 

—  HIST.  XVI*  s.  Petits  démons  et  farfadets  qui 
ont  la  charge  de  faire  sentinelle  au  ciel.  Printemps 
d'Yver,  f°  63,  dans  lacurne.  Avec  la  faveur  de  son 
petit  esprit  farfadet  ou  astarot,  bbant.  Cap.  fr. 
t.  m,  p.  383,  dans  lacurne,  au  mot  favorisât. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  Ménage  le  tire  du 
l)as-latin  fadus,  sorte  de  démon;  mais  d'où  vien- 
drait la  syllabe  far?  Il  y  a  dans  l'italien  farfalla, 
papillon,  homme  volage;  pays  de  Come,  farfdtoice, 
homme  volage.  Il  serait  possible  que  farfadet  eût 
des  analogies  avec  ces  mots. 

FARFOUILLÉ,  ÉE  (far-fourllé,  liée.  Il  mouillées), 
part,  passé.  Ce  qui  était  dans  ce  tiroir  a  été  far- 
fouillé. 

FARFOUILLER  (far-fou-llé ,  Il  mouillées,  et  non 
far-fou-yé).  ||  1°  V.  n.  Fouiller  dans  une  chose  et  la 


FAR 

mettre  en  désordre.  Farfouiller  dans  une  armoire. 
Il  2°  V.  a.  Déranger,  bouleverser.  On  a  farfouillé 
mes  papiers.  ||  Il  est  familier. 

—  ETYM.  Ce  mot  semble  formé  de  far  ou  fra 
(comme  dans  fracasser) ,  et  fouiller.  Cependant 
comme  il  est  sans  historique,  on  ne  sait  qu'Ue  en 
est  l'origine.  De  plus,  le  wallon  farfoulier  signifie 
bredouiller;  le  napolitain  farfogliare  a  le  même 
sens  ;  et  l'espagnol  farfullar  signifie  bégayer  et  agir 
à  la  hâte;  ces  mots  ont-ils  de  l'analogie  avec  notre 
farfouiller?  c'est  ce  qu'on  ne  peut  dire. 

t  FARFOCILLEUR  (far-fou-lleur,  Ji  mouillées) , 
s.  m.  Celui  qui  farfouille. 

t  FARGUE  (far-gh'),  s.  f.  Voy.  farde  î. 

FARIBOLE  (fa-ri-bo-l'),  s.f.  Chose  vaine  et  fri- 
vole. Là  jamais  on  n'entend  de  pieuses  paroles;  Ce 
sont  propos  oisifs,  chansons  et  fariboles,  mol.  Tart. 
I,  4.  Diantre,  où  veux-tu  que  mon  esprit  T'aille 
chercher  des  fariboles?  Quinze  ans  de  riiariage 
épuisent  les  paroles,  id.  Amph.  1,  4.  Il  est  homme.... 
à  donner  aisément  dans  toutes  les  fariboles  qu'on 
s'avisera  de  lui  dire,  id.  Bourg,  gent.ia,  44.  Hé! 
ventrebleu!  madame,  quittons  la  faribole,  va.  Comt. 
d'Esc.  21.  Que  l'on  cesse  de  s'inquiéter  sur  le  temps 
qui  sera  fixé  pour  l'entrée  du  roi  mineur  au  conseil  ; 
que  l'on  ne  fixe  pas  plutôt  quatorze  ans  que  quinze, 
à  moins  que  l'on  ne  décide  aussi  qu'il  ne  s'y  agitera 
que  des  fariboles,  MIRABEAU,  Collection,  t.  v,  p.  47». 

—  HIST.  XVI*  s.  Touchant  du  purgatoire,  de  l'in- 
tercession des  saincts,  de  la  confession  secrette,  et 
de  toutes  telles  fariboles,  on  n'en  trouvera  point  une 
seule  syllabe  en  l'Escriture,  calv.  Instit.  943.  Que 
ce  n'estoit  que  favorible  de  ce  qui  se  dit,  que.... 
nouciiET,  Serees,  p.  4  92,  dans  lacurne.  Toutes  vos 
falibourdes  astrologiques  sont  sottes,  inutiles  et  in- 
commodes,ContM  deciiOLiÈHES,  f"  4  9t ,  dansLACURHE. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Scheler  croit  à  un 
radical  fal  (falibole  pour  faribole)  qui  se  trouve 
aussi  dans  falibourde,  faligoterie,  etc.  Quelques- 
uns  ont  pensé  au  latin  fari  bullas,  dire  des  bulles. 
En  considérant  les  trois  formes  du  mot  citées  dans 
l'historique,  faribole,  favorible  et  falibourde,  on 
peut  croire  que  ce  mot  est  de  création  individuelle, 
sans  racine  réelle,  comme  faridondaine. 

t  FARIDONDAINE  (fa-ri-don-dè-ne),  s.  f.  Mot 
qui  entre  dans  le  refrain  de  certaines  chansons,  et 
qui  paraît  avoir  été  fabriqué  sans  racine  réelle.  Des 
goguettes  à  peu  de  frais  On  échauffe  la  veine;  Aux 
Apollons  des  cabarets  Paye  un  broc  de  Surène;  Un 
aveugle  y  chante  en  faussant  La  faridondaine  D'un 
ton  menaçant,  bébang.  la  Faridondaine  ou  la  con- 
spiration des  chansons.  ||  On  dit  de  même  la  fari- 
dondon,  quand  il  faut  rimer  en  on. 

t  FARILLON(fa-ri-llon,  Il  mouillées),  î.  m. Terme 
de  pêche.  Réchaud  dans  lequel  les  pêcheurs  allu- 
ment du  feu  pendant  la  nuit,  pour  attirer  certains 
poissons. 

—  ÊTYM.  Probablement  un  diminutif  de  phare. 

t  FARINACÉ,  ÉE  (fa-ri-na-sé,  sée),  adj.  ||  l'Qui 
est  de  la  nature  de  la  farine  ;  qui  en  a  l'apparence. 
Il  2°  Friable  et  susceptible  d'être  réduit  en  pous- 
sière par  la  trituration,  l'écra-sement;  tel  est  le 
périsperme  du  fruit  des  graminées. 

—  ETYM.  Lat.  farinaceus,  de  farina,  farine. 

I  FARINAGE  (fa-ri-na-j'),  s.  m.  Ancien  terme  de 
coutume.  Droit  payé  au  meunier  pour  le  blé  moulu. 

—  ÊTY'Trt.  Farine. 

FARINE  (fa-ri-n'),  s.  f.  ||  1"  Poudre  blanche  que 
l'on  obtient  par  la  trituration  des  graines  des  céréa- 
les. Ce  bloc  enfariné  ne  me  dit  rien  qui  vaille,  S'é- 
cria-t-il  de  loin  au  général  des  chats;  Je  soupçonne 
dessous  encor  quelque  machine  ;  Rien  ne  te  sert 
d'être  farine  ;  Car,  quand  tu  serais  sac,  je  n'appro- 
cherais pas,  LA  FONT.  Fabl.  m,  4  8.  L'exemple  qui 
a  été  donné  par  la  mort  d'im  meunier  qui  avait 
fourni  de  méchante  farine  et  qui  a  été  pendu 
depuis  dix  jours  à  Rochefort,  empêchera  que  pa- 
reil désordre  n'arrive  à  l'avenir.  Lettres  de  colbert, 
t.  m,  II,  p.  384.  Il  Fleur  de  farine,  la  plus  belle 
farine  de  froment.  ||  Farine  de  première  mar- 
que, voy.  BARQUE.  Il  Folle  farine,  celle  qui  est  si 
fine,  que,  lair  l'enlevant,  elle  s'attache  aux  murs 
des  moulins.  ||  Reprocher  &  quelqu'un  la  farine, 
lui  reprocher  qu'il  est  de  famille  de  meunier,  de 
basse  extraction.  On  ne  la  verrait  point,  vantant 
son  origine,  X  son  triste  mari  reprocher  la  farine, 
BOiL.  Sat.  X.  Il  Journée  des  farines,  tentative  faite  par 
Henri  IV  pour  surprendre  Paris  (en  4591).  ||  Terme 
de  peinture.  Donner  dans  la  farine,  peindre  avec 
des  couleurs  claires  et  fades.  ||  Couleur  blanc  de 
farine.  ||  ï"  Par  extension,  poudre  que  l'on  obtient 
par  la  trituration  de  diverses  semences.  ||  Terme  de 
pharmacie.    Farines   émollientes,  celles  de  lin,  de 


FAR 


FAR 


FAS 


1G21 


seigle  et  d'orge,  mêlées  en  parties  égales.  Farines 
résolutives,  celles  de  semences  de  fenugrec,  de  fève, 
d'orobe  et  de  lupm,  mêlées  à  parties  égales  en  poids. 
Il  Fig.  De  même  farine,  se  dit,  avec  un  sens  de  dé- 
nigrement, de  choses  qui  sont  de  même  nature,  qui 
ne  valent  pas  mieux  l'une  que  l'autre.  Les  préten- 
dues découvertes  de  notre  siècle  touchant  la  circu- 
lation du  sang,  et  autres  opinions  de  même  farine, 
MOL.  Kal.  im.  ii,  6.  ||  Il  se  dit  aussi  des  personnes. 
Des  gens  de  même  farine  (locution  qui  se  trouve 
dans  le  Dictionnaire  derAcadémiede)894  et  qui  par 
conséquent  n'est  pas,  comme  le  prétend  Mme  de 
Genlis,  Mém.  t.  v,  p.  9),  née  pendant  laRévolution). 
il  Fig.  Farine  et  plâtre,  c'est-à-dire  faux  ornement, 
fard  ;  parce  que  c'était  avec  la  farine  et  le  plâtre 
que  les  bouffons,  dans  les  farces,  se  blanchissaient 
le  visage.  Ses  bons  mots  ont  besoin  de  farine  et  de 
plâtre,  BoiL.  ^pi<.  IX.  Il  3°  Farine  animale,  poudre 
de  poissons  secs  mêlée  avec  de  l'écorce  de  pin,  qui 
sert  de  nourriture  à  certains  peuples.  ||  4°  Farine 
fossile,  un  des  noms  sous  lesquels  on  a  désigné  le 
carbonate  do  chaux  pulvérulent ,  appelé  aussi  cal- 
caire farineux  et  fleur  de  chaux  naturelle;  il  est 
commun  dans  les  carrières  aux  environs  de  Nan- 
terre,  legoarant.  ||  Farine  empoisonnée,  arsenic  en 
fleur,  attaché  aux  votltes  des  mines.  ||  Proverbe. 
D'un  sac  à  charbon  il  ne  peut  sortir  de  blanche 
farine,  c'est-à-dire  on  ne  peut  attendre  d'un  sot 
que  des  sottises,  d'un  grossier  que  des  grossière- 
tés, etc.  Il  Elle  a  donné  sa  farine  et  elle  vend  le  son, 
c'est-à-dire  elle  a  été  légère  dans  sa  jeunesse  et  fait 
la  prude  dans  un  âge  avancé. 

—  HIST.  xu'  s.  Kar  ço  dist  nostre sires  :  la  farine 
ne  defaldra,  ne  l'olie  [l'huile].  Rois,  p.  SU. 
Il  xvi'  s.  Par  ce  moyen  ils  attirent  la  farine  au  mou- 
lin, et  vendent  leur  saincteté  bien  chèrement,  calv. 
bistit.  (017.  Des  escripts  de  leur  farine,  mont,  i, 
221 .  Un  cataplasme  fait  de  farine  folle  de  moulin, 

G.  DE  SERRES,  982.  . 

—  ÉTYM.  Picard,  fraine;  provenç.  espagn.  et  ital. 
farina;  du  latin  farina,  farine,  de  far,  blé.  Far  se 
rattache  probablement  au  radical  sanscrit  bhar, 
porter,  nourrir. 

t  FARINE,  ÉE  (fa-ri-né,  née),  adj.  Terme  d'a- 
telier. Tableau  fariné,  tableau  blafard  dont  les  chairs 
semblent  saupoudrées  de  farine. 

t  FARINELLE  (fa-ri-nè-1'),  s.  f.  Genre  de  cham- 
pignons. 

—  ÉTYM.  Farine,  à  cause  de  l'aspect. 

t  FARINER  (fa-ri-né).  jj  1°  F.a.  Termedecuisine. 
Saupoudrer  de  farine.  Fariner  du  poisson  pour  le 
faire  frire.  ||  2°  V.  n.  Produire  une  poussière  sem- 
blable à  celle  de  la  farine.  Une  dartre,  une  peau  qui 
farine.  ||  3°  Se  fariner,  v.  ré/l.  Se  blanchir  avec  de 
la  farine.  Il  jouait  les  rôles  de  confidents....  et  se 
farinait  à  la  farce,  scarr.  Rom.  com.  i,  6. 

—  ÉTYM.  Farine. 

FARINET  (fa-ri-nè),  s.  m.  Dé  à  jouer,  marqué 
sur  une  seule  face. 

—  ÊTYM.  Sans  doute  farine,  à  cause  que  ce  dé 
était  blanc  sur  toutes  ses  faces  excepté  une. 

FARINEUX,  EUSE  (fa-ri-neû,  neû-z')  ,  adj. 
Il  1°  Oui  est  de  la  nature  de  la  farine.  Les  vérités 
nouvelles  qu'une  analyse  plus  parfaite  des  substances 
farineuses  a  fait  découvrir,  condorcet,  Malouin. 
Il  Qui  contient,  qui  produit  beaucoup  de  farine.  Les 
blés  ont  été  très-farineux  cette  année.  ||  Se  dit  des 
substances  qui  contiennent  une  grande  quantité  de 
fécule  amylacée,  comme  la  pomme  de  terre,  le  sa- 
lep,  le  sagou,  les  graines  des  céréales  et  des  légu- 
mmeuses.  ||  Substantivement.  Les  farineux.  Donner 
des  farineux  à  un  convalescent.  Les  farineux  font 
plus  de  sang  que  la  viande,  }.  i.  Rouss.  Ém.  i. 
Il  2"  Qui  est  blanc  de  farine.  On  brosse  le  pain  pour 
qu'il  soit  moins  farineux.  ||  3°  Couvert  d'une  espèce 
de  poussière  blanche,  semblable  à  He  la  farine.  ||  Se 
dit  des  animaiu  dont  le  corps  est  couvert  d'une 
poussière  farinacée.  ||  Se  dit  des  '  lantes  qui  offrent 
une  poussière  blanchâtre  sur  leurs  rameaux.  ||  Se 
dit,  en  pathologie,  de  certaines  dartres  ou  éruptions 
cutanées  dans  lesquelles  l'épiderme  s'exfolie  en  pe- 
tites parcelles  semblables  à  de  la  farine,  jj  4°  Terme 
de  peinture.  Coloris  farineux,  coloris  d'un  ton  gris 
et  fade.  ||  Terme  de  sculpture.  Figure  farineuse, 
Sgure  de  cire  qui  n'est  pjis  sortie  nette  du  moule, 
le  plâtre  ayant  aspiré  la  cire,  ou  la  cire  ayant  aspiré 
le  plâtre. 

—  ÉTYM.  Lat.  farinosus,  de  farina,  farine. 
FARINIER  (fa-ri-nié  ;  \'r  ne  se  lie  jamais  ;   au 

pluriel,  l's  se  lie  :  des  fa-ri-nié-z  enrichis),  s.  m. 
Marchand  de  farine. 

—  ÊTYM.  Farine. 

t  FARINIÈRE    (fa-ri-niè-r'),   s    f.  Ancien  nom 


du  coffre  où  tombe  la  farine  en  sortant  de  la  meule. 
Il  Nom,  dans  quelques  provinces, du  lieu,  du  coffre 
où  l'on  serre  la  farine. 

—  HIST.  XV*  s.  La  fariniere  où  chiet  la  farine  en 
moulant,  ducange,  farinosium. 

—  ÉTYM.  Farinier. 

\  FARIO  (fa-ri-o),  s.  m.  Sorte  de  poisson  qui  pré- 
cède ordinairement  le  grand  banc  des  harengs;  les 
marins  l'appellent  roi  des  harengs  ou  fario,  et  ils  le 
rejettent  religieusement  dans  la  mer  aussitôt  qu'ils 
l'ont  pris. 

t  FARLOUSANE  (far-lou-za-n'),s. /•.  Nom  donné, 
par  Buffon,  à  un  oiseau  de  la  Louisiane,  qui  est 
l'îinthe  aquatique  (insectivores),  de  Bechstein,  vul- 
gairement spioncelle,  legoarant. 

t  FARLOCSE  (far-lou-z'),  s.  f.  Nom  vulgaire  de 
l'anthe  des  prés  (insectivores),  connu,  en  diverses 
localités,  sous  les  noms  de  pipit  des  arbres,  pipit 
des  prés,  alouette  bretonne,  alouette  courte,  alouette 

folle,  etc.  LEGOARANT. 

t  FAR-NIENTE  (far-niin-té) ,  s.  m.  Mot  italien 
qui  est  entré  dans  la  langue  française,  et  qui  si- 
gnifie une  douce  oisiveté.  Ne  soyez  point  en  peine 
de  mon  séjour  ici  ;  je  m'y  trouve  parfaitement  bien  ; 
j'y  vis  à  ma  mode  ;  je  me  promène  beaucoup  ;  je 
lis,  je  n'ai  rien  à  faire,  et,  pour  n'être  point  pares- 
seuse de  profession,  personne  n'est  plus  touchée 
que  moi  du  far-niente  des  Italiens,  sÉv.  Letl.  à 
W"  de  Grignan,  te  sept.  (676. 

—  ÉTYM.  Ital.  fare,  faire,  et  m'ente,  rien  (voy. 
néant). 

t  FARO  (fa-ro),  s.  m.  Espèce  de  bière  qui  se  fa- 
brique particulièrement  à  Bruxelles  et  dans  les  en- 
virons. 

t  FAROUCH  (fa-rouch)  ou  FAROUCHE  (fa- 
rou-ch'),  s.  m.  Trèfle  incarnat  cultivé  en  grand 
comme  fourrage  et  qui  se  consomme  en  vert. 

FAROUCHE  (fa-rou-ch') ,  adj.  ||  1°  Qui  n'est  point 
apprivoisé.  Les  bêtes  farouches.  ||Fig.  Ils  ne  son- 
gent point  à  donner  des  bornes  à  leurs  passions  ; 
au  contraire  ,  ils  les  traitent  délicatement....  ils 
nourrissent  ces  bêtes  farouches,  boss.  Sermons, 
Yêlure,  Mlle  de  Bouillon,  2.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Cheval  farouche,  cheval  qui  craint  la  présence 
de  l'homme.  ||  Familièrement.  Cet  homme  n'est  pas 
farouche ,  se  dit  d'un  homme  qui  se  laisse  corrompre 
facilement  par  l'intérêt.  Cette  femme  n'est  pas  fa- 
rouche, se  dit  d'une  femme  qui  écoute  facilement 
les  propos  de  galanterie.  En  même  temps  que  sa 
bouche  Me  disait  :  je  ne  veux  pas,  Ses  yeux  me  di- 
saient tout  bas  :  Je  ne  suis  pas  si  farouche,  u"'  de 
LA  SABLIÈRE,  daus  HicHELET.  jj  Fig.  Il  s'y  rencontre 
même  des  mots  si  farouches  pour  nos  vers  [ne  se 
prêtant  pas  à  la  versification] ,  que  j'ai  été  contraint 
d'avoir  souvent  recours  à  d'autres  qui  n'y  répondent 
qu'imparfaitement  et  ne  disant  pas  tout  ce  que  mon 
auteur  veut  dire,  corn.  Imit.  préf.  édit.  -1670. 
Il  2°  Qui  fuit  la  société.  Il  était  farouche  dans  sa 
jeunesse.  ||  3°  Qui  a  une  rudesse  sauvage.  Nos  fa- 
rouches vertueux  ne  veulent  point  de  tempérament 
et  de  milieu,  balz.  De  la  cour,  6«  dise.  Eh  1  a-t-on 
jamais  vu  de  plus  farouche  esprit?  mol.  Princ.  d'Él. 

1,  4.  Souvent  de  tous  nos  maux  la  raison  est.le 
pire;  C'est  elle  qui,  farouche  au  milieu  des  plai- 
sirs. D'un  remords  importun  vient  brider  nos  dé- 
sirs, BOIL.  Sat.  IV.  Sans  parents,  sans  amis  et  sans 
concitoyens.  Oublié  sur  la  terre  et  loin  de  tous  les 
miens.  Par  les  vagues  jeté  sur  cette  lie  farouche 
[l'Angleterre],  Le  doux  nom  de  la  France  est  sou- 
vent sur  ma  bouche,  A.  chén.  Fragments.  ||  Sub- 
stantivement. Ces  mœurs  austères  dont  vous  par- 
lez sont  proprement  le  caractère  d'un  sauvage  et 
d'un  farouche,  pasc.  Prov.  9.  ||  Il  se  dit  de  même 
de  l'air,  du  regard,  des  manières,  des  sentiments, 
etc.  La  vertu  n'a  garde  d'être  austère  et  farouche; 
elle  ne  détruit  pas  la  nature,  elle  en  corrige  seule- 
ment l'imperfection,  balz.  De  la  cour,  2«  dise.  Les 
yeux  égarés  et  le  regard  farouche,  corn.  Cinna,  iv, 

2.  Il  rentre  ;  chacun  fuit  son  silence  farouche,  rac. 
Brit.  v,  8.  Je  le  vis,  son  aspect  n'avait  rien  de  fa- 
rouche, ID.  Iphig.  a,  f.  Chalcas  s'est  avancé.  L'oeil 
farouche,  l'air  sombre,  et  le  poil  hérissé,  id.  ib.  v, 
6.  Que  son  farouche  orgueil  le  rendait  odieux  I  m. 
Phèd.  m,  4.  Ses  yeux  creux  sont  pleins  d'un  feu 
âpre  et  farouche;  ils  sont  sans  cesse  errants  de 
tous  côtés,  FÉN.  Tél.  m.  Son  nom  était  Jacques  Clé- 
ment; il  était  né  dans  un  village  de  Bourgogne  ap- 
pelé Sorbonne,  et  alors  âgé  de  vingt-quatre  ans  ;  sa 
farouche  piété  et  son  esprit  noir  et  mélancolique  se 
laissèrent  bientôt  entraîner  au  fanatisme  par  les 
importunes  clameurs  des  prêtres,  volt.  Ess.  guerr. 
civ.  France.  ||  4°  Redoutable  dans  le  combat.  Mon 
armée,  en  silence,  à  leurs  yflux  étendue,  N'offrai» 


de  tous  côtés  que  farouchfls  soldats,  volt,  llenr.  w. 
Il  6°  Dur,  barbare,  cruel.  Peuples  farouches.  Et  cette 
âme  farouclie  Qui  semble  me  flatter  après  tant  de 
mépris,  RAC.  Théb.  lu,  6.  Les  menaces,  les  cris  lo 
rendront  plus  farouche,  id.  Brit.  ni,  3.  Alvarez  doit 
ici  prononcer  de  sa  bouche  L'abominable  arrêt 
de  ce  conseil  farouche,  volt.  AU.  v,  4.  ||  Il  se  dit 
aussi  des  choses.  Ayons  une  valeur  qui  n'ait  rien  de 
farouche, MOL.  le  Fest.  ni,  6.  La  nature  frémit  d'un 
devoir  si  farouche,  lamotte,  Inès  de  Castro,  iv,  1. 

—  SYN.  farouche,  sauvage.  Étymologiquement , 
le  farouche  est  celui  qui  tient  de  la  bête  non  appri- 
voisée ;  le  sauvage  est  celui  qui  appartient  aux  soli- 
tudes des  forêts.  Par  conséquent,  on  est  farouche 
par  disposition  de  caractère  et  sauvage  par  absence 
de  culture. 

—  HIST.  xm'  s.  La  dame  ne  fu  pas  farouche,  flen. 
22)76.  Il  xtv's.  Le  chien  tousjours  se  tient  au  plus 
près  de  son  maistre,  et  laisse  et  est  estrange  et  fa- 
rouche de  tous  les  autres,  Ménagier,  i,  6.  Vos  percs 
et  mères,  vos  seurs  vous  estrangcront ,  se  vous  leur 
estes  farouche  et  ne  leursoiez  débonnaire,  ib.  i,  6. 
Il  xV  s.  Si  bien  qu'enfin  la  belle  tfasveillant,  Mo 
regardant  avec  un  oeil  farouche,  «asselin,  xvi. 
Il  XVI'  s.  Le  païs  estoit  encore  fort  farouche  et  sau- 
vage pour  les  barbares  et  brutales  meurs  et  façons 
de  faire  des  habitans  d'iceluy,  ahtot,  Mar.  7. 

—  ÉTYM.  Farouche  représente  le  latin  ferocem 
(voy.  féroce)  ,  représenté  aussi  par  fara.sche  (cuer 
farasche,  la  Rose,  v.  <488),  par  le  Berry  fourdche  ; 
par  le  provençal  ferotgue,  ferogge,  et  par  le  catalan 
ferotje. 

FARRAGO  (fa-rra-Bo),  s.  m.  ||  l"  Mélange  de  di- 
verses espèces  de  grains.  ||  ï°  Fig.  Amas,  mélange 
confus  de  choses  disparates.  Ce  livre  est  un  farrago. 

—  HIST.  xvi's.  Le  farrage  est  une  composition  de 
plusieurs  grains  francs  et  sauvages,  qu'on  tire  des 
cribleures  des  bleds,  fromens,  seigles  et  orges  : 
comme  yvraie,  vesces,  avoine,  orobe  ou  ère  et  sem 
blables,  jetés  confusément  dans  terre  bien  labourée 
et  fumée  dès  le  commencement  de  septembre,  o. 
DE  serres,  277. 

—  ÉTYM.  Lat.  farrago,  mélange  de  grains,  de 
far,  blé. 

t  FARRE  (fa-r'),  s.  m.  Un  des  noms  du  carré- 
gone  de  Wartmann,  poisson. 

—  ÉTYM.  Lat.  fario. 

FASCE  (fa-s'),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  blason.  Pièce 
honorable  qui  coupe  l'écu  horizontalement  par  lo 
milieu,  et  qui  en  occupe  le  tiers.  Il  porle  d'azur  à 
fasce  d'or.  Composa  tous  ces  mots  de  cimier  et  d'é- 
cart. De  pal,  de  contre-pal,  de  lambel  et  de  fasce, 
boil.  Sat.  V.  Il  2°  Terme  d'architecture.  Les  frisesou 
les  trois  bandes  qui  composent  l'architrave. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  fahe,  banda  d'étoffe;  namur. 
fâche;  du  lat.  fascia,  bande. 

FASCÉ,  ÊE  (fa-sé,  sée),  adj.  Terme  de  blason.  Di- 
visé en  fasces  égales  en  largeur  et  en  nombre. 

t  FASCEAUX  (fa-s6),  s.  m.  pi.  Terme  de  pêche. 
Savates  garnies  de  pierres,  pour  caler  le  soc  du  chalut. 

t  FASCER  (fa-sé),  v.  a.  Terme  de  blason.  Garnii 
de  fasces  un  écusson. 

—  ÉTYM.  Fasce. 

■j-  FASCIA  (fa-ssi-a),  s.  m.  Terme  d'anatomie.  Ex- 
pansion aponévrotique,  servant  d'enveloppe  à  des 
organes  sous-jacents  qu'elle  est  destinée  à  mainte- 
nir dans  leur  position  respective. 

—  ÉTYM.  Lat.  fascia,  tiande. 

t  FASCIAL,  ALE  (fa-ssi-al,  a-l'),  adj.  Terme  d'a- 
natomie. Qui  se  rapporte  à  un  fascia. 

f  FASCIATION  (fa-ssi-a-sion) ,  i.  f.  Terme  de  bo- 
tanicfue.  Vice  de  conformation  des  branches  d'un 
arbre,  des  pédoncules  et  pétioles  d'une  plante,  qui 
s'aplatissent  et  s'étendent  en  forme  de  bande  au  lieu 
de  conserver  la  forme  cylindrique. 

—  ÉTYM.  Lat.  fascia,  bande. 

f  FASCICCLAIRE  (fa-ssi-ku-lê-r"),  adj.  Syno- 
nyme de  fascicule. 

t  FASCICULATION(fa-ssi-ku-la-sion),  »...  Terme 
d'anatomie.  Disposition  en  fascicules  ou  faisceaux. 
Fasciculation  des  muscles  du  larynx. 

FASCICULE  (fa-ssi-ku-l'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de 
pharmacie.  Quantité  de  plantes  qu'on  peut  embras- 
ser avec  un  bras  ployé  contre  la  hanche;  on  l'éva- 
lue à  douze  poignées.  ||  2°  Terme  de  librairie.  Nom 
qu'on  donne  quelquefois  aux  parties  des  ouvrages 
publiés  par  livraisons.  Les  deux  premiers  fascicules 
de  son  dictionnaire  ont  paru. 

—  ÉTYM.  La.t.fasciculus,  diminutif  de  fcucit  {roj. 
faisceau). 

FASCICULE,  ÉE  (fa-ssi-ku-lé,  lée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Feuilles,  racines  fasciculées,  feuilles, 
racines  rassemblées  en  faisceau.  ||  Terme  do  zoolo- 


1622 


FAS 


gie.  Corselet  fascicule,  corselet  garni  de  poiis  ra- 
massé:! en  forme  île  houppe. 

—  f  rvM.  fa-^cicule. 

f  FASCIK  (fa-ssie,  s.  m.  ||  1"  Terme  de  botanique. 
TIko  ""  rameau  ailocli'  de  fusciatiun.  Il  2  S.  f.  plur. 
Termo  lie  conclu Iiulof,'ie.  Cercles  ou  liamles  .|Uon 
feniiip|(]e  .sur  lu  n.he  îles  co'|uillages.  ||  Terme  (le 
lulliene.  Petiles  planches  minces  sur  lesquelles  re- 
posent les  tahles  îles  violons,  des  basses,  des  gui- 
tares. On  dit  plus  sauvent  éclisses. 

—  f.TYM.  Lai.  fascia,  bande. 

FASCIÉ,  ÉE  (fa-ssi-é,  ée),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Manjué  de  bandes.  Coquillage  fas- 
cié.  Il  Terme  de  botanique.  Branches,  pédoncules  ou 
pétioles  fasciés,  ceux  qui  sont  allectés  de  fascialion. 

—  ETVM.  Lat.  fascia,  ban. le. 

FASCINAGE  (fa-ssi-na-j'), .«.  m.  ||  l'Termede  for- 
tification. Action  de  faire  des  fascines; ouvrage faiule 
fascines.  ||  2"  Terme  de  ponts  et  chau.s.sées.  Opéra- 
tion qui  consiste  à  placer,  sur  les  bords  d  un  cours 
d  eau,  des  fascines  destinées  à  les  protéger,  k  em- 
pêclier  l'immersion  des  terres. 

—  f;TV.M.  l-'asnne. 

t  FA.SCISATEUK,  TRICE  (fa-ssi-na-teur,  tri-s'), 
adj.  Qui  fascine.  Il  [un  chef  d'escadron  qui  se 
croyait  un  lovelace]  relevait  héroïquement  ses  mous- 
taches, souriait  avec  une  volupté  martiale  et  don- 
nait à  sa  prunsUe  une  expression  fascinatrice,  eu. 
DE  BERNARD,  la  Femme  de  quarante  ans,  §  m. 

—  HlST.  xvi"  s.  Fascinateur,  COTGHAVE. 

—  f.TVM.  Fasciner. 

FASCl.NATION  ^l'a-ssi-na-3ion•,  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  de  fasciner.  ||  2°  Faculté 
de  fasciner  leur  proie  qu'on  attribue  à  certains  ani- 
maux. La  fascination  iiuii  le  serpent  exerce,  dit-on, 
sur  le  rossignol.  ||  Puissance  que  les  adeptes  du  ma- 
gnétisme prélendenl  exercer  sur  les  personnes  sou- 
mises h  leurs  opérations.  ||  3°  Kiç.  Impression  com- 
parée à  l'action  de  li  fiscinalion.  Us  [les  hommesj 
passent  leur  vie,  sans  avoir  aperçu  cette  re|irésenia- 
tion  si  sensible  dp  la  diviniié  [l'ordre  de  l'uuiversj; 
tant  la  fascination  du  monde  obscurcit  leurs  jeux, 
FFN.  Exisl.  1,  3.  C'est  donc  une  connaissance  im- 
parfaite, telle  qu'elle  peut  résulter  ou  d'une  percep- 
t'on  confuse,  ou  d'une  prévention  contraire  à  la 
venté,  ou  de  la  fascination  des  passions,  qui  toutes 
peuvent  emprunter  la  vivacité  et  la  sensibilité  que 
nous  attribuons  à  l'évidence,  boullainvilliehs,  lié- 
fut.  de  Spinosa,  p.  125.  Toute  âme  à  ton  aspect  [de 
la  beauté)  ou  s'écrie,  ou  soupire  ;  Et  cet  élan,  qui 
suit  ta  fascination,  Semble  de  notre  instinct  la 
révélation ,  lamart.  Jocel.  i,  3. 

—  HiST.  XVI'  s.  Ils  usent  de  certaines  senteurs, 
fascina.ions  et  enchantemens,  pahé,  xix,  32. 

—  ÉTYM.  Lat.  fascinalionem,  de  fascinare,  fasci- 
ner. 

FA.SCIÏE  (fa-si-n'),  s.  f.  Sorte  de  fagots  dont 
on  se  sert  pour  combler  les  fossés  d'une  place,  pour 
épauler  des  batteries,  ou  pour  accommoder  de  mau- 
vais chemins.  Les  chevaux  de  frise  arrachés,  la  terre 
éboulée,  les  troncs  et  les  branches  d'arbrequ'on  put 
tiO".ver,  les  soldats  tués  par  les  coups  de  mousiiuet  ti- 
res au  hasard,  servirent  de  fascines, volt.  Charles  XII, 
8.  Il  Fagot  qu'on  goudronne  quelquefois  pour  brû- 
ler les  travaux  de  l'ennemi.  Us  enllammeut  les  airs 
de  fascines  brûlantes,  tristan,  Panthée,  v,  I. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  ne  perdit  heure  ni  jour  à  faire 
lever  à  la  haste  le  raveliu  de  la  porte  Droize  avec 
faissinos  et  fumier,  d'aub.  Ilist.  i,  2ao. 

—  ËTVM.  Wallon, /'o/iéne,  fagot;  Ha inaut,/"achrnc; 
génev.  fascine,  gws  fagot  destiné  au  foyer;  lorrain, 
faicltiit;  Keny,  faiscine;  du  lat. /'asct'/ia,  dérivé  de 
fascis,  faisceau. 

FASCINÉ,  ÊE  (fa-ssi-né,  née),  part,  passé.',] l°Trou- 
blé,  égaré  par  un  sortilège,  par  un  njaléhce.  Jadis  se 
croire  fasciné,  c'était  l'être.  ||  2°  Fig.  Laissez  parler 
un  monde  fasciné  des  choses  présentes,  mass.  Haniy. 
St  Binoil.  Ces  esclaves  ont  les  yeux  si  fascinés,  que 
la  plupart  ne  voudraient  pas  de  la  Uberté,  si  on  la 
leur  rendait;  ce  sont  les  compagnons  d'Llysse  qui 
refusent  de  reprendre  la  forme  humaine,  volt. 
Mœurs,  Rem.  xi. 

FASCINER  (fa-ssi-né),  V.  a.  ||  1°  Troubler,  égarer 
par  sorcellerie.  Il  II  se  dit  de  certains  animaux  qui 
paralysent  les  mouvements  de  leur  j  roie  en  la  re- 
ganiaut  fixement.  Ou  a  dit  qu  une  vipère,  ou  selon 
d'autres  un  crapaud,  le  regardant  fixement  [le  ros- 
signol] lorsqu'il  chante,  le  fascine  par  le  seul  ascen 
daut  de  son  regard,  blff.  Ois.  t.  ix,  p.  I5l,  dans 
POUGENS.  Il  2°  Fig.  Channer,  tromper,  abuser.  Le 
Charme  qui  le  fascinait  tombe  tout  d'un  coup, 
MASs.  Carême,  Prodigue.  Quel  fantôme  d'Europe  a 
Utciaé  ta  vue?  volt.   jih.  iv,  *.   Montrer  à  quel 


FAS 

point  une  erreur  scientifique  peut  être  contagieuse, 
pt  combien  le  charme  du  merveilleux  peut  fasciner 
les  esprits,  bukf.  Oiseaux,  t.  xvu,  p.  (43,  dans  pou- 
GE.NS.  On  homme  adroit  peut  fasciner  les  yeux  des 
siiii|iles,  j.  1.  Houss.  Ém.  iv.  Sire,  l'aspect  d'un 
liuise  a  fasciné  vos  yeux,  u.  J.  chén.  Charles  IX, 
1,  I.  Il  Absolument.  La  fraude  seule ue  suffirait  pas; 
elle  fascine,  et  le  fanatisme  subjugue,  voit.  Vial. 
xxiv,  6.  Il  3'  Se  fasciner,  v.  réfl.  Se  causer  à  soi- 
même  une  fascination.  Cranmer  lui-même  entendit 
raison  sur  ce  sujet,  et  il  écoula  Calvin,  qui  lui  par- 
lait des  illusions  dont  Osiandre  fascinait  les  autres 
et  se  fascinait  lui-même,  boss.  Ya-ial.  vm,  S  )3. 

—  liisr.  XIII"  s.  Nous  regnons  ore  en  chascun 
règne;  Et  bien  est  drois  que  nous  regnons;  Que 
Irestout  le  monde  fesnoiis  ;  Et  savons  si  les  gens  de- 
çoivre  Oue  nus  ne  s'en  sait  aperçoivre,  la  Rose, 
12108.  Il  XVI'  s.  Us  lascinenl  les  veux  et  les  esblouis- 
sent,  en  sorte  (|u'il  fout  voir  souvent    ce  qui  n'est 

point,  PARÉ,  XIX,  27 Ont  le  lict  nuptial  trois  fois 

environné  ;  Fuis  d'un  charme  à  sous-vois  l'ayant 
empoisonné ,  Et  fasciné  la  chambre  eu  tournant 
leurs  caroles  [dansos|....  rons.  »24. 

—  ETVM.  Lat.  fascinare,  qui  paraît  tenir  au  grec 
Paîiiaîvetv,  ensorceler,  de  pà'jxeiv  ou  piC"",  par- 
ler, prononcer  des  paroles.  Fascinare  avait  donné 
régulièrement  dans  l'ancienne  langue  fesner. 

t  FASCIOLAIRE  (la-ssi-o-lè-r'),  s.  f.  Genre  de 
coquille  univalve  en  forme  de  fuseau. 

ETYM.     Voy.   FASCIOLE. 

f  FASCIOLE  (l'a-ssi-o-l'),  s.  f.  Terme  de  zoolo- 
gie. Ver  intestinal,  à  corps  aplati,  qu'on  trouve  dans 
les  canaux  biliaires  et  le  foie  de  plusieurs  animaux, 
et  notamment  du  mouton;  synonyme  de  douve. 

—  Ctym.  Lat.  fasciola,  diminutif  de  jascia, 
banile. 

t  FASCIPENNE  (fa-ssi-pè-n'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  a  les  ailcS  fasciées. 

—  ÊTYM.  Lat.  fascia,  bande,  et  penno,  aile. 

t  FASÉIEME.N'T  (fa-zè-ie-man),  «.  m.  Terme  de 
marine.  Battement  d'une  voile  lorsqu'elle  est  en  ra- 
lingue. 

t  FASÉIER  (fa-zè-ié),  v.  n.  Terme  de  marine. 

Voy.    FASIER. 

FASÉOLE  (fa-zé-o-l'),  s.f.  Espèce  de  haricot. 

—  HIST.  XV"  S.  Faisoles  sont  chaulds  et  moistes 
presque  au  second  degré,  Us.  de  Turin,  f"  84. 
Il  xvr  s.  Les  espèces  principales  et  plus  générale- 
ment cogneues,  sont  les  fèves,  pois,  fazeols,  geis- 
ses,  pois-ciches,  o.  ds  sekbes,  (it. 

—  ETVM.  Lat.  faaeoius  OU  faselus,  du  grec  ipà- 
ijTf)>,o;.  Comme  çioTiXo;  signifie  aussi  une  barque, 
il  est  probable  que  ce  nom  a  été  donné  au  fruit  à 
cause  de  sa  l'orme. 

t  FASHION  (fa-chion),  s.  f.  Néologisme.  Mot  an- 
glais qui  s'emploie  pour  désigner  la  mode,  le  ton  et 
les  manières  du  grand  monde  et  le  beau  monde  lui- 
même.  Les  fantassins  de  la  fashion  y  afiluent  (  aux 
Tuileries]  des  quatre  points  cardinaux,  CH.  de  bek- 
naru,  la  Cinquantaine,  §  I. 

—  ETYM.  Angl.  fashion,  du  français  façon. 

t  FASUIONABLE  (la-chio-na- bl'j,  s.  m.  et/". 
Jeune  homme,  jeune  femme  qui  est  à  la  tête  de  la 
mode.  Il  Adj.  Tenue  fashionable. 

—  ETYM.  Angl.  fashionable,  de  fashion. 
FASIER   (fa-zi-é),  V.  n.   Terme  de  marine.   Les 

voiles  lasient,  se  dit  lorsque  le  vent  ne  donne  pas 
bien  da.is  les  voiles  et  que  la  ralingue  vacille  inces- 
samment,  DKSROCUES,  IC87,  dallS  JAL. 

—  ETVM.  Origine  inconnue. 

f  FASIN  (la-zin),  s.  m.  Cendre  mêlée  de  terre, 
de  brindilles,  avec  laquelle  on  couvre  le  fourneau 
de  forge. 

(.  FASTE  (fa-sf),  s.  m.  Il  t"  Magnificence  qui  se 
déploie  et  s'étale.  Le  faste  royal.  Benudad  était  iiu 
roi  timide  et  vain  qui  n'avait  que  du  faste  el  de 
l'orgueil,  boss  Polil.  ix,  vi,  8.  Quel  sera  quelque 
jour  cet  enlanl  mervp''!eux?  U  brave  le  faste  or- 
gueilleux. Et  ne  se  laisse  point  séduire  A  tous  ses 
attraits  périlleux, rao.  Ath.  ii,  ».  Le  la.ste  de  la  cour 
voluptueuse  de  Léon  X  pouvait  blesser  les  yeux  ; 
mais  aussi  on  devait  voir  que  celte  cour  même  po- 
lissait l'F.urope  et  rendait  les  hommes  plus  sociables, 
Volt,  ilaurs,  (27.  Du  faste  des  grandeurs  autre- 
fois entourée,  id.  Scythes,  i,  3.  ||  2"  Afl'ectation  de 
paraître  avec  luxe  el  éclat.  J'ai  remarqué  l'horreur 
que  ce  peuple  a  montrée  Lorsque  avec  tant  de  faste 
il  a  vu  ses  faisceaux  (de  César]  Marcher  arrogam- 
mrnl  el  braver  nos  drapeaux,  cobn.  Pomp.  iv,  4. 
Nous  exhortons  tous  ceux  qui  peuvent  donner  plus 
abondamment  &  faire  pour  leur  salut  éternel  ce 
qu'ils  font  tous  les  jours  pour  le  faste  du  siècle, 
FÉN.  t.  xvui,  p.  b-2e.  Ces  temps  où  le  faste  n'était  pas 


FAS 

devenu  une  bienséance  k  un  ministère  d'humilité , 
MASS.  Or.  fun.  Viltars.  Dans  les  déclamations  coh  - 
Ire  la  finance,  ce  n'est  ni  la  générosité  ni  lajusicc 
qui  réclament,  quoiqu'elles  en  eussent  souven,  le 
droit  el  l'occasion,  c  est  l'envie  qui  poursuit  le  fasle, 
DUCLOS,  Considér.  mœurs,  ch.  )o.  Le  lasle  nous 
tient  lieu  d'une  haute  noblesse,  destoucues,  Otss. 
IV,  4.  Que  mes  armes  sans  faste,  emblème  des  dou- 
leurs.... volt.  Tancr.  m,  *.  ||  8°  Par  extension, 
étalage,  ostentation  dans  les  actes  ou  dans  les  pa- 
roles. La  Kappinière  reçut  son  compliment  avec  un 
faste  de  prévôt  provincfal,  et  ne  lui  rendit  pas  la 
dixième  partie  des  civilités  qu'il  en  reçut,  scahhon, 
Rom.  com.  i,  B.  Toujours  un  peu  de  faste  entre 
parmi  nos  pleurs,  la  font.  Ualrone.  Mais  sa  muse 
[de  Konsardj,  en  français  parlant  grec  et  latin, 
Vit  dans  l'âge  suivant,  par  un  retour  grotesque, 
Tomber  de  ses  grands  mots  le  faste  pédantesquo, 
BOIL.  An  p.  1.  C'est  en  Espagne  un  Xiincnès,  sous 
Isabelle,  qui,  après  la  mort  de  la  reine,  est  régent 
du  royaume,  qui,  toujours  vêtu  en  conlelier,  met 
son  fasle  â  fouler  sous  ses  sandales  le  faste  espa- 
gnol, volt.  Mœurs,  (2).  Sottise I  amis;  point  du 
folle  dépense  ;  Laissez  aux  grands  le  fa-ste  des  -e- 
grets,  BÊRANG.  Mon  tomb.  Tous  [à  Ouiberon]  suc- 
combaient sans  peur,  sans  faste,  sans  murmure, 
v.  HL'GO,  Odes,  I,  4.  Il  Fig.  Ces  lettrés  [de  la  Chine], 
Oui,  trop  enorgueillis  du  faste  de  leurs  lois....  volt. 
Orphel.  u,  7.  ||  Fa.ste   n'a  pas  de  pluriel. 

—  HE.M.  Corneille,  en  imitation  du  xvi*  siècle,  a 
dit  fast  sans  e:  Il  entre  avec  éclat,  mais  votre  po- 
pulace Ne  voit  point  sur  son  front  de  fast  ni  de  me- 
nace, lev  Vicl.  du  roi,  (667. 

—  HIST.  xvi's.  Elle  servira  plus  à  le  ruiner  de 
despense  et  de  fast  somptueux  qu'à  l'aggrandir,  Sat. 
Mén.  p.  (79. 

—  ETYM.  Lat.  fastus,  faste,  proprement  hauteur, 
d'où  fastigium,  faite. 

f  2.  FASTE  (fa-sf),  adj.  Terme  d'antiquité  ro- 
maine. Jours  fastes,  jours  où  il  était  permis  de 
rendre  la  justice,  par  opposition  &  jours  néfastes. 

—  ETYM.  Lat.  fasttis,  de  fas,  la  juslice,  de  fari, 
prononcer. 

FASTES  (fa-sf),  s.  m.  plur.  ||  1°  Les  tables  du 
calendrier  des  anciens  Romains.  Les  jours  mal- 
heureux étaient  marqués  dans  les  fxsles.  ||  Les  fas- 
tes consulaires,  registre  qui  contenait,  outre  les 
triomphes,  les  noms  des  consuls,  des  dictateurs  et 
des  censeurs.  ||  Il  se  dit  quelquefois,  dans  le  si.  ie 
élevé,  pour  calendrier  en  générai.  U  était  beau  pour 
la  France  de  voir  ses  simples  religieux  régler  â  la 
Chine  les  fastes  d'un  gra.nd  empire,  chateaubr. 
Génie,  iv,  iv,  3.  ||  2"  Fig.  el  dans  le  style  soutenu, 
registres  publics  contenant  le  récit  des  faits  mémo- 
rables. ||  Les  fastes  sacrés  de  l'Ëglise,  le  martj  re- 
loge. Il  Kig.  Les  monuments  écrits  qui  conservent  le 
souvenir  el  la  suite  des  événements.  Il  vous  rend 
tout;  il  veut  de  votre  illustre  zèle  Dans  nos  fastes 
garder  la  mémoire  étemelle,  la  fosse,  Manl.  iv,  7. 
Le  mensonge  réside  au  temple  de  mémoire  ;  Il  y 
grava  des  mains  de  la  crédulité  Tous  ces  fastes  des 
temps  destinés  pour  l'histoire  El  pour  la  vérité, 
volt.  Odes,  B.  Il  Inscrire  son  nom  dans  les  fastes 
de  la  gloire,  se  rendre  illustre,  immortel. 

—  ETVM.  Lai  (asti,  sous  entendu  libri,  les  livres 
où  étaient  marques  les  joura  d'audience,  de  fas, 
justice,  de  fari,  prononcer. 

FASTIDlEUSEilKNT  (fa-8ti-di-cû-ze-man),  adv. 
D'une  manière  fastidieuse. 

—  f.TVM.  Fasiidieuse,  el  le  suffixe  ment. 
FASTIUIEI'X,   EL'SE   (fa-sli-di-eil,    eû-z'l,   adj. 

Il  1"  Oui  cause  de  l'ennui,  du  dégoill.  Il  [M.  de  Vol- 
taire] fut  le  premier  qui  dérogea  à  l'usage  fastidieux 
de  ne  remplir  un  discoure  de  réception  que  des 
louanges  du  canlinal  de  Hiclielieu,  volt.  ilél.  lit- 
lé.r.  Comment,  hist.  sur  les  autres  de  l'auteur  de 
la  Hennade.  jj  2'  Il  se  dit  aussi  des  personne:. 
Je  vois  beaucoup  de  gens  à  la  cour  <)ui.  se  servant 
de  cette  liberté,  ne  font  point  de  difficulté  de 
dire  :  Cet  homme  est  fastidieux  ,  pour  dire  en- 
nuyeux, et  qui  n'oseraient  l'écrire,  Opusc.  long, 
franc,  p.  2B3,  dans  pougens.  Je  me  tins  pour  dil 
qu'il  fallait  ab.solumcnl  nous  déliariasser  d'un  i' 
fastidieux  personnage,  lf.sage,  Cuim.  d'Alf.  m 
B.  Il  Substantivement.  J'irais  de  ma  peusée  inter^ 
rompre  le  cours....  Pour  un  fastidieux,  qui  n'a  pour 
l'onlinaire  Ni  le  don  de  parler,  ni  l'esprit  do  se 
taire,  regnard,  Distr.  iv,  7. 

—  HIST.  XVI'  s .  Je  vous  jure  que  je  n'ay  jamais 
rien  trouvé  de  trop  long  ni  de  fastidieux  dans  vostre 
entretien,  sullï,  t.  vi,  p.  2(2,  dans  lacurss. 

—  ETYM.  Provenç.  fastigos;  espagn.  et  ital.  fasti- 
dioso  ;  du  lat.  faslidiosus.  de  fastidium,  dégoût. 


FAT 

t  FASTIGIAmE  (fa-sti-ji-è-r'),  s.  f.  Genre  d'al- 
gues marines. 

EivM,  Lat.  fastigium,  sommet. 

FASTIGIÉ  (l'a-sti-jl-c,  ée),  adj.  Terme  de  bolani- 
:]iie.  Il  se  dit  des  ramoaui,  des  lleurs  qui,  partant 
i'un  point  commun,  s'élèvent  à  la  même  hauteur 
et  forment  un  plan  horizontal.  ||  On  dit  aussi  que 
des  rameaux  sont  fastigiés  lorsque,  rapprochés  du 
tronc,  ils  se  dirigent  presque  verticalement,  ex  : 
le  pojiulus  famiyiala,  L.  (c'est  le  peuplier  pyra- 
midal). 

—  ETYM.  Lat.  fasligiatus,  de  fastigium,  faite. 
PASTIIEUSEME.VT  (fa-stu-eù-ze-man),  adv.  D'une 

manière  fastueuse.  Il  est  entré  fastueusement  dans 
la  ville. 

—  ETYM.  Fastueuse,  et  le  suffixe  ment. 
FASTUEUX,  KUSE  (fa-stu-ert,  eû-z'),  adj.  ||  l°Oui 

ime  le  faste,  le  luxe,  la  magnificence.  Souiïriras-tu 
longtemps  tous  ces  rois  fastueux?  volt.  Catilina, 
II,  3.  Colbert  soutint  l'État  malgré  le  luxe  d'un  maî- 
tre fastueux,  qui  prodiguait  tout  pour  rendre  son 
lègne  éclatant,  ID.  Louis  XIV,  30.  i|  2"  Où  il  y  a  du 
faste,  en  parlant  des  choses.  Un  fastueux  équipage. 
Cent  vierges  qu'enfanta  l'Inde  voluptueuse  Couvrent 
de  mets  choisis  sa  tahle  fastueuse,  millev.  Élégies, 
Homère,  ch.  ii.  Obscur  ou  fastueux,  qu'importe  notre 
ssile?  Ah!  le  premier  des  hiens  est  un  amour  tran- 
quille, c.  delav.  l'aria,  m,  6,  ||  3"  Fig.  Qui  s'étale 
comme  fait  le  faste.  Kt  qu'enfin  Dieu  ne  demande 
pas  aux  personnes  de  son  sexe  une  sublime  raison 
ni  une  science  fastueuse,  mais  une  dévotion  tendre 
et  une  foi  simple  accompagnée  d'un  humble  si- 
lence, FLECHIEH,  Dauphine.  Son  tour  (de  l'idylle] 
simple  et  naïf  n'a  rien  de  fastueux,  boil.  Art  p.  il. 
Il  vous  comble  partout  d'éloges  fastueux,  ID.  ih.  I. 
Vous  dont  la  piété  solide,  Loin  d'étaler  aux  yeux  de 
fastueux  dehors  Kt  d'avoir  d'indiscrets  transports, 
Est  pour  juger  autrui  toujours  lente  et  timide,  des- 
HOULiÈRES,  Ép.  chagrine  au  P.  de  la  Chaise.  On  ne 
voitpiesque  plus  i|ue  de  ces  zèles  fastueux  qui  n'ont 
des  yeux  que  pour  des  misères  d'éclat,  mass.  Ca- 
rême, Aumône.  Je  ne  me  vante  point  du  fastueux 
effort  De  voir,  sans  m'alarmer,  les  apprêts  de  ma 
mort;  Je  regrette  la  vie,  elle  dut  m'ètre  ch're, 
VOLT.  Tancr.  ii,  6.  ||  Il  se  dit  aussi  des  personnes  en 
ce  sens.  Tous  les  jours  on  y  voit....  L'ignorant  s'é- 
riger en  savant  fastueux,  boil.  Sat.  xi.  ||  4"  Où 
règne  l'orgueil.  Des  titres  fastueux.  Lorsqu'il  [Sen- 
nachéribj  se  croyait  déjà  maître  de  Jérusalem,  le 
Seigneur  d'un  souflle  seul  dissipe  toutes  ses  pensées 
fastuauses,  rollin,   IlisC.  anc.  préface.  Œuvr.  t.  i, 

p.  XII. 

—  HIST.  XVI»  s.  Lorsque  je  viens  à  approfondir 
leurs  propositions,  j'y  vois  bien  de  belles  et  fas- 
tueuses paroles,  mais  peu  de  solides  raisons, 
HENRI  IV,  dans  le  Dicl.  de  dochez. 

-  ETYM.  Lat.  fastuosus,  de  faslus  (voy.  faste  \). 
FAT  (d'après  l'Académie,  le  (  se  prononce;  au 
XVII"  siècle,  Chifflet,  Gramm.  p.  217,  note  aussi  que 
le  (  se  prononce  morne  devant  une  consonne;  pour- 
tant plusieurs  aussi  ne  le  prononcent  pas,  et  il  n'y 
a  aucune  raison  pour  ne  pas  prononcer  fat,  comme 
rat,  plat,  etc.  ;  le  I  se  lie  :  un  fa-t  insupportable  ;  au 
pluriel,  \'s  se  lie:  des  fa-z  insupiiortables  ;  fats  rime 
avec  pas,  tas,  etc.),  adj.  (|ui  n'est  usité  qu'au  mas- 
culin. Il  1"  Sot,  niais.  Mais  suis-je  pas  bien  fat  de 
vouloir  raisonner  Où  de  droit  absolu  j'ai  pouvoir 
d'ordonner?  mol.  Sgan.  i.  ||  Substantivement.  Mon- 
sieur, sortons  aussi,  ne  faisons  point  les  fats;  Ces  deux 
messieurs  pourraient  revenir  sur  leurs  pas,  haute- 
HOCHE  ,  le  Souper,  23.  Me  voilà  pris  comme  un  fat, 
et,  sans  un  peu  d'effronterie,  j'aurai  peine  à  sortir 
d'intrigue,  dancourt,  Été  des  coquettes,  se.  2t.  Au- 
trefois sur  l'honneur  on  était  délicat;  Un  mari 
qui  s'en  pique  à  présent  est  un  fat,  destouches, 
Irrésolu,  i,  7.  ||  Ce  sens,  qui  est  le  sens  propre,  a 
vieilli,  il  2°  Oui  est  à  la  fois  sans  jugement  et 
plein  de  complaisance  pour  lui-même.  Qu'importe 
d'être  fat  ou  de  ne  l'être  pas?  On  croit  toujoure 
ne  le  pas  être,  de  cailh,  dans  bichelet.  {|  Il  se 
dit  quelquefois  des  choses.  11  y  a  peut-être  je  ne 
sais  quoi  de  fat  à  vous  envoyer  sa  médaille,  volt. 
Lett.  d'ArgeiUal,  3  mai  1709.  ||  Substantivement. 
Mais  je  ne  puis  souffrir  qu'un  fat,  dont  la  mol- 
lesse N'a  rien  pour  s'appuyer  qu'une  vaine  no- 
blesse. Se  pare  insolemment  du  mérite  d'autrui, 
BOIL.  Snl.  V Voyant  un  fat  s'applaudir  d'un  ou- 
vrage Où  la  droite  raison  trébuche  à  chaque  page, 
ID.  ib.  IX.  Écoutez  tout  le  monde,  assidu  consultant  ; 
Un  fat  queli]uefois  ouvre  un  avis  important,  ID. 
Arl  p.  IV.  Quelle  horrible  peine  à  un  hom.-ne....  qui 
n'a  que  beaucoup  de  mérite  pour  toute  recomman- 
dation.,., de  venir  au  niveau  d'un  fat  qui  est  en 


FAT 

crédit  I  LA  BBUT.  n.  On  écarte  tout  cet  attirail  qui 
t'est  étranger  pour  pénétrer  jusqu'à  toi  qui  n'es 
qu'un  fat,  ID.  ib.  Tout  le  monde  dit  d'un  fat  qu'il  est 
fat,  personne  n'ose  le  lui  dire  à  lui-même,  in.  xi. 
Un  fat  est  celui  que  les  sots  croient  un  homme  de 
mérite,  id.  xii.  Le  fat  est  entre  l'impertinent  et  le 
sot,  il  est  composé  de  l'un  et  de  l'autre,  id.  ib.  Si 
le  fat  pouvait  ci'aindre  de  mal  parler,  il  sortirait  de 
son  caractère,  id.  ib.  l'ius  il  voulut  faire  le  fat, 
plus  il  prouvait  qu'il  n'était  qu'un  sot,  diclos.  Aca- 
jou, CEutres,  t.  vui,  p.  36i,  dans  poucens.  ||  Mo- 
lière et  Boileau  l'ont  employé  comme  simple  terme 
de  mépris.  Il  faut  que  de  ce  fat  j'arrête  les  complots. 
Et  qu'à  l'oreille  un  peu  ie  lui  dise  deux  mots,  mol. 
Tart.  m,  I.  Je  sors  de  cUb^  -m  fat  qui,  pour  m'em- 
poisonner.  Je  pense,  exprès  chez  lui  m'a  forcé  de 
diner,  boil.  Sat.  m.  |!  3"  11  se  dit  de  celui  qui  a  des 
prétentions  auprès  des  femmes,  ou  dont  la  parure 
est  très-recherchée.  Silvia:  Volontiers  un  bel  homme 
est  fat,  je  l'ai  remarqué.  -  Lisette  :  Oh  I  il  a  tort 
d'être  fat,  mais  il  a  raison  d'être  beau,  mariv.  Jeux 
de  l'am.  et  du  has.  i,  i.  Va,  ma  pauvre  enfant,  les 
mots  de  fat  et  de  coquette  ont  été  inventés  par  l'en- 
vie pour  dénigrer  les  hommes  aimables  et  les  jolies 
femmes,  saurin,  Mœurs  du  temps,  se.  H.  Il  devient 
entreprenant  sans  désirs,  et  fat  par  mauvaise  honte, 
j.  J.  Bouss.  Ém.  IV.  Il  Substantivement.  Il  ne  serait 
plus  rien  s'il  cessait  d'être  un  fat,  la  chaussée,  Re- 
tour imprévu  l,  a.Quoil  le  peu  qui  lui  restait,  Fré- 
tillon  a  pu  le  vendre  Pour  un  fat  qui  la  battait, 
bérang.  t'rélillon. 

—  HIST.  XVI'  S.  Fat  est  un  vocable  de  Langucgoth 
[Languedoc],  et  signifie  non  salle,  sans  sel,  insipide, 
fade:  par  métaphore  signifie  fol,  niays,  despourveu 
de  sens,  esventé  de  cerveau,  rab.  Pant.  v,  Prol. 
Xerxes  estoit  un  fat,  qui,  enveloppé  en  toutes  les 
voluptez  humaines,  alloit  proposer  prix  à  qui  luy  en 
trouveroit  d'aultres;  mais  non  gueres  moins  fat  est 
celuy  qui  retrenche  celles  que  nature  luy  a  trou- 
vées, mont.  IV,  293. 

—  ETYM.  Provenç.  fat,  fou,  ignorant;  espagn.  et 
ital.  fatuo;  du  latin  ^atuui,  fade,  insipide,  fou, 
niais  (voy.  fade). 

FATAL,  ALE  (fa-tal,  ta-l'),  adj.\\l°  Qui  porte 
avec  soi  une  destinée  irrévocable.  Le  tison  fatal  de 
Méléagre.  Vint  enfin  le  moment  du  festin  fatal  de 
la  reine  [Esther],  dont  le  favori  [Aman]  s'était  tant 
enorgueilli,  Boss.  Polit,  x,  m,  5.  11  [Hippolyte]  a 
pour  tout  le  sexe  une  haine  fatale,  rac.  Phéd. 
III,  (.  Scylla,  pour  obliger  Minos,  coupa  ce  cheveu 
fatal  [de  Nisus]  et  en  fit  présenta  son  amant, volt. 
Dict.  phil.  Terelas.  \\  En  ce  sens,  aujourd'hui,  fatal 
ne  s'emploie  que  absolument;  mais, au  xvu'  siècle, 
il  comportait  la  préposition  à  et  un  complément.  La 
femme  est  une  mer  aux  naufrages  fatale,  m  lu.  vi, 
26.  Cette  parole....  continua  l'opinion  qu'on  avait, 
que  l'Afrique  était  fatale  à  la  gloire  des  Scipions,  id. 
les  Épit.  de  Sénèque,  xxiv.  C'était  une  chose  fatale 
à  la  race  de  Brutus  de  délivrer  la  république,  vau- 
GEL.  Rem.  Cette  saison  est  fatale  pour  abattre  les 
tètes  qui  paraissaient  le  plus  au-dessus  des  autres, 
BALZ.  liv.  I,  lett.  10.  Quand  on  l'emploie  dans  cette, 
signification,  il  faut  que  la  phrase  .soJt  tournée  l'crt 
clairement,  comme  celle-ci  :  Le  nom  des  Scipions 
était  fatal  à  l'Afrique,  pour  dire,  il  était  comme 
inévitable  aux  Africains  il'ètre  vaincus  par  les  Sci- 
pions, Acad.  Observ.  sur  Vaugelas,  p.  456.  ||  Terme 
d'antiquité  romaine.  Livre  fatal ,  livre  sibyllin,  re- 
cueil de  prédictions.  Il  2"  Marqué  par  le  destin.  L'in- 
stant fatal.  Et  par  d'heureux  exploits  forçant  la 
ilestinée ,  Trouveront  d'Ilion  la  fatale  journée, 
RAC.  Iphig.  IV,  6.  Tant  de  précautions  contre  mon 
jour  fatal  Me  rendraient  méprisable  et  me  défen- 
draient mal,  VOLT.  If.  de  César,  Il  ,  6.  ||  L'heure 
fatale,  l'heure  de  la  mort.  Le  roi  qui  s'en  souvint  à 
son  heure  fatale,  corn.  Pomp.  i,  3.  La  reine  touche 
prestjue  à  son  terme  fatal,  rac.  Pliid.  i,  2.  ||  la 
barque  fatale,  la  barque  dans  laquelle  le  polythéisme 
raconte  que  les  âmes  des  morts  traversaient  l'Aché- 
ronpourentrerdans  les  enfers.  ||  3"  Qui  entraîne  avec 
soi  quelque  suite  importante,  en  bien  ou  en  mal.  Le 
moment  fatal  qui  doit  me  rendre  à  jamais  heureux 
ou  malheureux.  Qui  devait....  De  ce  fatal  accouple- 
ment Célébrer  l'heureuse  journée,  malii.  iv,  5. 
Il  4"  Qui  produit  du  mal,  des  malheurs.  Mais  le  voici 
ce  bras  à  Rome  si  fatal,  corn.  Nirom.  m,  2.  Le 
moindre  amusement  [retard]  vous  peut  être  fatal, 
MOL  Tart.  V,  6.  Sans  ce  métier  fatal  au  repos  de  ma 
VIO  Mes  jours  pleins  de  loisir  couleraient  sans  envie, 
BOIL.  Sat.  II.  Après  m'être  longtemps  llatté  que  mon 
rival  Trouverait  à  ses  vœux  quelque  obstacle  fatal, 
rac.  Bérén.  i,  2.  Et  sa  race  toujours  fut  fatale  à  la 
vôtre,  !D.  Esth.  m,  l .  Leur  résistance  avait  été  fa- 


FAT 


1C23 


taie  à  une  partie  des  gens  d'Alvaro  Toneo ,  i.fsace, 
Diable  boit.  (6.  Enfin,  vaincue,  entraînée,  no  Ha- 
chant où  on  la  mène,  elle  se  laisse  conduire  au  sou- 
per fatal,  volt.  7ri9(!«u,  (7.  Un  frisson  la  saisit,  elle 
se  soutenait  à  peine  :  ah!  mailame,  dit-elle  i  U  fa- 
tale amie,  vous  m'avez  [lenliio,  vous  uie  donnez  la 
mort,  ID.  ib.  19.  Il  Le  coup  fatal,  le  coup  qui  donna 
la  mort.  ||  5"  Terme  de  commerce,  lerme  fa'jil,  le 
terme  après  lequel  tout  délai  expire. 

—  HEM.  Fatal  n'a  point  de  pluriel.  L'oreille  re- 
pousse aujourd'hui  falaux,  qui  se  disait  au  xvi*  siè- 
cle, et  la  grammaire  repousse /'a/aJî.  Doursault  s'est 
moqué  de  coite  contradiction  :  Ces  bras  te  devien- 
dront ou  fatals  ou  fataux,  bol'rsault,  Merc.  galant. 
IV,  7.  Et  Voltaire  à  sa  suite  :  S'ils  n'insèrent  pas  dans 
l'ouvrage  les  cartons  ncce.ssaires,  je  demanderai  net 
la  saisie  des  exemplaires  fataux  ou  fatals,  volt. 
Lell.  d'Argental,  9  avril  (703.  Cependant  des  écri- 
vains n'ont  pas  été  découragés  par  cet  arrêt,  et  ont 
dit  fatals,  qui  est  en  eflét  la  forme  la  moins  dés- 
agréable, et  que  l'Académie  inscrit  en  disant  qu'il  est 
peu  usité L'ambilion,  l'amour.  Par  de  fatals  ex- 
cès ont  troublé  cette  cour,  ducis,  llamtel,  m,  2. 
Leurs  États  l'un  par  l'autre  avec  soin  limités  Furent 
des  lots  fatals  trop  tôt  ensanglantés,  leherc.  Fré- 
dég.  et  Dr.  iv,  (. 

—  SYN.  fatal,  fdneste.  Étymologiquement,  fa- 
tal exprime  ce  qui  est  réglé  par  l'irrévocable  destin  ; 
funeste,  ce  qui  est  funéraire,  funèbre.  Ce  n'est  donc 
que  secondairement  que  fatal  a  le  sens  de  funeste, 
et  alors  il  s'en  distingue  parce  qu'il  porte  toujours 
en  soi  l'idée  de  la  fatalité. 

—  HIST.  XVI'  s.  Comme  les  lieux  sont  fataux, 
d'aub.  Foen.  m,  7.  Les  ans  climateriques  serolcnt 
fataux,  pontus  de  tyart,  Disc,  du  temps,  ('  32, 
dans  LACURNE.  Le  jour  de  la  Pentecoste  fut  deux  fois 
fatal  au  roy  Henri  111,  eleu  roi  de  Pologne  ce  jour- 
là  en  1673,  et  devenu  roi  de  F':ance  le  mesmejour, 
PASQUIF.R,  Lettres,  t.  i,.p.  37). 

—  ETYM.  Lat.  fatalis,  de  fatum,  destin,  propre- 
ment ce  qui  est  dit,  prononcé ,  de  fari,  dire  (voy, 
fablf.). 

FATALEJMENT  (fa-ta-le-man),  adv.  ||  1°  Par  une 
destinée  inévitable.  Premièrement,  il  doit  voir  au 
temple  ou  à  la  promenade,  ou  dans  quelque  céré- 
monie publique,  la  personne  dont  il  devient  amou-  • 
leux  ;  ou  bien  être  conduit  fatalement  chez  elle  par 
un  parent  ou  un  ami,  mol.  Préc.  5.  Scapin  :  Que 
voulez-vous?  il  y  a  été  poussé  par  sa  destinée.  — Ar- 
gante  :  Ahl  ahl  voici  une  raison  la  plus  belle  du 
monde  ;  on  n'a  qu'à  commettre  tous  les  crimes  ima- 
ginables, et  dire,  pour  excuse,  qu'on  y  a  été  poussé 
par  sa  destinée.  — Scapin  :  Mon  Dieu  !  vous  prenez 
mes  jiaroles  trop  en  philosophe;  je  veux  dire  qu'il 
s'est  trouvé  fatalement  engagé  dans  cette  affaire, 
ID.  Scapin,  I,  6.  Orné  fatalement  des  dépouilles  de 
Troie,  Le  tyran  aveuglé  se  livre  à  son  destin,  le- 
MERC.  Electre,  v,  3.  ||  2"  Par  un  malheur  extraordi- 
naire. Cela  est  arrivé  fatalement. 

—  HISÏ.  xvi*  s.  Comme  si  la  destinée  avoit  fatale- 
ment attaché  la  victoire  à  ses  membres,  mont.  1, 16. 

—  ETYM.  Fatale,  et  le  aulfixe  meut. 
FATALISME    (fa-ta-li-sm),    s.  m.  Doctrine  qui 

attribue  tout  à  la  fatalité,  et  ne  lais.se  rien  au  libre 
arbitre.  Â  peine  Lesbnitz  eut-il  proposé  son  système 
rédigé  depuis  dans  la  Théodicée ,  que  mille  voix 
crièrent  qu  il  introduisait  le  fatalisme,  renversait  la 
créance  de  la  chute  de  l'homme,  qu'il  détruis-ait 
les  fondements  de  la  religion  chrétienne,  volt. 
Ode  12,  note.  Si  malheureusement  le  fatalisme  était 
vrai,  je  ne  voudrais  pas  d'une  vérité  si  cruelle,  id. 
Lett.  Ilelrétius,  Il  sept.  (739. 

—  ETYM.  Fatal. 

FATALISTE  (fa  ta-li-sf),  s.  m.  ||  l'  Celui  qui  croit 
au  fatalisme.  Si  Dieu  est  libre,  comme  les  falalistes 
même  doivent  l'avouer,  pourquoi  Dieu  ne  pourra- 
t-il  pas  communiquer  à  l'homme  un  peu  de  cette 
liberté?  volt.  Lett.  prince  de  Pnisse,  *<i.\\i'  Adj. 
Un  esprit  fataliste.  Système  fataliste. 

—  ETYM.  Fatal. 

FATALITÉ  (fa-ta-li-té),  s.  f  \\  1'  Enchaînement 
des  choses  fatales,  de  ce  qui  est  réglé  par  le  destin. 
Mais  il  [un  songe]  passe  dans  Home  avec  autorité 
Pour  fidèle  miioir  de  la  fatalité,  corn.  Poty.  1,  3. 
Mais  comme  il  est,  seigneur,  de  la  faUlité  Que 
l'aigreur  soit  mêlée  à  la  félicité,  id.  Pomp.  v,  5. 
Il  faut  encore  qu'il  [AIcxandre|  se  trouve  dans  tous 
nos  panégvriques;  et  il  semble  par  une  espèce  de 
fatalité  glorieuse  à  ce  conquérant  qu'aucun  prince 
ne  puisse  recevoir  de  louanges  ([u'il  ne  les  par'^ge, 
BOSs.  Louis  de  Bourb.  Ces  péchés  des  autres,  par 
une  fatalité  inévitable,  sont  devenus  vos  propres 
péchés,  bourdal.  Sur  lescandale,  f  avent,  p.  H4. 


1624 


FAT 


Fallut-il  excuser  les  égarements  de  son  cœur  sur  la 
fatalité  de  l'âge?  mass.  Or.  fun.  Villars.  Le  dogme 
de  la  prédestination  absolue  et  de  la  fatalité  qui 
semble  aujourd  bui  caractériser  le  mahométanisme, 
était  l'opinion  de  toute  l'antiquité,  VOLT.  Mœurs,  7. 
Si  quelque  chose  justifie  ceux  qui  croient  une  fata- 
lité à  laquelle  rien  ne  peut  se  soustraire,  c'est  cette 
suite  continuelle  de  malheurs  qui  a  poursuivi  la 
maison  de  Stuart  pendant  plus  de  trois  cents  an- 
nées, ID.  Louis  XIV,  <6.  Je  me  livre  à  ma  destinée, 
et  je  me  jette,  la  tête  la  première,  dans  l'abîme  de 
la  fatalité  qui  nous  conduit  tous,iD.  Lc«.  d'Argental, 
28août<76o.  Cette  fatalité  n'est  autre  que  vous- 
même,  LA  CHAUSSÉE  ,  Mélanide,  m,  4.  Devant  Dieu 
caché  dans  sa  fatalité  Notre  seule  science  est  notre 
humilité,  LAMART.  Joe.  vi,  233.  ||  2°  Dans  la  philoso- 
phie moderne,  la  nécessité  qui  résulte  de  la  nature 
des  choses.  Avec  le  monde  a  commencé  une  guerre 
qui  doit  finir  avec  le  monde,  et  pas  avant  :  celle  de 
l'homme  contre  la  nature,  de  l'esprit  contre  la 
matière,  de  laliberté  contre  la  fatalité,  michelet,  In- 
trod.àl'hist.universeUe,p.  ».  (|  3*Circonstances mal- 
heureuses. Que  la  fatalité  des  plus  pressants  mal- 
heurs Ne  m'aurait  pu  réduire  à  suivre  des  voleurs, 
CORN.  Œdipe,  m,  6.  Je  n'ai  imputé  la  mort  du  ver- 
tueux Calas  et  la  condamnation  de  la  famille  entière 
des  Sirven  qu'aux  cris  d'une  populace  fanatique, 
à  la  rage  qu'eut  le  capitoul  David  de  signaler  son 
faux  zèle,  à  la  fatalité  des  circonstances,  volt.  Po- 
lit, et  Uyisl.  Lelt.  à  M.  Élie  de  Beaumant.  Il  est  des 
fatalités  qui  nous  entraînent  malgré  nous,  J.  J.  rouss. 
llél.  I,  67.  Je  ne  sais,  mon  cher  maître,  par  quelle 
fatalité  je  n'ai  reçu  que  depuis  deux  jours  votre 
lettre  du  4  9  octobre,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
A%  nov.  1771. 

—  ÉTVM.  Lat.  falalitatem,  de  fatalis,  fatal. 
FATIDIQUE   (fa-ti-di-k'),  adj.   Qui  révèle  ce  que 

les  destins  ont  ordonné.  Le  trépied  fatidique,  le  tré- 
pied sur  lequel  était  placée  la  pythie  à  Delphes. 
Comme  eux  je  suis  prophète,  et  mon  bois  fatidique 
Va  faire  plus  de  bruit  que  le  trépied  delphique, 
TH.  CORN.  Berger  extravag.  iv,  7.  Los  anciens  de- 
mandèrent-ils jamais  à  l'augure  dans  quelle  con- 
trée i.  avait  reçu  le  jour,  sur  quel  chêne  reposait 

I  oiseau  fatidique  qui  leur  annonçait  une  victoire 
ou  une  défaite?  haynal,  Hist.  phil.  u,  2a.  ||  Il  ne 
s'emploie  que  dans  le  style  élevé. 

—  HIST.  xvr  s.  Telle  fut  Œnoné  etnostre  Melusine, 
Et  la  vieille  Manton,  fatidique  héroïne,  rons.  8-22. 

—  ÉTYM.  Lat.  fatidicus,de  fatum,  destin  (voy. 
fatal),  et  dicere,  dire. 

FATIGANT,    ANTE   (fa-ti-gan,    gan-f),  adj. 

II  1"  Oui  fatigue.  Travail,  exercice  fatigant.  Quel- 
ques années  avant  sa  mort,  il  avait  renoncé  à  la 
société,  qui  n'était  plus  que  fatigante  pour  lui, 
cONDOrcET,  Daniel  BernouUi.  ||  2°  Qui  demande 
une  attention  pénible.  Lecture,  étude  fatigante. 
Il  3°  Par  extension,  importun,  ennuyeux.  Conver- 
sation fatigante.  Discours  fatigants.  C'est  un  homme 
fatigant.  Un  besoin  fatigant,  un  désir  furieux  De 
sortir  de  moi-même  et  de  voir  d'autres  cieux,  nu- 
cis,  Abu  far,  u,  7. 

—  REM.  On  remarquera  que  l'orthographe  distin- 
gue l'adjectif  fatigant  du  participe  fatiguant,  bien 
que  ce  soit  le  même  mot. 

FATIGUE  (fa-ti-gh'),  s.  f.  ||  1°  Sentiment  doulou- 
reux avec  difficulté  d'agir,  que  cause  un  travail  ex- 
cessif ou  trop  prolongé.  Être  excédé  de  fatigue.  Ma 
foi,  prenons  haleine  après  tant  de  fatigues,  mol. 
l'Ét.  m,  6.  Il  n'est  point  d'artisan  qui  n'ait  recours 
à  cet  innocent  artifice  [chanter],  et  la  plus  légère 
chanson  lui  fait  presque  oublier  toutes  ses  fatigues, 
BOLLiN,  Hist.  anc.  t.  xi,  )'•  part.  p.  2H,  dans  pou- 
gens.  Il  Homme  de  fatigue,  homme  capable  de  sup- 
porter un  travail  pénible.  ||  Cheval  de  fatigue,  celui 
qu'on  applique  aux  plus  rudes  travaux.  ||  Habit  de 
fatigue,  celui  qu'on  porte  pour  vaquer  à  ses  occu- 
pations ordinaires.il  Tomber  de  fatigue,  ne  pouvoir 
se  soutenir  sur  ses  jambes  à  cause  d'une  excessive 
fatigue.  Des  Indiens  enchaînés  et  chargés  de  vivres, 
qu'on  massacrait  à  l'instant  où  ils  tombaient  de 
fatigue ,  suivaient  cette  troupe  barbare ,  haynal 
Hist.  phil.  vn,  <2.  Il  La  fatigue  du  cheval,  de  la 
voiture,  celle  que  cause  le  mouvement  du  cheval, 
la  secousse  de  la  voiture.  ||  2°  Travail  pénible.  Fati- 
gues, peines,  maux,  j'aimais  tout  pour  leur  cause, 
TH.  CORN.  Ariane,  m,  4  Un  cœur  qu'ont  endurci  la 
fatigue  et  les  ans,  hac.  Baj.  i,  t.  On  se  fait  une  fa- 
tigue des  délices  de  votre  banquet  [de  la  commu- 
nion], MASS.  Arent,  Dispos.  On  la  voit  supporter  la 
fatigue  obstinée  Pour  laquelle  on  sent  trop  qu'elle 
n'était  point  née,  volt.  Scythes,  i,  t.\\  3°  Terme  de 
marine.  Se  dit  'Ju  travail  des  forçats  qui  sont  hors 


FAT 

du  bagne,  employés  aux  travaux  du  port.  Aller  à  U 
fatigue. 

—  ÊTYM.  Voy.  FATIGUER. 

FATIGUÉ,  ÉE  (fa-ti-ghé,  ghée),  part,  passé. 
Il  1°  Qui  est  en  proie  à  de  la  fatigue.  Vous  me  semblez 
tous  deux  fatigués  du  voyage;  Keposez-vous,  usez  du 
peu  que  nous  avons,  la  font.  Phil.  et  Bauc.  Le  vi- 
comte de  Turenne,  avec  un  petit  nombre  de  troupes 
fatiguées,  n'était  pas  en  état  de  les  arrêter  [les  Al- 
lemands], RAC.  Précis  historique.  Fatigués  de  car- 
nage et  de  sang  enivrés,  volt.  Ali.  iv,  3.  ||  Il  se  dit 
d'organes  auxquels  trop  d'exercice  cause  de  la  fa- 
tigue. Yeux  fatigués  par  la  lecture.  Je  me  sens  ce 
soir  la  poitrine  un  peu  fatiguée,  genlis.  Veillées  du 
château,  t.  I,p.  B78,  daiô  pouoens.  ||  2°  Fig.  Fatigué 
par  des  importunités.  Indocile  à  ton  joug,  fatigué  de 
ta  loi,  RAC.  Athal.  v,  6.  Et  [les  dieux]  fatigués  d'en- 
cens, jaloux  d'un  libre  hommage.  Cachés  sous  notre 
image.  Sans  tonnerre  et  sans  pompe  errant  dans 
l'univers,  gilb.  Ode  à  Monsieur.  ||  3°  Terme  d'arts. 
Tableau  fatigué,  tableau  qui,  à  force  d'être  nettoyé, 
a  perdu  quelque  chose  de  ses  demi-teintes.  ||  Ma- 
nière fatiguée,  manière  d'un  artiste  qui  obtient 
avec  beaucoup  de  travail  des  effets  qu'on  pourrait 
obtenir  à  moindres  frais.  ||  Couleur  fatiguée,  couleur 
qui,  à  force  d'être  retouchée ,  a  psrdu  sa  fraîcheur. 
Il  Voix  fatiguée,  voix  qui  a  perdu  sa  fraîcheur  pour 
le  chant,  et  qui  ne  se  produit  qu'avec  effort. 

FATIGUER  (fa-ti-ghé) ,  je  fatiguais  ,  nous  fati- 
guions, vous  fatiguiez  ;  que  je  fatigue,  que  nous 
fatiguions,  que  vous  fatiguiez,  v.  a.  \\  1°  Causer 
de  la  fatigue.  Fatiguer  un  cheval.  Fatiguer  l'en- 
nemi. Ces  ouvrages  avaient  été  achevés  sans  fa- 
tiguer les  sujets,  Boss.  Hist.  m,  3.  Des  bourreaux 
son  courage  a  fatigué  la  main,  legouvé,  Épich.  et 
Nér.  V,  8.  Il  Fig.  On  dit  qu'une  poignée  de  chrétiens 
font  suer  les  Ottomans  et  fatiguent  leur  empire, 
MONTesQ.  Lett.  pers.  t  ».  Agiter  l'Europe  pour  n'être 
pas  oisif,  serait  le  métier  d'un  intrigant  qui  fati- 
gue la  renommée  un  jour,  parce  qu'il  n'a  pas  le 
crédit  de  vivre  sur  une  administration  bienfai- 
sante, MIRABEAU,  Collection,  t.  v,  p.  3(5.  Il  2°  Cau- 
ser un  certain  malaise  comparé  à  la  fatigue.  Cette 
écriture  fatigue  les  yeux.  Ce  long  discours  lui  a 
fatigué  la  voix.  Ce  professeur  a  fatigué  l'attention 
de  ses  auditeurs.  Cette  étude  fatigue  l'esprit.  ||  Ab- 
solument. C'est  une  étude  qui  fatigue.  ||  3°  Fa- 
tiguer un  champ,  lui  faire  produire  une  même 
récolte  plus  souvent  qu'il  ne  faudrait.  ||  Terme  d'hor- 
ticulture. Fatiguer  un  arbre,  lui  laisser  trop  de 
fruits  ou  trop  de  bois.  ||  Terme  de  boulangerie.  Fa- 
tiguer les  levains,  les  prendre  trop  petits  à  pro- 
portion de  la  pâte  dans  laquelle  on  les  fait  entrer 
pour  la  faire  lever.  ||  4°  Importuner.  Ainsi  donc  mes 
bontés  vous  fatiguent  peut-être?  rac.  Bérén.  n,  4. 
Elle  m'a  fatigué  de  ce  nom  ennemi,  lo.  Brit.  iv,  3. 
Leur  prompte  servitude  a  fatigué  Tibère,  ID.  ib.  iv, 
4.  Ce  sceptre,  cet  empire....  fatiguent  souvent  leur 
triste  possesseur,  m.  Esth.  ii,  7.  Je  n'ose  fatiguer 
M.  le  duc  d'Aiguillon  de  cette  affaire  particulière  ; 
il  est  assez  occupé  de  celles  du  Nord,  volt.  Lelt. 
d'Argental,  28  juin  (773.  ||  Dans  le  style  élevé,  fa- 
tiguer le  ciel  de  ses  vœux,  de  ses  prières,  adresser 
au  ciel  des  demandes  incessantes.  [Elle]....  fatigue 
le  ciel  par  des  vœux  superflus,  corn.  Othon,  v,  6. 
Ce  fils,  je  l'obtins  en  fatiguant  le  ciel  de  vœux, 
MOL.  le  Fest.  iv,  ( .  Et  je  m'en  vais  pleurer  leurs  fa- 
veurs meurtrières  Sans  plus  les  fatiguer  d'inutiles 
prières,  rac.  Phèdre,  v,  7.  Sans  fatiguer  le  ciel  par 
des  vœux  inutiles,  mass.  Carême,  Prière  2.  ||  5°  Fa- 
milièrement. Fatiguer  une  salade,  la  retourner 
longtemps.  ||  Fatiguer  la  terre,  la  retourner  souvent. 
J'ai  dans  mon  voisinage  des  camarades  qui  fati- 
guent un  terrain  ingrat  avec  quatre  bœufs,  volt. 
Mél.  littér.  à  M.  Dupont.  ||  Racine  a  dit,  en  un  sens 
analogue,  fatiguer  la  mer.  Et  la  rame  inutile  Fati- 
gua vainement  une  mer  immobile,  rac.  Iphig.  i, 
I.  Il  Terme  d'arts.  Fatiguer  un  ouvrage,  le  retou- 
cher avec  un  soin  trop  minutieux.  Saint  Chrysos- 
tome  fatigue  son  style  à  la  manière  d'Isocrate, 
CHATEAUB.  Génie,  m,  iv,  2.  ||  Fatiguer  la  couleur, 
y  porter  à  diverses  reprises  le  pinceau ,  de  sorte 
que  le  coloris  perd  sa  fraîcheur  et  les  tons  leur 
franchise.  ||  6*  V.  n.  Se  donner,  éprouver  de  la 
fatigue.  Quoique  le  roi  ne  fût  pas  en  état  de  fa- 
tiguer, VAUGELAS,  Q.  C.  427.  Certain  fou  pour- 
suivait à  coups  de  pierre  un  sage,  Le  sage....  lui 
dit....  reçois  cet  écu;  Tu  fatigues  assez  pour  ga- 
gner davantage,  la  font.  Fabl.  xii,  22.  Plus  les 
troupes  fatiguaient,  plus  il  semblait  qu'elles  redou- 
blassent de  vigueur,  rac.  Siège  de  Namur.  ||  7*  Par 
extension.  Ce  support  faticue  beaucoup.  Une  poutre  1 
qui  fatiguait  rompit.   ||  Se  dit  d'un   vaisseau  qui,  I 


FAT 

violemment  tourmenté  par  les  lames,  a  de  grands 
mouvements  de  tangage  ou  de  roulis,  et,  par  cette 
raison,  éprouve,  dans  ses  liaisons  et  dans  sa  mâ- 
ture, de  certains  désordres  qui  peuvent  avoir  de  fâ- 
cheuses conséquences  pour  leur  solidité,  jal.  ||  On 
dit  que  l'argent  fatigue ,  quand  il  est  constam- 
ment placé  à  intérêt.  Plus  notre  argent  fatigue, 
et  plus  il  nous  rapporte,  REONABn,  /ou«ur,  n,  (4. 
Il  8°  Se  fatiguer,  t>.  réft.  Ressentir  de  la  fatigue.  Je 
me  suis  fatigué  à  la  chasse.  Mes  yeux  commencent 
à  se  fatiguer.  Je  me  fatiguerais  à  te  tracer  le  cour» 
Des  outrages  cruels  qu'il  me  fait  tous  les  jours,  boil. 
Lutr.  II.  Il  On  dit  aussi  se  fatiguer  de.  On  se  fa- 
tigue même  du  plaisir. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  fatigar;  ital.  fati- 
care;  du  latin  fatigare,  d'un  radical  fat,  fass  ou 
fess  {fessus,  las,  fcUiscere,se  lasser),  et  un  suffixe 
igare,  comme  fumigare,  Ixvigare.  Igare  paraît  re- 
présenter agere,  pousser. 

FATRAS  (fa-trâ;  1'*  se  lie  :  un  fa-trâ-z  insipide), 
s.  m.  Il  1°  Amas  confus  de  choses.  Un  fatras  de  pa- 
piers, de  livres.  Le  roi  Alphonse  disait,  à  propos  du 
fatras  des  cercles  qu'avait  imaginés  l'astronomie  an- 
cienne, que,  s'il  avait  été  au  conseil  de  Dieu  quand 
il  fit  le  monde,  il  lui  aurait  donné  de  bons  conseils, 
D'ALEMB.  Lett.  au  roi  de  Prusse,  I7  août  I77i.  Par 
quel  hasard,  chevalier,  portez- vous  don»  ce  fatras  de 
lettres?  genlis.  Th.  d'éduc.  le  Méchant  par  air,  m, 
4.  |[2°  Par  extension,  amas  de  choses  fastidieuses, 
paroles  ou  écrits.  Sans  tant  de  contredits  et  d'inter- 
locutoires, Etde  fatras  et  de  grimoires.  Travaillons.... 
LA  font.  Fabl.  I,  2).  Et  se  charger  l'esprit  d'un  té- 
nébreux butin  De  tous  les  vieux  fatras  qui  traînent 
dans  les  livres,  mol.  F.  sav.  iv,  3.  Je  vois,  dans  le  fa- 
tras des  écrits  qu'il  nous  donne.  Ce  qu'étale  en  tous 
lieux  sa  pédante  personne,  m.  16.  i,  3.  Que  je  plains 
ma  fille  de  lire  tout  ce  fratras  de  bagatelles  !  sév. 
434.  Ne  réplique  point,  je  connais  ton  fatras,  Cha- 
pel.  décoiffé,  3  (dans  les  œuvres  de  boileau).  Lorsque 
je  considère  tous  ces  énormes  fatras  que  j'ai  compo- 
sés, je  suis  tenté  de  me  cacher  dessous,  et  je  demeure 
tout  honteux,  volt.  i«((.  Panckoucke,  9  juill.  1698. 
Il  accumule  cent  fatras  dans  sa  mémoire,  J.  j.  rouss. 
Ém.  II.  Il  Absolument.  Le  fatras,  le  style  confus  et 
insipide.  Son  style  est  clair  et  vigoureux;  il  dit 
beaucoup  en  peu  de  mots;  c'est  le  grand  ennemi 
du  fatras,  volt.  Lett.  Lacombe,  juin  I770.  Je  déteste 
le  fatras  et  le  petit,  et  tout  ce  que  je  vois  ailleurs 
est  petit  et  fatras,  id.  Lett.  St-Lambert,  4  avr.  4  76». 

—  HIST.  XV'  s.  Et  estoit  cela  [des  sirènes  qui  je- 
taient vin  et  lait]  très-bien  fait,  et  le  regarda leroy, 
et  cousterent  ces  mirelifiques  et  fatras  beaucoup 
d'argent,  Chron.  normande,  viriville  ,  ch.  f>8. 
Il  xvi'  s.  Qu'ils  prouvent  en  premier  lieu  que  les 
apostres  ont  establi  le  quaresme  et  beaucoup  de 
menus  fatras  et  abus,  calv.  Instit.  97.  Vous  parle- 
rez de  bastine  de  cheval  et  de  telz  fatras,  tant 
comme  vous  vouidrez,  mais  je  vous  dis  à  certes  que 
Cyrus  a  esté  occis  de  ceste  miene  main  et  non  d'au- 
tre, AMYOT,  Artax.  4  9.  Des  Lancclots  du  Lac,  des 
Amadis,  des  Huons  de  Bordeaux  et  tel  fatras  de  li- 
vres à  quoy  l'enfance  s'amuse,  je  n'en  cognoissois 
pas  seulement  le  nom,  mont,  i,  4  96. 

—  ÉTYM.  D'après  Ménage,  approuvé  par  Diez,  fa- 
tras est  pour  fartas,  du  latin  fictif  fartaceus ,  de 
fartus,  farci.  Cette  hypothèse,  n'étant  pas  appuyée 
par  des  formes  dans  l'historique,  reste  douteuse, 
d'autant  qu'on  a  un  exemple  de  fcUrasie  écrit  fas- 
trasie  ;  cette  s  complique  la  question. 

•f  FATRASIE  (fa-tra-zie),  s.  f.  Nom  donné  dan» 
le  moyen  âge  ides  pièces  de  vers,  sans  raison,  am- 
phigouriques. 

—  HIST.  im*  s.  Une  grant  trufe,  une  falourde. 
Une  fastrasie,  une  bourde,  dd  cange,  faliita. 

—  ÉTYM.  Fatras. 

t  FATRASSER  (fa-tra-sé),  v.  n.  S'occuper  à  des 
niaiseries. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fatrasser,  onDm,  Dict. 

—  ÉTYM.  Fatras;  géne\.se  fatrasser,  s'accoutrer, 
s'affubler. 

t  FATRASSERIE  (fa-tra-se-rie),  s.  f  Recueil  de 
fatras  et  d'inutilités;  ouvrage  de  celui  qui  fatrasse; 
action  de  fatrasser. 

—  hist.  xvr  s.  De  quoy  donc,  dil-il,  servent  tant 
de  fatrasseryes  de  papiers?  rab.  Pant.  u,  40. 

t  FATRASSEUR  (fa-tra-seur),  *.  m.  Synonyme  de 
fatrassier. 

—  hist.  xvi*  s.  Fatrasseur,  monet,  Dict. 
tFATR.VSSIER(fa-tra-sié),«.m.  Celui  qui  fatrasse. 
— HIST.  XVI»  s.  Fatrassier,  cotoravk. 
FATUAIRE  (fa-tu-ê-r'),  s.  m.  Terme  d'antiquité 

Enthousiaste  qui  secroyaitinspiré,  et  annonçait  les 
choses  future».  ' 


FAU 

—  ÉTTM.  Lat.  fatuari,  être  saisi  d'un  délire  pro- 
phétique. 

t  FATPISME  (fa-tu-i-sm'),  s.  m.  H  1°  Habitude  de 
fatuité.  Voilfi  un  établissement  nouveau  qui  ne  sera 
point  ■\  la  charge  du  public,  mais  bien  à  l'extirpa- 
tion du  fatuisme,  CHAULIKU,  Lett.  au  chcv.de  Bouil- 
lon. Il  2°  Fatuisme,  fatuité,  termes  employés  quel- 
quefois par  les  alicnisteo  pour  désigner  la  clémence. 

—  ÊTYM.  Fat. 

FATOITÊ  (fa-tu-i-té),  s.  f.  \\  l"  Sottise  accompa- 
gnée d'une  bonne  opinion  de  soi-même,  qui  fait 
prendre  ridiculement  l'air,  les  manières  et  les  pré- 
tentions du  mérite N'en  voit-on  pas  sans  cesse 

Oui  jusqu'à  quarante  ans  gardent  l'air  éventé  Et 
sont  les  vétérans  de  la  fatuité?  gresset,  nichant,  i, 
4.  La  fatuité  dédommage  du  défaut  de  cœur,  vau- 
VEN.  Max.  547.  En  général,  la  fatuité  des  musiciens 
est  de  croire  ne  rien  devoir  à  leur  poète  ;  et  Grétrj, 
avec  de  l'esprit,  a  eu  cettesottise  au  suprfime  degré, 
MARMONTEL,  Mém.  IX.  |1  II  so  dit  aussi  du  genre  de 
fatuité  que  donnent  quelquefois  les  succès  auprès 
des  femmes.  Les  hommes  qui  ont  eu  d'éclatants 
succès  auprès  des  femmes,  lorsqu'ils  ont  s\x  se  pré- 
servîrde  la  fatuité....  genlis,  Mlle  de  la  Fayette,  p. 
(58,  dans  POUGENS.  Il  2°  Propos  ou  actes  imperti- 
nents. Il  a  dit  une  grande  fatuité.  Un  voluptueux 
de  Rome  se  faisant  rapporter  du  bain  dans  une 
chaise  demandait:  Suis-je  assis?  c'est  à  peu  près 
comme  celui  qui,  étant  à  la  chasse,  demandait  à 
ses  gens  s'il  avait  du  plaisir  :  ce  sont  des  fatuités 
des  grands  qu'il  est  Don  de  remarquer,  nicole, 
dans  Dict.  de  Trévoux,  Fatuité.  Les  rieurs  sont 
pour  lui  ;  il  n'y  a  sorte  de  fatuités  qu'on  ne  lui  passe, 
LA  BRUY.  V.  Il  3°  Terme  d'aliénistes.  Folie.  ||  Il  a  été 
employé  jadis  en  ce  sens,  comme  on  le  voit  par  cet 
exemple  historique  :  Philippe  le  Bel  répondit  à  Bo- 
niface  [VIII]  :  Que  Votre  très-grande  Fatuité  sache 
que  nous  ne  sommes  soumis  à  personne  pour  le  tem- 
porel, VOLT.  Moeurs,  65. 

—  HiST.  XIV'  s.  Que  l'ire  des  pères  fsénateursj  se 
combatist  contre  la  fatuité  [foliel  du  pueple,  ber- 
CHEURE,  f°  47,  veTso.  On  demanda  à  icellui  Jehan 
pourquoi  il  s'estoit  ainsi  laissé  cheoir  en  la  rivière  ; 
le  quel,  plein  de  fatuité  ou  de  maladie  qu'il  avoit, 
respondit  que  ilz  avoient  fait  grant  pecbié  de  l'en 
tirer  hors,  du  cange,  fatuus. 

—  ETYM.  Provenç,  fatuitat;  espagn.  fatuidad  ; 
ital.  fatuitd;  du  latin  fatuitatem,  de  fatuus,  sot 
(voy.  FAT  et  fade). 

f  FAU  (fô),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires  du  h6tre. 

—  HIST.  xm*  s.  Berte  fu  ens  el  bois  assise  sous 
un  fo,  Berte,  p.  48. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fawe,  faw;  génev./eu;  provenç. 
fau;  du  latin  fagus;  grec,  qjYifi;  (voy.  pouteal'). 

f  FADBERDER  (fô-bèr-dé) ,  «.  a.  Voy.  fauberter. 

I  FAUBERT  (fô-bêr),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Balai  de  fils  de  carret  emmanchés  à  un  bâton  ou 
seulement  liés  en  faisceau  et  maniés  au  moyen 
d'une  poignée  en  corde  ;  il  sert  à  laver  et  à  éponger 
le  pont  du  navire,  jal. 

—  ÉTYM.  Norra.  faubert,  lavette,  chiffon  à  laver 
la  vaisselle;  du  holl.  twabber,  faubert. 

t  FAUBERTER  (fô-bèr-té),  V.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Nettoyer  avec  le  faubert. 

f  FAUBERTEUR  (fô-bèr-teur),  î.  m.  Terme  de 
marine.  Celui  qui  fauberte. 

FAUBOURG  (fô-bour;  le  g  ne  se  prononce  jamais: 
un  fù-bour  étendu;  Chifflet,  Gramm.  p.  213,  le  re- 
marque aussi  pour  le  xvii*  siècle  ;  au  pluriel,  l's 
ne  se  lie  pas  :  des  fô-bour  étendus;  cependant  quel- 
ques-uns la  lient:  des  fô-bour-z  étendus),  s.  m. 
il  1"  Quartier  d'une  ville  situé  en  dehors  de  son 
enceinte.  Tout  est  en  feu  jusque  sur  les  bords  de  la 
rivière  d'Oise;  nous  pouvons  voir  de  nos  faubourgs 
la  fumée  des  villages  qu'ils  [les  ennemis]  nous  brû- 
lent, voit,  l.rtt.  74.  Il  La  ville  et  les  faubourgs,  tout 
le  monde.  J'aurai  pour  confidents  la  ville  et  les  fau- 
bourgs, DESTDUCHES,  Phil.  marié,  i,  2.  ||  Assembler 
la  ville  et  les  faubourgs,  exciter  un  grand  concours 
de  monde.  ||  Fig.  Le  dehors.  Il  [Lassay]  n'y  fut  [à  la 
cour]  jamais  que  des  faubourgs,  st-sim.  33,  (32. 
Il  2"  Dans  certaines  grandes  villes,  quartier  qui  pri- 
mitivement était  un  des  faubourgs.  A  Paris,  le  fau- 
bourg Saint-Antoine,  le  faubourg  Saint-Germain. 
11  entra  [à  Paris]  par  le  faubourg  Saint-Marceau  et 
crut  être  dans  le  plus  vilain  village  de  la  Westphalie, 
voi.T.  Candide,  22.  Ces  faubourgs  aujourd'hui  si 
pompeux  et  si  grands,  Que  la  main  de  la  paix  tient 
îuverts  en  tous  temps,  D'une  imniense  cité  superbes 
avenues,  Où  nos  palais  dorés  se  perdent  dans  les 
nues.  Étaient  de  longs  hameaux  de  remparts  entou- 
rés, Par  un  fossé  profond  de  Paris  séparés,  m. 
Henr.  ïi.  Il  Autrefois  à  Paris,   quand  on  disait  le 

DICT.    D5   LA   LANGUF     FRANÇAISE.      ' 


FAU 

faubourg,  cela  voulait  dire  le  faubourg  Saint-Ger- 
main. Aujourd'hui  le  faubourg  Saint-Germain  se 
nomme  quelquefois  le  noble  faubourg,  parce  que 
beaucoup  de  familles  appartenant  à  la  noblesse  y 
ont  des  hôtels.  ||  Dans  Mme  de  Sévigné,  le  faubourg 
est  ordinairement  le  faubourg  Saint-Jacques,  où  se 
retiraient  les  gens  dans  la  dévotion ,  les  jansé- 
nistes, etc.  Il  3°  La  population  des  faubourgs  de  Pa- 
ris. Soulever  les  faubourgs. 

—  HIST.  XIII*  s.  A  toz  cens  qui  justice  et  juridic- 
tion ont  dedens  la  ville  et  dedens  les  forbourgs  de 
Paris,  Liv.  des  met.  2,  Il  revint  en  fourbourc  d'Isle 
[à  Laon],  liibl.  des  chartes,  2'  série,  t.  m,  p.  4a5. 
Il  XIV*  s.  One  les  maisons  des  horsboros  soient  aba- 
tues,  DU  CANGE,  fnrisbarium.  \\  xv*  s.  Les  Anglois 
Tinrent  loger  es  faubourgs  de  Rennes,  froiss.  n, 
II,  73.  Prenez  les  champs  ou  les  faulbourgs  [choi- 
sissez, décidez],  CH.  d'orl.  Chans.  91 .  ||  xvi'  s.  Pen- 
dant que  nous  n'en  sommes  qu'aux  faubourgs  [do 
la  vieillesse],  mont,  m,  380.  Le  feu  s'avance  peu  à 
peu,  et  a  desjà  consumé  les  fauxbourgs  de  la  clires- 
tienté,  LANODK,  383.  Les  Fidenates  coururent  et 
fourragèrent  les  premiers  son  pais  jusques  aux 
faulxbourgs  de  Rome,  amyot,  Som.  37.  Faubourgs 
sont  toutes  les  maisons  hors  l'enceinte  de  la  ville, 
PASQniER,  Recherches,  p.  «58,  dans  lacurne.  Il  se 
vint  heurter  contre  la  ville,  presque  aux  fauxbourgs 
de  l'hiver  [à  l'entrée  de  l'hiver],  id.  Lettres,  t.  i, 
p.  42.  Jardin  aux  fauxbourgs  vault  cent  sols  au  re- 
bours, cotgrave. 

—  ÉTYM.  Picard,  forbou,  forbourg;  bourguig. 
faubor;  wallon,  fdborg;  bas-lat.  forts  burgum;  de 
foris,  hors,  et  burgus,  bourg.  Cette  étymologie  est 
certaine  pour  toutes  les  formes  où  l'r  se  trouve  : 
forborc,  horsborc,  forbou,  etc.  Mais  faut-il  aussi  y 
rattacher  fauxbowg,  faubourg ,  fdborg  ?  Si  on  con- 
sidère ces  textes,  on  voit  que  fauxhourg  est  relati- 
vement récent;  et  dans  le  bas-latin  même,  du  Cange 
ne  cite  falsus  burgus  que  dans  une  pièce  de  (380; 
sans  doute  on  peut  concevoir  que  des  fors-bourgs 
aient  été  aussi  appelés  des  faux  bourgs,  des  bourgs 
faux;  cependant,  tant  qu'on  n'aura  pas  apporté  des 
textes  anciens  qui  donnent  faux  bourgs,  il  vaudra 
mieux  croire  que  faubourg  est  une  altération  de 
forbourg,  prononcé  fùbourg  (le  parler  vulgaire  ayant 
quelquefois  supprimé  l'r),  puis  finalement  pris  pour 
faux  bourg. 

t  FAUBOURIEN,  lENNE  (f«-bou-riin,  riê-n'),  adj. 
Terme  populaire.  Oui  appartient,  qui  a  rapport  aux 
faubourgs  ou  à  ses  habitants.  Des  manières  faubou- 
riennes. Il  S.  m.  Se  dit  des  habitants  des  faubourgs 
de  Paris. 

—  ÉTYM.  Faubourg. 

j  FAUCARD  (fù-kar),  s.  m.  Terme  de  ponts  et 
chaussées.  Instrument  pour  couper  les  herbes  qui 
croissent  dans  les  canaux. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  fauchard. 

t  FAUCARDER  (fô-kar-dé),  V.  a.  Terme  de  ponts 
et  chaussées.  Couper  les  herbes  dans  l'eau  avec  le 
faucard. 

t  FAUCET  (f(5-sè) ,  s.  m.  Orthographe  (jue  quel- 
ques auteurs  suivent  pour  fausset  (. 

FAUCHAGE  (fô-cha-j'),  s.  m.  Action  de  faucher; 
travail  du  faucheur.  Le  fauchage  d'un  pré. 

—  HIST.  xv°  s.  Et  aveuc  ce  demourroit  et  debvoit 
demeurer  l'erbage  et  faucage  au  droit  des  dits  com- 
plaingnans,  nu  cange,  falcatura. 

—  ÉTYM.  Faucher. 

FAUCHAISON  (fô-chê-zon),  s.  f.  ||  1°  Temps  où 
l'on  fauche.  Il  est  vrai  que,  pendant  la  fauchaison, 
la  moisson  et  les  vendanges,  ils  gagnent  pour  l'or- 
dinaire d'assez  bonnes  journées,  vauban,  Dlme, 
p.  96.  Il  Divertissement  après  le  fauchage.  ||  2°  Opé- 
ration qui  consiste  à  couper  les  récoltes  avec  la  faux. 

—  HIST.  XVI' s Pour  la  grande  abondance  de 

foin  exquis  que  <lonne  la  luzemiere  en  plusieurs  et 
diverses  fauchesons,  o.  de  sebres,  273. 

—  ÉTYM.  Faucher. 

I  FAUCHARD  (fô-char),  s.  m. Terme  d'horticulture. 
Serpe  à  deux  tranchants,  garnie  d'un  long  manche. 

—  ÊTYM.  Dérivé  (le  faux,  s.  f. 

FAUCHE  (fô-ch'),  s.  f.  Le  produit  du  fauchage. 
La  fauche  a  été. bonne.  ||  Il  se  dit  aussi  du  temps  où 
l'on  fauche.  La  fauche  est  prochaine. 

—  iiîST.  xvi'  s.  Si  devant  le  dit  jour  Saint  Pierre 
iceux  prez  sont  fauchez,  la  ditte  fauche  faite,  et  les 
foins  charriés....  Coust.  génér.  t.  i,   dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Voy.  faucber. 

FAUCHfi,  ÉE  (fô-ché,  chée),  part,  passé.  Un  pré 
fauché.  Il  Fig.  Tant  de  générations  fauchées  par  le 
temps. 

FAUCltftE  (fô-chée),  s.  f  Ce  qu'un  faucheur  peut 
couper  de  foin  par  jour  ou  sans  affiler  sa  faux. 


FAU 


1625 


—  HIST.  xiv  S.  Fauchiée  de  prey,  du  cange.  fau- 
cheia.  ||  xvi'  s.  Un  prey  contenant  douze  faulcyes, 
ID.  falcata. 

—  ÉTYM.  Fauché. 

FAUCHER  (m-ché),  V.  a.  \\  1°  Couper  les  foins, 
la  moisson  avec  la  faux.  Faucher  l'herbe.  Il  faut 
que  le  pré  soit  fauché  demain.  Si  par  la  crainte  da 
ce  mal  [le  mal  mêlé  au  bien]  on  voulait  fiter  le 
bien,  on  renverserait  tout,  et  on  ferait  aussi  ma! 
que  celui  qui,  voulant  faucher  l'ivraie,  emporterait 
le  bon  grain  avec  elle,  boss.  lett.  ahb.  50.  ||  Abso- 
lument. On  pourra  bientôt  faucher.  ||  Faucher  le 
grand  pré,  ramer  aux  galères.  Je  vous  trouverai 
trop  heureux,  si  l'on  ne  vous  condamne  qu'à  fau- 
cher le  grand  pré,  lesaoe,  Gil  Bios,  li,  5.  ||  Fig.  La 
mort,  le  temps  fauche  tout,  elle  anéantit  tout. 
L'homme  de  Waterloo  nous  dira-t-il  sa  vie  Et  ce 
qu'il  a  fauché  du  troupeau  des  humains?  a.  diî 
MUSSET,  Poésies  nouvelles,  Suit  de  mai.  ||  En  un 
sens  figuré.  Faucher  les  abus,  les  préjugés.  1|  2°  V. 
n.  Terme  de  manège.  On  dit  d'un  cheval  qu'il  fau- 
che, lorsqu'on  avançant  une  des  jambes  de  devant, 
il  lui  fait  décrire  un  demi-cercle.  C'est  au  trot  qu'on 
s'aperçoit  si  un  cheval  fauche.  ||  Se  dit  aussi  do 
l'homme  dont  la  marche  s'exécute  en  décrivant  le 
même  mouvement.  Marcher  en  fauchant.  ||  3°  Il  se 
dit  de  la  manière  de  tisser  qui,  en  avançant  beau- 
coup l'ouvrage,  laisse  la  trame  peu  serrée  et  rend 
l'étoffe  inégale,  molle  et  lâche. 

—  HIST.  XII'  s.  Il  [les  guerriers]  fauchent  et  aba- 
tent  Com  vilain  enessart....Vai.  xix.  ||  xiii'  s.  Li  feins 
[foin]  qui  tous  est  séchiez,  puisqu'il  est  fauchiez. 
Psautier,  f"  (20.  ||xiv°s.  Et  Bauduins  li  bers  ne 
s'i  est  alentis;  Einsi  c'en  fauque  blez  ou  temps  qu'il 
est  muriz,  Fiert  les  pies  du  cheval,  si  l'en  a  deus  jus 
mis,  Baud.  de  Seb.  viii,  352.  ||  xn*  s.  Faulchez  le 
pré  en  la  saison,  l'herbe  y  reviendra  plus  drue, 

RAB.  V,  7. 

—  ÉTYM.  Faux,  s.  f. 

t  FAUCHÈRE  (fô-chê-r"),  s.  f.  Tringle  de  bois  qui, 
pour  les  mulets  de  charge,  tient  lieu  de  croupière. 

FAUCHET  (fô-ché),  s.  m.  ||1°  Teime  rural.  Râ- 
teau armé  de  dents  de  bois,  de  chaque  côté,  qui 
sert  à  rassembler  l'herbe.  ||  Râteau  pour  remuer  de 
temps  en  temps  la  pâte  du  carton  dans  la  cuve. 
Il  2°  Terme  de  forestier.  Espèce  de  petite  serpe  en 
forme  de  croissant,  qui  sert  à  faire  des  fagots. 
Il  3°  Nom  d'un  oiseau  ,  le  bec  -  en  -  ciseaux  ou 
pinson. 

—  HIST.  XV*  s.  Un  fauquet  ou  raverlon  en  façon 
de  serpe  enmanché  en  un  long  baston,  nu  cange, 
falcetus.  Fauchetz  ou  boignetz  desquels  icelles  fem- 
mes amassoient  les  avoines,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faux,  s.  f.  ;  ital.  falceto. 

t  FAUCHETTE  (fù-chê-f),  s.  f.  Terme  d'horticul- 
ture. Instrument  pour  couper  les  côtés  des  arbustes 
qui  bordent  les  plates-bandes. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faux,  s.  f. 

(.  FAUCHEUR  (fÔ-cheur),  s.  m.  Ouvrier  qui  fau- 
che les  foins,  les  avoines.  Quelque  temps  après,  il 
vint  des  faucheurs  qui  coupèrent  Therbe  d'un  pré 
rempli  de  fleure  qui  convenaient  à  ces  demoiselles 
[les  abeilles]  ;  elles  allèrent  en  corps  d'armée  dé- 
fendre leur  pré,  et  mirent  les  faucheurs  en  fuite, 
volt.  Lett.  Mme  du  DelJant,  20  sept.  (769.  ||  Lu 
Pologne,  soldats  ou  paysans  armés  qui  combattent 
avec  des  faux.  ||  Fig.  Qu'as-tu  fait  pour  mourir,  ô 
noble  créature?...  Ah!  qui  donc  frappe  ainsi  dans 
la  mère  nature,  Et  quel  faucheur  aveugle,  affamé 
de  pâture.  Sur  les  meilleurs  de  nous  cse  porter  la 
main?  a.  de  musset.  Poésies  nouv.  à  la  Malibran. 

—  HIST.  xin*  s.  Il  chaït  jus,  quant  la  teste  ot  co- 
pce;  Fors  de  son  fuere  [fourreau]  colat  la  bone  es- 
pée  ;  L'erbe  fu  drue  ke  dessuz  fu  versée  ;  Après  Ions 
tans  l'ont  faucheor  trovée,  Girard  de  riane,v.itli, 

ap.   BECKER. 

—  ÉTYM.  Faucher:  picard,  faukeu. 

2.  FAUCHEUR  (fô-cheur)  ou  FAUCItEUX  (fS- 
cheil),  s.  m.  Terme  d'histoire  naturelle.  Nom  d'une 
araignée  des  champs,  dont  les  jambes  sont  fort 
longues,  menues,  couvertes  de  poil. 

ÊTYM.  Ainsi  dit  parce  qu'il  semble  faucher 

en  marchant. 

I  FAUCHON  (fô-chon),  f.  m.  Instrument  pour 
couper  les  céréales. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faux,  s.  f. 

t  FAUCHOT  (fô-cho),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  buse. 

FAUCILLE  (fô-si-ir.  Il  mouillées,  et  non  fô-si-y"), 
s.  /■.  Il  1°  Instrument  qui  consiste  en  une  lame  d'acier 
courbée  en  demi-cercle ,  dentelée  et  fixée  à  une 
poignée  de  bois,  et  qui  sert  à  couper  les  tiges  des 
plantes  céréales  pour  la  récolte  des  grains.  La  mois- 

I.  —  204 


1626 


FAU 


son  de  nos  champs  lassera  nos  faucilles,  malh.  ii,  i. 
Ces  hlis  sont  miirs,  dil-il,  allez  cliez  nos  amis  Les 
prier  que  chacun  apportant  sa  faucille....  la  font. 
Fabl.  IV,  22.  Les  blés....  touffus....  Du  joyeux  mois- 
sonneur attendent  la  faucille,  A.  cuên.  Idylles, 
la  liberté.  ||  Fig.  Mettra  la  faucille  dans  la  mois- 
.son  d'autrui,  empiéter  sur  les  fonctions,  le  métier 
d'autrui.  Ne  portez  plus  la  faucille  Au  champ  qu'un 
autre  a  semé,  bébang.  Uénétr.  ||  Populairement.  On 
ditil'uno  chose  tortue  qu'elle  est  droite  comme  une 
faucille.  On  dit  de  quelqu'un  qui  fait  une  mauvaise 
action,  qu'il  va  en  paradis  droit  comme  une  fau- 
cille. Il  2"  Nom  de  plusieurs  poissons,  tels  que  le 
spare,  le  cyprin ,  le  salmone.  |]  3"  Terme  d'astro- 
nomie. Constellation  placée  à.  la  droite  du  Bouvier. 
Il  4°  Terme  dépêche.  Instrument  pour  tirer  les  pois- 
sons du  sable. 

—  HlST.  XIII'  s.  Que  chil  qui  i  soient  pour  vendre, 
un  denier  en  doivent  par  an  de  cascune  faucille, 
TAiLLiAn,  Recueil,  p.  79.  Il  mist  sa  faucille  en  au- 
trui blé,  Livre  de  jost.  p.  «2.  |l  xv  s.  Mais  on  attent 
dissimulation  Qui  leur  fera  droit  comme  une  fau- 
cille, E.  DESCH.  Poésies  mss.  f"  4  7.  ||  xvi*  s.  Il  entre- 
prit le  degast  du  pais,  sur  tout  le  bruslement  des 
bleds  aux  saisons  de  la  faucille,  n'AUB.  Hist.u,  3>t. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faux,  s.  t.;  provenç.  fau- 
cilha  ;  catal.  falsilla;  portug.  foucinha  ;  ital.  fal- 
cinola. 

t  FADCIIXKR  (fô-si-llé.  Il  mouillées),  ».  a.  Cou- 
per avec  la  faucille.  Les  blés  sont  faucilléi. 

—  HIST.  xiu*  s.  Quant  l'en  [l'on]  les  blez  faucille, 

RUTEB.  Il,   <83. 

—  ÉTYM.  Faucille. 

i  FAUCILLETTE  (fô-si-Ilè-f,  Il  mouillées),  s.  f. 
Nom  vulgaire  du  grand  martinet  ou  martinet  noir. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faucille. 
FAUCILLON  (fÔ-si-Uon,  Il  mouillées,  et  non  fô- 

si-yon),  s.  m.  \\  1°  Instrument  recourbé  en  forme 
de  faucille  pour  couper  du  menu  bois.  ||  liois  fau- 
cillon,  bois  coupé  avec  cet  instrument.  ||  2"  Terme 
de  serrurerie.  Petite  lime  qui  sert  à  évider  les  pan- 
netons des  clefs. 

—  HIST.  XIII'  s.  [Qu'ilJ  ait  serpe  et  faucillon,  Fa- 
bliaux mss.  n°  76IB,  t.  H,  P  213,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  faucille. 

FAUCON  (fô-kon),  s.  m.  \\  1°  Oiseau  de  proie  de 
l'ordre  des  rapaces.  Si  tu  voj'ais  mettre  à  la  broche 
Tous  les  jours  autant  de  faucons  Que  j'y  vois  mettre 
de  chapons,  Tu  ne  me  ferais  pas  un  semblable  re- 
proche, LA  FONT.  Fabl.  VIII,  24 .  On  connaît  l'histoire 
du  faucon  de  Henri  II,  qui,  s'étant  emporté  après 
une  canepetière  à  Fontainebleau,  fut  pris  le  lende- 
main à  Malle,  et  reconnu  à  l'anneau  qu'il  portait, 
BUFF.  Ois.  t.  I,  p.  44,  dans  pougens.  ||  Le  faucon 
pèlerin  ou  faucon  commun,  dit  vulgairement  fau- 
con. On  prend  tous  les  ans  des  faucons  pèlerins  au 
mois  de  septembre,  à  leur  passage  dans  les  Iles  ou 
sur  les  falaises  de  la  mer,  buff.  Oiseaux,  t.  ii, 
p.  26,  dans  POUGENS.  ||  Le  faucon  ésalon,  connu  sous 
le  nom  vulgaire  d'émerillon,  nom  rései-vé  pour  la 
femelle  par  certains  auteurs  qui  appellent  rochier 
le  niàle.  Il  Terme  de  fauconnerie.  Le  faucon  niais, 
celui  qui  a  été  pris,  tout  petit,  au  nid.  Le  faucon 
sor,  celui  qui  n'a  point  encore  perdu  son  premier 
plumage.  Le  faucon  antenaire,  celui  qui  est  pris  au 
printemps,  avant  la  mue.  Le  faucon  hagard,  celui 
qui  n'est  plus  sor  quand  on  le  prend  et  qui  a  mué. 
Le  faucon  tagerot  ou  tagarot,  celui  qui  vient  du 
côté  de  l'Egypte.  Le  faucon  tataret  ou  tatarot,  celui 
qui  vient  de  la  Tartarie  et  qu'on  appelle  de  haute 
maille.  ||  2"  Espftce  de  petit  canon,  qui  avait  trois 
pouces  de  diamètre  et  dont  le  boulet  pesait  une 
livre. 

—  HIST.  xi«  s.  Plus  est  isnels  [rapide]  que  nen 
est  uns  falcuns,  Ch.  de  Roi.  cxvii.  ||  xii'  s.  Faucons 
mués  pour  aler  rivoier,  Ronc.  p.  2.  ||  xiii"  s.  Or  soit 
cascuns  [chacun]  de  nous  faucons,  et  nostre  adver- 
saire soient  bruhiers  [oiseau  de  proie  vivant  de  ver- 
mine] ,  H.  nE  VALENC.  V.  Trestot  aussi  qu'on  a  be- 
soing.  Le  faucon  a  mis  sor  son  poing....  Ren. 
25908.  Quant  no  Ijarons  les  voient,  laissent  corre  à 
bandon,  Ensement  com  Ii  faus  vole  après  le  coulon, 
Ch.  d'Ant.  n,  8)5.  ||  xvi*s.  lisent  prins  en  plu- 
sieurs villes  de  Friole  tout  plein  de  providateurs 
rie  Venise,  et  ont  gaigné  deux  canons  et  quinze 
faucons  (pièces  d'artillerie] ,  Leit.  de  Louis  XII  en 

4»H,  t.  m,  p.  10,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Provenc.  falc,  falco  ;  espagn.  halcon; 
ital.  falcone.  Dans  le  provençal,  falc  est  le  nomi- 
natif du  latin  faho,  et  falcn'  le  régime  de  falcô- 
nem.  La  même  distinction  existe  dans  le  français  : 
M  faus,  au  nominatif,  et  le  fakon  au  régime;  mais 
elle  y  est  compromise  de  très-bonne  heure.  On  rat- 


FAU 

tache  le  latin  falco,  faucon,  au  latin  faix,  faux,  à 
cause  des  ongles  recourbés  en  faucille,  ou  à  cause 
des  ailes  étendues  qui  ont  la  forme  d'une  faux. 

FAUCONNEAU  (fô-ko-nô),  s.  m.  jj  1"  Jeune  fau- 
con. Il  2°  Sorte  de  canon  qui  n'avait  que  deux  pou- 
ces de  diamètre,  et  dont  le  boulet  était  de  treize  ou 
quatorze  onces.  ||  S"  Pièce  de  bois  posée  en  travers 
sur  un  engin  avec  une  poulie  à  chaque  bout. 

—  HIST.  ïvi'  s.  Couleuvrines,  faucons,  faucon- 
neaux, noms  pris  des  animaux  les  plus  ravissans, 
comme  des  sacres  et  faucons,  paré,  rr,  préf. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de /ouco». 
FAUCONNERIE  (fô-ko-ne-rie),  s.  f.  ||  l'  Art  de 

dresser  et  de  gouverner  les  faucons  et  tous  les  oi- 
seaux de  proie.  Ventre  saint  gris ,  reprit  l'homme  à 
la  plume  blanche  [Henri  IV],  piqué  de  ce  dédain 
pour  son  opinion  en  fauconnerie,  E.  bbrthet,  Ri- 
chard le  fauconnier,  §  i.  ||  Traité  composé  sur  les 
faucons  et  sur  la  châsse  à  l'oiseau.  ||  2"  La  chasse 
avec  l'oiseau  de  proie.  ||  3"  Lieu  où  l'on  nourrit  les 
faucons  et  les  oiseaux  de  proie,  ||  L'équipage  de  la 
chasse  au  faucon,  comprenant  les  fauconniers,  les 
chevaux,  les  chiens,  etc. 

—  ÉTYM.  Faucon. 

FAUCONNIER  (fô-ko-nié;  IV  ne  se  lie  jamais  ;  au 
pluriel,  Vs  se  lie  :  des  fô-ko-nié-z  intelligents),  s.  m. 
Celui  qui  dresse  et  gouverne  les  oiseaux  de  proie. 
Il  Le  grand  fauconnier,  officier  de  la  maison  du  roi, 
qui  présidait  la  fauconnerie  royale.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Monter  en  fauconnier,  monter  à  cheval  du 
côté  droit  et  du  pied  droit,  comme  les  fauconniers, 
parce  qu'ils  portent  l'oiseau  sur  le  poing  gauche. 

—  HIST.  XIV'  s.  Le  faulconnier  est  toujours  prest 
De  fuyr  après  son  faulcon,  Modus,  ^  civ.  ||  xv  s.  Or 
chiet  le  bon  homme  [le  mari]  en  vieillesse,  et  sera 
moins  prisé  que  davant;  et  sera  reboutté  lors  comme 
un  vieil  faulconnier,  qui  ne  vaut  plus  à  nul  mestier. 
Les  t6  joyes  du  mariage,  p.  409. 

—  ÉTYM.  Faucon;  provenç.  falconier;  espagn. 
/■oJconfro  ;  portug.  falconciro;  ital.  falconiere. 

FAUCONNIÈRE  (fa-ko-niê-r*) ,  s.  f.  Gibecière  des 
fauconniers,  où  ils  portent  les  menues  bardes  dont 
ils  ont  besoin.  ||  Toute  espèce  de  gibecière  séparée 
en  deux,  que  l'on  meta  l'arçon  de  la  selle  pour  por- 
ter de  menues  bardes. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'accommode  entièrement  en 
forme  de  courrier,  prend  un  chapeau  sur  sa  teste.... 
à  son  coslé  droit  pend  un  cornet,  et  au  gauche  a 
une  escarcelle  ou  faulconniere,  Merlin  Coccaie,  t.  i, 

p.  4  4  4,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Fauconnier. 

+  FAUCRE  ou  FAULCRE  (fô-kr'),  s.  m.  Pièce  de 
fer  ou  d'osier,  qu'on  plaçait  sur  le  côté  droit  des  cui- 
rasses, au  moyen  âge,  pour  tenir  la  lance  en  arrêt. 

—  ÉTYM.  Lat.  fulcrum,  appui. 

t  FAUDAGE  (fô-da-j'),  s.  m.  Action  de  fauder. 

t  FAUDER  (fô-dé),  V.  a.  Plier  en  double  une 
étoffe  de  laine  dans  sa  longueur,  en  sorte  que  les 
deux  lisières  se  touchent.  ||  Marquer  une  étoffe  avec 
de  la  soie,  après  qu'elle  a  été  corroyée. 

—  ÉTYM.  Allem.  falten,  plier. 

■f  FAUDET  (fô-dé),  s.  m.  Grille  de  bois  pour  rece- 
voir l'étoffe  à  mesure  qu'elle  se  laine. 

—  ÉTYM.  Fauder. 

t  FAUDEUR  (fô-deur),  s.  m.  Ouvrier  qui  feude 
les  étoffes. 

f  FAUFIL  (fô-fil),  s.  m.  Fil  employé  pour  aider  à 
faire  une  couture  ou  pour  empêcher  une  doublure 
de  se  déranger,  et  qui  ne  doit  pas  rester. 

—  ÉTYM.  Faux,  et  fil. 

FAUFILÉ, ÉE  (f6-fî-lé,lée),part.  passé.  ||  l' Cousu 
&  faufil.  Une  doublure  faufilée.  ||2°  Fig.  Qui  a  so- 
ciété avec.  Ces  deux  dames  sont  toujours  faufilées 
ensemble,  decailuères,  4690  (qui  dit  que  c'est  une 
locution  des  gens  de  cour).  Avec  des  voleurs  mon 
neveu  faufilé I  Ceux  qui  l'ont  dit  sont  gens  à  pendre; 
Et,  pour  le  croire,  il  faut  avoir  l'esprit  troublé,  dan- 
court,  Enf.  de  Paris,  v,  7.  Il  avait  vécu  à  Paris 
dans  le  plus  grand  monde,  et  très-faufilé  surtout 
chez  le  marquis  d'Autremont,  J.  i.  Rouss.  Conf.  v. 
Je  cessai  de  voir  les  académiciens  et  autres  gens  de 
lettres  avec  lesquels  j'étais  déjà  fSiufilé,  m.  ib.  vu. 

FAUFILER  (fô-fi-lé),  V.  a.  ||  1"  Faire  une  couture 
à  longs  points  pour  mieux  faire  ensuite  la  couture 
définitive.  Il  Absolument.  Elle  ne  sait  même  pas 
faufiler.  ||  Fig.  Introduire.  C'est  un  espion  qu'on  a 
faufilé  dans  notre  société.  ||  2'  V.  n.  Faire  société 
(par  une  métaphore  qui  compare  la  liaison  à  une 
couture  à  faufil,  c'est-à-dire  à  ce  qui  passe  entre 
deux  étoffes,  mais  n'y  doit  pas  rester  ou  n'est  pas  de 
la  même  nature).  Et  si  vous  l'ignorez,  sachez  que 
je  (liufile  Avec  ducs,  archiducs,  princes,  seigneurs, 
manjuis,  regnabb,  le  Joueur,  m.  ».  I|  9'  Se  feufller, 


FAU 

V.  rifl.  Se  lier  d'amitié  ,  d'intérêt  avec  quelque 
société.  Je  me  repentais  de  ne  m'être  pas  plus  tô' 
faufilé  avec  une  famille  si  charmante,  lesage, 
Gutm.  d'Alfar.  vi ,  4.  ||  plus  souvent ,  s'insinuer 
avec  adresse  auprès  de  quelqu'un,  dans  une  maison, 
dans  une  société.  C'est  un  homme  qui  sait  se  fau- 
filer partout.  Il  Se  glisser  à  travers.  Il  se  faufile 
dans  la  foule,  ou  !t  travers  la  foule. 

—  ÉTYM.  Faufil. 

t  FAUFILURE  (fô-fi-lu-r*),  ».  f.  Couture  à  points 
espacés.  ||  L'action  de  faufiler.  Assujettir  oar  une  fau- 
filure. 

—  HIST.  xvi'  S.  Fauflleure,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Faufiler. 

f  FAULDE  (fôl-d'),  s.  f.  Nom,  dans  le  nord,  des 
fosses  où  l'on  fait  le  charbon.  ||  Terme  de  métallur- 
gie. Aire  sur  laquelle  on  établit  les  meules  de  calci- 
nation. 

—  ÉTYM,  Provenç.  falda,  fauda,  giron;  espagn. 
falda,halda,  giron;  ital.  falda;  de  l'anc.  h.  allem. 
fait,  pli.  On  a  passé  du  sens  de  giron,  pli,  à  celui 
d'aire,  de  fosse. 

FAULX  (fô),  s.  f.  Voy.  PADX,  s.  f. 

FAUNE  (fô-n'),  s.  m.  ||  1"  Divinité  champêtre  chez 
les  Romains  ;  les  faunes  sont  figurés  avec  des 
oreilles  de  chèvre  ou  du  moins  des  oreilles  plus  gran- 
des qu'à  l'ordinaire  ;  à  l'endroit  où  finit  l'épine  du 
dos  on  voit  une  petite  queue.  ||  Au  fém.  Nymphe 
qui,  dans  les  compositions  des  arts  du  dessin,  s'al- 
lie aux  faunes,  et  qui  en  a  les  traits.  Ce  busto 
est  celui  d'une  faune.  ||  2°  Terme  de  zoologie.  Faune 
des  bois,  le  singe  mabrouk.  ||  i'  S.  f.  L'ensem- 
ble des  animaux  d'un  pays,  ainsi  dit  à  cause  que 
les  faunes  tiennent  de  l'animalité,  et  fait  du  fémi- 
nin par  analogie  avec  la  flore.  La  faune  et  la  flore 
de  la  Nouvelle-Hollande.  ||  Ouvrage  contenant  la 
description  des  animaux  d'un  pays. 

—  ÉTYM.  Voy.  FAUNUS. 

t  FAUNUS  (fô-nus'),  t.  m.  Personnage  mylftolo- 
gique  chez  les  Latins  représenté  tantôt  comme  un 
dieu  champêtre  qui  rendait  des  oracles,  tantôl 
comme  un  ancien  roi  d'Italie. 

—  ÉTYM.  Faunus,  que  les  étymologistes  latins 
rattachent  à /aiere  (signifiant  le  bon,  le  favorable), 
et  que  ceux  qui  confrontent  le  sanscrit  regardent 
comme  équivalent  du  sanscrit  pavana,  vent  (un 
dieu  du  vent).  Au  reste  favere  et  pavana  appar- 
tiennent à  une  racine  commune,  pu,  purifier. 

t  FAUPERDRIEUX  (fô-pèr-dri-eù)  ,  s.  m.  Un 
des  noms  du  busard  des  marais,  oiseau  de  proie 
qui  prend  les  perdrix  (falco  snuginosus,  L.). 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  fauperdrieux  est  quelque  peu 
de  moindre  corpulence  qu'un  milan  ;  toutes  fois 
plus  haut  enjambé,  ayant  le  bec  et  les  ongles  moins 
crochus  que  tous  les  autres  oiseaux  de  rapine,  budé, 
des  Oiseaux,  f°  4  4  8,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Fau,  faucon  (voy.  faucon),  eiperdrieux, 
adjectif  tiré  de  perdrix:  faucon  à  perdrix. 

f  FAUQUE  (fô-k'),  s.  f.  Planche  à  coulisse  pour 
diviser  en  compartiments  les  mises  du  savonnier. 
Il  S.  f.  plur.  Terme  de  pêche.  Planches  qu'on  ajuste 
à  coulisse  autour  des  bateaux  pour  empêcher  que  la 
lame  n'entre  dedans. 

FAUSSAIRE  (fô-sê-r^,  *.  m.  ||  1'  Celui  qui  fait  un 
faux  acte,  une  fausse  signature,  ou  qui  altère  un 
acte  authentique.  On  aimera  mieux  qu'un  faussaire 
[un  homme  qui  aurait  fabriqué  les  prophéties]  soit 
prophète,  qu'Isale,  ou  que  Jérémie,  ou  que  Daniel 
[le  soit],  Boss.  Ilist.  m,  4».  Ne  connaîtrais  tu  pas 
quelque  honnête  faussaire  Qui  servit  ses  amisT.... 
RAC.  Plaid.  1,  6.  Un  calendrier  universel  et  perpé- 
tuel qui  découvrit  la  fausseté  d'un  titre  qu'on  don- 
nait pour  ancien,  et  fit  condamner  les  fausisaires, 
FONTEN.  Sauveur.  11  passait  pour  le  plus  habile  faus- 
saire de  son  temps;  c'était  lui  qui  avait  fabriqué, 
sous  le  nom  de  càlixte  III,  les  bulles  qui  permet- 
taient au  comte  d'Armagnac  d'épouser  sa  sœur, 
nucLos,  Hist.  de  Louis  XI,  Œuvres,  t.  ni,  p.  27B. 
Il  Double  faussaire,  faussaire  renforcé,  faussaire 
sans  scrupule.  Kndurcis-toi  le  cœur,  sois  arabe,  coi^ 
saire.  Injuste,  violent,  sans  foi,  double  faussaire, 
boil.  Sot.  viii.  Il  Adjectivement.  Voilà  ce  qui  s'ap- 
pelle un  gros  mensonge  imprimé;  il  y  a  même, 
dans  cette  fiction,  je  ne  sais  quoi  de  faussaire  qui 
me  fait  delà  peine,  volt.  Lett.  Colini,  2(  oct.  4«7-, 
!  1'  Il  se  dit  quelquefois  pour  menteur,  trompeur. 
Ah!  mes  yeux....  Si  vous  ne  m'abusez,  si  vous 
n'êtes  faussaires.  Vous  êtes  de  mon  heur  lescruels 
adversaires,  CORK.  Clit.  I,  4.  Mais  pour  quelques 
vertus  si  pures,  si  sincères,  Combien  y  trouve-t  on 
d'impudentes  faussaires!  boil. Sa<.  i. 

—  IIIST.  xiii'  s.  Il  met  son  aversaiie  en  péril 
d'cstre  faussaires, bbadm.  xxxv,  4.  ||xivs.  La  contre- 


FAU 

façon  des  monnojes  que  les  malicieux  faussaiios 
ont  faites,  au  temps  passé,  on  coings  semblables 
aux  nostres,  Ordonn.  des  rois  de  l'r.  t.  ii,  p.  429. 
Jà  est  Feiiria  fausairez  (qui  fausse  son  serment] 
iprouvez  clerement  À  rencontre  Huon,  le  roy  ù 
Franche  apent,  Hugues  Capel,  v.  4756.  ||  xvi«  s. 
Bien  au  rebours  promet  l'éternel  aux  faussaires  De 
leur  rendre  sept  fois  et  sept  fois  leurs  salaires, 
d'al'B.  Tragiques,  m.  Cette  gent  faussaire,  id.  t'b.  iv. 

—  Ktym.  Provenç.  falsari;  espagn.  et  ital.  fal- 
sario;  du  latin  falsarius,  de  faUare  (voy.  faus- 

SEfl). 

FAUSSÉ,  ËK  (fô-sé,  sée),  part,  passé.  ||  1°  X  quoi 
on  a  manqué.  De  quels  serments  faussés  suis-je  vers 
vous  coupable?  th.  corn.  l'Inconnu,  m,  4.  Il  [Fran- 
çois I"]  avait  donné  sa  parole  à  Charles-Quint  de 
lui  remettre  la  Bourgogne;  promesse  faite  par  fai- 
blesse, faussée  par  raison,  mais  avec  honte,  volt. 
Mœurs,  (î4.  ||  2"  Rendu  faux.  La  voix  faussée. 
ll»P'K-  Jugement,  esprit  faussé.  ||  8°  Courbé  par 
quelque  violence.  La  cuirasse  faussée  par  la  force 
du  coup. 

FAUSSEMENT  (fô-se-man),  adv.  Contre  la  vé- 
rité. Et  faisant  faussement  parler  les  immortels, 
ROTR.  Antigone,  v,  6.  Cher  ami,  si  mon  père  un  jour 
désabusé  Plaint  le  malheur  d'un  fils  faussement  ac- 
cusé, BAC.  Phèdre,  v,  6. 

—  HIST.  xni"  s.  [La  vieille]  Qui  tel  dame  trahit 
faussement  [perfidement]  en  recoite,  Berte,  cxxxvi. 
Il  XV"  s.  [Les  Flamands  de  Gand]  respondirent 
qu'ils  fuyoient  comme  gens  trahis  faussement  et 
déconfits  du  comte  de  Flandre  et  de  ceux  de  Bru- 
ges, FROISS.  Il,  II,  87. 

—  ÉTYM.  Fausse,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
falsamen  ;  espagn.  et  ital.  falsamente. 

FAUSSER  (fô-sé),  c.  a.  ||  1°  Rendre  faux,  rendre 
contraire  à  la  vérité,  en  parlant  des  promesses  faites, 

de   la  foi  donnée Si  beaux....  Qu'il   faille  pour 

son  bien  que  tu  fausses  ta  foi,  Régnier,  Ép.  i.  Tu 
fausses  ton  serment  Pour  donner  à  son  crime  un 
juste  châtiment,  mairet,  Jfort  d'Asdrubal,  i,  4. 
Damon....  Ne  pouvait  se  résoudre  à  fausser  la  pro- 
messe D'être  fidèle  à  sa  moitié,  la  font.  Coupe. 
Non,  non,  n'ayez  pas  peur  Que  je  fausse  parole, 
MOL.  le  Dép.  IV,  3.  Il  Fausser  le  sens  de  la  loi,  d'un 
texte,  donner  une  fausse  interprétation  à  une  loi, 
à  un  texte.  ||  Familièrement.  Fausser  compagnie, 
proprement  être  faux,  infidèle  à  une  compagnie, 
et,  par  suite,  quitter  une  compagnie  sans  prendre 
congé,  ne  pas  se  trouver  à  un  rendez- vous.  Amis, 
moins  de  cérémonie,  Ou  bien  je  fausse  compagnie, 
SCARRON,  Yirg.  v.  Quand  je  fausse  pour  vous  com- 
pagnie à  tout  autre,  th.  cohn.  Baron  d'Albikrac, 
IV,  2.  Il  On  le  dit  aussi  pour  signifier  :  ne  pas  faire 
ce  qui  était  promis  ou  attendu.  Lorsque,  pau'  impuis- 
sance ou  par  mépris,  la  nuit  On  fausse  compa- 
gnie..., RÉGNIER,  Sot.  XI.  Il  2°  Rendre  faux,  détruire 
la  justesse.  Fausser  la  voix.  Fausser  l'esprit.  ||  3°  Ter- 
me de  jurisprudence  féodale.  Fausser  la  cour  ou  le 
jugement,  soutenir  qu'un  jugement  n'est  pas  équi- 
table. On  s'exposait  beaucoup  en  faussant  un  juge- 
ment des  pairs,  montesq.  Espr.ïxwn,  17.  ||  4°  Cour- 
ber, tordre  un  corps  solide,  de  sorte  qu'il  ne  se 
redresse  plus  de  lui-même.  Fausser  une  clef,  une 
îame.  ||  Fausser  une  serrure,  en  gâter  les  ressorts  par 
quelque  effort.  ||  Enfoncer  sans  traverser.  Les  coups 
d'épée  faussèrent  ses  armes  en  divers  endroits,  eou- 
BOURS,  Aubusson,  liv.  m,  dans  richelet.  ||  Enfoncer 
en  traversant.  La  (lèche,  faussant  la  cuirasse,  lui 
entra  bien  avant  dans  le  corps,  vaugel.  Q.  C.  ix,  5. 
Il  5°  V.  n.  Chanter  faux.  Un  aveugle  y  chante  en 
faussant  La  faridondaine,  bérang.  Farid.  ||  6°  Se 
fausser ,  v.  réfl.  Être  faussé.  Des  promesses  qui  se 
faussent,  des  serments  qui  se  violent.  {|  Devenir  faux. 
La  voix  de  cet  acteur  commence  à  se  fausser.  ||  Être 
tordu,  enfoncé.  La  lame  se  faussa  par  la  violence 
du  coup.  Il  Terme  militaire.  Ne  plus  former  une 
ligne  droite,  en  parlant  des  rangs.  Redresser  les 
rangs  qui  se  sont  faussés. 

—  HisT.  XI*  s.  Je  si  li  fais  [le  jugement],  od  li 
m'en  combatrai,  Ch.  de  Roi.  cclxxx.  ||  xii*  s.  Quar- 
rals  [carreau]  ne  lance  n'en  puet  [peut)  maille 
fausser,  Ronc.  p.  BO.  Ja  fu  tex  [tel]  jors  que  [oùj  les 
dames  amoient  De  leal  cuer,  sans  fein<lre  et  sans 
fausser,  qoesnes,  Rom.  anc.  p  .87.  Porvous  [je]  ferai 
une  tel  abaîe.  Se  nus  [nul]  i  vient  qui  ait  s'amor 
fausie,  Ja  del  moustier n'en  avéra  l'entrie  [l'entrée], 
ib.  p.  48.  Mais  tous  leur  sairemenz  [ils]  fauserentde 
legier,  Sax.  iv.  Quant  il  est  vostre  huem  liges,  il 
vus  deit  fei  porter,  E  tenir  en  tuz  lius  vostre  honur 
a  guarfier;  E  quant  il  vol'  lolir  vostre  curt  e  fauser, 
E  apele  autre  curt,  de  ço  l' poez  grever,  Th.  le  mart. 
44.  [Tu]  Ne  li  deiz  al  busuing  ne  faÛlir  ne  falser. 


FAU 

llou,  v.  447).  Il  xiii"  S.  [Ils]  ont  l'histoire  faus.sée, 
onque  mais  [je]  ne  vi  si,  Berle,  i.  Vous  avez  vostre 
convenance  faussée  envers  moy,  n.  de  valenc.xxv. 
Et  que  li  exécuteur  ne  puissent  fausser  le  testament 
dont  il  sont  exécuteur,  il  y  a  bone  reson,  reaum. 
XII,  86.  Tout  ainsi,  qui  veut  fausser  tesmoins,  il  doit 
lessier  passer  le  premier  tesmoing....  m.  lxi,  54. 
Si  un  home  viaut  fveut]  la  court  fausser,  et  dit  que 
le  jugement  ou  l'esgart  ou  la  conoissance  ou  le  re- 
cort  que  la  court  a  fait  est  faus  et  desleaument 
fait....  Ass.  de  Jér.  i,  17».  ||  xiv*  s.  Et  est  moult 
plus  à  accuser  que  ne  sont  ceulz  qui  corrompent  ou 
ialsent  la  monnoie,  oresme,  Eth.  264.  ||  xv"  s.  Le 
quel  compaignon  avait  faulsé  ou  fait  faulser  à  un 
jeune  clerc  certaines  lettres  royaulx,  du  cange,  fal- 
sare.  Ce  fut  chose  moult  estrange  à  luy  de  ainsi 
faulser  sa  foi  et  soy  ainsi  abaisser,  j.  de  troyes, 
Chron.  (472.  Judas,  plus  ne  te  celeray,  C'est  de 
Jhesu  qui  tout  fausse  Notre  loy  et  la  seue  [la  sienne] 
essauce,  la  Passion  de  AT.  S.  J.  C.  Prestement  re- 
commencèrent leurs  armes,  et  de  celle  rencontre  le 
seigneur  de  Temant  donna  si  grand  coup  qu'il 
fauça  le  bacinet  à  jour,  o.  de  la  uarche,  Mém. 
liv.  I,  p.  248,  dans  lacuhne,  au  mot  coup.  \\  xvi"  s. 
Il  r'alluma  son  courage,  et,  faulsant  la  presse,  donna 
jusques  à....  mont,  ii,  33.  Nostre  intelligence  se 
conduisant  par  la  seule  voye  de  la  parole,  celuy  qui 
la  faulse  trahit  la  société,  id.  m,  78.  L'amende  qui 
du  commun  consentement  de  nous  tous  avoit  esté 
prescripte  à  rencontre  de  celuy  qui  fausseroit  com- 
pagnie, CBOLiÈRES,  Contes,  après-dinée  4. 

—  ÉTYM.  Wall,  fâser,  faire  manquement  ;  pro- 
venç. et  portug.  falsar  ;  espag.  falsear  ;  ital.  fal- 
sare;  du  lat.  falsare,  de  falsus,  faux  l. 

i .  FAUSSET  (fô-sè  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire),  i.  m.  ||  1°  Terme  de  musique. 
Voix  de  tête,  c'est-à-dire  voix  que  prend  un  homme 
imitant  les  notes  aiguës  de  la  voix  de  femme  ou 
d'enfant,  ou,  plus  exactement,  voix  qui  se  produit 
quand  on  fait  vibrer  les  cordes  supérieures  du  la- 
rynx, ce  qui  donne  le  registre  de  tête  ou  fausset, 
tandis  que  la  vibration  des  cordes  inférieures  donne 
le  registre  de  poitrine.  La  reine  se  mit  en  colère, 
proférant  de  son  ton  de  fausset  aigre  et  élevé  ces 
propres  mots....  retz,  ii,  <22.  Chacun  voulant  par- 
ler le  premier,  et  les  femmes  plus  que  les  hommes 
avec  leur  voix  de  fausset,  scarron,  Rom.  com.  ii, 
7.  Au  tempsqu'on  était  réduit  aux  pièces  de  Hardy, 
il  jouait  en  fausset  et  sous  les  masques  les  rôles  de 
nourrice,  ID.  t6. 1,  5.  Ou  sa  façon  de  rire  et  son  tonde 
fausset  Ont-ils  de  vous  toucher  su  trouver  le  secret? 
mol.  Kis.  II,  1.  La  comtesse  s'égosille,  le  comte 
prend  son  fausset,  sÉv.  134.  L'un  traîne  en  longs 
fredons  une  voix  glapissante;  Et  l'autre,  l'appuyant 
de  son  aigre  fausset.  Semble  un  violon  faux  qui 
jure  sous  l'archet,  boil.  Sat.  m.  Je  n'ai  jamais  pu 
m'accoutumer  à  voir  les  rôles  de  César  et  d'Alexan- 
dre fredonnés  en  fausset  par  un  chapon,  volt. 
Lett.  Prince  de  Prusse,  6),  24  févr.  (764.  ||  Fami- 
lièrement. Avoir  une  voix  de  fausset,  parler  d'un 
ton  de  fausset,  se  dit  d'un  homme  fait  dont  la  voix 
est  grêle.  ||  2°  Celui  qui  a  une  voix  de  fausset.  Et 
Gorillon  la  basse  et  Grandin  le  fausset,  boil.  Lutrin, 
v.  Il  Fig.  Loin  de  ces  faussets  du  Parnasse,  Qui, 
pour  avoir  glapi  parfois  Quelque  épithalame  à  la 
glace  Dans  un  petit  monde  bourgeois ,  Ne  causent 
plus  qu'en  folles  rimes ,  Ne  vous  parlent  que  d'Apol- 
lon.... gresset,  la  Chartreuse. 

—  HIST.  xiii*.  Et  dant  Renart chante  en  fausset, 
Ren.  (3306.  N'aurai  voisin  en  sus  de  moi  Qui  bien 
n'entende  mon  fauset,  ib.  1 583.  ||  xv  s.  Il  commença 
sifleren  fausset,  froiss.  ii,  m,  90. 

—  ETYM.  Ital.  falsetto.  1.  J.  Rousseau  croit,  sans 
l'affirmer,  que  ce  mot  vient  du  latin  ^ouir, /"oucts, 
la  gorge,  et  il  propose,  en  conséquence,  de  l'é- 
crire faucet.  Mais  l'italien  falsetto  prouve  qu'il 
vient  du  latin  falsus,  cette  voix  étant  sans  doute 
ainsi  dite  parce  qu'elle  est  moins  pleine  que  la  voix 
de  poitrine. 

2.  FAUSSET  (fô-sè;  le  t  ne  se  prononce  pas;  au 
pluriel,  l'ï  se  lie  :  des  fô-sè-z  enfoncés  dans  la  pièce), 
s.  m.  Il  1°  Petite  broche  de  bois  servant  à  boucher  le 
trou  fait  avec  un  foret  i  un  tonneau.  ||  2°  Terme 
de  calligraphie.  Bec  d'une  plume  qui  se  termine 
en  pointe  très-effilée. 

—  HlST.  ivi*  s.  Il  ne  se  print  garde  qu'en  tirant 
le  vin  le  fausset  lui  échappa  dedans  le  pot,  desper. 
Contes,  XLVU.  Comment  mettre  au  tonneau  l'espine 
ou  guille,  en  France  appellée  focet,  o.  de  serres, 
832.  Assure-toy  que  tu  n'auras  argent  désormais 
que  par  le  petit  fausset,  noel  du  fail.  Contes  d'Eu- 
trav.  cb.  26,  S°  I4i,  dans  poiiGf;ris  Â  six  et  à  sept, 
tout  passe  par  un  fosset  [c'est-à-dire  la  lavernier  n'a 


FAU 


162? 


qu'une  sorte  de  vin  et  le  fait  payer  diversem»     ', 
ouniN,  Curios.  fr. 

—  .ÊTYM.  Origine  Inconnue.  On  le  trouve  écrit 
fosset,  focet;  mais  cela  n'éclaircit  rien. 

t  3.  FAUSSET  (fô-sè),  S.  m.  Fausset  du  safran, 
voy.  exostose. 

FAUSSETÉ  (fô-se-té),  t.  f.  Il  l'  Qualité  de  ce  qui 
est  faux.  El  je  connais  pou  de  vrais  biens  Dont  on 
puisse  jamais  attendre  Le  plaisir  que  me  fit  la  faus- 
seté des  miens,  chaulieu,  A  Mlle  Delaunay.  Bien- 
tôt après  on  eut  des  lettres  du  consul,  qui  mon- 
trèrent la  fausseté  do  ce  Iiruit ,  bollin  ,  llist. 
anc.  Œuvres,  t.  vm,  p.  417,  dans  pouoens.  I.a 
fausseté  d'un  acte  est  un  crime  plus  grand  que 
le  simple  mensonge;  elle  désigne  une  imposture 
juridique,  un  larcin  fait  avec  la  plume,  volt.  Dict. 
phil.  Fausseté.  C'est  ainsi  que,  pour  expliquer  la 
systole  et  la  diastole  du  cœur,  il  [Descaites)  ima- 
gina un  mouvement  et  une  conformation  dans  ce 
viscère,  dont  tous  les  anatomistcs  ont  reconnu  la 
fausseté,  volt.  Newton,  n,  9.  ||  2*  Chose  fausse.  C'est 
à  des  faussetés  sans  besoin  recourir,  corn.  Théo- 
dore, II,  5.  Je  vous  écrivis  avant-hier,  croyant  que 
ce  qui  était  répandu  du  retour  du  prince  de  Conti 
à  Versailles  fût  une  vérité;  mais  j'ai  su  que  j'ai 
mandé  une  fausseté,  qui  est  la  chose  du  monde  que 
je  hais  le  plus,  sÉv.  i"mai  1686.  Toutes  les  faus- 
setés qu'on  nous  a  débitées  sur  le  gouvernement 
des  Turcs,  dont  nous  sommes  si  voisins,  doivent 
bien  redoubler  notre  défiance  sur  l'histoire  an- 
cienne, VOLT.  Mœurs,  19l.  Ovide,  ahl  qu'à  mes 
yeux  ton  infortune  est  grande!  Non  pour  n'avoir 
pu  faire  aux  tyrans  irrités  Agréer  de  tes  vers  les 
lâches  faussetés....  A.  chén.  Ep.  1.113°  Duplicité, 
hypocrisie.  Ce  matin  encore,  elle  lui  renouvelait  en 
ma  présence  toutes  ces  protestations  ;  quelle  fausseté  I 
GENUS,  Thédt.d'éduc.  l'Intrigante,  i,  6.  ||  4"  Terme 
féodal.  Fausseté  de  jugement,  accusation  que  l'on 
portait  contre  le  juge,  d'avoir  menti  à  sa  foi. 

—  SYN.  FAUSSETÉ,  MENSONGE,  ERREUR.  FaUSSBlé 

est  le  contraire  de  la  vérité,  ce  n'est  pas  proprement 
le  mensonge,  dans  lequel  il  entre  toujours  du  des- 
sein. Il  y  a  beaucoup  de  faussetés  dans  les  histo- 
riens, des  erreurs  chez  les  philosophes,  des  men- 
songes dans  presque  tous  les  écrits  polémiques,  et 
encore  plus  dans  les  satiriques.  La  faus.seté  est  jires- 
que  toujours  encore  plus  qu'erreur.  La  fausseté 
tombe  sur  les  faits,  l'erreur  sur  les  opinions.  C'est 
une  erreur  de  croire  que  le  soleil  tourne  autour  de 
la  terre;  c'est  une  fausseté  d'avancer  que  Louis  XIV 
dicta  le  testament  de  Charles  II,  volt.  Dict.  phil. 
Fausseté. 

—  HIST.  xn'  s.  Vous  dites  faussetez,  Ronc.  p  14. 
Je  vous  pardoin  sans  nule  fauseté,  ib.  p.  192. 
Il  xiii*  s.  Ge  vodroie  morir  ainçois  Qu'amors  m'eOst 
de  fausceté  Ne  de  traïson  areté  [accusé,,  la  Rose, 
3103.  Mais  faussetez,  qui  partout  vole.  Qui  cres- 
tiens  tient  à  escole,  ruteb.  i06.  E  despire  [mépri- 
ser] la  vanité  Du  mund,  ki  n'estfors faussée,  Edouard 
le  Conf.  V.  3385.  N'est  pas  fauseté  ne  meiisunge,  t6. 
V.  3388.  Cil  qui  fait  aucune  fauseté  en  amistié  est 
deux  tens  pires  que  cil  qui  fause  or  ou  argent, 
brun.  LATiNi,  Trésor,  p.  318.  Jehan  Bretel,  vos 
faussetés  vous  fait  çou  [cela]  dire,  bien  le  sai,  Ribl. 
des  chartes,  *'  série,  t.  v,  p.  468.  ||  xiv  s.  Or  di- 
sons après  de  ceulx  qui  monstrent  vérité  et  de  ceulx 
qui  dient  ou  monstrent  falsité  en  conversation  hu- 
maine, ORESME,  Eth.  132.  Il  confessa  ladite  fausseté 
de  rasure  [rature],  du  cange,  falsare.  ||  xvi*  s.  La 
falcité  desquelles  opinions....  paré,  ix,  Préf. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fdseté;  provenç.  falsetat,  fal- 
sedat;  espagn.  falsedad;  portug.  falsidade;  ital.  fal- 
sità;  du  latin  falsitatem,  de  falsus,  faux  1.  Au  xiV 
siècle  et  au  xvi-  on  refit  le  mot  sur  le  latin,  disant 
falsité  qui  n'est  pas  resté. 

-  fFAUSSEUR  (fô-seur),  s.  m.  \\  1*  Terme  d  an- 
cienne pratique.  Celui  qui  attaquait  un  jugement 
en  taxant  les  juges  de  mauvaise  foi.  Le  faus.sour  qui 
avait  appelé  un  des  juges,  pouvait  perdre  par  le 
combat  son  procès,  montesq.  Esp.  xxvui,  33.  y  »•  Ce- 
lui qui  fausse  une  promesse,  un  serment. 

—  HIST.  XVI'  s.  Pourquoi  la  terre  ne  s'ouvrit-elle 
pour  engloutir  ce  fausseur  de  foi  î  maro.  Nouv.  lxx. 

—  ETYM.  Fausser. 

t  FAUSSUKE  (fô-su-r"),  s.  f.  Courbure  d'une 
cloche,  à  l'endroit  où  elle  commence  à  s'élargir. 

HIST.  xv*  s.  A  l'environ  de  l'estage  qui  esloit 

comme  ung  palais  tout  rond,  avoit  fenestres,  et  en- 
tour  y  avoit  ung  cercle  de  fer  de  merveilleuse  gran- 
deur; car  il  environnoit  toutes  les  fenestres,  et 
pendôit  à  tout  des  flUets  de  fer  qui  teuoient  à  la 
faulsure  de  la  tour,  Perceforest,  t.  m,  f"  «». 

—  ÉTYM.  Fausser. 


1628 


FAtJ 


FAUTK   (W-f),  ». /■.  Il  1°  Action  (le  fiiiUir,  man- 
quemoiit  contre.  Ainsi  l'homme  qui  porte  une  4me 
belle  et  haute,  Quand  seul  en  une  part  il  a  lait  une 
fauto....   MAUi.  I,   4.  Pour   autoriser  les  grandes 
fautes,   ils  ne  manquent  pas  de  grands  exemples, 
BAi.z.  De  la  cour,  T  dise.  Envers  nos  citoyens  je 
sais  quelle  est  ma  faute,  corn.  Cinna,  m,  2.  Cela  fit 
faire  une  plaisante  faute  X  cet  ami...  la  font.  Bcrc. 
Gens  trop  heureux  font  toujours  quelque  faute,  in. 
ib.  Ouo  nous  nous  pardonnons  aisément  nos  fautes 
quand  la  fortune  nous  les  pardonne  I  noss.  Heme 
d'Ànglet.  Les  plus  expérimentés  dans  les  affaires  font 
dos  fautes  capitales,  id.  ib.  X  ces  mots,  mais  trop 
tard,  reconnaissant  ma  faute,  Je  le  suis  en  trem- 
blant dans  une  chambre  haute,  boil.  Sat.  ui.  Vous 
qui  fau  confessionnal]    semblez,  en  retenant  une 
partie  de  vos  fautes,  ne  dire  l'autre  que  pour  apaiser 
les  remords  de  votre  conscience,  fléch.  Dauphine. 
Il  est  pénible  à  un  homme  fier  de  pardonner  à  ce- 
lui qui  le  surprend  en  faute  et  qui  se  plaint  de  lui 
avec  raison,  la  bhuy.  iv.  On  a  fait  de  lourdes  fau- 
tes; je  sais  bien  ce  que  je  dis,  je  suis  du  métier, 
j'ai  vu  la  guerre,  et  l'histoire  m'en  a  beaucoup  ap- 
pris, ID.  x.  Les  fautes  des  sots  sont  quelquefois  si 
lourdes  et  si  difficiles  à  prévoir,  qu'elles  mettent  les 
sages  en  défaut  et  ne  sont  utiles  qu'à  ceux  qui  les 
font,  ID.  XI.  On  ne  vit  point  assez  pour  profiter  de 
ses  fautes,  id.  ib.   Quelque  délicat  qu'on  soit  en 
amour,  on  pardonne  plus  de  fautes  que  dans  l'ami- 
tié, ID.  IV.  11  n'a  point  de  honte  de  vouloir  réparer 
ses  fautes,  fén.  Tél.  xi.  Et  c'est  la  seule  faute  où 
tomba  ce  grand  homme,  volt,  ttort  de  Ces.  u,  4. 
Une  faute  que  fit  le  prince  Eugène  délivra  le  roi  et 
la  France  de  tant  d'inquiétudes  ;  on  prétend  que 
ses  lignes  étaient  trop  étendues,  ID.  Louis  XIV,  23. 
Il  me  questionnait  de  l'air  d'un  homme  sûr  de  me 
prendre  en  faute,  et  puis  souriait  malignement,  j.  j. 
Rouss.  Conf.  x.  Ma  faute  maintenant  se  découvre  à 
mesyeux,Duas,  0(/iciio,n,<.  ||  Ce  n'est  pas  ma  faute, 
c'est-à-dire  je  n'ai  pu  y  mettre  obstacle,  prévenir  la 
chose,  elle  ne  m'estpas  imputable.  Nous  n'avons  rien 
conclu,  mais  ce  n'est  pas  ma  faute,   cohn.   Sertor. 
iv,3.  Celaflamortdu  malade]  arrive  quelquefois,  mais 
ce  n'est  pas  la  faute  de  la  médecine.  —  Il  faut  donc 
que  ce  soit  la  faute  des  médecins,  puisque  ce  n'est 
pzis  celle  de  la  médecine,  hautehoche,  Crisp.  méd. 
Il,  ).   |]  2°  Terme  de  jurisprudence.  Négligence  ou 
incurie  sans  intention  de  nuire.  ||  3°  Il  se  dit  au 
jeu  de  paume ,  quand    celui  qui  sert   ne   touche 
pas  le  premier  toit.  Deux  fautes  valent  quinze.  |{  Fig. 
Marquez  quinze,  c'est  une  faute,  se  dit  pour  faire 
apercevoir  qu'on  a  commis  quelque  faute.  ||  4°  Man- 
quement contre  un  principe,  une  règle.  Faute  d'or- 
thographe. Faute  de  style.Faute  d'impression.  Faute 
d'accord.  Il  n'y  a  pas  une  seule  faute  de  langage 
dans  la  grande  scène  de  Cinna  et  d'Emilie,  où  Cinna 
rend  compte  de  son  entrevue  avec  les  conjurés;  et  à 
peine  en  trouve-t-on  une  ou  deux  dans  cette  autre 
scène  immortelle  où  Auguste  délibère  s'il  se  démet- 
tra de  l'empire,  volt.  Dict.  phil.  Langues.  On  peut 
être  un  très-bon  auteur  avec  quelques  fautes,  mais 
non  avec  beaucoup  de  fautes,  id.  Dict.  phil.  Société 
roy.  de  Londres.   On  voit  mieux  ses  fautes  quand 
elles  sont  imprimées,  id.  Leu.  iMcombe,  7  août  (767. 
Ce  ne  sont  pas  les   grandes  fautes  des  Boyer,  des 
Danchet,  des  Pellegrin,  ces  fautes  ignorées  qu'il 
faut  relever,  mais  les   petites    fautes  des  grands 
écrivains  ;  car  ils  sont  nos  modèles,  et  il  faut  crain- 
dre de  ne  leur  re.ssembler  que  par  leurs  mauvais 
côtés,  ID.  Lett.  d'Argens,  2|  juin   (73o.   ||  Imper- 
fection dans  un  ouvrage.  Il   y   a   bien  des  fautes 
dans   cette  toile,  dans  cette   broderie.  ||   6°   État 
de  ce  qui  a  failli ,  privation  ,  absence.  Il  y  a  faute 
de  vivres.  Ils  n'ont  pas  faute  de  bon  sens  et  d'ex- 
périence ,  BALZ.    B"   Disc,  sur  la  cour.  Alexandre 
n'eut  point  faute  de  soldats,  vaugel.    Q.   C.  itf7. 
11  n'y  a  point  d'animal  tant  parfait  et  tant  heu- 
reusement né  qu'il  puisse  être,  qui  fasse  le  semblable 
[qui  parle  comme  l'homme];  ce  qui   n'arrive  pas 
de  ce  qu'ils  ont  faute  d'organe,  desc.   Uéih.  v,   ». 
Je  n'ai  ni  faute  d'yeux  ni  faute  de  courage,  cohn. 
Hodog.  IV, 6.   Or  le  laissons,  il    n'en  viendra  pas 
faute  [l'on  n'en  aura  pas  besoin],  la  font.  Papef. 
Cambyse  s'en  revint  à  Thèbes  avec  faute  d'un  grand 
nombre  de  ses  gens,  p.    L.  cour.  Trad.  d'Ilérod. 
Il  S'il  arrivait  faute  de  lui,  s'il  venait  faute  de  lui,  s'il 
venait  à  mourir.  S'il  fût  arrivé  faute  de  ce  prince, 
d'ablancoort,  Tacite,  (67.  S'il  vient  faute  de  vous, 
mon  fils,  je  ne  veux  plus  rester  au  monde,  mol.  Mal. 
imug.  I,  9.  On  a  vu  la  passion  du  roi  et  de  la  reine 
C'Kspagne  de  venir  régner  en  France,  s'il  arrivait 
fciute  de  roi,  st-sim.  480,  201.  ||  Faire  faute,  man- 
quer, être  en  moins,  faire  défaut.  Ses  conseils  nous 


FAU 

font  faute.  Vous  nous  avez  fait  fauta.    ...Air  noble, 
mine  haute.  Et  vive  flamme  dans  les  yeux,  Passion 
ne  lui  faisait  faute,  lamotte,  t'abl.  iv,  I8.||  Faire 
faute  à  ou  do....  manquer  à,  ne  pas  faire.  L'une  de 
lui  sourire  au  retour  ne  fit  faute,  la  font.  Remois. 
Les  gens  du  pays  des  fables  Donnent  ordinairement 
Noms  et  titres  agréables  Assez  libéralement....  Ho- 
race n'y  faisait  faute,  id.  Cas  de  cotise.  ||  Si  n'y  faites 
faute,  formule  dont  on  se  servait  dans  les  lettres  de 
cachet  pour  dire:  n'y  manquez  pas,  et  où  si  signifie 
ainsi.  Il  Se  faire  faute  de,  s'abstenir  de.  Pourquoi  se 
feraient-ils  faute  de  pleurer?  j.  j.  rouss.  Ém.  1.  ||  Ne 
pas  se  faire  faute  de  (|uelque  chose,  user  de  quelque 
chose  sans  ménagement,  sans  réserve,  s'en  procu- 
rer tant  qu'on  en  veut.  Ne  vous  faites  pas  faute  de 
mes  services.  Enflammés  d'un  Ijeau  zèle,  ils  .se  sont 
cotises  et  ont  formé  une  somme  de  cinquante  mille 
écus,  qu'ils  ont  prié  M.  d'Erchigny  d'accepter,  en 
lui  marquant  qu'il  ne  s'en  fît  faute,  bachaumont, 
Mém.   secrets,  t.  xxvii,   p.  4  96.  Quant  aux  signa- 
tures [à  apposer  à  un  procès-verbal  mensonger]  , 
vous  pensez  bien  qu'il  ne  s'en  fera  faute,  p.  L.  cour. 
Pierre  Clavier  à  MM.  les  juges.  ||  D'après  de  Cailliè- 
res,  en  <690,  ne  pas  se  faire  faute  de....  est  bas  et 
populaire.  L'usage  n'a  pas  ratifié  cet  arrêt  des  pu- 
ristes; et  la  locution  est  restée  dans  le  bon  usa- 
ge. ||  6°  Crevasse    qui  s'est  faite  dans  un  tuyau  de 
conduite  en  plomb.   ||  7°  Faute  de,  loc.  prép.  Par 
manque.  Et  le  combat  cessa  faute  de  combattants, 
CORN.  Cid,  IV,  3.  Faute  de  me  connaître,   il  s'em- 
porte, il  s'égare,  id.  Nicom.  i,  3.  Et  faute  de  ser- 
vir  ce  plat    (chardons].  Rarement  un  festin  de- 
meure, LA  FONT.  Fabl.  vui,  <7.  Tout  celan'est  venu 
que  faute  de  savoir  danser,  mol.  le   Bourg.  1,   i. 
On  ne  dispute  sur  cette  matière  que  faute  de  s'en- 
tendre, sÉv.  436.  Faute  d'être  assez  appuyé  de  mes 
successeurs  [ceux  de  Sixte-Quint],  vous  [Henri  IV] 
avez  été  expo.se  à  tant  de  conjurations  qu'enfin  on 
vous  a  fait  périr,  fén.  Dial.  xvi,  llorts  mod.  Faute 
de    bas,  passant  le  jour  au  lit.  Sans  couverture, 
ainsi  que  sans  habit,  Je  fredonnais  des  vers  sur  la 
paresse,  volt.  Pauv.  diab.  Puisses-tu,  de  toi-même 
éternelle  victime.  Entasser  les  honneurs  sans  com- 
bler cetabime  [la  perte  d'un  fils],  Et  pauvre  au  sein 
des  biens,  faute  d'un  bien   si   doux....  c.  delav. 
Paria,  v,  B.  ||  8°  X  faute  de,  dans  le  cas  où   man- 
querait.... si  on  ne  pouvait  pas Par  indiges- 
tions empirer  le   mauvais  teint   que  vous  avez  à 
faute  de  vous  exercer,  malh.  le  Traité  des  bienf.  de 
Sénèque,  iv,  43.  J'exige  de  vous,  madame,  que  vous 
ne  me  direz  pas  un  seul  mot  ni  du  lùérite  de  mon 
travail,  ni,  à  faute  de  mérite,  de  la  façon  avec  la- 
quelle je  vous  en  parle,  balz.  liv.  vu,  lett.  n.  X 
faute  d'être  aimée  on  peut  se  faire  craindre,  corn. 
Tois.  d'or,  m,  4.  X  faute  de  trouver  les  lieux  pro- 
pres, Boss.  Hist.  m,  6.  Il  9°  Sans  faute,  loc.  adv. 
Immanquablement.  Une  montagne  en  mal  d'enfant 
Jetait  une  clameur  si  haute  Que  chacun  au  bruit 
accourant  Crut  qu'elle  accoucherait  sans  faute  D'une 
cité  plus  grosse  que   Paris,  la   font.   Fabl.  v,  40. 
Je  serai  sans  faute  à   Paris  mercredi,  boss.   Lett. 
quiél.  458.   Il   Proverbes.  Les   fautes  sont  pour  les 
joueurs,  contre  les  joueurs,    c'est-à-dire    c'est  aux 
joueurs  à  porter  la  peine  des  fautes  qu'ils  font  dans 
le  jeu.  Il  Qui  fait  la  faute  la  boit,  celui  qui  a  fait  une 
faute  en  doit  porter  la  peine.  ||  On  dit  de  même  : 
Puisque  la   faute  est  faite,  il  faut   la  boire.   |{  Les 
pécheurs  ,  les  chasseurs  et  les  preneurs  de  taupes 
feraient  de  beaux  coups  sans  les  fautes. 

—  REM.  /''oute  de  signifie  par  manque  de:  C'est 
faute  d'attention  qu'il  n'a  pas  relevé  cette  erreur 
Mais  en  parlant  d'une  erreur  commise  par  quel- 
qu'un, on  ne  dira  pas  :  C'est  une  faute  d'attention  ; 
il  faudra  dire  :  C'est  une  faute  d'inattention  ou 
plutôt  c'est  une  faute  commise  par  inattention. 

—  HIST.  XIII*  s.  Cist  message  [ces  messagers]  aus 
amirans  d'Egypte  prièrent  le  roy  que  il  leur  don- 
nast  une  journée,  par  quoy  il  peussent  venir  vers 
le  roy,  et  il  y  envoieroient  sans  faute,  joinv.  268. 

Il  XV"  s "Trop  mieux  lui  valoit  mourir  à  honneur 

et  attendre  l'aventure  que  montrer  faute  décourage, 
FROiss.  II,  ui,  78.  Hz  avoient  faulte  [besoin]  de  ceuli 
qu'ilz  avoient  mesprisez,  comm.  i,  4  2.  Et  les  asseu- 
roit  bien  le  roy  qu'il  n'y  auroitpoint  de  faulte  qu'il 
n.e  baillast  la  possession  dudit  pays,  id.  ii,  4  6.  De 
ceuli-là  eust  il  trouvé  ung  grand  nombre  qui  pour 
la  mort  ne  lui  eussent  faict  faulte,  id.  vi,  7.  Se  il 
eut  laissé....  sans  point  de  faulte  il  tinst  aujour- 
d'huy  toute  cesto-  seigneurie  soubz  son  arbitrage, 
ID.  V,  44.  Tel  fait  la  faulte  que  ung  autre  boit,  le- 
BOux  delincï,  Prov.  1. 11,  p.  422.  ||  xvi*  s.  Maisfauiie 
de  sçavoir  Nous  clost  la  bouche  et  tout  bon  conce- 
voir, J.  marot.  t.  V,  208.  X  faulte  de  faire  unechose. 


FAU 

MONT.  I,  4».  Ils  n'ont  faulte  d'aucune  chose  néces- 
saire, ID.  I,  244.  Tout  ceoy  m'a  fait,  et  me  faiten- 
cores  penser,  que  faute  de  s'entre-visiter  quand  les 
occasions  le  requièrent,  fait  que  nous  devenons  sau- 
vages les  uns  aux  autres,  lanoue,  60.  Comme  ceui 
qui  ont  pris  un  fauxescu  pour  un  bon,  par  faute  de 
le  peser  et  bien  regarder,  id.  64.  Fautes  [défauts] 
valent  exploits,  loysel,  697.  Il  aima  mieux  pour  son 
gendre  un  homme  qui  eust  faulte  de  biens,  que  des 
biens  qui  eussent  faulte  d'homme,  ahïot,  ThémisX 
;i6.  La  tuyle,  tumlaint  au  long  de  la  teste  à  la  faulte 
de  l'armet,  lui  donna  droit  sur  le  chaignon  du  col, 
iD.  Pyrrhus,  76.  Cela,  respondit-il,  est-ce  ma  faulte 
ou  la  faulte  d'elle  '?  Metrocles  respondil  :  la  faulte  ea 
est  àelle,  et  l'infortune  en  est  à  toy,  ID.  De  latranq. 
d'dme,  40.  C'est  un  trésor  où  je  ne  cherche  jamais 
à  faute  [en  vainj,  villeroï,  Mém.  t.  m,  p.  46,  dans 
ncuRNE.  De  la  faulte  de  prudence  ils  retombent  en 
faulte  de  cueur,  charbon,  Sagsse,  i,  4.  Qui  a  faute 
d'heur,  'a  vie  lui  surabonde,  leroux  de  lincï,  Prov. 
t.  u,  p.  Ht 

—  ÊTYM.  Espagn.  portug.  et  ital.  falta.  C'est  le 
nom  verbal  d'un  verte  roman  :  espagn.  fallar.  ital. 
faltare,  qui  manque  en  français  et  qui  est  le  fré- 
quentatif du  latin  fallere  (  voy.  faillir  et  fal- 
loir). 
FALTECIL  (fô-teuU,  Zi mouillées),  t.  m.\\  l' Grand 

siège  à  dos  et  à  bras Un  fauteuil  m'embarrasse; 

Un  homme  là  dedans  est  tout  enveloppé,  Je  ne  me 
trouve  bien  que  dans  un  canapé,  begnard.  Distrait, 
m,  2.  Le  fauteuil  à  bras,  la  chaise  à  dos,  le  tabou- 
ret, la  main  droite  et  la  main  gauche  ont  été  jjoii- 
dant  plusieurs  siècles  d'importants  objets  de  poli- 
tique et  d'illustres  sujets  de  querelles,  volt.  Dict. 
phil.  Cérémonies.  ||  Fauteuilà  la  Voltaire,  ou  fauteuil 
Voltaire,  grand  fauteuil  à  dos  renversé.  ||  2"  Fauteuil 
que,  dans  la  salle  des  séances  de  l'Académie  frin- 
çaise,  chaque  académicien  occupe.  On  en  rendit 
compte  au  roi  [des  fauteuils  que  se  faisaient  aji- 
porter  les  grands  seigneurs,  membres  de  l'Aca- 
démie française],  qui,  prévoyant  les  conséquences 
d'une  pareille  distinction,  ordonna  à  l'intendant  du 
garde-meuble  de  faire  porter  quarante  fauteuils  à 
l'Académie,  et  confirma  par  là  et  pour  toujours  l'é- 
galité académique,  dcclos,  Hist.  Acad.  franc.  Œu- 
vres, t.  IX,  p.  280,  dans  pougens.  En  France  on 
fait,  par  un  plaisant  moyen.  Taire  un  auteur  quand 
d'écrits  il  assomme;  Dans  un  fauteuil  d'acadénii 
cien.  Lui  qjarantième,  on  fait  a-sseoir  cet  homme, 
piron,  Épigr.  ||  Absolument,  le  fauteuil.  Lors  il 
s'endort,  il  ne  fait  plus  qu'un  somme  ;  Plus  n'en 
avez  prose  ni  madrigal;  Au  bel  es|>rit  le  fauteuil 
est  en  somme  Ce  qu'à  l'amour  est  le  ht  conjugal, 
pinON,  Épigr.  Un  sourcilleux  rimeur  au  fauteuil 
installé,  A.  ciién.  à  M.  de  Pange.  Que  dans  un 
■bon  fauteuil  il  dorme  à  son  retour,  c.  delavigne, 
te  Comédiens,  à  la  fin.  Ainsi  j'en  juge  à  votre  ac- 
cueil,  Ma  chaise  n'est  pas  un  fauteuil,  bêrang. 
Acad.  et  Cav.  ||  Fig.  La  place  de  membre  de  l'A- 
cadémie française.  Solliciter  le  fauteuil.  ||  Le  qua- 
rante et  unième  fauteuil,  se  dit  des  hommes  qui, 
ayant  mérité  d'être  de  l'Académie  française,  n'en 
ont  jamais  été.  ||  S"  Absolument.  La  présidence 
d'une  a.ssemblée  délibérante.  ||  La  présidence  d'uim 
société  de  jeu.  Là  il  tient  le  fauteuil  quatre  heures 
de  suite  chez  Aristée,  où  il  risque  chaque  soir  cinq 
pistoles  d'or,  LA  bruy.  vn.  ||  4°  Fauteuil  de  poste  ou 
trémoussoir,  sorte  de  machine  par  le  moyen  de  la- 
quelle on  fait  un  exercice  utile  à  la  santé  sans  sorlir 
de  sa  chambre  ;  les  (|uatre  pieds  posent  sur  un  sup- 
port courbe,  de  manière  qu'on  se  balance  par  un 
petit  mouvement  du  corps,  comme  les  enfants  sur 
certains  chevaux  de  bois. 

—  lllST.  XI'  s.  Un  faldestoed  i  ont  fait  tout  d'or 
mer  [pur],  Ch.  de  Roi.  viii.  ||xii'  s.  El  palais  mon- 
tent, jà  icrt  li  rois  requis;  Loeys  truevent  el  fau- 
desluef  a.sis,  Raoul  de  C.  34.  ||  xiu*  s.  Li  rois  sist  on 
un  faudestuet  Itel  con  à  tel  home  estuet  [convient], 
Ren.  8263.  L'on  a  un  faudeslueill  devant  l'autier 
[autel],  et  là  s'appuie  le  rei  en  afOictions,  Ass.  de 
Jér.  I,  30. 

—  ÉT\'M.  Wallon,  fastrou;  provenç.  fadestel,  fa- 
destol;  espagn.  portug.  et  ital.  faldistorio ;  bas-lal. 
faldistorium,  faldistolium;  de  l'anc.  haut-allein. 
faltstuol,  de  falten,  plier  et  stuol,  siège.  Le  fau- 
teuil fut  primitivement  un  siège  pliant. 

FAUTEUR,  TRICK  (fô-teur,  tri-s'),  t.  m.  et  f. 
Il  1°  Celui,  celle  qui  favorise,  protège.  Sans  biens,  sans 
emploi,  sans  fauteur,  j.  j.  rouss.  Promet»,  viu.  On 
cherche  un  fauteur  de  ses  goûts,  un  compagnon  de  ses 
plaisirs  et  de  ses  peines,  VAirv-EN.  Esprit  humain. 
Amitié.  Il  2"  Il  se  dit  le  plus  souvent  avec  des  mot» 
qui  le  font  prendre  en  mauvaise  part.  Vous  êtes  he- 


PAU 

rétique  Ou  pour  le  moins  fauteur,  béonieh  ,  Sal.  x. 
Le  figurer  comme  un  Dieu  fauteur  de  vos  désor- 
dres, BOURDAL.  Purif.  de  la  Vierge,  Myst.  t.  il, 
p.  )68.  Nous  la  déclarons  fautrice  d'hérétiques, 
MAiCROix,  Schisme,  liv.  m,  p.  4,  dans  hichelet. 
Vous  n'êtes  pas,  0  mon  Dieu,  dans  vos  choix,  le 
fauteur  ou  l'esclave  des  vues  et  des  cupidités  hu- 
maines ,  MASS.  Carême ,  Vocation.  Une  vingtaine 
i'évcques  excommuniaient  Grégoire  VII  comme 
fauteur  de  tyrans,  volt.  Moeurs,  40.  Je  n'en  passe- 
rai pas  moins  pour  fauteur  d'un  rapt,  diderot.  Père 
de  famille,  ii,  12.  Des  sépulcres  emhrasés  [dans  le 
poëme  de  Dante]  renferment  les  fauteurs  de  l'hé- 
résie, CHATEAUB.  Génie,  ii,  v,  <4. 

—  HIST.  XIV'  s.  Il  avoit  touzjours  esté  fauteurs 
rie  basses  lignées,  berciieure,  f»  22,  recto.  ||  xv  ?. 
Les  bouchers,  escorcheurs  et  les  gens  de  vil  estât 
qui  à  ce  temps  furent  chiers  tenuz  par  le  duc  de 
Bourgoigne  et  ses  fausteurs,  Geste  des  nobles,  vi- 

RIV1I.LE,  p.  <3B. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  fautor;  ital.  fau- 
lore  ;  du  latin  fautorem,  de  favere,  favoriser  (voy. 
faveur). 

IK  FAUTIF,  IVE   (fô-tif,  ti-v') ,  od;.  ||  1"  Qui  est  su- 

^m  jet  à  faillir.  Il  est  manifeste  que,  nonobstant  la  sou- 
K  veraine  bonté  de  Dieu,  la  nature  de  l'homme,  en 
;  'tant  qu'il  est  composé  de  l'esprit  et  du  corps,  ne 
peut  qu'elle  ne  soit  quelquefois  fautive  et  trom- 
peuse, DEsc.  Médit,  vj,  22.  L'homme  est  fautif;  nul 
■  vivant  ne  peut  dire  N'avoir  failli....  pibrac,  dans  le 
Dict.  de  Trévoux,  au  mot  fautif.  La  vue  est  de 
tous  les  sens  le  plus  fautif,  s.  i.  rouss.  Étn.  u. 
Il  2°  Plein  de  fautes.  Rien  n'est  si  fautif  que  ces 
lois  qui  redressent  les  fautes,  pasc.  Vrai  bien,  4 
(éd.  FAUGÈHE).  On  ne  peut  montrer  plus  de  respect 
pour  ses  ancêtres;  mais  on  ne  peut  supputer  les 
temps  (l'une  manière  plus  fautive  en  comparaison  de 
nos  natinns  modernes,  volt.  Dict.  phil.  Chronolo- 
gie. Il  3"  Pièce  de  bois  fautive,  celle  qui  a  quelque 
défaut,  ou  qui  n'est  pas  carrée. 

— ■  RF.M.  On  dit  souvent  et  populairement,  mais 
\  tort,  fautif  dans  le  sens  de  qui  a  failli:  J'ai  été 
réprimandé,  et  pourtant  je  n'étais  pas  fautif. 

—  ËTYM.  Foute;  génev. /'auft/',  coupable  (ne  per- 
siste pas  à  nier,  avoue  que  tu  es  fautif).  Le  xvi*  siè- 
cle se  sert  non  de  fautif,  mais  de  faultier. 

t  FAUTIVEMENT  (fô-ti-ve-man),  adv.  D'une 
manière  fautive.  U  y  a  des  mots  qui  sont  écrits  fau- 
tivement. 

—  ÉTYM.  Fautire,  et  le  suffixe  ment. 
f  FAUTRE  (fô-tr'),  s.  m.  Terme  de  papeterie.  Se 

dit  des  pièces  de  grosse  étoffe  de  laine,  qui  servent 
i  éponger  les  feuilles. 

--  f'.TYM.  Autre  prononciation  de  feutre. 

FAUVE  (fô-v'),  adj.  ||  1°  Qui  tire  sur  le  roux.  Poil 
fauve.  Ces  terres  fauves  qui  se  trouvent  toujours 
dans  le  voisinage  des  charbons  de  terre  ne  sont  que 
des  couches  de  terre  limoneuse,  bi:ff.  Min.  t.  u, 
p.  <82,  dans  P0UGENS.  ||  Les  bêtes  fauves,  les  cerfs, 
les  chevreuils  et  les  daims,  à  la  différence  des 
bétes  noires,  comme  les  sangliers,  etc.  et  des  bêtes 
rousses,  comme  les  renards,  etc.  ||  2°  S.  m.  La  cou- 
leur fauve.  Toutes  les  pennes  de  l'aile,  excepté  les 
deux  premières  et  la  dernière,  sont  d'un  fauve  jau- 
nâtre à  leur  origine,  mais  du  côté  intérieur  seule- 
ment, buff.  Ois.  t.  VI,  p.  t02,  dans  pougens.  ||  3° S. 
m.  Terme  de  vénerie.  L'ensemble  des  bêtes  fauves. 
Il  y  a  du  fauve  dans  cette  forêt. 

—  HlST.  XI*  s.  Petite  oreille,  la  teste  toute  falve, 
Ch.  de  liol.  cxui.  ||  xir  s.  Atant  ez  vos  parmi  la 
lande  Une  pucele  l'ambleûre  Venir  sur  une  fauve 
mure  [mule],  la  Charrette,  m uo.  \\  xm' s.  Quant 
ta  parole  est  blanche  et  ta  pensée  est  fauve.  Tu 
voies  en  ténèbres  comme  une  souris  chauve,  i.  de 
meuno,  Test.  1474.  Sire  compaing,  ci  en  vient  une; 
Mais  ele  n'est  fauve  ne  brune;  C'est  la  plus  bêle  de 
cest  munt  [monde].  De  tûtes  celés  qui  i  sunt,  ma- 
rie, Lanval.  |]xiv's.  Cilz  Charles  fut  nommés,  sai- 
chés,  Charles  li  chauves  ;  Petit  avoit  coleur,  qu'il 
estoit  un  peu  fauves,  Girart  de  Ross.  v.  79.  X  Guil- 
laume Tireverge,  bouteiller,  demeurant  à  Paris, 
pour  un  estuy  de  cuir  bouUi, 'fauve,  poinsoniic  et 
armoié  des  dictes  armes,  de  laborde  ,  Émaux, 
p.  240.  Il  XVI*  s.  Une  meutte  de  chiens,  de  limiers, 
des  aboieurs,  des  chiens  pour  le  fauve,  d'aub.  Fœ- 
neste,  i,  B. 

—  ÉïVM.  Provenc.  falb,  faub,  faure;  ital.  falbo; 
de  l'ancien  haut-allem.  falo,  gémt'\ï  falewes;  allem. 
luod.  falb;  angl.  fallow;  le  latin  fulvns  est  de 
même  radicil,  ainsi  que  lat.  fulgeo,  briller;  grec, 
f'/.iyio,  flamber  ;  sanscr.  bhrdj,  briller. 

f  PAO  VEAU  (fô-vô) ,  s.  m.  Bœuf  d'une  couleur 
lauve.  il  On  l'emploie   comme   nom   propre  d'un 


FAU 

boeuf  à  couleur  fauve.  Ahl  mes  liœuls,  mes  beaux 
bœufs!  Fauveau  à  la  raie  noire  et  l'autre  qui  avait 
une' étoile  sur  le  front,  p.  L.  couH.  Seconde  lettre 
particulière. 

—  ETYM.  Diminutif  de  fauve;  provenç.  faubel. 
Le  diminutif  fauvel  existait:  jument  fauvele,  la 

Rose,   14264. 

FAUVETTE  (fô-vè-f) ,  «. /•.  Passereau  du  genre 
Sylvie,  dont  le  plumage  tire  sur  le  fauve  dans  certai- 
nes espèces.  La  fauvette  fut  l'emblème  des  amours 
volages,  comme  la  tourterelle  de  l'amour  fidèle, 
buff.  Ois.  t.  IX,  p.  <72,  dans  pougens.  La  fauvette 
à  tête  noire  est  de  toutes  les  fauvettes  celle  qui  a 
le  chant  le  plus  agréable  et  le  plus  continu;  il  tient 
un  peu  de  celui  du  rossignol,  et  l'on  en  jouit  bien 
plus  longtemps,  car  plusieurs  semaines  après  que 
ce  chantre  du  printemps  s'est  tu,  on  entend  les  bois 
résonner  partout  du  chant  de  ces  fauvettes,  id.  ih. 
p.  (8B.  Il  Dans  la  zoologie,  fauvette  ne  sert  qu'à  dé- 
signer la  Sylvie  des  jardins.  ||  Fauvette,  nom  donné 
l)ar  Buflon  à  la  sylvie  OrpMe  ;  fauvette  des  Alpes, 
à  Vaccentor  alpin;  fauvette  babillarde,  à  la  Sylvie 
cumiqne  de  Latham;  fauvette  des  roseaux,  à  la 
sijh'ie  polyglotte  de  Vieillot  {syhie  Ilippolais,  de 
Temminck),  legoarant.  ||  Fig.  Dénicheur  de  fau- 
vettes, homme  adroit  et  d'intrigue,  surtout  en  af- 
faires de  femmes.  ||  Fig.  Chanteuse  agréable.  C'est 
une  vraie  fauvette.  On  dit  aussi  :  Elle  a  un  gosier 
de  fauvette. 

—  HEM.  Richelet  donne  le  masculin  fauvet,  dû, 
dit-il,  au  chevalier  de  Rivière,  auteur  d'un  recueil 
de  pièces  galantes. 

—  HIST.  XIII"  s.  De  roxingnoi  [rossignols]  et  de 
fauvetes.  Fabliaux,  barbazan,  t.  iv,  p.  9).  ||  xvi'  s. 
Je  connois  une  grande  et  habile  dame  qui  fist  bail- 
ler l'ordre  à  son  mary  et  l'eut  luy  seul  avec  les  deux 
plus  grands  princes  de  la  chrestienté  ;  elle  lui  disoit 
souvent  :  Ha  !  mon  amy,  que  tu  eusses  couru  long- 
temps fauvette  [sollicité  en  vain],  avant  que  tu  eus- 
ses eu  ce  diable  que  tu  portes  au  col!  bhant.  Dames 
gai.  t.  I,  p.  133,  dans  lacurne.  Nous  serions  bien 
sottes,  dit  la  femme  d'un  petit  avocat,  de  porter  de 
moindres  estofîes  que  cela;  ce  que  nous  en  faisons 
donne  d'avantage  de  courage  à  nos  maris  de  tra- 
vailler et  plumer  la  fauvette  sur  le  manant,  pour 
nous  entretenir,  Caquets  de  l'accouchée,  1"  jour- 
née. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fauve;  wallon,  fdbitte, 
fabette;  namur.  faubite;  génev.  favette;  lorrain, 
fdvatle. 

I.  FAUX,  FAUSSE  (fô,  fô-s'),  adj.  ||  1°  Qui  n'e.st 
pas  vrai,  qui  est  contraire  à  la  réalité.  Ce  qu'il  dit 
est  faux.  Il  n'y  a  rien  de  plus  faux.  Un  faux  exposé. 
De  faux  rapports.  Crains-tu  si  peu  le  blâme  et  si  peu 
les  faux  bruits?  corn.  Cid,iu,  4.  Parce  faux  soup- 
çon vous  lui  faites  injure,  id.  Rodog.  i,  7.  [Le  vul- 
gaire] Mettant  de  faux  milieux  entre  la  chose  et  lui, 
Et  mesurant  par  soi  ce  qu'il  voit  en  autrui,  la  font. 
Fabl.  viii,  26.  Cette  fausse  imagination  [croire  que 
Dieu  ne  gouverne  pas  les  choses  humaines]  est  dé- 
truite par  la  claire  notion  qu'on  a  de  Dieu,  boss. 
Lib.  arb.  3.  Couvrant  d'un  zèle  faux  votre  ressenti- 
ment, RAC.  Àthal.  i,  B.  Il  y  a  une  fausse  modestie 
qui  est  vanité;  une  fausse  gloire  qui  est  légèreté; 
une  fausse  grandeur  qui  est  petitesse;  une  fausse 
vertu  qui  est  hypocrisie  ;  une  fausse  sagesse  qui  est 
pruderie,  la  bruy.  m.  Ils  regardent  comme  un  mé- 
pris la  sincérité  qui  n'ose  leur  donner  de  fausses 
louanges,  mass.  Carême,  Passion.  Sous  l'horrible 
appareil  de  sa  fausse  justice  Un  tribunal  de  sang  te 
condamne  au  supplice,  volt.  AIî.  v,  4.  Et  la  fausse 
pitié,  pire  que  le  mépris,  m.  Tancr.  i,  4.  De  ses  mi- 
racles faux  soutient  l'illusion,  m.  Fanât,  i,  i.  L'hon- 
nête intérêt  de  l'humanité,  l'épanchement  simple 
et  touchant  d'une  âme  franche  ont  un  langage  bien 
différent  des  fausses  démonstrations  de  la  politesse, 
j.  j  ROUSs.  Ilél.  II,  u.  Il  Faux  témoin,  voy.  témoin. 
Il  Faux  emploi,  voy.  emploi.  ||  Avoir  faux  air  ou 
un  faux  air  de  quelqu'un,  avoir  avec  lui  une  cer- 
taine ressemblance.  ||  Il  est  faux  que....  avec  le  sub- 
jonctif. Il  est  faux  qu'il  ait  tenu  ce  langage.  Cela 
est  faux,  mes  pères,  que,  la  défense  étant  permise, 
le  meurtre  soit  aussi  permis,  pasc.  Prov.  t*.  U  est 
faux  d'abord  qu'un  soldat  chrétien  soit  coupable  de 
la  mort  de  Julien  ;  aucun  historien  ni  païen,  ni 
chrétien,  ne  le  dit,  BOss.  Var.  I"'disc.  «Î7.  ||  2"  Vain, 
mal  fondé.  Fausse  joie.  Fausses  craintes.  Fausse 
honte.  Faux  point  d'honneur.  On  fuit  de  fausses  mi- 
sères, on  court  après  de  fausses  félicites,  flêch.  Pa- 
néq.  1. 1,  p.  38B.  Ne  m'as-tu  pas  llatté  d'une  fausse 
espérance?  RAC.  Brit.  m,  8.  Cette  grandeur  Qu'on 
nomme  si  souvent  du  faux  nom  de  bonheur,  volt. 
/faire,  i,  t .  Morie  à  de  faux  plaisirs,  cachée  â  tous 


FAU 


1629 


les  yeux,  c.  delav.  Ve'pres  sicil.  i,  4.  ||  3"  Qui  sé- 
carte  du  naturel,  du  vrai,  en  parlant  d'ouvrages  d'et- 
prit  et  des  compositions  dos  artistes.  Genre  faux. 
Coloris  faux.  Ce  tableau  est  faux  de  couleur.  FausM 
éloquence.  ||  Couleur  fausse,  couleur  qui  ne  se  range 
pas  nettement  dans  unecouleurdéterminée.  La  cou- 
leur du  cuivre  pur  est  d'un  rouge  orangé,  et  cett» 
couleur,  quoique  fausse,  est  plus  éclatante  que  le 
beau  jaune  de  l'or  pur,  buff.  Min.  t.  v,  p.  93,  dans 
pougens.  Il  Faux  teint,  voy.  teint.  ||  4°  Qui  manque 
de  justesse,  d'exactitude,  de  rectitude.  Calcul,  ar- 
gument, raisonnement  faux.  L'esprit  n'est  jamai.? 
faux  que  parce  qu'il  n'est  pas  assez  étendu,  au  moins 
sur  le  sujet  dont  il  s'agit,  quelque  étendue  qu'il 
pût  avoir  d'ailleurs  sur  d'autres  matières,  duclos. 
Mœurs,  u.  Les  esprits  faux  sont  insupportables,  les 
cœurs  faux  sont  en  horreur,  volt.  Dict.  phil.  Faus- 
seté. Les  plus  grands  génies  peuvent  avoir  l'esprit 
faux  sur  un  principe  qu'ils  ont  reçu  sans  examen,  id. 
ib.  Esprit.  Et  moi  qui,  soixante  ans  après  lui  [Cor- 
neille], viens  faire  parler  une  vieille  Jocaste  d'un 
vieil  amour,  et  tout  cela  pour  complaire  au  goût  le 
plus  fade  et  le  plus  faux  qui  ait  jamais  corrompu  la 
littérature,  m.  Oreste,  tpUre.  ||  6° Qui  n'est  pas  con- 
formeaux  exigences  de  la  règle.  Vers  faux.  ||  Fauxpli, 
voy.  pli.  Il  Terme  de  blason.  Fausses  armes,  fausses 
armoiries,  celles  qui  ne  sont  pas  suivant  les  règles, 
et  ont  par  exemple  couleur  sur  couleur,  ou  métal 
sur  métal.  ||  Terme  de  vétérinaire.  L'allure  d'un  che- 
val est  dite  fausse  quand  les  diverses  actions  qui  la 
composent  ne  se  succèdent  pas  régulièrement  ou 
selon  le  rhythme  normal.  ||  S'  Terme  de  musique. 
Qui  n'est  pas  dans  le  ton,  qui  n'est  pas  juste.  Into- 
nation fausse.  Accord  faux.  J'ai  remarqué  sur  plu- 
sieurs personnes  qui  avaient  l'oreille  et  la  voix 
fausses,  qu'elles  entendaient  mieux  d'une  oreille  que 
d'une  autre,  buff.  De  Vouie.  ||  Fausse  quarte, 
fausse  quinte,  voy.  quarte  et  quînte.  ||  Fausse 
corde,  corde  qui  n'est  pas  montée  au  ton  juste; 
corde  fausse,  corde  qui  ne  peut  jamais  s'accorder 
avec  une  autre.  ||  Fausse  note,  note  jouée  ou  chan- 
tée à  la  place  de  la  note  véritable,  et  dont  cepen- 
dant l'intonation  n'est  pas  altérée.  ||  Note  fausse, 
note  qui  n'est  pas  dans  le  ton,  qui  n'est  pas  juste. 
Il  7°  Se  dit  de  tout  ce  qui  n'est  pas  tel  qu'il  doit  être 
ou  qu'il  a  coutume  d'être.  Fausses  démarches. 
Fausses  mesures.  Un  faux  mouvement.  Une  fausse 
position.  Un  même  jour  t'a  vu  par  une  fausse 
adresse  Trahir  ton  souverain,  ton  ami,  ta  maitnesse, 
CORN.  Cinna,  iv,  7.  Et  combien  nous  égare  une 
fausse  prudence  I  volt.  Tancr.  iv,  6.  |1  Faux  bond, 
voy.  BOND.  Il  Faux  feu,  voy.  feu.  ||  Faux  jour,  voy. 
JOUR.  Il  Terme  de  vénerie.  Faux  marcher,  voy.  mar- 
cher. Il  Faire  un  faux  pas,  trébucher;  et  fig.  com- 
mettre quelque  faute.  La  plus  haute  vertu  peut 
faire  de  faux  pas,  corn.  Suréna,  m,  i.  il  Terme 
d'arithmétique.  Règle  de  fausse  position,  voy.  règle. 
Il  Terme  de  danse.  Fausse  position,  voy.  position. 
Il  Kn  termes  de  marine  et  de  chirurgie,  fausse  route, 
voy.  foute.  Il  Terme  de  marine.  Fausse  manœuvre, 
voy.  manœuvre.  ||  8°  Terme  de  jeu.  Fausse  carte, 
carte  marquée  avec  laquelle  on  triche  au  je'i. 
Il  Fausse  carte,  se  dit  aussi  d'une  carte  entrée  seule 
dans  un  jeu  et  qui  est  désavantageuse.  ||  Fausses 
cartes,  au  quadrille,  à  l'hombre  et  aux  autres  jeux 
oii  il  y  a  une  triomphe,  cartes  qui  ne  sont  pas  triom- 
phe. Il  Faux  jeu,  voy.  jeu.  ||  9"  Fn  termes  de  méde- 
cine, fausse  couche,  voy.  couche.  ||  Fausses  eaux, 
voy.  EAU.  il  Faux  germe,  voy.  germe.  ]|  Fausse  gros- 
sesse, voy.  GROSSESSE.  1|  Fausse  pleurésie ,  voy.  pleu- 
résie. Il  Fausse  pneumonie,  voy.  pneumonie.  ||  Fausse 
variole,  synonyme  de  varicelle.  ||  Terme  de  vétéri- 
naire. Faux  nez,  faux  museau,  voy.  bououet. 
Il  10°  Terme  de  jurisprudence.  Supposé,  altéré.  Avoir 
un  titre  faux.  Signature  fausse.  Se  présenter  sous 
un  faux  nom.  Vendre  à  faux  poids.  Payer  en  fausse 
monnaie.  ||  Fig.  C'est  une  fausse  pièce,  une  fausse 
lame,  c'est  une  personne  à  qui  il  ne  faut  pas  se 
fier.  Il  À  fausses  enseignes,  en  se  servant  de  mar- 
ques supposées  (locution  qui  a  vieilli).  ||  Fausse 
clef,  clef  qui  ouvre  la  porte  d'autrui,  et  que  l'on 
fait  ou  garde  le  plus  souvent  pour  un  u.sage  illicite. 
Il  Clef  fausse,  clef  qui  n'est  pas  propre  à  la  serrure 
pour  laquelle  on  veuts'en  servir.  |1  Faux-monnayeur, 
voy.  MONNAYEUH.  il  Faux-saunage ,  voy.  saunage. 
Il  Faux-saunier,  voy.  saunier.  |1  Faux  sel,  voy.  sel. 
Il  11°  Fait  à  l'imitation  d'une  chose  vraie.  Faux 
cheveux.  Diamants  faux.  Fausse  barbe.  Fausse» 
dents.  Quelquefois  du  bon  or  je  sépare  le  faux, 
BOIL.  Art  p.  IV.  il  Fig.  Faux  brillants,  voy.  brillant 
Il  Simulé,  contrefait.  C'est  un  prétexte  faux  dont 
l'amour  est  la  cause,  cobn.  Poly.  i,  4.  Et  ce  mas- 
que trompeur  de  fausse  hardiesse,  id.  Nieom.  m,  t 


1G30 


FAU 


S'il  a  cru  m'éblouir  par  do  fausses  caresses,  conN. 
(Jlidipe  II,  2.  Et  sa  fausse  bonté  se  trahit  elle- 
même  'm.' Snphon.  ii,  5.  J'affectais  à  tes  yeux  une 
faussa  flerlé,  hac.  Jlajai.  ii,  ).  ||  Faux  semblant, 
voy.  SEMBLANT.  ||  Terme  de  théâtre.  Fausse  sortie, 
voyisoHTiE.  Il  lî"  Terme  de  guerre.  Fausse  attaque, 
attaque  faite  pour  détourner  l'attention  de  l'ennemi 
du  point  où  la  véritable  attaque  se  fait.  |i  Fau.s.se 
alarme,  alarme  donnée  pour  inquiéter  l'ennemi. 
Il  On  dit  do  même  fausse  alerte.  ]|  Dans  le  langage 
général,  fausse  alarme  se  dit  aussi,  ainsi  que  faus.se 
alerte,  d'une  alarme  vaine  et  sans  sujet,  d'une 
frayeur  sans  fondement.  ||  Terme  de  fortification. 
Fausse  braie,  seconde  enceinte  terrassée  comme  la 
l)remière,  et  qui  n'en  est  pas  séparée  par  un  fossé, 
mais  dont  le  terre-plein  joint  l'escarpe  de  la  pre- 
mière enceinte.  Ils  vous  étourdissent  de  lianes,  de 
fausses  braies, de  courtines....  la  eruy.  xii.  U  13°  Qui 
n'est  pas^  en  parlant  des  personnes,  ce  qu'il  semble 
ou  ce  qu'il  dit  être.  Un  faux  ami.  Un  faux  brave. 
Un  faux  Louis  XVH.  Un  faux  prophète.  Un  faux 
frère.  J'ai  vu  de  ces  faux  justes  deçà  et  delà  les 
monts;  j'en  ai  vu  qui,  pour  faire  admirer  leur  inté- 
grité, prenaient  l'intérêt  d'un  étranger  contre  celui 
d'un  parent  ou  d'un  ami,  encore  que  la  raison  lût 
du  côté  du  parent  ou  de  l'ami,  bai.z.  De  la  cour, 
c"  dise.  Avec  les  faux  Romains  elle  a  fait  plein 
divorce,  corn.  Sertor.  m,  3.  Trois  autres  faux  Dé- 
métrius  s'élevèrent  l'un  après  l'autre;  cette  suite 
d'impostures  supposait  un  pays  tout  en  désordre, 
VOLT,  liusxie,  1,  a.  C'est  un  faux  bon  peintre  comme 
c'est  un  faux  bel  esprit,  dider.  Salon  de  <7C5, 
Œuvres,  t.  xiii,  p.  46,  dans  pougens.  ||  Un  faux  bon- 
homme, un  homme  qui  paraît  bonhomme  et  qui  ne 
l'est  pas.  Il  14°  Qui  affecte,  pour  tromper,  des  senti- 
ments qu'il  n'a  pas;  à  qui  il  ne  faut  pas  se  lier. 
Un  coeur  faux,  i  mon  mari,  dit  la  fausse  femelle, 
LA  FONT.  Mari  conf.  Il  n'est  esprit  si  droit  Qui  ne 
soit  imposteur  et  faux  par  quelque  endroit,  boil. 
jinit.  IX.  Que  l'on  est  faux  en  ce  pays,  en  disant  la 
vérité  !  maintenon,  Lett.  ou  duc  de  Noaitles,  t"  sept. 
^^^l.  Tranquille  dans  le  crime  et  fausse  avec  dou- 
ceur, VOLT.  Zaïre,  iv,  7.  Ils  sont  [les  hommes]  faux 
ou  méchants,  ils  sont  faibles,  cruels,  ID.  Tancr.  iv, 
6.  Que  les  hommes  sont  faux,  et  qu'ils  savent, 
hélas  (  Trop  bien  persuader  ce  qu'ils  ne  sentent  pas  I 
GRESSET,  Méchant,  iv,  1. 1|  Familièremeut.  Être  faux 
comme  un  jeton,  ne  mériter  aucune  espèce  de  con- 
fiance. Il  11  se  dit  aussi  de  l'air,  du  regard,  etc.  Un 
air  faux.  Cet  homme  a  la  mine  fausse.  11  y  avait 
dans  son  ton,  dans  son  air,  je  ne  sais  quoi  de  faux, 
de  malin,  d'ironique  qui  ne  me  donnait  pas  de 
confiance,  J.  ].  Rocss.  Confess.  Ii.  ||  15"  Méchant. 
Je  vis  dans  le  temple  de  Veste  Des  Troyens  la  fa- 
tale peste....  Qui  se  cachait  sans  dire  mot,  Je 
veux  dire  la  fausse  Hélène  Si  funeste  à  la  gent 
troyenne,  scabr.  Virg.  u.  Mais  le  faux  animal,  sans 
on  prendre  d'alarmes.  Est  venu  droit  à  moi  qui  ne 
lui  disais  mot,  mol.  Princ.  d'Él.  l,  2.  C'est  un  ar- 
chaïsme, voy.  à  l'historique  le  faux  enfes,  le  mé- 
chant enfant.  ||  16°  Terme  d'histoire  naturelle.  Faux 
s'ajoute  aux  noms  de  végétaux  ou  de  minéraux 
ayant  quelque  ressemblance  avec  les  végétaux  ou 
minéraux  que  ces  noms  désignent.  Faux  acacia,  voy. 
ACACIA.  Faux  baguenaudier,  coronille  ou  séné  bâ- 
tard. Faux  ébénier,  voy.  êeénier.  Faux  jalap,  voy. 
JALAP.  Il  Fausse  orange  ou  coloquinte,  nom  du  cucur- 
bita  aurorUio,Willdenow  ,  cucurbitacée  grimpante. 
Il  Faux  grenat,  voy.  grenat.  Faux  argent,  mica. 
Faux  diamant ,  zircone.  Faux  charbon ,  charbon 
qui  est  presque  toujoursen  poussier,  et  qui  se  trouve 
en  masse,  dans  les  houillères  faibles.  ||  Fausse  che- 
nille, toute  chenille  ayant  8,  48  ou  23  pattes. 
Il  17"  Il  se  joint  à  beaucoup  de  noms  d'objets  qui 
ont  certaines  ressemblances  avec  d'autres.  Faux 
fourreau ,  voy.  fourreau.  Fausses  manches,  voy. 
MANCUE.  Fausse  équerre,  voy.  ëquehre.  ||  Terme  de 
jardinage.  Faux  bois,  branches  qui  ne  peuvent  don- 
ner de  fruit,  ni  servira  l'ornement.  ||  Fausses  côtes, 
voy.  CÔTES.  Il  Faux-bourdon,  my.  BOURnoN  2.  Je 
suivis  des  processions,  j'aimais  le  faax-bourdon  des 
prêtres,  ].  j.  rouss.  Conf.  u.  ||  Terme  d'imprimerie. 
Faux  titre,  voy.  titre.  ||  Faux  frais,  voy.  fiiais. 
Il  18"  Terme  d'architecture.  Fausse  aire,  matériaux 
grossiers  dont  on  remplit  l'intervalle  entée  les  soli- 
ves et  sur  lesquelles  on  forme  l'aire.  ||  Fausse  aletto, 
pied  droit  en  arrière-corps,  portant  une  arcade  ou 
une  plate-bande.  ||  Faux  attique,  amortissement 
ayjut  à  peu  près  les  proportions  de  l'attique,  mais 
sans  fenêtres,  dont  on  couronne  un  grand  ordre 
d'architecture,  et  que  souvent  on  orne  d'un  Ijas-re- 
lief  ou  d'une  inscription.  ||  Terme  de  chaipente.  Faux 
ehevêtre,  pièce  de  bois  plus  faible  que  le  chevôlre. 


FAU 

Il  Faux  comble,  la  partie  supérieure  d'un  comble 
brisé.  Il  Faux  plancher, faux  plafond,  voy.  plancher, 
PLAFOND.  Il  Fausse  porte,  voy.  porte.  ||  19°  Terme  de 
marine.  Ce  mot  faux  donne  ordinairement  au  mot 
qui  le  suit  la  signification  de  sujiplémentaire,  de 
simulé,  de  fautif,  de  momentané,  d'à  peu  près  sem- 
blable à  l'objet  exprimé  par  ce  même  mot.  ||  Faux 
bau,  se  ditdes  baux  qui  portent  les  planchesdu  faux- 
pont.  Il  Fausse  amure,  manœuvre  qui  sert  à  renfor- 
cer les  amures  des  basses  voiles.  ||  Fausse  arcade, 
renfoncement  cintré,  arcade  feinte,  de  laquelle  il 
ne  résulte  pas  de  percée.  ||  Fausse  balancine,  cor- 
dage supplémentaire  pour  soutenir  une  vergue. 
Il  Fausse  batterie,  canons  postiches  de  bois  peint 
que  l'on  place  sur  quelques  bâtiments  marchands 
pour  imposer  à  l'ennemi.  ||  Fausse  bouteille,  orne- 
ment extérieur  d'un  vaisseau  ;  la  partie  la  plus  éle- 
vée des  bouteilles  d'un  grand  bâtiment  ;  placard 
posé  sur  l'extrémité  du  bordé  de  l'arriùre,  sur  les 
bâtiments  qui  n'ont  pas  de  bouteilles  percées  inté- 
rieurement. Il  Fausse  braye,  cordage  qui  sert  à  l'a- 
marrage d'un  canon.  ||  Faux  bras,  se  dit  des  ma- 
nœuvres courantes  qu'on  capèle  sur  l'extrémité 
d'une  vergue,  pour  aider  aux  bras  ou  les  remplacer 
provisoirement.  Il  Fausse  cargue,  addition  aux  car- 
gues  naturelles  des  voiles  majeures.  (1  Fausse  carlin- 
gue, renfort  sur  la  carlingue.  ||  Faux  point,  ralingue 
jointe  à  une  autre  pour  fortifier  les  points  d'écoute 
des  basses  voiles.  ||  Faux  pont,  voy.  pont.  ||  20°  S.  m. 
Ce  qui  n'est  pas  vrai.  Discerner  le  faux  d'avec  le 
vrai.  Notre  esprit  est  souvent  troublé  par  la  dé- 
fiance et  l'incertitude  ;  et  le  faux  lui  paraît  revêtu 
de  couleurs  si  semblables  à  colle  du  vrai,  qu'il  no 
sait  où  il  en  est,  nicolk,  Ess.  de  mor.  t"  traité, 
ch.  8.  Tant  le  faux  s'attire  d'égards  par  cette  an- 
cienne possession  où  il  se  trouve  toujours!  pon- 
ten.  Delisle.  Enfin,  il  a  fallu  que  M.  Spallanzani,  le 
meilleur  observateur  de  l'Europe,  ait  démontré  aux 
yeux  le  faux  des  expériences  de  cet  imbécile  Nee- 
dham,  volt.  Lett.  Yillevieille,  26  août  1708.  ||Fig. 
Plaider  le  faux  pour  savoir  le  vrai,  dire  des  choses 
fausses,  pour  ne  pas  laisser  pénétrer  sa  pensée  et 
amener  ainsi  les  autres  à  dire  la  leur.  ||  Être  dans 
le  faux,  se  tromper,  être  dans  l'erreur.  Le  monde 
qui  est  toujours  dans  le  faux,  mass.  Avent,  Épiph. 
Vanité.  \\  Terme  de  chasse.  Appeler  en  faux,  se 
dit  du  chien  qui  aboie  en  quelque  endroit  d'où 
le  gibier  est  délogé.  ||  11°  Terme  de  littérature. 
Ce  qui  n'est  pas  naturel.  Le  faux  est  toujours  fade, 
ennuyeux,  languissant,  boil.  Ép.  rx.  Ces  compa- 
raisons peuvent  éblouir  d'abord ,  et  elles  étaient 
fort  vantées  du  temps  de  Quintilien  ;  mais,  quand  on 
les  examine  de  près,  on  en  reconnaît  le  faux,  rolun. 
Traité  des  Et.  m,  3.  Cet  éclat  de  coloris  qui  fait  que 
le  faux  môme  de  Voltaire  a  sa  vérité  poétique,  viL- 
lemain,  Litt.TaU.  du  xviii*  siècle,  i'  part.  2»  leç. 
Il  II  se  dit  en  un  sens  analogue  pour  les  choses  mo- 
rales. Il  ne  considéra  ni  la  fausse  gloire  ni  le  faux 
des  honneurs,  fléch.  Lamoignon.  Dieu  vous  rap- 
pelle à  lui  par  le  frivole  et  le  faux  de  toutes  les  cho- 
ses humaines,  mass.  Carême,  Motifs  de  conv.  C'est 
[ne  pas  croire  à  l'honnêteté]  le  malheur  des  cours 
surtout  ;  comme  on  y  est  né  et  qu'on  y  vit  dans  le 
faux,  on  croit  le  voir  dans  la  vertu  aussi  bien  que 
dans  le  vice,  m.  Pensées,  Des  jugem.  des  hommes. 
Il  22°  Terme  de  musique.  Ce  qui  n'est  pas  dans  le  ton. 
Nulle  cadence,  nul  accent  mélodieux  dans  les  airs 
du  peuple  ;  les  instruments  militaires,  les  fifres  de 
l'infanterie,  les  trompettes  de  la  cavalerie,  tous  les 
cors,  tous  les  hautbois,  les  chanteurs  des  rues,  les 
violons  de  guinguette,  tout  cela  est  d'un  faux  à  cho- 
quer l'oreille  la  moins  délicate,  j.  j.  ROUSS.  Hél.  n,  23 . 
Il  23°  Altération,  supposition  d'actes,  de  pièces,  de 
signatures.  Commettre,  faire  un  faux,  se  rendre 
coupable  d'un  faux  en  écriture  privée  ou  publique. 
Ceux  qui  font  courir  leurs  ouvrages  sous  le  nom 
d'autrui  sont  réellement  coupables  du  crime  de  faux; 
mais  il  s'agit  de  confronter  les  écritures,  volt. 
Lett.  Bordes,  30  oct.  I709.  ||  Terme  de  jurispru- 
dence. Altération  frauduleuse  de  la  vérité  au  pré- 
judice d'autrui.  ||  Faux  principal,  se  dit  d'une  pro- 
cédure qui  a  pour  objet  la  poursuite  d'un  faux,  \ias 
opposition  à  faux  incident,  qui  se  dit  d'une  procé- 
dure faite  incidemment  durant  le  cours  d'une  autre 
affaire.  Le  faux  incident  est  la  voie  que  prend  une 
partie  pour  faire  rejeter  d'un  procès,  comme  fausse, 
une  pièce  produite  ;  on  l'appelle  ainsi  parce  que 
celte  procédure  n'est  qu'un  incident  du  procès  en- 
gagé, lequel  forme  le  principal.  Faux  incident  civil, 
procédure  ou  faux  incident  dans  une  instance 
civile.  Il  S'inscrire  en  faux,  attaquer  en  justice  un 
acte,  une  pièce  comme  fausse.  Inscription  en  faux. 
J'obtiens  lettres  royaux  et  je  m'inscris  en  faux.  bac. 


FAU 

Plaid.  I,  7.  Il  F^g.  S'inscrire  en  faux  contre  une  allé 
galion,   la  nier  positivement.  Je  m'in.«:ris  en  faux 
contre  vos  paroles,  mol.  les  Préc.  <o.  ||  24°  Ce  qui 
n'a  que  l'apparence  d'être  précieux,  en  pailant  de 
certains  objets  de  parure  ou  d'utilité.  J'en  fais  voir  I« 
chaton  [d'un  jonc].  C'est  du  faux,  me  dit-on,  bErano. 
lionne  fille.  ||   Fabricant  en  faux,  celui  qui  fabrique 
des  objeLs  imitant  l'or,  l'argent  ou  autres  matières 
précieuses,  et  qui  les  vend  pour  imités.  ||  Terme  de 
tapisserie.  Cuivre  en  fil  ou  en  lame  non  doré,  mais 
seulement  mis  en  couleur;  on  l'emploie  à  faire  du 
galon  et  autres  garnitures.  ||  25°  Faux,  adv.  D'une 
manière   fausse.   Raisonner  faux.   Dater   faux.    Il 
chantait  faux  avec  méthode,  hamii.t.  Oramm.  7. 
On  peint  faux  pour  l'œil,  comme  l'on  chante  faux 
pour  l'oreille,  mdkh.  Pensées  sur  la  peint.  \\  Terme 
d'ancienne  pratique.    Un   faux  donné  à  entendre 
contre  la  vérité,  chose  donnée  à  entendre  contre  la 
vérité.  Il  Terme  de  vétérinaire.  Faux  marqué,  voy. 
marqué.   Il  26°  X  faux,  loc.  adv.  À  tort,  d'une  ma- 
nière fautive.  Accuser  à  faux.  L'expérience  nous  fait 
voir  qu'ils  ont  triomphé  à  faux,  balz.  Socr.  dise.  4. 
[Un  devin]  Lui  qu'Apollon  jamais  n'a  fait  parler  à 
faux,  CORN.  Jlor.  i,  1.  Le  nom  de  cavalier  que  lu  por- 
tes à  faux,  MAin.  Sol.  lu,  2.  Il  se  vantait  à  faux  et  ne 
possédait  rien,  la  font.  Case.  Et  tu  as  un  billet  de 
monsieur  Matthieu,  pour  marque  que  tu  ne  viens 
pas  à  faux,  eegnahd,  Sérén.  lO.   j|  Aller  à  faux  en 
quelque   endroit,   manquer  d'y  trouver  ce   qu'on 
cherche.  {|  Frapper  à  faux,  se  dit  d'un  coup  de  mar- 
teau qui  ne  frappe  pas  juste  sur  le  clou  ;  et  fig 
mal  appliquer  un  reproche,  une  punition.  H'Icrme 
d'architecture.  Porter  à  faux,  se  dit  des  pièces  mal 
posées  qui  ne  portent  pas  directement  sur  leur  point 
d'appui.  Cett^  poutre  porte  à  faux.   |i   Fig.   Il  est 
difficile  que  de  toutes  les  pièces  que  l'on  emploie 
à  l'édifice  de  sa  fortune ,  il  n'y  en  ait  quelqu'une 
qui  porte  à  faux,  la  bruy.  viu.  ||  Substantivement. 
Un  porte  à  faux.  Il  y  a  dans  cette  église  des  jiorte 
à  faux.  Ce  mur  est  hors  d'aplomb,  il  est  en  fiorle 
à  faux.  Les  loges  de  ce  théâtre  sont  en  porte  à 
faux.  Il  Fig.  Porter  à  faux,  se  dit  de  ce  qui  n'est  pas 
soUdement  prouvé,  établi.  Ce  raisonnement  porto  à 
faux.  Une  conspiration,  une  reine  en  danger  d'être 
détrônée ,  une  amante  sacrifiée ,  sont  assurément 
des  sujets  tragiques;  ils  cessent  de  l'être  dès  que 
tout  porte  à  faux,  volt.  Comm.  Corn.  Hem.  comte 
d'Essex.   Il  y  a  un  autre  fondement  de  son  livre 
[Montesquieu,  Espr.  des  lois]  qui  ne  me  paraît  pas 
moins  porter  à  faux,  m.  Dial.  xxiv,  t. 

—  REM.  1.  Faire  de  faux  pas  ou  faire  dos  faux 
pas.  Les  deux  se  disent  :  le  premier  est  conforme 
à  la  règle  stricte;  dans  le  second  on  prend  faux 
pas  pour  un  seul  mot.  ||  2.  Faux,  avec  plusieurs 
noms,  modifie  leurs  significations,  suivant  qu'il  les 
précède  ou  qu'il  les  suit.  On  en  peut  voir  ci-dâssus 
des  exemples  avec  carte,  clef,  note. 

—  HlST.  XI'  s.  Qui  faus  jugement  fait.  Lois  de 
Guill.  <  6.  De  false  loi  [le  mahométisme]  que  Deus 
nenamat  onques,  Ch.  de  Roi.  cclxvi.  ||  xu°  s.  Li 
ors  des  tables  ne  sera  mie  faus,  Ronc.  p.  us.  Em- 
pris  [j'j  ai  greignor  folie  Que  li  faus  enfes  (le  mé- 
chant enfant]  qui  crie  Por  la  bêle  estoile  avoir, 
Ccuci,  m.  Las!  pourquoi  l'ai  de  mes  ieuz  regardée, 
La  douce  rien  qui  fausse  amie  a  nom  ?  ib.  vi.  On- 
ques vers  li  [elle]  n'oi  [je  n'eus]  faus  cuer  ne  vo- 
lage, ib.  ziz.  Quant  la  dame  se  cointois  et  atouine. 
C'est  pour  faire  son  poure  ami  dolent  ;  La  joie  en  a 
li  riches  faus  qui  ment,  quesnes.  Romancero,  p.  86. 
Peu  aime  son  seigneur  ...Qui  par  fause  oclioison  [oc 
casion]  de  lui  servir  se  part,  Saums,  xix.  ||  xiii'  s 
X  la  fausse  royne  [celle  qui  n'était  pas  reine]  [ils; 
vont  ensemble  là  sus,  Berte,  xxiv.  Et  Tybers  ses 
cousins,  qui  ert  [était]  faus  et  trichiere,  ib.  xl. 
Quant  la  serve  l'entent,  s'  [si|  en  jeta  un  faus  ris, 
Semblant  fait  qu'en  fust  lie  [joyeuse]....  ib.  lxxv. 
Apius,  Qui  fist  à  son  serjant  emprendre  Par  faus  tes- 
moings  fauce  querele  Contre  Virgine  la  pucele,  la 
Rose,  60  U.  Quant  li  corages  est  commeiiz  par  au- 
cun trobloment,  il  pert  les  oils  [yeuxj  et  la  connoi»- 
sance  entre  voir  [vrai]  et  faus,  brun,  latini,  Tré- 
sor, p.  363.  Il  XV*  sT  Et  quant  Girauldon  en  ouist  la 
voix,  il  n'ot  plus  de  recours  pour  lui  sauver  que  par 
une  fausse  voie  que  il  savoit,  froiss.  ii,  n,  2(  4.  Haï 
faulse  envie  I  que  tu  as  basty  de  maies  œuvres  et 
maints  as  livré  à  honte  I  Bouctc.  ii,  2«.  Et  do  fain- 
tises  et  faux  semblans,  pour  elles  décevoir,  bien  se 
gavent  aider,  ib.  i,  8.  Encontre  ung  faulx,  un  et 
demi,  al.  cnARTiEK,  (l-Mwes,  p.  7i«.  Toutes  fois 
n'estoient  point  bien  a-sseur  qu'on  ne  leur  jouast  à 
la  faulce  compagnie,  monstrel.  t.  ii,  p.  <S2,  dans 
lacurne.  Le  duc  de  Bourbon  fist  tant  que  ses  gens 
prinrent  une  fausse  braye  par  devers  une  porie  au 


FAU 

dessoubz  du  chastel,  où  il  logea  cent  hommes  d'ar- 
mes, Hist.  de  Louis  III  de  Bourbon,  p.  70,  dans  la- 
CURNK.  Par  ma  foy,  distle  chevalier,  il  u'y  eut  cli- 
ques hommes  qui  s'en  elïorçast  [de  combattre  pour 
une  femmej  ;  car  ilz  ne  s'en  voulaient  pas  encoulper 
pour  elle,  pour  ce  qu'ilz  sçavoieut  Lien  que  elle 
avoit  le  chevalier  occis;  si  eussent  esté  desloyauï, 
se  ils  se  fussent  mis  en  faulx  gaiges  à  leur  escient, 
Lancelot  du  Lac,  t.  lu,  f"43i.  ||  xvi-  s.  Il  se  dé- 
pouilla de  ses  hahillemens  de  palefrenier,  osta  son 
faux  nez  et  sa  fausse  barbe,  masg.  JVou».  xivi.  La 
gloire,  vaine  et  faulse  monnoye,  mont,  i,  278.  Lo 
fauls  pas  d'un  cheval  sullit  k  le  porter  par  terre, 
iD.  II,  i90.  Une  peincture  entre-luisant  d'une  in- 
finie variété  de  fauls  jours  à  exercer  nos  conjectu- 
res, ID.  II,  28U.  Duiant  ces  guerres  de  la  ligue,  plu- 
sieurs se  sont  aydez  des  places  que  le  roy  dernier 
leur  avoit  données  en  garde,  et  de  ses  moyens  et 
finances,  pour  luy  faire  la  guerre  et  jouer  fausse 
compagnie,  dhant.  Capit.  franc,  t.  ii,  p.  350,  dans 
1.ACURNE.  Ha,  faulse  mort,  tant  tu  m'es  malivole 
de  me  toUir  celle  à  laquelle  immortalité  appartenoit 
de  droit,  rau.  Pant.  u,  3. 

—  ÉTYM.  Wall,  /as,  fdse  ;  provenç.  fais  ;  espagn. 
et  ital.  falso;  du  lat.  falsus,  part,  passé  de  fallere, 
tromper  (voy.  faillir  et  falloir)  . 

2.  FACX  (fô;  l'x  se  lie  :  une  fô-z  aiguisée),  s.  f. 
Il  1°  Terme  d'agriculture.  Instrument  formé  d'une 
lame  longue,  un  peu  courbée  et  attachée  au  bout 
d'un  long  manche,  à  l'aide  duquel  on  coupe  les 
plantes  fourragères,  les  céréales,  etc.  qui  se  trou- 
vent sur  l'arc  de  cercle  décrit  par  la  faux.  Laissez 
là  ces  mousquets  trop  pesants  pour  vos  bras.  Et, 
la  faux  à  la  main,  parmi  vos  marécages,  Allez  cou- 
per vos  joncs....  BOiL.  Ép.  IV,  Et  qu'on  ne  doit  pas 
moins,  pour  le  soutien  du  trône,  X  la  faux  de  Gérés 
qu'au  sabre  de  Bellone,  volt.  Ép.  lxxxiii.  |{  Kig.  et 
poétiquement.  La  faux  du  temps,  de  la  mort,  le 
temps,  la  mort.  Je  vais  faire  passer  la  faux  sous 
cette  fleur,  thistan,  If.  de  Chrispe,  iv,  7.  Mais 
épargne  ta  faux,  puisque,  0  prodige  extrême,  La 
nature  aujourd'hui  se  détruit  elle-même,  hotrou, 
Anlig.  v,  8.  Il  2"  Lames  de  faux  dont  on  armait , 
dans  l'antiquité,  des  chars  destinés  à  être  lancés 
3ur  les  bataillons  ennemis.  Les  chariots  armés  de 
aux  tranchahtes,  fén.  Tél.  x.  ||  3"  Insti-ument,  dit 
aussi  dérompoir,  avec  lequel,  dans  les  papeteries,  on 
coupe  le  chiffon  par  petits  morceaux.  |1  4°  Terme 
d'anatomie.  Faux  du  cerveau,  repli  longitudinal 
de  la  dure-mère  qui  sépare  d'avant  en  arrière  les 
deux  hémisphères  du  cerveau.  ||  Faux  du  cervelet, 
repli  de  la  dure-mère,  semblable  par  sa  forme 
au  précédent,  qui  s'étend  depuis  la  partie  moyenne 
et  inférieure  du  cervelet  jusqu'au  grand  trou  oc- 
cipital. Il  Grande  faux  du  péritoine,  ou  faux  de  la 
veine  ombilicale,  repli  du  péritoine  qui  s'étend  de 
l'ombilic  au  bord  antérieur  inférieur  du  foie. 

HiST.  XII'  s.  L'espée  Qui  plus  estoit  tranchans 

que  faux,  la  Charrette,  3100.  ||  xiii- s.  Fourches, 
fleaus,  fauches,  Liv.  des  met.  323.  Et  qui  i  voet  fau- 

kier  à  fauc,  tailliar.  Recueil,  p.  79.  ||  xV  s Qui 

s'armoit  de  gueules  à  trois  faulx  d'or,  fboiss.  i,  i, 
<40.  Chascun  a  sa  jurisdiction,  Son  degré,  sa  sub- 
jection,  Sans  sa  faulx  eu  autrui  bief  mettre,  eust. 
UKSCH.  Poésies  mss.  f  656,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s. 
Mettre  injustement  sa  faux  en  la  moisson  d'autrui, 
lasoue,  p.  B89.  Prairies  dépouillées  après  la  pre- 
mieie  ou  seconde  faux  [fauchaison],  JVou».  coui(. 
yénér.  t.  ii,  p.  422. 

—  ÉTYM.  Bourg,  fau;  picard,  feuke;  provenç. 
faus;  catal.  fais;  espagn.  et  ital.  falce;  portug. 
fouce  ;  du  lat.  falcem. 

+  FAUX-DC-CORPS  (fô-du-kor) ,  i.  m.  La  partie  de 
la  taille  qui  est  au-dessous  des  côtes. 

—  IIEM.  On  a  dit  aussi  à  fois  de  corps,  qui  est 
dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie  (voy.  fois  2), 
et  à  foi  de  corps,  qui  est  dans  Retz. 

—  HIST.  XVI'  s.  Elle  se  fist  lier  et  attacher  estroi- 
tement  avec  son  mari  par  le  faux  du  corps,  mont. 

Il,  3B. 

—  ÉTYM.  Le  faux,  la  partie  où  le  corps  est  plus 
mince,  et  corps.  On  trouve  aussi  le  fond  du  eorys  : 
B  estoit  fort  gresle  et  fort  menu  par  le  fond  du 
corps,  AMYOT,  Phil.  3.  Peut-être  la  véritable  or- 
thographe de  ce  mot  qui  offre  tant  de  variantes 
est-elle  faut-de-corps,  l'endroit  où  le  corps  faut, 
pourtant  il  n'est  pas  sûr  que  fois  ou  foi  soit  une 
corruption  de  faux  ou  fond. 

FAUX-FUYANT  (fô-fui-ian),  ».  m.  ||  1"  'Chemin 
détourné,  voie  par  laquelle  on  peut  s'en  aller  sans 
être  vu.  Il  2°  Terme  de  chasse.  Petit  sentier  dans  les 
bois  pour  les  gens  de  pied.  ||  3°Fig.  Défaite,  échap- 
patoue.  Ce  subtil  faux-fuyant  mérite  qu'on  le  loue, 


FAV 

MOL.  Femm.  sav.  i,  4.  Ce  lui  serait  trop  d'affaire  de 
chorclier  des  faux-fuyants  à  tous  les  mauvais  pas  où 
Il  s'engage,  uoss.  Avert.  0.  Faux-fuyants  pour  élu- 
der, dctoui-s  pour  donner  le  change,  bons  mots 
pour  déconcerter  le  sérieux  par  la  plaisanterie, 
MABMONTEL,  Mém.  Xll.  ||  Il  Se  dit  quelquefois  pour 
côté  caché  par  où  l'argent  s'écoule.  Voir  quels 
étaient  les  faux-fuyants  de  la  dépense,  et  en  réfor- 
mer les  abus,  makmontel,  Mém.  xii. 

—  HlST.  XVI'  s.  La  principale  chose  que  doit  ap- 
prendre un  chien  pour  bien  se  rabattre,  c'est  de  ne 
laisser  passer  ni  couler  faux  fuyants  ny  nulles  sen- 
tes, sans  y  mettre  le  nez,  Charles  es.  De  la  chasse, 
p.  <24,  dans  lacurne. 

—  ËTYM.  Faux,  et  fuyant. 

t  FAUX-MAliCIlEK  (fô-mar-ché),   *.  m.  Terme 
de  chasse.  Voy.  marcher. 
tFAUX-MAUQUÉ  (l'ô-mar-ké),  s.  m.  Voy.  MARQUÉ. 
FAUX-MONNAYEUR  (fô-mo-nè-ieur) ,  ».  m.  Voy. 

M0NNAYEUR. 

FAUX-SAUNAGE  (fô-sô-na-j') ,  ».  m.  Voy.  sau- 
nage. 

FAUX-SAUNIER  (  fô-sô-ni-é  ) ,  ».  m.  Voy.  sau- 
nier. 

t  FA'V AGITE  (fa-va-ji-f),  ».  f.  Madrépore  fossile. 

t  FAVÉOLÉ,  ÉE  (fa-vé-0-lé,  lée),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  est  on  forme  de  gâteau  de 
miel ,  qui  est  percé  d'une  multitude  de  petites 
loges. 

—ÉTYM.  Lat.  favus,  rayon  de  miel. 

t  FAVEROLLE  (fa-ve-ro-l') ,  ».  f.  Un  des  noms 
du  haricot,  de  la  petite  fève  en  certaines  contrées. 

—  ÉTYM.  Diminutif  du  latin  /'oba,  fève. 

FAVEUR  (fa-veur),  ».  /".  ||  1°  Au  sens  actif,  bien- 
veillance, bonnes  grâces,  appui  donné  par  un  prin- 
ce, par  un  personnage  puissant,  par  le  public,  etc. 
Enfin,  vous  l'emportez,  et  la  faveur  du  roi  Vous 
élève  en  un  rang  qui  n'était  dû  qu'à  moi ,  corn. 
Cid,  I,  3.  Ma  faveur  fait  ta  gloire,  et  ton  pouvoir 
en  vient;  Elle  seule  t'élève  et  seule  te  soutient; 
C'est  elle  qu'on  adore  et  non  pas  ta  personne;  Tu 
n'as  crédit  ni  rang  qu'autant  qu'elle  t'en  donne,  id. 
Cinna,  v,  4.  Songez-y;  vous  avez  la  faveur  des  sol- 
dats, RAC.  Mithr.  I,  B.  Et  qui  de  ma  faveur  se  vou- 
drait honorer.  Si  mon  hymen  prochain  ne  vous  peut 
assurer?  m.  Iphig.  v,  2.  La  faveur  du  prince  n'ex- 
clut pas  le  mérite  et  no  le  suppose  pas  non  plus. 
LA  BRUY.  xii.  La  faveur  prodiguée  aux  mauvais  ou- 
vrages est  aussi  contraire  aux  progrès  de  l'esprit 
que  le  déchaînement  contre  les  bons,  volt.  Orette, 
Epître.  Barbabou  fut  tué  roide,  et  le  peuple  en  fut 
cliarmé,  parce  qu'il  était  laid  et  que  Rustan  était 
fort  joli  ;  c'est  presque  toujours  ce  qui  décide  de  la 
faveur  publique,  m.  Blanc  et  noir.  \\  Absolument.  Il 
doit  tout  h  la  faveur.  ||  Hommes,  gens  de  faveur, 
personnes  qui  ne  doivent  leur  élévation  qu'à  la  pro- 
tection. Il  Place,  emploi  de  faveur,  place,  emploi 
qu'on  accorde  à  quelqu'un  sans  qu'il  y  ait  de  titres. 
l|  Trouver  faveur  auprès  de  quelqu'un,  s'en  faire 
favorablement  accueillir.  ||  Prendre  faveur,  s'accré- 
diter. C'est  une  marchandise  qui  prendra  faveur.  Ce 
livre  a  pris  faveur  rapidement.  ||  Dans  les  théâtres, 
entrée  de  faveur,  entrée  gratuite  accordée  à  une 
personne  qui  n'y  a  point  de  droit.  Los  entrées  de 
faveur  sont  supprimées  aujourd'hui.  ||  Billet  de  fa- 
veur, billet  accordé  gratuitement  pour  une  seule 
représentation.  ||  Tour  de  faveur,  décision  du  comité 
ou  du  directeur  en  vertu  de  laquelle  une  pièce  est 
jouée  avant  d'autres  reçues  antérieurement.  ||  Fig. 
Les  faveurs  de  la  fortune ,  les  honneurs,  les  ri- 
chesses ,  etc.  Quand  la  faveur  du  ciel  ouvre  à 
démises  bras,  corn.  Ilor.  m,  3.  La  guerre  a 
ses  faveurs  ainsi  que  ses  disgrâces,  rac.  Utthr. 
m,  I.  Le  ciel  tonne  sur  nous;  est-ce  faveur  ou 
haine?  volt.  Sémir.  m ,  a.  ||  2°  Au  sens  passif, 
bienveillance,  bonnes  grâces,  appui  reçu  par  quel- 
qu'un; crédit,  pouvoir  qu'on  a  auprès  d'un  prince, 
d'un  personnage  puissant.  Le  duc  par  sa  faveur 
vous  a  blessé  les  yeux,  rotroc,  Vencesl.  i,  4 .  Vous 
savez  que  je  suis  auprès  d'elle  en  quelque  espèce 
de  faveur,  que  j'y  ai  les  accès  ouverts....  mol.  les 
Am.  magn.  i,  f.  Quand  je  serais  en  faveur,  il  ne 
m'aurait  pas  mieux  reçue,  sÉv.  168.  11  est  bien  juste 
d'avoir  tous  les  dégoûts  de  la  faveur,  quand  on  en 
a  tous  les  honneurs,  maintenon,  Lctt.  au  card.  de 
Noailles,  8  mai  (898.  À  mesure  que  l.i  faveur  et 
les  grands  biens  se  retirent  d'un  homme,  ils  lais- 
sent voir  en  lui  le  ridicule  qu'ils  couvraient,  la 
BRUY.  VI.  C'est  beaucoup  tirer  de  notre  ami,  si,  étant 
monté  en  faveur,  il  est  encore  un  homme  de  notre 
connaissance,  m.  viii.  Il  y  a  îles  gens  à  qui  la  la- 
veur arrive  comme  un  accident;  ils  en  sont  les 
premiers  surpris  et  consternés,  m.  ib.  Etes-vous 


FAV 


1631 


on  faveur,  tout  manège  est  bon,  vous  ne  faites  point 
de  fautes,  tous  les  chemins  vous  mènent  au  terme, 
iD.  ib.  La  faveur  met  l'homme  au-dessus  de  ses 
égaux,  et  sa  chute  au-dessous,  id.  ib.  Déjà  de  ma 
faveur  on  adore  le  bruit,  bac.  Brit.  v,  ».  Vous  pour- 
riez de  Zaïre  employer  la  faveur,  volt.  Zaïre,  ii,  i. 
Il  Absolument.  La  puissance  d'un  favori.  On  quitte  ia 
royauté  pour  courir  après  la  faveur,  de  laquelle  les 
Arabes  disent  que  c'est  une  fille  qui  tue  bien  sou- 
vent sa  propre  mère,  balz.  De  la  cour,  T  dite. 
Il  S'attacher,  se  dévouer  à  la  faveur,  rechercher  les 
personnes  puissantes.  Théodote  a  une  plus  douce 
manie  ;  il  aime  la  faveur  éperdumont;  mais  sa  pas- 
sion a  moins  d'éclat;  il  lui  fait  des  vœux  en  se- 
cret; il  la  cultive,  il  la  sort  mystérieusement;  il  est 
au  guet  et  à  la  découverte  sur  tout  ce  qui  parait  do 
nouveau  avec  les  livrées  de  la  faveur,  la  biiuï.  viii. 
Il  3"  Bienfait,  octroi  gracieux,  marque  d'amitié,  de 
bienveillance.  11  le  combla  de  faveurs.  Encore  se 
faut-il  contenter  des  honneurs  de  la  iklIi  ot  recevoir 
à  faveur  une  dignité  que  le  fils  du  roi  d'Espagne  a 
désirée,  balz.  liv.  ii,  lett.  2.  Je  hais  jusques  aux 
soins  dont  m'honorent  les  dieux.  Et  je  m'en  vais 
pleurer  leurs  faveurs  meurtrières,  rac.  Phéd.  v,  7. 
Hélas!  d'où  nous  viendra  cette  insigne  faveur?  m. 
Athal.  III,  7.  Pour  obtenir  les  faveurs  du  roi,  on  le 
flatte,  fén.  Tél.  ii.  Seigneur,  s'il  est  ainsi,  votre 
faveur  est  vaine;  Quel  indigne  soldat  voudrait  bri- 
ser sa  chaîne,  Alors  que  dans  les  fers  son  chef  est 
retenu?  volt.  Zam,  ii,  i.  ||  Formule  de  politesse. 
Faites-moi  la  faveur  de....  ayez  la  bonté  de. . .  Fai- 
tes-moi la  faveur  de  recommander  mon  ami.  ||  Dans 
la  franc-maçonnerie,  on  dit  :  J'ai  la  faveur....  au 
lieu  de  :  J'ai  l'honneur  d'être,  etc.||  4°  Au  plur.  Les 
bonnes  grâces  d'une  femme.  Souviens-toi....  Que 
tu  me  dois  ton  cœur,  que  mes  faveurs  t'atten- 
dent ,  CORN.  Cinna,  i,  3.  Un  amant  a  fort  peu  de 
quoi  se  satisfaire  Des  faveurs  qu'on  lui  lait  sans 
dessein  de  les  faire,  id.  Uent.  i,  2.  Car  aux  faveurs 
(l'une  belle  il  eut  part,  la  fort.  F.  avare.  Ils  n'ont 
point  de  faveurs  qu'ils  n'aillent  divulguer,  mol. 
Tart.  m,  3.  Je  ne  me  fierai  point  à  des  propos  si 
doux  Qu'un  peu  de  vos  faveurs  après  quoi  je  sou- 
pire Ne  vienne  ra'assurer  tout  ce  qu'ils  m'ont  pu 
dire,iD.i'b.  iv,B.  Elle  aimerait  mieux  mourir  que  de 
faire  des  faveurs  à  un  homme  qu'elle  aimerait,  bév. 
<3B.  Louis  XIV,  lassé  de  voltiger  et  de  cueillir  des 
faveurs  passagères,  se  fixa  enfin  à  la  Vallière,  st- 
siM.  441,  <55.  L'on  faisait  brûler  les  hommes  qui 
avaient  eu  les  faveurs  d'une  juive,  volt.  Moeurs, 
103.  Il  ne  faut  publier  ni  les  faveurs  des  femmes  ni 
celles  des  rois,  id.  Lett.  d'Argenson,  18  mars  1749. 
Or  est-il  qu'Hérodote  ne  se  douta  jamais  do  ce 
que  nous  appelons  prince,  trône  et  couronne,  ni 
de  ce  qu'à  l'Académie  on  nomme  faveurs  des  dames 
et  bonheur  des  sujets,  p.  L.  couh.  Traduct.  tïllérod. 
Pr^/'oce.  Il  Les  dernières  faveurs,  les  plus  grandes 
marques  d'amour  qu'une  femme  puisse  donner  à  un 
homme;  et,  absolument,  dans  le  même  sens:  Elle 
lui  accorda  ses  faveurs.  Ils  avaient  rendez-vous  dans 
les  bois  le  lendemain  au  lever  du  soleil  pour  en 
venir  aux  dernières  faveurs,  corn.  Clit.  Argument. 
Il  Se  dit  aussi  au  singulier.  On  lui  faisait  toujours 
quekjue  faveur,  la  font.  Orais.  Cette  expression 
faveur,  signifiant  une  bienveillance  gratuite  qu'on 
cherche  à  obtenir  du  prince  ou  du  public,  la  galan- 
terie l'a  étendue  à  la  complaisance  des  femmes,  volt. 
IJict.  phil.  Faveur.  Écoute,  une  faveur  surprise 
Pourrait-elle  éveiller  un  amoureux  souci  ?  Où  le  cœur 
est ,  les  faveurs  sont  aussi ,  imbert  ,  JcUoiix  sans 
amour,  ii,  2.  ||  6°  Indulgence,  par  opposition  à  ri- 
gueur, sévérité.  Les  juges  l'ont  traité  avec  faveur. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  arrêt  de  faveur;  cas 
de  faveur.  ||  Ancien  terme  de  commerce.  Jours  de 
faveur,  les  dix  jours  que  l'ordonnance  accordait  aux 
marchands,  banquiers  et  négociants,  après  l'é- 
chéance de  leurs  lettres  de  change,  pour  les  faire 
protester.  ||  Mois  de  faveur,  les  deux  mois  de  l'année 
où  le  collateur  d'un  bénéfice  pouvait  le  conférer  à 
celui  des  grailués  qu'il  en  voulait  gratifier.  Les 
mois  d'avril  et  d'octobre  étaient  des  mois  de  fa- 
veur. Il  Lettres  de  faveur,  nom  qu'on  donnait  au- 
trefois à  des  lettres  de  recommandation.  Lorsqu'a- 
vec  bon  congé  du  cardinal  infant  Et  lettres  de 
faveur  nous  partîmes  de  Flandre,  scarb.  Jodelet, 
I  1.  Il  6°  Condition  favorable,  ressource.  Afin  que, 
pour  nier  en  cas  de  quelque  enquête.  J'eusse 
d'un  faux-fuyant  la  faveur  toute  prête,  mol.  Tort, 
v.  1 .  Trop  heureux  si  bientôt  la  faveur  d'un  di- 
vorce Me  soulageait  d'un  joug  qu'on  m'imposa 
par  force  I  rac.  Brit.  ii,  2.  Il  soulevait  encor  sa 
main  appesantie.  Et,  marquant  à  son  bras  la  plaça 
de  son  cœur,  Semblait  d'un  coud  plus  sûr  implorer 


1632 


FAV 


la  fareur,  n*c.  mihr.  v,  4.  ||7°  Ruban  uni  et  tr^s- 
Rtroit.  Nouer  un  paquet  avec  une  faveur.  On  appe- 
lait autrefois  faveurs,  dos  rubans,  des  gants,  des 
boucles,  des  noeuds  d'épée,  donnés  par  une  dame, 
VOLT.  Dict.  phil.  Faveur.  ||  8»  En  faveur  de,  loc. 
prép.  En  considération  de.  Adieu,  ma  très-ch'Te 
belle,  je  vous  dirai  donc  que  je  vous  aime,  sans 
crainte  de  vous  ennuyer,  puisque  vous  le  souffrez, 
eu  faveur  de  mon  style;  vous  faites  grâce  à  mon 
cieur  en  faveur  de  mon  esprit,  n'est-ce  pas  juste- 
ment cela?  sÉv.  443.  Il  Au  profit,  à  l'avantage.  11  a 
fait  un  testament  en  faveur  de  son  neveu.  Les  Grecs 
jugèrent  en  faveur  d'Ulysse,  fén.  Tél.  xix.  C'est  la 
question  que  l'auteur  suppose  sans  preuve  décidée 
en  sa  faveur,  boss.  Var.  2"  instr.  §  83.  |{  Dans  l'in- 
térêt de,  pour  la  cause  de.  C'est  trop  m'importu- 
ner  en  faveur  d'un  sujet,  corn.  Nicom.  iii,  2.  11 
écrivit  au  sénat  en  faveur  des  chrétiens,  boss.  Hist. 
1,  to.  La  Grèce  en  ma  faveur  est  trop  inquiétée, 
BAC.  Andr.  i,  2,  Tout  lui  parle,  madame,  en  faveur 
d'Agrippine,  ID.  Brit.  i,  ).  Sait-il  en  sa  faveur  jus- 
qu'où va  votre  estime?  id.  Uithr.  ii,  (.  Ce  que  les 
dieux  ont  fait  en  votre  faveur,  fén.  Tél.  iv.  L'Épire 
aussitôt  se  déclara  en  faveur  de  Cassandre,  rollin, 
Jlist.  anc.  Œuv.  t.  vu,  p.  4'î9 ,  dans  polgens. 
Il  Prévenir  en  faveur  de  quelqu'un,  de  quelque 
chose,  en  donner  d'avance  une  opinion  avantageuse. 
Cette  conduite  prévient  en  sa  faveur.  Un  petit  nom- 
bre d'amis  prévenus  en  votre  faveur,  mass.  Avent, 
Jugem.  ||  9°  X  la  faveur  de,  loc.  prép.  Au  moyen,  i 
l'aide  de.  X  la  faveur  de  la  nuit  il  s'était  sauvé  en 
nageant,  fén.  Tél.  vni.  X  la  faveur  de  cet  orage  il 
leur  échappa,  m.  ib.  xvii.  ||  Sous  la  faveur  de,  même 
sens.  Marchons  sous  la  faveur  des  ombres  de  la  nuit, 
CORN. /(Jus.  com.m,  7.  ||  Corneille  a  dit,  avec  le  même 
sens,  en  faveur  de,  qui  n'est  pas  usité,  ou  du  moins 
qui  l'est  avec  un  sens  tout  contraire  :  Jusques  en 
Belle-Cour  je  vous  ai  reconduit,  Pour  voir  une  mai- 
tresse  en  faveur  de  la  nuit.  Suite  du  Ment,  iv,  4. 

—  HIST.  xii"  s.  [Ceux]  ki  esgardent  com  li  blan- 
diement  de  cest  siècle  sunt  decivable,  ki  ses  favors 
tienentà  persécutions.  Job,  p.  462.  ||  xiv"s.  Etsera- 
bloit  bien  k  Tarquinius  que  il  avoit  plus  grant  fa- 
veur en  la  court  que  devant,  bercheure,  f"2!,  verso. 
Ne  soit....  Amours,  ne  faveur,  ne  haine.  Ne  chose 
au  monde  qui  t'encline  Â  faire  riens  de  desloial,  ma- 
ciuuT,  p.  (07.  Il  xv  s.  En  faveur  du  roy  son  nep- 
veu,  juv.  DES  URSiNS,  Cftarîes  VI,  )380.  Se  le  roy  sa 
faveur  donnoit  X  celui  qui  le  mieux  boiroit.  Comte 
ou  marquis  il  me  feroit,  basselin,  i.  ||  xvi'  s.  Des- 
quels [preux]  chacune  [dame]  a  voulu  recevoir  Une 
'aveur  qu'elle  faitapparoistre,  X  fin  que  mieux  on  la 
puisse  congnoistre,  st-gf,lais,  )  7.  Un  moulin  à  la  fa- 
veur duquel  il  s'estoit  approché,  mont,  i,  ♦«.  Les  fa- 
veurs et  disgrâces  de  la  fortune,  ID.  i,  67.  Il  void  venir 
Roquemoret  bien  couvert  de  pennaches  et  de  fa- 
-eurs  d'une  roine,  d'aub.  Hùl.  u,  46«.  Il  leva  ses 
bloouspour  s'aller  camper  à  la  faveur  de  Valancien- 

nes,  ID.  ib.  ii,  47( Son  artillerie  fut  de  la  candis 

de  batterie,  le  tout  esquipé  et  paie,  non  à  la  faveur 
mais  à  la  crainte,  qui  lors  valloit  bien  alitant,  id.  ib. 
'II,  B.  Les  premiers  bons  services  qu'il  leur  avoit 
faits,  lui  apportoient  plus  de  faveur  que  les  derniè- 
res imputations  ne  lui  causoientde  défaveur,  amyot. 
Cor.  61.  11  semble  que  celuy  qui  porte  sur  le  visage 
les  faveurs  de  la  nature  imprimées  en  une  rare  et 
excellente  beauté,  ayt  quelque  légitime  puissance 
sur  nous....  charron.  Sagesse,  i,  6.  Aller  reconnois- 
tre  l'armée  de  l'ennemi,  leur  contenance,  ordre  de 
bataille  et  forme  de  marcher,  voire  essayer  d'enta- 
mer quelqu'un  de  ses  escadrons,  si  quelqu'un  de  sa 
portée  s'emancipoit  dequitter  la  faveur  [protection] 
des  bataillons,  sdllt,  jtém.  t.  i,  p.  4)8,  dans  la- 

CURNE. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  favor;  ital.  favore; 
du  lat.  favorem,  de  favere,  favoriser,  tenant  au  ra- 
dical sanscrit  pïl,  purifier. 

+  FA  VEUX,  EUSE  (fa-veû,  veû-z'),  adj.  Terme 
didactique.  Oui  ressemble  à  des  rayons  de  miel. 
Il  Terme  de  médecine.  Teigne  faveu.se,  maladie  cu- 
tanée chronique,  contagieuse,  caractérisée  par  des 
croûtes  d'une  odeur  dégoûtante,  qui  ont  été  com- 
parées à  des  rayons  de  miel. 

—  ÉTYM.  Lat.  fairus,  rayon. 

t  FAVIFORME  (fa-vi-for-m'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  est  en  forma  d'alvéoles. 

—  f.TYM.  Lat.  favus,  rayon,  alvéole,  et  forme. 

t  PAVONETTE  (fa-vo-nè-f),  î. /'.  U  gesse  tu- 
béreuse [lalhyrus  tuberosus,  /,.). 

FAVORAULE  (fa-vo-ra-bl'),  od;.  ]|  l"  Qui  donne 
faveur.  Trop  favorables  dieux,  vous  m'avez  écou- 
tée, CORN.  Hor.  m,  ».  Seigneur,  le  juste  ciel  vous 
«si  bien  favorable,  va.  Rodog.  v,  B.  Favorable  à  ceux 


FAV 

qui  méritaient  sa  protection ,  civil  à  ceux  à  qui  il 
no  pouvait  être  favorable,  fléch.  Jjtmoignon.  J'a- 
voue avec  la  sincérité  que  je  vous  dois,  que  je  crains 
que  vous  ne  soyez  favorable  au  Port-Royal  des 
champs,  maintenon,  Ult.  au  card.  de  Noailles, 
8  nov.  1707.  Peut-être  d'autres  yeux  me  sont  plus 
favorables,  rac.  Andr.  n,  2.  Si  jamais  à  mes  vœux 
vous  fûtes  favorable,  ID.  Eslh.  u,  7.  ||  î°  Il  se  dit  des 
choses  dans  le  même  sens.  Et  le  sort  favorable  à 
son  lâche  attentat,  corn.  Itodog.  i,  t.  Les  Juil»  ré- 
tablissaient leur  temple  et  commençaient  à  relever 
Jérusalem  sous  les  favorables  édits  des  rois  de  Perse, 
BOSS.  Polit.  X,  m,  2.  Pensez-vous  qu'Hermione,  à 
Sparte  inexorable,  Vous  prépare  en  Êpire  un  sort 
plus  favorable?  bac.  Andr.  i,  t.  Les  vents  deve- 
naient favorables  aux  vaisseaux  de  Cliypre,  fén. 
Tél.  ni.  Naissance  de  Charles-Ouint  dans  la  ville  de 
Gand,  le  24  février,  jour  de  saint  Mathias,  ce  qu'on  a 
remarqué,  parce  que  ce  jour  lui  fut  toujours  depuis 
favorable,  volt.  Annales  de  l'Emp.  Maximilien, 

I  BOO.  On  ne  pouvait  amener  un  convoi  ni  faire  un 
fourrage  sans  combattre,  de  sorte  que  la  guerre 
continuait  partout,  excepté  où  elle  pouvait  nous 
être   favorable,  ségïr,  Hist.    de   Napol.   vra,  <o. 

II  Succôs  favorable,  heureux  succès.  Bien  que  la 
nouveauté  de  ce  caprice  en  ait  rendu  le  succès  as- 
sez favorable  pour  ne  me  repentir  pas  d'y  avoir 
perdu  quelque  temps,  corn.  Illusion,  examen.\\  Bles- 
sure favorable,  blessure  qui  n'est  pas  dangereuse  ; 
coup  favorable,  coup  qui,  sans  être  dangereux,  a 
porté  dans  un  lieu  où  il  aurait  pu  l'être  (locutions 
vieillies).  ||  3°  Qui  est  en  faveur  do.  J'ai  une  idée 
favorable  de  ce  jeune  homme.  Présenter  une  cho.se 
du  côté  favorable.  Quand  les  termes  sont  si  clairs 
qu'ils  n'en  souffrent  aucune  [interprétation],  alors 
nous  nous  servons  de  la  remarque  des  circonstan- 
ces favorables,  pasc.  Prov.  6.  Les  stoïciens,  qui  leur 
étaient  opposés  [aux  épicuriens],  contre  lesquels 
saint  Paul  disputa  aussi,  n'avaient  pas  une  opinion 
plus  favorable  à  la  divinité,  puisqu'ils  faisaient  un 
dieu  de  leur  sage  et  même  le  préféraient  à  leur  Ju- 
piter, BOSS.  Polit.  VII,  II,  4.  Je  donne  à  ses  discours 
un  sens  plus  favorable,  rac.  Bajai.  i,  4.  Prêtant  à 
leurs  fureurs  des  couleurs  favorables,  id.  Athal.  m, 
3.  Il  II  se  dit  des  personnes  en  un  sens  analogue.  Et 
vous,  prince,  qui  l'avez  tant  honorée  pendant  qu'elle 
était  au  monde;  qui,  favorable  inteiprète  de  ses 
moindres  désirs,  continuez  votre  protection  et  vos 
soins  à  tout  ce  qui  lui  fut  cher,  boss.  Anne  de  Goni. 
Il  4"  Il  se  dit  de  certaines  choses  pour  lesquelles  la 
rigueur  de  la  loi  ou  de  l'opinion  doit  être  mitigée. 
Il  a  tué  un  homme,  mais  il  était  attaqué,  son  cas 
est  favorable. 

—  SYN.  favorable,  propice.  Favorable  est  ce  qui 
donne  faveur;  propice  est,  étymologiquement,  ce 
qui  est  auprès.  Une  occasion  favorable  nous  donne 
faveur  ;  une  occasion  propice  est  une  occasion  pré- 
sente et  qu'il  faut  saisir.  Le  ministre  nous  est  fa- 
vorable, il  a  de  la  bienveillance  pour  nous  ;  il  nous 
est  propice,  il  est  tout  prêt  à  nous  servir. 

—  hist.  XIV"  s.  Moult  le  fit  bien  Girars  qui  .se 
rendit  amable  X  trestous  ses  subgez  et  à  tous  favo- 
rable, Girard  de  Ross.  v.  27B0. 

—  Rtym.  Provenç.  et  espagn.  favorable;  portug. 
famravel;  ital.  favorabiie;  du  latin  farorabilis, 
de  favor,  faveur.  Dans  l'exemple  cité  à  l'historique, 
favorable  signifie  qui  trouve  faveur.  Aux  xv'  et 
xvi*  siècles  on  disait  favorisabte.  Prenant  au  pis 
venir,  s'il  advient  que  fortune  Leur  soit  favorisa- 
ble....  s.  marot,  v,  417. 

FAVORABLEMENT  (fa- vo -ra-ble-Baan),  adv. 
D'une  manière  favorable.  Puisqu'il  n'y  a  point  de 
scandale,  vous  devez,  ce  me  semble,  recevoir  favo- 
rablement ce  commencement  d'affection,  voix.  Lett. 
4  2.  Vous  y  trouverez  [dans  Escobar]  un  bel  exem- 
ple de  la  manière  d'interpréter  favorablement  les 
bulles,  PASC.  7'roii.  «.  Quelle  marque  donne  le  Saintr 
Esprit  de  la  justice  et  de  l'innocence  d'un  homme 
de  bien  ?  c'est  de  n'avoir  pas  reçu  favorablement 
l'opprobre  et  la  médisance  contre  ses  frères,  flécii. 
Daupbine.  Cette  divinité  écouta  favoral)lement  ses 
vœux,  FÉN.  Tél.  xviii.  Vraiment,  je  suis  charmé 
que  Pollion  de  la  Poplinièro  pense  un  peu  favora- 
blement de  moi  ;  c'est  à  de  tels  lecteurs  que  j'offre 
mes  écrits,  volt.  Lett.  Thiriot,  u  sept.  473."i. 

—  HIST.  XIII*  s.  Car  tant  estudiercnt  pour  nostre 
enseignement,  Qu'en  doit  leurs  moz  gloser  moult 
favorablement,  j.  de  meuno.  Test.  80.  ||  xvi'  s.  Un 
courtisan  ne  petilt  avoir  ny  loi  ny  volonté  de  dire 
et  pen.ser  que  favorablement  d'un  maistre  qui, 
parmi  t,int  de  milliers  d'autres  subjects,  l'a  choisi 
pour  le  nourrir  et  eslever  de  sa  main.  mont,  i,  t6V. 
La  sagesse  humaine  faict  favorablement  et  indus- 


FA\ 

trieusement  d'employer  ses  artifices  à  nous  pein- 
ilre  et  farder  les  maux,  et  en  alléger  le  sentiment 

ID.  1,  227. 

—  ÊTYM.  Favorable,  et  le  suffixe  ment. 
FAVORI,  ITE  (la-vo-ri,  ri-t'),  adj.  ||  1°  Qui  est 

l'objet  d'une  faveur  particulière.  Protégez  désor- 
mais le  livre  favori  Par  qui  j'ose  espérer  une  se- 
conde vie,  LA  font.  Fabl.  vu,  Dédicace.  Il  [l'ierre 
le  Grand]  recevait  ces  honneurs  daas  sa  ville  fa- 
vorite, en  un  lieu  où  dix  ans  auparavant  il  n'y 
avait  pas  une  cabane,  et  où  il  voyait  alors  trente- 
quatre  mille  cinq  cents  maisons,  volt.  Charles  XII, 
■j.  Plutarque  devint  ma  lecture  favorite ,  i.  i. 
Bouss.  Confcss.  i.  \\  %'  S.  m.  et  f.  Celui ,  celle  qui 
est  l'objet  d'une  prédilection  habituelle.  Cet  ac- 
teur est  le  favori  du  public.  Une  actrice  qui  est  la 
favoritedu  public.  Ce  cheval  que  je  monte  babituel- 
lement  est  mon  favori.  ||  3"  Particulièrement,  celui, 
celle  qui  tient  le  premier  rang  dans  la  faveur,  les 
bonnes  grâces  d'une  personne  en  crédit.  Que  ce 
soit  votre  peuple  qui  soit  votre  favori;  cet  avis  fut 
donné  autrefois  à  un  grand  prince,  balz.  De  la 
cour,  2*  dise.  Il  est  le  favori  de  l'empereur  Décie, 
corn.  Poly.  I,  4.  Le  plus  cher  favori  n'est  rien  qu'un 
peu  de  boue,  rotrou,  Bélis.  v,  2.  L'humble  toit  est 
exempt  d'un  tribut  si  funeste  pes  soucis  de  l'ambi- 
tion] ;  Le  sage  y  vit  en  paix  et  méprise  le  reste; 
Content  de  ses  douceurs,  errant  parmi  les  bois.  Il 
regarde  à  ses  pieds  les  favoris  des  rois,  la  pont.  Ph. 

et  Bauc la   mortalité  prodigieuse  des  ouvriers 

[dans  les  travaux  de  Versailles],  dont  on  remporta 
toutes  lesnuits,  comme  de  l'hôtel-Dieu, des chanettes 
pleines  de  morts;  on  cache  cette  triste  marche  pou: 
ne  pas  effrayer  les  ateliers  et  pour  ne  pas  décrier  l'air 
de  ce  favoii  sans  mérite  ;  vous  savez  ce  bon  mot 
sur  Versaillos,  sf.v.  4  2  oct.  4678.  Le  favori  na  point 
de  suite;  il  est  sans  engagements  et  sans  liaisons; 
il  peut  être  entouré  de  parents  et  de  créatures,  mais 
il  n'y  tient  pas  ;  il  est  détaché  de  tout  et  comme 
isolé,  LA  BRUY.  X.  Toute  l'arrogance  de  ce  favori 
tomba  comme  un  rocher  qui  se  détache  du  sommet 
d'une  montagne,  fén.  Tél.  xiv.  Votre  compère  le 
prévôt  Tristan,  votre  médecin  Coitier,  votre  bar- 
bier Olivier  le  diable  étaient  vos  favoris  et  vos  mi- 
nistres, ID.  Dial.  des  morts  mod.  Louis  XI  et  Bahie. 
Quelquefois  favori  emporte  l'idée  de  puissance;  quel- 
quefois seulement  il  signifie  un  homme  qui  plaît  à 
son  maltie,  volt.  Dict.  phil.  Favori  Le  roi,  qui 
le  plaignait  sans  le  condamner  [le  maiéchal  de  Vil- 
leroi],  irrité  qu'on  blâmât  si  hautement  son  choix, 
s'échappa  à  dire:  On  se  déchaîne  conti-e  lui,  parce 
qu'il  est  mon  favori  ;  terme  dont  il  ne  so  servit  ja- 
mais pour  personne  que  cette  seule  foi  i  en  .sa  vie, 
w.Ijmis  XIV,  18.  Si  l'on  dévoile  la  vie  intérieure  des 
favorites,  on  aura  pitié  d'un  état  si  envié,  nocLOS, 
Mém.  rég.  Œuvres,  t.  vi,  p.  4  4  2,  dans  pougens.  Ce 
maréchal  [liessières]  devait  son  élévation  à  d'hono- 
rables services  et  à  1  affection  de  l'empereur,  qui  s'é- 
tait attaché  à  lui  comme  à  sa  création;  il  est  vrai 
qu'on  ne  pouvait  être  favori  de  Napoléon  comme 
d'un  autre  monarque,  qu'il  fallait  du  moins  l'avoir 
suivi,  lui  être  de  quelque  utilité;  car  il  sacrifiait  peu 
à  l'agréable,  ségur,  Hist.  Napol.  ii,  ».  |i  4°  Fig.  Les 
favoris  de  la  fortune.  On  appelle  les  bons  poètes 
les  favoris  des  Muses,  comme  les  gens  heureux  les 
favoris  do  la  fortune,  parce  qu'on  suppose  que  les 
uns  et  les  autres  ont  reçu  ces  dons  sans  travail, 
VOLT.  Dict.  phil.  Favori  et  favorite.  ||  Favori  de 
Mars,  guerrier  heureux.  Chaque  climat  produit  des 
favoris  de  Mars,  boil.  Épft.  i.  |{  Favori  d'Apollon, 
poète  excellent.  Rapin,  le  favori  d'Apollon  et  des 
Muses,  RÉGNIER,  Sat.  ix.  Si  monsieur  votre  père  est 
le  favori  d'Esculape,  vous  l'êtes  d'Apollon;  c'est 
une  famille  pour  qui  je  me  suis  toujours  .senti  un 
profond  respect  en  qualité  de  poète  et  de  malade, 
VOLT.  lett.  Senae  de  Meilban,  6  avril  )7bb.  ||  6°  S. 
m.  Favori,  touffe  de  barbe  qui  encadre  les  joues. 
On  dit  aussi  barbiches.  ||  6"  S.  f.  Favorite,  noai 
donné  pendant  quelques  années  i  ana  espèce  de 
voiture  omnibus  à  Paris. 

—  HIST.  xvi'  s.  La  plus  favorie  dame  de  sa  court, 
MONT.  I,  4(0.  Je  ne  faiisois  bresche  à  cette  bourse 
favorie  que  je  tenois  à  part,  m.  i,  S38.  C'estoit  la 
refrain  et  lo  mot  favory  de  Socrates,  id.  m,  377. 

—  Ktym.  Part,  passé  de  l'ancien  verbe  favorir, 
donner  faveur  :  Moy  qui  l'ay  favory  d'esprit,  de  sens 
et  d'ame,  bkmy  belleau.  Bergeries,  1. 1,  p.  4  72,  danf 

LACIIRNE. 

FAVORISÉ,  ÉE  (fa-To-ri-zé,  zée),  parU  passé. 
Qui  a  reçu  faveur,  aide.  Favorisé  par  les  circon- 
stances. Si  du  secours  du  temps  ma  foi  favorisé* 
Peut  mériter  qu'un  jour  vous  oubliiez  Thésée,  tb 
CORN.  Ariane,  v,  6.  Soit  que  la  conversion  de  ces 


FÉA 

&mes  autrefois  si  favorisées  surpasse  toute  la  me- 
suiB  àes  lions  ordinaire,  et  demande,  pour  ainsi 
parler,  le  dernier  effort  de  la  puissance  divine.... 
Boss.  Anne  de  Goni. 

FAVORISER  (fa-vo-ri-zë),  V.  a.  ||  1»  Donner  fa- 
veur, aide.  C'est  Martian  en  lui  que  vous  favorisez, 
CORN.  Héracl.  i,  4.  C'est  trop  favoriser  un  tyran  qui 
m'outraga,  b*:.  Théb.  ii,  3.  Ils  amenaient  avec  eux 
pour  garant  de  leur  parole  Charops,  le  premier  et  le 
plus  considérable  des  Épirotes,  qui  favorisait  secrè- 
tement les  Romains,  bollin,  Hist.  anc.  CEuv. 
t.  vui,  dans  pougens.  Elle  a  favorisé  son  insolente 
audace,  volt.  Sémir.  u,  4.  Ciel  I  de  son  défenseur 
favorisez  les  armes,  id.  Tancr.  ui,  7.  Le  roi  de 
France,  père  de  son  peuple  et  honnête  homme 
chez  lui,  favorisait  en  Italie  ces  crimes  qu'il  aurait 
punis  dans  son  royaume,  id.  Moeurs,  <  <  I .  ||  Absolu- 
rnect.  J'aime  à  donner  mes  biens,  j'aime  à  favo- 
riser. Mais  je  veux  à  mon  tour  qu'on  m'aime  et 
qu'on  me  serve,  corn.  /mit.  m,  9.  ||  2°  Gratifier 
quelqu'un  d'une  chose,  la  lui  accorder.  Il  finit  par 
ms  fivoriser  de  sa  protection.  Elles  [des  pensées 
de  la  mort]  me  plongèrent  dans  une  réflexion  sé- 
rieusa,  qu'il  fallait  comparaître  devant  Dieu,  et  lui 
rendre  compte  du  talent  dont  il  m'avait  favorisé, 
CORN.  Imil.  Ép.  ou  pape  Alexandre  VU.  J'ai  vu.  fa- 
voriser de  votre  confiance....  rac.  Brit.  iv,  2.  (|  Fig. 
La  nature  l'a  favorisé,  ne  l'a  pas  favorisé  de  ses 
dons,  il  a,  il  n'a  pas  en  partage  des  avantages  na- 
turels, soit  au  physique,  soit  au  moral.  ||  On  le  dit 
du  ciel  dans  le  même  sens.  Votre  patrie,  dont  la 
terre  n'est  pas  favorisée  du  ciel,  fén.  Tél.  xxi. 
H  3°  Être  conforme  aux  désirs,  seconder  les  des- 
seins en  parlant  des  choses.  Cette  porte  secrète  ici 
nous  favorise,  cobn.  Nicom.  v,  5.  Il  fait  ici  le  plus 
beau  temps  du  monde;  la  campagne  n'est  point 
encore  affreuse  ,  les  chasseurs  ont  été  favorisés  de 
saint  Hubert,  sÉv.  4  nov.  (676.  Ce  lieu  le  favorise, 
et  je  vous  y  retiens  Pour  lui  faciliter  de  si  doux 
entretiens,  rac.  Brù.  m,  8.  ||  4°  Aider  à,  contribuer 
à.  Favoriser  la  licence.  Favoriser  le  développement 
dune  industrie.  ||  B°  Se  favoriser,  v.  réfl.  Se  prêter 
faveur,  secours  l'un  à  l'autre.  Ils  [Doria  et  Barbe- 
rousse]  s'aidaient  et  se  favorisaient  dans  la  conti- 
nuation de  la  guerre,  qui  était  leur  métier  et  leur 
affaire,  balz.  De  la  cour,  6"  dise. 

—  HIST.  XV*  s.  Il  a  tenu  et  tient  le  party  des 
dicts  d'Orléans  et  leurs  complices,  les  a  aidiez, 
conseilliez,  souslenus  et  favorisez,  Lettres  de  confis- 
eaiion  de  UU,  dans  Cftr.  de  (a  puccHc,  viriville, 
p.  74.  Il  XVI*  s.  Le  ciel  et  l'aer  semblèrent  favoriser 
à  la  feste,  hab.  la  Sciomachie.  N.  S.  faict  tant  de 
grâces  au  roy,  que  jamais  ne  feut  plus  de  besoing 
de  favoriser  aux  poètes  que  maintenant,  afin  que 
tant  de  choses  ne  soient  mises  en  oubly,MAiiG.  £<;«. 
1)3.  N.  S.  veuille  favoriser  vostre  bon  vouloir,  id. 
t'b.  13).  Je  ne  crois  pas  que  Dieu  favorisast  une  si 
injuste  entreprinse,  mont,  m,  99.  La  fortune  luy 
favorisa  en  ce  combat,  amyot,  Num.  22. 

ÉTYM.  Faveur,  On  remarquera  dans  l'histo- 
rique que  favoriser  est  parfois  employé  comme 
verbe  neutre  avec  la  préposition  à. 

t  FAVORITISME  (fa-vo-ri-ti-sm'),  s.  m.  Néolo- 
gisme. Règne,  domination,  influence  des  favoris. 

—  ÉTYM.  Favori. 

t  FA  VUS  (fa-vus"),  s.  m.  Nom  donné  aux  croûtes 
de  la  teigne  faveuse.  Un  favus.  Des  favus. 

—  ÉTYM.  Lat.  favus,  rayon  de  miel,  à  cause 
d'une  certaine  ressemblance. 

I  FAY  (fè),  «.  m.  Division  d'un  bloc  d'ardoise. 

t  FAYARD  (fa-iar),  Jt.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  hêtre. 

HIST.  XVI*  s.  Plusieurs  verriers  de  ceux  qui 

font  les  verres  de  vitres  se  servent  de  la  cendre  de 
bois  de  fayan  en  lieu  de  salicor,  palissv,  22. 

—  ÊTYM.  Forme  dérivée  du  lat.  fagus,héUe  (voy. 
pourtant  foyaed). 

FAYENCE,  FAYENCERIE,  FAYENCIER,  VOy. 
fa'ience,  etc. 

"t  FAYOL  {fa-io  ;  VI  ne  se  prononce  pas),  s.  m. 
Terme  de  marine.  Nom  des  haricots  secs  distribués 
à  bord.  Ce  fayol  blanc  est  plus  petit  que  le  rouge. 
Il  Quaitd  doublerons-nous  le  cap  fayol"?  plaisanterie 
des  marins  pour  dire  quand  cesserons-nous  d'en 
être  réduits  aux  haricots  pour  tout  légume? 

ÉTYM.  Altération  de  faseole. 

FÉAGE  (fé-a-j"),  s.  m.  Terme  de  jurisprudence 
féodale.  Contrat  d'inféodation ;  tenure  en  fief. 

HIST.  XV"  s.  Comme  feu  Guillaume  Guermont 

en  son  vivant  fust  seigneur  d'un  petit  feaige.... 
DD  CANGE,  fealum.  ||  xvi*  3.  Feage  eit  pris  impro- 
prement pour, une  chose  inféodée  ou  pour  un  héri- 
tage tenu  en  fief;  car  ce  mot  signifie  proprement 

DICT.   DE   Là  LAKOas  FHAUÇAISE. 


FÉC 

un  contrat  d'inféodation,  lauriëre,  Gloss.  du  droit 
franc. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  feodagium,  de  feodum,  feudum, 
fief  (voy.  ce  mot). 

FÉAL,  AXE  (fé-al,  a-l'),  adj.  ||  1"  Vieux  mot  qui 
était  usité  dans  les  lettres  royales.  Fidèle.  X  nos 
amcs  et  féaux  conseillers,  etc.  Roland,  Duguesclin, 
Bayard,  étaient  de  féaux  chevaliers,  chatealbr. 
Génie,  i,  n,  2.  ||  2°  Familièrement.  C'est  mon  féal, 
son  féal,  mon  ami  dévoué,  son  compagnon  fidèle. 
C'est  là,  mon  féal,  que  vous  lui  jurerez  foi  et 
loyauté,  J.  J.  eouss.  Hél.  i,  3S. 

—  HIST.  xiu*  s.  Se  croire  volez  mon  conseil.  Que 
je  vous  doing  bon  et  féal,  Blanchandin,  ms.  de 
St-Germ.  S°  (80,  dans  lacurne.  Diex  hom  [Jésus- 
Christ  Dieu  et  homme].  Par  qui  tuit  li  fael  auront 
rédemption,  Disp.  du  juif  et  du  chrétien,  ms.  de 

St-Germain,  f°i07,dansLACUBNE.  ||  xv*s Maisque 

il  [Edouard  III]  prit  bon  conseil  et  sage  entour  lui  et 
féal,  FROiss.  I,  i,  26.  Il  XVI*  s.  Plaisante  fantaisie  I 
plusieurs  choses  que  je  ne  vouldrois  dire  à  personne, 
je  les  dis  au  peuple;  et  sur  mes  plus  secrètes 
sciences  ou  pensées,  renvoyé  à  une  boutique  de 
libraire  mes  amis  les  plus  féaux,  mont,  iv,  m. 

—  ÉTYM.  Féal  ou  feel,  ancienne  forme  du  mot 
qui  est  aujourd'hui  fidèle. 

fFÉAUTÉ  (fé-ô-té),s.  m.  Terme  de  féodalité  et  de 
chevalerie.  Fidélité.  Serment  de  féauté  et  hommage. 

—  ÉTYM.  Féal.  Féauté  se  trouve  très-fréquemment 
dans  les  anciens  textes,  et  y  signifie  fidélité. 

FÉBRICITANT,  ANTE  (fé-bri-si-tant,  tan-t') , 
adj.  Il  1°  Terme  de  médecine.  Qui  a  la  fièvre. 
Il  2°  Substantivement.  Une  fébricitante.  Dans  les 
fébricitants,  il  n'est  rien  qui  ne  pèche;  Le  palais 
se  noircit  et  la  langue  se  sèche,  i.a  font.  Quin- 
quina, 1.  Ici  on  l'appelle  [Jésus-Christ]pour  rendre 
la  santé àunfébricitant,  mass.  Carême,  Tiédeur,  2. 

—  HIST.  XV*  s.  Un  febricitant  désire  tant  boire 
eau,  que  bien  lui  semble  qu'il  boiroit  un  seau  d'eau 
ou  deux,  gerson,  dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  xvi"  s. 
Si  la  femme  estoit  fébricitante,  paré,  xviii,  34. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espag.  febricitar;  ital.  feb- 
bricitare,;  du  lat.  febricilare,  de  febris,  fièvre. 

t  FÉBRICULE  (fé-bri-ku-l'),  s.  f  Terme  de  mé- 
decine. Petite  fièvre  ;  fièvre  hectique  légère. 

—  ÉTYM.  Lat.  febricula,  diminutif  de  febris, 
fièvre. 

FÉBRIFUGE  (fé-bri-fu-j').  ||  1°  Adj.  Terme  de  mé- 
decine. Qui  combat,  qui  guérit  les  fièvres  d'accès. 
Sa  seule  partie  précieuse  [du  quinquina]  est  son 
écorce,  connue  par  sa  vertu  fébrifuge,  et  k  laquelle 
on  ne  donne  d'autre  préparation  que  de  la  faire 
sécher,  raynal,  Hist.  phil.  vu,  î3.  ||  2»  S.  m.  Un  fé- 
brifuge. La  centaurée  en  qui  le  ciel  a  mis  Quelque 
âpreté,  quelque  force  astringente,  Non  d'un  tel  prix 
ni  de  l'autre  approchante  [du  quinquina],  Mais  quel- 
quefois fébrifuge  certain,  la  font.  Quinquina,  n. 

—  ÉTYM.  Lat.  febris,  fièvre,  et  fugare,  mettre 
en  fuite. 

FÉBRILE  (fé-bri-l'),  adj.  ||  !'•  Terme  de  méde- 
cine. Qui  tient  à  la  fièvre,  qui  est  de  la  nature  de  la 
fièvre.  Un  mouvement  fébrile.  Pouls  fébrile.  ||  2"  Fig. 
Une  ardeur  fébrile,  une  ardeur  excessive,  qui  agite 
comme  la  fièvre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ce  meschant  humeur  altère  et 
pourrit  les  os,  et  rend  les  pauvres  escrouelleux  fé- 
briles, PARÉ,  v,  19. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  febril;  ital.  feb- 
brile  ;  du  lat.  febrilis,  de  febris,  fièvre. 

FÉCAL,  ALE  (fé-kal,  ka-1'),  adj.  Qui  appartient 
aux  gros  excréments  de  l'homme  et  des  animaux. 
Résidus  fécaux.  On  forme  des  engrais  excellents 
avec  les  matières  fécales  tant  de  l'homme  que  de 
plusieurs  animaux. 

—  HIST.  XVI*  s.  Elle  jettoit  ses  eicremens  fécaux 
par  l'ulcère,  paré,  xix,  la. 

ÉTYM.  Lat.  fxcalis,  de  fxx,  lie. 

I  FÉCALOÏUE  (fé-ka-lo-i-d'),  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Vomissements  féoaloïdes,  ceux  qui,  dans 
les  hernies  et  dans  les  occlusions  intestinales,  sont 
formés  de  matières  ayant  l'odeur  des  matières  fé' 
cales,  sans  en  avoir  la  consistance  ni  les  autres  ca- 

—  ÉTYM.  Fécal,  et  eWoc,  apparence. 

FËCBS  (fè-sè?'),  s.  m.  pi.  ||  1°  Terme  de  chimie  et 
de  pharmacie.  Sédiment  formé  par  toute  espèce  de 
liqueur.  ||  2°  Terme  de  médecine.  Synonyme  d'ex- 
créments, de  matière  fécale. 

HIST.   XVI*    s.   L'humeur   melancholique   est 

comme  la  lye  et  fece  du  sang,  paré,  Intr.  6. 

—  ÉTYM.  Prov./'cc, /'clï.port.  fez;  du  lat.  fax,  lie. 
f  FÉCHELLE  (fé-chè-l'),  s.  f.  Sorte  de  petite  claie 

pour  faire  égoutter  quelque  chose.  Posez  la  mousse 


FËC 


1633 


do  la  crème  sur  une  mousseline  mouillée  que  vous 
aurez  placée  d'avance  sur  une  féchelle. 

—  ÉTYM.  Lat.  fiscella,  diminutif  de  fiseus,  pa- 
nier (voy.  Fisc). 

FÉCIAL  (fé-si-al),  s.  m.  Terme  d'antiquité  ro- 
maine. Nom  donné  à  des  prêtres  de  Jupiter  ita- 
lique, institués  à  Rome,  suivant  la  tradition,  par 
Numa  ou  par  Ancus  Martius,  qui  jouaient  un  grand 
rôle  dans  les  rapports  internationaux  et  dans  la 
conclusion  des  traités  de  paix .  C'étaient  eux  qui, 
dans  les  querelles  que  Rome  avait  avec  ses  voisins, 
étaient  d'abord  envoyés  pour  demander  satisfaction, 
et  puis,  en  cas  de  refus,  déclaraient  la  guerre. 
Lorsqu'il  s'agit  de  déclarer  la  guerre  i  Philippe  et 
à  Antiochus,  on  consulta  les  féciaux  pour  savoir 
s'il  fallait  la  leur  dénoncer  à  eux-mêmes  en  per- 
sonne, ou  .s'il  suffirait  de  le  faire  à  la  première 
place  de  leur  obéissance,  rollin,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  XI,  <"  part.  p.  300,  dans  pougens.  |{  Adj.  Qui  ap- 
partient aux  féciaux.  Le  droit  fécial. 

—  HiST.xiv*s.  Fecial  prestrecstoient  certainspres- 
tres  solempnelz  qui  estoient  par  e.special  ordenez  à 
fere  et  afermerlesaliances,  bebciif.ure,  f"  2,  verso. 

—  ÉTYM.  Lat.  fecialis  ou  fetialis.  Varron  le  rat- 
tache à  /îdej  ;  mais,  philologiquement,  cela  est  diffi- 
cile à  admettre. 

FÉCOND,  ONDE  (fé-kon,  ^kon-d' ;  le  d  se  lie  et 
se  prononce  comme  un  t  :  un  fé-kon-t  écrivain; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  de  fé-kon-z  écrivains) ,  adj. 
Il  1°  Propre  à  la  reproduction,  qui  peut  produire 
beaucoup.  Les  négresses  sont  fort  fécondes  et 
accouchent  avec  beaucoup  de  facilité  et  sans  au- 
cun secours,  bufp.  Hist.  nat.  hom.  Œuv.  t.  v, 
p.  132,  dans  POUGENS.  On  peut  dire  en  général  que 
les  grands  animaux  sont  moins  féconds  que  les  pe- 
tits :  la  baleine,  l'éléphant,  le  rhinocéros,  le  cha- 
meau, le  bœuf,  le  cheval,  l'homme,  etc.  ne  produi- 
sent qu'un  fœtus  et  très-rarement  deux,  m.  Hist. 
anim.  chap.  9.  ||  Race  féconde,  race  d'animaux  qui 
se  fait  remarquer  dans  l'espèce  par  son  abondante 
multiplication.  ||  Plante  féconde,  plante  qui  produit 
beaucoup.  ||  Fleur  féconde,  fleur  qui  donne  du  fruit. 
Il  Œuf  fécond,  œuf  dont  le  germe  a  été  fécondé. 
Il  2°  Qui  produit  abondamment,  en  parlant  de  la 
terre  ou  de  ce  qui  est  comparé  à  la  terre.  Des 
champs  féconds.  Des  terres  fécondes.  ||  Source  fé- 
conde, source  qui  donne  de  l'eau  abondanmieni. 
Il  Mine  féconde,  mine  dont  les  filons  sont  très-pro- 
ductifs. Il  Fig.  Source  féconde,  mine  féconde,  ce  qui 
produit  abondamment.  C'est  une  source  féconde 
d'erreurs.  Une  mine  féconde  de  beautés  de  style. 
Il  Par  extension.  Mais,  malgré  moi,  de  votre  monde, 
La  volupté  charme  les  maux  ;  Et  de  la  nature  fé- 
conde L'arbre  immense  étend  ses  rameaux,  bébang. 
le  Temps.  Il  3°  Fig.  Il  se  dit  de  tout  ce  qui,  par  com- 
paraison à  la  terre,  produit  abondamment.  Son  sein 
[de  Rome]  fécond  en  glorieux  exploits  Produit  des 
citoyens  plus  puissants  que  des  rois,  corn.  Cinna,  ii, 
t.  Et  sort  d'une  maison  si  féconde  en  guerriers 
Qu'ils  y  prennent  naissance  au  milieu  des  lauriers, 
ID.  Cid,  I,  4.  Et  rende  notre  Espagne  en  lauriers  si 
féconde,  id.  Sertorius,  v,  i.  Elle  [la  nation  d'Israël] 
a  été  féconde  en  idoles  autant  que  la  terre  a  été 
fertile,  saci,  Bible,  Osée,  x,  4.  Un  nom  qui....  Fait 
honneur  i.  la  France,  en  grands  noms  plus  féconde 
Qu'aucun  climat  de  l'univers,  la  font.  Fabl.  x,  )  4. 
Us  disent  dans  leur  cœur  :  il  n'y  a  pas  de  Dieu; 
ils  voudraient  pouvoir  réduire  au  néant  cette  source 
féconds  de  l'être,  boss.  Sermons,  Nécess.  de  Ira' 
vailler  à  son  salut,  i .  La  nature  de  Dieu  est  fé- 
conde, son  amour  et  sa  charité  l'est  aussi  ;  je  dis 
que  sa  nature  est  féconde;  et  c'est  elle  qui  donne 
ce  Fils  éternel,  qui  est  son  image  vivante  ;  mais,  si 
sa  fécondité  naturelle  a  fait  naître  ce  divin  Fil» 
dans  l'éternité,  son  amour  lui  en  donne  d'autres 
qu'il  adopte  tous  les  jours  dans  le  temps,  id.  Ser- 
mon pour  la  fête  du  rosaire.  Chaque  siècle  est  fé- 
cond en  heureux  téméraires,  boil.  ^p.  i.  Qu'en  no- 
bles sentiments  il  soit  toujours  fécond,  id.  Art  p. 
m.  Aux  temps  les  plus  féconds  en  Phrynés,  enLaJs, 
Plus  d'une  Pénélope  honora  son  pays,  id.  Sot.  x. 
Je  nourris  dans  mon  cœur  la  semence  féconde  De» 
vertus  dont  il  doit  sanctifier  le  monde,  bac.  Esth. 
Prol.  Féconde  en  agréments  divers,  La  riche  fiction 
est  le  charme  des  vers,  l.  raune,  la  Belig.  iv.  ô 
jour  trop  fécond  en  miracles I  volt.  S^mi'r.  iv,  2. 
La  poésie  la  plus  élégante  et  la  plus  facile  [celle  de 
l'Arioste],  qui  orne  sans  effort  la  plus  fécondo  ima- 
gination dont  la  nature  ait  jamais  fait  présent 
à  aucun  homme,  ID.  Letl.  Mme  du  Deffara,  <» 
oct.  4  759.  La  nuit  a  été  féconde  en  événements, 
PICARD,  Alcade  de  Uolorido,  m,  2.  ||  Principe  fécond, 
principe  dont  on  déduit  un  grand  nombre  de  con- 

1.  —  A'i 


1634 


FRC 


«équences.  ||  Sujet,  mati.'ro  féconde,  sujet,  matière 
qui  prête  beaucoup  à  l'imagination  de  l'artiste,  du 
po6tft.  Il  On  dit  de  même  esprit  fdcond,  imagination 
féconde.  ||  Auteur  fécond,  auteur  qui  a  beaucoup 
écrit.  Il  4°  Fécondant.  Des  pluies  fécondes.  Les  eaux 
fécondes  du  Nil.  Soleil  dont  la  lumière  et  la  cha- 
leur féconde  Sont  l'œil,  l'âme,  la  règle  et  la  splen- 
deur du  monde,  Ducis,  Abuf.  i,  3. 

SYN.  FÉCOND,  FERTILE.  Etvmologiquement  fé- 
cond est  ce  qui  engendre,  donne  la  naissance,  a  la 
vertu  d'engendrer,  de  donner  la  naissance  ;  fertile 
est  ce  qui  porte,  et,  Ici,  ce  (|ui  porte  moisson,  pro- 
duction, etc.  On  voit  donc  que  l'on  peut  dire  sans 
nuance  bien  sensible  une  terre  féconde,  et  une  terre 
fertilp,  mais  on  dira  une  vertu  féconde  et  non  une 
vertu  fertile;  carparlout  où  l'idée  île  force  produc- 
tive it.tei-vient,  c'est  fécond  qui  doit  être  employé 
et  non  fertile.  De  môme  on  dira  un  esprit  fécond, 
parce  que  cet  esprit  est  représenté  comme  ayant  la 
vertu  de  pniduire;  mais,  si  on  le  dit  fertile,  il  faudra 
ijouler  en  quoi  :  fertile  en  ressources,  en  inven- 
tions, etc.  parce  que,  avec  fertile,  il  faut  énoncer  ce 
qui  est  porté,  produit.  On  trouve  la  différence  en- 
tre ces  deux  mots  bien  marquée  dans  cette  phra.se  : 
On  a  vu  ou  cru  voir  les  moyens  qui  la  rendent  fé- 
conde fia  terre]  ;  on  a  essayé  de  la  rendre  fertile  en 
la  cultivant,  co.NmLi,.  Uist.  aire,  m,  3.  Fertile  est 
pour  la  terre  un  sens  propre;  fécond  n'y  est  qu'une 
métaphore.  On  dit  d'une  femelle  qu'elle  est  fé- 
conde, et  non  pas  fertile.  Fécond  s'applique  à  l'or- 
ganisme produisant,  fertile  à  la  terre. 

—  f.TYJi.  Lat.  (ecuitdus,  de  l'inusité  [eo,  produire 
(voy.  fétus),  qui  se  rapporte  à  (fûta,  produire,  et 
au  sanscrit  b/in,  être. 

t  FfiCONDANl'.E  (fé-kon-dan-s"),  s.  ^.  Terme  di- 
dactique. Puissance  de  féconder.  Pour  la  reproduc- 
tion des  e.sp'ces,  la  nature  a  donné  aux  femelles  la 
fécondité,  aux  mâles  la  fécondance, Frédéric cuvieb, 
dans  le  Dict.  de  dociiez. 

—  f.TYM.  Fécondant. 

FÉCONDANT,  A\TE  (fé-kon-dan,  dan-f),  ad;. 
Qui  féconde.  Une  chaleur  fécondante.  Cette  idée  do 
f/iconder  des  plantes  femelles  par  leurs  racines,  mé- 
rite assurément  que  vous  tentiez  les  expériences 
propres  à  la  vérifier;  mais  les  racines  sont  bien  éloi- 
gnées des  Heu  s,  et  l'esprit  fécondant  aurait  bien  du 
chemin  à  faire  pour  parvenir  à  l'ovaire,  bonnet, 
Lelt.  div.  OEuv.  t.  xii,  p.  sno  dans  pougens. 

t  FÉCONDATEUR,  TniCE  (fé-kon-da-teur,  tri-s'), 
adj.  Oui  a  la  force  de  féconder.  En  supposant  d'au- 
tres sortes  de  modifications,  dans  les  organes  de  la 
génération  de  l'individu  fécondateur,  on  aurait  d'au- 
tres ré.su!tats  dans  le  germe  fécondé,  bonnet,  Con- 
tid.  corps  organ.  ŒCuv.  t.  vl,  p.  477,  dans  pougens. 

—  ËTYM.  Féconder. 

FÉCONDATION  (fé-kon-da-sion  :  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Action  de  féconder,  résultat  de 
cette  action,  en  parlant  des  êtres  organisés.  Le  con- 
cours du  coq  est  nécessaire  pour  la  fécondation  des 
œufs,  et  c'est  un  fait  acquis  par  une  longue  et  con- 
stante expérience,  buff.  Ois.  t.  m,  p.  414,  dans 
POUGENS.  Les  vents  ne  sont  pas  les  seuls  ministres 
de  l'amour  des  plantes;  une  multitude  d'insectes 
ailés  s'acquittent  du  même  office  ;  en  volant  d'une 
plante  à  une  autre,  ils  transportent  de  l'une  à  l'au- 
tre les  poussières  vivifiantes  qui  se  sont  attachées  à 
différentes  parties  de  leur  corps,  et  opèrent  ainsi 
une  fécondation  artificielle,  bonnet,  Confempl.  nat. 
VI,  7.  Les  ténèbres  qui  couvraient  la  fécondation 
chez  les  abeilles  ont  donc  commencé  à  s'éclaircir, 
mais  elles  ne  sont  pas  entièrement  dissipées,  id  <b. 
XI,  27.  M.  Spallanzani  vient  d'instituer  des  expé- 
riences qui  prouvent  de  la  manière  la  plus  directe, 
que  le  germe  préexiste  dans  la  graine  à  la  féconda- 
tion, id.  Consid.  corps  org.  Œnv.  t.  v,  p.  3ie, 
note  A,  dans  pouoens.  La  fécondation  s'opère  dans 
les  plantes,  lorsque  les  poussières  des  élamines  s'ar- 
rêtent sur  le  stigmate  des  pistils,  conhobcet,  Linné. 

—  REM.  Fécondation  n'est  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  1335. 

—  lïTYM.  Féconder. 
FÉCONDÉ,ÉE(fé-kon-dé,dée),port.p(WS^.  Rendu 

fécond.  Lorsque  les  femelles  [des  tétras,  sorte  d'oi- 
seau] sont  fécondées,  elles  vont  chacune  de  leur 
cftté  faire  leur  ponte  dans  des  taillis  épais  et  un  peu 
élevés,  BUFF.  Oiseaux,  t.  m,  p.  3IB,  dans  pougens. 
Dans  ces  champs  fécondés  Par  les  trésors  du  Nil 
dont  ils  s  nt  inondés,  bucis,  Abufar,  u,  7. 

t  rÊCONDF-MENT  (fé-kon-de-man),  adv.  D'une 
manière  féconda. 

—  HlsT.  XVI' s.  Ne  laissant  au  colombier  que  des 
pigeons  jeunes  et  de  moien  aage,  pour  fecondement 
IructiSer,  o.  de  serres,  «oi. 


FEC 

—  fiTYM.  Féconde,  et  le  suffixe  ment. 
FÉCONDER  (fé-kon-dé),  v.  a.  \\  i'  Communiquer 

à  un  germe  la  cause  immédiate  de  son  développe- 
ment. Féconder  un  germe.  Cette  heureuse  idée  de 
féconder  artificiellement  les  œufs  de  poissons  avait 
été  inspirée  à  M.  Jacobi  par  l'observation  de  la  fé- 
condation artificielle  que  les  insectes  ailés  opèrent 
dans  les  végétaux,  en  volant  d'une  plante  à  une 
autre,  et  en  transportant  ain.si  sur  une  fleur  les 
pous.si'ros  d'une  autre  fleur,  bonnkt.  Coniid.  corps 
org.  OKuv.  t.  vi,  p.  304,  note  2,  dans  pougens.  Tan- 
dis que  les  palmiers  mâles  sont  en  pleine  (leur,  ils 
sont  sans  cesse  environnés  d'un  nuage  dépoussière 
que  les  zéphyrs  transportent  sur  les  fleurs  des  pal- 
miers femelles,  et  qui  les  fécondent,  id.  Contempl. 
nal.  VI,  7.  Il  2"  Ilcndre  abondant  en  produits.  Le  Nil 
féconde  l'Egypte.  Soleil,  sacré  flambeau  qui  fécon- 
des la  terre,  M.  jos.  ciién.  Timnl.  ii,  7.  ||  Kig.  La 
méditation  féconde  l'esprit.  ||  8°  Se  féconder,  v.  réfl. 
Devenir  fécond.  C'est  par  la  méditation  que  l'esprit 
se  féconde. 

—  REM.  Féconder  n'est  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  i702. 

—  ETYM.  i'iovenç.  et  espagn.  fecundar  ;  ilal.  fe- 
condare  ;  du  lat.  fecundare,  de  fecundus,  fécond. 

FÉCONDITÉ  (fé-kon-di-té),  s.  f.  \\  1°  Faculté  dont 
jouissent  les  corps  vivants  de  se  reproduire,  c'est- 
à-dire  de  donner  naissance  à  d'autres  corps  vivants 
organisés  et  conformés  comme  eux.  ||  En  particu- 
lier, dans  l'espèce  humaine,  production  des  enfants, 
en  parlant  des  mariages  ou  des  femmes.  I.a  diverse 
fécondité  des  mariages.  La  fécondité  d'une  femme. 
Son  heureuse  fécondité  resserrait  tous  les  jours  les 
liens  de  leur  amour  mutuel,  Boss.  Reine  d'Angl.  Ce 
n'était  pas  le  désir  de  satisfaire  les  sens,  maii  l'a- 
mour de  la  fécondité  qui  présidait  à  ces  chastes 
mariages,  id.  Var.D^f.  4" dise.  §  «o.  Dans  l'espèce 
humaine,  la  fécondité  dépend  de  l'abondance  des 
subsistances,  et  la  disette  produit  la  stérilité,  buff. 
Pnibah.  de  la  vie,  QKui).  t.  x,  p.  6U7,  dans  pouoens. 
Il  2°  Faculté  que  po-^sède  la  terre  de  produire.  Le 
Nil  portait  partout  la  fécondité,  boss.  Ilist.  m,  3.  La 
fécondité  de  la  terre  et  celle  des  animaux  est  une 
source  inépuisable  dos  vrais  biens  ;  l'or  et  l'argent 
ne  sont  venus  qu'après,  pour  faciliter  les  échanges, 
ID.  Polit.  X,  I,  10.  Et  nos  champs  malheureux  pur 
leur  fécondité, VOLT.  Tancr.  I,  l.  ||  3°  Par  extension, 
il  se  dit  de  l'esprit  qui  produit.  Cette  fécondité  de 
M.  l'abbé  Oignon,  quoique  peu  commune,  était 
moins  remarquable  que  la  facilité  merveilleuse  qu'il 
avait  de  parler  sans  préparation,  mairan.  Éloges, 
l'abbé  Bignon.  Il  semblait  que  l'idée  de  quelque 
application  utile  était  nécessaire  pour  réveiller  son 
génie  qui  déployait  alors  toute  sa  finesse,  toute  sa 
profondeur  et  toute  sa  fécondité,  condohcet,  d'A- 
lembert.\\ll  se  dit,  dans  un  sens  analogue,  de  ce 
qui  prête  beaucoup  aux  développements,  aux  aper- 
çus. Il  4"  Fig.  Il  se  dit  des  choses  abstraites.  Il  y 
a  deux  fcondités  :  la  première  dans  la  nature,  la 
seconde  dans  la  charité,  boss.  Sermon  pour  la  fétc 
du  rosaire.  Le  .sang  des  martyrs,  par  une  merveil- 
leuse fécondité,  ne  .ser\'ait^u'à  produire  de  nou- 
veaux fidèles,  bourdal.  Respect  hum.  'i'  avenl, 
p.  408.  Il  y  a  dans  le  cœur  de  l'homme,  depuis  sa 
corruption,  une  malheureuse  fécondité  pour  le  .mal, 
qui  altère  bientôt  dans  les  enfants  le  peu  de  bon- 
nes dispositions  qui  reste,  rolun.  Traité  det  Et. 
\"  dise.  prél. 

—  lliST.  XI*  s.  Tant  Dieu  prièrent  par  grant  hu- 
milité. Que  la  muiler  dunat  fecunditet,  St  Alexis, 
VI.  Il  XIV*  s.  Depuis  qu'il  virent  que  en  toy  avoit  fé- 
condité, et  portoies  enfans,  Ménagier,  i,  ».  ||xvi's. 
Pline....  célébrant  plusieurs  terres  par  leurs  estran- 
ges  fécondités,  o.  de  serres,  «8. 

—  ETYM.  Provenç,  fecunditat;  espagn.  fteundi- 
dad;  ital.  fccundità;  du  lat.  fecunâitatem,  de  fa- 
cundus,  fécond. 

FÉCULE  (fé-ku-l'),  s.  f.  Il  1°  Autrefois  nom  donné 
aux  matières  qui  se  précipitent  des  sucs  obtenus 
par  expression.  Le  suc  du  bouleau,  la  fécule  du 
cliervis,  les  fleurs  même  du  tilleul  produisent  des 
quantités  très-sensibles  de  sucre,  conhorcet,  Jfar- 
graaf.  ||  1"  Fécule  verte,  nom  impropre  donné  au 
dépôt  qui  se  forme  dans  les  sucs  végétaux  obtenus 
par  expression,  et  formé  de  chlorophylle,  de  résine, 
de  cire  et  d'une  matière  azotée  ou  extractive. 
il  3°  Aujourd'hui,  synonyme  d'amidon.  On  dit  aussi 
fécule  amylacée. 

—  ËTYM.  Lat.  ftTcula,  diminutif  de/'**,  lie. 

FÉCULENCE  (fé-ku-lan-s') ,  s.  ^.  ||  1*  Terme  de  chi- 
mie. État  des  liqueurs  qui  sont  chargées  de  lie,  de 
sédiment.  ||  Ancien  terme  de  médecine.  État  des 
bumeurs  troublées  comme  par  une  lia.  J'ai  à  vous 


FED 

dire  que  je  vous  abandonne  à  votre  mauvaise  con 
stitution,  à  l'intempérie  de  vos  entrailles,  i  la  cor- 
ruption de  votre  sang,  à  l'âcreté  de  votre  bile,  et 
à  la  féculence  de  vos  humeurs,  mol.  Mal.  imag. 
m,  6.  I!  2°  Oualité  de  ce  qui  contient  de  la  fécule 
ou  amidon. 

—  ETY.M.  IM.  f^eulentia,àe  fmculmtui,  féculest. 
FÉCULENT,  ENTE  (fé-ku-lan,  lan-f),  adj.  \\  1*  Il 

se  dit  d'une  liqueur  épaisse,  chargée  de  lie.  ||  2"  Oui 
renferme  de  la  fécule  ou  amidon,  qui  est  composé 
de  fécule.  Un  aliment  féculent.  Une  aubstance, 
une  pâte  féculente,  ||  S.  m.  Un  féculent,  des  fécu- 
lents, en  parlant  des  aliments  féculents. 

—  I1I8T.  xvi*  s.  L'humeur  féculent  et  melancho- 
lique,  qui,  comme  une  lye  posante  et  terrestre,  en- 
fermé au  creux  et  voustodu  foye....  PARi!,/n(rod.  26. 

—  ETYM.  Provenç,  féculent;  espagn.  et  portug. 
feculentn;  du  lat.  f.rculentus,  de  fxeula,  fécule. 

t  FÉ(;ilLEn{ré-ku-lé),t;.a.  Hédulro  en  fécule.  Il» fé- 
culent laplusgrandepartiede  leurs  pommetde  terre. 

—  ETYM.  Fécule. 

t  FÊCl'LEniE  (lé-ku-le-ria),  t.  f.  Fabrique,  ate- 
lier où  se  fabrique  la  fécule. 

—  ËTYM.  Féculer. 
tFÉCULEUX,El'SE(ré-ku-leû,leû-z'),«d;'.  Terme 

de  chimie   Oui  contient  de  la  fécule. 

—  ËTYM    Fécule. 

t  FÉCCHEH  (fé-ku-lié),  I.  m.  Celui  qui  fabrique 
de  la  fécule. 

t  FÊCUI.ISTE  (fé-ku-ll-sf) ,  ».  m.  Mauvais  syno- 
nyme de  féculier. 

—  ETYM.  Fécule. 

t  FÉCULITE  (lé-ku-li-f),  t.  f.  Terme  de  chimie. 
Dénomination  générale  sous  laquelle  on  avait  pro- 
posé de  comprendre  les  principes  immédrat»  des 
végétaux,  pulvérulents,  sans  saveur  ni  odeur,  tels 
que  l'amidine,  l'inuline,  etc. 

t  FÉCUI.OlDE  (fé-ku-lo-l-d')  ,  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Oui  ressemble  à  de  la  fécule. 

—  ETYM.  Fécule,  et  tUo;,  forma. 
FÉDÉRAL,  ALE  (fé-dé-ral,  ra-l'),  adj.  \\i'  Qui  a 

rapport  à  une  confédération  d'États.  La  Suisse,  les 
États-Unis  sont  des  gouvernements  fédéraux. 
Il  2°  S.  m.  pi.  Les  fédéraux,  nom  donné,  en  particu- 
lier, aux  partisans  ou  aux  soldats  des  États-Unis  du 
Nord,  qui  défendaient  la  fédération  contre  les  sépara- 
tistes du  Sud,  dits  confédérés.  ||  L'adjectif  a  pris  aussi 
cette  acception  restreinte   :  les  troupes  fédérales. 

—  ETYM.  Lat.  fœdus,  fœderis,  alliance,  d'après  ies 
étymologistes,  formé  de  lidere,  se  Soc,  comme,  dans 
le  grec,  TtinoiOi  est  formé  de  iulio\i.ai ,  qui  d'ail- 
leurs a  le  même  radical  que  le  latin  fidore. 

t  FÉltf.KALISÉ,  ÉK  (fé-dé-ra-li-ié,  ié«),  part. 
passé.  États  fodéralisés. 

t  FÉDÉRA  LI8ER  (fé-dé-ra-li-lé),  ».  a.  Néolo- 
gisme. Organiser  en  fédération,  soumettre  au  ré- 
gime fédératif.  ||  8e  fédéralissr,  ».  rtfl.  Se  former 
en  fédération. 

—  ETYM.  Fédéral. 

t  FÉDÉRALIS.MK  (fé-dé-r«-li-sm'),  ».  m.  Néolo- 
gisme. Système,  doctrine  du  gouvernement  fédé- 
ratif. Le  fédéralisme  était  une  des  formes  politiques 
les  plus  communes  employées  par  les  sauvages, 
Cmateaub.  Amérique,  gouvernement.  ||  Pendant  la 
révolution,  projet  attribué  aui  girondins  de  rom- 
pre l'unité  nationale  et  de  transformer  la  Franco 
en  une  fédération  de  petits  Étals.  Aut  Jacobins  on 
agita  gravement  la  question  du  fédéralisme,  et  on 
souleva  mille  fureurs  contre  les  girondins,  thier.«, 
Ilist.  de  la  rérol.  Conv.  r>alionale,  ch.  j. 

—  ETYM.   Fédéraliser. 

t  FÉDÉRALISTE  (fé-flé-ra-li-sl"),  adj.  Oui  a  rap- 
port au  féclcralisme.  ||  S.  m.  Partisan  du  fédéralisme. 

—  ËTYM.  Fédéraliser. 

FÉDÉRATIF,  IVB  (fé-dé-ra-tif,  ti-v'),  ad).  Qui  a 
rapport  à  une  conré<làration,  à  une  alliance  poli- 
tique. Gouvernement,  pacte  féilératif.  Les  États- 
Unis  de  l'Amérique  se  donnèrent  une  constitution 
fédérative  qui  ajnut.oit  aux  avantages  intérieurs  du 
gouvernement  républicain  toute  la  force  extérieure 
de  la  monarchie,  ratnal,  Ilist.  phi),  xvii,  46.  L'Eu- 
rope présente  une  république  fédérative,  composée 
d'empires  et  do  royaumes,  et  la  plus  redoutable  qui 
ait  jamais  existé,  rivarol,  Dict.  unirtrt.  de  la  lan- 
gue franc,  p.  xxui.  Les  girondins  demandaient  si, 
après  tout,  la  Nouvelle-Amériiiue,  la  Hollande,  la 
Suisse  n'étaient  pas  heureuses  et  bbres  sous  un 
régime  fédératif,  thiebs,  Uist.  de  la  révol  franc. 
Conv.  nat.  ch.  i. 

—  ETYM.  Fédérer. 

FÉDÉRATIO»  {fé-d*-ra-non;  eu  vers,  de  cinq 
syllabes),  ».  f.  ||  »•  Union  politique  d'ÉUts.  La  fédé- 
ration américaine.   L'Allemagne  était  une  fédéra- 


FÉÉ 

(ion  arlsljcratique;  cet  empire  n'avait  point  un 
CAOtre  commun  de  lumière  et  d'esprit  public, 
STAËL,  Allem.  I,  3.  Il  Par  extension.  Les  passions 
particulières  ne  déchireront  plus  par  des  querelle» 
sanglantes  les  nœuds  de  la  fraternité;  alors  se  con- 
sommera le  pacte  de  la  fédération  dugenre  humain, 
MIRABEAU,  Collection,  t.  IV,  p.  27.  Il  i"  Nom  des  as- 
sociations armées  qui,  pendant  la  Révolution,  se 
formaient  pour  résister  aux  ennemis  de  la  révolu- 
tion. Il  Particulièrement.  Réunion  des  députés  de 
toutes  les  gardes  nationales  et  de  tous  les  corps  de 
l'armée,  qui  se  Ht  au  Champ  de  Mars  à  Paris  en 
<7»o  pour  prêter  serment  à  la  constitution.  Il  Celle 
prestation  de  serments  et  la  cérémonie  qui  l'accom- 
pagna. Il  Enrôlements  que  Napoléon  I"  fit  faire 
pendant  les  Cent  Jours  pour  former  des  corps  de 
volontaires  en  dehors  de  l'armée. 

—  msT.  xv!«  s.  Ceulx  qui  sont  de  la  fœderatlon, 
Noxtv.  coust.  génér.  t.  i,  p.  2»4. 

—  f.TYM.  X^t.  [œderationem,  de  fcederart,  unir 
par  alliance. 

FÉDÉUÉ,  ÉE  (fé-dé-ré,  rée).  ||  1»  Adj.  Oui  fait 
partie  d'une  fédération.  Les  cantons  fédérés.  ||  J°  S. 
m.  Membre  des  a-ssociations  armées  qui  se  formè- 
rent pendant  la  Révolution.  Il  Celui  qui  assistait 
comme  député  à  la  fôte  de  la  fédération.  ||  Celui  qui 
se  fédéra  pendant  les  Cent  Jours. 

■f  FP.UÉRER  (fé-dé-ré;  de  prend  un  accent  grave 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  mi'ette  :  je  fédère,  ex- 
cepté au  futur  et  au  condilioLnel  :  je  fédérerai), 
V.  a.  Néologisme.  Former  en  une  fédération.  ||  Se 
fédérer,  v.  réfl.  Se  former  en  fédération.  On  se  fé- 
déra pendant  les  Cent  .Tours. 

—  ËTYM.  Lat.  fœderare,  de  fœdus,  fœderis,  al- 
liance (voy.  fédéral). 

FÉE  (fée),  s.  f.  Il  1°  Être  fantastique  à  qui  l'on 
attriiiuail  un  pouvoir  surnaturel ,  le  don  de  di- 
vination et  une  très-grande  influence  sur  la  des- 
tinée, et  que  l'on  se  figurait  avec  une  baguette, 
signe  de  puissance.  On  a  banni  les  démons  et  les 
fées;  Sous  la  raison  les  grftces  étouffées  Livrent 
nos  crpurs  à  l'insipidité,  volt.  Ce  qui  plait,  etc. 
Toute  la  noblesse  vivait  alors  dans  ses  cliftteaux, 
les  soirs  d'Iiiver  sont  longs,  on  serait  mort  d'ennui 
sans  ces  nobles  amusements;  il  n'y  avait  guère  de 
château  oïl  il  ne  revint  une  fée  à  certains  jours 
marqués,  comme  la  fée  Merlusine  au  château  de 
Lu8it:nan,  ID.  Uict.  pliil.  Possédés.  ||  Conte  de  fée, 
sorte  de  conte  où  les  fées  jouent  un  rôle.  Les 
contes  de  Perrault  sont  souvent  appelés  contes  de 
fée.  Il  Fig.  On  emploie  métaphoriquement  le  mot 
fée  pour  désigner  quelque  chose  où  les  fées  sem- 
blent avoir  mis  la  main.  Nous  arrivâmes  au  lo;;is 
où  nous  trouvâmes  une  table  qui  semblait  avoir  été 
servie  par  les  fées,  voit.  Lett.  lO.  Les  fées  ont  souf- 
flé sur  toute  la  campagne  [de  guerre)  du  mar- 
quis; il  a  plu  à  tout  le  monde,  et  par  sa  bonne  con- 
tenance dans  le  péril,  et  par  sa  conduite  gaie  et, 
sage,  SÉV.  197.  Il  C'est  une  fée,  se  dit  d'une  femme 
qui  charme  par  ses  grâces  et  sa  dextérité.  ||  Ou- 
vrage de  fée,  ouvrage  délicat,  fait  avec  une  grande 
perfection.  ||  Travailler  comme  une  fée,  se  dit  d'une 
femme  qui  travaille  avec  une  adresse  admirable. 
Il  Une  grande  fée,  une  femme  de  taille  mal  gra- 
cieuse. I^  femme  de  Montchevreuil  était  une  grande 
créature  à  qui  il  ne  manquait  que  la  baguette 
pour  éiro  une  parfaite  fée,  st-sim.  4,  64.  ||  L'ne 
vieille  fée,  une  vieille  femme  revêche,  peu  aima- 
ble. Il  Courroucer  les  fées,  réveillei  le  chat  qui  dort. 
De  peur,  comme  l'on  dit,  de  courroucer  les  fées, 
EÉGNiER,  Sat.  X.  Il  Par  extension,  on  le  dit  des 
muses.  Filles  du  ciel,  chastes  et  doctes  fées,  J.  s. 
Bouss.  dans  \e  Dicl.  de  bescherelle.  n  ï°  Pris  adjec- 
tivement pour  signifier  enchanté.  Bayard,  cheval 
de  Renaud,  était  un  cheval  fée.  Mais  ce  sont  des 
escaliers  fées  Qui  sous  eux  s'embrouillent  toujours, 
V.  Hl'GO,  Bail.  )3. 

—  HiST.  xui"  s.  El  fu  si  cointe  et  si  tifée,  El  re- 
sembloit  déesse  ou  fée,  la  Rose,  3438.  ||xv'  s.  Et 
quand  elles  veulent  bien  acertes,  elles  parlent  à 
fées  et  sont  en  leur  compagnie,  fboiss.  ui,  iv,  B9. 
Une  espée  emmanchée  de  fer,  garnie  en  fason  do 
clef,  nommée  l'espée  de  Lancelol  du  l.ac,  et  dit-on 
qu'elle  est  fée,  de  labobde.  Émaux,  p.  482. 

—  ETYM.  Génev.  fdye:  Berry,  fade,  fadelte;  pro- 
vcnç.  fada;  espagn.  hcda;  portug.  fada;  ital.  fata; 
du  latin  fata  qui  se  trouve  pour  panjuc,  et  qui  est 
dérivé  de  fatum,  destin  (voy.  fatal).  F.n  normand, 
on  dit  aussi  au  masculit  f(  :  le  fi  amoureux,  héros 
d'une  lé^ronde  populaire. 

FÉÉ,  f.E  (fé-é,  ée),  pa-t.  passé.  Produit  par  l'art 
magique.  D'après  le  cor.te  de  Perrault,  la  clef  de 
Barbe-bleue  était  féée. 


FEl 

FÊER  (fé-é),  ».  o.  Douer  de  propriétés  magiques. 
Les  vieux  contes  disent  souvent  :  Je  vous  fée  et  re- 
fée.  Mais  qu'au  combat  où  rien  ne  sert  armure.  Où 
rien  ne  sert  qu'on  ait  fi'é  la  peau....  desuoul.  Ron- 
deau redotiblé  au  duc  de  St-Aiiinan. 

—  HIST.  XII'  9.  Atant  es  vous  Auberon  le  faé, 
Iluon  de  Bordeaux,  y.  885B.  ||  xW  s.  Moult  ont 
Jason  entr'eus  loô  ;  Bien  dient  tous  qu'il  est  faé, 
DU  CANOË,  fadus.  Il  xvi*  s.  Son  masl,  de  maie  for- 
tune, toucha  un  peu  on  [au]  fust  de  la  masse  de 
Loupgarou,  qui  estoit  plieée,  rab.  Parti,  ii,  19.  ^ 

—  ÊTYM.  He;  provenç.  fadar,  faidar;  espagn. 
hatlar:  portug.  fadar;  iial.  fatare. 

KfiKRlE  (l'é-rie),  t.  f.  ||  1"  L'art  ou  la  puissance 
des  fées.  De  l'antique  féerie  un  raconte  une  histoire, 
st-lambeht,  Saisons,  Hiver.  \\  2°  Merveilleux  où 
figurent  les  fées,  les  génies.  La  vraie  religion  a  le 
mérite  d'avoir  créé  parmi  nous  l'âge  de  la  féerie  et 
desenchantements, CHATEAUB.  Génie,  iv,v,).||  l'icce 
de  théâtre  où  paraissent  des  personnages  doués 
d'une  puissance  surnaturelle,  comme  les  fées,  les 
démons,  les  enchanteurs,  etc.  et  qui  donnent  lieu 
d'exécuter  devant  les  spectateurs  des  prodiges  de 
magnificence  dans  les  décorations,  les  costumes, 
les  changements  à  rue,  etc.  Les  sept  châteaux  du 
diable  sont  une  féerie  magnifique.  ||  Fig.  C'est  une 
féef  ie,  une  vraie  féerie,  c'est  un  spectacle  ravissant. 

—  HIST.  xiu*  s.  Joie  d'amours  lait  tant  gai  Le 
cuer,  que  c'est  faerio,  Bibl.  des  chartes,  4"  série, 
t.  V,  p.  26.  Tant  voit  li  enfes  grans  beautés.  Que 
moult  cuide  estre  mesalés  [égaré].  Et  cuide  que 
soit  faerie,  Partonop.  v.  807.  ||xv»  s.  Prince,  mon 
fait  est  droite  faerie;  Je  hay  travail,  et  le  repos 
m'ennuye,  eu.  d'orl.  Bail. 

—  KTVM.  Féer. 

t  FÉERIQUE  (fé-ri-k'),  adj.  Néologisme.  Oui  appar- 
tient aux  fées;  qui  est  produit  par  la  puissance  des 
fées.  Il  Par  extension,mcrveilleusement  beau  comme 
une  féerie.  Spectacle  féerique.  Danse  féerique. 

—  f.TVM.  l'éer. 

f  FÉGARITE  (fé-ga-ri-t'),s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Variété  de  stomatite  gangréneu.se,  endémique 
dans  quelques  provinces  de  l'Espagne. 

—  ÉTYM.  Nom  hybride  tiré  de  l'arabe  avec  la  dé- 
sinence ite,  et  donné  par  Wontgarny  père,  leooa- 
RANT.  Mais  on  ne  nous  dit  pas  quel  est  ce  mol 
arabe. 

f  FÉGOULE  (fé-gou-l'),  I.  m.  Kspèce  de  cam- 
pagnol. 

t  FEIGNANT,  ANTE  (fè-gnan,  gnan-t'),  adj. 
Terme  populaire.  Synonyme  de  fainéant.  Il  est  fei- 
gnant. C'est  un  feignant. 

—  ETYM.  On  le  prend  d'ordinaire  pour  une  cor- 
ruption de  fainéant;  mais  Gcnin  a  soutenu  que  c'est 
le  participe  du  verbe  feindre  ou  se  feindre  ayant  eu 
la  sens  d'hésiter,  reculer  à.  Cette  manière  de  voir 
est  appuyée  par  feintise,  prise  au  sens  de  fainéan- 
tise (voy.  FEiNTisE  à  l'historique). 

FELNURE  (fin-dr'),  je  feins,  tu  feins,  il  feint, 
nous  feignons,  vous  feignez,  ils  feignent;  je  fei- 
gnais, nous  feignions;  je  feignis;  je  feindrai; 
feins,  feignez;  que  je  feigne,  gue  nous  feigni'ju»  ; 
que  je  feignisse;  feignant,  feint,  d.  a.  \\  1°  Faire,  pro- 
duire, prendre  une  apparence  fausse  pour  tromper 
ou,  simplement,  pour  faire  croire  quelque  chose. 
Pour  ne  vous  rien  feindre,  Je  crois  l'aimer  assez 
puur  ne  pas  la  contraindra,  cobn.  Surina,  ii,  i. 
Et  je  feins  hardiment  d'avoir  reçu  de  vous  L'ordre 
qu'on  ma  voit  suivre  et  que  je  donne  à  tous,  id. 
Cid,  IV,  3.  Il  feignait  de  m'aimer,  je  l'aimais  en 
effet,  TH.  CORN,  ytrianc,  iV,  2.  Feignez,  si  vous  vou- 
lez, de  ne  me  pas  entendre,  mol.  VÉt.  m,  3.  Pour- 
quoi feindre  à  nos  yeux  une  fausse  tristesse?  rac, 
Iphig.  IV,  4.  Elle  a  feint  de  passer  chez  la  triste 
Octavie,  iD.  Brit.  v,  8.  Parce  qu'elle  feignait  d'ctre 
bonne,  elle  croyait  l'être  on  effet,  mabiv.  Pays. 
parv.  3'  part.  Il  [Charles  XII]  resta  dix  mois  cou- 
ché, feignant  d  être  malade,  volt.  Charks  Xll. 
VII.  Il  La  FonUiine  a  employé  feindre  sans  la  prépo- 
sition de  :  Lui  [renard]  qui  n'était  novice  au  mé- 
tier d'assiégeant,  Eut  recours  à  son  sac  de  ruses 
scélérates,  Feignit  vouloir  gravir,  se  guinda  sur 
ses  pattes,  ïabl.  xii,  (8.  ||  Absolument.  Il  est 
honteux  de  feindre  où  l'on  peut  toutes  choses, 
CORN.  Perthar.  m,  4.  C'est  qu'ils  ont  l'art  de  fein- 
dre, et  moi  je  ne  l'ai  pas,  mol.  Jfis.  i,  2.  Je  ne  sais 
ni  tromper,  ni  feindre,  ni  mentir;  Et,  quand  je  le 
pourrais,  je  n'y  puis  consentir,  boil.  Sat.  i.  Il 
feint,  il  me  caresse  et  cache  son  dessein,  rac. 
Ililhr.  IV,  2.  Feignons,  et  de  son  cœur,  d'un  vain 
espoir  flatté.  Par  un  mensonge  adroit  tirons  la  vé- 
rité, ID.  ib.  m,  4.  J'ai  feint  quelques  instants  pour 
ne  feindre  jamais,  dorât,  Feinte  par  amour,  m,  6. 


FEI 


1635 


Un  proverbe  italien  dit  :  Oui  ne  lait  pas  feindra, 
ne  sait  pas  vivre,  starl,  Corinne,  vi,  3.  ||  J»  Sup- 
poser. Il  est  nécessaire  de  feindre  qu'il  [Dieu]  soit 
trompeur,  si  nous  voulons  révoquer  en  doute  le» 
choses  que  nous  concevons  clairement,  dksc.  Rép. 
II,  1».  Il  Controuver,  imaginer.  Le  roi  pour  vou» 
tromper  feignait  cet  hymcnée,  rao.  Iphig.  m,  s. 
Il  ne  vient  qu'à  la  fin  de  la  tragédie  ;  et  c'est 
pour  prononcer  une  loi  telle  que  les  anciens  le> 
feignaient  dictées  par  les  dieux,  volt.  Guèbret, 
Disc.  hisl.  et  crit.  On  trouve  dans  le  code  théodo- 
sien  un  édit  de  Constantin  où  il  déclare  qu'il  a 
fondé  Constantinople  par  ordre  de  Dieu  ;  il  feignait 
ainsi  une  révélation  pour  imposer  silence  aux  mur- 
mures, ID.  Mœurs,  lO.  ||  Feindre  à  quelqu'un,  rap- 
porter faussement.  Pour  perdre  mon  rival  j'ai  d^ 
couvert  sa  trame.  Euphorbe  vous  a  feint  que  j« 
m'étais  noyé,  corn.  Cmno,v,  ».  [Elle]....  leur  feint 
de  ma  part  tant  d'outrages  reçus  Que  ces  faibles 
esprits  sont  aisément  déçus,  iD.  Uédée,  i,  (.  ïl 
lui  feint  qu'en  un  lieu  que  vous  seul  connaissez, 
Vous  cachez  des  trésors  par  David  amassés,  rac. 
Athal.  I,  (.  Il  .Se  feindre  quelque  chose,  feindre  k 
soi  quelque  chose,  supposer  à  soi  quelque  chose. 
Ne  voilà  pas,  dis-je,  cette  volage  qui  se  feint 
de  nouveaux  prétextes  de  haine  et  de  jalousie, 
D'URFé,  Astrée,  i,  i.  Mon  esprit....  Se  feignant, 
pour  passer  le  temps.  Avoir  cent  mille  écus  comp- 
tants, RÉGNIER,  ^p.  m.  Il  3°  Hésiter,  faire  difficulté. 
Il  se  construit  avec  la  préposition  à,  quand  il  n'est 
pas  accompagné  d'une  ni'gation.  Feindre  à  s'ouvrir 
à  moi  dont  vous  avez  connu  Dans  tous  vos  intérêts 
l'espritsi  retenu,  mol.  Dép.  amour,  ii,  i.Tu  feignais 
à  sortir  de  ton  déguisement,  id.  l'Èt.  v,  0.  Vous 
ne  devez  point  feindre  à  me  le  faire  voir,  id.  Uis. 
v,  2.  Nous  feignions  à  vous  aborder,  de  peur  de 
vous  interrompre,  id.  l'Av.  i,  i.  ||  Il  se  construit 
avec  la  préposition  de,  quand  il  est  accompagné 
d'une  négation.  Ainsi,  monsieur,  je  ne  feindrai 
point  de  vous  dire  que  l'offense  que  nous  cherchons 
à  venger....  mol.  Fest.  de  P.  m,  4.  Nous  ne  feignons 
jioint  de  mettre  tout  on  usage,  id.  Pourc.  i,  3. 
Monsieur  et  madame,  ne  feignez  point  de  me 
mettre  au  nombre  de  ceux  que  vous  aimez  et  qui 
vous  aiment;  toute  ma  vie  vous  persuadera  que  je 
mérite  d'y  être,  sêv.  Au  comte  de  Guitaut,  i3  nov. 
Iii73.  Au  lieu  d'expédier  sur-le-champ  des  mar- 
chands et  des  ouvriers,  il  [l'orgueilleux]  ne  feint 
point  de  les  renvoyer  au  lendemain  matin,  l* 
BRUT.  Théoph.  xxiv.  Nesmond  ne  feignit  pas  de 
dire  qu'il  se  croirait  coupable  de  la  prévarication 
la  plus  criminelle,  s'il  dissimulait  que  le  pain  de  la 
parole  manquait  au  peuple,  st-sim.  303,  20S,  Quel- 
quefois il  tombe  dans  des  difficultés  où  il  ne  feint 
point  d'avoir  recours  soit  à  la  volonté  de  Dieu  qui 
opère  sans  mécanisme,  soit  au  dessein  qu'il  a  eu 
de  nous  cacher  le  mécanisme,  fonten.  Huysch. 
Il  4°  Terme  de  manège.  Feindre  en  marchant,  se 
dit  d'un  cheval  et  aussi  d'une  personne  qui  boite 
légèrement  ou  d'une  façon  presque  invisible  à 
l'œil.  Il  6°  Se  feindre,  v.  réfl.  Se  supposer.  Se  fein- 
dre coupable.  Dorise  se  feint  être  un  jeune  gentil- 
homme contraint  pour  quelque  occasion  de  se  re- 
tirer de  la  cour,  corn.  Clit.  préf.  ||  Absolument. 
Cacher  ce  qu'on  sent,  ce  qu'on  pense.  Et  puis  je 
ne  saurais  me  forcer  ni  me  feindre,  bégnier,  Sat. 
III.  il  Être  feint.  Et  parce  que  cela  ne  se  peut 
pas  même  feindre....  desc.  Rép.  il,  29. 

—  IIEM.  Voltaire  condamne  le  régime  indirect 
avec  feindre  ;  mais  les  exemples  de  Corneille  par 
raissent  irréprochables. 

—  SYN.  FKINDRE,  DISSIMULER.  Étymologiquemeut, 
feindre,  c'est  donner  une  forme  comme  l'artiste 
fait  à  la  terre  qu'il  moule  ;  dissimuler,  c'est  rendre 
dissemblable.  De  là  la  distinction  entre  ces  deux 
verbes:  celui  qui  feint  forme,  présente,  produit  ce 
qui  n'est  pas;  celui  qui  dissimule  cache  ce  qui  est: 
on  dissimule  sa  joie,  sa  haine;  on  feint  de  la  joie, 
de  l'amitié. 

—  Hisr.  XI*  s.  n  se  feint  mort,  si  gist  entre  les 
altres,  Ch.  de  Roi.  CLXvi.  1|  xif  s.  Car  il  n'a  home 
de  li  servir  se  faigne,  Roncis.  p.  «.  Jà  fu  tels  jors 
que  les  dames  amoient  De  leal  cuer  sans  feindre 
et  sans  fausser,  ql'esses.  Romancero,  p.  87.  Quant 
vbit  li  reis  Henris  qu'il  nel  purra  aveir,  Guida  qu'il 
se  fainsist  lut  pur  le  deceveir,  Th.  le  mari.  34. 
Il  xiii'  s.  Cil  qui  cuide  gaaigner  gloire  par  fausa 
demonstrance  ou  par  paroles  faintes,  brin,  latini, 
Trésor,  p.  451.  La  quinte  color  [de  rhétorique]  est 
apelée  fainture,  porce  que  on  faint  une  chose  qui 
n'a  pooir  ne  nature  de  parler,  aussi  comme  se  ele 
parlast,  id.  «6.  p.  488.  Ne  te  faindre  pas  d'estre  ce  qua 
tu  n'ies,  id.  ib.  p.  384.  Mais  si  malade  vous  faigniés. 


1036 


FEF 


tant  soupires,  tant  vous  plaigniés,  la  Base,  0IS5, 
Il  XIV*  s.  C'est  chose  fainte  et  néant,  oresmb,  Eth. 
Ti  (  fO].  Il  XV  s.  Cils  [les  barons]  qui  nullement  pour 
leur  honneur  no  se  fussent  feints,  eurent  en  con- 
vent  à  la  bonne  dame  qu'ils  s'en  acquiteroient 
loyalement  [do  combattre],  FROiss.  i,i,  306.  Et  Dieu 
Ralt  si  ceulx  d'Orléans  se  faignoient  à  mener  artil- 
lerie, Bibl.  des  chartes,  2'  série,  t.  m,  p.  607. 
L'autre  ne  faignoit  pas  et  recommençoit  encores  de 
bon  cueur,  coMM.  iv,8.  Ledit  duc  de  prime  face  fai- 
gnit  à  la  bailler  [la  sûreté  demandée  par  le  conné- 
table], mais  à  la  parfin  la  bailla,  m.  iv,  I2.  Fei- 
gnant [simulant]  venir  vers  son  oncle,  iD.  i,  2.  Il 
faindit,  comme  bien  le  savoit  faire,  une  matte 
chère,  et  montra  semblant  de  courroux,  louis  xi, 
Nouv.  XXXIII.  Il  XVI'  s.  Frappoit  à  grandz  tours  de 
bras  sans  se  faindre  ny  espargner,  rab.  Garg.  i,  44. 
Les  poètes  feignent  un  grand  tas  de  dieux  mal  fai- 
sans, ID.  ib.  1,  46.  Elle  va  feindre  d'estre  malade, 
MARO.  Nouv.  Lxi.  Le  seigneur  de  Bonnivet,  pour  lui 
arracher  son  secret,  feignit  lui  dire  le  sien,  m.  ib. 
IV.  Four  revenir  à  sa  clémence  (de  César],  nous  en 
avons  plusieurs  naïfs  exemples  au  temps  de  sa  do- 
mination, lorsque,  toutes  choses  estant  redui^-ies  en 
sa  main,  il  n'avoit  plus  à  se  feindre,  mont,  ii,  33. 
Les  poètes  feignent  Niobé  avoir  este  transmuée  en 
rochier,  m.  i,  7.  N'est-ce  pas  toy,  dont  la  divine 
main  De  vil  bourbier  forma  le  corps  humain.  Pour 
y  enter  l'ame  que  tu  as  feinte  Sur  le  portrait  de 
ton  image  saincte?  dubellay,  m,  92,  recto.  Leoni- 
das,  entrant  un  jour  audacieusement  en  grosses 
paroles  contre  luy,  ne  faignit  pas  de  luy  dire.... 
AMYOT,  Lyc.  3.  Disant  qu'il  seroit  bien  beste,  si 
pour  crainte  du  nom  seulement  d'estre  appelé  tyran, 
il  faignoit  d'accepter  la  monarchie,  m.  Solon,  22.  Le 
messager  faignit  que  l'issue  en  avoit  esté  doubteuse, 
iD.  Fab.  7.  Après  avoir  bien  noté  et  remarqué  l'en- 
droit de  la  muraille  que  le  brutien  avoit  à  garder, 
lequel  avoit  promis  de  se  faindre  et  de  laisser  entrer 
ceulx  qui  viendroient  assaillir  ce  costé  là,  id.  ib. 
44.  Un  homme  feint  [fourbe],  m.  Solon,  83. 

—  ÊTVM.  Bourg,  (oindre,  il  ne  foinl  pas,  il  ne 
craint  pas;  provenç.  fenher,  feigner,  finher  ;  espagn. 
et  portug.  fingir;  ital.  fingere;  du  lat.  (ingère,  fein- 
dre, supposer.  Dans  l'ancienne  langue,  se  (eindre 
signifie  souvent  ne  pas  vouloir,  hésiter  à.  Selon 
Curtius,  le  sens  primitif  du  radical  fig,  grec  6i-|', 
est  toucher.  Aussi  le  sens  propre  de  (ingère  est  fa- 
çonner. Du  sens  de  façonner  on  a  passé  à  celui  de 
feindre,  c'est-à-dire  façonner  une  apparence.  De  ce 
qui  n'a  qu'une  apparence  et  qui  est  vide,  faible,  on 
en  est  venu  au  sens  de  hésiter,  craindre. 

FKINT,  EINTE  (fin,fir.-t'),  part,  pois^ de  feindre. 
Il  1°  Qui  se  fait,  se  produit  pour  tromper.  Sa  foi  est 
feinte.  Le  fer  étincelant,  avec  art  détourné,  Par 
de  feints  mouvements  trompe  l'œil  étonné,  volt. 
Ilenr.  x.  \\  i°  Qui  n'est  pas  véritable.  Dès  vos  plus 
Jeunes  ans  mes  soins  et  mes  tendresses  N'ont  ar- 
raché de  vous  que  de  feintes  caresses,  rac.  Brit. 
IV.  2.  Par  de  feintes  raisons,  je  m'en  vais  l'abuser,  ID. 
Iphig.  IV,  10.  Mademoiselle  Jennings  s'en  était  dis- 
pensée sur  une  feinte  indisposition,  hamilt.  Gramm. 
1».  Non,  il  vous  a  trompé  pour  se  venger  de  vous.  Et 
ses  feintes  douceurs  vous  cachaient  son  courroux, 
CESTOUCHES,  Diss.  IV,  7.  Par  sa  feinte  vertu  la  tienne 
■fut  trompée,  volt.  If.  de  César,  ii,  B.  ||  Porte,  co- 
lonne ,  fenêtre  feinte,  représentation  d'une  porte, 
d'une  colonne,  d'une  fenêtre  que  l'on  fait  pour  la 
symétrie  ou  pour  l'agrément.  ||  3°  S.  m.  Terme  de 
construction.  Le  feint,  imitation,  par  la  peinture, 
des  diverses  espèces  de  marbres,  de  bois,  de  mou- 
lures, etc. 

i .  FEINTE  (fin-f),  s.  (.  ||  l"  Action  de  feindre,  de 
cacher  sous  une  fausse  apparence.  Agissez  avec 
feinte.  Sire,  et  ne  lui  montrez  que  respect  et  que 
crainte,  cohn.  Pomp.  iv,  < .  Mais  de  ton  faux  amour 
les  feintes  concertées,  Les  noires  trahisons,  les  ai-je 
méritées?  th.  cobn.  Ariane,  ui,  4.  Quelle  est  donc 
sa  pensée  ?  et  que  cache  un  discours  Commencé 
tant  de  fois,  interrompu  toujours?  Veulent-ils  m'é- 
DÎouir  par  une  feinte  vaine?  rac.  Phèdre,  v,  4.  Vous 
m'avez  commandé  de  vous  parler  sans  feinte,  m. 
Alhal.  II,  5.  Il  a  toujours  pris  cela  pour  une  feinte 
d'une  personne  qui  voudrait  se  divertir,  fonten. 
kt  Mondes,  6*  soir.  Ce  que  Joseph  disait  par  pure 
feinte  à  ses  frères,  mass  Carême,  Parole.  À  présent 
dites-moi,  reprit  l'adroit  jésuite,  si  c'est  feinte  ou 
mensonge  ce  que  vous  m'avez  dit,  qu'un  curé  de 
campagne  a  été  votre  maître,  marmontel,  Mém.  i. 
il  Avoir  une  feinte,  feindre  quelque  chose.  Quoique 
je  le  sache  [le  chevalier  de  Lorenzy]  très-lié  avec 
des  gens  qui  ne  m'airient  pas,  mais  qui  feignent 
de  m'aimer  avec  les  gêna  qui  m'aiment,  et  qui  ne 


FET. 

manqueront  pas  d'avoir  cotte  feinte  avec  lui,  l.  i. 
Rouss.  Œuvres,  édit.  hupont,  <824,  t.  xix,  p.  3S4. 
Il  Terme  de  rhétorique.  Figure  qui  consiste  à  fein- 
dre de  passer  sous  silence  une  chose  qu'on  ne  laisse 
pas  d'exprimer.  On  dit  plus  souvent  prétérition, 
prétermission,  paralepse.  ||  8"  Par  extension,  art 
du  poêle,  invention.  La  feinte  est  un  pays  plein 
de  terres  désertes,  Tous  les  jours  nos  auteurs  y  font 
des  découvertes,  la  pont.  Fabl.  lu,  t.  Le  conte 
fait  passer  le  précepte  avec  lui  ;  En  ces  sortes  de 
feinte  il  faut  instruire  et  plaire,  id.  ib.  vi,  i. 
Il  S'  Terme  d'escrime.  Jeu  couvert  et  trompeur,  par 
lequel  on  frappe  l'ennemi  dans  un  endroit  diflérent 
de  celui  où  on  le  menace.  Zadig  fait  une  feinte, 
passe  sur  Otane,  le  fait  tomber,  volt.  Zadig,  (9. 
Il  Se  dit  aussi  au  jeu.  ||  4°  Terme  d'imprimerie.  Dé- 
faut de  touche  dans  une  feuille,  quand  une  partie 
de  la  forme  n'a  pas  reçu  assez  d'encre.  ||  B"  Terme 
de  musique.  Altération  d'une  note  ou  d'un  inter- 
valle par  un  dièse  ou  un  bémol.  Il  se  disait  très- 
souvent  autrefois  pour  désigner  le  dièse  et  le  bémol 
accidentel.  ||6°  Terme  de  vétérinaire.  Légère  clau- 
dication dans  la  marche  d'un  cheval. 

—  SYN.  FEINTE,  MENSONGE.  La  feinte  Bst  une  fausse 
apparence  sous  laquelle  on  cache  quelque  chose.  Le 
mensonge,  c'est  dire  ce  qui  n'est  pas  vrai.  Est-ce 
feinte  ou  mensonge,  ce  que  vous  me  dites  là?V(5u- 
lez-vous  m'en  imposer  par  une  fausse  apparence, 
ou,  simplement,  ce  que  vous  me  dites  là,  est-il  faux'/ 

—  HIST.  xvi"  s.  Croyez  de  vray,  que  ma  présente 
plainte  N'est  composée  en  courroux,  ny  en  fainte  ; 
Faindre  n'est  point  le  naturel  de  moy,  mahot,  i, 
359.  Elle  va  feindre  d'estre  malade  et  continuer  si 
bien  cette  feinte,  que....  marg.  Nouv.  lxi.  Et  au- 
rons de  quoy  respondre  aux  aultres  ou  en  feinte  ou 
en  vérité,  id.  Lett.  cxx. 

—  ETYM.  Feint;  bourguig.  (ointe;  provenç.  (enha, 
(encha;  anc.  espagn.  et  ital.  finta. 

2.  FEINTE  (fin-f) ,  s.  (.  Un  des  noms  vulgaires 
de  la  clupea  finta,  qui  ressemble  à  l'alose. 

—  ÊTYM.  Ainsi  dit  parce  que  c'est  une  alose 
(einte,  un  poisson  ressemblant  à  l'alose. 

t  FEINTIER  (fin-tié),  s.  m.  Espèce  de  filet  à 
mailles  serrées  pour  prendre  les  feintes,  les  aloses. 

FEINTISE  (fin-ti-z'i ,  î.  /'.jj  l-Habitudedelafeinte. 
Telle  va  souvent  à  l'église  De  qui  je  connais  la  fein- 
tise,  RÉGNIER,  Disc.  Vieille  moquer.  ||  2°  Synonyme 
de  feinte,  avec  cette  seule  nuance  que  feintise  vieil- 
lit et  qu'il  a  un  air  archaïque.  Hé  bien  I  que  voulez- 
vous?  parlez-moi  sans  feintise,  desmarets,  Uirame, 
V,  t .  Albano  eut  vraiment  peine  et  sans  feintise  à 
se  résoudre  d'accepter  le  pontificat,  st-sim.  84,  92. 

—  HIST.  XII'  s.  En  Ii  [ma  dame]  n'i  a  ne  orguel 
ne  faintise,  quesnes,  Romancero,  p.  90.  Or  vus  pri 
e  requier,  frères,  par  igal  guise.  Qu'entre  nous  n'ait 
envie,  descorde,  ne  faintise.  Mais  en  nous  seit  en 
Deu  uns  quers  [cœur],  une  aneme  [âme]  asise.  Th. 
le  mart.  9ï.  Cist  hom  se  fait  dolant,  ou  cist  hom  se 
magnifiet,  et  tels  choses  semblanz  ke  ne  vienent 
mie  de  veriteit,  mais  de  fointise,  st  bern.  p.  664. 
Il  xiii*  s.  C'est  par  faintise  [fainéantise]  que  ci  est 
arestés,  Huon  de  Bordeaux,  v.  1907.  ||  xv  s.  Si  va- 
loit  trop  mieux  que  il  [le  comte  Guy  de  Blois]  se 
mist  en  chemin  et  à  voie  et  en  la  volonté  de  Dieu, 
que  ce  que  on  supposast  que  il  demeura  derrière 
par  feintise,  froiss.  ii,  ii,  2H  .  ||  xvi*  s.  Puisque  j'ai 
la  feintise  esprouvée  D'un  qui  tousjours  loyale  m'a 
trouvée,  l.  marot,  v,  327.  Quant  à  cette  nouvelle 
vertu  de  feinctise  et  dissimulation  qui  est  à  cette 
heure  si  fort  en  crédit,  je  la  hais  capitaletaent, 
mont,  m,  SI . 

—  ETYM.  Feint  ;  provenç.  feintesa.  L'ancien  fran- 
çais a  dit  aussi  (eintié,  s.  f, 

t  FÉLA'HER  (fé-la-tié)  ou  FÉRATIER  (fé-ra-tié), 
t.  m.  Ouvrier  qui  tire  le  verre  avec  la  fêle. 

t  FELD-MARÉCHAL  (fcld-ma-ré-chal),  s.  m.  Le 
grade  de  feld-maréchal  correspond,  chez  les  puis- 
sances du  Nord,  à  celui  de  maréchal  de  France. 

—  ÊTYM.  AUem.  Feldmarschall,  de  Feld,  champ, 
et  Marschall,  maréchal  :  proprement  maréchal  de 
champ  ou  de  camp. 

FELDSPATH  (fèld-spaf),  s.  m.  Terme  de  miné- 
ralogie. Pierre  dure,  à  structure  lanlelleuse,  com- 
posée de  silice,  d'alumine  et  de  potasse,  dont  la 
forme  en  cristaux  est  un  parallélipipède  obliquan- 
gle,  et  qui,  incolore,  ressemble  au  cristal  de  roche, 
sans  atteindre  ni  à  sa  limpidité  ni  à  ses  dimensions. 
De  tous  les  minéraux  qui  figurent  dans  la  constitu- 
tion de  l'écorce  de  la  terre,  le  feldspath  est  de  beau- 
coup le  plus  abondant,  L.  cordier,  Acad.  des  se. 
Comptes  rendus,  t.  Liv,  p.  296.  ||  Feldspath  aventu- 
riné,  dit  aventurine  orientale  et  pierre  du  soleil, 
variété  du  feldspath  qui  consiste  dans  le  brillant  | 


l'EL 

d'une  poussière  dorée  produite  par  des  paillettes  de 
mica  dont  elle  est  pointillé»,  de  labohde.  Émaux 
p.  310.  Il  Feldspath  bleu,  pierre  d'un  bleu  de  cie! 
pointillée  de  blanc,  id.  ib.  ||  Feldspath  nacré,  appelé 
aussi  argentine,  œil  de  poisson,  pierre  de  lune,  va- 
riété qu'on  trouve  en  Orient,  dans  l'Ile  de  Cevlan 
et  au  Saint-Gothard,  id.  ib.  ||  Feldspath  opalin,  ap- 
pelé labrador  dans  le  commerce,  variété  d'un  gris 
foncé  à  reflets  bleuâtres,  rouges  et  orangés,  et  qui 
vient  de  la  côte  d'Amérique,  id.  i6.  p.  3h  .  ||  Feldspath 
vert,  dit  pierre  des  Amazones  et  aussi  vert  'léladon, 
pierre  de  couleur  opaque  vert  tendre,  semé  l'.e 
points  blancs,  qu'on  tire  des  monts  Ourals  et  du 
Groenland,  id.  ib.\\  Feldspath  argiliforme,  kaolin  nu 
terre  à  porcelaine. 

—  ÊTYM.  AUem.  Feldspath,  de  Feld,  rampagnj, 
et  Spath,  spath  :  spath  de  campagne  (voy.  spath). 

t  FELDSPATHIQUE  (feld-spa-ti-k'),  adj.  Terme 
de  minéralogie.  Qui  contient  du  feldspath. 

t  FElE  ou  FELLE  ou  FESLE  (fê-l"),  s.  (.  Tube  de 
fer  qui  sert  à  prendre  la  matière  dans  les  creusets 
pour  souffler  le  verre. 

FÊLÉ,  ÉE  (fê-lé,  lée),  part.  passé.\\  i°  Fendu  sans 
séparation,  en  parlant  de  parois  minces,  de  bords 
minces.  Semblable  à  un  vase  précieux,  mais  fêlé, 
d'oii  s'écoulent  toutes  les  liqueurs  les  plus  délicieu- 
ses, le  cœur  de  ce  grand  capitaine  ne  pouvait  rien 
garder,  fén.  Tél.  xvi.  Perd-on  un  appui  quand  on 
jette  un  roseau  fêlé  qui,  loin  de  nous  soutenir,  nous 
percerait  la  main  si  nous  voulions  nous  y  appuyer? 
Boss.  Sermons,  Oblig.  de  l'état  religieux,  i .  Ô.mme 
une  urne  fêlée  et  dont  les  flancs  arides  Laissent 
fuir  l'eau  du  ciel  que  l'homme  y  cherche  en  vain, 
LAMART.  Harm.  IV,  <i.  Il  Fig.  [Dieu]  Fait  un  écho 
vivant  de  nos  lèvres  muettes.  Et  dans  nos  cœurs 
fêlés  verse  ses  eaux  parfaites,  lamart.  llarm.  m,  «. 
Il  S.  m.  Ce  vase  sonne  le  fêlé.  ||  2'  Fig.  Avoir  la 
poitrine  fêlée,  avoir  la  poitrine  en  mauvais  état. 
Il  Avoir  la  tête  fêlée,  le  timbre  fêlé,  être  un  peu 
fou.  Ma  foi,  j'en  ai  quasi  la  cervelle  fêlée,  scarron, 
Jodelet  ou  le  maitre  valet,  m,  3.  La  tête  de  Bonnet 
me  paraît  un  peu  fêlée,  volt.  Phil.  m,  <9l.  Mon 
timbre  commence  à  être  un  peu  fêlé,  et  sera  bien- 
tôt cassé  tout  à  fait,  id.  Lett.  Mme  du  De((ant,  22  janv. 
(769.  Il  C'est  un  pot  fêlé,  se  dit  quelquefois  d'une 
personne  valétudinaire.  ||  Proverbe.  Les  pots  fêlés 
sont  ceux  qui  durent  le  plus,  se  dit  de  personnes 
d'une  santé  délicate,  mais  qui  se  ménagent  plus 
que  les  autres. 

FÊLER  (fê-lé),  V.  a.  Il  1°  Fendre  des  parois  min- 
ces, des  bords  minces,  sans  que  ces  parois,  ces  bords 
se  séparent.  Fêler  une  bouteille.  ||  2'  Se  fêler,  f. 
ré(l.  Être  fêlé.  Ce  vase  se  fêlera  si  vous  le  mettez 
au  feu.  Ce  bec  [du  calaos]  n'a  point  de  prise  ;  sa 
pointe,  comme  dans  un  long  levier  très-éloigné 
du  point  d'appui,  ne  peut  serrer  que  mollement  ;  sa 
substance  est  si  tendre  qu'elle  se  fêle  à  la  tranche 
par  le  plus  léger  frottement,  buff.  Ois.  t.  xiii, 
p.  203,  dans  pouGENs.  Il  Fig.  Sa  tête  se  fêle,  il  de- 
vient un  peu  fou. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'os  sonne  cassé,  comme  si  l'on 
frappoit  sur  un  pot  de  terre  fellé  et  rompu,  paré, 
xxvH,  p.  «S3.  Feller,  oudin,  Dict. 

—  ETYM.  'Wallon,  (aieler;  namur.  (auieler;  Hai- 
naut,  (oler.  D'après  Diez,  ce  mot  est  pour  (eslfr  et 
vient  de  fissiculare,  qui  se  trouve  dans  Apulée  avec 
la  signification  de  fendiller  les  entrailles  des  vic- 
times. D'après  Grandgagnage,  les  formes  wallonnes 
indiquent  plutôt  (aille,  qui  signifie  une  fente.  Comme 
on  ne  trouve  point /«/*r,  au  moins  dans  les  textes 
que  nous  avons,  l'étymologie  donnée  par  Grand- 
gagnage a  sa  probabilité. 

t  FÉLICIEN  (fé-li-siin),  ».  m.  Partisan  d'une  hé- 
résie dans  laquelle  on  soutenait  que  Jésus-Christ, 
comme  homme,  était  le  fils  de  Dieu  seulement  par 
adoption  et  non  par  nature. 

—  ÊTYM.  Félix,  évêque  d'Urgel  vers  la  fin  du 
vin'  siècle,  auteur  de  celte  hérésie. 

FÉLICITATION  ( fé-li-si-ta-sion;  en  vers,  de 
six  syllabes) ,  s.  (.  Action  de  féliciter;  compliment 
sur  ce  qui  est  arrivé  d'agréable  à  quelqu'un.  Rece- 
vez mes  félicitations.  Je  vous  adresse  de  bien  sincè- 
res félicitations 

—  REM.  i.  Félicitation  était  on  'mot  nouveau  an 
commencement  du  xvn'  siècle  et  qui  s'introduisait 
à  la  suite  du  verbe  féliciter,  nouveau  lui-même  : 
Je  lui  ai  écrit  un  compliment  de  félicitation,  s'il 
est  permis  de  parler  ainsi,  vadoelas.  Rem.  not. 
Th.  Corn.  t.  i,  p.  3b9,  dans  pougens.  ||  S.  Il  jaurait 
lieu  de  chercher  les  différences  de.significat'on  en- 
tre félicitation  et  congratulation,  si  l'usage  n'avait 
pas  frappé  de  désuétude  le  dernier.  Félicitation  est 
le  mot  employé;  congratulation  n'est  plus  que  du 


FEL 


FÊL 


FËL 


1637 


style  vieilli  ou  du  style  dans  lequel  entre  quelque 
pointe  de  plaisanterie. 

—  ÉTYM.  Féliciter. 

1.  FÉLICITÉ  (fé-li-si-té),  s.  f.  \\  1»  État  où  l'on 
jouit  de  ce  qui  contente.  Qu'il  semblait  ne  man- 
quer plus  rien  à  la  félicité  du  royaume  que  de  tirer 
du  nombre  des  langues  barbares  cette  langue  que 
nous  parlons,  pelusson,  Hist.  de  l'Acad.  i.  Néron 
ne  trouble  point  notre  félicité,  bac.  Brit.  v,  (.Et 
déjà  de  soldats  une  foule  charmée....  Pousse  au  ciel 
mille  vœux  pour  sa  félicité,  id.  Iphig.  i,  4.  Quelle 
Mllcité  peut  manquer  à  vos  voeux?  ID.  t&.  il,  2.  De  toi 
dépend  ma  joie  et  ma  félicité,  id.  Bajaz.  ii,  <.  Les 
hommes  dont  ils  auraient  dû  faire  la  félicité,  fén. 
Tél.  xviii.  Félicité  est  l'état  permanent,  du  moins 
pour  quelque  temps,  d'une  âme  contente  ;  et  cet 
état  est  bien  rare,  volt.  Dict.  phil.  Félicité.  Le  bon- 
heur paraît  plutôt  le  partage  des  riches  qu'il  ne  l'est 
en  effet,  et  la  félicité  est  un  état  dont  on  parle  plus 
qu'on  ne  l'éprouve,  id.  ib.  Le  plaisir  est  plus  rapide 
que  le  bonheur,  et  le  bonheur  que  la  félicité,  id. 
ib.  Heureux.  La  félicité  céleste  qui  n'est  que  la  du- 
rée dans  l'enthousiasme  et  la  constance  dans  l'a- 
mour, STAËL,  Corinne,  Xï,  5.  ||  Auplur.  en  ce  sens. 
Au  milieu  des  faveurs  que  vous  en  recevez  [de  la 
fortune],  vous  cherchez  encore  des  voluptés  étran- 
gères, et  êtes  sensible  aux  petites  joies  parmi  les 
grandes  félicités,  balz.  liv.  iv,  lett.  3).  De  quel 
comble  de  gloire  et  de  félicités,  Dans  quel  abîme 
affreux  vous  me  précipitez!  rac.  Uithr.  n,  6.  ||  2°  Il 
se  dit  aussi  quelquefois  au  sens  actif  pour  la  fé- 
licité qu'une  chose  donne.  Allez,  honneurs,  plai- 
si.-s,  qui  me  livrez  la  guerre;  Toute  votre  félicité, 
Sujette  à  l'instabilité ,  En  moins  de  rien  tombe 
par  terre,  corn.  Poly.  iv,  2.  |)  3»  Chose  qui  con- 
tribue à  la  félicité.  Seul  entre  tous  les  grands  par  la 
reine  invité.  Ressentez  donc  aussi  cette  félicité, 
RAC.  Esth.  111,  i.  Il  II  se  dit  en  ce  sens  plus  souvent 
au  pluriel.  Certes,  ou  les  chrétiens  ont  d'étranges 
manies,  Ou  leurs  félicités  doivent  être  infinies, 
CORN.  Poly.  IV,  5.  Je  m'élSve  aujourd'hui  au-dessus 
de  toutes  les  félicités  humaines,  fléch.  Serm.  i,  3. 
S'il  [Boileau]  a  la  bonté  de  vouloir  s'amuser  avec 
vous,  c'est  une  des  grandes  félicités  qui  vous  puisse 
arriver,  et  je  vous  conseille  d'en  bien  profiter  en 
récoltant  beaucoup  et  en  décidant  peu  avec  lui , 
RAC.  Lett.  à  son  fils,  vu.  Ils  vous  répondront  qu'ils 
ne  changeraient  pas  leur  tristesse  prétendue  contre 
toutes  les  félicités  de  la  terre,  mass.  Carême,  Salut. 
Que  vos  félicités,  s'il  se  peut,  soient  parfaites  !  volt. 
Zaïre,  i,  \.  Allons  apprendre  au  roi  pour  qui  vous 
combattez.  Mon  crime,  mes  remords  etvos  félicités, 
ID.  Adél.  du  Guescl.  v,  5.  ||  4°  Fortune  qui  favorise, 
heureuse  chance.  S'ils  sont  arrivés  au  port,  tenant 
une  route  qui  apparemment  les  en  éloignait,  il  ne 
faut  pas  se  fier  pourtant  à  cette  félicité  aveugle 
qui  les  a  guidés,  balz.  De  la  cour,  2°  dise. 

—  REM.  Voltaire  dit  que  félicités  ne  se  dit  gnire 
en  prose  au  pluriel.  Cette  remarque  n'est  pas  juste 
(voy.  les  exemples). 

—  HIST.  xiii"  s.  Félicités  est  une  chose  qui  vient 
par  vertu  de  l'ame,  non  pas  dou  cors,  brun,  latini. 
Trésor,  p.  264.  Félicitez  n'est  pas  en  jeuc,  ne  en 
choses  qui  sont  de  par  jeuc,  mais  en  celles  qui  sont 
de  grant  estude  et  travail,  id.  ib.  p.  328.  ||  xv  s.  Je  ne 
say  en  signorie  félicité,  excepté  en  une  seule  chose. 
plaise  vous  nous  dire  en  quoi.  —  Certes  en  puis- 
sance de  faire  bien  à  autruy  [paroles  du  roi  Char- 
les V],  CHRIST.  DE  pisAN,  CharUs  Y,  m,  "«o.  Prince, 
qui  veut  vivre  en  félicité.  En  l'amour  Dieu,  en  ho- 
neur,  en  vaillance,  E.  desch.  Ce  qui  est  nécessaire 
aux  rois.  \\  xvi"  s.  La  mémoire  et  la  pronuntialion 
ne  s'apprennent  pas  tant  par  le  bénéfice  des  lan- 
gues, comme  elles  sont  données  à  chascun  selon 
la  félicité  de  sa  nature,  dubellay,  i,  7,  verso. 

—  ETYM.  Provenç.  félicitât;  espagn.  felicidad; 
ital.  félicita;  du  latin  felicitatem,  de  felix,  heureux, 
qui  se  rapporte,  selon  Freund,  à  l'inusité  feo,  pro- 
duire (voy.  FECOND),  et  veut  dire  d'abord  fécond  : 
arbor  felix,  arbre  qui  porte  des  fruits. 

2.  FÉLICITÉ,  ÉE  (fé-Ii-si-té,  tée),  part,  passé. 
Félicité  par  tous  ses  camarades  pour  sa  belle  conduite. 

FÉLICITER  (fé-li-si-té),  v.  o.  ||  1°  Exprimer  à 
quelqu'un  que  l'on  prend  part  à  la  joie  que  lui  cause 
un  succès,  un  événement  heureux  ou  agréable.  De- 
puis peu  on  S6  sert  d'un  mot,  qui,  auparavant, 
était  tenu  à  la  cour  pour  barbare,  quoique  très- 
commun  en  plusieurs  provinces  de  France,  qui  est 
féliciter;  mais  aujourd'hui  nos  meilleurs  écrivains 
en  usent,  et  tout  le  monde  le  dit,  comme  féliciter 
quelqu'un  de,  etc..  je  vous  viens  féliciter  de,  etc.... 
ou  simplement,  je  vous  viens  féliciter,  vaugel. 
Rem.  t.  i,  p.  358,  dans  pougens.  Je  vous  félicite 


d'avoir  M.  de  Roncières  pour  gouverneur,  M.  Rigaut 
pour  confrère,  et  Mlle  Caliste  pour  maltresse  ou 
pour  écolière;  si  le  mot  de  féliciter  n'est  pas  en- 
core français,  il  le  sera  l'année  qui  vient,  et  M.  de 
Vaugelas  m'a  promis  de  ne  lui  être  pas  contraire 
quand  nous  solliciterons  sa  réception,  balz.  Lett.  à 
Lhuillier,  ts  janv.  (842.  ||  On  dit  aussi  féliciter  sur. 
[Ils]  Viennent  ici,  dis-tu,  pour  me  féliciter  Sur  ce 
comble  de  gloire  où  je  viens  de  monter,  corn.  Tite 
et  Bérén.  ii,  (.Je  viens  avec  respect  essuyer  ses 
hauteurs  Et  la  féliciter  sur  mes  propres  malheurs, 
VOLT,  ilariamne,  ii,  (.  Â  peine  fûmes-nous  dans 
notre  auberge  qu'un  homme  vêtu  d'une  robe  vio- 
lette, accompagné  de  deux  autres  en  manteau  noir, 
vint  nous  féliciter  sur  notre  arrivée,  id.  .^mobcd, 
Lett.  II.  Il  2°  Se  féliciter,  v.  ré/l.  S'applaudir,  s'es- 
timer heureux.  Dans  les  plus  violentes  douleurs  ils 
se  félicitaient  eux-mêmes  et  goûtaient  les  plus  pu- 
res délices,  BOURDAL.  Exhort.  sur  J.  C.  portant  sa 
croix,  t.  11,  p.  (06.  Les  peuples....  se  féliciteront 
d'avoir  un  roi  qui  lui  ressemble,  mass.  Petit  car. 
Grand.  deJ.  C.  ||  Se  faire  compliment  l'un  à  l'autre. 
Les  pères  et  les  mères  de  ceux  qui  étaient  morts  en 
combattant  se  félicitaient  les  uns  les  autres,  et  al- 
laient dans  les  temples  remercier  les  dieux  de  ce 
que  leurs  enfants  avaient  fait  leur  devoir;  au  lieu 
que  les  parents  de  ceux  qui  avaient  survécu  à  cette 
défaite  étaient  inconsolables,  bollin.  Traité  des  Et. 
liv.  V,  3'  part.  ch.  2. 

—  REM.  Ce  qu'il  y  avait  de  nouveau  dans  l'emploi 
de  féliciter,  c'était  non  le  verbe  lui-même  qui  est 
ancien  comme  on  voit  à  l'historique,  mais  la  signi- 
fication ;  féliciter  ayant  signifié  au  xv"  et  au  xvi' 
siècle  rendre  heureux. 

—  HIST.  XV'  s.  En  cuidant  prospérer  ton  chemin, 
féliciter  [rendre  heureux]  ta  vie  et  ta  fortune,  tu 
quis  les  variables  et  périlleuses  habitacionsde  dame 
court,  G.  CHAST.  Exposition  surla  vérité  mal  prise. 
Il  xvi"  s.  Helasl  fortune  ennemie  de  gloire  et  ma- 
rastre  de  prospérité,  que  t'ay-je  meffait,  quand  en 
mes  jours  florissants  et  au  temps  de  ma  doulce  jou- 
vente,  m'as  laissé  quelque  temps  féliciter  [être  heu- 
reux] à  plaisir,  et  aux  ennuyeux  ans  de  ma  chenue 
vieillesse  me  mets  en  exil  perpétuel?  J.  d'anton, 
Ànn.  de  Louis  XII,  de  (606  et  (B07,  dans  lacurne. 

—  ÉTVM.  Lat.  felicitare,  rendre  heureux. 

f  FÉLIDE  (fé-li-d'),  s.  m.  Terme  de  zoologie.  Nom 
donné  à  la  tribu  des  chats. 

—  ÉTYM.  Lat.  felis,  chat. 

f  ( .  FÉLIN,  INE  (fé-lin,  li-n') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  de  la  ressemblance  avec  le  chat;  qui 
appartient  au  genre  chat.  La  race  féline,  les  chats. 
Il  Fig.  Cette  femme  a  des  manières  félines,  une 
grâce  toute  féline. 

—  ÉTYM.  Lat.  felis,  chat. 

t  2.  FÉLIN  (fé-lin) ,  s.  f.  Ancien  terme  d'orfèvrerie 
et  de  monnaie.  Nom  d'un  poids  qui  contenait  sept 
grains  et  un  cinquième,  Edits  sur  les  monnaies, 
t.  VI,  f°  (64. 

f  FÉLIR  (fé-lir),  v.  n.  Terme  de  zoologie.  Mena- 
cer en  soufflant  à  la  manière  des  chats. 

—  ÉTYM.  Lat.  felis,  chat. 

■j-  FELLAH  (fêl-la) ,  s.  m.  Nom  des  paysans  de 
l'Egypte.  Les  fellahs. 

—  ÉTYM.  Arabe,  felach,  laboureur, 
f  ( .  FELLE  (fè-l'i ,  s.  f  voy.  fêle. 

f  2.  FELLE  (fè-l'),  adj.  Ancien  adjectif  qui  était 
resté  dans  cette  locution  tombée  elle-même  en  dé- 
suétude :  felle  de  la  dent;  cela  se  disait  du  cheval 
rétif  qui  mord  et  qui  rue. 

—  ÉTYM.  Felle  ou  félon  (voy.  félon). 

FÉLON,  ONNE  (félon,  lo-n') ,  adj.  ||  1°  Traître  et 
rebelle;  il  se  disait  d'un  vassal  qui  agissait  contre  la 
foi  due  à  son  seigneur.  Un  vassal  félon.  ||  2°  Par  ex- 
tension ,  traître  et  méchant.  Faites  marcher  contre 
eux  des  Scythes,  des  Gelons,  Et,  s'il  se  peut  encor, 
des  monstres  plus  félons,  tristan,  Mariamne,  v,  2. 
Ainsi  montraient  leurs  cœurs  félons  Les  Saûls  elles 
Absalons,  Quand  tu  lésas  soumis  à  celui  qui  t'adore, 
LA  PONT.  Poésies  mêlées,  Lxxiv.  ||  Il  se  dit  aussi  des 
choses.  L'air  de  ce  pays  [l'Afrique]  m'a  déjà  donné 
je  ne  sais  quoi  de  félon,  qui  fait  que  je  vous  crains 
moins  et,  quand  je  traiterai  désormais  avec  vous,  fai- 
tes état  que  c'est  de  Turc  à  More,  voiture,  Lett.  40. 
Insolence  félone,  du  rver,  Scévok,  i,  (.  X  peine  il 
est  entré  que  les  cruelles  dents  Et  les  ongles  félons 
[de  la  lionne]  s'impriment  dans  ses  fiancs,  la  font. 
Captivité  de  St  Malc.  \\  3"  Substantivement.  Ne  me 
répondez  point,  félonne  !  j'ai  de  quoi  vous  confondre, 
lesage,  Turcaret,n,  3.  Parleur  belle  détrempée  Les 
félons  seront  honnis,  v.  hugo,  Odes,  ly,  (2. 

—  HIST.  XI*  S.  Des  plus  feluns,  du  [il]  en  ad  ape- 


lez,  Ch.  de  Roi.  v.  Si  vengez  cels  qui  li  fe's  fist 
ocire,  ii>.  xiv.  Mais  tout  sait  fel  [qui]  cher  ne  se 
vende  primes  [d'abord] ,  ib.  cxli.  Ce  dist  li  reis  :  vou» 
estes  mi  felun  [félons à  moi],  ib.  cclixviii.  Si  come 
fel  qui  félonie  fist,  i6.  cclxxix.  ||  xii*  s.  Regart  de 
félon,  Ronc.  p.  20.  Là  vit  li  rois  un  ester  [combat] 
moût  lelon,  ib.  p.  H3.  Au  mont  [monde]  n'a  [n'y 
a],  voir,  si  cruel  traîson  Qu'un  bel  semblant  et  cou- 
rage félon.  Coud,  ix.  Diexl  quant  crieront  outrée. 
Sire,  aidez  à  pèlerin,  Pour  qui  [je]  sui  espouvantée; 
Car  félon  sont  Sarrazin,  Dame  de  Faiel,  dans  Couci. 
Car  felenesse  gent  a  mult  à  guverner.  Et  pur  ço  li 
covient  mult  fier  semblant  mustrer,  Th.  le  mart. 
107.11  xni'  s.  Moût  fit,  celé  journée,  félon  tems  cl 
cdlvert,  Berte,  xxxiv.  Mais  chardon  félon  et  poi- 
gnant M'enaloient  moult  esloignant,  la  Rose,  (683. 
On  ne  doit  pas  tenir  le  bailli  por  sage,  qui  vers  toz 
est  fel  et  cruels,  beaum.  (8.  El  ce  fe.soie-je,  pourco 
que  les  danréesenchierissenlenyver,  pour  lamer  qui 
est  plus  felonnesse  en  yver  que  en  esté,  joinvillb, 
207.  Il  xiv  s.  Nous  appelions  fors  et  félons  ceulx  qui 
se  courcent  [courroucent]  et  aïrenl  là  où  il  ne  con- 
venist  pas,  oresme,  Eth.  (20.  ||  xv*  s.  Et  on  dit,  et 
voir  est,  qu'il  n'esl  si  felle  guerre  que  de  voisins  et 
d'amis,  froiss.  i,  ï,  (28.  Vieillesse  félonne  et  fiere, 
Pourquoi  m'as  si  tost  abattu'?  villon,  p.  2»,  dans 
LACURNE.  Il  XVI»  s.  Le  chargeant  de  félonnes  paroles 
et  conlumelieuses,  mont,  i,  i.  Les  félons  ou  dysen- 
teries, PARÉ,  V,  (0. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fel,  vigoureux,  fort;  provenç. 
fel,  felh,  félon,  felhon,  fellon;  espagn.  fellon  ;  Haï. 
fello,  fellone;  du  bas-lat.  felo,  felonis,  qui  est  dans 
un  capitulaire  de  Charles  le  Chauve.  On  ne  remonte 
avec  certitude  que  jusque-là;  quant  au  reste,  l'éty- 
mologie  e.sl  incertaine.  On  remarquera  tout  d'abord 
que  le  bas-latin  felo,  felonis,  est  la  bonne  forme  du 
mot,  puisque  le  vieux  français  et  le  provençal  di- 
sent au  nominatif  fel,  et  au  régime  félon;  il  faut 
donc  un  mot  où  l'accent  se  déplace;  l'italien  y  con- 
court, puisque,  disant  fello,  fellone,  il  traite  ce  mot 
comme  il  fait  latro,  lalronem,  dans  ladro  et  ladrone. 
On  a  fait  diverses  conjectures.  On  a  indiqué  la 
latin  fel,  bile,  d'où  un  adjectif  signifiant  biheux, 
colère  ;  mais  fel  a  donné  le  français  fiel,  l'italien 
fiele,  l'espagnol  hiel;  il  est  donc  probable  que,  si  fel, 
félon,  venait  de  là,  il  aurait  la  forme  fiel,  fielon.  Diez 
propose  l'ancien  haut-allemand /iHan,  fouetter;  d'où 
un  substantif /îno,  flagellaleur,  bourreau;  cette  éty- 
mologie  a  l'avantage  de  donner  un  nom  en  o,  ont*  ; 
mais,  outre  que  le  sens  n'est  pas  très-bon,  fillo  est 
un  substantif  supposé,  et  on  ne  connallque  le  verbe 
fillan.  Duméril  a  signalé  l'islandais  fella,  luer,  ren- 
verser, anglais  to  fell;  le  sens  n'esl  pas  très-favo- 
rable. Grandgagnage  remonte  à  l'anglais  fell,  féroce, 
qui  se  retrouve  dans  le  hollandais  fel,  et  le  vieux 
frison  fal  ;  ce  mol  rend  assez  bien  compte  du  félon 
des  langues  romanes,  sauf  qu'il  y  manque  le  sens 
de  traître,  sens  ijui  sans  doute  a  donné,  par  déduc- 
tion, le  sens  de  faible  que,  d'après  Duméril,  felle 
a  en  normand.  Dans  l'ancienne  langue  le  féminia 
esl  felonose;  c'est  plus  tard  qu'on  a  fait  félonne. 

FÉLONIE  (fé-lo-nie),  s.  f.  ||  1°  Acte  de  félon,  of- 
fense d'un  vassal  envers  son  seigneur,  ou  récipro- 
quement du  seigneur  envers  son  vassal.  Si  ce  ne 
sont  là  des  rébellions  et  des  félonies  manifestes,  je 
n'en  connais  plus  dans  les  histoires,  boss.  Variât. 
Déf.  I"  dise.  5J  27.  Saint  Louis  dit  que  l'appel  con- 
tient félonie  et  iniquité,  montesq.  Espr.  xxviii,  2". 
Il  Fig  Vous  me  jurerez  de  ne  point  commettre  acte 
de  félonie,  j.  3.  Rouss.  Hél.  i,  36.  ||  2°  Par  exten- 
sion mélange  de  méchanceté  et  de  trahison.  Un 
nombre  infini  de  mutins  Ont  assouvi  leurs  félonies, 
MALH  IV,  6.  Une  des  plus  grandes  marques  que  je 
puisse  donner  que  l'air  d'Afrique  m'a  inspiré  que  ■• 
que  félonie,  c'est  que  j'ai  écrit  déjà  trois  pages  et 
que  j'ai  pensé  achever  cette  lettre  sans  parler  de 
Mme  de  Rambouillet,  voit.  Lett.  40. 

—  HIST  XI'  s.  Teches  [il]  a  maies  et  meut  granz 
félonies,  Ch.  de  Roi.  cxli.  Li  noslre  deu  fnf  dieux] 
i  ont  fait  félonie,  ib.  clxxxiv.  |1  xii«  s.  fil]  Nous  a 
venduz  par  sa  granl  félonie,  Ronc.  p.  "-Vous  me 
portez  rancor  et  félonie,  ib.  p.  82.  Ouarit  la  dame 
s'o'it  si  ramposner  [maltraiter  en  paroles].  Vergogne 
[elle]  en  et,  si  dit  par  félonie  :  Par  Dieu,  vassal, 
iel  rie  le]  di  pour  vous  gaber,  quesnfs.  Romancero, 
n  (08  Après  la  mort  de  Juda  se  levèrent  li  félon, 
et  issirent  à  plain  luit  cil  qui  félonie  amoier-t,  Ma- 
chab  I  9  Quant  tu  avéras  fel  pardon  à  tôles  mes 
falenies,  sT  bern.  p.  63( .  ||  xni*  s.  El  li  Grieu  n'orent 
mie  encore  la  félonie  fors  du  cuer,  car  moût  es- 
toient  desloial  à  celi  tans,  villeh.  cxxxv.  ||  xiV  s. 
Et  le  vice  qui  est  en  superhabundance,  il  est  ap- 


IGSS 


FEM 


pollé  iracundie,  c'eft  à  dire  félonie,  obesme,  Eth. 
<27.  Il  XVI' S.  Jamais  fiere  typresse,  aux  forests  d'Ar- 
ménie, Ne  fit  voir  tant  d'ardeur  et  tant  de  félonie, 
Alors  qu'ayant  suivi  la  piste  du  chasseur.  Elle  at- 
teint de  ses  fans  le  cruel  ravisseur,  Amours  de 
Tristan,  p.  204,  dans  lacurne. 

—  ETYKI.  Félon;  provenç.  fellonia,  felnia,  feu- 
nia  ;  espag.  felonia;  ital.  fellonia. 

FELOl'OUK  (fe-lou-k'),  s.  /■.  Terme  de  marine. 
Petit  biltiment  étroit  et  long,  à  voiles  et  h  rames. 
Il  vous  sera  facile  de  noliser  à  Zca  une  felouque 
pour  Cliio  ou  pourSmyrne,  cnATKAUBR.  Ilin.i. 

—  ÉTV.vi.  l'ortug.  falua  ;  ital.  fetuca;  de  l'arabe 
fahtka.  navire,  du  verbe  fataka,  fendre  les  ondes. 

FCi.UUK  (fê-lu-r"),  s.  f.  Fente  d'une  clinse  fùlée. 
Il  serait  tri's-ingrat  s'il  faisait  la  moindre  fclure  à  la 
torrapette  qui  est  embouclice  pour  lui,  voL'r.  Leit. 
Mme  de  Sl-Julien,  3  mars  I709.  Si  de  ce  sein  brisé  la 
douleur  et  l'extase  S'épanchent  comme  l'eau  des  fê- 
lures d'un  vase,  v.  Huoo,  Cr^p.  39.  ||  Kig.  et  familière- 
ment. Léger  trouble  de  l'intelligence.  Il  a  une  fêlure. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Fracture  du  crâne  en  forme  de 
ligne,  diie  fente  ou  fêlure,  pahé,  vu,  ). 

—  ErvAi.  l'éler. 

FKMKLLE  (fe-mè-l'),  i.  f.  ||  t"  Animal  du  sexe  fé- 
minin. La  lemelle  du  singe.  La  femelle  des  oi.seaux 
de  rapine  est  plus  grande,  plus  forte,  plus  hardie  et 
plus  adroite  que  son  mâle;  mais  la  lemelle  des  oi- 
seaux qui  ne  vivent  point  de  rapine  est  plus  petite 
et  n'est  pas  si  belle  que  son  mâle,  tardif.  Faucon- 
nerie, '"  partie,  cli.  ',  dans  riciiklkt.  Il  est,  dans 
les  femelles,  des  temps  marqués  pour  la  généra- 
tion ;  les  mâles  les  attaqueraient  vainement  en 
d'autres  temps,  elles  les  repousseraient  ou  se  sous- 
trairaient à  leurs  recherches,  bonnet,  Contempl. 
nal.  XI'  part.  ch.  4.  ||  2°  Il  se  dit  des  femmes  en 
termes  de  succession  et  de  généalogie.  Dans  les 
deux  premiers  de;,'rés  de  succession,  les  avantages 
des  m.Mes  et  des  femelles  étaient  les  mêmes, 
MONTESQ.  Ksp.  xviu,  22.  ||  3°  S'oinpioie  familiine- 
ment  loisque  l'on  parle  de  femmes  en  mauvaise 
part.  C'est  une  adroite  femelle.  Le  père  mort,  les 
trois  femelles  Courent  au  testament,  sans  attendre 
plus  tard,  la  kont.  Fabl.  ii,  20.  Le  galetas  devint 
l'antre  de  la  sibylle  ;  L'autre  femelle  avait  achalandé 
ce  lieu,  ID.  ib.  vu,  I5.  Cette  passion  Était  crue 
avec  l':lge  au  cneur  des  deux  femelles,  id.  ilatr. 
\\  Par  plai.santerie.  Nous  la  trouvâmes  [Mme  de 
Chaulnes|  accompagnée  pour  le  moins  de  quarante 
femmes  ou  filles  de  qualité;  pas  une  qui  n'eiU  un 
beau  nom  ;  la  plupart  étaient  les  femelles  de  ceux 
qui  étaient  venus  au-devant  de  nous,  sP.v.  447. 
Il  4°  Adj.  Un  serin  femelle.  Une  perdrix  femelle. 
Il  Fig.  C'est  un  démon  femelle,  se  dit  d'une  femme 
très-méchanle.  ||  Familicromonl.  Le  peuple  femelle, 
les  femmes.  Cette  opinion  de  la  place  qu'elle  [Mme 
<ie  .Saint-Simon]  allait  lemplir  se  trouva  répandue 
parmi  le  peuple  femelle  de  la  cour,  st-sim.  272, 
il''.  Il  5"  Terme  de  botani([ue.  Il  se  dit  de  l'org.ine 
destiné  à  donner  le  fruit.  Le  pistil  est  l'organe  fe- 
melle. Il  Fleur  femelle,  celle  qui  ne  porte  iiue  des 
pistils.  Palmier  femelle.  Ëpi  femelle.  ||  6°  Duché 
femelle,  celui  qui  pouvait  être  posséilé  par  les 
fammes.  Les  ducliés  d'Alhret  et  de  Cliâteau-Thierrj 
ne  sont  point  femelles  dans  leur  première  érection, 
si-siM.  I»,  226.  Il  7°  Dans  le  langage  (le  différents 
arts,  se  dit  îles  parties  qui  en  reçoivent  d'autres. 
Il  La  branche  femelle  (les  forces,  celle  qui  est 
fix 'e  à  la  table  du  tondeur.  Il  se  dit  par  opposition 
à  la  branche  mâle,  qui  est  mobile.  ||  Dout  femelle 
d'un  tuyau  de  conduite,  celui  dans  lequel  entre  le 
bout  mâle.  ||  En  chirurgie,  branche  femelle  d'un 
instrument  à  deux  branches,  celle  ijui  reçoit  l'autre 
à  coulisse  ou  de  toute  aulre  manière.  ||  Terme  de 
marine.  Mâles  et  femelles  sont  des  noms  que  quel- 
ques-uns donnent  aux  gonds  et  aux  rosettes  qui 
servent  de  ferrure  pour  suspendre  le  gouvernail 
à  l'étambot,  desroches,  1087,  dans  jal.  ||  Substan- 
tivement, une  femelle,  morceau  de  fer  scellé  dans 
le  mur  et  creusé  pour  recevoir  le  pivot  d'un  vantail 
de  porte  cochère.  |i  8°  Terme  de  commerce.  Femelle 
claire,  plume  d'autruche  noire  et  blanche  dans  la- 
quelle le  blanc  domine.  Femelle  obscure,  la  même 
espèce  de  plumes,  lorsqu'il  y  a  plus  de  noir  que 
de  blanc.  ||  Proverbe.  Les  effets  sont  des  mâles,  et 
les  promesses  sont  des  femelles,  c'est-à-dire  il  n'y 
d  d'assuré  et  de  ferme  que  les  actes. 

—  HIST.  xiM'  s.  La  femelle  de  l'oliphant  Aprolsme 
fs'approche]  à  l'erbe  maintenant,  ou  canoë,  appro- 
timare.  Et  de  ce  droit  descent  jeointure  de  maie 
ot  de  fumele  que  nos  apelons  mariage,  itï'.  de  Jusl. 
2.  Il  xvi«  s.  Le  masle  n'a  la  fumelle  eh  mespris, 
J.  MAR0T,  Y,  287. Incontinent,  desloyalle  femelle,  Que 


FRM 

j'aurai  faict  et  escrit  ton  libelle.  Entre  les  mains  le 
mettray  d'une  femme  Oui  appellée  est  Renommée 
ou  l'ame,  mabot,  i,  30(. 

—  ETYM.  'Wall,  frumèle;  namur.  fumile;  Hai- 
naut,  fuméle,  feuméle;  Berry  et  pic.  fumelle;  pro- 
venç. femel;  du  lat.  femella,  diminutif  de  femina, 
femme  (voy.  femme). 

i  FEMELOTS  (fe-me-lo),  ï.  m.  pi.  ou  FEMELLES 
(fe-mc-l'),  s.  f.  pi.  Terme  de  marine.  Pentures  à 
àeux  branches  et  en  fonte  qui  reçoivent  les  aiguil- 
lots  du  gouvernail  et  quiMe  portent. 

—  ETVM   Femelle. 

t  F1Î.MINIE  (f(';-mi-nie),*.^.  L'ensemble  des  fem- 
mes, les  habitudes  desfemmes,  le  domaine  des  fem- 
mes; motexcellont  qui  s'est  malheureusement  perdu. 

—  HIST.  XII"  s.  Rois,  ne  croiez  mie  Cent  de  fe- 
menie;  Mais  faites  cens  apeler  Oui  armes  sachent 
porier,  uuks  de  la  ferté.  Romancero,  p.  (92. 
Il  xiv"  s.  Avec  eux  vinrent  tant  de  suitte  de  dames 
et  damoiselles,  qu'il  sembloit  que  le  royaume  de 
feminie  y  fut  arrivé,  iett.  de  Louis  XII,  t.  I,  p.  49, 
dans  LACUBNE.  Saincte  Mariel  M  tousjours  femmesl 
Femmes  à  de.vlre  et  à  senostre;  Je  ne  sçais  se  c'est 
songe  ou  faintie;  Sui-je  au  paysde  femmenieî//ii(. 
du  th.  fr.  t.  II,  p.  (27. 

—  ETYM.  Femme. 

t  FÉ.MlNlFLOllE  (fé-mi-ni-flo-r'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Oui  porte  des  fleurs  femelles. 

—  ETYM.  Lat.  femina,  femme,  et  ftos,  fleur. 

f  FÊ.M1NIF0R.ME  (fé-ml-ni-for-m'),  adj.  Terme 
didactl(|ue.  Oui  a  la  forme  l'une  femme.  ||  Terme 
de  grammaire.  Oui  a  la  désinence  du  féminin. 

—  ETYM.  Lat.  femina,  femme,  et  forme. 
FÉ.Ml.MN,  INE   (fé-mi-nin,  ni-n"),  adj.  \\  1"  0"! 

appartient  au  se.ie  caractérisé  physiologiquement 
par  l'ovaire  chez  les  animaux  et- chez  les  plantes. 
Sexe  féminin.  ||  i'  Oui  a|iparlient  aux  femmes  ou 
leur  est  propre.  Voyant  les  défauts  du  féminin  ou- 
vrage [de  la  femme],  hêgnii-r,  Sat.  vu.  Et  ce  sont 
vrais  .Satans  dont  la  gueule  altérée  De  l'honneur 
féminin  cherche  à  faire  curée,  mol.  Éc.  des  f.  m,  I. 
La  police  féminine  y  triomphe,  maintenon,  Lett.  à 
d'Aubigni,  I4  mai  1682.  Abusé  fut  par  le  malin 
esprit,  Ou'il  épousa  sous  féminin  visage,  la  font. 
XIV.  J'admire  les  ressorts  de  l'esprit  féminin.  Quand 
il  est  agité  de  l'amoureux  lulin  ,  regnahd,  Fol. 
amour.  Il,  10.  Il  est  certain  qu'en  général  votre 
espèce  féminine  va  plus  loin  que  la  nôtre,  volt. 
Leit.  Mme  du  Delfant,  4  mai  4772.  ||  3°  Oui  tient 
de  la  femme.  Cet  homme  a  un  visage  féminin. 
Il  4"  Terme  de  grammai:e.  Noms  féminins,  noms 
qui  représentent  les  êtris  femelles,  ou  ceux  qui 
sont  considérés  comme  tels.  Genre  féminin,  genre 
attribué  à  ces  noms.  ||  Adjectif  féminin,  pronom 
féminin,  celui  qui  a  la  forme  affectée  à  ce  genre. 
Il  Terminaison  féminine,  celle  que  forme  l'«  muet. 
Il  Dans  le  même  sens,  vers  féminin,  rime  fémi- 
nine. Il  S.  m.  Le  féminin,  le  genre  féminin.  Bon 
fait  bonne  au  féminin.  ||  Le  féminin  réel,  le  fémi- 
nin attribué  à  ce  qui  est  véritablement  femelle; 
le  féminin  de  convention,  le  léminin  attribué  à 
des  objets  qui,  par  eux-mêmes,  n'ont  aucun  genre, 
— lllST.  XII"  s.  E  à  la  pen.'ie  (pensée]  féminine 
[elle]  avoit  mis  coraige  de  masle,  Uachab.  11,  7. 
Il  xiir  s.  Et  si  li  hom  a  esté  iiouris  en  liu  de  feme, 
il  sera  en  aucune  cose  féminins,  Ilist.  litt.  de  la  Fr. 
t.  XXIII,  p.  720.  Il  XIV*  s.  Kuir  choses  pénibles  et  la- 
borieuses, ce  est  une  molesce  et  vient  de  féminin 
et  de  chetif  courage,  oresme,  Eth.  83.  ||  xv"  s.  Port 
femenin  en  corps  bien  fait  et  gent....  De  ces  grands 
biet.sest  ma  dame  garnie,  cii.  d'orl.  Ital.  e.  Qui 
les  meut  à  ceT  j'imagine  (Sans  l'honneur  des  da- 
mes blasmer),  Que  c'est  nature  féminine  Que  tous 
vivans  veulent  aymer,  villon  ,  La  belle  lleaul- 
mière,  l'auteur.  ||  xvi"  s.  Cueur  femenin  se  mue  et 
prent  secours.  Comme  la  lune  estant  en  son  des- 
cours, j.  mabot,  p.  229.  En  rimes  toutes  fémi- 
nines, TVER,  p.  827.  Ainsi  de.spitant  le  féminin 
genre,  notre  Claribel  chevauche  l'espace  de  trois 
journées,  m.  p.  641. 

—  ÊTYM.  Bourguign.  femignin;  gêner,  fémelin, 
frêle,  délicat;  provenç.  femenin,  féminin;  catai.  fe- 
meni;  espagn.  femenino;  ital.  /'cmmmmo,' du  lat. 
femininus,  de  femina,  femme.  Dans  l'ancien  fran- 
çais on  disait  aussi  femelin. 

'  t  FÊ.MlNiNITÊ  (fé-mi-ni-ni-té),  *.  f  \\l'  Terme 
de  physiologie.  Ensemble  des  attributs  qui  carac- 
térisent le  sexe  femelle,  et  qui  expriment  au  de- 
dans et  au  dehors  les  différences  du  féminin  et  du 
masculin.  ||  t'  Terme  de  grammaire.  OuaUto  de  ce 
qui  est  féminin.  La  iémininité  d'un  mot. 

—  HIST.  xm"  8.  La  femele,  qui  est  froide  por  la 
féminité  qui  en  li  est,  brun,  latini.  Trésor,  p  <98. 


FEM 

—  ÉTTM.  Féminin. 

FÉMINISJÎ,  ÉE  (fé-mi-nl-ïé,  tée),  part,  paiti. 
Huil»,  étymologiquement  masculin,  est  un  mot  fé- 
minisé par  l'usage. 

FÉMLMSER  (fé-mi-nl-zé),  v.  o.  ||  1*  Terme  de 
grammaire.  Donner  à  un  mot  le  genre  féminin. 
[Dans  la  langue  huronne]  En  disant  d'une  femme 
qu'elle  est  un  homme,  on  féminise  le  mot  homme, 
chateaubr.  Amer.  Langues  indiennes.  ||  1°  Rendre 
efféminé.  Féminiser  les  manières.  ||  3"  Se  féminiser, 
V.  réjl.  Devenir  effcminé.  Ses  manières  se  fémini- 
sent tous  les  jours. 

—  ETYM.  Féminin. 

FEM.ME  (fa-m'),». /■.  ||  1°  L'être  qui  dans  l'espèce 
humaine  appartient  au  sexe  féminin  ;  la  compagne 
de  l'homme.  Et  perdez-vous  encor  le  temps  avec 
des  femmes?  corn.  llor.  11,  7.  Que  la  vengeance  est 
douce  à  l'esprit  d'une  femme!  lo.  t'mno,  v,  2.  Mon 
père,  je  suis  femme  et  je  sais  ma  faiblesse,  id.  Pcly. 
I,  4.  Quoi  que  veuille  exiger  une  femme  adorée,  ID. 
Ol/ion,  11,4.  Vous  aimez,  vous  plaisez,  c'est  tout 
auprès  des  femmes,  m.  Pulch.  m,  3.  Toute  femme 
est  puissante  aveciiue  la  beauté,  hotrou,  llélis.  1,  i. 
Et  femme  ((ui  compose  en  sait  plus  qu'il  ne  faut, 
MOL.  Éc.  des  f.  i,  >.  Ces  femmes  qui  donnent  tou- 
jours le  petit  coup  de  langue  en  passant,  iD.  Impr. 
1 .  Que  le  coeur  d'une  femme  est  mal  connu  de  vous, 
Et  que  vous  savez  peu  ce  qu'il  veut  faire  entendre, 
Lorsque  si  faiblement  on  le  voit  se  défendre!  w. 
Tari.  IV,  6.  Je  ne  suis  pas  de  ceux  qui  disent,  ce 
n'est  rien,  C'est  une  femme  qui  se  noie;  Je  dis  que 
c'est  beaucoup;  et  ce  sexe  vaut  bien  Que  nous  I9 
regrettions,  puisqu'il  fait  notre  joie,  la  font.  Fabl. 
m,  16.  C'étaient  principalement  des  femmes  qui 
dogmatisaient  sous  le  voile  de  la  sainteté....  on  ne 
les  épargna  pas  sous  prétexte  qu'elles  étaient  fem- 
mes et  qu'elles  étaient  ignorantes,  boss.  Étals  d'o- 
raison, i,  H.  1  lie  ne  voit  que  des  femmes;  mais  le» 
femmes  sont  aussi  dangereuses  (jue  les  hommes 
maintenon,  Letl.  au  card.  de  Soailles,  5  ocL  t"«8. 
Je  sais  mes  perfidies,  Ênone,  et  ne  suis  point  de 
ces  femmes  hardies  Oui,  goûtant  dans  le  crime  une 
tranquille  paix,  Ont  su  se  faire  un  front  .jui  ne 
rougit  jamais,  bac.  Plièd.  m,  3.  Les  hommes  et 
les  femmes  conviennent  rarement  sur  le  Oierite 
d'une  femme;  leurs  intérêts  sont  trop  dillérents, 
LA  BUUY.  m.  Il  y  a  dans  quelques  femmes  une  gran- 
deur artificielle  aiUicliée  au  mouvement  des  yeux, 
à  un  air  de  tète,  aux  laçons  de  marcher,  et  qui  ne 
va  pas  plus  loin,  id.  ib.  La  plupart  des  femmes 
n'ont  guère  de  principes,  elles  se  conduisent  par 
le  cœur,  id.  16.  Un  homme  qui  serait  eu  peine  de 
connaître  s'il  change,  s'il  commence  à  vieillir, 
peut  consulter  les  yeux  d'une  jeune  femme  qu'il 
aborde  et  le  ton  dont  elle  lui  parle,  id.  ib.  U 
arrive  quelquefois  qu'une  femme  cache  à  un  homme 
toute  la  passion  qu'elle  sent  pour  lui,  pendant  que 
de  son  côté  il  feint  pour  elle  toute  celle  qu'il  ne 
sent  pas,  id.  ib.  Ce  qui  prouve  bien  que  les  femmes 
n'ont  point  de  si  cher  intérêt  que  celui  de  leur 
beauté,  lesage.  Diable  boit.  ch.  9.  Si  une  femme 
[dans  les  temps  féodaux]  appelait  quelqu'un  sans 
nommer  son  champion  (dans  les  duels  judiciaires], 
on  ne  recerait  point  les  gages  de  bataille;  il  fal- 
lait encore  qu'une  femme  lût  autorisée  par  son  ba- 
ron, c'est-à-dire  son  mari ,  pour  appeler  ;  mais  sans 
cette  autorité,  elle  pouvait  être  appelée,  monteso. 
Esp.  XXV,  26  Elle  parait  bien  ferme  dans  la  réso- 
lution de  supporter  ma  solitude;  les  femmes  on* 
plus  de  courage  qu'on  ne  croit,  volt.  Lett.  /Ii'cha- 
iieu,  B  janv.  17R5.  Les  femmes,  qui  sont  partou* 
en  pareil  nombre  que  les  hommes,  à  un  i)uinzicme 
ou  seizième  près,  selon  les  observations  de  ceux  qui 
ont  calculé  avec  plus  d'exactitude  ce  qui  concerne 
le  genre  humain,  id.  Mœurs,  i.  Les  femmes,  ayant 
les  os  plus  ductiles  que  les  hommes,  arrivent  en 
général  à  une  plus  giande  vieillesse,  buff.  Prob. 
de  la  vie,  t.  x,  p.  5ib,  dans  poucens.  Je  vois,  dans 
le  moment  actuel,  plusieurs  femmes  en  France  qui 
cultivent  les  lettres  avec  gloire  et  dans  différents 
genres,  cenlis,  Veillées  du  chdt.  t.  m  ,  p.  207,  dans 

pougens Telle  femme  est  charmante,  enU-e 

nous.  Dont  on  serait  fâché  de  devenir  l  époux, 
coLLiN  d'harlev.  Yirux  célib.  1,  8.  Tous  les  soins 
d'une  femme  ont  un  charme  si  doux,  ducis,  jlbu/inr, 
i,  S.  Et  lorsqu'elle  a  péri  sous  les  coups  des  bour- 
reaux, La  femme  a  disparu  pour  n'olTrir  qu'un 
héros,  LEGOLV6,  Épichar.  et  ^ér.  v,  6.  C'est  la  pure 
amitié;  tendre  sans  jalousie,  Des  hommes  qu'elle 
unit  elle  enchaîne  la  vie  ;  Mais  auprès  d'une  femme 
elle  a  plus  de  douceur;  C'est  alors  que  d'Amour 
elle  est  vraiment  la  sœur....  On  a  moins  qu'une 
amante,  on  a  plus  qu'un  ami,  iD.  Mérite  des  femmes. 


FEM 

û  femmes,  c'est  à  tort  qu'on  vous  nomme  timides  ; 
Xla  Toix  de  vos  cœurs  vous  êtes  intrépides,  legouvè, 
Mh'ile,  des  femmes,  Ce  fut  là  [dans  la  Bcrésina]  qu'on 
aperçut  des  femmes,  au  milieu  des  glaçons,  avec  leurs 
enfants  dans  leurs  bras,  les  élevant  à  mesure  qu'elles 
s'enfonçaient;  déjà  submergées,  leurs  bras  roidis  les 
tenaient  encore  au-dessus  d'elles,  sêguh,  Uisl.  de 
Nap.  XI,  9.  Il  Elle  est  femme,  elle  est  bien  femme,  elle 
?,  les  penchants,  les  (|ualitcs,  les  grâces,  les  faiblesses 
ordinaires  à  son  sexe.  Elle  flotte,  elle  hésite,  en  un 
mot  elle  est  femme,  rac.  Attt.  m,  3.  ||  Être  femme 
à,  n'être  pas  femme  à,  avec  un  verbe  à  l'infini lif, 
être  capable  de,  n'être  pas  capable  de.  Elle  est  femme 
à  se  marier,  si  on  ne  la  marie.  Elle  n'est  pas  femme 
s  se  laisser  séduire.  ||  Terme  d'ancienne  légi.slation. 
Femme  de  corps,  femme  de  condition  serve.  Femme 
franche,  femme  de  condition   libre  et  non   serve. 
Il  2°  Familièrement.  Une  bonne  femme,  une  femme 
dont  le  caractère  est  simple  et  bon.  Madame  Dorval, 
c'était  son  nom,  était  ce  qu'on   appelle  une  bonne 
femme,  duclos  Confess.    comte   de  *'*,   Œuvres, 
t.  VIII,  p.  )J6,dans  poigf.ns.  ||  Par  extension.  Bonne 
femme,  une  femme  âgée.  Elle  vit  sous  la  conduite 
d'une  bonne  femme  de  mère  qui  est  presque  tou- 
jours malade,  mol.  Avare,  i,  2.  Ma  bonne  femme 
de  mère  aura  dit  quelque  chose  de  mal  à  propos, 
DANCOURT,  Bourg,  à  la  mode,  m,  t?..  ||  Une  bonne 
fomma,   une  femme    d'une   condition    inférieure. 
Il  Contes  de  bonne  femme,  contes  qui  ne  méritent 
aucune  créance,  et  que  peut  seule  croire  une  vieille 
femme  ignorante.  |!  Remède  de  bonne  femme,  un  de 
ces  remf'des  dont  la  connaissance  est  familière  aux 
femmes  âgées.  C'est  encore  une  bonne  femme  qui 
en  guérit  |du  ver  solitaire],  et  le  grand  Tronchin 
en  raisonne  fort  bien,  volt.  Lett.  Unie  du  Dcffanl , 
82  avr.  1704.  Il   8°  Une  maîtresse  femme,   femme 
pleine  de  fermeté,  qui  sait  bien  gouverner  sa  mai- 
son. Il  4"  Épouse.  Il  vaut  mieux  demeurer  avec  un 
lion  et  avec  un  dragon  que  d'habiter  avec  une  mé- 
chante femme,   saci  ,  EccUsiaslique ,  xxv,  23.  ù 
mère,  ô  femme,  ô  reine  admirable  et  digne  d'une 
meilleure  fortune,  si  les  fortunes  de  la  terre  étaient 
quelque  chose!  hoss.   Reine  d'.Jngl.  Une  femme 
forte,  pleine  d'aumônes  et  de  bonnes  œuvres,  pré- 
cédée,   malgré    ses  désirs,  par  celui  que    tant   de 
fois  elle  avait  cru  devancer,  m. /eï'fi/icr.Con.sidérez  ce 
que  peut  dans  les  maisons  la  prudence  d'une  femme 
sage  pour  les  soutenir,  pour  j  faire  fleurir  dans  la 
piété  la  véritable  sagesse  et  pour  calmer  des  pas- 
sions violentes  qu'une  résistance  emportée  ne  fe- 
rait qu'aigrir,  in.  Uarie-Tliér.  C'était  la  femme  pru- 
dente qui  est  donnée  proprement  par  le  Seigneur, 
ID.    ib.    Son  Imprudente  flamme  Du  tyran  de  l'É- 
pire  allait  ravir  la  femme,  rac.  Phèdre,  m,  5.  J'ai 
vécu  pour  venger  ma  femme  et  ma  patrie,  volt. 
Tancr.  v,  6.  Les  rois  francs,  Contran,  Caribert,  Si- 
gebert,   Chilperic,  Dagobert,  avaient  eu  plusieurs 
femmes  à  la  fois,  sans   qu'on  eût   murmuré,  m. 
Mœurs,  30.  ||  Ma  femme,  expression  dont  un  mari 
se  sert  en  parlant  à  sa  femme  ou  en  parlant  d'elle. 
Je  vous  nomme  monsieur,  appelez -moi   madame, 
Ma  femme  est  si  bourgeois,  hautebociie,  Bourg,  de 
qualité,  II,  6.  À  moins  d'être  du  j.euple,  on  ne  dit 
point  ma  femme,  boursaclt.  Ilots  à  la  mode,  so.  ). 
Ma  femme  est  toute  aimable;  oui,  mais  elle  est  rja 
femme,  DESTorcHts,    Pliil.   marié,  i,    l.||  Prendre 
femme,  se  marier.   Et  de  quelque  façon  que  vous 
tourniez  l'affaire,  Prendre  femme  est  à  vous  un  coup 
bien  téméraire,   mol.  Éc.  des  f.  i,    i.   J'aurais  bien 
mieux  fait,  tout  riche  que  je  suis,  de  m'allier   en 
bonne  et  f^ranche  paysannerie  que  de  prendre  une 
femme  qui  se  lient  au-dessus  de  moi,  lu.  G.Dandin, 
I,  <.  Il  Chercher  femme,  chercher  à  se  marier.  Oue 
le  bon  soit  toujours  camarade  du  beau,  Dès  demain 
je  chercherai  femme,  la  font.  Fabl.  vu,  i.  ||  Femme 
de  bien,  femme  d'honneur,  femme  qui  se  conduit 
bien.  Une  femme  d'honneur  peut  avouer  sans  honte 
Ces  surprises  des  sens  que  la  raison  surmonte;  Ce 
n'e.st  qu'en  ces  assauts  qu'éclate  la  vertu,    Et  l'on 
doute  d'un  cœur  qui  n'a  point  combattu,  corn.  Pohj. 
I,  :i.  Croyez-moi,  celles  qui  font  tant  de  façons  n'en 
sont  pas  estimées  plus  femmes  de  bien,  mol.  Crili- 

?\ue,3.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Femme  commune, 
emme  mariée  sous  le  régime  de  la  communauté. 
Femme  non  commune,  se  dit  au  contraire  de  celle 
dont  le  contrat  porte  qu'il  n'y  a  point  de  commu- 
nauté entre  elle  et  son  mari.  La  femme  ne  peut 
ester  en  jugement  sans  l'autorisation  de  son  mari, 
quand  même  elle  serait  marchande  publique,  ou 
non  commune,  ou  séparée  de  biens,  Code  Nap. 
art.  215.  Il  5°  Colle  qui  est  ou  a  été  mariée,  par  op- 
position à  fille.  Les  femmes  elles  filles.  ||  6°  Il  se  dit 
quelquefois  et  familièrement  de  celle  qui  est  par- 


FEM 

venue  à  la  nubilité.  La  voili  bientôt  femme. 
Il  7°  Femme  de  qualité,  femme  appartenant  à  la  no- 
blesse. Il  Femme  d'épée,  se  disait  pour  femme  ap- 
partenant h  la  noblesse  d'épée  ;  et  femme  do  robo, 
pour  femme  appartenant  à  la  noblesse  de  robe.  Je 
ne  veux  voir  que  des  femmes  de  qualité,  s'il  vous 
plaît.  —  Eh  bieni  oui,  des  femmes  de  robe.  —  Non, 
monsieur,  des  femmes  d'épée;  c'est  mon  faible  que 
les  femmes  d'épée,  je  vous  l'avoue,  dancourt,  les 
Bourgeoises  à  la  mode,  iv,  (i.  Je  lui  dis  des  duretés 
qu'un  petit-maître  n'oserait  dire  à  une  femme  de 
robo,  lesage,  Crisp.  riv.  de  son  madré,  so.  (6. 
Il  8"  La  femme  une  telle,  se  dit  en  parlant  d'une 
femme  d'une  condition  peu  relevée.  Cet  ami  pour- 
ra-t-il  trouver  la  femme  Armand?  collin  d'haulev. 
Vieux  céiib.  iv,  2.  ||  La  femme  une  telle,  se  dit 
aussi  en  justice.  ||  9'  Envie,  fantaisie  de  femme 
grosse,  désir  subit,  appétit  pressant,  souvent  désor- 
donné, qui  saisit  parfois  une  femme  enceinte.  ||  Kig. 
Il  se  dit  de  toute  e.spèce  de  désir  vif  et  peu  rai.son- 
nable.  ||  lO"  Femme  de  chambre,  femme  attachée, 
moyennant  salaire,  au  service  intérieure!  particulier 
d'une  personne  du  sexe.  Tel  prince  qui  écrit  comme 
une  femme  de  chambre,  a  été  fort  mal  élevé,  voi.t. 
f)ict.  phil.  Charles  IX.  Où  trouver  une  femme  de 
chambre  discrète?  Toilà  la  sixième  à  laquelle  je 
donne  ma  confiance,  genlis,  ThéiU.  d'éduc.  tes  Dan- 
gers du  monde,  m,  l .  ||  Au  plur.  et  absolument. 
Femmes,  se  dit  de  plusieurs  femmes  de  chambre 
attachées  au  service  de  la  même  personne.  Elle  ap- 
pela ses  femmes.  Ses  femmes,  à  toute  heure,  autour 
d'elle  empressées,  rac.  Bérén.  iv,  6.  Femmes,  gar- 
des, vizir,  pour  lui  j'ai  tout  séduit,  id.  Bajaz.  1,  3. 
Il  Femme  de  charge,  femme  attactiée  au  service 
d'une  maison,  pour  avoir  soin  du  linge,  de  la  vais- 
selle d'argent,  etc.  ||  Femme  de  ménage,  femme  du 
dehors  par  la(]uelle  on  fait  faire  .son  ménage.  ||  Se  dit 
aussi  de  la  maîtresse  de  maison.  C'est  une  excel- 
lente femme  de  ménage.  ||  Femme  de  journée, 
femme  qu'on  emploie  à  la  maison  jmur  un  travail 
quelconque  ,  et  que  l'on  paye  à  tant  la  journée. 
Il  11"  Femme  publique,  femme  qui  se  livre  à  la  pro- 
stitution. Charlemagiie  avait  tâché  de  bannir  abso- 
lument de  Paris  les  femmes  publiques;  il  avait  or- 
donné qu'elles  seraient  condamnées  au  fouet,  et 
que  ceux  (|ui  les  auraient  logées,  ou  chez  qui  on  les 
aurait  trouvées,  les  porteraient  sur  leur  cou  jus- 
qu'au lieu  de  l'exécution,  saint-foix,  Ess.  Paris, 
Œuv.  t.  m,  p.  72,  dans  pougens.  ||  Femme  de  mau- 
vaise vie,  femme  perdue,  femme  livrée  à  la  débau- 
che. Il  12"  Sage-femme,  voy.  sage-femme.  ||  13"  Fig. 
C'est  une  femme,  uns  vraie  femme,  se  dit  d'un 
homme  sans  énergie,  sans  courage.  ||  Demi-femme, 
se  dit  quelquefois  d'un  homme  efféminé ,  mou 
comme  une  femme.  En  vérité,  c'est  une  demi- 
femme.  Il  On  dit  qu'un  homme  fait  la  femme,  lors- 
qu'il est  oisif,  efféminé.  ||  14°  Femme,  dans  le  lan- 
gage très-familier,  signifie  souvent  maîtresse.  Faire 
une  femme.  A  chaque  instant  il  change  de  femme. 
Il  15"  Femme,  se  prend  quelquefois  adjectivement. 
Rien  ne  pèse  tant  qu'un  secret;  Le  porter  loin  e.st 
difficile  aux  dames;  Et  je  sais  même  sur  ce  fait  Bon 
nombre  d'hommes  qui  sont  femmes,  la  font.  Eabl. 
VIII,  0.  J'ai  été  trè.s-con tente  de  Mme  la  duchesse 
de  Guiche;  elle  m'a  paru  moins  femme  que  je  n'a- 
vais cru,  MAINTENON,  Lctt.  OU  card.  de  Noailles, 
29  juin.  1698.  11  est  vrai  que  rien  n'est  plus  ridicule 
que  de  voir  un  nombre  infini  de  femmelettes  et 
d'hommes  non  moins  femmes  qu'elles....  volt. 
Dict.  phil.  Médecins.  ||  16°  Femme,  pour  femelle,  en 
parlant  d'animaux.  Le  castor  est  jaloux,  et  tue  i|uel- 
quefois  sa  femme  pour  cause  ou  soupçon  d'infi- 
délité ,  cuateaubr.  Amer.  Ilist.  natur.  Castors. 
Il  17° Terme  de  zoologie.  Femmes  marines,  ou  pois- 
sons-femmes, nom  vulgaire  donné  aux  lamentins, 
aux  dugongs,  etc.  ||  Proverbes.  Maison  faite  et  femme 
à  faire,  c'est-à-dire  il  faut  acheter  une  maison 
toute  bâtie,  et  épouser  une  jeune  femme  qu'on 
puisse  accoutumer  à  son  genre  de  vie.  |!  Ce  que 
femme  veut,  Dieu  le  veut,  se  dit  pour  exprimer  que 
les  femmes  par  leur  persévérance  finissent  toujours 
par  faire  ce  qu'elles  veulent.  ||  Le  diable  bat  sa 
femme  et  marie  sa  fille,  se  dit  quand  il  pleut  et 
fait  soleil  en  même  temps. 

—  lliST.  XI*  s.  Ki  abate  femme  à  terre  pur  faire 
lui  forze,  L.  de  Guill.  1 9.  [Ils]  ne  reverront  lur  mè- 
res ne  lur  femme.s,  Ch.  de  Hol.  cvii.  ||  xii'  s.  Puis 
tourne  arrière  comme  famme  adoulée  [affligée], 
Ronc.  p.  (76  II  xiif  s.  De  là  s'en  ala  il  vers  le  roi 
Phelipe  d'Alemaigne,  qui  sa  serour  avoit  à  famé, 
viLLEB.  XLii  Ne  qu'à  Pépin  le  ber  [je]  soie  famé  es- 
pousée,  Berte.  xuu.  Pourquoi  ne  prenez  famé?  se- 
rez toujours  ainsi  ?  *.  cvm.  Après  mourut  sa  famé.. 


FEM 


t639 


la  royiie  au  vis  clair,  ib.  m.  One  jeune  puceie.  ., 
Oui  gontis  famé  estolt,  li  rois  ot  fait  nourrir  [éle- 
ver], ib.  Lxxxvii.  Honostu  coze  est  et  bone  à  bailli 
qu'il  ne  sueflro  pas  que  feme  soit  mise  en  prison 
por  fas  [faux]  accusement  ne  por  nul  cas,  se  n'est 
par  cas  de  crieme,  bkaum.  4i.  Car  nous  avon  deux 
seurs  à  femmes,  et  sont  nos  eiifaiis  cousins  gsi- 
mains,  joinv.  2Uo.  Par  desus  toutes  ce»  chose»,  le 
roy  donnoit  chascun  jour  si  grans  et  si  larges  au- 
mosne»  aus  poures  de  religion....  i  femmes  d';- 
cheues....queà  jieine  pourroil  l'en  raconter  le  nom- 
bre, ID.  208.  L'aide  de  Dieu  ne  vient  pasà  la  volonté 
de  cels  qui  veulent  vivre  comme  femme»,  brun. 
LATiNi,  Trésor,  p.  6M.  ||  xiv  s.  Oui  trop  sa  fenim-^ 
croit  en  la  fin  s'en  repent,  Cnescl.  eao;i.  ||  xv»  a.  Et 
estoit  l'intention  du  duc  qu'il  emnionoroit  avec  lui 
femme  et  enfans.  et  ferait  mariage  en  Castille  et 
en  Portugal  avant  que  il  retouinast,  fbois».  il,  m, 
32.  Mon  frère,  je  suys  de  la  nature  des  femmes  : 
quant  l'on  me  dit  quel  |ue  cho.se  en  termes  obscur», 
je  veulx  savoir  incontinent  (|ue  oesi,  Lettre  de 
Louis  XI,  Bibl.  des  ch.  4"  série,  t.  I,  p.  I6.  ||  xvi-  ». 
lieauté  de  femme  n'enrichist  homme,  oenin,  Bé- 
créat.  t.  II,  p.  2:15.  Oti  ii  y  a  chiens,  il  y  a  puces; 
où  il  y  a  pains,  Il  y  a  souris;  où  il  y  a  femmes,  il  y 
a  diables,  lo.  ib.  p.  240.  l'ien  le  premier  conseil  delà 
femme  et  non  pas  le  second,  lu.  ib.  p.  2«».  Aucun 
n'est  tenu  à  faire  ioy  pour  simple  bateure  qu'il  a  faite 
à  son  servant,  ne  à  son  filz,  ne  à  son  nepveu,  ne  à 
sa  fille,  ne  à  sa  femme,  ne  à  aucun  qui  solide  sa 
mesiiie;  car  l'on  doit  entendre  qu'il  le  fait  pour  les 
chastier.  Ane.  cnul.  de  Norm.  f°  101,  dans  lacubne. 
Oui  bat  sa  femme,  il  la  fait  braire;  Oui  la  rebat,  il 
la  fait  taire,  bouciiet,  Serées,'p.  lai,  dansLACURNE. 
Abreuver  son  cheval  à  tous  guetz.  Mener  sa  femme 
à  tous  festins,  De  son  cheval  on  faicl  une  rosse,  Et 
de  sa  femme  une  catin,  leiioi'x  de  lincy,  l'rov.  l.  i, 
p.  219.  Bu^ne  femme,  bon  renom,  patrimoine  sans 
parangon,  m.  ib.  p.  210.  Ce  que  le  baron  [le  marij 
ayme,  femmeaen  hayne,  ID.  16  p.  221,  Deux  femmes 
font  un  plaid ,  trois  un  grand  caquet ,  quatre 
un  plein  marché,  m.  ib.  Femme  et  melon  à  peine 
les  cognoist-on,  id.  t'6.  p.  222.  Femme  .|Ui  envi  file 
porte  chemise  vile,  in.  16.  p.  224.  I^  femme  ejt  la 
clef  du  mena;ie,  in.  ib.  p.  220.  Les  femmes  Icnas- 
trieres  et  les  terres  frontières  sont  mauvaises  à  gar- 
der, id.  ib.  p.  228.  Souvent  femme  varie,  bien  fol  est 
qui  s'y  fie,  FRA^çols  i". 

—  Etvm.  Wallon,  feumi!;  bourguign.  fanne;  ni- 
vernais,  forme;  provenç.  feme,  femma,  femena;  anc. 
catal.  /'emfcra  ;  e.spagn.  Iiembra;  porlug.  ^cmca;  ital. 
femmina;  du  latin  fœmina  ou  f.rmina;  d'après  les 
derniers  étymologistes,  d'un  radical  foe  ,  qui  .se 
trouve  dans/'œfui,  fecundus,  et  de  mina,  grec  név>i, 
suffixe  participial,  de  sorte  que  fœmina,  parlicipo 
du  moven,  signifierait  celle  qui  nourrit,  allaite, 

FE.MMELETTE  (fa-me-lè-f),  s.  f.  ||  1"  Femme 
légère,  ignorante,  sans  conséquence.  Leur  erreur 
découverte  était  à  demi  vaincue  par  sa  propre  ab- 
surdité; c'est  pourquoi  ils  s'attaquaient  à  îles  igio- 
rants,  à  des  gens  de  métier,  à  des  femmelettes,  à 
des  paysans,  et  ne  leur  recommandaient  rien  tant 
que  ce  secret  mystérieux,  bossuet,  Van'ol.  xi,  ^m. 
Comment  les  stoïciens  n'eussent-ils  pas  cru  aux  ora- 
cles? ils  croyaient  bien  aux  songes;  le  grand  Chry- 
sippe  ne  retranchait  de  sa  créance  aucun  des  point? 
qui  entraient  dans  celle  de  la  moindre  femmelette, 
FONTt;N.  Oracles,  i,  s.  En  cherchant  à  douter  de  la 
divinité,  il  [le  duc  d'Orléans]  courait  les  devins  et 
les  devineresses,  et  montrait  toute  la  curiosité  cré- 
dule d'une  femmelette,  duclos,  Uém.  régence,  Œu- 
vres,  t.  V,  p.  202,  dans  pougens.  La  moindre  fem- 
melette de  ce  temps-là  [siècle  de  Louis  XIV]  vaut 
mieux  pour  le  langage  que  les  Jean-Jacjues,  les 
Diderot,  d'Alembert,  p.  L.  cour.  Lett.  11,  «7.  ||  2"  Fig. 
Homme  qui  a  des  manières  féminines.  C'est  une 
vraie  femmelette,  comment  supportera-t-il  les  fati- 
gues de  la  guerre  s'il  est  appelé  à  l'armée  1 

—  iiiST.  XV"  s.  Le  soulphre  viilgal....  Et  n'est  bon 
qu'à  ces  femmelettes  Oui  botellent  des  allumettes, 
Traité  d'akh.  48.  Aussi  ces  pauvres  femmelettes  Qui 
vieilles  sont,  et  n'ont  de  quoy....  Hz  demandent  à 
Dieu,  pour  quoy  Si  tost  nasquirent,  ne  à  quel  droit, 
VILLON,  Ballade  en  vieux  tangage.  |J  xvi»  s.  Mais 
quelle  durté  est  soubs  vos  peaux  tant  doucettes? 
Maint  amant  vous  re>|uiert;  respondez,  femmelet- 
tes mabot,  Ht,  16.  Ces  femmes  ne  sont  pas  comme 
nos'  femmelettes  Oui  font  par  le  mestier  promener 
les  navettes  En  ourdissant  la  toile,  ou  tournent  la 
fuseau,  Ou  roulent  le  filet  autour  d'un  devideau, 
RONSARD,  844.  Mille  femmelettes  ont  vescuau  village 
une  vie  plus  equable,  plus  doulce  et  plus  coiutanto 
que  ne  feut  la  sienne  [de  Cicéroc],  moiit.  11,  200 


l6/iû 


FEN 


—  ÉTVM.  Diminutif  lie  femme;  Luurguigu.  fam- 
melMe.  On  trouve  daus  l'ancienne  langue  fenmelte. 

fFÉMORAL, ALF.  (fù-mo-ral,  ra-l'), odj  ||  l"Terme 
d'anatomic.  Qui  a  rapport  ou  qui  appartient  au  fé- 
mur, à  la  cuisse.  Les  muscles  fémoraux.  |1  2°  Terme 
de  chirurgie.  Hernie  fémorale,  hernie  qui  s'échappe 
sous  le  ligament  de  Poupart. 

—  ÉTYM.  Voy.  FÉMUR. 

t  FÉMORO-TIBIAL,  ALE(fé-mo-ro-ti-bi-al,a-r}, 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  au  fémur  et 
au  tibia.  Articulation  fcmoro-tibiale. 

FÉMUR  (fé-mur),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'anatomie. 
L'os  de  la  cuisse.  ||  2°  Terme  d'entomologie.  La  pre- 
mipr«  partie  des  pattes  des  insectes. 

—  ÉTYM.  Lat.  fémur,  femoris,  cuisse. 

t  FENAGE  (fe-na-j'),  s.  m.  Terme  de  féodalité. 
Droit  sur  les  foins. 

—  HisT.  XVI*  s.  La  rente  des  prez  et  la  coustume 
que  l'on  appelle  fenage,  do  cange,  fenagium. 

—  f.TYM.  Lat.  fenum,  foin. 

FENAISON  (fe-nê-zon),  s.  f.  Action  de  couper  les 
foins;  temps  où  se  fait  cette  coupe.  On  peut  bien,  à 
la  vérité,  faire  une  tragédie,  une  comédie,  ou  deux 
ou  trois  chants  d'un  poème,  dans  une  semaine  d'hi- 
ver; mais  vous  m'avouerez  que  cela  est  impossible 
dans  le  temps  de  la  fenaison  et  des  moissons,  volt. 
Lett.  d'Argental,  2)  juin  <  70 1 .  ||  Action  de  dessécher 
les  produits  des  prairies  naturelles  et  artificielles. 

—  HlST.  xvi"  s.  Les  moissons  tallonnans  les  fenai- 
sons, ces  deux  récoltes  assemblées  donnent  trop  de 
fetigue  au  mesnager,  o.  de  serbes,22C9. 

—  ËTYM.  Lat.  fenum,  foin. 

t  FKNASSE  (fe-na-s'),  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  sainfoin. 

—  ETYM.  Foin  ou  fain,  avec  la  désinence  pé- 
jorative asse. 

t.  FENDANT  (fan-dan),  s.  m.  Celui  qui  veut  se 
faire  passer  pour  brave,  se  faire  craindie.  Faire  le 
fendant.  N'étant  passe-volant,  soldat  ni  capitaine 
Depuis  les  plus  chétifs  jusquos  aux  plus  fendants, 
RÉGNIER,  So(.  XIII.  Faire  ici  du  fendant  pendant  qu'on 
nous  sépare,  C'est  montrer  un  esprit  lâche  autant  i]ue 
barbare,  corn,  la  Veuve,  iv,  3.  Lesquels  feront  bien 
les  fendants,  scaiir.   Virg.  vi. 

—  lliST.  XVI'  s.  Un  fierrabras,  un  rodomont,  un 
taillant,  fendant,  pasquikk,  Lettres,  1. 1,  p.  576.  [Pour 
l'exécution  du  président  Brisson]  sortirent  de  la  mai- 
son de  Cornouaille plusieurs  fendants  [coupe-jarrets], 
ID.  ib.  t.  11,  p.  302. 

—  RTYM.  Fendre. 

2.  FENDANT  (fan-dan),  s.  m.  Terme  d'escrime 
qui  vieillit.  Coup  de  taille-appliqué  de  haut  en  bas. 
Et,  entrant  au  combat,  il  reçut  d'abord  un  fendant 
sur  le  jarret,  dont  il  perdit  beaucoup  de  sang,  d'a- 
blancourt,  Lucien,  Toxaris. 

—  ÉTYM.  Fendre. 

FENDERIE  (fan-de-rie),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  mé- 
tallurgie. L'art,  l'action  de  fendre  le  fer,  de  le  sé- 
parer en  verges  après  qu'il  a  été  mis  en  barres. 
Il  Partie  d'une  forge  où  l'on  fend  le  fer,  en  barres 
ou  en  toute  autre  forme.  C'est  par  cette  raison  que 
les  fers  destinés  à  passer  à  la  fenderie  ou  à  la  batte- 
rie, ne  demandent  pas  à  être  fabrii|ués  avec  autant 
de  soin  que  ceux  qu'on  appelle  fers  marchands,  qui 
doivent  avoir  toute  leur  qualité,  buff.  Min.  Introd. 
(Euv.  t.  vil,  p.  84,  dans  pougens.  ||  2°  Machine  pour 
faire  des  verges  carrées  de  fer.  ||  Autre  machine  à 
fendre  le  bois  en  baguettes. 

—  ÉTYM.  Fendre. 

FENDEUR,  ECSE  (fan-deur,  deù-z'),  s.  m.  ei  f. 
||  1"  Celui,  celle  qui  fend.  Ce  vizir  Baltagi  Mehe- 
met  avait  été  fendeur  de  bois  dans  le  sérail,  volt. 
Utissie,  II,  t .  Il  Fig.  Un  fendeur  de  naseaux,  un  bra- 
vache. Cette  locution  a  vieilli.  ||  2°  S.  m.  Ouvrier 
qui  travaille  à  fendre  le  fer,  l'ardoise,  etc.  ||  3"  S.  f. 
Fendeuse,  ouvrière  qui  fend  ,les  roues  des  montres 
et  des  pendules. 

—  ÉTYM.  Fendre. 

I?END1LLÉ,  ÊE  (fan-di-Ué,  liée,  Il  mouillées), 
part,  passé.  Qui  présente  un  grand  nombre  de  peti- 
tes fentes.  Une  surface  fendillée. 

t  FENDILLEMENT  (fan-di-lle-man,  «mouillées), 
4'.  m.  Action  du  bois  qui  se  fendille. 

—  ÉTYM.  Fendiller;  provenç.  fendillament. 
FENDILLER  (SE)  (fan-di-llé,  Il  mouillées,  et  non 

fan-di-jé) ,  v.  rifl.  Il  se  dit  du  bois  et  de  toute  ma- 
tière dans  laquelle  il  se  forme  de  petites  fentes,  des 
gerçures.  La  surface  de  ce  bloc  immense  s'est  divi- 
sée, fêlée,  fendillée,  réduite  en  poudre,  par  l'im- 
pression des  agents  extérieurs,  bohp.  Uinir.  t.  i, 

p.  22,  dans  POUGENS. 

—  HIST.  xvi*  s.  Quand  ces  terres  sont  un  peu  trop 
cuittes,  elles  sont  suj*u«?s  à  se  brusler,  noircir  et 


FEN 

fendiller,  palissï,  3u6.  Et  sommes  advertis  que  le 
nia-ssif  se  dément  quand  nous  voyons  fendiller  l'en- 
duict  et  la  crouste  de  nos  jiarvi.s,  mont,  i,  338. 

—  ÉTY.M.  Diminutif  de  fendre i  prov.  fendilhar. 

t  FENDILLES  (fan-di-U',  //  mouillée.^) ,  s.  f.  pi. 
Petites  fentes  produites  dans  le  fer  en  le  forgeant. 

—  ÉTYM.  Voy.  FENDILLER. 

t  FENDIS  (fan-di),  s.  m.  Dernière  division  de  l'ar- 
doise. 

—  ÉTYM.  Fendre. 

FENDOIR  (fan-doir),  s.  m.  Outil  qui  sert  i  fendre. 

—  ÉTYM.  Fendre. 

FENDRE  (fan-dr'),  je  fends,  tu  fends,  il  fend, 
nous  fendons,  vous  fendez,  ils  fendent;  je  fendais  ; 
je  fendis;  je  fendrai,  je  fendrais;  fends,  fendons; 
que  je  fende,  que  nous  fendions  ;  que  je  fendisse  ; 
fendant;  fendu,  ».  o.  ||  1°  Diviser  un  corps  dur  ou 
résistant  dans  le  sens  de  sa  longueur.  Fendre  du 
bois.  Fendre  la  tête  d'un  coup  de  sabre.  Fendre  la 
terre  avec  une  charrue.  Vous  écraserez  contre  terre 
leurs  petits  enfants,  et  vous  fendrez  le  ventre  aux 
femmes  grosses,  saci,  flots,  iv,  viii,  12.  Je  vais 
te  fendre  en  deux,  comme  les  chevaliers  du  temps 
passé  fendaient  les  géants  qu'ils  rencontraient,  le- 
sage,  Diable  boit.  ch.  7.  L'archevêi)ue,  la  bulle  à  la 
main,  fit  massacrer  tous  les  convives  ;  on  fendit  le 
ventre  au  grand  prieur  de  l'ordre  de  St-Jean  de  Jé- 
rusalem, et  on  lui  arracha  le  coeur,  volt.  Moeurs, 
130.  L'officier,  qui  ne  peut  exercer  aucun  métier, 
fut  réduit  à  fendre  et  à  porter  le  bois  du  soldat  de- 
venu tailleur,  drapier,  menuisier,  ou  maçon,  ou 
orfèvre,  et  qui  gagnait  de  quoi  subsister,  ID.  Char- 
les XII,  4.  Ce  guerrier  franc  qui  ne  voulut  jamais 
permettre  que  Clovis  ôtât  du  butin  général  un  vase 
de  l'église  de  Reims,  et  qui  fendit  le  vase  à  coups 
de  hache,  sans  que  le  chef  osât  l'en  empêcher,  in. 
Mœurs,  is.  ||  Fig.  Fendre  la  tête  à  quelqu'un,  lai 
faire  aux  oreilles  un  bruit  insupportable.  De  cent 
coups  de  marteau  me  va  fendre  la  tête,  boil.  Sat. 
VI.  Il  Familièrement.  Il  me  semble  qu'on  me  fend  la 
tête,  c'est-à-dire  j'éprouve  un  très-violent  mal  de  tête. 
Il  Fig.  Fendre  le  cœur,  exciter  la  plus  vive  commisé- 
ration. Me  lançant  un  regard  qui  le  cœur  me  fendit, 
RÉGNIER,  Dial.  Et  son  abord  charmant  fendrait  un 
cœur  de  roche,  desmarets,  Mirame,  iv,  i.  Ma  mie, 
vous  me  fendez  le  cœur!  consolez-vous,  je  vous 
prie,  MOL.  Mal.  im.  i,  9.  Ce  discours  me  fend  l'âme, 
hélas  I  mon  pauvre  maître  !  regnaud,  le  Légat,  iv, 
6.  Il  Fig.  Fendre  un  cheveu  en  quatre,  faire  des 
distinctions,  des  divi-sions  trop  subtiles.  C'est  vou- 
loir fendre  un  cheveu  en  quatre.  Cet  homme  fen- 
drait un  cheveu  en  quatre.  ||  Fig.  Fendre  les  pieds, 
ancienne  expression  qui  signifiait  renvoyer  un  do- 
mestique. Il  2°  Séparer,  traverser  les  parties  d'une 
masse.  Les  éclairs  fendaient  la  nue  de  l'un  à  l'au- 
tre pôle,  FEN.  Tél.  xvii.  Les  rameurs  fendaient 
les  ondes  écumantes ,  id.  ib.  m.  Asmodée  n'a- 
vait pas  vanté  sans  raison  son  agilité  ;  il  fendit 
l'air  comme  une  flèche  décochée  avec  violence, 
LESAGE,  Diable  boit.  ch.  3.  De  ses  deux  bras  ner- 
veux il  fend  la  mer  émue,  lamotte,  Fabl.  v,  9.  Je 
laissai  mon  vaisseau  fendre  le  soin  de  l'onde,  Et  je 
restai  dans  ma  maison,  volt.  Ép.  xcii.  ||  Fendre  le 
vent,  s'échapper  au  plus  vite  ;  locution  qui  tombe 
en  désuétude.  La  mer  du  levant  Où  le  vieux  Lou- 
chali  fendit  si  bien  le  vent,  régnieb,  Sat.  x.  Rien 
ne  semblait  plus  sûr  qu'un  si  proche  byménée;  Et, 
parmi  ses  apprêts,  la  nuit  d  auparavant.  Vous  sûtes 
faire  gille  et  fendîtes  le  vent,  corn.  Suite  du  Ment. 
I,  I.  Il  II  a  fendu  le  vent,  s'est  dit  d'un  banquerou- 
tier ou  d'un  fugitif.  Il  Par  extension.  Fendj-e  une 
foule,  la  traverser  en  l'écartant.  Mon  cœur  à  cet 
objet....  Me  fit  fendre  les  rangs....  botrou,  Bélis.  y, 
6.  En  quelque  endroit  que  j'aille,  il  faut  fendre  la 
presse  D'un  peuple  d'importuns  qui  fourmille  sans 
cesse,  BOIL.  Sat.  vi.  Il  fend  les  flots  du  peuple  et  la 
troupe  craintive,  volt.  Irène,  ii,  6.  ||  3°  Faire  que 
les  parties  d'un  corps  continu  se  séparent  et  lais- 
sent des  intervalles  entre  elles.  La  gelée  fend  les 
pierres.  Le  soleil,  qui  fend  ici  la  terre  et  qui  brûle 
les  rochers,  n'a  pu  à  grand'peine  que  m'échaufîer, 
VOIT.  Lctt.  42.  Il  Populairement.  Geler  à  pierre 
fendre,  geler  très-fort.  Il  gelait  la  semaine  passée  à 
pierre  fendre,  sév.  488.  ||  Kig.  Mlle  de  la  Trousse 
dont  la  douleur  fend  les  pierres,  sÉv.  I5i.  ||  4°  V.  n. 
Il  ne  s'emploie  que  figurément  et  avec  cœur  ou  léte. 
Le  cœur  me  fend,  c'est-à-dire  j'éprouve  un  vif  cha- 
grin, une  vive  pitié.  ||  La  tête  me  fend,  c'est-à-dire 
j'éprouve  un  embarras  extrême  à  la  tête,  soit  à 
cause  du  bruit  qu'on  fait,  soit  à  cause  des  occupa- 
tions qui  me  surchargent.  Pour  moi,  la  tête  me 
fend,  ma  cervelle  bout  du  czar  Pierre  et  des  tra- 
gédies, de     Tjis  tLUTOs  iiuf  je  giiuverne   bien   ou  I 


FEN 

mal....  VOLT.  Lett.  Mme  de  Fontaine,  4<  juin  )7«(. 
Il  5°  Se  fendre,  v.  réfl.  Être  fendu.  Le  bois  blanc  se 
fend  très-facilement.  Les  matières  vitrescibles  en  se 
refroidissant  ont  diminué  de  volume  et  se  sont  pai 
conséquent  fendues  de  distance  en  distance;  celles 
qui  sont  composées  de  matières  calcaires  amenées 
par  les  eaux  se  sont  fendues  par  le  dessèchement, 
BUFP.  Àddit.  Thior.  terr.  OEuv.  t.  xii,  p.  44»,  dans 
pougens.  Il  6°  Il  se  dit  d'une  masse  dont  les  partiesse 
séparent  et  laissent  des  ouvertures  entre  elles.  Les 
enfersvont  s'ouvrir  et  la  terre  se  fend,  Tristan,  7/erc. 
mour.  III,  B  Du  soleil  la  terre  embrasée.  Faute  de 
pluie  et  de  rosée.  Se  fendit  en  plusieurs  endroits, 
SCARRON,  Virg.  ui.  Vers  minuit  le  passage  a  com- 
mencé ;  mais  les  premiers  qui  s'éloignent  du  bord 
avertissent  que  la  glace  plie  sous  eux,  qu'elle  s'en- 
fonce, qu'ils  marchent  dans  l'eau  jusqu'au  genou; 
et  bientôt  on  entend  ce  frêle  appui  se  fendre  avec 
des  craquements  effroyables  qui  se  prolongent  au 
loin  comme  dans  une  débâcle,  ségur,  llist.  de  Nap. 
X,  9.  Il  Par  extension,  il  se  dit  d'une  foule  qui  s'ou- 
vre. Qui,  voyant  venir  lesTroyens,  Se  fendant,  leur 
firent  passage,  scabron,  Virg.  viii.  ||  Fig.  Mon  cœur 
se  fend  d'amour  et  s'ouvre  à  la  pitié,  kégnieh, 
Dial.  Mon  cœur  à  ce  discours  se  fend  par  la  moi- 
tié, TRISTAN,  Mariamne,  v,  2.  Il  semble  que  mon 
cœur  veuille  se  fendre  par  la  moitié,  sÉv.  ib.  Abl 
quel  cœur  de  rocher  et  quelle  âme  assez  noire  Ne  se 
fendrait  en  quatre  en  entendant  ces  motsÎBEGNARD, 
Légat,  v,  7.  Mes  larmes  l'arrosent,  et  mon  cœur  qui 
se  fend  s'échappe  vers  vous,  volt.  Écoss.  iv,  6.  [La 
beauté  que  le  chrétien  adore]  Si  im  seul  de  ses  re- 
gards tombait  directement  sur  le  cœur  de  l'homme,  il 
ne  pourrait  le  soutenir,  il  se  fendrait  de  délices,  CUA- 
TEAUB.  Génie,  u,  m,  8.  ||  Avec  suppression  du  pro- 
nom personnel.  Je  vous  assure  qu'il  n'y  eut  jamais 
une  tristesse  pareille  à  la  mienne  :  et,  si  j'osais  écrire 
des  lettres  pitoyables,  je  dirais  des  choses  qui  vous 
feraient  fendre  le  cœur,  voit.  Lett.  19.  Mme  de  Lon- 
gueviUe  fait  fendre  le  cœur,  sév.  148.117°  Terme 
d'escrime.  Se  fendre,  porter  la  jambe  droite  en  avant 
en  laissant  le  pied  gauche  en  place.  ||  8°  Populai- 
rement. Se  fendre,  commettre  une  prodigalité  peu 
ordinaire  (locution  figurée  tirée  de  l'escrime).  Il 
s'est  fendu  de  cent  francs.  Je  me  fendrai  de  six 
bouteilles  de  Champagne.  ||  Absolument.  Quand  il 
s'agit  de  se  fendre,  il  se  fait  tirer  l'oreille. 

—  HiST.  x*  s.  Fendut  que  tost  le  volebat,  Fragm. 
de  Val.  p.  469.  Il  XI'  s.  Donc  [il]  a  tel  duel  [deuil] 
pur  po  [peu]  d'ire  ne  fend,  Ch.  de  Hol.  xxii.  ||  xii'  s. 
D'un  chef  en  l'autre  [il]  lui  a  frait  et  fendu  [l'escu], 
Ronc.  p.  61.  Pourtant  peust  mes  cuers  [mon  cœur 
pourrait]  de  dolor  fendre,  Couci,  v.  ||  xiir  s.  Lan- 
froi,  qui  le  bois  soloit  vendre.  Un  ctiesne  ot  con- 
meucié  à  fendre,  Ren.  10282.  Et  Renart  s'est  ache- 
minez. Et  s'en  vait  par  le  bois  fendant,  ib.  33». 
Or  avint  ainsi  que  je  trouvai  un  gamboison  d'es- 
toupes  à  un  Sarrasin,  je  tournai  le  fendu  [le  côté 
ouvert]  devers  moy,  et  fis  escu  du  gamboison,  qui 
m'ot  grant  mestier,  joinv.  228.  ||  xv  s.  Adonc  des- 
cendit Philippe  de  l'eschafaud  où  il  avoit  presché 
et  s'en  vint,  fendant  le  marché,  jusques  à  son  hos- 
tel,  FHOiss.  u,  II,  176.  Ouvrez  vos  yeulx,  fendes  vos 
testes.  Oyez  nos  sciences  honnestes.  Puisque  l'heure 
y  est  disposée,  coquillaht,  les  Droits  noureaux. 
Il  xvi*  s.  Mercure  fend  le  vuyde  de  l'aer,  descend 
legierement  en  terre,  et....  hab.  Pant.  Nouv.  prol. 
4.  Nous  ■»eismes  Ouy  dire  :  il  avoyt  la  gueulle  fen- 
due jusques  aux  oreilles,  id.  ib.  v,  3i.  La  terre  fend, 
et  parmi  ses  fendaces  La  grand  lueur  jusqu'aux  ré- 
gions bas.ses  A  pénétré,  marot,  iv,  70.  Du  bruit  des 
voix  tout  l'air  fendoit,  id.  iv,  29  i.  Le  chartier  ne 
laissa  pas  pour  ses  prières  de  chasser  les  chevaiu, 
de  manière  que  les  autres  enfants  se  fendirent  pour 
le  laisser  pa-sser,  amvot.  Aie.  3.  Il  fendit  inconti- 
nent et  entr'ouvrit  l'endroit  de  la  bataille  des  en- 
nemis, où  il  donna,  id.  Cor.  12 Cratesiclea,  en 

l'embrassant  et  baisant,  sentit  que  le  cueur  luy 
soublevoit  et  fendoit  de  regret  et  de  douleur,  id. 
Agis  et  Cléom.  62.  Geler  à  pierre  fendante,  COT- 
GRAVK.  Je  ne  veulx  ny  débattre  avecques  un  huissier 
de  porte,  misérable  incogneu,  ny  faire  fjndre  en 
adoration  les  presses  où  je  passe,  mont,  iv,  28. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  J'oftre  te  foint  ;  provenç. 
fendre;  espagn.  hender  ;  portug.  fender;  ital.  fen- 
dere;  du  lat.  findere;  sanscrit,  bhid,  fendre. 

FENDU,  UE  (fan-du,  due) ,  part,  passé  de  fendre. 
Il  1°  Dubois  fendu.  Une  terre  fendue.  ||  Terme  de  bo 
tanique.  Use  dit  d'un  organe  (feuille,  calice,  corolle; 
offrant  des  divisions  qui  ne  sont  soudées  que  dans  la 
moitié  de  leur  longueur,  à  partir  de  la  base.  H  Vais- 
seaux fendus,  vaisseaux,  d'après  Mirbel,  dont  les  jia- 
rois  semblent  creusées  de  raies  transversales  i'  Fig. 


I 


FEN 

Ju  T0U3  ai  parlé  plus  d'une  fois  à  cœur  ouvert,  ma- 
ilame;  il  est  actuellement  fendu  en  deux,  et  je  vous 
«nvoie  les  deux  moitiés  dans  cette  lettre,  volt. 
Letl.  Urne  du  Dejfant,  (2  juîllet  4770.  ||  2°  11  se  dit 
des  yeux,  de  la  bouche  dont  l'ouverture  est  grande. 
Des  yeux  tien  fendus,  des  yeux  grands  et  un  peu 
longs.  Sa  bouche  excessivement  fendue  était  sur- 
montée de  deux  crocs  de  moustache  rousse  et  twr- 
dée  de  deux  lippes  sans  pareilles,  lesage,  Dtahle 
boit.  ch.  i.  Il  Familièrement.  Avoir  la  bouche  fen- 
due jusqu'aux  oreilles,  l'avoir  démesurément  grande. 
Il  Cheval  à  naseaux  bien  fendus,  cheval  à  naseaux 
fort  ouverts.  ||  3»  Un  homme  bien  fendu,  homme 
qui  a  les  cuisses  et  les  jambes  longues.  ||  4°  Terme 
de  trictrac.  Margot  la  fendue,  se  dit  quand,  dans 
un  jan,  les  flèches  d'une  couleur  sont  toutes  occu- 
pées et  celles  de  l'autre  couleur  toutes  vides. 

t  FENDUE  (fan-due),  s.  f.  Tranchée  ou  galerie  dé- 
couverte. Il  Galerie  dont  l'ouverture  est  à  découvert. 

—  iiiST.  XIV"  s.  Il  aura  fendu  à  un  fer  chaut  la 
baulievre  dessus,  c'est  assavoir  ce  qui  est  entre  le 
nez  et  la  baulievre  desous,  si  que  les  dens  dessoubs 
li  parront  [paraîtront]  parmi  la  fendue,  en  tele  ma- 
nière que  les  parties  de  ladite  baulievre  ne  se  pour- 
ront joindre.  Lettre,  i2  mars  (329. 

—  ÉTYM.  Fendu. 
FÊNE,  s.  f.  Voy.  FAlNE. 

t  IfÉIVEROTET  (fé-ne-ro-tè),  s.  m.  Nom  vulgaire 
d'un  oiseau,  la  sylvie  fitis,  dite  aussi  bœuf,  chau- 
four  et  pouillot. 

FENESTRÉ,  ÉE  {fe-nê-tré,  trée),  adj.  Terme  de 
botanique.  Voy.  fenêtre. 

FENÊTRAGE  (fe-nê-tra-j') ,  s.  m.  ||  1°  Terme  d'ar- 
chitecture. L'ensemble  des  fenêtres  d'une  maison. 
Le  fenêtrage  de  ce  palais  est  tout  de  chêne,  d'aca- 
jou. Il  L'ordre,  la  disposition  des  jours,  des  fenêtres 
d'un  édifice.  ||  î"  Autrefois,  nom  donné  à  des  arcades, 
à  des  encadrements  à  jour  en  plein  cintre  ou  en  ogive 
selon  la  date;  quelquefois  aussi  à  des  niches  de  ces 
m&mes  formes,  de  laborde.  Émaux,  p.  3i  i. 

—  HIST.  xiu°  s.  Paages,  fenestrages  [sorte  d'im- 
pôt], DD  CANGE,  fenestragium.  ||  xiv"  s.  Une  croix 
d'or,  et  ou  pied  du  croisillon  est  une  ymage  de 
Nosire  Dame  en  un  fenestrage,  esmaillé  d'azur,  de 
LABORBE,  Émaux,  p.  3H.  ||  XV"  S.  Fut  l'artillerie 
drecée  contre  un  pan  de  mur,  entre  deux  tours,  et 
voyoit  on  bien  par  les  fenestrages  que  celui  pan  ne 
pouvoil  avoir  gueres  grand  force,  o.  de  la  marche, 
liv.  I,  p.  394,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  En  toute  la 
Tille  n'avoit  maison  plus  percée  de  fenestrages  ny 
mieux  éclairée  que  la  sienne.  Nuits  de  Straparole , 
t.  II,  p.  369,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Pénétrer. 

FENÊTRE  (fe-nê-tr"),  s.  f.]\i°  Ouverture  ména- 
gée dans  les  murs  d'une  construction  pour  intro- 
duiro  le  jour  et  l'air  à  l'intérieur.  Bajazet  et  les 
siens  entrés  par  les  fenêtres  Sont  dans  la  grande 
cour  qui  demandent  les  traîtres,  mairet,  Soliman, 
V,  43.  Si  vous  vous  avisez  jamais  de  prononcer  le 
nom  de  cet  homme  et  de  Mlle  Lindane,  je  vous 
ferai  jeter  par  les  fenêtres  de  votre  gi-enier,  volt. 
Ecoss.  IV,  2.  Il  Fenêtre  rampante,  fenêtre  en  talus, 
qui  ne  donne  qu'un  jour  de  servitude.  Fenêtre  dor- 
mante, ou  à  verre  dormant,  fenêtre  qui  ne  s'ouvre 
point.  Il  Fausse  fenêtre,  fenêtre  dont  il  n'y  a  que  les 
tableaux,  dont  l'embrasement  n'a  jamais  été  prati- 
qué ou  a  été  bouché.  Ceux  qui  font  les  antithèses 
en  forçant  les  mots  sont  comme  ceux  qui  font  do 
fausses  fenêtres  pour  la  symétrie,  pasc.  Pensées, 
1. 1,  p.  28»,  édit.  LABURE.  Il  Se  mettre  à  la  fenêtre, 
casser  la  tête  en  dehors  de  la  fenêtre.  Il  se  mit  à 
la  fenêtre  pour  y  regarder  les  passants,  hamilt. 
Gramm.  8.  Si  je  sortais,  tout  le  monde  se  mettait 
aux  fenêtres,  montesq.  Lett.  pers.  30.  Qu'il  est  dan- 
gereux de  se  mettre  à  la  fenêtre,  et  qu'il  est  difficile 
d'être  heureux  dans  cette  vie!  volt.  Zadig,  3.  ||  Il 
ert  demain  fête,  les  marmousets  sont  aux  fenêtres, 
se  dit  quand  on  voit  bien  des  gens  qui  regardent 
par  les  fenêtres.  ||  Fenêtre  feinte,  celle  qui  est  figu- 
rée pour  en  accompagner  d'autres  qui  sont  réelles. 
Fenêtre  gisante,  celle  qui  a  plus  de  largeur  que  de 
hauteur.  Fenêtre  rustique,  celle  qui  a  pour  cham- 
branle de»  pierres  de  refend.  ||  Fig.  Jeter  quelqu'un 
par  la  fanêtre,  le  faire  sauter  par  la  fenêtre,  sorte 
de  menace  pour  donner  une  haute  idée  de  sa  force. 
Je  l'aurais  fait  sauter  par  la  fenêtre  du  juge  de  paix, 
s'il  avait  raisonné,  picard,  la  Petite  ville,  i,  9. 
Ou'aurais-tB  fait  à  ma  place,  maître  fou?  —  Je  l'au- 
rais jeté  par  la  fenêtre,  ch.  de  bernard,  un  Homme 
iéricux,  §  XX.  H  Familièrement.  Jeter  tout  par  les 
fenêtres,  dissiper  son  bien  en  folles  dépenses.  Sage 
mortel,  j'ai  su  par  la  fenêtre  Jeter  gaiement  l'ar- 
gent de  mou  tombeau,  bërano.    Mon   tombeau. 

DICT.    DE    LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


FEN 

Il  11  no  jettera  pas  sou  bien  par  les  fenêtres,  se 
dit  d'un  bon  ménager.  ||  Si  on  n'y  prend  garde, 
il  jettera  la  maison  par  les  fenêtres,  se  dit  d'un 
fanfaron.  ||  Chassez-le  par  la  porte,  il  rentrera  par 
la  fenêtre,  ou  si  vous  le  faites  sortir  par  la  porte,  il 
rentrera  par  la  fenêtre,  se  dit  d'un  importun  dont 
on  ne  saurait  se  débarrasser.  ||  Il  est  entré  par  les 
fenêtres,  se  dit  d'un  homme  indigne  qui  arrive  dans 
un  corps,  à  une  fonction  par  brigues  et  artifices. 
Il  II  faut  passer  par  là  ou  par  la  fenêtre,  se  dit  d'une 
nécessité  à  laquelle  on  no  peut  se  soustraire.  ||  2°  Ca- 
dre vitré  qui  ferme  la  fenêtre.  Quelques  moments 
après  elle  ouvre  une  fenêtre,  mairet,  Mort  d'Às- 
drub.  V,  2.  Un  enfant  qui  s'avise  de  casser  une  fe- 
nêtre [les  vitres],  j.  j.  nouss.  Ém.ii.  Partout  [dans 
Smolensk]  les  portos  et  les  fenêtres  des  maisons, 
brisées  et  arrachées,  ont  servi  à  alimenter  les  bi- 
vouacs; ils  [les  soldats]  n'y  trouvent  point  d'asiles, 
sÉGtiR,  Hist.  de  Nap.  ix,  H.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Cette  maison  n'a  ni  portes  ni  fenêtres,  cette 
maison  est  fort  délabrée.  ||  3°  Terme  d'anato- 
mie.  Fenêtre  ronde  et  fenêtre  ovale,  noms  donnés 
à  deux  ouvertures ,  séparant  l'oreille  interne  ou 
labyrinthe,  de  l'oreille  moyenne,  et  qui  sont  fer- 
mées par  des  membranes,  en  sorte  que  l'air  qui 
par  la  trompe  d'Eustache  se  rend  dans  l'oreille 
moyenne,  ne  peut  passer  dans  l'oreille  interne. 
Il  4"  Terme  de  marine.  Fausses  fenêtres,  espèces  de 
mantelets  volants  employés  dans  les  gros  temps. 

—  HIST.  xiii'  s.  [Idoine]  Qui  s'est  mise  as  fenes- 
tres,  AUDEFROi  LE  BASTARD,  RomanceTo,  p.  1 8.  Tan- 
dis que  le  roy  oj  ses  grâces ,  je  alai  à  une  fenestre 
ferrée  qui  estoit  en  une  reculée  devers  le  chevet  du 
lit  le  roy,  joinv.  268.  f|  xv"  s.  Plusieurs  joustans 
veïssiez  sur  les  rens  Lances  brisier;  mainte  dame 
jolie  Aux  fenestres  [loges]  pour  le  pris  aviser,  eust. 
DESCH.  Poésies  mss.  f°  <62,  dans  lacurne.  On  dit 
qu'il  [le  vin]  nuit  aux  yeulx  ;  Mais  seront-ils  les 
maistres?  Le  vin  est  guarizon  De  mes  maulx;  j'aime 
mieux  perdre  les  deux  fenestres  Que  toute  la  mai- 
son, BASSELiN,  Vau  de  vire,  vi.  Tous  vous  fauldra 
clorre  fenestre  [fermer  boutique] ,  Quand  devien- 
drez vieille  flestrie,  villon,  La  belli  Heaulmière.  Le 
suppliant  marchant  espicier  estant  en  l'ouvrouer  ou 
fenestre  [boutique]  de  l'hostel  où  il  demeure,  du 
CANGE,  fencstra.  \\  xvi*  s.  Que  tous  ceux  qui  vou- 
dront tenir  ouvrouers  et  fenestres  ouverts  à  vendre 
toutes  viandes  habillées,  Ordonn.  mars  1800.  Quelles 
fenestres  ouvrent-ils  à  l'hcresie  de  Marcion,  si.... 
CALV.  In,stit.  U08.  Elles  faisoient  porter  au  navire 
anglois  toutes  les  bardes  plus  précieuses,  que  la 
nuit  elles  leur  delivroient  par  une  fausse  fenêtre, 
YVER,  p.  4  16.  Fenestres  basses  [du  rez-de-chaussée], 
d'aob.  liist.  i,  276.  Nous  avons  fait  sauter  nos  loix 
par  la  fenestre,  pource  qu'elles  parloyent  trop  haut, 
LANODE,  )64.  Tu  addresseras  la  dite  fenestre  de  la 
cannule  sur  la  carnosité,  paré,  xvi,  27.  Il  feit  ou- 
vrir une  petite  fenestre  [armoire],  où,  d'une  bourse 
qui  dedans  estoit,  tira  cent  escus,  Hist.  du  chev. 
Bayard,  p.  27,  dans  lacurne.  Quand  la  teste  com- 
mencera à  blanchir,  et  la  barbe  à  grisonner,  quand 
les  oreilles  demanderont  cotton,  les  yeulx  des  fe- 
nestres [lunettes],  les  mains  un  baston,  carthent, 
Yoy.  du,  chev.  errant,  i"  69,  dans  lacurne.  Passer 
vous  fault,  mon  amy  doulx.  Ou  par  là  ou  par  la  fe- 
nestre. Départie  d'amour,  p.  280,  dans  lacurne. 
Celuy  à  qui  appartient  un  mur  sans  moyen,  joi- 
gnant à  l'héritage  d'aultruy,  ne  peut  y  poser  fenes- 
tres prenantes  jour  ou  aspect  sur  l'héritage  de  son 
voisin;  bien  peut-il  y  en  mettre  des  borgnes  et 
aveugles,  avec  battes,  pour  tesmoignage,  que  le  mur 
luy  est  propre,  Nouv.  coust.  gén.  t.  ii,  p.  4 137. 

—  ÉTYM.  Wallon,  finièse;  provenç.  fenestra;  ca- 
tal.  finestra;  du  latin  fenestra,  de  même  radical 
que  le  grec  fotiveiv,  éclairer. 

tFENÊTRJe,  ÉE  (fe-nê-tré,  trée),  pari,  passé. 
Il  1°  Percé  de  fenêtres.  Cet  édifice  est  bien  fenêtre. 
Il  2°  Terme  de  botanique.  Feuilles  fenêtrées,  feuil- 
les percées  à  jour.  ||  Terme  de  chirurgie.  Compres- 
ses, linges,  emplâtres  fenêtréa,  ceux  où  l'on  a  pra- 
tiqué, des  ouvertures.  ||  3"  Ttrme  d'entomologie. 
Qui  présente  des  taches  simulant  des  trous.  Les  ai- 
les de  Vattacus  atlas  (lépidoptères)  sont  fenêtrées. 

f  FENÊTRER  (fe-nê-tré),  v.  a.  ||  1°  Percer  des 
fenêtres,  les  garnir  de  châssis  et  de  vitrerie.  1|  2°  Faire 
des  tious  à  jour.  Pénétrer  un  linge. 

—  HIST.  xui"  s.  Que  [je]  voi  si  faitement  vestu 
De  dras  ouvers  et  fenestres,  Hist.  litt.  de  la  Fr.  t. 
lïiii,  p.  270.  La  sale  fu  et  haute  et  lée  [large],  De 
tote»  pars  bien  fenestrée.  Et  bien  verrées  les  fenes- 
tres, Partoiwp.  v.  40819.  Il  XVI"  s.  Un  beau  jardin 
bien  clos  à  grosses  murailles,  crenellées,  et  fenes- 
tries  au  bas,  par  où  l'on  rogardoit  sur  la  mer  qui 


FEN 


1641 


battoit  de  ce  costé,  J.  d'abton,  Ann.  M  Louit  Jll, 
p.  312,  dans  lacurne.  Toi  baiidago  fenestre  ne  vaul 
rien,  paré,  xiii,  24. 

—  ÊTY.M.  Fenitre. 

t  FENIER  (fe-nié),  t.  m.  Grande  meule  de  foin 
(dans  la  Drême).  • 

—  RTYM.  Lat.  fœnum,  foin.  ' 
t  FENIÈRE  (fe-niè-r'),  s.  f.  Terme  rural.  Grenisr 

à  serrer  le  foin. 

—  ÉTYM.  Génev.  fenière;  bas-lat.  fenaria,âe  fœ- 
num, foin. 

FENIL  (fe-nill.  Il  mouillées;  plusieurs  pronon- 
cent fe-ni,  même  devant  une  voyelle) ,  s.  m.  L'en- 
droit où  l'on  serre  les  fourrages. 

—  Hisr.  XIV"  s.  On  congnoist  grant  sanglier  du 
jeune  à  trois  signes  :  le  premier  si  est  par  les  tras- 
ses,  le  second  par  le  lit;  et  le  tiers  est  au  fenil  [tas 
de  foin],  Modus,  ms.  ^  33,  dans  lacurne.  ||  ivi*  s. 
Ils  descouvrirent  dedans  le  fenil  de  son  logis  sous 
de  la  paille  et  du  foing....  carloix,  m,  42.  Le  foin 
sera  transporté  en  son  lieu  dans  le»  greniers  i 
foin  sous  les  couvertures;  ou  en  fenils  [meulesi, 
exposéà  l'aer,  défaillant  la  commodité  du  logis.  Com- 
munément on  dispose  les  fenils  de  figure  ronde,  fl- 
nissans  en  pyramide,  o.  de  serres,  209. 

—  ÉTYM.  Lat.  fœnile,  de  fœnum,  foin;  Berry,  feneau. 
t  FENNEC  (fé-nnèk),  s.  m.  Genre  de  mammifères 

d'Afrique.  Le  fennec,  dit  anonyme  par  Buffon,  mé- 
galote  par  d'autres,  est  aujourd'hui  le  canis  fennec 
deLesson,  et  différent  au  canis  fennec  de  Denham. 
FENOUIL  (fe-nouU,  Il  mouillées,  et  non  fe-nou- 
ye;  d'après  Chifflet,  au  xvii"  siècle,  Gramm.  p.  209, 
on  prononçait  fenou,  même  devant  une  voyelle), 
s.  m.  Plante  aromatique  de  la  famille  des  ombelli- 
fêres  qui  porte  des  fleurs  jaunes  [anelhum  fœni- 
culum,  L.).  Tu  n'es  guère  moins  sobre  que  moi.... 
qui  me  nourrirais  volontiers  de  fenouil  et  de  cure- 
dents,  BALZAC,  liv.  m,  lett.  3.  ||  Fenouil  bâtard,  ane- 
thum  graveolens,  L.  ||  Fenouil  d'eau,  ou  fenouil 
sauvage,  phellandrium  aquaticum,  L.  ||  Fenouil 
marin,  un  des  noms  vulgaires  du  crithmum  ma- 
ritimum,  L.  (ombellifïres) .  ||  Fenouil  de  porc,  un 
des  noms  vulgaires  du  peucedanum  officinale  (om- 
bellifères),  dit  aussi  queue  de  pourceau.  ||  Fe/.ouil 
tortu,  seseli  tortuosum,  L. 

—  HIST.  xiii"  S.  Lors  m'en  alai  tout  droit  à  destre 
Par  une  petitete  .sente  Plaine  de  fenoil  et  de  mente, 
la  Rose,  718.  ||  xvi"  s.  Encores  qu'il  n'y  ait  aucun 
fenoil  aigre,  si  est-ce  que  des  deux  principales  es- 
pèces que  nous  en  avons,  l'un  est  appelle  doux  à  la 
différence  de  l'autre.  Sa  feuille  en  salade  est  ex- 
quise, quand,  estant  blanchie,  elle  est  tondue  encore 
tendre,  "ne  espèce  de  fenoil  nous  est  venu  de  Bar- 
barie, qui....  C'est  le  fenoil  sauvage  de  Pline,  o.  db 
serres,  669. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fenolh,  fenoilh  ;  catal.  fenoil  ; 
espagn.  hinojo;  portug.  funclw;  ital.  finocchio;  du 
latin  fœniculum,  diminutif  de  fœnum,  proprement 
petit  foin. 

FENOUILLET  (fe-nou-llé,  Il  mouillées,  et  non 
fe-nou-yè),  s.  m.  Sorte  de  pomme  excellente  qui  a 
une  certaine  odeur  de  fenouil.  ||  Le  pommier  qui 
produit  cette  pomme.  ||  On  dit  aussi  fenouillette. 
Corbleu,  j'ai  encore  un  peu  de  goût  pour  la  fenouil- 
lette, dancourt,  Sec.chap.  duDiab.  boit.  i,3. 

—  ÉTYM.  Fenouil,  à  cause  de  l'odeur  de  cotte 
pomme. 

4.  FENOniLLETTE  (fe-nou-Uè-f,  Il  mouillées, 
et  non  fe-nou-yè-t'),  s.  f.  Eau-de-vie  distillée  aves 
de  la  graine  de  fenouil. 

—  ÉTYM.  Fenouil. 

2.  FENOUILLETTE  (fe-nou-Uè-t'j  II  mouillées), 
s.  f.  Voy.  FENOUILLET. 

FENTE  (fan-t'),  s.f.  ||  1°  Petite  ouverture  en  long. 
Fente  d'une  muraille.  Le  biqu3*.  soupçonneux  re- 
garde par  la  fente  [de  la  porte],  la  font.  FabL  iv, 
4  5.  Il  Fig.  J'agissais  donc  ainsi  par  les  fentes  [d'uno 
manière  détournée],  ne  pouvant  mieux,  st-sim.  4  7», 
56.  Il  Terme  de  jardinage.  Enter,  greffer  en  fente, 
en  introduisant  la  greffe  dans  la  tige  fendue  de  Tar- 
bre.  Il  Terme  d'eaux  et  forêts.  État  du  bois  qui  se 
fend  spontanément.  ||  Bois  de  fente,  celui  qu'on  fend 
pour  échalas,  lattes,  etc.  Les  bois  les  plus  parfaits 
et  de  la  meilleure  fente,  buff.  Exp.  sur  let  vigét. 
a*  mém.  Il  2°  Terme  d'anatomie.  Échancrure  étroite 
et  profonde  existant  dans  un  os,  et  donnant  passage 
à  des  nerfs  ouà  des  vaisseaux.  ||  Terme  de  chirurgie. 
Fracture  légère,  incomplète,  des  os  du  erâne. 
Il  3°  Excavation  qui  semble  être  une  fente  dans  una 
masse.  Ce  métal  a  été  déposé  par  fusion  ou  par  su- 
blimation dans  les  fentes  perpendiculaires  du  globe, 
dès  le  temps  de  la  consolidation,  buff.  Min.  t.  v, 
p.  09,  dans  pouoENS.  C'est  [le  guépard]  u,\  animal 
I.  —  20C 


1642 


FEO 


commun  dans  les  terres  voisines  du  cap  de  Bonne- 
Kspérance;  tout  le  jour  il  so  tient  dans  des  fentes  de 
rochers  ou  dans  des  trous  qu'il  se  creuse  en  terre, 
BUFF.  Quadrup.  t.  vi,  p.  <80.  y  Terme  do  minéra- 
logie. Gerçures  ou  intervalle  dans  les  filons  métal- 
liijuos.  Il  4°  Terme  d'ancie»ne  jurisprudence.  Fente 
et  refente,  division  de  la  succession  entre  la  ligne 
paternelle  et  la  ligne  maternelle. 

—  HIST.  XIV*  s.  Sa  main  [do  Milon]  demeura  en 
la  fente  qui  se  reclnst,  oresme,  Eth.  44.IIXV  s. 
....J'entens  bien  tes  excuses  et  les  évasions  que  tu 
quiers  par  fentes  terriblement  dtroites,  G.  de  chas- 
TELAiN,  Expos,  sur  lo  vérilé  mal  prise.  ||  xvi°  s.  Il 
se  feit  soudainement  une  grande  fente  et  ouverture 
de  terre,  amyot,  Sylla,  4  2.  Les  artères  carotides 
internes,  s'allant  rendre  dedans  la  grande  crevasse 
ou  fente,  PARÉ,  m,  to.  Les  grosses  busclies  et  bois 
de  fente  et  de  moule,  o.  de  serres,  808. 

—  ËTYM.  Substantif  verbal  formé  de  fendre. 

f  FENTOIR  (fan-toir),  s.  m.  Terme  de  boucher. 
Espèce  do  couperet. 

—  ÊTYM.  Fendre. 

FENTON  ou  FANTON  (fan-ton),  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  forges  et  de  commerce.  Nom  donné  au  fer  ré- 
duit en  baguettes  carrées,  lesquelles  sont  facilement 
transformées  en  toutes  sortes  d'objets.  ||  Ferrure  ser- 
vant à  lier  le  chambranle  d'une  cheminée  avec  le 
reste  de  la  maçonnerie.  ||  Ker  aplati  en  verge  carrée 
pour  les  tuyaux  de  cheminée.  ||  Tringles  de  fer  en 
bottes  de  6o  à  400  livres.  ||  Morceau  de  fer  disposé 
pour  faire  des  clefs  et  autres  ouvrages  de  serrurerie. 
Il  2'  En  charpenterie,  morceaux  de  bois,  coupés 
pour  en  faire  des  chevilles. 

—  ÉTYM.  Fendre. 

FEMJGREC  (fe-nu-grèk),  s.  m.  Plante  Icgumi- 
neuse  à  graine  odorante  {trigonella  foenum  grx- 
cum,  L.),  appelée  aussi  sénégré,  sénégrain,  sinè- 
gre.  Sa  semence  est  nommée  graine  joyeuse. 

—  HIST.  XVI*  s.  Semences  de  lin,  fœnugrec,  fleurs 
de  camomille,  paré,  xv,  ob  bis. 

—  ÊTYM.  Provenç.  fenugrec,  fengrec;  du  lat. /œ- 
num  grxcum,  proprement  foin  grec. 

FÉODAL,  ALE  (fé-o-dal,  da-l'),  ad).  ||  1°  Ancien 
terme  de  droit.  Qui  appartient  à  un  fief.  Seigneur 
féodal,  le  seigneur  d'un  fief.  Bien  ou  héritage 
féodal,  celui  qui  est  tenu  en  fief.  C'est  un  beau 
spectacle  que  celui  des  lois  féodales  :  un  chêne  an- 
tique s'élève,  l'œil  en  voit  de  loin  les  feuillages  ;  il 
approche,  il  en  voit  la  tige,  mais  il  n'en  aperçoit 
point  les  racines  ;  il  faut  percer  la  terre  pour  les 
trouver,  montesq.  Esp.  xxx,  i.  La  France  se  trou- 
vant divisée  en  une  infinité  de  petites  seigneuries 
qui  reconnaissaient  plutôt  une  dépendance  féodale 
qu'une  dépendance  politique,  il  était  bien  difficile 
qu'une  seule  loi  pût  être  autorisée,  id.  ib.  xxviii,  9. 
Il  Droits  féodaux,  ceux  auxquels  les  vassaux  étaient 
soumis  envers  leurs  seigneurs.  ||  Droit  féodal,  le 
droit  qui  traite  des  fiefs  et  des  rapports  de  seigneur 
à  vassal.  ||  Particulièrement.  Qui  tient  au  fief,  par 
opposition  à  ce  qui  tient  à  la  justice.  Les  redevan- 
ces féodales  et  les  redevances  justicières.  ||  Féodal 
se  dit  aussi  par  opposition  à  censucl.  Les  matières 
féodales  et  les  matières  censuelles.  ||  2°  Qui  appar- 
tient à  la  féodalité,  en  tant  que  mode  de  gouver- 
nement. Gouvernement  féodal,  celui  d'un  pays  par- 
tagé en  fiefs,  c'est-à-dire  en  domaines  possédés  par 
des  vassaux  et  arrière-voissaux,  de  sorte  que  le  roi 
est  suzerain,  non  souverain,  la  souveraineté  étant 
répartie  entre  les  seigneurs.  L'hérédité  des  fiefs  et 
l'établissement  général  des  arrière-fiefs  éteignirent 
le  gouvernement  politique,  et  formèrent  le  gouver- 
nement féodal,  MONTESQ.  Esp.  xxxi,  32.  c'est  à  l'em- 
pire de  Charles  le  Chauve  que  commence  le  grand 
gouvernement  féodal,  et  la  décadence  de  toutes 
choses,  VOLT.  Ann.  de  l'Emp.  Charles  le  Chauve. 
L'ami  des  hommes,  ce  M.  de  Mirabeau,  qui  parle, 
qui  parle,  qui  parle,  qui  décide ,  qui  tranche,  qui 
aime  tant  le  gouvernement  féodal,  id.  Lett.  Cide- 
ville,  25  nov.  1768.  Il  On  dit  dans  le  même  sons  : 
monarchie  féodale,  régime  féodal,  système  féodal. 
Il  Temps  féodaux,  les  temps  où  le  gouvernement 
féodal  était  en  vigueur.  ||  Il  se  dit,  par  dénigre- 
ment, pour  caractériser  ce  que  le  régime  féodal 
a  d'antipathique  à  la  liberté  moderne.  Ces  tyrans 
féodaux,  ces  barons  sourcilleux,  volt.  Don  Pèdre, 
II,  7.  Et  toi,  peuple  animal.  Porte  encor  le  bât  féo- 
dal, BÉRANO.  Carabas.  Comme  aux  bons  temps  féo- 
daux Que  les  rois  soient  nos  bedeaux,  m.  Mission. 

—  HIST.  XV*  S.  Si  devint  le  dit  messire  Robert  de 
Namur  homme  féodal  au  roi  d'Angleterre,  froiss. 
I,  I,  312.  Tous  ses  féodaux,  sujets  et  serviteurs  [en 
parlant  du  roi],  j.  chahtier,  Jlist.  de  Charles  Vil, 
!>.  80,  dans  lacurne.  1|  xvi*  s.  Le  seigneur  féodal 


FER 

[à  qui  la  foi  est  duo],  ou  censuel  qui  a  reçu  les 
droits  seigneuriaux  [pour  un  bien  vendu],  ne  peut 
user  do  retrait  [du  droit  do  rachat],  loysel,  40b. 
Crimes  féodaux  sont  felonnie  ou  faux  aveu  à  es- 
cient, id.  842. 

—  ÉTYM.  Voy.  FIEF.  I 

FÉOUALEMENT  (fé-o-da-le-man) ,  adv.  En  vertu 
du  droit  féodal.  X  cet  éclat  [refus  de  prêter  foi  et 
hommage],  le  duc  de  Rohan  saisit  féodalement  la 
terre  de  Guéméné,  qui  est  de  tBOOO  livres  de  rente, 
ST-SIM.  <6«,  2)7. 

—  ÉTYM.  Féodale,  et  le  suffixe  ment  ;  provenç. 
feuament. 

t  FÉODALISER  (fé-o-da-li-zé),  ».  a.  Pourvoir 
d'institutions  féodales.  La  France  féodalisée  à  la  fin 
de  l'empire  des  Carlovingiens. 

—  ÉTYM.  Féodal. 

t  FÉODALISME  (fé-o-da-li-sm'),*. m. Néologisme. 
Système  politique  de  la  féodalité.  ||  Domination  des 
possesseurs  de  grands  domaines,  de  grands  capitaux. 

—  ÉTYM.  Féodaliser. 

FÉODALITÉ  (fé-o-da-li-té),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de 
fief;  tenue  d'un  héritage  à  titre  de  fief.  |1  Foi  et 
hommage  que  le  vassal  doit  au  suzerain.  La  féo- 
dalité ne  se  prescrivait  point.  ||  Qualité  de  ce  qui 
est  féodal.  La  féodalité  d'une  rente.  {|  2°  Régime 
féodal;  l'ensemble  des  institutions  féodales.  L'éta- 
blissement de  la  féodalité.  ||  3"  Fig.  La  féodalité  fi- 
nancière, système  ou  situation  dans  laquelle  les 
grands  capitalistes  dominent.  Se  dit  dans  un  sens 
défavorable. 

—  ÉTYM.  Féodal. 

t .  FER  (fêr),  t.  m.  ||  1°  Métal  ductile,  maUéable, 
d'un  emploi  considérable  dans  les  arts,  et  dont  la 
pesanteur  spécifique  est  de  7788.  Le  fer  s'appelait 
mars  dans  l'ancienne  chimie.  Les  veilles  cesseront 
au  sommet  de  nos  tours  ;  Le  fer  mieux  employé 
cultivera  la  terre,  malh.  ii,  l.  Les  fers,  fontes  et 
aciers  qui  s'y  fabriquent....  fer  en  barre,  fil  de  fer, 
fer  blanc.  Arrêt  du  Conseil  d'État,  ta  août  46B9. 
Avec  une  mine  qui  donnait  le  plus  mauvais  fer  de 
la  Bourgogne,  j'ai  fait  du  fer  assez  ductile,  aussi 
nerveux,  aussi  ferme  que  les  fers  du  Berri,  qui 
sont  réputés  les  meilleurs  de  France,  buff.  Min. 
t.  VIII,  p.  56,  dans  pougens.  Les  végétaux,  soit  qu'ils 
soient  consumés  par  le  feu  ou  consommés  par  la 
pourriture,  rendent  également  à  la  terre  une  quan- 
tité de  fer  peut-être  beaucoup  plus  grande,  qu'ils 
en  ont  tirée  par  leurs  racines,  id.  ib.  t.  ii,  p.  <58.  On 
doit  compter  qu'avec  deux  cent  cinquante  arpents 
de  bois  bien  économisés,  l'on  peut  faire  annuelle- 
ment six  cents  ou  six  cent  cinquante  milliers  de  fer, 
ID.  ib.  t.  IV,  p.  107.  Du  poivre  excellent  et  du  fer  si 
pur  qu'on  le  forge  sortant  de  la  mine,  .sans  le  faire 
fondro,  h.vynal,  Ifwt.  p/wi.  iv,  u.  ||  Fer  natif,  fer 
que  l'on  trouve  à  l'état  de  pureté  dans  la  terre. 
Le  feu  des  volcans  a  quelquefois  formé  de  ces  ré- 
gules de  fer,  et  c'est  ce  que  les  minéralogistes  ont 
appelé  mal  à  propos  fer  natif,  bupf.  Min.  t.  iv, 
p.  142.  Il  Fer  cendreux,  fer  auquel  on  ne  saurait 
donner  le  poli,  à  cause  de  taches  grises  couleur  de 
cendre.  ||  Fer  aigre,  celui  qui  se  casse  facilement  à 
froid.  Fer  doux,  fer  qui  ne  se  casse  pas  facilement. 
Du  fer  doux  ou  aigre,  Édit  de  février  1626.  ||  Fer  à 
acier,  for  doué  de  la  propension  aciéreuse  et  deve- 
nant acier  plus  facilement  qu'un  autre.  ||  En  termes 
de  commerce,  il  se  dit  au  pluriel.  Les  difl'érentes 
sortes  de  fers.  M.  Dantic  a  travaillé  longtemps  à 
découvrir  un  moyen  par  lequel  on  pût  sûrement 
classer  tous  les  fers  connus,  raynal,  Hiit.  phil. 
XVI,  il.  Il  Cela  ne  tient  ni  à  fer  ni  à  clou,  cela 
est  mal  attaché,  mal  fixé.  On  le  dit  aussi  d'une 
chose  qui,  servant  à  meubler  une  maison,  n'est  pas 
scellée  aux  murs  et  peut  être  êtée  facilement. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Cette  affaire  ne  tient  ni  à 
fer  ni  à  clou,  elle  n'est  pas  solidement  conclue,  ar- 
rêtée. Il  En  un  sens  opposé,  à  fer  et  à  clou,  d'une 
façon  très-solide.  Vous  savez  bien  que  le  nôtre  [le 
cardinal  de  Retz  qui  voulut  remettre  son  chapeau 
ai  que  le  pape  força  de  le  conserver]  l'est  à  fer  et 
à  clou,  sêv.  Lett.  te  oct.  <67B.  {|  Il  userait  du  fer, 
il  digérerait  du  fer,  se  dit  d'une  personne  qui  use 
beaucoup  et  en  peu  de  temps  ses  habits,  qui  digère 
parfaitement.  ||  C'est  un  corps  de  fer,  il  a  un  corps 
de  fer,  c'est  un  homme  robuste  et  qui  résiste  aux 
fatigues,  aux  excès.  Il  faut  un  corps  de  fer  pour 
résister  aux  agitations,  mass.  Panégyr.  Ste  Agnès. 
Ce  corps  de  fer  [Charles  XII]  gouverné  par  une  âme 
si  hardie,  volt.  Ch.  XII,  8.  ||  On  dit  de  même 
une  santé  de  fer,  un  tempérament  de  fer.  Il  faut  se 
bien  porter  pour  être  héros  :  tous  ceux  de  l'anti- 
quité avaient  une  santé  de  fer,  volt.  Lett.  Lekain, 
i  mars  1767.  ||   On  n'est  pas  de  fer,  c'est-à-dire  il 


TER 

est  des  fatigues  auxquelles  le  corps  humain  ne  peu' 
résister.  Les  dieux  sont-ils  de  fer?  mol.  Prol.  AmpK. 
Mes  anges  me  croiront-ils  de  fer  quand  je  suis  d'a^ 
gile,  et  prendront-ils  zèle  pour  puissance?  volt. 
Utt.  d'Argental,  déc.  4760.  ||  On  dit  do  même  :  il 
faudrait  être  de  fer  pour  résister  à  de  telles  fati- 
gues. Il  Cet  homme  est  roide  comme  un»  barre  de 
fer,  ou  fig.  c'est  une  barre  de  fer,  il  est  d'une  fer- 
meté, d'une  opiniâtreté  invincible.  ||  Une  tête  do 
fer,  une  personne  que  la  plus  grande  contention 
d'esprit  ne  fatigue  pas ,  et  aussi  une  personne  ex- 
trêmement opiniâtre.  Les  vieillards ,  remplis  de 
l'indignation  la  plus  vive,  s'en  retournèrent  [quit- 
tant Charles  XII  à  Bender]  en  criant  :  Ah  !  la  tète 
de  fer!  puisqu'il  veut  périr,  qu'il  périsse,  volt. 
Charles  XII,  6.  ||  Un  cœur  de  fer,  un  cœur  dur, 
impitoyable,  inflexible.  Bientôt  ces  cœurs  de  fer  se 
verront  adoucis,  bac.  Théb.  m,  4.  Moi  1  complaire 
à  ce  peuple,  aux  monstres  de  Scythie....  X  cei 
âmes  de  fer....  volt.  Scythes,  v,  4.  Il  [le  tigre] 
s'irrite  des  bons  comme  des  mauvais  traitements; 
la  douce  habitude  qui  fait  tout  ne  peut  rien 
sur  cette  nature  de  fer,  buff.  Tigre.  ||  Fig.  Avoir 
un  bras  de  fer,  une  main  de  fer,  avoir  le  bras,  la 
main  extrêmement  vigoureuse.  ||  Par  une  nouvelle 
figure,  avoir  ua  bras  de  fer,  exercer  avec  dureté, 
avec  rigueur  le  pouvoir  dont  on  est  revêtu.  ||  Gou- 
verner avec  un  sceptre  de  fer,  gouverner  avec  une 
extrême  dureté.  Sous  un  sceptre  de  fer  tout  ce  peu- 
ple abattu,  volt.  Brutus.  i,  2.||  On  dit  dans  le  même 
sens:  un  joug  de  fer.  Un  joug  de  fer  est  sur  leur 
tête,  Boss.  Hist.  11,  43.  Le  joug  du  monde  est  un 
joug  de  fer,  mass.  Carême,  Mot.  de  conv.  ||  Un  ciel  de 
fer,  un  ciel  rigoureux.  Il  [Dieu]  nous  rejettera  de 
devant  sa  face,  et  leciel  deviendrade  fer  sur  nos  têtes, 
BOS^.  Sermons,  jubilé,  Pénit.  4.  Le  sort,  dit  le  vieil- 
lard, n'est  pas  toujours  de  fer,  a.  chén.  Idylles, 
l'Aveugle.  Il  Le  sommeil  de  fer,  le  sommeil  de  la 
mort.  Ces  mânes  sacrés  [des  anciens  Romains]  n'a- 
vaient point  rompu  leur  sommeil  de  fer,  cha- 
teaub.  Jfart.  xvi.  ||  2°  Le  siècle  de  fer,  l'âge  de 
fer,  l'âge  qui,  suivant  la  mythologie,  succéda  au 
siècle  d'airain ,  et  qui  ,  signalé  par  le  déborde- 
ment des  violences  et  des  crimes ,  amena  la  co- 
lère des  dieux  et  le  déluge.  On  vit  avec  le  fer 
naître  les  injustices,  boil.  Sot.  x.  ||  Fig.  Un  siècle 
de  fer ,  un  siècle  d'ignorance  ,  de  barbarie ,  et 
aussi  un  siècle  signalé  par  les  guerres  et  les  vio- 
lences. Il  Dans  le  langage  de  l'histoire,  l'âge  de  fer 
se  dit  du  temps  où  l'on  commença  à  faire  usage  du 
fer,  par  opposition  à  l'âge  de  cuivre,  plus  ancien, 
où  tous  les  ustensiles  étaient  en  cuivre,  et  à  l'âge 
de  pierre,  encore  plus  ancien,  où  les  instruments 
tranchants  étaient  en  silex.  ||  3°  La  pointe  qui  ter- 
mine une  pique,  une  lance,  une  flèche.  Le  fer  d'une 
lance.  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue  le  fer  d'une 
gaffe.  Il  Lance  à  fer  émoulu,  lance  dont  la  pointe  est 
affilée,  par  opposition  aux  lances  dont  le  fer  était 
émoussé.  ||  Se  battre  à  fer  émoulu,  se  disait  quand, 
dans  un  tournois,  au  lieu  d'employer,  comme  c'é- 
tait l'habitude,  des  armes  émoussées  et  rabattues, 
on  se  servait  d'armes  affilées.  ||  Fig.  Se  battre  à  fer 
émoulu,  disputer,  controverser,  lutter  sans  ména- 
gement. ||  4°  Terme  d'escrime.  L'épée,  le  fleuret. 
Croiser,  engager  le  fer.  ||  Familièrement.  Battre  le 
fer,  s'exercer  à  l'escrime.  Et  j'ai  battu  le  fer  en 
mainte  et  mainte  salle,  mol.  l'Étour.  iv,  3.  Mon- 
sieur le  batteur  de  fer,  je  vous  apprendrai  votre 
métier,  id.  Bourg,  gent.  ii,  3.  L'on  jugeait  à  sa 
mine  martiale  que  c'était  un  homme  qui  avait 
battu  le  fer,  lesagb,  Estev.  Gonx.  ch.  46.  |1  Fig.  Il 
y  a  longtemps  qu'il  bat  le  fer,  se  dit  d'un  homme 
qui  s'occupe  depuis  longtemps  d'une  étude,  d'un 
exercice.  ||  On  dit  de  même  :  C'est  à  force  de  battre 
le  fer  qu'il  est  parvenu  à  ce  degré  d'habileté.  Enfin, 
à  force  de  battre  le  fer,  il  en  est  venu  glorieuse- 
ment à  avoir  ses  licences,  mol.  Mal.  imag.  n,  8. 
115"  Un  instrument  tranchant.  Le  chirurgien  qui 
porte  le  fer  dans  les  tissus  vivants,  jj  Terme  de  chi- 
rurgie. Employer  le  fer  et  le  feu,  employer,  dans 
une  opération,  l'instrument  tranchant  et  le  fer  rougi  ; 
et  fig.  employer  les  remèdes,  les  moyens  les  plus 
violents.  Il  Dans  le  langage  vulgaire,  les  fers,  et 
quelquefois  le  fer,  le  forceps.  On  n'a  pu  l'accoucher 
sans  les  fers.  J'ai  coûté  la  vie  à  ma  mère  en  venant 
au  monde;  j'ai  été  tiré  de  son  soin  avec  le  fer, 
CHATEAUB.  René.  Il  6°  Dans  le  style  oratoire  ou  poé- 
tique, poignard,  épée  et,  en  général,  toute  arme 
tranchante.  Et  si  les  pâles  Euménides,  Pour  réveil- 
ler nos  parricides.  Toutes  trois  ne  sortent  d'enfer. 
Le  repos  du  siècle  où  nous  sommes  Va  faire  à  la 
moitié  des  hommes  Ignorer  que  c'est  que  le  fer, 
MALH.  ni,  3.   Prêt  à  quitter  le  fer  et  prêt  aie  ro- 


FER 

prendre,  rac.  Alex,  ii,  2.  Le  fer  ne  produit  point  de 
si  puissants  efforts,  m.  Brit.  v,  5.  J'ai  reconnu  le 
fer,  instrument  de  sa  rage,  Ce  fer  dont  je  l'armai 
pour  un  plus  digne  usage,  id.  Phèdre,  iv,  t.  Oui, 
nous  jurons  ici  pour  nous,  pour  tous  nos  frères,  De 
ne  poser  le  fer  entre  nos  mains  remis....  id.  Athal. 
IV,  3.  Il  a  dans  sa  colère  Du  fer  de  la  vengeance 
armé  la  main  d'un  père,  volt.  Alt.  v,  6.  Sous  le  fer 
castillan  ce  monde  [l'Amérique]  est  abattu,  id.  ib. 
I,  2.  Il  Porter  le  fer  et  la  flamme  dans  un  pays,  ra- 
vager un  pays  en  tuant  et  en  brûlant.  {|  Fig.  Un  fer 
sacré,  un  moyen  de  guerre ,  de  vengeance,  caché 
sous  l'apparence  de  la  religion.  D'autant  plus  dan- 
gereux dans  leur  âpre  colère.  Qu'ils  prennent  contre 
nous  des  armes  qu'on  révère,  Et  que  leur  passion, 
dont  on  leur  sait  bon  gré.  Veut  nous  assassiner  avec 
un  fer  sacré,  mol.  Tart.  i,  6.  Qui,  tout  couvert  de 
sang,  de  flammes  entouré,  Egorge  les  mortels  avec 
un  fer  sacré,  volt.  Ilenr.  vi.  ||  Le  fer  des  lois,  l'au- 
torité des  lois  en  tant  qu'elle  punit.  Et  déposant  des 
lois  le  fer  saint  et  terrible,  bbiffaut,  Ninus  II,  i,  i . 
Du  fer  sacré  des  lois  tu  profanais  l'usage,  c.  delav. 
Vêpres  sicil.  m,  6.  ||  7°  11  se  dit  de  quelques  outils 
servant  à  divers  usages.  Un  fer  à  friser.  Un  fer  à 
faire  des  gaufres,  des  oublies.  Un  autre  objet  fort 
important  sont  les  fers  de  charrue  ;  on  ne  saurait 
croire  combien  la  mauvaise  qualité  du  fer  dont  on 
les  fabrique  fait  du  tort  aux  laboureurs,  buff.  Xin. 
t.  vii,  p.  88,  dans  pougens.  ||  Fer  à  gaufrer,  fer 
rond  qui,  chauffé,  sert  à  faire  des  ondes  à  une  gar- 
niture ou  à  une  dentelle.  ||Fer  à  papillotes,  fer  en 
forme  de  pince  qu'on  applique  chaud  sur  les  papil- 
lotes pour  faire  friser  les  cheveux.  ||Fer  chaud,  in- 
strument en  fer  que  l'on  chauffait  pour  marquer  à 
l'épaule  certains  condamnés.  Comme  un  gredin  que 
la  main  de  Thémis  A  diapré  de  nobles  fleurs  de  lis, 
Par  un  fer  chaud,  gravé  sur  l'omoplate,  volt.  Pauv. 
diabl.  Il  Fig.  Chose,  personne  qui  presse,  tourmente. 
C'est  le  fer  chaud  du  pont  Neuf,  à  ce  que  je  vois, 
et,  pour  avoir  M.  le  duc,  il  faudra  deux  choses:  lui 
donner  l'éducation  du  roi,  et  un  établissement  à 
son  frtre,  st-sim.  609,  246.  j|Fer  à  crochet,  mani- 
velle pour  tordre  les  lacets.  ||Fers  plats,  fers  ronds, 
certains  outils  de  luthier  pour  recoller  les  fentes 
des  instruments.  ||  Terme  de  pêche.  Fer  à  croc,  se 
dit  de  l'hameçon  dans  quelques  provinces.  ||  Terme 
de  construction.  Fer  d'amortissement,  toute  aiguille 
de  fer  entée  sur  un  poinçon  pour  tenir  une  pyra- 
mide, un  vase,  etc.  ||  8°  Fer  à  repasser,  fer  dont  les 
lingères  se  servent  pour  repasser  le  linge.  {|  Fig. 
Mettre  les  fers  au  feu,  se  dit  quand  on  commence 
sérieusement  l'exécution  de  quelque  chose.  Met- 
tons les  fers  au  feu,  tout  nous  est  favorable,  hau- 
TEHOCHE,  Bourg,  de  qualité,  i,  7.  Le  bon  père  [Tel- 
lier]  piqua  et  tourna  si  bien  le  roi  que  les  fers 
furent  mis  au  feu  pour  leur  destruction  [des  filles 
de  Port-Royal],  st-sim.  250,  82.  ||Le3  fers  sont  au 
feu,  se  dit  d'une  affaire  que  l'on  pousse  activement. 
Il  9°  Terme  de  reliure.  Fer,  instrument  qui  sert  à 
faire  des  empreintes  sur  la  reliure.  Je  rêve  à  mon 
état,  et  souvent  dans  la  nuit.  Ou  je  dessine  un 
fer,  ou  je  trouve  un  granit,  lesné,  la  Reliure,  p.  40. 
Un  fer  à  dos  remplissait  d'un  seul  coup  tout  un  en- 
tre-nerf, tandis  que  maintenant  que  le  goût  des 
petits  fers  s'est  propagé....  id.  ib.  p.  204.  On  nomme 
roulette  tout  fer  qui  en  a  la  figure,  et  qui  sert  à 
pousser  de  simples  filets  ou  des  dessins....  les  ro- 
settes sont  des  fers  qui,  d'un  seul  coup,  forment  un 
dessin....  les  palettes  sont  des  fers  qui  ont  la  figure 
d'un  T,  id.  ib.  p.  2)7.  ||  Petit  fer,  celui  qui  sert  à  faire 
des  compositions.  La  cosmographie  universelle  de 
André  Thevef,  couverte  de  velin  blanc,  doré  sur  la 
tranche  et  à  petit  fer,  estimé  six  livres,  Inventaire 
de  la  rot/ne  Loyse  douairière,  de  laborde.  Émaux, 
p.  312.  Il  10°  Terme  de  maréchalerie.  Fer  de  che- 
val, ou,  elliptiquement,  fer,  bande  de  fer  formant 
semelle,  que  l'on  fixe  sous  la  face  inférieure  du 
pied  du  cheval  et  de  quelques  autres  bêtes  de 
somme.  Mettre  un  fer  à  un  cheval,  à  un  mulet. 
Pour  faire  mettre  un  fer  à  sa  monture,  la  font. 
Orais.  \\  Fer  à  demi,  à  l'anglaise,  celui  qui  ne  couvre 
ni  trop  ni  trop  peu  le  pied  du  cheval.  Fer  barré  par 
devant,  fer  dont  on  n'a  pas  eu  le  soin  d'aplatir  la 
bordure.  Fer  couvert,  fer  dont  les  branches  sont  fort 
larges.  ||  Fer  à  glace,  fer  garni  de  clous  pour  mordre 
sur  la  glace.  ||  Fer  à  pantoufle,  fer  de  cheval 
forgé  de  manière  à  avoir  plus  d'épaisseur  en  dedans 
qu'en  dehors,  et  à  s'amincir  en  talus  du  côté  de  la 
corne.  ||  Par  catachrèse,  fer  d'argent,  fer  d'or.  Ses 
fers  sont  d'argent  à  onze  deniers,  volt.  Zadig,  3. 
Il  Fer  de  bœuf,  ferrure  qu'on  appliqug  quelquefois 
aux piedsdes bœufs, dans  leslocalitésoûces  animaux 
sontemployés  àdes  travaux  pénibles.  ||  Fig.  Quand  on 


FEU 

quitte  un  maréchal,  il  faut  payer  les  vieux  fers, 
c'est-à-dire  quand  on  quitte  un  ouvrier,  il  faut  lui 
payer  tout  ce  qui  est  arriéré.  ||  Il  a  toujours  quelque 
fer  qui  loche,  se  dit  d'un  homme  maladif.  ||  En  un 
autre  sens.  Il  y  a  quelque  fer  qui  loche,  il  y  a  quel- 
que chose  qui  empêche  cette  affaire  d'aller  bien. 
Il  Tomber  les  quatre  fers  on  l'air,  se  dit  d'im  cheval 
à  qui  les  quatre  pieds  manquent  à  la  fois  et  qui 
tombe  sur  le  dos.  ||  Familièrement,  il  se  dit  d'un 
homme  qui  tombe  à  la  renverse;  et  fig.  de  celui 
qui  reste  frappé  d'étonnement.  ||  Cela  ne  vaut  pas 
les  quatre  fers  d'un  chien,  cela  ne  vaut  rien  du 
tout,  puisqu'un  chien  n'est  pas  ferré.  Cet  homme  ne 
vaut  pas  les  quatre  fers  d'un  chien.  ||  11°  En  fer  à 
cheval ,  en  forme  de  croissant.  La  cataracte  se  divise 
en  deux  branches,  et  se  courbe  en  fer  à  cheval ,  cba- 
tëaubr.  Atala,  épilogue.  \\  On  dit  de  même  :Cela  fait 
le  fer  à  cheval,  forme  le  fer  à  cheval,  etc.  ||  Terme 
d'architecture.  Fer  à  cheval,  escalier  qui  a  deux 
rampes  et  qui  est  fait  en  demi-cercle.  ||  Il  se  dit,  par 
extension,  de  deux  pentes  douces  qui  sont  en  demi- 
cercle,  dans  les  jardins.  Il  Fer  achevai,  ouvrage  de 
fortification  en  demi-cercle,  l'ait  en  dehors  d'une 
place.  Il  Fer  à  cheval,  petite  pièce  qui  s'ajuste  en 
forme  de  doublure  ou  de  soutien  à  l'épaulette  de  cer- 
taines chemises  d'hommes.  ||  Terme  de  chasse.  Fer 
à  cheval ,  se  dit  d'un  plumage  rouge  qui  vient  sur  le 
ventre  du  perdreau,  du  coq.  Il  a,  comme  le  précé- 
dent, le  fer  à  cheval  noir  sur  l'œil,  et  de  plus  il  [le 
petit  paille-en-queue]  est  tacheté  de  noir  sur  les  plu- 
mes de  l'aile  voisines  du  corps,  et  sur  les  grandes 
pennes,  buff.  Ois.  t.  xvi,  p.  H3,  dans  pougens. 
Il  Fer  à  cheval,  se  dit  de  deux  espèces  de  chauves- 
souris  d'Europe.  Il  Fer  de  cheval,  se  dit  d'un  fer 
qu'on  met  au  pied  d'un  cheval;  fer  à  cheval,  d'un 
ouvrage  en  forme  de  fer  de  cheval.  ||  12°  Fer  de 
botte,  morceau  de  fer  dont  on  garnit  le  dessous  du 
talon  d'une  botte,  et  qui  est  en  forme  de  fera  che- 
val. Il  13°  Fer  en  meubles,  mauvaise  orthographe 
pour  faire  en  meubles,  voy.  faire.  ||  14°  Terme  de 
marine.  Fer  d'Andriveau,  ou,  simplement,  fer, 
grappin  de  galère.  Il  est  certain  qu'eUes  [des  galè- 
res] n'en  souffriraient  pas  un  pareil  [mauvais  temps] 
pendant  quatre  heures  sans  courir  risque  de  se  per- 
dre, et  qu'elles  ne  résisteraient  pas,  même  sur  le 
fer,  à  une  grosse  mer  sans  s'entr'ouvrir,  la  paillk- 
TERiE,  Au  ministre,  29aoûtt676,  dans  jal.  |1  15° Fer 
de  lacet,  fer  d'aiguillette,  petite  pièce  de  fer-blanc, 
de  cuivre  ou  d'autre  métal  dont  un  lacet,  une  ai- 
guillette est  garnie  par  le  bout.  ||  Je  n'en  donnerais 
pas  un  fer  d'aiguillette,  se  dit  d'une  chose  qu'on 
méprise.  |1  16°  Terme  de  blason,  lise  dit  d6_ plu- 
sieurs figures  de  fer,  qui  paraissent  dans  les  écus, 
tels  que  le  javelot,  la  pique,  les  fers  de  lance,  etc. 
Il  17°  S.  pi.  Chaînes,  ceps,  menottes.  Il  avait  les 
fers  aux  pieds  et  aux  mains.  Le  sieur  de  la  Cornière 
a  bien  fait  de  mettre  aux  fers  les  matelots  de  sa 
chaloupe,  puisqu'il  a  eu  lieu  de  les  soupçonner  du 
vol  qui....  COLBERT,  d  Gaboret,  <"  juin  4678,  dans 
iKL.  Ils  sont  encore  aux  fers,  et  vous  les  briserez, 
VOLT.  Lett.  Beaumont,  ts  janv.  1768.  En  des  lieux 
différents  comme  toi  mis  aux  fers,  id.  Alx.  ii,  <• 
Il  On  dit,  surtout  pour  les  peines  militaires  :  Il  a 
été  condamné  à  cinq  ans  do  fers.  HFig.  Jeter  quel- 
qu'un dans  les  fers,  le  retenir  dans  les  fers,  le 
mettre  en  prison,  le  retenir  en  prison,  le  priver 
de  sa  liberté.  ||  On  dit  aussi  languir,  gémir  dans 
les  fers.  ||  Etre  mis  aux  fers  de  quelqu'un,  tomber 
en  son  pouvoir.  Auraient-ils  mis  Othon  aux  fers 
de  l'empereur,  Et  dans  ce  grand  succès  la  for- 
tune inconstante  Aurait-elle  trompé  notre  plus 
douce  attente?  corn.  Oth.  v,  6.  ||  18°  Fig.  et  poéti- 
quement. État  d'oppression,  d'esclavage.  [Le  monde] 
  qui  par  sa  défaite  il  [Pompée]  met  les  fers  aux 
mains,  id.  Pomp.  i,  i.  Qui  veut  tenir  aux  fers 
les  maîtres  de  la  terre,  id.  Sertor.  m,  2.  Rompez 
vos  fers.  Tribus  captives,  Troupes  fugitives;  Re- 
passez les  monts  et  les  mers;  Rassemblez-vous  des 
bouts  de  l'univers,  rac.  Esth.  m,  9.  Plus  fort  que 
le  fils  d'Alcmène,  Il  [l'hiver]  met  les  fleuves  aux 
fers;  Le  seul  vent  de  son  haleine  Fait  trembler 
tout  l'univers,  i.  b.  rouss.  Cantate  <3.  Ils  se  for- 
gent des  fers  d'argent,  J.  J.  ROuss.  Hél.  v,  5.  ||  Par 
extension  et  poétiquement,  tyrannie  qu'exerce  l'a- 
mour. Pour  rentrer  dans  mes  fers  il  brisera  tes  chaî- 
nes, CORN.  Sertor.  i,  3.  Vous,  pour  porter  des  fers, 
elle,  pour  en  donner,  rac.  Andr.  l,  4.  Et  d'aller,  trop 
content  de  mes  fers.  Soupirer  avec  vous  au  bout  de 
l'univers,  id.  Bérén,  v,  6.  D'enchaîner  un  captif  de 
*s  fers  étonné,  id.  Phèdre,  ii,  t.  Il  se  trouva  dé- 
gagé des  fers  de  Mlle  d'Hamilton,  hamilt.  Gramm. 
9.  Il  19°  Fer  d'or,  nom  d'un  ordre  de  chevalerie,  in- 
stitué en  UU,  i  Paris,  par  Jean  duc  de  Bourbon, 


FER 


1643 


ot  composé  de  seize  gentilshomaes,  partie  cheva- 
liers, partie  écuyers.  Les  chevaliers  portaient,  tous 
les  dimanches,  à  la  jambe,  un  fer  d'or  do  prison- 
nier, et  les  écuyers  uu  fer  d'argent.  ||  20°  i  mi-fer, 
se  dit,  dans  un  chemin  de  fer,  des  rails  dont  l'un 
empiète  sur  l'autre.  Les  rails  en  fer  tantôt  sont  po- 
sés bout  à  bout,  tantôt  se  réunissent  à  mi-fer, 
comme  les  rails  en  fonte.  |1  21°  Cette  pièce  de  mon- 
naie est  entre  deux  fers,  se  dit  d'une  pièce  qui  ne 
trébuche  pas  quand  on  la  pèse.  ||  Fig.  Je  le  tins 
longtemps  entre  deux  fers,  et  je  fis  exprès  monter 
cette  impatience  jusqu'à  la  dernière  frayeur,  st-sim 
3H  ,  62.  Il  22°  Au  billard,  avoir  du  fer,  donner  du 
fer,  se  disait  autrefois  lorsqu'unedcs  deux  branches 
de  la  passe  gênait  le  joueur.  ||  23°  Fer  de  lance,  es 
pèce  de  chauve-souris;  sorte  de  serpent.  ||  24*  Le» 
Portes  de  Fer,  nom  par  lequel  les  historiens  russes 
désignent  les  monts  Ourals.  ||  Proverbe.  Il  faut 
battre  le  fer  pendant  qu'il  est  chaud,  il  ne  faut 
point  suspendre  la  poursuite  d'une  affaire  en  voie 
de  succès.  Lorsque  le  temps  pressa  et  qu'il  faut 
Battre  le  fer  quand  il  est  chaud,  scarr.  Yirg.  vi. 

—  HIST.  XI'  s.  [Il]  Empeint  [empoint]  le  bien, 
tout  le  fer  lui  mist  outre,  Ch.  de  Roi.  civii.  ||  xii°  s. 
[Il]  Tenoit  sa  lance,  dont  li  fers  reflamblie,  Ronc. 
p.  33.  ||xm*  s.  Certes  durement  me  merveil.  Com- 
ment bons,  s'il  n'iere  [n'était]  de  fer,  Puet  vivre  un 
mois  en  tel  enfer,  la  Rose,  20U4.  Je  tant  me  fi  là  oti 
biauté  repaire,  Qu'aymans  sui  [je  suis  un  aimant],  se 
tout  n'est  ver  [vers]  moi  fers.  Poésies  mss.  avant 
<300,  1. 1,  p.  491 ,  dans  lacurne.  ||  xiv*  s.  On  doit 
battre  le  ferentreulx  [pendant]  qu'il  est  bien  chaux, 
Guescl.  20862.  Les  mareschaui  qui  ferrent  les  che- 
vaux ne  pourront  prendre  n'avoir  d'un  fer  neuf  à 
palefroy  ou  à  roussin,  de  fer  de  Bourgogne,  que  neuf 
deniers,  Ord.  des  rois  de  Fr.  t.  u,  p.  27).  A  Jehan 
Thierri  Masson ,  pour  mettre  le  for  du  rond  de  la 
verrière  où  est  la  résurrection  de  Nostre  Seigneur, 
Bibl.  des  chartes,  5°  série,  t.  m,  p.  233.  A  Perin  de 
Choisy,  orfèvre,  pour  l'argent  et  la  façon  de  plur 
sieurs  fers  d'argent  à  cuire  [brûler,  marquer]  che- 
vaux, DELA  BORDE,  Émaux,  p.  3)).  ||  XV*  S.  X  Jehan 
Lessayeur,  orfèvre,  pour  un  fer  d'argent,  par  lui 
fait  pour  donner  le  feu  aux  faucons  de  ma  dicta 
dame,  id.  ib.  Et  à  voir  dire,  si  il  eust  esté  de  fer  ou 
d'acier,  si  convint-il  qu'il  fust  demeuré,  froiss.  u, 
u,  ))4.  Il  fitjetterle  fer  et  encrer  ceste  part,  Bou- 
ciq.  liv.  II ,  p.  234,  dans  lacurne.  Nul  chevalier  qui 
prison  vouloit  promettre,  ne  estoit  mis  en  fer  ne  en 
anneaulx.  Lancclot  du  lac,  t.  m,  f°4).  Chevalier, 
laissez  aller  la  damoiselle,  ou  vous  appareillerez  de 
jouster  à  moy;  car,  se  vous  voulez  elforcer  la  da- 
moiselle, ce  sera  parmy  les  fers  [il  faudra  combat- 
tre], Perceforest,  t.  u,  f"  66.  Il  estoit  expédient  de 
leur  tenir  le  fer  au  dos,  afin  qu'ils  fussent  en  plus 
seure  subjection,  j.  chart.  Uist.  de  Charles  VU, 
p.  27) ,  dans  lacurne.  Lire  et  non  comprendre  ce  qu'on 
lit,  est  battre  l'eau  ou  froit  fer,  Uist.  de  la  lois. 
Sor,  t.  I,  f"  <32,  dans  lacurne.  1|xvi'  s.  S'il  faut 
s'accommoder  à  ceux  qui  sont  comme  entre  deux 
fers  et  sa  vantent  de  tenir  le  milieu,  bèze,  Vie  de 
CaMn,  p.  )  47.  Aubigné  ne  pleura  point  pour  sa 
prison,  ouy  bien  lors  qu'on  luy  esta  une  petite  espée, 
et  une  ceinture  avec  des  fers  d'argent,  d'adb.  Uist. 
1,  180.  Sommant  Titus  de  deslier  les  fers  de  la 
Grèce,  amyot,  Flamin.  )  8.  Bertrand  leur  promit 
qu'on  allait  mettre  incessamment  les  fers  au  feu 
pour  cet  effet....  Mém.  s.  du  Guesclin,  ch.  9.-  Hon- 
nestes  femmes  qui  n'auront  jamais  eu  fer  à  pié 
[mauvaise  réputation],  Contes  d'Eutrap.  p.  460, 
dans  lacurne.  Prendra  le  secrétaire  deux  provendes 
d'avoine  et  mengera  à  cour,  et  prendra  à  cour  fer 
et  clou  pour  les  gages  de  ses  valets,  et  toutes  ces 
autres  choses,  dix-huit  deniers  par  jour,  miraumont, 

T.  de  la  chancel.  t-w,  dans  lacurne il  y  a  trois 

nuicts  Que,  sans  me  reposer,  je  suis  X  faire  l'extrait 
d'un  procez,  En  droit  et  matière  d'eicez.  D'un  gen- 
tilhomme de  Poitou;  S'il  vient,  j'en  aurai  fer  ou 
clou.  Quand  il  seroit  ferré  à  glace,  remy  belleau. 
Œuvres,  t.  ii,  p.  <20,  dans  lacuune. 

—  lÈTVM.  Wallon,  fier  ;  génev.  être  un  vieux  fer. 
n'être  plus  bon  à  rien,  mettre  auvieux  fer,  rebuter; 
bourguign.  far;  Berry,  far;  provenç.  fer,  fcrr,  ferre; 
espagn.  hierro  ;portug.  etital.  ferro;  du  lat.  ferrum. 

2.  FEK  (fèr) ,  s.  m.  Terme  de  jurisprudence  em- 
ployé dans  cette  locution  :  cheptel  de  fer,  celu.' 
dans  lequel  le  preneur  doit  représenter,  à  la  fin  du 
bail,  des  bestiaux  d'une  yaleur  égale  à  celle  de  ceux 
qu'il  a  reçus. 

ÊTYM.  Origine  incertaine.  On  y  a  vu  ferrum, 

parce  que  le  bétail  est  comme  enchaîné.  On  pour- 
rait y  voir  firmits,  parce  que  les  bêtes  ne  pcuTaieii* 
mourir  à  la  seigneurie,  fi'rmtw  avait  donné/ers,  ferm. 


16U 


FÉR 


t  FÉRAMI.NE  (fc-ra-mi-n')  ,  *.  {.  Nom  que  les 
fournalistcs  donnent  à  la  pyrite  ferrugineuse. 

f  FÉRANniNE  (f6-ran-di-n'),s.  /'.Voy.  ferranmne. 

f  FÉRAULT  (fé-rô) ,  adj.  m.  Liais  fcrault,  espèce 
de  pierre  poreuse  et  rougeâtre,  qui  se  trouve  sous 
le  liais. 

FER-BLANC  (fèr-blan';  le  c  ne  se  prononce  ja- 
mais), s.  m.  Fer  doux  battu,  réduit  en  lames  dé- 
liées qu'on  trempe  dans  de  l'étain  fondu  ,  après 
l'avoir  un  peu  trempé  dans  l'eau-forte.  Le  même  fer 
s'appelle  fer  noir  avant  que  d'être  étamé.  ||  Au 
plur.  Des  fers-blancs. 

—  ÉTVM.  Fer,  et  blanc. 

t  FERDLANTERIE  (ttr-blan-te-rie) ,  s.f.  Art, 
commerce,  marclia:ndises  du  ferblantier. 

—  ÊTYM.  Ferblantier. 

FERBLANTIER  (fèr-blan-tié) ,  s.  m.  Celui  qui 
travaille  en  fer-blanc,  qui  vend  des  ouvrages  de 
for-blanc.  ||  Adj.  Marchand  ferblantier. 

—  ÉTYM.  Fer-blanc,  par  changement  du  c  en  (, 
comme  dans  tabatière,  de  tabac. 

FER-CHADD  (fêr-chô),  f .  m.  Maladie  qui  consiste 
en  une  chaleur  insupportable  ressentie  à  l'estomac; 
le  nom  médical  est  pyrosis. 

—  ÉTVM.  Fer,  et  chaud. 

t.  FÉRET  (fé-rè),  s.  m.  Terme  de  minéralogie. 
Nom  donné  à  Paris  à  l'hématite  rouge,  ou,  dans  un 
langage  plus  rigoureux,  aux  variétés  stalactitique 
et  fibreuse  du  sidéroxyle  oligiste,  legoarant. 

—  ÊTVn.  Diminutif  de  fer. 

t  2.  FÉRET  (fé-rè),  s.  m.  Terme  de  verrerie. 
Verge  pour  lever  la  matière  et  ajouter  des  ornements 
à  divers  ouvrages. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  fer. 

tFÉRÉTRlEN  (fé-ré-tri-in) ,  adj.  Terme  de  la 
religion  romaine.  Jupiter  férétrien,  Jupiter  à  qui 
on  consacrait  les  dépouilles  opimes. 

—  ÉTYM.  Lat.  Feretrius,  de  feretrum,  brancard, 
de  ferre,  porter. 

fFÉRIABLE  (fé-ri-a-bl'),  adj.  Qui  doit  être  fêté. 
Mainte  vigile  et  maint  jour  fériable,  la  font.  Cal. 

—  HIST.  xin°  s.  Il  ne  ouvreront  jamais  de  nuiz 
des  patenostres,  no  aux  jours  de  festes  feriables  ne 
au  samedi  après  none,  Liv.  des  met.  7).  ||  xiv"  s. 
Car  nous  devons  bien  aviser  Com  le  dimanche  est 
fériable;  Si  est  là  Saint  Michel  sans  fable,  ie  Lib. 
du  bon  Jehan,  )204. 

—  ËTYM.  Férié. 

FÉRIAL,  ALE  (fé-ri-al,  a.-\')  ,  adj.  Qui  con- 
cerne la  férié.  Les  offices  férraux. 

—  ÉTYM.  Férié;  provenç.  et  espagn. /ismi ;  ital. 
feriale.  Ferial,  qui  se  trouve  souvent  dans  des  au- 
teurs anciens,  y  a  le  sens  de  plaisant  :  Les  an- 
ciens jurisconsultes  et  canonistes  ont  une  jolie 
et  feriale  façon  de  parler  en  leurs  vénérables  com- 
mentaires; car,  estant  au  bout  des  rubriques,  ils 
disent  :  explicato  rubro,  veniamus  ad  nigrum, 
GARASSE,  Rech.  desrech.  p.  i&e,  dans  lacurne. 

FÉRlE  (fé-rie),  s.  f.  \[  1°  Terme  d'antiquité  ro- 
maine. Jour  pendant  lequel  il  y  avait  cessation  de 
travail.  La  férié  différait  de  la  fête,  en  ce  que  dans 
la  fête  il  y  avait  des  sacrifices,  tandis  que  dans  la 
férié  il  y  avait  seulement  cessation  de  travail. 
Il  2°  Aujourd'hui,  jour  de  fête  durant  lequel  on  ne 
travaille  pas.  Toute  en  férié  il  mettait  la  semaine, 
LA  FONT.  Cal.  C'est  l'oisiveté  de  la  férié  qui  les  con- 
duit au  cabaret,  volt.  Curé  de  campagne.  ||  S'est 
dit  autrefois  pour  jour  de  fbire,  parce  que  les  foires 
80  tenaient  les  jours  de  fête.  ||  3°  Terme  de  liturgie. 
Nom  que  l'Église  donne  aux  différents  jours  de  la 
semaine,  à  l'exception  du  samedi  et  du  dimEinche. 
Faire  l'office  de  la  férié,  et,  par  ellipse,  faire  la 
férié.  Le  lundi  est  la  deuxième  férié,  le  mardi  la 
troisième,  et  ainsi  de  suite,  jusqu'au  vendredi  qui 
est  la  sixième  férié.  On  ne  dit  ni  première  férié 
pour  dimanche,  ni  septième  férié  pour  samedi. 
Il  Fériés  majeures,  les  trois  derniers  jours  de  la 
semaine  sainte,  les  deux  jours  d'après  Pâques  et  la 
Pentecôte,  et  la  deuxième  férié  des  Rogations  qui 
a  son  offîca  particulier. 

—  HIST.  XIII*  s.  La  loi  defîent  que  jugomens  ne 
soit  fez  en  jor  de  foirie,  se  ce  n'est  par  lavolenté  as 

darties,  Digeste,  24.  ||  xvi*  s Qu'il  peut  bien  cstre 

permis  au  roi  de  rompre  ses  sermons  envers  son 
peuple,  puisque  les  plus  grands  des  refTormés  et  la 
pluspart  du  peuple  avoient  faussé  le  serment  d'abjura- 
tion fait  aux  ferles  du  massacre,  d'aub.  Hist.  ii,  236. 

—  ÉTYM.  Lat.  feria,  jour  de  fête  (voy.  foibe). 
FÉRIÉ  (fé-ri-é),  adj.  m.  Il  se  dit  des  jours  où 

la  cessation  du  travail  est  prescrite  par  la  religion. 
Les  dimanches  et  jours  fél'és. 

—  ÉTYM.  Lat.  ferialus,  oe  feria,  férié.  11  y  avait 
I  ancien  verho  ferer  foirer,  fêter. 


FER 

t  FÉRIN,  INE  (fé-rin,  ri-n'),  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Se  dit  de  certaines  maladies  qui  offrent  un 

caractère  dangereux.   Toux  férine,  toux   sèche  et 

opiniâtre.  Ulcère  férin,  ulcère  de  mauvaise  na- 
ture. 

—  ÉTYM.  Lat.  ferinxts,  sauvage,  de  fera,  bête 
sauvage. 

FÉRIR  (fé-rir),  v.  a.  Frapper.  Terme  vieilli  usité 
seulement  dans  cette  locution  :  Sans  coup  férir, 
sans  en  venir  aux  mains.  Ainsi  sans  coup  férir 
je  sors  de  la  bataille,  régnier,  Sot.  x.  ||  Fig.  et  fami- 
lièrement, sans  coup  férir,  sans  difficulté,  sans  ré- 
sistance  Il  nous  faut.  Sans  coup  férir,  rattraper 

notre  somme,  la  font.  Savet. 

—  REM.  t.  Il  est  dommage  que  ce  verbe  soit  con- 
finé à  une  seule  forme  dans  une  locution  unique. 
Il  faut  louer  les  écrivains  qui  essayent  d'en  rame- 
ner quelque  peu  l'usage.  Voiture  s'en  est  servi  pour 
parler  des  coups  que  se  donnaient  les  paladins  :  Je 
n'ai  pu  pourtant  m'empêcher  de  rire  quand  j'ai  lu 
ce  que  vous  dites,  que  M.  de  R"***  fiert  et  frappe  ainsi 
que  monseigneur Amadis,  lett.  63.  Molière  d.iil  férir 
dans  le  sens  de  frapper  le  cœur  :  Peut-être  en 
avez-vous  déjà  féru  quelqu'une,  Éc.  des  f.  i,  6. 
On  le  trouve  aussi  ailleurs.  On  vint  à  parler  de  la 
devise  de  la  maison  de  Solar  :  Tel  fiert  qui  pe  tue 
pas....  quelqu'un  trouva  dans  cette  devise  une 
faute  d'orthographe,  et  dit  qu'au  mot  fiert  il  ne  fal- 
lait pas  de  t....  je  dis  que  je  ne  croyais  pas  que  le  t 
fût  de  trop;  que  fiert  était  un  vieux  mot  français 
qui  ne  venait  pas  de  férus,  fier,  mais  du  verbe  férir, 
il  frappe ,  il  blesse,  j.  j.  rouss.  Conf.  m ,  part.  i . 
Lancelot  :  Ami,  pourquoi  ne  m'avoir  pas  frappé  [de 
la  lance]  1  —  Tristan  :  ....Férir  ce  que  l'on  aime  , 
C'est  pis  encor  que  se  férir  soi-même,  creuzé  de 
LESSER,  la  Table  ronde,  xvi.  ||2.  La  conjugaison 
était  :  je  fiers,  tu  fiers,  il  fiert,  nous  ferons,  vous 
ferez,  ils  fièrent;  je  ferais  ;  je  féris;  je  ferrai  ;  fier, 
ferons;  que  je  ficre  ;  que  je  férisse;  férant;  féru. 

—  HIST.  XI'  s.  De  cops  ferir,  recevoir  et  doner, 
Ch.  de  Roi.  xc.  ||  xii"  s.  Ainsi  furent,  sans  cop  ferir. 
Desconfit  11  un  et  li  autre,  Benoit,  v.  1 67.  Parmi  le 
cors  [je]  sui  en  mains  lieuz  feruz,  Ronc.  p.  83.  De 
ses  beaus  ieuz  [elle]  me  vint  sans  desfiance  [défi] 
Ferir  au  cuer,  que  n'i  ot  autre  effort,  Coud,  xvi. 
E  quant  li  reis  le  vit,  moult  out  le  quer  [cœur]  irié. 
Ses  mains  feri  ensemble,  et  se  plainst  sans  faintié, 
Th.  le  mart.  aa.  \\  xiii"  s.  Et  là  si  a  un  flum  qui 
fiert  dedens  la  mer,  villeh.  lxxiv.  â  l'uis  com- 
mençai à  ferir.  Autre  entrée  n'i  soi  [je  n'y  sus]  qué- 
rir, lo  Bose,  521 Le  vent  se  feri  ou   voille   et 

nous  ot  [eut]  tolu  [enlevé]  la  veue  de  la  terre, 

joiNV.  210 Là  où  le  soleil  feroit,  qui  fesoit  les 

âmes  resplendir,  id.  2(3.  Car  tieui  [tel]  quide 
[croit]  ferir  qui  tue,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  ii, 
p.  2B5.  Il  xiv  s.  Un  plat  d'argent  blanc,  signé  de 
trois  escussons,  feruz  sur  le  bort  à  armes,  de  la- 
BORDE,  Émaux,  p.  3i6.  ||  xv  s.  Et  ouis  dire  que  si 
tous  les  haulmiers  de  Paris  et  de  Bruxelles  fussent 
ensemble,  ....  ils  n'eussent  pas  mené  ni  fait  grei- 
gneur  noise  comme  les  combattans  et  les  ferans  sur 
ces  bassinets  faisoient,  froiss.  ii,  n,  <87.  Et  pource 
que  je  vous  vois  plus  féru  [épris]  que  la  chose  ne 
vaut,  vous  ai  pieçà  voulu  avertir,  louis  xi,  Nouv. 
xxxiii.  Il  XVI*  s Car  d'aucun  bien  je  ne  fuz  se- 
couru De  celle-là,  pour  qui  j'estois  féru,  mahot,  i, 
(60.  Le  perigordin  appelle  lettre-ferits,  ces  savan- 
teaux;  comme  si  vous  disiez  lettre-ferus,  ausquels 
les  lettres  ont  donné  un  coup  de  marteau,  mont,  i, 
146.  La  sentence  pressée  aux  pieds  nombreux  de  la 
poésie  me  fiert  d'une  plus  vifve  secousse,  id.  i,  16B. 
Mal  joue,  qui  fiert  la  joue,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ferir  ;  espagn.  herir;  ital.  fe- 
rir; du  lat.  ferire,  frapper. 

t  FERLAGE  (fèr-la-j'),  «.  m.  Terme  de  marine. 
Action  de  plier  une  voile  sur  sa  vergue  ;  le  résultat 
de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Ferler. 

FERLÉ,  ÉE  (fèr-lé,  lée),  part,  passé.  Voiles  ferlées. 

FERLER  (fèr-lé),  v.  a.  Terme  de  marine.  Plisser 
la  voile  en  l'apportant  sur  et  le  long  de  la  vergue,  la 
réduire  au  plus  petit  volume,  et  l'attacher  en  cet 
état  avec  des  cordelettes  nommées  rubans  de  fer- 
lage,  JAL.  Il  Se  ferler,  v.  réfl.  Être  ferlé.  Cette  voile 
se  ferle  aisément. 

—  ÉTYM.  Angl.  to  furl.  On  a  dit  fresler:  En  arri- 
vant au  port,  il  [le  contre-maître]  fera  préparer  les 
câbles  et  anchrer  et  amarrer  le  vaisseau,  fresler  les 
voiles  et  dresser  les  vergues,  Ordonn.  août  )88i. 

t  FERLET  (fèr-lé),  s.  m.  Terme  de  papeterie.  In- 
strument pour  placer  les  feuilles  sur  les  perches  ou 
les  cordes  de  l'étendoir. 

FERMAGE  (fèr-ma-j'),  t.  m.  Le  prix  du  bail  à 


FER 

ferme,  payé  annuellement  au  propriétaire  pendant 
la  durée  du  bail. 

—  ÉTYM.  Ferme  ï. 

fFERHAIL  (fèr-mall,  ii  mouillées),  s.  m.  Agrafe, 
crochet,  boucle ,  surtout  en  parlant  de  livres.  Un 
gros  volume  bien  relié  et  garni  de  fermaux  d'ar- 
gent. Il  Terme  de  blason.  Boucle  ronde  ou  en 
losange.  ||  Au  plur.  Des  fermaux. 

—  ÊTYM.  Provenç.  fermalh,  fermai;  bas-lat.  /îr- 
maculum,  ce  qui  sert  à  fixer  ;  de  firmare,  fixer  (voy. 
fermer).  Fermail  signifiait,  dans  l'ancienne  langue, 
une  boite:  Un  fermail  d'or,  faict  à  manière  d'un 
paon  qui  faict  la  roe,  à  pierres  et  à  perles,  de  la- 
borue,  Émaux,  p.  3)2. 

fFERMAILLÉ,  ÉE  (ITir-ma-llé ,  Uée,  II  mouil- 
lées), adj.  Terme  de  blason.  Chargé  de  plusieurs 
fermaux.  Êcu  ferraaillé. 

—  ÉTYM.  Fermail. 

FERMANT,  ANTE  (Fer-man,  man-f  ),  adj.\\  1"  Qui 
se  ferme.  Meuble  fermant.  ||  X  portes  fermantes,  loc. 
adv.  Quand  on  ferme  les  portes.  ||  Â  jour  fermant, 
à  la  fin  du  jour.  ||  2°  S.  m.  Fermant,  volet  qui,  en 
se  fermant,  recouvre  un  tableau  ou  un  miroir,  db 
laborde,  Émaux,  p.  3(3. 

(.FERME  (fèr-m'),  ad;.  ||l°Qui  a  de  la  consis- 
tance ,  de  la  dureté,  par  opposition  à  mou.  Un  ter- 
rain ferme.  Un  gâteau  de  pâte  ferme.  Ce  poisson  a 
la  chair  ferme.  Comme  les  os  se  rendent  plus 
fermes  dans  les  endroits  des  ruptures,  Boss.  Ser- 
mons, jubilé,  Pénitence,  1. 1|  La  terre  ferme,  le  con- 
tinent, ce  qui  n'est  pas  entouré  d'eau,  par  opposition 
aux  lies.  Les  vaisseaux  s'abordaient  par  la  proue  ;  on 
abaissait  de  part  et  d'autre  des  ponts-levis,  et  on  se 
battait  comme  en  terre  ferme,  volt.  Mœurs,  76. 
Il  Particulièrement.  Terre  ferme,  la  partie  des 
États  de  Venise  qui  était  située  sur  le  continent, 
par  opposition  à  Venise  et  aux  lies.  Les  nobles  de 
terre  ferme.  ||  2°  Qui  tient  fixement.  Ce  plancher 
est  ferme.  [La  paix]....  Et  de  la  majesté  des  loi» 
Appuyant  les  pouvoirs  suprêmes.  Fait  demeurer  les 
diadèmes  Fermes  sur  la  tête  des  rois,  malb.  lil,  2. 
La  mer  est  dans  un  état  ferme  d'équilibre;  et,  si, 
comme  il  est  difficile  d'en  douter,  elle  a  recouvert 
autrefois  des  continents  aujourd'hui  fort  élevés  au- 
dessus  de  son  niveau,  il  faut  en  chercher  la  cause 
ailleurs  que  dans  le  défaut  do  stabilité  de  son  équi- 
libre, laplace,  Exp.  IV,  (2.  Il  Fig.  Je  ne  sais  s'il  y  a 
moyen  de  donnerdes  règles  fermes  pour  accorder  les 
discours  à  l'inconstance  de  nos  caprices,  pasc.  Pen- 
sées, I,  3.  Pour  m'attacher  à  vous  par  de  plus  fer- 
mes noeuds,  th.  corn.  Ariane,  ii,  4.  Il  ne  pouvait  y 
avoir  de  paix  ferme  et  durable  que  celle  où  toutes 
les  parties  trouvaient  un  avantage  égal,  rollin, 
Ilist.  anc.  Œunres,  t.  v,  p.  38  (,  dans  pougens.  La 
justice,  plus  exactement  rendue  sous  le  règne  d'Eli- 
sabeth que  sous  aucun  de  ses  prédécesseurs,  fut  un 
des  fermes  appuis  de  son  administration,  volt. 
Mœurs,  (68.  Orbassan  de  nos  lois  est  le  plus  ferme 
appui,  ID.  Tancr.  i,  (.  ||  3*  Qui  se  tient  sans  chan- 
celer. Etre  ferme  sur  ses  pieds,  à  cheval.  ||  Etre 
ferme  sur  ses  étriers,  se  tenir  d'aplomb  à  cheval. 
!|  Fig.  Défendre  son  sentiment,  être  immuable  dan» 
sa  résolution.  Il  De  pied  ferme,  loc.  adv.  Sans  re- 
culer. Attendre  de  pied  ferme  l'ennemi.  Combattre 
de  pied  ferme.  Contre  nous  de  pied  ferme  ils  tirent 
leurs  alfanges,  corn.  Cid,  iv,3.  ||  En  un  sens  par- 
ticulier. Sans  bouger  d'un  lieu.  Il  y  a  deux  heure» 
que  je  vous  attends  ici  de  pied  ferme.  ||  Dans  le» 
manoeuvres  militaires,  conversion  de  pied  ferme, 
conversion  dont  le  pivot  est  fixe.  ||Fig.  et  familière- 
ment. Attendre  quelqu'un  de  pied  ferme,  l'attendre 
avec  la  résolution  de  lui  résister,  témoigner  qu'on  ne 
le  craint  pas.  jj  Terme  de  droit  coutumier.  Pied  ferme, 
héritage  affermé  à  longues  années.  {|  Un  pas  forme, 
un  pas  dans  lequel  le  pied  se  pose  avec  solidité  sur  le 
sol.  Il  Fig.  Avide  de  travaux,  insensible  aux  délices, 
11  marchait  d'un  pas  ferme  au  bord  des  précipices, 
VOLT.  Henr.  ix.  ||  Terme  de  manège.  Un  cheval  saute 
de  fermeàfcrme,  il  saute  dans  la  même  place.  ||  4°  Vi- 
goureux, fort.  Avoir  la  main  ferme,  les  reins  fermes. 
L'artère,  qui  devaltavoir  un  battement  si  continuel  et 
si  ferme,  BOSS.  Connaiss.  u ,  8.  Jj  i  la  paume,  avoir  le 
coup  ferme,  pousser  vigoureusement  la  balle.  |1  Avoir 
la  main  ferme,  signifie  aussi  avoir  une  main  qui  ne 
tremble  pas.  Cet  enfant,  lorsqu'il  écrit,  n'a  pas  la 
main  ferme.  ||  Fig.  Tracer  d'une  main  ferme  le  ta- 
bleau d'une  époque,  le  portrait  d'un  personnage,  etc. 
raconter  ces  événements,  faire  ce  portrait,  etc. 
dans  un  style  ferme,  jj  II  se  dit  dans  un  sens  ana- 
logue de  la  santé.  Malgré  une  constitution  très-forme 
et  une  vie  toujours  très-réglée,  M.  Méry  se  sentit 
tout  d'un  coup  abandonné  de  se»  jambes  vers  l'âge 
de  soixante-qiiinxe  ans,  foktin.  Méry.  Le  baron: 


FER 


FER 


FER 


1645 


Votre  santé,  monsieur?  —  Forlis  :  Assez  ferme;  et  la 
tienne?  uoissy,  Dehors  tromp.  ii,  )0.  {|  6°  Termes 
d'arts  et  de  littérature.  Qui  a  le  caractère  de  la  vi- 
gueur. Un  burin  ferme.  Manière,  éxecution  ferme. 
Le  jeu  de  ce  musicien  est  ferme.  ||  Style  ferme,  style 
qui  a  de  la  concision  et  de  la  force.  ||  6°  Fig.  Qui  a 
de  la  solidité  morale,  qui  ne  se  laisse  ni  changer  ni 
détourner.  L'esprit  sacré  qui  te  conseille  Est  ferme 
en  ce  qu'il  a  promis,  malh.  vi,  2.  Vous  paraissiez 
plus  ferme  en  vos  intentions,  cobn.  Cinna,  m,  2. 
Oui,  je  lui  dois  assez,  seigneur,  quoi  qu'il  en  soit, 
Pour  vous  payer  pour  lui  de  l'amour  qu'il  vous  doit; 
Et  je  vous  le  promets,  entier,  ferme  et  sincère,  m. 
lléracl.  Y,  3.  Il  [AnnibalJ  m'a  surtout  laissé  ferme 
en  ce  point  D'estimer  beaucoup  Rome  et  ne  la 
craindre  point,  m.  Nicom.  ii,  3.  Je  l'ai  toujours 
connu  ferme  dans  son  devoir,  id.  Œdipe,  m,  4.  Le 
plus  ferme  souvent  manque  à  ce  qu'il  propose,  ro- 
TROu,  Ilerc.  mour.  i,  6.  Sitôt  qu'il  crut  son  fils  ferme 
dans  son  devoir,  la  font.  Oies.  Tous  les  hommes 
ensemble  ont  été  fermes  dans  cette  pensée,  sans  que 
j.imais  personne  y  ait  contredit  jusqu'à  ce  temps, 
PAsc.  Pesant,  del'air,  Conclusion.  Un  cœur....  noble 
pour  s'élever  au-dessus  des  passions  et  des  intérêts, 
tondre  pour  assister  les  malheureux,  ferme  pour  ré- 
sister à  l'iniquité,  flécb.  Lamoignon.  Crois-tu  que, 
toujours  ferme  au  bord  du  précipice,  Elle  [la  femme] 
marche  toujours  sans  que  le  pied  lui  glisse?  boil. 
Sat.  X.  Je  demeure  ferme  dans  le  dessein  de  quitter... . 
MAiNTERON,  Lett.  à  l'abbé  Cobelin,  6  août  (674. 
Louis  avait  le  cœur  ferme  et  l'esprit  timide,  nuctos, 
Ilist.  Louis  XI,  Œuv.  t.  m,  p.  368,  dans  pougens. 
Avec  une  âme  juste  et  ferme,  j'ai  désiré  que  mon 
enfant  eût  un  esprit  droit,  éclairé,  étendu,  diderot, 
Lelt.  à  la  comtesse  de  Coerbach,  OEuti.  t.  m,  p.  446, 
dans  POUGENS.  Deux  cents  de  nos  guerriers,  amis 
formes  et  sûrs,  c.  delav.  yêpr.sicil.  m,  6.  {|  Rester 
ferme,  ne  pas  changer  d'opinion.  Mon  bon  homme, 
qui  avait  tant  d'envie  de  voir  le  roi,  resta  ferme  : 
:  -je  crains  les  monopoleurs,  dit-il,  volt.  Polit,  et  lé- 
gislation. Diatribe  à  l'auteur  des  éphém.  ||  En  un 
sens  péjoratif.  Le  ladre  a  été  ferme  à  toutes  les  at- 
taques, mol.  l'Av.  II,  6.  Il  7»  Particulièrement.  Qui  ne 
se  laisse  point  abattre  par  l'adversité,  intimider  par 
le  péril.  Une  âme  ferme.  L'ébranlement  sied  bien 
aux  plus  fermes  courages,  cobn.  Ilor.  i,  (.11  [Va- 
lontinienj  était  chaste,  libéral,  humain,  ferme  dans 
la  mauva:s6  fo;tune,  et  modéré  dans  la  bonne,  fléch. 
Hist.  de  Théod.  iv,  34.  Je  vous  crois  fort  au-dossus 
des  revers  que  vous  avez  essuyés;  toutes  les  âmes 
nobles  sont  fermes,  volt.  Lett.  de  la  Borde,  ta  avr. 
(770.  Il  8°  Il  se  dit  des  choses  en  un  sens  analogue. 
Une  volonté  ferme.  Une  ferme  espérance.  Une  foi 
ferme.  La  vertu  la  plus  ferme  évite  les  hasards, 
COBN.  Poly.  Il,  4.  C'est  peut-être  un  dessein  mal 
ferme  que  le  sien,  id.  Sertor.  iv,  < .  Louis  XIV,  après 
huit  ans  de  désastres  dans  la  guerre  de  la  succes- 
sion d'Espagne,  prit  larésolution  ferme  d'aller  com- 
battre lui-même  à  la  tête  de  ce  qui  lui  restait  de 
troupes,  quoique  à  l'âge  de  soixante-dix  années, 
volt.  Mœurs,  Fragm.  sur  l'hist.  art.  xviii.  Des  ac- 
tions fermes  et  des  paroles  simples;  voilà  le  vrai 
caractère  des  anciens  Romains,  id.  Comm.  sur  Corn. 
Hem.  Pompée.  ||  Avoir  le  jugement  ferme,  l'esprit 
ferme,  la  tête  ferme,  avoir  l'esprit  solide  et  droit. 
Il  Qui  révèle  de  la  fermeté.  Regard,  contenance, 
voix  ferme.  Voilà  Ulysse  lui-même;  voilà  ses  yeux 
pleins  de  feu  et  dont  le  regard  était  si  ferme,  fén. 
Tél.  IX.  Il  9°  Terme  de  commerce  et  de  bourse.  Mar- 
ché, achat,  vente  ferme,  marché,  achat,  vente  qui 
emporte  obligation  de  faire  ou  de  prendre  livraison. 
Il  Ferme  contre  prime,  ou  opération  ferme  contre 
prime,  vente  ferme  et  achat  à  prime.  ||  Terme  d'ad- 
ministration. Marché  à  prix  ferme,  marché  passé 
par  les  ministres  avec  les  fournisseurs  pour  les  ap- 
provisionnements de  l'armée,  «te.  1|10°  Ferme,  ad». 
D'une  manière  ferme,  fortement.  Tenir  quelque 
chose  bien  ferme.  Frapper  ferme.  ||  Se  tenir  ferme, 
se  tenir  solidement.  Polyclète,  se  penchant  trop  sur 
ses  chevaux,  ne  put  se  tenir  ferme  dans  une  secousse, 
il  tomba,  fén.  Tél.  v.  Nous  nous  tenions  ferme,  de 
peur  que,  dans  cette  violente  secousse  [des  vagues], 
le  mât  qui  était  notre  unique  espérance  ne  nous 
échappât,  iD.  ib.  vi.  ||  Faire  ferme,  s'arrêter  dans 
une  retraite,  et  tenir  tête  à  l'ennemi.  Le  général  Ste- 
riaufît  ferme  avec  deux  régiments,voLT.  Charles  XII, 
2.  Il  Fig.  [Il]  Fit  ferme  quelque  temps  et  puis  se  dé- 
mentit, TRISTAN,  M.  de  Chrispe,  i,  3.  Il  faut  faire 
ici  ferme  et  montrer  du  courage,  corn.  Œdipe,  v, 
4.  Il  II  se  dit  aussi  de  la  solidité  d'un  terrain.  Vous 
trouverez  de  la  consistance  au  milieu  de  l'incon- 
stance des  choses  humaines....  vous  demeurerez 
immuables  comme  si  tout  faisait  ferme  sous  vos 


pieds,  Boss.  Panég.  St  Benoit,  î.  ||  Tenir  ferme, 
opposer  une  résistance  vigoureuse.  Toutefois  il 
tient  ferme  et  nous  montre  visage,  du  hïeh,  Scé- 
role,  1,  3.  Tantôt,  sur  les  rives  de  la  Loire,  suivi 
d'un  petit  nombre  d'officiers  et  de  domestiques, 
il  court  à  la  défense  d'un  pont,  et  tient  ferme 
contre  une  armée,  fléch.  Turenne.  Il  tient  ferme 
pourtant  et  ne  perd  point  courage,  hac.  Théb.  v,  3. 
Il  Fig.  Il  tint  ferme  contre  la  critique.  En  tout  cas, 
je  suis  très-assuré  que  vous  tiendrez  ferme  au  mi- 
lieu des  ruines  publiques,  balz.  liv.  i,  lett.  3.  Qu'il 
tienne  ferme  pour  faire  observer  les  lois,  fén.  Tél. 
XIV.  Il  Tenir  ferme,  ne  pas  renoncer  à,  ne  pas  aban- 
donner. Tenons  ferme  dans  l'espérance,  BOSs.  Ser- 
mons, Ascension,  i .  ||  Parler  ferme  à  quelqu'un,  lui 
parler  avec  force,  et  de  manière  à  lui  en  impo- 
ser. Vous  me  parlez  bien  ferme ,  et  cette  suffi- 
sance.... MOL.  Mis.  I,  2.  Il  Fort  et  ferme,  avec  force, 
avec  ardeur,  avec  appétit,  etc.  On  disputera  fort 
et  ferme  de  part  et  d'autre,  mol.  Critique,  8. 
Comme  il  sentait  une  grande  faim  à  son  réveil, 
il  mangea  fort  et  ferme ,  hamilt.  Gramm.  9. 
Il  Ferme,  loo.  interj.  qui  s'emploie  pour  exciter, 
encourager.  Allons,  ferme  !  poussez,  mes  bons  amis 
de  cour,  mol.  Mis.  ii,  B.  Ferme  I  continuez  à  ne  vous 
pas  entendre,  lachaussée.  Préjugé  à  la  mode,  i,  4. 

—  HiST.  xii*  s.  Tant  ai  en  li  [elle]  ferm  assis  mon 
corage,  Qu'aillors  [je]  ne  pense....  Coud,  xix. 
Il  XIII'  s.  Il  lit  le  bref,  car  il  rest  [est]  clers  [clerc], 
Et  de  bien  lire  et  haus  et  fers,  Partonop.  v.  274*. 
L'on  li  amaine  un  bon  ceval....  Bien  afernés  [garni 
de  frein]  et  aaisiés.  Et  fers  et  en  dos  et  en  pies,  ib. 
V.  9034.  Quant  ferme  fut  la  pais  et  la  guerre  fenie, 
aiidefroy  LE  BASTAED,  Romanccro,  p.  <2.  La  cove- 
nance  [la  promesse]  est  moult  grans,  ne  je  ne  puis 
maintenant  veoir  ne  penser  comment  elle  puisse  es- 
tre  ferme,  villeh.  lxxxvi.  De  peine  et  de  travail 
[elle]  dort  si  ferm  et  si  dur,  Bertc,  xli.  X  Socrates 
seras  semblables.  Qui  tant  fu  fers  et  tant  estables, 
Qu'il  n'ert  liés  [gai]  en  prospérités.  Ne  tristes  en 
aversités,  la  Base,  5872.  ||  xiv"  s.  Dieu  doint  à  nos- 
tre  duc  faire  tele  aliance  De  gens  fermes,  entiers, 
et  de  si  grant  puissance,  Que  des  anemis  puissent 
prendre  entière  vengeance.  Complainte  sur  labat. 
de  Poitiers,  Bibl.  des  chartes,  Z'  série,  t.  ii,  p.  263. 
Vertu  est  une  ferme  qualité  de  l'ame,  par  laquelle 
qualité  nous  sommes  enclins  à  eslire  le  moyen  en- 
tre excès  et  defîaute,  oreeme,  Eth.  46.  ||xvi*  s. 
S'estant  fichez  la  vue  ferme  l'un  contre  l'aultre, 
MONT.  I,  (02.  Il  fault  avoir  les  reins  fermes  pour 
entreprendre  de....iD.  i,  66.  Je  marche  plusseur  et 
plus  ferme  à  mont  qu'aval,  m.  i,  <6l.  Une  viande 
massive  et  ferme  [une  nourriture  solide],  id.  i,  189. 
J'avois  une  santé  ferme  et  entière,  id.  i,  <96.  Il  le 
nioit  fort  et  ferme,  in.  i,  323.  Les  dogmatistes  les 
plus  fermes  sont  contraincts,  en  cet  endroict,  de... 
iD.  n,  304.  Ce  n'est  point  une  isle,  ains  terre  ferme 
et  continente  avecques....  id.  i,  232.  Quand  ce  ve- 
noit  à  choquer  de  près  à  pied  ferme,  les  ennemis 
avoient  avantage  sur  eulx,  amyot,  Philop.  )3.  11 
les  rendit  encore  plus  fermes  en  l'alliance  des  Ro- 
mains, iD.  Flam.  30.  Il  fut  contraint  à  faire  quelque 
ferme,  et  là  prit  prisonniers  de  ceux  qui  le  pres- 
soient,  d'aub.  Hist.  m,  232. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  farme;  provenç.  ferm;  cs- 
pagn.  et  portug.  firmo;  ital.  fermo  ;  du  lat.  firmus, 
qui  est  rapporté  au  sanscrit  dhar,  dhri,  tenir  étroi- 
tement, soutenir. 

2.  FERME  (fèr-m'),  s.  f.  \\  1°  Convention  par  la- 
quelle un  propriétaire  abandonne  à  quelqu'un,  pour 
un  temps  et  moyennant  un  prix,  la  jouissance  d'une 
terre,  d'une  maison,  etc.  Donner,  prendre  à  ferme. 
Une  femme  est  chargée  d'ordinaire  do  faire  les 
fermes  et  de  recevoir  les  revenus ,  fén.  t.  xvii , 
p.  89.  Il  Bail  à  ferme  ,  louage  des  héritages  ruraux. 
Il  Fig.  Si  quelques  alliés  sans  foi  Prétendent  que 
tu  tiens  à  ferme  Le  trône  que  tu  dis  à  toi,  bérang. 
Math.  Bruneau.  \\  2°  Par  extension ,  convention 
par  laquelle  le  propriétaire  d'un  droit  abandonne 
à  quelqu'un  pour  im  temps  et  pour  un  prix  dé- 
terminés la  jouissance  de  ce  droit.  La  ferme  des 
chaises  d'une  église.  ||  La  ferme  des  jeux,  la  faculté 
accordée  par  un  Etat  de  tenir  des  maisons  de  jeu. 
Il  3°  Délégation  que  le  souverain  fait  du  droit  de 
percevoir  certains  revenus.  Le  séLat  disposait  des 
deniers  publics  et  donnait  les  revenus  à  ferme, 
MONTESQ.  Esp.  II,  <7.  Il  Dans  l'ancienne  monarchie, 
les  fermes  du  roi,  certaines  portions  de  revenus 
royaux  et  des  impôts  publics,  dont  la  levée  était 
confiée  par  un  bail  à  une  ou  plusieurs  personnes, 
qui  en  rendaient  la  somme  convenue  au  trésor 
royal.  Enfin  elle  [une  compagnie]  se  chargea  des 
fermes  gcncra!c.î  du  royaume;  tout  fut  donc  entre 


les  mains  de  l'Écossais  Lass  [Law],  et  toutes  les 
finances  du  royaume  dépendirent  d'une  compagnie 
de  commerce,  volt.  Louis  XV,  a.  ||  Il  s'est  dit 
aussi  des  administrations  chargées  de  percevoir  les 
revenus  publics  donnés  à  ferme.  H  a  fait  sa  for- 
tune dans  les  fermes.  ||  Ferme  générale,  administra- 
tion composée  de  tous  les  fermiers  généraux  réu- 
nis. Il  Provinces  des  cinq  grosses  fermes,  celles  qui 
acceptèrent  le  tarif  dressé  par  Colbert  en  4664. 
Il  4°  Domaines  ruraux  donnés  à  ferme.  Acheter  une 
ferme.  Ce  domaine  comprend  trois  fermes.  Des  fermes 
dont  les  plus  petits  détails  renferment  une  foule  do 
moyens  de  salubrité,  de  commodité  ou  de  profit, 
moyensqui,  suggérés  par  une  physique  éclairée,  sont, 
pour  les  habitants  de  la  campagne,  des  leçons  et  des 
modèles,  condoecet,  Duhamel.  ||  Ferme  école  ou 
ferme  modèle,  établissement  pour  former  des  agri- 
culteurs et  perfectionner  la  culture.  ||  Habitation  du 
fermier;  bâtiments  d'exploitation  delà  ferme.  Une 
belle  ferme.  ||  B°  Jeu  qui  se  joue  avec  6  dés  marques 
d'un  seul  côté.  ||  Jeu  de  cartes  à  1 0  ou  <  2  personnes. 

—  HIST.  xiii  s.  Si  comme  deus  compaignons  pren- 
dent  une  ferme  à  trois  ans,  beaum.  xxi,  30.  Li  se- 
cons  cas  si  est  se  feme  a  baillié  son  doaire  à  ferma 
de  grain  ou  de  denier,  et  ele  muert  avant  que  les 
despuelles  soient  levées,  id.  xiii,  46.  ||  xvi*  s.  Cette 
grand  ville  ne  demeura  gueres  à  sentir  de  l'incom- 
modité par  ces  petites  garnisons;  la  cavalerie  qui 
estoit  dedans  ayant  bientost  pris  à  ferme  les  grands 
chemins  de  Normandie,  du  Perche  et  du  Maine,  et 
rendu  celui  d'Orléans  dangereux,  d'aub.  Hist.  1,  212. 

—  ÉTYM.  Picard,  farme;  provenç.  ferma;  bas-lat. 
firma;  de  l'adj.  latin  firmus,  chose  ferme,  établie, 
convenue. 

3.  FERME  (fer-m'),  s.  f  \\  1°  Terme  de  théâtre. 
Décoration  montée  sur  un  châssis  et  qui  se  détacha 
de  la  toile  du  fond.  Les  fermes  représentent  une 
colonnade,  un  arbre,  etc.  On  appelle  ferme,  dans 
toutes  les  circonstances,  une  décoration  qui  s'élève 
de  dessous,  au  lieu  de  descendre  du  cintre  ou  do 
rouler  par  les  coulisses,  c.  blaze,  Hist.  de  TAcad. 
demusique,  xxvui,  1. 11,  p.  385.  Deux  fermes,  sur  les- 
quelles onavaitpeintdescharbonsardentSjdesfiam  - 
mes  véritables  qui  s'élançaient  à  travers  les  découpe- 
monts  de  la  première  ferme,  percée  de  plusieuis 
trous;  cette  première  ferme  s'ouvrant  pour  recevoir 
Olympie,  et  se  refermant  en  un  clin  d'iril;  tout  cit 
artifice  enfin  a  été  si  bien  ménagé  que  la  pitié  vt 
la  terreur  étaient  au  comble,  volt.  Lelt.  Duc  de 
Villars,  26  mars  1762.  ||  2°  Terme  de  charpenteric. 
Assemblage  de  pièces,  sur  lesquelles  posent  d'autres 
pièces  qui  portent  un  comble.  Demi-ferme,  la  moi- 
tié de  la  ferme  d'un  comble.  Demi-ferme  de  croupe, 
celle  qui  est  placée  dans  le  milieu  de  la  croupo. 
Demi-ferme  d'arêtier,  celle  qui  est  placée  dans  la 
plan  de  l'arêtier.  Ferme  brisée,  la  ferme  d'un  com- 
ble en  mansarde.  ||  3°  Armoire  qui  était  ordinaire- 
ment dans  le  greffe  du  tribunal  ou  dans  la  sacristie 
de  l'église  paroissiale  de  chaque  juridiction. 

—  HIST.  xiV  s.  L'une  [copie]  avons  mis  et  con- 
signé en  nostre  ferme  [armoire]  et  arche  do  l'eche- 
vinage,  boutillieb.  Somme  rur.  p.  887,  dans  la- 
corne.  Jusques  à  ce  qu'il  soit  temps  de  les  mettra 
[les  éperviers]  en  la  ferme,  Mênagier,  m,  2.  ||  xv*  s. 
A  tant  chevauchèrent  les  deux  chevaliers,  jusqu'à 
ce  qu'ils  trouvèrent  le  pont;  mais  defl'ense  y  avoit 
pour  gens  de  cheval;  car  il  y  avoit  une  belle  fermo 
[barrière]  auprès  d'ung  pillier,  auquel  pendoit  un 
cor  d'ivoire,  Perceforesl,  t.  v,  f°  87. 

—  ÉTYM.  Fermer. 

FERMÉ, ÉE  (fèr-mé,  mée), part,  passé.  \\  1°  Rendu 
ferme,  fixe  (ce  qui  est  le  sens  propre).  ||  Terme  do 
vénerie.  Les  gros  cerfs  ont  les  pinces  fermées , 
c'est-à-dire  serrées  l'une  contre  l'autre,  quand  ils 
vont  d'assurance.  ||  Terme  de  grammaire.  Ë  fermé, 
é  aigu,  comme  dans  bonté  [e  dans  lequel  le  son 
est  appuyé).  ||  Terme  de  commerce.  Drap  fermé, 
drap  bien  fabriqué,  qui  n'est  point  lâche.  ||  Fermé 
à,  résolu  à  (sens  qui  a  vieilli).  Puisqu'il  était  fermé 
à  no  point  parler  au  roi,  st-sim.  t.  viii,  p.  i3v, 
édit.  Chéruel.  ||  2°  Qui  n'est  pas  ouvert.  Une  porta 
fermée.  Des  ciseaux  fermés.  Un  couteau  fermé, 
couteau  dont  la  lame,  mobile,  est  logée  dans  le 
manche.  L'envieux  qui  verra  du  plus  creux  de  l'a- 
bîme Le  ciel  ouvert  aux  saints  et  fermé  pour  son 
crime,  corn.  Imit.  i,  24.  La  nature  est  pour  l'homme 
un  livre  fermé  ,  mass.  Car.  Vérité  de  la  rel.  Les 
boutiques  et  la  banque  furent  fermées  un  jour  à 
Londres,  volt.  Louis  XV,  24.  ||  Fig.  Cieux  fermés, 
se  dit  d'un  ciel  qui  ne  verse  ni  pluie  ni  rosée.  Les 
cieux  par  lui  fermés  et  devenus  d'airain,  vAC.Athal. 
i,  I.  Il  Main  fermée,  main  dans  laquelle  les  doigts 
sont  repliés  sur  la  paume.  Frapper  à  main  fermée. 


1646 


FER 


FER 


FER 


II  Fig.  Il  me  semble  qu'il  ne  faut  pas,  comme  Fon- 
teuelle,  tenir  la  main  fermée  quand  on  est  sûr  d'y 
avoir  la  vérité,  d'aj-ïmb.  Letl.  au  roi  de  Prusse,  » 
mars  (770.  ||  Frapper  à  poings  fermés,  frapper  ferme, 
et,  par  plaisanterie, dormir  àpoings  fermés, dormir 
profondément.  ||  Yeuxformés,yeuxdontles paupières 
sontappliquéesexactementl'unecontrel'autre.  ||  Fig. 
Les  yeui  fermés,  se  dit  quand  on  agit  par  confiance 
ou  par  déférence  pour  quelqu'un.  J'ai  signé  les 
yeux  fermés.  ||  Yeux  fermés,  se  dit  aussi  de  celui 
qui  se  laisse  abuser,  induire  en  erreur.  Ses  yeux 
longtemps  fermés  s'ouvrirent  à  la  fin;  Il  connut  son 
erreur....  hac.  Brit.  iv,  2.  {{ Trouver  la  porte  fermée, 
ne  pas  rencontrer  la  personne  qu'on  venait  voir. 
l\  3"  Terme  de  marine.  Port  fermé,  port  obstrué  par 
les  glaces  ou  bien  entouré  de  côtes.  ||  Navire  fermé, 
navire  bien  garanti  de  l'introduction  des  lames. 
Il  Rade  fermée,  rade  à  l'abri  des  lames.  |{  Terme  de 
métier.  Carde  fermée,  carde  dont  les  dents  sont 
trop  rapprochées.  ||  4°  Fig.  Il  se  dit  de  tout  ce  que 
par  similitude  on  dit  fermé.  Il  [mon  cœur]  est 
si  peu  fermé  que  chacun  y  peut  lire,  corn.  Ser- 
tor.  Il,  2.  C'est  que  vous  voyez  bien  que  tous  les 
moyens  vous  en  sont  fermés,  mol.  G.  D.  m,  8.  Tous 
les  cœurs  des  humains  sont-ils  fermés  pour  moi? 
VOLT.  Mariamne,  m,  3.  Ah!  si  pour  moi  jamais  tout 
cœur  était  fermé,  André  chén.  ÉUg.  xii.  Dépouille 
devant  tous  l'orgueil  qui  te  dévore.  Cœur  gonflé  d'a- 
mertume et  qui  t'es  cru  fermé,  A.  de  musset,  Poés. 
nouv.  Nuit  d'avril.  ||  Avoir  le  cœur  fermé  pour  une 
personne ,  être  incapable  d'amour  pour  elle.  Mon 
cœur,  tout  à  Plautine,  est  fermé  pour  Camille,  corn. 
Othon,i,i.  115°  Enclos.  Il  fallut  que  le  marquis 
d'Obando  ,  alors  gouverneur,  prit  ce  citoyen  sous 
sa  sauvegarde,  et  lui  assignât  un  terrain  fermé  où 
il  pût  continuer  avec  sûreté  ses  opérations,  ray- 
NAL,  Hist.  phil.  V,  te.  Il  S.  m.  Terme  de  vénerie. 
Le  fermé,  le  terrain  compris  entre  les  haies.  {|  6°  Fer- 
mé à,  interdit X  nos  vaisseaux  la  mer  toujours 

fermée,  rac.  Iphig.  i,  2.  |{  Fermé  à,  qui  no  reçoit 
pas.  Â  tout  autre  désir  mon  cœur  était  fermé,  id. 
Baj.  V,  4.  Des  yeux  fermés  aux  beautés  de  la  na- 
ture, et  des  cœurs  encore  moins  ouverts  aux  senti- 
monts  qu'elle  inspire,  buff.  Ois.  t.  xm,  p.  403,  dans 
POOGENS.  Ah  (qu'à  ces  vains  regrets  ton  Ame  soit 
ferméel  lamart.  Ilarm.  11,  <2.||  On  dit  de  môme  : 
Un  esprit  fermé  à  certaines  idées,  un  esprit  qui  no 
les  admet  pas,  ne  les  comprend  pas.  ||  7"  Nuit  fer- 
mée, le  moment  où  l'obscurité  est  devenue  com- 
plète. N'avez-vous  point  remarqué  que  les  jours 
n'ont  point  été  si  courts  [en  décembre]  qu'à  l'or- 
dinaire? il  y  a  trois  ou  quatre  ans  que  je  l'entends 
dire  à  Paris  ;  l'abbé  Têtu  en  avait  parlé  à  l'obser- 
vatoire, et  disait  qu'à  cinq  heures  la  nuit  était 
fermée  autrefois,  et  qu'à  présent  on  lisait  encore  à 
cinq  heures,  sÉv.  609.  ||8°  Aristocratie  fermée,  et, 
en  général,  classe  fermée,  celle  dont  les  membres 
ne  s'allient  qu'entre  eux,  et  qui  n'admet  pas  de 
membres  étrangers  par  leur  origine.  ||  9°  X  certains 
jeux,  au  domino  par  exemple,  on  dit  que  le  jeu 
est  fermé,  lorsque  aucun  des  joueurs  ne  peut  plus 
rien  poser.  ||  Proverbe.  Il  faut  qu'une  porte  soit  ou- 
verte ou  fermée,  c'est-à-dire  il  ne  faut  pas  vouloir, 
ordonner  des  choses  contradictoires. 

t  FERME-BOORSE(fèr-me-bour-3'),  s.  m.  Espèce 
de  fermoir  qui  clôt  l'entrée  d'une  bourse.  ||  Au  plur. 
Des  ferme-bourse. 

—  ÉTYM.  Fermer,  et  bourse. 

FERMEMENT  (fèr-me-man),  adv.  ||  1°  D'une  ma- 
nière ferme,  avec  vigueur.  S'appuyer  fermement. 
Ij  i'  D'une  manière  ferme,  invariablement,  con- 
stamment. Il  était  fermement  persuadé  que  l'année 
était  de  trois  cent  soixante-cinq  jours  et  un  quart, 
malgré  la  nouvelle  philosophie  de  son  temps,  volt. 
Zadig ,  * .  Les  miracles  sont  faits  Pour  qui  veut  ferme- 
ment la  mort  ou  le  succès,  saurin,  Spartac.  ni,  4. 

—  HlST.  3un*  s.  De  sa  cemise  estreitement  [il] 
Bende  sa  plaie  fermement,  karie,  Gugemer.  Et  sa 
nature  [de  l'aigle]  est  de  esgarder  contre  le  soleil  si 
fermement,  que  si  oil  [ses  yeux]  ne  remuent  gouto, 
bruh.  latini.  Trésor,  p.  (»6.  Li  quensLooys  de  Blois 
et  de  Chartain,  qui  malades  avoit  esté  ne  encores 
n'estoit  mie  fermement  guéris,  remest  en  Constan- 
tinoble,  villeh.  cxiii.  ||  iiv*  s.  Tien  fermement  que 
cellui  n'est  pas  bien  enseigné  qui  ne  scet  avoir  pa- 
tience, Uénagier,  1,  ».  ||  IV  s.  Il  jurera  aussi  secon- 
dement Qu'en  ung  seul  lieu  aimera  fermement, 
CH.  d'obl.  4.  ||xvi' s.  Titus  demouroit  fermement 
wny  de  ceulx  à  qui  il  avoit  une  fois  fait  plaisir, 
*MTOT,  Flamin.  et  Philop.  2. 

—  KTYM.  Ferme  t ,  et  le  suffixe  merit;  provenç. 
fermamen;  catal.  fcrmament;  espagn.  et  portug. 
fimetnente;  ital.  fermamenle. 


FERMENT  (fèr-man),  s.  m.  ||  i°  Substance  qui  a  la 
propriété,  sous  certaines  influences,  de  développer, 
dans  les  matières  organiques,  avec  lesquelles  on  la 
met  en  contact,  une  action  moléculaire  d'où  résul- 
tent difl'érents  produits  tels  que  do  l'alcool,  de  l'a- 
cide acétique,  etc.  La  levure  de  bière  est  un  fer- 
ment. Il  2°  Fig.  Ce  qui  excite  ou  entretient.  Quel 
ferment  de  patriotisme  dans  tous  les  coeurs  I  ;.  J. 
Houss.  Pologne,  <i.  Les  vertusqui  n'attendaient  pour 
écloro  que  le  ferment  de  l'adversité,  id.  Conf.  vi.  Ce 
temple  àla  révolte  ouvert  incessamment  D'une  éter- 
nelle haine  entretient  le  ferment,  oliraud,  Macha- 
bées,  m,  6.  Il  3°  Fragment  d'hostie  consacrée  que  les 
évêques  envoyaient  aux  prêtres  de  leur  diocèse. 

—  HIST.  XVI"  s.  Quelque  reliquat  et  portion  du 
ferment  de  ce  virus,  paré,  xvi,  se. 

—  ÊTYM.  Provenç.  ferment;  espagn.  et  ital.  fer- 
mertlo;  du  latin  fermenlum,  do  fervere,  être  chaud 
(voy.  fekvkur). 

fFERMENTAIRE  (fér-man-tê-r'),  s.  m.  Nom 
donné  aux  chrétiens  grecs  qui,  dans  la  consécra- 
tion, se  servent  do  pain  fait  avec  du  levain,  par  oppo- 
sition à  azymite. 

+  FERMENTANT,  ANTE  (  fèr-man-tan,  tan-t'), 
adj.  Qui  fermente.  Une  matière  fermentante. 

FERMENTATIF,  IVE  (fèr-man-U-tif,  ti-v'),  adj. 
Qui  produit  la  fermentation.  La  levure  de  bière  est 
une  matière  fermentative. 

—  ÉTYM.  Fermenter. 

FERMENTATION  (fèr-man-ta-sion;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.Wi"  Terme  de  chimie.  Réaction 
spontanée,  qui  s'opère  dans  un  corps  d'origine  or- 
ganique par  la  seule  présence  d'un  ferment,  lequel 
n'emprunte  ni  ne  cède  rien  au  corps  qu'il  décom- 
pose. Il  trouva  qu'en  exposant  le  grain  dans  des 
étuves  à  une  chaleur  assez  forte  pour  faiire  périr  les 
œufs  ou  les  nymphes  des  insectes,  en  le  privant  par 
cette  même  opération  de  son  humidité,  on  le  garan- 
tissait à  la  fois  des  deux  fléaux  les  plus  destructeurs, 
la  fermentation  et  les  insectes,  condobcet,  Duha- 
mel. Il  Fermentation  saccharine,  celle  dans  laquelle 
il  se  forme  du  sucre  aux  dépens  de  la  fécule.  Fer- 
mentation vineuse,  spiritueuse  ou  alcoolique,  celle 
qui  produit  l'alcool  par  la  décomposition  du  sucre. 
Fermentation  acide,  celle  qui  a  pour  principal  ré- 
sultat de  l'acide  acétique.  Fermentation  putride, 
celle  qui  donne  lieu  à  des  produits  plus  eu  moins 
infects.  ||  2°  Dans  l'ancienne  physiologie,  fermenta- 
tion du  sang,  état  hypothétique  du  sang  comparé  à 
une  fermentation.  Il  se  fait  dans  le  cœur  une  fer- 
mentation du  sang,  boss.  Conn.  de  Dieu,  11,  9.  Age 
où  le  sang  en  fermentation  commence  d'échauffer 
l'âme,  j.  j.  ROuss.  Ém.  iv.  ||Dans  l'ancienne  méde- 
cine, fermentation  des  humeurs,  état  hypothétique 
des  humeurs  comparé  à  une  fermentation.  ||  3"  Il 
s'est  dit  dans  l'ancienne  chimie  pour  toute  espèce 
de  réaction.  C'est  réellement  le  feu  qui  produit  le 
mouvement  interne  de  tous  ces  corps;  mais,  dira- 
t-on,  comment  peut-il  exciter  des  fermentations 
froides  qui  font  baisser  le  thermomètre?  volt.  Nat. 
du  feu,  m,  <.  ||  4°  Fig.  Agitation  des  esprits.  C'est 
qu'il  n'y  eut  aucun  levain  de  fermentation  du  temps 
de  Louis  XII,  et  que,  du  temps  de  Henri  II,  tous  les 
ordres  de  l'État  commençaient  à  être  échauffés  et 
aigris,  VOLT.  Ilist.  du  pari.  ch.  <3.  Dans  la  fermen- 
tation où  sont  les  esprits  on  ne  veut  pas  s'exposer 
aux  plaintes,  id.  Lett.  d'Argental,  27  janv.  <76*.  Il  y 
a  des  temps  où  il  ne  faut  pas  irriter  les  esprits,  qui 
ne  sont  que  trop  en  fermentation,  id.  Lett.  Da- 
milaville,  27  janv.  (764.  La  fermentation  est  aussi 
forte  dans  les  provinces  qu'à  Paris,  id.  Lett.  Riche- 
lieu, 29  avr.  4  771.  Je  ne  sais  si  j'ai  trop  bonne  opi- 
nion de  mon  siècle  ;  mais  il  me  semble  qu'il  y  a  une 
certaine  fermentation  de  raison  universelle  qui  tend 
à  se  développer,  qu'on  laissera  peut-être  se  dissiper, 
et  dont  on  pourrait  assurer,  diriger  et  hâter  les  pro- 
grès par  ime  éducation  bien  entendue,  duclos,  Con- 
sid.  momrs,  ch.  2.  Avez-vous  lu  \m  ouvrage  intitulé 
Dialogue  sur  le  commerce  des  blés?  il  excite  ici 
une  grande  fermentation,  d'alemb.  Lett.  d  Voltaire, 
25janv.  4770. 

—  ETYM.  Fermenter. 

FERMENTÉ,  ÉE  (fèr-man-té,  tée),  part,  passé. 
Qui  a  subi  la  fermentation.  Les  liqueurs  fermentées. 

FERMENTER  (fèr-man-té).  ||  1"  F.  o.  Mettre  en 
fermentation  (cet  emploi  actif,  qui  est  latin  et  ar- 
chaïque, n'est  plus  en  usage).  On  peut  penser  que  le 
cœur  mêle  dans  le  sang  une  matière,  quelle  qu'ella 
soit,  capable  de  le  fermenter,  boss.  Cotmaiss.  a,  t). 
Il  2*  Y.  n.  Terme  de  chimie.  Être,  entrer  en  fer- 
mentation. Ce  limon  fangeux,  fermentant  sous  les 
ardeurs  du  tropique,  dut  soutenir  longtemps  et  mul-  I 
tiplier  à  l'infini  toutes  ces  générations  impures,  in 


formes,  qui  n'ont  cédé  la  terre  à  des  habitants  plus 
nobles  que  quand  elle  s'est  épurée,  bupp.  Oisiaux 
t.  XV,  p.  3,  dans  podoens.  ||  Il  se  dit  quelquefois  do 
ce  qui  a  l'apparence  d'un  mouvement  de  ferment* 
tion.  C'est  ainsi  qu'une  demi-once  de  sel  volatil 
d'urine  et  trois  onces  de  vinaigre,  en  fermentant,  font 
baisser  le  thermomètre  de  neuf  à  dix  degrés,  volt. 
Ess.  sur  la  nat.  du  feu,  m,  < .  ||  3"  Fig.  S'agiter,  s'i'- 
mouvoir.  Les  esprits,  les  têtes  fermentent.  Dans  Ici 
cœuis  irrités  la  sédition  fermente,  angelot,  f  «'«que, 
III,  3.  Il  II  se  dit  aussi  des  passions  et  des  sentiments. 
La  honte,  le  remords,  la  rage,  la  douleur.  Mille 
poisons  brûlants  fermentent  dans  mon  cœur,  va 
bhlloy.  Siège  de  Calais,  11,  4.  Mais  où  l'on  vécut  li- 
bre, un  reste  de  courage  Longtemps  fermente  et  fait 
détester  l'esclavage,  m.  i.  chén.  Gracques,  1,  2. 

—  HIST.  xvr  s.  Il  inventa  le  levain  pour  fermen- 
ter la  paste,  le  sel  pour  luy  donner  saveur,  bab. 
Pant.  IV,  64. 

—  ÉTYM.  Lat.  fermentare,  mettre  en  fermenta- 
tion, de  fermenlum,  ferment. 

t  FERMENfESCIBlUTÉ  (  fer-man-  tè-ssi  -bi-li- 
té),  s.  f.  Qualité  de  ce  qui  est  fermentescible. 

t  FERMENTESCIBLE  (fèr-man-tè-ssi-bl'),ad;.  Qui 
est  sujet  à  la  fermentation.  L'analyse  du  grain  de 
froment  présente  deux  substances  très-caractérisées  : 
la  première  est  muqueuse,  nutritive,  fermentesci- 
ble, et  connue  sous  le  nom  d'amidon,  bohket,  Con- 
templ.  nat.  vi,  vi,  note  4. 

—  ÉTYM.  Fermenter. 

FERMER  (fèr-mé),  v.  a.  \\  l»  Arrêter,  fixer.  C'est 
le  sens  propre  de  ce  verbe  conservé  seulement  dans 
ce  terme  de  navigation  :  fermer  un  bateau,  l'ar- 
rêter ou  l'attacher;  et  dans  ce  terme  de  droit  cou- 
tumier:  rendre  le  témoignage  appelé  ferme;  et 
dans  ce  terme  d'architecture:  fermer  une  baie  de 
porte  ou  de  croisée ,  établir  sur  ses  pieds-droits 
une  arcade  ou  une  plate-bande,  ou  y  poser  des 
linteaux  ;  et  dans  ce  terme  de  grammaire  :  fermer 
Ye,  fermer  une  voyelle,  lui  donner  le  son  fermé. 
Il  2°  Appliquer,  mettre  ferme  une  chose  qui  sert  à 
clore.  Fermez  la  porte ,  la  fenêtre  ,  les  contre- 
vents. Il  Fermer  la  porte  à  quelqu'un,  l'empêcher 
d'entrer.  ||  Fermer  la  porte  sur  quelqu'un ,  sur 
soi,  fermer  la  porte  après  que  quelqu'un  est  en- 
tré ou  sorti,  fermer  la  porte  en  entrant  ou  sortant. 
Il  Familièrement.  Fermer  la  porte  au  nez  de  quel- 
qu'un, à  quelqu'un,  pousser  rudement  la  porte  con- 
tre lui  au  moment  où  il  se  présente  pour  entrer. 
Il  Fig.  Fermer  la  porte  à  quelqu'un,  ne  pas  le  rece- 
voir. Elle  m'avait  fait  fermer  sa  porte  le  matin, 
mais  elle  me  reçut  le  soir,  genlis,  Ad.  et  Théod. 
t.  i,  lett.  3,  p.  7,  dans  pougens.  jj  Absolument.  Fer- 
mer sa  porte,  refuser  toute  visite.  ||  Se  faire  fermer 
la  porte,  éprouver  le  refus  d'être  admis.  Anacréon 
et  les  gens  de  sa  sorte,  Comme  Waller,  Saint-Ëvre- 
mont  et  moi,  Ne  se  feront  jamais  fermer  la  porte; 
Qui  n'admettrait  Anacréon  chez  soi?  Qui  bannirait 
Waller  et  la  Fontaine?  la  font.  Lett.  xvni.H  Toutes 
les  portes  lui  sont  fermées,  il  n'est  reçu  nulle  part. 
Il  Fig.  La  porte  des  emplois,  des  honneurs,  lui  est 
fermée,  il  n'aaucunmoyend'obtenir  une  place,  des  di- 
gnités. Il  Fig.  et  poétiquement.  Fermer  les  portes  du 
temple  de  Janus,  les  portes  de  la  guerre,  faire  la  paix 
(voy.  JANOS)  Il  Fig.  Fermer  la  porte  aux  desordres, 
aux  abus,  les  emi)êcher,  les  prévenir.  ||  Fermer  la 
porte  aux  mauvaises  pensées,  aux  mauvais  conseils, 
les  éloigner,  les  rejeter,  jj  Fermer  ses  portos,  se  dit 
d'une  ville  qui  se  décide  à  résister  à  un  ennemi.  Il 
n'y  eut  que  Samé,  qui,  après  avoir  fait  sa  soumis- 
sion comme  les  autres,  s'en  repentit  et  ferma  ses 
portes  aux  Romains,  bollin,  Hist  anc.  (ItÀtvres, 
t.  VIII,  p.  448,  dans  pougens.  ||  3°  Par  extension, 
clore  ce  qui  est  ouvert.  Fermer  une  chambre,  un 
magasin,  un  secrétaire,  une  armoire,  une  malle. 
Fermer  une  boutique.  L'ange  du  Seigneur  se  fit 
voir  armé  de  l'épée,  et  ferma  pour  jamais  l'entrée 
de  ce  jardin  de  délices,  bourdal.  Exhort.  Crtidf.  fi 
mor»  de  /.  C.  t.  n,  p.  4  75.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Fermer  boutique,  cesser  de  travailler  ou  de  vendre 
en  boutique,  quitter  le  commerce.  ||  Terme  d'archi- 
tecture. Fermer  une  voûte,  en  poser  la  clef.  Fermer 
un  cours  d'assises,  en  poser  la  dernière  pierre. 
Il  Terme  de  marine.  Fermer  im  port,  en  barrer 
l'entrée;  mettre  embargo  sur  les  navires  qui  s'y 
trouvent.  Fermer  une  batterie,  en  laisser  tomber 
les  mantelets.  Fermer  une  voile,  la  brasser  au  vent. 
Fermer  l'angle,  se  placer  de  manière  à  apercevoir 
deux  objets  sur  une  même  ligne.  ||  4°  Par  analogie. 
Fermer  un  robinet.  ||  Fermer  un  tiroir,  le  faire  ren- 
trer dans  le  meuble  où  il  est  emboîté.  ||  Fermer  lei 
rideaux,  tirer  les  rideaux.  Brinon,  mon  ami,  lui- 
dis-je,  avec  un  grand  soupir,  fermez  le  rideau,  je 


FER 

suis  indigne  de  voir  le  jour,  hamilt.  Gramm.  3. 
Il  B"  Rapprocher  l'une  contre  l'autre  des  parties 
dont  l'écartement  figurait  une  ouverture.  Fermer 
un  couteau,  des  ciseaux.  Fermer  un  sac.  Fermer  un 
livre.  Fermer  la  main.  ||  Fermer  une  lettre,  un  pa- 
quet, plier  et  cacheter  une  lettre,  un  paquet.  ||  Fer- 
mer les  yeux,  rapprocher  les  paupières,  de  sorte 
qu'OB  ne  voit  plus.  Il  ferma  les  yeux  à  cause  du 
jour  trop  vif.  Et  qui  me  trouve  mal  n'a  qu'à  fermer 
les  yeux,  MOL.  Éc.  des  maris,  i,  i.\\  Par  extension. 
Fermer  les  yeux,  mourir. ||  Familièrement.  Ne  pou- 
voir fermer  l'œil,  les  yeux,  ne  pouvoir  dormir.  Mais 
en  ma  chambre  à  peine  ai-je  éteint  la  lumière, 
Ou'il  ne  m'est  plus  permis  de  fermer  la  paupière, 
BoiL.  Sat.  VI.  Il  Fig.  Fermer  les  yeux  sur  quelque 
chose,  faire  semblant  de  ne  pas  s'apercevoir  de  ce 
qui  a  lieu.  Et  moi  fermant  les  yeux  sur  ce  noir  at- 
tentat, COEN.  Rodog.  m,  3.  Sur  tout  ce  que  j'ai  vu, 
fermons  plutôt  les  yeux,  rac.  Baj.  iv,  4.  ||  Absolu- 
ment. Se  voyant  tromper,  elle  fermait  les  yeux, 
CORN.  Rodog.  I,  7.  J'aimai  mieux  fermer  les  yeux, 
pour  ne  pas  voir  les  artifices,  fén.  Tél.  xiii.  Plu- 
sieurs jésuites  se  cachèrent  dans  des  provinces 
éloignées,  d'autres  dans  Kanton  même,  et  on  ferma 
les  yeux,  volt.  Dict.  phil.  Chine.  ||  Fermer  les  yeux 
à  quelque  chose,  se  refuser  à  voir  ce  qui  est  évi- 
dent, à  croire  ce  qui  est  certain.  Fermer  les  yeux 

à  la  vérité,  à  l'évidence Je  fermais  les  yeux  à  ce 

nouvel  ennui,  cobn.  Œdipe,  ii,  2.  ||  Fermer  les  yeux 
à  quelqu'un,  empêcher  qu'il  ne  voie  les  choses  telles 
qu'elles  sont.  Thésée  ouvre  vos  yeux  en  voulant  les 
fermer  [sur  le  mérite  d'Aricie],  rag.  Phèdre,  i,  1. 
X  tant  d'attraits,  amour,  ferme  ses  yeux,  ID.  Andr. 
II,  3.  Mon  amour  pour  ma  patrie  ne  m'a  jamais 
fermé  les  yeux  sur  le  mérite  des  étrangers,  volt. 
ilérope,  lett.  \\  Fermer  les  yeux,  intercepter  la  vue. 
Il  la  rendit  [la  justice],  sans  l'amollir,  douce  et  trai- 
table  ;  il  leva  le  bandeau  qui  fermait  ses  yeux,  et 
lui  laissa  jeter  des  regards  de  pitié  sur  les  miséra- 
bles, FLÉCH.  Latnoignon.  \\  Fermer  les  yeax  à  quel- 
qu'un, rapprocher  ses  paupières  après  qu'il  est  mort; 
et  fig.  l'assister  dans  ses  derniers  moments.  Cé- 
phise,  c'est  à  toi  de  me  fermer  les  yeux,  rac. 
Andr.  iv,  1.  Je  croyais  (jue  tes  mains  fermeraient 
mes  yeux,  fén.  Tél.  xvii.  Le  fils  se  revêt  des  dé- 
pouilles du  père,  lui  ferme  les  yeux,  mass.  Carême, 
Mort.  Tes  triomphantes  mains  vont  fermer  ma  pau- 
pière, VOLT.  Brutus,  IV,  6.  Il  Fermer  les  yeux,  si- 
gnifie quelquefois  faire  cesser  de  vivre.  Aux  uns  à 
qui  la  mort  allait  fermer  les  yeux.  Leurs  libérales 
mains  ouvraient  déjà  les  cieux,  volt.  Ilenr.  x. 
Il  Fermer  la  bouche,  rapprocher  ses  lèvres  de  ma- 
nière que  la  bouche  ne  soit  plus  ouverte.  ||  Fer- 
mer la  bouche ,  se  dit  d'une  cérémonie  dans  la- 
Quelle  le  pape  impose  les  doigts  sur  la  bouche 
d'un  nouveau  cardinal  pour  l'avertir  qu'il  n'a  point 
encore  voix  délibérative.  ||  Fig.  Fermer  la  bouche  à 
quelqu'un,  lui  imposer  silence  d'autorité,  ou  le  ré- 
duire à  ne  pouvoir  répondre.  Ah  I  l'on  s'efforce  en 
vain  de  me  fermer  la  bouche,  rac.  Brit.  m,  3.  Le 
duc  de  Sulli  représenta  au  roi  combien  l'admission 
des  jésuites  était  dangereuse,  mais  Henri  lui  ferma 
la  bouche  en  lui  disant  :  ils  seront  bien  plus  dan- 
gereux encore  si  je  les  réduis  au  désespoir,  volt. 
Hist.  pari.  ch.  42.  ||  Le  respect  me  ferme  la  bou- 
che, il  m'interdit  de  parler.  Approuvez  le  respect 
qui  me  ferme  la  bouche,  rac.  Phèd.  iv,  2.  ||  Fermer 
la  bouche  à  la  médisance,  à  la  calomnie,  aux  médi- 
sants, obliger  les  médisants,  les  calomniateurs  à  se 
taire.  ||  Fig.  Fermer  le  cœur  de  quelqu'un  à  un  sen- 
timent, l'empêcher  de  l'éprouver.  Elle  ferme  le 
cœur  à  tout  sentiment  de  piété,  mass.  Carême, 
Pass.  2.  Mais  une  telle  offense  Ferme  à  la  fin  mon 
cœur  à  la  reconnaissance,  volt.  Adél.  m,  3.  ||  Ab- 
solument. Fermer  le  cœur,  y  étouffer  les  sentiments 
naturels.  On  a  pu  le  déchirer  [mon  cœur],  le  fermer, 
mais  non  le  flétrir,  genlis,  Mlle  de  la  Fayette,  p.  234, 
dans  POUGENS.  ||  Fermer  son  cœur  à  quelqu'un, 
cesser  d'avoir  pour  lui  de  l'affection,  et  aussi  lui 
cacher  les  sentiments  qu'on  éprouve,  les  pensées 
qu'on  a.  {|  Fermer  son  cœur,  signifie  aussi  se  refuser 
à.  n  a  fermé  son  cœur  à  tous  nos  plaisirs,  fén.  Tél. 
:x.  Il  Fermer  l'oreille  à  quelque  chose,  ne  pas  l'é- 
couter. Fermer  l'oreille  aux  louanges.  Fermons 
l'œil  aux  présents  et  l'oreille  à  la  brigue,  rac.  Plaid. 
Il,  4.  Il  Fermer  l'oreille  à  la  calomnie,  aux  médi- 
sances, ne  point  y  ajouter  foi.  ||  Fermer  sa  bourse, 
en  nouer  les  cordons  ;  et  fig.  cesser  de  prêter  de 
l'argent.  Je  lui  ai  fermé  ma  bourse.  ||  6°  Fermer 
une  plaie,  la  cicatriser.  C'est  en  fermant  la  plaie 
y  verser  du  poison,  corn.  Cinna,  ii  ,  2.  {|  Fig. 
Fermer  une  plaie,  des  plaies ,  réparer  des  maux. 
Nous  sommes  demeurés  d'accord  que  nous  étions 


FER 

obligés  de  part  et  d'autre  de  travailler  de  tout  notre 
pouvoir  à  remédier  au  schisme  qui  nous  sépare,  et 
à  fermer  une  si  grande  plaie ,  eoss.  Projet  de  réu- 
nion des  protestants,  récit.  11  fallait  du  temps  pour 
fermer  les  plaies  de  la  Livonie  ,  pays  abondant, 
mais  désolé  par  quinze  ans  de  guerre,  par  le  fer, 
par  le  feu  et  par  la  contagion,  volt.  Hist.  Char- 
les XII,  8.  Il  7*  Rendre  un  passage  difficile ,  im- 
possible. Des  bancs  de  sable  ferment  l'entrée  du 
port.  Fermer  un  chemin,  un  passage.  L'avenue  est 
formée  par  des  barrières.  Ils  s'arrêtaient  autrefois 
à  Coulpy,  mais  avec  le  temps  ils  ont  osé  braver  les 
courants,  le»,  bancs  mouvants  et  élevés  qui  sem- 
blaient ferme"  la  navigation  du  fleuve,  raynal, 
Hist.  phil.  iir,  30.  ||  Terme  de  chemin  de  fer.  Fer- 
mer la  voie,  présenter  la  face  rouge  du  disque  mo- 
bile pour  avertir  de  s'arrêter  lorsque  la  voie  est 
obstruée  par  une  cause  quelconque.  ||  8°  Empêcher 
l'accès,  repousser.  Une  armée  fermait  le  passage. 
Fermer  les  mers.  J'en  ronds  grâces  au  ciel,  qui, 
m'arrêtant  sans  cesse.  Semblait  m'avoir  fermé  le 
chemin  de  la  Grèce,  rac.  Andr.  i,  -1.  Et  tout  ce  vain 
amas  de  superstitions.  Qui  ferment  votre  temple 
aux  autres  nations,  id.  Athal.  i,  4.  ||  Fig.  Le  respect 
et  la  crainte  Ferment  autour  de  moi  le  passage  à  la 
plainte,  m.  Bérén.  n,  2.  ||  Fig.  Fermer  à  quelqu'un 
le  chemin  des  honneurs.  Cette  carrière  lui  est  fer- 
mée. Il  9°  Enclore.  Fermer  une  ville,  un  parc.  Il 
[Quintius]  envoya  ses  soldats  couper  du  bois  pour 
avoir  de  quoi  fermer  son  camp  lorsqu'il  en  serait 
besoin,  malh.  le  XXXIIP  livre  de  T.  Live,  chap.  5. 
il  Fermer  une  parenthèse,  mettre  le  signe  qui  la 
termine.  ||  Fig.  Fermer  la  parenthèse,  terminer  une 
digression,  revenir  à  son  sujet.  ||  10°  Cesser,  sus- 
pendre des  travaux,  des  exercices,  des  réunions. 
Fermer  les  clubs.  Fermer  un  atelier.  Les  temples  du 
paganisme  furent  renversés,  les  portes  des  écoles 
ecclésiastiques  fermées,  les  philosophes  dispersés, 
DiDER.  Opin.  des  anc.  phil.  {éclectisme).  ||  Fermer 
le  palais,  le  théâtre,  faire  cesser  la  plaidoirie,  les 
spectacles.  Donnons  vite  bien  des  comédies  nou- 
velles ;  car,  lorsque  les  jansénistes  seront  les  maî- 
tres, ils  feront  fermer  les  théâtres,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gental,  <5  aoiit  <76i.  ||  Fermer  un  bureau,  y  faire 
cesser  le  travail  des  employés  à  une  certaine 
heure,  ou  cesser  momentanément  de  le  tenir  eu- 
vert  aux  personnes  qui  y  ont  affaire.  |{  11°  Ar- 
rêter, clore,  terminer.  Fermer  une  liste.  Fermer 
un  débat,  une  session.  Meurs,  misérable  prince ,  et 
d'une  main  hardie  Ferme  l'acte  sanglant  de  cette 
tragédie,  mairet,  Sophon.  v,  9.  Tout  mourant 
il  te  force,  et  fait  dire  à  l'envie  Qu'un  si  grand 
conquérant  n'eût  jamais  pu  fermer  Par  un  plus  di- 
gne exploit  une  si  belle  vie,  corn.  Inscr.  mises 
sur  des  estampes,  xx,  prise  de  Perpignan.  La  ré- 
flexion qui  va  fermer  ce  discours,  boss.  I"  sermon, 
Concept,  i .  L'abbé  de  Chaulieu  ferma  ce  siècle  par 
trois  ou  quatre  pièces  de  poésie  qui  partent  du  cœur, 
ou  qui  semblent  en  partir,  volt.  Hél.  littér.  Lett.  de 
laVisclède,  me.  Gabriel  Biel  naquit  à  Spire;  il  ferma 
la  troisième  période  de  la  philosophie  scolastique, 
BimR.  Opin.  des  anc.  philos,  [scolastiques).  \\  Fer- 
mer la  marche,  marcher  le  dernier.  Les  chariots 
rangés  quatre  à  quatre  fermaient  la  marche,  bol- 
lin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  ii,  p. -27),  dans  pougens. 
Ses  esclaves,  son  époux,  les  parents  et  les  amis 
fermaient  la  marche,  genlis,  Veill.  du  rhdt.  t.  ii, 
p.  34,  dans  POUGENS.  Il  12°  Terme  de  domino.  Fer- 
mer le  jeu,  se  dit  au  domino  quand  on  pose  un  dé 
auquel  personne  ne  peut  en  adapter  un  autre. 
Il  13°  Terme  de  manège.  Terminer  entièrement  une 
figure.  Il  se  dit  surtout  du  travail  de  deux  pistes. 
Fermer  la  volte,  la  passade.  ||  14»  F.  n.  Être  bien 
clos.  Cette  porte  ferme  bien.  ||  N'être  plus  ouvert. 
Les  portes  de  la  ville  ferment  à  telle  heure.  Ce  ma- 
gasin ferme  de  bonne  heure.  (|  Ne  pas  tenir  ouvert. 
Les  marchands  ferment  les  jours  de  fête.  ||  Fer- 
mer la  porte,  les  portes.  On  vient  de  fermer,  per- 
sonne n'est  plus  admis.  ||  Servir  h  clore.  Cette  ser- 
rure ferme  bien,  ferme  mal.  ||  15°  Terme  de  bourse. 
Les  cours  ont  fermé  à  tel  taux,  c'est-ù-dire  le  taux 
était  tel  quand  les  derniers  cours  ont  été  cotés, 
quand  la  bourse  a  fermé.  |1 16°  Se  fermera,  v.  réfl. 
S'arrêter  à,  prendre  comme  résolution  dernière 
(  sens  qui  vieillit  et  qui  dépend  du  premier  sens  de 
fermer).  M.  de  Beauvilliers  ne  trouva  jamais  mieux 
[que  Torcy]  à  mettre  en  sa  place,  et  il  se  ferma 
à  l'y  laisser,  st-sim.  305 ,  229.  Le  roi  s'était  fer- 
mé à  n'accorder  plus  de  survivances,  m.  6,  78. 
Il  17°  Etre  clos,  cesser  d'être  ouvert.  Cette  porte 
se  ferme  d'elle-même.  Les  bourses  se  sont  fer- 
mées, c'est-è-dire  l'argent  est  rare.  Tout  chemin 
d'acquérir  se  ferme  à  la  vieillesse,  réonier,  Sat. 


FER 


1647 


Jiii.  Abîmes,  fermez-vous!  fantôme  horrible,  ar- 
rête, volt.  Sémir.  I,  B.  Il  Fig.  Son  cœur  va  se  fer- 
mer pour  moi.  ||  18°  Les  yeux  se  ferment,  quand  lei 
paupières  se  rapprochent.  Le  sommeil  s'empara  de 
lui,  et  .ses  yeux  se  fermèrent.  ||  Ses  yeux  se  ferment, 
i!  meurt.  Hippias,  étendu  par  terre,  se  roule  dans 
la  poussière,  ses  yeux  se  ferment  à  la  lumière,  »én. 
Tél.  xvi.  Mes  yeux  seront  témoins  de  votre  fier  cou- 
rage. Et  vous  auront  vu  vaincre  avant  de  se  fermer, 
volt.  Tancr.  i,  4.  ||  Fig.  Ses  yeux  se  ferment,  il  m 
veut  pas  voir  la  réalité.  Tes  yeux  s'étaient  fermés  sur 
les  bords  de  l'abîme,  volt.  Alz.  v,  2.  ||  19°  Se  cicatri- 
ser. La  plaie  commence  à  se  fermer.  ||  20°  La  nuit  sa 
ferme,  elle  devient  tout  à  fait  obscure.  La  nuit  se 
ferma,  mais  ia  porte  ne  s'ouvritpas,  hamilt,  Gramm. 
».  Il  21°  S'enfermer.  Oui  ,  tout  cesse,  on  n'entend 
qu'un  cri  triste  et  sauvage  ;  On  charge  les  fusils, 
on  se  ferme,  on  s'endort,  j.  j.  ampère,  Rev.  det 
Deux-Mondes,  juillet  4  847,  p.  236. 

—  HIST.  XI*  s.  Espérons  d'or  ad  en  ses  piez  fermei 
[fixés],  Ch.  de  Roi.  xxvi.  ||  xii*  s.  Et  l'aigle  d'or  sus 
el  pomel  fermer  [fixer],  Ronc.  p.  8.  X  trois  clos  d'or 
[il]  ferma  son  gonfanon,  tb.  p.  7(.  [Elle]  Ferma  les 
huis  et  serra  durement,  ib.  p.  4  72.  Tut  le  plusdel 
jur  ert  [il  était]  en  un  suen  oratur,  E  fermout  l'uis 
sur  sei.  Th.  le  mart.  <0)....  Quant  li  arcevesques 
comença  à  parler.  Et  sa  cause  en  latin  gentcment  i 
mustrer.  Cil  le  comença  lues  [aussitôt]  par  tut  i  tra- 
verser; Quida  qu'hum  11  eùst  fait  la  cause  fermer 
[apprendre  par  cœur],  E,  se  um  le  desturbast,  nel 
seOst  parfiner,  ib.  57.  ||xiir  s.  Si  virent  la  cité  fer- 
mée [fortifiée]  de  haus  murs  et  de  grans  tours, 
villeh.  xliv.  Et  ele  a  bien  fermée  [retenu]  sa  leçon, 
hues  de  la  perte.  Romane,  p.  184.  Puis  la  [la  ville] 
frema  [fortifia]  dus  Naymes  de  Bavière  autrement, 
Berle,  ix.  Amors  a  si  mon  cuer  dontc,  Qu'il  n'est 
mais  à  ma  volonté;  Ains  le  justise  si  forment.  Qu'il 
i  a  faite  clef  fermant,  la  Rose,  3006.  ||  xv  s.  Et  vin- 
rent jusques  à  une  grosse  ville  que  on  appelle  Fon- 
taine-sur-Somme;  si  l'ardirent  toute  et  roberent;  car 
elle  n'estoit  point  fermée,  fboiss.  i,  i,  276.  Pour 
Dieu,  espoir,  venez  le  secourir;  11  a  en  vous  sa 
fiance  fermée.  Ne  lui  veuilliez  à  son  besoin  faillir, 
ai.  n'om..  Bail.  23.  Aumaires  [armoires]  Fermansà 
clef  très  bien  et  fort,  id.  Rondel  28.  Or  ça,  m'a- 
mie,  estes-vous  en  ce  fermée  et  conclue  de  ne  rien 
faire  pour  moi?  Lonisxi,  Nouv.  xliv....  Et  inconti- 
nant  Geuffroy  Cueur  crya  à  ses  gens  :  ouvrez  la 
porte,  car  il  n'est  pas  temps  de  fermer  l'estable 
quand  les  chevaulz  sont  perduz,  BiW.  des  chartes, 
4"  série,  t.  i,  p.  277.  ||  xvi°  s.  L'on  commençoit  à 
fermer  le  camp  de  la  closturede  paliz,  amyot,  Sylla, 
60.  Sans  porte,  sans  fenestre,  sans  coffre  qui  ferme, 
MONT,  i,  <  (4.  Ils  sont  fermez,  du  costé  de  la  terre,  de 
haultes  montagnes,  id.  i,  236.11s  maintiennent  que, 
quand  les  grands  commandent,  on  doit  fermer  les 
yeux  et  obéir,  langue,  2(7.  Il  envoya  pour  cest  ef- 
fect,  de  plus  de  vingt  lieues  loin,  trois  mille  chevaux, 
pour  la  fermer  [entourer  la  ville],  id.  882.  Il  arriva 
à  nuict  fermante  à  seureté  lui  et  ses  gens,  id.  64<. 
La  roine-mere  se  ferma  à  faire  donner  cette  gene- 
rallité  au  duc  de  Lorraine,  n'kVB.IIist.  ii,  H  6. 

—  ÉTYM.  Berry,  fremer,  fromer,  freumer,  froumer; 
picard,  fremer;  bourguign.  fromai;  norm.frumer; 
provenç.  /"ermar;  portug. /irmar;  ital.  fermare;  du 
latin /irmore,  proprement  rendre  fixe,  affermir,  fixer; 
ce  qui  est  le  sens  primitif,  très-fréquent  dans  les  an- 
ciens textes;  de  là  on  passe  sans  peine  au  sens  de 
fermer  une  porte,  la  fixer  solidement,  la  fermer. 

FERMETÉ  (fèr-me-té),  s.  f.  \\  1°  L'état  de  ce  qui 
est  fermement  fixé.  Ces  pilotis  ont  peu  de  fermeté. 
Il  2°  Qualité  de  ce  qui  ne  cède  pas  ou  cède  peu  à  la 
pression.  La  fermeté  des  chairs.  Un  terrain  maré- 
cageux sans  fermeté.  Les  bras  et  les  mains  sont,  en 
divers  endroits,  divisés  par  plusieurs  articulation» 
qui,  jointes  à  la  fermeté  des  os,  leur  servent  pour 
faciliter  le  mouvement  et  pour  serrer  les  corps 
grands  et  petits,  BOSs.  Connaiss.u,  2.  Fermeté  vient 
de  ferme  et  signifie  autre  chose  que  solidité  et  du- 
reté, VOLT.  Dict.  phil.  Fermeté.  On  est  obligé  de  mê- 
ler un  peu  de  cuivre  avec  l'éuin,  pour  lui  donner  la 
fermeté  qu'exigent  le»  ouvrages  qu'on  en  veut  faire, 
BDFP.  Ifi'n.  t.  V,  p.  176,  dans  pougens.  ||  8°  Vigueur, 
force.  La  fermeté  des  reins,  du  jarret.  ||  4°  Fermetédo 
la  main,  assurance  de  la  main  qui  exécute  quelque 
chose.  Ce  chirurgien  a  de  la  fermeté  dans  la  main. 
Il  Fig.  Fermeté  d'esprit,  de  jugement,  esprit,  juge- 
ment qui  n'erre  ni  ne  chancelle.  ||  6»  Terme  d'art. 
Vigueur,  hardiesse  d'exécution.  Fermeté  de  pin- 
ceau, de  burin,  jj  Fig.Fermeté  de  style.  Qualitéd'un 
style  qui  est  serré  et  fort.  ||  6°  Il  se  dit  de  la  conte- 
nance, de  la  voix,  du  regard  qui  ne  se  laisse  pas 
troubler.  Parler,  répondre  avec  fermeté.  Il  les  étonna 


1648 


FER 


jiar  la  fermeté  de  son  courage  et  de  ses  regards, 
VAUGKL.  Q.  C.  X,  ».  Mais  votre  fermeté  tient  un  peu 
du  barbare,  cobn.  Hor.  ii,  3.  ||  7°  Force  morale,  qui 
s'exerce  contre  les  obstacles,  dans  les  périls,  dans 
les  souffrances,  dans  les  revers.  Une  fausse  fermeté 
conseillée  à  Roboam  par  de  jeunes  gens  sans  expé- 
rience lui  fit  perdre  dix  tribus,  uoss.  Politique,  iv, 
ir,  2.  Joignant  à  la  fermeté  qu'elle  tenait  de  la  na- 
ture, celle  que  la  piété  lui  avait  acquise,  fléch. 
Pauphine.  On  périt  quelquefois  par  trop  de  fer- 
meté, VOLT.  Fanât,  i,  ( .  Mais  j'ai  la  fermeté  de  sa- 
voir me  contraindre,  id.  Zaïre,  iv,  B.  Un  si  triste 
esclavage  Doit  plier  de  son  cœur  la  fermeté  sau- 
vage, ID.  Oresle,  ii,  4.  La  fermeté  dans  le  malheur 
n'est  pas  une  vertu  rare;  l'âme  ramasse  alors  toutes 
ses  forces;  elle  se  mesure  avec  ses  destins;  elle  se 
donne  en  spectacle  au  monde,  id.  Panég.  de  St 
Louis.  La  justice  qui  n'est  rien  sans  la  fermeté;  la 
fermeté  qui  peut  être  un  grand  mal  sans  la  justice, 
DIDER.  Lett.  à  la  comtesse  de  Forbach,  ÛKud.  t.  m, 
p.  44B,  dans  pouGENS.  ||  Fermeté  de  haine,  haine 
qui  reste  fidèle  à  elle-même.  [Un  refusqui]  ne  puisse 
être  imputé  Qu'à  fermeté  de  haine,  oumagnanimité, 
CORN.  Perlh.  m,  ) .  ||  Constance  en  amour.  Vous  voyez 
par  pitié  qu'il  me  laisse  à  Florame,  Qui,  n'étant  pas 
si  vain,  a  plus  de  fermeté,  corn,  la  Suiv.  i,  8. 

—  SYN.  FERMETÉ,  CONSTANCE.  L'hommo  ferme  ré- 
siste à  la  séduction,  aux  forces  étrangères,  à  lui- 
même.  L'homme  constant  n'est  point  ému  par  de 
nouveauxobjets.Onpeut  être  constant  avec  une  âme 
pusillanime,  un  esprit  borné;  mais  la  fermeté  ne  peut 
être  que  dans  un  caractère  plein  de  force,  d'éléva- 
tion et  de  raison.  La  légèreté  et  la  facilité  sont  op- 
posées à  la  constance;  la  fragilité  et  la  faiblesse 
sont  opposées  à  la  fermeté,  Encycl.  vi,  527. 

—  HIST.  XII*  s.  Le  siège  [il]  a  mis  environ  la  ferté 
[forteresse],  Garin ,  dans  du  cange  ,  firmitas. 
Il  xiu"  s.  Oïl,  se  Diex  me  saut;  nous  n'avons  chi  [ci] 
autre  fermeté  [protection]  ne  autre  estendart,  fors 
Dieu  tant  seulement  et  vous  ,  n.  de  valenc.  iv. 
Il  XIV*  s.  En  nulle  chose  quelconque  qui  regarde 
œuvres  humaines,  il  n'a  telle  constance  ne  si  grant 
fermeté  comme  elle  est  es  operacions  qui  sont  se- 
lon vertu,  OBESMK,  Eth.  24.  Il  XV*  s.  Je,  qui  suis  for- 
tune nommée.  Demande  la  raison  pourquoy  On  me 
donne  la  renommée  Qu'on  ne  se  peult  fier  en  moy, 
Et  n'ay  ne  fermeté  ne  foy,  ch.  d'ûrl.  Bail.  90. 
Et,  ce  fait,  alerent  à  un  ventail  du  dit  vivier,  et  l'un 
d'eulx  rompi  la  fermeté  [la  clôture]  du  dit  ventail, 
DU  CANGE,  firmura.  ||  xvi*  s.  La  vaillance,  c'est  la 
fermeté,  non  pas  des  jambes  et  des  bras,  mais  du 
courage  et  de  l'ame,  mont,  i,  243.  Pour  montrer  la 
fermeté  de  son  assiette  [à  cheval],  iD.  i,  369.  Quelle 
fermeté  y  aura-il  d'ores-en-avant  en  la  foi  et  parole 
de  roi  ?  d'aub.  Hist.  a,  23B.  Alors  l'air  n'a  pas  la 
fermeté  de  soutenir  le  vol  des  oyseaux,  amïot,  FlOr- 
min.  20.  La  soudaineté  et  facilité  ne  peult  donner 
une  fermeté  perdurableà  l'œuvre,  ID.  Péric.  2a.  c'es- 
toit  fermeté  et  constance,  m.  Fab.  3.  Tout  ce  que 
le  cours  de  l'eau  emmené  aval,  s'y  attache  et  s'y  lie 
si  bien,  que  l'un  par  le  moyen  de  l'autre  s'y  affer- 
mit, et  prend  une  fermeté  asseurée,  id.  Philop.  )  2. 

—  STYM.  Provenç.  fermetat;  du  latin /trmi(a(cm, 
de  firmus,  ferme.  Fermeté  ou  ferté  a  très-fréquem- 
ment le  sens  de  forteresse  dans  l'ancienne  langue, 
qui  avait  aussi  fermance  pour  dire  ce  que  nous  nom- 
mons aujourd'hui  caractère  ferme. 

t  FERMETTE  (fèr-mè-t'),  s.  f.  Terme  d'architec- 
ture. Ferme  d'un  faux-comble  ou  d'une  lucarne. 

—  ÉTYM.  Ferme  3. 

FERMETURE  (fer-me-tu-r') ,  t.  ^.  ||  1°  Ce  qui  sert 
&  fermer,  à  clore.  Cette  fermeture  de  boutique  est 
très-solide.  {|  Fermeture  de  menuiserie,  assemblage 
complet  du  dormant,  des  châssis  et  des  vantaux 
d'ime  porte  ou  d'une  fenêtre.  ||  Extrémité  supé- 
rieure de  certains  tuyaux  de  cheminée.  ||  2"  L'action 
de  fermer,  de  clore.  La  fermeture  d'une  place  de 
guerre.  La  fermeture  des  bureaux.  ||  Fermeture 
d'un  magasin,  se  dit  d'un  magasin  qui  cesse  de 
vendre.  ||  Terme  de  jeu  (au  domino).  Action  de 
fermer  le  jeu.  Je  cherchais  la  fermeture.  ||  3"  Terme 
de  marine,  voy.  fermure.  114°  Se  dit  des  courants 
électriques  qu'on  interrompt.  Dans  le  télégraphe  à 
cadran,  un  tour  de  manivelle  fournit  <3  fermetures 
et  <3  ouvertures  de  courant. 

—  HlST.  ivi*  s.  X  la  fermeture  [porte  de  ville] 
que  les  Juifs  tenoient,  Danyot  et  Turquant,  qui  es- 
toient  venus  par  avant,  firent  ouvrir  la  porte  tout  à 
plein  à  Henri,  menard,  Uist.  de  du  Guesdirt,  p.  220. 
dans  LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Fermer;  génev.  fermature. 
FERMIER,  1ÈRE   (fèr-mié-,  miê-r'),  t.  m.  et  f. 

Il  t*  Celui,  celle  qui  tient  à  bail  un  bien-fonds,  une 


FER 

exploitation  rurale.  Un  fermier  actif  et  intelligent. 
Tout  ce  qu'on  boit  est  bon,  tout  ce  qu'on  mange  est 
sain;  La  maison  le  fournit,  la  fermière  l'ordonne, 
BoiL.  Ép.  VI.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Fermier  ju- 
diciaire, celui  à  qui  le  bail  de  quelque  héritage  saisi 
a  été  adjugé  par  autorité  de  justice.  ||  Se  dit  aussi, 
dans  le  langage  agricole  et  d'une  manière  générale, 
du  cultivateur,  de  celui  qui  pratique  l'agriculture, 
qu'il  soit  fermierou  propriétaire.  ||  2*11  se  dit  aussi  de 
celui,  de  celle  qui  prend  des  droits,  des  entreprises 
à  ferme.  Le  fermier  des  chaises  d'une  église.  Fer- 
mier des  jeux.  ||  Fermier  d'annonces,  celui  qui  prend 
à  ferme  les  annonces  dans  un  journal.  ||  Terme  de 
jeux.  Se  dit  du  joueur  qui  a  pris  la  ferme  ou  banque 
au  plus  haut  prix.  ||  3"  Fermier,  celui  à  qui  le  sou- 
verain afferme  le  droit  de  lover  certains  impêts.  Les 
fermiers  généraux  dont  il  avait  dévoilé  au  peuple 
les  vols  et  les  rapines,  accoutumés  jusque-là  à  s'en- 
graisser des  deniers  publics,  jetèrent  alors  les  hauts 
cris,  ROLLIN,  Hist.  anc.  Oliuv.  t.  i,  p.  489,  dans  pou- 
gens.  Il  En  particulier,  dans  l'ancienne  monarchie, 
fermier  général,  ou,  simplement,  fermier,  un  de  ceux 
auxquels  les  droits  du  roi  étaient  affermés.  Je  vois, 
monsieur,  que  vous  êtes  patriote  et  homme  de  lettres 
autant  pour  le  moins  que  fermier  général;  vous  me 
faites  souvenir  d'Atticus,  qui  était  fermier  général 
aussi,  mais  c'était  de  l'empire  romain,  volt.  Lett. 
d'Agincourt,  47  déc.  4770.  ||  4°  Àdj.  Garçon  fermier. 

—  HIST.  xiii*s.  En  tel  casno  doivent penre  [pren- 
dre] li  hoir  que  ce  que  li  fremier  doivent,  beaum. 
4  6.  Il  XV*  s.  Prestre  fermier  ou  vicaire  de  l'église 
parrochial  de  Croissy,  nu  cange,  firmarius. 

—  ÉTYM.  Ferme,  2. 

FERMOIR  (fèr-moir),  s.  m.  \\  1°  Petite  attache  ou 
agrafe  qui  sert  à  tenir  fermé  un  livre,  un  porte- 
feuille, etc.  Un  vieil  infortiat....  Oii  pendait  à  trois 
clous  un  reste  de  fermoir,  boil.  Lutr.  v.  Je  vous 
supplie  d'avoir  la  bonté  de  faire  relier  un  de  vos  li- 
vres pour  la  messe  avec  des  fermoirs  d'or  tout  unis, 
MAiNTENON,  Lett.  àl'ahbé  Gobelin,  25  mai  4675.  ||  Il 
s'est  dit  plus  particulièrement  des  agrafes  qui  fer- 
maient les  livres  manuscrits,  le  parchemin  exigeant 
une  pression  assez  forte  entre  les  ais  de  bois  de  la 
reliure,  de  laborde.  Émaux,  p.  3(4.  ||  2°  Fermeture 
de  métal  des  sacs  de  femme,  bourses,  etc.  ||  3°  Ci- 
seau de  charpentier,  pour  faire  des  entailles  et  des 
mortaises.  ||  Fermoir  nez  rond,  ciseau  que  le  me- 
nuisier introduit  dans  les  angles  rentrants.  ||  Instru- 
ment de  bourrelier  pour  tracer  les  raies  pointées 
sur  les  bandes  de  cuir.  ||  Ciseau  de  fer,  à  manche  de 
bois  capable  de  supporter  les  coups  du  maillet  dont 
se  sert  le  sculpteur  pour  ébaucher. 

—  HIST.  xiil*  S.  Quiconques  veut  estre  fremaillers 
de  laton  à  Paris,  c'est  à  savoir  feisieres  de  aniaus, 
de  fremauset  de  fermoirs  à  livres,  estre  le  puet,  pour 
qu'il  sache  le  faire,  Liv.  des  met.  96.  ||  xvi*  s.  Il  in- 
venta les  fermoirs  de  la  muselière  que  l'on  attache 
à  l'entour  de  la  bouche,  ahyot,  Com.  refréner  la 
colère,  4  2. 

—  ÊTYM.  Fermer. 

f  FERMURE  (fèr-mu-r'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Se  ditdes  bordagesqui  se  mettent  par  couples  entre 
les  préceintes.  ||  Terme  de  navigation  fluviale.  Per- 
che servant  à  attacher  un  train  de  bois  à  la  rive. 

—HIST.  xu*  s.  Et  fut  plate  la  fremure  qui  esteit 
sur  le  tiers  estage.  Rois,  p.  248.  ||  xiv*  s.  La  beste,  si 
tost  qu'elle  est  hors  de  fermure  [clôture],  est  retour- 
née à  sa  nature  et  franchise,  et  n'est  à  nul  propre- 
ment, BOUTiLLiER,  Somme  rural,  p.  263,  dans  l*- 
curne.  Il  XV*  s.  Terribles  fermures  [les  cages  de 
Louis  XI],  coMM.  VI,  2. 

—  ÉTYM.  Fermer. 

t  FÉRO  (fé-ro),  s.  m.  Nom  à  Nice  du  poisson  ap 
pelé,  par  les  naturalistes,  la  coryphène  hippure. 

FÉROCE  (fé-ro-s'),  adj.  ||  l'  -Qui  se  plaît  dans  le 
meurtre,  en  parlant  des  animaux.  Tout  homme  a 
une  bête  féroce  en  soi  ;  peu  savent  l'enchaîner,  la 
plupart  lui  lâchent  le  frein,  lorsque  la  terreur  des 
lois  ne  les  retient  plus,  volt.  Lett.  du  roi  de  Prusse, 
31  oct.  4  760.  Comme  un  tigre  féroce  aigri  par  sa 
blessure.  Il  [Charles  le  Téméraire]  s'éloigne,  et  sa 
fuite  affranchit  le  Jura,  masson,  Helvélient,  vu. 
Il  Fig.  C'est  une  bête  féroce,  se  dit  d'un  homme  l)ru- 
tal,  cruel.  ||  2"  Par  extension,  il  se  dit  des  personnes 
par  rapport  à  leur  caractère,  à  leurs  habitudes. 
Un  vain  peuple  à*  la  fois  et  féroce  et  volage.  Après 
l'avoir  formé  ,  détruisait  son  ouvrage  ,  deulle  , 
Trois  règnes,  v.  ||  Qui  a  le  caractère  de  la  féro- 
cité. Déterminée  à  mourir,  et  par  là  devenue  ca- 
pable des  plus  féroces  résolutions,  elle  [Cléopa- 
tre]  vit  d'un  œil  soc  et  tranquille  couler  dans  ses 
veines  le  poison  mortel  de  l'aspic,  sollin,  Hist. 
atie.  Ofiluv.  t   X,  p.  388,    dans  pouoens.  Peut-être 


FER 

qu'en  secret  Je  tirais  vanité....  D'instruire  à  nos 
vertus  son  féroce  courage,  volt.  Orphel.  i,  4 .  Mal- 
lius  en  Toscane  arme  leurs  mains  féroces  [dos 
complices  de  Catilina],  id.  Catilina,  1,  B.  Dans 
ton  féroce  amour  immole  tes  victimes,  ib.  Adé- 
laïde, IV,  4.  Grandval  [acteur  représentant  Guzman 
dans  Alzire]  ne  m'a-t-il  pas  fait  un  peu  de  tort  Y 
n'a-t-il  pas  outré  les  caractères?  n'a-t-il  pas  rerylu 
féroce  ce  que  je  n'ai  prétendu  peindre  que  sévère? 
JD.  Lett.  Mme  du  Deffard,  48  mars  4  736.  ||  Qui  an- 
nonce la  férocité.  Regard  féroce.  Joie  féroce. 
Il  3°  Par  exagération,  il  se  dit  de  mœurs  dures. 
J'avais  autrefois  un  frère  janséniste;  ses  mœurs 
féroces  me  dégoûtèrent  du  parti,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gens,  août  4  702.  ||  Par  plaisanterie.  Un  appétit 
féroce,  une  faim  qui  ne  doit  rien  épargner. 

—  ÊTYM.  Provenç.  féroce;  es^Hgn.  ferox;  ita].  fé- 
roce ;  du  latin  ferocem,  de  fera,  bête  sauvage,  en 
grec  Srip.  Ce  mot  paraît  s'être  introduit  du  latin 
dans  le  français  au  xvii*  siècle. 

FÉROCITÉ  (fé-ro-si-té),  t.  f.  \\  1*  Naturel  d'un 
animal  féroce.  La  férocité  est  naturelle  au  lion,  au 
tigre.  Il  li  se  dit  aussi  quelquefois  simplement  pour 
naturel  farouche.  La  force,  la  vitesse  et  la  férocité 
sont  presque  semblables  dans  les  uresetdans  les  buf- 
fles, fléchier,  Fie  de  Commcndoîi,  11,  4  3.  Il  2°  Par  ex- 
tension ,  il  se  dit  des  personnes,  de  leur  caractère,  de 
leurs  manières.  Ce  m'est  une  chose  toujours  nouvelle 
de  contempler  avec  quelle  férocité  les  hommes  trai- 
tent d'autres  hommes,  la  bruy.  xi.  Toute  la  liberté 
que  j'ai  prise,  c'a  été  d'adoucir  un  peu  la  férocité 
de  Pyrrhus,  rac.  Andr.  préface.  Cette  férocité  [de 
Néron]  que  tu  croyais  fléchir,  m.  Brit.  m,  2.  Dans 
ta  férocité,  ton  cœur  impitoyable  De  ce  trait  géné- 
reux serait-il  bien  capable?  volt.  Zaïre,  v,  4o.  Les 
combats  de  deux  oiseaux  de  basse-cour  (coqs)  sont 
devenus  des  spectacles  dignes  d'intéresser  la  cu- 
riosité des  peuples,  même  des  peuples  poli»,  et, 
en  même  temps,  des  moyens  de  développer  ou 
d'entretenir  dans  les  âmes  cette  précieuse  férocité 
qui  est,  dit-on,  le  germe  de  l'héroïsme,  buff.  Oit. 
t.  m,  p.  4  00,  dans  POUGENS.  Il  Acte  de  férocité.  Ces 
arts,  autrefois  si  bien  cultivés  en  France,  font  que 
les  autres  nations  nous  pardonnent  nos  férocités  cl 
nos  folies,  volt.  Lett.  Chardon,  B  avril  4  707. 
Ces  cruautés  [du  peuple]  sont  loin  d'atteindre  au* 
solennelles  férocités  que  des  corps  de  justice  exsr- 
cent  sur  des  malheureux  que  les  vices  des  gouver- 
nements conduisent  au  crime,  Mirabeau,  CoUet- 
tion,  t.  i,  p.  349.  Il  3°  Par  exagération,  il  se  dit 
de  manières,  de  mœurs  dures,  brusques.  Vous  avei 
très-bien  fait  d'aller  voir  cette  princesse,  c'eût  étj 
une  férocité  que  d'y  manquer,  sÉv.  40  juiil.  4676. 
J'avais  adouci  la  férocité  de  Toureil;  il  ne  me  brus, 
quait  pas,  m""*  de  stael,  Kém.  t.  i,  p.  Î96. 

—  HIST.  xvi*  s.  Gangrené  et  mortification  sont  de 
si  grande  férocité  et  maUgnité,  que....  par6,  x,  46. 

—  ETYM.  Provenç.  ferocital;  espagn.  ferocidad, 
ital.  ferocità  ;  du  lat.  ferocilatem,  de  ferox,  féroce. 

t  FEROUER  (fé-rou-êr),  s.  m.  Dans  la  religion 
de  Zoroastre,  être  surnaturel  qui,  à  la  naissance, 
s'unit  au  corps  et  après  la  mort  dépose  devant  la 
trône  de  Dieu  une  supplication  pour  le  mort;  le 
type  divin  de  chacun  des  êtres  doués  d'intelligence, 
son  idée  dans  la  pensée  d'Ormuzd,  le  génie  supé- 
rieur qui  l'inspire  et  veille  sur  lui. 

—  ÉTY.M.  Zend,  frarashi.  Ce  mot  devrait  être  fé- 
minin ;  car  les  ferouers  sont  des  génies  femelles  : 
J'invoque  les  purs  ferouers,  qui  sont  femelles,  ak- 
quetil  du  perron,  Zendaiesla,  dans  bubhoup, 
Comment,  sur  le  Yaçna,  p.  208. 

t  FERRAGE  (fc-ia-j'),  s.  m.  \\  1°  Action  de  ferrer 
un  cheval,  une  roue,  etc.  ||  2°  Action  de  ferrer  les 
criminels.  ||  3*  Terme  de  douane.  Action  de  plomber 
et  de  marquer  les  étoffes  do  laine.  ||  4*  Terme  d'ad- 
ministration militaire.  Masse  de  ferrage,  masse  al- 
louée dans  les  régiments  de  cavalerie,  pour  le  fer- 
rage des  chevaux.  ||  6°  Il  se  dit  de  l'ensemble  des 
instruments  en  fer.  Les  fers  et  ferrages  qui  viennent 
des  royaumes  et  pays  étrangers.  Arrêt  du  conseil, 
6  juillet  (067.  Il  6°  Ancien  terme  de  monnaie.  Droit 
de  seize  deniers  sur  le  marc  d'or,  et  de  huit  sur  le 
marc  d'argent  que  le  maître  de  la  monnaie  payait 
aux  tailleurs  pour  les  fers  qu'ils  fournissaient. 

—  HIST.  XIV*  s.  Du  moulin  à  eaue,  peux  et  dois 
sçavoir  que  tout  ce  qui  se  tourne  et  qui  se  meut,  si 
comme  le  [la]  grant  roe,  l'abre  de  la  roe,  le  rouoi, 
le  ferrage  a  ce  appartenant....  boutillier,  Sommi 
rural,  p.  434,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Ferrer,  et,  dans  le  sens  d'instrument,  fer 
FERRAILLE  (fè-râ-ll'.  Il  mouillées,  et  non  fè- 

rà-ye),  s.  f.  Vieux  fers  usés  ou  rouilles  mis  au  rehuU 
Tous  les  s-ns  on  achète  pour  mes  forges  laie  asseï 


FER 

grande  quantité  de  vieilles  ferrailles  dont,  avec  un 
peu  de  soin,  l'on  fait  d'excellent  fer,  buff.  Ifi'n. 
G.uvrcs,  t.  VII,  p.  77,  dans  pougens. 

—  msT.  XVI'  s.  Bryare  estoit  armé  d'une  vieille 
ferraille,  En  lieu  d'un  morion  s'affubloit  d'un  es- 
caille  De  dragon  effroyable,  hons.  8oo. 

—  f.TYM.  Fer. 

FERRAILLER  (fè-râ-Uc,  Il  mouillées,  et  non 
te-râ-yé),  v.  n.  ||  1°  Frapper  des  lames  de  sabre  ou 
d'épée  les  unes  contre  les  autres  ou  contre  quel- 
que autre  objet,  de  manière  à  faire  du  bruit.  Lui 
[la  Châtre]  toujours  à  crier  :  les  voilà,  à  moi  !  mar- 
che ici  !  et  choses  pareilles,  et  toujours  à  estocader 
et  à  ferrailler,  ST-siM.  2(o,  {66.  ||  2°  Terme  d'es- 
crime, avec  un  sens  péjoratif.  Tirer  mal,  contre 
les  principes.  |{  3°  11  se  dit,  en  un  sens  opposé, 
dos  spadassins,  des  querelleurs  qui  ne  cherchent 
que  l'occasion  de  se  battre  à  l'épée.  Tant  mieux, 
c'est  où  je  brille,  et  j'aime  à  ferrailler,  regnard, 
Fol.  amour,  i,  7.  J'aime  à  dormir  le  jour,  puis  à 
courir  la  nuit,  Â  jurer,  à  médire,  à  ferraiUer,  à 
battre,  nESTOUcuES,  Irrésolu,  n,  lo.  Ferrailler  à  la 
moindre  petite  insulte  personnelle,  saint-foix, 
Ess.  Paris,  Œuvres,  t.  m,  p.  221,  dans  pougens. 
Les  fers  une  fois  engagés,  je  n'ai  plus  songé  qu'à 
ma  besogne;  elle  était  rude;  car  Deligny  tire  au 
moins  de  ma  force;  nous  avons  donc  ferraillé  no- 
blement, CH.  DE  BERNARD,  la  Pcau  du  lion,  §  xn. 
Il  Par  extension,  faire  la  guerre  comme  un  spa- 
dassin tire  l'épée.  N'est-ce  pas  un  autre  grand  dé- 
faut dans  Pyrrhus  de  n'avoir  suivi  aucune  règle 
dans  l'entreprise  de  ses  guerres,  de  s'y  être  livré 
aveuglément,  sans  réflexion,  sans  cause,  par  tem- 
pérament, par  passion,  par  habitude,  par  impuis- 
sance de  se  tenir  en  repos,  et  par  pure  incapacité 
de  faire  autre  chose  que  ferrailler,  qu'on  me  par- 
donne cette  expression  1  rollin,  Ilist.  anc.  Œuvres, 
t.  vu,  p.  427,  dans  pougens.  11  laisse  à  une  nation 
belliqueuse  comme  la  française  le  soin  de  ferrailler 
envers  et  contre  tous,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
6  avr.  1674.  Il  Fig.  Disputer  fortement.  Ils  s'enga- 
gèrent dans  une  discussion  et  ferraillèrent  long- 
temps. Me  voilà  comme  Ajax,  ferraillant  dans  l'obs- 
curité, VOLT.  Lett.  Prusse,  37. 

—  ÉTYM.  Ferraille. 

FERRAILLEUR  (fè-rà-lleur.  Il  mouillées,  et  non 
fc-râ-yeur),  s.  m.  \\  1°  Marchand  de  ferraille.  ||  Celui 
qui  vend  toutes  sortes  d'outils  et  d'ustensiles  en  fer 
ou  autres  métaux  d'occasion.  ||  Celui  qui  confec- 
tionne les  grils,  etc.  ||  2°  Familièrement.  Homme 
qui  aime  à  ferrailler.  ||  Fig.  Celui  qui  a  des  dis- 
putes. Roscelin,  le  ferrailleur  le  plus  redouté  de  son 
temps,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  [scolastiqucs]. 
Beaumarchais  était  ferrailleur  et  souvent  cherchait 
noise,  p.  l.  cour.  Lett.  u,  (34. 

—  ÈTYM.  Ferrailler. 

f  FERRANDINE  (fè-ran-di-n'),  s.  f.  Ancien  terme 
de  commerce.  Étoffe  légère  dite  aussi  burail,  dont 
toute  la  chaîne  était  de  soie,  mais  dont  la  trame  n'é- 
tait qu'en  laine,  ou  même  en  poil,  en  fil  ou  en  coton. 

—  ÉTYM.  Serait-ce  l'ancien  français  ferrand, 
cheval  gris  de  fer,  et  l'étoffe  serait-elle  ainsi  dite  à 
cause  de  sa  couleur? 

FFRRANDINIER  (tè-ian-di-nié),  s.  m.  Fabricant 
de  ferrandine. 

FERRANT  (fè-ran) ,  adj.  m.  Maréchal  ferrant, 
maréchal  qui  ferre  les  chevaux. 

t  FERRASSE  (fè-ra-s'),  s.  f.  Coffre  de  tôle  qui 
contient  les  pièces  de  verre  qu'on  met  recuire.  ||  La 
porte  même  du  fourneau  qui  est  faite  de  tôle. 

—  ETYM.  Fer. 

f  FERRATE  (re-rra-t'),  s.  m.  Terme  de  chimie. 
Nom  des  sels  formés  avec  l'acide  ferrique.  Ferrate 
de  potasse. 

—  KTYM.  Ferrique. 

I  FERRATIER  (fè-ra-tié),  s.  m.  Voy.   ferretieh. 

t  FERRE  (fè-r") ,  s.  f.  Espèce  de  pince  dont  on 
se  sert  pour  fabriquer  les  bouteilles  de  verre. 

FERRÉ,  ÉE  (fè-ré,  rée),  part,  passé.  ||  1°  Garni 
de  fer,  et,  en  particulier,  garni  de  métal  à  l'extré- 
mité. Un  lacet  ferré.  Un  bâton  ferré.  ||  Fig.  Gueule 
ffurrée,  parleur  impudent.  Il  eût  fallu  trouver  [dans 
le  parlement]  <les  gueules  bien  fortes  et  bien  fer- 
rées pour  vouloir  opiner  haut  contre  les  formes  en 
face  du  roi,  st-sim.  6)2,  I8.  Grâce  aux  alambics, 
au  laboratoire  et  à  la  gueule  ferréi3  des  imposteurs, 
H.  le  duc  d'Orléans  ne  laissa  pas  d'être  heureux  que 
Mme  sa  femme,  qui  eut  une  trùs-violente  cohque, 
s'en  tira  heureusement,  id.  240,  204.  ||  Avoir  la 
bouche  ferrée,  le  palais  ferré,  manger  avidement 
quelque  chose  de  brûlant.  |{  Kig.  Avoir  la  bouche 
ferrée,  être  grossier  dans  son  langage.  ||  Populaire- 
ment.   Il  avalerait  des  charrettes  ferrées,  se  dit 

lîirr.    DE    LA    LANGUE   KRANÇAISK. 


FEB 

d'un  grand  mangeur.  ||  Un  mangeur  de  charrettes 
ferrées,  un  fanfaron,  un  faux  bravo.  ||  2°  Qui  a  le 
pied  garni  d'un  fer.  Cheval  ferré.  ||  Par  catachrèse. 
Ferré  d'argent.  11  [Charles  XII]  fit  son  entrée  à 
Stockholm  sur  un  cheval  alezan,  ferré  d'argent, 
VOLT.  Charles  XII,  \.  \\  Souliers  ferrés,  souliers 
garnis  de  clous  pour  qu'ils  résistent  plus  longtemps  à 
l'usure.  Il  quitte  sa  chaussure  légère  et  prend  des 
souliers  ferrés  et  un  gros  bâton  armé  de  fer,  genlis, 
Veill.  du  chdt.  t.  i,  p.  603.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Être  ferré,  être  ferré  à  glace  sur  un  sujet,  y  être 
fort  habile,  ne  pas  craindre  d'y  être  pris  en  défaut. 
Il  3°  Eau  ferrée,  eau  dans  laquelle  on  a  fait  étein- 
dre un  fer  rouge,  ou  tremper  des  clous,  ou  dis- 
soudre dos  matières  ferrugineuses.  ||  4'  Chemin 
ferré,  chemin  dont  le  fond  est  ferme  et  pierreux 
et  où  l'on  n'enfonce  point.  ||  Chemin  ferré,  se  dit 
aussi,  par  opposition  à  chemin  pavé,  d'un  chemin 
construit  avec  des  cailloux.  ||  Fig.  Style  ferré  (lo- 
cution peu  usitée),  style  qui  a  de  la  dureté.  Il  [Bal- 
zac, depuis  le  Prince]  changea  sa  façon  d'écrire 
pour  montrer  qu'il  n'était  pas  ignorant  comme  on 
lui  avait  reproché  ;  mais ,  en  récompense ,  il  est 
ferré  en  quelques  endroits,  et  cette  affectation  d'é- 
rudition n'est  que  trop  souvent  désagréable,  tal- 

LEMANT,    t.  IV,    p.  91,  éd.   de    1855. 

FERREMENT  (fê-re-man),  s.  m.  ||  1°  Outil  de  fer. 
ô  meurtrier  contre  nature,  tue  les  animaux  toi- 
même,  je  dis  de  tes  propres  mains,  sans  ferrements, 
sans  coutelas,  J.  J.  rouss.  Ém.  11.  ||  Instruments  de 
chirurgie;  il  se  dit  particulièrement  du  forceps. 
Il  1°  Au  plur.  Pièces,  garnitures  de  fer  qui  entrent 
dans  la  construction  d'un  bâtiment,  d'une  machine. 
Il  3"  Terme  de  marine.  Tout  ce  qui  est  de  fer  ou  de 
cuivre  à  bord  d'un  bâtiment.  ||  4°  Action  de  ferrer, 
d'enchaîner  des  forçats.  Le  ferrement  des  galériens 
avant  leur  départ  pour  le  bagne. 

—  mST.  XM'  s.  Bien  furent  polies  ces  pierres,  et 
tant  e  près  juintes,  et  tant  serréement,  que  miolz 
sembla  que  sis  auroit  [ainsi  les  aurait]  nature  fer- 
mez que  engin  humain  par  ferrement,  Rois,  p.  246. 
Il  xiv  s.  [Enguerrand  de  Marigni  fut  mené  au  sup- 
plice] ferré  de  ses  ferrements,  Chr.  de  St  Denis, 
an  (315.  Une  serpe  appellée  selon  la  coustume  du 
païs  courbée  ou  ferment,  du  cange,  ferramentum. 
Il  xv"  s.  Et  si  y  avoit  peu  d'eux  qui  eussent  haches 
ni  coingnées,  ferrements  ni  instruments  pour  loger, 
ni  pour  couper  bois,  froiss.  i,  i,  38.  ||  xvi°  s.  Hz  ne 
pourront  jamais  endurer  la  lueur  de  vos  ferremens 
[armes],  quand  vous  les  leur  approcherez  près  des 
yeux,  AMYOT,  Pomp.  08.  Pour  la  douleur  il  avoit 
lasché  la  couppeure,  et  puis  y  avoit  remis  le  ferre- 
ment à  plusieurs  fois,  m.  Dion,  46. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  fierment,  serpe;  provenç./erra- 
men;  ital.  ferramento;  du  latin /'errame/itom,  de 
ferrare,  ferrer  (voy.  ferrer). 

f  FERRE-MULE  (fê-re-mu-l'),  adj.  Qui  ferre  la 
mule,  qui  se  fait  donner  des  pots-de-vin  illicites. 
C'est  un  serviteur  malin,  menteur  et  ferre-mule, 
LESAGE,  dans  le  Dict.  de  bescherelle. 

FERRER  (fè-ré),  V.  a.  ||  1°  Garnir  de  fer.  Ferrer 
une  porte,  un  bâton.  ||  Ferrer  des  lacets,  des  ai- 
guillettes, en  garnir  les  extrémités  de  métal.  ||  Par 
catachrèse.  Ferrer  d'or,  d'argent,  mettre  des  garnitu- 
res en  or,  en  argent.  Cette  cassette  est  ferrée  d'or. 
Il  2°  Ferrer  un  cheval,  garnir  ses  pieds  de  fers 
attachés  avec  des  clous.  Que  si  le  loup  t'atteint, 
casse-lui  la  mâchoire;  On  t'a  ferré  de  neuf....  la 
FONT.  Fabl.  VIII,  17.  Il  Ferrer  un  cheval  à  glace,  lui 
appliquer  des  fers  cramponnés  ou  des  clous  à  tête 
pointue,  pour  l'empêcher  de  glisser.  ||  Fig.  Familiè- 
rement. Cet  homme  n'est  pas  facile  à  ferrer,  il  est 
difficile  à  diriger,  à  convaincre.  Ma  fille  me  prie  de 
vous  mander  le  mariage  de  M.  de  Nevers:  ce  M.  de 
Novers  si  difficile  à  ferrer,  ce  M.  de  Nevers  si  e.x- 
traordfnaire,  qui  glisse  des  mains  alors  qu'on  y 
pense  le  moins,  il  épouse  enfin,  devinez  qui?  sÊv. 
au  comte  de  Grignan,  to  déc.  <670.  ||  Se  laisser  fer- 
rer, être  docile,  obéissant,  soumis.  Ce  ne  sont  plus 
ces  guerriers,  la  terreur  de  l'Europe,  l'admiration 
du  monde;  ils  furent  grands,  fiers,  généreux;  mais, 
domptés  aujourd'hui,  abattus,  mutilés,  bistournés 
par  Napoléon,  ils  se  laissent  ferrer  et  monter  à  tous 
venants,  p.  l.  cour.  Lett.  x.  Julie  marche  avec  nous, 
je  vois  qu'on  rôde  autour  d'elle,  mais  ma  foi  elle  ne 
se  laisse  pas  ferrer  à  tout  le  monde,  id.  Lett.  i,  84. 
Il  Ferrer  la  mule,  acheter  une  chose  pour  q'uelqu'un, 
et  la  lui  compter  plus  cher  qu'elle  n'a  coûté,  et 
aussi  recevoir  de  l'argent  pour  procurer  accès  au- 
près d'un  personnage  puissant;  locution  qui  vient 
de  cette  anecdote  racontée  dans  la  vie  de  Vespa- 
sien,  et  où  il  est  dit  qu'un  serviteur  de  l'empereur 
s'arrangea  pour  qu'une  mule,  dans  un  voyage  du 


FER 


16/i9 


prince,  eilt  besoin  d'être  ferrée,  et,  pendant  qu'on 
la  ferrait,  un  solliciteur,  qui  avait  payé  lo  servi- 
teur, remit  un  placet  à  l'empereur.  C'est-à-dire  on 
deux  mots  que  tu  ferres  la  mule,  th.  corm.  Feint 
aslrol.  IV,  12.  Il  3°  Terme  de  pêche  à  la  ligne.  Don- 
ner un  coup  sec  du  poignet,  au  moment  où  Ion 
sent  que  le  poisson  mord,  afin  d'engager  le  fer 
de  l'hameçon  dans  les  chairs.  ||  Absolument.  Il  ne 
sait  pas  ferrer.  ||  4°  Ferrer  le  chanvre,  frotter  du 
chanvre  par  poignée  sur  un  fer  obtus  pour  le  rendre 
plus  aisé  à  filer.  ||  B»  Appliquer  un  plomb  de  visite 
sur  une  pièce  d'étoffe  et  la  marquer  avec  un  coin 
d'acier. 

—  HiST.  XII'  S.  Uns  escuiers  vint  pognant  la  ferée 
[route  pierrée],  Bonc.  p.  (46.  Pour  fere  gens  par- 
ler do  soi,  Fist  tous  les  quatre  fers  dorer.  Ne  vout 
[il  ne  voulut)  mie  dire  ferer,  Uoman  de  flou,  dans 
DU  CANGE,  ferrum.  [Le  chevalj  Heprent  s'alaine, 
tost  est  revigorez,  Ansi  henist  comme  s'il  fust 
gitez  [sorti]  Fors  de  l'estable  et  de  nouvel  ferrez, 
Bat.  d'Aleschans,  v.  B62.  |l  xni's.  EtThibaut  de  Bria 
DointDiex  le  roi  moins  amer  [que  le  roi  aime  moins 
Thibaut]  Et  Ferrant  fasse  ferrer  [mettre  aux  fers 
Ferrant],  hues  de  lafertè,  flomoneero,  p.  (92.  Nus 
ne  doit  faire  corroies  d'e.stain,  c'est  à  savoir  clouer 
ne  ferrer  d'estain;  et  se  il  le  fet,  ele  doit  estrearse, 
lit),  des  met.  238.  Quant  li  rois  englois  entendi  que 
il  venroient  l'ourmiel  [ormeau]  copper,  si  fist  fierei 
le  tronc  desous  de  bandes  de  fier  tout  entour,  Chr 
de  Rains,  p.  63.  De  son  bordon  qui  est  ferrez  Li  a 
touz  perciez  les  costez,  Ben.  uoia.  ||xiv'  s.  Plu- 
seurs  bonn.is  gens  qui  estoient  venuz  au  dit  hostel 
pour  eulx  esbatre  et  mangier  pain  ferez  [gaufres], 
ratons,  crespes  et  autres  choses,  de  laborde.  Émaux, 
p.  420.  Il  xV  s.  Et  ne  savoient  de  quoi  ferrer  ceux 
[les  chevaux]  qui  estoient  desferrés,  proiss.  i,  i,39. 
Les  portes  estoient  toutes  ferréo?  de  lames  de  fer, 
Boude.  I,  3t.  Le  suppliant  a  marqué  et  ferré  du  dit 
martel  dix-sept  chesnes  et  ung  hestre,  du  cange, 
ferrare.  Saintré  qui  ferré  [forme]  et  sur  la  garde  se 
tenoit,  Jeh.  de  Saintré,  ch.  66.  Lor  decendit  le  ser- 
pent sur  luy,  et  Lionnel  luy  dressa  son  glaive  en  la 
poictrine;  mais  il  avoit  la  peau  si  dure  que  le  fer 
ne  peut  dedens  entrer,  ains  vuida  hors,  et  ferra 
[perça]  la  jointure  de  l'aelle,  dont  le  serpent  fut  na- 
vré, Perceforest,  1. 11,  p.  6I.  Le  clerc  s'en  fit  beau- 
coup prier,  et,  à  très  grand  crainte  par  semblant,  et 
à  très  grande  abondance  de  larmes  et  à  voulenté,  sa 
laisse  ferrer  [cède]  et  dit  qu'il  lui  dira,  mais  qu'il 
lui  veuille  promettre  que....  louis  xi,  A'ouu.  xiu. 
Il  XVI'  s.  [Montaigne  donne  la  palme  à  Amyot,  tra- 
ducteur de  PlutarqueJ  pour  la  profondeur  de  son 
sçavoir,  ayant  pu  développer  si  heureusement  un 
auteur  si  espineux  et  ferré,  car  on  m'en  dira  ce 
qu'on  voudra,  je  n'entends  rien  au  grec,  mont,  ii, 
41.  C'est  une  viande  qu'il  fault  engloutir  sans  mas- 
cher,  qui  n'a  le  gosier  ferré  à  glace,  id.  ii,  38B.  Tel 
valet  ferre  la  mule  au  maistre  qu'il  ne  hayt  pas 
pourtant,  in.  m,  323.  Leurs  chevaulx,  ferrés  d'oi 
massif,  ID.  IV,  22.  De  beau  latin  ferré  à  glace,  des- 
PEB.  Contes,  XLix.  Les  eaux  astrijigentes  ou  fer- 
rées.... du  laict  ferréavec  acier....  eau  ferrée,  parÉ; 
XVIII,  66.  Voilà  comment  sagement  ce  grand  amiral 
gouverna  et  ferra  fort  doucement  ces  me<sieurs  les 
reistres,  .si  mal  aisés  à  ferrer,  brant.  Cap.  fr.  t.  m, 
p.  192,  dans  lacdrne.  Ferrer  la  mule  à  l'envera 
[marquer  un  malfaiteur  sur  l'épaule],  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ferrar;  espagn.  herrar;  ital. 
ferrare  ;  du  latin  ferrare,  de  ferrum,  fer. 

t  FERRERIE  (fê-re-rie),  s.  f.  Se  dit  de  tous  les 
gros  ouvrages  de  fer,  et  du  commerce  des  fers. 

—  ÉTYM.  Fer. 

FERRET  (fè-rè),  s.  m-  ||  1°  Petit  fer,  et,  en  géné- 
ral, morceau  de  métal  ou  de  corps  dur  terminant 
une  aiguillette  ou  un  lacet.  Elle  a  fait  nommer  srn 
protégé  officier  dans  les  gantes,  et  ce  matin  même 
l'a  prévenu  mystérieusement  de  son  nouveau 
grade  en  lui  en  envoyant  les  insignes,  des  ferrets 
en  diamants  que  l'on  dit  magnifiques,  scribe,  le 
Verre  d'eau,  11,  <o.  ||  Je  ne  voudrais  pas  en  donner 
un  ferret  d'aiguillette,  se  dit  d'une  chose  sans  va- 
leur, dont  on  ne  fait  nul  cas.  ||  2°  Petit  tube  pour 
empêcher  les  mèches  des  bougies  de  prendre  de  la 
cire.  Il  l'faque  triangulaire  d'épinglier. 

—  PTYM.  Diminutif  de  fer. 

f  FERRETIER  (fê-re-tié) ,  s.  m.  Marteau  du  ma- 
réchal, dont  il  se  sert  pour  forger  les  fers. 

—  ÉTYM.  Fer. 

FERREUR  (fè-reur),  s.  m.  Ouvrier  qui  met  des 
ferrets.  ||  Ouvrier  qui  pose  des  serrures.  ||  Celui  qui 
applique  les  plombs  sur  les  pièces  d'étoffe. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  bourreau,  avec  un  pillon  de 
la  mesme  longueur  et  façon  que  ceui  des  fe.reurj 

I     -207 


1650 


FER 


de  flUaco,  mais  de  fer,  leur  rompit  et  brisa  les  mem- 
bres, CAiiLoix,  m,  H. 

—  f.TYM   l'rrm. 

f  FKIUIKIX  (fë-reû),  aâj  m.  Terme  de  chimie. 
S'est  iliuruii  oxyde  do  fer.  ||  Sous-sulfure  ferreux,  le 
premier  degré  de  la  sulfuratiou  du  fer. 

—  KIVM   Fer. 

f  FEUKICO....  Mot  qui  représente  ferrique,  qui 
so  dit  dans  la  cliimie,  en  composition,  d'un  sel 
feirii]ue  couiliiné  avec  un  autre  sel  :  femco-po- 
tassique,  forrico-plonilji<jue. 

t  FEllKlDIiS  (fè-rri-d'),  s.  m.  pi.  Terme  de  chi- 
mie. Nom  d'une  famille  de  corps  simples  qui  a  pour 
type  le  fer. 

—  KTYM.  1er. 

FKUltlËRE  (fc-riê-r'),  s.  f.  Sac  de  voyage,  dans 
lequel  on  porte  ce  qui  est  nécessaire  pour  ferrer  un 
cheval,  s'il  arrive  qu'il  perde  ses  fers.  ||  sac  de  cuir 
où  les  serruriers  mettent  leurs  outils. 

—  f.TV.M.  Fer. 

t  FEKUIFKke  (fè-rri-fê-r'),  adj.  Qui  porte  du 
fer;  qui  contient  du  fer. 

—  F.rvu.  Lat.  ferrum,  fer,  et  ferre,  porter. 

f  FKItltiyt'E  (fè-ni-k'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Oui  se  rapporte  au  fer  et  à  ses  composés.  ||  .Acide 
ferri(|ue,  acide  non  encore  isolé,  obtenu  à  l'état  de 
ferrato  de  potasse. 

—  ÉTYM.  Lat.  ferrum,  fer. 

t  n-;RHOCYANATE  (lê-rro-si-a-na-t'),  s.  m. 
Terme  do  chimie.  Voy.  cvanofkhhate. 

t  FHllHOCYANE  (fè-rro-si-a-n),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Voy.  cyanofk.bhe. 

t  FEIUIOCYANIQUE  (fè-no-si-a-Di-k'),  odj. 
Terme  de  chimie.  Voy.  cyanokf.rbiqul. 

t  FEltItO.N  {fù-ron),i.  m.  Terme  de  commerce.  Se 
dii  quelquefois  d'un  marcliand  de  fer  neuf  en  barres 

—  HIST.  xiv"  s,  Isabeau  de  Courtenay,  veuve  de 
Guillaume  de  Roigui,  se  remaria  à  un  pauvre  feiTon 
et  maresclial,  homme  de  très  petit  et  vil'  estât,  du 
CANCiE,  ferro. 

—  RrVM.  Fer. 

_  FEIIRONNEKIE  (re-ro-ne-rie),  s.  f  ||  1"  Lieu  où 
l'on  faliri  |uo  les  gros  ouvrages  de  fer.   ||  2°  Menus 
ouvrages  de  fer  que  fabriquent  les  cloutiers. 
/"     —  iiisr.  XIII'  s.  Coustumes  de  la  feronnerie,  du 
/  CANGE,  ferreria. 

—  KTYM.  Ferronnier. 

FERRONMEK,  lÈUE  {Pe-ro-nié,  niê-r") ,  s.  m. 
et  /.  Celui,  celle  (jui  vend  des  ouvrages  de  fer. 

—  F.TYM    Ferron. 

t  FERRON.MÈRE  (fe-ro-niê-r'),  s.  f  Chaîne  d'or 
portant  au  milieu  un  joyau  que  les  femmes  se  pla- 
cent sur  le  front.  Une  riche  feiTcnnièro. 

—  ETYM.  Sans  doute  dite  ainsi  de  la  Belle  Fer- 
ronnière,  dont  il  y  a  un  tableau  célèbre  par  Léo- 
nard de  Vinci. 

\  FERROSO....  s'e<t  dit,  dans  la  chimie,  en  com- 
position, des  sels  d'oxyde  ferreux  et  d'w^  autre  sel. 
Ferroso-potassique. 

i  FERROïlER  (fè-rro-tié),  s.  m.  Garçon  ou  com- 
pagnon dans  les  verreries. 

FERRUGIXEUX,  EUSE  (fe-rru-ji-Deû,  neû-z'), odj. 
Oui  tient  de  la  nature  du  fer  à  l'itat  d'oxyde.  Terre, 
eau  ferrugineuse.  Ces  grandes  masses  ou  roches  fer- 
rugineuses ne  sont  pas  également  riches  en  métal; 
quel  |ues-unes  donnent  .soixante-dix  ou  soixante- 
douze  pour  cent  de  fer  en  fonte,  tandis  que  d'autres 
n'en  donnent  que  quarante,  buff.  Uin.  t.  iv,  p.  \'l, 
dans  pouGKNS.  La  fameuse  montagne  d'Eisenartz  en 
Styrie,  haute  de  quatre  cent  quatre-vingts  toises, 
est  pres)ue  toute  composée  de  minéraux  ferrugi- 
neux de  différentes  (jualités,  id.  th.  p.  34.  ||  .S',  m.  pi. 
Terme  de  pharmacie.  Les  ferrugineux,  médicaments 
qui  contiennent  une  préparation  de  fer. 

—  F.rvM   Lat.  ferrugo,  rouille,  de  ferrum,  fer. 

t  FERRL'GINOSITK  (fc-rru-ji-nô-zi-lé),*.  /'.Terme 
didactique.  Qualité  de  ce  i|ui  est  ferrugineux. 

—  HisT.  XVI*  s.  Ferruginosité,  oi;din,  Dict. 

—  ETYM.  Ferrugineux. 

FERRURE  (fé-ru-r'),ï. /•.  H  l"  Garniture  de  fer. 
La  ferrure  d'une  porte.  ||  Terme  de  marine.  Ferrures 
du  gouvernail,  pentures  qui  suspendent  le  gouver- 
nail à  l'étambot.  ||  2°  Terme  de  maréchal.  Opération 
qui  consiste  à  adapter  des  fers  convenables  sur  le 
sabot  du  cheval,  de  l'âne,  du  mulet  et  sur  les  on- 
glons  du  bœuf.  ||  Manière  de  ferrer.  Ferrure  à  la 
française.  |{  L'ensemble  des  fers  que  porte  actuelle- 
mei,t  un  animal.  Ce  cheval  a  perdu  une  partie  de  sa 
ferme.  {{  Ferrure  chirurgicale,  ferrure  qui  a  pour 
but  soit  de  remédier  aux  maladies  de  la  corne,  ou  aux 
vices  d'aplomb,  soit  de  .servir  d'appareil  complémen- 
taire pour  faciliter  l'application  des  pansements  sur 
le  pied,  i  U  suite  d'opérations  chirurgicales. 


FER 

—  HIST.  XIII"  S.  Nus  bariilier  ne  puot  ovrer  de 
nul  fust,  se  il  n'est  ses  [sec],  c'est  à  savoir  après  ce 
que  li  baris  ait  esté  parés  un  mois,  avant  que  on 
moste  la  Terreure  desus,  l.iv.  des  met.  (ua.  Ces 
fremaux  d'or  à  pierres  fines  \  vos  cols  et  à  vos  poi- 
trines. Et  ces  tissus  et  ces  ceintures  Dont  tant 
coustent  les  ferreUies,  la  Huse,  0^28.  {{  xiv*  s.  \ 
liauduin  ie  fevre,  pour  une  fierure  mise  à  raitiUerie, 
CAFKiAUX,  Aliatlis  de  maisons,  p.  i3.  ||  xvi*  s.  Tout 
doré  est  celuy  [le  trait]  qui  la  procrée  [l'amour], 
Et  a  ferrure  aguê,  clere  et  coincte,  marot,  iv,  ;i7.  11 
faut  que  le  bon  homme  (le  paysan]  paye  la  ferrure 
des  chevaux,  rabillage  des  selles,  croppiere  et  autres 
équipages,  fkoumeniEau,  Finances,  m,  p.  39.'.. 

—  ÊTY.M.  Ferrer:  proveuç.  ferradura  ;  espagn. 
herradura  ;  ital.  ferratura. 

I  FERSE  (fèr-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Lé  de 
toile.  On  dit  qu'une  voile  a  tant  de  ferses  pour  dire 
qu'elle  a  telle  hauteur  et  telle  largeur.  La  ferse  se 
divise  en  cannes. 

FERTILE  {fèr-ti-1'),  adj.  ||  1°  Qui  produit,  qui 
rapporte  beaucou]),  en  parlant  de  la  terre.  Terre  fer- 
tile eu  blé,  en  vignes,  en  oUviers.  Il  fallut  qu'au 
travail  son  corps  rendu  docile,  Forçât  la  terre  avaie 
à  devenir  fertile,  boil.  Ép.  m.  Tu  fais  d'un  sable 
aride  une  terre  fertile,  id.  ib.  xi.  Les  pays  de  craie  et 
de  pierre  calcaire  sont  beaucoup  moins  fertiles  que 
ceux  d'argile  et  de  cailloux  vitreux,  buff.  Ilin.  t.  ii, 
p.  I8ii,  dans  pouGËxs.  11  est  peu  de  contrées  sur  le 
globe  aussi  feitiles  que  l'Egypte;  le  sol  y  donne  an- 
nuellement'trois  récoltes,  dont  chacune  ne  coûte 
qu'un  labour,  raynal,  llist.  phil  xi,  3.  ||  Par  ex- 
tension. Année  fertile,  année  abondante  en  récoltes. 
Il  Toi  me  de  botanique.  Élamines  fertiles,  celles  dont 
les  anthères  sont  pleinesdepollen.  Fleurs  fertiles,  par 
opposition  à  Heurs  stériles  dans  lesquelles  les  organes 
sexuels  ont  avorté  ou  manquent  d'une  façon  quel- 
conque. Il  2"  Fig.  Qui  porto,  qui  produit  abondam- 
ment. Car  je  doute  à  présent....  Et  vous  vois  si 
fertile  en  semblables  détours,  corn.  Uent.  v,  4. 
La  satire  en  leçons,  en  nouveautés  fertile.  Sait 
seule  assaisonner  le  plaLsant  et  l'utile,  boil.  Sat.  ix. 
Ainsi  qu'en  sots  auteurs.  Notre  siècle  est  fertile 
en  sots  admirateurs,  m.  Art  p.  m.  Qu'en  savan- 
tes leçons  votre  muse  fertile  Partout  joigne  au 
plaisant  le  solide  et  l'utile ,  id.  ib.  iv.  L'Église 
était  alors  fertile  en  grands  courages,  id.  Lutrin,  m. 
Le  roi,  toujours  fertile  en  dangereux  détours,  S'ar- 
mera contre  nous  de  nos  moindres  discours,  rac. 
Milhr.  I,  5.  Il  Esprit,  imagination,  veine  fertile, 
esprit,  imagination,  veine  qui  produit  beaucoup  et 
sans  peine.  {|  Sujet  fertile,  matière  fertile,  sujet  sur 
lequel  il  y  a  beaucoup  de  choses  à  dire,  matière 
qui  fournit  d'amples  développements. 

—  REM.  On  dit  fertile  en;  cependant  Malherbe  a 
dit  fertile  de  :  On  tient  que  ce  plaisir  est  fertile  de 
peine,  vi,  lO. 

—  iiist.  xvi*  s.  On  ne  voit  champ,  tant  soit  fer- 
til.  S'il  n'est  poitry  de  labourage,  Qu'à  la  fin  ne 
vienne  inutil,  ronsard,  t.  n,  p.  1538. 

—  Ftvm.  Provenç.  et  espagn.  fertil;  ita'.  fertile;  du 
lat.  fertitis, defern,  porter;  comp.  legrec  çEp-ro;,  porté. 

FERTII.EMENT  (fèr-ti-le-man),   adv.  D'une  ma- 
nière fertile. 
~  HIST.  XVI"  s.  Fertilement,  cotgrave. 

—  F.TYM.  Fertile,  et  le  suffixe  ment. 

I  FERTILLSABLE  (fèr-ti-li-za-bl') ,  adj.  Qui  peut 
être  fertilisé.  Terre  fertilisable. 

—  ÊTVM.  Fertiliser. 

t  FERTILISANT,  ANTE  (fèr-ti-li-zan,  zan-t'), 
adj.  Qui  est  propre  à  fertiliser.  Utiliser  les  matières 
fertilisantes  qui  proviennent  des  villes. 

+  FERTILISATION  (fèr-ti-li-za-sion;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f  Action  de  rendre  fertile.  Les  li- 
vres d'agriculture  si  multipliés  de  nos  jours,  et  qui 
ne  sont  la  plupart  que  des  échos  les  uns  des  autres, 
regorgent  de  ces  procédés  relatifs  à  la  fertilisation 
des  terres,    bonnkt,  Contempl.  noi.  \i,  3,  note  i. 

—  F.TYM.  Fertiliser. 

FERTILISÉ,  fiE  (rèr-ti-li-zé,zée),  port.  p<«î<.  Une 
campigne  longtemps  aride,  aujourd'hui  fertilisée. 

FERTILISER  (fèr-ti-li-zé),  ».  o.  ||  1°  Rendre  fer- 
til). Les  engrais  fertilisent  les  terres.  Il  vaut  mieux 
sans  doute  fertiliser  sa  terre,  que  de  se  plaindre  ii. 
Paris  de  la  stérilité  de  sa  terre, volt.  Taticr.  Epit.  Ce 
torrent  qui  menaçait  les  campagnes  ne  coule  plus 
que  pour  les  embellir  et  les  fertiliser,  bonnet,  Ess. 
Psyché,  ch.  74.  ||  2"  Par  extension.  Puisse  Mila  étein- 
dre ce  flambeau!  je  fertiliserai  son  sein;  l'espoir  de 
la  patrie  pendra  à  sa  mamelle  féconde,  chateaubr. 
A  tala,  le  récit  des  chasseurs.  |{  3'  Se  fertiliser,  c.  réfl. 
Devenir  fertile.  À  force  de  recevoir  des  engrais, 
cette  terre  s'est  fertilisée. 


FER 

—  HIST.  XVI"  S.  Là  l'escusson,  se  reprenant,  bour- 
geonne, et  produit  dos  vergetons  dont  l'arbre  se 
façonne,  se  légitime,  se  fertilie  selon  vostre  inten- 
tion, 0.  DE  SKhhKS,  667. 

—  ÊfY.M.  Fertile. 

FERTILITÉ  (rcr-ti-li-tc),  t.  f.  Qualité  de  ce  qu 
est  fertile.  La  fertilité  de  la  terre.  ||  Abondance 
Année  <le  fertilité.  Les  sept  années  de  fertilité  vin- 
rent donc,  et  le  blé,  ayant  été  mis  en  gerbes,  fut 
serré  ensuite  dans  les  greniers  de  l'Egypte,  saci, 
Uible.  Genèse,  xli,  47.  ||  Terme  de  botanique.  Etat 
d'un  organe  végétal,  lequel  est  propre  à  la  féconda- 
tion et  à  la  repro<luction.  La  fertilité  de  l'élamine, 
du  pistil  II  Fig.  Une  grande  fertilité  d'espriL  i;ette 
fertilité  [de  l'imagination  i  et  celle  étendue  ne  fai- 
saient que  fournir  matière  à  l'extravagance  et  don- 
ner plus  d'espace  à  des  pensées  folles,  BA1.Z.  De  la 
cour,  4"  dise. 

—  HIST.  XV*  s.  Cet  an,  par  fertilité,  Vous  donne 
largesse.  Ne  crions  plus  la  cherté,  bassklin,  l. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fertilitat;  espagn.  fertilidad; 
ital.  fertililà  ;  du  lat.  ferlilitalem,  de  fcrtilis,  fertile. 

FÉRU,  CE  (fé-ru,  rue),  part,  passé  de  férir. 
Il  1"  l'orme  de  vétérinaire,  blessé  d'un  coup  Ce 
cheval  a  le  tendon  féru.  ||  2°  Fig  Etre  féru  d'une 
personne,  d'une  chose,  en  être  très-épris.  Il  est  féru 
de  cette  femme.  Notre  précepteur,  qui  n'avait  ja- 
mais lu  de  romans....  en  devint  si  féru  qu'il  avoua 
que  la  lecture  des  bons  romans  instruisait  et  diver- 
li,ssait,  SCABR.  Roman  corn,  i,  I3.  Van  der  Linden 
élait  un  bon  homme  et  riche,  mais  qui  était  féru  do 
la  chimie  et  de  la  pierre  pbilosophalo,  gui  p.ïti.n. 
Lettre  704.  Apis  étant  venu  amené  par  les  prêtres, 
Cambyse,  féru  qu'il  était  de  méchante  folie,  tira  sa 
dague,  p.  L.  COUR.  Trad.  d'ilirud.  Ariane,  ma  sœur, 
de  quoi  amour  blessée,  n'est  point  une  expres- 
sion de  marquis;  mais  nos  laboureurs  chautenl  : 
Féru  de  ton  amour.  Je  ne  dors  nuit  ni  jour,  lu-  ib. 
Préface,  il  Être  féru  contre  quelqu'un,  être  forl  indis- 
posé contre  lui. 

t  FÉRULACÉ,  ÉE  (fé-ru-la-sé,  séo),  adj.  Terme 
do  botanique.  Qui  ressemble  à  la  plante  dite  férule. 

—  ETYM.  Férule. 

FÉRULE  (fé-ru-l), i.  f  ||  1°  Genre  de  plantes om- 
boUifères  auijuel  appartiennent  l'assa  foetida  et 
le  sagapénum.  Chez  les  anciens,  la  tige  des  férules 
servait  à  faire  des  attelles  pour  contenir  les  frac- 
tures, et  à  châtier  les  écoliers.  ||  2  Petite  palette  de 
bois  ou  de  cuir  avec  laquelle  on  frappe  les  écoliers 
dans  la  main.  Tu  vas  passer  pour  ridicule  Chez  les 
r.  is  du  pays  latin.  Dont  le  sceptre  est  une  férule, 
MAiNARD,  Poésies,  daus  RicuF.LET.  ||  Par  extension. 
Il  Jle  chat]  se  fût  fait  un  grand  scrupule  D'armer 
de  pointes  sa  férule,  la  font.  Fabl.  xii,  î.||  Coujide 
férule.  Donner,  recevoir  des  férules.  J'ai  quelque 
idée  que,  lorsque  je  faisais  mes  humanités  au  col- 
lège du  Plessis,  si  je  fusse  tombé  dans  ce  solécisme, 
le  bon  M.  JaC'iuin,  qui  aime  qu'on  parle  français, 
m'aurait  fait  donner  une  férule,  volt.  )lél.  liuér. 
Obscrv.  sur  l'Épit.  de  Boil.  à  Fo/L  h  Fig.  Le  par- 
lement voulut  humilierd'Argensonet  donner  au  ré- 
gent une  dure  et  honteuse  férule,  st-sim.  450,  31. 
Il  Prendre  la  férule,  tenir  la  férule,  être  régent  dans 
un  collège  ou  maître  d'école.  Ils  d-vraient,  ces  au- 
teurs, demeurer  dans  le  grec.  Et  se  contenter  du 
respect  De  la  genl  qui  porte  férule  ,  pkrhaclt,  Pa- 
rallèle, à  la  fin  de  la  Préface.  Mon  fils,  dit-il,  tout 
sceptre  est  un  grand  poids,  Sois  mon  second,  prends 
la  férule,  bêhang.  Denys.  jl  Fig.  Tenir  la  férule,  exer- 
cer une  autorité  sévère.  ||  Etre  sous  la  férule  de  quel- 
qu'un, être  sous  la  direction  sévère  d'une  personne. 
Lorsque  j'étudiais  le  latin  sous  la  férule  des  écoles 
publiques,  un  piège  que  je  tendais  à  mon  régent, 
c'était  d'employer  ces  phrases  insolites,  uider.  tc«. 
à  Galiani.  ||  Fig.  Autorité  sévère,  rigoureuse.  Où 
donc  est  de  Boileau  l'implacable  férule '/Où  sont  ces 
traits  sanglants,  effroi  du  ridicule?  millev.  Inven- 
tion poétique.  Notre  empereur  portail  longue  férule; 
Puis  est  venu  le  martinet  royal,  bêrano.  Gohier. 

—  HIST.  XVI"  s.  On  donne  au  malade  un  tronc  ou 
coste  d'a.sphodele  ou  de  férule  à  mascher,  parB, 
VIII,  2.  Les  férules,  ou  aslelles,  sont  faites  de  pa- 
piers collés  ensemble,  ou  de  bois  mince  ou  délié, 
ou  de  cuir,  d'escorce  de  férule,  qui  est  fort  propre; 
leur  usage  est  de  tenir  fermes  les  os  fractures  et 
luxés,  ID.  ib.  xu,  8.  La  ferulo  du  dieu  Bacchus  (qui 
est  comme  une  canne  dont  on  donne  sur  la  main 
aux  enfans  qui  ont  faiUy)  est  suffis;inte  punition  de 
l'yvrongne,  amyot.  Comment  refrén.  la  colère,  36. 

—  ÊTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  ferula,  lérule, 
plante;  du  latin  ferula,  qui  vient  de  ferire ,  Iwttre. 

FERVEiM.'HENT  (fcr-va-man),  adr.  Avec  ferveur. 
11  s'est  acquitté  fervemmenl  de  ce  deroir  religieux. 


FER 

—  HIST.  xiT*  S.  Desiror  fervommont,  Ordonn. 

des  rois  de  Fr.  t.  I,  p.  457.  ||  xvi"  s Quand  une 

personne  ame  [aime]  Fen'entement,  et  voit  souffrir 
la  mort  Au  sien  ami....  crétin,  p.  258,  dans  lacuhne. 

—  Ety.m.  Fervent,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
fervemmens;  ital   ferrentetnente. 

FERVENT,  ENTE  (fi-r-van,  van-t'),  adj.  \\  1"  Qui 
a  beaucoup  de  ferveur.  Vous  dormez  trop  pour  un 
jeune  novice  qui  doit  être  fervent,  fénel.  Dial.  des 
morts  mod.  il.  ||  Par  extension.  Un  amoureux,  un 
adorateur  fervent.  ||  2°  Où  il  y  a  de  la  ferveur,  qu'on 
fait  avec  ferveur.  Je  crains  même  que  vous  ne 
m'appreniez  cette  prière  fervente  que  vous  faites 
les  matins  et  qui  vous  donne  sujet  de  ne  plus  penser 
à  Dieu  tout  le  reste  de  la  journée,  SÉV.  LHt.  à  Bussy, 
<9  mai  1877.  Cet  amour  prompt,  fervent,  constant, 
que  rien  n'arrête  et  que  rien  ne  lasse,  boubdal. 
Exhort.  sur  l'obs.  des  règles,  t.  i,  p.  '.no.  Fervente 
contrition,  ID.  Ouvert,  du  jub.  Myst.  t.  ii,  p.  647. 

—  HIST.  XIII*  s.  Tant  ert  [il  était]  fervenz  en  sun 
désir.  Ne  l'en  puet  li  priurs  partir,  a\RiE,  Purga- 
toire, 67.1.  Nule  dolor  n'est  plus  fervant,  rcteb.  104. 
Il  XIV'  s.  Uns  homs  mit  en  escript  ses  pecchics,  ce 
lisons,  Puis  les  mist  sur  l'autel  en  fervens  orisons, 
Girart  de  Ross.  v.  4489.  La  grant  et  copieuse  mul- 
titude de  livres  de  diverses  sciences  que  vous 
(Charles  V)  avez  assemblez  chacun  jour  par  vostre 
fervent  diligence,  Ilisl.  litt.  delà  Fr.  t.  xxiv,  p.  184. 
Il  XVI"  s.  On  y  doit  appliquer  de  l'huile  toute  fer- 
vente, PARÉ,  VIII,  39. 

—  ËTVM.  Provenç.  ferrent,  ferven;  espagn.  fer- 
vietue;  ital.  fervente;  du  latin  ferretitem,  de  fervere, 
être  chaud  (voy.  fervkur). 

FERVEUR  (fèr-veur),  s.  f  ||  1°  Sentiment  vif  qui 
porte  aux  choses  de  piété,  de  charité.  Saint-François 
entre  tous  les  autres  lui  parut  fà  Luther]  un  homme 
ailmirable,  animé  d'une  mei-veilleuse  ferveur  d'es- 
prit, Boss.  Var.  m,  §  60.  L'ardeur  de  leurs  oraisons 
vous  servit  souvent  de  motif  pour  renouveler  la  fer- 
veur des  vôtres,  flécii.  Marie-Thér.  *!'  ne  laissa 
passer  aucune  semaine  sans  rallumer  sa  ferveur 
par  l'usage  des  sacrements,  id.  Lamoignon.  Le  som- 
meil n'est  point  incompatible  avec  la  ferveur,  féxel. 
Dial.  des  morts  mod.  xi.  ||  Il  se  dit  au  pluriel.  Mais 
redoublons  plutôt  nos  ferveurs  dans  ce  trouble  Pour 
offrir  à  Dieu  nos  combats,  corn.  Imit.  l,  I3.  C'est 
ce  qui  dans  leurs  coeurs  verse  un  amour  si  tendre. 
C'est  ce  qui  les  élève  aux  plus  hautes  ferveurs,  m. 
ib.  IV,  I .  Se  livrant  aux  ferveurs  de  la  charité  la  plus 
consommée,  bouroal.  Orais.  fun.  de  Condé,  m. 
11  consacre  ce  saint  lieu  par  des  ferveurs  et  même 
des  excès  de  pénitence  qui  l'égalèrent  aux  Élie  et 
aux  Jean-Baptiste,  id.  Panég.  de  S.  Fr.  dePaule,  t. 
Je  vous  parle  de  ses  erreurs  aussi  bien  que  de  ses 
lumières;  de  ses  faiblesses  aussi  bien  que  de  ses 
ferveurs,  id.  Panég.  de  St  Pierre,  l.  Des  lîglises 
dont  les  ferveurs  ne  le  cèdent  en  rien  à  celles  du 
christianisme  naissant,  id.  Panég.  de  .S.  Fr.  Xavier, 
K  II  Proverbe.  Ferveur  de  novice  ne  dure  pas  long- 
temps. Il  2°  Il  se  dit  de  l'amour.  Entre  tous  ces 
amants  dont  la  jeune  ferveur  Adore  votre  fille.... 
Corn.  Cid,  I"  scène  (supprimée).  Tant  ce  trompeur 
espoir  redouble  ses  ferveurs!  id.  la  Suiv.  m,  6.  Ce 
mot  de  ferveur  est  plus  propre  pour  la  dévotion  que 
pour  l'amour;  mais,  suiiposé  ([u'il  fût  aussi  bon  en 
cet  endroit  qu'ardeur  ou  désir,  jeune  s'y  accommo- 
derait fort  bien  contre  l'avis  de  l'observateur  fScu- 
déry].  Sent,  de  l'Acad.  sur  le  Cid.  ||  Ardeur  d'un 
goût,  d'une  passion.  Je  le  trouvai  dans  la  ferveur 
des  hautes  connaissances,  j.  j.  rouss.  Confess.  vu. 

—  HIST.  xir  s.  L'ire  ki  est  de  vice  avoglet  l'oelh, 
mais  celé  ki  est  de  fervor  de  droiture,  lo  turbet. 
Job,  p.  616.  Il  xiv  s.  Assouagir  [adoucir]  la  doulour 
et  la  fen'our  [chaleur],  se  ele  i  est  [dans  une  plaie], 
H.  DE  MONi.Evii.LE,  f»  1)0,  verso.  Pour  la  ferveur  et 
chaleur  de  leur  eage  il  vivent  ou  sont  enclins  à  vi- 
vre selon  leur  passions  et  desirers,  ohksme.  Eh. 
4  38.  Il  xvi*  s.  De  quel  ferveur  il  [le  chien]  le  tient 
[un  os  à  moelle],  de  quelle  prudence  il  l'entomme, 
RAit.  Garg.  i,  prol.  La  ferveur  de  tes  estudes  re- 
queroyt  que  de  long  temps  no  te  revocasse,  id.  ib.  i, 
2!i.  Et  telles  ferveurs  |  fureurs  provenant  de  zèle] 
sont  louées  es  Escritures,  langue,  68. 

—  ETY.M.  Provenç.  et  espagn.  fervor;  ital.  fer- 
vorc;  d..  lat.  feriorem;  cump.  le  grec  fispiio;. 
cbaurl,  l'ancien  latin  fnrmus,  chaud,  et  le  sanscrit 
ghurmn,  c;haleur.  On  trouve  fervelé  dans  une  or- 
donnance lie  mai  M 92. 

t  FERVOIE  (fèr-voi),  s.  f.  Chemin  de  fer,  terme 
qui.  proposé  par  un  journal  dit  l'Australien,  méri- 
terait .l'être  adopté. 

—  ÉTYM.  Fer,  et  voie;  ital.  ferrovia. 

i  FERZAIE  (rcr-zê),«.  f  Voy.  prezair. 


FES 

FESCENNIN,  INE  (  fè-ssè-nnin ,  nni-n') ,  adj. 
Terme  d'antiquité  latine.  Se  dit  d'une  sorte  de 
poésie  grossière  et  licencieuse,  qui,  usitée  à  Fes- 
cennie  en  Élrurie,  passa  de  là  à  Rome  et  fut  em- 
ployée dans  les  divertissenjtnts  dramatiques.  Vers 
fescennins.  Poésie  fescennine 

—  HIST.  XVI"  s.  J'eusse  voluntiers  retranché  mes 
fescennines  libériez  de  cet  aage-là,  des  accords, 
Bigarr.  Avant-propos. 

f  FESE  (fè-2'),  s.  f.  Maladie  observée  dans  les 
groupes  d'iles  au  sud  de  l'océan  Pacifi(]ue,  et  rap- 
portée par  les  médecins  qui  l'ont  décrite,  à  l'éléphan- 
tiasis  des  Aralies. 

t  FESEUR  (fe-zeur),  s.  m.  Orthographe  que  quel- 
ques auteurs  suivent  pour  faiseur. 

f  FESOUR  (fe-zour),  s.  m.  Espèce  de  pelle  ou  de 
bêche  à  l'usage  des  sauniers. 

t  FESSADE  (fc-sa-d'),  s.  f  Action  de  fesser.  La 
fessade  et  le  carcan  de  l'abbé  de  Prades  sont  des 
contes  ;  mais  il  est  triste  qu'on  les  fasse,  volt.  Lett. 
d'Alembert,  I3  févr.  (768. 

—  ETYM.  Fesser. 

FESSE  (fe-s'),  s.  f.  ||  1°  Chacune  des  deux  parties 
charnues  du  derrière  de  l'homme  et  du  singe. 
Mais,  ne  se  fiant  pas  tout  à  fait  à  la  prière,  il  [le 
père  Canayej  s'éloignait  insensiblement  du  maré- 
chal [qui  tenait  un  couteau  levé  sur  lui]  par  un 
mouvement  de  fesse  imperceptible,  st-i^ivhemond, 
Conversation  du  maréchal  d'Iloquincourt  avec  le 
P.  Canaye.  Les  fesses,  qui  sont  les  parties  les  plus 
inférieures  du  tronc,  n'appartiennent  qu'à  l'espèce 
humaine  ;  aucun  des  animaux  quadrupèdes  n'a  de 
fesses,  ce  que  l'on  prend  pour  cette  partie  sont 
leurs  cuisses,  buff.  Ilist.  nat.  hom.  Qliuvres,  t. 
v,  p.  319,  dans  pougens.  ||  Donner  sur  les  fe.sses, 
donner  le  fouet.  ||  Fig.  et  populairement.  Il  n'y  va 
que  d'une  fesse,  il  y  va  mollement.  ||  Avoir  chaud 
aux  fesses,  avoir  une  chaude  alarme.  ||  Il  en  a  eu 
dans  les  fesses,  il  a  fait  quelque  grosse  perte.  ||  Il 
s'en  bat  les  fesses,  il  s'en  moque.  ||  Terme  d'iiippia- 
trique.  Fesse  lavée,  se  dit  d'une  certaine  décolora- 
tion de  la  robe  du  cheval.  ||  2"  ['  s'est  dit  pour 
tournure,  objet  de  toilette.  Ne  me  di.s-tu  pas  l'autre 
jour  que  madame  t'avait  querellée,  parce  que,  dans 
le  retroussis  de  son  manteau,  on  avait  oublié  de 
mettre  une  de  ses  fesses?  dancodrt.  Sec.  chap.  du 
Diable  boit,  i,  2.  ||  3°  Terme  de  marine.  Partie  de 
la  poupe  du  navire  sur  laquelle  il  s'assied,  comme 
par  l'avant  il  s'appuie  sur  ses  épauL..  Sur  quoi 
Legoaraiit  remarque  :  Ce  mot  ne  peut  s'employer 
que  dans  des  cas  très-particuliers;  ainsi  on  dirait  : 
Nous  avons  reçu  un  boulet  dans  la  fesse,  pour  expri- 
mer qu'il  est  entré  dans  une  partie  située  à  l'ar- 
rière, comme  le  sont  les  bossoirs  vers  l'avant. 

—  HIST.  XIV"  s.  Le  cerf  doit  avoir  les  nages  [fes- 
ses] grosses  et  bien  rebrassées  [retroussées],  les 
costez  hauls  et  plains,  les  fesses  blanches,  la  queue 
courte,  Modus,  f"  xiv,  recto.  C'est  uns  chevaux  qui 
chascun  blesse;  Guillemin  mordi  en  la  fesse;  Et 
s'a  Garnier  en  bras  si  mors,  Qu'à  po  qu'il  n'en  a 
esté  mors,  machaut,  p.  8). 

—  ETYM.  Lat.  fissus,  fendu,  de  findere,  fendre. 
Le  mot  plus  ancien  était  naches  ou  nages,  du  bas- 
latin  naticv,  qui  vient  du  latin  nates,  fesse.  Modus 
distingue  les  nages,  masses  charnues,  des  fetses  qui 
paraissent  être  la  fente  entre  les  deux  nages. 

FESSÉ,  ÉE  (ft-sé,  sée),  part,  passé  Qui  a  reçu 
des  coups  sur  les  fesses.  Candide  fut  fe.ssc  en  ca- 
dence pendant  qu'on  chantait,  volt.  Cana.  (i. 

FESSE-CAHIER  (l'è-se-ka-ié),  s.  m.  Terme  de  dé- 
nigrement. Copiste  qui  gagne  sa  vie  à  faire  des  écri- 
tures. Il  Au  plur.  Des  fesse-cahier  ou  fesse-cahiers. 

—  ÉTYM.  Fesser,  dans  le  sens  de  faire  vite,  et 
cahier. 

FESSÉE  (fè-sée),i.  f.  Terme  familier.  Coups  de 
main  ou  de  verges  donnés  sur  les  fesses.  Il  a  eu  la 
fessée. 

—  ÉTYM.  Fessé. 

t  FESSE-MAILLE  (Rî-se-mâ-11",  Il  mouillées), 
s.  m.  Terme  populaire.  Un  avare,  un  vilain,  un 
ladre.  ||  On  dit  mieux  pince-maille. 

—  ETYM.  Fesser,  dans  le  sens  d'avaler  vite,  et 
maille,  sorte  de  petite  monnaie. 

FESSE-MATHIEU  (fè-se-ma-tieu),  s.  m.  Terme 
familier.  Usurier  sordide;  homme  qui  prête  sur 
gage X  votre  père  il  ferait  des  leçons;  Tète- 
bleu,  qu'il  en  sait  et  qu'il  fait  de  façons!  C'est  le 
fe^se-mathieu  le  plus  franc  que  je  sache,  boisro- 
BERT,  la  Belle  plaideuse.  Ma  foi,  monsieur,  ceux 
qui  empruntent  sont  bien  malheureux;  et  il  faut  es- 
suyer d'étranges  choses  lorsiju'on  est  réduit  à  passer, 
comme  vous,  par  les  mains  des  fesse-mathieux, 
mol.  l'Avare,  11,  < .  Vous  êtes  la  fable  et  la  risée  de 


FES 


1651 


tout  le  monde  ,  et  jamais  on  ne  parle  de  vous  qu6 
sous  les  noms  d'avare,  do  ladre,  de  vilain  et  de  fesie- 
mathieu,  id.  ib.  m,  R.  Adieu,  tison  d'enfer,  fesse  - 
malhieu  femelle,  recnard,  (.e  Joueur, \,  10.  ||  Au 
plur.  Des  fesse-mathieux,  d'après  l'orthographe  de 
l'Académie.  * 

—  HIST.  xvi"  S.  X  Rennes  on  l'eust  appelle  fesse- 
matthieu,  comme  qui  diroit  batteur  de  saint  Mat- 
thieu, qu'on  croit  avoir  esté  changeur,  noël  du  fail, 
Contes  d'Eutrapel,  ch.  »•. 

—  ETYM.  L'interprétation  que  donne  N06I  Dufail 
de  cette  locution  parait  probable  :  fesser  Mathieu 
(saint  Mathieu  passait  pour  avoir  été,  avant  sa  ccn- 
version,  changeur),  c'est  battre  saint  Mathieu,  lui 
tirer  de  l'argent.  D'autres  on  dit  que  fesse  était  ici 
une  altération  soit  de  fait  :  il  fait  saint  Malhieu,  soit 
de  fcste:  il  feste  saint  Mathieu,  soit  de  /ace;  une 
face  de  saint  Mathieu. 

t  FESSE-PINTE  (fè-se-pin-f),  s.  m.  Terme  po- 
pulaire. Un  ivrogne,  un  intrépide  buveur. 

—  HIST.  XVI"  s.  Par  ce  dénotant  qu'il  seroit  up. 
bon  fesse  pinte,  rabel.  cité  dans  lbhoux,  Dict.  co- 
mique. 

—  ETYM.  Fesser,  dans  le  sens  d'al'er  vite,  et  pinte. 
FESSER  (fi'-sé),  V.  a.  ||   1°  Frapper  sur  les  fesses 

avec  des  verges  ou  avec  la  main.  Fesser  un  petit 
garçon. Fessez,  fessez,  ce  dit  la  mère,  La  peau  du  cul 
revient  toujours.  Chansons  de  Gautier  Garguille,  xi 
(cdit.  janet).  Il  En  général  et  dans  le  langage  plai- 
sant, châtier.  Messieurs  les  sots,  je  dois,  en  bon 
chrétien.  Vous  fesser  tous,  car  c'est  pour  votre 
bien,  volt.  Chevaux  et  ânes.  Nos  Zoilos  honteux.... 
Des  serpents  d'Alecton  nous  les  verrons  fesser, 
id.  Ép.  95.  Il  Fig.  Se  faire  fesser,  s'exposer  aux 
choses  les  plus  humiliantes.  Il  se  ferait  fesser  pour 
moins  d'un  quart  d'écu,  mol.  l'Ét.  i,  2.  Je  sais  que 
pour  un  sol,  d'une  ardeur  héroïque,  Vous  vous  feriez 
fesser  sur  fa  place  publique,  rkgnard,  le  Légai. 
III,  2.  Il  2°  Fig.  Faire  vite,  locution  qui  vient  de 
ce  qu'on  traite  la  chose  qu'on  fait  ainsi  comme  le 
petit  garçon  qu'on  fouette.  Fesser  son  vin,  boire 
beaucoup.  Elle  fesse  son  vin  de  Champagne  à 
merveille,  et  sur  la  fin  du  repas  elle  devient  fort 
tendre,  regnabd,  Sérén.  i  \ .  Nous  les  aidâmes  à  fes- 
ser les  meilleurs  vins,  lesage,  Gil  Blas,  vu,  I4. 
Pour  divertir  la  veuve  et  la  consoler  de  la  perte  du 
défunt,  ils  fessent  son  vin  de  Champagne  à  la  santé 
du  mort,  dancourt,  Sec.  chap  du  Viable  boit.  1,  <. 
Il  Fesser  le  cahier,  faire  des  rôles  à  la  hâte.  ||  3°  Dans 
les  fabriques  d'épingles,  battre  un  paquet  de  fils  de 
laiton  à  force  de  bras  sur  un  billot.  ||  4°  Se  fesser, 
V.  réft.  Se  donner  le  fouet  à  soi-même.  Aujour- 
d'hui ce  vieux  fou  se  frappe  la  poitrine  et  se  fesse 
devant  Dieu  de  tous  les  mots  plaisants  qu'il  a  dits, 
DiDEB.  Salon  de  1765,  Œuvr.  t.  xiii,  p.  26 1,  dans 
pougens.  Il  Se  donner  le  fouet  l'un  à  l'autre.  Ils  se 
fessaient  à  tour  de  rôle. 

—  HIST.  xvi"  s.  La  procession  des  Lydiens,  en  la- 
quelle les  jeunes  garçons  sont  fessez  et  fouettez  à 
l'entour  de  l'autel,  amyot,  Arist.  i\.  Rien  ne  le  fit 
partir  [le  cardinal  de  Lorraine]  de  la  cour  que  la 
poltronnerie,  ayant  eu  pourtant  un  grand  cieve- 
cœur  et  dépit,  quand,  sortant  de  la  ville,  il  oyoit 
crier  parmi  les  rues,  les  boutiques  et  les  fenestres  : 
adieu,  monsieur  le  cardinal,  la  messe  est  fessée, 
BHANT.  Cap.  fr.  t.  III,  p.  80,  dans  lacuhne.  Fesser 
le  bréviaire  [le  dire  promptementj,  oudin,  Dict. 

—  ETYM.  i'esse.  Cependant  Grandgagnage  (citant, 
dans  le  wallon,  fesi,  entrelacer  de  l'osier,  l'anc. 
wallon  fesse,  latte)  et  Diez  inclinent  à  penser  que 
ce  mot  vient  non  de  fesse,  mais  du  germanique: 
Aix-la-Chapelle,  fitse,  baguette;  bavarois,  /Sden, 
frapper  avec  une  verge. 

FESSEUR,  EUSE  (fè-seur,  seû-z'),  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Celui,  celle  qui  fouette.  Témoin  Montmaur,  ce 
professeur  Oui  passerait  pour  un  fesseur,  S'il  n'a- 
vait pas  les  trois  Estiennes  Avec  les  gloses  ancien- 
nes, ménage.  Requête  du  dict.  à  l'Arad.  ||  i'  Ouvrier 
qui  tourne  les  tètes  d'épingles,  qui  les  rogne  et  qui 
les  coupe. 

—  HIST.  XVI"  s.  Mangeurs  de  cruceflx,  fesseurs 
de  requiem,  cafars,  H.  est.  Apol.  d'Uérod.  p.  673, 

dans  LACURNE. 

—  ETYM.  Fesser. 

1.  FESSIER  (lè-sié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, l's  se  lie  :  des  fé-sié-z  énormes),  s.  m.  Term« 
très'-lamilier.  Les  fesses.  Le  nez  sur  les  carreaux 
et  le  fessier  au  vent,  Régnier,  Sat.  xi. 

—  ETYM.  Fesse. 

2.  FESSIER,  iRRE  (fè-sié,  siê-r*),  ad].  Terme  d'a- 
natomie.  Qui  appartient  aux  fesses.  Muscles  fessiers, 
il  Substantivement.  Les  fessiers.  Le  grand  fessier, 

HIST.  xvi"  s.  Quand  on  presse  sur  b  fesse,  on 


1052 


FES 


trouve  la  teste  do  l'os  [le  fômur  luxé]  prominente 
entre  les  muscles  fessiers,  pahé,  xiv,  45. 

—  ETYM.  Fesse. 

t  FESSOD  (fè-sou)  ou  FESSOUET  (fo-sou-è),  s.  m. 
Houe  triangulaire  aiguë  pour  1»  culture  des  vigno- 
bles du  Berry. 

—  ÊTVM.  Altération  de  l'anc.  franc,  fossouer,  in- 
strument pour  fouir  (voy.  fossover). 

FESSU,  UE  (fè-su,  sue),  adj.  Terme  familier.  Qui 
a  de  grosses  fesses. 

—  HiST.  XV'  s.  Son  poys  me  fait  estre  bossu  [c'est 
un  cheval  qui  parle],  Et  je  ne  sui  pas  si  fessu  Que 
je  fu  anciennement  ;  Plus  ne  vueil  servir  tel  pansu, 
EUST.  DESCH.  Po'csies  mss.  f°  270,  dans  lacurke, 
Il  xvi*  s.  Ouand  l'homme  est  trop  gras  et  fessu, 

PAHR,  XVIIl,  44. 

—  ÊTYM.  Fesse. 

FESTIN  (fè-stin),  s.  m.  Repas  somptueux.  Dans 
les  festins  que  nous  faisons  ensemble,  ou  plutôt  que 
vous  me  faites,  je  ne  dois  parler  que  pour  dire 
grâces,  voit.  Lett.  80.  Ce  festin  dura  longtemps, 
ayant  continué  pendant  cent  quatre-vingts  jours, 
SACi,  Bible,  Esthcr,  i,  4.  Les  violons  sont  retenus, 
le  festin  est  commandé,  mol.  Jfor.  f.  «.  Il  faut  que 
je  dîne  chez  M.  de  Rennes;  ce  sont  des  festins  con- 
tinuels ;  ah  !  mon  Dieu,  quand  pourrai-je  mourir  de 
faim!  sÉv.  447.  Moi  qui  ne  compte  rien,  ni  le  vin, 
ni  la  chère,  Si  l'on  n'est  plus  au  large  assis  en  un 
festin  Qu'aux  sermons  de  Cassagne  ou  de  l'abbé 
Cotin,  BOiL.  Sat.  m.  Tous  mes  sots  à  l'instant,  chan- 
geant de  contenance,  Ont  loué  du  festin  la  superbe 
ordonnance,  id.  ib.  Il  veut  que  d'un  festin  la 
pompe  et  l'allégresse....  bac.  Brit.  v,  (.  Bourreau 
de  votre  fille,  il  ne  vous  reste  enfin  Que  d'en  faire 
à  sa  mère  un  horrible  festin,  id.  Iphig.  iv,  4.  Les 
fous  font  les  festins,  et  les  sages  les  mangent, 
DANCouRT,SanchoPonfO,n,  (.  ||  Festin  royal,  festin 
qu'un  roi  donne  en  certaines  occasions  solennelles. 
Il  Familièrement.  11  n'y  avait  que  cela  pour  tout  fes- 
tin, il  n'y  avait  que  cela  à  manger.  {|  Proverbe.  Il 
n'est  festin  que  de  gens  chiches,  les  gens  parcimo- 
nieux sont  magnifiques  dans  les  occasions  d'éclat. 

—  HIST.  xV  s.  J'aime  lacompaignie  Où  sont  mes 
bons  amis  ;  Mais  le  festin  m'ennuie  Où  n'y  a  point 
de  ris,  BASSELiN,  XXVI.  Il  XVI'  s.  Il  a  esté  au  festin 
de  Martin  baston  [il  a  été  rossé],  cotghave. 

—  ÊTVM.  Voy.  FESTINER. 

FESTINÉ,  ÉE  (fè-sti-né,  née),  part,  passé.  X  qui 
l'on  donne  un  festin.  Alibech  fut  festinée  en  grand' 
pompe,  LA  FONT.  Diable. 

FESTINER  (fè-sti-né).  \\i'  V.  n.  Terme  familier. 
Faire  festin.  Mais  peut-être  qu'ils  [les  dieux]  sont 
bien  loin  maintenant,  chez  les  Éthiopiens  irrépré- 
hensililes,  où  ils  vont  souvent  festiner,  d'ablan- 
DOUHT,  Lucien,  Jupiter  le  tragique.  Il  vient  :  l'on 
festine,  l'on  mange,  la  font.  Fabl.  i,  (4.  ||  2°  Y.  a. 
Servir  un  festin  à  quelqu'un.  C'est  ainsi  que  vous 
festinez  les  dames  en  mon  absence,  mol.  Bourg, 
cent.  IV,  2.  Il  On  lit  dans  Malherbe  :  [Alexandre  le 
Grand]  festia  [édit.  1630;  l'édit.  de  I6&0  donne /"ci- 
tina]  les  ambassadeurs,  et  leur  fit  toutes  les  dé- 
monstrations de  bonne  volonté  dont  il  se  put  aviser, 
Traité  des  bienf.  de  Sénèque,  i,  <3.  La  leçon  festia 
est  sans  doute  la  bonne  ;  c'est  une  ancienne  forme 
pour  festoyer. 

—  HIST.  XVI'  s.  Avec  terme  plus  propre  nous  ne 
pouvons  nommer  celui  qui  fait  le  banquet  que  fes- 
linant,  pasquieh.  Recherches,  liv.  viii,  p.  674,  dans 
LACORNB.  Le  curé  annonçant  les  Testes  qu'il  falloit 
festiner  [célébrer],  Moyen  de  parvenir,  p.  306,  dans 

tACIJRNE. 

—  ÉTYM.  Festiner  parait  être  une  altération  pour 
(estiver,  du  lat.  festivum,  fête. 

t  FESTIVAL  (fè-sti-val),  s.  m.  Nom  de  grandes 
fêtes  musicales  allemandes  et  de  celles  qui  ont  lieu 
dans  quelques  provinces  de  France  et  en  Angleterre, 
à  l'imitation  de  l'Allemagne.  On  annonce  plusieurs 
festivals  pour  cet  hiver. 

—  ÉTYM.  Lat.  festiralis,  de  festum,  fête.  Festival 
était  aussi  un  adjectif  de  l'ancienne  langue,  et  si- 
gnifiait de  fUte-  Uns  festivals  sacreficos,  Rois,  p.  78. 

t  FESTOIEMENT  (fè-stoi-man),  s.  m.  Action  de 
lustoyer. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  du  festoiement  et  réception 
feurent  bien  contents  le  roy,  l'empereur  et  les  sei- 
gneurs, juv.  DES  URSINS,  Charles  ¥1,  I4(B. 

—  ETYM.  Festoyer. 

FESTON  (fc-ston),  s.  m.  ||  1°  Mélange  de  fiours, 
de  feuilles  et  de  petites  branches  liées  en  cordon 
qu'on  emploie  dans  les  fêtes  et  les  occasions  de  ga- 
lanterie pour  parer  des  appartements,  des  temples, 
des  façades.  Il  fit  joncher  les  cliemins  de  fieurs  et 
de   festons,  vauoei.  0-  C  ix,  2.  De  festons  odieux 


FES 

ma  fille  couronnée,  bac.  Iph.  v,  ♦.  Le  pampre 
vert  qui  pendait  en  festons,  pén.  Tél.  l.  Quand  la 
feuille  en  festons  a  couronné  les  bois.  L'amoureux 
rossignol  n'étoufl'e  point  sa  voix,  a.  chén.  Élég.  x. 
Il  Par  extension.  Les  vieux  arbres  ont  disparu  ;  la 
hache  éclaircit  tous  les  jours  ces  belles  forêts  qui 
décoraient  d'un  long  feston  mobile  le  sommet  de 
ces  coteaux,  CAi>,  Audubon,  p.  a.  112"  Terme  d'ar- 
chitecture. Ornement  en  forme  de  festons.  Ce  ne 
sont  que  festons,  ce  ne  sont  qu'astragales,  boil. 
Art  p.  1.  ||Fig.  et  populairement.  Faire  ou  décrire 
ou  dessiner  des  festons,  aller  en  zigzag.  Un  ivrogne 
qui  fait  des  festons.  ||  3°  Il  se  dit  de  découpures 
en  forme  de  festons.  Découper  en  festons  les  bords 
d'une  collerette.  Ruban  à  festons.  Ses  doigts  [d'un 
oiseau]  sont  à  demi  palmés,  largement  frangés  des 
deux  côtés  d'une  membrane  découpée  en  festons, 
buff.  Ois.  t.  XV,  p.  338,  dans  pougens.  ||  4°  Fes- 
ton ou  point  de  feston,  point  de  broderie  qui  se 
fait  ainsi  :  on  met  le  fil  sous  le  pouce  gauche,  on 
prend  un  peu  de  l'étofl'e  par-dessus  ce  fil  qui  est  sous 
le  doigt  et  on  tire,  puis  on  recommence;  le  point 
se  trouve  comme  noué  en  faisant  un  léger  rebord. 
Il  Broderie  que  compose  ce  point.  Un  col  au  feston. 
Il  Feston  de  rose,  espèce  de  feston  dont  le  point, 
au  lieu  de  représenter  le  contour  d'une  dent,  fait 
la  dent  pleine.  ||  5°  Terme  de  tapissier.  La  partie 
de  draperie  retroussée  en  petits  flots  croisés,  que 
l'on  met  par  le  haut  d'une  tenture,  d'une  croisée, 
pour  cacher  la  tête  des  rideaux. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  armoiries  estoient  entour- 
noyées  d'ung  joyeux  feston  de  myrtes,  lauriers  et 
orangiers,  rabklais,  Sciomachie.  La  caressant  [la 
divinité]  par  l'odeur  des  encens  et  sons  de  la  mu- 
sique, festons  et  bouquets,  mont,  ii,  25G. 

—  ÉTYM.  Ital.  festone.  L'étymologie  paraît  être  le 
latin  festum,  fête,  à  cause  de  l'emploi  des  festons 
dans  les  fêtes.  Cependant  Grandgagnage,  citant  le 
wallon  fèsl,  entrelacer  de  l'osier,  tire  feston  du 
germanique  :  Aix-la-Chapelle,  fitx,  baguette,  verge. 

FESTONNÉ,  ÉE  (fe-sto-né,  née),  porl.  passé. 
Il  1"  Orné  de  festons.  La  mère  choisit  un  érable  à 
fleurs  rouges,  festonné  de  guirlandes  d'apios,  ciia- 
TEAUB.  Atala,  Épilogue.  ||  2"  Bordé  par  des  décou- 
pures arrondies.  ||  Terme  de  botanique.  Se  dit  des 
feuilles,  quand  elles  sont  munies  de  découpures  peu 
profondes.  ||  3"  Un  col  festonné,  un  col  brodé  au 
point  de  feston.  ||  Par  extension.  La  gorge,  qui  est 
un  peu  festonnée  de  roux  dans  ce  martin-pêcheur 
venu  de  Saint-Domingue,  est  simplement  grise  dans 
l'autre,  blff.   Ois.  t.  xiii,  p.  312,  dans  pougens. 

FESTONNER  (fè-sto-né),  v.  a.  |{  1°  Orner  de  fes- 
tons. La  nature  en  ce  lieu  plus  amie  et  plus  douce 
Festonne  les  rochers  d'arbustes  et  de  mousse,  la- 
MART.  Joe.  II,  76.  Il  2°  Dessiner,  broder,  ou  décou- 
per en  festons.  Il  [le  colibri]  a  le  dessus  du  dos  et 
de  la  tête  de  couleur  d'or,  sur  un  fond  gris  qui  fes- 
tonne le  bord  de  chaque  plume  et  rend  le  dos  comme 
onde  de  gris  sous  or,  buff.  Ois.  t.  xi,  p.  68,  dans 
POUGENS.  Il  Absolument.  Festonner,  faire  une  brode- 
rie en  point  -Là  feston.  ||  3"  V.  n.  Fig.  et  populaire- 
ment. Aller  en  zigzag,  étant  ivre.  ||  i°  Se  festonner, 
V.  réfl.  Se  garnir  de  festons.  Ou  ce  beau  peuplier 
de  qui  l'énorme  tronc,  Lorsque  de  cent  hivers  il  a 
bravé  rafl"ront,  Se  festonnant  de  nœuds  d'où  sort 
un  vert  feuillage,  Semble  orné  par  le  temps  et  ra- 
jeuni par  l'âge ,  delille,  Jard.  i.  Les  sombres  sa- 
pins même  se  festonnent  alors  du  vert  le  plus  ten- 
dre, bern.  de  st.  p.  Étude  v. 

—  ÉTYM.  Feston. 

t  FESTOYANT  (  fîî-sto-ian  ou  fè-stoi-ian)  ou 
FÊTOYANT  (fé-to-ian),  s.  m.  Celui  qui  festoie.  Ce 
repas  [de  l'ours]  dure  huit  ou  dix  heures  ;  les  fes- 
toyants en  sortent  dans  un  état  afl'reux,  chateaubr. 
Amer.  Chasse. 

FESTOYt.,  ÉE  (fê-sto-ié,  iée,  ou  fè-stoi-ié,  iée) 
ou  FfiTOYÉ,  ÉE  (fé-to-ié,  iée,  ou  fé-toi-ié,  iée), 
part,  passé.  La  belle  enfin  chaque  jour  fétoyée  Fut 
tellement  de  sa  gloire  ennuyée.  Que....  volt.  Bé- 
gueule. 

FESTOYER  (fî'-sto-ié  ou  fè-toi-ié  ;  plusieurs  disent 
fes-toi-ié)  ou  FÉTOYER  (fé-to-ié) ,  i'.  a.  Il  se  con- 
jugue comme  employer.  Terme  familier.  Faire  fête 
à  quelqu'un,  le  bien  recevoir.  Il  semblait  que  la 
terre  et  le  ciel,  à  l'envi  de  Mme  du  Vigean,  vou- 
laient festoyer  la  plus  belle  princesse  du  monde, 
VOITURE,  leK.  *o.  Il  Se  festoyer,  v.  réfl.  Se  faire  fête 
l'un  à  l'autre.  Ils  se  sont  festoyés  joyeusement. 

—  HIST.  XII'  s.  Jà  n'est  pas  ui  [aujourd'hui]  sa- 
bat  ne  tens  de  festeer.  Rois,  p.  358.  ||xiir  s.  [Les 
dames]  Carolent  [dansent]  et  festoient  et  chantent 
hautement,  Berte,  a.  ||iv'  s.  Les  seigneurs  qui  al- 
loient  voir  le  rof  et  la  roine  et  leur  conseil,  pour  fes- 


FÊT 

tier  et  pour  apprendre  des  nouvelles,  pboiss.  i,  i, 
32.  Ordonnèrent  les  seigneurs  à  approcher  canons, 
veugleres  et  bombardes  devant  la  dicte  vilîe  [dont 
ils  commençaient  lo  siège],  pour  festoyer  ceux  de 
dedans,  monsthel.  t.  m,  p.  B7,  dans  lacubne. 
Il  XVI'  s.  Que  l'on  adjousteroit  un  jour  d'avantage 
aux  feries  latines,  et  que  désormais  on  en  festoye- 
roit  et  chommeroit  quatre,  amyot,  Cam.  73.  Est-ce 
afin  que  ton  héritier  Ayt  mieux  de  quoy  se  festier, 
Jouissant  de  tes  abstinences?  st-oelais,  S6. 

—  ÉTYM.  Fête,  anciennement  fesle;  provenç. 
festejar,  festrgar;  espagn.  festejar;  ital.  festeggiare. 
Festoier,  festeer,  festier,  ne  sont  que  des  pronon- 
ciations différentes  du  même  mot. 

t  FESTCOAIRE  (rc-stu-kê-r'),  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  vers  intestinaux  parenchyma- 
teux  de  la  famille  des^  trématodes,  de  l'ordre  des 
monostomos. 

—  ÉTYM.  Lat.  festuca,  fétu. 

FETE  (lê-f) ,  s.  f.  Il  1"  Jour  consacré  i  des  actes 
de  religion;  cérémonies  parlesquelles  on  célèbre  ce 
jour.  Les  trois  grandes  fêtes  de  l'année,  savoir  celle 
des  Azymes,  celle  des  Semaines  et  celle  des  Taberna- 
cles, SACi,  Bible,  Paralip.  n,  viii,  (  3.  Sion,  repaire 
affreux  de  reptiles  impurs.  Voit  de  son  temple  saint 
les  pierres  dispersées.  Et  du  Dieu  d'Israël  les  fêtes 
sont  cessées,  hac.  Esth.  i,  t .  Quand  verrai-je,  ô  Sion, 
relever  tes  remparts  Et  de  tes  tours  les  magnifiques 
faîtes?  Quand  verrai-je  de  toutes  parts  Tes  peuples 
en  chantant  accourir  à  tes  fêtes?  id.  ib.  i,  2.  Vivez, 
solennisez  vos  fêtes  sans  ombrage,  id.  Athal.  m,  4. 
Il  se  célébrait,  dans  les  différentes  villes  de  la  Grèce, 
et  surtout  à  Athènes,  un  nombre  infini  de  fctes  :  je 
n'en  rapporterai  ici  que  trois,  qui  son>  les  plus  cé- 
lèbres, savoir  les  Panathénées,  les  fêtes  de  Bacclius, 
et  les  fêtes  Éleusiennes,  boulin,  Itist.  anc.  OKur. 
t.  V,  p.  7,  dans  pougens.  On  recherche  l'origine 
des  fêtes  ;  la  plus  ancienne  et  la  plus  belle  est  ceUe 
des  empereujj  de  la  Chine,  qui  labourent  et  (jui  sè- 
ment avec  les  premiers  mandarins,  volt.  Dict. 
phil.  Antiquité.  ||  Chez  les  anciens  païens,  la  fête 
de  la  Jeunesse,  la  fête  des  Marchands,  la  fête  des 
Esclaves,  etc.  le  jour  où  Ion  faisaitdes  cérémonies  re- 
ligieuses à  l'intention  de  la  jeunesse,  des  marchands, 
des  esclaves,  etc.  |l  2°  Dans  la  religion  catholique, 
célébration  du  service  divin  en  commémoration  de 
quelque  mystère  ou  en  l'honneur  de  quelque  saint. 
Une  grande  fête.  Une  petite  fête.  Les  dimanches  et 
fêtes.  Fêtes  mobiles.  Fêtes  annuelles.  Garder  les 
jours  de  fête.  Il  est  fête.  X  chaque  grande  fête  aug- 
mente et  renouvelle  Et  le  bon  exercice  et  ta  prière 
aux  saints.  Et  tiens,  en  l'attendant,  ton  âme  entre 
tes  mains.  Comme  prête  à  passer  à  la  fête  éter- 
nelle, CORN.  Imit.  i,  19.  Toutes  ces  pieuses  obser- 
vances avaient  dans  la  reine  l'effet  bienheureux 
que  l'Eglise  même  demande  :  elle  se  renouvelait 
dans  toutes  les  fêtes,  boss.  Mar.-Thér.  ||  Jour  de 
fête,  jour  férié.  ||  Par  extension.  Le  jour  où  l'on 
s'égare  est  un  vrai  jour  de  fête  [il  s'agit  d'un  voya- 
geur égaré  qui  trouve  bon  gîte],  collin  d'uarlev. 
Chdt.  en  Esp.  i,  9.  ||  La  fête  des  Morts,  le  2  no- 
vembre, jour  que  l'Église  consacre  à  la  commé- 
moration des  morts.  ||  Fête  double,  celle  où  I'od 
double  les  antiennes.  ||  Fête-Dieu  ou  Fête  du  saint 
sacrement,  la  fête  que  l'on  célèbre  en  l'honneur  du 
saint  sacrement  (on  met  une  majuscule  à  Fête). 
Nos  maréchaux  de  France,  nos  ducs  et  autres  per- 
sonnes considérables  qui  demeurent  sur  une  pa- 
roisse, n'assistent  pas  personnellement  à  la  proces- 
sion de  la  Fête-Dieu,  mais  y  envoient  leurs  laquais 
en  livrée  et  avec  un  flambeau  où  est  attaché  l'écus- 
son  de  leurs  armoiries,  f-kisT-Fotx,  Ess.  Paris, 
Œuv.  t.  IV,  Ï7e,  dans  pougens.  ||  Fêtes  fêtées,  ou, 
pius  souvent,  fêtes  chômées,  celles  où  le  travail 
est  défendu  et  qui  sont  d'obligation,  à  la  différence 
de  celles  qui  se  célèbrent  seulement  dans  l'église 
et  en  quelques  lieux  particuliers,  ou  par  quelques 
communautés.  Le  mal  est  que  dans  l'an  s'entremê- 
lent des  jours  Qu'il  faut  chômer  ;  on  n6us  ruine  en 
fêtes;  L'une  fait  tort  à  l'autre;  et  monsieur  le  curé 
De  quelque  nouveau  saint  charge  toujours  son 
prône,  la  font.  Fabl.  viii,  2.  ||  Familièrement. 
Fêtes  carillonnées,  les  plus  grandes  fêtes.  ||  Popu- 
lairement. Cela  ne  m'arrive  qu'aux  fêtes  carillon- 
nées, c'e.st-à-dire  rarement.  ||  Fête  de  palais,  les 
jours  où  les  tribunaux  sont  fermés,  quoiqu'il  ne 
soit  point  fête  chômée.  ||  Fig.  Deviner  les  fêtes 
quand  elles  sont  venues,  dire  des  choses  que  tout 
le  monde  sait.  ||  Souhaiter  les  bonnes  fêtes,  se 
disait  par  compliment  à  l'approche  des  grandes 
fêtes  de  l'Église.  Je  vais  donc  vous  souhaiter  les 
bonnes  fêtes  fà  Noël],  sÉv.  240.  Présentez  les 
bonnes  fêtes    de  ma  part   au  cardinal,  Bos».   Utl. 


FÈT 

quiét  4BB.  ||  Fête  desFous,  fête  des  Anes,  fêtes  bur- 
lesques qui  se  célébraient  durant  le  moyen  âge. 
Les  danses  dans  les  églises,  les  festins  sur  l'autel, 
les  dissolutions,  les  farces  obscènes  étaient  les  cé- 
rémonies de  ces  fêtes,  dont  l'usage  extravagant  dura 
environ  sept  siècles  dans  plusieurs  diocèses,  volt. 
Mœurs,  46.  ||  3°  Fête  d'une  personne,  le  jour  de  la 
fête  du  saint  dont  celte  personne  porte  le  nom 
comme  nom  de  baptême.  ||  Je  vous  souhaite  une 
bonne  fête,  formule  de  compliment  pour  souhaiter 
une  fête.  ||  Payer  sa  fête,  faire  un  festin  à  ses  amis 
le  jour  de  sa  fête.  ||  La  fête  d'une  compagnie,  d'un 
corps  de  métier,  le  jour  de  la  fête  du  saint,  patron 
de  cette  compagnie,  de  ce  corps  de  métier.  ||Fête 
patronale,  ou  fête  d'un  lieu,  d'un  village,  le  Jour  de 
la  fêle  du  saint  sous  l'invocation  duquel  est  placé 
ce  lieu,  ce  village.  ||  4°  Commémoration  d'un  anni- 
versaire. Fête  de  nais.sance.  ||  5°  Réjouissances  pu- 
bliques faites  à  des  époques  mémorables,  à  l'occa- 
sion de  quelque  événement,  et  aussi  réjouissances 
données  par  un  roi,  un  prince,  un  grand  seigneur. 
Les  fêtes  données  à  l'occasion  de  la  paix.  Quoique 
j'aie  été  voir  depuis  peu  l'Escurial  et  l'Aranjuez, 
et  que  je  me  sois  trouvé  à  des  fêtes  de  taureaux, 
VOIT.  Lett.  30.  Balthasar  fait  une  fête  solennelle, 
Boss.  Hist.  n,  4.  Quel  fut  ce  triomphe,  lorsqu'en- 
vironnée  de  la  gloire  de  son  époux  et  de  la  sienne 
propre,  elle  nous  parut  par  sa  modestie  comme  un 
ange  de  Dieu  parmi  les  acclamations  elles  fêtes  de 
cette  ville  royale  !  fléch.  Marie-Thér.  D'un  triom- 
phe si  beau  je  préparais  la  fête,  rac.  Iphig.  iv,  4. 
Les  fêtes  que  l'on  célèbre  en  mon  honneur,  fén. 
Tel.  IX.  Nicolas  Fouquet,  dernier  surintendant  des 
finances,  engagea  Molière  à  composer  cette  comé- 
die [les  Fâcheux]  pour  la  fameuse  fête  qu'il  donna 
au  roi  et  à  la  reine  mère  dans  sa  maison  de  Vaux, 
aujourd'hui  appelée  ViUars,  volt.  Vie  de  Molière. 
Comme  les  grandes  fêtes  se  terminent,  disait-il,  et 
comme  elles  laissent  un  vide  étonnant  dans  l'âme, 
quand  le  fracas  est  passé  I  id.  Princesse  Babyl.  4. 
Tout  le  monde  avouait  que  les  dieux  n'avaient  éta- 
bli les  rois  que  pour  donner  tous  les  jours  des  fêtes, 
pourvu  qu'elles  soient  diversifiées,  id.  ib.  < .  |{  Fig. 
La  plus  brillante  des  fêtes,  le  génie  de  l'homme  dé- 
coré par  la  magnificence  de  la  nature,  stael,  Co- 
rinne, IV,  3.  Il  6°  Réjouissances  qui  se  font  dans 
jles  assemblées  de  famille  ou  d'amis.  Elle  qui  ne  m'a 
vu  qu'en  mes  habits  de  fête,  régnieb,  Sat.  xi. 
M.  Martel  vous  donna  une  fête  dans  son  vaisseau, 
sÉv.  447.  Si  vous  voulez  apporter  un  habit  de  fête 
pour  le  temps  de  votre  convalescence,  nous  met- 
trons aussi  les  nôtres  pour  la  célébrer,  volt.  Lett. 
Mlle  Clairon,  <5  mars  1763.  ||  Par  extension.  Avant 
qu'être  à  la  fête  De  si  pénible  conquête,  malh.  ii, 
2.  Il  Par  antiphrase.  Revêtons-nous  d'habiUements 
Conformes  à  l'horrible  fête  [le  massacre)  Que  l'im- 
pie Aman  nous  apprête,  rac.  Esth.i,  5 Qu'à  la 

mort  condamné,  Lalli  soit  en  spectacle  à  l'échafaud 
traîné,  f:lle  ira  la  première  à  cette  horrible  fête 
Acheter  le  plaisir  de  voir  tomber  sa  tête,  Gilbert, 
iH'  siècle.  Il  Les  garçons  de  la  fête,  se  dit,  parmi  le 
peuple,  des  jeunes  garçons,  parents  ou  amis  des 
mariés,  qui  se  parent  pour  faire  les  honneurs  de  la 
fête.  Il  Triste  comme  un  lendemain  de  fête,  très- 
triste;  locution  tirée  du  vide  qui  suit  le  fracas 
et  l'éclat  d'une  fête.  ||  Fig.  Se  donner  une  fête, 
se  divertir  aux  dépens  de  quelqu'un.  Elle  forma  le 
dessein  de  se  donner  une  petite  fête  aux  dépens 
de  cette  folle,  hamilt.  Gramm.  7.  ||  Fig.  et  familiè- 
rement. Telle  fête,  pareille  fête,  se  dit  de  circon- 
stances qui  ne  sont  pas  habituelles  en  bien  ou  en 
mal.  La  demoiselle  ne  s'était  jamais  trouvée  à  telle 
fête,  SÉV.  37.  Jamais  chapeau  ne  s'est  trouvé  à  une 
pareille  fête,  m.  434.  Allez  donc,  et  cessez  de 
nous  rompre  la  tête  ;  Que  de  fous  I  je  ne  fus  jamais 
à  telle  fête,  rac.  Plaid,  ii,  <2.  |{  Faire  fête,  célé- 
brer une  fête.  Etait-ce  un  vin  à  faire  fête?  mol. 
Amph.  III,  3.  Il  Faire  fête  à  quelqu'un,  lui  faire  un 
accueil  empressé,  le  bien  traiter.  Nous  vîmes  un 
grand  chien  qui  vint  à  la  portière  du  carrosse  me 
faire  (ête,  voiture,  lett.  x.  |1  Par  antiphrase.  Quand 
j'en  rencontre  [des  serpents]  sur  mes  pas.  Je  leur 
fais  de  pareilles  fêtes  [je  les  écrase],  la  font.  Petit 
chien.  \\  Faire  fête  à  quelque  chose,  témoigner  un 
grand  désir  de  l'avoir  ou  beaucoup  de  plaisir  à  en 

jouir Comme  un  chien  qui  fait  fête  Aux  os  qu'il 

voit  n'être  pas  trop  chétifs,  la  font.  Jument.  11  le 
[un  oiseau]  croit  en  son  pot,  et  déjà  lui  fait  fête, 
iD.  Fabl.  II,  )2.  Il  Faire  fête  d'une  chose  à  quel- 
qu'un, la  lui  faire  espérer.  ||  Faire  fête  de  quel- 
qu'un, l'annoncer  comme  homme  capable  de  payer 
son  écot  par  son  esprit.  Ellj  l'avait  invité  à  souper 
comme  bel  esprit,  et  jamais  il  ne  parut  si  sot,  parmi 


FÊT 

une  demi-douzaine  de  gens  à  qui  elle  avait  fait 
fête  de  lui,  mol.  Critique,  2.  ||  Se  faire  une  fête  de 
quelque  chose,  s'en  promettre  beaucoup  de  plaisir. 
Et  de  vous  marier  vous  osez  faire  fête?  mol.  Femm. 
sav.  I,  1 .  Je  me  faisais  une  fête  de  ce  petit  voyage, 
I.  J.  Rouss.  Ilél.  VI,  1.  Il  Se  faire  de  fête,  faire  comme 
si  on  était  d'une  fête,  s'entremettre  de  quelque 
affaire  sans  y  avoir  été  appelé.  Dans  l'auteur  espa- 
gnol, Rodrigue  va  combattre  les  Maures  sur  la 
frontière;  il  les  va  chercher  au  contraire  de  ce  qui 
arrive  ici,  où  ils  semblent  se  venir  faire  de  fête 
exprès  pour  en  être  battus,  corn.  Ex.  du  Cid.  11 
donna  d'un  grand  estramaçon  sur  les  oreilles  de 
son  valet,  qui  me  pressait  plus  que  les  autres  pour 
se  faire  de  fête,  scarron,  Hom.  com.  i,  4  5.  Les  ar- 
mées ne  manquent  pas  de  gens  qui  aiment  à  se 
faire  de  fête  et  à  s'empresser,  st-sim.  313,  95.  Sé- 
rieusement, mon  cher  ange,  je  n'ai  aucune  envie 
de  me  faire  de  fête,  volt.  Lett.  d'Argettlal,  3o  nov. 
4  759.  Il  Se  faire  de  fête,  se  dit  aussi  pour  se  faire 

honneur EUe  [Mme  de  Coligny,  fille  de  Bussy 

Rabutin]  ne  se  presse  jamais  de  faire  voir  qu'elle 
a  plus  d'esprit  que  les  autres;  elle  sait  bien  des 
choses  dont  elle  ne  se  fait  point  de  fête....  sÉv. 
Lett.  à  Bussy  Rabutin,  4  9  mai  4  677.  ||  Troubler  la 
fête ,  troubler  la  joie,  les  plaisirs  d'une  réunion 
publique  ou  particulière.  ||  Un  trouble-fête,  voy. 
trouble-fête.  Il  II  est  à  la  fête,  se  dit  de  celui  qui 
fait  ou  voit  faire  quelque  chose  qui  lui  est  agréa- 
ble. Il  7°  Divertissement  de  danse  et  de  chant  que 
l'on  introduit  dans  un  opéra  ou  un  drame.  ||  Pro- 
verbes. Tout  saint  a  sa  fête;  toute  femme  a  sa  tête. 
1 1  Aux  bonnes  fêtes  les  bons  coups,  les  méchants  pren- 
nent souvent  les  occasions  des  réjouissances  pour 
executerleursmauvaisdesseins.il  II  ne  fautpoint chô- 
mer les  fêtes  avant  qu'elles  soient  venues,  il  ne  faut 
ni  se  réjouir,  ni  s'affliger  d'un  événement  avant  qu'il 
soit  arrivé.  Laissons  venir  la  fête  avant  que  la  chô- 
mer, MOL.  Dép.  am.  i.  4.  ||  Il  n'y  a  pas  de  bonne  fête 
sans  lendemain,  c'est-à-dire  quand  on  se  met  en  fête 
un  jour,  le  lendemain  on  s'amuse  encore.  ||  Ce  n'est 
pas  tous  les  jours  fête,  c'est-à-dire  l'occasion  de  se 
réjouir  ne  se  présente  pas  tous  les  jours. 

—  REM.  La  Fête-Dieu  signifie  la  fête  de  Dieu  ;  c'est 
unarchaïsme  et  un  reste  du  temps  oùla  langue,  ayant 
deux  cas,  le  nominatif  et  le  régime,  marquait  le 
complément  par  le  cas  du  régime  sans  préposition. 

—  HIST.  xi"  s.  Dedens  la feste  Saint  Michiel  et  la 
Saint  Martin,  Lois  de  Guill.  32.  X  Saint  Michel  [il] 
tiendra  moût  haute  feste,  Ch.  de  Roi.  iv.  ||  xiii"  s. 
Et  furent  receu  à  [avec]  moult  grant  joie  et  à  moult 
grant  feste,  villeii.  xxxiu.  â  Paris  [ils]  ont  huit 
jours  la  feste  maintenue,  Berte,  cxxxviii.  Et  vin- 
rent à  Londres  et  trouvèrent  le  roi  Henri  qui  à 
merveUes  fist  grant  fieste  de  la  damoisielle,  Chr.  de 
Rains,  p.  4  3.  Que  se  nus  ne  nulle  ouvre  à  jour  de 
feste  gardée  ou  célébrée,  qu'il  soit  encheuz  envers 
le  roi  en  l'amende  de  cinq  sols  par....  Liv.  des  met. 
4  54.  De  sa  queue  se  vet  jouant.  Et  entorsoi  feste 
fesant,  Ren.  4  934.  Savez  comment  je  me  demain 
[me  comporte]  :  L'espérance  de  lendemain.  Ce  sont 
mes  festes,  RUTEB.  4  0.  Et  aus  riches  font  feste  et 
joie.  Et  prometent  à  un  mot  cort  Saint  paradiz,  id. 
248.  Toute  celé  semaine  fumes  en  festes  et  en  ca- 
rolos  [danses],  joinv.  208.  ||  xv  s.  Et  en  chevau- 
chant parmi  les  rues,  toutes  gens  et  mesmement 
enfans  faisoient  au  roi  feste,  froiss.  ii,  m,  24 .  Après 
grant  feste  grant  pleur,  et  après  grant  joie  grant 
douleur,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  il .  p.  240.  Là 
[en  tournois]  se  doit  bouter,  Soy  maintenir  et  fors 
jouster.  Tant  qu'il  ait  le  prix  de  la  feste,  eust. 
DESCH.  Poésies  mss.  ^  603,  dans  lacurne.  Il  est 
aujourd'hui  la  feste  des  bons  amis  [la  fête  des 
morts],  DU  CANGE,  festum.  X  bonne  feste  [foire]  avez 
esté,  car  bien  avez  vendu,  Perceforest,  t.  i,  f"  4  65. 
Mener  orde  feste  [faire  grand  tapage],  ib.  t.  iv,  f" 
402.  De  mal  jour  faire  feste  [faire  de  nécessité  vertu], 
ib.  t.  IV,  f°  29.  D'ung  tel  homme  fault  faire  feste, 
Autant  que  d'ung  miUion  d'or,  villon,  Archer  de 
Bagnolet.  ||  xvi"  s.  Les  vainqueurs  faisants  grand' 
feste  de  cet  accident,  mont,  i,  248.  Il  le  tesmoigna 
par  l'alaigresse  et  feste  de  son  visage,  id.  i,  271.  11 
donna  congé  aux  médecins  en  leur  disant  ;  Ne  me 
faites  plus  de  festes  de  vostre  Hippocrates  et  Gallien, 
puis  qu'ilz  ne  m'ont  sceu  guarir,  amyot,  Préf.  xv,  43. 
C'est  une  vieille  feste  que  l'on  ne  feste  plus,  oodin. 
Curiosités  fr.  11  est  feste  au  palais,  c'est  jour  de  jeûne 
[par  jeu  de  mot  avec  le  palais  de  la  bouche],  id.  ib. 
Il  est  feste  en  la  paroisse,  on  y  carillonne  [on  lui  donne 
le  fouet],  m.  ib.  Après  la  feste  et  le  jeu,  les  pois  au 
feu,  LEROUX  DE  LINCY,  Prov.  t.  Il,  p.  240.  Il  e.sttous- 
jours  feste  pour  celui  qui  bien  fait,  cotgrave,  p.  i09. 
Tl  est  toujours  feste  après  besogne  faite,  id.  ib. 


FÉT 


1653 


—  ÉTVM.  Bourguign.  féte;y/i\\.  fièse ;  piovenç. 
fesla;  espagn.  fiesla;  portug.  et  ital.  (esta  ;  du  lat. 
festum,  fête.  On  rapproche  festum  de  fesix,  forme 
primitive  de  ferix,  fériés. 

FÊTÉ,  ÉF,  (fê-lé,  tée),  part.poué.  ||  l"  Chômé. 
Une  fête  fêtée.  ||  2°  Bien  reçu,  accueilli  avec  em- 
pressement. Est  toujours  bien  fêté  celu  chez  qui 
l'on  mange,  lamotte,  Fabl.  v,  4  4 .  Celui-ci  furieux 
de  me  voir  fêté  dans  mon  infortune,  et  lui  dé- 
laissé, tout  ambassadeur  qu'il  était,  t.  i.  fouss. 
Conf.  vu.  Il  11  se  dit  aussi  des  choses.  Vous  savez 
que  tout  ce  qui  devient  commun  est  peu  fêté, 
VOLT.  Jeannot.  Mon  commerce  est  mieux  fêté  X  la 
porte  de  la  Gaîté,  bérang.  Bouquet. 

FÊTER  (fê-té),  V.  a.  \\  1"  Chômer,  célébrer  une 
fête.  Fêter  la  Saint-Jean.  Fêter  le  jour  des  Rois.  Fêter 
les  saints.  ||  Fig.  C'est  un  saint  qu'on  ne  fête  point, 
qu'on  ne  fête  plus,  se  dit  d'un  homme  qui  n'a  point 
de  crédit,  ou  qui  a  perdu  tout  son  crédit.  {|  Par 
plaisanterie.  Ainsi  qu'un  possédé  que  le  prêtre 
exorcise.  Fêter  dans  ses  serments  tous  les  saints  de 
l'Église,  BOIL.  Sat.  iv.  ||  Par  analogie.  Je  veux  fêter 
le  jour  qui  nous  rassemble.  ||  2"  Familièrement. 
Fêter  quelqu'un,  célébrer  sa  fête.  Il  m'embra-sse  au 
jour  de  l'an.  Il  me  fête  à  la  Saint-Jean,  bérang. 
Sénateur.  ||  Fig.  Fêter  quelqu'un,  le  bien  traiter, 
l'accueillir  avec  empressement.  ||  Fêter  la  bouteille, 
aimer  à  boire,  boire  souvent. 

—  HIST.  xiii*  s.  Que  tout  adès  en  l'uevre  [œuvre] 
estoit,  Nule  fois  ele  ne  festoit  [se  reposait],  du 
CANOË,  festare.  ||xvi'  s.  Les  Romains  festent  encore 
ce  jour-là,  et  l'appellent  la  feste  de  la  nativité  de 
leur  pays,  amyot,  Rom.  4  7. 

—  ÉTVM.  Fête;  wallon,  fiesti. 

FETFA  (fèt-fa),  s.  m.  Chez  les  musulmans,  sen- 
tence prononcée  par  le  mufti  sur  un  point  de  doc- 
trine ou  de  droit  difficile  à  résoudre  ;  elle  supplée 
au  silence  de  la  loi  et  demeure  sans  appel.  1|  Au 
plur.  Des  fetfas,  comme  des  agas,  des  pachas.  Vol- 
taire l'a  laissé  invariable  :  On  m'a  trop  accusé  d'ai- 
mer peu  Moustapha,  Ses  visirs,  ses  divans,  son  mufti, 
ses  fetfa  ;  Fetfa!  ce  mot  arabe  est  bien  dur  à  l'o- 
reille ;  On  ne  le  trouve  point  chez  Racine  et  Cor- 
neille; Du  dieu  de  l'harmonie  il  fait  frémir  l'archet; 
On  l'exprime  en  français  par  lettre  de  cachet,  Èp.  à 
l'imp.  Catherine. 

—  ÉTYM.  Arabe,  fetoua.  D'après  Pihan,  fetfa  est 
incorrect,  il  faut  dire  fetva,  qui  est  la  prononciation 
turque  ;  les  Arabes  prononcent  fetoua. 

FÉTICHE  (fé-ti-ch'),  s.m.\\  1°  Objet  naturel,  ani- 
mal divinisé,  bois,  pierre,  idole  grossière  qu'adorent 
les  nègres  des  côtes  occidentales  de  l'Afrique  et 
même  de  l'intérieur  des  terres  jusqu'en  Nubie.  Lors- 
que ma  mère  me  vendit  dix  écus  patagons  sur  la 
côte  de  Guinée,  elle  me  disait  :  mon  cher  enfant, 
bénis  nos  fétiches,  adore-les  toujours,  ils  te  feront 
vivre  heureux  ;  tu  as  l'honneur  d'être  esclave  de 
nos  seigneurs  les  blancs,  et  tu  fais  par  là  la  fortune 
de  ton  père  et  de  ta  mère,  volt.  Cand.  4  9.  Les 
Mexicains  invoquaient  des  puissances  subalternes, 
comme  les  autres  nations  en  ont  invoqué  sous  les 
noms  de  génies,  de  camis,  de  manitous,  d'anges,  de' 
fétiches,  haynal,  llist.  phil.  vi,  4  0.  |{  Fig.  C'est  son 
fétiche,  c'est  la  personne  pour  laquelle  il  a  le  plus 
de  vénération.  ||  Adj.  Les  dieux  fétiches.  Du  culte 
des  dieux  fétiches.  Titre  d'un  ouvrage  du  président 
DE  BROSSES,  en  4  760.  ||  2°  Poisson  d'Afrique  qui 
paraît  être  du  genre  squale,  et  auquel  est  rendu 
un  culte  religieux. 

—  ÉTYM.  Portug.  fetisso,  objet  féé,  enchanté 
(voy.  fée). 

FÉTICHISME  (fé-ti-chi-sm'),  s.  m.  \\  l'  Le  culte 
des  fétiches.  ||  2"  Fig.  Adoration  aveugle  d'une  per- 
sonne, de  ses  défauts,  de  ses  caprices,  et  aussi  d'un 
système.  Le  fétichisme  de  la  royauté. 

—  ÉTYM.  Fétiche.  Fétichisme,  qui  ne  se  trouve 
pas  dans  les  éditions  du  dictionnaire  de  l'Académie 
avant  4  835,  a  été  créé  par  le  président  de  Brosses 
en  4  760. 

t  FÉTICHISTE  (fé-ti-chi-sf),  s.  m.  et  f  Celui, 
celle  qui  adore  les  fétiches.  ||  Adj.  Les  populations 
fétichistes. 

—  KTVM.  Fétiche. 

FÉTIDE  (fé-ti-d'),  adj.  Qui  a  une  odeur  très- 
désagréable  et  qui  fait  soulever  le  coeur.  Une  va- 
peur fétide.  Il  On  dit  aussi  odeur  fétide.  ||  Fig.  On 
vit  dans  ce  chaos  fétide  [de  la  révolution]  Naître 
de  l'hydre  régicide,  Un  despote..  .  v.  hugo,  Odes, 
I,  44.  Ce  n'est  pas  même  un  juif!  c'est  un  païen 
immonde,  Un  renégat,  l'opprobre  et  le  rebut  du 
monde,  Un  fétide  apostat...   id.  Crép.  49. 

—  HIST.  XV'  s.  Que  c'estoit  peu  de  chose  et  orde 
et  fétide  de  notre  fragilité.  Paroles  d'Agnès  Snrel 


1654 


FEU 


mourante ,  dan»  vallkt  de  viriville  ,  Ihst.  de 
Charles  fil,  t.  m,  p.  185.  Il  xvi'  s.  Si  la  boue  qui 
sort  d'un  ulcère  est  noirastre  et  fœtide,  demonstre 
corruption  dos,  paré,  Introd.  23. 

—  f  TV.M.  l'roveii^.  fel,  frit  ;  espagn.  et  ital.  fetido  ; 
du  lat.  fœlidus.  Si  on  trouvait  ce  mot  dans  l'an- 
cien fransais,  il  serait,  comme  dans  le  provençal, 
sous  la  forme  de  fet,  à  cause  de  la  place  de  l'ac- 
cent dans  fœtidus  sur  la  première  syllabe.  Fœ- 
tidus,  de  fœteo,  tiei.t  au  grec  nOûonai,  pourrir,  san- 
scrit pûj. 

FÉTIDITÉ  (M-ti<li-té),«.^.  Qualité  de  ce  qui  est 
fétide.  La  fétidité  de  l'haleine  dans  certaines  ma- 
ladies. 

—  ÉTYM.  Fétide.  On  ne  trouve  pas  fétidité,  mais, 
au  xvr  sii'cle,  feteur,  du  latin  fœlorem,  puanteur. 

FP.TOVKK  (re-to-ié),  V.  a.  Voy.  FESTOYER,  qui 
est  auj(jurd'hui  plus  usité. 

FÉTU  (fé-tu),  s.  m.  ||  1°  Brin  de  paille.  Je  ne  suis 
à  tes  yeux  [de  Dieu]  sinon  Qu'un  fétu  sans  force  et 
sans  nom,  RÉGNIER,  Slonccs  relig.  Pendant  que  celle- 
ci  |la  fourmi),  chctive  et  misérable,  Vit  trois  jours 
d'un  fétu  qu'elle  a  traîné  chez  soi,  la  font.  Fabl. 
IV,  3.  Il  Tirer  au  court  fétu,  décider  quelque  chose 
par  le  plus  court  fétu  tiré  au  hasard.  On  dit  plutôt 
aujourd'hui  tirer  à  la  courte  paille. ||  Cela  ne  vaut 
pas  un  fétu,  je  n'en  donnerais  pas  un  fétu,  se  dit  de 
choses  dont  on  ne  fait  aucun  cas.  Qu'ensemble  l'on 
confond  le  vice  et  la  vertu,  Et  qu'on  l'estime  moins 
qu'on  n'estime  un  fétu,  Régnier,  Sat.  v.  Élevé  dans 
la  vertu,  Et  malheureux  avec  elle,  Je  disais:  à  quoi 
sers-tu,  Pauvre  et  stérile  vertu?  Ta  droiture  et  tout 
ton  zèle  Ne  valent  pas  un  fétu;  Mais,  voyant  que 
l'on  couronne  Aujourd'hui  le  grand  Pompone,  Aus- 
sitôt je  me  suis  tu  :  X  quelque  chose  elle  est  bonne, 
LE  laboureur,  dans  hichelet.  Le  mariage  de  M.  de 
Lorraine  ne  leur  donnait  rien  de  plus  (à  la  maison 
de  Lorraine]  et  ne  leur  faisait  pas  d'un  fétu,  st-sim. 
04,  72.11  Voir  un  fétu  dans  l'œil  de  son  prochain  et 
ne  pas  voir  une  poutre  dans  le  sien,  apophthegme 
de  l'Ëvangile  pour  [cprocher  aux  hommes  d'être  sé- 
vères pour  les  moindres  fautes  du  prochain  et  indul- 
gents pour  les  leurs  propres,  jj  Rompre  le  fétu  avec 
quelqu'un,  se  brouiller  avec  lui.  On  dit  plutôt  à 
présent  rompre  la  paille. ||  Populairement.  Un  cogne- 
fétu,  un  homme  qui  ne  s'occupe  que  de  vétilles. 
Il  On  dit  de  même:  Il  ressemble  à  Cogne-fétu,  il  se 
tue  et  ne  fait  rien.  ||  2"  Autrefois,  par  antiphrase, 
barre  de  fer  avec  laquelle  le  bourreau  rouait  les 
condamnés.  ||  3°  Fétu-en-cul,  dit  aussi  paille- 
en-cul,  paille-en-queue,  oiseau  de  la  grosseur 
d'un  pigeon  et  qui  a  dans  la  queue  une  ou  deux 
longues  plumes  ressemblant  de  loin  à  des  pailles, 
leurs  barbes  étant  très-courtes,  dit  aussi  oiseau  de» 
tropiques,  parce  qu'il  ne  se  trouve  qu'entre  les  deux 
tropiciues. 

—  HIST.  XII'  s.  Et  ensi  devient  K  festuz  al  oelh 
del  irié  [à  l'oeil  de  l'homme  en  colère].  Job,  p.  6)4. 
Il  XIII"  s.  [Ils]  ne  donroient  de  moi  la  monte  d'un 
festu,  Berte,  u.  [IIJ  Ront  le  festu,  si  lor  pardone, 
Iten.  (H 7».  Il  XV*  s.  Ainsi  par  especial  en  la  ville 
de  Bruges  murmuroient-ils  et  queroient  le  festu 
en  l'estrain,  fhoiss.  ii,  m,  48.  Mais  nous  tirerons 
au  feslu.  Et  cilz  qui  le  plus  grant  ara.  Le  gieu 
pour  jouer  eslira,  eust.  desch.  Poésies  mss.  f"  374, 
dans  lacurne.  J'entends  bien  tout;  il  ne  faut  pas 
Traisner  festu  devant  vieil  chat  [on  perd  son  temps 
à  vouloir  m'atlraper] ,  Rec.  de  fanes,  p.  )7i. 
Il  XVI*  s.  Comme  le  magnes  [aimantj  attire  le  fer, 
et  l'ambre  le  festu,  paré,  xxiii,  <3. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fistou;  Hainaul,  fistti;  prov. 
fesluc,  s.  m.  et  (estuca,  festuga,  s.  f.  ;  ital.  festuca, 
festuco  ;  du  lat.  festuca,  que  les  ctymologistes  rap- 
prochent de  fistula,  tuyau,  et  de  fustis,  bâton. 

t  FÉTUQUE  (fé-tu-k'),  s.  f.  Genre  de  plantes  gra- 
minées. 

—  ÉTYM.  Lat.  festuca,  brin  de  paille, 
f  FÉTUS  (fé-tus'),  s.  m.  Voj.  fœtus. 

<.  FEU  (feu),  s.  m.  Il  1°  Développement  de  cha- 
leur et  de  lumière.  ||  2"  Calorique.  ||  3°  Chez  les  an- 
ciens, un  des  quatre  éléments.  ||  i°  Objet  de  culte. 
Il  5°  Feu  central  du  globe.  ||6°  Incendie;  embrase- 
ment. Il  7°  Toute  matière  combustible  allumée. 
Il  8*  Ce  qui  sert  à  allumer.  |{  9°  Feu  en  termes  de 
cuisine.  ||  10"  Feu  de  joie.  |{  tj*  Fem  qu'allume  une 
armée.  I|  12»  Le  supplice  du  bûcher,  il  13°  Cautérisa- 
tion à  l'aille  du  fer  rouge.  ||  14°  Feu  en  termes  de 
chimie.  ||  15*  Feu  en  termes  de  métallurgie. 
Il  16"  Coup  de  feu.  ||  17"  Pompe  à  feu.  ||  18»  Déchar- 
ges d'armes  à  feu.  ||  19°  Terme  de  foitification. 
Il  20"  Feu  d'artihce.  ||  21°  Le  Icu  de  la  cheminée. 
Il  %%'  Cheminée,  chambre  à  feu.  ||  23°  Garniture  de 
phepiinée.jiai"'  Un  ménage,  une  famille.  ||  26»  La 


FEU 

simple  lueur  des  flambeaux.  ||  28*  Bougies  dont  on 
se  sert  aux  audiences  de  criées.  {|  27"  Indemnité 
qu'on  donne  à  un  acteur,  jl  28'  Torche,  instrument 
de  destruction.  {|  29»  Fanal.  ||  30°  Météore  enllamnié. 
Il  31°  Feu  gri.sou.  |  32"  Lumière  des  astres,  ||  33°  La 
chaleur  du  soleil  i|  34»  Éclat,  lumii' re.  ||  35°  Cou- 
leur de  feu.  Ji  36°  Vive  chaleur  qui  se  fait  sentir 
dans  le  corjjs.  {|  37"  Nom  de  diverses  éruptions. 
Il  38°  Pa.ssions,  ardeurs.  ||  39"  Vivacité  d'esprit. 
Il  40°  Vivacité  d'action ,  de  mouvement.  ||  41"  Force 
des  liqueurs  spiritueuses.  |{  42"  La  passion  de  l'a- 
mour. Il  43°  Révolution,  agitation.  ||  44"  Feu  aident, 
bryone.  Proverbes.  ||  1'  Développement  de  cha- 
leur et  de  lumière,  d'où  résulte  la  combustion  ou 
l'écliaulTement  des  Cfirps.  Le  feu  qui  semble  éteint 
souvent  dort  sous  la  cendre  ;  Qui  l'ose  réveiller  [leut 
s'en  laisser  surprendre,  corn,  liadug.  ui,  4.  Et  le 
feu  mal  éteint  est  bientôt  rallumé,  in.  Sertor.  i,  i. 
J'allumai  du  feu  avec  dos  cailloux,  fên.  Tél.  xv.  Le  feu 
ne  peut  subsister  qu'en  absorbant  l'air,  et  il  devient 
d'autant  plus  violent  qu'il  en  absorbe  davantage, 
BUKF.  Hist.  min.  Introd.  Œuires,  )'•  part.  t.  vi, 
p.  !>2,  dans  pouGKNS.  Le  père  Gobien  dit,  qu'avant 
l'arrivée  des  Europé^rns,  ils  [les  habitants  des  îles 
Marianesj  n'avaient  jamais  vu  de  feu,  que  cet  élé- 
ment si  nécessaire  leur  était  entièrement  inconnu, 
qu'ils  ne  furent  jamais  si  surpris  que  quand  'Is  en 
virent  pour  la  première  fois,  lorsque  Magellan  des- 
cendit dans  une  de  leurs  iles,  ID.  Ilist.  nat.  Ilum. 
Oliuvres,  t.  v,  p.  &1.  Plus  près  de  l'incendie,  ils 
ne  pouvaient  ni  reculer,  ni  demeurer;  et  comment 
avancer,  comment  s'élancer  à  travers  les  vagues  de 
cette  mer  de  feu  [1  incendie  de  Moscou]  ?  séour, 
Hist.  de  Nap  vin,  7.  ||  H  se  met  quelquefois  au 
pluriel.  La  montagne  vomissait  des  feux,  yue  le 
courroux  du  ciel,  allumé  par  mes  /œux.  Fasse  pleu- 
voir sur  elle  [Rome]  un  déluge  de  feux  I  corn.  Ilor. 
iv,  5.  Il  Terme  de  liturgie.  Feu  nouveau,  celui  qm 
est  allumé  et  béni  à  l'ofiice  le  samedi  saint.  ||  Faire 
du  feu  de  quelque  chose,  le  brûler.  Je  n'ai  point  main- 
tenant de  tes  lettres  sur  moi,  Mais  j'en  ferai  du  feu 
jusques  à  la  dernière,  mol.  le  I)èp.  iv,  4.  {{  Faire  feu, 
se  dit  de  corps  (\u\,  se  choquant,  produisent  du  feu, 
des  étincelles.  Ils  ont  tous  la  cassure  vitreuse,  ils  font 
également  feu  contre  l'acier,  ils  résistent  de  même  à 
l'action  des  acides,  buff.  Min.  t.  vu  p.  2i.  {{  Fig. 
Faire  feu  des  quatre  pieds,  faire  tous  ses  efforts  pour 
réussir;  locution  tirée  de  ce  que  les  pieds  ferrés 
des  chevaux  font  souvent  feu  sur  le  pavé.  ||  11  le 
craint  comme  le  feu,  il  le  craint  extrêmement. 
Il  Vomir  feu  et  flamme,  se  dit  d'un  volcan  en  érup- 
tion. Il  Fig.  Jeter  feu  et  flamme,  vomir  feu  et 
flamme,  se  livrer  à  un  grand  empunement.  Qu'Q 
semblait  que  je  fusse  le  voleur  et  son  fils  le  volé, 
et  qu'enfin  il  avait  vomi  feux  et  flammes  contre 
moi,  lesage,  Guzm.  d' Al  far.  iv,  7.  Dès -qu'il  apprit 
que  j'avais  fait  pour  lui  un  aveu  qu'il  n'avait  pas 
fait,  il  jeta  feu  et  flamme,  m'accusant  de  l'avoir 
trahi,  marmontel,  Mém.  vr.i.  ||  Prendre  feu,  s'en- 
flammer. Les  matières  sèches  prennent  feu  très- 
facilement.  Il  Fig.  Prendre  feu,  s'émouvoir,  s'irriter 
vivement  et  tout  à  coup.  V^^us  voudriez  que  je  prisse 
feu  d'abord  contre  eux,  mol.  Impr.  3.  Nous  allons 
voir  comme  on  faisait  prendre  feu  à  Luther,  boss. 
Var.  6.  Il  ajouta  en  riant  qu'il  lui  était  plus  aisé  de 
donner  la  paix  à  l'Europe  que  de  la  donner  à  dcu.\ 
femmes,  et  que  nous  prenions  feu  pour  des  baga- 
telles, MA1NTRN0N,  Lett.  à  Mme  de  Frontenac,  icso. 
Le  peuple  prend  feu  aussitôt  :  il  pousse  mille  cris 
confus  remplis  d'indignation  et  de  menaces,  vertot, 
Rétol.  rom.  t.  ii,  p.  t4(.  La  décence  même  y  babille, 
Et  par  la  gaieté  qui  prend  feu  .'^e  laisse  coudoyer  un 
peu,  BÉBANG.  Gonrmanii.  ||  Fig.  Mettre  le  feu  aux 
étoupes,  provoquer,  causer  l'e.vplusiim  de  liassions, 
de  sentiments,  tels  que  la  rolre,  l'amour,  etc. 
Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  Le  feu  prend 
aux  étoupes.  jj  Fig.  C'est  le  feu  et  l'eau,  se  dit 
de  deux  choses  tout  à  fait  contraires,  de  deux  per- 
sonnes qui  se  haïssent,  ou  qui  sont  d'opinions  o|i- 
poséos,  de  Giractères  incompatil  les.  ||  Fig.  On  dit 
que  le  feu  est  à  une  marchandise,  pour  signifier 
qu'il  y  a  presse  à  l'acheter  (cette  locution  vieillit). 
Il  Fig.  Familièrement.  N'y  voir  que  du  feu,  être 
ébloui  au  point  de  ne  rien  voir,  et  aussi  ne  rien 
comprendre  dans  une  affaire  ;  locution  'irée  de 
ce  que,  quand  un  couf  est  porté  sur  la  tête  ou  les 
yeux,  on  voit  beaucoup  d'étincelles,  mais  sans  rjcn 
distinguer  au  moment  du  coup.  Il  2"  Il  se  dit  <|uel- 
quefiiis  pour  calori  :ue.  Le  feu  réiiandu  dans  linlé- 
rieur  du  globe,  ce  feu  caché  dans  Tcau  et  dans  la 
glace  même  est  probablement  la  source  impéris 
sable  do  ces  exhalaisons,  de  ces  vapeurs  dont  nous 
sommes  continuellement   environiiés,  volt.  Pirt. 


FEU 

phil.  Air.  ||  3°  Chez  les  anciens,  un  des  quabre  élé- 
ments, avec  l'air,  l'eau  et  la  terre.  ||  Dans  l'ancienn» 
physique,le  feu  élémentaire,  le  feu  pur.  U  lu  mure, 
dit-on,  et  le  feu  élémentaire  ne  s<int  qu'une  même 
chose,  une  seule  suIsUince;  cela  peut  élre:  mais, 
cmme  nous  n'avons  pas  enc<jre  d'idée  neile  du  feu 
élémentaire,  absleiions-nous  de  prononcer  sur  ce 
premier  joint,  buff.  Minèr.  t.  vi,  p.  25,  dans  pol- 
GKNs.  Il  4"  Le  feu,  objet  principal  du  culte  des  an- 
ciens Persans.  C'est  vous,  6  Seigneur  notre  Dieu, 
qui  avez  choisi  vous-même  Aliram,  qui  l'avez  tiré 
du  feu  des  Cbaldéens,  et  qui  lui  avez  donné  le  nom 
d  Abraham,  saci.  Bible,  Esdras,  ii,  ix,  7.  ||  Feu  sa- 
cré, feu  ([ui,  chez  les  Romains,  éuit  entretenu 
constamment  et  gardé  nuit  et  jour  par  les  vestales. 
Il  Fig.  Feu  sacré  se  dit  de  sentiments  nobles  et 
passionnés  qui  se  conservent  et  se  transmettent.  Le 
feu  s:icré  de  la  liberté.  On  a  été  assez  heureux  pour 
conserver  les  ouvrages  de  votre  père  [Cicéronj  et  ceux 
de  quelques  autres  grands  hommes;  ainsi  le  feu  sacré 
n'a  jamais  été  totalement  éteint,  volt.  Diat.  i:i. 
Il  On  dit  aussi  :  Ce  poète  est  animé  du  feu  sacré, 
c'est  à-(liie  ila  du  génie.  Cet  écrivain  manque  du  feu 
sacré,  n'a  pas  le  feu  sacré.  ||  Feu  sacré,  dévouement, 
zi  le  à  servir,  il  s'est  beaucoup  dit  sous  le  premier 
empire.  Nos  aimables  barons,  formés  sur  le  modèle 
d'Elleviou,  vous  enseigneront  la  belle  tenue  de 
l'état-major  de  Berthier  et  l'étiquette  des  maré- 
chaux, sans  oublier  le  dévouement,  l'enthousiasme, 
le  feu  sacré,  p.  l.  cour.  Leitr.x.  ||  5"  Feu  central, 
dénomination  par  laquelle  on  désigne  le  foyer  de 
chaleur  qu'on  suppose  exister  au  centre  du  globe 
terrestre,  à  cause  de  la  température  croissante  qu'on 
observe  à  mesure  qu''  n  pénètre  dans  le  sein  de  la 
terre.  ||  Feux  souterrains,  feux  qui  existent  sous  le 
sol  et  qui  se  manifestent  pur  les  éruptions  volca- 
niques, les  eaux  thermales,  etc.  On  voit  par  tout 
ce  que  nous  venons  de  dire,  combien  les  feux  sou- 
terrains contribuent  à  changer  la  surface  et  l'in- 
térieur du  globe,  Bi'FF.  Ilist.  nat.  2*  dise.  (Jùirr, 
t.  1,  p.  167,  dans  pot  GENS.  ||  6"  Incendie,  embrase- 
ment Les  ravages  du  feu.  Le  feu  dura  plusieurs 
jours.  Je  vis  la  maison  de  Guitaut  toute  en  feu,  sÉv. 
20.  La  ville  était  prise ,  le  fou  était  déjà  de  tous 
côtés,  boss.  IlLit.  Il,  8.  La  plupart  des  maisons  et 
des  palais  qui  avaient  échappé  au  feu  servirent 
d'abri  aux  ciiefs,  et  tout  ce  qu  elles  contenaient  fui 
respecté,  sÉGL'R,  Ilist.  de  iVap.  vui,  h.  Je  m'élonce, 
et,  soudain  l'enlevant  dans  mes  bras.  Je  traverse 
les  feux,  je  l'arrache  au  trépas,  briffait,  Niims  Il_ 
I,  I.  Et  l'astre  [le  soleil],  qui  tombait  de  nuaj.-e  en 
nuage,  Suspendait  sur  les  flots  son  orbe  sans  rayon. 
Puis  plongeait  la  moitié  de  sa  sanglante  image, 
Comme  un  navire  en  feu  qui  sombre  à  l'boriion, 
LAMAHT.  Harm.  ii,  2.  ||  Se  rendre  mattre  du  feu, 
empêcher  qu'un  incendie  ne  fasse  des  progrès, 
ne  s'étende.  ||  Mettre  le  feu,  incendier.  Nabuclio- 
donosor  fit  mettre  le  feu  dans  le  temple,  boss. 
Hist.  II,  8  II  Fig.  Mettre  le  feu,  porter  le  trou- 
ble, soulever  les  passions.  Je  craindrais  que  la  ca- 
jolerie Ne  mit  le  feu  dans  la  maison,  la  font.  Oies. 
Il  Fig.  Le  feu  se  met  dans  ses  aflaires,  est  dans 
ses  affaires,  se  dit  de  celui  dont  les  atfaires  sont  dé- 
rangées et  que  ses  créanciers  poursuivent-  Il  en 
vint  d'abord  quelques-uns,  de  ceï  indignes  amis; 
mais,  dès  qu'ils  virent  que  le  feu  était  dans  les  af- 
faires, et  que  la  fortune  de  leur  amie  s'en  allait  en 
ruine,  ils  courent  encore,  mabiv.  Pays.  part.  ('* 
paît.  Le  feu  jius  que  jamais  s'est  mis  dans  mes  af- 
faires, DORAT,  Feinte  par  amour,  i,  6.  ||  Mettra 
le  feu  dans  les  affaires,  dans  l'affaire,  se  dit  de 
créanciers  qui  poursuivent  vivement  un  homme  em- 
barrassé dans  ses  affaires.  D'Orieu  et  quelques  ma- 
gistrats très-riches,  nos  créanciers,  avaient  voulu 
mettre  le  feu  à  nos  affaires,  st-s;m.  is,  216.  Si  l'on 
met  le  feu  dans  l'allaire,  si  l'on  dispute  au  lieu  de 
se  rapprocher,  nous  perdons  tout,  picaro,  Puhaiit- 
cours,  IV,  5  II  Courir  au  feu,  se  bâter  de  porter  du 
secours  quand  un  incendie  éclate.  ||  Fig  On  y  court 
comme  au  feu,  se  dit  des  spectacles  et,  en  général, 
de  tout  ce  qui  attire  un  grand  concours  de  person- 
nes. Mais  vous,  que  vous  vendez  de  ces  toiles  de 
soie  I— La  lingère  ;  Devrai,  bieq  que  d'abord  <n  en 
vendit  fort  peu,  A  préseni,  Dieu  nous  aime,  on  y 
court  comme  au  feu,  comn.  la  Gai.  du  pal.  1,  ♦. 
Il  Courir  comme  au  feu,  se  dit  aussi  d'un  grand  ein- 
pres-sciuent.  Vous  n'avez  qu'à  parler,  niadame,  ja 
coursau  notaire  comme  au  feu,  danoiuht,  la  I  em'i.e 
d'tntrigue,  iv,  U.  ||  Jeter  des  cris  de  feu,  ietor  de 
grands  cris,  des  cris  de  désespoir,  comme  dans  un 
incendie.  ||  Faire  la  part  du  feu,  so  dit,  dans  i^n 
incendie,  quand,  laissant  brûler  des  parties  qu'ofl 
croit  ne  pouvoir  sauver,  on  s'attache  i  préserver 


FEU 

ce  qu'il  y  a  chance  de  préserver.  Les  autres  chefs, 
ses  vieux  compagnons  de  gloire  [du  maréchal  Mor- 
tiar',  l'avaient  quitté  les  larmes  aux  yeux;  et  l'em- 
pereur, en  lui  disant  qu'il  comptait  sur  sa  for- 
une,  mais  ']u'au  reste,  à  la  guerre,  il  fallait  bien 
faire  une  part  au  feu  [on  le  laissait  à  Moscou].... 
sÉGUB,  llist.de  Sap.  ix,  6.  ||  Un  feu  de  cheminée, 
l'incendie  qui  éJate  dans  une  cheminée,  et  qui,  y 
étant  concen'ré,  n'a  rien  de  bien  grave.  ||  Fig.  Il  a 
mis  le  feu  à  la  cheminée,  se  dit  de  celui  qui,  ayant 
mangé  des  mets  trop  salés,  trop  épicés,  s'est  mis  le 
josier  en  feu.  ||  7"  Toute  matière  combustible  allu- 
mée. Keu  vif,  ardent.  On  me  fit  du  feu,  sév.  14.  On 
arrive,  on  fait  grand  feu,  m.  7S.  Les  nymphes 
avaient  eu  soin  d'allumer  un  grand  feu  de  bois  de 
cèdre,  fén.  Tél.  i.  il  en  est  des  livres  comme  du 
feu  dans  nos  foyers;  on  va  prendre  du  feu  chez  son 
voisin;  on  l'allume  chez  soi,  on  le  communique  à 
d'autres,  et  il  appartient  à  tous,  volt.  Dict.  phil. 
Prior.  Combien  le  feu  tient  douce  compagnie  Au 
prisonnier,  dans  les  longs  soirs  d'hiver!  bérang. 
l'eu  du  prison.  ||  Feu  clair,  feu  accompagné  d'une 
flamme  claire.  ||  Faire  grande  chère  et  bon  feu, 
faire  de  grandes  dépenses  pour  ses  amusements. 
Il  Prendre  un  air  de  feu,  prendre  l'air  du  feu,  se 
chauffer  à  la  hSte  et  comme  en  passant.  ||  Popu- 
lairement, prendre  une  poignée  de  feu,  même  sens. 
Il  Feu  de  reculée,  très-grand  feu,  ainsi  dit  parce 
qu'il  force  à  se  reculer.  ||  Un  feu  à  rôtir  un  IJoeuf, 
un  très-grand  feu.  ||  Un  feu  d'enfer,  un  feu  très-vio- 
lent, li  y  a  toujours  un  feu  d'enfer  dans  cette  verre- 
rie. Il  Mettre  de  l'eau  sur  le  feu,  mettre  sur  le  feu  un 
vase  plein  d'eau.  ||  lUettre  les  fers  au  feu,  voy.  fir. 
Il  Mettre  le  feu  au  four,  chauffer  le  four.  ||  Passer 
une  chose  au  feu,  la  passer  au  travers  de  lallamme. 
Il  Montrer  une  chose  au  feu,  la  présenter  au  feu 
pour  la  faire  séclier  ou  pour  la  faire  chauffer  légè- 
rement. Il  Donner  le  feu  à  un  navire,  chauff'er  les 
parties  sur  lesquelles  on  veut  applt  |uer  du  brai  ou 
du  goudron.  H  Jeter  au  feu,  se  dit  de  quelque  objet 
qu'on  veut  anéantir.  J'avais  déjà  commencé  une  tra- 
gédie, je  l'ai  jetée  au  feu;  et  je  consei,lle  à  tous  ceux 
qui  ont  la  manie  de  travailler  en  ce  genre  d'en  faire 
autant,  volt.  Déf.  de  mon  oncle,  ch.  xx.  |'  Fig.  Feu 
de  paille,  se  dit  pour  exprimer  qu'un  sentimept, 
qu'une  ardeur  est  de  peu  de  durée  et  s'éteint  vite. 
Mon  amour  est  un  feu  de  paille  Qui  luit  et  meurt  en 
un  instant,  sgarhon.  Poésies,  dans  le  boix,  Dict. 
comique.  ||  Feu  de  paille  se  dit  aussi  de  troubles  pas- 
sagers. Cette  sédition  ne  fut  qu'un  feu  de  paille. 
Il  Attiser,  souffler  le  feu,  le  rendre  plus  vif  en  rap- 
proclKint  les  tisons  ou  en  souniant;  et  fig.  exciter 
les  passions,  les  troubles,  envenimer  les  querelles. 
Il  Jeter  de  l'huile  sur  le  feu,  le  rendre  plus  actif, 
en  y  versant  de  l'huile;  et  fig.  exciter  encore  des 
passions  déjà  allumées.  ||  Couvrir  le  feu,  mettre  de 
la  cendre  sur  des  tisons,  sur  des  charbons,  afin  d'y 
conserver  du  feu.  Et  les  feux  mal  couverts  n'en  écla- 
tent que  mieux,  rac.  Andr.  u,  a.  S'il  me  reste  en- 
core quelque  feu  caché  sous  la  cendre,  mes  anges 
souflleront,  et  il  se  ranimera,  volt.  Lett.  d'Argental, 
29  juin  I7b(.  Il  Couvre-feu,  garde-feu,  voy.  ces  mots 
à  leur  rang  alphabétique.  ||  Fig.  Faire  trop  grand 
feu  du  bois  de  quelqu'un,  user  trop  librement  de 
son  argent,  de  ses  provisions.  Il  faisait  en  un  mot 
trop  grand  feu  de  mon  bois,  montfleury.  Femme 
juge  et  part,  iv,  2.  ||  Jouer  avec  le  feu,  manier  du 
feu  pour  s'amuser;  et  fig.  s'exposer  imprudemment 
à  quelque  péril.  Enfant  qui  joue  avec  le  feu,  la- 
MART.  Ép.  à  U.  Léon  lirvys  d'Ouilly.  ||  Fig.  Faire 
feu  qui  dure,  ménager  son  bien,  sa  santé.  Qui  veut 
voyager  loin  ménage  sa  monture;  Buvez,  man- 
gez, dormez,  et  faisons  feu  qui  dure,  bac.  Plaid. 
I,  1.  H  Fig.  Mettre  le  feu  sous  le  ventre  à  quel- 
qu'un, l'exciter  vivement.  ||  Populairement  et  bas- 
sement. U  court  comme  s'il  avait  le  feu  au  derrii  re, 
se  dit  dun  homme  qui  s'enfuit  fort  vite.  ||  8"  Jl  se 
dit  quelquefois  pour  ce  qui  sert  à  allumer.  J'ai  un 
cigarre,  mais  je  n'ai  pas  de  feu.  Avez-vous  du  l'eu 
sur  vous?  Donnez-moi  du  feu,  c'est-à-dire  une  allu- 
mette, ou  votre  cigarre  allumé  pour  allumer  le 
mien.  ||  9"  Terme  de  cuisine.  Donner  le  feu  trop 
chaud,  trop  ardent  à  la  viande,  la  faire  rôtir  à  trop 
grand  feu.  ||  Cuire  à  petit  feu,  c'est-à-dire  en  fai- 
sant un  petit  feu.  ||  On  dit  qu'une  chose  doit  seu- 
lement voir  le  feu,  quand  elle  doit  être  cuite  légè- 
rement et  promptement.  ||  Entre  deux  feux  se  dit 
de  plats  que  l'on  fait  cuire  avec  du  feu  dessous  et 
dessus,  comme  les  gratins  ||  Faire  griller  quelque 
chose  au  feu  d'enfer,  le  mettre  au  feu  d'enfer,  le 
faire  griller  à  un  feu  vif  de  charbons,  après  l'avoir 
fortement  saupoudré  d'épices.  ||  Coup  de  feu,  ac- 
tion d'animer  le  feu  pour  donner  aux  mets  le  der- 


FEU 

nier  degré  de  cuisson.  Le  cuisinier  est  dans  son  coup 
de  feu.  Voy  aussi  le  n°  16.  ||  Fig,  et  famihèrement. 
Coup  de  feu,  le  moment  où  l'on  est  le  plus  oc- 
cupé. 11  est  dans  son  coup  de  feu.  ||  10"  Feux  de 
joie,  ceux  qu'on  allume  sur  les  hauteurs  ou  sur  les 
places  publiques  en  signe  de  réjouissance.  Ce  même 
peuple,  un  an  auparavant,  avait  fait  des  feux  de 
joie  de  la  prise  de  M.  le  prince,  larochek.  ilém.  H  48. 
On  a  fait  à  Vienne ,  à  Londres,  à  Versailles  des  feux 
de  joie  pour  des  batailles  que  personne  n'avait  ga- 
gnées, VOLT.  Cons.  à  un  journal.  Quand  Babylono  en 
feu  célébrait  vos  conquêtes,  m.  Sémir.  i,  l.  ||  Feu  de 
la  Saint-Jean,  feu  qu'on  allume  le  jour  de  la  Saint- 
Jean.  Nous  avons  fait  deux  admirables  feux  devant 
cette  porte;  c'était  la  veille  et  le  jour  de  Saint-Jean; 
il  y  avait  plus  de  trente  fagots,  sév.  'io  juin  )68u. 
Il  Faire  les  feux,  s'est  dit  absolument  pour  faire  des 
feux  de  joie,  se  réjouir.  Faites-en  les  feux  dès  ce 
soir,  la  font.  Fabl.  ii,  I6.  ||  11°  Au  plur.  Il  se  dit 
des  feux  qu'allume  une  armée,  et  de  son  bivouac. 
Déjà  les  feux  sont  presque  éteints;  Et  le  silence  rè- 
gne en  ces  lieux  inhumains,  volt.  Triumv.  iv,  2. 
Quelqu'un  l'arrêta  [rempereur|,  en  lui  montrant 
l'arrière-garde  ennemie  entre  lui  et  la  ville,  et  der- 
rière, les  feux  d'une  armée  de  cinquante  mille  hom- 
mes, SEGua,  Uist.  de  Nap.  vu,  (3.  Des  feux  qui 
brillèrent  sur  notre  gauche  dans  la  nuit  du  2a  au 
24  avertirent  du  mouvement  des  Russes  vers  Malo- 
laro£.«ivetz,  id.  ib.  ix,  2.  ||  12-  Le  feu,  le  supplice  du 
bûcher.  Le  supplice  du  feu.  Le  Tartuffe  dans  leur 
bouche  [des  hypocrites]  est  une  pièce  qui  offense  la 
piété  ;  elle  est  d'un  bout  à  l'autre  pleine  d'abomi- 
nations, et  l'on  n'y  trouve  rien  qui  ne  mérite  le 
feu,  MOL.  Tart.  Préf.  L'un,  défenseur  zélé  des  bi- 
gots mis  en  jeu.  Pour  prix  de  ses  bons  mots  le  con- 
damnait au  feu,  iiOiL.  Épit.  vu.  On  reprochera  tou- 
jours à  la  mémoire  du  cardinal  de  Uicbeliou  la  mort 
de  ce  fameux  curé  de  Loudun,  Urbain  Grandier, 
condamné  au  feu  comme  magicien  par  commission 
du  conseil,  volt.  Louis  XIV,  2.  ||  Brûler  à  petit  feu, 
brûler  lentement  un  condamné,  afin  de  rendre  le 
supjilice  plus  cruel.  Elle  est  brûlée  à  petit  feu  à  la 
Grève,  6Év.  4oo.  L'empereur  du  Japon  fait  brûler  à 
petit  feu  les  chrétiens  qui  sont  dans  ses  États,  mon- 
TESQ.  Espr.  XXV,  (3.  On  brûla  à  petit  feu  dans 
Valladolid  tous  ceux  qui  étaient  soupçonnés  ;  et 
Philippe  des  fenêtres  de  son  palais  contemplait  leur 
supplice,  et  entendait  leurs  cris,  volt.  Mœurs,  <(i3. 
Il  l'ar  extension.  La  fièvre  brûla  deux  ans  Voiture  à 
petit  feu,  SARRASIN,  dans  hicuelet.  ||  Fig.  11  n'y 
avait  point  encore  de  nouvelles,  c'est  brûler  à  petit 
feu,  SÉV.  :j(i6.  Il  Faire  mourir  iiuelqu'un  à  petit  feu, 
lui  causer  des  peines  d'esprit,  des  inquiétudes,  des 
chagrins  i|ui  le  min;int.  Un  diable  de  neveu  Me  fait 
par  ses  écarts  mourir  à  petit  feu,  PiRtm,  Métrom.  n, 
t.  Il  Au  moyen  âge,  épreuve  du  feu,  é|Teuve  qui 
s'employait  pour  décider  des  accusations.  On  faisait 
porter  au  plaideur,  à  une  certaine  distance,  un 
morceau  de  fer  rougi  au  feu  ;  on  mettait  aussitôt 
ses  mains  dans  un  sac,  et  si,  à  l'expiration  d'un 
délai  fixé,  elles  portaient  les  marques  du  feu,  il 
était  irrévocablement  condamné,  raugi.net,  Uist.  du 
gouv.  féodal,  n,  2.  ||  Fig.  Par  allusion  aux  anciennes 
épreuves  par  le  feu.  Mettre  la  main  au  feu  pour 
une  personne  ou  une  chose,  être  sûr  que  la  main 
mise  au  feu  pour  soutenir  cette  personne  ou  cette 
chose  ne  brûlerait  pas,  de  même  que  ne  brûlerait  pas 
ia  main  de  l'innocent.  En  mettre  mon  doigt  au  feu, 
LA  FONT.  Nie.  J'aurais  pour  elle  au  feu  mis  la  main 
que  voilà,  mol.  Éc.  des  mar.  ni,  (0.  Il  aurait  mis 
sa  main  au  feu  qu'elle  n'était  pas  revenue,  hamilt. 
Gramm.  ui.  ||  On  dit  dans  le  sens  contraire  :  Je 
n'en  mettrais  pas  la  main  au  feu.  ||  Fig.  et  fannliè- 
rement.  Il  se  jetterait  dans  le  feu  pour  lui,  il  se 
mettrait  au  feu  pour  lui,  il  ferait  tout  peur  lui 
prouver  son  aiTection,  son  dévouement.  Ne  savez- 
vous  pas  que  je  me  mettrais  au  feu  pour  vous  faire 
plaisir?  gexlis,  Thédt,  d'éduc.  la  Lingère,  i,  2. 
Il  Danse  du  feu,  danse  de  sauvages  dans  l'Amérique 
septentrionale,  autour  du  poteau  auquel  ils  atta- 
chent leurs  prisonniers.  ||  Le  feu  de  l'enfer,  les 
tourments  des  damnés.  Ou  la  princesse  palatine 
portera  la  lumière  dans  vos  yeux,  ou  elle  fera  tom- 
ber, comme  un  déluge  de  feu,  la  vengeance  de  Dieu 
sur  vos  têtes,  boss.  Anne  de  Gonz.  ||  Le  feu  du  pur- 
gatoire, les  iieines  (jue  souffrent  les  âmes  dans  le 
purgatoire.  ||  13'  Cautérisation  à  l'aide  du  fer  rouge. 
U  faut  appliquer  le  feu  aux  plaies  faites  par  la 
morsure  des  chiens  enragés.  À  mesure  qu'Hercule 
cou|)e  les  tètes  de  l'hydre,  lolas  y  applique  le  feu, 
afin  de  les  empêcher  de  renaître,  balz.  De  la  cour, 
I"  dise.  Il  Fig.  Employer  le  fer  et  le  feu,  em- 
ployer les  remèdes,  les  moyens  les  plus  violents. 


FEU 


1G55 


Il  Bouton  do  feu,  instrument  de  fer  en  forme  de 
bouton  qui ,  chauffé  ,  sert  à  faire  des  cautérisa- 
tions. Il  Feu  potentiel  s'est  dit  nutrefois  pour  ca 
qu'on  nomme  aujourd'hui  cautère  potentiel.  ||  '."erme 
de  maréchal.  Donner  le  feu  à  un  cheval,  appi- 
quer  un  couteau  de  fer  tout  ardent  sur  quelcjue 
tumeur  (ju'on  veut  résoudre.  ||  14"  Terme  de  chimie. 
Feu  nu  ou  immédiat,  le  feu  ordinaire  sur  lequel  on 
met  un  vaisseau.  ||  Feu  de  roue,  un  feu  disposé  en 
cercle  autour  d'un  creuset.  ||  Feu  de  réverbère,  celui 
qui  se  fait  dans  un  fourneau,  par  la  réverbération 
de  la  chaleur,  qui  frapjie  le  vaisseau  par-dessus  et 
tout  autour.  \\  Feu  de  fusion,  charbons  allumés  au- 
tour d'un  creuset.  ||  Feu  de  suppression,  un  feu  do 
charbons  dont  on  couvre  tout  à  fait  le  creuset  ou  le 
vaisseau.  ||  Feu  de  lampe,  se  dit  d'un  appareil  dans 
lequel  le  vaisseau  est  échauffé  par  la  chaleur  tou- 
jours égale  d'une  lampe.  Il  Feu  de  bain,  celui  du 
bain  de  vapeurs,  du  bain-marie,  du  bain  de  cendre 
et  autres  de  cette  espèce.  ||  Feu  de  digestion,  ou 
ventre  de  cheval,  la  chaleur  du  fumier.  ||  Feu  olym- 
pique, le  feu  du  soleil,  dont  on  ramasse  les  rayons 
avec  des  verres  ardent.s.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Faire  feu  violet,  faire  du  feu  violet,  faire  quelque 
chose  qui  éclate  d'abord,  oii  il  paraît  de  la  vivacité, 
mais  qui  bientôt  se  dément.  Locution  prise  de  ce 
qu'une  flamme  qui  n'est  pas  blanche  n'est  pas  por- 
tée à  un  haut  degré  d'incandescence.  ||  15 '  Terme  de 
métallurgie.  Feu,  bas  fourneau  où  s'opère  la  réduc- 
tion d'un  métal.  ||  Feu  catalan,  bas  fourneau  en  forme 
de  renardière.  ||  Feu  d'atteinte  ou  de  fusion,  celui 
qu'on  emploie  pour  la  fusion  et  la  calcination  des 
métaux.  ||  On  dit  dans  i"C  verreries,  le  premier,  le 
second,  le  troisième  feu,  psur  marquer  le  degré 
d'avancement  de  l'ouvrage.  ||  16"  Coup  de  feu,  dé- 
faut résultant  de  l'action  trop  vive  du  feu  sur  un 
objet.  Cette  porcelaine  a  un  coup  de  feu.  Ce  rôti  a 
un  coup  de  feu  ||  17"  Pompe  à  feu,  pompe  mue  par 
une  machine  à  vapeur,  s'entend  quelquefois  de  la 
machine  elle-même.  ||  Cheval  de  feu,  synonyme  peu 
usité  de  cheval- va  peur.  ||  Pompe  à  feu,  se  dit  aussi 
des  pompes  à  incendie.  ||  18"  Décharges  d'armes  à 
feu.  E.ssuyer  le  feu  de  l'ennemi.  11  arrive  sans  ar- 
tillerie, monte  à  l'escalade  de  la  citadelle  sous  le 
feu  du  canon  ennemi,  et,  malgré  une  résistance 
opiniâtre,  il  prend  la  forteresse,  volt.  Mœurs, 
)B2:  Tel  court  au  feu  avec  intrépidité  qui  ne  laisse 
pas  d'être  un  tris-mauvais  officier,  j.  J.  roiss. 
Scienc.  2.  Soldat  bientôt,  courant  au  feu.  Je  perdis 
une  jambe  en  route,  béhang.  Ange  gard.  U  pres.se 
Davout  qui  le  suit  ;  mais  ce  maréchal  n'arriva 
près  du  champ  de  bataille  qu'avec  la  nuit,  quand 
les  feux  s'affaildi-ssaient,  quand  tout  était  décidé, 
sEGUR,  Uist.  de  Nap.  ix,  2.  On  vit  alors  son  frire 
|du  général  Delzonsî  se  jeter  sur  lui,  le  couvrii' 
de  son  corps,  le  serrer  dans  ses  bras,  et  voulnir 
l'arracher  du  feu  et  de  la  mêlée  ;  mais  une  seconde 
balle  l'atteignit  lui-même,  et  tous  deux  expiri  rent 
ensemble,  iD.  ib.  Les  avant  [lostes  des  deux  empires 
répugnaient  à  renouveler  les  hostilités:  un  nouvel 
ordre  vint,  une  même  hésitation  y  réponuit  ;  enfin 
Murât,  irrité,  commanda  lui-même,  et  ces  feux  dont 
il  semblait  menacer  l'Asie,  mais  qui  ne  devaient 
))lus  s'arrêter  qu'aux  rives  de  la  Seine,  recommen- 
cèrent, ID.  ib.  vni,  6.  Il  Faire  feu,  se  dit  d'une 
troupe  qui  tire  avec  ses  fusils  et  son  art.llerie. 
L'armée  faisait  un  feu  continuel  sur  celle  de  Marl- 
borough,  VOLT.  Louis  XIV,  I9.  ||  On  dit  semblable- 
ment  dans  la  marine  :  faire  feu  des  deux  bords.  Feu 
de  tribord.  Feu  de  bâbord.  ||  Faire  feu,  se  dit  aussi 
d'un  soldat  qui  lâche  isolément  un  coup  de  fusil. 
La  sentinelle  Ht  feu,  et  le  poste  accourut.  ||  Feu  de  pe- 
loton, décharge  faite  à  la  fois  par  tout  un  peloton. 
Il  Feu  de  deux  rangs  ou  de  file,  feu  d'une  trou|'e 
qui  tire  par  file  et  sans  interruption.  ||  Feu  roulant, 
tir  d'une  troupe  tel  que,  chaque  homme  ou  chaque 
division  tirant  à  volonté,  il  en  résulte  une  suite  in- 
cessante de  coups.  Les  Anglais  firent  un  feu  rou- 
lant, c'est-à-dire  qu'ils  tiraient  par  divisions,  volt. 
Louis  XV,  16.11  Fig.  Un  feu  roulant  de  Kiillies  , 
d'épigrammes,  saillies,  épigrammes  lancées  coup 
sur  coup.  Il  Faire  un  feu  d'enfer,  tirer  rapidement 
un  grand  nombre  de  coups  de  canon,  de  cou]iS  do 
fusil  II  Éteindre  le  feu  ou  les  feux  de  l'ennemi, 
démonter  ses  canons  et  les  empêcher  de  tirer  par 
une  artillerie  supérieure  en  nombre  ou  en  habileté. 
Il  Exercice  à  .'eu,  voy.  exeucice.  |!  Entre  deux  leux, 
se  dit  d'un  corps  de  troupes  enveloppé  par  l'en- 
nemi et  sur  lequel  on  tire  do  deux  côtés.  Cinq 
fois  dans  cette  journée  ce  poste  se  trouva  dé» 
passé  par  les  colonnes  russes  qui  poursuivaient  les 
nôtres,  et  cinq  fois  ses  coups,  ménagés  et  lir/s 
à  propos  sur  leur  flanc  et  sur  leurs  derrières,  iii- 


1G56 


FEU 


quiétlrent  et  ralentiront  leur  impulsion  ;  puis , 
quand  nous  reprenions  l'offensive ,  cette  position 
lei  mettait  entre  deux  feux,  et  assurait  lo  succès 
de  nos  attaques,  séguh,  llist.  de  Nap.  ix,  2. 
Il  Fig.  Entre  deux  feux ,  so  dit  d'une  personne 
pressée  de  deux  côtés  jiar  des  créanciers  également 
menaçants,  par  des  ordres  contraires,  etc.  ||  Aller 
ait  feu,  aller  à  un  combat  où  l'on  se  sert  d'armes 
i  feu.  Il  Voir  le  feu,  assister  à  un  combat.  Ces 
troupes  n'avaient  pas  encore  vu  le  feu.  ||  Fami- 
lièrement. Aller  au  feu  comme  à  la  noce,  mar- 
cher allègrement  au  combat.  ||  Accoutumer  un 
clieval  au  feu,  l'accoutumer  à  entendre  tirer  des 
coups  de  fusil,  de  canon,  sans  en  être  effrayé.  ||  El- 
liptiquement, feul  se  dit  pour  commander  à  une 
troupe  de  tirer.  ||  Faire  long  feu,  se  dit  au  propre 
d'une  arme  dont  le  coup  est  lent  à  partir.  ||  Fig. 
Faire  long  feu ,  so  dit  d'une  affaire  qui  traîne  en 
longueur.  ||  Faire  faux  feu,  se  dit  en  parlant  d'une 
arme  à  feu,  lorsque  l'amorce  prend  feu  sans  que 
le  coup  parte.  ||  Lance  à  feu,  sorte  de  fusée  emman- 
chée qui  sert  à  mettre  le  feu  à  une  pièce  d'artille- 
rie ou  d'artifice.  ||  Mettre  le  feu  à  un  canon,  allumer 
l'amorce  qui  enflamme  la  charge.  ||  Mettre  le  feu 
aux  poudres,  faire  sauter  un  magasin  de  poudre;  et 
fig.  provoquer  l'explosion  de  révoltes,  de  séditions, 
de  révolutions,  d'entreprises  violentes.  ||  On  dit  dans 
un  sens  analogue  :  le  feu  prend  aux  poudres.  ||  Les 
armes  à  feu,  les  fusils,  les  pistolets,  les  canons,  les 
mortiers.  ||  Bouche  à  feu,  une  pièce  d'artillerie. 
Il  Coup  de  feu,  détonation,  décliarge  d'un  fusil.  On 
entendait  des  coups  de  feu  dans  le  bois.  !|  Blessure 
faite  par  une  arme  à  feu.  11  avait  un  coup  de  feu  à 
la  jambe.  ||  Pot  à  feu,  voy.  pot.  ||  Feu  grégeois,  voy. 
GRÉGEOIS.  Il  19°  Terme  de  fortification.  Le  flanc  du 
bastion  d'où  l'on  tire  sur  l'ennemi.  |]  20"  Feu  d'arti- 
fice, jeux  et  effets  de  lumière  produits  par  la  pré- 
paration de  matières  inflammables  d'après  les  rè- 
gles de  la  pyrotechnie.  Tirer  un  feu  d'artifice.  C'est 
au  mélange  de  la  limaille  de  fer  avec  du  zinc  que 
sont  dus  les  beaux  efl'ets  de  nos  feux  d'artifice,  buff. 
Min.  t.  V,  p.  4)0,  dans  pougens.  (|  Fig.  Suite  de 
traits  brillants  dans  la  conversation.  ||  Feu  chinois, 
sorte  d'imitation  des  fe'ix  d'artifice,  au  moyen  de 
transparents,  qui  sert  de  jouet  aux  enfants.  1|  21°  Le 
feu  qu'on  entretient  ordinairement  dans  une  chemi- 
née, dans  un  poêle.  11  y  a  presque  toujours  six  feux 
dans  cette  maison.  11  ne  faut  que  deux  feux,  mainte- 
non,  Lett.  à  d'Aubigru',,  t.  i,  p.  <74,  dans  pougens. 
Il  22°  Cheminée,  chambre  à  feu.  Que  l'artisan  ne 
puisse  transmettre  à  ses  enfants  la  cabane'  qu'il  a 
bâtie  et  où  ils  sont  nés,  le  cliamp  qu'il  a  acquis  et 
payé  du  produit  de  son  tnvail,  le  lit  même  où  ses 
enfants  recueilleront  ses  damiers  soupirs,  s'ils  n'ont 
pas  vécu  avec  lui  sous  le  même  toit,  au  même  feu  et 
à  la  même  table,  volt.  Mél.  liuér.  autre  lettre  d'un 
bénédictin.  ||  Le  coin  du  feu,  un  des  coins  de  la 
cheminée,  voy.  coin.  Les  p'iaisirs  du  coin  du  feu. 
Vous  autres  héros  seriez  bien  faciles  qu'on  vous 
laissât  vivre  tranquillement;  vous  croyez  être  de- 
meurés au  coin  du  feu,  4  moins  que  vous  ne 
vous  alliez  brûler  sur  le  mont  Œta,  de  même  que 
fit  Hercule,  la  font.  Lett.  xxiv.  J'étais  au  coin 
du  feu  de  Mme  de  la  Fayette,  sÉv.  18.  Au  coin 
de  mon  feu  vint  s'asseoir  Un  étranger  vêtu  de  noir. 
Qui  me  ressemblait  comme  un  frère,  a.  de  musset. 
Poésies  nouv.  Nuit  de  décembre.  \\  Fig.  Il  n'a  jamais 
quitté  le  coin  de  son  feu,  il  n'a  jamais  voyagé. 
Il  Place  au  feu  et  à  la  chandelle,  accès  auprès  de 
la  cheminée  et  auprès  de  la  table  où  la  chandelle 
est  allumée  ;  ancienne  formule  des  gîtes  d'étape. 
Il  23"  Garniture  de  feu,  ou,  simplement,  feu,  l'en- 
semble de  ce  qui  garnit  une  cheminée  (chenets, 
pelle  et  pincettes).  Acheter  un  beau  feu.  Il  me  faut 
un  feu  doré;  que  la  grille  en  soit  très-grosse;  j'aime 
le  grand  feu  préférablement  à  toute  autre  délica- 
tesse, MAiNTENON,  Lclt.  à  d'Àubigné,  <o  févr.  icit. 
Il  24°  Un  ménage ,  une  famille  ,  dans  un  village 
ou  dans  un  bourg.  Il  y  a  cent  feux  (iins  ce  village. 
L'auteur  réduit  chaque  feu  à  trois  personnes; 
mais,  par  le  calcul  que  j'ai  fait  dans  toutes  les 
terres  où  j'ai  été  et  dans  celle  que  j'habite,  je 
compte  quatre  personnes  et  demie  par  feu,  volt. 
Vict.  phil.  Population.  Suivant  le  dénombrement 
des  feux  exactement  fait  en  I7B(,  m.  ib.  Lois  {Es- 
prit des).  La  répartition  des  impôts  est  d'autant 
plus  facile  dans  cette  province  [la  Provence],  qu'elle 
a  été  divisée  en  différents  feax,  mesure  conven- 
tionnelle qui  exprime    une   valeur   quelconque 

cette  opération  se  borne  à  dire  :  si  l'on  divise  la 
province  en  tant  do  feux,  combien  telle  ville  doit- 
elle  avoir  de  feux,  par  rapjxjrt  à  telle  autre?  et 
♦nsuite,  si   la  province   doit  payer  telle  somme, 


FEU 

combien  doit-on  payer  par  feu?  Mirabeau,  Collec- 
tion, t.  Il,  p.  378.  Il  Terme  d'administration.  À  feux 
croissants,  se  dit  de  la  cjuantité  croissante  de  bois 
que  des  usagers  prennent  dans  une  forêt.  Le  droit 
d'usage  en  bois  prélève  directement  une  part  im- 
portante des  produits  forestiers,  et,  lorsqu'il  est  con- 
stitué à  feux  croissants,  c'est-à-dire  susceptible  de 
s'accroître  avec  la  population  usagère,  il  finit  sou- 
vent par  absorber  la  totalité  de  ces  produits,  de  fûr- 
cade.  Rapport  au  min.  des  fin.  20  fév.  (80o,  in-4°, 
p.  23.  Il  N'avoir  ni  feu  ni  Ueu  ,  n'avoir  point 
de  logis  assuré,  mener  une  vie  vagabonde.  Mais 
moi,  grâce  au  destin,  qui  n'ai  ni  feu  ni  lieu.  Je 
me  loge  où  je  puis  et  comme  il  plaît  à  Dieu, 
iioiL.  Sat.  VI.  Puisqu'ici  la  vertu  n'a  plus  ni  feu 
ni  lieu,  iD.  Sat.  i.  M.  de  Valentinois  n'avait  ni 
feu  ni  lieu  que  chez  son  beau-père,  st-sim.  33,  <29. 
Il  Par  extension.  Mmede  Vinsaété  à  Saint-Germain; 
bon  Dieu  quelle  différence  !  on  lui  a  fait  assez  de 
compliments,  mais  c'était  son  pays,  et  elle  n'y  a  plus 
ni  feu  ni  lieu,  SÉV.  7  fév.  I68O.  ||  Fig.  En  elles  la  santé 
n'avait  ni  feu  ni  lieu,  régnikr,  Sat.  xiv.  ||  25°  H  se 
dit  de  la  simple  lueur  des  torches,  des  flambeaux, 
des  fanaux.  Il  est  défendu  de  chasser  au  feu,  de  pé- 
cher au  feu.  Il  26°  Terme  de  palais.  Bougies  dont 
on  se  sert  aux  audiences  des  criées  pour  déter- 
miner la  durée  du  temps  pendant  lequel  on  peut 
enchérir.  Aucune  adjudication  ne  doit  être  faite 
qu'après  l'extinction  de  trois  feux.  ||  27°  Terme  de 
théâtre.  Ce  qu'un  acteur  reçoit  en  sus  de  ses  appoin- 
tements fixes,  chaque  fois  qu'il  Joue;  usage  dont 
l'origine  est  ainsi  rapportée  par  castil-blaze,  Ilisl. 
de  l'Acad.  de  musique  :  Les  chanteurs  et  sympho- 
nistes de  la  musique  du  roi  recevaient,  en  sus  de 
leurs  appointements,  du  pain,  du  vin  et  de  la 
viande  à  six  bonnes  fêtes  de  l'année;  ces  aliments 
furent  appréciés  en  argent  en  I700,  et  chaque  musi- 
cien reçut  ainsi  un  supplément;  à  la  fin  du  xviii'  s. 
ce  supplément  fut  appliqué  aux  bougies,  que  les  pre- 
miers sujets  voulaient  avoir  au  lieu  de  chandelles 
dans  leurs  cabinets,  et  dès  lors  la  somme  allouée 
prit  le  nom  de  feux.  Ce  rôle  [du  chien  de  Mon- 
targis ,  dans  le  mélodrame  de  ce  nomj  fut  créé 
dans  l'origine  par  un  caniche  nommé  Vendredi, 
appartenant  à  l'un  des  administrateurs  du  théâtre 
de  la  Gaîlé  ;  parmi  ses  successeurs,  on  cite  avec 
éloge  Catulle,  qui  avait  été  dressé  par  un  artiste  du 
même  théâtre  et  qui  recevait  cinq  francs  de  feux  par 
représentation,  Biblioth.  des  chartes,  B"  série,  t.  v, 
p.  Bï*.  Il  28"  Torche,  instrument  de  destruction.  Les 
soldats  marchaient  le  fer  et  le  feu  dans  les  mains. 
Il  Mettre  à  feu  et  à  sang,  exercer  toutes  les  destruc- 
tions, toutes  les  cruautés  de  la  guerre.  Il  l'empêche 
d'y  mettre  tout  à  feu  et  à  sang,  Boss.  Hist.  i,  <(. 
Henri  IV  prit  enfin  le  seul  parti  qui  convenait  à  sa 
situation  et  à  son  caractère  :  il  fallait  se  résoudre  ou 
à  passer  sa  vie  à  mettre  la  France  à  feu  et  à  sang 
et  hasarder  sa  couronne,  ou  ramener  les  esprits  en 
changeant  de  religion,  volt.  Uist.  pari,  ch  34. 
Fig.  et  familièrement.  Rompre  à  feu  et  à  sang, 
se  brouiller  à  feu  et  à  sang,  se  dit  de  personnes 
entre  qui  éclate  une  très-vive  inimitié.  Il  m'a  dit 
que  l'archevêque  de  Reims  rompait  à  feu  et  à  sang 
avec  le  coadjuteur  s'il  ne  venait  avec  vous,  sf.v. 
)9  janv.  (674.  Marmontel  et  l'abbé  Arnaud  sont 
brouillés  à  feu  et  à  sang,  laharpe.  Correspond.  1. 11, 
p.  74,  dans  pougf.ns.  ||  29°  Fanal  allumé  sur  une 
plage.  On  entretient  des  feux  sur  toutes  les  côtes. 
Le  feu  du  Havre.  Feu  fixe,  fanal  qui  est  immobile. 
Feu  tournant,  fanal  qui  tourne  mù  par  des  rouages. 
Feu  à  éclipse,  fanal  qui  cesse  à  des  intervalles  ré- 
glés de  luire,  ce  qui  le  fait  reconnaître  des  naviga- 
teurs. Feu  à  éclats,  feu  dont  l'intensité  varie  par 
des  interpositions  de  verres.  ||  Terme  de  marine.  Se 
dit  des  fanaux  allumés  la  nuit  sur  un  bâtiment 
pour  faire  connaître  la  position  qu'il  occupe.  ||  Por- 
ter le  feu,  se  dit  du  vaisseau  amiral  qui  guide  la 
flotte.  Il  Feu  de  conserve,  artifice  nommé  aussi 
moine,  qui  brûle  lentement.  ||  Faux  feux,  signaux 
qui  se  font  avec  des  amorces  de  poudre.  ||  30°  Mé- 
téore enflammé.  Le  ciel  brille  d'éclairs  et  de  feux. 
Il  Le  ciel  est  tout  en  feu,  il  est  sillonné  à  chaque 
instant  par  les  éclairs.  ||  Le  feu  du  ciel,  la  foudre. 
Le  feu  du  ciel  est  tombé  sur  vos  moutons  et  sur 
ceux  qui  les  gardaient,  et  il  a  tout  réduit  en  cen- 
dres, SACI,  Bible,  Job,  1,  I6.  ||  Feu  Saint-Elme,  voy. 
ELME  (saint-).  Il  Feu  follet,  voy.  follet.  ||  31°  Feu 
grisou,  voy.  grisou.  |{  32°  Il  se  dit  de  la  lumière  des 
astres,  du  soleil.  L'Orient  était  tout  en  feu,  fRn. 
Tél.  VI.  Il  Les  feux  du  firmament,  les  feux  de  la  nuit, 
les  astres.  ||  Les  feux  du  jour,  de  l'aurore,  l'éclat  du 
jour.  Vous  flattez  nos  tyrans;  aux  premiers  feux  du 
jour  Un  jeune  ambitieux  vous  voit  grossir  sa  cour, 


FEU 

c.  DELAV.  Vêpres  ticil.  i,  2.  Dieu  du  jour  !  Dieu  des 
nuits!  Dieu  de  toutes  les  heures!  Laisse-moi  m'cn- 
voler  sur  les  feux  du  soleil!  lamabt.  Jlarm.  i,  2. 
Il  33°  La  chaleur  du  soleil.  Les  feux  d'un  soleil  brû- 
lant. Il  Les  feux  de  l'été,  les  chaleurs  excessives  de 
l'été.  Rien  ne  peut  arrêter  sa  vigilante  audace  [de 
Louis  XIV];  L'été  n'a  point  de  feux,  l'hiver  n'a 
point  de  glace,  boil.  Lutr.  11.  On  dit  de  même  les 
feux  de  la  canicule.  1|  34"  Éclat  que  lance  un  dia- 
mant frappé  par  la  lumière.  11  [le  diamant]  est  foi^ 
beau,  sans  doute,  et  jette  quantité  de  feux,  mol. 
l'Av.  III,  12.  L'or  et  les  diamants  brillent  sur  se» 
habits;  Son  turban  disparaît  sous  les  feux  des  rubis, 
VOLT.  Scythes,  i,  i.  ||  Ces  feux  sont  les  couleurs  de 
la  lumière  décomposée  (  rouge ,  orangé ,  jaune , 
vert,  bleu,  indigo,  violet)  qui  viennent  frapper 
l'o'il.  Il  Fi,!.'.  Le  feu  des  regards,  des  regards  animés. 
C'était  des  yeux  pleins  de  feu,  des  regards  aga- 
çants, HAMiLT.  Gramm.  6.  Personne  n'osait  appro- 
cher, tant  la  hardiesse  de  l'entreprise  et  le  feu  qui 
sortait  de  ses  yeux  avaient  jeté  d'épouvante  parmi 
les  ennemis,  kollin,  llist.  anc.  (tiurrct,  t.  vi, 
p.  B32,  dans  pougens.  Il  rassemble  avec  eux  ces 
bataillons  épars,  Qu'il  anime,  en  marchant,  du  feu 
de  ses  regards,  volt,  llenr.  viii.  ||  Le  feu  lui  sort 
par  les  yeux,  ses  yeux  étincellent  de  colère.  Le 
feu  sort  à  travers  ses  humides  prunelles ,  uoiL. 
Épilre  IV,  ||  35°  Couleur  de  feu,  couleur  qui  ressem- 
ble à  celle  du  feu.  Un  ruban  couleur  de  feu.  Le 
chevalier  était  tout  couvert  de  couleur  de  feu  et 
fort  brillant,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de  Villar- 
ceaux,  27  août  -.600.  Près  d'entrer  dans  ces  maisons 
[de  Moscou],  toutes  closes  et  inhabitées,  ils  avaient 
entendu  en  sortir  une  faible  explosion;  elle  avait 
été  suivie  d'une  légère  fumée  qui  aussitôt  était  de- 
venue épaisse  et  noire,  puis  rougeàtre,  enfin  cou- 
leur de  feu,  et  bientôt  l'édifice  entier  s'était  ab'uué 
dans  un  gouffre  de  flammes,  ségur,  Ilisl.  de  Xap. 
viii,  6.  Il  Tache  de  feu,  ou,  simplement,  feu,  tache 
rousse  qui  se  voit  sur  la  tête  ou  le  corps  de  cei-tairj 
chevaux,  chiens  ou  autres  animaux.  Ce  (îheval  a  du 
feu  au  flanc.  .11  Marque  de  feu,  tache  d'alezan  vif 
tranchant  sur  le  fond  de  la  robe.  ||  36°  Vive  cha  - 
leur  qui,  par  un  effet  vital,  se  fait  sentir  dans  le 
corps  ou  dans  une  partie  du  corps.  Le  feu  de  U 
fièvre.  Être  tout  en  feu.  Le  piment  met  la  bouche 
en  feu.  Je  savourais  la  proposition,  cette  fortune 
subite  mettait  mes  esprits  en  mouvement;  le  ciur 
m'en  battait,  le  feu  m'en  montait  au  visage,  mariy. 
Pays.  parv.  <"  part.  ||  Visage  en  feu,  visage  rougi 
par  l'effet  de  la  colère,  du  vin,  etc.  ||  Le  feu  du  ra- 
soir, sensation  brûknte  qu'on  éprouve  à  la  face 
quand  on  vient  de  se  faire  la  barbe.  ||  37°  Nom 
vulgaire  de  diverses  éruptions.  {|  Feu  volage,  rou- 
geur passagère  à  la  face  ou  au  cou,  qu'on  afierçoit 
quelquefois  chez  les  femmes  hystériques  ou  mal 
réglées,  et  chez  les  enfants,  j]  Feu  volant,  synonyme 
d'échauboulure.  jj  Feu  sacré,  un  des  noms  de  l'érysi- 
pèle.  Il  Feu  persique,  nom  donné  jadis  au  zona. 
Il  Feu  de  dents,  éruption  déterminée  chez  les  en- 
fants par  la  dentition.  ||  Feu  Saint-Antoine,  maladie 
(probablement  un  érysipèle  gangreneux)  qui  a  fait 
de  grands  ravages  en  France  vers  le  xi*  siècle. 
Il  Terme  de  vétérinaire.  Feu  d'herbes,  espèce 
d'éruption  qui  se  manifeste  particulièrement  chez 
les  vaches.  ||  Feu,  synonyme  de  rafle  2.  ||  Feu  sacré, 
voy.  BOUQUET.  Il  Terme  rural.  Maladie  que  con- 
tractent les  plantes  pendant  les  sécheresses.  ||  38°  Il 
se  dit  des  passions,  des  sentiments,  des  mouve- 
ments de  l'âme  comparés  à  un  feu  qui  brûle.  La 
premier  feu  de  la  colère.  Le  feu  du  courage.  Cela 
diminua  le  feu  de  son  zèle.  Une  épouse  fringante  et 
jeune  et  dans  son  feu,  la  font.  Coupe.  Comme 
elles  [l'ambition  et  l'amour]  demandent  beaucoup 
de  feu,  PASC.  Amour.  Ces  passions  ne  sont  plus 
que  l'esprit  même,  et  ainsi  elles  remplissent  toute  sa 
capacité;  je  ne  parle  que  des  passions  de  feu,  10.  ih. 
Enfin  les  feux  de  la  jeunesse  ont  passé;  je  suis 
vieux,  et  je  me  trouve  à  cet  égard  [à  l'égard  des 
femmes]  dans  un  état  tranquille,  monteso.  iMt. 
pers.  ».  Ce  cœur  triste  et  flétri,  que  les  ans  ont 
glacé,  Ne  peut  sentir  les  feux  d'un  désir  insen.sc, 
VOLT.  l'anat.  i,  1.  Le  feu  de  son  jeune  âge  et  de 
ses  passions,  m.  Uruius,  m,  2.  le  comte  d'Albcrg 
joignait  le  feu  d'un  jeune  homme  à  l'expérience  de 
soixante  campagnes,  m.  Charles  SU,  2.  Désir  da 
fille  est  un  feu  qui  dévore,  Désir  de  nonne  est  ceiii 
fois  pis  encore,  gbesset,  Vert-rert,  ch.  11.  Quand  on 
se  plaignait  à  lui  de  mes  emportements,  il  se  crn- 
tentait  de  répondre  :  ce  feu  de  jeunesse  p.isscra , 
OKNLis,  Veillées  du  chdt.  t.  i,  p.  279,  dans  potOKN». 
PréteTtat  l'a  soustraite  à  mes  sévérités;  Se»  clipcours 
pleins  de  feu....  lemerc.  frédig.  et  Prun.  n,  *.  i 


FEU 


FEU 


FEU 


1657 


cette  nouvelle,  Napoléon  retrouva  le  feu  de  ses  pre- 
mières années  :  mille  ordres  d'ensemble  et  de  détail, 
tous  différents,  tous  d'accord,  tous  nécessaires,  jail- 
lissent à  la  fois  de  son  génie  impétueux,  sêgur, 
Hist.  de  Nap.  vu,  1 1 .  Mais  quand  ce  feu  céleste  [l'a- 
mour de  la  gloire]  éblouirait  ton  âme....  lamart. 
Ilarm.  ii,  12.  ||  Jeter  tout  son  feu,  faire  ou  dire  tout 
ce  que  la  colrre  ou  l'indignation  inspire,  et  s'apaiser 
soudain.  ||  Jeter  son  feu  signifie  aussi  faire  d'abord 
preuve  de  talent,  de  génie,  et  puis  rester  au-dessous 
des  espérances  conçues.  ||  On  dit  dans  un  sens  analo- 
gue: Cet  acteur  a  jeté  tout  son  feu  dans  le  premier 
acte;  cet  écrivain  a  jeté  tout  son  feu  dans  les  pre- 
miers chapitres  de  son  ouvrage.  ||  On  dit  aussi 
jeter  son  feu,  en  parlant  d'un  jeune  homme  qui 
commence  à  s'émanciper.  Laissez-lui  jeter  son  feu, 
il  se  calmera  bien  vite.  ||  Un  tempérament  de  feu, 
personne  trcs-portée  aux  plaisirs  de  l'amour.  La 
délicatesse  de  sentiment  ne  s'allie  guère  à  un 
tempérament  de  feu,  duclos,  Mém.  Œuvres,  t.  x, 
p.  44,  dans  POL'GENS.  Il  De  feu,  en  feu,  passionné, 
ardent,  très-animé.  Mais,  quoi  i|ue  m'ordonnât  cette 
âme  toute  en  feu,  Je  promettais  beaucoup  et  j'exécu- 
tais peu,  CORN.  Rodog.  i,  6.  L'âme  toute  en  feu,  les 
^eux  étincelants,  m.  Théodore,  iv,  4.  En  cet  âge  de 
feu  Où  le  corps  à  l'esprit  s'assujettit  si  peu,  rotrou, 
Vencesl.  iv,  (.  Quand  je  suis  tout  de  feu,  d'où  vous 
vient  cette  glace?  rac.  Phèd.  v,  i.  Ne  redevenait- 
il  pas  tout  de  feu  pour  lui?  Mkss.  Prof.  rel.  4.||  Être  de 
feu,  tout  de  feu ,  tout  feu  pour  quelque  chose,  être 
passionné,  engoué  pour  cette  chose.  L'homme  est 
ue  glace  aux  vérités;  Il  est  de  feu  pour  les  men- 
songes, LA  FONT.  Fabl.  IX,  6.  ||  39°  Vivacité  d'esprit, 
d'imagination,  de  style,  comparée  à  l'éclat  du  feu. 
Aussitôt  malgré  moi  tout  mon  feu  se  rallume,  boil. 
Sat.  II.  La  vie  est  courte,  il  n'y  a  pas  un  moment  à 
perdre  à  l'âge  où  je  suis;  la  vie  des  talents  est  encore 
plus  courte;  travaillons,  tandis  que  nous  avons  en- 
core du  feu  dans  les  veines,  volt.  Lett.  d'Àrgen- 
tal,  20  janv.  t762.  Quand  mes  yeux  éclairés  du  feu 
de  son  génie,  id.  Fanât,  i,  4.  Ma  vivacité  leur  plut, 
et,  m'apercevant  que  je  les  amusais  par  le  feu  de 
mes  idées,  je  m'y  livrai  encore  plus,  duclos,  Con- 
fess.  Comte  de  ***,  Œuvres,  t.  viii,  p.  6,  dans  pou- 
GKNS.  Il  On  dit  dans  un  sens  analogue:  un  esprit 
tout  de  feu  ;  une  âme  de  feu.  Il  y  a  quelque  diffé- 
rence entre  un  esprit  de  feu  et  un  esprit  brillant: 
un  esprit  de  feu  va  plus  loin  et  avec  ])lus  de  rapi- 
dité; un  esprit  brillant  a  de  la  vivacité,  de  l'agré- 
ment et  de  la  justesse,  la  rochef.  lléfl.  div.  <5(>, 
•^3.  Il  Avoir  du  feu,  se  dit  d'un  cheval  qui  a  de  la 
vivacité;  dans  ce  sens  on  dit  cheval  de  feu.  ||  Il  se 
dit  pour  inspiration.  Il  ue  sait  pas  régler  son  feu. 
Etre  plein  d'un  beau  feu.  On  a  dit  que  les  poètes 
étaient  animés  d'un  feu  divin,  quand  ils  étaient  su- 
blimes; on  n'a  point  de  génie  sans  feu,  mais  on 
peut  avoir  du  feu  sans  génie,  volt.  Dicl.  phil.  Feu. 
Voilà  d'où  naquit  ma  subite  éloquence;  voilà  d'où 
se  répandit  dans  mes  premiers  livres  ce  feu  vrai- 
ment céleste  qui  m'embrasa,  et  dont  pendant  qua- 
rante ans  il  ne  s'était  pas  échappé  la  moindre 
étincelle,  J.  J.  rouss.  Confess.  ix.  ij  Le  feu  de  la 
composition,  l'espèce  d'entraînement,  d'application 
ardente,  avec  laquelle  on  travaille  à  la  composition 
d'un  livre,  d'un  discours,  d'un  tableau,  d'une  œuvre 
musicale,  etc.  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue  : 
dans  le  feu  de  l'action.  ||  40°  Vivacité  d'action,  de 
mouvement,  de  geste.  Cet  orateur  a  du  feu.  Il  faut 
du  feu,  de  l'activité  [pour  la  vérité  des  passions], 
PASC.  Amour.  Tant  que  l'on  a  du  feu,  on  est  ai- 
mable; mais  ce  feu  s'éteint,  il  se  perd,  m.  ib. 
Il  41°  Il  se  dit  des  liqueurs  spiri tueuses  dans  les- 
quelles l'alcool  laisse  sentir  son  montant.  Cette 
eau-de-vie  a  beaucoup  de  feu.  On  demande  des 
vins  qui  aient  du  feu.  ||  42°  Poétiquement,  feu,  la 
passion  de  l'amour.  Ton  frère,  je  l'avoue,  a  beau- 
coup de  mérite  ;  Mais  souffre  qu'envers  lui  cet 
éloge  m'acquitte.  Et  ne  m'entretiens  plus  des  feux 
qu'il  a  pour  moi,  cobn.  la  Place  roy.  i,  1,  Sou- 
viens-toi du  beau  feu  dont  nous  sommes  épris,  m. 
Cinna,  i.  8.  Et  si  Rome  savait  de  quels  feux  vous 
brûlez,  id.  Nicom.  i,  2.  X  quelque  point  qu'on 
aime.  Quand  le  feu  diminue,  ils'éteintde  lui-même, 
iD.  Surina,  iv,  2.  Non  pas  que  cet  amour  pré- 
tende encore  à  vous  :  Tout  son  feu  se  résout  en 
ardeur  de  courroux,  mol.  le  Dép.  v,  8.  Allumer  les 
feux  sacrés  d'un  chaste  mariage,  fléch.  Dauph. 
I)e  mes  feux  mal  éteints  je  reconnus  la  trace,  rac. 
Ahdr.  I,  1.  Pour  la  veuve  d'Hector  ses  feux  ont 
éclaté,  ID.  ib.  L'autre  avec  des  regards  éloquents, 
pleins  d'amour,  l'a  de  ses  feux,  madame,  assu- 
rée à  son  tour,  m.  Baj.  m,  a.  Et  je  ne  savais  pas 
que,  pour  moi  plein  de  feux ,  Xipharès  des  mortels 

DICT.   DE   LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


fût  le  plus  amoureux,  id,  Mithr.  ii,  1.  Je  recon- 
nus Vénus  et  ses  feux  redoutables,  m.  Phèdre,  i,  3. 
Vous  nourrissez  un  feu  qu'il  vous  faudrait  éteindre, 
ID.  ib.  m,  1.  Et  du  feu  criminel  qu'il  a  pris  dans 
ses  yeux,  id.  ib.  iv,  ( .  ||  Prendre  feu,  devenir  amou- 
reux. Comme  elle  prend  feu  d'abord  I  mol.  M.  de 
Pourc.  Il,  6.  Son  cœur  prend  feu  dès  ce  moment, 
id.  Fourb.  I,  2.  Qu'on  lui  dise  un  mot  tendre,  elle 
est  soudain  éprise,  Croit  tout,  prend  feu  sur  tout, 
et  c'est  là  son  destin,  th.  corn.  Baron  d'Albikrak, 

I,  3.  Il  Mettre  en  feu  pour  quelqu'un,  inspirer  un  ar- 
dent amour  pour  lui.  Si  le  ciel  pour  mon  choix  vous 
donne  tant  de  haine,  Vous  a-t-il  mise  en  feu  pour  ce 
grand  capitaine?  corn.  l'Iilus.  corn,  ni,  *.  ||  43°  Ré- 
volution, agitation,  mouvements  populaires,  guer- 
res. Toute  l'Europe  est  en  feu,  sÉv.  640.  Il  ne  s'a- 
gissait de  rien  moins  que  d'allumer  le  feu  de  la 
guerre  civile,  boss.  Var.  l  o.  Vous  avez  trouvé  tout 
votre  royaume  soumis,  et  vous  l'avez  laissé  tout  en 
feu  par  une  cruelle  guerre  civile,  fénel.  Dial.  des 
morts  mod.  Henri  III ,  la  duchesse  de  Montpensier. 
Lorsque  tout  est  en  feu  par  la  guerre,  id.  Tél.  v.  Le 
feu  qui  dévorait  les  colonies  françaises  et  qui  s'éten- 
dait tous  les  jours,  pouvait  aisémentgagner  les  sien- 
nes, haynal,  Ilist.  phtl.  X,  16.  Il  11  se  dit  aussi  des 
disputes.  Dans  le  feu  des  disputes  entre  les  patri- 
ciens et  les  plébéiens,  montesq.  Esp.  xi,  <5.  ||  Mettre 
en  feu,  exciter  guerres,  troubles,  querelles.  Les  dis- 
putes d'Arminius  mettaient  en  feu  toutes  les  Pro- 
vinces-Unies, BOSS.  Var.  xiii,  §  4.  L'amour  avait 
mis  tout  en  feu  dans  l'île,  fén.  Tél.  vu.  |!  Mettre 
en  feu,  s'est  dit,  eu  un  cas  particulier  :  représen- 
ter, exposer  que  tout  est  en  feu.  Sa  muse  en  arri- 
vant ne  met  pas  tout  en  feu,  boil.  Art  p.  m. 
Il  44°  Feu  ardent,  un  des  noms  vulgaires  de  la 
bryone.  ||  Proverbes.  11  n'est  feu  que  de  bois  vert,  il 
n'y  a  pas  d'activité  plus  grande  que  celle  de  la  jeu- 
nesse. Il  II  n'est  feu  que  de  grand  bois,  c'est  avec  les 
choses  les  plus  solides,  avec  les  hommes  les  plus  ha- 
biles ou  les  plus  puissants  qu'on  réussit  le  mieux. 
Il  Le  bois  torlu  fait  le  feu  droit,  c'est-à-dire  peu  im- 
portent certains  défauts  d'une  chose  poui-yu  que 
le  résultat  soit  atteint.  ||  Il  n'y  a  dans  cette  maison 
ni  pot  au  feu  ni  écuelles  lavées,  se  dit  d'une'  mai- 
son qu'on  trouve  en  désordre. 

—  HIST.  X"  s.  Enz  en  l'fou  la  getterent,  com  arde 
tost  [afin  qu'elle  soit  brûlée  vite],  Eulalie.  ||xi°  s. 
Et  fous  et  flambes  i  estapareillez,  Ch.  de  Roi.  clxxxi. 
Des  baumes  clairs  li  fuus  en  escarbone  [les  étincel- 
les jaillissent],  ib.  ccLxi.  Contre  le  ciel  vole  li  fouz 
[les  étincelles]  tous  clairs,  ib.  cclxxxvi.  ||  xii°  s.  De 
verz  albes  espines  à  faire  un  feu  ardent,  Ronc.  p. 
)  99.  Il  i  ont  mis  du  feu  tout  rasé  [ras]  un  tonel,  Sax. 
IX.  Li  fous  Deu  chait  del  ciel,  si  degastast  les  berbiz 
ecJes  enfanz,  Job,  p.  600.  ||  xm' s.  Largesse  sembleà 
feu  de  paille;  Quant  il  est  ars,  jà  rien  ne  vaut ,  le 
COMTE  DE  BRETAGNE,  Romancero,  p.  461.  Et  ce  fu  li 
tiers  feus  qui  fu  en  Constantinoble,  puis  que  li  pèle- 
rin i  vindrent,  villeh.  cvi.  Quant  Berte  sent  le  feu, 
à  Dieu  grâces  en  rent,  Berte,  xlvii.  EtSymons  fait  le 
feu,  n'ot  pas  le  cuer  vilain,  ib.  xlix.  Cel  jour  s'est 
bien  chaufée  Berte  delez  le  fu,  ib.  li.  Que  nul  ne 
puisse  prendre  aprentiz,  se  il  ue  tien»  chief  d'ostel, 
c'est  à  savoir  feu  et  leu,  Liv.  des  met.  C9.  Garde  que 
tu  ne  paroles  à  home  discordant  [ami  de  la  dis- 
corde], que  tu  ne  boutes  busche  en  son  feu,  brun. 
latini,  Trésor,  p.  30i.  Ne  vos  afiez  en  celz  que  vos 
avez  guerroiez,  que  il  ont  toz  jors  en  lor  piz  le  feu  de 
la  haine,  id.  ib.  p.  36o.  Plus  a  de  busche  en  feu,  plus 
art  [plus  il  y  a  de  bûches  au  feu,  plus  il  brûle],  Le- 
roux DE  LiNCY,  Prov.  t.  II,  p.  379.  ||  XIV"  S.  Mettez 
sur  le  feu  et  faites  à  petit  feu  chauffer,  Ménagier, 

II,  5.  Et  le  poursuivroient  à  feu  et  à  sang,  et  toute 
sa  lignée  bouteroient  dehors,  ib.  i,  4.  ||  xv  s.  Adonc 
fit-il  [Philippe  d'ArtevelleJ  une  taille  en  Flandre, 
que  chascun  feu  toutes  les  semaines  paieroit  quatre 
gros,  FROiss.  11,  II,  i6<.  Au  feu!  au  feul  courez  tous 
mes  amis,  en.  d'orl.  Bal.  27.  Ardant  désir  de  veoir 
ma  maistresse  A  assailly  de  nouvel  le  logis  De  mon 
las  cueur,  qui  languist  en  tristesse.  Et  puis  dedens 
partout  a  le  feu  mis,  id.  ib.  27.  Parler  boute  feu  en 
maisons,  Et  destruit  paix,  ce  riche  avoir;  On  aprent 
à  faire  et  à  voir  Selon  les  temps  et  les  saisons,  in. 
Rondeau,  3B.  Fay,  Belias,  faybon  feu  de  là,  Jît  j'en 
feray  aussy  de  çà,  la  Nat.  de  N.  S.  J.  C.  Il  se  tient 
plus  coi  qu'un  feu  couvert,  louis  xi,  Nouv.  xxix. 
Il  XVI'  s.  La  manière  de  composer  un  l'eu  fort  et  as- 
pre,  qui  bruslera  tout  ce  qu'il  attaindra,  Liv.  deca- 
nonerie,  dans  reinaud  et  favé.  Du  feu  grégeois, 
p.  <34.  Les  povres  sots  jurent  qu'ils  mettroient  leur 
doigt  au  feu  sansbrusler,  pour  soutenir  qu'elles  sont 
femmes  de  bien,  marq.  Nouv.  xx.  Tout  le  monde  y 
accouroit   comme   au    feu,   despeh.   Contes,  xxxi. 


....Avec  une  colore  telle  qu'ont  voulentiersces  gens 
de  feu  [il  s'agit  d'un  maréchalj,  id.  ib.  Lxii.  Comme 
un  canon  qui  fait  faux  feu,  yver,  p.  B40.  Ce  feu  ar- 
dent [fou,  em])ortéJ  de  Cliavignya....  carloix,  vi,  48. 
D'Aubigné,  prenant  feu  à  ces  paroles,  ne  put  s'em- 
pescher....  d'aub.  Vie,  cxxviii.  Brissac  aveciîoo  ar- 
quebusiers fit  si  beau  feu  qu'il  mit  tout  dehors, 
d'aub.  Ilist.  1,  279.  Cela  failli,  nostre  clief  gascon, 
ayant  le  feu  à  la  teste,  attrempa  la  joie  des  reffur- 
mez  par  la  prise  du  Mont  de  Marsan,  id.  ib.  l,  296. 
....Qu'ils  sauroient  l'heure  parletocsain  de  la  grosse 
cloche  du  pallais  et  qu'ils  missent  du  feu  [lumières] 
aux  fenestres,  id.  ib.  2i6.  Le  roi  s'est  jette  dans  le 
lict  tout  en  feu,  et  nous  a  dit  :  Voiez-vous  ce  trais- 
tre?  id.  ib.  ii,  489.  Quelques  navires  à  feu  [brû- 
lots], ID,  ib.  482.  Quand  au  feu  du  foudre,  il  est  plus 
chaud  que  nul  autre  feu,  parquoy  à  bon  droit  il  est 
appelle  le  feu  des  feux,  paré,  xxiii,  <o.  Ils  souffri- 
rent d'estre  bruslez  vifs  en  un  feu  avant  desad-- 
vouer  leurs  opinions,  mont,  i,  299.  C'est  un  vray 
feu  d'estoupe  [peu  durable],  in.  m,  372.  Mettre  un 
pais  à  feu  et  à  sang,  id.  iv,  <67.  C'est  demy  vie  que 
de  feu,  GÉNiN,  Récréât,  t.  ii,  p.  236.  Un  fou  jamais 
ne  laisse  un  feu  en  paix,  id.  ib.  262.  Les  reitres  ne 
sont  point  si  [ne  sont  jamais  si]  dangereux  que  quand 
on  est  meslé  avec(iues  eux  ;  car  c'est  tout  feu,  la- 
ngue, 313.  Feu  bien  couvert,  comme  dit  ma  bru. 
Par  sa  cendre  est  entretenu,  lerouxde  lincï,  Proi;. 
t.  I,  p.  69.  Le  feu  ayde  le  queu  [cuisinier],  id.  ib. 
p.  7( .  Un  feu  de  marionnette ,  trois  tisons  et  une 
buschette  [un  petit  feu),  m.  ib. 

—  ÈTYM.  Bourguign.  fô;  picard,  fu;  provenç.  foc, 
fuoc,  fuec;  catal.  fog;  espagn.  fuego  ;  portug.  fogo; 
ital.  fuoco  ;  du  latin  focus,  foyer.  Feu  n'a  donc 
point  de  rapport  avec  l'allemand  Feuer,  qui  tient  au 
grec  nOp. 

2.  FEU,  FEUE  (feu,  feû) ,  adj.  Défunt,  défunte. 
Il  II  se  met  après  l'article  défini  ou  après  un  adjec- 
tif possessif ,  et  alors  il  s'accorde  avec  son  sub- 
stantif. Suivant  le  testament  du  feu  roi  notre  père, 
corn.  Pomp.  1,  2.  Une  devise  qui  est  peinte  au  Lou- 
vre dans  l'antichambre  de  la  leue  reine  mère  Anne 
d'Autriche,  bouhours.  Entretien  des  devises,  p.  287. 
Il  Use  plice  avant  l'article  défini  ou  l'adjectif  pos- 
sessif, et  alors  il  est  invariable.  Je  tiens  de  feu  ma 
femme,  et  je  me  sens  comme  elle  Pour  les  désirs 
d'autrui  beaucoup  d'humanité,  mol.  Mélicerte,  i,  4 
Et  j'ai  toujours  été  nourri  par  feu  mon  père  Dans  l.i 
crainte  de  Dieu,  monsieur,  et  des  sergents,  rac. 
Plaid.  II,  4.  J'ai  oui  dire  à  feu  ma  sœur  que  sa  fille 
et  moi  naquîmes  la  même  année,  montesq.  Lett. 
pers.  B(.  Il  II  se  met  devant  un  nom  propre,  et  il  est 
invariable.  Et  l'on  dit  qu'autrefois  feu  Bélise,  sa 
mère....  mol.  Mélicerte,  i,  4.  ||  11  se  met  devant  mon- 
sieur, et  madame,  et  alors  il  est  invariable.  La  dame 
dit  :  Regardez  si  j'ai  point  Quelque  habit  d'homme 
encor  dans  mon  armoire  ;  Car  l'eu  monsieur  en  doit 
avoir  laissé,  la  font.  Orais.  Vous  étiez,  madame, 
aussi  bien  que  feu  madame  la  princesse  de  Conti,  à 
la  tête  de  ceux  qui  se  flattaient  de  cette  espérance, 
volt.  Éplt.  à  la  duch.  du  Maine.  J'ai  connu  dans 
mon  enfance  un  chanoine  de  Péronne,_âgé  de  qua- 
tre-vingt-douze ans,  qui  avait  été  élevé  jiar  un  des 
plus  furieux  bourgeois  de  la  ligue  ;  il  disait  tou- 
jours :  Feu  monsieur  de  RavaiUac,  id.  Vict.  phil. 
Ravaillac. 

—  IlEM.  1.  Feu  s'accorde  avec  son  substantif  quand 
il  suit  l'article  :  la  feue  reine;  mais  il  reste  invariable 
quand  il  le  précède  :  feu  la  reine,  feu  ma  mère. 
Il  2.  Cette  règle  est  contestée  par  plusieurs  gram- 
mairiens qui  repoussent  une  pareille  anomalie.  Si  on 
se  réfère  i  l'usage,  il  n'a  pas  été  toujours  constant  ; 
témoin  cet  exemple  de  Balzac:  Si  vous  ne  connaissez 
pas  Uranie,  cette  nymphe  que  j'ai  tant  louée,  je 
vous  avertis  que  c'est  feue  ma  bonne  amie,  Mme  des 
Loges,  Lett.  xi,  <3.  ||  3.  D'après  l'Académie,  feu  n'a 
pa.s  de  pluriel  ;  cette  remarque  n'est  pas  fondée  ;  et 
il  est  correct  de  dire  :  les  feus  rois  de  Pruise  et 
d'Angleterre.  On  dirait  aussi,  mais  sans  accord  :  feu 
mes  oncles.  ||  4.  Feu  ne  se  dit  que  des  personnes 
que  nous  avons  vues  ou  que  nous  avons  pu  voir  ; 
on  ne  dit  pas  feu  Platon,  feu  Cicéron,  si  ce  n'est 
en  plaisantant  ou  en  style  burlesque.  ||  5.  Quand  on 
dit  le  feu  pape,  le  feu  roi,  etc.  on  entend  toujours 
le  pape  dernier  mort,  le  roi  dernier  mort,  etc.  Il 
n'y  a  point  trouvé  les  propositions  condamnées  par 
le  feu  pape,  pasc.  Prov.  1. 1|  6.  On  dit  feu  la  reine 
s'il  n'y  a  pas  de  reine  vivante  ,  et  la  feue  reine  si 
une  autre  l'a  remplacée. 

—  IIIST.  XI»  s.  Las  !  mal  feQx  !  cum  esmes  avogluz  I 
Quer  [car]  ço  vedons  que  tuit  sûmes  desvez  ;  De  nos 
péchez  sûmes  si  ancumbrez,  La  dreite  vide  nus  funt 
très  oblier,  Chanson  de  St  Alexis,  cxxiv.  Pur  que 

1.  —  208 


1658 


FEU 


pomi  (eus-je  un  enfant!,  dolente,  mal  feûde?  ib. 
Lniix.  Il  xiJi*  s.  Se  li  rois  Loys  fust  feOs  [mort], 
HijTKB.  II,  02.  Ce  Gauvaings,  clievaiers,  fib.  fatiu 
Jofre....  por  faire  l'anniversaire  faim  Ostenl  Beraut, 
chevalier,  BiOl.  des  Charles,  3'  série,  t.  v,  p.  88. 
Anjpr.'s  lou  clous  (clos)  qui  fu  mon  seignor  Girarl, 
lou  prevoire  |prêlre|  fau....  et  la  vigne  qui  fu  fau 
ïleliaut,  th.  6-  série,  t.  iv,  p.  470.  ||  xiV  s.  Cer- 
taines maisons  que  Guillaume  Baron  et  BaquiUe, 
famme  feux  du  dit  Baron  aviont  acliatées  des  lioirs 
feux  Tevenot....  Archives  du  Cher,  dans  jaubeht, 
Olots.  I,  p.  HO.  Certes,  biaus  cliiers  sire,  à  mon 
vuel ,  Fussiez-vous  evesques  eslus,  Quant  nostre 
evesijue  fu  feus,  le  Miracle  de  Théophile,  dans  le 
Thédtre  français  au  moyen  âge,  p.  4  48  Les  biens 
de  feuwe  Maroie  de  Ransart,  laquelle  trespa.ssa  ou 
dit  hospilal,  Compte  de  l'hospilal  de  JFcïde)360, 
cité  par  BOQUKKORT,  Supplém.  art  CoKe.  ||xv"  s.... 
La  grant  Alison,  Laquelle  tenoit  ce  mignon.  Et  l'en- 
tretint lungtems,  et  l'eut.  Comme  on  dit,  par  suc- 
cession De  sa  feu  tante  qui  mourut,  coquillart, 
l'Emiuête  de  la  simple  et  de  la  rusée.  Le  règne  du 
feu  roy  Louis  onzième,  comm.  vu.  Prol.  ||  xvi"  s.  Le 
tien  fut  père,  1.  marot,  p.  210,  dans  lacurne.  Nous 
en  avons  emprunté  noslre  feu  maistre  Jehan  [de 
l'usage  des  Romains  de  ne  pas  nommer  la  mort], 
MONT.  I,  72.  Un  domestique  de  feu  mon  père,  m. 
I,  .00.  Eu  esgard  mesmement  à  son  contract  de 
mariage  et  te.iiament  de  feue  sa  femme,  pasquier, 
Rech.  VI,  II.  Feue  de  très  recommandable  mémoire 
madame  l'arcliiducliesse  d'Autriche,  Cérémon.  de 
France,  p.  229,  édit.  in-4".  X  la  cruelle  bataille  devant 
Constautinople  moururent  feuz  de  bonne  mémoire 
les  rnys  Lisuart  et  Perion,  D.  Flores  de  Grice,  f'  135. 
La  femme  qui  fut  maistre  Jean  de  Vernon,  Gr. 
coust.  de  France,  liv.  ii,  p.  271. 

—  KTYM.  Berry,  funt,  et  aussi  defeu  ,  defeue  ; 
ital.  fu,  la  fu  regina,  la  feue  reine.  Il  est  difficile  de 
rendre  compte  de  toutes  les  formes  de  ce  mot  :  le 
berrichon /'wnf  est  le  latin /'uncfus,  défunt;  l'italien /■« 
est  la  troisième  personne  du  prétérit  ^il,  il  fut,  il  a 
cessé  de  vivre.  Mais  d'où  vient  le  vieux  français /'eu 
ou  fahu,  qui  est  la  forme  la  plus  ancienne?  Ce  mot 
diss  llabi(|ue  représenterait  une  forme  barbare,  fa- 
dutus  ou  fatiitus;  est-d  permis  de  conjecturer  qu'il 
provient  irrégulièrement  de  ^atwm,  et  qu'il  signifie 
qui  a  accompli  sa  destinée?  L'exemple  du  xi*  siècle 
qui  signifie  évidemment  mallieureux,  qui  a  un 
mauvais  destin  (comparez l'anglais  ill-fated),  appuie 
cette  conjecture.  Feu  esv  très-certainement  la  con- 
traction de  l'ancien  feù,  et  ne  peut  représenter  le 
latin  fuit,  l'italien  fu.  Si  donc  on  embrasse  la  tota- 
lité de  l'expression  de  l'idée  ea  France,  on  trouve 
trois  sources  :  le  français  feu,  feii,  pour  lequel  nous 
avons  indiqué  une  conjecture,  et  qui,  étant  dissyl- 
labique, ne  peut  provenir  de  functus;  le  berrichon 
qui  est  le  latin  functus,  et  l'italien  fa  qui  est  le 
latin  fuit.  Au  xvi"  siècle,  l'italianisme  fit  prendre 
la  forme  italienne  (le  tien  fut  père,  de  J.  Marot)  ; 
mais  elle  ne  dura  pas,  et  ce  fut  l'ancien  feu  qui  se 
maintint. 

FEUDATAIRE  (feu-da-tè-r') .  ||  i'  S.  m.  Celui  qui 
possède  un  fief  avec  foi  et  hommage  au  seigneur 
suzerain.  Le  duc  Robert  fit  hommage  de  la  Sicile 
même  qu'il  n'avait  point  encore,  il  se  _déclara  feu- 
dataire  du  saint-siége  pour  tous  ses  États,  promit 
une  redevance  de  douze  deniers  par  ctiaque  cliar- 
rue,  ce  qui  était  beaucoup,  volt.  Mœurs,  40.  L'état 
despotique  se  conserve  par  une  autre  sorte  de  sépa- 
ration qui  se  fait  en  mettant  les  provinces  éloignées 
entre  les  mains  d'un  prince  qui  soit  feudalaire, 
MONTESQ.  Esp.  IX,  ♦.  Il  2"  Adj.  Il  [le  khan  de  Cri- 
mée] était  comme  les*  princes  feudataires  d'Alle- 
magne, qui  ont  servi  l'Empire  avec  leurs  propres 
troupes  subordonnées  au  général  de  l'empereur  al- 
lemand, VOLT.  Russie,  ii,  I.  Les  conciles  étaient 
composés  de  prélats  de  tous  les  pays,  et  partout  Ils 
avaient  l'immense  avantage  d'être  comme  étrangers 
aux  peuples  pour  lesquels  ils  faisaient  des  lois;  ces 
haines,  ces  amours,  ces  préjugés  feudataires  qui 
accompagnent  ordinairement  le  législateur  étaient 
inconnus  aux  pires  du  concile,  chateauur.  Génie, 

IV,  VI,   10. 

—  Etvm.  Fend,  feod,  anciennes  formes  de  /!(■/ 
(voy.  ce  mot). 

FElIlilSTE  (feu-di-sf),  s.  m.  Homme  versé  dans 
la  matière  des  fiefs.  11  y  avait  auprès  de  Castres  un 
honnête  homme  de  cette  religion  piolesiante, 
nommé  Sirven,  exerçant  dans  cette  province  ia  pro- 
fession de  feudiste,  volt.  Dict.  phil.  Criminel. 
Il  Adj.  Un  docteur  feudiste. 

—  ETYM.  Feud,  feod,  anciennes  formes  de  fief 
(voy.  ce  mol). 


FEU 

FEUILLAGE  (feu-lla-j',  Il  mouillées,  et  non  feu- 
ya-j'),  s.  m.  \]  l'  Ensemlile  des  feuilles  d'une  plante. 
Les  arbres  dépouilles  de  leurs  feuillages  verts,  ro- 
THou,  llere.  mour.  v,  l .  Des  arbres  mal  choisis  et 
d'un  vilain  feuillage  ôtèrenl  aux  promenades  ce  que 
des  allées  bien  distribuées  et  des  eaux  jaillissantes 
auraient  pu  leur  donner  d'agrément,  eavnal,  IJist. 
phil.  VI,  20.  Il  2°  Branches  couvertes  de  feuilles.  Ils 
portaient  tous  des  feuillages.  ||  3"  Amas  de  feuilles. 
Un  lit  do  feuillage.  Sous  ce  nais  qu'ont  formé  la 
mousse  et  le  feuillage,  volt.  Scylhet,  i,  3.  ||  4"  Terme 
d'arts.  Représentation  de  feuillage.  Une  bordure 
ornée  de  feuillage.  Damas  à  grands  feuillages. 
Il  Terme  d'architecture.  Ornement  des  cliapiieaux, 
des  corniches  et  autres  membres,  composé  de  feuilles 
d'acanllie  ou  d'autres  arlires. 

—  HIST.  XVI'  s.  Vueilles  aussi  porter  en  chascun 
aage  Perpétuel  honneur  de  vert  feuillage,  karot,  iv, 
43.  Los  oisillons  s'esgaient  parmi  les  jeunes  feuil- 
lages, YVEH,  p.  521. 

—  £TYM.  Feuille;  bourguig.  feuillaige  ;  wallon, 
foi  ai. 

FEUILLAISON  (feu-llé-zon ,  Il  mouillées,  et  non 
feu-yê-zun),  s.  f.  Le  renouvellement  annuel  des 
feuilles.  Le  temps  de  la  feuillaison. 

—  ÉTYM.  Feuille. 

FEUILLANT  (feu-Uan,  Il  mouillées,  et  non  feu- 
yan),  s.  m.  \\  1°  Nom  de  religieux  réformés  de 
l'orilre  de  Cîteaux,  appelés  en  France  feuillants  et  en 
Italie  réformés  de  saint  Bernard.  ||  2"  Membre  d'un 
club  (en  1791  ,  1792)  de  royalistes  modérés  qui 
avaient  adhéré  à  la  constitution,  et  dont  les  chefs 
étaient  la  Fayette  et  Bailly  ;  il  s'appelait  d'abord 
société  do  1789,  et  prit  le  nom  de  feuillants  lors- 
qu'il vint  occuper  le  couvent  des  feuillants  auprès 
des  Tuileries.  1|  S'emploie  aussi  adjectivement  : 
le  parti  feuillant. 

—  ETYM.  Notre-Dame  de  Feuillans,  dans  l'évê- 
ché  de  Rieux ,  à  doux  heures  de  lUeux  et  à  six  de 
Toulouse,  abbaye  fondée  en  l  iu8,  et  devenue  en  1573 
le  chef  de  la  congrégation  ie  la  plus  étroite  oitser- 
vanco  de  Clteaux,  en  latin  Beata  Maria  fuliensis, 
fulium  dicta  a  nemore  cognomine,  aujourd'hui 
Bastide  des  Feuillants,  Haute-Garonne. 

«.FEUILLANTINE  (feu-Uan-ti-n',  U  mouillées), 
s.  f.  Religieuses  de  l'ordre  des  feuillants,  établies 
i  Paris  au  faubourg  Saint-Jacques  en  1622. 

2.  FEUILLANTINE  (feu-llan-ti-n',  M  mouillées,  et 
non  feu-yan-ti-n'),  s.  f.  Sorte  de  pâtisserie  feuille- 
tée, qui  était  garnie  de  blanc  de  chapon,  de  ma- 
carons, de  crème,  d'écorce  de  citron,  de  sucre,  etc. 

t  FEUILLANTIS.ME  (feu-llan-ti-sm'.  Il  mouil- 
lées), ».  m.  Terme  de  la  Révolution.  Système,  opi- 
nion des  feuillants. 

FEUILLAKI)  (feu-llar;  W  mouillées,  et  non  feu- 
yar  ;  le  d  ne  sa  lie  pas),  s.  m.  ||  1°  Réunion  de  bran- 
ches d'arbres  ou  d'arbrisseaux  encore  garnies  de  leurs 
feuilles  et  conservées  pour  l'alimenlation  des  bes- 
tiaux. Il  2"  Se  dit  des  branches  de  châtaignier  ou  de 
saule  fendues  en  deux,  dont  les  tonneliere  font  des 
cercles.  ||  FeuiUard  de  fer,  bandes  de  fer  étroites  et 
minces  qui  servent  à  cercler  les  fûts.  ||  3°  Terme  de 
blason.  Se  dit  des  ornements  du  casque  qui  pendent 
autour  de  l'écu.  i|  4°  Nom  qu'on  a  donné  jadis  aux 
voleurs  qui  se  tenaient  dans  les  bois. 

—  HlST.  xvi*  s.  [Les  vents]  Croulent  son  tronc 
d'une  horrible  menace.  Et  de  feuillars  pavent  toute 
la  place,  nu  dellay,  iv,  i9,  recto.  Foin  et  paille  esl 
la  commune  nourriture  des  moutons  et  brebis,  y 
ajoustant  des  feuillars  de  plusieurs  sortes  d'arbres, 
0.  DE  SERRES,  321.  Trois  fuoillars  vindrent  au  devant 
de  luy  près  l'orrée  d'ung  boys  et  le  deslrousserent 
de    tout  tant   qu'il   eut   vaillant,  palsgr.  p.  693. 

—  ETYM.  Feuille. 

FEUILLE  (feu-11'.  Il  mouillées,  et  non  pas  feu-ye), 
s.  f.  Il  1°  Partie  mince  et  plate  et  ordinairement 
verte  du  végétal,  qui  naît  des  tiges  et  des  rameaux. 
Les  stoïques,  qui  n'ont  pas  voulu  qu'une  feuille 
d'arbre  se  remuât  sans  ordre  particulier  de  la  Pro- 
vidence, ni  que  le  sage  levât  le  doigt  sans  congé 
de  la  philosophie,  balz.  De  la  cour,  3*  dise.  Je 
tremble  et  je  crains  tout,  les  feuilles  de  ces  bois 
Me  semblent  devenir  des  langues  et  des  voix,  ues- 
marets,  Mirame,  ii,  6.  Vous  faites  éclater  votre 
puissance  contre  une  feuille  que  le  vent  emporta, 
et  vous  poursuivez  une  paille  sèche,  saci.  Bible.  Job, 
xiii,  26.  Le  célèbre  Haies,  dans  sa  belle  statique 
des  végétaux,  avait  démontré  le  premier  que  les 
feuilles  étaient  des  puissances  ménagées  par  la  na- 
ture iKJur  élever  U  sève,  et  qu'elles  étaient  les  or- 
ganes de  la  transpiration  sensibe  et  insensible. 
BONNET,  ttech.  feuilles,  t.  v,  p.  »,  dans  poucens.  On 
voit  par  cette  légère  esquisse  de  la  théorie  du  mou- 


FEU 

vement  de  la  sève  que  les  feuilles  ont  beaucoup  de 
rapport  daas  leurs  usages  avec  la  peau  du  corps  hu- 
main, II).  i's.  des  feuilles,  i"  mém.  Tombez,  tom- 
bez, feuilles  légères;  Et  pour  la  plus  tendre  des 
mères.  Cachez  quelque  temps  ce  chemin;  Qu'elle 
ne  puisse  reconnaître  Le  funèbre  asile  où  peut-être 
Sim  fils  reposera  demain,  millkvove.  Chute  des 
feuilles.  Voilà  les  feuilles  sans  sève  Qui  tombent 
sur  le  gazon  ;  Voilà  le  vent  qui  s'élève  Et  gémit  dans 
le  vallon,  lamart.  Ilarm.  ii,  i.  \\  Feuille  composée, 
celle  qui  est  formée  de  plusieurs  pétioles  attachés  à 
un  pétiole  commun.  Feuille  simple,  celle  qui  est 
d'une  seule  pièce.  ||  la  chute  des  feuilles,  le  temps 
où  les  feuilles  tombent.  Doux  bocage,  adieu,  je  suc- 
combe ;  Tu  m'avertis  de  mon  destin  ;  De  ma  mort  la 
feuille  qui  tombe  Esl  le  présage  trop  certain,  mil- 
LEVOYE,  Chute  des  feuilles.  I|  Feuille  morte,  feuille 
qui  cesse  de  vivre  et  se  détache  des  arbres  à  l'au- 
tomne. Toutes  les  routes  étaient  couvertes  de  feuilles 
mortes  que  le  vent  y  avait  apportées,  stael,  Co- 
rinne, XIX,  5.  Il  Une  robe  feuille-morte,  voy. 
FEriLLE-MORTF..  ||  Vin,  bois  de  deux,  de  trois  feuilles, 
vin,  bois  de  deux,  de  trois  années;  ainsi  dits  parce 
qu'il  faut  une  année  pour  le  renouvellement  des 
feuilles.  Il  Trembler  comme  la  feuille,  avoir  une 
grande  peur.  Le  président  de  Mesmes,  que  l'on  char- 
geait d'opprobres  sur  la  signature  du  cardinal  Ma- 
zarin,  tremblait  comme  la  feuille,  retz,  n,  334. 
(I  Feuilles  de  chêne,  celles  sur  lesquelles  la  sibylle 
de  Cumes  écrivait  ses  oracles  et  que  le  vent  disper- 
sait. Si  je  ne  me  trompe,  j'ai  reconnu  dans  votre  der- 
nicre  quelques  lignes  de  la  meilleure  main  du  mon- 
de, et  je  les  ai  reçues  avec  la  même  vénération  que 
l'on  recueillait  les  feuilles  où  la  sibylle  écrivait  ses 
oracles,  voit.  Lett.  30.  |1  Fig.  Feuilles  de  chêne, 
choses  qui  se  dispersent,  se  perdent  facilement, 
choses  de  peu  de  valeur.  [La  sibylle]  Qui ,  possé- 
dant pour  tout  trésor  Des  recettes  d'énergumène, 
Prend  du  Troyen  le  rameau  d'or,  Et  lui  rend  des 
feuilles  de  chêne,  volt.  Épit.  xix.  La  plus  grande 
partie  du  prix  de  ces  aliénations ,  n'étant  pas 
encore  payée,  fut  remboursée  en  billets  de  lanque 
qui  devinrent,  comme  il  arrive  et  arrivera  tou- 
jours aux  effets  royaux,  des  feuilles  de  chêne, 
DtiCLOs,  Mém.  Œurres,  t.  x,  p.  30,  dans  poogens. 
Tant  mieux;  sans  cela,  une  feuille  de  chén»  et  cet 
écrit  seraient  tout  un,  dider.  Mémoires,  Est-il  bon? 
est-il  mechantl>  ni,  I3.  ||  Faire  voir  les  feuilles  à 
l'envers,  locution  libre  qui  signifie  obtenir  les  fa- 
veurs d'une  femme  sous  un  bois.  ||  Feuille  de  vigne, 
figure  d'une  feuille  de  vigne  par  laquelle  les  sculp- 
teurs cachent  les  parties  naturelles  dans  les  statues. 
li  Fig.  et  familièrement.  11  y  a  dans  ces  propos, 
dans  ces  contes,  des  choses  qui  auraient  besoin  de 
la  feuille  de  vigne.  ||  2°  Les  pétales,  les  pièces  qui 
forment  la  corolle  de  certaines  (leurs.  Une  feuille 
de  rose.  ||  En  botanique,  on  dit  toujours  pétale. 
H  3"  Ornements  qui  imitent  des  feuilles.  Une  bro- 
derie en  feuilles  d'olivier.  ||  Feuille  coupée,  feuille 
en  broderie  figurant  une  rainure  au  milieu  de  la 
feuille.  Feuilles  à  dos,  feuilles  représentées  à  demi 
pliées  dans  un  ouvrage  de  broderie.  |{  Terme  d'ar- 
chitecture. Feuilles  d'acanthe,  ou  de  persil,  ou  d'o- 
bvier et  d'autres  arbres,  ornements  de  chapiteaux  ; 
les  unes  sont  découpées,  d'autres  refendues;  celles 
dont  les  bords  sont  découpés  se  nomment  feuilles 
de  refend.  ||  Feuilles  d'angles,  feuilles  sculptées  aux 
coins  des  cadres  et  des  plafonds.  ||  4"  Par  analogie, 
matière  étendue,  plate  et  mince.  Feuille  de  carton. 
Feuille  de  tôle,  de  fer-blanc.  De  l'acajou  en  feuilles. 
Il  Lame  de  bois  mince  pour  plaquer  les  ouvrages 
d'ébénisterie.  ||  Verre  destiné  à  vitrer  les  apparte- 
ments, à  couvrir  les  estampes.  ||  Grande  ilemi-feuille, 
planche  de  cuivre  d'environ  12  pouces  de  long  sur 
9  de  large  avec  i  ligne  d'é|)aisseur.  |j  l'erme  de  me- 
nuiserie. Assemblage  qui  fait  partie  d'une  ferme- 
ture de  boutique,  ou  des  contrevents  d'une  croisée. 
Dans  le  même  langage  on  dit:  une  feuille  de  par- 
quet. Il  Feuille  de  batterie,  plaque  mince  d'acier  qui 
garnit  la  face  de  la  batterie  d'une  platne  d'arme  à 
feu.  Il  Terme  de  joaillier.  Petite  lame  de  mitai  qu'on 
met  sous  les  pierres  précieuses  pour  les  faire  ressor- 
tir. H  Terme  de  marine.  Feuilles  de  panneau,  les  deux 
parties  du  panneau  qui  ferment  l'écoutille,  quand  ce 
panneau  n'est  pas  d'une  seule  pièce.  ||  5"  Partie 
mince  qui  se  détache  par  couches  d'un  tout.  Cette 
ardoise  se  détache  par  feuilles.  I  ne  feii  Ile  de  talc. 
Chaque  marée  montante  apporte  et  répand  sur  toul 
le  rivage  un  limon  impalpable,  qui  ajoiiie  une  nou- 
velle feuille  aux  anciennes,  d'où  résulte,  par  la  suc- 
cession des  temps,  un  schiste  tendre  et  feuilleté, 
BUFF.  Xot.  just.  Ep.  ncU.  Œuvres,  t.  xni,  p.  244, 
dans  pouGENS.  ||  Partie  morte  qui  te  détache  par 


FEU 


FEU 


FEU 


iur>n 


plaques  d'un  os,  d'un  tendon.  Ce  terme  est  pré- 
senlement  inusité  en  chirurgie.  ||  6°  Or,  argent 
battu  et  tris-mince.  Une  feuille  d'or.  Une  feuille 
d'argent.  Les  feuilles  île  l'or  liattu  laissent  non-seu- 
lement passer  lie  la  lumière  par  leurs  gerçures  ac- 
ciilentelles,  mais  à  travers  leurs  pores;  et  Boyle  a 
noté  que  cette  lumière  qui  traverse  l'or  est  bleue, 
BUFF.  if  m.  t.  IV,  p.  240,  dans  pougf.ns.  ||  Feuille 
d'étain,  mince  lame  d'étain  qui  retient  la  couche 
de  vif-argent  appliquée  derrière  une  glace.  ||  7°  Cha- 
que partie  d'un  paravent  qui  se  replie.  Un  [laravent 
de  six  feuilles.  ||  8"  Morceau  de  papier  d'une  cer- 
taine grandeur,  coupé  cairément  et  qui  se  plie 
en  deux  parties  dites  feuillets.  Il  y  a  25  feuilles 
dans  une  main  de  papier.  Une  feuille  blanche. 
Une  feuille  écrite.  ||  On  dit  de  la  même  fa- 
çon feuille  de  vélin,  feuille  de  parchemin.  ||  En 
feuilles,  s'est  dit  d'écrits  qui  se  colportaient  ma- 
nuscrits. Un  ouvrage  satirique,  ou  qui  contient 
des  faits,  qui  est  donné  en  feuilles  sous  le  manteau, 
aux  conditions  d'être  remlu  de  même,  s'il  est  mé- 
diocre, passe  pour  merveilleux;  l'impression  est 
recueil,  LA  BRtJY.  I.  Il  Aujourd'hui  on  dit  qu'un  livre 
est  en  feuilles,  quand  il  n'est  pas  encore  broché. 
Il  Feuille,  feuille  de  papier  préparée  par  les  éventail- 
listes  pour  recevoir  une  peinture  ou  d'autres  orne- 
ments. ||  9°  Terme  d'imprimerie.  Nombre  de  pages 
déterminé  suivant  la  dilférence  de  format.  Feuille 
in-quarto,  celle  quia  huit  pages;  feuille  in-octavo, 
celle  qui  en  a  seize;  feuille  in-douze,  celle  qui  en  a 
vingt-quatre  ;  feuille  in-seize,  celle  qui  en  a  trente- 
deux;  feuille  in-dix-huit,  celle  qui  en  a  trente-six. 
Demi-feuille.  Je  prends  le  parti,  monseigneur,  de 
vous  envoyer  quelques  feuilles  de  la  nouvelle  édition 
du  Siècle  de  Louis  XIV,  avant  qu'elle  soit  achevée, 
VOLT.  Lelt.  Richelieu,  26  sept.  )76s.  ||  Feuille  de 
mise  en  train,  une  des  premières  feuilles  que  l'on 
tire,  pour  s'assurer  de  la  marge,  du  registre,  de  la 
pointure,  etc.  Feuille  en  train,  feuille  tirée  après 
vérihcation.  Feuilles  en  blanc,  celles  qui  sortent  de 
la  presse,  et  qui  ne  sont  imprimées  que  d'un  c6té. 
l|  Les  bonnes  feuilles,  les  feuilles  tirées  sur  le  papier 
autre  que  le  pap  er  d'épreuves  et  qui  doivent  former 
le  livre.  ||  Spécialement,  bonnes  feuilles,  feuilles 
qu'après  tirage  l'imprimerie  envoie  à  l'auteur  et  à  l'é- 
diteur. Il  Feuille  d'épreuve,  ou,  simplement,  épreuve, 
voy.  ÉPRKUVE.  Il  10°  Journal,  gazette.  Une  feuille 
périodique.  La  feuille  du  département.  Les  feuilles 
du  soir.  Il  11°  Feuille  volante,  feuille  détachée  im- 
primée ou  écrite.  Ton  fils  court,  indigné  d'horreurs 
si  révoltantes.  Déchirer  sur  les  murs  ces  feuilles 
difTamames,  LKMiEBRE,  Barnrecrt,  iv,  2.  ||  Par  ex- 
tension. Feuilles  volantes,  petits  écrits,  journaux, 
brochures.  Quelle  pitié  de  quitter  Virgile  et  Racine 
pour  les  feuilles  volantes  de  nos  jours  1  volt.  Lett. 
Mme  Denis,  20  mars  I75i.  Les  feuilles  volantes  sont 
la  perte  de  la  littérature,  id.  LeU.  Champfort, 
janv.  (784.  Le  Français  léger  ne  fait  cas  que  des 
lourds  volumes  ;  le  gros  Anglais  veut  mettre  tout 
en  feuilles  volantes  ,  p.  L.  cour.  Pamphl.  des 
pamphl.  Il  12°  Ancien  terme  de  collège.  Feuille, 
iouille  imprimée  de  l'auteur  qu'on  expliquait  aux 
écobers  et  sur  laquelle  ils  pouvaient  écrire  entre 
les  lignes  ou  à  la  marge.  ||  13°  Nom  de  certains 
cahiers  volants  sur  lesquels  on  écrit  tous  les  jours 
le  courant  d'affaires  soit  publiques  soit  privées. 
La  feuille  d'audience  doit  énoncer  les  noms  et  qua- 
lités des  juges  qui  siègent  à  chaque  audience.  ||  Se 
dit,  chez  les  messagers  et  les  voituriers,  de  l'extrait 
ou  duplicata  des  registres.  Décharger  la  feuille, 
inscrire  la  décharge  au  bas  de  chacun  des  articles 
remis  au  destinataire.  ||  Feuille  de  route,  indica- 
tion des  étapes  d'une  troupe.  ||  Il  se  dit  aussi  d'un 
écrit  semblable  délivré  à  un  militaire  qui  voyage 
isolément.  Je  vous  transmets  ci-joint  la  feuibe  de 
route  qui  m'a  été  délivrée  à  Marseille,  p.  l.  cour. 
Leli.  I,  411.  Il  Feuille  de  présence,  celle  que  signent 
les  membres  d'une  société  ou  les  employés  d'un 
bureau,  d'une  administration,  pour  constater  leur 
pré.fenf.e.  Il  14°  Feuille  des  bénéfices,  celle  où  l'on  in- 
scrit les  bénéfices  vacants  et  les  beuélices  (|ue  l'on 
confèie.  Il  |Ie  roi]  m'ordonna  devons  demander  son 
nom  [d'un  ecclésiastique^,  qu'il  a  oublié,  et  ce  que 
vous  savez  de  sa  conduite,  parce  que  la  feuille  n'est 
poml  encore  signée,  maintenon,  LeU.  au  card.  de 
Noailles,  ii  avr.  1702.  Lui  [M.  de  Beauvillier]  et 
M,  de  Chevreuse  auraient  voulu  leur  éter  [aux  jé- 
suites] la  feuille  et  le  confessionnal  des  rois,  st-sim. 
365,  77.  Il  15"  Terme  de  serrurier.  Feuille  de  sauge, 
nom  de  certaines  pièces  qui  font  partie  d'une  ser- 
rure. Il  Terme  de  chirurgie.  Feuille  de  myrte,  instru- 
ment fait  en  manière  de  petite  spatule,  et  qui  sert  à 
nettoyer  le  bord  des  plaies  et  des  ulcères.  ||  Terme 


d'anatomie.  Feuille  de  figuier,  nom  donné,  par  assi- 
milation, aux  sillons  profonds  que  présente  la  face 
cérébrale  des  os  pariétaux.  ||  Terme  d'orfèvre.  Le 
bout  du  manche  de  la  cuillère  et  de  la  fourchette, 
sur  lequel  on  met  les  armes  de  la  personne. 
il  16°  Feuille  orientale,  nom  donné  quelquefois  au 
séné.  Il  Terme  de  zoologie.  Feuille  de  chêne,  lépi- 
doptère nocturne.  Feuille  ambulante,  genre  d'or- 
thnptères.  Il  Terme  de  pèche.  On  nomme  ainsi  du 
petit  poisson  d'étang,  plus  petit  que  l'alevin  et  qui 
est  grand  comme  une  feuille  de  saule.  ||  Terme  de 
boucherie.  Feuille  de  foie,  un  des  lobes  du  foie  d'un 
bœuf,  d'un  veau,  d'un  porc,  etc.  ||  17°  Terme  de  bla- 
son. Feuilles  de  scie,  bandes  dencliées  d'un  seul  cCté, 
en  manière  de  lames  de  scie.  ||  Proverbe.  Qui  a  peur 
des  feuilles  ne  doit  point  aller  au  bois,  n'aille  au 
bois  qui  a  peur  des  leuilles,  c'est-à-dire  il  ne  faut 
pas  s'engager  en  des  choses  (|u'on  redoute. 

—  HIST.  xu°  s.  Au  duc  [ils]  mandent  par  grant 
orguil.  Qu'en  autre  sen  torne  or  le  fuil  ;  Car  bien 
sache  certainement.  Ne  li  serunt  obedient,  bbnoît, 

II,  8462.  Quant  li  estes  et  la  douce  saisons  Font 
fûille  et  flor  et  les  prés  raverdir.  Coud,  xiii.  ||  xm'  s. 
Un  moncelet  [elle]  a  fait  de  feuilles  d'olivier,  Berte, 
xxxviii.  Tout  ce  ne  prise  Berte  la  feuille  d'une  mente, 
ib.  CXI.  Et  Renart  aqueult  à  ses  paumes  Plus  menu 
ces  fuels  à  torner  Que  vos  nés  puissiez  or  conter, 
Rcn.  2)305.  Tos  les  arbres  qui  naissent  en  Inde  ne 
sont  onques  sanz  fuelles,  brln.  lat.  Très.  p.  leo. 
.||  xv°  s.  Fut  ordonné  que  quand  le  roi  seroit  entré 
à  Paris,  que  on  osteroit  les  feuilles  des  quatre  portes 
principales  de  Paris  hors  des  gonds,  et  seroient  les 
portes  nuit  et  jour  ouvertes,  fhoiss.  ii,  ii,  205.  Je 
suis  le  plus  paoreus  de  touz.  Je  n'ay  membre  qui  ne 
me  deuille  ;  Mon  cuer  tranble  plus  que  une  fueille, 
la  Passion  de  J.  C.  \\  xvi"  s.  Les  fleurs  dépliant 
leurs  tendres  feuillettes  à  la  venue  du  matin,  yver, 
p.  62;i.  Dès  le  premier  rang  je  ne  vis  que  des  cro- 
(|uans,  qui  portoyent  morions  dorés  d'or  de  feuille, 
n'AUB.  Conf.  Il,  6.  Ces  raisons,  mises  en  parangon 
des  autres,  soudainement  perdirent  leur  feuille  et 
couleur,  comme  si  pour  elfacer  pierres  faulses  on 
eut  mis  en  jeu  de  fines  et  orientales,  m.  du  lellay, 
B0:i.  Vin  de  trois  feuilles,  des  accords,  Bigarr.  en- 
tends-trois. 

—  ÉTYM.  Fic&tà,  fuelle  ;  wallon,  ^ote;  provenç. 
folh,  fuoill,  fuelh,  fueilh,  s.  m.,  et  folha,  foilla, 
fuellta,  a.  f.;  catal.  fuU;  espagn.  folio,  s.  m.  et 
hoja,i.  f.;  porlug.  folha;  ital.  foglia;  du  latin  fo- 
lium;  grec,  m'i.toi. 

FEUILLE,  ÉE  (feu-llé,  liée,  U  mouillées,  et  non 
feu-yé),  part.  poss^.  ||  1°  Garni  de  feuilles.  Plante 
bien  feuillée.  Tige  feuillée.  ||  Terme  de  blason.  Ëcu 
feuille,  celui  qui  a  quelques  fleurs  soutenues  des  ti- 
ges et  des  feuilles  de  leurs  plantes.  j|  2°  Terme  de 
peinture.  Paysage  bien  feuille.  ||  S.  m.  La  partie 
d'un  paysage  qui  représente  les  feuilles.  Le  feuille 
de  ce  paysage  e.st  léger.  ||  Manière  de  feuiller.  L'é- 
tude de  la  botanique  me  semble  utile  au  paysagiste, 
quanit  ce  ne  serait  que  pour  apprendre  le  feuille, 
C11ATKADDR.  Dessin..\\W  S.  m.  Terme  de  blason. 
Feuille,  feuilles  des  plantes,  lorsqu'elles  sont  d'un 
émail  différent  de  celui  des  tiges  et  des  fleurs  de 
la  plante  à  laquelle  elles  appartiennent  dans  l'écu. 

FEUILLÉE  (feu-Uée,  Wmouillées.et  non  feu-yée), 
s.  f  ||1°  Abri  formé  de  feuillage.  [Oiseaux]  Qui  sous 
la  feuillée.  Parleur  exemple,  et  leurssons éclatants, 
Font  que  Vénus  est  en  nous  réveillée,  la  fo.nt.  Fabl. 
VII,  s.  Des  oiseaux  la  troupe  éveillée  Nous  appelle 
sous  la  feuillée,  bEhano.  Champs.  ||  2°Seilitdepei.ites 
constructions  qu'on  fait  dans  un  champ,  ou  ailleurs, 
avec  des  branchages.  Puisqu'il  est  Allemand,  je  peux 
lui  parler;  qu'on  le  mine  dans  ma  feuillée,  volt. 
Candide,  u.  ||  3"  Le  feuillage  d'un  arbie,  branches 
d'arbre  nouvellement  coupées,  que  l'on  emploie  pour 
orner  quelque  lieu.  ||  On  les  emploie  aussi,  fraîches 
ou  sèches,  pour  la  nourriture  des  animaux. ||  4°  Pro- 
duction des  feuilles  pour  l'élève  des  vers  à  soie. 

—  HIST.  xm*  s.  La  meschine  [jeune  fille]  l'ameine 
droit  Là  où  sa  demoisele  estoit;  Ce  fu  dedenz  une 
foillée.  Lai  du  désiré.  \\  xv*  s.  Et  qui  ne  pouvoit 
trouver  maison,  il  faisoit  loge  et  feuillée  de  bois 
que  il  coupoit,  car  il  y  en  a  assez  au  pays,  froiss.  ii, 

III,  34.  Il  xvi*  s.  Combien  leurs  classes  [des  collèges] 
seroient  plus  décemment  jonchées  de  fleurs  et  de 
feuillêes  que  de  tronçons  d'osier  sanglants!  mont. 

1,183. 

—  ÊTYM.  Feuille.  On  trow/e  feuillade  dtna  marot, 

II,  300. 

FEUILLE-MORTE  ( feu-IIe-mor-t' ,  U  mouillées), 
adj.  indéclinable.  Qui  est  de  la  couleur  des  feuilles 
sèches.  Les  feuilles  qui  tombent  sont  feuille-morte; 
mais  celles  qui  tiennent  encore  sont  vertes,  sÉv. 


Lelt.  20  oct.  <(I76.  Un  homme  feuille-morte  [habillé 
lie  cette  couleur]  devinnt  commis,  la  bruy.  xii.  La 
haut  du  dos  [du  cracraj  tanné,  mêlé  de  couleur 
feuille-morte,  buff.  Ois.  t.  xiv,  p.  I30,  dans  pou- 
gens.  ||  .S.  m.  Jérôme  :  Comment  diable  lairel  en 
l'état  oil  le  voil.'i  maintenant,  il  ne  saurait  plus  pren- 
dre que  le  feuille-morte.  —  Mme  Tarif:  Comnieutî 
le  feuille-mor.e?  c'est  une  couleur  bien  triste,  han- 
couRT,  Vert  galant,  se.  28.  Ne  quittant  presque  ja- 
mais sa  couleur  favorite,  le  feuille-morte,  oenlis, 
Urne  de  Naintenon,  t.  u,  p.  02,  dans  pougens. 

—  ÊTYM.  Feuille,  morte. 

FEUILLER  (feu-llé.  Il  mouillées,  et  non  feu-yé), 
V.  a.  Il  1°  Terme  d'eaux  et  forêts.  Feuiller  le  four- 
neau, recouvrir  un  fourneau  à  charbon  d'une  couche 
de  feuilles  vertes,  qu'on  recouvre  à  son  tour  de  frasil 
et  d'un  peu  de  terre.  ||2"  Terme  de  peinture.  Repré- 
senter le  feuillage  des  arbres.  J'ai  esquissé  les  ar- 
bres de  mon  paysage,  mais  il  me  reste  à  les  feuiller. 
Il  Absolument.  Ce  paysagiste  feuille  bien.  ||  S  m. 
Terme  de  p  -inture.  Feuiller,  synonyme  de  feuille. 
Il  3"  Terme  de  menuisier.  Faire  une  feuillure.  Feuil- 
ler une  planche.  ||  4"  V.  n.  Prendre  des  feuilles,  se 
garnir  de  feuilles.  Ces  arbres  commencent  à  feuil- 
ler. ||  5°  Se  feuiller,  r.  ri'fl.   Se  garnir  de  feuilles. 

—  HIST.  xii"  s.  Et  la  verge  Aaron,  où  Deus  sa  ver- 
tud  muslrad  ;  kar,  en  une  nuit,  fuiUi,  e  fiuri,  e  fruit 
porlad.  Rois,  p.  2.  ||xiii'  s.  Par  le  jardin  où  ot  [il  y 
eut]  mainte  ente  bien  feuillie,  BtTlc,  ii.  ||xvi'  s. 
S'il  estoit  trouvé,  parmi  les  bons  clous,  aucuns  mau- 
vais clous  feuillez  [s'en  allant  par  petites  lamesj, 
Ordonn.  I4  août  (Boi. 

—  ÉTY.M.  Feuille;  Berry,  folié,  fueillé ;  provenç. 
folhar,  foillnr,  fuelhar,  fulhar  ;  ital.  foiiliare. 

t  FEUILLÈRE  (feu-llê-r',  Il  mouillées),  s.  f. 
Terme  de  minéralogie.  Veine  de  terre  dans  une  mine. 

t  FEtJILLERET  (feu-lle-rè,  Il  mouillées),  s.  m 
Ancien  nom  d'un  instrument  de  menuisier  qui  sert 
à  pousser  les  feuillures. 

—  KTYM.  Feuiller. 

FEUILLET  (feu-llè ,  U  mouillées  ;  le  (  ne  se  lie  pas 
dans  le  parler  ordinaire  ;  au  pluriel,  \'s  se  lie  :  des 
feu-llé-z  ornés  ;  feuillets  rime  avec  traits,  succès,  paix, 
etc.),  s.  m.  Il  1"  Chaque  partie  d'une  feuille  de  pa- 
pier pliée  formant  deux  pages.  Tourner  le  feuillet. 
Une  feuille  de  papier  in-folio  contient  deux  feuillets 
ou  quatre  pages;  une  feuille  in-quarto,  quatre  feuil- 
lets ou  huit  pages;  une  feuille  in-oclavo,  huit  feuil- 
lets ou  seize  pages.  U  [un  mauvais  poète]  aurait 
beau  crier:  premier  prince  du  monde,  Courage  sans 
pareil,  lumière  sans  seconde;  Ses  vers,  jetés  d'a- 
bord sans  tourner  le  feuillet.  Iraient  dans  l'anti- 
chambre amuser  Pacolet,  boil.  Ép.  ix.  Je  saute 
ving't  feuillets  pour  en  trouver  la  fin,  id.  Art  p.  i. 
Il  Fig.  U  [Paracelse]  disait  qu'il  ne  convenait  point 
à  un  homme  né  pour  soulager  le  genre  humain  de 
se  fixer  à  un  point  de  la  terre,  ni  à  celui  qui  savait 
lire  dans  le  livre  de  la  nature,  d'en  avoir  toujours 
le  même  feuillet  ouvert  sous  les  yeux,  didkh.  Opin. 
des  anc.  phil.  (Théosnphes).  Les  tombeaux  parmi  les 
hommes  sont  les  feuillets  de  leur  histoire,  chateaub. 
Génie,  i,  v,  6.  ||  2°  Par  extension,  toute  expansion 
plate  et  membraneuse.  La  marmoite  a,  comme  le 
loir,  deux  feuillets  graisseux  fort  épais;  cependant 
elle  n'est  pas  également  grasse  sur  toutes  les  parties 
du  corps,  buff.  Quadrup.  t.  m,  p.  10,  danspouGKNS. 
Il  Terme  de  botanique.  Feuillets,  lames  qui  dou- 
blent inférieuremeiit  le  chapeau  des  champignons 
de  la  famille  des  agaricinés,  et  qui  contiennent  les 
fructifications.  ||  Demi-feuillet,  nom  donné  aux 
lames  des  agarics,  quand  elles  ne  s'étendent  pas  du 
centre  à  la  circontérence.  ||L'écorce  des  arbres  est 
feuilletée  et  composée  de  feuillets.  Dans  de  simples 
feuillets  corticaux  ou  ligneux,  bonnet,  Consid.  corps 
org.  Œuvres,  t.  vi,  p.  37,  dans  iolgens.  ||  3°  Terme 
de  géologie.  Se  dit  des  parties  minces  dans  les- 
quelles se  subilivise  une  couche,  une  assise,  un  lit. 
Ce  sont  ces  mêmes  feuillets  toujoura  parallèles  en- 
tre eux,  qui  démontrent  que  ces  niasses  de  charbon 
ont  été  formées  et  déposées  par  le  sédiment,  et 
même  par  la  stillation  des  eaux  imprégnées  de  bi- 
tume, BUFF.  3°  ^poqi.  nat.  Œuvres,  t.  xii,  p.  156, 
dans  POUGENS.  ||  4"  Terme  de  menuiserie.  Planchf 
mince  propre  à  faire  des  panneaux.  ||  Terme  d  im- 
primerie. Petite  n'glette  pour  égaliser  les  blancs,  etc. 
Il  Esp'ce  de  scie  tournante  de  tonnelier.  ||  Hau' 
feuillet,  une  des  deux  feuilles  de  la  scie  de  l'estadou. 
Il  Peau  de  veau  qui  fixe  les  pointes  des  cardes.  ||  Rou 
leau  de  laine  prèpiirée  pour  êlre  filée.  I|  S  '  Terme 
d'anatomie.  Troisième  estomac  des  ruminants,  ti- 
rant son  nom  des  nombreuses  lames  à  manielor! 
miliaires  qui  en  garnissent  la  cavité  intérieure. 

—  uiST.  XV'  s.  Si  nous  rafrescbirons  des  besognes 


lOfiO 


FEU 


prochniiie»,  tant  qu'à  ma  nation  [naissance],  si 
comme  il  est  contenu  en  le  proc^s  du  premier  feuil- 
let du  tiers  livre,  froiss.  ii,  mi,  uo.  La  (|uelle  somme 
.  icelUiy  defTendeur  et  opposant  avoil  baillé  manuel- 
lement do  son  argent  et  de  sa  propre  substance  pour 
et  ou  nom  et  ou  prouffit  du  dit  Jacques  Cuer,  partie  en 
escu»d'or,  partie  aussy  en  un  feuillet  d'or  garni  d'un 
(.Tos  diamant,  d'un  gros  rul)y  et  d'une  grosse  perle, 
l'rocès  de  Jacq.  Cuer,  ms.  p.   17(,  dans  lacubne. 

—  Etym.  Diminutif  do  feuille;  wallon,  (oiou; 
ital.  foijlietln. 

FEUILLETAGE  (feu-llo-ta-j',  Il  mouillées,  et  non 
feu-ye-la-j'),  s.  m.  Maniire  de  feuilleter  la  pâtisserie. 
Il  Pâtisserie  feuilletée.  C'est  du  feuilletage. 

—  ETYM.  Feuilleter. 

KKCILLETÉ,  ÉE  (feu-lle-ie,  tée,  Il  mouillées), 
part,  pansé.  ||  1"  Parcouru  en  tournant  les  feuil- 
lets. Un  livre  feuilleté  à  la  hflte.  ||  2"  Qui  se  lève 
par  feuillets,  qui  est  disposé  par  feuillets.  Pftte 
feuilletée.  En  ce  .sens  il  se  dit  substantivement. 
Manger  du  feuilleté.  ||  Terme  de  maçonnerie.  Pierre 
feuilletée,  celle  qui  se  sépare  par  feuillets  ou  par 
écailles.  ||  Terme  de  minéralogie.  Oui  est  divisé 
en  lames  minces  semblables  aux  feuillets  d'un  livre. 
Cassure,  structure  feuilletée.  La  roche  feuilletée 
dont  les  coupes  escarpées  bordent  la  Nouvelle-Zé- 
lande, BfFF.  Ois.  t.  XVI,  p.  «3,  dans  pougens.  ||  Terme 
de  zoologie.  Coquille  feuilletée,  coquille  composée  de 
feuillets  réunis.  ||  Antenne  feuilletée,  antenne  garnie, 
sur  le  côté,  de  lames  mince.s,  exemple  le  hanneton. 

FEUILLETER  (feu-lle-té ,  Il  mouillées,  et  non 
feu  ye-té.  Le  t  se  double  quand  la  syllal)e  qui  suit 
est  muette  :  je  feuillette;  je  feuilletterai),  v.  a. 
Il  1"  Parcourir  un  livre,  un  manuscrit,  en  en  tour- 
nant les  feuillets;  et,  très-souvent,  lire  légèrement, 
superficiellement,  sans  attention.  Feuilletez  les  li- 
vres des  chimistes,  et  vous  verrez  combien  l'art  ex- 
périmental exige  de  vues,  d'imagination,  de  sa- 
gacité, de  ressources ,  Diderot,  Interprét.  de  la 
nat.  n°  4t.  ||  Absolument.  Le  maître  chantre,  in- 
tendant du  lutrin,  Vient  au  lutrin,  il  cherche  mais 
en  vain  ;  X  feuilleter  il  perd  et  temps  et  peine,  gres- 
SKT,  LtUrin  riv.  ||  Par  extension,  étudier,  rechercher 
dans  des  livres.  Vous  avez  feuilleté  le  digeste  à 
Poitiers,  corn.  Ment,  v,  t.  11  aimait  mieux  feuille- 
ter de  vieux  livres  que  de  jeunes  app'its,  hamilt. 
Gramm.  to.  Je  suis  né  faible  et  malade,  et  je  res- 
semble aux  gens,  qui,  ayant  d'anciens  procès  de 
famille,  passent  leur  vie  à  feuilleter  les  juriscon- 
sultes sans  pouvoir  finir  leurs  procès,  volt.  Lett. 
Paulet,  2J  avr.  t7B8.  On  médite  sans  cesse,  on 
feuillette  jour  et  nuit  les  oraisons,  funèbres  de 
Bossuet,  CHATEAUBR.  Génie, 111,  iv,  (.  ||  Fig.  Feuil- 
letez à  loisir  tous  les  siècles  passés,  boil.  Sat.  v. 
U  tourne,  il  manie  son  esprit;  il  le  feuillette,  si 
j'ose  ainsi  dire,  vauven.  la  Profondeur.  |j  2"  Terme 
de  pâtisserie.  Préparer  la  pâte  de  manière  qu'elle  se 
lève  comme  par  feuillets.  |{  3°  Se  feuilleter,  v.  réfl. 
Se  diviser  en  feuillets  ou  par  feuillets.  Une  roche 
qui  se  feuillette. 

—  HIST.  XV. •  s.  Beingnetz,  guasteaulx  feuilletez, 
macarons,  etc.  rab.  Pant.  iv,  B9.  Feuilleté  de  main 
nocturne  et  journelle  Les  exemplaires  grecs  et  la- 
tins, DuiiELLAY,  I,  2*,  recto.  Je  feuilleté  les  livres, 
je  ne  les  étudie  pas,  mont,  m,  57. 

—  ÉTVM.  Feuillet. 

t  FEUILLETIS  (feu-lle-tî,  Il  mouillées),  s.  m. 
Il  1°  Endroit  où  l'ardoise  est  facile  à  diviser  en  feuil- 
lets. Il  2°  Terme  de  Lapidaire.  Le  contour  tran- 
chant d'un  diamant.  Serrer  le  feuillctis,  frapper 
au  poinçon  la  partie  d'argent  ou  d'or  qui  enve- 
loppe une  pierre  vers  son  feuilletis  pour  les  join- 
dre ensemble. 

—  ETVM.  Feuillet. 

FEUILLETON  (feu-Ue-ton,  Il  mouillées,  et  non 
feu-ye-ton),  s.  m.  ||  1"  Terme  de  relieur.  Petit  ca- 
hier composé  de  huit  pages,  le  gros  en  ayant  seize, 
dans  la  feuille  in-douze.  ||  2°  Feuilleton  des  péti- 
tions, tableau  distribué  aux  membres  des  chambres, 
ou  autres  assemblées  délibérantes,  contenant  les 
noms  et  l'objet  de  la  demande  des  pétitionnaires. 
Il  3°  Article  de  littérature,  de  critique,  de  beaux- 
arts,  inséré  au  bas  du  journal.  Feuilleton  musical. 
Vous  avez  le  sentiment  inné  de  ses  divines  beau- 
tés [de  Racine],  et  cela  vaut  mieux  que  le  feuilleton 
[du  Journal  de  l'Empire],  p.  t.  cour.  Lettres,  ii, 
50.  Je  demande  au  docteur  Pinton,  Dût-il  me 
trouver  indiscrète.  Si  feuilleton  vient  de  feuillette, 
Ou  feuillette  do  feuilleton,  Épigramme  contre  Geof- 
froy le  réd.-icteur  des  feuilletons  du  Journal  de 
l'Empire,  qu'on  accusait  de  s'enivrer  fort  souvent. 
Il  l«  feuilleton  contient  souvent  aussi  des  romans. 

—  fïVM.  Diminutif  de  feuillet. 


FEU 

t  FEUILLKTONLSTK  (feu-l!e-to-l:i-st',  Il  mouil- 
lées), s.  m.  Faiseur  de  feuilletons  ;  celui  qui  écrit 
dans  le  feuilleton  d'un  journal. 

—  ETYM.  Feuilleton. 

1.  FEUILLETTE  (feu-llc-f.  Il  mouillées,  et  non 
feu-yè-t'),  s.  f.  Tonneau  contenant  environ  )3&  li- 
tres et  qui  est  surtout  employé  pour  mettre  du  vin. 
U  fondait  là-dessus  l'achat  d'une  feuillette  Du  meil- 
leur vin  des  environs,  la  font.  Fabl.  vu,  1 1 .  Bons 
vivants  que  met  en  goguette  Le  vin  d'une  vieille 
feuillette,  bêbang.  Av.  de  Baynolet. 

—  HIST. XV"  s.  Icellui  Guillaume  dist  au  dit  Jehan, 
s'il  vouloit  mettre  la  Hiche  de  lart  avec  une  fillette  de 
hareuc  qu'il  avoitemblé,  nucANOK,  fulietta.  jlxvi'.s. 
Aies  demi-setier  (mesure  de  Paris,  estant  un  peu 
moindre  que  la  feuillette  d'Avignon)  d'eau  roze,  et 
la  moitié  d'eau  de  vie,  un  quarteron  de  sucre.... 
0.  DE  SKRiiE.s,  919.  La  queue  de  vin,  mesure  et  jauge 
de  Dijon,  contient  deux  muids  ou  poissons,  le  muid 
deux  fillettes,  la  fillette  neuf  stiers,  le  stier  huit  pin- 
tes, Coustum.  génér.  t.  i,  p.  8oo. 

—  ÉTYM.  Ital.  fogliella;  bas-lat.  folielta.  Du 
Gange  conjecture  que  c'est  une  altération  pour  fia- 
lelte  ou  /îotote,  diminutif  du  latin  phiaia,  vase  (voy. 
FIOLE).  Cela  est  d'autant  plus  probable  que  feuillette 
ou  fillette  a  aussi  le  sens  de  petite  mesure  de  liqui- 
des. Fillette  s'est  dit  aussi  pour  clocheton  :  Deux 
fillettes  de  la  pyramide  du  coté  du  midi  de  l'abbaye 
royale  de  Saint-Êtienne  ont  été  renversées,  Journal 
d'un  bourg,  de  Caen,  dans  le  hêricheb,  Hist.  et 
Gloss.  t.  II,  p.  330. 

t  2.  FEUILLETTE  (feu-llè-f,  Il  mouillées),  s.  f. 
Terme  de  marine.  Cordage  que  l'on  tourne  en  forme 
de  fouet  sur  un  autre  cordage  en  confection,  afin  de 
lui  donner  une  torsion  convenable. 

t  FEUILLETTEMENT  (feu-lle-te-man,  U  mouil- 
lées), s.  m.  Action  de  feuilleter  un  livre. 

—  HIST.  XIII'  s.  Après  plusieurs  journées  passées 
en  estude,  en  solitude  et  en  grand  rompement  de 
teste,  après  plusieurs  veilles,  apris  plusieurs  nuits  à 
demi  veillées,  et  après  une  grande  lecture,  feullete- 
ment,  remuement  et  acx-rd  de  plusieurs  livres  la- 
tins, françois  et  italiens,  do  haillan,  Hist.  de  Fr. 
Épit.  au  roi. 

—  ÉTYM.  Feuilleter. 

t  FEUILLEUX,  SE  (feu-lleii,  lleû-z',  Il  mouillées), 
adj.  Synonyme  aujourd'hui  inusité  de  feuillu.  Et  les, 
oiseaux  perchés  en  leur  feuilleux  séjour,  regnier, 
Ép.  1. 

t  FEUILLISTE  (feu-lli-sf,  M  mouillées  et  non  feu- 
y-st'),  s.  m.  Celui  qui  fait  métier  d'écrire  des  feuilles 
périodiques;  ce  terme  ne  se  prend  qu'en  mauvaise 
part.  Tous  les  insectes,  les  moustiques,  les  cousins, 
les  critiques,  les  maringouins,  les  envieux,  les  feuil- 
listes,  les  libraires,  les  censeurs,  et  tout  ce  qui  s'at- 
tache à  la  peau  des  malheureux  gens  de  lettres, 
beaum.  Barb.  i,  2. 

FEUILLU,  VE  (feu-Uu,  llue ,  M  mouillées,  et  non 
feu-yu),  adj.  Qui  a  beaucoup  de  feuilles.  Ils  nichent 
dans  des  creux  d'arbres  ou  sur  la  bifurcjition  de 
quelque  branche,  sous  le  rameau  le  plus  feuillu, 
BUFF.  Ois.  t.  VIII,  p.  301,  dans  pougens.  La  soeur 
de  Cambyse  prit  une  laitue,  lui  demandant  comment 
il  la  trouvait  plus  belle  ou  dégarnie  ou  feuillue,  p. 
L.  COUR.  II,  IBS.  Il  Les  bois  feuillus  sont,  dans  le  lan- 
gage forestier,  les  liois  composés  d'essences  à  feuilles 
larges,  par  opposition  aux  arbres  qui  ont  les  feuilles 
en  aiguilles,  comme  les  sapins. 

—  SVN.  FEi:iLi.É,  FKDii.Lu,  TOUFFU.  Un  arbre feuillé 
est  un  arbre  qui  a  des  feuilles;  un  arbre  feuillu  est 
un  arlire  quia  beaucoup  de  feuilles;  un  arbre  touffu 
est  un  arbre  dont  les  feuilles  sont  en  touffe  et  of- 
frent un  abri  contre  la  pluie  ou  le  soleil.  Touffu 
indique  aussi  un  grand  nombre  de  rameaux  et  ra- 
muscules,  idée  tout  à  fait  étrangère  à  feuillu. 

—  HIST.  xii*  s.  Grant  sont  li  pin,  bel  sont  et  bien 
foillu,  lionc.  p.  103.  Ilxiii*  s.  Dont  venez  vous  si 
seule  parmi  ce  bois  feuillu?  Berle,  li.  ||xvi*  s.  Le 
bras  feuillu  de  l'hierre,  du  bell.  m,  42,  verso. 

—  ETYM.  Feuille. 

FEUILLURE  (feu-Uu-r',  U  mouillées,  et  non  feu- 
yu-r'),  s.  f.  Terme  d'architecture.  Entaillure  dans  la- 
quelle les  fenêtres  et  les  portes  sont  encadrées  pour 
qu'elles  ferment  juste.  ||  Tout  angle  rentrant  fait  dans 
le  bois  parallèlement  à  son  fil.  ||  Petit  refouillement 
que  l'on  fait  dans  une  lande  de  marbre  pour  rece- 
vfiir  1  épais.seur  d'une  autre.  ]|  Terme  de  marine.  La 
partie  excavée  autour  d'un  sabord,  oii  le  mantelet 
porte  et  s'arrête  quand  celui  ci  est  ^laissé  ou  fermé. 

—  ETYM.  Feuiller.  D'Aubigné  l'a  employé  dans  le 
sens  de  feuillage  :  Ceux  de  la  ville  lui  donnèrent  pour 
toute  entrée  un  arc  très  haut  sans  feuillure,  Hist.  ii, 
2:0 


FEU 

FEURRE  (feu-r'),  s.  m.  ||  1'  Paille  de  toute  sorte 
de  blé.  Les  menues  denrées  que  les  gens  de  vUlag* 
et  menu  peuple  vendent  en  détail  et  non  en  gros, 
comme  œufs,  beurre....  fruits,  verjus,  feurres,  pail- 
les, pots  de  terre,  Édit.  nov.  4640.  j|  2°  Paille  lon- 
gue pour  empailler  les  chaises. 

—  REM.  Autrefois  on  prononçait /'ouare ;  de  là,  à 
Paris,  le  nom  de  la  rue  du  Fouare,  c'est-à-dire  rue 
de  la  Paille,  ainsi  nommée  parce  qu'on  y  vendait  la 
paille  qui  servait  aux  écoÛers  pour  joncher  leurs 
classes. 

—  HIST.  xii*  s.  Aies  en  fuerre  (allez  fourrager], 
s'il  vous  plâist,  le  matin,  Garin,  dans  M  cange, 
/■odrum.  Il  XIV'  s.  Nos  maistres  d'ostel  pour  nous 
pourront,  hors  bonnes  villes,  faire  prendre....  feur- 
res, se  ils  les  trouvent  battus,  et  fiens  [foins]  pour 
la  nécessité  de  nos  hostieuz  pour  la  journée,  Ord. 
des  rois  de  Fr.  t.  m,  p.  fi».  ||xv*  s.  J'actens  bon 
temps,  endurant  en  humhlesse;  Car  j'ay  espoir  que 
Dieu  ma  guerison  Ordonnera;  pour  ce  m'a  sahaul- 
tesse  Mis  pour  meurirou  feurre  de  prison,  CH.  d'ohl. 
Bal.  122.  ||xvi'  s.  Un  seigneur  de  paille,  fuerre  ou 
beurre,  vainc  et  mange  un  vassal  d'acier,  lovsel, 
053.  Ils  couvrent  les  pommes  avec  du  foirre,  des  lin- 
ges,  des  couvertes,  mesme   avec   des  coettes    de 

plume,   O.  DE  SERRES,  248. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  four;  espagn.  et  portug.  forro: 
ital.  /bdero; du  germanique  ;  anc.  h.  allem.  fuotar; 
anc.  scandin.  fôdr;  allem.  Futter,  fourrage.  Fulter 
et  l'anglais  food  signifient  essentiellement  nourri- 
ture ;  sanscrit,  push,  nourrir. 

t  FEUTIER  (feu-tié),  s.  m.  Celui  qui,  dans  les 
grands  appartements  ou  établissements,  est  chargé 
de  diriger  le  chauffage.  Le  feutier  des  Tuileries. 

t  FEUTRABLE  (feû-tra-bl),  adj.  Qui  est  suscep- 
tible de  se  feutrer. 

—  ETYM.  Feutrer. 

FEUTRAGE  (feù-tra-j'),  s.  m.  Action  de  feutrer  du 
poil  ou  de  la  laine. 

—  ETYM.  Feutrer. 

FEUTRE  (feù-tr),  s.  m.  ||  1°  Sorte  d'étoffe  faite 
avec  de  la  laine  ou  du  poil ,  dont  les  filaments, 
par  suite  du  foulage  et  des  ingrédients  employi's, 
sont  tellement  agglutinés  qu'ils  forment  ensemble 
un  corps  presque  imperméable.  C'est  un  chapeau 
de  feutre  ;  il  ne  craint  pas  la  pluie.  Les  mirza,  appe- 
lés par  Plancarpin  les  barons,  font  asseoir  leurs 
majestés  par  terre  sur  un  grand  feutre,  en  leur  di- 
sant :  Si  tu  n'écoutes  pas  conseil,  si  tu  gouvernes 
mal,  il  ne  te  restera  pas  même  ce  feutre  sur  lequel 
tu  t'assieds,  volt.  Lett.  chin.  2.  ||  2°  U  se  dit,  par  la 
métonymie  de  la  matière  pour  la  chose  qui  en  est 
faite,  d'un  chapeau  de  feutre,  et  même,  par  déri- 
sion, de  tout  chape.au,  surtout  d'un  vieux  chapeau 
mal  retapé.  Et  son  feutre  à  grands  poils  ombragé 
d'un  panache ,  boil.  Sat.  m.  Le  petit  Espa>;nol 
vous  a  diverti  avec  sa  mine  étique  et  son  feutre  à 
grand  poil,  p.  l.  cour.  Lett.  11,  279.  ||  Dresser  le 
feutre,  le  mettre  sur  une  forme  pour  lui  donner 
la  figure  d'un  chapeau.  ||  Feutre  verni,  feutre  pé- 
nétré d'huile  siccative,  et  servant  surtout  à  la  con- 
fection des  visières  des  casquettes.  ||  3°  Bourre  dont 
se  servent  les  selliers  pour  rembourrer  une  selle. 
Il  4"  U  se  dit  aussi  d'espèces  de  bottines  en  feutre 
qu'on  met  dans  l'appartement.  ||  B"  Etoffes  de  laine 
sans  coutures,  sur  lesquelles  on  couche  les  feuilles 
de  papier  au  sortir  du  moule.  ||  6°  Nom  donné, 
chez  les  mammifères  du  Nord  et  des  Alpes,  à  des 
poils  doux  et  plus  ou  moins  épais  qui  garnissent 
immédiatement  la  peau,  et  que  d'autres  poils  longs 
traversent.  Au-dessous  de  ce  premier  long  poil ,  il 
y  a,  comme  dans  les  ours  marins,  une  espèce  de 
duvet  ou  de  feutre  qui  est  de  couleur  brune  ou  noire, 
comme  l'extrémité  des  grands  poils  du  corps,  buff. 
Quadmp.  t.  xi,  p.  ni,  dans  pougens. 

—  HIST.  xu"  s.  Chapel  de  fautre  ot  li  bers  en  son 
chief,  Raoul  de  C.  279.  ||  xiii*  s.  Ouicon;|ucs  veut 
estre  chapeliers  de  feutre  à  Paris,  estre  le  puet  fran- 
chement, il»,  des  met.  s*».  Chascuns  tenoit  lanco 
sor  fautre.  Que  li  rois  ne  fust  envaiz,  Oui  estoit  de 
plusorshaîz,  Ben.  18074.  Et  il  ont  autres  lances  pri- 
ses, Ses  [ainsi  les'  ont  moult  tosl  >■[  feltrc  mises, 
Partnnopex .  V .  80B7.||xiv'  s.  Voas  seresmout  boin< 
amparliers  [avocat],  Pour  parole  monstrer  en  court; 
Vos  mot  sont  ataignant  et  court;  Et  se  vou«  un  fiel- 
tre  [chapeau]  euissiez.  Moût  bien siermonner  setii»- 
siez  Ensement  que  cil  questeur  font,  J.  ne.  oondkt, 
p.  no.  Il  xvr  s.  Il  portoit  un  de  ces  grands  feutre» 
d'F.spagne  pour  se  défendre  du  soleil,  desper.  Contes, 
XXXIX. 

—  ÉTYM.  Provenç.  feutre;  catal.  fellre:  espagn 
fieltro;  portug.  et  ital. /'Wfro;  du  bas-lat.  ^(rum, 
qui  provient  du  germanique;  anc.  h.  aUem.  fil%; 


FÊV 


FEZ 


FIA 


IC61 


anglo-sax.  felt ,  avec  addition  d'une  r,  ce  qui  n'est 
pas  rare  après  le  t. 

FEUTRÉ,  ÉE  (feû-tré,  trée),  part,  passé.  Étoffe 
feutrée.  Selle  feutrée. 

t  FEDTREMENT  (feù-tre-man) ,  s.  m.  Action,  ma- 
nière de  feutrer.  Etant  impossible  d'empêcher  le 
brouillement  et  le  feutrement  des  laines,  si  deux  dif- 
férents ouvriers  y  mettaient  la  main,  Instr.  génér. 
pour  la  teinture,  1 8  mars  (  67( ,  art.  «9. 

—  ËTYM.  Feutrer. 

FEUTRER  (feû-tré),  r.  a.  ||  1°  Mettre  en  feutre  du 
poil  ou  de  la  laine.  Feutrer  de  la  laine.  Feutrer  à 
froid.  Feutrer  à  chaud.  ||  2°  Garnir  de  bourre.  Feu- 
trer une  selle.  |j  3»  Se  feutrer,  v.  réft.  Être  feutré. 
Cette  laine  se  feutre  bien. 

—  HIST.  XV'  s.  Lors  m'avisai  que,  s'on  ne  le  se- 
court, Je  li  vodrai  trop  bien  le  dos  fautrer  [battre]  ; 
Car  je  me  tien  de  li  trop  mal  content,  fhoiss.  Poé- 
sies mss.  p.  301,  dans  lacurnk.  |{  xvi'  s.  Là  sur  un 
lieu  feutré  d'herbe  et  de  mousse....  marot,  iv,  78. 
0  roc  feutré  d'un  verd  tapy  sauvage  I  do  bellay, 
II,  27,  recto. 

—  ÉTVM.  Feutre;  ital.  feltrare. 

FEUTRIER  (feu-tri-é),  s.  m.  Ouvrier  en  feutre. 
\\Àdj.  Ouvrier  feutrier. 

—  HIST.  XV"  s.  Les  parties  des  mestiers  de  Paris 
servant  à  laditte  escuyerie,  comme  sellier,  lormier, 
bourrelier,  coffrier,  charon,  cordier  et  feutrier,  Or- 
donn.  30  mars  14I2. 

—  ÉTYM.  Feutrer. 

t  FEUTRIEUK  (feu-tri-ê-r'),  s.  f.  Terme  de  cha- 
pelier. Morceau  de  toile  forte  sur  laquelle  on  étale 
les  poils. 

—  ÉTVM.  Feutre. 

FÈVE  (fè-v'),s. /•.  ||1°  Plante  de  la  famille  des 
légumineuses  qui  produit  des  semences  alimen- 
taires. Rogner  des  fèves,  couper  le  sommet  de  la 
plante  pour  faire  nouer  et  grossir  les  graines.  D'au- 
tres assurent  qu'il  [Pjthagore  poursuivi  par  les 
Crotoniates  ]  rencontra  dans  son  chemin  un 
champ  de  fèves  qu'il  fallait  traverser,  que  jamais 
Pythagore  ne  put  s'y  résoudre  :  Il  vaut  mieux  mou- 
rir ici,  dit-il,  que  de  faire  périr  toutes  ces  pauvres 
fÈve-s,  FÉN.  Pythagore.  Wi"  Les  semences  de  cette 
plante.  De  grosses  fèves.  Écosser  des  fèves.  ||  La  fève 
de  marais,  la  grosse  fève,  celle  qui  se  sert  sur  les 
tables,  par  opposition  à  la  féverole  qui  ne  se  donne 
guère  qu'aux  bestiaux  (toutes  deux  étant  des  va- 
riétés de  la  même  espèce  botanique  et  portant  le 
nom  de  rieia  faba,  L.).  \\  La  robe  d'une  fève,  l'enve- 
loppe que  Von  (jte  quand  on  veut  la  manger.  Des 
fèves  dérobées,  des  fèves  dépouillées  de  cette  enve- 
loppe. Il  Giteau  de  la  fève,  gâteau  dans  leijuel  on 
met  une  fève  le  jour  des  Rois.  ||  Roi  de  la  fève,  ce- 
lui à  qui  est  échue  la  fève  du  gâteau  qu'on  partage 
à  la  fêté  des  Rois.  Grâce  à  la  fève,  je  suis  roi;  Nous 
le  voulons,  versez  à  boire  I  bérang.  Couronne.  \\0n 
dit  aussi  :  la  royauté  de  la  fève.  ||  Fig.  Trouver  la 
fève  au  gâteau ,  faire  une  bonne  trouvaille ,  ou 
trouver  le  nœud  d'une  affaire ,  d'une  question. 
Pensant  avoir  trouvé  la  fève  du  gâteau,  riîgnier, 
Sat.  vu.  Il  Donner  un  pois  pour  une  fève,  donner 
quelque  chose,  afin  d'obtenir  davantage.  ||  Rendre 
lève  pour  pois,  ou  bien,  s'il  me  donne  des  pois,  je  lui 
rendrai  des  fèves,  c'est-à-dire  rendre  la  pareille  à 
qui  nous  a  fait  du  mal.  X  la  pauvrette  il  ne  fit  nulle 
grâce  Du  talion,  rendant  à  son  époux  Fève  pour 
î/ois  et  pain  blanc  pour  fouace,  la  font.  Faiseur. 
Il  3°  Les  Grecs  se  servaient  de  fèves  pour  les  suf- 
frages du  peuple.  La  fève  blanche  signifiait  abso- 
lution; la  noire,  condamnation.  ||4°  Par  e.xtension, 
semences  de  certaines  autres  plantes.  Fève  de  ha- 
ricot, le  haricot  (en  plusieurs  provinces,  Norman- 
die, Lorraine,  etc.  la  fève  désigne  le  haricot). 
Il  Fève  à  cochon,  la  jusquiame.  ||  Fève  du  Ben- 
gale, nom  sous  lequel  on  a  désigné  le  myrobolan 
citrin,  qui  est  le  fruit  du  terminalier  citrin  (Indes 
orientales)  de  Roxburgh. ||  Fève  de  Calabar,  légu- 
mineuse  du  Calabar,  pays  d'Afrique,  laquelle  est  un- 
poison,  et  est  aussi  l'antidote  de  la  belladone.  ||  Fève 
d'Dgypte,  nom  du  fruit  du  lotos  sacré,  nelumbium 
tpeciosum,  Willdenow,  nelutnbo  nucifera,  Gaertner, 
iiymphiFa  nelumbo,  Linné,  plante  qui  a  disparu  du 
Nil,  mais  se  retrouve  dans  l'Inde  et  aux  Moluques. 
Il  Fève  de  Saint  Ignace,  semence  de  Vignatia  ainara, 
Linné  fils,  plante  sarmenteuse  des  Philippines;  elle 
contient  de  la  strychnine.  ||  Fève  tonka,  semence 
du  coumarouna  odorata,  plante  de  la  Guyane,  d'une 
odeur  forte  et  assez  agréable,  dont  on  se  sert  sou- 
vent pour  aromatiser  le  tabac.  ||  Tabac  à  la  fève, 
tabac  ainsi  aromatisé.  ||  5°  Dans  le  langage  vulgaire, 
nom  donné  à  la  chrysalide  des  insectes.  Nous 
[vers  à  .suie]  nous  transformons  en  fève,  mais  en 


fève  qui  sent,  qui  se  meut,  fén.  t.  xix,  p.  73. 
Nous  devenons  comme  elle  [la  chrysalide)  pendant 
neuf  mois  une  vraie  chrysalide  que  les  paysans  ap- 
pellent fève,  VOLT.  l'Homme  aux  40  écus,  Mariage. 
Il  6°  Terme  de  vétérinaire.  Fève  ou  lampas,  déno- 
mination vulgaire  donnée  au  gonflement  du  palais 
du  cheval.  ||  Germe  de  fève,  marque  noire  qui  vient 
au  creux  des  coins  chez  le  cheval,  vers  l'âge  de  cinq 
ans,  et  qui,  durant  jusqu'à  sept  ou  huit  ans,  sert  à 
faire  connaître  son  âge.  ||  Proverbe.  Les  fèves  sont 
en  fleur,  les  fous  en  vigueur,  se  dit  pour  reprocher 
à  quelqu'un  une  folie  ou  une  faiblesse.  On  dit  dans 
le  même  sens  :  Il  a  passé  par  un  champ  de  fèves  en 
fleurs.  Ces  locutions  vieunent  de  ce  qu'on  attri- 
buait à  la  fève  la  propriété  d'hébéter  l'esprit. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  furent  cil  dedens  si  à  poi  de 
viandes,  que  on  n'i  avoit  mais  de  douze  fèves  de  li- 
vrison  le  jour,  Chr.  deRains,  p.  <39.  Glorieux  flum, 
glorieuse  eve,  Qui  lavas  ce  qu'Adam  et  Eve  Ont  par 
leur  pechié  ordoié  [souillé].  Tu  trovas  au  gastel  la 
fève,  J.  DE  MEUNG,  Tr.  228.  Il  XIV  s.  Au  sixième  an  [du 
cheval]  viennent  les  croches  dont  le  fons  est  creux, 
et  est  la  fève  ou  [au]  fons  du  creux  ;  au  septième  an 
les  hors  du  creux  des  croches  si  usent,  et  n'y  a  mais 
point  de  creux  ne  de  fève,  et  devient  tout  plat  et 
tout  aouni,  et  de  là  en  avant  on  n'y  congnoist  aage, 
Ménagier,  u,  3.  L'on  cognoist  les  fèves  des  marais 
à  ce  qu'elles  sont  plates,  et  les  fèves  des  champs 
rondes,  ib.  u,  B.  ||  xv"  s.  Quel  roy?  de  la  fève  ou 
des  pois?  Xart.  de  St  Denis.  ||  xvi"  s.  Le  monde 
donques  en  sagissant  [en  devenant  sage]  plus  ne 
craindra  la  fleur  des  febves  en  la  primevère,  habel. 
Pant.  V"  livre.  Fèves  flories,  temps  de  folies,  Le- 
roux DE  LiNCY,  Prov.  t.  I,  p.  72.  Dites  febve,  c'est 
pour  vous  [se  disait  quand  on  donne  un  grand 
coup  à  (|uelqu'un,  par  similitude  du  soir  des  Rois 
où  l'on  dit  fève  en  partageant  le  gâteau],  cotgrave. 
Vous  avez  mangé  plus  de  feves  que  d'amandes  pel- 
lées,  palsgr.  p.  4B7. 

— ^ÉTYM.  Normand,  feuve;  provenç.  fava;  espagn. 
haba:  portug.  et  ital.  fava;  du  latin  faba. 

FÉVEROLE  (fè-ve-ro-l') ,  s.  f.  |j  1°  Petite  fève,  va- 
riété de  fève  qui  est  plus  particulièrement  réser- 
vée pour  la  grande  culture  proprement  dite  et 
pour  l'usage  des  bestiaux,  tandis  que  la  fève  des 
marais  appartient  plus  à  l'horticulture  et  à  la  nour- 
riture de  l'homme.  ||  2°  Nom  donné  au  haricot  sec. 
Il  3°  Petite  coquille  bivalve  voisine  des  cames. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fève;  bourguig.  faiviôle; 
wall.  favète  ;  Hainaut,  favelote. 

t  FÈVIER  (fè-vié) ,  s.  m.  Genre  gleditschia ,  de 
la  famille  des  légumineuses  ,  composé  d'arbres 
presque  tous  épineux,  et  originaires  les  uns  d'O- 
rient, les  autres  d'Amérique;  on  les  cultive  en 
France  dans  les  jardins  d'ornement. 

—  ÉTYM.  Fève,  à  cause  de  la  forme  et  do  la 
granile  dimension  des  gousses. 

f  FÈVRE  (fè-vr'),  s.  m.  Ouvrier  chargé  d'entre- 
tenir la  chaudière  dans  les  salines. 

—  ÉTYM.  Lat.  faber ,  charpentier,  qui>  avait 
donné  à  l'ancienne  langue  fevre ,  très-usité,  et  au- 
jourd'hui conservé  seulement  dans  un  métier  avec 
un  sens  particulier. 

FEVRIER  (fé-vri-é  ;  Vr  ne  se  lie  jamais),  s.  m.  Le 
second  mois  de  l'année.  On  dit  que  les  Romains  ne 
donnèrent  le  nom  de  février,  au  mois  dont  nous 
sortons,  qu'à  cause  de  la  fièvre;  j'ai  été  traité  comme 
un  ancien  Romain,  volt.  Lett.  Richelieu,  4  mars  <  774. 
Il  Proverbes.  Février  le  court,  le  pire  de  tous,  ce 
qui  se  dit  pour  signifier  qu'il  y  a  souvent  en  fé- 
vrier de  très-mauvais  temps.  ||  Jamais  février  n'a 
passé  Sans  voir  le  groseillier  feuille,  Ann.  de  la  soc. 
d'Iiist.  de  France,  (847. 

HIST.  XIII*  s.  Geste   desconfiture  fut  faite  en 

l'an  de  l'Incarnation  mcc  et  xiii  ou  mois  de  fevereth, 
le  second  diemanche,  Chr.  de  Rains,  153.  ||  xvi"  s. 
L'an  vingt  et  sept,  février  le  froidureux....  marot, 
III,  <oo.  La  farine  de  février  [la  neige],  cotgrave. 
Pluie  de  février  vaut  jus  de  fumier,  lehoux  de  lincy, 
Prov.  t.  i,  p.  98.  Février  qui  donne  neige  bel  esté 
nous  plege ,  id.  ib.  Février  entre  tous  les  mois.  Le 
plus  court  et  le  moins  courtois,  id.  ib.  Belle  avoine 
de  février  Donne  espérance  au  grenier,  id.  ib.  p.  97. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  fcuvrai;  Berry,  feuverier,  fc- 
verier  ;  provenç.  fehrier  ;  catal.  febrer  ;  espagn.  fe- 
brero  ;  portug.  fevereiro;  ital.  febbraio;  du  latin 
februarius ,  de  februare,  faire  des  expiations,  mot 
sabin,  d'après  Varron,  et  non  de  febris,  fièvre,  comme 
on  l'a  dit  aussi. 

]  FEZ  (fèz'),  s.  m.  Calotte  de  laine  rouge  et  blan- 
che, à  l'usage  des  hommes  et  des  femmes,  que  l'on 
fabrique  à  Fez,  capitale  du  Maroc,  et  dont  il  se  fait 
en  'l'urquie  un  commerce  considérable.  Fez  ou  bon- 


nets de  Franco  et  de  Tunis....  les  bonnets  de  France 
ont  cours  en  Crimée,  et  s'y  vendent  avec  autant 
d'avantage  que  ceux  de  Tunis,  peyssonnel.  Traité 
sur  le  comtn.  de  la  mer  Noire,  i,  B5. 

I.  FI  (fl),  interj.  Exprime  le  blâme,  le  dédain, 
le  mépris.  Fi  !  c'est  mal,  c'est  honteux.  Ah  I  quel 
honteux  transport!  fi!  tout  cela  n'est  rien,  mol, 
Fcmm.  sav.  v,  5.  Mawobe  vous  fait  honte  ;  un  fili 
de  juge,  ah!  fi!  hac.  Plaid,  i,  4.  ||  Se  construit  avec 
la  préposition  de.  Adieu  donc;  fi  du  plaisir  Que 
la  crainte  peut  corrompre!  la  FOtn.^Fabl.  i,  9.  Ses 
dernières  paroles  [de  Marguerite  d'Ecosse]  furent  : 
Fi  de  la  vie  !  qu'on  ne  m'en  parle  plus,  duclos,  Jiisl. 
Louis  XI,  Œuv.  t.  V,  p.  6:),  dans  pouge.ns.  ||  F'aire 
fi  d'une  chose,  la  dédaigner  ||  Fi  donc,  se  dit  sur- 
tout quand  on  entend  exprimer  quelque  chose  qui 
blesse  la  délicatesse,  et  aussi  quelcjue  chose  d'é- 
((uivoque  et  de  gaillard.  Hé  fi  donc,  monsieur,  vous 
me  faites  rougir,  dancourt,  Foir.  de  Besons,  se.  8. 

—  HIST.  XIII"  s.  Honis  soit-il  et  ses  preechemen», 
Et  honis  soit  qui  de  lui  ne  dit  fi!  hues  d'oisi,  flo- 
monc.p.  103.  Fi  de  richesse!  fl  d'avoir!  Miox valent 
d'amours  deus  baisiers  Que  pleine  bourse  de  de- 
niers, Bl.  et  Jeh.  2292.  De  par  ma  langue  [je]  vous 
dcsfi  ;  Vous  en  yrez  de  fi  en  fi  [de  mal  en  pis]  Jus- 
qu'en enfer  le  roié,  RUTEB.  247.  Il  XV"  S.  Fy  de  l'avoir, 
se  beauté  n'est  en  fomrhe  Et  la  bonté;  je  ne  veuil 
que  gent  corps,  Doulz  et  courtois  ;  il  n'est  si  biaux 
trésors  D'omme,  d'avoir  courtoise  et  belle  dame, 
E.  desch.  Poésies  mss.  f"  439,  dans  lacurne.  Fy  de 
fortune,  fy  d'amour  mondaine,  fy  du  monde  ;  car 
tout  est  faulx,  Perceforest,  t.  iv,  f"  <  5{ .  ||  xvi"  s.  Fy 
d'avoir  qui  n'a  joie,  et  d'amour  sans  monnoye,  cot- 
grave. 

—  ÉTYM.  Le  latin  fi,  phi,  ou  phy,  interjection 
qui  a  un  sens  un  peu  différent,  exprimant  l'étonne- 
ment,  la  surprise. 

t  2.  FI  ou  FIL  (fi),  s.  m.  Sorte  d'affection  cutanée 
qui  vient  aux  bœufs. 

—  HIST.  xiv"  s.  Ja  soit  ce  que  le  dit  buef  ne  fust 
pas  fieux....  par  leur  rapport  et  relation  fut  le  dit 
buef  condemné  à  enfouir,  ducange,  ficus.  Que  nulz 
ne  vende  ossi  point  de  char  [chair]  sourscmée  ne 

ayant  fy,  id.  ib.  ||  xv*  s Et  se  c'est  beuf  ou  vache 

vendu....  qui  ait  le  fil  ou  la  pommelée,  bosses  ou 
autresapostumes....  la  char  en  sera  gectée  en  Saine, 
Ordonn.  déc.  <487.  Poissons  tout  pleins  de  vie  qui 
ont  bosses,  fils,  pourritures  et  autres  maladies  et 
infections,  Ordonn.  (48t. 

—  ETYM.  C'est  une  forme  de  fie. 

( .  FIACRE  (fia-kr'),  î.  m.  ||  1°  Carrosse,  voiture 
qui  stationne  sur  les  places  et  que  l'on  prend  pour 

un  prix  fixé  à  la  course  ou  à  l'heure Carrosses 

Dont  les  cuirs  tout  rapetassés  Représentaient  le  si- 
mulacre De  l'ancienne  voiture  à  fiacre,  Maiari- 
nade  de  I6B2.  On  les  voit  (deux  chevaux]  au  timon 
du  doyen  des  carrosses.  Construit  sur  le  patron  d'un 
fiacre  décrépit,  furetière,  Factuins,  t.  ii,  p.  ^98. 
Philis,  qu'est  devenu  ce  temps  Où  dans  un  fiacre 
promenée  ...  volt.  Épit.  xxviii.  ||  2°  Par  extension, 
le  cocher  do  fiacre.  Hé  bien  !  qu'est-ce  que  me  vient 
conter  cette  chiffonnière?  répliqua  l'autre  en  vrai 
fiacre  :  Gare  !  prenez  garde  à  elle,  elle  a  son  fichu 
des  dimanches  !  Marivaux,  Marianne,  2*  partie.  On 
trouva  un  honnête  fiacre  qui  déposa  qu'il  avait 
mené  madame  Genep  à  la  porte  des  jésuites  avec 
des  sacs  pleins  d'or;  c'était  apparemment  un  fiacre 
janséniste,  volt.  Polit,  et  législ.  Probabilité  en 
fait  de  justice,  reuve  Genep.  Je  me  rappelle  les 
beaux  attelages  de  l'empereur  Napoléon,  de  Char- 
les X  et  de  Louis  XVIII,  qui,  mené  avec  la  plus 
grande  rapidité,  disait  à  son  cocher  :  Germain,  tu 
me  conduis  comme  un  fiacre,  alph.  karr,  les 
Guêpes,  mai  I84i).  ||  Populairement.  Jouer,  chanter 
comme  un  fiacre,  jouer,  chanter  très-mal.  ||  Jurer, 
sacrer  comme  un  fiacre,  prononcer  beaucoup  do 
jurements.  ||  3"  Par  dénigrement,  mauvaise  voi- 
ture. Il  4"  On  dit  aussi  d'un  homme  qui  d  fait  ma- 
ladroitement une  chose,  d'un  avocat,  d'un  écrivain 
maladroit  :  Quel  fiacre  I 

—  ÉTYM.  Un  nommé  Sauvage  établit  le  premier 
en  (a'io  les  voitures  de  louage,  dites  d'abord  car- 
rosses à  cinq  sous  (  on  ne  payait  que  cinq  sous 
par  heure),  rue  Saint-Martin,  dans  une  grande 
maison  nommée  l'HOtel  Saint-Fiacre,  parce  qu'une 
image  de  saint  Fiacre  y  était  pendue;  de  l'hôtel  le 
nom  passa  aux  voitures. 

t  2.  FIACRE  (fia-kr')  (SAINT-),  s.  m.  Mal  de  Saint- 
Fiacre,  ancien  nom  de  divers  maux  dont  on  guéris- 
sait par  l'intercession  de  saint  Fiacre,  tel  que  les 
fies,  le  flux  de  ventre,  les  hémorroïdes,  etc. 

—  HIST.  xv  s.  De  saint  Fiacre  puist  cstre  pèlerin. 
Et  de  s.iiut  Mor  qui  par  goûtes  fina,  i  t'st.   dk.'îch. 


i(;62 


FIA 


Pot^titi  mss.  (°  M"-  Il  mourut  d'une  maladie  qu'on 
nomme  Saint  Fiacre,  c'estoit  un  flux  de  ventre  mer- 
veilleux avec  liemorrhoides,  Juv.  des  ubsins,  Ihst. 
de  Charles  VI,  p.  a94,  dans  lacuiinr.  Il  accoucha 
malade  de  la  maLidie  Saint  Fiacre,  dont  il  mourut, 
AL.  ciiABT.  œuvres,  p.  f>6.  .  ,      ,  ,     , 

—  KTVM.  Fiacre,  nom  d'un  moine  irlandais  du 
VI'  siècle  qui  vint  en  Gaule  etftui  est  le  patron  des 
jardiniers. 

t  FIACRÉE  (fia-krée),  s.  f.  Ce  qui  remplit  un 
fiacre;  plein  un  fiacre.  J'ai  une  fiacrée  de  liourgeois 
rio  village  à  voiturer  un  lendemain  de  noces,  dan- 
COUHT,  Moulin  de  Javelle,  se.  2. 

—  ÉTYM.  Fiacre  t. 

FI.\NÇAILI.ES  (fi-an-8ft-ll'.  Il  mouillées.etnonfi- 
an-s:\  ye),  s.  f.  plur.  \\  1°  Troinesse  de  mariage  faite 
devant  le  prêtre.  Les  fiançailles  se  firent  dans  lo  cabi- 
net du  roi,  où  il  ne  se  trouva  guère  que  les  princes 
et  princesses  du  sjing,  parce  qu  il  n'y  eut  point  d'in- 
vitjition,  DUCLOS,  ilém.  rég.  t.  vi,  p.  20,  dans  pou- 
gens.  F.t  va,  va,  fiançailles  Assez  souvent  no  sont 
pas  épousailles,  volt.  Droit  du  seig.  11,  '1.  L'Église 
a  conservé  les  fiançailles,  qui  remontent  à  une 
grande  antiquité,  cHATHAun.  Génie,  1,  \,  tu.  ||  2°  En 
général,  promesse  de  mariage. 

—  liisr.  xv«  s.  J-.a  fois  première  est  fiançaille.  Et 
la  seconde  l'espousaille,  la  foNTAiNE,  593.  |{  xvi°  s. 
Discourir  des  fiançailles  de  nos  grandes  mères  [par- 
ler de  choses  surannées],  ouuin,  Cxir.  fr.  Fiançailles 
clievauclient  en  selle,  et  repentailles  en  croupe, 

COTGRAVE. 

—  ÉTVM.  Fiaricer.  On  disait  aussi  fiançage. 

t  FIANCB  (fi-an-s'),  ï.  f.  Etat  de  l'âme  qui  se  fie. 
Terme  vieilli. 

—  HiST.  XII*  s.  Ma  douce  dame,  en  qui  j'ai  ma 
fiance,  Couci,  xvi.||xiii'  s.  En  Dieu  [ilj  ot  moult 
grant  fiance  jus'|ues  à  la  mort,  joinv.  2ui.  ||xv'  s. 
Le  roi  y  print  grant  fiance,  comm.  ii,  b.  ||  xvi'  s.  De 
grant  fiance  grant  faill.ince,  leiioi  x  de  lincy,  Pror. 
t.  Il,  p.  '.iSi.  Fiance  est  mère  de  despit,  id.  ib.  p.  3110. 
S'il  |lemariage|  est  bien  façonné,  c'est  une  douce 
socipté  de  vie,  pleine  de  constance,  de  fiance  et  d'un 
nombre  infini  d'utiles  et  solides  offices,  ciiahhon.  Sa- 
gesse, p.  iHi,dansLAi;uiiNE.  Le  cinquiesme  advisque 
je  donne  icy  à  se  l)ien  conduire  aux  affaires  est  un 
tempérament  et  médiocrité  entre  une  trop  grande 
fiance  et  défiance,  id.  ib.  p.  352. 

—  ETYM.  Fier  I  ;  prov.  fitania,  fiansa;  espagn. 
fianza;  portug.  fiança  ;  ital.  fidansa. 

FIAN'CÉ,  ÉE  (fi-an-sé,  sée),  part,  passé.  Uni 
par  une  promesse  soloniielle  de  mariage.  Des  jeunes 
gpns  fiancés.  |{  Substantivement.  Elle  attena  son 
fiancé.  Il  attend  sa  fiancée.  La  personne  dont  je 
parle  est  une  jeune  fiancée,  la  plus  agréable  du 
monde,  mol.  V.  Juan,  i,  2. 

FIANCER  (fî-an-sé.  Lee  prend  une  cédille  devant 
o  ou  0  ;  je  fiançais,  nous  fiançons),  v.  a.  ||  1°  Unir 
par  une  promesse  solcnn'Ue  de  mariage.  Y  a-t-il 
quebju'un  qui  ait  été  fiance  à  une  fille,  et  qui  ne 
l'ail  pas  encore  épousée  ?  qu'il  s'en  aille  et  s'en  re- 
tourne en  sa  maison,  de  peur  qu'il  ne  meure  dans  le 
combat  et  qu'un  autre  ne  l'épouse  saci,  Bible,  Deu- 
teron.  xx,  7.  {|  2»  S'unir  par  une  promesse  récipro- 
que de  mariage.  Quelques  jours  avant  sa  moi-t,  deux 
des  principaux  citoyens  de  Sparte  avaient  fiancé  ses 
deux  filles,  rollin,  llisl.  anc.  Œuv.  t.  iv,  p.  276, 
dans  potiGENS.  ||  3°  Particulièrement.  Faire  la  céré- 
monie des  fiançailles.  Le  curé  les  ayant  fiancés. 
Il  4°  Accorder  en  mariage,  en  parlant  du  p'vre,  de 
la  more.  Il  fiance  aujourd'liui  son  fils,  sa  fille. 
Il  5'  Se  fiancer,  i>.  réfl.  Devenir  fiancé.  Quand  l'é- 
tourdi dut,  en  face  d'Église,  Se  fiancer  à  ma  petite 
Lise,  VOLT.  Enf.  prod.  1,  t.  \\  Proverbe.  Tel  fiance 
qui  n'épouse  pas. 

—  HIST.  XII"  s.  Et  d'ambes  parz  [des  deux  parts] 
très  bien  jurer  et  fiancier,  Que  ne  feront  jamais 
guerre  recommencier,  Sax.  iv.  |i  xiir  s.  Dont  ont  en- 
tre eus  une  trêve  fiancie,  tant  c|ue  ceste  chose  soit 
faite,  H.  DE  VALENc.  xxxii.  Certes  malement  nies- 
preïstes.  Quant  anel  ou  doi  me  meistos,  ht  vostre 
foi  me  flançastes,  Jo  Rose,  lein.  Si  comme  ilavient 
que  uns  lions  fiance  une  feme,  qu'il  le  [la]  prendra 
dedens  quarante  jors....  beaum.  xi,  S.  ||  xV  s.  Et 
adonc  fu  mort,  des  François,  le  sire  de  Pequegny, 
et  fiancé  prisonnier  le  vicomte  de  Quesnes,  rnoi.ts. 
I,  I,  <H.  Là  jura  et  fia  ça  le  dit  comte  madame  Isa- 
belle.... m.  1,1,  31 1 .  Il  xvi"s.  Fille  fiancée  n'est  prise  ni 
laissée  ;  car  tel  fiance  qui  n'espouse  point,  LOYSEL,  1 03. 

—  Etym.  Fiance;  provenç.  fiansar;  ital.  fidan- 
tare.  Le  sons  propre  et  ancien  de  hancer  est  pro- 
mettre, s'engager. 

t  FIASCO  (fi-a-sko),  ».  m.  Mot  italien  usité  dans 
cette  locution  :  Faire  fiasco,  échouer  complètement. 


FIB 

Le  fiasco  qu'il  a  fait  est  complet.  ||  On  dit  aussi  : 
C'est  un  véritable  fiasco,  un  fia.sco  complet. 

—  ETYM.  Ital.  fiasco,  bouteille  (dont  le  radical  est 
le  même  que  celui  de  flacon,  voy.  ce  mot).  Mais  l'o- 
rigine do  la  locution  et  le  sens  primitif  ne  sonlin- 
di(iués  nulle  part.  L'italien  ne  parait  pas  avoir  /are 
fiasco;  du  moins  on  ne  trouve  d.ins  la  Crusca  que 
appiccare  il  fiasco,  attacher  le  grelot. 

t  FIAT  (Uaf),  interj.  \\  1»  Soit  !  Puisque  vous  la 
voulez,  fiât.  ]|  i'  S.  m.  11  n'y  a  point  de  fiât  dans 
cet  homme-là,  c'est-à-dire  on  ne  peut  compter  sur 
sa  parole.  113°  Fiat  lux,  que  la  lumière  soit  faite, 
expression  biblique  et  latine  que  l'on  emploie 
quelquefois  pour  demander  qu'on  s'expli<iuo,  (ju'on 
donne  plus  de  clarté  au  langage,  à  la  discussion. 

—  HIST.  XV'  s.  Nous  serons  à  Lut  à  la  fin  de  ce 
mois  pour  tous  delaiz  ;  et  cbascun  dit  après  :  fiât, 
c'est  bien  dit,  le  Jouvencel,  f"  Bi,  dans  lacubne. 
Il  XVI'  s.  Il  ne  tient  qu'à  un  fiât  (il  n'y  a  qu'à  en 
donner  l'ordre],  rabel.  Lettres,  p.  37,  dans  lacurne. 

—  Etym.  Lat.  fiât,  qu'il  soit  fait,  subjonctif  de 
fieri,  être  fait. 

t  FIBUATION  (fi-lira-sion),  *.  f.  Terme  didactique. 
Disposition  des  libres  dans  les  organes  foliacés. 

—  ETYM.  Fibre. 

FIBBE  (fl-br'),  s.  f.  Il  1»  Terme  d'anatomie.  Élé- 
ment anatomique  long  et  frêle.  Fibre  musculaire. 
Fibre  nerveuse.  Fibre  tendineuse.  L'allongement,  le 
relâchement  des  fibres.  Cela  relAcbe  les  fibres,  la 
libre.  À  considérer  la  composition  de  toute  la  masse 
du  cœur,  les  fibres  et  les  filets  dont  il  est  tissu,  et 
la  manière  dont  ils  sont  tors,  on  le  reconnaît  pour 
un  muscle,  Boss.  Connaiss.  11,  3.  La  nature  m'a  fait 
naître  failde,  tandis  qu'elle  a  donné  à  Votre  Majesté 
des  fibres  proportionnées  à  la  vigueur  et  à  l'étendue 
de  son.  génie,  u'alemb.  iMt.  au  roi  de  l'r.  3  nov. 
(780.  Il  Fig.  Ce  qui  arrache  jusqu'aux  moindres 
filjres  de  la  doctrine  de  Pelage,  Boss.  Avert.  2. 
Il  Poétiquement.  Fibres ,  les  cordes  d'une  lyre. 
[Ô  lyra]  Si  tu  veux  que  mon  cœur  résonne  sons  ta 
main,  Tire  un  plus  mâle  accord  de  tes  filues  d'airain, 
lamart.  Méd.  II,  15.  il  2°  Il  se  dit  des  longs  filetsqui 
entrent  dans  la  composition  des  végétaux.  Les  fi- 
bres dune  plante.  Les  fibres  du  bois.  El,  coupant 
jusqu'aux  moindres  fibres  qui  soutiennent  encore 
ce  malheureux  arbre,  je  le  précipiterai  de  son  haut, 
et  le  jetterai  dans  la  flamme,  boss.  Sermons,  Néces- 
sité de  la  pénitence,  1.  ||  3°  Se  dit  aussi  des  fila- 
ments des  substances  terreuse»  ou  métalliques. 
L'autre  [pierre  serpentine]  se  trouve  en  Suède,  et 
ne  présente  pas  de  liljres,  mais  des  grains  dans  sa 
cassure,  buff.  Min.  t.  vu ,  p.  6i ,  dans  piiuosns. 
Il  4°  Fig.  Disposition  à  s'irriter ,  à  s'émouvoir.  Cet 
iiomme  a  la  fibre  sensible,  délicate.  {]  En  ce  sens  il 
ne  s'emploie  qu'au  singulier. 

—  HIST.  xvi's.  Les  os  sont  faits  sensibles,  par  cer- 
taines fibres  nerveuses  que  leur  périoste  leur  com- 
munique, PARÉ,  I,  l. 

—  ETVM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  fihra  ;  du  lat. 
fibra,  de  fiber,  qui  est  à  l'extrémité. 

•f  FIBKÉ,  ÉE  (fl-bré,  brée),  adj.  Synonyme  de 
fibreux. 

t  FIBRE-CELLULE  (fi-bre-sèl-lu-l'),  a.  f.  Terme 
d'anatomie.  Elément  anatomique  ayant  à  la  fols  la 
forme  allongée  de  beaucoup  de  fibres,  et  quelque 
chose  de  la  structure  des  cellules,  en  ce  qu'il  ren- 
ferme un  noyau  central. 

—  ETYM.  Fibre,  et  cellule. 

FIBREUX,  EUSE  (fi-breû,  breû-z'),  adj.  Qui  est 
composé  de  fibres,  qui  est  formé  par  une  réunion 
de  libres.  ||  Terme  de  lx)tanl(iue.  Racines  librousos, 
celles  qui  sont  composées  de  radicules  allongées, 
distinctes,  simples  ou  peu  rameuses.  ||  Terme  d'ana- 
tomie. 'lissu  lilireux,  tls.su  formé  de  (iiires  serrées, 
très-fortes,  d'un  blanc  mat.  {|  Terme  de  minéra- 
logie. Tissu  ou  cassure  fibreuse,  tissu  ou  cassure 
présentant  des  silions  allongés  en  forme  de  libres. 

—  llisr.  XVI'  s.  La  matrice  est  liée  à  ces  parties 
par  plusieurs  petites  appendices  fibreuses  qui  pro- 
cèdent du  péritoine,  PAHÉ,  i,  34. 

—  ETYM.  Fibre. 

t  FI  BRILLA  IRE  (fl-bril-l«-r'),  adj.  Terme  didac- 
tique yui  est  disposé  en  filaments  très-Uéliés.  ||  Qui 
a  rapport  aux  petites  fibres. 

—  ETYM.  Fibrille. 

FIBRILLE  (fi-hril'),  s.  f.  Terme  d'anatomie.  Pe- 
tite fibre.  Chaque  fibre,  que  dis  je!  chaque  fibrille 
est  elle-même  très  en  petit  une  macliine  qui,  en 
exécutant  des  préparations  analogues,  s'approprie 
les  sucs  allnienlaires,  et  leur  donne  l'arrangement 
.qui  convient  à  sa  forme  et  à  ses  fonctions,  bon.net, 
Contcmpl.  nat.  (JEuvres,  t.  vm,  p.  207,  dans  Puu- 
CENS.  Il  Terme  de  botanique.  Nom  des  dernières  ra- 


ne 

mifications  de  la  racine.  L'ensemble  des  fibrilles 
constitue  le  chevelu. 

—  ETYM.  Diminutif  de  fibre. 

t  FIBRILLEUX,  EUSE  (fi-brU-leû,  leû-z"),  adj. 
Qui  résulte  d'un  assemlilage  do  fibrilles. 

—  ÉTYM.  Fibrille. 

FIBRLVE  (li-bri-n'),  ».  f.  Terme  de  chimie  orga- 
nique. Substance  organique  blanche ,  insipide  et 
inodore,  naturellement  liquide,  mais  pou\aut  se 
coaguler  spontanément  et  qui  se  rencontre  dans 
la  lymphe,  le  chyle,  le  sang  et  certains  liquides 
émanés  du  sang,  notamment  dans  la  sérosité  de 
l'ascite  et  les  exsudations  in llammatoires.  ||  Fibrine 
musculaire,  voy.  musculaiiie. 

—  ETYM,  Fibre. 

\  FIBBINEUX,  EUSE  (fi-bri-neû,  neù-z'),  adj. 
Oui  est  composé  de  fibrine,  qui  en  contient,  qui  eu 
a  les  caractères. 

—  ETYM.  Fibrine. 

t  FIBRO-CARTILAGE  (fi-bro-kar-ti-la-j'),  ».  m. 
Tissu  cartilagineux  dont  la  trame  est  fibroidc, 
comme  les  ligaments  intervertébraux. 

—  ETYM.  Fibre,  et  cartilage. 

t  FIBRO-CELLULAIRE  ((i-bro-sèl-lu-lê-r'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  participe  du  tissu  fibreux  el 
du  tissu  celluhire  ou  lamineux. 

—  ETY.M.  Filire,  et  cellulaire. 
fFIBRO-CHONDRITE  (fi-bro-kon-dri-t'),».^  Terme 

de  médecine.  Infiammation  des  fibro-cartilages. 

—  Etym.  Fibre,  el  clwndrite. 

t  FIBRO-CYSTIQUE  (fi-bro^si-sti-k)  ou  FIBRO- 
KVSTIQUE  (fi-bro-kl-sti-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
rurgie. Tumeurs  filiro-cystiques,  tumeurs  compli- 
quées par  la  présence  de  kystes. 

—  ETYM.  Fibre,  et  xùaii;,  kyste. 

f  FIBROFERRITE  (fi-bro-fè-rri-f),  J.  f.  SouMul- 
fate  de  fer  en  ma  tes  fibreuses. 

f  FIBRO-GRANULAIRE  (fi  bro-gra-nu  le  r),  adj. 
Terme  de  minéralogie.  Qui  présente  un  tissu  granu- 
leux entremékî  de  fibre». 

—  ETYM.  Fibre,  ei  granuleux. 

t  FIBROÏUE  (fi-bro-i-d),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  a  l'apparence  de  fibres.  ||  En  analo- 
mie,  fibroîde  se  dit  de  substances  qui  ofi'rent  des  strie» 
sans  pouvoir  cependant  se  partager  en  fibre». 

—  ÉTYM.  Fibre,  et  elôoc,  forme. 

t  FIBROLITIIE  (fi-bro-li-t'),  ».  f.  Terme  de  miné- 
ralogie.  Minéral  à  texture  fibreuse. 

—  ETYM.  Fibre,  et  X160;,  pierre. 

t  FIBROME  (Blirfl-m'),  *.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Nom  générique  donné  aux  tumeurs  fitireuses. 

—  ETYM.  Fibre,  et  la  finale  orne,  qui,  en  ana- 
tomie  pathologique,  appartient  aux  tumeurs. 

t  FIBRO-MUQLEUX,  EUSE  (fi-bro- mu-keù, 
keù-z'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  est  formé 
d'une  membrane  muqueuse  superposée  à  une  mem- 
brane fibreuse. 

—  ETYM.  Fibre,  et  muqueux. 

t  FIBRO-PLASTIQUË  (  fi-bro-pla-«tl-k') ,  adj. 
Terme  d'anatomie  pathologique.  Tissu  fltiro-plas- 
tique,  tissu  qui  se  présente  snus  forme  de  tumeurs 
composées  surtout  de  coips  fusiforme»  et  de  matière 
amorphe. 

—  ETYM.  Fibre,  et  plastique. 

t  FIBRO-SÉREUX,  EUSE  (fi-bro-sé-reO,  reû-z"), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  est  composé  d'une  mem- 
brane séreuse  superposée  à  une  membrane  fibreuse. 

—  ErvM.  Fibre,  et  séreux. 

t  FIBIIO-SOYEUX,  EUSE  (fl-bro-so-ieû,  ieû-t'), 
adj.  l'erme  de  minéralogie.  Qui  est  composé  de  fila- 
ments ayant  l'éclat  de  la  soie. 

—  ETYM.  Fibre,  et  soijeux. 

t  FIBRO-VASCULAIRE  (  fl-bro-va-sku-lé-r' ), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  est  composé  de  faisceaux 
de  fibres  et  de  vaisseaux.  ||  Terme  de  botanique. 
Système  fibro-vasculaire,  l'ensomljle  des  vaisseaux 
du  corps  ligneux. 

—  ETVM.  Fibre,  et  vasculaire. 

t  FIBULATION  {  fl-bu-la-slon  ),  ».  f.  Terme  de 
chirurgie  inusité.  Action  de  réunir  les  lèvres  d'une 
plaie  à  l'aide  d'agraf  s. 

—  ETVM.  I.at.  pbula,  agrafe. 

t  FIBULE  (fi-bu-l'),  ».  f.  Terme  d'archéologie. 
Mot  qu'on  emploie  beaucoup  pour  designer  les 
agrafes  antiques,  romaines  et  grecques,  de  bronze 
ou  d'autre  matière,  qu'on  retrouve  en  foule  et  qui 
garnissent  les  collections. 

—  ÉTYM.  Lat.  fibula,  agrafe,  qui  parait  être 
pour  figibula,  de  figi^c,  percer,  attichcr. 

Fie  (fik),  s.  m.  jl  1°  Terme  de  chirurgie.  Excrois- 
sance, tumeur  qui  vient  en  dlllèrentes  parties  du 
corps.  Il  2°  Terme  de  vétérinaire.  Excroissance  cliar- 
nue  à  pédoncule  étroit  et  à  sommet  granuleux  et 


ric 

Tenflé.  Les  fies  sont  communs  surtout  dans  les  es- 
paces de  Iftne  et  du  mulet.  ||  Fie  à  la  lourolielte, 
•ynonyme  de  crapaud. 

—  liiST.  XIII'  s.  Si  est  bons  [un  onguent]  por  fi, 
Ms.  de  St  Germain,  f"  »»,  dans  lacukne.  ||  xvî'  9. 
Saint  Fiacre  le  médecin  du  phy  et  de  celuy  princi- 
palement qui  vient  au  fondement,  H.  est.  4po<.  iTUé' 
rod.  p.  689,  dans  lacl'Hnk. 

—  ÉTYM.  Lat.  ficus,  figue  (voy.  ce  mot),  et,  par 
assimilation  de  forme,  (ic. 

t  FlCAlilE  (fi-kê-r"),  ».  f.  Plante  commune  dans 
les  prés,  du  genre  renoncule,  dite  aussi  herbe  aux 
hémorroïdes  {ranunculus  ficaria,  L.). 

—  ETYM.  Lat.  ficus,  iigue;  ainsi  dite  parce  que 
les  racines  sont  composées  de  fibres  tubéreuses  qu'on 
a  comparées  à  de  petites  figues;  ce  (|ui  explique 
aussi  le  nom  d'herbe  aux  hémorroïdes,  pur  la 
croyance  qu'une  plante  guérissait  les  parties  aux- 
quelles eUe  ressembliit. 

FICELÉ,  ÉE  (fi-se-lé,  lée),  part,  passé.  Un  paquet 
ficelé  avec  soin.  ||  Populairement.  Être  bien,  mal  fi- 
celé, être  bien,  mal  habillé.  ||  11  signifie  aussi  :  serré 
dans  ses  vêtements.  Être  ficelé  comme  un  saucisson. 

FICELER  (fi-se-lé.  VI  se  double  quand  la  syllabe 
qui  suit  est  muette  :  je  ficelle,  je  ficellerai),  i>.  a. 
Il  1°  Attacher,  lier  fortement  avec  de  la  ficelle. 
Il  2"  Fig.  et  populairement.  Se  ficeler,  v.  rijl.  S'ha- 
biller, se  parer.  11  est  deux  heures  à  se  ficeler. 

—  HIST.  XVI'  s.  Fisellé,  fizellé,  cotgraye. 

—  ÉTYM.  Ficelle. 

t  FICELECR  (H-se-leur),  s.  m.  Celui  qui  lie  une 
balle,  une  caisse,  etc.  avec  de  la  ficelle. 

—  Ety.>i.  ficeler. 

FICELLE  (fi-sè-1'),  s.  f.  11 1°  Petite  corde,  faite 
de  plusieurs  fils  de  chanvre  et  servant  à  lier  de  pe- 
tits paquets,  à  faire  des  filets,  etc.  Notre  mallieu- 
reux  [pigeon]  qui,  traînant  la  ficelle  Et  les  morceaux 
du  lacs  qui  l'avait  attrapé,  Semblait  un  forçat 
échappé,  LA  FONT.  Fabl.  ix,  2.  ||  Fig.  Tenir  la  ficelle 
ou  les  ficelles,  faire  mouvoir  à  son  gré  des  person- 
nes ;  locution  tirée  de  la  ficelle  avec  laquelle  on  fait 
mouvoir  les  pantins.  Dernier,  qui  parait  tenir  les  fi- 
celles de  ces  mannequins,  s'est  chargé  de  tout  rac- 
commoder, CH.  DE  BERNARD,  Un  Homme  sérieux, 
§  XX.  Il  Populairement.  On  voit  la  ficelle,  c'est-à- 
dire  on  voit  comment  la  chose  s'est  faite.  ||  De  là,  les 
ficelles  d'un  'irt,  les  procédés  dans  ce  qu'ils  ont  de 
matériel,  de  grossier.  Les  ficelles  dramatiques.  Cet 
auteur  connaît  les  ficelles  du  métier.  ||  Populaire- 
ment encore,  une  ficelle,  un  escroc,  un  filou.  Méfiez- 
vous  de  lui,  c'est  une  vraie  ficelle.  |j  2"  Terme  de  cha- 
pelier. Marque  qu'a  faite  la  ficelle  au  bas  de  la  forme 
du  chapeau  lorsqu'on  l'a  enficelé.  ||  3°  Terme  de  ma- 
nège et  par  plaisanterie.  Cheval  faible,  défectueux. 

—  Hisr.  XVI''  s.  Oui  présupposera  une  fiscelle 
egualement  forte  partout,  il  est  impossible  iju'elle 
rompe,  car  par  où  voulez-vous  que  la  faulsée  com- 
mence? MONT.  II,  389. 

—  ÉTYM.  Pic.  fichelle,  frinchelle.  Diez  le  tire  du 
latin  filum,  fil,  par  une  (orme  filicellum,  avec  chan- 
gement de  genre,  comme  pour  cervelle,  de  cere- 
bellum.  Cela  est  possible  ;  cependant  on  remar- 
quera que  le  mot  est  écrit  fiscelle,  et  paraît  avoir  été 
rapproché  de  fiscella,  petit  panier  tressé  de  jonc  ou 
d'osier. 

FICELLIER  (fi-sè-llé),i.  m.  Dévidoir  pour  la  ficelle. 

—  ÉTYM.  Ficelle. 

+  FICUABE  (fi-ché-z'),  S.  f.  Terme  populaire. 
Chose  de  peu  de  valeur. 

—  ÉTYM.  Ficher  2. 

^. FICHANT,  TE  (fî-chan,  chant'),  adj.  Terme 
de  fortification.  Feu  fichant,  ancien  synonyme  de 
feu  plongeant. 

—  ÉTY.M.  Ficher  t. 

t2.  FICHANT,  ANTE  (fi-chan,  chan-t') ,  adj. 
Terme  populaire.   Contrariant,  désagréable. 

—  ÉTYM.  Ficher  2. 

FICHE  (H-ch'),  s.  f.  Il  1"  Action  de  ficher,  d'en- 
foncer; quantité  dont  on  enfonce  dans  le  sol  un  pieu 
de  fondation.  Ce  pieu  a  un  mctre  de  fiche.  ||  2°  Pe- 
tit morceau  de  fer  ou  d'autre  métal  servant  à  la 
penlure  des  portes ,  des  lenêtres,  des  armoires. 
Il  3»  Terme  d'arpenteur.  Espîce  de  grosse  aiguille  à 
anneau  qui  se  fixe  en  terre.  |{  4°  Terme  militaire. 
Piquet  pour  marquer  les  lignes  d'un  camp.  ||  5"  Ou- 
til de  fer  des  maçons  qui  leur  sert  à  faire  entrer  le 
mortier  dans  les  joints  de  pierre.  ||  6°  Terme  de 
luthier.  Clieville  de  fer  sur  laquelle  on  roule  les 
cordes  des  instruments,  tels  que  pi,lnos,  clave- 
cins, etc.  Il  7"  Pii'ce  de  cuivre  ou  de  bois,  composée 
de  deux  ailes  jointes  par  une  rivure  dans  leur  char- 
nière pour  servir  à  faire  des  assemblages  de  menui- 
serie, il  8°  Morceau  d'ivoire  ou  d'os  long  et  plat  qui 


Fie 

sert  de  monnaie  ou  de  marque  au  jeu.  X  l'égard  de 
Mme  de  Maintenon,  elle  [Mme  de  Soubise]  sentait 
bien  qu'elle  lui  donnait  des  fiches  pour  de  l'argent 
comptant  qu'elle  en  retirait,  st-sim.  u7,  )U8  ||  Fiche 
de  consolation,  celle  que  l'on  donne  en  surcroit  du 
bénc'fice  en  certains  jeux  (voy.  consolatjon).  ||  Fig. 
Petit  dédommagement  de  quelque  perte,  adoucis- 
sement à  une  disgrâce.  On  dit  iiue  c'est  là  la  liche 
de  consolation  pour  le  dédommager  du  département 
de  Paris,  confié  à  M.  de  Malesberbes,  hacuaumont, 
Mém.  secrets,  Londres,  I7h(I,  t.  xxx,  p.  3;i2.  ||  9"  Terme 
de  bourse.  Petite  leuille  de  carton  qui  sert  à  trans- 
mettre à  un  agent  de  change,  pendant  la  bourse, 
les  ordres  d'un  client.  ||  Terme  de  bibliothèque. 
Feuille  de  carton  sur  laquelle  on  écrit  des  titres 
d'ouvrages,  que  l'on  classe  alidiabétiquement  dans 
des  boites,  et  aux(|uelles  on  recourt  pour  trouver  le 
volume  dans  la  bibliothèque.  {|  On  s'en  sert  aussi 
pour  préparer  des  tables  de  matières.  ||  10"  Il  est 
quelquefois  synonyme  d'étiquette.  Mettre  une  fiche 
à  un  ballot. 

—  H18T.  xir  s.  Mais  à  vor  letres  puis  e  veeir  e 
sentir.  Que  ne  puis  pas  les  grapes  des  espines  cuillir, 
Ne  des  runces  lés  fiches,  Th.  le  mari.  85.  ||  xv*  s. 
Qu'ils  puissent  mettre  et  ficher  sur  la  terre  et  sei- 
gneurie des  dits  religieux  pieux  ou  fioiies  pour  lyer 
et  retenir  les  dits  bac,  barge  ou  basteaulx,  uu  canoë, 
ficare.  ||  xvi"  s.  Grans  doux,  fiches,  chevilles  et  fer- 
railles et  noire  œuvre,  convenables  en  navires, 
maisons  et  édifices,  Ordonn.  U  août  i5o).  Les  os 
sont  joints  par  fiche,  qu'on  dit  gomphose,  quand  un 
os  est  fiché  dedans  l'autre,  en  forme  d'un  clou  ou 
d'un  gond,  paré,  iv,  43.  En  deux  manières  plante- 
on  la  vigne;  au  fossé  ouvert,  et  à  la  taravelle, 
d'aucuns  appellée  la  fiche,  et  en  Anjou  le  godeau, 

0.  DE  SERRES,   160. 

—  RrYM.  Voy.  FICHER  ;  provenç.  fie,  fica,  blessure. 

FICHÉ,  ÉE  (fi-ché,  chée),  part,  passé.  \\  l-  En- 
foncé, fixé  par  la  pointe.  Us  trouvèrent  Saiil  cou- 
ché et  dormant  dans  sa  tente  ;  sa  lance  était  à  son 
chevet,  fichée  en  terre,  SACi,  Bible,  llois,  i,  xxvi,  7. 
Il  est  essentiel  de  distinguer  le  siècle  de  Cicéron 
de  ceux  où  les  Romains  ne  savaient  ni  lire  ni 
écrire  et  ne  comptaient  les  années  que  par  des 
clous  fichés  dans  le  Capitole,  volt.  Aux  aut.  gai. 
liltér.  Il  Fig.  et  familièrement.  Avoir  les  yeux  fichés 
enterre,  fichés  sur  quelque  chose,  avoir  les  yeux  bais- 
sés<aers  la  terre,  les  avoir  fixement  arrêtés  sur  quel- 
que chose.  Les  yeux  fichés  sur  le  pavé,  Le  visage 
de  pleurs  lavé,  scarr.  Virg.  iv.  ||  2'"  Fig.  Hoide  (peu 
usité  en  ce  sens),  i  qui  ne  le  connaissait  pas  [Clie- 
vreuse]  familièrement,  il  avait  un  extérieur  droit, 
fiché,  composé,  propre,  qui  tirait  sur  le  pédant, 
sT-siM.  336,  IB9.  Il  3°  Terme  de  blason.  Se  dit  des 
pièces  en  pointe  qui  peuvent  être  fichées  en  quelque 
cliose,  telles  que  les  croix  et  les  cruisettes  au  pied 
aiguisé. 

I.  FICHER  (fl-ché),«.  o.  Il  1«  Faire  pénétrer  et  fixer 
par  la  pointe,  par  un  bout.  Ficher  un  pieu  en  terre. 
Nos  vainqueurs  et  nos  législateurs  [les  Romains]  ne 
savaient  compter  leurs  années  qu'en  fichant  des  clous 
dans  une  muraille  par  la  main  de  lei;r  grand  pon- 
tife, volt.  jOict.  phil.  llist.  2.  Il  Se  ficher,  fichera 
soi,  enfoncer  dans  soi.  Elle  s'était  fiché  un  bilton, 
devinez  où,  sév.  269.  ||  2"  Terme  de  maçon.  Ficher 
une  pierre,  faire  entrer,  à  l'aide  de  la  fiche,  du 
mortier  sous  la  pierre  lorsqu'elle  est  posée.  |1  3"  Fig. 
11  se  dit  des  yeux,  des  regards  qu'on  arrête  sur  quel- 
qu'un ou  quelque  chose;  autrefois  dans  le  st\le 
élevé,  aujourd'hui  dans  le  style  familier.  11  y  fiche 
ses  yeux  [à  cette  empreinte],  il  la  baigne,  il  la  baise, 
MALH.  i,  4.  Il  4"  Intercaler,  mêler.  Nous  fichons  quel- 
quefois de  l'italien  dans  nos  lettres,  sÉv.  Lelt.  »  déc. 
1075.115°  Se  ficher,  e.  réfl.  Être  fiché,  enfoncé. 
Pendant  qu'un  jeune  prince  parcourt  les  sentiers 
hérissés  de  buissons,  une  épine  aiguS  se  fiche  dans 
son  pied,  fén.  t.  xix,  p.  407. 

—  SYN.  FICHER,  FIXER.  Ce  quc  l'on  fiche,  on  l'en- 
fonce par  un  bout.  Ce  que  l'on  fixe  n'a  pas  besoin 
de  cette  condition  ;  c'est  simplement  rendre  fixe. 

—  HlST.  xii'  s.  En  la  main  destre  l'a  au  paien  fi- 
chez [un  bref],  Itotic.  p.  24.  Maint  très  [tente]  i  o 
tendu  et  mainte  aigle  fichie.  Soi.  vu.  Quant  il  ont 
en  bataille  fichié  leur  estendart,  ib.  xix.  ||  xiii*  s. 
Que  l'aleine  lui  faut,  au  bois  [ellel  se  va  fichier  [en- 
Ibncer],  BtT(e,  xxxviii.  Bonnes  [bornes)  si  sont  unes 
choses  qui  sont  fichées,  comme  pierres  ou  pex 
(pieux),  et  fel  chascun  certain  par  où  son  héritage 
vet  [va],  Liv.  de  just.  (49.  Certes  tous  jors  en  re- 
meuibrance  DeUsses  avoir  sa  sentence;  Si  devroient 
tuit  homme  saige,  Et  si  fichier  en  lor  coraige  Que 
jamès  ne  lor  eschapast,  la  Rose,  68 1 6.  Mais  la  sa- 
jete  barbelée.  Qui  Biaulés  estoit  apelée,  Fu  si  dedens 


Fie 


1663 


mon  cuer  fichie,  Qu'el  n'en  pot  estre  hors  sachia 
[tirée],  ib.nir>.  Se  l'entendement  i  Uchon  [si  noui 
y  faisons  attention|,  ib.  <4(i86.  Si  ne  fait  pas  ri- 
chesse riche  (  eli  qui  en  trésor  la  fiche,  ib.  «uui.  Si 
verroil  toutes  les  asteles,  Cleres  et  reluisans  et  ba- 
ies. Soient  errans,  soient  ficliies.  En  lor  espères  es- 
lachies,  ib.  tdbiu.  Quant  les  gens  le  conte  \irent  ce, 
il  lessierent  l'ost,  et  se  fichèrent  par  desus  la  lice,  et 
coururent  sus  aux  Sarrazins  à  pié,  joi.nv.  233. 
Il  xiv"  s.  Fay  pieux  et  les  fioque  de  renc  à  pliiin  pii 
l'un  de  l'autre,  Modiis,  f"  lxix,  verso,  ||  xv  s.  fiuuci» 
quant  tira  tantost  la  dague,  et  «oubdainement  se 
fiche  sous  les  bras  de  l'autre,  qui  jamais  ne  l'eust 
cuidé,  Douciq.  i,  9.  Le  feu  qui  estoil  fiché  par  let 
maisons,  prit  en  peu  d'heures,  ib.  i,  32.  hxvi"  s. 
lirutus  regarda  tousjours,  avec  les  youlx  fichez,  pu- 
nir ses  propres  enfans,  amyot,  l'ublic.  h.  Il  ne  sça- 
voit  pas  ficlier  un  but  au  cours  de  sa  prospérité,  id. 
Marins,  oi.  11  ne  fiohoitpas  les  bornes  de  son  espé- 
rance à  la  conqueste  de  la  .Syrie  uy  des  Parthes,  m. 
Crassus,  3u.  Sans  mot  dire,  les  yeulx  fichez  en 
terre,  mont,  i,  o.  Fichant  les  yeulx  sur  la  fresoheur 
de  mon  visage,  id.  i,  9I.  Il  tiendra  sa  veuetouïjoun 
fichée  en  cest  endroit,  pabé,  xvii,  l. 

—  ÊlYM.  Picard,  f\ker ;  provenç.  ficar;  espagn. 
fxjar,  hincar  ;  porlug.  fincar  ;  ital.  ficcare.  Diez  re- 
marque avec  raison  que,  tiien  que  ce  verbe  roman 
indique  le  latin  figere,  cependant  il  est  impossible 
de  le  tirer  directement  soit  de  figere,  soit  de  /ixus, 
par  aucune  étymologie  légitime.  11  faut  donc  sup- 
poser un  développement  par  le  suffixe  tcore,  figicare, 
ou  fixicare,  comme  dans  pendicare,  de  pender^ 
pencher  ;  suffixe  qui  d'ailleurs  appartient  au  latin 
(voy.  fodicare,  de  fodere,  vellican;  de  vcllne).  Fi- 
clier ne  peut  venir  ou  être  une  forme  de  fixer,  at- 
tendu que  ficher  est  ancien,  et  fixer  moderne. 

f  2.  FICHER  (fi-ché),  V.  a.  Terme  populaire  qui 
fait  au  participe  passé  fiché  ou  fichu.  ||  1"  Jeter, 
mettre  négligemment.  11  a  fiché  sa  redingote  dans 
un  coin.  Il  Administrer,  donner,  avec  une  idée  do 
rudesse.  Ah!  oui,  de  l'argent,  on  t'en  fiche.  Ficher 
le  fouet.  Il  s'est  fichu  une  indisposition.  ||2"  Se  fi- 
cher, V.  réfl.  Se  jeter.  Il  s'est  fichu  par  terre.  Se 
moquer.  Il  s'est  fiché  ou  fichu  de  moi.  A  tout  jeu 
le  son  nous  triche.  Mais  enfin  est-on  gris,  On  s'en 
fiche,  BÈRANG.  On  s'enfiche. 

—  ÉTYM.  Voy.  Ficnu  1. 

t  FU'.IIERON  (fl-che-ron),  j.  m.  Cheville  de  fer 
carrée,  dont  la  tète  est  percée  d'un  trou. 

—  ÉTY.M.  Ficher  t. 

FICIIET  (fi-ché  ;  le  (ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  l's  se 
lie  :  des  fi-chè-z  en  cuivre;  lichets  rime  avec  traits, 
succès,  paix,  etc.),  s.  m.  ||1"  Petit  morceau  d'ivoire 
(|u'on  met  dans  les  trous  du  trictrac  pour  marquer 
les  trous  gagnés.  ||  Pointe  crochue  des  cardes.  ||  2"  11 
se  dit  de  petites  fiches  insérées  à  moitié  dans  les 
volumes  d'une  bibliothèque,  et  portant  le  numéro 
du  volume. 

—  iltST.  XVI'  s.  Arbre  de  fichet  [arbre  venu  de 
bouture],  oudin;  Dict. 

—  ÉTYM.  Ficher  t. 

f  riCHEUR  (fi-cheur),  s.  m.  Maçon  qui  fait  la 
besogne  de  ficher  les  pierres. 

—  ÉTYM.  Ficher  f. 

t  FICIIOin  (fi-choir),  i.  m.  Petit  bâton  fendu 
dont  on  se  sert  pour  fixer  à  une  corde  tendue  du 
linge,  des  estampes. 

—  ÉTYM.  Ficher  i. 

t  FICHTRE!  (fich-tr')  Interjection  qui  se  dit  en 
place  d'un  mot  grossier.  Fichtre  !  prenez  donc  garde. 

K.  FICHtJ,  UE  (fi-chu,  chue),  adj.  ||  1"  Terme  de 
mépris.  Mal  fait,  ridicule,  inconvenant.  Voilà  un 
fichu  drôle.  Un  fichu  compliment.  Sa  naïveté  nous 
déhsse  de  l'esprit  fichu  de  Mlle  du  Plessis,  sÉv.  242. 
Pour  votre  frère,  c'est  un  homme  admirable  ;  il  n'a 
jamais  pu  se  passer  de  gâter  les  merveilles  qu'il 
avait  faites  aux  états  par  un  goù*  fichu,  et  un  amour 
sans  amour,  entièrement  ridicide  ;  l'objet  s'appelle 
Mlle  de  la  Coste,  elle  a  plus  de  trente  ans....  id. 
LeU.  25  oct.  )879.  Oui,  vous  avez  raison,  mon  fils; 
le  bonhomme  Prométhée  fera  une  fichue  figure, 
soit  qu'il  assiste  au  baptême  de  Pandore,  sans  dire 
mot,  soit  qu'il  aille,  comme  un  valet  de  chambre, 
chercher  les  Jeux  et  les  Plaisirs  pour  donner  une  sé- 
rénade à  l'enfant  nouveau-né,  volt.  LeU.  Cliabanon, 
■19  janv.  <"08.  Il  2°  Très-familièrement.  Perdu  sans 
ressource.  Il  est  fichu.  C'est  autant  de  fichu. 

—  m;st.  XVI' s.  11  est  bien  fichu  |il  est  mal  lait, 
mal  bâti],  oudin,  Curios.  fr.  Jean  fichu  l'aisné  [un 
badin],  m.  ib. 

—  ETYM.  Ce  que  l'on  connaît  de  plus  ancien  sur 
ce  mot  ne  remonte  pas  haut  ;  aussi  ne  sait-on  guère 
comment  l'expliquer.  f;3t-ce  uu  euphémisme  pour 


1664 


ne 


un  mot  grossier  que  la  décence  exclut?  Ou  plutôt 
n'est-ce  pas  une  forme  particulière  pour  donner  à 
fieM  un  sens  spécial  et  populaire?  t'examen  de 
l'historique  de  ficher  t,  oïl  ce  verbe  a  le  sens  de 
meltio  avec  plus  ou  moins  do  vivacité,  rend  pro- 
bable cette  dernière  opinion. 

2.  FICUU  (fi-chu),*.  m.  Léger  vêtement  en  pointe 
dont  les  femmes  se  couvrent  le  cou,  la  gorge  et  les 
épaules.  Je  conviendrai  avec  vous  que  le  fichu  qu'il 
a  plu  aux  commentateurs  et  aux  imitateurs  d'appe- 
ler la  ceinture  de  Vénus,  est  une  image  charmante, 
VOLT.  Dict.  phil.  Anciens  et  modernes.  Elle  avait  au 
sein  la  cicatrice  d'une  brûlure  d'eau  bouillante  qu'un 
fichu  de  chenille  bleue  ne  cachait  pas  extrêmement, 
1.  J.  Bou.ss.  Confess.  v. 

—  ÉTVM.  Fichu  t,  le  fichu  ayant  été  dit  ainsi 
pour  désigner  quelque  chose  de  négligé. 

t  FICIIURE  (fi-chu-r'),  s.  f.  Instrument  de  pêche, 
en  forme  de  trident,  avec  lequel  on  darde  le  poisson, 
dans  les  étangs  salés.  Faisons  en  outre  défenses  aux 
pécheurs  qui  se  servent  d'engins  appelles  fichûres, 
de  prendre  les  poissons  enfermés  dans  les  filets  ten- 
dus dans  les  étangs  salés,  Ordonrt.  août  ia»i. 

—  ET  Y  M.  Ficher. 

t  FICIFORME(fi-si-for-m'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  a  la  forme  d'une  figue. 

—  ETVM.  Lat.  fi^us,  figue,  et  forme. 

FICOÏDE  (fi-ko-i-d'),  s.  f.  Genre  [mesembryan- 
themum)  de  plantes  exotiques  à  feuilles  charnues  et 
à  fleurs  rayonnées,  voisines  des  cactées  et  presque 
toutes  originaires  du  Cap  de  Bonne-Espérance. 

—  ÉTYM.  Lat.  ficus,  figue,  et  eWoî,  forme. 

t  FICOÏUÉ,  ÉE  (fi-ko-i-dé,  dée),  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  a  l'apparence  d'une  figue;  se  dit  des 
fieurs  conjointes  qu'enveloppe  un  réceptacle  charnu 
et  succulent.  ||  S.  f.  pi.  Les  flcoïdées,  famille  de  plan- 
tes dicotylédones  polypétales  à  étamines  périgynes, 
comprenant  uniquement  le  genre  ficoïde. 

—  ÉTYM.  Ficoide. 

FICTIF,  IVE  (fi-ktif,  kti-v'),  adj.  Qui  n'est  pas 
réel.  Une  misère  réelle  commençait  à  succéder  à 
tant  de  richesses  fictives,  volt.  S.  de  Louis  XV,  2. 
Ces  monnaies  fictives,  inventées  par  la  nécessité,  et 
auxquelles  la  bonne  foi  seule  peut  donner  un  crédit 
durable,  sont  comme  des  billets  de  change  dont  la 
valeur  imaginaire  peut  excéder  aisément  les  fonds 
qui  sont  dans  un  Etat,  id.  Charles  Xlï,  8.  Afin  que 
l'état  fictif  où  je  venais  à  bout  de  me  mettre  me  fit 
oublier  mon  état  réel,  j.  j.  rouss.  Confess.  i;  Dans 
une  place  fictive,  dispensé  d'être  homme  d'État,  il 
n'avait  eu  à  déployer  que  ses  qualités  naturelles,  les 
agréments  d'un  homme  du  monde  et  les  talents 
d'un  homme  de  cour,  mahmontel,  Kém.  xii.  Berna- 
dotle  fut  forcé  de  choisir  [entre  l'Angleterre  et  la 
France]  ;  l'hiver  et  la  mer  le  séparait  des  secours  ou 
de  l'agression  des  Anglais  ;  les  Français  touchaient 
&  ses  ports  ;  la  guerre  avec  la  France  aurait  donc  été 
réelle  et  présente  ;  la  guerre  avec  l'Angleterre  pou- 
vait n'être  que  fictive,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  i,  4. 
Il  Terme  de  docimastique.  Poids  fictifs,  très-petits 
poids  qui  ont  entre  eux  des  rapports  proportionnels  à 
ceux  des  poids  ordinaires,  et  dont  on  se  sert  dans  les 
«"ssais  quand  on  n'opère  que  sur  de  faibles  quantités. 

—  F.TYM.  Voy.  FICTION. 

FICTION  (fi-ksion;  envers,  de  trois  syllabes),  s. 
f.  Il  1°  Invention  de  choses  fictives.  Elle  y  perdait 
[dans  la  lecture  de  l'histoire]  insensiblement  le 
goût  des  romans  et  de  leurs  fades  héros  ;  et,  soi- 
gneuse de  se  former  sur  le  vrai,  elle  méprisait  ces 
froides  et  dangereuses  fictions,  Boss.  Vuch.  d'Orl.- 
La  poésie  épique....  Se  soutient  par  la  fable  et  vitde 
fiction,  BoiL.  Art  p.  m.  Et  de  vos  fictions  le  mélange 
coupable  Même  à  ses  vérités  [du  christianisme] 
donne  l'air  de  la  fable,  iD.  ib.  Et  vous  qui  vous  i>laisez 
aux  folles  passions  Qu'allument  dans  vos  cœurs  les 
vaines  fictions,  bac.  Esth.  Prol.  Mais,  dit-on,  si  l'on 
proscrit  entièrement  les  noms  des  divinités  païennes 
et  les  fictions  fabuleuses,  que  deviendra  la  poésie  ? 
et  surtout  à  quoi  se  réduira  le  poëme  épique,  le  plus 
beau  de  tous  les  poèmes  ?  rollin,  Traité  des  F.t.  liv.  n, 
ch.  4 .  La  mort  finit  la  scène  et  la  représentation  ; 
chacun  dépouille  la  pompe  du  personnage  et  la  fic- 
tion des  titres,  mass.  Dauphin.  Que  de  terres  encor 
restent  àdécouvrir  I  La  fiction  surtout  est  un  pays  im- 
mense, LAMOTTi,  Fabl.  IV,  3.  Le  roi  [Charles  II],  à 
qui  Waller  venait,  selon  l'usage  des  rois  et  des  poètes, 
de  présenter  une  pièce  farcie  de  louanges,  lui  re- 
proche qu'il  avait  fait  mieux  pour  Cromwell;  Waller 
répondit  :  Sire,  nous  autres  poètes,  nous  réussis- 
sons mieux  dans  les  fictions  i]ue  dans  les  vérités, 
VOLT.  Dict.  phil.  Itoi.  Celui  qui  ajouterait  des  fic- 
tions aux  batailles  d'Arbelles  et  de  Pharsale  glace- 
lail  le  lecteur  au  lieu  de  l'échauffer,  id.  Lelt.  d'Ar- 


FID 

gental,  7  avr.  <777.  ||  Terme  do  jurisprudence. 
Fiction  de  droit,  fiction  légale ,  fiction  de  la  loi,  fic- 
tion introduite  ou  autorisée  par  la  loi  en  faveur 
de  quelqu'un.  ||  De  fiction,  par  convention.  Le  pa- 
pier monnaie  est  une  valeur  de  fiction.  L'or  et  l'ar- 
gent sont  une  richesse  de  fiction  ou  de  signe,  mon- 
TKSQ.  Esp.  XXI,  22.  Il  2»  Mensonge,  dissimulation.  Et 
comme  la  jeunesse  est  vive  et  sans  repos,  Sans  peur, 
sans  fiction,  et  libre  en  ses  propos,  héonier,  Sal.  i. 
Comme  tout  ce  discours  n'était  que  fiction.  Je  cachais 
mon  retour  et  ma  condition,  corn.  Ment,  v,  fl. 

—  HIST.  XIII*  s.  Car  fiction  ne  renardie  Â  Dieu 
ne  plaisent  n'a  Marie,  Queue  de  Renart.  ||  xiV  s. 
Se  il  est  aussi  deceu  par  la  simulacion  et  par  la 
filtion  de  l'autre,  adonques  est  ce  chose  juste  que  il 
accuse  celui  qui  l'a  deceu,  obesmh,  Eth.  204. 
Fiction  poétique,  id.  Thèse  de  mkunieb.  ||  xv*  s.  Si 
on  fait  quelque  fiction  [comédiej  Le  jour  du  sacre- 
ment, l'un  d'eux  Jouera  l'annonciation,  coquillabt, 
p.  (75,  dans  LACURNE.  11  veit  illec  un  chevalier  dor- 
mant, lequel  par  fiction  ou  autrement  s'estoit  cou- 
vert de  son  escu,  Perceforest,  t.  m,  f°  m.  Il  faut 
respondre  que  fortune  n'est  rien,  fors  seuUement 
une  fiction  poétique,  comm.  iv,  <2.  ||  xvi*  s.  Tu 
crains,  pour  vrai,  que  mon  affection  Soit  composée 
avecque  fiction,  mabot,  i,  360.  Ainsi  qu'il  est 
traicté  bien  au  long  en  l'hystoire  de  Troye,  com- 
bien qu'il  y  ait  aucunement  de  la  fixion  poétique, 
Roiier  hist.  ii,  l . 

—  ÉTYM.  Provenç.  ficxio,  fiction;  espagn.  fie- 
eion;  ital.  fizione  ;  du  lat.  fictionem,  de  fictum, 
supin  de  fingere,  feindre  (voy.  feindre). 

FICTIVEMENT  (û-kti-ve-man),  adv.  Par  fiction. 
La  cause  de  la  chute  de  cette  pièce  [tirée  des  Voya- 
ges de  Gulliver]  est  que  le  public  n'a  pu  soutenir 
au  théâtre  des  hommes  fictivement  petits,  Mari- 
vaux, Spect.  franc,  dans  desfontaines. 

—  ÉTYM.  Fictive,  et  le  suffixe  ment. 
FIDÉICOMMIS    (fi-dé-i-ko-mi),  s.   m.    Terme   de 

droit.  Don  ou  legs  que  celui  qui  reçoit  la  libéralité 
doit  remettre  à  une  autre  personne.  ||  On  entend 
plus  habituellement  par  fidéioommis  la  disposition 
simulée  faite  en  apparence  au  profit  de  quelqu'un, 
mais  avec  l'intention  secrète  de  faire  passer  le  bé- 
néfice à  une  autre  personne  qui  n'est  pas  nommée 
dans  l'acte.  Le  fidéicommis  a  ordinairement  pour 
but  d'avantager  une  personne  à  qui  la  loi  défend  de 
recevoir.  ||  Fig.  Quoique  vous  m'ayez  adre^  la 
lettre,  monsieur,  je  sens  que  ce  n'était  qu'un  ndéi- 
commis  pour  Mme  du  Châtelet,  volt.  Lett,  en  vers 
et  en  prose,  34. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fideicomis;  espagn.  fideico- 
miso  ;  ital.  fedecommisso  ;  du  lat.  fideicommissum, 
de  fides,  foi  (voy.  ce  mot),  et  commissus,  confié, 
commis  (voy.  commettre). 

FIDÊICOMMISSAIRE  (fi-dé-i-ko-mi-sê-r' ) ,  adj. 
Qui  a  rapport  au  fidéicommis.  Héritier  fidéicom- 
missaire.  Substitution  fidéicommissaire.  ||  S.  m.  Fi- 
déicommissaire.  celui  à  qui  la  libéralité  doit  être 
remise  en  exécution  du  fidéicommis.  On  oppose 
l'héritier  fidéicommissaire  à  l'héritier  fiduciaire. 

—  ÉTYM.  Lat.  fideicommissarius. 

t  FIDÉISTE  (fi-dé-i-sf),  s.  m.  Terme  de  philoso- 
phie catholique.  Se  dit  de  ceux  qui  mettent  la  foi 
avant  la  raison,  ou  [ilutôt  qui  absorbent  la  raison 
dans  la  foi  ;  synonyme  de  traditionnaliste. 

—  ÉTYM.  Lat.  fides,  foi 

FIDÊJUSSEUR  (fi-dé-ju-sseur) ,  s.  m.  Terme  de 
jurisprudence.  Caution,  celui  qui  s'oblige  pour  ga- 
rantir une  dette. 

—  ÉTYM.  Lat.  fidejussorem  (voy.  fidéiussion)  . 
FIDÉJUSSION    (fi-dé-ju-ssion)  ,    i.   f.    Tenue   de 

droit.   Cautionnement.  ||  Action  du  fidéjusseur. 

—  ÉTYM.  Lat.  fidejussionem,  de  fides,  toi, etjussio, 
commandement  (voy.  jussion). 

t  FIDÉJCSSOIRÊ  (fl-dé-ju-ssoi-r'),  adj.  Terme 
de  droit._  Qui  a  rapport  à  la  fidéjussion. 

—  HlST.  XVI'  s.  N'aura  le  dit  arresté  provision  de 
son  corps  ou  biens  arrestez,  qu'il  n'ait  baillé  caution 
fidejussoire  de  fournir  le  jugé,  tant  pour  le  prin- 
cipal que  despens,  Coustum.  génér.  t.  i,  p.  630. 

—  ÉTYM.  Voy.  FIDÉJUSSION. 

FIDÈLE  (fi-dc-1'5,  adj.  ||  1°  Qui  garde  la  foi  don- 
née, les  engagements  pris.  Ah  !  mon  fils,  qu'il  est 
partout  des  traîtres  !  Qu'il  est  peu  de  sujets  fidèles 
à  leurs  maîtres,  corn.  Nicom.  v,  s.  Je  vous  suis 
aussi  fidèle  sur  l'eau  que  sur  la  terre,  sÉv.  2i.  Les 
Ecossais,  à  qui  il  [Charles  I"]  se  donne,  le  liiTent  aux 
parlementaires  anglais  ;  et  les  gardes  fidèles  de  nos 
rois  trahissent  le  leur,  boss.  Reine  d'Angtet.Soyoï^s- 
nous  donc  au  moins  fidèles  l'un  à  l'autre,  bac. 
Milhr.  I,  i.  Hobbes,  si  fidèle  à  son  infortuné  mo- 
narque  Charles   I",  volt.  Jenm,  «.   Reviens  me' 


joindre  ici,  sois  fidMe,  ou  je  cours  Livrer  au  peuple 
entier  mon  secret  et  mes  jours,  c.  delav.  Paria,  m,  4. 
Il  Être  fidèle  à....  ne  pas  manquera....  Etre  fidèle  i 
ses  principes.  Un  homme  est  plus  fidèle  au  secret 
d'autrui  qu'au  sien  propre,  la  uruy.  m.  Ce  cœur 
sera  fidèle  à  tes  secrets  desseins.  Et  ce  bras  com- 
battra l'ennemi  des  Romains,  volt.  Rome  sauv.  Ii,  3. 
Il  Être  fidèle  à....  avec  un  infinitif.  Afin  ijue  ce  qui 
était  caché  dans  votre  cœur  fût  découvert,  et  que 
l'on  connût  si  vous  seriez  fidèle  ou  infidèle  &  ob- 
server ses  commandements  [de  Dieu],  saci,  Bible, 
Veutér.  viii,  2.  Si  vous  êtes  fidèle  à  ne  pas  chercher 
les  occisions,  vous  ne  sauriez  répondre  de  celles 
qui  vous  cherchent,  ma.ss.  Profess.  relig.  Serm.  f. 
On  veut  qu'ils  aient  été  tous  également  fidèles  à 
garder  ce  secret,  également  jaloux  d'une  gloire 
qu'ils  pouvaient  changer  contre  une  autre,  fonten. 
MaUtieu.  \\  2"  Dont  les  affections  ne  changent  pas. 
Il  est  plus  difficile  d'être  fidèle  à  sa  maîtresse  quand 
on  est  heureux  que  quand  on  est  maltraité,  la  bo- 
chef.  Réfl.  mor.  33(.  Oui,  puisque  je  retrouve  un 
ami  si  fidèle.  Ma  fortune  va  prendre  une  face  nou- 
velle, BAC.  Andr.  i,  (.Je  pars  fidèle  encor,  quand 
je  n'espère  plus,  id.  Bérén.  i,  2.  pour  comble  de 
bonheur,  il  avait  retrouvé  sa  maîtresse  fidèle,  gen- 
Lis,  Veillées  du  chat.  t.  m,  p.  224,  dans  pougens. 
Il  Femme  fidèle,  femme  qui  ne  viole  pas  la  foi  con- 
jugale. Je  rêve  à  l'écorce  d'orange  [le  roi  de  Prusse 
avait  comparé  Voltaire  i  une  écorce  d'orange  que 
l'on  presse  et  qu'on  jette]  ;  je  tâche  de  n'en  rien 
croire  ;  mais  j'ai  peur  d'être  comme  les  cocus,  qui 
s'efforcent  à  croire  que  leurs  femmes  sont  très- 
fidèles,  volt.  i*((.  Mme  Denis,  29  oct.  (751.  ||  11 
se  dit  aussi  des  sentiments  eux-mêmes.  Amitié, 
amour  fidèle.  L'agrément  de  cette  fidèle  passion, 
sRv.  515.  Il  3°  Particulièrement,  en  parlant  d'un 
employé,  d'un  domestique,  etc.  qui  ne  commet  point 
de  soustractions.  Un  caissier  fidèle.  Celle-ci  est 
adroite,  soigneuse,  diligente,  et  surtout  fidèle,  et 
vous  savez  qu'il  faut  maintenant  de  grandes  pré- 
cautions pour  les  gens  que  l'on  prend,  mol.  Mal. 
imag.  I,  6.  Quoi  I  l'avez-vous  surprise  à  n'être  pas 
fidèle?  ID.  F.  tav.  u,  e.  114°  Qui  professe  la  vraie 
religion.  Le  peuple  fidèle  a  presque  toujours  été 
faible,  opprimé,  persécuté,  mass.  Car.  Vérité  de  la 
religion.  ||  6°  Qui  ne  s'écarte  point  de  la  vérité. 
Fidèle  en  ses  paroles,  incapable  de  déguisement, 
sûre  à  ses  amis,  boss.  Duch.  d'Orl.  Et  Dieu  trouvé 
fidèle  en  toutes  ses  menaces,  bac.  Athal.  i,  ( .  Le  plus 
tendre  de  vos  admirateurs,  le  fidèle  témoin  de  ce 
qui  se  passe  dans  voire  belle  âme,  volt.  Lettre  au 
prince  royal  de  Prusse,  30  mai  (738.  {|  Exact, 
conforme  à  la  vérité.  On  nous  faisait,  Arbute,  uu 
fidèle  rapport,  bac.  Milhr.  i,  (.  ||  Une  mémoire  fi- 
dèle, celle  qui  retient  avec  une  grande  exacti- 
tude. Sa  mémoire  est  fidèle  ;  et,  dans  tout  ce  qu'il 
dit.  De  vous  et  de  Joad  je  reconnais  l'esprit,  bac. 
Athal.  Il,  7.  Il  Souvenir  fidèle,  souvenir  exact  el 
durable  que  l'on  a  d'une  chose.  ||  Présage  fidèle, 
présage  auquel  l'événement  a  répondu,  ô  d'un 
trouble  inconnu  présage  trop  fidèle  I  cobn.  Oth.  v,  6. 
Il  Miroir,  glace  fidèle,  celle  qui  reproduit  exacte- 
ment les  traits,  le  teint.  ||  Traducteur  fidèle,  traduc- 
tion fidèle,  traducteur,  traduction  qui  reproduit 
exactement  l'original.  En  voulant  donner  une  tra- 
duction plus  fidèle,  il  craint  de  gâter  un  ouvrage 
qui  a  eu  du  succès,  d'alemb.  lett.  au  roi  de  Prusse, 
(0  déc.  (773.  Il  6"  Il  se  dit  des  choses  qui  accom- 
plissent ce  qu'on  en  attend.  Un  service  fidèle.  Va, 
tu  me  veux  en  vain  rappeler  à  la  vie;  Ma  haine 
est  trop  lîdèle  et  m'a  trop  bien  servie,  cobn.  Rod.  v, 
4.  Vois  si  j'en  puis  attendre  un  fidèle  secours,  hac. 
Brit.  I,  4.  Il  Fig.  Il  se  dit  aussi  de  certaines  choses 
dont  on  veut  marquer  la  continuité,  la  constance. 
Les  souvenirs  me  sont  restés  fidèles,  bébang.  Bon 
vieillard.  ||  7"  S.  m.  Ami  dévoué.  C'est  son  fidèle. 
Il  8"  Celui  qui  a  la  vraie  foi.  Il  [saint  Ambroise]  en 
parle  comme  d'un  parfait  fidèle,  FLficH.  Hist.  de 
TMod.  IV,  36.  Lequel  des  deux  fait  un  usage  plus 
sensé  de  sa  raison,  ou  le  fidèle  qui  croit,  ou  l'in- 
crédule qui  refuse  de  croire?  mass.  Carême,  Vérité 
de  la  religion.  L'autorité  c|ui  exige  la  soumission  du 
fidèle  est  la  plus  grande,  la  plus  respectable,  la 
mieux  établie  qui  soit  sur  la  terre,  id.  ib.  Notre 
siècle  est  plein  de  ces  demi-fidèles  qui,  sous  pré- 
texte de  dépouiller  la  religion  de  tout  ce  que  la 
crédulité  ou  les  préjugés  ont  pu  y  ajouter,  ôtent 
i  la  foi  tout  le  mérite  de  la  soumission,  id.  ib. 
Il  9°  Dans  les  temps  mérovingiens,  les  compagnons 
du  prince.  Tacite  les  désigne  [les  volonuires  qui, 
chez  les  Germains,  suivaient  les  princes  dans  leurs 
entreprises]  par  les  noms  de  compagnons;  la  loi 
salique,  par  celui  d'hommes  qui   sont  sous   U  foi 


Fin 

du  roi;  les  formules  de  Marculfe,  par  celui  d'an- 
trustions  du  roi  ;  nos  premiers  historiens,  par  celui 
de  leudes,  de  fidèles  ;  et  les  suivants,  par  celui  de  vas- 
saux et  seigneurs,  MONTESQ.  Esp.  XXX,  <8.  Chanaarré 
de  vieux  oripeaux ,  Ce  roi,  grand  avaleur  d'impôts, 
Marche  entouré  de  ses  fidèles,  bérang.  Ch.  le  Simple. 

—  HIST.  XI"  s.  An  la  sameine  [semaine]  qued  il 
s'en  dut  aler,  Vint  une  voiz  treiz  feiz  en  la  citet,  Hors 
del  sacrarie  [sanctuaire]  par  cumandement  Deu,  Ki 
ses  fideilz  si  ad  tuz  amuiet  [rendus  muets],  SI 
Alexis,  Lix.  Que  jel  suivrai  od  mil  de  mes  fedeilz, 
Ch.  de  Roi.  \i.  ||  xii"  s.  Recevez  le  conseil,  sire,  e 
l'asensement  De  celui  qui  vus  est  fedeilz  veraiement, 
Th.  le  mart.  80.  E  jo  susciterai  à  mun  ces  [à  mon 
besoin]  pruveire  [prêtre]  fedeil  ki  sulunc  mun  quer 
se  deduirra.  Rois,  p.  lo. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fiiel,  fiel;  catal.  fidel,  fiel; 
espagn.  et  portug.  fiel;  ital.  fedele;  du  lat.  fidelis, 
de  fides,  foi  (voy.  ce  mot;  voy.  aussi  féal,  qui  est 
le  même  mot  que  fidèle). 

FIDÈLEMENT  (fi-dè-le-man) ,  adv.  D'une  ma- 
nière fidèle,  exacte.  Une  de  vos  amies  vous  dira  que 
je  suis  le  meilleur  garçon  du  monde,  et  que,  pour 
aimer  en  cinq  ou  six  lieux  à  la  fois,  il  n'y  a  per- 
sonne qui  le  fasse  si  fidèlement  que  moi,  voit.  Lett. 
78.  Dans  tous  mes  maux,  je  me  suis  encore  con- 
servé ma  mémoire  tout  entière;  et  je  crois  qu'elle 
me  servira  fidèlement  quand  ce  sera  pour  vous , 
puisque  vous  y  avez  autant  de  part  que  personne, 
ID.  Lett.  8.  Les  petits  esprits  [les  sympathies]  se  sont 
bien  communiqués,  et  sont  passés  bien  fidèlement 
de  Livry  en  Provence,  sÉv.  42.  Au  culte  des  autels 
nos  vierges  destinées  Gardent  fidèlement  le  dépi'it 
précieux,  rac.  Brit.  v,  8.  Qu'elle  soit  cependant  fi- 
dèlement servie,  id.  Bajaz.  iv,  6.  Encore  une  fois, 
le  comte  de  Boulainvilliers  a  bien  raison  d'assurer 
qu'un  jésuite  ne  peut  écrire  fidèlement  l'histoire, 
VOLT.  Mœurs,  1 74. 

—  HIST.  xiix'  s.  Feelment  li  tendre  [je  lui  tien- 
drai] la  promesse  de  l'eritage  des  cieux,  Psautier, 
t'  1 08.  Il  XVI'  8.  Elle  [l'histoire]  est  une  fidelle  et  liatdie 
c  onseillere  aux  princes,  leur  dit  hardiment,  fidellement 
et  sans  aucune  crainte  leurs  vices,  du  haillan,  Hitt. 
de  Fr.  Ép.  au  roi.  Combien  fidèlement  il  avoit  versé 
[il  s'était  comporté]  en  sa  charge,  mont,  ii,  35. 

—  ÉTYM.  Fidèle,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
fiîdmens,  fidment,  fidelmen;  catal.  fidelment  ;  esp. 
fielmenle;  jtal.  fedelmente. 

FIDÉLITÉ  (fi-dé-li-té),  s.  f.  \\  1°  Qualité  de  celui 
qui  est  fidèle,  attaché  à  ses  devoirs,  à  ses  engage- 
ments. La  fidélité  à  ses  serments.  Quand  on  veut 
soutenir  ceux  que  le  sort  accable,  X  force  d'être 
juste  on  est  souvent  coupable.  Et  la  fidélité  qu'on 
garde  imprudemment  Après  un  peu  d'éclat  traîne 
un  long  châtiment,  corn.  Pomp.  i,  1.  Cette  fidélité 
qu'il  garde  à  ses  serviteurs,  boss.  Hist.  ii,  6.  Votre 
t)onté,  madame,  avec  tranquillité  Pouvait  se  reposer 
sur  ma  fidélité,  bac.  Bril.  iv,  2.  ||  Jurer  fidélité  à 
un  souverain,  faire  serment  de  ne  manquer  à  aucun 
devoir  envers  lui.  Ils  avaient  été  obligés  à  lui  jurer 
fidélité,  Boss.  Hist.  n,  8.  ||  On  dit  de  même  :  jurer 
fidélité  à  la  constitution.  ||  Qualité  qui  fait  qu'on 
garde  la  foi  promise  à  un  souverain.  De  sorte  qu'on 
peut  assurer  comme  une  vérité  incontestable  que  la 
doctrine  qui  nous  oblige  à  pousser  la  fidélité  envers 
les  rois  jusqu'aux  dernières  épreuves,  est  également 
établie  dans  l'ancien  et  dans  le  nouveau  peuple, 
Boss.  Var.  6'  avert.  §  26.  ||  Conservation  des  senti- 
ments tendres  entre  amis  ou  amants.  Hélas  I  me 
gardes-tu  Cette  fidélité,  la  première  vertu?  volt 
A.lg.  Il,  3.  Une  fidélité  profonde  pour  un  ingrat  qui 
ne  la  méritait  pas,  staf.l,  Corinne,  xx,  3.  ||  La  fidé- 
lité d'une  femme,  qualité  qui  fait  qu'elle  ne  manque 
pas  à  la  foi  conjugale.  Oh  I  ce  n'est  point  légère- 
ment qu'on  a  donné  tant  d'importance  à  la  fidélité 
des  femmes,  beaumarch.  Mère  coup,  ii,  2.  ||  2°  Exac- 
titude, vérité,  sincérité.  La  fidélité  d'un  historien, 
d'un  récit.  Avee  combien  peu  de  fidélité  rapportez-vous 
mes  paroles,  lorsque  vous  feignez  quej'aidit....  desc. 
Rép.  aux  cinquièmes  object.  42.  La  fidélité  de  la  tra- 
duction est  reconnuepar  M.  Dow,  et  cet  aveu  ad'au- 
tant  plus  de  poids  que  tous  deux  diffèrent  sur  quel- 
ques autres  articles,  volt.  Polit.  etUgisl.Frag.  hist. 
sur  l'Inde,  xxn.  Telles  ont  été  les  erreurs  et  les  fautes 
de  majeunesse;j'en  ai  narré  l'histoire  avec  une  fidé- 
lité dont  mon  cœur  est  content,  j.  j.  rouss.  Confess. 
VI,  Il  était  impossible  de  soutenir  que  l'auteur  ne 
cuimaissait  point  le  monde,  et  que  le  tableau  qu'il 
en  présentait  manquait  de  fidélité,  oenlis,  Veill.  du 
chAl.  t.  m,  p.  224,  dans  pougens.  ||  3°  Il  se  dit  de  la 
mémoire  retenant  bien  et  exactement.  La  fidélité  de 
la  mémoire,  des  souvenirs.  ||  4°  Probité.  La  fidé- 
lité d'un  caissier.   Il  existe  des  hommes  qui  ont 

DICT.    DE   Ui  LANGUR    FRANÇAISE. 


FIK 

pratiqué  ce  commerce  où  la  fidélité  n'avait  pour 
garant  que  son  utilité  même,  raynal,  Hist.  phil. 
xin,  22.  Cette  lettre,  remise  aux  mains  de  la  po- 
lice, avait  révélé  toutes  les  menées  au  moyen  des- 
quelles M.  de  Czernicheff  était  parvenu  à  corrompre 
la  fidélité  des  bureaux,  thikrs,  Hist.  du  Cons.  et  de 
l'Emp.  xliii.  Il  5°  L'ordre  de  la  Fidélité,  ordre  mi- 
litaire de  Danemark,  composé  de  dix-neuf  des  prin- 
cipaux seigneurs  du  royaume,  et  institué,  en  <870, 
par  le  roi  Frédéric  III.  Leur  marque  est  une  croix 
blanche,  qui  se  porte  au  cou,  attachée  à  un  ruban 
rouge  et  blanc. 

—  HIST.  xu'  s.  Feeltez  firent  e  bornages,  Roman 
de  Rou,  V.  9340.  Il  XV  s.  Le  duc  de  Bourgogne  alla 
en  la  duché  de  Luxembourg  pour  renouveler  les 
hommages  et  les  fidélités  de  ceux  de  Luxembourg, 
dont  le  duc  estoit  nouvellement  seigneur,  ol.  de  la 

MARCHE,  liv.  I,  p.  332,  dans  LACURNE.  j]  XVI*  S.  Un 

honneste  gentilhomme  avoit  rapporté  à  une  damoi- 
selle  de  la  cour  quelque  chose  en  fidélité  [en  confi- 
dence] d'une  très  grande  dame,  brant.  Dames  gai. 
t.  Il,  p.  460,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fedeltat,  fealtat,  feltat,  feutat, 
fezautat;  anc.  catal.  feeltat;  ital.  fedeltà;  du  lat. 
fidelitatem,  de  fidelis,  fidèle.  L'ancienne  forme  était 
fealté,  feelté. 

t  FIDÉLIUM  (fi-dé-11-om'),  s.  m.  Usité  seule- 
ment dans  cette  locution:  Passer  par  un  fidélium, 
accomplir  en  bloc  quelque  obligation;  s'acquitter 
légèrement  des  commissions   dont  on  est  chargé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Comme  il  advient  que  l'on  ait 
fondé  plusieurs  obits  en  une  église,  esquels,  par  long 
laps  de  temps  et  la  multitude  d'iceux,  il  seroit  im- 
possible de  fournir,  nos  anciens  dirent  que  tout  cela 
se  passoit  par  un  fidélium,  qui  est  la  dernière  orai- 
son dont  on  ferme  les  prières  des  morts,  pasquieh. 
Recherches,  liv.  viii,  p.  700,  dans  lacurnk. 

—  ÉTYM.  Lat.  fidélium,  génitif  pluriel  de  fidelis  et 
dernier  mot  de  la  dernière  oraison  de  la  messe  pour 
les  morts,  oraison  qu'on  accusait  des  curés  de  dire 
en  bloc  pour  plusieurs  services  payés  séparément. 

f  FIDES  (fi-dès') ,  s.  Terme  d'astronomie.  Le  37°  des 
astéroïdes  découverts  entre  Mars  et  Jupiter  (en  )  655) . 

—  ÊTYM.  Lat.  fides,  la  foi. 

t  FIDICCLE  (fl-di-ku-l'),  s.  f.  Terme  d'astrono- 
mie. Une  des  étoiles  de  la  Lyre. 

—  ÉTYM.  Lat.  fidicula,  petite  lyre. 

FIDUCUIRE  (fi-du-si-ê-r'),  adj.  ||  i'  Qui  a  rap- 
port à  la  fiducie.  ||  Terme  de  droit  romain.  Héritier 
fiduciaire,  celui  qui  est  chargé  de  remettre  un  fidéi- 
commis.  ||  2*  Terme  d'économie  politique.  Qui  dé- 
pend de  la  confiance.  Monnaie  fiduciaire,  monnaie 
de  papier.  ||  Circulation  fiduciaire,  circulation  en 
papier,  la  circulation  en  billets  de  banque,  opposée 
à  la  circulation  en  espèces  métalliques. 

—  ÉTYM.  Lat.  fiduciarius,  de  fiducia,  confiance, 
de  fidere,  avoir  foi ,  de  fides,  foi  (voy.  foi). 

t  FIDCCIAIKEMENT  (fi-du-si-ê-re-man),  adv. 
Terme  de  droit  et  de  commerce.  D'une  manière  fi- 
duciaire. 

—  ÉTYM.  Fiduciaire,  et  le  suffixe  ment. 

t  FIDUCIE  (fi-du-sie),  s.  f.  Terme  de  droit  ro- 
main. Contrat  de  fiducie,  contrat  par  lequel  une 
personne  à  qui  une  chose  était  livrée  comme  garan- 
tie d'une  créance,  s'engageait  à  rétrocéder  cette 
chose  lors  du  payement  de  la  créance. 

—  ÉTYM.  Lat.  fiducia,  confiance. 

f  FIDUCIEL,  ELLE  (fi-du-si-el,  è-l'),  adj.  Terme 
d'horlogerie.  Qui  sert  à  guider.  Point  fiduciel.  Ligne 
fiducielle. 

—  ÉTYM.  Lat.  fiducia,  confiance  (voy.  fidbciajee). 
FIÉ,  ÉE  (fi-é,  ée),  part,  passé.  Remis  à  la  foi  de. 

Un  secret  fié  à  ma  discrétion. 

FIEF  (fièf),  s.  m.  Il  1°  Terme  de  féodalité.  Do- 
maine noble,  relevant  du  seigneur  d'un  autre  do- 
maine, concédé  sous  condition  de  foi  et  hommage 
et  assujetti  à  certains  services  et  à  certaines  re- 
devances. Les  biens  réservés  pour  les  leudes  furent 
appelés  des  biens  fiscaux,  des  bénéfices,  des  hon- 
neurs, des  fiefs,  dans  les  divers  auteurs  et  dans  les 
divers  temps,  montesq.  Esp.  xxx,  te.  Ceux  qui  ont 
écrit  le  livre  des  fiefs  nous  apprennent  que  d'abord 
les  seigneurs  purent  les  ôter  à  leur  volonté  ;  qu'en- 
suite ils  les  assurèrent  pour  un  an,  et  après  les  don- 
nèrent pour  la  vie,  id.  ib.  Celui  qui  avait  le  fief  avait 
aussi  la  justice,  qui  ne  s'exerçait  que  par  des  com- 
positions aux  parents  et  des  profits  au  seigneur,  id. 
ib.  20.  Je  ne  puis  douter  que  dès  ce  temps-là  [le 
temps  des  maires  du  palais]  la  plupart  des  fiefs 
n'eussent  été  rendus  héréditaires,  id.  ib.  xxxi,  7. 
L'hérédité  des  fiefs  et  l'établissement  général  des  ar- 
rière-fiefs éteignirent  le  gouvernement  politique  et 
formèrent  le  gouvernement  féodal  ;  au  lieu  de  cette 


FIE 


1C65 


multitude  innombrable  de  vassaui  que  les  rois  avaient 
eus,  ils  n'en  eurent  plus  que  quelques-uns  donl 
les  autres  dépendirent,  m.  ib.  32.  ||  Fig.  D'ailleurs, 
si  par  les  biens  on  prise  les  personnes.  Le  théâtre 
est  un  fief  dont  les  rentes  sont  bonnes,  corn,  i'/i- 
lus.  corn.  V,  5.  Il  Fief  servant,  se  disait  d'un  fiel 
quelconque  pour  en  indiquer  la  dépendance  à  l'é- 
gard de  celui  dont  il  relevait  et  qu'on  nommait  fief 
dominant.  |(  On  disait  dans  le  même  sens  :  fief  mou- 
vant d'un  autre  fief  ||  Fief  de  dignité,  celui  auquel 
était  attaché  un  titre,  comme  un  duché,  un  comté. 
Il  Franc-fief,  fief  possédé  par  un  roturier,  avec  con- 
cession et  dispense  du  roi,  contre  la  règle  qui  ne 
permettait  pas  aux  roturiers  de  tenir  des  fiefs. 
Il  Droits  de  francs-fiefs,  taxe  de  francs- fiefs,  droit 
domanial  qui  se  levait  de  temps  en  temps  sur  les 
roturiers,  possesseurs  de  terres  noMes.  Lui  dire  de 
songer  à  faire  payer  les  francs-fiefs  dans  son  gou- 
vernement, SEV.  244.  Il  Arrière-fief,  fief  mouvant 
d'un  autre  fief.  ||  De  son  domaine  faire  son  fief, 
donner  en  fief  une  partie  de  son  domaine.  ||  Fiel 
suzerain,  fief  qui  ne  relevait  de  personne  ou  qui  ne 
relevait  que  de  la  couronne.  |i  Fief  de  corps  ou  fiel 
lige,  celui  dont  le  vassal  était  tenu  par  l'hommage 
lige.  Il  Fief  pairie,  fief  auquel  la  dignité  de  pair 
était  attachée.  On  disait  dan»  le  môme  sens  :  les 
grands  fiels.  |{  2°  Il  s'est  dit  aussi  de  certaines  pro- 
priétés, autres  que  les  domaines  et  possédées  de  la 
même  manière  que  les  fiefs.  Le  droit  de  chasse,  les 
essaims  d'abeilles  pouvaient  devenir  fiefs. 

—  HIST.  XI'  s.  Le  seignur  en  ki  Bu  [dans  le  fief 
duquel]  il  maindra.  Lois  de  Guill.  3.  Teres  et  fiez, 
tant  com  vos  en  vuldrez,  Ch.  de  Roi.  v.  X  lui  lais-je 
mes  honors  et  mes  fieus,  ib.  xxiii.  Et  à  mei  [qu'il] 
vienne  reconoistre  son  feu,  ib.  CLxxxix.  ||  xii'  s.  E 
quant  en  bai  unie  de  lui  granz  fins  tenez.  Jugement 
en  sa  curt  e  dreit  i  sufi'errez,  Th.  le  mart.  45.  ||  xiii'  s. 
Li  vileins  dit  par  repruvier,  Qu'amur  de  seignur 
n'est  pas  fieuz,  marie,  Éliduc.  Li  per  furent  sage 
et  jugèrent  par  droit  que  li  rois  Phelippes  pooit  et 
devoit  le  fief  saisir,  que  li  rois  Jehans  devoit  tenir 
de  lui,  Clir.  de  Rains,  p.  <33.  Il  sont  aucun  fief  c'on 
apele  fiés  aLregiés  [fiefs  dans  lesquels  il  est  dû  des 
services  limités],  beaum.  xxviii,  7.  Tuit  11  home  de 
la  conté,  qui  tienent  de  fief,  ont  en  lor  fiés  hautes 
justices  et  basses,  id.  Lvni,  (.  S'eles  [les  femmes] 
tienent  fief,  eles  doivent  cel  meisme  service  que  uns 
bons  devroit,  id.  xxix,  )  9.  Se  bons  de  poesté  maint 
en  franc  fief,  il  est  démenés  comme  gentix  bons,  id. 
xxx,  44.  Et  le  conte  de  Champaingne  vendi  au  roy 
parmi  [pour]  quarante  mil  livres  les  fiez  ci  après 
nommés,  joinv.  204.  {{  xv'  s.  Si  lui  donna  le  jeune 
roi  quatre  cents  marcs  d'esterlins  de  rente  herita- 
blement,  à  tenir  de  lui  en  fief,  et  à  payer  cliacun 
an  en  la  ville  de  Bruges  [Edouard  III  à  Jean  de 
Hainaut],  froiss.  i,  i,  27.  |{  xvi'  s.  Il  lui  respondit 
que  ouy,  en  arriere-lief;  mais  qu'en  proche  lief,  il 
tenoit  de  M.  de  Vielleville,  carloix,  v,  30.  En  fiefs 
abonnés  [dont  les  droits  casuels  sont  remplacés  par 
une  rente  ou  redevance  annuelle]  vendus,  ne  sont 
dus  quints  ni  requints,  loysel,  574.  Les  droits  dus 
par  le  vassal  à  son  seigneur  se  paient  selon  la  cous- 
tume  du  fief  servant;  mais  la  foi  et  hommage  se 
doivent  faire  en  la  forme  du  fief  dominant,  id.  594. 
En  fief  de  danger,  le  vassal  qui  s'en  met  en  jouis- 
sance sans  le  congé  de  son  seigneur,  perd  sou  fief, 
et  c'est  pour  cela  qu'il  est  dit  fief  de  danger,  lo. 
043.  Qui  fief  nie  ou  fief  rogne,  fief  perd,  lauriêre, 
Gloss.  du  droit  fr. 

—  ÊTYM.  Provenç.  feu,  fieu;  espagn.  et  portug. 
feudo;  ital.  fio,  feudo;  bas-lat.  feudum,  feodum;  du 
germanique:  lombard,  fader-flum,  bien  paternel; 
anglo-sax.  feoh,  bétail  ;  anc.  liaut-allem.  fihu,  fehu, 
troupeau;  goth.  faihu,  biens,  avoir;  anc.  frison, 
fia,  troupeau  et  avoir;  allem.  mod.  Yieh,  bétail 
(comp.  le  latin  pecus,  et  voy.  pécore).  Feudum, 
feodum  est  formé  de  l'allemand  avec  l'épenthcse  d'un 
d  servant  à  la  prononciation,  et  venant  probable- 
ment de  la  transformation  de  l'ft  ;  ce  d  est  passé 
dans  féodal,  féodalité,  feudataire,  feudiste.  Le  sens 
primitif  de  fiefeit  donc  oiens,  avoir;  sens  déterminé 
ensuite  par  l'usage  à  signifier  une  espèce  particu- 
lière de  possession. 

t  FIEFFAL,ALE(fiè-ial,  fal"),  adj.  Terme  de  droit 
coutumier.Quiconcerneunfief;quiappartientàunfief. 

—  HIST.  XVI'  s.  Juridiction  fiefl'al,  celle  qui  ap- 
partient au  seigneur  feudal  pour  les  difl'erens  meus 
contre  ceux  qui  sont  demourans  en  son  fief  et  pour 
faire  droit  des  plaintes  qui  appartiennent  à  son  fief, 
laubière,  Gloss.  du  droit  fr. 

—  ÊTYM.  Fief. 

I  FIEFFANT  (fié-fan),  s.  m.  Celui  qui  donnait 
une  terre  ù  fief. 

I.    -209 


unn 


VIE 


t  FIFFFE  (fii-n,  ».  A  !'■'  Normandie,  vente  qui 
ne  diffi^re  do  la  vente  ordinaire  que  parce  que  le 
prir,  au  liou  d'être  un  capital,  est  une  rente  per- 
pétuelle ou  foncifcre. 
—  ÉTYM.  Fief. 

FFKFFIÎ,  ÉE  (fit-fi5,  rée),  part,  passé.  \H°  Qui  te- 
nait quelque  chose  en  fief.  Homme  flelTé.  ||  Ser- 
pent fieffé,  sergent  pourvu  d'un  fief.  11  y  avait  au 
chfttelet  do  Paris  quatre  sergents  fieffés.  Ces  Lon- 
gueil  sortaient  ri^cemment  d'un  huissier  fieffé  du 
village  de  Longueil  en  Normandie,  st-bim.  378,  87. 
Il  2'  Oui  est  donné  en  fief.  Domaine  fieffé.  ||  3°  Fig. 
et  familièrement.  Il  se  joint  à  une  appellation 
injurieuse  qu'il  renforce,  comme  si  cette  appella- 
tion était  un  fiof  dont  on  décore  la  personne.  Je 
veux  dire  que  tu  es  un  coquin  fieffé ,  haute- 
roche,  Cocher  supposé,  se.  I8.  Et  vous,  filoux  fief- 
fés, ou  je  me  trompe  fort.  Mettez,  pour  me  jouer, 
vos  fliltes  mieux  d'accord,  mol.  l'Ét.  i,  4.  Mais  quoi! 
si  votre  p^re  est  un  bourru  fieffé  Oui  s'est  de  son 
Tartuffe  enti6rement  coiffé....  La  faute  à  votre  amant 
doit-elle  être  imputée?  id.  Tart.  ii,  3.  S'il  dit  vrai, 
je  suis  folle  et  coquette  fiefUe,  destoociies,  Phil. 
mar.  ii,  ».  Il  a  su  qu'en  ce  monde  on  voit  certains 
savants  Qui  son!,  ainsi  que  vous,  de  fieffés  igno- 
rants, VOLT,  les  Systèmes. 

FIEFFER  (fiè-fé),  ».  a.  ||  1°  Donner  en  fief.  Fief- 
fer  un  domaine.  ||  2"  Aujourd'hui  en  Normandie, 
donner  en  fieffé.  A  vendre  ou  à  fieffer,  de  gré  à  gré, 
dix  boutiques,  j4/'/ic/i(;s;wdictotrci à  Dives  (Calvados). 

—  HIST.  XII"  s.  Li  senechals  esteit  en  la  contrée 
nez,  Belâ  chevaliers  egranz,  e  riches  bien  feffez,  JT/i. 
le  mari.  io8  [Je]  Ne  tieng,  fait  sainz  Thomas,  de 
lui  fius  ne  héritez,  Ne  rien  en  barunie;  mais  tut 
est  charitez.  Et  parmenablc  aumosne  tut  ce  dont  su' 
fiefl'ez,  ib.  4''-  ||xiii"  s.  X  Pasques,  en  l'an  de  grâce 
mil  deus  cens  quarante  et  huit,  mandé  je  mes  ho- 
mes et  mes  lievés  à  JoinviUe,  joinv.  2o8.  Ne  sai  où 
faire  clamor  Des  grans  maus  où  sui  fievés.  Poésies 
mss.  axant  )30(i,  t.  m,  p.  fioo,  dans  laclbne. 
Il  XV'  s Fortune  qui  eslieve  Les  gens  à  son  ap- 
pétit Et  de  ses  grans  dons  les  fieve,  al.  CHAnTiER, 
Poésies,  p.  710.  ||  xvi"  s.  Tous  les  nobles  de  son 
royaume,  ayants  terres  et  seigneuries  fieffées  et 
hommaigées,  carlolx,  v,  1. 

—  ETYM.  Fief;  wallon,  fivé,  fieffé;  génev.  un 
fieffet  menteur. 

FIEL  (fiel),  s.  «1.111°  La  Lile  des  animaux,  hu- 
meur jaune  contenue  dans  une  petite  vessie  adhé- 
rente au  foie.  Frottez-lui  [à  Tobie]  les  yeux  avec  ce 
fiel  de  poisson  que  vous  portez  avec  vous;  car  assu- 
rez-vous qu'en  même  temps  les  yeux  de  votre  ptre 
s'ouvriront,  et  il  verra  la  lumière  du  ciel,  saci.  Bible, 
Tobie,  XI,  8.  ||  On  ne  dit  guère  la  fiel  de  l'homme; 
cependant  on  dit,  chez  l'homme  comme  chez  les 
animaux,  vésicule  du  fiel  pour  dé.iigner  le  réservoir 
delà  bile.  Il  Fiel  de  bœuf,  extrait  de  fiel,  qui  sert 
à  enlever  les  taches  de  graisse.  ||  2*  Fig.  Amertumes, 
chagrins,  peine.  Que  tout  seul,  s'il  se  peut,  je  boive 
tout  le  fiel  Que  répandrait  sur  vous  la  colère  du  ciel, 
MAiRET,  Sophon.  IV,  t.  Me  nourrissant  de  fiel,  de 
larmes  abreuvée,  rac.  Phèd.  iv,  t.  Hélas  I  mon  père 
[Louis  XVI]  est  mort  d'une  mort  bien  amcre;  Ses 
bourreaux,  ô  mon  Dieu,  m'ont  abreuvé  de  fiel,  v. 
HUGO,  Ories,  i,  6.  ||  3°  Haine,  animosité,  humeur 
caustique.  Ils  déchargent  tout  leur  fiel  sur  l'homme, 
noss.  11,  Démons,  2.  Tant  de  fiel  entre-t-il  dans 
l'ftme  des  dévots!  boil.  Lutr.  i.  Des  sottises  du 
temps  je  compose  mon  fiel,  id.  Disc,  au  roi.  J'avais 
tmtôt  rempli  d'amertume  et  de  fiel  Son  cœur  déjà 
saisi  des  menaces  du  ciel,  rac.  Athal.  m,  3.  Por- 
tant dans  le  cœur  un  fiel  secret  d'amertume  contre 
votre  frère,  maps.  Avent,  Disp.  Ce  cœur  plein  d'a- 
mertume Répandait  malgré  lui  le  fiel  qui  le  con- 
sume, VOLT.  Oresie,  ii,  6.  Luther,  Zwingle,  Calvin 
avaient  des  mœurs  farouclies;  leurs  discours  respi- 
raient le  fiel,  m.  Mœurs,  <32.  Jamais  surtout  mon 
vers,  qu'aucun  fiel  n'envenime.  N'immole  un  hon- 
nête homme  au  besoin  d'une  rime,  millf.v..^  mons. 
D...,  Il  Plume  trempée  dans  le  fiel,  manière  d'écrire 
pleine  d'amertume  et  de  méchanceté.  Je  trempai  ma 
plume  dans  mon  fiel,  et  cela  composa  une  sotte  let- 
tre amère,donl  je  vous  fais  mille  excuse.s,  sév.  Lett. 
ABussy,  ejuil.  1670.  Quel  livre  de  controverse  n'a 
pas  été  écrit  avec  le  fiel?  volt.  Polit,  et  législ. 
Avis  au  public  sur  les  parricides;  des  suites  de 
Pespril  de  parti.  \\  On  dit  dans  un  sens  analogue  : 
langue  trempée  dans  le  fiel.  Si  votre  langue  n'est 
pas  toujours  trempée  dans  le  fiel,  mass.  Carême. 
Pardon.  ||  F.tre  sans  fiel,  n'avoir  point  de  fiel,  n'avoir 
ni  méchanceté  ni  rancune.  Vous  n'avez  non  plus  de 
fiel  qu'un  pigeon,  nESTOucUES,  Fausse  Agn.  Il,  2. 
Cette  âme  sans  fiel  ne  voyait  que  clémence  et  misé- 


riE 

ricorde  où  les  dévots  ne  voient  que  justice  et  puni- 
tion, j.  j.  Bouss.  Confess.  vi.  Je  n'.ni  point  du  fiel, 
et  jamais,  je  l'espère,  la  haine  n'approchera  de  mon 
âme,  picAiiD,  Vieille  tante,  iv,  «.  ||  Se  nourrir  de 
fiel,  s'abreuver  de  fiel,  vivre  dans  le  mécontente- 
ment, la  jalousie,  la  haine.  ||  4°  Fiel  de  verre,  écume 
(|ui  se  forme  sur  les  creusets  pendant  la  fusion.  Le 
fiel  du  verre  qui  s'élève  au-dessus  du  verre  fondu, 
■n'e.st  qu'un  mélange  de  ces  impuretés  et  des  seLs, 
nuFF.  Min.  t.  m,  p.  3:i9,  dans  pougens.  ||  5°  Terme 
de  botanique.  Fiel  de  terre,  la  fumeterre  et  la  pe- 
tite centaurée. 

—  HIST.  xu'  s.  C'est  deable  qu'ore  ne  fine,  Oui  es 
humains cuers  met  hayne.  Fiel,  descordance  e  amer- 
tors.  Tant  qu'il  en  a  fait  traStors,  benoît,  ii,  11628. 
Il  XIII"  s.  Et  cil  douèrent  en  la  moie  viande  (iel,  et 
en  la  moie  soif  m'aljuvrerenld'aisil[vinaigre],  Pi'au- 
ticr,  f°  81.  En  moi  n'a  ne  ven'U  ne  fiel;  11  ne  me  re- 
maint rien  souz  ciel;  Tout  va  sa  voie,  ruteb.  20. 
Car  au  chief  [bout]  de  neuf  jours,  les  cors  de  n.os 
gens  que  il  avoient  tuez  vindrent  au  desus  de  l'yaue, 
et  dit  l'en  que  c'estoit  pource  que  les  fielz  en  estoient 
pourriz,  joinv.  23S. 

—  RTY.M.  Provenç.  fel;  espagn.  hiel;  ital.  fcle;  du 
lat.  fel ;comp.  le  grec  yôlo^,  bile;  allem.  Ca//c, bile. 

t  FIELLEUX,  EUSÊ  (fiè-Ieû,  leû-z"),  adj.  Oui 
tient  du  fiel. 

—  HIST.  xvi"  s.  La  souvenance  à  toute  heure  me 
tente  De  la  mielleuse  et  fielleuse  saison  Où  je  perdi 
mes  sens  et  ma  raison,  ronsard,  68. 

—  P.TYM.  Fiel;  génev.  fielleux,  atrabilaire,  rancu- 
nier, haineux. 

FIENTE  (fian-f),  t.  f.  Excréments  de  certains 
animaux,  avec  l'idée  qu'ils  sont  mollasses  ou  liqui- 
des. Fiente  de  vache.  Fiente  de  pigeon.  Pendant 
qu'il  dormait,  il  tomba,  d'un  nid  d'hirondelle,  de  la 
fiente  chaude  sur  ses  yeux,  ce  qui  le  rendit  aveugle, 
SACi,  Bible,  Tobie,  ii,  H . 

—  HIST.  XII"  s.  Deus  me  conseillera,  qui  tuz  dis 
m'est  prochiens.  Oui  l'orgueilleus  abat,  le  povre  oste 
des  fiens,  Th.  le  mart.  97.  E  tant  durad  li  sièges  que 
l'um  vendied  le  chief  de  un  adne  [âne]  quatre  vinz 
deniers  de  arpent,  e  cinc  deniers  d'argent  le  sestier 
de  fiente  de  coloms  [pigeon]  pur  la  fiente  user  en 
lieu  de  sel.  Rois,  p.  369.  ||  xiii"  s.  Et  se  usages  de 
bestes  est  lessiez,  ausi  comme  de  brebis  ou  de  mos- 
tons,  il  aura  les  fiens  por  fumer  le  champ,  ii».  de 
just.  I3t>.  Il  XVI" s.  Elle  [la  créature  humaine]  se  sent 
logée  icy  parmy  la  bourbe  et  le  fient  du  monde, 

MONT,   n,  (68. 

—  ÊTYSi.  Picard,  fien,  fumier;  Berry,  fient  ;  norm. 
/ion;  provenç.  fenta,  fenda,  fienda ;  catal.  fempla. 
Le  sens  propre  est  fumier  ;  la  forme  ancienne  est 
fien,  provenant  du  latin  pmus,  fumier;  d'où  on  a 
tiré  un  nom  féminin  avec  l'épenthèse  d'un  t,  aidé  en 
cela  par  le  latin  fimetum,  lieu  rempli  de  fumier, 
quia  le  (. 

t  FIENTE,  ÉE  (fian-té,  tée),  adj.  Terme  rural. 
Oui  est  fumé,  amélioré  par  des  engrais. 

—  ÈTYM.  Fiente,  fient,  dans  le  sens  ancien  de  fumier. 
FIENTER  (fian-té),  v.  n.  Rendre  de  la  fiente. 

—  HIST.  XV"  s.  Fienter  la  terre  [y  mettre  du  fu- 
mier], Ilist.  de  la  toison  d'or,  t.  i,  "f"  B7,  dans  la- 
CURNE.  Il  XVI"  S.  Et  les  poules  par  ne  pouvoir  entrer 
dans  l'eau  ne  la  remueront  avec  les  pieds  et  n'y  fien- 
teront,  o.  pe  serres,  34». 

—  f. TYM.  Fiente. 

t.  FIER  (fi-é),  je  fiais,  nous  fiions,  vous  fiiez; 
que  je  fie,  que  nous  fiions,  que  vous  fiiez,  v.  a. 
Il  1"  Commettre  à  la  foi  de  quelqu'un.  Je  lui  fierais 
tout  ce  que  j'ai  au  monde.  Ciel!  à  qui  voulez-vous 
désormais  que  je  fie  Les  secrets  de  mon  âme  et  le 
soin  de  ma  vie'.'  corn.  Cinna,  iv,  3.  Je  vous  fie  son 
salut  en  toute  assurance,  scabr.  Bom.  com.  n,  lo. 
Il  Fig.  Cher  prince,  dont  je  n'ose  en  mes  plus  doux 
souhaits  Fier  encor  le  nom  aux  murs  de  ce  palais, 
CORN.  Itodog.  m,  3.  HZ"  Se  fier,  D.  réfl.  Mettre  si 
confiance.  Souvent  qui  trop  se  fie  aussi  trop  se 
hasarde,  rotr.  Antig.  ii,  i.  ||Se  fier  à  quelqu'un  ou 
à  quelque  chose,  s'assurer  sur  quelqu'un  ou  sur 
quelque  chose.  Le  plus  sûr  est,  ma  foi,  de  se  fier  à 
nous,  MOL.  lie.  des  mar.  i,  ).  Il  me  semble  qu'on 
peut  se  fier  à  vos  paroles,  sÊv.  42.  Je  jurai  de  ne  me 
plus  fier  aux  physionomies,  id.  233.  Osée,  roi  d'Is- 
raBl,  s'était  fié  au  secours  de  S,a])acon,BOSS.  Ilisl.  i, 
7.  Ouoi  !  Narcis.se,  tandis  qu'il  n'est  point  de  Ro- 
maine.... Oui,  dès  qu'à  ses  regards  elle  ose  se  fier, 
Sur  le  cœur  de  César  ne  les  vienne  essayer,  bac 
Brit.  II,  2.  Vous  fiez-vous  encore  à  de  si  faibles  ar- 
mes? m.  Iphig.  v,  2.  |]  Ne  pas  se  fier  à  ses  oreilles, 
ne  pas  croire  ce  qu'on  entend.  X  peine  je  me  fie  en- 
core âmes  oreilles,  corn.  Poly.w,  6.  ||  Ne  pas  se  fier 
à  ses  yeux,  ne  pas  croire  ce  qu'on  voit.  ||  Se  fier  à 


HE 

quelqu'un  de  quelque  chose,  avoir  confiance  en  quel- 
qu'un pour  cette  chose.  11  y  a  d'autres  esprits  d'une 
plus  haute  élévation,  à  qui  il  [le  prince]  peut  se  fier 
de  plus  importants  emplois  et  donner  une  plus  no- 
ble part  en  ses  desseins,  balz.  De  la  cour,  i  •'  duc. 
Personne  X  qui  de  mon  secret  je  m'osasse  fier,  hé- 
GNiKR,  Étég,  v.  Harpalus  i  qui  le  roi  s'ét;iit  fié  de  la 
garde  des  trésors,  vauoklas,  Q.  C.  654.  Seigneur, 
voulez-vous  bien  vous  en  fiera  moi?  corn.  A'icom. 
IV,  3.  S'ils  voulaient  se  fier  à  la  compagnie  [au  sénat 
de  Rome]  de  la  réparation,  Boss.  Ilist.  m,  «.  Fiez- 
vous  aux  Romains  du  soin  de  son  supplice,  bac 
Mithr.  V,  B.  Ce  n'eût  pas  été  au  comte  de  Melford 
qu'on  se  fût  fié  d'un  des.sein  de  cette  importance, 
sT-siM.  87,  137.  Il  Se  fier  en,  mettre  sa  confiance. 
Ma  volonté  ne  se  fie  pas  en  ma  mémoire  des  cho- 
ses de  cette  importance-lâ,  et  elle  me  représente  à 
toute  heure  que  j'ai  cela  à  faire,  jusqu'à  ce  qu'il  soit 
fait,  VOIT.  Lett.  m .  Qu'ils  [les  lecteurs]  repassent  si 
longtemps  et  si  souvent  cette  considération  [l'incer- 
titude des  sens]  en  leur  esprit,  qu'enfin  ils  acquièrent 
l'habitude  de  ne  plus  .se  fier  si  fort  en  leurs  secs, 
DESC.  Hép.  aui  secondes  abject.  67.  Je  vous  mande- 
rai toujours  sincèrement  comme  je  suis  ;  fiez-vous 
en  moi,  sÉv.  m  juil.  (675.  ||  Se  fier  sur,  compter  sur. 
11  se  fiait  assez  sur  la  modération  de  ce  prince  et  sur 
sa  propre  grandeur  pour  ne  rien  craindre  de  sa 
part,  d'ablanc.  Tacite,  174.  Ma  foi,  sur  l'avenir  bien 
fou  qui  se  fiera,  rac.  Plaid.  I,  4 .  Et  lorsque  avec 
frayeur  je  parais  à  vos  yeux.  Que  sur  mon  inno- 
cence à  peine  je  me  fie,  id.  Brit.  ii,  i.  Sur  l'avenir 
insensé  qui  se  fie,  id.  Athal.  n,  9.  Je  sais  vous  es'i- 
mer  autant  que  je  vous  aime,  Et  sur  votre  vertu  me 
fier  à  vous-même,  volt.  Zaïre,  i,  s.  ||  Se  fier  de  quel- 
qu'un, compter  sur  lui  (tournure  qui  a  vieilli).  As- 
pathine  et  Gobrias,  les  premiers  des  Perses  et  de  qui 
plus  il  se  fiait  [Otanès],  p.  l.  cour,  ii,  (86.  On  ne 
dit  plus  aujourd'hui  celui  dont  ou  duquel  je  me  fie, 
ni  la  personne  de  laquelle  je  me  fie,  il  faut  dire  :  ce- 
lui en  qui  ou  à  qui  je  me  fie,  Acad.  Observ.  sur 
Vaugelas,  p.  B56,  dans  pougens.  ||  Fiez-vous-y,  se 
dit  par  antiphra.se  pour  avertir  quelqu'un  de  ne  pas 
se  fier  à  une  personne  ou  à  une  chose.  Oui,  fiez- 
vous-y,  à  cette  physionomie  si  prévenante,  qui  dis- 
parait un  quart  d'heure  après,  pour  faire  place  à  un 
visage  sombre, marivaix.  Jeux  de  l'amour  et  duhas. 
I,  1.  Il  Fig.  Nage  toujours  et  ne  t'y  fie  pas,  se  dit 
pour  faire  entendre  qu'il  faut  s'aider  soi-même, 
sans  trop  compter  sur  autrui. 

—  HIST.  XI"  S.  Et  Olivier  en  qui  il  tant  se  fiel, 
Ch.  de  Bol.  xLiii.  I|xii*  s.  Fiez  la  moi,  Rone.  p.  3i. 
Dame,  fait-il,  ce  vous  puet  moult  grever,  Que  (vous] 
vous  fiés  en  vostre  seigneurage,  quesnes.  Roman- 
cero, ji.  109.11x111*  s.  Tant  je  me  fie  à  sa  grant 
loiauté,  Jà  pour  autre  [elle]  ne  me  devra  guerpir, 
LE  COMTE  d'anjou,  Romanc.  p.  4  24.  Car  trop  en  sa 
biauté  se  fie  Qui  atent  que  famé  le  prie,  la  Rose, 
7089.  Il  XV'  s.  Les  compaignons  de  qui  il  se  fioit  le 
plus,  froiss.  i,  i,  16.  Mais  jà  pour  ce  trop  ne  vous  y 
fiez;  C'est  tout  néant  des  choses  de  ce  monde,  Eus- 
TACUE  deschamps,  Kéant  du  monde....  tel  court  est; 
foulz  s'ifie;...  C'est  la  destruction  D'ameet  decorps; 
adieu,  court,  je  te  lesse,  m.  De  l'intérieur  des  cours. 
Je  laisse  faire  à  mon  conseil,  je  me  fie  en  eulx, 
coMM.  Il,  6.  Pour  ce  que  de  tous  points  ne  .se  fyoit 
point  de  ses  gens  d'armes,  id.  iv,  4.  ||xvi"  s.  Je  me 
fie  ayséement  à  la  foy  d'aultruy,  mont,  i,  26.  Fier 
une  chose  à  quelqu'un,  id.  i,  î7.  Je  me  feusse  plus 
volontiers  fié  à  luy  de  moy,  qu'à  moy,  id.  i,  20.  La 
duc  se  fiant  [comptant]  qu'on  n'auroit  pas  touché  à 
sa  bouteille,  id.  i,  253.  Et  duquel  il  s'estoit  tou- 
jours fié,  id.  m,  304.  En  trop  se  fier  a  danger,  gé- 
NiN,  Récréât,  t.  11,  p.  238.  Qui  ne  se  fie  n'est  pas 
trompé,  LEROUX  de  lincy,  Prov.  t.  11,  p.  399.  De  qui 
je  me  fie.  Dieu  me  garde, cotg rave.  Souvent  femme 
varie.  Est  bien  fou  qui  s'y  fie ,  François  1.  La  nef 
qui  disjoint  nos  amours  N'aura  de  moi  que  la  moi- 
tié; Une  part  te  reste,  elle  est  tienne;  Je  la  fie  à  ton 
amitié.  Pour  que  de  l'autre  il  te  souvienne,  maris 
stuart.  Adieux  à  la  France. 

—  ÊTYM.  Provenç.  fiar,  fisar;  espagn.  et  portug. 
fiar;  ital.  fidan  ;  verbe  roman  formé  du  latin  fidus, 
qui  se  fie  [voy.  foi). 

f  2 FIER,  suffixe  répondant  au  suffixe  latin 

ficare,  et  dérivé  de  factre,  faire  :  falsifier,  gratifier, 
pétrifier,  etc. 

3.  FIER,  ifiRE  (fièr,-fiê-r'),  adj.  \\  1"  Sauvage,  fa- 
rouche. Usité  seulement  en  termes  de  chasse.  Per- 
drix fières,  celles  dont  il  n'est  pas  facile  d'appro- 
cher. Il  En  termes  de  blason,  fier  se  dit  d'un  lion  qui 
a  le  pcil  hérissé.  ||  Fig.  Il  se  dit,  en  termes  de  sculp- 
ture, d'une  pierre  dure,  difficile  à  tadler,  sujette  it 
éclater.  Une  pierre  fière.  Un  marbre  fier.  ||  2  "  Vio- 


FIE 

lent,  qui  a  l'audace,  l'intrépidité  d'une  bote  farouche. 
De  fiers  coursiers.  Combien  reçut-il  d'avis  secrets 
que  sa  vie  n'était  pas  en  sûreté  I  et  il  connaissait, 
dans  le  parti,  de  ces  fiers  courages  dont  la  force 
malheureuse  et  l'esprit  extrême  ose  tout  et  sait 
trouver  des  exécuteurs,  boss.  le  Tellier.  Quelque 
fier  qu'il  puisse  être,  il  n'est  pas  invincible,  rac. 
Viéb.  IV,  I .  Attaquons  dans  leurs  murs  ces  conqué- 
rants si  fiers,  id.  Mithr.  m,  <.  Et  le  seul  nom  de 
Rome  étonne  les  plus  fiers,  id.  ib.  iv,  6.  X  la  fois 
fier  et  rusé,  Kutusof  savait  préparer  avec  lenteur 
une  guerre  tout  à  coup  impétueuse,  ségur,  llist.  de 
Nap.  viii,  4(.  Si  le  reste  [de  l'armée  russej  se  reti- 
rait en  si  bon  ordre,  fier  et  si  peu  découragé, 
qu'importait  le  gain  d'un  champ  de  bataille?  id.  ib. 
VII,  )2.  Il  Fig.  Brisa  les  fiers  remparts  et  les  portes 
d'airain,  hac.  Esth.  m,  4  ||  3°  Eu  un  sens  particu- 
lier, qui  a  un  orgueil  se  montrant  dans  la  conte- 
nance, dans  les  manières.  La  belle  était  pour  les 
gens  fiers,  la  font.  Fabl.  iv,  l.  Certaine  fille  un 
peu  trop  fière  Prétendait  trouver  un  mari....  id.  ib. 
VII,  6.  Est-ce  là,  dira-t-il,  cette  fière  Hermione? 
RAC-  Andr.  ii,  i.  Le  fier  Assuérus  couronne  sa  cap- 
tive, ID.  Esth.  i,  * .  L'état  le  plus  libre  de  la  nature 
pe  royaume  de  l'air]  a  donc  aussi  ses  tyrans  [les 
aigles],  et  malheureusement  c'est  à  eux  seuls  qu'ap- 
partient cette  suprême  liberté  dont  ils  abusent,  et 
cette  indépendance  absolue  qui  les  rend  les  plus 
fiers  de  tous  les  animaux,  buff.  Ois.  t.  xi,  p.  iio, 
dans  pouGENS.  ||  Molière  a  dit  fier  à  quelqu'un,  pour 
signifier  :  montrant  de  la  fierté  à  l'égard  de  quel- 
qu'un. Oh  !  qu'elles  nous  sont  bien  flères  par  notre 
faute!  Dép.  am.  iv,  2.  ||  Être  fier  comme  un  Écos- 
sais, avoir  beaucoup  d'orgueil,  les  Écossais  qui 
jadis  étaient  souvent  au  service  de  nos  rois,  pas- 
sant pour  être  très-orgueilleux.  Ramsay  lui  répon- 
dit qu'on  pouvait  se  rencontrer ,  et  qu'il  nétiit 
pas  étonnant  qu'il  pensât  comme  Fénelon ,  et 
qu'il  s'exprimât  comme  Bossuet  ;  cela  s'appelle  être 
fier  comme  un  Écossais,  volt.  Dict.  phil.  Pla- 
giat. Il  On  dit  aussi  :  fier  comme  Artaban,  du  nom 
d'un  héros  de  roman;  et  fier  comme  un  gueux. 
Il  Terme  de  manège.  Se  dit  du  cheval  pour  expri- 
mer qu'il  se  redresse  vivement  à  la  moindre  parole 
qu'on  lui  adresse.  |{  11  se  dit  de  la  conduite,  de  la 
contenance,  du  ton,  des  actions,  des  discours,  etc. 
Une  attitude,  une  démarche  fière.  Une  mine  fière. 
Mon  cœur,  d'un  fier  mépris  armé  contre  leurs  traits, 
RAC.  Alex,  m,  6.  Cet  air  fier  et  censeur  qui  juge  de 
tout,  MASS.  Avent,  Disp.  Tout  ce  que  vous  vous  êtes 
permis....  de  légers  mépris,  de  fiers  refroidisse- 
ments contre  votre  frère,  id.  Car.  Fautes  légères. 
Il  4°  Oui  s'enorgueillit  de.  Il  est  fier  de  cette  préfé- 
rence. Elle  est  fière  de  sa  fille.  Il  se  tient  fier  de  ses 
richesses.  Il  est  tout  fier  d'avoir  réussi.  Ses  amours 
qu'un  rival  tout  fier  de  sa  défaite  Possédait  à  ses 
yeux,  LA  FONT.  Fabl.  vu,  I3.  En  vain,  tout  fier  d'un 
sang  que  vous  déshonorez,  boil.  Sat.  y.  S'il  fuit,  ne 
doutez  point  que,  fiers  de  sa  disgrâce,  X  la  haine 
bientôt  ils  ne  joignent  l'audace,  rac.  Bajas.  i,  ( . 
Il  6°  Oui  a  des  sentiments  nobles,  élevés.  Les  nuan- 
ces sont  si  délicates,  qu'esprit  fier  est  un  blâme, 
âme  fière  est  une  louange;  c'est  que  par  esprit  fier 
on  entend  un  homme  qui  pense  avantageusement 
de  soi-même,  et  par  âme  fière  on  entend  des  senti- 
ments élevés,  VOLT.  Dict.  phil.  Fierté.  Mais  elle  est 
trop  fière  ;  dites-lui  que  cela  n'est  pas  bien  d'être 
fière,  ID.  Écoss.  ii,  5.  L'empereur  et  la  grande  ar- 
mée gardaient  l'un  envers  l'autre  un  triste  et  noble 
silence  ;  on  était  à  la  fois  trop  fier  pour  se  plaindre 
et  trop  expérimenté  pour  n'en  pas  sentir  l'inutilité, 
SÉGUR,  llist.  de  Nap.  ii,  13.  ||  6°  Terme  de  peinture. 
Touche  fière,  touche  vigoureuse  et  hardie.  ||  On  dit 
aussi  :  fier  ciseau.  {{  7°  Dans  le  langage  familier, 
grand,  remarquable.  Voilà  une  fière  étourderie. 
X  moins  qu'on  ne  l'écorche  vif,  je  prédis  qu'il 
mourra  dans  la  peau  du  plus  fier  insolent....  beau- 
harch.  Mar.  de  Fig.  i,  4.  Tout  ça  pourtant  m'a  coûté 
UD  fier  baiser  sur  la  joue,  in.  ib.y,  t.  Savez-vous  que 
cet  homme-là  vient  recueillir  ici  un  fier  héritage  ? 
PICARD,  Collatéral,  i,  4.  ||  Ironiquement.  Voilà  un 
fier  marcheur,  il  se  lasse  tout  de  suite.  Cinq  mille 
hommes,  voilà  une  fière  armée  I  ||  Le  passage  au 
sens  populaire  de  grand,  fort,  s'est  fait  par  le  sens 
de  farouche,  violent,  méchant, comme  dans  ce  vers: 
Mon  mal....  pour  un  temps  retenu....  est  plus  fier 
revenu,  régnier,  Èlég.  v.  Cette  acception  est  an- 
cienne, on  peut  le  voir  à  l'historique.  ||  8°  Substan- 
tivement. Faire  le  fier,  se  montrer  fier,  orgueilleux. 
Il  fit  le  fier  et  ne  s'en  trouva  pas  bien,  hamilt. 
Gratnm.  8.  11  ne  faut  point  que  vous  fassiez  tant  la 
fière,  dancourt,  Bourg,  à  la  mode,  m,  6.  ||  Se  tenir 
sur  sou  fier,  garder  sa  fierté,  ne  pas  condescendre. 


FIE 

M.  le  prince  .se  mit  à  rechercher  Rose,  qui  se  tint 
longtemps  sur  son  fier,  st-sim.  85,  4io  ||  Fiers  de 
Neufchâtel,  bons  barons  de  Beaufremont,  nobles  de 
Vienne,  preux  de  Vergy,  riches  de  Chilons  [c'étaient 
les  surnoms  des  cinq  principales  maisons  de  Fran- 
che-Comté], PELLissoN,  llist.  de  Louis  XIV,  t.  Ii, 
liv.  VI,  p.  264,  dans  poijgens. 

—  HIST.  XI"  s.  Mandez  [à]  Carlon  al  orguUuz, 
al  fier,  Ch.  de  Roi.  m.  Moult  [il]  se  fait  fier  de  ses 
armes  porter,  ib.  lxx.  Plus  se  fait  fier  que  lion  ne. 
leupart,  «6.  lxxxvi.  ||  xii*  s.  [Il]  dist  à  son  oncle  par 
moult  fiere  raison,  Ronc.  p.  40.  Moult  fier  [considé- 
rable] doaire  [il]  lui  a  fait  otrier,  ib.  p.  100.  Dex  I 
qui  vous  sert,  fer  gueredon  atent,  ti».  p.  173.  Icestui 
[jugement]  ferons  nous,  se  n'en  trouvons  plus  fier 
[cruel],  ib.  p.  200.  Bien  savons  de  Herupe  [sur  les 

'Herupois]  qu'onques  treii  [tribut]  [il]  n'en  ot;  Fier 
en  sont  et  félon,  Sax.  xvii.  lit  veïssiés  un  fier  aba- 
teis;  Il  n'a  el  monde  paien  ne  sarrasin.  S'il  les  veï.st, 
cui  pitié  n'enprisist,  Raoul  de  C.  253.  De  Joseph  lui 
souvint  cui  si  altre  noef  frère  Vendirent  pur  de- 
niers et  disrent  à  lur  père  Que  dévorez  estoit  d'icele 
heste  fere.  Th.  le  rnart.  66.  ||  xiii'  s.  Ensi  dura  li  as- 
saus  moût  durs  et  moût  tiers  jusques  vers  l'eure  de 
none,  en  plus  de  cent  lius,  villf.h.  cni.  Car  moult 
[elle]  doutoit  la  bise,  qui  ert  [était]  tranchans  et 
fiere,  Berte,  XL.  Si  te  dirai  fiere  merveille,  la  Rose, 
2448.  Et  si  li  demandai  comment  Ele  avoit  non,  et 
qui  ele  iere  ;  El  ne  fu  pas  envers  moi  fiere.  Ne  de 
respondre  desdaigneuse,  ib.  68O.  Perte  d'avoir  est 
moult  legiere  ;  Mais  perte  d'amis  est  trop  fiere, 
l'arlonop.  ms.  f"  14I,  dans  lacurnb.  ||  xv  s.  Et 
conquirent  si  fier  et  si  grant  avoir,  que  merveilles 
seroit  à  penser  et  à  nombrer,  froiss.  i,  i,  267.  Les 
faits  d'amours  ne  sont  point  egaulx  ;  car  souvent  il 
y  a  du  doulx  et  de  l'amer  ;  tel  cuyde  avoir  bonnes 
nouvelles,  qui  les  a  fieres  et  mal  agréables,  Perce- 
forcst,  t.  III,  f"  135. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fer;  espagn.  fiera;  portug. 
fero  ;  ital.  fiero  ;  du  lat.  férus,  farouche 

l'IER-X-BRAS  (fiè-ra-brâ  ;  Vs  se  lie  :  un  fiè-ra- 
bra-z  extravagant),  s.  m.  Terme  familier.  Faux 
brave,  fanfaron,  rodomont.  Pour  noble  on  l'est  d'a- 
bord qu'on  fait  le  fier-à-bras,  th.  corn.  D.  César 
d'Aralos,  i,  1.  Dès  que  le  fier-à-bras  vit  que  don 
Antoine  quittait  son  poste  au  lieu  de  songer  à  le 
conserver,  il  s'en  saisit  brusquement,  lf.sage,  Guzm. 
d'Alfar.  vi,  i .  |(  ylu  plur.  Des  fier-à-bras. 

—  REM.  Scarron  écrit  au  pluriel  fiers-à-bras  : 
Contre  ces  maudits  fiers-à-bras,  Gigant.  m.  Ortho- 
graphe qu'on  ne  peut  condamner ,  l'étymologie 
étant  indécise 

—  HlST.  XIII"  s Fierabras,   C'est  anemis  [le 

démon)  qui  maint  mal  brace,  du  oange,  ferrebra- 
chia.  Il  XIV'  s.  Trop  sunt  ambeduï  soi  tenant  bras  et 
bras;  Plus  fort  ne  fu,  de  voir  [de  vrai],  de  ces  deux 
fierabras,  Girart  de  lioss.  v.  404  0. 

—  ÉTYM.  Nom  d'un  géant  qui  combattit  contre 
Olivier.  L'étymologie  est  controversée.  Du  Cange,  au 
motferrebrachia,  y  voit  brachia  ferrea,des  bras  de 
fer,  suivant  en  cela  Guill.  d'Apulée  qui  explique  le 
surnom  de  Guillaume  frère  de  Robert  Cuiscard  par 
ferrea  dictus  habere  brachia,  et  retrouvant  brachii 
ferrei  comme  surnom  de  Guillaume  IV,  comte  de 
Poitiers.  Au  contraire  les  (diteurs  du  poème  de 
Fierabras  y  voient  fera  brachia,  des  bras  vaillants, 
citant  une  traxiuction  latine  du  moyen  âge  qui  porte 
fera-brachia,  et  les  formes  fierebrache  de  Ph.  Mous- 
kes  et  fierbras  du  xvi*  siècle.  Dans  ces  deux  cas, 
le  premier  a  de  fierabras  est  difficile  à  expliquer. 

FIEREMENT  (fiê-re-man),  adv.  ||  1°  D'une  ma- 
nière fière,  hautaine  Regarder  fièrement.  Moi  qui 
contre  l'amour  fièrement  révolté,  rac  Phèdre,  11,  2. 
Lui,  fièrement  assis  et  la  tête  Kumobile,  id.  Esth. 
II,  1.  Rien  n'est  plus  indécent  et  plus  insensé  que 
de  décider  fièrement  sur  ce  que  l'on  ignore,  mass. 
Carême,  Doutes  s.  la  relig.  \\  i"  Avec  courage,  bra- 
vement. Déjà  les  deux  armées....  Se  menaçaient  des 
yeux,  et,  marchant  fièrement....  corn.  Hor.  i,  4. 
Ces  sénateurs  courbts  sous  ie  fardeau  des  ans.  At- 
tendaient fièrement  sur  leur  siège  immobiles  Les 
Gaulois  et  la  mort  avec  des  yeux  tranquilles,  volt. 
Ilcnr.  IV.  l'rop  fièrement  philosophe  pour  respecter 
l'ingratitude  sur  le  trône,  et  trop  sensible  à  cette 
ingratitude,  id.  I.ett.  Mme  Denis,  20  déc.  1753.  Les 
veuves  indiennes,  quelque  penchant  que  tout  être 
sensible  ait  pour  sa  conservation,  se  déterminent 
assez  fièrement  au  sacrifice  de  leur  vie,  baynal, 
Hist.  phil.  I,  8.  Ils  passèrent  fièrement  au  milieu 
de  la  fiotte  espagnole  qui  n'osa  pas  tirer  un  coup  de 
canon  :  elle  craignait  même  d'être  attaquée  et  bat- 
tue, ID.  ib.  X,  1 0.  Il  3°  Peindre  fièrement,  coucher  les 
couleurs  liardiment  et  à  grands  couds.  Ce  tablftau 


FIE 


1667 


est  fièrement  touché.  ||  Fièrement  dessiné,  dessiné 
à  traits  grands  et  hardis.  Le  Brun  fièrement  dessi- 
nait, volt.  Temple  du  goût.  ||  Il  se  dit,  dans  un 
sens  analogue,  des  peintures  faites  par  le  style.  Énée 
et  Turnus  ne  sont  beaux  que  dans  deux  ou  trois  mo- 
ments; Mézence  seul  est  fièrement  dessiné,  chateaub. 
Génie,  li,  11,  lu.  ||  4"  Dans  le  langage  populaire, 
extrêmement,  fortement.  On  l'a  fièrement  tancé. 

_—  UIST.  XI'  s.  Moult  fièrement  [il]  commence  sa 
raison,  Ch.  de  Roi.  xv.  ||  xii'  s.  Dune  l'aveit  li  bueiis 
prestre  fièrement  regardé,  Th.  le  mart.  44.  David 
guerria  fièrement  les  Philistins,  e  mult  les  abaissad, 
Rois,  p.  1 40.  Il  XV'  s.  Ils  sacherent  les  espèes,  dont  ils 
se  rencontrèrent  fièrement  et  se  combattoieut  main 
à  main,  proiss.  u.  ii,  0. 

—  ÊTYM.  Fière,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  {erO' 
mens;  espagn.  et  ital.  ^ramente. 

t  FIERLIAGE  (fièr-li-a-j'),  *.  m.  Action  de  rem 
plir  exactement  les  tonneaux  dans  les  salines. 

t  FIERTE  (fièr-f),  s.  f.  Vieux  mot  qui  signifii 
châsse  et  qui  s'était  conservé  dans  quelques  églises, 
comme  dans  celle  de  Rouen,  pour  la  châsse  de  saint 
Romain,  archevêque  de  cette  ville. 

—  ÉTYM.  Lat.  feretrum,  civière  à  porter  les  morts; 
le  mot  roman  prouve  par  son  accent  que,  dans  le  la- 
tin d'alors  ou  latin  populaire ,  fe  était  accentué  et 
que  par  conséquent  re  était  bref. 

1.  FIERTÉ  (fièr-té),  s. /■.  ||  1°  Qualité  d'un  cou- 
rage fier,  intrépidité.  S»  fierté  l'abandonne,  il  trem- 
ble, il  cède,  il  fuit,  boti.  Lutr.  v.  |Mu  plur.  Ah! 
si,  non  plus  que  vous,  je  n'ai  point  le  cœur  bas. 
Nos  fiertés  pour  cela  ne  se  ressemblent  pas,  corn. 
Att.  m,  4.  Il  2°  Etat  d'un  esprit  fier,  qui  s'enorgueil- 
lit de  ses  avantages  réels  ou  supposés.  Et  n'ayant 
rien  de  grand  tju'une  sotte  fierté,  boil.  Sat.  v.  Du 
nom  de  fierté  noble  on  orna  l'impudence,  id.  16.  xii. 
Il  avait  la  fierté  de  ne  vouloir  rien  tenir  de  moi, 
FÉN.  Tél.  XIII.  Tant  de  jalousies  basses  et  secrètes 
que  nous  nous  dissimulons  par  fierté,  mass.  Avent, 
Jugement.  La  fierté  annoncée  par  l'extérieur  est 
tellement  un  défaut  que  les  petits,  qui  louent  basse- 
ment les  grands  de  ce  défaut,  sont  obligés  de  l'adou- 
cir ou  plutôt  de  le  relever  par  une  épithète  :  cette 
nol)le  fierté,  volt.  Dict.  phil.  Fierté.  Il  [Napoléon] 
marche  longtemps  tout  agité  et  l'entraîne  sur  sss 
pas,  sans  que  sa  fierté  puisse  se  résoudre  à  rompre 
un  si  pénible  silence;  elle  va  céder  enfin,  mais  en 
menaçant;  il  priera  qu'on  lui  demande  la  paix, 
comme  s'il  daignait  l'accorder,  ségub,  llist.  de  Nap. 
VIII,  9.  Il  Au  plur.  Fiertés,  actes  de  fierté.  L'humilité 
corrigera  vos  jugements  désavantageux  et  téméraires, 
vos  railleries  et  vos  médisances,  vos  vaines  complai- 
sances et  vos  fiertés,  bourdal.  Panég.  de  St  Franc, 
de  Paule,  1 .  C'était  une  des  fiertés  du  peuple  romain 
de  délester,  de  mépriser,  d'humilier  les  rois,  cham- 
PAGNY,  les  Césars,  Caligula,  viii,  1 .  ||  La  fierté  d'un 
vœu,  vœu  ambitieux.  La  perte  de  Sylla  n'est  pas  ce 
que  je  veux;  Rome  attire  encor  moins  la  fierté  de 
mes  vnpux,  corn.  Sertor.  iv,  2.  ||  8'  Qualité  d'une 
âme  fière,  hauteur  de  courage.  Leur  retraite  [des 
serviteurs  de  Dieu]  en  vrais  biens  se  voit  toujours 
féconde,  Et  trouve  un  plein  repos  dans  la  digne 
fierté  Qui  leur  fait  négliger  le  monde,  corn.  Imit.  m, 
10.  Cette  jeune  beauté  Garde  en  vain  un  secret  que 
trahit  sa  fierté,  rac.  Iphig.  1,  2.  Ses  malheurs  n'a- 
vaient point  abattu  sa  fierté,  id.  Ath.  11,  5.  La  fierté 
de  l'âme,  sans  hauteur,  est  un  mérite  comiiatiblo 
avec  la  modestie  ;  il  n'y  a  que  la  fierté  dans  l'air  et 
dans  les  manières  qui  choque;  elle  déplaît  dans  les 
rois  même,  volt.  Dict.  phil.  Fierté.  ||  Fig.  U  se  dit 
des  choses.  Et  réellement,  pendant  quelques  jours 
encore,  la  fierté  d'une  contenance  inébranblahle 
pouvait  seule  appuyer  ses  négociations,  ségur,  llist. 
de  Kap.  viii,  1 1 .  ||  4"  Il  se  dit  de  l'état  de  l'âme 
d'une  femme  qui  ne  se  rend  pas  à  l'amour.  Contre 
un  amant  qui  plaît  pourquoi  tant  de  fierté?  rac. 

Andr.  11,  1 Oui,  je  te  le  confesse.  J'affectais  à  tas 

yeux  une  fausse  fierté.  De  toi  j'atlends  ma  joie  et 
ma  féUcité,  De  ma  sanglante  mort  ta  mort  sera  sui- 
vie, id.  liajat.  II,  1.  Les  poêles  ont  eu  peut-être  plus 
de  raison  qu'ils  ne  pensaient:  la  fierté  d'une  femme 
n'est  pas  simplement  la  pudeur  sévère,  l'amour  du 
devoir,  mais  le  haut  prix  que  son  amour-propre  met 
à  sa  beauté,  volt.  Dict.  phil.  Fierté.  Elle  appela 
la  fierté  à  son  secours;  c'est  en  amour  une  grande 
ressource  pour  les  femmes,  et  qui  souvent'pour  elles 
fut  le  supplément  de  la  vertu,  cenlis,  Mlle  de  Cler- 
mont,  p.  100,  dans  pougkns.  j|  Au  plur.  De  maltr!?> 
ter  l'asile  et  blesser  les  bontés  Où  je  me  suis  sauvé 
de  toutes  vos  fiertés,  mol.  Femm.  sav.  iv,  2. 
Il  6"  Terme  de  peinture.  Fierté  de  touche,  de  colo- 
ris. Jules  Romain  donnait  beaucoup  de  fierté  à  se» 
tableaux.   Le  dorique  grec  a  de  la  fierté.  Ou  a  dit 


1G68 


FIÊ 


quelquefois  la  ûertc  du  pinceau  pour  sigiiincr  des 
touches  libres  et  hardies,  volt.  Vict.  phil.  Fierté. 

—  HlST.  XI"  S.  Puis  si  chevauchent,  Dousl  par  si 
praiit  fiertet,  Ch.  de  Roi.  xc.  ||  xii'  s.  Par  graiit  ficrtû 
[ilj  a  la  broine  [cuirasse]  endossée,,  Uonc.  p.  62. 
Plus  a  fierté  Herupe  et  Bretaigne  et  Touraine  Que 
touz  11  remenanz  que  mer  cloe  et  açaine,  Sax.  xxx. 
Il  XIII*  s.  Or  poés  oïr  estrango  fierté  que  li  dus  de 
Venise  fist,  qui  vioils  homs  estoit  et  rien  ne  vcoit, 
viLLEii.  Lxxviii.  Il  XIV'  S.  Il  SB  pensa  que  il  conven- 
droit  que  la  fierté  des  courages  fust  atrempée  et 
amolie  par  desacoustumance  d'armes,  bercheure, 
f  13.  Il  XV'  s.  Et  ainsi  dura  si  grant  pièce  cette  ba- 
taille, que  un  lyon  de  grande  fierté  dust  estra  lassé, 
Bouciq.  I,  14. 

—  ÊTYM.  Prorenç.  feriiat,  ferdad,  ferlât;  du  la- 
tin feritalem,  de  férus  (voy.  fiée  3) .  On  trouve  aussi, 
dans  les  anciens  textes,  fieror. 

t  2.  FIERTÉ,  ÉE  (fièr-té,  tée),  adj.  Terme  de  bla- 
son. Il  se  dit  de  la  baleine,  lorsqu'elle  aies  dents, 
les  ailerons  et  la  queue  de  gueules. 

f  FIERTON  (fièr-ton) ,  s.  m.  Terme  de  monnaie. 
Nom  d'un  ancien  poids. 

—  HIST.  XIV"  s.  Nous  avons  à'Lisle  en  Flandres  un 
fierton  de  rente  sur  une  maison,   du  cange,  ferto. 

—  ÉTYM.  Angl.  farthing,  monnaie  de  cuivre,  de 
l'anglo-saxon  fcortliung . 

t  FIEUX  (fieù),  s.  m.  Terme  patois  qui  se  dit 
quelquefois  pour  fils  eu  plaisantant.  Méot,  lui  dit  le 
roi,  tu  me  pousses  ta  famille,  tes  nièces,  tes  cousins, 
tes  neveux,  tes  fieux,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  (09. 

—  ÉTYM.  Picard,  fieux,  forme  de  fils.  Et  ce  dicton 
picard  en  l'eutour  fut  écrit  :  Biaux  chires  leups, 
n'écoulez  mie  Mère  teucheut  cheu  fieux  qui  crie,  la 
FONT.  Fabl.  IV,  )6.  , 

FIÈVRE  (fi6-vr'),  s.  f.  \\  1"  État  maladif  caracté- 
risé par  l'accélération  du  pouls  et  l'augmentation  de 
la  chaleur  du  corps.  Un  accès  de  fièvre.  La  saison 
des  fièvres.  Convertissez-vous  de  bonne  heure  ; 
n'attendez  pas  que  la  maladie  vous  donne  ce  con- 
seil salutaire  ;  que  la  pensée  eu  vienne  de  Dieu  et 
non  de  la  fièvre,  boss.  4"  sermon,  Car.  Pénit.  3. 
Cependant,  à  l'entendre,  il  se  soutient  à  peine.  Il 
eut  encore  hier  la  fièvre  et  la  migraine,  boil. 
Sat.  X.  Dès  la  nuit  qui  précéda  cette  bataille  dé- 
cisive, on  a  vu  qu'une  fièvre  fatigante  brûla  son 
sang  [de  Napoléon],  agita  ses  esprits,  et  qu'il  en  fut 
accablé  pendant  le  combat,  séguh,  Ilist.  de  Nap. 
vji,(3.  |l  Familièrement.  Une  bonne  fièvre,  une  fièvre 
forte.  Mme  de  Rochefort  est  changée  à  n'ètie  pas 
connaissable,  avec  une  bonne  fièvre  double-tierce, 
sÈv.  Î9I.  Il  Populairement.  Avoir  les  fièvres,  être 
atteint  d'une  fièvre  intermittente.  ||  Familièrement. 
Sentir  la  fièvre,  répandre  une  odeur  aigre  et  légè- 
rement nauséabonde  qui  sort  du  corps  de  la  plupart 
des  fiévreux.  D'honneur,  il  sent  la  fièvre  d'une  lieue; 
allez  vous  coucher,  beaumarch.  Barb.  de  Séville, 
m,  U.  Il  Familièrement.  Avoir  une  fièvre  de  che- 
val ,  une  fièvre  très-violente.  ||  Fig.  Tomber  de 
Sèvre  en  chaud  mal,  tomber  d'un  état  fâcheux  en 
un  pire.  Mais  de  fièvre  en  chaud  mal  son  cœur 
parla,  tombé,  th.  corn.  Comtesse  d'Orgueil,  i,  2.  ||  Se 
dit  par  une  sorte  d'imprécation  dans  les  phrases 
suivantes  :  Si  vous  y  manquez,  votre  fièvre  quar- 
taine  !  mol.  l'Él.  iv,  8.  Que  la  fièvre  te  serre,  chien 
de  vilain,  à  tous  les  diables,  id.  l'Àv.  ii,  6.  ||  î°  Fiè- 
vre arthritique,  fièvre  symptomatique  qui  accom- 
pagne quelquefois  la  goutte.  ||  Fièvre  bilieuse,  voy. 
bilieux.  Il  Fièvre  catarrhale,  synonyme  de  fièvre 
muqueuse,  et  quelquefois  de  catarrhe  pulmonaire. 
Il  Fièvre  cérébrale,  voy.  cérébral.  ||  Fièvre  char- 
bonneuse, réunion  de  symptômes  fort  graves,  ayant 
une  grande  analogie  avec  ceux  du  charbon.  ||  Fièvre 
chaude,  un  des  noms  vulgaires  du  délire  fébrile. 
Il  Fièvre  continue,  voy.  continu.  ||  Fièvre  décimane, 
fièvre  intermittente,  qui  revient  tous  les  dix  jours. 
Il  Fièvre  dépuratoire,  celle  qui  s'accompagne  d'un 
exanthème,  parce  qu'on  suppose  que  cet  exanthème 
est  une  dépuration.  ||  Fièvre  jaune,  voy.  jaune. 
I  Fièvre  larvée,  voy.  larvé.  ||  Ficvrede  lait,voy.  lait. 
il  Fièvre  p«rnicieuse,  voy.  pernicieux.  ||  Fièvre  pes- 
tilentielle, voy.  PESTILENTIEL.  ||  Fièvre  pourprée, 
voy. POURPRÉ.  Il  Fièvrepseudo-continue,  voy.PSEuno- 
coNiiNU.  Il  Fièvre  rémittente,  voy.  rémittent.  ||  Fiè- 
vre rhumatismale,  voy.  rhumatismal.  ||  Fièvre  trau- 
matique,- voy.  tuaumatique.  ||  Fièvre  de  vaisseaux, 
yoy.  VAISSEAU.  Il  Fièvre  vitulaire,  voy.  vitui.aire. 
\\  3°  Fig.  Émotion,  trouble  violent  de  l'âme.  Un  souf- 
fle, une  ombro,  un  rien,  tout  lui  donnait  la  fièvre, 
la  font.  Fabl.  ii,  M.  Quand  ma  fièvre  d'espérance 
rut  un  peu  calmée,  j'eus  peur  de  cette  résolution, 
STAËL,  Corinne,  xiv,  3.  Crois-tu  que  cette  fièvre 
luexliiigmble,  ardente...    SoitlelTet  passager  d'un 


FIF 

caprice  ou  d'un  jour?  arnault,  Oicar,  iv,  l.  Une 
fièvre  d'hésitation  s'empare  de  lui  [Napoléon];  ses 
regards  se  portent  sur  Kief,  Péterslwurg  et  Moscou, 
séour,  Hist.  de  Nap.  vi,  ».  Depuis  huit  mois,  vos 
airs  de  république  Donnent  la  fièvre  à  tout  bon 
courtisan,  bérang.  Belges.  Seul  avec  l'inspiration, 
cette  fièvre  divine,  eu.  de  BEUNARn,  la  Chasse  aux 
amants,  §  m.  ||  Agitation  des  esprits.  Cette  fièvre 
de  rébellion  n'était  pisencore  apaisée.  Durant  ces 
jours  de  commotion,  Paris  avait  la  fièvre.  Ne  crai- 
gnant point  de  redire  après  un  impie,  que  c'étaient 
[les  croisades]  des  fièvres  du  temps  et  des  maladies 
populaires,  balz.  De  la  cour,  6'  dise.  ||  Proverbes. 
Quand  on  ne  jouerait  que  des  fièvres  quartaines, 
chacun  les  veut  gagner  (on  dit  plutôt  aujourd'hui, 
quand  on  jouerait  des  coups  de  bâton).  ||  Il  a  la  fiè- 
vre de  veau,  il  tremble  quand  il  est  soûl,  se  dit 
d'un  paresseux  ou  d'un  poltron.  ||  Cela  e.st  employé 
comme  fièvre  en  corps  de  moine,  se  dit  d'un  homme 
qui  mérite  le  mal  qu'il  soufi're.  ||  Avoir  une  fièvre  de 
renard  qui  se  guérirait  en  mangeant  une  poule,  se 
dit  des  convalescents  revenus  à  l'appétit. 

—  HIST.  XII'  s.  N'out  el  pais  nul  homme  si  plain 
de  fièvre...  Th.  le  mari.  95  ||  xiii'  s.  Jà  [que  madame] 
ne  m'ait  en  grant  vilté  Pour  la  fièvre  qui  m'est  prise, 
AUBOiNSDE  sezanne,  Romancero,  p.  12.  Tel  peor  ot 
coarz  li  lièvres  Que  il  en  otdeus  jorsles  fièvres,  iien. 
10060.  Sire,  fait-il,  se  diex  me  saut.  Bien  voi  vos 
avés  fièvre  ague.  J'ai  la  poison  [potion]  qui  bien  la 
tue,  ib.  I952B.  Il  xiV  s.  Abstinence  et  repos  sontpro- 
felables  à  celui  qui  est  en  fièvre,  oresme,  Eth.  328. 
Il  XVI*  s.  Comme  est  ilp(jssible  d'aller  un  pas  avant 
sans  fiebvre  [frayeur]  ?  mont,  i,  72.  [Le  voleur]  fut 
incontinent  représenté  devant  M.  de  la  Voulte, 
homme  qui  a  fait  passer  les  fièvres  en  son  temps  à 
maintes  personnes  [fait  exécuter],  desper.  Contes, 
Lxxxii.  Ils  sont  subjets  aux  fièvres  tierces,  et  aux 
ardantes  fièvres  quartes.  Continues,  intermittentes, 
et  fréquentes,  quintaines,  sextaines,  paré,  Intr.  6. 
Lupolde,  de  son  costé,  se  fascha  d'estre  ainsi  inter- 
rompu par  ce  muguet  qui  toujours  e.stoit  en  fièvre 
comme  les  singes,  Contes  d'Eutrap.  p.  138,  dans 
LACURNE.  Au  lieu  d'une  fièvre  chaude,j'entre  en  une 
continue,  puis  encore  en  double  quarte,  et  finale- 
ment en  une  quintaine  qui  estoit  que  de  cinq  jours 
l'un  j'avois  la  fièvre,  pasquier.  Lettres,  t.  ii,  p.  066, 
dans  LACuaNE.  D'où  vient  qu'entre  î'rançois  on 
souhaite  la  fièvre  quarte  pour  grant  maudissôn  ?  m. 
ib.  t.  I,  p.  615.  Il  n'y  a  rime  ne  raison.  Quand  on  a 
telles  fièvres  blanches  [le  mald'amour],  l'A.m.  rendu 
cordel.  p.  640,  dans  lacurne. 

—  Ktym.  Berry,  fieuvre,  fieuve:  picard,  les  fiévet, 
la  fièvre;  provenç.  febre:  calai,  febra;  espagn.  fie- 
fcrc ;  portug.  febre;  ital.  fcbbre:  du  lat.  febris,  que 
les  étymologistos  rattachent  à  çégoixai,  trembler, 
craindre. 

FIÉVREUX,  EUSE  (fié-vreû,  vreû-z'),aiJj.  ||  l-Qui 
cause  la  fièvre.  Un  pays  fiévreux.  ||  Fig.  [l'amour] 
C'est  un  fiévreux  tourment,  qui,  travaillant  notre 
âme.  Lui  donne  des  accès  et  .de  glace  et  de  flamme, 
THÉOPHILE,  Sat.  I.  Il  2»  Qui  est  sujet  à  la  fièvre.  Un 
tempérament  fiévreux.  ||  Substantivement.  Personne 
malade  de  la  fièvre.  Il  y  a  beaucoup  de  fiévreux 
dans  ce  pays.  Fiévreux,  buvez  votre  tisane.  Laissez- 
nous  fêter  notre  ami,  bérano.  Doct.  et  mal.  \\  3"  Fig. 
Qui  cause  une  agitation  morale  comparée  à  la  fièvre 
du  corps.  Ce  sont  des  mouvements  fiévreux  [les  ac- 
tes des  stoïciens] ,  que  la  santé  ne  peut  imiter,  pasc. 
Pensées,  t.  i,  p.  2B6,  édit.  lahure.  Ô  tombeaux, 
vous  calmez  l'ardeur  fiévreuse  des  jouissances  qui 
troublent  les  sens;  vous  reposez  l'âme  de  la  lutte 
fatigante  des  passions,  volney,  Ruines,  Invocation. 

—  HIST.  XII'  s.  E  les  mors  [Dieu]  fait  revivre, 
mutz  parler,  surz  oïr.  Les  contraiz  [contrefaits]  re- 
drescier,gutus,  fevrus  guarir,  Ydropikes,  leprus  en 
santé  restablir,  Th.  le  mart.  158.  La  fille  à  un  riche 
humme  en  devint  tute  saine.  Qui  out  esté  fievrose 
mainte  lunge  semaine,  ib.  96.  ||  xiii*  s.  Homs  devient 
à  force  amorox.  Tôt  ensement  comme  ficvrox,  Par- 
tonop.  ms.  t"  168,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  La  flam- 
me d'une  esmotion  fiebvreuse,  mont,  i,  98. 

—  ETYM.  Fièvre;  Berry,  fiévreux ;proyenç.felros; 
portug.  febroso  ;  ital.  •febbroso. 

FIÉVROTTE  (fiè-vro-f),  s.  f.  Terme  familier.  Pe- 
tite fièvre.  Je  dédaigne  de  m'amuser  à  ce  menu  fa- 
tras de  maladies  ordinaires...  à  ces  fiévrottes,  mol. 
Ual.  im.  III,  14. 

—  ÊTVM.  Diminutif  de  fièvre. 

1 1.KIF1  (fi-fi),s.  m.  Il  l' Anciennement  vidangeur, 
boueur.  Maîtres  fifl.  Ordonnance  de  sept.  1608. 
Il  a°  Costume  de  carnaval.  ||  La  personne  qui  porte 
ce  costume. 

—  lus/.  XVI'  s.  J'eus  img  aultre  procès  bien  ord 


FIG 

et  bien  salle  contre  maistre  fy-fy  et  ses  supposts, 
habel.  t.  II,  p.  173, dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Fi  I. 

f  2.  FIFl  (fi-fi),  t.  tn.  Petit  terme  d'amitié  qui  se 
dit  aux  enfants,  aux  oiseaux. 

—  ÉTYM.  Réduplication  de  fils. 

FIFRE  (fi-fr'),  s.  m.  ||  1  "  Petite  flûte  d'un  son  foit 
aigu. Tous  indépendants  nous  naissons  Au  bruitdu  fifre 
et  des  chansons,  bérano.  Bohémiens.  \\  2°  Musicien 
qui  joue  du  fifre.  C'est  le  meilleur  fifre  de  l'armée. 

—  HIST.  XV'   s.    C'est  sans  fifre  im   tabourin, 

BASPELIN,  LVl. 

—  ÉTYM.  Espagn.  pifaro;  ital.  piffero;  del'allem. 
Pfeife,  Pfeifer,  sifflet;  anc.  h.  allem.  pflfa;  le  mol 
germanique  vient  du  latin  pipare,  pipiare,  siffler 
(voy.  pipeaux). 

t  FIFRER  (fi-fré),  V.  a.  Accompagner  du  fifre  La 
guerre  étant  sonnée,  Et  fifrée  et  tambourinée,  scabr. 
Firg.  viii. 

f  FIGARO  (fi-ga-ro),  s.  m.  Barbier  spirituel  et 
malin.  |{  Valet  adroit  et  peu  gêné  par  sa  conscience. 

—  ÉTYM.  Figaro,  création  de  Beaumarchais  dans 
le  Barbier  de  Séville,  oi  c'est  un  baiDier  poète,  et 
dans  la  Folle  journée,  où  il  est  le  valet  d'Almaviva. 
L'Intermédiaire,  n"  2i ,  dit  que  Figaïo  était  un  sur- 
nom espagnol  et  italien  signifiant  perruquier,  ve- 
nant à&cigarrar,  papilloter,  rouler  dans  du  papier 
(c  prononcé  à  l'espagnol  en  sifflant). 

FIGÉ,  ÉE  (fi-jé,  jée),  part,  passé.  Des  huiles  figées 
FIGEMENT  (fi-je-man),  s.  m.  Action  de   figer. 
Il  État  de  ce  qui  est  figé. 

—  HIST.  XVI'  s.  Figement,  cotckave. 

—  ÉTY3I.  Figer. 

FIGER  (fi-jé.  Le  g  prend  un  e  dbvant  a  ou  o:  je 
figeais,  nous  figeons),  c.  a.  ||  1°  Congeler,  par  l'ef- 
fet du  refroidissement,  en  parlant  des  liquides  gras. 
L'air  froid  fige  la  graisse  des  viandes.  ||  Par  exten- 
sion. Une  goutte  de  venin  entrée  dans  le  sang  en 
fige  toute  la  masse  et  nous  cause  une  mort  certaine, 
boss.  Connaiss.  ii,  9.  ||  2'  Se  figer,  v.  réfl.  Être  con- 
gelé. L'huile  d'olive  se  fige  très-lacilement.  |{  Il  se 
dit  quelquefois  de  la  coagulation  du  sang.  Celle 
[l'humeur]  qui  est  rouge,  qu'on  voit  à  la  fin  se  fi- 
ger dans  une  palette,  et  qui  en  oc-upe  le  fond,  est 
celle  qu'on  appelle  proprement  le  sang,  boss.  Con- 
nais. II,  9.  Il  Fig.  Ahl  vous  me  fa.tes  pour,  el  tout 
mon  sang  se  fige,  mol.  Éc.  des  f.  ii,  ï. 

—  HIST.  XIII"  S.  Figé  [caillé],  ru  cange,  figere. 
Il  XIV"  s.  Elle  s'estoit  délivrée  et  avoit  eu  un  mons- 
tre de  sangofegie  ou  char  rouge  ,  do  cange,  san- 
guifluus.  Il  xvi*  s.  Cela  rend  la  chaleur  des  soudards, 
en  manière  dédire,  refroidie  et  figée,  amïot,  Pomp. 
99.  Le  fromage  nouvellement  figé  et  coagulé,  paré, 
XVI,  34.  Les  Romains  souffrirent  grand  desadvan- 
tage  au  combat  qu'ils  eurent  contre  les  Carthagi- 
nois prez  de  Plaisance,  de  ce  qu'ils  allèrent  à  la 
charge,  le  sang  figé  et  les  membres  contraincts 
de  froid,  mont,  i,  261. 

—  ÉTYM.  Dans  le  latin  du  moyen  âge,  figfre 
était  devenu  figëre,  et  avait  pris  le  sens  de  finir, 
se  terminer.  C'est  celte  conjugaison  qui  a  donné 
figie  dans  sangofigie.  Il  est  donc  vraisemblable  que 
figer  est  ce  figëre,  avec  une  acception  nouvelle. 

f  FIGNOLER  (fi-gno-lé),  ti.  n.  Terme  populaire. 
Raffiner,  vouloir  se  distinguer;  mettre  de  la  recher- 
che dans  sa  toilette. 

—  ÉTYM.  Trévoux  écrit  fignoler  ou  finioler  ;  ce 
qui  le  rattacherait  à  /in,  fine. 

FIGUE  (fi-gh'),  s.  f.  Il  1°  Le  fruit  du  figuier.  La 
figue  est  un  fruit  à  pulpe  molle,  délicate  et  sucrée. 
Figues  blanches.  Figues  violettes.  Figues  grasses, 
grosses  figues,  brunes  et  visqueuses.  On  dit  qu'a- 
près avoir  tenu  ce  discours,  il  [Caton  l'ancien]  jeta 
au  milieu  du  sénat  des  figues  d'Afrique  qu'il  avait 
dans  le  pan  de  sa  robe;  et  que,  comme  les  sénateurs 
en  admiraient  la  beauté  el  la  grosseur,  il  leur  dit: 
Sachez  qu'il  n'y  a  que  trois  jours  que  ces  fruits  ont 
été  cueillis,  telle  est  la  distance  qui  nous  sépare  de 
l'ennemi,  rollin,  Ilist.  anc  (K.'uc.  t.  i,  p.  524,  dans 
potiOKNS.  Les  figues  sont  l'aliment  le  plus  commun 
en  Grèce,  en  Morée  et  dans  les  îles  de  l'Archipel, 
comme  les  châtaignes  dans  quelques  provinces  de 
France  et  d'Italie,  BUFF.Siippi.  à  l'IIist.  nat.  (JEuv. 
t.  XI,  p.  129,  dans  pouoens.  ||Fig.  et  familièrement. 
Moitié  figue  et  moitié  raisin,  moitié  de  gré,  moitié 
de  force;  bien  et  mal;  partie  sérieusement,  partie  en 
idaisinlant.  Il  entra  dans  mes  raisons,  il  courut  chei 
Ninon,  et,  moitié  figue  et  moitié  raisin,  moitié  pat 
adresse,  moitié  par  force,  il  retira  les  lettres  de  cette 
pauvre  diablesse;  je  les  ai  fait  brûler,  sÉv.  à  Mme  de 
Grignan,  22  avr.  1671.  Moitié  figue,  moitié  raisin, 
avec  la  fraude  en  croupe,  elle  'Mme  de  Chevrcuse] 
arraclia  le  tabouret  pour  la  princesse  de  Cuémcnèe, 


FIG 

6T-SIM  68,  2)7.  Js  l'embrassai  avec  un  transport 
mêlé  (Je  tendresse  et  d'intérêt,  moitié  figue,  moitié 
raisin,  lesage,  Estev.  Gons.  29.  Les  Vénitiens  fai- 
saient autrefois  le  commerce  de  raisin  de  Corinthe 
qui  était  rare  et  cher  ;  ceux  du  pays  où  ils  le  prenaient, 
voulant  gagner  davantage,  s'avisèrent  de  mêler  des 
figues  parmi  le  raisin  de  Corinthe;  cette  fraude 
donna  lieu  au  proverbe  qui  veut  dire  moitié  bon , 
moitié  mauvais,  gaignières,  dans  leroux  de  lincy, 
Prov.  t.  I,  p.  73.  Il  Faire  la  figue,  mépriser,  braver, 
se  moquer.  Faisaient  par  leur  savoir....  La  figue  sur 
le  nez  au  pédant  d'Alexandre  [Aristote],  Régnier, 
Sat.  X.  La  fraude  fit  alors  la  figue  au  premier 
Sge,  iD.  Sat.  VI.  Plusieurs  se  sont  trouvés  qui,  d'é- 
charpe  cliangeant,  Aux  dangers,  ainsi  qu'elle,  ont 
souvent  fait  la  figue,  la  pont.  F  obi.  11,  B.  ||  Cette  lo- 
cution vient  de  la  vengeance  prise  par  Frédéric  Bar- 
lieroussedes  Milanais,  qui  avaient  promené  ignomi- 
nieusement sa  femme  sur  une  mule;  une  figue  fut 
mise  dans  les  parties  de  la  mule,  et  chaque  captif 
fut  obligé  d'en  retirer  la  figue  avec  les  dents,  ceux 
qui  refusaient  étaient  rais  à  mort  ;  rappeler  par  mo- 
«juerie  cette  aventure  aux  Milanais  fut  dit  leur  faire 
B  figue,  dont  le  geste  était  et  est  encore  de  mon- 
trer le  bout  du  pouce  entre  l'index  et  le  médius. 
Il  2°  Terme  de  botanique.  Fruit  agrégé,  composé 
d'un  grand  nombre  de  caryopses  réunis  dans  un 
involucre  charnu  et  succulent.  ||  3°  Figue  de  Barba- 
rie, le  fruit  du  cactier,  ou  figuier  d'Inde,  ou  ra- 
quette, opuntia  vulgaris,  L.  ||  Figue-caque,  un  des 
noms  vulgaires  du  diospyre  kaki  (ébénacées) . 

—  HlST.  XII'  s.  Or  poez,  fait  il,  esoulter  Del  cher 
seignor,  cum  s'humilie;  Or  nus  cuide  peler  la  fie, 
Ed  ot  beau  parler  endormir,  benoît,  ii,  »069.  Isaias 
le  fist  tut  issi,  puis  cumandad  que  l'um  figes  li  por- 
tast,  s;  en  fist  un  emplastre,  Uois,  p.  417.  ||  xiii'  s. 
Cil  prince  nous  ont  fet  la  figue,  Fables  et  contes  an- 
ciens, t.  II,  p.  314.  Il  xvi'  s.  EUi-  nous  donne  de  quoy 
faire  la  figue  à  la  force  et  à  l'injustice,  mont,  i,  83. 
Faire  la  figue  à  un  aveugle  et  dire  des  pouilles  à. 
un  sourd,  id.  m,  (  h  .  Les  aubicoiis  sont  les  plus 
avancées  figues,  venans  vers  le  mois  de  juin  et  juil- 
let, prisées  tant  pour  leur  hastiveté,  que  pour  leur 
grosseur  et  passal)le  bonté,  0.  de  serres,  70o. 

—  ÊTYM.  Provenç.  figa,  jigua,  fia;  catal.  ftga;  es- 
pagn.  higa;  portug.  figa;  du  latin  ficus,  le  même 
que  le  grec  50x07,  figue,  l'dcr  la  figue  se  disait  pro- 
verbialement, dans  le  moyeu  âge,  pour  amadouer, 
tromper  en  amadouant. 

FIGUEBIE  (tighe-rie),  s.  /'.-Lieu  planté  de  figues. 

—  ÉTYM.  Lat.  ficaria,  lieu  planté  de  figuiers,  de 
ficus,  figuier  ou  figue. 

FIGUIER  (fi-ghié;  \'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, \'s  se  lie  :  des  fi-ghié-z  en  fruit) ,  s.  m.  jj  1°  Arbre 
de  la  famille  des  urticées  qui  produit  la  figue  {fi- 
cus carica,  L.).  Le  fils  de  Dieu  cherche  du  fruit  dans 
un  figuier,  et,  n'y  en  trouvant  point,  il  le  maudit, 
BOURDAL.  Pensées,  t.  11,  p.  437.  ||  2°  Figuier  d'Adam, 
figuier  des  banians,  le  bananier,  musa  paradi- 
siaca,  L.  \\  3°  Genre  d'oiseaux  fort  petits.  Les  oi- 
seaux que  l'on  appelle  figuiers  sont  d'un  genre 
Toisinde  celui  des  becfîgues,  buff.  Ois.  t.  ix,  p.  4ot, 
dans  pougens. 

—  HIST.  xu"  S.  Li  fieis  ne  florira.  Liber  psalm. 
p.  241.  Il  xiii"  Ente  nule  ne  boins  figiers,  Peskiers, 
ne  periers  ne  noiers,  fi.  et  M.  2025.  ||  xvi"  s.  Nous 
avons  représenté  le  moien  de  faire  des  figuiers 
nains,  0.  de  serres,  700. 

—  ÉTYM.  Figue;  provenç.  figuier,  et,  au  féminin, 
figuieyra  ;  espagn.  higueira. 

t  FIGDLINE  (fi-gu-li-n'),  s.  f.  Vase  en  terre 
cuite.  Un  virtuose  potier  de  son  métier  [Palissy] 
qui  s'intitulait  inventeur  des  figulines  rustiques  du 
roi  des  Gaules,  volt.  Dial.  xxix,  )  i . 

—  ÉTYM.  Lat.  figulina,  poterie,  de  figulus,  po- 
tier, de  fingere,  former  (voy.  feindre),  dont  le  ra- 
dical est  fig  ou  fie. 

t  FIGDRABILITÉ  (fi-gu-ra-bi-li-té),  s.  f.  Terme 
didactique.  Propriété  qu'ont  tous  les  corps  d'avoir 
ou  de  recevoir  une  figure. 

—  ÉTYM.  Figurable. 

jFIGURABLE  (fl-gu-ra-bl"),  ad).  Susceptible  de 
prendre  des  figures.  Croire  la  divinité  figurable,  en 
attacher  la  vertu  au  bois,  à  la  pierre  et  aux  métaux, 
Boss.  Polit.  VII,  u,  4.  Qui  vous  a  dit  que  les  pre- 
miers principes  de  la  matière  sont  divisibles  et 
figurables?  volt.  Dicl.  phil.  Âme. 

—  HIST.  XIV"  S.  Corps  figurable  indifi'erentement 
ds  quelconque  figure,  oresme,  Thè-ie  de  meunier. 

—  ÉTYM.  Figurer;  provenç.  et  espagn.  figurable; 
ital.  figurabile. 

\  t.  FIGURANT,  ANTE  (fl-gu-ran,  ran-t'),  adj. 
Qui  figure,  qui  sert  do  ryrabole.  Les  Tuifs  ont  tant 


FIG 

aimé  les  clioses  figurantes  qu'ils  ont  méconnu  la 
réalité  quand  elle  est  venue  dans  le  temps  et  en  la 
manière  prédite,  PASC.  Figuratifs,  <B,  édit.  faugère. 
2.  FIGURANT,  ANTE  (fi-gu-ran,  ran-t'),  s.  m. 
et  f.  Il  1°  Danseur,  danseuse  qui  a  un  rôle  dans  les 
corps  de  ballets.  Un  figurant,  une  figurante  de 
l'Opéra.  Il  2°  Personnage  accessoire  ou  muet  dans 
une  pièce  de  théâtre. 

—  ÉTYM.  Figurant  I . 

FIGURATIF,  IVE  (fi-gu-ra-tif,  ti-v'),o4;'.  ||  1°  Qui 
représente  la  figure,  la  forme  d'un  objet.  Plan  figu- 
ratif. Carte  figurative.  ||  Écriture  figurative,  celle 
qui  est  formée  de  la  représentation  des  objets.  Les 
hiéroglyphes  sont  une  écriture  figurative.  ||  2°  Terme 
de  jurisprudence.  Confrontation  figurative,  acte  qui 
a  lieu  lorsque,  le  témoin  ne  pouvant  être  présent, 
on  fait  usage  de  sa  déposition  que  l'on  communique 
à  l'accusé.  1|  3"  Terme  de  grammaire  grecque.  Let- 
tre figurative  ou,  substantivement,  la  figurative,  la 
lettre  caractéristique  de  certains  temps  des  verbes 
grecs,  et,  particulièrement,  du  futur  et  du  parfait, 
et  qui  sert  à  les  figurer  ou  former  ainsi  que  les  au- 
tres temps  qui  dérivent  de  ceux-là.  ||  4°  Qui  expose 
par  figure,  par  symbole.  Pour  montrer  que  l'Ancien 
Testament  n'est  que  figuratif,  et  que  les  prophètes 
entendaient  par  les  biens  temporels  d'autres  biens, 
PASC.  Figuratifs,  <6,  édit.  faugère.  S'il  en  était  de 
nous  ainsi  que  de  ces  victimes  figuratives  de  la  loi 
qu'on  ne  pouvait  offrir  à  Dieu  que  lorsqu'elles  jouis- 
saient d'une  santé  parfaite,  mass.  Panég.  Sle  Agnès. 
Dieu  n'était  jaloux  à  ce  point  de  la  sainteté  d'un 
temple  et  d'un  sacerdoce  vide  et  figuratif  [celui  des 
Juifs]  que  pour  nous  tracer  de  loin  la  pureté  angé- 
lique  qu'exigerait  le  sacerdoce  chrétien,  id.  Confér. 
Vocation.  Je  lui  expliquai  [au  chancelier]  le  fond, 
la  raison,  l'esprit  de  cette  grande  cérénlonie  fie  sa- 
cre], par  l'histoire,  et  tout  ce  qu'elle  a  de  figuratif, 
ST.-SIM.  2U9,  97. 

—  HIST.  xiv"  S.  Sens  mystique  ou  figuratif, 
oresme,  Thèse  de  meunier.  ||  xvi*  s.  Ceste  parole  ne 
pouvoit  estre  quelque  lueur  se  monstrant  seulement 
par  dehors,  ou  figurative,  calv.  Inslit.  90. 

—  ÉTYM.  Provenç.  figuratiu;  espagn.  et  ital.  figu- 
rativo;  du  latin  figurativus,  de  figurare,  figurer. 

fFIGURATION  (fi-gu-ra-sion) ,  s.  f.  ||  1°  Action  de 
figurer.  La  figuration  de  la  prononciation  par  cer- 
taines combinaisons  de  lettres.  |1  2°  Figure  particu- 
lière d'un  minéral.  L'organisation  a,  comme  toute 
autre  qualité  de  la  matière,  ses  degrés  et  ses  nuan- 
ces, dont  les  caractères  les  plus  généraux,  les  plus 
distincts,  et  les  résultats  les  plus  évidents,  sont  la 
vie  dans  les  animaux,  la  végétation  dans  les  plantes 
et  la  figuration  dans  les  minéraux,  buff.  Jfm.  t.  i, 
p.  6,  dans  POUGENS. 

—  HIST.  XIV"  s.  Roonde  figuration  est  de  gre- 
guour  [plus  grande]  capacité,  h.  de  mondeville, 
f°  43.  Il  XVI*  s.  Cette  figuration  [après  une  descrip- 
tion du  cancre]  est  celle  d'un  escornifleur  poursuy- 
vant  de  repeue  franclie,  amyot.  Comment  discern. 
le  fiait,  de  l'ami,  17. 

—  ÉTYM.  Provenç.  figuracio;  ital.  figuration^; 
du  latin  figurationem,  de  figurare,  figurer. 

FIGUItATIVEMENT  (fi-gu-ra-ti-ve-man),  adv. 
D'une  matière  figurative.  Représenter  un  pays  figu- 
rativement. 

—  ÉTYM.  Figurative,  et  le  suffixe  ment.  Dans  le 
xiV  siècle  on  a  dit  figuraument. 

FIGURE  (fi-gu-r'),  s.  f.  \\  l"  La  forme  extérieure 
d'un  corps.  La  figure  de  la  terre.  Leur  utilité  parti- 
culière [des  égoïstes]  se  présente  partout  à  eux, 
comme  à  cet  ancien  malade  sa  propre  figure,  qu'il 
voyait  perpétuellement  devant  lui,  balz.  De  la  cour, 
5«  dise.  Il  y  a  cette  différence  entre  la  forme  et  la 
figure,  que  la  forme  est  la  disposition  extérieure  des 
corps  qui  sont  animés,  et  la  figure  la  disposition 
extérieure  des  corps  qui  sont  inanimés,  mol.  Jfar. 
forcé,  se.  6.  Pour  Dieu  I  ne  prenez  point  de  vilaine 
figure,  ID.  Et.  II,  6.  Son  stratagème  ici  se  trouve 
salutaire;  Mais,  près  de  maint  objet  chéri,  Pareil 
déguisement  serait  pour  ne  rien  faire;  Et  ce  n'est 
pas  partout  un  bon  moyen  de  plaire  Que  la  figure 
d'un  mari,  id.  Àmph.  Prologue.  Et  do  ces  blonds 
cheveux,  de  qui  la  vaste  enflure  Des  visages  hu- 
mains offusque  la  figure,  id.  Êc.  des  mar.  i,  4 .  Sans 
cesse  on  prend  le  masque,  et,  quittant  la  nature, 
du   craint  de  se  montrer  sous  sa  propre   figure, 

Boir,.  Êp.  IX Caligula,  Néron,  Monstres  dont  à 

regret  je  cite  ici  le  nom,  Et  qui....  ne  conservant 
que  la  figure  d'homme....  rac.  Bér.  11,  2.  C'est  sans 
doute  quelque  divinité  sous  une  figure  humaine, 
FÉN.  Tél.  XVII.  Il  prend  d'un  simple  enfant  la  figure 
et  la  voix,  volt.  Hmr.  11.  Sa  courbure  naturelle, 
qui  se  termine  en  pointe  aux  doux  extrémités,  lui 


FIG  ^(i69 

donne  la  figure  d'un  croissant,  raynal,  Hisl.  phil. 
XVI,  2.  Il  C'est  une  plaisante  figure  d'homme,  se  di« 
d'un  homme  très-mal  fait,  ou  ridicule  par  sa  tenu* 
et  ses  manières.  ||  Dans  le  langage  de  la  dévotion. 
La  figure  du  monde,  les  choses  qui  y  adviennent. 
Le  monde  est  une  figure  trompeuse  qui  passe, 
FLÉCH.  M.  de  Montausier.  Si  la  figure  du  monde 
nous  amuse  et  nous  éblouit,  mass.  Carême,  Prière 
2.  Il  Faire  amende  honorable  avec  les  figures,  se 
disait  autrefois  d'un  criminel  qui  faisait  amende 
honorable,  la  corde  au  cou,  tenant  à  la  main  une 
torche  allumée.  ||  2»  Le  visage  de  l'homme.  Une 
figure  imposante.  La  jolie  figure  d'enfant  I  Être 
bien  de  figure.  Je  connais  cette  figure-là.  Est-on 
d'une  figure  à  faire  qu'on  se  raille?  mol.  Psyché,  l, 
i .  Jusques  à  sa  figure  [à  deviner  quelle  était  sa  fi- 
gure] encor  lachose  alla,  Et  je  vis,  par  lesversqu'àla 
tête  il  nous  jette,  De  quel  œil  il  fallait  que  fût  fait 
le  poète,  m.  F.  sav.  i,  3.  Elle  laissait  aller  cela  [ses 
charmes]  comme  il  plaLsait  au  Seigneur,  sans  em- 
ployer l'art  pour  faire  valoir  ce  qu'elle  tenait  de  la 
nature;  mais,  malgré  cette  nonchalance  pour  ses 
attraits,  sa  figure  avait  quelque  chose  de  si  pi- 
quant, que  le  chevalier  de  Grammont  s'y  laissa 
prendre  d'abord,  hamilt.  Gramm.  4.  Et  quoi  cette 
vieille  figure  Viendra-t-elle  toujours  troubler  nos 
entretiens 'i*  destouches,  Glor.  iv,  2.  Pour  M.  le 
chevalier  de  la  Tremblaye,  tout  ce  que  je  sais,  c'est 
qu'il  doit  réussir  auprès  des  hommes  par  la  dou- 
ceur de  ses  mœurs,  et  auprès  des  dames  par  sa 
figure,  VOLT.  iert.  d'Alembert,  9  J3inY.  )765.  [Â  un 
coup  de  vent  qui  amena  l'hiver]  tout  changea,  les 
chemins,  les  figures,  les  courages  ;  l'armée  devint 
morne,  la  mai'che  pénible;  la  consternation  com- 
mença, sÉGUR,  Hist.  de  Nap.  ix,  7.  ||  Absolument. 
Avoir  de  la  figure,  avoir  une  figure  qui  se  fait 
remarquer.  Placez- vous;  comment  donc?  elle  a  de 
la  figure,  favaht,  Soliman  II,  i,  8.  ||  3°  L'appa- 
rence, la  contenance,  les  manières.  Un  orgueil  qui 
se  cache  sous  la  figure  de  l'humilité.  Chacun  fait 
ici-bas  la  figure  qu'il  peut,  mol.  Fem.  sav.  m,  2. 
Je  vous  laisse  à  penser  si,  dans  la  nuit  obscure,  J'ai 
d'un  vrai  trépassé  su  tenir  la  figure,  id.  Éc.  des  f. 
V,  2.  Enfin,  comme  il  en  fut  tout  à  fait  déchu,  il  se 
résolut  à  dire  ce  qu'il  avait  dans  le  cœur,  et  à  se 
donner  la  figure  d'un  martyr,  boss.  Var.  vu,  §  103. 
Mlle  Varthon  rougissait,  et  ne  savait  quelle  figure 
faire,  mariv.  Marianne,  S'  part.  Observez  queUe 
sotte  figure  il  y  fera,  J.  J.  rouss.  Êm.  v.  ||  Familiè- 
rement et  par  ironie.  De  bonnes  figures,  des  per- 
sonnes dont  on  se  raille,  qui  ont  quelque  ridicule. 
Nous  aurons  de  bonnes  figures  là  dedans,  genlis, 
Thédl.  déduc.  les  Dangers  du  monde,  m,  7.  Que 
t'en  semble?  quelles  tournures  I  Ils  sont  bien  géné- 
reux vraiment  De  montrer  gratis  des  figures  Qu'on 
irait  voir  pour  de  l'argent,  scribe  et  G.  delà  vigne, 
la  Somnambule,  1,  9.  \\  Faire  figure,  se  dit  quelque- 
fois pour  figurer,  occuper  une  certaine  place.  Le 
corps  avec  l'esprit  fait  figure,  mon  frère;  Mais, 
si  vous  en  croyez  tout  le  monde  savant.  L'esprit 
doit  sur  le  corps  prendre  le  pas  devant,  mol.  F.  sav. 
II,  7.  Il  Fig.  Faire  figure,  une  figure,  avec  une  épi- 
thète,  être  dans  une  position  signifiée  par  l'épi- 
thète.  Je  fais  figure  en  France  assez  considérable, 
MOL.  Fdch.  1,  6.  C'est  votre  malheur  et  lésion  [du 
chevalier  de  Grignan]  qui  l'empêche  d'être  en  un 
lieu  [Versailles]  où  il  ferait  une  si  bonne  figure, 
et  si  utile  pour  sa  famille  et  pour  son  neveu,  sév. 
504.  M.  d'Avaux  fait  en  cette  occasion  la  plus  belle 
figure  du  monde,  ID.  526.  Elle  fera  i  son  retour  une 
grande  figure,  id.  238.  Et,  riche  en  apparence,  Je 
fais  une  figure  égale  à  ma  naissance,  destouches, 
Glor.  IV,  7.  L'espoir  d'y  faire  bientôt  une  figure 
digne  de  moi,  J.  i.  ROUSs.  Conf.  11.  Les  ennemis  de 
la  raison  font  dans  ce  moment  assez  sotte  figure, 
d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  »i  mars  (762.  Honorable- 
ment employé  dans  la  police,  ou  gendarme,  vous 
tiendriez  un  rang ,  feriez  une  figure,  p.  l.  codh. 
Pamphl.  des  pamphl.  \\  Faire  quelque  figure,  avoir 
une  certaine  position,  un  certain  crédit.  On  sait 
qu'auprès  du  roi  je  fais  quelque  figure,  mol.  Mis. 
I,  2.  Il  Absolument.  Faire  figure,  Être  dans  une 
situation  avantageuse,  paraître  beaucoup,  dépen- 
ser beaucoup.  Et  qu'importe?  je  fais  figure,  je  vis, 
je  me  réjouis,  les  dupes  payent  tout,  mon  fonds 
ne  s'altère  pas,  dancourt.  Déroute  du  pharaon, 
se.  3.  Pourvu  qu'on  trouve  le  moyeu  de  faire  fi- 
gure dans  le  monde,  boss.  Variât.  <5.  ||  Le  cheva- 
lier de  la  triste  figure  ,  nom  que  prit  Don  Qui- 
chote.jl  Se  dit  aussi  en  général,  et  par  allusion,  de 
quelqu'un  qui  a  l'air  maussade.  C'est  un  vrai  che- 
valier de  la  triste  ligure.  ||  Faire  triste  figure,  avoir 
une  mine  piteuse;  et  fi^.  jouer  un  rôlemiscratle  en 


icro 


FIG 


quelque  atr^U-o.  ||  4°  Représentation  do  certains 
objets.  Figures  d'animaux,  de  plantes.  Figures  sym- 
lioliques.  Un  livre  orné  do  figures.  ||  5°  Terme  d'arts. 
Repré,«ntation  d'un  personnage.  Il  n'y  a  que  deux 
figure»  dans  son  tableau.  Figure  équestre.  Figure  on 
bronze.  {|  Figure  de  proportion  académique,  se  dit 
quelquefois  des  figures  de  20  à  24  pouces,  cette  di- 
mension étant  colle  qui  est  en  usage  pour  les  études 
des  élèves  de  l'Académie.  ||  Demi-figure  ,  celle 
qui  ne  présente  que  le  haut  du  corps,  depuis  la 
ceinture.  ||  Par  plaisanterie.  Figure  à  louer,  figure 
inutile  dans  un  tableau.  |{  Terme  de  marine.  La 
statue,  le  buste  que  l'on  place  au  bout  de  la  gui- 
bre,  en  dessous  du  beaupré.  ||  6°  Terme  d'archi- 
tecture. Trait  que  l'on  fait  de  la  forme  d'un  bl- 
timent  pour  en  lever  les  mesures.  ||  Terme  de 
relieur.  Figures  plates  ,  celles  qui ,  se  rapportant 
avec  le  cadre  du  livre  ,  ne  nécessitent  aucuns  plis. 
Il  7°  Terme  de  danse.  Chemin  décrit  par  les  dan- 
seurs suivant  certaines  lignes  déterminées,  qui,  re- 
présentées sur  le  papier,  y  formeraient  une  sorte  de 
figure  géométrique.  Les  figures  les  plus  simples 
sout  celles  des  danses  tournantes  comme  la  valse, 
la  polka,  etc.  qui  se  réduisent  à  un  cercle  ou  une 
ellipse.  La  plus  simple  et  selon  toute  apparence  la 
plus  ancienne  figure  chorégraphique,  celle  qui  con- 
siste à  tourner  en  rond  jusqu'à  ce  que  l'haleine 
manque  ou  que  le  jarret  fléchisse,  eu.  de  Bernard, 
le  Gentilhomme  campagnard,  ii,  §  4.  ||  Par  une 
métonymie  naturelle,  on  appelle  aussi  figures  les 
danses  qui  sont  figurées  d'une  manière  particulière. 
L'été  est  une  figure,  la  poule  en  est  une  autre;  il  y  a 
cinq  figures  dans  un  quadrille.  ||  Danse  figurée,  danse 
composée  de  figures,  c'est-à-dire  de  différents  pas 
inventés  par  l'art.  ||  Figure  de  ballet,  les  diverses 
situations  qu'occupent  successivement  les  unes  piu- 
rapport  aux  autres  les  personnes  qui  dansent  une  en- 
trée de  ballet.  ||  8"  Terme  d'escrime.  Se  dit  des 
différentes  positions  du  corps,  du  bras  ou  de  l'é- 
pce.  Il  9»  Terme  de  jeux.  Se  dit  des  cartes  qui 
représentent  les  rois,  les  dames  et  les  valets.  L'on 
souffre  dans  la  république  les  chiromanciens  et 
les  devins,  ceux  qui  font  l'horoscope  et  qui  tirent 
la  figure,  i,A  bruy.  xiv.  ||  10°  lerme  d'arithmé- 
tique. Chacun  des  chiffres  qui  composent  un  nom- 
bre. Un  nombre  exprimé  par  six  figures.  ||  11"  Terme 
do  musique.  Se  dit  des  notes  de  différentes  va- 
leurs, des  silences,  et,  généralement,  d'un  signe 
quelconque  employé  dans  l'écriture  musicale. 
Il  Nombre  de  notes  qui  forment  une  sorte  de  sens 
musical  moins  marqué  que  celui  de  la  phrase  qui 
est  elle-même  composée  de  figures,  ou,  suivant 
Fétis,  groupé  de  notes  qui  forme  un  certain  dessin. 
H  lî°  Terme  de  géométrie.  Espace  borné  par  des 
lignes.  Figure  plane,  carrée,  circulaire.  Tracer  des 
figures  sur  le  tableau.  ||  On  le  dit  également  des 
lignes  qui  n'enferment  point  un  espace.  La  ligne 
spirale  et  la  cycloïde  sont  des  figures  de  mathéma- 
tique. Il  IS'Torme  d'astrologie.  Description  et  repré- 
sentation do  l'état  et  de  la  disposition  du  ciel  à  une 
certaine  heure.  Il  Figure  do  géomancie,  figure  pré- 
tendue de  divination,  composée  de  points  qui  sont 
jotcs  au  hasard  et  disposés  sur  seize  lignes  rangées 
de  quatre  en  quatre.  |{  14°  Figures  du  syllogisme, 
arrangements  divers  que  l'on  peut  faire  du  moyen 
terme  dans  la  majeure  et  la  mineure;  il  ne  peut 
qu'être  sujet  ou  attribut  dans  chacune  des  deux 
prémisses;  il  n'y  a  donc  que  quatre  figures.  Qu'il 
me  soit  permis  auparavant  de  faire  un  argument 
en  la  troisième  figure,  d'ablancourt,  Lucien,  La 
double  accusation.  ||  15»  Terme  de  rhétorique  et 
de  grammaire.  Certaines  fo.-mes  de  langage  qui 
donnent  au  discours  plus  de  grâce  et  de  viva- 
cité, d'éclat  et  d'énergie.  Figures  oratoires.  L'ora- 
leur  recourut  X  ces  figures  violentes  Qui  savent 
exciter  les  ftmes  les  plus  lentes;  Il  fit  parler  les 
morts,  tonna,  dit  ce  qu'il  put,  la  font.  Fabl.  viii, 
».  Quand  j'appellerais  à  mon  secours  les  expressions 
les  plus  fortes  et  les  figures  les  plus  violentes  de  la 
rhétorique,  je  ne  puis  assez  expliquer  quelle  sera 
la  confusion  de  ceux  dont  les  crimes  scandaleux  ont 
déshonoré  le  ciel  et  la  terre,  boss.  Sermons,  Juge- 
ment dernier,  a.  De  figures  sans  nombre  égayez 
votre  ouvrage,  boil.  Art  p.  ni.  11  n'eu  est  pas  des 
ornements  de  l'architecture  comme  de  ceux  du  dis- 
cours; il  est  naturel  à  l'homme  de  Ciira  des  figu- 
res de  rhétorique,  Perrault,  Parall.  des  anciens 
et  des  mod.  t.  ii,  p.  fia.  L'usage  des  figures  de- 
mande beaucoup  de  discernement  et  do  prudence; 
•lies  servent  comme  de  sel  et  d'assaisonnement  au 
discours,  pour  relever  le  style,  pour  éviter  une  façon 
de  parler  vulgaire  et  commune,  pour  prévenir  le 
dégoût  que  causerait  une  ennuyeuse    uniformité, 


FIG 

noLLiN,  Traité  des  Et.  m,  3.  11  ne  faut  qu'écouter 
une  dispute  entre  des  femmes  de  la  plus  vile  con- 
dition; quelle  abondance  de  figures!  elles  prodi- 
guent la  métonymie,  la  catachrèse,  l'hyperbole.... 
LOUIS  RACINE,  lié/l.  sur  la  poésie,  m,  i .  Ce  corps 
[  l'Académie  française  ]  a  quarante  têtes,  toutes 
remplies  de  figures ,  de  métaphores  et  d'anti- 
thèses ,  MONTKSQ.  Lett.  pers.  73.  L'envieux  et  sa 
femme  prétendirent  que,  dans  son  discours,  il  n'y 
avait  pas  assez  do  figures,  qu'il  n'avait  pA3  assez  fait 
danser  les  montagnes  et  les  collines,  volt.  Zadig, 
7.  Il  Figures  de  mots,  celles  qui  tirent  quelque 
effet  de  l'arrangement  des  mots  ou  do  leur  forme 
matérielle  (répétition  ,  opposition  ,  onomatopée) . 
Figures  ou  tropes,  celles  qui  consistent,  soit  à 
étendre  soit  à  détourner  la  signification  d'un  mot 
(catachrèse,  métonymie,  etc.).  Figures  de  construc- 
tion, ou  de  syntaxe,  ou  de  grammaire,  celles  dans 
lesquelles  les  constructions  s'écartent  de  l'ordre 
simple,  naturel  ou  direct  (ellipse,  etc.).  ||  Figures 
de  pensée,  celles  qui  sont  indépendantes  de  l'e.x- 
pression,  par  exemple  l'antithèse,  l'apostrophe,  etc. 
Il  Figures  de  rhétorique ,  se  dit,  en  général,  de 
toutes  les  figures  de  pensée  et  de  celles  de  mots 
qui  ne  résultent  pas  d'une  construction  paiti- 
culière  de  la  phrase.  ||  Figures  de  construction  ou 
de  grammaire,  par  opposition  à  figures  de  rhéto- 
rique, celles  qui  résultent  do  la  forme  particulière 
de  la  phrase.  ||  16°  Dans  le  sens  mystique,  ce  (|ui  est 
regardé  comme  la  représentation,  le  symbole.  Tant 
qu'on  soutiendra  que  le  pain  n'est  le  corps  de  Jésus- 
Christ  qu'en  figure,  assurément  on  ne  dira  pas  avec 
l'article  de  Smalcade,  que  le  pain,  etc....  Boss.  Var. 
IV,  §  37.  Jérusalem  fut  la  figure  de  l'Église,  id.  Ilist. 
m,  0.  X  l'exemple  des  Israélites  qui  n'ont  été  pour 
nous  qu'une  figure  de  ce  que  nous  devrions  prati- 
quer, BouRD.  Dominic.  iv.  Éloignement  du  monde, 
43.  Joseph,  vendu  par  ses  frères  aux  Égyptiens ,. re- 
gardé par  Jacob  comme  mort,  oublié  par  toute  sa 
fimille,  honoré  pendant  cet  intervalle  et  régnant  en 
Egypte,  est  inconte.stablement  la  figure  de  Jésus- 
Christ,  livré  aux  gentils  par  les  Juifs,  rollin.  Traité 
des  Et.  liv.  V,  part,  ii,  ch.  2,  art.  2.  Jésus-Christ  nous 
a  montré  d'abord  la  grande  figure  de  son  union  avec 
l'Église,  ciiATEAUB.  Génie,  i,  i,  BO.  ||  Il  se  dit  aussi 
dans  le  langage  général,  en  un  sens  analogue.  Bé- 
lise  :  Je  vois  où  doucement  veut  aller  la  demande. 
Et  je  sais  sous  ce  nom  fie  nom  d'Henriette]  ce  qu'il 
faut  que  j'entende;  La  figure  est  adroite;  et,  pour 
n'en  point  sortir....  Je  dirai  qu'Henriette  à  l'hymen 
est  rebelle,  mol.  F.  sav.  i,  4.  ||  Familièrement.  Quit- 
tons la  figure ,  parlons  sans  déguisement.  Ce  fut 
alors  que  sa  charité,  comme  un  fleuve  sorti  d'une 
source  vive  et  abondante....  parlons  sans  figure, 
messieurs  :  ce  fut  alors  qu'unissant  à  ses  aumônes 
celles  qu'elle  avait  sollicitées  et  recueillies....  fléch. 
Aig.  Mon  cher  ange,  il  n'y  a  plus  moyen  de  vous 
parler  en  figure,  depuis  que  vous  êles  un  peu  con- 
tent de  ce  que  je  vous  ai  envoyé  ;  vous  m'avez  ren- 
du le  courage  et  l'espérance,  volt.  Lett.  d'Argental, 
31  août  (777. 

—  SYN.  FIGURE,  FORME.  Dans  la  philosophie  aristo- 
télique, forme  se  dit  do  toutes  les  qualités  de  l'ob- 
jet, et  figure  de  la  forme  qu'il  affecte  en  un  mo- 
ment donné.  I.a  figure  d'un  franc  est  celle  d'un 
cylindre  beaucoup  plus  large  que  haut;  sa  forme 
est  d'être  en  argent  allié  d'un  dixième  de  cuivre, 
pesant  cinq  grammes,  d'être  solide,  etc. 

—  mST.  X*  s.  In  figure  de  colomb  [elle]  volât  à 
ciel,  Kulalie.  \\  xi*  s.  0  bêle  buce  | bouche],  bel  vis, 
bêle  faiture,  Cum  est  mudede  [changée]  vostre  bêle 
figure  I  St  Alexis,  xcvii.  ||  xii*  s.  Mar  [à  la  maie 
heure]  acointai  sa  très  bêle  figure  Pour  ces  dolors 
et  pour  ces  maus  atraire,  Couci,  p.  ne.  ||  xni'  s. 
Premier  [il]  parole  par  figure  [figurément],  Ama- 
das  et  Tdoine,  ms.  C987.  Sa  très  laide  figure  me  fait 
ospocnter.  Six  ntanicres  de  fols.  Moult  haute  chose 
fil  nature.  Quant  forma  si  noble  figure,  En  qui  si 
grans  biautez  resplent,  Complainte  douteme,  d;ms 
juiuNAL,  t.  II,  p.  253.  Il  x;v'  S.  11  doit  jugier  par  la 
connoissance  publique  que  il  a  come  jupe  en  figure 
de  jugement,  oresme,  Èlh.  (S2.  Il  parle  en  simili- 
tude et  en  figure,  ID.  ib.  24.  ||  xv's.  J'aim  par  amours 
la  plus  belle  figure  Que  nulz  homs  puist  de  ses  yeux 
regarder,  K.  DKscn.  Poésies  mss.  t°  220.  ||  xvr  s.  Le 
chasteau  du  tyran  |Denys]  fut  plein  de  poulciere, 
pour  la  muUilude  d'estudians  qui  trassoient  les  fi- 
gures do  la  géométrie,  amtot,  Comm.  dise,  le  flat- 
teur de  l'ami,  l  B.  Une  pièce  d'or  où  estoient  gravées 
quelques  figures  célestes,  mont,  t,  9B.  Ces  raies  fi- 
gures [les  grands  hommes  de  l'antiquité]  et  triées 
pour  l'exemple  du  monde  par  le  consentement  des 
sages,  ID.  I,  26B.  Parer  son  j-arler  du  fard  des  figu- 


FIG 

res  et  feinctes  d'un  oraison  apprinse,  m.  iv,  2(7. 
Qu'ils  eussent  à  desloger  de  Fontainebleau  dan» 
vingt-quatre  heures  sur  peine  d'estre  pendus  sajii  . 
figure  de  procès,  d'aub.  Hist.  i,  89. 

—  ÉTVM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  figura;  du  la- 
tin figura,  du  radical  fig  qui  est  dans  fingere,  for- 
mer (voy.  feindrk). 

FIGUKÉ,  ÉE  (fi-gu-ré,  rée),  part. po«(?.  ||  1«  Qui 
est  fait  selon  une  certaine  figure.  ||  Terme  d'anato- 
mie.  Élément  anatomique  figuré ,  se  dit  par  opposi- 
tion à  éléments  anatomiques  amorphes  ou  matières 
amorphes.  ||  Plan  figuré  d'une  maison,  d'une  terre, 
plan  qui  en  retrace  la  figure.  ||  Copie  figurée  d'une 
écriture,  un  fac-siraile.  Copie  figurée,  parce  qu'elle 
exprime  précisément  l'ordre  et  la  disjiosilion  de  l'o- 
riginal, VOLT.  Diet.  phil.  Figure.  ||  Pierre  figurée, 
pierre  dont  la  forme  présente  fortuitement  certaine 
ressemblance  avec  un  objet  quelconque  naturel  ou 
artificieL  ||  Qui  présente  une  ligunition.  Ces  sortes 
de  blocs  figurés  présentent  encore  la  forme  de  la 
substance  des  astroïtes,  cerveaux  do  mer,  etc.  dont 
ils  ne  sont  que  les  masses  entières  ou  les  fragments, 
BUFF.  ifin.  1. 1,  p.  376,  dans  pouoens.  Il  2°  Danse  fi- 
gurée, danse  composée  de  différentes  figures  et  de 
différents  pas.  On  dit  un  ballet  figuré,  qui  repré- 
sente ou  qu'on  croit  représenter  une  action,  une 
passion,  une  saison,  ou  qui  simplement  forme  des 
figures  par  l'arrangementdes  danseurs  deux  à  deux, 
i|uatre  à  quatre,  volt.  Dict.  phil.  Figure.  ||  Danse 
figurée,  danse  où  l'on  quitte  la  main  {|  3°  Terme  de 
blason.  Se  dit  de  toutes  les  choses  sur  lesquelles  la 
figure  humaine  est  exprimée,  telles  que  le  soleil, 
les  vents,  lesbosans,  etc.  ||  4"  Accoutré.  Voici  mon- 
sieur Dubois  plaisamment  figuré,  mol.  Uis.  iv,  3. 
Il  8"  Décrit.  Mais  pourrais-je  vous  dire  à  quelle  im- 
patience Ces  indignes  trépas  quoique  mal  figuré» 
Ont  porté  les  esprits  do  tous  nos  conjurés,  corn. 
Cinna,  i,  3.  ||  6»  Terme  d'arithmétique.  Nombres  fi- 
gurés, suite  de  nombres  formés  selon  une  cer- 
taine loi.  Il  7°  Terme  de  musique.  Musique  figu- 
rée, par  opposition  au  plain-chant,  celle  dont  les 
dillérentes  phrases  sont  assez  nettes  et  assez  recon- 
naissablcs  à  l'oreille,  pour  <|u'on  les  ait  assimilée»  à 
des  figures.  Il  Basse  figurée,  basse  dont  les  notes 
portant  accord  sont  subdivisées  en  plusieurs  autres 
notes  de  moindre  valeur.  ||  Harmonie  figurée,  celle 
où  l'on  fait  passer  plusieurs  notes  sur  un  accord. 
Il  Contre-point  figuré  ,  synonyme  de  contre-point 
fleuri  (voy.  contre-point).  ||  8°  Terme  de  rhéto- 
rique et  de  grammaire.  Qui  est  détourné  de  l'em- 
ploi propre.  Le  sens  figuré  d'un  mot,  d'une  ex- 
pression ,  d'une  phrase.  ||  Terme  ,  expression, 
phrase  figurée,  terme,  expression,  phrase  dans  la- 
quelle il  y  a  une  figure.  ||  Style  figuré,  langage 
figuré,  style,  langage  dans  lequel  on  trouve  beau- 
coup de  figures.  Job,  prenant  encore  la  parole  et 
usant  du  même  discours  figuré,  continue  en  ce» 
termes...  SACi,  Bible,  Job,  xxvii,  *.  Ce  style  fi- 
guré dont  on  fait  vanité  Sort  du  bon  caractère 
et  de  la  vérité,  mol.  Mis.  i,  2.  Un  autre  défaut 
du  style  figuré  est  l'entassement  des  figures  inco- 
hérentes, volt.  Dict.  phil.  Figure.  ||  Par  exten- 
sion. Nous  n'avons  point  de  prédicateur  qui  ait  été 
aussi  figuré  [parlant  par  symboles]  dans  ses  sermons 
les  plus  préparés  que  Jésus-Christ  l'a  été  dans  ses  pré- 
dictions populaires,  fén.  t.  xxi,  p.  94.  ||  S.  m.  Le  sens 
métaphorique.  Ce  mot  est  pris  au  figuré.  ||  9°  Terme 
de  géométrie.  Kcprésentation  des  différents  objets 
que  renferme  un  terrain  dont  on  lève  le  plan. 

FIGURÉMENT  (fî-gu-ré-man),  od».  D'une  manière 
figurée,  métaphorique.  Parler  figurément.  On  leur 
eût  donné  jiour  règle  d'entendre  figurément  les  pas- 
sages de  l'Écriture,  boss.  Var.  (6. 

—  ÉTV.M.  Figuré,  et  le  suffixe  ment.  On  a  dit  dan» 
le  xiV  siècle  figuraument,  d'un  adjectif  )?<;uraJ. 

FIGURER  (fi-gu-ré),  P.  o.  |j  !•  Donner  une  cer- 
taine forme  ou  figure.  Ce  n'est  point  à  l'argile  à  ju- 
ger du  temps  qu'on  emploie  à  la  figurer,  follin, 
Traité  desÉt.  v,  î*  part,  ii,  u,  réflexion  e.  \\  ï" Re- 
présenter p.ar  la  peinture,  par  la  sculpture.  Bientf't 
ils  défendront  do  peindre  la  prudence,  Do  donner  .à 
Thémis  ni  bandeau  ni  balance,  De  figurer  aux  yeux 
la  guerre  au  front  d'airain,  BOil.  Art  p.  m.  C'est 
vous  que  je  figurerai  En  beau  marbre  d'après  na- 
ture, volt.  Stance  23.  De  petites  colonnes  funè- 
bres autour  desquelles  le  sculpteur  figura  jadis  un 
turban,  ciiatealb.  Dem.  Abenc.  Polypnote  avait  fi- 
griré  sur  les  murs  du  temple  de  Delphes  le  sacda 
Troie,  in.  Génie,  m.  i,  4.  ||  3°  Avoir  la  forme  de.  La 
corolle  de  la  capucine  figure  un  capuchon.  La  dou- 
ble muraille  de  rochers  reparaît,  figurant,  à  chaque 
instant,  de  grands  donjons  en  ruine,  v.  hdoo,  dans 
le  Dicl.  de  poitevin.  ||  4'"  Représenter  comme.  I/im- 


ne 


HL 


FIL 


1674 


pétuouse  ardeur  d'un  courage  sensible  /^  vos  res- 
sentiments  figure  tout  possible,  corn.  MMée,   i, 

6 Une  vieille    tante  qui....    nous   figure   tous 

les  hommes  comme  des  diables  qu'il  faut  fuir, 
MOL.  B.  gent.  m,  40.  Ce  Dieu,  maître  absolu  de 
la  terre  et  des  cieux.  N'est  point  tel  que  l'erreur 
le  figure  à  vos  yeux,  rac.  Esth.  m,  4.  Notre  ima- 
gination ne  pourra  pas  nous  figurer  sans  cesse  de 
nouvelles  découvertes  dans  les  petits  corps;  elle  se 
lassera,  il  faudra  qu'elle  s'arrête ,  fènel.  Exist.  i, 
■i>.  Les  hommes  ,  le  figurant  toujours  à  leur 
mode,  en  ont  fait  tantôt  un  profond  génie,  tantôt 
un  petit  charlatan  ,  J.  J.  rouss.  2«  dicà.  j|  Se 
figurer,  figurer  à  soi,  se  représenter,  s'imaginer. 
Et  ton  cœur  insensible  à  ces  tristes  appas  Se  ligure 
un  bonheur  où  je  ne  serai  pas,  corn.  Po/y.  iv, 
3.  Ne  vous  figurez  point  que  ce  soit  le  confondre. 
Que  de  le  laisser  faire  et  ne  point  lui  répondre,  id. 
Nicom.  v,  2.  Je  m'étais  figuré  que  de  tels  dé- 
plaisirs Pourraient  ne  me  coiltor  que  deux  ou  trois 
soupirs,  m.  Sertor.  iv,  2.  Figurons-nous  Dieu  qui 
jious  voit,  BOURDAL.  Carême,  i,  Jug.  dernier,  266. 
Non,  ne  t'abuse  pas  jusqu'à  te  figurer  Qu'à  des 
plaintes  sans  fruit  j'en  veuille  demeurer,  mol.  Sgan. 
n.  Peut-on  se  figurer  de  si  folles  chimères'? 
BOiL.  ÊpU.  xir.  Certes  plus  je  médite  et  moins  je  me 
figure  Que  vous  m'osiez  compter  pour  votre  créa- 
ture, RAC.  Brit.  I,  2.  Figure-toi  Pyrrhus  les  yeux 
étincelants,  m.  Àndrom.  m,  8.  Lépine  :  Cette  dame 
se  figurait  que  nous  nous  aimions.  —  Lisette  :  Eh 
bien,  elle  se  figurait  mal,  mabiv.  le  Legs,  se.  3. 
L'approche  du  temps  d'une  minorité  où  chacun  se 
figurait  une  fortune,  volt.  S.  de  Louis  XIV,  28. 
Je  voulais  le  prier  d'interposer  son  crédit  pour  faire 
brfller  un  petit  abbé  qui  insinue  parmi  nous  les 
sentiments  do  Locke ,  d'un  philosophe  anglais  ; 
figurez-vous  quelle  horreur  I  m.  Dial.  ix.  Je  ne 
puis  me  figurer  qu'une  pièce  [le  Siège  de  Calais] 
si  généralement  et  si  longtemps  applaudie  n'ait 
pas  de  très-grandes  beautés,  m.  IM.  Marmontel, 
25  mars  4786.  ||  Se  figurer,  suivi  d'un  infinitif, 
ne  demande  point  de  préposition.  Il  se  figure 
pouvojr  réussir.  Il  6°  Représenter  par  un  symbole. 
Les  Egyptiens  figuraient  l'année  par  un  serpent 
qui  se  mord  la  queue.  Je  lis  mon  infortune  eu  tout 
ce  que  je  vois.  Tout  figure  ma  perte ,  bégnier, 
Plainte.  ||  Dans  un  sens  mystique,  être  la  figure. 
L'i  mmolation  de  l'agneau  pascal  figurait  l'immolation 
de  Jésus-Christ  sur  la  croix.  Cette  prédiction  de  la 
ruine  du  temple  réprouvé  figure  la  ruine  de  l'homme 
réprouvé  qui  est  en  nous,  pascal,  dans  cousin. 
Presque  tous  [les  prophètes],  ils  ont  souffert  persé- 
cution pour  la  justice,  et  ont  figuré  dans  leurs 
souffrances  l'innocence  et  la  vérité  persécutées  en 
notre  Seigneur,  boss.  Hist.  ii,  4.  ||  6"  V.  n.  En  par- 
lant des  choses,  avoir  de  la  convenance,  être  en 
harmonie.  Ces  deux  tableaux  figurent  bien  de 
chaque  côté  de  la  cheminée.  Ces  planètes  se  re- 
gardent diversement  et  figurent  diversement  en- 
semble, ¥0>nEit.  les  Mondes,  t"  soir.  ||  Il  se  dit, 
dans  un  sens  analogue,  de  plusieurs  personnes  qui 
dansent  en  formant  des  figures.  Ces  danseurs  figu- 
rent bien  ensemble.  ||  7"  Représenter  dans  une  pièce 
de  théâtre  un  personnage  accessoire  ou  un  person- 
nage muet.  La  sœur  d'Outougamiz  fut  obligée  de 
figurer  dans  ce  chœur  religieux,  chateaub.  Natc.h. 
t.  II,  p.  609,  édit.  1834.  Il  Par  extension,  être 
en  hors-d'œuvre,  n'être  que  pour  l'apparence.  Il 
en  est  des  parties  du  mulot  comme  des  mamelles 
des  hommes,  ces  mamelles  sont  très-inutiles  et  ne 
servent  qu'à  figurer,  volt.  Philosophie,  Bible,  Da- 
vid. Il  8°  Exister,  être  placé.  Son  nom  ne  figure 
plus  sur  la  liste  des  candidats.  ||  9°  Fig.  Jouer  un 
certain  rôle.  Il  n'a  pas  figuré  d'une  manière  bien 
honorable  dans  les  derniers  événements.  ||  Absolu- 
ment. Paraître  avec  distinction,  tenir  un  certain 
rang.  Il  a  longtemps  figuré  à  la  cour.  Hercule 
susdit,  duc  de  Montbazon,  homme  de  tête  et  d'es- 
prit qui  figura  fort,  st-sim.  67,  2H.  ||  10°  Terme  de 
musique.  Donner  aux  sons  harmonieux  une  figure 
de  mélodie  en  les  liant  par  des  sons  intermé- 
diaires. Il  11»  Se  figurer,  v.  r^/Î.Etro  représenté.  Ce 
spectacle  se  figure  mal  par  des  paroles. 

—  HIST.  xu»  s.  Diex!  quelhom  est,  com  est  bien 
figurez!  Où  le  trovates?  dont  vos  fu  amenez?  Bat. 
d'Aleschans,  v.  435a.  ||  xiii"  s.  Ces  sept  articles  de 
foy  vraie.  Qui  dresccnt  [redressent]  quanque  pechié 
plaie  [blesse].  Sont  figurés  en  maintes  guises,  j.  nE 
MEUHG,  Tr.  HO.  Et  je  le  sens  pe  feu  d'amour]  outre 
mesure  Par  dedenz  mon  cuer  figurer,  Lay  Ma- 
mours, JUBINAL,  t.  II,  p.  4  92.  Et  à  chascune  reposée 
faisoit  on  une  crois  où  li  ymage  de  lui  est  figurée, 
r/ir.  de  Rains,  102.  |l  xiv*  s.  Homo  figure  homme 


Qt  femme,  et  nul  mot  françois  ne  signifie  equipol- 
lemmcnt,  oresmr,  Prol.  ||  xv"  s.  Ne  voyoit  sur  ses 
j  affaires  nul  bon  moyen  ne  reconfort  en  ses  beso- 
gnes; petit  en  parloit,  mais  moult  fort  y  pcnsoit,  et 
iiguroit  à  la  fois  en  ses  imaginations  son  voyage 
et  l'emprise  du  duc  d'Anjou,  qu'il  avoit  fiite  au 
royaume  de  Naples,  froiss.  liv.  m,  p.  299,  dans 
LACUBNE.  Luy  mesmo  figura  de  .sa  propre  main  la 
cité  de  Rome  sur  un  peu  de  papier,  Boucic.  ni,  20. 
Il  XVI"  s.  Et  si  en  aurons  encore  le  repos  de  l'esprit 
plus  assuré,  ces  choses  \h  nous  estans  présentes,  si 
nous  nous  les  figurons  en  notre  pensée  absentes, 
AMïOT,  de  la  Tranq.  d'dme,  I6.  Il  n'y  a  rime,  ny 
carme,  ny  langage  figuré,  ni  haultesse  de  style 
qui....  ID.  Com.  lire  les  poêles,  4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  fignrar;  ital.  figu- 
rare;  du  lat.  pgurare,  de  figura,  figure. 

FIGURINE  (fi-gu-ri-n'i,  s.  f.  \\  1°  Très-petite 
figure  de  terre  ou  de  métal;  il  se  dit  surtout  de 
petites  figures  antiques.  Les  figurines  du  cabinet 
d'un  antiquaire.  ||  2"  Terme  de  peinture.  Figure  de 
petite  dimension  et  d'arrière-plan.  Enfin,  auprès 
d'un  feu  l'on  voit  des  figurines  [dans  un  tableau] 
Différentes  de  sexe,  et  d'âges  et  de  mines,  bahier, 
le  Cabinet  de  Quinault,  p.  63. 

—  HlST.  XVI'  s.  Figurine,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  pgnre. 

FIGURISME  (fi-gu-ri-sm'),  s.  m.  Système  de 
ceux  qui  regardent  l'Ancien  Testament  comme  la 
figure  du^Nouveau. 

—  ÉTYM.  Figure. 

FIGURISTE  (fi-gu-ri-sf),  s.  m.\\i°  Celui  qui 
coule  des  figures  en  plâtre.  ||  2°  Terme  de  théologie. 
Celui  qui  embrasse  le  figurisme.  Plusieurs  figuris- 
tes  ont  outré  le  figurisme,  richelet.  ||  Celui  qui  ex- 
plique l'histoire  par  des  figures  ou  symboles.  Quel- 
ques figuristes,  dit-on,  prétendent  que  les  prêtres 
d'Apamée  sont  les  jésuites  Letellier  et  Doucin, 
qu'Arzame  est  une  religieuse  de  Port-Royal,  que  les 
Guèbres  senties  jansénistes;  cette  idée  est  folle, 
VOLT.  Cuijbres,  Disc.  hist.  et  crit. 

—  ÉTYM.  Figure. 

FIL  (fil;  au  pluriel,  l'sne  se  lie  pas;  cependant  plu- 
sieurs la  lient:  des  fil-z  argentés.  Au  xvii'  siècle  on 
prononçaitfi  ;  l'I  ne  se  prononce  dit  Chifllet,Gram?n. 
p.  209,  qu'en  cette  phrase  de  fil  en  aiguille.  Au  xvi* 
siècle  Palsgrave,  p.  24,  remarque  aussi  qu'on  pro- 
nonce fi),  s.  m.  Il  1°  Fibre  longue  et  déliée  qu'on 
détache  de  l'écorce  des  plantes  textiles.  Fil  de  chan- 
vre, de  lin.  ||  2"  Ce  qui  se  forme  avec  des  brins  de 
chanvre  ou  de  lin,  brins  qu'on  tord  entre  les  doigts 
avec  le  fuseau  ou  le  rouet.  Fil  de  chanvre,  de  lin. 
Fil  fin.  Gros  fil.  Dévider  dufil.  ||  Fig.  L'homme  ne 
s'y  soutient  pas  [dans  le  repos]  par  l'attache  à  quel- 
que vérité  qu'il  connaisse  clairement  ;  mais  il  s'ap- 
puie sur  quantité  de  petits  soutiens,  et  il  est  comme 
suspendu  par  une  infinité  de  fils  faibles  et  déliés  à 
un  grand  nombre  de  choses  vaines  et  qui  ne  dépen- 
dent pas  de  lui,  nicole,  Ess.  mor.  t"  traité,  chap. 
xii.  Il  Fig.  Il  le  faut  fournir  de  fil  etd'aiguille,  c'e.st-à- 
direil  lui  faut  fournir  toutes  les  choses  dont  il  a  be- 
soin. Il  Des  finesses  cousues  de  fil  blanc,  des  finesses 
grossières  et  qui  sautent  aux  yeux.  ||  Fig.  et  fami- 
lièrement. De  fil  en  aiguille,  de  propos  en  propos, 
en  passant  d'une  chose  à  une  autre;  locution  prise 
du  travail  de  la  couturière,  qui,  après  avoir  mis 
un  fil,  coud  avec  l'aiguille,  et,  après  avoir  cousu 
avec  l'aiguille,  reprend  du  fil,  et  ainsi  de  suite. 
Il  Ne  tenir  qu'à  un  fil,  manquer,  pouvoir  être  dé- 
truit, etc.  pour  la  moindre  cause.  La  mienne  [vie] 
ne  tient  plus  qu'à  un  petit  fil;  et  je  serais  fort 
en  colère,  si  ce  petit  fil  est  coupé  avant  que  j'aie 
encore  eu  la  consolation  de  revoir  le  grand  homme 
de  ce  siècle,  volt.  Lett.  roi  de  Prusse,  20  mai  (75". 
Il  II  ne  tient  qu'à  un  fil,  se  dit  d'un  homme  qui  est 
près  de  perdre  sa  position,  son  emploi.  ||  Fil  retors, 
celui  qui  a  été  tordu  plusieurs  fois.  ||  Fig.  et  fami- 
lièrement. Donner  du  fil  à  retordre,  donner  de  la 
peine  à  quelqu'un,  lui  causer  des  embarras,  des  dif- 
ficultés. Grands  réviseurs,  courage,  escrimez-vous. 
Apprêtez-moi  bien  du  fil  à  retordre,  j.  b.  rohss. 
Épigr.  II,  22.  Il  Avoir  du  fil  à  retordre,  avoir  des 
embarras,  des  difficultés.  ||Fil  d'étoupes,  celui  qui 
reste  après  qu'on  a  ôté  la  meilleure  filasse.  ||  Fil 
de  plain,  celui  qui  provient  du  chanvre  le  plus  fort, 
dans  les  fabriques  de  lacet.  ||  Fil  de  pennes,  celui 
qui  reste  attaché  aux  ensuples,  après  que  la  toile 
est  levée.  ||  Faux  fil,  voy.  faufil.  ||  Fil  à  gant,  fil 
très-fort  avec  lequel  on  coud  les  gants.  ||  Fil  sans 
poids,  fil  très-fin  employé  dans  la  fabrication  de  la 
batiste.  Il  Fil  de  remise,  fil  très-fin  à  trois  brins  qui 
sert  à  faire  les  mailles  des  lisses  dans  lesquelles  sont 
passés  les  fils  de  la  chaîne.  ||,Terme  de  marine.  Fil  I 


de  câbles,  le  plus  prros  que  l'on  file  dans  les  corde- 
ries.  Fil  de  haubans,  fil  moyen.  Fil  de  lusin  et  fil  d« 
merlin,  celui  qui  est  le  plus  fin  et  qui  sert  à  coudre 
les  voiles.  ||  Fil  blanc,  fil  qui  n'est  pas  passé  au  gou- 
dron. Il  Terme  île  pêche.  Fil  de  pitto,  fil  qui  se  fait 
avec  les  fibies  de  l'aloès,  de  l'yucca.  ||  3°  Ce  qui  est 
fait  de  petits  brins  de  soie,  de  coton,  do  laine,  etc. 
tordus  ensemble.  Fil  de  laine,  de  coton,  de  soie,  etc. 
Il  Fil  pers,  celui  qui  est  teint  avec  l'indigo;  fil  vergé, 
celui  qui  est  de  diverses  couleurs.  Le  fil  pers,  ap- 
pelé vulgairement  fil  à  marquer,  Bègl.  sur  les  ma- 
nuf.  août  IB60,  teinture  en  laine,  art.  59.  Et  pour- 
ront les  teinturiers  en  fil  vendre  du  fil  delin,  chan- 
vre, coton,  fil  à  marquer,  fil  à  sangle  etretors  blanc, 
et  autres  couleurs,  et  ruban  de  fil  de  toutes  cou- 
leurs, ib.  Teinture  en  soie,  laine  et  fil,  art.  88.  ||  Fil 
de  Turipiie,  poil,  de  chèvre  filé,  dit  autrement  laine 
de  chevron.  ||  Fil  de  trame.  Fil  de  chaîne.  Le  fil 
(le  trame  est  l'état  où  le  moulinage  porte  la  soie 
grége,  et  qui  difiere  du  fil  de  chaîne  ou  organsin 
par  la  force  de  l'assemblage,  le  degré  et  la  nature 
de  la  torsion.  ||  Terme  de  manufacture  de  soie.  Fil  de 
lacs^  fil  très-fort  à  trois  brins  qui  sert  à  arrêter  'es 
cordes  que  la  liseuse  a  retenues.  Il  4°  Le  fil  qu'A- 
riane donna  à  Thésée  pour  sortir  du  labyrinthe. 
Ma  sœur  du  fil  fatal  eût  armé  votre  main,  hac. 
Phèdre ,  11 ,  s.  Un  fil  n'eût  point  assez  rassuré 
votre  amante,  m.  ib.  \\  Fig.  et  par  allusion.  Le  fil 
d'Ariane,  ou,  simplement,  le  fil,  ce  qui  dirige.  Cette 
vérité,  une  fois  trouvée,  devint  pour  lui  le  fil  d'A- 
riane. Je  me  vois  dans  un  labyrinthe....  je  crois 
que  jetiens  le  bout  du  fil,  hontesq.  Esp.  xxx,  2.  Ils 
se  trouvèrent  égarés  comme  dans  un  vaste  labyrin- 
the, sans  fil  et  sans  issue,  volt.  l'Ingénu,  <3.  Un 
homme  qui  saute  par  la  fenêtre,  et  l'autre  après  qui 
avoue....  le  fil  m'échappe....  ilyalàdedans  une  obs- 
curité ,  bkaumarch.  itar.  de  Fig.  m,  5.  ||B°Lefil 
considéré  dans  son  emploi  pour  tisser  les  étofiès. 
Mes  jours  ont  été  retranchés  plus  vite  que  le  fil  de 
la  toile  n'est  coupé  par  le  tisserand,  saci.  Bible,  Job, 
VII,  «.  Il  Couper  de  droit  fil,  ou  aller  de  droit  fil,  cou- 
per de  la  toile  entre  deux  fils  sans  biaiser.  ||  Par  ex- 
tension, de  droit  fil,  en  droite  ligne.  Il  m'apprit  d'a- 
bord à  piler  avec  grâce  des  drogues  dans  un  mortier, 
et  à  mettre  en  place  un  lavement  de  droit  fil,  lksagc, 
.BslcD.  Go?ix.  <7.  Il  Fig.  Contre  ses  fins  cet  homme 
en  premier  lieu  Va  de  droit  fil ,  la  font.  Troq. 
Il  Par  analogie  avec  les  fils  dont  une  toile  est 
tissée.  En  tissant  le  fil  de  vos  faits  plus  qu'hu- 
mains, RÉGNIER,  Sat.  VI.  La  religion  n'était  oc- 
cupée qu'à  renouer  les  fils  sociaux  que  la  bar- 
barie rompait  sans  cesse ,  chateaub.  Génie  ,  iv, 
VI,  8.  Il  Fig.  Un  fil  de  manqué,  quelque  chose 
qui  cloche,  par  comparaison  avec  un  fil  manqué 
dans  une  trame.  Je  dis  qu'il  y  a  un  fil  de  man- 
qué, sÉv.  202.  Il  6°  Substance  fiexible  et  déliée  que 
les  chenilles,  les  araignées  tirent  de  leur  corps. 
La  soie  est  le  fil  que  produisent  les  chenilles  du 
mûrier.  Une  araignée  suspendue  à  son  fil.  Un  fil 
de  soie  d'araignée,  quoique  prodigieusement  fin, 
est  formé  de  la  réunion  de  plusieurs  milliers  de 
fils  qui  passent  par  différentes  filières ,  bonnet  , 
Contempl.  nat.  xu,  4.  ||Fils  de  la  Vierge,  fils  de 
Notre-Dame ,  filandres  qui  voltigent  dans  l'air  en 
automne  et  qui  sont  produits  par  diverses  araignées. 
Il  n'y  a  pas  bien  longtemps  qu'on  sait  dans  le» 
villes  que  le  fil  de  la  Vierge,  qu'on  trouve  souvent 
dans  la  campagne,  est  un  fil  de  toile  d'araignée, 
VOLT.  Dict.  phil.  Àlmanach.  ||  7°  Fil  de  perles,  col- 
lier de  perles  enfilées.  M.  de  Savoie  envoya  à  Ma- 
demoiselle des  présents  magnifiques,  entre  autres 
un  fort  beau  fil  de  perles,  hangeau,  i,  2,  4  avril  test. 
Cette  femme  vaine  et  ambitieuse....  qui  traîne  sur 
elle  en  ses  ornements  la  subsistance  d'une  infinité 
de  familles;  qui  porte,  dit  Tertullicn,  en  un  petit 
fil  autour  de  son  cou,  des  patrimoines  entiers,  boss. 
Sermon,  l'Honneur,  i.  Mme  de  Montespan  avait 
renvoyé  au  roi,  depuis  quelque  temps,  un  parfaite- 
ment beau  fil  de  peries  qu'elle  en  avait  eu,  st-sim. 
7r.,  222.  Il  8°  Fil  à  plomb,  masse  pesante  suspendue 
à  l'extrémité  d'un  fil,  indiquant  la  direction  de  la  pe- 
santeur ou  de  la  ligne  verticale,  et  servant  à  mettre 
d'aplomb  les  ouvrages  de  chai-pente  et  de  maçon- 
nerie. Il  9°  Le  fil  qui  tient  à  une  marionnette  et 
qui  sert  à  la  faire  mouvoir.  Près  des  femmes  que 
sommes-nous?  Des  pantins  qu'on  ballotte;  Mes- 
sieurs, sautez,  faites  les  fous  Au  gré  de  leur  ma- 
rotte; Le  plus  lourd  et  le  plus  subtil  Font  la  danse 
complète;  Et  Dieu  pourtant  n'a  mis  qu'un  fil  Xcha- 
que  marionnette,  biîrang.  Marionn.  \\  Fig.  Le  re- 
muement des  cœurs  par  le  fil  secret  des  passions.... 
tous  ces  ressorts  resteront  inexplicables  pour  vous, 
cuATEAOB.   G^nte,  111,111,  ).   Il  Fi({.  Tenir  les  fils, 


1672 


FIL 


faire  jouer  ou  faire  aller  les  fils.  ||  10»  Métal  lire 
à  la  filière.  Fil  d'argent.  Fil  d'archal,  voy.  ak- 
CBAL.  Fil  de  fer.  Un  fil  de  cuivre,  d'un  dixième  de 
pouce  de  diamètre,  peut  soutenir  un  poids  d'envi- 
ron trois  cents  livres  avant  de  se  rompre,  buff. 
Min.  t.  V,  p.  03,  dans  podgens.  ||  Fil  de  laiton.  Ces 
vers  se  perdent  dans  la  foule  des  bons;  ce  sont  des 
fils  de  laiton  qui  servent  à  joindre  des  diamants, 
VOLT.  Dict.  phil.  Style.  ||Fil  d'or.  Agrippine,  mère 
de  Néron,  lorsque  l'empereur  Claude,  son  époux, 
donna  au  peuple  un  combat  naval,  y  parut  habillée 
d'une  longue  robe,  toute  de  fil  d'or,  sans  aucune 
autre  matière,  hollin,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  x,  p. 
423,  dans  pouGENS.  Il  Ce  beurra  est  jaune  comme  fil 
d'or,  il  est  très-jaune.  ||  Fil  à  moule,  fil  de  laiton 
dont  on  fait  le  corps  des  épingles.  ||  Fil  de  pignon, 
fil  d'acier  cannelé  dont  se  servent  les  horlogers. 
Il  Pour  les  treillages,  fil  normand  ou  fil  à  pointe,  fil 
de  fer  non  recuit;  fil  à  coudre,  fil  de  fer  recuit. 
Il  11°  Le  fil  de  la  vie ,  de  nos  destinées,  de  nos 
jours,  etc.;  le  cours  de  la  vie,  par  allusion  à  la  fable 
des  Parques  qui  filent  la  destinée  de  chaque  homme 
et  tranchent  le  fil  de  la  vie.  Je  fis  soudain  trancher 
le  beau  fil  de  sa  vie,  tristan,  Mariane,  ii,  i .  La  co- 
lère de  ce  Dieu  qui  coupe  le  fil  de  ses  jours,  flécu. 
Dauph.  Que  le  ciseau  de  la  Parque  tranche  le  fil  de 
tes  jours,  fén.  Tél.  m.  Ils  ne  coupèrent  pas  en  un 
clin  d'œil  le  fil  de  votre  vie,  mass.  Carême,  Impén. 
Il  12"  Il  se  dit  des  fibres  dont  l'assemblage  forme  le 
bois.  Prendre  le  fil  du  bois.  Suivre  le  fil  du  bois.  Ces 
longues  pièces  minces  pliant  beaucoup  avant  de 
rompre,  les  plus  petits  défauts  du  bois  et  surtout  le 
fil  tranché  contribuent  beaucoup  plus  à  la  rupture, 
BUFF.  t.  vm,  p.  233,  dans  pougens.  ||  Bois  de  fil,  bois 
employé  de  manière  que  toutes  les  fibres  en  sont 
disposées  sur  la  longueur  de  l'ouvrage.  ||  Par  analo- 
gie, le  fil  de  la  viande,  la  direction  des  fibres  qui  la 
composent.  Couper  une  pièce  de  bœuf  dans  le  fil. 
Il  Le  fil  d'un  cristal,  la  direction  qu'en  ont  suivie  les 
molécules  dane  la  cristallisation.  Le  fil  et  le  contre-fil 
se  reconnaissent  dans  le  cristal  de  roche,  non-seu- 
lement par  la  plus  ou  moins  grande  facilité  de  l'en- 
tamer, mais  encore  par  la  double  réfraction  qui 
s'exerce  constamment  dans  le  sens  du  lil  et  qui  n'a 
pas  lieu  dans  le  sens  du  contre-fil,  buff.  ilin.  t.  vi, 
p.  116,  dans  POUGENS.  Il  13°  Terme  do  maçoimerie. 
11  se  dit,  dans  les  pierres  et  dans  le  marbre,  de  pe- 
tites fentes  ou  de  veines  qui  divisent  la  masse  en 
plusieurs  parties,  et  qui  la  rendent  mauvaise.  Cette 
table  de  marbre  s'est  cassée  dans  le  fil.  1 1  Défaut  du 
verre  provenant  de  ce  qu'il  est  mal  lié,  que  le  mé- 
lange en  a  été  imparfait.  ||  14°  Le  tranchant  d'un 
instrument  coupant,  par  comparaison  avec  la  té- 
nuité et  la  délicatesse  d'un  fil.  Le  fil  d'un  couteau, 
d'un  rasoir.  ||  Donner  le  fil  à  un  rasoir,  à  un  sabre, 
en  rendre  la  lame  fort  tranchante.  Les  guerriers  ai- 
guisaient le  fil  de  leurs  épées,  lamart.  Uarold,  25. 
Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :ce  rasoir,  ce  sa- 
bre, ce  couteau  a  le  fil.  ||  ôterle  fil  à  une  lame  tran- 
chante, la  passer  sur  la  pierre  à  aiguiser  pour  en 
ôter  la  partie  faible  et  pliante  du  fil.  ||  Passer  au  fil 
de  l'épée,  tuer  en  passant  l'épée  au  travers  du  corps, 
en  parlant  d'un  gi-and  nombre  d'hommes  tués,  à 
cause  que  l'épée  est  pris  ici  dans  un  sens  absolu  et 
collectif.  La  garnison  fut  passée  au  fil  de  l'épée. 
Lorsque  le  Seigneur  votre  Dieu  vous  les  aura  livrés, 
vous  les  ferez  tous  passer  au  fil  de  l'épée,  sans  qu'il 
en  demeure  un  seul,  saci.  Bible,  Deutér.  vn,  2. 
Quelques  troupes  ont  passé  par  le  [ont  été  passées 
au]  fil  de  l'épée,  la  bruy.  x.  Ils  passent  au  fil  de  l'é- 
pée les  habitants  des  villes  qu'ils  prennent,  mon- 
TESQ.  E.ip.  xviii,  20.  Il  Fig.  et  populairement.  Avoir 
le  fil,  être  fin,  rusé.  Je  connais  ce  fil-là,  je  connais 
cette  ruse,  cette  tromperie.  C'est  un  fil  de  commis- 
saire, c'est  une  ruse  qui  a  la  prétention  d'être  très- 
adroite.  11  a  un  fil  de  commissaire,  il  est  très- 
adroit  Il  15°  Courant  de  l'eau,  par  comparaison  avec 
la  continuité  et  le  développement  d'un  fil.  Le  fil  de 
l'eau  est  la  direction  de  son  cours  naturel.  Suivez  le 
fil  de  la  rivière,  la  fo.nt.  Fabl.  m,  46.  Ce  n'est  pas 
s'opposer  à  un  fleuve  ni  bâtir  une  digue  en  son 
cours  pour  rompre  le  fil  de  ses  eaux,  boss.  la,  Yê- 
ture,  i.  C'est  sous  le  fil  de  l'eau  qu'est  sa  plus 
grande  force  de  creuser,  et  par  conséquent  c'est  là 
que  le  fond  s'abaisse  le  plus,  et  il  s'y  fait  une  plus 
grande  concavité ,  fonten,  Guglielmini.  \\  Fig. 
Dès  qu'on  est  dans  le  fil  de  l'eau ,  il  n'y  a 
qu'à  !>e  laisser  aller;  on  fait  sans  peine  une  for- 
tune immense,  volt.  Jeannot  et  Colin.  \\  Fîg. 
Aller  contre  le  fil  de  l'eau,  entreprendre  une  chose 
à  laquelle  tout  est  contraire.  ||  16"  Jet  d'un  métal 
en  fusion.  ||  17°  Fig.  Suite,  liaison,  enchaînement. 
Il  faudrait  interrompre  le  Ûl  des  affaires  de  l'A- 


FIL 

sie,  yAUGF.L.  Q.  C.  v,  ).  Or,  pour  reprendre  la 
harangue  Dont  nous  avons  rompu  le  fil,scAnR.  Virg. 
IV.  X  qui  vous  fiez-vous  dans  Paris,  me  dit  d'un 
même  fil  M.  le  comte  de  Craraail?  brtz,  i,  32.  Avant 
que  de  reprendre  le  fil  de  notre  discours,  sév.  218. 
Il  me  dit  que  l'abbé  do  Grignan  tenait  le  fil  de  cette 
affaire,  m.  302.  Je  souhaite  que  vous  repreniez  bien- 
tôt le  fil  de  votre  voyage,  in.  328.  Je  m'en  vais  re- 
prend.'-e  le  fil  de  ma  belle  santé,  m.  281.  Vous  allez 
lui  voir  reprendre  le  fil  de  ses  perfections,  m.  387. 
Cela  me  fait  perdre  le  fil  de  la  conversation,  m.  B8<. 
[Il]  Sut  de  leur  noir  complot  développer  le  fil,  rac. 
Esth.  Il,  3.  Il  est  permis  de  s'écarter  un  peu  du  fil 
de  son  récit,  hamilt.  Gramm.  8.  Pleinement  in- 
struite de  toutes  les  vues  do  Pierre  le  Grand,  elle  en 
a  pris  le  fil  et  le  suit,  fonten.  Csar  Pierre.  L'Aca- 
démie, presque  encore  naissante,  avait  formé  le  no- 
ble dessein  d'envoyer  des  observateurs  à  Alexandrie 
et  à  Uranibourg,  pour  y  prendre  le  fil  du  travail  des 
grands  hommes  qui  y  avaient  habité,  id.  Chagelles. 
Newton  reprit  ainsi  le  fil  de  sa  démonstration,  volt. 
Newt.  m,  3.  Quand  j'aurai  repris  mes  sens;  je  re- 
prendrai le  fil  de  mon  histoire,  m.  Jenni,  5.  C'est 
par  le  fil  de  ces  recherches  que  nous  parviendrons  à 
savoir,  J.  J.  rouss.  Êm.  ui.  C'est  sur  le  fil  des  idées 
qu'il  faut  juger  qu'un  être  pense,  ninEROT,  fens. 
phil.  20.  Ces  considérations  doivent  arrêter  celui 
qui  ne  voudrait  que  suivre  le  fil  des  intrigues  poli- 
tiques, raynal,  Ilist.  phil.  X,  < 6.  Voici  comment 
s'était  noué  le  fil  de  ce  petit  roman,  mahmontel, 
If^m.  m.  Forcé  de  confier  à  d'autres  qu'à  lui-même 
les  fils  tortueux  d'une  procédure  compliquée,  Mi- 
rabeau, Collection,  t.  ii,  p.  509.  J'ai  conduit  tous 
les  fils  de  cette  vaste  intrigue,  baynouard,  États  de 
Blois,n,T.  L'amitié....  Ne  sera  plus  un  froid  discours 
Dont  l'infortune  rompt  le  fil,  bérang.  Ahisi  soit-il. 
Il  Être  au  fil  de,  être  au  courant  de,  connaître,  sa- 
voir. La  princesse  des  Ursins  ignorerait  la  plupart 
des  choses  et  ne  serait  au  fil  de  rien,  st-sim.  i  22, 
04.  Il  Le  fil  de  l'analogie,  la  suite  et  la  liaison  des 
rapports  indiqués  par  l'analogie.  ||  18°  Fil  d'arai- 
gnée, joubarbe  des  Alpes  {sempervitum  arachnoi- 
deum,  L).  \\  19°  Fil,  serpent  des  Indes  très-effilé. 
—  HlST.  xiii'  s.  Il  est  consaus  [conseil)  de  tote 
Grice  [Grèce]  ;  Car  il  savoit  de  fil  en  lice  [d'un  bout 
à  l'autre]  Ouanque  prodomavoit  mestier  X  pais  faire 
et  à  guerroier,  Partonop.  y.  217.  Par  matinet,  au 
lil  du  jor,  ib.  ms.  ^  I3i,  dans  lacurne.  Li  somiers 
de  file  de  laine  et  de  file  d'estoupes,  tailliar,  He- 
oueil,  p.  21.  Bêle  Yolans  en  chambre  coie  Sur  ses 
genouz  pailles  desploie,  Coust  un  fil  d'or,  l'autre  de 
soie.  Romancero,  p.  63.  Li  vilains  fu  en  sa  meson, 
Oii  n'avoit  home  se  lui  non  ;  Sa  famé  fu  sou  file  ven- 
dre, Ren.  4077.  [Ils]Li  content  de  fil  en  aiguille 
Tretout  quanque  lor  appartint,  la  Rose,  16972.  De 
pité  et  de  dol  [deuil]  est  aval  acUnés,  Les  larmes  li 
degotentfilàfil  sorle  nés,  Ch.  d'Ant.r,  47».  ||xiv's. 
Quatre  moyeux  d'œufs  batus  avec  vin  blanc,  et  ver- 
sez à  fil  en  vostre  eaue,  Uénaijier,  ii,  6.  ||xv'  s.  Et 
se  mirent  au  droit  fil  de  la  rivière,  sa  bannière  et 
ses  gens,  froiss.  h,  u,  32.  ||  xvi"  s.  Un  petit  fil  de 
vinaigre,  nu  bellay,  vu,  5,  t:erso.  Mettre  au  fil  de 
l'espée,  mont,  i,  6.  Sa  carrière  [discours]  se  passe 
d'un  fil  et  d'une  suite  sans  interruption,  id.  i,  40. 
Prendre  une  chose  de  dioict  fil,  in.  i,  1 6( .  Passer  au 
fil  de  l'épée,  m.  iv,  20.  Je  viens  de  courre  d'un  fil 
[trait]  l'histoire  de  Tacitus,  id.  iv,  68.  Comme  chef 
avisé,  il  alla  garni  de  fil  et  d'aiguille  (comme  on 
dit),  non  seulement  pour  estre  préparé  pour  l'occa- 
sion, mais  pour  former  l'occasion  et  puis  s'en  pré- 
valoir, langue,  600.  Depuis  cela  le  peuple  le  rabroua 
et  lui  rompit  le  fil  de  son  propos  quand  il  cuida  ha- 

renguer,  amyot,   les  Gracques,  31 Ayant  deux 

espées,  fut  longtemps  à  en  essayer  le  fil,  m.  Olhon, 
23.  Il  ne  leur  addresse  pas  des  louanges  de  droit  fil, 
ains  vient  de  loing  tournant  toutàl'entour,  m.  Com. 
discerner  le  flatteur  de  l'ami,  26.  Pour  rompre  et 
alentir  un  peu  l'impétuosité  du  fil  de  l'eau,  id.  Cé- 
sar, 30.  Encores  que  le  regnard  [le  comte  d'Eg- 
mon]  soit  bien  cault  et  rusé,  si  est-ce  que  je  luy 
baille  le  fil  [je  l'attrape]  par  mon  trompette  [un 
trompette  qu'on  lui  envoyait  avec  un  faux  avis].... 
cARLQix,  VI,  45.  Vos  fiuesses  sont  cousues  de  fil 
blanc  :  enfin  tout  le  monde  les  voit,  Sat.  Ménip. 
p.  90.  De  tous  les  hommes,  voyre  entre  les  frères 
mesmes,  il  ne  s'en  trouve  pas  deux  au  monde  qui, 
eu  traits  et  fil  de  visage,  taille  de  corps,  mœurs  et 
complexions,  se  ressemblent  entièrement,  du  verd. 
Biblioth.  p.  m,  dans  lacurne. 

—  ETVM.  Bourg,  fy;  provenç.  /M;  espagn.  hilo; 
portug.  fio;  ital.  ^lo;  du  latin  filum. 

t  FILABLE  (fi-la-bl'),  âdj.  Qui  peut  être  Blé. 

—  ÉTYM.  Piler;  provenç.  filable. 


HL 

i  FIf,AI)lÈRE  (fi-la-<iiê-r'),  s.  f.  Sorte  do  l-i- 
teaui  à  fond  plat  en  usage  sur  diverses  ri- 
vières. 

t.  FILAGE  (fi-U-jl,  ».  m.  Action,  manière  da 
filer  le  chanvre,  le  lin,  la  laine,  la  soie,  eto.  Le 
filage  de  la  laine  est  différent  de  celui  de  la  soie. 
Il  Ouvrage  du  fileur  pour  lequel  il  doit  recevoir  un 
salaire. 

—  HIST.  XIII*  s.  La  chemise  [il]  li  ront,  qui  ft. 
de  fort  filage,   Fabl.   mss.  n°  72)8,  ^  344,  dans 

LACURNB. 

—  ÉTYM.  Filer. 

t  2.  FILAGE  (fi-la-j")  ou  FILAGO  (fl-la-go),».  m. 
Genre  de  fleurs  composées  de  la  tribu  des  tubuli- 
flores,  formé  de  petites  plantes  cotonneuses  à  leur 
surface ,    blanches,   communes   dans    les   champs  . 
cultivés,  au  bord  des  chemins.  , 

—  Ilisr.  xiv*  s.  Une  herbe  qui  est  appelée  ver- 
meilleuse  et  en  médecine  filage,  Modus,  f  xciv. 

—  ÉTYM.  Fil. 

j  FILAGOR  (fi-la-gor),  s.  m.  ou  FILAGORE  (fl- 
la-go-r'),  s.  f.  Ficelle  des  artificiers  avec  laquelle  ils 
forment  la  gorge  des  cartouches. 

FILAGRAMME  (fi-la-gra-m"),  s.  m.  Voy.  fili- 
grane. 

t  FILAIRE  (fi-lê-r"),  t.  m.  et  f.  (Les  naturalistes 
le  font  tantôt  masculin,  tantôt  féminin.)  Genre 
de  vers  nématoïdes.  Pilaire  de  Médine,  voy.  dba- 
GONNEAU.  Pilaire  bronchial,  filaire  du  cristallin, 
filaire  de  l'œil,  filaire  qui  se  trouve  dans  ces  organes. 

—  ÉTYM.  Fil. 

FILAMENT  (fi-la-man),  *.  m.  ||  1°  Petit  brin 
long  et  délié  comme  celui  qu'on  tire  du  clianvrc, 
du  lin.  Les  filaments  des  plantes.  Les  parties  int('- 
grantes  du  gj^pse  vues  i  la  loupe  paraissent  êti^,' 
tantôt  des  prismes  engrenés  les  uns  dans  les  autres, 
tantôt  de  longues  lames  avec  des  fibres  uniformes 
ou  filaments  allongés,  buff.  Jfi'n.  t.  ii,  p.  59,  dans 
POUGENS.  Il  î°  Terme  d'anatomie.  Organe  ou  déb.is 
d'organe  minco  et  allongé  formé  de  fibres  ou  de 
tubes. 

—  HIST.  xvi*  S.  Ils  [le  cœur,  la  vessie,  etc.]  ont 
les  trois  espèces  de  filamens  :  par  les  filets  droita 
il  se  fait  attraction,  et  par  les  traversiers  expulsion, 
et  par  les  obliques  la  rétention,  paré,  i,  8. 

—  ÉTYM.  Lat.  filare,  filer. 
FILAMENTEUX,  EUSE    (fi-la-man-teû,  teû-z"), 

adj.  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  a  des  filaments. 
Écorce  filamenteuse.  Ils  [des  oiseaux]  savent  entre- 
lacer avec  leur  bec  cette  matière  filamenteuse  et 
en  former  un  tissu  épais  et  serré,  presque  sem- 
blable à  du  drap,  bcff.  Ois.  t.  x,  p.  «44,  dans  pou- 
gens.  Il  Terme  d'anatomie.  Tunique  filamenteuse, 
la  membrane  caduque  après  son  expulsion. 

—  ÉTYM.  Filament. 

t  FILANDERIE  (fi-lan-de-rie) ,  s.  f.  Nom,  dans 
quelques  localités,  et  en  particulier  dans  les  Côtei 
du  Nord,  de  la  veillée  ou  du  Ueu  où  plusieurs  fem- 
mes se  réunissent  pour  filer. 

—  ÉTYM.   Voy.   FILANDIÈRE. 

riLANDlËRE  (fi-lan-diê-r"),  s.  f.  ||  1°  Femme 
dont  le  métier  est  de  filer  (Il  est  du  style  archaïque 
ou  badin).  Elle  filait  et  le  chanvre  et  le  lin.  On  la 
nomma  Berthe  la  filandièra,  killev.  Charlem.  à 
Pavie,  v.  ||  Par  extension.  Ainsi....  Se  plaignait  l'a- 
raignée autrefois  tapissière  ,  Et  qui,  lors  étant  filan- 
dière.  Prétendait  enlacer  tout  insecte  volant,  la 
FONT.  Fabl.  X,  7.  Il  y  a  des  filandières  [parmi  los 
oiseaux]  qui  recueillent  la  soie  sur  un  cliardoii, 
chatkaub.  Génie,  i,  v,  o.  ||  i°  Adj.  Les  sœurs  filan- 
dières, les  Parques.  Elles  filaient  si  bien  que  les 
sœurs  filandières  Ne  faisaient  que  brouiller  au  prit 
de  celles-ci,  la  font.  Fabl.  v,  5.  On  me  montra  les 
trois  sœurs  filandières.  Qui  font  le  sort  des  peuples 
et  des  rois,  volt.  Songe  creux. 

—  HIST.  xvi*  s.  Que  mauldictes  soyei-vous,  Fi- 
landières de  la  vie,  nu  bellat,  vu,  3»,  rtclo.  De 
voir  ainsi  devenu  filandier  Ce  grand  Alcid'  dti 
monstres  le  meurdricr,  rons.  )I7. 

—  ÉTYM.  FiVcr,  par  l'intermédiaire  du  participe 
présent.  On  disait  plus  anciennement  fUaresse  qui 
était  le  féminin  de  fileur. 

FILANDRES  (fi-lan-dr"),  t.  f.  plur.  ||  1°  Longs  fils 
blancs  qui  voltigent  dans  l'air  en  automne.  Les 
filandres  sont  vulgairement  appelés  fils  de  la  Vierge. 
Il  2°  Longues  fibres  coriaces  qu'on  trouve  dans  les 
chairs  des  animaux.  ||  Filets  qui  se  détachent  des 
boyaux  des  animaux  quand  on  les  dégraisse,  et  qui 
servent  à  les  coudre  les  uns  aux  autres.  ||  8°  LonKs 
filets  qui  existent  dans  certains  légume*,  et  qui  les 
rendent  désagréables.  ||  4°  Terme  de  vétérinaire 
Chairs  qui,  faisant  saillie  dans  une  plaie,  s'oppo- 
sent à  la  réunion  et  à  la  cicatrisation.  ||  6°  Terme 


FIL 

de  fauconnerie,  Maladie  dos  oiseav.x  de  proie,  qui 
consrste  dans  un  dessèchement  de  certaines  parties 
de  sang,  extravasé  par  quelque  rupture  et  figé  en 
forme  d'aiguille.  ||  Nom  donné,  dans  les  mêmes 
animaux,  à  certains  vers  qui,  s'engendrant  soit 
dans  leur  gosier,  soit  autour  du  cœur,  du  foie  et  du 
poumon,  les  incommodent  beaucoup.  ||  6°  Terme  de 
marine.  Herbes  de  mer  qui,  s'attachant  en  masse  à 
la  carène  du  vaisseau,  en  retardent  la  marche. 
Il  7°  Défauts  dans  une  glace,  dont  la  vitrification  n'a 
pas  été  homogène. 

—  HlST.  XIV*  s.  Se  vostre  faulcon  a  les  filandres, 
vous  le  sçaurez  à  ses  esmues  [fiente],  qui  seront 
plains  d'une  matière  en  manière  de  filez  de  char, 
Uodus,  ^  xciii,  verso. 

—  ÉTYM.  Filer,  par  l'intermédiaire  du  participe 
présent  ;  espagn.  filandria  ;  portug.  filandras  ; 
ital.  filandra.  On  trouve  aussi  filandre  avec  le  sens 
de  filet. 

FILANDREUX,  EUSE  (fi-lan-dreù,  dreû-z'),  adj. 
Il  1*  Rempli  de  filandres.  Viande  filandreuse.  Légu- 
mes filandreux.  ||  2°  Terme  de  maçon.  Se  dit  du 
marbre,  de  la  pierre  qui  a  des  fils.  D'autres  sont 
traversés  par  un  très-grand  nombre  de  fils  d'un 
spath  tendre,  elles  ouvriers  les  appellent  marbres 
filandreux,  buff.  Min.  t.  ii,  p.  <8,  dans  fougens. 
Il  3°  Fig.  Style  filandreux,  discours  filandreux, 
style,  discours  dont  les  phrases  longues  et  entor- 
tillées suscitent  au  lecteur  la  même  peine  qu'une 
viande  filandreuse  à  celui  qui  la  mange.  ||  On  dit 
aussi  un  écrivain,  un  orateur,  un  professeur  filan- 
dreux. 

—  ÉTYM.  Filandres. 

FILANT,  ANTE  (fi-lan,  lan-t'),  adj.  Qui  file, 
coule  doucement.  Un  liquide  filant.  ||  Étoiles  filan- 
tes, VOy.  ÉTOILE. 

t  FILARDEAU  (fi-lar-dô),  s.  m.  ||  1°  Jeune  bro- 
chet, trop  petit  pour  être  mangé  autrement  qu'en 
friture.  ||  2°  Jeune  arbre  droit  et  de  haute  tige. 

—  HIST.  XIV"  s.  Un  bon  cheveneau,  des  barbillons, 
fillardeau  et  autre  menu  poisson,  du  cange,  filatmn. 

—  ÉTYM.  Fil,  par  l'intermédiaire  du  mot  fictif 
filard,  fait  de  filer,  comme  vantard  de  tanter,  avec 
le  suffixe  eau  représentant  el  et  diminutif. 

t  HLARDECX,  EUSE  (fi-lar-deû,  deû-z"),  adj. 
Terme  de  maçon.  Pierres  filardeuses,  pierres  qui  ont 
des  fils,  c'est-à-dire  qui  ne  sont  pas  également  pleines. 
la.  plupart  des  marbres  de  couleur  sont  filardeux. 

—  ÉTYM.   Voy.   FILARDEAU. 

FILASSE  (fi-la-s'),  s.  f.  Il  1°  Amas  de  filaments 
tirés  de  l'écorce  du  chanvre  ou  du  lin,  et  qui,  mis 
sur  la  quenouille,  donne  le  fil  à  l'aide  du  fuseau. 
Charger  une  quenouille  de  filasse.  Boucher  une 
fente  avec  de  la  filasse.  ||  Des  cheveux  de  filasse, 
des  cheveux  qui  ont  la  couleur  de  la  filasse.  C'était 
[la  princesse  d'Harcourt]  une  grande  et  grosse  créa- 
ture, avec  de  grosses  vilaines  lippes  et  des  cheveux 
de  filasse,  st-sim.  4)3,  230.  ||Fig.  Ce  n'est  que  de 
la  filasse,  se  dit  d'une  viande  filandreuse  et  sans 
goût.  Il  2°  Filasse  de  montagne,  l'asbeste. 

—  HIST.  xiu"  s.  Au  deable  soit  tel  filace,  Fet  li 

vallés,  comme  la  vostre!  ruteb.  298.  ||  xvi*  s  

fiUer  la  fiUace  Esteindras-tu  la  gloire  de  ta  race? 
AMYOT,  Comment  lire  les  poètes ,  82.  Après  un  au- 
tre rang  de  harnois,  un  autre  des  instrumens  pour 
la  filasse  [pour  filer] ,  un  autre  de  ceux  qui  sont 
pour  moudre  le  blé,  etc.  la  boétie,  4  83. 

—  ÉTYM,  Fil,  avec  la  terminaison  péjorative  asse. 
FILASSIER,  lËRE   (fi-la-sié,   siô-r*),  s.  m.  et  f. 

11  1°  Celui,  celle  qui  façonne  la  filasse,  qui  en  fait 
le  commerce.  ||  2°  Voy.  marquette,  rAle  t. 

—  ÉTYM.  Filasse. 

FILATEUR  (fi-la-teur),  s.  m.  Celui  qui  dirige  une 
filature. 

—  ÉTYM.  Filer. 

t  FILATIER  (fi-la-tié),  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Marchand  de  fil. 

—  ÉTYM.  Fil. 

t  FILATRICE  (fi-la-tri-s'),  s.  ^.  1|  1°  Femme  oc- 
cupée à  tirer  la  soie  de  dessus  les  cocons.  ||  2°  Il 
s'est  dit  d'une  sorte  d'étoffe.  Filatrice  et  autres 
étoffes  tramées  de  fleuret.  Statuts  des  march.  de 
drap  d'or,  9  juill.  1667,  art.  64. 

—  ÉTYM.  Filer. 

FILATURE  (fi-la-tu-r'),  s.  f.  Usine  où  l'on  fa- 
brique du  fil  pour  étoffe.  ||  L'art  de  filer  en  grand. 
La  vapeur  appliquée  à  la  filature.  ||  Action  de  filer. 
Depuis  la  filature  de  l'or  avec  la  soie  jusqu'à  la  per- 
fection des  plus  riches  tissus,  nous  suivîmes  rapi- 
dement toutes  les  opération»  de  l'art,  marmontel, 
Mém.  VII. 

—  ÉTYM.  Filer;  provenç.  filadura,  filage;  ital. 
filatu:'a. 

DICT.   DE  LA  LANGUK  FRANÇAISE. 


Fil. 

FILE  (fi-l'),  s.  f.  Il  1"  Suite,  rangée  de  choses  ou 
de  personnes  disposées  une  à  une  sur  une  même 
ligne,  les  unes  derrière  les  autres.  Dans  une  file 
d'objets  disposés  sur  une  ligne  comme  le  sont,  par 
exemple,  les  lanternes  sur  le  chemin  de  Versailles 
en  allant  à  Paris,  buff.  Homme,  t.  iv,  p.  449,  dans 
FOUGENS.  De  mes  quarante  dents  vois  la  file  ef- 
froyable, VOLT.  Marseillais  et  Lion.  Et  la  porte  se 
referme  incontinent  après  avoir  laissé  voir  au  spec- 
tateur deux  longues  files  de  prêtres  et  de  prêtresses 
couronnés  de  fleurs,  id.  Lett.  d'Argental,  24  févr. 
1762.  Il  fallait  bien  laisser  à  la  longue  file  des  tral- 
neurs  et  des  malades  le  temps  de  joindre ,  les  uns 
leurs  corps,  les  autres  les  hôpitaux,  ségur,  Hist.  de 
Nap.  y,  t.  Le  reste  [de  l'armée],  dans  une  propor- 
tion effrayante,  ressemblait  à  une  horde  de  Tartares, 
après  une  heureuse  invasion;  c'était,  sur  trois  ou  qua- 
tre files  d'une  longueur  infinie,  une  confusion  de  ca- 
lèches, de  caissons,  de  riches  voitures  et  de  chariots 
de  toute  e.spèce,  id.  ib.  ix,  ) .  ||  Prendre  la  file  des  voi- 
tures, mettre  sa  voiture  à  la  queue  des  autres. ||  Fig. 
J'emploie  le  peu  [d'heures]  qui  me  reste  à  vous  sou- 
haiter une  longue  file  de  prospérités,  volt.  Lett. 
Catherine,  toi.  Dieu  a  voulu  que  cette  file  d'idées 
vous  ait  passé  par  la  tête,  pour  vous  donner  appa- 
remment quelque  instruction  dont  vous  ferez  votre 
profit,  id.  Le  blanc  et  le  noir.  Il  y  a  là  une  file  de 
tracasseries  dans  lesquelles  je  suis  bien  loin  de  vous 
prier  d'entrer,  et  dont  je  n'ai  pas  une  idée  bien 
nette,  id.  Lett.  Richelieu,  <6  déc.  <77).||S  la  file, 
l'un  après  l'autre.  Les  vertus  devraient  être  sœurs, 
Ainsi  que  les  vices  sont  frères;  Dès  que  l'un  de 
ceux-ci  s'empare  de  nos  cœurs.  Tous  viennent  à 
la  file....  LA  font.  Fabl.  viii,  2B.  Vingt  carrosses 
bientôt  arrivent  à  la  file,  boil.  Sat.  vi.  {|  2°  Ran- 
gée de  soldats  qui  sont  les  uns  derrière  les  autres. 
Il  se  trouva  quatre-vingts  files  de  soldats  pesamment 
armés,  chacune  de  cent  hommes  ou  environ,  rol- 
LiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  iv,  p.  1 99,  dans  pou- 
gens.  Il  Demi-file,  la  moitié  d'une  file;  se  disait  à 
l'époque  oii  l'ordre  profond  était  en  usage.  ||  Serrer 
les  files,  se  rapprocher  à  mesure  qu'un  homme  man- 
que dans  les  files.  Mon  Dieu!  que  vous  dites  bien 
sur  la  mort  de  M.  de  la  Rochefoucauld  et  de  tous 
les  autres  !  on  serre  les  files,  il  n'y  paraît  plus, 
sÉv.  43).  Il  Doubler  les  files,  augmenter  la  hau- 
teur d'un  bataillon,  en  en  diminuant  le  front.  ||  Chef 
de  file,  celui  qui  est  le  premier  d'une  file.  ||  Fig. 
Je  suis  votre  chef  de  file....  b.  de  st-pierre.  Mort 
de  Sacrale.  \\  Dans  les  commandements  :  Par  file  à 
droite,  par  file  à  gauche!  ||  Terme  de  marine.  Chef 
de  file,  le  vadsseau  qui  est  le  premier  de  la  ligne  de 
bataille.  ||  Serre-file, voy.  serre-file.  ||  Feu  de  file, 
feu  d'une  troupe  où  tous  les  hommes  de  file  en  file 
tirent  l'un  après  l'autre  et  sans  interruption.  Dans 
le  langage  technique  on  dit  :  feu  de  deux  rangs. 
113°  Se  dit,  vers  les  Pyrénées,  d'cirbres  droits  et 
élancés.  On  y  coupe  [dans  les  forêts  d'Aran,  Espa- 
gne] chaque  année  )8000  files  propres  à  faire  des 
chevrons  et  des  soliveaux,  dralet,  Traité  des  forêts 
d'arbres  résineux,  p.  iss. 

—  SYN.  FILE,  RANO  (dans  le  langage  militaire) . 
Un  nombre  d'hommes  à  côté  les  uns  des  autres 
dans  une  même  ligne  se  nomme  un  rang;  des  hom- 
mes mis  un  à  un  derrière  les  uns  les  autres  se 
nomment  une  file. 

—  lllST.  XV"  s.  Les  gens  du  roy  venoient  à  file 
par  la  forest,  comm.  i,  .1.  ||  xvr  s.  Ils  entrèrent  file 
à  file  les  uns  après  les  autres,  et  bien  tost  après 
les  lanskenets  les  suivirent  pour  avoir  leur  bonne 
part  du  butin,  castelnau,  24).  En  la  pointe  gau- 
che, il  ne  fut  pas  ainsi,  pource  que  les  files  du  ba- 
taillon ne  s'y  peurent  serrer  de  près,  ny  joindre 
escu  contre  escu,  amyot,  Flamin.  )3.  Les  batail- 
lons passèrent  presque  tous  formez,  et  ce  fut  pour- 
quoi on  les  fit  oblonts,  à  la  charge  de  faire  front 
de  file....  d'aub.  Hist.  ii,  392.  Pour  la  file  [l'envoi] 
de  nos  vivres,  et  pour  la  seureté  du  passaige  de 
France  en  AUemaigne,  cabloix,  iv,  21.  Tantost 
elles  [mes  rêveries]  se  pressent  en  foule  [dans 
la  composition  ] ,  tanto.st  elles  se   traisnent   à  la 

file,  mont,  h,  99 Les  hommes  devant  souloyent 

mener  sans  peine  La  file  de  leurs  éms;  depuis  ils 
vont  passant  Leurs  jours  en  mille  ennuis,  soudain 
envieiUissant ,  am.   lAum ,  Poésies,  p.   224,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Fil;  provenç.  espagn.  et  ital.  fila. 

1.  FILÉ,  ÊE  (fi-lé,  lée),  part,  passé.  \\  1°  Mis  sous 
forme  de  fil.  Du  chanvre  filé.  1|  Terme  de  luthier. 
Cordes  filées,  celles  qui  sont  entourées  d'un  fil  de 
laiton  comme  la  grosse  corde  de  violon.  ||  2°  Fig.  Il 
se  dit  du  fil  que  filent  les  Parques.  Vos  inutiles 
jours  filés  par  la  mollesse    votT.  Henr.  vu.   Si  du 


FIL 


<673 


reste  de  ma  jeunesse  Je  puis  jouir  en  liberté  Et 
consacrer  à  la  mollesse  Des  jours  filés  par  la  santé, 
DF.sMAHis,  Poés.  p.  66,  dans  POUGENS.  Il  Des  jours  filés 
d'or  et  de  soie,  une  vie  heureuse,  brillante.  11  est  juste, 
seigneur,  que  vous  goûtiez  lajoie  De  rétablir  des  jouis 
filés  d'or  et  de  soie,  Tristan,  M.  de  Chrispe,  u,  o. 
Il  3°  Conduit  d'une  manière  égale  et  soutenue.  La 
vol  de  cet  oiseau  est  filé.  Un  son  filé.  Son  vol  [du 
martin-pêcheur]  est  rapide  et  filé  ;  il  suit  ordinaire- 
ment les  contours  des  ruisseaux  en  rasant  la  surface 
de  l'eau,  buff.  Ois.  t.  xiu,  p.  254.  ||  4°  Fig.  Bien  con- 
duit, en  parlant  d'une  œuvre  de  littérature.  Je  vieLS 
de  relire  cette  scène  de  Pandore,  je  la  trouve  assez 
bien  filée  et  les  raisons  de  Mercure  très-bonnes, 
volt.  I^tt.  d'Argental,  20  sept.  )709.  ||  6"  Terme  do 
marine.  Lâché,  larpué.  Câble  filé.  ||  La  ligne  atta- 
chée au  loch  est  filée  derrière  le  navire  dont  on  veut 
mesurer  la  vitesse  ;  on  compte  les  nœuds  filés,  et 
l'on  dit  que  le  navire  file  tant  de  nœuds. 

2.  FILÉ  (fi-lé),  s.  m.  Il  1°  Or,  argent  tiré  à  la 
filière,  et  appliqué  sur  un  fil  de  soie  ou  de  chanvre. 
Du  filé  d'or.  Du  filé  d'argent.  ||  2"  Il  se  dit  quelque- 
fois de  fils  destinés  à  être  tissés.  La  finesse  et  la 
qualité  du  filé  destiné  aux  gazes  nous  manquait, 
bachaumont,  Mém.  secrets,  Londres,  1786,  t.  xxix, 
p.  242. 

—  ÉTYM.  Filé  1 . 

t  FILEMENT  (fi-le-man),  s.  m.  Action  de  filer 

—  HIST.  xvi"  s.  Filement,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Filer. 

FILER  (fi-lé),  V.  a.  Il  1°  Tordre  ensemble  des 
brins  de  chanvre,  de  lin,  de  soie,  de  laine,  et  en 
former  un  fil.  Les  femmes  [de  Tyr]  ne  cessent  ja- 
mais de  filer  les  laines  ou  de  faire  des  dessins  de 
broderies  ou  de  ployer  les  riches  étoffes,  fénel.  Tél. 
n.  La  fameuse  Lucrèce  travaillait  à  filer  de  la  laine 
au  milieu  de  ses  femmes,  rollin,  Hist.  anc.  CEuv. 
t.  VI,  p.  374,  dans  pougens.  On  peut  trouver  ridi- 
cule que  les  filles  d'Auguste  aient  filé  les  habits  de 
leur  père,  lorsqu'il  était  maître  de  la  moitié  de  l'u- 
nivers.... VOLT.  Ess.  poés.  épiq.  ch.  2.  Le  tranquille 
colon  du  rocher  de  Saba  voit  cet  amas  de  folies,  et 
file  paisiblement  son  coton,  raynal,  Hist.  phil.  xu, 
18.  Tout  en  filant  votre  lin.  Ecoutez-moi  bien, 
ma  fille,  bErang.  Jfère  av.  ||  Filer  une  quenouille, 
filer  la  filasse  qui  est  autour  de  la  quenouille.  Les 
vieilles  au  foyer  en  filant  leurs  quenouilles,  Régnier, 
Épttre  1.  Il  Allez-vous-en  filer  votre  quenouille, 
se  dit  aux  femmes  qui  se  veulent  mêler  de  choses 
qui  ne  les  regardent  pas.  ||  Absolument.  Filer  au 
fuseau,  au  rouet.  Elle  [Mme  de  MaintenonJ  filait  ou 
travaillait  à  la  tapisserie  en  dictât  ses  lettres,  et 
même  seule  avec  le  roi,  genlis,  Mme  de  Mainte- 
non,  t.  II,  p.  166,  dans  POUGENS.  Ne  dit-on  pas 
qu'Hercule  a  filé  pour  Omphale?  destouches,  Hom. 
sing.  IV,  2.  Puissé-je  vivre  assez  longtemps  pour 
apprendre  que  les  eunuques  du  sérail  de  Constanti- 
nople  sont  allés  filer  en  Sibérie  I  volt.  Lett.  Schou- 
valof,  3  déc.  1768.  Il  Du  temps  que  Berthe  filait, 
dans  le  bon  vieux  temps  ;  se  dit  par  allusion  aux 
anciens  romans  carlovingiens  de  Berthe  aux  grands 
pieds  et  à  la  déesse  germanique  Berohta  avec 
son  fuseau  d'or.  ||  Fig.  Ce  chat  file,  il  fait  entendre 
un  certain  murmure  qui  est  un  signe  de  contente- 
ment et  qui  ressemble  au  bruit  d'un  rouet.  ||  2°  Par 
analogie.  Filer  se  dit  de  la  fabrication  des  cordes. 
Filer  une  corde.  ||  Fig.  et  familièrement.  Filer  sa 
corde,  faire  des  choses  qui  conduisent  à  la  po- 
tence. Il  II  se  dit  aussi  des  métaux  dont  on  fait  des 
fils.  Ces  moulins  dont  la  quantité  prodigieuse  borde 
le  village  [Saardam, en  Hollande],  et  dans  lesquels 
on  scie  le  sapin  et  le  chêne,  on  lire  l'huile,  on  fa- 
brique le  papier,  on  file  les  métaux  ductiles,  volt. 
Russie,  I,  9.  Il  Filer  des  cordes,  se  dit,  pour  les  in- 
struments de  musique ,  des  cordes  à  boyau,  recou- 
vertes d'un  fil  argenté.  ||  3°  Il  se  dit  des  vers  â 
soie  qui  font  sortir  la  soie  de  leur  corps,  et  de 
l'araignée  qui  produit  les  fils  nécessaires  à  la  fabri- 
cation de  sa  toile.  Une  araignée  qui  file  sa  toile. 
Il  Absolument.  Ce  grand  homme  [Haller]  n'avait 
pas  un  génie  fait  pour  l'analyse  ;  et  il  me  le  di- 
sait lui-même,  il  ne  filait  pas  comme  le  ver  k  soie, 
bonnet,  Lett.div.  Œuv.  t.  xii,  p.  326,  dans  pou- 
gens.  Il  4°  Terme  de  cirier.  Filer  de  la  bougie, 
la  faire  passer  par  les  trous  des  filières.  ||  Terme 
de  vitrier.  Filer ,  tirer  de  petits  lingots  de  plomb 
à  travers  le  tire-plomb  pour  les  aplatir  et  y  faire, 
des  deux  côtés,  les  rainures  qui  servent  i  tenir 
et  enchâsser  la  vitre.  ||  Terme  d'épinglier.  Filer 
la  tête  des  épingles,  dévider  sur  un  rouet  le  laiton, 
pour  le  disposer  en  petits  anneaux  doubles  dont 
on  fait  les  têtes  d'épingles.  US'  Filer  avec  jours, 
I  vie  destin,  se  dit  en  parlant  do  l'accomplisseiafiiit 

I.  —  210 


1074 


FIL 


de  la  vie  des  mortels,  par  allusion  à  la  fonciion 
mythologique  des  Parques.  Et  quand  il  (le  Styx] 
est  franchi,  les  filles  du  destin  Filent  aux  habitants 
une  nuit  sans  matin,  tA  pont.  Psyché,  n,  p.  192. 
Kt  qu'il  reste  i  la  Parque  encor  de  quoi  filer,  BOIL. 
Sat.  I.  Les  Parques  me  filaient  des  jours  d'or  et  do 
soie,  FÉN.  Tél.  XIV.  Jamais  la  main  des  dieux  N'au- 
rait filé  des  jours  plus  doux,  plus  glorieux,  lamart. 
Jft'rf.  u,  3.  Il  6"  Conduire  d'une  manière  égale  et 
soutenue.  Il  ne  put  joindre  qu'à  Kodez  M.  Cassini, 
qui,  pour  ainsi  dire,  filait  sa  méridienne  en  s'éloi- 
gnant  toujours  de  Paris,  fonten.  Chazetles.  Je  n'a- 
hri?gerai  pas  cet  heureux  temps,  j'en  filerai  l'enchan- 
tement, J.  J.  Rouss.  Êm.  V.  Tout  ce  que  je  pouvais 
faire  était  de  filer  sans  bruit  des  soupiis  fort  in- 
commodes dans  le  silence  où  nous  étions  souvent, 
ID.  Conf.  n.  Il  Filer  le  parfait  amour,  nourrir  long- 
temps un  amour  tendre  et  romanesque.  Vous  filez 
le  parfait  amour  Auprès  d'une  beauté  de  tout  point 
accomplie,  dancoubt,  la  Métempsycose,  i,  i.  l\  On 
le  dit  quelquefois  en  plaisantant.  Il  file  le  parfait 
amour  auprès  d'une  femme  qui  se  moque  de  lui. 
Il  Terme  de  musique.  Filer  un  son,  le  prolonger  en 
commençant  piano,  en  enfiant  jusqu'au  forte,  et  en 
diminuant  avec  les  mêmes  gradations.  i|  Familière- 
ment et  par  plaisanterie.  Filer  une  période,  faire 
une  période  à  plusieurs  membres.  ||  Terme  de  théâ- 
tre. Filer  une  ir.trigue,  une  scène,  une  reconnais- 
sance, la  préparer,  la  conduire  avec  art.  H  7"  Terme 
de  marine.  Filer  un  cordage,  le  détendre  par  degrés 
quand  il  est  roide  et  le  forcer  de  céder  doucement 
k  l'effort  qui  le  tend  et  l'entraîne,  jal.  ||  Filer  du  ci- 
ble, mettre  hors  du  navire  une  longueur  de  câble 
plus  grande  que  celle  qui  y  était  déjà.  ||  Filer  un  câ- 
ble, une  chaîne  par  le  bout,  laisser  aller  la  chaîne 
ou  le  câble  tout  entier  hors  du  navire,  par  l'écubier 
qui  lui  sert  de  passage.  ||  Filera  la  demande,  déten- 
dre un  peu.  Il  Filer  en  douceur,  filer  peu  à  peu.  ||  Fi- 
ler en  bande,  filer  tout  d'un  coup.  ||  File  bouline  I 
commandement  pour  faire  démaiTer  et  faire  aller  à 
la  bouline.  ||  Filer  la  ligne  de  sonde,  la  laisser  des- 
cendre librement  dans  l'eau.  ||  Il  se  dit  de  la  vitesse 
plus  ou  moins  grande  d'un  navire.  Ce  navire  file  huit 
ou  dix  nœuds  à  l'heure.  ||  Absolument.  On  dit 
qu'un  bâtiment  qui  a  une  marche  rapide,  file  bien. 
Nous  amenâmes  la  voile,  et,  laissant  quelque  temps 
filer  notre  felouque....  chatkaubr.  Itin.  2'  part. 
Il  Par  extension.  Le  Mississipi  est  sujetà  deux  inon- 
dations; le  courant  du  fleuve  file  alors  cinq  mil- 
les à  l'heure ,  m.  Amer,  journal  sans  date. 
Il  8°  Terme  de  jeu.  Filer  ses  cartes,  les  découvrir 
lentement  et  peu  à  peu.  ||  Filer  des  cartes  signifie 
aussi  s'en  débarrasser.  Il  fallait  filèr  vos  basses  car- 
tes, vos  trèfles,  etc.  ||  Filer  la  carte,  tirer  chaque 
carte  avec  assez  d'attention  pour  la  reconnaître 
par  l'envers,  et  se  procurer  adroitement  et  par  tri- 
cherie les  bonnes.  Un  coquin  qui  file  la  carte,  dan- 
coubt. Désolât,  des  joueuses,  se.  <3.  Le  mauvais 
politique  est  celui  qui  ne  saitque  filer  la  carte,  volt. 
Dial.  XXIV,  )2. 119"  Terme  de  graveur.  Filer  les 
eaux,  faire  couler  l'eau -forte  dans  les  plus  petits 
traits  d'un  dessin  ou  d'une  gravure.  1|  10"  Terme  de 
tonnelier.  Descendre  une  barrique  de  vin  à  la  cave. 
Filer  du  vin.  ||  11*  Y.  n.  Être  lâché,  en  parlant  d'une 
manœuvre,  d'une  corde.  Prends  garde,  jeune  pi- 
lote, que  ton  câble  no  file,  i.  j.  bouss.  Ém.  i. 
U  12"  Aller  de  suite,  près  à  près.  Pendant  que  les 
troupes  filaient.  Quand  ces  colonnes  venaient  à  se 
resserrer,  ils  demeuraient  à  la  queue,  ou  filaient 
sur  les  flancs  de  part  et  d'autre  pour  éviter  l'embar- 
ras, bollin,  llisl.  anc.  (IKuv.  t.  iv,  p.  (9t,  dans 
pouGENS.  L'armée  française  filait  en  Piémont  pour 
entrer  dans  le  Milanais,  3.  i.  bouss.  Conf.  v.  ||  Faire 
filer  des  troupes  dans  un  pays,  les  y  faire  passer  sans 
bruit.  Albéroni  déjà  faisait  filer  [en  France]  quel- 
ques troupes,  VOLT.  Louis  XV,  l.||13°  Terme  de 
chasse.  Se  dit  du  gibier  quand  il  vole  ou  court  sans 
faire  de  crochets.  La  bécasse  bat  des  ailes  avec  bruit 
en  partant  ;  elle  file  assez  droit  dans  une  futaie, 
nuFF.  Ois.  t.  XIV,  p.  227,  dans  poookns.  Les  fauvet- 
tes des  Aipes  se  tiennent  communément  à  terre,  oi^ 
elles  courent  vite  en  filant  comme  la  caille  et  la  per- 
drix, ID.  t'ft.  t.  IX,  p.  22».  Il  14»  En  parlant  de  cer- 
tains météores,  se  mouvoir  dans  le  ciel  avec  assez 
de  rapidité  pour  offrir  à  l'œil  une  ligne  de  feu. 
Fncore  une  étoile  qui  file.  Qui  file,  file  et  dispa- 
raît, BÉRANO.  Et.  lil.  Il  15*  Populairement.  S'en 
aller,  se  retirer.  Allons,  filez.  U  faut  filer.  ||  Fami- 
lièrement. Filer  doux,  se  soumettre  sans  mur- 
murer, supporter,  subir  quelque  chose  de  désagréa- 
ble. Monsieur,  n'est-il  pas  temps  ?  et  moi,  de 
filer  doux,  RêoNiKa,  .Sa«.  xi.  Voua  savez,  monsieur, 
qu'Hercule  filait    ailroitemont    chez   Omphale   et 


FIL 

mémo  qu'il  y  filiill  doux,  costaIi,  Entrctvms,  p.  5b, 
dans  BicHEi.ET.  Il  faut  désormais  filer  doux,  U  faut 
crier  miséricorde,  scarb.  Triolet  contre  les  fron- 
deurs. Tu  n'es  pas  oA  tu  crois,  en  vain  tu  files 
doux,  MOL.  Àmphilr.  ii,  3.  Valère  :  Ah!  monsieur 
maître  Jacques,  ne  vous  fâchez,  je  vous  prie.  — 
M.aître  Jacques,  à  p.art  ;  U  file  doux,  je  veux  faire 
le  brave,  et,  s'il  est  assez  sot  pour  me  craindre,  le 
frotter  quelque  peu,  m.  Avare,  in,  «.Elle  est  dans 
ses  grands  airs,  il  me  faut  filer  doux,  destouches, 
l'hil.  mar.  il,  2.  Roquelaure,  étonné  de  la  sortie  [de 
M.  de  Vendôme],  fila  doux,  et  lui  ditqu'ilne  croyait 
pas  le  fâcher,  st-sim.  27,  53.  Monsieur  fila  doux  et 
tâcha  d'obtenir  de  la  complaisance  ce  qu'il  n'osait 
imposer  par  voie  d'autorité,  id.  62,  37.  ||  Filer  doux 
parait  vouloir  dire  s'esquiver  doucement.  ||  16°  Terme 
de  bâtiments  Absolument,  filer,  tracer  et  peindre  des 
lignes  pour  imiter  les  lits  et  joints  de  la  pierre  de 
taille,  une  cimaise,  une  corniche,  etc.  H  17' Terme  de 
jeu.  Au  brelan,  ne  mettre  au  jeu  que  ce  qn'on  est 
obligé  d'y  mettre.  Il  est  prudent  de  filèr  quand  la 
chance  n'est  pas  favorable.  ||  Cesser  de  tenir  les  cartes 
en  abandonnant  ce  qu'on  avait  risqué.  ||  A  la  bouil- 
lotte, ne  pas  tenir,  après  avoir  ouvert  la  partie ,  ce  qui 
est  proposé.  ||  18"  U  se  dit  des  liqueurs  qui  devien- 
nent visqueuses,  et  de  quelques  matières  molles,  par 
comparaison  avec  le  lin  qu'on  file.  Cette  liqueur  file. 
La  glu  file  aisément.  ||  On  dit  que  du  vin  file,  lors- 
qu'ayant  tourné  à  la  graisse,  il  paraît  couler  comme 
de  l'huile.  ||  19"  Se  filer,  v.réft.  Être  filé.  Ce  chan- 
vre, ce  lin  se  file  bien. 

—  HlsT.  xni*  s.  Bêle  Amelot,  seule  en  chambre 
filoit;  À  chanter  prent,  que  d'amours  li  membroit 
[souvenait],  Ilomancero,  p.  72.  Mère,  de  quoi  me 
chastiez?  Est-ce  de  coudre  ou  de  taillier?  Ou  de  fi- 
ler ou  de  broissier"?  Ou  se  c'est  de  trop  sommeillier? 
ib.  p.  54.  Ouiconques  veut  estre  bateres  d'or  et  d'ar- 
gent à  filer  à  Paris,  estre  le  puet  franchement,  pour 
tant  que....  Liv.  des  met.  74.  Puis  filent  [les  nues], 
et  quant  ont  filé,  Si  font  voler  de  lor  filé  Grans  ai- 
guillies  de  fil  blanches  Ausino  cum  pour  coudre 
leurs  manches,  la  liose,  (8)97.  ||  xiv*  s.  Mettez 
de  celle  boulie  dedans  l'escuelle,  et  laissiez  filer 
tout  autour  de  la  paelle,  Kénagier,  u,  5.  ||  xv*  s. 
U  vit  que  les  larmes  luy  filèrent  des  yeux,  Per- 
ceforest,  t.  i,  p.  66.  Quand  un  chevalier  requer- 
roit  à  une  dame  chose  qu'elle  ne  voulust  octroyer, 
fust  par  jeu  ou  de  certain,  elle  respondoit  en  disant  : 
Sire  chevalier,  déportez  vous  de  cette  requeste  qu'on 
ne  vous  appreigne  à  filler  [par  allusion  à  une  aven- 
ture où  des  chevaliers  anglais  avaient  été  obligés  de 
filer],  ib.  t.  IV,  p.  51.  Si  elles  [les  fiUeressesj  sont 
trouvées  faisantaucunemauvaisetié,comme  de  chan- 
ger la  laine  ou  de  mouiller  le  Rllé,  ou  aultres  fauce- 
tez....  Ordonn.  mars  I450.  ||  xvf  s.  Sinon  que  cha- 
cun se  filast  quelque  corde  à  part  [se  fit  un  système 
particulier  de  dévotions],  calv.  Inst.  I007.  Belaud 
[un  chat]  ne  filoit  au  rouet,  Grommelant  une  lita- 
nie De  longue  et  fascheuse  harmonie,  du  bellat, 
VII,  40,  verso.  11  faut  filer  et  couler  les  cables  peu  à 
peu,  pour  par  ceste  mesme  sorte  arrester  les  navi- 
res, ID.  600.  U  ne  vouloit  point  voir  les  trouppes 
filler  du  derrière  en  une  bonne  occasion,  n'AUii. 
Ilist.  1,  155.  Ne  pouvant  se  faire  valloir  en  pro- 
pos bien  filez  et  en  mignardises  de  discours,  il  res- 
ponaii  en  termes  judicieux,  m.  t'ii.  m,  198.  Us  firent 
en  leur  salve  durer  ou  filer  une  scopeterie  de  har- 
quebuzades  plus  d'une  heure,  carloix,  ui,  io.  Vous 
voulez  tousjours  filer  vostre  lieutenance,  et  conti- 
nuer cette  puissance  souveraine  qu'avez  usurpée, 
Sat.  ilén.  p.i65.  Beranque,  filant  doux  et  changeant 
de  style,  repondit  que....  froumentead,  finances, 
3*  livre,  p.  41». 

—  ÉTVM.  Fit;  bourguig.  fillai,  U  mouillées ;pro- 
venç.  /ilar;  espagn.  hilar  i  portug.  fiar;  ilal.  filare. 
D'après  Jal,  filer,  en  termes  de  marine,  vient  de  l'an- 
glais to  veer,  suédois  /îre,  hollandais  rieren,  dont,  au 
lieu  de  fi^er,  on  a  fait,  par  une  assimilation  fautive, 
filer.  Mais,  comme  filer,  de  la  marine,  peut  s'expli- 
quer par  une  métaphore  prise  de  l'action  de  filer  à 
la  quenouille,  et  qu'il  y  a,  dans  l'étymologie  de  Jal, 
la  difficulté  de  changer  r  en  l,  on  n'est  pas  auto- 
risé à  séparer  ce  /î/er-là  des  autres  filer. 

FILF.RIK  (fi-le-rie),  s.  f.  ||  1°  Lieu  où  l'on  file  le 
chanvre  pour  faire  les  cordes.  Il  est  des  fileries  de 
deux  espèces,  de  couvertes  et  de  découvertes.  Le 
capitaine  Perré,  qui  le  [Pierre  I"]  suivit  de  Londres 
en  Russie,  dit  que,  depuis  la  fonderie  de  canons  jus- 
qu'à la  filerie  des  cordes,  il  n'y  eut  aucun  métier 
qu'il  n'observât  et  auquel  il  ne  mît  la  main,  volt. 
Russie,  1,  ».  Il  i°  Bande  da  fer  plat  pour  passer  le 
fil  de  fer. 

—  ÉTYM.  Filer. 


'    FIL 

FII.ET  (fi-lè;  le  (  ne  so  lie  pas  dans  le  parler  de 
la  conversation  ;  au  pluriel,  1'*  se  lie  :  des  fi-lè-z  a 
mailles  étroites;  filets  rime  avec  trait*,  suocis, 
paix,  610.),  s.  m.  Il  1"  Petit  fil,  fil  délié.  ||Chez  loi 
tireurs  d'or,  trait  d'or  ou  d'argent  battu,  qui  se  tor- 
tille avec  de  la  soie.  ||  Soie  mise  en  plusieurs  brins. 
Il  Fig.  Il  [le  précepteur]  tenait  en  ses  mains  un 
glaive  luisant  pour  couper  les  filets  de  ses  pas.sioiis 
naissantes  [de  l'élève]  et  les  discours  et  les  exem- 
ples qui  pourraient  les  entretenir,  flécii.  M  de 
Monlausier.  \\  Fig.  Ne  tenir  qu'à  un  filet,  ne  dépen 
dre  que  do  la  rupture  d'un  brin  de  fil,  c'est-à-dire 
de  la  moindre  circonstance  (  on  dit  plutôt  aujour- 
d'hui :  tenir  à  un  fil).  Mon  cœur  ne  tient  qu'à  un 
filet,  MOL.  Préc.  XII.  Démade  écrivait  à  Antigène 
dans  l'Asie  pour  le  presser  de  venir  promptement 
se  rendre  maître  de  la  Grèce  et  de  U  M.icédoine, 
qui  ne  tenaient  plus,  disait-il,  qu'à  un  filet  et  en- 
core à  un  filet  pourri,  en  se  moquant  ainsi  d'An- 
lipator,  KOLLiN,  Uist.  anc.  Œuvres,  t.  vu,  p.  94, 
dans  POUGENS.  Mme  de  Maintenon  ne  teiiâit  plus  à 
M.  de  Beauvillier  que  par  un  filet  d'ancienne  estime, 
ST-siM.  60,  183.  Pontchartrain  tenait  encore  à  un 
filet  parle  vain  titre  de  sa  charge,  ID.  425,  (Se. 
Il  Le  filet  de  la  vie,  des  jours,  la  durée  de  la  vie.  Il 
faudra  mourir  dans  les  fers  Où  les  yeux  d'une  in- 
grate ont  mon  âme  asservie  ;  Je  n'en  puis  échap- 
per: On  ne  les  peut  couper  Qu'on  ne  coupe  avec  eux 
le  filet  de  ma  vie,  racan,  Bergeries,  n,  2,  Chants  de 
Tisimandre.  Il  semble,  à  vous  entendre,  que  M.  Pur- 
gon  tienne  dans  ses  mains  le  filet  de  vos  jours,  et 
que,  d'autorité  suprême,  il  vous  l'allonge  ou  vous  le 
raccourcisse  comme  il  lui  plaît,  mol.  Mal.  im.  m, 
7.  Il  Cet  homme  n'a  qu'un  filet  de  vie,  il  est  d'une 
constitution  très-débile.  ||  i*  Terme  de  manège.  Bri- 
don  léger  à  mors  articulé,  remjikçant  pour  les  che- 
vaux de  tirage  commun,  pour  les  chevaux  de  course, 
pour  ceux  qu'on  mène  à  la  promenade  ou  à  l'abreu- 
voir, la  bride  ordinaire.  On  mène  ce  cheval  avec 
un  simple  filet.  Un  bridon  léger,  appelé  filet,  est 
presque  toujours  associé  à  la  bride  des  chevaux  de 
selle.  Il  Scier  du  filet,  faire  aller  et  venir  l'em- 
bouchure du  filet,  en  tirant  alternativement  l'une 
et  l'autre  rêne.  ||  Mettre  au  filet,  tourner  la  croupe 
du  cheval  du  côté  de  la  mangeoire,  pour  l'empê- 
cher de  manger,  après  lui  avoir  mis  un  filet  dans  la 
bouche.  Il  Fig.  On  dit  qu'un  homme  nous  tient  au 
filet,  pour  exprimer  qu'il  nous  prive  de  manger, 
ou,  dans  un  sens  plu?  général,  qu'il  nous  fait  atten- 
dre ou  qu'il  nous  amuse  par  de  vaines  espérances. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  être  au  filet.  Si  le 
délicat  et  ingénieux  abbé  de  la  Bletterie  me  défend 
de  plus  vous  fournir,  je  ne  vous  fournirai  rien,  et  je 
vous  laisserai  au  filet,  volt.  I^t.  Mme  de  Choisntl, 
2  fév.  1769.  Il  3*  Terme  d'arts.  Il  se  dit  des  divers 
oiTiements  longs  et  déliés.  Un  filet  règne  autour  de 
l'encadrement.  ||  Terme  de  relieur .  Pousser  des 
fileis,  faire  de  petits  traits  d'or  au  dos  ou  sur  le 
plat  d'un  livre  relié.  Reliure  avec  filets.  Le  livre 
étant  à  plat  sur  la  table,  en  tenant  de  la  main  gau- 
che une  règle  en  bois,  on  peut  pousser  hardiment 
les  filets;  bien  des  ouvriers  les  poussent  à  vued'œil, 
aussi  ne  sont-ils  jamais  biep,  LïSNg,  la  Reliure, 
p.  21".  Il  Cannelure  sur  les  pièces  d'argenterie.  Cou- 
verts à  filets.  Il  Terme  de  monnaie.  Petit  cordon 
qui  règne  autour  d'une  pièce.  ||  Partie  saillante  sur 
les  pièces  d'horlogerie.  Il  lerme  d'architecture.  Fi- 
let ou  listel,  un  petit  membre  carré  des  moulures  et 
des  ornements.  ||  Terme  de  menuiserie.  Moulure 
plate  ou  lisse,  ronde  ou  carrée,  qui  sépare  deux  au- 
tres moulures  plus  grandes  et  plus  saillantes.]!  Terme 
de  blason.  Petite  bordure  dont  la  largeur  n'a  que  le 
quart  de  la  bordure  ordin;ure,  et  dont  l'émail  est 
difl'ércnt  de  celui  de  l'écu.  Montbron  portait  de 
Montberon  brisé  d'un  filet  en  barre,  st-sim.  191,  B9. 
Il  4°  Le  filet  d'une  vis,  la  ligne  .spirale  qui  tourne 
autour  d'un  petit  cylindre  de  fer,  pour  entrer  et  te- 
nir dans  les  écrous.  ||  6°  Petit  trait  tracé  sur  le  pa- 
pier. Mon  écriture  est  méchante,  mais  ma  plume 
est  enragée,  elle  criaille  et  ne  fait  que  des  filets, 
sÉv.  36».  Il  6°  Terme  d'imprimerie.  "Traits  plus  ou 
moins  déliés  et  de  formes  diverses.  Séparer  des  co- 
lonnes par  des  filets.  ||  Lames  de  métal  servant  à 
l'impression  des  filets.  Les  filets  sont  d'acier,  de 
cuivre  ou  de  métal  à  caractères.  1]  7°  Terme  de  cou- 
vreur. Filet,  la  partie  d'une  couverture  qui  touche 
au  mur  et  qui  est  couverte  de  plâtre.  ||  'lerme  de 
charpentier.  Petite  poutre  que  l'on  place  sous  un 
plancher  qui  fléchit.  ||  Terme  de  maç-on.  Filet  de 
mur,  bordure  en  saillie  au  haut  d'un  mur;  si  le  filet 
de  mur  se  trouve  des  deux  côtés,  cela  indique  que 
le  mur  est  mitoyen.  ||  8"  Terme  de  géognosie.  Filon 
c|ui,  n'ayant  ni  les  dimensions  o(  la  suite  requiset, 


FIL 

ne  peut  être  eiploité.  L'or,  dans  ses  mines  primi- 
tives, est  ordinairement  en  filets,  en  rameaux,  en 
leuilles,   et  quelquefois  cristallisé  eu  trî'S- petits 
grains  de  forme  octaèdre,  bufp.  Min.  t.  iv,  p.  273, 
dans  pouGENS.  Comme  le  cuivre  est  plus  suscep- 
tible d'altération  que  l'argent,  ces  mines  en  filets 
et  en  cheveux  sont  bien  plus  rares  que  celles  de 
l'argent  et  ont  la  môme  forme,  id.  ib.  t.  viii,  p.  68. 
fl  O"  Terme  de  botanique.  Fibre  dans  une  plante. 
Cette  herbe  est  remplie  de  filets.   ||  la  partie  dé- 
liée de    l'étamine,   celle    qui  supporte   l'anthôre. 
Les  filets  de  cette  fleur  sont  velus.  |{  Terme  de  jardi- 
nage. Filets,  voy.  coulants.  ||   10°  Terme  d'ana- 
tomie.  Se  dit  des  ramifications  les  plus  ténues  des 
nerfs.  Filets  nerveux.  |{   Dans  le  langage  frén(;ral, 
on   le    dit   quelquefois  pour  fibre.  Â  considérer  la 
composition  de  toute  la  masse  du  cœur,  les  fils  et 
les  filets  dont  il  est  tissu  et  la  manière  dont  ils  sont 
tors,  on  le  reconnaît  pour  un  muscle,  Boss.  Con. 
Il,  2.  Il  Mince  membrane  qui  rattache  le  dessous 
de  la  langue  à  la  paioi   inférieure  de  la   bouche. 
Tout   charme  en  un  enfant   dont  la  langue   sans 
fard,  X  peine  du  filet  encor  débarrassée,  Sait  d'un 
air  innocent  bégayer  sa  pensée,  boil.  Ép.  ix.  U  y 
a  quelques  enfants  qui  ont  le  filet  de  la  langue  si 
court,  que  cette  espèce   de  bride   les  empâche  de 
téter,  et  l'on   est  obligé  de  couper  le  filet,  buff. 
Siippl.  à  l'hist.  nat.  Œuvres,  t.   xi,  p.   8i,   dans 
POUGENS.   Il  Avoir  le  filet,  se  dit  improprement  de 
ceux  dont  la  langue  est  embarrassée  dans  ses  mou- 
vements. Il  11  n'a  pas  le  filet,  se  dit  de  quelqu'un  qui 
parle  beaucoup.  ||  Filet  de  la  verge,  du  prépuce,  voy. 
FREIN.  Il  Terme  de  boucherie.  La  partie  la  plus  es- 
timée du  bœuf,  qui  est  placée  entre  le  rognon  et 
les   côtes,  vers  la  partie  postérieure  de  l'échiné  et 
dans  l'intérieur  du   corps  ;  c'est  le   muscle  psoas. 
Il  Faux  filet,  partie  du  bœuf  moins  estimée  que  le 
filet,    mais    très-estimée  encore,  qui    se  trouve  sur 
l'échiné  dans  la  longueur  du  filet,  mais  au-dessus 
des  os.   Il  Terme  de  chasse.  Filets  de  cerf,  la  chair 
qui  se  lève  en  dessus  et  au  dedans  des  reins  ;  les 
petits  filets  ou   filets  mignons   sont   ceux  qui  se 
lèvent   en  dedans,  et  les  grands  ceux'  qui  se  lè- 
vent en  dessus.  Les  petits  filets  doivent  être  au 
roi,    et  le  cimier    au  grand    veneur,   les  grands 
filets    aux  lieutenants    et  sous-lieutenants    de    la 
vénerie,  salnove.  Vénerie,  p.  <64,  dans  lacurne. 
Il  Par  analogie.  Un  filet  de    sole.  ||  Chair  qui  s'é- 
tend le  long  de  l'estomac  des  volailles.  Tâchez  de 
bien  enlever  les  filets.  ||  11-  Petite  quantité  d'un 
liquide  qui  coule  ;   par  comparaison  avec  un  filet 
ou  fil  délié.  On  voit   par  ces  exemples  qu'un   pe- 
tit filet   d'eau   tient   un    grand   poids  en   é<pjih- 
bre,  PAsc.  Équil.  des  liqueurs,  u.  Uiogène  disait 
qu'un   discours  bien  poli  était   un  filet   de   miel, 
FÉN.  Diog.  Filet  d'eau  du  désert  que  boit  le  sable 
aride,  sainte-beove,  Épît.  à  Lamartine.  ||  Un  filet 
de  vinaigre,  un  peu  de  vinaigre  mêlé  avec  un  assai- 
sonnement. Il  Mettre  le  filet  dans  le   suif  fondu,  y 
jeter  un  peu  d'eau  pour  l'épurer.  ||  Fig.  Un  filet  de 
voix,  une  voix  faible.  Il  y  a  un  petit  baron  qui  n'a 
qu'un  filet  de  voix,  mais  qui  a  fait  verser  des  ruis- 
seaux de  larmes  [dans  Mahomet],  volt.  Lett.  d'Ar- 
genlal,  5  juin  t'H.  Je  ne  fais  entendre  mon  filet  de 
voix  qu'aux  Suisses  et  aux  échos  du  lac  de  Genève, 
IB.  Lett.  au  roi  de  Prusse,  <79.  ||  12°  Terme  de  pè- 
che. Petit  brochet.  ||  Terme  de  commerce.    Nom 
donné  à  la  jeune  sangsue  médicinale.  ||  Le  brochet, 
la  sangsue  sont  dits  ainsi  à  cause  de  leur  ressem- 
blance avec  un  fil.  ||  13°  Rets   pour  prendre  des 
poissons  ou  des  oiseaux,  ainsi  dit  parce  qu'il  est 
fait  de  filets  ou  brins  de  fil.  Qu'était-ce  que  Simon- 
Pierre?    un    pauvre    pêcheur;    qu'avait-il  quitté? 
des  filets  qui    faisaient  toute   sa  richesse  et  qui 
lui  servaient   à  gagner  sa   vie ,   bouhd.   Pensées, 
t.   II,  p.  425.  l^ittacus  enveloppa  Phrinon  dans  un 
filet  de  pêcheur  qu'il  avait  placé  sur  son  bouclier, 
et   le   tua,    Diderot,    Opin.  des  anc.  phil.  [Grecs). 
Il  Border  un  filet,  attacher  avec  du  fil,  d'espace  en 
espace,  une  corde  autour  d'un  filet  pour  le  rendre 
plus  fort.  Il  Monter  un  filet,  mettre  toutes  les  cordes 
nécessaires  pour  qu'il  soit  en  état  de  servir.  ||  Filets 
de  Saint-Cloud,  filets  qui  étaient  disposés  perpendi- 
culairement dans  la  Seine  au  pont  de  Saint-Cloud, 
et  destinés  à  arrêter  ce  que  la  rivière  entraine,  et 
particulièrement  le  corps  des  noyés.  Cette  amante 
désolée  qui  vous  a  cru  noyé,  qui  vous  a  fait  cher- 
cher jusqu'aux  filets  de  Saint-Cloud,  et  qui  depuis 
a  su  que  vous  l'aviez  trahie,  mahmontel,  Mém.  m. 
Il  Fig.  Prendre  d'un  seul   coup   de  filet  plusieurs 
voleurs,  les  prendre  à  la  fois,  j!  Cet  officier  de  jus- 
tico  a  fait  un  beau  coup  de  filet,   c'est-à-dire  il  a 
pris  une  bande  do   malfaiteurs.  ||  Un  bon  coup  de 


FIL 

filet,  une  bonne  aubaine,  un  profit  considérable. 
C'est  cela  qui  serait  un  beau  coup  de  filet,  SÉV.  594. 
Je  m'imaginais  que  ce  petit  coup  de  filet  ne  par- 
viendrait point  à   sa  connaissance,  lesage,  Eslev. 
Gom.  ch.  16.  Il   Une  ralle.  La  puissance  démocra- 
tique de  Genève  vient  de  destituer  trois  syndics 
d'un  coup  de  filet,  cela  ne   fait  nul  bruit,  volt. 
Leit.  Florian,  fl  janv.  (777.  j|  Fig.  Piège,  séduction. 
Kt  met  en  ses  filets  quelque  nouvel  amant,  kALH. 
V,  2J.  Elle  le  prend  ainsi  au  filet  par  de  longs  dis- 
cours, Skci,  Bible,  Prov.  deSalomon,vn,2.  U  sem- 
ble que  le  ciel,  l'un  après  l'autre ,  les  amène  dans 
mes  filets,  mol.  Scapin,ii,  tu.  Â  moins  d'être  fort 
exercé  dans  les  Écritures,  on  avait  peine  à  se  tirer 
des  filets  qu'ils  tendaient,  bossuet,  Var.  xi,  §  1 44.  Tu 
romps  de  leurs  erreurs  les  filets  ciptieux,  boil.  EpU. 
m.  Vous  voulez  donc  que  des   filets  De   l'abstraite 
philosophie  Je  revole  aux  brillants  palais  De  l'agréa- 
ble poésie,  volt.  Lett.  Cl»  vers  et  en  prose,  53.  Sans 
prétendre  assujettir  la  nombreuse  famille  des  oi- 
seaux à  une  méthode  rigoureuse,  ni  la  renfermer 
tout  entière  dans  cette  espèce  de  filet  scientifique, 
dont,  malgré  toutes  nos  précautions,  U  s'en  échap- 
perait toujours  quelques-uns,  buff.  Ois.  t.  in,  p.  9(, 
dans  POUGENS.   ||   14"  Terme  de  marine.  FiJet  de 
bastingage,  filet  fait  de  bitord  et  doublé  de  toile 
peinte  qu'on  fixait  verticalement  au-dessus  du  plat- 
bord  du  naviie,  et  dans   lecpiel   les  matelots   ran- 
geaient leurs  sacs  et  leurs  hamacs,  pour  composer, 
avec  ces  éléments  dont  l'efl'et  était  d'amortir  les 
balles,  la  mitraille   et  les  boulets,   une   pavesade 
molle  contre  le  feu  de  l'ennemi,  jal.  ||  Les  voiliers 
appellent  filet   le   fil  de  couleur  qu'on  trouve  au 
bord   des  laizes  des  toiles  à  voiles,  et  qui  sert  de 
guide  pour  en  assembler  les  coutures.  ||  15°  Dans  les 
magnaneries.  Filet  semblable  à  un  filet  de  pécheur 
qu'on  fixe  sur  un  cadre  de  hois  de  la  largeur  d'une 
table  de  vers  à  soie,  servant  au  même  usage  ([ue  le 
papier  percillé.  ||   16°  Réseau   ou  maille  formée  en 
tournant  un  fil  quelconque  autour  d'un  petit  moule, 
et  en  rassujetti''sant  par  un  nœud  d'une  façon  par- 
ticulière ;   le   trou  ou   maille  est  plus    ou  moins 
petit,  suivant  la  grosseur  du  moule.  Une  bourse  au 
filet.  Faire  du  filet.  ||  Sorte  de  sac.  Esope  porta  le 
filet  au  pain.  ||  Ouvrage  à  mailles  dont  on  enveloppe 
les  cheveux.  Cette    femme  était   coiffée  d'un  filet. 
Il  Poursuivre  un  filet,  faire  les  mailles  toutes  de 
suite  jusques  à  la  dernière.  ||  17°  Un  filet  de  voiture, 
filet  suspendu  au  plafond  d'une  voiture  et  destiné  à 
recevoir  le  chapeau  et  autres  objets  des  voyageurs. 
Il  18°   Les  rets    du  jeu  de  paume  placés  au-des- 
sus des  murs. 

—  HIST.  xin"  s.  Prens,  fet  la  reine  [la grenouille], 
cel  filet;  SU  [si  le]  lie  fort  à  ton  gairet  [jarreti, 
MARIE,  II,  72.  Fileit  de  cavene  [chanvre],  d'où  que 
li  files  soit....  tailliab.  Recueil,  p.  2(.  ||  xiv"  s. 
Quant  vous  aurez  tué  vostre  pourcel,  prenez  de  la 
char  des  costelettes,  de  l'endroit  que  l'en  appelle 
le  filet,  ilénagier,  ii,  5.  Puis  si  a  le  filet  (au  bœuf] 
que  l'en  appelle  le  nomblet,  qui  est  bien  d'un  pié 
de  long  et  non  plus,  ib.  N'a  filleresse  en  France 
pour  Clley  labourer.  Qui  ne  gaignast  ainçois  ma 
finance  au  filer,  Guescl.  Var.  du  vers  13644.  ||  xv  s. 
On  dit  qu'eschaudez  yaye  [eau]  craint;  Poissons 
batu  fuit  le  fille,  Et  cerf  qui  a  esté  empaint,  e. 
nESCH.  Poésies  mss.  (°  2'Ji,  dans  lacurne.  Souper 
bat,  mais  de  tuer,  non  ;  Bancquet  leur  coupe  le  filet 
(les  tue,  les  gourmands],  Uec.  de  farces,  p.  393. 
Qu'est-ce  que  j'oy?  ce  suis  je  qui?  —  ton  cuer, 
Qui  ne  tient  mais  qu'à  ung  petit  filet.  Force  n'ay 
plus,  substance,  ne  liqueur,  villon.  Débat  du 
cueur  et  du  corps,  bail.  ||  xvi»  s.  Tout  estant  exac- 
tement fourny  de  filet  et  d'aiguille  pour  maintenir 
son  estre,  mont,  i,  2&8.  Us  faisoient  eslancer  des 
surgeons  et  filets  d'eau  qui  rejaillissaient  contre- 
mont,  ID.  IV,  14.  Faut  trencher  et  couper  au  travers 
l'attache  nerveuse,  dite  vulgairement  le  filet,  qui 
retient  la  langue,  pahé,  xv,  3<i.  Le  filet  de  la  verge, 
ID.  ib.  34.  Dieu  sçait  si  je  fus  muet  ou  si  j'eus  le 
filet,  H.  EST.  Apol.  d'Hér.  p.  236,  dans  lacurne. 
Filets  doivent  estie  faits  et  accompagnés  de  pierre, 
pour  cognoislro  que  le  mur  est  mitoyen  ou  à  un 
seul,  Coustum.  gén.  t.  i,  p.  4. 

—  ËTVM.  Diminutif  de  jil;  provenç.  filet;  espagn. 
fileté  ;  iUl.  fitetto. 

f  FILETAGE  (fl-le-ta-j'),  s.  m.  Braconnage  à 
l'aide  de  filets,  de  collets.  ||  Action  de  fileter  une  vis. 

—  KTYM.  Filet. 
f  FU.ETEK    (fi-le-té.  L'e  prend  un  accent  grave 

quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  ;  je  filète),  *.  a. 
Il  1°  Faire  le  filet  d'une  vis.  Vis  filetée.  Fileter  un 
boulon.  Il  2°  Terme  de  luthier.  Incruster  la  table  et 
le  fond  d'un  violon,  d'une  basse,  etc.  d'un   double 


FIL 


1675 


filet  très-mince,  comme  manque  des  soins  apportés 
à  la  fabrication  de  l'instrument.  Cet  alto  n'est  pas 
commun,  on  l'a  fileté,  legoarant.  |i  3°  Faire  passer 
par  les  trous  calibrés  d'une  filière  les  fils  métalli- 
ques. ]|  4°  V.  n.  Pousser  des  lignes  ou  filets. 

—  HiST.  xm"  s.  Dras  filetez  [brodés]  et  envoisiés 
[ornés],  Fabliauxmss.  n'Tiis,  C  80,  dansLACURNB 

—  ETYM.  Filet. 

FU.EIJR,  EUSE  (fl-leur,  leù-z'),  s.  m.  et  f.  ||  !•  Ce- 
lui, celle  qui  file.  Fileur  d'or.  ||  Fileuse,  ouvrière 
qui  file  le  cocon.  ||  2°  Ouvrier  qui  imite  en  peinture 
l'appareil  de  la  pierre,  les  moulures,  etc.  ||  3°  Terme 
d'argot.  Les  fileurs,  espèce  de  voleurs  qui,  suivant 
les  voleurs  actifs  et  assistant  à  leurs  vols,  les  me- 
nacent de  les  livrer  à  la  police,  les  font  Composer 
et  reçoivent  ainsi  une  paît  du  vol  sans  y  partici- 
per. Il  Fileur  de  laine,  s'est  dit  autrefois  pour  filou. 
Ce  qui  l'oblige  d'en  éloigner  les  spadassins  et  fileurs 
de  laine.  Pièce  comique,  dans  leroux,  Dict.  comique. 
Il  Fileur  de  cartes,  escroc  aux  jeux  de  cartes.  ||  4°  Adj. 
Qui  file.  Araignée  fileuse.  ||  S.  ^.  Les  fileuses,  fil- 
mille  d'arachnides  pulmonaires  ,  dont  quelques- 
unes  sont  très-venimeuses. 

—  ÉTYM.  Filer.  Dans  les  anciens  textes,  on  n« 
trouve  que  filaresse  pour  fileuse. 

t  FILEUX  (fi-ioù)  s.  m.  Terme  de  marine.  In- 
strument qui  sert  à  retenir  un  cordage  et  à  le  filer 
à  volonté. 

FILIAL,  ALE  (fi-li-al,  a-l'),  adj.  Propre  à  l'en- 
fant ,  relativement  au  père  ou  à  la  mère.  Respect 
filiaL  Obéissance  filiale.  Soins  filiaux.  ...U  convertit 
enfin  les  ténèbres  en  jour.  Et  la  crainte  servile  en 
filial  amour,  boil.  Épit.  xii.  J'ai  peur  que  la  raison, 
l'amitié  filiale  Combattent  faiblement  l'illusion  fa- 
tale, VOLT.  Scythes,  i,  ».  Et  toi....  Qui  de  ta  piété  fi- 
liale et  sincère  N'as  jamais  altéré  le  sacré  caractère, 
m.  th.  IV,  8.  Il  Par  extension.  Sentiment  filial,  sen- 
timent qui  ressemble  aux  sentiments  d'un  fils  pour 
son  père. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  filial;  ital.  filiale; 
du  lat.  filialis,  defilius,  fils  {voy.  fils). 

FILIALEMENT  (fi-li-a-le-man) ,  adv.  D'une  ma- 
nière fibule. 

—  ÉTVM.  Filiale,  et  le  suffixe  ment. 

FILIATION  (fi-li-a-sion  ;  en  vers,  de  cinq  sylla- 
bes) ,  s.  f.  Il  1°  Descendance  de  père  en  fils  en  lign  e 
directe.  Le  bisaïeul  paternel  de  M.  Geoffroy  avait  été 
aussi  premier  échevin  de  Paris,  et  alors  on  ne  choi- 
sissait que  des  bourgeois  d'ancienne  famille  et  d'une 
réputation  bien  nette,  espèce  de  noblesse  qui  de- 
vrait bien  valoir  celle  dont  la  preuve  ne  consiste  que 
dans  les  filiations,  fonten.  GeoJTroy.  Sénantes,  fort 
en  généalogie,  comme  sont  tous  les  sots  qui  ont  de 
la  mémoire,  se  mit  à  celle  de  Mme  de  Sénantes  par 
un  embrouillement  de  filiations  qui  ne  finissait  point, 
hamilt.  Gramm.  iv.  Celle  [la  maison]  d'Armagnac 
descendait  de  Clovis  par  Charibert,  fils  de  Dagobert, 
dont  la  filiation  est  prouvée  dans  la  nouvelle  his- 
toire de  Languedoc,  duclos,  Uist.  Louis  XI,  CF.uv. 
t.  II,  p.  <75,  dans  POUGENS.  Depuis  9io,  où  le  roi 
Eudes  commença  son  règne,  sa  maison  [celle  des 
Capétiens]  a  gouverné  sans  interruption,  filiation 
unique  parmi  les  rois,  volt.  Mœurs,  38.  ||  2''  Se  dit 
particulièrement  du  seuldegré  de  génération  despèros 
et  mères  aux  enfants.  La  filiation  légitime  se  prouve 
par  l'acte  de  naissance.  ||  3°  Par  extension,  union 
comme  par  filiation.  U  y  a  filiation  entre  toutes  ces  ■ 
associations  partielles.  ||  Fig.  11  y  a  dans  l'ordre 
des  sciences  une  espèce  de  filiation  affectueuse , 
l'aube  houteville,  dans  desfontaines.  ||  Terme  mo- 
nastique. Dépendance  d'un  monastère  à  l'égard 
d'un  autre,  parce  qu'il  en  tire  son  origine.  Une  ab- 
baye de  la  filiation  de  Clairvaux.  ||  U  se  dit  aussi 
de  l'adoption  d'un  corps,  d'une  compagnie  par  une 
autre.  Les  académies  de  Boissons  et  de  Marseille 
étaient  unies  par  filiation  à  l'Académie  française, 
Dict.  de  l'Acad.  française.  ||  4°  Liaison  entre  de» 
choses  qui  naissent  les  unes  des  autres.  La  filiation 
des  mots.  On  voit  chez  les  Grecs  une  belle  filiation 
d'idées  romanesques,  volt.  Déf.  de  Bolingbroke,Z». 
Si  je  voulais,  j'opposerais  déclarations  à  déclarations, 
j'indiquerais  la  filiation  de  ces  événements....  mira- 
beau.  Collection,  t.  v,  p.  230,  Ainsi  parla  l'orateur  des 
hommesqui  avaient  recherché  l'origine  et  la  filiation 
des  idées  religieuses,  volney,  lluines,  23.  ||  Terme 
de  philosophie  de  l'histoire.  L'enchaînement  des 
événements  qui  fait  que  du  précédent  nait  le  sui- 
vant; d'où  se  forme  toute  la  trame  de  l'histoire. 

—  KEM.  11  ne  faut  pas  confondre  fihation  avec 
affiliation  :  la  fihation  est  la  descendance  par  fils, 
et,  figurément,  la  série,  l'enchaînement  ;  l'affiliation, 
cjui  serait,  au  prepre,  l'adjonction  comme  fils,  est 
l'as&ociation. 


iGTfi 


FIL 


gigf   XV*  s.  Et,  à  ce  propos,  est  encorcs  es- 

cript  es  ystoircs  des  Grieux,  du  bon  cheralier  The- 
DiUcodes....  il  fu  tant  pervers  en  sa  juenece  que  son 
père  le  priva  do  tout  droit  de  filiacion,  chr.  de  pi- 
s.\H,  Charles  r,t,  H. 

_  ÉTYM.  laX.  filiationem,  de  filius,  fils  (voy.  fils). 
On  trouve,  dans  Perceforest,  t.  n,  ^  (22,  filage  au 
sens  de  filiation. 

t  FILICIFÈRE  (fi-li-sifî!-r'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Qui  renferme  des  empreintes  de  fou- 
gère. 

—  ÉTYM.  Lat.  filix,  fougfcre,  et  ferre,  porter. 
FILICULE  (fi-li-ku-l'),  s.  f.  Terme  de  botanique. 

Nom  donné  autrefois  aux  petites  espèces  de  fou- 
gfires  employées  dans  les  pharmacies,  et  particu- 
lil'rement  à  l'asplenium  ruta-muraria,  L.  ou  sauve- 
yie,  et  même  aiupolypodiumvulgare,  t.  ou  polypode 
des  boutiques.  Maintenant  le  nom  de  filleule  ne 
désigne  plus  de  genre  en  botanique. 

—  ÉTYM.  Lat.  filicula,  diminutif  de  filix,  fougère 

(voy.  rnuGÈRE). 

FILIÈRE  (fi-lié-r*),  s.  f.  \\  1°  Le  sens  propre  est 
corde,  ficelle,  ce  qui  est  fait  en  forme  de  fil.  ||  Terme 
do  marine.  Cordage  qu'on  tend  d'un  bord  à  l'autre, 
et  sur  lequel  on  monte  une  tente  en  deux  par- 
ties. Il  î"  Terme  de  fauconnerie.  Ficelle  longue 
d'environ  dix  toises,  qu'on  tient  attachée  au  pied  de 
l'oiseau,  jusqu'à  ce  qu'il  soit  assuré.  On  la  nomme 
aussi  créance.  ||  3°  Par  extension.  Terme  de  bla- 
son. Bordure  étroite  qui  n'a  qu'un  tiers  d'une 
des  sept  parties  de  la  largeur  de  l'écu.  ||  4°  Par 
comparaison  avec  un  brin ,  en  charpenterie,  nom 
de  petites  pièces  de  bois,  sur  lesquelles  portent  les 
chevrons ,  dans  les  couvertures  des  bâtiments. 
IIS"  S.  f.  plur.  Bois  de  sapin  de  France,  lorsqu'ils 
sont  équarris.  ||  6*  Plaque  d'acier  percée  de  plu- 
sieurs trous,  par  lesquels  on  fait  passer  les  métaux 
pour  les  réduire  en  fils.  M.  de  Réaumur  prouve  que 
ce  cylindre  d'argent  de  22  pouces  vient  par  la  filière 
à  en  avoir  1 3  903  24n  ou  4  <63  520  pieds,  hollin,  llisl. 
anc.  Œuvres,  t.  x,  p.  524,  dans  pougens.  ||  Plaque 
do  cuivre  percée  de  trous  pour  calibrer  les  bou- 
gies. Il  Par  extension.  Les  moules  et  les  filières  qui 
reçoivent  les  semences  s'y  opposent,  volt.  New- 
ton, I,  8.  Il  Fig.  Le  droit  de  choisir  son  repré- 
sentant par  soi-même  diflere  si  essentiellement 
du  droit  de  déléguer  ce  choix  à  un  autre,  qu'il  im- 
porte de  supprimer  toutes  les  filières  qui  permet- 
tent de  détourner  le  choix  des  premiers  mandants, 
MIRABEAU,  Collection,  t.  II,  p.  387.  Il  Fig.  Passer  par 
la  filière  de,  être  obligé  de  subir.  Ceux  qui  n'ont  pas 
(le  grands  capitaux  ne  passeraient  plus  par  la  filière 
de  l'astuce  mercantile,  id.  ib.  t.  v,  p.  B2.  ||  Passer 
par  la  filière,  subir  de  longues,  de  rudes  épreuves. 
Il  Faire  passer  quelqu'un  par  toutes  les  filières,  lui 
susciter  toutes  sortes  de  chicanes,  de  difficultés. 
Il  Filière  de  gens,  grand  nombre  de  gens  par  les 
mains  desquels  doit  passer  une  affaire.  ||  Terme  de 
bourse-  Ordre  de  livraison  écrit  que  le  vendeur 
peut  remettre  à  son  acheteur,  même  quand  l'échéance 
du  marché  à  terme  n'est  pas  arrivée,  pour  lui  faire 
prendre  livraison  de  la  marchandise  vendue.  Cette 
filière  est  transmissible  par  voie  d'endos,  et  l'ache- 
teur, s'il  a  vendu  à  son  tour,  peut  la  transmettre 
avec  son  endos  à  son  acheteur,  et  ainsi  de  suite  jus- 
qu'à ce  qu'elle  soit  arrivée  à  un  acheteur  qui  n'ait 
vendu  à  personne:  celui-ci  est  alors  tenu  de  pren- 
dre livraison.  Ceci  n'a  lieu  que  pour  les  marchan- 
dises. Il  7"  Instrument  qui  sert  à  faire  le  vermicelle. 
Il  8°  Pore  par  lequel  les  araignées  et  les  chenilles 
font  sortir  la  matière  qui  sert  à  tisser  leurs  toiles  et 
leurs  coques.  Une  filière  placée  près  de  la  bouche  de 
l'insecte  moule  ce  fil  précieux,  bonnet,  Contempl. 
nat.  (ï'part.  ch.  4.  ||  9°  Instrument  d'acier  percé 
de  trous  qui  sont  intérieurement  taillés  en  spirale, 
de  .sorte  que  le  bout  do  fer,  de  cuivre,  etc.  qu'on  y  fait 
passer,  en  ressort  avec  la  forme  de  vis.  ||  10°  Jauge 
pour  le  fil  de  fer.  ||  Outil  pour  faire  les  dents  d'un 
peigne.  ||  11°  Dans  les  carrières,  crevasseset  vei- 
nes qui  interrompent  les  fils  des  pierres,  jj  Veine  de 
métal  dans  une  mine. 

—  HIST.  XV'  s.  Tenderont  les  rois  frets]  et  fillie- 
res  Entre  haies,  buissons  et  pierres,  fhoiss.  Poésies 
mss.  p.  205,  dans  lacubne.  ||  xvi°  s.  Comme  l'oiseau 
prend  son  vol,  mais  soubs  la  bride  de  filière.... 
mont.  IV,  21).  Il  fend  les  rangs  et  filières  des 
bataillons,  merlin  coccaïe,  t.  U,  p.  44)    dans  la- 

CDBNK. 

—  f.TYM.  Fil.  On  trouve  dans  la  Didar.  du  roi, 
5?Ti."v''  '""^-  '^'lliers  de  fer,  servans  à  tirer  le 
W  darchal,  lo  cent  pesant  estimé  à  16  livres. 

PIUI'OUME  (fi-li-for-m'),  adj.  ||  1°  Terme  d'his- 
toire naturelle.  DéUé  comme  un  fil.  ||  2°  Terme  de 


Fir, 

médecine.  Pouls  filiforme,  pouls  tellement  faible  et 
vide  qu'il  ne  se  sent  plus  que  comme  un  fil. 

—  ETYM.  Lat.  filum,  fil,  et  forma,  forme. 

FILIGRANE  (fi-li-gra-n'),  s.  m.  ||  l"  Terme  d'or- 
fèvrerie. Ouvrage  d'or  ou  d'argent  travaillé  à  jour  et 
dont  les  figures  sont  formées  de  petits  filets  enlacés 
les  uns  dans  les  autres  ou  contournés  les  uns  sur 
les  autres;  il  y  a  des  grains  sur  les  filets.  ||  2°  Let- 
tres, lignes  ou  figures  fixées  sur  la  forme  à  fabri- 
quer le  papier  et  dont  la  marque  parait  sur  la  feuille. 
Il  Cette  marque  même.  Les  billets  de  banque  ont 
des  filigranes,  jj  On  dit  aussi  fîlagramme,  dans  les 
deux  sens.  Argent  et  or  en  ouvrage  d'orfèvrerie  et 
filagramme,  payera  à  l'estimation.  Tarif,  ta  sept. 
(604.  Mme  de  Montespan  attelait  six  souris  à  un 
petit  carrosse  de  filagramme ,  maintenon,  Lett.  à 
Mme  de  Caylus,  24  janv.  H7I8. 

—  ÉTYM.  Ital.  filigrana;  du  lat.  filum,  fil,  et  gra- 
num,  grain;  parce  que  les  Italiens,  qui  nous  ont 
apporté  ce  genre  d'ouvrages,  y  enfilaient  de  petits 
grains.  Filagramme  est  une  altération  de  filigrane. 

t  FILIGRANER  (fi-li-gra-né),  v.  a.  Travailler  en 
filigrane. 

1  FILIGRANISTE  (fi-li-gra-ni-sf),  s.  m.  Ouvrier 
qui  fait  le  filigrane. 

FILIN  (fi-lin),  s.  m.  Ij  1°  Terme  de  marine.  Nom 
donné  à  tout  cordage  qui  n'est  pas  commis  en  grelin, 
c'est-à-dire  qui  est  commis  en  haussière.  ||  Filin  blanc, 
filin  sans  goudron.  ||  Franc  filin,  filin  propre  à  faire 
des  appareils  de  force.  ||  2"  Terme  de  commerce.  Es- 
pèce de  sergeque  l'on  fabriquait  autrefois  à  Pithiviers. 

—  ÉTYM.  Fil. 

t  FILIOLE  (fi-li-o-1'),  t.  f.  Petit  canal  d'irrigation 
dérivé  d'un  plus  grand  (Provence). 

—  ÉTYM.  Lat.  filiola,  petite  fille,  diminutif  de  filia, 
fille. 

FILIPENDUIE  (fili-pan-du-l').ll  i-  Adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Oui  est  attaché,  suspendu  à  des 
filets.  Graine  filipendule,  graine  pendante  hors  de 
sa  loge  par  le  cordon  ombilical.  ||  Araignée  filipen- 
dule, araignée  qui  attend  sa  proie  hors  de  sa  toile, 
suspendue  à  un  fil  qui  y  correspond.  |l  2"  S.  f.  Plante 
de  la  famille  des  rosacées  {spirxa  filxpendula,  L.). 

—  ÉTYM.  Lat.  filum,  fil,  et  pendêre,  être  suspendu. 
f  FILLAGE  (fi-lla-j'.  Il  mouillées),  s.  m.   Terme 

vieilli.  État  de  fille,  de  femme  non  mariée.  Ma  des- 
tinée Ou  de  fiUage  ou  d'hyménée,  la  font.  Fiancée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Quartilla,  qui  n'avoit  point  mé- 
moire de  son  fillage  [virginité],  mont,  iv,  264. 

—  ÉTYM.  Fille. 

f  FILLAtre  (fi-llâ-tr',  U  mouillées),  f.  m.  Ancien 
mot  qui  désignait  pour  le  mari  le  fils  de  sa  femme, 
pour  la  femme  le  fils  de  son  mari,  issus  d'un  ma- 
riage antérieur  ;  c'était  ce  que  nous  nommons  au- 
jourd'hui beau-fils.  ||  Il  désignait  aussi  le  gendre. 

—  HIST.  XI'  s.  Guene  respont  :  Ce  est  cis  miens 
fiUastre,  Ch.  de  Roi.  lvii.  |{  ïiii'  s.  Aucune  fois  mue- 
vent  li  contons  [querelles]  en  mariage  par  le  [la] 
haine  que  li  parrastre  et  les  marrastres  ont  envers 
lor  fiUastres,  beaum.  Lvn,  7. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fiase,  gendre;  provenç.  filhas- 
tre;  catal.  fillastre;  espagn.  hijastro;  ital.  figlia- 
stro;  du  latin  filiaster,  dérivé  de  filius,  fils,  avec  le 
suffixe  péjoratif  aster. 

FILLE  (fi-ir,  Il  mouillées,  et  non  fi-ye),  s.  f. 
Il  1°  Personne  du  sexe  féminin,  par  rapport  à  son 
père  et  à  sa  mère,  ou  à  l'un  des  deux  seulement. 
Fille  légitime.  Fille  naturelle.  Le  devoir  d'une  fille 
est  dans  l'obéissance,  corn.  Jlor.  i,  4.  Jetez  sur 
votre  fiUe  un  regard  paternel,  m.  Poly.  v,  3.  Souf- 
frez que  votre  fille  embrasse  vos  genoux,  id.  ib.  m, 
3.  Un  noble  orgueil  m'apprend  qu'étant  fille  de  roi. 
Tout  autre  qu'un  monarque  est  indigne  de  moi,  iD. 

Cid,  I,  4 Je  lui  veux  faire  aujourd'hui  connaître 

Que  ma  fille  est  ma  fille,  et  que  j'en  suis  le  maître 
Pour  lui  prendre  un  mari  qui  soit  selon  mes  voeux, 
MOL.  F.  sav.  II,  B.  Fille  d'Agamemnon,  c'est  moi  qui 
la  première,  Seigneur,  vous  appelai  de  ce  doux 
nom  de  père,  bac.  Jph.  iv,  4.  Une  fille  est  au  mieux 
sous  l'aile  de  sa  mère,  c.  delav.  te.  des  vieill.  11,  7. 
Il  Fille  adoptive,  fille  que  l'on  a  adoptée,  ou  fille  à  la- 
quelle on  tient  lieu  des  parents  qu'elle  a  perdus. 
Il  Belle-fille,  voy.  belle-fille.  ||  Petite-fille,  voy.  pe- 
Tir.  Il  Fille  en  Jésus-Christ,  se  dit  d'une  religieuse 
par  rapport  à  la  supérieure  ou  à  la  fondatrice  de  l'or- 
dre.'Thérèse  dont  vous  vous  faites  gloire  d'être  les 
filles  en  Jésus-Christ,  BOURnAi,.  F.xhort.  sur  Sle  Thér. 
t.  I,  p.  320.  Il  Fille  en  Jésus-Christ,  titre  donné  par 
le  pape  à  le  reine  de  France,  en  parlant  d'elle. 
Il  Fig.  La  foi,  fille  du  ciel;  la  superstition,  fiUe  de 
l'ignorance.  Son  admiration  est  fille  de  l'ignorance, 
sÉv.  636.  Il  Poétiquement.  Les  filles  de  Mémoire,  les 
Muses.  Généreux  favoris  des  filles  de  Mémoire,  Deux 


FFL 

sentiers  différents  devant  vous  vont  s'ouvrir  :  I.'uc 
conduit  au  bonheur,  l'autre  mène  à  la  gloire;  Mor- 
tels, il  faut  choisir,  lakabt.  Médit.  1,  1 4.  ||  Lei 
filles  d'enfer,  les  Furies.  Filles  de  l'Achéron,  pestei, 
larves,  furies....  corn.  If^dtl.  i.  4.  Eh  bien,  filles 
d'enfer,  vos  mains  sont-elles  prêtes?  bac.  Ànir.  v, 
B.  Il  2°  Dans  le  style  élevé,  celle  qui  est  issue,  ori- 
ginaire de.  La  fille  des  Césars.  Les  filles  de  IT- 
gypte  à  Suse  comparurent,  rac.  Esth.  i,  t.  Cepen- 
dant mon  amour  pour  notre  nation  A  rempli  ce 
palais  de  filles  de  Sien,  Jeunes  et  tendres  fleurs  par 
le  sort  agitées.  Sous  un  ciel  étranger  comme  moi 
transplantées,  id.  ib.  Quoi  I  fille  de  David,  vous  par- 
lez à  ce  traître  !  id.  Athal.  III,  B.  Des  filles  de Scythic 
une  troupe  empressée,  volt.  Scythes,  m,  ) .  ||  Filles 
de  France,  les  filles  du  roi  et  de  la  reine  de  France. 
Un  ambitieux  croit  acquérir  des  droits  en  obtenant 
des  grâces,  et  le  duc  de  Bourbon  fut  plus  sensible 
au  refus  qu'on  lui  fit,  qu'il  ne  l'avait  été  à  l'hon- 
neur d'épouser  une  fille  de  France,  dcclos,  Hist. 
Louis  XI,  OEur.  t.  n,  p.  224,  dans  pougens.  ||  Fille 
d'Eve,  voy.  Eve.  ||  Fig.  Une  fille  de  l'Église ,  une 
femme  catholique.  Une  vraie  fille  de  l'Église,  non 
contente  d'en  embrasser  la  sainte  doctrine,  en  aime 
les  observances,  où  elle  fait  consister  la  principale 
partie  des  pratiques  extérieures  de  la  piété,  boss. 
Marie-thér.  \\  Dans  le  langage  biblique.  Filles  de 
Bélial,  les  femmes  idolâtres,  et  aussi  les  femmes 
sans  pudeur.  Ne  croyez  pas  que  votre  servante  soit 
comme  l'une  des  filles  de  Bélial,  saci,  Bible,  Rois, 

I,  I,  46.  Il  8°  Tout  enfant  du  sexe  féminin.  Le 
ciel  a  comblé  mes  vœux  en  me  donnant  une  fille. 
Après  de  si  belles  espérances,  la  signera  met  au 
monde  une  fille,  sÉv.  B.  Les  causes  qui  concourent 
à  la  plus  nombreuse  production  des  filles  sont  bien 
difficiles  à  deviner,  buff.  Probab.  de  la  tie,  Oliu- 
vres,  t.  X,  p.  636,  dans  pougens.  Les  filles  appren- 
nent à  sentir  plus  aisément  que  les  hommes  n'ap- 
prennent à  penser,  volt.  Ingénu,  ch.  47.  Quand  des 
filles  naissent  chez  vous  Pour  le  plaisir  de  ce 
monde,  Dites-moi,  messieurs  les  époux.  Pourquoi 
chacun  de  vous  gronde,  bRrang.  les  Filles.  ||  On  dit 
souvent  petite  fille,  quand  on  parle  d'une  fille  née 
depuis  peu.  Elle  vient  d'accoucher  d'une  petite 
fille.  Il  Grande  fille,  fiUequiapassé  l'enfance.  Bennes 
est  de  toutes  les  villes  Celle  où  le  dieu  d'amour 
est  le  plus  triomphant  ;  Toutes  des  quatorze  ans  y 
font  les  grandes  filles,  Et  vous  seule  après  seize  y 
vivez  en  enfant,  montreuil.  Remontrance  à  une 
jeune  demoiselle.  |{  Petite  fille,  se  dit  par  opposi- 
tion à  grande  fille.  Parlons  un  peu  de  Pauline, 
cette  petite  grande  fille,  toute  aimable,  toute  jo- 
lie, sÉv.  624.  J'en  perdis  mon  étourderie,  ma  dis- 
sipation ordinaire  et  cet  esprit  de  petite  fille  que  j'a- 
vais encore,  Marivaux,  Marianne,  »'  part.  ||  Grande 
fille,  se  dit  aussi,  par  euphémisme,  d'une  jeune  fille 
qui  a  pour  la  première  fois  ses  règles.  Est-elle  déjà 
grande  fille?  114°  Il  se  dit  par  opposition  à  femme 
mariée.  Elle  veut  rester  fille.  Chaque  moment 
d'attente  ôto  de  notre  prix.  Et  fille  qui  vieillit 
tombe  dans  le  mépris;  C'est  un  nom  glorieux  qui  se 
garde  avec  honte,  corn.  Menteur,  n,  s.  Fille  se 
coiffe  volontiers  D'amoureux  à  longue  crinière,  la 
FONT.  Fabl.  IV,  4.  Ascagne,  je  suis  fille  à  secret, 
Dieu  merci,  mol.  Dép.  an».  11,  4.  La  garde  de  deux 
filles  est  un  peu  trop  pesante  pour  un  homme  de 
mon  âge,  iD.  les  Préc.  B.  Et,  pour  vous  en  punir 
vous  mourrez  vieille  fille,  th.  corn.  D.  Bertr.  di 
Cigarral,  v,  4(.  Crois-tu  que,  d'une  fille  humble, 
honnête,  charmante  ,  L'hymen  n'ait  jamais  fait  de 
femme  extravagante?  boil.  Sat.  x.  Il  n'a  point  dé- 
tourné ses  regards  «l'une  fille.  Seul  reste  du  débris 
d'une  illustre  famille,  bac.  Brit.  11,  3.  Que  l'esprit 
d'une  fille  est  changeant  et  bizarre  I  regnard,  le 
Joueur,  II,  4 1 .  Ce  n'est  point  par  douceur  qu'on  rend 
sages  les  filles;  Je  veux  du  haut  en  bas  faire  attacher 
des  grilles.  Et  que  de  bons  barreaux,  larges  comme 
la  main,  Puissent  servir  d'obstacle  à  tout  effort 
humain,  ID.  Fol.  am.  1,  ï.  Il  y  a  trop  longtemps  que 
je  suis  fille,  et  il  me  faut  un  mari  pour  m'ôter  ce 
titre  ennuyeux,  destouches,  le  Tambour  nocturne, 
m,  4  .Vous  connaissez  les  différents  états  ;  dites- 
moi,  en  est-il  un  plus  triste  et  moins  considéré 
que  celui  d'une  fille  âgée  ?  dider.  Père  de  famille, 

II,  2.  Hélas  !  que  j'en  ai  vu  mourir  de  jeunes  filles  I 
C'est  le  destin  ;  il  faut  une  proie  au  trépas,  v. 
HDGO,  Orient.  23.  ||  Être  fille  à,  être  capaile  de. 
Oh  I  je  ne  suis  pas  fille  à  t'en  faire  un  mystère, 
DESToi'CiiES,  Irrésolu,  11,  4.  Je  suis  fille  à  tomber 
malade  de  vapeurs,  si  vous  ne  me  vendez  ce  char- 
mant taureau  blanc,  volt.  Jaurcou  6tem:,  2.  Il  La 
fille,  terme  très-familier  qui  se  dit  en  parlant 
à  une   fille   dont  on    ne  sait   pas  le   nom.  ^a^- 


FIL 

sez  votre  chemin ,  la  fille ,  et  m'en  croyez ,  la 
PONT.  Fabl.  ni,  i.  f|  B»  Nom  qu'on  donne  à  cer- 
taines religieuses.  Les  filles  du  Dilvaire.  Savez - 
vous  que  les  filles  de  Port-Royal  sont  en  liberté? 
MAiNTENON,  Lett.  à  Mme  de  Caylus,  ts  nov.  i'te. 
jl  Filles  bleues  ou  annonciades  célestes,  religieu- 
ses de  l'ordre  de  Saint-Augustin.  Nous  aurons  une 
belle  cour,  un  beau  jardin,  un  beau  quartier,  et  de 
bonnes  petites  filles  bleues  qui  sont  fort  commodes, 
sÉv.  365.  Il  Filles-Dieu,  sœurs  hospitalières.  ||  Filles 
de  la  Charité  ou  sœurs  grises,  ainsi  dites  à  cause  de 
leur  habit  de  serge  grise  ;  elles  ont  pour  office  le 
service  des  pauvres  et  des  malades.  La  première 
confrérie  des  filles  de  la  Charité  fut  instituée  à  Châ- 
tillon  en  Bresse,  en  (677,  par  saint  Vincent  de  Paul. 
Il  6°  Fig.  Il  se  dit  des  églises,  abbayes  et  prieurés 
qui  sont  de  la  fondation  et  de  la  dépendance  d'une 
autre  église  et  abbaye.  L'abbaye  de  Trois-Fontai- 
nes  est  fille  de  Clairvaux.  ||  Il  se  dit  pareillement  des 
corps  adoptés  par  un  autre.  L'Académie  de  Soissons 
se  disait  fille  de  l'Académie  française.  ||  7°  Celle  qu'on 
regarde,  qu'on  aime  ou  qu'on  traite  comme  sa  fille. 
Elle  est  une  fille  pour  moi.  ||  Ma  fille,  terme  d'af- 
fection, en  s'adressant  à  une  jeune  fille  ou  à  une 
femme.  Ma  fille,  lui  dit  le  bon  vieillard,  écoutez- 
moi.  Venez,  venez,  mes  filles,  Compagnes  autrefois 
de  ma  captivité.  De  l'antique  Jacob  jeune  postérité, 
RAC.  Esth.  I,  4. Il  Anciennement.  La  Fille  aînée  des 
rois  de  France,  l'université  de  Paris.  On  met  en 
cette  locution  une  majuscule  à  Fille.  ||  8°  Fille  d'hon- 
neur, fille  de  qualité  attachée  au  service  d'une  prin- 
cesse. Après  qu'elle  eut  fait  part  de  quelques  pier- 
reries   ses  filles  d'honneur  qu'elle  a  le  plus 
chéries,  tristan,  Kariane,  v,  2.  Toutes  filles  d'hon- 
neur comme  il  plaisait  à  Dieu,  hamilt.  Gramm.  9. 
X  la  cour,  où  le  plus  habile  N'a  pas  toujours  un 
grand  bonheur,  La  charge  la  plus  difficile  Est  celle 
de  fille  d'honneur,  bichelet,  Dict.  Le  roi  [Louis  XIV], 
instruit  par  sa  propre  expérience  et  corrigé  par  les 
années,  n'oublia  rien  de  ce  qui  pouvait  mettre  les 
filles  d'honneur  de  Mme  la  Dauphine  sur  un  bon 
pied.  M'"*  DE  CAYLUS,  Souvenirs,  p.  <42,  dans  pou- 
OENS.  Ce  fut  elle  [Anne  de  Bretagne]  qui  établit  les 
filles  d'honneur,  dont  la  jeunesse  et  les  grâces  fi- 
rent l'ornementde  lacour,GENLis,  Jeanne  de  France, 
3*  part.  t.  n,  p.  477,  dans  pougens.  ||  On  nommait 
aussi  les  filles  d'honneur  de  la  reine,  filles  de  la 
reine.  Qui  était  plus  afl"reuse  encore  que  les  filles 
de  la  reine,  hamilt.  Gramm.  6.  ||  On  dit  dans  un  sens 
analogue  fille  de  la  suite.  Je  vous  charge,  Narsès, 
du  soin  de  sa  conduite  Avec  deux  seulement  des 
filles  de  sa  suite,  rotr.  Bélis.  m,  6.  ||  Par  extension. 
Fille  d'honneur,  jeune  fille  qui  assiste  et  accompa- 
gne la  mariée  pendant  la  journée  des  épousailles. 
Il  9°  Fille  de  boutique,  fille  employée  à  la  vente 
dans  une  boutique.  ||  Fille  de  chambre,  se  disait  au- 
trefois de  la  fille  ou  femme  servant  à  la  chambre  au- 
près d'une  dame.  On  dit  aujourd'hui  femme  de 
chambre.  Rosine,  la  fille  de  chambre,  vient  de  m'in- 
former  de  tout,  brueys.  Grondeur,  i,  )2.  ||  Fille  de 
service,  fille  d'auberge,  fille  employée  aux  ditférents 
services  d'une  maison,  d'une  auberge.  De  fille  de 
guinguette  à  garçon  de  cabaret  il  n'y  a  que  la  main, 
dancourt,  Impr.  de  Suréne,  so.  <i.  ||  Absolument. 
La  fille,  la  servante.  Donner  quelque  chose  à  la  fille, 
en  payant  la  dépense.  ||  10°  Fille  d'opéra,  chanteuse 
ou  danseuse  à  l'opéra.  J'aimerais  mieux  avoir  afiaire 
à  des  filles  de  chœur  d'opéra  qu'à  des  philosophes; 
elles  entendraient  mieux  raison,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gental,  <4  juill.  J760.  On  ne  songe  à  eux  [les 
paysans]  que  quand  la  peste  les  dévaste  ;  mais  , 
pourvu  qu'il  y  ait  de  jolies  filles  d'opéra  à  Paris, 
tout  va  bien,  id.  Lett.  Bourgelat,  <8  mars  4  775. 
Il  11°  Fille  de  joie,  fille  publique,  ou,  simplement, 
fille,  femme  prostituée.  Aller  chez  les  filles.  Fré- 
quenter les  filles.  Cinq  ou  six  jeunes  seigneurs,  après 
avoir  parlé  chevaux,  chiens,  chasse  ou  filles,  mari- 
vaux,  Paysan  parvenu,  6'  part.  Cette  ville  de  Paris 
qui  n'est  bonne  que  pour  messieurs  du  parlement, 
les  filles  de  joie  et  l'Opéra-Comique,  volt.  Lett. 
Mme  de  Fontaine,  <9  avr.  <700.  Taisez-vous,  Vous 
sentez  le  vin  et  la  fille,  bérang.  Troisième  mari. 
Il  Dans  le  langage  administratif.  Filles  soumises , 
femmes  pubUques  qui  sont  inscrites  à  la  police  et 
soumises  à  une  visite  médicale.  ||  Les  filles  repen- 
ties, voy.  repenti.  ||  Une  fille  des  rues,  une  cou- 
reuse. Il  12°  Fig.  Fille  se  dit  de  ce  qui  est  produit 
par.  La  misère  est  fille  du  vice.  ||  Proverbe.  C'est  la 
fille  au  vilain;  qui  en  donnera  le  plus,  l'aura,  se  dit 
d'une  chose  qui  est  mise  à  l'enchère. 

—  HIST.  XI"  s.  Granz  est  li  dois  [deuil]  ki  sormei 
est  vertiz  ;  Nen  est  merveile,  n'ai  mais  filie  ne  filz, 
St  Alexis,  xciu.  Si  le  père  truvet  sa  file  en  avulte- 


FIL 

rie  en  sa  maisoun.  Lois  de  Guill.  37.  {|  xiii'  s.  Sire, 
je  en  sai  une,  fille  au  roi  de  Hongrie,  Berte,  in. 
Il  XV'  s.  Et  voulentiers  tient,  par  saint  Pierre,  Le 
chemin  fille  de  sa  mère,  eust.  desch.  Poésies  mss. 
p.  5H,  dans  LACBRNE.  Autant  se  prise  beau  varlet 
que  belle  fille,  leroux  de  linct.  Prou.  1. 1,  p.  232. 
Fille  de  vilain  se  fait  toujours  prier,  m.  ib.  p.  233. 
Fille  qui  trotte  et  geline  [poule]  qui  vole,  de  legier 
sont  adirées,  id.  ib.  ||  xvi"  s.  Hymeneus,  qui  faict  la 
fille  femme,  marot,  ii,  280.  Au  train  de  la  mère,  la 
fille,  LEROUX  DE  UNCY,  Proi'.  t.  i,  p.  232.  Bollo  fille 
et  méchante  robe  trouve  toujours  qui  les  accroche, 
id.  ib.  Fille  i  se  parer,  jeune  homme  à  jouer  et  ban- 
queter, et  vieillard  à  boire  despendent  leur  avoir, 
id.  ib.  Fille  fenestriere  ou  trottiere  rarement  bonne 
ménagère,  id.  ib.  Fille  oisive  à  mal  pensive;  fille  trop 
en  rue  tost  perdue,  m.  ib.  Fille  qui  trop  se  mire  peu 
file,  id.  ib.  Fille  telle  comme  elle  est  élevée  ;  et  es- 
toupe  comme  elle  est  filée,  id.  i6.  Qui  a  des  filles 
est  toujours  berger,  id.  ib.  Un  homme  riche  n'est 
jamais  vieil  pour  une  fille,  id.  ib.  Ni  les  estoupes 
proches  aux  tisons,  ni  moins  les  filles  près  des  ba- 
rons [hommes],  id.  ib.  t.  ii,  p.  359.  Faire  de  sa  fille 
deux  gendres  [tirer  double  profit  d'une  même 
chose],  ouDiN,  Curios.  fr. 

—  ÊTYM.  Wallon,  fêie;  provenç.  filha,  fila;  es- 
pagn.  hija;  portug.  filha;  ital.  figlia;  du  lat.  filia. 

FILLETTE  (fi-Uè-f,  Il  mouillées,  et  non  fi-yè-t'), 
s.  f.  Il  1°  Petite  fille,  jeunefiUe.  C'est  un  billet  doux 
qu'une  fillette  aura  glissé  dans  sa  main  en  passant, 
EEAUMARCH.  Jfor.  de  Fig.  iv,  9.  X  courir  les  fillet- 
tes.... Il  s'est  couvert  de  dettes,  bérang.  Pet.  h. 
gris.  lia  pour  guide  une  fillette,  id.  Av.  de  Bagno- 
let.  Rosalie  est  le  nom  de  la  brune  fillette  Dont  l'in- 
constant hasard  m'a  fait  maître  et  seigneur,  A.  de 
MUSSET,  Poésies  nouv.  Idylle.  ||  2°  S'est  dit  pour 
alevin.  Poisson  nourrain,  autrement  fillette,  Déclar. 
du  roi,  nov.  4  640,  Tarif.  ||  3°  Fillettes  du  roi,  chaî- 
nes très-pesantes  que  Louis  XI  fit  faire  pour  certains 
prisonniers.  |{  Proverbe.  Bonjour  lunettes,  adieu  fil- 
lettes, c'est-à-dire  quand  on  commence  à  vieillir,  il 
faut  renoncer  à  faire  le  galant. 

—  HIST.  xiV  s.  Or  avant,  mes  fillettes,  ce  lor  di- 
soit  Bertrant,  La  plus  poure  de  vous  aura  assez  vail- 
lant, Guescl.  p.  4B07.il  XV*  s.  La  dicte  Jeanne  or- 
donna que  toutes  les  gens  de  guerre  se  confessas- 
sent et  se  missent  en  estât  d'estre  en  la  grâce  de 
Dieu;  si  leur  fist  oster  leurs  fillettes  et  laisser  tout 
le  bagaige,  Chr.  de  la  Pucelle,  chap.  44.  Brusselle, 
adieu,  où  les  bains  sont  jolys.  Les  estuves,  les  fil- 
lettes plaisans;  Adieu  beauté,  leesse  et  tous  deliz, 
EUST.  DESCH.  Poésies  mss.  f°  173.  Fillettes  de  pis 
[courtisanes],  du  cange,  filheta.  Autrefois  [Louis 
XI]  avoit  fait  faire  à  des  Allemans  des  fers  très  pe- 
sans  et  terribles....  et  les  appeloit  l'on  les  fillettes  du 
roy,  coMM.  p.  6(0,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  C'est  trop 
souffert  de  peine  et  marrisson  Pour  le  plaisir  d'une 
jeune  fillette,  marot,  ii,  237. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  fille;  bourguign.  fillôte. 
FILLEUL,  EULE  (fi-lleul,  lleu-l'.  Il  mouillées,  et 

non  fi-yeul.  Au  xvii'  siècle,  du  moins  Chifflet, 
Gramm.  p.  209,  l'assure,  l'I  finale  ne  se  prononçait 
pas,  quelle  que  fût  la  lettre  qui  suivît  :  mon  filleu), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  a  été  tenue  sur  les  fonts  du 
baptême,  par  rapport  à  son  parrain  et  à  sa  marraine. 
Cet  enfant  n'est  nommé  votre  filleul  qu'à  cause  qu'il 
devient  votre  fils  spirituel  en  Jésus-Christ,  fén. 
t.  XYUl,  p.  172. 

—  REM.  On  a  longtemps  prononcé  ^Koî.  «  Bien  des 
gens  disent,  ne  pensant  point  faire  de  faute  :  C'est 
mon  fillol,  c'est  ma  fiUole.  Il  faut  dire  filleul,  fil- 
leule »,  MARG.  buffet,  Observ.  p.  4  29  (en  (668).  On 
trouve  fillole  dans  Molière  :  Il  n'a  pas  aperçu  Jean- 
nette ma  fillole.  Laquelle  a  tout  ouï,  parole  pour  pa- 
role, l'Êt.  IV,  7.  Vaugelas  remarque  qu'à  la  cour  on 
dit  filleul,  et  à  la  ville  jillol,  et  qu'il  faut  suivre  l'u- 
sage de  la  cour.  Aujourd'hui  filleul  est  seul  usité. 

—  HIST.  XIII'  s.  Quant  il  se  senti  agrevé,  si  manda 
au  roi  Phelippe  son  filleul  (|ue  il  venist  à  lui,  Chr. 
de  Rains,  p.  4ï.  Si  voirement  com  vostre  fil  Est  mes 
fiUeus  en  droit  baptesme....  Ren.  4743.  De  sa  fil- 
lole li  souvint,  ruteb.  ii,  205. 

—  ÉTYM.  Wallon,  jiou,  filleul,  fioule,  filleule;  pi- 
card, filiale;  bourguign.  fillé;  Berry,  fiUetix,  filial, 
filliole;  génev.  fiUial,  filHole;  provenç.  filhol;  catal. 
filial;  du  lal.filiahis,  jeune  fils,  fils  cl>éri  (voy. fils). 

f  FILLOT  (fi-Uo,  Il  mouillées),  s.  m.  Terme  po- 
pulaire et  d'amitié.  Fils. 

—  HIST.  xvi'  s.  Tout  beau,  flUot,  dit  Pantagruel, 
tout  beau,  rab.  Pant.  m,  (2. 

—  ETYM.  Diminutif  de  fils. 

FILOCHE  (fi-lo-ch'),  s.  f.  ||  1°  Espèce  de  tissu,  de 
filet  fait  de  corde,  de  fil  ou  de  soie,  ||  2"  Nom  d'un 


FIL 


167T 


gros  cSble,  qui  sert  à  Isver  la  meule  d'un  moulin. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  fU. 

tFU.OlR  (fi-loir),  s.  m.  Machine  à  filer. 

—  ÉTYM.  Filer. 

FILON  (fi-lon),  s.  m.  Veine  métallique  ou  fos- 
sile. Filon  riche,  pauvre.  Dans  la  montagne  de  Ma- 
timbert,  il  y  a  deux  gros  filons  de  mines  de  plomb 
riche  en  argent  ;  ces  filons,  qui  ont  aujourd'hui  trois 
à  quatre  toises  d'épaisseur,  d'un  très-beau  spath 
piqueté  de  minéral,  traversent  deux  montagnes,  et 
paraissent  sur  plus  d'une  lieue  de  longueur,  buff. 
Min.  t.  V,  p.  232,  dans  pougens.  Ton  cœur  était 
l'or  pur  caché  dans  le  filon,  Qui  n'attend  pour  bril- 
ler que  l'heure  et  le  rayon,  lamart.  Uarm.  m,  a. 
Il  Fig.  L'Angleterre  développe  tous  les  genres  d'in- 
dustrie, exploite  tous  les  filons  de  la  prospérité  hu- 
maine.... MIRABEAU,  Collection,  t.  I,  p.  339. 

—  ÉTYM.  Fil,  à  cause  de  la  disposition  longitudi- 
nale des  métaux  ou  des  fossiles  dans  la  terre. 

FILOSELLE  (fl-lo-zè-1') ,  s.  f.  Soie  irrégulière,  dite 
aussi  fleuret  ou  bourre  de  soie,  que  l'on  voit  distri- 
buée comme  à  l'aventure,  autour  des  longs  fils  qui 
forment  le  corps  des  cocons.  Ceintures  et  rubans 
de  filoselle  et  de  capiton,  le  cent  pesant  estimé 
cent  livres,  Déclar.  du  roi,  nov.  4640,  Tarif.  ||  Fil 
tiré  de  la  galette,  lorsqu'il  est  savonné,  cuit  et  prêt 
à  être  teint. 

—  insT.  XVI"  s.  Les  coucous  seront  enfilés,  en 
faisant  passer  l'esguille  par  la  première  filozelle  ap- 
pellée  bourrette,  o.  de  serres,  490.  Les  coucous 
qui  auront  servi  pour  graine,  ne  pourront  par  après 
estre  emploies  qu'en  filozelle,  id.  4»(. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  folasellum,  firosellum,  filoselle, 
folexellus,  coque  des  vers  à  soie;  provenç.  folleil, 
filoselle;  ital.  filugello,  ver  à  soie.  Il  est  probable 
que  les  autres  formes  sont  des  corruptions  de  l'ita- 
lien et  que  l'italien  est  un  dérivé  de  filo,  fil,  avec 
un  suffixe  de  diminution. 

f  FILOTIER,  lËRE  (  fi-lo-tié,  tiê-r'  ),  s.  m.  et  f 
Celui,  celle  qui  fait  en  petit  le  commerce  du  fil. 

—  ÉTYM.  Fil. 

jFILOTIËRE  (fi-lo-tiê-r'),s.  f.  Terme  d'architec- 
ture. Bordure  d'un  panneau  de  vitrail. 

—  ÉTYM.  Fil. 

FILOU  (fi-lou),  ï.  m.  Il  1°  Voleur  qui  emploie  l'a- 
dresse. Je  me  chauffai  là,  moi  troisième,  ayant  poui 
compagnie  mon  laquais  et  un  filou  qui  s'y  arrêta, 
Francion,  liv.  vi,  p.  257.  On  ne  peut  faire  un  pas 
que  l'on  ne  trouve  un  piège;  Partout  quelque  filou 
m'investit  et  m'assiège,  regnard,  Ménechmes,  ii,  2. 
11  y  aura  toujours  dans  une  armée  des  officiers  et 
des  goujats,  et,  dans  une  grande  ville,  des  magis- 
trats et  des  filous,  volt.  Comm.  sur  Corn.  Avertis- 
sement. Je  fus  volé,  en  arrivant,  de  tout  ce  que  j'a- 
vais par  des  filous,  à  la  foire  de  Saint-Germain,  id. 
Candide,  2(.  ||  Fig.  Je  renonce  aux  vers  burlesques, 
aux  romans  comiques  et  aux  comédies,  pour  aller 
dans  un  pays  où  il  n'y  aura  ni  faux  béats,  ni  filous 
de  dévotion,  ni  inquisition,  ni  hiver  qui  m'assas- 
sine, SCARR.  Œuvres,  t.  i,  p.  470,  dans  pougens. 
Il  Adj.  Un  Dieu  filou  [Mercure]  n'est  pas  propre  à 
corriger  les  hommes  sur  la  mauvaise  foi  en  affaires 
d'argent,  fén.  t.  xix,  p.  2(9.  C'est  de  quelque  cou- 
sine. Pour  vous  tirer  chez  soi,  sans  doute  un  trait 
filou.  Les  deux  arlequins  ((691),  n,  6,  dans  Théâtre 
■ital.  de  Gherardi,  t.  m,  p.  285.  ||  2°  11  se  dit  aussi 
de  celui  qui  trompe  au  jeu.  Je  ne  veux  pas  jouer 
avec  lui,  c'est  un  filou.  |{  3°  Poisson  de  la  mer  des 
Indes,  Vépibuleinsidiateur  {acanthoptérygiens),qui 
est  le  spare  trompeur  de  certains  auteurs. 

—  ÉTYM.  Mot  d'origine  incertaine.  M.  Fr.  Michel, 
dans  son  livre  de  l'Argot,  a  réuni  quelques  indica- 
tions: Il  existe,  dit-il,  un  arrêt  du  parlement  de 
Paris,  en  date  du  4  6  août  4623,  dans  lequel  les  vo- 
leurs sont  qualifiés  d'hommes  hardis  se  disant  filous. 
Puis  il  cite  une  série  d'exemples  du  xvii"  siècle  où 
filou  a  un  autre  sens  :  Belles-oreilles  et  Polironesquo 
ayant  dit  à  Joly  Barby,  qui  vient  de  chanter  une 
chanson  :  Tu  n'en  sçay  pas  davantage?  Celui-ci  ré- 
pond :  Si  fay;  mais  c'est  un  second  guéridon  et  un 
autre  filou,  voy.  Le  carabinage  et  matoiserie  solda- 
tesque, p.  78.  N'ont-ils  plus  souvenance  du  filou  et 
de  la  vache  à  Collas,  etc.  ?  La  dejfense  d'cs  outrages 
faites  au  sieur  Guéridon,  elc.  p.  4.  Nous  entendrons 
chanter  et  bruire  tes  prouesses  sur  le  filou,  le  Para- 
nymphe  de  la  vieille.  Le  filou,  ajoute  M.  Fr.  Mi- 
chel, était  donc  une  chanson  ou  plutôt  un  air  de 
musique,  comme  le  guéridon,  ainsi  appelé  du  nom 
de  son  auteur.  »  Ce  mot  paraît  être  entré  dans  la 
langue  durant  le  xvii"  siècle  avec  un  sens  et  une 
forme  moins  arrêtée  qu'aujourd'hui.  Cette  introduc- 
tion si  tardive  ne  paraît  pas  permettre  de  rattacher 
filou  au  bas-latin  fillo  ou  fUico,   vaurien,  aui  «e 


1678 


FIL 


trouve  df.ns  de  très-vieux  tautfv,  Bl/piovyioirement 
du  moins,  l'étymologie  lesle  iiTnnrée,  Voie  quel- 
ques rapprochements  et  conjectures:  le  piémontais 
a  filon,  filou;  mais  rien  ne  le  rattache  au  mot  fran- 
çais. Jlénage  dit  que  filou  a  signifia  un  petit  bAton 
i  six  (KUis  marqué  comme  un  dé  à  chaque  face  et 
servant  à  un  certain  jeu,  et  cjue,  comme  il  était  fa- 
cile de  tricher  à  ce  jeu,  ou  appela  filous  ou  filou- 
tiert  coui  qui  escroquaient  en  i|uelque  lieu  que  ce 
rot;  mais  il  ne  donne  aucun  texte  à  l'appui  de  son 
dire.  Diez  met  en  avant  l'ancien  tiaut -allemand 
filon,  Mmer,  dit  que  l'anglais  file,  lime,  a  été  employé 
pour  dire  un  tilou,  et  que  la  métaphore  a  pu  se  faire; 
il  indique  le  français  affiler,  et  en  lorrain  aiffilei, 
qui  veut  dire  donner  le  fil  et  tromper.  Enfin  il  si- 
gnale l'anglais  fellow,  compagnon,  qui  dans  le  midi 
de  l'Augleteire  est  un  terme  injurieux.  Mais  tout 
cela  n'est  que  conjecture.  11  en  est  de  môme  pour 
l'anglais  (o  filch,  filouter,  et  du  latin  feliculus,  petit 
chat.  Quant  au  grec  qjriATiTn;  ou  çiXyj-t;;,  voleur, 
(fïiXoio,  tromper,  on  ne  sait  pas  comment  ils  auraient 
pu  entrer  dans  le  français  au  xvii"  siècle  sous  la 
foz'me  de  filou.  En  définitive,  il  n'est  pas  impossible 
que  filou  soit  un  terme  populaire  ou  d'argot  venu 
directement  de  filer. 

fFILOUTAGE  (fi-lou-la-j'),  s.  m.  Habitude  de 
filou;  métier  de  filou.  11  [Mazarin]  porta  le  filoutage 
dans  le  ministère,  ce  qui  n'est  jamais  arrivé  qu'à 
lui,  RETZ,  11,  97.  Le  filoutage,  le  larcin,  le  vol,  étant 
d'ordinaire  le  crime  des  pauvres,  et  les  lois  ayant 
été  faites  par  les  riches,  ne  croyez-vous  pas  ([ue  tous 
les  gouvernements,  qui  sont  entre  les  mains  des 
riches,  doivent  commencer  par  essayer  de  détraire 
la  mendicité,  au  lieu  de  guetter  les  occasions  de  la 
livrer  aux  bourreaux?  VOLT.  Polil.  et  législ.  Prix  de 
la  jusl.  et  de  l'humanité,  ii. 

—  ETYM.  Filouter. 

FILOUTfi,  ÉE  (fi-lou-té,  tée),  part,  passé.  One 
montre  filoutée  à  la  sortie  du  spectacle.  ||  l^'ilouté  au 
jeu  par  des  aigrelins. 

FILOUTER  (fi-lou-té),  V.  a.  ||  1°  Voler  en  filou.  Il 
m'a  filouté  ma  bourse.  Il  Absolument.  S'il  [le  religieux] 
quitte  son  habit  pour  une  cause  honteuse,  comme 
pour  aller  filouter,  pasc.  Prov.  e.  ||  2°Tromperau  jeu. 
Il  m'a  filouté.  Des  coups  de  bâton  qu'on  te  donna  à 
Auxerre  pour  avoir  filouté  mille  écus  au  fils  de  ce  mar- 
chand de  marée,  dancourt,  la  Désol.  des  joueuses, 
se.  (3.  Il  Familièrement.  Filouter  quelqu'un  de  tant, 
le  tromper  de  tant.  Il  l'a  filouté  de  vingt  francs. 

—  ÊTYM.  Filou;  bourguig.  fillôtai. 
FILOUTEKIE  (fi-lou-te-rie),  s.f.  Action,  tour  de 

filou.  Il  ne  vit  que  de  filouteries.  Ija  filouterie  (Jue 
j'y  voulais  employer  m'attira  uu  petit  afTronl,  j.  j. 
KOuss.  Uéloïse,  V,  7. 

—  ETYM.  Filouter. 

t  FILOUTIEU,  1ÈRE  (fi-lou-tié,  tIS-r'),  adj.  De 
filou.  11  faisait  entrer  dans  la  composition  de  sou 
mérite  quelque  braïoure  un  peu  filoutière,  scahh. 
Rom.  corn,  li,  i9. 

—  ETVM.  Filouter. 

FILS  (fi  ;  l's  se  lie  :  le  fi-z  aîné.  Beaucoup  de 
gens  ont  pris  depuis  quelque  temps  l'habiUule  de 
faire  entendre  l's  quand  le  mot  est  isolé  ou  devant 
une  consonne,  un  fiss'  ;  c'est  une  très-mauvaise 
prononciation),  s.  m.  \\  1°  Un  enfant  m.lle,  par  rap- 
port à  son  père  ou  à  sa  mère.  Uii  bon  fils.  Il  a  trois 
fils.  Durand  père  et  Durand  fils.  Et  sous  le  nom 
d'un  fils  toute  faute  est  légère,  corn.  Nicom.  il,  2. 
Judith  veuve,  qui  était  fille  de  Merari,  fils  d'Idox, 
fils  de  Joseph,  fils  d'Ozias....  saci.  Bible,  Judith, 
viii,  1.  Ai-je  donc  élevé  si  haut  votre  fortune  Pour 
mettre  une  barrière  entre  mon  fils  et  moi  ?  rac. 
Brit.  I,  2.  Ce  n'est  plus  votre  fils,  c'est  le  maître  du 
inonde,  ID.  ib.  Hélas  1  un  fils  n'a  rien  qui  ne  soit  à 
son  père,  id.  Athnl.  iv,  i .  Scipion,  le  destructeur  de 
Carthage,  était  propre  fils  du  fameux  Paul-Émile 
qui  vainquit  Persée,  dernier  roi  de  Macédoine,  et  par 
conséquent  petit-fils  de  Cet  autre  Paul-Émile  qui  fut 
tué  à  la  bataille  de  Cannes,  rolun,  Ilist.  ane.  OlCuvr. 
t.  I,  p.  666,  dans  pouoENS.  Il  On  dit,  pour  dési- 
gner une  maison  de  commerce  tenue  par  un  père 
et  son  fils  conjointement  :  un  tel  et  fils,  négociants. 
H  Fils  au  singulier  ou  au  pluriel  se  construit  sou- 
vent avec  le  nom  du  père  sans  préposition  :  le  fils 
ou  les  fils  Guérin.  Les  quatre  fils  Ayraon  ,  nom  de 
quatre  chevaliers,  fils  du  duc  Ayniôn,  dans  les  ro- 
mans de  Charlemagne;  c'étaient  Renaud  l'alné  de 
tous.  Guidon  le  sauvage,  Maugis  et  Richardet;on 
les  représente  souvent  tous  les  quatre  sur  un  seul 
cheval.  Ils  étaient  à  cheval  comme  les  fils  Aymon  , 
coLl'.n  d'earleville.  If.  de  Crac,  se.  I6.  ||  C'est  un 
archaïsme  ,  alors  que  l'ancienne  langue,  ayant  un 
cas  pour  le  régime,  marquait  le  rapDort  entre  deux 


fIL 

substantifs  par  ce  cas  sans  préposition .  |j  ht  fils  de 

la  maison,  le  fils  du  maître  do  la  maison.  ||  Fils  de 
l'imille,  celui  qui  vit  sous  l'autorité  de  son  iwro  ou 
de  sa  mère,  ou  sous  l'autorité  d'un  tuteur.  Il  n'est 
pas  prudent  de  prêter  au  fils  de  famille.  Mon  amant 
dans  l'état  où  l'on  voit  très-souvent  les  fils  de 
famille  [sans  argent^,  mol.  Scapin,  m,  s.  ||  Voy. 
aussi  FAMILLE,  pour  un  autre  sens.  ||  Fils  de  France, 
enfant  mile  du  roi  de  France.  ||  Fils  naturel,  fils  né 
hors  du  mariage.  François  Pizarre  ,  le  plus  connu 
de  tous,  était  fils  naturel  d'un  gentilhomme  d'Es- 
tramadure,  haynal,  Hist.  phil.  vu,  *.  ||  Autrefois, 
fils  de  maître,  celui  (|ui,  étant  lils  de  maître  dans 
quelque  art  ou  métier,  avait,  quant  à  la  maîtrise, 
certains  droits  et  privilèges.  ||  Fig.  Être  fils  de 
maître,  avoir  les  mêmes  talents  que  son  père. 
Il  Petit-fils,  voy.  PETIT.  Il  Arrière -petit-fils  ,  voy. 
ce  mot  à  son  rang.  ||  Beau-fils ,  l'enfant  mâle 
d'un  premier  mariage,  par  rapport,  dans  un  se- 
cond mariage,  soit  au  mari,  soit  à  la  femme. 
Il  Se  dit  aussi,  abusivement,  du  gendre.  ||  11  n'est 
fils  de  bonne  mère  qui....  il  n'est  aucun  liomme 
honnête  qui....  11  n'est  fils  de  bonne  mère  qui  ne 
voulût  s'être  conduit  ainsi.  D'un  tel  combat  le 
prince  est  spectateur;  Chacun  y  court;  n'est  fils 
de  bonne  mère  Qui,  pour  le  voir,  ne  quitte  toute 
affaire,  la  font.  Belph.  Il  n'est  fils  de  bonne  mère 
qui  n'abandonne  tout  pour  être  présenté,  faire  sa 
révérence,  avec  l'espoir  fondé,  si  elle  est  agréée, 
d'emporter  pied  ou  aile,  comme  on  dit,  du  budget, 
p.  l.  cour.  Lett.  viii.  Il  II  est  fils  de  son  père,  il 
ressemble  à  son  père  tant  pour  le  visage  que  pour 
les  inclinations.  ||  a-  Fils  en  Jésus-Christ,  se  dit  des 
fidèles  parrap[iort  à  leurs  pères  spirituels.  ||  Particu- 
lièrement, fils  on  Jésus-Christ,  terme  dont  se  sert  le 
pape  en  jiarlant  du  souverain  de  la  France.  Notre  fils 
en  Jésus-Christ,  Louis  quatorzième,  roi  de  France. 
Il  Le  Fils  aîné  de  l'Eglise,  titre  des  rois  de  France 
(Fils  prend  ici  une  majuscule).  ||  Terme  de  l'É- 
criture. Le  fils  de  l'homme,  Jésus-Christ.  Il  faut 
que  le  fils  de  l'homme  souffre  beaucoup,  qu'il  soit 
rejeté  par  les  sénateurs,  par  les  princes  des  prê- 
tres. SACl,  Bible,  Év.  St  Luc,  ix,  aa.  Alors  on 
verra  le  fils  de  l'homme  venir  sur  une  nuée  avec 
une  grande  puissance  et  une  grande  majesté, 
BOUHUAL.  Myst.  Pass.  de  Jésus-Christ,  t.  i,  p.  229. 
M  Le  fils  de  Dieu,  Jésus-Christ.  Il  a  fallu  qu'il 
[Jésus]  ait  passé  par  les  soull'rances  pour  entrer 
en  sa  gloire,  et,  quoiqu'il  fût  fils  de  Dieu,  il  a  fallu 
qu'il  ait  appris  l'obéissance,  pasc.  Lelt,  à  Mme  Pe- 
rler, 17  oct.  1661.  (I  Fils  de  Dieu,  chez  les  Hébreux, 
a  aussi  signifié  homme  de  bien.  Fils  de  Satan,  fils 
de  Bélîal,  méchant  homme.  ||  3"  Celui  qu'on  re- 
garde Ou  qu'on  aime  comme  son  fils.  Vous  retrou- 
verez en  lui  le  fils  que  tous  avez  perdu.  |{  Mon  fils, 
manière  amicale  dont  les  personnes  d'un  certain 
âge  ou  d'un  caractère  vénérable  adress'ent  la  parole 
à  un  jeune  homme  ou  à  un  homme  qui  n'est  pas 
leur  fils.  Mon  fils,  lui  dit-elle,  ne  dédaignez  pas  mes 
avis.  Mon  disciple ,  mon  fils.  Viens  réparer  ma 
honte,  Chapelain  décoiffé ,  Se.  3  (dans  les  Œuvres 
de  BoiLtAU).  Il  Mon  fils,  n'est  quelquefois  qu'un 
terme  d'amitié  ou  de  prière.  Jlascarillo  :  Je  vous 
baise  les  mains,  je  n'ai  pas  le  loisir.  — Lélie:  Masca- 
rille,  mon  fils.  —  Mascarille  :  Point.  —  LéUe  ;  Fais- 
moi  ce  plaisir,  mol.  i'Ét.  11,  7.  ||  Mon  fils,  dans  le 
langage  familier,  se  dit  quelquefois  en  parlant 
à  soi-même.  Figaro  :  Allons  ,  Figaro ,  vole  à  la 
fortune,  mon  fils,  beaumarcu.  Barb.  de  Sév.  1,  ». 
H  V.  Hugo  {Légende  des  siècles,  Birar)  a  employé  fils 
au  sens  <lo  jeune  homme,  ou  valet,  comme  ou  di- 
sait au  moyen  âge  ;  Aucun  sommet  n'était  trop  haut 
pour  votre  taille.  Et  vous  étiez  un  fils  d'une  telle 
fierté.  Que  les  aigles  volaient  tous  de  votre  coté. 
Il  4°  Poétiquement.  Les  fils  de  Mars,  les  guer- 
riers. Il  Les  fils  de  la  victoire,  les  guerriers  que 
la  victoire  favorise.  Honneur  au  fils  de  la  vic- 
toire I  X  la  beauté  rendons  honneur  I  c.  delav. 
Paria,  m,  7.  ||  Les  fils  d'Apollon  ,  les  poètes. 
Il  Les  fils  de  l'harmonie,  les  musiciens,  et  même 
les  poètes.  Il  B»  Se  dit  aussi  pour  désigner  sim- 
plement le  sexe  masculin ,  un  enfant  mâle,  un 
garçon.  De  ce  mariage  naquirent  deux  fils  et  une 
fille.  Il  6"  Un  beau  fils,  un  jeune  homme  élégant  et 
recherché  dans  sa  toilette.  Il  fait  le  beau  fils.  lA, 
là,  n'en  riez  point  ;  autrefois,  en  mon  temps.  D'aussi 
beaux  fils  que  vous  ét.uont  assez  contents ,  Et 
croyaient  de  leur  peine  avoir  trop  de  sjdaire.  Quand 
je  quittais  un  peu  mon  dédain  onlinaire,  cpbn. 
tlélite,  V.  7.  Bien  disant  et  he.xu  fils,  la  font.  Tabl. 
Le  voilà,  le  beau  fils,  le  mignon  de  couchette,  mol. 
Sgan.  0.  Et  quel  est  ce  beau  fils  qui  cause  tant  de 
flamme?  hontpleury,  le  Mari  sans  f.  m,  7.  ||  7°  Dans 


ye  style  élevé,  celui  qui  est  de  tel  ou  tel  pay«.  L«s 
fils  d'Albion,  les  Anglais.  Mais  moi  fils  du  désert, 
moi  fils  de  la  nature.  Oui  dois  tout  à  moi-même  et 
rien  à  l'imposture,  nucis,  Otltello,  11,  ".||  Descen- 
dant, issu  de  telle  ou  telle  race.  Et  tu  [lourras  con- 
naître Oui  de  nous  deux,  perfide,  est  l'esclave  ou  le 
maître....  Et  si  Je  fil.s  des  rois  punit  les  a.ssassins, 
volt.  Mérope,  v,  2.  Fils  des  rois  et  des  dieux,  mon 
fils,  il  faut  seiTir,  id.  t'6.  v,  ♦.  ||  8°  Dans  la  mytholo- 
gie, les  fils  de  la  terre,  le»  géants  qui  voulurent  es- 
calader le  ciel.  Il  Fig.  Un  fils  de  la  terre,  mi  homme 
obscur  qui  s'est  élevé  à  un  haut  rang.  Quoi  donc  !  je 
l'aurai  vu  citoyen  mercenaire.  Du  travail  de  ses  mains 
nouiris.saut  s;i  misère;  Et  la  guerre  civile  aura  d..n» 
ses  horreurs  Mis  ce  fils  de  la  terre  au  faite  des  gran- 
deurs, VOLT.  Ayathocle,  1,  t .  ||  S'emploie  dans  le  style 
biblique  avec  un  nom  de  qualité  bonne  ou  mauvaise 
pour  désigner-celui  qui  possède  cette  qualité.  Fils 
de  rébellion,  rebelle.  ||  9°  Fig.  Fils  de....  se  dit  de 
celui  qui  est  produit  par....,  qui  doit  à....  Et  cet 
liumme  inconnu,  ce  fils  heureux  du  sort  Condamne 
insolemment  ses  maîtres  à  la  mort,  volt.  Catilina, 
V,  «.  Il  II  est  fils  de  ses  œuvres,  se  dit  d'un  homme 
qui  ne  doit  qu'à  lui-même  la  position  à  laquelle  il 
est  arrivé.  Mes  fils,  du  sort  jaloux  bravant  le  long 
outrage.  Seront  avec  le  temps  les  fils  de  leur  cou- 
rage,m.  J.  CHÉN.  (J'dipe  roi,  v,  3.  ||  lO'  Fig.  H  se 
dit  dé  ce  qui  est  produit  par.  Le  luxe  est  fils  de  la 
vanité.  Ma  main  donne  au  papier,  sans  travail,  sans 
étude.  Des  vers,    fils  do  l'amour  et  de  la  solitude, 

A.  CHÊN.  jildg.  XVI. 

—  HIST.  XI'  S.  Enveions  1  les  filz  de  nos  moillor» 
[femmes],  Cft.  de  Mol.  m.  ||  xif  s.  Mais  onc  [il]  n'ot 
fil  ne  fiUe  de  sa  franche  moiUier,  Sax.  iv.  E  ses  fiz 
est  mOiZ,  llois,  p.  236.  En  cesjors  se  leva  Mathalhie 
li  fiz  de  Joan,  fil  do  Simon,  Machab.  1,  2.  E  li  fil 
d'els  desque  en  secie  serrant  sur  le  tuen  siège,  Li~ 
her  psalm.  p.  208.  |{  xiir  s.  Biaus  très  dous  fils,  fait- 
elle,  comment  osas  penser....? Berte,  iii.Ouant  mi  fil 
seront  grant,  (je)  ferai  les  maiier,  ib.  xcvil.  Cil  roys 
Loeys  ot  de  femme  deus  fins,  Chr.  de  Bains,  p.  a. 
Tuit  li  enfant  jusqu'au  tiers  nevoz  sont  apelez  fiz, 
et  li  autre  sont  apelé  deçadant,  Liv.  de  }ust.  226. 
Et  li  fix  du  fil  au  fil  mon  fil  [le  fils  du  fils  du  fils  de 
mon  fils]  m'est  el.quart  degré  en  avalant,  beauM. 
XIV,  4.  Il  xiv  s.  Filz  de  lisce  [fils  de  femme  publi- 
que], DU  CANGE,  filius.  Il  XV*  S.  Si  n'estoit  pas  fils  de 
lionne  mère  qui  ne  disoit  de  grans  maulx  et  vile- 
nies d'icelui  duc,  monsthel.  1.  11,  p.  <2(,  dans  la- 
CURNE.  Guillaume  dist  au  suppliant  :  Tu  es  un  très 
mauvais  filz,  qui  Vaut  aultant  selon  la  coustume  du 
pays  :  tu  es  un  très  mauvais  filz  de  putain,  DU  caNoe, 
filius.  Il  xvi*  s.  Laides  et  laids,  visages  deiflques, 
Filles  et  fils  [garçons]  en  la  fleur  de  jeunesse,  ma- 
ROT,  I,  1t)9.  Non  moins  regardé,  prisé  et  estimé  de 
tout  le  monde  pour  estre  honeste  et  bien  appris, 
que  pour  estre  beau  filz,  amvot,  Marcell.  2.  Estre  fUs 
de  prestre  [répéter  ce  <iu'on  dit],  ouDiN,  Dict.  X  père 
amasseur  fils  gaspilleur,  cotûrave,  Diot.  Oui  n'a 
qu'un  seul  fils  le  fait  fol;  qui  n'a  qu'un  porceau  le 
fait  gras,  lehoux  dr  lincy,  Prov.  t.  11,  p.  397.  Il 
n'y  a  fils  de  bonne  mère  qui  ne  mette  là  son  denier 
[à  acheter  des  offices],  pasouieb,  Leures,  1. 1,  p.  642. 

—  ETYM.  Bourguig.  fi;  picard,  fieu,  Uu;  provenç. 
fils:  catal.  fill;  espagn.  /it;o;  portug.  filho;  ital.  fi- 
glio:  du  latin  filius.X  cause  de  la  forme  ombrienne 
felius,  des  étymologistes  ont  rattaché  filius  à  fet- 
lare,  teter,  sanscrit  dhé,  teter.  Dans  l'ancien  flran- 
çais,  fils  ou  fis  ou  fins,  au  nominatif  siiiguher;  fil, 
au  régime  singulier;  fil,  au  nominal  if  pluriel; /li* 
ou  fis,  au  régime  pluriel.  La  forme  actuelle  fils  est 
le  nominatif  singulier  de  l'ancienne  langue. 

+  FILTERIE  (fil-te-rie),  f.  f.  Nom  que  porto  à 
Lille  toute  fabri(]ue  où  1  on  retord  le  fil  pour  le  ren- 
dre au  commerce. 

—  ETYM.  Fil. 

t  FU.TIER,  DRE  (fil-tlé,  tiê-r'),  ».  m.  et  f.  X  Lille, 
celui,  celle  qui  rctoixl  le  fil  pour  le  vendre  au  coat- 
merce. 

+  FILTRAGE  (fil-tfa-j'),  t.  m.  L'action,  l'opéra- 
tion do  passer  ou  de  faire  passer  une  Uquear  à  tra- 
vers un  filtre. 

—  ETYM.  Filtrer. 

FILTRANT,  ANTE  ( fll-tran,  iTan-f),  adj.  Om 
sert  à  filtrer.  Fontaine  filtrante.  Pierre  flltruits. 
Papier  fillrant. 

I  FlLTRATEL'R  (fll-tra-tour) ,  ».  m.  Industriel 
qui  o|ière  en  grand  la  filtration  dos  eatix  pour  l'ti- 
sage  des  villes  et  dos  établlssenlents. 

—  ETYM.  Filtrer. 

FILTRATION  (fll-tra-sion;  en  vers,  de  quatre 
syllabes) ,  s.  f.  \\  1°  Terme  de  chimie  et  de  pharma- 
cie. Opération  qiu  consiste  t  passer  un  liquide  à 


nN 


FIN 


FIN 


1679 


trarers  un  filtre  l'Our  le  débarrasser  des  parties  so- 
lides qui  en  troublent  la  transparence  et  qui  sont 
trop  légères  pour  se  précipiter.  ||  2°  Passade  d'un  li- 
quide i  travers  un  corps  destiné  à  l'éclaircir.  La 
filtration  des  eaux  qu'on  distribue  dans  une  ville. 
Il  Passage  d'un  liiiuide  à  travers  un  corps  poreux. 
L'eau  ne  se  communique  ni  ne  s'étend  pas  aussi  loin 
qu'on  le  croit  par  la  seule  filtration,  buff.  Hist.  nat. 
i'disc.  Ol'.uvres,  1. 1,  p.  178.  Il  Eaux  de  filtration,  eaux 
qui  arrivent  par  les  porosités  du  sol.  Si  une  glacière 
n'est  pas  à  l'abri  des  eaux  de  filtration,  la  glace  y 
fondra  facdement.  ||  3"  Ancien  terme  de  physiologie. 
Action  par  la(|ue!le  la  bile  et  autres  humeurs  et 
sucs  se  séparent  du  sang.  La  filtration  des  humeurs. 

—  KTYM.  Filtrer. 

\ .  FILTRE  (fil-tr'),  s.  m.||  1°  Étoffe,  papier,  linge, 
charbon,  et,  en  général,  corps  poreux  à  travers  le- 
quel on  fait  passer  un  liquide  pour  le  clarifier.  ||  Ap- 
pareil destiné  à  la  filtration  des  eaux  en  grand,  et 
qui  est  composé,  en  comptant  de  haut  en  bas,  d'é- 
ponges,  et  puis  de  couches  alternatives  de  gravier 
et  de  grès  pilé.  ||  Filtre-presse,  appareil  composé  de 
deux  cylindres  métalliques  montés  vis-à-vis  l'un 
de  l'autre  et  séparés  par  un  diaphragme  perforé  ;  le 
cylindre  inférieur  sert  de  récipient  et  porte  un  ro- 
binet; le  supérieur  est  fermé  par  un  couvercle  muni 
d'un  tube  de  plomb  de  1  o  à  1 3  mètres  de  hauteur  et 
terminé  supérieurement  par  un  réservoir;  le  dia- 
phragme est  recouvert  d'une  couche  de  coton,  d'é- 
ponges,  de  charbon  ou  de  verre  pilé.  ||  2°  Jl  s'est  dit 
autrefois,  en  physiologie,  des  organes  qui  séparent 
quelque  humeur  de  la  masse  du  sang. 

—  HIST.  xvi'  s.  La  manière  de  distiler  par  filtre, 
P\BÉ,  XXVI,  4  0. 

—  ÉTYM.  Le  même  mot  que  feutre  (voy.  pedtbe)  . 

2.  FILTRE  (fil-tr'),  «.  m.  Breuvage  (voy.  philtre). 

FILTRÉ,  ÉE  (fil-tré,  trée),  part,  passé.  Un  li- 
quide trouble  qui,  filtré,  devient  clair.  ||  Par  exten- 
sion. Les  différentes  couleurs  et  les  reflets  de  la  lu- 
mière filtrée  à  travers  cette  immense  quantité  d'eau, 
MAiBAN,  Éloges,  Halley. 

'  FILTRER  (fil-tré),  V.  a.  ||1°  Faire  passer  par  le 
filtre.  Filtrer  une  liqueur.  ||  2"  Dans  l'ancienne  phy- 
siologie, il  se  dit  des  organes  qui  séparent  une  hu- 
meur de  la  masse  du  sang.  Cette  odeur  vient  de 
deux  follicules  ou  vésicules  que  ces  animaux  ont 
auprès  de  l'anus,  et  qui  filtrent  et  contiennent  une 
matière  onctueuse  dont  l'odeur  est  très-désagréable 
dans  le  putois,  le  furet,  la  belette,  le  blaireau,  buff. 
Quadrup.  t.  ii,  p.  250,  dans  pougens.  ||  3°  V.  n. 
Passer  à  travers  un  filtre.  Ce  sirop  filtre  lentement. 
Il  Par  extension,  passer,  transsuder  comme  à  travers 
un  filtre.  L'eau  filtrait  de  tous  côtés.  ||  4"  Se  filtrer, 
V.  rifl.  Passer  à  travers  un  filtre.  L'eau  se  filtre  à 
travers  le  charbon.  ||  Passer  comme  à  travers  un  fil- 
ti«.  Si  ces  eaux  trouvent  des  terres  sablonneuses, 
elles  se  filtrent  au  travers  et  se  perdent,  fonten. 
Couplet.  U  n'y  a  pas  d'apparence  que  l'eau  des  fleu- 
ves et  des  rivières  s'étendent  loin  en  se  filtrant  à 
ti  avers  les  terres,  bufp.  Hist.  nat.  2'  dise,  iiiuwes, 
t.  I,  p.  <78.  Il  Dans  l'ancienne  physiologie,  subir  une 
élaboration.  La  nourriture  se  filtre  dans  les  chairs; 
elle  devient  chair  elle-même,  fén.  Exist.  i,  24.  Cette 
opinion  et  cette  volonté  sont  l'efTrt  immédiat  de  la 
manière  dont  les  esprits  animaux  se  filtrent  dans  le 
cervelet  et  de  là  dans  la  moelle  allongée,  volt. 
Oreilles,  Chesterfield,  ch.  7. 

—  HIST.  XVI*  s.  Recipiens,  materas,  terrines  à  fil- 
trer, PABÉ,  t.  III,  p.  638. 

—  ETYM.  Filtre  <. 

FILCRE  (fi-lu-r'),î./'.  Qualité  de  ce  qui  est  filé.  On 
connaît  le  drap  à  la  filure,  et  la  serge  à  la  croisure. 

—  ÉTYM.  Filer;  provenç.  filadura;  ital.  filatura. 

tFIMBRIAIRE  (  fin-bri-ê-r'),  ad;'.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  est  en  forme  de  frange.  j|  5.  m. 
Genre  de  vers  intestinaux. 

—  ETYM.  Lat.  fimbria,  frange. 

t  FIMRRILLE  (fin-bri-ll'.  Il  mouillées),  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Appendice  filiforme  du  clinanthe  des 
plantes  à  fleurs  composées;  il  est  ordinairement  dé- 
coupé en  lanières. 

—  ETYM.  Diminutif  de  fimbria,  frange. 

i  FIMICOLE  (fi-mi-ko-l'l,  adj.  Terme  d'histoire 
ralurolle.  Qui  vit  ou  croit  dans  le  fumier. 

—  ETYM.  Lat.  fimus,  fumier,  et  colère,  hnbiter. 
«.FIN  (fin),  s.f.\\l'  Celle  des  deux  extrémités 

où  une  chose  cesse  d'exister,  en  parlant  soit  de  l'es- 
pace, soit  de  la  durée.  L'espace  n'a  ni  commence- 
ment ni  fin.  Je  hais  les  pièces  d'éloquence  Hors  de 
leur  place  et  qui  n'ont  point  de  fin,  la  font.  Fabl. 
IX,  5.  Et  vos  ravissements  ne  prendraient  point  de 
fin,  MOL.  rart.  i,  6.  Votre  malheur  par  là  trouve  une 
'oeureH»e  fin,  th.  cobn    Ariane,  m,  s.  Tontos  I»s 


choses  de  ce  monde  prennent  fin,  sÉv.  2C5.  Vous 
n'en  trouverez  pas  sitôt  la  fin,  id.  4o7.  La  censure 
tire  à  sa  fin,  Boss.  Lett.  quiét.  7< .  Le  ciel  sembla  pro- 
mettre une  fin  à  ma  peine,  rac.  Ilérén.  i,  4.  Quoi- 
que Arsinoé  tilt  plus  âgée  que  Ptolémée,  et  trop 
vieille,  quand  ill'épousa,  pour  avoir  des  enfants,  il 
l'aima  tendrement  et  constamment  jusqu'à  la  fin, 
liOLLiN,  llist.  anc.  Gùiv.  t.  vu,  p.  454,  dans  podgens. 
Avant  la  fin  de  la  journée,  Ils  fies  œufs)  montaient 
à  plus  d'un  cent,  la  font.  Fabl.  vni,  «.  Je  suis 
l'homme  qui  accoucha  d'un  œuf;  il  en  avait  pondu 
cent  avant  la  fin  de  la  journée,  volt.  Utt.  Capero- 
nier,  ("juin  (768.  On  sait,  on  croit  du  moins  que 
cette  princesse  aimait  la  paix,  au  moins  sur  la  fin 
de  ses  jours,  d'alemb.  Lett. aurai  de  Prusse,  15  déc. 
4  7Bo.L'autoritéde  la  Grande-Bretagne  sur  l'Amérique 
doittôt  ou  tard  avoir  une  fin,  ainsi  le  veut  la  nature, 
la  nécessité  et  le  temps,  hatnal  ,  llist.  phil.  xvm, 
44.  Il  Les  fins  de  lune,  les  époques  mensuelles  où  la 
lune  n'est  plus  visible.  J'observerai  ce  régime  à  tou- 
tes les  fins  des  lunes,  sÉv.  378.  ||  Mettre  fin  à,  faire 
cesser.  Attendant  qui  des  deux  mettra  fin  à  ma 
peine,  Régnier,  Élég.  1.  Pour  mettre  fin  aux  désor- 
dres, Boss.  llist.  1,  9.  Le  carnage  fut  horrible  et 
dans  le  camp  et  hors  du  camp  et  sur  les  vaisseaux  ; 
la  nuit  seule  y  mit  fin,  bollin,  Jlist.  anc.  Qliuv.  t.  v, 
p.  208,  dans  poijgens.  ||  Mettre  à  fin,  achever,  ac- 
complir. Amadis  de  Gaule,  sous  le  titre  de  damoisel 
(le  la  mer,  mit  à  fin  ses  plus  belles  aventures,  voit. 
Lett.  46.  Un  homme  qui....  sait  mettre  noblement 
à  fin  les  aventures  les  plus  difficiles,  mol.  Pourc. 
1,  4.  Pourras-tu  mettre  à  fin  ce  que  je  me  pro- 
pose? m.  l'Ët.  I,  io.  Il  Faire  une  fin,  se  fixer,  et, 
en  particulier,  se  marier.  Mlle  de  Lutzljourg,  n'ayant 
rien  vaillant  que  beaucoup  d'esprit  et  d'adresse, 
voulut  faire  une  fin  comme  les  cochers,  et  fit  si  bien 
qu'elle  l'épousa  [des  AlleursJ,  st-sim.  60,  94.  11  faut 
faire  une  fin,  monsieur: je  vais  me  rendre  mari 
d'une  certaine  Lisette,  REcnARD,  Atlendex-moi  sous 
l'orme,  se.  1 .  Mais  après  cinquante  ans  on  est  bien 
aise  enfin  De  vivre  un  peu  tranquille;  il  faut 
faire  une  fin,  collin  d'harlev.  Optimiste,  v,  2.  Et 
pour  faire  une  fin  je  me  fais  procureur,  legrand. 
Famille  extravag,  se.  dem.  ||  Familièrement.  N'avoir 
ni  fin  ni  cesse,  ne  pas  cesser,  ne  pas  finir.  C'est  un 
travail  qui  n'a  ni  fin  ni  cesse.  ||  Terme  de  musique. 
Fin  se  met  ordinairement  à  la  fin  d'une  reprise  dans 
un  morceau,  pour  indiquer  qu'après  avoir  recom- 
mencé les  reprises ,  comme  il  est  indiqué,  on  doit 
finir  le  morceau  à  ce  mot.  Souvent,  au  lieu  de  fin, 
on  met  en  italien  ^ns.  jj  2°  Mort.  Au  jour  de  sa  trans- 
figuration, il  (Jésus)  s'entretient  de  la  fin  tragique 
qu'il  devait  faire  à  Jérusalem,  BOSs.  Serm.  I,  Quinq.  2. 
Par  cette  fin  terrible  et  due  à  ses  forfaits....  bac.  A- 
thal.  V,  8.  Aussitôt  que  ce  roi  eut  fait  une  fin  digne  de 
ses  crimes,  fén.  Tél.  viii.  Telle  fut  la  fin  de  Socrate, 
la  première  année  de  laxcv'olympiade,  et  la  soixante 
et  dixième  de  son  âge,  boi.lin,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  IV,  p.  441,  dans  pougens.  Si  vous  renvoyez  votre 
conversion  à  la  tin,  non-seulement  vous  ne  pourrez 
plus  le  chercher  [Jésus-Christ],  mais  quand  vous  le 
pourriez....  mass.  Car.  Impén.  fin.  Malheureusement 
pour  eux  ce  monarque  imprudent  [Sébastien]  eut 
une  fin  funeste,  raynal,  llist.  phil.  ix,  3.  ||  Telle 
vie,  telle  fin,  veut  dire  que  les  méchants  finissent 
mal.  Il  Faire  une  bonne  fin,  une  belle  fin,  mourir 
dans  des  sentiments  de  piété  et  de  repentir.  M.  de 
Saint-Hilaire  a  fait  une  très-belle  fin,  maintenon, 
Lett.  d'Aubigné,  40  oct.  4685.  ||  Fijr.  Jamais  je  ne 
vi5,en  pareille  matière,  de  vanité  qui  fît  une  bonne 
fin,  MARiv.  Paysan  parv.  4"  part.  ||  Tirer  à  la  fin, 
à  sa  fin,  être  près  d'expirer.  Ses  domnstiques  qui  la 
voyaient  tirer  à  sa  fin,  J.  J.  bouss.  Conf.  n.  \\  Fig. 
Une  mer  pleine  de  monstres,  des  eaux  croupissantes 
où  la  nature  tirant  à  la  fin  venait  comme  rendre  les 
abois,  VAUGELAS,  Q.  C.  518.  Il  Fin,  au  sens  actif,  ex- 
termination. Marche,  va  les  détruire  [les  protestants), 
éteins-en  la  semence ,  ?;t  suis  jusqu'à  leur  fin  ton 
courroux  généreux,  malh.  n,  4  2.  ||  Terme  de  chasse. 
Être  sur  ses  fins,  se  dit  du  cerf  las  et  près  de  se 
rendre,  et  aussi  de  la  bête  qui  va  mourir.  Lorsqu'on 
aperçoit  les  trappes  tombées,  on  court  aux  tins  de  la 
bête;  un  loup  ou  un  renard,  les  reins  à  moitié  cassés, 
montre  aux  chasseurs  ses  dents  blanches,  CHATEAUBR. 
Amer.  Chasse.  \\  Fig.  Une  passion  d'hiver  est  bien 
usée,  et  elle  tire  diantrement  sur  ses  fins  quand  le 
mois  de  mars  arrive,  dancoi'rt,  Jletour  des  officiers, 
se.  6.  Il  3"  Ce  qu'on  se  propose  pour  but,  le  terme 
d'une  action.  Pour  obtenir  nos  fins,  n'aspirons  point 
si  haut,  botr.  St  Genest,  v,  2.  X  quelque  heureuse  fin 
que  tendent  ses  projets,  Jamais  il  ne  fait  bien  au  gré 
de  ses  sujets,  ID.  Vencesl.  i,  4 .  Comment  gagner  les 
confidents  d'amours....  Jusquesau  chien  :  toutyfait 


qu.and  on  aime;  Tout  tendaux  fins,  la  font.  Wandr. 
Faites  semblant  de  consentir  à  ce  qu'il  veut,  voui 
en  viendrez  mieux  à  vos  fins,  mol.  l'Av.  i,  "'.  Ainji 
l'on  voit  que,  dans  les  ténèliras  du  monde,  on  le» 
suit  [les  choses]  par  un  aveuglement  brut'J,  que 
l'on  s'y  attache,  et  qu'on  en  fait  la  dernière  fin  de 
ses  désirs  ;  ce  qu'on  ne  peut  faire  sans  sacrilège, 
car  il  n'y  a  que  Dieu  qui  doive  être  la  dernière  fin, 
comme  lui  seul  est  le  vrai  principe,  pasc.  Lettre  à 
Mme  Périfr,  4"  avril  4648.  Elle  (la  Providence]  se 
sert  de  nos  opinions  pour  nous  mener  à  ses  fins, 
SÉV.  458.  Ce  qui  est  désiré  pour  l'amour  de  soi- 
même  et  ft  cause  de  sa  propre  bonté  s'appelle  fin, 
BOSS.  Connaiss.  i,  4  8.  Ce  n'est  pas  la  fin  qui  sert  au 
moyen,  mais  le  moyen  qui  sert  à  la  fin,  bourdal. 
5"  dim.  après  la  Penlec.  t.  :i,  p.  46t.  La  plupart 
des  hommes,  pour  arriver  à  leurs  fins,  sont  plus 
capables  d'un  grand  eflTort  que  d'une  longue  persé- 
vérance, LA  BBUY.  XI.  Quelle  fin  on  doit  se  proposer 
en  gouvernant  les  hommes,  fén.  Tél.  xxiv.  Que 
vous  ne  jouez  ce  nouveau  personnage  que  pour 
aller  plus  sûrement  à  vos  fins,  mass.  Carême,  Resp. 
hum.  Cette  adresse  avait  son  usage  à  plus  d'une  fin, 
J.  J.  Rouss.  Ém.  n.  11  connaît  les  fins  et  les  moyens, 
BDFF.  Quadr.  t.  i,  p.  3,  dans  pougens.  Combien 
d'oeufs  dont  il  ne  sort  point  d'oiseau  !  la  nature 
est  si  riche  qu'elle  ne  regarde  point  à  ces  petites 
pertes  ;  et  ce  qui  ne  sert  pas  pour  une  fin,  sert 
pour  l'autre,  bonnet,  Consid.  corps  org.  Oliuv.  t.  v, 
p.  434,  dans  pougens.  ||  La  fin  justifie  les  moyens, 
se  dit  pour  evcuser  des  moyens  coupables  en  consi- 
dérant la  bonté  de  la  fin.  11  y  a  bien  quelque  chosa 
à  dire  contre  la  délicatesse  dans  ce  que  vous  me 
racontez  là;  mais  la  fin  de  l'action  en  sanctifie  les 
moyens,  et  je  vous  absous  pour  toutes  celles  de 
même  nature,  volt.  Dial.  xxxi.  ||  Faire  une  chose 
à  bonne  fin,  à  mauvaise  fin,  la  faire  à  bonne  inten- 
tion, à  mauvaise  intention.  C'est  à  bonne  fin  [que 
je  le  fais],  boss.  Lett.  253.  ||  X  ces  fins,  afin  d'elTec- 
tuer  l'objet  qu'on  se  propose.  ||  On  dit,  au  singu- 
lier :  à  cette  fin.  Le  peuple  dit  souvent  à  celle  fin 
{celle  pour  icelle  ) ,  que  beaucoup  dénaturent  en  à 
seule  fin.  \\  X  toute  fin,  pour  servir  en  tout  cas.  Je 
vous  envoie  à  toute  fin  le  procès-verbal,  boss.  Lett. 
quiét.  486.  Il  Un  cheval  à  toute  fin,  un  cheval  de 
selle  et  d'attelage  à  la  fois.  ||  N'étant  à  autre  fin, 
se  dit,  dans  les  lettres  des  princes  et  ailleurs,  pour 
exprimer  qu'elles  n'ont  pas  d'autre  objet  que  celui 
qui  y  est  énoncé.  Je  pourrais  Cuir  ici  ma  le'tre, 
n'étant  à  autre  fin;  mais  je  veux  vous  deman- 
der.... SÉV.  27  janvier  4  687.  ||  X  telle  fin  que  de  rai- 
son (pour  une  fin  telle  que  la  raison  indiquera), 
se  dit,  dans  le  style  d'afl'aires,  pour  exprimer  qu'on 
fait  une  chose  sans  savoir  précisément  à  quoi  elle 
servira,  mais  dans  la  prévision  qu'elle  pourra  être 
utile.  Faisons  un  état  des  lieux  à  telle  fin  que  de 
raison.  ||  Dans  le  langage  général,  à  telle  fin  que 
de  raison,  pour  servir  comme  il  conviendra,  à  tout 
événement.  H  me  faut,  de  ce  pas,  aller  faire  mes 
plaintes  au  père  et  à  la  mère,  et  les  rendre  témoins, 
à  telle  fin  que  de  raison,  des  sujets  de  chagrin  e'. 
de  ressentiment  que  leur  fille  me  donne,  mol.  G. 
Dand.  i,  3.  Sauf  à  faire  les  choses  à  telle  fin  que  de 
raison,  hamilt.  Gramm.  40.  ||  4"  Le  but  auquel  un 
être  tend  par  sa  nature.  Parlez  au  diable,  empl-jyez 
la  magie.  Vous  ne  détournerez  nul  être  de  sa  fin, 
LA  FONT.  Fabl.  IX,  7.  Il  [l'homme]  devient  à  lui- 
même  son  principe  et  sa  fin,  fléch.  Serm.  i,  99. 
Pour  peu  qu'on  examine  la  nature  de  l'homme,  ses 
inclination!»,  sa  fin,  il  est  ai.sé  de  reconnaître  qu'il 
n'est  pas  fait  pour  lui  seul,  mais  pour  la  société, 
ROLLiN,  Trait,  des  Et.  Disc.  prél.  Tout  étant  fait 
pour  une  fin,  tout  est  nécessairement  pour  la  meil- 
leure fin,  VOLT.  Candide,  4.  Vous  avez  très-bien 
remarqué,  madame,  que  la  grande  fin  de  l'homme, 
est  de  réussir  en  société;  de  bonne  foi,  est-ce  par 
les  sciences  qu'on  obtient  ce  succès?  lO.Jeannot  et 
Colin.  Il  est,  dans  la  nature,  des  fins  que  la  raison 
ne  saurait  méconnaître;  mais  c'est  surtout  dans  la 
structure  des  animaux  qu'on  découvre  le  plus  de 
fins  particulières  et  frappantes,  bonnet,  Contempl. 
nat.  3«  part.  ch.  as.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses. 
Cette  nation  connut  la  vraie  fin  de  la  politique, 
BOSS.  llist.  III,  3.  Y  eut-il  jamais  homme  qui  dis- 
posât mieux  toutes  choses  à  leur  fin?FLÉCH.  Tur. 
Saint  Paul  nous  dit  en  termes  clairs  et  précis  que 
Jésus-Christ  était  la  fin  de  la  loi,  bollin.  Traité  des 
Et.  2'  part.  ch.  4,  art.  i.  Nous  voudrions  être  la  fin 
de  toutes  les  voies  et  de  tous  les  desseins  de  Dieu, 
MASS.  Myst.  Soum.  La  fin  est  un  elTet  qui  a  son 
principe,  bonnet.  Essai  analyt.  dme,  dCuvre», 
t.  xni,  ch  47,  p.  256,  dans  pougens  j|6"  Terme  de 
théologie.  Les  quatre  fins  de  l'homme,  h  mort,  la 


1080 


FIN 


jugement,  le  paradis  et  l'unfer.  Nicole  a  fait  un 
traité  dos  quatre  fins  de  l'homme.  ||  6°  Terme  de 
procédure.  Fin  et ,  plus  souvent,  fins  désigne  toute 
espèce  de  demande ,  prétention  ou  exception  pré- 
sentée au  tribunal  par  les  parties.  Les  conclusions 
des  parties  demandent  qu'il  plaise  au  tribunal  adju- 
ge- les  fins  de  la  requête.  Le  prévenu  demande  à 
être  renvoyé  dos  fins  de  la  plainte.  {|  Fin  de  non-re- 
cevoir,  refus  d'admettre  une  action  judiciaire,  en 
prétendant,  par  un  motif  pris  en  dehors  de  la  de- 
mande elle-même  et  de  son  mal  fondé,  que  celui 
qui  veut  l'intenter  n'est  pas  recovable  dans  sa  de- 
mande. Il  Dans  le  langage  général,  fin  de  non-rece- 
voir,  refus  pour  des  raisons  extrinsèques.  Répondre 
par  des  fins  de  non-recevoir.  Opposer  des  finsdcnon- 
recevoir.  ||  Fin  de  non-procéder,  se  dit  de  toute  ex- 
ception dilatoire,  déclinatoire,  etc.  ||  En  matière  cri- 
minelle, fins  civiles,  les  demandes  présentées  par  la 
partie  civile  et  tendant  seulement  à  une  condamna- 
tion pécuniaire.  ||  7°  Terme  de  commerce  et  de  ban- 
que. Fin  courant,  indique  la  tin  du  mois  qui  court, 
et  fin  prochain  celle  du  mois  prochain.  ||  Onditaussi: 
fin  janvier,  fin  février,  etc.  ||  8°  Â  la  fin,  loc.  adv. 
Enfin,  après  tout.  Paissez,  chères  brebis,  jouissez 
de  la  joie  Que  le  ciel  nous  envoie  ;  J  la  fin  sa  clé- 
mence a  pitié  de  mes  pleurs,  bacan.  Chant  de  ber- 
gers. Sa  présence  à  la  fin  pourrait  être  importune, 
RAC.  Alhal.  II,  7.  Je  vous  répéterai  encore  ce  que 
j'ai  mandé  à  M.  le  duc  de  Choiseul,  c'est  que  la 
vérité  est  la  fille  du  temps,  et  que  son  père  doit  la 
laisser  aller  à  la  fin  dans  le  monde,  volt.  Lelt.  Tau- 
les, 21  mars  <7(18.  ||  Familièrement.  À  la  fia  des 
fins,  en  fin  finale,  même  sens  que  enfin.  En  fin 
finale,  une  certaine  enflure  La  contraignit  d'al- 
longer sa  ceinture,  la  font.  Ilermite.  X  la  fin  des 
fins  vous  nous  en  direz  quelque  petit  mot,  SÉV. 
*<o.  ||9"Sans  fin,  sans  qu'il  y  ait  de  terme,  de 
fin.  Vous  ne  savez  que  trop  que  rien  n'échaufi'e 
tant  la  poitrine  que  d'écrire  sans  fin  et  sans  cesse 
somme  vous  faites,  SÊ/.  23  nov.  <688.  ||  10"  En 
fin  de  compte,  finalement.  ||  Proverbe.  La  fin  cou- 
ronne l'oeuvre,  c'est-à-dire,  dans  les  entrei)rises, 
dans  les  affaires,  on  regarde  le  succès,  et,  s'il  est 
bon,  le  reste  est  oublié.  Cela  se  met  aussi  sur  des 
ouvrages,  sur  des  monuments,  pour  dire  seulement  : 
l'œuvre  est  inie.  ||  Oui  veut  la  fin  veut  les  moyens, 
quand  on  veut  une  chose,  il  faut  accepter  les  moyens  ; 
on  est  responsable  des  moyens.  ||  En  toute  chose  il 
fiiut  considérer  la  fin,  il  ne  faut  pas  s'engager  dans 
une  affaire  sans  en  prévoir  l'issue.  En  toute  chose 
il  ÎBLUt  considérer  la  fin,  la  font.  Fables,  m,  5. 

—  HlST.  XI'  s.  Or  [je]  te  vei  mort,  tute  en  sui  do- 
leruse,  Ço  peiset  mei  que  ma  fins  tant  demoret, 
SI  Alexis,  xcii.  La  fin  du  siècle  qui  nous  est  en  pré- 
sent, Ch.  de  Roi.  cix.  Promis  nous  est,  fin  [nous] 
prendrons  à  itant,  ib.  cxiv.  Jointes  ses  mains  [il]  est 
klet  à  sa  fin  [est  mort],  ib.  clxxiii.  Deus  sait  assez 
coment  la  fins  en  ert[sera],  ib.  cclxxxh.  ||  xu"s.  [je] 
Ferai  la  fin  de   mes  chansons  oïr,  Couci,  xx.  Que 

^lus  [je]  nedoià  fin  d'amours  penser,    ib saint 

Thomas,  qui  encore  ert  seanz,  E  atendeit  iluec  mort 
e  fin  de  ses  anz.  Th.  le  mart.  445.  ||xiii'  s.  Mais 
toutes  voies  fu  la  chose  menée  à  tel  fin  que  li  em- 
pereres  li  otroia»,  villf.h.  cxii.  Et  dient  cil  qui  morir 
le  virent,  que  ce  fu  uns  des  homes  du  monde  qui 
plus  belle  fin  fist,  m.  xxiii.  La  fin  du  conseil  fu  tele 
qu'il  distrent  (ju'il  demorroient  avec  eus  jusques  à 
la  feste  Saint-Michel,  m.  lix.  Au  commencement  de 
toutes  choses  pense  la  fin,  brun,  latini,  Trésor,  p. 
347.  Car  cil  qui  bien  ne  fait,  en  la  fin  le  compère 
[paye],  Berte,  iv.  Que  Dieu  le  gart  et  s'ame  fasse  à 
la  fin  merci,  i6.  lix.  Mais  en  la  fin  le  sait  Diex  si  à 
point  merir  [payer,  rémunérer],  ib.Lxin.  Nozuele 
volons  pas  nommer  devant  le  [la]  fin  du  livre,  se 
Dix  done  que  noz  le  metons  à  fin,  ueaum.  t3.  On- 
ques  de  corre  [il]  ne  prist  fin.  Tant  qu'il  est  à  la 
croir  venus,  Ren.  2302.  En  la  fin  de  sa  bataille  ve- 
noit  le  conte  de  Soissons  et  monseigneur  Pierre  de 
Nouille,  jomv.  227.  ||  xiv  s.  Celui  qui  donne  et  non 
pas  pour  bonne  fin,  il  n'est  pas  libéral,  mes  doitcs- 
tre  appelle  autrement,  ORESME,  Eth.  40».  Si  comme 
de  médecin  la  fin  est  santé....  ib.  a.  Une  huche  [il] 
rompi,  où  un  escrin  trouva  Où  les  joiaux  sa  mère, 
sachiez,  estoient  là....  Bertran  mist  tout  à  fin,  à  ses 
gens  en  donna,  Guescl.  659.  Comme  il  se  fuit  mau- 
vais meller  de  larrechip-.  Ne  convoitier  aussi  le  [la] 
femme  à  son  voisin  ;  On  en  vient,  à  le  pa]  fois  [par 
fois],  à  très  mauvaise  fin,  Baud.  de  Seb.  vu,  744. 
Il  XV*  s.  Ainsi  comme  ils  ont  d'usage  à  faire  leurs 
saignées  en  Lombardie  quand  ils  veulent  à  un  homme 
aTancer  la  fin,  fkoiss,  ii,  ii,  220.  Messire  Barba- 
noire,  qui  avoit  fait  maint  meschef  sur  mer,  et  mis 
à  fin  maint  Angloi?,  m.  i,  i,  22.  Vous   m'avez  de- 


FIN 

mandé  tout  premieioment  à  quel  (in  il  [le  comte  de 
Foix]  garde  tant  d'argent,  id.  ii,  m,  ».  Quant  amours 
ot  oy  mon  cas.  Et  vit  qu'à  bonne  fin  tendi,  11  remit 
sa  flesche  au  carcas,  alais  chaut.  Excusât,  de  maî- 
tre Alain.  En  luy  faisant  assavoir  que  le  dit  ac- 
cord.... n'estoit  fait  à  aultre  fin  que  pour  l'aler  des- 
truire  incontinent,  1.  le  troyes,  Chr.  «469.  Les 
buveurs  d'eau  ne  font  point  bonne  fin,  baseel.  liv. 
Si  fit  tant  à  toutes  fins  que  il  eut  congé  d'aller  de 
rechef  en  Prusse,  Bouctc.  1,  n.  On  lui  emplist,  pour 
faire  fin,  D'ung  très  bon  vin  blanc  de  Baigneux  ; 
Maistre  François  print  les  deux  brocs.  L'un  après 
l'autre  les  bouta,  villon.  Repues  franches.  Les  cho- 
ses qu'ilz  avoient  proposées  qui  esloient  tendans  à 
fin  de  paix,  comm.  v,  46.  Tousjours  taschoit  le  roy 
venir  à  fin  de  Bretaigne,  car  il  lui  sembloit  qu'elle 
estoit  plus  aysée  à  conquérir  et  de  moindre  def- 
fence,  id.  h,  2.  Les  requestes  et  fins  des  seigneurs 
estoient  d'entrer  dedans  Paris  pour....  id.  i,  8.  Luy 
firent  ung  procès....  et  en  fin  de  compte  luy  tren- 
cherent  la  teste,  id.  iv,  2.  Et  à  la  fin  finale  si  en  fist 
une  [trefve]  d'ung  an,  id.  ni,  3.  ||  xvi*  s.  llz  avoient 
saccaigé  les  fins  meiritimes  de  Olone,  rab.  Garg.  i, 
60.  Le  long  jeûner  de  tel  façon  les  mine.  Qu'à  la 
parfin  tombent  morts  de  famine,  marot,  iv,  28.  Ce- 
luy  qui  pour  sa  fin  [but]  establiroit  nostre  peine  et 
mesaise,  mont,  i,  69.  Prinse  avecques  modération, 
la  philosophie  est  plaisante,  mais  en  fin  [avec  excès, 
poussée  jusqu'à  l'extrémité]  elle  rend  un  homme 
sauvage,  id.  i,  224.  La  rivière  croissant  tousjours 
vint  à  la  fin  à  sortir  de  rive,  amïot,  Rom.  4.  Ilvou- 
loit  bazarder  tout  chaudement  la  bataille,  et  alloit 
sollicitant  à  ces  fins  les  chefs  des  bandes,  id.  Cam. 
63.  Titus  y  envoya  aussi  de  ses  gens,  solliciter 
pour  luy  à  deux  fins,  m.  Flam.  1 0.  Belle  fin  fait  qui 
meurt  en  bien  aimant,  rons.  91.  La  fin  du  monde 
approche,  les  bestes  parlent  latin,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ETVM.  Provenç.  fin,   fi;  espagn.  fin;   portug. 
fim;  ital.  fine;  du  lat.  finem. 

2.  FIN,  FINE  (fin,  fi-n'),  adj.  ||  1"  Qui  est  à  l'é- 
tat de  pureté,  épuré.  Or,  argent  fin.  ||  Terme 
de  monnaie  et  d'orfèvrerie.  Or  fin  ,  l'or  parfaite- 
ment pur.  Il  Bijoux  demi-fins,  bijoux  dont  l'or  est 
mêlé  de  moitié  d'alliage.  {[  S.  m.  C'est  du  fin, 
c'est  de  l'or  ou  de  l'argent.  Faire  le  commerce  de 
fin,  acheter  et  vendre  des  matières  d'or  et  d'argent. 
Il  On  dit  aussi  :  le  commerce  de  demi-fin;  faire  le 
demi-fin.  f|  Crain  de  fin,  bouton  de  fin,  or  ou  argent 
obtenu  par  la  coupelle.  1|  Or  ou  argent  qui  se  trouve 
dans  un  alliage.  Tirer  tout  le  fin  qui  est  contenu 
dans  un  alliage.  I|  2°  Qui  est  de  qualité  supérieure. 
Sucre,  vin  fin.  Êpice,  liqueur  fine.  Porcelaine  fine. 
Aiguille  fine.  Martre  fine.  ||  Herbes  fines,  nom 
donné  à  certaines  plantes  qui  sentent  bon  comme 
le  thym,  la  marjolaine,  etc.  ||  Fines  herbes,  me- 
nues herbes  qui  servent  aux  assaisonnements , 
comme  le  cerfeuil,  le  persil,  la  pimprenelle,  l'es- 
tragon. Il  Fine  fleur  de  farine,  la  farine  la  mieux 
débarrassée  de  tout  le  son.  ||  Fig.  Près  de  Rouen, 
pays  de  sapience.  Gens  pesant  l'air,  fine  fleur 
lie  Normands,  la  font,  le  Remède.  ||  Fine  fieur 
de  la  chevalerie,  se  dit,  dans  les  romans  de  che- 
valerie, de  l'élite  des  chevaliers,  et  parfois  d'un 
chevalier  accompU.  ||  Fig.  C'est  une  fine  épico, 
se  dit  d'une  personne  adroite,  rusée.  ||  8°  Véri- 
table par  opposition  à  faux,  en  parlant  d'ouvrages 
de  broderie,  de  pierres  précieuses,  de  dentelles 
d'or  et  d'argent.  Pierres  fines.  Une  dentelle  d'ar- 
gent fin.  Diamant  fin.  Une  parure  de  perles  fines. 
Il  4°  Se  dit  explétivement  dans  certaines  locu- 
tions pour  renforcer  le  sens  du  mot  auquel  il  est 
joint.  Le  fin  fond  de  la  mer.  Il  vient  du  fin  fond 
de  la  Russie.  Le  sang  m'a  remué  jusqu'au  fin  bout 
de  mes  doigts,  hauterociie,  le  Deuil,  se.  6.  ||  Fami- 
lièrement. En  fin  fond  de  forêt,  dans  l'endroit  d'une 
forêt  le  plus  écarté.  Et  nous  filmes  coucher  sur  le 
pays  exprès,  C'est-à-<lirc,  mon  cher,  en  fin  fond  de 
forêts,  MOL.  les  Fdch.  11,  7.  |{  Fig.  et  famihère- 
ment.  Le  fin  mot,  le  mot  dernier,  décisif  par  lequel 
une  personne  fait  connaître  son  intention,  ses  vues. 
Ne  nous  faites  plus  attendre,  dites-nous  le  fin  mot. 
Il  Le  fin  mot  signifie  aussi  le  véritable  motif,  le 
motif  ciché  qu'on  n'avoue  qu'à  la  dernière  extré- 
mité, n  refuse  cette  place,  c'est  qu'il  en  voudrait 
une  meilleure;  voilà  le  fin  mot,  Dict.  de  1  Acad. 
Il  6°  11  se  joint  dans  le  langage  familier  à  quelques 
adjectifs.  Fin  seul,  tout  à  fait  seul.  Etienne  vit 
toute  fine  seulette  Près  d'un  ruisseau  sa  défunte 
Tiennette  [qui  n'était  plus  sa  femme],  la  font.  Tro- 
queurs.  Je  suis  ici  toute  fine  seule,  sÉv.  384.  ||  Po- 
pulairement. Le  fin  premier,  le  premier  de  tou.<. 
D'un  village  ici  près  je  suis  le  fin  premier,  bodr- 
sault,  Fables  d'Esope,  11,  6.  |[  6°  Qui  excelle  en  que'.  | 


HN 

que  qualité,  en  parlant  des  personnus.  T'n  fin  con- 
naisseur que  nous  avons  consulté  prétend  <iu'en 
général  ce  qu'on  appelle  véritablement  Japon  a  un« 
couverture  plus  blanche  et  moins  bleuâtre  que  la 
porcelaine  de  la  Chine,  ratkal,  Hitt.  phil.  v,  ï7. 
Il  Avec  un  sens  ironique.  Voilà  sérieusement  où  ec 
"iennent  les  fins  réformés  :  ils  prononcent  tans 
restriction  que  le  prince  n'a  aucun  droit  sur  le; 
consciences,  Boss.  Déf.  des  Variations,  4.  ||  Un  fin 
gourmet,  celui  qui  sait  bien  apprécier  les  mets,  les 
vins,  les  liqueurs.  ||  C'est  une  fine  lame,  c'est  un  ha 
bile  tireur  d'épée  ;  et  fig.  c'est  une  fine  lame,  c'es' 
une  femme  adroite  et  rusée.  ||  Populairement.  Une 
fine  gueule,  ou  un  fin  bec,  un  homme  qui  aime  les 
bons  morceaux  et  qui  «'y  connaît.  |{  7°  Terme  de 
marine.  Fin  voilier,  fib  de  voile,  vaisseau  allant 
bien  à  la  voile  et  principalement  au  plus  près  du 
vent.  Vous  observerez  que,  vous  donnant  plu- 
sieurs vaisseaux  fins  de  voile  et  nouvellement  ca- 
rénés, vous  devez  en  tenir  toujours  à  la  décou- 
verte, afin  que,  sur  le  rapport  qu'ils  vous  feront, 
vous  puissiez  prendre  votre  parti ,  Instruct .  à 
M.  de  Chdteau- Renault,  4696,  dans  jal.  ||  Ancien- 
nement, fin  de  bouline,  marchant  bien  à  la  bouline, 
tenant  bien  l'allure  du  plus  près.  Le  comte  d'Estrée 
et  Chabert  fondaient  leur  avis  de  ne  pas  aller  plus 
avant  lur  ce  qu'il  manquait  des  vivres  aux  Jeux 
[nom  du  vaisseau  que  montait  Villette]  et  sur  ce  que 
ce  vaisseau  n'était  pas  assez  fin  de  bouline  pour  de- 
voir entreprendre  de  l'engager  dans  une  si  grande 
étendue  de  mers,  d'où  l'on  ne  se  tirait  jamais  qu'en 
pinçant  le  vent,  Mém.  mss.  du  marquis  de  ViUette- 
Mursay,  4  077,  p.  54,  dans  jal.  ||  8°  Recherché,  en 
parlant  des  mets.  Un  souper  fin.  Il  fallait  que  les 
mets  les  plus  exquis,  le  gibier  le  plus  fin,  les  oiseaux 
les  plus  rares  vinssent  trouver  le  prince  en  quelque 
endroit  du  monde  qu'il  campât,  eollin,  Hisl.  anc. 
Œuvres,  t.  11,  p.  459,  dans  podgews.  {|  Partie 
fine,  partie  de  plaisir  où  l'on  met  quelque  mystère. 
Il  9°  Qui  a  délicatesse  et  élégance.  Des  contours 
fins  et  gracieux.  Des  traits  fins.  Ahl  cousin,  qu'elle 
a  le  nez  joli.  Le  minois  égrillard,  le  cuir  fin  et  poli  ! 
REGNARD,  le  Bal,  7.  {{  Terme  de  peinture  et  de  gra- 
vure. Pinceau  fin,  burin  fin,  manière  de  peindre, 
de  graver  légère  et  délicate.  On  dit  de  même  une 
touche  fine.  ||  Passage  fin,  dégradation  bien  ména- 
gée d'un  ton  à  un  autre ,  d'une  couleur  i  une 
autre.  ||  10*  Qui  est  de  forme  svete  ,  élégante.  La 
tête  longue  et  fine,  le  museau  allongé,  buff.  Qua- 
drup.  t.  IX,  p.  64,  dans  pougens.  ||  Avoir  la  taille 
fine,  avoir  la  taille  mince  et  bien  prise.  Je  suisa.ssei 
adroit,  j'ai  bon  air,  bonne  mine.  Les  dents  belles  sur- 
tout, et  la  taille  fort  fine,  mol.  Mis.  m,  4.  ||  On  dit 
dans  un  sens  analogue:  avoir  la  jambe  fine.  ||  Terme 
de  manège.  Cheval  fin,  cheval  qui  a  la  tête  sèche,  la 
taille  dégagée  et  les  jambes  en  rapport  avec  le  corps. 
Se  dit  aussi  du  cheval  qui  répond  vivement  aux  aides 
du  cavalier.  Le  cheval  fin  est  opposé  au  cheval  gros- 
sier, VOLT.  Dict.  phil.  hSnesse.  |{  Terme  de  marine. 
Bâtiment  fin,  bâtiment  qui  est  très-rétréci  dans  ses 
fonds. Il  Temps  fin,  temps  pur  et  sans  nuage,  ij  11*  Qui 
est  délié,  menu.  La  pointe  de  cet  instrument  est 
trop  fine.  Du  fil  fin.  Du  sable  fin.  Le  fin  lin  et  la 
pourpre  sont  ses  vêtements,  fénel.  Éduc.  des  filles, 
ch.  4  3.  Une  indu.strie  non  moins  meneilleuse  lance 
dans  vos  yeux,  sans  les  blesser,  les  traits  de  liLmiëre 
réfléchis  des  objets;  tnits  si  déliés  et  si  fins,  qu'il 
semble  qu'il  n'y  ait  rien  entre  eux  et  le  néant,  volt. 
Comm.  sur  Ualebranche.  La  pâte  elle-même  est 
communément  plus  blanche,  plus  liée,  plus  grasse; 
son  grain  plus  fin,  plus  serré,  ratnal,  Hist.  phil. 
v,  27.  Il  Oiseaux  à  bec  fin,  ou,  simplement,  becs- 
fins,  nom  donné,  en  raison  de  la  forme  de  leur  bec, 
à  différents  petits  oiseaux.  Aristote  fait  en  cet  en- 
droit un  dénombrement  des  petits  oiseaux  à  bec 
fin,  qui  ne  vivent  que  d'insectes  ou  qui  du  moins 
en  vivent  principalement,  buff.  Ois.  t.  ix,  p.  268, 
dans  pouGE^iS.  \\  Se  dit  des  étoffes  faites  avec  des 
fils  très-fins.  Un  drap  fin.  Une  toile  fine.  ||  Sub- 
stantivement. Terme  de  blanchisseuse.  Travailler 
en  fin,  travailler  dans  le  linge  fin.  On  dit  également 
blanchisseuse  de  fin.  ||  12°  Plume  fine,  plume  à  écrire 
dont  le  bec  est  fin.  On  dit  de  même  un  crayon  fin, 
un  pinceau  fin.  {|  Substantivement.  Le  demi-fin, 
écriture  un  peu  plus  grande  que  l'expédiée  ordi- 
naire. Il  Ecrire  en  fin,  employer  la  plus  fine  écriture. 
Il  13°  En  parlant  des  sens,  qui  a  une  grande  sensi- 
bilité, qui  perçoit  exactement  les  moindres  impres- 
sions. Avoir  l'odorat  très-fin,  l'oreille,  l'ouïe  très- 
fine.  Il  Terme  de  chasse.  Avoir  le  nez  fin,  se  dit  d'un 
chien  qui  chasse  avec  succès  dans  la  poussière  cl 
pendant  la  chaleur;  et  fig.  avoir  le  nex  fin,  avoir 
beaucoup  de  sagacité.  Phelippeaux,  qui  avait  le  nei 


» 


FIN 

fin,  cil  avertit  longtemps  [de  l'infidéLté  du  duc  de 
Savoie],  sans  qu'on  voulût  le  croire,  st-sim.  122,  90. 
Il  Fig.  Avoir  l'oreille  fine,  se  connaître  en  musique, 
remarquer  jusqu'aux  moindres  fautes  des  exécu- 
tants. Il  14°  Oui  n'est  appréciable  que  par  un  esprit 
pénétrant  ou  un  goût  délicat.  Une  expression,  une 
pensée  fine.  Une  fine  plaisanterie.  Les  uns  com- 
prennent bien  les  effets  de  l'eau  ;  en  quoi  il  y  a  peu 
de  principes,  mais  dont  les  conséquences  sont  si 
fines  qu'il  n'y  a  qu'une  grande  pénétRition  qui  puisse 
y  aller,  paso.  Pensées,  part,  i,  art.  10.  Un  chance- 
lier offrant  un  jour  sa  protection  au  parlement,  le 
premier  président  se  tournant  vers  sa  compagnie: 
Messieurs,  dit-il,  remercions  M.  le  chancelier,  il 
nous  donne  plus  que  nous  ne  lui  demandons;  c'est 
là  une  réponse  très-fine,  volt.  Dict.  phil.  Finesse.  Le 
sujet  de  ce  petit  poëme  est  si  fin  que  beaucoup  de 
personnes  ne  l'ont  pas  entendu,  didek.  Salon  de 
<766,  Œuvres,  t.  xiu,  p.  <96,  dans  pougens.  Hormis 
quelques  mots  fins  qu'il  [M.  Necker]  plaçait  çà  et 
là,  personnage  muet,  il  laissait  à  sa  femme  le  soin 
de  soutenir  la  conversation,  mabmontel,  Mém.  x. 
L'analogie  donne  la  raison  de  l'usage  ou  le  corrige; 
elle  est  la  partie  la  plus  fine  de  la  philosophie 
même  du  langage,  villemain,  Dict.  de  l'Acad.  Pré- 
face, p.  XXI.  Il  15°  I)  se  dit  de  l'esprit,  du  goût,  du 
jugement,  etc.  pour  en  signifier  la  subtilité,  la 
sagacité.  Avoir  le  goût,  le  jugement  fin.  Les  esprits 
fins  sont  ceux  qui  remarquent  par  la  raison  jusques 
aux  moindres  différences  des  clioses;  qui  prévoient 
les  effets  des  causes  cachées,  peu  ordinaires  et  peu 
visibles;  enfin  ce  sont  ceux  qui  pénètrent  davantage 
les  sujets  qu'il  considèrent,  malebr.  Recherche,  u,  11, 
ch.  viii,  f .  L'esprit  fin  est  souvent  faux,  précisément 
parce  qu'il  est  trop  fin  ;  c'est  un  corps  trop  délié 
pour  avoir  de  la  consistance,  duclos,  Consid.  mœurs, 
cliap  )3.  Il  Regard  fin,  physionomie  fine,  qui  an- 
nonce de  l'esprit.  Son  souris  aussi  fin  qu'il  parait 
gracieux,  boissy,  Deh.  tromp.  i,  4.||16°  Rusé, 
adroit,  pénétrant.  C'est  un  fin  matois.  Car  si  cette 
Africaine  aussi  fine  que  belle  Emploie  à  se  sauver 
quelque  ruse  nouvelle....  mair.  Sophon.  m,  t.  L'é- 
pouse indiscrète  et  peu  fine,  la  font.  Fabl.  viu,  6. 
L'homme  à  qui  nous  avons  affaire  n'est  pas  des  plus 
fins  de  ce  monde,  mol.  Am.  méd.  m,  3.  Il  faut  être 
bien  fin  pour  remarquer  cette  différence,  pasc. 
Amour.  Quand  je  suis  déguisé,  je  le  donne  au  plus 
fin,  Si,  me  voulant  connaître,  il  n'y  perd  son  latin, 
TH.  CORN.  l'Inconnu,  i,  t.  C'est  avoir  l'ait  un  grand 
pas  dans  la  finesse  que  de  faire  penser  de  soi  que" 
l'on  n'est  que  médiocrement  fin,  la  bruv.  viii. 
Il  Plus  fin  que  lui  n'est  pas  bête,  se  dit  d'un  homme 
fort  adroit,  fort  rusé.  J'entends,  plus  fin  que  vous 
n'est  pas  bête,  monsieur,  hauteroche,  le  Deuil,  se. 
).  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  Bien  fin  qui  l'attra- 
pera. Il  II  se  dit  de  certains  animaux.  Le  renard  est 
très-fin.  Ils  [les  merles]  passent  communément  pour 
être  très-fins,  parce  qu'ayant  la  vue  perçante,  ils 
découvrent  les  chasseurs  de  fort  loin,  et  se  laissent 
approcher  difficilement,  buff.  Ois.  t.  vi,  p.  3,  dans 
POUGENS.  Il  Fig.  C'est  un  fin  renard,  une  fine  bête, 
ime  fine  mouche,  c'est  une  personne  fort  rusée. 
Il  Fig.  et  populairement.  C'est  un  fin  merle,  un  fin 
matou.  Il  Substantivement.  Ouant  à  moi,  ce  n'est 
pas  l'esprit,  c'est  la  sottise  qui  me  fait  aller  en  pri- 
son :  j'ai  cru  bonnement  à  la  charte  ;  je  le  con- 
fesse, à  ma  très-grande  honte  ;  et  pourtant  de  plus 
fins  y  ont  été  pris  comme  moi,  p.  l.  couh.  Réponse 
aux  anonymes.  ||  C'est  un  gros  fin,  ou  il  est  fin 
comme  une  dague  de  plomb ,  se  dit  de  quelqu'un 
dont  on  découvre  aisément  ce  qu'il  croit  cacher 
adroitement.  Il  joue  ici  le  rôle  de  ce  qu'on  ap- 
pelle un  gros  fin,  et  rien  n'est  ni  moins  tragique  ni 
plus  mal  imaginé,  volt.  Comm.  Corn.  Rem.  Rodo- 
gune,  CEuv.  t.  Lxvi,  p.  277.  ]|  Faire  le  fin,  se  piquer 
de  ruse,  d'adresse,  de  finesse.  Ce  lourdaud  veut  faire 
le  fin.  Il  Faire  le  fin  d'une  chose,  ou,  simplement, 
faire  le  fin,  ne  vouloir  pas  découvrir  ce  qu'on  en 
sait,  ce  qu'on  en  pense.  N'en  fais  donc  point  la  fine, 
et  vamement  ne  cache  Ce  qu'il  faut,  malgré  toi , 
que  tout  le  monde  sache....  Régnier,  Dial.  Je  vous 
embarrassai,  n'en  faites  point  la  fine,  corn.  Ment,  v, 
s.  Mais  je  ne  t'en  fais  pas  le  fin.  Nous  avions  bu  de 
je  ne  sais  quel  vin  Oui  m'a  fait  oublier  tout  ce  que 
j'ai  pu  faire,  mol.  Amph.  u,  3.  \\  Familièrement. 
Jouer  au  fin,  au  plus  fin,  c'est-à-dire  à  qui  sera 
le  fin,  le  phis  fin,  user  d'adresse  pour  venir  à  bout 
de  ce  qu'on  se  propose.  Il  faut  jouer  au  fin  contre 
un  esprit  si  double,  corn.  Veuve,  1,  3.  ||  17°  Il  se  dit 
des  choses  qui  décèlent  de  l'adresse,  de  la  ruse.  Le 
tour  est  fin.  Je  sais  des  gens  de  cour  quelle  est  la 
politique  ;  J'en  connais  mieux  que  lui  la  plus  fine 
pratique,  corn.  Poly.  v,  ).  |]  18°  Adv.  ïerme  de  bil- 

Dlf:ï.   DE   LA    LANa'K  rRMX.-iioK, 


FIN 

lard.  Prendre  une  lùllo  fin,  trop  fin,  la  toucher  sur 
le  côté.  On  dit  aussi  prendre  le  fin  d'une  bille. 
([  On  dit  encore  adjectivement  :  Prônez  la  bille  très- 
fine.  Il  19°  S.  m.  Ce  qu'il  y  a  de  décisif,  de  prin- 
cipal. Voilà  qui  est  spirituellement  remarqué,  et 
c'est  prendre  le  fin  des  choses,  mol.  Critique,  se.  7. 
U  faut  être  théologien  pour  en  voir  le  fin,  pasc.  Prov. 
t.  ]|  Ce  qu'il  y  a  de  plus  caché  en  une  affaire.  De 
concert  avec  la  Palatine,  je  leur  fis  voir  le  fin  des 
intentions  de  Monsieur,  retz,  m,  ibO.  ||  Tirer  le  fin 
du  fin,  tirer  d'une  affaire  tout  ce  qui  s'en  peut  sa- 
voir. Il  Savoir  le  fort  et  le  fin  d'un  art,  le  connaître 

parfaitement Tu  sais  de  leur  art  et  le  fort  et  le 

fin,  BOiL.  Sat.  VIII.  Faire  naître  les  conspirations, 
les  étouffer,  c'est  le  fort  et  le  fin  de  la  science  des 
hommes  d'État,  P.  L.  cour.  Lett.  x.  ||  On  dit  de  même  : 
savoir  le  fin.  Je  sais  le  fin  du  jeu.  Sans  avoir  saisi 
le  fin  du  métier,  je  ne  laissai  pas  d'en  prendre  la 
marche  courante,  assez  pour  pouvoir  l'exercer  ron- 
dement, J.  J.  Bouss.  Confess.  viii.  ||  20°  Le  fin  de 
l'autruche,  ce  qu'il  y  a  de  plus  délié  dans  le  plu- 
mage de  l'autruche.  Fin  à  pointes,  les  plumes  les 
plus  noires  de  l'autruche,  les  plus  propres  à  faire 
des  panaches.  ||  Fin  d'once,  fin  de  rame,  fin  bédelin, 
plusieurs  sortes  de  coton  que  l'on  tire  du  Levant. 
Il  21°  Dans  un  langage  très-vulgaire,  la  plus  fine, 
les  excréments,  la  matière  fécale.  Et  dit-on  que  de 
la  plus  fine  Son  brun  visage  fut  lavé.  Cabinet  sat. 
dans  LE  ROUX,  Dict.  comique.  \\  Proverbes.  Fin  con- 
tre fin  n'est  pas  bon  à  faire  doublure,  n'est  pas  bon 
pour  double,  ne  vaut  rien  pour  doublure,  c'est-à- 
dire  il  ne  faut  pas  entreprendre  de  tromper  aussi 
fin  que  soi.  On  dit  dans  le  même  sens  :  U  ne  faut 
pas  mettre  fin  sur  fin.  ||  Il  est  fin  à  dorer,  il  a  beau- 
coup de  finesse,  proprement  il  vaudrait  la  peine 
d'être  doré. 

HlST.  XI"  s.  Diz  muls  chargez  du  plus  fin  or 

d'Arabe,  Ch.  de  Roi.  li.  ||  xii°  s.  Loyaus  amors  et 
fine  et  droituriere,  Couci,  xvin.  S'avec  ces  biens 
[beauté et  courtoisie]  [vousjaccueillcz  felonie,Vostre 
fin  cuer  [vous]  en  feriez  blasmer,  ib.  xxi.  Nule 
chançon  ne  m'agrée  S'el  ne  vient  de  fine  amor,  t6. 
I.  Et  fins  amans  destrois  et  angoissons  Doit  joie 
avoir  par  jugement  d'amors,  16.  va.  Tant  [j']ai  d'a- 
mour mon  fin  cuer  esprouvé  Que  jà  sans  lui  n'au- 
rai joie  certaine,  ib.  xiv.  ||  xiii*  s.  Et  Johannis  fist 
assaillir  la  cité  et  la  prist  par  fine  force,  villeh. 
CLVii.  Mais  ele  par  estoit  de  si  fine  nature....  Berte, 
XLii.  Bertain  [elles]  trouvent  ouvrant  d'oeuvre  très 
fine  et  vraie,  ib.  lviii.  Car  elle  ert  fêtait]  apensée, 
et  bone  et  sage  et  fine,  ib.  lvi.  Et  por  ce  que  fins 
amans  soies,  Voil-je  [veux-je]  et  commans  que  tu 
aies  En  ung  seul  leu  tout  ton  cuer  mis,  la  Rose, 
2249.  Il  XIV"  s.  La  dame  estoit  si  fine  belle.  Que  n'a- 
voit  dame  ne  pucele  Ens  el  païs  qui  l'ateindist  [l'at- 
teignît]. Roman  de  Couci,  v.  6i76.  C'est  celuy,pour 
scavoir  le  fin.  Que  soubs  couleur  d'allégorie  En  se- 
crette  philosophie  Argent  vif  [on  nomme] ,  Traité 
d'alchim.  60.  ||xv"  s.  Amours,  veuillez  moi  confor- 
ter; Regardez  mon  oueur  qui  se  pasme,  Qui  est  tout 
fin  prest  de  flner,  al.  chartier,  Poésies,  p.  79( ,  dans 
LACURNE.  Nous  mourons  de  fine  famine,  Patlielin. 
Vous  en  estes  un  fin  droiet  maistre  [de  tromperie], 
ib.  Le  roy  leut  la  lettre  seul,  et  puis  se  retira  en  une 
garderobbe  tout  fin  seul,  comm.  iv,  5.  Au  long  de  la 
rivière  et  sur  le  fin  bort,  m.  i,  9.  Et  si  estoit  en  fin 
cueur  d'yver,  m.  11,  3.  En  dépit  de  vous,  il  aab- 
batu  vostre  escu  qui  pendoit  à  l'arbre  ;  et  se  vous  à 
autre  qu'à  luy  vous  enprenez,  ce  sera,  dit-il,  fine 
recreantise,  Lancelot  du  Lac,  t.  11,  f°  82,  dans  la- 
cuRNE.  Versez  du  vin,  et  leur  donnez  Du  fin  meil- 
leur.... Recueil  de  farces,  p.  202.  ||  xvi"  s.  [Il]  M'a  ja 
fait  maistresse  passée  [dans  cette  danse]  De  fine 
force,  par  mon  ame.  De  médire  :  tournez,  madame, 
MABOT,  II,  <)0.  Si  en  enfer  il  sçet  quelques  nouvel- 
les De  sa  seurté,  au  fin  fons  il  se  fourre,  lo.  m,  8. 
Si  me  voulez  en  donner  une  bonne  [liaquenée], 
Sçavez  comment  Marot  l'acceptera?  D'aussi  bon 
cueur  comme  la  sienne  [qui  ne  valait  rien]  il  donne 
Au  fin  premier  qui  la  demandera,  id.  m,  20.  Panta- 
gruel, duquel  la  renommée  me  avoyt  icy  attiré  du 
fin  fond  de  l'Angleterre....  rab.  Pant.  11,  20.  Me 
avez  vous  trouvé  en  la  confrairye  des  faultiers?  ja- 
mais, jamais,  on  grand  fin  jamais,  id.  ib.  m,  t  ( . 
S'attendant  qu'elle  auroit  son  petit  picotin  pour  le 
fin  moins,  les  pebiers  ,Conles,  xxxiv.  Les  fines  gents 
remarquent  bien  plus  curieusement  et  plus  de  cho- 
ses MONT.  I,  233.  Il  n'y  a  si  fin  d'entre  nous  qui  ne 
se  laisse  embabouioer  de  cette  contradiction,  m.  i, 
370.  En  Italie,  où  il  y  a  plus  de  beauté  à  vendre  et 
de  la  plus  fine,  id.  m,  B.  Ce  barbare,  qui  aimoit  les 
personnes  fines  et  mauvaises,  avoit  en  admiration 
sa  facilité  de....  amïût,  Aie.  *7.  L'ordinaire  de  nos 


FIN 


1681 


anciens  estoit  d'employer  le  mot  de  fin  pour  bon  en 
toutes  les  occurrences  qui  se  presentoient,  pasquier_ 
Recherches,  p.  756,  dans  lacuhne.  X  fin,  dit^m,  fin 
et  demi,  montluc,  Mém.  t.  i,  p.  tio,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Berry,  fin  premier,  le  premier  de  tous  ; 
tout  fin  seul,  tout  seul;  le  fin  bord  d'un  fossé;  k 
fin  fait,  le  sommet;  provenç.  fin,  fi;  catal.  fi,  es- 
pagn.  portug.  et  ital.  fine.  Il  y  a  dans  le  h.  allem. 
fin,  dans  l'allem.  fein,  fin,  dans  l'anglais  fine,  beau; 
mais,  d'après  Diez,  ces  mots  ont  passé  du  roman 
dans  les  langues  germaniques.  Le  sens  propre  do 
/în  est  parfait,  vrai,  pur:  fin  or,  fine  amor,  fine 
vérité.  Diez  pense  que  fin  provient,  par  apocope, 
du  latin  finitus,  fini,  achevé,  parfait.  Pour  de  pa- 
reils raccourcissements  il  cite  le  provençal  clin  de 
clinatus,  l'espagnol  cuerdo  de  cordalus,  l'italien 
manso  de  mansuetus.  C'est  cette  étymologie  qui  a 
déterminé  la  classification  des  sens  :  l'or  fin,  c'est  l'or 
fini,  parfait;  puis  viennent  les  sens  d'excellence,  de 
perfection;  puis  celui  de  svelte  ;  puis  celui  de  menu, 
délié  ;  puis  figurément  ceux  de  spirituel  et  de  rusé. 

FINAGE  (fi-na-j'),  s.  m.  Terme  d'ancienne  pra- 
tique. Etendue  d'une  juridiction  ou  d'une  paroisse. 
Cette  maison  est  dans  le  finage  de  telle  paroisse. 
Il  Aujourd'hui  il  se  dit  encore,  en  quelques  pro- 
vinces, de  l'étendue  du  territoire  d'une  commune. 

—  HIST.  XV"  s.  Au  regart  et  en  tant  que  toucha 
le  terrouer  et  finaige  du  royaume  de  France,  il  y 
creut  competemment  de  blez,  1.  de  troyes,  Chron. 
U60.  Il  xvi' s.  Restes  blanches  peuvent  estre  me- 
nées [vainpâturer]  si  loin  qu'on  veut,  pourvu  qu'elles 
retournent  de  jour  au  giste,  en  leur  finage,  loysel, 

249. 

—  ÉTYM.  Fini,  dans  le  sens  de  limite,  frontière. 
FINAL,  ALE  (fi-nal,  na-1'),  adj.  \\  1»  Qui  finit,  qui 

est  à  la  fin.  État  final.  Compte  final.  La  syllabe  fi- 
nale d'un  mot.  La  mesure  finale  d'un  air.  {|  Point 
final,  le  point  qui  termine  une  phrase  et  qui  marque 
un  sens  complet.  ||  Populairement.  En  fin  finale, 
finalement,  enfin.  ||  2°  Terme  de  théologie.  Qui  dura 
jusqu'à  la  fin  de  la  vie.  Impénitence  finale.  ||  Fami- 
lièrement. Mourir  dans  l'impénitence  finale,  garder^ 
contre  les  avis,  une  opinion  qu'on  s'est  formée.  U 
est  vrai  que  je  meurs  dans  l'impénitence  finale  sur 
les  testaments  ;  mais  aussi  je  meurs  dans  le  respect 
et  dans  la  reconnaissance  finale  avec  laquelle  j'ai 
l'honneur  d'être,  volt.  Lett.  Mme  d'Aiguillon,  tt 
oct.  (771.  Il  3°  Cause  finale,  le  but  qu'on  se  propose. 
La  gloire  de  Dieu  doit  être  la  cause  finale  de  toutes 
nos  actions,  Dict.  de  l'Acad.  \\  Particulièrement, 
dans  le  langage  de  la  philosophie,  cause  finale,  la  fin, 
la  destination  dernière  des  choses  et,  par  consé- 
quent, l'objet  pour  lequel  elles  sont  faites.  Newton 
croyait  aux  causes  finales;  j'ose  y  croire  comme  lui; 
car  enfin  la  lumière  sert  à  nos  yeux,  et  nos  yeux 
semblent  faits  pour  elle,  volt.  Lett.  Dionis,  1 8  janv. 
H77S.  J'avoue  qu'une  raison  tirée  des  causes  finales 
n'étiiblira  ni  ne  détruira  jamais  un  système  en  phy- 
sique, BUFF.  Animaux,  Svst.  de  la  génération.  La 
nature  est  bien  éloignée  de  s'assujettira  des  causes 
finales  dans  la  composition  des  êtres,  id.  Coihon. 
Quelques  partisans  des  causes  finales  ont  imaginé 
que  la  lune  avait  été  donnée  à  la  terre  pour  l'é- 
clairer pendant  les  nuits,  laplace,  Exp.  iv,  5.  |1  La 
doctrine  des  causes  finales,  celle  qui  prétend  assi- 
gner l'objet  spécial  que  la  divinité  s'est  proposé 
dans  la  création  de  chaque  être.  ||  4°  S.  f.  La  der- 
nière syllabe  d'un  mot.  La  finale  est  longue,  brève. 
Il  La  dernière  partie  d'un  son.  [Les  pétrels  da- 
miers] faisant  entendre  leur  voix  aigre  et  eu- 
rouée,  dont  la  finale  a  quelque  chose  du  cri  du 
goéland,  buff.  Ois.  t.  xvii,  p.  445,  dans  pougens. 
Il  Terme  de  musique.  La  principale  corde  du 
mode,  sur  laquelle  un  morceau  doit  finir;  on  l'ap- 
pelle aussi  tonique.  ||  Terme  de  plain-chant.  Note 
sur  laquelle  se  termine  une  antienne,  une  hymne 
ou  un  autre  morceau.  ||  Terme  de  danse.  La  cin- 
quième et  dernière  figure  du  quadrille  ordinaire. 
Cette  figure  se  compose  ainsi  :  <°  Les  deux  couples 
vis-à-vis  traversent  et  retraversent  en  pas  de  galop 
(8  mesures)  ;  2°  ils  font  en  avant  quatre  et  eu  ar- 
rière, même  pas  (4  mesures)  ;  3°  en  avant  quatre  et 
en  arrière  en  changeant  de  dames  (4  mesures)  ; 
4°  chaîne  des  dames  (  8  mesures  )  ;  6°  et  6°  on  re- 
commence les  2°  et  3°  (8  mesures)  ;  7°  pour  finir, 
grand  rond  en  pas  de  galop.  —  La  finale  se  dansait 
différemment  il  y  a  trente  ans.  On  commençait  par 
un  chassez-croisez  exécuté  par  les  deux  couples 
vis-à-vis;  après  quoi  on  dansait  la  figure  de  l'été  ; 
cela  se  répétait  quatre  fois;  pour  finir  on  faisait  ua 
chassez-huit.  ||  Final  fait  au  mascuUn  pluriel  finals  : 
sons  finals. 

—  HIST.  xiii*  S.  Chascune  ars  a  tine  final  chose 

i  —m 


1682 


FIN 


qui  adresce  ses  œvres,  BnuN.  latini,  Trdsor,  p.  267. 
Il  XIV"  s.  liiclicssos  uo  sont  pas  le  bien  final,  lequel 
l'en  quiert  pour  lui  œeismc,  oresmb,  Eth.  vi  (10). 
IJxv*  s.  Et  repondit  [lo  comte  de  Flandre]  que....  il 
envoyeroit  i  Tournay  par  son  conseil  hastivement 
réponse  finale,  fboiss.  u,  li,  150.  Et  repeurent, 
pour  fin  finalle,  De  ce  qui  cstoit  appresté,  vili-on, 
la  Repue  de  Uontfaucon.  \\  xvi*  s.  La  destruction 
finale  ds  Carthage,  amyot,  Caton,  53. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  /wioJ;  ital.  finale; 
du  latin  finalis,  de  finis,  fin  (voy.  fin  i). 

FINALE  (fi-na-l'),*.  m.  Terme  de  musique.  Mor- 
ceau d'ensemble  qui  termine  un  acte  d'opéra.  Ce  fi- 
nale produit  un  bel  effet.  ||  On  dit  de  môme  finale  de 
symphonie,  finale  de  sonate.  |{  Au  plur.  Des  finales. 

—  ETYM.  Ital.  finale  (Toy.  final). 
FINALEMENT  (fi-na-le-man),  adv.  Pour  en  finir, 

en  dernier  résultat.  Il  est  convenu  finalement  qu'il 
avait  tort. 

—  lilST.  xiY"  s.  Finalment  lui  et  aucuns  autres 
avoient  esté  mors  [tués],  berchïube,  f-  65,  recto. 
Il  XVI*  s.   Finalement  croi  la  rie  éternelle,  uarot, 

V,  342. 

—  ÉTYM.  Finale,  et  le  suffixe  ment  ;  Berry,  finor 
blemeni;  provenç.  finalment;  espagn.  et  ital.  final- 
mente.  Au  xii*  et  au  xiu"  siècle,  on  disait  finable- 
ment,  qui  s'est  conservé  jusque  dans  le  xvi'. 

t  FINALISTE  (fi-pa-li-sf),  s.  m.  Terme  de  philo- 
sophie. Partisan  de  la  doctrine  des  causes  finales. 

—  ÉTYM.  Final. 

t  FINALITÉ  (fi-na-li-té),  s.  f.  Terme  de  philoso- 
phie. Doctrine  d'après  laquelle  on  admet  que  rien 
n'est  et  ne  se  fait  que  pour  une  fin  voulue  et  déter- 
minée. 

—  ÊTYM.  Lat.  finalitatem  (qui  ne  signifie  que 
désinence,  terminaison),  de  finalis,  final. 

FINANCE  (fi-nan-s'),  s.  f.  ||  1°  Argent  comptant. 
Il  faut  que  la  finance  joue;  Autrement  elles  font 
la  moue  Aux  amants  qu'elles  ont  vaincus,  mainahd, 
Épigr.  dans  riciielet.  Que  si  ma  dernière  ordon- 
nance Ne  me  produit  quelque  finance.  Que  ferai-je 
sans  ton  secours  ?  boisrobeht,  Épit.  xii,  dans  ri- 
CHELET.  Mais  de  ce  grand  sénat  les  saintes  ordon- 
nances Eussent  peu  fait  pour  nous,  seigneur,  sans 
T03  finances,  corn.  Pomp.  m,  2.  Un  pince-maille 
avait  tant  amassé  Qu'il  ne  savait  oii  loger  sa  fi- 
nance, LA  Font.  Fabl.  x,  5.  Quoi  I  après  la  figure 
que  nousavons  faite....  plier  bagage,comme  des  cro- 
quants, au  premier  épuisemeut  de  finance  I  hamilt. 
Gramm.  2.  ||  il  est  familier  en  ce  sens.  ||  2°  Autre- 
fois, somme  d'argent,  qui  se  payait  au  roi,  soit  pour 
la  levée  d'une  charge,  soit  pour  quelque  droit  im- 
posé. Acheter,  vendre  une  charge  sur  le  pied  de 
la  finance.  Une  charge  de  cent  mille  livres  de  fi- 
nance. Il  3°  Au  plur.  L'état  de  la  fortune,  les  res- 
sources pécuniaires  d'une  personne.  Il  est  mal  dans 
ses  finances.  ||  Il  est  familier  en  cet  emploi.  ||  4"  Au 
plur.  Les  recettes  et  les  dépenses  de  l'État.  Loi 
des  finances.  Le  ministre  des  finances.  Pour  nous, 
il  est  impossible  que  nous  ayons  jamais  de  règles 
dans  nos  finances,  parce  que  nous  savons  toujours 
que  nous  ferons  quelque  chose,  et  jamais  ce  que 
nous  ferons,  montes^.  Esp.  xiii,  (5.  Cette  seule 
réflexion  peut  faire  comprendre  que  le  ministère 
des  finances  est  aujourd'hui  cent  fois  plus  difficile 
qu'il  ne  le  fut  du  temps  de  Colbert,  volt.  l'ol.  et  U- 
gisl.  Édits  de  S.  M.  Louis  XYl.  Je  l'avoue  à  la  honte 
de  ma  première  école,  ce  fut  ce  livre  d'Adam  Smith, 
encore  si  peu  connu  et  déjà  décrié  par  l'admini- 
stration à  laquelle  j'avais  appartenu,  cjui  me  fit 
mieux  apprécier  la  multitude  de  points  de  contact 
par  lesquels  les  finances  publiques  atteignent  cha- 
que famille;  ce  qui  leur  fait  trouver  des  juges  dans 
chaque  foyer,  mollien,  Mim.  d'un  ministre  du  trésor 
public,  I,  9.  Il  Se  dit  de  l'admmislration  qui  régit  les 
deniers  de  l'État.  Employé  aux  finances.  ||  Surin- 
tendant des  finances,  contrôleur  général  des  finan- 
ces, intendant  des  finances,  nom  donné,  dans 
l'ancienne  monarchie,  à  des  employés  supérieurs 
dans  les  finances.  ||  On  disait  de  même  :  le  bureau 
des  finances,  le  conseil  royal  des  finances.  ||  6°  Au 
plur.  L'art  d'établir  et  de  régir  le  trésor  public.  11 
sait  bien  les  finances.  ||  Il  se  dit  aussi  en  ce  sens  au 
singulier.  La  finance  était  alors,  comme  la  physique, 
une  science  de  vaines  conjecture.a,  volt.  Louis  X[V, 
30.  Il  Esprit  de  finance,  tendance  qu'ont  les  admi- 
nistrations publiques  à  accroître  les  impôts.  Elle  en- 
tretient [chez  les  contribuables]  cette  défiance,  et, 
s'il  faut  le  dire,  cette  firiponnerie  que  l'esprit  de  fi- 
nance a  fait  naître  dans  toutes  nos  législations  mo- 
dernes entre  l'État  et  le  citoyen,  raynal,  Ilist.  phil. 
xiv,  23.  Il  6»  Il  se  dit  de  ceux  qui  manient  les  reve- 
nus de  l'Eut,  ou  de  ceus   -^,  iont  do  grandes  affai- 


res  d'argent,  lianquiers  ou  tipitalisles.  Un  homme 
do  finance.  Entrer  dans  la  finance.  Vous  qui  dédiez 
i  messieurs  les  gens  de  finance  De  méchants  li- 
vres bien  payés,  la  font.  Fabl.  vin,  (9.  Les  gran- 
des places  de  finance  valent  i  la  fois  le  Pactole  et 

10  Létbé,  duclos.  Morceaux  hist.  OICuv.  t.  x,  p.  241, 
dans  POUGENS.  De  tout  temps  la  finance  fut  nuisible 
au  commerce,  et  dévora  le  sein  qui  la  nourrit,  ray- 
nal, Uist.  phil.  xii,  30.  Il  La  haute  finance,  le»  ban- 
quiers, les  grands  capitalistes.  |1  Les  femmes  de 
finance,  les  femmes  des  financiers.  Ces  femmes  de 
finance  avaient  des  toilettes  du  meilleur  goût.... 
c'est  scandaleux,  picard.  Trois  quartiers,   m,  (. 

11  7°  Matières,  affaires  de  finance,  matières,  affaires 
relatives  aux  finances.  ||  Style  de  finance,  termes  de 
finance,  etc.  style,  termes  employés  dans  les  matiè- 
res de  finance.  ||  Chiffre  de  finance,  le  chiffre  ro- 
main un  peu  modifié;  on  y  emploie  le  caractère  ro- 
main ou  l'italique  à  la  place  des  capitales,  et  le  Ei  à 
la  place  du  v.  ||  Écriture  de  finance,  écriture  en 
lettres  rondes.  ||  Terme  de  typographie.  Caractère 
de  finance,  caractère  imitant  l'écriture  ordinaire. 

—  HIST.  xiii*  8.  Quant  on  voloit  aucun  contrain- 
dre de  venir  avant  par  gardes,  il  n'i  voloit  venir, 
por  legiere  finance  qu'il  fesoit  au  serjant,  beaum. 
Liv,  H .  Il  xiv*  s.  Se  je  n'ai  de  l'argent  à  ma  division 
[à  ma  volonté],  Ouerre  me  faut  finance,  et  il  y  a 
raison,  Guescl.  <26il.  ||  xvs.  Et  tousjours gagnoiont 
povres  brigands  à  dérober  et  pilier  villes  et  chas- 
teaux,  et  y  conqueroient  si  grant  avoir  que  c'estoit 
merveille,  et  devenoient  les  uns  si  riches,  par  espe- 
cial  ceux  qui  se  faisoient  maistres  et  capitaines  des 
autres  brigands,  que  il  y  en  avoit  de  tels  qui  avoient 
bien  les  finances  de  soixante  mille  escus,  froiss.  i, 
I,  324.  Messire  Thomas  Felleton  [fait  prisonnier] 
lut  mis  à  finance  de  son  maistre  messire  Jean  de 
Lignac,  à  qui  il  paya  trente  mille  francs,  ID.  ii,  ii, 
8.  Pour  avoir  mené  de  Lille  à  Valenciennes,  en  deux 
panniers,  sur  ung  cheval,  certains  joyaux  apparte- 
nant à  monseigneur  [le  duc  de  Bourgogne]  pour  sur 
iceuk  fiire  finances  [emprunter  dessus],  labohde. 
Émaux,  p.  317. 

—  ÊTYiM.  Berry,  fignanee;  proTanç.  finanta;  ital. 
finama.  Finance  a  eu  aussi  le  sens  de  fin,  de  termi- 
naison :  Poi  après  prist  par  mort  finance  Jehane.... 
G.  guiart,  t.  Il,  p.  480,  V.  )2504  (24  487).  C'est  aussi 
le  sons  primordial  dans  finance,  argent.  Il  vient  de 
l'ancien  verbe  finer  qui  signifiait  finir,  terminer, 
conclure  en  général,  et,  dans  un  sens  restreint,  finir 
une  affaire,  terminer  un  différend  moyennant  ar- 
gent (voy.  FINANCER  à  l'étymologie). 

FINANCÉ,  ÉE  (fi-nan-sé,  sée) ,  part,  passé.  Payé 
au  roi  pour  l'acquisition  d'une  charge.  Une  somme 
financée. 

FINANCER  (fl-nan-sé.  Le  c  p«end  une  cédille  de- 
vant a  ou  0  :  finançant,  finançons).  ||  i"  V.  n.  Terme 
familier.  Fournir,  débourser  de  l'argent,  avec  l'idée 
qu'on  paye  ou  trop  ou  malgré  soi.  Moi-même,  si 
j'avais  le  malheur  d'être  entre  les  griffes  de  la 
justice,  je  ne  pourrais  m'en  tirer  qu'en  finançant, 
LESAC.F.,  Diable  boit.  chap.  7.11s  [les  Juifs]  ont  tou- 
jours financé  pour  obtenir  la  permission  d'avoir  des 
synagogues,  volt.  Déf.  de Bolingbroke,  29.  ||  2»  Y.  a. 
Anciennement,  fournir  au  roi  de  l'argent  pour  une 
charge ,  un  droit.  Rouillé  remit  à  Desmarots  sa 
place  de  directeur  des  finances  en  lui  remboursant 
800  000  livres  qu'il  avait  financées  pour  cette  charge, 

ST-SIM.  424,  409. 

—  ËTYM.  Finance.  L'ancienne  langue  employait 
finer  qui  provenait  du  latin  finis  et  signifiait  pro- 
prement terminer,  d'où  le  sens  de  payer  une  somme 
d'argent  et  de  fournir.  Le  participe  était  finant, 
d'où  finance,  comme  de  croyant,  croyance,  d'extra- 
vagant, extravagance,  etc. 

(.FINANCIER  (fi-nansié;  l'r  ne  se  lie  jamais; 
au  pluriel,  l'sse  lie  :  des  fi-nan-sié-z  enrichis),  s.  m. 
Il  1°  Celui  qui  fait  des  opérations  de  banque,  de 
grandes  affaires  d'argent.  Insensiblement  Babouc  fai- 
sait griice  à  l'avidité  du  financier,  qui  n'est  pas  au  fond 
plus  avide  que  les  autres fiommes,  et  qui  est  néces- 
saire, VOLT.  Dabouc.  Il  était  aisé  que  la  mallôtfi  ro- 
maine tombât  d'elloméme  dans  la  monarchie  des 
Francs;  c'était  un  art  très-compliqué  et  qui  n'entrait 
ni  dans  les  idées  ni  dans  les  plans  de  ces  peuples 
simples  ;  si  les  Tartares  inondaient  aujourd'hui 
l'Europe,  il  faudrait  bien  des  affaires  pour  leur 
faire  entendre  ce  que  c'est  qu'un  financier  parmi 
nous,  HONTESQ.  f.vp.  XXX,  43.  jj  II  se  dit  aussi  de 
ceux  qui  manient  les  deniers  de  l'État.  ||  l' Il  s'est 
dit  autrefois  de  ceiu  qui  avaient  la  ferma  ou  la  ré- 
gie des  droits  du  roi.  Si  le  financier  manque  son 
coup,  les  courtisans  disent  de  lui  :  c'est  un  bour- 
geois, un  homme  de  rien,  tin  malotru  ;  s'il  réussit, 


ils  lui  demandent  sa  fille,  la  hHur.  vi.  M.  de  la  Po- 
pelinlèie  n'était  pas  le  plus  riche  des  financiers, 
mais  il  en  était  le  plus  fastuetu,  harmomtkl,  Mim. 
IV.  Il  3°  Celui  qui  entend  les  affaires  de  finance. 
L'évêque  de  Paris  Gondi,  qui  se  croyait  un  grand 
financier,  parce  qu'il  avait  beaucoup  d'argent  et 
qu'il  n'en  dépensait  guère,  volt.  Utt.  Vaines,  30 
mars  i77().  ||  4°  Familièrement.  Homme  opulent. 
C'est  un  financier,  un  gros  financier.  Le  savetier 
alors  en  chantant  s'éveillait;  Et  le  financier  se 
plaignait  Que  les  soins  de  la  Providence  N'eussent 
pas  au  marché  fait  vendre  le  dormir,  la  font.  F<û>l. 
viij,  2.  Il  On  dit  aussi  :  Il  est  riche  comme  un  finan- 
cier. Il  6°  Terme  de  théâtre.  Comédien  qui  joue  les 
Kiles  de  financier,  ceux  dans  lesquels  il  faut  de  la  ron- 
deur et  du  laisser-aller,  avec  une  certaine  morgue. 

—  hist.  XV"  s.  Et  dame  qui  est  financhiere  [qui 
fournit]  De  tous  les  biens  de  mon  pourpris,  u.. 
chartier,  Œuvres,  p.  764.  Les  grands  et  generaiu 
financiers  à  l'entrée  de  Charles  VIII  à  Florence,  en 
4  494,  ANDRÉ  DE  LA  VIGNE,  Voyage  de  Naples,  p.  n», 
dans  LACURNE.  Il  xv:'  s.  Pour  estre  advocat  ou  finan- 
cier, il  n'en  faut  pas  mescognoistre  la  fourbe  qu'il  y 
a  en  telles  vacations;  un  honneste  homme  n'est  pas 
comptable  du  vice  ou  sottise  de  son  mestier,  hont. 

IV,  4  68. 

—  ÉTYM.  Finance. 

2.  FINANCIER,  1ÈRE  (fl-nan-sié,  siè-r"),  adj. 
Il  1*  Qui  a  rapport  aux  finances.  Système  financier. 
Opérations  financières.  Désordres  financiers.  ||  Divi- 
sion financière,  circonscription  établie  pour  la  per- 
ception des  impôts.  ||  Oui  est  propre  aux  gens  de 
finances.  Morgue  financière,  saukin,  dans  le  Vict. 
de  poitevin.  ||  Écriture  financière ,  écriture  en  let- 
tres rondes.  ||  Terme  d'imprimerie.  Lettre  finan- 
cière, sorte  de  caractère  rond.  ||  Chiffres  financiers, 
petits  chiffres  romains.  ||  2°  S.  f.  Terme  de  cui- 
sine. Financière  :  si  vous  mêlez  des  crêtes  et  ro- 
gnons de  coq  avec  des  quenelles,  des  champignons, 
des  truffes  par  tranches,  des  fonds  d'artichauts  par 
petits  morceaux,  des  ris  de  veau  ou  des  foies  de 
volailles,  le  tout  cuit  à  point  et  préparé  comme 
les  ragoûts  mêlés,  cela  s'appelle  une  financière,  la 
Cuisinière  de  la  campagne  et  de  la  ville,  p.  456. 
Il  On  dit  de  même  :  Vol-au-vent  à  la  financière,  cô- 
telettes à  la  financière ,  fricassée  de  poulet  à  la  fi- 
nancière, etc.  Il  Cette  locution  est  probablement  née 
au  4  8*  siècle,  à  l'époque  où  les  financiers  se  signa- 
lèrent par  le  luxe  de  leur  tabla. 

—  ÉTYM.  Finance. 

t  FINANCIÈREMENT  (fi-nan-siê-ro-man),  ad».  En 
matière  de  finances.  ||  X  la  manière  des  financiers. 

—  ÉTYM.  Financière,  et  le  suffixe  ment. 
FINASSER  (fi-na-sé),  V.  n.  Terme  familier.  User 

de  mauvaises  finesses.  Il  a  beaucoup  fin.issé  avec 
moi.  C'est  partrop  fina-sseraussi,  mariv. Préj.  vaincu, 
80.  8.  Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  aïoir. 

—  ÉTYM.  Fin  i,   avec  la  finale  péjorative  asst. 
FINASSERIE  (fi-na-se-rie) ,  i.  f.  Terme  familier. 

Petite  ou  mauvaise  finesse. 

—  ÉTYM.  Finasser. 

FINASSEUR,  EUSE  (fi-na-seuT,  seû-i"),  ».  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  finasse. 

—  KTYM.  Finasser. 

t  FINASSIER,  1ÈRE  (fi-na-sié,  siè-r'),  t.  m  et  f 
Celui,  celle  qui  emploie  des  finasseries,  {j  Adj.  Un 
caractère  finassier. 

—  ÉTYM.  Finasser. 

f  FINÂTRE  (fi-nâ-lr'),  t.  f.  Soie  de  mauvaise  qua- 
lité. 

FINACD,  AUDE  (fi-nfl,  nônl'),  adj.  Terme  fami- 
lier et  en  mauvaise  part.  Qui  a  une  finesse  dont  il 
est  bon  de  se  défier.  Un  paysan  finaud,  jj  Substanti- 
vement. C'est  un  finaud. 

—  ÊTYM.  Dérivé  de /in.  a. 

FINEMENT  (fi-ne-man),  odi).  ||  1*  D'une  façon 
fine,  avec  élégance  et  délicatesse.  Un  buste  fine- 
ment modelé.  Une  broderie  finement  faite.  ||  2"  D'une 
façon  menue,  fine,  déliée.  Du  lin  filé  finement.  Leur 
bec  droit,  conique,  est  un  peu  crochu  à  son  extré- 
mité et  les  bords  sont  finement  dentelés,  uvrr.  Ois. 
t.  XVI,  p.  4  60,  dans  pouokns.  Le  croupion  et  les  cou- 
vertures supérieures  de  la  queue  jaunes,  rayées  fine- 
ment de  brun,  m.  ib.  t.  vui,  p.  52.  ||  Fig.  Peu  t 
peu.  Il  [le  temps]  nous  dérobe  si  subtilement  que 
nous  ne  sentons  pas  son  larcin;  il  nous  mène  si 
finement  aux  extrémités  opposées,  que  nous  y  arri- 
vons sans  y  penser,  Doss.  *•  sermon.  Carême,  fi- 
nit, s.  Il  3*  U  se  dit  des  sens.  Ce  thjthmo  fait 
pour  être  finement  senti  par  un  organe  délia»;, 
et  non  pour  être  marqué  à  grand  bruit  par  un 
bâton  d'orchestre,  blff.  Ois.  l.  ix,  p.  4»«,  d&ni 
P0UGEI4S.  Il  4*  Aveo  un  esprit  délicat  et  subtil 


FIN 

Un  autre  refrogné,  rêveur  mélancolique,  Parle  si 
finement  que  l'on  ne  l'entend  pas,  béonieh,  Sat. 
H.  On  s'y  fait  [à  la  cour]  une  manière  d'esprit  qui, 
sans  comparaison,  juge  plus  finement  des  choses 
que  tout  le  savoir  enrouillé  des  pédants,  mol.  Criti- 
que, 7.  Il  faut  que  je  le  sonde  finement,  lksage, 
Crispin  rival  de  son  maître,  se.  <l.  ||  5"  Avec  adresse, 

avec  ruse.  Il   l'a  attrapé  bien  finement Vous 

m'apprenez  que  dans  cette  visite  Vous  jouiez  fine- 
ment le  rOle  d'hypocrite,  hauterociie,  Appar.tromp. 
I,  2.  Le  dessein  de  ceux  qui  poursuivent  ces  nou- 
velles protestations  qu'on  nous  demande,  n'est  au- 
tre que  de  renverser  finement  les  maximes  fonda- 
mentales de  cet  État,  PASC.  Prov.  to.  L'amour  n'est 
plus  qu'un  jeu,  qu'un  simple  amusement.  Où  l'on 
est  convenu  de  tromper  finement,  eoiss.  Deh.  troinp. 
III,  i. 

—  HIST.  xii*  s.  Et  si  [je]  vous  aim,  dame,  tant 
finement.  Que  por  autre  [je]  ne  puis  estre  amoreus. 
Coud,  vu.  Dune  dist  la  mère  :  Or  le  sai  finement 
[vraiment]  que  tu  es  huem  Deu  e  que  en  ta  bûche 
est  la  veraie  parole  nostre  Seignur,    2ioîS,p.  ai2. 

Il  XVI'  s Ceulx  qui  ne  font  mal  aucun  qu'ils  ne 

facent  passer  devant  quelque  joly  propos  du  bien 
commun;  car  vous  sçavez  bien  le  formulaire  du- 
quel en  quelques  endroicts  ils  pourroient  user  as- 
sez finement,  la  boétie,  Servitude  volontaire. 

—  ÉTYM.  Fine,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  firta- 
men  ;  espagn.  et  ital.  flnamente. 

I  FINE-METAL  (fay-n'-mé-tal  ;  c'est  la  pronon- 
ciation anglaise  conservée),  s.  m.  Fonte  refroidie 
au  moyen  de  l'eau  après  avoir  subi  une  grande 
épuration  dans  la  finerie. 

—  ÉTYM.  Angl.  fine,  beau  (voy.  pin  2),  et  métal. 
t  FINEIUE  (fi-ne-rie),  s. /'.  Fourneau  qui  sert  à 

l'aftinage  de  la  fonte  à  la  houille.  ||  Usine  d'affinage. 

—  ÊTYM.  Fin  2. 

f  FINES  (fi-n'),  s.f.  Nom  donné  dans  les  houil- 
lères du  Nord  à  la  houille  menue. 

FINESSE  (fi-nè-s'),  s.  f.  \\  1"  Qualité  de  ce  qui  est 
fin,  c'est-à-dire  de  ce  qui  a  le  caractère  d'une  élé- 
gante délicatesse.  Il  y  a  beaucoup  de  finesse  dans 
cette  plaisanterie.  Réponse  pleine  de  finesse.  Fi- 
nesse de  vues,  d'aperçus.  Jamais  Lanjotte  n'aura  ce 
style,  disaient-ils  ;  quelle  finesse  et  quelle  grilce  I 
on  reconnaît  la  Fontaine  à  chaque  mot;  la  fable 
était  de  Lamotte,  volt.  ifél.  littér.  à  M.  de  La- 
harpe.  Il  î"  Il  se  dit  de  ce  qui  a  une  form'e  délicate 
et  élégante.  La  finesse  des  contours  dans  une 
figure,  dans  un  dessin.  La  tête  a  aussi  plus  de 
finesse;  ce  qui  lui  rend  la  physionomie  agréable, 
BUFF.  Quadrup.  t.  xii,  p.  109,  dans  pougens.  C'é- 
tait la  belle  Desfourniels  qui,  pour  la  régularité, 
la  délicatesse  des  traits  et  leur  finesse  inimita- 
ble, était  le  désespoir  des  plus  habiles  peintres, 
MARMONTEL,  Mém.  iii.  ||  Terme  de  sculpture,  de 
peinture  et  de  gravure.  Finesse  de  ciseau ,  de 
pinceau,  de  burin,  manière  délicate  et  gracieuse 
de  sculpter,  de  peindre,  de  graver.  Elle  est  sans 
finesse....  mais  tant  mieux....  oui,  mais  j'entends 
sans  finesse  de  pinceau,  dideb.  Salon  de  iliii, 
ijiuv.  t.  m,  p.  34a,  dans  pougens.  ||  Finesses  de 
touche,  finesses  de  ton,  effets  de  touche,  de  ton,  re- 
marquables par  leur  grilce  et  leur  délicitesse.  ||  Qua- 
lité de  ce  qui  est  svelte  et  élégant.  La  finesse  de  la 
taille.  Il  3°  Qualitéde  ce  qui  est  fin,  délié,  menu.  Du 
linge  d'une  grande  finesse.  La  finesse  des  cheveux, 
d'une  dentelle.  ||  4°  Subtilité  des  sens.  Il  a  l'ouïe 
d'une  grande  finesse.  ||  B°  Qualité  qui  fait  que  l'es- 
prit, par  la  délicatesse,  saisit  et  perçoit  les  choses 
fines.  La  finesse  du  jugement.  La  finesse  du  goût.  La 
grJce  et  la  finesse  delà  Fontaine.  Le  mot  de  finesse 
ne  saurait  non  plus  l'avoir  lâché  en  l'endroit  où  il 
est;  il  ne  signifie  autre  chose  qu'adresse,  que  science, 
que  subtilité,  Balzac,  Lettres,  i,  4,  dans  bichelet. 
Le  sage  nous  avertit  que  la  vraie  finesse  est  de  bien 
connaître  non  la  voie  des  autres,  mais  sa  voie  pro- 
pre, NICOLE,  Ess.  mor.  2'  traité,  chap.  5 Pour 

dire  un  mot  faut-il  tant  de  finesse  ?  mol.  Tart.  i,  6. 
[L'esprit]  C'est  une  finesse  de  raison  qui  s'évapore, 
et  qui  est  d'autant  plus  faible  et  plus  sujette  à  s'é- 
vanouir qu'elle  est  plus  délicate  et  plus  épurée,  flé- 
CHiER,  Mme  de  Montausier.  Dans  la  conduite,  finesse 
exprimetoujours,  comme  dansles arts,  quelque  chose 
de  délié,  volt.  Dict.  phil.  Finesse.  Par  une  grande 
finesse  de  discernement,  on  distinguera  les  pensées 
stériles  des  pensées  fécondes,  bufp.  Disc,  de  récep- 
tion. La  finesse  semble  être  la  qualité  dominante  de 
son  esprit  ;  mais  il  l'a  portée  à  un  si  haut  degré,  il 
l'a  si  heureusement  employée,  et  elle  l'a  si  bien 
servi  que  cette  qualité  prend  chez  lui  un  caractère 
de  grandeur,  et  produit  ce  sentiment  d'admiration  et 
d'étonnement  qui  semble  réservé  aax  prodiges  qu'en- 


FIN 

fantent  la  fore»  et  la  profondeur  du  génie,  condor- 
cet,  Damei  Bernouïit.  Il  Absolument,  finesse  se  dit 
pour  finesse  d'esprit.  Sa  physionomie  exprime  la  fi- 
nesse. La  finesse  imagine  au  lieu  de  voir;  à  force  de 
supposer  elle  se  trompe,  duclos,  Consid.  mœurs, 
chap.  13.  Il  Parole,  action  qui  dénote  de  la  finesse. 
Gardez-vous  bien  d'jmiter  ces  personnes  qui  appla\i- 
disscut  aux  enfants  lorsqu'ils  ont  marqué  de  l'esprit 
par  quelque  finesse,  fénel.  Éduc.  des  filles,  chap.  o. 
Il  Entendre  finesse  à  quelque  chose,  y  donner  un 
sens  fin  et  quelquefois  malin,  en  tout  cas  ne  pas  la 
prendre  dans  le  sens  qui  se  présente.  Nous  le  ver- 
rions pendre  que  nous  y  entendrions  encore  quel- 
que finesse,  SÉV.  301.  Ceux  qui  n'y  entendaient 
point  de  finesse....  hamilt.  Gramm.  ^o.  On  inspire 
la  défiance  en  employant  toujours  la  finesse  ;  on  se 
trompe  presque  toujours  en  entendant  finesse  à  tout, 
volt.  Dict.  phil.  Finesse.  Ils  sont  au  comble  de  l'es- 
prit, lorsqu'ils  savent  entendre  finesse  à  tout,  mon- 
tesq.  Leit.  pers.  82.  ||  On  dit  de  même  :  chercher 
finesse  à  une  chose.  I!  ne  faut  pas  chercher  de  fi- 
nesse à  ce  queje  vous  dis.  ||  N'y  pas  savoir  de  finesse, 
ne  pas  vouloir  tromper,  faire  illusion.  Il  y  en  a  parmi 
eux  [les  médecins]  ([ui  sont  eux-mêmes  dans  l'er- 
reur populaire,  dont  ils  profitent;  et  d'autres  qui  en 
profitent  sans  y  être;  votre  monsieur  Purgon,  par 
exemple,  n'y  sait  point  de  finesse  ;  c'est  un  homme 
tout  médecin,  depuis  la  tète  jusqu'aux  pieds,  mol. 
mal.  imag.  m,  3.  Moi,  je  n'y  sais  point  de  finesse  ; 
j'avertis  qu'elle  finira  une  heure  au  moins  plus  tôt 
qu'une  autre  pièce,  bégnard,  Fol.  amour.  Prol. 
Il  Faire  finesse  d'une  chose,  ou,  simplement,  faire 
finesse,  cacher,  dissimuler  ce  qu'on  ne  devrait  pas 
dissimuler.  Nous  n'avions  point  dessein  de  vous 
faire  de  finesse,  sév.  249.  Je  n'en  ai  pas  fait  de  fi- 
nesse à  monsieur  le  chevalier,  id.  631.  Je  ne  vou- 
drais pas  faire  finesse  de  tout,  boss.  Lett.  abb.  247. 
Il  6"  Il  se  dit  de  la  chose  même  qui  est  difficile  à 
saisir,  à  sentir.  On  m*a  prêté  un  exemplaire  des  re- 
marques de  M.  de  Vaugelas  avec  des  notes  écrites 
de  la  main  de  feu  M.  Chapelain,  à  qui  aucune  finesse 
de  notre  langue  n'était  inconnue,  vaugelas.  Rem. 
not.  Th.  Corn.  t.  i,  p.  40,  dans  pougens.  Presque 
personne  ne  savait  les  finesses  de  la  versification 
[avant  Racine],  volt.  Dict.  phil.  Art  dramat.  Il 
[Aristote]  veut  que  l'orateur  connaisse  les  passions 
des  hommes  et  les  mœurs,  les  humeurs  de  chaque 
condition;  je  ne  crois  pas  qu'il  y  ait  une  seule 
finesse  de  l'art  qui  lui  échappe,  id.  ib.  Aristote. 
Les  finesses  de  l'art  sont  rarement  dues  aux  pre- 
miers inventeurs,  id.  Newton,  ii,  9.  |[  7"  Super- 
cherie, ruse.  Enfin  j'ai  vu  le  monde  et  j'en  sais  les 
finesses,  mol.  Ëc.  des  femmes,  iv,  6.  Je  vous  ai  soup- 
çonnée de  finesse  ;  je  suis  bien  aise  de  m'ètre 
trompée,  maintknon,  Lett.  à  Kme  de  la  Vief- 
ville,  23  fév.  1706.  La  finesse  est  l'occasion  pro- 
chaine de  la  fourberie  ;  de  l'une  à  l'autre  le  pas  est 
glissant,  LA  bruy.  viii.  Avec  les  gens  qui  par 
finesse  écoutent  tout  et  parlent  peu,  parlez  encore 
moins;  ou,  si  vous  parlez  beaucoup,  dites  peu  de 
chose,  id.  Elles  [les  filles]  estiment  la  finesse;  et 
comment  ne  l'estimeraient-elles  pas,  puisqu'elles  ne 
connaissent  pas  de  meilleure  prudence?  fénelon, 
Éduc.  filles,  ch.  9.  La  finesse  est  un  mensonge  en 
action  ;  et  le  mensonge  part  toujours  de  la  crainte 
ou  -de  l'intérêt,  et  par  conséquent  de  la  bassesse, 
DucLOS,  Consid.  mœurs,  ch.  (3.  Il  [Louis  XI]  in- 
troduisait trop  souvent  dans  la  politique  la  finesse, 
qui  la  supplée  rarement  et  qui  l'avilit  toujours,  iD. 
Hist.  de  Louis  XI,  Œuvres,  t.  m,  p.  367,  dans 
pougens.  La  finesse  n'a  jamais  réussi  à  personne 
dans  les  grandes  choses,  volt.  Lett.  Catherine, 
21  .sept.  1770.  Il  Acte  de  finesse,  de  ruse.  Bien  qu'il 
parle  de  paix,  ce  n'est  qu'une  finesse  Pour  trouver 
un  moyen  de  revoir  la  princesse,  desmabets, 
Mirame,  i,  t.  On  les  voit  |les  animaux]  attaquer 
et  se  défendre  aussi  industrieusement  qu'on  le 
puisse  imaginer,  ruser  même;  et,  ce  qui  est 
plus  fin  encore,  prévenir  les  finesses,  comme  il 
se  voit  tous  les  jours  à  la  chasse,  oii  les  ani- 
maux semblent  montrer  une  subtilité  exquise, 
BOSS.  Connaiss.  v,  <.  Ce  que  j'appelle  ici  mau- 
vaises finesses ,  ne  sont  pas  seulement  les  fi- 
nesses grossières  ou  les  raffinements  trop  subtils, 
mais  en  général  toutes  les  finesses  qui  usent  de 
mauvais  moyens,  id.  Politique,  v,  ii,  9.  Jamais  ces 
misérables  finesses  que  les  religieuses  prennent 
pour  habileté,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de  la  Vief- 
ville,  17  oct.  1707.  Il  n'est  plus  question  de  deviner 
les  finesses  des  prêtres  par  des  moyens  qui  pour- 
raient eux-mêmes  paraître  trop  fins;  un  temps  a 
été  qu'on  les  a  découvertes  de  toutes  parts  aux  yeux 
de  toute  la  terre,  ce  fut  quand  la  religion  chrétienne 


FIN 


1083 


triompha  hautement  du  paganisme,  tonten.  Oracl. 
1,  n.  C'étaient  de  petites  finesses  [d'Auguste]  pour 
se  faire  donner  ce  qu'il  ne  croyait  pas  avoir  assez 
acquis,  montesq. nom.  xm.  Prenez  girde  que  toutes 
ces  histoires  de  maîtres  supposés  sont  de  vieilles 
finesses,  des  moyens  de  comédie,  beaumarch.  Barb. 
de  Sév.  m,  2.  ||  Des  finesses  cousues  de  fil  blanc, 
des  artifices  grossiers,  métaphore  prise  des  tailleurs 
mal  habiles  qui  font  des  coutures  grossières  et  avec 
du  fil  blanc.  |{  11  est  au  bout  de  ses  finesses,  c'est-à- 
dire  il  est  au  bout  de  ses  inventions  pour  tromper. 

—  SYN.  1.  FINESSE,  subtilité.  La  Subtilité  de 
l'esprit  est  la  fines.se  poussée  à'  l'excès  et  devenue 
un  défaut.  ||  2.  finesse,  pénétration.  La  pénétra- 
tion perce  les  choses  difficiles,  obscures.  La  finesse 
discerne  les  choses  fines  et  qui  échappent  facilement 
à  la  vue.  ||  3.  finisse,  ruse.  La  finesse,  en  ce  sens, 
n'est  que  la  finesse  d'esprit  conduite  jusqu'à  un 
mauvais  usage.  Il  reste  donc  toujours  quelque  chose 
de  fin,  de  délié,  qui  peut  manquer  tout  à  lait  à  la  ruse. 

—  HlST.  XV*  s.  Jouer  une  finesse  [jouer  un  mau- 
vais tour],  DU  cange,  fictitia.  Leur  administrer  bas- 
tons  ou  armeures  deffensables  pour  faire  leurs  fi- 
nesses [leur  mauvais  coup],  id.  ib.  Et  à  qui  que  feisse 
finesse  (courtoisie,  service].  Il  ne  m'aymoit  que 
pour  le  myen,  villon,  Regrets  de  la  belle  Ileaul- 
myère.  ||  xvi'  s.  Combattre  de  vertu,  non  de  finesse 
[adresse],  mont,  i,  23.  Je  ne  meslois  à  mes  jeux 
ni  tricotterie  ni  finesse  [astuce],  id.  i,  109.  Quel- 
qu'un proposoit  contre  Cloanthes  des  finesses  dia- 
lectiques, ID.  1,  (90. 11  leur  feit  cognoistre  que  toutes 
leurs  finesses  n'estoient  que  jeux  d'enfans,  amyot, 
Philop.  22.  Finesse  est  une  parolle  mitoyenne  entre 
la  prudence  et  la  tromperie,  pasquier,  Recherches, 
liv.  VIII,  p.  7B6,  dans  lacuhne. 

—  ETYM.  Fin  2;  provenç.  fineza,  pureté;  catal. 
finesa;  espagn.  fineia;  ital.  finezza. 

FINET,  ETTE  (fi-nè,  nè-t'),  adj.  Qui  a  de  petites 

finesses Pour  ce  rebelle  cœur  Cherche  une  Iris 

à  la  mine  finette  Et  d'apparence  un  peu  coquette, 
CHAUL.  à  Mme  de  Valois. 

—  KTYM.  Diminutif  de  fin  2. 

FINETTE  (fl-nè-f),  «.  f.  Étoffe  croisée  à  l'endroit 
et  tirée  à  poils  à  l'envers;  elle  est  chaude,  et  sert 
pour  doublure  et  pour  vêtement  de  dessous. 

—  ÉTYM.  Fin  2. 

FINI,  lE  (fi-ni,  nie),  part,  passé  de  finir.  ||  1»  Qui 
est  à  sa  fin.  Et  l'on  verra  peut-être  avant  ce  jour 
fini  Ma  passion  vengée  et  votre  orgueil  puni,  cobn. 
Méd.  Il,  3.  Et  ce  soir  destiné  pour  la  cérémonie  Fera 
voir  pleinement  si  ma  haine  est  finie,  id.  Rod.  iv,  1. 
Vous  vous  disiez  à  vous-même  que,  certains  enga- 
gements rompus,  que,  certaines  bienséances  finies, 
vous  mettriez  tout  de  bon  ordre  à  votre  conscience, 
MASS.  Carême,  Samar.  Je  verrai  donc  mes  maux  ou 
comblés  ou  finis,  volt.  Sémir.  i.  6.  ||  Tout  est  fini, 
les  choses  sont  dans  un  état  tel,  qu'il  n'y  a  plus 
rien  à  y  changer.  Ou  plutôt  cet  hymen  me  ser- 
vira de  loi  :  S'il  s'achève,  il  suffit,  tout  est  fini 
pour  moi,  bac.  Iphig.  »,  i.  ||  Voilà  qui  est  fini, 
toute  hésitation  a  cessé.Voilà  qui  est  fini,  madame, 
vous  me  déterminez,  mariv.  Sec.  surpr.  de  l'am.  i, 
7.  Il  Familièrement.  Un  homme  fini,  un  homme  qui 
n'a  plus  rien  à  attendre  de  l'avenir,  dont  la  santé 
est  détruite,  dont  le  crédit  est  ruiné,  dont  l'esprit 
ne  produira  plus  rien.  |i  a°Terme  d'arts.  Soigneuse- 
ment terminé.  Ce  tableau  est  bien  fini.  Des  pièces 
bien  finies.  ||  Chez  les  sculpteurs,  marbre  fini,  celui 
qui  est  terminé  avec  le  petit  ciseau  et  la  râpe.  ||  Il 
se  dit  aussi  des  oeuvres  littéraires.  Cet  auteur  tra- 
vaille vite,  et  ses  ouvrages  ne  sont  pas  assez  finis. 
Il  3"  Terme  de  manège.  Se  dit  d'un  cheval  complè- 
tement dressé.  ||  Dans  le  parler  vulgaire.  Qui  at- 
teint le  plus  haut  degré,  qui  possède  une  qualité 
au  plus  haut  degré.  C'est  un  acteur  fini  ;  et  plus 
souvent,  en  mauvaise  part  :  c'est  un  voleur  fini,  un 
gueux  fini.  ]|  4°  Qui  a  des  bornes,  qui  n'est  pas  sans 
fin  ou  sans  bornes.  Il  est  clair  que  tout  corps  est 
fini,  nous  en  voyons  et  nous  en  touchons  les  bor- 
nes certaines,  boss.  Lib.  arb.  *.  Satisfaire  une 
âme  dont  les  désirs  ne  sont  pas  finis  et  qui  ne  se  peut 
reposer  qu'en  Dieu,  iD.  Sermons,  3'dim.  après  Pdq. 
Prorid.  préambule.  Il  est  sujet  à  l'ignorance 
comme  toutes  les  intelligences  finies,  montesq. 
j?spr.  I,  4.  Si  le  monde  est  fini,  s'il  y  a  du  vide, 
la  matière  n'existe  donc  pas  nécessairement,  volt. 
Phil.  Newt.  1,  1 .  Une  chose  finie  est  une  chose 
qui  a  des  bornes;  une  chose  infinie  n'est  que  cette 
même  chose  finie  à  laquelle  nous  ôtons  ces  ter- 
mes et  ces  bornes,  buff.  Ess.  arith.  mor.  Il  Terme 
de  mathématique.  Grandeur  finie ,  celle  qui  t 
des  bornes.  Progression  finie,  celle  qui  n'est  com- 
posée  que  d'un  certain  nom  re  de   termes.  Nom- 


1084 


FIN 


bre  fini,  celui  dont  on  peut  exprimer  ia  valeur. 
Il  6*  Terme  de  graramain;.  Sens  fini,  se  dit  par  op- 
position &  sons  suspendu.  |1  Modes  finis  ,  et  plutôt 
modes  définis,  modes  du  verbe  qui  indiauent  per- 
sonne, nombre  et  temps,  par  opposition  à  l'infinitif 
et  au  particijie,  qu'on  appelle  modes  indéfinis.  L'in- 
dicatif est  un  mode  fini.  ||  6"  S.  m.  Le  fini,  ce  qui 
a  des  bornes.  Dans  la  vue  de  ces  infinis,  tous  les 
finis  sont  égaux,  pasc.  Pens.  t.  ),  p.  281,  édit.  la- 
iiuRE.  Le  fini  est-il,  dans  votre  esprit,  autre  chose 
que  l'image  de  quelque  mesure  bornée?  l'infini 
est-il  autre  chose  que  l'image  de  tette  même  me- 
sure que  vous  prolongez  sans  trouver  fin?  volt. 
Dict.  phil.  Imagin.  L'idée  de  l'infini  né  peut  venir 
que  du  fini;  c'est  ici  [dans  les  espèces  vivantes] 
un  infini  de  succession,  un  infini  géométrique; 
chaque  individu  est  une  unité,  plusieurs  individus 
font  un  nombre  fini,  et  l'espèce  est  le  nombre  in- 
fini, BUPF.  Hist.  anim.  Œuvres,  ch.  2,  t.  m,  p.  38, 
dans  pouGKNS.  Entre  le  fini  et  l'infini,  la  distance 
est  toujours  infinie,  et  il  n'y  a  que  l'être  existant 
par  roi  dont  la  perfection  soit  absolue,  bonnet, 
GCuv.  mél.  t.  xviii,  p.  )  97,  dans  pougens.  ||  7°  Terme 
d'arts.  La  qualité  d'un  ouvrage  terminé  avec  soin. 
Ce  travail  est  d'un  beau  fini.  Cela  manque  de  fini. 

Fl.MMENT  (fi-ni-man),  s.  m.  Terme  de  peinture. 
Oualité  d'un  ouvrage  travaillé  avec  le  plus  grand 
soin.  Il  Ce  mot  a  vieilli,  on  dit  le  fini. 

—  Etym.  Finir.  L'ancien  français  avait  finement, 
action  de  finir,  du  verbe  finer  :  Et  li  païens  cuide 
certainement  Que  il  l'ait  mort  et  mis  à  finement, 
Raoul  de  C.  272. 

FINin  (fi-nir),  V.  a.  ||  1°  Conduire  à  achèvement, 
à  terme.  Finir  un  ouvrage.  Finir  un  procès.  Fi- 
nir un  discours.  ||  2°  Mettre  fin  à,  faire  cesser.  Rien 
ne  peut  m'empècher  de  finir  ma  misère,  mair.  Mort 
d'Àsdrub.  v,  2.  Je  vous  rends  Aristie  et  finis  cette 
crainte  Dont  votre  âme  tantôt  se  montrait  trop  at- 
teinte, CORN.  Sertor.  v,  6.  Il  est  tout  à  fait  disgra- 
cieux de  finir  sa  vie  avec  des  gens  avec  qui  on  ne 
l'a  pas  commencée,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de 
Caylus,  4706.  Finissant  là  sa  haine  et  nos  misères, 
HAC.  Andr.  m,  6.  11  faut  finir  des  Juifs  le  honteux 
esclavage,  m.  Athal.  iv,  3.  Votre  Oreste  au  berceau 
va-t-il  finir  sa  vie?  m.  Ij)hig.  i,  (.  Finissez  vos  pas- 
sions,  commencez   à   vivre   pour  l'éternité,  mass. 

Carême,  Samarit J'annonce  aux  nations  Que  je 

finis  le  meurtre  et  les  proscriptions,  volt.  Triumv. 
V,  5.  Il  Finir  le  cours  de,  mettre  un  terme  à.  Ils  se 
persuadent  qu'ils  pourront  éteindre  leurs  passions, 
finir  le  cours  d'une  vie  désordonnée,  mass.  Car. 
Lasare.  ||  Finir  son  cours,  avec  un  nom  de  chose 
pour  sujet,  cesser.  Je  sentis  que  ma  haine  allait 
finir  son  cours,  rac.  Andr.  i,  t.  ||  Finir  un  verre, 
un  plat,  etc.  achever  de  boire,  de  manger  ce  qui 
restait  dedans.  Il  finissait  toujours  la  coupe  dont 
elle  avait  bu  la  moitié,  stael,  Corinne,  xv,  3. 
Il  Dans  le  langage  trivial,  finir  quelqu'un,  achever 
co  qu'on  est  en  train  de  lui  faire.  Un  coiffeur  dira  : 
Quand  j'aurai  fini  monsieur,  ce  sera  votre  tsur. 
Il  3°  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet,  être  la 
fin ,  le  terme.  La  période  qui  finit  son  discours 
est  admirable.  L'instant  qui  va  finir  sa  vie.  La 
paix  finit  la  haine,  corn.  Rodog.  i,  e.  Une  mort 
qui  prévient  et  finit  tant  de  pleurs,  rac.  Baj.  m,  i. 
La  conversion  finit  nos  vices,  n'éteint  pas  nos  pas- 
sions, MASS.  Car.  Inj.  du  monde.  |j  4°  Mettre  la 
dernière  main.  Finir  un  ouvrage.  ||  Terme  d'arts. 
Exécuter  avec  beaucoup  de  soin,  d'une  manière 
minutieuse.  Le  peintre,  dit-on,  aurait  pu  finir  da- 
vantage ces  carnations,  ff.nel.  Exist.  i,  89.  ||  Absolu- 
ment. Ce  peintre  finit  trop.  Il  ne  sait  pas  finir. 
Il  5"  Terme  de  manège.  Finir  un  cheval,  achever 
son  éducation.  |{  6°  V.n.  Ne  pas  continuer  défaire 
ou  de  dire.  Les  chicaneurs  ne  veulent  jamais  finir. 
Cet  enfant  ne  finira  pas  si  on  ne  le  châtie,  faites-le 
donc  finir.  La  reine  de  Suède,  ayant  écouté  une 
longue  harangue,  dit  qu'il  fallait  qu'elle  donnât 
quelque  chose  à  l'auteur,  à  cause  qu'il  avait  fini, 
Colomesii  opuscula,  p.  ((4,  dans  richelet.  La 
comtesse  :  Finissez,  monsieur,  finissez;  ah!  l'o- 
dieuse contestation.  —  Hortense  :  Oui,  finissons  ;  je 
vous  épouserai,  monsieur,  il  n'y  a  que  cela  à  dire, 
MARiv.  le  Legs,  se.  4  7.  Ah  çà  I  mademoiselle,  fini- 
roz-vous?  convient-il  à  une  jeune  personne  de  par- 
ler ainsi  de  mariage? GENLis,  Thédt.  d'éduc.  la  Bonne 
mère,  i,  ».  ||  Il  se  construit  avec  de  et  l'infinitif.  Finir 
de  parler,  de  jouer.  Soyez,  soyez  Alcide  en  finissant 
de  l'être,  rotbou,  Herc.  mourant,  iv,  1. 1|  En  finir, 
mettre  fin  à  quelque  chose,  et  d'ordinaire  à  une 
chose  longue  et  ennuyeuse.  Ces  deux  partis  sont  éga- 
lement l)ons,  puisqu'ils  en  finissent,  STAEL,  Corinne, 
m,  a.  Finissez-en,  nos  frères  de  Belgique;  Faites 


FIN 

un  roi,  morbier.  1  finissez-en,  seRANp.  Belget.  jj  En 
finir  avec  quelqu'un,  prendre  un  parti  décisif, 
rompre  avec  lui.  ||  Il  n'en  finit  jamais,  se  dit  d'un 
homme  qui  fait  toute  chose  avec  lenteur.  ||  Ne 
pas  finir,  ne  pas  cesser  de  parler  sur  un  sujet. 
Elles  ne  finissaient  point  sur  ce  sujet,  séV.  486. 
Nous  ne  finissons  point  sur  votre  chapitre,  ID. 
4  2t.  Il  Ne  pas  finir  à,  avec  un  l'nfinitif,  ne  pouvoir 
achever  de.  Je  voudrais  vous  faire  connaître  tous 
les  hauts  faits  de  cet  homme  extraordinaire , 
mais  je  ne  finirais  pas  à  vous  les  raconter.  ||  7°  Pren- 
dre fin ,  arriver  à  son  terme.  Le  sermon  finis- 
sait. Son  bail  finit  à  Pâques.  Mon  aïeul ,  dont 
partout  les  hauts  faits  retentissent.  Voudra  bien 
qu'avec  moi  ses  descendants  finissent,  cobn.  Pulch. 
V,  3.  Vous  souvient-il  des  fantaisies  qui  vous  pren- 
nent quelquefois  de  trouver  qu'il  y  a  des  mois  qui 
ne  finissent  point  du  tout?  sÊv.  Lett.  25  mai  4781». 
Comptons  donc  comme  très-court,  chrétiens,  ou  plu- 
tôt comptons  comme  un  pur  néant  tout  ce  qui  finit, 
Boss.  Letellier.  Il  est  ainsi,  chrétiens  :  tout  ce  qui 
se  mesure  finit;  et  tout  ce  qui  est  né  pour  finir 
n'est  pas  tout  à  fait  sorti  du  néant  où  il  est  sitôt  re- 
plongé,in.  Duch.  d'Ori.  Comment  souffrirons-nous... 
Que  le  jour  recommence  et  que  le  jour  finisse  Sans 
que  jamais  Titus  puisse  voir  Bérénice  ?  rac.  Bérén. 
IV,  5.  Je  vous  embrasse  du  fond  de  mon  trou,  avec 
une  tendresse  qui  ne  finira  qu'avec  moi,  mais  qui 
finira  bientôt,  volt.  Lett.  d'Argental,  44  oct.  4767. 
....Dans  le  sombre  avenir  Mon  âme  avec  effroi  se 
plonge;  Et  je  me  dis:  ce  n'estqu'un  songe  Que  le  bon- 
heur qui  doit  finir,  lamart.  Uéd.  a,  40.  ||Ne  pas 
finir,  n'avoir  point  de  borne,  être  infini.  Une  félicité 
qui  ne  finit  point.  ||  8°  Être  terminé,  se  terminer. 
Le  mur  finit  en  tel  endroit.  Ce  mot  finit  par  une 
voyelle.  Ils  croyaient  que  le  monde  finissait  où  finis- 
sait leur  île,  bern.  de  st-pierrk,  Paul  et  Virg.  ||  Fa- 
milièrement, ne  p.îs  finir,  avoir  une  longueur  dé- 
mesurée. Deux  mains  pâles  et  décharnées  dont  les 
doigts  ne  finissaient  point,  Marivaux,  Marianne,  6* 
partie.  Les  bras  de  cette  Hébé  ne  finissent  point, 
dider.  Salon  de  4  767,  Œuv.  t.  xv,  p.  4  26,  dans 
POUGENS.  Il  9"  Finir  en,  avoir  l'extrémité  conformée 
en....  Sa  queue  est  longue  de  quatorze  pouces,  elle 
est  couverte  de  poils  noirs,  et  finit  en  pointe,  bufk. 
Quadrup.  t.  xii,  p.  460,  dans  pougf.ns.  ||  10"  Avoir 
une  certaine  issue.  Je  doute  que  cela  finisse  bien. 
Le  règne  de  Louis  XIV  finit  par  des  revers.  Tout 
cela  finirait  par  une  perfidie  !  rac.  Baj.  n,  6.  ||  Il  se 
dit  des  personnes  en  un  sens  analogue.  Ce  jeune 
homme  finira  mal.  Victor  :  Et  de  longtemps,  je 
pense,  il  ne  se  mariera.  —  Justine  ;  Vous  verrez  que 
lui-même  il  finira  par  là,  colun  h'harlev.  Chdt.  en 
Esp.  II,  4 .  Il  Finir  par,  avec  un  infinitif,  arriver  à  la 
longue  à  un  terme.  Quoique  pauvre,  il  finira  par 
payer.  Il  a  fini  par  se  marier  à  l'âge  de  cent  onze 
ans,  buff.  Suppl.  à  l'Uist.  nat.  CX-.'uv.  t.  xi,  p.  4  34. 
;  11°  Mourir.  Corisbé,  je  vous  prie,  et  vous  aussi, 
Phénice,  De  me  faire  un  plaisir  avant  que  je  finisse, 
MAiBET,  Sophon.  v,  5.  Il  aima  mieux  finir  par  une 
action  de  courage  que  de  lâcheté,  d'ablancourt. 
Tacite,  Ilist.  m,  <  4 .  Il  n'est  personne  presque  qui  ne 
meure  avant  de  l'avoir  exécutée  [la  résolution  de 
changer]  ;  les  plus  déréglés  même  souhaitent  de 
finir  saintement,  mass.  Carfme,  Imp.  fin.  Vous  avez 
vu,  madame,  finir  votre  ami,  quevous  aviez  déjà 
perdu;  c'est  un  spectacle  bien  triste;  vous  l'avez 
supporté  pendant  plus  de  deux  années,  volt.  Lett. 
Mme  du  Deffand,  6  déc.  4  770.  Ainsi  finit,  à  vingt- 
quatre  ans,  une  princesse  également  célèbre  par 
l'esprit,  la  beauté,  les  grâces,  la  folie  et  les  vices, 
DUCLOS,  Mém.  rég.  (JEuv.  t.  v,  p.  a99.  Finir  comme 
mon  frère  est  un  sort  a-ssez  beau,  m.  j.  chénier, 
Gracques,  m,  4.  Mais  il  ne  faut  pas  qu'on  ignore 
Qu'en  chantant  le  cygne  a  fini,  eerano.  Ma  dern. 
chans.  \\  lî°  Se  finir,  v.  réfl.  Prendre  fin,  cesser. 
Là  est  le  terme  du  voyage;  là  se  finissent  les  gé- 
missements; là  s'achève  le  travail  de  la  foi,  boss. 
le  Tellier.  \\  S'accomplir.  Ce  que  promirent  les  pro- 
phètes Aujourd'hui  se  finit  en  lui,  Régnier,  Hymne. 
li  Familièrement.  Achever  sa  toilette.  Une  dame  dit 
à  sa  femme  de  chambre  qui  l'habille  :  Descendez, 
je  me  finirai  moi-même. 

—  HIST.  XI*  s.  Ses  barons  [il]  mande  pur  son  con- 
seil fenir,  Ch.  de  Roi.  xi.  ||  xii*  s.  Li  emperere  a  sa 
raison  [discours]  fenie,  Ronc.  p.  4  0.  ||xiii"  s.  Quant 
ferme  fu  la  pais  et  la  guerre  fenie,  audefr.  le  bast. 
Romancero,  p.  42.  Et  leur  tralson  pert  [parait]  ains 
qu'il  puissent  fenir  [venir  à  bout  de  leur  projet], 
Berte,  lxiii.  ||  xiV  s.  Et  qui  avecques  ce  vouldroit 
adjouster  que  ces  choses  durassent  pour  toute  sa  vie 
et  que  il  finisist  sa  vie  en  oeuvre  de  vertu,  oreshe, 
Eth  26.  Il  XVI*  s.  Pourquoy  sera  p\uii  un  meurtrier,  ' 


FIO 

qui  a  tué  celui  auquel  Dieu  avoit  fini  [déterminé] 
la  vie,  CALV.  Instit.  449.  Et  en  pleurs  finent  leur  vie, 
laquelle  estoyt  de  raison  finir^n  joye,  bab.  Pant. 
m,  48.  Où  que  vostre  vie  finisse,  elle  y  est  toute, 
MONT.  I,  88.  Les  stoïciens,  qui  donnent  aux  âmes  une 
vie  au  delà  de  celle-cy,  mais  finie,  m.  ii,  3o7.  Tout 
terme  qui  finit  n'a  pas  longue  durée,  bons.  «b8. 

—  ÉTYM.  Picard,  finer;  Berry,  fénir;  provenç.  fe- 
nir ;  catal.  finir;  ital.  finire;  du  latin  finire.  L'an- 
cien français,  pour  éviter  Vi  dans  deux  syllabe' 
consécutives,  disait  fenir,  verbe  d'ailleurs  peu  usité; 
celui  qui  l'était  le  plus  était  finer,  dérivé  directe- 
ment du  substantif  finis,  fin,  et  appartenant  à  la 
4"  conjugaison. 

t  FINISSAGE  (fi-ni-sa-j'),  t.  m.  Action  de  termi- 
ner une  pièce  d'ouvrage.  ||  Opération  ultérieure  qui 
suit  le  dégrossissage  et  l'espatage. 

—  ÉTYM.  finir. 

t  FINISSANT,  ANTE  (fl-ni-san,  san-f),  adj.  Qui 
finit,  qui  touche  à  sa  fin.  Que  pourrions-nous  ra- 
conter de  notre  société  finissante,  nous  autres 
Welches,  dans  notre  jargon  confiné  à  d'étroites  et 
barbares  limites?  chatkaubr.  dans  le  Dict.  de 
dochez. 

—  HIST.  XVI'  s.  Elle  a  racine  petite,  finante  en 
poincte  obtuse  ;  les  feuilles  a  longues,  finissantes  en 
poinctesde  larice  [mélèze],  babel.  Pant.  m,  49. 

t  FINISSEMENT  (fi-ni-se-man),  s.  m.  Terme 
vieilli.  Ce  qui  finit,  termine.  Les  frises,  les  festons, 
les  corniches  et  les  chapiteaux  sont  d'or,  et  portent 
pour  finissement  des  vases  de  porcelaine,  d'où  sor- 
tent de  gros  bouquets  de  fleurs,  cobn.  Toison  d'or, 
décoration  du  3*  acte. 

—  ÊTYM.  Finir. 

t  FINISSEUR  (fi-ni-seur),  t.  m.  ||  1*  Ouvrier  qui 
finit  les  mouvements  des  montres  et  des  pendules. 
Il  Celui  qui  finit  la  pointe  des  épingles.  ||  2-  Nom 
qu'on  donne,  dans  les  machines  à  carder,  à  la  der- 
nière carde. 

—  ÉTYM.  Finir. 

t  FINITEUR  (fi-ni-teur),  adj.  Ancien  terme  d'as- 
tronomie. Cercle  finiteur,  l'horizon 

—  ETYM.  Finir.  * 

■f  FINITO  (fi-ni-to),  s.  m.  L'arrêté  ou  l'état  final 
d'un  compte.  Le  finito  d'un  compte. 

f  FINNE  (fi-n'),  s.  f.  Veine  de  matières  étrangè- 
res, dont  la  situation  est  oblique  dans  le  bloc  d  ar- 
doises. 

t  FINNOIS,  OISE  (fi-nol,  not-z'),  adj.  Langue  fin- 
noise, ou,  substantivement,  le  finnois,  langue  par- 
lée en  Finlande,  et  qui,  en  un  sens  plus  général, 
comprend  le  lapon,  le  hongrois,  etc.  Les  langues 
finnoises  sont  dites  aussi  ouraliennes. 

f  FIN-OR  (fi-nor),  s.  m.  Nom  d'une  petite  poire 
arrondie  qui  a  la  forme  d'une  toupie.  . 

+  FINOT,  OTE  (fl-no,  no-t),  adj.  Synonyme  inu- 
sité de  finaud. 

f  FINOTERIE  (fi-no-te-rie),  s.  f.  Petite  finesse, 
petite  ruse.  Azolin  avait  remarqué,  dans  ses  Mémoi- 
res [d'Innocent',  de  certaines  finoteries  qui  n'avaient 
pas  de  rapport  à  la  candeur  dont  il  faisait  profes- 
sion, RETZ,  v,  373. 

—  ÉTYM.  Ftno»  développé  en  finotier,  et  de  là  /!- 
noterie. 

fFIOCCHI  (IN)  (in"-fi-o-kki).  Être  in  fiocchi,  être 
en  costume  d'apparat,  porter  tousses  atours.  Jugez 
d'après  ce  beau  portrait,  qui  est  très-fidèle,  si  je 
suis  en  état  d'aller  à  Paris  in  fiocchi,  volt.  Lett. 
d'Argental,  âO  déc.  4  774. 

—  ETYM.  Ital.  in  fiocchi,  en  houppes;  fiocchi  si- 
gnifie les  houppes  qui  garnissent  le  chapeau  d'un 
cardinal,  et  in  fiocclU  se  dit  d'un  cardinal  en  grand 
costume. 

FIOLE  (fi-o-1'),  ».  f.  Petit  flacon  de  verre.  ||  Pe- 
tite bouteille  à  col  long  et  d'un  verre  très-mince, 
dans  laquelle  les  pharmaciens  envoient  leurs  méde- 
cines, leurs  potions,  etc.  ||  Fiole  des  éléments,  nom 
donné  à  une  fiole  contenant  de  l'eau,  du  mercure, 
de  l'huile.  Une  dissolution  de  carbonate  de  potas- 
se, etc.  et  destinée  à  faire  voir  la  superposition, 
par  ordre  de  densité,  des  liquides  hétérogènes  et 
leur  disposition  en  couches  horizontales.  ||  Populai 
rement.  Vider  une  fiole,  boire  une  bouteille  de  vin. 
Il  On  écrivait  autrefois  phiole. 

—  HIST.  xnr  s.  X  ma  table  servoit  l'en  devaat 
mes  chevaliers,  d'une  grant  phiole  de  vin  et  d'une 
grant  phiole  d'yaue;  si  le  temproicnt  si  comme  il 
vouloient,  jomv.  267.  ||  xiv*  s.  Me  donna  Godefrois, 
à  le  [la]  chiere  hardie,  Dedens  une  fiole,  par  grande 
signourrie.  Du  sanc  nostre  Signour  une  grande  par- 
tie, Baud.  de  Seb.  n,  446.  Une  fiole  d'or,  à  mectre 
bau  rose,  assise  sur  une  terrasse,  esmaillée  de  ver: 
et  sur  ladite  terrasse  deux  loups  et  ou  milieu  de  la- 


FIS 

dicte  fiole  deux  mirouers  garnis  autour  ilo  xxim 
porles,  DE  L4B0Ri)E,  Émaux,  p.  317. 

—  ETYM.  ProTcnj.  fiola;  ita.\.  fiala;  du  latin 
phiala;  du  grec  (pioXr),  qu'on  rapporte  par  conjec- 
ture au  radical  pt»,  boire  (çtâ),Ti,  TttFoD.n). 

t  FIOLKR  (fi-o-lé),  V.  n.  Terme  populaire.  Vider 
bouteille. 

—  ÊTYM.  Fiole;  géney.  fioûler,  piler. 
fFIOLEUR  (fi-o-leur),  s.  m.  Terme  populaire. 

Celui  qui  aime  à  fioler. 

—  ÉTYM.  Fioler;  génev.  fioûleur. 

t  FION  (fion),  s.  m.  Terme  populaire.  Tournure, 
bonne  façon.  Il  a  du  fion.  Donner  le  fion,  donner 
la  dernière  main. 

—  Rtym.  Il  est  probable  que  fion,  fioniter,  se 
rattachent  à  fignoler. 

t  FION'NER  (fio-né).  ||  l"  V.  a.  Terme  populaire. 
Donner  le  fion.  ||  2°  V.  n.  Avoir  du  fion.  Il  cherche 
toujours  à  fionner.  Ne  fionnez  pas  tant. 

t  FIONNEUR  (fio-neur),  s.  m.  Terme  populaire. 
Celui  qui  fait  l'élégant,  le  beau. 

-[■  FIORITE  (fi-o-ri-f),  s. /■.  Terme  de  minéralogie. 
Variété  de  quartz  concrétionné. 

FIORITURES  (fi-o-ri-tu-r'J ,  s.  f.  pi.  Terme  de  mu- 
sique. Ornements  ajoutés  à  la  musique  vocale,  à  la 
musique  instrumentale  par  d'habiles  exécutants,  et 
qui  consistent  en  gammes,  traits,  appoggiatures, 
trilles,  etc.  Il  est  des  mélodies  qui  n'ont  pas  été 
composées  pour  admettre  des  fioritures,  et  d'autres 
qui  ont  été  faites  pour  favoriser  le  chanteur,  fétis. 
Musique  mise  à  la  portée,  etc.  ch.  xxiii.  1|  Il  se  dit 
aussi  au  singulier.  Une  fioriture. 

—  ÊTYM.  Ital.  fioriture,  de  fiorire,  fleurir  (voy. 
ce  mot) . 

FIRMAMENT  (fîr-ma-man),  s.  m.  ||  1°  Dans  le 
langage  de  la  Bible,  cloison  solide  qui  soutient  le 
ciel  et  sépare  les  eaux  supérieures  des  eaux  infé- 
rieures. Dieu  dit  aussi  que  le  firmament  soit  fait  au 
milieu  des  eaux,  et  qu'il  sépare  les  eaux  d'avec  les 
eaux,  SACi,  Bible,  Genèse,  i,  6.  ||  Dans  l'ancienne  as- 
tronomie, le  firmament  était  le  huitième  ciel  dans 
lequel  on  supposait  que  les  étoiles  fixes  étaient  pla- 
cées, et  que  l'on  se  représentait  comme  étant  de 
cristal.  L'idée  d'un  firmament  est  de  la  plus  haute 
antiquité  ;  on  s'imaginait  que  les  cieux  étaient 
très-solides,  parce  qu'on  y  voyait  toujours  les  mê- 
mes phénomènes,  volt.  Dict.  phil.  Genèse.  ||  2°  Dans 
le  langage  actuel,  le  ciel,  la  woiite  circulaire  où  les 
astres  semblent  attachés.  J'ai  quelquefois  aimé;  je 
n'aurais  pas  alors  Contre  le  Louvre  et  ses  trésors. 
Contre  le  firmament  et  la  voûte  céleste.  Changé  les 
bois,  changé  les  lieux....  la  font.  Fabl.  ix,  2.  Une 
infinité  d'univers  dont  chacun  a  son  firmament, 
PAsc.  Pensées,  Disproportion  del'homme.  Quel  astre 
brille  davantage  dans  le  firmament  que  le  prince  de 
Condé  n'a  fait  dans  l'Europe  ?  Boss.  Louis  de  Bour- 
bon. Il  Les  feux  du  firmament,  les  astres.  On  ôtera 
plutôt  les  feux  du  firmament,  mairet  ,  Sophon. 
IV,  7. 

—  HIST.  xii"  S.  Mais  par  celui  qui  fist  le  firma- 
ment, Se  mais  i  truis  [j'y  trouve]  le  Mancel  sou- 
duiant.  De  mort  novele  l'asseûr  à  mon  brant,  RaotU 
de  C.  29.  Il  xni*  s.  Judas  Machabeus  nos  dist  an- 
chienement  Que  victoire  n'est  mie  en  grant  masse 
d'argent  N'en  grant  chevauceilres,  ne  grant  plenté 
de  gent,  Ainçois  vient  dou  segneur  qui  maint  au 
firmament,  rdteb.  23B.  U  [saint  Pierre]  est  li  fer- 
memens  [ce  qui  affermit]  de  la  pierre  de  sainte 
église,  BRUN,  latini,  Trésor,  p.  72.  ||  xvi*  s.  Les  gens 
entendus  luiront  comme  la  splendeur  du  firma- 
ment, CALV.  Instit.  807.  Si  la  vraye  Eglise  est  co- 
lomne  et  firmament  de  vérité,  m.  ib.  835. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  fiermament;  provenç.  fer- 
mamen;  catal.  firmament;  espagn.  firmamiento  ; 
ital.  fermamento  ;  du  lat.  firmamentum,  action  d'af- 
fermir, de  firmare,  rendre  ferme  (voy.  ferme,  adj. 
et  fermer)  . 

FIRM AN  (fir-man) ,  s.  m.  Ordre  émané  de  la  Su- 
blime-Porte ou  de  toute  autre  cour  musulmane.  Les 
fîimans  donnés  par  le  grand  seigneur  sont  ordi- 
nairement revêtus  de  sa  signature  autographe. 
Il  Passe-port  ou  permission  de  trafiquer  qu'on  ac- 
corde aux  marchands  étrangers  qui  font  le  com- 
merce dans  le  Levant. 

—  ÊTYM.  Persan,  firmdn,  de  l'ancien  persan  fra- 
matara,  commandant  (dans  les  inscriptions  cunéi- 
formes), de  même  radical  que  le  sanscrit pramâno, 
autorité. 

f  FIKOLE  (fi-ro-V) ,   s.  f.  Mollusque  gastéropode. 

FISC  (fi.sk), _ï.  m.  Il  1°  Le  trésor  du  prince;  les 
Qnances  de  l'État.  Les  droits  du  fisc.  La  loi  contraire 
au  Dieu  que  je  professe  Te  prive  par  ma  mort  du 
bien  que  je  te  laisse  En  l'acquérant  au  fisc,R0TROu, 


ns 

St  Genest,iv,  4 L'ennemi  pe  présentant,  Comme 

il  en  voulait  à  l'argent,  Sur  le  mulet  du  fisc  une 
troupe  se  jette.  Le  saisit  au  frein  et  l'arrête,  la 
font.  Fab.  1,  4.  X  la  mort  de  François  I",  le  fisc 
recevait  16  730  ooo  livres,  à  quinze  francs  le  marc 
d'argent,  et  à  cent  soixante  cinq  le  marc  d'or, 
raynal,  llist.  phil.  IV,  7.  C'est  le  nom  que  prend  le 
trésor  public,  lorsqu'il  exerce  son  action  contre  le 
contribuable,  j.  B.  say,  Épitomé ,  fisc.  ||  2°  L'admi- 
nistration du  fisc,  celle  des  finances  publiques.  Les 
employés  du  fisc.  Il  fut  permis  à  tout  le  monde  de 
vendre  publiquement  du  sel,  et  le  fisc  n'en  fut 
plus  le  seul  marchand,  le  p.  catrou,  Hist.  rom. 
dans  nESFONTAiNES.  ||  3°  Ancien  synonyme  do  fief. 
Nous  voyons  que  les  rois  leur  donnèrent  [aux  égli- 
ses] des  grands  fiscs,  c'est-à-dire  de  grands  fiefs, 

MONTESQ.   Esp.XaH,   2t. 

—  ÊTYM.  Provenç.  fisc;  espagn.  et  ital.  fisco ; 
du  lat.  fiscus,  fisc,  proprement  panier,  et,  particu- 
lièrement, les  paniers  dans  lesquels  les  collecteurs 
d'impôts  mettaient  l'argent.  On  a  très-bien  remar- 
qué dans  le  dictionnaire  encyclopédique,  à  l'article 
Confiscation,  que  le  fisc  était....  un  petit  panier  de 
joncs  ou  d'osier,  volt.  Dict.  phil.  Confiscation.  A 
Rome,  sous  l'empire,  fiscus  signifiait  le  trésor  parti- 
culier du  prince,  par  opposition  à  serarium,  le  trésor 
public. 

FISCAL,  AIE  (fi-sical,  ska-l"),  adj.  ||  1»  Qui  ap- 
partient au  fisc,  qui  concerne  le  fisc.  Matières  fis- 
cales. Droits  fiscaux.  ||  2"  Qui  a  pour  but  d'aug- 
menter les  produits  de  l'impôt.  Ces  lois  parurent 
plutôt  fiscales  que  politiques  et  civiles,  montesq.  Esp. 
xxiii,  2{.  Il  3"  Très-zélé  pour  le  fisc,  en  mauvaise 
part.  C'est  un  homme  très-fiscal.  Il  y  a  des  adminis- 
trations plus  fiscales  les  unes  que  les  autres.  ||  4°  An- 
ciennement. Procureur  fiscal,  avocat  fiscal,  nom 
d'officiers  des  justices  seigneuriales  qui  y  remplis- 
saient les  fonctions  de  ministère  public,  et  veil- 
laient aux  droits  du  seigneur  et  aux  intérêts  com- 
muns à  toute  la  seigneurie.  Nousavons,  le  procureur 
fiscal  et  moi,  commencé  une  procédure  que  nous 
soutiendrons  vigoureusement,  nANCODRT,  le  Mari 
retrouvé,  se.  15.  L'homme,  c'était  le  président,  comte 
Villemanzy,  noble  pair,  dont  le  père  n'était  ni  pair 
ni  noble,  mais  procureur  fiscal  ou  quelque  chose 
d'approchant,  p.  L.  cour.  2»  lettre  particul.  \\  On 
dit  substantivement  le  fiscal.  Il  y  avait  [au  Pa- 
raguay] un  chef  nommé  fiscal,  espèce  de  censeur 
public,  CHATEAUB.  Génie,  iv,  :v,  6.  ||  Chez  les  nations 
du  midi  de  l'Europe,  le  fiscal  est  l'officier  du  mi- 
nistère public,  y  11  s'est  dit  d'une  dignité  dans  l'em- 
pire germaniq\ie.  L'on  vit  la  France,  la  Russie,  la 
Suède,  la  Hongrie,  la  moitié  de  l'Allemagne  et  le 
fiscal  de  l'Empire,  déclarés  contre  le  seul  marquis  de 
Brandebourg,  volt.  Mém.  Volt.  Ol'Àwr.  t.  xcii,  p.  307. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  fiscal;  ita.\.  fiscale  ; 
du  lat.  fiscalis,  de  fiscus,  lise. 

t  FISCALEMENT  (fi-ska-le-man) ,  adv.  Néolo- 
gisme. D'une  manière  fiscale,  avec  fiscalité. 

FISCALITÉ  (fi-ska-li-té),  s.  f.  \\  1°  Système  de 
lois  relatives  au  fisc.  ||  2°  Disposition  à  exagérer  les 
droits  du  fisc.  Un  esprit  de  fiscalité. 

—  ÊTYM.  Fiscal. 

t  FISSI....  adj.  qui  s'emploie  dans  les  descrip- 
tions d'histoire  naturelle,  signifie  fendu  et  vient 
du  latin  fissus ,  participe  passif  de  findere  (voy. 
fendre). 

t  FISSIFLORE  (fî-ssi-flo-r'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  les  corolles  sont  fendues. 

—  ÉTYM.  Fissi....  et  le  lat.  fias,  fleur. 

f  FISSILE  (fi-ssi-1'),  adj.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Qui  a  de  la  tendance  à  se  fendre,  à  se  diviser 
par  feuillets.  Schiste  fissile. 

—  ÊTYM.  Lat.  fissilis,  de  fissum,  supin  de  fin- 
dere, fendre. 

t  FISSILITË  (fi-ssi-li-té),  s.  f.  Qualité  de  ce  qui 
se  fend.  La  fissilité  des  ardoises. 

t  FISSINERVE  (fi-ssi-nèr-v'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  les  feuilles  ont  des  nervures  bifides. 

—  ETYM.  Fissi....  et  nervure. 

t  FISSIPARE  (fi-ssi-pa-r'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  se  reproduit  par  la  scission  de  son 
propre  corps. 

—  ÊTYM.  Fissi.... et  le  lat.  parère,  enfanter  (voy. 
PART,  s.  m.). 

friSSIPARIE  (fi-ssi-pa-rie)  ou  FISSIPA'rITÉ  (fi- 
ssi-pa-ri-té),  s.  f.  Terme  d'histoire  naturelle.  Mode 
de  reproduction  qui  est  un  cas  particulier  du  frac- 
tionnement ou  segmentation,  et  qui  consiste  dans 
la  scission  d'un  corps  oj'ganisé  en  plusieurs  par- 
ties ,  dont  chacune  acquiert  une  existence  à 
part. 

—  ÉTYM.  Voy.  FISSIPARE. 


F[S 


1f)85 


FISSIPlîDE  (fl-ssi-pè-d') ,  adj.  Terme  d'histoiio 
naturelle.  U  se  dit  des  quadrupèdes  qui  ont  les 
pieds  divisés  en  plusieurs  doigts.  Les  chiens  et  les 
loups  sont  fissipèdes.  Un  lion,  parce  qu'il  est  fissi- 
pède,  ressemble-t-il  à  un  rat  qui  est  aussi  fissipcde 
plus  qu'un  cheval  ne  ressemble  à  un  chien  ?  bupf. 
Hist.  nat.  (•'  dise.  ||  Il  se  dit  aussi  des  oiseaux  dont 
les  doigts  ne  sont  pas  réunis  par  une  membrane. 
Il  Substantivement.  Les  fissipèdes. 

—  ÊTYM.  Fissi..,.  et  le  lat.  pes,  pedis,  pied. 

t  FISSIPENNE  (fi-ssi-pè-n'),  adj.  Terme  d'ento- 
mologie. Qui  a  les  ailes  fendues  dans  leur  longueur 
en  branches  ou  digitations.  ||  S.  m.  plur.  Famille 
d'insectes  lépidoptères. 

—  ÊTYM.  Fissi....  et  penne,  aile. 

t  FISSIROSTRE  (fi-ssi-ro-str') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  le  bec  fendu.  ||  S.  m.  pi.  Famille  de 
passereaux  caractérisés  par  un  bec  large,  légère- 
ment crochu  à  sa  pointe  et  très-profondément  fendu 
à  sa  base.  Genres  principaux  :  hirondelle,  mar- 
tinet. 

—  ÉTYM.  Fissi....  et  le  lat.  rostrum,  bec. 

t  FISSURATION  (fi-ssu-ra-sion),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. État  de  ce  qui  est  fendu,  de  ce  qui  offre 
des  fissures. 

—  ÊTYM.  Fissurer. 

FISSURE  (fi-ssu-r'),  s.  f.  ||  1»  Petite  fente,  cre- 
vasse. Les  fissures  d'un  mur,  d'un  vase,  d'un  ter- 
rain. La  lumière  pénétrait  par  une  fissure  de  la 
cloison.  Il  Fig.  Je  sais  que,  malgré  les  barrières  im- 
menses qu'on  entasse  sans  cesse  autour  de  moi,  on 
craint  toujours  que  la  vérité  ne  s'échappe  par  quel- 
que fissure,  J.  j.  Houss.  Confess.  vu.  ||  Terme  de 
géologie.  Fissures  de  stratification,  celles  qui  sépa- 
rent les  assises  de  même  nature;  fissures  de  super- 
position, celles  qui  séparent  les  couches  de  diverse 
nature.  ||  2°  Terme  d'anatomie.  Nom  donné  à  diffé- 
rents sillons.  Il  Fissure  de  Glaser,  fissure  située  dans 
la  partie  la  plus  profonde  de  la  fosse  glénoïde.  ||  Fis- 
sure longitudinale,  profonde  fissure  qui  est  sur  la 
ligne  médiane,  à  la  surface  supérieure  du  cerveau. 
Il  Fissure  de  Sylvius,  sillon  qui  sépare  les  lobes  an- 
térieurs et  moyens  du  cerveau,  de  chaque  côté. 
Il  Fissure  ombilicale,  fissure  dans  le  foie  qui  longe 
la  veine  ombilicale  chez  le  fœtus.  ||  Fissure  de  la 
rate,  sillon  qui  divise  la  face  interne  de  la  rate 
Il  Terme  de  vétérinaire.  Division  de  la  corne  du 
sahot.  Il  3°  Terme  de  chirurgie.  Toute  solution  de 
continuité  étroite  et  pou  profonde.  ||  Fissure  à 
l'anus,  maladie  très-douloureuse  et  qui  consiste  en 
une  gerçure  superlicielle  et  longitudinale.  ||  Frac- 
ture longitudinale  d'un  os  qui  est  fêlé.  Les  fissure» 
du  crine. 

—  lllST.  XIV"  s.  Des  plaies  pénétrantes  [ducr.lne], 
l'une  est  large,  apparante,  par  laquelle  la  dure  mère 
puet  [peutj  estre  veue,  l'autre  est  estroite,  si  comme 
fixure,  H.  DF.  mondeville,  f»  63.  ||  xvi"  s.  Le  foyo  a 
comme  une  fissure  et  petite  division  pour  laisser 
passer  la  veine  umbilicale,  paré,  i,  18. 

—  ÉTYM.  Lat.  fissura,  de  fissum,  supin  de  /In- 
dere  (voy.  fendre). 

t  FISSURELLE  (fl-ssu-rè-l') ,  s.  f.  Terme  de  «oo- 
logie.  Genre  de  mollusques  à  coquille  univalve,  co- 
nique et  percée  au  sommet;  d'où  le  nom.  La  fissu- 
relle  grecque  est  mangée  à  Marseille  sous  le  nom 
d'oreille  de   saint  Pierre. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fissure. 

t  FISSURELLIER  (fi-ssu-rè-lié) ,  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  L'animal  de  la  fissurelle  qui,  ordinaire- 
ment trop  grand  pour  tenir  dans  la  coquille,  s'at- 
tache aux  corps  solides  sous-marins  au  moyen  d'un 
pied  qui  vient  se  joindre  à  la  coquille. 

t  FISSURER  (fl-ssu-ré),  v.  a.  Terme  didactique. 
Diviser  par  fissures.  ||  Se  fissurer,  v.  réfl.  Être  divisé 
par  fissures.  Certaines  roches  se  désorganisent  sous 
l'action  atmosphérique,  elles  se  fissurent,  puis  tom- 
bent. Presse  scientifique,  <86l,  t.  m,  p.  Î3). 

—  HIST.  xvi*  s.  Fissurer,  cotgrave. 

—  ÊTYM.  Fi.'.sure. 

fFIST  (fist)  DE  PROVENCE,*,  m.  Oiseau  dont  le 
nom  vient  de  son  cri  :  fist,  fist;  il  appartient  à  l'ordre 
des  passereaux  et  au  genre  fauvette. 

tFISTULAIRE(fi-stu-lê-r').  jj  l-^ldj.  Terme  didac- 
tique. Qui  est  percé  d'un  pertuis  dans  toute  sa  lon- 
gueur. Il  2°  S.  m.  Genre  de  poisson  osseux.  ||  3°  S.  f. 
Genre  d'algues  marines.  ||  Genre  de  mollusque» 
vivant  dans  le  sable,  le  bois,  les  pierres.  La  fis- 
tulaire  massue. 

—  HIST.  xvi*  3.  La  figure  des  intestins  e»t  ronde, 
fistulaire  ou  creuse,  paré,  i,  i  5. 

—  ÊTYM.  Fistule. 

FISTULE  (fi-stu-l"),  s.  f.  Il  1°  Terme  de  chirurgie. 
Ulcère  dont  l'entrée  est  étroite  et  qui  communique 


^686 


FIX 


avec  une  cavita  naturolla.  Fistule  lacrymale.  ||  Dans 
le  langage  vulgaire,  fistule  s'entend  de  la  fistule  à 
l'anus.  One  Li  fistule  eût  gangrené  le  rectum  du 
cardinal  do  Richelieu  quel(]ues  mois  plus  tfit,  les 
do  Thou,  les  Cinq-Mars  et  tant  d'autres  étaient  en 
liberté, VOLT.  DM.  phil.  Arrêts  de  mort.  11  [Henri  V] 
mourut  à  Vincennes  le  81  août  <422,  d'un  m 
qu'on  appelait  alors  mal  saint  fiacre  et  qui  n'était 
autre,  dit-on,  que  la  fistule,  saint-foix,  Essais  sur 
Paris,  Œuvres,  t.  v,  p.  227,  dans  pougens.  {{  Ulcère 
en  forme  de  canal  étroit,  entretenu  par  un  état 
pathologique  lo&il,  ou  par  la  présence  d'un  corps 
étranger,  sans  communication  avec  une  cavité  na- 
turelle. Il  2"  Coup  de  marteau,  coup  de  ciseau  qui, 
donné  mal  à  propos,  endommage  la  surface  du  bois. 

—  HIST.  xiii*  s.  Flostre,  Uir.  de  SI  Louis,  p.  «9i 
et  408.  Il  XIV*  s.  Fistule  est  ulcère  profonde  qui  a  la 
bouche  estroite,  le  fons  aucunefois  large,  aucunefois 
non,  H.  DE  MONDEviLLE,  f  '  89.  ||  XVI' S.  Une  moyenne 
coulevrine,  estant  par  aventure  trop  chargée,  ou  bien 
ayant  quelque  fistule,  creva,  M.  du  bellay,  60. 

—  ÉTVM.  Provenç.  et  espagn.  fistola;  ital.  fi.s- 
tula;  du  lat.  fistula,  flûte.  L'ancienne  forme  flestre 
est  régulière  :  fistula  avec  l'accent  sur  fis  a  donné 
Astlc,  feslle,  et,  avec  transposition  de  l,  fleslre. 

FISTCLEUX,  ECSE  ( fl-stu-leû,  leû-z'),  adj. 
Il  1°  Terme  de  chirurgie.  Qui  est  de  la  nature  de 
la  fistule.  Ulcère  fistuleux.Trajet  fistuleux.  ||  2"  Terme 
de  botanique.  Qui  est  cylindrique  et  percé  d'un  ca- 
nal intérieur.  Tige  fistuleuse. 

—  HIST.  xvi"  s.  Les  08  des  doigts  sont  caves  et 
fistuleux,  pleins  de  mouelle  subtile  et  liquide,  pabé, 
IV,  27.  La  ligature  expulsive  appartient  aux  ulcères 
sanieuses  et  fîstuleuses,  pour  expellor  la  sanie,  m. 
y,  6. 

—  Etym.  Lat.  fistulosvis,  de  fistula,  fistule,  ratta- 
ché par  conjecture  à  festuca  (voy.  fétu). 

t  FISTDLINE  (fi-stu-li-n'),  i.  f.  Terme  de  bota- 
Bique.  Genre  de  champignons  dont  les  tubes  ce 
sont  pas  soudés  entre  eux. 

—  RTYM.  Fistule. 

+  FISTCLIVALVE  (fi-stu-li-yal-v') ,  adj.  Terme  de 
roologie.  Oui  est  en  forme  de  fourreau  tubulaire. 
Coquille  fistulivalve. 

—  ÉTYM.  Lat.  fistula,  tube,  et  valve. 

t  FIVÈLE  (fi-vè-l'),  s.  f.  Morceau  de  bois  en  forme 
d'anneau,  qui,  fixé  au  bout  d'une  corde  destinée  à 
serrer  des  faix  volumineux  (ramée,  paille,  foin),  sert 
à  arrêter  le  nœud  coulant  (Drûme). 

f  FIXAGE  (fi-ksa-j'),  s.  m.  Terme  technique.  Ac- 
tion de  fixer.  Les  coussinets  supportent  bien  mieux 
le  service  que  les  rails  et  les  coins  ;  le  sabotage  a  dû 
être  fait  convenablement  ;  et,  si  les  chevilles  sont 
en  fer,  on  peut  être  tranquille  sur  leur  fixage. 
Presse  scientifique,  4  861,  t.  m,  p.  229.  ||  Terme 
de  photographie.  Opération  par  laquelle  on  détruit 
la  sensibilité  spéciale  d'une  préparation  photogé- 
nique amenée  par  la  lumière  à  un  état  dont  on  veut 
conserver  l'impression. 

—  ÉTVM.  Fixer. 

t  FIXATEUR  (fi-ksa-teur),j.  m.  Terme  de  photo- 
graphie. Ce  qui  fixe  l'image.  L'hyposulfite  de  soude 
employé  comme  fixateur. 

—  ÉTYM.  Fixer. 

t  FIXATIF,  IVE  (fi-ksa-tif,  ti-v'),  adj.  Terme  tech- 
nique. Oui  sert  à  fixer.  Il  faut  pour  ce  dessin  une 
eau  fixative,  leooabant. 

—  ÉTVM.  Fixer. 

FIXATION  (fi-ksa-sion  ;  en  vers,  de  quatre  .sylla- 
bes), s.  f.  Il  1"  Action  dç  fixer,  de  rendre  fixe.La  fixa- 
tion d'un  poteau  dans  la  terre.  ||  2°  Arrêt  d'un  corps 
mobile  horizontal  ou  suspendu.  La  fixation  d'un 
pendule,  d'une  girouette ,  d'une  aiguille  de  bous- 
sole. Il  Fig.  Quelque  fixation  que  la  barbarie  mette 
dans  les  progrès  d'une  masse  d'hommes,  ce  n'est 
qu'en  la  privant  [cette  masse]  des  occasions  de  se 
perfectionner,  turoot,  Ébauche  du  2*  dise.  Progrès 
de  l'esprit  humain,  p.  268.  ||  3°  Opération  par  la- 
quelle on  rend  solide  un  corps  liquide  ou  gazeux. 
On  lui  dit  que  ces  boissons  figées  avaient  été  com- 
posées en  six  minutes  par  le  moyen  du  salpêtre  dont 
on  les  avait  entourées,  et  que  c'était  avecuu  mouve- 
ment qu'on  avait  produit  cette  fixation  et  ce  froid 
glaçant,  volt.  Dial.  iS.  ||  4°  Action  de  déterminer, 
de  régler  d'après  un  taux,  un  étalon,  etc.;  résultat 
de  cette  action.  La  fixation  d'un  terme  pour  un 
payement.  Fixation  d'un  prix  de  vente.  Plusieurs 
puissances  étrangères  ont  envoyé  à  Paris  des  savants 
distingués  qui,  réunis  aux  commissaires  de  l'In- 
ititut  national,  ont  déterminé,  par  la  discussion 
des  observations  et  des  expériences,  les  unités  fon- 
damentales de  poids  et  de  longueur  ;  en  sorte  que 
la  fixation  de  ces  unités  doit  être  regardée  comme 


FIX 

un  ouvrage  commun  aux  savants  qui  y  ont  con- 
couru et  aux  peuples  qu'ils  ont  représentés,  la- 
place,  Expos.  1,  <*.  Il  On  disait  de  même  autrefois  : 
la  fixation  du  prix  des  charges,  ou,  simplement,  la 
fixation  des  charges.  ||  Fig.  La  fixation  des  idées, 
des  termes,  du  langage. 

—  HIST.  XVI'  s.  J'ay  reprouvé  la  médecine  alchi- 
mistale  sur  l'effet  de  la  génération,  augmentation 
et  fixation,  sur  le  fait  des  métaux,  palisey,  223, 

—  ÉTYM.  Fixer. 

FIXE  (fi-ks'),  adj.  Il  1°  Oui  ne  se  meut  point,  qui 
est  toujours  à  la  même  place.  Point  fixe.  Le  baro- 
mètre est  au  beau  fixe.  Les  fièvres....  empêcheront 
toujours  les  Européens  d'y  faire  des  établissements 
fixes,  BERN.  DE  ST-PIERRE,  Paul  et  Virg.  ||  Êtie  à 
poste  fixe  en  un  lieu,  y  être  à  demeure,  y  être  sé- 
dentaire. Il  Avoir  la  vue  fixe,  les  yeux  fixes,  le  re- 
gard fixe,  tenir  les  yeux  attachés  sur  un  objet. 
Il  Avoir  les  yeux  fixes,  signifie  aussi  avoir  les  yeux 
ouverts  et  immobiles.  Ce  malade  avait  les  yeux 
fixes.  Polyphonie,  l'œil  fixe  et  d'un  front  inhumain, 
volt.  Mérope,  v,  e.  Le  regard  fixe  et  le  sein  op- 
pressé, MiLLEV.  Êlég.  liv.  1.  Il  Les  étoiles  fixes,  les 
étoiles  qui  gardent  toujours  la  même  situation  entre 
elles,  par  opposition  aux  planètes:  cette  fixité  n'est 
plus  aussi  absolue  qu'on  le  croyait,  vu  qu'on  a  re- 
connu un  mouvement  de  translation  dans  plusieurs 
d'entre  elles.  ||  S.  f.  pi.  Les  fixes,  les  étoiles  fixes. 
C'est  pour  remplir  ce  vide  [celui  que  présentait 
l'hémisphère  austral],  cette  partie  imparfaite  du 
catalogue  des  fixes  de  Ptolomée  et  de  Tycho,  et 
pour  seconder  les  soins  de  MM.  Flamsteed  et  He- 
velius,  que  M.  Halley  se  proposa  d'aller  à  Sainte- 
Hélène  ,  MAIRAN ,  Eloges ,  Halley.  \\  2°  Qui  ne 
varie  point.  Prix  fixe.  Notre  langue  n'est  point 
fixe  comme  la  latine,  elle  change  ince.ssamment  ; 
j'en  demeure  d'accord,  lui  dis-je ,  cette  remar- 
((ue....  ne  vous  est  point  avantageu.se  ;  c'est 
que  la  latine  est  morte  et  que  la  française  est  vi- 
vante, LE  LABOUREUR,  Avantages  de  la  langue 
française,  (669,  p.  10.  ||  Couleur  fixe,  couleur  qui 
reste  la  même  de  quelque  côté  qu'on  la  regarde. 
Il  Douleur  fixe,  douleur  qui  se  fait  sentir,  sans  dis- 
continuation, en  un  point.  ||  Idée  fixe,  idée  domi- 
nante qui  absorbe  l'esprit  et  fait  taire  toutes  les 
autres  pensées.  ||  3°  Déterminé.  S'assembler  à  jour 
fixe.  N'avoii  point  de  direction ,  de  pliin  fixe. 
Il  4°  Réglé,  par  opposition  à  casuel.  Des  appointe- 
ments fixes.  Il  S.  m.  Le  fixe,  la  quotité  fixe  des  ap- 
pointements. Son  fixe  est  de  i  200  francs.  ||  B°  Décidé 
à,  résolu  à.  Tantôt  à  me  venger  fixe  et  déterminée,  Je 
jurais  qu'il  voyait  sa  dernière  journée,  rac.  Baj.  m, 
6.  Il  6°  Terme  de  chimie.  Qui  n'est  point  volatilisable 
par  le  feu.  L'or  qui,  de  tous  les  corps,  est  le  plus 
fixe,  et  le  moins  combustible,  buff.  Hist.  min.  In- 
trod.  Œuvres,  l"  part.  t.  vi,  p.  lOO,  dans  pougens. 
Il  Gaz  fixes,  gaz  qui  ne  peuvent  être  amenés  à  l'état 
liquide  ou  solide.  On  dit  plus  souvent  permanent 
dans  ce  dernier  sens.  ||  Dans  l'ancienne  chimie,  al- 
cali fixe,  nom  donné  à  la  soude  et  à  la  potasse, 
substances  solides,  par  opposition  à  l'ammoniaque 
qu'on  appelait  alcali  volatil.  Sel  fixe,  produit  cris- 
tallin obtenu  en  lavant  les  cendres  des  végétaux. 
l!  .S',  m.  pi.  Les  fixes,  les  corps  qui  ne  sont  pas  vola- 
tilisables  par  le  feu.  {|  7°  Terme  de  botanique.  Cloi- 
sons fixes,  celles  qui,  à  la  maturité  du  fruit,  res- 
tent immobiles  et  conservent  leur  attache,  mirbel. 
Il  8"  Fixe  I  loc.  interj.  Terme  de  commandement 
militaire,  pour  qu'une  troupe  à  qui  on  a  commandé 
tête  gauche  ou  tête  droite,  regarde  juste  devant  soi. 

—  HIST.  XI'  s.  Bataille  aurez,  vous  en  estes  toui 
fiz  [certains],  Ch.  de  Bol.  lxxïvii.  |{  xii'  s.  Se  truis 
[si  je  trouve]  Rolant,  de  mort  [il]  puet  estre  fis, 
Bonc.  p.  42.  Il  xiii"  s.  Et  Diex,  qui  sages  est  et  fis. 
Tient  à  bien  fait  quanque  je  fis,  la  Base,  7169. 
Il  xiV  s.  Sire,  ce  dist  Bertran,  je  ai  de  bons  amis; 
Je  le  trouveray  bien,  j'en  suis  certains  et  fis,  Guescl. 
t.1660.  Il  XVI'  s.  Fixes  sont  choses  qui  endurent  le 
feu  jusques  à  la  fonte,  palissy,  378. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fix  ;  espagn.  et  portug.  fixo  ; 
ital.  fisso;àa  lat.  finis,  part,  piissif  de  figere,  fixer. 
L'ancien  français  était  fis,  et  signifiaitassuré,  certain. 

FIXlî,  ÉE  (fi-ksé,  ksée),par(.  passé.  ||  1°  Rendu 
fixe,  immobile.  Le  vaisseau  fixé  par  une  ancre  pe- 
sante. Il  Se  dit,  par  extension,  des  regards  qui  s'at- 
tachent sur  un  objet Heureux  les  yeux,  que  les 

dons  invisibles  Tiennent  sur  leurs  trésors  fixés 
incessamment,  corn.  Imit.  m,  t.  Vos  yeux  fixés 
sur  cet  écrit,  DfXAv.  Vêpres  sicil.  m,  1.  I|  Fig.  Nos 
cœurs  fixés  par  la  possession  du  bien  vé.'itable, 
MASS.  Carême,  Vérité  de  la  religion.  Bologne  a  une 
académie  des  sciences  qui  s'appelle  l'académie  des 
Inquiets,  nom  assez  convenable  aux  philosophes 


FIX 

modernes  qui,  n'étant  plus  fixés  par  aucune  aulo- 
ri  té,  cherchent  et  chercheront  toujours,  pontek.  Mar- 
îi'jZi.  Il  2"  Qui  demeure  en  une  même  place.  Que 
nos  guerriers  surtout  à  leur  poste  fixés,  volt.  Orph. 
II,  7.  Il  Oui  a  établi  son  domicile.  Des  étrangers  fixés 
à  Paris.  Il  3"  Constitué,  arrivé  à  un  état  fixe.  Que  si 
l'on  a  jamais  dû  se  promettre  qu'une  langue  vivante 
pût  parvenir  à  être  fixée  et  à  ne  dépendre  plus  du 
caprice  et  de  la  tyrannie  de  l'usage,  nous  avons 
lieu  de  croire  que  la  nôtre  est  parvenue  à  ce  glo- 
rieux point  d'immutabilité,  puisque  les  livres  et  les 
autres  monuments  de  Votre  Majesté  seront  toujours 
regardés  comme  faits  dans  le  beau  siècle  de  la 
Frince  et  feront  à  jamais  les  délices  de  tous  les 
peuples  et  l'étude  de  tous  les  rois,  Académie,  Dict 
édit.  de  (698,  ^pilrc  au  rot.  Toute  langue  étant 
imparfaite,  il  ne  s'ensuit  pas  qu'on  doive  la  chan- 
ger ;  il  faut  absolument  s'en  tenir  à  la  manière  dont 
les  bons  auteurs  l'ont  parlée  ;  et,  quand  on  a  un 
nombre  suffisant  d'auteurs  approuvés,  la  langue  est 
fixée,  VOLT.  Dict.  phil.  Langues.  ||  4"  Déterminé. 
Le  jour  fi.xé  pour  l'assemblée.  ||  Familièrement.  Ja 
suis  fixé,  je  n'hésite  plus,  ma  résolution  est  prise; 
et  aussi  :  je  .sais  à  quoi  m'en  tenir.  D'après  sa  ré- 
ponse, je  suis  fixé,  rae  voilà  fixé.  ||  5°  Terme  de  chi- 
mie. Rendu  fixe,  en  parlant  d'un  corps  qui  était 
gazeux  ou  liquide.  L'œil  a  peine  à  suivre  ses  traces 
[du  mercure]  ;  Mais  quand  ce  métal  est  fixé,  Il  fait 
qu'on  se  voit  dans  nos  glaces,  desmahis.  Poésies, 
p.  96,  dans  pougens.  ||  Nitre  fixé,  azotate  de  po- 
tasse dont  on  produit  la  di  fiagration  avec  de  la 
crème  de  tartre  ou  du  charbon.  ||6"  S.  m.  Terme 
de  peinture.  Fixé,  petit  tableau  à  l'huile,  ordinai- 
rement peint  sur  taffetas  et  appliqué  à  une  glace 
qui  lui  tient  lieu  de  vernis. 

t  FIXE-LONGE  (fi-kse-lon-j"),  s.  m.  Instrument 
destiné  à  empêcher  que  la  longe  du  cheval  ou  du 
bœuf  et  de  la  vache  ne  se  raccourcisse  ou  ne  s'al- 
longe au  delà  de  la  mesure  nécessaire.  ||  Au  plur. 
Des  fixe-longe  ou  fixe-longes. 

FIXEMENT  (fi-kse-man)  ,  adv.  D'une  maniè^-e 
fixe.  Le  soleil  ni  la  mort  ne  se  peuvent  regarder 
fixement,  la  rochefouc.  Vaxime  26.  Des  yeux 
trop  fixement  arrêtés  sur  le  soleil  y  souffrent  beatt- 
coup,  Boss.  Connaiss.  i,  (7. 

—  HIST.  XVI' s.  Le  regardant  fixement,  mont.  1,8. 

—  ÉTYM.  Fixe,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  fixa- 
ment;  espagn.  fixamente;  ital.  fissamente. 

FIXER  (fi-ksé),  V.  a.  ||  1°  Rendre  fixe,  affermir, 
arrêter.  Fixer  au  moyen  d'in  clou,  d'une  épingle. 
Fixer  une  persienne  agitée  par  le  vent.  Considérez 
le  soleil  avec  quelle  impétuosité....  cependant  vous 
n'ignorez  pas  que  Dieu  ne  l'ait  fixé  autrefois  au  mi- 
lieu du  ciel,  à  la  seule  parole  d'un  homme  [Josuél, 
BOSs.  i"  scrm.  Conception,  i.  Le  lendemain,  il  [le 
prince  Eugène]  continua  sa  route  avec  ceux  que  le 
froid  de  la  nuit  et  de  la  mort  [dans  la  retraite  de 
Moscou]  n'avait  pas  fixés  autour  de  leur  bivouac, 
sÉoun,  Hist.  de  Nap.  x,  4.  ||  Terme  de  vétérinaire. 
Fixer  un  animal,  l'assujettir,  le  placer  convena- 
blement à  l'effet  de  pratiquer  une  opération  et  d'é- 
viter les  accidents,  soit  pour  l'opérateur,  ioit  pour 
le  sujet  à  opérer.  ||  2°  Par  extension.  Fixer  ses 
yeux,  ses  regards,  sa  vue  sur  quelque  objet,  les  y 
tenir  attaches.  Les  peuples  incertains  fixent  les 
yeux  sur  elle,  volt.  Ait.  i,  i.  ||  Fig.  Fixer  les  re- 
ganls,  attirer  l'attention.  La  France  qui  depuis  long- 
temps fixe  tous  les  regrirds  de  l'Europe,  hass.  Pet. 
carême,  Exempt.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  fixer 
l'attention.  L'opéra-comique,  le  singe  de  Nicolet, 
les  romans  nouveaux  ,  les  actions  des  fermes  et 
les  actrices  de  l'Opéra  fixent  l'attention  de  Paris 
avec  tant  d'empire  que  personne  n'y  sait ,  ni  ne  se 
soucie  de  savoir  ce  qui  se  passe  au  grand  Caire,  i 
Constantinople ,  à  Moscou  et  à  Genève  ,  volt. 
Guerr.  ginév.  Prol.  ||  Fixer  les  yeux  signifie  aussi 
rendre  les  yeux  fixes,  c'est-à-dire  ouverts  et  im- 
mobiles. Un  désespoir  farouche  Fixe  vos  yeux 
troublés,  et  vous  ferme  la  bouche,  volt.  Sémir. 
IV ,  3.  Il  3"  Fixer  ses  idées  sur  le  papier  ,  les 
écrire,  afin  de  les  conserver,  de  les  retrouver  au 
besoin.  ||  On  dit  de  même  :  fixer  quelque  cho.se  sur  la 
toile.  Il  Fixer  dans  la  mémoire,  dans  1  esprit,  éta- 
blir d'une  manière  durable  dans  le  souvenir. 
Il  4°  Fixer  les  esprits,  les  arrêter  à  une  opinion  dé 
terminée.  Fixez-moi  promptement  à  une  opinion 
sur  les  habitants  de  la  lune,con.5enons-lRs  ouanéan- 
ti-ssons-les  pour  jamais,  fonien.  Mondes,  *'  soir. 
Le  sénat  xa  fixer  leurs  esprits  incertains,  volt.  IforI 
de  César,  m,  6.  ||  Arrêter  sur  un  objet  l'esprit,  les 
goûts  de  quelqu'un.  Fixer  les  désirs  de  quelqu'un. 
C'est  bien  fait  ;  il  est  temps  de  fixer  tesdésirs;  Ainsi 
que  ses  chagrins,  l'hymen  a  ses  plaisirs,  BOit.  Sal. 


FIX 


FI.A 


FLA 


1G87 


I.  Car  on  dit  qu'elle  seule  a  fixé  son  amour,  bac.  Ba- 
jax.    1,  t.  Cet  objet  fixa  tous   ses  vœux,  hamilt. 
Gramin.  6.  ||  Fixer,  se  dit  aussi  d'une  femme  qui  s'at- 
tache à  un  homme  par  l'amour,  ou  d'un  hommequi 
s'attache  à  une  femme.  Mademoiselle  Choin  fut  celle 
qui  le  fixa  [le  dauphin]  ;  elle  avait  été  en  qualité  de 
i      fille  d'honneur  auprès  de  la  princesse  de  Conti-Val- 
lière,  sœur  naturelle  du  dauphin,   duclos,  Règne 
i      de  Louis  XIV,  Œ'jtv.  t.  v,  p.  48,  dans  pougens.  Voilà 
1      comme  elles  sont  toutes  :  la  petite  vanité  de  fixer  un 
homme  qui  a  quelque  succès  dans  la  société,  leur 
tourne  la  tête,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  les  Faux  amis, 

1,  6.  Villarceau,  qui  sut  fixer  longtemps  Ninon,  id. 
Mme  de  Mai  nie  non,  t.  i,p.  los,  dans  pougens.  Fille 
qui  la  peut  l'aire  entendre  [cette  chanson]  Doit  fixer 
les  plus  inconstants,  bérang.  Ch.  et  laitière.  ||  5"  As- 
surer, déterminer.  Le  combat  doit,  dit-on,  fi.xernos 
destinées,  rac.  Bajai.  i,  2,  Dans  mon  parti  nom- 
breux cette  utile  alliance  Fixera  la  faveur,  le  crédit, 
la  puissance,  ducis,  Bornéo,  i,  *.  Don  Pèdre  au- 
rait fixé  le  destin  des  combats,  c.  delav.  Vêpres  si- 
cil.  IV,  4.  Il  Fixer  ses  vues  sur  quelqu'un,  se  déter- 
miner pour  lui,  le  choisir  en  vue  d'un  but  qu'on  se 

■  propose.  Il  Fixer  son  choix  sur  quelqu'un,  sur  quel- 
que chose,  le  choisir.  ||  Fixer  son  attention  sur  un 
objet,  l'examiner  attentivement.  ||  Fixer  les  soupçons 
sur  quelqu'un,  faire  qu'ils  se  portent  et  s'arrêtent  sur 
lui.  Il  Fixer  ses  soupçons  sur  quelqu'un,  les  arrêter 
surlui.  Il  6°  Régulariser,  en  parlant  des  atlections  mo- 
rales. Fixer  la  conduite,  les  inclinations.  [Ils]  Fixent 
dans  son  devoir  ses  voeux  irrésolus,  rac.  Bérén.  v, 

2.  En  nous  assujettis.sant  a  sa  loi,  il  n'a  pas  voulu 
tjTanniser  notre  cœur,  mais  en  fixer  les  inquiétu- 
des, MASS.  Carême,  Samaritaine.  Facile  à  émouvoir, 
diflicileàfixer,  m.Carême, lncortst.\\  Onditdeméme: 
fixer  les  irréisolutions,  les  doutes,  etc.  dequeliù'un. 
Il  7°  Régler,  préciser,  évaluer.  Fixer  la  valeur  des 
monnaies,  le  cours  d'un  produit,  les  heures  de  tra- 
vail. Fixer  un  prix.  Fixer  l'état  de  la  question.  On 
dit....  Que  de  leur  sang  impur  on  a  fixé  le  prix,  volt. 
Triumv.  ii,  2.  Il  faut  du  temps  pour  apprécier  les 
livres  et  pour  fixer  les  réputations,  id.  Lett.  Lin- 
guet,  (6  mars  4  767.  Le  ciel,  en  vertu  de  son  mou- 
vement diurne ,  se  présentant  dans  un  jour,  à  peu 
près  de  la  même  manière,  à  tous  les  points  de  son 
parallèle,  il  est  difficile  au  navigateur  de  fixer  le 
point  auquel  il  répond,  laplace.  Expos,  i,  <4.  La 
position  de  cet  arc  [l'arc  du  méridien  qui  traverse 
la  France]  est  si  avantageuse,  que  les  savants  de 
toutes  les  nations,  pour  fixer  la  mesure  univer- 
selle, n'eussent  point  fait  un  autre  choix,  m.  ib.  ||  As- 
signer. Il  fixa  le  lieu  du  rendez-vous.  Mais,  pour 
ne  pas  errer  à  l'aventure,  Fixons  un  lieu  :  fuyons, 
si  tu  le  vetLX,  Près  de  Vénus  et  dans  sa  grotte  obs- 
cure, malfil.  Narcisse,  ch.  iv.  ||  8°  Fixer  une  lan- 
gue, déterminer  quel  est  l'usage  des  meilleurs  écri- 
vains à  une  époque  classique,  le  suivre  ou  l'imposer. 
11  est  vraisemblable  qu'il  [le  dictionnaire  que  devait 
faire  l'Académie  française]  afl'ermirait  et  fixerait  en 
quelque  aorte  le  corps  de  la  langue,  pellisscn,  Ilist. 
de  l'icad.  m.  Il  faut  fixer  la  langue  que  vingt  mille 
brochures  corrompent;  il  faut  imprimer  avec  des 
notes  utiles  les  grands  auteurs  du  siècle  de  Louis  XIV, 
VOLT.  Lett.  Ilénault,  26  juin,  J 701.119"  Faire  rési- 
der. Le  commerce  nous  a  fixés  dans  ce  port.  Sur  les 
bords  du  Jourdain  le  ciel  fixa  nos  pas,  volt.  Zaïre, 
1 ,  1 .  Il  Établir  son  domicile.  Il  a  fixé  sa  demeure  à 
Paris.  Il  10"  terme  de  chimie.  Mettre  un  corps  vola- 
til en  état  de  supporter  l'action  du  feu  sans  se  su- 
blimer ou  se  volatiliser.  Les  montagnes  des  îles  du 
cap  Vert  contiennent  aussi  des  mines  de  cuivre: 
car  il  en  découle  plusieurs  sources  dont  les  eaux 
sont  chargées  d'une  grande  quantité  départies  cui- 
\Teuses  qu'il  est  aisé  de  fixer  et  de  recueillir  par  la 
cémentation,  bufp.  Jftn.  t.  v,  p.  )44,  dans  pou- 
gens. Il  Combiner  un  corps  gazeux  avec  un  corps  so- 
lide. On  fixe  l'acide  arsénieux  en  l'unissant  à  la 
potasse.  Il  Fixer  le  mercure,  faire  qu'il  cesse  d'être 
liquide  et  devienne  solide.  ||  11"  Se  fixer,  c.  réjl. 
S'attacher.  Les  coquillages  se  fixent  aux  rochers, 
il  Par  extension.  Tous  les  yeux  se  fixèrent  sur  lui. 
Les  regards  un  moment  se  sont  fixés  sur  moi ,  du- 
cis, Othello,  v,  2.  Il  Se  fixer,  se  dit  aussi  des  yeux 
qui  deviennent  immobiles.  Chrétiens ,  Jésus  va 
mourir;  il  baisse  la  tête,  ses  yeux  se  fixent,  il 
passe,  il  expire;  c'en  est  fait,  il  a  rendu  l'âme, 
Boss.  3'  serm.  Passion  de  J.  C.  3.||  12°  Fig.  Se  fixer, 
prandre  une  attache  ferme,  définitive.  Malheur  à  la 
créature  qui  ne  se  voit  point  en  Dieu,  et  qui,  se 
fixant  en  elle-même,  se  sépare  de  la  source  de  son 
être!  Hoss.  Concupisc.  24.  L'iiomme  ne  rencontre 
rien  ici-bas  Oit  son  cœur  puisse  se  fixer,  mass.  Ca- 
rême, Avenir.  Cette  soif  de  briller  où  se  fixent  tes 


vœux,  piRON,  Mêlrom.  m,  7.  ||  Absolument.  S'éta- 
blir par  un  mariage.  Il  a  résolu  do  se  fixer.  ||  Ne 
pas  se  fixer,  laisser  aller  son  cœur  à  l'inoonstanco. 
Hélène  sut  fixer  tous  ses  amants  et  ne  se  fixa  ja- 
mais, p.  L.  COUR.  Éloge  d'Hélène.  \\  Se  ranger, 
prendre  pied  dans  le  bien.  Ayez  pitié  de  votre  âme; 
fixez-vous  enfin,  mass.  Carême,  Lnconst.  ||  13"  Se 
déterminer  à  quelque  chose.  X  quoi  vous  fixez-vous? 
Il  fallut  essayer  de  plus  d'une  méthode  avant  de  se 
fixer,  VOLT.  Ilist.  Russ.  i,  <o.  Pétulant,  volage,  sans 
jamais  pouvoir  se  fixer  à  rien,  i.  j.  rouss.  Ém.  iv. 
Il  On  dit  de  même  :  Mon  choix  s'est  fixé  sur.... 
Il  14"  Établir  sa  résidence  d'une  manière  fixe.  Il 
se  fi.xa  enfin  à  Paris  après  la  paix  d'Utrecht,  en 
(7(3,  et  il  s'y  maria  en  (7(7,  mairan.  Éloges, 
Petit.  Ce  Cimbre  s'est  fixé  dans  les  murs  de  Min- 
tume,  LAFOSSE,  Marins  à  Mint.  m,  (.||Fig.  Notre 
patrie,  Où  se  fixent  pour  toujours  Les  plaisirs  et 
l'industrie,  Les  beaux-arts  et  les  amours,  bérang. 
Bon  Franc. 

—  REM.  On  dit  très-fréquemment,  et  même  quel- 
ques-uns l'écrivent  ;  fixer  une  personne,  un  objet, 
pour  fixer  ses  regards  sur  cette  personne,  sur  cet 
objet.  C'est  certainement  une  grosse  faute  :  fixer 
quelqu'un  c'est  le  rendre  fixe,  et  non  pas  le  regar- 
der. Voltaire  a  combattu  cette  locution  qui  a  com- 
mencé, à  ce  qu'il  paraît,  de  son  temps:  Ouelijues 
Gascons  hasardèrent  de  dire  :  j'ai  lixé  cette  dame 
pour  je  l'ai  regardée  fixement,  j'ai  fixé  mes  yeux 
sur  elle  ;  de  là  est  venue  la  mode  de  dire  :  fixer  une 
personne  ,  volt.  Dict.  phil.  Franc.  Et  ailleurs  :  La 
langue  s'embellit  tous  les  jours  :  on  fixe  une  femme 
au  lieu  de  fixer  les  yeux  sur  elle,  lett.  Linguet,  (  5 
mars  (769.  Il  faut  signaler,  pour  l'éviter,  cette  faute 
dans  Malfilâtre  :  Ce  fol  amant,  d'un  œil  insatiable. 
Fixe  à  loisir  un  objet  agréable;  dans  Delille  :  Déjà 
ses  yeux  fixaient  leurs  formes,  leurs  couleurs  [des 
plantes],  Trois  règnes,  vi;  Dans  Lamartine  :  ...  Mon 
œil  ébloui,  qui  plongeait  dans  le  sien ,  Fixait  son 
œil  ouvert  et  fixe  sur  le  mien,  Jucelyn,  viii. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  corps  arreste  la  légèreté  de 
l'esprit  et  la  fixe,  mont,  iv,  305. 

—  ÉT^M.  Fixe. 

FIXITÉ  (fi-ksi-té),  s.  f.  Il  1°  Qualité  de  ce  qui  est 
fixe.  Les  couleurs  de  leur  plumage  sont,  par  leur 
fixité  et  leur  consistance,  à  l'épreuve  de  la  rigueur 
du  froid,  buff.  Ois.  t.  m,  p.  332,  dans  pougens.  Ah! 
qu'elle  est  cruelle,  la  fixité  de  la  douleur!  stael, 
Delphine,  6"  part.  (.  ||  Il  se  dit  de  la  permanence 
des  caractères  dans  les  espèces.  Variétés  purement 
individuelles  et  sans  fixité.  ||  Fig.  La  fixité  des  prin- 
cipes. Institutions  qui  n'ont  pas  assez  de  fixité.  Il 
reprenait  pour  tout  une  sorte  de  fixité  dans  les  idées 
que  le  vague  enivrant  des  beaux-arts  et  de  l'Italie 
avait  fait  disparaître,  stael,  Corinne,  xvi,  4. 
Les  gens  du  peuple  [en  Allemagne]  sont  très-capa- 
bles de  cette  fixité  en  toutes  choses,  qui  est  une 
excellente  donnée  pour  la  morale,  id.  Allem.  i,  2. 
Il  2"  Terme  de  chimie.  Propriété  qu'ont  certains 
corps  de  ne  pouvoir  être  volatilisés  par  l'action  du 
feu.  Si  on  fait  attention  à  la  densité,  à  la  fixité  et  à  la 
solidité  de  la  matière  dont  les  comètes  doivent  être 
composées....  bufp.  Théorie  de  la  terre.  Preuves,  ar- 
ticle (  ",  de  la  formation  des  planètes  (Buffon  sou- 
ligne fixité). 

—  ÉTYM.  Fixe. 

t  FIXIVALVE  (fi-ksi-val-v"),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Coquille  fixivalve,  coquille  dont  une  valve  est 
fixée  à  d'autres  corps. 

—  ÉTYM.  I<Hxe,  et  valve. 

f  FLA  (fla),  s.  m.  Double  coup  de  baguettes 
frappé  sur  le  tambour  en  commençant  faiblement 
de  la  main  droite  et  en  appuyant  lortement  de  la  main 
gauche.  Faire  un  ra  pour  un  fia.  Les  fla  et  les  ra. 

t  FLABELLATION  (fla-bèl-la-sion) ,  s.  f  Terme 
technique.  Action  d'agiter  l'air  pour  rafraîchir. 

—  HIST.  XVI"  s.  La  flabellation  de  la  partie  se  fera 
en  la  changeant  de  place,  et  la  souslevant  par  fois, 
PARÉ,  XIII,  5. 

—  ÉTVM.Lat.  flabellum,  éventail, de /?ore,  souffler. 
t  FLABELLIFOLIÊ,  ÉE  (fla-bèl-li-fo-li-é,  ée),  adj. 

Terme  de  botanique.  Qui  a  les  feuilles  disposées  en 
éventail. 

—  ETYM.  Lat  flabellum ,  éventail ,  et  folium , 
feuille. 

t  FLABELLIFORME  (fla-bèl-li-for-m'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  a  la  forme  d'un  éventail. 

—  ÉTYM.  Lat.  flabellum,  éventail,  et  forme. 

f  FLAC  (llak).  Onomatopée  imitant"  le  bruit  de 
l'eau  qui  tombe  par  terre,  ou  un  coup  qui  résonne. 

—  HIST.  xiv  s.  Et  fossez  sont  chcû,  et  firent 
moult  grant  flas,  Guescl.  (9435.  ||xvi*  s.  Au  branle 
du  navire  et  au  flot  des  vagues  de  la  m?r,  l'eaue 


cntroit  dedans  par  la  passée,  tout  à  (la«,  jean  d'ad- 
ton,  Ann.  de  Louis  J//,  p.  352,  dans  lacurne. 

FLACClDITfi  (n.-i-ksi,-ili-lé),  s.  f  Terme  de  phy- 
sique et  de  médecine.  État  d'une  chose  flasque,  qui 
fléchit  sous  la  pression.  La  flaccidité  des  chairs. 

—  ÉTYM.  Lat.  flaccidus,  flasque,  lâche. 

t  ^■  FLACHE  (fla-ch'),  s.  f.  ||  1»  Pavé  enfoncé  ou 
brisé  par  l'efi'et  d'une  roue.  ||  2"  Terme  de  con- 
struction. Enfoncement  dans  une  surface  qui  de- 
vrait être  continue.  Il  y  a  des  flaches  dans  les  pièces 
de  bois,  dans  les  pierres,  dans  une  route.  {|  3°  Terme 
d'exploitation.  Pente  qui,  se  trouvant  dans  l'inté- 
rieur des  roches,  se  reconnaît  au  son  qu'elle  rend 
par  le  clioc  du  marteau.  ||  4"  Dans  une  pièce  de  bois 
équarrie,  ce  qui  parait  de  l'endroit  où  était  l'écorce. 
Il  5°  Mare  d'eau  dans  un  bois  doDt  le  sol  est  argi- 
leux. 

—  HIST.  XVI"  s.  En  laquelle  terre  ou  sable  l'on 
verra  evidamment  la  forme  touchée,  rides.  Haches, 
bosses  et  concavités  de  la  forme  de  tout  le  pied, 
PALISSY,  3a7. 

—  ÉTYM.  Il  est  probable  que  l'origine  de  ce  mot 
est  dans  l'allemand  flach,  plat. 

t  2.  FLACHE  (fla-ch'),  adj.  Terme  de  construc- 
tion. Bois  flache,  bois  qui,  n'étant  pas  bien  équarri, 
est  difficile  à  toiser. 

—  ÉTYM.  Flache  i . 

t  FLACUER  (fla-ché),  v.  a.  Terme  d'eaux  et  fo- 
rêts. Faire  une  entaille  aux  arbres  pour  y  imprimer 
la  marque  du  sceau. 

—  ÉTYM.  Flache  (. 

fFLACUEUX,  ECSE  (fla-cheû ,  cheii-z') ,  adj. 
Terme  de  construction.  Synonyme  de  flache  2. 

FLACON  (fia-krn),  s.  m.  \\  1°  Petite  bouteille  qui 
se  ferme  avec  un  bouchon  de  verre  ou  de  métal. 
Il  2°  Dans  les  laboratoires,  vase  en  verre  ou  en 
cristal,  de  forme  cylindrique,  à  fond  plat  ou  bombé 
et  muni  d'un  ou  de  plusieurs  goulots  courts,  à 
bords  renversés.  ||  3°  Autrefois,  bouteilles  à  panse 
évasée  et  plate,  qu'on  portait  à  l'aide  de  courroies, 
et  qui,  par  cette  raison,  étaient  enregistrées  dans 
les  inventaires  avec  les  barils,  de  laborde,  Émaux, 
p.  3(7.  Il  4°  Par  extension,  bouteille  de  vin.  L'n 
flacon  de  vin  de  Tokai  animait  la  fin  du  repas, 
MARMONTEL,  Mém.  IV.  X  lougs  flots  puisez  l'allé- 
gresse Dans  ces  flacons  d'un  vin  mousseux,  bérano. 
Mes  cheveux.  ||  6"  Flacon  de  pèlerin,  la  courge  cale- 
basse. 

—  SYN.  FLACON,  BOUTEiLLB.  La  manière  de  les  bou- 
cher, les  llacons  avec  un  bouchon  de  verre  ou  de 
métal,  les  bouteilles  avec  un  bouclion  de  liège,  éta- 
blit entre  eux  une  distinction.  De  plus  les  bou- 
teilles sont  ordinairement  en  verre  plus  commun 
que  les  flacons. 

—  MIS  T.  xiv"  3.  Deux  flacons  d'or  à  deux  esmaux, 
à  deux  courroyes  de  soye  ferrées  d'or,  de  laborde, 
Emaux,  p.  3(8.  ||  xv°  s.  Vins  qu'ils  avoient  mis  sur 
leurs  charriots  en  tonneaux  et  à  grands  flacons  et 
barils,  fboiss.  ii,  ii,  69.  ||  xvi"  s.  Quelle  différence 
est  entre  bouteille  et  flacon?  grande  :  car  bouteille 
est  fermée  à  bouchon,  et  flacon  à  vis,  rab.  Garg. 
I,  5.  Terre  loing  de  soy  n'apporte  que  flascons  et 
bouteilles,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  flasche;  espagn.  fiasco,  frasco; 
portug.  frasco;  ital.  fiasco,  et  féminin  fiasca ,  à 
Florence,  fiascone,  bouteille  en  verre  blanc  dont  la 
panse  est  garnie  de  jonc  ;  bas-lat.  fiasco,  dans  Gré- 
goire de  Tours  (Duo  lignea  vascula,  quae  vulgo 
flascones  vocantur).  Fhisca  ou  fiasco  a  été  pri- 
mitivement un  vase  destiné  à  renfermer  et  proté- 
ger les  vases  en  verre  :  Flascae  pro  vehendis  ac 
recondendis  phialis  primum  factae  sunt,  postea  in 
usum  vini  transierunt,  isid.  xx,  vi,  2.  Ce  mot 
existe  dans  les  langues  germaniques  (anc.  haul- 
illem.  flascâ;  suéd.  flaiska;  allem.  Flasche)  et  dans 
les  langues  celtiques.  Mais  Diez  ne  l'y  croit  point 
primitif,  et  il  le  regarde  comme  d'origine  latine 
et  provenant  de  vasculum,  petit  vase,  par  inter- 
version d'i,  comme  dans  l'iulien  fiaba,  de  fabula, 
pioppo,  de  pnpiilus  ;  \'a.ncien  français  blouque,  de 
buccula;  le  provençal /Zoronc,  de  furunculus  ;  l'es- 
pagnol blago,  de  baculus;  le  v  s'est  changé  en  f, 
comme  dans  parafredus,  de  paraveredus,  palefroi. 
Ainsi  formé,  ce  serait  des  langues  romanes  qu'il 
aurait  passé  dans  les  langues  germaniques  et 
celtiques.  Cependant  l'antiquité  du  mot,  qui  es» 
dans  Isidore  et  Grégoire  de  Tours,  rend  douteuse 
la  métathèse  sur  laquelle  Diez  s'appuie. 

t  FLAGELLAIRE  (lla-jèl-lê-r'),  adj.  Terme  d'hl»- 
toire  naturelle.  Qui  ressemble  à  un  fouet. 

—  ÉTYM.  Lat.  (lagellum.  fouet. 
FLAGELLANT  (fla-jèl-lan),  s.  m.  \\  1"  Nom  d'une 

espèce  d'hérétiques  du  treizième  siècle,  sectateurs 


1688 


FLA 


d'un  moinB  nomma  Rainier,  qui  s'assemblaient 
chaque  nuit,  nus  jusqu'à  la  ceinture,  avec  un  capu- 
chon sur  la  tête  et  une  croix  à  la  main,  pour  se 
donner  la  discipline;  ils  se  fouettaient  ainsi  deux 
fois  le  jour.  Leur  hérésie  consistait  à  croire  que 
cette  flagellation  leur  rendait  les  sacrements  inu- 
tiles, et  valait  mieux  que  le  martyre.  Ces  flagellants 
inondèrent  l'Europe  :  on  en  voit  encore  beaucoup 
on  Itahe,  en  Espagne,  et  en  France  même,  volt. 
Dict.  phil.  Austérités.  ||  2"  Nom  de  corporations  re- 
ligieuses, mais  composées  de  laïques,  qui  subsistent 
«ncore  dans  le  midi  de  la  France  et  qui  prennent 
part  à  certaines  cérémonies.  Henri  III  jouait  alors 
uue  autre  comédie,  il  s'était  enrôlé  dans  la  con- 
frérie des  flagellants,  volt.  Uisl.  parlem.  ch.  29. 

t  FLAGELLATEUU  (fla-j61-la-teur),  *-.  m.  Celui 
qui  flagelle,  qui  administre  une  flagellation. 

—  HIST.  XVI*  s.  Tels  barbares,  qui  sont  comme 
marqués  et  destinés  pour  estre  les  flagellateurs  des 
chrestiens,  langue,  377. 

—  ÉTYM.  Flageller. 

FLAGELLATION  (fla-jèl-la-sion;  envers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'infliger  le  supplice  du 
fouet.  Cette  cruelle  flagellation  où  le  Sauveur  des 
hommes  se  vit  condamné,  bourdal.  Exhort.  sur  la 
jlag.  de  J.  C.  t.  ii,  p.  72.  ||  Tableau  représentant  la 
flagellation  de  Jésus-Christ.  La  Flagellation  de  tel 
peintre.  En  ce  sens,  il  prend  une  majuscule. 
Il  2°  L'action  de  se  flageller.  Ce  n'est  point  par  des 
cérémonies,  par  des  flagellations,  par  des  auto-da-fé 
qu'on  honore  la  divinité,  mais  par  des  sueurs,  par 
des  défrichements,  par  des  travaux  utiles,  raïnal, 
Ilist.  phil.  VII,  (  1 . 

—  ÊTYM.  Lat.  flagellationem,  de  fiageUare,  fla- 
geller. 

FLAGELLÉ,  ÉE  (fla-jèl-lé,  lée),  part,  passé. 
Frappé  avec  un  fouet.  Saint  Gervais  flagellé.  ||  Fig. 
Flagellé  par  une  juste  satire. 

t  FLAGELLÉE  (lla-jcl-lée),  s.  f.  Variété  de  laitue 
que  l'on  nomme  aussi  sanguine,  et  qui  fait  partie 
des  laitues  pommées  du  printemps, 

—  ÉTYM.  Flagellé,  parce  que  cette  laitue  est 
marquée  de  taches  rouges  assimilées  à  la  trace  de 
coups  de  fouet. 

FLAGELLER  (fla-j61-lé),  v.  a.  \\  1°  Infliger  le 
supplice  du  fouet.  Les  prédicateurs  et  leurs  prosé- 
lytes sont  emprisonnés,  flagellés,  égorgés,  baynal, 
Hist.  phil.  XIX,  2.  Il  2°  Fig.  Se  dit  des  écrits  satiri- 
ques qui  attaquent  quelqu'un  avec  acerbité,  à  tort 
ou  à  droit  Combien  de  pamphlets  vils  qui  flagel- 
lent sans  cesse  Ouicouque  vient  du  ciel,  v.  hugo. 
Voix,  29.  Il  Kxciter  comme  on  fait  les  chevaux  par 
le  fouet.  On  parle  de  ranimer  l'esprit  public,  et  Von 
flagelle  trois  ou  quatre  parlements,  bachaumont, 
Jfdm.  secrets,  t.  xxxiv,  f"  70.  ||  3"  Se  flageller,»,  réfl. 
.  Se  fouetter  soi-même  dans  un  esprit  de  mortifica- 
tion. Il  Se  fouetter  l'un  l'autre;  et  fig.  s'infliger  de 
violentes  critiques.  Les  satires  dont  ils  se  flagel- 
lèrent. 

—  SYN.  FLAGELLER,  FUSTiGEB.  Quand  il  s'agit  du 
supplice  du  fouet,  la  ditTérence  étymologique  est 
que  flageller  suppose  l'emploi  du  fouet,  et  fustiger 
celui  des  verges;  dn.ns  l'usage  ces  deux  mots 
sont  synonymes ,  et  ils  s'emploient  l'un  comme 
l'autre,  sauf  que  flageller  est  plus  énergique.  Quand 
il  s'agit  de  pénitence,  c'est  flageller  qui  est  le  mot 
propre. 

—  HIST.  XII*  s.  Cil  qui  ad  malvais  père,  malvaise 
est  s'erilez  [son  héritage]  ;  Cil  qui  ad  lieble  cliief, 
sovent  est  flaelez,  Th.  le  mart.  I28.  Ki  ki  unkes 
murmuret  del  flael  Deu,  ke  fait  altre  chose  ke  acu- 
seir  lajustioe  de  celui  ki  naelet?./o6,  D.  *89.  ||xiii*s. 
Li  diable  sur  els  cureient,  E  flaeloent  e  bateient, 
MARIE,  Purgatoire,  (0(7.  Cuers  de  faine  est  li  chau- 
diaus  d'ues  [d'œufsj  ;  Plus  est  tornans  ne  soit  estues 
[que  n'est  éteuf,  balle  de  jeu  de  paume]  ;  Et  plus 
haleté  et  plus  flaiele  Que  ne  fet  boillons  en  paele 
[en  poile],  Fabl.  mss.  n°  lîis,  f"  240,  dans  la- 

CURNE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  flagellar;  ital.  flagellare;  du 
lat.  flagellare,  de  flagellum,  fouet  (voy.  fléao). 

t  FLAGELLIFOKMK  (fla-jèl-li-for-m'),  ac(j.  Terms 
didactique.  Qui  a  la  forme,  la  flexibilité  d'un  fouet. 

—  ÉTYM.  Lat.  ftagellum.  fouet,  et  forme. 

FLAGEOLER  (fla-jo-lé),  t).  «.  ||  1°  Jouer  du  flageo- 
let. Il  flageole  à  merveille.  \\  2°  Se  dit  du  cheval, 
lorsque  les  articulations  du  genou  et  du  jarret  trem- 
blent et  vacillent  dans  la  marche.  Ce  cheval  flageole, 
\\  Par  extension,  se  dit  des  jambes  de  l'homme  qui 
lui  font  défaut.  'Tout  à  coup,  au  miUeu  des  flammes 
qui  me  dévoraient,  je  sens  un  froid  mortel  courir 
dans  mes  veines  ;  les  jambes  me  flageolent,  et,  prêt 
ù  me  tro\iver  mal,  je  m'assieds  et  pleure  comme 


FLA 

un  enfant,  j.  i.  rouss.  dans  laveaux.  ||  Il  se  dit 
aussi  do  l'homme  lui-même.  11  flageolait,  il  pou- 
vait à  peine  se  tenir. 

—  HIST.  xiii'  s.  Car  le  vin  si  tue  et  assomme;  Nus 
[nul]  homs  n'en  prentplus  que  sa  somme,  Qu'il  n'en 
ait  la  teste  plus  foie;  Moins  en  a  sens,  plus  en  fla- 
jole.  Plus  se  débat  et  plus  parole,  Guersai.  Tous  jors 
ensemble  flajolés;  Ne  sai  que  vous  entrevolés  [en- 
trevouloir], Que  vous  poés  vous  entredire,  la  Rose, 
8671.  Il  XIV*  s.  [Les  oiseaux]  S'en  vont  çà  et  là  fla- 
golant,  Amours  louant  et  relouant  En  leur  latin, 
Lande  dorée.  Mais  bien  [je]  crei  qu'au  derrain 
creûsse  Barat,  s'autre  conseil  n'eusse;  Car  si  bel 
m'avoit  flajolé.  Que  tout  sus  m'avoit  aflblé,  bruyant, 
dans  Ménagier,  t.  u,  p.  27.  {|  xv*  s.  Ces  deux  ont 
partout  l'avantaige,  L'un  en  janglant,  l'autre  à  cor- 
ner Des  instruments  :  lequel  prandray-je  ?  Com- 
pains,  apran  à  flajoler,  eust.  dsschamps,  Ballade, 
Métier  profitable.  Et  n'ont  acoustumé  que  de  fla- 
geoller  en  l'oreille  et  parler  des  choses  de  peu  de 
valleur,  comm.  v,  (8.  ||  xvi*  s.  Quelque  oraison  que 
des  lèvres  flajolles.  Au  cueur  gist  tout,  j.  mabot,  v, 
206.  Pasteur,  qui  conduiras  en  ce  lieu  ton  trou- 
peau, Flageollant  une  eclogue  en  ton  tuyau  d'a- 
veine,  ronsabd,  263. 

—  ÉTYM.  Flageol  (voy.  flageolet  I);  provenç. 
flaujolar,  jouer  du  flageolet.  La  série  des  sens  est: 
jouer  du  flageolet,  puis  babiller,  puis  flatter.  Quant 
à  celui  de  faiblir,  clianceler,  qui  est  moderne  (du 
moins  l'historique  n'en  oHre  pas  d'exemple),  ne 
viendrait-il  pas  de  ce  que  des  jambes  grêles  et  par 
conséquent  peu  sûres  ont  été  dites  des  flageolets? 

i .  FLAGEOLET  (fla-jo-lè  ;  le  <  ne  se  lie  pas  dans 
le  parler  ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  fla-jo- 
lè-z  harmonieux  ;  flageolets  rime  avec  traits,  succès, 
paix,  etc.),  s.  m.  \\  1°  Sorte  de  fliite  à  bec  percée 
de  six  trous  et  armée  de  clefs,  qui  a  des  sons  très- 
aigus.  Ma  main  peu  juste,  mais  légère,  Tenait  au- 
trefois tour  à  tour  Ou  le  flageolet  de  l'amour.  Ou 
la  trompette  de  la  guerre,  volt.  Lettres  en  vers  et 
en  prose,  40.  Je  suis  monté  sur  ce  ton-là  [pasto- 
ral] ;  il  ne  me  manque  qu'un  flageolet  et  des  ru- 
bans à  mon  chapeau,  p.  l.  cour.  Lett.  ii,  53.  ||  Fig. 
et  par  plaisanterie.  Être  monté  sur  des  flageolets, 
avoir  les  jambes  fort  menues.  ||  2"  Le  jeu  de  l'orgue 
le  plus  aigu  de  tous,  dont  le  tuyau  le  plus  long  n"a 
que  six  pouces.  ||  3°  Il  se  dit,  en  Italie,  du  jeu  en 
sons  harmoniques  sur  le  violon,  fétis,  Dict.  de 
musique. 

—  HIST.  xii"  s.  Ces  pastoriai  oit  [il  entend]  lor 
flajox  sonner.  Qui  par  matin  vont  lor  bestes  garder, 
Raoul  de  C.  '-i^'i.  ||  xv»  s.  C'est  un  navire  sans 
pompe,  C'est  un  bei^r  sans  flageolet,  basselin, 
Lvi.  ||xvr  s Faisoit  sonner  chalumeaux,  corne- 
muses Et  flageolets ,  pour  esveiUer  les  muses , 
marot,  i,  166. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'anc.  franc,  flajol;  pro- 
venç. flautol,  flaujol,  qui  sont  des  diminutifs  de 
flauta,  flaûte,  flûte  (voy.  flûte)  . 

t  2.  FLAGEOLET  (fla-jo-lè),  s.  m.  Variété  de 
haricots,  dite  aussi  nain  hâtif  de  Laon,  une  des 
plus  estimées  et  peut-être  la  plus  répandue  aux  en- 
virons de  Paris. 

—  KEM.  Il  serait  raisonnable  d'abandonner  ce 
barbarisme  et  de  dire  fageolet.  Aucun  des  patois 
n'a  cette  l  barbare. 

—  ÉTYM.  Génev.  fajole,  fajule ;  Lyon,  flageole; 
Cambrai,  fageole;  Faucigny,  f  ajoute,  fajole;  du  lat. 
phaseolus,  haricot.  Flageolet  est  une  corruption  de 
fageolet,  qui  est  un  diminutif  de /ajcoi. 

FLAGORNÉ,  ÉE  (fla-gor-né,  née),  part,  passé. 
Aimer  à  être  flagorné. 

FLAGORNER  (fla-gor-né).  ||  l*  V.  a.  Flatter  sou- 
vent et  bassement.  11  flagorne  ses  supérieurs.  Es-tu 
un  prince  pour  qu'on  te  flagorne ?beaumabch.  Mar. 
de  Fig.  iv,  10.  {|  Absolument.  Il  va  flagorner  aux 
oreilles  de  son  maître.  J'appris  par  ce  succès  de 
mon  tardif  coup  d'essai  à  ne  plus  me  mêler  de  vou- 
loir flagorner  et  flatter  malgré  Minerve,  i.  j.  rolss. 
Confess.  xi.  Après  quoi  ledit  Paul  sera  détenu  es 
prisons  de  Paris....  aussi  longtemps  qu'il  convien- 
dra pour  l'entière  satisfaction  desdits  courtisans,  gens 
de  cour,  flatteurs,  flagorneurs  flagornant  par  tout  le 
royaume,  p.  l.  cour.  Aux  dmes  dévoles.  ||  2°  Se  fla- 
gorner, V.  réfl.  Se  flatter  bassement  l'un  l'autre. 

—  HIST.  XV*  s.  Helas I  sire,  Chacun  n'a  pas  si  fain 
de  rire,  Comme  vous,  ni  de  flagorner,  Pattlin. 
Il  XVI'  s.  C'est  tout  le  même  langaige  que  mondict 
maistre  a  flagorné  aux  oreilles  du  duc  de  Nevers, 
CARLOIX,  v,  2. 

—  ÉTYM,  D'après  Leduchat,  que  Diei  approuve, 
ce  mot  vient  de  flatter  et  de  corner;  mais  il  paraît 
plutôt  être  une  altération  do      geoUr,  par  Tinter- 


FI.A 

médiaire  de  flagot  dnflagol,  flûte  (voy.  flageoler) 
Le  sens  ancien  est  bavarder,  dire  à  l'oreille  ;  ce  sent 
est  aussi  un  des  sens  de  flageoler  ;  mais  la  syllabe 
lia,  qui  semble  se  rattacher  à  flatter,  a  été  peut-être 
une  des  causes  qui  lui  ont  fait  prendre  le  sens 
actuel. 

FLAGORNERIE  (fla-gor-ne-rie) ,  i.  f.  Flatterie 
basse  et  assidue.  Ce  sont  des  livres  que  j'envoie  à 
l'académie  de  Pétersbourg,  et  des  flagorneries  pour 
la  czarine,  volt.  Lett.  d'Argenson,  3  mai  1745.  Je 
pourrai  bien  écrire  quelque  petite  flagornerie  à  mon 
docteur,  si  j'ai  quelques  moments  heureux,  id.  Lett. 
Mme  de  Fontaine,  46  avr.  1756.  Les  courtisans 
exerçant  près  des  rois  l'art  de  la  flagormerie,  p.  l 
couK.  Aux  dmes  dévotes, 

—  ÉTYM.  Flagorner. 

FLAGORNEUR,  EUSE  (fla-gor-neur,  neû-z"),  t. 
m.  et  f.  Celui,  celle  qui  flagorne.  Tout  ce  qui  s'ap- 
pelle en  France  courtisans,  seiTiteurs,  flatteurs, 
adulateurs,  complaisants,  flagorneurs  et  autres  gens 
vivant  de  bassesse  et  d'intrigues,  p.  l.  cour.  Aux 
dmes  dévotes. 

—  ÉTYM.  Flagorner.  On  trouve  au  xvi*  siècle  /îa-_ 
gornard. 

t  FLAGRANCE  (fla-gran-s") ,  s.  f.  État  de  ce  qui 
est  flagrant. 

—  HIST.  xvi*  s.    Flagrante    d'un    delict,    coi- 

GRAVE. 

—  ÉTYM.  Flagrant. 

FLAGRANT,  ANTE  (fla-gran,  gran-t'),  ad;.  Qiii 
se  commet  au  moment  même.  Pris  en  flagrant  dé<- 
lit,  affaire  criminelle,  bac.  Plaid,  il,  6.  La  première 
preuve  est  le  flagrant  délit;  elle  atteste  le  fait,  mais 
elle  n'atteste  pas  toujours  que  cette  flagrante  action 
soit  un  crime,  volt.  Polit,  et  législ.  Prix  delajust. 
et  de  l'hum.  art.  xxii,  1. 1|  Par  extension.  Enfin,  la 
panse  pleine  et  toute  rebondie.  Elle  [la  belette]  a 
peur  d'être  prise  en  ce  flagraiit  délit,  boursault, 
Fabks  d'Ésope,  i,  2.  ||  Fig.  Je  crois  toujours,  mes- 
sieurs, qu'il  est  très-fâcheux  d'être  pris  en  flagrant 
délit  de  toutes  ses  paroles  [de  n'avoir  jamais  la 
permission  de  les  expliquer],  villem.  Ldttér.  franc. 
18*  siècle,  2' part.  3*  leç.  ||  Prendre  en  flagrant 
délit,  expression  dont  s'est  servi  Napoléon  pour  ex- 
primer la  situation  d'une  armée  qui,  saisie  dans 
un  faux  mouvement  ou  dans  une  fausse  position,  eat 
exposée  à  un  échec  inévitable. 

—  HIST.  XV*  s.  D'huyle  tu  as  mestier  moult  grant, 
Sans  luy  ne  feras  faict  flagrant,  la  font.  ()4U). 
Il  XVI*  s.  Prendre  au  fait  flagrant,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Lat.  flagrans,  brûlant,  de  flagrare,  de 
même  radical  que  le  grec  ç>.éY£iv,  brûler,  et  le  latin 
flamma.  flamme,  tenant  au  radical  sanscrit  bhraj, 
brûler,  briller. 

FLAIR  (flêr),  s.  m.  Action  de  flairer.  Cette  sub- 
stance se  reconnaît  au  flair.  ||  Particulièrement. 
L'odorat  du  chien.  [(Fig.  C'est  un  homme  fin,  il  a 
du  flair.  U  y  a  des  antiquaires  qui  ont  du  flair. 

—  HIST.  xiu*  s.  Renart  ne  fet  pas  grant  sejor, 
Ainz  saut  sor  la  creste  del  for  :  Là  se  quati,  li  chien 
l'outrèrent.  Le  flair  perdirent,  sel  passèrent,  Ren. 
8H7.  Bouche  et  yex,  et  oreilles,  flair  et  mains  font 
le  pont  Par  où  li  anemis  [le  démon]  en  nos  cuers 
se  repont  [cache],  j.  de  meung.  Test.  ("73.  ||xiv*  s. 
Voit  cuisines  fumer,  de  coi  le  flair  senti,  Voit  ces 
tables  drecier,  voit  maint  grand  feu  basti,  Guescl. 
16405.  Il  ivi*  s.  Plus  leur  est  contraire  que  n'est  le 
flair  du  figuier  aux  taureaulz  indignez,  la  ciguô 
aux  oizons,  eabel.  m,  51.  N'y  ayant  animal  qui  ait 
le  flair  si  subtil  comme  le  loup,  PASQuitB,  Lettret 
t.  I,  p.  856. 

—  ÉTYM.  Voy.  flairer;  génev.  fldr ,  senteur, 
odeur. 

FLAIRÉ,  ÊE  (flê-ré,  rée),  part,  passé.  Le  lièvre 

flairé  de  loin  par  le  chien.  ||  Fig Qu'elle  coure, 

aime  l'oisiveté,  Et  soit  des  damoiseaiu  flairée  en 
liberté,  mol.  Éc.  des  maris,  i,  3. 

t  FLAIREMENT  (flê-re-man),  s.  m.  Action  de 
flairer. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  flairement  corrompu  se  remet 
par  le  souvent  manier  et  flairer  de  la  mente,  o.  os 

serres,   901. 

—  ÉTYM.  Flairer 

FI.AIRER  (flê-ré),  v.  a.  ||  1*  Appliquer  avec  in- 
tention le  sens  de  l'odorat,  reconnaître  à  l'odeur. 
Mais,  ô  douleur!  elles  flairaient  à  peine  La  fleur  ré- 
cente, MALKiL.  Narcisse,  iv.  Enfin  j'ai  pris  vos  vieux 
habits  à  l'un  et  à  l'autre,  et  je  les  ai  fait  flairer  .i 
Fidèle,  bkbn.  ue  sï-p.  Poulet  Virg.  |Le  coursier] 
Lance  un  regard  oblique  à  son  maître  expirant,  Re- 
vient, penche  sa  tête  et  le  flaire  en  pleurant,  n- 
MART.  Méd.  II,  (5.  Il  Substantivement.  L'agneau  ne 
s'y  méprend  jamais  :  il  distingue  au  premier  aperçu, 


FT.A 


FLA 


FLA 


1680 


tu  simple  flairer,  son  tyrun  de  son  défenseur,  eebn. 
DB  ST-PiERHE,  Narm.  liv.  v.  ||  2°  Fig.  et  familière- 
ment. Pressentir.  J'avais  flairé  cela.  X  peine  dans 
la  chambre  il  a  fait  son  entrée.  Il  flaire  votre  opi- 
nion, DELiLLE,  Convers.  ii.  {|  3°  Se  flairer,  ».  réfl. 
Se  flairer  l'un  l'autre.  Les  chiens  se  flairent  en  se 
rencontrant.  ||  Fig.  Être  flairé,  être  pressenti.  C'est 
une  mauvaise  affaire  qui  se  flaire  de  loin. 

—  REM.  Flairer,  c'est  percevoir  une  odeur  avec 
intention;  fleurer,  c'est  exlialer  une  odeur.  Cette 
distinction,  aujourd'hui  établie,  n'existait  pas  dans 
rjuicienne  langue,  ni  même  au  xvii"  siècle  et  au 
xvui',  témoin  Voltaire  qui  a  dit  :  D'Euphémon  fils 
la  réputation  Ne  flaire  pas  à  beaucoup  près  si  bon. 
Enfant  prod.  m,  6. 

—  iliST.  xm"  s.  Cist  fromaches  me  put  si  fort.  Et 
flere  si,  jà  m'aura  mort,  Iten.  73)2.  Et  [il]  flere  es- 
pices  odoreuses.  Et  gouste  choses  savoreuses,  la 
Rose,  4  8685.  Je  durement  sui  envieus  D'avoir  un 
baisier  savoreus  De  la  rose  qui  soef  [doux]  flaire, 
ib.  3398.  Il  xiv  s.  Nesai  se  plus  vous  die  cliou  [ce] 
à  quoi  sui  pensans  ;  On  dit  que  mortiers  est  adès 
les  aus  [l'ail]  flairans,  Baud.  de  Seb.  ii,  386.  ||  xvi»  s. 
L'ouye,  la  veue,  le  flairer,  l'attouchement  et  le 
goust,  CALV.  Instit.  (176.  Ils  y  applaudissent  d'au- 
tant qu'ils  y  flairent  de  gain,  id.  ib.  098.  Il  flaire  par- 
tout [  c'est-à-dire  il  s'entremet  de  toute  chose  ] , 
OUDIN,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM.  Berry,  /îeurer;  wallon,  /îom,  puer;  pro- 
venç.  flairar;  catal.  /toyror ;portug.  cheirar;  du  lat. 
fragrare,  avoir  de  l'odeur,  que  les  étymologistes 
tirent  de  la  particule  fra,  et  du  radical  gra,  sanscrit 
ghrd,  avoir  de  l'odeur. 

FLAIRECR  (flè-reur),  s.  m.\\  i'  Terme  familier. 
Celui  qui  flaire.  ||  Un  flaireur  de  cuisine,  un  para- 
site. Laissons  là  ces  flaireurs  de  cuisine  Regretter 
les  jeux  défendus,  dancooht,  Déroute  du  Pharaon, 
se.  26.  Il  2°  Fig.  Celui  qui  évente  une  affaire. 

—  ÉTYM.  Flairer. 

t  FLAMAND  (fla-man),  s.  m.  Terme  de  char- 
pentier de  marine.  Écart  de  5  à  6  pieds  de  long, 
qu'on  fait  aux  quiUes  des  grands  bâtiments. 

t  FLAMANDE  (fla-man-d') ,  adj.  f.  Porte  fla- 
mande, porte  composée  de  deux  jambages  avec  un 
couronnement  et  une  fermeture  de  grilles  de  fer 
ou  de  bois.  ||  S.  f.  Ancienne.danse  qui  est  venue 
des  Flamands.  Air  de  cette  danse.  ||  Outil  de  me- 
nuisier. 

FLAMANT  (fla-man),  s.  m.  Oiseau  de  l'ordre  des 
échassiers,  ainsi  nommé  à  cause  de  son  plumage 
couleur  de  flamme.  Les  flamants,  que  le  père  du 
Tertre  appelle  flambants,  sont  des  oiseaux  fort  haut 
montés,  labat,  Yoy.  aux  Antilles,   t.  vni,  p.  289. 

—  HIST.  XVI"  s.  Et  estoit  le  pennage  rouge  cra- 
moisi, comme  est  celui  d'un  phœnicoptere,  qui  en 
Languedoc  est  appelé  flammant,  bab.  Pant.  iv,  n. 

—  ÉTYM.  Dit  pour  flammant  ou  flambant  (voy. 

FLAMME,  flamber). 

f  FLAMBAGE  (flan-ba-j'),  s.  m.  Action  de  flam- 
ber les  toiles  de  coton  pour  brûler  le  duvet. 

—  ÉTYM.  Flamber. 

FLAMBANT,  ANTE  (flan-ban,  ban-t'),  adj. 
Il  1"  Qui  flambe.  Les  coursiers  de  Phébus  aux  flam- 
bantes narines,  la  pont.  Psyché,  i,  p.  20.  Bientôt 
ils  aperçurent  leurs  mères  et  Marie,  qui  venaient 
au-devant  d'eux  avec  des  tisons  flambants,  bern. 
D?  ST-p.  Paul  et  Virg.  \\  Populairement.  Un  habit 
tout  flambant  neuf,  un  habit  tout  neuf  et  ayant  à 
cause  de  cela  une  sorte  d'éclat.  ||  Se  dit  aussi  de  la 
personne  :  Il  était  tout  flambant.  ||  2°  Terme  de 
XJlason.  Qui  est  onde  en  forme  de  flamme. 

—  HIST.  XII"  s.  Jesbidenob  ki  fu  del  lignage  Ara- 
pha,  et  out  ceint  un  brant  [glaive]  nuef  et  flam- 
bant. Rois,  p.  1 93.  Il  XVI*  s.  Quand  un  guerrier  flam- 
bant d'armes  insignes,  du  bellay,  v,  e,  verso. 

t  FLAMBART  (flan-bar),  s.  m.  ||  1°  Nom  donné 
par  les  marins  normands  au  feu  Saint-Elme. 
Il  2"  Petit  navire  en  usage  sur  la  côte  de  Norman- 
die. Il  3°  Nom  qui  s'est  donné  quelquefois  aux  pi- 
rates portant  avec  eux  le  fer  et  la  flamme.  |{  4°  Char- 
bon à  demi  consumé  qui  jette  encore  de  la  flamme 
et  de  la  fumée.  ||  5° Graisse  que  les  charcutiers 
recueillent  à  la  surface  de  l'eau  dans  laquelle  ils 
fout  cuire  les  diverses  parties  du  porc.  Ne  pourra 
être  employé  aucunes  graisses  appellées  flambart 
pour  l'ensimage  des  draps  et  serges,  mais  seule- 
ment du  saindoux  de  porc  du  plus  blanc,  Règl. 
lur  les  manuf.  août  4669,  art.  63.  ||  6°  Familière- 
ment. Joyeux  compagnon,  surtout  en  parlant  des 
masques  en  temps  de  carnaval. 

—  HIST.  XVI"  s.  Flambart  [le  flamant] ,  oudin  ,  Dict. 

—  ÉTYM.  Flamber. 

FLAMBE  (flan-b'),  s.  f.  \\  1°  Au  propre  et  inusité. 

DICT.    DE   LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


Flamme.  ||  2°  Nom  donné  à  Viris  germanica,  i.  et 
à  l'iris  des  marais,  iris  pscudo-acorus,  dite  aussi 
flamme  en  quelques  provinces.  ||  Petite  flambe, 
nom  vulgaire  de  Viris  pumila,  1. 1|  3°  Epée  à  lame 
ondulée  que  les  peintres  ont  mise  dans  les  mains 
de  l'archange  Michel  et  sur  l'épaule  des  gardiens 
du  paradis  terrestre,  et  qui  ressemble  à  une  flamme 
qui  monte. 

—  HIST.  XII"  s.  Et  feus  et  flambe  i  est  apareillez, 
Ronc.  p.  112.  Ne  de  mon  cuer  ne  puis  la  flambe 
esteindre,  Couci,  xi.  ||  xiv"  s.  Yreos  est  flambe  qui 
a  la  fleur  blanche,  H.  de  mondeville,  f°  65,  verso. 
Aucuns  villages  d'entour  mirent  en  feu  et  en  flambe, 
Chr.  de  St  Denis,  t.  i,  f"  99,  dans  lacurne.  ||  xv"  s. 
Bûche  vert  sans  famble  qui  fume,  eust.  desch. 
Poésies  mss.  f»  428.  ||  xvi"  s.  Le  grant  estandart 
nommé  la  flambe.  Compte  cité  dans  jal.  Il  a  ap- 
prins  à  les  garder  [les  lois  de  Dieu]  et  en  la  con- 
fusion de  Babylone  et  en  la  flambe  de  la  fournaise 
ardente,  calv.  Instit.  dédie. 

—  ÉTYM.  Lat.  flammula,  diminutif  de  flamma, 
flamme,  d'où  flamble,  flambe. 

FLAMBÉ,  ÉE  (flan-bé,  bée)  ,  part,  passé. 
Il  1°  Passé  à  la  flamme.  Une  volaille  flambée. 
Il  2°  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  offre  des  des- 
sins ondoyants  en  forme  de  flammes.  ||  3°  Fig.  et 
familièrement.  Ruiné,  perdu,  en  parlant  des  per- 
sonnes. C'est  un  homme  flambé.  Et  comment  il 
était  flambé.  Si  vous  n'eussiez  à  notre  patte  Sous- 
trait sa  débile  omoplate,  scarron,  Virg.  v.  ||  Dont 
on  ne  peut  rien  espérer,  en  parlant  d'une  affaire. 
C'est  une  affaire  flambée.  Je  tremble  que  Pondi- 
chéri  ne  soit  flambé  ;  il  y  a  trois  ans  que  je  crie  : 
Pondichéri,  Pondichéri,  volt.  Lett.  d'Argental,  26 
juifl.  (760.  Et  voilà  ma  comédie  flambée,  pour 
plaire  aux  princes  mahométans,  bkaumarch.  Mar. 
de  Fig.  v,  3.  ||  4"  S.  m.  Flambé,  espèce  de  papillon. 

FLAMBEAU  (flan-bô) ,  i.  m.  jj  1°  Plusieurs  mè- 
ches longues  d'environ  trois  pieds,  jointes  ensem- 
ble et  plongées  un  certain  nombre  de  fois  dans  de 
la  cire  chaude  et  fondue ,  qu'on  laisse  après  égout- 
ter  et  refroidir,  et  qu'on  allume  quand  on  en  a  be- 
soin pour  éclairer  dans  les  rues  et  dans  les  cours. 
Les  ombres,  les  flambeaux,  les  cris  et  le  silence.... 
RAC.  Brit.  Il,  2.  Ne  pourrions-nous  pas  avec  un  peu 
de  flambeaux  mettre  le  feu  dans  la  ville,  si  parmi 
nous  il  était  permis  de  faire  le  mal  pour  le  mal  ? 
FÉN.  t.  xxn,  p.  462.  Ses  troupes  étaient  dans  le  fau- 
bourg, le  flambeau  à  la  main  ;  une  faible  porte  de 
bois  et  un  fossé  déjà  comblé  étaient  les  seules  dé- 
fenses d'Altona ,  volt.  Charles  XII ,  7.  Cent  mille 
flambeaux  enfermés  dans  des  cylindres  de  cristal  de 
roche  éclairaient  les  dehors  et  l'intérieur  de  la  salle 
à  manger,  m.  Princ.  de  Babyl.  3.  Irai-je....  Joindre 
un  sceptre  étranger  au  sceptre  de  mes  pères  Et  les 
flambeaux  d'hymen  aux  flambeaux  funéraires?  id. 
Mér.  II,  7.  Il  Flambeau  de  poing,  flambeau  de  cire 
qu'on  porte  ila  main.  On  entendit  une  petite  bar- 
que ;  on  demande  :  «  Qui  va  là?  r  J'avais  ma  réponse 
toute  prête,  et  en  même  temps  je  vois  sortir  par 
la  petite  porte  M.  de  Lavardin  avec  cinq  ou  six 
flambeaux  de  poing  devant  lui,  sÉv.  Lett.  20  sept.- 
1675.  Il  Aux  flambeaux,  àla  lumière  des  flambeaux. 
Ceux  qui  font  des  visites  aux  flambeaux,  sÉv.  47(. 
Nous  revînmes  le  soir  aux  flambeaux,  id.  52).  Les 
plaisirs  de  notre  jeunesse,  reproduits  par  notre  mé- 
moire, ressemblent  à  des  ruines  vues  aux  flam- 
beaux, CHATEAUBR.  Pensécs  etmax.  \\  Fig.  Marche  au 
flambeau  de  l'espérance  Jusque  dans  l'ombre  du  tré- 
pas, LAMART.  Méd.  I,  8.  Il  2°  11  se  dit  des  chandelles 
de  cire  ou  de  suif  qu'on  allume  pour  éclairer  l'inté- 
rieur des  maisons.  Allumez  les  flambeaux.  Appor- 
tez des  flambeaux.  L'autel  étincelait  des  flambeaux 
d'hyménée,  volt.  Mérope,  v,  6.  Bien  des  dates 
manquaient  à  ce  journal  sans  suite,  Soit  qu'il  eût 
déchiré  la  page  à  peine  écrite.  Ou  soit  que  Marthe 
en  eût  allumé  ses  flambeaux,  lamart.  Jocel.  Prol. 
Tandis  que  le  flambeau,  par  les  heures  rongé.  S'use 
pour  éclairer  l'entretien  prolongé,  id.  Ilarm.  m ,  6. 
Il  3°  Par  métonymie  du  contenant  pour  le  contenu, 
chandelier.  Flambeau  d'or,  d'argent,  de  bronze.  Les 
torches  de  cire  qu'on  portait  à  la  main,  et  qu'on 
appelait  flambeaux  ,  ayant  été  diminuées  de  gros- 
seur, entrèrent  dans  les  grands  chandeliers  qu'on 
nomma  dès  lors  chandeliers  à  flambeaux  et,  pour 
faire  plus  court,  flambeaux,  de  laboude,  Émaux, 
p.  318.  Il  4"  Terme  de  blason.  Flambeau  allumé, 
flambeau  dont  la  flamme  est  d'un  émail  diflërent. 
Il  5»  Poétiquement.  Les  flambeaux  de  la  nuit,  les 
célestes  flambeaux,  les  étoiles.  1|  Le  pâle  flambeau 
de  la  nuit,  des  nuits,  la  lune.  ||  Le  flambeau  du 
monde,  le  soleil.  Et  le  flambeau  du  monde  achève 
sa  carrière,  tristan,  Kariane,  v,  i.  |l6=Fig   lise 


prend  pour  ce  qu'on  roprcsonte  avec  un  flambeau 
soit  pour  éclairer  soit  pour  brûler.  Le  flambeau  de 
l'hymen,  le  mariage.  Allumer  le  flambeau  de  l'hy- 
men, se  marier.  11  faut  bien  que  je  pleure;  Mon 
insensible  amant  ordonne  que  je  meure;  Et  quand 
l'hymen  pour  nous  allume  son  flambeau.  Il  l'éteint 
de  sa  main,  pour  m'ouvrir  le  tombeau,  corn.  Hor.  ■ 

II,  5.  [Ils  n'ont  point]  Allumé  le  flambeau  d'un  hy- 
men odieux,  RAC.  Bérén.n,  2.  AchiUe....  Rechercha 
votre  fille  et  d'un  hymen  si  beau  Veut  dans  Troie 
embrasée  allumer  le  flambeau,  id.  Iphig.  i,  i.  L'hy- 
men n'est  point  toujours  entouré  de  flambeaux,  id. 
Phèdre,  v,  1. 1|  Le  flambeau  de  la  guerre,  de  la  dis- 
corde. Les  voisins  dont  les  pratiques  De  nos  rages 
domestiques  Ont  allumé  le  flambeau,  malh.  ii,  2. 
Ils  porteraient  chez  nous  le  flambeau  de  la  guerre, 
MAiR.  Mort  d'Astrub.  i,  t.  Cette  adoption  [de  René 
d'Anjou  par  Jeanne  I'"]  fut  un  double  flambeau  de 
discorde  entre  la  France  et  l'Espagne,  volt.  Mœurs, 
74.  Il  Le  flambeau  de  l'amour.  Si  Psyché  n'est  à  moi, 
je  ne  suis  plus  l'Amour;  Oui,  je  romprai  mon  arc, 
je  briserai  mes  flèches,  J'éteindrai  jusqu'à  mon 
flambeau  ;  Je  laisserai  languir  la  nature  au  tombeau, 
MOL.  Psyché,  V,  6.  C'est  moi  qui  ai  mis  le  flam- 
beau fatal  dans  le  sein  du  chaste  Télémaque,  fén. 
Tél.  VII.  Il  Le  flambeau  de  la  vie,  lavie  même.  Meurs, 
mais  quitte  du  moins  la  vie  avec  éclat.  Éteins-en 
le  flambeau  dans  le  sang  de  l'ingrat,  corn.  Cinna, 
IV,  3 De  vos  jours  prêts  à  se  consumer  Le  flam- 
beau dure  encore  et  peut  se  rallumer,  bac.  Phèdre, 
I,  3.  Et  de  David  éteint  rallumé  le  flambeau  [la 
race],  ID.  Athal.  i,  2.  ||7°  Les  lumières  qui  éclai- 
rent la  raison ,  l'esprit,  l'intelligence.  Est-ce  que 
le  monde  n'a  plus  besoin  du  flambeau  de  la  doc- 
trine? PATBU,  Plaidoyer  4,  dans  kichelet.  L'hom- 
me, venez  au  fait,  n'a-il  pas  la  raison?  N'est-ce 
pas  son  flambeau,  son  pilote  fidèle?  Bon,.  Sat.  via 
Il  est  étrange  qu'un  homme  [Newton]  ait  pu  faire 
de  telles  découvertes  ;  mais  cet  homme  s'est  servi 
du  flambeau  des  mathématiques,  le  seul  flambeau 
qui  éclaire,  volt.  Lett.  à  M.  L.  C.  23  doc.  (7f8. 
Lorsque  ta  raison,  par  l'âge  confirmée,  Pour  éclai.- 
rer  ta  foi  te  prêtait  son  flambeau,  id.  Zaïre,  i  t. 
Il  Dans  le  style  élevé  ou  poétique,  se  dit  des  per- 
sonnes ém.inentes  par  leurs  lumières.  Flambeaux  Aa 
nos  conseils,  prêtres  qui  m'entendez,  c.  delav.  7'a- 
ria,  IV,  9.  Il  8°  Terme  de  mer.  Flambeau  de  la  mer, 
titre  d'un  ancien  livre  servant  de  guide  aux  ma- 
rins caboteurs,  ||  Flambeau  de  signaux,  artifice 
nommé  aussi  feu  ou  artifice  de  conserve.  |l  9°  Terme 
de  botanique.  Flambeau  du  Pérou,  cierge  épineux, 
cactus  peruvianus,  L.  ||  10°  Chaudière  dans  laquelle 
on  fait  l'épreuve  du  sucre  pour  le  raffiner;  ainsi 
dite  parce  que,  sur  la  fin  de  l'opération,  on  fait  un 
feu  si  violent  que  la  masse  du  fluide  semble  étinceler. 

—  HIST.  XIV"  s.  Flambeaux  de  une  livre  la  pièce, 
Ménagier,  ii,  4.  ||  xvi"  s.  Cuides-tu  par  ta  plainte 
Soulever  un  tombeau.  Et  d'une  vie  esteinte  Rallu- 
mer le  flambeau?  du  bellay,  ii,  47,  recto.  [Le  lion] 
Allume  de  ses  yeux  les  deux  flambeaux  ardents,  id. 

III,  66,  recto.  Prenez  ces  chandeliers,  vous  autres  : 
allons,  monsieur. — Foeneste  :  Vous  me  faittes  grand 
despit,  que  ne  dites-vous  ces  flambeaux  î  Ils  sont 
de  bon  argent,  d'aub.  Fan.  ii,  )9.  Il  ne  laissa  pas 
neantmoins  de  rester  et  de  se  placer  le  soir  entre 
les  flambeaux  qui  attendoient  le  roy,  id.  Vie, 
xcviii.  Trois  chandelliers  à  flambaulx,  de  labohde, 
Émaux,  p.  3)8.  Ung  chandeflier  d'argent,  faict  en 
lyon,  portant  ung  flambeau  en  la  gueulle,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Flambe  ;  saintong.  chllambd. 

f  FLAMBÉE  (flan-bée),^.  f.  Feu  clair  de  bourrée 
ou  de  javelle.  Faites  une  flambée  pour  nous  sécher, 

—  ÉTYM.  Flambé. 

FLAMBER  (flan-bé).  ||  1°  F.  n.  Jeter  delà 
flamme.  Le  bois  sec  flambe  promptement.  ||  Sub- 
stantivement. Quand,  au  flamber  du  feu,  trois  vieilles 
rechignéesVinrentàpas comptés....  EÉGNiER,Sat.  xi. 
Il  Fig.  Puis  tout  flambant  de  joie  en  France  reve- 
nant, RÉGNIER,  Éptt.  XVI.  Préférons,  puisqu'enfin 
nos  cœurs  flambent  encor,  Aux  discours  larmoyants 
le  choc  des  coupes  d'or,  v.  hugo.  Voix,  6.  ||  2°  K.  a. 
Passer  quelque  chose  par  la  flamme.  Flamber  des 
bardes.  ||  3°  Terme  de  cuisine.  Passer  à  la  flamme 
d'un  feu  clair  une  volaille  ou  autre  oiseau  plumé  pour 
eu  ôter  les  petites  plumes  qu'on  n'a  pu  arracher  avee 
la  main.  ||  Il  se  dit  aussi  du  cochon  et  du  cochon  de 
lait,  qu'on  passe  à  la  flamme,  pour  en  brûler  les 
poils.  Il  Faire  tomber  sur  un  chapon,  sur  un  cochon 
de  lait,  sur  des  alouettes,  quelques  gouttes  de  lard 
fondu,  qu'on  allume  et  qu'on  fait  flamber.  ||  4°  Flam- 
ber un  chapeau,  en  brûler  les  longs  poils.  ||  Flamber 
les  cuirs,  les  disposer  à  recevoir  le  suif,  jj  Flamber 
un  canon,  faire  brûler  de  Ri  poudre  dedans,  avant 

I.  -  212 


<690 


FLA 


de  le  charger,  pour  en  faire  la  première  épreuve. 
Il  Flamber  un  fusil ,  des  pistolets,  y  brûler  une 
amorce  par  précaution  quand  il  y  a  longtemps 
qu'on  s'en  est  servi.  ||  B'  Terme  de  marine.  Flam- 
ber un  navire,  flamber  le  capitaine  d'un  navire, 
hisser  le  numéro  du  navire  avec  le  signal  du  mé- 
contentement, quand  l'amiral  ou  l3  commandant 
d'escadre  est  mécontent  de  la  manœuvre  qu'a  faite 
un  bâtiment.  ||  6"  Fig.  Dépenser  follement.  11  a 
flambé  sa  fortune  en  peu  de  temps.  ||  Dévaliser  au 
jeu  ou  autrement.  Je  vis  l'autre  jour,  de  mes  pro- 
pres yeux,  flamber  un  pauvre  célestin  ;  jugez  comme 
cela  parait  à  moi,  qui  suis  accoutumée  à  vous 
[Mme  de  Grignan,  qui  était  joueuse),  sév.  279. 

—  HlST.  xvi"  s.  Nicolas  Nail  flambé  avant  mou- 
rir, d'aub. //«'st.  I,  76.  Etcomme  le  bonhomme  crioit 
au  ciel,  et  regardoit  d'yeux  flambans  son  pjuricide. 
Il  en  receut  quatre  coups  de  poignard  dans  l'esto- 
mach,  ID.  ib.  ii,  418.  Attendu  la  très  dangereuse 
combustion  que  pouvoit  faire  flamber  en  icelluy 
ceste  diversité  de  religions,  carloix,  viu,  <6.  Ny 
voir  flamber  [briller]  au  poiaùt  du  jour  les  roses, 
RONSARD,  34.  Voyant  que  toute  apparence  de  peste 
ostoit  hors  du  chasteau  de  Rosny,  où  l'on  avoit 
esté  les  meubles  des  lieux  où  il  y  avoit  eu  de  la 
peste,  et  bien  éventé  et  flambé  les  logements,  vous 
y  ramenastes  madame  vostre  femme,  sully,  ilém. 

t.  l,  p.  258,  dans  LACURNE. 

—  ÉTKM.  Flambe.  L'ancienne  langue  disait  (ïa- 
mer,  usité  jusqu'au  xvi"  siècle. 

FLAMBERGE  (flan-bèr-j'),  s.  f.  ||  1°  Nom  donné 
quelquefois  à  l'épée  du  paladin  Roland  (le  nom  de 
Durandal  est  beaucoup  plus  commun,  surtout  dans 
les  textes  modernes),  et  à  celle  de  Renaud  deMon- 
tauban,  l'aîné  des  quatre  fils  Aymon,  dans  les 
romans  de  chevalerie.  Renaud,  s'abaudonnant  à  la 
fin  sur  le  Circassicn  et  relevant  son  épée  presque 
sur  son  dos,  la  rabat  avec  une  force  si  terrible  que 
Flamberge  partage  en  deux  le  bouclier  de  Sacri- 
pant, DU  TRESSAN,  Roland  furieux  (traduit  de  1 A- 
rioste),  ch.  ii.  ||  2°  Par  plaisanterie,  épée.  {|  Mettre 
flamberge  au  vent ,  tirer  son  épée  ;  et  fig.  faire 
bravade.  Mettons  flamberge  au  vent  et  bravoure 
en  campagne,  mol.  l'Ét.  ni,  5.  ||  Elliptiquement. 
Moi,  l'ennemi  mortel  des  procédés  infâmes,  Je 
m'avance  d'abord.  —  Carlin  :  J'entends,  flamberge 
au  vent,  th.  corn.  D.  César  d'Avalos,  il,  i. 

—  HIST.  XVI"  s.  Vien,  Attropos,  et  me  coupe  la 
teste  De  durandal  ou  joyeuse  ou  clarance.  Ou  d« 
courtain  ou  flamberge  qu'est  preste  ;  Ainsi  auray 
de  mes  maulx  allégeance.  Départie  d'amours, 
p.  242,  dans  LACURNE,  au  mot  courtain. 

—  ÉTYM.  D'après  Frisch  et  Diez,  flamberge  vient 
de  flanc,  et  l'allemand  bergen,  couvrir  :  couvrant 
le  flanc.  Il  y  a  dans  le  Garin  une  épée  dite  fro- 
berge,  dont  l'étymologie  est  incertaine,  du  moins 
pour  la  syllabe  fro.  L'Arioste  dit  fusberta,  Orl.  fur. 
]i,  10.  Des  étymologistes  pensent  que  flamberge  et 
froberge  sont  le  même  mot. 

t  FLAMBEUGEANT  (flan-bèr-jan) ,  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Hultrieret  grand  courlis. 

t  FLAMBEUR  (flan-beur),  adj.  m.  Tuyaux  flam- 
beurs, tuyaux  par  lesquels  s'échappe  la  flamme 
dans  les  appareils  destinés  au  flambage  des  tissus 
de  coton. 

—  ÉTYM.  Flamber. 

FLAMBOYANT,  ANTE  (flan-bo-ian,  ian-t';  plu- 
sieurs disent  flan-boi-ian,  ian-t') ,  adj.  ||  1°  Qui 
flamboie,  qui  brille  comme  le  feu.  Œil  flamboyant. 
Regards  flamboyants.  Je  ne  doute  pas  que  saint 
Léon  ne  fût  accompagné  d'un  ange  armé  d'une 
épée  flamboyante  qui  fit  trembler  le  roi  des  Huns 
[Attilaj,  VOLT.  Dicl.  phil.  Rome  {cour  de).  \\  Par 
extension.  Les  lettres  qui  formaient  ces  mots  :  Lord 
Nelvil  vient  de  mourir,  ces  lettres  étaient  flam- 
boyantes, STAËL,  Corinne,  xii.  2.  ||  Terme  d'ar- 
chitecture. Gothique  flamboyant,  gothique  qui 
emploie  des  ornements  contournés  en  forme  do 
flamme,  ondoyants,  et  qui  est  le  second  âge  de 
l'architecture  ogivale.  ||  2"  S.  f.  Flamboyante,  fusée 
qui  a  la  forme  d'une  comète. 

FLAMBOYER  (flan-bo-ier;  plusieurs  disent  flan- 
Doi-ié),  je  flamboyais,  nous  flamboyions,  vous  flam- 
boyiez; que  je  flamboie,  que  nous  fiamboyiohs, 
que  vous  flamboyiez  ;  dans  le  reste  de  !a  conjugai- 
son, l'y  se  change  en  t  devant  un  e  muet),  v.  n. 
Briller  avec  l'éclat  du  feu,  surtout  en  parlant  des 
armes  ou  des  pierreries.  Ce  diamant  flamboie.  Gar- 
dien des  trônes  qu'il  relève.  Son  glaive  [de  la  France] 
est  lo  céleste  glaive  Qui  flamboie  aux  portes  d'Éden, 
y.  uuoo,  Odes,  II,  7.  Il  Par  extension.  Son  œil  flam- 
boie. Il  II  se  conjugue  avpc  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  Il*  s.  Clere  est  la  lune,  les  estoiles  flam- 


FLA 

bient,  Ch.  du  Roi.  cclviii.  ||  xiii*  s.  [Un  ange]  Oui 
ot  [avec]  sa  flambeant  espée  Gardoit  de  paradis 
l'antrée,  la  Passion,  ms.  de  St  Brieuc,  f°  64.  Sei- 
gneur, entendes  moi,  franc  chevalier  vaillant,  Encor 
sont  tôt  entier  nostre  escu  flamboiaut.  Ne  ne  somes 
plaie  [blessés]  derrière  ne  devant,  Ch.  d'AtUioche, 
II,  704.  Il  XIV*  s.  L'e.scu  avoit  au  col,  la  lance  bien 
fourbie.  Le  bacinet  ou  chief,  qui  au  soleil  flamblie, 
Guescl.  I6U52.  Il  XVI*  s.  Adonc  se  monstrerent  ils 
flamboyans  avec  leurs  armets  et  cuiraces  de  fer 
bien  fourliy,  qui  estincelle  et  reluit  comme  feu, 
AMVOT,  Crassus,  45.  Je  traitte  avec  vous,  courages 
flamboians,  non  de  l'ambition  blanchie  et  tour- 
noiante  à  l'entour  de  la  vertu,  mais  de  la  vertu 
mesme,  d'aub.  Ilist.  ii,  489.  Ce  port  et  ce  vénérable 
maintien  [d'Alexandre],  soubz  un  visage  si  jeune, 
vermeil  et  flamboyant,  mont,  m,  (9a. 

—  ETYM.  Dérivé  de  flamber;  provenç.  flameiar, 
flamegar;  catal.  flamejar  ;  espagn.  flamear  ;  ital. 
fiammeggiare. 

t  FLAMBCRE  (flan-bu-r'),  s.  f.  Tache  ou  inéga- 
lité d'une  étoffe  qui  n'est  pas  teinte  également. 

f  FLAMET  (fla-mè),  s.  m.  Un  des  noms  du  flamant. 

t  FLAMETTE  (fla-mè-f),  s.  f.  La  mactre  poivrée, 
sorte  de  coquille  bivalve  qu'on  trouve  dans  la  Mé- 
diterranée. 

1  FLAMEUR  (fla-meur),  s.  f.  Terme  de  métal- 
lurgie. Fumeron. 

t  FLAMICHE  (fla-mi-ch'),  s.  f.  Nom,  dans  cer- 
taines provinces,  d'une  pâtisserie  composée  de  fro- 
mage, de  beurre  et  d'œufs. 

FLAMINE  (fla-mi-n'),  s.  m.  Prêtre  chez  les  Ro- 
mains. Les  flamines  étaient  au  nombre  de  quinze, 
trois  dits  flamines  majeurs  attachés  au  culte  de  Ju- 
piter, de  Mars  et  de  Romulus,  et  douze  dits  fla- 
mines mineurs  attachés  chacun  à  une  divinité  par- 
ticulière. 

—  ÉTYM.  Lat.  fiamen.  Des  inscriptions  portent 
filamen,  et  l'on  a  dit  que  les  flamines  avaient  été 
dits  ainsi  de  filum,  fil,  parce  qu'ils  avaient  la  tête 
voilée,  ceinte  de  fils.  D'autres  y  voient  fia  [g]  meti, 
celui  qui  allume  le  bûcher,  le  feu  de  l'autel. 

t  FLAMINGANT,  ANTE  (fla-min-gan  ,  gan-t') , 
adj.  Qui  parle  flamand;  où  l'on  parle  flamand. 
Flandre  flamingante.  Pays  flamingant. 

—  ÉTYM.  Flamenghe  ou  flaminglte  ,  ancienne 
forme  féminine  de  flamand. 

t  FLAMINIEN,  lENNE  (fla-mi-niin,  niè-n'),  adj. 
Terme  d'antiqui!;é  romaine.  Qui  a  rapport  à  un 
flamine.  Il  De  Flaminius.  La  voie  Flaminienne,  la 
voie  de  Flaminius. 

—  ÉTYM.  Flamtne. 

1.  FLAMME  (fla-m'),  s.  f.  ||  1*  Auréole  lumineuse 
et  diversement  colorée  qui  s'élève  à  la  surface  des 
corps  qu'on  brûle,  et  qui  résulte  de  la  combustion 
des  gaz  produits  par  la  décomposition  de  ces  corps. 
La  flamme  du  foyer.  Ce  feu  ne  fait  point  de  flamme. 
Volcan  qui  jette  des  flammes.  Flamme  errante  et 
volage,  qui  ne  prend  pas  à  sa  matière,  mais  qui 
court  légèrement  par-dessus,  et  que  le  moindre 
souffle  éteint  tellement  que  tout  s'en  perd  en  un 
instant,  boss.  Sermons,  Pridic.  évangél.  3,  Embraser 
nos  vaisseaux,  Et  la  flamme  à  la  main  les  suivre 
sur  les  eaux,  bac.  Andr.  i,  2.  Sion  ne  sera  plus  ; 
une  flamme  cruelle  Détruira  tous  ses  ornements,  id. 
Athal.  m,  8.  Non,  plutôt  que  je  livre  aux  flammes, 
au  carnage.  Ces  murs,  ces  citoyens  qu'a  sauvés 
mon  courage,  volt.  Brut,  iv,  3.  Prisonnier  avec 
moi  dans  Césarée  en  flamme,  m.  Zaïre,  n,  3.  La 
flamme  a  été  très-bien  caractérisée  par  Newton, 
lorsqu'il  l'a  définie  une  fumée  brûlante,  et  cette  fu- 
mée ou  vapeur  qui  brûle  n'a  jamais  la  même  qua- 
lité, la  même  intensité  de  chaleur  que  le  corps 
combustible  duquel  elle  s'échappe,  buff.  7/is(.  min. 
Introd.  2*  part.  Œuvres,  t.  vi,  p.  (26,  dans  pou- 
gens.  Pendant  que  nos  soldats  luttaient  encore  avec 
l'incendie,  et  que  l'armée  disputait  au  feu  cette 
proie  [Moscou],  Napoléon,  dont  on  n'avait  pas  osé 
troubler  le  sommeil  pendant  la  nuit,  s'étiit  éveillé 
à  la  double  clarté  du  jour  et  des  flammes,  séGur, 
Ilist.  de  Nap.  Viii,  6.  On  cherche  à  s'établir;  mais' 
la  tempête,  toujours  active,  disperse  les  premiers 
apprêts  des  bivouacs;  les  sapins,  tout  chargés  de 
frimas,  résistent obstinémentaux  flammes....  lors- 
qu'enfin  la  flamme  l'emportant  s'éleva,  autour  d'elle 
les  officiers  et  les  soldats  apprêtèrent  leurs  tristes 
repas,  id.  ib.  ix,  H .  [ô  enfant]  ....  dans  ton  enfance 
un  génie  Mit  une  flamme  sur  ton  front,  v.  hlgo. 
Odes,  V,  22.  Il  Flamme  du  Bengale,  sorte  d'artifice 
qui  lance  une  lumière  colorée  de  diverses  cou- 
leurs ,  dont  elle  teint  les  objets  qu'elle  éclaire. 
Il  Livrer  aux  flammes,  détruire  par  l'incendie  et 
aussi  faire  périr  sur  le  bûcher.  On  compte  environ 


FLA 

huit  cents  personnes  livrées  aux  flammes  sous 
Marie;  une  femme  grosse  accoucha  dans  le  bûcher 
même,  VOLT.  ifœuri,(  36.  ||  Porterie  fer  et  la  flamme 
en  un  pays,  y  tuer  les  gens  et  y  brûler  les  de- 
meures. Ulysse  a  porté  le  fer  et  la  flamme  au  mi- 
lieu des  Troyens,  fén.  Tél.  x.  ||  Fig.  Mettre  un  pays 
en  flamme,  y  porter  la  guerre  ou  la  discorde.  Met- 
tons encore  un  coup  toute  la  Grèce  en  flamme,  bac. 
Andr.  iv,  3.  Ceux  qui  diront  que  les  temps  de  ces 
crimes  sont  passés....  que  les  flammes  des  guerres 
de  religion  sont  éteintes,  font,  ce  me  semble,  trop 
d'honneur  à  la  nature  humaine,  volt.  Mahomet, 
Lett.  Il  11  ne  voit  ni  feu  ni  flamme,  se  dit  d'un 
homme  resserré  dans  une  étroite  prison.  ||  Fig. 
Ce  qui  dévore  l'âme.  Vous  persévérez  à  retenir  ca 
bien  mal  acquis,  et  je  vois  toujours  dans  vos  cof- 
fres, dit  le  saint  prophète,  cette  flamme  dévorante, 
ce  trésor  d'iniquité,  ce  bien  mal  acquis  qui  renver- 
sera peut-être  votre  maison,  et  sans  doute  donnera 
la  mort  à  votre  âme,  BOSS.  3*  serm.  pour  le  <" 
dim.  de  l'Avent,  1. 1|  î°  Les  flammes  étemelles,  les 
flammes  de  l'enfer,  les  tourments  des  damnés. 
Il  Les  flammes  du  purgatoire,  les  soufl'rances  de 
ceux  qui  sont  dans  le  purgatoire.  {|  3"  Fig.  PassioUj 
ardeur.  Et  bien  que  mon  sang  fût  glacé.  Mes 
propos  n'étaient  que  de  flamme,  Régnier,  Ode.  Les 
discours  qui  tendent  à  allumer  de  telles  flammes, 
BOSs.  Lett.  (8).  Il  Être  de  flamme  pour,  être  épris 
de....  Pour  vous  elle  est  de  flamme,  mol.  l'Ét.  i, 
6.  Il  a  vu  la  nature  humaine  toute  de  flamme  pour 
d'autres  objets,  BOSS.  ii,  Annonc.  ».  ||  Jeter  feu  et 
flamme  contre  quelqu'un,  être  fort  irrité  contre 
quelqu'un  et  l'exprimer  avec  une  extrême  violence. 
Il  4°  En  particulier.  La  passion  de  l'amour.  Et  je 
l'ai  surpris,  là,  qui  faisait  à  madame  L'injurieux 
aveu  d'une  coupable  flamme,  mol.  Tart.  m,  6.  Une 
flamme  mal  éteinte  est  facile  à  ranimer,sÉv.  4(6. 
L'un  peut  tracer  en  vers  une  amoureuse  flamme, 
BOiL.  Art  p.  1.  Ma  flamme  par  Hector  fut  jadis  al- 
lumée, rac.  Andr.  m,  4.  Trop  crédules  esprits 
[femmes]  que  sa  flamme  [de  Thésée]  a  trompés,  id. 
Phèdre,  i,  (.  Je  verrai  le  témoin  de  ma  flamme 
adultère,  id.  ib.  m,  3.  Le  ciel  mit  dans  mon  sein 
une  flamme  funeste,  id.  ib.  v,  7.  ||  Au  plur.  El 
souvent  sans  raison  les  objets  de  nos  flammes 
Frappent  nos  yeux*  ensemble  et  saisissent  nos 
âmes,  CORN.  Jfe'd.  ii,  6.  Je  suis  ravi  de  voir  qu'au 
milieu  de  vos  flammes....  id.  Xndrom.  iv,  6.  Othon 
n'a  pas  pour  elle  éteint  toutes  ses  flammes,  lo. 
Othon,  n,  4.  ||  6°  Terme  de  marine.  Bande  d'étoffe 
plus  ou  moins  large  et  longue,  aujourd'hui  généra- 
lement pointue  par  un  bout,  autrefois  fendue  à  son 
extrémité  flottante,  et  terminée  par  une  double 
langue,  qu'on  met,  pour  parer  le  vaisseau,  au 
grand  mât  et  aux  vergues.  Sur  ce  que  vous  m'é- 
crivez concernant  le  pavillon  de  vice-amiral,  je  dois 
vous  dire  que  M.  le  duc  de  Vivonne,  qui  va  com- 
mander dans  la  Méditerranée  les  vaisseaux  que  S.  M. 
a  fait  armer  à  Toulon,  ne  portera  qu'une  flamme; 
ainsi  le  roi  veut  que  vous  en  fassiez  de  même,  sauf 
à  porter  le  pavillon  de  vice-amiral  lorsque  vous  en- 
trerez dans  les  ports  de  l'obéissance  de  S.  M.,  SEi- 
CNELAY,  au  comte  d'Estrées,  (B  avr.  (67»,  dans  jal. 
Il  6°  Morceau  d'or  en  forme  de  flamme,  émaillé  en 
rouge,  qu'on  met  sur  les  bagues.  ||  Ornement  en 
forme  de  flamme  qui  termine  des  vases,  des  candé- 
labres, etc.  Il  Terme  de  blason.  Meuble  dont  la  partie 
inférieure  est  arrondie,  et  la  partie  supérieure  ter- 
minée en  trois  pointes  ondoyantes.  ||  7""  Eclat ,  bril- 
lant. La  flamme  de  l'émeraude.  ||  8°  Défaut  du  drap 
qui  n'a  pas  également  trempé  dans  l'eau  du  dé- 
graissage. 

—  Hl.ST.  XII*  s.  Vraiement  tost  font  flamme.  Job, 
p.  5(4.  Il  XVI*  s.  Mes  envieux  en  gectent  feu  et 
flamme ,  Et  par  despit  chacun  d'eux  me  diflame, 
1.  MAROT,  V,  269.  La  flamme  d'une  émotion  fieb- 
vreuse,  mont,  i,  98. 

—  ÉTYM.  Provenç.  flama;  espagn.  flama;  por- 
tug.  flamma;  ital.  fiamma  ;  du  lat.  flamma,  qui  est 
pour  flagma,  de  flagrare,  et  qui  tient  au  grec  çXt- 
Y£cv,  brûler,  çXoî,  flamme;  radical  sanscrit  bhraj 
brûler,  briller. 

2.  FLAMME  (fla-m'j,  t.  f.  ||  1*  Sorte  de  lancette 
pour  saigner  les  chevaux.  ||  2*  Sorte  de  ciseau  pour 
diviser  les  blocs  d'ardoise. 

—  HIST.  XIV*  s.  Lanceola  cum  qua  vena  aperituT, 
gallico  flieme,  ducanoe,  flammerian. 

—  ÉTYM.  Wallon,  flime:  provenç.  flecme;  e.^p. 
flemc;  piém.  fiama;  holland.  rlym;  angl.  fleam; 
anc.  haut-ail.  fliedimd;  du  lat.  pWri>ofomuî,  lan- 
cette (VOV.  PHLÉBOTOMlE) . 

FLAMMÈCHE  (Ila-mè-ch') ,  *.  f.  Petite  parcelle 
enflammée  qui  s'élève  d'un  brasier  Déjà  des  dam- 


FLA 

mèches  at  des  débris  ardents  volaient  jusque  sur 
les  toits  du  Kremlin,  quand  le  vent  du  nord,  tour- 
nant vers  l'ouest,  les  chassa  dans  une  autre  direc- 
tion, sÉouR,  Ilist.  de  Napol.  viii,  o.  L'élite  de  l'ar- 
mée et  l'empereur  étaient  perdus,  si  une  seule  des 
flammèches  qui  volaient  sur  nos  têtes  s'était  posée 
sur  un  seul  caisson,  id.  ib, 

—  HIST.  XII'  s.  Vraiement  tost  font  flamme,  mais 
plus  tost  refroident  en  flammasche.  Job,  p.  614- 
Il  xv*  s.  Le  roi  de  Grenade  se  doutoit  grandement 
que,  au  temps  à  venir,  les  flameches  qui  de  ce  feu 
pourroient  naistre  ne  retournassent  sur  lui  et  sur 
son  royaume,  froiss.  ii,  m,  40.  Et  ardirent  [dix  ou 
douze  villesj,  et  en  voloient  les  flameches  et  les 
tisons  en  la  ville  de  Valenciennes,  id.  i,  i,  <  h. 

—  ETYM.  Dérivé  de  flamme;  norm.  falmèche, 
falumèche,  étincelle.  La  forme  (lamasche,  flamesdii: 
conduirait  à  un  latin  fictif,  ftammasticus ,  comme 
domesche,  de  domeslicus. 

t  FLAMMEROLE  (fla-me-ro-I') ,  s.  f.  \\  1°  Exha- 
laison qui  sort  des  lieux  marécageux  et  qui  s'en- 
flamme dans  l'atmosphère.  ||  2°  S.  f.  plur.  Un  des 
noms  donnés  au  feu  Saint-Elme. 

—  HIST.  XV'  s.  Sorciers  et  sorcières,  flamerolles 
ou  feux  follets,  et  luttins  ou  démons  ou  esprits  ces- 
sent leurs  mauvaises  façons  vers  minuit,  Pcrcefo- 
rest,  t.  II,  f»  13. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  flamme,  par  le  suffixe  rolle , 
en  italien  mola,  qui  est  diminutif.  i 

j  ).  FLAMMETTE  (ffa-mè-f),  s.  f.  Nom  vul- 
gaire de  la  renoncule  petite  douve,  ranunculus 
flammula,  L.  et  de  plusieurs  espèces  de  clématite. 

t  2.  FLAMMETTE  (fla-mè-f),  s.  f.  Synonyme  de 
flamme  2. 

—  HIST.  XIV*  s.  Instrument  trenchant  si  comme 
rasoir  ou  flammete,  H.  de  mondeville,  f°  I06. 

t  3.  FLAMMETTE  (fla-mè-f),  s.  {.  Terme  de 
marine.  Petite  flamme.  La  flammette  du  trinquet, 
du  même  taffetas.  Étal  des  bannières  de  la  galère 
Vigilante,  dans  jal. 

t  FLAMMIVOME  (fla-mmi-vo-m'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  vomit  des  flammes. 

—  ÉTYM.  Lat.  flammivomus,  de  flamma,  flamme, 
et  vomere,  vomir. 

< .  FLAN  (flan),  s.  m.  Terme  de  pâtisserie.  Tarte 
faite  avec  de  la  crème  fouettée ,  des  œufs  et  de  la 
farine. 

—  HIST.  xiii*  s.  De  chaus  flaons  à  bone  mine, 
BARB.  Fabliaux,  iv,  9i.  ||  xiv"  s.  Tout  li  froisse  et 
esmie  les  costes  et  les  flans;  Janmais  ne  mengnera, 
à  la  Pasque,  de  flans,  Baud.  de  Seb.  vii,  698. 

—  ETYM.  Wallon,  floiou;  génev.  flon;  provenç. 
flauion ;  ital.  fladone;  bas-lat. /îafo,  flatonis;  anc. 
haut-allem.  flado;  allem.  Fladen;  holl.  vlaade.  Est- 
ce  le  bas-latin  qui  vient  du  germanique,  ou  le  ger- 
manique qui  vient  du  bas-latin,  qui  alors  provien- 
drait du  latin  flare,  souffler? 

2.  FLAN  (flan),  s.  m.  Terme  de  monnayage.  Pièce 
de  métal  qu'on  a  taillée  et  préparée  pour  en  faire 
une  pièce  de  monnaie,  un  jeton,  une  médaille. 

—  HIST.  xiv' s.  Jehan  de  Gennes,  ouvrier  de 
monnoye,  a  esté  prins  et  emprisonné  pour  sous- 
peçon  d'avoir  ouvré  flaons  de  monnoye  qui  n'es- 
toient  pas  de  bon  aloy,  du  cange,  flans. 

—  ÊTVM.Kore  );  ainsi  dit  par  assimilation  du /Zaon 
(bas-lat.  flato)  du  monnayage  avec  le  flaan,  gâteau. 

FLANC  (flan;  le  c  ne  se  lie  pas,  excepté  dans  : 
de  flan-k  en  flanc  ;  au  pluriel,  Xs  se  lie  :  des  flan-z 
allongés),  s.  m.  |{  1"  Chaque  côté  du  corps,  de- 
puis le  défaut  des  côtes  jusqu'aux  hanches.  Le 
flanc  droit.  Le  flanc  gauche.  Se  repose  la  nuit  sur 
l'un  et  l'autre  flanc,  Régnier,  Sat.  v.  Le  lion  hé- 
risse sa  crinière....  il  bat  ses  flancs  avec  sa  lon- 
gue queue,  fénel.  til.  ii.  Un  dieu  qui  d'aiguil- 
lons pressait  leurs  flancs  poudreux  [des  chevaux], 
RAC.  Phèdre,  v,  a.  Il  a  observé  que  les  Tartares  de 
Crimée  et  de  la  province  de  Cuban  jusqu'à  Astracan, 
sont  de  taille  piédiocre,  qu'ils  ont  les  épaules  lar- 
ges, le  flanc  étroit,  les  membres  nerveux,  les  yeux 
noirs  et  le  teint  basané,  bcfp.  Hist.  nat.  hom. 
Waiv.  t.  v,  p.  (9,  dans  pougens.  Tout  me  pèse  [au 
malade]  et  me  lasse  ;  aide-moi,  je  me  meurs  ; 
Tourne-moi  sur  le  flanc,  ah  I  j'expire  I  6  douleurs  ! 
A.  CHÉN.  le  Malade.  \\  Par  extension.  La  voyez-vous 
passer,  la  nuée  au  flanc  noir?  v.  hugo.  Orient,  l. 
Il  Familièrement.  Être  sur  le  flanc,  être  alité.  Voilà 
trois  semaines  qu'il  est  sur  le  flanc.  ||  Terme  de  ma- 
nège. On  dit  qu'un  cheval  a  du  flanc  quand  ses  cô- 
tes sont  amples  et  bien  tournées.  On  dit  qu'il  a  les 
flancs  cousus,  lorsqu'il  y  a  si  peu  d'épaisseur  de 
l'un  à  l'autre  flanc  qu'ils  semblent  cousus.  |{  Battre 
du  flanc  ou  des  flancs,  se  dit  d'un  cheval  essouf- 
flé.   Il    Fig.    Se  battre    les  flancs   pour   quelque 


FLA 

chose,  s'agiter,  se  donner  beaucoup  de  mouve- 
ment sans  succès,  métaphore  prise  du  lion  qui  se 
bat  les  flancs  de  sa  queue  quand  il  est  irrité.  Je 
me  bats  les  flancs  pour  trouver  la  façon  d'être  la 
moins  malheureuse  qu'il  me  soit  possible  ;  car, 
pour  le  mot  d'heureux,  il  ne  me  paraît  guère  fait 
que  pour  les  romans,  volt.  Lett.  Mme  du  Deffant, 
3  oct.  (764.  Il  2»  Le  sein,  les  entrailles.  Mes  yeux  ont 
vu  sou  sang  Couler  à  gros  bouillons  de  son  géné- 
reux flanc,  CORN.  Cid,  ii,  9.  Je  vois  que  votre  hon- 
neur demande  tout  mon  sang.  Que  tout  le  mien 
consiste  à  vous  percer  le  flanc,  id.  Ilor.  ii,  3.  Des 
victimes  vous-même  interrogez  le  flanc,  rac.  Iphig- 
I,  2.  Narbas,  on  va  plonger  le  couteau  dans  son 
flanc,  VOLT.  Mérope,  m,  5.  Barbare,  il  est  trop  vrai: 
viens  épuiser  mou  flanc  Du  reste  infortuné  de  cet 
auguste  sang,  id.  Zaïre,  v,  <o.  ||  Poétiquement. 
Le  sein  d'une  mère.  Elle  porte  en  ses  flancs  un 
fruit  de  cet  amour,  corn.  Sertor.  m,  4.  Il  mêle  avec 
l'orgueil  qu'il  a  pris  dans  leur  sang  La  fierté  des 
Nérons  qu'il  puisa  dans  mon  flanc,  rac.  Brit.  l,  ). 
Ce  fils  qu'une  amazone  a  porté  dans  son  flanc,  id. 
Phèdre,!,  3.  ||  3° Se  dit  des  objets  creux  et  enfoncés. 
Et  dans  les  flancs  affreux  de  leurs  roches  sanglantes 
Remportent  à  grands  cris  ces  dépouilles  vivantes, 
VOLT.  Henriade,  iv.  Soit  dans  les  flancs  obscurs  des 
rochers  d'Inistore,  arnault.  Oscar,  ii,  i.||4"  Coté 
d'une  chose.  Le  flanc  d'un  vaisseau.  En  août  1773, 
à  Montigny-sur-Braine,  bailliage  de  Châlon,  vicomte 
d'Auxonue,  en  creusant  le  puits  de  la  cure,  on  a 
trouvé,  à  trente-trois  pieds  de  profondeur,  un  arbre 
couché  sur  son  flanc,  dont  on  n'a  pu  découvrir  l'es- 
pèce, BUFF.  Addil.  théor.  terr.  (Jiuv.  t.  xiii,  p.  lOB, 
dans  POUGENS.  Des  torrents  écumeux  se  précipitent  le 
long  des  flancs  de  cette  montagne,  bern.  de  st-p. 
Paul  et  Virg.  \\  Terme  de  géographie.  Pente  d'une 
montagne  ;  la  partie  comprise  entre  la  cime  et  le 
pied.  Il  Terme  d'architecture.  Le  côté  d'un  pavillon 
par  lequel  il  est  joint  à  un  autre  corps  de  bâtiment. 
Il  5'  Terme  de  fortification.  Partie  du  bastion  qui 
est  entre  la  face  du  bastion  et  la  courtine  et  qui  sert 
à  défendre  la  courtine,  le  flanc  et  la  face  du  bas- 
tion opposé.  Un  flanc  bas.  Un  flanc  rasant.  {|  6°  Terme 
militaire.  Le  côté  d'une  troupe,  par  opposition  à 
son  front.  Le  flanc  d'un  bataillon.  11  avait  chargé  le 
maréchal  en  flanc,  sÉv.  204.  Si,  après  avoir  mis  en 
désordre  l'aile  gauche  qui  lui  était  opposée,  il  eût 
pris  le  reste  des  ennemis  en  flanc  et  eût  pénétré 
jusqu'au  centre  où  était  Artaxerce,  il  y  a  très- 
grande  apparence  qu'il  aurait  remporté  une  vic- 
toire complète,  ROLLiN,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  iv, 
p.  163,  dans  POUGENS.  Les  Russes  l'a 7aient-ils  pré- 
venu? sa  manœuvre  était-elle  manquée?  n'aurait-il 
point  mis  assez  de  rapidité  dans  cette  marche,  où 
il  s'agissait  de  dépasser  le  flanc  gauche  de  Kutusof? 
SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  ix,  2.  ||  Par  le  flanc  droit,  par 
le  flanc  gauche,  commandement  dont  on  se  sort 
pour  ordonner  aux  soldats  d'une  troupe  de  se 
tourner  à  droite  ou  à  gauche.  On  dit  dans  le  même 
sens:  faire  par  le  flanc  gauche,  par  le  flanc  droit. 
Il  Marche  de  flanc,  marche  d'une  armée  qui  se  di- 
rige par  le  côté  qu'un  de  ses  flancs  occupe.  Une 
lettre  de  Berthier  à  Kutusof,  datée  du  premier  jour 
de  cette  marche  de  flanc,  fut  à  la  fois  une  dernière 
tentative  de  paix  et  peut-être  une  ruse  de  guerre, 
SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  ix,  >.\\  Une  troupe  prête  le 
flanc,  quand  son  flanc,  qui  est  son  côté  faible,  est 
exposé  aux  attaques  de  l'ennemi.  En  défilant  si  près 
de  l'ennemi,  il  fallait  marcher  serré  pour  ne  pas 
lui  prêter  un  flanc  trop  allongé,  ségur,  Hist.  de 
iVop.  IX,  2.  Il  Fig.  Prêter  le  flanc,  donner  prise  aux 
attaques  de  la  critique.  Malheur  à  qui  prête  le  flanc 
au  ridicule,  J.  J.  rouss.  Hél.  ii,  <7. 

—  HIST.  XI'  s.  Grêles  es  flancs  et  larges  les  costez, 
Ch.  de  Roi.  ccxxvii.  {|  xii'  s.  Que  mauvais  homs 
vous  ait  au  flanc  pendue  [la  bonne  épée  Durandal] , 
Bonc.  p.  (OB.  Le  cors  e  le  ventral!  durement  freit 
[froid]  [il]  aveit ,  E  de  sun  mal  dol  flanc  achaisenus 
[maladif]  esteit,  E  pur  ço  tut  adès  chaudemsnt  se 
vesteit,  Th.  le  mart.  4BB.  ||  xiii'  s.  Diex  confonde  la 
mère  qu'en  [qui  en]  ses  flans  la  porta,  Berle, 
Lxxviii.  Il  XVI'  s.  Hz  vouloient  que  leurs  gens  feis- 
sent  teste  et  flanc  en  tout  sens,  selon  que  l'affaire 
et  le  besoing  s'en  presenteroit ,  amyot,  Pélop.  40. 
Il  feit  marcher  lès  siens  contre  les  Lacedaemoniens, 
(|ui  avoient  les  flancs  desnuez  de  gens  de  cheval, 
lu.  Philop.  )6.  La  navire  capitainesse,  pendant  que 
les  vagues  luy  donnèrent  en  flanc,  résista  aux 
coups  de  mer,  id.  Pyrrh.  31.  Hz  se  rongèrent  et  se 
serrèrent  ensemble  au  long  d'un  flanc  de  rocher 
umbragé  et  obscur,  id.  Aratus,  25.  Des  granges  des 
queUes  la  couverture  pend  jusques  à  terre  et  sert 
de  flancq,  hont.  i,  237.  Là  où  les  flancs  des  bastions 


FLA 


169< 


sè  peuvent  emboucher  ou  briser,  quand  les  espaules 
sont  débiles,  la  noue,  337.  Plus  servit  aux  assiégez 
un  petit  logis  pour  deux  arquebusiers  à  la  fois,  que 
la  Mothe  avoit  fait  au  bas  de  la  contr'escarpe, 
ayant  pris  sa  ligne  de  deffence  à  fleur  de  la  ruine  ; 
et  ainsi  l'expérience  et  la  nécessité  leur  faisant  faire 
grossièrement  dèslors  ce  que  nos  plus  subtils  ingé- 
nieux d'aujourd'hui  appellent  flancs-fichez,  d'aub. 
Hist.  I,  313. 

—  ÉTYM.  Provenç.  flanc;  espagn.  et  portug. 
flanco  ;  ital.  fianco.  Les  étymologistes  tirent  d'ordi- 
naire ce  mot  du  haut-allemand  lancha,  flanc,  auquel 
répond  une  forme  rare,  hlancha;  à  quoi  Diez  objecta 
que  la  forme /îoncha,  dont  on  aurait  besoin,  n'a 
pas  encore  été  trouvée;  que  l'articulation  germa- 
nique hl  ne  se  rend  pas  en  français  par  fl,  ni  en 
italien  par  /i  (cependant  on  cite,  des  Reali  di  Fran- 
cia ,  Fiovo  dérivé  de  Chlodoveus)  ;  et  que  les  noms 
germaniques  féminins  en  o  gardent  d'ordinaire 
leur  genre  dans  les  langues  romanes.  De  là  il  con- 
clut que  l'origine  germanique  est  peu  probable, 
et  que  l'origine  latine  l'est  davantage.  Cette  ori- 
gine est  flaccus,  mou,  faible,  avec  l'épenthèse  do 
Vn  (comme  dans  ancolie  pour  acolie)  ;  la  partie 
molle,  faible,  ayant  été  appelée  le  flanc,  comme 
en  allemand  die  Weiche,  la  partie  molle.  Mais,  hr 
se  rendant  par  fr  (voy.  freux,  frime),  l'étymologie 
germanique  reste  plus  probable.  C'est  du  roman 
que  les  langues  germaniques  ont  tiré  leur  Flanke, 

t  FLANCHET  (flan-chc),  s.  m.  Terme  de  bouche- 
rie. Partie  du  bœuf  en  dessous  de  l'animal  entre  la 
tranche  grasse  et  la  poitrine.  1|  Terme  de  pèche. 
Partie  de  la  morue  située  au-dessous  des  ailes. 

—  HIST.  xiv  s.  D'un  mouton,  le  flanchet  est  ce 
qui  demeure  du  quartier  de  devant  quand  l'espaule 
en  est  levée,  Ménagier,  ii,  4.  Icellui  Colart,  en  soy 
virant  et  tournant,  fu  attaint  ou  [au]  flanchet  de  son 
ventre  d'un  petit  coustelet ,   du  cange,  flanohus. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  flanc. 

FLANCONADE  (flan-ko-na-d') ,  s.  f.  Terme  d'es- 
crime. Botte  de  quarte  forcée  qu'on  porte  dans  le 
flanc  de  son  adversaire. 

—  ÉTYM.  Flanc. 

FLANDRIN,  INE  (flan-drin,  dri-n'),  adj.  ||  l'Qui 
est  de  Flandre.  Si  l'on  voulait  la  relever  [la  race 
des  moutons]  pour  la  force  et  la  taille,  il  faudrait 
unir  le  moufflonavec  notre  brebis  flandrine  et  ce» 
ser  de  propager  les  races  inférieures,  buff.  Qua- 
drup.  t.  VII,  p.  204,  dans  pougens.  C'est  apparem- 
ment cette  même  race  de  vaches  à  lait  qu'on  a 
transportée  et  multipliée  en  Poitou,  en  Aunis  et 
dans  les  marais  de  Charente,  où  on  les  appelle  va- 
ches flandrines,  id.  ib.  1. 1,  p.  222.  ||  2°  S.  m.  Terme 
familier.  Flandrin,  homme  grand  et  fluet.  Notre 
grand  flandrin  de  vicomte....  est  un  homme  qui  ne 
saurait  me  revenir,  mol.  Misanth.  v,  4.  Je  ne  pren- 
drais pas  pour  amants  de  ces  grands  flandrins  ilui 
attendent  qu'une  femme  fasse  les  avances,  legrand, 
le  Fleuve  d'oubli,  se.  3. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  grand  flandrin  [un  homme 
mal  fait],  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM.  Flandrin  signifie  de  Flandre,  Flamand, 
et  est  un  sobriquet  péjoratif  donné  aux  gens  grands 
et  fluets  à  cause  de  la  haute  taille  qui  est  ordi- 
naire chez  les  Flamands. 

FLANELLE  (fla-nc-l'),  s.  f.  Etoffe  mince  de  laine 
plucheuse,  tissée  un  peu  lâche.  ||  Nom  donné,  dans 
les  manufactures  de  glace,  aux  étoffes  peu  serrées, 
de  quelque  espèce  qu'elles  soient,  au  travers  des- 
quelles se  filtre  le  vif  argent  coulant  de  dessus  les 
glaces  étamées,  et  qui  servent  à  le  purifier. 

—  ETYM.  Espagn.  francla;  portug.  farinelloi 
ital.  flanella,  frenella  ;  bas-lat.  flaneha;  angl./lo»- 
nei.  Diez  le  tire  de  l'ancien  français  flaine,  courte- 
pointe; il  n'est  pas  éloigné  de  croire  que  flaine  est 
dérivé  du  latin  velamen,  v'iamen,  ce  qui  voile, 
couvre.  Mais  il  est  plus  probable  qu'il  est  le  bas  latin 
flamineum,  étoffe  de  laine,  provenant  de  flamineum, 
sorte  dévoile,  lequel  est  tiré  du  latin  flamen,  flamine. 

t  FLÂNER  (fià-né),  v.  n.  Se  promener  sans  but, 
au  hasard  ;  user  son  temps  sans  profit. 

ÉTYM.  Origine  inconnue.  Pourtant  on  a  pro- 
posé l'islandais  forint,  libertin.  Le  normand  a  fla- 
nier,  avare. 

t  FLANERIE  (flâ-ne-rie),s.  f.  Action  de  flâner; 
promenade  sans  but,  au  hasard,  à  l'aventure. 

—  ÉTYM.  Fldner. 

f  FLÂNEUR,  EUSE  (flâ-neur,  neû-z') ,  t.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  flâne.  Bon  pour  moi,  flâneur  et 
désœuvré,  c'est  ma  spécialité,  ch.  bb  bernabd,  la 
Chasse  aux  amants,  §  11. 

—  ÉTYM.  Flâner. 

t  FLÂNIER,  lÈHE  (flâ-nié,  niè-r'),  t.  m.  et  /, 


1G02 


RA   . 


Synonyme  inusité  do  flâaeur.  Il  y  a  une  de  mes 
amies  qui  sera  liien  flinièro  à  ces  noces-là,  et  je 
suis  bien  facile  de  n'y  Être  pas,  voit.  Lett.  4  32. 

FLANQUANT,  ANTE  (flaii-kan,  kan-t),  odj. 
Terme  de  fortification.  Angle,  bastion  Hanquant, 
celui  d'où  l'on  découvre  le  pied  des  fortifications 
d'une  place,  de  manière  à  en  défendre  les  approches. 

!.  FLANQUÉ,  ÉE  (llaii-ké,  kée),  part,  passé  de 
flanquer  <.  |i  1"  Courtine  flanquée  d'un  bastion. 
Il  2°  Garni  par  le  côté.  Sur  un  lièvre  flanqué  de  sii 
poulets  étiques  S'élevaient  trois  lapins,  animaux  do- 
mestiques, BoiL.  Sut.  m.  Il  Terme  de  blason.  Se  dit 
de  toutes  les  figures  qui  en  ont  d'autres  à  leurs  côtés. 

2.  FLANQUE,  ÉE  (flan-ké,  kée) ,  part,  pais^  de 
flanquer  2.  Un  coup  de  fouet  flanqué  à  travers  le 
Tisage. 

FLANQUEMENT  (flan-ke-man),  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  fortification.  Action  de  flanquer;  résultat  de 
cette  action.  ||  2°  Action  de  protéger  le  flanc  d'un 
corps  d'armée,  d'un  bataillon. 

—  ÉTYM.  Flanquer  I . 

1 .  FLANQUER  (flan-ké) ,  e.  o.  ||  1»  Terme  de  forti- 
fication. 11  se  dit  de  la  partie  d'une  fortification  qui 
en  voit  une  autre  de  flanc.  Bastions  qui  flanquent  la 
courtine.  ||  Construire,  élever  la  partie  d'une  forti- 
fication qui  doit  en  flanquer  une  autre.  Flanquer 
une  muraille  avec  des  tours.  La  ville  était  close 
d'une  triple  muraille  haute  de  trente  coudées,  sans 
les  parapets  et  les  tours  qui  les  flanquaient  tout  à 
l'entour  par  égales  distances,  hollin,  Hist.  aiic. 
Œuv.  t.  I,  p.  645,  dans  pougens.  ||  2°  Terme  d'ar- 
chitecture. Il  se  dit  des  ouvrages  ou  ornements  qui 
terminent  une  façade.  Des  pilastres  flanquent  les 
encoignures.  ||  S"  Être  placé  à  côté  comme  accom- 
pagnement. Quatre  plats  flanquaient  cet  énorme 
pMé.  Il  4"  Terme  militaire.  Se  placer  sur  le  flanc 
d'un  bataillon,  d'un  corps  d'armée  pour  le  proléger. 
Un  régiment  de  cavalerie  flanquait  ladivision.  ||  Par 
extension,  frapper  dans  le  flanc  d'un  ennemi  qui 
entreprend  une  défense  oblique. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  teste  du  bataillon  marquée  [A] 
difficilement  peut  estre  chargée,  d'autant  que  le 
costé  du  bataillon  marqué  [3j  la  flanque,  comme 
aussi  la  dite  teste  fait  le  mesme  efl'ect  en  faveur 
dudit  flanc...  en  sorte  que  le  péril  est  grand  à  la 
cavallerie  d'attaquer  par  tels  endroits  qui  s'entre- 
flanquent,  langue,  3I9.  Les  peuples,  elTroyez  de 
l'horreur  des  batailles.  Flanquèrent  leurs  citez  de 
fosse  et  de  murailles,  rons.  »35.  Entre  telles  beau- 
tés c'estoit  la  dame  la  mieux  flan(iuée  et  la  plus 
haute  qu'il  eut  jamais  veue,  brant.  Dames  gal.i.  i, 

p.  366,  dans  LACURNE. 

—  ÊTYM.  Flanc.  On  trouve  flanqué  avec  le  sens 
de  :  quia  un  flanc. 

2.  FLANQUER  (flan-ké),  V.  a.  Terme  populaire. 
Lancer  un  coup;  jeter  brusquement  quelque  chose 
à  quelqu'un.  Flanquer  un  coup  de  pied.  Flanquer 
une  assiette  à  la  tête  de  quelqu'un.  Ils  se  sont  flan- 
qué des  coups  de  bâton.  ||  11  prend  aussi  pour  régime 
un  nom  de  personne.  Je  vous  flanque  à  la  porte. 
Il  Se  flanquer,  v.  ri'/l.  Se  jeter.  Se  flanquer  contre 
le  mur.  Se  flanquer  dans  la  boue.  Il  s'est  flanqué 
par  terre. 

—  Etym.  Ce  paraît  être  le  verbe  flaquer,  avec  in- 
tercalation  d'une  nasale.  Cependant  on  cite  le  Scan- 
dinave flengja,  frapper  ;  angl.  to  fling,  lancer. 

t  FL.VNQUEUR  (flan-keur),  s.  m.  Terme  mili- 
t.ùre.  Éclaireur,  tirailleur,  soldat  qui  marche  sur 
le  flanc  d'une  troupe  pour  la  flanquer. 

—  ÉTYM.  Flanquer  ). 

FLAQUE  (fla-k'),  s.  f.  Petite  mare  d'eau  croupis- 
sante. On  ne  peut  aller  de  Suède  en  Norvège  que 
par  des  défilés  assez  dangereux  ;  et,  quand  on  les  a 
passés,  on  rencontre,  de  distance  en  distance,  des 
flaques  d'eau  que  la  mer  y  forme  entre  des  roches, 
VOLT.  Charles  XII,  8. 

—  HlST.  XIV'  s.  Tous  poissons  qui  ne  sont  de 
fosse  entour  forteresse,  comnie  de  flasques  ou  de 
rivières,  sont  tenus  pour  meubles,  boutillieb, 
Somme  rural ,  p.  430,  dans  lacurne.  Une  mare  ou 
flace  où  ilz  puissent  boire,  llodus,  f"  xlix.  Qui  treuve 
les  gros  oiseaulx  dedans  un  estaug  qui  ne  soit  mie 
grant  ou  en  une  belle  flache,  tft.  lxxxv,  verso. 
Il  xv  s.  Certains  grans  fossez  ou  flaches,  appeliez 
douvres,  nu  cange,  fiachia.  Le  suppliant  se  des- 
marcha et  sailly  ou  se  mist  en  une  petite  flesque  ou 
maulvais  pas,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  fliaque;  picard,  flake;  bas- 
lat.  (laco,  flactra;  du  flamand  vlacke,  lieu  bas  au 
bord  de  la  mer  où  il  se  forme  des  mares  après  la 
marée. 

VLAQUfi,  ÉE  (fla-ké,  kée),  parj.  passé.  Un  verre 
a  eau  flaque  i  la  figure. 


FLA 

PLAQUÉE  (fla-kée),  s.  (.  Une  certaine  quantité 
de  liquide  lancée  avec  force. 

—  ÉTYM.  Flaque. 

».  FLAQUER  (fla-ké),  v.a.  Terme  familier.  Joter 
avec  force  un  liquide.  Il  [l'homme  distrait]  oublie 
de  boire  pendant  tout  le  diner,  ou,  s'il  s'en  souvient, 
et  qu'il  trouve  qu'on  lui  donne  trop  de  vin,  il  en 
flaque  plus  de  la  moitié  au  visage  de  celui  qui  est 
à  sa  droite,  la  bruy.  xi. 

—  ÉTYM.  Wallon,  flahi.  Ce  semble  une  onomato- 
pée de  flac. 

t  2.  FLAQUER  (fla-ké),  v.  n.  Terme  de  savonne- 
rie. S'affaisser  dans  la  chaudière. 

—  ÉTYM.  Flasque. 

tFLAQUIÈRE  (fla-kiè-r'),  s.  f.  Partie  du  harnais 
d'un  mulet.  Flaquières  de  mulets,  le  cent  pesant, 
estimé  à  25  livres,  Déclar.  du  roi,  nov.  (640,  Tarif. 

—  ÉTYM.  Flaquer  <  ;  quelque  chose  qui  flaque. 

1.  FLASQUE  (fla-sk'),  adj.  \\  1°  Qui  est  sans  fer- 
meté ni  résistance.  Des  chairs  fiasques.  Le  ballon  se 
vida  d'air  et  devint  flasque.  Les  épis  n'ont  pas  laissé 
de  prendre  leur  accroissement  ordinaire  ;  ils  se' sont 
garnis  de  grains  ;  mais  tous  ou  presque  tous  ces 
grains  sont  demeurés  flasques  ou  entièrement  pri- 
vés de  farine,  bonnet,  Lett.  div.  Œuv.  t.  xu,  p.  292, 
dans  pougens.  ||  2°  Par  extension,  mou,  faible,  sains 
vigueur.  Un  homme  flasque.  ||  Il  se  dit  d'un  style 
lâche  et  traînant,  et  des  auteurs  qui  ont  ce  style. 
Quel  style  flasque  I  Ce  beau  nom  de  machine  ronde 
Que  nos  flasques  auteurs....  Donnaient  à  l'aventure 
à  ce  plat  univers,  volt.  Èp.  xxxix.  Ta  museen  mas- 
que Est  lourde  et  flasque,  békang.  Troubad. 

—  HIST.  xiu*  s.  Que  Narcissus  au  cuer  ferasche 
[  farouche  ] ,  Qu'ele  ot  trové  d'amor  si  flasche , 
la  Rose,  1470.  ||xiv'  s.  Trop  pou  leur  tenoit  de 
chanter,  Grant  talant  avoint  de  mangier;  Chascun 
cheval  estoit  bien  flac,  Liv.  du  bon  Jehan,  213I. 
Il  XVI'  s.  Elles  deviennent  flacques  et  languissantes, 
appétit  perdu....  paré,  xviii,  62.  Vous  vous  abusi- 
vez  de  beaucoup,  si  vous  croyez  qu'une  damoiselle 
preferast  ces  doucets  flasques,  flouets,  mois,  et 
baissants  les  ailes,  à  un  qu'elle  verra  estre  robuste, 
fort,  adroit.  Contes  de  cholières,  f°  222.  Disoit  que 
les  vers  de  luy,  par  luy  prononcez,  estoient  soiio- 
reux  et  graves  ;  par  autres,  flacques  et  efféminés, 
DU  BELLAY,  p.  36,  dans  RAYNOUARD,  Gloss.  Ce  qui 
(boire  son  soûl  au  passage  d'une  rivière]  la  [une  ju- 
ment] rendit  si  flacque  et  refroidie,  qu'il  feut  bien 
ayséement  aprez  aconsuyvi  [atteint]  par  ceuli  qui 
le  poursuivoient,  mont,  i,  367. 

—  ÉTYM.  Génev.  flaque;  lorrain,  fldche;  proveno. 
flac;  espagn.  flaco;  portug.  (raco  ;  ital.  fiacco.  Dans 
le  français  il  y  a  deux  formes  :  flaque,  inusité  au- 
jourd'hui, et  flasque.  Flaque  vient  du  latin  flaccus, 
mou  ;  flasque  vient  de  flaccidus,  transformé  en  fla- 
xidus,  flasquidus. 

2.  FLASQUE  (fla-sk'),  s.  m.  Terme  d'artillerie. 
Nom  de  deux  grosses  pièces  de  charpente,  qui  for- 
ment les  deux  côtés  d'un  affilt  de  canon. 

—  REM.  Le  genre  de  ce  mot,  remarque  Richelet, 
a  varié;  la  plupart  des  auteurs  techniques  le  font 
masculin;  d'autres  l'ont  fait  féminin.  L'Académie 
le  fait  masculin. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  ennemis  meirent  le  feu  aux 
flanques,  et  les  bruslerent,  de  sorte  que  les  dites 
pièces  furent  mises  sur  le  ventre,  M.  du  bellat,  51 0. 
Martiques  estant  couché  sur  le  flasque  d'un  canon 
pour  conteroUer  le  pointeur....  d'aub.  Hist.  1,  312. 

—  ÉTYM.  Origine  incertaine.  Le  wallon  a  flache  ; 
Hainaut,  flaque,  madrier,  qui  paraît  tenir  à  l'alle- 
mand flach,  plat  ;  il  est  possible,  malgré  Vs,  que 
flasque  on  dérive.  D'un  autre  côté  Scheler  le  rat laclie 
à  flanc,  que  Diez  tire  du  latin  flaccidus;  l'exemple 
de  M.  Du  Bellay  qui  dit  flanque  et  non  flasque,  vien- 
drait à  l'appui  de  cette  opinion. 

t  3.  FLASQUE  (fla-sk'),  s.  f.  Chacune  des  plan- 
chettes qui  servent  de  panneaux  à  im  soufflet. 
Il  Terme  de  marine.  Se  dit  des  montants  qui  por- 
tent un  guideau. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  le  précédent. 

t  4.  FLASQUE  (fla-sk'),  s.  f.  Poire  à  poudre  dont 
se  servent  les  chasseurs. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  Allemand  de  la  garde  s'estoit 
fort  bou  ;  le  feu  print  en  son  flasque  [poire  à  pou- 
dre] ,  d'où  il  lui  fit  grant  desastre  aux  mains  et  au 
visage,  paré,  lx,  I"  discours.  Deux  flasques  d'ar- 
gent, gaudronnées,  moictié  dorées  et  moitié  blan- 
ches, DE  LABOBDE,  Émaux,  p.  318.  X  leurs  bourdons 
[des  pèlerins]  pendait  un  petit  escrit  contenant  le 
malheur  qui  leur  avoit  causé  de  vouer  leur  voyage; 
ils  avoient  sur  leurs  espaules  des  manteaux  courts,  et 
le  flasque  à  la  ceinture,  Jferiii»  CocaU,t.  u,  p.  2&6. 

—  ÉTYM.  AUem.  Flascnc,  bouteille  (»oy.  ;lacob). 


VIA 

t  FLASQUE&IËNT  (fla-ske-man),  adv.  D'une  ma- 
nière flasque. 

—  HIST.  XVI'  s.  Flasquement,  oonm,  Dict. 

t  FLASSADU  (fla-sa-d'),  t.  f.  Un  des  noms  de  la 
raie  bâtis. 

t  FLATIR  (fla-lir),  v.  a.  Battre  les  flans  des  mon- 
naies sur  le  tas,  sur  l'enclume. 

—  HIST.  xii*  s Cil  dehors  qui  plusieur  sont, 

En  la  cité  flatir  les  font,  Brut,  ms.  f°  403,  dans  la- 
curne. Il  xiii*  s.  L'on  me  devrait  flatir  au  vis  Une 
vessie  de  mouton,  2a  Rose,  8526.  Le  vent  qui  nous 
avoit  flatis  sur  Chypre....  joinv.  284. 

—  ÉTYM.  Ane.  fr.  flat,  coup;  du  germanique  :  an- 
cien Scandinave,  flM;  anc.  h.  allem.  flax ,  plat  :  pro- 
prement, jeter  à  plat. 

t  FLATOIR  (fla-toir),  ».  m.  Gros  marteau  pour 
battre  les  flans.  ||  Instrument  de  graveur  et  d'ou- 
vrier en  métaux. 

—  ÉTYM.  FlaXir. 

FLÂTRÉ,  ÉE  (flâ-tré),  part,  passé. 

FLAtrer  (flâ-tré),  t).  o.  ||  1°  Appliquer  un  fer 
rouge  en  forme  de  clef  à  un  animal  qui  a  été  mor- 
du, afin  de  le  préserver  de  la  rage.  ||  2°  Se  flâtrer, 
V.  réfl.  En  termes  de  chasse,  se  dit  en  parlant  d'un 
loup,  d'un  lièvre  qui  s'arrête  et  se  couche  sur  le 
ventre  quand  il  est  poursuivi. 

—  HIST.  iv  s.  Et  pour  le  dit  cas,  fut  flastré  au 
fronc,  le  poing  couppé  et  banny  du  royaulme,  J. 
DE  TROYES,  Chron.  1477. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  le  même  que  flatir. 
fFLÂTRURE  (flâ-tru-r'),  ouFLÂTDBE  (flâ-tu-r'), 

ou  FLATRISSURE  (flâ-tri-su-r'),  ».  f.  Terme  de 
chasse.  Lieu  où  le  lièvre  et  le  loup  s'arrêtent  sur  le 
ventre,  lorsqu'ils  sont  chassés  par  les  chiens  courants. 

—  ETYM.  Flôitrer. 

FLATTÉ,  ÉE  (fla-té,  tée),  port,  pa»«^.  ||  1°  Ca- 
ressé par  quelque  attouchement.  Le  chien  flatté 
par  son  maître.  |{  S°  Charmé.  Mon  Cœur  flatta  de 
ces  chimères,  rac.  Théb.  iv,  3.  Feignons,  et  de 
son  cœur  d'un  vain  e.spoir  flatté.  Par  un  mensonge 
adroit  tirons  la  vérité,  jd.  Mithr.  m,  *.  Le  prince 
de  Condé,  touché  des  larmes  de  la  reine  et  flatté 
d'être  le  défenseur  de  la  couronne .  prépa  ra  le  blo- 
cus de  Paris,  VOLT.  Hist.  pari.  ch.  66.  ||  3°  Loué 
d'une  manière  ou  excessive  ou  seulement  agréable. 
Un  roi  flatté  par  ses  courtisans.  {[  4°  Embelli.  Un 
portrait  flatté.  Il  me  remit  devant  les  yeux  un 
portrait  qui  n'était  pas  flatté,  j.  i.  rouss.  Hél.  v, 
9.  (I  Fig.  Embelli  par  le  discours.  Le  portrait  de 
Tarquin  n'a  pas  été  flatté,  montesq.  Rom.  ( .  ||  6°  S. 
m.  Terme  de  musique.  Agrément  que  l'on  em- 
ployait autrefois  dans  le  chant  français. 

FLATTER  (fla-té),  v.  a.  ||  l' Caresser  par  quelqua 
attouchement  (sens  étymologique  et  primitiQ.  Flat- 
ter un  enfant.  Flatter  un  cheval  avec  la  main. 
Le  cbiec  flatte  avec  la  queue.  Puis,  me  flattant 
l'épaule,  il  me  fit  hbrement  L'honneur  que  d'ap- 
prouver mon  petit  jugement,  Régnier,  Sat.  viîi. 
De  la  main  qui  le  flatte,  il  se  croit  redouté,  volt. 
Ali.  I,  I.  Ce  qui  prouve  que  c'est  le  besoin  qui  le 
rendait  souple  et  caressant  [un  chien  métis  de 
loup],  c'est  que  dans  d'autres  circonstances  il  cher- 
chait souvent  à  mordre  la  main  qui  le  flattait, 
BUFF.  Quadrup.  t.  xii,  p.  237,  dans  pougens.  Ton 
cou  nerveux  [d'un  cheval]  de  sa  main  fut  flatté  ; 
Moins  douce  était  la  timide  gazelle,  hillev.  Chants 
élégiaques,  l'Arabe.  Cymodocée  flattait  son  vieux 
père  de  sa  belle  main,  et,  caressant  sa  barbe  ar- 
gentée.... cHATEAUB.  Mari.  1.  Il  Se  flatter,  flatter,  ca- 
ressera soi-même.  Thibouville  à  son  tour  parla,  et 
en  se  flattant  le  menton  de  la  main  pour  faire  ad- 
mirer sa  turquoise,  uarmontel,  Mém.  m.  ||  Par 
extension.  Que  cette  parole  m'est  douce,  et  qu'elle 
flatte  mes  désirs  I  uol.  Bourg,  gent.  m,  U.  Lui 
parmi  les  transports,  affable  en  son  orgueil,  A  l'sm 
tendait  la  main,  flattait  l'autre  de  l'œil,  rac.  AthaX. 
V,  t.  Il  Terme  de  manège.  Flatter  un  cheval  fou- 
gueux, céder  à  sa  fantaisie,  de  manière  à  ralentir 
peu  à  peu  ses  mouvements.  ||  Flatter  la  corde  d'un 
instrument  de  musique,  la  toucher  doucement. 
Il  Terme  de  jeu.  Flatter  le  dé,  jeter  doucement  les 
dés  dans  l'espoir  illusoire  de  n'amener  qu'un  petit 
nombre  de  points.  ||  Fig.  Flatter  le  dé,  déguiser, 
adoucir  quelque  chose  de  fâcheux  pour  quelqu'un. 
Il  ne  faut  pas  flatter  le  dé,  c'est-à-dire  il  faut  parle» 
franchement.  ||  Flatter  le  courant  d'une  rivière  qu'on 
veut  détourner  d'un  bord  qu'elle  menace,  lui  Op- 
poser non  une  digue  qui  résiste  en  face,  mais 
une  surface  qui,  ne  faisant  d'abord  qu'un  angle 
léger  avec  son  courant,  l'écarté  peu  à  peu  du  bord. 
Il  Flatter  les  vagues,  opposer  des  digues  à  l'impé- 
tuosité des  eaux  en  formant  un  talus  sur  lequel 
elles  glissent  sans  briser.  ||  1'  Traiter  avec  trop  de 


FLA 


FLA 


FLA 


1G93 


douceur  et  de  ménagement.  On  ne  guérit  point  les 
fjrands  maux  en  les  flattant,  Di'ct.  de  l'Àcad.  Je"  ne 
cherche  point  à  flatter  mon  mal,  j.  j.  rouss.  llél.  i, 

I,  Il  Flatter  une  plaie,  n'y  appliquer  que  des  re- 
mèdes trop  doux.  Il  3°  Adoucir.  Mais  que  je  tâche  en 
T^in  de  flatter  nos  tourments,  corn.  Rodog.  ni,  6. 
Tant  qu'un  espoir  de  paix  a  pu  flatter  ma  peine, 
ID.  Ilor.  I,  < .  Mais  je  n'en  conçois  rien  qui  flatte 
mon  ennui,  id.  t'b.  m,  2.  Ne  croyez  pas  que,  pour 
consoler  ou  pour  flatter  votre  douleur,  je  veuille 
exagérer  la  vertu  de  celle  que  vous  pleurez,  fléch. 
Unie  de  Montansier.  Bérénice  d'un  mot  flatterait 
mes  douleurs,  rac.  Bérén.  m,  2.  Mais  toujours 
quelque  espoir  flattait  mes  déplaisirs,  id.  ib.  i,  4. 
Il  4°  Charmer,  délecter,  en  parlant  des  sens.  I^ 
musique  flatte  l'oreille.  Le  bon  vin  flatte  le  palais. 
Les  biens  qui  flattent  les  sens,  Boss.  Hist.  il,  6.  Les 
plaisirs  dont  vous  flattez  les  hommes,  fén.  Tél.  ix. 
Tout  y  flattait  son  goût,  hamilt.  Gramm.  6.  La  terre 
des  Gangarides  produit  tout  ce  qui  peut  flat- 
ter les  désirs  de  l'homme,  volt.  Princ.  de  Babyl. 
3.  Il  6"  Causer  une  vive  satisfaction.  Une  telle  pré- 
férence me  flatte.  Cela  doit  bien  flatter  le  cœur 
d'une  mère.  ||  En  un  sens  analogue.  Les  douceurs 
de  l'amour,  celles  de  la  vengeance^  N'ont  point 
assez  d'appas  pour  flatter  ma  raison,  corn.  Cinna, 

II,  3.  Les  Juifs  pleins  des  biens  qui  flattaient  leur 
cupidité,  PASCAL,  Figuratifs,  27,  édit.  faugèke.  Je 
me  laiss»  flatter  à  cette  aimable  vérité,  sÉv.  128. 
Et  Mathan  par  ce  bruit  qui  flatte  sa  fureur  [d'Atha- 
lie],  RAC.  Athal.  ni,  4.  Quoi!  tu  crois,  cher  Osmin, 
que  ma  gloire  passée  Flatte  encor  leur  valeur  et  vit 
dans  leur  pensée?  id.  Baj.  i,  1.  ....Non,  non,  je  le 
connais,  mon  désespoir  le  flatte,  id.  Andr.  m,  i. 
L'amour  avidement  croit  tout  ce  qui  le  flatte,  id. 
Uithrid.  m,  4.  Le  joug  du  devoir  n'a  rien  qui  flatte 
l'orgueil,  mass.  Carême,  Culte,  Il  ne  faut  pas  croire 
que  les  rois  soient  bien  flattés  de  toutes  les  flatte- 
ries dont  on  les  accable;  la  plupart  ne  viennent 
pas  jusqu'à  eux,  volt.  Dict.  phil.  Flatterie.  Ces  fa- 
bles flattent  la  crédulité,  mais  malheureusement  ce 
ne  sont  que  des  fables,  buff.  Ois.  t.  xiii,  p.  2e:), 
dans  pouQENS.  Les  réponses  qu'elle  y,  faisait,  pleines 
d'esprit,  de  grâce  et  de  délicatesse,  flattaient  son 
amour-propre  [d'un  homme]  sans  jamais  flatter  son 
amour,  marmontel,  Mém.  viii.  ||  6°  Favoriser.  Ceux 
que  flatte  la  fortune.  Le  vent  qui  nous  flattait  nous 
laisse  dans  le  port,  rac.  Ipliig.  i,  ^■\\  7°  Donner  des 
louanges  vraies  ou  fausses  dans  le  dessein  de  plaire, 
de  séduire.  Un  chef  de  conjurés  flatte  la  tyrannie  ! 
CORN.  Cinna,  u,  3.  Flattez-les  [les  rois],  payez-les 
d'agréables  mensonges,  la  font.  Fabl.  viii,  14. 
Plus  on  aime  quelqu'un,  moins  il  faut  qu'on  le 
flatte  ;  X  ne  rien  pardonner  le  pur  amour  éclate, 
MOL.  Idisanth.  u,  5.  Je  vous  conjure  de  ne  me  point 
flatter  du  tout  et  de  me  dire  nettement  votre  pen- 
sée, iD.  Xar.  forcé,  se.  a.  Mais  tout  ce  beau  dis- 
cours dont  il  vient  vous  flatter  N'est  rien  qu'un 
piège  adroit....  boil.  Artp.  1. 1|  Absolument.  Il  nesut 
jamais  flatter.  ||  Substantivement.  Les  muses  hau- 
taines et  braves  Tiennent  le  flatter  odieux,  El, 
comme  parentes  des  dieux.  Ne  parlent  jamais  en 
esclaves,  malh.  iv,  5.  ||  8"  Excuser  par  une  complai- 
sance répréhensibie.  Flatter  les  défauts  de  quelqu'un. 
Je  flattais  ta  manie  afin  de  t'arrachcr  Du  honteux 
précipice  où  tu  vas  trébucher,  corn.  Poly.  v,  2.  J'é- 
tudiai leur  cœur,  je  flattai  leurs  caprices,  rac.  Atli. 

III ,  3.  Ils  [les  saints]  nous  ont  appris  par  la  vie  pé- 
nitente qu'ils  ont  menée  à  ne  pas  flatter  notre  né- 
gligence, FLÉCHIER,  1. 1,  p.  29.  J'ai  Compris  que  ce 
père  aimait  d'un  amour  raisonnable  un  de  ses  en- 
fants qui  a  de  la  vertu,  et  qu'il  ne  flattait  point 
l'autre  dans  ses  dérèglements ,  fén.  Tél.  vi. 
Il  9°  Terme  de  peinture.  Flatter  une  personne,  la 
représenter  plus  belle  qu'elle  n'est.  Vous  avez  un 
portrait  de  moi  qui  me  flatte  beaucoup,  sÉv.  <33. 
L'estampe  que  nous  en  avons  dans  les  hommes  il- 
lustres de  Perrault,  le  [la  Fontaine]  flatte  un  peu, 
OLivET,  Hist.  Acad.  t.  u,  p.  332,  dans  pocgens. 
Il  Ce  miroir  flatte,  il  fait  paraître  les  traits  plus 
agréables.  ||  Par  extension.  Ta  muse,  en  le  flattant, 
réfléchit  mon  génie,  lamart.  Harm.  Pièces  diver- 
tes,  À  un  poêle  anglais  qui  avait  traduit  une  har- 
monie. Il  II  se  dit  d'un  portrait  fait  de  vive  voix  ou 
par  écrit.  Clitandre  :  Voilà,  ma  sœur,  madame 
Dorothée,  Dont  mon  père  tantôt  nous  a  dit  tant 
àe  bien.  —  Angélique  :  Nul  mérite,  je  crois,  n'est 
comparable  au  sien;  Mon  père  ne  l'a  point  flattée, 
DANCOURT,  Enfant  de  Paris,  m,  13.  ||  10°  Trom- 
per en  déguisant  la  vérité  d'une  manière  avanta- 
geuse pour  celui  à  qui  on  s'adresse.  Vous  me  flat- 
tée dans  cette  afiaire-là.  Pour  ne  vous  point  flatter, 
je  n'en  veux   pas  répondre,  corn.  Nicom.  iv,   6. 


J'ai  su  qu'elle  avait  exigé  du  médecin  et  de  nos  tan- 
tes de  me  flatter  sur  son  état,  et  de  ne  m'en  laisser 
aucune  inquiétude,  marmontel,  Mém.  u.  ||  Il  se  dit, 
en  un  sens  analogue,  des  choses  qui  trompent,  qui 
font  illusion.  Maurice  à  quelque  espoir  se  laissant 
lors  flatter,  corn,  lléracl.  u,  6.  Et  mon  cœur  qui 
sans  cesse  en  sa  faveur  me  flatte,  id.  ib.  v,  2.  Mes- 
sieurs de  cour,  adieu;  Suivez  jusques  au  bout  une 
ombre  qui  vous  flatte,  la  font.  Fabl.  vxi,  <2.  Vain 

espoir  qui  me  flatte!  rac  Milhr.  m,  4 Je  vois 

ce  qui  la  flatte  :  Sa  beauté  la  rassure,  id.  Andr.  ii , 

5.  Il  11°  Faire  espérer.  L'esprit  de  l'homme,  étant  si 
faible,  si  sujet  à  s'égarer,  est  en  même  temps  si 
présomptueux,  qu'il  n'y  a  rien  dont  il  ne  se  puisse 
croire  capable,  pourvu  qu'il  se  trouve  des  gens  qui 
l'en  flattent,  nicole,  Ess.  mor.  t"  traité,  ch.  9.  La 
distribution  dont  il  flattait  le  peuple,  boss.  Hist.  i, 
9.  C'est  toi  qui  me  flattant  d'une  vengeance  aisée.... 
rac.  Athal.  V,  6.  Ne  m'as-tu  pas  flatté  d'une  fausse 
espérance?  id.  Brit.  m,  ».  De  quoi  viens-tu  flatter 
mon  esprit  désolé?  id.  Phèdre,  m,  K  Néoptolème 
l'avait  flatté  que,  dès  qu'il  se  montrerait,  tous  les 
Macédoniens  du  parti  opposé  se  rangeraient  sous  ses 
drapeaux,  rolun,  Hist.  anc.  Obui).  t.  vu,  p.  8|, 
dans  poLGENS.  On  m'a  flatté  que  vous  pourriez 
venir  dans  nos  retraites,  volt.  Lett.  Mlle  Clairon, 
7  août  4761.  Il  12°  Se  flatter,  ».  réfl.  Être  trop  pré- 
venu à  son  avantage.  La  jeunesse  se  flatte  et  croit 
tout  obtenir,  la  font.  Fabl.  xii,  6.  Il  ne  faut  pas 
se  flatter,  les  plus  expérimentés  dans  les  affaires 
font  des  fautes  capitales,  boss.  Reine  d'Anglet.  Un 
roi  qui  se  flatte  sur  ses  prétentions,  fén.  Tél.  xxiii. 
Il  Tirer  vanité.  Se  flatter  de  sa  naissance,  de  ses 
talents.  J'ai  vu  Ephraïm  comme  une  autre  Tyr,  se 
flattant  de  sa  force  et  de  sa  beauté,  saci.  Bible,  Osée, 

IX,  t3.  Il  Tirer  contentement Je  l'ai  trop  informé 

Qu'il  peut  bien  se  flatter  du  bonheur  d'être  aimé, 
MOL.  D.  Garde,  i,  l .  Avant  que  tous  les  Grecs  vous 
parlent  par  ma  voix,  Souffrez  que  j'ose  ici  mè  flatter 
de  leur  choix,  rac.  Androm.  i,  2.  Je  ne  me  flatte 
point  d'une  gloire  insensée,  id.  Brit.  u,  3.  Ils  se 
flattent  tous  deux  du  choix  de  votre  mère,  id.  Brit. 
IV,  2.  Il  13°  Se  donner  l'un  à  l'autre  des  louanges 
excessives.  Si  les  hommes  ne  se  flattaient  point  les 
uns  les  autres,  il  n'y  aurait  point  de  société,  vau- 
VEN.  Max.  Il  14°  S'entretenir  d'une  espérance.  Il  se 
flatte  qu'on  aura  besoin  de  lui.  Quoi  I  voilà  donc  en- 
fin de  quoi  vous  vous  flattez!  corn.  DonSanche,  i,  i . 
Vous  vous  flattez  peut-être,  en  votre  vanité,  D'al- 
ler comme  un  Horace  à  l'immortalité,  BOIL  Sat.JX. 
S'est-il  flatté  de  plaire  et  connalt-il  l'amour  ?  volt. 
Sémiram.  u,  (.  Je  ne  me  flattais  pas  d'y  rencontrer 
un  port,  id.  Triumv.  iv,  B.  Puis-je  encor  me  flat- 
ter de  régner  dans  Ion  cœuri  lu.  Alx.  m,  4.  Mais  ton 
orgueil  ici  se  serait-il  flatté  D'efl'acer  Orosmane  en 
générosité?  ID.  Zaïre,  i,  4.  ||  Absolument.  Conser- 
ver des  espérances  au  sujet  d'un  malade  en  danger. 
Ma  mère  eut  alors  un  courage  au-dessus  du  mien  ; 
car  elle  ne  se  flattait  plus,  et  moi  je  me  flattais  en- 
core, MARMONTEL,  Mém.  II.  ||  Entretenir  quelque 
sentiment  qui  plaît.  Ne  vous  flattez  point  tant  que 
de  le  présumer,  cobn.  Nicdm.  v,  s.  Je  n'ose  me 
flatter  de  cette  pensée,  sév.  427.  Toute  autre  raison 
n'est  qu'un  vain  prétexte  dont  nous  nous  flattons, 
BOURD.  Avent,  Naliv.  de  J.'C.  247.  Les  papes  se  flat- 
taient alors  de  donner  l'empire  d'Orient  et  d'Occi- 
dent, VOLT.  Mœurs,  69.  ||  15°  Se  persuader,  aimer  à 
croire.  Il  se  flatte  que  vous  approuverez  sa  conduite. 
Je  me  flatte,  j'espère....  Qu'on  verra  de  David  l'hé- 
ritier détestable  Abolir  tes  autels....  rac  Athal.  v, 

6.  J'ose  me  flatter  Que  le  vengeur  du  tréne  a  seul 
droit  d'y  monter,  volt.  Uérope,  i,  3.  Je  me  flatte 
que  cette  lettre  arrivera  à  bon  port ,  id.  Lctt. 
d'Argental,  4  août  (776.  ||  Ce  malade  se  flatte,  il 
croitêtre  moins  malqu'iln'est  réellement.  ||  Il  se  dit 
aussi  de  ceux  qui  espèrent  qu'un  malade  est  moins 
mal  qu'il  n'est  réellement.  La  veille,  ma  tante  était 
extraordinairement  mal....  Mlle  de  la  Trousse  se 
flattait  et  croyait  que  c'était  qu'elle  avait  besoin  de 
nourriture,  sév.  I5t. 

—  HIST.  xu*  s.  One  [je]  ne  la  soi  [sus]  losengier  ne 
flater,  Couci,  xiu.  H  xiii*  s.  Quant  li  moiens  devient 
granz  sires,  Lor  vient  flaters  et  naît  mesdires;  Qui 
plus  en  seit,  plus  a  sa  grâce,  ruteb.  2i .  ||  xvi'  s.  Un 
adultère  condamnera  paillardise  en  gênerai  :  ce- 
pendant il  se  flattera  en  sa  paillardise,  calv.  Instit. 
201.  Ce  n'est  pas  raison  que  Dieu  pardonne  les  pé- 
chez ausquels  nous  nous  flattons,  id.  ib,  475.  Le  dez 
ne  ira  point  à  soubhayct,  quoy  que  on  le  flatte, 
RABEL.  Progn,  Pant.  2.  Nous  ne  prestons  volontiers 
à  la  dévotion  que  les  choses  qui  flattent  nos  pas- 
sions, MONT.  II,  <44.  Un  atheïste  se  flatte  à  rame- 
ner touts  aucteurs  à  l'athéisme....  lu.  ii,  )bO.  Les 


bestes  nous  flattent,  nous  menacent  et  nous  requiè- 
rent, ID.  u,  467.  Ou  je  me  flatte,  ouencores  y  a  il 
en  cet  estât  dequoy  se  soubtenir,  id.  m,  )98.  Je 
cherche  à  flatter  [adoucir]  la  mort  par  ces  frivoles 
circonstances,  id.  iv,  4  20.  Chacun  se  flatte  en  son 
afl'ection,  du  bellay,  p.  490,  dans  lacubne.  Pour 
ne  vous  point  flatter  le  dos,  c'est  trop  longtemps 
temporiser,  Contes  de  Cholières,  f°  233,  dans  la- 
cuhne.  Qui  flate,  il  grate,  cotgrave. 

—  ÉTVM.  Bourguign.  flaittai;  provenç.  aflalar ; 
d'après  Diez,  du  germanique  :  Scandinave,  flat,  plat, 
uni;  anc.  h.  allem.  fiai;  de  sorte  que  flatter  serait 
proprement  rendre  uni,  comme  quand  on  passe  la 
main.  Ainsi  la  série  des  sens  est  :  caresser  avec  la 
main,  adoucir,  charmer,  délecter,  aduler.  Le  ger- 
manique flat  correspond  au  gre.c  itXaiù;,  large,  au 
sanscrit  prilhu,  étendu. 

FLATTERIE  (fta-te-rie),  s.  f.  Action  de  flatter, 
louange  fausse  ou  exagérée  donnée  dans  une  vue 

intéressée Sa  sotte  flatterie  Eut  un   mauvais 

succès,  la  font.  Fabl.  vu,  7.  Je  ne  trouve  partout 
que  lâche  flatterie,  mol.  Mis.  i,  4.  Son  humeur 
satirique  est  sans  cesse  nourrie  Par  le  coupable 
encens  de  votre  flatterie,  id.  ib,  u,  6.  11  dit  qu'il 
s'était  trouvé  dans  une  compagnie  de  grande  con- 
séquence, où  votre  mérite,  votre  sagesse,  votre 
beauté  avaient  été  élevés  jusqu'aux  nues,  et  que 
même  on  y  avait  compris  le  goût  et  l'amitié  que 
vous  aviez  pour  moi  ;  si  cette  fin  est  une  flatterie, 
elle  m'est  si  agréable  que  je  la  reçois  à  bras  ouverts, 
SÉV.  4  42.  Combien  de  fois  arrôta-t-il  une  flatterie 
qui,  comme  un  serpent  tortueux,  allait  se  glisser 
dans  son  âme  [de  son  élève,  le  dauphin]  I  fléch.  Duc 
de  Montausier.  La  flatterie  est  un  commerce  hon- 
teux qui  n'est  utile  qu'au  flatteur,  la  bruy.  Théophr. 
II.  Tous  ceux  qui  l'encensaient,  le  voyant  perdu  sans 
retour,  changèrent  leurs  flatteries  en  des  insultes 
sans  pitié,  fén.  Tél.  xiv.  Ne  voyez-vous  pas,  lui 
répondit  Mentor,  que  les  princes  gâtés  par  la  flat- 
terie trouvent  sec  et  austère  tout  ce  qui  est  libre  et 
ingénu?  id.  ib.  La  flatterie  n'est  autre  chose  qu'un 
commerce  de  mensonge  fondé  d'un  côté  sur  l'in- 
térêt, et  de  l'autre  sur  la  vanité,  rollin,  Hist.  anc. 
CEuv.  t.  u,  p.  1 20,  dans  pougens.  Quittez  l'art  avec 
nous,  quittez  la  flatterie.  Ce  poison  qu'on  prépare 
à  la  cour  d'Etrurio,  volt.  Brulus,  i,  2. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  cil  qui  tiex  [telles]  paroles 
oient.  S'en  glorefient  et  les  croient,  Ausinc  com  se 
fust  évangile.  Et  tout  est  flatcrie  et  guile,  la  Rose, 
4890.  Mais  de  ce  trop  grant  tort  avoit.  Qu'il  disoit 
plus  qu'il  ne  savoit,  Et  tous  jors  par  ses  flateries 
Ajoustoit  as  choses  oïes,  tb. 44784.  ||  xiv  s.  Sire,  je 
vous  le  di  sans  nulle  flaterie.  Comme  au  plus  souf- 
fisant  et  de  roial  lignie,  Guescl.  40574.  ||  xvr  s. 
Comme  ainsi  soit  que  plusieurs  fussent  pleins  d'or- 
gueil et  de  présomption,  desquels  il  estoit  expédient 
de  rabattre  la  vaine  flaterie  [confiance],  calvin, 
Instit.  779.  La  flatterie  la  pire  qui  soit  est  celle  qui 
est  couverte,  amyot,  Com,  discem.  le  fiait,  de 
l'ami,  8. 

—  ÊTYM.  Flatteur;  provenç.  flataria, 
FLATTEUU,  EUSE  (fla-teur,  teû-z'),  adj.  ||  1°  Ca- 
ressant par  quelque  attouchement.  Le  chien  est  un 
animal  flatteur.  Patte  flatteuse  et  point  do  dents, 
LAMOTTE,  Fabl.  V,  4.  ||  Avoir  des  manières  flat- 
teuses, avoir  des  manières  douces,  insinuantes. 
Il  2°  Agréable,  séduisant.  Et  mon  amour  flatteur 
déjà  me  persuade  Que  je  le  vois  assis  au  trône  de 
Grenade,  corn.  Cid,  ii,  5.  On  ne  peut  néanmoins 
se  défaire  d'une  idée  flatteuse  dont  on  s'est  laissé 
agréablement  prévenir,  boss.  Yar.v,^  30.  De  votre 
changement  la  flatteuse  apparence  M'avait  rendu 
tantôt  quelque  faible  espérance,  rac.  Bérén.  v,  7. 
Par  tes  conseils  flatteurs  tu  m'as  su  ranimer,  id. 
Phèdre,  m,  4 .  Quel  espoir  si  flatteur,  ou  quels  heu- 
reux destins  De  vos  jours  ténébreux  ont  fait  des  jours 
sereins?  volt.  Zaïre,  i,  4 .  D'autres  [oiseaux]  ont  des 
tours  de  gosier  aussi  flatteurs  ;  mais  il  n'en  est  pas 
un  seul  que  le  rossignol  n'eflace  par  la  réunion 
complète  de  ces  talents  divers,  et  par  la  prodigieuse 
variété  de  son  ramage,  buff.  Ois,  t.  viii,  p.  4  4  », 
dans  pougens.  Virgile  n'a-t-il  pas,  d'un  vers  doux 
et  flatteur.  De  Gallus  expirant  consolé  le  malheur  ? 
A.  CHÉN.  Ép.  I.  Il  3°  Il  se  dit  de  ce  qui  est  un  té- 
moignage d'approbation,  de  louange,  de  faveur. 
Un  murmure  flatteur  s'éleva  dans  l'assemblée.  Il 
reçut  du  prince  une  distinction  flatteuse.  C'est  ce 
qui  pouvait  m'arriver  de  plus  flatteur  après  l'honneur 
(ie  votre  présence,  volt.  tett.  Prusse,  9.  ||  4°  Qui 
loue  avec  exagération.  Un  poëme  insipide  et  sottu- 
ment  flatteur  Déshonore  à  la  fois  le  héros  et  l'au- 
teur, boil.  Sat,  IX,  Je  ne  retrouvais  point  ce  trou- 
ble,  cette  ardeur   Que   m'avait   tant   promis   un 


1694 


FLA 


discours  trop  flatteur,  rac.  Hajan.  i,  3.   Il  y  avait 
dans  l'armée  un  Dolope  nommé   Eurymaque,  flat- 
teur, insinuant,  sachant  s'accommoder  à  tous  les 
godts   et   à   toutes    les  inclinations  des  princes, 
FÉNEL.  TH.  XVI.  Ils  [les  princes]  deviennent  si  dé- 
licats que  tout  ce  qui  n'est  point  fiatteurles  blesse  et 
les  irrite,  id.  ib.  xiv.  ||  Miroir  flatteur,  miroir  oii  l'on 
se  voit  plus  beau  qu'on  n'est.  ||  6°  S.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  cherche  à  séduire  par  des  louanges.  Appre- 
nez que  tout  flatteur  Vit  aux  dépens  de  celui  qui 
l'écoute,  LA  FONT.  Fabl.  i,  a.  Qu'aux  flatteurs  on 
doit  partout  se  prendre  Des  vices  où  l'on  voit  les  hu- 
mains se  répandre,  mol.  Mis.  ii,  5.  Tout  flatteur, 
quel  qu'il  soit ,  est  toujours  un  animal  traître  et 
odieux,  Boss.  Far.  5' afert.§  31.  M.  Jurieu nous  parle 
ici  des  flatteurs  des  princes,  et  il  ne  songe  pas  aux 
flatteurs  des  peuples,  id.  ib.  Mais  sachez  de  l'ami 
discerner  le  flatteur,  boil.  Art  p.  i.  Le  flatteur  ne 
dit  rien  et  ne  fait  rien  au  hasard;  mais  il  rapporte 
toutes  ses  paroles  et  toutes  ses  actions  au  dessein 
qu'i4  a  de  plaire  à  quelc)u'un  et  d'acquérir  ses  bon- 
nes grâces,  la  brut.  Théoph.  u.   Détestables  flat- 
teurs, présent  le  plus  funeste  Que  puisse  faire  aux 
rois  la  colère  céleste,  kac.  Phèdre,  w,    6.  Othon, 
Sénécion,  jeunes  voluptueux.  Et  de  tous  vos  plaisirs 
flatteurs  respectueux,  id.  Brit.  iv,  2.    De   l'absolu 
pouvoir  vous  ignorez  l'ivresse.  Et  des  lâches  flatteurs 
la  voix  enchanteresse,  id.  A  thaï,  iv,  3.  Le  flatteur 
veut  s'avancer  et  faire  fortune  ;  le  prince  veut  être 
loué  et  admiré  parce  qu'il  est  son  premier  flatteur, 
et  qu'il  porte  dans  son  cœur  un  poison  plus  subtil 
et  mieux  préparé  que  celui  qu'on  lui  présente,  rol- 
LiN,  llist.  anc.  Œuvres,  t.  il,  p.  <2),  dans  pougens. 
i]  Vous  êtes  un  flatteur,  une  flatteuse,  se  dit  pour 
repousser  doucement  îles  louanges  qui  ne  déplai- 
sent pas,  mais  que  la  modestie  ne  permet  pas  d'ac- 
cepter. Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  Taisez-vous, 
flatteur,  flatteuse. 

—  HIST.  XIII*  s.  Li  flateres  de  pute  estrace  Fait 
cui  il  vuet  vuidier  la  place;  S'il  \'uet,  li  mieudres 
est  li  pires,  buteb.  22.  ||  xiv'  s.  Flateur  soies  pre- 
mièrement ;  Car  c'est  le  droit  commencement  Par 
quoi  on  puet  à  bien  venir,  bruyant,  dd.ns  Uénagier. 
t.  II,  p.  25.  Se  il  le  fait  pour  cause  de  aucun  prouffit 
aquerir,  c'est  un  lobour,  c'est  un  flateur,  ohesme, 
Eth.  BO.  Il  XV'  s.  Mais  ly  menteur  et  ly  flateour  N'y 
[à  la  cour]  osent  plus  faire  demour  :  Je  ne  dis  pas 
quanque  je  pense,  e.  deschamps.  Double  entende- 
ment. Il  XVI*  s.  Par  ses  blanderesses  et  flateuses  per- 
suasions, il  attirera  la  royne  mère,  carloix,  viii,  <6. 
Rechercher  la  bonne  grâce  du  menu  populaire  par 
caresses  et  paroles  flatteresses,  amyot,  Aie.  et  Cor. 
camp.  Pinceau  de  painctre  ou  langue  de  chien  est 
un  flatteur  pour  avoir  bien,  gékin.  Récréât,  t.  ii, 
p.  247. 

—  ÉTYM.  Flatter;  provenç.  flataire.  L'ancien 
français  flatere  et  le  provençal  flataire  sont  le 
nominatif;  flateor,  fiatador  est  le  régime. 

FLATTEUSEMENT  (fla-teû-ze-man),  adv.  D'une 
manière  flatteuse.  Â  quoi  se  réduisent  ces  vastes 
talents  qui  nous  élèvent  si  flatteusement  sur  le 
reste  des  hommes  ?  mass.  Or.  (un.  Villeroy. 

—  ETYM.  Flatteuse,  et  le  suffixe  ment. 
FLATCE0X,  EDSE   (fla-tu-eù,  eû-z'),  adj.  Terme 

de  médecine.  Qui  cause   des  vents.  Certains   ali- 
ments sont  flatueux. 

—  HIST.  xvi*  s.  Si  les  veines  semblent  enflées,  ce 
n'est  point  d'un  bon  sang,  mais  plustost  d'une  sub- 
stance flatueuso,  paré,  Introd.  a. Viandes  flatueuses 
et  vaporeuses;  comme  pois,  fèves,  id.  Introd.  n. 

—  Etym.  Lat.  flatus,  souffle,  vent,  de  flare, 
souffler. 

t  FLATULENCE  (fla-tu-lan-s'),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Collection  de  vents,  c'est-à-dire  de  gaz, 
dans  une  partie  i|uelconque  du  corps. 

—  ÉTYM.  Flatulent. 
t  FLATDLENT,  TE  (fla-tu-lan,  lan-f),  adj.  Terme 

de  médecine.  Qui  est  rempli  de  flatuosités. 

—  HIST.  XIV*  s.  Quant  à  la  tumeur  œdémateuse 
et  flatulente  qui  occupoit  entièrement  tout  le  bras, 

paré,  IX,  <4. 

—  ETYM.  Voy.  flatueux. 
FLATUOSITÉ  (fla-tu-ô-zi-té) ,  s.  f.  Terme  de  mé 

decine.  Gaz  développé  dans  le  caniil  digestif   Ëli« 
sujet  aux  flatuosités. 

—  ETYM.  Flatueux. 
tFLAVÉOLE  (fla-vé-o-V),  s.  f.  Oiseau  du  génie 

lies  bruants. 


—  ËTYM.  Lat.  flavus,  jaune,  avec  le  diminutif  ol 
ou  oie. 

t  FLA  VERT  (fla-vèr),  s.  m.  Oiseau  de  la  famille 
daa  gros-becs,  dit  bouvreuil  du  Canada,  bien  qu'il 
n8  se  trouve  pas  au  Canada,  mais  au  Brésil  et  i  la 
Guyane. 


FLÉ 

t  FLftVESCENT,  ENTE  (fla-vè-ssan,  ssan-l'), 
adj.  Terme  didactique.  Qui  tire  sur  le  jaune. 

—  ETYM.  Lat.  ftavescens,  de  flavcscere,(\e  flavus, 
jaune. 

t  FLA  VET  (fla-vé) ,  s.  m.  Nom  d'une  ancienne 
espèce  de  serge.  Lingettes  ou  flavets,  qui  est  une 
espèce  de  serge,  la  pièce  de  20  aunes  payera  4  livres. 
Tarif,  <8  sept.  i06i. 

t  FLA VI....  Terme  qui  signifie  jaune,  du  latin 
flavus,  et  qui  sert  de  premier  membre  dans  cer- 
tains composés  du  langage  de  l'histoire  naturelle  : 
flavicaude,  a  queue  jaune  ;  flavipède,  à  pieds  jau- 
nes; flavipenne,  à  ailes  jaunes;  flavirostre,  à  bec 
jaune,  etc. 

--  ÉTYM.  Lat.  flavus,  que  les  étymologistes 
croient  représenter  flag-vus,  couleur  de  feu,  flagra- 
re,  briller  (voy.  flagrant). 

FLÉAU  (flé-6),  s.  m.  Il  1°  Terme  d'agriculture.  In- 
strument qui  sert  à  battre  le  blé,  et  qui  se  compose 
de  deux  bâtons  liés  l'un   au  bout  de  l'autre  avec 
des  courroies  ;  celui  qui  sert  de  manche  est  plus 
long  que  l'autre.  Battre  le  blé  avec  le  fléau,  au  fléau. 
Il  La  partie  de  cet  instrument  qui  fait  sortir  le  grain 
en  tombant   sur  les  épis.  Le  manche  et  le  fléau. 
Il  Fléau  d'armes,  arme   contondante  en  forme  de 
Iléau,  dont  on  se  servait  dans  le  moyen  âge.  ||  2"  Fig. 
Fouet  qui  châtie  (ce  qui  est  le  sens  de  flagellum  en 
latin);  lise  dit  des  personnes  ou  des  choses  qui 
semblent  être  instruments  des  punitions  divines. 
On  me  craint,  on  me  hait,  on  me  nomme  en  tout 
lieu  La  terreur  des  mortels  et  le  fléau  de  Dieu, 
CORN.  Attila,  m,  I.  Ô  Dieu,  que  nous  recevons  mal 
les  afflictions  I....   notre  faiblesse  gémit  sous  les 
fléaux  de  Dieu,  et  notre  cœur  endurci  ne  se  change 
pas,  BOSS,  (  "  serm.  quinquag.  2.  Pour  reunir  tout 
en  un  mot,  Séjan,  si  fort  vanté  dans  Paterculus,  était 
un  fléau  de  la  colère  des   cieux  contre   l'empire 
romain,   rollin,  Jlist.  anc.  t.  xu,  liv.  xxv,  chap.  2, 
art.  2.    Il  3"  Fig.  Toute  grande  calamité  ou  souf- 
france.Vous  savez  quels  fléaux  ont  éclaté  sur  nous, 
VOLT.    Œdipe,  n,  a.  Et  quand  la  religion  se  joint 
à  la  guerre,  ce  mélange  est  le  plus  hoiTible  des  fléaux, 
ID.  Mœurs,   4  97.  Aujourd'hui,  après  un   moment 
passé  et  oublié  depuis  des  années,  la  plus  chaste 
union  peut  être  suivie   du  plus  cruel  et  du  plus 
honteux  des  fléaux  [la  syphilis]  dont  le  genre  hu- 
main soit  alïligé,  id.  Mœurs,  145.  ||  4*  Par  analogie, 
il  se  dit  de  ce  qui  est  nuisible,  funeste.  11  est  hors 
des  atteintes  de  l'injustice,  de  1  envie,  et  des  autres 
fléaux  de  la  vie  humaine,  patru,  Lelt.  4  à  Olinde, 
dans   RICHELET.     L'inquisition  et  la  Société  [des 
jésuites]  sont  les  deux  fléaux  de  la  vérité,  pasc.  dans 
COUSIN.  Son  gendre  [de  Jacques  II]  le  prince  de  Da- 
nemark, et  son  autre  fille,  qui  est  encore  une  Tullie 
et  que  j'appelle  la  demoiselle  de  Danemark,  sont 
allés    trouver   ce   fléau  de  prince  d'Orange,  sÉv. 
Lett.   13  déc.    1088.  Les  rois  qui   ne  songent  qu'à 
se  faire  craindre  et  qu'à  abattre  leurs  sujets,  pour 
les  rendre  plus  soumis,  sont  les  fléaux  du  genre 
humain,  fén.  Tél.  il.  Il  a  passé  sa  jeunesse  à  être 
le  fléau  de  toutes  les  familles,  m"*  de  caylus.  Sou- 
venirs, p.  106,  dans  pougens.  Le  prince  de  Condé, 
qui  avait  été  le  soutien  de  la  France,  en  devint  le 
fléau  ;   et  Turenne,  après  avoir  trahi    la   cour,  en 
fut  le  libérateur,  VOLT,  llist. pari.  chap.  66.  Fléaux  du 
nouveau  monde,  injustes,  vains,  avares.  Nous  seuls 
en  ces  climats  nous  sommes  les  barbares,  id.  AU. 
1,  1 .  Les  sauterelles  sont  encore  une  des  proies  fa- 
vorites du  martin,  il  en  détruit  beaucoup,  et  par  là 
il  est  devenu  un  oiseau  précieux  pour  les  pays  af- 
fligés de  ce  fléau,  buff.  Ois.  t.  vi,  p.   i;i6  ,  dans 
POUGENS.  Des  jardins  mutilés  en  partie  par  la  spé- 
culation des  architectes,  ce  fléau  du  Paris  moderne, 
CH.  DE  BERNARD,  Un  homme  sérieux,  §  xviu.  ||  Fléau 
de  famille,  celui  qui  fait  la  désolation  de  toute  sa 
famille.  ||  6°  Par  exagération.  Personne  ennuyeuse, 
fatigante,  insupportable.    Un  bavard  est  un   fléau 
dans  un  salon.  ||  6°  Dans  une  balance,  tige  de  fer  ou 
levier  du  premier  genre,  soutenu  en  son  milieu  sur 
des  couteaux,  et  aux  extrémités  duquel  sont  suspen- 
dus les  plateaux  de  la  balance.  ||  Forte  balance  dont 
on  se  sert  dans  les   magasins  d'artillerie  et  même 
dans  les  boulangeries.  ||  7°  Barre  de  bois  ou  de  fer, 
qui,  tournant  par  le  moyen  d'un  bouton  de  fer,  tient 
fermés    les    deux   ventaux   d'une    porte    cochère. 


FJ,E 

—  HIST.  XII*  s.  Ainsi  [ils]  fièrent  des  haches  com 
vilain  de  flael,  Sax.  ix.  Ceste  pestilence  et  cest  flael, 
«ou,  f  7,  dans  baynouahd,  Gloss.  ||  xiii*  s.  Et  vin- 
rent as  portes  et  coperent  lesfleaus,  et  entrèrent  ens 
cil  de  l'ost,  Chr.  de  Rains,  p.  loo.  Fourches,  fteaus, 
restiaus,  fauches,  ne  doivent  riens  de  tonlieu,  Liv. 
des  met.  323.  ||  xiv*  s.  Dieu  voulut  corriger  les 
François  par  son  flaiel  [la  bataille  de  Crécy],  Chr. 
de  St  Denis,  t.  ii,  p.  210,  dans  lacurne.  ||  xv*  s.  P.r 
quoy  mai-ntes  fois  depuis  en  leur  droit  aveuglement, 
sont  venus  comme  flayau  de  Dieu  les  Angles, 
G.  ciiastelain,  Chr.  du  duc  Philippe,  Proesme. 
Il  XVI*  s.  Qui  peult  estre  ceroy  qui  assomme  ettra- 
vaiUe  Les  orgueilleux  et  fiers,  lesvivans  de  rapines. 
Comme  s'ilfust  le  fléau  de  justice  divine?  j.  marot, 
v,  (4(.  [Fontarabie]  Le  fléau  d'Espaigne  et  la  seureté 
de  France,  lo.  v,  231.  Fléaux  des  poissons  [nageoi- 
res], cotgrave.  Fléaux  de  la  vigne  [ses  vrilles],  00- 
DiN,  Dict.  La  curiosité  de  cognoistre  a  esté  donnée 
aux  hommes  pour  fléau,  dict  la  Sainte  parole,  mont. 
ni,  33. 

—  ÉTYM.  Génev.  flau;  picard,  fiager,  flayer,  fli, 
fleyeur;  Berry,  flan  (dans  l'ouest  cl6)  ;  bourguign. 
fla;  norm.  fiau;  provenç.  flagel,  flachel  ;  catal. /io- 
gell;  portug.  et  ital.  flagella  ;  du  lat.  flagellum,  fouet, 
fléau,  diminutif  de  flagrum,  fouet.  Dans  l'ancien 
français,  li  flaels  ou  flaaus  est  le  nominatif,  et  le 
flael  est  \e  régime.  Dans  J.  Marot /Z«au  est  monosyl- 
labe. Les  choses  à  bascule,  fléau  de  balance,  etc.  ont 
été  peut-être  ainsi  ditesàcausedu  va-et-vient  qui  s'y 
passe  comme  dans  le  fléau  véritable.  Flagrum  tient 
au  radical  flag  ou  flig  (dans  af-fligere)  qui  signifie 
frapper,  blesser,  appuyer  sur,  et  qui  est  en  grec  OÀ16 
(eXiÊM). 

tFLEBILE  (flé-bi-lé),  adj.  m.  Terme  de  musi- 
que. Mot  italien  qui  veut  dire  plaintif,  et  qui,  mis 
sur  les  partitions,  indique  le  caractère  d'un  mor- 
ceau. Largo  flebile  (U  faut  prononcer  en  portant 
l'accent  sur  lar  et  sur  flé). 

—  ÉTYM.  Ital.  flebile,  du  latin  flebilis,  de  fîere, 
pleurer  (voy.  faible). 

1.  FLr:CIIE   (flè-ch'),  s.  f.\]i'  Tige  de  bois  ar- 
mée d'un  fet  aigu  qu'on  lance  avec  un  ai-c  ou  une 
arbalète.  Les  peuples  de  Crotone  sont  adroits  à  tirer 
des  flèches,  fénel.  Tél.  x.  Vous  savez  que  les  flè- 
ches d'Hercule,  qui  tua  ce  perfide  centaure  [Nessus], 
avaient  été  trempées  dans  le  sang  de  l'hydre  de 
Lerne,  et  que  ce  sang  empoisonnait  ces  flèches,  en 
sorte   que   toutes    les   blessures  qu'elles   faisaient 
étaient  incurables,  id.  ib.  xv.  La  malheureuse  Trois 
tombera,  a-t-ildit;  mais  elle  ne  peut  tomber  qu'a- 
près qu'elle  aura  été  attaquée  par  celui  qui  tient 
les  flèches  d'Hercule,  id.  ib.  Laisse-moi  seul  mourir 
parla   flèche  du  Maure,  volt.  Tancr.  iv,  8.  Vous 
n'avez   pas  oublié  les   curieuses  expériences   que 
M.  de  Réaumur  avait  tentées  avec  les  flèches  em- 
poisonnées des  Américains;  un  ours  piqué  par  une 
de  ces  flèches  mourut,  je  crois,  en  une  demi-mi- 
nute, bonnet,  Lett.  div.  Œuv.  t.  xii,  p.  378,  dan» 
POUGENS.  Il  Cet  objet  a  la  forme  d'un  fer  de  flèche, 
est  taillé  en  fer  de  flèche,  se  dit  de  ce  qui  ressem- 
ble à  un  quadrilatère  très-aigu,  dont  deux   petits 
côtés  sont  rentrants,  à  la  difTérencc  du  fer  de  lance 
où  ces  deux  petits  côtés  sont  saillants.  |{  Fig.  C'est 
la  flèche  du  Parthe,  c'est  un  trait  piquant  lancé  au 
moment  où  l'on  se  retire  ;  par  allusion  aux  Parthcs 
qui  tiraienten  fuyant.  ||  Fig.  Tout  bois  n'est  pas  bon 
à  faire  flèche,  il  faut  savoir  choisir  les  personnes 
quand  on  veut  les  employer.  ||  Fig.  Faire  flèche  de 
tout  bois,  mettre  tout  en  œuvre  pour  arriver  à  quel- 
que fin.  Il  II  ne  sait  plus  de  quel  bois  faire  flèche, 
il  est  sans  ressource,  sans  moyens  de  subsister,  ou 
il  ne  sait  comment  se  tirer  d'un  embarras.  Desma- 
rets  ne  savait  plus  de  quel  bois  faire  flèche  ;  tout 
manquait  et  tout  était   épuisé,  st-sim.   loc,  127. 
Il  2°  Fig.  Ce  qui  est   comp.iré  à  une  flèche.  Une 
mâle  vigueur  Toujours  impénétrable  aux  flèches  de 
l'erreur,  volt.    Ilenr.  iv.  Mille  bacheliers,   mille 
licenciés  ont  jeté  les  flèches  de  l'école  contre  ce  ro- 

Les 


Il  8°  Bascule  chargée  d'un  contre-poids  servant  à 
fermer  une  écluse.  ||  Poignée  en  fer  avec  bouton 
tourné  servant  de  fermeture  à  une  persienne. 
Il  9°  Terme  de  métallurgie.  Tringle  d'un  soufflet 
ayant  un  mouvement  d'oscillation.  ||  10°  Au  plur. 
Espèce  de  crochets  sur  lesquels  les  vitriers  portent 
les  panneaux  de   verre  ,  lorsqu'ils  vont  en  ville. 


cher  inébranlable,  ID.  Pri'nc.  d'aclion,  ch.  18. 
flèches  de  la  colère  de  Dieu,  fléaux  qu'il  envoie  aux 
homaies  pour  les  punir.  ||  Les  flèches  de  l'Amour, 
les  impressions  qu'il  produit  dans  les  cœurs.  ||  3°  Si- 
gne en  forme  de  flèche  dont  on  se  sert  dans  les 
caries  de  géographie,  dans  les  plaiis,  etc.  pour  in- 
diquer le  côte  du  nord,  ou  la  direction  d'un  courant, 
et  surtout  celle  des  rivières.  ||  4°  Certaines  choses 
représentant  une  flèche,  ou  faites  en  forme  de  flè- 
che. L,i  flèche  d'un  Ut.  Elle  avait  une  flèche  d'or 
dans  ses  cheveux.  ||  Flèche  de  savon,  morceau  de 
savon  taillé  en  flèche,  que  les  nourrices  introdui- 
sent dans  l'anus  des  enfants  pour  provoquer  une 


Il  11*  Fléau,  un  des  noms  de  la  pbléole  des  prés.  |  selle.  {|6°  Longue  pièce  de  bois  cambrée  qui  dans 


FLË 


FLÊ 


FLÉ 


1695 


un  carrosse  joint  le  train  de  derrière  avec  celui  de 
devant.  ||  Portion  de  la  charrue  qui  porte  en  arrière 
le»  mancherons,  vers  le  milieu  les  étançons  et  le 
coutre,  et  en  ayant  rattache  de  l'avant-tram ,  ou, 
dans  les  araires,  le  régulateur.  H  6°  La  partie  d  un 
clocher  qui  surmonte  la  tour  ou  la  cage  et  qui  est 
en  pointe.  Flèche  de  charpente.  Flèche  de  pierre. 
U  Hèche  de  Strasbourg.  Les  yeux  du  voyageur 
viennent  d'abord  s'attacher  sur  cette  flèche  re- 
ligieuse, dont  l'aspect  réveille  une  foule  de  sen- 
timents et   de   souvenirs,  chateaub  .    Oémc,  m, 

I  16  II  On  dit  quelquefois  mais  plus  rarement 
aiguille.    Il  Le   chapiteau    pointu    d'une     cloche. 

II  7-  Terme  d'eaux  et  forêts,  ta  tige,  le  tronc  d  un 
arbre.  Tel  le  mapou,  dont  le  tronc  de  quatre  ou  cinq 
pieds  de  diamètre,  sur  une  flèche  de  quarante,  ser- 
vait à  former  des  canots  d'une  seule  pièce,  baynal, 
Jlist.  phil.  X,  3.  Il  Celle  des  branches  d  un  arbre  qui, 
par  s^  direction,   doit  être  considérée   comme  la 
tige.  Les  arbres  qui  ont  perdu  dans  leur  jeunes  e 
leur  flèche  ou  montant  principal,  buff.  Exp.  sur 
les  vénét.  i'  mém.  \\  Pousse  de  la  canne  a  sucre  et 
de  quelques  autres  plantes  dont  les  tiges  son   droi- 
tes et  fermes.  Il 8°  Terme  de  chirurgie.  Cautérisa- 
tion en  flèche,  celle  qui  consiste  à  traverser  la  base 
des  tumeurs  de  part  en  part  avec  des  languettes  de 
pâte  de  chlorure  de  zinc.||9"  Terme  de  fortifica- 
tion. Petit  ouvrage,  dit  aussi  bonnette,  quon  élevé 
vis-à-vis  des  angles  saillants  ou  .entrants  du  che- 
min  couvert  et  qui  est  composé  de  deux  côtés 
Il  10°  Pièce  de  bois  à  laquelle  s'attache  chacune  des 
deux  chaînes  d'un  pont-levis.  H  Dans  la  machine 
dite  manège,  barres  ou  leviers  horizontaux  qui  sont 
insérés  dans  le  treuil,  et  auxquels  les  chevaux  sont 
attelés.   H  Flèche   de    grue,   l'arbre    de    la   grue. 
Il  11»  Terme  de  marine.  La  pointe  du  mSt  supe 
rieur  d'un  navire,pointe  qui  s'élance  au  ciel,  il  ile- 


de  la  teste  à  chacune  flesche,  car  ils  les  fendent  le 
long  du  ventre,  n'en  taisant  que  deux  pièces,  ID.  839. 

_  ÉTYM.  Anglo-saxon,  /li'cce;  anc.  angl.  flrck; 
angl.  nUch;  allem.  Bick ,  Fleck,  morceau.  En  da- 
nois et  norvégien,  le  lard  se  àaflesk,  mais  ce  mot, 
qui  signifie  vUinde,  attribue  à  lard  le  sens  de  viande 
par  excellence.  ,  j  „„ 

+  i  FLÉCHER  (flé-ché),  V.  n.  Commencera  se 
développer,  en  parlant  de  la  flèche  do  la  canne  a 

^""2!  FLÉCHER  (flé-ché),  V.  a.  Couvrir  une  fe- 
melle ;  se  dit  du  bélier.  jA^ni.hW 

FLÉCHI,  lE  (flé-chi,  chie),  part,  passé  àe  fléchir. 
Il  1»  Qui  a  subi  une  inflexion.  Le  bec  de  cet  oiseau 
est  un  peu  fléchi.  H  Terme  de  géognosie.  Couches 
fléchies,  couches  qui  offrent  des  Plf,  ^"8':'';i^: 
Il  2°  Oui  cède,  qui  se  laisse  toucher.  Fléchi  par  les 
prières  de  son  épouse.  „    ,i„ 

t  FLÊCUIÈRE  (flé-chiê-r') ,  s.  f.  Synonyme  de 

I  "?i"^;rT  '^"' S-.  De  flecieres  et  de  genieste  Fist 
une  loge....  ph.  mouskes,  dans  nu  cange,  fleaa. 

-  ÉTYM.  Flèche,  à  cause  de  la  forme  des  femlles 
en  fer  de  flèche  ,  le  pétiole  faisant  le  fût. 

FLÉCHIR  (flé-chir),  D.  a.  \\  1°  Donner  une  in- 
flexion, ployer.  Fléchir  la  tige  d  un  arbre.  On  ne 
doit  pa^  être  surpris  que  le  cuivre  jaune  ou  laiton 
soit  quelquefois  sensiblement  attirable  a  1  aimant, 
surtout  après  avoir  été  frappé  ou  fléchi  et  tordu  avec 
force,  BUFF.  Min.  t.  vm,  p.  83,  dans  pougens.  ||  Don- 
ner une  direction  couÀe.  Ils  [les  canards  sauva- 
ges] fléchissent  leur  vol,  et  se  lancent  obliquement 
fur  la  surface  de  l'eau,  qu'ils  effleurent  et  sil  on- 
nent  buff.  Ois.  t.  xvii,  p.  <76,  dans  pougens 
fS"  11  se  dit  de  l'action  des  muscles  qui  fon 
faire  aux  membres  une  inflexion,  un  angle.  Les 
muscles  qui   fléchissent  le  pied  sur  la  jambe  >l'i 


rieurdunnavire,poiui,eHui3<:.a"^=  """•'.■■  "r.;.    |  nTmhp  «nr'la  cuisse  II  Fléchir  le  genou,  sagenouil- 
che  d'éperon,  nom  donné  autrefois,  dans  les  bât  -    jambe  ^r  ly"^^=«^^         f,échir  les  genoux,  bac 

ments  latins,  galères    galiotes,  l°^^''l^f'y^Xo^V^\fst^^^  "échir  le  genou  pour  s'attirer 

pièceprincipaledel'éperon.dontlasaïU.eho.sde    Este  m,^.^  ^^  y^„,p;,,_ 

a  proue  pouvait  justement  être  comparée  a  celle     es  ^^gards  du   pr m.  ^^^,^„j,,,.  Tout  fléchis- 

du  trait  près  de  quitter  l'arc,  ial.  H  *l'=fhe-en-cul      |1  Fig.  ™r  «  8        '  j^^^^t  eux  [Camhyse 

petite  corne  gréée  au  sommet  du  ma   de  perroque     ^^1^^^^°^^^,"^^  ^^ anc.  Œur,.  t.  u   p.  47^. 
5e  fougue,  ainsi  dite  pjirce  quelle  etaïau-de^sut»  ,^  ^^^^^  ^^    . 

d  les  II  on  dit%n  ce  sens  :  Fléchir  e  genou  devant 


de  la  poupe,  JAL.  ||  12°  Flèche  de  polissoir,  morceau 
de  bois,  coArbé  en  arc,  qui  sert  à  presser  le  po  s- 
soir  contre  la  glace.  ||  13°  Terme  de  jeu  ^e  t™trac 
Languettes  pointues  de  couleurs  alternantes  qui 
divisent,  du  côté  de  chaque  joueur,  la  table  du 
trictrac.  H  On  dit  quelquefois  mais  plus  rarement 
lame.  Il  14°  Terme  de  géométrie.  Flèche  d  un 
arc  de  cercle,  la  perpendiculaire  menée  du  milieu 
de  la  corde  à  l'arc.  La  courbe  de  cette  voûte  a 
deux  mètres  de  flèche.  1|  Hauteur  du  segment  dé- 
taché d'une  sphère  par  un  plan  qui  la  coupe.  Il  Ib  11 


Raal  H  3°  Fig.  Toucher,  attendrir ,' faire  céder. 
K^tes  qu'à  mes  désirs  je' la  puisse  fléchir  oûbn 
ctna  m,  3-  H  aura  peu  de  peine  à  fléchir  son 
^I^in'  Sertor  iv  *■  A-t-elle  rien  fléchi  de  son 
'hlTur  amiT;n.'We.  n,  a.  L'argent  sut  donc 
fléchir  ce  cœur  inexorable,  la  font.  Coupe.  La 
Srtcè  fléchiries  coeurs  les' plus  endures,  Boss. 
fir2  9  Dieu  veut  être  fléchi,  et  il  nous  en  four- 
'nir-lui-même  le  moyen  le  plus  f    ca-   -"an    ; 


taché  d'une  sphère  par  un  pian  qui  lacuuije.  Il  w  î  "  I 'A"  '"'."^'ir.LhVw    »fi;s(    t   11   p.  654.  Cette  férocité 

S'que  les'arpen'ieurs  fic^e»te„ten-e   toutes  les    Ou.^^    u  ;«b.M   %  '.  ^  ,.^^^  ^^^ 

fois  qu'ils  emportent  leur  chaîne.  ||  16  Hcelle  que  |  que  tu  croj^   ^^^    ^^.^   ^^_   ^_  ^^  ^^^^  ^.^.^1^3  pour 


îr^^i^^rX'i^^ï-ê-ëntrelace  dans  les  fils 
de  la  chaîne,  pour  les  tenir  toujours  a  égale  dis- 
tance. Il  17°  Chacun  des  petits  brins  de  bois  places 
entre  les  plis  du  papier  qui  fait  le  fond  d'un  éven- 
tail Il  18°  Terme  d'astronomie.  Petite  constellation 
de  l'hémisphère  boréal.  |1 19°  Flèche  de  pierre,  be- 
lemnite.  ||  20°  Le  mollusque  nomme  aussi   calmar. 

Il  Flèche  de  mer,  le  dauphin.  

—  HIST  xiii°  s.  Car  vous  1  avez  mis  [en  mon 
cœur]  et  le  fer  et  la  flesche,  audefroy  le  b^^t  Ro- 
mancero,  p.  4  3.  U  meiUore  et  la  plus  isnele  De  ces 
floiches  et  la  plus  befle,  la  Rose,  9.9.  I  xV  s.  Les 
arbres  qui  là  estoient  haults,  que  le  tronc  ou  la 
flesche  du  moindre  ayoil  bien  soixante  pieds  de 
ong,  Perceforest,  1. 1,  p.  27.  ||  xvi-  s.  Plusieurs  ne 
sçauront  de  quel  bois  faire  flesche,  rab.  Prognost. 
Pant.  3.  Le  petardier  appliqua  son  pétard,  mais 
une  meurtrière  l'emporta  au  fossé  avec  si  «esche, 
d'aub.  //«s(.  m,  ■SOS. 

—  ÊTYM.  Wallon,  fliche;  provenç.  flécha;  cata  . 
netxa;  espagn.  flécha;  portug.  flécha  {recha;^X^\. 
freceii;  piémontais,  fleeia;  du  flamand  fliti , 
flttsch,  flèche;  moyen  haut-allem.  flitsch;  allem. 

mod.  Fliti-pffil-  •,• . 

2   FLÈCHE  (flè-ch'),  s. /.  Anciennement ,  moitié 

de  cochon  avec  le  lard  et  le  maigre.  ||  Aujourd  hui, 

bande   levée  depuis  l'épaule  jusqu'à  la  cuisse  du 

^°— HIST  xrn's.  Bien  avoit  garni  son  ostel.  Assez  y 
avoit  un  'et  el  [un  et  autre].  Char  salée,  bacons 
[iambons]  et  fliches;  De  ce  estoit  li  vilains  riches, 
Ben  128(  Il  XVI*  s.  Des  lards  maigres,  n'en  sont 
faites  que  deux  parties  égales,  appeflées  flesches, 
fendant  le  lard  parle  ventre,  0.  nE  serres,  838  En 
Normandie  et  Basse  BreUigne,  ou  leur  laisse  [aux 


rsVffra'nchir,  kac.  Brit.  m,  2.  Je  vous  crains  pour 
vous-même; 'et  je  viens  à  genoux  Vous  prier   ma 

princesse,  e't  vous  fléchir  pour  vo.''^-  "--^f  ,t,ut 
îv  "  Je  fléchis  mon  orgueil,  j'allai  trouver  1  allas, 
IV,  -.je  utum»  o       '   nir-hii-  h  mes  vœux. 


reui  Qui  n'a  jamais  fléchi  sous  le  joug  amoureux, 
RAC  Phèd  n,  4.  il  7°  Se  relâcher  de  sa  sévérité  on 
de  sa  fermeté.  C'est  un  homme  doux  et  qui  fléchit 
aisément.  S'il  se  voit  en  prison,  il  sera  contraint  de 
fléchir,  PATRU,  Plaidoyer  u,   dans  richelet.  Il 
faut  fléchir  au  temps  sans  obstination,  mol.  Mu. 
I    <.  Le  concile  si  ferme  fléchit  par  violence,  bos.s. 
Hist.  I,  44.  Mais  de  faire  fléchir  un  couiage   in- 
flexible, bac.  P/ièd.n,  4.  Il  8°  Diminuer,  devenir 
moindre.  Depuis  quarante  ans  qu'elle  [une  liaison] 
dure,  je  puis  la  citer  pour  exemple  dune  amitié 
que  ni   les  années  ni  les  événements  n  ont  fait 
varier  ni  fléchir,  mabmontel,  SIém.  v.  ||  9°  Ne  plus 
combattre  avec  la  même  vigueur    commencer  a 
céder.  L'aile  droite  commençait  a  fléchir.  ||  10    s>e 
fléchir,  1).  réfl.  Être  ployé.  Tout  genou  se  fléchi 
devant'lui  [Jésus-Christ]  dans  le  ciel,  sur  la  terre  et 
dans  les  enfers,  boss.  Sermons,  Ascens.  ''r^»'»''"  «; 
Il  Fig  Comme  si  c'était  à  la  règle  a  se  fléchir  pour 
convenir  au  sujet,  pasc.  Prov.i>.  Il  U»  S'accommo- 
der à,  se  prêter  à.  D'autres  fois,  moins  sublime, 
mais  non  moins  estimable,  l'homme  s'occupe   des 
arts   oui  peuvent  pourvoir  à  ses  besoins  ou  aug- 
mente^r^es^commodlés;  sa  raison  se   fléçtiit  à  tou  , 
BONNET,  Contempl.  iv,  7.  H  12°  Être  tçf  lé  apa,  ;■ 
Oui  l'eût  cru  que  pour  moi  le  ciel  dût  se  fléchir? 

"^"-^  HlST.^'xn'  s.  Cum  l'eve  [de  la  Seine]  est  bloie 
et  arzillose,  Epleintejve  et  abundose,  Cum  ele  est 
suvent  flechisantz  Que  la  terre  en  seit  plus  vai  - 
Kntz  BENOIT,  II,  304  5.  Li  prélat  sunt  serf  Deu,  11 
Ss  deit  chérir  ;  E  il  sunt  chief  des  reis,  li  reis 
ur  deit  fléchir,  Deus  est  chiés  [chef]  des  prelaz, 
Th  le  mort.  70.  Fait  li  dune  sainz  Thumaz  :  tuz  nus 
estliet  mûrir,  Ne  pur  mort  de  justise  ne  me  verrez 
fléchir;  E  pur  l'amur  de  Deu  voil  la  mort  sustenir 
{6   4  43  II  xiii"  s.  Dist  Renart  :  dont  vos  abessiez.  Et 
vos  agenoilliez  ici  :  Puis  ambedeus  ses  piez  fléchi. 
Et  mist  sor  le  piège  sa  main,  Ren.  4798. 1|  xivs  Afin 
nue  par  dons  ne  par  prières  il  ne  se  peust  fléchir  de 
son  propos,  bercheube,  f°  28,  recto.  Amsi  veez  vous 
que  le  sage  homme  fleschi  son  courage  pour  saul- 
^er  ronneurde  sa  femme,   Hénagier,  i,  B.  Devant 
le  roi  Henri  le  varlet  se  fleschi.  Et  puis  le  salua  de 
Dieu  qui  mort  soufri,  Guescl.   .5719   ||  xv«  S.  Cm  - 
laume  de  Fermiton  fléchit,  et  lui  glissa  un  petit  le 
pied    FROiss.  Il,  II,  81.  Vous  sçavez  que  d  armes  et 
d'amours  ne  do'it  'on  pas  fléchir  de  dire  ver.te  ;   or 
fe  vous  demande,  par  la  foy  que  vous  devez  àamors 
i't  à  chevalerie,  lequel  des  chevaliers  de  dedans  do^ 
avoir  le  prix.  Perce  orest,  t.  i,  f°  410.  ||xvi   s  .te 
Genevois  parlant  au  gênerai.  Genoux  flescis  troy» 
fols  baisa  la  terre,  i.  marot,  v,  ^«-J^  ««"^'".f  .^ 
cultez  fléchir  soubs  la  charge,  mont,  i,  4  55.  11   1 1- 
diome   français]    succombe   ordinairement   a  une 
Snte    conception;  si  vous  allez  tendu    vous 
sentez  souvent  qu'il  languit  ^o^bs  vous  et  fléchit, 
'r  n,  354.  Les  muscles  qui  fléchissent  et  esten- 
dent  le  coulde,  paré,  i,  8.  On  peult  fléchir  une 
eauUe  nouvellement  cueiUie,  pai-sgb.  p.  448. 
-ÉTYM    Pic.  flékir,  provenç.  fléchir;  anc.  ital. 
• T^;—     parlechan- 


„.  ....  ,v,  ^.Uissez-vous  fléchir  T^^^uxjU^au^M^^^ 

MASS.  Carême,  Motifs  de  conv.  ^ans  la  suite,  ayant    gement^^_^^   ^^^^  ^^-^^^^^  de  la  ^3-  ,co.yuga,son 


tl^rhi  Ta  colère' de 'Dieu  par  un  sincère  et  vit  re 
SenUr   il  obtint  sa  liberté  et  retourna  à  Jérusalem, 
MLL  N     list.  anc.  œuv.  t.  11,  p.  65  dans  pougens 
"s'agesse  et  votre  autorité  O-^'  d'A  z^e  en  eiï 
fléchi  la  volonté,  volt.  Ah.  I,  2.  ||  4   '^•,  "-.^y,» 
une  courbure.  M.  Edwards  observe  que  le  bec  de 
cette  bage  fléchit  en  haut,  comme  celui  de  la- 
o"ette,  caractère  dont  la  Pl»P«'  des  barges  por- 
tpnt  aûelaue  légère  trace,  buff.  Ou.  t.  xiv,  uans 
POUGENS    11  5°  Hier,  céder  sous  la  charge    Cette 
poutre  flécliit.  cette  barre  de  fer  rompra  plutôt  que 
de  fléchir.  Les  pièces  de  cette  porcelaine  ont  tou- 
fours  en  dessous  trois  ou  quatre  traces  de  supports 
'."ont  été  mis  pour  l'empêcher  de  fléchir  dans^a 
cuisson,  RAYNAL,  llist.  phil.  t.  m,  hv.  &,  ch.  27.  ||  i-e 
cenou  fléchit,  on  s'agenouille;  et  fig.  on  se  soumet. 
Tout  genou  fléchira  devant  lui  [Jésus-Christ],  boss. 
ml  n  4.  Et  fais  à  son  aspect  que  tout  genou  flé- 
chfsse    RAC.  Esth.   II.  5.  Il  6°  Fig.  Se  soumettre, 
céder   Tout  a  fléchi  sous  leur  menace   malhiii,  2, 
Tn,,t  fléchit  sur  la  terre  et  tout  tremble  sur  l'onde 
lit    Vi  ôm  111    2  Toui  fléchit  sous  un  si  grand 
CORN.  .^'/""'-  "''3./°i     ,0.  [L'ode]  Mène  Achille 
:a\'gSnT'au"b:/du'si;,;ots,oL  fait  lléchir  l'Escaut 
souf  le  ioug  de  Louis,  boil.  Art  p.  n.  Au  joug  de 
a  rlisonsfns  peine  elle  [la  rime]  fléchit,  in   .6.  i. 
Tout  runivers  fléchit  à  vos  genoux,  rac.  Bérén.  iv, 
iFlécWssons  sous  un  dieu  qui  veut  nous  éprou- 
ver  volt.  Cfe'd.-pe,  i,  2.  Il  Fléchir  sous  le  joug   sy 


ch^rsement'  plus  fréqient  de  la  3.  conjugaison 
en  r°  Maison  même  temps  il  faut  admettre  pour 
fe  français  que /îechùsant  (xii-  s.),  flechissable  et 
neMssement  (x  ii-  et  xiV  s.)  indiquent  une  deriva- 
fion  non  dé  la  conjugaison  latine  en  ire,  car  alors 
TZl  fléchant   nechable,  flechement ,  mais  une 

?orme  aUoigée  par  iscere  (/»;-"«.  .^"^-^/XTl 
pour  je  fleuris,  fleurissant,  etc.).  U  faut  noter  lana 
logie  de  flectere  avec  falx,id.  faux. 
tFLÉCUISSABLE(flè-chi-sa-bl),  ad}.  Qui  peut 

''-Z^'  lafs.  ....vers  lor  meurs  nules  prières 

«srrrs^irÇ"iK 

:m3xi;"::  Membre  insensiblement    sans  dou- 
leur] flechisable,  H.  de  mondeville,  f  8,  verso. 
^Ss^FMENT  (flé-chi-se-man),  ..  m.  ||  1°  Ac- 


Normandie  et  Basse  BreUigne,  on  leur  laisse  [aux    ver,  volt^  y^TelU  ravouerai,  cet  orgueil  géné- 
porcs]  et  iambes  et  testes,  c'est  assavoir  la  moitié  |  soumettre.  J  aime,  je 


:rprr  :"=, -ulûd  tes  os  se  repUent  pou^  le 

°^'"\l"r"'xrs."l:'utilité  duflecissement  de  lui  [le 
liglment]  fu  pour  ce  que  un  membre  fust  meu  sane 
l'autre,  H.  df.  mondeville,  1°  9. 

7LirHlss'^UMflé-cbi-seur),ad;.m.Termed'a. 
natomie  oui  déte^ine  la  flexion  des  partie.,  en 


1f.9C 


FLR 


parlant  dM  muscle».  ||  S.  m.  Los  flëchisseur»  du  gc- 

—  ÈTYM.  Fléchir.  On  trouve  dans  Paré  ;  les  (le- 
cheiirs,  I,  8,  et  les  flechissans,  ih. 

pr  EfiMAGOGUBou  PIILKCMAGOGUE  (nè-gma- 
go-gii'),  adj.  Terme  <lo  médecine.  Qui  évacue  lo 
aegmo,'\a.  pituite. 

—  HisT.  xvf  s.  Les  médicaments  pmegmagogues, 
c'est  à  dire  faisans  évacuation  de  l'humeur  pitui- 
teuse,  PARÉ,  VI,  2î. 

f.TVM.  *)cY|iafWTA«,  de  ifXiYfi»)  flegme,  etàyw- 

yJc,  qui  emmène,  dérivé  de  &-(u-i,  pousser  (voy.  agir)  . 

FI.EGMASIE,  s.  f.  Voy.  phlegmasie. 

FLEGMATiyCE  (flè-gma-ti-k'),  arfj.  ||  1°  Terme 
do  mc'decine.  Qui  abonde  en  phlegme  ;  c'est  un  sy- 
nonyme ancien  de  lymphatique.  Tempérament  fleg- 
matique. Il  En  ce  sens  on  écrit  aussi  phlegmatique. 
Il  i'  Fig.  Qui  est  d'un  caractère  froid  et  lent.  Un 
homme  flegmatique.  Loin  ces  riraeurs  craintifs 
dont  l'esprit  flegmatique...  boil.  Art  p.  ii.  Dans  ce 
système  flegmatique,  l'héroïsme  est  une  extrava- 
gance, DiDER.  lissaf,  sur  le  mérite.  Ils  [les  Arabes] 
sont  flegmatiques,  mais  redoutables  dans  la  colère, 
BUFF.  Suppl.  à  l'Hist.  nat.  Œuv.  t.  xi,  p.  20B,  dans 
POUGENS.  Il  Substantivement.  C'est  un  flegmatique. 

—  HlST.  xiii'  s.  Se  fleume  habunde  plus  en  un 
home,  il  est  apelez  fleumatiqucs,  biidn.  latini.  Très. 
p.  107.  Li  ileumatikes  qui  est  frois  et  moistes, 
ALF.BRANT,  4.  ||  XVI»  S.  On  dit  qu'un  œdème  est  fait 
de  sang  phlegmatique,  paré,  Introd.  a. 

—  exVM.  Lat.  phlegmaticus,  du  grec  çVeY|iaTix6; 
(voy.  phlf.gme). 

t  FLEGMATIQUEMENT  (flè-gma-ti-ke-man), 
adv.  D'une  manière  flegmatique. 

FLEGME  (flè-gm'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  méde- 
cine. L'une  des  quatre  humeurs  cardinales  des  an- 
ciens, dite  aussi  pituite  ;  elle  est,  suivant  eux,  froide 
et  humide,  et  prédomine  surtout  en  hiver.  Le 
flegme  humide  et  froid,  s'élevant  au  cerveau,  Y 
vient  représenter  des  brouillards  et  de  l'eau,  tris- 
tan,  Mariane,  1,  2.  Qui  n'ont  que  du  flegme  dans 
les  veines,  pasc.  Prov.  8.  ||  Aujourd'hui,  synonyme 
peu  employé  de  sérosité,  d'humeur  aqueuse.  ||  Dans 
ces  deux  sens  on  écrit  aussi  phlegme.  ||  2°  Matière 
pituiteuse  qu'on  rejette  en  toussant,  en  crachant, 
en  vomissant.  Il  a  jeté  beaucoup  de  flegmes. 
Il  3°  Flegme  salé,  nom  que  l'on  donne  en  Espagne 
aune  espèce  de  pellagre.||4°  Dans  l'ancienne  chi- 
mie, la  partie  aqueuse,  insipide  et  inodore  que  la 
distillation  dégage  des  corps.  Les  sels,  les  flegmes, 
la  tête  morte  ne  S'enflamment  point,  volt.  Feu, 
H,  B.  Le  flegme  est  la  substance  qui  est  en  plus 
grande  quantité  dans  la  composition  des  mixtes,  et 
surtout  dans  celle  des  plantes  et  des  animaux,  cha- 
RAS,  Pharm.  i,  4,  dans  richelet.  ||  Terme  de  dis- 
tillerie. Les  flegmes,  produits  aqueux  de  la  première 
distillation  des  mélasses,  des  jus  de  betteraves  ou 
de  grains,  et,  en  général,  des  sirops  fermentes  ;  ils 
marquent  de  40»  à  B0«  environ  à  l'alcoolomètre,  et 
contiennent,  outre  l'alcool,  des  huiles  essentielles, 
des  éthers,  etc.  C'est  en  rectifiant  les  flegmes  que 
l'on  obtient  l'alcool  à  ee»  et  des  huiles  essentielles 
servant  à  l'éclairage.  ||  5°  Fig.  Caractère  posé,  patient 
et  qui  se  possède.  La  Baguenodière  le  regarda  tou- 
jours d'un  même  flegme,  capable  de  faire  enrager  tout 
le  genre  humain,  scahr.  Rom.  com.  11,  47.  Mais  ce 
flegme,  monsieur,  qui  raisonnez  si  bien,  Ce  flegme 
pourra-t-il  ne  s'échauffer  de  rien'i"  mol.  Mis.  1,  (, 
Mon  phlegme  est  philosophe  autant  que  votre  bile, 
ID.  ib.  D'où  vient  que  les  mêmes  hommes  qui  ont  un 
flegme  tout  prêt  pour  recevoir  indifféremment  les 
plus  grands  désastres,  s'échappent  et  ont  une  bile 
intarissable  sur  les  plus  petits  inconvénients? 
LA  BRUY.  XI.  Il  faut  égayer  le  repas;  Point  de  flegme 
espagnol  ;  Tive  l'étourderie,  favart,  Soliman  II, 
v,  <3.  Le  grand  prieur  dit  àRoquelaure  des  choses 
aussi  fâcheuses  que  celles  qu'il  venait  d'essuyer  de 
son  frère,  et  ce  sans  altérer  un  flegme  fort  à  contre- 
temps, ST-siM.  xxvii,  54.  Aux  applaudissements,  il 
ne  peut  consentir.  Et  son  flegme  obstiné  cherche  à 
les  démentir,  millev.  Jalousies  littéraires. 

—  HIST.  xiir  3.  Flemme  qui  est  froide  et  moiste, 
BRUN.  LATiNi,  Trésor,  p.  <03.  ||  xiv*  s.  Et  0  [avec] 
tout  ce  genre  à  fistule  est  chancre,  mort  mal, 
fleugme  sause,  ulcère  et  leur  semblable,  h.  de  mon- 
DEviLLE,  f  7»,  verso.  Il  XV*  s.  Dieux  scet  que  ma 
vieillesse  endure  De  froit  et  reume,  jour  et  nuit. 
Do  fleume,  de  toux  et  d'ordure,  eust.  desch.  Poés. 
m»».  ^  442,  daTis  lacurne. 

—  Etym.  Norm.  /Ifume;  Berry,  fléme,  timidité, 
manque  d'énergie;  génev.  fle^tme,  pituite;  peuple 
de  Paris,  flume.,  pituite;  provenç.  flrgma,  flamma. 
/lemmo;  Citai. /teumo;  espagn. /Icma;  ital./Jemmo; 


de  çXe'YiAa,  pituite,  proprement  ce  qui  est  brûlé,  ce 
qui  n'a  plus  de  vertu,  de  (p)iYeiv,  brûler.  On  voit 
par  l'historique  que  fleume  ou  flume  du  peuple  est 
non  une  faute,  mais  un  archaïsme. 

FLEGMON,  s.  m.  Voy.  phlegmon. 

FLI':(iMONEUX,EnSE,  adj.  Voy.  PHLEGMONEOX. 

t  FLÉOLE  {flé-o-l'),  s.  f.  Genre  de  graminées,  la 
plupart  vivaces,  naissant  surtout  dans  les  prairies 
et  donnant  un  bon  fourrage. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  CenepeutétrepWeum, 
nom  tiotanique  emprunté  au  grec  «).éûj«  qui  dési- 
gnait un  roseau.  Serait-il  tiré  du  latin  jlagellum, 
l'épi  serré  du  phleum  pratense ,  t.  au  bout  de  la  tige 
mince  représentant  une  sorte  de  fléau? 

f  FLET  (flè),  s.  m.  Espèce  de  poisiwn  voisin  de 
la  plie  et  de  la  limande,  mais  moins  délicat,  à  ta- 
ches p.lles  sur  le  corps  (pleuronectes  flessa).  \\  On 
trouve  aussi  flez,  fléteau,  flaiteau. 

t  FLÉTAN  (flé-tan),i.  m.  Grand  poisson  voisin  des 
plies,  qui,  séché  ou  fumé,  sert  d'aliment  dans  le 
Nord,  où  il  abonde.  ||  On  trouve  aussi  flételet,  fleton. 

t.  FLETRI,  lE  (flé-tri,  trie),  part,  pois^  de  flé- 
trir 4.  Il  1"  Qui  a  perdu  sa  couleur  de  vie,  en  par- 
lant d'une  plante.  Ainsi  les  hommes  passent  comme 
les  fleurs  qui  s'épanouissent  le  matin,  et  qui,  le 
soir,  sont  flétries  et  foulées  aux  pieds,  fén.  Tél.  xix. 
Il  11  se  dit  aussi  des  fruits.  Pomme  flétrie.  ||  Fig. 
La  gloire  d'Israël  fut  flétrie,  mass.  Car.  Temples. 
L'honneur  est  déjà  flétri  lorsqu'il  a  besoin  d'être 
réparé,  duclos,  Ilist.  de  Louis  XI,  Œuvres,  t.  m, 
p.  288,  dans  POUGENS.  Mon  cœur  est  flétri,  mon 
esprit  lassé,  ma  tête  épuisée,  volt.  Lett.  d'Argental, 
29  août  4  7BB.  Quand  ma  pauvre  âme  sera  plus  calme 
et  moins  flétrie,  je  vous  parlerai  des  autres  cha- 
grins que  je  partage  avec  vous,  d'alemb.  IMt.  à 
Voltaire,  24  juin  4  776.  Jamais  la  tendre  volupté 
N'approcha  d'une  âme  flétrie,  bérang.  Ànacréon. 
Il  2"  Qui  a  perdu  sa  première  fraîcheur.  Avoir  la 
peau  flétrie.  Des  charmes  flétris.  Linge  assez  blanc, 
mais  toujours  flétri,  qui  ne  vous  pare  point  quand 
vous  êtes  aimable,  et  qui  vous  dépare  un  peu  quand 
vous  ne  l'êtes  point,  mamvaux,  Marianne,  4'  part. 

2.  FLIÎTBI,  lE  (flé-tri,  trie),  part,  passé  de  flé- 
trir 2.  Marqué  d'un  fer  chaud.  ||  Qui  a  subi  quelque 
condamnation  flétrissante.  Les  Athéniens,  assiégés 
par  terre  et  par  mer,  sans  vivres,  sans  vaisseaux, 
sans  espérance  de  secours  et  sans  aucune  ressource, 
rétablirent  tous  ceux  qui  avaient  été  flétris  par 
quelque  décret,  rollin,  Ilist.  anc.  Œuv.  t.  iv,  p.  89, 
dans  PonoENs.  {|  Fig.  Que  son  nom  soit  taché,  sa 
mémoire  flétrie,  corn.  Cid,  iv,  B.  Des  fers  de  Claudius 
Félix  encor  flétri,  rac.  Bérén.  n,  2.  Eût-il  imaginé, 
eût- il  publié  cette  représentation  affligeante,  s'il  se 
fût  cru  flétri,  et  n'eût-il  pas  cru  l'être,  si  la  voix 
publique  ne  l'eût  pleinement  rassuré? ponten.  Uar- 
sigli.  Pendant  que,  flétrie  et  perdue  dans  l'esprit 
do  tout  le  monde,  je  passai  près  de  trois  semaines 
à  lutter  contre  la  mort,  mariv.  Marianne,  fl'  part. 

4.  FLÉTRIR  (flé-trir),  ».  a.  ||  1"  Faire  perdre  à 
une  plante  la  couleur  de  vie.  Il  [le  temps]  flétrit  les 
œillets,  il  efface  les  roses,  roth.  Ilerc.  mour.  i,  3. 
Il  Ternir.  Le  grand  air  flétrit  les  couleurs.  ||  Fig. 
Flétrir  les  lauriers,  porter  atteinte  à  la  gloire.  Et  ne 
suis-je  blanchi  dans  les  travaux  guerriers  Que  pour 
voir  en  un  jour  flétrir  tant  de  lauriers  ?  corn.  Cid, 
i,  4.  Et  dans  ce  haut  éclat  où  tu  te  viens  offrir.  Tou- 
chant à  tes  lauriers,  je  crains  de  les  flétrir,  boil. 
Discours  au  roi.  Ces  guerriers  Dont  l'hiver  le  plus 
terrible  A  seul  flétri  les  lauriers,  BfiRANO.  Bon  fran- 
çais. Il  2"  Il  se  dit  de  l'action  de  l'âge,  des  passions, 
des  souffrances  sur  le  visage,  sur  le  corps.  L'âge  flé- 
trit le  teint,  flétrit  la  beauté.  Les  chagrins  ont  flétri 
sa  jeunesse.  Et  mon  front,  dépouillé  d'un  si  noble 
avantage.  Du  temps  qui  l'a  flétri  laisse  voir  tout 
l'outrage,  bac.  jlfi(/ir.  m,  B.  Mais  l'hiver  accourant 
d'un  vol  sombre  et  rapide  Nous  sèche,  nous  flétrit.... 
A.  CHÉN.  Élég.  38.  11  n'était  point  flétri  par  les  rides 
de  l'âge,  M.  J.  CHÉN.  Œdipe  roi,  in,  4.  Tajeunes.se 
sera  flétrie  Avant  l'herbe  de  la  prairie.  Avant  le 
pampre  du  coteau,  mil;evoye.  Chute  des  feuilles. 
Il  3"  Abattre,  ôter  l'énergie,  la  vigueur,  le  courage. 
Aucun  étonnement  n'a  leur  gloire  flétrie,C0RN.  Hor. 
m,  B.  La  douleur  avait  flétri  son  cœur,  pBn.  Tél. 
XXI.  La  peine  qu'il  avait  à  flétrir  la  gloire  de  ses 
grandes  actions  et  de  .ses  anciens  trophées  par  une 
si  honteuse  démarche,  bollin,  Hist.  anc.  t.  m, 
p.  SB4,  dans  pouoENS.  Nos  tyrans  ont  flétri  ton  âme 
magnanime,  volt.  Alx.  11,  4.  ||  4°  Se  flétrir,  c.  réfl. 
Devenir  flétri.  Les  fleurs  se  flétrissent  du  matin  au 
soir.  Sa  beauté  commence  à  se  flétrir.  Son  teint  se 
flétrit  comme  une  fleur  que  la  main  d'une  nymphe 
a  cueillie,  fBn.  Tél.  ix.  ||B°  Il  se  dit,  en  chirurgie, 
d'une  nartie,  d'une  tumeur,  d'une  végétation  qui 


perd  sa  vitalité  et  devient  flasque.  La  tumeur  fut 
liée  à  son  pédicule  et  se  flétrit. 

—  HIST,  XII*  s.  11  est  si  de  els  cume  del  faio 
[foin]  del  champ  e  cume  des  herbes  i..  sur  maisuna 
creissent,  ki  flaitrissent  devant  ço  [ce]  que  viengent 
à  maûrted,  flot»,  p.  444.  Mais  l'une  de  ses  faces  co- 
mença  à  festrir.  Si  que  dedens  la  bouche  très  qu'as 
denz  lui  pourri.  Th.  le  mort.  84.  ||  xin*  s.  Lor  rjses 
flestir,  la  Rose,  7070.  Car  quant  vosti';  rose  iert  [sera] 
fleslrie,  ib.  4  4747.  ||  xvi*  s.  L'homme  est  cadue  et 
fragile,  et  semblable  aune  fleur  fletri.ssante,  calvin, 
Inslit.  94.  L'ame  de  l'homme  sieche  et  flétrit,  m.  ib. 
Au  second  appareil  se  trouva  la  partie  flétrie,  et  la 
tumeur  presque  toute  resolue,PARÉ,  vi,  3.  Mais  ainsi 
qu'un  bouquet  se  flestrit  en  un  jour,  J'ay  peur  qu'un 
mesme  jour  flestrisse  votre  amour,  ronsard,  292. 

—  K.TVM.  Berry,  fldtrir.  D'après  Diez,  do  l'ancien 
adjectif  flaistre ,  flestre ,  fané,  qu'il  rattache  sans 
hésitation  à  une  forme  fîaccaster,  dérivée  du  latin 
flaccere,  être  fla-sque. 

2.  FLÉTRIR  (flé-trir),  ».  a.  ||  1"  Marquer  une 
personne  d'un  fer  chaud  en  punition  d'un  crime. 
Celui  qui  aura  dérobé  des  cordages,  ferrailles  et  us- 
tensiles des  vaisseaux  étant  dans  les  ports,  sera  flé- 
tri d'un  fer  chaud  portant  la  figure  d'une  ancre, 
Ordonn.  maritime,  iv,  titre  i,  art.  m,  dans  riche- 
let.  Il  2°  Frapper  d'une  condamnation  déshonorante. 
Aussi  Rome  a-t-elle  flétri  par  décret  exprès  cet  écrit 
[le  Moyen  court]  du  père  Falconi,  iioss.  Et.  d'orais. 
I,  4  9.  Il  serait  contre  la  raison  que  la  loi  flé- 
trit dans  les  enfants  ce  qu'elle  a  approuvé  dans 
le  père,  montesq.  Espr.  xxiii,  B,  Obscur,  on  l'eût 
flétri  d'une  mort  légitime;  Il  est  puissant,  les  lois  ont 
ignoré  son  crime,  Gilbert,  Mon  apologie.  ||  Absolu- 
ment. Il  n'y  aurait  de  flétri  que  le  juge  qui  l'a 
condamnée  pa  famille  Sirven]  ;  car  ce  n'est  pas  le 
pouvoir  qui  flétrit,  c'est  le  public,  volt.  Pol.  et  U- 
gisl.  Lettre  de  l'aute\ir  à  M.  Élie  de  Beaumotit. 
il  3°  Fig.  Diffamer,  déshonorer,  traiter  comme  in- 
fâme. On  aura  de  grands  ménagements  pour  ne 
pas  flétrir  un  archevêque,  Boss.  Lett.  quiét.  4  66. 
Comme  si  la  sagesse  ne  demandait  pas  d'autre 
examen,  lorsqu'il  s'agit  de  flétrir  votre  frère  et  de 
l'outrager,  bourdal.  Exhort.  faux  témoign.  contre 
J.  C.  t.  II,  p.  4  0.  Les  flatteurs  qui  ont  loué  le  vice, 
les  critiques  malins  qui  ont  tâché  de  flétrir  Is 
vertu,  fBn.  Tél.  xvin.  Son  supplice  vous  venge  et 
ne  vous  flétrit  pas,  volt.  Tancr.  11,  4.114"  Se  flétrir, 
V.  réfl.  Se  déshonorer.  Mais  loin  de  me  flétrir  par 
un  assassinat,  Je  lui  dirai  :  Montfort,  je  t'appelle  au 
combat,  c.  delav.  Vêpres  sicil.  iv,  5. 

—  HlST.  XIV*  s.  Estremis  ou  pillory  et  flastrisd'uo 
fer  chaud,  Ribl.  desch.  2* série,  t.in,  p.  424.  Tant 
fu  sourprise,  au  cuer,  d'amour  qui  la  maistrie  [mal 
trise],LaveOe  li  tourble,si  fut  toute  esbleuie;  Quant 
descendre  cuida,àterre  chiet[tombe]flast,.e,  Baud. 
de  Seb.  n,  94 1. 

—  ÊTYM.  Origine  germanique  :  angl.  flot,  plat  ; 
danois,  flad;  anc.  Scandinave, /Irtt'a,  rendre  plat.  Le 
sens  propre  est  jeter  à  plat,  comme  on  le  voit  dans 
l'exemple  de  Baudouin  de  Sebourg  ;  d'où  frapper  à 
plat,  marquer  d'un  fer  chaud.  Pour  marquer  d'un  for 
chaud,  quelque  apparence  qu'on  puisse  trouver  à 
admettre  que  flétrir,  marquer,  est  flétrir,  faner, 
pris  figurément,  néanmoins  on  ne  peut  pas  écarter 
flastrir,  qui  est  la  forme  la  plus  ancienne  de  flétrir, 
marquer,  tandis  que,  dans  l'historique  de  flétrir, 
faner,  la  forme  flastrir  ne  se  montre  pas.  X  l'ori- 
gine, on  ne  pouvait  guère  se  servir,  pour  cette 
punition,  d'une  métaphore  tirée  de  l'herbe  qui  se 
flétrit.  On  disait /Za<»'r  dans  un  sens  analogue  :  L'on 
me  devroit  flatir  ou  vis  Une  vessie  de  mouton,  la 
Rose,  8B28.  Au  reste  il  a  été  facile,  à  l'aide  de  la 
méfciphore,  de  confondre  flastrir  et  flestrir.  Com- 
parez en  outre  flairer. 

4.  FLÉTRISSANT,  ANTE  (flé-tri-san,  san-f), 
adj.  Qui  fait  perdre  la  couleur  de  vie  à  une  plante. 
Il  Fig.  Quand  l'âge  aura  sur  nous  mis  sa  main  flé- 
trissante. Que  pourra  la  beauté,  quoique  toute-puis- 
sante? Nos  cœurs  en  la  voyant  ne  palpiteront  plus, 

A.  CHÉNIER,  Élég.  26. 

—  ÉTYM.  Flétrir  4 . 

2.  FLÉTRISSANT,  ANTE  (flé-tri-san,  .san-f),  adj 
Qui  déshonore.  Je  ne  demande  pas  mieux  que  la 
paix  ;  mais  je  la  veux  non  flétrissante ,  volt.  iMt. 
duroide  Prusse,  22  sept.  47B9.  Et  lo  poids  flé- 
trissant de  ce  honteux  soupçon  Dont  j'ai  lai.ssé  dix 
ans  profaner  votre  nom,  briffaot,  Ninus,  m,  7. 

—  ÊTYM.  Flétrir  2. 

4.  FLÉTRISSURE  (flé-tri-su-r') ,  ».  f.  Altération 
de  la  fraîcheur  et  de  l'éclat  des  fleurs,  des  couleurs, 
du  teint,  de  la  beauté,  etc. 

—  HIST.  XVI*  s Et  sans  sejoaraer,  de  peur  de 


FLE 


FLE 


FLK 


1697 


•  la  (lesti  iîseure,  j  .-tterés  vos  neffles  dans  l'eau  bouil- 
lante, O.  DE  SERRES,  8<7. 

—  ÉTYM.  Flétrir  t . 

2.  FLÉTRISSUaE  (né-tri-sn-0,  *■  T  II  1*  Terme 
de  justice  criminelle.  La  marque  d'un  fer  chaud. 
Il  i'  Fig.  Grave  atteinte  à  la  réputation,  à  l'hon- 
neur. Un  pareil  soupçon  est  une  flétrissure  morale. 
Une  longue  préface  où  je  marque  en  détail  toutes 

*  les  flétrissures  et  les  plaies  honteuses  que  le  sieur 
Jurieu  a  reçues  dans  ce  différend,  bayle,  Lett.  à 
Minutoli,  «7  août  I6»i.  S'il  ne  s'agissait  que  de 
perdre,  sans  flétrissure,  le  poste  que  j'occupe,  de 
bon  cosur  je  sacrifierais  cela  à  la  charité  et  à  l'in- 
térêt du  corps,  ID.  Letl.  93,  I8  mai  (89),  t.  i, 
p.  320,  Galérius  semble  porter  sur  son  front  la 
marque  ou  plutôt  la  flétrissure  de  ces  vices  [ambi- 
tion, débauche],  chateaub.  Mart.  iv. 

—  ÉTYM.  Flétrir  2. 

f  FLETTE  (flè-f),  s.  f.  Terme  de  marine»Nom 
il'un  moyen  bateau  de  rivière  qui  est  au  senice  d'un 
bateau  plus  grand,  comme  la  chaloupe  au  service 
d'un  navire,  jai,.  Et  à  l'ouverture  de  chaque  porte 
d'écluse  ou  pertuis,  chacun  bateau,  bac,  flatte,  bar- 
quette, nacelle,  boutique  à  poisson  et  train  de  bois, 
pour  toise,  un  sol,  Arrêt  du  pari.  M  juin  1664. 

—  HIST.  XV*  s.  Etavecques  ce  auront  une  bonne 
flecte  [ailleurs,  flette]  bien  equippée,  qui  sera  leur 
propre,  et  bien  garnie  de  huit  avirons  bons  et  souf- 
Bsans,  Ord.  de  Charles  YI,  fév.  UiB,  art.  B4). 

—  ÉTYM.  D'après  Jal,  de  l'anglais  fiai,  plat,  ftat- 
boat,  bateau  plat. 

FLEUR  (fleur),  s.  f.  ||  l"  Corel!"  simple  ou  com- 
posée de  certaines  plantes ,  ordinairement  odo- 
rante et  douée  de  vives  couleurs.  Puisque  les  fleurs 
sont  le  plus  pur  et  le  plus  bel  ouvrage  de  la  terre.... 
VOIT.  Lett.  73.  Le  chef,  au  lieu  de  fleurs,  couronné 
de  lauriers,  cor  m.  Cid,  iv,  5.  Et  cet  aimable  gar^ 
çon  disparaît  en  un  moment  comme  une  fleur  que 
le  vent  emporte,  sans  guerre,  sans  occéision,  sans 
mauvaise  vie,  sév.  Lett.  29  mars  (696.  X  quoi  es-tu 
réduite,  âme  raisonnable?  toi  qui  étais  née  pour  l'é- 
ternité et  pour  un  objet  immortel .  tu  deviens  éprise 
et  captive  d'une  fleur  que  le  soleil  dessèche,  d'une 
vapeur  que  lo  vent  emporte,  en  un  mot  d'un  corps 
qui  par  la  mortalité  est  devenu  un  empêchement  et 
un  fardeau  à  l'esprit,  doss.  la  Vallière.  Ils  [les 
voluptueu.x]  ne  parlent  que  de  fleurs,  que  de  festins, 
que  de  danses,  que  de  passe-temps  :  couronnons 
nos  têtes  de  fleurs,  avant  qu'elles  soient  flétries,  ID. 
Sermom,  Impén.  finale,  3.  Je  veiTai  les  chemins 
encor  tout  parfumés  Des  fleurs  dont  sous  ses  pas 
on  les  avait  semés,  rac.  Iphig.  iv,  4.  Qu'il  soit 
comme  le  fruit  en  naissant  arraché  ,  Ou  qu'un 
souffle  ennemi  dans  sa  fleur  a  séché ,  m.  Àthal. 

I  3.  Il  donne  aux  fleurs  leur  aimable  peinture , 
in.  ib.  4.  Il  faut  qu'avril  jaloux  brûle  de  ses 
gelées  Le  beau  pommier,  trop  fier  de  ses  fleurs 
étoilées,  v.  hugo,  Orient,  xxxiii.  ||  Dans  le  langage 
de  la  botanique,  la  fleur  est  l'ensemble  des  organes 
de  la  reproduction  des  végétaux.  ||  Fleurs  stériles, 
celles  qui  sont  réduites  aux  enveloppes  florales, 
soit  par  suite  d'avortement  des  organes  sexuels 
(anthères,  pistil),  soit  par  transformation  de  ces 
organes  en  enveloppes  florales,  obtenue  par  cul- 
ture, comme  dans  beaucoup  de  fleurs  doubles. 
I|  Fleur  double,  celle  dont  les  organes  sexuels  se 
sont  métamorphosés  en  pétales.  ||  Fleur  incomplète, 
fleur  manquant  d'un  ou  plusieurs  des  quatre  ver- 
ticilles  regardés  comme  essentiels.  ||  Fleur  nue,  fleur 
dépourvue  tout  à  la  fois  du  calice  et  de  la  corolle. 
\\  Fleur  mâle,  fleur  qui  ne  porte  que  des  étamines. 
Fleur  femelle,  fleur  qui  ne  porte  que  des  pistils. 

II  Flenr  ailée,  nom  donné  aux  fleurs  insectiformes 
des  orchidacées,  etc.  ||  On  désigne  aussi  sous  le 
nom  de  fleur  l'urne  des  mousses  et  les  sores  des 
fougères.  ||  Langage  des  fleurs,  langage  symbolique 
dans  lequel  on  exprime  une  pensée,  un  sentiment 
secret  par  des  fleurs  isolées  ou  arrangées  d'aprcs 
un  certain  choix.  ||  Passer  fleur,  se  dit  de  la  vigne 
dont  la  floraison  passe  sans  qu'aucune  intempérie 
empêche  le  grain  de  se  former.  Si  la  vigne  peut 
passer  fleur. et  ne  point  couler,  on  ne  saura  où 
mettre  tout  le  vin  de  cette  année,  p.  h.  cour,  n, 
87.  Il  2°  Terme  de  pharmacie.  Les  quatre  fleurs, 
celles  de  mauve,  de  pied-de-chat,  de  pas-d'ine  et 
de  coquelicot,  dont  on  fait  une  tisane  pectorale. 
Il  3°  l'ar  extension,  plantes  qu'on  cultive  pour  l'a- 
grément. Planter,  cultiver  des  fleurs.  Des  pots  de 
fleurs.  Que  votre  éclat  est  peu  durable,  Charman- 
tes fleurs,  honneur  de  nos  jardins,  ijEshouuères, 
dans  RiciiKLET.  ||  4°  Figure,  représentation  de  di- 
verses fleurs.  Broder  des  fleurs  sur  une  étofl'e. 
Peindre  des  fleurs.  ||  Êtofle  à  fleurs,  étoffe  où  il  y 


a  des  figures  de  fleurs ,  tissues  ou  brochées  avec 
l'étoffe.  Damas  à  fleurs.  ||  Fleur  de  broderie,  ou- 
rraige  do  biodeur,  fait  en  manière  de  fleur.  ||  Pein- 
tre de  fleurs,  peintre  qui  représente  des  fleurs,  et 
même  aussi  des  fruits  et  des  plantes  entières. 
Il  Fleurs  artificielles,  et,  absolument,  fleurs,  se  dit 
de  certains  ouvrages  qui  imitent  des  fleurs  ou  des 
plantes  à  fleurs  et  qui  sont  employés  à  la  parure 
ou  à  la  décoration.  ||  Fleur  de  Us,  voy.  us.  ||  En  ar- 
chitecture, fleurs  se  dit  des  ornements  qui  imitent 
les  fleurs.  L'espèce  de  rose  qui  est  au  milieu  de 
l'abaque  du  chapiteau  corinthien,  se  nomme  fleur 
de  chapiteau.  ||  5°  Fig.  Semer,  jeter,  répandre  des 
fleurs  sur  la  tombe  de  quelqu'un,  lui  donner  des 
louanges,  rendre  un  culte  à  sa  mémoire.  Ce  serait 
là  le  sujet  du  panégyrique  d'un  autre  ;  c'est  la 
moindre  partie  du  sien  ;  je  ne  prends  que  ses  vertus 
e.xtraordinaires .  et  je  choisis  les  fleurs  que  je  jette 
sur  son  tombeau  ,  flécu.  Mme  d'Aiguillon  ô  vous 
surtout,  infortuné  Bavière ,  Jeune  Froulai ,  si  digne 
de  nos  pleurs.  Oui  chantai  a  votre  vertu  guerrière  ? 
Sur  vos  tombeaux  qui  répandra  des  fleurs?  volt. 
Épit.  Liu.  Il  6"  Dans  le  langage  relevé,  agréments, 
plaisirs.  La  froideur  qui  est  entre  vous  et  lui  est 
d'autant  plus  dangereuse  qu'elle  est  cach 'e  sous  des 
fleurs,  SÉV.  46).  Le  poète Orne,  élJve,  em- 
bellit, agrandit  toutes  choses.  Et  trouve  sous  sa 
main  des  fleurs  toujours  écloses,  boil.  Art  p.  ui. 
Rions,  chantons,  dit  cette  troupe  impie;  De  fleurs 
en  fleurs,  de  plaisirs  en  plaisirs.  Promenons  nos 
désirs,  rac.  Athal.  u.  9.  ||  Cacher  sous  des  fleurs, 
couviir  de  fleurs  le  bord  du  précipice,  un  picge, 
cacher  sous  des  apparences  séduisantes  des  choses 
souverainement  dangereuses.  Je  leur  semai  de 
fleurs  les  bords  des  précipices,  rac.  Athal.  m,  3. 
Il  faut  couvrir  de  fleurs  TaLîme  où  je  l'entraîne, 
VOLT.  M.  de  Ces.  I,  4.  Il  7°  Le  temps  où  certaines 
choses  sont  dans  toute  leur  beauté,  dans  tout  leur 
éclat.  Cent  autres  passions,  des  sages  condamnées, 
Ont  pris  comme  à  l'envi  la  fleur  de  mes  années, 
LA  PONT.  Poésies  mêlées,  lxii.  Etre  dans  la  fleur  de 
sa  fortune,  maccroix,  Schisme,  livre  ii,  dans  ri- 
chelet.  Nous  nous  sommes  plaints  que  la  mort, 
ennemie  des  fruits  que  nous  promettait  la  prin- 
cesse, les 'a  ravagés  dans  la  fleur,  boss.  Duch. 
d'Orl.  Votre  vie  ailleurs  et  longue  et  fortunée.  De- 
vant Troie  en  sa  fleur  doit  être  moissonnée,  rac 
Iphig.  I,  2.  J'ai  perdu  dans  la  fleur  de  leur  jeune 
saison  Six  frères;  quel  espoir  d'une  illustre  mai- 
son! ID.  Phèd.  u,  I.  L'un  dans  la  fleur  des  ans, 
l'autre  vers  son  déclin,  volt.  Uérope,  ii,  2.  Je  le 
suivis  [Alexandre]  djuis  ses  folies  de  l'Inde;  enfin 
je  l'ai  >Ti  mourir  à  la  fleur  de  son  âge  dans  Babylone, 
pour  s'être  enivré  comme  le  dernier  des  goujats 
de  son  armée,  m.  Dial.  xxix,  i.  Travaillez,  disiez- 
vous,  vous  avez  des  talents;  Si  le  malheur  vous 
suit ,  le  travail  le  surmonte  :  On  peut  veiller  sans 
crainte  à  la  fleur  de  ses  ans,  gilb.  à  M.  d'Arnaud. 
Il  8°  Poétiquement  et  dans  le  style  élevé,  personne 
jeune,  belle,  ou  même  jeune  enfant.  Vous  par- 
lerai-je  de  la  mort  de  ses  chers  enfants. ...Représen- 
tons-nous ce  jeune  prince  que  les  Grâces  semblaient 
elles-mêmes  avoir  formé  de  leurs  mains;  pardon- 
nez-moi ces  expressions  ;  il  me  semble  que  je  vois 
encore  tomber  cette  fleur,  boss.  Uarie-Thér.  De 
cette  fleur  si  tendre  et  si  tôt  moissonnée,  rac. 
Athal.  IV,  3.  Chère  et  dernière  fleur  d'une  tige  si 
belle,  ID.  ib.  iv,  6.  J'apprends  que  vous  avez  perdu 
Mlle  Guichard....  voilà  donc  cette  pauvre  petite 
fleur  si  souvent  battue  de  la  grêle,  à  la  fin  coupée 
pour  jamais,  volt.  Lett.  d'Argental,  27  avr.  )76l. 
Fleur  de  vingt  ans,  vertu  parfaite,  Vous  rajeunira, 
sur  ma  foi,  bébano.  M.  de  Charlem.  Quoi,  mortes! 
quoi,  déjà  sous  la  pierre  couchées  !  Quoi ,  tant  d'ê- 
tres charmants  sans  regard  et  sans  voix!  Tant  de 
flambeaux  éteints,  tant  de  fleurs  arrachées!  v. 
HUGO  ,  Orient.  x.<xni.  Toutes  fragiles  fleurs,  sitôt 
mortes  que  nées,  id.  ib.  \\  9°  Terme  de  littérature. 
Ornement,  embellissement,  parure  d'un  style  fleuri. 
Il  a  essayé  de  jeter  quelques  fleurs  sur  ce  sujet 

aride Sans  fleurs  de  bien  dire  ou  d'autre  art 

plus  profond,  Nous  tombâmes  d'accord,  kégnieii, 
Sat.  X.  Que  penseriez-vous  d'un  avocat  qui,  plai- 
dant une  cause  où  il  s'agirait  de  tout  le  bien  de 
votre  famille,  ferait  le  bel  esprit  et  remplirait  son 
plaidoyer  de  fleurs  et  d'ornements  ?  Ff.N.  t.  xxi , 
p.  35.  J'ai  du  regret  de  voir  Tite  Live  jeter  des 
fleurs  sur  ces  énormes  colosses ,  montesq.  Rom.  5. 
Si,  au  lieu  de  faire  une  satire  contre  les  femmes, 
l'exact,  le  solide,  le  laborieux,  l'élégant  Despréaux 
avait  consulté  les  femmes  de  la  cour  les  plus  spiri- 
tuelles, il  eût  ajouté  à  l'art  et  au  mérite  de  ses  ou- 
vrages si  bien  travaillés,  des  grâces  et  des  Heurs  qui 


Dir.T.    DE    la    LAMGUE    FRANÇAISE. 


leur  eus.sent  encore  donné  un  nouveau  charme, 
volt.  Ah.  Ép.  ded.  ||  Fleurs  de  rhétorique,  nom 
donné  à  tous  les  ornements  du  style .  et  surtout  aux 
figures  agréables  recommai.dées  par  les  rhéteurs. 
N'allez  pas,  s'il  vous  plaît,  me  défendre  comme  sca- 
ramouche  défendait  Arlequin,  en  avouant  qu'il  était 
un  ivrogne,  un  gourmand,  un  débauché  attaqué  de 
maladies  honteuses,  et  s'eicusant  envers  Arlequin 
en  lui  disant  que  c'était  des  fleurs  de  rhétorique , 
volt.  Lett.  duc  de  Richelieu,  27  févr.  I7e6.  ||  Enmati 
vaise  part,  se  dit  d'un  discours  où  les  fleurs  de  rhé- 
torique, prodiguées  sans  mesure  et  sans  goût,  tien- 
nent lieu  de  ce  qui  aurait  dû  être  dit.  ||  10""  Velouté 
délicat  qui  recouvre  la  peau  de  certains  fruits.  On 
a  détruit  la  fleur  de  ces  fruits  en  y  touchant.  Des 
prunes  couvertes  de  leur  fleur.  ||  11°  Les  couleurs 
brillantes  du  teint.  Et,  mettant  la  céruse  et  le  plâtre 
en  usage.  Composa  de  sa  main  les  fleurs  de  son 
visage,  boil.  Ép.  ix.  Des  fleurs  de  votre   teint  Où 
faites-vous  emplette?  bérang.  Lisette.  ||  Par  exten- 
sion, lustre,  tendre  éclat  de  la  beauté.  Une  légère 
fleur  du  corps  que  non-seulement  la  mort  fait  tom- 
ber, mais  qui  s'enfuit  aux  premières  approches  de 
la  vieillesse,  balz.  lett.  <o,  liv.  vi.  La  moit  ternit 
dans  les  plus  beaux  corps  toute  cette  fleur  de  beauté, 
BOSS.  Sermons,  m,  Profess.  t.  De  son  teint  la  fleur 
naïve,  Toujours  fraîche,  toujours  vive,  Confond  les 
efforts  de  l'art,  favart,  Ninetle,  i,  2.  Quelquefois 
un  souffle  rapide  Obscurcit  un  moment  sous  sa  va- 
peur humide  L'or,  qui  reprend  soudain  sa  brillante 
couleur  ;  Ainsi  du  Sirius,  ô  jeune  bien-aimée  ,  Un 
moment  Ihileine  enflammée  De  ta  beauté  veimeiUe 
a  fatigué  la  fleur,  a.  chên.  à  Fanny  malade.  Quand 
la  douleur  N'avait  point  de  ta  joue  éteint  la  jeune 
fleur,  ID.  43.  Les  revers  ont  soufflé  sur  la  fleur  de 
son  âge;   Mais  le   malheur,   assis  sur  son   front 
consterné,  Ne  put  en  effacer  la  grâce  et  le  courage, 
MASSON,  Helvétiens,  vi.  j]  Il  se  dit,  en  un  sens  ana- 
logue, du  lustre  de  la  santé.  La  jeunesse  en  sa 
fleur  brille  sur  son  visage,  boil.  Lutr.  i.  La  fleur 
de  la  santé  brille  sur  son  visage,  volt.  Candide, 
24.  Il  Fig.  Ce  qu'il  [Dieu]  peut  faire  de  mieux  [pour 
ses  serviteurs],  c'est  de  répandre  mille  amertumes 
sur  tous  leurs  plaisirs,  de  ne  leur  permettre  pas  de 
s'y  reposer,  de  secouer  et  d'abattre  cette  fleur  du 
monde  qui  leur  rit  trop  agréablement,  boss.  2*  ser- 
mon pour  l'Exalt.  de  la  sainte  croix,  i .  ||  12°  Par 
e.xtcnsion ,  lustre,    tendre  éclat  des  choses  mo- 
rales  ou   intellectuelles.    Cette    fleur  d'innocence 
qui  donne  tant  de  charme  au  jeune  âge.  La  con- 
naissance des  affaires,  l'application  à  ses  devoirs, 
l'éloignement  de  tout   intérêt    le   firent  connaître 
au    public ,    et  produisirent   cette   première  fleur 
de   réputation   qui   répand  son  odeur  plus  agréa- 
ble que  les  parfums  sur  tout  le  reste  d'une  belle 
vie,  FLÉCH.  Letellier.  Il  en  avait  pris  surtout  cette 
brillante  superficie,  cette  fleur  qui  jette  de  l'a- 
grément dans  le  commerce,  même  avec  les  fem- 
mes, j.  J.  Bouss.  Conf.  IV.  La  Jérusalem  [du  lasse] 
a  une  fleur  de  .poésie    e.vquise,  chateaudb.  Gé- 
nie, II,  VI,  2.  Il  13°  Superficie.  Son  esprit  ne  con 
temple  que  la  fleur  des  objets.  ||   i  fleur  dg,  loc. 
ptép.  Au  niveau,  sur  le  même  plan.  La  digue  est  à 
fleur  d'eau.  Le  visage  plein,  les  yeux  à  fleur  de 
tête,  3.  }.  ROLSS.  Conf.  v.  Les  mines  d'or  et  d'ar- 
gent qui  s'y  découvrent  presque  à  fleur  de  terre, 
attestent  une  révolution  du  globe  très-ancienne, 
mais  postérieure  à  celles  qui  ont  bouleversé  notre 
hémisphère,  baïnal,  Hist.  phil.  xvii,  3.  jj  Fig.  El 
puis  de  pénibles  souvenirs,  quelque  chose  de  son 
crime  et  de  son  repentir  parait  encore  au  milieu 
de  ces  joies  à  fleur  d'âme,  par  lesquelles  il  [Love- 
lace]  veut  se  tromper  lui-même,   villlmain.  Lin 
franc.  <8°  siècle,  I"  leçon,  j]  Cette  médaille  est  à 
fleur  de  coin,  l'empreinte  en  est  parfaitement  con- 
servée. Il  Au  jeu  de  paume,  la  balle  a  passé  à  fleur 
de  corde,  elle  a  légèrement  touché  la  corde,  de 
sorte  que  peu  s'en  est  fallu  que  le  coup  ne  fût 
perdu.  Il  Fig.  Cette  affaire  n'a  passé  qu'à  fleur  de 
corde,  peu  s'en  est  fallu  qu'elle  n'échouât.  ||  14°  Pre- 
mière vue  ou  premier  usage  d'une  chose  nouvelle. 
Voilà  une  étofl'e  qui  vient  d'arriver  dans  notre  ma- 
gasin; vous  en  aurez  la  fleur.  ||  15°  La  fleur  de  la 
virginité,  la  virginité  mtme.  ||  Dans  un  langage  un 
peu  libre,  fleur,  pris  absolument,  a  le  même  sens. 
Ce  n'est  qu'un  faux  appât,  et,  sous  cette  couleur, 
Il   ne   veut   cependant  que  surprendre  une  fleur, 
CORN.  laSuiv.m,6.  ()'•  éd  ).  Cette  fleur,  qui  avait 
été  réservée  pour  le  beau  prince  de  Massa-Carrara, 
me  fut  ravie  par  le  capitaine  corsaire,  volt.  Candide, 
H.  Un  vieux  pirate....  s'en  est  allé  livrer  ma  fleur 
au  commandant  de   la   contrée,  id.   î  ilanières. 
Il  16°  Ce  qu'il  y  a  de  meilleur,  d'e.*.oellent.  Ne  prsn- 

1.  —  213 


L 


1698 


FLE 


dre  que  la  Heur  d'un  sujet.  Je  iie  me  repens  point 
d'avoir  par  mon  adresse  Sauvé  le  sang  des  dieux  et 
ta  fleur  de  la  Grèce,  corn.  Uéd.  li,  2.  La  fleur 
de  nos  guerriers,  le  sang  de  tant  de  dieux....  )d. 
«6.  II,  6.  H  donne  la  fleur  do  la  cavalerie  à  un 
homme  do  qui  il  n'était  pas  assuré,  d'ablancoubt, 
Arrien,  liv.  ii,  dans  iuchelet.  Bornons  ici  notre 
carrière;  Les  longs  ouvrages  me  fout  peur;  Loin 
d'épuiser  une  matière,  On  n'en  doit  prendre  que  la 
fleur,  LA  KONT.  Fabl.  vi ,  Éyil.  Notre  souper  d'hier 
au  soir,  ma  fille,  il  me  semble  qu'il  Otait  fort  beau, 
fort  bien  servi  ;  je  m'y  trouvai  avec  la  fleur  do  mes 
amis,  sÉv.  20  janv.  1685.  Je  vous  donne  avec  plai- 
sir le  dessus  de  tous  les  paniers,  c'est-à-dire  la 
fleur  de  mon  esprit,  de  ma  tète ,  de  mes  yeu.x,  de 
ma  plume,  de  mon  écritoire,  id.  234.  La  jeunesse, 
qui  est  la  fleur  de  toute  la  nation,  fén.  Tél.  xiv. 
Il  y  a  trois  ordres  de  l'architecture  des  Grecs  :  le 
dorique,  l'ionique  et  le  corinthien;  on  peut  les 
appeler  avec  raison  la  fleur  et  la  perfection  des 
ordres,  puisqu'ils  contiennent  non-seulement  tout 
le  beau,  mais  encore  tout  le  nécessaire  de  l'archi- 
tecture, HOLLIN,  llisl.  anc.  OFmv.  t.  xi,  <'•  partie, 
p.  <6,  dans  POUGENS.  Une  foule  de  princes,  les  mi- 
nistres, la  fleur  de  la  noblesse,  tout  ce  qui  composait 
la  cour  d'Atabaliba,  fut  égorgé,  havnal,  Hist.  phil. 
vu,  6.  Il  Par  antiphrase.  Ahl  noble  espion,  la  fleur 
des  drôles,  qui  faites  ici  le  bon  valet  et  voulez  nous 
souffler  la  dot,  beaumarch.  Mère  coup,  u,  24.  ||  Fine 
fleur  de  Normand  [un  Normand  plus  Normand  que 
tous  les  autres],  la  font.  Rem.  \\  Fleur  de  chevale- 
rie, fine  fleur  de  chevalerie,  s'est  dit,  dans  les  ro- 
mans de  chevalerie,  de  l'élite  des  chevaliers,  ou 
d'un  chevalier  accompli.  ||  Familièrement.  Fine 
fleur  de  chevalerie,  homme  qui  a  beaucoup  de  va- 
leur et  de  probité.  ||  Là.  fleur  des  chevaliers,  le  plus 
brave  des  chevaliers.  L'endroit  où  la  fleur  des  che- 
valiers, Roland,  termina  ses  hauts  faits,  chatealbu. 
Génie,  iv,  m,  3.  ||  Fleur  des  coursiers,  un  excellent 
chevA.  Rossinante  la  fleur  des  coursiers  d'Ibérie  , 
BOiL.  Poésies  div.  26.  ||  C'est  la  fleur  de  la  galanterie, 
se  dit  d'un  homme  très-galant  auprès  des  femmes  ; 
se  dit  aussi  des  attentions  délicates  qu'on  emploie 
pour  leur  plaire.  ||  La  fleur  des  pois,  voy.  pois. 
Il  Fleur  des  saints,  ancienne  histoire  de  la  vie  des 
saints,  écrite  en  espagnol  par  Ribadeneira  et  mise 
plusieurs  fois  en  français.  Le  traître,  l'autre  jour, 
nous  rompit  de  ses  maiLS  Un  mouchoir  qu'il  trouva 
dans  une  Fleur  des  saints,  mol.  Tart.  1,  2.  ||  17°  Car- 
tes de  fleur,  cartes  à  jouer  de  la  plus  belle  qualité. 
Il  Blanchi  à  fleur,  s'est  dit  pour  très-bien  blanchi. 
Fil  de  lin  blanchi  à  fleur,  'fabl.  ann.  aux  kit.  pat, 
du  <6  déc.  <780.  Il  18"  Fleur  de  farine,  la  partie  la 
plus  fine  de  la  farine.  ||  19°  Fleur  est  le  nom  d'une 
foule  de  plantes.  ||  Fleur  de  l'air,  nom  vulgaire  de 
Vépidendre  aéraiittie  (orchidées),  appelée  ainsi  parce 
qu'à  Montevideo  et  entre  les  tropiques  elle  végète 
suspendue  aux  fenêtres,  et  sans  terre,  legoahant. 
Il  Fleur  aux  cocus,  un  des  noms  vulgaires  de  Vatie- 
mone  nemorosa,  L.  plante  qui  fleurit  on  même  temps 
que  le  coucou  [primula  veris).  ||  Fleur  bleue,  plante 
dont  on  se  sert  en  Asie  pour  colorer  les  mets  en  un 
beau  bleu  qui  s'évanouit  bientôt,  c'est  la  clitore  de 
Temate  (légumineuses) ,  legoarant.  ||  Fleur  du 
tan,  nom  vulgaire  du  champignon  nommé  fuîigo 
des  jardinx ,  dit  aussi  bourrée  ,  et  qui  croît  sur  la 
tannée.  ||  Fleur  du  soleil,  le  cistus  heliaruhe- 
mum  de  Linné ,  appelé  maintenant  héiiaruhème 
vulgaire,  jj  Fleur  du  soleil,  le  souci  des  jardins, 
calendula  officinalis,  L.  (composées),  dit  encore 
fleur  de  tous  les  mois.  ||  Fleur  changeante,  la  kel- 
mie  à  fleur  changeante  (malvacées).  ||  Fleur  du  ciel, 
un  des  noms  donné  au  nostoc  commun  (algues),  dit 
crachat  de  lune.  ||  Fleur  de  la  passion,  fleur  qui 
représente  les  instruments  de  la  passion  {pasiifiore 
bleue). \\  Fleur  de  Const;intinoplo,  un  des  noms  vul- 
gaires de  \dL  lychnide  chalcédonique  (caryophyllécs), 
appelée  encore  fleur  de  Jéru,salem.  1|  Fleur  royale, 
un  des  noms  du  pied  d'alouette.  ||  Fleur  sanguine,  la 
petite  capucine.  ||  Fleur  de  la  trinité,  un  des  noms 
de  la  pensée.  ||  Fleur  do  jalousie,  un  des  noms  vul- 
gaires de  Yamarante  tricolore,  dite  aussi  jalousie. 
Il  Fleur  d'oiiïe  heures,  un  des  noms  vulgaires  de 
Vornithogale  ombelle  (liliacées) ,  dit  encore  dame 
d'onze  heures,  nommée  ainsi  parce  que  c'est  vers 
cette  heure  que  sa  fleur  s'ouvre.  ||  Fleur  de  para- 
dis, un  des  noms  vulgaires  de  la  poinciane  trés- 
t«i(«,  dite  aussi  poincillade ,  et  fleur  de  paon 
Oégumineuses).  ||  Fleur  mielli'e,  fleur  de  miel,  nom 
vulgaire  des  espèces  du  genre  mélianthe  (zyt  )phyl- 
j^"*  Isurs  ont  des  nectaires  qui  sécrèient  en 
iLOondance  une  liqueur  miellée,  leooakast.  ||  Fleur 
i  musc,  espèce  de  kelmie.  ||  Fleur  de  veuve,  voy. 


FIE 

SCABIEUSE.  Il  80°  Doul>le  fleur,  variété  de  poirier,  le 
fruit  do  ce  poirier.  Planter  une  double  fleur.  Manger 
une  double  fleur.  ||  21°  Fleurs  de  vin,  de  bière,  de  vi- 
naigre, pellicules  qui  se  produisent  sur  ces  liquides 
et  qui  sont  formées  de  petites  plantes,  dites  mycoder- 
mes,  d'une  organisation  très-inférieure.  ||  22*  Fleurs 
de  corail,  petites  boules  arrondies  qu'on  trouve  aux 
extrémités  des  branches,  lorsque  les  coraux  sont  en- 
core jeunes  et  tendres.  ||  23"  Terme  d'ancienne  chi- 
mie. On  nommait  fleurs  les  substances  en  poudre  et 
les  sublimés,  qui  se  composent  de  particules  très- 
divisées  ou  d'aiguilles  fort  déliées.  ||  Fleur  d'alun, 
l'alun  de  plume.  ||  Fleurs  d'antimoine,  acide  anti- 
monieux  préparé  par  sublimation.  Il  perd  en  même 
temps  une  partie  de  sa  substance  qui  s'exhale  en 
fumée  que  l'on  peut  condenser  et  recueillir  en  ai- 
guilles brillantes  auxquelles  on  a  donné  le  nom  de 
fleurs  argentines  d'autimoine,BUFF.  JUin.  t.  v,  p.  ii87. 
Il  Fleurs  d'arsenic,  acide  arsénieux  sublimé.  ||  Fleurs 
de  benjoin,  acide  benzoïque  obtenu  p.ir  sublimation. 
Il  Fleurs  de  bismuth ,  cfllorescence  d'oxyde  de  bis- 
muth qu'on  trouve  à  la  surface  des  minéraux  qui 
renferment  en  mémo  temps  ce  métal  à  l'état  natif. 
Il  Fleur  de  chaux,  voy.  farine,  n°  4.  |]  Fleurs 
de  cobalt,  arsénite  de  cobalt  pulvérulent.  Le  pre- 
mier et  le  plus  sûr  des  indices  qui  peuvent  an- 
noncer une  mine  prochaine  de  cobalt  est  une 
efflorescence  minérale,  couleur  de  rose,  de  struc- 
ture radiée,  à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  fleurs 
de  cobalt,  buff.  Min.  t.  vi,  p.  s.  ||  Fleurs  de  cuivre, 
oxyde  de  cuivre  capillaire.  i|  Fleurs  de  nickel,  oxyde 
de  niakel.  ||  Fleurs  de  sel  ammoniac,  chlorure 
d'ammoniaque  sublimé.  ||  Fleurs  de  sel  ammoniac 
cuivreuses ,  chlorure  d'ammoniaque  et  de  cuivre 
sublimé.  Il  Fleurs  de  soufre,  soufre  sublimé  en  très- 
petits  cristaux  aciculaires.  ||  Fleurs  de  zinc,  oxyde 
de  zinc  produit  par  la  combustion  du'métaL  Pour 
tirer  le  zinc  de  la  calamine  ou  des  blendes,  il 
suffit  de  les  exposer  au  feu  de  calcination;  ce  demi- 
métal  se  sublime  eu  vapeurs  qui,  par  leur  conden- 
sation, forment  de  petits  flocons  blancs  et  légers 
auxquels  on  a  donné  le  nom  de  fleurs  de  zinc, 
buff.  Min.  t.  V,  p.  397.  Il  24°  Terme  de  tanneur.  Le 
côté  de  la  peau  d'oii  le  poil  a  été  enlev.é.  On  étend 
la  peau  sur  une  table  bien  propre,  la  fleur  en  des- 
sus, et  par  conséquent  la  chair  touche  la  table.... 
on  la  plie  en  deux,  fleur  contre  fleur,  et  on  ne  la 
lord  pa.s,  Manuel  du  relieur,  p.  415  (Roret,  (827). 
]  26'  Terme  de  marine.  Les  fleurs  d'un  vaisseau  sont 
les  parties  qui  sont  formées  par  les  extrémités  des  va- 
rangues, avec  les  membres  courbes,  qui  se  mettent 
au  fond  et  qui  s'appellent  genoux.  ||  26°  Fleui-s 
blanches,  voy.  fleurs,  ||  Proverbes.  Les  fèves  sont 
en  fleur,  se  dit  à  une  personne  qu'on  accuse  de 
folie,  à  cause  de  l'influence  que  l'on  attribue  au 
printemps  sur  l'explosion  de  la  foUe.  ||  Le  serpent 
est  caché  sous  des  fleurs,  se  dit  des  choses  sédui- 
santes, mais  dangereuses. 

—  HIST.  XI'  s.  L'escut  [il]  lui  freintqui  esta  flurs 
et  or,  Ch.  de  Roi.  xcvi.  De  douce  France  [il]  m'ont 
tolude  la  flur,  tfc.  cLxxiv.  ||  xii°  s.  Marsile  mande  des 
Sarazins  la  flor,  Ronc.  p.  39.  I>our  verdure,  ne  pour 
prée.  Ne  pour  fueille,  ne  pour  flor,  Couci,  i.  Crans 
fu  la  noiso,  et  esforciés  li  cris.  Et  Gautelés  s'est  celé 
part  guenchis  :  Armes  ot  bêles,  pointes  à  flor  de 
lis,  Raoul  de  C.  166.  ||xiii'  s.  Mais  m'aura  fen  ma- 
riage], se  Dieu  plaît,  cil  qui  en  ot  la  flor  [virginité], 

AUDEFROl    LE    BASTARD,  iiOmo/lCfTO,  p.  33.  BortO    fUt 

gracieuse  come  est  la  fleur  sur  l'ente,  Berte,  x.  ||  xiV  s. 
Metz  le  cofl'ret  on  terre,  que  le  couvercle  soit  à 
fleur  de  la  terre,  Modus,  f"  Lxxiv.  [Le  roi  de  Navarre 
haranguant  le  peuple  de  Paris  dit]  qu'il  aimoit  moult 
le  royaume  de  France,  et  qu'il  y  estoit  bien  tenu, 
car  il  estoit  des  fleurs  de  lys  de  tous  costés  [parent 
de  la  famille  royale],  Chr.  de  St  Denis,  t.  n,  p.  25o, 
dans  LACURNE.  Il  XV*  s.  Ce  royaume  ci  a  esté  un 
grand  temps  en  fleur,  et  vous  savez,  une  chosie 
qui  est  en  fleur,  elle  a  greigneur  mestier  que  elle  ^ 
soit  près  gardée  que  quand  elle  est  contournée  en 
fruit,  FH0ISS.  ii,  ii,  36.  En  ce  temps  que  ceste  croix 
[croisade]  estoit  en  si  grande  fleur,  et  qu'on  ne  par- 

loit  d'autre  chose,  iD.  i,  i,  62 Et  très  bien  mon-  ; 

tés  sur  fleur  de  loncîns  et  de  gros  coursiers,  id.  '• 
i,  I,  43».  Le  gentil  chevalier  messire  Jean  de  Hai- 
naut,  qui  estoit  en  la  fleur  de  son  aage,  lo.  i,  l,  4  4.  ! 
Toute  la  fleur  de  Gascogne,  chevaliers  et  escuyers  [ 
estoient  pris,  id.  ii,  ii,  7.  En  la  compagnie  de  l'a-  i 
mirai  avoit  grand  foison  de  bonnes  gens  d'armes,  . 
toute  fleur  de  chevalerie  et  d'escuierie,iD.  ii,  ii,  2ï4.  i 
La  fleur  des  fleurs,  c'est  madame  m'amie,  eust.  ! 
DESCH.  Poésies  nus.  t-  I4«,  dans  lacurne.  Sur  la- 
quelle beste  avoit  environ  deux  boteaux  de  fleui'  i 
ou  farine,  du  cange,  flora.  \\  xvi*  s.  Voyans  les  peu-  | 


FLE 

pies  passer  les  deux  tropiques,  volter  soubz  la  zoo 
torride,   avoir  l'uuz  et  l'aullre  pule  en  vgue  à  Ueu 
de  leur  orizon,   rab.  PatU.  m,  bl.  Fleur  de  quiuz 
ans....  MAROT,  m,  404.  Elle  comiiieuçoit  à  passer" 
fleur    ivieillir] ,  YvtR ,  p.   644.    Couleur   de    fleur 
do   siegle....   fleur    do    pesché,   fleur    mourante, 
etc.  D  AUU.  Fcen.  i,  2.  Encoies  que   toute  la  con- 
tr'escarpe  fust  en  feu  de  coups  de  canon,  qui  ti- 
roit  à  fleur  du  rempart,  ID.  Uist.  ii,  46.   [Au  vin 
nouveau]   il  y  a  la  fleur  qui  est  au  dessus,  U  lyc 
qui   est  au  fond,  paré,  Introd.  6.  Camillus  cston 
environ  de  ce  temps  là  en  la  fleur  de  son  crédit, 
AMïOT,  Cam.  4. 11  u'oublioit  surtout  d'y  inciter  toute 
la  fleur  de  la  jeunesse  de  la  cour,  si  bien  cju'on  di- 
soitquec'estoit  la  fleur  des  fevus,  brantome,  cité  par 
CH.  nisaud.  Revue  de  l'instruction  publique,  (5  uov. 
1860.  Combien  de  villes  sont  à  Ueu.'   de  champ 
laissées,  Poésies  de  perr.  p.  23,  dans  L^vCtiam;. 

—  El'VM.  Bourguigu.  fteu;  picaid,  ftour;  provenç. 
espagn.  et  portug.  flor;  ital.  fiore;  du  latin  ftorem. 
On  a  dit  que  fleur,  dans  la  locution  à  fleur  de, 
venait  de  l'anglais  floor,  plancher;  mais  rien  ne 
justifie  celte  étymologie  ni  dans  la  langue  d'oïl,  ni 
dans  les  autres  langues  romanes.  L'italien  dit  au.s5i 
o  flor  :  a  flor  d'acqua,  à  fleur  d'eau;  ce  qui  exclut 
d'autant  le  fluor  anglais. 

f  FLKUllAGU  (ûeu-ra-j'),  s.  m.  ||  1*  Issue  de  la 
mouture  de  gruau,  son  de  gruau.  ||  2°  Terme  de 
gravure.  Cristallisations  formées  sur  la  planche 
de  verre  dans  la  gravure  par  l'acide  fluorhydrique. 

—  Etym.  Fleur  (de  farine)  dans  le  premier  sens; 
fleur  (de  plante)  dans  le  second. 

FLEOUAISON  (fleu-rè-zon),  i.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Développement  et  épanouissement  de  la 
fleur.  Il  L'époque  où  les  plantes  fleurissent.  ||  L'état 
des  plantes  en  fleur. 

—  KEM.  Le  langage  ordinaire  confond  absolument 
fleuraison  et  floraisou.  Mais  quelques  botanistes  es- 
sayent de  se  servir  de  la  différence  tout  accidentelle 
de  ces  deux  mots  pour  attribuer  à  chacun  un  sens 
précis  et  dilïéreut  :  fleuraison,  production  des  fleura  ; 
floraison,  état  de  fleur. 

—  ÉTYM.  Fleur;  provenç. /îortcio. 
FLECKDELISK,  ÉE   (fleur-de-li-zé,   zée),  part. 

passé.  Il  1°  Terme  de  blason.  Orné,  semé  de  fleurs 
de  lis.  ECU  fleurdelisé.  Des  bancs  fleurdelisés  pour 
tout  ce  qui  avait  séance,  st-sim.  343,  2»i.  j|  2°  Mar- 
qué, par  châtiment,  d'une  fleur  de  lis. 

FLEURUELISER  (fleur-de-li-zé),  v.a.  ||  1°  Ornerde 
fleurs  de  lis  un  éousson,  un  manteau.  ||  Empreindre 
un  papier  de  fleurs  do  lis.  ||  2"  Anciennement,  mar- 
quer un  criminel  d'une  fieurdelisavec  un  fercluuu. 
11  méritait  bien  d'être  fleurdehsé  pour  avoir  tué  son 
frère,  volt.  Facéties,  Instruct.  frère  Pediculoso,  4. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  enseignes  et  les  drapeaux 
tous  fleurdelisez  fesoieut  encore  un  fort  bel  enet, 
iléin.  s.  du  Guescl.  ch.  40. 

—  ÉTYM.  Fleur,  de,  lis. 

FLEURÉ, ÉE  (fleu-ré,  rée),  ad;.  Terme  de  blason. 
Se  dit  des  bandes,  des  bordures,  des  orles  et  d'au- 
tres pièces  qui  ont  leurs  bords  en  forme  de  fleurs. 
Il  On  dit  aussi  fleureté  et  fleuronné. 

—  HIST.  XIII*  s.  Va.  covreture  de  la  sele  Ert  [était] 
d'un  brun  paile  de  Castele,  ïote  florée  à  flors  d'or- 
frois,  Flore  et  Blancefl.  v.  4  487. 

—  ÉTYM.  Fleur. 

t  FLECRÉE  (fleu-rée),  t.  f.  Terme  de  teinture. 
Écume  légère  de  la  cuve  du  bleu. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fleurée,  escume  de  la  guesde, 
OUDIN,  Dict. 

—  ÉTYM.  Fleur. 

FLEURER  (fleu-ré),  v.  n.  Répandre,  exhaler  une 
odeur.  Cela  fleure  bon.  Il  fleurait  bien  plus  fort, 
mais  non  pas  mieux  que  roses,  hégnier,  Soi.  x.  ||  Cela 
fleure  comme  baume,  cela  sent  très-bon  ;  et  Qg.  cela 
doit  être  avantageux,  lucratif.  ||  Sa  réputation  fleure 
comme  baume,  ne  fleure  pas  comme  baume,  il  a  une 
excellente  réputation,  une  mauvaise  réputation. 

—  HEM.  Au  xvu*  siècle  il  n'y  avait  aucune  distinc- 
tion, pas  plus  qu'auparavant,  entre  fleurer  et  flairer  : 
J'y  consens,  qu'elle  coure,  aime  l'oisiveté.  Et  soit 
des  damoiseaux  fleurée  en  liberté,  mol.  Êc.  des 
maris,  i,  a.  On  dirait  aujourd'hui  flairée. 

—  HIST.  XV*  s.  tiauvoise  odeur  m'est  plus  fleu- 
rant que  basmc,  cii.  d'orl.  Bail.  4  04.  ||  xvi*  s.  Voui 
convient  estre  saiges,  pour  fleurer,  sentir  et  esti- 
mer ces  beaulx  livres  de  luulte  grosse,  bas.  Garg. 
Prol.  L'ouïr,  le  fleurer,  ou  un  aultre  sens,  mont.  u. 
303.  L'un  d'eux  avoit  empoisonné  un  œillet,  lequel 
il  bailla  à  fleurera  son  compagnon,  pare  xx:ii,  40. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  de  flairer;  seuleuierl  la 
langue  s'est  servie  de  la  différence  des  deux  formes 


FLE 


FLE 


FLE 


1699 


pour,  laissant  à  flairer  le  sens  actif,  donner  à  fleu-  \ 
rer    la    signification    neutre    d'avoir   une    bonne 
dnuT.  I 

I.  FLEURET   (fleu-rc;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  la 
conversation;  au  pluriel,   Vs  se  lie  :  des   neu-rè-:^  ! 
".pointes.  Fleurets  rimeavoc traits,  succès, paix, etc.), 
s.  m.  Il  1'  Sorte  d'épée  à  lame  carrée  et  flexible,  | 
terminée  par  un  bouton  garni  de  cuir,  et  qui  sert| 
il  s'exercer  à  l'esorime.   Ainsi  qu'en  ces  combats  i 
De  fleurets  on   s'exerce,  bégnieu,  Sat,  i.  Court  le  ' 
faquin,  la  bague,  escrime  des  fleurets,  id.  Sut.  v. 
Fleurets  à  faire  des  armes  payeront,  comme  lames 
d'épées,  trois  livres.  Tarif,  <8  sept.   <664.  ||  Fleuret 
démoucheté,  fleuret  dont  on  a  ôté  le  bouton  pour 
se  battre.   ||  2°  Instrument  d'acier  qu'on  emploie 
pour  percer  les  roches. 

—  HIST.  xvi«  s.  Un  rude  tireur  le  floret  au  poing, 

MONT.  I,  464. 

—  ÉTYM.  Fleur;  ital. /îoreKo,  petite  fleur  Qt  fleu- 
ret; ainsi  dit  à  cause  que  le  bouton  a  été  comparé 
à  un  bouton  de  fleur. 

2.  FLEURET  (lleu-rè),  s.  m.  ||  1°  Sorte  de  soie  ti- 
rée de  la  bourre  qui  est  aux  environs  du  cocon  et 
qui  est  comme  une  fleur  que  le  ver  à  soie  a  pro- 
duite avantquede  former  son  ouvrage;  on lanomme 
aussi  chape.  ||  Fil  de  bourre  de  soie  qu'on  mêle 
dans  plusieurs  étoffes  avec  de  la  soie  ou  de  la  laine. 
Le  tout  cuit,  et  de  bonne,  pure  et  fine  soie,  sans 
que  l'on  y  puisse  employer  aucun  fleuret  ni  autre 
espèce  provenant  de  la  bourre  de  soie,  Statuts  des 
mardi,  de  drap  d'or,  c  juil.  1607,  art.  46.  ]1  Ruban 
fait  de  ce  même  fil.  ||  Étoffe  faite  avec  la  soie  des 
cocons  de  rebut.  ||  2"  Au  contraire,  dans  le  com- 
merce, fleuret  de  coton,  fleuret  de  laine,  fleuret  de 
fil,  se  disent  du  coton,  de  la  laine,  du  fil  de  choix. 
Fleurets  d'Espagne  ou  autre  laine  de  pareille  qua- 
lité, teinte  et  peignée,  Tahl.  annexé  attx  lett.  pat. 
du  18  sept.  (780. 

—  HIST.  XIII"  s.  Il  n'avoit  pas  robe  de  soie,  Ains 
avoit  robe  de  florete.  Faite  par  fines  amoretes,  la 

Rose,  883. 

—  ÉTYM.  Fle%ir.  En  italien,  fioretto  veut  dire  pa- 
pier brouillard. 

3.  FLEURET  (fleu-rë),  s.  m.  Terme  de  danse. 
Nom  d'un  ancien  pas  qui  se  composait  d'un  demi- 
coupé  et  de  doux  pas  marchés  sur  la  pointe  du 
pied.  Vois-tu  ce  petit  trait,  ce  fleuret,  ces  coupés? 
MOI..  Fâcheux,  I,  a. 

—  HIST.  XVI'  s.  Caprioles,  tours  et  desiours,  fleu- 
rettes drues  et  menues,  gamberottes,  bonds  et  sauts, 

CARLOIX,  IV,    12. 

—  Rtym.  Ital.  fioretto,  diminutif  de  fiore,  fleur. 
FLEURETfi,  ÉE  (fleu-re-té,  tée),  adj.  Voy.FLEUBé. 

—  HIST.  xiu's.  Et  toutes  ces  choses  estoient  fleu- 
retées  de  ambre,  joinv.  280.  ||  xvs.  Est  liien  raison 
oue  la  juste  et  véritable  narration  de  ses  dignes 
meurs  soit  fleuretée  de  mémoires  profitables  et  de 
digne  efficace,  chr.  nr  pisan,  Charles  V,  i,  3. 

—  f.TYM.  Fleur. 

f  FLEURETIS  (fleu-re-ti),  s.  m.  Terme  de  mu- 
sique d'église.  Sorte  de  contre-point  figuré,  lequel 
n'est  point  syllabique  ou  note  sur  note,  j.  j.  Bonss. 
Dict.  de  musique.  On  dit  aussi  fleurtis  et  fleurette. 
Il  9.e  dit  de  certains  accords  inventés  sur-le- 
champ  ,  que  les  musiciens  font  particulièrement 
sur  la  basse. 

—  r:TYM.  Fleur. 

FLEURETTE  (fleu-rè-f),  s.  /".  ||1°  Petite  fleur. 
Que  me  veux-tu,  chère  fleurette.  Aimable  et  char- 
mant souvenir?  a.  de  musset.  Poésies nouv.  À  une 
peur.  Il  Par  extension,  chose  sans  importance.  En- 
core tous  ces  maux  ne  seraient  que  fleurettes  Sans  ce 
maudit  honneur....  bégnier,  Sat.  vi.  ||  Terme  d'ar- 
chéologie. Pièce  d'or  marquée  d'une  fleur.  ||  2°  Fig. 
Propos  galant.  Où  peuvent  tous  venants  débiter  leurs 
fleurettes,  corn,  le  Ment,  i,  i.  Cidalise  est  jolie  et 
souffre  la  fleurette,  hauteboche,  le  Soup,  mal  appr. 
se.  7 .  Ets'attachent  en  étourdis  à  conter  des  fleurettes 
à  toutes  celles  qu'ils  rencontrent,  mol.  le  Sicilien,  <  4 . 
Vous  pensiez  bien  trouver  quelque  jeune  coquette 
Friande  de  l'intrigue  et  tendre  à  la  fleurette,  id.  Éc. 
des  maris,  n,  9.  Des  gens  qui  sèmeront  l'argent  et 
la  fleurette,  la  font.  Joconde.  En  beaux  louis  se 
content  les  fleurettes,  id.  /•'.  avare.  On  le  pria  de 
faire  ailleurs  l'essai  de  ses  fleurettes  séduisantes, 
hamilt.  Grawm.  9.  Les  pieds  sur  les  chenets  éten- 
dus sans  façons,  Je  pous.se  la  fleurette  et  conte  mes 
raisons,  regnahd,  le  Joueur,  ii,  4.  ||  Conteur  de  fleu- 
rettes, homme  voUge  qui  en  conte  à  toutes  les  fem- 
mes. M.  Simon  était  galant,  grand  conteur  de  fleu- 
rettes, j.j.  Rouss.  Con/.iv.  Il  En  général,  compliments, 
choses  flatteuses.  Adressez  donc  à  des  poètes  Qui 
soient  encor  dans  leur  printemps.  Les  très-désira- 


bles fleurettes  Dont  vous  honorez  mes  talents,  volt. 
Lett.  roi  de  Prusse,  29  août  H  742.  ||  3"  Terme  de  mu- 
sique. Fleurettes,  diminution  à  la  lin  d'une  cadence. 
Il  Fleurette  a  aussi  été  synonyme  de  fleuretis. 

—  REM.  On  a  dit  quelquefois  florettes  :  Et  crai- 
gnez plus  les  jeunes  saints  Que  les  florettes  d'un 
vieux  sage,  volt.  Épit.  cvi. 

—  HIST.  XIII'  s.  Enz  un  verger  .s'en  entra.  Cinq 
flurettes  y  truva,  Hist.  litt.  delà  Fr.  t.  xxiv,  p.  366. 
Zephirus  et  Flora  sa  famé.  Qui  des  flors  est  déesse 
et  dame.  Cil  dui  font  les  floretes  nestre  ;  Flors  ne 
congnoissent  autre  me.stre,  la  Rose,  8451.  ||xvi'  s. 
Comme  un  papillon  voletant  De  fleurette  en  fleu- 
rette, YVER,  p.  6S) . 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fleur;  bourguign.  flev- 
rôtte,  petite  fleur  ;  provenç.  floreta.  C'est  par  une 
métaphore  facile  à  saisir  que  des  propos  galants  ont 
été  assimilés  à  l'ne  petite  et  jolie  fleur.  Il  y  avait  un 
verbe  fleureter,  qui  signifiait  babiller,  dire  des  riens. 

t  FLEUREUR  (fleu-reur),  s.  m.  Celui  qui  flaire. 
Arrête  ;  quoi  !  tu  viens  ici  mettre  ton  nez,  Impudent 
fleureur  de  cuisine  !  mol.  Amph.  m.  7. 

—  REM.  On  dit  aujourd'hui  flaireur  ;  mais,  du 
temps  de  Molière,  on  ne  faisait  point  de  distinction 
entre  flairer  et  fleurer. 

FLEURI,  lE  (fleu-ri,  rie),  part,  passé  de  fleurir. 
Il  1°  Couvert  de  fleurs.  Un  pommier  tout  fleuri.  La 
campagne  à  présent  n'est  pas  beaucoup  fleurie,  mol. 
Tari.  I,  6.  Il  La  saison  fleurie,  le  printemps.  ||  On  dit 
de  même  :  un  hiver  fleuri ,  un  hiver  où  les  fleurs 
persistent.  Afin  de  venir  passer  avec  nous  un  de  ces 
hivers  tièdes  et  fleuris  qui  sont  réservés  à  notre 
belle  Italie,  balz.  lett.  3,  liv.  ii.  ||  Pâques  fleu- 
ries, le  dimanche  des  Rameaux,  qui  précède  im- 
médiatement celui  de  Pâques.  ||  Terme  de  blason.  Se 
dit  des  rosiers  et  autres  plantes  chargées  de  fleu-'s. 
Il  Où  l'on  a  mis  des  fleurs.  Une  jardinière  riche- 
ment fleurie.  Il  2°  Fig.  Route  fleurie,  chemin  fleuri, 
les  moyens  faciles  ,  la  vie  heureuse ,  etc.  Par  les 
chemins  fleuris  d'un  charmant  quiétisme ,  boil. 
Sat.  X.  Dieu  ne  défend  pas  les  routes  fleuries, 
quand  elles  servent  à  revenir  à  lui  ,  chateaub. 
Génie,  i,  4.113»  Qui  est  d'une  bonne  couleur,  en 
parlant  du  visage,  de  la  peau.  Un  visage  fleuri.  Il 
a  l'oreille  rouge  et  le  teint  bien  fleuri,  mol.  Tart. 
II,  3.  Elle  que  j'avais  laissée  si  fleurie  n'était  pas 
reconnaissable  ,  sév.  386.  Qu'est  devenu  ce  teint 
dont  la  couleur  fleurie  Semblait  d'ortolans  seuls  et 
de  bisques  nourrie?  boil.  Sat.  m.  L'Etat  n'a  point 
dépéri.  Je  reviens  gras  et  fleuri,  biîrang.  Ventru. 
Il  Un  visage  fleuri,  se  dit  quelquefois,  par  moquerie, 
d'un  visage  couvert  de  boutons  (on  dit  plutôt  bour- 
geonné en  ce  sens).  ||  4*  En  peinture,  couleur  fleurie, 
couleur  dont  tous  les  tons  brillants  semblent  tenir 
de  l'éclat  des  fleurs.  ||  5°  Barbe  fleurie,  barbe  blan- 
che. Non  que  j'assemble  tous  les  jours  Barbe  fleu- 
rie et  les  amours,  la  font.  Lettres,  xxiii.  ||  Jaspe 
fleuri,  jaspe  panaché,  jaspe  dans  lequel  le  vert  do- 
mine. Il  S.  m.  Fleuri,  aspect  nuancé  que  présentent 
certaines  billes  de  bois  après  avoir  été  sciées; 
Il  6°  Terme  de  littérature.  Rempli  d'ornements. 
Dont  j'aurais  tenté  la  libéralité  par  une  épitre 
dédicatoire  bien  fleurie ,  mol.  l'réf.  des  Précieu- 
ses. Il  [d'Urfé]  soutint  tout  cela  d'une  narration 
vive  et  fleurie,  de  fictions  très-ingénieuses....  boil. 
Iféros  de  romans,  discours.  J'avoue  que  le  genre 
fleuri  a  ses  grâces;  mais  elles  sont  déplacées  dans 
les  discours  où  il  ne  s'agit  point  d'un  jeu  d'esprit, 
FiîN.  t.  XXI,  p.  <7B.  Le  style  fleuri  ne  doit  pas 
être  confondu  avec  le  stylo  doux,  volt.  Dict.  phil. 
Fleuri.  Il  Termes  fleuris,  termes  qui  appartiennent 
au  style  fleuri.  Permis  à  vous,  monsieur,  de  trouver 
ces  expressions  trop  fleuries,  p.  l.  cour.  Lett.  i,34. 
Il  Esprit  fleuri,  esprit  remarquable  surtout  par  l'é- 
clat et  par  l'agrément.  On  a  dit  quelquefois  c'est  un 
esprit  fleuri,  pour  signifier  un  homme  qui  possède 
une  littérature  légère,  et  dont  l'imagination  est 
riante,  volt.  Dict.  phil.  Fleuri.  ||  En  un  sens  ana- 
logue. Le  liant  du  duc  de  Chevreuse,  ses  vues  fleu- 
ries, quoique  sujettes  à  se  perdre,  furent  des  qua- 
lités faites  exprès  pour  plaire  à  ce  jeune  prince 
[le  duc  de  Bourgogne],  st-sim.  302,  (88.  ||  7°  En 
musique,  contre-point  fleuri  ou  figuré,  celui  où  les 
parties  procèdent  par  des  valeurs  et  des  rhythmes 
din"érents.  l|8"Terme  d'architecture.  Roman  fleuri, 
style  roman  où  les  corniches,  les  architraves,  etc. 
sont  chargées  d'ornements.  Le  loman  fleuri  est  du 
dernier  âge  de  l'architecture  romane.  ||  Gothique 
fleuri,  gothique  où  les  ornements,  les  découpures 
sont  multipliés  à  l'excès.  Le  gothique  fleuri  appar- 
tient au  dernier  âge  de  l'architecture  ogivale. 
Il  9°  Chez  ceux  qui  élèvent  des  vers  à  sole,  bruyères 
fleuries  ,  bruyères  abondamment  chargées  de  cocons 


FLEURIR  (fleu-rir),  v.  n.  \\  1°  Pojsserdes  fleurs, 
être  en  fleur.  Entre  les  arbres,  l'amandier  fleurit 
des  premiers,  et  le  néflier  des  derniers.  Défrichez 
cette  terre  sauvage,  faites  fleurir  comme  lui  [Apol- 
lon] le  désert,  fénel.  Tél.  ii.  Madame  a  passé  du 
matin  au  soir,  ainsi  que  l'herbe  des  champs  ;  le 
matin  elle  fleurissait,  avec  quelle  grâce  vous  K' 
savez  I  le  soir  nous  la  vîmes  séchée,  boss.  Vuch. 
d'Orl.  Il  Par  extension,  il  se  dit  de  la  barbe  qui 
commence  à  pousser  à  la  joue  d'un  jeune  homn;e. 
Veux-tu  voir  tous  les  grands  à  ta  porte  courir?  Dit  un 
père  à  son  fils  doLt  le  poil  va  fleurir,  boil.  Sat.  viii. 
Il  Fig.  Être  dans  son  commencement.  Dans  l'un  [Té- 
lémaque]  la  sagesse  ne  fait  encore  que  fleurir  ;  dans 
l'autre  [Mentor]  elle  porte  avec  abondance  les  fruits 
les  plus  mûrs,  fén.  Tél.  xi.  ||  2°  Fig.  Être  dans  un 
état  brillant  comparé  à  l'éclat  d'un  arbre  en  fleur. 
Par  ses  soins  tout  nous  rit,  tout  fleurit,  tout  suc- 
cède, ROTEOu,  Yenceslas,  v,  9.  Le  juste  fleurira 
comme  le  palmier,  et  il  se  multipliera  comme  le 
cèdre  du  Liban,  SACi,  Bible,  Psaume  xci,  )3.  Le 
règne  où  fleurissent  la  piété,  la  justice....  D0ss.//ts/. 
I,  6.  Faire  fleurir  l'agriculture,  id.  ib.  m,  B.  L'u- 
nité catholique,  qui  a  fait  fleurir  durant  tant  de 
siècles  l'Église  et  la  monarchie  d'Angleterre,  m. 
Reine  d'Anglet.  Marot,  bientôt  après  fit  fleurir  les 
ballades,  boil.  Art.  p.  i.  Parmi  les  doux  plaisirs 
d'une  paix  fraternelle,  Paris  voyait  fleurir  son  an- 
tique chapelle,  id.  Lutr.  i.  L'occasion  ne  peut  être 
meilleure,  ni  les  conjonctures  plus  favorables,  si 
je  désire  du  moins  de  fleurir  et  de  prospérer,  la 
BRDY.  XII.  Rien  ne  rappelle  davantage  l'idée  de 
l'ancienne  Grèce  ;  car,  si  les  arts  fleurirent  en 
Grèce  au  milieu  des  guerres  étrangères  et  civiles, 
ils  eurent  en  Italie  le  même  sort;  et  presque  tout 
y  fut  porté  à  sa  perfection,  volt.  Mœurs,  I2i. 
Il  est  certain  qu'Homère  florissait  deux  générations 
après  la  guerre  de  Troie,  il.  Kss.  poésie  épique, 
ch.  2.  On  peut  le  mettre  [Saint-Évremond]  au  rang 
des  hommes  aimables  et  pleins  d'esprit  qui  ont  fleuri 
dans  les  temps  brillants  de  Louis  XIV,  mais  non 
pas  au  rang  des  hommes  supérieurs,  id.  Mél.  littér. 
Lett.  sur  les  Français,  St-Évrem.  Épris  de  l'arl 
divin  qui  fleurit  en  Provence,  Poète,  il  a  chanté  le 
succès  de  la  France,  delav.  Vép.  sicil.  i,  2.  ||  3°  r. 
a.  Parer  d'une  fleur,  d'un  bouquet.  La  comtesse  : 
Qui  t'a  donc  fleurie  si  matin? — Florence  :  Madame 
on  ne  m'a  point  fleurie,  c'est  moi  qui  ai  fait  des 
bouquets,  beaiimarch.  Mère  coup,  n,  4.  ||  Fig.  Fleu- 
rir son  style,  y  mettre  beaucoup  d'ornements,  de 
fleurs.  Il  4°Se  fleurir,  ii.  réfl.  Prendre  des  fleurs  pour 
en  faire  un  bouquet  ou  les  mettre  à  sa  bouton- 
nière, à  son  chapeau.  Il  s'est  fleuri  en  passant 
dans  le  parterre. 

—  REM.  1.  Fleurir,  signifiant  être  dans  un  état 
de  prospérité,  de  splendeur,  fait  à  l'imparfait  fleuris- 
sait et  florissait,  et  toujours  florissant  au  participe 
présent.  Il  faut  aussi  toujours  dire  florissait  quand 
il  s'agit  d'une  personne  ou  d'une  collection  de  per- 
sonnes :  Ronsard  florissait  au  seizième  siècle  ; 
Athènes  florissait  sous  Périclès.  Cependant  cette 
règle,  qui  est  arbitraire,  puisque  c'est  une  tenta- 
tive pour  utiliser  la  double  forme  que  ce  verbe  a 
par  accident,  n'en  a  pas  été  une  pour  tous  les  bons 
auteurs.  Hésiode  fleurissait  trente  ans  avant  lui, 
BOSs.  Jlist.  I,  6.  Cet  ordre  respecté  [les  domini- 
cains] fleurissait  dans  la  France,  ,olt.  llenr.  v. 
Il  est  certain  que  les  affaires  ne  sauraient  être  plus 
fleurissantes,  balzac.  Lettres,  vu,  49.  La  réputation 
toujours  fleurissante  de  ses  écrits,  boss.  Disc.  Acad. 
\\  2.  11  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  ai'otr  quand  on 
veut  exprimer  une  action  :  l'arbre  a  fleuri  aujour- 
d'hui ;  avec  l'auxiliaire  être,  quand  on  veut  mar- 
quer un  état  :  l'arbre  est  fleuri  depuis  longtemps. 
Mais  quand  il  signifie  être  dans  un  état  de  prospé- 
rité,de  splendeur,  il  veut  toujours  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  XI"  s.  Charles  le  vielz,  à  la  barbe  flurie, 
Ch.  de  Roi.  lxxv.  Ja  estes  vous  viels  et  fluriz  et 
blans,  ib.  cxxxii.  ||  xii*  s.  [Espines]  poignanz  et 
aspres  qui  ne  peuvent  florir,  Uonc.  p.  4  6,-.  Adonc 
florist  mes  cuers  et  mes  voloir  En  bone  amor.... 
Couci,  VIII.  Dame,  mar  [à  malheur]  [je]  vi  le  clair 
vis  et  la  face  Où  rose  et  lis  florissent  chascunjour. 
ib.  XI.  X  la  douzor  du  temps  qui  r.iverdoie  Chantent 
oisel  et  florissent  verger,  ib.  xxi.  ||  xiii*  s.  Dont 
peussiés  veoir  le  bras  Saint-George  flori  tout  contre- 
mont  de  nés  [nefs]  et  de  veissiaus  et  de  galles  et 
d'huissiers,  villeh.  lxi.  Entour  la  Saint-Jehan  que 
la  rose  est  fleurie,  Uerle,  u.  [Elle  ne  brille]  Nient 
plus  qu'en  prés  fleuris  semble  gaste  bruiere,  ib. 
xii.  Et  bien  sachiésque  qui  por  Diu  morra  en  ceste 
besoigne,  s'ame  s'en  ira  toute  florie  en  paradis  par 
ilovant  lui,  H.  de  valenc.  vu.  Bien  puet  en  robes  de 


1700 


FLE 


eolor»  Sainte  religion  norir,  la  Bote,  <  H  as.  Toute 
sa  teste  [colle  do  la  vieillesse]  cstoit  chenue,  Bt 
blanche  cum  s'ol  fust  Anj-ie,  i7).  347.  (Clercs]  Qui, 
quant  aus  biens  du  monde,  contre  raison  florissent, 
;.  i)B  MEUNO,  Test.  511.  Jadis  au  tans  des  anciens 
Éstoit  molt  maus,  mais  que  li  Mens  Floriscoit  plus 
rt  crt  [était]  en  face,  Barl.  et  Josaphat,  p  2.  ||  xiv  s. 
t:t  avril  soit  exaussiez,  linnourez,  Qui  florist  de 
toutes  parts  Les  prés,  les  bois  et  les  chams  et  les 
pars  [parcs],  machaut,  p.  430.  ||  xv'  s.  Pour  em- 
belir  et  fleurir  sa  mauvaiseté  et  retraire  la  roine 
en  Angleterre,  et  remettre  en  son  danger  [pou- 
voir] et  du  roi  son  mari  [Edouard  II,  Isabelle]  , 
/ROiss.  1,  I,  H.  Il  XVI'  s.  [MolinetJ  aux  vers  tleuris, 
MAROT,  III,  306.  Il  se  doubtoit  fort  que  ses  actes 
seroient  beaux  et  glorieux,  mais  que,  après  avoir 
floury  peu  de  jours,  ilz  se  feneroient  et  passeroient 
incor'.inent,  amyot,  Dion,  30.  Il  laissa  une  postérité 
qui  depuis  a  llori  longtemps  au  pais, m.  Cimon.t.  11 
s'empara  de  l'Hospagne ,  laquelle  il  trouva  florissante 
en  nombre  de  peuples,  m.  Serlor.  o.  L'éloquence  a 
flori  lo  plus  à  Rome  lorsque....  mont,  i,  380.  En  la 
saison  où  la  science  lleurissait  le  plus,  m.  ii,  206. 
■' —  ÊTYM.  Pic.  flourir;  provenç.  florir;  espagn. 
floreccr  ;  ital.  jxorirf  ;  du  latin  florere  (  avec  chan- 
gement de  conjugaison),  dérivé  de  flos ,  floris, 
fleur.  Lo  présent  je  fleuris  et  le  participe  fleuris- 
snnt  supposent  une  forme  dérivée  ftoriscere. 

VLEUUISSANT,  ANTE  (fleu-ri-san,  san-t'),  adj. 
Qui  pousse  des  fleurs;  ijui  est  en  fleurs.  Un  vieil- 
lard sur  son  âne  aperçut  en  passant  Un  pré  plein 
d'herbe  et  fleurissant,  la  font.  Fab.  vi,  8. 

—  REM.  Fleurissant.se  dit  au  propre  et  florissant 
au  figuré  (voy.  floiussant;  voy.  aussi  à  fi-EOuir  la 
remarque  l). 

—  HIST.  XVI"  s.  Une  belle  plaine  fertile  et  fleu- 
rissante, MONT.  I,  170.  Ceulx  qui  ont  donné  au 
monde  leur  aage  plus  actif  et  fleurissant,  m.  i,  27;). 
Fleurissant  en  santé,  en  richesses....  id.  ii  ,  30. 
Cette  divine  police  lacedemonienne,  si  longtemps 
fleurissante  en  vertu  et  en  bonheur,  m.  ii,  Si2. 

FLEURISTE  (fleu-ri-.st') ,  s.  m.  ||  1°  Amateur  de 
fleurs ,  celui  qui  piend  plaisir  à  les  cultiver.  Lo 
fleuriste  a  un  jardin  dans  un  faubourg  ;  il  y  court 
au  lever  du  soleil  et  il  en  revient  à  son  coucher  ; 
vous  le  voyez  planté  et  qui  a  pris  racine  au  milieu 
de  ses  tulipes,  i.A  bruy.  xiu.  Ces  petits  fleuristes 
qui  se  pâment  à  l'aspect  d'une  renoncule,  j.  J. 
Rouss.  llél.  IV,  II.  Il  2"  Fleuriste  artificiel,  celui 
(jui  fait  ou  vend  des  fleurs  artificielles.  ||  Au  fém.  et 
absolument,  ouvrière  cjui  fait  des  fleurs  artificiel- 
les. Une  habile  fleuriste.  ||  3°  Peintre  qui_  s'adonne 
particulièrement  à  peindre  les  fleurs.  Ce  peintre 
est  un  bon  fleuriste.  ||  On  dit  maintenant  peintre 
de  fleurs.  ||  4°  Adj.  Marchand,  marchande  fleuriste, 
celui,  celle  qui  vend  des  fleurs  artificielles.  ||  Jar- 
dinier fleuriste,  jardinier  qui  cultive  des  fleurs. 
l|  Jardin  fleuriste,  jardin  destiné  à  la  culture  des 
ilours. 

—  ÉTVM.  Fleur;  ital.  fiorista. 

FLEURON  (fleu-ron),  s.  m.  ||  l'Ornement  en  forme 
de  fleur.  Les  fleurons  d'une  couronne.  UneétolTeoil 
il  y  a  des  fleurons.  ||Fig.  C'est  un  des  plus  beaux 
fleurons  do  .sa  couronne,  le  plus  beau  fleuron  de  sa 
couronne,  c'est  une  des  importantes  prc;rogatives, 
une  des  plus  belles  provinces  du  prince.  ||  Il  se  dit 
aussi  de  ce  qu'il  y  a  de  plus  avantageux  pour  une 
personne.  Il  a  perdu  le  plus  beau  fleuron  de  sa  cou- 
ronne. Plus  beau  fleuron  n'est  en  votre  couronne, 
LA  TONT.  Belph.  Il  Fig.  Songez  à  vous,  mon  cher 
confrère;  mettez  les  derniers  fleurons  à  votre 
couronne  par  les  Barmécides  [titre  d'une  pièce 
de  théâtre],  volt.  /,«((.  Laharpe,  19  nov.  1777. 
Ij  2°  Ornement  qu'on  place  dans  les  endroits  d'un 
livre  où  il  reste  de  l'espace  à  remplir  et  sur  le  dos 
des  livres;  ainsi  dit  parce  qu'autrefois  il  représen- 
tait ordinairement  des  fleurs.  ||  3°  Terme  d'archi- 
tecture. Ornement  sculpté ,  et  représentant  une 
feuille  ou  une  fleur.  ||  4"  Terme  de  botanique.  Cha- 
cune des  petites  fleurs  dont  la  réu!:ion  forme  une 
fleur  composée.  Il  Demi-fleuron,  ou  lieiirnn  ligule, 
nom  donné  à  la  disposition  des  fleurs  composées 
dans  Laquelle  le  limbe  de  la  corolle  se  termine  par 
une  lame  unilatérale  et  dentée.  {|  5"  Fleuron  et 
fleurette  s'est  dit,  par  plaisanterie,  pour  fleurette 
simplement,  au  sens  de  propos  galant  Quand, 
près  de  quelque  objet,  vous  joue/;  quelquefois, 
yuoique  en  pleine  santé,  d'être  presque  aux  abois, 
i;t  que  vous  débitez  et  fleurons  et  fleurettes  Pour 
mieux  peindre  des  maux  qu'à  plaisir  vous  vous 
laites,  TH.  CORN,  i'^ni.  à  la  mode,  i,  3.  ||  6'  Lé- 
gire  étolfo  do  laine,  de  soie  et  de  fil.  ||  7°  Synonyme 
de  fleuret  3.  Ce  no  fut  pas  un  maigre  paiwe-temps 


de  lui  voir  faire  des  fleurons,  des  passages  et  des 
cabrioles,  Francion,  iv,  p.  (55. 

—  IIIST.  XIV'  s.  Une  petite  couronne  d'or,  à 
treize  florons,  et  a,  en  chascun  fleuron,  une  cs- 
moraude  contrefaitte ,  trois  grosses  perles  et  un 
grenat,  de  lauoude.  Émaux,  p.  I08.  ||xvi'  s.  Plaise 
vous  donc,  noble  fleuron  royal....  marot,  ii,  92. 

—  lîTVM.  Dérivé  de  fleur;  ital.  fiorone. 
FLEURONNÉ,  ÉE  (fleu-ro-né,  née),  adj.  \\  l'Dans 

10  blason,  synonyme  de  fleuré.  ||  Terme  de  pa- 
léographie.   Orné   de   fleurs.   Lettres  fleuronnées. 

11  Terme  de  sculpture.  Génie  fleuronné,  enfant 
ailé  dont  la  partie  inférieure  se  tennine  en  nais- 
sance de  rinceaux ,  de  feuillages  ou  de  fleurs. 
Il  2°  Terme  de  botanique.  .Se  dit  des  plantes  dont 
toutes  les  fleurs  sont  des  fleurons.  ||  Demi -fleu- 
ronné, qui  est  formé  de  demi-llourons. 

—  lilST.  XVI"  s.  Jà  le  laurier  te  p'spare  couronne; 
Jà  le  blanc  lis  dedans  ton  bers  fieuronne,  marot, 
I,  228.  Si  la  beauté  se  perd,  fais-en  part  de  bonne 
heure.  Tandis  qu'en  son  printemps  tu  la  vois  fleu- 
ronner,  rons.  276. 

—  ËTYM.  Fleuron. 

t  FLEURONNER  (fleu-ro-né)  ,  v.  a  Orner  de 
flearons  le  cercle  d'une  couronne. 

—  ËTYM.  Fleuron. 

FLEURS  (fleur),  s.  f.  pi.  Les  règles  des  femmes, 
les  menstrues.  ||  Fleurs  blanches,  nom  vulgaire  de 
la  leucorrhée. 

—  HIST.  XIV"  s.  Le  sanc  mestrueus,  ce  sont  les 
fleurs  de  la  famé,  h.  db  monoeville,  f"  8.  Le  flus 
de  sanc  dit  flours  ou  menstrues,  id.  f"  29,  verso. 
Ii  XVI"  s.  Fleurs  blanches,  paré,  i,  34.  Les  femmes 
appellent  leur  flux  de  sang  par  la  matrice,  mois, 
temp.s,  semaines,  purgations,  fleurs  rouges,  id. 
xvui,  68. 

—  ÉTVM.  Fleur;  ainsi  dit  parce  qu'on  a  com- 
paré les  menstrues,  à  cause  de  leur  couleur  rouge, 
à  une  fleur.  Ce  qui  prouve  que  c'est  bien  fleurs 
qu'il  faut  et  non  flueurs ,  que  quelques-uns  ont 
propose  comme  une  rectification,  c'est  que  la  basse 
latinité  dit  constamment  flores,  l'ancien  français 
fleur.i  ou  flours,  et  l'italien  /tort. 

t  FLEURTIS  (fleur-tS),  s.  m.  Voy.  fleuretis. 

FLEU'VE  (fleu-v'),  s.  m.  ||  1°  Grand  cours  d'eau 
auquel  plusieurs  rivières  servent  d'affluents  et  qui 
conserve  ordinairement  son  nom  jusqu'à  la  mer.  De 
même  que  ces  fleuves  tant  vantés  demeurent  sans 
nom  et  sans  gloire,  mêl'îs  dans  l'Océan  avec  les  ri- 
vières les  plus  inconnues,  Boss.  Duch.  d'Orl.  Ce 
n'est  pas  s'opposer  à  un  fleuve  que  de  faire  des  le- 
vées, que  d'élever  des  quais  sur  ses  rives,  pour  em- 
pêcher qu'il  ne  déborde  et  ne  perde  ses  eaux  dans 
la  campagne,  id.  Sermons .Yêture,  Mlle  de  Bouillon, 
I.  Ainsi  commençait  une  vie  dont  les  suites  devaient 
être  si  glorieuses,  semblables  à  ces  fleuves  qui  s'é- 
tendent à  mesure  qu'ils  s'éloignent  de  leur  source 
et  qui  portent  enfin  partout  où  ils  coulent  la  commo- 
dité et  l'abondance,  pléciiier,  Turcnne.  Les  fleuves 
se  font  presque  toujours  leur  lit,  fonten.  Gugliel- 
mini.  Des  fleuves  d'une  largeur  immense,  tels  que 
l'Amazone,  la  Plata,  l'Orénoque,  roulant  à  grands 
flots  leurs  vagues  écumantes  et  se  débordant  en  toute 
liberté,  semblent  menacer  la  terre  d'un  envahisse- 
ment et  faire  efl'ort  pour  l'occuper  tout  entière, 
DiiFF.  Ois.  t.  XIV,  p.  42,  dans  pougens.  Les  plus 
jjrands  fleuves  de  l'Europe  sont  le 'Volga  qui  a  envi- 
ron 050  lieues  de  cours  depuis  Reschow  jusqu'à 
Astracan  sur  la  mer  Caspienne  ;  le  Danube  dont  lo 
cours  est  d'environ  450  lieues  depuis  les  montagnes 

de  Suisse  ju.squ'à  la  mer  Noire  ;  le  Don id.  llist. 

nat.  Preuv  Théorie  terr.  Œuv.  t.  il,  p.  ■«6,  dans 
POUGENS.  Tous  les  fleuves  diminuent  de  jour  en 
jour,  parce  que  tous  les  jours  les  montagnes  s'a- 
baissent, m.  ib.  p.  160.  Il  y  a  dans  l'ancien  continent 
environ  quatre  cent  trente  fleuves  qui  tombent  im- 
médiatement dans  l'Océan  ou  dans  la  Méditerranée 
et  la  mer  Noire,  m.  ib.  p.  27.  C'est  autour  de  leurs 
faîtes  [des  montagnes]  que  s'a.ssemblent  les  nua- 
ges et  les  neiges,  qui  de  là  se  répandant  sans  cesse, 
forment  tous  les  fleuves  et  toutes  les  fontaines, 
dont  on  a  si  longtemps  et  si  faussement  attribué  la 
source  à  la  mer,  volt.  Physique,  Singul.  de  la  nat. 
10.  Les  cantons  les  plus  riches  de  Hollande  ont  con- 
tinuellement le  spectacle  efîray.ant  de  fleuves  sus- 
pendus à  vingt  et  trente  pieds  au-dessus  du  sol,cu- 
TiEB,  Bh\  p.  160.  Pour  la  première  fois  les  eaux  de 
ce  fleuve  moscovite  [le  Boryslhène]  allaient  porter 
une  armée  française  et  réfléchir  nos  armes  victo- 
rieuses, sÉGi'R,  llist.  de  Nap.  vi,  i.\\i"  II  se  dit 
quelquefois,  en  poésie,  pour  désigner  une  rivière 
quelconque ,  pourvu  cependant  que  cette  rivière 
snit  donniV»  dans  le  moment  comme  grande.  Ij  8*  Fig. 


FLE 

Ce  qui  abonde  et  coule  comme  fait  un  flouve.  Songa 
;  aux  fleuves  de  sang  où  ton  bras  s'est  baigné,  corn. 
Cinna,  iv,  2.  Je  le  plongerai   dans   un   fleuve  du 
!  délices,  FÉNEL.  Tél.  IV.  Il  Un  fleuve  d'éloquence,  de 
:  poésie,  une  éloquence,  une  poésie  qui  coule  avec 
1  l'abondance  et  la  grandeur  d'un  fleuve.  |{  4°  Poéti- 
'  quement  Le  fleuve  de  la  vie,  le  cours  de  la  vie. 
On  ne  jette  point  l'ancre  dans  le  fleuve  de  la  vie, 
bi:rn.  DE  st-piebhe,  Chaum.  ind.  Il  nous  faut,  dans 
son   cours,  Remonter  flots  à   flots  le  long  fleuve 
des  jours,  lamart.  Héd.  i,  28.  |1  Le  fleuve  de  l'éter- 
nité, le  temps  considéré  dans  son  mouvement  éter- 
nel. Ce  n'est  qu'en  remontant  le  fleuve  de   l'éter- 
nité que  je  puis  e.ssayer  de  parvenir  à  sa  source, 
voi.T.  Princip.  d'action,  chap.  3.  ||  5°  Terme  de  my 
thologie.  Divinité  qui  préside  à  un  fleuve.  I.es  at- 
tributs d'un  fleuve.  Absente,  quand  le  fleuve  a  reçu 
nos  présents,  Elle  n'a  point  offert  les  vœux  que  no- 
tre zèle  Adresse  chaque  jour  à  .ses  flots  bienfaisants, 
G.  iiELAv.  Paria,  u,  6.   ||  Familièrement.  Ruis.srler 
comme  un  fleuve,  dégoutter  d'eau,  de  pluie.  ||  Ternie 
de  sculpture,  de  peinture  ou  de  théâtre.    Person- 
nage allégorique  représentant  la  divinité  d'un  fleuve 
et  revêtu  d'un  costume  de  convention,  surtout  dans 
les  anciens  ballets ,  dont  les  sujets  étaient  le  plus 
souvent    mythologiques.    Dans    des   chaconnes  et 
I  gavottes.  J'ai    vu   des  Fleuves  sautillants;    J'ai  vu 
I  danser  deux  Matelottes,   Trois  Jeux,  six  Plajstrs  et 
1  deux  Vents,  panard,  Description  de  l'opéra. 

—  HIST.  XII"  S.  De  tote  vertut  fait  à  esgardeir  U 
fluives  de\  œvre,  se  il  vient  purs  fors  de  la  fon- 
taine de  la  pense  [pensée].  Job, p.  4i7.  ||xiii'  s.  De 
l'autre  part,  ce  m'est  avis,  Court  uns  flueves  de  pa- 
radis. Oui  Eufrates  est  apelés,  FI.  et  Bl.  v.  2007. 
Il  xvi"  s. On  dit  en  françois  trois  FTF  mauvais  voisins, 
fleuve,   fort,  frère,  des  accords,  Bigarr.  p.  (59, 

dans   LACLRNE. 

'  —  ÉTYM.  Provenç.  fluvi;  ital. /lueto  ;  du  lat.  (lu- 
vius,  de  fluere,  couler.  L'ancien  français  avait 
aussi  flum  qui  représente  le  latin  flumen. 

I  FLEXIBILITÉ  (flè-ksi-bi-li-té) ,  s.  /■.  ||  1"  Qualité 
de  ce  qui  est  flexible.  La  flexibilité  du  jonc.  Pour 
étudier  convenablement  la  flexibilité  de  l'écorce  du 
globe  et  les  mouvements  que  cette  écorce  reçoit  de 
diverses  cau.ses  très-complexes,  il  est  indispensable 
d'avoir  quelques  instruments  qui  fixent  d'une  ma- 
nière certaine  les  particularités  des  mouvements, 
MARCHAND,  Acad.  des  se.  t.  LUI,  p.  I2!>9.  Il  t°  Fig  II 
se  dit  de  ce  qui  se  plie  comme  les  choses  flexibles. 

[  C'est  par  cette  flexibilité  [à  la  volonté  de  Dieu]  que 
des  personnes  qui  aiment  l'étude  ne  laissent  pas  de 
s'appliquer  avec  soin  à  des  entretiens  ([u'ils  n'ai- 

'  ment  pas,  lorsque  la  ch.arité  le  demande  ,  nicole, 
Ess.  mor. -•  traité,  chap.  8.  L'on  possède  à  la  fois 
la  force  et  In  flexibilité  de  l'esprit,  pasc.  Amour. 
U  sentit  que  les  mots,  semblables  à  une  cire  molle^ 

'  ont  une  flexibilité  mei-veilleusement  propre  à  pren- 
dre toutes  sortes  de  formes  ;  de  sorte  qu'on  les  ma- 
nie et  qu'on  les  tourne  comme  on  veut,  rolun, 
Hi.st.  anc.  Œuv.  t.  xi,  2"  part.  p.  683,  dans  pougens. 
J'admire  toujours  h  fécondité  et  la  flexibilité  de 
votre  langue  [l'italien]  dans  laquelle  on  peut  tout 
traduire  heureusement,  volt.  Lett.  Albergali,  l" 
nov.  (769.  Il  Dans  le  chant,  flexibilité  de  la  voix, 
qualité  qui  fait  qu'elle  peut  augmenter  ou  diminuer 
sans  le  moindre  effort  l'intensité  des  sons,  et  paisser 
rapidement  d'une  note  à  une  autre.  ||  Dans  la 
peinture,  flexibilité  des  contours,  le  contraire  de 
roideur,  c'est-à-dire  trait  semblant  suivre  et  expri- 
mer la  souplesse  des  chairs. 

—  HIST.  XVI"  s.  La  flexibilité  de  nostre  invention 
à  forger  des  nisons  à  toutes  sortes  de  songfes,  mont. 
tv,  18». 

—  ÊTYM.  Provenç.  flexibililat;  espagn.  flexibili- 
dad;  ital.  flessibililà  ;  du  latin  flexibilitalem,  de 
flexibilis,  flexible. 

FLEXIBLE  (llè-ksi-br),  ad;.  ||  1"  Oui  se  laisse 
courber  plus  ou  moins  facilement  jusqu'à  un  cer- 
tain point  sans  se  briser.  Ces  expériences  appren- 
nent que  le  bois  du  pied  est  plus  fort  et  moins 
flexible  que  celui  du  sommet,  m  ff.   llist.  nat.  t. 

vin,  p.  208,  dans  pougens La  nymphe  invisible, 

Oui,  dans  sa  prison  flexible,  Reçoit  vos  embrasse- 
monts.  Sous  l'écorce  qui  la  presse  Répond  à  votre 
tendresse  Par  de  doux  frémissements,  delav.  Po- 
rta, u,  «.  Il  2°  Fig.  Oui  cède  facilement  aux  impres- 
sions qu'on  veut  lui  donner.  Caractère  flexible.  I.e 
Seigneur  à  mes  m.aux  est  devenu  .sensible,  Dit-il, 
et,  la  pitié  l'ay.ant  rendu  flexiblo.  Lui-même  il  » 
voulu  descendre  à  mon  secours,  corn.  Imit.  u,  9. 
L'amour  delà  volonté  de  Dieu...  retranche  toute 
attache  de  la  pratique  do  coî  exercices,  et  il  nous 
rend  flexibles  à  les  changer,  quand  Dieu  le  veut, 


FLI 


FLO 


FLO 


1701 


nicoLB,  Ess.  mor.  2'  traité,  chap.  8.  Je  n'ai  point 
cette  roideur  d'espi-il  des  vieillards  ;  je  suis  flexible 
comme  une  anguille,  et  vif  comme  un  lézard,  et 
travaillant  toujours  comme  un  écureuil,  volt.  LeU. 
d'Argcntal,  22  oct.  I7B9.  11  est  bon  d'être  ferme  par 
tempérament  et  flexible  par  réflexion,  vauven.  Max. 
cxci.  Rencontre  de  tant  de  génies  divers,  façonnant 
sous  leurs  mains  la  rudesse  encore  flexible  du  lan- 
gage. viLLEMAiN,  Dict.  de  l'Acad.  Prt/ijce.  ||  Esprit 
liexibie,  esprit  qui  passe  avec  facilité  d'un  travail, 
il'un  sujet  à  un  autre.  ||  Voix  flexible,  voix  aisée 
(jui  passe  facilement  d'un  ton  à  un  autre.  La  voix 
de  Mentor  n'avait  aucune  douceur  efféminée,  mais 
elle  était  flexible,  forte,  et  elle  passionnait  jus- 
r[u'aux  moindres  choses,  fè.nel.  Tél.  viii. 

—  SYN.  F1.EXIBI.E,  SOUPLE.  Au  propre,  ce  qui  est 
souple  plie  et  revient,  après  avoir  plié,  si  la  pression 
cesse.  Ce  qui  est  flexible,  plie  également,  mais  re- 
vient ou  ne  revient  pas,  car  le  mot  n'implique  rien 
i  cet  égard.  Au  figuré,  la  distinction  se  poursuit  : 
un  caractère  flexible  fléchit;  un  caractère  souple 
fléchit  aussi,  mais  c'est  pour  revenir,  fléchir  de 
nouveau,  et  de  la  sorte  s'adapter  aux  diverses  cir- 
constances. Caractère  souple  se  peut  prendre  en 
mauvaise  part,  et  flexible  ne  s'y  prend  pas. 

—  lllST.  xiV  s.  Le  cartilage,  de  complex ion  froide 
et  seiche,  insensible  et  flexible  aucune  fois,  h.  de 
MONDEviLLE,  f"  9.  Il  XVI'  S.  Estre  flexible  à  toute  do- 
cilité et  à  la  compréhension  du  hault  savoir,  jehan 
LKMAinE,  Pallas  parlant  à  Pdris,  dans  palsgrave. 
Je  ne  puis  pas  avoir  le  jugement  si  flexible,  mont. 
I,,  344. 

—  f,:iM.  Lat.  flexibilis,àe  flexutn,  supin  de  flec- 
tere,  fléchir. 

FLEXION  (flè-ksion;  en  vers,  de  trois  syl- 
labes), s.  f.  Il  1"  Action  de  fléchir  ;  état  de  ce  qui  est 
fléchi.  La  flexion  d'une  solive.  Le  feu,  la  percussion 
et  la  flexion  suspendent  ou  détruisent  également  la 
force  magnétique,  buff.  Min.  t.  ix,  p.  4  52,  dans 
rotiGENs.  Par  la  longueur,  la  grosseur,  et  surtout 
par  la  double  flexion  des  cornes,  le  condoma  nous 
paiait  approcher  beaucoup  de  l'animal  que  Caîus  a 
donné  sous  le  nom  de  strepsiceros,  in.  Quadrup. 
t.  V,  p.  402.  Il  2"  Terme  de  physiologie.  Action  des 
muscles  fléchisseurs.  La  flexion  de  l'avant-bras  sur 
le  bras.  ||  3"  Terme  de  grammaire.  Modifications 
qu'éprouvent  un  mot  qui  se  décline,  un  verbe  qui 
se  conjugue. 

—  SVN.  FLEXION,  TERMINAISON.  Ces  deux  termes 
de  grammaire  représentent  la  fin  des  mots,  ce  qui 
vient  après  le  radicaL  Mais  terminaison  signifie 
cette  fin  considérée  en  elle-même,  et  flexion  la  con- 
sidère par  rapport  aux  flexions  qui  la  précèdent  ou 
la  suivent  dans  l'ordre  de  la  déclinaison  ou  de  la 
conjugaison.  Un  mot  indéclinable  n'a  pas  de  flexion, 
il  n'a  qu'une  terminaison. 

—  HIST.  XVI"  s Pour  la  confirmation  de  ladite 

espine  et  plus  facile  flexion  d'icelle,  pare,  iv,  )8. 

—  f.TYM.  Lat.  flexionem,  de  ficxum,  supin  de 
flectere,  fléchir. 

FLEXUECX,  EUSE  (flè-ksu-eû,  eû-z'),  od;.  Flé- 
chi plusieurs  fois  dans  sa  longueur  ;  qui  offre  des 
courbures  alternatives  en  différents  sens.  Tige 
flexueuse. 

—  RTYM.  Lat.  flexuosus,  de  flexum,  supin  de  flec- 
tere,  fléfhir. 

FLEXUOSITÉ  (flé-ksu-ô-zi-té),  s.  f.  État  de  ce  qui 
est  flexueux. 

—  f.TYM.  Flexueux. 

f  FLIBOT  (fli-bo),  s.  m.  Terme  d'ancienne  ma- 
rine. Petite  flûte  qui  ne  passe  pas  cent  tonneaux, 
GUiLLET,  4078.  S.  M.  a  approuvé  la  résolution  qu'il 
a  prise  de  faire  charger  sur  un  flibot  les  bois  et  au- 
tres munitions  qui  ont  été  demandés  pour  le  ra- 
doub. Lettre  à  Demuyn,  4  2  fév.  )680,  dans  jal. 

—  HlST.  XVI'  s.  Comme  l'on  approchoit  de  la 
costo  d'Angleterre,  il  se  met  dans  un  flibot,  envoyé 
:  "S  marchands  rochellois  l'attendre  à  Bristol,  et 
tourne  le  cap  vers  Plymouth,  sully,  Mém.  t.  xii, 

p.  443,  dans  LACURNE. 

—  ETYM.  HoH.  vlie-boot;  angl.  fly-boat,  de  vUe, 
fly,  mouche,  et  &oo(,  boat,  bateau  :  bateau-mouche. 

t  FLIBUSTER  (fli-bu-sté),  «.  n.  Se  livrer  au  mé- 
tier de  flibustier.  ||  V.  a.  Populairement.  Voler,  fi- 
louter. 11  m'a  flibuste  ma  montre. 

—  ÊTYM.  Voy.  flibustier;  génev.  /ît'busfcr, trom- 
per. 

t  FLIBUSTEHIE  (fli-bu-ste-rie),  s.  (.  Action  de 
flibuster. 

FLIB0ST1ER  (fli-bu-stié  ;  \'r  ne  se  lie  jamais  ;  au 
pluriol,  l's  se  lie:  des  fli-lm-stié-z  entreprenants), s. 
m.  Il  1°  Aventurier,  pirate  appartenant  à  ui;e  associa- 
tion  d'hommes  établis  dans  quelques   Iles   d'Amé- 


rique, et  toujours  en  guerre  contre  les  Espagnols, 
dont  ils  capturaient  les  navires  et  inquiétaient  le 
commerce,  jal.  Il  [un  marchand]  parle  mal  de  la 
dureté  des  flibustiers  et  de  leur  peu  de  fidélité  à 
rapporter  tout  à  la  masse  après  le  combat;  car,  il 
est  permis  de  prendre  lorsqu'on  a  l'épée  à  la  main, 
d'estriîks  à  Ponlchartrain ,  23  août  4  697,  dans  jal. 
Les  flibustiers  firent  venir  des  filles  de  Paris  dans 
la  petite  île  dont  ils  s'étaient  emparés;  et  on  conte 
que  Romulus,  dans  un  beau  spectacle  qu'il  donna 
aux  Sabins,  leur  vola  trois  cents  (illes,  volt.  Dict. 
philos.  Population.  Imaginez  des  tigres  qui  au- 
raient un  peu  de  raison,  voilà  ce  qu'étaient  les 
flibustiers,  id.  Mœurs,  4  62.  La  France  n'est  entrée 
en  partage  de  cette  île  [Saint-Domingue]  avec  l'Es- 
pagne que  par  la  hardiesse  désespérée  d'un  peuple 
nouveau,  que  le  hasard  composa  d'Anglais,  de  Bre- 
tons et  .surtout  de  Normands;  on  les  a  nommés 
boucaniers,  flibustiers;  leur  union  et  leur  origine 
furent  à  peu  près  celles  des  anciens  Romains,  id.  ib. 
Tels  furent  les  flibustiers;  mais  quel  peuple  en  Eu- 
rope ne  fut  pas  flibustier?  les  Goths,  les  Alains, 
les  Vandales,  les  Huns  étaient-ils  autre  chose  ?  id. 
Dict.  phil.  Flibustier.  On  ne  sait  pas  d'où  vient  le 
nom  de  flibustiers,  et  cependant  la  génération  pas- 
sée vient  de  nous  raconter  les  prodiges  que  ces  fli- 
bustiers ont  faits,  id.  ib.  ||  2"  Par  extension,  brigand, 
voleur  à  main  armée.  Les  premiers  rois  de  Rome 
étaient  des  capitaines  de  flibustiers,  volt.  Mœurs, 
Home.  Il  3°  Chevalier  d'industrie,  homme  qui  vit  de 
rapine  et  d'escroquerie.  Cet  homme  d'affaires  est 
un  flibustier. 

—  ÉTYM.  A  l'origine  fribuslier;  du  hollandais  «n/- 
buiter;  allem.  Freibeuter  ;  angl.  freebooter,  marau- 
deur; de  vnj,  frei,  free,  libre,  et  boot,  butin  :  libre 
faiseur  de  butin. 

FLIC  FLAC  (flik-flak).  ||  1°  Onomatopée  par  la- 
quelle on  exprime  le  bruit  du  coup  de  fouet  ou  de 
soufflets  donnés  de  suite.  On  entendit  flic  flac.  Bon 
pied,  bon  œil,  et  flic  et  flac;  tiens,  c'est  pour  toi, 
SCARRON,  Jndelet  duelliste,  v,  4.112°  S.  m.  Terme 
de  danse.  .Sorte  de  pas  (alors  les  deux  mots  se  réu- 
nissent). Faire  un  flicflac.  ||  Faire  des  flicflacs,  s'en- 
tend aujourd'hui  de  l'ancienne  danse  oïl  l'on  char- 
geait souvent  les  pas  d'ornements  artificiels  et 
contre  nature.  ||  Au  plur.  Des  flicflacs. 

—  REM.  Le  Dictionnaire  de  l'Académie  donne  flic 
flac,  onomatopée,  en  deux  mots  et  invariable,  et 
flicflac,  substantif,  en  un  seul  mot  et  variable  au 
pluriel. 

f  FLTN  (flin),  s.  m.  Terme  de  commerce.  Un  des 
noms  de  la  marcassite,  employée  à  fourbir  les  lames 
d'épées. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-allem.  flins;  anglo-sax.  flint, 
caillou. 

f  FLINQCER  (flin-ké),  V.  a.  Terme  d'orfèvrerie. 
Rayer  le  métal  pour  que  i'émail  y  tienne. 

FLINT  (flinf)  ou  FLINT-GLASS  (flint'-glas'J.î.m. 
Verre  en  cristal  .servant  avec  le  crown-glass  à  faire 
les  lentilles  achromatiques  des  microscopes  ;  il  est 
constitué  par  3  atomes  de  quadrisilicate  de  plomb 
et  2  atomes  de  quadrisilicate  de  potasse. 

—  ÉTYM.  Angl.  flint-glass,  de  flint,  caillou,  et 
rjlass,  verre. 

f  FLION  (fli-on),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
des  coquilles  appelées  tollines. 

f  FLIPOT  (fli-po),i.  m.  Terme  de  menuiserie. 
Petite  pièce  rapportée  pour  couvrir  un  défaut  dans 
quelque  ouvrage. 

f  FLOC  (flok),  s.  m.  Dans  le  costume  militaire, 
petite  touffe  de  laine,  de  soie. 

—  HlST.  XVI'  s.  Trempant  en  huile  bouillante  un 
floc  de  laine  attachée  au  bout  d'une  esprouvette, 
l'MlÉ,  XT,  4  6. 

—  ÉTYM.  Voy.  FLOCON. 

t  FLOCAGE  (flo-ka-j'),  s.  m.  Façon  qu'on  donne 
aux  bonnets  orientaux,  en  attachant  un  flocon  de 
soie  au  sommet. 

—  ÉTYM.  Floc. 

t  FLOCHE  (flo-ch'),  s.  ^.  ||  1°  Petit  lambeau  qui  s'ef- 
file. Deux  voulant  .se  jurer  la  foi,  un  troisième,  avec 
une  pierre  tranchante,  leur  incise  le  dedans  des 
mains,  puis,  prenant  du  vêtement  de  chacun  une 
floche  imbibée  de  leur  sang,  il  en  frotte  sept  pier- 
res, p.  L.  coun.  Trad.  d'Hérodote,  ii,  4  35.  ||  2"  Adj. 
Soie  floche,  celle  dont  les  brins  ne  sont  pas  mou- 
linés. 

—  ÉTYM.  Voy.  FLOCON. 

FLOCON  (flo-kon),  s.  m.  |H'  Petite  toufl'e  de 
laine,  de  soie.  Un  flocon  de  soie.  ]|  En  pathologie, 
on  dit  (|u'un  malade  ramasse  des  flocons  lorsque  se.s 
mains  font  le  mouvement  appelé  carphologie. 
I]  2"  Par  extension,  ce  qui  a  la  l'orme  d'un  flocon 


de  laine.  Un  saule  où  la  brise  a  suspendu  quelques 
flocons  de  plumes,  chateaus.  Génie,  i,  v,  lO.  La 
vieille  l'a  pn-dit  en  tournant  ses  fuseaux.  Quand 
l'huile  pétillante  éclaire  ses  travaux  Etquede  noirs 
flocons  d'une  mousse  enfumée  S'amoncellent  au  bout 
de  la  mèche  allumée,  malfil.  Génie  de  Virgile.  Ce; 
nuages....  qu'un  souffle  léger....  Roule  en  flocons  de 
pourpre  aux  bords  du  firmament,  lamart.  Médit,  i, 
46.  Il  Flocon  de  neige.  La  neige  vint  à  flocons,  la 
FONT.  Orais.  L'armée  marche  enveloppée  de  va- 
peurs froides;  ces  vapeurs  s'épaississent;  bientôt 
c'est  un  nuage  immense  qui  s'abaisse  et  fond  sur 
elle  en  gros  flocons  de  neige,  ségur,  Hisl.  de  Nap. 
IX ,  4 1 .  Le  peuple  en  foule..  .  Tombe  ainsiqu'en  nos 
champs  la  neige  aux  blancs  flocons,  v.  hugo,  Odet, 
IV,  4.  Il  Fig.  Votre  grandeur  voit  tomber  ici-bas  [dans 
les  enfersj,  Non  par  flocons,  mais  menus  comme 
pluie.  Ceux  que  l'hymen  fait  de  sa  confrérie,  la  font. 
Belph.  Il  3"  Se  dit  quelquefois,  en  chimie,  de  certains 
précipités  qui  ont  la  forme  de  flocons.  ||  4°  Toufles  de 
poils  qui  garnissent  le  bout  de  la  queue  de  certains 
animaux,  tels  que  le  lion,  l'àne  et  quelques  singes. 
Il  portait  sous  le  menton  une  barbe  à  flocons  d'un 
blanc  jaune,  àpeu  près  semblable  à  celle  du  maii- 
di-il,  BUKF.  Quadrup.  t.  xn,  p.  64,  dans  pougens. 

—  HlST.  xm'  s.  Et  li  gaignon  [les  chiens]  le  vont 
suiant;  Descirent  lui  son  pelicon.  Amont  en  volent 
h  flocon,  Hen.  6968.  ||  xvi*  s.  Si  le  malade  amasse 
les  floccons  de  sa  couverture  vers  luy,  paré,  xx,  23. 
Parmi  les  pigeons  pattes,  s'en  treuvent  des  huppés, 
qui  ont  une  creste  à  la  teste,  assavoir  un  floton  de 
plume  eslevé  en  arrière,  o.  de  serres,  40i. 

—  ÉTYM.  Provenç.  floc;  du  lat.  floccus. 
FLOCONNEUX,  EUSE   (flo-ko-neû,  neû-z') ,   adj- 

Plein,  rempli  de  flocons.  ||  Précipité  floconneux, 
pus  floconneux,  précipité,  pus  blanc,  léger,  formé 
de  filaments  entremêlés  sans  ordre.  |1  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  est  disposé  par  flocons,  en  parlant  de  ■ 
poils. 

—  ÊTYM.  Flocon. 

FLONFLON  (flon-flon).  ||  1°  Ancienne  onomato- 
pée. Si  ta  femme  est  méchante.  Apprends-lui  la 
chanson;  Voici  comme  on  la  chante  Avec  un  bon 
bâton,  Flon  flon,  dans  bichelet.  ||  2°  S.  m.  Terme 
familier.  Il  se  dit  des  refrains,  des  couplets  de  vau- 
devilles. De  gais  flonflons.  Et  vous  attirerez  sur 
vous  quelque  flonflon,  .irlequin  phénix,  dans  Le- 
roux, Z)ic«.  com. 

FLORAISON  (flo-rè-zon) ,  s.f.  Synonyme  deFLEU- 
RAISON. 

—  REM.  Quelques  botanistes  font  une  distinction 
entre  fleuraison  et  floraison,  mot  auquel  ils  don- 
nent le  sens  exclusif  d'état  de  fleur. 

FLORAL,  ALE  (flo-ral,  ra-l'),  adj.  ||  1°  Terme  de 
botanique.  Qui  appartient  à  la  fleur  ou  qui  l'accom- 
pagne. Des  appendices  floraux.  ||  Feuilles  florales, 
véritables  feuilles  naissant  immédiatement  au-des- 
sous de  la  fleur.  ||  Enveloppes  florales,  le  calice  et  la 
corolle.  Il  Axe  floral,  pédoncule  commun  à  plusieurs 
fleurs.  Il  BulbiUe  florale,  celle  qui  naît  à  la  place 
d'une  fleur.  ||  2°  Terme  de  zoologie.  Qui  vit  ou  se 
trouve  sur  les  fleurs.  ||  3"  Terme  d'antiquité  romaine. 
Jeux  floraux,  ceux  qu'on  célébrait  en  l'honneur  de 
Flore.  Il  En  ce  .sons  on  dit  quelquefois,  substantive- 
ment, au  pluriel  féminin,  les  Florales.  Eu  cet  em- 
ploi on  met  une  majuscule.  ||  4°  Par  extension, 
Jeux  Floraux,  concours  de  poésie  et  d'éloquence 
ouvert  chaque  année  à  Toulouse,  et  où  l'on  distri- 
bue divers  prix  représentant  des  fleurs  d'or  et  d'ar- 
gent. On  ne  donna  d'abord  qu'une  violette;  plus 
tard  on  y  ajouta  l'églantine  pour  .second  prix,  et  le 
souci  pour  troisième.  Il  a  obtenu  un  prix  aux  Jeux 
Floraux.  ||  Académie  des  Jeux  Floraux,  corps  litté- 
raire qui  préside  à  ce  concours.  ||  On  met  une  ma- 
juscule à  Jeux  et  à  Floraux. 

—  ÉTYM.  Lat.  floralis,  de  flos,  floris.  fleur. 

f  FLORAN  (flo-ran) ,  s.  m.  Terme  de  papeterie. 
Pile  pour  le  raffinement  de  la  p.lte. 

4 .  FLORE  (flo-r') ,«.  f.  \\  i°  Terme  de  la  religion  des 
anciens  Latins.  La  déesse  des  fleurs.  Dans  les  champi 
que  l'hiver  désole,  Flore  vient  rétablir  sa  cour,  J.  b. 
Rouss.  Cantate,  Circé.  Tu  n'esfaite  ijuepourla  vie  ; 
Et  t'entretenir  des  tombeaux.  Ce  serait  déployer  s::i 
la  naissante  aurore  Du  soir  d'un  jour  obscur  les  nua- 
ges épais,  Et  donnera  la  jeune  Flore  Une  couronne 
de  cyprès,  obesset,  À  sa  sceur.  Flore  même  en 
naissant  le  reçut  [Linné]  dans  ses  bras;  Flore  sou- 
rit d'espoir  à  sa  première  aurore  ;  Non  point  cette 
éternelle  et  ridicule  Flore  Qui  pour  les  vieux  amours 
compose  des  bouquets,  Mais  celle  qui  du  monde  en- 
seigne les  secrets,  delille.  Trois  règnes,  vi. 
Il  2°  Terme  de  botanique.  Livre  contenant  la  des- 
cription des  plantes    oui   croissent   naturellcp-cnt 


1702 


FÎ.0 


dan»  un  pay».  U  More  Française.  La  Flore  f  es  en- 
virons (le  Paris,  ||  I'#r  extension,  1  ensomblo  des 
niantes  d'un  pays.  U  fauno  et  la  flore  de  l'Australie 
sont  tri^j-rlchcs.  On  ne  met  pas  alors  de  capitale. 
Il  3»  Calendrier  do  Flore,  liste  des  floraisons  suc- 
cessives des  divers  végétaux  sous  un  certain  cli- 
mat Il  HorloKO  de  Flore,  liste  de  plantes  qui  s'ouvrent 
à  telle  et  telle  heure  de  la  journée.  ||  4°  Planète 
tclescopiquo  découverte  en  I8*7. 

—  ÉTVM.  Ixit.  Hora,  déesse  des  fleurs. 

f  2.  FLORE  (flo-r'),  s.  m.  Terme  de  marine.  Don- 
ner le  flore  à  nn  vaisseau,  l'enduire  de  suif. 

t  3.  FLORE  (f1o-r') ,  adj.  Usité  dans  cette  locu- 
tion :  indigo  flore,  sorts  d'indigo. 

FLORÉAL  (flo-ré-al) ,  s.  m.  Le  huitième  mois  du 
calendrier  républicain.  Le  mois  de  floréal  s'étendait 
du  20  avril  au  20  mai. 

—  Rtym.  Ud.flos,  ports,  fleur. 

t  FLORÉE  (flo-rée),  s.  f.\\l'  Espèce  moyenne 
d'indigo.  Florée  ou  indigo  moyen,  le  <oo  pesant 
payera  B  livres.  Tarif,  is  .sept.  tooi.  j|  2"  Florée  d'a- 
ciiie,  nom  donné  quelquefois  à  la  fécule  du  pastel. 

FLORENCE  (flo-ran-s'),  s.  m.  TalTetas  léger  qu'on 
'.irait  autrefois  de  la  ville  do  Florence. 

FLORENCE,  15e  (flo-ran-sé,  sée),  adj.  Terme  de 
blason.  .Se  dit  d'une  croix  terminée  en  fleur  de  lis 
dans  ses  quatre  pointes. 

t  FLORENTINE  (flo-ran-ti-n') ,  s.  f.  Terme  de 
commerce.  Satin  façonné,  que  l'on  fabriqua  d'abord 
à  Florence. 

t  FLORER  (flo-ré) ,  V.  a.  Terme  de  marine.  Don- 
ner le  flore. 

—  ÉTYM.  Flore  2. 

FLORiîS  (flo-rês').  Terme  familier.  Faire  florès, 
briller,  faire  une  dépense  d'éclat.  Si  vous  voulez  en 
tout  faire  florès,  Ouavec  beauté  grosse  dot  soit  don- 
née; L'amour  languit  sans  liacclius  et  Cérès,  df.s- 
nouLiÈRES,  dans  riciielet.  Nous  partons  aussitôt, 
faisant  jiartout  florès,  Sûrs  de  trouver  déjà  le  bon- 
homme ad  patres,  regnabd,  le  Distrait,  u,  i.||Il 
signifie  au.%i  obtenir  des  succès,  de  la  réputation. 
Cet  acteur  fait  florès  en  province. 

—  iiIST.  .\vi' s.  Homme  do  belle  prestance,  Poudré 
d'iris  de  Florence,  Qui  se  pique  de  vaillance.  Qui 
fait  flores  et  bombance.  Et  fait  trotter  la  finance, 
PEBRIN,  Poésies,  p.  20),  dans  lacurne,  aumottm. 

—  f.TYM.  Lat.  flores,  pluriel  de  flos,  floris,  fleur  : 
faire  florès,  c'est  fleurir. 

\  FLORICAN  (flo-ri-kari),  i.  m.  Nom,  à  Ceyian, 
d'un  grand  èchassier  que  l'on  présume  être  une 
grue,  i.EGOAnANT. 

t  FLORIFÈRE  (flo-ri-fê-r'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  porte  des  fleurs  ;  qui  est  terminé  par 
une  fleur.  Plante  ou  tige  florifère. 

—  ÉTYM.  Lat.  flos,  /îom,  fleur,   et  ferre,  porter. 
1  FLORIFORMK  (flo-ri-for-m'),  ad;.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  forme  d'une  fleur. 

—  f.TYM.  Lat.  flos,  flnris,  fleur,  et  forme. 

t  FLORfLlîr.K  (flo-ri-lè-j'),  s.  m.  ||  1"  Hecueil  do 
pièces  de  poésie,  synonyme,  d'anthologie.  ||  2  ■  Chez 
les  botanistes,  qui  ont  pris  ce  mot,  titre  de  quel- 
ques ouvrages  qui  traitent  de  plantes  remarquables 
par  la  beauté  de  leurs  fleurs. 

—  f.TYM.  lAt .  florilegtis ,  qui  cueille  des  fleurs, 
de  flos,  fleur,  et  légère,  choisir;  d'où  les  modernes 
ont  fait  florilegium. 

FLOULN  (flo-rin),  j.  m.  Il  l"  Pièce  de  monnaie. 
Florin  d'or.  Florin  d'argent.  ||  2°  Monnaie  de  compte 
qui  varie  de  valeur  suivant  les  différents  pays  où 
elle  a  cours.  ||  Demi-florin,  monnaie  d'argent  de 
Brunswick,  de  la  valeur  de  i  f.  29  c.  ||  Ancien  pro- 
verbe. Il  a  l'ait  de  son  florin  cinq  sous,  il  a  entamé 
sa  fortune. 

—  HlST.  XV'  s.  Il  [le  comte  de  Flandre]  pouvoit 
tous  les  ans  avoir  six  ou  sept  mille  florins  de  pro- 
fit, fboiss.  II,  i;,  52.  llxvT  s.  Oui  a  florin,  latin, 
roussin,  partout  il  trouve  son  chemin,  cotgrave. 

—  f.TY.M.  Provenç.  et  esp.apn.  florin;  cal.  flori ; 
portug.  flnrim;  ital.  fiorino,  monnaie  de  Florence, 
ainsi  nommée  parce  qu'elle  était  marquée  d'une 
fleur  de  lis. 

I  FLOniNIEN  (flo-ri-niin),  s.  m.  Nom  donné  ii 
des  hérétiques  qui  disaient  Dieu  auteur  du  mal  et 
niaient  la  résurrection  ;  ils  provenaient  deFlorinus, 
disciple  de  Valentin. 

t  FLORIPAUE  (flo-ri-pa-r') ,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Se  dit  des  bourgeons  qui  ne  produisent  que 
des  fleurs 

—  KTYM.  lat.  flos,  floris,  fleur,  et  parère,  pro- 
duire. 

FLORISSANT,  ANTE  (flo-ri-san,  san-t'),  od;.  Qui 
e^t  dans  un  état  prospère.  Une  ivanté,  une  jeunesse^ 
Uori».<ante.  L'Etat  est  florissant,   mais  les   peuples 


Fl,0 

gémissent,  corn.  Tois.  d'or,  Prol.  Pourvu  que  dans 
le  cours  d'un  règne  florissant  Rome  soit  toujours 
libre  et  César  tout-puissant,  hac.  Brit.  i,  2.  Heu- 
reux, dit-on,  le  peuple  florissant  Sur  qui  ces  biens 
coulent  en  abondance  !  m.  Esth.  u,  9.  Après  l'en- 
chaînement de  tant  de  calamités,  après  que  les  élé- 
ments et  les  fureurs  des  hommes  ont  ainsi  conspiré 
pour  désoler  la  terre,  on  s'étonne  que  l'Europe  soit 
aujourd'hui  si  florissante,  volt,  ^/opuw,  75.  La  ba- 
taille d'Hochstedt  avait  coûté  à  Louis  XIV  la  plus 
florissante  armée  et  tout  le  pays  du  Danube  au 
Rhin,  ID.  Louis  XIV,  2(.  Et  ce  sont  ces  cinq  pau- 
vres familles  qu'un  curé  veut  forcer  d'abandonner 
leurs  demeures  pour  aller  chercher,  sur  le  territoire 
de  la  florissante  Genève,  le  pain  i|u'on  leur  dispute 
dans  les  chaumières  de  leurs  frères,  id.  Lett.  l'ivé- 
que  d'Annecy,  <6  déc.  4758.  ||Oui  est  en  honneur, 
en  crédit,  on  vogue.  Vous  me  montrez  en  vain  par 
tout  ce  vaste  empire  Les  ennemis  de  Dieu  pompeux 
et  floris.sants,  corn.  Poly.  iv,  2.  Enfin  chez  les 
chrétiens  les  mœurs  sont  innocentes,  Les  vices  dé- 
testés, les   vertus  florissantes,  id.  ib.  iv,   6. 

—  REM.  Florissant  ne  se  dit  pas  au  propre. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  grand  cité  triumphante  en  sça- 

voir Pleine  d'esbats,  et  en  paix  florissante,  ma- 

rot,  IV,  97.  Cette  alaigresse  et  vigueur,  cet  estât 
florissant  en  quoy  j'estois,  mont,  i,  9).  Collège  très 
florissant  pour  lors  et  le  meilleur  de  France,  m.  i, 

4  96. 

—  ÉTYM.  Voy.  fleurir. 

t  FLORCLE  (no-ru-n ,  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Il  1°  Petite  fleur.  ||  Fleuron  ou  Jemi-fleuron,  ou  fleur 
d'un  épi  considérée  i.solément.  |{  2°  Nom  donné  à 
une  algue  {florula  gorgonea). 

—  f.TYM.  Dira  In.  de  flos,  floris.  jleur. 

t  FLOSCDLAIRES  (flo-sku-lê-r') ,  s.  f.  pi.  Terme 
d'histoire  n.aturelle.  Nom  donné  à  des  zoophytestu- 
buleux. 

—  ÉTYM.  Floscule. 

jFLOSCULE  (flo-sku-r),  î.  f.  Terme  de  botanique. 
Synonyme  de  florule. 

—  ÉTYM.  Lat.  floscuhis,  diminutif  de  flos,  fleur. 
FLOSCULE0X,   EDSE  (flo-sku-leû,  !eO-z') ,   adj. 

Terme  de  botanique.  Il  se  dit  d'une  fleur  composée 
qui  ne  renferme  que  des  fleurons.  ||  Demi-flosculeux, 
qui  se  compose  de  demi-fleurons  seulement. 

—  ÉTYM.  Floscule. 

t  FLOSS  (flos'),  s.  m.  Terme  de  métallurgie.  Fonte 
coulée  en  gÀteaux.  On  observe  d'abord  de  faire  une 
première  fonte,  la  meilleure  et  la  plus  pure  qu'il  se 
peut;  cette  fonte  est  coulée  en  floss,  c'est-à-dire  en 
gâteaux  d'environ  six  pieds  de  long  sur  un  pied  de 
large,  et  trois  à  quatre  pouces  d'épaisseur,  buff. 
m  in.  t.  IV,  p.  176. 

—  ÉTYM.  Allem.  fliessen,  couler. 

t  FLOSSADE  (flo-sa-d'),  s.  f.  Nom  vulgaire  de  la 
raie  oxyrrhynque,  dite  encore  alêne,  et  aussi  de  la 
ruie  bâtis.  On  trouve  aussi  flassade. 

t.  FLOT  (flo;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire; au  pluriel,  l'ise  lie:  les  flo-z  orageux),  s.  m. 
Il  1°  Lame  d'eau  soulevée  dans  la  mer  par  l'action 
du  vent.  Les  flots  écumeui.  Chaque  flot  qui  vient 
se  briser  contre  le  rivage.  Le  flot  qui  l'apporta  re- 
cule épouvanté,  kac. Phèdre,  v,  a.  Celui  qui  met  un 
frein  à  la  fureur  des  flots,  id.  Àlhal.  i,  i.  ||  Fig. 
Essayez,  je  vous  prie.  De  calmer  doucement  les 
flots  de  sa  furie,  maib.  Sophon.  iv,  6.  Nous  l'avon.s 
vu  retiré  dans  sa  maison,  où  il  conserva  la  tran- 
quillité parmi  les  incertitudes  des  émotions  popu- 
laires et  d'une  cour  agitée  ;  et,  résigné  à  la  Provi- 
dence, il  vit  sans  inquiétude  frémir  à  l'entour  les 
flots  irrités,  Boss.  le  Tellier.  Il  [l'hommej  a,  comme 
la  mer,  ses  flots  et  ses  caprices,  boil.  Sat.  viii.  Un 
bruit....  .Sur  Joad,  accusé  de  d.angcreux  complots. 
Allait  de  sa  colère  [d'Athalie]  attirer  tous  les  flots, 
BAC.  Ath.  ni,  4.  Il  2"  Au  plur.  La  mer.  Il  aperçut  de 
loin  au  milieu  des  flots  un  vaisseau  arrêté  qui  n'o- 
sait approcher  de  l'tle,  parce  que  tous  les  pilotes 
connaissaient  que  l'île  de  Calypso  était  inaccessible 
à  tous  les  mortels,  vf.n.  Tél.  vu.  Seriez-vous  insen- 
sible au  malheur  d'un  fils  qui,  cherchant  son  père 
à  la  merci  des  vents  et  des  flots,  a  vu  briser  son 
navire  contre  vos  rochers?  m.  ib.  i..',e  vent  impétueux 
qui  soufflait  dans  ses  voiles  L'enveloppe  ;  étonnée 
et  loin  des  matelots.  Elle  tombe,  elle  ciie,  elle  est 
au  sein  des  flots,  A.  cHéN.  Élég.  xx.  Reine  des  flots, 
sur  ta  barque  rapide  Vogue  en  chantant,  au  bruit 
des  longs  échos  ;  Les  vents  sont  doux,  l'onde  est 
calme  et  limpide;  Le  ciel  sourit:  vogue,  reine  des 
flots,  BÊRANG.  le  Prisortnier.  \\  3'  Il  se  dit  aussi  de» 
lames  d'e.iu  soulevées  dans  un  lac,  dans  un  fleuve 
par  le  vent  ou  par  toute  autre  cause.  Les  flots  ilu 
lac  He  Genève.  Le  fleuve  roulait  ses  flots  avec  rapi- 


FLO  i 

dite.  Il  f/!s  flot»  ou  le  flot  d'un  fleuve,  se  dit  quel- 
quefois simplement  pour  les  eaux  de  ce  fleuve.  La 
Seine,  au  pied  des  monts  que  son  flot  vient  laver, 
BOIL.  Ép.  VI.  Il  i°  La  marée  montante,  par  opposi- 
tion au  jusant,  qui  est  la  marée  descendante.  Le 
flot  entre  bien  avant  dans  la  Garonne.  Sera  réputé 
bord  et  rivage  de  la  mer,  tout  ce  qu'elle  couvre  et 
découvre  pendant  les  nouvelles  et  pleines  lunes,  etc. 
jusques  où  le  grand  flot  de  mars  se  peut  étendre 
sur  les  grèves,  Ordonn.  aoiit  4  88).  ||  Quart  de  flot, 
demi-flot,  et  trois  quarts  de  flot,  le  quart,  le  demi 
et  les  trois  quarts  du  montant  de  la  mer.  ||  Dans  la 
Seine  maritime ,  le  mascaret  se  nomme  flot  ou 
barre.  |{  5"  Il  se  dit  de  ce  qui  ondule  comme  font 
les  flots.  Des  cheveux  qui  tombent  à  long»  flots.  Les 
flots  d'une  noire  chevelure.  ||  S"  Fig.  11  se  dit  de 
ce  qui  abonde  comme  un  flot.  Vomir  des  flots  de 
sang.  Tu  verras  des  flots  d'or  rouler  dans  ta  mai 
son,  TRISTAN,  M.  de  Chrispe,  iv.  2,  Et  nous  épar- 
gnerons ces  flots  de  sang  romain  Que  versent  tous 
les  ans  votre  bras  et  ma  main,  corn.  Sertor.  m, 
i.  Quels  flots  de  sang  pour  elle  avez-vous  répan- 
dus? RAC.  Iphig.  IV,  4.  L'onde  approche,  se  brise 
et  vomit  à  nos  yeux  Parmi  dos  flots  d'écume  un 
monstre  furieux,  lo.  Phèdre,  v,  e.  Pareil  à  cet 
aiglon  qui  de  son  nid  tranquille.  Voyant  près  du 
soleil  son  père  transporté  Nager  avec  orgueil  dans 
des  flots  de  clarté,  S'élève,  bat  les  airs  de  son  aile 
indocile.  Retombe....  gilb.  le  Poète  malheureux.  Ver- 
sant des  flots  de  larmes,  je  me  séparai  de  la  fille 

de  Lopez,  chatradb.  Atala Imprégné  des  flots 

de  musc  et  d'ambre  Qu'un  fat  exhale  en  se  mi- 
rant, bërang.  Mon  habit.  X  longs  flots  puisez 
l'allégresse  Dans  ces  flacons  d'un  vin  mousseux, 
ID.  Hes  cheveux.  ||  Par  exagération.  Des  flots  d'en- 
cre ont  coulé  dans  ce  débat,  on  a  beaucoup  écrit 
pour  et  contre.  ||  Des  flots  de  bile,  de  violentes 
invectives  dictées  par  la  colère,  l'indignation,  It 
mépris.  Ou  bien  quand  Juvénal ,  de  sa  mordante 
plume  Faisant  couler  des  flots  de  fiel  et  d'amer- 
tume, Gourmandait  en  courroux  tout  le  peuple 
latin,  boil.  Sat.  vu.  ||  Poétiquement.  Des  flots  d'har- 
monie, une  musique  ou  une  poésie  qui  charme 
et  emplit  l'oreifle.  ||7''Les  mouvements  d'une  grande 
foule;  la  multitude  elle-même.  Et  pour  calmer  enfin 
tous  ces  flots  d'ennemis,  boil.  Soi.  ix.  Cotin,  à  ses 
sermons  traînant  toute  la  terre.  Fend  des  flots 
d'auditeurs  pour  aller  à  sa  chaire,  m.  i6.  Je  doute 
que  le  flot  des  vulgaires  humains....  id.  i7(.  ii.  Je 
n'ai  percé  qu'à  peine  Les  flots  toujours  nouveaux 
d'un  peuple  adorateur,  bac.  B('r<?n.  i,  3.  Madame, 
suivez-moi  ;  Ne  craignez  ni  les  cris,  ni  la  foule  im- 
puissante D'un  peuple  (]ui  se  presse  autour  de  cette 
tente....  Ces  flots  tumultueux  s'ouvriront  devant 
vous,  m.  Iph.  V,  2.  Par  les  flots  de  ce  peuple  en- 
traînée en  ces  lieux,  volt.  Mér.  v,  8. 

—  SYN.  flot,  vague,  hodle.  I.e  flot  est  l'eau  de 
la  mer  soulevée,  qu'il  y  ait  ou  non  tempête.  La 
vague  est  le  flot  d'une  mer  agitée.  La  houle  est  la 
vague  qui  continue  à  se  soulever  quand  la  tempête 
est  calmée. 

—  IllST.  xii«  s.  Et  cil  qui  deust  faire,  par  sem- 
blant, paor  es  floz  de  la  mer,  e  les  mons  faire  pcr- 
cier...,  Machab.  ii,  8.  Li  tien  fluet  .sur  mei  trespas- 
serent.  Liber  psalm.  p.  56.  Al  premier  flot  irad 
ariere,  s'il  a  vent.  Th.  le  mart.  434.  ||xiii'  5.  Atant 
esvos  torné  le  vent;  Li  vespres  ert  [était]  bien 
avesprés.  Et  li  flos  tost  au  port  montés,  FI.  et  Bl. 
4362.  Nous  leur  devons  repondre  de  kemun  feu 
[incendie],  de  kemun  fluet  [inondation],  de  kemun 
tempiest,  du  cange,  fluentare.  {{  xiv*  s.  Nous  fai- 
sons savoir  que  nous  tenons  en  fief  de  M.  Jehan 
duc  de  Brabant  l'avoerie  et  le  [hj  seignorie  de  Ma- 
lines,  le  flot  d'aiwe  [ce  qui  est  apporté  par  le  flot]^ 
les  chemins  et  le  marchiet  du  seil,  du  poisson  et 
des  bestes,  id.  flnetus.  Tel  flot  y  out  de  gens  qu'on 
non  pout  apruichier,  Girart  de  Rots.  r.  )47». 
Il  XV*  8.  Malgré  les  flots  de  la  discordable  fortune, 
GBR.  de  pisan,  Hisl.  de  Charles  V,  i,  6.  ||  xvi*  s. 
Le  vent,  s'il  luy  commande,  Souffle  tempestueui  ; 
¥À  s'enfle  en  la  mer  grande  Le  flot  impétueux, 
MAROT,  IV,  .■))«.  Durant  ce  gros  alarme,  l'ennemy 
ne  pouvoit  ouyr  le  flot  de  l'eaue,  par  où  ils  che- 
niinoient,  m.  du  beli.at,  424.  On  connoist  de  quel 
costé  est  l'enfleure  au  mouvement  du  flot  [fluciuation 
chirurgicale],  et  y  a  un  si^n  comme  d'une  bouteille 

à  demy  remplie,  paré,   vi,  10 Qu'il  s'entend 

quand  la  mer  monte  et  baisse,  de  plaine  mer  ou 
baiwe  mer,  à  demy  ou  quart  de  flocq  ou  d'esbe, 
ANT.  DH  conflans,  les  Faits   de   la  marinf,  dans 

JaL. 

—  ÉTYM.  Provenç.  flucu  ;  ital.  flutlo:  du  latin 
fluctus,  qui  tient  à  Ihtere,  couler. 


FLO 

■2.  FLOT  (IIo),4'.  m.  État  de  ce  qui  flotte,  usité 
seulement  daus  cette  locution  :  être  à  flot,  avoir 
assez  d'eau  pour  flotter,  pour  ne  pas  touclier  le 
fond.  Il  On  dit  dans  ur  sens  analogue  :  mettre,  re- 
mettre à  flot.  Il  Fig.  et  familièrement.  Mettre  quel- 
qu'un à  flot,  lui  fournir  des  moyens,  des  fonds,  des 
ressources  pour  qu'il  lasse  ses  affaires.  ||  On  dit  de 
même  :  sa  barque  est  à  flot,  il  fait  bien  ses  afl'aires. 
il  Mettre  du  bois  à  flot,  jeter  des  arbres,  des  bûches 
dans  un  cours  d'eau  pour  qu'ils  descendent  en  flot- 
tant. Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  il  y  a  tant  de 
bûches  à  flot.  Ce  bois  vient  à  flot  par  telle  rivière. 
Il  X  flot  perdu,  sans  que  les  bûches  soient  atta- 
chées les  unes  aux  autres.  ||  Dans  l'art  du  flottage, 
flot,  train  de  bois  qui  flotte.  Aujourd'hui  on  dit 
train.  ||  Quantité  de  bois  jeté  dans  un  courant  qui 
-mmèue.  |{  L'action  d'y  jeter  des  bûches.  Le  flot 
.1  bientôt  commencer. 

—  HIST.  xiii'  s.  Toniaus  vuit  [videsj  qui  vienent 
.1  flote  doivent  chascun  obole  de  rivage,  Livre  des 
met.  3UB.  Il  xiV  s.  Toutes  ventes  de  bois  et  de  flotes 
d'iceus,  OrdoHH.  )«  nov.  <8<8. 

—  ÉTYM.  Substantif  verbal  de  flotter. 

t  3.  FLOT  (flo),  s.  m.  il  1°  Houppe  de  laine  qu'on 
met  à  la  têtière  des  mulets.  |1  2°  Kspèce  de  papillon 
de  nuit. 

—  ÉTYM.  En  Lorraine,  on  nomme  /Jot  un  nœud 
de  ruban.  11  est  probable  que  ftot  est  une  altération 
de  jloc  (voy.  ce  mot)  ;  d'autant  plus  qu'on  a  dit  flo- 
ton  (voy.  FLOCON  à  l'historique). 

f  FLOTRE  (flo-tr'),  s.  m.  Blanchet,  morceau  do 
drap  sur  lequel  on  applique  la  feuille  de  papier  au 
sortir  de  la  forme. 

—  ÉTYM.  On  trouve  aussi  ftautre,  [autre,  feutre  ; 
ce  qui.prouve  que  flotreksl  une  altération  de  feutre. 

FLOTTABILITÉ  (flo-ta-bi-li-té),  s.  f.  Oualité  de 
ce  qui  flotte.  Puissance  de  flottabilité  d'un  navire 
blindé. 

FLOTTABLE  (flo-ta-bl'),  adj.  ||  1°  11  se  dit  des 
ruisseaux  et  des  rivières  sur  lesquels  le  bois  peut 
flotter  en  train  ou  à  bûche  perdue.  L'alluvion 
profite  au  propriétaire  riverain,  soit  qu'il  s'agisse 
d'un  fleuve  ou  d'une  rivière,  navigable,  flottable 
ou  non,  CodeNap.  art.  666.  ||  Port  flottable,  l'en- 
droit d'un  cours  d'eau  où  l'on  assemble  le  bois  pour 
ie  jeter  à  flot.  ||  2°  Qui  peut  flotter,  se  tenir  à  flot. 
iJouéa  composée  de  deux  boules  creuses  flottables. 

—  ETY».  Flotter. 

FLOrrAGE  (flo-ta-j'),  s.  m.  Transport  par  eau  de 
bois  flotté.  Les  temps  où  le  bois  était  plus  commun 
et  où  on  ne  le  tirait  pas  par  le  flottage  des  provinces 
éloignées  de  Paris,  buïf.  ilin.  t.  iv,  p.  (08,  dans 
POUGENS.  Il  Bois  abandonné  au  cours  de  l'eau. 

—  HIST.  xvi°  s.  Flottage,  cotgkave. 

—  ÉTYM.  tlotter. 

FLOTTAISON  (flo-tè-zon),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Plan  qui  divise  la  partie  du  vaisseau  qui  est  dans 
l'eau,  de  celle  qui  est  hors  de  l'eau.  Le  vaisseau  re- 
çut un  coup  de  canon  au-dessous  de  la  flottaison. 
Il  Ligne  de  flottaison,  celle  qui  sépare  la  partie  sub- 
mergée de  celle  qui  ne  l'est  pas. 

—  ÉTYM.  Flotter. 

FLOTTANT,  ANTE  (flo-tan,  tan-t'),  adj.  \\  l-Qui 
flotte.  La  mer  est  haliitée  par  les  hoihmes  ;  la  terre 
lui  envoie,  dans  des  villes  flottantes,  comme  des  co- 
lonies de  peuples  errants  qui,  sans  autre  rempart 
que  d'un  bois  fragile,  osent  se  commettre  à  la  fureur 
(les tempêtes,  uoss,  2«  sermon,  quinquag.  Préambule. 
Les  voyageurs  nous  assurent  que,  dans  ces  mers 
voisines  du  Groëniand,  il  y  a  des  montagnes  de 
glaces  flottantes  irès- hautes,  et  d'autres  glaces 
flottantes  comme  des  radeaux,  qui  ont  plus  de  200 
toises  de  longueur  sur  60  ou  80  de  largeur,  buff. 
liddit.  TMor.  terr.  CEuv.  t.  xii,  ;i.  487,  dans  pou- 
3ENS.  X  une  assez  grande  distance  dos  terres,  il 
faut,  avant  que  d'entrer  dans  le  Mississipi,  se  dé- 
barrasser dos  bois  flottants  qui  sont  descendus  de  la 
Louisiane,  raynal,  Uist.  phil.  xvi,  6.  ||  Iles  flot- 
tantes, nom  qu'on  a  donné  parfois,  soit  à  quelques 
mottes  semées  d'herbes  qui  surnagent  à  la  surface 
de  certains  lacs,  soit  à  des  masses  de  tourbes  flot- 
tantes dans  des  tourbières  submergées,  legoarant. 
Il  Terme  de  pêche.  Pêcher  à  cordes  flottantes  ou  à 
filets  flottants,  faire  flotter,  au  moyen  d'un  morceau 
de  liège  attaché  très-près  de  l'hameçon,  les  cordes, 
les  filets.  Il  Ligne  flottante,  ligne  où  l'hameçon  est 
soutenu  à  fleur  d'eau.  Pêcher  à  la  ligne  flottante, 
par  opposition  à  pêcher  à  la  ligne  de  fond.  ||  Se  dit 
(les  plantes  aquatiques  ([ui  ont  leurs  racines  im- 
plantées au  fond  (le  l'eau  et  leurs  tiges  portées 
jusqu'à  la  surfacu  du  liquide.  ||  Terme  de  blason.  Se 
dit  de  vaisseaux  ou  de  poissons  qui  semblent  flotter 
MIT  les  eaux.  ||  Poétiquement,  il  se  dit  des  corps  ce- 


FLO 

lestes  qui  paraissent  flotter  dans  l'espace.  Je  revien- 
drai, poursuit-elle,  et  ton  âme  Ira  franchir  tous  ces 
mondes  flottants,  Tout  cet  azur,  tous  ces  globes  de 
flamme,  Que  Dieu  sema  sur  la  route  du  temps,  hé- 
HANG.  Treize  à  table.  \\  2°  Par  extension,  qui  ondoie 
comme  le  flot.  Une  lobe  flottante.  Lâchant  les  rê- 
nes à  ses  chevaux  fumants  de  sueur,  il  était  tout 
penché  sur  leurs  crins  flottants,  fénel.  Tél.  v. 
Ces  enfants,  choisis  de  la  figure  la  plus  agréa- 
ble, avaient  de  longs  cheveux  flottants  sur  leur» 
épaules,  ID.  ib.  ix.  Les  plumes  longues  et  flottantes 
qui  partent  de  dessous  les  ailes  de  l'oiseau  de  pa- 
radis, BUKF.  Ois.  t.  viii,  p.  139,  dans  pougens. 
Voici  le  gai  matin  qui  sort  humide  et  pâle  Des  flot- 
tantes vapeurs  de  l'aube  orientale,  lauart.  Ilarm. 
I,  6.  Il  Fig.  Il  devait  mieux  remplir  nos  vœux 
et  notre  attente ,  Faire  voir  sur  ses  nefs  la  vic- 
toire flottante,  corn.  Pomp.  i,  (.  ||  Terme  de 
peinture.  Draperie  flottante  ,  (Iraperie  dessinée 
avec  plis  amples  et  larges.  ||  Couleur  flottante, 
couleur  qui  ondoie.  Ces  pierres  chatoyantes  dont 
les  couleurs  sont  flottantes  et  daus  lesquelles  les 
reflets  de  lumière  paraissent  uniformes ,  buff. 
Min.  t.  VI,  p.  <oo.  Il  3°  Fig.  Oui  est  aussi  peu  as- 
suré, aussi  peu  fixe  qu'un  corps  flottant  sur  l'eau. 
Ils  étonnèrent  les  courages  encore  flottants  et 
incertains,  vaugel.  Q.  C.  t.  vu,  dans  bichelet. 
Non,  malgré  les  attraits  de  sa  belle  rivale.  Mal- 
gré les  vœux  flottants  de  mon  âme  inégale.  Je  veux 
l'aimer,  je  l'aime....  corn.  TiteelBérén.  u,  1.  Elle 
rendra  le  calme  à  vos  esprits  flottants,  tu.  Cid,  1, 
■2.  Que  de  pensers  divers  !  que  de  soucis  flottants  ! 
ID.  Iléracl.  IV,  4.  Son  cœur,  toujours  flottant  entre 
mille  embarras.  Ne  sait  ui  ce  qu'il  veut  ni  ce  (ju'il 
ne  veut  pas,  Boir,.  Sal.  vin.  Mon  âme  n'ira  point, 
flottante,  épouvantée.  Peu  sûre  de  .sa  destinée, 
D'Arnaud  ou  d'Escobar  implorer  le  secours,  chaul. 
Sur  la  viort.  Enfin  vous  avez  toujours  été  flottant 
en  politique  et  en  philosophie,  fén.  Dial.  morts  anc. 
Calon,  Cicéron.  Toujours  flottant  entre  le  devoir  et 
la  fortune,  mass.  Car.  Passion.  Tous  ces  vieux  avo- 
cats qui  en  parlaient,  étaient  flottants  dans  leurs 
opinions,  volt.  Babouc.  \\  i°  Mal  assuré.  Et  quittant 
les  douceui-s  de  cet  espoir  flottant,  corn.  Rodog.  iv, 
i .  Ce  Valero,  étant  curé  de  campagne,  avait  rendu 
les  plus  grands  services  à  Philippe  V  daus  le  temps 
que  la  couronne  était  encore  flottante  sur  sa  tète, 
DUCLOS,  Hègne  de. Louis  XIV,  Œuv.  t.  v,  p.  95, 
dans  pûuGens.  i  ses  destins  flottants  il  fallait  un 
appui,  VOLT.  Henr.  iv.  Ma  santé  est  toujours  flot- 
tante, d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Prusse,  3  juill.  <767. 
Il  5"  Terme  de  finances.  Dette  flottante,  portion  de 
la  dette  publique  qui,  n'ayant  point  été  consolidée, 
est  exigible  à  cciUiins  termes  et  flotte  entre  des  li- 
mites variables,  selon  les  besoins  du  trésor. 

).  FLOTTE  (flo-f),  s.  f.\\  i'  Réunion  d'un  certain 
nombre  de  bâtiments  marchands  ou  de  vaisseaux  de 

guerre,  destinés  à  naviguer  ensemble Lorsque, 

les  chassant  du  port  f|ui  les  recèle,  L'Aulide  aura 
vomi  leur  flotte  criminelle,  rac.  Iphig.  v,  4.  Que 
ferait-on  du  vin  et  de  l'eau-de-vie,  depuis  que  les 
Hollandais  et  les  Anglais  n'en  vont  point  charger 
des  flottes  entières  à  Bordeaux,  à  la  Rochelle,  à 
Nantes,  si  les  femmes,  devenues  grandes  buveuses, 
n'en  faisaient  une  horrible  consommation  !  bayle, 
Lett.  à  l'abbé  Dubois,  3  janv.  1697.  Ce  sont  les  An- 
glais qui  les  premiers  ont  rangé  leurs  forces  navales 
en  bataille  dans  l'ordre  où  l'on  combat  aujourd'hui; 
et  c'est  d'eux  que  les  autres  nations  ont  pris  l'usage 
de  partager  leurs  flottes  en  avant-garde,  arrière- 
garde  et  corps  de  bataille,  volt.  Louis  XV,  8.  Les 
flottes  guerrières  sont  sur  l'océan  ce  que  sont  les 
forteresses  et  les  remparts  pour  les  citoyens  des 
villes,  RAYNAL,  Hist.  phil.  xviii,  49.  H  Aller  de  flotte, 
aller  de  conserve,  ou  en  compagnie.  ||  On  a  dit 
autrefois  métaphoriquement  :  la  flotte  est  arrivée, 
pour  signifier  qu'on  a  reçu  de  l'argent  après  avoir 
attendu  quelque  temps  ;  par  allusion  aux  flottes  des 
Indes.  Il  2°  La  force  navale  d'une  nation.  C'est  un 
des  meilleurs  officiers  de  la  flotte.  ||  S-"  Dans  le  lan- 
gage populaire,  il  signifie  quelquefois  grand  nombre. 
Il  en  est  arrivé  une  flotte.  Us  étaient  là  une  flotte 
de  badauds.  C'est  un  sons  archaïciue. 

—  HIST.  xin"  s.  As  noces  vint  bien  atornée.  Et 
des  autres  i  ot  grant  flote  [foule].  Et  Renart  lor 
chante  une  note,  Ken.  126B7.  ||  xiV  s.  Tant  comme 
le  cheval  se  pouvoit  efforcer,  se  plongoit  dedans  les 
gi'ans  flottes  de  ses  ennemis,  Chr.  de  St  Denis,  t.  i, 
f"  244,  dans  LACURNE.  Il  xV  s.  Adonc  demanda  le 
l'ji  :  Dites-moi,  chevauchent-ils  tous  en  flotte?  — 
N'^nnil,  sire,  ils  sont  en  deux  batailles,  froiss.  ii, 
III,  19.  Arrivèrent  à  Bordeaux  sur  Gironde,  toutes 
d'une  flotte,  bien  deux  ceus  voiles  et  nefs  de  mar- 


FLO 


1703 


I  hands  du  royaume  d'Angleterre  qui  alloient  aux 
vins,  ID.  t.  I,  p.  433,  daus  L*cuR.-iE.  Après  avironna 
frama]  le  suppliant,  et  mena  la  flotte  du  costé  du 

port,  DU  CANOE,  aviru7iatus.  ||  xvi'  s Et  à  flotte 

[troupe]  petite  De  combatans,  par  moy  fut  descon- 
fite.... 'rhebes  cité  antique,  et  ses  vassaux,  mahot, 
IV,  -128.  Les  Cartliaginois  guettoient  leurs  armées 
au  passage  avec  une  grosse  flotte  do  vaisseaux, 
AMYOT,  Timol.  9.  Hz  firent  des  deux  une  seule  ar- 
mée, puis  tous  d'une  flotte  voguèrent  vers  la  ville, 
m.  Anton.  98.  Lesquels  passeront  la  rivière  tous  de 
flotte,  en  eau  jusqu'à  la  ceinture,  moniluc,  Uim. 

t.  I,    p.  96,  dans  LACUUNE. 

—  ÉTYM.  Espagn.  flota,  multitude  et  flotte  ;  portug. 
frôla,  multitude  et  flotte  ;  ital.  fiotla,  frotta,  multi- 
tude, flotta,  flotte.  Fiole,  dans  le  vieux  français, 
ainsi  que  les  mots  congénères  des  langues  romanes, 
signifie  multitude,  et  vient,  par  changement  de 
genre  (on  trouve  aussi  dans  l'italien,  au  masculin, 
^oMo,  frotlo),  du  latin  flucius,  flot,  pris  métaphori- 
quement pour  abondance.  L'ancien  français  ne  se 
servait  pas  de  ce  mot  pour  signifier  une  réunion  de 
vaisseaux,  mais  de  estoire.  On  a  dit  flotte  de  nefs 
comme  flotte  de  gens.  Mais  les  langues  germani- 
ques ont  un  mot  qui  signifie  réunion  de  vaisseaux  : 
holland.  rloot  ;  suée,  flotta  ;  angl.-sax.  fliet;  angl. 
fleet.  Ce  dernier  mot  a  fourni  flele  directement 
comme  on  peut  voir  à  l'historique;  et,  dans  tous  les 
cas,  ainsi  que  le  remarque  Diez,  les  mots  germa- 
niques ont  agi  sur  flotte,  multitude,  pour  y  déter- 
miner le  sens  de  réunion  de  vaisseaux. 

2.  FLOTTE  (flo-f),  s.  f.  Il  1»  Bouées  ou  tonneaux 
vides  que  l'on  attache  à  différents  points  de  la  lon- 
gueur d'un  câble  pour  le  tenir  suspendu.  On  dit 
aussi  .flotteurs.  ||  2"  Terme  de  pêche.  Morceau  de 
liège  ou  autre  corps  léger  qui  soutient  la  ligne  et 
les  hameçons  à  fleur  d'eau.  ||  Se  dit  aussi  de  la 
corde  garnie  de  liège ,  de  roseaux ,  etc.  qui  borde 
certains  filets.  ||  3"  Se  dit  aussi  (du  moins  en  Lor- 
raine) d'un  train  de  bois  flottant.  La  flotte  était  trop 
longue  et  se  manœuvrait  difficilement. 

—  ÉTYM.  Flotter  (voy.  aussi  flot  2,  à  l'histo- 
rique). 

-[3.  FLOTTE  (flo-f),  s.  f.  'ferme  de  soierie.  Subdi- 
vision d'une  pantine  de  soie;  il  faut  deux,  trois  011 
quatre  flottes  pour  faire  une  pantine. 

—  ÉTYM.  Est-ce  flot  pour  floc?  est-ce  flotter,  à 
cause  qu'un  paquet  de  soie  est  pour  ainsi  dire  flot- 
tant ? 

t  4.  FLOTTE  (flo-f),  s.  f.  Rondelle  de  fer  battu 
qu'on  place  entre  l'épaulement  de  l'essieu  et  la  roue 
d'une  voiture,  et  sur  laquelle  frotte  cette  roue. 

—  ÊTY.M.  Est-ce  (lotte  par  corruption  pour  frotte? 
t  6.  FLOTTE   (flo-f),  s.  f.   S'est   dit   d'une    cuve 

d'où  on  tire  la  bière  pour  l'entonner. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  cuves,  flottes  et  baciiuets  et 
autres  vaisseaux  d'iceux  brasseurs,  Cour  des  aides 
de  Rouen,  arrêt,  30  mars  1540. 

FLOTTÉ  ÉE  (flo-té,  tée),  part,  passé  de  flotter. 

II  1°  Bois  flotté,  bois  à  brûler  qui  est  venu  par  le  flot- 
tage. Il  Visage  de  bois  flotté,  visage  pâle,  sans  cou- 
leur. Je  ne  suis  pas  un  casse  mottes.  Un  visage  do 
bois  flotté;  Je  suis  un  dieu  bien  fagotté,  dassoucv, 
l'Ovide  en  belle  humeur,  dans  fr.  michel.  Argot,  au 
mot  poutrône.  ||  2°  Terme  de  menuiserie.  Traverse 
flottée,  traverse  non  apparente  qui  passe  derrière  un 
panneau.  ||  Panneaux  flottés,  panneaux  posés  à  plat. 

FLOTTEMENT  (flo-te-man),  i.  m.  ||  i"  Terme  de 
guerre.  Mouvement  d'ondulation  qui  dérange  l'ali- 
gnement d'une  troupe.  ||  2"  Fig.  Hésitation,  irréso- 
lution. Votre  fierté  ne  doit  pas  même  vous  per- 
mettre le  moindre  flottement  entre  ce  qui  est  digne 
do  louange  et  ce  qui  peut  mériter  le  blâme,  séocr, 
Galerie  morale,  cité  dans  legoahant. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Flottement,  cotgeave. 

—  ÉTYM.  Flotter. 

FLOTTER  (flo-té),  ».  n.  ||  1°  Être  porté  sur  un  li- 
quide sans  aller  au  fond.  Tout  à  coup  elle  aperçut  les 
débris  d'un  navire  qui  venait  de  faire  naufrage.... 
un  mât,  dos  cordages  flottant  sur  la  côte,  pén. 
Tél.  I.  Il  Fig.  Nous  flottons  daus  la  merde  ce  monde 
au  gré  de  nos  passions  qui  nous  emportent  tantôt 
d'un  côté  et  tantôt  d'un  autre,  comme  un  vaisseau 
sans  voile  et  sans  pilote,  nicole,  Ess.  mor.  i"  tr 
ch.  M .  Les  petites  choses  flottent  dans  sa  capacité 
[du  cœur]  :  il  n'y  a  que  les  grandes  qui  s'y  arrêtent 
et  qui  y  demeurent,  pasc.  dans  cousin.  {|  2^  Être, 
rester  à  flot,  en  parlant  du  bois  qu'on  fait  descendre 
un  cours  d'eau.  Faire  flotter  du  bois.  Le  bois  ne 
peut  flotter  dans  ce  cours  d'eau.  113"  Faire  aller  ses 
flots.  Il  verra  les  deux  mers  flotter  sous  son  empire, 
j.  B.  Rouss.  Églogue.  Au  murmure  du  lac  flottant  è 
petit  pli,  Nous  nuus  sommes  levés  le  cœur  déjà  rem- 


1704 


FLO 


|ili,  LLHkM.Jocel.  IV,  ta*.  ||  4"  Voltiger  en  ondoyant. 
Mais  l'Hj(Jas))0,  malgré  tant  d'esciidrons  épars,  Voit 
enfin  sur  ses  bords  flotter  nos  étendards,  raC.  Alex. 
II  t.  Et  la  voile  flottait  aux  vents  abandonnée,  ID. 
Phèdre,  m,  2.  Leurs  beaux  cbovoux  pendaient  sur 
leurs  épaules  et  flottaient  au  gré  du  vent,  fën.  Tél. 
IV.  Les  cheveux  d'Alalante,  noirs  comme  l'ébèiio, 
flottaient  sur  ses  épaules  blanches  comme  l'ivoire, 
DiDKR.  PeméessuT  lapeinture,  Œuvres,  t.  xv,p.  243. 
Il  Terme  de  peinture.  Se  dit  des  plis  d'une  dra- 
perie qui  se  détachent  bien.  ||  6°  N'être  pas  reteni, 
tendu  d'une  façon  ferme.  Sa  main  sur  ses  chevaux 
laissait  flotter  les  rênes,  bac.  Phèdre,  v,  6.  La 
chaîne  éternelle  ne  peut  être  ni  rompue  ni  mêlée; 
le  grand  être,  qui  la  tient  nécessairement,  ne  peut 
la  laisser  flotter  incertaine  ni  la  changer,  volt. 
Principe  d'action,  <3.  ||  Fig.  L'empire  est  asservi  à 
une  femme  qui  n'en  laisse  pas  flotter  les  rênes  au 
gré  de  sa  passion,  diderot,  Claude  et  Nér.  1,  28. 
Il  6'  Terme  militaire.  Ne  pas  bien  conserver  son 
alignement,  en  parlant  d'une  troupe.  Les  rangs 
du  bataillon  flottaient.  ||  7°  Fig.  Être  emporté  çà 
et  là.  l'^'ii  ces  songes  profonds  où  flottait  mon 
esprit,  RÉGNIER,  Sat.  x.  Pour  vous  ôter  du  trouble 
où  flottent  vos  esprits,  corn.  Ment,  iv,  8.  Sur  d'é- 
ternels soucis  voit  flotter  sa  pensée,  in.  D.  Sanche, 
H,  4.  Il  Aller  au  hasard.  Nos  chevaux,  au  soleil,  fou- 
laient l'herbe  fleurie  ;  Et  moi,  silencieux,  courant  à 
ton  côté,  Je  laissais  au  hasard  flotter  ma  rêverie,  a. 
DE  MUSSET,  Poésies  nouv.  Sonnet  à  Alfred  T.  ||  N'être 
pas  fixé,  en  parlant  de  choses.  Ce  n'est  guère  qu'en 
France  que  les  droits  de  tous  les  corps  flottent  ainsi 
dans  l'incertitude,  volt.  Hist.  parlem.  lviii.  Que 
dis-je  ?  assez  longtemps  les  soupçons  des  Thébains 
Entre  Phorbas  et  lui  flottèrent  incertains,  id. 
Œdipe,  II,  ).  Il  8°  Hésiter,  être  irrésolu,  incertain. 
Des  deux  côtés  laissant  flotter  sa  foi.  Son  cœur 
n'aime  en  effet  ni  son  maître  ni  moi,  corn.  Perthar. 
!v,  2.  Mon  cœur  étonné  flotte  plus  que  jamais,  id. 
Attila,  m,  >.  Le  roi,  vous  le  voyez,  flotte  encore 
interdit,  rac.  Eslh.  m,  B.  C'était  entre  ces  deux 
déités  que  flottaient  les  vœux  du  chevalier,  uamilt. 
Gramm.  e.  On  peut  flotter  quelques  années  entre 
les  sacrements  et  les  rechutes,  mass.  Car.  Inconst. 
Flottant  toujours  et  ne  voulant  pas  être  fixé,  id. 
Avent,  Épiph.  Toute  la  France  est  partagée  entre 
le  prince  de  Condé  et  François  de  Guise  ;  Cathe- 
rine deMédicis  flotte  entre  eux  deux,  volt,  ilœurs, 
m.  Je  passai  doux  ou  trois  ans  de  cette  façon, 
entre  la  musique,  les  magistères,  les  projets,  les 
voyages,  flottant  incessamment  d'une  chose  à 
l'autre,  J.  J.  rouss.  Conf.  v.  Je  flotte,  je  balance 
entre  trois  femmes  charmantes;  loin  do  m'êtro  déjà 
déclaré,  je  ne  suis  pas  encore  fixé  moi-même,  pi- 
CAiin,  Capit.  Belronde,  1,  4.  Ainsi  son  esprit  paraît 
flotter  entre  deux  grandes  décisions,  et  les  con- 
tradictions de  ses  paroles  passent  dans  ses  actions, 
sÉGun,  Hist.  de  Nap.  vi,  0.  ||  9°  Tenir  de  l'un  et  de 
l'autre.  La  finesse  n&tte  entre  le  vice  et  la  vertu, 
labhuy.  viii.  Il  10°  Dans  le  langage  élevé,  n'être  pas 
décidé,  en  parlant  d'un  événement.  La  couronne 
entre  nous  flotte  encore  incertaine,  cor.n.  Rodog. 
I,  B.  Il  Être  mal  assuré.  Nos  couronnes,  d'abord,  de- 
venant ses  conquêtes.  Tant  que  nous  régnerions, 
flotteraient  sur  nos  têtes,  rac.  Alex,  i,  2.  ||  11»  V.  a. 
Terme  de  marine.  Flotter  un  câble,  le  faire  soute- 
nir ou  soulager  dans  l'eau.  ||  Flotter,  v.  n.  se  conju- 
gue avec  l'auxiliaire  a»oir. 

—  REM.  L'Académie  écrit /îoUcr  de  flot,  avecdeux 
tt,  tandis  qu'elle  écrit  cahoter  de  cahot,  avec  un 
seul  (.  Il  faudrait  mettre  de  l'uniformité  en  des  for- 
mations semblables. 

—  HIST.  XI'  s.  Li  alire  en  vont  à  conlreval  fio- 
tant  [naviguant],  Ch.  de  Roi.  clxxvi.  ||  xii'  s.  E  li 
pruzdum  une  branche  colpad  e  mist  la  en  l'eve  celé 
part  ;  este  vus  li  fers  des  funz  levad,  c  par  celé  eve 
amunl  flotad,  Rois,  p.  3C^.  Il  prent  son  escu  et  sa 
lance,  Qui  par  le  gué  flotant  aloient,  la  Charrette, 
830.  Il  xm*  s.  Ensi  fu  mis  el  flum,  et  flota  tant  li 
vaissiaus  que  il  vint  au  pont  que  li  crestien  avoient 
fait  parmi  le  flum,  Chr.  de  Rains,  p.  9r,.  Savez  c'on 
dist  au  cous  [cocu]  mauves.  S'il  vient  à  pont  qui 
soit  defîez  :  Passez  outre  ;  se  vous  chaez  [tombez], 
Saiei  seQr,  vos  noterez,  Ren.  )I086.  Se  fortune 
vous  a  encroé  [élevé]  sur  sa  «oe.  Se  li  avoirs  de 
Diex  entourvous  flote  et  noe  [nage],  j.  de  meung,  1 
Test.  BB4.  Une  partie  [des  hommes]  va  flotant,  car 
une  fois  fait  bien  et  autre  mal,  brun,  latini.  Trésor,  ' 
p.  «oo.  Ilxv*  s.  Ils  [les  Anglois]  s'en  vinrent  tous 
ilollaut  [naviguant  le  long]  les  bandes  de  Norman- 
oie  et  querant  leurs  aventures,  kroiss.  11,  11,  28.  ' 

|!  "y*  * Comme  à  ouyrla  marine  flotter  Contre 

la  rive.  ..  mabot.  i,  ïïi.  nous  trouvons  estrange  si 


FLU 

nous  voyons  flotter  les  événements  el  diversifier 
d'une  manière  commune  et  ordinaire,  mont,  h,  44a. 
Nostre  raison  se  perd,  flottant  dans  cette  mer  vaste 
des  opinions  humaines,  id.  ii,  266.  Cette  mer  flot- 
tante des  opinions  d'un  peuule  ou  d'un  prince,  id. 
II,  344.  Tous  les  mats  flottants  de  banderolles  se- 
mées d'aigles  de  l'empire,  carloix,  viii,  24.  En  se- 
couant le  ventre,  l'on  entend  l'eau  flotter  dedans, 
comme  si  c'estoit  un  vaisseau  demy  plein,  paué, 
VI,  t) 11  feit  tirer  en  mer  un  vaisseau  lequel  au- 
trefois avoit  esté  fort  bon,  mais  il  y  avoit  quarante 
ans  qu'il  n'avoit  flotté,  amyot,  Philop.  *'■>.  Le  ri- 
vage s'esboula,  tellement  que  la  mer  qui  alloil  flot- 
tant à  l'envi  ion,  gardoitqu'on  n'eust  sceu  approcher 
du  tumbeau,  id.  Antcni.  81.  Pour  n'estre  grands 
fleuves,  ne  sontflotez  de  grands  bateaux,  pasquier. 
Recherches,  liv.  ix,  p.  76),  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Flot;  ital.  fiottare. 

f  FLOTTERON  (flo-te-ron),  t.  m.  Terine  de  pêche. 
Petite  flotte  pour  soutenir  la  ligne. 

—  ÉTYM.  llotte  2. 

FLOTTEUR  (flo-teur),  s.  m.  ||  1"  Ouvrier  qui  fait 
ou  qui  conduit  les  trains  de  bois.  ||2"  Petit  corps 
léger  qu'on  fait  flotter  sur  l'eau.  ||  Corps  léger  que 
l'on  fait  flotter  sur  un  cours  d'eau  i)ûur  en  me- 
surer la  vitesse.  ||  Dans  les  machines  à  vapeur, 
flotteur  d'alarme,  instrument  qui,  par  un  bruit  aigu, 
avertit  les  chauffeurs  de  l'abaissement  du  niveau 
de  l'eau.  Il  FloUeur  de  Prony,  appareil  particulier 
destiné  à  maintenir  un  liquide  au  mijiue  niveau  dans 
un  vase  percé  d'un  orifice  d'écoulement,  afin  d'ob- 
tenir une  pression  constante. 

—  KTYM.  Flotter. 

FLOTTILLE  (flo-ti-ll'.  Il  mouillées,  et  non  flo- 
ti-ye),  s.  f.  Flotte  de  petits  bâtiments. 

—  REM.  La  flottille  n'est  pas  une  petite  flotte, 
c'est  une  flotte  de  petit-;  bAtiments. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de /îolte. 

I  FLOTTISTE  (flo-ti-sf),  s.  m.  Ancien  terme  de 
commerce.  Celui  qui  commerçait  par  les  vaisseaux 
de  la  flotte  d'Amérique,  par  opposition  à  galioniste, 
celui  qui  commerçait  parles  galions. 

FLOU  (flou),  s.  m.  \\i"  Terme  de  peinture.  Ma- 
nière légère  et  fondue,  par  opposition  aux  tons  durs 
et  secs.  Le  flou  du  pinceau.  ||  2°  Adj.  Léger,  gra- 
cieux. Un  pinceau  flou.  Dans  ce  genre  flou  il  faut 
être  d'un  fini  précieux  et  enchanter  par  les  détails, 
DiDER.  Salon  de  )"6B,  ti'uv.  t.  xiii,  p.  30i,  dans 
pouGENS.  Il  On  dit  en  sculpture  :  plâtre  flou;  ciseau 
flou.  Il  Adj.  En  un  sens  péjoratif,  lâchement  dessiné. 
Le  pâtre  est  bien  éclairé  et  de  bel  effet  ;  la  femme  est 
faible  et  floue,  dider.  16.  p.  292.  ||  La  Bniyère  l'a  pris 
substantivement  en  ce  sens  péjoratif.  Il  sait  d'une 
médaille  le  fruste. le  feloux{îtc),ch.xiii.l|3°Adt). Pein- 
dre flou,  peindre  d'une  manière  légère,  bien  fondue. 

—  HIST.  xm*  s.  De  travail  et  de  peine  [elle]  fut 
forment  foibld  et  floe,  Berle ,  xxxiii.  Hxv  s.  Itemje 
donne  à  Jean  Lelou,  Homme  de  bien  et  bon  mar- 
cliant,  Pource  qu'il  est  linget  et  flou,  Un  beau  petit 
chiennet  couchant,  Villon,  Test.  Legs  à  J.  Uloup. 

—  ÉTYM.  L'ancienne  langue  a  flo,  faible,  qui, 
d'après  Diez,  vient  du  flamand  flauto.  Il  est  très- 
vraisemblable  que  flo  est  cet  ancien  mol  conservé 
dans  la  peii.  ture  avec  une  autre  nuance.  Cependant 
Scheler  se  demande  si  le  flou  des  peintres  ne  vien- 
drait pas  du  latin  fluidus. 

t  FLOUER  (flou-é),  V.  a.  Terme  d'argot  devenu 
populaire.  Voler,  escroquer ,  duper.  Il  m'a  floué. 
Il  Absolument.  11  ne  fait  que  flouer. 

—  ÉTYM.  Serait-ce  une  corruption  de  filouter? 

\  FLOUERIE  (flou-rie),  s.  f.  Terme  d'argot  de- 
venu populaire.  Escroquerie,  tromperie. 

—  ÉTYM.  Flouer. 

t  FLOUETTE  (flou-è-f),  s.  (.  Terme  de  marine. 
Girouette  d'un  vaisseau. 

t  FLOUEUR  (flou-eur),ï.  m.  Terme  d'argot  de- 
venu populaire.  Filou;  faiseur  de  dupes.  \\Aufétn. 
une  floucuse. 

—  ÉTYM.  Flouer. 

t  FLOU  FLOU  (flou-flou),  s.  m.  Onomatopée  pour 
imiter  le  léger  bruit  que  le  vent  fait  faire  à  une 
étolTe  de  soie.  ||  Au  plur.  Les  flou-flou  de  sa  robe. 

i  FLOUVE  (flou-v'),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  graminées,  où  l'on  distingue  Van- 
Ihoxanthum  odoralttm,  L. 

t  FLUANT,  ANTE  (flu-an,  an-l'),  adj.    Oui  ne  , 
dure  pas.  Le  présent  est  un  point  invisible  etfluant, 
DIDEROT,  dans  le  Dicl.  de  bf.scherelle. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  temps  apparoist  comme  en 
umbre  avec  la  matière  coulante  et  fluanle  lousjours 
sans  jamais  demeurer  stable,  mont.  11,  378.  { 

—  ÉTYM.  Fluer. 

i  FLDATË  (flu-a-t*) ,  t.  m.  Terme  de  chimie.  Sel  , 


FLU 

produit  par  la  combinaison  de  j'acide  fluorique 
avec  une  base. 

—  ÉTYM.   Voy.  FLL'OR. 

t  FLUATÉ,  ÉE  (flu-a-té,  téc) ,  od; .Terme  de  minéra- 
logie. Se  dit  d'une  base  convertie  à  l'état  de  fluale. 

,  t  FLUCTUANT,  ANTE  (flu-ktu-an,  an-t'),  adj. 
11 1"  Oui  ondoie  comme  un  flot.  J'ai  vu  fréquemment, 
en  Russie,  des  aurores  boréales  :  elles  sont  blanches, 
bleues,  vertes,  rouges,  rayonnantes  et  fluctuantes 
BEBN.  DE  ST-piERRE ,  Harm.  aqucU.  air,  liv.  m 
Il  2°  Terme  de  cliinirgie.  Oui  offre  de  la  fluctuation 
c'est-à-dire  la  sensation  d'un  liquide  renfermé.  Tu- 

'  meur  fluctuante. 

—  HIST.  XIV*  S.  Il  assaillit  la  tourbe  d'eux  fluc- 
tuans  etdoubtans,  behcheure,  f°  70,  verso,  \\xsi'  s. 
Le  roi  inconstant  en  ses  pensées,  fluctuant  en  ses 
desseins,  d'aub.  Hist.  m,  120. 

—  -ÉTYM.  iJiX.  fluctuons, de  fluctuare,iefluclus,  flot. 
FLUCTUATION  (flu-ktu-a-sion  ;  en  vers,  de  cinq 

syllabes),  s.  f.  \\  1°  Agitation,  alternatives  de  ce  qui 
est  com|)aré  à  un  flot.  La  rente  éprouve  de  grandes 
fluctuations.  Les  fluctuations  de  l'opinion.  Ce  sont 
les  fluctuations  de  la  prospérité  publique  qui  exer- 
cent la  principale  influence  sur  le  nombre  des  nais- 
sances, il  2"  Terme  de  chirurgie.  Mouvement  d'oscil- 
lation d'un  fluide  épanché  dans  quelque  tumeur, 
que  l'en  perçoit  quand  cette  tumeur  est  percutée 
méthodiquement. 

—  HIST.  XII'  s.  Li  sire  ne  dunrat  en  peimane- 
bletet  fluctuatiun  à  juste.  Liber  psalm.  p.  "2. 
Il  xiv  s.  Sunt  en  eaue  aucunes  fluctuacions  sensi- 
bles à  cause  do  vcns,  oresme,  Thèse  de  meunier. 
Il  xvr  s.  S'estimant  bien  fortifiez  et  asseurcz  par  sa 
présence,  en  telle  fluctuation  d'affaires  et  de  trou- 
bles qui  pour  lors  regnoient,  cabloix,  vm,  7. 

—  ETYM.  Lat. /ÎMcluafioncm ,  de  fluctuare'  (voy. 
fluctuant)  . 

FLUCTUEUX,  EUSE  (flu-ktu-eû,  eù-z") ,  arf;'.  Agité 
de  mouvements  contraires,  violents.  Le  détroit  de 
Magellan  est  constamment  tluctucux. 

—  HIST.  xvi«  s.  Car  tout  rompu  de  cette  impé- 
tueuse Emotion  de  la  mer  fluctueuse,  marot,  iv,  1 20. 

—  ÉTYM.  Lat.  flucluosus,  de  fluctus,  flot. 

t  FLUENCE  (flu-an-s'),  ».  f.  État,  mouvement  de 
ce  qui  coule. 

—  ÉTYM.  Lat.  fluchtia,  de  flucns,  flueilt. 

t  FI.UENT,  ENTE  (flu-an,  an-t'),  adj.  ||  1°  Terme 
de  philosophie.  Oui  coule,  qui  passe.  Les  chose» 
fluentes,  opposées  aux  choses  persistantes.  Scaliger, 
ayant  divisé  toutes  les  choses  du  monde  en  perma- 
nentes et  fluentes,  croyaitqucles  noms  exprimaient 
les  premières  et  les  verbes  les  secondes.  ||  2"  Terme 
de  beaux-arts.  QUi  ondoie,  qui  flotte.  Eu  longues, 
fluentes  et  larges  robes,  diderot.  Salon  de  (767, 
Œuvres,  t.  xiv,  p.  38B,  dans  pouoens.  ||  8°  Fig. 
Qui  semble  couler.  Si,  sans  rien  changer  à  l'or- 
donnance des  figures,  l'artiste  avait  su  leur  donner 
seulement  ce  contour  mou  et  fluent,  cette  variété 
d'attitudes  naturelles,  diderot,  16.  t.  xv,  p.  07.  i|  On 
le  dit  aussi  du  style.  Un  style  mou  et  fluent,  coa- 
MENIN,  cité  dans  legoarant. 

—  ÉTYM.  Fluer. 

t  FLUENTE  (flu-an-f),  s.  f.  Terme  de  mathéma- 
tique. Nom  que  l'on  donne,  dans  la  méthode  des 
fluxions  de  Newton,  à  la  somme  des  fluxions  de  la 
variable,  et  qui  correspond  au  mot  intégrale  ou 
somme,  employé  dans  le  calcul  différentiel.  ||  Fig. 
Je  végéterai  au  pied  des  Alpes  encore  un  instant 
dans  la  fluente  du  temps  qui  engloutit  tout,  volt. 
Lell.  Diderot,  20  avril  (773.  Au  moment  que  je  par- 
lais ainsi,  l'éternité  durait,  la  fluente  du  temps 
courait,  je  ne  pourais  la  croire  arrêtée,  id.  Dicl. 
phil.  Infini. 

—  ÉTYM.  Fluent. 

FLUER  (flu-é),  V.  n.  ||  1°  Couler,  s'épancher.  Cette 
rivière  flue  vers  le  couchant.  La  chaleur  du  soleil 
qui,  on  paraissant  sur  l'horizon,  raréfie  l'air,  et 
l'oblige  à  fluer  vers  l'occident  à  mesure  que  la  terre 
avance  vers  l'orient,  ravnal,  Hist.  phil.  x,  4.  ||  Il  se 
dit  de  la  mer  qui  mente.  La  mer  flue  et  icflue. 
Il  2°  Terme  de  médecine.  Se  dit  des  humeurs  qui 
coulent  de  quelques  parties  du  corjjs.  L'humeur  flue 
de  sa  plaie.  Les  hémorrhoïdes  fluent.  L'eau  de  l'hy- 
dropisie  a  flué  par  la  vessie.  ||  11  se  conjugue  avee 
l'auxiliaire  aïoî'r. 

—  HIST.  XIV  s.  L'eaue  s'en  va  et  Hue.  —  HumeiT 
corrompue  qui  flue  ou  desccnt  aux  yex,  oresme, 
Thèse  de  meunier.  {[  xvi'  s.  Pour  la  diversité  du 
cours  d'icelle,  la  mer  s'enfle,  flue  et  reflue,  par4, 
xvm,  63. 

—  ÉTYM.  Provenc.  el  espagn.  fluir;  ital.  fluire  ; 
du  laU  fluere,  couler. 

FLUET   ETTE  (flu-è,  k-\."\  adj.  Se  dit  du  corps 


FLU 


FLU 


FLU 


iros 


mince  et  d'apparence  délicate.  11  est  lluet.  Com- 
plexion  fluette.  Damoiselle  belette  au  corps  long  et 
(luet,  LA  FONT.  Fabl.  m,  n.  Ce  petit  babouin  crut 
faire  un  bon  marché  avec  moi  [en  prenant  un  bien 
à  fonds  perdu],  parce  que  j'étais  fluet  et  maigre, 
VOLT.  Lelt.  Cideville,  4  oct.  )758. 

—  HIST.  XVI'  s.  Si  l'enfant  leur  sembloit  laid, 
contrefait  ou  flouet,  ilz  l'envoyoient  jetter  dedans 
une  fondrière,  amyot,  Lyc.  32. 

—  ÊTYM.  Flou.  Les  éditions  du  vivant  de  la  Fon- 
taine ont  :  Au  corps  long  et  flouet,  comme  au  xvi" 
siècle  ;  ce  qui  fortifie  d'autant  l'étymologie  par  flou. 

FLUEDRS  (flu-eur),  s.  f.  plur.  ||  1°  Terme  inu- 
sité. Les  menstrues.  ||  Flueurs  blanches,  voy.  fleurs, 
qui  n'est  pas  une  corruption  de  flueurs.  ||  2°  Ancien 
terme  de  naturaliste.  Nom  donné  à  certaines  ma- 
tières tenant  le  milieu  entre  les  terres  et  les  sels, 
telles  que  les  tufs,  le  talc,  etc. 

—  FllST.  xvi*  s.  Plusieurs  nations  abominent  la 
conjonction  avecques   les    femmes-  qui   ont   leurs 

flueurs,   MONT.  I,  22J. 

—  ÈTYM.  Lat.  /Ittorem,  écoulement,  de /!uerc,fluer. 
FLUIDE  (flu-i-d'),  adj.  |{  1°  Terme  de  physique.  Il 

se  dit,  par  opposition  à  solide,  des  corps  dont  les 
molécules  sont  si  peu  adhérentes  entre  elles,  qu'elles 
se  meuvent  facilement  les  unes  sur  les  autres, 
comme  l'eau,  le  mercure,  l'air.  On  distingue  les 
fluides  en  liquides  et  fluides  élastiques  (ce  sont  las 
gaz).  On  a  vu  des  comètes  qui,  étant  plus  élevées 
qu'on  ne  croyait  autrefois,  briseraient  tout  le  cristal 
des  cieux  par  oil  elles  passeraient,  et  casseraient 
tout  l'univers  ;  et  il  a  fallu  se  résoudre  à  faire  les 
cieux  d'une  matière  fluide  telle  que  l'air,  font. 
Mondes,  i"  soir.  Il  faut  )97  degrés  (Fahrenheit] 
lu-dessous  de  la  température  actuelle  de  la  terre 
(lour  que  ce  métal  fluide  [le  mercure]  se  consolide, 
BUFF.  2' ép.  nat.  Œuvres,  t.  xti,  p.  ne.  ||  2°  Fig. 
Qui  dure  peu.  En  moi  tout  est  fini  et  passager;  je 
vois  par  des  pensées  courtes  et  fluides  l'infini  qui 
ne  s'écoule  jamais,  fén.  Exist.  u,  2,  Éternité. 
Il  3°  Terme  de  musique.  Harmonie  fluide,  harmonie 
qui  est  parfaitement  claire,  coulante  et  limpide. 
Il  4°  S.  m.  L'air  est  un  fluide.  Un  physicien  célèbre 
définit  le  fluide  un  corps  dont  les  parties  ne  sont 
pas  liées  ensemble,  qui  code  aisément  au  loucher, 
qui  résiste  peu  à  la  division,  et  qui  se  répand 
comme  de  lui-même,  bonnet,  Contempl.  natur.  m, 
3,  note  4.  Newton  a  démontré  que  les  mouvements 
célestes  ne  peuvent  s'opérer  dans  un  fluide  quel- 
conque, et  personne  n'a  jamais  pu  éluder  cette  dé- 
monstration, quelques  efforts  qu'on  ait  faits,  volt. 
Physique,  Expos,  du  livre  des  instit.  physiques. 
L'harmonieux  élher,  dans  ses  vagues  d'azur,  Enve- 
loppe les  monts  d'un  fluide  plus  pui-,  lamart.  Harm. 
n,  ♦.  Il  5°  Nom  donné  aux  substances  hypothétiques 
que  les  physiciens  ont  imaginées  pour  se  rendre 
compte  de  certains  phénomènes.  Le  fluide  calori- 
que, élecîrique.  Le  fluide  magnétique.  Les  fluides 
impondérables.  ||  Fluide  nerveux,  nom  donné  à 
un  fluide  qu'on  supposait  dans  les  nerfs  et  le  sys- 
tème nerveux  pour  en  expliquer  les  propriétés  :  hy- 
pothèse aujourd'hui  complètement  abandonnée. 
Quel  est  ce  fluide  inconnu  et  dont  l'existence 
est  certaine,  qui,  plus  prompt ,  plus  actif  que  la 
lumière,  vole  en  moins  d'un  clin  d'oeil  dans  tous 
le.s  canaux  de  la  vie?  voLr.  Ingénu,  20.  Cette  pro- 
pagation parait  s'opérer  par  le  ministère  d'un  fluide 
très-subtil,  connu  sous  le  nom  de  fluide  nerveux,  et 
qui  remplit  les  cavités  invisibles  des  nerfs,  bonnet, 
Contempl. nat.  iv,  2,  note  t.  ||  Avoir  du  fluide,  per- 
dre son  fluide,  se  dit,  dans  le  langage  du  magné- 
tisme animal,  des  prétendues  émanations  dont  le 
magnétisme  croit  disposer. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ceux  qui  ne  s'emploient  qu'à 
orner  et  amplifier  nos  romans,  et  en  font  des  li- 
vres certainement  en  beau  et  fluide  langage,  nu 
BELLAY,  I,  26,  recto. 

—  ÊTYM.  Lat.  fluidus,  de  fluere,  couler. 

j  FLUIDE.MENT  (flu-i-de-man),  adv.  D'une  ma- 
nière fluide. 

—  HIST.  xvi«  s.  C'est  le  nectar  sacré  de  ta  parole 
douce,  Par  qui,  d'un  beau  parler  fluidement  hau- 
tain, Il  fait  honte  au  plus  doux  du  bien  dire  romain, 
1.  tahureau,  Poésies,  p.  8t,  dans  l.\curne. 

—  ETYM.  fluide,  et  le  suffixe  ment. 

t  FLUIDIFICATION  (flu-i-di-fi-ka-sion),  s.  f.  Terme 
dephysique.  Réduction  d'un  corps  à  l'état  de  fluide. 

—  ÊTYM.  Fluidifier. 

t  FLUIDIFIER  (flu-i-di-fî-é),  V.  a.  Terme  de  phy- 
.sique.  Réduire  à  l'état  de  fluide. 

—  étym.  Fluide,  et  le  suffixe  fier,  qui  provient 
du  latin  facere,  faire. 

j  FLUIDISTE  (flu-i-di-st'),  s.  m.  Partisan  du  ma- 

DICT.    DK    I.A    langue    FRAHÇAISK. 


gnétisme   animal,    comme   provenant  d'un   fluide 
particulier. 

—  étym.  Fluide. 

FLUIDITÉ  (flu-i-di-té),  s.  f.  État  de  ce  qui  est 
fluide.  Toute  fluidité  a  la  chaieur  pour  cause,  et 
toute  dilatation  dans  les  corps  doit  être  regardée 
comme  une  fluidité  commençante,  buff.  Ilist.  min. 
Introd.  part,  exp.  ÛKu».  t.  viii,  p.  6,  dans  pou- 
gens.  L'esprit-de-vin  même  perd  sa  fluidité  [dans 
les  régions  boréales],  raynal,  Hist.  phil.  xvii,  B. 
Si  l'on  considère  toutes  les  causes  qui  troublent  l'é- 
quilibre de  l'atmosphère,  sa  grande  mobilité  due  à 
sa  fluidité  et  à  son  ressort....  laplace.  Expos,  iv, 
Ci.  Il  Fig.  Fluidité  du  discours,  tallemanï,  Plutar- 
que,  t.  v.  Vie  de  Cicéron,  dans  hichelet. 

—  REM.  Au  xvii'  siècle,  fluidité  était  de  trois  syl- 
labes :  Les  atomes  conjoints  avecque  la  lumière  Par 
leur  extrême  fluidité,  deshoul.  Exorde  de  Lucrèce. 

—  ÊTYM.  Fluide. 

j  FLUOBORATE  (flu-o-bo-ra-t'),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Sel  produit  par  la  combinaison  de  l'acide 
fluoborique  avec  une  base. 

—  étym.  Voy.  FLUOEORIQUE. 

t  FLUOBORHYDRIQUE  (flu-0-bo-ri-dri-k'),  adj. 
Acide  fluoborhydrique,  acide  puissant  qui  se  l'orme 
pendant  la  décomposition  de  l'acide  fluoborique  par 
l'eau;  dit  aussi  hydrofluoborique. 

—  ÉTYM.  Fluor,  bore,  et  une  abréviation  à'hy- 
drogène. 

t  FLUOBORIQUE  (flu-o-bo-ri-k') ,  adj.  Terme  de 
chimie.  Acide  fluoborique,  acide  gazeux,  très-solu- 
ble  dans  l'eau,  et  qui,  à  l'air,  répand  d'épaisses  va- 
peurs blanches. 

—  ÊTYM.  Fluor,  et  bore. 

t  FLUOBOUURE  (flu-o-bo-ru-r'),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Combinaison  d'un  fluorure  avec  un  borure. 

FLUOR  (flu-or).  ||  1°  Adj.  Terme  d'ancienne  chi- 
mie. Épithëte  qu'on  donnait  aux  acides  minéraux 
qui  se  tiennent  toujours  fluides.  |{  Aujourd'hui  en 
minéralogie,  épithète  donnée  à  plusieurs  minéraux 
incombustibles  et  fusibles.  Spath  fluor  ou,  simple- 
ment, fluor,  sorte  de  pierre  nommée  en  chimie 
fluorure  de  calcium.  Les  fluors,  lorsqu'on  les  dé- 
compose par  l'acide  sulfurique,  attaquent  le  verre. 
Il  2°  S.  m.  Terme  do  chimie.  Corps  simple,  non  en- 
core isolé,  dit  aussi  fluorine  et  phthore,  radical 
présumé  de  l'acide  fluorhydrique. 

—  ÉTYM.  Lat.  fluorem,  écxwlement,  état  fluide, 
de  fluere,  couler. 

f  FLUORÉ,  ÉE  (flu-o-ré,  rée),  adj.  Terme  de 
chimie.  Qui  contient  du  fluor. 

f  FLUORESCENCE  (flu-o-iè-ssan-s'),  s.  f.  Terme 
de  physique.  Éclai  rement  particulier  que  présentent 
certaines  substances  lorsqu'elles  sent  exposées  à 
l'action  del  parties  le»  i<ius  réfrangibles  de  la  ra- 
diation lumineuse,  c'est-à-dire  à  l'action  des  rayons 
chimiques  et  ultra-chimiques;  la  fluorescence  est 
un  changement  de  la  lumière  qui  se  constate  dans 
les  rayons  réfléchis  par  les  substances  fluorescentes 
et  comparés  aux  rayons  incidents.  La  cornée  est 
douée  de  la  fluorescence  ;  mais,  quand  les  rayons 
chimiques  etultra-chimiques arrivent  à  l'œil  en  trop 
grande  abondance,  comme  cela  a  lieu  en  certaines 
circonstances  spéciales  (arc  électrique,  lumière  so- 
laire directe  ou  réfléchie  par  la  neige  ou  les  sables), 
il  survient  des  lésions  de  l'œil.  On  le  protège  con- 
tre la  fluorescence  en  faisant  usage  do  lunettes  de 
verre  d'urane. 

t  FLUORESCENT,  ENTE  (flu-o-rè-ssan,  ssan-t'), 
adj.  Terme  de  physique.  Qui  est  doué  de  la  pro- 
priété de  fluorescence. 

f  FLUORUYDRATE  (flu-o-ri-dra-f),  s.  m.  Terme 
de  chimie. Sel  produit  parla  combinaison  de  l'acide 
fluorhydrique  avec  une  base. 

t  FLUOIRHYDRIQUE  (flu-o-ri-dri-k'),  adj.  Terme 
de  chimie.  Acide  fluorhydrique,  acide  produit  par 
la  combinaison  de  l'hydrogène  avec  le  fluor  et  ex- 
trait du  spath  fluor. 

—  ÊTYM.  Fluor,  et  une  abréviation  d'hydrogène. 
\  FLUORINE  (flu-o-ri-n'),    s.  f.  ||  1°  Terme  de 

minéralogie.  Espèce  minérale  résultant  de  la  com- 
binaison du  fluor  avec  le  calcium;  dite  aussi 
chaux  fluatée.  |{  2°  Terme  de  chimie.  Nom  qu'on  a 
donné  quelquefois  au  radical  hypothétique  du  fluor. 
t  FLUORIQUE  (flu-o-ri-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  fluorique,  ancien  nom  de  l'acide  fluor- 
hydrique, parce  qu'on  supposait  que  l'oxygène  en- 
tiait  dans  sa  composition. 

—  ÉTYM.  Fluor. 

t  FLUORITIQUE  (flu-0-ri-ti-k'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  contient  du  fluor. 

t  FLUORURE  (flu-o-ru-r'),  s.  m.  Terme  de  chimie. 
Combinaison  de  fluor  avec  un  autre  corps  simple. 


t  FLUOSILICATE  (flu-o-si-li-ka-f),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  Sel  produit  par  la  comomaison  de  l'acide 
fluosilicique  avec  une  base.  ||  Combinaison  d'un 
fluorure  quelconque  avec  le  fluoi-ure  de  silicium. 

fFLUOSILICIÉ,  CE(nu-o-si-li-sié,siée),  oitl'. Terme 
de  chimie.  Oui  contient  du  fluor  et  du  silicium. 

t  FLUOSILICIQUE  (flu-o-si-li-si-k'),  ad;'.  Terme 
do  chimie.  Acide  fluosilicique,  nom  donné  au  fluo- 
rure de  silicium,  parce  qu'il  joue  le  rôle  d'acide.  On 
dit  aussi  acide  fluorique  silicié. 

—  ÉTYM.  Fluor,  et  silicium. 

t  FLUSTRE  (flu-str'),  s.  f.  Terme  d'histo'ire  na- 
turelle. Genre  de  faux  polypiers  i-angé  aujourd'hui 
par  les  zoologistes  parmi  les  bryozoaires.  Les  flus- 
trcs  sont  des  agrégations  d'alvéoles  groupés  symé- 
triquement et  prenant  pour  siège  ordinaire  la  surface 
des  algues  marines.  On  leur  donne  qucbiuefois  la 
nom  vulgaire  do  dentelles  de  mer. 

).  FLUTE  (flû-f),  î.  /■.  ||1»  Dans  un  sens  géné- 
ral, tout  instrument  à  vent,  en  bois  et  à  trous  que 
l'on  bouche  avec  les  doigts,  et  dans  lequel  on  souffle. 
On  prétend  qu'Hyagnis  fut  le  plus  ancien  joueur 
de  flûte,  ROLi.iN,  Hist.  anc.  OEuv.  t.  xi,  f  partie, 
p.  224.  U  voulut  attirer  son  attention,  et,  tirant  une 
flûte  de  sa  poche,  il  se  mit  à  jouer  un  air  assez  tou- 
chant, HAMILT.  Hist.  de  Fleur  d'épine.  Ils  [les  sau- 
vages] avaient  pour  instruments  de  musique  guer- 
rière des  flûtes  faites  avec  les  ossements  de  leurs 
ennemis,  raynal,  Hist.  phil.  ix,  B.  ||Fig.  Ajustez 
vos  flûtes,  se  dit  soit  en  parlant  à  un  homme  qui  ne 
paraît  pas  d'accord  avec  lui-même,  soit  en  parlant 
à  plusieurs  personnes  qui  ne  conviennent  pas  des 
moyens  de  faire  réussir  quelque  chose.  ||  En  ce 
dernier  sens,  on  dit  également  :  accordez  vos  flûtes. 
El  vous,  filous  fieffés....  Mettez,  pour  me  tromper, 
vos  flûtes  mieux  d'accord,  mol.  VÉt.  i,  4.  Dès  (]ue 
nos  flûtes  furent  d'accord,  nous  repassâmes  dans  la 
chambre  de  Son  Êminence,  lesage,  Gusm.  d'Al- 
far.  111,  6.  Il  Leurs  flûtes  ne  s'accordent  pas,  se  dit 
de  deux  personnes  qui  se  veulent  du  mal.  ||  Fig. 
Aller  aux  flûtes  de  quel(|u'un,  faire  toutes  ses  vo- 
lontés. 11  prétendait  me  faire  aller  à  ses  flûtes. 
Il  Jouer  de  la  flûte  sur  le  bout  de  son  nez,  geste 
moqueur  chez  les  gamins,  les  ouvriers,  les  jeune; 
soldats,  qui  consiste  à  tenir  les  deux  mains  ouvertes 
très-étendues,  le  pouce  gauche  touchant  le  bout  du 
nez,  le  pouce  droit  touchant  le  petit  doigt  gauche, 
le  tout  dans  la  direction  de  la  personne  dont  on  se 
moque,  et  à  remuer  les  trois  doigts  intermédiaires 
de  chaque  main  comme  si  l'on  jouait  de  la  flûte. 
!|  Être  monté  sui  des  flûtes,  se  dit  de  ceux  qui  ont 
les  jambes  longuas  et  grêles.  ||  2°  Flûtes  à  bec,  tous 
les  instruments  comme  la  clarinette,  le  hautbois  et 
surtout  le  flageolet,  où  il  y  a  une  extrémité  qui  se 
met  dans  la  bouche.  j|  Double  flûle,  nom  d'un  in- 
strument usité  chez  les  anciens,  qui  avait  un  bec  et 
deux  corps.  Il  y  avait,  parmi  les  anciens  ainsi  que 
parmi  nous,  quelques  instruments  sur  lesquels  un 
"musicien  seul  pouvait  exécuter  une  sorte  de  con- 
cert; telles  étaient  la  double  flûte  et  la  lyre,  rol- 
LiN,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  xi,  i"  partie,  p.  246. 
1  Greffe  en  flûte,  cefle  dans  laquelle  la  branche 
de  l'arbre  et  la  greffe  sont  toutes  deux  taillées 
à  plat  et  en  diminuant  d'épaisseur  comme  un 
bec  de  flûte.  ||  Flûte,  joint  de  bois  en  bec  de 
flûte.  Il  3°  Particulièrement,  instrument  à  vent  en 
forme  de  cylindre,  percé  de  trous,  garni  de  clefs, 
ouvert  par  un  bout  et  bouché  à  Vautre,  et  ayant, 
près  du  bout  qui  est  bouché,  un  trou  plus  grand 
qui  sert  d'embouchure  ;  on  dit  aussi  flûte  traver- 
sière.  Le  roi  [Frédéric  de  Prusse]  y  jouait  [dans  un 
concert]  de  la  flûte  aussi  bien  que  le  meilleur  artiste  ; 
les  concertants  exécutaient  souvent  de  ses  compo- 
sitions, VOLT.  Mém.  de  Volt.  ||  Petite  flûte,  flûte  d'un 
timbre  perçant.  ||  4°  L'artiste  qui  exécute  la  partie 
de  la  flûte  traversière  dans  une  symphonie.  C'est  la 
première  flûte  de  l'opéra.  ||  On  dit  aussi  flûtiste. 
Il  B"  Jeu  de  flûtes,  jeu  d'orgues  qui  ressemble  au 
son  des  flûtes.  ||  6°  Flûte  à  l'oignon,  voy.  miruton. 
Il  7"  Flûte  de  pan,  voy.  pan.  ||  8°  Sorte  de  petit  pain 
long.  Manger  une  flûte  dans  son  café.  ||  9°  Nom  d'un 
instrument  de  bois  ou  de  fer,  creusé  dans  sa  lon- 
gueur, et  (jui  sert  à  sonder  les  Unes  de  beurre. 
;  lO"  Par  plaisanterie.  Seringue  à  lavement.  ||  Avoir 
toujours  la  flûte  au  derrière,  prendre  souvent  des  la- 
vements. Il  11°  Terme  de  commerce.  Cocon  de  forme 
allongée,  ouvert  par  une  extrémité.  ||  12"  Espèce  de 
navette  dont  se  servent  les  tapissiers  de  haute 
lisse.  Il  Proverbes.  Il  y  a  de  l'ordure  à  sa  flûte,  c'est- 
à-dire  il  y  a  quelque  vérité  dans  l'accusation  dont 
il  est  l'objet.  ||  Toujours  souvient  à  Robin  de  ses 
flûtes,  c'est-à-dire  on  revient  facilement  à  ses  an- 
ciennes habitudes,  à  ses  goûts  d'enfance.  ||  Ce  qui 

I.  —  214 


1706 


FLU 


rient  de  la  flûte  s'cu  retourne  au  tambour,  o'cstr 
à-dire  lo  bien  mal  acquis  ou  acquis  trop  facilement 
se  dissipe  de  mime  (ce  qu'on  a  gagné  on  jouant  de 
la  flûte  se  dépensant  à  faire  jouer  du  tambour).  ||  11 
est  du  bois  dont  on  fait  des  flûtes  (par  allusion  pro- 
balilcment  à  la  ligèroté  et  au  creux  des  bois  em- 
ployés pour  faire  des  (lûtes),  c'est  un  homme  qui  dit 
et  fait  tout  ce  qu'on  veut. 

—  HIST.  xiv  s.  Le  suppliant  dist  qu'il  iroit  qué- 
rir une  fluste  ou  (lajot,  du  cange,  fistulare.  ||  .xv"  s. 
Kluto  double,  id.  ih.  Il  xvi*  s.  Il  lit  tant,  qu'il  accorda 
ses  flûtes  avec  cette  jeune  fcmmo,  desper.  Contes, 
i.xii.  Une  fleuté-traverse,  que  l'on  appelle  à  grand  tort 
llcusto  d'Allemand;  car  les  François  s'en  aydent 
mieulx....  CARLOix,  vi,  il.  Coulcuvrines...  faucon- 
neaux, verses ,  fleutes,  orgues,  paré,  liv.  ix,  Préf. 
il  desdaigna  d'apprendre  àjouer  dos  flustes.... Quand 
on  souffle  dedans  une  fluste,  le  visage  s'en  altère, 
AMÏOT,  AU.  i. 

—  ÉTVM.  Picard,  flahuU;  bourguign.  fleute;  pro- 
venç.  et  espagn.  flauta;  portug./!au(o,  fraula;  ital. 
flauto  (voy.  i-lûtkr). 

2.  FLDtE  (flù-l'),  s.  f.  Nom  de  certains  longs 
verres  à  boire. 

—  ÉTYM.  Scholer  remarque  qu'il  n'est  pas  sur  que 
le  verre  ait  été  ainsi  dit  par  assimilation  do  forme 
avec  la  flûte,  instrument;  qu'en  allemand  Fiole,  qui 
signifie  flûte  et  qui  vient  des  langues  romanes,  est 
distinct  de  Flôte,  signifiant  verre  à  boire  et  rattacliè 
au  Scandinave  vliola,  anc.  h.  allem.  flioxan,  allem. 
mod.  fliessen,  couler.  Mais  il  faut  remarquer  qu'on 
dit  ftûter,  siffler  un  verre  de  vin,  ce  qui  tend  à  con- 
fondre fllUe,  verre,  cl  flûte,  instrument. 

3.  KlCtE  (flii-t'),  s.  f.  Navire  de  charge,  à  fond 
plat,  large,  gros  et  lourd,  dont  la  poupe  était  ronde 
,iu  xvii"  siècle.  J'étais  sur  le  point  de  m'assurer  d'une 
de  ces  flûtes  hollandaises  qui  sont  toujours  à  la  rade 
de  Retz,  rf.tz,  i,  t.  Vous  verrez  si  vous  êtes  en 
état  de  bâtir  quelques  flûtes  àgrand  ventre  de  quatre 
à  cinq  cents  tonneaux,  pour  être  naviguées  par 
peu  d'hommes,  pour  envoyer  dans  les  Indes  Orien- 
tales, COLBEUT,  à  de  Seuil,  I9  juil.  (670,  dans  jal. 
Il  Équiper  un  vaisseau  en  flûte,  se  dit  en  parlant 
d'un  vaisseau  de  guerre  dont  on  fait  un  bâtiment 
de  charge. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  prit  vingt  grosses  navires  de 
charge  et  d'avantage  cinquante  et  quatre  que  flustes 
quegaliotes  de  cinquante  rames,  amyot,  P.  yfim.ts. 

—  ÉTVM.  Holland.  fluit. 
4.FLCTÉ,ÉE(nù-té,tée),odj.  ||  l"Qui  imite  le  son 

Joux  et  agréable  do  la  flûte.  Des  sons  flûtes.  {|  Se 
dit  pa;ticulicrement  des  sons  produits  sur  les  in- 
struments à  cordes  en  laissant  aller  mollement  l'ar- 
chet qui  glisse  et  se  rapproche  de  la  touche.  {|  2"  Fig. 
v^oix  flûtée,  voix  douce.  Une  voix  nette,  juste  et 
flûtée,  ].  J.  Houss.  Conf.  v.  ||  On  dit  de  même  go- 
sier flûte.  Mais  par  malheur  cette  belle  voix  a  quitté 
ce  beau  gosier  flûte  depuis  que  le  vin  de  Champagne 
.s'en  est  emparé,  ch\ul:eu,  À  la  duchesse  du  Maine. 
Il  8°  Un  ton  flûte,  un  ton  de  voix  dans  lequel  il  y  a 
une  certaine  affectation  de  douceur.  Tandis  qu'un 
autre,  avec  un  tor.  llûté,  Disait:  mou  fils,  sachons 
'.1  vérité,  VOLT.  Enf.  prod.  v,  2 

—  ETYM.  Flûte 

-     2.  FlOtÉ,  ÉE  (llû-té,  lée),  part,  passé  de  flûler. 
Bu.  Un  verre  de  vin  flûte  lestement. 

FLÛTEAU  (flù-tô),  s.  m.  ||  1°  Flûte  grossière;  sif- 
flet. Cela  ne  vaut  pas  un  flûteau  d'un  sou.  {|  2"  Ter 
me  de    botjiniquo.    Plantain    aquatique ,    alisma 
plantago,  L  . 

—  IIIST.  xvr  s.  Aussi  sont  très  proprement  entés 
plusieurs  arbres  en  canon,  coruuchet,  tuiau,  flus- 
leau;  ainsi  dilte  telle  sorte  d'enter,  des  instrumens 
de  ces  noms,  o.  de  serbes,  07o. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  flûte;  provcnç.  flaut<l, 
fiaustel. 

FLÛTER  (flû-lé),  V.  n.  Il  1°  Jouer  de  la  flûte.  Il 
ne  se  dit  que  par  ironie  ou  en  plaisantant.  Il  ne 
fait  que  flûtcr  toute  la  journée.  ||  2"  Fig.  et  popu- 
lairement. Boire  beaucoup.  Comme  il  flûte!  ||  Ac- 
tivement. Alors  grand'  merveille  sera  Do  voir  flùter 
vin  de  Champagne,  ciiaul.  <i  M.  Sonning.  \\  3°  Son- 
der le  beurre  avec  l'instrument  dit  flûte.  Per- 
mettons aux  commis,  capitaines,  gardes  et  autres 
(l'épo.^és,  de  les  visiter,  sonder  et  flûler,  en  sorte 
ntanmoins  que  lo  prix  des  beurres  n'en  soit  dimi- 
nué, Ordonn.  mai  )080. 

—  HIST.  xiii*  s.  Tex  amors  sunt  tantost  seûcs, 
Qu'il  les  fleûtont  par  les  rues,  ta  Rose,  7-8i.  |{  xv"  s. 
Cili  jours  cstoit  un  mondain  jaradis;  Car  maint 
firent  des  arbres  chalomeauk  (chalumeaux]  Et  flo- 
jolez,  dont  floustoient  toudis  [toujours],  kust. 
DFSCH.  Poétiet  mts.  f"  75,  dans  hcurne.   Il  xvi»  ». 


FI.U 

Apprendre  à  fluster,  et  à  jouer  des  tragédies,  amyot, 
Eumènes,  .1.  Fleuter  pour  le  bourgeois  [boire  beau- 
coup], ouDi.s,  Cur.  fr. 

—  ÊTYM.  Provenr.  flautar;  portug.  frautar. 
Comme  on  voit,  la  forme  ancienne  llaiUcr  est  de 
trois  syllabes.  D'après  Diez,  c'est  une  transiiosilion 
de  sons  :  flaidrr  pour  ftatuer,  du  \a.i\n  flatus,  souffle. 

t  FLCtET  (flil.  tè),  s.  m.  Synonyme  de  galoubet. 

FLCtEUK,  EOSE  (flû-tour,teù-z'),  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Terme  de  plaisanterie  ou  de  dénigrement.  Ce- 
lui, celle  qui  joue  de  la  flûte.  C'est  un  mauvais  Au- 
teur. Il  Lo  Auteur  de  Vaucanson,  célèbre  automate 
qui  jouait  de  la  Aûtc  en  soufflant  et  en  faisant 
aller  les  doigts.  Le  Auteur  de  M.  Vaucanson  a  plus 
l'air  d'un  homme  qu'un  polype  n'a  l'air  d'un  ani- 
mal, VOLT.  Sitig.  ■!.  Il  2"  Nom  de  plusieurs  oiseaux. 
Il  3°  Familièrement.  Celui  ou  celle  qui  boit  beau- 
coup. Il  Proverbe  espagnol.  En  la  maison  du  flûteur 
tout  le  monde  danse. 

—  HIST.  xin"  s.  L'autre  fut  flciiteres,  moût  s'en 
sut  bien  aidier,  Berte,  xi.  Là  veissiés  Aeûsteors, 
Menesterez  et  jougleors,  la  Rose,  763.  ||  xvi'  s.  Dan- 
seurs d'Orléans,  Auteurs  do  Poitiers,  braves  d'Avi- 
gnon, DESPER.  Contes ,  lvi.  Pallas  anciennement 
jetta  la  fluste,  et  Apollo  escorcha  le  flusteur,  amyot, 
Aie.  4. 

—  ÉTYM.  Flûter.  Dans  l'ancienne  langue, /îeiiJfrc 
est  au  nominatif  ;  jleùteor  au  régime. 

f  FLCTISTK  (flû-ti-sf),  s.  m.  Néologisme.  Musi- 
cien qui  joue  de  la  Aûle  (voy.  flûte  4). 

—  ÉTYM.  FWe. 

■f  FLUUUE  (flu-u-r'),  s.  m.  Synonyme  peu  usité 
de  fluorure. 

FLUVIAL,  ALE  (flu-vi-al,  a-l'),  adj.  ||  1"  Qui  ap- 
partient aux  fleuves,  aux  rivières.  La  pêche  Au- 
viale.  Les  bassins  fluviaux  sont  ceux  dans  lesquels 
il  coule  des  fleuves.  ||  Axe  fluvial  d'un  liassin,  la 
plus  longue  ligne  droite  que  l'on  puis.se  tracer  dans 
ce  bassin.  ||  2"  S.  f.  plur.  Terme  de  botanique.  Les 
fluviales,  nom  appliqué  p;ir  les  botanistes  aux  gen- 
res notas  et  potamogeton,  plantes  aquatiques,  mo- 
nocotylédones.  Hors  d'usage  aujourd'hui. 

—  HIST.  xm'  s.  Ypotame  est  apelez  cheval  fiuviel, 
BRUN.  LATiNi,  Trisor,  p.  189. 

—  ÉTYM.  Pro\enç.  et  espagn.  fluvial;  ital.  flu- 
viale ;  du  latin  fluvialis,  do  fluvius,  fleuve. 

FLUVIATILE  (flu-vi-a-ti-l'j ,  adj.  Qui  vit,  qui 
croît  dans  l'eau  des  fleuves,  des  ruisseaux,  ou  sur 
leurs  bords.  Plante  fluviatile.  Coquilles  fluviatiles. 
Willughby  divise  leurs  nombreuses  espèces  en  ca- 
nards marins  ou  qui  n'habitent  que  la  mer,  et  ca- 
nards fluviatiles  ou  qui  fréquentent  les  rivières  et 
les  eaux  douces,  buff.  Ois.  t.  xvii,  p.  236. 

—  HIST.  xvi«  s.  Fluviatile,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Lat.  fluviatilis,  de  fluvius,  fleuve. 

t  FLUVIO-MARIN,  ISE  (Au-vi-0-ma-rin,  ri-n'), 
adj.  Terme  de  géologie.  Terrain  fluvio-marin,  ter- 
rain qui  porte  la  trace  du  séjour  de  l'eau  douce  et 
de  l'eau  marine. 

t  FLUVIOMÈTRE  (Au-vi-o-mè-tr'),  s.  m.  Terme 
de  physique.  Instrument  pour  mesurer  les  crues  des 
fleuves. 

—  ÉTYM.  Lat.  fltwius,  fleuve,  et  mètre. 

t  FLUVIOMÉTRIQUE  (  flu-vi-o-mé-tri-k'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  a  rapport  à  la  mesure  do 
la  quantité  d'eau  qui  est  dans  un  fleuve. 

FLUX  (flû  ;  Yx  se  lie  :  un  flû-z  abondant),  i.  m. 
Il  1°  Marée  montante,  mouvement  de  la  mer  vers 
le  rivage  à  certaines  heures.  Le  Aux  de  la  mer.  Avec 
fort  peu  de  peine  Un  flux  do  pleine  mer  jusqu'ici 
les  amène,  cobn.  Cid,  ii,  7.  Lo  flux  arrive  toutes 
les  fois  que  la  lune  est  au-iiessus  ou  au-dessous  du 
méridien,  et  le  reflux  succède  toutes  les  fois  que 
la  lune  est  dans  son  plus  grand  éloignement  du 
méridien,  buff.  Preuv.  iMor.  terre,  (iiuvres,  t.  n 
p.  <80,  dans  POUCENS.  ||F'ig.  De  ces  Aots  confondus 
[foule  de  gens]  le  flux  impétueux  Roule  et  dérobe 
Égisthe  et  la  reine  à  mes  yeux,  \olt.  Uirope,  v, 
0.  Qu'importe  ce  vain  flux  d'opinions  mortelles  Se 
brisant  l'une  l'autre  en  vagues  éternelles  V  lamaht. 
Ilarm.  i,  B.  ||  Le  flux  et  le  reflux,  la  marée  mon- 
tante et  la  maréoJescendan te. Comme  la  mer  Méditer- 
ranée n'a  ni  flux  ni  reflux,  il  y  a  plus  de  sûreté  et 
moins  d'inconvénients  à  établir  des  marais  salants 
dans  son  voisinage  que  dans  celui  de  l'Océan,  bukf. 
Min.  t.  in,  p.  307.  |{  Par  extension.  Les  baleines  fai- 
sant avec  leurs  narines  un  Aux  et  un  reflux  de 
l'onde  amère,  fénfj..  Tél.  iv.  ||  Fig.  Si  nous  avons 
trop  vu  ses  flux  et  ses  reflux  [de  la  faveur  popu- 
laire] Pour  Gallja,  pour  Othon  et  pour  Vitellius, 
CORN.  Tite  et  liérdn.  v,  6.  Qu'est-ce  que  votre  vie 
qu'un  Aux  et  reAux  de  haines,  de  désirs,  de  cha- 
gi'ins,   de  jalousies,  d'espérances?  hass.  Carlme, 


FLU 

Dégoût.  Il  2°  Écoulement  abondant,  effusion.  0 
reine,  qui,  pleine  de  charmes,  As  borné  le  flux  de 
nos  larmes  !  ualu.  m,  2.  ||  Fig.  Se  laissant  emporter 
aux  flux  de  ses  discours,  bégnier,  Sat.  xni.  C'est 
un  flux  perpétuel  de  grâces,  pascal,  dans  cousin 
Il  Flux  de  paroles,  bavardage,  discours  qui  ne  se 
terminent  pas.  Ce  grand  flux  de  raisons  doni 
tu  viens  m'attaquer,  corn,  la  Place  Royale,  i,  { 
Il  3"  Terme  de  médecine.  Écoulement  d'un  liquidt 
(juelconque  hors  de  son  réservoir  habituel.  Flux  pu- 
rulent, flux  muqueux,  écoulement  d'humeurs  puru- 
lentes, d'humeurs  muqueuses.  ||  Flux  de  bile  ou 
flux  bilieux,  évacuation  débile  par  le  haut  ou  pat 
le  bas.  Il  Flux  catarrhal,  synonyme  de  catarrhe 
Il  Flux  hémorroïdal ,  le  sang  que  rendent  les  h»';- 
morroïdes.  ||  Flux  hépatique ,  dévoiement  attribué 
à  ce  que  le  foie  ne  faitpas  bien  ses  fonctions.  ||  Flux 
honteux,  s'est  dit,  dans  l'antiquité,  d'écoulemenis 
par  les  parties  génitales.  Qu'il  y  ait  à  jamais  dans 
la  maison  de  Joab  des  gens  qui  soufl'rent  un  Aux 
honteux,  saci,  Bible,  Huis,  n,  m,  2».  ||  Flux  men 
struel,  les  règles  des  femmes.  ||  Flux  de  lait,  sécré- 
tion trop  abondante  de  lait  chez  une  nourrice,  ou 
sécrétion  de  lait  chez  une  femme  qui  n'est  pas  nour 
rice.  Il  Flux  de  sang,  Aux  dyssentérique,  dévoie- 
ment dans  lequel  on  rend  du  sang.  ||  Flux  de  sueur, 
sueur  excessive.  {|  Flux  d'urine,  évacuation  d'urine 
trop  abondante  et  trop  fréquente,  dite  plus  souvent 
polyurie.  Il  Flux  de  ventre,  et,  quelquefois  aksoiu- 
ment,Aui,  diarrhée  ou  dys.senlerie.  ||  Flux  débouche, 
ou  flux  de  salive,  ou  flux  salivaiie,  écoulement  ex- 
cessif de  salive.  Le  mercure  produit  le  flux  de  bou 
cho.  Peu  usité.  Il  Fig.  Flux  de  bouche,  bavardage, 
grande  loquacité.  D'Harcourt ,  malgré  ce  Aux  do 
bouche,  ne  laissait  pas  d'être  de  bonne  compagnie, 
ST-=iM.  96,  9.  Il  Fig.  et  populairement.  Il  a  un  Aux 
de  bourse,  se  dit  d'un  prodigue  qui  se  ruine.  j|  Ma 
bourse  a  le  Aux,  phrase  de  plaisanterie  pour  dire 
que  mon  argent  se  dépense  fort  vite.  ||  4"  Terme  de 
chimie.  Se  dit  de  diverses  substances  très-fusibles 
qu'on  ajoute  à  d'autres  qui  le  sont  moins;  sj-no- 
nyme  de  fondant.  ||  Flux  blanc,  tartre  calciné  avec 
partio.»  égales  de  nitre.  {|  Flux  noir,  tartre  calciné 
avec  moitié  de  son  poids  de  nitre.  ||  5"  Sorte  de  jeu 
de  cartes.  Suite  de  cartes  de  même  couleur.  ||  Être 
à  Aux,  sedit,  à  l'hombre,  du  joueur  qui  n'a  que  des 
triomphes  et  qui  ne  peut  lâcher. 

—  HIST.  xiir  s.  Une  maladie  le  prist  du  Aux  de 
ventre,  dont  il  accoucha  au  lit,  et  senti  bien  que  il 
dcvoit  partons  trespasser  de  cest siècle,  joinv.  300. 
Il  xiv*  l'uisque  la  plaie  est  appareillie  ou  flus  de 
sanc  est  redouté,  n.  de  mondeville,  f  39.  Toute 
dellettacion  est  génération,  c'est  à  dire,  flus  et  pas- 
sement de  aucune  chose  sensible  en  noslre  nature, 
0RESME,  Eth.  2(9.  HxV  S.  Qui  ludit  ad  ludum  char- 
tarum,  du  glic,  du  flus,  de  la  triomphe,  henot, 
f°  204,-  dans  du  cange,  jii'ssii.  ||  xvi"  s.  Le  lard 
fuyra  les  pois  en  quaresme  ;  l'on  ne  rencontrera 
point  d'as  on  [au]  flus,  rab.  Prognost.  Pont.  i. 
Ceulx  qui  auront  le  flux  de  ventre  iront  souvent  à 
la  selle  percée,  m.  ib.  3.  Flux  de  bourse  [manque 
d'argent] ,  lo.  ib.  Il  parla  sur  ce  subject  là,  avec  un 
tel  flux  d'éloquence,  que....  amyot,  Alex.  92.  Du 
flux  menstrual  des  femmes,  paré,  xviii,  68.  Pour 
finir  ce  notable  commentaire,  qui  m'est  cscliappé 
d'un  flux  de  caquet,  flux  impétueux  par  fois  et  nui- 
sible, MONT,  ni,  387. 

—  ÉTYM.  Provenç.  flux  ;  espagn.  fliixo  ;  ital. 
/ÎHSOT  ;  du  lat.  fluxus,  de  fluere,  fluer,  couler. 

FLUXION  (Au-ksion  ;  en  vers,  de  trois  syllabes), 
s.  f.  Il  1"  Terme  de  médecine.  Abo»d  d'un  liquide 
vers  le  point  où  l'appelle  une  cause  excitante.  Là 
où  il  y  a  irritation,  il  y  a  fluxion.  ||  Afflux  de  sang 
ou  d'autres  liquides  en  certains  tissus  qui  se  tumé- 
fient. J'ai  des  fluxions  sur  les  yeux  qui  m'ont  été 
l'usage  de  la  vue,  des  mois  entiers;  elles  se  promè- 
nent quelquefois  dans  les  oreilles  et  alors  je  vois, 
mais  je  suis  sourd;  elles  tombent  sur  la  gorge  et  je 
deviens  muet,  volt.  Lett.  Mme  du  Deffant,  4" 
juin.  4764.  Il  Vulgairement,  nom  donné  à  des  en- 
gorgements phlegmoneux  du  tissu  cellulaire  des 
joues  et  des  gencives.  La  Mousse  a  une  petite 
Auvionsur  les  dents,  sév.  68.  ||  Fluxion  de  poitrine, 
terme  vulgaire  qui  désigne  ou  une  pneumonie  ou 
une  pleurésie.  ||  On  a  dit  aussi  fluxion  sur  la  poi- 
trine. Une  telle  personne  est  morte  d'une  fièvre  et 
d'une  fluxion  sur  la  poitrine,  mol.  l'Amour  méd.  n, 
I .  Mme  de  Marbeuf  a  eu  le  courage  de  se  tirer 
d'une  fluxion  sur  la  poitrine  et  d'une  fièvre  conti- 
nue, n'ayant  voulu  voir  aucun  médecin  ni  être 
saignée,  sÊv.  30  janv.  4*86.  ||  Terme  de  vétérinaire 
Fluxion  périodique,  sorte  d'ophtbalmie  qui  attaque 
le  cheval.  ||  2"  Terme  de  mathématiiue.  Métbud* 


FOET 

n 

^  des  Buvions,  celle  où  l'on  consi(l^re  les  quantités  fi- 
nies comme  engendrées  par  un  flux  continuel,  et, 
par  exemple,  la  ligne  comme  la  fluxion  du  point, 
la  surface  comme  la  lluxion  de  la  ligne,  et  le 
solide  comme  la  fluxion  de  la  surface.  Ce  même  ma- 
nuscrit [de  NewtonJ  contient  et  l'invention  et  le 
calcul  des  fluxions  qui  ont  causé  une  si  grande  con- 
testation entre  M.  Leibnitz  et  lui,  ou  plutôt  entre 

1      l'Allemagne  et  l'Angleterre,  fontkn.  Newton.  Ce 

!  que  M.  Newton  appelait  fluxions,  M.  Leibnitz  l'appe- 
pelait  différences;  et  le  caractère  par  lequel  M.  Leib- 
nitx  marquait  l'infiniment  petit  était  beaucoup  plus 
commode  et  d'un  plus  grand  usage  que  eelui  da 
M.  Newton,  ID.  Leibnilt.  La  géométrie  et  la  physi- 
que, qui  est  appuyée  sur  elle,  font  voir  que,  dans 
les  directions  des  mouvements,  il  faut  toujours  pas- 
ser par  une  infinité  de  degrés;  et  c'est  même  le  fon- 
dement du  calcul  des  fluxions  inventé  par  Newton, 
VOLT.  Physique,  Expos,  du  livre  des  inst.  phys.  Loi 
de  continuité. 

—  HIST.  XVI' S.  Toutes  ciioses  sont  en  fluxion, 
muance  et  variation  perpétuelle,  mont,  ii,  376. 
Fluxion  est  un  soudain  desbordement  d'iiumeurs, 
avec  plus  grande  quantité  qu'il  n'est  besoin  à  la 
partie  pour  sa  nourriture,  paré,  v,  2.  Ne  plus  ne 
moins  qu'un  lieu  bas  qui  reçoit  toutes  fluxions, 
KaYQT,  De  la  mauvaise  honte,  4. 

—  ÉTYM.  LaX.fluxionem,  defluere,  fluer,  couler. 
FLOXIONNAIRE   (flu-lcsio-nê-r'),  adj.  Terme  de 

médecine.  Qui  est  sujet  aux  fluxions.  Cbeval  fluxion- 
naire.  ||  Oui  a  rapport  aux  fluxions.  Mouvement 
lluxionnaire. 

—  ÉTYM.  Fluxion. 
t  FO  (fo),  s.  m.  Nom  de  Bouddha  en  Chine  (voy. 

BO  uddhisme)  . 
f  FOASSIER  (fo-a-sié),  s.    m.  Terme  de   pêche 

(voy.  CHARNIER  2). 

FOC  (fok),  s.  m.  Terme  de  marine.  Voile  trian- 
gulaire qui  se  déploie  entre  le  mât  de  misaine  et  le 
beaupré,  le  long  d'un  étai  ou  d'une  draille.  ||  Grand 
foc,  voile  triangulaire  qui  se  hisse  à  la  tête  du  pe- 
tit mit  de  hune.  ||  Foc  d'artimon,  sorte  de  voile  d'é- 
tai  qui  s'installe  entre  le  grand  mût  et  le  mât  d'ar- 
timon. Il  Faux  foc,  petite  voile  triangulaire  que  l'on 
hisse  entre  le  petit  et  le  grand  foc  et  qui  remplace 
ce  dernier  en  dilTérents  cas. 

—  ÉTYM.  Allem.  /"ocft  ;  holland. /bfc;  suéd.fœcka; 
danois,  facke. 

t  FOCAL,  ALE  (fo-k.il,  ka-1'),  adj.  Terme  de  géo- 
tûAtrie  e';  de  physique.  Qui  a  rapport  au  foyer  d'un 
miroir  ou  d'une  lentille.  ||  Distance  focale,  inter- 
valle compris  entre  le  centre  optique  d'une  lentille 
et  son  foyer  principal  ou  l'objet  qui  s'y  trouve  placé. 
;|  Distance  focale,  se  dit  aussi  de  l'espace  qui  sépare 
les  deux  foyers  d'une  ellipse.  ||  Boule  focale,  boule 
d'un  thermomètre  difl'érentiel  qu'on  place  au  foyer 
d'un  miroirpour  en  apprécier  la  température.  ||  S.  f. 
Terme  de  mathématique.  Sorte  de  courbe. 

—  HlST.  XV"  s.  Tenir  focale  résidence  [avoir  feu 
et  ]\eu],  Coût,  de Norm.  envers,  !°  3o,  dansLACURNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  focus,  foyer. 
f  FOCILE  (fo-si-l'),  s.  m.  Ancien   terme   d'ana- 

tnmie.  Grand  focile  du  bras,  le  cubitus.  Petit  focilo 
du  bras,  le  radius.  Grand  focile  de  la  jambe,  le 
tibia.  Petit  focile  de  la  jambe,  le  péroné. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'os  de  l'esperon  ou  petit  focile  de 
(a  jambe,  paré,  iv,  31. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue;  ias-lat.  focile;  pro- 
venç.  focil;  portug.  au  plur.  fociles  ;  ital.  focile. 

t  FOCOT  (fo-ko),  s.  m.  Baume  focot  o"  faux  ta- 
camaque,  résine  du  populus  balsamifera,  L. 
t  FOÈNE  (fouè-n') ,  s.   f.    Instrument  de  pêche 

(voy.  FOUINE  2). 

f  FOÊNER  (fouè-né),  V.  a.  Terme  de  pêche.  Har- 
ponner des  poissons  avec  la  foène. 

—  ÉTYM.  Foène. 
FOERRE   ou   FOARRE    (foua-r'},    s.   m.    Terme 

vieilli.  Paille  longue  de  toute  sorte  de  blé.  ||  Faire 
i  Dieu  barbe  de  foarre,  au  propre,  payer  la  dîme 
avec  des  gerbes  qui  n'ont  que  do  la  paille  ;  au  figuré, 
traiter  avec  irrévérence  les  choses  de  la  religion 
(voy.  babee). 

—  ÉTYM.  Voy.    FEURRE. 

t  FOETAL,  ALE  (fé-tal,  ta-l'),  adj.  Qui  a  rapport 
au  fœtus.  Membranes  fœtales,  celles  qui  forment  la 
coque  de  l'œuf  (la  caduque, le  chorion  et  l'amnios)". 

—  ÉTYM.  Fœtus. 

+  FOETIPARE  (fé-ti-pa-r'),  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. C'Ji  mot  au  monde  des  fœtus,  et  non  des  pe- 
tits venus  i  terme. 

—  ÉTYM.  Fœtus,  et  le  lat.  parère,  mettre  au  monde. 
FOETUS  (fë-tus'),  s.  m.    Terme  de   physiologie. 

Le  produit  de  la  conception  encore  renfermé  dan« 


FOI 

l'utérus.  Dos  hommes  de  génie  peuvent  tomber  im- 
punément dans  quelques  erreurs  sur  la  formation 
d'un  fœtus  et  sur  celle  des  montagnes;  les  femmes 
font  toujours  des  enfants  comme  elles  peuvent,  et 
les  montagnes  restent  à  leur  place,  volt.  Pyrrhon. 
hist.  ch.  43.  Le  fœtus  est  visible  peu  de  jours  après 
la  conception  ;  il  a  donc  acquis  alors  un  volume 
plusieurs  millions  de  fiis  plus  grand  que  n'était 
son  volume  original,  bonnet,  Consid.  corps  org. 
rjtvu».  t.  v,  p.  (26,  dans  POUGENS.  Il  Dans  l'espèce 
humaine,  le  produit  de  la  conception,  nommé  d'a- 
bord embryon,  prend,  vers  le  deuxième  mois  de  la 
grossesse,  le  nom  de  fœtus,  et  le  conserve  pendant 
tout  le  temps  qu'il  demeure  contenu  dans  la  matrice. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  ne  doit  encore  estre  appelle 
enfant;  mais  seulement  sera  appelle  geniture,  ou 
embryon ,  ou  pullulant,  ou  naissant,  ou  meurissant, 

ou  fœtus,  PARÉ,  XVIII,  8. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fétus;  du  lat.  fœtus,  de  feo, 
produire,  engendrer. 

t  FOGUE  (fo-gli'),  s.  f.  Passage  pour  la  navette 
dans  la  ciiaîne. 

—  ÉTYM.  Peut-être  le  lat.  fuga,  fuite. 

FOI  (foi),  s.  f.  Il  1°  Fidélité,  exactitude  à  remplir 
ses  engagements;  et,  par  extension,  assurance,  ser- 
ments, protestations  de  loyauté.  Si  j'en  obtiens 
l'effet,  je  t'engage  ma  foi  De  ne  respirer  pas  un 
moment  après  toi,  corn.  Cid,  m,  4.  Aucun  de  tes 
amis  ne  t'a  manqué  de  foi,  m.  Cinna,  m,  4.  Ma  foi 
m'engage  ailleurs  aussi  bien  que  la  vôtre,  id.  Ilé- 
racl.  1,  4.  Mais  c'est  trop  que  d'en  croire  un  Romain 
sur  sa  foi,  m.  Nicom.  ii,  3.  Avec  beaucoup  de  Ibi 
le  traité  s'exécute,  la  font.  Fianc.  Je  veux  m'aban- 
donner  à  la  foi  de  ma  femme,  mol.  Éc.  des  mar.  i, 
3.  Cultivez  vos  amis,  soyez  homme  de  foi,  boil. 
Art  p.  IV.  Si  la  foi  dans  son  cœur  retrouvait  quelque 
place,  rac.  Andr.  u,  l.  Ta  foi  dans  mon  malheur 
s'est  montrée  à  mes  yeux,  m.  ib.  iv,  i.  Et  moi, 
si  mon  devoir,  si  ma  foi  ne  l'arrête....  id.  Eajaz.  i, 
).  Je  ne  reconnais  plus  la  foi  de  vos  discours  Qu'au 
soin  que  vous  prendrez  de  m'éviter  toujours,  m. 
Mithr.  II,  8.  Quoi  !  de  quelque  côté  que  je  tourne  la 
vue,  La  foi  de  tous  les  cœurs  est  pour  moi  disparue, 
ID.  ib.  III,  4.  Ahl  sans  doute  on  s'en  peut  reposer 
sur  ma  foi,  m.  Iphig.m,  e.  Manquant  à  la  foi  qu'elle 
avait  donnée  à  mon  père,  fén.  Tél.  vu.  Cet  esclave 
chrétien  Qui,  sur  sa  foi,  seigneur,  a  passé  dans  la 
France,  volt.  Zaïre,  i,  3.  Est-ce  là  cette  foi  si  pure 
et  si  sacrée  Qu'à  mon  époux,  qu'à  moi  votre  bouche 
a  jurée?  id.  Mér.  i,  3.  Charles  se  défia  toujours  des 
promesses  du  monarque,  et  se  livra  à  la  foi 
du  chevalier,  id.  Mœurs,  12B.  On  a  déjà  vu  que 
la  maxime  s'était  introduite,  de  ne  pas  garder  la 
foi  aux  hérétiques,  on  en  concluait  qu'il  ne  fal- 
lait pas  la  garder  aux  Mahométans,  id.  ib.  89. 
Il  La  foi  des  traités,  des  engagements,  du  serment, 
des  serments ,  etc.  l'assurance  que  l'on  donne 
de  quelque  chose  par  les  traités,  les  engage- 
ments, etc.  Il  veut  que  d'un  festin  la  pompe  et  l'al- 
légresse Confirment  à  leurs  yeux  la  foi  de  nos  ser- 
ments, bac.  Brit.  v,  (.  Il  Fig.  Sur  la  foi  des  traités, 
selon  la  confiance  établie  entre  les  honnêtes  gens. 
Il  Donner  sa  foi,  faire  une  promesse  solennelle. 
Non,  seigneur,  j'en  réponds,  et  vous  donne  ma  foi 
Que  personne  jamais  n'aura  pouvoir  sur  moi,  moi. 
D.  Gare,  v,  5.  Oui,  je  vous  ai  promis  et  j'ai  donné 
ma  foi  de  n'oublier  jamais  tout  ce  que  je  vous  dol, 
BAC.  Bajas.  m,  5.  ||  Jurer  sa  foi,  affirmer  par  ser- 
ment. Jurez-en  votre  foi,  mol.  Mar.  f.  2.  U  vous 
aime  très-chèrement,  il  en  jure  sa  foi,  sÉv.  381. 
Il  Foi  de  Bohême,  la  foi  que  les  voleurs  se  gardent 
entre  eux.  ||  Foi  de  gentilhomme,  foi  d'honnête 
homme ,  etc.  façons  de  parler  dont  on  use  pour  at- 
tester plus  fermement  quelque  chose.  ||  Foi  de,  sur 
ma  foi ,  par  ma  foi,  ma  foi,  locutions  affirmatives 
de  ce  qu'on  dit  ou  de  ce  qu'on  avance.  Foi  de  peuple 
d'honneur  ils  lui  promirent  tous  De  ne  bouger  non 
plus  qu'un  terme,  la  font.  Fabl.  ix ,  I9.  Quel  au- 
tre art  de  penser  Aristote  et  sa  suite  Enseignent-ils, 
par  votre  foi  ?  id.  t&.  xi,  9.  Il  épouse  Mademoi- 
selle, ma  foi,  par  ma  foi,  ma  foi  jurée,  sÉv.  ». 
Ma  foi!  sur  l'avenir  bien  fou  qui  se  fiera!  bac. 
Plaid.  I,  t.  Les  précautions  n'y  font,  ma  foi,  rien,  ha- 
MiLT.  Gramm.  9.  Mais  delà  maison,  ma  foi,  Le  plus 
beau  lit  fut  pour  moi ,  bérano.  Sc'naf.  ||  2"  Terme 
de  féodalité.'  Foi  et  hommage,  serment  do  fidélité 
que  le  vassal  prêtait  entre  les  mains  du  suzerain. 
Il  Homme  de  foi ,  le  vassal  qui  doit  foi  et  hom- 
mage. Il  Terme  de  blason.  Foi  se  dit  de  deux 
mains  jointes  en  signe  d'alliance.  ||  Terme  de  fau- 
connerie. Laisser  aller  un  oiseau  sur  sa  foi,  lui 
donner  plus  de  filière,  pour  le  réclamer  en  liberté. 
Il  3°  Foi  conjugale,  la  promesse  de  fidélité  que  les 


FOI 


1707 


deux  époux  se  font  au  moment  du  mariage.  De  le 
garder  la  foi  du  mariage,  la  font.  Kich.  Je  sais 
qu'ils  [les  sultans]  se  sont  fait  une  superbe  loi 
De  ne  point  à  l'hymen  assujettir  leur  foi,  rac. 
Bajax.  i,  3.  Il  Consentement  au  mariage,  dans  le 
langage  de  la  poésie  et  de  la  prose  élevée.  Je  le 
veux  de  ma  main  présenter  à  Chimcne,  Et  que  pour 
récompense  il  reçoive  sa  foi,  corn.  Cid,  iv,  5.  Oui, 
c'est  elle  en  un  mot,  dont  l'adresse  subtile  La 
nuit  reçut  ta  foi  sous  le  nom  de  Lucile,  mol.  ie 
Dép.  v,  9,  Le  jour  où  j'obtins  sa  foi  [de  ma  fem- 
me], Un  sénateur  vint  chez  moi,  bérang.  Sénateur. 
Il  4°  Bonne  foi,  qualité  de  celui  pour  qui  la  foi  est 
toujours  sacrée,  et,  plus  généralement,  la  sincérité, 
la  franchise.  Rien  n'est  si  dangereux  que  trop  de 
bonne  foi,  corn.  Sertor.  iv,  3.  Ne  m'allez  pas  trom- 
per, je  vous  prie  ;  il  y  aurait  de  la  conscience  à  vous, 
et  vous  voyez  comme  j'y  vais  à  la  bonne  foi ,  mol.  V. 
Juan,  II,  2.  L'ardeur  de  s'enrichir  chassa  la  bonne 
foi,  BOIL.  Épttre  ix.  J'ai  tenu  ma  parole,  j'ai  été  ami 
et  ennemi  de  bonne  foi ,  fén.  Dial.  des  morts  mod. 
Richelieu ,  Masarin.  Les  princes  alliés  veulent 
agir  de  bonne  foi  avec  nous,  id.  Tél.  xxi.  Nous  vou- 
drions savoir  si  nous  sommes  de  bonne  foi  revenus 
à  Dieu,  MASS.  Car.  Passion.  Ëtes-vous  de  bonne 
foi  dans  cette  résolution  ?  id.  Car.  Confess.  L'évêque 
du  Mans,  du  Crevy,  disait  :  Je  n'ai  jamais  lu  le 
livre  de  Quesnel,  mais  j'en  ai  entendu  dire  beau- 
coup de  bien;  et  si,  par  notre  acceptation  de  la 
bulle,  nous  avons  mis  la  foi  à  couvert,  nous  n'y 
avons  pas  mis  la  bonne  foi,  duclos,  Règne  Louis  XIV, 
Œuv.  t.  V,  p.  <:i3,  dans  pougens.  ||  Laisser  quel- 
qu'un sur  sa  bonne  foi ,  le  laisser  maître  de  sa 
conduite,  ne  pas  le  surveiller.  On  laisse  ce  jeune 
homme  sur  sa  bonne  foi.l|On  dit  dans  le  même 
sens  :  être  sur  sa  bonne  foi,  sur  sa  foi.  ||  Autrefois 
on  a  dit  snus  et  non  sur.  Et  le  mettre  en  état,  des- 
sous sa  bonne  foi,  De  régner  en  ma  place  ou  de 
périr  pour  moi,  corn,  lléracl.  iv,  \ .  ||  Cet  homme 
est  fait  à  la  bonne  foi,  ou  il  vit  à  la  bonne  foi, 
c'est-à-dire  il  est  assez  niais  pour  se  fier  aux  ap- 
parences, ou  pour  croire  tous  ceux  qui  lui  donnent 
des  paroles.  H  Être  de  bonne  foi,  être  trop  confiant. 
Ne  soyez  pas,  ma  sœur,  d'une  si  bonne  foi,  mol. 
Femmes  sav.  i,  i.  ||  En  jurisprudence,  bonne  foi, 
la  conviction  où  l'on  est  que  l'on  exerce  un  droit 
légitimement,  dans  les  conditions  légales.  Posses- 
seur de  bonne  foi,  celui  qui  possède  en  vertu  d'un 
titre  dont  il  ignore  les  vices.  |l  En  bonne  foi  ,  de 
bonne  foi ,  manière  d'en  appeler  à  la  franchise, 
à  la  justice.  En  bonne  foi,  crois-tu,  sans  t'éblouir 
les  yeux.  Avoir  de  grands  sujets  de  paraître  joyeux'? 
MOL.  Mis.  m,  1.  De  bonne  foi,  voulez-vous  que 
Dieu  oublie  les  crimes?  mass.  Car.  Pardon.  Je 
demande  en  bonne  foi  si  cette  espèce  d'héroïsme 
est  comparable  à  celui  de  Caton,  de  Cassius, 
VOLT.  Olympie,  remarque  de  Vacte  v.  {|  De  bonne 
foi  ,  en  bonne  foi,  sincèrement.  C'est-à-dire  que 
cette  grâce  suffit,  quoiqu'elle  ne  suffise  pas;  c'est- 
à-dire  qu'elle  est  suffisante  de  nom  et  insuffi- 
sante en  effet;  en  bonne  foi,  cette  doctrine  est 
subtile,  PASC.  Prov.  2.  De  bonne  foi ,  madame, 
répliquai-je,  je  n'en  sais  rien  ,  fonten.  Mondes, 
2'  soir.  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  de  la  meil- 
leure foi  du  monde.  Il  vous  assure  cela  de  la  meil- 
leure foi  du  monde.  ||  Mauvaise  foi,  déloyauté, 
absence  de  franchise,  de  sincérité.  La  mauvaise 
foi  de  ce  débiteur.  Homme  de  mauvaise  foi.  La 
mauvaise  foi  d'un  récit.  Faire  provision  de  f/ue!- 
ques  dés  de  mauvaise  foi,  hamilt.  Gramm.  3.  ||I1 
se  dit  de  même  en  jurisprudence.  Possession  de 
mauvaise  foi.  C'est  à  celui  qui  allègue  la  mauvaise 
foi  à  laprouver.  |1  5°  Valeur  du  témoignage  rendu,  vé- 
racité. Certainement  nous  ferions  difficulté  de  croire 
ces  choses  sur  la  foi  d'autrui,  balz.  liv.  ii,  lett.  >. 
Ordinairement  ils  [les  catholiques]  négligent  trcp 
les  livres  de  controverse;  appuyés  sur  la  foi  de 
l'Église,  ils  ne  sont  pas  assez  soigneux  de  s'in- 
struire dans  les  ouvrages  où  leur  foi  serait  confir- 
mée, et  où  ils  trouveraient  les  moyens  de  ramener 
les  errants,  boss.  Confér.  avec  Claude,  avertisse- 
ment. Je  puis  attester  ici  la  foi  publique  :  ceux 
qui  eurent  besoin  de  son  secours  trouvèrent-ils 
jamais  entre  eux  et  lui  des  barrières  impénétra- 
bles? fléch.  Lamoignon.  Attribuant  tout  le  succès 
de  cette  négociation  au  sophiste  Libanius  contr-! 
la  foi  de  l'histoire  et  contre  le  témoignage  des 
auteurs  contemporains,  id.  Jlist.  de  Théod.  m,  86. 
Il  Faire  foi,  prouver,  témoigner,  icte  qui  fait 
foi  en  justice.  [Ils]  Nous  content  qu'ils  sont  fils 
d'Hercule  Sans  toutefois  en  faire  foi,  maiii.  vi,  8. 
Je  le  repousserai  d'un  air  qui  fera  foi  Qu'on  ne  doit 
pas  manquer  de   respect  à  son   roi,  tristan,  Mn- 


1708 


FOI 


rioiM,  il,  ».  Oui,  je  yeux  que  de  tout  vos  yeux 
\ous  fassent  foi,  moi..  Mis.  m,  7.  Mon  Dieu!  lais- 
sons là  le  mérite;  J'en  ai  fort  peu  sans  doute  et 
vous  en  faites  foi  id.  Tart.  ii,  i.  Los  histoires 
ftrocquos  font  foi  que  cette  philosophie  venait 
d'Orient,  Boss.  Ilist.  ii.  6.  Dans  les  champs  phry- 
(fiens  les  effets  feront  foi  Oui  la  chérit  le  plus  ou 
d'Ulysse  ou  de  moi,  rac.  IpM'j.  i,  a.  L'état  où  il 
paraissait,  son  sang,  ses  plaies  faisaient  foi  pour 
lui,  ROLLiN  ,  Hist.  anc.  OEuv.  t.  m,  p.  7 1,  dans 
pouGENS.  Qui  croirait  qu'il  lui  en  coûta  [à  Henri  IV] 
trente-deux  millions  numéraires  de  son  temps  pour 

f)ayer  les  prétentions  de  tant  do  seigneurs  ? 
os  mémoires  du  duc  de  .Sully  en  font  foi,  volt. 
Mœurs  ,  174.  ||  Dans  le  langage  des  certificats.  En 
foi  de  qu(d  j'ai  signé  le  présent  certificat,  c'est- 
à-dire  pour  attester  telle  chose  j'ai  signé.  ||  Kig.  .Sur 
la  foi  de,  en  se  confiant,  en  croyant  à... .  Sur  la  foi 
de  ses  pleurs  je  n'ai  rien  craint  de  vous,  corn.  Ho- 
dog.  V,  4.  Et  nous  qui  jugeons  tout  sur  la  foi  de  nos 
yeux,  ID.  Sertor.  m,  2.  Le  plus  sage  s'endort  sur  la 
foi  des  zéphyrs,  la  font.  El.  aux  nymphes  de  Vaux. 
Sur  la  foi  de  ses  pleurs  ses  e.sclaves  tremblèrent, 
RAC.  Bajas.  I,  t.  Et  qui  ne  se  serait  comme  moi  dé- 
clarée Sur  la  foi  d'une  amour  si  saintement  jurée? 
II).  Andr.  ii,  l.  Un  roi  dont  la  grandeur  éclipsa  .ses 
ancêtres  Crut  pourtant,  sur  la  foi  d'un  confesseur 
normand,  Jansenius  à  craindre  et  Quesnel  impor- 
tant, VOLT.  Loi  nat.  iv.  ||6°  Créance  que  l'on  ac- 
corde aux  hommes  ou  aux  choses.  Je  doutais  qu'un 
secret  n'étant  su  que  de  moi  Sous  un  tyran  si  craint 
piU  trouver  tant  de  foi,  corn.  Hérac.  ii,  6.  Quicon- 
que le  peut  croire  ainsi  que  vous  et  moi,  S'il  a  man- 
que de  sens,  n'a  pas  manque  de  foi,  id.  le  lient. m, 
S.  Venez,  divin  mortel,  sa  [<le  Démocrite]  folie  est 
extrême;  Hippocrate  n'eut  pas  trop  de  foi  pour  ces 
(Cens,  LA  PONT.  Fabl.  viii,  26.  Beaucoup  de  gens 
ont  une  ferme  foi  Pour  les  brevets....  id.  Orais. 
Ouoiqu'à  leur  nation  bien  peu  de  foi  soit  due,  mol. 
l'Ét.  II,  )3.  Mais  je  n'ai  point  pris  foi  sur  ces  mé- 
chantes langues,  ID.  Éc.  desf.  Il,  6.  Mme  de  Mont- 
morenci  avait  dans  Bordeu  une  foi  dont  son  fils  finit 
par  être  la  victime,  j.  s.  rouss.  Conf.  xi.  J'ai  foi  à 
vos  discours  où  lemensongi'  n'entre  pas,  p.  l.  cour. 
ou  rédacteur  de  la  ii>uolidienne.  ||  Ajouter  foi,  et, 
quelquelois,  prêter  foi,  croire,  donner  créance.  X 
l'horbas  ajouteiiez-vous  foi  î  corn.  Œdipe,  iv, 
2.  Ils  ajoutaient  foi  aux  fausses  prédictions,  boss. 
Ilist.  II ,  8.  i  ces  discours  trompeurs  le  monde 
ajoute  foi  boil.  fut.  xi.  ||  Avoir  foi  en  soi-même, 
croire  en  soi,  être  plein  de  confiance  dans  son  ha- 
bileté, son  succès,  etc.  Il  se  trouble  à  l'éclat  do 
sa  grandeur  suprême,  11  s'impose,  il  s'adore,  il 
a  foi  dans  lui-même,  c.  delav.  Paria,  i,  2. 
Il  En  foi,  en  confiance.  Si  l'on  vous  presse  d'aller 
à  Paris,  marchez  en  foi,  boss.  Lett.  Corn.  85. 
Il  7"  Croyance  aux  dogmes  de  la  religion.  Les 
premiers  disciples  de  la  foi.  La  propagation  de  la  foi. 
Qui  fuit  croit  lilchement  et  n'a  qu'une  foi  morte, 
CORN.  Poly.  Il,  6.  Il  est  impossible  de  plaire  à  Dieu 
sans  la  foi  ;  car,  pour  s'approcher  de  Dieu,  il  faut 
croire  premièrement  qu'il  y  a  un  Dieu,  s\c\,  Bible, 
St  Paul,  Ép.  aux  Ilébr.  xi,  ».  Combien  aura-t-il  plus 
de  soin  de  vous  vêtir,  6  homme  de  peu  de  foil  id. 
Bible,  Êv.  St  Matlh.  vi,  3o.  Si  jamais  l'on  peut  dire 
que  la  voie  du  chrétien  est  étroite,  c'est,  messieurs, 
durant  les  persécutions;  car  que  peut-on  imaginer 
de  plus  malheureux  que  de  ne  pouvoir  conserver  la 
foi,  sans  s'exposer  au  supplice,  ni  sacrifier  sans 
trouble,  ni  chercher  Dieu  qu'en  tremblant?  noss. 
Heine  d'Anglet.  Nous  voyons  en  Louis  non  un  roi , 
mais  un  serviteur  de  Jésus-Christ  et  un  prince  qui 
s'élève  au-dessus  des  hommes  plus  encore  par  la  loi 
que  par  sa  couronne,  lu.  Marie-TMr.  Les  gages  de 
l'amour  divin,  en  eux-mêmes,  sont  indépendants  de 
notre  foi  ;  seulement  il  faut  notre  foi  pour  en  profi- 
ter, ID.  Yar.  IX,  §  32.  Pour  être  assuré  d'avoir  cette 
foi  vive  qui  opère  la  véritable  conversion  du  coeur, 
il  faudrait  être  assuré  que  !e  péché  ne  règne  plus 
en  nous,  id.  ib.  i,  §  le.  Une  foi  vive  est  le  fonde- 
ment de  la  stabilité  que  nous  admirons  ;  car  d'où 
viennent  nos  inconstances,  si  ce  n'est  de  notre  foi 
chancelante?  m.  Marie-TMr.  La  foi  est  donc  un 
.'.outien,  mais  des  choses  qu'on  doit  espérer  ;  c'est 
une  pleine  conviction  de  ce  qui  ne  ;raraît  pas,  id. 
ib.  Maisqui  eût  pu  refu.ser  l'eucharistie  à  l'inno- 
cence, ot  Jésus-Christ  à  une  foi  si  vive  et  si  pure? 
1».  ib.  Siècle  vainement  subtil....  où  tantd'ftmes  in. 
f eiUMies  cherchent  leur  repos  dans  le  naufrage  de  la 
loi  et  ne  font  d'effort  contre  elles-mêmes  que  pour 
vaincre,  au  lieu  de  leurs  passions,  les  remonis 
da  leur  conscience,  id.  Ann.  de  Gunt.  Crovons 
aonc   avec  saint  Jean  en  l'amour  d'un  Dieu  :  la  foi 


FOI 

nous  paraîtra  douce,  en  la  prenant  par  un  endroit 
si  tendre,  id.  Arme  de  Oonx.  Il  faut  imposer  silence 
à  nos  pensi'es,  à  nos  discours  et  à  notre  raison,  et 
entrer  avec  Moïse  dans  la  nuée,  c'esl-à-dire  dans 
les- saintes  ténèbres  de  la  foi,  pour  connaître  Dieu  et 
ses  vérités,  iD.  t"  serm.  Quinquan.  t.  Il  est  essentiel  à 
la  foi  de  ne  pas  voir  et  de  croire  ce  qu'on  ne  voit 
pas,  BOURD.  Pens.  t.  i,  p.  1 58.  De  mOme  que  la  foi  vi- 
vifie les  œuvres,  on  peut  dire  que  les  œuvres  vivifient 
la  foi,  id.  ib.  p.  (78.  Le  concile  de  Trenle,  voulant 
nous  donner  une  idée  exacte  de  la  foi ,  s'est  servi 
de  trois  paroles  bien  remarquables,  lorsqu'il  nous 
déclare  que  la  foi  est  le  commencement,  le  fonde- 
ment et  la  racine  de  notre  justification,  id.  3*  diin. 
après  l'Êpiph.  Dominic.  t.  i,  p.  133.  La  nation  ché- 
rie a  violé  sa  foi,  rac.  Esth.  i,  4.  La  foi  qui  n'agit 
point  est-ce  une  foi  sincère?  id.  Ath.  i,  l.  Armez- 
vous  d'un  courage  et  d'une  foi  nouvelle  ;  Il  est 
temps  de  montrer  cette  ardeur  et  ce  zèle  Qu'au  fond 
de  votre  cœur  mes  soins  ont  cultivés  El  de  payer  à 
Dieu  ce  que  vous  lui  devez,  id.  ib.  iv,  2.  Je  dis  que 
la  foi  est  absolument  nécessaire  à  l'homme  dans  les 
voies  ténébreuses  de  cette  vie,  mass.  Car.  Yér.  de  la 
religion.  Les  Asiatiques  ne  peuvent  croire  que  par 
la  foi  le  voyage  de  Mahomet  dans  les  sept  planètes, 
les  incarnations  du  dieu  Fo,  de  Vitsnou,  de  Xaca, 
de  Brama,  de  Sommonacodom,  volt.  Dict.  phil.  Foi. 
Le  dieu  des  humbles  fois  descend  du  ciel  sur  nous, 
lamart.  Joc.  VI,  230.  ||  Fig.  Je  ne  pouvais  croire 
qu'il  fût  possible  qu'elle  [Mlle  de  Rambouillet]  eût 
rencontré  à  écrire  si  bien  de  cette  sorte  [dans  le 
stjle  des  romans  de  chevalerie],  n'ayant  jamais 
lu  de  cette  manière  de  livres;  mais  c'est  par  foi 
qu'il  faut  la  connaître,  et  non  pas  par  raison, voit. 
Lett.  30.  Il  Planter  la  foi  dans  un  pays,  y  introduire 
la  religion  chrétienne.  |{  Avoir  la  foi,  être  convaincu 
de  la  vérité  d'une  religion,  et,  en  particulier,  de  la 
religion  chrétienne.  Vous  vous  convertiriez  si  vous 
aviez  la  foi,  mass.  Avent,  Délai.  Quand  on  a  de  la 
foi  et  qu'on  est  touché  de  la  gloire  de  Dieu,  id.  Ca- 
rême, Mélange.  {{  Foi  divine,  celle  qui  est  fondée  sur 
la  révélation  ;  foi  humaine,  celle  qui  est  fondée  sur 
le  témoignage  des  hommes.  ||  Foi  de  saint  Thomas, 
celle  qui  ne  s'accorde  que  quand  on  a  vu  et  touché, 
ou  reconnu  vrai  par  quelque  épreuve,  par  allusion 
à  Thomas,  qui  dans  l'Évangile  ne  veut  croire  à 
Jésus  ressuscité  que  quand  il  l'a  touché.  Voilà  de 
ces  cas  où  il  ne  faut  avoir  de  foi  que  celle  desaint 
Thomas,  et  demander  à  voir  et  à  toucher,  volt. 
Lett.  duch.  de  Hesse-Cassel,  n  mai  (754.  {|  La  foi, 
avec  l'espérance  et  la  charité,  est  une  des  trois  -"er- 
tus  théologales.  ||  Le  mérite  de  la  foi,  le  mérite 
qu'il  y  a  à  croire  les  mystères  de  la  religion,  sans 
y  employer  la  raison  ou  la  science.  Comme  le 
mérite  de  la  foi  est  de  nous  faire  espérer  contre 
l'espérance  même....  hourdal.  Carême,  sur  la  Pro- 
vidence. On  dit  que  Fra  Paolo  ne  voulut  pas  je- 
ter les  yeux  sur  le  livre  d'un  de  ses  amis  qui  dé- 
montrait la  vérité  des  dogmes  pour  ne  pas  perdre 
le  mérite  de  la  foi,  volt.  Lett.  Constant  de  Re- 
becque,  le....  1773.  j|  La  foi  du  charbonnier,  foi 
ferme ,  mais  sans  science.  On  tire  ce  proverbe 
d'un  conte  :  un  charbonnier,  étant  enquis  par  le 
diable  de  ce  qu'il  croyait,  lui  répondit  toujours  : 
je  crois  ce  que  l'Église  croit.  La  foi  du  cen- 
tenier,  la  foi  du  charbonnier  sont  passées  en 
proverbe  ;  je  suis  soldat  et  bûcheron ,  c'est 
comme  charbonnier,  p.  l.  cour.  Lctl.  à  l'Acad.  des 
inscr.  Il  Familièrement.  N'avoir  ni  foi  ni  loi,  n'avoir 
ni  religion  ni  morale.  Ln  coupe-gorge  où  il  n'y  a 
ni  foi  ni  loi,  sÉv.  597.  Qui  méprise  Colin  n'estime 
point  son  roi.  Et  n'a,  selon  Cotin,  ni  dieu,  ni  foi, 
ni  loi,  BOiL.  Sal.  ix.  ||  8°  L'objet  de  la  foi,  les  dog- 
mes d'une  religion,  cette  religion  même.  Ses  au- 
mônes se  répandaient  de  toutes  parts  jusqu'aux 
dernières  extrémités  de  ses  trois  royaumes;  et, 
s'étendanl,  par  leur  aboa  lance,  même  sur  les  en- 
nemis de  la  foi,  elles  adoucissaient  leur  aigreur 
et  les  ramenaient  à  l'Église,  boss.  Reine  (TAitglet. 
Nous  croyons,  dit  l'apStre,  et  nous  confessons  l'a- 
mour que  Dieu  a  pour  nous  ;  c'est  là  toute  la  foi 
des  chrétiens  ;  c'est  la  cause  et  l'abrégé  de  tout  le 
symbole,  id.  AnTie  de  Gonx.  Il  reste  la  foi  qui  est 
la  plus  noble  de  toutes  les  connai.ssance3,  parce 
qu'elle  a  l'autorité  de  la  révélation,  flécb.  ii,  156. 
Il  (Théodose]  ordonnait  que  la  foi  do  Nicée  fût  gé- 
néralement reçue  et  approuvée  dans  toute  l'étendue 
de  son  empire,  id.  Ilist.  de  Théod.  ii,  ).  Il  est  de  foi 
que  tous  ceux  qui  ne  vivront  pas  dans  la  vigilance 
chrétienne,  seront  surpris  par  une  ruine  prompte  et 
inévitable,  fkn.  t.  xvii,  p.  208.  Il  lisait  beaucoup  sur  les 
matières  de  religion,  car  sa  piété  élait  éclairée,  et  il 
accompagnait  de  toutes  les  lumières  de  la  raison  la 


FOI 

respectable  obscurité  de  la  foi,  tonten.  Vodarl. 
Martyr,  ainsi  que  moi,  de  la  foi  de  mes  pères,  volt. 
Zaïre,  ii,  3.  ij  Profession  de  foi,  exposition  dei 
dogmes  ou  principes  que  l'on  tient  pour  orthodoxes. 
Il  Profession  de  foi  a  passé  dans  le  langage  général, 
oii  il  signifie  toute  déclaration  de  principes  auxquels 
on  adhère,  et,  particulièrement,  la  déclaration  qu'un 
candidat  fait  de  ses  opinion.s,  de  ses  principes.  Il  a 
envoyé  aux  électeurs  sa  profession  de  foi.  ||  Règle 
de  foi,  s'est  dit  quelquefois,  dans  le  langage  ec- 
clésiastique, pour  profession  de  foi.  On  a  dit  aussi 
confession  de  foi.  ||  Articles  de  foi,  les  différente» 
parties  d'un  symbole,  d'une  profession  de  foi.  ||  Fa- 
milièrement. Croire  une  chose  comme  un  article 
de  foi,  la  croire  fermement.  ||  Croire  tout  comme 
article  de  foi,  être  fort  crédule.  ||Fig.  Ce  n'est  pas 
article  de  foi,  se  dit  d'une  chose  indigne  de  croyan- 
ce. Il  9°  Armée  de  la  foi,  bandes  espagnoles  qui  sa 
formèrent  en  4820  pour  renverser  la  constitulioB 
de  (812,  et  défendre  le  roi  et  la  foi.  M.  le  mair» 
est  le  télégraphe  de  notre  commune  ;  en  le  voyant 
on  sait  tous  les  événements  ;  lorsqu'il  nous  salue, 
c'est  que  l'armée  de  la  foi  a  reçu  quelque  échec, 
p.  L.  COUR.  Gazette  du  village,  n°  4.  ||  10°  Ancien 
terme  d'optique.  Ligne  de  foi,  la  ligne,  qui,  par- 
tant du  centre  de  l'objet,  tombe  perpendiculaire- 
ment sur  le  centre  du  verre  de  la  lunette  avec  la- 
quelle on  le  regarde.  ||  Terme  d'horlogerie.  La  ligne 
de  l'alidade  qui  passe  toujours  par  le  centre  de  la 
graduation  (voy.  ligne  n*  (5). 

—  HiST.  XI'  s.  Serai  ses  hom  par  amor  et  par 
feid,  Ch.  de  Roi.  vi.  Que  l'uns  à  l'autre  la  sue  feit 
plevist  [engageât],  ib.  xxx.  |{  xii*  s.  Par  foi  [fiar 
ma  foi],  Ronc.  p.  26.  Par  ma  foi,  Guenes,  vous 
avez  blasmegrant,  ib.  p.  isi.  Il  boissa  [trompa]  le 
roi  Charle  et  sa  foi  lui  menti,  t'b.  p.  )»2.  Onques  Je] 
ne  chantai  faintement;  Ma  bone  foi  m'en  a  gardé, 
Couci,  p.  121.  Se  vostre  home  vous  veulent  par 
droite  foi  aidier,  Sax.  vi.  L'arcevesque  respunt  seox 
ire  e  senz  desrci;  Richai-z,  tu  es  mis  huem  :  si  me 
deis  porter  fei.  Th.  le  mart.  5i.  ||  xiu*  s  Cil  jurèrent 
seur  sains  le  message  à  tenir  en  bonne  foi,viLLEH. 
Lv.  Je  vous  pri  sur  la  foy  que  vous  m'avez  jurée, 
Berte,  xvi.  De  foy  et  de  créance  entérine  et  meure, 
ib.  XLii.  Dame,  foy  que  je  doi  au  cors  saint  Nico- 
las, Berte  est  la  mieudre  ouvrière....  ib.  lvii.  Je  lo 
[conseille]  en  bonne  foy  que  nous  nous  en  aillons, 
ib.  Lxxvii.  Je  n'i  sui  pas  tenus,  s'en  ne  me  fet  foi 
que  li  escrit  sunt  perdu....  beaub.  xl,  32.  Et  qui 
edefie  en  héritage  qu'il  tient  par  cause  de  maie  foi, 
cil  qui  par  bone  cause  lo  gaaigne,  a  les  edefices 
sans  riens  rendre,  id.  xx,  3.  Noz  avons  veu  ape- 
1er  de  foi  mentie,  id.  lxi,  83.  Nus  hom  ne  puetfc 
[peut]  venir  à  béatitude  se  par  foi  non,  brun,  la-^ 
TiNi,  Trésor,  p.  48(.  ||  xiv*  s.  Nus  ne  quens  (comtej 
ne  bers  [baron]  ne  autres  ne  puet  donner  son 
homme  de  foi  [vassal],  se  n'esta  son  frère  ou  à  sa 
suer,  Ordonn.  t.  i,  p.  204.  {|  xv*  s.  Et  firent  le» 
princes  et  seigneurs  leur  foy  humblement  les  ge- 
noulx  à  terre,  comm.  v,  )8.  ||xvi'  s.  L'ancienneté 
de  l'Escriture  n'est  pas  de  petite  importance,  pour 
nous  y  faire  adjouster  foi ,  calv.  Inst.  38.  Cela 
ne  blesse  en  rien  nostre  foi,  id.  ib.  103.  La  foi 
souvent  vaut  autant  à  dire  comme  saine  et  pun  i 
doctrine  quant  i  la  religion,  iD.t'b.  429.  La  foy  est 
une  vision  des  choses  qui  ne  se  voyent  point,iD.  ,1 
ib.  321.  Foy  morte  [sans  œuvres],  id.  ib.  642.  Je  me 
fie  aysement  à  la  foy  d'aultrui  ,  mont,  i,  28.  Ob- 
server la  foy  donnée,  id.  i,  27.  [Témoins]  digne» 
de  foy,  ID.  I,  202.  Ils  enregistrent,  à  la  bonne  foy, 
toutes  choses  sans  chois,  iD.  11,  HO.  Il  n'a  rien  des- 
guisé,  de  quoy  font  foy  les  libres  jugements  que.... 
ID.  Il,  <<2.  Possesseur  de  malle  foi  ne  peut  pres- 
crire, LOTSKL,  730.  Les  vices  qui  ont  pris  pied  ne 
s'en  vont  point  (comme  on  dit)  à  la  bonne  foy;  il 
faut  les  pousser  dehors,  lanouk,  )04.  On  remarquera 
quelques  événements  qui  font  foy  que  ce  que  j'aj 
mis  en  avant  n'est  pas  impcssible,  id.  3i6.  Je  n'es- 
tois  pas  sur  mes  armes,  je  n'avojsqu'une  petite  foi 
de  gentilhomme  [petit  couteau  qui  attestait  la  no- 
blesse par  le  droit  de  sortir  armé],  d'aub.  Fœn.  u, 

3.  Je  lui  appris  à  parler  de  la  gorge,  i  peigner  se» 
cheveux,  à  dire  :  ma  foy  hay,  au  lieu  de  ma  foy, 
iD.  Conf.  II,  4.  Fiefs  nobles  escheuxà  gens  roturier» 
par  succession  directe,  se  départent  par  teste  jus- 
qu'à ce  qu'ils  viennent  à  la  tierce  foi  [c'est4dire 
à  la  troisième  génération]  ;  et  quand  ils  sont  en 
tierce  foy,  y  prend  l'ainé  tel  avantage  comme  font 
les  gens  nobles,  Cotut.  ginir.  1. 11,  p.  277. 

—  ÊTYM.  Berry,  foué;  pic.  et  lorrain,  /S;  frano 
comt.  {ay;  provenç.  espagn.  et  portug.  fe;  ital. 
fede  ;  du  latin  fides,  de  même  radical  que  le  grec 
TtiiO-eiv.  persuader. 


K 


FOÎ 


FOI 


FOI 


1709 


FOIBLE,    FOIBLESSE,    FOIBLIR,    voy.    FAIBLE, 

FAIBLESSE,  FAIBLIH. 

FOIE  (foi),  S.  m.  111"  Viscère  qui  occupe  l'hypo- 
coudre  droil  et  une  partie  de  l'épigastre,  et  qui, 
remplissant  deux  fonctions,  est  constitué  par  deux 
parties  :  l'une  moindre  est  une  glande  et  sécrète  la 
bile  ;  l'autre  plus  considérable  est  l'organe  glyco- 
gèno,  c'est-à-dire  producteur  de  la  matière  sucrée 
qui,  portée  directement  aux  poumons,  y  sert  aux 
actes  respiratoires,  et  qui,  fabriquée  en  excès,  est 
éliminée  par  les  reins ,  ce  qui  constitue  le  diabète. 
Les  lobes  du  foie.  11  avait  un  abcès  au  foie.  ||  Cha- 
leurs de  foie,  certaines  rougeurs  qui  viennent  au 
visage  et  qui  étaient  considérées  comme  indices 
(le  maladie  du  foie.  |{  Fig.  Mouvements  de  colère, 

emportements C'étaient....     des    fièvres    du 

temps....  des  jeune.sses  de  nos  princes  et  des  cha- 
leurs de  foie  de  leurs  conseillers ,  balz.  6'  dise, 
sur  la  cour.  ||  Fig.  Vous  avez  bon  foie,  Dieu  vous 
sauve  la  rate  !  Proprement  :  votre  foie  est  sain,  tout 
ira  bien  si  la  rate  est  saine,  et,  ironiquement,  vous 
êtes  un  joli  garçon,  vous  nous  la  donnez  belle.  Mon- 
sieur s'en  va  chopiner ,  cependant  Qu'on  se  tour- 
mente ici  le  corps  et  l'âme  ;  Il  faut  agir  sans  cesse 
en  l'attendant....  Voyez  un  peu,  le  galant  a  bon  foie  ; 
Je  suis  d'avis  qu'on  laisse  à  tel  mari  Telle  moitié.... 
LA  FONT.  Cuv.  j!  Il  a  le  foie  blanc,  il  est  bizarre, 
il  ne  fait  rien  comme  les  autres.  ||  2°  Terme  de  vé- 
térinaire. Foie  douve ,  foie  contenant  des  douves 
ou  fascioles.  ||  Foie  pourri,  synonyme  vulgaire  de 
la  cachexie  aqueuse.  ||  3°  Terme  de  cuisine.  Il  se 
dit  du  foie  que  l'on  mange.  Foie  de  veau  piqué. 
Un  pâté  de  foie  gras.  Souvent  une  oie  engraissée 
aura  le  foie  plus  gros  que  tous  les  autres  viscères 
ensenible ,  et  ces  foies  gras  que  nos  gourmands 
recherchent,  étaient  aussi  du  goût  des  Apicius 
romains,  buff.  Ois.  t.  xvii,  p.  57,  danspouoENS. 
Il  4"  Ancien  terme  de  chimie.  Substance  dont  la 
couleur  ressemble  à  celle  du  foie.  ||  Foie  de  sou- 
fre, mélange  de  plusieurs  sulfures  de  potassium. 
Il  montra  que  [dans  les  salines  de  MontracotJ  des 
pains  de  sel  marin  pétris  avec  des  eaux  grasses 
qui  renfermaient  des  sels  marins  à  base  terreuse 
et  des  matières  susceptibles  de  putréfaction ,  et 
desséchés  sans  précaution,  de  manière  à  permettre 
la  formation  do  quelques  parties  de  foie  de  soufre, 
justifiaient  le  dégoût  du  peuple,  condobcet,  Monti- 
gni.  Il  Foie  d'antimoine,  oxysulfure  d'antimoine 
demi-vitreux.  ||  Foie  d'arsenic,  arsénite  de  po- 
tasse. 

—  HIST.  xr  s.  [Il]  Tranche  le  cuer,  le  feie  et  le 
poumon,  Ch.  de  hol.  xcvi.  ||  xin'  s.  Ou  il  a  mal  de 
teste,  de  piz  ou  de  poitrine ,  De  polmon  ou  de  foie, 
de  costé  ou  d'eschine,  j.  de  meung.  Test.  170. 
Il  xiV  s.  Ainsi  confine  l'on  raconte.  ..  d'un  autre 
serviteur  qui  occist  son  compaignon  et  en  menga 
le  fée,  obesme,  Eth.  2oa.  Les  lanches  trespasserent, 
par  itel  essiant.  Qu'entre  fie  et  poumon  en  vont  li 
fer  passant,  Baud.  de  Seb.  viii,  602.  ||xv  s.  Si 
trouvoient  ces  chevaliers  et  escuyers  d'Angleterre 
les  vins  ardents  et  forts,  qui  leur  rompoient  les 
testes....  et  leur  ardoient  les  foyes  et  les  poumons, 
FROiss.  II,  m,  82.  Il  XVI'  s.  Voilà  une  femme  sans 
cœur,  sans  fiel  et  sans  foie  [bien  patiente]  marg. 
JVouï.  xxxviii.  Il  despesche  à  l'empereur,  luy  mande 
que  l'armée  laschoit  le  pied  :  sur  cette  chaleur  de 
foye  l'empereur  marche....  n'AUB.  Hist.  i,  'H.  Ja- 
mais homme  ne  mange  foye  Que  le  sien  n'en  ait 
joie,  LEROUX  de  lincy,  Prov.  t.  ii,  p.  '97. 

—  ÊTYM.  Wallon,  feûte  ;  namur.  fête  ;  provenç.  et 
catal. /e(se;  espagn.  Mgado;  portug.  figado  ;  ital. 
figado;  du  latin^catum,  proprementjccur/îcatem, 
foie  d'ore  engraissée  avec  des  figues  (Pinguibus  et 
ficis  pastum  jecur  anseris  albi,  horat.  Sat.  ii,viii, 
88),  de  /icMS,  figue  (voy.  figue).  Ce  mot,  qui  était 
chez  les  Latins  un  terme  de  cuisine,  est  devenu 
dans  toutes  les  langues  romanes  le  nom  du  foie  et  a 
fait  disparaître  complètement  le  mot  propre  jecur. 
On  remarquera  que  le  mot  nouveau  a,  dans  les 
langues  romanes,  l'accent  sur  la  première  syllabe, 
tandis  que  le  latin  l'a  sur  la  seconde,  ficdtum; 
c'est  qu'en  effet  il  vient  non  pas  précisément  de 
ficdtum,  md.\s  de  ficàtum.  Les  Gloses  de  Cassel  ont 
figido,  où  sans  doute  le  second  iest  bref;  car,  ainsi 
((ue  Diez  le  remarque,  le  lombard  fidegh  est  pour 
fighed  et  se  rapproche  beaucoup  de  figido;  on  peut 
croire  que  la  langue,  qui  avait  une  tendance  à  sub- 
stituer l't  à  l'a  dans  ces  participes  passifs,  par  exem- 
ple rogi  tus  pour  rogofus ,  dolitus  pour  dolatus,  l'o- 
citus  pour  vocatus,  provitus  pour  probatus,  faisait 
cet  t  bref.  Ordinairement,  dans  ces  mots  où  l'accent 
»Tait  été  faussé,  les  langues  romanes  conservaient 
quelque  part  la  véritable  accentuation  (voy.  fncbe)  : 


c'est  ce  qui  est  arrivé  ici  :  sarde,  figâu;  vénitien, 
figà;  valaque,  ficàt. 

t  FOI-MENTI,  lE  (foi-man-ti,  tie),  adj.  Terme 
de  féodalité.  Qui  a  menti  à  sa  foi. 

—  HlST.  xm"  s.  Esparjurez,  feimentis,  traitors, 
Ass.  deJérus.  H 4. 

—  ÉTYM.  Foi,  et  mentir. 

t  FOI-MENTIE  (foi-man-tie),  s.  f.  Terme  de  féo- 
dalité. Violation  de  la  foi  que  le  vassal  avait  jurée  à 
son  seigneur. 

I.  FOIN  (foin),  s.  m.  il  1"  Herbe  des  prairies  fau- 
chée et  séchéeau  soleil  pour  la  nourriture  des  bes- 
tiaux. Une  botte  de  foin.  Vous  [Nabuchodonosor] 
mangerez  du  foin  comme  un  bœuf,  vous  serez 
trempé  de  la  rosée  du  ciel,  SACi,  Daniel,  iv,  22.  Mon 
Dieu,  que,  si  j'ai  du  bon  foin  cette  année,  je  serai 
heureux!  yOLt.  Lett.d'Àrgental,  1 7  mars  )7B0.  ||  Il  est 
bête  à  manger  du  foin,  il  est  très-bête.  ||  Maladie  de 
foin  ou  asthme  de  foin,  dit  aussi  catarrhe  d'été, 
affection  saisonnière  qui  se  montre  àl'époque  delà 
fenaison  et  qui  est  une  espèce  de  catarrhe  fébrile 
commençant  par  les  yeux,  se  propageant  aux  fosses 
nasales  et  gagnant  la  gorge  et  les  bronches.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Mettre  du  foin  dans  ses  bottes, 
amasser  de  l'argent.  Mettez  du  foin  dans  vos  bottes, 
LESAGE,  Gil  Blas,  viii,  ».  Vous  me  mandâtes  que 
tout  le  foin  de  la  cavalerie  du  roi  très-chrétien  était 
soumis  à  votre  juridiction  ;  je  souhaite  que  vous  en 
mettiez  dans  vos  bottes  et  que  vous  veniez  à  Pa- 
ris enrichi  de  nos  triomphes,  volt.  Lett.  Berger, 
7  oct.  (744.  Il  Avoir  du  foin  dans  ses  bottes,  avoir 
des  ressources,  de  la  fortune.  ||  Fig.  C'est  chercher 
une  aiguille  dans  une  botte  de  foin ,  se  dit  d'une 
chose  qu'on  cherche  parmi  beaucoup  d'autres  et 
qui  est  très-difficile  à  trouver.  ||  Il  a  du  foin  aux 
cornes,  se  dit  d'un  homme  fâcheux  et  puissant  au- 
quel il  est  dangereux  d'avoir  affaire.  Locution 
tirée  de  ce  qu'on  mettait  du  foin  aux  cornes  des 
taureaux  méchants,  afin  qu'on  les  reconnût  et  qu'on 
s'en  pût  donner  de  garde.  ||  On  a  dit  ronger  son  foin, 
au  lieu  de  ronger  son  frein.  Il  'À~  Herbe  des  prairies 
qui  n'est  pas  encore  fauchée.  Une  pièce  de  foin.  En 
ce  sens  on  se  sert  surtout  du  pluriel  :  faire  ses 
foins;  les  foins  sont  beaux  cette  année.  ||  Fig.  Faire 
ses  foins,  faire  de  gros  profits.  ||  3°  Foin  d'arti- 
chaut, amas  de  barbes  qui  garnissent  le  fond  d'un 
artichaut.  ||  Masses  des  tubes  qui  garnissent  en  des- 
sous les  bolets,  et  qu'on  enlève  pour'  manger  ces 
champignons.  ||  4°  Foin-grec,  traduction  de  fenu- 
grec  employée  parfois  au  lieu  de  cette  dernière  ex- 
pression. Il  5'  Foin  de  mer,  espèce  de  zoophyte  à 
corail.  ||  6°  Terme  de  pêche.  Duvet  blanc  ou  brun 
qu'on  trouve  sous  l'enveloppe  crustacée  des  écre- 
visses.  Il  Proverbe.  Année  de  foin,  année  de  rien, 
parce  que  les  années  pluvieuses,  favorables  aux 
prés,  ne  le  sont  pas  à  l'ensemble  des  récoltes. 

—  REM.  Comment  expliquer  au  propre  mettre  du 
foin  dans  ses  bottes?  Est-ce  mettre  du  foin  dans 
les  chaussures  appelées  bottes?  Mais  on  ne  fait  cela 
que  pour  se  préserver  du  frottement.  Est-ce  faire 
grosses  les  bottes  do  foin?  Si  cela  était,  il  faudrait 
croire  que  la  locution  fut  primitivement  mettre  du 
foin  dans  les  bottes. 

—  HlST.  xiii*  s.  Le  cheval  [il]  corut  attachier  Â 
un  arbre  parmi  le  frain;  Ilec  pest  de  l'erbe  et  dou 
fain,  Ben.  (9266.  ||  xiv  s.  Une  ane  esliroit  plustost 
fein  que  or,  oresme,  Eth.  309.  ||  xv*  s.  C'est  à  en- 
tendre que  ils  [les  serfs  anglois]  doivent....  par  ser- 
vage, les  faings  faner  et  mettre  à  l'hostel ,  froiss. 
Il,  11,  «os.  Et  me  Sst  on  mon  foing  ronger  Tout  à 
par  moi,  à  ceste  enseigne  Que  je  commençayà  son- 
ger Que  faisoys  cliasteaulx  en  Espaigne,  coquillart, 
le  Monologue  de  la  botte  de  foin.  \\  xvi*  s.  Ce  n'est 
quedufoin,  les  bestes  s'y  amusent,  oudin.  Curios.fr. 

—  ÉTYM.  Picard,  fein;  provenç.  fen,  fe;  espagn. 
heno';  portug.  feno;  ital.  fieno  ;  du  lat.  fœnum,  (|ue 
l'on  rattacheau  latin  feo,  engendrer,  sanscr.  bhu,  être. 

2.  FOIN  (foin),  locut.  interj.  familière  dont  on 
se  sert  pour  exprimer  la  répulsion.  Foin  du  loup 
et  de  sa  race!  la  font.  Fabl.  iv,  <B.  J'étais  en 
train  de  rire  ;  Foin  de  la  messagère  et  de  son  com- 
pliment I  ID.  Eunuq.  iv,  9.  Foin  !  que  n'ai-je  avec 
moi  pris  mon  porte-respect,  mol.  l'Ét.  m,  9.  Foin 
lie  moi!  bac.  Plaid,  il,  6.  Foin  de  ces  terreurs  pa- 
niques qui  n'ont  pas  le  sens  commun  !  i.  i.  rouss. 
)lél.  VI,  2.  Foin  du  plus  parfait  des  mondes,  si  je 
n'en  suis  pas!  dider.  Neveu  de  Rameau.  Foin  des 
mécontents  !  Comme  balayeuse  on  me  loge.  Depuis 
quarante  ans,  Dans  le  château,  près  de  l'horloge,  ué- 
RANG.  H.  rouge. 

—  HIST.  XVI'  s.  Foin  de  la  beste  et  de  celui  qui 
me  l'a  vendu,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÉTVM.   Jaubert,   Cwlnss.   du    Berry,  le   tire  de 


fouin,  putois  en  Berry  :  Il  pue  comme  un  fouin  ; 
oh!  le  petit  fouin,  en  parlant  d'une  personne  qui 
sent  mauvais;  de  là  fouin!  mal  écrit /°otn.  On  peut 
aussi  pensera  l'exclamation  latine  phu  qui  exprime 
le  dégoût. 

t  FOINE  (foi-n'),  s.  f.  Nom  donné  en  quelques 
contrées  à  une  fourche  en  fer  à  trois  dents,  propre 
à  charger  le  fumier. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  fouine*. 

t  FOINETTE  (foi-nè-f) ,  s.  f.  Nom,  dans  quelques 
localités,  d'une  fourche  de  fer  à  deux  dents,  pour 
charger  le  foin. 

—  ETYM.  Diminutif  de  foine. 

t  FOIRANDE  (foi-ran-d') ,  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  mercuriale  annuelle,  plante. 

—  ETYM.  Foirer  ;  la  mercuriale  est  purgative. 

i.  FOIRE  (foi-r'),  s.  f.  \\  1°  Assemblée  considéra- 
ble et  publique  qui  se  tient  en  temps  et  lieu  dési- 
gnés d'avance,  où  tous  les  marchands  peuveutétaler 
et  vendre  des  objets  de  leur  commerce.  Les  mar- 
chés et  les  foires  ne  se  peuvent  établir  en  Franco 
que  par  la  permission  du  roi,  févuët.   Traité  de 
l'abus,  I,  9,  dans  wchelet.  Il  y  a  quatre  foires  dans 
Paris  :  la  foire  St-Germain,  la  foire  St-Laurent,  la 
foire  du  Temple  et  lafoire  des  jambons  au  parvis  de 
Notre-Dame,  saint-foix,  Ess.  Paris,  IM'MV.  t.  m, 
p.  4)0,  dans  pouGENS.  Pythagore  disait  que  la  vie 
était  semblable  à  une  foire  ;  comme  dans  une  foire 
les  gens  viennent  pour  s'exercer  aux  combats,  d'au- 
tres pour  négocier,  d'autres  simplement  pour  re- 
garder, ainsi,  dans  la  vie,  les  uns  naissent  esclaves 
de  la  gloire,  les  autres  de  l'ambition,  et  les  autres 
ne  cherchent  simplement  qu'à  connaître  la  vérité, 
fén.  Pythagore.  Comme  il  n'y  avait  alors  aucune 
grande  ville,  et  qu'on  ne  connaissait  ni  les  specta- 
cles, ni  les  assemblées,  ni  les  plaisirs  sédentaires 
delà  société  privée,  le  temps  des  foires  était  celui 
des  amusements,  rayna l, //«t.  phil.  i.  Introd.  \\  Foi- 
res franches,  foires  établies  avec  certains  privilè- 
ges, certaines  exemptions  de  droits,  telles  que  celle 
de  Beaucaire ,  etc.  Il  [Louis  XIJ  accorda  à  celle  de 
St-Germain  la  foire  franche  qui  subsiste  encore  au- 
jourd'hui,  nucLOS,    Ilist.  Louis  XI,   Œuv.  t.  m. 
p.  330,  dans  l'ouGENS.  ||  Fig.  La  foire  est  franche: 
qu'il  choisisse  à  sa  volonté,  legrano,  Foire  St-Lau- 
rent,  divertissement.  \\  Champ  lie  foire,  le  lieu  où 
se  tient  une  foire.  ||  Par  extension.  La  Hollande  est 
une  foire  continuelle  où  personne  n'est  riche  que  de 
sa  propre  industrie,  ou  de  celle  de  son  père,  volt. 
Dict.  phil.  Économie.  \\  Fig.  Ils  s'entendent  comme 
larrons  en  foire  (voy.  larron).  ||  Allez  vite,  la  foire 
est  sur  le  pont,  se  dit  en  se  moquant  de  ceux  qui 
s'empressent  sans  que  cela  soit  nécessaire.  Et,  in- 
versement, la  foire  n'est  pas  sur  le   pont,  il  n'est 
pas  besoin  de  tant  se  presser.  ||  Il  ne  sait  pas  toutes 
les  foires  de  Champagne,  se  dit  d'un  homme  qui, 
dans  une  affaire,  est  loin  de  savoir  tout  ce  qui  s'y 
passe.  Il  II  a  bien  hanté,  il  a  bien  couru  les  foires,  c'est 
un  vieux  routier,  un  homme  qui  a  de  l'expérience. 
Il  La  foire  sera  bonne,  voici  bien  des  marchands,  ou 
les  marchands  s'assemblent,  se  dit  quand  plusieurs 
personnes  de  connaissance  arrivent  en  même  temps 
en  même  lieu.  Voici  bien  des  marchands,   lafoire 
sera  bonne,   th.  corn.  l'Amour  à  la  mode,  v,  8 
Il  2"  Présent  qu'on  fait  au  temps  de  lafoire.  Il  perd 
exprès  pour  me  donner  ma  foire;  il  fait  les  choses 
de   bonne  grâce,  dancourt.  Foire  de  St-Germain, 
se.  21.  Il  3°  Théâtre  de  la  foire,  petit  théâtre  fondé 
en  4B95  dans  l'enclos  de  la  foire  St-Germain  à  Pa- 
ris. Le  théâtre  de  la  foire  vivait  surtout  de  critiques 
des  pièces  nouvelles  et  de  satires  des  faits  contem- 
porains ;  il  se  tenait  tantôt  au  marché  Saint-Ger- 
main, tantôt  à  la  foire  Saint-Laurent.  Rends-lui  [au 
vaudeville],  s'il  se  peut,  le  cortège  Qu'à  la  foire 
il  a  fait  briller,  bérang.  Désaugiers.   ||  4°    Terme 
de   commerce.  Foire  de  respect,   temps  que  l'on 
accorde  à  son  commissionnaire  pour  payer  les  mar- 
chandises qu'il  a  vendues  à  crédit  et  dont  il  s'est 
rendu  garant. 

HlST.  xii'  s.  La  cort  Richart  semblout  tozjon 

feireu  [ou]  marchié,  flomon  de  flou,  v.  4449.  Il  XIII* s. 
Toz  cist  siècles  est  foire,  et  l'autre  est  paiement; 
Hé  las!  que  ferons  nos,  qui  empruntomes  tant? 
Or  deûssion  payer  et  rendre  maintenant;  Qui  ne 
s'acquittera  moult  sera  mescheant,  Fabl.  mss.de 
St-Germain,  f"  103,  dans  lacurne.  ||  xiv  s.  Vaine 
gloire  est  le  denier  au  deablo,  dont  il  acheté  toutes 
les  belles  denrées  en  la  foire  de  ce  monde,  Mina- 
gier,  i,  3.  ||  xV  s.  Cappilaine  de  la  foire  aux  chetifs 
[misérable,  ruiné],  eust.  df.ech.  Pofocjnws.  f'iM, 
dans  LAC  RNE.  L'on  ne  s'en  va  pas  de  foire  comme 
de  marché  [c'est-à-dire,  en  foire  il  faut  payer  comp- 
tant], LKROUX  DE  LINCV,  PrOV.  t.  II,  p.  338.  jj  XTI"  ». 


1710 


F(^I 


Ensuile  vint  le  irailé  (Ik  Louduns  qui  fut  une  foire 
publique  do  perCulies  particulières  et  do  lâchetés  gé- 
nérales d'aub.  '/te,  cxxvi.  Il  a  esté  le  premier  à  la 
foirn  des  nez  (c'est-à-dire  il  a  le  nez  bien  long],  ou- 
BtN  Carios.  fr.  X  méchante  foire,  bonne  chère  et 
Dion  boire,  LEROUX  de  t.mcY ,  Ptc-v-  t.  ii ,  p.  <30. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fietjra,  fiera,  feira;  espafçn. 
feria;  portug.  feira;  ital.  fiera;  du  lat.  feria,  fête, 
«olennité.  L'ancienne  langue  avait  le  verbe  foirer, 
chômer. 

2.  FOIRE  (foi-r'),  s.  f.  Mot  bas.  Klux  de  ventre. 
Avc«r  la  foire.  ||  Fig.  et  bassement.  Avoir  la  foire, 
avoir  peur. 

—  HIST.  XIII'  s.  Renart  fait  comme  pute  beste; 
Quant  il  li  fu  desus  la  teste,  Drece  la  queue  et  aler 
lasse  Tôt  contreval  une  grant  lesse  De  foire  clere  à 
cul  overt.  Tout  le  vilain  en  a  covert,  Ren.  .'>»25. 
Il  XV*  s.  Et  moult  souvant  par  trop  boire....  ilsavoient 
la  foire,  fboiss.  ii,  m,  4. 

—  ÉTYM.  Norm.  foure;  du  lat.  foria. 
FOIREU  (foi-ré),  V.  n.  Terme  très-bas.  ||  1°  Aller 

par  bas,  ([uand  on  a  le  cours  de  ventre.  11  a  foiré 
partout.  Il  Kig.  Terme  de  marine.  S'applique  à  un 
cordage,  à  une  garniture  qui  se  détordent,  crè- 
vent, glissent  ou  s'écartent.  ||  2"  Fig.  Se  conduire 
lâchement.  11  a  foiré  devant  l'ennemi.  11  foire  dans 
sa  culotte. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  gouverneur  fit  charger  tous  les 
compagnons  dos  poudres  du  magazin;  dont  avint 
qu'estans  au  chemin  de  la  grotte,  une  mèche  aiant 
foiré  dans  la  pochette  d'un,  soit  par  ami  ou  ennemi, 
'e  feu  se  prit  partout,  et  toute  cette  troupe  fut  es- 
tropiée, d'aub.  Hist.  m,  28* 

—  RTYM.I''oire2. 

FOIREUX, ECSE  (foi-reû,  reiVz"),  ndj.  ||  1- Terme 
bas.  Qui  a  la  foire.  ||  Populairement.  Avoir  la  mine 
foireuse,  avoir  le  teint  pâle  comme  une  personne 
qui  a  le  cou.-s  de  ventre.  ||  Fig.  Il  est  bon  à  vendre 
vache  fo:reu.se,  voy.  vache.  ||  Substantivement.  Un 
foireux.  I  Trivialement  et  fig.  Un  poltron.  ||  2*  Au 
Jeu  de  cartes.  Coupe  foireuse,  se  dit  trivialement 
quand  celui  qui  coupe  les  cartes  en  laisse  tomber 
quelques-unes,    -i 

—  XIV*  s.  Jehan  do  Bourgeauville  dist  au  sup- 
pliant qu'il  batroit  bien  un  si  failli  et  foireux  che- 
valier comme  il  estoit,  et  le  dit  exposant  res- 
pondit  qu'il  n'estoit  ne  failli  ne  foireux,  dd  canoë, 
fallitus. 

—  ÉTYM.  Foire  2;  Berry,  foiroux. 

t  FOIROLLE  (foi-ro-l),  s.  f.  Un  des  noms  vulgai- 
res de  la  mercuriale  annuelle. 

—  tTYM.  Foirer. 

FOIS(foî;  l'îse  lie:defoi-zàaucre),s.  f.  \\  1°  Terme 
par  lequel  on  considère  un  cas,  un  fait,  une  vicis- 
situde dans  leur  unité  ou  dans  leur  réitération.  Une 
fois  par  an.  Combien  de  fois  ne  vous  l'ai-je  pas 
dit?  On  l'en  a  averti  quantité  de  fois.  J'ai  lu  ce  livre 
plus  de  fois  que  vous  ne  pensez.  J'ai  lu  ce  livre  tant 
de  fois  que  je  le  sais  presque  par  cœur.  Je  vois  bien 
que  les  anciens  cardinaux  prennent  une  grande 
autorité  sur  les  derniers  reçus,  puisque,  vous  ayant 
écrit  beaucoup  de  fois  sans  avoir  reçu  une  de  vos 
lettres,  vous  vous  plaignez  de  ma  paresse ,  voit. 
I,ett.  ^o.  Cela  est  merveilleux,  qu'une  personne  qui 
n'écrit  qu'en  quatre  ans  une  fois,  le  fasse  de  sorte, 
quand  elle  l'entreprend,  qu'il  semble  qu'elle  y  ait 
toujours  étudié,  et  que,  durant  tout  ce  temps,  elle 
n'ait  pensé  à  autre  chose,  id.  ib.  B4.  Tentons  une 
autre  fois  la  faveur  de  son  eau,  rotb.  Herc.  mour. 
IV,  2.  Il  faisait  infinies  fois  des  prières  séditieuses, 
Boss.  Var.  lo.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable, 
c'est  qu'Amurat,  après  cette  victoire,  retourna  dans 
sa  solitude,  qu'il  abdiqua  une  seconde  fois  la  cou- 
ronne, ^'il  fut  une  seconde  fois  obligé  de  la 
reprendre  pour  combattre  et  pour  vaincre,  volt. 
Momrt,  89.  On  a  cherché  bien  des  fois  quel  était 
le  meilleur....  ni  clos,  Consid.  sur  les  mceurt,  xiv. 
Voici  la  première  fois  de  ma  vie  où  j'ai  pu  vous 
écrire  sa.ns  crainte,  j.  3.  ROt'ss.  Ilél.  vi,  «.  Je  l'ai 
déjà  dit,  c'était  de  l'amour  cette  fois,  et  l'amour 
dans  toute  son  énergie  et  toutes  ses  fureurs,  id. 
Conf.  IX.  Je  n'entends  pas  de  fois  les  airs  ravis- 
sants et  mélancoliques  d'un  rossignol  caché  sous 
un  feuillage  que  je  ne  sois  tenté  de  croire....  B.  de 
sr-p.  Étude  t.  ||  Ne  se  pas  faire  dire  une  chose 
deux  fois,  se  hâter  de  la  faire,  soitpardésir,  soit  par 
crainte.  L'Espagnol  ne  se  fit  pas  dire  la  chose  deux 
fois,  SCARR.  Rom.  corn,  i,  ».  Et  que,  si  d'un  mal- 
heur il  no  veut  être  cause.  Il  ne  se  fassie  pas  deux 
fois  dire  une  chose,  mol.  Éc.  des  maris,  ii,  il. 
Il  Dans  le  même  sens  :  Il  ne  faut  pas,  il  ne  faudrait 
pas  le  lui  dire  deux  fois,  il  se  hâterait  de  profiter  de 
la  permiss-on,  etc.  ||  Une  fois,  deux  fois,  se  dit  dans 


FOI 

les  enchères.  A  cent  francs,  ce  meuble,  une  fois, 
deux  fois,  jl  Par  extension  dans  l'usage  ordinaire. 
Une  fois,  deux  fois,  trois  fois,  encore  une  fois; 
pour  la  dernière  fois;  expressions  par  lesquelles  on 
insiste,  on  enjoint.  Ah  çàl  une  fois,  deux  fois,  en 
voulez-vous,  n'en  voulez-vous  pas?  La  Beaucc  avait 
jadis  des  monts  en  abondance....  Et  messieurs  les 
Orléanois  Dirent  au  Sort,  tous  d'une  voix,  Une  fois, 
deux  fois  et  trois  fois,  Qu'il  eût  à  leur  ôter  la  peine 
De  monter,  de  descendre  et  remonter  encor,  la 
FONT.  Lettre  vu.  La  charité,  encore  une  fois, 
n'est  point  une  vertu  oisive  et  abstraite,  bouis- 
dal.  (2*  dim.  après  la  l'enlec.  Domin.  t.  m,  p. 
319.  Il  Par  exagération.  Vingt  fois,  cent  fois, 
cent  et  cent  fois,  mille  fois,  mille  et  mille  fois, 
plus  de  vingt,  de  cent,  de  mille  fois,  c'est-à-dire  fort 
souvent,  un  très-grand  nombre  de  fois.  Hermione 
elle-même  a  vu  plus  de  cent  fois  Cet  amant  irrité  re- 
venir sous  ses  lois,  RAC.  Andr.  i,  (.Vingt  fois  depuis 
huitjours  J'ai  voulu  devant  elle  en  ouvrir  le  dis- 
cours, iD.  Bérén.  u,  2.  Vingt  fois  sur  le  métier  re- 
mettez votre  ouvrage.  Polissez-le  sans  cesse  et  le 
repolissez,  boil.  Art  p.  1. 1|  2°  Dans  le  langage  poé- 
tique ou  élevé,  ô  jour  trois  fois  heureux,  rac. 
Esth.  1,  I .  Heureux,  cent  fois  heureux,  ceux  que 
I^ubardemont  faisait  condamner  à  huis  clos  par 
ordre  de  Son  Éminence  !  ils  étaient  opprimés, 
mais  non  déshonorés,  p.  l.  cour.  Réponse  aux 
anonymes,  n°  l.||3°  Il  se  dit  particulièrement  de 
quantités  qu'on  répète  ou  qu'on  multiplie  ou  que 
l'on  compare  à  d'autres.  Deux  fois  trois  font  six. 
Quatre  pris  quatre  fois  donne  seize.  Le  nombre  de 
fois  qu'une  quantité  est  renfermée  dans  une  autre. 
Ce  corps  est  une  fois  plus  long  que  l'autre.  J'ai  fait 
deux  fois  plus,  deux  fois  moins,  deux  fois  autant  de 
chemin  que  vous.  Combien  la  moisissure  est-elle 
contenue  de  fois  dans  le  cèdre,  la  mite  dans  l'élé- 
phant, la  puce  d'eau  dans  la  baleine,  un  grain  de  sa- 
ble dans  le  globe  de  la  terre,  un  globule  de  lumière 
dans  le  soleil?  bonnet,  Consid.  corps  org.  Œuv. 
t.  V,  p.  205,  dans  pouoENS.  ||  Fig.  Avoir  deux  fois,  cent 
fois  raison,  être  parfaitement  assuré  de  son  fait.  Ne 
critiquez  Corneille  que  lorsque  vous  aurez  deux 
fois  raison,  d'alemb.  LeK.  àVoltaire,  27  janv.  <7G2, 
Il  4°  Une  fois,  une  fois  pour  toutes ,  une  bonne  fois, 
c'est-à-dire  décidément,  définitivement.  Je  tiens  à 
ce  que  j'ai  une  fois  résolu.  Si  une  fois  je  parviens 
à  le  découvrir.  Et  si  le  diadème  une  fois  est  à  nous, 
CORN.  Nicom.  1,  B.  Soupirant  une  bonne  fois  pour 
n'avoir  pas  à  y  retourner  sitôt,  elle  commença  ainsi 
son  histoire,  scabr.  Rom.  corn,  ii,  3.  Pour  y  mettre 
un  bon  ordre,  une  bonne  fois  pour  toutes,  sÉv.  S05. 
Je  vous  prie  de  vous  désabuser  une  fois  pour  toutes 
de  la  pensée  où  vous  êtes,  noss.  Lett.  abb.  7i .  Parlez 
franchement  à  ces  messieurs  une  fois  pour  toutes, 
MAiNTENON,  Lett.  OU  card.  de  NoaiUes,2i  déc.  )70i. 
Cependant  voulez-vous  qu'avec  moins  de  contrainte 
L'im  et  l'autre  une  fois  nous  nous  parlions  sans 
feinte  ?  rac.  Brit.  i,  2.  Si  ma  fille  une  fois  met  le 
pied  dans  l'Aulide,  Elle  est  morte....  id.  Iphig.  i,  i. 
Pour  confondre  une  bonne  fois  une  erreur  si  uni- 
verselle, MASS.  Carême,  Samar.  \\  Vingt  fois,  cent 
fois,  mille  fois  pour  une,  se  dit  d'une  chose  qu'on 
a  été  trop  souvent  obligé  de  faire  ou  de  dire.  Je 
vous  ai  dit  cela  cent  fois  pour  une,  et  il  faut 
encore  que  je  vous  le  répète?  ||  6"  Avec por. Vous 
m'avez  par  deux  fois  rendu  le  diadème,  corn.  Pomp. 
IV,  3.  Les  ombres  par  trois  fois  ont  obscurci  les 
cieux  Depuis,  que  le  sommeil  n'est  entré  dans  vos 
yeux,  RAC.  Phèdre,  i,  3.  ||  6°  Avec  à.  C'est  elle,  et  je 
me  rends,  monsieur,  à  cette  fois,  corn.  Ment,  m,  f>. 
Mes  pareils  à  deux  fois  ne  se  font  pas  connaître, 
id.  Cid,  II,  2.  Elle  relire  ses  chers  enfants,  et  con- 
fesse à  cette  fois  que,  parmi  les  plus  mortelles  dou- 
leurs, on  est  encore  capable  de  joie,  boss.  Reine 
d'Anglet.  Elle  se  montre  au  monde  à  cette  fois, 
mais  ce  fut  pour  lui  déclarer  qu'elle  avait  renoncé 
à  ses  vanités,  ID.  Anne  de  Gonx.  Race  infidèle,  me 
connaissez-vous  à  cette  fois?  suis-je  votre  roi, 
suis-je  votre  juge,  suis-je  votre  Dieu?  m.  ib.  La 
frayeur  les  emporte  ;  et,  sourds  à  cette  fois.  Ils  ne 
connaissent  plus  ni  le  frein  ni  la  voix,  rac.  Phè- 
dre, V,  <t.  Je  ne  me  souviens  plus  du  tout  des  vers 
do  Cartouche,  et  tu  me  les  enverras  à  la  première 
fois,  MiHABF.AU,  dans  bescherelle,  &  l'article  à. 
1  Fig.  X  deux  fois,  loc.  adv.  Avec  attention,  avec 
réserve,  avec  lenteur.  Y  reganier  à  doux  fois,  bien 
réfléchir,  ne  pas  .se  hasarder  en  uneaffaire  périlleuse. 
Il  N'en  pas  faire  à  deux  fois,  ne  pas  hésiter.  Courtin 
n'en  fit  pasà  deux  fois,  il  rendit  du  sien  ce  qu'il  crut 
avoir  imposé  de  trop  à  chaque  paroisse,  st-sim.  42, 
237.  Il  7°  Avec  pour.  Cela  est  bon  pour  une  fois. 
NOUS  nous  vîmes  alors  pour  la  première  fois.  Soleil, 


FOI 

je  viens  te  voir  pour  la  dernière  fois,  hac.  Phèdre, 
I,  3.  Il  Pour  une  fois,  dans  une  pbra.se  négative, 
signifie  que  la  chose  est  arrivée  plus  d'une  fim 
Ce  n'est  pas  pour  une  fois  que  des  solitaires,  que 
des  pénitents,  que  des  justes  se  sont  pervertis.... 
bourd.  Pensées,  t.  i,  p.  ni.  Cela  [une  pluie  d'étoi- 
les filantes]  n'a  pas  été  vu  pour  une  fois  à  la  Chine, 
j'ai  trouvé  cette  observation  en  deux  temps  assa. 
éloignés,  fonten.  Mondes,  6*  îoir.  ||  8°  Par  fois:  (  r 
écrit  aujourd'hui  parfois  (voy.  ce  mot.)  ||  9°  D'autre: 
fois,  en  d'autres  moments.  Il  est  gai  d'ordinaire, 
mais,  d'autres  fois,  il  est  abattu.  |{  10"  Une  fois,  ja- 
dis. Ù  était  une  fois  un  roi  et  une  reine  qui....  Êu- 
fants,  il  était  une  fois  Une  fée  appelée  Urgande,  B*- 
RANO.  Petite  fée.  \\  Il  signifie  au.ssi  dans  une  certaine 
occasion,  à  une  certaine  époque.  J'étais  une  fois  à 
lire,  lorsque....  Une  fois  que  je  passais  près  de  lui, 
il  m'appela.  ||  11°  Toutes  les  fois  que  ou  à  toutes  les 
fois  que,  aussi  souvent  que.  On  sentira  qu'à  toutes 
les  fois  que  le  coeur  s'accourcira,  il  pressera  le 
doigt,  DESC.  Fœtus.  Telle  a  été  depuis  le  commen- 
cement du  seizième  siècle  la  situation  de  la  France, 
que,  toutes  les  fois  qu'elle  a  été  en  guerre,  il  a 
fallu  combattre  à  la  fois  vers  l'Allemagne,  la  Flan- 
dre, l'Espagne  et  l'Italie,  volt.  Louis  \l¥,  (2. 
Il  12°  Une  fois  que,  loc.  conj.  Dès  que,  aussitôt  que. 
Une  fois  que  je  serai  parti.  ||  Par  ellipse.  Une  fois 
parti,  je  ne  reviendrai  plus.  ||  On  dit  dans  le  même 
sens  :  dès  qu'une  fois,  lorsqu'une  fois.  Dès  qu'une 
fois  j'aurai  le  livre,  je  le  lirai.  Lorsqu'une  fois  il  se 
met  à  raconter  ses  campagnes,  il  ne  finit  plus. 
i{  13°  De  fols  à  autre,  loc.  adv.  De  temps  à  autre. 
Il  vient  me  voir  de  fois  à  autre.  ||  14°  X  la  foi.^, 
tout  à  la  fois,  loc.  adv.  En  même  temps,  ensemble. 
Ce  jour  nous  fut  propice  et  funeste  à  la  fois,  cor.^. 
Hor.  I,  2.  Et  mon  cœur,  qui  doit  tout  et  ne  voit 
rien  permis.  Souffre  tout  à  la  fois  deux  tyrans  en- 
nemis, ID.  Œdipe,  IV,  5.  11  mange,  il  conte,  li 
plaisante,  il  interrompt  tout  à  la  fois,  la  bhdy.  v. 
Et  je  cours  vous  venger  Et  punir  à  la  fois  le  cruel 
stratagème  Qui  s'ose  de  mon  nom  armer  contre 
vous-même,  rac.  Iphig.  m,  8.  Nous  ne  sommes  pas 
comme  les  anciens  Romains,  qui  étaient  à  la  lois 
guerriers,  jurisconsultes  et  philosophes,  volt,  l.ett. 
Damilaville,  23  nov.  1767.  Quelque  grande  que  soit 
la  pluie,  un  petit  oiseau  n'en  reçoit  qu'une  goutte 
à  la  fois,  BEHN.  DE  st-pierre,  Chaum.  indienne. 
Il  15°  Toutes  fois  et  quantes,  toutes  et  quantes  fois, 
locution  vieillie  qui  signifie  toutes  les  fois  que.... 
Il  Proverbes.Une  fois  n'est  pas  coutume.  ||  Qui  donne 
promptement  donne  deux  fois.  |{  Il  n'y  a  que  la  pre- 
mière fois  qui  coûte. 

—  REM.  Le  substantif /'oif  ne  peut  jamais  être  em- 
ployé avec  l'article  sans  qu'il  y  ait  un  adjectif  en- 
tre ces  deux  mots.  L'adjectif  tout  est  le  seul  qui  ne 
se  mette  pas  àcette  place;  on  le  met  devant  l'arti- 
cle. Les  phrases  suivantes  doivent  donc  être  con- 
damnées :  Songez  aux  fois  où  il  vous  a  battu;  Je 
suis  des  fois  obligé  de  me  ficher.  Il  faut  :  Songez 
aux  nombreuses  fois  où  il  vous  a  battu;  Je  suis  cer- 
taines fois  obligé  de  me  ftcher.  Cependant,  comme 
ici  c'est  une  afl'aire  d'usage  et  non  de  grammaire, 
on  pourrait  dire ,  correctement,  mais  dune  façon 
moins  usitée  :  Songez  aux  fois  qu'il  vous  a  battu. 
J'ai  marqué  les  fois  qu'il  est  venu. 

—  HIST.  XI*  s.  Guenes  respont  :  ne  vous  à  cesle 
feiz...,  Ch.  de  Roi.  |{  xii*  s.  Trois  fois  [il]  le  point;  cil 
[le  cheval]  cort  par  tel  vigor....  iJonc.  p.  64.  N'en 
siiufrisl  plus  à  icele  foiée,  i(».  p.  )I8.  Par  tantes  foix 
[j]  ai  esté  assailliz  Que  je  n'ai  mais  pooir  de  moi 
défendre,  Couci,  v.  Set  feiedes  en  jur,  loenge  [je] 
dis  à  toi,  Liber  psalm.  p.  4  97.  De  la  geste  Francor 
[j']  orrai  à  la  foîe,  Sax.  vu.  X  mon  pooir  [je]  vous 
ai  conseillé  mainte  fie  Et  encor  vous  conseil....  ib. 
XX.  Il  XIII*  s.  De  lui  [il]  ne  se  voloit  nule  fois  esloi- 
gner,  Berte,  xix.  En  Hongrie  en  [pour  cela]  ale- 
rent  mossagier  par  deus  fois,  ib.  Lxi.  Mainte  fois 
[j'j  en  ai  puis  à  lui  raison  tenue  [parlé],  i6.  cxxiv. 
Chascuns  me  bâti  sa  foiée  [à  .son  tour].  Tant  que 
l'eschine  ai  peçoiée  [mise  en  pièces],  lien.  18831. 
Toutes  les  fois  c' Adam  feri  En  la  mer,  que  beste  en 
issi.  Celé  beste  s'i  retenoient,  Quele  que  fust,  et 
aprivoient,  la  Rose,  v.  98.  Ours  ne  lion  n'est  ne 
beste  sauvage  Qui,  tel  foiz  est,  ne  fraigne  son  vou- 
loir De  faire  mal  et  ennui  et  domage,  Eust.  le  peint. 
Li  baslart  qui  sont  né  en  mariage,  sont  à  le  [la]  fois 
[par  fois]  prové  en  le  [laj  manière  que  noz  deis- 
mesdessus,  etàle  [la]  fois  en  autre  manière,  beaum. 
xviii,  14.  Car  li  Turc  ierent  [étaient]  jà  el  val  de 
l'Escoler,  Par  dis  fies  cent  mile,  tant  les  peut-on 
esmer  [estimer],  Ch.  d'Ant.  vi,  t082.||xiv*  s.  Il 
avient  qu'il  aloit  une  foiz  tout  seul  par  un  bois, 
ORKSME,  Eth.  44.  Un  malvais  home  fera  plus  de  mal 


FOI 


FOL 


FOL 


171 


dis  mille  fois  que  une  malvaise  beste,  id.  ib.  208. 
Acheter  à  une  fois  conjoinclement  quatre  cens  li- 
vrées de  terre,  du  cange,  auxilium.  Va  s'ent  Pie- 
ires  li  rois  tout  seul  sans  compaignie  Par.  dessus 
Passefer  [son  chevaU  qui....  Celui  jour  lui  sauva 
par  quatre  fois  la  vie,  Guescl.  (5087.  ||xv'  s.  Une 
fois  perdoient,  le  plus  gagnoient  [ils  perdaient  quel- 
quefois et  le  plus  souvent  gagnaient] ,  froiss.  ii,  ii, 
29.  Mais  allez  ailleurs  impetrer  bénéfice,  car  de 
mon  héritage  vous  n'aurez  nient,  et  une  fois  pour 
toutes  je  vous  le  défends,  id.  ii,  m,  22.  Ce  cro- 
quart  chevauchoit  une  fois  un  jeune  coursier  fort 
embridé.  id.  1,  i,  325.  Au  voir  dire  et  raconter, 
3'estoit  grand'merveille  de  ce  qu'ils  faisoient  [les 
pillards  en  campagne];  ils  espioient,  telle  fois  es- 
toit,  et  bien  souvent,  une  bonne  ville  ou  un  bon 
chastel,  une  journée  ou  deux  loin  ;  et  puis  s'assem- 
bloient  vingt  ou  trente  brigands....  id.  i,  i,  324. 
Et  firent  si  grand  bruit  de  corner  de  leurs  grands 
cors,  tout  à  une  fois,  et  de  huer  après,  tout  à  une 
voix,  que....  id.  i,  i,  42.  Si  maintenant  se  partent 
à  bon  marché  de  nous,  une  autre  fois  retourne- 
ront-ils par  autre  parti  en  nos  mains;  si  payeront 
lors  une  fois  pour  toutes,  id.  ii,  m  ,  <3.  En  son  dan- 
gier  [pouvoir^  passer  ainsi  convient,  Et  tost  ou 
tard  chacun  sa  fois  [son  tour]  y  vient,  alain  chart. 
DébaC  des  2  fortunes.  Et  y  eut  aucuns  qui  dirent 
lors  :  regardez  ce  bon  enfant  Daulphin,  qui  met  sa 
cornette  en  forme  que  les  Armaignacs  le  font,  il 
nous  courroucera  une  fois,  juvén.  Charles  VI,  <4I3. 
C'est  as.sez,  troupe  honorable ,  De  ces  gentils  chants 
virois  ;  Il  fault  se  lever  de  taile,  Le  reste  en  une 
aultrefois,  basselin,  Fou  de  Vire,  U.  i  l'appétit 
le  plus  des  fois  [le  plus  souvent]  de  ceux  qui  ne  l'ont 
point  desservy  [mérité],  comm.  v,  <8.  Elle  ne  laissa 
pas  de  leur  bailler  toujours  audience,  chacun  à  sa 
fois,  puisqu'ils  la  requeroient ,  LOUis  xi,  JVoui).  xxxiii. 
Il  xvi°  s.  11  y  en  a  trois  fois  autant,  mont,  i,  <82. 
Ils  sacrifièrent  cinquante  hommes  tout  à  la  fois, 
id.  i,  229.  Ce  à  quoi  les  plus  hardis  penseroient  à 
deux  fois,  marg.  Nouv.  xvi.  La  carpe  demenoit  la 
queue  fois  è,  fois ,  desper.  Contes  ,  xxxvii.  J'ay 
basty  une  cité  qui  en  gloire  et  en  grandeur  d'em- 
pire sera  une  fois  la  première  du  monde,  amyot, 
Rom.  45.  Il  ne  luy  fournissoit  argent  que  bien 
escharsement  et  bien  peu  à  la  fois,  id.  Péric.  «8. 
Quand  ils  estoient  une  fois  tumbez  en  la  fang  ,  ilz 
ne  se  ponvoient  jamais  plus  relever,  m.  Tiinol.  38. 
Hz  se  vindrent  joindre  aux  Insubriens,  qui  estoient 
plusieurs  fois  autant,  id.  Marcell.  8. 

—  ÈTYM.  Wallon,  fèie;  nam.  fie  ;  Haiiiaut,  fos, 
fiju;  dauph.  m;  provenç.  veti,  vegada,  voguada, 
fets  ;  espagn.  et  portug.  vex  ;  ital.  vece.  Le  proven- 
(jal  et  le  vieux  français  présentent  deux  formes ,  l'une 
fois,  reii,  l'autre  feiede,  fdiée,  fiée,  fie,  vegada. 
La.  première  vient  du  latin  vices,  fois,  avec  change- 
ment du  V  enf,  dans  le  français  et  même,  pour  une 
seule  forme,  dans  le  provençal;  la  seconde  en  est 
dérivée,  comme  si  le  latin  vices  avait  donné  vicata. 

\  2.  FOIS  (foi),  usité  seulement  dans  cette  locu- 
tion qui  a  vieilli  :  prendre,  saisir  quelqu'un  à  fois 
de  corps,  le  prendre,  le  saisir  par  le  milieu  du 
corps.  On  dit  aujourd'hui  à  bras-le-corps.  ||  On  trouve 
à  foi.  Carillo  me  fit  prendre  à  foi  de  corps  par  quatre 
esclaves,  et  il  me  fit  porter  dans  la  felouque,  hetz, 

IV,  348. 

--  ÉTYM.  Ce  paraît  être  une  corruption  poar  faux 
ou  faut  (voy.  faux-du-corps). 

t  FOÏSME  (fo-i-sm'),  s.  m.  Religion  de  Ko,  en 
Chine  (voy.  fo). 

FOISON  (foi-zon),  s.  f.  Extrême  abondance.  Il 
y  a  foison  de  fruits  sur  le  marché.  Je  vois  des  foi- 
sons  de  religions  en  plusieurs  endroits  et  dans  tous 
les  temps,  pasc.  Pensées,  Peuple  juif ,  1,  édit.  fau- 
gère.  ||i  foison,  loc.  adv.  En  extrême  abondance. 
Il  la  retrouve  [sa  femme]  en  bonne  compagnie. 
Dansant,  sautant,  menant  joyeuse  vie,  Et  des  mu- 
guets avec  elle  à  foison,  la  font.  Uari  conf.  Or, 
une  certaine  année  Qu'il  en  était  à  foison  [des  rats], 
Leur  roi  nommé  Ratapon  Mit  en  campagne  une 
a'mée,  m.  Fabl.  iv,  6.  X  peine  ai-je  senti  cette  li- 
queur traîtresse,  Que  de  ces  vins  mêlés  j'ai  reconnu 
l'adresse  ;  Toutefois  avec  l'eau  que  j'y  mets  à  foi- 
son. J'espérais  adoucir  la  force  du  poison,  boil.  Sot. 
III.  Et  des  couvreurs  grimpés  au  toit  d'une  maison 
En  font  pleuvoir  l'ardoise  et  la  tuile  à  foison,  id. 
ib.  VI. 

—  HIST.  xii«  S.  Il  n'ot  mie  leans  de  chevaliers  foi- 
son, Sax.  vin.  Il  XIII*  s.  Mais  ele  [la  reine  Blanche] 
en  donne  [de  son  bien]  et  départ  à  fuison,  iiue.s  de 
LA  ferté,  jRomonc.  p.  13.  Dont  se  commencirent 
Il  Veuicien  à  croisier  à  moult  grantfoison,  villeh. 
tu.  Ne  vit-il  mes  si  bon  fromache;  N'en  plaint  que 


lainale  foisoii  (petite  quantité],  Ben.  737».  Contre 
lor  cop  n'ait  [n'a]  nule  arme  foison,  Gérard  de 
Vienne,  v.  28(3.  Quanque  lor  toil  ne  m'a  fuison 
[tout  ce  que  je  leur  prends  ne  me  suffit  pas,  ne  me 
satisfait],  Car  je  l'ai  lot  contre  raison,  Porfonop.  v. 
2G33.  Il  XV»  s.  Là  put  on  voir  d'une  part  et  d'autre 
belles  envayes,  belles  rescousses,  beaux  faits  d'ar- 
mes et  belles  prouesses  grand  foison ,  froiss.  i  ,  i  ,  (  77. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  fouson;  provenç.  fusion; 
du  lat.  fusionem,  flux,  effusion;  de  fusum,  supin 
de  fundere,  fondre  (voy  ce  mot).  La  /'oison  est  ce 
qui  se  répand  en  abondance. 

t  FOISONNANT,  ANTE  (foi-zo-nan,  nan-t'),  adj. 
Qui  foisonne.  Substances  foisonnantes. 

t  FOISONNEMENT  (foi-zo-ne-man),  s.  m.  Action 
de  foisonner  ;  augmentation  du  volume  de  certains 
corps,  en  passant  d'un  état  à  un  autre.  Le  foison- 
nement de  la  chaux,  passant  de  l'état  de  chaux 
vive  à  l'état  de  chaux  en  pâte.  Quand  on  creuse  un 
fossé,  la  terre  qu'on  en  a  retirée  n'y  rentrerait  pas 
toute,  parce  qu'il  y  a  eu  foisonnement  dans  le  dé- 
blai, LEGOARANT. 

—  HIST.  xvi'  S.  Foisonnement  [abondance] ,  ou- 
DIN,  Dict. 

—  ÉTYM.  Foisonner. 

FOISONNER  (foi-zo-né),  v.  n.  \\  1°  Avoir  à  foison. 
Cette  province  foisonne  en  blés.  Ne  faut-il  que  dé- 
libérer, La  cour  en  conseillers  foisonne,  la  font. 
Fabl.  II,  2.112°  Être  à  foison.  L'accroissement  ou 
le  décroissement  de  ces  peuples,  le  plus  ou  le  moins 
d'ecclésiastiques,  de  moines  ou  religieux  qui  ne 
foisonnent  que  trop  dans  ce  royaume,  vauban, 
Dime,  -186.  De  ces  lieux  où  l'ennui  foisonne.  J'ose 
encore  écrire  à  Paris,  volt.  Épltre  xxvi.  Quant  à 
nos  sottises  intestines,  elles  commencent  à  foison- 
ner un  peu  moins  dans  ce  moment-ci,  d'alemb. 
Leit.  à  Voltaire,  (8  oct.  (760.  Mes  jeunes  rivaux, 
ma  chère.  Ont  un  ciel  si  gail  Chez  eux  la  rose  foi- 
sonne, Chez  moi  le  souci  ,bérang.  Rcstaur.  [{  3°  Aug- 
menter en  volume.  Les  chaux  grasses  foisonnent 
beaucoup.  ||  Se  dit  de  la  manière  d'apprêter  cer- 
tains mets  qui  fait  qu'ils  fournissent  davantage  à 
manger,  qu'ils  font  plus  de  profit.  Une  carpe  à  l'é- 
tuvée  foisonne  plus  qu'accommodée  d'une  autre  fa- 
çon. Il  4°  Multiplier,  produire  des  petits  àfoison.  Les 
lapins  foisonnent  beaucoup.  ||  L'anémone  foisonne 
en  graine.  j|  Proverbe.  Cherté  foisonne,  on  ménage 
les  choses  quand  elles  sont  chères;  et  aussi,  les  mar- 
chands apportent  quantité  de  marchandises  aux 
lieux  où  elles  se  vendent  cher. 

—  HIST.  xir  s.  Ne  poreient  pas  foisonner  [suffi- 
re] Les  vis  [les  vivants]  pour  les  mors  enterrer 
jRomon  du  Brut,  mss.  I*  (  n,  dans  lacurne.  ||  xiii*  s. 
Ne  puet  parjure  fusuner  [prospérer],  Edouard  le 
conf.  V.  4309.  Et  Diex  li  [à  Largesse]  fesoit  foison- 
ner Ses  Liens,  si  qu'elle  ne  savoit  Tait  donner, 
cum  el  plus  avoit,  la  Rose,  ((42.  Mestre  Corras 
bien  11  sermone  ;  Temporels  chose  ne  foisonne  ; 
Tost  est  passé  du  soir  au  main  [matin],  ruteb.  ii, 
(97.  Il  xv°s.  La  cité  de  Poitiers  est  grand  et  espai'se  et 
n'estoit  mie  adonc  foisonnce  de  gens,  froiss.  i,  i, 

302.  Il  XVI*  s car  c'est  celuy,  par  qui  foisonnera 

Ton  champ,  ta  vigne,  et  qui  te  donnera  Plaisante 
loge  entre  sacrez  ruisseaux,  marot,  i,  2(9.  En  se- 
mant les  questions  et  les  retaillant,  on  faict  fructi- 
fier et  foisonner  le  monde  en  querelles,  mont,  i  ,  234. 

—  ÉTYM.  Foison  ;  bourg,  foisenai. 

f  FOISSIER  (foi-sié),  s.  m.  ou  FOISSIËRE  (foi- 
siê-r'),  s.  f.  Ternie  de  pêche.  Baril  où  l'on  dépose 
les  foies  de  morue  pour  en  retirer  l'huile. 

—  ÈTYM.  foie. 

FOL,  FOLLE  (fol,  fo-l'),  adj.  Voy.  foo  4. 

FOLATRE  (fo-lâ-tr'),  adj.  \\  1°  Qui  aime  à  faire 
gaiement  de  petites  folies.  Il  n'est  pas  sans  esprit; 
mais,  né  triste  et  pesant.  Il  veut  être  folitre,  éva- 
poré, plaisant,  boil.  Épit.  ix.  Riez,  Zélie,  soyez 
badine  et  folâtre  à  votre  ordinaire ,  la  bruy.  xiii. 
Je  suis  vieux,  aveugle  et  sourd,  et  ces  petits  agré- 
ments ne  rendent  pas  un  homme  excessivement 
folâtre,  volt.  lett.  Richelieu,  22  juin  (763.  ||  Sub- 
stantivement. Laissons  ce  folâtre,  qui  ne  cesse  de 
crier  contre  les  désordres,  sans  y  apporter  aucun 
remède,  d'ablancourt,  Lucien,  Jupiter  le  tragique. 
Il  2°  Se  dit  aussi  des  choses.  Air  folâtre.  Jeux  folâ- 
tres. Une  joie  douce  et  pleine  d'un  ferme  courage 
renaissait  dans  mon  cœur  ;  cette  joie  était  bien  dif- 
férente de  cette  autre  joie  molle  et  folâtre  dont  mes 
sens  avaient  été  d'abord  empoisonnés,  fén.  Tél.  iv. 

—  HIST.  xiV  s.  Icelle  Marion,  qui  est  non  sen- 
sible et  ainsi  comme  toute  folastre,  dd  cange  , 
follis.  Il  XV"  s.  Au  moins  sera  de  moy  mémoire 
Telle  qu'il  est  d'ung  bon  follastre,  villon,  Grand 
testament.  \\  xvi*  s.  Et  dort  la  petite  folastre  Dessus 


la  gorge  d'alebastre  De  sa  dame....  makoi,  ii;,  (6J 
On  a  grand  tort  de  la  poindre  [la  philosophie]  d'un 
visage  renfrongné....  il  n'est  rien  plus  gay,  plus 
gaillard,  plus  enjoué,  et  à  peu  que  je  ne  die  fol- 
lastre, MONT.  I,  (76. 

—  liïYM.  Dérivé  de /bj,  avec  la  désinence  approxi- 
mative astre,  sens  qu'elle  a  pour  folastre  (presque 
fou)  dans  l'ancienne  langue  et  dans  le  Berry  folâ- 
tre,  inconséquent,  inconsidéré  ,  mais  qu'elle  a 
perdu  pour  la  langue  actuelle. 

t  FOLÂTREMENT  (folâ-tre-man) ,  adv.  D'une 
manière  folâtre.  Voyant  une  beauté  folâtremenl 
accorte,  Régnier,  Sal.  vu. 

—  HIST.  XVI"  s.  Courant  folatroment  parmi  lo 
jardin,  yver,  p.  623. 

FOLATRER  (fo-lâ-tré)  ,  v.  n.  Faire  le  folâtre 
Les  plaisirs  nonchalants  folâtrent  à  l'entour,  boil. 
Lutr.  II.  Quand  j'ai  bien  folâtré,  je  me  livre  au 
repos,  PAVART,  Ninette,  1,  4.  11  [un  enfant]  va  folâ- 
trer par  la  chambre  et  me  laisse  pérorer,  J.  J.  bouss. 
Ém.  m.  Il  Fig.  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet. 
Nul  souci  sur  son  front  n'avait  laissé  son  pli  ;  Tout 
folâtrait  en  elle,  et  ce  jeune  sourire....  lamaht. 
Harm.  iv,  (  0.  ||  Il  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  ivi"  S.  Il  [le  philosophe]  rira ,  il  foUas- 
trera,  il  se  desbauchera  avecques  son  piince , 
mont,  i,  (85. 

—  ÉTYM.  Folâtre. 

FOLATRERIE  (fo-lâ-tre-rie) ,  s. /■.  Action,  parole 
folâtre.  11  fit  mille  folâtreries.  Les  jeux  finis,  l't- 
koussen  [courtisane]  s'enveloppa  dans  un  voile, 
me  força,  avec  la  folâtrerie  des  amours,  à  lui  don- 
ner la  main,  chateaub.  Natch.  vi.  Souvent  aussi 
les  loups  chassent  pour  leur  propre  compte  ;  trois 
d'entre  eux  amusent  une  vache  par  leurs  folâtre- 
ries ;  tandis  que,  naïvement  attentive....  id.  Amer. 
Chasse. 

—  HIST.  xvi"  s.  Notre  jeimesse  gaillarde,  lassée 
des  folâtreries  du  soir,  eust  volontiers  demeuré 
bien  haute  heure  au  lit,  yver,  p.  573. 

—  ÉTYM.  Folâtrerie  suppose  un  adjectif /bWtrier, 
dérivé  de  folâtrer.  On  a  dit  folastrie  :  On  trouve  la 
félicité  par  la  guayeté  et  la  folaistrie,  mont.  t.  I, 
p.  4(5,  dans  LACURNE.  Foldlrie  est  la  forme  correcte 
do  folâtre  ;  folâtrerie  est  un  mot  mal  fait  autorisé 
par  l'usage.    - 

t  FOLEITE  (fo-lè-f),  s.  f.  Sorte  île  petit  bateau 
couvert  qu'on  voit  sur  les  rivières. 

FOLIACÉ,  ÉE  (fo-li-a-sé,  sée),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  est  de  la  nature  des  feuilles.  ||  Ter- 
me de  zoologie.  Qui  est  en  forme  de  feuille,  en 
parlant  de  certains  organes  des  insectes.  ||  Terme 
de  minéralogie.  Qui  se  divise  en  grandes  feuilles 
ou  lames. 

—  ÉTYM.  Lat.  foliaceus,  de  folium,  feuille. 

•j-  FOLIAIRE  (fo-li-ê-r'),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Qui  appartient  aux  feuilles;  qui  naît  d'elles 
ou  sur  elles.  Aiguillon  foliaire.  Glande  foliaire. 

—  ÉTYM.  Lat.  folium,  feuille. 

f  FOLIATION  (fo-li-a-sion),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Moment  où  les  bourgeons  commencent  à 
développer  leurs  feuilles.  ||  Disposition  des  feuilles 
autour  de  la  tige.  ||  Arrangement  des  feuilles  dans 
le  bourgeon. 

—  ÉTYM.  Ijit.  folium,  feuille. 

FOLICHON,  ONNE  (fo-li-chon,  cho-n'),  adj. 
Terme  familier.  Qui  aime  à  se  livrer  à  quelque  gaie 
folie.  Un  esprit  folichon.  Que  deviendra  ton  hu- 
meur folichonne?  Que  deviendront  tant  de  jolis 
ébats?  FONTEN.  Adrien  et  Marg. 

—  SYN.  FOLicuoN,  FOLÂTRE.  Ces  deux  mots  ont  le 
même  radical  et  ne  difl^rent  que  par  la  finale; 
mais  comme,  dans  folâtre,  la  finale  âtre  a  perdu 
son  sens  approximatif,  il  n'y  a  plus  de  distinction 
dans  la  signification  de  ces  deux  mots;  il  y  en  a 
dans  l'emploi  :  folichon  est  du  style  familier;  folâtre 
est  de  tous  les  styles. 

—  ÉTYM.  Dérivé  badin  de  fol,  fou,  avec  le  suffixe 
chon,  qui  a  le  sens  de  diminutif. 

I  FOLICUON'NER  (fo-li-cho-né),  v.  n.  Faire  I» 
folichon. 

—  ÉTYM.  Folichon.  Folickonner  se  trouve  dans  le 
Dictionnaire  comique  de  Leroux  et  dans  le  parler 
du  Berry. 

I .  FOLIE  (fo-lie),  s.  f.  ||  l°Dérangement  de  l'esprit. 
Accès  de  folie.  Un  coin  de  folie.  C'est  une  chose  ad- 
mirable que  tous  les  grands  hommes  ont  toujours 
quelque  petit  grain  de  folie  mêlé  à  leur  science, 
MOL.  Uéd.  malgré  lui,  i,  5.  Sa  folie  est  nouvelle  et 
rare  assurément,  begnard,  Ménechm.  m,  (( 
Qu'est-ce  que  la  folie?  c'est  d'avoir  des  pensée» 
incohérentes  et  la  conduite  de  même,  volt.  Dict. 
phil-  Folie.  \\  Aimer  à  la  folie,  aimer  avec  le  ien» 


1712 


FOL 


d'une  paiâiju  qui  n'a  pas  tout  lo  sérieux  nécessaire , 
on  ne  dirait  pas  aimer  son  père  à  la  folie;  on  ne  le 
dirait  pa's  non  plus  d'un  amant  qui  ressent  une  pas- 
sion profonde.  Je  n'en  voudrais  pas,  quoique  je 
l'aime  à  la  folie,  HAMILT.  Gramm.  7.  Ce  bon  car- 
dinal [Ouirini]  aime  les  louanges  ila  folieiil  ressem- 
Llo  en  cela  à  Cicéron,  volt.  Lett.  Mme  Denii,  «juin 
(762.  |]La  folie  de  la  croix,  ce  qui,  dans  le  christia- 
nisme, paraît  insensé  aux  gages  de  la  terre  et  forme 
pourtant  le  sens  profond  et  mystérieux  de  la  religion. 
Coite  religion  si  grande  en  miracles,  si  grande  en 
science,  après  avoir  étalé  tous  ses  miracles  et  toute 
sa  sagesse,  elle  réprouve  tout  cela,  et  dit  qu'elle  n'a 
ni  sagesse  ni  signes,  mais  la  croix  et  la  folie,  pasc. 
Pens.  t.  I,  p.  4IB,  édit  lahure.  ||  2°  Dans  le  lan- 
gage médical ,  lésion  plus  ou  moins  complète  et 
ordinairement  de  longue  durée  des  facultés  in- 
tellectuelles et  affectives,  sans  trouble  notable  dans 
les  sensations  et  les  mouvements  volontaires,  et 
sans  désordre  grave  ou  même  apparent  des  fonc- 
tions nutritives  et  génératrices.  {|  Folie  circulaire, 
ou  mieux,  folie  à  double  forme,  forme  de  maladie 
mentale  caractérisée  par  la  reproduction  successive 
et  régulière  de  l'état  maniaque,  de  l'état  mélanco- 
lique et  d'un  inteiTalle  lucide,  états  dont  chacun 
est  plus  ou  moins  prolongé.  ||  Folie  dépressive,  dé- 
goût de  la  vie,  tendance  au  suicide.  ||  Folie  hérédi- 
taire, lucide  ou  morale,  dite  aussi  folie  raisonnante, 
folie  instinctive,  forme  de  folie  avec  tendance  au 
suicide,  à  l'homicide,  aux  actes  de  cruauté,  dans 
laquelle  les  malades  ont  non-seulement  de  longs 
inteiTalles  lucides,  mais  encore  se  font  remarquer 
par  des  situations  mentales  où  il  est  difficile  de  les 
prendre  en  flagrant  délit  de  déraisonnement.  ||  Folie 
pénitentiaire,  celle  qui  se  développe  dans  les  péni- 
tenciers, les  asiles,  les  prisons,  les  bagnes,  etc. 
sous  l'influence  de  la  séquestration.  |1  3°  Par  exagé- 
ration, absence  de  raison,  extravagance,  manque 
de  jugement.  La  folie  nous  suit  dans  tous  les  temps 
do  la  vie;  si  quelqu'un  parait  sage,  c'est  seulement 
parce  que  ses  folies  sont  proportionnées  à  son  âge 
et  à  sa  fortune,  la  rochef.  Héfl.  mor.  W  207. 
...  C'est  folie  De  compter  sur  dix  ans  dévie,  la 
FONT.  Fabl.  VI,  (9.  Chacun  veut  en  sagesse  ériger 
sa  folie,  Et,  se  laissant  régler  à  son  esprit  tortu, 
De  ses  propres  défauts  se  fait  une  vertu,  boil.  Sat.  iv. 
Auriez-vous  donc  la  folie  d'exiger  de  votre  amant 
une  fidélité  scnipuleuse  et  parfaite ?  — Oui ,  j'ai 
cette  folie,  genlis,  Veill.  du  chdt.  t.  m,  p.  46i, 
dans  pouGENS.  Il  [Courier]  eut  son  grain  d'ambi- 
tion, sou  quart  d'heure  de  folie  comme  un  autre; 
la  tStc  aussi  lui  tourna;  mais  cela  ne  dura  guère, 
il  en  revint  bientôt  au  mécompte,  et  corrigé  pour 
toute  sa  vie,  cabbel,  Œuvres,  t.  v,  p.  «96.  {{  i'Ac- 
tiou  folle,  idée  folle.  Qui  fait  une  folie,  il  doit  la 
faire  entière,  bégnier,  Sat.  xi.  Aussi  bien  Annibal 
nommait  une  folie  De  présumer  la  [Rome]  vaincre 
ailleurs  qu'en  Italie,  corn.  Nicom.  v,  7.  Oui,  il 
nous  a  voulu  faire  accroire  qu'il  était  dans  la  mai- 
son et  que  nous  étions  dehors;  et  c'est  une  folie 
qu'il  n'y  a  pas  moyen  de  lui  ôter  de  la  tête,  mol. 
G.  Dand.  m,  4  2.  Je  la  vois  disposée  à  faire  une 
folie,  qui  est  de  partir  sans  lui,  sév.  (3.  Faire  une 
folie  et  se  marier  par  amourette,  c'est  épouser  Mé- 
lite,  qui  est  jeune,  belle,  sage,  économe,  qui  plaît, 
qui  vous  aime,  qui  a  moins  de  bien  qu'^^ginc 
qu'on  vous  propose,  la  bruy.  xiv.  J'étais  trop  folle 
pour  faire  des  folies,  j.  j.  rouss.  Uél.  i,  7.  {|  Une 
tendre  folie,  une  passion  amoureuse.  On  s'est  ima- 
giné que  ma  mélancolie  Vient  moins  d'une  santé 
dès  longtemps  affaiblie.  Que  du  reproche  amer  qu'en 
secret  je  me  fais  De  n'être  plus  assez  jolie  Pour 
faire  naitre  encor  quelque  tendre  folie,  deshou- 
uÈBEs,  I^p.  chagrine  ou  P.  la  Chaise.  ||  6°  Gaieté 
vive  dans  laquelle  on  fait  ou  dit  des  choses  propres 
à  divertir.  Une  aimable  folie.  Céliante  :  Elle  est  folle 
à  l'excès. —  Lisette  :  On  plaît  par  la  folie,  boissy, 
Oeh,  tromp.  i,  i.  Mon  pinceau,  trempé  dans  la  lie. 
Sur  tous  les  murs  aurait  écrit  :  Entrez,  enfants  de  la 
folie;  Plus  on  est  de  fous,  plus  on  rit,  a.  gouffè. 
Chanson.  Éveillons  au  hasard  les  échos  de  ta  vie  ; 
Parlons-nous  de  bonheur,  de  gloire  et  de  folie, 
Et  que  ce  soit  un  rêve  et  le  premier  venu,  A. 
ne  MUSSET,  Poésies  nouv.  la  Nuit  de  mai.  \\  Iâi 
Polie  ,  personnage  fictif  qu'on  représente  sous  la 
ligure  d'une  femme  joyeuse  avec  une  marotte  et  des 
grelots.  Le  résultat  de  la  suprême  cour  Fut  de  con- 
damner la  Folie  [qui  d'un  coup  avait  rendu  aveugle 
l'Amour]  X  servir  de  guide  à  l'Amour,  la  font. 
yabl.  xu,  u.  J'entends  au  loin  l'archet  de  la  Folio; 
0  mes  amis,  prolongez  d'heureux  jours,  bébano. 
mon  Carnatal.  ||  6"  Joyeusetés  en  paroles  ou  en 
uctions  Elle  me  dit  mille  folies  sur  les  plaisii-s  que 


FOL 

vous  avez,  sév.  43S.  Vous  me  donnez  cn\ie  de 
vous  conter  des  folies ,  tant  vous  entrez  bien 
dans  celles  que  je  vous  mande,  ID.  B  fév.  lOW 
Je  me  suis  trouvé  seul  avec  ma  maîtresse;  nous 
avons  dit  mille  folies  ,  mais  hélas  !  nous  n'en 
avons  point  fait,  richelet.  ||  Idées  bizarres  ou  ab- 
surdes. 11  débite  toutes  les  folies  qui  lui  passent 
par  la  tête.  ||  7»  Écart  de  conduite.  Folies  de  jeu- 
nesse. J'ai  bien  la  mine,  moi,  de  payer  plus  cher 
vos  folies,  MOL.  Scapin,  i,  (.  Quelques-uns  n'ont 
pas  même  le  triste  avantage  de  répandre  leurs  fo- 
lies plus  loin  que  le  quartier  où  ils  habitent;  c'est 
le  seul  théâtre  de  leur  vanité  ,  la  bruy.  vu 
Jadis  ton  maître  a  fait  mainte  folie  Pour  des  mi- 
nois moins  friands  que  le  tien ,  bébano.  Célib 
Il  8°  Caricature,  charge  plaisante.  On  a  lait  une  as- 
sez plaisante  folie  de  la  Hollande  :  c'est  une  com- 
tesse âgée  d'environ  cent  ans,  elle  est  bien  malade, 
elle  a  autour  d'elle  quatre  médecins,  ce  sont  les 
rois  d'Angleterre,  d'Espagne,  de  France  et  de  Suède, 
SÉV.  <B0.  Il  Écrit  plaisant  qui  a  un  caractère  de 
charge,  de  caricature.  Les  jeunes  gens  et  les  fem- 
mes lisent  cette  folie  avec  avidité;  les  éditions  de 
loua  les  livres  dans  ce  goût  se  multiplient,  volt. 
iMt.  Damilaville,  <6  oct.  47e7.  {|  Au  xvi"  siècle,  on 
appelait  folies  les  épigrammes  ou  les  contes  épi- 
grammatiques.  ||  9°  Goût  exclusif,  passionné,  idée 
en  laquelle  on  se  complaît.  Chacun  a  sa  folie.  D'où 
vient  la  folie  que  j'ai  pour  ces  sottises-là?  sév.  *7. 
J'ai  ma  folie,  hélas  I  aussi  bien  que  mon  père,  bac. 
Plaid.  I,  b.  Je  vous  demande  pardoT,  répondis-je; 
vous  m'avez  mis  sur  ma  folie  [croire  que  les  pla- 
nètes sont  des  mondes]  ;  aussitôt  mon  imagination 
s'est  échappée,  fonten.  Mondes,  i"  soir.  C'était 
la  folie  des  Égyptiens  de  se  perdre  dans  une  an- 
tiquité dont  aucun  autre  peuple  n'approchât,  rol- 
LiN,  Hist.  anc.  Œuvres,  t.  i,p.  152,  dans  lacurne. 
Maure,  dit  Blanca,  ma  folie  [amourj  pour  toi  passe 
toute  mesure;  sois  chrétien,  et  rien  ne  pourra 
m'empêcher  d'être  à  toi,  chateaubr.  Dern.  Abcnr- 
cér.  Il  10°  Accointance  charnelle.  Avec  quelqu'un 
as-tu  fait  la  folie?  la  font.  Lunettes.  ||  Faire  folie 
de  son  corps ,  se  dit  d'une  femme  qui  se  livre. 
Il  II  se  dit  aussi  des  animaux  en  chaleur.  Cette 
chienne  est  en  folie.  {|  11°  Folies  d'Espagne,  air 
qu'on  dansait  autrefois  en  Espagne  avec  des  casta- 
gnettes du  même  nom;  il  est  à  trois  temps,  d'un 
mouvement  modéré  et  d'une  mélodie  simple.  Il 
danse  ces  belles  chaconnes,  les  folies  d'Espagne, 
mais  surtout  les  passe-pieds  avec  sa  femme,  d'une 
perfection,  d'un  agrément  qui  ne  se  peut  repré- 
senter, SÉV.  24  juillet  4  689.  ||  Proverbes.  Les  plus 
courtes  folies  sont  les  meilleures.  Il  me  fit  voir  les 
dangers  auxquels  je  m'exposais,  me  dit  que  les 
plus  courtes  folies  sent  les  meilleures....  j.  j.  rouss. 
Conf.  IV.  D'accord,  mais  les  plus  courtes  folies.... 
—  Sont  les  mauvaises;  les  plus  suivies  sont  les 
meilleures;  on  s'épargne  le  moment  de  la  réflexion, 
DANCOURT,  Impromptu  de  Svrène ,  se.  t8.  (|11  n'est 
si  grande  folie  que  de  sage  homme,  c'est-à-dire 
quand  les  gens  naturellement  sages  font  des  folies, 
ils  les  font  plus  grandes  que  les  autres  hommes. 

—  HIST.  xr  s.  Dous  [deux]  sunt  percener  [co- 
propriétaires] de  une  erité,  e  est  l'un  enplaidé  senr 
l'altre,  e  per  sa  folie  si  pert,  Loisde  Guill.  39.  Et  dist 
al  roi  :  Guenos  a  dit  folie,  Ch.  de  Roi.  xxxvi.  Car 
vasselage  par  sens  [avec  prudence]  n'est  pas  folie, 
ib.  cxxix.  Empris  [j'Jai  grcignor  [plus grande]  folie, 

Couet,  III La  folie   [d'amour]  Dont  je  mère 

[étais]  gardez  mainte  saison ,  ib.  xxiv.  Pour  une 
qu'en  [j'Jai  haie;  [j']Ai  dit  aux  autres  [dames]  folie. 
Comme  irous  [irrité] ,  quesnes.  Romancero,  p.  88. 
Et  Gilemers  d'Escot  dit  outrage  et  folie,  Scuc.  xx. 
Il  xiu*  s.  Je  di  que  c'est  graiit  folle  D'essaier  ne 
d'esprouver  Ne  sa  famé  ne  s'amie,  auboins  de  se- 
zanne,  Romancero ,  p.  (20.  Vers  le  lion  [il]  s'en  Ta, 
ou  soit  sens  ou  folie,  Berle,n.  Il  pourront  bien  sa- 
voir se  il  ont  fait  folie,  ib.  xc.  En  non  Dieu,  d:jt  li 
quens,mius  vaut  folie  laissiée  que  folie  mainte- 
nue, Chron.  de  R.  189.  L'en  doit  faire  espenoir 
[payer]  as  fos  [aux  fous]  lor  folie,  Livre  de  jusl.  84. 
Folie  n'est  pas  vasselage  [vaillance],  lrboux  de 
LiNCT,  Proi'.  t.  i,  p.  2:15.  Si  comme  les  aucunnes 
qui  s'en  vont  por  fere  folie  de  lor  cors,  beaum. 
Lvii,  .1.  Il  XV*  s.  Il  [Robert  Salle]  descendit  [de  son 
cheval],  dont  il  fit  folie  [il  eut  tort],  froiss.  h,  11, 

I  (4.  L'empereur  s'en  alla  sans  dire  adieu,  à  la  grant 
honte  et  follye  du  dit  duc,  comm.  ii,  8.  Les  chan- 
sons se  disoicnt  publicqucmcnt  à  la  louange  des 
vainqueurs   et  à  la  follye   du   vaincu,    m.  v,   2. 

II  XVI"  s.  Les  plus  courtes  folies  sont  toujours  les 
meilleures,  maro.  Nouv.  xxi.  Une  follie  est  tost 
faicte,  LEROUX  de  lîncy,  Prov.  t.  ii  p.  «33. 


FOL 

—  ÊTYM.  Fol  (voy.  POU)  ;  provenç.  fntia,  follin, 
foihia,  fulhia;  anc.  esp.  folia;  ital.  follia.  L'an- 
cienne langue  disait  aussi  folage  et  folor. 

2.  FOLIK  (fo-lie),  s.  f.  Se  dit  de  certaines  mai- 
sons de  plaisance  auxquelles  on  adjoint  le  nom  de 
celui  qui  les  a  fait  construire,  ou  du  lieu  dans  lequel 
elles  sont  situées;  on  y  attache  d'ordinaire  l'idée 
qu'elles  sont  construites  d'une  manière  bizarre  ou 
qu'elles  ont  coûté  beaucoup  d'argent.  La  folie- 
lieaujon.  La  folie-Méricourt. 

—  ÊTYM.  On  y  voit  d'ordinaire  le  mot  folie.  Mais 
cela  devient  douteux  quand  on  trouve  dans  des 
textes  du  moyen  âge  :  foleia  qux  erat  ante  domum, 
et  domum  foleyx,  et  folia  Johannis  Morelli;  le 
soupçon  naît  qu'on  a  là  ime  altération  du  mot 
feuillie  ou  feuillée. 

FOLIÉ,  ÉE  (fo-li-é,  ée),  odj.  Terme  de  botani- 
que. Garni  de  feuilles.  ||  Terme  de  pharmacie.  Oui 
est  réduit  ou  préparé  en  forme  de  feuilles.  ||  Terro 
foliée  mercurielle,  l'acétate  de  mercure.  ||  Terre  fo- 
liée de  tartre,  l'acétate  de  potasse. 

—  ÉTYM.  Lat.  foliatus,  de  folium,  feuille. 
fFOLlIFÈRE  (fo-li-i-fê-r'),  adj.  Terme  de  boU- 

nique.  Qui  porte  des  feuilles. 

—  ÉTYM.  Lat.  folium,  feuille,  et  ferre,  porter. 

t  FOLIIFOUME  (fo-li-i-for-m'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Oui  a  la  forme  d'une  feuille. 

—  ÉTYM.  Lat.  folium,  feuille,  et /'orme. 
fFOLIIPAUE  (fo-li-i-pa-r') ,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  produit  des  feuilles.  Bourgeons  foliipares. 

—  ÉTYM.  Lat.  folium,  feuille,  et  parère,  produire. 
FOLIO  (fo-li-o),  s.  m.  \\  1°  Synonyme  de  feuillet, 

c'est-à-dire  une  feuille  de  papier  considérée  par 
rapport  à  ses  deux  pages  ;  il  se  dit  en  parlant  de  re- 
gistres, de  manuscrits.  Il  Folio  recto,  ou,  simple- 
ment, recto,  la  première  page  du  feuillet.  Folio 
verso,  ou,  simplement,  verso,  la  seconde  page  du 
feuillet.  Il  i°  Terme  d'imprimerie.  Le  chiffre  qui  nu 
mérote  chaque  page.  Vérifier,  changer  les  folios. 
Il  Au  plur.  Des  folios.  ||  3°  In-folio,  voy.  ce  mot  à 
son  rang. 

—  ÉTYM.  Ablatif  du  lat.  folium,  feuille  d'arbre  et, 
par  extension,  feuille  de  papier. 

t  FOLIOLAIRE  (fo-li-0-lê-r'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  appartient  aux  folioles;  qui  tient  de  la 
nature  des  feuilles.  Stipules  folioiaires. 

—  ÊTYM.  Foliole. 

FOLIOLE  (fo-li-o-l'),  ».  f.  Il  1°  Terme  de  boUnique. 
Chacune  des  petites  feuilles  qui  forment  une  feuille 
composée.  La  feuille  du  trèfle  est  composée  de  trois 
folioles.  Il  2°  Les  pièces  du  calice,  nommées  aussi 
sépaJes,  et  celles  de  l'involucre. 

—  ÊTYM.  Lat.  foliolum,  diminutif  de  folium, 
fsnUle. 

t  FOLIOLE,  ÉE  (fo-li-o-lé,lée),  odj.  Terme  de 
botanique.  Qui  se  compose  de  folioles  ou  en  porte. 
On  dit  :  unifoliolé,  bifoliolé ,  multifoliolé,  etc.  en 
parlant  d'un  pétiole  ou  d'une  feuille  i  une,  deux, 
plusieurs  folioles. 

—  ÊTYM.  Foliole. 

t  FOLIOT  (fo-li-o),  s.  m.  La  partie  du  ressort  qui 
pousse  le  demi-tour,  dans  les  serrures  auxquelles 
on  donne  un  tour  et  demi. 

t  FOLIOTAGE  (fo-li-0-ta-j'),  s.  vi  Action  de  fo- 
lioter. 

—  ÊTYM.  Folioter. 

I  FOLIOTER  (fo-li-o-té) ,  v.  a.  Mettre  les  folios 
aux  pages  d'un  ouvrage  qu'on  imprime,  à  des  re- 
gistres, à  un  manuscrit.  Un  registre  folioté. 

—  REM.  Dans  les  registres  et  manuscrits,  folioter 
est  différent  de  paginer  :  c'est  compter  les  feuillets 
et  non  les  pages;  mais  en  termes  d'imprimerie, 
folioter  est  synonyme  de  paginer. 

—  ÉTYM.  Folio. 

t  «.  FOLLE  (fo-r),  s.  f.  Terme  de  pêche.  Filet  à 
larges  mailles ,  qui  sert  à  prendre  des  raies  et  au- 
tres poissons  pliits.  Les  folles  auront  leurs  mailles 
de  cinq  pouces  en  carré,  Ordonn.  août  tosi.  ||  De- 
mi-folle, sorte  de  filet,  ayant  les  mailles  plus  ser- 
rées que  la  folle.  |{  La  folle  sert  aussi  à  prendre  des 
tortues.  Le  soir  j'allai  voir  mettre  la  folle,  c'est-à- 
dire  le  filet  que  l'on  tend  pour  prendre  des  tortues, 
LABAT,  A'oHi'fauioyagc  aux i/et,  ("partie,  ch.  12. 

—  ÊTYM.  Est-ce  le  latin  follis, sa.cf  Le  fait  est  que 
dans  un  texte  cité  par  du  Cange  on  trouve  follis 
avec  le  sens  de  souricière. 

f  2.  FOLLE  (fo-l'),  t.f.  Rocher  que  l'on  rencon- 
tre en  exploitant  la  houille. 

t3.  FOLLE  (fo-l),  «.  f  Folle  blanche,  Ccpafe 
consacré  presque  exclusivement  à  la  fabrication  des 
vins  qui  produisent  les  célèbres  eaui-de-Tle  de  Co- 
gnac dans  les  Charenteset  l'eau-de-vie  d'Arouignao 
dans  le  Gers. 


FOL 


FOM 


FON 


1713 


t  FOI.LE-FlîMKLLE   (lo-le-fo-mft-r) ,  î.  f.   Nom 
Tulgaire  de  Vorchis  morio,  L. 
FOLLEMENT    (fo-le-man),  adx\  D'une  manicre 
I      folle.  Ils  ont  agi  follement  dans  Israël,  saci,  Bible, 
lerémie,    xxix,    )3.   Ma  fille,  vous   l'aimez  folle- 
I     ment  [un  fds],mais  donnez-lebien  à  Dieu,  afin  qu'il 
vous  le  conserve ,  sÉv.  (04.  Des  jugements  d'autrui 
nous  tremblons  follement,  boil.  Épit.  m.  Et,  folle- 
ment  pompeux ,  dans  sa  verve  indiscrète,  id.  AtI 
p.  II.  Laisse  tes  ennemis  s'endormir  follement  Sur 
le  bruit  de  ta  mort....  lafosse,  Warius  à  Mini,  ii,  2. 
■         —  HIST.  xiii"  s.  Si  s'en  issirentà  deroi,  et  chascie- 
il     rent  les  Commains  une  grantliueet  plus  moût  fole- 
li     ment,viLLEH.cxLii.  S'il  perdoit  par  son  folement  ple- 
il     dier,  heaum.  xliii,  <o.  ||xiv«  s.  Les  choses  se  font 
■j     folement,  qui  se  font  à  l'espérance  de  fortune, #c- 
I     nagier ,  i,  9.  ||  xvi*  s.  Tu  le  loueras  hautement  et 
S     follement,  et  ferasbruitdes  mains  en  lui  applaudis- 
i     sant,  AMYOT,  De  lamauv.  honte,  S. 
i         —  ÉTYM.  Folle,  et  le  suffixe  ment  ;  provcnç.  fol- 
?     lamen;  anc.  catal.  follament  ;  i\3.\.  foUemente. 
J        t  FOLLES  (fo-l'),  s.  f.  pi.  Pièces  d'artillerie   dont 
l'âme  n'est  pas  droite,   ainsi  dites  parce  qu'elles 
sont  comme  folles  et  ne  tirent  pas  droit. 

FOLLET,  ETTE  (fo-lè,-  lè-t') ,  adj.  ||  1°  Terme  fa- 
milier. Qui  fait  ou  dit  de  petites  folies.  Si  je  ques- 
tionnais le  chevalier  de  Boufflers,  je  lui  demande- 
rais comment  il  a  été  assez  follet  pour  aller  chez  ces 
malheureux  confédérés,  qui  manquent  de  tout  et 
surtout  de  raison,  volt.  Lctt.  à  Catlier.  82.  Les 
grâces  en  petit  corset.  Les  ris  avec  leur  air  fol- 
let, DESMAHis,  Poés.  p.  127,  dans  pouGENS.  Il  Sub- 
stantivement. Par  les  yeux  d'Annette  L'amour  m'a 
blessé  ;  Elle  est  trop  jeunette  ;  Mais  je  suis  forcé 
D'adorer  la  follette;  Devrait-on  charmer  Avant  l'âge 
■  d'aimer?  Ifercurc,  (717,  janvier,  p.  220.  ||  2°  Esprit 
follet  ou,  substantivement,  follet,  sorte  de  lutin 
familier  plus  malin  que  malfaisant.  Il  est  au  Mogol 
des  follets  Qui  font  l'office  de  valets,  la  font.  Fabl. 
VII,  6.  Je  ne  sais  quel  esprit  follet  ou  sage  l'a  fait 
savoir  au  pape,  sÉv.  2g  août  1077.  Le  follet  fantas- 
tique erre  sur  les  roseaux,  v.  hugo.  Bail.  2. 
Il  3°  Poil  follet,  poil  rare  et  léger  qui  pousse  avant 
la  barbe.  Malgré  nous  ce  feu  violet  Lui  [à  Ascagne] 
grilla  tout  le  poil  follet,  scarr.  Yirg.  n.  ||4"  Feu 
follet,  flammo  erratique  produite  par  des  émana- 
tions gazeuses  qui,  s'élevant  soit  des  endroits  ma- 
récageux ,  soit  des  lieux  où  des  matières  animales  et 
végétales  se  décomposent,  s'enflamment  spontané- 
ment et  n'ont  que  peu  de  durée.  Tous  les  feux  du 
firmament  n'étaient  que  des  feux  follets  en  compa- 
raison de  ses  charmes,  volt.  Zadig,  i  3.  Tout  y  se- 
trace  mon  enfance,  Oui  tout  jusqu'à  ces  feux  follets, 
BÉRANG.  F.  follets.  Il  Fig.  Chose  fugace  qui  ne  fait 
que  passer.  Cette  passion  n'est  qu'un  feu  follet.  Feu 
follet  qui  brilles  pour  nuire ,  Charme  des  mortels  in- 
sensés. Esprit,  je  viens  ici  détruire  Les  autels  que 
l'on  t'a  dressés,  cnAUt,.  Contre  Tesprit. 

—  HIST.  XII»  s.  [Un  banc]  Tôt  fet  d'yvoire,  pain- 
turé  à  argent;  Li  pecol  [pieds]  sont  doré  moult  ri- 
chement; A  chascun  ot  un  folet  en  estant,  Harpent 
et  notent,  saillent  menuement,  les  Enfances  Guil- 
laume, dans  Guill.  d'Orange,  t.  11,  p.  I8.  ||  xiir  s.  Et 
li  follet  et  les  dryades  R'ont  les  cuers  de  duel  [deuil] 
si  malades,  Qu'il  se  tiennent  trestuitpor  pris.  Quant 
si  voient  lor  bois  porpris,  la  Rose,  18163.  ||xv!"  s. 
Les  poils  folets  de  l'adolescence,  mont,  m,  3S6. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fol  ou  fou;  bourguign. 
'au/au  on  folio;  Perche,  faulot;  provenç.  et  catal. 
follet;  ital.  foUetlo. 

I  I.  FOLLETTE  (fo-lè-l'J,  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  l'arroche. 

1 2.  FOLLETTE  (fo-lè-t*),  S.  f.  Sorte  de  fichu  à  la 
mode  vers  1722. 

FOLLICULAIRE  (fol-li-ku-lê-r'),  s.  m.  Terme  de 
dénigrement  qui  s'emploie  pour  journaliste.  C'est 
un  mal-vivant,  répondit  l'abbé,  qui  gagne  sa  vie  à 
dire  du  mal  de  toutes  les  pièces  et  de  tous  les  li- 
vres; il  hait  quiconque  réussit,  comme  les  eunu- 
ques haïssent  les  jouissants  ;  c'est  un  de  ces  ser- 
pents de  la  littérature  qui  se  nourrissent  de  fanije 
et  de  venin;  c'est  un  folliculaire.  —  Qu'appol-'v:- 
'  vous  un  folliculaire?  dit  Candide.  —  C'est,  dit 
l'abbé,  un  faiseur  de  feuilles,  un  Fréron,  volt. 
Candide,  2).  Ces  messieurs  les  folliculaires  ressem- 
blent assez  aux  chiffonniers,  qui  vont  ramassant 
des  ordures  pour  faire  du  papier,  id.  Dict.  phil. 
j  .Ine,  anecdotes.  ||  Adj.  Les  aboyeurs  folliculaires 
sont  confondus  alors,  et  le  public  est  éclairé,  volt. 
Ilonnét.  littér.  pn'ambule. 

—  REM.  Folliculaire  n'est  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  I83B. 

—  ÉTYM.  Voy.    FOLLICULE  2. 
DICT.    DE    '.A    LAiNOUF    FRAH'jAlSE. 


I.  FOLLICULE  (fol-li-ku-1'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de 
botanique.  Fruit  capsulaire,  membraneux  et  al- 
longé, qui  n'a  qu'une  seule  suture,  «t  qui  ré- 
sulte du  plissement  d'une  feuille  carpellaire  sur 
elle-même.  Le  fruit  du  laurier-rose  est  un  follicule. 
Il  Double  follicule,  fruit  composé  de  deux  follicules. 
Il  Follicules  de  séné,  les  gousses  qui  renferment  la 
semence  du  séné,  et  qui  sont  plus  purgatives  que 
le  séné  lui-même.  ||  2°  Cocon  du  ver  à  soie. 
Il  3'  Terme  d'anatomie.  Nom  de  glandes  caractéri- 
sées par  leur  forme  qui  est  celle  d'un  petit  sac 
s'ouvrant  à  la  surface  de  la  peau  ou  d'une  mem- 
brane muqueuse. 

—  HIST.  XVI"  s.  Le  follicule  du  fiel,  paré,  Introd. 
6.  Prenez  l'eau  qui  se  trouve  es  follicules  ou 
boursettes  d'orme,  id.  xxiv,  44. 

—  .'TYM.  lA...  (oUiculus,  petit  sac ,  diminutif 
de  follis,  poche,  qu'on  rapproche  du  grec  eO).),iç, 
sac. 

t  2.  FOLLICULE  (fol-li-ku-r) ,  s.  f.  Petite  feuille 
de  papier.  Je  vous  remercie  d'avoir  purgé  votre 
librairie  des  follicules  de  ce  maraud  de  maître  Ali- 
boron,  volt.  iMt.  Lacombe  libraire,  juin  (770. 

—  ÉTYM.  Par  follicule.  Voltaire  a  voulu  évidem- 
ment dire  une  petite  feuille;  pourtant  il  n'y  a  au- 
cun moyen  de  tirer  follicule  soil  Au  latin /bZt'wm, 
soit  du  français  feuille.  C'est  une  faute  née  sans 
doute  de  ce  qu'on  a  pris  les  follicules  du  séné 
pour  de  petites  feuilles,  tandis  que  ce  sont  de  pe- 
tites gousses.  Follicule  ne  peut  être  que  masculin 
et  signifier  petite  gousse,  petit  sac  (voy.  folli- 
cule ().  Il  y  a  un  barbarisme,  soit  que  follicule  ait 
donné  naissance  à  folliculaire,  ou  folliculaire  à  fol- 
licule. 

t  FOLLICULEUX,  EUSE  (fol-li-ku-leû,  leû-z'), 
adj.  Terme  de  médecine.  Entérite  folliculeuse  , 
nom  donné  quelquefois  à  la  fièvre  typhoïde,  quand 
on  en  place  le  siège  dans  les  follicules  de  l'intestin 
grêle. 

—  ÉTYM.  Follicule. 

t  FOLLICCLITE  (fol-li-ku-li-l'] ,  s.  !.  Terme  de 
médecine.  Inflammation  des  follicules. 

—  ÉTYM.  Follicule  ( ,  et  la  terminaison  ite  qui, 
en  médecine,  indique  inflammation. 

t  FOLLIER  (fo-lié),  s.  m.  Terme  de  pèche.  Ba- 
teau qui  sert  à  la  pèche  aux  folles. 

—  ÉTYM.  Folle  I. 

t  FOLULAISSE  (fol-Ii-lè-s') ,  s.  m.  Terme  de  vé- 
nerie. La  partie  de  viande  qu'on  lève  le  long  des 
épaules  du  cerf.  On  trouve  aussi  folilet  et  follet. 

—  HIST.  XV*  s.  Puis  lèvera  le  collier  que  aucuns 
appellent  follilaisse  ;  c'est  une  char  qui  est  demou- 
rée  entre  la  hampe  et  les  espaules,  et  vient  tout  en- 
tour  par  dessus  l'os  du  long  de  la  hampe  sus  le  jar- 
gel,  Chasse   de  Gaston  Phébus ,  ms.  p.  (93,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Fol  l'y  laisse  {à  cause  de  la  délicatesse 
supérieure  de  cette  chair). 

fFOMENTATEUR,  TRICE  (fo-man-ta-teur,  tri-s'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  fomente  des  troubles, 
qui  excite  à  la  sédition  ,  à  la  révolte.  Lorsqu'il 
[Napoléon  dans  la  retraite  de  Moscou]  campait,  sa 
conversation  roulait  sur  les  ministres  vendus,  di- 
sait-il, aux  Anglais,  lesquels  ministres  étaient  les 
fomentateurs  de  cette  guerre,  chateaubr.  dans  le 
Dict.  de  DOciiEZ. 

—  ÉTYM.  Fomenter. 

FOMENTATION  (  fo-man-ta-sion  ;  en  vers  ,  de 
cinq  syllabes),  s.  /".Terme de  médecine.  Application 
d'un  épithème  chaud  et  liquide  sur  une  partie  du 
corps,  au  moyen  d'une  éponge,  d'un  morceau  de 
flanelle  ou  d'un  linge  trempé  dans  le  liquide. 
Faire  des  fomentations.  Employer  un  médicament 
en  fbinentatifih. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fomentation  est  une  evaporation 
ou  estuvement....  la  seiche  ne  difl"ere  point  des  sa- 
chets.... l'humide  est  faite  de  mesme  matière  que 
l'embrocation,  et  diffère  seulement  de  la  dite  em- 
brocation,  quant  à  la  manière  de  l'appliquer,  paré, 

XXV,  29. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fomentacio;  espagn.  fomenta- 
cion;  ital.  fomentaaione  ;  du  lat.  fomentationem , 
de  fomentare,  fomenter. 

FOMENTÉ,  ÉE  (  fo-man-té,  tée  ),  part,  passé. 
Il  1°  Terme  de  médecine.  Sur  quoi  on  a  fait  une 
fomentation.  La  partie  fomentée  avec  du  vin  tiède. 
Il  2°  Fig.  Des  passions  fomentées  et  entretenues 
dans  le  cœur,  bourd.  Pensées,  t.  i,  p.  373.  Une  vive 
émulation  se  mit  entre, les  deux  frères,  fomentée 
encore  par  leur  éloignement,  qui  les  réduisait  à  ne 
se  parler  presque  que  dans  des  journaux,  fonten. 
Bernoulli.  Nous  ne  nous  serions  pas  laissé  consu- 
mer par  une   famine  fomentée  par  nos  ennemis. 


VERTOT,  Bdv.  rom.  n,  p.  ((7.  L'amour  extrême  <le 
sa  maison,  l'aversion  de  sa  rivale  [la  France],  ses 
affections  les  plus  chères  [de  Philippe  IV  d'Espa- 
gne], les  plus  fomentées,  il  n'en  fallut  pas  moins 
pour  le  jeter  dans  une  incertitude  assez  grande. 

ST-SIM.   8(  ,    66  r- 

FOMENTER  (fo-man-té),  V.  a.\\  1°  Terme  de  mé- 
decine. Faire  des  fomentations  sur  une  partie  ma- 
lade. On  fomente  le  ventre  dans  la  péritonite. 
Il  2°  En  mauvaise  part,  entretenir,  en  parlant 
d'une  substance  dont  l'application  est  nuisilile.  Ce 
remède  fomente  le  mal  au  lieu  de  le  guérir. 
Il  3"  Fig.  Donner  de  la  chaleur  comme  fait  une  fo- 
mentation, entretenir,  exciter.  Il  faut,  pour  bien 
fomenter  ce  raccommodement,  que  vous  demeuriez 
dans  mon  logis  avec  votre  mari,  iiautebociie, 
Coch.  supposa,  se.  (8.  Ils  fomentent  la  guerre  en  de- 
mandant la  paix,  HACAN,  Psaume  xxxiv.  Mais,  avec 
cette  mort,  un  trésor  supposé....  Fomentent  dans 
mon  âme  un  soupçon  légitime,  mol.  l'Ét.  ii,  5.  Il 
ne  trouve  pas  de  meilleur  moyen  que  de  fomenter- 
les  factions,  boss.  Hist.  ii,  7.  Les  bienfaits  de  Dieu 
méconnus  ne  servent  qu'à  nous  aveugler,  qu'à  nous 
endurcir,  qu'à  fomenter  notre  impénitence,  bouh- 
DAL.  Purifie,  de  la  Vierge,  myst.  t.  n,  p.  218.  Il  y 
aura  toujours  des  barbares  et  des  fourbes  qui  fo- 
menteront l'intolérance  ;  mais  ils  ne  l'avoueront 
pas,  et  c'est  avoir  gagné  beaucoup,  volt.  Dict. 
phil.  Tolérance.  Les  passions  aveugles  que  l'âme, 
ce  principe  de  la  connaissance,  ne  peut  ni  pro- 
duire, ni  fomenter,  buff.  Nature  des  anim.  De 
nouveaux  troubles  ne  seront-ils  pas  habilement  fo- 
mentés pour  justifier  cette  même  procédure  qui....? 
MIRABEAU,  Collection,  t.  m,  p.  (7.  ||  4°  Se  fomen- 
ter, V.  réfl.  Être  fomenté,  entretenu.  Une  dange- 
reuse et  libertine  critique  se  fomentait  parmi  nous; 
queli]ues  auteurs  catholiques  s'en  laissaient  infec- 
ter, BOSs.  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  soit  fomentée  la  plaie  en  vin 
chaud,  n.  de  mondeville,  f"  57,  verso.  ||  xvi'  s. 
Dieu,  par  sa  miséricorde,  daignant  à  l'advenlure, 
fomenter  par  ces  bénéfices  temporels  les  principes 
d'une  telle  quelle  brute  congnoissance  que  la  rai- 
son naturelle  nous  a  donnée  de  lui,  mont,  ii,  24o. 

—  ÉTYM.  Prov.  et  espagn.  fomentar;  ital.  fomen 
tare;  du  lat.  fomentare,  ôe  fomentum,  action  de  ré 
chauffer  ,  contracté  de  fovimentum ,  de  fovere , 
réchaufl'er. 

f  FONÇAGE  (fon-sa-j') ,  s.  m.  Action  d'enfoncer 
Le  fonçage  des  pieux. 

—  ÉTYM.  Foncer  (. 

t  FONÇAILLES  (fon-sâ-U',  Il  mouillées),  s.  f.  plur. 
Il  1°  Planches  qui  portent  la  paillasse  d'un  lit. 
Il  2°  Pièces  dont  on  fait  le  fond  des  tonneaux.  Il  se 
dit  en  opposition  à  longaiUes. 

—  ÉTYM.  Fond. 

t  FONCE  (fon-s')  ou  FONCET  (fon-sè),  t.  m.  Nom 
d'un  bateau  de  rivière  quelquefois  très-grand, 
puisque  Aubin  (en  1702)  constate  qu'il  y  avait  des 
foncets  longs  de  27  toises  [5ii»,62],  jal.  Pour  un 
bateau  d'aval,  comme  foncets,  cabotiers,  grandes 
toues  et  autres  portant  chefs  ou  quilles,  arrivant 
dans  les  ports  au-dessus  du  Pont-Neuf,  Declar. 
22  oct.  (7(5,  tarif. 

—  HIST.  XV"  s.  Et  apperoeurent  un  fonsset,  qui 
estoit  en  la  rivière  ;  et  passoient  ceux  de  la  bastille 
de  Brieoultre  pardessus  ledit  fonsset,  al. chartier, 

Ilist.  de  Charles   VII,  p.  (IB.  ||  xvi"  s Autres 

navires  qui  naviguent  par  la  mer  que  chascun  con- 
gnoist,  comme  sont  fonces,  hourques,  ant.  de 
conflans.  Faits  de  la  marine,  art.  Rouen,  dans 
jal. 

1.  FONCÉ,  ÉE  (fon-sé,  sée),  part,  passé  de 
foncer  (.  ||  1°  Garni  d'un  fond.  Tonneau  foncé. 
Il  2°  Creusé.  Puits  foncé.  ||  Trou  foncé,  trou  pra- 
tiqué dans  une  pièce  de  bois,  mais  sans  en  percer 
toute  répais.seur.  ||  3°  Fig.  Qui  est  de  la  nuance  la 
plus  sombre  d'une  couleur.  Bleu,  vert  foncé  Si  le 
feuille-morte  n'était  pas  trop  foncé,  dancouht,  Vert 
galant,  se.  26.  La  teinte  de  la  partie  supérieure  du 
corps  était  plus  foncée  que  la  teinte  de  la  partie 
inférieure,  blff.  Ois.  t.  vi,  p.  30,  dans  pougens. 
Il  Fig.  Ses  opinions  sont  d'un  rouge  foncé,  il  ap- 
partient au  parti  des  démocrates  les  plus  ardents, 
les  plus  radicaux.  ||  Au  xvu' siècle  on  cÙsait  enfoncé 
(voy.  ce  mot  à  la  remarque). 

2.  FONCÉ,  ÉE  (fon-sé,  sée),  part,  passé  de  fon- 
cer 2.  Qui  a  un  certain  fonds  d'argent.  Cet  homme- 
là  est  foncé,  il  est  bien  foncé.  Peu  usité.  ||  Kig. 
Habile  en  certaines  choses.  Vous  ne  l'embarras- 
seriez Das  facilement  sur  ces  matières,  car  il  y  est 
foncé,  bien  foncé.  Peu  usité. 

I  FONCEAU   (fon-sfl),  s.  m.  \\   1°  Synonyme  de 

t.  —215 


f714 


FON 


bossette,  en  parlant  du  raors  du  cheval.  ||  i'  Ron- 
delle de  bois  sur  laquelle  se  construit  lo  pot  à  fondre 
les  matières  servant  à  faire  le  verre.  {|  3°  Petit 
vallon. 

—  HIST.  XVI"  s.   Fonceau   du   canon   [du  mors] , 

COTGRATE. 

—  ÊTYM.  Fond. 

f  FONCÉE  (fon-sée),  s.  f.  Terme  d'ardoisi^re.  Les 
parties  qui  forment  le  fond  de  l'ardoisière  à  me- 
sure qu'on  l'exploite. 

f  FONCEMENT  (fon-se-man) ,  s.  m.  Action  de 
creuser  dans  la  terre.  Le  foncement  d'un  puits  au 
travers  des  sables  mouvants  et  aquifères. 

—  ÈTYM.  Foncer  4 . 

t .  FONCER  (fon-sé.  Le  c  prend  une  cédille  devant 
o  et  0  .-fonçant,  fonçons),  v-  a.  ||  1"  Mettre  un  fond 
à  un  tonneau.  ||  Terme  de  cuisine.  Préparer  un 
morceau  de  pâte  pour  faire  le  fond  d'un  pâté, 
d'une  tourte,  etc.  ||  2°  Terme  de  fabrique.  Foncer 
la  soie,  fairs  baisser  la  soie  après  qu'elle  a  été  levée 
pour  y  lancer  la  navette.  1|  Foncer  du  pied,  faire 
descendre  tout  l'assemblage  des  platines  à  plomb, 
dans  les  métiers  à  bas.  ||  3°  Rendre  unie  autant  que 
possible  la  pâte  du  pain  de  sucre.  ||  4°  Foncer  un 
puits,  le  creuser.  ||5°  Fig.  Charger  une  couleur,  la 
rendre  plus  sombre  par  la  teinture.  1|  6"  Y.  n.  Fig. 
et  populairement.  Se  jeter  sur  quelqu'un.  Il  a  foncé 
sur  moi.  {|  7°  Se  foncer,  v.  réH.  Devenir  foncé.  Cette 
couleur  se  fonce  au  soleil.  . 

—  HIST.  ivi"  s.  Iceulx  canons  furent  là  assis  et 
foncez  par  dessus  [garnis  d'un  plancher],  en  ma- 
nière que  toute  l'autre  artillerye  et  les  gens  de  pied 
y  passèrent  tous  seurement,  iean  d'aijton,  Annales 
de  Louis  X//,  ms.  f"  60,  dans  lacurne.  Les  beaux 
pères  ne  portent  point  de  chausses  foncées  [ayant 
un  fond],  RAB.  Pont,  ii,  <6.  Il  y  a  bien  peu  d  en- 
droits en  la  terre  qui  ne  soient  foncez  de  pierre 
d'une  espèce  ou  d'autre,  palissy,  42.  Tonneaux 
foncés  des  deux  bouts,  o.  de  serbes,  222.  Non, 
non,  jamais  une  beste  sauvage  Ne  mit  rempart  sur 
le  bord  des  fossez  ;  Par  elle  aussi  onc  ne  furent 
'oncez  [garnis  de  fonds  ,  construits]  Les  grands 
fai.sseaux  vis  à  vis  du  rivage,  pekrin,  Poésies,  p.  61, 

lans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Fond. 

2.  FONCER  (fon-sé.  Le  e  prend  une  cédille  de- 
vant a  et  o  ;  fonçant,  fonçons),  v.  n.  Terme  vieilli. 
Fournir  des  fonds,  de  l'argent.  |{  Foncer  à  l'appoin- 
tement,  fournir  aux  dépenses  nécessaires. 

—  HIST.  XV'  s.  S'il  plaist,  s'il  est  beau,  il  suffit. 
S'il  est  prodigue  de  ses  biens,  Que  pour  le  plaisir 
et  déduit  II  fonce,  et  qu'il  n'espargne  rien,  co- 
QniLLART,  les  Droitt  nouveaulx.  \\  xvi*  s.  Et  fussiez 
vous  le  plus  beau  filz  du  monde,  H  fault  foncer 
[financer] ,  ou  je  veux  qu'on  me  tonde.  Si  vous  niel- 
lez jamais  pied  à  l'estrieu,  i.  marot,  v,  24B.  Pour 
se  redimer  de  cette  vexation  [refus  de  sépulture] , 
les  amis  et  héritiers  du  défunt  estoient  contraints 
foncer  le  poignet  des  officiaux,  archidiacres  et  au- 
tres juges  d'église  [leur  payer  une  somme],  pas- 
QuiER,  Recherches,  liv.  m,  p.  254,  dans  lacurne. 
Les  trahisons  envers  leurs  adversaires  qui  foncent 
mieux  à  l'apointement  et  leur  enflent  mieux  les 
bourses,  h.  est.  Apol.  pour  Hérod.  p.  4.  Pour  estre 
aimé,  il  faut  foncer  pecune,  rog.  collerye,  OEuv. 

p.  <38,    dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Fonds. 

t  < .  FONCET  (fon-sè) ,  s.  m.  Voy.  fonce. 

t  2.  FONCET  (fon-sè),  s.  m.  Terme  de  serrurerie. 
Plaque  de  fer  qui  sert  à  couvrir  les  parties  de  la 
serrure  dans  lesquelles  la  clef  tourne. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  un  diminutif  de  fond. 

t  FONCEUR  (fon-seurj,  s.  m.  Terme  de  fabricant 
de  papier  peint.  Ouvrier  qui  fait  le  fond  du  papier 
avec  la  brosse ,  avant  qu'il  soit  imprimé. 

—  ÉTYM.  Fond. 

FONCIER,  1ÈRE  (fon-sié,  siô-r'),  adj.  ||  1°  Qui 
est  relatif  à  un  fonds  de  terre.  Propriétaire  fon- 
cier. Il  Terme  de  droit  coutumier.  Seigneur  foncier, 
celui  qui  était  seigneur  du  fonds.  ||  Justice  fon- 
cière, juridiction  qui  appartonait  au  seigneur,  bail- 
leur du  fonds.  Il  2"  Qui  est  établi  sur  le  fonds  d'une 
terre.  Rente  foncière.  Charges  foncières.  ||  ImpOt 
foncier,  impôt  établi  sur  le  fonds  d'un  terrain  édifié 
ou  non  11  Crédit  foncier,  voy.  criSdit.  {|  S.  m.  Le 
foncier,  l'impôt  foncier.  Cette  ferme  acquitte  tant 
de  foncier.  ||  S"  Avalanches  foncières,  celles  qui, 
étant  formées  d'une  neige  très-compacte,  détruisent 
tout  ce  qu'elles  rencontrent.  ||  4°  Fig.  Qui  pénètre 
jusqu'au  fond.  Un  orgueil  foncier  qui  étoufTe  la 
vertu  dès  sa  semence,  et,  ne  cessant  de  la  persé- 
cuter, la  corrompt  non-seulement  quand  elle  est 
neo,  mut  encore  quand  elle  semble  avoir  pris  son 


FON 

accroissement  et  sa  perfection,  noss.  Concupisc.  3(. 
Kxaminrr  ju.squ'5  quel  point  Dieu  a  voulu  que  nous 
connussions  le  secret  de  son  ouvrage,  et  s'il  ne  voit 
pas  dans  la  nature  des  corps  comme  dans  celle  des 
esprits  quelque  chose  de  plus  caché  et  de  plus  fon- 
cier, pour  ainsi  dire,  que  ce  qu'il  en  a  découvert  à 
notre  faible  raison,  ID.  6'  averl.  29.  ||  B°  Fig.  Habile, 
qui  connaît  le  fond  des  choses  (sons  vieilli).  M.  de 
Chcvreuse  était  toujours  en  garde  contre  eux  [les 
jésuites],  comme  plus  foncier  que  M.  de  Beauvil- 
liers,  moins  livré  aux  entreprises  de  Rome,  st-sim. 
30B,  227.  Il  6"  S.  f.  Foncière,  lit  d'ardoises.  ||  7°  Fon- 
cière, terme  de  point  d'Alençon  (dentelle  réseau), 

voy.  PONDEi;SE. 

—  HIST.  xvi's.  Les  titres,  qualitez  et  noms  des 
seigneuries  ou  cours  foncières  sont  divers  ;  car  les 
unes  sont  dictes  simplement  foncières,  les  autres 
très  foncières;  autres  ont  cours  tenables  par  maires 
et  eschevins  ;  les  autres  sont  composées  de  sire  et 
hommes  ;  et  chacun  demeure  aussi  pour  ce  regard 
en  ses  droits  comme  d'ancienneté ,  Nouv.  cousl, 
génér.  t.  n,  p.  346.  Le  seigneur  foncier  est  celui 
auquel  les  cens,  saisines  et  desaisines,  ou  la  rente 
foncière,  ou  les  loyers  sontdeus,  d'autant  qu'il  est 
seigneur  direct  du  fonds  de  la  terre,  laurière, 
Ghss.  du  droit  fr. 

—  lîTYM.  Fonds. 

FONCIÈREMENT  (fon-siè-re-man),  adv.  ||  1- X 
fond.  11  sait  foncièrement  cette  alTaire.  ||  2°  Dans  le 
fond.  Albergotti  était  un  homme  très-dangereux  et 
foncièrement  malhonnête  homme ,  .st-sih.  <4g,  (29. 

—  ÉTYM.  Foncière,  et  le  suffixe  ment. 

t  FONCINE  (fon-si-n'),  s.  f.  Sapin  foncine,  locu- 
tion aujourd'hui  inusitée  ,  signifiant  sapin  pour  faire 
les  fonds.  Pour  un  chariot  chargé  de  sapin  foncine 
entrant  par  eau,  est  dû....  Ddclarat.  22  oct.  1715, 
tarif. 

t  FONÇOIR  (fon-soir),  s.  m.  Outil  de  forges  en 
forme  de  marteau,   dont  la  panne  est  tranchante. 

—  ÉTYM.  Foncer  i. 

FONCTION  (fon-ksion;  envers,  de  trois  syllabes), 
s.  f.\\  1"  Action  propre  à  chaque  emploi.  Vaquer  à 
ses  fonctions.  Faire  les  fonctions  de  sa  charge.  Né- 
ron dit  qu'il  conserverait  toujours  au  sénat  sa  fonc- 
tion et  sa  digr.ité,  d'ablancouht.  Tacite,  387.  Le 
discernement  est  la  principale  fonction  du  juge,  et 
la  qualité  nécessaire  du  jugement,  Boss.  Sermons, 
Providence,  l.  Un  roi  pacifique  qui  ignore  la 
guerre  ,  est  roi  très-imparfait  ,  puisqu'il  ne  sait 
point  remplir  une  de  ses  plus  grandes  fonc- 
tions, qui  est  de  vaincre  ses  ennemis,  fén.  Tél. 
v.  Un  roi  doit  gouverner  en  choisissant  et  en 
conduisant  ceux  qui  gouvernent  sous  lui;  il  ne 
faut  pas  qu'il  fasse  le  détail  ;  car  c'est  faire  la 
fonction  do  ceux  qui  ont  à  travailler  sous  lui,  m. 
Tel.  xxii.  Les  hommes  qui  ont  fait  les  fonctions  de- 
dieux  sur  la  terre,  m.  ib.  xix.  Les  chevaliers  dé- 
clarés portaient  les  livrées  de  leurs  maîtresses, 
leurs  armes  et  quelquefois  leurs  noms  ;  leur  fonc- 
tion était  de  ne  les  point  quitter  en  public  et 
de  ne  les  point  approcher  en  particulier;  de  leur 
servir  partout  d'écuyers,  et,  dans  les  carrousels,  de 
chamarrer  leurs  lances,  leurs  housses  et  leurs  ha- 
bits des  chiffres  et  des  couleurs  de  chaque  Dulci- 
née, HAMiLT.  Gramm.  4.  Pausanias  remplissait  les 
fonctions  de  la  royauté,  comme  tuteur  et  le  plus 
proche  parent  de  Plistarque,  fils  de  Léonide,  en- 
core enfant,  rolun,  llist.  anc.  (jF.uv.  t.  m,  p.  298, 
dans  pouGENS.  ||  Par  extension.  Les  saintes  fonc- 
tions, l'accomplissement  des  saints  devoirs  de  la 
religion.  Mais  un  esprit  ardent  aux  saintes  fonc- 
tions, CORN.  Imit.  1,  2B.  Cessons  de  pensera  notre 
héroïne  pour  admirer  la  tendresse  et  la  piété  de 
son  illustre  fille  ;  nous  l'avons  vue  deux  ans  en- 
tiers dans  toutes  les  fonctions  de  la  charité  :  tan- 
tôt elle  employait  ses  pieuses  mains  au  soulage- 
ment do  la  malade,  tantôt  elle  les  levait  au  ciel 
pour  demander  à  Dieu  sa  santé,  Fi.ÉcniER,  if  me 
de  Monlausier.  \\  Fig.  Faire  fonction  de,  tenir 
lieu  de.  Ce  couvercle  fait  fonction  de  soupape. 
Il  2"'  L'emploi,  la  charge  même.  Fonction  publique. 
ICntrer  en  fonction.  Je  l'ai  vu  en  fonction.  ||  Il  se 
dit  en  ce  sens  souvent  au  pluriel.  Il  a  repris  ses 
fonctions.  Être  dans  l'exercice  de  ses  fonctions. 
Il  3"  Dans  l'économie  animale  et  dans  le  langage 
ordinaire,  l'action  des  différents  organes.  Les  fonc- 
tions des  sens.  La  fonction  de  cet  organe,  de  ce 
muscle.  Les  connaissances  i(ui  résulteront  un  jour 
de  l'application  de  la  chim.e  à  l'élude  des  corps 
vivants  et  de  leurs  fonctions,  nous  offriront  peut- 
être  contre  nos  maux  des  ressources  que  nous  n'o- 
serions prévoir  aujourd'hui ,  coNDORCET,  Margroof. 
'[  Faire   bien  ses  fonctions ,    bien  manger ,  bien 


FON 

digérer,  bien  dormir,  etc.  Et  son  corps  a,  tonii 
sain,  libres  ses  tnoctions,  riîgnibb,  Sat.  xiv.  |lP»r 
extension.  On  n'a  tous  deux  [mari  et  femme]  qu'un 
cœur  qui  sent  mêmes  traverses;  Mais  ce  cœur  a 
pourtant  ses  fonctions  diverses,  corn.  Poly.  i,  3. 
Ce  changement  est  nécessaire  à  l'esprit  pour  rem» 
plir  les  fonctions  de  sa  nature,  boulai-.villiebs^ 
R(ffut.  de  Spinosa  ,  p.  237.  On  sent  aisément  qui! 
vouloir,  juger,  etc.  ne  sont  que  différentes  fone-' 
lions  de  notre  entendement,  volt.  Lett.  prince  d* 
Prusse  ,  sur  la  liberté,  Cirey,  oct.  (737.  ||4'  Dans 
le  langage  strict  de  la  physiologie,  mode  d'actiott 
des  appareils,  acte  spécial  que  chacun  d'eux  eiè 
cute.  Chaque  appareil  n'accomplit  qu'une  seule 
fonction  :  l'appareil  intestinal  ne  fait  que  digérer; 
l'appareil  respiratoire  ne  remplit  pas  d'autre  fonc- 
tion que  celle  de  respiration.  ||  Fonctions  de  la  vie 
végétative,  ou  fonctions  végétatives,  celles  qui 
sont  relatives  à  la  nutrition  et  à  la  reproduction. 
Fonctions  de  la  vie  animale  ou  fonctions  animales, 
celles  qui  sont  exclusivement  propres  aux  animaux. 
Il  5°  Terme  de  mathématique.  Une  quantité  est  dite 
fonction  d'une  autre  quand  elle  en  dépend  ,  qut 
cette  dépendance  puisse  ou  non  s'exprimer  analyti- 
quement.  ||  6°  Terme  de  mécanique.  Fonction  des 
machines,  l'accomplissement  des  conditions  qu'une 
machine  doit  remplir  pour  exécuter  tous  les  mou- 
vements qui  lui  sont  propres.  ||  7°  Terme  de  chimie. 
Fonction  d'un  corps,  l'ensemble  des  propriétés  qu'il 
possède.  Il  8°  Terme  de  tiTiographie.  Action  de 
tremper  le  papier,  de  le  remanier;  de  garnir  ou 
dégarnir  les  rouleaux,  etc.  pour  les  ouvriers  qui 
travaillent  à  la  presse.  Se  dit  des  impositions,  cor- 
rections, épreuves,  etc.  pour  les  ouvriers  compo- 
siteurs. 

—  HIST.  XVI*  s.  A  il  le  corps  propre  à  ses  fono 
lions,  sain  etalaigre?  mont,  i,  325. 

—  ÉTYM.  Lat.  funclionem,  de  fungor,  je  m'ao! 
quitte. 

FONCTIONNAIRE  (fon-ksio-nê-r")  ,  s.  m.  et  /. 
Celui,  celle  qui  remplit  une  fonction.  Un  fonction- 
naire public.  Les  hauts  fonctionnaires. 

—  ÉTYM.  Fonction. 

t  FONCTIONNANT,  ANTE  (fon-ksio-nan ,  nan-t'), 
adj.  Qui  est  en  train  de  fonctionner,  qui  [eut 
fonctionner.  Machine  fonctionnante. 

t  FONCTIONNEL,  ELLE  (fon-ksio-nèl,  ne-!'), 
adj.  Terme  de  physiologie.  Oui  a  rapport  aux  fonc- 
tions. ||  Balancement  fonctionnel,  rapport  existant 
entre  l'énergie  ou  l'activité  de  deux  ou  plusieurs 
fonctions.  Il  Maladie  fonctionnelle,  maladie  suppo- 
sée ne  porter  que  sur  les  phénomènes  dynamiques, 
et  que,  dans  l'état  actuel,  on  ne  peut  rattachera 
l'état  anatomique  d'un  organe  lésé.  ||  On  dit  dans 
le  même  sens  :  trouble  fonctionnel. 

—  Ît™.  Fonction. 

t  FONCTIONNELLEMENT  (fon-ksio-nè-le-man), 
adv.  Il  1"  Relativement  à  une  fonction,  à  des  fonc- 
tions, pour  la  même  fonction.  Ces  personnes,  ces 
objets  sont  liés  fonctionnellement ,  lecoarant. 
Il  2°  Par  rapport  aux  fonctions  du  corps.  Étudier 
un  phénomène  viiai,  anatomiqucment  dans  l'or- 
gane ,  fonctionnellement  dans  les  effets  produits. 

—  ÉTYM.  Fonctionnelle,  et  le  suffixe  ment. 

t  FONCTIONNEMENT  (fon-ksio-nc-man) ,  s.  m. 
Néologisme.  L'action  d'une  machine,  la  manière 
dont  elle  fonctionne.  La  force  de  l'explosion  [un 
coup  de  foudre]  montre  le  bon  fonctionnement  du 
paratonnerre.  ||  Il  se  dit  aussi  d'établissements.  L'a- 
morti.ssement,  dont  le  fonctionnement  est  depuis 
longtemps  suspendu.  ||  Il  se  dit  enfin  des  organes 
(lu  corps  vivant.  Le  fonctionnement  des  glandes 
coïncide  avec  une  accélération  du  cours  du  sang. 

—  ÉTYM.  Fonctionner. 

FONCTIONNER  (fon-ksio-né)  ,  v.  n.  Faire  sa 
fonction.  Il  se  dit  surtout  du  jeu  des  machines. 
Cette  machine  fonctionne  bien.  I|  Par  extension. 
Son  estomac  fonctionne  mal.  ||  Il  se  dit  aussi  de 
certains  établissements.  L'amortissement  a  cessé 
de  fonctionner,  jj  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
aroi'r. 

—  ÉTYM.  Fonction 

FOND  (fon  ;  le  d  ne  se  prononce  pas  et  ne  se  lie 
pas  excepté  dans  la  locution  de  fun-t  en  cumble; 
au  pluriel  1'»  se  lie  :  des  fon-z  inconnus),  s.  m. 
Il  1'  Ce  qu'il  y  a  de  plus  bas  dans  une  cavité,  dans 
une  chose  crousc  ou  i-rokiadc.  l.e  fond  d'un  vase.  Il 
roule  au  fond  de  rablmc.  Le  fond  des  enfers.  Et  que 
la  vérité,  que  chacun  se  propose,  Est  dans  le  fond 
d'un  puits....  RF.GNAHn,  Démocr.  I,  2.  Us  racontent 
comment  ils  ont  trouvé  le  fond  de  chaque  ravir  rem- 
pli de  casques,  de  shakos,  de  coffres  enfoncés  d'ha- 
billements épars,  de  voitures  et  de  canons.  ..  SÉ- 


i 


1 


FON 


FON 


FON 


1715 


oun,  Uist.  de  Nap.  x,  8.  ||  Toucher  au  fond,  toucher 

le  point  le  plus  bas,  le  plus  enfoncé;  et  fig.  toucher 
au  terme.  Cette  fois  on  n'eut  pas  besoin  d'aller  les 
chercher  au  loin  [les  Russes]....  ce  fut  une  joie  gé- 
nérale: enfin  cette  guerre  vague,  molle,  mouvante, 
où  nos  efforts  s'amortissaient,  dans  laquelle  nous 
nous  enfoncions  sans  mesure,  s'arrêtait;  on  touchait 
au  fond,  au  terme,  et  tout  allaitêtre  décidé,  séguh, 
Hist.  de  Nap.  vu,  6.  ||  Terme  d'architecture.  Fond 
de  cuve,  creux  dont  les  angles  ne  sont  point  carrés, 
mais  arrondis.  |{  Fossé  à  fond  de  cuve,  celui  qui  est 
escarpé  des  deux  côtés.  ||  Fig.  et  populairement.  Dé- 
jeuner, dîner  à  fond  de  cuve,  déjeuner,  dîner  am- 
plement. Il  Fig.  et  familièrement.  Le  fond  du  sac, 
ce  qu'il  y  a  de  caché,  de  mystérieux  dans  une  af- 
faire. Il  II  ne  faut  point  qu'on  sache  le  fond  de  notre 
bourse,  c'est-à-dire  il  ne  faut  pas  qu'on  sache  ce 
que  nous  avons  de  bien.  ||  Terme  de  marine.  Fond 
de  cale,  la  partie  inférieure  de  la  cale  ;  autrefois 
fond  de  cale  se  disait  pour  la  cale  même.  ||  Fig.  et 
populairement.  Être  à  fond  de  cale,  être  au  bout  de 
son  argent  ou  de  ses  ressources.  ||  2°  Ce  qui  est ,  ce 
qui  reste  au  fond.  Le  fond  de  cette  bouteille  est 
trouble.  ||  3°  Le  sol  sur  lequel  repose  la  mer,  une 
rivière,  etc.  Un  ordre,  cher  Osmin,  L'a  fait  préci- 
piter dans  le  fond  de  l'Euxin,  «ac.  Bajas.  i,  i .  Un 
effroyable  cri  sorti  du  fond  des  Ilots,  m.  Phèd.  v,  G. 
Le  Pô,  ilepuis  l'époque  où  on  l'a  enfermé  de  di- 
gues, a  tellement  élevé  son  fond  que  la  surface 
des  eaux  est  maintenant  plus  haute  que  les  toits 
des  maisons  de  Ferrare  ,  cuvier  ,  Rév.  p.  <55. 
Il  Fig.  C'est  une  mer  sans  fond  et  sans  rive ,  se 
dit  deschosesqui  dépassent  la  portée  de  l'esprit  hu- 
main. ||  C'est  une  affaire,  une  question  qui  n'a  ni 
fond,  ni  rive,  c'est  une  affaire,  une  question  fort 
embrouillée.  ||  Couler  à  fond,  voy.  couleh.  ||  Fig. 
Couler  à  fond,  ôter  le  crédit,  ruiner.  Mme  de  Main- 
tenon,  à  qui  il  [Harlay,  archevêque  de  Paris]  avait 
déjà  déplu,  l'avait  coulé  à  fond,  st-sim.  ;12,<i  2.  En- 
trant alors  dans  toutes  les  vues  de  Grimm  et  de  la 
coterie  holbachique,  elle  unit  ses  efforts  aux  leurs 
pour  me  couler  à  fond,  J.  J.  bouss.  Conf.  x.  ||  On 
dit  de  même  :  Il  s'est  coulé  à  fond.  ||  Traiter,  ex- 
pliquer complètement.  C'est  une  matière  qu'il  faut 
couler  à  fond.  Coulons  a  fond  les  prélats  [ache- 
vons de  parler  des  prélats]  :  M.  de  Troyes  surprit 
le  monde  par  sa  belle  et  courageuse  retraite,  st- 
siM.  46,  3).  Il  Couler  à  fond  une  affaire,  l'achever 
complètement.  ||  Terme  de  jeu.  Couler  les  cartes  à 
fond,  tenir  la  main,  avoir  la  main  jusqu'à  la  der- 
nière carte.  ||  Aller  à  fond,  écarter  jusqu'à  ce  qu'il 
ne  reste  plus  de  cartes  au  talon.  ||  4°  Terme  de 
mer.  Superficie  de  la  terre,  au-dessous  de  l'eau, 
qu'on  distingue  par  l'addition  de  divers  autres 
mots,  suivant  la  diversité  des  terres.  On  dit  :  fond 
de  pré,  lorsque  la  terre  sous  l'eau  est  couverte 
d'herbe  ;  fond  de  vase  ou  vasard  ;  fond  de  sable  ; 
fond  de  son,  lorsque  le  sable  est  couleur  de  son  ; 
fond  de  bonne  tenue,  fond  bon  pour  l'ancrage; 
fond  de  cour  ou  fond  curé  ,  se  dit  d'un  fond 
de  mc(  où  il  n'y  a  ni  sable  ni  vase.  ||  Sonder 
le  fond,  s'assurer  avec  la  sonde  de  la  nature  du 
fond.  Il  Donner  fond,  jetter  l'ancre  ou  mouiller_ 
Nous  donnâmes  fond  par  six  brasses.  ||  Hauteur 
d'eau.  Il  y  a  peu  de  fond.  'Vingt  brasses  do  fond. 
Il  Haut-fond,  fond  qui  s'élève  presque  jusqu'à  la  su- 
perficie de  l'eau  et  où  les  bâtiments  risquent  de 
toucher.  Nous  présumons  encore  que  non-.seule- 
ment  le  Groenland  a  été  joint  à  la  Norvège  et  à 
l'Ecosse ,  mais  aussi  que  le  Canada  pouvait  être 
uni  à  l'Espagne  par  les  bancs  de  Terre-Neuve,  les 
Açores  et  les  autres  Iles  et  hauts-fonds  qui  se  trou- 
vent dans  cet  intervalle  de  mers,  bufk.  0"  cpoq. 
nat.  Ofiu».  t.  XII,  p.  276,  dans  pougens.  ||  Bas-fond, 
voy.  BAS-FOND.  Il  Les  marins  distinguent  les  bas- 
fonds  des  hauts-fonds,  en  ce  qu'on  peut  naviguer 
sur  les  premiers,  qui  ne  sont  pas  dangereux,  tandis 
qu'on  ne  peut  naviguer  sur  les  seconds  qui  le  sont; 
mais  le  langage  vulgaire  confond  souvent,  à  tort, 
ces  deux  termes.  Les  voyageurs  assurent  que  la 
navigation  est  très-difficile  sur  la  mer  Noire  et 
sur  la  mer  Caspienne,  à  cause  de  leur  pou  de  pro- 
fondeur et  de  la  quantité  d'écucils  et  de  bas- 
fonds  qui  s'y  rencontrent  ,  buff,  Hist.  nat.  2" 
dise.  Il  Petit-fond,  la  hauteur  d'eau  qui  est  sous  un 
■  bâtiment.  Êlre  mouillé  sur  un  petit-fond,  se  dit  lors- 
qu'un bâtiment  touche  presque  le  fond  de  l'eau. 
11  Terme  de  pêche.  Pêcher  par  fond,  se  dit  quand  les 
haims  ou  les  filets  chargés  de  plomb  reposent  sur  le 
fond  de  la  mer.  ||  11  se  dit  aussi  à  la  pêche  à  la  ligne. 
La  pêche  (le  fond.  Une  ligne  de  fond.  ||  5°  Terrain 
considéré  par  rapport  à  sa  fermeté,  à  sa  composi- 
tion ,   pour  fonder,    bâtir,   etc.   Un  fond  d'argile. 


Bâtir  sur  un  fond  peu  solide.  ||  Terme  d'architecture. 
Tourelle  montant  de  fond ,  tribune  montant  de 
fond,  tourelle,  tribune,  reposant  sur  des  fonda- 
tions ,  par  opposition  aux  ouvrages  d'encorbelle- 
ment. ||  Fig  Faire  fond  sur  quelqu'un,  sur  quel- 
que chose ,  y  compter  fermement ,  s'en  faire  un 
appui,  un  auxiliaire.  Puis-je  faire  aucun  fond  sur 
la  foi  qu'on  me  donne?  coun.  Sophon.  iv,  3.  Quel 
fond  prétendez-vous  faire  sur  les  paroles  de  ce  bref? 
pAsc.  Prov.  i7.  Les  choses  sur  quoi  il  est  permis  de 
faire  fond,  la  biiuy.  x.  Le  peu  de  fond  qu'il  y  a  à 
faire  sur  les  hommes,  uxss.  Avent,  M.  du,  Péch.  Il 
ne  faut  point  faire  de  fond  sur  ces  récits  populaires, 
MONTESQ.  Espr.  XXI,  <  I.  ||  6"  La  partie  la  plus  recu- 
lée, la  plus  profonde,  la  plus  retirée.  Le  fond  d'une 
boutique.  Il  y  a  beaucoup  d'apparence  que  ce  port 
est  le  même  que  celui  où  est  aujourd'hui  située  la 
ville  de  Suez  au  fond  de  la  mer  Rouge,  bollin, 
Hist.  anc.  (Muv.  t.  m,  p.  (07,  dans  pougens.  Il  [Dé- 
mocrite]  alla  chercher  jusqu'au  fond  des  Indes  les 
richesses  de  l'érudition,  et  ne  se  soucia  guère  des 
trésors  qu'il  trouvait  presque  à  sa  porte  dans  un 
pays  abondant  en  mines  d'or  et  d'argent,  ID.  ib.  liv. 
XXI,  )'•  part.  ch.  m,  art.  2,  §  2.  Tranquille  au  fond 
du  Louvre,  et  loin  du  bruit  des  armes,  Mes  sens  d'un 
doux  repos  goûtaient  encor  les  ctiarmes ,  volt. 
llenr.  ii.  Ruyter  vient  à  son  secours  du  fond  du  Zui- 
derzée,  passe  le  détroit,  et  joint  à  vingt  vaisseaux 
espagnols  vingt-trois  grands  vaisseaux  de  guerre, 
ID.  Louis  XIV,  13.  J'ai  porté  mon  courroux,  ma  honte 
et  mes  regrets  Dans  les  sables  mouvants,  dans  le 
fond  des  forêts,  id.  Als.  ii,  l .  Candide,  qui  était  na- 
turellement curieux,  se  laissa  mener  chez  la  dame, 
au  fond  du  faubourg  Saint-Germain,  id.  Cand.  22. 
Je  ne  saurais  revenir  de  ma  surprise  qu'on  fasse  si 
bien  des  odes  françaises  au  fond  de  l'Allemagne, 
iD.  Lett.  au  prince  de  Prusse,  déc.  I737.  {|  Fig. 
Du  fond  de  sa  misère  il  crie  vers  le  ciel.  |{  Le  fond 
d'un  cloître  se  dit  quelquefois  pour  un  cloître, 
un  couvent.  Il  alla  mourir  au  fond  d'un  cloître. 
Il  Le  fond  de  l'oeil,  la  partie  la  plus  profonde  de 
l'oeil.  Le  plus  grand  angle  que  puisse  faire  un  objet 
dans  l'oeil  -.st  proportionné  à  la  grandeur  du  fond 
de  l'oeil,  boff.  Hist.  nat.  homme,  t.  iv,  p.  403, 
dans  POUGEN.S.  Le  fond  de  l'oeil  est  comme  une  toile 
sur  laquelle  se  peignent  les  objets;  ce  tableau  a  des 
parties  plus  brillantes,  plus  lumineuses,  plus  colo- 
rées que  les  autres  parties,  m.  ib.  p.  454.  []  Le  fin 
fond,  le  fond  le  plus  reculé.C'est-à-dire,  moucher, 
en  fin  fond  de  forêts,  aoL.  Fdch.  ii,  7.  J'irais  pour 
vous  au  fin  fond  de  la  France,  volt.  Nan.  ii,  5. 
En  fin  fond  de  province  il  l'a  contrainte  à  fuir, 
LACHADSSÉE,  Préj.  à  la  mode,  ii,  o.  ||  7°  Côté  de 
certaines  cavités  opposé  à  l'ouverture.  Le  fond  de 
ce  coffre  est  percé.  Les  panneaux  qui  forment  le 
fond  d'une  armoire.  ||  Boîte  à  deux  fonds,  à  double 
fond,  qui  a  un  double  fond,  boîte  qui  s'ouvre  des 
deux  côtés,  ou  boîte  qui,  sous  un  premier  fond,  en 
a  un  autre ,  de  sorte  que  l'on  peut  cacher  quelque 
chose  entre  les  deux.  1|  Le  fond  d'un  chapeau,  la 
partie  du  chapeau  opposée  à  l'ouverture.  ||  L'as- 
semblage de  petites  douves  qui  ferme  un  tonneau. 
Mettre  un  fond  à  un  tonneau.  ||  Le  fond  d'un  car- 
rosse ,  la  partie  opposée  aux  glaces  du  devant. 
N'est-ce  pas  pour  êlre  vu  dans  un  même  fond 
avec  un  grand?  la  broy.  xi.  ||  Carrosse  à  deux 
fonds,  celui  où  le  siège  qui  est  sur  le  devant  est 
égal  au  siège  qui  est  sur  le  derrière.  Ma  com- 
pagne et  moi  nous  remplissions  le  fond  du  de- 
vant ;  celui  de  derrière  était  occupé  par  un 
homme  âgé,  indisposé,  et  par  sa  femme,  mamv. 
Uarianne,  2°  part.  ||  8°  Terme  de  marine.  Fond  d'un 
navire,  la  partie  do  la  carène  correspondante  aux 
varangues.  Il  est  nécessaire  que  vous  preniez  bien 
garde  ((ue  cette  frégate  soit  forte  de  bois  par  les 
fonds,  et  extrêmement  légère  à  la  voile,  seignelay, 
à  Desclouzeaux,  16  fêv.  1678,  dans  jal.  ||  Fond  de 
la  hune,  espèce  de  plancher  que  l'on  porto  sur  le 
banc  de  la  hune.  ||  Fond  d'une  voile,  partie  infé- 
rieure comprise  depuis  le  centre  jusqu'à  la  ralingue 
d'en  bas.  ||  9°  Un  fond  do  lit,  le  châssis  qui  porte 
la  paillasse.  ||  Table  de  dessous  d'un  violon,  d'une 
guitare.  ||  Fond  de  bain,  le  linge  dont  on  revêt  par 
propreté  l'intérieur  d'une  baignoire.  ||  Un  fond  de 
pantalon,  la  partie  de  derrière.  Mettre  des  fonds  à 
un  pantalon,  à  une  culotte,  garnir  avec  des  pièces 
le  derrière  usé  d'un  pantalon,  d'une  culotte.  {|  Mor- 
ceau de  mousseline  ou  d'autre  étoffe  destiné  à  re- 
couvrir dans  un  bonnet  le  derrière  de  la  tête.  ||  Le 
fond  d'un  artichaut,  le  réceptacle  cliarnu  qui  porte 
les  feuilles ,  vulgairement  un  cul  d'artichaut.  Le 
fond  d'un  artichaut  est  formé  et  creusé  en  ligne 
courbe,  et  le  nom  de  cul  ne  lui  convient  en  aucune 


manière,  volt.  Diet.  phit.  Cul.  \\  10°  Terme 
de  tisserand.  La  première  ou  plus  basse  tissure 
sur  laquelle  on  fait  un  dessin  ou  un  nouvel  ou- 
vrage. Velours  à  fond  d'or.  ||  Fig.  Je  ne  le  crois 
pas  rampant  [le  sujet  d'Irène];  mais  je  le  crois 
beaucoup  plus  approchant  du  naïf  que  du  su- 
blime; c'est  un  combat  éternel  de  l'amour  et  de 
la  vertu  ;  le  fond  de  rétofi"e  est  agréable,  mais  elle 
ne  peut  pas  être  nuancée,  volt.  Lett.  d'Argental, 
1°' janv.  1777.  Il  L'étoffe  même  sur  laquelle  on  fai; 
quelque  broderie.  Broder  sur  un  fond  de  satin,  sut 
un  fond  vert.  ||  11°  Réseau  qui  sert  d'assiette  aux 
dessins  pour  les  dentelles.  ||  Terme  de  point  d'A- 
lençon.  Le  fond,  point  bouclé  fait  avec  un  fil  plus 
gros  que  celui  des  autres  points  dans  la  dentelle 
réseau.  {|  12°  Terme  de  peinture.  Le  champ  d'un 
tableau  sur  lequel  les  figures  se  détachent.  Une 
figure  qui  se  détache  en  brun  sur  un  fond  clair. 
Il  Terme  de  gravure.  Fond  blanc,  se  dit  des  blancs 
du  papier  que  l'on  conserve  dans  l'impression  des 
estampes,  etc.  ||  Terme  de  peinture  en  bâtiments. 
Nom  des  premières  couches,  lorsque  celles-ci  sont 
recouvertes  par  d'autres  que  l'on  nomme  couches 
de  teinte.  ||  Par  extension.  Le  fond  de  son  plumage 
est  brun,  foncé  aux  pennes  de  l'aile,  buff.  Ois. 
t.  XIV,  p.  173,  dans  pougens.  Nous  retrouvons  dans 
ce  merle  d'Amérique  le  même  fond  de  couleur  qui 
règne  dans  le  plumage  de  notre  merle  ordinaire, 
id.  ib.  t.  VI,  p.  (01.  Il  13°  Les  plans  les  plus  reculés 
d'un  paysage.  Le  fond  est  occupé  par  des  arbres, 
par  une  rivière.  ||  La  représentation  du  lieu  de  la 
scène  dans  un  tableau.  Un  paysage  sert  de  fond  au 
tableau,  fait  le  fond  du  tableau.  Fond  d'architec- 
ture. Des  arbres  occupent  le  fond  du  tableau.  Sur 
le  fond,  une  mêlée  de  combattants,  dider.  Sal.  de 
1765,  Œuvres,  t.  xiii,  p.  te»,  dans  pougens. 
Il  14°  Au  théâtre,  la  décoration  qui  forme  le  fond 
de  la  scène.  Toile  de  fond.  Le  fond  représente  une 
forêt.  Il  15°  Fond  de  miroir,  le  derrière  du  miroir. 
11  16°  Fig.  Ce  qui  fait  comme  un  fond,  comme  un 
fondement,  comme  quelque  chose  de  permanent. 
Et  n'est-ce  pas  sans  doute  un  crime  punissable  De 
gâter  méchamment  ce  fond  d'âme  admirable?  mol. 
Ec.  des  femmes,  ui,  4.  C'est  un  fond  de  rage 
muette:  un  chien  ne  parait  point  enragé,  il  semble 
qu'il  soit  sage,  et  cependant  il  est  profondément 
dévoré  de  cette  rage,  sÉv.  666.  L'âme  est  indivisible, 
et  on  peut  bien  en  diviser  l'opération,  mais  non 
pas  la  partager  dans  son  fond,  boss.  Conn.  ui,  2. 
En  vertu  de  la  sensation  précisément  prise,  nous 
ne  connaissons  rien  du  tout  du  fond  de  l'objet, 
ID.  ib.  8.  Mais,  pour  dire  la  vérité  dans  toute 
son  étendue ,  ce  n'est  ni  l'erreur  ni  la  vanité  qui 
ont  inventé  ces  noms  magnifiques  [de  grandeur 
et  de  gloire];  au  contraire,  nous  ne  les  aurions 
jamais  trouvés,  si  nous  n'en  avions  porté  le  fond 
en  nous-mêmes,  id.  Duch.  d'Orl.  Il  est  temps 
de  faire  voir  que  tout  ce  qui  est  mortel,  quoi  qu'on 
ajoute  par  le  dehors  pour  le  faire  paraître  grand, 
est,  par  son  fond,  incapable  d'élévation,  id.  ib. 
Le  culte  des  hommes  morts  faisait  presque  tout 
le  fond  de  l'idolâtrie,  id.  Uist.  ii,  c.  L'humilité  qui 
faisait  le  fond  du  christianisme ,  ID.  ib.  1 2.  Le 
divin  est  le  fond  de  ces  livres,  lu.  ib.  13.  Ja- 
mais ils  ne  connurent  le  fond  de  l'art  militaire, 
II),  ib.  III,  5.  Le  fond  y  est  le  même  [chez  les 
grands]  que  dans  les  conditions  les  plus  ravalées  ; 
tout  le  bas,  tout  le  faible  et  tout  l'indigne  s'y  trou 
vent,  LA  BRUY.  IX.  Vous  avez  l'apparencode  la  piété, 
mais  vous  n'en  avez  pas  le  fond,  mass.  Carême, 
Culte.  Les  plaisirs  ne  sauraient  plus  égayer  ce  fond 
de  tristesse,  id.  Avent.  Conc.  On  ne  voudrait  pas 
flétrir  une  femme  sur  le  fond  do  sa  conduite,  ii>.  Ca- 
rême, Médis.  La  bonté  n'était  pas  seulement  une  de 
ses  vertus,  c'était  son  fond;  c'était  lui-même,  id. 
Or.  (un.  Dauphin.  Le  fond  de  l'homme  reste,  il  est 
partout  le  même;  Persan,  Scythe,  Indien,  tout  dé- 
fend ce  qu'il  aime,  VOLT.  Scythes,  iv,  t.  Arsinoé 
joue  précisément  le  rôle  de  la  femme  du  malade 
imaginaire,  et  Prusiascelui  du  malade  qui  croit  sa 
femme  ;  très-souvent  des  scènes  tragiques  ont  le 
même  fond  que  des  scènes  de  comédie,  id.  Comm, 
Corn.  Rem.  Nicomède.  L'abbé  de  Saint-Rèal,  qui  a 
écrit  cet  événement  célèbre  avec  le  style  de  Sal- 
luste,  y  a  mêlé  quelques  embellissements  de  roman  ; 
mais  le  fond  en  est  très-vrai ,  id.  Moeurs,  IS6.  Vous 
m'avez  écrit  de  Moscou  une  lettre  telle  qu'on  n'en 
écrit  point  de  Versailles,  soit  pour  le  style,  soit  pour 
le  fond  des  choses,  id.  Lett.  Schouvalof,  I2  fév. 
i708.  Il  est  aisé  de  voir  que  goddam  est  le  fond  de 
la  langue,  beaumarcu.  Mar.  de  Fig.  m,  6.  Enfin, 
sans  tous  ces  motifs  d'ardeur,  le  fond  de  l'armée 
était  bon,  et  toute  bonne  armée  veut  la  guerre,  sÉ- 


1716 


l'ON 


00»,  Mut.  dt  Sap.  III,  3.  Il  Populairement.  Pour 
commencer,  mangpi  un  potagn  ;  c'est  ou  Cf  la  fait 
un  l)on  f'onil  d'estomac.  ||  Un  fond  de  vérité,  du 
raison^  Se  dit  pour  exprimer  qu'il  y  a  quelque 
chose  du  vrai,  de  raisonnable  dans  une  chose.  Il 
y  a  un  fond  de  vérité  dans  ses  plaintes.  {|  Venir 
lu  fond  des  choses,  et,  simplement,  venir  au  fond, 
examiner  complètement  ,  s'expliquer  sans  détour. 
Cependant  de  quoi  s'agit-il"?  venons  au  fond, 
MASS.  Carême,  Riche.  ||  On  dit  de  miîme  ;  en- 
trer dans  le  fond,  pénétrer  le  fond,  trouver  le  fond. 
Pénétrons  le  fond  de  ses  artifices,  noss.  Ilisl.  ii,  i. 
Nous  trouverons  le  fond  d'un  si  grand  mystère,  ID. 
ib.  Il,  <o.  Il  17°  Terme  de  manège.  Avoir  du  fond, 
se  dit  d'un  cheval  qui  suppoile  un  long  exercice 
sans  se  fatiguer.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  qu'un 
nomme  a  du  fond,  quand  il  peut  supporter  le  tra- 
vail, la  fatigue,  etc.  En  un  autre  sens  on  dit  qu'il 
a  du  fond,  quand  il  possède  des  connaissances  so- 
lides. Il  18"  Terme  de  procédure.  Ce  qui  fait  la  ma- 
tière du  procès.  Plaider,  conclure,  statuer,  juger  au 
fond.  Le  fond  et  la  forme  d'un  acte.  Souvent  la 
forme  emporte  le  fond.  ||  19"  Fig.  Ce  qu'ily  a  déplus 
intime ,  de  plus  caché  dans  le  cœur.  Kt  vous  recon- 
naîtrez que  dans  le  fond  de  l'âme  Je  prends  comme 
je  dois  l'intérêt  d'une  femme,  corn.  Théod.  i,  4. 
Explique,  explique  mieux  le  fond  de  ta  pensée,  i». 
Itéracl.  I,  3.  N'est-ce  point  ouLlier  ce  qu'on  vous 
doit  d'honneur  Que  demander  à  voir  le  fond  de  vo- 
tre cœur?  II).  Sertor.  ii,  2.  L'apparence  t'abuse,  il 
m'aime  au  fond  de  l'àme,  m.  ib.  n,  3.  Pour  vous 
montrer  le  fond  de  toute  mon  estime,  id.  Suréiia, 
III,  a.  L'homme  ne  voit  leschoses  que  parle  dehors; 
mais  le  Seigneur  volt  le  fond  du  cœur,  saci,  Bible, 
Itois,  XVI,  7.  Dans  le  fond  de  ton  cœur  je  sais  que 
tume  hais,  RAC.  Bril  v,  6.  Le  jour  n'est  pas  plus 
pur  que  le  fond  de  mon  cœur,  id.  J'Iicdre,  iv,  ï.  La 
joie  était  au  fond  de  son  cœur,  fèn.  Tél.  vu. 
Il  20°  Donner  le  fond  aux  peaux,  les  faire  tremper 
à  froid  et  les  fouler  dans  une  composition  qui  leur 
donne  .c  lustre.  ||  Donner  le  fond  aux  feuillets  de 
baudruche,  les  humecter  avec  quelque  liqueur  aro- 
matique, dans  les  ateliers  où  l'on  réduit  l'or  en 
feuilles.  Il  21"  Cartes  du  premier  fond,  se  dit  des 
cartes  qui  formentla  première  nuance  de  blancheur 
et  de  finesse.  Il  Cartes  du  second  fond,  celles  qui 
offrent  la  plus  faible  nuance  du  blanc,  tirant  sur  le 
gris.  Il  22°  Terme  de  tapissier.  Tête  ou  ganse  d'une 
frange  sur  laquelle  se  montent  les  orncmunls. 
Il  23°  Faux-fond,  plaque  circulaire  rapportée  sur  le 
(■alâtre  d'une  serrure,  et  sous  laquelle  est  rivée  la 
inoche.  Il  24°  De  fond  en  comble  ,  loc.  adv.  De  la 
base  au  sommet.  Détruire  un  monument  de  fond 
en  comble.  11  bâtit  de  fond  en  comble  celui  de  Jé- 
rusalem, et  il  en  fit  une  trùs-forte  citadelle,  volt. 
Dict.  phil.  Christianisme.  Ce  fut  dans  ce  temps-là 
même  que  la  nouvelle  ville  d'Êpidaure,  su^  la  mer 
Adriatique,  fut  renversée  de  fond  en  comble,  et  le 
cours  do  la  rivière  sur  laquelle  elle  était  située  fut 
changé  et  très-diminué,  i».  Triumv.  Note.  L'opéra, 
qui  vient  d'être  brûlé  de  fond  en  comble,  o'alemb. 
Letl.  au  roi  de  Prusse,  29  juin  1781.  ||  Fig.  Entiè- 
rement, radicalement.  Ruiner  une  personne,  un 
système  de  fond  en  comble.  ||  25°  À  fond,  loc.  adv. 
Complètement,  jusqu'au  bout.  Examiner  les  choses 
à  fond,  PASC.  Prov.  3.  Mille  chapitres  que  nous 
n'avons  pas  le  temps  de  traiter  à  fond,  sÉv.  H 6. 
En  ne  me  disant  pas  les  choses  assez  à  fond,  uoss. 
/,cM.  Corn.  34.  S'il  ne  trouve  pas  jour  aies  frustrer 
à  fond,  LA  liRLV.  xm.  Le  chevalier  ne  savait  pas 
l'histoire  à  fond,  uamilt.  Gramm.  ».  Connaissant 
à  fond  ces  deux  méchants  hommes,  fên.  Tel.  xm. 
Nous  parlerons  à  fond  quand  j'aurai  bu  deux  coups, 
iiESTOUCBES,  Phil.  mar.  ii.  6.  11  vaut  mieux  (|ue  les 
enfants  sachent  peu  de  choses ,  pourvu  qu'ils  les 
sachentà  fond  et  pour  toujours,  rollin,  Traitédes  Et. 
liv.  I,  ch.  3.  Il  Familièrement.  Dîner,  souper  à  fond, 
dîner,  souper  amplement.  Je  vais  souper  à  fond, 
puis  je  viendrai  la  prendre,  et  nous  épouserons  im- 
médiatement après  la  danse,  dancourt,  lOpéra- 
leur  Barry,  se.  2.  Si  Mme  d'Argental  n'y  retrouve 
pis  la  s.inté,  si  M.  de  Choiscul  ne  soupe  pas  à 
fond,  si  M.  le  coadjuteuramal  à  la  poitrine,  volt. 
Lell.  d'Àrgental,  7  août  4750.  jj  Charger  à  fond, 
faire  une  charge  à  fond,  se  dit  d'une  troupe  qui  en 
attaque  une  autre  avec  impétuosité  et  acharnement. 
Il  Fig.  et  familièrement.  C'est  une  charge  à  fond 
contre  cet  homme,  contre  ce  système.  {|  X  fond  de 
train,  voy.  train.  1|2«°  Au  fond,  dans  le  fond,  loe. 
adv.  En  réalité.  Dans  le  fond,  il  ne  l'aimait  point. 
»Ev.  47».  Au  fond  le  roi  n'avait  pas  été  content 
de  la  préférence  qu'on  avait  donnée  à  la  Fon- 
Uine    sur    Dcspréaui  ;    ces    deux    grands     poètes 


FON 

avaient  été  mis  en  concurrence  pour  la  même 
place,  OLivKT,  llitt.  Acad.  t.  ii ,  p.  2»,  dans  pcu- 
GENS.  Vous  n'avez  que  votre  âge ,  votre  air  et 
votre  visage  contre  vous;  dans  le  fond  je  gagerais 
que  vous  avez  les  meilleures  manières  du  monde, 
REGNARD,  Sérén.  18.  Larcher,  qui  vous  a  contredit 
sur  je  ne  sais  quelle  .sottise  d'Hérodote,  mais  qui, 
au  fond,  est  un  galant  homme,  tolérant,  modéré, 
modeste,  et  vrai  philosophe  dans  ses  sentiments  et 
dans  sa  conduite,  d'alemi).  Lett.  à  Voltaire,  26  déc. 

1772. 

—  KEM.  Fond,  comme  on  voit  à  l'étymologie,  est 
le  même  que  fonds;  \'s  de  ce  dernier  est  l's  du  no- 
minatif de  l'ancienne  langue,  s  qui  est  restée  par 
hasard  comme  dans  quelques  autres  mots.  On  a 
voulu  utiliser  cette  différence  accidentelle  pour  éta- 
blir entre  fond  et  fonds  une  différence  qui  d'ail- 
leurs n'existe  pas  dans /'undus,  lequel  signifie  à  la  fois 
fond  et  fonds.  Mais,  comme  le  sens  radical  (t  la 
prononciation  sont  les  mêmes,  il  en  résulte  des  rap- 
prochements qui  rendent  paifois  à  peu  près  inex- 
tricable la  distinction. 

—  HIST.  XI'  S.  Envers  les  funz  s'en  turnerent 
alquant  [quelques-uns],  Ch.  de  Roi.  clxxvi. 
Il  xu°  s.  Cil  vont  al  fonz  [de  la  rivière]  sans  nul 
arrestement,  Ronc.  p.  no.  Lors  s'entrelaisser.t 
courre  parmi  le  font  d'un  val,  t6.  p.  193.  ||  xm'  s. 
L'en  se  dort  le  soir  là  où  l'en  ne  scet  se  l'en  se 
trouvera  ou  fons  de  la  mer,  joinv,  ïio.  Si  lui  en 
avint  ainsi ,  que  par  la  menoisoù  ,;aiarrhée]  qu'il 
avoit,  que  il  li  convint  le  soir  couper  le  fonz  de 
ses  braies  [culottes],  id.  (92.  Por  ce  que  dons  n'a 
font,  doit  chascuns  garder  son  aise  et  son  pooir, 
BRUN.  LATiNi,  Trésor,  p.  4  18.  ||  XV*  s.  On  peignolt 
les  masts  des  nefs  du  fond  jusques  au  comble , 
FROiss.  II,  III,  3S.  Et  puisque  vous  l'avez  juré, 
tenez  vostre  parole,  car,  quoi  qu'il  me  couste,  j'en 
saurai  le  fond  et  qui  peut  avoir  révélé  mes  secrets, 
U).  m,  IV,  21.  Il  XVI*  s.  Faire  quelque  chose  du  fin 
fond  de  son  courage,  mont,  i,  217.  Il  s'en  alla  au 
fin  fond  de  l'Espaignc,  id.  m,  )U9.  C'est  une  ques- 
tion desbaltue  au  fond  par  les  académiques,  id.  iv, 
354.  Ils  mcircnt  plusieurs  de  leurs  vaisseaux  à 
fond,  AMYOT.  Péric.  60.  Estant  donques  Annibal 
descendu  en  ce  fond  de  sac.  Fabius,  qui  cognois- 
soit  le  païs....  ID.  Foi).  16.  Le  fond  de  la  terre  y 
estoit  bon,  au  moyen  de  quoy  y  avoit  force  arbres, 
ID.  Sylla,  35.  Deux  cents  lanciers  vestus  à  la  hon- 
gresque  de  Damas  à  fons  d'or,  d'aeb.  Hist.  Il,  (12. 
Le  roi  entreprend  un  retranchement  de  six  pieds 
de  gueule  en  ouvrage  et  en  fonds,  id.  ib.  m,  219. 

—  ÊTYM.  Piovenç.  fotis;  espagn.  fonda,  fundo;  ital. 
fondo;  du  lat.  fundus,  qui  signifie  à  la  fois  fond 
et  fonds,  et  que  les  étymologistes  rapprochent  du 
grec  TtuO|j.Tiv,  fond,  TtOvSaÇ,  creux  d'un  vase;  anc. 
haut  ail.  bodam  ;  anc.  scaudin.  botn  ;  sanscrit, 
budhna. 

t  FONUAGE  (foQ-da-j'),  s.  m.  Action  de  fondre 
un  métal,  des  minerais;  manière  dont  ils  ont  été 
fondus.  Tout  le  monde  sait  que,  quand  on  com- 
mence un  fondage,  on  ne  mut  d'abord  qu'une  pe- 
tite quantité  de  mine,  un  sixième,  un  cinquième 
et  tout  au  plus  un  quart  de  la  quantité  qu'on  met- 
tra dans  la  suite,  blff.  Hist.  min.  Œuv,  t.  viii, 
p.  109,  dans  POUOENS. 

—  ÊTYM.  Fondre. 

FONDAMENTAL,  ALE  (fon  ii-mac-UI,  U-]') , 
adj.  Il  1°  Qui  sert  de  fonderai  .it,  de  fondation. 
Pierre  fondamentale.  Vous  êtes  destinée,  ma  chère 
fille,  à  être  une  pierre  fondamentale  de  Saint-Cyr, 
MA  intenon,  iel(.  à  Urne  de  la  Uaisonfort,  li  févr. 
11)92.  Saint  Paul  assure  que  Jésus-Christ  est  la 
pierre  fondamentale  de  l'édifice,  fên.  t.  m  ,  p.  163. 
Il  2°  Terme  d'anatomle.  L'os  fondamental,  le  sa- 
crum, ainsi  dit  parce  qu'il  sert  de  base  au  rachis. 
Je  vous  assure  que  j'ai  une  raison  fondamentale  [il 
avait  un  furoncle  au  derrière]  de  ne  bouger  d'ici, 
sur  laquelle  je  n'ose  appuyer,  et  qu'il  n'est  pas  à 
propos  de  vous  expliquer  davantage,  voit.  f.ett.  104. 
Il  L'os  fondamental,  s'est  dit  aussi  du  sphénoïde, 
parce  qu'il  occupe  la  base  du  crâne.  ||  Substance 
fondamentale,  portion  de  substance  homogène  ou 
striée,  ou  granuleuse,  qui,  dans  un  tissu,  par 
exemple  les  cartilages,  les  os,  est  interposée  aux 
cavités  pleines  de  liquide  ou  de  cellules.  |{  Mem- 
brane fondamentale,  couche  de  substance  amorphe 
qui  forme  la  paroi  propre  des  culs-de-sae  glandu- 
laires ou  des  vésicules  closes  des  glandes  sans  con- 
duits excréteurs.  ||  3°  Fig.  Qui  joue  dans  une  chose 
le  rôle  que  joue  le  fondement  dans  un  édifice. 
Principes  fondamentaux.  La  loi  fondamentale  d'un 
État.  C'était  alors  non-seulement  un  des  points 
fondamentaux,  mais  encore,  parmi  les  fondamen- 


ION 

taux,  uo  des  premiers,  boss.  ¥ar.  x,  §  ».  H  u'\ 

rien  de  fondamental  que  les  lois  de  la  nature  po- 
sées par  Dieu  même,  volt.  Pol.  et  létjisl.  Comtn. 
sur  l'Esprit  des  lois,  loi  salique.  \\  'i'erme  de  théo- 
logie. Articles  fondamentaux,  les  dogmes  que  to.i 
chrétien  est  obligé  de  professer  sous  peine  de  dauj- 
nation.  ||  4°  Terme  de  musique.  Son  fondamental, 
note  qui  sert  de  fondement  à  l'accord.  ||  Basse  fonda- 
mentale, basse  hypothétique  qui,  d'après  le  système  ., 
de  Hameau,  devait  avoir  dans  ses  harmoniques  toutes 
les  notes  des  parties  supérieures;  cette  basse  n'exis- 
tait pas,  et  n'était  ni  éc.-ilc  ni  exécutée;  elle  servait 
seulement  à  prouver  la  légitimité  des  accords  em- 
ployés. Il  Accord  fondamental,  celui  dont  la  basse 
est  fondamentale  et  dont  les  sons  se  trouvent  ar- 
rangés selon  l'ordre  de  leur  génération,  par  oppo- 
sition aux  autres  arrangements  des  mêmes  notes, 
qui  forment  les  accords  renversés.  ||  6°  Terme  de 
peinture.  Ligne  fondamentale,  la  base  du  tableau, 
nommée  au.ssi  ligne  de  terre.  | ]  6°  Terme  de  cris- 
tallographie. Forme  fondamentale  ,  celle  dont  on 
peut  faire  dériver  toutes  les  autres. 

—  IIKST.  xvi'  s.  Apollonius  disoit  que  c'estoit  aux 
serfs  de  mentir  et  aux  libres  de  dire  la  vérité;  c'est  . 
la  première  et   fondamentale  partie  de  la  vertu, 

MONT.   111,    52. 

—  ÉTYM.  Fondement. 
FONDAMENTALE.MENT  (fon-da-man-la-le-man) , 

adv.  Il  1°  Sur  de  bons  fondements,  sur  de  lions 
principes.  Une  maxime  fondamentalement  étabhc. 
Il  2°  Au  fond,  essentiellement.  L'étabhssement  du 
prix  des  choses  dépend  fondamentalement  de  la 
raison  du  total  des  choses  au  total  des  signes, 
MONTESQ.  Esp.  XXII,  7.  Il  3°  Totalement,  complète- 
ment. Provoquer  une  réforme  qui  modifie  fondamen- 
talement le  système  rehgieux,  cournot,  De  /'fii- 
chatnement,  etc.  t.  u,  p.  143. 

—  lllST.  XV*  3.  En  son  dernier  an  mit  à  ruine 
l'orgueilleuse  Dinant  ;  la  print  en  sept  jours  ;  fut 
arse,  et  fondamoiitabieraent  mise  à  néant,  G.  chas- 
tel.  Eloge  du  bon  duc  Philippe. 

—  ÉTYM.  Fondamentale,  et  le  suffixe  ment. 
FONDANT,  ANTE  (Ion-dan,  dan-t') ,  adj.  ||1° Qui 

a  beaucoup  d'eau,  qui  se  fond  'lans  la  bouche.  Une 
poire  fondante.  Des  fruits  foiuliintset  sucrés.  ||  Bon- 
bons fondants,  ou,  substantivement,  fondants,  bon- 
bons qui  contiennent  à  l'intérieur  une  liqueur  ou 
une  pâte  sucrée  et  parfumée.  ||  Par  analogie,  il  se 
dit  il'aliments  fort  tendres.  Une  cuisse  de  chapon 
bouilli  rui.ssolant  de  graisse  et  fondant,  mabmom- 
tel,  ife'ni.  VI.  ||2°  Oui  est  tout  mouillé,  ruisselant. 
Une  jeune  fille  toute  fondante  en  larmes,  la  plus 
belle  et  la  plus  touchante  qu'on  puisse  voir,  wol. 
Scap.  I,  2.  Il  3°  Terme  de  médecine.  Médicament 
fondant,  méilicament  interne  ou  externe  auquel  on 
attribue  la  propriété  de  résoudre  les  engorgements. 
Il  S.  m.  User  de  fondants.  Comment  vos  fondants 
réussissent-ils?  adieu  ;  il  n'y  a  de  remède  pour  moi 
que  celui  de  la  patience,  volt.  Lett.  Damilarille, 
te  oct.  <"«7.  Il  Fondant  de  Rotrou ,  mélange  de 
sulfate  et  d'antiiiltiniale  de  potasse  qu'on  employait 
jadis  en  médecine.  |{  4°  S.  m.  Terme  de  chimie. 
Fondant  ou  fiux,  substance  qui,  fondant  facile- 
ment, facilite  la  fusion  de  certains  corps  infusibles 
par  eux-mêmes.  Il  s'agit,  pour  fondre  le  plus  avan- 
tageusement qu'il  est  possible,  de  trouver  d'abord 
quel  est  le  fondant  qui  convient  à  la  mine,  et  en- 
suite dans  quelle  proportion  il  faut  lui  donner  ce 
fondant  pour  qu'elle  .se  convertisse  entièrement  en 
fonte  de  fer  et  qu'elle  ne  brûle  pas  avant  d'entrer 
en  fusion,  bbff.  Hist.  min.  t.  vni,  p.  sa,  dans 
pouGENS.  Il  Fondant,  ou  rocaille,  ou  roquette,  noms 
donnés  à  l'émail  quand  il  est  incolore  et  sans  mé- 
binge;  il  est  composé  de  sable  siliceux,  d'oxyde  de 
plomb,  de  soude  et  de  potasse. 

—  RTYM.  Fondre. 

FONDATEUR,  TRICE  ( fon-da-teur,  tri-s'),  s.  m. 
et  f.  Il  i"  Celui,  celle  qui  a  fondé  une  institution,  un 
gouvernemeni.  une  religion,  une  doctrine,  etc. 
Louis  XIII  est  le  fondateur  de  l'Académie  française. 
Le  grand  empire  dont  il  [CyrusJ  a  été  le  fondateur, 
BOSs.  Wts(.  I,  7.  Les  fondateurs  de  cette  libi;rté  [de 
la  Suisse]  se  nomment  Melchthal,  Slauffachcr  cl 
Walter  Furst;  la  difficulté  de  prononcer  des  nomu 
si  respectables  nuit  à  leur  célébrité  ;  ces  trois  pay- 
sans, hommes  de  sens  et  de  résolution,  furent  le» 
premiers  conjurés,  volt.  Ànn.  Emp.  Albert  I".  Ma- 
dame, un  héros  destructeur.  S'il  est  grand,  n'est 
qu'un  grand  coupable  ;  J'aime  bien  mieux  un  fon- 
dateur. L'un  est  un  dieu ,  l'autre  est  un  diaMe,  iD 
Stances,  a.  Il  parait  qu'il  résulte  de  tout  ce  que 
j'ai  rapporté  que  Pierre  fut  plus  roi  que  père,  qu'il 
'sacrifia  son  propre  fils  aux  intérêts  il'un  fondateur  et 


FON 


FON 


FON 


1717 


d'un  législaleur,  et  à  ceux  de  sa  nation,  qui  retom- 
bait dans  l'état  dont  il  l'avait  tirée  sans  cette  sévé- 
rité malheureuse  [la  condamnation  de  son  fils] ,  volt. 
Russie.  II,  (0.  Personne  n'eut  autant  de  célébrité 
et  d'autorité  chez  les  Scythes  que  le  Gète  Zamolxis; 
il  fut  le  fondateur  de  la  philosophie  parmi  eux, 
DiDER.  Opin.  des  anc.  phil.  (Scythes).  Son  frère 
murmurant  Se  fâche  et  d'un  seul  coup  détruit  ce 
long  ouvrage  [un  château  de  cartes]  ;  Et  voilà  le 
cadet  pleurant.  «  Mon  fils,  répond  alors  le  père,  Le 
fondateur  c'est  votre  frère,  Et  vous  êtes  le  con- 
quérant, »  FLoiiiAN,  Fabl.  II,  <2.  Il  Fig.  Cette  analo- 
gie dont  vous  vous  moquez,  est  la  fondatrice  des 
règles  de  la  grammaire,  dider.  Lett.  à  Galiani. 
Il  2°  Plus  pai-ticulièremcnt.  Celui,  celle  qui  a  fondé 
quelque  maison  religieuse  ou  quelque  hôpital  et  lui  a 
donné  un  revenu  fixe  pour  subsister.  C'est  aux  fon- 
dateurs à  donner  le  nom  à  leurs  fondations,  lf.mai- 
TBE,  Plaid,  il,  dans  richklet.  Vous,  noble  fonda- 
teur de  pieux  édifices,  lemerc.  Frédén.  et  Br.  n,  2. 
Il  II  se  dit  aussi  de  ceux  qui  fondent  ces  lits  dans 
un  hôpital,  des  messes  dans  une  église,  des  prix  dans 
une  académie,  etc.  ||  Fig.  Ce  n'est  pas  là  l'intention 
du  fondateur,  se  dit  en  parlant  des  choses  qui  se 
font  contre  l'intention  de  ceux  qui  en  ont  la  direc- 
tion, la  disposition.  ||  Adj.  Membres  fondateurs. 
Dames  fondatrices. 

—  lilST.  XIII'  s.'  Lclcelo  [laquelle]  capclenie  de- 
vant dite  je  nome  come  fonderesse,  do  cangf.  ,  fiin- 
dare.  Et  li  voldrent  secors  donner ,  Quant  il  dut 
les  murs  maçonner  De  Thebes,  dont  il  fut  fon- 
dierres,  la  Rose,  19945.  ||  xiV  s.  Devez  enrichis- 
sierres  et  fonderes  d'abaies  [le  roi  DagoberlJ ,  du 
GANGE,  fundare.  ||  xvi"  s.  La  déesse  fondatrice  de  la 
ville  d'Athènes  choisit,  à  la  situer,  une  température 
de  pais  qui  feist  les  hommes  prudents,  mont,  h,  337. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fundator,  fondador;  espagn. 
et  portug.  fundador;  ital.  fondalore  ;  du  latin  fun- 
datorem,  de  fundare,  fonder.  Dans  l'ancien  fran- 
çais, fondiere  3l\i  nominatif,  de /'unddior  ;  et  fim- 
dcor  au  régime,  de  fundatôrem. 

FONDATION  (fon-da-sion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  d'asseoir  les  fondements 
d'un  bâtiment.  Commencer  la  fondation  d'un  bâti- 
ment. Il  2°  Par  abus.  Les  fondements  mêmes;  en  ce 
sens,  il  se  dit  souvent  au  pluriel.  Les  fondations  ne 
sont  pas  bonnes.  La  fondation  n'est  pas  achevée.  Ce 
bâtiment  a  trois  mètres  de  fondation.  ||  11  se  dit 
aussi  du  fossé,  de  la  tranchée  que  l'on  fait  pour  y 
placer  les  fondements.  Creuser  la  fondation.  La 
fouille  des  fondations.  ||  3"  Fig.  Action  de  créer 
quelque  établissement.  La  fondation  d'une  colonie. 
la  fondation  d'un  hôpital.  La  fondation  d'une  so- 
ciété savante.  Je  place,  avec  Caton,  la  fondation  de 
Rome  à  la  lin  de  la  première  année  de  la  vu*  olym- 
piade, qui  est  l'an  du  monde  3253  et  avant  Jésus- 
Christ  751,  BOLUN,  Traité  des  Et.  iv,  i.  Depuis  la 
fondation  de  la  monarchie  ,  cette  guerre  est  la 
seule  dans  laquelle  la  France  ait  été  simplement 

auxiliaire,   volt.   Louis   XV,   *9 la   fondation 

d'un  prix  sur  une  question  de  chimie  immédiate- 
ment applicable  à  la  pratique  des  arts  ;  car  il  voulait 
Être  utile  encore  aux  sciences  et  au  public  après  sa 
mort,  coNDORCET,  Montigni.  ||  Il  se  dit,  surtout 
au  pluriel,  de  l'établissement  même.  Il  [Pierre  1"] 
prévoyait  ce  qui  arriverait  h  ses  fondations  et  à  sa 
nation  si  l'on  suivait  après  lui  ses  vues,  volt.  lius- 
sie,  II,  10.  Je  n'ai.  Dieu  merci,  aucun  intérêt  dans 
mes  fondations;  j'ai  tout  fait  par  pure  vanité  ;  on 
ilit  que  Dieu  a  créé  le  monde  pour  sa  gloire;  il  faut 
l'imiter  autant  qu'on  peut,  id.  Jlfme  du  Veffant, 
21  oct.  1770.  Il  4°  Fonds  légué  pour  une  œuvre 
pieuse,  ou  charitable,  ou  louable  d'une  façon  quel- 
conque. Parcourrai-je  les  fondations  qu'elle  a  faites 
en  divers  lieux?  fléch.  Aiguillon.  Il  resta  donc  en- 
core à  la  piété  de  la  troisième  race  assez  de  fonda- 
tions à  faire  et  de  terres  à  donner,  montesq.  Esp. 
xxxi,  )  0.  11  a  fait  une  fondation  en  faveur  des  pau- 
vres étudiants  qui  passent  à  Bâie,  et  il  l'a  faite  de 
son  vivant,  condorcet,  Daniel  BcrnowWt.  |i  Se  dit 
très-souvent  des  prix  d'académie. 

—  msT.  XIV"  s.  Comme  toutes  leurs  chevances  et 
fondations  [revenu]  soient  sur  les  revenues  de  leurs 
vignes  etautres  labourages,  Ordonn.  des  rois,  t.  vu, 
p.  448.  Il  xV  s.  Je  le  vous  dirai  pour  mieux  venir  à  la 
fondation  de  ma  matière,  fboiss.  ii,  ii,  52.  ||  xvi°  s. 
Offrandes  et  fondations,  amyot,  Solon,  19. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fundacio,  fondation;  espagn. 
fundacion;  ital.  fondaxione;  du  lat.  fundalionem , 
de  fundare.  ■• 

t  <.  FONDE  (fon-d'),  s.  f  Terme  de  mer.  Se  dit 
par  opposition  à  pleine  mer. 

—  ETYM.  Forme    féminine   do    fond.    L'ancienne 


langue  avait  fonde  :  Rome  qui  deûst  estre  De  nostre 
loi  la  fonde,  ruteb.  233. 

t  2.  FONDE  (fon-d'),  s.  f.  Synonyme  de  fondic. 

—  HIST.  xm"  s.  Il  boutèrent  le  feu  en  la  fonde  là 
où  toutes  les  marchandises  estoient  et  tout  l'avoir 
de  poiz,  joi.NV.  dans  du  cange,  funda. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  funda. 
FONDÉ,  ÉE  (fon-dé,  déo),  part,  passade  fonder. 

Il  1°  Dont  on  a  fait  le  fondement.  Un  édifice  fondé  sur 
pilotis.  Il  Fig.  Mon  trône  n'est  fondé  que  sur  des  morts 
illustres,  cobn.  Héracl  i,  l .  Il  fallut  encore  que  cette 
ville  célèbre  [Rome],  pour  devenir  une  cité  sainte 
et  nouvelle,  fût  fondée  sur  le  sang  de  ses  apôtres, 
comme  elle  le  fut  autrefois  sur  le  sang  même  de  ses 
deux  premiers  fondateurs,  mass.  Panég.  Ste  Agnès. 
Il  Fig.  Un  édifice  fondé  sur  le  sable,  édifice  qui 
ne  paraît  pas  solide  ni  destiné  à  durer  longtemps; 
et  plus  fig.  un  système  spécieux,  une  doctrine  mal 
sûre,  dont  la  solidité  est  plus  apparente  que  réelle. 
Il  2"  Bâti,  construit.  Il  n'y  avait  encore  que  cinq 
mois  que  Pétersbourg  était  fondée  lorsqu'un  vais- 
seau hollandais  y  vint  trafiquer  ;  le  patron  reçut  des 
gratifications,  et  les  Hollandais  apprirent  bientôt 
le  chemin  de  Pétersbourg,  volt.  Jîuss.  i,  <3.  Te 
chasser  du  palais  fondé  par  tes  aïeux,  c.  delav. 
Vépr.  sicil.  ii,  6.||3°  Fig.  Établi  sur,  qui  repose 
sur.  Il  a  évité  de  dire  rien  qui  ne  fiit  fondé  sur 
la  tradition,  pasc.  Prov.  3.  Je  défendrai  mes  droits 
fondés  sur  vos  serments,  hac.  Iphig.  iv,  o.  Songez- 
vous,  pour  trancher  d'inutiles  discours,  Que  le  bon- 
heur d'Achille  est  fondé  sur  vos  jours?  id.  ib.  v, 
2.  Une  amitié  qui  n'est  fondée  que  sur  la  vertu, 
FÉN.  Tc'l.  VI.  Leur  magnificence  fondée  sur  la  ruine_ 
des  peuples,  in.  ib.  xvni.  ||  Fondé  en....  se  dit  àpeu 
près  avec  le  même  sens.  Notre  religion....  la  plus 
fondée  en  miracles,  prophéties....  pasc.  dans  cousm. 
La  théologie  de  Grotius  est  fondée  en  raison  et  en 
pratique,  noss.  Avert.  6.114°  Absolument.  Qui  est 
appuyé  de  raisons  ou  d'autorités.  Cette  nouvelle  ne 
me  paraît  pas  fondée,  sKv.  575.  Il  méritait  que  ses 
reproches  fussent  mieux  fondés,  hamilt.  Gramm.S. 
Jugez  si  votre  confiance  est  bien  fondée,  mass.  Ca- 
rême, F.  légères.  M.  Vosmaêr  a  fait  une  critique 
assez  mal  fondée  de  ce  que  j'ai  dit  au  sujet  des  four- 
miliers, BLFF.  Quadrwp.  t.  ix,  p.  U4.  ||  Être  fondé 
à,  avoir  desraisonsplausibles  de.  N'avais-jepas  rai- 
son de  vous  exhorter  à  imiter  la  sagesse  et  l'équité 
de  ce  célèbre  magistrat?  je  ne  suis  pas  moins  fondé 
à  vous  dire  :  imitez,  comme  lui,  la  bonté  de  Dieu, 
FLÉCH.  I.amoign.  Sera-t-on  fondé  à  prétendre  que 
Racine  n'ait  pas  su  caractériser  les  hommes?  vau- 
vEN.  Racin.  et  Corn.  Un  bourgeois  de  Rome  serait 
bien  fondé  à  demander  au  pape  des  consuls,  volt. 
Mœurs,  85.115°  Dette  fondée,  dette  de  l'Ktat  in- 
scrite à  perpétuité  sur  le  grand-livre.  ||  6°  Substan- 
tivement. Un  fondé  de  pouvoir,  de  procuration, 
celui  qui  est  muni  du  pouvoir  d'agir  pour  un  autre, 
de  la  procuration  d'un  autre.  ||  Absolument.  U  ne 
se  présente  pas;  mais  y  a-t-il  un  fondé? 

FONDEMENT  (l'on-de-man) ,  s.  m.  ||  1°  Terme 
d'architecture.  Maçonnerie  qui  sert  de  base  aux 
murs  d'un  édifice;  il  s'emploie  beaucoup  au  pluriel. 
Asseoir  les  fondements  sur  le  roc,  sur  pilotis.  Ni  l'é- 
difice n'est  plus  solide  que  le  fondement,  ni  l'acci- 
dent attaché  à  l'être,  plus  réel  que  l'être  même, 
Boss.  Duch.  d'Orl.  Ils  posèrent  les  fondements  du 
second  temple,  id.  llist.\,  8.  Renversa,  détruisit 
jusqu'en  leurs  fondements  Ces  murs  que  du  soleil 
ont  bâtis  les  enfants,  volt.  Ali.  ii,  4.  |1  Jeter  les 
fondements  d'un  édifice,  les  construire;  locution 
tirée  de  ce  qu'on  jette  en  quelque  sorte  les  maté- 
riaux dans  la  fosse  qui  doit  les  recevoir.  Il  [Fran- 
çois I"]  voulut  bâtir  le  Louvre,  mais  à  peine  eut-il 
le  temps  d'en  faire  jeter  les  fondements,  volt. 
Mœurs,  (25.  Ce  fut  dans  ce  terrain  désert  et  ma- 
récageux [près  de  la  Neva],  qui  ne  communique  à 
la  terre  que  par  un  seul  chemin,  qu'il  [Pierre  I"] 
jeta  les  premiers  fondements  de  Pétersbourg,  au 
soixantième  degré  de  latitude  et  au  quarante-qua- 
trième et  demi  de  longitude,  id.  Russie,  I,  43. 
Il  2°  Au  plur.  Il  se  dit  quelquefois  de  l'excava- 
tion pour  asseoir  les  fondements.  Creuser  les  fon- 
dements d'une  citadelle  qu'on  veut  bâtir.  ||  3°  Par 
extension.  Les  fondements  d'une  ville.  Puissent 
tous  ses  voisins  [de  Rome]  ensemble  conjurés 
Saper  ses  fondements  encor  mal  assurés!  cobn. 
Uor.  IV  ,  6.  Il  Les  fondements  d'une  montagne, 
la  terre  ou  les  roches  sur  lesquelles  elle  repose. 
Il  Abusivement.  Les  fondements  de  la  terre,  les  par- 
ties profondes  que  l'on  croyait  soutenir  la  terre. 
C'est  au  Seigneur  qu'appartiennent  les  fondements 
de  la  terre,  et  c'est  sur  quoi  il  a  posé  le  monde , 
f.yja,  Itilde,  itois,  1,  il,  8.  Sur  ses  antiques  fonde- 


ments Venait-il  ébranler  la  terre?  rac.  Athal.  i,  ♦. 
Il  4"  Fig.  Le  premier  établissement  d'un  empire, 
d'un  royaume,  d'une  doctrine.  Il  pose  les  fonde- 
ments de  son  Église,  noss.  Hist.  ii,  6.  Il  jeta  les 
fondements  d'un  grand  empire ,  id.  ib.  7.  C'est 
par  là  que  les  hommes  apostoliques  jetèi-ent  les  pre- 
miers fondements  de  la  doctrine  du  salut,  mass.  Ca- 
rême, Avenir.  \\  B»  Fig.  Ce  qui  fait  le  fond,  l'appui 
la  base,  le  principal  soutien.  La  tragédie  a  son  fon- 
dement sur  des  guerres,  corn.  Fx.  de  Rod.  Il  prend 
pour  fondement  de  ses  livres  la  vérité  de  la  pré- 
sence réelle,  PASc.Prot).  (0.  L'histoire  du  peuple  de 
Dieu  qui  fait  le  fondement  de  la  religion,  BOSS 
Uist.  Dessein  gén.  Voilà  comme  ces  hypocrites  abu- 
saient de  l'Écriture  .«ainte,  et  avec  leur  feinte  dou-  . 
ceur  renversaient  tous  les  fondements  de  l'Église  et 
des  États,  id.  Var.  xi,§  94.  Les  arts....  qui  servaient 
de  fondement  à  la  vie  humaine,  id.  llist.  i,  i.  Sur 
tant  de  fondements  sa  puissance  établie  Par  vous- 
même  aujourd'hui  ne  peut  être  affaiblie,  bac.  Bn(. 

III,  3.  Dieu  protège  Sion  :  elle  a  pour  fondements  Sa 
pai-ole  éternelle,  id.  Athal.  m,  8.  Vous  renversez  le 
fondement  de  votre  .salut  étei-nel,  mass.  Carême, 
Pardon.  Voilà  ce  que  plusieurs  historiens  disent 
qu'on  ne  peut  nier  qu'en  renversant  tous  les  fonde- 
ments de  l'histoiie;  mais  il  est  sûr  qu'on  ne  peut  le 
ci'oire  sans  renverser  les  fondements  de  la  raison, 
volt.  Mœurs,  45.  ||  6°  Fond,  confiance,  il  n'y  a 
point  de  fondement  à  faire  sur  son  amitié.  Elle  [la 
vie]  vous  manquera  comme  un  faux  ami  au  mi- 
lieu de  vos  entreprises  ;  et  vous  faites  fondement 
sur  elle  comme  si  elle  était  bien  sûre  et  fidèle  à 
ceux  (jui  s'y  Dent,  eoss.  I" sermon, Purification,  t. 
Il  7°  Cause,  raison,  motif.  La  lègle  de  l'unité  de 
jour  a  son  fondement  sur  ce  mot  d'Aristote,  que  la 
tragédie  doit  lenfermer  la  durée  de  son  action  dans 
un  tour  de  soleil,  ou  tâcher  de  ne  le  passer  pas  de 
beaucoup,  cobn.  3°  dise.  L'unique  fondement  de 
cette  aversion,  m.  Rodog.  Il,  3.  Cela  sert  de  fonde- 
ment à  l'ofl'rc,  id.  Ex.  d'Héracl.  l'Jvéodore  com- 
mande et  hait  sans  fondement,  rotr.  Bélis.  ii,  < . 
Que  notre  âme  au  sortir  d'un  roi  Entre  dans  un 
ciron  ou  dans  telle  autre  bête....  Sur  un  tel  fonde- 
ment le  bramin  crut  bien  faire  De  prier  un  soicier 
qu'il  logeât  la  souris,  la  font.  Fabl.  ix,  7.  Avez- 
vous,  pour  le  cioire,  un  juste  fondement?  mol.  Mis. 

IV,  2.  Ah!  cherche  un  meilleur  fondement  Aux 
con.solations  que  ton  cœur  me  présente,  iD.  Psyché, 

II,  t.  Toutes  vos  peines  sont  sans  fondement,  boss. 
l.ett.  Corn.  89.  C'est  là  de  tous  nos  maux  le  fatal 
fondement,  boii..  Éplt.  m.  ||  Venté,  réalité.  Ô  ciel! 
de  ce  discours  quel  est  le  fondement?  bac.  Bajaz. 

III,  4.  Que  mon  cœur,  chère  Ismène,  écoute  avi- 
dement Un  discours  qui  peut-être  a  peu  do  fonde- 
ment I  ID.  Phèd.  II,  ).  118°  Nom  vulgaire  de  l'extré- 
mité du  gros  intestin  ou  anus.  Un  employé  aux 
mines  de  diamants  du  gi-and  Mogol  trouva  le 
moyen  de  s'en  fourrer  un  dans  le  fondement,  st- 
siM.  4(i6,  (20.  Le  Seigneur  vous  envefra  des  dé- 
mangeaisons au  fondement,  volt.  Phil.  ii,  102. 

—  HIST.  xii"  s.  Les  fundcmenz  des  munz  sont 
csmeuz  et  crodlez,  kar  nostre  sires  est  curuciez, 
Jiois,p.  205.  Il  xiii-  s.  Reproche  pardurable leur dona 
Dieux,  que  par  le  fondement  d'aiTieres  sanioient 
[saignaient]  par  lunoison,  Psautier,  f°  90.  Pour 
apostumcs  et  autres  maladies  ki  avienent  u  fon- 
dement, alebrant,  f°  (3.  Si  redi.st  aillors  l'escri- 
ture  Que  de  tout  le  femenin  vice  Li  fondement  est 
avarice,  la  Rose,  16548.  ||  xvi°  s.  La  guerre  n'a 
aultie  fondement  parmy  eulx  que  la  seule  jalousie 
de  la  vertu,  mont,  i,  24).  Depuis  l'œsophague  jus- 
qucs  au  fondement,  il  n'y  a  qu'une  voye,  pare,  i, 
15.  Lesfondemens  du  temple,  amvot.  Public.  29. 

—  ÉTYM.  Prov.  fondament,  fundamen  ;  cat.  fo- 
nament;  espagn.  fundamenlo;  ital.  fondamento; 
du  lat.  fundamenlum,  de  fundare,^  fonder. 

FONDER  (fon-dé) ,  V.  a.  ||  1°  Etablir  les  fonde- 
ments d'une  construction.  Fonder  un  liuai  sur  pi- 
lotis. Ceux  qui  fondèrent  l'abbaye  du  mont  Saint- 
Michel  sur  un  roc.  ||  Fonder  une  ville,  être  lo 
premier  à  la  bitir.  Elle  [Didon]  a  fondé  une  su- 
perbe ville,  FÉN.  Tél.  III.  Crotone  fut  fondée  par 
Myscellus,  chef  des  Achéens,  la  troisième  année  do 
la  .wii*  olympiade,  rollin,  llist.  anc.  Œuvres,  t.  m, 
p.  474,  dans  lacubne.  ||  Familièrement  et  par  plai- 
santerie. Fonder  sa  cuisine,  pourvoir  à  ce  qui  re- 
garde la  subsistance.  ,La  religion  chrétienne  est 
partout  incorporée  à  l'État;  et,  depuis  le  pape  jus- 
qu'au dernier  capucin,  chacun  fonde  son  trône  ou 
sa  cuisine  sur  elle,  volt.  Dial.  xxvi,  3.  ||  2°  Fig. 
Faire  le  premier  établissement  d'une  chose.  Fonder 
une  académie,  une  colonie,  un  ordre  religieux.  Vos 
aïeux  dont  Bélus  a  fondé  la  noblesse,  volt   .S'.miV 


1718 


FON 


FON 


FON 


II,  2.  Chasser  los  jiossesseurs  et  fon<icr  des  États, 
voi.T.  Tancr.  i,  i .  Du  fond  des  Indes  jusf|u'aux  extré- 
mités do  l'Europe,  quiconque  se  trouve  ou  se  met 
OQ  droit  (le  parler  avec  autorité  à  la  populace  peut 
îonder  une  secte,  et  c'est  ce  qu'on  a  vu  dans  tous 
(es  temps,  m.  Russie,  l,  6.  ||  3"  Kig.  Avec  un  nom 
de  cliose  pour  sujet,  servir  comme  de  fondement. 
Cet  ouvrage  fonda  la  réputation  de  tel  écrivain. 
Ces  hî.utcs  vertus  qui  fondent  ta  puissance  Répa- 
rent ce  qui  manque  à  l'heur  de  ta  naissance,  corn. 
Perthar.  ii,  5.  Plus  que  vous  je  désire  Qu'ici  la  vé- 
rité fonde  un  nouvel  empire,  volt.  Ali.  i,  ).  Ta 
religion  que  fonda  l'imposture,  id.  Fanal,  v,  2. 
Il  4"  Léguer,  donner  un  fonds  pour  l'établissement 
d'une  œuvre  religieuse,  charitable,  littéraire.  Fon- 
der une  église,  un  couvent,  une  chapelle.  11  y  a 
bien  de  la  différence  d'être  fondé  par  un  saint  ou 
par  un  roi,  maintknon  ,  Lett.  à  ilme  de  la  Viefville, 
18  juin  (707.  Je  suis  comme  des  gens  (\u\  fondent 
des  hôpitaux,  mais  qui  ne  s'y  font  point  recevoir, 
VOLT.  Lett.  Itiehclieu,  ta  janv.  (77).  Homme  élo- 
quent et  le  premier  (Balzac]  qui  fonda  un  prix  d'é- 
loquence, ID.  Louis  XIV,  Écriv.  Uahac.  Les  rois 
ne  laissèrent  pas  de  bâtir  de  magnifiques  églises, 
de  fonder  de  riches  évêohés,  de  repousser  des  en- 
nemis puissants,  de  faire  des  conquêtes  importantes , 
RAYNAL,  Uist.  phil.  IV,  (7.  ||  B"  Fig.  Etablir  d'une 
façon  permanente.  Fondez  votre  repos  en  me  fai- 
sant heureux,  rotr.  Vencesl.  m,  3.  Voilà  ce  qui  doit 
fonder  votre  tranquillité,  SÉv.  422.  Sfurce  jugea 
qu'une  telle  conjoncture  valait  mieux  que  des  droits; 
quand  on  n'en  a  point  à  faire  valoir,  c'est  par 
l'épée  qu'on  les  fonde,  duclos,  Uist.  Louis  XI, 
(H-'uv.  t.  II,  p.  300,  dans  pouGENS.  Les  Romains 
n'oublièrent  rien  pour  faire  regarder  ces  conces- 
sions comme  des  grâces  passagères  qui  ne  fon- 
daient point  de  droit,  vertot,  Ile'vol.  rom.  x,  p.  23. 
Vous  avez  fondé  notre  bonheur  pour  la  vie  en  me 
laissant  faire,  mariv.  Jeiti  de  l'aui.  et  dti  has.  m,*. 
Il  Fonder  sur,  asseoir,  faire  reposer  sur.  Sur  votre 
perte  il  fonde  ses  projets,  corn.  Cinna,  m,  i.  Sur 
un  présomptueux  vous  fondez  quelque  appui,  id. 
JViconi.  m,  I.  N'y  ayant  rien  ni  de  plus  libre  ni 
(le  plus  indépendant  qu'un  homme  qui  sait  vivre 
de  peu,  et  qui,  sans  rien  attendre  de  la  pro- 
tection ou  de  la  libéralité  d'autrui,  ne  fonde  sa  sub- 
sistance que  sur  son  industrie  et  sur  son  travail, 
Boss.  Hisl.  m,  8.  Puis-je  sur  ton  récit  fonder  quel- 
que assurance  ?  RAC.  Brit.  m,  6.  Je  fondais  mon 
bonheur  sur  le  débris  des  lois,  id.  Bérén.  ii,  2.  [Un 
roi  qui]  Fondait  sur  trente  États  son  trône  floris- 
sant, ID.  llilhr.  m,  ).  Et  sur  mes  faibles  mains 
fondant  leur  délivrance,  id.  Esth.  i,  ).  Malheureux 
l'homme  qui  fonde  Sur  les  hommes  son  appui,  id. 
Cantiques.  Il  fondait  ses  espérances  sur  beaucoup 
d'esprit,  HAMILT.  Gratnm.  9.  ||  Absolument.  Tant  de 
méchants  placcts,  monsieur,  sont  présentés,  Qu'ils 
étouffent  les  bous  ;  et  l'espoir  où  je  fonde  Est  qu'on 
donne  le  mien  quand  le  prince  est  sans  monde, 
MOL.  Fâcheux,  m,  2.  Je  fondais  sur  le  sable  et  je 
semais  sur  l'onde,  lamart.  Harm.  iv,  i.  ||  6"  Jus- 
tifier, donner  la  raison  de.  Voilà  sur  quoi  il  fonde 
son  opinion.  Cela  est  fondé  en  raison.  Je  pourrais 
fonder  ce  prologue  Sur  gens  de  tous  étals....  la 
font.  Fabl.vn,  14.  ||  7"  Terme  de  droit.  Fonder 
quelqu'un  do  procuration,  lui  donner  sa  procuia- 
tion.  Il  8'  Se  fonder,  t\  réft.  Être  fondé,  être  assis 
sur  des  fondements.  La  digue  de  Cherbourg  se 
fonda  avec  de  très-grandes  difficultés.  i|  Fig.  Tant 
cet  empire  eut  de  peine  à  se  fonder!  ||  9"  Fig. 
Être  appuyé  sur.  Comme  le  seul  espoir  où  mon 
bonheur  se  fonde,  corn,  le  Ment,  iv,  4.  Mais  j'ai  vu 
dans  votre  âme  ensuite  une  autre  idée  Sur  qui  mon 
espérance  aussitôt  s'est  fondée,  id.  Sertor.  ly ,  2. 
Vous  avez  vu  ce  fils  où  mon  espoir  se  fonde?  mol. 
lÉt.  IV,  3.  Saliberté  [du  monde]  quisurvousseulse 
(onde,  HAC.  Millir.  v,  5.  Jéhu,  sur  qui  je  vois  que 
votre  espoir  se  fonde....  id.  Athal.  m,  o.  ||  10'  Pren- 
dre SCS  motifs,  ses  raisons.  Il  se  fonde  ordinairement 
sur  nos  pères,  pasc.  Prov.  8.  Je  suis  obligé  d'aver- 
tir que  nos  mystiques  se  fondent  principalement 
sur  une  opinion  de  l'école,  qui  met  l'essence  de 
la  charité  à  aimer  Dieu,  comme  on  parle,  sans  re- 
tour sur  soi,  sans  attention  à  son  éternelle  béati- 
tude, iioss.  /i(.  d'oral!,  iii,  8.  Le  peuple,  dans  tous 
les  temps  et  dans  toutes  les  difficultés,  ne  se  fonde 
que  sur  Mo'ise,  m.  Uist.  ii,  3.  11  se  fonda  sur  les 
anciennes  prophéties,  id.  ib.  9.  Voilà  ce  qui  rend  la 
conception  do  Marie  non-seulement  si  glorieuse, mais 
si  sainte,  et  sur  quoi  saint  Augustin  s'est  fondé, 
BOUBDAL.  Myst.  Concept,  de  la  Vierge,  t.  il,  p.  2. 

—  HIST.  xn'  s.  Sainte  igliso   funda  Deus ,    e    il 
l'cslabli,  E  par  Sun  propre  sano  délivra  e  franchi, 


I  Th.  te  mart.  79.  Enracineit  et  fondeit  en  lei  [dans 
la  loi]  par  fermes  racines,  st  bernakd,  ms.  p.  3)7, 
dans  LACURNE.  Il  XIII*  s.  La  terre  est  Dieu  [est  de 
Dieu], et  sa  largesse;  Cardcsor  la  meir  [la  mer)  [il] 
la  fundait  (fonda).  Et  desor  flus  l'apareillait  [l'ap- 
pareilla].  Psaumes  en  vers ,  dans  Liber  psalm, 
p.  276.  Fondé  des  ars  (trcs-inslruit  dans  les  scien- 
ces]. Flore  et  Blanchefl.  v.  208.  Li  cucrs  de  famé  est 
fondez  Sus  foible  complcxion ,  Bibl.  des  chartes, 
4"  série,  t.  V,  p.  33.  En  s;iint  mont  funda  Dieux 
Jherusalem,  Psautier,  f"  ui5.  Une  belc  abaïc  (ils] 
ont  au  pais  fondée,  Ilerle,  cxLii.  Sachiez  que  de 
tous  biens  [qualités]  [elle]  est  tant  pleine  et  fondée, 
ib.  cxv.  Poi  s'en  faut,  toutes  cozes  qui  vicncnl  en 
plot  sunt  por  le  meffet  de  l'une  des  parties,  si  que 
toz  nostro  livres  est  fondés  sur  la  venjancc  des 
melTts,  BEAUM.  xxx,  tw.  Adont  Aucucrre  (le  vin 
d'Auxerrc]  se  dressa  Comme  procureur  fondé  Et  des 
compaignons  ordené,  Fabl.  nouv.  Bec.  t.  I,  296. 
Il  xiv  s.  Et  la  tierce  opinion  est  fondée  sur  ce  que 
delettacion  n'est  pas  lin,  oresme,  Eth.  219. 
Il  XV'  s.  Il  est  mendiant  et  non  fondé  [rente], 
sinon  sur  ses  aumônes,  louis  xi,  Nouv.  ii. 
Il  xvi°  s.  Qui  voudra  donc  qu'à  aimer  je  me  fonde. 
Il  faut  premier  que  l'amour  on  refonde,  mahot,  ii, 
421.  Qu'ils  pensent  bien  à  ce  qu'ils  disent  ;  et  il  ne 
se  fonderont  point  en  raison  tant  frivole,  et  de  fait  la 
raison  sur  laquelle  se  fonde  saint  Augustin  est  très 
ferme,  calv.  Instit.  24G.  Prendre  le  party  le  moins 
fondé  on  apparence,  mont,  i,  132.  Toute  la  masse 
[de  chaume  et  de  terre]  commencea  à  prendre  pied 
ferme  (dans  le  Tibre]  et  à  se  fonder  dedans  l'eau, 
amvot  ,  Public,  ti.  Vous  autres  qui  estes  bien 
fondez  [riches  en  biens-fonds],  donnez  vos  pensées 
au  paroistre  ,  et  nous  à  l'estre  seulement ,  d'auii. 
Fœn.  I,  13.  Elle  proposa  de  faire  un  hospital  fondé 
de  bonnes  rentes  et  revenus  pour  les  soldats  estro- 
piez, CASTELNAU,  182.  Dcs  muraillcs  profondement 
fondées  dans  terre,  pour  oster  aux  connins  l'espé- 
rance d'en  sortir  par  dessous  les  fondemens,  o.  de 
SERRES,  403.  Quand  un  manant  meurt  chargé  de 
tant  de  debtes  que  personne  ne  se  veut  fonder  son 
héritier,  les  eschevins  commettent  curateurs  aus 
dits  biens  comme  vacans,  Coust.  génér.  t.  ii ,  p.  939. 

—  ËTVM.  Provenç.  fondar,  fonzar  ;  espagn.  [un- 
dar;  ital.  fondare;  du  latin  fundare,  de  fundus ,  fond. 

FONDERIE  (fon-de-rie),s.  /'.  ||  1"  Usine  où  l'on 
fond  des  métaux,  où  l'on  purifie  le  métal  tiré  de  la 
mine.  Monter  une  fonderie.  Renouveler  la  fonderie. 
Nous  n'avons  point  encore  en  France  d'assez  grands 
fourneaux  de  fonderies  pour  raffiner  le  cuivre  avec 
profit,    nuFF.  Uin.  t.   v,   p.    161,    dans  pougens. 

II  2°  Usine  où  l'on  fabrique  certains  objets  avec  du 
métal  fondu.  Une  fonderie  de  canons.  Une  fonderie 
de  caractères.  ||  3°  L'art  du  fondeur.  11  entend  bien 
la  fonderie.  ||  4°  Nom  donné  par  les  ciriers  à  la 
grande  cuve  où  l'on  fait  fondre  la  cire. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  orfèvres,  fondeurs  et  toute 
fonderie,  de  quelque  sorte  et  espèce  que  ce  soit, 
seroit  anéantie,  palissï,  323. 

—  ÊTYM.  Fondre. 

FONDEUR  (fon-deur),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  fait 
profession  do  fondre  des  métaux.  \\Àdj.  Maître  fon- 
deur. Il  Particulièrement.  Celui  qui  fond  les  canons, 
les  cloches,  los  statues  de  bronze.  Fondeur  de  ca- 
nons. Fondeur  sur  méfciux.  Il  [Louis  XI]  fit  mar- 
ché à  mille  écus  d'or  pour  son  tombeau  avec  Con- 
rard  de  Coulogne  orfèvre,  et  Laurent  'Wrin, 
fondeur;  il  en  fixa  lui-même  la  forme,  les  dimen- 
sions et  les  ornements,  duclos,  Uist.  Louis  XI, 
(iKuvr.  t.  m,  p.  297,  dans  pougens.  ||  Fondeur  en 
caractères  d'imprimerie ,  ou,  simplement,  fondeur 
en  caractères,  celui  qui  fabrique  des  caractèies 
d'imprimerie.  ||  Fig.  Être  surpris,  penaud  comme 
un  fondeur  de  cloches,  voy.  cloche.  ||  2' Celui  qui, 
dans  les  hauts  fourneaux,  donne  issue  à  la  fonte 
parvenue  au  degré  convenable  de  fusion.  (|  8"  Mar- 
chand de  fonte.  Ce  métal  vient  de  chez  tel  fondeur. 

—  mST.  xiil'  s.  Quiconques  veut  estre  fonderes 
et  moleres  [mouleur]  à  Paris,  c'est  à  s.avoirde  bou- 
cles et  do  mordans,  estre  le  puet  franchement,  por 
tant  que  il  sache  le  mestier,  Liv.  des  met.  94.  ||  xV s. 
4'  rang  qui  sont  les  mestiers  d'entre  les  médiocres 
et  petits  :  enlumineurs,  fondeurs  en  sable,  fondeure 
enterre,  Édil,  avril  1697.|(xvi'  s.  Plus  estonnez, 
comme  dit  le  bas-breton,  que  fondeurs  de  cloches. 
Contes  d'Eutrap.  cli.  14,  f' 71,  dans  pougens. 

—  ETY.M.  Fondre. 

t  PONDEUSE  (fon-deù-z'),  s.  f.  Terme  de  point 
d'Alençon  (dentelle  réseau).  Foiideuse  ou  foncière, 
celle  qui  s'occupe  de  l'intérieur  des  pois  et  pclitî's 
fleurs  ou  feuilles  du  dessin. 

—  ÈTVM.  Fond. 


t  FONDIC  (fon-dik),  s.  m.  ou  FONDlyUR  (fon- 
di-k'),  s.f.  Sort:  de  magasins  usités  dans  l'Orient. 
Les  fondics  ^ont  magasins  où  se  .serrent  les  mar- 
chaniliscs  qui  sont  apportées  des  Indes  et  de  Perse 
par  voie  d'Alep....  les  marchands  y  logent  aussi,  Ijb 
liiiEVES,  Voxj.  en  Turquie,  p.  34,  dans  nu  cangb, 
funda.  Il  On  dit  aussi  fonde  et  fondoucU. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Il  dit  que  de  son  temps  elle 
[Gicn-sur-Loire]  cstoit  le  fondique  et  magazin  des 
Chartrains,  kav.  Th.  d'honn.  t.  i ,  p.  33a,  dansLA- 
CURNE.  L'homme  se  piaiut  de  son  cerveau,  de  ce 
qu'il  lui  envoie  tant  de  fluxions,  fondique  de  tou- 
tes les  maladies  plus  dangereuses,  charron,  5a- 
gesse,  p.  cio,  dans  lacubne. 

—  KTV.M.  Espagn.  fûndago;  ital.  fôndaco;  de  l'a- 
rabe fondoq,  magasin. 

t  FO.NDIS  (fon-di),  s.  m.  Êboulcment  de  terre,  dit 
aussi  cloche,  qui  se  fait  sous  un  édifice,  ou  dans 
une  carrière,  et  qui  forme  une  espèce  d'abîme. 
Il  Fondis  à  jour,  celui  qui  a  fait  un  trou  par  où 
l'on  peut  voir  le  fond  de  la  carrière. 

—  ÉTV.-U.  Fondre. 

FONDOIR  (fon-doir),  s.  m.  Lieu  où  les  bouchers 
fondent  la  graisse  de  Icui-s  animaux,  pour  en  faire 
du  suif. 

—  CTVM.  Fondre. 

t  FONDOUCK  (fon-doiik) ,  s.  m.  Voy.  fondic. 

FONDRE  (fon-dr'),  je  fonds,  tu  fonds,  il  fond, 
nous  fondons,  vous  fondez,  ils  fondent;  je  fondais  ; 
je  fondis  ;  je  fondrai  ;  je  fondrais  ;  fonds,  qu'il  fonde; 
que  je  fonde,  que  nous  fondions;  que  je  fondisse; 
fondant,  fondu,  t'.  a.  |l  1°  Rendre  liquide  un  corps 
solide  en  le  soumettant  à  l'action  de  la  chaleur. 
Fondre  de  l'étain.  Fondre  du  suif.  Le  soleil  fondit  la 
neige.  Le  fer  est  plus  difficile  à  fondre  que  le  cuivre, 
le  cuivre  l'est  plus  que  "or,  l'or  plus  que  l'argent, 
l'argent  plus  que  le  plomb  et  le  plomb  plus  que  l'é- 
tain, BUKF.  Uist.  min.  Œuv.  t.  vi,  p.  400,  dans 
pougens.  Il  [le  feu  du  ciel  à  SodomeJ  fond  comme 
cire  Agate,  porphyre.  Pierres  du  tombeau,  v.  hugo. 
Orientales,  1.  ||  Fig.  Cet  œil  qui  fond  des  cœurs  les 
rigueurs  et  les  glaces,  Régnier,  Dial.  Je  ne  sais 
quoi  de  divin  semblait  fondre  son  cœur  au  dedans 
de  lui,  FÉN.  Tél.  XIX.  1|  Terme  de  chandelier.  Fon- 
dre en  abîme,  tremper  les  chandelles  dans  un  vais- 
seau, qu'on  appelle  abîme,  où  il  y  a  du  suif  fondu. 
Il  2°  Particulièrement.  Fondre  les  métaux,  fabriquer, 
mouler  certains  objets  avec  des  métaux  que  I'od 
fond  à  cet  effet.  Non,  mais  cent  fois  la  Wte  a  V" 
l'homme  hypocondre  Adorer  le  métal  que  lui-même 
il  fît  fondre,  boil.  Sat.  viii.  ((Jeter  en  moule.  Fon- 
dre une  cloche,  une  statue.  Avant  que  de  sortir  do 
l'Égj-pte,  les  Isi-aélites  y  avaient  vu  des  statues  de 
fonte,  qu'ils  imitèrent  en  fondant  le  veau  d'or  ;  et 
depuis  ils  firent  le  serpent  d'airain,  rolljn,  llisl. 
anc.  Œuv.  t.  11,  p.  76,  dans  pougens.  Le  père  Adam 
Shall,  natif  de  Cologne,  avait  tellement  réussi  au- 
près de  cet  empereur  par  ses  connaissances  en 
physique  et  en  mathématique,  qu'il  était  devenu 
mandarin;  c'était  lui  qui  le  premier  avait  fondu 
du  canon  de  bronze  à  la  Chine,  volt.  Mœurs,  195. 
Il  On  dit  de  même  :  fondic  des  caractères  d'impri- 
merie ;  fondre  des  balles.  {|  Kig.  Il  faut  fondre  la 
cloche,  c'est-à-dire  il  faut  terminer,  achever  une 
affaire,  en  venir  à  ce  qu'il  y  a  d'essentiel,  de  diffi- 
cile, de  périlleux.  ||  En  un  autre  sens,  fondre  la 
cloche,  vendre,  puis  se  partager  l'argent.  La  société 
est  dissoute;  si  on  ne  s'entend  pas,  il  faudra  fondre 
la  cloche.  Les  liériliers  ne  sont  pas  d'accord  :  il 
faut  renoncer  à  conserver  la  propriété;  on  fondra 
la  cloche.  {|  3"  Fig.  Consumer  en  prodig.alités.  Un 
gourmand  dans  .son  assiette  Fond  le  bien  de  ses 
aïeux,  iif.RANG.  //.  rangé.  \\  lerme  de  commerce. 
Fondre  des  actions,  des  billets,  se  défaire  de  ses 
billets,  vendre  ses  actions;  s'en  défaire  même  avec 
perte  dans  un  besoin  pressant.  ||  4°  Terme  de  méde- 
cine. Exercer  une  action  résolutive  sur  un  engorge- 
ment. Fondre  une  obstruction.  ||  Fondre  les  hu- 
meurs, les  rendre  plus  Huicles.  ||  Fondre  un  calcul, 
le  dissoudre.  11  n'y  a  point  jusqu'à  présent  de  re- 
mède qui  fonde  les  cilculs  dans  la  vessie.  ||B'  Fig. 
Faire  que  des  choses  auparavant  distinctes  ne  for- 
ment qu'un  seul  tout.  Fondre  un  ouvrage  dans  un 
autre.  Il  fondit  les  notes  dans  le  texte.  Fondre  en- 
semble deux  systèmes.  11  y  a  apparence  qu'on  ) 
avait  fondu  les  anciens  règlements  faits  par  le  sé- 
nat, MON tesq.  Es/ir.  XXIII,  21.  Ecrire  leur  histoire 
par  articles  séparés  en  nous  réservant  de  les  joindre 
ou  de  les  fondre  ensemble,  dès  que,  par  notre  pro- 
pre expérience  ou  par  celle  des  autres,  nous  serons 
plus  instruits,  buff.  Quadrup.  t.  1,  p.  260,  dan» 
POUGRNS.  Il  [le  Poussin]  a  fondu  avec  un  tel  art  la 
Bible  avec  le  paganisme,  les  dieux  de  la  Fable  a  ,- 


FON 


FON 


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i 


tique  avec  ics  personnages  de  la  mythologie  mo- 
ticrne,  qu'il  n'y  a  que  des  yeux  savants  et  expéri- 
mentés qui  s'en  aperçoivent,  dider.  Salon  de  ("67, 
(JlCuvres,  t.  xv,  p.  (04,  dans  pougens.  ||  6°  Terme  de 
peinture.  Fondre  des  couleurs,  des  teintes,  graduer 
ies  nuances,  ménager  les  passages  cjitre  les  teintes. 
Kondre  une  couleur,  une  teinte  dans  une  autre, 
avec  une  autre.  ||  Par  extension.  Non-seulement  la 
nature  a  réuni  sur  le  plumage  du  paon  toutes  les 
couleurs  du  ciel  et  de  la  terre  pour  en  faire  le 
chef-d'œuvre  de  sa  magnificence,  elle  les  a  encore 
mêlées,  assorties,  nuancées,  fondues  de  son  inimi- 
table pinceau,  duff.  Paon.  ||  7°  V.  ».  Devenir 
liquide,  entrer  en  fusion.  Ce  trait  de  feu  qui  fait 
fondre  la  cire,  noss.  Lett.  Abb.  04.  Voilà  les  nei- 
ires  de.  nos  montagnes  qui  commencent  à  fondre, 
et  mes  yeux  qui  commencent  à  voir,  volt.  LcU. 
Mme  du  Dejfant ,  8  mars  1769.  De  toutes  les 
matières  que  j'ai  mises  à  l'épreuve,  il  n'y  a  que 
le  soufre  qui  fond  à  un  moindre  degré  de  chaleur 
que  l'étain,  buff.  Ilist.  min.  OEmv.  t.  vi,  p.  249, 
dans  POUGENS.  ||  Par  extension,  se  di.ssouilre.  Le 
sucre  fond  dans  l'eau.  ||  Terme  de  médecine.  En- 
trer en  résolution.  La  tumeur  fondit  peu  à  peu. 
Il  8"  Fig.  Diminuer,  se  réduire  à  rien.  L'argent  fond 
entre  ses  mains.  De  sorte  qu'en  peu  de  temps  on 
vit  fondre  cette  famille  si  opulente,  qui  était  la 
première  du  pays,  d'ablanoourt,  Lucien,  Amitié. 
Il  n'y  a  point  d'ouvrage  si  accompli  qui  ne  fondit 
tout  entier  au  milieu  de  la  critique,  si  son  auteur 
voulait  en  croire  tous  les  censeurs,  qui  ôtent  chacun 
l'endroit  qui  leur  plaît  le  moins,  la  brut.  i.  L'on  a 
vu  quelquefois  la  naissance,  la  jeunesse,  les  titres, 
la  réputation  fondre  tout  d'un  coup  et  se  perdre 
pour  toujours  dans  le  tombeau,  mass.  Carême,  Mort. 
Mes  jours  fondent  comme  la  neige  Au  souffle  du 
courroux  divin,  lamart.  Méd.  i,  30.  ||  Tout  ce  qu'il 
tient  fond  entre  ses  mains,  c'est  un  homme  qui  ne 
saurait  rien  garder,  qui  perd  ou  égare  tout  ce  qu'il 
a.  Il  Familièrement.  Fondre  à  vue  d'oeil,  perdre 
tout  son  embonpoint.  ||  Terme  d'horticulture.  Se  dit 
des  plantes,  des  légumes,  etc.  qui  meurent  de  sé- 
cheresse, et  aussi  par  toute  autre  intempérie  qui 
se  prolonge.  ||  9°  Fig.  et  par  exagération.  Le  ciel 
fond  en  eau,  et,  absolument,  le  ciel  fond,  il  tombe 
une  très-forte  pluie.  ||  Fondfe  en  sueur,  être  trempé 
de  sueur.  ||  Fondre  en  larmes,  verser  des  larmes 
abondantes.  S'abandonnant  aux  cris,  ses  yeux 
fondent  en  pleurs,  Régnier,  Élég.  v.  Tous  se  trou- 
vent saisis  et  chacun  fond  en  pleurs,  rotr.  Herc. 
mour.  v,  <.  Je  lus  hier  pour  la  troisième  fois  à 
Tancrède;  tout  le  monde  y  fond  en  larmes,  à  com- 
mencer par  moi,  et  la  critique  commence  à  se 
taire,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  22  sept.  (700. 
Il  Absolument.  La  petite  fille  a  été  enlevée  dès  le 
grand  matin,  pour  éviter  ies  grands  éclats  de  sa 
douleur;  ce  sont  des  cris  d'enfants....  peut-être  que 
présentement  elle  danse;  mais  depuis  deux  jours 
elle  fondait,  SÉV.  262.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
fondre  en  eau.  ||  Au  sens  des  n°'  7,  8  et  9,  fondre  se 
conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir,  quand  on  veut  mar- 
quer l'acte  :  La  glace  a  fondu  hier;  avec  l'auxiliaire 
être,  quand  on  veut  marquer  l'état  :  La  glace  est 
fondue  depuis  hier.  ||  10°  S'abîmer,  s'écrouler.  Cet 
amas  de  pierres  qui  tenait  la  terre  étant  renversé, 
le  reste  fondit,  vaugel.  Q.  C.  iv.  3,  dans  bichelet. 
Tous  les  monstres  s'envolent  ou  fondent  sous  terre, 
corn.  lois,  d'or,  m,  l.  Conmie  une  colonne  dont 
la  masse  solide  paraît  le  plus  ferme  appui  d'un 
temple  ruineux,  lorsque  ce  grand  édifice  qu'elle 
soutenait  fond  sur  elle  sans  l'abattre....  boss. 
Reine  d'Anglet.  M.  Nicolaï  tomba  du  haut  d'un 
balcon  qui  fondit  sous  lui  et  se  tua  tout  roide, 
dans  sa  maison  de  Presles,  auprès  de  Paris,  dan- 
GEAti,  I,  299,  21  fév.  (G86.  Ceux-ci  [les  amphithé.l- 
Ires]  étant  venus  un  jour  à  fondre  tout  à  coup 
parce  qu'ils  étaient  trop  chargés,  cet  accident  en- 
gagea les  Athéniens,  déjà  fort  entêtés  de  spectacles, 
à  élever  ces  théâtres  superbes,  qu'imita  depuis  avec 
tant  d'éclat  la  magnificence  romaine,  rolun,  Ilist. 
anc.  Œuv.  t.  v,  p.  (43,  dans  pougens.  ||  Fig.  S'abî- 
mer de  confusion.  Buvons  ensemble,  voilà  comme 
je  sais  me  venger;  à  ces  mots  [de  M.  de  Chaulnes], 
l'autre  [Harlay]  pensa  fondre,  st-sim.  42,  24 (. 
Il  11»  Etre  lancé,  se  lancer  avec  violence  de  haut 
en  bas.  Si  près  de  voir  sur  soi  fondre  de  tels  orages, 
CORN.  //or.  I,  t.  Pressé  de  toutes  parts  des  colères 
célestes.  Il  en  vient  dessus  vous  faire  fondre  les 
restes,  m.  M.  de  Pomp.  i,  (.  Et  sans  s'inquiéter 
où  fondra  la  tempête,  id.  Othon ,  iv,  3.  0  jour 
malheureux!  le  jour  du  Seigneur  est  proche,  et 
io  Tout-puissant  le  fera  fondre  sur  vous  comme 
une  tempête,  saci,  Bible,  Joël,  i,   (5.  Comme  un 


tonnerre  Qui  s'approche  en  grondant  et  qui  fond 
sur  la  terre,  volt.  Mérope,  v,  5.  Le  pays  de  Gex 
où  j'habite  est  un  vaste  jardin  entre  des  monta- 
gnes, mais  la  grêle  et  la  neige  viennent  trop 
souvent  fondre  sur  mon  jardin,  lo.  Lett.  Sade, 
12  fév.  (704.  Les  maias  [sorte  d'oiseaux]'  se  réu- 
nis.scnt  en  troupes  nombreuses,  pour  fondre  sur  les 
champs  semés  de  riz,  buff.  Ois.  t.  vu,  p.  (60. 
Il  12°  Assaillir  impétueusement.  On  voyait  deux 
éperviers  d'or  qui  semblaient  fondre  l'un  sur 
l'autre,  vacgel.  Q.  C.  liv.  m,  dans  bichelet.  Sur 
nous  à  main  armée  il  fond  en  diligence,  corn. 
liodog.  I,  G.  Quand  je  fondis  en  Gaule  avec  cinq 
cent  mille  hommes,  id.  Attila,  r,  (.Un  peuple  qui 
fondra  .sur  vous  comme  un  aigle  fond  sur  sa  proie, 
SAci,  Bible,  Deuter.  xxviii,  49.  Qu'est  devenue  cotte 
redoutable  cavalerie  qu'on  voit  fondre  sur  l'ennemi 
avec  la  vitesse  d'un  aigle?  Boss.  Anne  de  Gonz.  Té- 
lémaquc  vient  fondre  sur  son  ennemi,  fénel.  TU. 
XX.  Rappelons-nous  ces  beaux  temps  do  la  Grèce, 
si  glorieux  pour  Athènes  et  pour  Sparte,  où  la 
Perse  vint  fondre  sur  ce  petit  pays  avec  toutes  les 
forces  de  l'Orient,  rollin,  Ilist.  anc.  Œuv.  t.  iv, 
p.  303,  dans  pougens.  Leur  transport  est  semblable 
àla  cruelle  joie  Des  ours  et  des  lions  qui  fondentsur 
leur  proie,  volt.  Henr.  x.  Le  roi  [Charles  XII]  fon- 
dit sur  cette  armée,  n'ayant  avec  lui  que  six  régi- 
ments de  cavalerie,  et  quatre  mille  fantassins,  m. 
Charles  XII,  iv.  One  armée  de  Maures  vient  fondre 
d'Afrique  en  Espagne,  et  augmenter  la  confusion  où 
tout  était  alors,  m.  Mœurs,  44.  ||  Fig.  Il  se  dit  des 
choses  en  un  sens  analogue.  Les  maux  fondant  tout 
d'un  coup  sur  eux,  ils  chercheront  la  paix  et  ne  la 
trouverontpas,sACi,  Bifc/c,  Éxéch.  vu,  25.  Vous  n'en- 
tendrez partout  qu'injurie.ix  brocards  Et  sur  vous  et 
sur  lui  fondre  de  toutes  parts,  boil.  Épit.  x.  ||  Fondre, 
au  sens  des  n°'  (O,  (  (,  (2  et  (3,  ne  se  conjugue 
qu'avec  l'auxiliaire  avoir.  ||  13°  Se  fondre,  v.  ré/l. 
Devenir  liquide  par  Faction  de  la  chaleur.  La  glace 
se  fond  au  soleil.  Les  montagnes  se  sont  fondues 
comme  la  cire  à  la  présence  du  Seigneur,  saci.  Bible, 
Psaumes,  xcvi,  5.  ||  14°  Se  fondre  en  eau,  se  dit  du 
ciel,  des  nuages  qui  laissent  tomber  une  pluie  abon- 
dante. Le  ciel  qui  se  fond  tout  en  eau,  boil.  Sal. 
m.  Il  Se  fondre  en  larmes,  pleurer  abondamment.  Il 
se  fondait  en  pleurs,  malh.  v,  2(.  Pleurez,  pleurez, 
mes  yeux,  et  fondez-vous  en  eau  ;  La  moitié  de  ma 
vie  amis  l'autre  au  tombeau,  corn.  Cid,  m,  3.  ||  Se 
fondre  en  sueur,  suer  abondamment.  ||  15"  Il  s'est 
fondu  ou  il  est  fondu,  se  dit  de  quelqu'un  ou  de 
quelque  chose  qui  a  disparu  tout  à  coup  sans  qu'on 
sache  ce  qu'il  est  devenu.  |1  II  n'a  pas  pu  se  fondre,  il 
n'est  pas  fondu,  se  dit  pour  exprimer  que  l'on  ne  con- 
çoit pas  que  queUiu'un  ou  quelque  chose  ait  disparu 
sans  qu'il  soit  possible  de  le  retrouver.  ||  16°  Dimi- 
nuer, être  réduit  à  rien.  Quand  les  troupes  que 
nous  avions  ici  levées  prirent  la  route  de  Picardie, 
ils  disaient  que  c'étaient  des  victimes  que  l'on  al- 
lait immoler  à  nos  ennemis;  que  cette  armée  se 
fondrait  aux  premières  pluies,  et  que  ces  soldats, 
qui  n'étaient  point  aguerris,  fuiraient  au  premier 
aspect  des  troupes  espagnoles,  voit.  Lett.  74.  11 
arrive  aujourd'hui  que  des  armées ,  sans  avoir 
combattu,  se  fondent  dans  une  campagne,  mon- 
tesq.  Rom.  II.  Cependant  l'armée  [de  France]  se 
fondait  peu  à  peu,  volt.  louis  J/F,  2(.  Murât 
lui-même  s'inquiète  enfin;  il  a  vu  se  fondre  la 
moitié  du  reste _de  sa  cavalerie,  ségur,  Ilist.  de 
Nap.  VIII,  (0.  Il  Être  transformé  en,  avec  une  idée 
de  réduction.  Le  château,  s'il  est  vieux,  se  fond 
en  une  douzaine  de  maisons  qui  ont  des  portes 
et  des  fenêtres,  mais  ni  tours,  ni  créneaux,  ni 
ponts-lcvis,  ni  cachots,  ni  antiques  souvenirs, 
p.  L.  COUR.  Lett.  v.  ||17°  Se  laisser  amollir,  atten- 
drir, séduire.  Les  dames  cependant  se  fondent  en 
délices,  Régnier,  Sa(.  ii.  Les  cœurs  que  l'on  croyait 
(le  glace  Se  fondent  tous  à  leur  abord,  la  font. 
Joe.  Le  cœur  se  fondait  à  son  pathétique  [d'un  chan- 
teur], J.  I.  Rouss.  IKct  de  mus.  Voix.  ||  18"  En  par- 
lant des  couleurs,  de  la  lumière,  se  confondre  par 
des  nuances  graduées.  Ces  teintes  se  fondent  bien 
ensemble.  Ces  deux  couleurs,  se  fondant  ensemble, 
forment  une  belle  couleur  orangée  sur  la  poitrine 
et  sur  toute  la  partie  inférieure  du  corps,  bupf. 
Ois.  t.  VII,  p.  207.  Les  reflets  sur  ses  bords  [de  la 
cloche]  se  fondaient  mollement.  Au  fond  tout  était 
noir,  V.  hlgo,  Crêp.  32.  ||  19°  Être  combiné,  se  con- 
fondre. Cette  maison  de  commerce  s'est  fondue 
dans  telle  autre.  Ils  formèrent  plusieurs  hordes  qui 
se  peuplèrent  dans  le  silence,  et  qui,  avec  le  temps, 
se  fondirent  dans  celle  des  Mantchoux,  raynal,  Ilist. 
phil.  y,  (7.  Le  code  ecclésiastique  où  viennent  se 
tondre  la  loi  lévitique,  l'Evangile  et  le  droit  romain, 


ciiateaubr.  Génie,  i,  i,  fo.  Parla  révolution,  Ver- 
sailles s'est  fondu  dans  la  nation  ;  Paris  est  devenu 
l'œil-de-bœuf;  tout  le  monde  en  France  fait  sa 
cour,  p.  l.  coup.  Pamphlet  des  pamphlets. 

—  sYN.  fonure,  liquéfier.  Fondre  et  liquéfier 
sont  souvent  employés  l'un  pour  l'autre  ;  mais  on 
peut  tâcher  de  distinguer,  en  disant  que  fondre 
s'emploie  aussi  bien  en  parlant  des  métaux,  du 
verre  et  autres  substances  qui,  pour  devenir  liqui- 
des, exigent  un  haut  degré  de  température,  que  des 
substances  qui  n'en  exigent  que  très-peu  ;  tandis 
qu'on  .se  sert  plus  volontiers  de  liquéfier  pour  la 
cire,  le  suif,  etc.  qui  deviennent  liquides  au  moyen 
d'une  chaleur  beaucoup  moindre,  legoahant. 

—  IIIST.  xn*  s.  Souz  eux  [je]  vi  fondre  [s'enfon- 
cer] la  terre  et  le  rocher,  Ronc.  p.  (64.  En  la  sale 
fu  mult  traïstres  apelé;  De  tûtes  parz  i  fu  haute- 
ment escrié;  N'i  eiist  greignur  cri,  se  fundist  la 
cité  [il  n'y  aurait  pas  cri  plus  grand,  quand  même 
la  cité  fondrait],  Th.  le  mart.  43.  Guillaumesen  fu 
uns,  li  bucns  qucns  d'Arundcl,  Sages,  curteis  c 
prcus  e  senz  nul  mal  apel;  Mais  dune  média  sun  or 
à  funflro  le  veel  [le  veau  d'or],  ib.  63.  ||  xm°  s.  11 
virent  ces  hautes  yglises  et  ces  riches  palais  fon- 
dre, et  cesgrans  rues  marcheandes  ardoir  à  feu,  et 
il  n'en  pooient  plus  faire,  villeh.  xci.  Fondue  est 
la  terre  en  malice,  Psautier,  f°  89.  Li  mescrcant 
tiencnt  la  mauvese  vie  de  Sodome  et  de  Gomorre, 
que  Dieux  fondi,  ib.  f°  (89.  Adont  fist  Salehedins 
prendre  or  et  argent,  et  le  fist  fondre  en  une  paiiclo 
de  fer,  puis  li  fist  avaler  en  la  gorge  tout  boulUnt, 
Chr.  de  iiains,p.  (  I2.  Parungpoiquejene  fons  d'ire. 
Quant  il  me  membre  de  ma  perte.  Qui  est  si  grant 
et  si  aperte,  la  Rose,  4049.  Et  bien  se  gart  qui  oc- 
vre  soz  tere,  qu'il  face  tel  ouvrage  que  les  mesons 
des  voisins  ne  fondent  pas  par  son  fet  ne  les  voies 
communes,  beaum.  xxiv,  26.  La  crestienté  dechiet 
et  font  entre  vos  mains,  et  dccherra  encore  plus,  se 
vous  n'i  metés  conseil,  pour  ce  que  nulz  ne  doute 
[craint]  hui  et  le  jour  escommcniement  [excommu- 
nication], joinv.  290.  La  beauté  s'en  refuit;  dame 
Diex  me  confonde.  Se  je  n'empli  mon  temps,  ainz 
que  ma  couleur  fonde,  La  folle  et  la  sage.  ||  xiv*  s. 
Mahon,  ce  dist  li  rois,  je  fonc  ensi  quebure,  Baud. 
de  Seb.  205.  ||  xv*  s.  Et  ils  estoient  si  foibles  et  si 
fondus  et  si  affamés  [leurs  chevaux]  qu'à  peine  pou 

voient  ils  aller  avant,  froiss.  i,  i,  44 Et  que 

toute  fondoit  en  larmes  et  en  pleurs  [Isabelle],  id. 
I,  I,  (4.  Vous  devez  savoir  que  le  roi  de  France  avoil 
grand  angoisse  au  cœur,  quand  il  veoit  ses  gens 
ainsi  decoiifire  et  fondre  l'un  sut  l'autre  par  une 
poignée  de  gens  que  les  Anglois  estoient,  id.  i,  i, 
289.  Quant  il  sentit  son  cheval  fondre  [tomber],  il 
se  tourna  si  appoint  qu'il  demeura  en  estant  £.ur  ses 
pieds,  Perceforest,  t.  i,  f°  92.  Quatre  pechiés  plains 
de  toute  laidure.  Que  Dieu  het  trop  et  qui  le»  a  en 
cure....  Le  tiers pechié  [est]  vie  contre  nature.  Dont 
Dieux  fondit  les  cinq  cités  jadis,  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  f°  440.  Il  xvi"  s.  Il  veint  fondre  comme  un 
colosse  sur  le  petit  homme,  mont,  u,  52.  Le  mulet 
s' estant  apperceu  que  le  sel,  fondu  par  ce  moyen.... 
ID.  Il,  186.  C'est  un  grand  poids  que  la  science,  ils 
fondent  dessoubs,  id.  iv,  48.  Geste  torche  les  ac- 
compagna et  guida  tout  au  long  du  voyage,  et  à  la 
fin  alla  fondre  et  disparoir  au  propre  endroit  où  les 
pilotes  avoicnt  délibéré  d'arriver,  amïot,  Timol.  (i. 
Hommes  effeminez  et  fondus  en  delicesetvolupteZjiD. 
Pélop.  2.  La  terre  freschemenl  remuée  fondoit  soubs 
eulx,  ID.  Pyrrh.  o-i.  Hz  estoient  molz  à  rencontre 
de  la  chaleur,  et  fondoient  en  sueur  au  soleil,  id. 
Marius,  46.  Il  fundit  une  nuée  noire,  dont  il  sortit 
un  impétueux  tourbillon  de  vent,  id.  Crassus,  3«. 
Les  neges  et  glaces  qui  se  fondent  adonc,  id.  Sér- 
ier. 23.  Les  yeux  battus  et  fondus  à  force  de  lar- 
moyer,id.  Ant.  (06.  Au  desloger  de  l'armée,  y  eut 
deux  aigles  qui,  fondans  de  grande  roideur,  s'al- 
lèrent renger  aux  premières  enseignes,  id.  Bru- 
tus,  40.  Emplastrc  singulière  pour  amollir,  fondre 
et  résoudre   les  tumeurs  scirrheuses ,    paré,   v, 

23. 

—  ÉTYM.  Berry,  foindre,  s'affaisser,  s'ébouler,  di- 
minuer de  volume;  provenç.  fotidre;  anc.  catal. 
fondir;  catal.  mod.  fondrer;  espagn.  et  portug. 
fundir;  ital.  fondere;  du  lat.  funderc,  proprement  ré- 
pandre. I.a  série  des  sens  est  :  répandre,  d'où  mettre 
en  fusion,  renverser,  tomber,  se  précipiter  sur; 
ce  dernier  sens  est  venu  tard  dans  la  langue. 

t  FONDRIER  (fon-dri-é),  adj.  m.  Bois  fondrier, 
bois  qui,  plus  lourd  que  l'eau  qu'il  déplace,  ne 
flotte  plus,  va  au  fond.  ||  S.  m.  Train  qui  a  flotté 
trop  longtemps  et  qui,  ayant  amassé  de  la  mousse 
ou  de  la  terre,  devient  si  lourd  qu'il  ne  peut 'plus 
flotter.  Il  Mur  qui  termine  le  fourD^ai)  d'une  saline. 

1 


n2o 


l'ON 


—  lllST.  XVI*  3.  A  cause  des  méchants  fondriers 
Chemins  qui  sont  en  co  pays-là,  cakloix,  v,  6. 

—  ETYM.  fond. 

FONDRIÈRE  (fon-dri-d-r'),  s.  (.  Sorte  d'enfonce- 
ment dans  le  sol,  oi  les  eaux  bourbeuses  s'amas- 
sent. Tomber  dans  une  fondrière.  Il  y  a  de  grandes 
fondrières  qu'il  se  fallait  résoudre  de  remplir,  vau- 
GEL.  Q.  C.  VIII,  tt.  L'excès  du  mauvais  temps  qui  ne 
cessait  point  avait  rendu  tout  fondrière,  .st-sim.  i, 
29.  Voyant  la  grande  route  do  Gex  à  Genève  deve- 
nue uiic  fondrière  affreuse,  je  me  suis  joint  à  des 
Rens  de  bonne  volonté  pour  rendre  le  chemin  pra- 
ticable, VOLT.  LeU.  Koines,  30  mars  )776.  ||  Enfonce- 
ments remplis  de  neige  dans  les  anfractuosités 
(les  montagnes.  ||  Enfoncement  do  quelques  parties 
de  terrain  sablonneux  d'où  l'eau  se  dégorge,  soit 
continuellement,  soit  par  accès. 

—  HlST.  XVI'  s.  L'artillerie  ne  pouvoit  aller  qu'à 
force  de  leviers,  à  cause  des  fondrières  où  elle  s'en- 
terroit  ordinairement,  cari.oix,  iv,  32. 

—  Rtym.  Fond;Berry,  fondrie. 

f  FONDRILLES  (fon-dri-U'  U  mouillées),  s.  f. 
jilur.  Lie  (|ui  se  forme  dans  toute  sorte  de  liqueur. 
Il  Sédiment  que  forme  le  bouillon. 

—  HlST.  xiV  s.  L'eaue  de  vostre  poulaille,  c'est 
assavoir  la  plus  clere,  sans  fondrille  ou  trouble  au- 
cun, Ménagier,  ii,  b.  |{  xvi»  s.  D'autant  que  ce  qui 
rcstoit  à  recevoir  [des  impôts]  n'estoit  que  restes 
et  fondrilles  incertaines,  dont  il  ne  se  sauroit  que 
bien  peu  tirer,  et  encore  avec  grande  longueur  de 
temps,  SULLY,  Mém.  t.  m,  p.  'ne,  dans  lacurne. 

—  ÈTYM.  Fond  ;  norm.  fondrillon  et  fondrics. 
FONDS  (fon  ;   au  pluriel,  l's   se  lie  :  des  fon-z 

engagés  dans  les  spéculations),  s.  m.  \\  1°  Le  sol 
d'un  champ,  d'une  terre,  d'un  domaine.  Cultiver 
un  fonds.  Un  bon  fonds.  U  ne  faut  pas  bâtir  sur  le 
fonds  d'autrui.  Le  maréchal  d'Albret  a  gagné  un 
procès  de  quarante  mille  livres  do  rente  en  fonds 
(le  terre,  sÉv.  35.  On  veut  ici  des  desseins  sérieux 
(pour  le  mariage]  et  du  fonds  de  terre,  iiauilt. 
Gramm.  a.  ||  Absolument.  Biens-fonds,  biens  im- 
meubles tels  que  les  tcnes,  les  maisons.  |]  Le  fonds 
et  le  tréfonds,  voy.  tréfonds.  ||  Fonds  dotal,  im- 
meuble constitué  en  dot  à  une  femme.  ||  2*  Par  ex- 
tension, somme  d'argent  plus  ou  moins  considé- 
rable destinée  à  quelque  usage.  Trouver  un  fonds. 
Dissiper  un  fonds.  Avoir  des  fonds  considérables. 
Les  fonds  destinés  à  l'amortissement.  11  fallait  de 
grands  biens  pour  fournir  les  fonds,  fléch.  Àig. 
S'il  s'en  rencontrait  parmi  eux  qui  n'eussent  pas 
les  fonds  nécessaires  pour  l'exploitation,  ils  trou- 
vaient aisément  des  capitalistes  qui  s'associaient  à 
leur  entreprise,  ravnal,  Ilist.  phil.  xv,  io.  ||  Appel 
de  fonds,  demande  d'argent  que  fait  une  compa- 
gnie, une  banque  pour  subvenir  aux  frais  d'une 
opération  commencée.  ||  Fonds  social,  la  somme 
d'argent  appartenant  à  une  compagnie  qui  exécute 
quelque  opération  de  commerce  ou  d'industrie. 
Il  Les  fonds  du  Trésor,  de  la  Banque,  dépôts  d'ar- 
gent accumulés  dans  les  cai.sscs  do  ces  établisse- 
ments pour  les  services  publics  et  pour  les  besoins 
du  commerce.  ||  Les  fonds  de  la  guerre,  de  la  ma- 
rine, etc.  sommes  d'argent  réglées  par  les  budgets 
annuels  et  destinées  à  la  guerre,  à  la  marine,  etc. 
Il  Bureau  des  fonds,  bureau  chargé,  dans  les 
grands  ports,  des  recettes  de  deniers,  du  payement 
des  appointements,  des  soldes,  des  marchés,  etc. 
Il  Fig  ït  familièrement.  Faire  un  fonds  pour  l'a- 
loyau, faire  provision  d'argent  pour  lo  besoin; 
locution  tirée  do  ce  que  l'aloyau  est  une  pièce  de 
résistince  ||  3°  Au  plur  Familièrement.  Un  avoir, 
un  péculfi  en  argent,  .\voir  des  fonds.  Nos  fonds 
sont  bas.  Cette  aventure  les  ayant  remis  en  fonds, 
HAMiLT.  Gramm.  i.  ||  Etre  en  fonds,  avoir  de  l'ar- 
gent comptant.  Il  n'était  pas  en  fonds,  il  n'avait 
pas  chez  lui  toute  la  somme,  lesagk.  Turc,  iv, 
1.  Il  Fig.  Être  en  fonds  pour  faire  quelque  chose, 
être  bien  en  état  de  la  faire.  On  lui  a  joué  un 
mauvais  tour,  mais  il  est  en  fonds  pour  prendre  sa 
revanche,  Dicl.  de  l'Acad.  Vous  voilà  en  fonds 
pour  faire  à  Paris  ce  que  vous  voudrez,  sÉv.  682. 
Avec  son  ton,  son  air  et  sa  frivolité.  Il  n'est  pas 
mal  en  fonds  pour  être  détesté ,  gresskt,  Mdchant, 
11,0.  IH'  Un  bien,  un  capital  quelconque,  par  op- 
position aux  revenus  qu'il  produit.  Jean  s'en  alla 
comme  il  était  venu,  Mangeant  son  fonds  avec  son 
revenu,  la  font.  Épitaphe.  Travaillez,  prenez  do 
la  peine;  C'est  le  fonds  qui  manque  le  moins,  id. 
Fabl.  v,  0.  Pendant  qu'Oronte  augmente  avec  ses 
années  son  fonds  et  ses  revenus,  la  brut.  vi. 
Il  F'K-  ■'e  crois  cette  espèce  do  compte  [par  doit 
et  avoir]  beaucoup  plus  nécessaire  par  rapport  aux 
coonaisuDOo*  de  l'esprit,  qui  en  sont  le  bien  et  la 


FON 

possession  ;  par  ra|)port  aux  conséquences  que 
l'on  en  tire,  qui  sont  le  revenu  de  ce  fonds;  et 
par  rapport  à  l'usage  que  l'on  en  fait  dans  les 
applications  particulières,  qui  sont  proprement  la 
dépense,  iioulainvilliers,  Itifut.  de  Spinosa,  p.  2. 
116""  Les  fonds  publics,  ou,  absolument,  les  fonds, 
les  fonds  destinés  à  scmr  les  intérêts  des  em- 
prunts qu'a  faits  l'État.  X  la  bourse  de  ce  jour  les 
fonds  ont  baissé,  ont  monté.  I.a  hausse  dos  fonds, 
la  baisse  des  fonds.  Placer  sa  fortune  dans  les 
fonds  publics.  |1  Crise  dans  les  fonds,  baisse  ou  me- 
nace de  baisse.  Dans  les  fonds  de  peur  d'une 
crise,  Il  veut  que  les  Grecs  soient  déçus,  bérang. 
Cons.  de  Use.  \\  Fig.  et  par  plaisanterie,  les  fonds 
sont  en  baisse,  l'argent  manque.  Je  ne  pourrais  pas 
faire  cette  dépense  de  sitôt,  les  fonds  sont  en 
baisse.  ||  Fonds  constitués,  fonds  inscrits  au  registre 
de  la  dette  publique  perpétuelle.  Fonds  constitués 
immobilisés,  ceux  (jui,  rachetés  par  la  caisse  d'a- 
mortissement ,  ne  peuvent  plus  se  transmettre. 
Fonds  constitués  classés ,  ceux  qui,  possédés  par 
des  personnes  dont  la  fortune  est  stable,  ne  re- 
viennent plus  d'ordinaire  sur  le  marché.  ||  Fonds 
flottants,  fonds  qui  proviennent  d'emprunts  à  ter- 
mes rapprochés.  ||  Fonds  constitués  flottants,  ceux 
qui  causent  à  la  bourse  les  alternatives  de  hausse 
et  de  baisse.  ||  6°  Fonds  perdu,  ou  fonds  perdus, 
capital  aliéné  moyennant  une  rente  qui  s'éteint 
à  la  mort  de  celui  qui  a  déposé  le  fonds.  11  fait 
excuse  d'avoir  mis  son  bien  à  fonds  perdu,  sÉv. 
483.  Le  fonds  perdu,  autrefois  si  sûr,  si  religieux 
et  si  inviolable,  est  devenu,  avec  le  temps  et  par 
les  soins  de  ceux  qui  en  étaient  chargés,  un  bien 
perdu,  LA  UBUY.  xiv.  Tout  père  de  famille  qui  veut 
placer  do  l'argent  à  fonds  perdu  ,  doit  préférer 
de  le  mettre  sur  la  tête  de  son  enfant  d'un  an, 
plutôt  que  sur  la  sienne,  s'il  est  âgé  de  plus  de 
vingt-un  ans ,  bcff.  Probab.  de  la  vie.  Pour 
moi,  je  mets  à  fonds  perdu.  —  C'est  la  ressource 
des  gueux,  diuer.  Entretien  avec  la  mari'ch.  de'" 
Je  suis  au  nombre  de  ceux  qui,  par  un  calcul  un 
peu  personne!  mais  très-philosophique,  ne  veu- 
lent être  riches  que  durant  leur  vie  et  n'hésitent 
point  à  placer  tous  leurs  biens  à  fonds  perdu, 
GKNLis,  Vcill.  du  chdt.  les  deux  réputations.  ||  On 
dit  de  même  :  donner  une  maison  à  fonds  perdu  ; 
vendre  un  bien  à  fonds  perdu.  {|  X  fonds  perdu, 
se  dit  par  plaisanterie  en  parlant  d'une  somme 
qu'on  ne  pense  plus  ravoir.  Si  vous  lui  prêtez, 
comptez  que  c'est  à  fonds  perdu.  ||  7°  Terme  de  jeu 
de  lansquenet.  Somme  que  le  joueur  doit  mettre 
sur  une  certaine  carte.  ||  8°  Établissement  indus- 
triel ou  commercial,  avec  son  achalandage,  ses  us- 
tensiles, ses  marchandises,  etc.  Vendre  son  fonds. 
Un  bon  fonds  de  commerce.  Un  fonds  de  boulanger. 
Il  9°  Fig.  Ce  qui  constitue,  par  rapport  aux  disposi- 
tions corporelles,  morales  ou  intellectuelles,  comme 
un  fonds,  un  capital.  Un  grand  fonds  de  savoir.  Un 
fonds  de  malice.  11  a  pour  vous  un  grand  fonds  d'es- 
time. Vous  avez  un  fonds  de  santé  admirable,  mol. 
D.  Juan,  IV,  2.  L'homme  depuis  son  poché  porte  un 
fonds  malheureux  de  concupiscence,  pasc.  Prov. 
18.  Je  me  sens  un  grand  fonds  de  patience,  sÉv.  295. 
Vous  avez  du  fonds  pour  être  tout  ce  que  vous  vou- 
drez, ID.  432.  Je  crois  que  vous  voyez  bien  que  je 
fais  réponse  le  mercredi  à  vos  deux  lettres;  et  le  ven- 
dredi je  vis  aux  dépens  du  public  et  sur  mon  propre 
fonds  qui  compose  quelquefois  une  assez  mauvaise 
lettre,  id.  307.  Je  lui  pardonne  moins  d'avoir  voulu 
tuer  son  enfant,  étant  de  son  mari,  que  si  elle  l'a- 
vait eu  d'un  autre;  et  cela  vient  d'un  bien  plus 
mauvais  fonds,  id.  62.  Quand  je  considère  le  peu  de 
fonds  que  je  trouve  en  moi ,  boss.  i««.  22.  Si 
je  dis  que  l'homme  n'a  rien  de  son  propre  fonds 
que  l'iniquité,  je  confesse  la  langueur  de  notre 
nature,  id.  Réful.  du  catéch.  t"  vérité,  2«  sect. 
ch.  40.  Un  fonds  de  libertinage  et  d'impiété,  bodr- 
dal.  Purifie,  de  la  Vierge,  Uysl.  t.  ii,  p.  207.  Ils 
n'avaient  de  fonds  pour  la  complaisance  que  jus- 
que-là, la  bruy.  v.  11  faut  très-peu  de  fonds  pour  la 
politesse  dans  les  manières,  id.  xii.  L'esclave  n'a 
rien  à  soi  ;  à  combien  plus  forte  raison  la  créature 
qui  n'a  de  son  fonds  que  le  néant  et  le  péché  I  fèh. 
t.  xvm,  p.  424.  Louis  porta  en  naissant  un  fonds  de 
religion  et  de  crainte  de  Dieu,  mass.  Or.  fun. 
tou t.ç  J7K.  J'aime  un  amant  timide;  Cela  marque 
un  bon  fonds....  regnaud,  Joueur,  11,  10.  Peu  de 
gens  ont  a.ssez  de  fonds  pour  souffrir  la  vérité  et 
pour  la  dire,  vâ'Jven.  Max.  ccxxxv.  Môme  bonté, 
même  naturel,  mêmes  grâces  que  Madame  do  Sca- 
lier,  avec  un  fonds  de  philosophie  qui  est  rare 
chez  les  dames,  volt.  Lett.  Chabanon,  30  août 
<  76«.  Si  l'âne  n'avait  pas  un  grand  fonds  de  bonnes 


FON 

qualités,  il  les^  perdrait  par  la  manier^,  dont  on  le 
traite,  bufp.  Ane.  \\  On  dit  d'un  homme  '>u  d'un 
esprit  qu'il  a  ou  qu'il  n'a  pas  de  fonds,  pour  ex- 
primer qu'il  a  ou  qu'il  n'a  pas  de  solidiié  et  de 
connaissances  acquises.  |{  Faire  fonds  de  ou  sur, 
compter  sur,  se  croire  assuré  de.  Il  ne  faut  pas 
l'aire  grand  fonds  de  tout  ce  qu'il  dit.  Voilà  en 
substance  toute  la  théologie  nécessaire  au  chrétien, 
et  sur  laquelle  un  chrétien  doit  faire  fonds,  bourd. 
Serm.  17«  dim.  après  la  PerUec.  Domin.  t.  iv,  p.  »?. 
J'éprouvai  bientôt  que  je  n'avais  pas  tort  de  faire 
fonds  sur  ce  nouvel  ami,  lesage,  Est.Gonxal.ch.ti. 
11  branla  la  tête  pour  me  marquer  qu'il  faisait  peu 
de  fonds  surdos  discoursqu'un  zélé  indiscret  m'in- 
spirait, id.  Gusm.  d'Alf.  u,  ».  George  est  un  bon 
enfant;  Mais  sur  de  telles  gens  quel  fonds  pour- 
rait-on faire?  collin  d'harlev.  Vieux  célib.  i,  6. 
Il  10°  Matière  à  traiter.  C'est  un  fonds  très-riche  et 
qu'on  n'a  pas  encore  exploité.  ||  On  le  trouve  dans 
Chateaubriand  avec  le  sens  de  sujet  de  tableau  :  Ce 
qui  prouve  que  le  christianisme  parle  plus  au  génie 
que  la  Fable,  c'est  qu'en  général  nos  grands  pein- 
tres ont  mieux  réussi  dans  les  fonds  sacrés  que 
dans  les  fonds  profanes.  Génie,  m,  1,  4.  ||  11»  Terme 
de  houillères.  Galeries  horizontales  poussées  jus- 
qu'aux limites  de  l'exploitation  dans  le  massif  de 
houille  à  partir  du  fond  du  puits. 

—  KEM.  On  peut  voir  à  l'étymologie  que  fonds  et 
fond  sont  exactement  le  même  mot.  Aussi  quand 
fonds  est  pris  comme  ce  qu'une  personne  a  de  savoir, 
d'esprit,  de  probité,  etc.  et  fond  au  n"  le  comme 
ce  qui  fait  une  sorte  de  fondement  et  d'état  perma- 
nent, les  deux  significations  se  confondent  telle, 
ment  que  les  orthographes  dans  les  auteurs  varient 
sans  cesse,  et  qu'on  pourrait  faire  passer  plusieurs 
exemples  sans  difficulté  de  fonds  à  fond,  ou  de  fond 
à  fonds.  Le  mieux  serait  de  supprimer  l'ï  de  fonds, 
et  de  ne  faire  qu'un  seul  mot  de  ce  qui  n'en  est 
réellement  qu'un,  répondant  en  latin  au  mot  unique 
fundus. 

—  HlST.  XV'  s.  Sur  chacun  arpent  fut  imposée 
une  ayde  nommée  fons  de  terre,  uonstRelet,  t.  i, 
f°  (43,  dans  LACUBNE.  ||  xvi'  s.  Fonds  de  terre,  l'au- 
teur du  grand  Coustumier  et  autres  anciens  ont 
pris  ces  termes  pour  le  cens  que  les  anciennes 
chartes  appellent  fundus  terras,  Glvss.  sur  les  cous- 
tumes  de  Beauvoisis,  dans  lacurke. 

—  ETYM.  Le  même  que  fond.  Vs  de  ce  mot  n'est 
pas  autre  chose  que  l's  du  nominatif  dans  l'ancien 
français,  qui  est  restée  au  mot  comme  dans  fils.  La 
distinction  qu'on  a  essayé  d'établir  entre  ^ond  et 
fonds  à  l'aide  de  cette  s  accidentelle  est  tout  à  fait 
ignorée  des  auteurs  un  peu  anciens. 

FONDU,  UE  (fon-du,  due),  part,  passé  de  fondre. 
Il  1°  Porté  à  l'état  de  fusion.  Du  plomb  fondu.  Le» 
matières  que  rejettent  les  volcans  sortent  le  plus 
souvent  sous  la  forme  d'un  torrent  de  minéraux 
fondus,  qui  inonde  tous  les  environs  de  ces  men- 
tagnes,  buff.  Preuv.  théor.  terr.  CEuv.  t.  11,  p.  338, 
dans  PODGENS.  Il  Fig.  En  un  mot  il  y  a  tant  d'ouvra- 
ges faits  de  pièces  de  rapport,  et  si  peu  qui  soient 
fondus  d'un  seul  jet,  boff.  Disc,  de  réception. 
Il  2°  Fondu   en   larmes,   pleurant   abondamment. 

Tous  ces  pauvres  gens  étaient  fondus  en  larmes, 

et  déjà  tous  habillés  de  deuil ,  sSv.  Lett.  28  août 
1675.  Là,  fondue  en  larmes,  Mme  de  Pontchartrain 
reconnut  tous  les  torts  de  son  mari,  st-siM.  Ht, 
64.  Il  Dans  un  sens  analogue.  Ils  venaient  autour  de 
nous  tous  fondus  de  sueur,  sèv.  363.  ||  3°  Combiné, 
uni.  C'est  le  génie  du  grand  siècle  passé  fondu  dans 
la  philosophie  du  siècle  présent,  volt.  Ult.  La- 
harpe,  4  sept.  (771.  Dans  les  discours  de  Bossuet, 
la  citation  [est]  si  bien  fondue  avec  le  texte,  qu'elle 
ne  fait  plus  qu'un  avec  lui ,  chateaub.  Génie,  m, 
IV,  4.  Il  Passant  par  des  nuances  graduées.  Les 
jambes  sont  d'une  teinte  composée,  où  le  brun 
semble  fondu  avec  le  violet,  buff  Ois.  t.  x,  p.  25», 
dans  POUOENS.  Partout  les  tons  de  couleur  les  mieux 
fondus  et  les  plus  suaves,  dider.  Salon  de  (765, 
OEutTex,  t.  xiii,  p.  28,  dans  pougens.  ||  4"  Dé- 
péri, amaigri.  Depuis  cette  maladie ,  il  est  tout 
fondu.  Il  6*  Cheval  fondu  ,  jeu  d'enfants  qui  sautent 
l'un  par-dessus  l'autre.  Jouer  au  cheval  fondu. 

FONDUE  (fonnlue),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  cuisine. 
Mets  qui  se  fait  avec  des  œufs  brouillés  et  un  mé- 
lange de  fromage  de  gruyère  fondu  au  feu.  ||  2'  Su- 
cre trop  chargé  de  sirop. 

—  ÊTYM.  Fondre. 

t  FONDCLE  (fon-du-n ,  s.  m.  Genre  de  poissons 
malacoptérygiess. 

t  FONET  (fo-nè),  *.  m.  Espèce  de  moule  du  Sé- 
négal, la  moule  unie. 

t  FONGATK  (fon-ga-t'),ï.  ^.  Terme  de  chimie. 


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FON 


FON 


1721 


Sel  produit  pai-  la  combinaison  de  l'acide  fongique 
ivec  une  base. 

[  FONGEB  (fon-jé),  V.  n.  Il  se  dit  du  papier  non 
cC'ilé  uui  boit  l'encre. 

FONGIBLE  (fon-ji-bl'),  adj.  Terme  de  jurispru- 
dence. Se  dit,  en  matière  de  prêt  et  d'usufruit,  de 
toutes  les  choses  cjui  peuvent  se  compter,  se  peser 
ou  se  mesurer,  et  qui,  se  consommant  par  l'usage, 
peuvent  être  remplacées  par  des  quantités  égales, 
en  opposition  aux  choses  non  fongibles  qui,  demeu- 
rant entières  après  l'usage,  se  restituent  en  nature. 

—  ÈTYM.  Lat.  fungibilis,  de  fuiigi,  remplir  la 
fonction,  l'usage  de  (voy.  fonction). 

t  FONGICOLE  (fon-ji-ko-1'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  vit  sur  ou  dans  les  champignons. 

—  ÊTYM.  Lat.  fungus ,  champignon ,  et  colcre, 
habiter. 

t  FONGIFORME  (fon-ji-for-m'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Oui  a  la  forme  d'un  champignon.  ||  Terme 
de  géognosie.  Coulée  fongiforme,  coulée  de  lave  qui, 
s'èpanchant  sur  un  terrain  horizontal,  s'y  répand 
d'une  manière  à  peu  près  circulaire. 

—  ÊTVM.  Lat.  fungus,  champignon,  et  forme. 

\  FONGIPOUE  (fon-ji-po-r'),  s.  m.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Lithophy te  qui  ressemble  à  un  cham- 
pignon. 

—  ËTYM.  Lat.  /'unsui,  champignon,  et  /)ore,pertuis. 
t  FO.VGINE  (l'on-ji-n'),  s.  f.  Nom  donné  à  la  cel- 
lulose ou  tissu  des  champignons. 

—  ÉTVM.  Lat.  fungus,  champignon. 

f  FONGINIENS  (fon-ji-niin),  s.  m.  plur.  Famille 
de  polypes  où  les  animaux  ne  forment  pas  de  poly- 
pier et  vivent  solitairement,  attachés  aux  plantes 
marines. 

t  FONGIQUE  (fon-ji-k'),  adj.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  fongique,  acide  qu'on  trouve  dans  les 
champignons. 

—  £tym.  Lat.  fungus,  champignon. 
tFONGITE  (fon-ji-f),  s.   f.    Pierre  figurée,   de 

substance  dure  et  de  couleur  jaune,  dont  les  raies 
imitent  celle  du  champignon.  |{  Polypier  fossile. 

—  ÉTYM.  Lat.  fungus,  champignon,  et  ite,  finale 
qui,  en  géologie,  désigne  If  s  pierres. 

t  FOXGIVORE  (fon-ji-vo-r'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  mange  des  champignons. 

—  ÉTYM.  Lat.  fungus,  champignon,  et  vorare, 
manger. 

f  FONOOÏDE  (fon-go-i-d'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Oui  ressemble  à  un  champignon.  ||  Terme 
de  médecine.  Qui  a  la  forme  d'un  fongus. 

—  ÉTYM.  Mot  hybride,  du  latin  fungus,  champi- 
gnon ,  et  el5o;,  forme. 

FONGOSITÉ  (fon-g«-zi-té),  s.  f.  ||  1°  État  de  ce 
qui  est  fongueux.  ||  2"  Terme  de  médecine.  Petite 
tumeur  fongueuse.  ||  Végétation  charnue,  mollasse, 
spongieuse,  en  forme  de  champignon. 

—  HIST.  xvi"  s.  La  langue  a  esté  rare  et  spon- 
gieuse, afin  que  plus  facilement  elle  peust  admettre 
et  recevoir^ar  sa  fungosité  les  saveurs,  PARÉ ,  vi,  (2. 

—  ÈTYM.  Fongueux. 

FONGUEUX  ,  EUSE  (  fon-gheû  ,  gheû-z'  ),  adj. 
Il  1°  Terme  de  médecine.  Qui  est  de  la  nature  du 
fongus.  Ulcère  fongueux.  ||  On  appelle  quelquefois 
'■es  fongosités,  ch-'irs  fongueuses.  ||  2°  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  ressemble  au  champignon,  c'est-à-dire 
dont  la  structure  est  charnue,  mollasse  et  spon- 
gieuse. 

—  IIIST.  XVI»  s.  Aucuns  adjoustent  une  quatrième 
espèce  de  îhair  fongueuse  et  entrelacée,  qu'ils  at- 
tribuent à  la  seule  langue,  pabé,  i,  10. 

—  E'IYK.  I.at.  fungosus,  de  fungus,  champignon 
(voy.  FONui,'ô). 

•  FONGUS  (fon-gus'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  chirur- 
gie. Sorte  d'excroissance  charnue  qui  s'élève  d'un 
ulcère  ou  d'une  plaie  en  forme  de  champignon. 
Un  fongus  de  nature  cancéreuse.  ||  Fongus  de  la 
dure-mère,  tumeurs  de  la  dure-mère  qui  font  sail- 
lie au  dehors,  après  avoir  percé  les  os,  ou  au  de- 
dans en  déprimant  le  cerveau.  ||  Terme  de  vétéri- 
naire. Portion  do  l'uvée  passant  de  la  chambre 
postérieure  dans  la  chambre  antéiieuredc  l'œil,  et 
formant  de  petits  pelotons  au  bord  de  la  pupille. 
Il  2°  Terme  de  botanique  généralement  employé 
pour  désigner  les  champiguons  de  mer. 

—  :tlST.  xvi"  s.  Sarcoma,  autrement  dit  fungus, 
est  une  excroissance  de  chair  qui....  elle  jette  une 
sanie  fort  puante  ;  les  vulgaires  l'appellent  fie 
Saint  Fiacre,  paré,  v,  21. 

—  ÉTYM.  Lat.  fungus,  champignon  et,  de  là,  tu- 
meur fongueuse  ;  du  grec  oisoTf  o?  (voy.  éi-once)  , 
que  ]('.s  étymologistes  rapprochent  de  l'allemand 
Scliwamm,  champignon;  provenç.  fange,  ciiampi- 
b'Don  ;   espagn.  hungo;  ital.  fungo. 


fPONSOIH  (fon-soir),  s.  m.  I.e  même  que  fonçoir. 

FONTAINE  (fon-tè-n'),  s.  f.  ||  1°  Eau  vive  qui 
s'épanche  à  la  surface  du  sol  par  un  cours  continu. 
Le  bassin,  les  bords,  la  source  d'une  fontaine.  J'en 
reviens  encore  à  vous,  c'est-à-dire  à  cette  divine 
fontaine  de  Vaucluse-,  quelle  beauté!  Pétrarque 
avait  bien  raison  d'en  parler  souvent,  sÉv.  62.  Comme 
il  n'y  a  point  de  fontaine  dont  la  course  soit  si  tran- 
quille, à  laquelle  on  ne  fasse  prendre  par  la  résis- 
tance la  rapidité  d'un  torrent,  boss.  Sermon  pour  le 
9'  dim.  après  la  Ventée.  2.  Il  me  paraît,  admi- 
rable fontaine  [la  fontaine  médicinale  de  Bour- 
bon], Que  vous  n'eûtes  jamais  la  vertu  d'Hip- 
pocrène,  boil.  Épigr.  xviii.  Toutes  les  fontaines 
proviennent  des  eaux  pluviales  infiltrées  et  ras- 
semblées sur  la  glaise,  blff.  Xin.  t.  i,  p.  245,  dans 
pouGENS.  Sur  nos  lacs,  en  nos  bois,  au  bord  de 
nos  fontaines....  volt.  Scythes,  i,  (.La  fontaine 
d'Êgérie,  où  Numa  allait  consulter  la  divinité  des 
hommes  de  bien,  stael,  Corinne,  v,  t.  ||  On  dit 
dans  un  sens  analogue  :  fontaine  de  vin,  de  lait, 
etc.  Il  Par  extension.  En  ce  jour,  au  jour  du  Sau- 
veur, en  ce  jour  où  la  bonté  paraîtra  au  monde,  il 
y  aura  une  fontaine  ouverte  à  la  maison  de  David 
et  aux  habitants  de  Jéru.salem,  pour  la  purification 
du  pécheur,  boss.  2»  sermon  ,  Divinité  de  la  relig. 
3.  Il  Fig.  Comme  la  divinité  très-auguste  a  une 
source  et  une  fontaine  de  divinité,  ainsi  que  par- 
lent les  Pères  grecs....  id.  Sermons,  Sainte  Trinité, 
préambule.  ||  Fontaines  intermittentes ,  celles  qui 
coulent  et  s'arrêtent  par  intei-valles.  ||  Fontaine  in- 
termittente, se  dit  aussi  d'un  appareil  disposé  de 
manière  que  l'écoulement  de  l'eau  subit  des  inter- 
ruptions. Il  2°  Terme  de  physique.  Fontaine  de  com- 
pression, appareil  où  de  l'air  comprimé,  pressant  sur 
la  surface  de  l'eau,  lafait  jaillir  à  une  as.sez  grande 
hauteur,  jj  Fontaine  de  Héron,  appareil  ingénieux, 
inventé  par  Héron  d'Alexandrie,  au  deuxième  siècle 
avant  notre  ère,  dans  lequel  l'air,  comprimé  par  une 
certaine  quantité  d'eau,  en  fait  jaillir  d'autre  au- 
dessus  du  niveau  de  la  première.  ||  3°  Des  yeux  de- 
venus fontaines,  des  yeux  qui  pleurent  abondamment. 
Les  ondes  que  j'épands....  Dans  un  courage  saintont 
leur  sainte  fontaine,  malh.  v,4.  Mais  quand  mes  yeux 
seraient  fontaines.  Que  puis-je  espérer?  id.  v,  9.  J'ai 
beau  de  mes  deux  yeux  deux  fontaines  tirer,  Régnier, 
Plainte.  La  reine  d'Espagne  devient  fontaine;  je 
comprends  bien  aisément  le  mal  des  siiparations, 
sf.v.  20  sept.  167».  Ses  yeux  étaient  devenus  deux 
fontaines  de  larmes,  fén.  Tél.  xxi.  ||  4°  Fontaine  de 
Jouvence, voy.  jouvence.  ||  5°  Vaisseau  de  cuivre,  de 
grès,  de  terre,  etc.  qui  sert  de  réservoir  d'eau  et  qu'on 
place  d'ordinaire  dans  une  cuisine.  Fontaine  à  filtre. 
i;  6°  Fontaine  de  bière,  sorte  de  mesure  de  capacité 
en  usage  dans  certaines  brasseries.  ||  7°  Il  se  dit  du 
robinet  et  du  canal  de  cuivre  ou  d'étain  par  où 
coule  l'eau  d'une  fontaine,  le  vin  d'un  tonneau,  etc. 
Mettre  la  fontaine  à  un  tonneau.  Tournez  la  fon- 
taine. Il  8°  Édifice  public  qui  verse  l'eau.  La  fontaine 
des  Innocents  à  Paris.  Fontaines  en  grotte.  Fontai- 
nes en  buffet.  Fontaines  en  portique.  Fontaines  ados- 
sées, etc.  Cette  admirable  fontaine,  qu'on  regarde 
si  peu,  et  qui  est  ornée  des  précieuses  sculptures  de 
Jean  Goujon,  mais  qui  le  cède  en  tout  à  l'admirable 
fontaine  de  Bouchardon,  volt.  Temple  du  goût.  La 
belle  fontaine  [de  Bouchardon]  de  la  rue  de  Gre- 
nelle |à  Paris];  je  dis  belle  pour  les  figures;  du  reste  je 
la  trouve  au-drssous  du  médiocre,  dider;  Observ.sur 
ta  sculpt.  Œuvres,  t.  xv,  p.  316,  dans  pougens. 
l'oint  de  belle  fontaine  où  la  distribution  de  l'eau 
ne  forme  pas  la  décoration  principale,  id.  ib.  p.  3(7. 
Il  Fontaines  en  pyramide,  fontaines  composées  de 
plusieurs  bassins  par  étages.  ||  Fontaines  en  niches, 
celles  qui  ont  leur  bassin  et  leur  jet  sous  une  ar- 
cade, li  Borne -fontaine,  voy.  borne.  ||  9°  Synonyme 
de  fontanelle  n"  ) .  ||  10°  Terme  vulgaire  employé  pour 
désigner  un  exutoire,  et  particulièrement  un  cau- 
tère. Ce  qui  contribuait  encore  plus  que  toutes  ces 
choses  à  lui  [à  dame  Jacinthe]  rendre  le  teint  frais, 
c'était  une  fontaine  qu'elle  avait  à  chaque  jambe, 
lesage.  Cil  Blas,  u,  l.||  11°  Creux  formé  dans  un 
coin  du  pétrin,  où  l'on  verse  de  l'eau  pour  délayer 
le  levain  et  la  farine.  ||  12°  Terme  d'alchimie.  Fon- 
taine de  Flamel,  la  relorte.  Fontaine  des  métaux,  le 
mercure.  |1 13°  Terme  de  zoologie.  Fontaine  de  mer, 
actinie.  ||  14°  Nom  donné  par  les  pêcheurs  au 
compartiment  supérieur  de  la  tête  du  cichalot,  qui 
contient  de  la  cétine  en  si  grande  quantité,  qu'ils 
la  puisent  à  plein  seau.  !|  Proverbe.  Il  ne  laut  pas 
dire  :  Fontaine  je  ne  boirai  pas  de  ton  eau,  c'est- 
à-dire  il  ne  faut  pas  assurer  qu'on  n'aura  jamais 
besoin  de  telle  personne  ou  de  telle  chose. 

—  SYN.  FONTiOJïB,  SOURCE.  Étymologiquement,  la 


► 


D'CT.    DE    LA    LANGUE    KRANÇAISE. 


fontaine  est  l'eau  de  source  {aqua  fontana);  et  la 
.source  est  ce  qui  sourd,  ce  qui  jaillit,  ce  qui  fournit 
la  fontaine.  C'est  là  la  nuance  entre  ces  deux  mois. 
La  source  indique  ces  canaux  souterrains  qui  amè- 
nent à  la  surlace  l'eau  des  profondeurs;  la  fontaine 
est  l'eau  qui  s'élève  à  la  surface  du  sol  dans  un 
bassin  naturel  ou  artificiel.  C'est  pour  cela  qu'on 
nomme  fontaines  ces  édifices  qui  dans  les  villes 
versent  de  l'eau. 

—  HIST.  XII'  s.  Criz  [Christ]  nostre  sires  est  fon- 
taine à  nos,  par  cui  nos  sommes  lavez,  sr  bern. 
p.  538.  E  les  castels  prislrent,  et  les  bones  funtei- 
nes  estuperent,  iioù,  p.  364.  Tophet,  cel  liu  ki  tant 
est  delitable  de  bels  arbres  et  de  bêles  funteines, 
ib.  427.  jlxiii'  s.  Elle  a  bien  fsit  compieng  [bour- 
bier] de  sa  clore  fontaine  [elle  a  bien  sali  sa  répu- 
tation], Berte,  lxxiv un  vallet  vient  Qui  un 

pain  d'orge  en  la  main  tient  Et  un  picher  [vase]  en 
s'autre  main.  Moult  petit,  de  fontaine  [d'eau]  plain. 
Parlon.  de  Blois,ms.  de  St-Oerm.  f°  (44,  dans  la- 
CUBNE.  Il  xiv*  S.  Onquos  cerf  eschaufés  ne  désira 
fontene  Tant  fort  com  il  désirent  assambler  [com- 
battre] en  la  plene,  Girart  de  Ross.  v.  3473.  Se  un 
faucon  a  une  fontaine  [sorte  de  maladie]  au  pié, 
Modus,  ms.  f°  (30,  dans  lacurne.  Une  grant  fon- 
taine, en  guise  d'un  chastel,  à  piUiers  de  maçon- 
nerie, à  hommes  à  armes  entour,  avec  le  hanap  et 
une  quarte,  semée  d'esmaux,  pesant  neuf  marcs, 
DE  labobde.  Émaux,  p.  320.  Il  XV'  s.  [Paris]  C'est  la 
cité  sur  toutes  couronnée,  Fonteine  et  puis  de  sens 
et  de  clergie,  eust.  desch.  Sur  les  beautés  de  Paris. 
[j  XVI*  s.  Les  fonteiniers  et  heux  frais  de  la  terre, 
dont  sourdent  les  fontaines,  n'ont  pas  des  amas 
d'eau  cachées,  ny  de  réceptacles  et  concavitez  si 
capables  que....  amyot,  P.  Âim.  22.  La  fontaine  de 
douceur  et  humanité,  laquelle  ne  doit  jamais  tarir 
en  l'homme,  id.  Caton,  i(.  Faisant couppcr  et  rom- 
pre les  tuyaux,  par  lesquelz  aucuns  particuliers 
dosrobboient  l'eau  des  fonteincs  publiques,  ainsi 
qu'elles  passoient  au  long  de  leurs  maisons,  id. 
ib.  38.  Mettant  la  canelle,  fontaine,  ou  robinet  au 
milieu  du  tonneau  premièrement,  o.  de  serres, 
830.  i  petite  fontaine  boit  on  à  son  aise,  cotgra.v£. 
L'caue  de  la  fontaine  ne  monte  point  plus  haut  que 
sa  source,  génin.  Récréât,  t.  ii,  p.  24  2. 

—  ETYM.  Provenç.  fontana,  fontayna;  espagn. 
et  ital.  fontana  ;  du  bas-latin  fontana,  du  latin  fon- 
ianus,  dérivé  de  fons,  fontis,  source  (voy.  fonts). 

t  FONTAINEBLEAU  (lon-tè-ne-blo),  s.  ni.  Nom 
d'une  espèce  de  chasselas  très-estimé  qui  vient  à 
Thomery  et  autres  lieux  voisins  de  Fontainebleau. 

t  FONTAINËSE  (fon-tè-nê-z' ),  ou  FONTANÈSE 
(fon-ta-nè-z') ,  s.  m.  Arbrisseau  du  Levant,  de  la  fa- 
mille des  oléinées,  Fontanetia  phyllyre&ides ,  La- 
billardière. 

—  ÊTYM.  Dédié  par  Labillardière  au  botaniste 
Desfontaines. 

FONTAINIER  (fon-te-nié),  î.  m.  Voy.  fontenieh. 

FONTANELLE  (fon-ta-nè-l') ,  s.  f.  ||  1°  Endroit  où 
la  suture  coronale  et  la  suture  sagittale  aboutissent, 
et  qui,  étant  fort  mou  chez  les  enfants,  ne  com- 
mence à  se  durcir  que  vers  leur  seconde  ou  leur 
troisième  année.  |{  2°  Cautère,  vésicatoire,  selon  en 
plein  écoulement. 

—  HIST.  XVI'  s.  Parle  vertex  ou  sommet,  est  en- 
tendu la  fontenelle,  ou  bien  ce  qui  est  également  au 
milieu  de  la  suture  sagittale,  paré,  m,  (.  La  plaie 
sera  entretenue  à  la  manière  des  fontanelles,  avec 
'des  feuilles  de  lierre  ou  autres,  o.  nE  serres,  899. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fontaine:  proprement  pe- 
tite fontaine,  sens  très-usité  dans  l'ancienne  lan- 
gue ;  un  vésicatoire  et  même  l'espace  membraneux, 
au  sommet  de  la  tête  ayant  été  comparés  à  une 
fontaine  qui  purifie. 

FONTANGE(fon-tan-j'),  s.  f.  Nœud  de  ruban  que 
les  femmes  portaient  sur  leur  coiffure.  ||  Cette 
coiffure  changea  de  forme.  La  fontange  devint  une 
sorte  d'édifice  à  plusieurs  étages  de  fil  d'archal,  sur 
lesquels  on  plaçait  différents  morceaux  de  toile  sé- 
parés par  des  rubans  ornés  de  boucles  de  cheveux 
qui  les  recouvraient  tout  à  fait,  feuillet  de  con- 
çues, Caus.d'un  cur.  t.  ii,  p.  2(«,  note  3.  i  haus- 
ser sa  fontange  en  coquette  éventée,  iiauteroche. 
Bourg,  de  qualité,  i,  6.  Combien  n'a-t-on  pas  vu 
de  belles  aux  yeux  doux,  Tout' à  coup  se  changer 
en  bourgeoises  sauvages....  Et,  découvrant  l'orgueil 
de  leurs  rudes  esprits.  Sous  leur  fontange  altière  as- 
servir leurmaris,  boil.  Sat.  x. 

—  ÉTYM.  Le  soir,  comme    on  se  retirait  [à  une 
partie  de   chasse  ],  il  s'éleva  un  petit  vent  qui  obli 
gea   Mlle  de  Fontange  de  quitter  sa   capeline;  elle 
fit  attacuer  sa  coiffure  par  un  ruban  dont  les  nœud' 
tombaient  sur  le  front,   et  cet  ajustement  de  tête 

l.  —  216 


1722 


FON 


plutsi  fort  au  .-01,  qu'il  1»  pria  de  ne  se  coiffer  point 
autrement  de  tout  ce  soir;  le  lendemain  toutes  les 
daines  do  la  cour  parurent  coiiïécs  de  la  même  ma- 
nière; voilà  l'origino  de  ces  grandes  coiffures  qu'on 
porte  encore,  et  qui,  de  la  cour  de  France,  ont  passé 
dans  presque  toutes  les  cours  de    l'Kurope ,  iiL'SSV 
aXBUTiN,  la  France  gai.  Mlle  de  Fontange  a  été  une 
des  maîtresses  de  Louis  XIV.  Iji  terre  do  Fontange 
est  appelée  en  latinFonfa/ita,  de /'onfana,  fontaine. 
I.  FONTE  (fon-f),  s.  (■  \\  1°  Action  de  fondre.  La 
fonte  des  métaux.    ||  Konte  de   galons,  action  de 
brûler  des  galons  pour  en  retirer    l'or    et  l'argent 
qu'ils  contiennent.  Il  Kemettrc  un  objet  à  la  fonte, 
le  faire  fondre  de   nouveau,   pour  le  retravailler. 
Il  Fig.  Kemettcz  pour  le  mieux  ces  deux  vers  à  la 
fonte,  LA  FONT.  Fab.  ii,  i.  ||  Fonte  en  coquille,  fon- 
derie en  sable  pour  les  pièces  qui  doivent  avoir  une 
grande  dureté.  ||  Conversion  des  monnaies  de  cours 
en  d'autres   monnaies  nouvelles.   ||   Action  de   ce 
qui  fond,  de  ce  qui  se  liquéfie.  11  vit  sortir  de  lon- 
gues bandes  de  brouillards  et  de  brumns,  qui  ac- 
compagnent la  fonte  de  toutes  les  glaces,  iiehn.  de 
ST-piERiiE,  Élude  4.    Que  les  fontes  de  neige   ont 
enflé  la  Dordogne,  «klille,  Convers.  m.  |j  2°  Par- 
ticulièrement ,  l'action  ou  l'art  de  mouler  certains 
objets  qu'on  fait  avec  le  bronze  ou  avec  quelque  au- 
tre métal  fondu.  La  fonte  d'une  statue.  Jeter  une 
statue  en  fonte.   Les  Parisiens  lui  firent  [au  lieu- 
tenant général,  en  (538]  olTre  d'une  fonte  d'artillerie 
et  d'entretenir  dix  mille  hommes  pour  autant  de 
temps  que  les  ennemis   seraient  sur  la  frontière, 
MÉZERAY,  Abrégé  de  l'hist.   de  Fr.   t.  ii,  p.  606, 
Amst.  loss.   Les  quatre  consoles  qui  étaient  aux 
quatre  angles  de  chaque  socle  faisaient  une  même 
pièce  avec  le  socle,  et  étaient  de  même  fonte,  s\ci. 
Bible,  Rois,   m,  vu,  34.  ||  3"  Fer  de  fonte,  ou,  sim- 
plement, fonte,  produit  immédiat  du  minerai  de  fer 
traité  par  le  charbon  dans  les  hauts  fourneaux,  et 
qui   est  essentiellement  un  carbure  de  fer  conte- 
nant au  plus  &  pour  (OO  de  carbone.  Marmite  de 
fonte.   Tuyau  de   fonte.   Transformer  la  fonte  en 
fer.  La  bonne  qualité  du   fer  provient  principale- 
ment  du   traitement   de  la  mine  avant  et  après  sa 
mise  au  fourneau;  si  l'on  obtient  une   très-bonne 
fonte,  on  sera  bien  avancé  pour  faire  d'excellent 
fer,  BUFF.  ifin.  t.  iv,  p.  HO,  dans  polgens.  ||  Fonte 
noire,  fonte  d'un  gris  foncé,  qui  prend  l'empreinte 
du  marteau,  se  casse  et  fond  facilement ,  a  une  tex- 
ture granuleuse  etse  forme  dans  les  hauts  fourneaux 
surchargés  de  combustible  par  rapport  au  minerai. 
Il  Fontes  blanches,  fontes  formées  d'un  carbure  ho- 
mogène obtenu   par    le  refroidissement  brusque. 
Il  Fonte  traitée,  fonte  formée  de  fonte  blanche  et 
(le  fonte  noire  disposées  par  place  et   diversement 
entremêlées.  ||  Vives  fontes,  les  fontes  de  mines  qui 
sont  très-coulantes.  ||  Fonte  brute  ou  crue,  fer  peu 
malléable  et  qui  résiste  à  la  lime.  ||  Fontes  claires, 
restes  de  coulées  provenant  de  ce  que  le  four  a  reçu 
trop  de  métal  cru.  ||  Foutes  marchandes,  toutes  cel- 
les qui  ne  sont  pas  destinées  à  être  converties  en 
fer  malléable.  ||  4°  Certain  alliage  de  métaux  dont 
le  cuivre  fait  la  base.  Canon,  mortier  de  fonte.  Que 
tous  les  canons  de  fonte  soient  ensemble  bien  rangés, 
les  canons  de  fer  de  mcine,  Correspond,  de  Colbert , 
m,  2,  p.  1 18.  Il  Fonte  verte,  ancien  nom  dulironze. 
Le  nombre  des  navires  et  do  tous  leurs  canons  de 
fonte  verte  et  de  fer,  armes  et  munition.s,  Ordotm. 
de  janv.  m«  svr  la  marine,  art.  441,  dans  caillet, 
L'administ.  en  France  so%u  Richelieu,  t.  ii,  p.  45, 
Paris,  (880.  Il  Fonte  inoxydable,  alliage  de  cuivre, 
de  fer  et  de  zinc,  où  le  zinc  domine.  ||  6°  L'art,  le 
travail  du   fondeur.  ||  6°    Terme  d'imprimerie.  En- 
semble do  caractères  fondus  sur  un  cei-tain   type. 
Une  fonte  de  petit  romain.  ||  Fontes  hautes,  celles 
qui  excèdent  la  hauteur  commune  aux   caractères 
d'imprimerie.  |1  Fonte  de  six  feuilles,  de  douze  for- 
mes, fonte  avec  laquelle  on  peut  composer  do  suite 
six  feuilles,  douze  formes,  .sans  être  obligé  de  dis- 
tribuer.  Il   7°    Tei-mc  do    peinture.    Passage   bien 
ménagé  d'une  teinte  à  une  autre.  Ce  tableau  est 
d'une  belle  fonte.  118°  Terme  de  manufacture.  Se  dit 
du  mélange  dos  laines  do   différentes  couleurs  qui 
doivent  entrer  dans  les  tissus  des  draps  ou  autres 
étoffes.  Il  9°  Fonte  do  bourre,  opération  de  teinture, 
par  laquelleon  faitbouillir  la  bourre  dans  une  disso- 
lution   de    cendres  gravelées,    faite    par    l'urine. 
Il  10°  Terme  de  médecine.  Fonte  d'humeurs,  nom 
donné  autrefois  aux  évacuations  abondantes  de  li- 
quides intestinaux,    bronchiques,    salivaires,   etc. 
parce  qu'on  les  croyait  dues  à   la  liquéfaction  de 
matières  solides.  J'avais  appris  hier  au   soir,  ma- 
dame, la  petite  fonte  que  M.  le  Dauphin  avait  eue, 
qu  on  ne  compterait  assurément  pour  rien  à  un  au- 


FON 

tre,  M.MNTENo.N,  l.elt.  à  Mme  de  Vciiladour,  2<)  no- 
vemb.  I71*.  Il  Aujourd'hui,  fon'e  purulente  d'un  or- 
gane, la  suppuration,  consécutive  à  l'inflammation, 
de  la  totalité  du  tissu  d'un  organe.  Fonte  purulente 
de  l'œil. 

—  IlIST.  xv*  s.  Bien  brouller  et  mettre  en  fonte 
et  d(-mmaige.  Vigiles  de  Charles  VII,  t.  ii,  p.  (  », 
dans  LACURNE.  ||  xvi"  s.  Comme  si  cette  union  [des 
deux  natures]  estoit  une  fonte,  pour  faire  je  ne  say 
quel  meslinge,  qui  ne  soit  dieu  ni  homme,  calvin, 
Instit.  (  125.  L'on  ne  voyoit  plus  autre  chose  par  les 
boutiques  des  orfèvres  que  couppesct  pots  d'orque 
l'on  rompoit  pour  mettre  à  la  fonte,  amyot.  Phi- 
top.  (4.  Serena,  où  ils  prindrcnt  onze  canons  do 
fonte  verte  [bronze]  et  un  grand  magasin,  d'auh. 
Hist.  I,  362.  Les  fontes  d'artillerie  et  fabriques  de 
monnoie,  m.  ib.  m,  (60. 

—  f.TVM.  Fondre. 

2.  FONTE  (fon-t'),  s.  f.  Chacun  des  deux  four- 
reaux de  cuir  où  se  placent  les  pi.stolets  sur  le  de- 
vant d'une  selle.  Mettre  des  pistolets  dans  les  fontes. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  ital.  fonda,  poche;  bas-lat. 
funda,  bourse,  probablement  du  latin  funda,  fronde 
(voy.  ce  mot),  la  bourse  ayant  été  comparée  à  une 
fronde. 

FONTENIER  ou  FONTAIMER  (fon-te-nié;  l'rne 
se  lie  jamais;  au  pluriel,  I'î  se  lie  :  des  fon-te-nié-z 
habiles),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  est  chargé  de  la  sur- 
veillance ou  du  .sei-vice  des  fontaines  publiques. 
Galilée  déclare  dans  ses  dialogues  qu'il  a  appris  des 
fontainicrs  d'Italie  que  les  pompes  n'élèvent  l'eau 
que  jusqu'à  une  certaine  hauteur,  PASc.  Pesant,  de 
l'air.  Conclusion.  ||  2°  Celui  qui  fabrique  ou  qui 
vend  des  fontaines  de  grès,  de  cuivre,  etc.  pour  l'u- 
sage domestique  ||  Adj.  Marchand  fontainier. 
Il  3°  Celui  qui  va  à  la  recherche  des  .sources. 

—  lllST.  xV  s.  L'autre  Jehan  du  Foing  estoit  fon- 
tenier  et  plombeur,  jean  de  troyes,  Chron.  (477. 
Il  XVI*  s.  Avant  que  parler  des  fontaines  de  mon  in- 
vention, je  suis  d'avis  de  te  faire  un  petit  discours 
de  l'imprudence  d'aucuns  fontainicrs  modernes,  pa- 

LISSY,   (36. 

—  ÉTY51.  Fontaine. 

fFONTEVRAULT  (fon-tc-vrô).  Ordre  de  reli- 
gieuseset  dcreligieux,  fondé  par  Robert  d'Arbrissel 
l'an  4(00.  C'est  une  religieuse  ([ui  est  supérieure 
générale  de  l'ordre  des  religieuses  et  des  religieux. 
Les  religieux  servent  les  religieuses  ;  c'est  le  seul  or- 
dre avec  ce  gouvernement.  La  règle  de  St-Benoît  y 
est  suivie  avec  quelques  constitutions  particulières 
du  fondateur.  Fontevrault  est  un  bourg  du  départe- 
ment de  Maine-et-Loire. 

FONTICULE  (fon-ti-ku-r),  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Synonyme  peu  usité  de  cautère. 

—  ÊTYM.  La.t.  fonticulus,  diminutif  de  fons,  fon- 
taine :  proprement  petite  fontaine. 

t  FONTINAL,  ALE  (  fon-ti-nal ,  na-l' ) ,  adj. 
Il  1°  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  vit,  qui  croit  dans 
les  fontaines  ou  au  bord  de  leurs  bassins.  ||  Terme 
de  géologie.  Formations  foiitinales,  formations  dues 
à  des  sour(X!S  d'eaux  chaudes  ou  froides,  qui  ont  dé- 
posé les  substances  tenues  en  dissolution.  ||  2°  S.  f. 
Genre  de  mousses  renfermant  plusieurs  espèces  qui 
croissent  dans  les  fontaines,  sur  les  pierres  des  tor- 
rents, autour  des  roues  des  moulins.  L'espèce  la  plus 
connue  est  la  fontinalc  incombustible,  fontitialis an- 
tipyrelica,  L. 

—  ÉTYM.  Lat,  fonlinalis,  de  [ons,  fontaine  (voy. 

FONTS). 

f  FONTIS  (fon-ti),  t.  m.  Synonyme  de  fondis. 

FONTS  (fon  ;  rs_.se  lie  :  des  fon-z  ornés),  s.  m.  p/ur. 
Dans  l'ancienne  Église,  vaisseau  où  l'on  pratiquait 
le  baptême  par  immersion.  ||  Aujourd'hui,  vaisseau 
où  l'on  reçoit  l'eau  qui  tombe  pendant  l'adminis- 
tration du  baptême.  Les  fonts  baptismaux.  Est-ce  là 
ce  que  vous  avez  promis  sur  les  sacrés  fonts  où  vous 
fûtes  régénéré  en  Jésus-Chftist?  Bounn.  Pensées, 
t.  Il,  p.  34t.  On  garde  dans  la  chapelle  de  Vinccn- 
ncs  les  fonts  baptismaux  qui  servent  aux  enfants  de 
France,  SAiNT-Fuix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  iv,  p.  (39, 
dans  potGENs.  ||  Tenir  un  enfant  sur  les  fonts, 
en  être  le  parrain  ou  la  marraine.  Le  cardinal  de 
Richelieu  devait  tenir  sur  les  fonts  Mademoiselle 
[d'Orléans],  retz,  i,  23.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Tenir  quelqu'un  sur  les  fonts,  s'en  entretenir  en 
détail,  ou  le  questionner  minutieusement. 

—  IlIST.  XI'  s.  Le  patriarche  [il]  ocist  devant  les 
funz,  Ch.  de  Roi.  cxvii.  ||  xn*  s.  Tu  prendras  bap- 
tciement  Es  fons  dignes,  saintefiez,  (i  sauf  serras 
de  tes  pecchezParla  grâce  de  Jhcsu-Christ,  benoît, 
V.  «652.  Il  XV  s.  Assez  brief  vous  baptiserai;  Vous 
vonrez  [viendrez]  où  je  vous  menrai  [mènerai]  ;  Là 
trouverons  les  fonz  touz  preslz,  Mystère  de  Barl.  et 


FOR 

Jns.  dans  oui  de  cahbrai,  p.  41T.  11  fut  requis  d'un 
bourgeois  son  sujet  d'estre  parrain  et  tenir  sur  les 
fonts  son  enfant,  U)uis  xi,  Nouv.  Lxx. 

—  ETYM.  Provenç.  font,  s  f.  ;  anc.  espagn. /'orH*; 
espagn.  mod.  fuente;  portug.  et  ital.  fonte;  du  Ut. 
fons,  fonlis,  fontaine.  Dans  l'ancienne  langue,  font 
est  employé  souvent  pour  fontaine,  et  alors  il  est 
d'ordinaire  féminin:  c'est  pour  cela  qu'on  trouve, 
en  noms  de  lieux,  Relkfond,  Froidefont,  Fonifréde, 
etc.  ;  et  dans  fonts  baptismaux,  il  jiourrait,  d'après 
la  règle  de  l'ancienne  grammaire,  être  féminin, 
comme  lettres  l'est  dans  lettres  royaux.  Mais  le  mas- 
culin se  trouve  môme  dans  le  xii*  siècle  ;  on  peut 
penser  que ,  pour  ce  terme,  l'usage  ecclésiastique 
avait  conservé  au  mot  .son  genre  étymologiiiue. 

t  FONTURK  (fon-tu-r'),  s.  f.  Terme  de  marine 
Diminution  ou  disparition  d'un  banc  de  sable.  Ce 
banc  est  en  fonture. 

—  HIST.  XIII*  s.  Quant  voie  communi!  est  perdue 
par  force  d'eveou  par  fonture,  li  voisins  pruclicios 
doivent  fere  voie,  îir.  de  just.  (47. 

—  ÉTYM.  Fondre. 

FOR  (for),  s.  m.  ||  1"  Le  for  extérieur,  l'autorité 
de  la  justice  humaine.  Que  les  lois  de  nature,  qui 
obligent  toujours  au  for  intérieur ,  n'obligent  pas 
toujours  au  for  extérieur,  dideh.  Opin.  des  anc. 
phil.  (hobbismc).  Il  Le  for  ecclésiastique,  la  juridic- 
tion temporelle  de  l'Église.  Traduire  au  for  ecclé- 
siastique. Il  Le  for  intérieur,  l'autorité  que  l'Eglise 
exerce  sur  les  àmcs  et  sur  les  choses  spirituelles. 
Il  Fig.  Le  for  intérieur  ou  le  for  de  la  conscience, 
le  jugement  de  la  propre  conscience.  &  dernier 
obstacle  [rattachement  de  Philippe  IV  d'Espagne  à 
l'Autriche],  ils  ne  crurent  personne  en  état  de  le 
lever  que  le  cardinal  Porto  Carrcro  par  le  for  de  la 
conscience,  st-sim.  81,62.  La  conscience,  le  for  in- 
térieur [comme  l'appelle  l'université  de  Salaman- 
que]  est  d'une  autre  espèce;  elle  n'a  rien  de  com- 
mun avec  les  lois  de  r£tat,  volt.  Dict.  phil.  Aranda. 
Il  For  n'est  resté  dans  l'usage  (|u'en  ces  locutions. 
Il  2°  Anciennement,  coutumes,  privilèges,  dans 
certaines  contrées.  Queiqucs  Ijcaliuss  du  Béam 
avaient  leurs  fors  particuliers. 

—  Hisr.  xiii*  s.  Orguel  dist:  à  nesun  fuerNe  lais- 
siés  ne  vous  en  vengiez  ,  Ren.  t.  iv,  p.  (40.  ||  xv  s. 
Tel  feur,  telle  vente,  les  xv  joies  de  mariage,  p.  8. 
Il  xvi*  s.  Les  fors  sont  proprement  les  privilèges 
accordez  aux  villes  et  aux  communautcz,  laubiêhe, 
Gloss.  du  droit  fr. 

—  ÊTYM.  Provenç.  /or;  espagn.  fuero ;  portug.  el 
ital.  foro  ;  du  latin  forum,  marché,  lieu  d'assem- 
blée, barreau,  tribunal,  dont  le  radical  existe  dans 
le  grec  lopà,  action  de  porter,  çofcïv,  porter,  fo- 
rum, tribunal,  vient  de  la  coutume  de  tenir  les  au- 
diences de  justice  aux  lieux  et  jours  de  marché,  ou 
du  moins  à  la  même  place,  sur  le  forum. 

(.  FORAGE  (fo-ra-j'),  s.  m.  Action  de  forer;  ré- 
sultat de  cette  action,  te  forage  d'un  canon,  d'un 
puits  artésien. 

—  ÉTYM.  Forer. 

2.  FORAGE  (fo-ra-j'),  s.  m.  Terme  de  féodalité. 
Droit  sur  le  vin  et  autres  boissons,  levé  par  le  sei- 
gneur. 

—  HIST.  xm*  s.  Et  s'eut  l'a-ouerie  ausi,  Et  les 
forages  leurgucrpi  De  vin,  de  ccrvoise  et  «Je  niiés 
[hydromel],  pu.  mouskf.s,  dans  du  cange,  foragium. 

—  ETYM.  Lat.  forum,  marché  (voy.  for),  et  non 
de  amphora,  comme  le  veut  Mallet,  CompUs  rm 
dus  de  l'adm.  des  finances,  (789,  t.  i,  p.  (7. 

FORAIN,  AINE  (fo-rin,  rè-n'),  adj.  ||  1"  Qui  esl 
de  dehors,  étranger.  On  peut  sans  commandement 
préalable,  saisir  les  meubles  de  son  débiteur  fo- 
rain. Il  Chambre  foraine,  tribunal  forain,  juridictioi] 
sommaire  établie  autrefois  au  Chàtclet  de  Paris 
pour  connaître  des  contestations  pour  fait  de  com- 
merce entre  bourgeois  de  Paris  et  étrangers.  |{  Traite 
foraine,  droit  d'impôt  et  de  péage  qu'on  levait  au- 
trefois sur  les  marchandises  qui  entraient  dans  le 
royaume  ou  qui  en  sortaient.  Aujourd'hui  on  dit 
douane,  droits  de  douane.  ||  Chemin  forain,  chemin 
qui  se  trouve  à  l'abord  d'une  ville  et  dont  la  lar- 
geur permet  au  moins  le  passage  de  deux  voi- 
tures. Il  2°  Oui  n'est  pas  du  lieu.  Propriétaire  forain, 
propriétaire  qui  n'a  pas  son  ilomicilc  dans  le  lieu 
où  SCS  biens  sont  situés.  {{  Bétail  forain,  bétail  sou 
mis  à  une  taxe  à  l'entrée  de  la  ville.  ||  Terme  dt 
droit  coutumier.  Se  disait  de  ceux  qui,  sans  de- 
meurer sur  les  terres  du  seigneur,  possédaient 
des  héritages  mouvant  de  sa  directe  et  de  sa  justice. 
Il  3°  Marchand  forain,  ou,  substantivement,  un  fo- 
rain, marchand  qui  court  les  villes,  les  campagnes 
les  marchés,  les  foires  (bien  (jue  forain  signifie  qui 
est  étranger,  etno'3  qui  est  n«  la  foire).  Il  vient  un 


FOR 

grand  nombie  de  marchands  forains,  de  forains  à 
ce  inarclio.  Le  drdit  de  rançonner  les  marchands 
forains,  cai  alors  il  n'y  avait  point  d'autres  mar- 
chands, VOLT.  Mœurs,  t97.  ||   4°  l'ar  confusion  de 
sens,  comme  si,  dans  marchand  forain,  forain  vou- 
lait dire  qui  est  de  la  foire.  Théâtre  forain,  petit 
théâtre  dressé  à  la  foire.  Nous  fîmes  à  nous  deux  le 
quart  d'un  vaudeville,   Aux  théâtres  forains  lequel 
(Ut  présenté,  Et  refusé  partout  à  l'unanimité,  A.  de 
iiussEï,    Poésies  nouv.  Dupont  et  Durand.  \\  S.  m. 
pi.  Les  forains,  les  bateleurs  de  la  foire.  Le  paro- 
j      diste  oisif  et  les  forains  t'attendent,  pihon,  ilétrom. 
\      III,  7.  Il  Nom  donné   spécialement   aux  acteurs  des 
I      théâtres  de  la  foire,  par  opposition  aux  acteurs  de  la 
:      Comédie    française  qu'on  appelait   les  Romains,   à 
I      cause  des  sujets  de  tragédies  empruntés  en  grande 
partie  à  l'histoire  romaine.  {|  B"  Terme  de  marine. 
Rade  foraine,  rade  mal  fermée,  rade  ouverte  aux 
vents  du  large.  L'Ile  a  deux  rades  foraines,  où  les 
vaisseaux  de  tous  les  rangs  sont  en  sûreté,  lors- 
que les  vents  du  nord  et  ceux  d'ouest  ne  soufflent 
pas,  HAYNAL,  Ilist.  phU.  IX,  18.  Il  6°  S.  m.  Terme  de 
marine.  Forain,  synonyme  de  faux  rang,  ou  vide 
dans  l'arrimage. 

—  IIIST.  xu"  s.  Comment  vous  a  esté  entre  la  gent 
foraine?  Sax.  xxx.  ||xiii'  s.  X  vos  et  à  toz  les  fo- 
rains Me  plainje...  Ren.  (0086.  Cil  bien  sunt  tien  à 
droite  guise;  As  autres  biens  qui  sunt  forain,  N'as- 
tu  vaillant  uns  vies  lorain,  la  Rose,  6363.  Es  rues 
foraines  [écartées]  se  mettent.  Et  du  demander 
3'entremettent,  ruteb.  3)8.  ||xv'  s.  Convient  que 
ses  operacions  foraines  et  par  dehors  soient  joyeu- 
ses, legieres  et  de  petite  constance,  christ,  de  pis. 
Charles  V,  i,  chap.9.  Ils  regardèrent  au  millieu,  et 
veirent  une  compagnie  de  damoiselles  qui  par 
dedans  se  deduisoient,  mais  à  leur  advis  elles  es- 
toient  de  si  grant  beauté  et  leurs  vcstemens  get- 
toicntsi  grant  resplendeur  quechascun  tint  à  songe 
ce  qi'.'il  veoit  de  la  veue  foraine  [extérieure],  Perce- 
forest,  t.  u,  f"  38.  Il  xvi'  s.  En  croyant  nous  entrons 
de  mort  à  vie,  et  ne  sommes  plus  estrangers  ne 
forains,  mais  bourgeois  avec  les  saincts  et  domes- 
tiques lie  Dieu,  CAi-viN,  Instit.  79ii.  Un  chemin  fo- 
raiv.  (ilétournéj  doit  contenir  quinze  pieds,  Coust. 
génér  t.  i,  p.  ooo.  Impositions  domaniales  [sur  les 
domaines]  et  foraines  [sur  les  douanes],  sdlly, 
Iff'm.  t.  X   p.  S30,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Picard,  marchands  foiriens;  espagn. 
foraneo;  du  bas- latin  (oraneus,  dérivé  du  lat. /■»- 
rus,  hors. 

t  FORAMINÉ,  ÉE  (fo-ra-mi-né, née),  odj. Terme 
didacticjue.  Qui  est  percé  de  petits  trous,  ou  oom 
posé  de  cellules  tuhuleuses. 

—  lïTYM.  Lat.  foramen,  trou. 

f  FORAMINIFÈRE  (fo-ra-mi-ni-fê-r'),  adj.  Syno- 
nyme de  foraminé.  ||  S.  m.  pi.  Infusoires  pourvus 
dé  coquilles,  à  plusieurs  cloisons  communiquant 
entre  elles  et  avec  le  dehors  par  de  petits  trous  ou 
pores:  on  les  appelle  aussi  polythalamcs  et  rhizo- 
podes. 

—  ÉTYM.  Lat.  foramen,  pertuis,  et  ferre,  porter. 

t  F03ANTS  (fo-ran),  s.  m.  pi.  Terme  de  marine. 
Se  ditquelquefois  des  mâtereaux.  ||  Sapinsde  France 
qui  arrivent  dans  les  ports  à  l'état  de  bois  rond. 

FORBAN  (for-han),  s.  m.  Corsaire,  pirate, 
i;  Fig.  et  adjectivement.  Il  faut  des  rameurs  sur  les 
bancs  Et  des  muets  aux  rois  forbans,  bérano.  Ste 
Alliance.  \\  Un  forban  littéraire,  un  plagiaire. 

—  REM.  L'Ordonnance  d'août  1081  écrit /'oKrban; 
Seront  de  bonne  prise  tous  vaisseaux  appartenans 
à  nos  ennemis  ou  commandés  par  des  pirates, 
fourbans  et  autres  gens  courans  la  mer  sans  commis- 
sion d'aucun  prince  ni  estât  souverain.' 

—  f;TYM.  Forban  (de  foris,  hors,  et  bas-latin  ian- 
num,  ban)  signifiait,  dans  l'ancien  français,  bannis- 
sement; dans  le  moderne,  il  signifie  celui  qui  est 
banni,  un  bandit,  et,  particulièrement,  un  bandit 
de  mer. 

f  FORBANNIR  (for-ba-nir),  v.  a.  Terme  de  droit 
coutumier.  Bannir,  reléguer. 

—  IIIST.  xvr.s.  Soit  d'avec  toytoutvice  forbanny, 
;.  MAR0T,  p.  IS4,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Voy.  PORBAN. 

f  FORÇABLE  (for-sa-bl'),  adj.  Qui  peut  être 
forcé,  pris.  Ville  forçable. 

—  HIST.  xvi"  s.  Neantmoins  les  dites  forces  qu'il 
avoit,  il  rendit  la  ville  qui  n'estoit  forçable,   M.  du 

IlELLAY,  ai. 

—  ETYM.  Forcer. 

FORÇAGE  (for-sa-j'),î.  m.  Terme  demonnoyage. 
Excédant  que  peut  avoir  une  pièce  au-dessus  du 
poids  prescrit  par  les  ordonnances.  ||  Terme  de  féo- 
dalité. Droi\  qu'en  payait  au  seigneur  oour  la  con- 


FOR 

struotion  ou  l'entretien  de  son  château,  de  sa  for- 
teresse. 

—ÉTYM.  Forcer. 

FORÇAT  (for-sa  ;  le  (  ne  se  lie  pas  ;  au  pluriel,  Vs 
se  lie  :  des  fur-sa-z  enchaînés),  s.  m.  \\  1°  Malfaiteur 
que  la  justice  condamne  à  des  travaux  auxquels 
il  ne  peut  se  soustraire.  [UJ  Vit  notre  malheu- 
reux, qui,  traînant  la  ficelle  Et  les  morceaux  du 
lacs  qui  l'avait  attrapé,  Semblait  un  forçat  échappé, 
LA  FONT.  Fabl.  IX,  2.  Me  voilà  donc  forçat  dans  les 
formes,  et  il  y  avait  a.ssurément  longtemps  que  je 
méritais  bien  de  l'être,  lesage,  Gusman  d'Alfar. 
VI,  9.  Il  Autrefois  le  forçat  subissait  sa  peine  dans  les 
galères,  où  il  ramait  pendant  un  certain  nombre 
d'années.  Je  vois  par  votre  dépêche  du  2i»  l'opi- 
nion que  vous  avez  que  les  galères  où  il  n'y  a  que 
des  forçats  soient  d'une  moindre  dépense  que  les  au- 
tres, COLBERT,  à  Arnoul,  4  juillet  (670,  dans  jal. 
Assiste-t-elle  dans  un  de  nos  ports  ces  misérables 
forçats  qui,  dans  leurs  prisons  flottantes,  gémissent 
sous  le  travail  de  la  rame  et  sous  l'inhumanité  d'un 
comité?  FLÉcii.  Duchesse  d'Atgut'Hon.  ||  Aujourd'hui 
que  les  galères  n'existent  plus,  les  forçats  sont  ou 
employés  dans  les  arsenaux  militaires  ou  déportés. 
Il  Forçat  libéré,  forçat  qui  est  libre  après  avoir  ac- 
compli la  durée  de  sa  détention.  ||  2°  Il  se  dit 
de  ceux  qui,  pris  par  les  chrétiens  sur  les  Tuns, 
ou  pris  par  les  Turcs  sur  les  chrétiens,  étaient 
enchaînés  sur  les  galères  et  y  servaient  de  ra- 
meurs. Toujours  comme  un  forçat  il  faut  être  à  la 
rame.  Naviguer  jour  et  nuit....  Régnier,  kpU.  ii.  Le 
sort,  sans  respecter  ni  son  sang,  ni  sa  gloire,  Le  fit 
être  forçat  aussitôt  qu'il  fut  pris,  la  font.  Filles  de 
Minée.  Les  bois  se  travaillent  dans  les  cours  par 
les  forçats,  qui  sont  là  comme  par  toute  la  ville 
[Marseille]  en  liberté,  à  cela  prés  qu'ils  sont  enchaî- 
nés trois  à  trois,  deux  chrétiens  et  un  Turc;  ce 
dernier,  étant  dans  l'impossibilité  de  se  sauver, 
pour  être  trop  reconnaissable  et  ne  savoir  pas  la 
langue,  empêche  les  autres  de  s'échapper,  de  bros- 
ses, Lettres  sur  l'Italie,  45  juin  (739.  ||  Fig.  L'am- 
bition, l'amour,  l'avarice,  la  haine.  Tiennent  comme 
un  forçat  son  esprit  à  la  chaîne,  boil.  Sat.  viii. 
Il  Fig.  Mes  amis,  de  votre  galère  Un  forçat  vient  de 
se  sauver,  bérang.  Petit  coin.  ||  Fig.  Travailler 
comme  un  forçat,  travailler  excessivement.  Quand 
on  a  travaillé  toute  la  journée  comme  un  forçat, 
PICARD,  Collatéral,  i,  (2.  ||  3°  Terme  de  jeux.  Jouer 
au  forçat,  jouer  aux  cartes  en  s'assujettissant  à  cer- 
taines règles  qui  ordinairement  ne  sont  pas  obliga- 
toires. 

—  HiST.  XVI'  s.  Seront  tenus  lesdits  capitaines 
d'entretenir  en  tout  temps  sur  chacune  des  dictes 
galleres  le  nombre  de  150  forçats,  Ordonn.  (6 
mars  (548. 

—  ÉTYM.  Forçat  est  un  participe  passé  à  forme 
provençale,  répondant  à  forcé  qui  s'est  dit  en  effet 
pour  forçat,  ainsi  que  forçaire. 

FORCÉ  (for-s'),  s.  f.  ||  1°  Propriété  qui  fait  que 
le  corps  d'un  homme  ou  d'un  animal  a  une  grande 
puissance  d'action.  ||  2"  La  force  de  l'âge.  ||  3°  Puis- 
sance, supériorité.  ||  4°  Se  dit  des  États,  que  l'on 
compare  à  un  corps  vivant.  ||  5°  Ce  qui  rend  une 
armée  considérable,  redoutable."  ||  6°  Supériorité 
physique  de  force,  pouvoir  de  contraindre.  ||  7°  Vio- 
lence. Il  8°  Maison  de  force.  ||  9°  Il  est  bien  force. 
Il  10°  Aptitude  à  concevoir,  à  combiner,  à  réfléchir, 
à  imaginer.  ||  11°  Habileté,  talent,  expérience. 
1112»  Energie  morale.  ||  13»  Puissance  d'action  et 
d'impulsion  des  agents  physiques.  ||  14°  Impétuo- 
sité. Il  15°  Puissance  de  résistance.  ||  16°  Toute  cause 
de  mouvement.  ||  17°  Forces  au  sens  métaphysique. 
Il  18°  Forces  de  la  nature.  ||  19°  Intensité,  énergie, 
efficacité  des  choses.  ||  20°  Il  se  dit  des  choses  in- 
tellectuelles et  morales.  ||  21°  Action  exercée  sur 
l'esprit  par  le  discours,  le  style,  les  expressions. 
Il  22°  U  se  dit  du  raisonnement  et  des  preuves. 
Il  23°  La  force  d'un  sujet,  qualités  solides  qu'il  ren- 
ferme. Il  24°  Caractère  et  vigueur,  en  parlant  de 
peinture  et  de  sculpture.  1|  85°  Ce  qu'il  y  a  de  fort, 
de  contraignant  dans  les  choses.  ||  26°  Grande  quan- 
tité. H  27°  Mofette.  ||  28°  Â  force.  ||  29°  A  force  de. 
Il  30°  X  toute  force.  ||  31°  De  force.  ||  32°  Par  force, 
à  force  ouverte,  de  vive  force.  ||  1"  La  propriété  qui 
fait  que  le  corps  d'un  homme  ou  d'un  animal  a 
une  grande  puissance  d'action.  Être  doué  d'une 
grande  force  de  corps.  Avoir  de  la  force.  Une  force 
d'Hercule.  Un  cheval  d'une  grande  force.  Je  n'ai 
pas  la  force  de  travailler.  Les  deux  extrémités  [du 
muscle]  ont  plus  de  force,  parce  que  l'une  sou- 
tient le  muscle,  et  que  par  l'autre,  c'est-à-dire  par 
le  tendon,  qui  est  aussi  le  plus  fort,  s'exerce  immé- 
diatement le  mouvement,   Boss.  Connaiss    ii,  2. 


FOR 


1723 


Je  ne  me  soutiens  plus,  ma  force  m'aîandonno, 
RAC.  Phèdre,  i ,  3.  Réparez  promptement  votre 
force  abattue,  id.  ib.  Il  donnera  la  force  à  vo! 
bras  languissants,  volt.  Zaïre,  iv,  l.  La  force  des 
hommes  n'est  estimée  que  vingt-cinq  livres  et 
celle  des  chevaux  de  cent  soixante  et  quinze , 
ID.  Dict.  phil.  Force  physique.  La  force  de  tout 
animal  a  reçu  son  plus  haut  degré  quand  l'ani- 
mal a  pris  toute  sa  croissance;  elle  décroît  quand 
les  muscles  ne  reçoivent  plus  une  nourriture  égale 
ID.  ib.  Force.  Des  hommes  qui  avaient  employé 
toute  la  force  de  leur  corp,s,  qui  en  avaient  même 
abusé,  s'il  est  possible  d'en  abuser  autrement  que 
par  l'oisiveté  et  la  débauche,  buff.  Jlist.  nat.  hom. 
t.  IV,  p.  367,  dans  pougens.  Hercule  eut  en  partage 
la  force  à  qui  rien  ne  résiste  ;  Hélène,  la  beauté 
qui  triomphe  de  la  force  même,  p.  l.  cour.  Éloge 
d'Hélène.  \\  De  toute  sa  force,  autant  que  l'on  peut, 
aussi  bien  que  l'on  peut.  Criant  de  toute  sa  force, 
BOSS.  Hist.  II,  8.  La  Senantes  était  à  sa  toilelte,  qui 
se  coiffait  de  toute  sa  force  en  faveur  de  Matta, 
HAMiLT.  Gram.  4.  ||  Â  forces  égales,  à  force  égale, 
à  égalité  de  force  ou  de  forces,  en  supposant  que 
des  deux  côtés  les  forces  sont  égales.  IJ  Etre  de 
force  à,  être  assez  fort  pour.  Il  est  de  force  à  lutter 
contre  trois  hommes.  ||  Par  extension.  Être  assez 
habile  pour,  ou,  ironiquement,  assez  niais  pour, 
et,  généralement,  être  capable  de.  Il  est  de  force  à 
vous  convaincre.  Il  est  bien  de  force  à  faire  cette 
bévue.  Il  Tour  de  force,  action  qui  demande  beau- 
coup de  force  ou  d'adresse  ;  et  flg.  solution  heu- 
reuse d'une  grande  difficulté.  ||  Tour  de  force,  dans 
les  beaux-arts ,  se  dit,  en  mauvaise  part,  des  effets 
plus  difficiles  qu'agréables.  ||  N'avoir  ni  force  ni 
vertu,  être  d'une  complexion  délicate  ;  et  fig.  n'être 
bon  à  rien,  c/i.pable  de  rien.  C'est  le  soleil  de  jan- 
vier, il  n'a  ni  force  ni  vertu.  ||  Dans  les  métiers, 
manœuvres  ou  opérations  de  force,  celles  qui  exi- 
gent des  efi'orts  considérables  et  des  appareils  puis- 
sants. Il  Travaux  de  force ,  travaux  qui  exigent 
l'emploi  des  forces  musculaires.  i|  Au  piur.  Les 
forces  du  corps.  Ce  malade  sent  ses  'orces  aug- 
menter. Il  fait  plus  que  ses  forces  no  permettent. 
C'était  [se  retirer]  la  résolution  qu'il  avait  prise 
dans  sa  dernière  maladie;  et,  plutôt  que  de  voir 
languir  les  affaires  avec  lui,  si  ses  forces  ne  lui  re- 
venaient, il  se  condamnait,  en  rendant  les  sceaux, 
à  rentrer  dans  la  vie  privée,  BOSs.  LetelUer.  Peu  à 
peu  ils  [Mentor  et  Télémaque]  reprirent  leurs  forces, 
FÉN.  Tél.  VIII.  Céson  tomba  aussitôt  sur  lui,  et,  se 
prévalant  de  ses  forces,  lui  donna  tant  de  coups  de 
poings  et  de  pieds...  verxot,  Révol.  rom.  iv,  p.  309. 
Il  2°  La  force  de  l'âge,  l'époque  de  la  vie  oû  l'on  a 
le  plus  de  force.  Racine,  dans  la  force  de  son  âge, 
né  avec  un  cœur  tendre,  un  esprit  flexible,  une 
oreille  harmonieuse,  donnait  à  la  langue  française 
un  charme  qu'elle  n'avait  point  eu  jusqu'alors, 
VOLT.  Comm.  Corn.  Attila,  pre/ace.  ||  La  force  du 
tempérament,  ce  qui,  dans  le  tempérament,  rend 
l'individu  capable  de  résister  à  de  grandes  fatigues, 
d'exécuter  de  grands  travaux.  ||  Être  dans  toute  sa 
force,  avoir  la  plénitude  de  sa  vigueur.  {{  Être  dans 
toute  sa  force,  se  dit  des  affaires  politiqujs,  judi- 
ciaires ou  autres  qui  sont  au  plus  haut  point  du 
débat ,  et  qui  préoccupent  l'attention  publique. 
L'afl'aire  contre  M.  de  la  Chalotais,  aussi  odiause  et 
aussi  absurde  que  colle  d'Urbain  Grandier,  était 
dans  toute  sa  force,  duclos,  Yoy.  liai.  UEuv.  t.  vii, 
p.  6,  dans  POUGENS.  ||  3»  Puissance,  supériorité. 
Pour  te  récompenser,  ma  force  est  trop  petite,  corn. 
Cid,  IV,  3.  Il  leur  a  paru  [aux  libertms]  que  c'était 
une  contrainte  importune  de  reconnaître  qu'il  y  eût 
au  ciel  une  force  supérieure  qui  gouvernât  tous 
nos  mouvements  et  châtiât  nos  actions  déréglées 
avec  une  autorité  souveraine,  boss.  Sermons,  3°  dim. 
après  Pâq.  préambule.  Quelle  force  vous  peut  ar- 
racher des  mains  toutes-puissantes  de  Dieu,  que 
vous  irritez  par  vos  crimes,  et  dont  vous  attirez  sur 
vous  les  vengeances?  id.  iv,  Véture,  (.  Souvenez- 
vous  comment  Moïse,  ce  serviteur  de  Dieu,  brisa 
autrefois  la  force  d'Amalec,  mass.  Car.  Uotifs  de 
conv.  Le  grand  vizir  crut  que  son  expédition 
était  assez  heureuse....  s'il  ne  mettait  pas  des 
avantages  certains  au  risque  d'une  nouvelle  ba- 
taille, qu'après  tout  le  désespoir  pouvait  gagner 
contre  la  force,  volt.  Russie,  ii,  i.  Cette  sou- 
mission [du  roi  de  Prusse]  n'a  point  encore  ras- 
suré Napoléon;  à  sa  force,  il  ajoute  la  feinte; 
les  forteresses  que,  par  pudeur,  il  lai.sse  à  Frédéric, 
sa  défiance  en  convoite  encore  l'occupation,  SÉOU», 
Hist.  de  Nap.  i,  2.  La  force  la  plus  forte  C'est  un 
cœur  innocent,  v.  hugo,  F.  d'aut.  37.  ||  Avoir  force, 
avoir  une    influence  active.   Son  exemple  aurait 


1724 


FOR 


force,  et  ferait  qu'à  l'envi  Tous  voudraient  imiter 
le  chef  qu'ils  ont  suivi,  corn.  Toison  d'or,  i,  2. 
Il  Ressources  que  procurent  le  bien,  le  crédit,  le 
pouvoir,  le  talent,  la  position,  etc.  Ce  personnage 
prend  tous  les  jours  une  nouvelle  force.  Les  forces 
d'un  parti.  Je  suis  toujours  étonné  que  vous  ne 
sentiez  pas  votre  force  et  que  vous  ne  traitiez  pas 
tous  les  polissons  qui  vous  attai|uent  comme  vous 
avez  fait  Aliboron .  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
4  aoiit  (767.  {{  Les  forces  humaines,  ce  que  l'homme 
en  général  est  en  état  de  faire  ou  de  supporter.  Les 
forces  humaines  ne  vont  pas  jusque-là.  Cela  est 
au-dessus  des  forces  humaines.  Il  [Davoust]  s'é- 
criait que  des  hommes  de  fer  pouvaient  seuls  sup- 
porter de  pareilles  épreuves  ;  qu'il  y  avait  impossi- 
bilité matérielle  d'y  résister;  que  les  forces  humaines 
avaient  des  bornes,  qu'elles  étaient  toutes  dépassées, 
sÉGUR,  Hist.  de  Napol.  x,  6.  ||  4"  Force  se  dit  des 
États  que  l'on  compare  à  un  corps  vivant.  Le 
royaume  d'Israël  reprenait  ses  forces,  boss.  Hist. 
1,  6.  L'empire  reprend  quelque  force  sous  Jusli- 
nicn,  ID.  ib.  m,  7.  Les  grands  hommes  font  la 
force  d'un  empire,  id.  m  ,  6.  Dans  sa  force  pre- 
mière Athènes  se  relève;  Ses  braves  sont  armés  de 
leurs  longs  javelots,  millev.  Élég.  ii.  ||  Il  se  dit 
aussi  de  la  puissance  d'un  peuple,  d'un  État,  de 
ses  ressources,  de  ce  qui  le  rend  florissant.  Les 
forces  comparées  de  la  France  et  de  l'Angleterre. 
La  force  militaire  d'un  empire.  ||  5°  La  force  d'une 
armée,  ce  qui  la  rend  considémhle,  redoutable. 
Vitellius  avance  avec  sa  force  unie,  coiin.  Olhon, 
I,  3.  Il  La  force  d'un  régiment,  d'un  bataillon,  le 
nombre  elTectif  d'hommes  qui  s'y  trouvent.  ||  La 
force  d'une  place  de  guerre,  ses  moyens  de  dé- 
fense, ses  fortifications,  sa  garnison.  [|  Être  en 
force,  être  en  état  de  se  défendre  ou  d'attaquer. 
L'ennemi  se  montre  en  force  sur  notre  flanc  gau- 
che. Il  Au  plur.  Les  forces,  les  troupes  d'un  État, 
d'un  souverain.  Je  me  vis  en  déroute  avec  toutes 
mes  forces,  corn.  Attila,  i,  l.  J'ai  des  forces  assez 
pour  tenir  la  campagne,  rac.  Théb.  i,  3.  Ses  vœux 
tardifs  n'étant  pas  exaucés,  il  envisage  l'énormité 
de  ses  forces,  il  revient  sur  les  souvenirs  de  Tilsitt 
et  d'Erfurt,  il  accueille  des  renseignements  inexacts 
sur  le  caractère  de  son  rival,  ségur,  Hist.  de  Nap. 
I,  5.  Alexandre  et,  sous  lui,  Barclay  de  Tolly,  son 
ministre  de  la  guerre,  dirigeaient  toutes  ces  forces; 
elles  étaient  partagées  en  trois  armées,  m.  ib.  :v,  < . 
Il  Terme  de  marine.  Force  ou  forces  navales,  réu- 
nion indéterminée  de  bâtiments  de  guerre.  {|  La 
flotte  d'un  pays.  ||  Ligne  de  force,  la  ligne  dans  la- 
quelle les  plus  forts  vaisseaux  sont  placés  en  tête 
de  la  ligne,  en  tactique  navale.  La  ligne  de  contre- 
force  se  forme,  au  contraire,  en  plaçant  les  plus 
forts  vaisseaux  à  la  queue  de  la  ligne.  ||  6°  Supé- 
riorité physique  de  force  ;  pouvoir  de  contraindre. 
Repousser  laforcepar  la  force.  L'empire  de  la  force. 
On  a  nommé  la  guerre  le  jeu  de  la  force  et  du  ha- 
sard. Parlez,  la  force  en  main  et  hors  de  leur  atteinte, 
CORN.  Nicom.  1,  I  Patience  et  longueur  de  temps 
Fontplus  que  force  ni  que  rage,  la  pont.  Fabl.  ii,  1 1 . 
Je  sais....  Que  jamais  par  la  force  on  n'entra  dans 
un  cœur,  mol.  Uis.  iv,  3.  X  quoi  la  force  doit-elle 
servir  qu'à  défendre  la  raison?  isoss.  Reine  d'Angl. 
La  force  tenait  lieu  de  droit  et  d'équité,  boil.  Art 
p.  IV.  La  force  fonde,  étend  et  maintient  un  em- 
pire, SAUBIN,  Spart,  m,  4.  Enfin,  sans  toutes  ces 
causes  de  haine,  la  position  de  la  Prusse  entre  la 
France  et  la  Russie  obligeait  Napoléon  à  y  être  le 
maître,  il  ne  pouvait  y  régner  que  par  la  force;  il  ne 
pouvait  y  être  fort  qu'en  l'aflaiblissant,  ségur, //ùt. 
de  Nap.  I,  2.  Il  Force  majeure,  force  à  la(|uelle  on  ne 
peut  résister.  Cas,  événement  de  force  majeure.  Céder 
à  la  force  majeure.  Il  y  eut  force  majeure.  Il  est  juste 
que  l'homme  ressente  qu'il  y  a  une  force  majeure  à 
laquelle  il  faut  céder,  boss.  2'ierm.  Purification,  2. 
Il  Force  publique,  réunion  des  forces  individuelles 
organisées  par  la  constitution  pour  maintenir  les 
droits  (le  tous  et  assurer  l'exécution  de  la  volonté 
générale.  ||  Force  armée,  corps  de  troupe  requis 
pour  faire  exécuter  la  loi,  ou  les  mesures  des  agents 
de  l'autorité,  lorsqu'il  y  a  résistance.  La  force  armée 
dissipa  les  attroupements.  ||  Force  est  demeurée  à 
la  loi,  les  magistrats  chargés  de  l'exécution  de  la 
loi  ont  triomphé  de  ceux  qui  voulaient  l'enfreindre. 
Il  Agir  de  force,  agir  par  la  force.  Voyez  s'il  faut 
agir  de  force  ou  d'industrie,  cors.  Sophon.  Il,  2. 
Il  faut  agir  de  force  avec  de  tels  esprits,  in.  Iléracl. 
1,  1.  Il  Force  ouverte,  l'emploi  patent  de  la  force. 
Oui,  si  sa  cruauté  s'obstine  à  votre  perte.  J'irai, 
pour  l'empêcher,  jusqu'à  la  force  ouverte,  c  bn. 
Uéracl.  i,  4.  ||  Faire  force  à,  contraindre,  contenir. 
Et  parce  que  la  force  qu'elle  se  faisait  en  cela  était 


FOR 

très-grande  et  qu'elle  ne  pouvait  la  supporter  plus 
longtemps....  d'urfé,  Astrée,  i,  (.  Faites  un  peu  de 
force  à  votre  impatience,  cohn.  Pomp.  v,  4.  Venez, 
madame....  montrer....  La  force  qu'on  vous  fait 
pour  me  donner  la  main,  id.  Sert,  m,  3.  Je  veux 
bien  néanmoins, pour  te  plaire  une  fois,  F'aire  force 
à  l'amour  qui  m'impose  ses  lois,  mol.  l'Ét.  iv,  5. 
Il  7"  Violence.  Employer  la  force.  Céder  à  la  force. 
....  Force  n'a  point  de  loi;  S'accommoder  à  tout  est 
chose  nécessaire,  la  font.  Fianç.  J'essaierai  tour 
à  tour  la  force  et  la  douceur,  bac.  Brit.  m,  6. 
C'est  lui ,  seigneur ,  c'est  lui  dont  la  coupable 
audace  Veut  la  force  à  la  main  m'attacher  à  son 
sort,  ID.  Mithr.  i,  2.  ||  X  la  force  !  signifie  à  la  vio- 
lence 1  On  enlève  madame  ;  ami,  secourez-nous  ; 
X  la  force!  aux  brigands!  au  meurtre!  accourez 
tous,  CORN,  la  Veuve,  m,  <0.  Je  sais  qu'un  vieux 
respect  que  la  pudeur  embrasse  Veut  qu'au  seul 
nom  d'amour  nous  fassions  la  grimace.  Et  que, 
lorsqu'un  amant  prétend  nous  en  conter ,  Nous 
criions  à  la  force  avant  que  d'écouter,  th.  corn,  le 
Berger  extravag.  iv,  3.  ||  8°  Maison  de  force,  maison 
où  l'on  enferme  les  gens  de  mauvaises  mœurs 
qu'on  veut  corriger.  ||  La  Force,  une  des  prisons  de 
Paris  où  l'on  enfermait  les  prévenus;- elle  est  dé- 
molie. Il  9°   Il  est  bien   force,   force   m'est,  force 

lui  est  de,  il  est  nécessaire,  indispensable Sans 

pouvoir  attendre  le  reste  de  son  armée,  ce  lui  fut 
force  de  hasarder  la  bataille,  malh.  le  XXXIII' 
liv.  de  T.  Lite,  ch.  8.  Pour  ingrat  que  soit  un 
homme ,  c'est  force  que  l'objet  excite  sa  mé- 
moire, et  qu'en  dépit  de  lui ,  quand  il  voit  le 
présent,  il  se  ressouvienne  do  l'auteur,  id.  Traité 
des  bienf.  de  Sénéque,  i,  12.  Mais  il  me  fut  bien 
force....  Que  ma  discrétion  expiât  mon  iiéché,  bK- 
GNIER,  Sat.  viii.  Il  m'a  été  force  de  manquer  aux 
principales  obligations  de  la  vie  civile,  balz.  liv.  vu, 
lett.  3).  Force  lui  fut  de  quitter  la  maison,  la 
FONT.  Maxet.  Il  est  donc  force,  en  toute  façon,  que 
le  peuple  croisse;  ainsi  fait-il,  ayant  repos,  biens 
et  chevances,  p.  L.  cocr.  Lett.  vi.  ||  10°  Aptitude  à 
concevoir,  à  combiner,  à  réfléchir,  à  imaginer. 
Avoir  une  grande  force  de  tête,  de  conception. 
Craignez  d'un  vain  plaisir  les  trompeuses  amorces, 
Et  consultez  longtemps  votre  esprit  et  vos  forces, 
BOIL.  Art  p.  I.  ô  si  l'esprit  divin,  esprit  de  force  et 
de  vérité,  avait  enrichi  mon  discours  de  ces  images 
vives  et  naturelles  qui  représentent  la  vertu  et  qui 
la  persuadent  tout  ensemble,  fléch.  Tur.  ||  Absolu- 
ment. Ce  penseur  a  de  la  force.  ||  La  force  de  la 
mémoire ,  la  ténacité  de  la  mémoire.  Il  a  une 
grande  force  de  mémoire.  ||  11°  Habileté,  talent, 
expérience  qu'on  a  dans  un  art,  dans  un  exercice, 
dans  une  science.  Il  est  de  première  force  sur  le 
violon,  au  pistolet,  aux  échecs.  Ces  deux  écoliers 
sont  de  la  même  force.  J'aurai  la  joie  de  pouvoir 
parler  de  vous  avec  l'honneur  qui  est  dû  à  un 
homme  de  votre  force,  boss.  Projet  de  réunion  des 
prot.  Lettre  ix.  ||  Ironiquement.  De  même  force, 
se  dit  de  gens  ou  de  choses  qui  ne  valent  pas 
mieux  les  unes  que  les  autres.  Venez,  Pradon  et 
Bonnecorse,  Grands  écrivains  de  même  force,  De 
vos  vers  recevoir  le  prix,  boil.  Épigr.  xvii.  Tout  ce 
que  dit  Diodore  de  Sicile,  sept  siècles  après  Héro- 
dote, est  de  la  même  force  dans  tout  ce  qui  re- 
garde les  antiquités  et  la  physique,  volt.  Dict. 
phil.  Diodore  et  Hérodote.  ||  Ironiquement.  Un  fou 
de  sa  force,  un  homme  aussi  fou  que  lui.  Dorante, 
sais-tu  bien  qu'il  n'y  a  point  de  fol  aux  Petites- 
maisons  de  ta  force?  mabiv.  Fausses  confid.  ii,  3. 
Il  12°  Il  se  dit  de  l'énergie  morale.  Il  lui  manque  la 
force  d'âme.  L'entretien....  oii,  m'ayant  ouvert  votre 
cœur,  j'y  vis  tant  de  résolution,  de  force  et  de  gé- 
nérosité que  vous  achevâtes  de  gagner  le  mien, 
TOIT.  Lett.  34.  Il  [Pierre  le  Grand]  a  eu  cette  force 
dans  l'âme,  qui  met  un  homme  au-dessus  des  pré- 
jugés de  tout  ce  qui  l'environne  et  de  tout  ce  qui 
l'a  précédé,  volt.  Russie,  Anecdotes.  Mais,  me  di- 
rez-vous,  la  force  peut-elle  se  donner?  oui,  sans 
doute,  et  plus  facilement  que  toute  autre  vertu  ;  car 
elle  ne  tient  qu'à  l'habitude,  genlis,  Ad.  et  Théod. 
t.  I,  lett.  10,  p.  H 7,  dans  pougens.  La  véritable 
force,  qui  vient  de  la  grandeur  d'âme,  est  de  sa- 
voir vaincre  ses  passions,  et  non  de  s'y  livrer,  id. 
ThiAt.  d'édxic.  Ennemi  génér.  i,  B.  Dans  ce  désastre 
désormais  irrémédiable,  où  il  fallait  à  chacun  toute 
sa  force,  ségur,  Hist.  de  Nap.  ix,  12.  ||  Avoir  la 
force  de,  être  assez  ferme  pour;  n'avoir  pas  la 
force  de,  n'être  pas  assez  ferme  pour.  Le  roi  n'a 
pas  la  force  de  lui  rien  refuser,  mainten.  Letl.  à 
Mme  de  St-Géran,  <6  déc.  I697.  Je  n'avais  pas 
la  force  de  reprendre  l'autorité,  fén.  Tél.  xill.  Je 
n'ai  pu  de   ma   main   te  conduire  au  supplice.  Je 


FOR 

n'en  eus  pas  la  force,  voi.t.  Orphel.  ii,  t.||U*B 
se  dit  de  la  puissance  d'action  et  d'impulsion  def 
agents  physiques.  La  force  de  la  poudre  à  canon, 
La  force  d'une  machine  à  vapeur.  I>a  force  d'un 
ressort.  La  force  d'une  chute  d'eau.  ||  Impulsion  qu'a 
reçue  le  corps  lancé,  poussé.  La  forcp  d'un  boulet 
de  canon.  ||  On  dit  de  même  :  la  force  d'un  coup. 
De  la  force  du  coup  pourtant  il  s'abattit,  la  font. 
Fabl.  viii,  27.  Il  Terme  de  marine.  Faire  force  de 
rames,  ramer  à  toutes  forces.  ||  Faire  force  de  voi- 
les, augmenter  la  surface  de  la  voilure  déjà  dé- 
ployée pour  donner  plus  de  prise  au  vent,  et,  par 
là,  plus  de  vitesse  au  navire.  Ruyter,  se  vojant  en 
liberté  d'agir  parce  que  M.  du  Ouesne  ne  l'occupait 
point,  voulut  décider  de  cette  journée  par  la  dé- 
faite de  notre  avant-garde  ;  il  fit  pour  cela  force  de 
voiles  pour  nous  envelopper,  et  courut  jusques  par 
mon  travers,  Mém.  de  Villette,  p.  23,  dans  ial. 
Il  Fig.  Faire  force  de  voiles,  faire  tous  ses  efToil» 
pour  réussir  en  quelque  affaire.  ||  Faire  force  de 
vent,  forcer  de  voiles.  Comme  la  barque  Ljngue  fai- 
sait force  de  vent  sur  nous,  et  que  même  elle  nous 
le  gagnait,  nous  crûmes  que  nous  ne  ferions  que 
mieux  de  nous  jeter  à  terre  dans  l'île  de  Rais,  J 
RETZ,  Mém.  p.  3(2,  éd.  d'Ainsterd.  1717,  ians  jal. 
H  14°  Impétuosité.  La  force  de  l'eau,  du  courant. 
[Par  l'obéissance]  vous  trouverez  de  la  consistance 
au  milieu  de  l'inconstance  des  choses  humaines  ; 
les  flots  n'auront  point  de  force  [lour  vous  abattre, 
ni  les  abîmes  pour  vous  engloutir,  BOSs.  Panég. 
St  Benoit,  2.  ||  La  force  du  pouls,  le  plus  ou  moins 
de  force  avec  laquelle  l'artère  soulève  le  doigt  qui 
la  presse.  ||  Le  cœur  bat  avec  force,  les  pulsations 
en  sont  fortes  et  rapides.  ||  15°  Force  se  dit  aussi 
'le  la  puissance  de  résistance.  La  force  d'une  poutre, 
d'un  drap,  d'une  toile.  ||  Terme  d'architecture. 
Forces  ou  jambes  de  forces,  pièces  de  bois  qu'on 
met  sur  les  tirants  pour  porter  l'entrait  et  lui  senir 
de  jambes.  ||  Il  se  dit  aussi  des  arcs-boulanls  et 
contre-forts  en  maçonnerie.  |{  16°  Terme  de  méca- 
nique. Toute  cause  de  mouvement.  Force  centri- 
pète. Force  centrifuge.  Deux  forces  appliquées  en 
un  même  point.  La  résultante  des  forces.  ||  Force 
mouvante  ou  motrice,  celle  qui  produit  un  mou- 
vement. S'il  est  bien  prouvé  que  ce  qu'oi.  appelle 
force  motrice  est  le  produit  de  la  simple  vitesse 
par  la  masse,  sera-t-il  moins  aisé  de  parvenir  à 
connaître  ce  que  c'est  que  cette  force?  vOLT. 
Physique ,  Mesure  des  forces ,  il,  (.  ||  Force 
morte ,  celle  ijui  est  actuellement  neutralisée. 
Il  Autrefois  force  vive,  action  de  forces  combinées 
avec  leur  vitesse  comme  dans  le  choc.  Quoi- 
qu'il parût  s'être  renfermé  dans  l'astronomie,  ii 
se  mêla  de  la  célèbre  question  des  forces  v-ves  ; 
il  fut  le  premier  de  l'académie  qui  osât  se  dé- 
clarer contre  M.  Leibnitz,  fonten.  Louville.  Si 
la  force  n'est  autre  chose  que  le  produit  d'une 
masse  par  la  vitesse,  ce  n'est  donc  précisément  que 
le  corps  lui-même  agissant  ou  prêt  .\  agir  avec  vi- 
tesse, VOLT.  Physique,  Mesure  des  forces,  ii,  2. 
Cette  querelle  était  une  suite  de  celle  qui  divisa  si 
longtemps  les  mathématiciens  sur  les  forces  vives 
et  sur  les  forces  mortes,  id.  Comment,  hist.  sur  les 
œuvres  de  l'auteur  de  la  Henriade.\\  Aujourd'hui 
force  vive  d'un  corps,  le  produit  de  sa  masse  par  le 
carré  de  sa  vitesse,  jj  Fig.  Les  forces  vives  de  la 
nation,  la  partie  la  plus  vigoureuse  et  la  plus  saine 
de  la  nation.  ||  Force  d'inertie,  celle  en  vertu  de 
laquelle  un  mobile  tend  à  conserver  l'impulsion 
reçue,  et  aussi  la  résistance  qu'il  oppose  à  ce  qui 
doit  le  mettre  en  mouvement  quand  il  est  en  repos. 
Il  faut  considérer  tout  corps  se  mouvant  dans  une 
courbe  comme  mû  par  deux  puissances,  dont  l'une 
est  celle  qui  lui  ferait  parcourir  des  tangentes  et 
qu'on  nomme  la  force  centrifuge  ou  plutôt  la  force 
d'inertie,  d'inactivité,  par  laquelle  un  coi-ps  suit 
toujours  une  droite,  s'il  n'en  est  empêché  ;  et  l'autre 
force  qui  retire  les  corps  vers  le  centre,  laquelle  on 
nomme  la  force  centripète,  et  qui  est  la  véritable 
force,  VOLT.  Newton,  m,  *.  ||  Fig.  Force  d'inertie,  ré- 
sistance passive  qui  consiste  surtout  à  ne  pas  obéir. 
Ils  opposèrent  la  force  d'inertie  aux  mesures  de 
l'autorité.  ||  17°  Au  sens  métaphysique,  les  forces  , 
les  substances  qui  sont  causes;  ce  qui  est  à  la  fois 
substance  et  cause  des  phénomènes.  L'esprit  est  une 
force  L'âme,  la  monade  sont  des  forces.  ||  18°  Forces 
de  la  nature ,  nom  que  l'on  donne  aux  diverses 
propriétés  de  la  matière  telles  que  la  gravitation, 
la  chaleur,  l'électricité,  le  magnétisme,  l'affinité 
chimique,  la  vie.  L'on  ne  connaît  les  forces  qui  ani- 
ment l'univers,  que  par  le  mouvement  et  par  .ses 
efl'ets  ;  ce  mot  même  de  forces  ne  signifie  rien  cle 
matériel,  et  n'indique  rien  de  ce  qui  peut  alTector 


FOR 


FOR 


FOR 


1725 


nos  organes,  qui  cependant  sont  nos  seuls  moyens 
de  communication  avec  la  nature,  buff.  Min.  t.  ix, 
p.  5.  dans  pouGENs.  La  force  n'est  autre  chose  que 
/e  principe  des  changements,  bonnet,  ût'uc.  mél, 
t.  xviii,  p.  88,  note  6,  dans  pol'gens.  Leibnitz  dé- 
finit la  force,  le  principe  qui  a  en  soi  la  raison  suf- 
,îsanlc  de  l'actualité  de  l'action,  id.  ib.  p.  77.  ||  Equi- 
valence des  forces,  voy.  équivalence.  ||  19°  Par 
extension,  en  parlant  des  choses,  intensité,  énergie, 
efficacité.  La  force  de  la  chaleur.  La  force  d'un 
acide,  d'un  poison.  Ce  vin  a  beaucoup  de  force, 
c'est-à-dire  il  est  très-tonique.  Cette  eau-de-vie 
a  beaucoup  de  force,  c'est-à-dire  elle  est  très-spi- 
ritueuse.  Si  ce  charme  a  force  contre  n<jus,  Régnier, 
Ëlég.  IV.  Cela  est  si  vrai,  qu'ayant  fait  cet  hiver  un 
effort  pour  en  échapper  avant  ce  terme,  la  force  du 
charme  me  ramena  de  quarante  lieues  loin,  voit. 
Lelt.  34.  Que  de  ses  mots  savants  les  forces  incon- 
nues Transportent  les  rochers,  font  descendre  les 
nues,  C03N.  l'IUus.  comique,  i,  <.  Le  printemps  par 
malheur  était  lors  en  sa  force,  la  font,  l'iancée.  \\  La 
force  de  la  sève,  l'abondance  et  la  vigueur  de  la  sève. 
Il  Fig.  et  familièrement.  C'est  la  force  du  bois,  se  dit 
quand  quelque  chose  se  fait  par  la  seule  impétuo- 
sité de  la  nature.  ||  Qualité  du  son  appelée  aussi  in- 
tensité. Il  20°  En  parlant  des  choses  intellectuelles 
et  morales.  Mais,  au  lieu  de  goûter  ces  grossières 
amorces.  Sa  vertu  combattue  a  redoublé  ses  for- 
ces, COBN.  Cinna,  v,  3.  Je  sais  quelle  est  ta  flamme 
cl  quelles  sont  ses  forces,  id.  Pomp.  v,  4.  L'esprit 
le  mieux  fondé  n'a  jamais  trop  de  forces,  id.  Sert,  ii, 
2.  Je  tâche  avec  respect  à  vous  faire  connaître  Les 
forces  d'un  amour  que  vous  avez  fait  naître,  id. 
Rod.  IV,  3.  11  me  faut  esfay^r  la  force  de  mes 
pleurs,  ID.  Poly.  m,  2.  Les  lois  de  l'Église  perdent 
leur  force,  pAsc.  Prov.  e.  Saint  Ascole,  qui  en 
était  èvcque  [de  Thessalonique],  la  défendit  par  la 
seule  force  de  ses  prières,  fléch.  HUt.  de  Théod.  i, 
78.  Seconde  mes  soupirs,  donne  force  à  mes  pleurs, 
RAC.  r/iéb.  I,  0,  J'ai  vu  vos  sentiments,  j'en  ai  connu 
la  force,  volt.  Tancr.  1 ,  6.  ||  La  force  du  sang,  mou- 
vements secrets  de  la  nature  entre  personnes  unies 
par  les  liens  du  sang.  ||  21°  Il  se  dit  du  discours,  du 
style,  des  expressions,  pour  signifier  l'action  puis- 
sante exercée  sur  l'esprit.  La  force  du  style.  La  force 
de  l'éloquence  n'est  pas  seulement  une  suite  de  rai- 
sonnements justes  et  vigoureux,  qui  subsisteraient 
avec  ia  sécheresse  ;  cette  force  demande  de  l'em- 
bonpoint, des  images  frappantes,  des  termes  éner- 
giques, VOLT.  Dict.  phil.  Force.  On  a  dit  que  les 
sermons  de  Bourdaloue  avaient  plus  de  force,  ceux 
d3  Massillon  plus  de  grâce,  id.  ib.  ||  Dans  la  force, 
dans  toute  la  force  du  mot,  complètement,  sans 
réserve.  Ëtes-vous  voyageur  dans  la  force  du  mot? 
collin  d'iiablev.  Chdt.  en  Esp.  ii,  4.  ||  22°  11  se  dit 
du  raisonnement,  des  prouves  pour  exprimer  l'ac- 
tion jiar  laquelle  ils  s'imposent  à  l'e.spril.  J'en  ai 
[de  vos  raisons]  senti  la  force  et  connu  l'équité, 
RAC.  Andr.  ii,  4.  La  force  du  raisonnement  Con- 
siste dans  UPC  exposition  claire  des  preuves  expo- 
sées dans  leur  jour,  et  une  conclusion  juste,  volt. 
Dict.  phil.  force.  Il  23°  La  force  d'un  sujet,  les 
qualités  solides  que  renferme  le  sujet  sur  lequel 
op  travaille.  Corneille,  qui  ne  produisait  ses  beau- 
tés que  quand  il  était  animé  par  la  force  de  son 
sujet,  VOLT.  Comm.  Corn.  Rem.  Hor.  \\  En  un  sens 
analogue,  la  force  de  la  situation,  en  parlant  d'une 
situation  dramatique.  La  force  de  la  situation  a 
fait  apparemment  passer  tous  ces  défauts,  qui  au- 
jourd'hui seraient  relevés  sévèrement  dans  une 
pièce  nouvelle,  volt.  Comm.  Corn.  Rem.  Rodo- 
gune.  \\  24°  Force  se  dit,  en  peinture  et  en  sculpture, 
ilu  caractère  et  de  la  vigueur  manifestés  dans  les 
formes;  en  parlant  du  coloris,  de  l'emploi  intelli- 
gent de  couleurs  vigoureuses;  en  parlant  d'un  ta- 
bleau entier,  de  l'efict  vigoureux  que  produit  l'op- 
position habile  des  ombres  et  des  lumières.  ||  25"  Ce 
'ju'il  y  a  de  fort,  de  contraignant  dans  les  choses, 
et  quelquefois  de  nécessaire  ou  d'inévitable.  La 
force  des  choses.  La  force  de  l'habitude.  La  force 
de  l'évidence.  ||  La  force  de  la  vérité,  le  pouvoir 
que  la  vérité  a  sur  l'esprit  des  hommes.  ||  Terme 
de  législation.  Force  de  chose  jugée,  autorité  d'une 
décision  administrative  ou  judiciaire  rendue  en 
nernier  ressort,  et  contre  laquelle  il  ne  reste 
aucun  moyen  ordinaire  de  se  pourvoir.  Combien 
de  fois  s'est-on  plaint  que  les  affaires  n'avaient 
ni  de  règle  ni  de  fin  ;  que  la  force  des  choses  ju- 
gées n'était  presque  plus  connue....  Boss.  Letellier. 
Il  Force  de  lui ,  autorité  équivalente  à  celle  d'une 
loi.  Il  s'introduisit  une  coutume  ayant  force  de  loi 
en  France,  en  Allemagne,  en  Angleterre,  de  faire 
grâce  de  la  corde  à  tout   criminel  condamné  qui 


savait  lire;  tant  un  homme  de  cette  érudition  était 
nécessaire  à  l'État,  volt.  Dict.  phil.  Clerc.  Un  long 
usage  donne  force  de  loi,  dideb.  Opt'n.  des  aiic. 
phil.  Hobbisme.  ||  28°  H  s'emploie  pour  exprimer 
une  forte  quantité.  Il  faut  mêler  pour  un  guerrier 
X  peu  de  myrte  et  peu  de  roses  Force  palme  et 
force  laurier,  malh.  iv,  5.  Force  gens  croient  être  plai- 
sants qui  ne  sont  que  ridicules,  balz.  liv.  vi,  lett.  4. 
Peu  de  jasmin  d'Espagne  et  force  serpolet,  la  font. 
Fabl.  IV,  4.  Pour  moi,  satisfaisant  mes  appétits 
gloutons.  J'ai  dévoré  force  moutons,  id.  Fabl.vn,!. 
Je  mets  aussi  sur  la  scène  Des  trompeurs,  des  scé- 
lérats. Des  tyrans  et  des  ingrats.  Mainte  imprudente 
pécore.  Force  sots,  force  flatteurs,  id.  »'!>.  ix,  i. 
.\insi  queforce  monde  accourus  d'aventure,  mol.  l'Ét. 
v,  14.  Voir  cajoler  sa  femme  et  n'en  témoigner  rien  Se 
pratiqueaujourd'hui  par  force  gens  de  bien,iD.  Sgan. 
17.  La  renommée  n'en  dit  pas  force  bien,  id.  D.  Juan, 
ni,  s.  Voilà  monsieur  le  marquis  qui  en  dit  force  mal 
[de  VÉcole  des  femmes],  id.  Critique,  6.  {|  27°  Nom 
que  les  mineurs  de  la  Loire  donnent  à  la  mofette. 
Il  28°  Â  force,  loc.  adv.  Beaucoup,  extrêmement. 
Travailler  à  force.  Étudier  à  force.  ||  29°  i  force  de, 
ioc.  prép.  Par  beaucoup  de.  Auguste  chaque  jour,  à 
force  de  bienfaits.  Semble  assez  réparer  les  maux 
qu'il  vous  a  faits,  corn.  Cinna,  I,  2.  X  force  de  se 
faire  admirer,  on  deviendrait  insupportable,  méré, 
dans  BOUH.  Nouv.  rem.  A  force  de  façons  il  as- 
somme le  monde ,  mol.  J/ts.  ii,  5.  X  force  de  sagesse 
on  peut  être  blâmable,  id.  ib.  i,  i .  11  ne  se  conserve 
qu'à  force  de  verser  le  sang,  fén.  Tél.  m.  À  force 
de  médecins  et  de  saignées  la  maladie  de  Candide 
devint  sérieuse,  volt.  Candide,  22.  U  semble  qu'à 
force  de  livres  on  est  devenu  ignorant,  id.  Letl. 
Mme  du  De/fant,  8  août  17"0.  Il  obligea  à  force  de 
mérite  le  roi,  qui  ne  l'aimait  pas,  à  l'employer,  id. 
Louis  ÎIV,  9.  ||  X  force  de  bras,  sans  autre  aide  que 
les  bras.  Ils  montèrent  le  canon  à  force  de  bras. 
Il  X  force  de  rames,  en  forçant  de  rames.  ||  X  force 
de  reins,  par  la  force  des  reins.  Neptune  frappait  la 
terre  et  on  en  voyait  sortir  un  cheval  fougueux;  il 
ne  marchait  point,  il  sautait  à  force  de  reins,  fén. 
Tél.  xvii.ll  On  dit  de  même  :  X  la  force  du  poignet. 
Il  30°  X  toute  force,  loc.  adv.  Par  toute  sorte  do 
moyens.  Un  pâtre,  à  ses  brebis  trouvant  quelque 
mécompte,  Voulut  à  toute  force  attraper  le  larron, 
LA  FONT.  Fabl.  VI,  t.  Il  veut  à  toute  force  être 
au  nombre  des  sots  [maris  trompés] ,  id.  Coupe.  Il 
veut  rentrer  à  toute  force  dans  la  conversation, 
sÉv.  BU.  Ils  voulaient  m'emmener  à  toute  force,  ID. 
677.  Il  X  toute  extrémité.  X  toute  force  enfin  elle  se 
résolut,  LA  FONT.  Fabl.  iv,  22.  ||X  tout  prendre,  ab- 
solument parlant.  On  pourrait  à  toute  force  lui  ac- 
corder ce  qu'il  demande.  Il  se  pourrait  à  toutcforce 
que  Pépin  eût  donné  aux  papes  l'exarchat  de  Ra- 
venne,  volt.  Mœurs,  12.  N'est-ce  pas  que  les  An- 
glais ont  besoin  delà  mer,  dont  les  Français  peuvent 
à  toute  force  se  passer?  id.  Louis  XV,  3B.  ||  31°  De 
force,  loc.  adv.  Avec  effort.  Faire  entrer  de  force 
une  chose  dans  une  autre.  On  attache  les  mem- 
bres du  martyr  à  deux  arbres  rapprochés  de  force, 
CHATEAUB.  Mart.  xviil.  Il  Par  la  contrainte.  11  lui 
fit  signer  de  force  cet  acte.  Il  ne  faut  rien  de  force 
et  cependant  il  ne  faut  rien  de  lenteur,  pasc.  dans 
COUSIN.  El  tâchons  d'ébranler,  de  force  ou  d'indus- 
trie. Ce  malheureux  dessein  qui  nous  a  tous  troublés, 
MOL.  Tart.  IV,  2.  ||  Prendre  une  ville  de  force,  s'en 
emparer  par  une  attaque.  ||  Prendre  une  femme  de 
force,  la  violer.  ||  De  gré  ou  de  force,  soit  qu'on 
veuille  ou  qu'on  ne  veuille  pas.  U  faudra  bien  de 
gré  ou  de  force  qu'il  paye  le  dommage.  ||  32°  Par 
force,  à  force  ouverte,  de  vive  force,  loc.  adv.  En 
employant  la  force,  ia  violence,  par  une  violence 
manifeste.  Il  [l'amour]  entre  avec  douceur,  mais  il 
règne  par  force,  corn.  Jfor.  m,  ♦.  Contre  un  si 
grand  rival  j'agis  à  force  ouverte,  id.  Nicom.  m,  8. 
'l'iop  heureux  si  bientôt  la  faveur  d'un  divorce  Me 
soulageait  d'un  joug  qu'on  m'impasa  par  force, 
s\c,  Brit.  II,  2.  Il  Malgré  qu'on  en  ait.  Les  Maures 
ont  appris  par  force  à  vous  connaître,  corn.  Cid,  ii, 
7.  Et,  vertueux  par  force,  espèrent  par  envie  Ôteraux 
jeunes  gens  les  plaisirs  do  la  vie,  mol.  l'Ét.  i,  2. 
Il  Emporter  une  place  de  vive  force,  l'emporter  par 
une  attaque  brusque.  ||  Fig.  Attaquer  de  vive  force 
les  préjugés. 

—  Hisr.  XI'  s.  Ki  abat  femme  à  terre  pur  faire  lui 
force,  lots  de  Guill.  19.  Il  va  ferir  Gerin  par  sa 
grant  force,  Ch.  de  Roi.  cxxi.  Par  vive  force  les  en 
chassèrent  Franc,  ib.  cxxiii.  Com  decherat  maforce 
et  ma  teudur  [hardiesse]  !  ib.  cciv.  J|  xii'  s.  Mais  es- 
tez vous  à  force  et  à  vigor,  Ronc.  p.  25.  [Ils]  Sont 
en  Espagne,  par  force  l'ont  saisie,  ib.  p.  iia.  Ains 
[j']  ai  mis  en  lui  [elle]  servir  Cuer  et  cors,  force  et 


pooir,  Couci,  XV.  Li  cuens  de  Blois  devroit  bien 
mercier  Force  d'amors  qui  lui  dona  amie,  ib.  xxi. 
Nos  forces,  nos  aies  [aides]  lui  metons  en  defois 
[refus],  Sax.  xviii.  Mais  tenons  nos  honors  à  force 
et  à  vertu,  ib.  xxviii.  Des  mains  la  [la  croix]  li  vo- 

leit  par  vive  force  oster.  Th.  le  mart.  38 Quant 

il  murdrist  la  gent,  E  emble  altrui  aveir,  e  à  force 
le  prent,  ib.  3i.  ||  xiii'  s.  Ensi  nagierent  à  force  de 
rames  toute  la  vesprée,  villeii.  clxx.  Si  cuidierent 
que  jamais  li  Franc  n'eussent  force,  id.  cliv.  X  force 
[ils]  lui  ouvrirent  la  bouche  outre  son  gré,  Berle, 
XV.  Li  Barrois  le  saisit  par  le  col  et  feri  le  cheval  des 
esporons  et  le  traïst  par  force  de  bras  des  archons 
[arçons],  Chr.  de  Rains,  p.  40.  D'autre  part  covient 
il  à  fine  force  que  li  orbis  [la  terre  ronde]  soit  touz 
pleins  dedenz  soi,  si  que  l'une  chose  sostiegne  l'au- 
tre, BRUN.  LATiNi,  Trésor,  p.  l  (  i .  Il  dist  k'à  parfumir 
n'apent,  K'està  force  fait,  serement  [qu'on  n'est  point 
obligé  de  tenir  un  serment  fait  par  force],  Edouard 
le  conf.  V.  4319.  Si  cum  cl  le  [Sanson]  tenoit  for- 
ment Soef  en  son  giron  dormant,  Copa  les  cheveux 
oses  forces  [ciseaux],  Dontilperdit  toutes  ses  forces, 
laRose,  i  GS85.  Et  Françoissonl  laiens  remès  à  sauveté, 
Por  çou  [ce]  dist-on  sovent  :  la  force  paist  le  pré, 
Ch.  d'Ant.  m,  306.  Godefrois  de  Bouillon  a  la  crois 
atacie  [attachée]  ;  Or  se  croisent  à  force_  Diex  lor 
soit  en  aïe!  ib.  i,  920.  Ne  me  semble  il  pas  que  l'on 
puisse  savoir  toz  les  plais  ne  totes  les  forces  et  les 
soutillances  qui  sont  en  plait,  Ass.  de  Jér.  i,  6 1 .  Et  se 
il  en  est  ataint  ou  prové,  il  sera  encheu  en  la  main 
dou  seignor,  corne  ataint  de  force  [violence],  ib. 
104.  Sire,  vés  là  Jehan  qui  à  tort  et  sans  reson,  il 
ou  ses  commans,  vint  en  tel  liu  et  m'a  fet  tele  tor- 
che [force,  violence],  beaum.  vi,  9.  Et  pour  ce  ne 
font  force  [résistence]  li  assacis  [assassins],  se  l'en 
les  occist,  quant  il  font  le  commandement  du  vieil 
de  la  montaigne,  jomv.  230.  Et  me  dit  que  c'estoit 
force  [lui  faire  violence],  et  m'otroia  ma  requeste, 
ip.  267.  En  ceste  présente  charte  metons  nostres 
saelz  en  la  force  et  el  tesmoignage  de  vérité,  DU- 
CHESNE,  Génial,  de  Coligny,  p.  68,  dans  iacurne. 
Il  XV"  s.  Tant  fut  cil  assaut  continué  et  pourmeiié, 
que  les  Anglois  entrèrent  de  force  et  de  fait  dedans 
le  chastel,  froiss.  n,  ii,  16.  Là  furent  [les  cheva- 
liers gardiens  d'Ypre]  assaillis  roidement  et  recu- 
lés contreval  la  rue,  car  la  force  n'estoit  pas  la  leur 
[ils  n'étaient  pas  en  force],  id.  u,  u,  67.  Le  comte 
de  Flandre  manda  ouvriers  à  force,  ID.  ii,  il,  83.  En 
toute  Gascogne  on  ne  trouveroit  pas  son  pareil  de 
force  de  membres,  id.  ii,  m,  lo.  Se  vostre  bonté  n'y 
pourvoye.  Force  sera  que  par  eux  voye  Finer  ma 
vie  maleurée,  en.  d'orl.  Fredet  au  duc  d'Orl.  Il  y 
prenoit  grant  peine  [à  la  cha.ssc]  pourtant  qu'il  cou- 
roit  les  cerfs  à  force,  comm.  vi,  <3.  Tous  deu;  [Al- 
phonse de  Naples  et  son  fils]  ont  pris  à  force  plu- 
sieurs femmes,  id.  vu,  il.  Grant  force  d'archiers, 
gens  de  sa  maison  pensionnaires  et  autres  gens  de 
bien....  ID.  1,8.  Ledit  seigneur  d'Aubigny  estoit  en 
force  de  cent  cinquante,  ou  de  deux  cens  hommes 
d'armes  françois,  m.  vu,  6.  Veci  telle  femme,  qui 
de  vous  se  complaint  très  fort  de  force  :  est-il  ainsi? 
l'avez-vous  efforcée?  louis  xi,  Nouv.  xxv.  Ne  dor- 
moit  ne  nuit  ne  jour,  de  force  de  pensera  sa  dame, 
ID.  ib.  xLviii.  Un  peu  de  belle  forcevaut  moult,  Le- 
roux DE  i.iNCY,  Prov.  t.  II,  p.  432.  Item  il  conven- 
roit  passer  par  la  force  [lieux  fortifiés]  de  plusieurs 
seigneurs,  qui  ne  sont  pas  si  entiers  ne  si  loiausaus 
chrestiens  comme  il  deussent  du  cange,  força. 
Il  XVI*  s.  Il  mourut  de  force  de  rire,  rab.  Garg.  i, 
io.  Ils'escriaon  meurtre  età  la  force,  tant  qu'il  peut, 
ID.  ib.  1,26.  Mais,  puysque....  force  me  est  te  ••appeller 
on  subside  de....  id.  ib.  i,  29.  Ils  molestent  tout  leur 
voisinage  à  force  de  trinqueballer  leurs  cloches,  ID.  ib. 
I,  40.  Le  jugement  de  Pantagruel  feut  incontinent 
sceu  et  entendu  de  tout  le  monde,  et  imprimé  à 
force  [en  quantité],  in.  Pant.  ii,  U.  Force  attrac- 
tive, mont,  i,  (02.  La  force  de  l'imagination,  jn.  i6.  i, 
93.  Pourgaigner  cet  advantage  d'avoir  faict  force  à 
[vaincre]  leur  constance,  id.  i  ,  242.  X  toute  force 
[de  toutes  ses  forces],  id.  i,  367.  Un  enfant,  arrivé 
à  la  force  de  se  nourrir,  id.  ii,  i63.  La  dame  print 
patience  moitié  par  force  et  moitié  par  ciseaux  ]jeu 
de  mots  sur  force  et  forces],  desper.  Conto,  xxxiv. 
Ses  mariniers  firent  telle  diligence  de  lever  l'ancre, 
et  faire,  comme  dit  est,  force  et  volte,  que....  car- 
LOix,  I,  37.,..  Non  force  [qu'importe],  dist  M.  de 
Vieilleville,  nous  avons  du  temps  assez,  id.  v,  6.  Le 
dit  seigneur  de  Brissac,  voyant  la  force  n'estre  sien- 
ne, délibéra  sa  reiraitte.  m.  du  bellay,  682.  Ayans 
vescu  longuement,  il  est  force  qu'ils  ayent  beaucoup 
veu,  AMVOT,  Préf.  vu,  32.  Juba  veult  à  toute  force 
que  ce  mot  Ancylia  ait  esté  tiré  de  la  langue  grec- 
que, ID.  Numa,  23.  Où   force  est,  raison  n'a  lieu 


1726 


FOR 


tEROiJJ  DE  LINCT,  Prov.  l.  Il,  p.  38B.  Meurtres,  lar- 
cins force  do  femme  ou  autres  cas  énormes,  Coust. 
ginér.  t.  Ii,  p.  80''-  Tellement  que,  par  force  forcée, 
il  faut  que  ce  traité  soit  publié,  Uém.  de  Bellièvre 
et  de  Sillery,  p.  ato,  ilans  lacubne.  Estant  mon  in- 
tention qu'il  ne  soit  faict  aucune  force  ny  violence 
aux  consciences  de  mes  subjets,  henri  iv,  Lettres 
missives,  t.  iv,  p.  824. 

—  ÉTYM.  Provenç.  forsa,  forxa;  espagn.  fuerta  ; 
portug.  força;  ilal.  forxa;  du  bas-lalin  forcia,  for- 
tia,  dérivé  du  latin  fortis,  fort.  Ce  qui  empêche  d'y 
voir  le  pluriel  neutre  fortia,  c'est  que  les  noms 
ainsi  dérivés  de  pluriels  neutres  ont  un  sens  col- 
lectif qui  manque  ici  :  biblia,  bible,  mirabilia,  mer- 
veille, etc. 

FORCfi,  ÉE  (for-sé,  sée),  part,  passé  de  forcer. 
Il  1°  X  quoi  on  a  fait  violence,  (|u'on  a  tordu,  brisé 
avec  violence.  Un  coffre  forcé.  Une  serrure  forcée. 
Ils  [les  Juifs]  répandirent  dans  le  monde  que  le  sé- 
pulcre [de  Jésus]  avait  été  forcé  ;  mais  le  mensonge 
était  si  visible  que  la  résurrection  du  Sauveur  ne 
laissa  pas  de  passer  pour  constante  parmi  le  peuple, 
BOURDAL  Myst.  Résurr.  de  J.  C.  t.  i,  p.  331.  Un 
ministre  est  excusable  du  mal  qu'il  fait  lorsque  le 
gouvernail  de  l'Etat  est  forcé  dans  sa  main  par  les 
tempêtes;  mais  dans  le  calme  il  est  coupable  de 
tout  le  bien  qu'il  ne  fait  pas  ;  Mazarin  ne  fit  de 
bien  qu'à  lui  et  à  sa  famille,  volt,  louis  XIV,  6. 
Il  Terme  de  marine.  Mâts  forcés,  mâts  qui  prennent 
un  pli  sur  l'avant  pour  avoir  porté  trop  de  voile  par 
un  grand  vent,  ou  pour  avoir  été  trop  tenus  en 
étais.  ]|  Kig.  Sens  forcé,  sens  qu'on  a  tordu,  dé- 
tourné de  l'acception  directe  et  naturelle.  Donner 
des  sens  forcés  à  des  passages  clairs,  c'est  le  sur 
moyen  de  ne  jamais  s'entendre,  volt.  Dict.  phil. 
nt'surreclion.  ||  2"  Knlevé  de  vive  force.  Que  de  rem- 
parts détruits!  que  do  villes  forcées  I  boil.  Art  p. 
IV.  Le  temple  est-il  forcé?  rac.  Athal.  v,  (.  Ayant 
appris  que  les  lignes  [de  l'ennemi]  avaient  été  for- 
cées, HAMiLT.  Gramm.  5.  ||  3"  A  qui  on  a  fait  vio- 
lence. Une  femme  forcée  par  des  soldats  ivres. 
Il  4"  Dont  la  résistance  a  été  impuissante.  Des 
troupes  forcées  dans  leurs  retranchements.  ||  Par 
extension.  Les  éléments  forcés,  la  nature  forcée,  les 
éléments,  la  nature  obligée  d'obéir  à  l'homme. 
Ouoil  mon  père  trahi,  les  éléments  forcés....  Lui 
font-ils  présumer  mon  audace  épuisée  ?  corn,  tiédée, 
[,  4 .  T.  ianon  et  Marly  bStis  ;  la  nature  forcée  dans 
tous  ces  lieux  de  délice,  et  des  jardins  où  l'art  était 
épuisé,  VOLT.  Louis  XIV,  27.  ||  6°  Terme  de  chasse. 
Pris  à  la  course  et  à  la  fatigue.  Un  cerf  forcé  par  les 
chiens.  ||  Rendre  forcé,  obliger  la  bête  à  se  rendre. 
Un  sanglier  poussé  vigoureusement  par  une  meute 
de  vingt  bons  chiens  et  prêt  à  rendre  forcé  par  eux. 
Il  6°  Oui  fait  malgré  soi  quelque  chose.  La  comédie 
du  médecin  forcé  [malgré  lui],  sév.  227.  Après 
t'ètrc  couvert  de  leur  sang  et  du  mien,  Tu  te  verras 
forcé  de  répandre  le  tien,  rac.  Brit.  v,  8.  L'hérésie, 
depuis  si  longtemps  redoutable  au  trône  par  la  fai- 
blesse des  règnes  précédents  forcés  à  la  tolérer,  mass. 
Or.  /un.  LouisXlV.  \\  Avoir  la  main  forcée,  voy,  for- 
cer n°  I .  Il  Terme  de  jeux.  Être  forcé,  être  obligé  de 
jouer  de  la  couleur  demandée  ou  de  prendre.  ||  Mat 
forcé,  position  telle,  aux  échecs,  que  le  roi  ne  peut 
plus  changer  de  place  sans  être  fait  mat  au  coup 
suivant.  Il  Au  domino,  dé  forcé,  celui  qu'on  est 
obligé  do  mettre,  n'en  ayant  pas  d'autre.  J'ai  joué 
à  dé  forcé.  Fermeture  forcée,  celle  qui  ne  peut  s'é- 
viter. Il  7°  Qui  n'est  pas  volontaire.  Mais,  s'il  se  dé- 
disait d'un  outrage  forcé,  corn.  Serlor.  I,  3.  Le 
Mariage  forcé,  titre  d'une  comédie  de  Molière.  J'i- 
rai, bien  plus  content  et  de  vous  et  de  moi,  Dé- 
tromper son  amour  d'une  feinte  forcée,  bac.  Bajai. 
m,  4.  Les  métis  qui  résultent  de  ces  unions  forcées 
ressemblent  plus  à  leur  père  par  la  forme  du  bec, 
par  les  couleurs  de  la  tête,  des  ailes,  en  un  mot  par 
les  extrémités,  et  à  leur  mère  par  le  reste  du  corps, 
UUFF.  Ois.  t.  VII,  p.  276,  dans  poogens.  ||  Emprunt 
forcé,  somme  qu'un  gouvernement  force  à  lui  ap- 
porter sous  forme  d'emprunt,  et  dont  il  paye  les  in- 
térêts. Il  Travaux  forcés,  voy.  travail.  |{  8°  Marche 
forcée,  marche  plus  rapide  ou  plus  prolongée  que 
la  marche  onlinaire.  Le  régiment  gagna  la  ville  à 
marches  forcées.  ||  9*  Terme  d'horticulture.  Arbre 
forcé  en  serre,  arbre  dont  on  a  hâté  la  végétation 
dans  une  serre.  ||  Cultures  forcées,  celles  qui  ont 
pour  but  de  produire  des  fruits  ou  des  légumes  pié- 
coces.  Il  10"  Qui  manque  de  sincérité  et  de  liberté. 
Et  je  ne  voulais  pas  de  sentiments  forcés,  corn. 
Poly.  IV,  3.  Et  sans  plus  te  parer  d'ui.e  vertu  forcée, 
ID.  Héracl.  III,  3.  Vous  avez  vu  le  reste  et  mp.s  rai- 
sons forcées,  ID.  Sertor.  iv,  2.  Ne  m'importune  plus 
da  tes  ra'sons  forcées  ;  Je  vois  combien  tes  vœux 


FOR 

sont  loin  de  mes  pensées,  rac.  Bajai.  n,  i.  Déjà  plus 
d'une  fois  dansvos  plaintes  forcées  J'ai  dû  voir  et  j'ai 
vu  le  fond  de  vos  pensées,  ID.  Iphig.  Ii,  S.  Je  trem- 
ble qu'Athalic....  d'un  respect  forcé  ne  dépouille  les 
restes,  ID.  Athal.  i,  t.  11  a  un  ris  forcé,  des  caresses 
contrefaites,  la  uruv.  viii.  Vous  vous  moquez,  me 
dit-il  d'un  air  forcé,  ne  savez-vous  pas  le  plaisir  que 
j'ai  d'être  avec  vous?  mariv.  Marianne,  8*  part. 
Vous  connaissez  ce  sourire  forcé  et  cette  fausse 
douceur  que  la  politesse  imprime  sur  le  visage, 
GENLis,  Ad.  et  Thénd.  t.  i,  lett.  23,  p.  183,  dans 
pouGENs.  Il  H"  Oui  n'a  ni  souplesse  ni  liberté,  éloi- 
gné du  naturel,  en  parlant  des  ouvrages  d'esprit. 
Je  ne  puis  arracher  du  creux  de  ma  cervelle  Que 
des  vers  plus  forcés  que  ceux  de  la  Pucelle,  boil. 
Sat.  vil.  Et  dans  un  vers  forcé  que  surcharge  un 
vieux  mot.  Couvre  son  peu  d'esprit  des  phrases  de 
Marot,  VOLT.  Disc.  3.  ||  Tiré  de  trop  loin.  Rappro- 
chement forcé.  Comparaison  forcée.  ||  Style  forcé, 
style  où  l'on  sort  du  naturel,  où  l'on  cherche  à 
exagérer  l'énergie  au  moyen  de  mots  inaccoutumés 
ou  de  figures  excessives.  ||  Terme  de  jieinture. 
Figures  forcées,  figures  dont  l'attitude  est  gênée 
sans  nécessité.  Coloris  forcé,  coloris  outré.  Effet 
forcé,  effet  où  l'artilice  du  peintre  pour  l'augmenter 
est  grossièrement  employé. 

t  FOUCKAU  (for-sô),  s.  m.  Terme  de  chasse  et 
de  pêche.  Piquet  sur  lequel  un  filet  est  appuyé,  et 
qui  le  retient  de  force. 

t  FORCKMKNT  (for-se-man) ,  s.  m.  ||  1»  Action 
de  forcer.  ||  2°  Action  de  forcer  une  femme,  de  lui 
faire  violence.  ||  3°  Forcement  de  recette,  exercice 
du  droit  qui  appartient  à  l'administration  de  faire 
payer  par  ses  commis  les  impôts  qu'ils  ont  négligé 
de  percevoir. 

—  HIST.  xvi*  s.  Avant  le  deslogement  se  commit 
un  acte  très  vilain  d'un  forcement  de  fille  par  un 
gentilhomme,  LA  NODE,  607.  Un  soldat  voulant  forcer 
une  femme  devant  son  mari  est  tué  par  lui,  ce  qui 
donna  entrée  au  forcement  de  toutes  les  femmes, 
d'aub.  Hist.  I,  348. 

—  ÉTYM.  Forcer. 

FORCÉIWENT  (for-sé-man),  adv.  ||  1°  Par  force, 
par  contrainte.  Il  a  fait  forcément  cette  démarche. 
Ce  prince  [Louis  XI],  ne  faisant  jamais  la  guerre 
que  forcément,  recevait  tous  ceux  qui  cherchaient 
son  alliance,  duclos,  Uist.  Louis  XI,  Œuv.  t.  m, 
p.  176,  dans  POUGENS.  |{  2°  Par  une  conséquence 
forcée.  Ce  fait  admis,  on  doit  forcément  admettre 
les  autres. 

—  ÉTYM.  Forcé,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  f<ir- 
sadamen  ;  catal.  forsadament  ;  espagn.  forxada- 
mente. 

FORCENÉ,  Ke  (for-se-né,  née),  odj.  ||  1°  Qui  est 

hors  de  sens Le  dépit  dont  l'âme  est  forcenée, 

RÉGNIER, .S'at.  XI.  I.a  perte  de  toute  espérance  rend 
forcené,  fén.  Tél.  x-vui.  1'u  as  l'air  d'une  sibylle 
dans  son  antre,  qui  étouffe,  qui  écume,  qui  est  for- 
cenée, m.  t.  iix,  p.  3)0.  Les  éléphants,  percés  de 
coups  et  ayant  la  plupart  perdu  leurs  conducteurs, 
ne  gardaient  plus  l'ordre  accoutumé,  et,  comme  for- 
cenés de  douleur,  ne  distinguaient  plus  amis  et  en- 
nemis, rolmn,  Hist.  anc.  fJKui).  t.  vi,p.  507,  dans 
pougens.  [Caton,  Ce  héros  forcené ,  la  victime 
d'Utique,  volt.  11.  de  Ces.  i,  i.  La  nature,  le 
vrai,  de  nos  livres  bannis.  Un  désir  forcené  d'in- 
venter et  d'instruire,  D'ignorants  écrivains,  jamais 
las  de  produire,  gilb.  le  XVIIl'  siècle.  ||  Passionné 
pour.  Me  voilà  forcené  des  écliecs,  j.  j.  rouss. 
Conf.  V.  Il  Furieux.  Il  prit  une  envie  forcenée  à  Des- 
sus de  tuer  le  roi,  vaugel.  Q.  C.  v,  <2,  dans  Ri- 
CHELET.  Une  ombre  de  respect  pour  son  saint  mi- 
nistère Peut-être  adoucira  ces  vainqueurs  forcenés, 
volt.  Orphel.  i,  i.  I.orsqu'elle  [la  tigresse]  a  perdu 
tout  espoir  de  recouvrer  sa  perte,  des  cris  forcenés 
et  lugubres,  des  hurlements  affreux  expriment  sa 
douleur  cruelle  et  font  encore  frémir  ceux^qui  les 
entendent  de  loin,  buff.  Quadrup.  t.  m,  p.  266, 
dans  POL'GENS.  ||  Terme  de  blason.  .Se  dit  d'un  cheval 
emporté  et  furieux.  ||  2°  Substantivement.  C'est 
ainsi  que  souvent  par  une  forcenée  Une  triste  fa- 
mille à  l'hôpital  traînée  Voit  ses  biens  eji  décret, 
BOIL.  Sat.  X.  Contre  ces  forcenés  les  lois  sont  sans 
vigueur,  c.  dklav.  Vêpres  sicil.  n,  «. 

—  HIST.  XII'  s.  Dune  li  unt  rcspundu  à  voix  li 
forssené  :  Se  vus  ne  faites  ce  que  li  reis  a  mandé, 
Il  en  aura  tut  dreit,  TU.  le  mari.  )30.  ||  xiii»  s.  For- 
tune ainsincle  pueple  vanche  Des  bobans  que  vous 
démenés  Cum  orguilleus  et  forsenés,  la  Rote,  0570. 
Ne  li  forsenés,  ne  li  fols  naturcx  ne  poent  fere  tes- 
tament, BEA0M.  XII,  45.  Il  XV' s.  Lors  fut  couime 
tout  forcené  et  dict  luy  mesme  que  il  vcndroit  cher 
sa  mort,  Boueicaut,  i,  24.  ||  xvi'  s.  Manda  au  comte 


FOR 

de  Dunoys  par  ung  gentilhomme  des  siens,  que  si  la 
temps  n'cstoit  forcené,  que  de  sa  part  il  garderoil 
bien  le  passage  contre  tous  les  Espaignols,  jean 
d'autoNj  Annales  de  Louis  XII,  cas.  f  ta,  dam 
LACURNE.  La  forcenée  curiosité  de  nostre  nature, 
MONT.  I,  43.  Une  forcenée  convoitise  de  gloire, 
amyot,  Sylla,  15.  Un  forcené  de  l'amour  d'une  vefve 
nommée...  carloix,  ii,  2. 

—  ÉTYM.  Provenç.  forsenat;  i\a.\.  forsennato ;  du 
latin  foris,  hors,  et  l'allemand  Sinn,  sens  :  hors  de 
sens.  L'orthographe  forcené  jjar  un  c  est  contraire  a 
l'étymologie  et  fautive;  elle  n'est  pas  même  ap- 
puyée par  l'antique  usage,  elle  ne  vient  que  d'une 
confusion  malheureuse  avec  le  mot  force,  et  il  serait 
mieux  d'écrire  forsené. 

t  FORCENKMEyr  (for-sè-ne-man),  t.  m.  ÉUt  de 
celui  qui  est  forcené.  Et  fuyez  un  tyran  dont  le 
forcènement  Joindrait  votre  supplice  à  mon  ban- 
nissement, CORN.  Médée,  iv,  6. 

—  HIST.  XVI'  3.  La  colère  indomptée  et  le  forcè- 
nement Oui  troublèrent  l'esprit  d'un  misérable 
amant,  desportes.  Œuvres,  p.  443,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Forcener. 

t  FORCENER  (for-se-né),  v.  n.  Devenir  for- 
cené, perdre  la  raison.  Je  forcené  de  voir  que  sur 
votre  retour  Un  traître  assure  ainsi  ma  perle  et  son 
amour,  corn.  Veure,  v,  9.  C'est  le  propre  de  la  fai- 
blesse de  forcener  dès  qu'elle  s'aperçoit  elle-même, 
MERCIER,  Néologie.  \\  Se  forcener,  i>.  réfl.  Même  sens. 
Le  despotisme  du  peuple  est  une  puissance  lolle  et 
aveugle  qui  se  forcené  contre  elle-même,  et  qui 
n'est  absolue  et  au-dessus  des  lois  que  pour  achever 
(le  se  détruire,  fén.  dans  laveadi.  ||  Mot  tombé  en 
désuétude,  mais  à  reprendre. 

—  HIST.  XII'  s.  Lors  ot  tel  duel  [deuil],  à  poi  na 
forsena,  Bonc.  p.  05.  ||  xiii'  s.  Bien  puis,  fet  il,  vis 
forcener  [je  puis  bien  forcener  tout  vif],  Quant  vous 
me  tenés  pour  vaincu,  la  Bose,  3740.  ||  xvi'  s.  .Si 
on  luy  refuse  aliments  en  sa  saison,  il  forcené,  im- 
patient de  delay,  mont,  m,  333. 

—  ÉTYM.  Voy.  FOiiCENÉ;  provenç.  forsenar,  foi- 
cenar. 

t  FORCftNERIK  (for-s6-ne-rie),  *.  f  Acte  de  for- 
cené. Comme  donc  je  me  plains  de  ma  forcènerie, 
RÉGNIER,  Sat.  XV.  Je  l'aurais  préféré  de  gi-and  cœur 
à  la  forcè,nerie  des  états  de  Bretagne,  sév.  «06.  |{  Mot 
tombé  en  désuétude,  mais  à  reprendre. 

—  HIST.  XIII'  s.  Quel  forscnerie  te  maine  X  cest 
torment,  à  ceste  paine?  la  Rose,  878S.  La  forsencrie 
d'aucun  ne  doit  pas  autrui  damacier,  beaum.  6». 
[jxvi's.  Il  sembloit  lors  qu'infernales  furies  Eussent 
rompuz ,  par  leurs  forceneries ,  Fers  et  lyens  des 
paluz  plutoniques,  crétin,  p.  233,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Forcener;  provenç.  forsenaria,  force- 
ncria;  anc.  ital.  forsenneria. 

FORCEPS  (for-sèps'),  s.  m.  ||  1"  Terme  d'obsté- 
trique. Instrument  destiné  à  embrasser  la  tête  du 
fœtus  et  à  l'extraire  de  la  matrice.  ||2°  Terme  d'en- 
tomologie. Organe  qui  garnit  l'extrémité  anaic  du 
corps  de  quelques  insectes. 

—  ÉTYM.  Lat.  forceps,  tenaille,  que  Festus  tire  de 
formus,  chaud,  et  capere,  prendre  :  instrument  pro- 
pre à  saisir  les  corps  chauds. 

FORCER  (for-sé.  Le  e  prend  une  cédille  devant  a 
et  0  .■  je  forçai,  forçons),  ï.  a.  ||  1"  Faire  subir  à 
une  chose  une  violence,  une  effraction.  Mme  Colbert 
ne  voulait  qu'il  la  vît  [sa  future]  que  le  soir;  il 
força  les  portes  et  se  jeta  à  ses  pieds,  sév.  394.  Du 
sérail,  s'il  le  faut,  venez  forcer  la  porte,  rac.  Bajax. 
II,  3.  On  força  un  coffre  dont  la  reine  avait  em- 
porté la  clef,  et  l'on  n'y  trouva  que  des  haires,  des 
ceintures  armées  de  pointes  de  fer,  genlis,  Klle  de 
la  Fayette,  p.  <I6,  dans  pougens.  ||  Forcer  une 
clef,  forcer  une  serrure,  tordre  une  clef,  les  ressorts 
d'une  serrure,  de  manière  que  cette  clef,  ces  res- 
sorts ne  peuvent  plus  jouer,  jj  Terme  d'escrime. 
Forcer  le  fer,  engager  avec  force  l'épée  de  son  ad- 
versaire. Il  Terme  de  manège.  Forcer  la  main,  se  dit 
en  parlant  d'un  cheval  qui  refuse  d'obéir,  qui  s'em- 
porte. On  dit  aussi  forcer  à  la  main,  gagner  à  la 
main.  ||  Fig.  Forcer  la  main  à  quelqu'un,  le  con- 
traindre à  faire  quelque  chose.  ||  Avoir  la  main 
forcée,  faire  quelque  chose  malgré  soi.  ||  Fig.  Forcer 
le  sens,  y  faire  quelque  violence  qui  le  dénature. 
En  prenant  naturellement  la  gnose  pour  la  connais- 
sance pratique  de  Dieu  et  de  l'Évangile,  vous  parlez 
naturellement,  et  cela  est  vrai  ;  en  forçant  le  sens 
et  substituant  à  la  gnose  l'étit  passif,  cela  est  ab- 
surde, Boss.  Kouv.  myst.  I6.  {|  On  dit  de  même  : 
forcer  l'analogie.  Ce  n'est  que  dans  une  généra- 
lité scolastique  et  en  formant  l'analogie  que  l'on 
peut,  sur  le  rapport  unique  de  la  similitude  d'une 
seule  partie ,  appliquer  le  même  nom   à  dos  es- 


FOR 

poccs  qui  diffèrent  autant  entie  elles  que  celle 
de  l'oiseau  du  tropique,  par  exemple,  et  celle  du 
véritable  pélican,  buff.  Ois.  t.  xvi ,  p.  47,  dans 
POUGENS.  Il  2"  Prendre,  traverser  de  vive  force.  For- 
çons, forçons  enfin  ces  superbes  murailles,  nu  ryeb, 
Scévole,  I,  I.  Montrez-lui  comme  il  faut  s'en- 
durcira la  peine....  Reposer  tout  armé,  forcer  une 
muraille,  corn.  Cid,  i,  8.  Je  tiens  sa  prison  même 
assez  mal  assurée....  Je  crains  qu'on  ne  la  force, 
ID.  Poly.  ni,  6.  Est-ce  là  celui  qui  forçait  les  villes 
et  qui  gagnait  les  batailles  ?  BOSS.  Louis  de  Bourbon. 
On  ne  l'eut  pas  plus  tôt  vu,  pied  à  terre,  forcer  le 
premier  ces  inaccessibles  hauteurs,  que  son  ardeur 
ent|i'atna  tout  après  elle,  id.  ib.  |{  On  dit  de  même  : 
forcer  le  passage,  l'entrée,  etc.  Quand  son  bras 
força  notre  frontière,  rac.  Alex,  ii,  ).  Ses  criminels 
amis  en  ont  forcé  l'entrée  [du  sérail] ,  m.  Bajax.  v, 
7.  Forcer  le  passage  du  Granique  avec  très-peu  de 
troupes  contre  une  multitude  infinie  de  soldats, 
FÉN.  Dial.  des  morts,  Pyrrhus,  Démétrius.  ||  Par 
extension.  Forcer  la  consigne,  ne  pas  s'y  confor- 
mer, l'enfreindre  avec  violence.  ||  Fig.  Forcer  la 
porte  de  quelqu'un,  entrer  chez  quelqu'un  malgré 
la  défense  qu'il  a  faite  de  laisser  entrer.  ||  3°  Triom- 
pher de  la  résistance  d'une  troupe  militaire.  Comme 
on  les  pensait  forcer  dans  leur  retranchement,  on 
eut  quelque  désavantage,  d'ablanxourt,  Arrien,  i, 
7,  dans  nicHELET.  Pouvions-nous  le  surprendre,  ou 
forcer  les  cohortes  Qui  de  jour  et  de  nuit  tiennent 
toutes  ses  portes?  cobn.  Héracl.  iv,  6.  Chacun  se 
plaignait  de  leur  brigandage  [des  bandes  de  pil- 
lards] ,  sans  que  personne  pût  les  forcer  dans  leur 
retraite,  flécii.  Ilist.  de  Théodose,  iv,  20.  Força  les 
plus  mutins,  et  regagnant  le  reste....  rac.  Milhr.  v, 
4.  Après  qu'on  fut  entré  dans  la  ville  par  les  brè- 
ches, les  assiégés  se  défendirent  encore  longtemps 
avec  un  courage  incroyable,  et  il  fallut  les  pour- 
suivre et  les  forcer  de  maison  en  maison,  rollin, 
llist.  anc.  Œuv.  t.  v,  p.  (97,  dans  pougens. 
Il  Fig,  Forcer  quelqu'un  dans  ses  retranchements, 
voy.  RETRANCUEMENT.  ||  4°  Faire  violence  à  une 
femme,  Mme  de  Valentinois  accusa  son  beau-père 
non-seulement  de  lui  en  avoir  conté,  mais  de  l'a- 
voir voulu  forcer,  st-sim.  44,  2.  ||  5°  Forcer  un 
cheval,  l'excéder  do  fatigue.  ||  Se  dit  aussi  des  hom- 
mes. On  les  force  de  travail  [les  nègres],  on  leur 
épargne  la  nourriture ,  même  la  plus  commune , 
BUFF.  llist.  nat.  hom.  (Jmv.  t.  v,  p.  U7,  dans 
pouGKNS.  Il  Forcer  sa  main,  se  fatiguer  la  main 
par  quelque  effort.  Ma  chère  enfant,  je  ne  veux 
pas  forcer  ma  main  ;  c'est  pourquoi  voici  le  petit 
secrétaire,  sÉv.  2eo.  ||  6°  Terme  de  chasse.  For- 
cer une  bête,  la  courre  jusqu'aux  abois.  Forcer 
ua  cerf.  11  [le  loup]  est  infatigable  et  c'est  peut- 
être  de  tous  les  animaux  le  plus  difficile  à  for- 
cer à  la  course,  buff.  Quadrup.  t.  ii,  p.  <  97.  Te- 
liez ,  tenez ,  le  voilà  qui  court  la  plaine  et  force 
un  i.èvre  qui  n'en  peut  mais ,  beaum.  Mar.  de 
Figaro,  u,  i.  \\  7°  Surmonter,  vaincre.  Elle  a 
forcé  les  vents  et  dompté  leur  furie,  malh.  u,  8. 
Mais  enfin  ton  humeur  force  ma  patience,  régnieh, 
Élcg.  II.  Forcez  l'aveuglement  dont  vous  êtes  sé- 
duite, CORN.  Médée,  i,5.  Si  j'aimais  assez  mal  pour 
essayer  mes  armes  X  forcer  des  périls  qu'ont  prépa- 
rés vos  charmes,  m.  Tois.  d'or,  ii,  2.  Forcez,  rom- 
pez, brisez  de  si  honteuses  chaînes,  m.  Nicom.  i,  2. 
Je  cède  à  des  raisons  que  je  ne  puis  forcer,  id,  ib. 
y,  < .  Notre  amour  à  tous  deux  ne  rencontre  qu'ob- 
stacles Presque  impossibles  à  forcer,  id.  .igésil.  iv, 
3.  Forcerai-je  moi  seul  tout  l'empire  romain?  mai- 
RET,  Sophon.  V,  i.  Nous  le  vîmes  partout  ailleurs 
comme  un  de  ces  hommes  extraordinaires  qui  forcent 
tous  les  obstacles,  boss.  Louis  de  Bourbon.  Com- 
bien de  fois  tes  yeux  forçant  ma  résistance....  bac. 
.ilex.  IV,  t .  C'est  en  vain  que  forçant  ses  soupçons 
ordinaires,  in.  Bajax.  i,  1. 1|  8°  Fig.  Faire  fléchir  le 
courage.  Malgré  le  mauvais  succès  de  ses  armes  in- 
fortunées, si  on  a  pu  le  vaincre,  on  n'a  pu  le  forcer 
[Charles  1],  boss.  Reine  d'Ànglet.  ||  Ne  pas  laisser  la 
l.berté  de  faire  ou  ne  pas  faire.  Force  par  ta  vail- 
lance Ce  monarque  au  pardon  et  Chimène  au  si- 
lence, CORN.  Cid,  m,  0.  Mais  l'empire  inhumain 
qu'exercent  vos  beautés  Force  jusqu'aux  esprits  et 
jusqu'aux  volontés,  m.  Cinna,  m,  4.  Enfin  aux  châ- 
timents il  se  laisse  forcer,  id.  Inscr.  mises  sous  des 
estampes,  vu,  Punition  des  villes  rebelles.  Si  ce 
fils....  Â  quelque  amour  encor  avait  pu  vous  forcer, 
RAC.  Mithr.  II,  4.  Mazarin  voulut  essayer  de  faire 
Louis  XIV  empereur;  le  dessein  était  chimérique; 
il  eût  fallu  ou  forcer  les  électeurs  ou  les  séduire, 
VOLT,  lA)uis  XIV,  a.  Il  Par  extension.  Forcer  la 
terre  à  produire.  Qui  force  la  nature  a-t-il  besoin 
qu'on  l'aide?  corn.  Médiey  iv,  6.  Notre  sort  n'est 


FOft 

[las  tel  qu'on  le  puisse  forcer,  id.  Sophon.  v,  (.  | 
L'autre  [Condé],  et  par  l'avantage  d'une  si  haute 
naissance,  et  par  ces  grandes  pensées  que  le  ciel 
envoie,  et  par  une  espèce  d'instinct  admirable  dont 
les  hommes  ne  connaissent  pas  le  secret,  semble  né 
pour  entraîner  la  fortune  dans  ses  desseins  et  forcer 
les  destinées,  boss.  Louis  de  Bourbon.  Assez  d'au- 
tres viendront,  à  mes  ordres  soumis ,  Se  couvrir 
des  lauriers  qui  vous  furent  promis.  Et,  par  d'heu- 
reux exploits  forçant  la  destinée,  Trouveront  d'I- 
lion  la  fatale  journée,  rac  Iphig.  iv,  o.  ||  Il  se 
dit  aussi  des  sentiments,  des  passions,  etc.  Ap- 
prends d'elle  à  forcer  ton  propre  sentiment,  cobn. 
Poly.  V,  3.  Forcez  en  ma  laveur  une  trop  juste 
haine,  id.  Pomp.  iv,  2.  Si  ton  cœur  demeure  in- 
sensible, je  n'entreprendrai  point  de  le  forcer,  mol. 
Prince  d'Él.  ii,  4.  Je  ne  veux  point  forcer  ton  incli- 
nation, ID.  l'Avare,  iv,  3.  ||  Forcer  le  devoir  de  quel- 
qu'un, contraindre  moralement  quelqu'un  à  manquer 

à  son  devoir Va,  songe  à  ta  défense.  Pour  forcer 

mon  devoir,  pour  m'imposer  silence,  corn.  Cid,  v, 
( .  Elle  cherche  un  combat  qui  force  son  devoir,  id. 
ib.  V,  3.  Il  Forcer,  avec  d  suivi  d'un  infinitif.  J'ai 
forcé  ma  colère  à  le  laisser  parler,  corn.  Nicom.  i, 
2.  Ceux-ci,  après  soi,xaiite  et  douze  ans  de  guerre 
continuelle,  furent  forcés  à  subir  le  joug  des  Ro- 
mains, BOSS.  Hist.  I,  8.  Nous  sommes  forcés  à  re- 
connaître nos  misères,  bourd.  Carême,  i.  Prière, 
339.  Que  si  tous  mes  efforts  ne  peuvent  réprimer 
Cet  ascendant  malin  qui  vous  force  à  rimer,  boil. 
Sat.  IX.  X  prendre  ce  détour  qui  l'aurait  pu  forcer? 
RAC.  Mithr.  IV,  ).  ||  Forcer,  avec  de  et  un  infinitif. 
L'intempérance  du  malade  force  quehiuefois  le  mé- 
decin d'être  cruel,  patru.  Plaidoyer  9,  dans  ri- 
CHËLET.  Kt  forçons-le  de  voir  Qu'il  peut  en  faisant 
grâce  affermir  son  pouvoir,  cohn.  Cinna,  iv,  4. 
....Jusqu'à  ce  jour  l'univers  en  alarmes  Me  forçait 
d'admirer  le  bonheur  de  vos  armes,  rac.  Alex,  v,  3. 
Et  força  le  Jourdain  de  rebrousser  son  cours,  id. 
A  thaï.  V,  U  Nous  ne  réconcilierons  jamais  le  monde 
avec  elle  [la  vertu],  il  est  vrai;  mais,  du  moins, 
nous  le  forcerons  de  la  respecter,  mass.  Panég. 
St  Jean-Baptiste.  Il  force  les  Anglais  de  se  rembar- 
quer, VOLT.  Louis  XV,  36,  Il  9°  Terme  de  jeux.  Con- 
traindre à  jeter  uns  carte  forte  ou  un  atout,  au  whist 
ctauboston,  ||  Obliger  quelqu'un  déjouer  sans  pren- 
dre, à  l'hombre.  Obliger  un  des  joueurs  à  jouer  un 
as  ou  le  quinola,  au  reversis.  ||  10"  Obtenir  par  force, 
par  importunité.  Forcer  le  consentement,  le  vote  de 
quelqu'un.  Votre  tyrannie  N'usa  de  son  pouvoirsur 
la  faible  Amélie  Que  pour  tromper  mes  vœux,  que 
pour  forcer  son  choix,  c.  delav.  Vép.  sicil.  ii,  4. 
Il  Obtenir  par  la  puissance  d'un  sentiment.  Une 
vertu  qui  devait  forcer  l'estime  du  monde,  boss. 
Anne  de  Gonx.  Ce  n'est  point  par  des  paroles  qu'on 
peut  forcer  l'hommage  du  monde,  c'est  par  la  vertu 
et  l'audace,  vauven.  l'Orat.  chagr.  11  [Jupiter] 
voulait  non  que  le  ciel  les  Veçùt  [ses  enfants], 
mais  qu'il  les  demandât,  et  qu'à  leur  égard  l'admi- 
ration seule  forçât  les  vœux  de  la  terre,  p.  l.  cour: 
Éloge  d'Hélène.  \\  Forcer  les  respects,  l'admira- 
tion, les  obtenir  de  ceux  mêmes  qui  ne  sont  pas 
disposés  à  les  accorder.  ||  11°  Terme  de  jardinage. 
Forcer  une  plante,  l'obliger  à  fleurir  ou  à  porter  du 
fruit  plus  tôt  qu'elle  ne  le  ferait  naturellement,  au 
risque  de  la  fatiguer.  ||  Forcer  à  fruit,  tailler  long 
pour  avoir  plus  de  fruits,  ||  12°  Exagérer,  outrer.  Ne 
forçons  point  notre  talent;  Nous  ne  ferions  rien 
avec  grâce,  la  font.  Fabl.  iv,  6.  Ne  forcez  point  la 
nature,  sÉv.  1 35.  Dans  son  système  il  force  un  peu 
ses  idées,  boss.  Var.  (B,  L'homme  impatient  force 
toute  chose  pour  se  contenter,  fén.  Tél.  xxiv. 
Il  Forcer  sa  voix,  se  dit  d'un  chanteur  qui  fait  des 
efforts  de  voix.  ||  Forcer  nature,  faire  plus  qu'on 
ne  doit  ou  qu'on  ne  peut.  On  a  un  peu  forcé  nature 
pour  mériter  les  bontés  de  Mlle  Clairon,  et  cela 
est  bien  juste  ;  elle  trouvera  dans  son  rôle  plusieurs 
changements,  volt.  Le«.  Illle  Clairon,  janv.  <750. 
Il  13°Terme  de  comptabilité.  Forcer  la  recette,  passer 
en  recette  plus  qu'on  n'a  reçu.  ||  Forcer  quelqu'un 
en  recette,  obliger  un  comptable  à  verser  une  re- 
cette qu'il  a  négligé  de  recevoir.  ||  14°  Hâter,  précipi- 
ter. Forcer  le  pas,  la  marche.  ||  15°  V.  n.  Terme  de 
marine.  Forcer  de  voiles,  augmenter  la  voilure, 
de  telle  sorte  que  le  vent,  ayant  action  sur  une  plus 
grande  surface  de  toile,  fasse  un  plus  grand  effort 
qui  pousse  le  navire  dans  la  direction  qu'on  lui  assi- 
gne, JAL.  Pour  ne  rien  dérober  à  M.  du  Quesne,  il 
faut  observer  qu'il  fit  le  devoir  d'un  bon  général  en 
envoyant  nous  dire  par  le  chevalier  de  Chaumont  que 
nous  devions  forcer  de  voiles  et  aborder  les  vais- 
seaux de  la  tête  ennemie,  plutôt  que  do  nous  laisser 
gagner  par   le  vent,  villette  morsav.  Combat  du 


FOft 


1Î27 


(0  février  (676,  dans  jal,  ||  Un  mât  force  quand  il 
supporte  un  trop  giand  effort.  ||  Forcer  de  rames, 
ramer  aussi  fort  qu  il  est  possible.  ||  16°  Terme  da 
jeux.  Jeter  une  carte  supérieure  à  celle  qui  a  d'a- 
bord été  jouée.  ||  17"  Se  forcer,  v.  réfl.  Faire  trop 
d'efforts  ,  mettre  trop  de  véhémencs  i  quelque 
chose.  Ne  vous  forcez  pas  tant.  ||  18°  S'efforcer.  Sei- 
gneur, voyez  César,  forcez-vous  à  lui  plaire,  corn. 
Pomp.  II,  4.  Il  19°  Être  surmonté.  Ô  malheur  qui 
ne  se  peut  forcer!  mol.  l'Él.  ii,  I4,  ||  20°  Faire 
effort  sur  soi-même.  Forcez-vous,  avalez  cette  mé- 
decine. Sa  colère,  seigneur,  s'est  forcée  un  moment, 
MA1RET,  Mort  d'Asdrub.  v,  3.  Ahl  forcez-vous,  de 
grâce,  à  des  termes  plus  doux,  cobn.  Perih.  ii,  B. 
Je  me  force  au  respect,...  id.  Androm.  v,  2.  Ainsi 
Néron  commence  à  ne  se  plus  forcer,  bac.  Brit. 
iii,  8 Et  je  no  puis  penser  Qu'à  feindre  si  long- 
temps vous  puissiez  vous  forcer,  id.  Mithr.  m,  B. 

—  REM.  1.  Des  grammairiens  ont  essayé  d'indiquer 
une  nuance  de  sens  entre  forcer  à  et  forcer  de  sui- 
vis  d'un  infinitif.  Mais  l'usage  des  auteurs  ne  per- 
met aucune  distinction  réelle.  ||  2,  On  trouve  dans 
Saint-Simon  :  Forcer  d'argent,  payer  une  grosse 
somme  :  Dubois  pensait  déjà  au  cardinalat,  et  au 
besoin  qu'il  aurait  de  forcer  d'argent  à  Rome,  st- 
sim.  480,  200.  Il  est  probable  que  c'est  une  mau- 
vaise lecture,  et  qu'il  faut  lire  foncer,  voy.  foncer  2. 

—  Hisr.  xni"  s.  Glorieus  sire  perc....  Aies  merci 
de  m'ame,  car  11  cors  est  forcés,  Ch.d'An*.  VIII,  (382. 
Il  xV  s.  Par  moy  ton  cueurjà  forcé  ne  sera,  ch.d'orl. 
1.  Il  XVI"  s.  U  est  bon  quelquefois  de  forcer  sa 
complexion  pour  le  plaisir  de  ses  amis,  marg.  Lett. 
78.  Alexamlre,  forccant  la  ville  de  Gaza,  mont,  i,  4. 
Les  mouvements  forcez  [involontaires]  de  nostre 
visage,  id.  i,  97.  On  me  faisoit  gouster  la  science 
par  une  volonté  non  forcée,  et  de  mon  propre  dcsir, 
ID.  I,  I9B.  La  sagesse  ne  force  pas  nos  conditions 
naturelles  [elle  ne  nous  empêche  pas  d'être  hom- 
mes], ID,  II,  20.  Le  peuple  alloit  souvent  forceanl 
ou  destournant  les  propositions  du  sénat,  en  y  es- 
tant ou  adjoustant  quelque  chose,  amyot,  Lyc.  iO. 
Au  demeurant,  de  forcer  ses  ennemis  qui  tcnoient 
les  cymes  des  cousteaux,  et  les  en  dechassti  i.  iorce, 
il  n'y  voyoit  point  de  moyen,  id.  Fub.  <6.  Si  l'on 
ne  luy  [à  Annibal]  baille  point  moyen  de  combattre, 
il  est  force  forcée  ou  qu'il  se  ruine  de  soy  mesme 
s'il  demeure,  ou....  id.  ib.  30.  11  veit  forcer  et  violer 
ses  filles  estans  encore  à  marier,  id.  Timol.  *«.  Ces 
plantes,  forcées  par  chaleur  artificielle,  se  perdent  à 
peu  d'occasion  en  leur  premier  âge,  o.  de  serres,  545. 

—  ÉTYM.  Force;  provenç.  forsar;  espàga.  forxar; 
portug.  forçar;  ital.  forxare. 

t  FORCÉUIE  (for-se-rie),  s.  f  Serre  chaude  poui 
arbres  fruitiers. 

—  ÉTYM.  Forcer.  L'ancienne  langue  a  forcerie, 
mais  dans  le  sens  de  violence,  bealm.  lxiv,  io. 

FORCES  (for-s') ,  s.  f.  pi.  Sorte  de  grands  oiseaux 
pour  tondre  les  draps,  pour  couper  les  étoffes  et  les 
tailler,  pour  couper  les  tôles,  le  laiton,  le  fer-blanc. 
Une  paire  de  forces,  ||  Terme  de  manège.  Faire  les 
forces ,  se  dit  d'un  cheval  qui  ouvre  beaucoup  la  bou- 
che au  lieu  de  se  ramener  quand  on  lui  tire  la  bride. 

—  HIST.  xu*  s.  Forces  [il]  demande,  si  U  tondi  Io 
chief  [la  tête],  Li  coronemens  Looys,  v.  f  9i.8. 1|  xiV  s. 
Il  conviendra  que  la  superfiuité  d'eles  [le  trop  do 
longueur  d'aiguilles  laissées  dans  ur.i,  suture  de 
plaie]  soit  coupée  o  [avec]  les  forches,  n.  de  mon- 
DEViLLE,  f°  58.  ||  XVI"  S.  Avoc  dos  forcos  bien  tren- 
chantes  sera  tondu  ce  doux  animal,  o.  de  serres,  324 . 

—  ÉTYM,  Wall,  efoihex  ;  Hainaut,  éfonhes ;  pro- 
venç. force,  forsa  ;  du  latin  forfices,  ciseaux.  Forces 
est  au  pluriel  comme  ciseaux,  à  cause  des  deux 
branches. 

t  FORCET  (for-sè),  s.  m.  Sorte  de  ficelle  pour 
mettre  au  bout  des  fouets,  pour  ficeler  du  ta- 
bac, etc. 

t  FORCETTES  (for-sè-f),  s.  f.  pi.  Petites  forces. 

t  FORCECR  (for-seur),  s.  m.  Celui  qui  force, 
qui  fait  violence. 

HIST.  XVI"  ,s.  Poliorcetcs,  c'est  à  dire  forccur  de 

ville,  amïot,  Aritt.  15. 

—  ÉTYM,  Forcer  ;  provenç.  forsaire;  espagn.  for- 
xador;  portug.  forçador;  ital.  forxatore. 

t  FORCE- VIVIER  (for-sc-vi-vié) ,  s.  m.  Mot  plai- 
sant créé  par  Voltaire  pour  designer  ceux  qui  pri- 
rent part  au  célèbre  débat  en  Ire  les  physiciens  sur  les 
forces  vives.  C'est  de  quoi  les  force-viviers  ne  con- 
viendront point  du  tout,  volt.  Lett.  Mairan, 
24  mars  174). 

I  FORCIÈRE  (for-siê-r'),  s.  /■.  Terme  de  pêche. 
Petit  étang  où  l'on  met  du  poisson  pour  l'y  fairu 
multiplier. 

t  PORCINE  (for-si-n'),  s.  f.  Terme  rural,  Renlle- 


1728 


FOR 


ment  du  corp;,  d'un  arbre  à  l'enc'roit  de  la  réunion 
d'une  grosse  branche  avec  le  tronc. 

—  ÈTVM.  Force,  dans  le  sens  de  grosseur. 

f  FOBCIPL'LE  (for-si-pu-f),  t.  f.  Terme  d'ento- 
mologie. Chacune  des  deux  mandibules  accessoires 
des  arachnides. 

—  f'.T^  M.  Diminutif  du  lat.  (nreepi,  tenaille. 

t  FORCIR  (for-sir),  v.  n.  Terme  provincial.  De- 
venir plus  fort,  surtout  en  parlant  des  enfants.  Cet 
enfant  a  beaucoup  forci. 

—  RTYM.  Fort.  Ce  mot,  bien  qu'usité  seulement 
en  certaines  provinces,  est  fait  comme  grotsir, 
grandir. 

FORCLORE  (for-klo-r'),  V.  a.  Il  se  conjugue 
comme  clore,etPst  usité  surtout  au  présent  de  l'in- 
linitif  et  au  participe  passé.  En  termes  de  pratique, 
exclure  de  faire  quelque  production  en  justice, 
après  certains  délais  passés.  Il  s'est  laissé  forclore. 
Forclore  quelqu'un  de  produire.  {|  Le  sens  propre  et 
primitif  est  exclure. 

—  HIST.  xiir  s.  Mes  l'espérance  m'est  forclose,  la 
Rose,  2)154.  Il  XV*  s.  Kt  ses  compagnons  qui  hors 
estoient  forclos  [du  château],  presque  tous  morts, 
KROiss.  I,  I,  149.  Plaisance  s'est  de  moy  partie, 
Oui  m'a  de  liesse  forclos.  N'en  parlez  plus....  en. 
n'oRL.  la  Despartie  d'Amours  en  ba/ade.  ||  xvi'  s. 
Faillie,  failli,  foulé,  fasché,  forclus,  marot,  ii,  (2. 
11  [Dieu]  n'a  forclos  la  voye  à  salut  à  aucun  estât, 
CALV.  Inst.  787.  Après  plusieurs  disputes,  les  deux 
religions,  tout  autre  forclose,  demeurèrent  esta- 
lilies  [en  Allemagne],  n'Aun.  Hist.  i,  22.  Qu'il  n'es- 
toit  raisonnable  qu'en  forcluant  le  plus  aagé,  il  bail- 
las! un  tel  estât  au  plus  jeune,  M.  du  bellay,  245. 
Conviant,  par  manière  dédire,  les  personnes  dignes 
à  ce,  dont  il  forclost  les  indignes,  amyot,  Soion,  2. 

—  ÊTYM.  Ane.  franc,  fors,  hors  (voy.  fous),  et  clore. 
FORCLOS,    OSE   (for-klô,    kl6-z')  ,   part,    passé 

de  forclore.  ||  1°  Il  a  été  déclaré  forclos.  ||  1'  Au 
propre,  mis  dehors,  laissé  dehors.  L'air  retentit  des 
imprécations  des  désespérés  forclos,  chateaud.  Mé- 
moires, t.  VI,  p.  (  m.  Il  Vieilli  en  ce  sens. 

FORCLUSION  (for-klu-zion),  s.  f.  Terme  de  pra- 
tique. Exclusion  de  faire  une  production  en  justice 
par  suite  de  l'expiration  du  délai  préfix. 

—  ÉTYM.  Forclus,  anc.  part,  de  forclore. 
FORÉ,  t.R  (fo-ré,  rée),  part,  passé  de  forer.  Clef 

forée,  clef  dont  la  tige  est  creusée  pour  recevoir 
ane  broche  fixée  dans  le  trou  de  la  serrure. 

FORER  (fo-ré),  V.  o.  Faire  un  trou,  percer,  à 
l'aide  d'engins  mus  par  un  mécanisme.  Forer  une 
clef,  un  canon.  Forer  un  puits  artésien.  Si  l'on  con- 
serve l'usage  de  forer  les  canons  et  qu'on  les  coule 
de  bonne  fonte  dure,  il  faudra  en  revenir  aux  ma- 
chines à  forer  de  M.  le  marquis  de  Montalembert, 
celles  de  M.  Maritz  n'étant  bonnes  que  pour  le 
bronze  ou  la  fonte  de  fer  tendre,  buff.  Hist.  min. 
t.  VIII,  147,  dans  pougens. 

—  IllST.  XIV  s.  Si  par  froissure  sang  noir  mort 
estoit  desoubz  l'ongle,  on  doit  forer  l'ongle  doul- 
cement,  Bernard  dk  cordon,  Traduction,  i,  27. 
Il  XV'  s.  Nul  serrurier  ne  pourra  faire  serrures  dont 
les  clefs  en  soient  foirées  ne  creuses,  si  la  broche 
n'est  rivée  à  deux  rivectz  en  couverture,  Ordonn. 
août  <48». 

—  ÉTYM.  Provenç.  forar;  portug.  furar;  ital.  fo- 
rare,  du  latin  forarc,  percer;  comp.  l'allemand 
bohren,  percer;  anc.  h.  allem.  poran,  etc.  On  trouve 
le  composé  trefforer:  Mes  mains  et  mes  pies  [ils]  tref- 
forerent.  Psaumes  en  vers,  dans  Liber  psalm.  p.  276. 

t  FOREllIE  (fo-re-rie),  s.  f.  Atelier  où  l'on  fore. 
Une  forerie  de  canons.  Il  ne  faut  point  perdre  de 
temps  à  mettre  la  forerie  en  état,  pour  achever  de 
forer  le  reste  des  canons  du  fourneau  d'Arlot,  Cor- 
respond, de  Colbert,  m,  (82.  {|  Action  de  forer.  L'ou- 
vrage de  la  forerie  va  d'autant  moins  vite  que  la 
fonte  est  meilleure,  buff.  Hist.  min.  t.  viii,  p.  134. 

—  ETYM.  Forer. 

\  FORESTAfiE  (fo-rè-sta-j') ,  s.  m.  Terme  de  droit 
coutumier.  Droit  que  l'on  payait  au  seigneur  pour 
passer  dans  ses  forêts  avec  des  charcttes,  et  aussi 
pour  y  faire  paître  des  bêtes. 

—  yiST.  xv  s.  Pour  droit  de  forestaigo,  à  cause 
de  l'usaige  qu'ilz  ont  en  tous  les  bois,  du  cangk, 
foreslagium. 

—  F.TYM.  Foresl,  forêt;  provcnc.  forasialge. 
FORESTIER,   1ÈRE    (  fo-rè-stic ,    stiê-r'),    adj. 

\\i'  Qui  a  une  charge  dans  les  forêts.  Garde  fores- 
tier. Agent  forestier.  ||  Substantivement.  Un  fores- 
tier. Il  Un  forestier,  se  dit  aussi  d'un  élève  de  l'école 
forestière.  ||  i-  Qui  concerne  les  forêts.  Le  code 
forestier.  Au  bas  du  petit  bois  est  une  source  lim- 
pide que  jamais  les  chaleurs  de  l'été  n'ont  tarie.... 
Lm  bergers  l'appellent  la  forestière,  dutillet,  Yscxtll 


FOR 

de  Dôle,  xi.  \\  Arbres  forestiers,  arbres  des  grandes 
forêts,  pir  opposition  à  arbres  des  bois.  Dans  un 
grand  terrain  très-ingrat  et  mal  situé  oii  rien  ne 
voulait  croître,  où  le  chêne,  le  hêtre  et  les  autres 
arbres  forestiers  que  j'avais  semés  n'avaient  pu  réus- 
sir, où  tous  ceux  que  j'avais  plantés  ne  pouvaient 
s'élever,  parce  qu'ils  étaient  tous  les  ans  saisis  par 
les  gelées,  je  fis  planter  en  )7ï4  des  arbre:!  tou- 
jours verts,  BUFF.  Hist.  nat.  t.  viii,  p.  415,  dans 
POUGENS.  Il  Ecole  forestière,  école  destinée  à  former 
les  employés  propres  à  soigner  et  à  conserver  les  fo- 
rêts de  l'État  et  de  la  liste  civile,  et  dont  le  siège  est 
à  Nancy.  |{  Villes  forestières,  se  dit  de  quatre  villes 
d'Allemagne  qui  sont  sur  le  Rhin  au-dessus  de  Bàle 
dans  le  voisinage  de  la  forêt  Noire;  ce  sont  Khein- 
felt,  Waldshut,  Seckingen  et  Laufenbourg.  ||  3°  .S. 
m.  Les  forestiers  de  Flandre,  les  anciens  gouverneurs 
de  Flandre  avant  qu'il  y  eût  des  comtes.  Judith  se 
fit  enlever  par  le  forestier  de  Flandres,  saint-foix, 
Ess.  Paris.  UEur.  t.  iv,  p.  52,  dans  pougens. 

—  HIST.  xiir  s.  Un  jor  estoit  aie  chacier  Melion 
et  Ii  forestier.  Lai  de  Melion.  Trop  sai  bien  mes  ha- 
biz  changier.  Prendre  l'ung,  et  l'autre  estrangier, 
Or  chastelain  ou  forestiers  ;  Briement  [brièvement, 
en  bref],  sui  de  tous  mestiers,  la  Rose,  H233.  Cil 
qui  i  faut  [en  choses  de  jeu  et  de  solaz]  est  fores- 
tiers [grossier]  et  champestres,  brun,  latini,  Tré- 
sor, p.  273. 

—  ÉTYM.  Prov.  forestier;  du  bas-latin /brcste,  forêt. 

FORET  (fo-rc  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire; au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  fo-rè-z  aiguisés), 
t.  m.  Petit  instrument  de  fer  dont  on  se  sert  pour 
percer  des  plaques  métalliques.  Foret  de  serrurier. 
Il  Petit  instrument  en  pointe  avec  lequel  on  perce 
les  tonneaux.  Foret  de  marchand  de  vin. 

—  HIST.  XIV*  s.  Faire  un  petit  pertuis  d'un  foret 
emprès  le  bondonnail,  Ménagier,  ii,  3. 

—  ÉTYM.  Forer. 

FORET  (fo-i'ê  ;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  Vs  se 
lie  :  des  fo-rê-z  immenses),  s.  f.  ||  1°  Vaste  terrain 
planté  de  bois;  terrain  couvert  d'arbres  exploités 
poiir  le  chauffage,  les  constructions,  etc.  Rassem- 
bler les  humains  dans  les  forêts  épars,  boil.  Art  f. 
IV.  11  me  faut  du  repos,  des  prés  et  des  forêts,  id. 
Êp.  VI.  Les  forêts  de  nos  cris  moins  souvent  reten- 
tissent, RAC.  Phèd.i,  t.  Nourri  dans  les  forêts,  il  en 
a  la  rudesse,iD.  ib.  m,  t.  Dieux!  que  ne  suis-je  assise 
à  l'ombre  des  forêts  !  id.  ib.  i,  3.  Dans  le  fond  des  fo- 
rêts votre  image  me  suit,  id.  ib.  ii,  2.  Au-dessous 
[des  neiges,  dans  le  Liban]  on  voit  une  vaste  foret 
de  cèdres  antiques,  qui  paraissent  aussi  vieux  que 
la  terre  où  ils  sont  plantés  et  qui  portent  leurs  bran- 
ches épaisses  jusque  vers  les  nues,  fé.n.  Tél.  m. 
Dans  l'état  de  nature,  l'agami  habite  les  grandes 
forêts  des  climats  chauds  de  l'Amérique,  et  ne 
s'approche  pas  des  endroits  découverts ,  et  encore 
moins  des  lieux  habités,  buff.  Ois.  t.  viii,  p.  272, 
dans  rouGENS.  Si  notre  indolence  dure,  si  l'envie 
pressante  que  nous  avons  de  jouir  continue  à  aug- 
menter notre  indiffi-rence  pour  la  postérité;  enfin 
si  la  police  des  bois  n'est  pas  réformée ,  il  est  à 
craindre  que  les  forêts,  cette  partie  la  plus  noble 
du  domaine  de  nos  rois,  ne  deviennent  des  terres 
incultes,  id.  Hist.  nat.  t.  viii,  p.  368.  Ces  mas- 
ses ,  ici  couronnées  d'impénétrables  et  antiques 
forêts  qui  n'ont  jamais  retenti  du  bruit  de  la  co- 
gnée, RAïNAL,  Hist.  phil.  vil,  21.  ||  Forêt  close, 
forêt  interdite  aux  usagers.  ||  Forêts  vierges,  vastes 
forêts  des  pays  inhabités.  ||  Forêts  sous-marines, 
forêts  souterraines ,  forêts  dont  on  retrouve  les 
débris  au  fond  des  mers  ou  dans  la  terre.  ||  Terme  de 
chasse.  Mesurer  une  forêt,  se  dit  en  parlant  du 
cerf  ou  de  toute  autre  bête  qui  la  traverse.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Vous  étiez  là  dans  une  forêt,  c'est-à- 
dire  vous  étiez  au  milieu  des  fripons.  ||  On  dit  dans 
le  même  sens:  C'est  la  forêt  de  Bondy,  à  cause  qu'il 
y  eut  un  temps  où  la  forêt  de  Bondy  près  Paris  était 
infestée  de  voleurs.  ||  V  Eaux  et  forêts,  les  forêts, 
les  étangs,  les  cours  d'eau,  en  tant  qu'ils  sont  l'objet 
d'une  surveillance  exercée  par  l'État.  ||  Les  eaux  et 
forêts,  l'administration  des  cours  d'eau,  des  lacs, 
des  bois  dépendants  du  domaine  public.  Conserva- 
teur, inspecteur  des  eauxet  forêts.  ||  Autrefois,  eaux 
et  forêts,  juridiction  qui  connaissait  de  la  chasse, 
de  la  pêche,  des  bois  et  des  rivières,  tant  au  civil 
qu'au  criminel.  Grand  maître  des  eaux  et  forêts. 
L'arpent  des  eaux  et  forêts  valait  une  fois  et  demie 
l'arpent  de  Paris.  ||  3°  Terme  d'ancienne  coutume. 
Droit  de  forêt,  droit  que  le  seigneur  avait  d'empê- 
cher de  couper  du  bois  sur  ses  terres  et  de  pêcher 
dans  ses  eaux.  ||  Concession  de  forêts,  exprimait  la 
permission  d'abattre  du  bois  et  de  pêcher.  ||  4*  Par 
extension     grande  quantité,  amas  de  choses  Ion- 


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gués  et  menues.  Une  forêt  de  lances.  Une  forêt 
de  mâts.  Une  forêt  de  chevtui.  De  dards,  de  ja- 
velots une  forêt  pressée,  saurin  ,  Spart,  iv,  l. 
Il  6°  Grande  quantité  de  pièces  de  bois  qui  forment 
le  comble  de  quelque  vaste  édifice.  La  forêt  du  d6me 
des  Invalides. 

—  SVN.  FOBfiT,  BOIS.  La  forêt  est  toujours  une  ■ 
grande  étendue  île  terrain  couverte  d'arbres;  le  boi» 
peut  être  un  terrain  très-petit.  Déplus,  dans  la  forêt 
croissent  les  grands  arbres  qui  sont  propres  à  la  con- 
trée; dans  le  bois  peut  croître  toute  espèce  d'arbres. 

—  HIST.  xiii*  s.  Si  comme  Berte  fut  en  la  forest 
par  lui  [seule],  Dcrte,i.  Et  tu,  forés,  qu'ici  t'espans,    i 
Qui  tant  es  anciene  et  grans.  Fabliaux  mss.  n°  7089     • 
2,  f°  64,   dans  LACURME.  {|xiv'  s.  Bien  samble  une 
forest  deslanches  qu'il  y  a,  Hugues  Capet,  v.  34B6. 

Il  xvi*  s.  Dire  ne  doibs  ton  secret  derrière  paroi  ne 
forest,  LEROUX  de  lincv,  Prov.  t.  i,  p.  73. 

—  ÉTYM.  Pioveni;.  forest,  foresia;  cspagn.  et 
portug.  floresla;  ital.  foresta;  du  bas-latin  fo- 
resta,  foreste,  forestum,  forasta.  On  a  longtemps 
tiré  ce  mot  de  l'allemand  Forj(,  forêt;  mais  au- 
jourd'hui les  étymologistes  allemands  déclarent 
que  ce  mot  est  venu  des  langues  romanes  dans 
leur  langue.  À  la  vérité,  ce  mot  roman  forest, 
on  a  voulu  le  rattacher  au  haut-allemand  foraha, 
pin;  mais  Diez  fait  remarquer  que  la  disparition  de 
l'/i  s'expliquerait  mal,  et  qu'un  suffixe  est  ou  ast  est 
fort  rare.  En  conséquence  il  incline  vers  une  éty- 
mologie  latine  déjà  proposée  par  Frisch,  à  savoir 
foris,  dehors.  C'est  l'étymologie  véritable  ;  le  gram- 
mairien Placidus  connaît  déjà  un  adjectif  forasti- 
cus,  extérieur;  et  cet  adjectif  subsiste  dans  l'italien 
forastico,  le  sicilien  furestico,  le  provençal  fores- 
gue ,  sauvage,  rude,  rétif;  l'italien /'oresJiere  a  le 
sens  d'étranger,  d'homme  du  dehors.  Sur  ce  modèle 
le  bas-latin  a  formé  forestare,  mettre  dehors,  ban- 
nir, f'oresfa  signifie  donc  primitivement  un  lian,  une 
proscription,  et  un  terrain  sur  lequel  on  avait  pro- 
noncé un  lian,  une  proscription  de  culture,  d'ha- 
bitation, dans  l'intérêt  de  la  chasse  seigneuriale.  De 
là  forestare  signifia  créer  une  forêt,  parce  que  ces 
prohibitions  s'appliquaient  surtout  aux  bois  ol  se 
trouvaient  les  bêtes  fauves,  et  que  d'ailleurs  les 
arbres  poussaient  bicntût  dans  les  campagnes  ainsi 
soustraites  à  la  culture.  Telle  a  été  la  transition  his- 
toriquement constatée  entre  foresta,  territoire  pro- 
hibé, et  fnrH. 

f  FOREUR  (fo-reur),  s.  m.  Ouvrier  qui  fore. 

—  ÉTYM.  Forer. 

FORFAIRE  (for-fê-r'),  je  forfais,  nous  forfai- 
sons,  vous  forfaites,  ils  forfont;  je  forfai.sais;  je 
forfis;  je  forferai  ;  je  forferais;  forfais,  forfaisons, 
forfaites,  qu'ils  forfassent;  que  je  forfasse;  que  je 
forfisse;  forfaisant;  forfait.  ||  1'  Y.  n.  Faire  quelque 
chose  contre  le  devoir,  contre  l'honneur.  Un  juge 
ne  doit  pas  forfaire.  ||  Korfaire  à  l'honneur,  commet- 
tre un  acte  qui  déshonore.  Il  Particulièrement,  for- 
faire à  son  honneur,  se  dit  d'une  fille  ou  d'une 
femme  qui  se  laisse  séduire.  Je  lui  passerais  mon 
épée  au  travers  du  corps,  à  elle  et  au  galant,  si 
elle  avait  forfait  à  son  honneur,  mol.  George  D.  i, 
4.  Il  2°  V.  a.  Perdre  par  un  forfait.  Louis  [de 
Bavière]  prononce  que  le  roi  de  France  [Philippe 
de  Valois]  a  forfait  la  protection  de  l'empire,  volt. 
Mœurs,  75. 

—  HIST.  XI*  s.  Forfait  fust  u  duble  [il  serait  con- 
damné à  une  amende  double]  de  ce  qua  altre  fust 
forfait.  Lois  de  Guill.  i.  La  traïson  [il]  jurât,  s'en 
est  forfait,  Ch.  de  Rnl.  xlv.  Que  que  [quoique]  Ro- 
lanz  à  Guenelon  forfist,  ib.  cclxxix.  ||  xii*  s.  Nus 
cops  de  lance....  N'i  forferra  [n'entamera  l'armure] 
vaillissant  un  boton,  Ronc.  p.  51.  Car  je  forfis  en 
bone  intention,  Couci,  xx.  Et  que  cil  nel  coupèrent 
[payent]  qui  rien  n'i  unt  mesfait,  E  portent  la  colée 
[le  coup]  do  ce  qu'autre  a  forfait.  Th.  le  mort.  83. 
Pur  ce  esguard  par  raisun,  e  bien  l'os  afichier  Que, 
se  Ii  clers  forfait  à  perdre  sun  mestier.  Face  le  sis 
prelaz  en  sa  chartre  lancier,  ib.  3i.||xiir  s.  Ensi 
conmença  la  guerre,  et  forfist  qui  forifaire  pot  par 
terre  et  par  mer,  villeh.  xcv.  Il  forfont  leur  faces  [ils 
altèrent  leurs  figures],  qu'il  apiergcnt  as  homes  junant 
[afin  de  paraître  jeûnant  aux  hommes],  du  cange, 
Gloss.  fr.  Sunt  en  terre  establi  Ii  juge,  Por  cstre 
delfense  et  refuge  X  cel  cui  Ii  monde  forfet,  la  Rose, 
5485.  Qui  art  meson  à  essient,  il  doit  eslre  pendus, 
et  forfet  tout  le  sien  en  la  manière  que  nous  avons 
dit  dessus,  BEAUM.  xxx,  9.  Il  XV*  s.  Si  leur  [aux  moi- 
nes de  Cîteaux]  tourna  à  grand  contraire,  quoique 
le  comte  de  Boukinghcn  fist  faire  un  ban,  que  sur 
la  terre  nul  ne  forfesist  à  l'abbaye  ni  de  feu  ni  d'au- 
tre chose,  FROiss.  Il,  II,  89.  Celle  garda  très  mai  son 
mariage  (la  première  fenimc  de  Charles  le  Bel]  et 


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FOR 


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1729 


i 


le  forflt,  iD.  I,  I.  4  a.  L'autre  raison  si  estoit  que, 
s'il  fut  ainsi  que  li  comte  de  Monfort  y  eust  aucun 
droit,  si  l'avoit-il  forfait  par  deux  raisons,  ID.  i,  i, 
(54.  Il  XVI"  s.  Autant  comme  il  se  povoit  faire,  Sans 
la  loy  chrétienne  forfaire,  marot,  iv,  i96.  Malheur 
sur  moy  si  j'ay  forfait  ;  et  si  j'ay  justement  fait,  en- 
core ne  levcray  je  point  la  teste,  calv.  Instit.  610. 
Celle  qui  a  forfait  à  son  honneur  et  violé  sa  virgi- 
nité, est  enterrée  toute  vive,  amyot,  Numa,  )«. 
Thessahis  a  déféré  et  défère  Alcibiades  d'avou'  for- 
fcit  contre  les  déesses  Cerès  et  Proserpine,  id.  Aie. 
i<. 

—  f.TYM.  Provenç.  forsfar,  forfar,  forfaire  ;  ano. 
lai.   forfare  ;  du   bas-latin  forisfaccre,  mot  à  mot 

faire  hors,  agir  en  dehors  de  ce  qui  est  permis, 
compromettre,  offenser,  nuire;  de  forts,  hors,  et 
facere,  faire. 

).  FORFAIT,  AITE  (for-fè,  for-fè-t'),  part,  passé 
de  forfaire.  Perdu  pour  cause  de  grand  crime.  Son 
fief  forfait  pour  cause  de  félonie. 

2.  FORFAIT  (for-fè;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  for-fè-z 
odieux;  forfaits  rime  avec  succès,  paix,  sujets,  etc.), 
s.  m.  Crime  énorme  commis  avec  audace.  Il  fut 
touché  de  l'énormité  de  leurs  forfaits,  vadgelas, 
Q.  C.  X,  )  .  dans  bichelet.  C'est  à  moi  seul  aussi  de 
punir  son  forfait,  corn.  Hor.  iv,  2.  Je  m'impute  à 
forfait  tout  ce  que  j'imagine,  m.  Rodog.  v,  4.  De 
quelque  grand  forfait  qu'on  me  puisse  reprendre, 
Je  n'ai  garde  d'avoir  l'orgueil  de  m'en  défendre, 
MOL.  Tart.  III,  6.  ô  toi  [ô  nuit],  de  mon  repos  com- 
pagne aimable  et  sombre,  X  de  si  noirs  forfaits 
prèteras-tu  ton  ombre?  boil.  Lu(rin,  ii.  Il  est  donc 
des  forfaits  Que  le  courroux  des  dieux  ne  pardonne 
jamais!  volt.  Sémir.  v,  8.  Aux  malheureux  tou- 
jours on  trouve  des  forfaits.  Et  les  plus  généreux 
vendent  cher  leurs  bienfaits,  gilb.  le  Poète  malheu- 
reux. Quoi  donc!  un  écrivain  veut  que  son  nom 
partage  Le  tribut  de  louange  offert  à  son  ouvrage, 
Et  m'impute  à  forfait,  s'il  blesse  la  raison.  De  la 
venger  d'un  vers  égayé  de  son  nom,  id.  Apologie. 

—  SYN.  CRIME  FORFAIT.  Crime  est  le  terme  gé- 
néral ;  le  foifait  est  un  grand  crime  ;  à  quoi  il  faut 
ajouter  que  forfait  indique  d'ordinaire  un  crime 
commis  par  quelque  personnage  d'une  grande  posi- 
tion, d'une  grande  puissance. 

—  HIST.  XI"  s.  De  quel  forfait  que  home  ont  fait 
en  cel  lens.  Lois  de  Guill.  i.  \\  xii'  s.  Par  quel  for- 
fait et  par  quel  mesprison  M'avez,  amors,  de  vous  si 
esloigné?  Couci,  vu.  Et  Cologne  destruite,  dont 
grans  est  li  forfais,  Sax.  xv.  E  fud  lur  pechied  mult 
forment  granz,  kar  par  leur  furfait  li  poples  del 
servise  Deu  se  retraist.  Rois,  p.  8.  Jà  ne  Tarons  si 
acrochie  (une  âmej.  Ne  prise  h  si  présent  forfait  [en 
si  flagrant  délit]....  benoît,  Chr.  de  Norm.  m,  Bi6. 
Il  xiii*  s.  Fourfait  ne  enfraiuture  qu'on  fasse  au 
moustier  St  Pierre,  Dti  cange,  atrium.  ||  xv«  s.  Là  en- 
tre deux  furent  traitées  les  délivrances  du  comte  de 
Kenfort  et  de  ses  compagnons,  etc....  parmi  tout 
encore  que  [moyennant  que]  toute  la  terre  de  Pier- 
rcgord  demeureroit  trois  ans  en  paix,  mais  bien  se 
pouvoient  armer  les  chevaliers  et  cscuyers  de  cette 
terre  sans  forfait;  mais  on  ne  pouvoit  prendre  ni 
ardoir,  ni  piller  nulle  chose  en  ladite  comté,  froiss. 
1,1,  226.  Il  XVI"  s.  [Seigneur]  Pardonnez-moi  mon 
forfait.  Car  c'est  un  forfait  extresme,  marot,  iv, 
267.  Pour  le  chastiement  d'un  forfaict  si  détestable, 
MONT,  m,  247. 

—  f.TYM.  Provenç.  forfach,  forfait  ;  anc.  ital. 
forfatto  ;  du  bas-latin  forisfactum  (voy.  forfaire). 

3.  FORFAIT  (for-fè;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  for-fè-z 
onéreux),  s.  m.  Marché  par  lequel  on  s'engage  à 
faire  ou  à  fournir  une  cho.se  pour  un  prix  déterminé, 
à  perte  ou  à  gain.  Traiter,  prendre  à  forfait.  Faire 
un  forfait  avec  un  architecte  pour  la  construction 
d'une  mai.son.  Marché  à  forfait.  ||  Forfait  de  com- 
munauté, clause  par  laquelle  les  époux  conviennent 
dans  leur  contrat  de  mariage  que  l'un  d'eux  ou  ses 
héritiers  ne  pourront  prendre  dans  la  communauté, 
quelle  qu'en  soit  la  valeur,  qu'une  certaine  somme 
déterminée.  ||  Vendre,  acheter  à  forfait,  vendre, 
acheter  en  bloc  et  sans  estimation  préalable.  ||  Fig. 
X  forfait,  s'est  dit  pour  complètement  ....  On  l'a 
fait  enlèvera  forfait;  Il  n'en  reste,  monsieur,  aucun 
morceau  sur  terre,  Et  l'endroit  est  tout  prêt  pour  y 
taire  un  parterre,  dancouht,  Mme  Artus,  i,  5.  Con- 
quêtes [des  Français]  qu'on  ne  pouvait  se  proposer 
de  conserver  que  pour  anéantir  à  forfait  la  marine 
d'Espagne  en  brûlant  ses  vaisseaux  dans  ses  ports 
et  ses  chantiers,  st-sim.  005,  147. 

—  HIST.  XVI"  s.  Sera  mis  en  chacun  d'icelles  [vil- 
les] le  nombre  de  six  changeurs,  chargez  chacun 

niL:r    db  i,\  lakoui:  krahcaise. 


d'iceux  pour  le  fayfort  de  trois  marcs  d'or  et  vingt 
marcs  d'argent,  Édit,  mai  IB80. 

—  ÉTYM.  Fort-fait,  qui  a  été  fait  fort  de....;  se 
faire  fort  de....  s'engager  à....  (voy.  fort  et  faire). 

FORFAITURE  (for-fê-tu-r') ,  s.  f.  ||  1»  Prévarica- 
tion d'un  magistrat.  Il  a  été  destitué  pour  cause  de 
forfaiture.  ||  2"  Terme  de  féodalité.  Violation  du 
serment  de  foi  et  hommage.  Le  fief  pouvait  être  re- 
pris pour  cause  de  forfaiture.  ||  Par  extension.  Leduc 
de  Noailles  était  mal  avec  M.  et  Mme  la  duchesse  de 
Bourgogne,  et,  par  même  forfaiture,  en  abomination 
à  la  cour  d'Espagne,  st-sim.  404,  )7. 

—  XI'  s.  Oui  tort  eslevera  ou  faus  jugement  fera, 
seit  en  la  forfaiture  le  rei  de  quarante  solz.  Lois 
de  Guill.  H.  Il  XIII"  s.  Se  li  sires  prent  le  fief  en  se 
[sa]  main,  par  le  [la]  reson  de  le  [la]  forfeture  de 
celi  qui  tenoit  en  bail....  bf.aum.  xv,  n.  ||  xiv"  s. 
Nous  avons  ordonné  que  les  gardes  auront  la  quinte 
partie  de  toutes  les  fourfaiturcs  [confiscations]  qu'il 
trouveront,  Ord.  des  rois,  t.  lu,  p.  IBO.  ||  xvi"  s. 
Cueurs  endurcis  par  obstination.  Voyez  celluy  qui 
de  la  forfaiture  Du  père  Adam  faict  satisfaction,  j. 

MAROT,  p.    221,   dans  lacurne Ne  crains  point 

des  Dieux  la  forfaicture  [punition]  ;  Car  contre 
amour  loy  ne  peut  estre  faicte,  st  gelais,   p.  155, 

dans  LACURNE. 

—  ËTYM.  Forfaire;  provenç.  forfaitura ,  forfa- 
chura. 

FORFANTE  (for-fan-f),  s.  m.  Terme  vieilli.  Hâ- 
bleur, fanfaron,  charlatan. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  y  a  encore  une  infinité  de  tel- 
les forfanteries  qui  ont  esté  inventées  par  les  for- 
fantes,   pour  affliger   et  tourmenter  les  hommes, 

PARÉ,  XIX,  32. 

—  £tym.  Ital.  furfanle,  coquin,  fripon;  espagn. 
farfante. 

FORFANTERIE   (for-fan-te-rie),  s.  f.  \\  1°  Acte  de 

violence  (sens  aujourd'hui   inusité) On  vint  ici 

faire  une  brouillerie;  Vous  rentrâtes,  voyant  cette 
forfanterie  ;  Et,  pour  vous  protéger,  je  vous  suivis 
soudain,  corn.  l'Illusion,  iv,  4.  ||  2°  Caractère  du 
forfante,  et  caractère  des  choses  que  fait  le  forfante. 
Que  d'affectation  et  de  forfanterie!  mol.  Tart.  m, 
2.  Sans  découvrir  encore  au  peuple  la  forfanterie 
denotreart,  m.  Xm.med.  m,  2.  Quelque  mépris  que 
le  régent  eût  pour  les  forfanteries  du  maréchal,  il 
en  était  quelquefois  piqué,  et  avait  été  deux  ou 
trois  fois  près  de  l'exiler;  mais  la  dernière  in- 
cartade combla  la  mesure,  duclos,  Mem.  Rég.  iGEuv. 
t.  VI,  p.  )42,   dans   pougens. 

—  HIST.  XVI"  s et  disoit  des  forfanteries  les 

plus  agréables  du  monde,  d'aub.  Foen.  iv,  (O Et 

tant  d'autres  forfanteries  [crimes]  et  meschancetées 
qu'il  a  attribué  à  nos  gens  d'Eglise,  m.  ib.  iv,  n. 
...  Forfanteries  inventées  pour  confondre  l'œuvre 
et  se  rendre  admirables  [il  s'agit  des  moyens  em- 
ployés par  les  chercheurs  de  sources],  o.  db  ser- 
res, 757. 

—  ÉTYM.  Ital.  furfanteria,  action  de  coquin,  de 
furfante  (voy.  forf.vnte)  ;  espagn.  farfanloneria. 
Scheler  a  pensé  que  ce  mot  ne  venait  pas  de  l'ita- 
lien, à  cause  que  l'italien  a  un  sens  ditférent,  et  il 
a  indiqué  le  wallon  forfer,  dépenser,  ou  le  wallon 
forvanter,  se  vanter  outre  mesure.  Mais  le  sens  ita- 
lien du  mot  se  trouve  dans  les  exemples  du  xvi" 
siècle;  il  n'y  a  donc  là  que  le  passage  d'une  accep- 
tion à  une  autre. 

t  FORFICDLAIRES  (for-fi-ku-lê-r') ,  s.  f.  plur. 
Famille  d'insectes  orthoptères  dont  le  genre  forficule 
est  le  type. 

t  FORFICULE  (foi-fl-ku-l'),  t. /'.  Terme  d'ento- 
mologie. Genre  d'insectes  orthoptères,  parmi  les- 
quels on  distingue  la  forficule  auriculaire,  dite  perce- 
oreilles  par  suite  d'un  préjugé;  car  cet  insecte 
est  inoffensif. 

—  ÉTYM.  Lat.  forficula ,  diminutif  de  forfex, 
pince. 

\  FORÇAGE  (for-ga-j'),  s.  m.  Terme  de  droit 
coutumier.  Droit  que  le  débiteuravait  de  reprendre 
ses  biens  vendus  par  autorité  de  justice,  en  ren- 
dant le  prix  à  l'acquéreur. 

—  ÉTYM.  Lat.  foris,  hors,  et  gage. 

FORGE  (for-j'),  s.  f.\\i°  Usine  dans  laquelle  la 
fonte  de  fer  est  transformée  en  métal.  Un  maître  de 
forge.  Toute  forge  qui  ne  produirait  pas  trois  cents 
milliers  de  fer  par  an,  ne  vaudrait  pas  la  peined'êtrc 
établie  ni  maintenue,  buff.  .Jfi'n.  t.  iv,  p.  t08,  dans 
POUGENS.  Les  intérêts  particuliers  se  réunirent  pour 
représenter  que  les  cent  neuf  forges  qui  travaillaient 
en  Angleterre,  sans  y  comprendre  celles  d'Ëcosso, 
produisaient  annuellement  dix-huit  mille  tonnes  de 
fer,  et  occupaient  un  grand  nombre  d'ouvriers  ha- 
biles, HAYNAL,  lïtJl.  pWi.  xvui,  30.112»  Fourneau, 


atelier  où  les  métaux  se  travaillent  au  feu  et  au 
marteau.  Forge  de  serrurier,  d'orfèvre.  De  grosses 
mains  faites  pour  souffler  la  forge,  j.  j.  rouss.  tm. 
m.  Il  II  ronfle  comme  un  soufflet  de  forge,  il  ronfle 
très-fort,  jj  Terme  de  marine.  Forge  volante,  petite 
forge  de  tôle,  avec  l'enclume,  le  soufflet,  etc.  qu'on 
prend  à  bord  des  grands  bâtiments  de  guerre.  ||  Fig. 
Cet  ouvrage  sort  de  la  forge,  est  encore  tout  chaud 
de  la  forge,  il  a  été  achevé  tout  récemment,  il  sort 
des  mains  de  l'auteur.  Lorsqu'ils  [les  journalistes] 
s'imposent  la  loi  de  ne  parler  que  des  ouvrages  en- 
core tout  chauds  de  la  forge,  montesq.  Lett.  pers. 
t08.  Il  3°  Particulièrement.  Atelier  d'un  maréchal 
ferrant.  Mener  un  cheval  à  la  forge.  ||  Forge  de 
campagne,  petite  forge  portative,  avec  les  outils, 
qui  sert  aux  maréchaux  ferrants  dans  les  armées 
en  marche.  Il 4°  Fine  forge,  houille  menue,  mais 
grasse.  Il  6°  Pierre  de  liais  sur  laquelle  on  bat  le 
plomb  à  froid. 

—  SYN.  forge,  haut  fourneau.  Le  haut  fourneau 
est  l'usine  où  le  minerai  est  réduit  en  fonte;  la 
forge  est  l'usine  où  la  fonte  est  transformée  en  fer. 
Si  dans  une  même  usine  on  réduit  le  minerai  en 
fonte,  et  celle-ci  en  métal,  cette  usine  prend  le  nom 
de  forge,  quoique  sa  partie  appelée  forge  soit  exclu- 
sivement réservée  à  forger  la  fonte,  c'est-à-dire  à 
la  battre  avec  un  marteau  pour  la  transformer  en 

métal,  LEGOARANT. 

—  HIST.  XIII'  S.  Nus  orfèvres  ne  puet  ouvrir  sa 
forge  au  jour  d'apostele,  Liv.  des  met.  39.  Nature, 
qui  pensoit  des  choses  Qui  sont  dessous  le  ciel  en- 
closes, Dedens  sa  forge  entrée  estoit.  Où  toute  s'en- 
tente  metoit  X  forgier  singulières  pièces  Por  con- 
tinuer les  espieces,  la  Rose,  (6097.  Car  Vulcanus  si 
lais  estoit.  Et  si  charbonnès  de  sa  forge,  ib.  14069. 
Nous  voulons  que  la  forge  de  deiz  [des  dés]  soit 
deffendue  par  tout  nostre  royaume,  joiNV.  295. 
Il  XV"  s.  Je,  Jean  Froissart....  me  suis  de  nouveau 
reveillé  et  entré  dedans  ma  forge  pour  ouvrer  et  for- 
ger en  la  haute  et  noble  matière  de  laquelle  du 
temps  passé  je  me  suis  enseigné,  froiss.  m,  iv,  i. 
Robes  de  nouvelle  forge  [façon],  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  f°  497.  Bailler  ses  faiz,  ou  les  escripre 
Sans  forge  [sans  con trouver]....  id,  ib.  f"  4(4.  ||  xvi"  s. 
Le  souphre  est  grandement  ennemy  de  la  forge 
d'argent,  palissy,  54.    Gens  de  bonne  forge,  cot- 

GRAVE. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  fôge;  provenç.  et  catal.  farga; 
espagn.  forja,  fraga;  portug.  forja;  piémontais, 
forgia;  du  latin /'dfcrùa,  avec  l'accent  sut  fâ  (voy. 
fabrique).  L'o  s'est  conservé  dans  quelques  formes 
romanes,  et,  chez  nous,  dans  le  nom  propre,  la 
Farge,  qui  équivaut  à  la  Forge.  Ce  qui  achève  de 
démontrer  cette  étymologie,  c'est  que  forjci,  nom 
d'une  localité  en  Normandie,  est  dit  en  latin  Fa- 
bricice;  que  dans  une  charte  de  (286  (Bibl.  des 
chartes,  4"  série,  t.  iv,  p.  (58)  le  carrefore  des 
forges  est  en  latin  bivium  fabricarum  ;  et  que , 
dans  un  texte  de  790,  Forges,  hameau  de  l'arron- 
dissement de  Loches,  est  dit /'afertca;.  Quelque  dif- 
férents que  soient  les  deux  mots,  il  ne  reste  pas  do 
doute  sur  l'étymologie.  Forge  est  la  forme  presque 
régulière  pour  fabrica;  il  n'y  a  d'irrégulier  que  la 
chute  du  b;  mais,  ïca  se  rendant  par  ge  {pedica, 
piège),  le  b  est  devenu  incompatible;  il  ne  pouvait 
y  avoir  fabrge,  et  le  b  est  tombé. 

FORGÉ,  ÉE  (for-jé,  jée),  part,  passé  de  forger 
Il  1°  Travaillé  à  la  forge.  Fer  forgé.  ||  2°  Fig.  Un  mot 
forgé,  mot  inventé,  fabriqué.  ||  Ecrit  forgé,  écrit  sup- 
posé, qui  porte  une  fausse  attribution.  Il  [Charles  XII] 
les  appela  médiateurs  volontaires,  persista  à  soutenir 
que  l'ordre  du  sultan  et  le  fetfa  du  muphti  étaient 
forgés,  puisqu'on  venait  d'envoyer  demander  de 
nouveaux  ordres  à  la  Porte,  volt.  Charles  SU,  e. 

FORGEABLE  (for-ja-bl') ,  adj.  Qu'on  peut  forger. 
La  fonte  n'est  pas  forgeable. 

—  ÉTYM.  Forger. 

f  FORGEAGE  (for-ja-j'),  s.  m.  Action  de  forger. 
Forgeage  au  marteau.  ||  Terme  de  coutellerie.  Ac- 
tion de  forger  la  pièce  qui  doit  fournir  un  couteau. 

—  ÉTYM.  Forger. 

t  F0RGE1«ENT  (for-je-man),  ».  m.  Synonyme  do 
forgeage. 

—  HIST.  XIV'  s.  Forgement  de  fausses  monnoyes, 
Ord.  des  rois,  t.  v,  p.  479. 

—  ÉTYM.  Forger. 

f  FORGE-MÈTRE  (for-jc-mè-tr'),  adj.  Qui  forge 
des  vers.  Mais  Dieux!  où  vais-je  me  mettre ?Phé- 
bus  même  forge-mètre  N'oserait  pas  se  promettre 
De  trouver  de  rime  en  ont,  ciiaui.ieu,  à  Ferraud. 

—  ÉTV.M.  Forger,  et  mèlre. 

FORGER  (for-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  et  0; 
je  forgeais,  nous  forgeons),  v.  a.  ||1°  Travailler  le 

I.  —  21'7 


1730 


FOR 


fer  l'argent,  etc.  au  fou  et  au  marteau.  Forger  un 
fer' de  cheval,  une  épée,  des  cuillers  d'argent.  Où 
Vulcain  forge  des  foudres  pour  le  père  des  dieux, 
fin.  TH.  xii.  Il  Se  forger,  forger  pour  soi.  Chacun 
de  ces  peuples  ensuite  se  forgea  son  Dieu,  saci, 
Bible  flots,  IV,  I7,  29.  ||  Absolument.  Apprendre  à 
lorger.  ||  Forger  à  froid,  travailler  un  métal  au  mar- 
teau sans  le  faire  chauffer,  par  opposition  à  forger 
à  chaud,  qui  est  la  manière  ordinaire  de  forger. 
Il  Forger  le  plomb,  le  frapper  avec  des  masses. 
Il  Fig.  Forger  ses  fers,  se  forger  des  fers,  être 
cause  de  sa  propre  servitude.  [Le  mondain]  qui  s'i- 
magine être  vraiment  libre,  parce  qu'il  est  en  effet 
trop  libre  à  pécher,  c'est-à-dire  libre  à  se  perdre, 
et  qui  ne  s'aperçoit  qu'il  forge  ses  fers  par  l'usage 
do  sa  liberté  prétendue,  boss.  iv,  Véture,  ).  ||  Kig. 
Forger  des  vers ,  los  faire  péniblement  et  tomme 
avec  le  marteau.  ||  2°  Fig.  Faire,  produire.  Chacun 
à  son  gré  forgeant  des  potentats,  rotb.  Vencesl. 
],  4.  Ah!  Scapin,  si  lu  pouvais  trouver  quelque 
invention,  forger  quelque  machine,  pour  me  tirer 
de  la  peine  où  je  suis,  mol.  Fnurber.  i,  2.  Un 
dieu,  sans  doute,  un  dieu  m'a  forgé  ces  mal- 
heura.  Comme  des  instruments  qui  peuvent  à 
ma  vue  Ouvrir  du  cœur  humain  les  sombres  pro- 
fondeurs, GILB.  le  Poêle  malheureux.  \\  Imaginer, 
inventer.  Et  sur  un  incident  fortuit  et  véritable  Ku 
forger  un  exprès  de  nature  semblable,  maibet, 
Soliman,  n,  6.  Un  inconnu  peut  bien  nous  forger 
une  histoire,  scabb.  D.  Japhet  d'Arm.  i,  4.  Ils  dé- 
peignent les  académiciens  comme  des  gens  qui  ne 
travaillent  nuit  et  jour  qu'à  forger  bizarrement  des 
mots,  ou  bien  à  en  supprimer  d'autres  plutôt  par 
caprice  que  par  raison,  pellisson,  JHst.  de  l'Acad. 
franc,  i.  Votre  feinte  douceur  forge  un  amusement 
Pour  divertir  l'effet  de  mon  ressentiment,  mol. 
D.  Gare,  iv,  s.  Je  forgerai  des  systèmes,  c'est-à- 
dire  des  erreurs,  pour  expliquer  leur  nature  [des 
animaux],  volt.  Trait,  métaph.  chap.  7.  ||  Se  forger, 
forger  à  soi-même,  s'imaginer,  se  figurer.  De  fem- 
mes et  d'enfants  dont  la  crédulité  S'est  forgée  à  plai- 
sir une  divinité  [forgée  se  rapporte  ici,  par  ar- 
chaïsme, à  divinité;  on  mettrait  aujourd'hui  forgé], 
noTBOu,  St  Genest,  v,  2.  Le  loup  déjà  se  forge  une 
félicité....  LA  FONT.  Fabl.  i,  B.  Les  images  que  l'ima- 
gination se  forge  au  dedans,  Boss.-Le((.  abb.  64. 
Il  Se  forger  des  chimères,  s'imaginer  des  choses 
sans  fondement.  Il  n'y  a  point  d'accident  pour  ou 
contre  que  l'on  n'imagine,  point  de  chimère  agréable 
ou  fâcheuse  qu'on  ne  se  forge,  mabiv.  Marianne, 
6*  part.  Il  Se  forger  des  monstres  pour  les  combattre, 
se  former  des  difficultés  soit  par  crainte  et  faiblesse 
d'esprit,  soit  par  vanité  et  pour  avoir  l'air  d'en 
triompher.  ]]  3°  Supposer  un  écrit,  l'attribuer  à  un 
.auteur  qui  ne  l'a  pas  écrit.  Le  faux  Enoch,  que  cite 
saint  Jude,  est  reconnu  pour  être  forgé  par  un  Juif, 
VOLT.  JfOMjrs,  Introd.  11  [ce  peuple]  se  forgea  une 
histoire....  ip.  Amahed,  2"  lett.  réponse.  |]  4"  V.  n. 
Terme  d'hippiatriquo.  Frapper,  dans  les  allures  du 
pas  et  du  trot,  les  pieds  de  devant  avec  la  pince  des 
fers  des  pieds  postérieurs.  Forger  en  voûte,  attein- 
dre la  rive  interne  du  fer  fixé  sous  le  pied  antérieur; 
on  entend  alors  un  bruit  marqué  résultantde  laper- 
cussion.  ]|  5°  Se  forger,  v.  réfl.  Être  forgé.  Du  fer 
qui  se  forge  facilement.  {]  Fig.  C'est  là  [d.ins  les 
cours]  que  se  forgent  ces  traits  de  feu,  selon  les  ter- 
mes de  l'apôtre,  dont  l'ennemi  se  sert  pour  allumer 
les  passions  dans  ces  âmes  vaines  qui  sont  les  idoles 
du  monde  et  dont  le  monde  est  lui-même  l'idole, 
FLÊcii.  Marie-Thér. 

—  HIST.  XII*  s.  Dist  11  païens  :  inauvesement  vos 
va;  Qui  list  t'espée,  mauvese  la  forga,  Bat.  d'Alcs- 
chans,  v.  4480.  Tuens  est  li  jurz,  e  tue  est  la  nui/.; 
tu  forjas  l'albe  c  le  soleil,  Liber  psalm.  p.  09.  Car 
li  fol  conseil  furent  en  Bretaignc  for^ié,  Th.  lemart. 
(66.  Chascune  des  genz  forjad  et  furmad  sun  Deu 
ctsunydle[idole],  flois,  p.  404.  ]|xiii'  s.  Voire,  sire! 
car  vous  la  feistes  forgier  [faire  cette  femme  exprès 

pour  vous],  llerte,  xxxviii Diox  qui  de  ses  biens 

reput  Lo  monde,  quant  il  l'ot  forgié,  let  Base,  6263. 
[Venus]  prise  provée  Es  laz  qu'il  [Vulcain]  ot  d'ai- 
rain forgiés,  ib.  I404B.  Comme  li  marti:ius  est  faiz 
por  le  fevre,  quiore  forge  une  espée,  or  un  hiaume.... 
BRUN.  i-ATiNi,  Trésor,  p.  (04.  Pren  ton  trésor  et  (on 
avjjr,  forge  ton  sens  et  ton  savoir;  Là  lo  tramot  et 
là)  envoieC  [où]  tu  tousjors  ieres  [seras]  en  joie,  oci 
nKCAMunAi,  BaW.  etjos.p.  «o.  ||  xiv's.Un  aneld'or, 
à  lin  saphir,  lequel  scint  Dunstan  forgadc  ses  mayns 
DK  LABoiiDE,  ^moui,  p.  470.  Il  XV*  S.  Taiscz-vous; 
on  forgo  en  Franco  les  florins  de  quoi  vous  serez 
payés,  PRoiss.  II,  m,  3«.  Et  se  trouva  un  cordelier 
forgé,  qui  de  luy  mcsme  prit  débat  audit  frère  Hie- 
louimn,  COMM.  vin,  i  s.  Notre  bonne  mère  avoit,  le 


FOR 

jour  de  devant,  forgé  [stylé]  le  médecin  qui  cstoH 
très  bien  averti  de  là  réponse  qu'il  devoit  faire, 
ouïs  XI,  Nouv.  XX.  Tout  en  forgeant  devient  on  fe- 
vre, Perceforest,  t.  ii,  f"  7).  ||xvi"  s.  Elle  se  forge 
.insin  une  prinse  frivole,  mont,  i,  8(.  Forger  un 
conte,  iD.  I,  205.  J'aime  mieulx  forger  mon  ame  que 
Il  meubler,  id.  m,  276.  Alcibiades  se  forgeoit  desja 
en  son  entendement  les  conquestes  de  Libye  et  de 
Carthage,  amyot.  Aie.  3o. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fôrijt;  provenç.  fargar;  rspagn. 
et  portug,  forjar  ;  du  latin  fabricare,  fabriquer 
;voy.  fobge). 

f  FORGERIE  (for-je-rie) ,  s.  f.  Industrie  dos  forges. 

—  ÉTYM.  Forger.  En  anglais,  forgery,  qui  est  le 
mot  français,  a,  outre  le  sens  de  forger,  celui  de 
commettre  un  faux. 

FORGKUON  (for-je-ron) ,  s.  m.  ||  i"  Celui  qui 
travaille  le  fer  à  la  forge  et  au  marteau,  et  qui  fait 
principalement  les  gros  ouvrages  en  fer,  barres, 
ancres,  chaînes,  instruments  aratoires,  etc.  Le  fils 
d'un  forgeron  né  à  Islèbe  fut  celui  par  qui  com- 
mença la  révolution  [la  réforme]  ;  c'était  Martin  Lu- 
ther, moine  augustin  que  ses  supérieurs  chargèrent 
lie  prêcher  contre  la  marchandise  qu'ils  n'avaient 
pu  vendre,  volt.  Ann.  Kmp.  Maximilien,  (6(8. 
\\Adj.  Ouvrier,  apprenti  forgeron,  ||  2*  Par  exten- 
sion, le  propriétaire  et  surtout  le  directeur  d'une 
ou  de  plusieurs  forges,  même  lorsqu'il  ne  travaille 
pas  lui-même  le  fer.  ||  3°  Nom  vulgaire  et  spé- 
cifique du  cMtodon  forgeron  et  du  sée  forgeron, 
appelé  poisson  Saint-Pierre  par  nos  pêcheurs  et 
dans  les  os  duquel  on  trouve  la  figure  des  outils 
d'un  forgeron.  |{  Proverbe.  X  forger,  ou  en  forgeant 
on  devient  forgeron,  c'est-à-dire  à  force  de  faire 
un  métier  on  l'apprend. 

—  ÉTYM.  Forger. 

FORGEUR  (for-jeur),  s.  m.  ||  1°  Ouvrier  qui  forge 
certains  objets.  Forgeur  d'épées,  de  ciseaux.  |{  Adj. 
Cylindres  forgcurs,  cylindres  à  cannelures  circu- 
laires pour  forger  le  fer.  {]  2°  Fig.  Celui  qui  'nvcnte 
des  faussetés.  Forgeur  de  nouvelles,  de  calomnies. 

—  HIST.  xvi»  s.  Il  fut  tenu  pour  un  forgeur  de 
nouvelles,  amyot,  Nicias ,  53.  Et  le  surnommoit  on 
Machaeropœus,  c'est  à  dire  forgeur  d'espées,  pource 
qu'il  avoit  un  gi'and  atelier  où  il  tenoit  plusieurs 
esclaves  ouvriers  qui  en  forgeoient,  id.  Démoslh.  6. 
Platon  n'est  qu'un  poète  descousu,  Timon  l'appelle, 
par  injure,  grand  forgeur  de  miracles,  mont,  ii,  280. 

—  «•""M.  Forger. 

t  FOROIS  (for-ji),  s.  m.  Terme  do  métallurgie. 
Verge  crénelée  qui  est  destinée  à  passer  à  la  filière. 

f  FORUU  (for-u),  s.  m.  Terme  de  chasse.  Lo  cri 
ou  le  son  du  cor  pour  l'appel  des  chiens.  ||  Le  lieu 
où  se  fait  ce  cri.  ||  La  partie  de  la  proie,  comme  les 
intestins  du  cerf,  qu'on  porte  loin  de  la  curée  pour 
attirer  les  chiens  par  cette  amorce,  les  accoutumer 
à  quitter  la  mangeaille,  et  les  rendre  dociles  aux 
différents  sons  du  cor. 

—  ÉTYM.  Voy.  FORHOin. 

FORHUER  (for-u-é)  ou  FORUCIR  (for-u-ir),  t'.n. 
Terme  de  chasse.  Sonner  d'un  instrument  pour  rap- 
peler les  chiens.  Forhuir  du  cor.  ||  Forhuir  ne  se 
dit  qu'à  l'infinitif;  forhuer,  qui  n'est  pas  dans  le 
Dict.  de  l'Académie ,  donne  les  autres  temps  :  for- 
luiant,  forhuais,  etc. 

—  IIIST.  xV  s.  Les  jeunes  chiens  faut  cnseignier 
Et  les  menerpar  droite  trace.  Pour  mieulx  aprcndre 
leur  mesticr  ;  Et  s'il  est  qu'aucuns  se  defface.  On  le 
bat,  forhuie  et  menace,  Eusr.  vt.sc.u.  Poésies  m.is. 
f"  444.  Il  XVI'  s.  De  la  beste  victime  à  Diane  sacrée 
Aux  chiens  joyeux  de  sang  on  donne  la  curée  ;  C'est 
plaisir  de  les  voir  sitost  qu'ils  ont  ouy  Sonner  et 
forhuer,  am.  jamin.  Poésies,  p.  86,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Fors,  hors,  et  huer. 

t  FOniACE  (fo-ri-a-s"),  s.  f.  Nom  donné  par  les 
ardoisiers  à  des  pyrites  de  fer  en  lames  plus  ou 
moins  épaisses  et  rapprochées  les  unes  des  autres 
qui  se  trouvent  dans  les  couches  d'anloise. 

—  ÉTYM.  Foriace  serait-il  pour  foirasse,  comme 
si  c'était  une  ordure,  une  foire  dans  les  bonnes  ar- 
doises? 

■f  FORJET  (for-jè),  s.  m.  Terme  d'architecture. 
Saillie  hoi-s  d'alignement. 

—  ÉTYM.  Voy.  FOBJETER.  On  a  dit  aussi  forjrture. 

FORJETER  ("for-je-té.  Le  (  se  doublequand  la  syl- 
labe qui  suit  est  muette  :  forjcttc,  forjettera).  ||  1"  V. 
n.  Terme  d'architecture.  Sortir  de  l'alignement,  de 
l'aplomb.  Ce  mur  forjette.  ]{  2°  V.  a.  Construire  des 
saillies,  hors  de  l'alignement  général  d'un  édifice. 

I  3"  Se  forjeter,  v.  réfl.  Un  bâtiment  se  forjette  lors- 
qu'il s'avance  hors  de  l'alignement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  a  les  yeux  flamboyans  et  fort 
enflés,  se  forjettans  hors  de  leur  orbite,  parB,  vi,  ». 


FOR 

Les  signes  communs  îles  luxations  sont  tumeurs  ou 
;,'ibbosités  où  l'os  est  lorjcté,  id.  xiv,  4. 

—  ÉTYM.  Fors,  hors,  el  jeter. 

t  FORLÂCUnRE  (for-là-chu-r'),  s.f.  Défaut  dans 
les  ouvrages  de  haute  lisse. 

—  ÉTYM.  Fors,  hore,  etldchtr 

FOR  LANCÉ,  ÉE  (for-lan-sé,  sée),  };«;(.  pa.si:c.  U 
chevreuil  forlancé. 

FORLANCER  (for-lan-sé.  Le  c  prend  une  cédille 
devant  a  et  0  :  forlani;ais,  forlançons),  v.  a.  Terme 
de  chasse.  Faire  sortir  une  bête  de  son  gîte. 

—  ÉTYM.  Fors,  hors,  et  lancer. 

t  FORIjVNÇURE  {l'ur-lan-su-r'),i  /■.  Délautd'unc 
étoffe  mal  ourdie. 

t  F0RL1GNEMENT  (for-li-gne-man),».  m.  Action 
de  forligner.  Je  ne  sache  en  ma  race  aucun  forlj- 
gnement,  th.  corn,  le  Geôlier  de  soi-même,  i,  B. 

—  ÉTYM.  Forligner. 

FORLIGNER  (for-li-gné),  v.  n.  ]|  1'  Dégénérer  de 
la  vertu  de  ses  ancêtres.  Jour  de  Dieu  I  je  l'étran- 
glerais de  mes  propres  mains,  s'il  fallait  qu'elle 
forlignât  de  l'honnêteté  de  sa  mèrel  mol.  G.  D.  ii, 
(4.  Souviens-toi  de  qui  tu  es  fils,  et  ne  forligne 
pa.s,  CHATEAUB.  Génie,  iv,  v,  4.  ||  2°  Familièrement 
et  par  plaisanterie,  il  se  dit  d'une  fille  qui  a  manqué 
à  l'honneur.  Plus  d'une  fille  a  forligne  ;  le  diable 
Est  bien  subtil....  la  font.  Aveux.  On  dit  qu'à  for- 
ligner il  [le  seie]  a  propension,  eeonaud,  Bal,  7. 
Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  xn*  s.  Ne  sunt  p;is  fil  Jesu,  ains  sunt 
tuit  fors  lignié,  Th.  le  mart.  (27.  ||  xiV  s.  Cculx  qui 
forlignent  ou  sont  hors  de  la  droite  ligne  de  bon- 
nes meurs,  l'en  leur  doit  mettre  peines  et  punicions, 
ORESME,  Elh.  320.  |]  XV'  S.  Et  il  viendra  pestilence 
du  haut.  Soudaine  mort  et  de  prince  default;  Ainsi 
seront  maint  règne  déserté  Par  forligner  de  la 
droite  couronne.  Et  en  autrui  lignie  transporté, 
EUST.  DESCH.  Poésies  mss.  f"  340.  Si  ne  forligne  mie 
son  vaillant  fils,  s'il  est  plain  de  bonté,  Boucic.  i,  s. 
Il  XVI*  s.  Vois  tu  combien  est  demeurée  en  son  en- 
tier cette  monarchie  de  France;  et,  bien  que  pour 
l'imbccillilé  de  quelques  rois,  le  royaume  ait  for- 
ligne en  deux  familles,  toutefois  ne  se  trouvera  que, 
depuis  unze  cent  ans,  ait  passé  en  main  de  nation 
estrangere,  fore  quelque  vingtaine  d'ans  sous  les 
Anglois,  PASQuiEn,  Kecherches,  p.  H92,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  fors,  hors,  et  il  jnc  .aller  hors  de  la  ligne. 
t  FORLONGE  (for-lon-j'),  s.  m.  Terme  de  chasse. 

(I  va  de  forlonge,  il  chasse  le  forlonge,  se  dit  d'un 
chien  qui  suit  de  loin,  qui  chasse  de  loin. 

—  ÉTV^M.  Voy.  forlonger. 

FORLONGE,  EE  (for-lon-jé,  jée),  part,  passé. 
Un  cerf  forlonge.  j]  Fig.  Prolongé.  Je  l'accablai  donc 
à  cent  reprises,  dans  la  séance,  de  mes  rcganis  as- 
senés et  ibrlongés  avec  persévérance,  st-sim.  t.  ivi, 

p.  4G9,  édit.  CHÉRUEL. 

FORLONGER  (for-lon-jé.  Le  g  prend  un  e  devant 
o  et  o;  forlongeant,  forlongcons).  ]|  1°  F.  n.  Terme 
<le  chasse.  S'écarter  de  ses  parages  ordinaires,  en 
parlant  de  la  bête.  ]{  Avoir  beaucoup  d'avance  sur  les 
chiens,  en  parlant  du  cerf.  Ce  cerf  forlonge.  ]|  2"  Se 
forlonger,  v.  réfl.  S'écarlor  de  ses  parages.  Comme 
il  [le  daim]  est  moins  entreprenant,  et  qu'il  no  se 
forlonge  pas  tant,  il  a  plus  souvent  besoin  de  s'ac- 
compagner, de  revenir  sur  ses  voies,  edff.  Quadrup. 
t.  n,  p.  72,  dans  POL'GENS.  Il  Fig.  C'est  une  des  bel- 
les chaisses  qu'il  est  possible,  que  celle  que  nous  fai- 
sons après  M.  de  Bellièvre  et  M.  de  .Mirepoix  :  ils 
courent,  ils  se  rclaissont,  ils  se  forlongont,  ils  ru- 
sent; mais  nous  sommes  toujours  sur  la  voie,  SÊV. 
li>6.  Il  S'éloigner.  La  chas.se  tourna  du  côté  deDour- 
dan,  et  se  forlonpca  si  bien  que  le  roi  s'en  revint 
extnêmement  tard,  st-sim.  (5(,  (98.  ||Se  prolonger, 
durer.  Le  colloque  d'Effiat  et  des  siens  me  parut  se 
forlonger,  et  je  m'en  allai  vers  eux,  st-sim.  5(4,  72. 

—  HIST.  III*  s.  Ne  sdvum  pas  porqu'il  s'en  vunt... 
Pot  ccl  estre,  por  engignicr,  Nos  volent  cissi  fors- 
loignior,  benoît,  v.  (»804.  ||iiii*  s.  Li  rois,  ki  son 
preu  ne  forlogne  [n'abandonne  pas  son  a\'antage], 
MousK.  ms.  p.  546,  dans  lacdbne.  ||  xiv*  s.  On  prend 
daims  à  force  de  moins  de  chiens  qu'on  ne  fait  ung 
cerf,  pour  cinq  causes  :  la  première  est  qu'il  ne  fuit 
pas  longuement  comme  un  cerf;  la  deuxième  pour 
ce  qu'ilz  se  cha.ssent  de  plus  près,  ot  pour  ce  qu'il 
ne  folcnge  p.as  tant  comme  le  cerf,  Jfodiu,  ms. 
f"  20,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  fort,  hors,  et  longer,  comme  dans  al- 
longer, prolonger  (voy.  longeb  et  loin). 

t  FORMABLE  (for-ma-bl'),  adj.  Oui  peut  se  for- 
mer. Quelque  chose  qui,  ne  pouvant  avoi:  de  soi- 
même  d'être  formé,  ne  peut  non  plus  avoir  de 
soi-même  d'être  formable,  noss   Élevât,  m,  ï. 

—  ÉTYM.  Lat.  formabilis,(\e  forman,  former, 


FOlî 


FOR 


FOR 


1731 


}  roUMAlRE  (ror-mê-r'),  s.  m.  Ouvrier  qui  fttii 
les  formes  doct  le  papetier  se  sert  pour  IHbriquer  du 
papier. 

i  FORMAL  ifor-mal),  s.  m.  Terme  de  chimie. 
Corps  obtenu  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  étendu 
Je  peroxyde  de  manganèse  sur  l'esprit  de  bois. 

—  f.TYM.  Formique,  et  alcool,  dont  on  a  pris  les 
premières  syllabes. 

FORMALISÉ,  ËE  (for- ma-U-zé,zée),  part. passé. 
Qui  s'est  fâché,  piqué.  Formalisé  des  soupçons  dont 
il  était  l'objet. 

FORMALISER  (SE)  (for-ma-li-zé),  V.  réfl.  S'of- 
fenser, trouver  mauvais.  Je  ne  saurais  me  formali- 
ser de  cela,  VOIT.  LcU.  84.  Mon  Dieu!  qu'as-tu? 
toujours  on  te  voit  en  courroux,  Et  sur  rien  tu  te 
formalises,  mol.  Amphit.  ii,  s.  Le  dirai-je,  et  ne  s'en 
formalisera-t-on  pas?  non,  mes  frères;  car  je  le 
dirai  avec  tout  le  respect  et  toute  la  circonspection 
convenable,  bouiidal.  W  dim.  après  la  Pentec.  do- 
minic.  t.  m,  p.  255.  Les  présidents  se  formalisèrent 
qu'on  n'eût  pas  commencé  par  eux,  volt.  Hisl.parl. 
ohap.  64.  Il  Dans  le  langage  ordinaire,  il  est  souvent 
actif.  Il  suffit  d'un  rien  pour  le  formaliser.  Ne  crai- 
gnez-vous pas  que  cela  le  formalise? 

—  HlST.  xvi"  s.  L'avez-vous  bien  payé  [l'avocat], 
pour  y  mordre  [à  votre  cause]  et  pour  s'en  formali- 
ser.... MONT.  Il,  325.  Estimant  que  nos  interests 
altèrent  le  ciel,  et  que  son  infinité  se  formalise  de 
nos  menues  distinctions,  m.  ii,  382.  Ce  que  j'auray 
dict  sans  soin,  si  on  vient  à  me  le  contester,  je 
m'en  formalise,  je  l'espouse,  m.  m,  29<.  J'estime 
grande  simplesse  de  se  formaliser  [être  jaloux]  sur 
un  regard,  yveh,  p.  588.  Ils  n'ont  souci  que  de  leur 
interest  particulier  (chose  qui  meut  aujourd'hui  la 
pluspartdes  hommes),  y  en  ayant  .si  peu  qui  pour  la 
pitié  d'autrui  et  le  regard  de  la  justice  se  formali- 
sent, qu'il  semble  que  l'humanité  etl'oquité  soyent 

anéanties,  lanouk,  387 Ce  qui  feit  que  les  Chal- 

cidiens  se  formalisèrent  fort  affectueusement  pour 
luy,  et  meirent  leur  ville  entre  ses  mains,  amyot, 
Flam.  3).  Le  consul  Cotta  se  formalisa  à  rencon- 
tre, et  persuada  au  sénat  de  s'opposer  à  ceste  loy, 
iD.  Marius,  4. 

—  ErvM.  Formel  :  mot  à  mot  être  attaché  aux 
formes,  et,  dans  le  xvi*  siècle,  prendre  intérêt  pour 
ou  contre,  suivant  les  adjonctions,  et  enfin,  aujour- 
d'hui, en  un  sens  plus  étroit,  prendre  intérêt  contre. 

t  FORMALISME  (for-ma-li-sm') ,  s.  m.\\l°  Atta- 
chement excessif  aux  formalités.  Le  formalisme 
judiciaire,  diplomatique.  ||  Terme  de  religion.  Ré- 
glementation excessive  des  actes  de  la  vie.  |{  2°  Goût 
des  formes,  de  l'étiquette.  ||  3"  Terme  de  philoso- 
phie. Système  qui  consiste  à  nier  l'existence  de  la 
matière,  en  ne  lui  reconnaissant  que  la  forme. 

—  lîTVM.  Voy.  FORMALISTE. 

FORMALISTE  (for-ma-li-sf),  adj.  P"  Qui  s'at- 
tache scrupuleu-sement  aux  formes.  On  sait  que  les 
Romains  étaient  extrêmement  formalistes,  montesq. 
Esp.  xxvii.  Il  2°  Attaché  aux  choses  d'étiquette.  Ces 
princes  si  formalistes  sur  leur  rang,  la  bruï.  i-2. 
Il  3°  S.  m.  Un  formaliste  sévère.  C'est  un  grand 
formaliste.  ||  4°  Terme  de  philosophie.  Partisan  du 
formalisme. 

—  lllST.  XVI'  s.  0  chetive  prud'hommie  des  for- 
malistes, qui  se  tient  aux  mots  de  la  loy,  et  en 
pense  estre  quitte  !  charron,  Sagesse,  n,  3.  Les  for- 
malistes s'attachent  tout  aux  formes  et  au  dehors, 
ID.  ib.  1,41. 

—  ÉTVM.  Formel,  c'est-à-dire,  qui  s'attache  à  la 
forme. 

FORMALITÉ  (for-nia-li-té),  s.  f.\H'  Manière 
formelle,  expresse,  de  procéder  dans  certains  actes 
civils,  judiciaires,  administratifs,  religieux.  Remplir 
les  formalités  nicessaires  à  la  validité  d'un  contrat. 
Passer  sur  les  formalités.  Les  délibérations  ne  fu- 
rent plus  qu'une  formalité  inutile,  boss.  Hist.  m,  o. 
La  vengeance  publique  [contre  les  chrétiens] 
n'ayant  ni  formalité  dans  son  exercice,  ni  mesure 
dans  sa  cruauté,  ni  bornes  dans  sa  durée,  m.  Pa- 
nég.  SI  Victor,  3.  Séparer  les  formalités  néces- 
saires d'avec  ces  procédures  obliques  et  ces  ma- 
lignes subtilités  que  l'avarice  a  introduites  dans 
ics  affaires,  fléoiiieh,  Letellier.  Il  est  vrai,  dit- 
on,  cette  somme  lui  est  due,  et  ce  droit  lui  est 
acquis;  mais  je  l'attends  à  cette  petite  formalité; 
s'il  l'oublie,  il  n'y  revient  plus,  et  conséquem- 
raent  il  perd  sa  somme,  ou  il  est  incontestable- 
ment déchu  de  son  droit,  la  bruy.  xiv.  Depuis 
le  temps  qu'on  commença  à  disputer  sur  les  for- 
mules et  les  formalités  de  la  religion,  l'Angle- 
terre fut  inondée  par  une  foule  de  sectaires,  fén. 
t.  XKii,  p.  410.  i:t  lorsque  je  m'oppose  à  tant  d'énor» 
mités,  CÀsir  parle  de  droits  et  de  formalités,  volt 


Catitina.  .-f,  4.  Il  ne  faut  point  de  formalités  pour 
voler,  et  il  en  faut  pour  restituer,  m.  Lett.  Landg.  de 
Hesse-Cassel,  4  août  I753.  Lorsque  r.\ngleten-ecrut 
que  la  dissimulation  ne  lui  était  plus  nécessaire,  elle 
commença  les  hostilités,  sans  les  faire  précéder 
d'aucune  de  ces  formalités  qui  sont  en  usage  chez 
les  peuples  civilisés,  RAYNAL,  llisl.phil.x,  U.  ||  For- 
malités intrinsèques,  celles  qui  constituent  l'essence 
même  d'un  acte,  sans  lesquelles  un  acte  ne  saurait 
exister.  Formalités  extrinsèques,  celles  qui  ont  pour 
objet  de  constater  l'existence  d'une  convention. 
Il  Formalités  de  justice,  la  manière  de  procéder 
qu'impose  la  justice.  J'ai  dit,  chrétiens,  qu'on  ne 
gardait  avec  nos  ancêtres  aucune  formalité  de  jus- 
tice, parce  qu'on  les  tenait  pour  des  personnes  dont 
le  sang  n'était  d'aucun  prix,  boss.  Paitég.  St  Victor, 
3.  Il  Fig.  La  Senantes  ne  s'en  offensa  pas  [d'une 
déclaration]  ;  elle  vit  bien  qu'il  ne  fallait  pas  s'arrê- 
ter aux  formalités  de  la  sévère  bienséance,  hamilt. 
Gramm.  4.  ||  Molière,  en  se  moquant,  anommé  ainsi 
les  règles  observées  par  les  médecins  :  Il  faut  toujours 
garder  les  formalités,  quoiqu'il  puisse  arriver,  Am. 
méd.  Il,  3.  Un  homme  mort  n'estcju'un  homme  mort 
et  ne  fait  point  de  conséquence,  mais  une  formalité 
négligée  porte  un  notable  préjudice  à  tout  le  corps  des 
médecins,  ib.\,3.  ||  2°  Acte  de  cérémonie,  d'étiquette 
recherchée.  Oue  vous  êtes  fatigante,  ma  sœur,  avec 
vos  formalités  perpétuelles  !  dancoort,  les  Fées,  i, 
I.  Sous  sa  brillante  bannière.  Bien  escortés  de  pré- 
sents. Marchent  les  sots  compliments,  Et  la  façon 
minaudière;  En  dame  de  qualité.  Levant  une  tête 
altière,  Parait  la  formalité,  Mercure  de  France,  fév. 
4750,  dans  R1CHELET.  Il  3°  Attachement  aux  formes 
reçues.  Si  quelque  chose  peut  vous  donner  l'idée 
d'une  tiagédie  française  sans  génie,  mais  avec  cette 
régularité,  et,  il  faut  le  dire,  cette  formalité  qui  al- 
tère parmi  nous  la  vérité  grecque  et  encore  plus  la 
vérité  du  moyen  âge,  c'est  une  tragédie  de  Thomp- 
son et  de  Young,  villemain,  Litlér.  franc,  xviir 
siècle,  i'  partie,  2"  leçon.  ||  4"  Terme  de  la  sco- 
lastique.  Vertu,  qualité  d'un  être  naturel,  prise 
abstractivement.  Vivant,  sensible,  raisonnable  sont 
des  formalités  de  l'homme.  Si  être  libre  est  quelque 
chose  et  (juelque  perfection  dans  chaque  acte.  Dieu 
y  fait  cela  même  qu'on  appelle  libre;  et  l'efficace 
infinie  de  son  action,  c'est-à-dire  de  U  volonté,  s'é- 
tend, s'il  est  permis  de  parler  ainsi,  jusqu'à  cette 
formalité,  boss.  Libre  arb.  8. 

—  HIST.  XVI'  s.  Toutesfois  pour  couvrir  la  honte, 
ils  ne  laissoyent  de  garder  les  statuts  anciens  quant 
à  la  formalité,  calv.  Instit.  )002. 

—  f.TYM.  Formel. 

\  FORMARIAGE  (for-ma-ri-a-j'),  s.  m.  Terme  de 
droit  féodal.  Mariage  fait  contre  la  loi  ou  la  cou- 
tume ou  contre  le  droit  des  seigneurs,  et,  spécia- 
lement, mariage  entre  deux  personnes  appartenant 
(comme  serfs  ou  comme  hommes  de  poesté)  à  deux 
seigneuries  différentes,  ou  entre  une  personne  sou- 
mise à  la  seigneurie  et  une  personne  franche. 
Il  Droit  de  formariage,  droit  payé  au  seigneur  pour' 
obtenir  la  permission  d'épouser  une  personne  fran- 
che ou  appartenant  à  une  autre  seigneurie.  1|  On 
dit  aussi  que  le  seigneur  punit  d'amende  et  de  con- 
fiscation par  droit  de  formariage. 

—  lllST.  xvi"  s.  En  formariage,  le  pire  emporte 
le  bon  [le  franc  devient  serf],  loysf.l,  43. 

—  Etvm.  Fors,   hors,   et  mariage. 

FORMAT  (for-ma;  letne  se  lie  pas;  au  pluriel,  Ys 
se  lie  :  les  for-ma-z  in-quarto  et  in-octavo),  i.  m. 
Terme  d'imprimerie.  Dimension  d'un  livre,  déter- 
minée par  le  nombre  de  pages  que  renferme  cha- 
que feuille.  Format  in-folio.  Format  in-quarto.  For- 
mat in-dix-huit.  L'humble  format  sut  plaire  à  cette 
classe  Sur  qui  les  arts  sèment  trop  peu  de  fleurs, 
BÉRANG.  In-S". 

—  ËTVM.  Lat.  formatus,  formé  :  liber  formatus, 
livre  de  telle  ou  telle  forme. 

t  FORMATEUR,  TRICE  { for-ma-teur ,  tri-s'}, 
adj.  Il  1°  Qui  forme ,  qui  crée.  [Platon  a  eu]  un  in- 
stinct assez  heureux  pourappeler  Dieu  l'éternel  géo- 
mètre, pour  sentir  qu'il  existe  une  intelligence  for- 
matrice, volt.  Dial.  XXIV,  17.  Il  2'  S.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  forme.  Dieu,  parfait  architecte  et  absolu 
formateur  de  tout  ce  qui  est,  boss.  ÉUvat.  m,  2. 
Jugez  si,  en  admettant  un  formateur  souverain, 
on  peut  admettre  des  êtres  qui  lui  résistent,  volt. 
Dial.  xxiii. 

—  lllST.  xni'  s.  Pucele  en  qui  prise  forme  a  Li 
formcrcs  qui  tout  forma,  Fabliaux  ms.i.  n°72i8, 
f"  m,  dans  LACURNE.  j]  xvi*  s.  Tu  es  nostre  forma- 
teur, et  nous  sommes  l'ouvrage  de  ta  main,  caly. 
Inst.  679.  La  philosophie  comme  formatrice  des  ja- 
gcn;-:nts  et  des  mœurs,  mont,  i,  )8l. 


—  ÉTYM.  Lat.  formalorem,  de  formare,  former. 
Dans  l'ancien  français,  formeres  est  le  nominatif 
et  vient  du  latin  formdtor;  furmeor  serait  le  ré- 
gime, venant  de  formatôrem. 

j  FORMATIF,  IVE  (for-ma-tif,  ti-v'),  adj.  Term» 
de  philologie.  Qui  sert  à  former.  ||  Terme  de  gram- 
maire. La  lettre  formativc,  et,  substantivement,  ia 
formative,  dite  aussi  la  caractéristique,  la  lettre 
qui,  dans  quelques  langues,  sert  à  déterminer  cer- 
taines  formes  spéciales  des  mots. 

—  ÊTYM.  Lat.  formatum,  supin  de  formare,  for- 
mer; provenç.  formatiu;  espagn.  et  ital.  formaliro. 

FORMATION  (for-ma-sion  ;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Au  sens  actif.  Action  de  former, 
'd'organiser,  d'instituer.  La  formation  d'un  régiment, 
d'un  camp.  ||  Au  sens  passif.  Action  par  laquelle  une 
chose  se  forme  ou  est  formée.  La  formation  d'un 
abcès  dans  le  poumon,  dans  le  foie.  Ce  qui  a  paru  do 
lui  dans  les  mémoires  de  cette  académie  sur  la  for- 
mation de  la  voix....  fonten.  Dodarl.  Le  grand-père 
chien  paraît  avoir  eu  plus  de  part  que  la  grand'- 
mère  louve  à  la  formation  de  la  tête  du  mâle  et  de  la 
queue  de  la  femelle  do  la  première  génération, 
BUFF.  Quadrup.  t.  xii,  p.  263,  dans  pougens.  Que 
les  grandes  et  premières  formations  des  êtres  ani- 
més ne  se  soient  faites  dans  les  terres  élevées  du 
Nord,  m.  B"  Époq.  nat.  OKuvres,  t.  xii,  p.  267. 
Il  2°  Terme  de  géologie.  Mode  de  production  d'une 
roche,  d'une  famille  de  roches  ou  d'une  réunion  de 
ma.sses  minérales  ou  de  dépôts,  de  terrains.  {|  En- 
semble de  couches,  de  terrains  qui  paraissent  avoir 
été  formés  à  la  même  époque  et  par  une  semblable 
opération  géogénésique.  Formation  gypseuse,  cal- 
caire. On  distingue  des  formations  ignées  ou  pluto- 
niennes,  et  des  formations  aqueuses  ou  iieptu- 
niennes.  Cette  mine,  située -dans  une  si  haute 
montagne,  est  sans  doute  de  première  formation 
comme  la  plupart  des  autres  mines  de  cuivre  de 
l'Afrique,  biff.  Min.  t.  v,  p.  145,  dans  polgens. 
Lorsque  l'eau  n'est  chargée  que  des  molécules  de 
sable  calcaire  pur,  son  sédiment  forme  une  concré- 
tion calcaire  tendre,  ou  bien  une  pierre  semblable 
à  toutes  les  autres  pierres  de  seconde  formation, 
in.  ib.  t.  II,  p.  80.  Il  3°  Disposition  que  prennent  les 
différentes  sections  d'une  troupe.  La  formation  en 
bataille.  ||  4°  Terme  de  grammaire.  La  manière  de 
modifier  un  nom,  un  verbe,  l'un  dans  la  déclinaison, 
l'autre  dans  la  conjugaison,  en  ajoutant  certaines 
désinences.  La  formation  des  cas,  du  féminin,  du 
pluriel,  des  temps  des  verbes.  ||  5°  Terme  d'algè- 
bre. Formation  des  puissances,  opération  par  la- 
quelle on  élève  une  grandeur  donnée  à  une  puis- 
sance. Formation  d'une  équation ,  la  suite  des 
opérations  qui  conduisent  à  cette  équation.  ||  Terme 
de  géométrie.  Manière  dont  une  ligne,  une  surface 
est  engendrée. 

—  HIST.  xii"  s.  Itels  est  la  formation  Del  munde 
e  la  divisions,Ouo  quatre parz  i  a,  non  plus,  benoIt, 
I,  V.  47.  Il  xiii*  s.  Les  os  et  la  formacion  de  tous 
membres,  i.  de  mecng,  Végèce,  i,  6.  ||  xv°  s.  Mi  sers 
[mes  serfs]  en  moy  font  formacion  [complot]  Pour 
moy  occir....  eost.  desch.  Poésies  mss.  (-  52. 

—  ÉTYM.  Provenç.  formatio;  espagn. /'orniacton; 
ital.  formaiione  ;  du  lat.  formationem,  de  formare, 
former. 

FORME  (for-m'),i. /■.  ||  l°Dan8lesensle  plus  géné- 
ral, l'ensemble  des  qualités  d'un  être, ce  qui  déter- 
mine la  matière  à  être  telle  ou  telle  chose.  La  forme  de 
l'or  est  d'être  solide,  pesant,  brillant,  jaune  et  figu- 
rable.  La  matière  est  susceptible  de  toutes  sortes  de 
formes.  Il  [Dieu]  n'est  point  un  simple  faiseur  de 
formes  et  de  figures  dans  une  matière  préexistante  ; 
il  a  fait  et  la  matière  et  la  forme,  c'est-à-dire  son 
ouvrage  dans  son  tout,  boss.  Élitat.  m,  2.  La  na- 
ture nous  déclare  souvent  et  nous  fait  signifier 
([u'ellene  peut  pas  nous  laisser  longtemps  ce  peu  de 
matière  qu'elle  nous  prête....  elle  en  a  besoin  pour 
d'autres  formes  ,  elle  la  redemande  pour  d'autres 
ouvrages,  id.  Sermons,  la  Mort,  <.  ||  Par  extension, 
attribut.  Par  une  chose  complète,  je  n'entends 
autre  chose  qu'une  substance  revêtue  de  forme» 
ou  d'attributs  qui  suffisent  pour  me  faire  connaître 
qu'elle  est  une  substance,  desc.  Rép.  aux  quatre 
abject.  H.  |l  Forme  liypostatique,  celle  qui  consti- 
tue une  chose,  qui  la  fait  être  ce  qu'elle  est.  1a 
forme  hypostatique  de  la  peraonne  divi'..c.  ||  Dans 
la  philosophie  de  Kant,  forme  de  l'idée  ou  du 
concept,  la  généralité,  par  opposition  à  l'objet 
même  qui  est  la  matière  du  concept.  Il  2°  Terme 
de  chimie.  Forme  solide,  liquide,  gazeuse,  les  corpj 
à  l'état  solide,  liquide,  gazeux.  |{  8°  Fig.  État,  as- 
pect. J'ai  vu  la  misère  sous  toutes  ses  forme*.  La 
mort  se  présentait  sous  une  forme  terrible.  Combien 


1732 


FOR 


(le  forme»  donna-t-il  à  sa  fidélilé!  fi.éch.  I.etellier. 
||4'Fi(ç.  la  constitution,  le  mode  particulier  de 
certaine»  choses.  C'est  sans  attentat  Que  vous  avez 
changé  la  forme  rie  l'État,  corn.  Cinna,  il,  I.  Le 
peuple  de  Dieu  prend  une  forme  plus  auguste,  Hoss. 
Jlisl.  II,  *.  I-e  renfort  que  .saint  Grégoire  envoya  au 
nouvel  évoque  (Augustin  ,  en  Angleterre]  produisit 
do  nouveaux  fruits,  et  l'Église  anglicane  prit  sa 
forme,  ii).  t'b.  i,  1 1 .  Les  moyens  de  donner  une 
forme  solide  au  gouvernement,  pKn.  Tél.  xiv.  L'État 
ne  reprend  uiic  forme  constante  que  quand  les  lois 
l•^gnent,  VOLT.  Mœurs,  (94.  ||  6°  Terme  de  scolasti- 
que.  Forme  substantielle,  ou,  simplement,  forme, 
principe  distinct  qui  donne  une  manière  d'être  aux 
choses,  qui  leur  donne  leurs  attributs.  Dieu  qui  est 
la  forme  des  forme»  et  l'acte  des  actes,  boss.  Elevai. 
m,  2.  Il  s'agissait  de  savoir  si  la  forme  substantielle 
des  puces  de  Sirius  était  de  même  nature  que  celle 
de  colimaçon,  volt.  Micrnm.  i.  Un  des  principes 
d'Aristote  est  que  la  matière,  d'elle-même,  est  in- 
forme, et  que  la  forme  est  un  être  distinct  et  séparé 
de  la  matière,  bufp.  Animaux,  système  de  la  génér. 
Il  En  style  précieux,  avoir  la  forme  enfoncée  dans 
la  matière,  être  d'un  naturel  où  la  matière,  le  corps 
prédomine  sur  l'esprit.  Mon  Dieu,  ma  chère,  que 
ton  père  a  la  forme  enfoncée  dans  la  matière  I  moi.. 
Vréc.  8.  Il  6°  Terme  de  théologie.  La  forme  d'un 
sacrement,  les  paroles  sacramentelles  que  le  prêtre 
prononce  en  le  conférant.  Les  paroles  je  te  ba- 
ptise.... sont  la  forme  du  sacrement,  et  l'eau  en 
est  la  matière.  ||  Les  formes  de  Kelesiski,  corps  de 
doctrine  rédigé  par  Kelesiski ,  maître  cordonnier, 
pour  les  frères  de  Bohême.  ||  7°  Terme  de  gram- 
maire. La  forme  d'un  mot,  se  dit  d'un  mot  con- 
sidéré par  rapport  à  sa  composition,  à  ses  modi- 
fications. Les  formes  actives,  les  formes  passives 
d'un  verbe.  Il  8°  En  un  sens  restreint,  l'apparence 
extérieure  sous  laquelle  un  corps  se  montre  à  nos 
yeux.  Une  cour  de  forme  carrée.  Tailler  quelque 
chose  en  forme  de  croissant.  Quoi  que  vous  soyez, 
il  faut  avouer  que  vous  êtes  une  aimable  créature, 
et  que,  tant  que  vous  paraîtrez  sous  la  forme  de 
demoiselle,  il  n'y  en  aura  point  au  monde  de  si  ac- 
complie ni  de  si   estimable,  voir.   Lett.  48 De 

sa  forme   il   [chaque  animal]  se  loua  très-fort,  la 
PONT.  Fabl.   I,  7.  Même  celui  de  cadavre,  dit  Ter- 
tullien ,  parce  qu'il  nous  montre   encore   quelque 
forme  humaine,  ne  lui  demeure  pas  longtemps  [au 
mort]  ;   il   devient  un  je  ne  sais  quoi  qui  n'a  plus 
de  nom  dans  aucune   langue,  boss.   Duch.  d  Orl. 
Jésus-Christ  a   pris  la   forme   des  esclaves  et  des 
pécheurs,  ID.    Lett.    Corn.    ne.  Hippolyte  étendu, 
sans  forme  et  sans  couleur,  rac.  l'hèd.  v,  6.  Le  vi- 
sage de  son  ami  prend  une  nouvelle  forme,  fén. 
Tél.  XXIV.   Cela  semble  prouver  que  la  mère  donne 
la  grandeur   et   la   forme  du  corps,  tandis  que   le 
père  donne  celle  des    parties  extérieures   et   des 
membres,  bufp.  Quadrup.  t.  xii,  p.  20i,  dans  rou- 
GENS.  Le  mâle  donne  la  moitié  de  la  substance  vi- 
vante, la  femelle  en   donne   autant,  et  fournit  de 
plus  toute  la  matière  nécessaire  pour  le  développe- 
ment delà  forme:  une   belle  femme  a  presque  tou- 
jours de  beaux  enfants;  un  bel  homme  avec  une 
femme  laide  ne  produit  ordinairement  que  des  en- 
fants encore  plus  laids,  m.  ih.  t.  v,  p.  289.  Ces    trian- 
gles, ces  jiyramides,  ces  cubes  et  toutes  les  figures 
géométri(|ues  n'existent  que    dans  notre    imagina- 
tion.... elles   ne  se  trouvent  peut-être  pas  dans  la 
nature,  ou  'out  au  moin»,   si    elles  s'y  trouvent, 
c'est  parce  que  toutes  les  formes  possibles  s'y  trou- 
vent, ID.  Hist.  anim.  chap.    2.  M   crut  voir  Lucile 
qu:   passait  légèrement  devant  lui   sous  la  forme 
d'un  ange,  stael,  Corinne,  xn,  B.  Sous  une  forme 
humaine  il  habita  ces  monts,  c.  iielav.  Paria  ,  i, 
.'j.  Il  trouva  le  champ  de  bataille  jonché  de  morts  ; 
la  plupart  étaient   dépouillés ,    surtout   les   Fran- 
çais; on  les  reconnaissait  à  leur  blancheur  et  à  leurs 
formes  moins  osseusis  et    musculeuses  que  celles 
des  Russes,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  vi,    6.  Comme 
il  fait  noir   dans  la  vallée  I  J'ai  cru  qu'une  forme 
voilée  Flottait  là-bas  sur  la  forêt,  A.  nE  musskt,  Poé- 
sies nouv.  la  Nuit  de  mai.  \\  Prendre  forme,  prendre 
une   manière  d'être ,  un  aspect  qui  satisfait,  ou, 
simplement,  qui  permet  de  distinguer.  Cela  com- 
mence à  prendre    forme.   ||  Formes  cristallines,  les 
forme»  régulières  propres  à  chaque  espèce  de  cris- 
tal. Formes  simples,  celles  oi^  les  cristaux  sont  li- 
mités par  des  faces  toutes  semblables  ;  formes  com- 
posées, celles  où  ils  présentent  des  (;ices  d'espèces 
différentes.»  Il  9°  Terme  de  calligraphie  du  moyen 
igc.  Lettre  de  forme,   lettre  de  la  belle  écriture, 
des  belles  éditions,  par  opposition   à  lettre  cursive. 
Il  10  /lu p'iir.  Les  contours  d'un  objet.   Les  formes 


FOR 

du  corps.  L'élégance  des  formes.  La  gazelle  a  des 
formes   svelteg  et  gracieuses.   Les  formes   sévères 
de  l'architecture   grecque.   Les  formes    humaine». 
Il  11°   Tour  du  style,   diverses  façon»  d'exprimer 
la    pen»ée.  Celte  forme  appartient' à  la  prose.  Des 
formes  peu  variées.  Donne  forme  à  ma  venre,  in- 
spire mon  courage  ;  X  ta  gloire,  ô  Seigneur,  j'entre- 
prends cet  ouvrage;  Régnier,   Poème  sacré.   Sous 
toute»  les  formes  que  la  nécessité  de   voiler  la  vé- 
rité, ou  de  la  rendre  piquante,  a  pu  faire  inventer, 
CONDORCET,  Vie  de  Voltaire,  t.  xcii,  p.  U2  (édit.  de 
Kehl,  de  volt.)  La  morale  [du  christianisme]  oiïre 
des  formes  nobles  à  l'écrivain  et  des  moules  parfaits 
à  l'artiste,   chateaub.    Génie,   i,  i,  1. 1|  12°  Manière 
dont  une  chose  est  présentée  ou  traitée,  par  oppo- 
sition à  ce  qui  en  fait  le  fond.  Le  reproche  est  juste, 
mais  la  forme  en  est  acerbe.  Donner  à  un  sujet  vul- 
gaire une  forme  neuve  et  originale.  La  forme  d'un 
compliment,  d'une  critique.  Instructions  en  forme 
de  dialogue.   Ah  !  fort  bien,  ce  n'était  qu'une  re- 
montrance en  forme  de  définition,  genlis,  Théât. 
d'éduc.  la  Curieuse,   i,  ).||Par  forme  de,  en  ma- 
nière de.   Dire  quelque  chose  par  forme  d'avis.  Il 
disait  à  tout  le  monde  par  forme  d'exclamation.... 
BALZ.  liv.  VI,   lett.  s.  Il  13°  La  formule  usitée  dans 
certains  actes  ou  écrits,  la  manière  dont  on  le»  ré- 
dige habituellement.    La   forme  d'une    quittance. 
Il  14°  La  forme  d'un  argument,  la  manière  bonne 
ou  mauvaise  dont  les   parties  d'un  argument  sont 
disposées.  ||  En  fonne,  conformément  à  la  manière 
dont  l'argument    doit  être  dispose   pour  qu'il  soit 
selon  les  règles.  Votre    argument,  dit-il,    n'est   pas 
en  forme,  rEgnieh,  Sat.  x.  J'en  ferai  un  argument 
en  forme,  pasc.  Prov.  7.  Mais  il  faut  les  prouver 
En  forme.  —  J'y  consens,  boil.  Sat.  vui.  ||  16"  Ma- 
nière ou   façon   d'agir,   de   procéder  suivant  cer- 
taines règles,  certains  usages  convenus.  Prescrire 
une  forme  de  conduite.  La  demande  de  cette  fille 
en  mariage  a  été  dans  les  formes.  Les  formes  de  la 
justice.   En  la  forme  accoutumée.  Vice  de  forme. 
Régler  la  forme  des  vœux,  du  serment.   Pour   ob- 
server la  forme  accoutumée,  Je  le  vais  de  ma  main 
présenter  à  l'armée,  corn.  Olhon,  iii,  4.  Le  roi  mon 
père  est  trop  juste  et  trop  bon  Pour  me  faire  mourir 
contre  toutes  les  formes,  mairet,  Solim.  v,  6.  Pour 
les  faire  punir  dans  les  formes  de  la  justice,  pasc. 
Proi-.  <4.  Jésus-Ciirist  n'a  pas  voulu  être  tué  sans  les 
formes  de  la  justice,  iD.  /.  C.  <2,  édit.  paugère.  Ils  le 
voulaient  tuer  par  les  formes  [en  forme],  sÉv.  (I8. 
[k  Rome]  la  réception  des  images  était  la  forme  or- 
dinaire de  reconnaître  les  nouveaux  princes,  boss. 
Uist.  i,  <o.  On  les  menait  [les  chrétiens]  au  supplice 
sans  garder  aucune  forme  ni  suivre  aucune  procé- 
dure, K.Panég.St  Goraon,  2.  Quelle  nouvelle  forme 
d'entrer  dans  les  cours  des  rois  !  fléch.  Panég.  t.  i, 
p.  34B.  Consultez  ceux  qui  conservent  la  forme  de 
la  loi  et  de  la  saine  doctrine,  mass.  Car.  Salut. 
Le  mépris  des  formes  entraîne  bientôt  parmi  r.ous 
celui  du  fond  ;  nous  employons  si  souvent  la  for- 
mule, sans  tirer  à  conséquence,  qu'à  la  fin  tout 
sera  sans  conséquence,  duclos,  Mém.  rég.  Œuvres, 
t.  VI,  p.    155.  Des  témoins  dont  la  déposition   est 
conservée  dans  les  archives  publiques,  revêtue  de 
toutes    les    formes ,   volt.   Phil.  Cons.   à  M.  Ber- 
gier,  I9.  La  forme,  voyez-vous,  la  forme!  tel  rit  d'un 
juge  en  habit  court  qui  tremble  au  seul  aspect  d'un 
procureur  en  robe,   br.aumarch.    Uar.  de   l'ig.  m, 
i4.    Les    Anglais,    ainsi    devenus   souverains   du 
Bengale,    crurent    devoir    conserver    l'image    des 
formes  anciennes,   dans  un  pays  où  elles  ont  le 
plus  grand    pouvoir,    raynal,    Ilist.    phil.  m,  35. 
Que  ne  conservait-on  ces  formes   respectées.  Par 
les  seuls  criminels  si  longtemps   redoutées?   u.  i. 
ciiÉN.    Tib.  IV,  2.  Il   Sans  forme   de  procès,  sans 
avoir  ol)servé  les  formes  de  justice  ;   et  flg.   sans 
rien  écouter.  Là-dessus,  au  fond  des  forêts.  Le  loup 
l'emporte  et  puis  le  mange  Sans  autre   forme  de 
procès,  LA  FONT.  Fabl.  i,  lO.  Je  ne  suis  pas  même  à 
portée  de  solliciter  la  restitution    de    mon   propre 
bien,  qu'on  s'est  avisé  de  me  prendre  sans  aucune 
forme   de  procès,  volt.  I.ett.   d'Argental,  I»  janv 
(771.  Il  Dans  les  formes,  suivant  les  formes  régu- 
lières, les  règles  établies,  les  usages  convenus.  Traiter 
une  affaire  dans  les  formes.  Il  faut  qu'un  amant, 
pour  être  agréable,  s<iche  débiter  les  beaux    senti- 
ments.... et  que  sa  recherche  soit  dans  les  formes, 
mol.  les  Prie.  s.  Rien  ne   se  fait  dans  les  fomes, 
boss.  Ilist.  1,  M.  La  ville  assiégée  dans  les  formes, 
II),  ib.  11,9.  On  déclara  la  guerre  à  rr.spagne  dans 
les  formes  à  la  fin  de  l'année  I7.19,  volt.  Louis  XV, 
8.  Il   En  forme,  en  bonne  forme,  avec  toutes   les 
formalité»  requises,   et  aussi  avec  tous  les  carac- 
tères, avec  toutes  les  coadition»  que  la  chose  rom- 


FOR 

porte.  En  vertu  d'un  contrat  duquel  je  suis  porteur. 
Il  est  en  bonne  forme,  et  l'on  n'y  peut  rien  dire. 
MOL.  Tart.  V,  4.  Vous  voulez  un  raccommodement 
en   forme,  sÉv.  308.  Elle  vous  aime  trop  pour  von» 
rien  dire  en  forme,  m.  4«5.  Il  signe  un  bon  coutral, 
écrit  en  bonne  forme,  rac.  Plaid,  ii,  a.  Le  roi  lui- 
même,  qui  n'avait  point  encore  vu  de  prés  le»  Ro- 
mains dans  un  combat  en  forme,   en  fut  effrayé, 
ROLLiN.  Uist.  anc.  t.  vin,  p.  225,  dans  pouoens.  Le 
singe,  comme  secrétaire.  En  bonne  forme  mit  l'af- 
faire, LAM0TTE,  Fables,  m,  n.  (Dans  une  tragédie] 
Pour  expirer  en  forme,  un  roi,  par  bienséance.  Doit 
exhaler  son  âme  avec  une  sentence,  gilb.  Le  )8'  t. 
Il   Terme    de  chancellerie   romaine.    Provisions   en 
forme  gracieuse,  celles  qui  sont  expédiées  en  suite 
d'une  information  de  vie  et  de  mœurs  faite  sur  les 
lieux.  Il  Pour  la  forme,  pour  sauver  les  apparences, 
pour  se  conformer  aux  usages  reçus.  Ces  devoir;?.... 
Qu'elle  endurait  seulement  pour  la  forme,  la  font. 
ifandr.  Les  nouveaux  mystiques  font  peu  de  cas  de 
cette  excellente  vertu  [l'espérance],  qu'ils  ne  nq^rj- 
ment  que  pour  la  forme,  boss.  Nouv.  myst.  x,  42. 
Il  Mme  de  Sévigné  a  dit  ei  ce  sens  :  par  les  formes. 
Oivoie  est  afiligé  (de  la  mort  de  Turenne]  par  le» 
formes,  Lett.   12   août  IC75.  ||  Absolument,  en  ter- 
mes de  procédure,  il  se  dit  des  formes  judiciaires, 
par  opposition  à  ce  qui   tait  la  matière,  le   fond 
d'un   procès.    La   forme  a  emporté  le  fond.  S'il  y 
a  des  cas  où  le  fond  doit    faire   taire   la  forme, 
c'est   assurément   quand    il    s'apit  de    la  vie   des 
hommes,  volt.  iMt.   Damilaville ,    8   févr.  1708. 
Il  16°  Au  plur.  Manière  d'agir,  de  s'exprimer.  Il  a  les 
formes  un  peu  rudes.  Ce  jeune  homme  a  des  formes 
très-distinguées.  Eurymaque  était  grave  avec  les  gra- 
ves, enjoué  avec  ceux  qui  étaient  d'une  humeur  en- 
jouée; il  ne  lui  coûtait  rien  de  prendre  toutes  sortes  de 
formes,  FÉN.  Tél.  xvi.  Une  faut,  pour  plaire  aux  prin- 
ces, que  des  formes  respectueuses,  de» manières  agréa- 
bles, et  l'art  de  louer  avec  finesse,  genlis,  Jeanne 
de  France,  t"  partie,  t.  i,  p.  293,  dans  pougens. 
Il  Absolument  et  familièrement.  Avoir  des  formes, 
se  dit  au  sens  d'avoir  des  formes  polies.  Cet  homme 
a  des  formes.  Mettez-y  des  formes,  et  vous  réussirez. 
Il  17°  Terme  d'arts.    Moule  sur  lequel  on   donne  à 
certaines  choses  la  forme  qui  leur  convient.  |{  Forme 
brisée,  forme  composée  de  pièces  qui  peuvent  se  sé- 
parer. Il  Terme  de  chapelier.  Morceau  de  bois  assez 
massif,  de  la  grosseur  de  la  tête  d'un  homme,  dont 
on  se  sert  pour  enformer  les  chapeaux.  Mettre  un 
chapeau  sur   forme.  Forme  du  chapeau,  la  partie 
élevée  au-dessus  des  bords  et  dans  laquelle  entre  la 
tète.  I.a  forme  de  ce  chapeau  est  trop  basse.  ||  Dans 
les  chapeaux  de  femme,  carcasse  en  calicot  gommé 
ou  en  tulle,  laitonnée  au  bord,  sur  laquelle  se  tend 
l'étoffe  du  chapeau  et  qui  lui  donne  sa  structure. 
Il  Terme  de  bonnetier.  Peut  ais  de  la  grandeur  de 
la  jambe  qu'on  met  dans  le  lias  afin  de  l'enformer. 
Il  Terme  de  cordonnier.  Morceau  de  bois  qui  a  la 
figure  du  pied  et  qui  sert  à  monter  un  soulier.  ||  La 
partie  de  dessus  d'un  soulier.  ||  18°  Espèce  de  moules 
de  terre  dans  lesquels  on  met  le  sucre  qu'on  blan- 
chit lorsqu'il  est  prêt  à  prendre  de  la  consistance. 
Il    Vase  ou  panier   percé   de  trous  dans  lequel  on 
met  écouler  le  fromage.  Ëclisse  ou  cercle  de  bois 
dans  lequel  on  dresse   les  '  fromages  de  Gruyère. 
I!  19"  Terme  de  papeterie.   Châssi»  de  bois   garni 
d'un  tissu  métallique,  servant  à  fabriquer  le  p.apier. 
Il  Terme  d'imprimerie.  Châssis  de  fer  dans  lequel  on 
serre    la  composition.  Une  forme   de    huit  page». 
Il  Terme  de  construction.  Forme  de  vitre,  la  garni- 
ture d'un  grand  vitrail   d'église,  composé  de  plu- 
sieur»  panneaux.  |l  V.n  termes  de  luthier,  une  forme 
est  un  modèle  d'instrument.  ||  ÏO"  Banc  garni  d'é- 
toffe et  rembourré.  Une  forme  de  velours.  Les  ducs 
devaient  avoir  [au  convoi  du  prince  de  Conti]  de» 
fauteuil»  en  tout  pareils  à  ceux  des  princes  du  sang; 
M.  le  duc,  toujours  entieprenant,  les  avait  tous  sup- 
primé» :  il  ne  »'cn  trouva  que    trois  pour  les  trois 
princes  du  deuil,  et  une  forme  joignant  le  deiniei 
fauteuil  et  plusieurs  autre»  formes  de  suite,  ST-SIM. 
220,  227.  Le»  sièges  étaient  des  escabelles,  des  for- 
mes et  des  bancs;    le  roi  avait  des  chaises  à  bras, 
garnies  de   cuir  rouge  avec  des  franges  de  soie, 
SAiNT-FOix,  Ess.  Paris,   OKur.    t.   m,  p.  7),  dan» 
rouGENS.  Il  Sièges  qui  »ont  dans  les  chœurs  de»  égli- 
«cs  pour  asseoir  les  prêtres,  les  chanoines  et  les  rc 
ligieux.Ondil  plusoiilinaircmentslalles.  ||  il"  Terme 
de  paveurs.  Certaine  étendue  de  sable  (]u'ils  metlciU 
dans  les  rues  ou  sur  les  pont»  avant  que  d'y  poser  le 
pavé.  Il  Terme  de  construction.    Lit  de  poussier  ou 
de  recoupes  d'une  faible  épaisseur  que  l'on  rapporte 
et  que  l'on  dresse  de  niveau  sur  l'aire  d'un  plancher 
4)our  recevoir  le  carreau.  ||  M"  Terme  de  cha»e. 


FOR 


FOR 


FOR 


1733 


Gîte  du  licTre,  l'endroit  où  il  se  couche  tant  la  nuit 
que  le  jour,  et  qui  est  ordinairement  entre  deux 
sillons.  Lièvre  en  forme.  ||  L'espace  de  terre  sur  le- 
quel un  filet  est  étendu.  ||  23°  Terme  de  faucon- 
nerie. La  femelle  d'un  oiseau  de  proie  qui  donne  le 
nom  à  rcsp"oe.  .j  24"  Terme  de  vétérinaire.  Nom 
donné  à  des  tumeurs  osseuses  qui  »e  développent  à 
la  couronne,  au-dessus  du  biseau  du  sabot,  chez  le 
cheval.  ||  25°  Terme  de  marine.  Atelier  ou  chantier, 
espèce  de  réduit  sur  le  hord  de  la  mer  pour  la  con- 
Dtruction  ou  le  carénage  d'un  vaisseau.  Ils  [les  Hol- 
landais] n'ont  point  de  formes  pour  le  radoub  nipour 
la  construction  des  vaisseaux,  Corresp.  de  Colbert, 
m,  2,  p.  308.  Puisque  vous  n'estimez  pas  qu'il  soit 
utilî!  de  faire  des  formes  en  Provence  pour  les  vais- 
•eaux  comme  l'on  en  fait  en  Charente,  ib.  in,  (63. 

I  Forme  flottante,  construction  disposée  pour  rece- 
foir  un  navire  dont  on  veut  réparer  la  carène. 

—  IIIST.  XIII*  s.  Et  entre  les  autres  [images]  en 
avoit  une  qui  estoit  en  forme  d'empereour,  villeh. 
cxxvii.  Por  faire  les  enseignemens  plus  chers  et 
plus  apers,  voudra  li  maistres  escrire  une  lœtite 
forme  [modèle]  de  la  letre  à  celui  qui  est  esleuz 
à  governeor  et  à  seignor,  brun,  latini  ,  Trésor, 
p.  583.  Je  tout  armé  alai  parler  au  roy,  et  le  trouvai 
tout  armé  séant  sus  une  forme....  jomv.  2(7.  i|xiv* 
s.  Et  doit-on  mettre  en  fourme  [sorte  de  cage]  ung 
coulon  qui  soit  ramier,  et  tous  les  autres  s'i  vien- 
dront asseoir  en  fourme  dedens  les  deux  roys  [Blets], 
ilodus,  f  ■  cxxvi.  Il  XV"  s.  Il  fit  venir  avant  un  clerc; 
et  eux  deux  enfermés  en  une  chambre  tant  seulement, 
prit  le  duc  une  feuille  de  papier  de  la  grand  forme, 
FROiss.  m,  IV,  46.  Quand  nous  y  fusmes  venus  [aux 
portes],  nous  n'y  trouvâmes  autre  garde  que  un  sa- 
vetier qui  mettoit  à  point  ses  formes  et  ses  rivets, 
in.  II,  m,  )8.  [Lesmpçons  ne  peuvent]  Faire  ouvraige 
qui  ne  soit  vain,  S'esquierre  n'ont  ou  ligne  en  main 
Et  fourme,  selon  leur  ouvraige,  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  ('  382.  L'honnesteté  et  forme  de  vivre 
(le  nostre  roy,  comm.  vi,  13.  On  le  fait  entrer  dans  la 
nasse  do  mariage,  comme  l'oyseleur  fait  venir  les 
oyseaux  do  rivière  dedans  la  fourme,  ies  Quinie 
joies  du  mariage,  p.  (37,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s. 
Les  formes  de  parler,  comme  les  herbes,  s'amendent 
et  se  fortifient  en  les  transplantant,  mont,  m,  5. 
C'cstoient  les  formes  [procédés]  vrayment  romaines, 
ID.  I,  24.  Une  toute  nouvelle  forme  de  vivre,  m.  i, 
00.  Inique  et  pernicieuse  forme  [l'usage  du  fouet 
dans  les  collèges]  !  id.  i,  (83.  La  forme  de  leurslicts, 
de  leurs  espées,  id.  i,  238.  Chacune  forme  [batail- 
lon] estoit  de  3ooo  hommes  pour  le  moins,  d'aub. 

Ilist.  II,  392 Sans  faire  mention  de  roy  ne  de 

prince,  pour  autantque  c'estoient  gens  qui  vivoient 
soubs  autre  forme  de  gouvernement,  amyot,  ÉpU. 

II  en  a  une  pleine  boite  [de  blancs-seings],  dont  il 
se  sert  à  toutes  occurrences,  comme  d'une  forme  à 
tout  soulier,' et  d'une  selle  à  tous  chevaux,  SaMfiJn. 
p.  8S.  Chausser  toute  personne  à  une  forme,  paré, 
x,  10.  X  telle  forme,  tel  soulier,  cotgrave.  Si  l'on 
voit  partir  un  lièvre,  n'allerpas  après  qu'auparavant 
on  n'ait  veu  le  lieu  d'où  il  est  party,  pour  juger  si 
^'est  un  giste,  ou  une  flastrure  ;  car  si  c'est  un  giste, 
il  sera  enforcé  et  fort  battu....  et  si  c'est  une  flas- 
trure, il  n'y  paroistra  que  peu,  puisqu'ils  s'y  met- 
tent seulement  sur  le  ventre,  n'ayant  pas  le  temps 
de  la  façonner;  ils  s'y  razent  seulement  le  plus  qu'ils 
peuvent;  et  si  c'est  une  forme,  c'est  un  signe  evi- 
dentque  c'est  un  lièvre  frais,  salnove,  p.  2  {(,  dans 

I.ACCRNP.. 

—  ÈTYM.  Wallon,  foûme;  provenç.  espagn.  et  ital. 
forma;  du  latin  forma,  rapporté  par  Curtius  au  ra- 
ilical  ftr,  ferre,  porter;  c'est  dans  un  sens  analogue 
([u'on  dit  le  port  :  un  port  majestueux. 

FORMÉ,  ÉE  (for-mé,  mée),  part,  passé  Aatormer. 
\\  1°  Qui  a  reçu  l'être  et  la  forme,  en  parlant  des  per- 
sonnes. Je  ne  suis  point  formé  du  s;ing  asiatique, 
VOLT.  Zaire,  m,  (.  Enfin  Delphine  et  lui  semblent 
foi  mes  l'un  pour  l'autre,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  le 
Portrait,  i,  3.  ||  En  parlant  des  choses.  Il  n'y  a  rien 
de  plus  exprès  ni  de  plus  formé  qu'un  tel  acte  [une 
prière  intérieure!,  puisque  c'est  précisément  une 
intention  de  Jemander  à  Dieu  la  grâce ,  Boss. 
\ouv.  myst.  x,  6.  Déjà  plein  d'un  amour  dès  l'en- 
fance foi  nié,  RAC.  Bajai.  v,  4.  Aux  cris  demi-for- 
més do  leurs  voix  expirantes,  volt.  Lisbonne.  Mon 
plan  est  formé,  il  est  sûr,  genlis,  Veill.  du  chdl. 
t.  II,  p.  357,  dans  POtiGENS.  Il  2"  Qui  a  une  forme. 
Elle  avait  l''s  bras  bien  formés,  hamilt.  Gramm. 
4.  Il  Fruits  formés,  fruits  noués,  il  est  vrai,  mais  qui 
n'ont  pas  encore  acquis  leur  grosseur  complète. 
H  Terme  de  blason.  Croix  formée,  croix  pattée. 
Il  3°  Terme  de  vénerie.  Fumées  formées,  et,  sub- 
stanlivcmen;      les  formées,  fientes  des  bêtes  feu- 


ves,  en  forme  de  crottes  de  chèvre;  elles  ont  lieu 
de  la  mi-juillet  à  la  fin  d'août.  ||  4"  Fig.  Instruit, 
élevé ,  dressé.    Nos  Espagnols  formés  à  votre    art 

militaire,  corn.  Sertor.  iv,  2 Formés  sous  ton 

joug  et  nourris  dans  ta  loi ,  volt.  Fanât,  ii ,  4. 
[j  6°  Suffisamment  développé.  Avoir  le  goût  for- 
mé. Les  jeunes  filles  ne  sont  point  libres  avec 
leur*  mères,  et  la  crainte  de  paraître  quelquefois  un 
peu  trop  formées  pour  leur  âge  gâte  toutes  leurs 
affaires,  dancourt,  la  Parisienne,  se.  7.  Dans 
les  sociétés  formées,  les  enfants  ayant  succédé  au 
rang  de  leurs  pères,  et  n'ayant  plus  qu'à  jouir  du 
fruit  des  travaux  de  leurs  ancêtres,  duclos,  Consid. 
moeurs,  ctiap.  8.  La  langue  italienne  n'était  pas 
encore  formée  du  temps  de  Frédéric  II,  volt.  Mœurs, 
82.  Votre  éducation  n'est  pas  finie  ;  votre  caractère 
et  votre  esprit  ne  sont  point  e-  core  formés  et  ne 
peuvent  l'être,  genlis,  Ad.  et  Théod.  t.  ii,  lett.  (, 
p.  3,  dans  POUGENS.  Elle  est  si  jeune  et  si  peu  for- 
mée qu'à  moins  de  certains  ménagements  on  pour- 
rait craindre  encore  pour  elle  quelques  rechutes, 
ID.  Yeill.  dxi  chdt.  t.  i,  p.  73,  dans  pougens.  ||  Cette 
jeune  fille  est  à  peine  formée,  les  menstrues  sont  à 
peine  établies  chez  elle.  On  dit  de  même  :  Elle  est 
déjà  formée.  |{  6°  Terme  de  théologie.  Vertus  for- 
mées, vertus  animées  par  la  charité.  ||  7"  Loi  formée, 
loi  scellée  du  sceau  de  l'empereur  d'Allemagne. 

FORMEL,  ELLE  (for-mèl,  mè-1'),  adj.  ||  1"  Qui 
est  en  forme,  et  qui  par  conséquent  est  exprès,  net- 
tement déterminé.  Le  texte  est  formel.  Un  démenti 
formel.  La  loi  est  formelle.  Il  n'y  a  que  dans  les  ju- 
gements que  se  puisse  rencontrer  la  vraie  et  for- 
melle fausseté;  il  se  peut  néanmoins  trouver  dans 
les  idées  une  certaine  fausseté  matérielle,  à  savoir 
lorsqu'elles  représentent  ce  qui  n'est  rien  comme 
si  c'était  quelque  chose,  desc.  Médit,  m,  13'.  Notre 
écrit  y  est  formel,  patru.  Plaidoyer  6,  dans  riche- 
LET.  On  a  montré  en  termes  formels  que  saint  Clé- 
ment exclut  tout  désir  actif  et  excité  ;  le  peut-on 
dire?  uoss.  JVour.  mt/st.  x,  (4.  Si  l'entière  per- 
manence [chez  les  mystiques]  exclut  la  demande  [à 
Dieu],  c'est  toute  demande  qu'elle  exclut,  formelle 
ou  confuse,  explicite  ou  imparfaite,  directe  ou  réflé- 
chie, passive  ou  active,  m.  ib.  x,  3.  ||  2°  Terme 
de  philosophie.  Qui  fait  qu'une  chose  est  telle  qu'elle 
est.  Une  cause  formelle.  Dans  la  notion  que  nous 
avons  de  ces  facultés  [d'imaginer  et  de  sentir],  ou, 
pour  me  servir  des  termes  de  l'école,  dans  leur  con- 
cept formel,  elles  enferment  quelque  sorte  d'intel- 
lection,  DESC.  Médit,  vi,  9.  La  couleur,  la  dureté,  la  fi- 
gure, etc.  n'appartiennentpoint  à  la  raison  formelle 
de  la  cire,  c'est-à-dire  qu'on  peut  concevoir  tout  ce 
qui  se  trouve  nécessairement  dans  la  cire  sans  avoir 
besoin  pour  cela  de  penser  à  elles,  id.  Kép.  aux  3" 
object.  )ï.  Il  faut  supposer  avec  l'école  que  ces  in- 
tentions et  ces  actes  qu'on  nomme  virtuels  sont  la 
suite  d'un  acte  formel  qui  subsiste  dans  son  état 
et  dans  le  branle  qu'il  a  donné  à  la  volonté,  noss. 
ffouv.  myst.  x,  5.  ||  Substantivement.  Le  formel  et 
le  matériel.  ||  Terme  de  théologie.  Le  formel  du 
péché,  le  défaut  de  conformité  avec  la  loi,  par  op- 
position au  matériel  du  péché,  qui  est  l'acte  même. 
Il  3°  Qui  est  en  efl'et  (c'est  à  peu  près  objectif,  au 
sens  moderne  de  ce  mot  dans  le  langage  philoso- 
phique, différent  du  sens  d'objectif im  xvir  siècle; 
ce  sons  de  formel  se  trouve  dans  Descartes  et  dans 
les  philosophes  de  son  école).  Cette  vérité  [que  le 
néant  ne  peut  rien  produire]  n'est  pas  seulement 
claire  et  évidente  dans  les  efl'ets  qui  ont  cette  réalité 
que  les  philosophes  appellent  actuelle  ou  formelle, 
mais  aussi  dans  les  idées  où  l'on  considère  seule- 
ment la  réalité  qu'ils  nommment  objective,  desc. 
Médit,  m,  ((.Je  comprends  fort  bien  que  l'être 
objectif  d'une  idée  ne  peut  être  produit  par  un 
être  qui  existe  seidement  en  puissance  (lequel,  à 
proprement  parler,  n'est  rien) ,  mais  seulement  par 
un  être  formel  ou  actuel,  id.  ib.  I9. 

HIST.  XIV"  s.  Cause  formel,  cause  final,  oresme, 

r/icse  de  MEUNIER.  Différences  formeles,iD.»î).  ||  xvs. 
De  art,  en  tant  que  s'estent  l'œuvre  formele,  nul  ne 
l'en  passoit,  tout  n'eust-il  l'expérience  ou  exercite 
de  la  main,  christ,  de  pis  in,  Charles  V,  m,  ((. 
Il  xvi'  s.  Il  accusa  et  sefeitpartie  formelle contreL. 
Murcna,  amyot.  Cal.  d'Ut.  33.  La  division  des  causes 
que  font  les  philosophes,  en  la  matérielle,  formelle, 
efficiente  et  finale,  paré,  Introd.  1 9. 

ÉTYM.  Provenç.   et  espagn.  formai;  ital.  for- 

male;  du  lat.  formalis,  de  forma,  forme. 

FORMELLEMENT  (for  mè-le-man) ,  odt).  |{  l°D'une 
manière  formelle,  expresse.  L'acte  porte  formelle- 
ment qu'en  ces  processions  ils  n'ont  pas  leurs  croix, 
PATRU,  Plaidoyer  (5,  dans  bichelet.  On  n'y  voii 
rien  [dans  une  lettre  d'Arnauld]  qui  ne  soit  si  clai- 


rement et  si  formellement  exprimé  dan*  ies  pas- 
s:iges  des  Pères  que  M.  Arnauld  a  rapportas  en  cet 
endroit,  que  je  n'ai  vu  personne  qui  ne  pilt  com- 
prendre la  différence,  pasc.  Prov.  3.  Les  principes 
de  DescJU-tes  étaient  alors  formellement  proscrits 
dans  les  éciUcs  du  royaume,  où  il  était  ordonné  en 
mémo  temps  de  n'enseigner  que  la  philosophie 
d'Aristote,  maihan,  Éloges,  Polignac.  ||  2°  Terme  de 
philosophie.  En  qualité  de  cause  formelle,  par  op- 
position à  matériellement.  Que  tout  ce  qui  est,  est 
formellement  en  Dieu,  et  ne  peut  ni  exister,  ni  être 
conçu  sans  Dieu,  boulainvilliers,  Réful.  de  Spi- 
nosa,  p.  326.  Il  Dans  le  langage  de  Descartes  et  de 
son  école,  effectivement,  en  effet,  en  réalité.  Il  faut 
nécessairement  qu'elle  [la  cause  de  l'idée]  soit  en 
quelque  substance  différente  de  moi,  dans  laquelle 
toute  la  réalité  qui  est  objectivement  dans  les 
idées....  soit  contenue  formellement  ou  éminem- 
ment; et  cette  substance  est  ou  un  corps,  c'est- 
à-dire  une  nature  corporelle  dans  laquelle  est 
contenu  formellement  et  en  effet  tout  ce  qui  est 
objectivement  et  par  représentation  dans  ces  idées, 
DESC.  Médit.  VI,  9.  Les  mêmes  choses  sont  dites  être 
formellement  dans  les  objets  des  idées  quand  elles 
sont  en  eux  telles  que  nous  les  concevons;  et  elles 
sont  dites  y  être  éminemment  quand  elles  n'y  sont 
pas  à  la  vérité  telles,  mais  qu'elles  sont  si  grandes 
qu'elles  peuvent  suppléer  à  ce  défaut  par  leur  excel- 
lence, ID.  Rép.  aux  2"  object.  60. 

—  HIST.  XIV"  s.  Et  ne  est  pas  le  ciel  chaut  for- 
melment,  mes  seulement  en  vertu,  oresmb.  Thèse 
de  MEUNIER.  Il  xv  s.  De  laquelle  sentence  et  juge- 
ment elle  appela  formellement  en  la  cour  du  parle- 
ment, j.  DE  troyes,  Chron.  (46».  ||  xvi' s.  M.  de 
Montpensier  s'opposeroit  formellement  à  toutes  mes 
ordonnances,  carloix,  x,  i.  Il  s'emploia  à  cercher 
des  preuves  pour  le  procès  à  venir,  et  surtout  à 
monstrer  comment  Yolente  sa  mère  avoit  formelle- 
ment espouzé  l'infant  Dom  Louis  son  père,  d'aub. 
Ifist.  II,  397. 

—  ÈTYM.  Formelle,  et  le  suffixe  ment. 
fFOUMENTIÈRE    (for-man-tiê-r'),  s. /■.   Un   des 

noms  vulgaires  du  blé  sarrasin. 

FORMER  (for-mé),  v.  a.  ||  1°  Donner  l'être  et 
la  forme.  Dieu  a  formé  l'homme  à  son  image.  Ce- 
lui qui  m'a  créé  dans  le  sein  de  ma  mère,  n'a-t-il 
pas  aussi  créé  celui  qui  me  sert?  et  n'est-ce  pas 
aussi  le  même  Dieu  qui  nous  a  formés  tous  deux  î 
SACi,  Bible,  Job,  xxxi,  (6.  En  nous  formant,  nature  a 
ses  caprices....  Les  uns  à  s'exposer  trouvent  mille  dé- 
lices; Moi,  j'en  trouve  à  me  conserver,  mol.  Amph. 
n,  (.  Lorsque  Dieu  forma  le  cœur  et  les  entrailles 
de  l'homme,  il  y  mit  premièrement  la  bonté,  boss. 
Louis  de  Bourbon.  Dieu,  pour  le  former  [l'homme], 
avait  fait  sortir  de  sa  bouche  un  esprit  de  vie  qu'il 
avait  caché  comme  un  trésor  céleste  dans  cette 
masse  du  corps,  id.  Panég.  saint  Gorgon,  2.  ||  2"  Il 
se  dit  de  la  production  des  êtres  vivants  les  uns  par 
les  autres.  Ah  Phocas  !  ah,  tyran!  Se  peut-il  que 
ton  sang  ait  formé  Martian?  corn.  Héracl.  i,  6. 
Songez  qu'une  barbare  en  son  sein  l'a  formé,  bac. 
Phèdre,  m,  (.  Quel  est  votre  pays,  quel  sang  vous 
a  formée?  volt.  Olymp.  ii,  3.  ||  Fig.  Les  devoirs 
qu'elle  nous  impose  ne  tendcnî.  qu'à  former  Jésus- 
Christ  en  nous,  mass.  Myst.  Miser.  ||  3°  Donner  une 
certaine  forme,  une  certaine  ligure.  Le  potier  forme 
des  vases.  Former  un  triangle.  Bien  former  ses  let- 
tres en  écrivant.  Représentons-nous  ce  jeune  prince, 
que  les  Grâces  semblaient  elles-mêmes  avoir  formé 
de  leurs  mains  ;  pardonnez-moi  ces  expressions, 
boss.  Marie-Thér.  ||  Terme  de  mathématique.  Trois 
droites  qui  se  coupent  deux  à  deux  forment  un 
triangle.  Il  Terme  d'horticulture.  Former  les  arbres, 
les  façonner,  leur  donner  une  bonne  forme,  soit  en 
buisson,  soit  en  espalier.  ||  4°  Terme  de  gram- 
maire. Composer  des  mots,  les  modifier  par  le 
changement  des  désinences.  Former  les  temps  d'un 
verbe.  ||  5°  Former  un  siège,  commencer  le  siège 
d'une  place,  commencer  à  ouvrir  la  tranchée  Le 
général  a  investi  la  place ,  mais  il  n'a  pas  encore 
formé  le  siège.  ||  6°  Former  l'ouvrage,  se  dit,  dans 
la  fabriiiue  de  bas  au  métier,  de  l'opération  qui 
réduit  à  des  boucles  plus  petites  les  premières 
boucles  formées.  ||  Former  le  bain,  laisser  la  laine 
à  l'eau  jusqu'à  ce  qu'elle  ait  épaissi  l'eau  de  la 
cuve  en  s'y  déchargeant  de  sa  gra-sse  et  de  son 
sel.  Il  7°  Produire,  donner  naissance  à,  avec  un 
nom  de  personne  pour  sujet.  Je  trouve  en  moi  deux 
idées  du  soleil  toutes  diverses  :  l'une  tire  son  ori- 
gine des  sens....  par  laquelle  il  me  paraît  extrê- 
mement petit;  l'autre  est  prise  des  raisons  de  l'as- 
tronomie.... ou  est  formée  par  moi-même  de  queiqu» 
sorte  que  ce  pu'ssn  être,  par   laquelle  il  me  parait 


^734 


FOR 


plasieun  foi»  plus  grdnd  que  toule  la  lorre,  dksc. 
Kédil.  m,  D-  Lo  soin  ilo  vous  former  des  destins  plus 

propices VOLT,  fatiat.  i,  2.  C'est  lui  |Baluzej 

qui  a  foimé  le  recueil  des  lUiinuscrits  de  la  bi- 
bliollii-que  de  Colbert,  ID.  Imuù  XIV,  écrivaim. 
Il  Former  des  liens,  lier  par  quelqu»  union.  Nos 
deux  pères  sans  nous  formèrent  ces  liens,  bac.  Andr. 
IV,   6.  Il  Kormer  des  nœuds,  des  liens,  s'engager 

dans  quelque  union Mais  depuis  quand  formi- 

tes-yous  ces  nœuds?  volt.  Orphel.  m,  2.  ||  On  dit 
de  même  :  fonner  une  liaison.  Il  forme  des  liai- 
sons dangereuses,  genlis,  Thédl.  d'éduc.  le  Méchant 
par  air,  n,  6.  ||  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet. 
Les  vapeurs  qui  forment  les  nuages.  Les  eaux 
avaient  formé  un  ravin  profond.  Le  sort,  qui  de 
l'honneur  nous  ouvre  la  barrière ,  Offre  à  notre 
cunstance  une  illustre  matière:  Il  épuise  sa  force 
à  former  un  malheur,  Pour  mieux  se  mesurer  avec 
notre  valeur,  cohn.  //or.  m,  2.  Je  sais  quelles 
tempêtes  Cet  ordre  surprenant  formera  sur  nos 
têtes,  ID.  Serlor.  iv,  2.  Là,  malgré  les  volets,  le 
soleil  irrité  Formait  un  poêle  ardent  au  milieu 
de  l'été,  BOIL.  Sat.  m.  'l'a  haine  a  pris  plaisir  à  former 
ma  misère,  rac.  Andr.  v,  B.  Mais  le  jour  qui  forma 
le  second  hymcnée....  volt.  M.  de  Ces.  i ,  1 .  ||  S"  Con- 
stituer, composer.  Les  qualités  et  les  défauts  qui 
forment  le  caractère  français.  L'estime  mutuelle  et 
la  conformité  des  goûts  forment  une  amitié  indis- 
soluble. Les  grands  singes  forment  souvent  des  so- 
ciétés très-vastes.  Il  ne  lui  manquait  presque  rien 
de  ce  qui  forme  les  grands  hommes,  rollin,  Ilist. 
anc.  (H'Mvres,  t.  i,  p.  374,  dans  pougens.  Comme 
deux  rayons  de  l'aurore ,  Comme  deux  soupirs 
confondus ,  Nos  deux  âmes  ne  forment  plus 
Qu'une  âme,  et  je  soupire  encore I  i.amart.  Médit. 

I,  u.  Il  9°  Faire  entendre.  Former  des  sons.  J'en  tirai 
cette  conséquence,  sur  laquelle  il  ne  forma  mot, 
d'ahcenson,  Udm.  t.  m,  p.  44.  La  Suède,  inondée  de 
cette  fausse  monnaie,  ne  forma  qu'un  cri  contre  le  ba- 
ron de  Gortz,  volt.  C/ioWcï  A'//,  8.Terre,élève  ta  voix; 
cicux,  répondez;  abîmes.  Noir  séjour  où  la  mort  en- 
lasse  ses  victimes, Ne  formez  qu'un  soupir,  lamart. 
Médit.  1,7.  Il  10°  Proposer,  exposer  ce  qu'on  acom.u,  le 
mettre  en  :ivant.  Former  une  objection.  Former  oppo- 
sition. Former  desobjections,  une  difficulté.  ||  11"  Or- 
ganiser, instituer,  établir.  Former  et  conduire  un 
parti.  Former  un  régiment,  une  sociéti',  unélablisse- 
menî.  Former  une  république,  une  monarchie.  Quelles 
intrigues  n'imagine-t-on  pas?  quelles  cabales  ne 
forme-t-on  pas?  bourdal.  i"  dim.  après  l'Épiph. 
dominic.  t.  1,  p.  53.  Hermolaûs,  l'un  de  ces  jeunes 
officiers  qui  accompagnaient  partout  le  roi,  avait, 
par  un  mécontentement  particulier,  formé  une  con- 
spiration contre  lui,  rollin,  llisl.  anc.  (HCuv.  t.  vi, 
p.  475,  dans  PouGENS.  Apprenez,  infidèles,  i  former 
contre  moi  des  trames  criminelles,  volt.  Fanât,  v, 
4.  'Vous  avez  formé  beaucoup  d'intrigues,  et  jamais 
un  attachement  véritable,  genlis.  Ad.  et  Théod.  t.  m, 
lett.  48,  dans  pougens.  ||  12°  Concevoir,  en  parlant 
d'idées,  de  projets,  de  sentiments.  D'autres  cœur» 
que  le  mien  forûient  la  même  envie.  D'autres  bi-as 
que  le  mien  s'arment  contre  ta  vie,  nu  kïer,  Sce- 
vole,  IV,  6.  Je  forme  de»  soupçons  d'un  trop  léger 
sujet,  CORN.  Uor.  1,  i.  Plutôt,  plutôt  la  mort,  que 
mon  esprit  jaloux  Forme  des  sentiments  si  pou  di- 
gnes de  vous,  ID.  Nicom.  i,  1.  Mon  cœur,  qui  se 
soulève,  en  forme  un  noir  augure,  id.  Œdtpe,  v, 
4.  Vous  formez  des  craintes  que  j'admire,  iD.  Sertor. 

II,  2.  El  je  ne  forme  point  d'assez  beaux  sentiments 
Pour  souffrir  constamment  les  mauvais  traitements, 
MOL.  le  Dép.  1,3.  Hélas!  si  j'ose  encor  former  quel- 
ques souhaits,  rac.  Ilrit.  11,  3.  Peut-elle  contre 
vous  former  quelques  desseins?  id.  l'hèd.  1,  i.  .San» 
former  quelques  sentiments  de  religion,  mass.  Ca- 
rême, Temples.  Je  ne  sais  quels  projets  il  peut  for- 
mer encore,  volt.  Sémir.  v,  1.  Quand  mon  père  eut 
formé  le  dessein  tyrannique  De  m'arraclier  l'objet 
de  mon  cœur  amoureux,  id.  Trois  manières.  |{  For- 
mer une  entreprise,  la  concevoir  et  travailler  à 
l'exécuter.  Quelle  entreprise  ici  pourrait  être  formée? 
RAC.  Iphig.  II,  ".  Il  13°  Faire  contracter,  parune  cer- 
taine éducation,  de  I  habileté,  des  habitudes,  des 
manières,  des  mœurs.  Cette  reine  incomparable 
Dont  les  soins  et  l'exemple  ont  formé  ton  grand  roi, 
CORN.  Prol.  de  la  Toison.  Dieu  ayant  résolu  de  for- 
mer son  peuple  à  la  vertu  par  dos  lois,  Boss.  Jlist. 
Il,  ï.  Le  Seigneur  en  fait  [de  certains  hommes] 
des  scrvitcure  fidèles ,  les  guide  lui-même  dans 
les  sentiers  de  la  justice,  et  leur  révèle  peu  à  peu  les 
secrets  de  sa  sagesse;  c'est  ainsi  qu'il  forma  cet  ha- 
bile et  fidèle  ministre  dont  vous  honorez  ici  la  mé- 
moire, nficH.  le  Tellier.  Dans  un  lieu  séparé  de  pro- 
fanes témoins.  Je  met»  à  les  former  mon  élude  et 


FOR 

mes  soins,  rac.  Eslh.  i,  t.  Tout  un  peuple  naissant 
est  formé  pir  mes  mains,  id.  ib.  l'rol.  Platon  fut,  à 
proprement  parler,  celui  qui  contribua  le  plus  à  for- 
mer Démoslhène,  rollin,  Ilist.  anc.  fUCuv.  t.  v, 
p.  530,  dans  PouoENS.  Nui  homme  de  lettres  n'ignore 
que  Titus  Lucrelius  Carus,  nommé  parmi  nous  Lu- 
crèce, fil  Sun  beau  poëmo  pour  former,  comme  on 
dit,  l'esprit  et  le  cœur  do  CaiusMemmius  Gemellus, 
jeune  homme  d'une  grande  espérance,  et  d'une  des 
plus  ancicnms  maisons  de  Rome,  volt.  Lett.  de 
ifemmius,  l'ii'-f.  L'amour  forma  son  cœur,  les  grâ- 
ces son  esprit,  m.  Trois  manières.  Cette  uniformité 
était  préciséminl  ce  dont  j'avais  le  plus  grand  be- 
soin pour  ach(  ver  de  former  mon  caractère,  que 
des  troubles  continuels  empêchaient  de  se  fixer, 
I.  J.  ROrss.  Ciinf.  V.  Le  dieu  de  tous  les  arts,  l'in- 
génieux Voltaire,  A  formé  mon  esprit,  et  vous  mon 
caractère,  iiesmahis.  Poésies,  p.  23,  d;ins  pouge\s.  Art 
de  former  l'enfance,  intéressante  étude,  m.  1.  chén. 
Fénelon,  111,  2.  |]  On  dit  de  même  :  formerdes  soldats, 
des  marins.  Nous  avons  discipliné  nos  soldats,  formé 
des  olTicicrs,  FÉ.N. /^/oJ.  des  morts  mod.  (8.  ||  For- 
mer sa  main,  devenir  plus  habile  à  former  les  ca- 
ractères de  l'écriture.  Si  j'avais  cru  que  vous  le  des- 
tinassiez à  être  votre  secrétaire,  je  l'aurais  engagea 
former  sa  main,  volt.  I.elt.  Richelieu,  22  juil.  1767. 
Il  Régler  sur  un  certain  modèle.  Par  le  secours  de 
l'histoire,  ils  forment  leurs  jugements....  sur  les 
événements  passés,  boss.  Hist.  1,  Dessein  gèn.  En 
formant  notre  conduite  sur  la  sienne,  nous  appren- 
drons à  être  fidèles  à  Dieu,  bouhdal.  Dévot,  à  la 
Vierg.  Myst.  t.  11,  p.  384.  Je  le  vois  trop;  les  soins 
qu'on  prend  de  notre  enfance  Forment  nos  senti- 
ments, nos  mœurs,  notre  croyance,  volt.  Zaïre,  i, 
< .  Il  On  dit  de  même  :  formcrson  style  sur  celui  d'un 
autre  ;  former  son  goût,  ou  se  former  le  goût.  Cette 
manière  doit  former  également  son  style,  son  juge- 
ment et  son  esprit,  geni.is.  Ad.  et  Th.  t.  11,  lett.  39, 

p.  427.  Il  14°  Se  former,  former  à  soi-même Et 

mon  amour,  déçu  par  cet  objet  trompeur.  Se  forme 
des  soupçons  qui  redoublent  ma  peur,  corn.  Cid, 
m,  B.  Ah!  ne  nous  formons  point  ce»  indignes  ob- 
stacles, RAC.  Iphig.  I,  2.  Il  est  très-vrai  que  le»  jé- 
suites s'étaient  formé  dans  le  Paraguai  un  empire 
d'environ  quatrecenls  lieues  de  circonférence,  volt. 
Moeurs,  154.  ||  1B°  Se  former,  «.  réfl.  Prendre 
forme.  L'un  et  l'autre  savent-ils  comment  un  enfant 
se  forme  dans  le  soin  maternel?  volt.  Dial.  '. 
Il  16°  Être  produit,  recevoir  naissance,  en  parlant 
des  personnes.  Que,  pour  avoir  reçu  la  vie  en  voire 
flanc.  J'y  dois  avoir  sucé  bien  peu  de  votre  sang;  Ce- 
lui du  grand  La'ius  dont  je  m'y  suis  formée....  cobn. 
Œdipe,  m,  2.  ||  Fig.  Il  se  dit  des  choses,  en  un  sens 
analogue.  En  matière  de  langues,  il  n'y  a  point  de 
consé(juence  entre  le  mot  formé,  et  celui  dont  il  se 
forme;  comme  par  exemple  on  dit  ennemi  avec  un 
e  et  inimitié  avec  un  i,  entier  et  intégrité,  parfait 
et  imperfection,  et  ainsi  de  plusieurs  autres,  vauge- 
LAS,  Rem.  t.  II,  p.  510,  dans  pougens.  Quant  à 
l'empereur,  comme  il  avait  prévu  qu'il  se  formait 
une  grande  tempête  de  tous  côtés  contre  lui  par 
le  roi,  l'Anglais,  les  princes  d'Italie  et  ceux  d'Alle- 
magne, MÉZEKAY,  Abrégé  de  l'hist.  de  France,  t.  iv, 
p.  584,  Amst.  1688.  Comme  la  joie  se  forme  peu  à 
peu  dès  cette  vie  dans  le  cœur  des  justes,  où  est  le 
royaume  de  Dieu,  les  horreurs  et  le  désespoir  de 
l'enfer  se  forment  aussi  peu  à  peu -dans  le  cœur  des 
hommes  profanes  qui  vivent  loin  de  Dieu,  boss. 
Sermons,  Oblig.  de  l'état  relig.  l.  La  fui  n'est  pas 
d'aujourd'hui,  elle  est  de  tous  les  temps;  la  foi 
n'attend  pas  à  se  former  ni  à  se  régler  par  les  idées 
philosophiques,  id.  6»  aterl.  §  lo?.  ||  17° Etre  conçu 
dans  l'esprit.  Peut-être  qu'il  y  a  en  ror>i  quelque 
faculté  ou  puissance  propre  à  produire  ces  idées 
[des  corps]  sans  l'aide  d'aucunes  choses  extérieures, 
comme  en  effet  il  m'a  toujours  semblé  jusques  ici 
que,  lorsque  je  dors,  elles  se  forment  ainsi  en  moi 
sans  l'aide  des  objets  qu'elles  représentent,  desc. 
Médit.  III,  9.  J'avoue  que  Dieu,  qui  sait  tout  et 
connaît  le  fond  du  juste,  en  écoute  les  inclinations 
avant  qu'elles  se  soient  formées  en  termes  exprès, 
intérieures  ou  extérieures,  boss.  Nouv.  myst.  x,  5. 
Il  18°  Apparaître,  surgir.  Quand  un  prince  aime  les 
lettres,  il  se  forme  pendant  son  règne  beaucoup  de 
grands  hommes,  pén.  Dial.  des  n\orts  anc.  4.  Plus  on 
poursuivait  les  sorciers  ,  plus  il  s'en  formait,  volt. 
Mœurs,  Introd.  \\  19°  S'accomplir.  El  cet  indigne 
hymen  sous  ses  yeux  s'est  formé,  volt.  Tancr.  i,  0. 
Il  Î0°  Prendre  une  certaine  organisation,  institution. 
Il  s'était  formé  une  ligue.  Des  rassemblements  se  for- 
ment. Il  se  forme  de  cela  une  armée  île  vingt-cinq 
mille  chevaux,  de  quinze  mille  hommes  do  pied,  et 
de  quarante  canons,  voit.  I.ett.  74.  La  plupart  des 


FOR 

villes  se  formèrent  en  république,  boss.  Ilul.  m,  «. 
lin  voit  les  lois  s'établir,  les  mœurs  se  polir  et  le» 
mpires  se  former,  m.  ib.  i,  2.  La  faction  de»  Seiie 
S!  formait  sous  le  duc  de  Guise,  et  Paris  n'était  pluj 
.u  roi  que  de  nom,  volt.  Mœurs,  (73.  ||  L'a-ssemhlée 
s'est  formée  en  comité  secret,  c'est-à-dire  elle  a  exclu 
le  public  de  ses  séances  pour  la  chose  sur  laquelle 
.lie  délibère  actuellement.  ||  21°  Terme  de  guerre. 
.Se  disposer,  s'arranger.  Le  régiment  se  forma  en 
bataille.  {|  Absolument.  Il  se  dit  de  la  disposition, 
de  l'onionnance  habituelle  d'une  troupe.  Les  régi- 
ments se  formèrent  devant  les  caserne».  ||  22"  Être 
dressé,  élevé,  instruit.  Son  fils  se  formait  sous  un  si 
;,'rand  capitaine,  boss.  Ilist.  i,  8.  Corneille  s'était 
formé  tout  seul,  mais  Louis  XIV,  Colbert,  Sophocle 
et  Euripide  contribuèrent  tous  i  former  Racine, 
VOLT.  Louis  XIV,  32.  C'est  l'école  du  meurtre  et 
j'ai  dû  m'y  former,  id.  rriumt-.  iv,  3.  Je  me  forme 
sous  eux  dans  le  bel  art  de  nuire,  lu.  Cabales.  ||  Se 
ilit  des  choses  dont  la  forme  devient  plus  par- 
faite, plus  prononcée.  Sa  taille  se  forme.  ||  Il  se  dit 
dans  le  même  sens  des  pcreonnes  elles-mêmes.  Les 
enfants  se  forment  et  grandissent,  J.  J.  roiss.  Hél. 
VI,  13.  Il  Celte  jeune  fille  est  en  train  de  se  former, 
elle  aura  bientôt  ses  règles.  ||  Devenir  plus  parfait. 
Le  goût  se  forme  par  la  lecture  des  bons  auteurs. 
Un  public  dont  le  goût  s'est  formé  si  diflicitemenl, 
VOLT.  IHct.  phil.  Ksprit.  \\  Devenir  plus  habile  , 
prendre  de  meilleures  manières,  etc.  On  lui  pardon- 
nera ses  singularités  en  disant  :  il  se  formera,  J.  J. 
Rouss.  Ém.  IV.  J'ai  reçu  une  lettre  do  monsieur 
votre  fils  dont  je  suis  très-content;  il  me  par.iil 
s'être  formé  en  peu  de  temps  ;  voilà  ce  que  c'est 
que  d'avoir  une  mère  qui  est  bonne  compagnie. 
VOLT.  Lett.  Mme  de  Fontaine,  lo  janv.  (7.s7.  Vous 
ne  vous  formez  pas  du  tout,  en  vérité;  j'en  suis 
fâché  pour  vous ,  mais  vous  n'entendrez  jamais 
rien  au  commerce,  picard,  Duhautcours,  1,  7. 

—  HIST.  XII'  s.  Par  cel  segneur  qui  forma  toute 
gent, /lonc.  p.  15.  Dame  dex  perc,  qui  formastes 
Adam,  ib.  p.  152.  Bien  estoit  jà  d'enfance  eissuz  ; 
Mais  si  beaus  huem  ne  fu  veùs,  Si  genz,  si  formez 
ne  si  faiz,  benoIt,v.  32656.  ||  x:ii'  s.  U  [Déduit]  res- 
semWoit  unepainturc.  Tant  ère  [était]  biaus  et 
acesmés  [orné].  Et  de  tous  membre»  bien  formés, 

la  Rose,  8I8 Tant  que  li  roisin  sont  fourme,  le 

[la]  despuelle  est  contée  por  mueble,  beaom.  xxiu, 
4.  Autrement  convient  fourmer  se  [sa]  demande, 
qui  veut  pledier  sor  propriété  d'eritage,  m.  vi,  B. 
Il  XV*  s.  Le  chevalier  griffon  [grec]  vint  à  luy,  et 
en  peu  de  langage  luy  forma  la  parole  [l'informa] 
de  la  querelle  qui  luy  avoit  esté  présentée,  Perce- 
forest,  t.  m ,  f'  1 25.  ||  xvi*  s.  Ayant  desja  le  juge- 
ment formé,  MONT,  i,  174.  Tel  vouldrois  je  former 
mon  disciple,   id.  i,  (85. 

—  ÊTYM.  Provenç.  et  espagn.  formar;  liai,  fur- 
mare  ;  du  lai.  fomtare,  de  forma,  forme. 

t  FOU.MEKEr  (for-me-rc),  s.  m.  Terme  d'archi- 
tecture. Arc  saillant  ou  nervure  d'tme  voûte  go- 
thique. 

t  FORMI  (for-mi),  s.  m.  Terme  de  fauconnerie. 
Maladie  qui  se  montre  sur  le  bec  des  oiseaux  de 
proie.  Il  Terme  de  vénerie.  Maladie  des  chiens. 

—  lilST.  xvi'  s.  Un  mal  nommé  la  formie....  sou- 
vent advient  aux  aureilles  des  chienk,  et  en  esté, 
à  cause  des  mouches  qui  les  y  piiiuent  et  du  grat- 
tement qu'ils  y  font  avec  les  pieds,  fouilloux,  Vén. 

^  123,  dans  LACURNE. 

—  ÈTY»l.  Fourmi,  à  cause  sans  doute  de  la  dé- 
mangeaison semblable  à  celle  que  causent  les  four 
mis. 

t  FOR.MIATE  (for-mi-a-f),  s.  m.  Terme  de  chi 
mio.  Sel  produit  par  la  combinaison  de  l'acide  for 
mique  avec  une  liase. 

—  ÉTYM.  Formique,  et  aie,  finale  caractéristique 
des  sels. 

KORMICA-LEO    (for-mi-ka-lé-o) ,    s.    m.    Voy. 

FOLRMI-LION. 

FORMICANT  (for-mi-kan),  adj.  m.  Terme  de 
médecine.  Pouls  formicant,  pouls  petit,  faible  et 
fréquent,  qui  ne  donne  que  la  sensation  d'un  foar- 
miliement. 

—  HIST.  xvi*  s.  Pouls  formicant,  pari*,  viii,  i». 

—  KTYM.  Lat.  formicant,  de  formica,  fourrai. 

]  FORMICA TION  (for-mi-ka-sion),  s.  f.  l'erm» 
de  médecine.  Douleur  qu'on  a  comparée  à  celle  que 
produiraient  des  fourmis  qui  s'agiteraient  dans  une 
partie. 

—  KTYM.  Voy.  FORMICANT. 

t  FOUMICIVORE  (foi-mi-»i-vo-r'),  od;'.  Terme  de 
zoologie.  Qui  vit  de  fourmis. 

—  KTYM.  Lat.  formica,  fourmi,  et  rorare,  dèvoior. 
FORMinARI.R  (for-mi-<la-bn.  adj.  Capable  d'in- 


FDR 

spiiTr  la  plus  grande  crainte,  en  piilanl  des  per- 
sonnes. Rois....  de  qui  les  conseils,  le  grand  cœur 
•t  la  main  Me  rendent  formidable  à  tout  le  genre 
iimain,  cdkvi.  Attila,  i,  2.  Des  hommes  formidables 
t  yiolcnts  me  cherchent  pourm'ôterlavie.  Psaume 
3,  dans  RiCHELET  Moïse  à  Pharaon  parut  moins 
formidable,  bac.  A  thaï,  ji,  2.  Je  ne  sais  si  les  Sué- 
dois pouiTaient  avoir  tout  d'un  coup  des  troupes 
aussi  formidables  que  celles  de  Charles  XII,  volt. 
Châties  XII,  Disc.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses.  .Si  la 
grandeur  du  roi  François,  jeune,  belliqueux,  riche, 
était  formidable  aux  Italiens,  ils  en  voyaient  naître 
une  autre  qui  les  étonnait  encore  davantage  [celle 
deCharles-Ouint],  mézkrai.  Abrégé  de  l'hist.  de  Fr. 
t.  IV,  p.  486,  Amst.  (088.  Est-ce  là  que  devait  abou- 
tir toute  cette  grandeur  formidable  au  monde?  «oss. 
Sermons,  Ambition,  2.  Et  bientôt  la  censure  au  re- 
gard formidable,  Sait,  le  crayon  en  main,  marquer  nos 
endroils  faux,B0iL.  Sa(.  xi.  Aux  portes  de  Trézène.... 
Est  un  temple  sacré,  formidable  aux  parjures,  rac. 
Phèd.y,  I.  Et  du  sein  delà  terre  une  voix  formida- 
ble Répond  en  gémissant  à  ce  cri  rcdoutahlc,  ID. 
ib.  Y,  6.  Ce  formidable  amas  de  lances  et  d'épées 
Oui  du  sang  philistin  jadis  furent  trempées,  id. 
.Uhal.  in,  7.  On  hâte  en  gémissant  ces  moments 
lormidables  [d'une  exécution  à  mort],  volt.  Tarder. 
,11,  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  formidabilis,  venu  lui-même  de 
for/nidare,  redouter,  de  formido,  crainte,  que  Cur- 
lius  ramène  à  formus,  chaud  :  ce  serait  la  sueur  de 
h  peur.  Ce  mot  paraît  .s'être  introduit  dans  le  fran- 
çais au  commencement  du  xvii»  siècle. 

FORMIER  (for-mié),  s.  m.  Celui  qui  fait,  qui 
vend  des  formes  pour  les  chaussures. 

—  ÉTYM.  Forme. 
t  FORMIQUE  (for-mi-k') ,  ad;.  Terme  do  chimie. 

Acide  formique,  acide  qu'on  e.^itrait  des  fourmis, 
qui  en  fournissent  moitié  de  leur  poids.  ||  Êther  for- 
mique, éther  produit  par  décomposition  du  formiate 
de  soude  à  l'aide  de  l'acide  sulfurique  et  de  l'alcool. 

—  ÊTYM.  I.at.  formica,  fouimi,  pour  le  radical 
form,  plus  la  finale  chimique  ique,  indiquant  les 
acides. 

t  FOKMORT  (for-mor),  s.  m.  ou  FORMORTURE 
(for-mor-tu-r'),  s.  f.  Terme  de  droit  coutumier. 
Droit  de  succession  attribué  au  seigneur  d'un  fief, 
quand  quelqu'un  non  marié  ni  bourgeois  était  dé- 
cédé sans  postérité  sur  sa  seigneurie. 

—  ÉTYM.  Fors,  hors,  et  mort  :  mort  où  il  y  a 
quelque  irrégularité. 

FORMUÉ,  ÉE  (for-mu-é,  ée),  part,  passé.  Un 
faucon  formué. 

FORIMUER  (for-mu-é),  v.  a.  Terme  de  vénerie. 
Faire  passer  la  mue  à  un  oiseau. 

—  ETYM.  Fors,  hors,  et  mue. 
FORMULAIRE    (for-mu-lè-r') ,   s.   m.  ||  1"   Livre, 

recueil  de  formules.  Formulaire  des  notaires.  For- 
mulaire pharmaceuti(iue.  |{  Fig.  Elle  est  polie  et  de 
doux  entretien.  Connaît  le  monde,  écrit  et  parle 
bien,  Et  de  la  cour  sait  tout  le  formulaire,  J.  b. 
Houss.  Épigr.  i,  9.  Tout  ce  jargon  n'est  qu'un  vain 
formulaire,  j.  i.  rouss.  Ilel.  ii,  17.  {{  2"  Modèle  sur 
lequel  on  doit  rédiger  un  tableau,  unétat,  une  sta- 
tistique, etc.  Se  servir  pour  ces  dénombrements 
simples  d'un  formulaire  en  table,  à  la  fin  de  la- 
quelle on  pourrait  joindre  des  remarques  courtes 
et  succinctes  sui  ies  sujets  qui  auront  rapport  à  ce 
dénombrement,  vauuan,  Dime,  p.  ih4.  ||  3"  Tout  ce 
qui  contient  queJque  formule,  quelque  formalité  à 
observer.  Un  formulaire  de  dévotion.  ||  Profession 
de  foi,  dressée  par  fo-raules  ou  articles.  Un  formu- 
laire de  foi  qu'on  fait  souscrire  à  tous  les  pasteurs 
doit  expliquer  la  matière  pleinement  et  précisément, 
Boss.  Var.  xii.  L'acte  le  plus  important  est  le  for- 
mulaire de  souscription  ordonné  au  synode  de  Pri- 
vas, II).  ib.  On  a  vu  des  guerres  sanglantes  pour  des 
foi-mulaires,  et  elles  n'auraient  pas  eu  lieu  si  les 
souverains  avaient  mieux  connu  leurs  droits,  volt. 
Dict.  pftiX  Croit  canonique.  Il  Particulièrement,  le 
bref  émané  de  la  cour  de  Rome,  dont  le  clergé  or- 
donna la  signature  en  (66(  et  par  lequel  on  con- 
damna les  cinq  propositions  de  Jansénius.  Signer, 
refuser  le  Formulaire.  Formulaire  prend  une  F  ma- 
juscule dans  ce  sens. 

-  MIST.  xvi'  s.  Ils  ont  un  mesme  formulaire  pour 
toutes  personnes  [ils  tiennent  un  même  langage], 
(I.  EST.  Du  lang.  fr.  ital.  p.  547.  Et  parce  qu'elles 
[bulles  de  bourgeoisie  romaine]  se  donnent  en  di- 
yers  style,  plus  ou  moins  favorable,  et  qu'avant  que 
j'en  eusse  veu,  j'eusse  esté  bien  ayso  qu'on  m'en 
cust  montré  un  formulaire....  mont,  iv,  t4:i.  Tu 
pourras  faire  lesdits  epithemes  selon  les  formulai- 
res rformulcs]  qui  s'ensuivent,  tari!,  xxiv,  26. 


FOR 

—  ÊTVM.  Formule.  En  lalin  formularius  signifie 

praticien. 

t  FORMULATION    (for-mu-la-sion),î.  f  Action 
de  formuler;  résultat  de  cette  action. 

FORMULE  (for-mu-F),  s.  f.  \\i'  Forme  d'expres- 
sion qui  contient  les  termes  mêmes  dans  lesquels 
un  acte  doit  être  conçu.  Formules  des  actes  judi- 
ciaires. Formule  de  testament.  Formule  de  serment. 
Formules  de  prières.  ||  Terme  de  diplomati(|ue.  For- 
mules initiales  des  chartes,  l'invocation,  lasuscrip- 
tion  et  le  préambule.  Formules  finales,  la  salutation, 
l'annonce  du  sceau,  la  date  et  les  signatures.  Cette 
célèbre  formule  de  Marculfe  était  bien  souvent  mise 
en  usage  :  Moi,  pour  le  repos  de  mon  Jme,  et  pour 
n'être  pas  placé  après  ma  mort  parmi  les  boucs,  je 
donne  à  tel  monastère,  etc.  volt.  Mœurs,  20.  |)  Il  se 
dit  aussi  pour  confession  de  foi.  Les  plus  habiles 
d'entre  eux  (évêques  ariens]  furent  chargés  de  dres- 
ser ces  formules  [de   chaque  secte  arienne]  qu'ils 
concertèrent  tous  ensemble  avec  une  extrême  exac- 
titude, FLÉCH.  Ili.tt.  de  Théod.  m,  22.  ||  Formules 
philosophiques,  phrases  qui  résument  et  définissent 
un  système,  un  point  de  vue.  ||  Fig.  On  dit  d'un 
homme  dont  le  langage  a  quelque  chose  de  senten- 
cieux et  de  compassé  ;  Il  ne  parle  que  par  formules. 
Il  2"  Terme  de  droit  romain.  Acte  par  lequel  le  pré- 
teur précisait  le  point  litigieux,  et  déterminait  le 
juge  qui  devait  en  connaître.  ||  3°   Par  extension, 
certaines  expressions  qu'il  faut  prononcer  en  cer- 
taines circonstances.  Il  n'y  avait  alors  aucune  for- 
mule de  titres  usitée  en  Europe;  on  disait  aux  rois 
votre  excellence,   votre   sérénité,  votre  grandeur, 
votre  grâce    indifféremment ,   volt.    Anri.    Emp. 
Henri  IV,    1077.   La   formule    principale   de   tous 
les  mystères  était   partout  :  Sortez,  profanes;  les 
chrétiens    prirent  aussi  dans  les  premiers  siècles 
cette  formule,  id.  Dict.  phil.  Initiation.  ||  4"  Cer- 
taines expressions  cérémonieuses  ou  de  convenance 
dans  les  relations  habituelles  de  la  vie.  La  formule 
qui  termine  une  lettre.  Formules  de  politesse.  Uiis- 
sons  de  côté  ces  vaines  formules.  Il  [le  courtisan] 
a    des   formules  de  compliments  pour   l'entrée  et 
pour  la  sortie  à  l'égard  de  ceux  qu'il  visite  ou  dont 
il  e.st  visité,  la  bruy.  viii.  Vous  êtes  au-dessus  des 
formules  de   lettres,  volt.  Lett.  Mlle   Clairon,  30 
août  I765.il  5°  Terme  de  mathémati(|ue.  Ensem- 
ble de  termes  algébriques   contenant   l'expression 
générale  d'un  calcul  ou  son  résultat.  Formule  algé- 
brique. Formule  différentielle.  Formule  intégrale. 
Il  [Kônig]  fit,  l'année  passée,  le  voyage  de  la  Haye 
à  Berlin,  uniquement  pour  aller  conférer  avec  Mau- 
pertuis  sur  une  formule  d'algèbre  et  sur  une  loi  de- 
là nature  dont   vous  ne  vous  souciez  guère,  volt. 
Lett.  Mme  Denis,  24  juill.  1752.  ||  6°  Terme  de  chi- 
mie. Formule  atomique,  ou,  simplement,  formule, 
celle  qui  réunit  les  symboles  ou  éléments  entrant 
dans  la  constitution  d'un  composé  quelconque,  et 
dans  laquelle  chaque  corps  simple  est  représenté  par 
une  ou  deux  des  premières  lettres  de  son  nom.  ||  For-, 
mule  rationnelle,  celle  qui,  par  un  certain  arran- 
gement des  signes,  tend  à  représenter  la  manière 
dont  les  éléments   sont  combinés  entre   eux.  Ex.  : 
CO- .  PbO   indique  de  l'acide    carbonique  combiné 
avec  du  protoxyde  de  plomb.  ||  Formule  brute,  celle 
qui  indique  simplement  les  quantités  des  éléments 
entrant  dans  un  composé.  Ex  :  CPbO'  indique  une 
combinaison  de  carbone,  de  plomb  et  de  3  équiva- 
lents d'oxygène.  Il  7"  Terme  de  médecine.  Exposé 
des  substances  qui  doivent  entrer  dans  un  médica- 
ment composé,  avec  indication  de  la  dose  de  cha- 
cune d'elles  et  de  la  forme  pharmaceutique. 

—  ÉTYM.  Lat.  formula,  forme,  formule;  diminu- 
tif de  forma,  forme.  Ce  mot  paraît  être  devcmi 
français  au  xvil'  siècle. 

FORMULÉ,  ÉE  (for-rau-lé,  lée),  part,  passi!. 
Il  1"  Fait  conforme  aux  formules.  Un  acte  formulé. 
Il  Terme  d'ancienne  prati(|ue.  Papier  formulé,  nom 
qu'on  donnait  au  papier  timbré  qui  contenait  sou- 
vent des  formules  imprimées  pour  toutes  sortes 
d'actes.  ||  2°  Exprimé  précisément.  Les  plaintes  for- 
mulées par  le  corps  municipal  au  nom  de  la 
ville.  Une  opinion  bien  formulée. 

FORMULER  (for-mu-lé),  v.  a.  ||  1"  Terme  de  pra- 
tique. Dresser  suivant  les  formules.  Formuler  un 
jugement.  |1  2"  Terme  d'algèbre.  Donner  la  formule 
générale  d'un  calcul.  \\  3°  Terme  de  médecine.  Dé- 
terminer la  composition  d'un  médicament  d_ans  les 
termes  de  l'art.  ||  4°  Fig.  et  néologisme.  Enoncer 
avec  la  précision  d'une  formule.  Formulez,  vos 
griefs,  j'y  répondrai.  Formuler  sa  pensée,  un 
système.  ||  5°  Se  formuler,  v.  réfl.  Être  énoncé. 
Leui-s  prétentions  se  formulèrent  et  devinrent  pré- 
cises. 


FOR 


1735 


—  HIST.  xiv  s.  Dessus  ay  formulé  une  complainte. 
nouTEu.LER,  Somme  rur.  p.  203,  dans  lacdhne. 

—  ÉTYM.  Formule. 

t  KORMULISTE  (for-mu-li-sf),  s.  m.  Celui  qui 
est  attaché  aux  formules,  qui  les  suit  scrupuleuse- 
ment. 

—  HIST.  xvi's.  Formuliste,  monet,  Dict. 

—  ÉTYM.  Formule,  et  la  terminaison  isle  indi- 
quant celui  qui  s'occupe  spécialement  d'un  art, 
d'une  science,  etc. 

t  FORMYLE  (for-mi-l'),  s.  m.  Terme  de  chimie. 
Radical  composé,  admis  hypothétiquement  dans  l'a- 
cide formique  et  ses  dérivés. 

—  ÉTYM.  Form  pour  formique,  et  la  finale  yle 
adoptée  pour  désigner  les  radicaux  composés. 

t  FORNAGE  (for-na-j'),  *-.  m.  Terme  de  droit 
coutumier.  Droit  que  payaient  au  seigneur  ceux 
qui  faisaient  cuire  leur  pain  à  son  four  banal. 

—  ÉTYM.  Lat.  furnus,  four. 
FORNICATEDR,   TRICE   (for-ni-ka-teur,   tri-s'), 

s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  commet  le  péché  de  for- 
nication. Dieu  condamnera  les  fornicateurs  et  les 
adultères,   saci,   Bible,  St  Paul,    En.    aux  Hébr. 

XIII,  4. 

-^  HIST.  XIII"  s.  Si  le  fornicator  se  marie  0  la  da- 
moisele  dont  il  a  eu  enfanz,  11  enfant  sont  moUeré 
[légitimé]  par  le  mariage,  L.  de  jost.  210.  ||  xiv  s. 
Fornicaresse  [femme  qui  fornique],  du  cange,  for- 
nicatrix. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fornicadre,  fomicador,  fomi- 
caxritz;  espagn.  fomicador;  'aa].fornicatore,fomi- 
catrice;  du  lat.  fornicatorem,  de  fornicari,  forni- 
quer. Le  provençal  fornicadre  est  au  nominatif,  et 
fomicador  au  régime. 

FORNICATION  (for-ni-ka-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  ||  1°  Terme  dogmatique.  Le  péché  de 
la  chair.  Le  peuple  tombe  dans  la  fornication  avec 
les  filles  de  Moab,  saci.  Bible,  Nombr.  xxv,  1 .  Phi- 
lippe, landgrave  de  Hes.se,  avoue  qu'il  est  tombé 
très-souvent  dans  la  fornication,  volt.  Mœurs,  I3u. 
Il  Particulièrement.  Le  péché  de  la  chair  entre  deux 
personnes  qui  ne  sont  ni  mariées  ni  liées  par 
aucun  vœu.  Les  œuvres  de  la  chair  sont  l'adultère, 
la  fornication,  l'impudicité,  Nouv.  Test.  Ep.  aux  Gai. 
chap.  V,  dans  richelet.  ||  i'  Fig.  Infidélité  du  peuple 
juif  abandonnant  le  vrai  Dieu  pour  les  dieux  étran- 
gers. Si  un  homme  se  détourne  de  moi  pour  aller 
chercher  les  magiciens  et  les  devins,  et  s'abandonne 
à  eux  par  une  espèce  de  fornication,  il  arrêtera 
sur  lui  l'œil  de  ma  colère,  saci.  Bible,  Lévit.  xx,  6. 
Il  engagea  les  habitants  de  Jérusalem  dans  la  forni- 
cation, et  rendit  Juda  prévaricateur,  m.  ib.  Para- 
lip.  Il,  XXI,  H.  ô  mon  peuple,  dit  le  Seigneur,  qui 
vous  a  donc  enivré  de  ce  vin  de  fornication?  mass. 
Carême,  Enf.  prod.  On  a  traduit  par  le  mot  de 
fornication  les  infidélités  du  peuple  juif  pour  des 
dieux  étrangers,  parce  que  chez  les  prophètes  ces 
infidélités  sont  appelées  impuretés,  souillures;  c'est 
par  la  même  extension  qu'on  a  dit  que  les  Juifs 
avaient  rendu  aux  faux  dieux  un  hommage  adultère, 
VOLT.  Dict.  phil.  Fornication. 

—  HIST.  xiii"  s.  Trouver  sa  femme  en  pccné  de 
fornication,  beaum.  xviii,  6.  Espoir  qu'elles  le  fonten 
bonne  entencion,  Por  garder  leurs  maris  de  forni- 
cation, J.  DE  MEUNG,  Test.  )2;i4.  ||  xv  S.  C'cst  à  dire 
que  icelui  duc  et  une  grande  partie  du  peuple  firent 
fornication  de  leurs  corps  avecque  les  femmes 
païennes,  monstrel.  i,  39. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  fornicatio;  espagn.  fornica- 
ci'on  ;  ital. /'omtcozione;  du  lat.  fomicationem,  de 
fornicari,  forniquer. 

Commettre  le 


FORNIQUER  (for-ni-ké),  ■ 
péché  de  fornication.  Ta  bru  a  forniqué,  car  son 
ventre  commence  à  s'enfler,  volt.  Phil.  iv,  -lot. 
Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fornicar,  fornigar  ;  espagn. 
fnrnicar;  ital.  fomicare  ;  du  lat.  fornicari,  de  for 
nix,  voflte,  parce  que  c'était  sous  des  voûtes  qu'à 
Rome  les  prostituées  se  tenaient. 

i  FORNOUER  (for-nou-é),  t'.  a.  Terme  de  tisse- 
rand. Faire  un  nœud. 

FORPAISER  (for-pè-zé),  r.  n.  Terme  de  chasse. 
Quitter  son  gîte  et  s'en  aller  en  des  parages  éloi- 
gnés, en  parlant  des  bètes  qu'on  poursuit. 

—  'illST.  XIII'  s.  Et  se  il  en  est  forspaïsiez  [chassé 
de  son  pays]  par  la  force  de  justice,  Liv.  de  jost. 
128.  Il  XVI'  s.  Dont  avint  qu'un  cerf  et  quatre  bi- 
ches cstonnécs  du  bruit  se  lancèrent  d'elles  mesme» 
d'elTroi,  et  se  forpaisans  vers  les  murailles  de  h 
ville....  d'aub.  Ilist.  II,  55.  Il  y  a  eu  des  hommes 
si  consciencieux  que  de  n'espouser  des  fille»  et  fem- 
mes qui  eussent  forpaysé  et  veu  le  monde  tant  soit 


1730 


FUR 


peu,  B»ANT.   Dames  gai.    t.  i,  p.  235,   dans  lk- 

CURNE. 

—  ÊTYM.  Fors,  hori,  et  pays;  proprement  mettre 
hors  du  pays.  On  remarquera  la  prononciation 
forpaiser,  au  lieu  de  forpaysé  (for-pft-i-zé).  Pay- 
san se  prononce  encore  pè-zaii  dans  quelques  pro- 
vinces. 

t  FORl'AISSON  (for-pè-son) ,  s.  f.  Terme  fores- 
tier. Délit  commis  par  des  usagers  qui  ont  fait 
entrer  des  porcs  dans  les  forêts  sans  y  avoir 
droit. 

—  ÊTYM.  Forpailre. 

FORPAÎTRE  (for-pè-tr'),  v.  n.  Terme  de  chasse. 
On  dit  que  les  bétes  forpaissent  ou  vont  forpaître 
quand  elle»  cherchent  leur  pâture  dans  des  lieux 
éloignés  de  leur  séjour  ordinaire. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  cerf  se  forpaist  pour  beaucoup 
de  raisons,  principalement  en  avril  et  en  may, 
quand  il  a  la  teste  molle  et  en  sang,  parce  que,  si 
les  chiens  le  chassent,  il  n'ose  fuir  par  les  forets 
de  peur  de  heurter  et  blesser  sa  teste  aux  branches, 
FOUII.LOUX,  Vén.  f°  45,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Fors,  hors,  et  pailre. 
tFORQUlNE   (for-ki-n'),  s.  {.  Fourchette  d'ar- 
quebuse. 

—  ETYM.  Diminutif  de  forke  ou  fourche. 

FORS  (for),  prép.  Terme  vieilli  pour  lequel  on 
dit  hors,  hormis,  excepté.  Tout  est  perdu,  fors 
l'honneur,  Mot  attribué  à  François  l".  Moi....  À 
qui  rien  fors  l'amour  ne  pût  être  contraire,  Ré- 
gnier, Élég.  V.  Il  le  faut  avouer  avecque  vérité. 
Il  me  passoit  en  tout  fors  en  fidélité ,  racan  , 
Bergeries,  dans  richelet.  La  dame  était  de  gra- 
cieux maintien....  Somme  qu'enfin  il  ne  lui  man- 
quait rien,  Fors  que  d'avoir  un  ami  digne  d'elle, 
LA  FONT.  Coc.  Le  mal  d'autrui  ne  me  tourmente 
en  rien,  Fors  excepté  ce  qui  touche  au  compère, 
ID.  Fais. 

—  HlST.  X"  s.  Si  escit  [il  sortit]  foers  de  la  civi- 
tate,  Fragm.  de  Vatenc.  p.  408.  ||  xi'  s.  Home  qui 
plaide  en  curt,  à  qui  curt  que  ço  soit,  fors  là  où  li 
cors  le  roi  est....  Lois  de  Guill.  28.  Parmi  la  bouche 
en  saut  fors  li  clairs  sans,  Ch.  de  Roi  cxxxii.  |l  xii"s. 
Et  fors  de  son  poing  destre  lui  eschapa  l'espée, 
Ronc.  p.  (96.  Se  j'en  travail  [souffre],  je  n'en  sai 
qui  blasmer.  Fors  ses  douz  ieus  et  son  simple 
viaire,  Couci,  ii.  Je  ne  m'en  sai  venger  fors  au  plo- 
rer,  i6.  vi.  Car  riens,  fors  moi,  ne  porroit  endurer 
Les  grans  travaus  que  j'ai  por  lui  [la]  servir,  ib.  x. 
Il  XIII*  s.  Com  celé  qui  n'avoit  fors  de  bien  faire 
cure,  Berte,  xi.ii.  De  ceste  chose-ci  à  nului  ne  par- 
lez Fors  sans  plus  à  vo  [votre]  femme....  ib.  cxxi. 
Il  xiv  s.  En  aucunes  operacions  de  fortitude,  il 
ne  a  delettacion  fors  en  tant  comme  l'en  attaint  à 
la  fin,  ORESME,  Eth.  80.  ||  xv*  s.  [Pays]  durement 
pauvre  de  toutes  choses  fors  que  de  bestes,  froiss. 
I,  I,  33.  Le  roi  d'Angleterre  qui  estoit  alors  en  la 
lleur  de  sa  jeunesse,  et  (jui  ne  desiroit  fors  à  trouver 
les  armes  et  ses  ennemis,  u>.  i,  i,  285.  ||  xvi*  s. 
La  partie  ligneuse  est  inutille,  forz  que  à  faire 
flambe  lumineuse,  RABtx.  Pant.  m,  BO.  Ils  n'ont 
rien  de  Jésus  Christ  for»  que  le  titre  et  l'apparence, 
CALV.  Instit.  818. 

—  ÊTYM.  Provenç.  fors;  ital.  fore,  fttore ,  fori, 
fuori  !  du  lat.  foris,  hors,  qui  se  rapproche  de  fores, 
porte;  grec,  Oûpa,  porte,  Oûpadi,  dehors;  sansc.  dvâra, 
dura;  golh.  daur;  angl.  door;  allem.  Thûr. 

FORSENANT  (for-se-nan) ,  a4}.  m.  Terme  de 
chasse.  Se  dit  d'un  chien  qui  a  beaucoup  d'ar- 
deur. 

—  ÉTYM.  Participe  présent  du  verbe  forcener.  Ici, 
dans  ce  mot  technique,  l'ancienne  et  meilleure  or- 
thographe par  s  a  été  conservée  (voy.  forcener). 

FORT,  ORTE  (for,  for-t';  le  (  ne  se  lie  pas  :  un 
homme  for  et  hardi  ;  au  pluriel,  \'s  ne  se  lie  pas  : 
des  hommes  for  et  hardis;  cependant  quelques-uns 
lient  cette  s:  dos  hommes  for-z  et  hardis;  quand 
fort  estemployé  pour  le  superlatif  absolu,  le  /  se  lie  : 
elle  est  for-t  aimable;  il  se  lie  aussi  dans  la  locu- 
tion fort  et  ferme  :  for-tè-fèr-m"),  adj.  ||  l'Qui  a 
beaucoup  de  force.  |{  2"  Qui  a  pour  soi  la  force  ma- 
lériello.  ||  3"  Redoutable  par  le  nombre,  l'arme- 
ment, etc.  Il  4°  Capable,  par  la  grosseur,  de  résister. 
Il  5*  Grand  et  puissant  de  corps.  1|  6°  Considérable  en 
son  genre,  en  parlant  des  choses.  ||  7°  Oui  est  on 
quelque  excès  sur  la  juste  mesure.  ||8°  Qui  a  une 
longue  portée,  en  parlant  de  la  vision.  ||  9°  Dont  le 
son  est  plein,  très-marqué.  ||  10°  Qui  a  une  grande 
ténacité.  ||  11°  Dru,  rangé  près  à  près.  ||  12"  Rude, 
difficilo.  Il  13°  Chargé,  on  parlant  d'une  couleur, 
d'une  'liqueur.  ||  14°  yui  fait  beaucoup  d'impression 
*ur  le  goil!,  sur  l'odorat.  ||  15°  Acre  au  goill,  dés- 
istréable  i  lodorat.  >'  !••  Fig.  Qui  a  de  la  grandeur. 


FOR 

de  l'impétuosité,  de  la  violence,  en  parlant  des  cho- 
ses. Il  17°  Un  fort  marchand.  ||  18°  Qui  a  de  la  force 
d'àme  et  de  la  fermeté  ||  19°  Habile ,  capable. 
Il  20"  Bien  fondé,  appuyé  sur  de  bons  principes. 
;|  21°  Qui  joint  l'énergie  à  la  justesse,  en  parlant  du 
style.  Il  22"  Qui  a  quelque  chose  d'outré.  ||  23°  Terme 
de  fauconnerie  |{  24"  Terme  de  droit  coutumier. 
Il  25"  S.  m.  Celui  qui  a  une  grande  force  muscu- 
laire. Il  26°  Celui  qui  a  la  force  ou  la  puissance. 
Il  27°  La  partie  la  plus  forte,  la  plus  résistante  d'une 
chose.  Il  28°  Il  se  dit  en  parlant  des  sons.  ||  29°  Ce 
qui  est  en  excès  ,  en  termes  de  monnaie,  jj  30"  Le 
plus  épais,  le  fourré,  en  termes  de  chasse.  ||31°  Ou- 
vrage de  terre  ou  de  maçonnerie  capable  de  résister 
à  l'ennemi.  ||  32-'  Fig.  La  partie  essentielle,  princi- 
pale d'une  chose.  ||  33°  t-e  plus  haut  degré,  en  par- 
lant de  choses  physiques  et  morales.  ||  34°  Ce  qui 
fait  la  force,  la  supériorité  d'une  personne.  \\3b-Adr. 
D'une  manière  forte.  ||  36°  Extrêmement,  beaucoup. 
Il  Proverbes.  ||  1°  Qui  a  beaucoup  de  force.  Cet  en- 
fant deviendra  fort.  Cet  oiseau  a  l'aile  forte.  J'eus 
beau  crier  et  me  défendre  [d'être  berne]  ;  la  cou- 
verture fut  apportée  ;  et  quatre  des  plus  forts  hommes 
du  monde  furent  choisis  pour  cela,  voit.  Lett.  9. 
Mes  gens  vous  aideront,  et  je  les  ai  pris  forts 
Pour  vous  faire  service  à  tout  mettre  dehors,  mol. 
Tart.  v,  5.  Comme  elle  [la  jeunesse]  se  sent  forte 
et  vigoureuse,  elle  bannit  la  crainte,  et  tend  les 
voiles  de  toutes  parts  à  l'espérance  qui  l'enfle  et 
qui  la  conduit,  Boss.  Panég.  St  Bernard,  t.  Les 
dernières  levées  étaient  trop  jeunes  et  trop  faibles, 
il  est  vrai  ;  mais  l'armée  ava  t  encore  beaucoup 
de  ces  hommes  forts  et  tout  d'exécution,  accoutu- 
més aux  situations  critiques  et  que  rien  n'éton- 
nait, sÉouR,  Hist.  de  Nap.  m  ,  3.  ||  Familièrement. 
Être  fort  comme  un  Turc,  comme  un  bœuf,  extrê- 
mement fort.  Il  Ironiquement.  Il  est  le  plus  fort,  il 
portera  les  coups.  ||  Fort  de,  se  dit  de  la  partie  où  l'on 
a  de  la  force.  Fort  des  bras,  de»  reins.  ||  Fort  de,  se 
dit  aussi  de  la  chose  qui  rend  fort.  Semblables  à  ces 
enfants  drus  et  forts  d'un  bon  lait  qu'il»  ont  sucé, 
qui  battent  leur  nourrice,  la  bruy.  i.  ||  Dans  le  lan- 
gage biblique,  le  Dieu  fort.  Dieu.  Mon  âme  a  une 
soif  ardente  pour  le  Dieu  fort,  le  Dieu  vivant,  SACi, 
Bible,  Psaumes,  xli,  3.  Et,  ayant  dressé  là  un  au- 
tel, il  [Jacob]  y  invoqua  le  Dieu  très-fort  d'Israël, 
ID.  Bible,  Genèse,  xxxui,  20.  ||  Il  se  dit  de  la  force 
de  certaines  choses  comparée  à  la  force  musculaire. 
Les  gros  aimants,  même  les  plus  faibles,  répandent 
en  proportion  leur  force  à  déplus  grandes  distances 
que  les  petits  aimants  les  plus  forts,  buff.  Min.  t.ix, 
p.  173,  dansPOUOENS.  ||a°  Par  extension,  quia  pour 
soi  la  force  matérielle.  Il  [l'Orient]  fit  Vespasien  chef 
d'un  plus  fort  parti,  cobn.  Tile  et  Bérin.  i,  ( .  La  rai- 
son du  plus  fort  est  toujours  la  meilleure,  la  font. 
Fabl.  I,  <o.  Il  Qui  a  pour  soi  la  force  morale,  la  puis- 
sance, l'innuence.  Vous  aurez  affaire  à  forte  partie. 
Mon  repos  m'est  bien  cher,  mais  Rome  est  la  plus 
forte  ;  Et,  quelque  grand  malheur  qui  m'en  doive 
arriver,  Je  consens  à  me  perdre  afin  de  la  sauver, 
CORN.  Cinna,  u,  ) .  Il  n'a  pas  à  combattre  une  forte 
adversaire,  ROTR.  Bélis.  il,  (3,  D'un  Dieu  plus  fort  que 
toi  dépend  ta  destinée,  J.  b.  rouss.  Cantate,  Circi.  Un 
Dieu  plus  fort  que  toi  [vertu]  m'entraînait  vers  le 
crime, VOLT.  QK(itpe,v,4.  ||  Être  bien  fort,  avoir  beau- 
coup de  force,  de  puissance,  d'influence.  Et  c'est  être 
bien  fort  que  régner  sur  tant  d'àmes,  corn.  Sicom. 
I,  i .  Madame,  on  est  bien  fort  quand  on  parle  soi- 
même,  m.  Agésilas,  iv,  (.Une  mère  est  toujours 
bien  forte  sur  une  fille  d'un  bon  naturel ,  i.  j. 
Bouss.  Conf.  IX.  Il  Fort  de ,  qui  puise  force  et 
confiance  dans....  Mais  il  faut  craindre  un  roi  fortdc 
tant  de  sujets,  corn.  Médc'e,  i,  5.  Fier  de  mes  che- 
veux blancs  et  fort  de  ma  faiblesse,  iD.  Pulchér.  ii, 
I.  Et  forte  désormais  de  vos  droits  et  des  miens,  m. 
ittila,  m,  S.  Ne  te  tiens-tu  pas  fort  de  ma  poltron- 
ne.ie?  MOL.  Amph.  i,  2.  Il  regrettait  ces  temps  si 
chers  à  son  grand  cœur.  Où,  fort  de  sa  vertu,  s.ans 
secours,  sans  intrigue.  Lui  seul  avec  Condé  faisait 
trembler  la  ligue,  volt.  Henr.  i.  Valois  plein  d'es- 
pérance et  fort  d'im  tel  appui,  id.  ib.  iv.  ||  Fig.  Fort 
de,  en  parlant  de  choses.  Des  traits  forts  de  sens 
[d'une  morale  élevée],  lamotte,  dans  hf.sfont.  Mes 
vers  sont  durs  d'accord,  mais  forts  de  chose.  Vers 
de  lamotte,  cité  par  volt.  Temple  du  goût.  Je  lis  le 
mémoire  de  Mme  Scaligcr:  il  est  bien  fort  de  chose 
[souligné  par  Voltaire] ,  raisonné  à  merveille,  ap- 
profondi, et  de  la  critique  la  plu»  vraie  et  la  plus 
fine,  VOLT.  Lett.  d'Argental,  23  sept.  (70o.||  Terme 
d'astrologie.  Planète  forte,  planète  qui  a  le  pouvoir 
d'influer  cfficicement.  ||  Se  faire  fort  (littéralement, 
se  donner  pour  assez  fort,  se  dire  assez  fort  pou'-j 
se  porter  caution,  s'engager  à  lairc  quelque  choic . 


FOR 

Je  me  fais  fort  d'en  venir  a  bout.  Le  roi,  s'il  j'en 
fait  fort,  pourrait  s'en  trouver  mal,  corn.  Nicon.  m, 
2.  Il  se  fit  fort  de  les  avoir  à  sa  maison  de  campagne, 
HAMiLT.  Gramm.  4.  ||  Se  porter  fort  pour  quelqu'un, 
répondre  de  son  consentement,  et  aussi  se  porter 
garant  pour  lui.  {|  Fort  dans  ces  cas-là  est  tou- 
jours invariable  :  elle  se  fait  fort  ,  ils  se  font 
fort  de....  Du  moins  telle  est  la  décision  de  l'Aca- 
démie (voy.  plus  bas  la  hemabquk).  {|  Main-forlc, 
voy.  ce  mot  à  .son  rang  alphabétique.  ||  3°  Terme 
de  guerre.  Redoutable  par  le  nombre ,  l'arme- 
ment, la  position,  etc.  L'ennemi  était  plus  fort  que 
nous.  Une  armée  forte  de  trente  mille  hommes 
Une  escadre  forte  de  six  vaisseaux  de  ligne. 
Votre  armée  est  la  plus  forte  en  nombre,  corn.  So- 
phon.  I,  4.  Une  troupe  aussi  forte,  un  camp  aussi 
nombreux,  volt.  Scythes,  iv,  2.  L'armée  d'Alexan- 
dre, forte  de  trois  cent  mille  hommes,  contenait  ces 
peuples,  SEOIR,  Hist.  de  Nap.  iv,  t.  |{  Qui  est  en 
élat  de  résister  aux  attaques  de  l'ennemi,  en  parlant 
de  positions,  de  villes  de  guerre.  Ville  forte.  La  po- 
sition de  l'ennemi  était  trcg-forte.  Le  palais  de  Sylla, 
notre  plus  fort  asile,  volt.  Catil.  \\,  3.  ||  4°  Capa- 
ble, par  la  grosseur,  par  l'épaisseur,  de  résister  au 
choc,  au  poids,  en  parlant  des  choses.  De  fortes 
murailles.  Une  poutre  très-forte.  De  la  vaisselle 
d'argent  très-forte.  Il  [le  rouge-gorge]  place  son  nid 
près  de  terre  sur  les  racines  des  jeunes  arbres,  ou 
sur  des  herbes  assez  fortes  pour  le  soutenir,  buff. 
Ois.  t.  IX,  p.  287.  Il  Terme  de  marine.  Bâtiment 
fort  de  côté,  bâtiment  qui  incline  peu  par  un  grand 
vent  de  travers.  Fort  en  bois,  qui  a  le»  cité»  épais. 
Il  II  se  dit  de  même  des  tissus,  des  cuir»,  etc.  Un 
cuir  fort.  Une  étofl"e  très-forte.  Un  ruban  très-fort. 
îl  Coffre-fort,  voy.  coffre.  ||  6°  Grand  et  pui»sant  de 
corps.  Un  homme  grand  et  fort.  Un  fort  cheval. 
Il  On  dit  de  même  :  Avoir  la  main  forte,  le  pied 
fort.  Il  a  le  nez  un  peu  fort.  Placez  la  main  autre- 
ment, et  l'on  ne  s'apercevra  plus  qu'elle  est  un 
peu  trop  forte  et  trop  caractérisée,  dider.  Salon 
de  1765,  aCuvres,  t.  xiii,  p.  (90,  dans  pougens. 
L'Hercule  de  Glycon  a  le  cou  très-fort  relativement 
à  la  tête  et  aux  jambes,  m.  Pensées  sur  la  peinture. 
Œuvres,  t.  xv,  p.  2(3.  |j  6°  Qui  est  considérable  en 
son  genre,  en  parlant  des  choses.  C'est  une  forte  mai- 
son, on  y  fait  beaucoup  de  dépense.* Recevoir  un 
fort  salaire.  Une  forte  dose.  Un  fort  détachement. 
La  plupart  des  matelots  accourant  où  la  paye  était  la 
plus  forte,  ROLLiN,  Hist.  anc.  (SCuvrcs,  t.  iv,p.  4», 
dans  POUGENS.  Colbert  attira  d'Italie  Dominique 
Cassini,  Huyghens  de  Hollande, et  Roëmer  de  Dane- 
mark par  de  fortes pen»ions,voLT.iouisJ/r,  3 (.Deux 
cents  talents  !  la  somme  est  forte,  mais  allez  dire  à 
votre  maître  que,  pour  me  tenter,  ce  ne  serait  pas 
trop  de  sa  couronne,  dider.  Claude  et  .\ér.  i,  (  2. 
Il  Un  ordinaire  fort,  une  table  servie  copieusemeni 
chaque  jour.  ||  Une  forte  entrée,  une  entrée  copieuse. 
On  dit  dans  le  même  sens  un  plat  fort,  un  plat  co- 
pieux. Il  7°  Qui  est  en  quelque  excès  sur  la  juste 
mesure.  Je  soupçonne  que  ce»  mesure»  données 
par  M.  Mikhéli  sont  trop  fortes,  d'autant  qu'elles 
excèdent  de  moitié  celles  qu'ont  données  HM.  Cas- 
sini, Scheuchzer  et  Mariotti  qui  pourraient  bien 
être  trop  faibles,  buff.  Addit.  Thior.  ter.  Œuvres, 
t.  XII,  p.  439,  dans  pougens.  ||  Monnaie  forte,  mon- 
naie évaluée  sur  un  pied  avantageux  à  celui  qui  la 
reçoit  en  payement.  Le  roi  [Charles  XII]  répandit 
au  hasanl  mille  bourses,  qui  font  quinze  cent  mille 
francs  de  notre  argent  en  monnaie  forte,  volt. 
Charles  XII,  «.  ||  Denier  fort,  voy.  dfniïh  n°  3  et 
n°  8.  Il  8°  Oui  a  une  longue  portét,  en  parlant  de 
la  vision.  Une  forte  lunette.  Après  avoir  fait  répéter 
cette  expérience  à  d'autres  dont  le»  yeux  étaient 
meilleurs  et  plus  forts  que  les  miens,  buff.  Hiil. 
mm.  t.  VII,  p.  321,  dans  polgens.  ||  9°  Voix  forte, 
voix  pleine  et  qui  se  fait  bien  entendre.  Il  [Télé- 
maquc]  appelle  à  lui  d'une  voix  forte  les  chefs  de 
l'armée,  pf.N.  Ttl.  xvii.  ||  Te,  me  de  grammaire. 
Articulation  forte,  celle  pour  laquelle  il  f.aut  fermer 
exactement  la  bouche  pour  la  prononcer  ;  plus  l'in- 
terception est  exacte,  plu»  l'articulation  sera  forte. 
pa,  la,  ko,  sont  des  articulation»  fortes;  ba,  da,ga, 
sont  des  articulation»  faibles.  ||  Temps  fort,  en  fait 
de  musique,  vey.  temps.  ||  10?  Oui  a  une  grande 
ténacité.  Colle  forte,  voy.  colle.  ||  Terre  forte,  tcrro 
gra.sse ,  argileuse ,  tenace  et  difficile  à  labourer. 
J'ai  fait  tirer  de  chacun  de  ces  arbres  une  so- 
live de  22  pieds,  sur  8  pouces  d'équarrissage;  la 
première  solive  qui  venait  du  terrain  fort  pesait 
2«{  livres;  l'autre  qui  venait  du  terrain  sablon- 
neux ne  pesait  que  232  livres,  bupp.  Hist.  nat. 
Part.  exp.  Œur.  t.  viii,  p.  ï2«.  ||11«  Touffu,  dru, 
rangé  près  à  près.  Les  blés  sont  fort»  celle  anuOc 


FOR 


FOR 


FOR 


1737 


Un  bois  citromement  fort.  Une  forte  haie  l'empê- 
cha lie  passer.  ||  12»  Rude,  difficile.  Un  ressort  qui 
est  très-fort.  Une  forte  tâche.  Ils  trouvèrent  une 
montagne  forte  à  monter.  11  n'est  tigre  d'Asie,  i! 
n'est  lion  d'Afrique,  Ni  monstre  si  funeste  et  si 
fort  à  dompter,  ROTR.B^iw.  iv,  6.  ||  Ce  cheval  a  la 
iwuche  forte,  il  a  la  bouclie  dure.  ||  Un  cheval  fort 
on  bouche,  cheval  qui  résiste  au  mors.  ||  13°  Chargé, 
en  parlant  d'une  couleur,  d'une  liqueur.  Bouillon 
fort.  Cette  lessive  est  trop  forte.  Des  teintes  plus  for- 
tes. Il  14°  Oui  fait  beaucoup  d'impression  sur  le  goût, 
l'odorat.  Ce  tabac  est  très-fort.  De  fortes  épices. 
Il  Liqueurs  fortes,  liqueurs  alcooliques.  L'on  n'a 
d'autre  intempérance  à  leur  reprocher  qu'une  pas- 
sion démesurée  pour  les  liqueurs  fortes ,  haynal, 
Hist.  phil.  xviii,  (6.  Le  grand  muphti,  désespéré 
de  voir  les  mosquées  abandonnées,  décida  que 
cette  boisson  [le  café]  était  comprise  dans  la  loi 
de  Mahomet,  qui  proscrit  les  liqueurs  fortes,  id. 
ib.  III,  )'^.  Il  Eau-forte,  nom  de  l'acide  azotique.  Ils 
cherchent  à  réveiller  leur  goût  déjà  éteint  par  les 
eaui-de-vie  et  par  toutes  ces  liqueurs  les  plus  vio- 
lentes, il  ne  manque  à  leur  débauche  que  de  boire 
de  l'eau-forte,  ia.  bruy.  viji.  ||  Graver  à  l'eau-forte, 
graver  sur  une  planche  de  cuivre  à  l'aide  de  l'eau- 
forte.  Il  Eau-forte,  estampe  tirée  sur  une  planche 
qui  a  été  préparée  à  l'eau-forte.  Une  belle  eau-forte. 
I!  15°  Acre  au  goût,  désagréable  à  l'odorat.  Du 
bearre  fort.  Ceux  de  qui  l'haleine  est  bien  forte. 
Ou  bien,  pour  parler  d'autre  sorte.  Dont  l'haleine 
sent  les  poireaux,  scarr.  Virg.  vi.  La  chair  du  faon 
est  bonne  à  manger,  celle  de  la  biche  et  du  daguet 
n'est  pas  absolument  mauvaise,  mais  celle  des  cerfs 
a  toujours  un  goût  désagréable  et  fort,  buff.  Qiia- 
(Irup.  t.  II,  p.  C3.  Il  16°  Fig.  Oui  a  de  la  grandeur, 
de  l'impétuosité,  de  la  violence,  en  parlant  des 
choses.  Une  forte  maladie.  Son  pouls  est  fort  et 
élevé.  Forte  gelée.  Le  vent  a  été  fort  toute  la  nuit. 
Forte  douleur.  Donner  une  médecine  trop  forte. 
Forte  chaleur.  ||En  parlant  de  la  mer,  grosse,  hou- 
leuse. Une  forte  mer.  ||  Il  se  dit,  dans  un  sens  ana- 
logue, des  choses  morales.  La  vérité  même  ne  se- 
rait pas  assez  forte  contre  vous,  balz.  liv.  i,  lett.  2. 
Si  d'un  triste  devoir  la  juste  violence....  Prescrit  à 
ton  amour  une  si  forte  loi  Qu'il  te  rend  sans  défense 
à  qui  combat  pour  moi,  cohn.  Cid,  v,  ).  Qu'en  pré- 
sence des  rois  les  vérités  sont  fortes!  Que,  pour 
sortir  d'un  cœur,  elles  trouvent  de  portes!  id.  Ni- 
com.  III,  8.  Il  est  assez  nouveau  qu'un  homme  de 
son  âge  Ait  des  charmes  si  forts  pour  un  jeune  cou- 
rage, m.  Sertor.  u,  ).  Et  ce  qu'ils  ont  osé  contre 
leur  servitude  N'en  a  rendu  le  joug  que  plus  fort  et 
plus  rude,  ID.  ib.  Votre  nom  pour  ce  choix  est 
plus  fort  que  le  mien,  m.  Putchér.  i,  4.  De  la  plus 
forte  ai'dcur  vous  portez  vos  esprits  Jusqu'à  l'indif- 
férence et  peut-être  au  mépris,  ro.  l'ohj.  ii ,  2. 
As-tu  donc  pour  la  vie  une  haine  si  forte?  id.  ib.  v, 
■J.  Le  premier  sang  versé  rend  sa  fureur  plus  forte, 
m.  Nicom.  v,  4.  X  moins  d'une  secrète  et  forte  an- 
tipathie, n..  Sertor.  i,  2.  Ta  forte  passion  est  d'être 
brave  et  leste,  mol.  Ec.  des  femmes,  v,  4.  M'en  ac- 
quitter vers  elle  est  ma  plus  forte  envie,  th.  corn. 
Ariane,  m,  4.  Je  répétai  deux  ou  trois  fois  la  pro- 
position accordée,  ajoutant  toujours  quelque  circon- 
stance plus  forte,  mais  évidemment  contenue  dans 
cequi  était  accordé,  BOSS.  Conférence  avec  Claude, 
2.  Oui  peut  vous  inspirer  une  haine  si  forte  ?rac. 
Athal.  m,  3.  Ceux  que  des  nœuds  si  forts  n'ont 
pas  su  retenir,  id.  Théb.  m,  fl.  J'étais  comme  en- 
levée; il  y  avait  quelque  chose  de  trop  fort  pour 
moi  dans  la  rapidité  des  événements  qui  me  dépla- 
çaient, qui  me  transportaient,  mariv.  Marianne, 
3"  part.  Mon  amour  est  plus  fort,  plus  grand  que  mes 
bienfaits,  volt.  Zaïre,  i,  6.  Ce  nouveau  mouve- 
m:'ntdans  mon  cœur  est  trop  fort,  m.  M.  de  Ces. 
tii,  6.  Et  sur  votre  vaillance  J'ai  fondé  dès  long- 
temps ma  plus  forte  espérance,  id.  Catil.  ii,  2. 
Pour  murmurer  jamais  ma  tendresse  est  trop 
forte  ,  h\:as,Abtifar,  m,  6.  ||  Cela  est  plus  fort  que 
moi,  je  n'y  puis  résister,  en  parlant  d'une  passion, 
il'uno  habitude  qu'on  ne  peut  vaincre.  ||  17°  Un  fort 
marchand,  un  marchand  qui  fait  de  grandes  afTai- 
ros.  On  consulta  enfin  deux  forts  laboureurs  et  deux 
bons  marchands  de  blé,  et  il  y  eut  le  lendemain 
plus  de  pain  au  marché  qu'on  n'en  voulait,  volt. 
Dict.  phil.  Conseiller  ou  juge.  ||  18°  Qui  a  de  la  force 
d'âme,  de  la  fermeté.  la  femme  forte  de  l'Écriture. 
5  dieux!  que  de  faiblesse  en  une  âme  si  forte! 
CORN.  Cinria,  iv,  6.  Une  femme  forte,  pleine  d'au- 
mônes et  de  bonnes  œuvres,  précédée,  malgré  ses 
désirs,  par  celui  que  tant  de  fois  elle  avait  cru  devan- 
cer, aoss.  le  Tellier.  Vous  avez  une  âme  forte  à  qui 
je  dis   quelquefois  des  vérités  fortes,  volt.   Leit. 

DICT.    OK    LA    LANGUE    FHANÇAISE 


Mmedu  Deffant,  2 1  sept.  1704.  Fort  contre  vos  raisons, 
faible  contre  ses  pleurs,  m.  Brutus,  iv,  t.  Nous  ne 
pouvons  jamais  nous  affranchir  de  la  néces.sité  d'a- 
voir un  suprême  empire  sur  nous-mêmes;  si  nous 
ne  sommes  pas  fortes  contre  le  vice,  nous  sommes 
obligées  de  l'être  contre  la  honte,  genlis,  Mme  de 
Dfaintenon,  t.  i,  p.  160,  dans  pougens.  ||  Il  se  dit, 
en  un  même  sens,  de  certaines  choses  morales  ou 
intellectuelles.  Voyons  donc  ce  dernier  combat  [l'a- 
gonie]; mais  encore  un  coup  affermissons-nous; 
ne  mêlons  point  de  faiblesse  à  une  si  forte  action, 
et  ne  déshonorons  pas  par  nos  larmes  une  si  belle 
victoire,  Boss.  Duch.  d'Orl.  On  n'entcnditplus  par- 
ler de  cette  éducation  forte  et  sévère  de  la  jeunesse 
persane, hollin,  Ilist.  anc.  Œuv.  t.  vi,  p.  396.  Je 
conviens  que  le  sujet  n'est  guère  théâtral  pour 
nous  qui,  ayant  beaucoup  plus  de  goût,  de  dé- 
cence, de  connaissance  du  théâtre  que  les  Anglais, 
n'avons  généralement  pas  des  mœurs  si  fortes,  volt. 
Rome  sauvée,  Préf.  Les  Mogols  n'avaient  plus  rien 
de  ces  mœurs  fortes  qu'ils  avaient  apportées  de 
leurs  montagnes,  raynal,  Ilist.  phil.  iv,  2i.||0n 
dit  quelquefois  qu'une  œuvre  littéraire  est  forte, 
quand  elle  exprime  surtout  des  sentiments  de  fe.'- 
meté  et  de  courage,  etc.  On  joue  souvent  Zaïre 
parce  qu'elle  est  tendre  ;  on  ne  joue  pas  Brutus 
parce  que  cette  pièce  n'est  que  ''orte,  volt.  Lett. 
d'Argenson,  4  juin  4739.  ||  19°  Habile,  capable.  V(  us 
êtes  plus  fort  que  moi  aux  échecs.  Je  suis  diable- 
ment fort  sur  l'impromptu,  mol.  Préc.  to.  Vous 
dites  que  vous  n'êtes  pas  forte  sur  la  narration,  sÉv. 
40:!.  Phocion  était  fort  en  aisonnement,  et  par  là 
venait  à  bout  d'abattre  et  de  renverser  la  plus  haute 
éloquence,  pollin,  Ilist.  anc.  Œuv.  t.  vi,  p.  86, 
dans  POUGENS.  Qui  peut  en  fourberie  être  si  fort 
que  toi?  regnard.  Légat,  iv,  2.  S'il  est  faible  en  ta- 
lent, il  est  fort  en  intrigue,  picard,  Méd.  et  ram- 
pant, I,  2.  Si  monsieur  est  neuf  sur  les  manières  de 
Paris,  vous  n'êtes  pas  très-fort  sur  la  géographie,  m. 
Provinc.  à  Paris,  iv,  1 3.  ||  Absolument.  Un  homme 
fort,  un  homme  dont  l'esprit  a  plus  d'étendue,  de 
pénétration,  de  force  qu'on  n'en  a  d'ordinaire.  ||  Un 
élève  fort,  un  élève  qui  sait  bien  ce  qu'on  lui  en- 
seigne. Il  est  fort  en  grec,  en  mathématiques.  Mal- 
gré la  sévérité  de  ce  professeur,  j'étudiai  sous  lui 
pendant  six  mois,  et  je  devins  un  de  ses  plus  forts 
écoliers,  le  sage.  Est.  Gomalei,  chap.  4.  ||  Familiè- 
rement. Il  n'est  pas  fort,  c'est-à-dire  il  s'en  faut  de 
beaucoupqu'il  soit  habile.  ||  Familièrement.  Il  est  fort 
pour  parler,  il  parle  plus  qu'il  n'agit.  ||  FamiUère- 
ment,  être  fort  pour,  signifie  aussi  avoir  du  goût 
pour.  Il  est  fort  pour  le  spectacle,  pour  le  vin, 
pour  jouer.  ||  Être  fort  en  gueule,  parler  beaucoup, 
avoir  la  repartie  prompte ,  piquante ,  insolente. 
Vous  êtes,  ma  mie,  une  fille  suivante.  Un  peu  trop 
forte  en  gueule  et  fort  impertinente,  mol.  Tart. 
1,1.  Il  En  parlant  des  ouvrages  d'esprit,  qui  témoi- 
gne de  la  force,  de  l'habileté.  Ce  jeune  homme  a 
fait  une  composition  très-forte.  Si  ce  discours  vous 
plaît  et  vous  semble  fort,  sachez  qu'il  est  fait  par 
un  homme  qui  s'est  mis  à  genoux  pour  prier.... 
PASC.  Moyens,  édit.  faugère  .  Dieu  veuille  que 
ces  derniers  tomes  soient  cent  fois  plus  forts  que 
les  premiers!  c'est  ainsi  qu'il  faut  répondre  aux  per- 
sécuteurs, volt.  Lett.  Damilaville,  26  juill.  ("M. 
Il  Ironiquement.  Dire  :  quel  honneur  vous  me  faites! 
Messieurs,  vous  êtes  trop  honnêtes;  Ou  quelque 
chose  d'aussi  fort,  bérang.  Aead.  et  Cav.  ||  C'est  une 
forte  tête,  une  tête  forte,  c'est  un  homme  judicieux 
et  sagace.  ||  Ironiquement,  les  fortes  têtes  de  l'en- 
droit, les  notables  les  plus  habiles  d'une  localité  où 
il  y  a  peu  de  lumières.  ||  Une  tète  forte,  se  dit  aussi 
d'un  homme  qui  supporte  bien  le  vin.  ||  Une  ima- 
gination forte,  imagination  qui  se  représente  les 
choses  avec  énergie.  Les  hommes  d'une  imagi- 
nation forte ,  comme  Pascal  ,  parlent  avec  une 
autorité  despotique  ,  volt.  /.<?((.  S'graresende , 
("  juin  (738.  Il  Avoir  l'esprit  fort,  avoir  de  la  vi- 
gueur, de  la  pénétration  dans  l'esprit.  Montrez  un 
esprit  fort  en  un  corps  abattu,  rotr.  Ilcrc.  mour. 
IV,  i.  Il  Esprit  fort,  voy.  esprit,  n°  20.  Si  c'est  le 
grand  et  le  sublime  de  la  religion  qui  éblouit  ou 
qui  confond  les  esprits  forts,  ils  ne  sont  plus  des 
esprits  forts,  mais  de  faibles  gi'nies  et  de  petits  es- 
prits, LA  BnuY.  XVI.  Il  20°  Bien  fondé,  appuyé  sur 
de  bons  principes.  De  forts  arguments.  Une  objec- 
tion forte.  De  fortes  preuves.  Il  [Corneille]  a  un  nom 
très-respécté,  il  est  mort;  voilà  déjà  une  raison  bien 
forte  (je  ne  dis  pas  bien  bonne)  en  sa  faveur,  d'a- 
LEMB.  Lett.  à  Voltaire,  27  janv.  1782.  ||  A  plus  forte 
raison,  voy.  raison.  |1  21°  Il  .se  dit  du  style,  des  cx- 
piessions,  pour  dire  que  l'énergie  est  jointe  à  la  jus- 
tesse. Un  style  fort  et  concis.    Une  éloquence  forte 


et  rapide.  Madame  a  passé  ilu  malin  au  soir,  ainsi 
que  l'herbe  des  champs;  le  matin  elle  fleurissait, 
avec  quelles  grâces  vous  le  savez  ;  le  soir  nous  la 
vîmes  séchée,  et  ces  fortes  expressions,  par  lesquel- 
les l'Écriture  exagère  l'inconstance  des  choses  hu- 
maines, devaient  être  pour  cette  princesse  si  pré- 
cises et  si  littérales,  Boss.  Duch.  d'Orl.  ||  Terme  de 
peinture.  Oui  a  de  la  précision  et  ne  laisse  rien  de 
douteux.  Contours  forts.  ||  22"  Il  se  dit,  en  un  autre 
sens,  des  expressions  qui  ont  quelque  chose  d'outré, 
de  dur,  de  dépassant  la  mesure.  Le  paradoxe  est  fort, 
MOL.  Femm.  sav.  iv,  3.  L'épithète  est  un  peu  forte, 
ID.  Critigue,  2.  S'il  faut  user  de  termes  forts,  la 
force  de  la  vérité  me  les  arrache,  bossuet,  Var.  Dé- 
fense, I"  dise,  g  64.  Le  comte  de  Polignac  a  écrit 
au  nonce  une  lettre  un  peu  forte,  maintenon,  Lett.  à 
Mme  de  Caytus,  6  déc.  )7<  7.  Les  éloges  que  Virgile, 
Horace  et  Ovide  même  prodiguèrent  à  Auguste 
étaient  beaucoup  plus  forts  [que  les  éloges  prodi- 
gués à  Louis  XIV]  ;  et,  si  on  songe  aux  proscrip- 
tions, ils  étaient  assurément  bien  moins  mérités, 
VOLT.  Frag.  sur  l'hist.  art.  xxviii.  Après  Milton, 
après  le  Tasse,  Parler  de  moi  serait  trop  fort.  Et 
j'attendrai  que  je  sois  mort.  Pour  apprendre  quelle 
est  ma  place,  id.  Stances,  I.  ||  Familièrement.  Cela 
est  fort,  paraît  fort,  voilà  qui  est  fort,  ou  c'est  trop 
fort,  c'est  par  trop  fort,  c'est  un  peu  fort,  se  dit 
d'une  chose  qu'on  ne  peut  croire,  qui  surprend 
désagréablement.  Vous  m'avouerez  que  cela  est 
fort,  locution  de  la  cour,  de  caillières,  ic90. 
Il  23°  Terme  de  fauconnerie.  Volée  du  poing  fort, 
action  de  lancer  les  oiseaux  de  poing  sur  le  gi- 
bier. Il  24°  Terme  de  droit  coutumier.  Forte  cla- 
meur, amende  que  payait  en  quelques  endroite 
celui  qui  perdait  un  procès.  ||  25°  S.  m.  Celui  qui 
a  une  grande  force  musculaire;  il  ne  se  dit  que 
dans  cette  locution,  les  forts  de  la  halle,  les  porte- 
faix qui  font  le  service  de  la  halle  au  blé  de  Paris. 
De  la  halle  on  diraitdeux  forts:  Peut-être  ce  sont  des 
milords,  bérang.  Boxeurs.  ||  Se  dit  aussi  de  ceux  qui 
portent  les  marchandises  dans  les  ports.  ||  26°  Celui 
qui  a  la  force  ou  la  puissance.  Protéger  le  faible 
contre  le  fort.  L'épouvante  a  surpris  les  forts  de 
Moab,  et  tous  les  habitants  de  Clianaan  ont  séché 
de  crainte,  saci.  Bible.  Exode,  xv,  )6.  Le  patient 
vaut  mieux  que  le  fort,  et  celui  qui  dompte  son 
cœur  vaut  mieux  que  celui  qui  prend  des  villes, 
BOSS.  Duch.  dOrl.  Quelquefois  la  sagesse  a  maî- 
trisé le  sort;  C'est  le  tyran  du  faible  et  l'esclave  du 
fort,  VOLT.  Pélop.  i,  4.  Il  Le  pain  des  forts,  voy 
PAIN.  I|  Dans  le  langage  de  la  chaire,  le  fort  armé,  le 
diable.  Le  fort  armé,  c'est  le  démon....  Jésus-Christ 
a  chassé  ce  fort  armé,  quand  il  a  ébranlé  le  cœur 
endurci  et  qu'on  a  fait  pénitence,  B0.ss.  Médit,  sur 
les  Évang.  Sermon  sur  la  mont.  t9'  jour.  ||  27°  La 
partie  la  plus  forte,  la  plus  résistante  d'une  chose. 
Le  fort  de  la  voûte,  d'une  poutre.  ||  Mettre  du 
bois  sur  son  fort,  le  placer  dans  la  position  où  il 
résiste  le  mieux  à  la  charge.  ||  Le  fort  du  pied, 
le  côté  qui  appuie  le  plus  .sur  la  terre.  ||  Le  fort  de 
l'épée,  le  tiers  du  tranchant  qui  est  à  partir  du 
talon,  et  avec  lequel  on  pare  surtout.  Zadig  sut 
parer  le  coup,  en  opposant  ce  qu'on  appelle  le  fort 
de  l'épée  au  faible  de  son  adversaire,  volt.  Zadig, 
2).  Il  Le  mi-fort,  la  partie  de  l'épée  qui  vient 
après  le  fort  et  qui  est  entre  ce  qu'on  nomme  le 
fort  et  le  faible.  ||  Fort  de  la  pique,  le  milieu 
de  cette  arme.  ||  Fort  d'une  balance  romaine, 
le  c6té  qui  est  le  moins  éloigné  du  centre  ou 
point  de  suspension.  ||  Terme  de  marine.  Le  fort 
d'un  navire,  le  milieu  qui  en  est  la  partie  la  plui 
enfoncée  et  en  même  temps  la  plus  large.  ||  Ligne 
du  fort,  se  dit,  dans  un  navire,  de  la  ligne  jusqu'à 
laquelle  il  enfonce  quand  on  le  charge  de  toutes 
les  marchandises  qu'il  peut  porter  commodément 
et  sans  péril,  et  qui  est  au-dessus  de  la  ligne 
d'eau.  Il  Le  fort  et  le  faible,  ce  qu'il  y  a  de  fort  et  de 
faible  dans  une  personne,  dans  une  chose.  Les  hom- 
mes d'ailleurs,  qui  tous  savent  le  fort  et  le  faible  les 
uns  des  autres,  agissent  aussi  réciproquement 
comme  ils  croient  le  devoir  faire,  la  rruy.  xi.  Je 
connais  le  fort  et  le  faible  de  tous  les  états  de  la 
vie,  DANCOURT,  Retour  des  officiers,  se.  6.  Le  fort  et 
le  faible  de  tous  les  gouvernements  a  été  examiné 
de  près  dans  les  derniers  temps,  volt.  Dict.  phil. 
États,  Gouvernements.  Enfin  après  avoir  examiné  le 
fort  et  le  faible  des  sciences,  il  fut  décidé  que  mon- 
sieur le  marquis  apprendrait  à  dan,ser,  id.  Jeannot 
et  Colin.  \\  Du  fort  au  faible,  le  fort  portant  le  fai- 
ble, c'est-à-dire  toute  compensation  faite.  Quatre 
chevaux  porteront  tout  cela,  du  fort  au  faible. 
Il  28°  Se  dit  en  parlant  des  sons.  Il  [le  rossignol] 
saute  du  grave  à  l'aigu,  du  doux  au  fort,CHATKAUB. 

I.   -  218 


1738 


FOR 


FOh 


FOR 


Génie,  i,  v,  B.  ||  29°  ïorme  de  monnaie.  Le  fort,  ce 
qui  est  en  cicès.  Travailler  sur  le  fort,  tailler  des 
llans  ou  espèces  qui  pfcsent  plutôt  plus  que  moins 
et  au  delà  du  poids  ordinaire.  |{  80"  Terme  de  chasse. 
Le  plus  épais  du  bois  et  des  buissons,  où  les  bêtes 
sauvages  se  retirent  (on  voit  à  l'historique  que  fort 
a  été  employé  en  termes  de  chasse  bien  avant  de 
l'être  en  termes  de  fortification).  Relancer  la  bête 
dans  son  fort.  Il  entre  dans  le  fort,  se  mêle  avec 
les  piqueurs ,  la  bbuy.  vu.  Lorsque  les  louves  sont 
prêtes  à  mettre  bas,  elles  cherchent  au  fond  du 
bois  un  fort,  un  endroit  bien  fourré,  au  milieu  duquel 
elles  aplanissent  un  espace  assez  considérable  en  cou- 
pant, en  arrachant  les  épines  avec  les  dents,  bufp. 
Quadr.  t.  ii,  p.  193.  Autrefois  on  en  faisait  le  vol  à 
l'épervierouau  faucon  ;  et,  dans  cette  petite  chasse, 
le  plus  difficile  était  de  faire  partir  l'oiseau  [le  râle 
d'eau]  de  son  fort,  id.  Ois.  t  v,  p.  239.  Les  om- 
brages ne  sont  pour  l'autre  que  des  viandis,  des 
forts,  J.  J.  Rouss.  Ém.  iv.  |{  Fig.  Lorsque  l'ennui 
pénètre  dans  mon  fort,  Priez  pour  moi  :  je  suis 
mort,  je  suis  mort,  BéRANO.  Kort  viv.  ||  Piquer  dans 
le  fort,  pousser  son  clioval  au  galop  dans  le  plus 
fourré  du  bois.  {{  Sortir  du  fort,  rentrer  au  fort,  se  dit 
de  la  bête  quand  elle  débuche  et  se  rembuche.  Un 
loup....  Sortant  hors  de  son  fort  rencontre  une  lionne, 
RÉGNIER ,  Sat.  m.  Il  31°  Ouvrage  de  terre  ou  de  ma- 
çonnerie capable  de  résister  au.\  attaques  de  l'en- 
nemi. Et  l'on  ignore  encor  parmi  ses  ennemis  L'art 
dj  reprendre  un  fort  qu'une  fois  il  a  pris,  corn.  JVi- 
com.  1,  2.  Un  fort  ne  se  rend  point  qui  n'est  point 
combattu,  ROTR.  Iferc.  mour.i,  <.  Du  débris  de  leurs 
forts  il  couvre  ses  frontières,  rac.  Esth.  Prol.  Pour 
moi,  loin  de  la  ville  établi  dans  ce  fort,  volt.  Tancr. 
m,  ).  Il  Forts  de  campagne,  ceux  qui  sont  faits  pour 
garder  des  passages,  ou  pour  défendre  des  lignes. 
Il  Fort  à  étoile,  fort  construit  par  angles  rentrants 
et  saillants  ,  e*  ressemblant  par  sa  forme  à  une 
étoile.  Le  fort  Louis,  qui  défend  cette  partie  de  l'éta- 
blissement, n'est  qu'un  misérable  fort  à  étoile,  in- 
capable d'une  résistance  un  peu  opiniâtre,  bat- 
NAL,  Ilist.  phil.  XIII,  32.  Il  Fort  détaché,  fort  qui 
ne  tient  pas  au  corps  de  la  place.  Les  forts  déta- 
chés autour  de  Paris.  ||  32°  Fig.  La  partie  essentielle, 
principale  d'une  chose.  Ce  n'est  pas  sur  moi  que 
tombe  le  fort  de  cette  accusation,  pasc.  ProB.  tl. 
Voici  le  fort  de  l'objection,  boss.  Ilist.  ii,  )3.  Le  fort 
de  la  dispute  entre  Zenon  et  Arcésilas  roulait  sur  le 
témoignage  des  sens,  rollin,  Ilist.  anc.  liv.  xxvi, 
2°  part  ch.  4".  Il  Le  fort  et  le  fin,  ce  qu'il  y  a  de 
plus  difficile  dans  un  art,  dans  une  science.  Te 
prouver  à  toi-même  en  grec,  hébreu,  latin.  Que  tu 
sais  de  leur  art  et  le  fort  et  le  fin,  boil.  Sat.  viii. 
jl  Le  plus  fort,  ce  qu'il  y  a  de  plus  difficile,  de  plus 
pénible.  Que  reste-t-il?  le  plus  fort  en  est  fait,  la 
FONT.  liich.  Voilà  le  plus  fort  passé,  sÉv.  470.  ||  De 
.son  plus  fort,  autant  que  l'on  peut.  Que  j'y  cour- 
rais, et  tout  de  mon  plus  fort,  la  font.  Ilerm. 
Il  33°  Le  plus  haut  degré,  en  parlant  de  choses 
physiques.  L'on  ne  pria  les  saints  qu'au  fort  de  la 
tempête,  réonier,  Sat.  vi.  Pareille  à  ces  éclairs  qui 
dans  le  fort  des  ombres....  corn.  llor.  m,  H .  Pendant 
ce  temps  heureux,  passé  comme  un  éclair,  Je  me 
couchais  sans  feu  dans  le  fort  de  l'hiver,  mol.  Sgan. 
II.  Point  de  glace,  bon  Dieu!  dans  le  fort  de  l'été. 
Au  mois  de  juin....  boil.  Sat.  m.  Xipharès.... 
qu'au  fort  du  combat  une  troupe  rebelle....  rac. 
Mithr.  v,  4.  Ce  fut  au  fort  des  fêtes  que  l'on  fai- 
sait pour  cette  nouvelle  reine,  dans  tout  l'éclat 
d'une  cour  brillante,  que  le  chevalier  de  Gram- 
mont  vint  contribuer  à  sa  magnificence  et  à  ses 
plaisirs,  iiamilt.  Gramm.  8.  ||  11  se  dit,  dans  le  même 
sens,  des  choses  non  physiques.  Dans  le  fort  de  ma 
colère,  je  n'ai  point  fait  de  plaintes  contre  vous  qui 
ne  fussent  accompagnées  de  louanges,  voit.  Lett.  65. 
Ici,  au  contraire,  il  nous  a  fallu  reprendre  cello-ci 
[Corbie]  dans  le  fort  d'une  infinité  d'autres  aflfaires 
qui  nous  pressaient  de  tous  côtés,  id.  ib.  74.  Et  vous 
donne,  au  plus  fort  de  vos  adversités,  Le  sceptre  que 
j'attends  et  que  vous  méritez,  corn.  Uédée,  ii,  B. 
Au  fort  de  ma  douleur  tu  rappelles  ma  crainte,  id. 
Voly.  n,  3.  [Il]  Se  jette  furieux  au  plus  fort  du  dan- 
ger, roth.  Antig.  i,  4.  Il  ne  manqua  pas  non  plus 
au  fort  de  la  conversation....  d'être  saisi  par  quatre 
hommes  masqués,  scarr.  Jlom.  com.  i,  ».  Leur 
triomphante  joie,  au  fort  d'un  tel  outrage,  mol. 
Psyché.  Prol.  Toujours  tu  me  verras,  au  fort  de  mon 
tnnui,  Mettre  tout  mon  plaisir  à  te  parler  de  lui, 
RAC.  Mex.  IV,  a.  Il  84°  Ce  qui  fait  la  force,  la  supé- 
riorité d'une  personne.  La  critique  est  son  fort. 
Tout  le  fort  de  cet  homme  est  la  mémoire.  C'est  ici 
son  fort,  et  l'endroit  fatal  où  il  prend  de  nouveaux 
avaniago  ,  balz.  le   Barhon.   Le  unncipal  effet  de 


l'émulation,  c'est  de  nous  inspirer  un  désir  de  l'em- 
porter sur  notre  adversaire  dans  les  choses  où  il  fait 
son  fort,  Boss.  4°  sermon,  Annonc.  l.  Même  sur  le 
siège,  qui  est  son  fort  [de  Vauban]  et  où  il  décide 
souverainement....  la  biiut.  xii.  Il  voulut  provoquer 
Matta  par  .son  fort,  iiamilt.  Gramm.  4.  Nous  inven- 
tons des  réponses  aux  objections  de  l'adversaire,  et 
nous  ne  songeons  à  lui  que  pour  trouver  le  défaut 
de  ses  opinions;  d'où  il  arrive  que  nous  sommes 
plus  instruits  de  ce  que  nous  appelons  nos  bonnes 
intentions  que  de  celles  où  il  met  le  fort  de  sa  cause, 
iiAYLE,  Comment,  philos,  iv,  2.  ||Faire  fort  sur, 
compter  sur,  arguer  de.  Je  n'ai  jamais  trouvé, 
parmi  nos  prétendus  réformés,  aucun  homme  de 
bon  sens  qui  fît  fort  sur  cet  article,  boss.  Yar.  xiii, 
§  fo.  Il  35°  Fort,  adv.  D'une  manière  forte.  Pousser 
fort.  Les  chirurgiens,  qui,  ayant  lié  le  bras  médio- 
crement fort,  au-dessus  de  l'endroit  où  ils  ouvrent 
la  veine,  font  que  le  sang  en  sort  plus  abondam- 
ment que  s'ils  ne  l'avaient  point  lié,  desc.  Uélh.  v, 
7.  Fort,  madame,  frappez  comme  il  faut,  mol. 
G.  Dand.  ii,  u.  Elle  m'embrassa  fort,  sÉv.  <2. 
Il  II  se  dit,  dans  le  même  sens,  des  choses  morales. 
Mme  d'Orgimont  aime  plus  fort,  mais  vous  aimez 
mieux,  GENLis,  Veill.  du,  chdt.  t.  i,  p.  «52,  dans  pou- 
gens.  Jamais  l'amitié  N'a  parlé  dans  mon  cœur  plus 
fort  que  la  pitié,  arnadlt.  Oscar,  u,  4.  ||  Familiè- 
rement. De  plus  fort  en  plus  fort,  avec  une  force 
crois-sante.  Il  crie  de  plus  fort  en  plus  fort.  ||  36°  Extrê- 
mement, beaucoup.  Il  gèle  fort.  Fort  beau.  Fortaima- 
ble.  Fort  heureusement.  Kort  bien.  Fortmal.  Auguste 
est  fort  troublé,  l'on  ignore  la  cause,  corn.  Cinna,iy, 
B.  Et  je  m'étonne  fort  d'où  vous  vient  cette  audace, 
iD.  Rodog.  iv,6.Vousm'obligerezfortd'en prendre  le 

souci,  ID.  Théod.  Il,  4 Je  suis  un  valet,  mais  fort 

homme  d'honneur,  mol.  l'Ét.  ii,  9.  Quelque  fort 
qu'on  s'en  défonde.  Il  faut  y  venir  un  jour,  ID. 
Princ.  d'Él.  v,  6*  interm.  Je  trouvai  ici  le  chevalier 
à  mon  arrivée;  nous  causâmes  fort,  il  me  dit  des 
choses  particulières  et  très-agréables,  sÉv.  30  oct. 
(680.  Il  est  fort  de  nos  amis,  j'ai  reçu  de  lui  mille 
consolations  cet  hiver  passé,  id.  8  juill.  1685.  Je 
postulerai  fort  et  ferme  une  place  dans  votre  aca- 
démie, volt.  Lett.  Devaux,  )7b<.  Du  reste  ils  sont 
fort  les  maîtres  de  m'excommunier,  si  cela  les 
amuse,  J.  J.  rouss.  Lett.  à  Ueuron,  23  mars  1765. 
S'il  suffit  d'être  homme  pour  nous  plaire,  pourquoi 
donc  me  déplaisez-vous  si  fort?  beaumarcii.  Barb. 
de  Sév.  11,  4.  Madame  est  fort  amie  avec  Mme  de 
Saint-Alban,  genlis,  TMdt.  d'éduc.  l'Intrigante,  i, 
< .  Il  Si  fort,  suivi  d'un  adjectif.  Un  si  rare  service  et 
si  fort  important  Veut  l'honneur  le  plus  rare  et  le 
plus  éclatant,  corn.  Ilor.  v,  i.  ||  Proverbes.  Jeunesse 
est  forte  à  passer,  c'est-à-dire  c'est  un  temps  diffi- 
cile à  passer.  ||  Vos  fortes  fièvres  quartaines,  se 
disait  par  forme  d'imprécation. 

—  REM.  1.  Plusieurs  grammairiens  ont  réclamé 
contre  la  décision  qui  oblige  à  dire  :  Cette  femme  se 
fait  fort  de  fournir  la  somme  demaindée;  ils  se  font 
fort  de....  Déjà,  en  1668,  Marguerite  Buffet,  Ob- 
serv.  p.  195,  prétendait  qu'il  fallait  dire  :  Elle  se  fait 
forte.  La  vérité  est  que  la  locution  était  parfaitement 
régulière  quand  fort  était  des  deux  genres  ;  l'an- 
cienne langue  disait  uns  hom  fors,  une  femme  fors. 
Aujourd'hui  que  fort  fait  au  féminin  forte,  il  ne  reste 
plus  là  qu'un  archaïsme  qui  mériterait  sans  doute 
d'être  conser\'é  s'il  s'était  transmis  sans  variation; 
mais  depuis  longtemps,  comme  on  peut  voir  à  l'his- 
torique, l'analogie  nouvelle  de  la  langue  l'a  enfreint. 
Voilà  pour  le  féminin  ;  quant  au  pluriel,  dire  :  Ils 
se  font  fort  et  non  forts,  cela  n'est  fondé  ni  sur 
l'archaïsme  ni  sur  la  grammaire;  fort  est  ici  adjectif 
et  non  adverbe.  ||  2.  Nodier  et  quelques  autres  ont 
signalé  fort  de....  comme  an  néologisme  blâmable. 
Mais  on  peut  voir  au  n°  a,  que  ce  n'est  point  un 
néologisme.  X  quoi  on  peut  ajouter  que,  grammati- 
calement, il  n'y  a  rien  à  blâmer  dans  cette  tournure. 

—  HlST.  xr  s.  Et  bels  et  forz  et  isnels  et  légers, 
Ch.  de  Roi.  ci.  Ce  dist  Rolanz:  forz  est  nostre  ba- 
taille, i6.  cxxviii.  Siglent  à  fort  et  nagent  et  gou- 
vernent, ib.  CLXXxvi.  [Ils]  Vestent  hauberz  blancs  et 
forz  et  logera,  ib.  cclxxxii.  Ceste  dolorne  démenez 
tant  fort,  ib.  ccviii.  ||  xif  s.  Car  je  ne  sui  si  forz  nu 
si  hardiz  Qu'envers  amor  [je]  me  pousse  contcndre, 
Couci,  V.  Car  tant  est  fort  et  cruels  sa  prisons,  «6. 
XIII.  Vous  irez  à  Cologne,  la  fort  cité  garnie, 
Sax.  VII.  Et  [ils  ont|  les  murs  crevantes  de  fort 
arène  bise,  ib.  xiii.  Li  arcs  des  forz  est  .surmuntez, 
e  li  fieble  sunt  esforcié.  Rois,  p.  6.  ||  xiii'  s.  Li  hom 
fors  veraicmoni  sostient  molt  de  choses  terribles  et 
de  grans  outrages  por  cnprcndre  ce  que  convient  cl 
por  laissier  ce  que  est  à  laissier,  brun.  lat.  Très. 
p.  300.  Jà  soit  ce  que  en  chascune  chose  soient  en- 


tremeslé  luit  li  quatre  élément,  il  convient  que  la 
force  des  uns  i  .soit  plus  fors,  selonc  ce  que  plus  i 
abonde,  id.  ti>.  p.  107.  Trop  estoit  la  vile  fors,  villkb. 
cxxxv.  Derrier  le  haterel  [cou]  [ils]  lui  ont  si  fort 
noué  [la  corde|,  Berte,  xv.  Que  nul  esploit  ne  porra 
faire;  Que  [car]  li  set  buef  ne  puent  traire.  Que  trop 
est  fort  la  terre  et  dure,  Ren.  i  bbbi  .  Chil  [celui-là]  est 
fors  lerres  [larron)  qui  vent  coivre  por  or  ou  estaint 
por  argent,  beaum.  xxxi,  <o.  Serremens  que  lesSar- 
razinois  ne  pooient  plus  fors  faire  selon  leur  loi, 
JoiNV.  246.  Il  xiv°  s.  Et  devez  savoir  que  le  dcmou- 
rant  de  chest  [ce]  chapistre  est  mal  à  entendre,  fort 
à  translater,  et  aussi  comme  inutile  quant  à  ccstc 
science,  oreske,  Eth.  vi,  10.  Et  semblablcment  ce- 
lui qui  est  forldc  corps  ou  celui  qui  est  bien  taillés  à 

courir,iD.  tft.  27 Aristole  entent  tousjours  par  fors 

ceuli  qui  ont  la  vertu  defortitude,  m.  ib.  79.  Ceulx 
desquelz  l'ire  est  forte  à  osier  et  dure  longuement, 
ID.  i6.  (29.  En  toutes  choses  c'est  fort  de  prendre  le 
moien  et  de  assener  au  moien,iD.  i6.  54.  Ceulx  exem- 
ples t'ay  dit  de  la  mort.  Mais  je  te  vueill  dire  plus 
fort.  C'est  de  la  roe  de  fortune  Qui  fait  son  tour 
comme  la  lune.  Le  livre  du  bon  Jehan,  77.  Il  estoit 
grans  et  fors,  et  s'estoit  bien  foumiz.  Et  desirans  des 
armes  de  Caire  les  deliz,  Cuesclin,  319.  liertran  à 
son  voloir  venir  ne  pooit  mie,  Car  souvent  ot  affaire 
contre  forte  partie,  ib.  17(4  8.  Et  je  me  fai  bien  fort, 
devant  tous  en  oyant.  Que  nous  tous  qui  ci  som- 
mes assemblez  en  estant.  Irons  avecque  lui  du  tout 
à  son  commant,  ib.  6367.  S'est  che  moult  fort  à 
faire,  par  Dieu  qui  créa  tout,  Baud.  de  Seb.  vi, 
586.  Les  pères  avoicnt  fetlcur  fet  et  leur  fort  de  lui 
délivrer,  BERcnEURE,  f°  46,  rerso.  S'il  advient  qur 
tu  destoumes  un  cerf  des  taillis  et  tu  le  poursuis 
jusques  au  fort,  Modus,  f"  xii,  verso.  ||  xv*  s.  On 
nous  avoit  informés  que,  si  vous  aviez  mille  lances, 
vous  seriez  forts  assez  pour  combattre  les  Anglois  ; 
je  me  fais  fort  que  vous  en  avez  bien  mille  et  plu.--, 
PROiss.ii,  II,  236.  Et  jurèrent  à  estre  bons  Anglois, 
de  ce  jour  en  avant,  tant  que  le  roi  d'Angleterre  ou 
personne  forte  de  par  lui  les  voudroit  ou  pourroil 
teniren  paix  devers  les  François,  id.  i,  i,  302.  Onc- 
ques  ne  fut  que  le  fort  ne  mangcast  le  foible,  le  ri- 
che, le  pauvre,  gerson,  llarengue  au  roi  Charles  YI, 
p.  46.  De  cy  dormir  suis  bien  d'acort;  Car  nous 
avons  fait  le  plus  fort,  le  Livre  des  trois  rois.  Grand  tour- 
ment a,  puisque  si  fort  se  plaint.  Je  l'oy  crier  pi- 
teusement secours,  en.  o'oKL.Bal.  27.  Anuy,  soussy, 
seing  et  merencolie.  Se  vous  prenez  desplaisir  à  ma 
vie,  Et  desirez  tost  avancer  ma  mort.  Tourmentez 
moy  de  plus  fort  en  plus  fort,  id.  Chanson,  74.  Et 
que  si,  dirent  elles,  nous  nous  faisons  fortes  pour 
lui,  Jeh.  de  Sainiré,  chap.  4.  Par  ma  foy,  il  pcrt  [il 
paraît]  bien  que  vous  n'estes  gueres  sage  ;  mais,  au 
fort,  faites  vostre  guise,  car  il  ne  m'en  chault,  La 
4  b  joies  de  mariage,  p.  64 .  Et  faisoit-on  de  plus  fort 
en  plus  fort  grands  joycs,  chères,  Testes  et  esbateu- 

res,  JUVENAL,  Chartes  YI,  4  442 Euli  aussi  l'ay- 

dcroicnt,  c'est  à  savoir  chascune  seigneurie  de  huit 
galées;  et  se  faisoient  forts  de  ceulx  de  Rhodes, 
Boucic.i,  chap.  29.  Si  leur  diclque  voirement  tant 
avoyent  méfait  que  plus  ne  pouvoicnt....  mais  que 
au  fort  [à  la  rigueur]  tout  leur  scroit  pardonné,  ib. 
m,  8.  Ce  seroit  aussi  forte  chose.  Passer  par  le  tro 
d'une  aguiUe  Un  chamel,  teste  [texte]  est  d'évan- 
gile, Com  d'un  riche  mondain  seroit  Qui  en  pa- 
radis entreroit,  eust.  descb.  Poésies  mss.  f"  269. 
J'ai  toujours  ouï  dire  que  contre  forts  et  contre  taux 
ne  valent  ne  lettres  ne  sceaiu,  o.  de  la  marche, 
Mém.  liv.  II,  p.  624,  dans  lacurne.  Il  n'y  a  si  fort 
que  do  commencer  [le plus  difficile  est  de  commen- 
cer], Perceforest,  t.  iv,  f  137.  Et  qu'au  fort  s'il  fal- 
loit  qu'ils  mourussent  pour  exécuter  une  telle  cntre- 
prinsc,  qu'ils  prcndroienl  la  mort  en  gré,  comm.  ii, 
4  2.  La  compagnie  dejeunoit  au  plus  fort  et  faisoit  le 
chaudcau,  louis  xi,  jVowt'.  lui.  ||xvrs.  L'effet  rc- 
ceu  de  tes  premiers  efforts.  Do  tes  hauts  faits  adve- 
nir nous  faits  forts,  marot.  i,  236.  [Un  homme  si 
bas]  Vous  pourroit-il  saluer  hautement  T  Fort  lui  se- 
roit, car  petite  clochette  A  beau  branler,  avant  qu'un 
haut  son  jccte,  id.  ii,  »o.  Tien-toy  donc  fort  du  seul 
Dieu  triumphant....  id.  m,  285.  Le  Dieu,  le  fort, 
l'Etemel  parlera,  m.  IV,  292.  Elles  ont  nez,  etncsau- 
roient  jouir  D'ocicur  douce  ne  forte,  in.  iv,  3J5.  Le 
Dieu  de  Jacob  c'est  un  fort  Pour  nous  encontre  tout 
effort,  ID.  IV,  292.  Amour  grava  vostre  beauté  Au 
plus  fort  do  ma  loyauté,  du  bellay,  m,  64,  recto. 
Oui  quiert  le  feu  aux  veines  d'tme  pierre.  Qui  court 
au  bois,  forts  des  bestes  sauvages,  id.  iv,  40,  recto. 
Madame  a  esté  merveilleusement  malade  d'une  forte 

colique elle  se  trouve  fort  foible  encores,  marg. 

Lett.  4  4 .  Si  j'entendoys  aussi  bien  comme  l'on  pcuU 
vaincre  par  rigueur  etaudace  ung  cœur  ob*liné  que 


FOR 

vous  faictes  la  passion  de  M.  de  Saint-1'ol,  jemcfe- 
roys  forte  que  le  roy  seroitobey,  marg.  Lett.  toi.  Au 
plus  fort  de  son  mal,  il  ne  fait  que  parleret  s'esbattre, 
ID.  tb.  84.  Si  vous  m'aimez  autant  que  vous  dites, je 
suis  sure  que,  pour  avoir  ma  bonne  grâce,  rien  ne 
TOUS  sera  fort  [difficile)  à  faire,  m.  Nouv.  xxiv. 
Ayant  esté  bien  fort  offensé  par  les  Limosins,  mont. 
I,  < .  Forte  battaille,  id.  i,  h  9.  Il  n'est  rien  qui  abas- 
tardisse  si  fort  une  nature  bien  née,  id.  i,  <83.  Au 
fort  de  l'éloquence  de  Cicero,  plusieurs  entroient  en 
admiration,  id.  i,  <89.  Le  pouls  lui  bat  fort,  id.  i, 
S39.  Dans  le  plus  fort  du  double,  iD.  ii,  toe.  C'estoit 
l'homme  du  monde  le  plus  fort  (difficile]  à  tenir, 
car  il  ne  se  passoit  jour  qu'il  ne  fist  quelque  folie, 
DESPER.  Contes,  iv.  Il  trouvoit  le  vin  assez  fort  sans 
eau,  buvant  sicut  terra  sine  aqua,  id.  ib,  lxxxvii. 
Theseus  se  faisant  fort,  et  promettant  qu'il  viendroit 
au  dessus  du  Minotaure,  amîot,  Thésée,  20.  Le  fer 
entra  si  avant  dedans  la  terre,  qui  estoit  forte  et 
grasse,  que  nul  ne  le  peut  arracher,  id.  ib.i'i.  Ceulx 
qui  estoient  plus  faits  et  plus  forts  apportoient  du 
bois  :  ceuli  qui  estoient  plus  petits  et  plus  foibles, 
des  herbes,  id.  Lyc,  36.  'î'hemistocle  leur  nia  fort  et 
ferme,  id.  Thémist.  37.  Le  louant  comme  un  fort 
homme  de  bien,  m.  Caton,  5( .  Les  Macédoniens  luy 
en  sceurent  fort  mauvais  gré,  et  l'en  blasmerent  fort, 
id.  Pyrrhus,  69.  La  barbe  forte  et  espesse,  le  front 
large,  le  nez  aquilin,  id.  Anton.  5.  Teligni  jure  et 
asseure  savoir  bien  que  c'estoit  pour  un  fort  de  plai- 
sir [petite  guerre]  qu'on  vouloit  attaquer  dans  la 
cour  du  Louvre,  d'aob.  IJist.  il,  4  6.  Il  avoit  esté  con- 
traint de  se  retirer  en  son  logis  et  y  tenir  fort  cinq 
ou  six  heures,  carloix,  j,  20. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  fô;  provenç.  fort;  espagn. 
fuerte;  portug.  et  ital.  forte;  du  latin  forlis. 

FORTE  (for-té)  ,  adv.  Mot  italien  employé  en 
termes  de  musique.  Il  se  met  aux  endroits  où  le  son 
doit  être  renforcé.  ||  Substantivement.  Voici  un  forte. 
Il  S'est  dit  autrefois  pour  l'instrument  nommé  forte- 
piano  ou  piano  (voy.  forte-puno).  ||  Au  plur.  Des 
forte. 

—  ÉTYM.  Ital.  forte,  fort. 

FORTEMENT  (for-te-man) ,  adv.  ||  l"  Avec  une 
grande  force  musculaire.  Si  l'on  frappe  fortement  ?t 
par  plusieurs  coups  successifs  une  lame  de  fer  ai- 
mantée, elle  perdra  sa  vertu  magnétique,  bijff.  Min. 
t.  XX,  p.  142,  dans  pouoens.  ||  Il  se  dit  aussi  de  la 
force  qu'a  une  chose.  Cela  tient  fortement  à  la  mu- 
raille. ||  2"  Par  extension,  avec  vigueur.  Son  bois 
[d'un  arbre]  avait  poussé  fortement,  et  ses  branches 
s'étaient  élevées  à  cause  des  grande»  eaux  qui  l'arro- 
saient, Skci,  Bible,  Éxéchiel,  xxxi,  6.  ||  Des  contours, 
des  muscles,  etc.  fortement  dessinés,  des  muscles, 
des  contours,  etc.  dont  la  forme  ou  la  saillie  est 
très-prononcée.  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue,  en 
parlant  du  visage  :  des  traits  marqués  fortement. 
Il  3°  Fig.  Avec  énergie.  Leur  parle  fortement,  les 
conjure,  les  pique  D'appuyer  en  tombant  la  fortune 
publique,  DU  RYER,  Scévole,  1,  3.  L'amant  si  forte- 
ment s'unit  à  ce  qu'il  aime  Qu'il  en  fait  dans  son 
cœur  une  part  do^  lui-même,  corn.  Théodore,  m,  3. 
Mais  je  vois  son  esprit  fortement  irrité,  id.  Sertor. 
IV,  i.  Non  que  votre  bonheur  fortement  l'intéresse, 
id.  Pulchér.  1,  3.  Thrasybule,  à  qui  les  Thébains 
avaient  fourni  des  armes  et  de  l'argent  lorsqu'il 
entreprit  de  rétablir  la  liberté  à  Athènes,  appuya 
fortement  leur  demande,  rollin  ,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  IV,  p.  274,  dans  polgens.  ||  Penser  fortement, 
écrire  fortement,  avoir  des  pensées,  un  style  qui 
indique  une  grande  force  d'esprit.  Les  sentiments 
vigoureux  de  l'âme  passent  dans  le  langage  ;  et  qui 
pense  fortement  parle  de  même,  volt.  Brutus, 
préface.  La  pièce  [le  Misanthrope]  est  d'un  bout  à 
l'autre  à  peu  près  dans  le  style  des  satires  de  Des- 
préaux, et  c'est  de  toutes  les  pièces  de  Molière  la 
plus  fortement  écrite,  id.  Vie  de  Uolière. 

—  HlST.  XI*  S.  Forment  [il]  1k  plaint  à  la  lei  [cou- 
tume] de  sa  terre,  Ch.  de  Roi.  clxiv.  ||  xn*  s.  Qui 
de  ses  armes  fu  forment  redotez,  Ronc.  p.  30. 
Il  XIII*  s.  Li  roys  et  la  royne  forment  les  honorèrent, 
Berte,  m.  Puis  moût  plus  fortement  dus  Naymes 
[le  duc  Naymes]  la  ferma  [fortifia],  ib.  ix.  ||  xv"  s. 
Ils  estoient  si  forment  obligés  envers  le  roi  de 
France  que....  Fnoiss.  i,  i,  66.  ||  xvi"  s.  Ils  estoyent 
logez  toutesfois  fortement,  lanoue,  676. 

•—ÉTYM.  Forte,  et  le  suffixe  ment;  bourguign. 
formin  ;  norm. /'reumcnf;  provenç.  forttnent  ;  es- 
pagn. fuertemente ;  ital.  fortemenle.  Dans  l'ancien 
français,  forment  ou  fortment  est  composé  de  fort 
nu  féminin,  suivant  l'ancienne  règle  des  adjectifs 
Satins  en  i* ,  et  du  suffixe  ment. 

FORTE-PIANO  (  for-té-pi-a-no  ) ,  s.  m.  Nom  qui 
fut  donné   pendant  quelque  temps  à  l'instrument 


FOR 

que  nous  nommons  aujourd'hui  piano   (voy.   ce 
mot). 

—  ÉTYM.  Ce  nom  vient  de  la  différence  qu'on  re- 
marqua d'abord  entre  les  anciens  clavecins,  où  la 
corde,  étant  pincée  par  un  bec  de  plume,  l'était  tou- 
jours de  la  même  manière,  tandis  que  l'emploi  du 
marteau  dans  les  nouveaux  clavecins  permit  de 
faire  les  forte  et  les  piano.  Ces  clavecins  furent 
donc  nommés  clavecins  à  forte  et  piano,  par  abré- 
viation forte-piano,  et,  en  abrégeant  toujours,  tantôt 
forte,  tantôt  piano.  Aujourd'hui  ce  dernier  mot  est 
seul  usité. 

FORTERESSE  (for-te-rè-s') ,  s.  f  Lieu  régulière- 
ment fortifié  pour  résister  aux  attaques  d'un  en- 
nemi. Par  les  soins  d'un  si  grand  roi,  la  France 
entière  n'est  plus,  pour  ainsi  dire,  qu'une  seule 
forteresse  qui  montre  de  tous  côtés  un  front  redou- 
table, Boss.  Xarie-Thér.  ||  Fig.  C'est  là  (la  distribu- 
tion des  biens  et  des  maux]  que  les  impies  se  re- 
tranchent comme  dans  leur  forteresse  imprenable, 
c'est  de  là  qu'ils  jettent  hardiment  des  traits  contre 
la  sagesse  qui  régit  le  monde ,  id.  Sermons,  Pro- 
vid.  préambule. 

—  HlST.  xn*  s.  Vers  nous  ne  se  tenra  [tiendra] 
forteresce  ne  tors  [tour],  Sax.  xxvii.  ||  xm*  s.  Ensi 
furent  une  pieche  [pièce]  dou  tans  que  il  faisoient 
lor  volontés  defors  [hors]  fortereches,  que  nus  na  lor 
deffendoit,  Chr.  de  Rains,  p.  6(.  La  femme,  par 
nostre  coustume,  enporte  en  son  douaire  le  cief  [chef] 
manoir,  tout  soit  ce  que  ce  soit  forterece,  beabm.xiii, 
8.  Il  xiv  s.  En  quelque  forteresce  que  chiens  voi- 
sent  [aillent]  trouver  loutre,  Uodus,  ms.  f"  67,  dans 
LACURNE.  Là  montèrent  no  gent,  et  font  telle  es- 
tourmie  Que  tous  vont  escriant  :  forteresse  gaignie  ! 
Guescl.  3(98.  Il  XVI'  s.  Mais  la  fortresse  de  mon 
cueur,  Dont  vostre  œil  fut  le  seul  vainqueur.  S'est 
rendue  imprenable,  nu  bellay,  m,  54,  ïcrso. 

—  ÉTYM.  Fort;  provenç.  fortalessa,  fortaressa  ; 
catal.  fortalesa;  espagn.  fortalexa.  La  dérivation 
s'est  faite  de  fort  à  l'aide  d'un  suffixe  al  ou  or,  el 
ou  es,  comme  dans  l'italien  corsare,  corsale,  dérivé 
de  corsa,  course. 

t  FORTIFLABLE  (for-ti-fl-a-ty_^  adj.  Qui  peut  être 
fortifié. 

—  UIST.  XVI*  s.  Adviser  quelque  lieu  fortifiable 
pour  y  asseoir  son  camp,  M.  du  bellay,  28(. 

—  ÉTYM.  Fortifier. 

FORTIFIANT,  ANTE  (for-ti-fi-an,  an-l'),  adj.  Qui 
fortifie,  qui  augmente  les  forces,  en  parlant  des 
remèdes,  des  aliments.  Le  vin  est  fortifiant.  ||  Sub- 
stantivement. Les  toniques  sont  des  fortifiants. 

t  FORTIFICATECR  (lor-ti-fi-ka-teur) ,  s.  m.  Celui 
qui  fortifie  une  place,  qui  s'occupe  de  la  fortifi- 
cation. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'ignorance  des  fortificateurs  de 
ce  temps  là  estoit  de  hausser  les  contr'escarpes  et 
ne  les  aplanir  pas,  d'aub.  Ilist.  11,  (46. 

—  ÉTYM.  Fortifier. 

FORTIFICATION  (for-ti-fi-ka-sion ;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f.  \\  1°  Action  de  fortifier  une  place, 
un  poste.  On  travaille  à  la  fortification  de  cette 
place.  Il  2»  L'art  de  fortifier.  Cet  ingénieur  entend 
bien  la  fortification.  ||  Il  se  dit  en  ce  sens  au  pluriel. 
Etudier  les  fortifications,  s'entendre  aux  fortifica- 
tions. Il  3° Ouvrage  de  défense,  ou  ensemble  des 
ouvrages,  revêtus  ou  non  de  maçonnerie,  qu'on 
élève  autour  d'une  ville  pour  la  défendre  contre  les 
entreprises  de  l'ennemi.  Ils  se  persuadaient  que  des 
fortifications  faites  par  la  nature  même  étaient 
beaucoup  plus  sûres  que  celles  de  l'art,  rollin, 
Uist.  anc.  Œuv.  t.  xi,  2»  part.  p.  4U,  dans  pou- 
gens.  Les  villes  chinoises  n'ont  jamais  eu  d'autres 
fortifications  que  celles  que  le  bon  sens  inspirait  à 
toutes  les  nations  avant  l'usage  de  l'artillerie  :  un 
fossé,  un  rempart,  une  forte  muraille  et  des  tours, 
VOLT.  Mœurs,  ).  ||  En  ce  sens  U  se  dit  surtout  au 
pluriel. 

—  UIST.  XV'  s.  Quand  les  Angloys  du  marché  vi- 
rent La  grant  fortilicacion,  La  place  sans  assaut  ren- 
dirent, Vig.  de  Charles  YII,  p.  167,  dans  lacubne. 
[Les  Anglais]  Se  sont  fiez  tolallement  En  leur  for- 
tiffication ,  Myst.  du  siéije  d'Orléans ,  p.  476. 
Il  XVI'  s.  On  cnscigneroit  les  mathématiques,  la 
géographie,  la  fortification,  et  quelques  langues 
vulgaires,  lanoue,  t27.  Si  pour  fortification  ou  plus 
grande  seureté  desdits  a.'îsociez  se  fait  quelque  con- 
vention, d'aub.  Ilist.  u,  229.  Les  trcnchées  et  forti- 
fications du  camp,  amyot,  Arist.  39. 

—  ÉTYM.  Lat.  fortificationem ,  de  forlificare,  for- 
tifier. 

FORTIFIÉ,  ÊE  (  for-ti-fi-é ,  ée  ) ,  part,  passé. 
Il  1°  Rendu  fort,  plus  fort.  Fortifié  par  un  bon  re- 
pas. Ainsi,  contre  les  vents  fortifié  par  l'âge.  Dans 


FOR 


1739 


la  Duit  des  forêts  un  chêne  à  longs  rameaux  Se  plaît 
à  protéger  de  son  épais  ombrage  Un  peuple,  faible 
cncor,  do  jeunes  arbrisseaux,  gilbeht,  Stances  d 
d'Arnaud.  ||  2°  Défendu  par  des  fortifications.  Une 
ville  fortifiée  par  l'art  et  la  nature.  Le  roi  de  Suède,, 
dans  le  commencement  du  siège ,  disait  qu'il  ne 
comprenait  pas  comment  une  place  bien  fortifiée  el 
munie  d'une  garnison  sufiisante  pouvait  être  prise, 
volt.  Charles  XII,  8. 

FORTIFIER  (for-ti-fi-é),  je  fortifiais,  nous  forti- 
fiions, vous  fortifiiez;  que  je  fortifie,  que  nous  forti- 
fiions, que  vous  fortifiiez,  v.  a.  ||  1°  Rendre  fort, 
donner  des  forces.  Cet  exercice  ust  propre  à  fortifier 
la  corps.  Le  bon  vin  fortifie  l'estomac.  L'cvaugéliste 
ne  nous  fait  pas  entendre  que  l'ange  le  consola  [Jé- 
sus-Christ], mais  seulement  qu'il  le  fortifia,  bouhdal. 
Exhort.  sur  la  prière  de  J.  C.  t.  i,  p.  390.  Le  sang 
des  Guises  fortifia  la  ligue,  comme  la  mort  de  Co- 
ligni  avait  fortifié  les  protestants ,  volt.  Ess. 
guerres  civ.  de  France.  \\  Terme  de  peinture.  Forti- 
fier une  figure,  les  membres  d'une  figure,  leur  don- 
ner plus  de  grosseur.  ||  Fortifier  les  teintes,  les  ren- 
dre plus  vigoureuses.  ||  Fortifier  les  ombres  et  les 
touches,  les  rendre  plus  brunes  et  plus  obscures. 
Il  2°  Fig.  Il  se  dit  au  sens  moral.  Ces  méditations 
fortifient  l'esprit.  Fortifier  le  courage.  L'exemple  de 
ma  mort  les  fortifiera  mieux,  corn.  Poly-  H,  6.  For- 
tifie, affermis  ceux  qu'ils  auront  séduits,  in.  Iléracl, 
I,  2.  Comme  le  christianisme  a  pris  naissance  de  la 
croix,  ce  sont  aussi  les  malheurs  qui  le  fortifient, 
boss.  Reine  d'Anglet.  Elle  [l'Église  catholique]  en- 
seigne que  nous,  qui  ne  pouvons  rien  de  nous- 
mêmes,  pouvons  avec  celui  qui  nous  fortifie  ;  en 
telle  sorte,  que  l'homme  n'a  rien  de  quoi  se  glori- 
fier, ni  de  quoi  se  confier  en  lui-même,  id.  Proj.  de 
réun.  des  protest.  Explic.  de  points  de  conlrov. 
Vous-même  contre  vous  fortifiez  mon  cœur,  rac. 
Bérén.  iv,  5.  ||  Fortifier  quelqu'un  dans  une  résolu- 
tion, l'y  affermir,  l'y  faire  persister.  .||  Corroborer, 
confirmer.  Cela  fortifie  les  soupçons.  [Elle]...  fortifie 
en  toi  cette  inclination,  tristan,  Panthée,  m,  3. 
Plusieurs  circonstances  et  divers  motifs  concouru- 
rent à  faire  naître  [à  Rome]  cette  haine  implacable  de 
la  royauté  et  à  la  fortifier,  rollin,  Trait,  des  Et.  v, 
ni,  2.  Tout  fortifie  dans  les  grands  cette  dangereuse 
impression,  mass.  Carême,  Prosp.  ||  3°  Terme  de 
guerre.  Fortifier  une  place,  un  poste,  l'entourer  d'ou- 
vrages de  défense.  S'ils  avaient  pris  encore  dix  au- 
tres de  nos  places  avec  un  pareil  succès  [c'est-à-dire 
en  les  reperdant  après  les  avoir  fortifiées],  notre 
frontière  en  serait  en  meilleur  état,  et  ils  l'auraient 
mieux  fortifiée  que  ceux  qui  jusques  ici  en  ont  eu 
la  commission,  voix.  Lett.  74.  Qu'il  embellît  cette 
magnifique  et  délicieuse  maison  [Chantilly] ,  ou  bien 
qu'il  munît  un  camp  au  milieu  d'un  pays  ennemi 
et  qu'il  fortifiât  une  place....  boss.  Louis  de  Bour- 
bon. Je  suis  un  peu  affligé,  en  ma  qualité  de 
Français,  d'entendre  dire  que  c'est  un  chevalier 
de  Tott  qui  fortifia  les  Dardanelles,  volt  Lett. 
Catherine,  20  nov.  <  770.  |(  4°  Se  fortifier,  v.  réfl. 
Devenir  plus  fort.  Cet  enfant  se  fortifie  tous 
les  jours.  Plus  l'Église  se  fortifiait,  plus  elle  fai- 
sait éclater  sa  soumission  et  sa  modestie ,  boss. 
For.  B'  avert.  §  <6.  (|  Fig.  L'esprit  se  fortifie  par 
l'étude.  Ce  devrait  être  aussi  notre  unique  pensée 
De  nous  fortifier  chaque  jour  contre  nous,  cohn. 
Imitation,  I,  3.  Le  cœur  se  fortifie  dans  la  vertu, 
FÊN.  Tél.  IX.  Le  fils  qu'elle  lui  avait  donné  [au  czar 
Pierre]  en  4890  naquit  malheureusement  avec  le 
caractère  de  sa  mère,  et  ce  caractère  se  fortifia  par 
la  première  éducation  qu'il  reçut,  volt.  Russie,  11, 
10.  ((  Avec  ellipse  du  pronom  personnel.  Chaque 
jour  voyait  croître  leur  foi  et  fortifier  leur  charité, 
MAss.  Carême,  Comm.  \\  S'affermir.  Se  fortifier  dans 
sa  résolution.  ||  B"  Se  donner  l'un  à  l'autre  des 
forces,  du  courage.  Ils  s'encouragent,  ils  se  forti- 
fient les  uns  les  autres.  Us  se  /brtifient  mutuelle- 
ment dans  leurs  résolutions.  ||  6°  S'entourer  de  for- 
tifications. L'ennemi  se  fortifie  dans  son  camp.  ||  Se 
fortifier  dans  un  poste,  s'y  mettre  en  état  de  tenir 
contre  les  attaques  do  l'ennemi. 

—  HlST.  xiv  s.  Car  tous  les  fors  Englois,  de  qua 
il  y  a  tant,  Chasteaux,  villes,  citez  se  vont  fortefiant, 
Guescl.  <89H.  Il  XV' s.  Et  estoit  l'intention  des  An- 
glois  que....  ils  detruiroient  toute  Escosse  pour  la 
cause  de  ce  que  ils  s'estoient  fortifiés  en  celle  saison 
des  François  [les  avaient  pris  pour  auxiliaires], 
PROiss.  Il,  II,  236.  Mes  [les  Anglais]  sont  fortiffiez 
leans,  Que  à  peine  en  pourrez  chevir,  Myst.  du  siège 
d'Orléans,  p.  479.  ||  xvi'  s.  Si  la  viande  ne  se  digère, 
si  elle  ne  nous  augmente  et  fortifie....  mont,  i,  144. 
La  conscience  fortifie  l'innocent  contre  la  torture, 
id.  11,  47.  Il  passa  au  travers  l'armée  ennemie  pour 


1740 


FOR 


ïUerforlifiersesgentsdesapresence,  MONT,  m,  t7î. 
Il  en  avoit  bien  rciuparô  et  fortifié  toutes  les  adve- 
nues avec  clostures  et  fortifications  de  bois,  amyot, 
P.  jEm.  20.  Clermont  d'Antraguos  averti  fortifie 
[renforce]  ses  coureurs  du  capitaine  Cartier,  et  de 
vingt  hommes,  avec  chargn  de  donner,  d'aub.  Ilist.  ii, 
IS3.  Et  soit  le  tout  distillé  en  fortifiant  le  feu  petit 
à  petit,  PARÉ,  nv,  32. 

—  ÉTVM.  Provenç.  et  espagn.  /brli'/îcor;  ital.  for- 
li/icare  ;  du  lat.  fortilicare,  de  fortis,  fort,  et  facere, 
l'aire. 

FOUTIN  (for-tin),  *.  m.  Petit  fort.  ||  Fortin  à 
étoile,  fortin  dont  les  côtés  se  flanquent  les  uns  les 
autres. 

—  ÉTVM.  Diminutif  de  fort,  a.  m. 

FORTIORI  (À)  (a-for-si-o-ri),od«.  Terme  de  lo- 
gique emprunté  au  latin.  D'après  un  rapport  du  plus 
au  moins;  à  plus  forte  raison.  Conclure  à  fortiori. 
Raisonner  à  fortiori.  Si  l'on  se  doit  à  ses  amis,  à 
fortiori  se  doit-on  à  sa  famille. 

—  ÉTYM.  Lat.  a ,  par,  en  raison,  et  fortior,  plus 
fort,  comparatif  de  fortis,  fort. 

t  FORTISSIMO  (for-ti-ssi-mo).  Terme  de  musi- 
que emprunté  à  l'italien.  Très-fort  ;  il  se  met  pour 
indiquer  qu'un  morceau  ou  un  passage  doit  être  joué 
eu  chanté  avec  force,  en  donnant  beaucoup  de  son. 
Il  Substantivement.  Un  fortissimo.  {|  Au  plur.  Des 
fortissimo. 

—  ÉTYM.  Ital.  fortissimo,  superlatif  de  forte,  fort. 
FORTITRER  (for-ti-tré) ,  v.  n.  Terme  de  chasse. 

Un  cerf  fortitre,  quand  il  évite  de  passer  près  des 
chiens  frais  et  des  relais.  Le  cerf  a  fortitre  deux  fois. 

—  HlST.  XV"  s.  On  les  [les  chiens]  peut  bien  tenir 
de  deux  en  deux  pour  fournir  plus  de  leisses  au 
tiltre,  et  doit  mettre  doux  ou  trois  chevaucheurs, 
que  l'on  doit  appeler  forlitreours,  au  commence- 
ment de  l'entrée  du  tiltre,  au  bout  des  premières 
leisses,  afin  que,  si  un  cerf  vcnoit  et  vouloit  forti- 
trer  hors  de  là  où  les  lévriers  seront,  que  ceulx  qui 
seront  îi  cheval  les  puissent  crier  et  bouter  dedans 
les  lévriers,  Cliasse  de  Gaston  Phebus,  ms.  p.  2(5, 

dans  LACUHNE. 

—  ÉTYM.  Fors,  hors,  et  titre  ou  tiltre,  ancien 
terme  de  chasse  qui  exprimait  le  lieu  où  les  chiens 
étaient  attitrés,  mis  sur  la  voie.  C'est  avec  un  autre 
sens  le  mot  titre. 

t  FORTITCDE  (for-ti-tu-d') ,  s.  (.  Force  d'âme. 
On  a  vu  des  Français  supporter  les  tourments  du 
cadre  de  feu  avec  la  forlitude  des  Indiens  mêmes, 
CUATEAUBR.  Natch.  viii. 

—  HlST.  XIV"  s.  Quant  est  en  paour  et  en  har- 
diesse, la  vertu  qui  est  ou  [au]  moien  est  fortitude, 
et  celui  qui  a  cesle  vertu  est  apellé  fort,  oues.me, 
Eth.  48.  Il  XV]"  s.  Socrates  se  moque  de  Lâches  qui 
avoit  défini  la  fortitude  :  se  tenir  ferme  en  son  rang 
contre  les  ennemis,  mont,  i,  48. 

—  ÉTYM.  Lat.  fortiluiiinem,  de  fortis,  fort. 
FORTRAIT,    AITE   (for-lrè,  trc-t'),   adj.  Terme 

do  manège.  Cheval  fortrait,  cheval  malade  par  suite 
d'une  fatigue  excessive. 

—  ÉTYM.  Participe  passé  de  l'ancien  rerbe  for- 
traire,  qui  signifiait  tirer  hors,  et  qui,  compose  de 
fors,  hors,  et  de  traire,  tirer,  signifie,  en  parlant 
d'un  cheval,  surmener. 

PORTRAITURE  (for-trè-lu-r')  ,  s.  f.  Terme 
vieilli.  Maladie  du  cheval  fortrait. 

FORTUIT,  ITE  (for-tui,  lui-t'  ;  le  t  ne  se  lie  pas 
dans  le  parler  ordinaire;  au  pluriel,  l'f  se  lie  :  des 
événements  for-tui -z  et  fâcheux),  adj.  Oui  arrive 
par  fortune,  par  accident,  sans  liaison  de  cause.  Un 
incident  fortuit  et  véritable,  mairet,  Solim.  ii,  6. 
Apparemment  il  voulait  relever  le  génie  de  l'igno- 
rant, ou  réprimer  l'orgueil  dos  savants  sur  des  dé- 
couvertes fortuites,  ponten.  Uarlsoeker.  L'on  pour- 
rait attribuer  les  légères  différences  qui  se  trouvent 
entre  ces  deux  animaux  à  l'influence  très-ancienne 
du  climat,  de  la  nourriture,  et  à  la  succession  for- 
tuite de  plusieurs  générations  de  petits  chevaux 
sauvages  à  demi  dégénérés  qui  peu  à  peu  auraient 
encore  dégénéré  davantage,  duff.  (Juadrup.  t.  i, 
1.  (32,  dans  pouGENS.  J'aimerais  autant  que  vous 
me  disiez  que  l'Iliade  d'Homère  ou  la  Henriade  de 
Voltaire  est  un  résultat  de  jets  fortuits  de  carac- 
tères, moER.  Pensées  phil.  n"  2i.  Une  liaison  for- 
tuite et  passagère,  sans  autre  cause  que  l'attrait  du 
plaisir  et  de  l'occasion,  marmontel,  Uém.  iv.  {|  Au- 
trefois on  appelait  fortuites  certaines  lois,  non  indi- 
quées, sur  lesquelles  ceux  qui  se  présentaient  pour 
quelque  emploi  de  judicaturo  étaient  interrogés. 
Il  Sulutantivoment.  Le  hasard  est  cause  de  beaucoup 
d  effets  ;  c'est  un  accident  qui  survient  à  des  choses 
projetée»;  le  fortuit  se  prend  dans  une  acception  plus 
étendue.DiDiR  Opin.desanc.phil.  {péripatéticiens). 


FOR 

—  HlST.  xvi"  S.  Je  passay  ce  temps  n'ayant  aul- 
tios  moyens  que  fortuites,  et  despendant  de  l'or- 
donnance et  secours  d'aultruy,  mont,  i,  312. 

—  ÉTYM.  Lat.  fortuilus,  de  fors,  sort  (voy.  for- 
tune). 

FORTUriEMENT  (for-tui-te-man) ,  adv.  D'une 
manière  fortuite.  Cela  est  arrivé  tortuitcmeut.  La  na- 
ture n'agit  point  fortuitement,  au  hasard  et  sans  des- 
sein, DiDEn.  Opin.  des  anc.  phil.  {péripatéticiens} . 

—  ÉTYM.  Fortuite,  et  le  suffixe  ment. 

t  FORTUNA  (for-tu-na),  s.  f.  Petite  planète  dé- 
couverte en  1862. 

—  ÉTYM.  Lat.  fortuna,  la  Fortune. 

FORTUNE  (for-tu-n'),  s.  f.  \\  1°  Terme  du  poly- 
théisme gréco-romain.  Divinité  qui  présidait  aux 
hasards  de  la  vie.  Le  temple  de  la  Fortune.  Les 
anciens  représentaient  la  Fortune  sous  forme  d'une 
femme,  tantôt  assise  et  tantôt  debout,  ayant  un 
gouvernail,  avec  une  roue  à  côté  d'elle,  pour  mar- 
quer son  inconstance,  et  tenant  dans  sa  main  une 
corne  d'abondance.  ||  Il  s'écrit  en  ce  sens  avec  une 
majuscule.  |{  Il  se  dit,  par  allusion,  en  un  sens  ana- 
logue au  précédent,  mais  sans  majuscule.  Je  mets 
celte  lettre  entre  les  mains  de  la  fortune  sans  voir 
comme  elle  pourra  passer  au  travers  de  tant  de  dif- 
ficultés et  de  feux  qui  nous  entourent,  \on.  Lett. 
22.  Sans  mentir,  monsieur,  la  fortune  est  une 
grande  trompeuse  I  bien  souvent  en  donnant  aux 
hommes  des  charges  et  des  honneurs,  elle  leur  fait 
de  mauvais  présents,  et  pour  l'ordinaire  elle  nous 
vend  bien  chèrement  les  choses  qu'il  semble  qu'elle 
nous  donne,  lo.  Lett.  423.  Mais  jugeons,  je  vous 
suppUe,  s'il  a  tenu  à  lui  ou  à  la  fortune  qu'il  ne 
soit  venu  à  bout  de  ce  dessein,  ID.  Lett.  74.  La  for- 
tune est  changeante,  tristan,  if.  de  Chrispe,  i,  3. 
Surtout  quand  à  nos  yeux  la  fortune  se  montre.... 
ID.  ib.  IV,  2.  L'homme  à  qui  la  fortune  a  fait  des 
avantages,  id.  ilariane,  i,  3.  La  fortune  nous  cor- 
rige de  plusieurs  défauts  que  la  raison  ne  saurait 
corriger,  la  rochefouc.  Héflex.  mor.  tu.  La  for- 
tune.... Il  n'arrive  rien  dans  le  monde  Qu'il  ne 
faille  qu'elle  en  réponde  ;  Nous  la  faisons  de  tous 
écots,  LA  FONT.  Fabl.  v,  H .  Qui  ne  court  après  la 
fortune  ?1D.  tft.  vu,  (2.  Mais  que  vous  sert  votre 
mérite?  La  fortune  a-t-elle  des  yeux?  id.  ib.  Fortune, 
qui  nous  fais  passer  devant  les  yeux  Des  dignités, 
des  biens  que  jusqu'au  bout  du  monde  On  suit  sans 
que  l'effet  aux  promesses  réponde.  Désormais  je 
ne  bouge  et  ferai  cent  fuis  mieux,  id.  ib.  For- 
tune aveugle  suit  aveugle  hardiesse,  id.  ib.  x,  I4. 
Est-on  sot,  étourdi,  prend-on  mal  ses  mesures.  On 
pense  en  être  quitte  en  accusant  le  sort  ;  Bref,  la 
fortune  a  toujours  tort,  id.  ib.  v,  4  ) .  Il  ht  au  front 
de  ceux  qu'un  vain  luxe  environne,  Que  la  fortune 
vend  ce  qu'on  croit  qu'elle  donne,  id.  Phil.  et  Bauc. 
La  fortune  veut  être  prise  de  force;  les  affaires  veu- 
lent être  emportées  par  la  violence,  Boss.  Sermons, 
Providence,  \ .  Poursuivi  à  toute  outrance  par  l'im- 
placable malignité  de  la  fortune,  trahi  de  tous  les 
siens,  il  no  s'est  pas  manqué  à  lui-même,  in.  Heine 
d'Anglet.  Il  ne  faut  pas  se  flatter;  les  plus  e.xpéri- 
mentés  dans  les  affaires  font  des  fautes  capitales; 
mais  que  nous  nous  pardonnons  aisément  nos  fautes 
quand  la  fortune  nous  les  pardonne  I  id.  ib.  Un 
homme  également  actif  dans  la  paix  et  dans  la 
guerre,  qui  ne  laissait  rien  à  la  fortune  de  ce  qu'il 
pouvait  lui  ôter  par  conseil  et  par  prévoyance,  in. 
ib.  Que  la  fortune  ne  tente  donc  pas  de  nous  tirer 
du  néant  ni  de  forcer  la  bassesse  de  notre  nature, 
ID.  Duch.  d'Orl.  Tout  vous  rit,  la  fortune  obéit  à  vos 
vœux,  RAC.  Brit.  ii,  a.  Mithridate  revient!  Ah  for- 
tune cruelle  !  m.  Uithr.  i,  5.  Fortune  dont  la  main 
couronne  Les  forfaits  les  plus  inouïs.  Du  faux  éclat 
qui  t'environne  Serons-nous  toujours  éblouis?  j.  b. 
nouss.  Ode  à  la  fortxuu.  Les  destinées  des  princes 
et  des  Êlats  sont  tellement  le  jouet  de  ce  qu'on  ap- 
pelle la  fortune,  que  le  salut  de  l'Iimpereur  vint 
d'un  prince  prolestant,  vult.  Ann.  Emp.  Charles- 
Quint,  )B46.  Gouvernez  la  fortune  et  sachez  l'as- 
servir, ID  Âdélaide,  ii,  7.  La  fortune  fit  évanouir 
tous  ces  vastes  projets,  ID.  Louis  XV,  i.  ||  La  roue 
de  la  fortune,  les  accidents  divers  dans  la  vie  des 
hommes  et  dans  le  sort  des  États.  ||  Fig.  Attacher 
un  clou  à  la  roue  de  la  fortune,  trouver  moyen  de 
fixer  la  fortune.  ||  La  roue  de  la  fortune  ou  la  roue 
de  fortune,  s'est  dit  aussi,  dans  le  temps  qu'on  tirait 
la  loterie,  de  la  roue  où  l'on  mettait  les  numéros  , 
qu'on  mêlait  en  faisant  tourner  la  roue.  ||  1.03  jeux, 
les  coups,  les  caprices  de  la  fortune,  les  grands 
changements  qui  arrivent  aux  hommes  ou  aux  Etats 
et  qui  les  élèvent  ou  les  abaissent.  |{  Fig.  Adorer, 
encenser  la  fortune,  sacrifier  &  la  fortune,  etc. 
s'attacher  à  ceux  qui    sont  en   faveur,    en   crédit. 


FOR 

I  [Tenter  la  fortune,  et,  plus  familièrement,  bru<:- 
quer  la  fortune,  tenter  de  réussir  par  des  moyens 
prompts  et  hasardeux.  Laissons  de  kur  amour  la 
recherche  importune;  Poussons  à  bout  l'ingrat  et 
tentons  la  fortune  :  Voyons  si,  par  mes  soins  sur 
le  trône  élevé.  Il  osera  trahir  l'amour  qui  l'a  sauvé. 
RAC.  Bajai.  iv,  4  ||  2°  Ce  qui  advient  par  la  vo- 
lonté de  la  Fortunr',  chance,  hasard.  U  est  certain 
qu'Alexandre  courut  grande  fortune  non-seulement 
de  la  vie,  mais...  vaugelas,  Q.  C.  380.  Je  vou- 
drais bien  savoir  s'il  y  a  quelque  astrologue  qui 
eût  pu  dire  en  me  voyant  il  y  a  deux  ans  dans  la 
rue  Saint-Denis  avec  ma  rotoude  [sorte  de  fraise], 
que  je  courrais  bientôt  fortune  de  ramer  dans  les 
galères  d'Alger  ou  d'être  mangé  par  les  poissonsde 
la  mer  Atlantique,  voit  Lett.  42.  M.  le  prince  ni 
courait  aucune  fortune,  s'il  lui  plaisait  de  revenir  à 
la  cour,  RETZ,  r.i,  271 .  Si  vous  voulez  m'assurer  mon 
sort  principal  [mon  capital],  qu'il  ne  coure  fortune. 
PASC.  Prov.  8.  Non-seulement,  dit-il,  nous  courons 
fortune  de  tout  perdre,  mais  le  temple  de  la  grande 
Diane  va  tomber  dans  le  mépris,  bOss.  Hist.  n,  4  2. 
De  quelque  manière  que  vous  jetiez  les  dés,  ils 
amèneront  toujours  les  mêmes  points  ;  voilà  une 
étrange  fortune  !  aiATEAUBR.  Génie,  i,  v,  3.  |j  l'enter 
fortune,  s'engager  dans  des  entreprises  dont  l'issue 
dépend  de  chances  qu'on  ne  peut  ni  calculer  ni  pré- 
voir. Il  Chercher  fortune,  chercher  les  occasions  qui 
peuvent  procurer  ce  que  l'on  désire,  biens,  hon- 
neurs, faveurs  de  femmes,  etc.  Témoignez  seulement 
que  vous  cherchez  fortune,  la  font.  Cand.  Cela  lit 
que,  sans  renoncer  à  ses  prétentions  [sur  une  dam'  , 
il  se  mit  à  chercher  fortune  ailleurs,  hamilt. 
Gramm.  fl.  ||  On  disait  autrefois,  dans  un  sens  ana- 
logue :  busquer  fortune,  Dict.  de  l'Académie  (ce 
mot,  aujourd'hui  inusité,  n'est  pas  à  son  rang  al- 
phabétique ;  c'était  une  locution  espagnole,  buscar, 
chercher,  introduite  au  xvi"  et  au  xvii'  siècle).  ||  i..i 
fortune  des  armes,  les  hasards ,  les  chances  do  la 
guerre.  |{  Familièrement.  La  fortune  du  pot,  le  di- 
ner  tel  qu'il  se  trouve.  Venez  dîner  avec  nous  à  la 
fortune  du  pot.  ||  De  fortune,  de  bonne  fortune, 
de  grande  fortune,  par  fortune,  loc.  adr.  Par  ha- 
sard, par  grand  hasard.  De  bonne  fortune  il  ne 
faisait  point  du  tout  de  vent,  voit.  Lett.  9.  Comme 
elle  disait  ces  mots.  Le  loup,  de  fortune,  passe, 
LA  FONT.  Fables,  IV,  1 5.  Je  l'avais  sous  mes  pieds 
rencontré  par  fortune,  mol.  Sgan.  22.  Le  P.  Tel- 
lier  était  à  Marly  comme  tous  les  vendredis;  et, 
de  grande  fortune,  d'Antin  était  allé  faire  une 
course  à  Paris,  st-sim.  2C8,  I2C.  Avant-hier  ad- 
vint que  de  fortune  Je  rencontrai  ce  Guignard 
sur  la  brune,  volt,  lltjpocr.  ||  3°  Bonne  fonuiif 
heureuse  circonstance,  chance  heureuse.  Que  celi;, 
qui  l'occupe  a  de  bonne  fortune!  corn.  Nie.  i, 
2.  Je  porte  peu  d'envie  à  sa  bonne  fortune,  iii. 
Œdipe,  I,  3.  Il  Bonne  fortune,  la  bonne  aventurr. 
ce  qui  arrivera  à  chacun.  Écoutez,  vous  autres,  y 
a-t-il  moyen  de  me  dire  ma  bonne  fortune  ?  mol. 
Mar.  fore.  io.  Une  bande  de  ces  personnes  qu'on 
appelle  égyptiens,  qui,  rôdant  de  province  en 
province,  se  mêlent  de  dire  la  bonne  fortune, 
ID.  Fourber.  m ,  3.  ||  Bonne  fortune  ,  laveurs 
d'une  femme.  U  se  vante  d'avoir  eu  cette  bonne 
fortune.  Il  se  donnait  continuellement  comme  i:ii 
nomme  à  bonnes  fortunes,  M"'  de  catlus,  Soui  i- 
nirs,  p.  24»,  dans  POUGENS.  Le  petit  Germain,  .sur  qii. 
pleuvaient  do  tous  côtés  les  bonnes  fortunes, ua- 
MiL.  Gramm.  ».  Que,  pour  vous  faire  croire  homn» 
à  bonne  fortune,  Vous  passez  en  hiver  des  nuits  au 
clair  de  lunei  souffler  dans  vos  doigts....  BroNARi  , 
Distrait,  rv,  6.  L'homme  à  bonnes  fortunes,  turc 
d'une  comédie  de  baron.  Amazan  refusait  constam- 
ment toutes  les  bonnes  fortunes  qui  se  présentai(  i.l 
à  lui,  volt.  Babyl.  a.  \\  Fortune,  dans  le  sens  ili' 
bonne  fortune  en  galanterie.  Vous  est-il  point  enco^- 
arrivé  de  fortune  ?  m  jl.  Éc.  des  femmes,  i,  «.  Morcui 
avait  été  galant  ;  il  eut  des  fortunes  distinguées  i-i 
quantité  que  sa  figure  et  sa  discrétion  lui  procun  - 
rent,  st-sim.  480,  20.  ||  Être  en  bonne  fortune,  ètn 
à  un  rendcz-vou,s  donné  par  imc  maîtresse.  Pour 
troubler  im  homme  en  bonne  fortune ,  hamilt. 
Gramm.  1. 1|  Dans  im  sens  dérivé,  mais  particulier. 
En  Ixjnne  fortune,  en  cachette,  avec  mystère. 
Mme  de  Caylus  se  laissa  aller  à  des  rendez-vous  en 
lionne  fortune  avec  Mme  de  Maintenon  à  Versailles 
ou  à  Saint-Cyr,  st-sim.  4  68,  267.  M.  le  prince  avait 
envoyé  proposer  à  ce  père  [de  la  rour]  de  le  venir 
voir  en  bonne  fortune  la  nuit  et  travesti,  id.  ac 
4  9.  Je  faisais  celui-là  [travail],  comme  ou  dit,  en 
bonne  fortune,  et  je  n'avais  voulu  commimiquer  mon 
projet  à  personne,  j.  j.  rouss.  Conf.  ut.  ||  4"  Mau- 
vaise   fortune,   adversité,   suite   d'é.   neniciiu  (a- 


FOR 


FOR 


FOR 


1741 


cheui.  Il  [le  prince  de  Coudé]  apprit  à  l'Espagne 
trop   dédaigneuse  quelle  était  cette   majesté  que 
la    mauvaise    fortune    ne   pouvait    ravir  à    de  si 
(frands  princes    [lesStuarts    exilés],    boss.   Louis 
de   Bourbon.  Il   supporta  la  mauvaise  fortune  sans 
faiblesse,    comme  il  jouit  de   la  bonne  sans   or- 
gueil,  FLÉCH.   }lùt.  de   Tlu'odose,  i,  <.  ||  5*  Il  se 
prend   quelquefois    pour   bonheur.    Peut-être   que 
vous  avez  jugé  que    cette  fortune  était   tellement 
au  delà  de  ce  que   je   devais   espérer,    qu'il  vous 
fallait  avec  loisir    chercher  des  termes  pour   me 
la   rendre  croyable,  voit.  Lelt.  \.  Peut-être  la  for- 
tune est  prête  à  vous  quitter,  rac.  Esther,  m,  *■ 
X  mon  fils  Xipharès  je  dois  cette  fortune,  iD.  Mi- 
ihrid.  V,  5.  Il  n'est  point  de  fortune  à  mon  bon- 
heur égale,  ID.  Théb.  v,   4.||I1   est  en   fortune,   il 
gagne  tout  ce   qu'il  veut.  |1  Fig.  Être  en  fortune , 
être  en  verve,   en  crédit.  Je  répondis  à  tout,  car 
j'étais  en  fortune,  sÉv.  521.  ||  En  un  sens  opposé, 
malheur.  Dieu  vous  préserve  de  mal  et  de  fortune. 
Lors  de  mon  coin  vous  me  verrez  sortir  Inconti- 
nent, de  crainte  de  fortune,  la  font.  Sav.  ||  Contre 
fortune  bon  cœur,  c'est-à-dire    il   faut  faire  face 
avec  courage  contre  les  accidents  que  la  fortune  in- 
flige.   Allons ,   allons  ,   madame,  ne  vous   affligez 
point;  contre  fortune  bon  cœur,   baron,  Coq.  et 
l'au.<:se  prude,  v,  ».  ||   On  dit  aussi  sans   ellipse  : 
l-'aites,  il  fit  contre  fortune  bon  cœur.  ||  Terme  de 
pratique.  X  ses  risques,  périls  et  fortune,  loc.  adv. 
qui    signifie  que  tous  les  risques    sont  mis  à   la 
charge  de  la  personne  dont  il  s'agit.  ||  Se  dit  aussi 
dans  le  langage  ordinaire,  avecle  même  sens.  Qu'il 
est  beau   de   détromper    à  ses  risques  et  fortunes 
un  indiflérent  sur  des  choses  qui   lui  importent! 
DiDER.  Essai  -sur  la  vertu.  Ma  coutume  est  de  don- 
ner mes  griffonnages  aux  libraires,  qui  les  impri- 
ment à  leurs  périls  et  fortunes,  p.  l.  cour.  Lett.  ii, 
24.    Il  I^  bonne  et  la  mauvaise  fortune,  l'une  et 
l'autre   fortune,   la   prospérité  et  l'adversité.    Égal 
dans  les  événements   de    l'une  et  l'autre  fortune, 
HAMiLT.  Gramm.  5.  ||   6°  Terme  de  marine.  For- 
tune de  mer,    les   accidents  qui   arrivent   aux   na- 
vigateurs, naufrages,  tempêtes,  pirates,  etc.  ||  For- 
time  de  vent,  gros  temps,  temps  pendant  lequel  les 
vents  sont  forcés.  ||  Voile  de  fortyne,  voile  qui  ne 
se    porte    que    pendant    l'orage.    ||   Gouvernails, 
mâts,  etc.  de  fortune,  gouvernails,   mâts   qui   ne 
servent  que  momentanément.  ||  Fortune,  nom  d'une 
vergue   et  d'une  voile  dont  on  se  sert  à  bord  de 
certains  navires  qui  ont  le  gréement  des  goélettes. 
La  fortune  est  une  voile  carrée  attachée   sur  une 
vergue  qui  .se  hisse,  comme  la  voile  de  misaine  des 
bâtiments  carrés,  à  la  tête  et  sur  l'avant  du  mât  de 
misaine,  jal.   ||   7°  La  fortune  de  quelqu'un,  ce  qui 
peut  lui  arriver  de  bien  ou  de  mal.  Me  faire  la  fa- 
veur d'assurer  particulièrement  trois  d'entre  elles 
[personnes]  que,  quelque  loin  que  me  jette  ma  for- 
tune, la  meilleure  partie  de  moi-même  sera  tou- 
jours au  lieu  où  elles  seront,  voit.  Lett.  S8.  Donc, 
comme  à  vous   servir  j'attache  ma  fortune,  corn. 
Ment.  III,  5.  Chacun,  à  ses  périls,   peut  suivre  sa 
fortune,  ID.  Perthar.  m,  i.  Jamais  il  n'a  été  en  ma 
puissance  de  concevoir  comme  on  trouve  écrit  dans 
le  ciel  jusqu'aux   plus   petites   particularités  de   la 
fortune    du  moindre  homme,  mol.  Am.  marin,  m, 
< .  [Le  prince  de  Condé]  mande  à  ses  agents  dans  la 
conférence  (pour  la  paix  des  Pyrénées] ,  qu'il  n'est 
pas  juste  que  la  paix  de  la  chrétienté  soit  retar- 
dée davantage  à  sa  considération,  qu'on   ait  soin 
de   ses  amis,  et,  pour  lui,  qu'on  lui  laisse  suivre 
sa   fortune,   Eoss.   iouts   de  Bourbon.  Demeurons 
toutefois  pour  troubler    leur  fortune,  rac.  Andr. 
Il,    I.   Sa  fortune  dépend   de   vous   plus  que  de 
moi ,  ID.  Brit.  ii ,    4.  Les  biens  qu'il  avait  aban- 
donnés pour  suivre  la  fortune  de  son  maître,  iia- 
MiLT.  Gramm.  6.  Je   résolus  de  m'attacher  à  elle, 
de  courir  sa  fortune,  J.   J.  Rouss.  Conf.  v.   ||  Il  se 
dit  aussi   des  choses.  La  fortune    d'un    livre.   La 
fortune  des  empires.  ||  8°  Plus  particulièrement, 
la  fortune  de  quelqu'un,  son  heureuse  fortune,  les 
succès  qu'il  obtient.  Cromwell  alors  se  fit  nommer 
tîouvemeur  d'Irlande  ;  il  partit  avec  l'élite  de  son 
armée,  et  fut  suivi  de  sa  fortune  ordinaire,  volt. 
Mœurs,  I8i.  Soliman  envoie  le  bâcha  Mustapha  as- 
siéger Malte;  rien  n'est  plus  connu  que  ce  siège  où 
la  fortune  de  Soliman  échoua,  id.  Ann.  Emp.  Uaxi- 
milien  11 ,  (565.  ||  9°  Il  sedit,  au  pluriel,  des  varia- 
tions du  sort,  de  la  destinée.  En  racontant  toutes  ses 
l'orlunes  et  tous  ses  longs  voyages,  d'uiifé,  Asirée, 
i,  2.  Je  désire  seulement  d'avoir  bientôt  l'honneur 
de  vous  voir,  et  que  toutes  mes  fortunes  soient  tel- 
lement jointes  aux  vôtres,  que  je  ne  sois  jamais 
heureux  ni  malheureux  qu'avec  vous,  voit.   Lett. 


35.  Quoique   nous  lisions  de  lui    si  faut-il  avouer 
que  vos  fortunes   sont  aussi  merveilleuses  que  les 
siennes,  lo.  Lelt.   3.  Il   ne   manque  à  vos   fortunes 
que  d'avoir  été  criminelle  d'Etat,  et  voici  que  je  vous 
on  fais  naître   une  belle  occasion,   id.  Lelt.  ai.  11 
[l'amour]  a  droit  de  régner  sur  les  âmes  communes, 
Non    sur    celles    qui  fjnt   et   défont   les  fortunes, 
COKN.  AU.  m,  4.  Hors  de  l'ordre  commun  il  [le  sort] 
nous  fait  des  fortunes,  ID.  //or.  u,  3.  Quant  au  sur- 
plus des  fortunes  humaines.  Les  biens,  les  maux, 
les  plaisirs   et  les  peines....  la  font.   Belphégor. 
Nous  parlions  des  fortunes  d'Horace,  mol.   l'Ét.  iv, 
6.  Les  fortunes  du  chevalier  de  Grammont  y  furent 
longtemps  diverses   dans  l'amour  et  dans  le  jeu, 
HAM1LT.    Gramm.  B.  Jetons  la  vue  sur  les  fortunes 
galantes  de  son  altesse,  avant  la  déclaration  de  sou 
mariage,  id.  ib.  3.  Elevé  par  cette  illusion  au  der- 
nier degré  de   la  gloire,  vous  vous  convaincrez  par 
vous-même  de  la  vanité  des  fortunes,  vauven.  Mé- 
dit, sur  la  foi.X  la  nécessité  soumettons  nos  fortu- 
nes, briffaut,  Ninus  l[,  IV,  10.  Il  On  le  dit  aussi  des 
choses.  Cette  doctrine  a  eu   des   fortunes  très-di- 
verses. Il  lO»  Revers  de  fortune,  accident  qui  change 
une  bonne  situation  en  une  mauvaise.   ||  Retour 
de  fortune ,  vicissitude   dans   la    destinée ,   dans 
l'état  des  choses.    Il  y  a  de  singuliers  retours  de 
fortune.   ||  11°  L'état,  la  condition  où  l'on  est.  Se 
contenter  de  sa  fortune.  Je  me  souhaiterais  la  for- 
tune d'Ëson,  MALU.  II,  <2.  Le  capitaine  de  vaisseau 
touché  de  ma  fortune  prit  amitié  pour  moi,  mol.  l'Av. 
V,  3.  Il  goûtait  un   véritable  repos  dans  la  maison 
(le  ses  pères  qu'il  avait  accommodée  peu  à  peu  à  sa 
fortune  présente,  sans  lui  faire  perdre  les  traces  de 
l'ancienne  simplicité,    boss.  le  Tellier.    Poursuivie 
par  ses  ennemis  implacables  qui  avaient  eu  l'audace 
de  lui  faire  son  procès,  tantôt   sauvée,  tantôt  pres- 
que prise,   changeant  de  fortune  à    chaque  quart 
d'heure,  id.  Reine  d'Angleterre.  Que  si  quelqu'un, 
mes  vers,  alors  vous  importune.   Pour  savoir  mes 
parents,  ma  vie  et  ma  fortune,  boil.  Ép.  x.  Ma  for- 
tune va  prendre  une  face  nouvelle,  rac.  Andr.  i,  t. 
Heureux  qui  satisfait  de  son  humble  fortune....  id. 
ib.  Vous  avez  entendu  sa   fortune  [de  Joas],  id. 
Athal.  II,  7.  Il  II  se  dit  aussi  au  pluriel.  Dans  les  for- 
tunes médiocres,  l'ambition  encore  tremblante   se 
tient  si  cachée  qu'à  peine  se  connaît-elle  elle-même, 
BOSS.  le  Tellier.  0   mûre,  ô  femme,  ô  reine  admira- 
ble et  digne  d'une  meilleure  fortune,  si   les  fortu- 
nes de  la  terre  étaient  quelque  chose  I  id.  Reine 
d'Anglet.  ||  Unegrande  fortune,  une  condition  élevée. 
U  n'y  a  rien  qui  se  soutienne  plus  longtemps  qu'une 
médiocre  fortune;  il  n'y  a  rien  dont  envoie  mieux  la 
fin  qu'une  grande  fortune,  la  bruy.  vi.  ||  Chacun  est 
artisan  de  sa  fortune,  c'est-à-dire  en  général  nos 
succès  dépendent  de  nous.  ||  Il   fut  l'artisan  de  sa 
fortune,  il  ne  dut  qu'à  lui  ses  bonssucc^.  ||  12°  Élé- 
vation de  quelqu'un  dans  la  condition,  le  rang,   les 
honneurs,   les  emplois,   les  richesses.   Enfin  tout 
ce  qu'adore  en  ma  haute  fortune   D'un   courtisan 
flatteur  la  présence  importune,  corn.   Cinna,  ii,  i'. 
Lui   donner  moyen  de    pousser  sa  fortune ,    sÉv. 
607.   Je  ne  vais  point  au  Louvre  adorer   la  for- 
tune, BOiL.  Sat.  II.  Enfin  je  me  dérobe  à  la  joie 
importune  Do  tant  d'amis  nouveaux  que  me  fait  la 
fortune  ,  rac.  Bérén.  i.  4.   Ai-je  donc  élevé  si  haut 
votre   fortune  Pour  mettre  une  barrière  entre  mon 
fils  et  moi?  m.  Brit.  i,  2.  Pardonnez  à  l'éclat  d'une 
illustre   fortune  Ce  reste  de    fierté  qui    craint  d'ê- 
tre importune,  m.  Andr.  m,  6.  Il  a  commencé  de 
bonne  heure  et  dès  son  adolescence  à  se   mettre 
dans  les  voies  de  la  fortune,  la  bruv.  vi.  Il  faut 
avoir   trente  ans  pour  songer  à  sa  fortune,    elle 
n'est  pas  faite  à  cinquante;  l'on  bâtit  dans  sa  vieil- 
lesse, et  l'on  meurt  quand  on  en  est  aux  peintresou 
aux  vitriers,  id.  ib.  La  révolte  du  comte  de  Soissons 
fut  la  plus  dangereuse  ;  elle  était  appuyée  par  le  duc 
de  Bouillon,   fils  du  maréchal,  qui    le   reçut   dans 
Sedan,  par  le  duc  de  Guise,  petit-fils  du  balafré,  qui, 
avec  le  courage  de  ses  ancêtres,  voulait  en  faire  re- 
vivre la  fortune,  volt.  Mœurs,  (76.  ||  Les  biens  de 
la  fortune,  les  richesses,  les  honneurs,  les  emplois. 
Il  Faire  fortune,   s'élever   haut  dans  les   honneurs, 
les  emplois,  les  richesses.  Faire  fortune  est  une  si 
belle  phrase  et  qui  dit  une  si  bonne  chose,  qu'elle 
est  d'un  usage  universel,  la  bruy.  vi.  Il  faut  une 
sorte  d'esprit  pour   faire  fortune  et   surtout    ijne 
grande  fortune;  ce  n'est  ni  le  bon  ni  le  bel  esprit, 
ni  le  grand,  ni  le  sublime,  ni  le  fort,  ni  le  délicat; 
je  ne  sais  précisément  lequel  c'est;  j'attends  que 
quelqu'un  veuille  m'en  instruire,  id.  t6.  ||  Fig.  Faire 
fortune,  en  parlant  des  choses',  obtenir  du  succès, 
réussir.  Depuis  la  paix,  mon  vin  fait  encore  plus  de 
fortune  en  Angleterre  qu'en  a  fan  mon  livre  [l'Es- 


prit des  lois],  MONTESQ.  Correspondance,  6t.  Toutes 
ces  pièces  ont  été  imprimées,  leur  fortune  est  faite. 
DiiiER.  les  Saisojis.  Je  puis  assurer  à  Votre  M.ijesté 
que  ces  mots  précieux  à  la  raison  ont  fait  autant  de 
fortune  que  son  bel  éloge  de   l'impératrice  reine, 
d'alf.mb.  Lelt.  au  roi  de  ['russe,  io  mars  <78i.  Mot 
qui  courut  ilans  lo  monde  et  fit  fortune,  mar.montel, 
Méin.  V.  Il  Faire  la  fortune  de   quelqu'un,  le    faire 
parvenir  à  une  position  élevée.  Cette  créature  avait 
fait  la  fortune  de  bien  des  gens,  sÉv.   348.  Aimez 
vos  domestiques,  portez-les  à  Dieu,  faites  leur  for- 
tune, mais  ne  leur  en    faites  jamais  une   grande, 
MAiNTENON,  Avis  à  la  duch.  de  Bourgogne.  ||  Faire 
sa  fortune  ,  parvenir  à  une  position    élevée.  Son 
esprit  (du  comte  d'Estrées]  est  si  fort  tourné   sut 
les  sciences  et  sur  ce  qui   s'appelle  les  belles-let- 
tres, que,  s'il  n'avait  une  fort  bonne  réputation  et 
sur  mer  et  sur  terre,  je  croirais  qu'il  serait  du  nom- 
bre de  ceux  que  le  bel  esprit  empêche  de  faire  leur 
fortune,  sRv.  509.  Il  y  a  une  différence  si  immense 
entre  celui  qui  a  sa  fortune  toute  faite  et  celui  qui 
la  doit  faire,  que  ce  ne  sont  pas  deux  créatures  de 
la  même  espèce,  volt.  Lett.  Cideville,  26  sept.  1733. 
Vous  qui  vous  exposez  à  la  plainte  importune  De 
ceux  dont  la  valeur  a  fait  votre  fortune,  id.  Orphel. 
IV,  2.  Il  Homme  de  fortune,  celui   qui  est  parti  ds 
petits  commencements  et  s'est  élevé  soit  par  son 
mérite  soit  par  les  circonstances.  C'était  un  homme 
de  fortune  comme  vous,  bourd.  Carême,  i.  Pensées 
de  la  mort,  (6.  ||  Soldat  de  fortune,  homme  de  guerre 
qui  s'est  élevé  des  derniers  grades  aux  plus  élevés 
par  ses  propres  efforts.  Il  ne  fit  choix,  pour  un  em- 
ploi si   important  et  si  délicat,  que  d'un  soldat  de 
fortune  et  par  conséquent  incapable  de  lui  donner 
do  l'ombrage  et  de  se  faire  chef  de  parti,  vertot, 
Révol.  rom.  xiv,  p.  349.   Rosen,  étranger  et  soldat 
de  fortune  jusqu'à  avoir  tiré  au  billet  pour  maraude, 
ST-siM.  25,  32.  Le  duc  de  Vendôme,  parvenu  enfin 
au  généralat  après  avoir  passé  par  tous  les  degrés 
depuis  celui  de  garde  du  roi,  comme  un  soldat  de 
fortune,  commandait  en  Catalogne,  oii  il  gagna  un 
combat  et  il  prit  Barcelone,  volt.  Louis  XIV,  <7. 
Dioclétien  n'était  qu'un  soldat  de  fortune,  id.  Mœurs, 
8.  Il  Officier  de  fortune,  soldat  devenu  officier.  Les 
gentilshommes  seuls  en  ont  eu  l'honneur  [d'une  af- 
faire politique]  ;  les  officiers  de  fortune  et  les  bas 
officiers  ont  refusé  de  donner,  ayant  peu  d'envie, 
disaient-ils,  de  combattre  avec  la  noblesse,  et  peu 
de  chose  à  espérer  d'elle,  p.  l.  cour.  Lett.  particu- 
lière. Il  Officier  de  fortune,  s'est  dit  autrefois  des  of- 
ficiers qui  vendaient  leurs  services  ou  s'engageaient 
à  qui  voulait  les  payer.  L'officier  de  fortune,  titre 
d'un  roman  de  W.  Scott.  Il  13°  Les  grandes  fortunes, 
les  personnes  élevées  par  le  rang,  par  les  honneurs, 
les  emplois,  les  richesses.  Chacun  est  jaloux  de  ce 
qu'il  est...   surtout   les   grandes   fortunes  veulent 
être  traitées  délicatement;   elles  ne  prennent  pas 
plaisir  qu'on  remarque  leur  défaut,  boss.  Sermons, 
la  Mort,  I .  Il  14°  Richesses,  biens.  Jouir  d'une  grande 
fortune.  Il  est  sans  fortune.  Il  n'a  point  de  fortune. 
Si  sa   fortune  était  petite,  Elle  était  sûre  tout  au 
moins,  LA  FONT.  Fabl.  iv,   2.  Le  lait  tombe  ;  adieu 
veau,  vache,  cochon,  couvée  ;  La  dame  de  ces  biens, 
quittant  d'un  œil  marri  Sa  fortune  ainsi  répandue.... 
ID.  td.vii,  10.  Figurez-vous  quelle  joie  ce  peut  être 
que  de  relever  la  fortune  d'une  personne  que  l'on 
aime,  mol.  l'Avare,  i,  2.  Un  zèle  de  la  justice  qui 
assure  la  fortune  des  particuliers,  Hoss.je  Tellier.  Si 
elle  eût  eu  la  fortune  des  ducs  de  Nevers  ses  pères, 
ID.   Ann.  de  Gonz.  Une  grande  naissance  ou  une 
grande  fortune  annonce  le  mérite  et  le  fait  plus  tôt 
remarquer,   la  bruy.  vi.  On  ne   peut  mieux   user 
de  sa  fortune  que   fait  Périandre  :  elle  lui  donne 
du  rang,  du  crédit,  de  l'autorité,  id.  t6.  Il  arrive, 
je  ne  sais  par  quels  chemin^,  jusqu'à  donner  en  re- 
venu à  l'une  de  ses  filles  pour  sa  dot    ce  qu'il  dési- 
rait lui-même  d'avoir  en  fonds  pour  toute  fortune 
pendant  sa  vie,  lo.  ib.  Triste  condition  de  l'homme 
et  qui  dégoûte  de  la  vie  !  il  faut  suer,  veiller,  flé- 
chir, dépendre  pour  avoir  un  peu  do  fortune,  ou  la 
devoir  à  l'agonie  de  nos  proches,  id.  ib.  Vous  qui 
ne  devez  peut-être  qu'aux  malheurs  publics  et   à 
des  gains  odieux  ou  suspects  l'accroissement  de  vo- 
tre fortune,  mass.  Carême,  Aumône.   Vous  deman- 
dez comment  on   fait  ces  grandes   fortunes,   c'est 
parce  qu'on  est  heureux,  volt.  Jeannot  et  Colin. 
Ceux  qui  avaient  partie  de  leur  fortune  sur  la  com- 
pagnie des  Indes,  n'ont  qu'à  se  recommander  aux 
directeurs  de  l'hôpital  ;  on  a  bien  raison  d'appeler 
son  bien  fortune  ;  car  un  moment  le  donne,  un  mo- 
ment l'ôte,  ID.  Lelt.  d:Argenlal,  2  août  <76i.  .Ses 
agents  font  des  fortunes  incroyables,  raynal,  Htst. 
phil.  ui,  37.  Il  Homme  de   fortune,  homme  riche. 


1742 


FOR 


L'Huillier,  homme  de  fortune,  prenait  un  soin  sin- 
gulier de  l'éducation  du  jeune  Chapelle,  son  fils  na- 
turel, VOLT.  Vie  de  Molière.  ||  Etre  mal  avec  la  for- 
tune, être  besogneux,  n'être  pas  riche.  C'était  une 
des  plus  belles  femmes  de  la  ville,  asse;;  magnilique 
pourvouloir  aller  de  pair  avecu.lies  qui  l'étaientle 
plus,  mais  trop  mal  avec  la  fortune  pour  pouvoir  en 
soutenir  la  dépense,  hamilt.  Gramm.  fl.  |{  Faire 
fortune,  gagner  de  la  richesse.  ||  Je  n'ai  que  faire 
d'aller  en  Hollande,  ma  fortune  est  faite,  se  disait, 
par  raillerie,  à  un  homme  faisant  beaucoup  de  pro- 
messes. Il  15°  Terme  de  droit  coutumier.  Fortune 
d'or,  d'argent,  or,  argent  trouvé  dans  la  terre. 
Il  IB"  Demi-fortune,  voy.  ce  mot  à  son  rang. 

—  REM  1.  Faut-il  dire  des  bonnes  fortunes  ou 
de  honnes  fortunes?  J.  J.  Rousseau,  dans  l'exemple 
cité  au  n"  3,  a  dit  :  des  bonnes  fortunes  ;  on  peut  dire 
en  effet  ainsi  quand  on  considère  la  locution  comme 
un  seul  mot.  Mais  on  peut  aussi  dire  de  bonnes  for- 
tunes, en  considéranl  bonnes  fortunes  en  deux  mots. 
Il  2.  i  propos  du  vers  d'fforoce  cité  au  n"  9  ,  Vol- 
taire dit  :  «  Ce  mot  de  fortunes  au  pluriel  ne  doit 
jamais  être  employé  sans  épithète  :  bonnes  et  mau- 
vaises fortunes,  fortunes  diverses,  mais  jamais  des 
fortunes.  »  Les  exemples  qui  accompagnent  celui  de 
Corneille  montrent  que  la  remarque  de  Voltaire  est 
trop  étroite. 

—  HIST.  xin*  s.  De  fortune  me  tourne  diverse- 
ment la  roe,  Berte,  xxxm.  Fortune  secort  les  hardiz. 
Si  comme  conte  li  escriz,  lien.  4  3609.  Fortune  com- 
prent  ce  qui  avient  à  home  de  bien  et  de  mal,  brun. 
LATiNi,  Trésor,  p.  630.  Por  ce,  dient  li  plusor,  que 
fortune  est  aveugle,  et  qu'elle  tornoie  tozjors  sa  roe 
en  non  veant,  id.  ib.  p.  44) .  ||  xiV  s.  L'en  ne  conseille 
pas  des  choses  qui  aviennent  à  la  fortune ,  si 
comme  sisroit  trouver  un  trésor  à  cas  d'aventure, 
OBESME,  Kth.  66.  Une  question  est  à  savoir  se  l'en 
a  plus  grant  mestier  d'amis  en  bonnes  fortunes 
ou  on  infortunes,  ID.  ib.  288.  Par  fortune  de  feu,  qui, 
d'aventure  ou  autrement,  .se  povoit  prendre  ou  eslre 
boutez  par  aucuns  malfaitteurs,  Ord.  des  rois  de 
Fr.  t.  m,  p.  668.  Il  IV'  s.  Si  j'estois  pris  ou  ar- 
resté  par  aucun  cas  de  fortune,  froiss.  i,  i,  <08. 
Leurs  vaisseaux  eurent  si  grand  fortune  sur  mer.... 
que  plusieurs  de  leurs  nefs  furent  peries....  id.  i,  i, 
(  S9.  [Le  sire  de  l'Esparre]  eut  une  fortune  de  vent 
sur  mer  qui  le  bouta  en  la  mer  d'Espaigne,  id.  ii, 
IT,  4.  Congnoistre  que  les  grâces  et  bonnes  fortunes 
viennent  de  Dieu,  comm.  i,  4,  Que  chascun  se  ret\  re 
en  son  logis  et  se  tienne  prest,  sans  soy  esbayr  de 
fortune  qui  advienne,  m.  i,  i3.  Toutes  ces  grandes 
fortunes  leur  sont  advenues  en  trois  mois  d'espace 
[il  s'agit  d'une  suite  de  malheurs  qu'on  vient  d'é- 
numérer],  id.  viii,  4  7.  ||  xvi'  s.  Combien  que  ce  ta- 
pissier, par  fortune  de  maladie,  fust  devenu  sourd, 
MARG.  Nouv.  XLv.  Une  fortune  ne  vient  jamais  seule, 
desper.  Contes,  v.  Après  sa  mort  vous  aurez  la  mai- 
son, si  elle  n'est  vendue,  aliénée,  ou  tombée  en  for- 
tune de  feu,  ID.  ib.  Li.En  recognoissanced'une  si  il- 
lustre fortune  [victoire],  mont,  i,  4  9.  J'avoy,  de 
fortune,  en  mes  coffres..,,  id.  i,  9S.La  condition  de 
sa  fortune  [richesse]  le  luy  permettoit,  id.  i,  281. 
Regardez  pour  quoy  celuy  là  s'en  va  courre  fortune 
de  son  honneur  et  de  sa  vieàtoutson  espée,  id.  iv, 
467.  Si  s'embarqua  tout  incontinent,  et  eutle  temps 
si  à  propos,  qu'il  traversa  la  mer  sans  fortune  [ac- 
cident] jusques  à  Brindes,  amyot,  Caton,  29.  Han- 
nibal  estoit  lors  vieil  et  cassé,  sans  force  ne  puis- 
sance aucune,  comme  un  homme  que  la  fortune 
avoit  de  tout  poinct  ruiné  et  foulé  aux  pieds,  id. 
Flam.  39.  Il  est  force  que  nous  tentions  encore  la 
fortune,  id.  Pomp.  406.  Je  luy  appris  encore  à  dire 
souvent....  intéresser,  prendre  la  garantie,  faire  for- 
tune, courir  risque....  et  mille  autres  termes  en  cette 
façon,  à  quoy  on  connoit  aujourduy  une  belle  ame, 
d'ahb.  Conf.  II,  4 .  Nous  ne  sommes  ny  à  l'empereur 
ny  au  roy  de  France,  mais  soldats  de  fortune,  qui 
la  cherchons  partout  où  nos  adverti.ssements  nous 
guident,  cabloix,  vi,  4  8.  Ouand  il  [Charles-Ouint] 
sceust  que  non  [que  la  victoire  de  Saint-Quentin 
n'avait  pas  été  poursuivie],  il  dict  qu'en  son  aage  et 
en  cesto  fortune  de  victoire,  il  ne  se  fust  arresté  en 
si  beau  chemin,  brant.  Charles-Ouint.  La  fortune 
lide  à  trois  sortes  de  personnes,  aux  fols,  aux  yvro- 
gncs  et  aux  petits  enfants,  ooniN,  Curios.  fr.  Mieux 
vaut  une  once  de  fortune  qu'une  livre  de  sagesse, 
COTGRAVE.  Contre  fortune,  force  aucune,  lehodx  de 
LiNCT,  Proo.  t.  Il,  p.  277.  En  ce  monde  fortune  et 
Inforinne  abonde,  id.  ib.  p.  292. 

—  ÊTY»!.  Bourguig.  forteugne ;  provenç.  espagn.  et 
11^1.  ^orluna.du  lat.  fortuna.  de  /ors,  sort,  rapporté 
4 /'(Tre  et  à  la  grande  racine  sanscrite  bhnr,  porter, 
produira.  Quant  au  suffixe  una,  qu'on  retrouve  dans 


FOR 

NeptHnui,  importunus ,  on  le  rapproche  ou  suffixe 
umnus  qui  est  dans  Vertumnus;  ce  suffixe  mnus 
n'est  lui-même  qu'une  contraction  du  suffixe  parti- 
cipial menus,  |jievo;. 

l'ORTUMÎ,  ÉE  (for-tu-né,  née),  adj.\\i'  Bien 
traité  de  la  fortune  ou  du  sort.  Ne  plaignons  plus 
les  disgrâces  qui  font  sa  félicité;  si  elle  avait  été 
plus  fortunée,  son  histoire  serait  plus  pompeuse, 
mais  ses  œuvres  seraient  moins  pleines  ;  et,  avec 
des  titres  superbes,  elle  aurait  peut-étie  paru  vide 
devant  Dieu,  boss.  Reine  d'Anglet.  Le  monde, 
voyant  un  homme  qui  a  ce  qu'il  veut,  s'écrie  avec 
un  grand  applaudissement  :  Qu'il  est  heureux!  qu'il 
est  fortuné!  id.  .Sermons,  Providence,  2.  [ô  roi) 
vivez  heureux,  fortuné,  victorieux  de  vos  ennemis, 
père  de  vos  peuples  ;  mais  vivez  toujours  bon  et  tou- 
jours juste,  in.  Sermons,  Jugement  dern.  2.  Plus  ha- 
bile que  grand,  plusfortuné  qu'habile,  En  triomphant 
d'un  peuple  il  a  vécu  tranquille,  M.  j.  ghén.  Tibère, 
i,  4.  Il  Substantivement.  Pour  vous,  fortunés  du  siè- 
cle, à  qui  la  faveur,  les  richesses,  le  crédit  et  l'au- 
torité fait  trouver  la  vie  si  commode....  uoss.  Pa- 
nég.  Ste  Thér.  3.  ||  Particulièrement.  Celui  qui  aies 
bonnes  grâces  d'une  dame.  Je  suis  le  misérable,  et 
toi  le  fortuné,  mol.  Mis.  m,  4 .  Oh  !  le  bon  billet, 
s'écriait-elle  [Ninon],  qu'a  la  Châtre  I  son  fortuné  à 
la  fin  lui  demanda  ce  que  cela  voulait  dire,  st-sim. 
451,  203.  Il  2°  Qui  a  le  caractère  de  la  bonne  for- 
tune, du  bonheur.  Siècle  fortuné.  Région  fortunée. 
Enfin  il  a  poussé  nos  armes  fortunées  Jusques  à 
vous  réduire  au  pied  des  Pyrénées,  corn.  Sertor.  v, 
4 .  Fêtes  sacrées,  mariage  fortuné,  voile  nuptial,  bé- 
nédiction, .sacrifice,  puis-je  mêler  aujourd'hui  vos 
cérémonies  et  vos  pompes  avec  ces  pompes  funè- 
bres et  le  comble  des  grandeurs  avec  leurs  ruines? 
Boss.  Marie-TIu'r.  La  suite  trop  fortunée  de  ses  en- 
treprises [de  Cromwell],  id.  Reine  d'Anglet Et 

d'un  bras  fortuné  Bénit  subitement  le  guerrier  con- 
sterné, BOiL.  Lutr.  V.  Il  lies  Fortunées,  ancien  nom 
des  îles  Canaries.  ||  3°  S.  f.  Fortunée,  sorte  de  poire. 
.  —  REM.  Fortuné  ne  doit  pas  être  employé  pour 
riche  ;  c'est  une  faute  née  de  ce  que  fortune,  entre 
autres  significations,  a  celle  de  richesse.  Dans  la 
logique  du  peuple,  un  homme  fortuné  est  néces- 
sairement un  homme  riche;  c'est  UB  barbarisme 
très-commun  dans  la  langue,  et  qui  provient  d'une 
erreur  très-commune  dans  la  morale,  en.  nodier, 
dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  SYN.  FORTUNÉ,  heureux.  Celui  qui  est  fortuné 
a  reçu  les  faveurs  de  la  fortune  ;  celui  qui  est  heu- 
reux, jouit  du  bonheur.  Tandis  que  être  heureux  se 
prend  dans  le  sens  d'avoir  des  chances  favorables, 
fortuné  n'admet  pas  cet  emploi  ;  on  est  heureux  au 
jeu,  mais  non  fortuné.  De  plus,  fortuné  signifie  à 
qui  tout  réussit,  et  heureux  indique  plutôt  l'état 
paisible  et  satisfait  de  l'âme  :  un  pauvre  qui  se  con- 
tente de  ce  qu'il  a  peut  être  heureux;  il  n'est  pas 
fortuné. 

—  IllST.  XV'  s.  Le  jeune  roi  Edouard  qui  tant  a 
esté  heureux  et  fortuné  en  armes,  proiss.  i,  i,  27. 
Il  xvi"  s.  Tous  soldats  qui  sont  fortunez  [qui  ont  été 
privés]  à  la  guerre  de  leurs  membres,  à  faulte 
de.squels  ils  ne  peuvent  plus  porter  les  armes,  car- 
Loix,  m,  9.  Pauvre,  chetive,  malheureuse.  Et  fortu- 
née que  je  suis,  R.  bei.leau,  la  Reconnue,  iv,  4. 
Ceux-là  [des  forçats]  sont,  au  prix  d'eux  [ceux  qui 
servent  un  maître],  fortunez  et  aulcunement  libres, 
LA  BOÉTiK,  Servitude  volontaire. 

—  ÉTVM.  Bourguig.  forlugni;  du  latin  fortunatus, 
de  fortuna,  fortune.  Fortuné,  dans  l'ancien  usage, 
avait  aussi  bien  le  sens  de  malheureux  que  celui 
d'heureux,  en  raison  du  double  sens  qu'avait  for- 
tune. 

FORT-VÊTtr  (for-vê-tu),  s.  m.  Voy.  forvètu. 

FORUM  (fo-rom'),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'antiquité 
romaine.  Place  où  se  tenait  quelque  marché.  Les 
forum,  les  palais  s'écroulent,  Le  temps  les  ronge 
avec  mépris.  Le  pied  des  passants  qui  les  foulent 
Ecarte  au  hasard  leurs  débris,  lamart.  Ilarm.  i,  8. 
Il  II  se  dit  aussi  des  places  où  se  tenaient  les  foires 
dans  les  villes  dépendantes  de  l'empire  romain. 
Il  2°  Particulièrement.  Place  où  le  peuple  romain 
discutait  les  affaires  publiques.  Tout  s'achète  :  au 
Forum  on  trafique  des  voix.  On  marchande  l'hon- 
neur de  triompher  des  rois,  lafosse,  Marius  à 
Mint.  m,  6.  Je  m'ennuie  au  Forum,  je  m'ennuie 
aux  arènes,  v.  hcgo.  Odes,  iv,  8.  Ce  n'est  pas  la  faute 
des  antiquaires  si  nous  n'éprouvons  point  à  le  (le 
Foniml  reconnaître  autant  d'embarras  qu'à  discer- 
ner la  vraie  place  de  la  roche  Tarpéienne  et  du  Ca- 
pitole  ;  ils  ont  voulu  déplacer  le  Forum,  au  lieu  de 
le  mettre  où  est  le  Campo  vaccina ,  le  transporter  à 
droite  dans  la  rue  des  Fenili,  et,  au  lieu  de  le  laisser 


FOS 

aller  de  l'ouest  à  l'est,  le  placer  en  travers  du  nord 
au  sud,  ampère,  Ilitt.  rom.  à  Rome,  W  part.  1. 
C'est  par  elles  [les  lettres  privées],  quand  le  Forum 
était  muet,  comme  au  temps  de  César,  qu'on  s'effor- 
çait de  former  une  sorte  d'opinion  commune  dans 
un  public  restreint,  boissier,  Revue  des  Oeux-Mon- 
des,  avr.  4  865,  p.  »90.  En  cet  emploi  on  met  une 
F  majuscule.  Il  3"  Fig.  Les  lieux  oi'i  se  discutent  les 
affaires  publiques.  Si  du  forum  les  fougueuses  ca- 
bales Ou  du  sénat  les  discordes  fatales....  delillf.  , 
Cnnvers.  Prolog.  L'intelligence  des  passions  vio- 
lentes lui  manque  [à  l'historien  qui  n'est  qu'homme 
de  lettres]  ;  comment,  d'un  cabinet  ou  d'une  aca- 
démie, entendrait-il  les  cris  d'un  forum?  villem. 
Littir.  franc,  ivm'  siècle,  2*  part.  4'  Uç.\\V.n  cet 
emploi  on  ne  met  pas  de  majuscule.  ||  Au  plur. 
Des  forum. 

—  ÉTYM.  Lat.  forum,  marché,  place  publique 
(voy.  for). 

FORURE  (fo-ru-r'),  s.  ^.  Terme  de  serrurier.  Trou 
fait  avec  un  foret.  ||  Trou  d'une  clef.  Une  clef  à  double 
forure  est  celle  dont  la  tige  est  doublement  percée. 

—  ETYM.  Forer. 

FORVËTU  (for-vê-tu), r. m.  Termevieilll.  Homme 
de  néant  à  qui  on  a  mis  un  bel  habit  sur  le  corps. 

—  REM.  L'Académie  écrit  fort-vêtu;  mais  c'est 
une  mauvaise  orthographe.  Fort-vêtu  ne  pourrait 
rien  signifier.  C'est  forvêtu  qu'il  faut  écrire ,  c'est- 
à-dire  vêtu  hors  de  sa  condition.  On  n'a  qu'à  com- 
parer les  autres  composés  avec  fort,  pour  se  convain- 
cre qu'il  en  est  ainsi. 

—  KTYM.  Fors,  hors,  et  vêtu. 

t  FOSSANE  (fo-ssa-n'),  s.  f.  Nom  vulgaire  et  spé- 
cifique de  la  genette  fossane  (digitigrades). 

FOSSE  (fê-s'.  Fosse  et  grosse  sont  à  peu  près  les 
seules  exceptions  aux  finales  en  osse,  qui  toites  se 
prononcent  avec  l'o  bref  et  clair  ;  pourtant  la  pro- 
nonciation fô-s'  remonte  déjà  assez  haut  ;  car  H. 
Estienne,  au  xvi' siècle,  l'indique  comme  la  bonne  ; 
et,  quand  Molière,  Étourdi,  ii,  3,  fait  rimer  fotsf 
avec  bosse,  il  ne  représente  pas  une  ancienne  pro- 
nonciation, mais  il  commet  la  faute  de  faire  rimer 
une  voyelle  à  son  grave  avec  une  voyelle  à  son  clair. 
Il  est  probable  que  la  prononciation  fô-s'  est  née 
d'une  confusion  avec  fausse;  en  tout  cas,  elle  n'est 
pas  justifiée  par  rétjinologie,  fosso ,  fossvm,  fo- 
dere ,  où  l'o  est  clair),  s.  f.  ||1*  Creux  fait  dans  la 
terre  par  la  nature  ou  par  la  main  de  l'homme. 
Fosse  large  et  profonde.  Il  y  a  une  dangereuse  fosse 
danslarivière.  Fosse  à  fumier.  Faire  une  fosse  pour 
un  arbre.  Daniel  fut  emmené  par  le  commasdement 
du  roi,  et  ils  le  jetèrent  dans  la  fosse  aux  lions,  SACi, 
Rible,  Daniel,  vi,  4  6.  ||  Terme  de  chasse.  Trou 
creusé  à  plomb  pour  prendre  les  loups.  I|  2*  Trou 
creusé  en  terre  et  dans  lequel  on  met  les  morts.  Je 
me  sens  étouffer,  je  rends  l'âme,  et  ma  fosse  N'est 
pas  sous  Pélion....  rotr.  Jlerc.  mour.  m,  3.  La 
mort  et  la  corruption,  c'est-à-dire  l'âge  caduc  et  la 
décrépite  vieillesse  qui,  courbée  par  les  ans,  semble 
regarder  sa  fosse,  boss.  2*  sermon,  Quinquag.  4. 
Va,  reviens  m'avertir  quand  cette  cendre  aimée 
Sera  prête  à  tomber  dans  la  fosse  enflammée,  volt. 
Olympie,  v,  3.  Votre  tombeau  sera  pompeux,  sans 
doute;  J'aurai  sous  l'herbe  une  fosse  à  l'écart,  _bé- 
rang.  il  mes  amis  devenus  ministres.  ||  Fig.  Être 
sur  le  bord  de  sa  fosse,  avoir  un  pied  dans  la  fosse, 
être  fort  vieux  ou  dangereusement  malade.  Ayant 
un  pied  en  France  et  l'autre  en  Suisse,  et  les  deux 
sur  le  bord  de  la  fosse,  volt.  Lett.  la  Cha!olais,  1 1 
juin.  4  762.  Il  Fig.  Creuser  sa  fosse,  altérer  sa  santé. 
Il  Creuser  sa  fosse  avec  les  dents,  mourir  d'excès 
de  table.  ||  Fig.  Mettre  les  clefs  sur  la  fosse,  voy. 
CLEF  n'  4  et  l'historique  de  clef.  ||  3"  Creux  que  font 
les  vignerons  autour  des  vignes.  ||  Creux  lobgi- 
tudinal  que  font  les  jardiniers  pour  planter  des  a.s- 
perges.  ||  4'  Terme  d'anatomie.  Cavité  plus  ou 
moins  grande,  dont  l'ouverture  est  plus  large  que 
le  fond.  Les  fosses  na.sales.  |{  5'  Basse-fosse,  cachot 
très-profond  dans  une  prison.  Ils  prirent  Jérémie, 
et  ils  le  jetèrent  dans  la  ba-sse-fosse  de  Melchias 
qui  était  dans  le  vestibule  de  la  prison,  SAci,  Bible, 
Jérémif,XTwm,  «.||Cul  de  b.î.sse-fos.se .  voy.  cul, 
n"  40.  Il  6°  Fosse  d'aisance  ,  excav,ition  voiltée 
dans  laquelle  sont  reçues  les  matières  des  latri- 
nes. Il  7°  Terme  de  marine.  Fosse  aux  mâts,  réser- 
voir fermé  qu'on  pratique  dans  les  grands  ports 
pour  conserver  des  mâts  d'approvisionnement  dans 
l'eau  de  la  mer.  ||  Fosse  aux  câbles,  plate-forme  vo- 
lante sur  le  premier  plan  de  la  cale,  vers  le  mât  de 
mi.saine,  où  l'on  met  les  câbles.  |1  Dans  la  partie  du 
faux  pont  la  plus  en  avant,  fosse  aux  liens,  et,  par 
corruption,  fosse  aux  lions,  l'endroit  où  l'on  enferme 
les  menues  manoeuvres.  C'est  aussi  dans  cet  enili-.ijt 


FOS 

qu'on  met  les  jeun? 3  officiers  aux  arrêts.  |I  Fos.«s 
sur  le  fond,  se  dit  d'tn  endroit  de  la  mer,  non  loiu 
du  rivape,  où  le  fond  est  plus  profond  que  dans  les 
endroits  qui  l'environnent.  Les  navires  cherchent 
les  fosses  pour  y  mouiller.  ||  8°  Fosse  aux  lions,  s'est 
dit  d'une  certaine  loge  d'avant-scène  à  l'Opéra  où 
sa  tiennent  les  lions,  les  jeunes  gens  à.  la  mode. 
Il  9°  Creux  placé  au-devant  du  balancier  dans  l'a- 
telier des  monnaies.  ||  10°  Chaudière  de  gros  dans 
laquelle  les  plombiers  fondent  le  plomb  à  mettre  en 
tables.  Il  Lavoir  dans  lequel  les  fondeurs  dépouillent 
le  fond  de  la  couche  de  sable  qui  est  dans  le  moule. 
Il  11°  Fosse  à  chaux ,  creux  carré  où  l'on  con- 
serve la  chaiix  éteinte.  |1 12°  Cuves  enterrées  dans 
lesquelles  les  tanneurs  mettent  les  cuirs  pour  les 
couvrir  de  tan.  ||  Coucher  en  fosses,  disposer  les 
cuirs  dans  les  fosses  pour  les  rendre  incorruptibles. 
Il  13°  Toire  de  fosse,  sorte  de  poire  d'un  goût  sau- 
vage. 

—  HIST.  XI*  s.  Enz  en  la  fosse  des  lions  où  [Da- 
niel] fut  enz,  Ch.  de  Roi.  ccxxiv.  ||  xii°  s.  Rume 
[Rome]  fu  maison  Deu  :  or  est  fosse  à  larrun  ;  Moy- 
ses  est  tut  suis  el  règne  Pharaun,  Th.  le  mart.  29. 
Or  s'en  issent  li  Hébreu  des  fosses  où  se  furent  tapi, 
Bois,  p.  48.  Teus  [tel]  fait  la  fosse  e  le  laz  tent,  U  il 
meïsmes  chet  [tombe]  e  prent,  benoît,  ii,  14898. 
Il  xiii°  s.  Et  se  la  maie  mort  l'enosse.  Bien  le  convoit 
jusqu'à  la  fosse,  la  Rose,  1U54.  Li  tenu  pour  cas 
de  crieme  soient  mis  en  fosses  et  en  fers,  beaum.  41 . 
Il  xiv*  s.  Aucun  ne  peut,  et  n'est  licite,  de  faire 
chambres  aisées,  nommées  fosses  coies  ou  latrines, 
ou  fosses  de  cuisine,  pour  tenir  eaux  de  maison  au- 
près d'un  mur  mitoien,  du  cange,  fossa.\\xv'  s. 
Deuxvieillards  surleur  fosse,  assis  non  duement  en 
siège  papal,  qui  pour  un  seul  fut  establi  de  Dieu.... 
sont  tant  embrasez  de  ceste  maudite  convoitise.... 
(|ue  ils  ont  plus  cher  eux  damner....  que  renoncer 
fi  un  petit  de  brief  honneur,  Boude,  m,  19.  Nostre 
meunier  s'avisa  de  prendre  un  beau  brochet  qu'il 
avoit  en  sa  fosse  [vivier],  et  vint  au  chastean, 
LOUIS  XI,  iVout).  III.  Il  xvi*  s.  Quelque  basse  fousse 
des  prisons,  rab.  Garg.  i,  38.  En  poisson  n'y  a 
suite  en  descendant,  mais  bien  en  montant,  tant  sur 
.terre  que  jusqu'à  la  bonde  de  la  fosse  du  prochain 
cstang,  loysEi.,  2)6.  L'un  avoit  les  pieds  tous  gastez 
de  gouttes,  l'autre  la  teste  toute  pleine  de  trous  et 
de  fosses,  amtot,  Caton,  17.  Lorsqu'on  presse  des- 
sus, la  fosse  demeure  sans  se  relever,  comme  aux 
œdèmes,  paré,  x,  16.  Nous  avons  le  pied  à  la  fosse, 
et  nos  appétits  et  poursuittes  ne  font  que  naistre, 

MONT.  III,  123. 

—  ÉTYM.  Berry,  fousse;  provenç.  et  ital.  fossa; 
espagn.  fosa;  du  lat.  fossa,  de  fossum,  supin  de 
fodere,  fouir. 

FOSSÉ  (fô-sé  ;  quelques  personnes  disent  fo-sé  , 
l't  H.  Eslienne  remarque  que  fosse  a  l'o  long  et 
fossé  l'o  bref;  du  temps  de  Chiftlet,  quelques-uns, 
pensant  raffiner,  prononçaient  fousse, comme  chouse 
au  lieu  de  chose),  s.  m.  ||  1°  Sorte  de  fosse  continue 
servant  soit  à  l'écoulement  des  eaux,  soit  à  la  sépa- 
ration de  terrains.  Les  fossés  que  Cyrus  creusait 
autour  d'elle  [Babylone],  Boss.  Ilist.  ii,  4.  Au  mi- 
lieu de  tant  de  périls  [à  la  bataille  de  Sénef],  il  [le 
fils  de  Condé]  voit  ce  grand  prince  [Condé]  ren- 
versé dans  un  fossé  sous  un  cheval  tout  en  sang, 
ID.  Louis  de  Bourbon.  \\  Fig.  Le  grand  fossé,  le  tom- 
beau. Qu'ils  [nos  fils]  chantent  à  perdre  haleine 
Sur  le  bord  du  grand  fossé,  bérang.  J.  des  morts. 
Il  Fig.  Faire  do  la  terre  le  fossé,  tirer  de  la  chose 
même  de  quoi  subvenir  aux  dépenses  nécessaires 
pour  l'agrandir.  ||  Se  dit  plus  souvent  d'un  dissipa- 
teur se  ruinant  par  des  emprunts  successifs  dont 
l'un  rembourse  l'autre.  ||  Fig.  et  familièrement.  Sau- 
ter le  fossé,  se  risquer  enfin  après  avoir  longtemps 
hésité,  et,  plus  souvent,  faire  par  nécessité  ce 
qu'on  ne  voudrait  pas  faire.  Allons,  ferme,  mon- 
sieur, '".  faut  sauter  le  fossé,  dancodrt,  lÊlé  des 
des  Cbquettes,  se.  23.  ||  2°  Creux  continu  servant 
à  la  défense  d'une  place  de  guerre.  Car  par  votre 
vertu  les  nôtres  repoussés  Vous  laissèrent  venir 
jusqu'aux    bords   des   fossés,   mairet,  Sophon.  iv, 

I.  Après  cela,  les  assiégeants  [de  la  ville  de  Pé- 
ronne],  ayant  encore  tenté  deux  furieux  as.sauts 
où  ils  laissèrent  leurs  échelles  et  grand  nombre  de 
leurs  plus  braves  nommes  dans  lesfossés....MÉZESAY, 
Abrégé  de  l'hist.  de  Fr.  t.  iv,  p.  B95,  Amst.  1 688.  Ces 
angles,  ces  fossés,  ces  hardis  boulevards,  volt.  Als. 

II,  6.  Il  Fossé  revêtu,  celui  dont  l'escarpe  et  la  con- 
trescarpe sont  revêtues  d'un  mur  de  maçonnerie  en 
talus.  Il  3°  Creux  pratiqué  au  fond  de  la  couche  de 
sable  du  moule  à  plomb,  {j  Proverbe.  Au  bout  du 
fossé  la  culbute;  manière  de  faire  entendre  qu'on 
se  résout    lUX  conséquences  fâcheuses  que  pourrait 


FOS 

avoir  une  résolution  hardie  et  imprudente  (locu- 
tion figurée  pour  laquelle  il  est  difficile  de  trouver 
le  sens  physique  et  propre  qui  y  a  donné  lieu  ;  elle 
semble  signifier  :  quand  on  arrive  au  bout  du 
chaap  où  est  le  fossé,  on  le  rencontre  et  on  y  cul- 
bute, ou  bien  bout  est  pris  ici  pour  l'endroit  où  le 
fossé  commence).  ||  Ce  qui  tombe  dans  le  fossé  est 
pour  le  soldat,  c'est-à-dire  ce  qu'on  laisse  tomber 
est  pour  celui  qui  le  ramasse. 

—  HIST.  xi°  s.  E  Mahomet  enz  en  un  fosset  [ils] 
boutent,  Ch.  de  Bol.  clxxxiii.  ||  xiii*  s.  Si  avint  qu'il 
vit,  outre  un  grant  fossé,  un  fouo  [troupe]  de  pay- 
sans armés  à  la  guise  dou  pays,  Chr.  deRains,  p.  219. 
Allons  amont,  et  metons  cest  fossé  que  vous  veez 
devant  vous,  entre  nous  et  eux,  jomv.  227.  De 
meîsme  la  terre  fait  l'en  le  fossé.  Ifs.  de  St  Cerm. 
Prov.  du  vilain,  f°  76,  dansLACURNE.  {{  xvi*  s.  De 
la  vente  de  la  graine  que  cueilles  ches  vous,  en 
achetés  d'estrangere,  ce  qu'il  vous  en  faut;  ainsi  se 
fait  de  la  terre  le  fossé,  o.  de  serres,  460. 

—  ÉT1fM.  Berry,  fousse;  bourguign.  faussai;  pro- 
venç. /"aîsat;  espagn.  fossado;  ital.  fossato;  du  lat. 
fossatum,  de  fossa,  fosse. 

t  FOSSERAGE  (fô-se-ra-j'),  s.  m.  Terme  rural. 
Premier  labour  qu'on  donne  à  la  vigne. 

FOSSETTE  (fô-sè-f;  quelques-uns  prononcent  fo- 
sè-t',  mais  moins  bien) ,  s.  f.  \\  1°  Petite  fosse,  petit 
creux  que  les  enfants  font  pour  jouer  aux  bil- 
les, etc.  U  courut  jouer  à  la  fossette,  mol.  Jf^d. 
m.  lui,  I,  B.  Je  revois  les  endroits  où  j'ai  joué  à  la 
fossette  et  au  cerf-volant  ;  ces  souvenirs  me  font 
plaisir,  p.  L.  COUR.  Lett.  11,  95.  ||  Fig.  Jouer  à  la 
fossette,  être  guéri  (locution  tirée  du  Médecin  mal- 
gré lui  de  Molière,  où  un  enfant,  étant  tombé  du 
haut  d'un  clocher,  se  releva  et  courut  jouer  à  la 
fossette,  après  qu'on  lui  eut  fait  prendre  quelques 
gouttes  d'un  certain  élixir).  Dans  trois  jours,  il 
jouera  à  la  fossette,  siSv.  399.  ||  2°  Terme  de  chasse. 
Petite  fosse  pour  prendre  des  oiseaux.  ||  3°  Petit 
creux,  cavité  que  certaines  personnes  ont  au  men- 
ton ou  à  la  joue.  Dans  quelques  personnes,  il  se 
forme  sur  chaque  joue,  à  une  petite  distance  des 
coins  de  la  bouche,  un  léger  enfoncement  que  l'on 
appelle  la  fossette,  boff.  Hist.  nat.  iMm.  OF.uv. 
t.  IV,  p.  298,  dans  pougens.  ||  Il  se  ditaussi  quelque- 
fois de  tout  creux  fait  sur  la  peau.  Ces  légères  fos- 
settes que  l'extrémité  de  ses  doigts  marque  sur  sa 
chair  sont  rendues  avec  une  délicatesse  infinie, 
DiDER.  Salon  de  ("65,  Œuvres,  t.  xiii,  p.  88,  dans 
pougens.  Il  4°  Fossette  de  l'estomac,  expression 
parfois  employée  pour  désigner  le  creux  de  l'esto 
mac. 

—  HIST.  xiii*  s.  Douce  alêne  ot  et  savorée,  La 
face  blanche  et  colorée,  La  bouche  petite  et  grocete, 
S'ot  ou  menton  une  fossete,  la  Rose,  B38.  Et  s'il  li 
prent  de  rire  envie,  Si  bel  et  si  sagement  rie. 
Qu'oie  descrieve  deus  fossetes  D'ambedeus  para  de 
ses  levretes,  ib.  13657.  ||  xiV  s.  Quant  l'esprevicr  a 
bouté  aval  sa  viande  et  n'a  rien  en  la  fossette  de  la. 
gorge,  Modus,  f"  xcvui. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  fosse. 
FOSSILE  (fo-ssi-l'),  adj.  ||  1°  Terme  de  géologie. 

Qui  est  extrait,  qui  provient  du  sein  de  la  terre,  en 
parlant  de  certaines  substances,  par  opposition  à 
d'autres  substances  de  même  espèce  qui  provien- 
nent d'une  autre  source.  Sel  fossile.  Charbon  fossile. 
Il  2°  Qui  est  trouvé  dans  le  sein  de  la  terre,  en  par- 
lant des  restes  de  corps  organisés.  Bois,  plantes, 
animaux  fossiles.  Personne  ne  doute  de  cette  iden- 
tité de  nature  entre  les  coquilles  fossiles  et  les  co- 
quilles marines,  buff.  Addit.  et  corr.  Théor.  terr. 
Œuv.  t.  XII,  p.  414,  dans  pougens.  Les  grands  os- 
sements fossiles  qu'on  déterre  dans  l'Amérique  an- 
noncent qu'elle  a  possédé  autrefois  des  éléphants, 
des  rhinocéros,  et  d'autres  énormes  quadrupèdes 
dont  l'espèce  a  disparu  de  cette  région,  raynal, 
Ilist.  phil.  XVII,  3.  Mon  objet  sera  d'abord  de  mon- 
trer par  quel  rapport  l'histoire  des  os  fossiles  d'ani- 
maux terrestres  se  lie  à  la  théorie  de  la  terre,  cuv. 
Révol.  p.  10.  Il  Fig.  et  par  plaisanterie,  fossile  se  dit 
de  ce  qui  est  arriéré,  hors  de  mode.  Littérature 
fossile.  Il  En  ce  sens  il  se  dit  aussi  substantivement. 
C'est  un  fossile.  ||  3°  S.  m.  Toute  substance  qui  se 
tire  de  la  terre,  telles  que  minéraux,  roches,  etc. 
Il  Particulièrement.  Coquilles,  plantes,  et  tous  restes 
de  corps  organisés  que  l'on  trouve  enfouis  à  diffé- 
rentes profondeurs  et  incrustés  ou  imbibés  de  di- 
verses matières  solublos,  et  qui  présentent  encore 
leurs  formes  primitives  malgré  leur  pétrification. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Les  diverses  espèces  de  sels  el 
autres  choses  fossiles,  palissy,  147.  Fossiles  sont 
les  matières  minérales  pour  lesquelles  recouvrer 
faut  creuser  la  terre,  m.  378. 


FOU 


1743 


—  ÊTYM.  Lat.  fossilis,  de  fossum,  supin  de  fodert, 

fouir. 

f  FOSSILIFÈRE  (fo-ssi-li-fê-r) ,  adj.  Terme  de 
géologie.  Qui  contient  des  fossiles.  Terrain  fossili- 
fère. 

—  ÉTYJI.  Fossile,  et  le  lat.  ferre,  porter, 
t  FOSSILISATION  (fo-ssi-li-za-sion),  s.  f.  Terme 

d'histoire  naturelle.  Conversion  en  fossile. 

—  ÉTYM.  Fossiliser. 
t  FOSSILISER  (SE)  (fo-ssi-li-zé),  v.  rifl.  Devenir 

fossile,  c'est-à-dire  passer  par  des  phénomènes  qui 
mettent  un  corps  organisé  ou  ses  parties  ou  même 
ses  vestiges  en  état  de  se  conserver  avec  leur  forme 
ou  leur  structure  dans  les  couches  du  globe. 

—  ÉTYM.  Fossile. 
t  KOSSILITÊ  (fo-ssi-li-té),  s.  f.  Qualité  de  ce  qui 

est   fossile.   Les  controverses  sur    la  fossilité   de    . 
l'homme. 

t  FOS-SOIEMENT  (fo-soî-man),  s.  m.  Action  de 
fossoyer. 

—  HIST.  XVI'  s.  Fossoyement,  cotgrave  . 

—  ÉTYM.  Fossoyer. 

t  FOSSOIR  (fo-soir),  s.  m.  Sorte  de  houe  pour  la- 
bourer les  vignes. 

—  ÉTYM.  Génev.  foussoir  ;  provenç.  fossor;  de 
fossum,  supin  de  fodere,  fouir. 

FOSSOVAGE  (fo-so-ia-j';  quelques-uns  disent  fo- 
soi-ia-j'),  s.  m.  Action  de  fossoyer;  travail  du  fos- 
soyeur. 

—  HIST.  XVI*  S.  Faire  fossoyage,  tfouv.  coust. 
gin.  t.  I,  p.  308. 

—  ÉTYM.  Fossoyer. 

FOSSOYÉ,  EE  (fo-30-ié,  iée),  pari,  passé  de  fos- 
soyer. Un  champ  fossoyé. 

FOSSOYER  (fo-so-ié  ;  quelques-uns  disent  fo-soi- 
ic),  je  fossoyais,  nous  fossoyions,  vous  fossoyiez  ; 
que  je  fossoie,  que  nous  fossoyions,  que  vous  fos- 
soyiez ;  l'î/  se  change  en  «  devant  Ve  muet  :  je 
fossoie,  etc.) ,  v.  a.  Clore  par  des  fossés. 

—  HIST.  XIV"  s.  Et  si  ferai  la  ville  foissoier  et  fre- 
mer,  Guescl.  Bl  b4.  ||  xv"  s.  Et  vinrent  en  la  ville  de 
Haspre,  qui  lors  estoit  une  bonne  ville  et  grosse  et 
bien  fossoyée,  mais  point  n'esloit  fermée,  froiss,  i, 
i,  100.  Et  combien  qu'il  se  die  plein  [plan,  uni],  si 
est  il  mal  aisé  à  chevaucher  [le  pays  de  la  Lombar- 
die],  car  il  est  tout  fossoyé,  comme  est  Flandres, 
coMM.  VIII,  6.  Il  XVI"  s.  Il  feit  encore  fossoyer  et  tren- 
cher  par  le  dedans  les  rues  en  plusieurs  endroits,' 
et  remplir  les  dittes  fosses  et  tronchées  de  paux 
[pieux]  pointus,  amyot,  Pompée,  88. 

—  ÉTYM.  Fosse;  génev.  foussoyer;  wallon, /bss(. 
FOSSOYEUR  (fo-so-ieur;   quelques-uns  disent  : 

fo-soi-ieur),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  creuse  les  fosses 
dans  un  cimetière.  ||  2°  S.  f.  Fig.  La  fossoyeuse,  la 
mort.  Â  ma  porte,  la  fossoyeuse  Frappe;  adieu  mes- 
sieurs les  humains,  bérang.  Cinquante  ans.  ||  3°  Le 
fossoyeur,  nom  vulgaire  et  spécifique  du  nécro- 
phore  fossoyeur,  dit  aussi  enfouisseur  et  enterrcur, 
comme  les  autres  espèces  du  genre  nécrophore,  le- 

GOARANT. 

—  HIST.  XIII'  s.  La  mors  igalistle  seignorauserf, 
et  les  coronés  ans  fosseors,  brun,  latini,  Trésor, 
p.  392.  Il  XVI"  s.  Les  fossoyeurs  et  porteurs  de  Rome, 
AMYOT,  Caton,  17. 

—  ÉTYM.  Fossoyer. 
1.  FOU  (fou)  ou   FOL  (fol),  FOLLE  (fo-1'),    adj. 

Il  1°  Qui  a  perdu  la  raison.  Être,  devenir  fou.  ||  Par 
exagération.  Être  fou  de,  avoir  pour  ainsi  dire 
perdu  l'esprit  à  cause  de.  Il  est  fou  do  joie.  La 
femme  est  folle  de  douleur,  sÉv.  207.  ||  Il  m'a  pensé 
faire  devenir  fou,  il  m'a  fait  perdre  patience,  m'a 
mis  hors  de  moi  par  les  choses  qu'il  a  dites  ou  fai- 
tes. Il  On  dit  familièrement  par  la  même  exagéra- 
tion :  Vous  me  feriez  devenir  fou  avec  vos  lenteurs. 
Cet  homme-là  me  rendra  fou  avec  ses  importunités. 
Il  2°  Folle  femme,  nom  qu'on  donnait  autrefois  aux 
femmes  de  mauvaise  vie,  aux  courtisanes.  ||  3°  Chien 
fou,  chien  enragé.  |1  Fig.  Être  fait  comme  un  chien 
fou,  être  bizarrement  accoutré,  mal  ajusté.  I|4°I1  se 
dit  de  celui  ou  celle  qui  fait  ou  dit  des  extravagan- 
ces, bien  que  l'esprit  ne  soit  pas  dérangé.  Etes-vou3 
fou  de  me  faire  une  pareille  demande?  Que  veux-tuT 
je  suis  folle  et  mon  esprit  s'égare,  corn.  Cid,  11,  6. 
Voulez-vous  que  je  dise?  il  faut  qu'enfin  j'éclate, 
Que  je  lève  le  masque  et  décharge  ma  rate  ;  Do 
folles  on  vous  traite,  et  j'ai  fort  sur  le  cœur....  mol. 
Femm.sav.  11,  7.  Tous  les  hommes  sont  fous,  et, 
malgré  tous  leurs  soins.  Ne  diflcrent  entre  eux  que 
du  plus  ou  du  moins,  boil.  Sat.  iv.  |{  Pai  exagéra- 
tion, fou  à  lier,  extrêmement  fou,  extrèmementdé- 
raisonnable  (locution  qui  vient  de  ce  qu'autrefois  oc 
enchaînait  les  fous  violents).  ||  Fig.  Être  fou  de, 
avoir  une  passion,  une  affection,  un  goût  très-pro- 


1744 


Fon 


nonce  pour....  EnOn  il  en  est  fou  [de  Tartufe]  ;  c'est 
son  tout,  son  héros,  mol.  Tart.  i,  2.  Je  suis  folle  de 
Corneille,  5«v.  *^'>.  Un  avare  idolAtre  et  fou  de  son 
ircont  BOIL.  Sot.  iv.  C'était  un  riche  abbé  fou  de 
l'architecture,  m.  Art  p.  iv.  C'est  un  très-bel 
homme,  les  femmes  sont  folles  de  lui,  volt.  Ama- 
bed,  un.  4«.  Je  suis  fou  de  Lisette  et  j'en  ai  pour 
la  vie,  GRK.ssET,  Méchant,  u,  l.  La  liberté,  c'est, 
monseipneur,  Une  femme  folle  d'honneur,  bérang. 
Jteftt.1.  Il  5"  Il  se  dit  de  ceux  qui  ne  montrent  pas  le 
sans,  la  prudence,  la  modération  nécessaires.  Tel  se 

croit  sage  qui  est  fou Est  bien  fou  du  cerveau 

Oui  prétend  contenter  tout  le  monde  et  son  père, 
LA  FONT.  Fabl.  m,  t.  Tu  te  prends  à  plus  dur  que 
toi.  Petit  serpent  à  tête  folle,  m.  ib.  v,  te.  Le  lion 
dit,  pensant  rugir  :  Je  n'ai  pas  la  tête  si  folle;  Moi 
renoncer  aux  dons  que  je  viens  d'acquérir  I  m.  ib. 
•  XII,  <.  Il  II  faut  être  fou  pour,  c'est  avoir  bien  peu  de 
sens,  c'est  être  bien  mallivisé  que  de....  Il  faut  être 
fou  pour  dire  que  ces  arts  ont  nui  aux  mœurs,  ils 
sont  nés  malgré  la  méchanceté  des  hommes,  et  ils 
ont  adouci  jusqu'aux  mœurs  des  tyrans,  volt. 
Mœurs,  ti'-  \\  11  est  bien  fou  de....  il  montre  peu 
de  sens  en....  Nous  sommes  bien  fous  de  nous  tant 
enquêter  de  l'avenir,  vaoven.  cxlvii.  Vous  êtes 
bien  fou  d'imaginer  d'apprendre  à  quelqu'un  ce  qui 
lui  plaît,  ID.  VÈlourdi.  ||  6°  Contraire  à  la  prudence, 
à  la  raison,  à  la  modération.  Et  d'un  si  fol  espoir 
mon  cœur  mal  défendu,  corn.  Cid,  ii,  B.  Dis  plutôt 
(l'une  indigne  et  folle  résistance,  ID.  Poly.  i,  3. 
Quand  de  sa  folle  erreur  vous  l'auriez  diverti,  id. 
Théod.  V,  ( .  Qui  vous  a  pu  souffler  une  si  folle  au- 
dace? BoiL.  Sat.  IX.  Et  dans  un  fol  amour  ma  jeu- 
nesse embarquée,  rac.  Phèdre,  i,  (.Qu'un  cœur 
toujours  nourri  d'amertume  et  de  pleurs  Dût  con- 
naître l'amour  et  ses  folles  douleurs,  id.  ib.  ii,  ( . 
Vous ,  dès  que  cette  reine ,  ivre  d'un  fol  orgueil, 
De  la  porto  du  temple  aura  passé  le  seuil,  m. 
Athal.y,  3.  Albéroni,  ayant  entendu  toutes  les  con- 
ditions du  projet,  le  traita  de  fou  et  de  chimérique, 
sT-siM.  490,  (37.  Un  des  plus  vilains  hommes  et  des 
plus  grands  fous  que  j'aie  jamais  vus,  toujours 
plein  de  projets  aussi  fous  que  lui,  J.  J.  rouss. 
Conf.  v.  Il  7°  Terme  de  pratique.  FoUe  enchère,  en- 
chère faite  témérairement  et  qu'on  ne  peut  pas 
tenir.  Vente,  revente  sur  folle  enchère.  ||  Folle  en- 
chère, cette  vente  ou  revente  même.  Poursuivre  la 
folle  enchère.  Frais  de  folle  enchère.  |{  La  différence 
en  moins  entre  le  prix  de  la  seconde  adjudication 
devenue  nécessaire  et  celui  de  la  première  ou  folle 
enchère,  différence  qui  est  à  la  charge  de  celui  qui 
a  fait  la  folle  enchère.  Payer  la  folle  enchère, 
payer  cette  différence.  ||  Fig.  Payer  la  folle  enchère, 
voy.  ENCHÈRE.  Il  Fol  enchérisseur,  celui  qui  fait  une 
folle  enchère.  ||  Terme  de  pratique.  Folle  intimation, 
assignation  donnée  à  une  personne  pour  procéder 
sur  l'appel  d'une  sentence  qui  lui  est  étrangère. 
Il  Terme  de  droit  coutumier.  Fol  appel,  appel  mal 
fondé.  Il  8"  Excessif,  et  qui  a,  pour  ainsi  dire,  quel- 
que chose  de  fou.  Il  y  avait  un  monde  fou.  Avoir  un 
mal  de  tête  fou.  Ma  brochure  a  un  succès  fou,  tu 
ne  peux  imaginer  cela,  p.  l.  cour.  Lett.  ii,  (66. 
Oubliant  tout  jusqu'à  leurs  chaînes.  Nos  gens  pous- 
sent des  rires  fous,  bérang.  Nègres.  \\  Il  faut  distin- 
guer un  rire  fou  et  un  fou  rire.  Un  rire  fou  est  un 
rire  excessif.  Un  fou  rire  est  un  rire  qu'on  ne  peut 
maîtriser.  Je  fus  pris  d'un  fou  rire.  ||  9'  Fort  gai, 
très-enjoué.  Que  vous  êtes  fou!  Il  a  l'humeur  folle. 
Il  est  fou  comme  un  jeune  chien,  comme  un  bra- 
que. Il  Gaieté  folle,  gaieté  qu'on  manifeste  sans  rete- 
nue. Il  10°  Maladie  folle,  voy.  tremblante,  maladie. 
Il  11"  Boussole  folle,  aiguille  folle,  boussole,  aiguille 
aimantée  qui  ne  s'arrête  plus  à  un  point  fixe;  ce 
qui  arrive,  par  exemple,  par  l'effet  d'un  coup  de  fou- 
dre. ||  On  dit  aussi  balance  folle,  balance  qui  ne 
.s'arrête  pas  au  point  fixe.  ||  Terme  de  marine.  FoUe 
brise,  petit  vent  qui  varie  sans  cesse.  ||  H°  FoUe 
avoine,  ou  avoine  stérile,  noms  vulgaires  d'une 
graminée  du  genre  avoine,  appelée  par  les  botanistes 
atcna  falua,  /,.  ||  13°  Folle  farine,  la  plus  subtile 
fleur  delà  farine,  ainsi  dite  parce  qu'elle  s'envole  au 
moindre  souffle, pourainsidire  follement.  ||  14"  Dame 
folle,  se  dit,  au  jeu  de  la  bête,  d'une  dame  d'atoutac- 
compagnée de deuxatouts inférieurs.  ||  15°  Fou,  folle, 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  a  perdu  la  raison.  Hôpital 
des  fous.  Un  fou  furieux.  Ainsi  que  l'on  pardonne 
;  aux  fous,  tristan,  Panihée,  m,  (.  .Tamais  auprès 
des  fous  ne  te  mets  à  portée;  Je  ne  te  puis  donner 
un  plus  sage  conseil,  la  font.  Fabl.  ix,  R.  Après 
vous  avoir  montré  les  fous  qui  sont  enfermés,  il 
faut  que  je  vous  en  fasse  voir  qui  mériteraient  de 
l'être,  LE  SAGE, /)iah.  boit.  9.  Un  fou  est  un  ma- 
lade dont  le  cerveau  pitit,  comme  le  goutteux  est 


FOU 

un  malade  qui  souffre  aux  piMls  et  aux  mains,  volt. 
Dict.  phil.  Folie.  ||  16°  Par  exagération.  Celui,  celle 
qui,  sans  avoir  l'esprit  dérangé,  fait  ou  dit  des 
extravagances.  lion  Dieu  !  qu'Aristote  et  sa  dialec- 
tique ont  gâté  de  têtes!  qu'il  y  a  dans  le  monde  de 
fous  sérieux,  de  fous  qui  se  fondent  en  raison,  de 
fojs  qui  sont  déguisés  en  sages!  balzac.  Sacrale 
chr('tien,  t.  n,  p.  226,  dans  lacbrne.  En  courant  ici 
comme  un  fou,  J'ai  pensé  me  rompre  le  cou,  scarr. 
Virg.  V.  Pauvres  gens,  je  les  plains,  car  on  a  pour 
les  fous  Plus  de  pitié  quede  courroux,  la  font.  Fabl. 
vil,  (  2.  Pour  moi,  je  suis  content  de  rire  des  fous  ;  tous 
les  hommes  ne  le  sont-ils  pas?  fén.  Dial.  des  morts 
anc.  Démocr.  Hérael.  Fou,  musicien  et  poëte,  Qui 
dit  l'un  dit  l'autre,  dancourt,  l'Éti  des  coquettes, 
se.  7.  Plus  on  est  de  fous,  plus  on  rit,  id.  Maison 
de  camp.  se.  i  ( .  Le  pauvre  vieux  fou  a  encore  les 
passions  vives,  volt.  Lett.  d'Argental,  ((  oct.  (761. 
Un  certain  dialogue  entre  l'illustre  fou  de  la  ma- 
tière subtile  fDescartes]  et  la  cruelle  folle  qui  as- 
sassina Monaldeschi  [la  reine  Christine  de  Suède], 
ID.  Lett.  d'Alembert,  8  mai  (773.  Ce  vieux  fou  de 
baron  voulait  se  mettre  aussi  delà  partie,  destou- 
CHFS,  Fausse  Agn.  ni,  B.  Mais  pourquoi  sur  ma  cou- 
chette Rêver  à  ce  jeune  fou?  bérang.  Challe.  ||  Un 
fou  de  haute  gamme,  un  fou  achevé.  ||  Faire  le  fou, 
faire  des  actes  d'extravagance.  Si  jamais  vous  [Pro- 
vençaux] faites  les  fous,  je  ne  souhaite  pas  qu'on  vous 
envoie  des  Bretons  pourvous  corriger,  sÉv. 200.  ||  Être 
comme  un  fou,  avoir  pour  ainsi  dire  perdu  l'esprit 
par  quelque  émotion  morale.  Léontine  :  Il  avait  donc 
l'air  bien  satisfait?  —  Ophémon  :  Il  est  comme  un 
fou,  oENUs,  Théât.  d'édue.  l'Amant  anonyme,  iv,  5. 
Il  Fig.  La  folle  du  logis,  l'imagination.  (|  17°  Bouf- 
fon ,  en  parlant  des  bouffons  à  gages  qu'avaient 
autrefois  les  rois,  les  grands  seigneurs.  Son  fou  , 
nommé  le  glorieux,  qui  lui  avait  souvent  entendu 
parler  de  la  valeur  d'Annibal,  lui  criait  en  fuyant 
avec  lui  :  Monseigneur,  nous  voilà  bien  anniba- 
lés,  DucLos,  llist.  Louis  XI,  OKuv  t.  m,  p.  99,  dans 
pouGENS.  Le  fou  du  roi  était  toujours  de  la  na- 
tion, mais  le  docteur  était  arabe  ou  juif,  volt.  Dict. 
phil.  Roger  Bacon.  Oui,  noir  ou  blanc,  soyons  le 
fou  du  i-oi ,  BfiRANG.  Ad.  à  la  gloire.  ||  Faire  le 
fou,  faire  le  bouffon  en  société.  ||  Fête  des  fous,  farce 
bouffonne  et  indécente  qui  se  jouait  dans  diverses 
églises.  Il  18°  Nom  d'un  genre  d'oiseaux  palmipèdes 
dans  lequel  on  distingue  le  fou  blanc,  dit  aussi  gen- 
tilhomme, fou  de  Bassan  et  boubie  (Bassan  est  le 
nom  d'une  petite  île  du  golfe  d'Edimbourg  où  cet 
oiseau  est  très-commun),  leooabant.  Le  fou  est 
ainsi  nommé  parce  qu'il  se  pose  sans  précaution  sur 
les  navires  en  mer  et  même  sur  la  main  lorsqu'on 
l'avance.  |1  Buffon  l'a  employé  adjectivement.  C'est 
avec  les  cormorans  que  les  oiseaux  fous  ont  le  plus 
de  rapport  par  la  figure  et  l'organisation,  excepté 
qu'ils  n'ont  pas  le  bec  terminé  en  croc,  mais  en 
pointe  légèrement  courbée.  Ois.  t.  xvi,  p.  (30,  dans 
POUGENS.  Il  19°  Terme  de  jeux.  Fou  se  dit,  à  la  guim- 
barde, du  valef  de  carreau  qui  est  le  troisième  atout. 
Il  20°  Fou,  pièce  du  jeu  des  échecs,  voy.  fou  2. 
Il  Proverbes.  Cet  homme  est  fou,  ou  le  roi  n'est  pas 
noble.  Il  Plus  on  est  de  fous,  plus  on  rit.  ||  Bien  fou 
qui  s'oublie,  il  y  a  de  la  folie  à  ne  pas  songer  à  ses 
intérêts.  ||  X  folle  demande  point  de  réponse.  |{  Tête 
de  fou  ne  blanchit  pas,  se  dit  d'une  personne  qui, 
quoique  déjà  avancée  en  Spe,  ne  gri.sonne  pas,  parce 
qu'on  regardait  les  fous  comme  exempts  d'inquiétu- 
des et  ne  grisonnant  pas.  {|  Qui  fol  envoie  fol  attend, 
on  ne  peut  espérer  rien  de  bon  d'un  fou  que  l'on  a 
chargé  de  traiter  une  affaire.  ||  I.^s  fous  sont  plus 
utiles  aux  sages  que  les  sages  aux  fous.  |{  Les  fous 
inventent  les  modes,  et  les  sages  les  suivent.  ||  Les 
fous  font  les  fêtes,  et  les  sages  en  ont  le  plaisir.  ||  X 
la  presse  vont  les  fous,  c'est-n-dire  il  ne  faut  pas 
s'empres-çer  d'acheter  le  ;  marchandises,  tandis  que 
tout  le  monde  en  veut  avdir.  ||  Dieu  aide  à  trois  sor- 
tes de  personnes,  aux  fous,  aux  enfants  et  aux  ivro- 
gnes. Il  J'y  mettrais  ma  tête,  qui  est  la  gageure  d'un 
fou.  Il  Tous  les  fous  ne  portent  pas  des  marottes,  ou 
tous  les  fous  ne  sont  pas  aux  petites-maisons,  c'est- 
à-dire  il  y  a  bien  des  gens  qui  passent  pour  rai- 
sonnables et  qui  ne  le  sont  guère.  {|  X  chaque  fou  sa 
marotte.  ||  Il  y  a  plus  de  sages  que  de  fous. 

—  REM.l.  L'adjectifse  dit,  au  masculin, /'ou  devant 
une  consonne,  et  fol  devant  une  voyelle  ou  une  h 
muette  :  un  fol  amour;  un  fol  ennemi.  Mais,  quand 
le  mot  qui  suit  n'est  pas  le  substantif  de  fou,  on  dit 
aujourd'hui  fou  et  non  fol:  Fou  est  qui  s'y  fie.  Au- 
trefois on  disait  fol Le  temps  est  cher,  fol  est 

qui  ne  l'emploie,  hauteroche,  Nobles  de  Pror.  i,  8. 
On  pourrait  encore,  dans  les  vers,  se  servir  de  cet 
archaïsme.  ||  S.  Fou,   substantif,  placé  devant  une 


FOI]       . 

voyelle,  devenait  autrefois  fnl.  Je  dois  hii-n  moins 
en  prendre  [des  lois]  et  d'un  fol  et  d'un  fils,  Bon.. 
Venceslas,  i,  6.  Un  fol  allait  criant  par  tous  les  car- 
refours Qu'il  vendait  la  sagesse,  la  font.  Fabl.  il, ,. 
s.  Aujourd'hui,  excepté  peut-être  en  poésie,  cette' 
forme  n'est  plus  reçuî.  ||  3.  Bos.suet  a  dit  les  fols 
amateurs  :  ô  le  soin  inutile!  diront  les  fols  ama- 
teurs du  siècle,  Boss.  2°  panégyr.  .Si  Franc,  de 
Paule,  (.  n  e.st  certain  que  les  fous  amateurs  ne.  ■- 
rait  pas  aussi  bien  dit.  ||  4.  Fou,  adjectif  ma.scu- 
lin,  ne  se  met  guère  qu'après  son  substantif,  ex- 
cepté dans  :  un  fou  rire.  ||  5.  Fol ,  adjectif  masculin, 
n'a  plus  d'emploi  que  devant  son  substantif.  Mais 
autrefois  il  s'employait  dans  toutes  les  positions. 
Meilleur  est  l'enfant  pauvre  et  sage  que  le  roi  vieux  ' 
et  fol,  PASC.  Juif,  3( ,  édit.  fal'gèhe.  ||  6.  I.a  double 
forme  vient  de  l'ancien  français:  au  nominatif  It 
fols,  H  fos,  li  fox  [le  fou],  prononcé  li  fou,  et  au 
régime  le  fol. 

—  SYN.  1°  FOti,  INSENSÉ.  Lc  fou  est  celui  qui  a  perdu 
la  raison  ;  l'insensé  est  celui  qui  n'a  pas  de  sens. 
Aussi  peut-on  être  insensé  sans  être  fou,  l'absence 
du  sens  commun  n'étant  pas  la  même  chose  que  la 
perte  de  la  raison.  ||  2°  fou,  aliéné.  Fou  est  l'ex- 
pression générale  et  vulgaire;  aliéné  d'esprit,  et, 
par  abréviation ,  aliéné,  est  une  expression  médi- 
cale. 

— HIST.  XI*  s.  Laissun  les  fols,  as  sages  nous  te- 
nons, Ch.  de  Hol.  XV.  Respont  Rolanz  :  jà  fcreie  que 
folz,  ib.  lxxxi.  Il  xii*  s.  divers  oit  [ouït]  celle 
folle  raison,  flonc.  p.  B9.  Dont  parleront  et  li  fol  et 
li  sage,  ib.  p.  (82.  Mais  fol  désir  font  souvent  cuer 
penser  En  si  haut  lieu  qu'il  n'i  puet  avenir,  Couci, 
x.  Si  me  feroit  Amours  pour  fol  tenir,  ib.  xni.  Merci 
clamant  de  mon  fol  crrement,  [je]  Ferai  la  fin  de 
mes  chansons  oir,  ib.  xx.  Conseil  [il]  aura  creû 
moult  fol  et  enfantif,  Sax.  xxiv.  As  fous  et  as  fo- 
luns  i  out  plasible  lei  ;  Contredire  la  deit  chascun 
hum  qui  ad  fei,  77i.  le  mart.  63.  Fous,  fait  il,  tuz 
dis  fustes  et  estes  et  serez.  Quant  vus  l'espée  traite 
de  sur  le  roi  venez,  ib.  39.  De  fol  et  d'i^Te  se  doit 
l'en  bien  garder,  Bat.  d'Aleschans,  v,  4076.  |{  xiii*  s. 
Nature  vait  son  pareil  convoitant.  Tous  jors  vait  fol 
la  folie  querant,  Bibl.  des  ch.  *'  série,  t.  v,  p.  33. 
Kt  nous  fesimes  moût  que  fol  et  que  musart,  Jîcr/e,' 
XXII.  Je  seroie  moût  foie  de  celer  la  besoigne,  ib. 
cvi.  Moult  a  largece  pris  et  los;  Ele  a  les  sages  et 
les  fos  Outréement  à  son  bandon.  Car  el  savoit  fere 
biau  don,  la  Rote,  (  (  46.  Diex,  cum  menoient  bonne 
vie!  Fox  est  qui  n'a  de  tel  envie,  ib.  (304.  Corn 
maintes  femmes  par  le  mont  Qui  coraiges  remuans 
ont....  Tels  femmes  ont  non  faus-s'y-fie  ifou  s'y  fie], 
Bl.  et  Jeh.  22i(.  Le  commun  peuple  se  prist  aux  fol- 
les femmes,  dont  il  avint  que  le  roy  donna  congé  à 
tout  plein  de  ses  gens,  joinv.  2(7.  Bon  jomel  fait 
qui  de  fol  se  délivre,  ProK.  du  ri7atn,ms.de.St-Geim. 
f*74,  dans  lacurne.  Foux  est  qui  croit  sa  foie  pense 
[pensée],  Ben.  27783.  ||xiv'  s.  Celui  que  Arislote 
appelle  fort,  l'en  dit  en  françois  que  il  est  hardi,  et 
de  celui  qui  excède  en  oser,  l'en  dit  que  il  est  trop 
hardi  ou  foui  hardi,  oresme.  Eth.  a(.  Le  foui  large 
qui  a  prodigalité,  il  superhabunde  en  donne,  et  en 
despendre,  id.  ib.  48.  Lors  s'esforcza  le  cry  moult 
grant  :  Alons  louz  d'un  assentcment  Assaillir  ce  foui 
de  Montfort,  le  LitTe  de  Jean  de  Bretagne,  (098.  Se 
aucune  foie  justice  [mauvais  jugement!  estoit  qui 
lessast  l'un  aller  hors  de  prison  et  retenist  l'autre... 
Ord.  des  mis  de  Fr.  1.  i,  p.  (94.  |i  xv  s.  Avec  les 
folz  il  faut  foUer,  coodillArt,  Simple  el  rusée.  Par 
faulte  de  saige  maistre,  on  assiot  le  fol  à  la  chaize, 
Pcreeforest,  t.  v,  f"  (6.  Il  convient  le  fol  foloier  ;  Et 
puis  compère  il  [il  paye]  sa  folie,  Quant  on  le  fait 
comme  fo  loier  [lier],  eust.  descii.  Poésies  mst. 
f"  24S,  dans  lacurne.  ||  xvi»  s.  J'ay  souvent  ouy  en 
proverbe  vulgaire  qu'un  fol  enseigne  bien  ung  sage, 
BAR.  ui,  37.  Si  j'eusse  esté  si  fol  de  rompre  ce  train... 
mont.  I,  (97.  Le  fol  du  duc  de  Florence,  in.  i,  251. 
Si  ce  n'estoit  la  contenance  d'un  fol  de  parler  seul, 
ID.  1,270.  La  folle  despense  des  deniers  communs, 
AMTOT,  Caton,  7.  Fol  devise,  et  Dieu  départ.  De  ce 
que  fol  pense,  souvent  en  demeure.  Il  n'est  au  monde 
si  grand  dommage  que  seigneur  à  fol  courage.  U 
n'est  pas  sage  qui  n'a  peur  d'un  fol,  n.  est.  Pré' 
cell.  du  long.  fr.  p.  (64.  Folz  sont  sages  quand  ils 
se  taisent,   cotgrave.    Fol  de  Souloigne  [."Pologne] 

i  celui  qui  s'abuse  à  son  profit],  oodin,  Curios.fr. 
i  la  barbe  du  fol  aprend  on  à  raire  [raserl,  génin, 
Bécréalions,  t.  11,  p.  233.  Ne  joue  point  au  fol  :  en- 
dure ce  qu'il  dict  ou  faict,  m.  ib.  p.  24B.  Au  ris  le 
fol  est  conpneu,  in.  ib  p.  23B.  Qui  de  tout  est  mol, 
de  tout  est  fol  [(îéder  sur  tout  est  foliel,iD.  t6.p.248. 
Un  fo!  faict  plus  de  questions  qu'un  saige  ne  donna 
de  raisons,  id.  ib.  p.  26(.  Fol  est  qui  se  coupe  de 


FOU 

son  propre  cousteau,  leboux  de  uncy,  Proi.  t.  i, 
p.  -237.  Kol  promettant,  nuée  non  pleuvant,  ID.  ib. 
Un  fol  a  fait  voeu  de  ne  laisser  en  paix  un  feu,  id. 

ib.  p.  244. 

—  ÉTYM.  BourguiR.  fo;  prov.  fol,  folh;  anc.  cat. 
foll;  anc.  espagn.  fol;  ital.  folle;  bas-bret. /oW  ; 
gallois,  fôl;  bas-latin,  follis  (dans  un  texte  du  ix' 
siècle,  voy.  du  Cange  :  IHe  more  gallico  sanctum 
senem  increpitans  follem)  ;  du  latin  follis,  soufflet, 
ballon,  le  fou  étant  comparé  à  un  b»llon,  à  une  ves- 
lio  gonflée.  D'ailleurs  fol  se  trouve  aussi  au  sens  de 
wufflet  :  xin*  siècle  :  Li  fous  à  fevre  [soufflet  de  for- 
geron] huit  deniers;  et  li  doi  foel  à  fevre,  46  de- 
niers, TAiLLiAR,  Recueil,  p.  26. 

2,  FOU  {!"ou),y.  m.  Pièces  du  jeu  d'échecs,  dont 
l'une  se  place  à  côté  du  roi  et  l'autre  à  côté  de  la 
reine,  et  qui  peuvent  parcourir  tout  l'échiquier  en 
diagonale,  c'est-à-dire  en  conservant  toujours  leur 
couleur.  Le  fou  blanc,  celui  qui  est  sur  les  cases 
blanches;  le  fou  noir,  celui  qui  est  sur  les  cases 
noires.  Le  fou  du  roi,  celui  qui  est  placé  à  côté  du 
roi  ;  le  fou  de  la  reine,  celui  qui  est  placé  à  côté  de 
la  reine.  ||  Par  un  jeu  de  mots  sur  le  fou  extravagant 
et  le  fou  des  échecs.  Elle  [la  fortune]  avance  un  cha- 
cun sans  raison  et  sans  choix  ;  Les  fous  sont  aux 
échecs  les  plus  proches  des  rois,  Régnier,  Sat.  xiv. 

—  ÉTYM.  Anc.  franc,  aujin  (on  trouve  aussi  dau- 
phin: XIV'  s.  Comn;ent  les  dauphins  doivent  traire, 
j.  DE  viGNAY,  Esches  moralises,  f"  2)  ;  espagn.  ai/il, 
arfil  ;  portug.  alfil  ;  ital.  alfido  ;  de  l'arabe  al,  le, 
et  fil,  élép'nant;  parce  que,  dans  l'ancien  jeu,  le 
fou  était  représenté  par  un  éléphant.  On  aura  dit  fil; 
quant  au  changement  de  il  en  ou,  voy.  fougère, 
de  fiUx.  C'est  l'opinion  de  du  Cange  et  de  Scheler. 
Mais  elle  n'est  pas  sûre,  à  cause  qu'elle  ne  rend 
pas  compte  de  la  disparition  de  la  syllabe  al;  il  est 
possible  que  le  nom  du  fou  de  cour  ait  été  donné 
au  fou  des  échecs  alors  que  les  noms  des  pièces 
changèrent,  par  exemple  le  roc  en  la  lour. 

t  3.  FOU  (fou),  s.  m.  Vieux  nom  du  hêtre. 

—  HIST.  XIII"  s.  Seignor,  se  mon  conseil  créez.  En 
huimès  le  leron  [nous  le  laisserons]  pendant  À  cest 
fou  qui  est  bel  et  grant,  Ren.  7084. 

—  ËTYM.  Bourg,  et  norm.  fau  ;  Berry,  fau,  fou  ; 
Ju  lat.  faqus,  hêtre;  grec,  çrivàç;  allem.  Ruche. 

FOUACE  (fou-a-s'),  s.  f.  Sorte  de  pain  fait  de 
fleur  de  farine,  en  forme  de  galette,  cuit  sous  la 
cendre  ordinairement.  ||  Fig.  Rendre  pain  pour 
fouace,  se  venger  d'une  légère  offense  par  une  plus 
grande.  Rendant  tèves  pour  pois  et  pain  blanc  pour 
fouace,  LA  FONT,  faiseur. 

—  HIST.  XIV*  s.  Panes  albos,  gallice  youaces  nun- 
r.upatos,  DU  cange,  fouhacea.  \\  xv"  s.  Le  suppliant 
print  une  pouche,  où  il  avoit  sept  pains  appeliez 
louasses,  m.  ih.  \\  xvi"  s.  Notez  que  c'est  viande  ce- 
leste,  manger  à  desjeuner  raisins  avec  fouaces  fraî- 
ches, hABEL.  I,  25. 

—  ÉTYM.  Bourg,  foisse,  fouaisse;  génev.  figdce  ; 
prov.  fogassa,  foyuassa;  espagn.  ho(/«za;  portug. 
fogaça;  ital.  focaccia;  du  bas-lat.  focacius,  cuit  au 
foyer,  de  focus,  foyer  (voy.  feu). 

t  FODACIER  (fou-a-sié),  s.  m.  Celui  qui  fait  ou 
vend  des  fouaces. 

FOUACE  (fou-a-j'),  s.  m.  Redevance  féodale  exi- 
gée pour  chaque  feu  sur  les  biens  roturiers. 

—  IIIST.  xiv  s.  Car  s'il  eussent  esté  sage,  Il  fus- 
sent quittes  du  fouage  Dont  li  rois  chascun  an  les 
plume,  du  cangr,  foagium.  ||  xv  s.  Pour  ce  souloit 
il  estre  apelé  fouage,  car  ceus  le  paient  principale- 
ment qui  tienent  feu  et  lieu,  id.  th. 

—  ÉTYM.  Prov.  fogalge,  foguatge;  espagn.  fogage; 
du  bas-latin  focaticum,  de  focus,  foyer  (voy.  feu). 

FOUAILLE  (fou-â-ll,  Il  mouillées,  et  non  fou- 
â-ye),  s.  f.  Terme  de  chasse.  Part  qu'on  fait,  aux 
chiens,  d'un  sanglier,  après  qu'on  l'a  pris;  c'est  ce 
qu'on  appelle  curée,  en  parlant  du  cerf. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  depuis  eust  fait  le  fouel  dudit 
sangler,  et  fait  corner  et  huer,  et  lessié  aller  les 
diz  chiens  pour  venir  au  fouel  pour  avoir  leurs  droiz, 
DU  cange,  foagium.  ||  xv  s.  Et  devez  savoir  que  le 
fouail  doit-on  appeler  de  sanglier,  ainsi  que  on  doit 
appeler  curée,  de  cerf,  Gaston  de  foix,  Jfiroir  de  la 
chasse,  p.  39. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  focale,  foyer,  de  focus,  foyer 
(voy.  feu)  ,  parce  que  la  fouaille  ou  le  fouail  se  fai- 
sait sur  le  feu. 

FOUAILLE,  ÉE  (fou-â-llé,  liée,  Il  mouillées), 
part,  fasse.  Ce  sont  les  grimaces  d'un  singe  mé- 
chant qui,  fouaille  rigoureusement,  aiïecte  encore  de 
rire,  nAcnAUMONT,  Mém.  secrets,  t.  xxxv,  p.  loo. 

FOUAILLER  (fou-â-llé,  Il  mouillées,  et  non  fou- 
û-yé),  v.a.  \\  1°  Frapper  souvent  avec  le  fouet.  Ce 
cociiorne  fait  que  fouailler  ses  chevaux.  |{  2°  Fami- 

DICT.    UE    LA    LANGUE    VIUNÇAISE. 


FOU 

lièrement.  Corriger  des  enfants  indociles.  Fouailloz- 
moi  ce  petit  drôle.  ||  3°  Terme  militaire.  Détruire  par 
l'artillerie. 

—  ÉTYM.  .Même  radical  que  dans  fouel,  avec  la 
finale  fréquentative  ailler,  comme  dans  criailler 
(voy.  fourt). 

t  FOUARRE  (foua-r') ,  s.  m.  Le  même  que  foarre. 
L'université  avait  autrefois  ses  écoles  des  deux  côtés 
de  cette  rue  ;  elle  prit  le  nom  de  rue  du  Fouarre 
(vieux  mot  qui  signifiait  de  la  paille),  de  la  grande 
consommation  qu'en  faisaient  les  écoliers  ;  ils  n'é- 
taient assis  dans  les  clas-ses  que  sur  la  paille, 
saint-foix,  Ess.  Paris,  OEuvres,  t.  m,  p.  <27,  dans 

POUOENS. 

—  ÉTYM.  Voy.  FOARRE. 

t  FOUCADE  (fou-ka-d'),    s.  f.  Voy.  fougade. 
t  FOUCAULT  (fou-kô),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  petite  bécassine. 

—  ÉTYM.  L'orthographe  ne  devrait-elle  pas  être 
foulqueau ."  car  ce  paraît  être  un  diminutif  de  foul- 
que, du  latin  fulica. 

t.  FOUDRE  (fou-dr'),  s.  m.  etf.  ||f  Sorte  de  trait 
enflammé  qui  vient  le  plus  souvent  des  nuées,  que 
l'on  croyait  venir  du  ciel,  et  qu'accompagne  une 
violente  détonation.  Être  frappé  de  la  foudre. 
L'éclat  de  la  foudre.  La  foudre  peut  brûler  les  ha- 
bits et  les  cheveux  d'une  personne  sans  lui  faire 
aucun  mal,  rohault,  Physique,  dans  richelet. 
J'entends  gronder  la  foudre,  et  sens  trembler  la 
terre,  rac.  Iph.  v,  4.  La  vérité  qu'ils  ont  craint  de 
voir  fait  leur  supplice....  elle  est  comme  la  foudre  : 
sans  rien  détruire  au  dehors,  elle  pénètre  jusqu'au 
fond  des  entrailles,  fên.  Tél.  xviii.  Sur  un  autel 
sanglant  l'afl'reux  bûcher  s'allume  ;  La  foudre  dé- 
vorante aussitôt  le  consume,  J.  b.  houss.  Cantate, 
Circé.  La  foudre  étincelante  éclate  dans  les  nues, 
volt.  Henr.  i.  C'est  la  foudre  à  la  main  qu'ils  [les 
dieux]  m'ont  donné  ma  grâce,  m.  Sémir.  m,  ). 
Il  Que  la  foudre  m'écrase,  sorte  d'imprécation  par 
laquelle  on  affirme  ou  nie.  Que  la  foudre  m'écrase 
tout  à  l'heure,  si....  mol.  G.  Dand.  m,  13.  ||  Fou- 
dre, au  propre,  est,  dans  le  langage  ordinaire, 
du  féminin ,  mais  le  langage  élevé  et  la  poésie 
peuvent  le  faire  masculin.  Tout  chargé  de  lau- 
riers, craignez  encor  le  foudre,  corn.  Cid,  ii,  i. 
César  à  cet  aspect  comme  frappé  du  foudre....  iD. 
Pomp.  iii,  I.  Le  foudre,  ce  vengeur  des  querelles 
des  cieux....  roth.  Bélis.  iv,  8.  Anastase  mourut 
frappé  du  foudre,  boss.  Hist.  i,  H.  Un  foudre  qu'il 
[Jupiter]  n'envoie  qu'après  en  avoir  délibéré  avec 
quelques  dieux,  et  qui  intimide  les  méchants,  dider. 
Opin.  des  anc.  phil.  {Romains).  ||  On  le  craint,  il 
est  craint  comme  la  foudre,  se  dit  d'un  homme 
très-redouté.  ||  Comme  la  foudre,  avec  la  rapidité 
de  la  foudre,  avec  une  violence,  une  rapidité  irré- 
sistible. S'élancer  avec  la  rapidité  de  la  foudre.  Ce 
cheval  va  comme  la  foudre.  ||  On  dit  dans  le  même 
sens  :  aussi  prompt ,  aussi  rapide  que  la  foudre. 
I! Au  masculin,  en  ce  sens,  dans  la  poésie  et  le 
style  élevé.  Tu  passes  comme  un  foudre  en  la 
terre  flamande,  malh.  ii,  b.  Il  [M.  le  prince]  tomba 
comme  un  foudre  au  milieu  de  tous  ces  quartiers, 
RETZ,  IV,  <07.  Le  bruit  court  que  le  roi  va  tout  ré- 
duire en  poudre,  Et  dans  Valencienne  est  entré 
comme  un  foudre,  boil.  Ép.  vi.  ||  2°  Aujourd'hui, 
ensemble  des  phénomènes  que  produit  l'électricité 
atmosphérique  lorsqu'elle  se  combine  par  étincelle 
avec  celle  de  la  terre  ou  d'un  autre  nuage;  écou- 
lement subit  à  travers  l'air,  sous  la  forme  d'un 
grand  sillon  lumineux  ,  de  l'électricité  dont  un 
nuage  est  chargé.  ||  Foudre  descendante,  celle  qui, 
partant  du  nuage,  va  frapper  la  terre.  Foudre 
ascendante,  celle  qui  s'élève  du  sein  de  la  terre. 
Il  La  foudre  est  tombée,  expression  qui  a  été  for- 
mée dans  un  temps  où  l'on  supposait  que  la  foudre 
frappait  toujours  de  haut  en  bas,  tandis  qu'elle  agit 
en  tout  sens,  absolument  comme  l'étincelle  élec- 
trique,dont  elle  ne  difi'ère  que  par  sa  masse,  legoa- 
BANT.  Il  3"  Coup  de  foudre,  atteinte  infligée  par  la 
foudre.  Ce  philosophe  comme  frappé  d'un  coup  de 
foudre,  fén.  Tél.  xviii.  ||  Fig.  Événement  désastreux 
qui  atterre,  qui  déconcerte,  qui  cause  une  peine 
extrême.  Ce  propos  fut  à  la  pauvre  Constance  Un 
coup  de  foudre....  la  font.  Court.  La  nouvelle  de  la 
maladie  de  la  duche.ssede  Bourbon  vint  à  Chantilly 
comme  un  coup  de  foudre,  boss.  ioui's  de  Rourbon. 
Quel  coup  de  foudre,  0  ciel  I  et  quel  funeste  avis  ! 
RAC.  Phèd.  IV,  B.  Cette  séparation  fut  un  coup  de 
foudre  pour  moi,  fén.  Tél.  ii.  ||  Fig.  Condamnation 
infligée  par  une  autorité  supérieure.  C'est  une  ex- 
trême folie  de  dire  que  les  commandements  de  Dieu 
nous  sont  impossibles....  aussi  tous  ceux  qui  l'ont 
assuré  ont  senti  justement  ce  coup  de  foudre,  boss. 


FOD 


17/(5 


1"  sermon,  dim.  de  la  Passwn,  <.\\i°  Pierre  da 
foudre  ou  carreau,  pierre  qui  pas.sait  dans  l'opinion 
vulgaire  pour  être  tombée  du  ciel  avec  la  foudre  ; 
c'est  un  aérolilhe.  Et  quand  il  [le  lingot  d'argent 
doré]  est  bien  net,  on  le  brunit  avec  une  pierre  de 
foudre  montée  au  milieu  d'un  morceau  de  bois.... 
Dict.  des  arts  et  met.  Tireur  d'or.  ||  6"  Sorte  de 
dani  enflammé  qui,  suivant  les  idées  religieuses 
des  Grecs  et  des  Latins,  était  l'arme  de  Jupiter; 
suivant  Virgile,  il  était  formé  de  trois  rayons  dt 
grêle,  trois  de  pluie,  trois  de  feu  et  trois  de  vent. 
Trois  fois  le  roi  desdieux  lui  lança  un  triple  foudre 
de  grêle.d'eau  et  de  feu,  bern.  de  st-p.  l'Arcadie,  ii. 
Il  Terme  de  peinture  et  de  sculpture.  Représentation 
de  la  foudre  qu'on  donne  pour  attribut  à  Jupiter, 
et  qui  consiste  en  une  sorte  de  grand  fuseau,  du 
milieu  duquel  sortent  plusieurs  dards  en  zigzag. 
Un  aigle  tenant  un  foudre  dans  ses  serres.  Un  foudre 
ailé.  Allons  fouler  aux  pieds  ce  foudre  ridicule  Dont 
arme  un  bois  pourri  ce  peuple  trop  crédule,  corn. 
Pohj.  n,  6.  Les  voleurs  te  pillent  [Jupiter]  tous  les 
jours  impunément....  à  Olympie,  pendant  la  solen- 
nité des  jeux,  ils  ont  coupé  l'or  de  ta  chevelure.... 
qu'il  faisait  beau  voir  alors  Jupiter,  avec  un  foudre 
de  quinze  pieds  à  la  main,  qui  se  laissait  tondre  par 
des  brigands!  d'abi.anc.  Lucien,  Timon.  ||  Iji  ces 
deux  sens,  foudre  est  toujours  masculin.  ||  6°  Terme 
de  blason.  Meuble  de  l'écu  fait  en  manière  de  fais- 
ceau de  flammes  montantes  et  desceiidanies,  avec 
quatre  dards  en  sautoir.  ||  7"  La  colère,  la  vengeance 
divine.  Les  prières  ferventes  apaisent  Dieu  et  lui  font 
tomber  la  foudre  des  mains,  Dict.  de  l'Acad.  Il  de- 
vrait lancer  des  foudres  pour  venger  sa  gloire,  mass. 
Carême,  Comm.  indignes.  ||  Au  masculin.  Quels  fou- 
dres lancez-vous  quand  vous  vous  irritez.  Si  même 
vos  faveurs  ont  tant  de  cruautés?  corn.  //or.  m,  t. 
Si  Dieu  punit  l'erreur,  Vois  quel  foudre  il  prépare 
aux  artisans  des  crimes,  volt.  Fanât.  v..i.  Moitié 
chère  et  sacrée,  et  de  qui  les  vertus  Ont  arrêté  sur 
moi  les  foudres  suspendus,  id.  Olymp.  iv,  B.  ||  Il  se 
dit,  en  un  sens  analogue,  du  courroux  des  souve- 
rains. Le  prince  est  en  colère,  la  foudre  est  près  de 
tomber.  ||  8°  Poétiquement  et  au  masculin.  Catastio- 
phe,  destruction.  Que  le  courroux  du  ciel  alluma 
par  mes  voeux  Fasse  pleuvoir  sur  elle  [Rome]  un 
déluge  de  feux  !  Puissé-je  de  mes  yeux  y  voir  tom- 
ber ce  foudrol  corn.  Ilor.  iv,  5.  Ahl  mon  prince, 
ah!  madame,  il  vaut  mieux  vous  résoudre  Parun 
heureux  hymen  à  dissiper  ce  foudre,  in.  Iléracl.  i 
4.  Il  II  se  dit  aussi  en  ce  sens  au  féminin.  Quand 
tout  cédait  à  Louis  et  que  nous  crûmes  voir  re- 
venir le  temps  des  miracles,  où  les  murailles 
tombaient  au  bruit  des  trompettes,  tous  les  peu- 
ples jetaient  les  yeux  sur  la  reine,  et  croyaient 
voir  partir  de  son  oratoire  la  foudre  qui  accablait 
tant  de  vifles,  boss.  Mar.-Thér.  ||  9°  Au  fém.  et 
au  masc.  Les  foudres  de  l'Église,  les  foudres  de 
Rome,  les  foudres  du  Vatican,  les  foudres  de  l'ex- 
communication, les  foudres  des  censures  ecclésias- 
tiques, les  sentences  d'excommunication.  Il  a  été 
frappé  des  foudres  de  l'Église,  patru,  Plaidoyer 
28,  dans  richelet.  Allez  vaincre  l'Espagne  etsongez 
qu'un  grand  homme  Nedoit  point  redouter  les  vains 
foudres  de  Home,  volt.  Ilenr.  m.  \\iO' Au  fém.  et  au 
masc.  Les  foudres  de  l'éloquence,  les  grands  mou- 
vements par  lesquels  l'orateur  confond  ses  adver- 
saires. [La  journée]  Où  le  prophète  Desmarets. 
Armé  de  cette  même  foudre  Qui  mit  le  Port-roya] 
en  poudre.  Va  me  percer  de  mille  traits,  boil.  Évtg 
VIII.  H  Un  foudre  d'éloquence,  un  grand  orateur,  un 
orateur  qui  subjugue  son  auditoire.  !|  11°  Au  masc.  et 
au  fém.  L'artillerie,  les  canons,  les  mines.  Ce  corps 
pâle  et  sanglant  auprès  duquel  fume  encore  la  foudre 
qui  l'a  frappé,  fléch.  Turenne.  Vauhan,  sur  un  rem- 
part, un  compas  à  la  main.  Rit  du  bruit  impuissant 
de  cent  foudres  d'airain,  volt.  Ilenr.  vu.  Protège 
les  vaincus,  commande  à  nos  vainqueurs,  Éteins 
entre  leurs  mains  leurs  foudres  destructeurs,  id. 
Ali.  I,  4.  Avec  plus  d'art  encore  et  plus  de  barbarie, 
Dans  des  antres  profonds  on  a  su  renfermer  Des 
foudres  souterrains  tout  prêts  à  s'allumer,  m.  Ilenr. 
VI.  Il  Les  foudres  da  la  guerre,  les  canons,  l'artille- 
rie. Il  Aumasculin.  La  g:uerre,  son  appareil.  Il  con- 
vient aux  rois  de  choisir  des  hommes  puissants 
pour  porter  leur  foudre  dam  la  conduite  de  la 
guerre,  flp.ch.  le  Tellier.  L'air  était  calme  et  du 
dieu  dé  la  guerre  Elle  jla  paix]  étoufl'ait  les  foudres 
assoupis,  bérang.  Ste  Alliance.  Puis,  quand  ce  trône 
[celui  de  Charles  X]  ose  brandir  son  foudre,  De  vieux 
fusils  l'abattent  en  trois  jours,  id.  Adieu  chansons. 
Il  Foudre  de  guerre,  grand  foudre  de  guerre,  un  con- 
quérant, un  grand  général,  un  guerrier  qui  fait  trem- 
bler ses  ennemis,  un  homme  vaillant.  Là  se  perdent 

I.  —  '213 


1746 


FOtl 


ces  noms  do  maîtres  delà  teiro,  D'arbitres  de  la  pai  x , 
de  foudres  de  la  guerre,  malh,  l,  3.  Un  homme  qui 
se  ûit  un  grand  foudre  de  guerre,  cobn.  le  Ment,  m, 
5.  Je  suis  donc  un  foudre  de  guerre?  la  font.  Fabl. 
II  <4.  Mais  notre  marquis,  mon  Dieu,  quel  homme  I 
nous  croirez-vous  une  autre  fois?  quand  vous  vou- 
liez tirer  des  conséquences  de  toutes  ses  frayeurs 
enfantines,  nous  vous  disions  que  ce  serait  un  fou- 
dre de  guerre,  et  c'en  est  im,  et  c'est  vous  qui  l'a- 
vez fait,  SÉV.  548.  La  fortune  à  nos  yeux  fit  monter 
sur  son  char  Sylla,  deux  Marins,  et  Pompée  et  Cé- 
sar; Elle  a  précipité  ces  foudres  de  la  guerre,  volt. 
Triumv.  ii,  2.  {|  Absolument.  Et  souffre  que  je  baise 
en  ce  foudre  vivant  La  gloire  de  l'empire  et  l'hon- 
neur du  Levant,  roth.  Bélis.  m,  a.  Ce  foudre 
[Alexandre]  était  encore  enfermé  dans  la  nue,  bac. 
Alex.  I,  ï.  Il  12°  Aumascul.  Coquille  du  genre  volute. 

—  SYN.  FOUDRE,  TONNERRE.  La  foudre  est  le  feu 
électrique  que  Isuice  la  décharge.  Le  tonnerre  est  le 
bruit  qui  accompagne  cette  décharge.  On  entend 
un  coup  de  tonnerre  ;  on  est  frappé  d'un  coup  de 
foudre.  Mais  par  extension  tonnerre  peut  se  prendre 
pour  foudre  :  le  tonnerre  est  tombé  sur  la  maison. 

—  HIST.  XI*  s.  Chéent  i  fuldres  et  menut  et  sou- 
vent, Ch.  de  Roi.  cul.  ||xii*  s.  Ses  darz  ad  tiait,  e 
departid  ad  les  bons  des  mais;  fuildre  mustrad,  Rots, 
p.  Î07.  Il  xm*  s.  Descend!  uns  orages  de  devers  Oci- 
dent,  En  l'ost  aus  Sarasinschel  hideusement;  Moult 
en  furent  li  nos  [les  nôtres]  en  grant  effréement.  Et  li 
Sarrasin  plus  où  li  fodres  descent,  Ch.  d'Ant.  vu, 
664.  [Le  feu  grégeois]  faisoit  tel  bruit  qu'il  serabloit 
que  ce  fust  fouldre  qui  cheust  du  ciel,  joinv.  p.  39, 
dans  DU  cange.  ||  xv*  s.  Si  je  n'eusse  esté  si  hastif  De 
mettre  le  feu  en  la  pouldre,  J'eusse  destruitet  mis 
en  foudre  Tant  quanque  avoit  de  damoiselles,  Vil- 
lon, Arch.  de  Bagnolet.  ||xvi's.Il  tonnoit,  ilesclai- 
roit  en  harenguant,  et  il  portoit  sur  sa  langue  une 
fouldre  terrible,  amïot,  Péric.  <3.  Ptolomseus,  ce- 
luy  qui  fut  surnommé  la  foudre,  ID.  Pyrrh.  48.  Nous 
te  vismes  dedans  nos  fauxbourgs,  avec  son  armée, 
:omme  un  foudre  de  guerre,  qui  devança  nos  pen- 
sées et  les  vostres,  Sat.lf ^n.  p.  < 5 1 .  Le  seul  homme 
ne  meurt  point  s'il  ne  tombe  sur  la  partie  frappée 
du  foudre,  ou  s'il  n'est  tourné  par  force  du  costé 
d'où  la  foudre  vient,  paré,  ix,  Préf.  Le  tonnerre 
ordinairement  n'a  qu'un  coup,  qu'une  foudre  et  ne 
frappe  qu'un  homme  à  la  fois,  id.  ib.  [Ils]  guerpi- 
rent  le  fort,  fuyans  comme  fouldre,  Hist.  du  chev. 
Bayard,  p.  J28,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM,  Provenç.  foldre,  folxer;  ital.  fôlgore;  du 
lat.  fulgur,  la  foudre,  du  même  radical  que  fulgere, 
briller,  grec  çXéyu,  sanscr.  bhraj,  briller,  brûler. 

3.  FOUDRE  (fou-dr'),  s.  m.  Grand  tonneau  conte- 
nant plusieurs  muids  de  liquide.  Un  foudre  dé  vin. 

—  ËTYM.  AUem.  Fuder,  tonneau. 
FOUDROIEMENT   (fou-<lroî-man),  s.  m.  Action 

de  foudroyer.  Le  foudroiement  des  géants. 

—  HIST.  XVI»  s.  Foudroyement,  oudin.  Dût. 

—  ÉTYM-  i^oudroyer. 

FOUDROYANT,  ANTE  (fou-dro-ian,  ian-t';  d'au- 
tres disent  fou-droi-ian,  ian-t'),  adj.  \\  1°  Qui  fou- 
droie. Minerve  :  Qu'y  a-t-il?  dis-le  hardiment,  il  n'y 
a  ici  que  tes  amis. — Ah  !  mon  foudroyant  tonnerre, 
vain  épouvantail  de  chfenevière,  d'arlanc.  Lucien, 
Jupiter  te  Iragiqu^.  Dans  ces  antres  fameux  où  Vul- 
cain  nuit  et  jour  Forge  de  Jupiter  les  foudroyantes 
armes,  J.  B.  rouss.  les  Forges  de  Lemnos.  \\  i°  Kig. 
Qui  frappe  avec  la  rapidité  de  la  foudre.  Épée  fou- 
droyante. Il  Apoplexie  foudroyante,  apoplexie  qui 
cause  une  prompte  mort.  ||  3°  Qui  exprime  une  vive 
indignation,  une  terrible  colore.  11  lui  écrivit  une 
lettre  foudroyante.  Ces  foudroyants  regards,  ces  ac- 
cablants reproches,  th.  cobn.  Ariane,  iv,  5.  ||  4°  Qui 
terrifie,  qui  interdit  et  confond.  Nouvelle  fou- 
droyante. Il  lui  fit  une  réponse  foudroyante.  Devant 
cet  arrêt  foudroyant  l'abbé  Raynal  s'est  mis  à  cou- 
vert et  hors  de  France,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de 
Prusse,  3  mars  178».  ||  6°  S.  f.  Foudroyante,  espèce 
lie  fusée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Après  avoir  encores  essaie  quel- 
ques navires  foudroians,  que  ceux  du  port  laissèrent 
passer,  enfin  le  23*  de  juillet  ils  entrèrent  en  un 
traité....  d'aub.  Hist.  ii,  4-82. 

FOUDROYÉ,  ÊE  (fou-dro-ié,  iée;  d'autres  di- 
sent fou-droi-ié,  iée),  part,  passé.  Frappé  de  la  fou- 
dre. Le  clocher  foudroyé  durant  l'orage.  ||  Par 
extension ,  frappé  par  l'artillerie.  Besançon  fume 
encor  sur  son  roc  foudroyé,  boil.  Art  p.  iv.  Les 
Russes  n'eurent  pas  le  temps  de  se  reconnaître  au 
milieu  de  ce  nuage  de  neige  qui  leur  donnait  au 
visage,  foudroyés  par  les  canons  qu'ils  ne  voyaient 
pas,  et  n'imaginant  point  quel  petit  nombre  ils 
avaient  à  combattre,  volt.  Ilist.  Russ.  i,  II.  ||  Kig. 


FOU 

Détiuit  comme  par  la  foudre.  Après  avoir  vu  mon 
fils  assassiné.  Mes  plaisirs  foudroyés,  mon  espoir 
ruiné,  cobn.  Illus,  com.  v,  B.  ||  Fig.  Frappé  par  des 
sentences,  par  des  reproches.  Une  usure  affreuse 
sans  cesse  foudroyée  et  toujours  renaissante,  mon- 

TKSQ.   Esp.  XXII,  'H. 

FOUDROYER  (fou-dro-ié;  d'autres  disent  fou- 
droi-ié),  je  foudroyais,  nous  foudroyions,  vous  fou- 
droyiez; que  je  foudroie,  que  nous  foudroyions,, 
que  vous  foudroyiez  ;  pour  le  reste,  l'y  se  change 
en  t  devant  l'e  muet),  v.  a.  ||  1*  Frapper  de  la 
foudre.  Aprjg  que,  dans  l'ardeur  d'une  juste  ven- 
geance. Son  bras  [de  Jupiter]  eut  des  Titans  fou- 
droyé l'insolence,  brébeuf,  Pharsale,  i.  Il  [Or- 
phée] fut  foudroyé  par  Jupiter,  comme  la  plupart 
des  héros  des  temps  fabuleux,  dider.  Opin.  des 
anc.  phil.  (Grecs).  Quant  à  Jupin,  je  viens  d'ap- 
prendre Qu'il  a  foudroyé  deux  pigeons,  bérang. 
Bluets.  Il  Que  le  ciel  me  foudroie,  sorte  d'affirmation, 
de  serment  dans  le  style  élevé.  Je  vous  aime,  Emilie, 
et  le  ciel  me  foudroie  Si  cette  passion  ne  fait  toute 
ma  joie,  corn.  Cinno,  m,  4.  Mais  que  plutôt  le  ciel 
à  tes  yeux  me  foudroie  Qu'à  des  pensers  si  bas  je 
puisse  consentir,  m.  Poly.  m,  b.  ||  2°  Battre,  ren- 
verser à  coups  de  czmon.  Foudroyer  une  ville,  un 
bastion.  ||  Frapper  avec  une  arme  à  feu  quelconque. 
Au  bord  de  quelque  bois  sur  un  arbre  je  grimpe,  Et, 
nouveau  Jupiter,  du  haut  de  cet  olympe.  Je  fou- 
droie à  discrétion  Un  lapin  qui  n'y  pensait  guère, 
LA  font.  Fabl.%,  15.  Inutilement  on  les  foudroyait 
du  haut  du  parapet,  sans  qu'ils  pu.ssent  se  défen- 
dre, RAYNAL,  Hist.  phil.  XVI,  21.  IIS"  Frapper,  ren- 
verser comme  avec  la  foudre.  Quand  mon  bras  de 
Milan  foudroyait  les  murailles,  cobn.  Perthar.  i,  4. 
Du  creux  de  leur  tombeau  sortira  cette  voix  qui 
foudroie  toutes  les  grandeurs  :  vous  êtes  devenu 
semblable  à  nous,  Boss.  Duch.  d'Orl.  On  sait  que 
Louis  foudroie  les  villes  plutôt  qu'il  ne  les  assiège, 
et  tout  est  ouvert  à  sa  puissance,  id.  Mar.-Tbér. 
D'une  main  il  foudroyait  les  Amalécites,  fléch. 
Tur.  Bruxelle  attend  le  coup  qui  la  doit  foudroyer, 
boil.  Lutr.  IV.  C'est  lui  [MardochéeJ  qui,  devant 
moi  refusant  de  ployer.  Les  [les  Juifs]  a  livrés  au 
bras  qui  les  va  foudroyer,  rac.  Eslh.  ii,  ).  Mahomet 
vous  protège;  et  son  juste  courroux,  Prêt  atout 
foudroyer,  peut  s'arrêter  par  vous,  volt.  Fanât,  iv, 
6.  Il  4"  Fig.  Interdire,  étonner  comme  avec  la  fou- 
dre. Ah  1  sire,  répondit  Mme  de  Maintenon,  elle  se- 
rait foudroyée  d'un  seul  de  vos  regards,  genlis, 
Mme  de  Maintenon,  t.  ii,  p.  2I7,  dans  pougens. 
1!  5°  Terrasser,  confondre.  C'est  l'anathcme  dont  il 
fiit  foudroyé,  patru.  Plaidoyer  8,  dans  hichelet. 
La  Rappinière  fut  foudroyé  de  ce  discours,  à  quoi 
il  ne  s'attendait  pas,  scarr.  Rom.  com.  ii,  (6.  C'était 
là  que  Dieu  l'attendait  pour  foudroyer  son  orgueil, 
BOSS.  Hist.n,  t.  Il  Combattre  avec  véhémence,  frapper 
de  réprobation.  C'est  là  [dans  ses  Essais]  qu'il 
[Montaigne]  foudroie  l'impiété  horrible  de  ceux  qui 
osent  dire  que  Dieu  n'est  point,  pasg.  Entretien 
avec  Saci.  L'Église  ne  foudroie  pas  toujours  les  er- 
reurs naissantes,  boss.  Variât.  (5.  Il  y  a  mille 
choses  que  le  prédicateur  foudroie  tous  les  jours  en 
chaire,  mass.  Mystères,  Yisit.  Je  pouvais  suivre 
mon  ancienne  maxime,  d'honorer  l'auteur  titulaire 
et  de  foudroyer  l'ouvrage,  j.  3.  rouss.  Conf.  xii. 
Il  6°  V.  n.  Se  dit  de  la  foudre  qui  éclate.  Ô  toi  [Ju- 
piter] qui  grêles,  qui  tonnes  et  qui  foudroies  sur  les 
impies,  d'ablanb.  Lucien,  Timon.  ||  Absolument.  Tu 
jettes  leur  orgueil  et  leur  nom  [des  méchants]  dans 
la  poudre,  Et  ton  doigt  les  éteint  comme  il  éteint 
la  foudre  Quand  elle  a  foudroyé,  lamart.  llarm.  iv, 
12.  Il  Fig.  Éclater  en  reproches.  D'abord  de  part  et 
d'autre  on  vous  attend  sans  bruit  ;  Un  jour  se  passe, 
deux,  trois,  quatre,  cinq,  six,  huit;  Enfin,  n'espé- 
rant plus,  on  éclate,  on  foudroie,  corn.  Suite  du 
Ment,  i,  t.  Il  Fig.  Avoir  l'éclat  et  la  force  de  la  fou- 
dre, en  parlant  d'un  orateur,  d'un  poète.  C'est  le 
foudre  qui  a  tiré  le  monde  de  sa  léthargie  i  ce  n'é- 
tait pas  Luther  qui  parlait,  c'était  Dieu  qui  foudroyait 
par  sa  bouche  [discours  des  protestants],  boss. 
Var.  I,  §  6.  Au  milieu  de  leur  plus  grande  violence 
[Pindare  et  Sophocle], durant  qu'ils  tonnent  et  qu'ils 
foudroient,  pour  ainsi  dire,  souvent  leur  ardeur 
vient  mal  à  propos  à  s'éteindre,  et  ils  tombent 
malheureusement,  boil.  Longin,  Sublime,  xxvii. 
Il  7*  Terme  de  métier.  On  dit  que  la  cuve  foudroie 
lorsque  la  violence  des  matières  mises  en  fermen- 
tation cause  des  accidents,  comme  dans  la  prépara- 
tion de  l'indigo, 

—  HIST.  XII*  s.  La  splendur  de  la  tue  fuildrante 
hanste,  Liber  psalm.  p.  2*o.  ||  xiii*  s.  Foudroie  es- 
clarcissement  [coruscationem] ,  et  les  départiras; 
mot  hors  tes  sajeles,  et  si  las  troblcras.   Psautier, 


FOU 

f°  173.  Li  dioi  cuideroicnt,  espoir,  Que  j'assaillisH) 
paradis,  Cum  firent  les  geans  jadis  :  S'en  ^«urroie 

estre  foldriez,  la  Rose,  644» Qui  se  vint  gucr- 

roier  Mes  anemis  et  fouldroier.  Pour  leur  très  grani 
orgueil  abatre,  J.  de  meung,  Tr.  779.  ||  xv  s.  Et  en 
cheminant  et  allant,  ils  [les  serfs  révoltés]  abattoienl 
et  fûudroy.oient,  ainsi  que  unetempeste,  maisons  de 
avocats  et  de  procureurs  de  la  cour  du  roi  et  de 
l'archevesque,  froiss.  ii,  ii,  io8.  Tempest  du  ciel, 
toute  maie  aventure  Descende  là,  tant  que  tout  m 
foudroie,  eust.  desch.  Poésies  mss.  f"  208,  dans  la- 
curne. Il  xvi*  s.  Dieu  nous  tient  là  enserrez,  comme 
s'il  devoit  foudroyer  sur  nos  testes,  calv.  Instit.  4)6. 
Le  dixseptiesme  jour,  après  avoir  foudroie  deux 
heures,  pendant  que  les  armées  se  mettoient  en 
bataille,  tout  donne  à  l'assaut  d'un  temps,  d'aub. 
Hist.  il,  203.  Hz  marchèrent  droit  à  luy  d'une  grande 
fureur,  comme  si  d'arrivée  ilz  eussent  deu  foudroyer 
tout,  amyot,  Marcell.  7. 

—  ÉTYM.  Foudre  <. 

t  FOUDROYEUH  (fou-dro-ieur),  s.  m.  Celui  qui 
foudroie. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Beaux  yeux  foudroyeurs  qui  dar- 
dent Mille  vifs  esclairs  qui  m'ardent,  g.  duband, 
à  la  suite  de  bonnefons,  p.  93,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Foudroyer. 

FOUÉE  (fou-ée),«. /■.  ||  lâchasse  aux  petits  oi- 
seaux qui  se  fait  la  nuit  à  la  clarté  du  feu  le  long 
des  haies.  ||  2°  Feu  qu'on  allume  dans  un  four  pour 
le  chauffer.  ||  3°  Fagot.  Pour  le  fngot  ou  fouée  [prise 
dans  les  forêts],  vingt  sols  [d'amende],  Ordonn.  des 
eaux  et  forêts,  titre  xxxii,  3. 

—  HIST.  XIV*  s.  Deux  ba.stons  de  courte  fouée  [fa- 
got], ainsi  comme  seroient  deux  bastons  de  costerés 
[ootterets],  nu  cange,  foagium.  ||  xvi*  s.  Icelluy 
prendeur  aura  chacun  an  pour  sa  fouée  [provision 
de  bois  à  brûler]  ung  journal  de  bos,  prins  au  1  os 
des  fossez,  id.  ib. 

—  ÊTYM.  Bas-Iat.  focata,  ce  qui  tient  au  foyer, 
de  focus,  foyer  (voy.  feu).  En  Normandie,  une 
bonne  fouée,  une  bonne  flambée. 

i .  FOUET  (fouc,  comme  on  le  voit  par  ces  vers  : 
Un  laquais  manquc-t-il  à  rendre  un  verre  net.  Con- 
damnez-le à  l'amende,  et,  s'il  le  casse,  au  fouet, 
RAC.  Plaid.  II ,  )3;  quelques-uns  prononcent /oi; 
maiscette  prononciation  est  mauvaise  et  doit  être  évi- 
tée, d'autant  plus  qu'elle  confond  fouet  avec  foi; 
le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  ordinaire  ;  au 
pluriel,  Vs  se  lie  :  les  fouè-z  ensanglantés  ;  fouets 
rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.), f.  m.  ||  l"  Longue 
cordelette  de  cuir  ou  de  chanvre  fixée  au  bout  d'ua 
manche,  dont  on  se  sert  pour  conduire  et  exciter  les 
chevaux.  Le  fouet  d'un  postillon.  Allonger  un  coup  de 
fouet.  Faire  claquer  son  fouet.  Les  Scythes,  faisant  ré- 
flexion que  c'était  faire  trop  d'honneur  à  leurs  escla- 
ves que  de  les  traiter  comme  des  soldats  (se  battre 
contre  eux],  marchèrent  contre  eux  le  fouet  à  la  main 
pour  les  faire  ressouvenir  de  leur  condition,  rollin, 
Hist.  anc.  OEuv.  t.  m,  p.  75,  dans  pouoens.  I|  Fig. 
Faire  claquer  son  fouet,  exagérer  son  importance. 
Et  je  faisais  claquer  mon  fouet  tout  comme  un  autre, 
RAC.  Plaid.  I,  I.  Il  Fig.  et  familièrement.  Donner  un 
coup  de  fouet,  menacer,  presser,  obliger  quelqu'un 
de  faire  promptement  ce  qu'on  exige  de  lui.  ||  Coup 
de  fouet,  impulsion,  excitation.  Cette  affaire  ne 
marche  pas  ;  elle  a  besoin  d'un  coup  de  fouet.  ||  Le 
coup  de  fouet,  ce  qui  fait  valoir  une  chose.  Lisez, 
ce  n'est  pas  mal,  le  coup  de  fouet  s'y  trouve.  ||  Coup 
de  fouet,  insulte.  Il  [le  cardinal  de  Bouillon]  ve- 
nait d'éprouver  un  coup  de  fouet  plus  personnel, 
mais  qui  lui  fut  peut-être  moins  sensible,  ST-s». 
78,  3.  Il  Terme  de  pathologie  et  de  vétérinaire. 
Coup  de  fouet,  voy.  coup  n°  t.  ||  8°  Instrument 
de  supplice  autrefois  usité.  Los  fouets  grossis  de 
nœuds  et  tout  hérissés  de  pointes,  dont  leurs  bras 
sont  armés,  bourdal.  Exhort.  sur  la  flag.  de  J.-C. 
t.  II,  p.  90.  La  loi  veut  qu'expirant  par  degré  Vous 
tombiez  sous  les  fouets  sanglant  et  déchiré,  le- 
oonvÊ,  Épich.  et  Néron,  v,  ».  ||  3°  Fouet  d'armes, 
arme  offensive  usitée  dans  le  moyen  Age.  ||  4°  Coups 
de  verge  dont  on  ch&tie  les  enfants.  Ou  je  vais  lui 
donner  le  fouet  tout  devant  vous,  mol.  Mélic.  u. 
).  Il  faut  premièrement  que  vous  ayez  le  fouet 
pour  avoir  menti,  in.  Mal.  im.  ii,  1 1 .  ||  Châtiment 
usité  autrefois  dans  les  collèges  de  l'université.  Il 
retourna  en  classe,  on  lui  donna  le  fouet  quelque- 
fois, et  il  n'en  fut  pas  plus  sarant,  volt.  Dict. 
phil.  Ignace  de  Loyola.  ||  Fig.  Ou  il  vous  prend 
Macrobe  et  lui  donne  le  fouet,  régnier,  Sat.  l. 
Il  5°  Coups  de  verge  dont  la  justice  faisait  châtier  eu 
France  et  fait  encore  châtier  en  certains  pays  quel- 
ques délinquants  ou  criminels.  Il  n'y  avait  pas  seule- 
ment assez  d'indices  pour  faire  donner  le  louel  à  un 


POU 

crochetaur,  rew,  nt,  49.  ||  Il  a  eu  le  fouet  sous  la  cus- 
tode, se  disait  d'un  criminel  à  qui  la  justice  avait 
fait  donner  le  fouet  dans  la  prison.  ||  Fig.  Donner  le 
fouet  sous  la  custode,  réprimander  en  secret.  ||  Fig. 
Il  se  dit  de  toute  punition  morale  infligée  à  un  vice, 
à  un  travers.  Le  fouet  de  la  satire.  Le  fouet  du  ridi- 
cule. Il  6°  Lanière  de  cuir  qui,  attachée  au  bout  d'un 
manche,  sert  à  frapper  un  sabot,  ce  qui  le  fait  tour- 
ner. Il  7°  Ficelle  tordue  très-serré  et  par  là  même 
très-solide,  que  les  cochers  et  les  charretiers  mettent 
i     d'ordinaire    au   bout   de   leur  fouet.  Cela  est  fort 
I      comme  du  fouet.  ||  Nom  de  ficelles  employées  dans 
•     la  reliure  (voy.  fouetter,  n°  8).  ||  Terme  de  marine. 
I     Bout  de  cordage  qu'on  détord  pour  le  tresser.  Fouet 
;     de  mât,  mâture  haute  etgrêle.  ||  8°  Le  fouetde  l'aile, 
I     le  bout  de  l'aile  des  oiseaux.  Le  fouet  de  l'aile  est 
d'un  bleu  foncé  et  rembruni  dans  le  mâle,  et  d'un 
brun  verdâtre  dans   la   femelle,  buff.  Ois.  t.  vu, 
p.    <22,  dans  POUGENS.  Il  Chez  certains  mammi- 
fères, les  poils  longs  ou  en  touffe  qui  garnissent 
le  bout  de  la  queue.  Le  fouet  de  la  queue  est  d'un 
poil  brun  approchant    du  noir ,   buff.  Hermine. 
119°  Coulant  qui  sort  du  collet  de  certaines  plantes, 
etqui^ert  aies  multiplier.  ||  Fouet  de  Neptune, nom 
donné  par  les  marins  à  plusieurs  espèces  de  fucus 
et  de  laminaires.  ||  10°  Terme  d'artillerie.  Tirdeplein 
fouet,  tir  horizontal.  ||  Proverbe.  La  corde  et  le  fouet 
en  sont  dehors,  c'est-à-dire  cela  ne  mérite  ni  la  corde 
ni  le  fouet  ;  on  le  dit  pour  excuser  une  faute  légère. 

—  HIST.  xiv  s.  Un  fouet  d'yvoire,  à  trois  pom- 
meaux d'or,  esmaillés  des  armes  de  la  royne  Jeanne 
de  Bourbon,  à  quatre  chaiennes  d'or,  de  labobde, 
Émaux,  p.  32<.  Il XV' s.  Pour  six  grans  fouez  de 
nerfs  de  beuf,  garniz  de  grosses  sonnettes,  délivrés 
aux  variés  et  gens  de  la  chambre  d'icelle  dame  [la 
royne]  pour  chasser  les  chiens,  ID.  ib.  Une  espée  d'ar- 
mes, garnie  de  fouet  blanc,  et  au  pommeau  a  une 
Nostre  Dame  d'un  costé  et  ung  souleil  de  l'autre 
nommée  l'espée  de  victoire,  id.  ib.  p.  482.  Et,  qui  pis 
est,  lui  ont  tiré  les  membres,  lié  et  serré  à  force  le 
frontdecordesde  fouet  nouées,  Ordonn.  noct.  i486. 
Il  XVI'  s.  Crassus  lui  fait  donner  le  fouet,  mont,  i, 
60.  La  peine  du  fouet  infâme,  loysel,  835.  L'artille- 
rie que  nous  avons  spécifiée  avoit  le  fouet  pendu  au 
collier  pour  aller  trouver  le  duc  de  Nevers....  d'aub. 
Hist.  m,  1 68.  Lorsque  tel  excès  se  fait  [rupture  du 
tendon  d'Achille],  on  oit  un  bruit  en  ceste  partie, 
comme  d'un  coup  de  fouet,  paré,  viii,  37. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  foi;  Hainaut,  fouet, faisceau 
débranches;  milanais,  foett;  catal.  fuet,  fouet. 
Huet  l'a  tiré  de  fou  (voy.  fou  3),  hêtre  ,  comme 
qui  dirait  petite  branche  de  hêtre,  et  Diez  l'approuve. 
Pourtant  il  est  probable  que  c'est  le  masculin  de 
fouée  qui  signifie  aussi  faisceau  de  branches  et  fa- 
got {voy.  fooée).  Cette  étymologie  trouve  un  ap- 
pui dans  fouet  2. 

f  2.  FODET  (fouè),  s.  m.  Ouvrier  verrier  qui  ar- 
range les  objets  dans  les  fourneaux. 

—  ÉTYM.  Mottiié,  comme  fouée,  dulat.  /bc«s,foyer. 
t  FODETTABLE    (fouè-ta-bl') ,   adj.    Qui   mérite 

d'être  fouetté. 

—  HIST.  xvi*  s.  Fouettable,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Fouetter. 

t  FOUETTADE  (fouè-ta-d') ,  s.  f  Volée  de  coups 
de  fouet. 

—  HIST.  XVI'  s.  Fouettade,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Fouetter. 

t  FOUETTAGE  (fouè-ta-j'),î.  m.  Terme  devétéri- 
naire.  Procédé  de  castration  au  moyen  d'une  cor- 
delette ou  fouet  noué  autour  des  bourses  au-dessus 
des  testicules. 

—  ÉTYM.  Fouetter. 

FOUETTÉ, ÉE  (fouè-té, tée), part,  possède  fouet- 
ter. Il  l°Qui  a  reçu  des  coups  de  fouet.  Les  chevaux 
fouettés  par  le  cocher.  Considérez  ce  grand  homme 
[saint  Paul)  fouetté  à  Philippes  par  la  main  du  bour- 
reau, pour  y  avoir  prêché  Jésus-Christ,  Boss.  Panég. 
saint  Paul,  2.  ||  2°  Qui  reçoit  des  coups  comparés 
à  ceux  d'un  fouet.  La  mer  fouettée  par  les  vents. 
Crème  fouettée.  ||  Fig.  Crème  fouettée,  ouvrage  bril- 
lant, mais  peu  solide.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
Ce  n'est  que  crème  fouettée,  que  de  la  crème  fouet- 
tée. Il  Ce  pays,  ce  canton  a  été  fouetté  du  mauvais 
vent,  le  vent  y  a  gâté  les  fruits.  {|  3°  En  parlant  des 
fleurs  et  des  fruits,  tacheté  de  petites  raies.  Pêche 
fouettée.  La  raquette  chargée  de  fleurs  jaunes  fouet- 
tées de  rouge,  bern.  de  st-pierre,  Paul  et  Yirg. 

t  FOUETTE-CDL  (fouè-te-ku),  s.  m.  Celui  qui 
donnait  le  fouet  dans  les  collèges.  ||  Au  plur.  Dos 
fouette-culs. 

—  HIST.  XVI'  s.  Grossier  foite-cul  de  grammaire 
latine,  des  accords,  Bijarr.  p.  136,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM   Fouetter,  et  cul. 


FOU 

t  FOUETTEMENT  (fouè-te-man),ï.  m.  Action  de 
fouetter.  ||  Se  dit  aussi  de  la  pluie,  de  la  neige,  etc. 
qui  fouette.  Le  fouettement  de  la  pluie  contre  les 
vitres. 

—  HIST.  XVI'  s.  [En  carême]  cafards  alors  sorten  t 
en  place,  cagots  tiennent  leurs  grands  jours,  forces 
sessions,  stations,  perdonnances,  syntereses,  con- 
fe.ssions,  fouettemens,  anathematizations,  rab.  t.  v, 

p.  146,  dans  LACURNE. 

—  ÊTYM.  Fouetter. 

t  FOUETTE-MERLE  (fouè-te-mèr-l'J,  s.  m.  Voy. 

F0UETTE0X. 

t  FOUETTE-QUEUE  (fouè-te-keue),  s.  m.  Genre 
de  reptiles  sauriens.  ||i4«piur.  Des  fouette-queues. 

FOUETTER  (fouè-té;  quelques-uns  disent  foi-té; 
mais  cette  prononciation  n'est  pas  bonne),  v.  a. 
Il  1'  Frapper  du  fouet.  Fouetter  les  chevaux ,  les 
chiens.  Fouetter  un  sabot.  ||  Et  puis  fouette  cocher! 
se  dit,  en  plaisantant,  pour  exprimer  la  départ  ra- 
pide d'une  voiture.  Nous  montâmes  en  voiture,  et 
puis  fouette  cocher  I  ||  Fig.  Il  se  dit  pour  signifier 
qu'on  se  lance  dans  quelque  entreprise.  Fouette,  co- 
cher I  dit  la  sagesse.  Et  me  voilà  sur  le  chemin,  bé- 
RANO.  Adieux  à  des  amis.  \\  2°  Donner  le  fouet  soit 
avec  un  fouet,  soit  avec  des  verges.  On  fouettait  au- 
trefois certains  condamnés.  Tu  n'étais  pas  plus  em- 
porté quand  tu  faisais  fouetter  la  mer;  en  vérité,  tu 
méritais  bien  d'être  fouetté  toi-même  pour  cette  ex- 
travagance, FÉN.  Dial.  des  morts  anc.  Xercès,  Léoni- 
das.  La  patience  et  la  fermeté  des  jeunes  Lacédémo- 
niens  éclataient  surtout  dans  une  fête  qu'on  célébrait 
en  l'honneur  de  Diane  surnommée  Orthia,  où  les  en- 
fants, sous  les  yeux  de  leurs  parents,  et  en  présence 
de  toute  la  ville,  se  laissaient  fouetter  jusqu'au  sang 
sur  l'autel  de  cette  inhumaine  déesse,  rollin,  Hist. 
anc.  OKu».  t.  u,  p.  626,  dans  pougkns.  Vous  seriez 
cause  qu'on  me  fouetterait  jusqu'au  sang,  destou- 
ches, Fausse  Agn.  m,  4.  Je  regarde  le  désaveu  fait 
par  cette  malheureuse,  avantd'être  fouettée  et  mar- 
quée, comme  une  espèce  de  testament  de  mort, 
VOLT.  Mt.  Marin,  27  mars  (773.  ||  Familièrement. 
Il  n'y  a  pas  là  de  quoi  fouetter  un  chat,  un  page, 
c'est  une  bagatelle,  une  faute  légère.  Il  n'y  avait 
pas  certainement  de  quoi  fouetter  un  page,  volt. 
Lett.à  la  duch.d'Enville,  26  nov.  <774.  Raton  n'a 
rien  à  craindre  pour  ses  pattes,  et  il  n'y  a  pas  de 
quoi  fouetter  un  chat  dans  la  petite  espièglerie  qu'il 
vient  de  faire,  d'alemb.  Lelt.  à  Voltaire,  *  fÊv.  (773. 
Il  Fig.  Avoir  bien  d'autres  chiens  à  fouetter,  avoir 
bien  d'autres  affaires  en  tête.  ||  Fig.  Donner  des  ver- 
ges pour  se  faire  fouetter,  pour  se  fouetter,  fournir 
des  armes  contre  soi-même.  ||  3'  Fig.  Frapper  par  la 
satire.  Je  veux,  de  vos  pareils  ennemi  sans  retour. 
Fouetter  d'un  vers  sanglant  ces  grands  hommes  d'un 
jour,  gilb.  Apolog.  \]  4°  Fouetter  des  œufs,  de  la 
crème,  les  battre  avec  des  verges  pour  les  faire 
mousser.  Il  Fig.  Fouetter  le  sang,  exciter  l'impa- 
tience, l'irritation.  Pour  tirer  parti  des  gens  de  ce 
caractère,  il  ne  faut  qu'un  peu  leur  fouetter  le  sang; 
c'est  ce  que  les  femmes  entendent  si  bien,  beau- 
MARCH.  Mar.  de  Fig.  ii,  2.  ||  Fouetter  le  sang,  se  dit 
aussi  pour  faire  circuler  le  sang.  Faites  une  bonne 
promenade,  cela  fouette  le  sang.  ||  6°  Frapper,  cin- 
gler à  la  manière  d'un  fouet.  Les  hirondelles,  ra- 
sant l'eau,  la  fouettaient  de  leurs  ailes.  La  pluie  me 
fouette  le  visage.  Quand  mes  cheveux  fouettaient  mon 
front,  que  les  torrents....  lamart.  Joc.  li,  67.  ||  6°  Lan- 
cer comme  avec  un  fouet.  La  tourmente  leur  fouette 
au  visage  la  neige  du  ciel  et  celle  qu'elle  enlève  à  la 
terre;  elle  semble  vouloir  avec  acharnement  s'oppo- 
ser à  leur  marche, SÉGUH,  Hiit.de  Nap.ix,  14.  ||  Ter- 
me de  marine.  Les  voiles  fouettent  les  mâts,  lors- 
que, le  vent  ne  les  tenant  pas  assez  tendues,  elles 
frappent  avec  violence  contre  les  mâts  par  l'effet  du 
roulis  et  du  tangage.  ||  Terme  de  guerre.  Se  dit  du 
canon  qui  bat  sans  obstacle  un  endroit.  La  hauteur 
des  bords  du  Rhin,  très-supérieure  à  l'autre  côté, 
aurait  donné  aux  batteries  des  ennemis  la  facilité  de 
rompre  le  pont,  sous  l'armée  à  demi  passée,  de 
fouetter  l'autre  rivage,  et  d'y  démonter  les  batteries 
que  nous  y  aurions  faites,  st-sim.  29,  86.  {|  Il  s'em- 
ploie neutralement.  La  pluie  fouettait  contre  la  fe- 
nêtre. Il  acheva  de  se  désespérer.  Lorsque  la  neige, 
en  lui  donnant  aux  joues,  Vint  à  flocons,  et  le  vent 
qui  fouettait,  la  font.  Orais.  |[Se  dit  du  canon.  Le 
canon  fouettait  sur  tout  le  penchant  du  coteau. 
Il  T  Fouetter  les  cocons,  l'une  des  opérations  de 
l'art  de  tirer  la  soie.  ||  8°  Terme  de  relieur.  Serrer 
le  volume,  couvert  avec  des  ficelles  appelées  fouet, 
entre  deux  ais,  afin  de  bien  marquer  les  nerfs. 
Il  9°  Terme  de  vétérinaire.  Lier  fortement  le  scro- 
tum au-dessus  des  testicules  pour  rendre  l'animal 
incapable  de  reproduction.  ||  10'  Terme  de  marine. 


FOU 


1747 


Tourner  un  fouet  sur  un  cordage  tendu  de  manière 
à  l'empêcher  do  mollir.  ||  11°  Fig.  et  familièrement. 
Fouetter  un  verre  de  vin,  l'avaler  d'un  trait.  ||  12"  Se 
fouetter,  v.  réfl.  Se  donner  à  soi-même  des  coups 
de  fouet.  Le  premier  fou  qui  sa  fouetta  publique- 
ment pour  apaiser  les  dieux,  na  fut-il  pas  l'origine' 
des  prêtres  de  la  déesse  de  Syrie,  qui  se  fouettaient 
en  son  honneur?  volt.  Dict.  phil.  Austiritit.  jj  Se 
donner  réciproquement  des  coups  de  fouet. 

—  HIST.  XVI'  s.  Sage  et  divin  refrain  qui  fouette 
la  plus  commune  erreur  des  hommes,  mont,  iv,  46. 
11  n'est  pas  fouetté  qui  veut  :  car  qui  peut  payer  en 
argent,  ne  paie  en  son  corps,  loïsel,  836.  Fouet- 
ter en  chien  enfermé  [fouetter  cruellement],  des 
ACCORDS,  Escr.  dijonn.  p.  36,  dans  lacuhne.  Ainsi, 
mon  ami,  fouette  moi  ce  voirre  [avale  ce  verre  de 
vin],  RAB.  Garg.  i,  5. 

—  ÉTYM.  Fouet  <. 

FOUETTEUR,  EUSE  (fouè-teur,  teû-z' ;  et  non 
foi-teur,  teil-z'),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui 
fouette.  Il  Adj.  Le  frère  fouetteur  celui  qui,  dans  les 
anciens  collèges  ecclésiastiques,  donnait  le  fouet 
aux  écoliers. 

—  ÉTYM.  Fouetter. 

t  FOUETTEUX  (fouè-telj),  s.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  de  l'émerillon  {faucon  esalon) ,  dit  aussi 
fouette-merle  (ou  p(ur.  des  fouette-merles),  ainsi 
dit  parce  qu'il  fouette,  poursuit  les  merles. 

—  ÉTYM.  Fouetter. 

fFOUGADE  (fou-ga-d'),  s.  f.  ||  1'  Ancien  syno- 
nyme, aujourd'hui  inusité,  de  fougasse.  ||  2"  Terme 
populaire.  Mouvement  impétueux  et  désordonné.  Il 
travaille  par  fougades.  ||  On  dit  aussi  foucade. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  père  avoit  dressé  une  foucade, 
de  laquelle  pensant  empoigner  son  fils,  il  y  fit  sauter 
trente-six  des  siens,  d'aub.  Hist.  i,  232.  Fougade, 
coup  de  tête,  cotgrave.  Quand  le  grand  Thimotée, 
de  sa  main  fusiUarde,  Pinçoltoit  un  assaut  sur  sa 
harpe  nazarde.  Il  mettoit  en  foucade  Alexandre  le 
Grand,  auffray,  Zoanlhropie  tragi-corn.  p.  20,  dans 

POUGENS. 

—  ÉTYM.  Fougade  a  signifié  une  mine,  et,  par 
une  métaphore  aisée  à  saisir,  un  coup  de  tête;  c'est 
par  le  radical  le  même  mot  que  fougasse, 

FOUGASSE  (fou-ga-s'),  s.  f.  \\  1°  Te^me  de  guerre. 
Espèce  de  mii.e  qui  n'est  qu'un  petit  fourneau  en 
forme  de  puits,  large  de  deux  à  trois  mètres,  et 
profond  de  trois  à  quatre,  qu'on  charge  de  barils  de 
poudre  ou  de  sacs  à  poudre,  et  qu'on  fait  jouer  par 
le  moyen  d'une  saucisse.  ||  2°  Fig.  Coup  da  tête, 
incartade.  L'abbé  de  Maulevrier  était  un  homme 
pétulant  et  dangereux,  qui  ne  pardonnait  point  et 
capable  de  toute  espèce  da  fougasse,  st-sim.  281,  69. 

—  ÉTYM.  Ces  mots  fougasse,  fougade,  foucade, 
tiennent  au  latin  focus,  foyer,  feu.  La  liaison  de 
forme  est  fournie  par  fougon  (voy.  ca  mot). 

t  FOUGE  (fou-j'),  s.  f.  Terme  de  vénerie.  Ce  que 
le  sanglier  lève  pour  sa  nourriture  en  fouillant  dans 
la  terre  avec  son  boutoir. 

—  ÉTYM.  Voy.  FOUGER. 

FOUGER  (fou-jé.  Le  g  prend  une  e  devant  a  et  o  : 
le  sanglier  fougeait),  v.  n.  Terme  de  chassa.  Creuser 
et  fouiller  le  sol  avec  le  boutoir,  se  dit  du  sanglier 
et  du  porc. 

—  HIST.  xvi*  s.  Si  pourceaux  sont  trouvez  fou- 
geans  en  estangs  vuydes,  et  sont  prins  à  bandon.... 
Coust.  génér.  t.  i,  p.  885. 

—  ÉTYM.  Lat.  fodicare,  fouiller,  dérivé  de  fodere, 
fouir. 

t  FOUGERAIE  (fou-je-rê) ,  s.  f  Lieu  planté  de 
fougères. 

—  HIST.  XVI'  s.  Fougeraye,  cotgrave. 
FOUGÈRE  (fou-jè-r') ,s.f.\\l°  Famille  de  plantes 

qui  croit  dans  les  bois  et  dans  les  landes.  Danser 
sur  la  fougère.  En  coupant  de  biais  la  tige  de  la 
fougère  [pleris  aquilina),  on  y  distingue  la  figure 
d'une  double  aigle,  telle  quelle  est  dans  les  armes 
de  l'empire  d'Allemagne.  ||  Fougère  commune,  fou- 
gère ordinaire,  ou  simplement  fougère,  la  ptéride 
aquiline,  la  plus  répandue  en  Europe  de  toutes 
les  espèces  de  la  famille  des  fougères.  ||  Fougère 
mâle,  fougère  femelle,  deux  espèces  mises  par 
Linné  au  genre  polypode;  aujourd'hui  elles  appar- 
tiennent à  des  genres  nouveaux,  Polystichum  plix 
mas,  Athyrium  filix  fœmina,  DC.  ||  Huila  do  fou- 
gère, nom  impropre  donné  à  une  matière  grasse 
fouriîie  par  le  rhizome  et  les  bourgeons  de  la  fou- 
gère. Il  2°  Poétiquement.  Verre  à  boire,  ainsi  dit  parce 
que,  avant  qu'on  eût,  pour  la  fabrication  du  verre, 
reconnu  la  supériorité  da  la  soude,  on  y  employait 
la  potasse  extraite  des  cendres  de  la  fougère  ou  de 
tout  autre  végétal.  On  sent  la  vapeur  légère  Déjà 
de  maint  vin  nouveau.  Qui,  tout  sortant  du  ber- 


1 7/(8 


FOU 


FOU 


FOU 


ceau,  Pelille  dans  la  fougfcre  Et  menaco  le  cerveau, 
OWAUl.  au  duc  de  Nevers.  ||  Boileau  ne  s'est  pas 
rendu  compte  du  sens  propre  en  disant  :  tenir  un 
verre  devin  qui  rit  dans  la  fougère  ,  puis(iu'cn  cet 
emploi  fougère  est  synonyn^e  de  verre  à  boire,  et 
que,  si  rerredevin  est  pour  verrée,  tenir  va  mal  : 
Elle  voit  le  Larbier  qui  d'une  main  légère  Tient  un 
verre  de  vin  qui  rit  dans  la  fougère,  Lulr.  m. 

—  HiST.  XIII'  s.  Ne  voit  l'en  comment  de  fogiere 
Font  cil  [les  alchimistes]  et  cendre  et  voirre  nestre, 
la  Itose,  (6298.  Il  xv  s.  N'y  estoient  trouvez  que 
beaulx  verres  et  esguieres  de  verre  et  feugiere,  J. 
DE  TROYE,  Chron.  (478.  Ung  homme  povre  et  mi- 
sérable.... N'a  vaillant  que  ung  lict,  une  table,  Ung 
banc,  ung  pot,  une  salière,  Cinq  ou  six  voirres  de 
feuchiere,  Une  marmite  à  cuirs  poys,  coquillabt, 
Droits  nouveaux.  \\  xvi"  s.  Faire  du  pain  de  glands, 
racine  de  feugere  et  dent  de  chien,  paiié,  xxiv,  4. 
Fougère  vient  en  terre  sablonneuse,  toutcsfois  hu- 
mide ;  il  y  a  masle  et  femele,  o.  de  serres,  6I3. 

—  ÉTYM.  Wall.  fècMre,  fichi;  namur.  fèchére; 
Hainaut,  fletière;  champ,  feuchiere;  du  lat.  filix, 
fougère,  développé  à  l'aide  d'un  suffixe  en  une 
forme  non  latine,  fUicaria.  Il  semble  que  filix  |ieut 
se  rattacher  à  filum,  fil,  et  a  rapport  à  la  nature  fi- 
breuse de  ces  plantes. 

t  FOCGF.ROLE  (fou-je-ro-l'),  s.  f.  Petite  fougère. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de /oMsèrc. 

FOUGON  (fou-gon),  s.  m.  Terme  de  la  marine  de 
la  Méditerranée.  Le  foyer  ou  la  cuisine  du  vaisseau. 

—  IIIST.  xvi"  s.  Vint  au  fougon,  et  là  prist  un 
tison  de  feu,  et  descend  en  bas  de  la  chambre  de  la 
munition,  et  mit  le  feu  dans  les  poudres,  si  bien 
qu'en  se  perdant  il  perdit  et  la  galère  et  tout  ce  qui 
esloit  dedans,  brant.  Cap.  fr.  t.  ii,  p.  389,  dans 

LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Prov.  fougon;  espagn.  fogon  ;  ital.  focone; 
bas-lat.  fnco,  foconis;  du  lat.  focux,  foyer  (voy.  feu). 

I.  FOUGUE  (fou-gh'),s.  f.  Il   1°  Mouvement  impé- 
tueux, violent,  ordinairement  avec  emportement  et 
colère.  Être  en  fougue.  Kntrer  en  fougue.  Croyez- 
moi,   modérez  vos  fougues  ordinaires.  Ou  vous  ris- 
quez souvent  de  gâter  vos  atîaires,  bbueys,  Impa- 
tient, V,  8.  Le  général  [Lalli]  s'était  attiré,  par  ses 
fougues   indiscrètes  et  par  ses  reproches  injustes, 
une  accusation  si  cruelle  [de  vol  et  de  sacrilégej, 
VOLT.  Polit,  et  Ugisl.  Proc.  de  Lalli.  Sa  fougue  est 
passagère,  elle  éclate  à  grand  bruit;  Un  instant  la 
fait  naître,  un  instant  la  détruit,  lu.  Irène,  il,  t. 
Quand  les  intervalles  de  ses  fougues  permettaient  de 
lui  parler,  il  nous  écoutait  quelquefois  assez  docile- 
ment, j.  j.  Rouss.  Conf.  VI.  Il  Fig.  11  faudrait  avoir 
un  peu  plus  de  fermeté  et  savoir  résistera  la  première 
fougue  des  critiques  qui  fait  du  bruit  les  premiers 
jours  et  qui  se  tait  à  la  longue,  volt.  Lett.  Damila- 
ville,  26  janv.  <762.  ||  2°  Il  se  dit  aussi  des  animaux. 
On  le  louait  d'être  vaillant  pour  avoir  mis  une  fois 
son  cheval  en  fougue,  Balzac,  le  Prince,  ch.  B.  Leur 
fougue  impétueuse  [des  coursiers]  enfin  se  ralentit, 
RAC.  Phèdre,  v,  6.    |{  3°  Impétuosité  naturelle.  Un 
cheval  qui  a  trop  de  fougue.  Il  faut  lui  laisser  pas- 
ser sa  fougue,  bbueys.  Grondeur,  i,  8.  J'ai  dompté 
la  fougue  impétueuse  de  ma  jeunesse,  volt.  Lett. 
d'Argental,   21  sept.  (772.  Je  n'ai   pu  retenir  celte 
fougue  imprudente,  iD.  ilerope,  m,  ( .  Dompter  tout 
d'un  coup  la  fougue  de  son  caractère  dès  qu'il  est 
cardinal  [Sixte-Quint]  ;  se  donner  quinze  ans  pour 
incapable  d'affaires  et  surtout  de  régner,  afin  do 
déterminer  un  jour  en  sa  faveur  les  suffrages  de 
tous  ceux  qui  comptaient  régner  sous  son  nom,  lu. 
Mœurs,  (84.  ||  Les  fougues  de  la  jeunesse,  l'emporte- 
ment avec  lequel  les  jeunes  gens  se  livrent  aux  plai- 
sirs. Il  i'  L'emportement  propre  aux  artistes  et  qui 
leur  fait  faire  des  hardiesses   et  même  des  écarts. 
Au!isi  je  m'émerveille,  au  feu  que  tu   [le  poêle  Bor- 
taut]  recèles.  Qu'un  esprit  si  rassis  ait  des  fougues 
si  belles,  régnikr,  Sat.  v.  Il  avait  certaines  fougues 
d'esprit  qui  n'étaient  pas  mal  plaisantes,  balz.    liv. 
viii,  Iclt.  4(.  Brébeuf,dans  sa  traductiondo  la  Phar- 
sale,  pousse  la  fougue  de  Lucain  en  notre  langue 
plus  loin  qu'elle  ne  va  dans  la  sienne,  st-évbemont, 
Itéfl.  sur  les  trad.  dans  HicnELEr.  Quelle  fougue  in- 
discrète  Ilamène  sur  les  rangs  encor  ce  vieil  ath- 
lète? boil.   Épttre  X.  Je  trouvais  dans  son  jeu  trop 
d'éclat,  trop  de  fougue,   pas  assez  de  souplesse  et 
de  variété,  mabmontel,  Ùém.  v.  US"  Terme  d'hor- 
ticulture.  Défaut  d'un  arbre  qui  pousse   beaucoup 
de  bois  sans  donner  de  fruits. 
•  —  msT.  ivi*  s.  [  Dans  un  combat]  vous  engagez 
vostre   valeur,   et  vostre  fortune  à  celle  de  vostre 
cheval....  son  effioy  ou  sa  fougue  vous  rendent  ou 
téméraire  ou  lasche,  mont,  i,  30(. 
—  ÉTYM.   liai.  foga.  Dicz  dit  que  ce  mot   fait 


penser  au  iHiafuga,  fuite,  à  cause  qu'on  peut  con-  i  faires  jusqu'à  devenir  considérable,  stsim.  332,  riS, 
sidérer  particulièrement,  dans  la /'uite,  la  rapidité,  \  \\  Auplur.  Des  fouiUe-au-pot. 
et  en  tirer  le  sens  de  fougue;  mais  il  ajoute  (|ue  le  1      —  ÉTYM.  Fouiller,  au  pot. 


latin  focus,  feu,  foyer,  est  plus  voisin  de  l'idée  de 
fougue.  On  peut  ajouter  que  l'adjectif  focoso,  fou- 
gueux, donne  de  l'autorité  à  l'étyraologie  de  focus; 
mais,  focus  donnant  en  italien  fuoco,  il  faudrait  ; 
avoir  fuoga.  Resterait  à  supposer  que  fougue  est  un  ' 
mol  à  forme  provençale  (voy.  fougon)  ,  etest  passé  en 


t  FOUILLE.MENT    (fou-lle-man ,    Il    mouillées), 
s.  m.  Action  de  fouiller,  de  chercher. 

—  HIST.  XVI»  s.  Fouillement,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  louiller. 

t  FOUILLE-MERDE(fou-llc-mèr-d',  H  mouilléesl, 
s.  m.  Nom  vulgaire  de  plusieurs  insectes  coléopli- 


Italie.  On  voit  que  l'élymologie  de  ce  mot  n'est  pas  res,  qu'on  trouve  dans  les  champs  sous  les  bouses 
tirée  à  clair.  Garasse  a  dit  fugue  pour  fougue;  ce  de  vache,  ||  Au  plur.  Des fouille-merdo. 
qui  est  à  considérer  :  Que  je  suis  ennuyé  de  vos  j  FOUILLER  (fou-Ué,  ((mouillées,  et  non  fou-yi), 
longues  redites,  Écrivains  ambigus,  espçils  herma-  ,  v.  a.  ||  1°  Creuser  la  terre.  On  fouille  la  terre  pour 
[ihrodiles,  Qui  suivez  toute  fugue  et  qui  prenez  le  |  établir  les  fondements.  Fouiller  les  ruines  de  Ninivo, 
ton  Aujourd'hui  de  Paris,  demain  de  Charenton,  '  de  Babylone.  En  fouillant  à  fond  de  cuve  les  tcr- 
llecherche  des  recherches,  p.  677  dans  lacuhne.  On  '  rasses  de  ce  jardin,  il  trouva  des  coquillages  fos- 
trouve  fougousité ,  formé  de  fougueux  :  M.  de  Sen-  |  siles,  et  il  en  trouva  en  si  grande  quantité,  que 
neterrese  prevalust  beaucoup  de  ccsle  picardesque  son  imagination  exaltée  ne  vit  plus  que  coquilles 
fougousité,  CAiii.oix,  VI,  BO.  Espagn.  fogositad.  !  dans  la  nature,  j.  i.  rouss.  Conf.  viii.  Il  no  s'agis- 
2.  FOUGUE  (fou-gh'),  s.  f.  Tenne  de  marine.  Mit  sait  pas  moins  nue  de  faire  fouiller  la  terre  à  deux 
de  fougue,  le  mât   d'artimon.  ||  Vergue  de  fougue,  i  pieds  et  demi  de  profondeur,  de  la  cultiver  d'abord 


vergue  qui  ne  porte  point  de  voiles  et  qui  ne  sert 
qu'à  border  et  étendre  par  le  bas  la  voile  du  perro- 
quet d'artimon.  ||  Perroquet  de  fougue,  hunier  du 
mât  d'artimon. 

—  SYN.  D'après  Jal,  on  ne  trouve  fougue  qu'en 
1080,  dans  le  Projet  de  marine  de  Dortières;  au- 
paravant on  disàilmdt  de  foule,  ainsi  nommé  parce 
que  le  vent  foule,  presse  plus  particulièreraenl  le 
mât  du  mauvais  temps.  La  corruption  a  été  produite 
par  l'assimilation  avec  fougue  (. 

f  FOUGUETTE  (fou-ghè-f),  s-  f.  Terme  d'art  mi- 
litaire. Sorte  defusée  de  petite  dimension. 

FOUGUEUX,  EUSE  (fou-gheû,  gheû-z'),  adj. 
Plein  de  fougue.  Leur  appétit  fougueux,  par  l'objet 
excité.  Parcourt  tous  les  recoins  d'un  monstrueux 

pâté,  BoiL.  Lutrin,  v Seigneur,  j'ai   des  amis 

Qui  sous  ce  joug  nouveau  sont  à  regret  soumis;  Qui, 

,  dédaignant  l'erreur  des  peuples  imbéciles.  Dans  ce 

torrent  fougueux   restent  seuls   immobiles,    volt. 

Brnttis,  I,  4.  Qu'a  servi  contre  liayle  une  infâme  ca 


comme  on  cultive  un  jardin,  buff.  Ilist.  nal.  inlrod. 
ÛEui).  t.  viu,  p.  400,  dans  pouOENS.jjPar  exten- 
sion. Une  bombe  ardente....  Tombe  et  fouille  l 
grand  bruit  le  pavé  des  cités,  v.  Huco,  Odes,  m,  6. 
Ton  cheval  a  l'oeil  intrépide....  Ses  pieds  fouillent 
le  sol,  sa  croupe  est  belle  à  voir,  id.  Orient.  24. 
Il  2°  Chercher  en  creusant.  Aldovrande  remarque 
qu'elle  [la  bécassine]  a  le  bout  de  la  langue  terminé 
comme  les  pics  par  une  pointe  aiguë,  propre  aper- 
cer les  vers  qu'elle  fouille  dans  la  vase,  buff.  Ois. 
t.  XIV,  p.  257,  dans  pougens.  Ils  dégradent  aussi 
les  bords  des  ruisseaux  en  y  fouillant  les  oignons  des 
Dymphaea  dont  ils  vivent,  bebn.  de  st-pierre, 
Étude  V.  Il  Fouiller  de  la  pierre,  chercher  de  la 
pierre,  Dict.  d'architect.  (740.  ||  3°  Fouiller  quel- 
qu'un, chercher  dans  ses  poches  pour  voir  s'il  n'y 
cache  point  quelque  chose.  L'autre  jour  j'y  lisais 
[dans  Plante]  d'un  vieillard  qui,  ayant  surpris  quel- 
qu'un auprès  du  lieu  où  il  avait  cache  son  trésor, 
le  fouilla,  lui  fit  montrer  la  main  droite,  et  puis  la 


baie?  Par  le  fougueux  Jurieu  Bayle  persécuté  Sera  I  gauche,  et,  n'y  trouvant  rien....  voit.  Lett.  91.  On 
des  bons  esprits  à  jamais  respecté,  id.  Disc.  2.  Et  le  fouille  et  l'on  trouve  enfin  le  passe-port,  uairet, 
d'un  âge  fougueux  l'imprudence  indocile,  id.  Disc,  i  Mort  d'Asdrub.  m,  3.  Allons,  rends-le-moi,  sans 
B.  Je  te  persécutai;  ma  fougueuse  jeunesse  Offensa  '  te  fouiller,  mol.  l'.ivare,  i,  3.  Us  m'ont  arrêté  el 
ton  honneur,  accabla  ta  vieillesse,  id.  Scythes,  u,  4.  I  fouillé  pour  voir  si  par  hasard  je  ne  serais  point 
La  plus  noble  conquête  que  l'homme  ait  jamais  faite,  !  chargé  de  quoique  papier  qui  pût  tourner  au  profit 
est  celle  de  ce  fier  et  fougueux  animal  qui  partage  ;  des  créancier',  lesaoe,  Tttrcar.  v,  lO.  ||<f  Fouiller 
avec  lui  les  fatigues  de  la  guerre  et  la  gloire  des  les  manuscrits,  les  bibliothèques,  y  faire  des  recher- 
combats,  bufp.  Cheval.  Est-ce  à  vous  libre,  errant,  [  ches  laborieuses.  Dans  le  même  temps  où   lioileau 


fougueux  dans  vos  désirs,  X  goûter  comme  moi  ces 
funestes  plaisirs?  ducis,  Abufar,  m,  2.  ||  Se  dit  d'ar- 
bres qui  poussent  beaucoup  de  bois  sans  donner 
beaucoup  de  fruits. 

—  ÉTYM.  Fougue;  espagn.  fogoso;  ital.  foeoso. 
FOUI,  lE  (fou-i,  ie),  part,  passé  de  fouir.  Un 

champ  foui  avec  diligence. 

FOUILLE  (fou-ir,  U  mouillées,  et  non  fou-ye), 
s.  f.  Ouverture  faite  en  fouillant  la  terre,  pour 
creuser  un  canal,  des  fondations,  une  mine,  pour 
mettre  à  découvert  de  vieux  monuments  enseve- 
lis, etc.  Les  fouilles  d'Herculanum  et  de  Pompéi. 
Dans  un  pays  comme  la  Franco,  où  l'on  peut  em- 
ployer les  hommes  à  des  travaux  vraiment  utiles,  on 
ferait  un  bien  réel  en  défendant  ceux  de  la  fouille 
des  mines  d'or  et  d'argent,  qui  ne  peuvent  produire 
qu'une  richesse  fictive  et  toujours  décroissante,  buff. 
Min.  t.  V,  p.  25,  dans  poluens.  Les  ruines  de  My- 
cènes  sont  très-connues  aujourd'hui  à  cause  de  fouilles 
que  lord  Elgin  y  a  fait  faire  à  son  pa.ssage  en 
Grèce,  chateaubr.  Hinir.  ("  partie.  |!  Fouille  cou- 
verte, celle  qui  se  pratique  horizontalement  dans 
un  massif.  ||  Fosse  que  font  les  plombiers  lorsqu'il 
n'y  a  point  de  regard,  pour  réparer  des  conduites 
qui  fuient.  ||  Fig.  Je  projette  une  fouilla  à  [la  biblio- 
thèque de)  l'abbaye  de  Flonnce  qui  nous  produira 
quelque  chose,  p.  L.  courr.  Lett.  i,  342. 

—  ÉTYM.  Voy.  fouiller. 

FOUILLÉ,  ÉE  (fou-llé,  liée  ,  //  mouillées),  pan. 
passé  de  fouiller.  ||  1°  I.a  terre  fouillée  pour  mettre 
au  jour  les  ruines  de  Ninive.  ||  2°  Sur  qui  on  a  fait 
une  recherche.  La  reine,  par  l'ordre  du  roi,  fut  fouil- 
lée jusque  dans  sou  sein,  au  Val-de-Gràce,  st-sim.  », 
(UB.  Il  3°  Parcouru  avec  soin,  dans  toutes  les  parties. 
Le  bois  fouillé  par  la  gendarmerie  pour  y  saisir  des 
malfaiteurs.  ||  4°  Il  se  dit  des  ouvrages  de  pierre  ou 
de  ciselure  où  le  travail  du  marteau,  du  ciseau  est 
très-soigné.  Une  coupe  bien  fouillée.  ||  Fig.  et  par 
abus.  Un  style  fouillé. 

FOUILLE-AU-POT    (fou-llô-po,    Il    mouillées,    et 


donnait  son  Art  poétique,  Racine,  Iphigénicet  Atha- 
lie,  Quinault,  Atys  et  Armide,  où  Fénclon  écrivait 
son  Télémaque,  où  Bossuet  déclamait  ses  Oraisons 
funèbres,  où  Lebrun  peignait,  oùGirai-don  sculptait, 
où  du  Cangc  fouillait  les  ruines  des  siècles  barkircs 
pour  en  tirer  des  trésors....  volt.  Dict.  phil.  Sco- 
liasle.  J'ai  voyagé  chez  beaucoup  de  peuples;  j'ai 
fouillé  leurs  bibliothèques  ,  j'ai  consulté  leurs 
docteurs,  i-ern.  de  st-pierre,  Çhaum.  ind.  ||  Fig. 
Fouiller  la  nature,   faire  des   recherches  pour  la 

connaître.  N'est-ce  pas  l'homme Dont  la  vajte 

science,  embrassant  toutes  choses,  A  fouillé  la  na- 
ture, en  a  percé  les  causes?  boil.  Sat.  viii.   ||  Fig. 
Fouiller  les  cendres  des  morts,  faire  une  recherche 
odieuse  de  la  vie  d'un  liomme  mort.  ||  B"  Terme  do 
guerre.  Fouiller  un  bois,  y  faire  une  reconnaissance. 
Les  vainqueurs    de    Campèche   employèrent    deux 
mois  à  fouiller  tous  les  environs  de  la  ville  à  douze 
ou  quinze  lieues,  enlevant  tout  ce  que  les  fuyards 
avaient  cru  sauver,  bay.nal,  Ilist.  phil.  x,  ((.  G» 
fut  au  travers  de  ce  bouleversement  que  Napoléon 
rentra  dans  Moscou  ;    il   l'abandonna  à  ce  pillage, 
es|iérant  que  son  armée,  répandue  sur  ces  ruines, 
ne  les  fouillerait  pas  infructueusement,  ségur,  IIisI. 
de  Nap.  vui,  8.116»  Ternie  de  sculpture,  d'archi- 
tecture. Tailler  et  évider  les  ornement.s,  pour  leur 
donner  plus  de  relief.  Fouiller  le  marbre.  Autrefois 
on  fouillait  profondément  le  marbre  des  cheminées, 
le  bois  des  portes,  la  pierre  des  corniches.  {|  Celt  ■ 
draperie  est  bien  fouillée,  les  plis  en  sont  gramls 
et  bien  évidés.  ||  Fig.  et  par  abus.  Fouiller  son  style. 
Il  7°  Terme  de  maréchalcrie.  Explorer  sur  un  ani- 
mal, à  l'aide  de  la  main  introduite  dans  le  rectum, 
les  diversorganes  du  bassin  etdes environs.  ||  8*  Y.n. 
Faire  des  creux  dans  la  terre.  La  taupe  a  fouillé  là- 
Vous  nous  faites  fouiller  à  coups  de  nerf  de  bœuf 
dans  les  montagnes  pour  en  tirer  une  espèce  do 
terre  jaune  qui,  par  elle-même,  n'est  bonne  à  rien, 
VOLT.  Voy.  de  Scarmentado.  Plus  on  fouille  danf 
l'intérieur  de   la  terre,  plus  on  trouve  les  couches 
épaisses,  buff.  Ilist.  nal.  Preur.  théor.  tcrr.  OI>ti . 


non  fou-yô-po),  s.  m.  Petit  marmiton.  La  Varonne, 

de  fouille-au-pot,  puis  cuisinier,  après  porto-manteau    t.  i,  p.  300,  dans  polgens.  ||  Par  extension.  Le  pre 

do  Henri  IV  et  Mercure  de  ses  plaisirs,  se  mêla  d'af- 1  mier  qui,  chei  les  Scythe»,  fouill»  il«ns  U  corvcll 


FOU 


FOU 


FOU 


17/.9 


de  son  rnnctni  et  fit  une  coupe  de  son  cifine,  fut 
suivi  par  tout  ce  qu'il  y  avait  de  plus  illustre  chez 
les  Scythes,  volt.  Dict.  phil.  Hérésie.  \\  9°  Chercher 
quelque  chose  en  remuant,  en  déplaçant  les  objets 
qui  peuvent  se  cacher.  Fouiller  dans  une  armoire. 
Fouillei  jusqu'au  fond  du  coffre.  ||  Fouiller  dans  les 
poches,  et,  absolument,  fouiller,  faire  une  recher- 
che dans  les  poches  de  quelqu'un.  Je  vous  dis  que 
Vous  fouilliez  bien  partout,  pour  voir  si  je  vous  ai 
Volé,  MOL.  l'Avare,  i,  3.  ||  Fouiller  à  la  poche,  dans 
sa  poche,  dans  sa  bourse,  mettre  la  main  à  sa  propre 
poche,  à  sa  bourse,  pour  y  chercher  quelque  chose. 
Il  Fouiller  à  l'escarcelle,  fournir  de  l'argent,  faire 
une  dépense.  C'est  à  ce  coup....  Qu'il  faut  fouiller  à 
l'escarcelle,  la  font.  Fabl.  iv,  4.  ||  10° F.  n.  Faire  des 
recherches.  Fouiller  dans  les  monuments  de  l'anti- 
quité, FLÉCH.  Vie  de  Commendon,  i,  i~.  Ceux  qui 
vont  fouiller  dans  les  siècles  passés,  mass.  Carême, 
Injust.  On  est  bien  détrompé  quand  on  fouille  un 
peu  dans  l'antiquité,  volt.  Mœurs,  5.  Les  ministres 
étrangers  qui  ont  envoyé  des  mémoires  à  leurs  sou- 
verains s'y  sont  tous  trompés  ;  il  faut  fouiller  dans 
les  archives  de  l'empire,  id.  Russie,  i,  2.  ||  Fig. 
Fouiller  dans  les  secrets  de  la  nature,  dans  l'avenir. 
Fouiller  dans  sa  mémoire.  Le  chat  dit  au  renard  : 
fouille  en  ton  sac,  ami  ;  Cherche  en  ta  cervelle  ma- 
toise, LA  FONT.  Fabl.  IX,  t4.  Il  faut  que  je  vous  fasse 
fouiller  un  peu  plus  avant  dans  mon  cœur  et  quo  je 
vous  dise  quelque  chose  de  ce  qui  s'y  est  passé, 
PELLissoN,  Convers.  de  Louis  XIV  devant  Lille, 
p.  47.  Toutes  ses  actions  qui  faisaient  l'objet  de 
l'admiration  publique  y  sont  examinées  à  la  rigueur; 
et  l'on  fouille  jusqu'au  fond  de  son  cœur  pour  en 
découvrir  les  pensées  les  plus  cachées,  rollin,  Hist. 
ane.  Préf.  CEuv.  1. 1,  p.  xvi.  Si  nous  voulions  fouiller 
dans  les  cendres  de  ces  grands  noms,  dont  les  ti- 
tres et  les  biens  ont  passé  en  des  mains  étrangères.... 
nous  verrions  les  excès  d'un  voluptueux  à  la  tète 
de  cette  longue  suite  de  malheurs  qui  ont  affligé  ses 
descendants,  mass.  Carême,  Enf.  prod.  ||  11°  Se 
fouiller,  v.  réfl.  Rechercher  ce  qu'on  a  dans  ses 
poches.  Que  chacun  se  fouille.  ||  Faire  l'un  sur  l'au- 
tre une  recherche  dans  les  vêtements,  dans  les 
poches.  Quand  ils  [Octave,  Antoine  et  Lépide]  confé- 
rèrent ensemble  dans  l'ile  de  Reno,  ils  commencè- 
rent par  se  fouiller  réciproquement,  se  soupçonnant 
également  l'un  et  l'autre  d'être  des  assassins,  volt. 
Triumv.  Notes. 

.  —  HIST.  XIII'  S.  Pourcel  ne  doivent  en  nule  saison 
estre  soufert  en  prés,  porce  qu'il  enpirent  de  fuul- 
lier,  BEAUM.  LU,  6.  Il  xvi*  s.  Hz  se  meirent  à  fouiller 
les  sépultures  des  roys  de  Macédoine  qui  y  sont  en- 
terrez, et  ravirent  ce  qu'ilz  y  trouvèrent  d'or  ou 
d'argent,  amyot,  Pyrrhus,  59.  Contraignant  les  bar- 
bares à  rendre  le  butin,  jusques  à  vouloir  visiter 
et  fouiller  par  tout,  m.  Agésilas,  17.  La  nature  n'a 
pas  fait  que  toutes  bestes  fouillassent  les  racines, 
ID.  de  la  Tranq.  d'âme,  29.  On  ne  voyait  autre 
chose  que  gens  courbez  vers  !a  terre  qui  fouilloient 
dos  pierres  et  les  transposoient  d'une  place  en  une 
autre,  id.  Anton.  68.  Il  le  laissoit  approcher  de  luy 
sans  le  faire  visiter  ni  fouiller,  id.  Dioti,  18.  Qu'il 
n'est  aucun  sens  que  l'esprit  humain  ne  trouve  aux 
escripts  qu'il  entreprend  de  fouiller,  mont,  ii,  352. 
—  ËTYM.  Bourguign.  feuille;  jirovenç.fozilhar; 
d'une  forme  fndiculare,  tirée,  par  développement, 
du  latin  fodicare,  fréquentatif  de  fodere ,  fouir.  Le 
genevois  foufjner,  le  berrichon  fouger,  l'italien  fo- 
gnarc,  faire  les  égouts,  répondent  sans  doute  i.  fo- 
dicare. 

t  FOUILLET  (fou-llè,  Il  mouillées),  s.  m.  Un  des 
noms  vulgaires  du  pouliot. 

t  FOUILLEUR  (fou-lleur,  Il  mouillées),  s.  m. 
Il  1°  Celui  qui  fouille.  Les  niveleurs  étaient  de  plu- 
sieurs espèces  :  les  fouilleurs  et  déracineurs  s'em- 
par^^ient  des  bruyères,  ciUTEAUBn.  Stuarts,  la  )t^- 
publviue  et  le  Protectorat.  ||  2°  Terme  d'agriculture. 
Instrument  d'agriculture  propre  à  remuer  et  à 
ameublir  le  sous-sol,  sans  ramener  à  la  surface  la 
terre  qui  le  compose. 
—  ÉTYM.  Fouiller. 

f  FOUILLIS  (fou-Hî ,  Il  mouillées) ,  s.  m.  Terme 
familier,  toujours  pris  en  mauvaise  part.  Masse 
d'objets  confus  et  en  désordre.  Je  ne  peux  pas 
m'y  reconnaître,  c'est  un  vrai  fouillis.  Un  fouillis 
(le  papiers.  ||  Il  se  dit  aussi  en  parlant  de  fleurs 
de  plantes,  de  broussailles.  ||  Fig.  11  se  dit  des  com- 
positions littéraires,  oil  se  trouvent  beaucoup  de 
choses  désordonnées.  C'est  un  vrai  fouillis  dans  le 
goût  des  journées  espagnoles  de  Lope  de  Vega  et 
de  CaWeron,  la  harpe,  Corresp.  t.  iv,  p.  122, 
dans  PouoENS. 

-  HIST.  IV'  s.  Et  qui  pis  est,  au  lac  vont  les 


pourceaulx.   Qui  l'ont  gaslé  à  tout  par  leur  fouillis, 
EUST.  DEscH.  Poësies  mss.  f°  292. 

—  Rtvm.  Fouiller. 
+  FOUILLOT  (fou-llo.  Il  mouillées),  s.  m.  Pièce 

qui  renvoie  l'efTet  du  ressort  dans  une  serrure. 

t  FOUILLURE  (fou-llu-r',  Il  mouillées),  s.  f.  Ac- 
tion de  fouiller,  en  parlant  des  porcs,  des  sangliers. 

—  HIST.  XVI'  s.  Garde  nos  petits  ruisseaux  De 
feuillure  de  pourceaux  Nés  pour  engraisser  leur 
panse,  rons.  021. 

—  ÉTYM.  Fouiller. 

1.  FOUINE  (foui-n'),  s.  f.  ||  1°  Nom  vulgaire  de  la 
martre  des  hêtres,  petit  mammifère  carnassier  du 
genre  des  martres.  12  janvier  1685  :  Monseigneur 
alla  chasser  la  fouine  et  le  renard,  dangeau,  i,  io7. 
La  fouine  s'approche  des  habitations,  s'établit  même 
dans  les  vieux  bâtiments,  dans  les  greniers  à  foin, 
dans  des  trous  de  murailles,  buff.  Quadrup.  t.  ii, 
p.  238,  dans  pouGENS.  L'abbé  Dubois  était  un  petit 
homme  maigre,  effilé,  chafbin,  à  perruque  blonde, 
à  mine  de  fouine,  st-sim.  39|  ,  13.  ||  Dans  le  lan- 
gage figuré  des  sauvages  de  l'Amérique  du  Nord,  un 
homme  qui  attaque  traîtreusement  son  ennemi.  L'I- 
roquois  n'est  pas  une  fouine,  il  ne  suce  pas  le  sang 
de  l'oiseau  qui  dort ,  chateaubr.  Natch.  2"  part. 
Il  2°  La  peau  fournie  par  la  fouine.  Acheter  une 
belle  fouine. 

—  HIST.  xiii'  s.  Piaus  de  faine,  piaus  de  chat 
sauvage,  piaus  de  lubernes,  piaus  de  martrines, 
piaus  de  genetes,  les  vi  piaus  doivent  deux  deniers 
de  tonlieu,  Liv.  des  met.  326.  ||  xiv»  s.  Une  houp- 
pelande à  homme  fourrée  de  faynes,  nu  cange, 
faina.  ||  xvi'  s.  Si  on  mesie  parmi  la  semence,  en 
l'espardant,  des  cendres  de  bellete  el  de  foine,o.  de 
serres,  46.  Au  poulailler  sont  les  fouines,  leboux 
DE  LiNCY,  Prov.  t.  Il,  p.  170.  Les  mesmes  testes  et 
queues  [de  loups] ,  attachées  à  l'entrée  du  colom- 
bier, engardent  que  les  fluynes  n'i  entrent,  r.  du 
TRIEZ,  Ruses  des  esprits  malins,  f°  29. 

—  ÉTYM.  Berry,  fouin,  putois,  fouine;' wallon,  fa- 
xvène;  anc.  wallon,  fawine;  namur.  faiène;  Hainaut, 
floène,  flouène;  provenç.  faina;  catal.  fagina;  es- 
pagn.  fuina;  portug.  foinha;  ital.  faina.  Bochart  tire 
ce  mot  du  latin  faginus,  qui  signifie  de  hêtre  (fa- 
gina a  donné  faine,  nom  du  fruit  du  hêtre),  disant 
que  cet  animal  se  plaît  dans  les  hêtres;  et  en  effet, 
la  fouine  se  nomme  martre  des  hêtres.  Au  contraire, 
Diez,  suivant  Adelung,  le  tire  de  l'allemand  Fehe, 
sorte  de  martre,  lequel  vient  de  l'anglo-saxon  fdg, 
fdh,  de  couleur  variée,  brillant;  gothique,  fâih.  La 
forme  primitive  étant  faine,  c'est  l'étymologie  de 
Bochart  qui  paraît  préférable. 

2.  FOUINE  (foui-n'),  s.  f.  ||  1°  Instrument  de  fer 
dont  on  se  sert  pour  soulever  et  empiler  les  gerbes. 
il  2°  Trident  ou  fourche  à  plusieurs  branches  poin- 
tues ou  barbelées  qu'on  lance  à  certains  gros  pois- 
sons dont  on  veut  se  faire  une  pj'oie,  jal.  La  fouine 
a  un  manche  auquel  est  attachée  une  cordelette  au 
moyen  de  laquelle  on  la  retire  à  bord.  ||  La  fouine' 
sert  aussi  dans  les  rivières  pour  pêcher  au  feu; 
c'est  une  fourche  en  fer,  habituellement  à  trois  dents, 
emmanchée  de  bois.  ||  On  dit  aussi  en  ce  sens  foène 
et  fouane. 

HIST.  xiV  s.  Une  foene  doist  estre  enhantée 

en  une  lance,  comme  la  hante  d'un  glaive,  Modus, 
ms.  f°  57,  dans  lacurne.  Colart  feri  Pierre  d'une 
fuyne  ou  fourche  à  charger  gerbes,  du  cange,  fuscina. 
Pillet  tenant  une  fouyne,  autrement  dit  fourche 
fiere,  en  sa  main,  m.  ib.  ||  xv  s.  Un  baston  nommé 
foyne,  dont  on  a  accoustumé  de  tuer  poissons  en 
eaue,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Latin,  fuscina,  trident;  l't  n'étant  pas 
accentué,  on  a  eu  fusne,  d'où  foene,  fouine.  Schcler 
propose  le  latin  fodina,  de  fodere,  creuser,  percer; 
mais  lesen-!  n'est  pas  bon. 

-}•  3.  FOUINF,  (foui-n'),  s.  m.  Nom  rural  de  taches 
qui  se  forment  sur  les  feuilles  de  la  vigne.  Ces  ta- 
ches ressemblaient  beaucoup  à  celles  qu'on  voit  si 
fréquemment  sur  les  feuilles  de  la  vigne  qui  ont 
souffert  l'altération  que  les  cultivateurs  nomment 
fouine  ou  brîllure,  bonnet,  Us.  feuill.  plant. 
Suppl.  2. 

ÉTYM.   Fouine  1 ,  par  comparaison  avec  le 

brillant  de  la  peau  de  la  fouine. 

f  FOUINER  (foui-né),t).  n.  Terme  populaire.  Fuir, 
s'esquiver. 

ÉTYM.  Fouine  I,  parce  qu'on  imite  la  fouine, 

qu'on  s'esquive  comme  la  fouine. 

FOUIR  (fou-ir),  v.  a.  \\i'  Creuser.  Fouir  la  terre. 
Fouir  un  puits.  On  est  obligé  de  battre  la  terre  sur 
les  sépultures  et  d'y  mêler  de  grosses  épines  pour 
les  empêcher  [les  chacals]  de  la  gratter  et  fouir, 
BUFF.  Quadrup.  t.  vi,  p.  ~  " 


202,  d.'ins  pougens.  ||  Ab- 


solument. Voyez-vous  îi  nos  p;e<ls  fouir  incessam- 
ment Cette  maudite  laie  et  creuser  une  mine?  i  a 
font.  Fabl.  m,  o.  ||  2°  Par  extension,  mettre  dans  la 
terre  qui  a  été  fouie.  Allées  d'arbrisseaux  et  de  fieura 
tout  cela  morcelé  entre  dix  paysans;  l'un  y  va  fouii 
des  haricots,  l'autre  de  lavesce,  p.  l.  cour.  Lett.  v. 

—  HlST.  XII'  s.  Des  que  seit  fo'do  al  peccheur 
fosse.  Liber  psalm.  p.  137.  Com  cil  ki  foent  le  tré- 
sor, Job,  p.  467.  Si  quierent  il  alsi  com  foant  le  tré- 
sor, ib.  Il  xin'  s à  destre  si  foués  ;  Là  troverés  la 

lance  de  quoi  Dieu  fu  navrés,  Ch.  d'Ant.  vu,  6)2. 
Et  ne  porra  nus  [nul]  planter  ns  fouwir  se  n'est 
pour  l'amendement  des  pastures  et  des  voies,  tail- 
LiAR,  Recueil,  p.  231.  Jà  ne  ferrons  en  nule  terre 
Por  semenchier  ne  por  aquerre,  gui  de  cambrai, 
Barl.  et  Jos.  p.  108.  Car  Ii  homme  le  font  vergal- 
gne  [à  la  terre]  Assés  sovent  pour  lor  besoigne  ; 
Car  il  la  feuent  à  grant  painne,  Et  navrent  là  A  elle 
est  sainne,  ib.  p.  172.  ||  xvi'  s.  L'eslat  des  façons 
que  vignes  doivent  estre,  c'est  à  sçavoir  deschaus- 
sées, taillées,  fouyes  et  binées,  Coust.  génér.  t.  ii, 
p.  B95.  De  ceux-là  [les  pauvres  gens]  tire  nature 
touts  les  jours  des  effets,  de  constance  et  de  pa- 
tience, plus  purs,  plus  roides....  celui-là  qui  fouit 
mon  jardin,  il  a  ce  matin  enterré  son  père  ou  son 

fils,  MONT.  IV,    197. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  foï  ;  provenç.  foire  ;  du  latin  fo- 
dere. Le  provençal  a  gardé  la  conjugaison  latine  ;  le 
français  l'a  changée  enfodtre;  mais  l'ancienne  lan- 
gue l'a  traitée  comme  les  verbes  latins  en  ire,  et  dit 
foent,  foant;  au  contraire  la  langue  moderne  l'a 
conjuguée  par  assimilation  comme  les  verbes  en  ir 
qui  viennent  delà  finale  iscere.  Au  reste  cette  alté- 
ration commence  dès  le  xiv"  siècle  qui  a  dit  fouis- 
seur. Curtius  rapproche  fodio  du  grec  piOoo;,  fossé, 
du  latin  ftindus,  tond,  et  du  sanscrit  budhna,  le  sol. 

t  FOUISSEMENT  (fou-i-so-man) ,  s.  m.  Action  de 
fouir,  de  fouiller. 

—  HIST.  XVI"  s.  Fouissement,  cotorave. 

—  ÉTYM.  Fnuir. 

f  FOUISSEUR  (fou-i-seur),  s.  m.  Nom  commun 
de  tous  les  mammifères  qui  creu.sent  le  sol  avec  une 
grande  facilité,  comme  font  les  taupes.  ||yldj.  Les 
animaux  fouisseurs. 

—  HIST.  XIV*  s.  Les  diei  ne  l'avoient  pas  fait  un 
sage  fouisseur  no  un  sage'  areeur  ne  selon  aucune 
particulière  sapience,  oresme,  Eth.  177. 

—  ÉTYM.  FotnV. 

FOULAGE  (fou-la-j'),  s.  m.  Terme  d'arts.  Action 
de  fouler;  le  résultat  de  cette  action.  Les  chapeaux 
se  feutrent  par  le  foulage.  La  façon  de  préparer  les 
draps  au  foulage.  ||  Il  .se  dit  aussi  de  l'écrasement  des 
raisins  pour  faire  le  vin.  Le  foulage  de  la  vendange. 

—  HIST.  XV'  s.  Icellui  cousin  a  acoustumé  faire 
taverne  et  vendre  vin  de  hault  prix  et  de  fort  foulage 
[bonne  qualité],  du  cange,  foUare.  ||  xvi'  s.  Oultre 
peut  le  dit  justicier  avoir  moulin  à  draps....  et  con- 
traindre ses  subjets  eslagiers,  demouransau  dedans 
do  trois  lieues  du  dit  moulin,  à  y  aller  fouller  leurs 
draps  ;  et,  s'ils  sont  trouvés  allans  fouller,  ne  leur 
drap  foullé  à  autre  moulin,  ils  seront  tenus  payer 
douze  deniers  tournois,  pour  chacune  aulne,  oultre 
le  droit  de  foullage,  Coust.  génér.  t.  Ii,  p.  83. 

—  ÉTYM.  Fouler. 

FOULANT,  ANTE  (fou-Ian,  lan-t'),adj.  Terme  do 
physique.  Pompe  foulante,  voy.  pompe. 

FOULARD  (fou-lar;  le  d  ne  se  lie  pas  :  un  fou- 
lar  élégant;  au  pluriel,  \'s  ne  se  lie  pas  :  des  fou-lar 
élégants;  pourtant  plusieurs  la  lient  :  des  fou-lar-z 
élégants),  s.  m.  Nom  d'un  tafi'etas  des  Indes  orienta- 
les, imprimé  en  diverses  nuances,  pour  faire  des 
mouchoirs,  des  robes  et  des  fichus  de  cou.  {|  Mou- 
choir de  poche  ou  de  cou.  ||  Terme  d'argot.  Faire  le 
foulard,  se  dit  d'un  voleur,  qui,  dans  la  foule,  dé- 
robe les  mouchoirs. 

—  ÉTYM.  Tout  historique  manquant,  on  ne  sait  si 
foulard  a  une  origine  indienne,  ou  s'il  vient  de 
fouler. 

FOULE  (fou-1'),  s.  f.  ||1»  Terme  d'arts.  Action  de 
fouler  les  draps;  préparation  qu'on  leur  donne  en 
les  foulant  par  le  moyen  d'un  moulin,  afin  do  les 
rendre  plus  serrés  et  plus  forts.  Il  2°  Terme  do  cha- 
pelier. Opération  par  laquelle  on  foule  lesfeutres  dans 
une  cuve  pleine  de  liquide.  Ouvriers  à  la  foule.  Cuve 
à  la  foule.  Il  Atelier  où  l'on  foule.  Aller  à  la  foule. 
Que  tous  les  marchands  bonnetiers  qui  ont  des  foule' 
chez  eux  payeront  par  chaque  foule  cent  sous  pai 
an.  Sentence  de  1737.  ||  3°  Morceau  de  bois  oui  sert 
à  tenir  les  jumelles  d'un  peigne  de  tisseranu  y,Kj..\ti. 
nablement  écartées.  ||  Terme  de  marine.  Langue 
perche  pour  pousser  la  ralingue  du  vent  afin  d'ou- 
vrir les  voiles  le  plus  po.ssible.  |!  Anciennement, 
mât  de  foule,  se  disait  de  ce  qui  a  été  nommé  ilans 


1750 


FOU 


la  suite  mât  de  fougue  (voy.  fougue  3).  ||  4°  Terme 
dépêche.  Espace  de  pêche  dans  laquelle,  foulant  du 
pied  le  fond  des  rivières,  ou  de  la  mer,  quand  la 
marée  est  basse,  on  pique  avec  une  sorte  de  four- 
che le  poisson  que  l'on  rencontre  enfoui  dans  le  sa- 
ble ou  la  vase.  ||  B"  Fig.  Ce  qui  foule  les  hommes, 
comme  fait  le  métier  à  fouler,  oppression,  vexa- 
tions (vieilli  en  ce  sens).  Plusieurs  charges  que  la 
nécessité  a  fait  créer  dans  ces  derniers  temps  à 
la  grande  foule  des  peuples,  vauban,  Dlme,  p.  212. 
Il  6°  Presse  qui  résulte  d'une  grande  multitude  de 
gens,  et,  par  suite,  cette  multitude  elle-même.  Il 
vint  ici  cHercher  du  soulagement  et  recevoir  des 
propres  mains  de  Dieu,  qui  aime  le  silence  et  qui 
habite  la  solitude,  ce  qui  ne  se  trouve  point  dans 
les  discours  de  la  philosophie  ni  dans  la  foule  du 
monde,  balz.  lett.  (5,  liv.  I.  Une  poutre  branlante 
Vient  menaçant  de  loin  la  foule  qu'elle  augmente, 
BOIL.  Sat.  VI.  Ce  même  Antiochus,  se  cachant  à  ma 
vue,  Me  laisse  à  la  merci  d'une  foule  inconnue, 
RAC.  Bérén.  I,  4.  Seule  elle  me  tirade  la  foule  san- 
glante, VOLT.  Olymp.  II,  2.  Beaucoup  de  ces  hom- 
mes isolés  étaient  des  maraudeurs  qui  feignaient 
une  maladie  ou  une  blessure,  pour  s'écarter  ensuite; 
ce  qu'on  n'avait  pas  le  temps  d'empêcher,  et  ce  qui 
arrivera  toujours  dans  ces  grandes  foules  qu'on 
pousse  en  avant  avec  tant  de  précipitation,  ségur, 
Uist.  de  Nap.  vi,  i.  Jeté  sur  cette  boule,  Laid,ché- 
tif  et  souffrant.  Étouffé  dans  la  foule,  Faute  d'être 
assez  grand,  béhang.  Vocation.  ||7°  Le  vulgaire,  le 
commun  des  hommes.  La  foule  ignorante  et  capri- 
cieuse. Il  te  met  dans  la  foule  ainsi  qu'un  miséra- 
ble, MOL.  Femmes  sav.  m,  5.  Vous  avez  besoin  de 
plus  de  "irécaution  que  ceux  qui  naissent  dans  la 
foule,  MASs.  Carême,  Prosp.  La  foule  des  humains 
n'existe  point  pour  moi,  volt.  Tancr.  ii,  i.  Les 
comtes  de  Montézuma  sont  de  simples  gentilshom- 
mes chrétiens  et  confondus  dans  la  foule,  iD.IKœurs, 
)47  (I  Se  tirer  de  la  foule,  se  distinguer,  s'élever 
au-dessus  du  commun.  ||  Fig.  Vous  avais-je  sans 
choix  Confondu  jusqu'ici  dans  la  foule  des  rois? 
RAC.  Bérén.  m,  (.||8°  Par  extension ,  grand  nom- 
bre. La  France  possède  une  foule  d'iiommcs  célè- 
bres. Une  foule  de  gens  vous  diront....  ||  On  le 
trouve  quelquefois  au  pluriel.  Que  cet  homme  pas- 
sât sa  vie  à  faire  réponse  à  des  foules  d'amis  in- 
connus, J.  J.  Rouss.  Lett.  sans  date,  t.  xx,  p.  8«, 
éd.  MUSSET-pATHAY.  Des  foules  de  désœuvrés, iD.t'i). 
Il  n  se  dit  aussi  des  choses.  Une  foule  de  raisons. 
Quelle  foule  d'États  je  mettais  à  vos  pieds  !  hac. 
ilithr.  IV,  4.  Dans  la  foule  des  révolutions  que  nous 
avons  vues  d'un  bout  de  l'univers  à  l'autre,  il  paraît 
un  enchaînement  fatal  des  causes  qui  entraînent  les 
hommes,  comme  les  vents  poussent  les  sables  et 
les  flots,  VOLT.  Mœurs,  4  98.  ||  9»  En  foule,  loc.  adv. 
En  grand  nombre,  en  parlant  des  personnes.  Sei- 
gneur, de  tous  côtés  le  peuple  vient  en  foule,  corn. 
Nicom.  V,  s.  Les  peuples  se  convertissaient  enfouie, 
Boss.  Uist.  I,  (0.  Maison  se  jette  en  foule  au-de- 
vant de  mes  pas,  hac.  Iphig.  v,  4.  On  eût  pu  se 
rappeler  ces  jours  brillants  de  la  vie  de  M.  Duver- 
ney,  où  la  ville,  la  cour  et  les  étrangers  venaient  en 
foule  de  toutes  parts  pour  l'entendre,  mairan,  Éloges 
de  Hunauld.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses.  Les  idées 
se  présentent  en  foule  à  mon  esprit.  Mais  j'ai  des 
biens  en  foule  et  je  puis  m'en  passer,  boil.  Sol.  viii. 

— BEM.l.  Du  temps  de  Corneille  on  disait  aussi  dio 
foule,  au  lieu  de  en  foule  :  Les  Parthes,  à  la  foule, 
aux  Syriens  mêlés,  Kodog.  v,  2.  C'est  un  archaïsme, 
vcy.  l'historique.  ||  2.  Lorsque  foule  est  suivi  d'un 
autre  substantif,  le  verbe  suit  le  nombre  de  ce  der- 
nier substantif  :  Une  foule  de  monde  y  courut;  Une 
foule  de  personnes  y  coururent.  Mais,  même  en 
ce  cas,  rien  n'empêche  de  faire  accorder  le  verbe 
s.vec  foule  :  Une  foule  de  gens  se  sont  opposés  à  mon 
passage  ou  s'est  opposée.  Les  uns  courent  sejeter 
dans  la  rivière  de  Narva,  et  une  foule  de  soldats  y 
fut  noyée,  volt.  Bist.  Buss.  i,  H . 

—  HlST.xm'  s.  Renart,  fet-il,  moult  ses  de  bolc 
[ruse];  Tu  t'es  getez  de  meinte  foie,  Ben.  14444.  Quant 
entrée  estes  dans  la  foule.  Où  cliascun  vous  hurte  et 
défoule....  la  Base,  92fl0.  ||  xv*  s.  X  la  charge  et 
foule  d'icelle  cour  et  d'aucun  soupçon  d'icelle, 
DU  CANGE,  accaratio.  ||  xvi«  s.  La  foule  estoyt  à 
qui  premier  saulteroyt  en  la  mer  aprez  leur  com- 
paignon,  rab.  Pant.  iv,  7.  Ce  n'est  pa.s  que  le 
sage  ne  puisse  partout  vivre  content,  voire  et  seul 
en  la  foule  d'un  palais,  mont,  i,  274.  La  foule  qui 
les  suyvoit,  m.  ii,  38.  Ilsemblerapeutestrequeceste 
foule  [exaction]  soit  petite;  mais  je  pense  qu'elle 
se  monte  plus  de  douze  cens  mille  livres  par  an, 
lawoue,  105.  Combattre  en  foule  et  en  desordre, 
AKYOT,  Cam.  70.  Et  y  avoit  des  sergens  tenans  des 


FOU 

basions  en  leurs  mains,  pour  faire  retirer  la  presse 
et  serrer  ceulx  qui  se  jetteroient  à  la  foule  trop  en 
avant  par  les  carrefours,  id.  P.  £m.  56.  Et  Mithri- 
dates  mesme,  parmy  la  presse  et  la  foule  de  ceux  qui 
s'cnfuyoient  en  si  grand  efiroy,  se  jetta  hors  do  son 
camp,  U).  Lucull.  3).  Comme  mieux  cognoissant  les 
affaires,  foules  et  nécessités  de  la  Germanie,  carloix, 
IV,  2.  ...  Nous  voulons  en  foule  ou  en  carrière,  X 
cheval  ou  à  pié,  ou  joints  i  la  barrière.  Maintenir 
que  l'amour  est  plus  vif  et  plus  fort,  belleau,  Œuv. 
t.  Il,  p.  92,  dans  LACURNE.  Piquer  bien  un  cheval  en 
foule  ou  en  carrière,  m.  tîi.  t  n,  p.  22. 

—  ÉTYM.  Voy.  fouler;  espagn.  folla;  portug. 
fula;  ital.  folla,  fola. 

FOULÉ,  ÉE  (fou-lé,  lée),  part,  passé  de  fouler. 
Il  1°  Écrasé  par  une  pression.  Le  raisin  foulé  dans  la 
cuve.  Il  Par  extension.  Une  robe  foulée,  une  robe  frois- 
sée. Il  2°  Foulé  aux  pieds,  sur  qui  ou  sur  quoi  on  mar- 
che. Sous  les  pieds  des  chevaux  cette  reine  foulée, 
RAC.  Athal.  I,  I.  Il  Fig.  Les  lois  foulées  aux  pieds. 
Il  3°  Opprimé.  Foulé  par  le  sénat,  longtemps  le  plé- 
béien De  ses  droits  violés  vit  en  moi  le  soutien,  ar- 
NAULT,  Warius  à  M.  m,  6.  X  tout  cela  il  n'y  a  que 
le  prochain  de  foulé  ;  qu'il  s'accommode  ;  parlons  de 
moi,  MARiv.  Paysan  parv.  3'  part.  ||  Qui  souffre  par 
des  exactions.  Il  ne  pouvait  se  résoudre  à  forcer  les 
villes  à  lui  en  donner  [de  l'argent] ,  les  trouvantdéjà 
trop  foulées,  hollin,  Hist.  anc.  OEuv.  t.  iv,  p.  B6, 
dans  pouGENS.  ||  4°  Qui  a  éprouvé  une  foulure.  Avoir 
le  pied  foulé.  ||  Cette  bête  a  les  jambes  foulées,  se 
dit  d'une  bête  de  somme  ou  de  trait  qui  a  les  jam- 
bes usées  par  le  travail. 

+  FOULE-CRAPAUD  (fou-le-kra-pô),  i.  m.  An- 
cien nom  de  l'engoulevent. 

—  f.TYM.  Fouler,  et  crapaud. 

FOULÉE  (fou-lée),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  manège. 
Instant  pendant  lequel  le  pied  du  cheval  pose  sur  le 
sol,  dit  autrement  appui.  ||  Au  plur.  Terme  de 
chasse.  Traces  légères  que  la  bête  laisse  en  passant 
sur  l'herbe  ou  sur  les  feuilles.  Il  suit  aucunes  fois 
un  cerf  par  les  foulées  Dans  ces  vieilles  forêts  du 
peuple  reculées,  racan,  Pastorale.  \\  2°  Terme  d'ar- 
chitecture. Dessus  démarche.  ||  3°  Quantité  de  peaux 
que  l'on  pile  à  la  fois.  |{  4°  Impulsion  que  l'on  donne 
à  chaque  fois  à  un  soufflet  de  forge.  Après  avoir 
laissé  le  fourneau  s'échauffer  lentement  pendant 
trois  ou  quatre  jours,  en  imposant  successivement 
sur  le  charbon  une  petite  quantité  de  mine  (environ 
centlivres  pesant),  on  met  en  jeu  les  soufflets  en  ne 
leur  donnant  d'abord  qu'un  mouvement  assez  lent 
(de  quatre  ou  cinq  foulées  par  minute),  buff.  Min. 
t.  IV,  p.  U5,  dans  pougens. 

—  IIIST.  XV' s.  Les  foulées  du  cerf  appelle  l'en, 
quant  il  marche  sur  lieu  où  il  ayt  trop  d'erbe,  et  on 
ne  peut  veoir  la  fourme  du  pied,  ou  quant  il  marche 
en  autre  lieu  où  il  n'a  point  d'erbes,  et  pouldre,  et 
dureté  de  paya,  oufueilles,  ou  autres  choses  empes- 
chant  de  voir  la  fourme  du  pié.  Chasse  de  Gaston 
Phébus,  ms.  p.  )5B,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Foulé. 

jFOULEMENT  (fou-le-man),i.  m.  Action  défouler. 

—  lllST.  XVI'  s.  Feulement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Fouler. 

FOULER  (fou-lé),  v.  a.  ||  1°  Presser,  écraser  une 
chose  qui  n'oppose  guère  de  résistance.  Fouler  un 
lit.  Fouler  une  robe,  un  bonnet.  Ceux  qui  foulaient 
les  raisins  ne  chanteront  plus  leurs  chansons  ordi- 
naires, sACi,  Bible,  Jérémie,  xlviu,  33.  ||  Fouler 
une  cuve,  y  écraser  les  grappes  de  raisin.  ||  Fouler 
le  drap  pour  le  rendre  plus  ferme  et  plus  serré.  Dé- 
fenses de  faire  fouler  au  moulin,  mais  bien  au  pied 
et  à  la  main,  Arrêt  du  Parlement,  8  févr.  (691. 
(I  Fouler  le  cuir,  lui  donner  un  certain  apprêt  en 
le  foulant  aux  pieds  dans  une  cuve.  ||  Terme  de  bon- 
netier. Manier  et  accommoder  la  matièie  avec  de 
l'eau  dans  la  fouloire.  Tous  les  ouvrages  de  bonne- 
terie en  laine  seront  foulés  à  la  main,  dégraissés 
avec  du  savon  vert,  foulés  à  deux  eaux  vives  avec 
du  savon  de  Marseille  ou  de  Gênes....  Bèglement , 
8  mai  1734.  Il  Terme  dechapelicr.  Manier  et  préparer 
le  chapeau  à  force  de  bras  sur  la  fouloire.  Bien  fou- 
ler le  chapeau.  ||  2°  Terme  de  commerce.  Fouler  le 
vin,  remplir  avec  de  l'eau  ce  qui  fuit  des  tonneaux 
pendant  le  transport.  {|  3°  Marcher  dessus.  Que  tout 
meure  avec  moi;  madame,  que  m'importe  Qui  foule 
après  ma  mort  la  terre  qui  me  porte  ?  corn.  Suré- 
na,  I,  3.  La  terre  que  je  foule  est  à  moi,  i.  J.  rouss. 
Ém.  V.  Des  prêtres  fortunés  foulent  d'un  pied  tran- 
quille Les  tombeaux  des  Catons  et  la  cendre  d'Emile, 
VOLT.  Benr.  iv.  Là,  pesant  mes  projets,  de  Néron 
massacré  Je  foulais  en  esprit  le  corps  défiguré,  le- 
GOUVÉ,  Êpichar.  et  N.  I,  3.  Nos  chevaux,  au  soleil, 
foulaient  l'herbe  fleurie,  a.  ns  hussrt,  Poésies  nour. 


FOU 

d  Alf.  T.  Il  Fig.  Qui  dans  un  vain  sonnet,  placés  au 
rang  des  dieux  Se  plaisent  à  fouler  l'Olympe  ra- 
dieux, BOIL.  Épit.  IX.  Il  Fouler  aux  pieds,  marcher 
dessus  en  appuyant  avec  les  pieds,  presque  toujours 
avec  le  sens  du  mépris,  de  la  colère,  de  la  ven- 
geance. Aussitôt  ils  la  jetèrent  [Jézabel]  par  la  fe- 
nêtre, et  la  muraille  fut  teinte  de  son  sang,  et  elle 
fut  foulée  aux  pieds  des  chevaux,  SACI,  Bible,  Rois , 
IV,  9,  33.  Il  e.st  venu  accompagné  de  ses  soldats; 
ils  m'ont  foulé  aux  pieds  et  ils  ont  assiégé  ma  tente 
de  toutes  parts,  m.  ib.  Job,  xn,  42.  Il  [l'empereur 
Othon  IV]  se  faisait,  dit-on,  fouler  aux  pieds  de 
ses  garçons  de  cuisine,  et  fouetter  par  des  moines, 
VOLT.  Mœurs,  61.  On  vantait  la  générosité  de  son 
cœur  [  du  duc  de  Guise  ]  ;  mais  il  n'en  avait  pas 
donné  un  grand  exemple,  quand  il  foula  aux  pieds, 
dans  la  rue  Bétisi,  le  corps  de  l'amiral  Coligni,  jeté 
à  ses  yeux  par  les  fenêtres,  id.  ib.  (73.  La  haine 
du  nom  chrétien  est  telle  au  Japon  qu'on  n'en 
approche  point  aujourd'hui  sans  fouler  le  Christ 
aux  pieds,  dider.  Opin.  des  ane.  phil.  (Japonais.) 
Hennis  d'orgueil,  6  mon  coursier  fidèle.  Et  foule 
aux  pieds  les  peuples  et  les  rois,  bErang.  Chant  du 
Cosaque.  \\  Fig.  Fouler  aux  pieds ,  traiter  avec 
mépris  ,  dédaigner,  braver.  Ils  foulent  aux  pieds 
les  privilèges  des  mendiants ,  patko  ,  Plaidoyer 
5j  dans  ricuelet.  Apprends  de  moi,  pécheur,  ap- 
piends  l'obéissance  Des  sentiments  humiliés;  Pou- 
dre, terre,  limon,  apprends  de  ta  naissance  X  te 
faire  fouler  aux  pieds,  corn.  Iinit.  m,  (3.  Alors 
foulant  aux  pieds  la  discorde  et  l'envie,  id.  Pomp. 
m  ,  6.  Leurs  rejetons  seront  réduits  et  poudre, 
parce  qu'ils  ont  foulé  aux  pieds  la  loi  du  Seigneur 
des  armées,  SAa,  Bible,  Isa'ie,  v,  24.  Qui  foule 
aux  pieds  pour  vous  vos  vainqueurs  en  colère, 
RAC.  Andr.  m,  s.  Et  qui  [Caligula,  Néron],  ne 
conservant  que  la  figure  d'homme,  Foulèrent  à 
leurs  pieds  toutes  les  lois  de  Rome,  id.  Bérén.  n, 
2.  J'ai  foulé  sous  les  pieds  remords,  crainte,  pu- 
deur, ID.  Esth.  m,  1.  Ce  bandeau  dont  il  faut  que 
je  paraisse  ornée...  Seule  et  dans  le  secret  je  le 
foule  à  mes  pieds,  id.  Esth.  i,  *.  Leur  orgueil 
foule  aux  pieds  l'orgueil  du  diadème,  volt.  Bru- 
tus,  I,  3.  Il  4°  Terme  de  chasse.  Faire  battre  ou  par- 
courir un  terrahi  par  le  limier  ou  par  une  meute. 
Fouler  une  enceinte.  ||  S°  Opprimer.  Que  par  force 
le  faible  est  foulé  du  puissant,  Régnier,  Epit.l.  La 
veuve,  l'orphelin,  tous  ceux  qu'on  foule  ou  qu'on  op- 
prime, MASS.  Pet.  carême,  Hum.  Ce  colosse  effrayant 
[Rome]  dont  le  monde  est  foulé,  volt.  Mort  de  Ces. 
m,  6.  Il  Particulièrement.  Accabler  d'impôts,  d'exac- 
tions. Et  sans  fouler  le  peuple  en  aucune  façon, 
MOL.  Fdch.  m,  3.  Les  gouverneurs  qui  l'avaient  pré- 
cédé [Néhémias]  avaient  beaucoup  foule  ce  pauvre 
peuple,  BOss.  Sermorw,  Ambition,  Fragment  sur  le 
même  sujet.  \\  Fig.  et  par  plaisanterie.  C'est  un  bon 
prince  qui  ne  foule  guère  ses  sujets,  se  dit  d'un 
homme  doux  et  pacifique.  ||  6°  Blessé,  par  frotte- 
ment ou  par  tiraillement.  La  selle  foule  ce  cheval. 
Il  ne  faut  rien  pour  fouler  le  pied  à  un  cheval. 
Il  7°  Terme  de  chasse.  Fouler  la  bête,  se  dit  des 
chiens  quand  ils  mordent  l'animal  après  l'avoir 
renversé.  Ce  chien  a  beaucoup  d'ardeur  pour  fouler 
le  cerf.  Les  chiens  n'ont  nulle  ardeur  pour  fouler  le 
loup,  et  répugnent  si  fort  à  manger  do  sa  chair, 
qu'il  faut  la  préparer  et  l'assaisonner  lorsqu'on  veut 
leur  en  faire  curée,  buff.  Loup.  ||  Il  se  dit  aussi  des 
chiens  auxquels  on  abandonne  la  bête.  Laisser  fou- 
ler le  cerf  aux  chiens.  ||  8°  Distendre  une  articula- 
tion, la  contondre.  Cette  chute  m'a  foulé  le  poignet. 
Il  Se  fouler,  fouler  à  soi.  Il  s'est  foulé  le  pied  en 
tombant.  ||  Kig.  et  populairement.  Il  ne  se  foule  pas 
la  rate,  il  ne  se  donne  ni  mal  ni  peine.  ||  9°  Y.  n. 
Exercer  une  action  de  pression.  On  feutre  en  fou- 
lant. Il  Terme  d'impression.  Il  se  dit  de  l'action 
de  la  presse  sur  les  feuilles.  Cette  presse  foule 
également.  ||  10°  Se  fouler,  v.  réfl.  Être  pressé,  serré 
par  la  foule.  On  s'est  beaucoup  foulé  à  la  sortie 
du  spectacle.  |{  Fig.  et  familièrement.  II  ne  se  foule 
pas,  il  ne  se  donne  pas  beaucoup  de  peine.  Je 
pense  faire  ce  travail  en  deux  jours  sans  me  fouler. 
il  Éprouver  une  foulure.  Mon  genou  s'est  foulé  dans 
la  chute. 

—  HIST.  xn'  s.  Li  cristien  rei  soient  sainte  iglise 
obéir;  Lais  [un  laïque]  ne  deit  clerc  fuler,  mais 
chier  le  deit  tenir,  Th.  le  mart.  76.  Mais  de  primes 
en  est  Normendie  fulée,  ib.  )63.  jj  mi'  s.  Renart, 
la  maie  flame  farde  I  Tantes  foiz  nos  avez  fotées  Et 
chacies  et  Iribulées ,  Et  descirée.s  nos  pelices, 
Ben.  (0016.  Lede  estoitetsale  et  foulée  Celeymago, 
et  megre  et  chetive.  Et  aussi  vert  cum  une  cive, 

la  Rose,  (90 Dieux  avoit  planté  La  vigne  et  foUé 

le  vin,  Ru^sB.  n,  8«.  Les  chevaus  à  nos  gens  étoieut 


FOU 

frez  et  les  chevaus  aus  Turs  estoient  j;i  foulez  [fa- 
tigués], JOINV.  Il  XV*  s.  Et  dedans  deux  ans  ou  trois, 
quand  ils  [les  gens  du  duc  d'Anjou]  seroient  foulés, 
lassés  et  tannés,  il  [Charles  de  Duras]  les  combat- 
troit  à  son  avantage,  froiss.  ii,  ii,  <36.  Vertu  et 
vaillance  ou  parfaite  science,  tant  soit  elle  foulée,  ne 
laisse  pas  pourtant  d'avoir  d'aucuns  la  louange 
qu'elle  doibt  avoir,  Bouciq.  m,  u.  Le  rouge  che- 
valier, qui  ne  se  fouloit  point,  faisoit  tant  d'armes, 
que  devant  ses  coups  il  ne  demouroit  chevalier  en 
selle.  Perce forest,  t.  m,  f»  33.  Le  tiers  [le  3«  chas- 
seur] l'ours  le  print  et  le  fouUa  soubz  luy,  comm.  iv, 
3.  Seront  tenus  fouller  sus  establie  à  la  main  tant 
seulement,  sans  fouller  au  pied....  Ordonn.  mars 
U60.  Il  xvi"  s.  X  recevoir  tant  de  cervelles  estran- 
gieres,  il  est  nécessaire  que  la  sienne  se  foule,  se  con- 
traigne et  rapetisse  pour  faire  place  aux  aultres, 
MONT.  I,  <39.  Quelqu'un  en  mes  jours,  estant  repro- 
ché par  le  roy  d'avoir  mis  les  mains  sur  un  presbtre, 
le  nioit  fort  et  ferme  :  c'estoit  qu'il  l'avoit  battu  et 
foulé  aux  pieds,  m.  i,  323.  Les  âmes  seroient  à  se 
fouler  à  qui  prendroit  place  la  première....  ID.  n, 
308.  Comme  si  son  but  estoit  de  fouler  aux  pieds 
le  genre  humain,  ianoue,  373.  Les  Gaulois  esti- 
mèrent leur  honneur  foulé  en  ce  que  les  Romains 
les  alloient  assaillir  les  premiers,  amyot,  Cam. 
70.  Bien  aises  de  son  malheur,  comme  s'ilz  eussent 
foulé  aux  pieds  celuy  que  la  fortune  avoit  abalu, 

ID.  Timol.    20 De  répudier  ainsi ,  à  la   voilée, 

des  princesses  de  bien  et  d'honneur,  foulant  leur 
réputation,  carloix,  h,  2.  Le  matin  on  vint  pour 
rompre  et  fouler  la  porte  de  sa  chambre,  pour  la 
tuer,  BRANT.  Cap.  fr.  t.  iv,  p.  40  ,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Wallon,  foler,  marcher  sur  ;  provenç. 
folar,  foUar;  espagn.  hollar;  ital.  foUare;  d'un 
radical  latin  fuH,  qui  se  trouve  dans  futlo,  foulon, 
et  dans  fulcire ,  appuyer.  C'est  par  une  dérivation 
facile  que  de  fouler,  serrer,  presser,  on  a  tiré  foule, 
presse  de  gens. 

FOCLF.RIE  (fou-le-rie),  s.  f.  Atelier  de  foulage. 
(I  Machine  à  fouler. 

—  HlST.  XIII"  s.  Pour  ce  que  plusieurs  fraudes  et 
malices  estoient  fêtes  ou  mestier  de  la  foulerie,  et 
dont  domage  avenoit  au  commun  du  mestier.... 
Ii».  des  met.  400. 

—  ETYM.  Fouler. 

+  FOCLEUR  (fou-leur),  s.  m.  \\  1°  Celui  qui  foule 
le  raisin  dans  la  cuve.  ||  2»  Synonyme  de  foulon. 
Défenses  aux  fouleurs  desdits  ouvrages,  de  se  ser- 
vir d'autres  instruments....  et  aux  foulonniers  de 
moulins  à  fouler  drap  et  étoffes,  de....  ArrH  du  Con- 
seil, 30  mars  <700.  ||  3°  Fouleur  au  tonneau,  ou- 
vrier qui  foule  dans  la  cuve  les  peaux  de  lapin,  de 
lièvre,  de  chat,  de  chien. 

—  ÏTYM.  Fouler. 

FOULOIR  (fou-loir),  s.  m.  ||  1°  Instrument  avec 
lequel  on  foule.  ||  Le  lieu  où  l'on  foule.  ||  2°  Instru- 
ment pour  nettoyer  une  pièce  de  canon.  ||  3°  Instru- 
ment avec  lequel  le  dentiste  enfonce  l'amalgame 
d'or  et  de  platine  dans  la  cavité  d'une  dent  cariée 
pour  la  plomber.  ||<°  Espèce  de  caisse  pour  fouler 
la  vendange. 

—  ÉTYM.  Fouler. 

t  FOCLOIRE  (fou-loi-r^,  s.  f.  Terme  do  chape- 
lier. Table  sur  laquelle  on  foule  les  chapeaux. 
Il  Terme  de  bonnetier.  Grand  cuvier  dans  lequel  on 
foule  les  bas. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  plus  aisée  manière  de  fouler 
les  raisins,  en  est  par  la  fouloire  mise  sur  la  cuve, 
dans  laquelle  un  homme  à  pieds  nus  et  bien  lavés 
espraint  les  raisins,  dont  le  moust  s'escoule  dans  la 
cuve  par  des  trous  faits  au  fons  de  la  fouloire,  o.  de 

SERRES,  2H. 

—  ÉTYM.  Fouler. 

FOULON  (fou-Ion),  s.  m.  \\  1°  Artisan,  dit  aussi 
foulonnier  et  moulinier,  qui  prépare  les  étoffes  de 
laine  en  les  faisant  fouler  au  moulin.  Ses  vêtements 
parurent  blancs  comme  la  neige,  et  d'une  blancheur 
que  nul  foulon  sur  la  terre  ne  pourrait  jamais  éga- 
ler, Nouv.  Test.  St  Marc,  ch.  ix  ,  trad.  de  Port- 
Royal,  dans  RicHELET.  Il  Moulin  à  foulon,  moulin 
qui  sert  à  fouler  les  draps.  ||  Terre  à  foulon,  argile 
qui  sert  k  dégraisser  les  draps.  Il  fBomare]  ne  fait 
pas  une  mention  particulière  de  la  sorte  de  terre  à 
foulon  dont  on  se  sert  en  Angleterre  pour  détacher 
et  même  lustrer  les  draps;  il  est  défendu  d'en  ex- 
porter, et  cette  terre  est  en  effet  d'une  qualité  su- 
périeure;*" toutes  celles  que  l'on  emploie  en  France, 
«il  je  suis  '(îersuadé  néanmoins  qu'on  pourrait  en 
trouver  de  semblable,  bufp.  Min.  t.  vu,  p.  <4), 
dans  pouoENS.  Il  Chardon  à  foulon,  voy.  chardon. 
Il  2'  Grosse  espèce  de  hanneton.  ||  En  Normandie, 
frclo  . 


F0t3 

—  HIST.  xm'  s.  Chardon  à  foulon  dont  l'en 
atoume  les  dras,  la  charrete  doit  deux  deniers,  à 
asne  obole,  à  col  noiant,  Liv.  des  mit.  290.  |{  xiv  s. 
Que  aucuns  ne  puisse  ou  doie  escurer  au  foulon 
aucuns  draps  à  sain  [graisse],  mais  que  à  la  terre 
et  à  l'eaue  chaude  tant  seulement,  Ord.  des  rois  de 
Fr.  t.  m,  p.  416.  Il  XV  s.  Le  comte  de  Flandre  fil 
décoller  mechans  gens,  tels  que  foulons  et  tisse- 
rands qui  avoient  misa  mort  ses  chevaliers,  froiss. 
II,  u,  63.  Il  XVI*  s.  Onques  foulon  ne  caressa  char- 
bonnier, LEROUX  de  LINCY,  t.  II,  p.   131. 

—  ÊTYM.  Lat.  fuUo,  fullonis,  foulon. 

t  FOULONNIER  (fou-lo-nié),  s.  m.  \\  1°  Voy.  wu- 
LON.  Il  2°  Propriétaire  de  moulins  à  foulon.  Faisons 
défenses  à  tous  fabricans  et  marchands  de  faire 
fouler  et  apprêter,  et  à  tous  foulonniers  et  apprê- 
teurs  de  recevoir  aucunes  dosdites  étoffes,  si  elles 
ne  sont  revêtues  desdits  plombs  ou  empreintes , 
Letl.  pat.  4  juin  )780,   art.  6. 

—  ÉTYM.  Foulon. 

FOULQUE  (foul-k') ,  s. /■.  Genre  d'oiseaux  échas- 
siers  dont  chaque  espèce  est  appelée  aussi  poule 
d'eau  comme  celles  de  plusieurs  autres  genres,  le- 
GOARANT.  Il  Nom  qui  s'applique  principalement  à  la 
foulque  très-noire,  dite  encore  grande  foulque,  pour 
la  distinguer  des  autres. 

—  HIST.  xrv*  s.  L'en  y  met  pigons,  saussisses, 
fourques,  Ménagier,  n,  6. 

—ETYM.  Provenç.  folca,  espagn.  fulica;  du  latin 
fulica,  accent  sur  fu. 

FOULURE  (fou-lu-r'),  s.  f.\\l'  Action  de  fouler 
des  draps.  ||  Terme  de  corroyeur.  Foulure  des  peaux, 
action  de  les  fouler  aux  pieds,  soit  à  sec  soit  mouil- 
lées. Il  2"  Au  plur.  Terme  de  chasse.  Marques  légè- 
res que  le  pied  du  cerf  laisse  sur  l'herbe.  ||  3°  Bles- 
sure d'une  partie  foulée.  Il  s'est  fait  une  foulure  à 
l'un  des  pieds,  et  il  ne  peut  marcher.  ||  Fig.  et  fami- 
lièrement. Il  n'attrapera  pas,  ou  il  ne  se  donnera  pas 
de  foulure,  il  travaille  mollement  et  sans  se  presser. 

—  HIST.  XIII*  s.  S'il  couste  à  garir  de  sa  folure, 
cil  qui  traist  le  cop  est  tenus  à  paier  les  cousts, 
BEAUM.  Lxix,  3.  |)  XV*  S.  Mauvalso  fouUure  [contu-  ' 
sion]  est  que  de  fust,  Perceforest,t.  n,  f°2.  ||  xvi*s.  ' 
....Et  sçavoit,  sans  avoir  veu  le  cerf,  quelle  teste  il 
avoit,  En  voyant  seulement  ses  erres  et  fouleures, 
RONS.  2)0.  De  foulure:  Le  bœuf  estant  foulé  à  la 
teste,  ou  au  col  (comme  avient  souvent  par  le  joug), 
faudra  appliquer  dessus,  un  couple  d'œufs  rompus 
dans  un  plat,  o.  de  serres,  977. 

—  ÉTYM.  Fouler;  picard,  folure,  blessure. 

t  FOUPIR  (fou-pir),  v.  a.  Délustrer,  chiffonner 
une  étoffe  en  la  maniant. 

—  ETYM.  Fourpir,  donl  foupir  est  une  altération, 
vient  de  l'ancien  français  ferpe,  felpe,  qui  est  le 
mot  actuel  fripe. 

t  FOUQUET  (fou-kè) ,  s.  m.  Espèce  d'hirondelle 
de  mer.  ||  Ancien  nom  vulgaire  de  l'écureuil. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  Foulque,  nom  propre  ;  les 
noms  propres  sont  plus  d'une  fois  devenus  noms- 
d'animaux.  Fouquet,  le  célèbre  surintendant  sous 
Louis  XIV,  portait,  par  allusion  au  sens  du  mot,  un 
écureuil  dans  ses  armes. 

4.  FOUR  (four),  s.  m.  ||  1°  Ouvrage  de  maçonnerie 
rond  et  voûté,  où  l'on  fait  cuire  le  pain.  Chauffer  le 
four.  Chaque  jour  il  alloit  visiter  les  fours,  goiiter  le 
pain,  et  s'assurer  de  la  régularité  de  toutes  les  dis- 
tributions, SÉGUH,  Ilist.  de  Nap.  v,  < .  ||  Four  banal, 
four  auquel  les  habitants  d'une  certaine  circon- 
scription étaient  obligés  d'envoyer  cuire  leur  pain 
sans  pouvoir  le  faire  cuire  chez  eux.  ||  Donner  le 
four  trop  chaud  à  du  pain,  à  de  la  pâtisserie,  mettre 
cuire  le  pain  ou  la  pâtisserie  dans  un  four  trop 
chauffé.  Ij  Four  de  campagne,  four  portatif.  |{  En  un 
autre  sens.  Four  de  campagne,  ustensile  de  mé- 
nage, espèce  de  couvercle  en  tôle,  à  double  rebord, 
dont  l'un,  plus  creux,  emboîte  le  plat,  et  dont  l'au- 
tre reçoit  des  charbons  allumés  ;  ce  couvercle  se 
met  sur  les  casseroles  ou  plats  de  cuivre  pour  les  en- 
velopper de  chaleur  comme  dans  un  four.  ||  Pièce  de 
four,  gâteau  et  autre  pièce  de  pâtisserie  cuite  au  four. 
Du  laitage,  quelque  pièce  de  four,  i.  J.  rouss.  Ém. 
n.  Il  Petits  fours,  sorte  de  petite  pâtisserie  légère 
pour  desserts,  pour  soirées,  etc.  ||  Familièrement.  Il 
y  fait  chaud  comme  dans  un  four,  et,  absolument, 
c'est  un  véritable  four,  se  dit  d'un  endroit  où  il  fait 
une  très-grande  chaleur.  ||  Il  y  fait  noir  comme  dans 
un  four,  on  y  voit  comme  dans  un  four,  se  dit  d'un 
lieu  très-obscur.  ||  Elle  est  grande  comme  un  four," 

se  dit  d'une  bouche   très-fendue En  ouvrant 

la  bouche  aussi  grande  qu'un  four,  à  force  de 
bâiller,  scarr.  iiom.  com.  i,  6.  ||  2°  L'endroit  où 
est  le  four.  Aller  au  four.  ||  3°  Lieux  voûtés  et  ou- 
verts par  en  haut,  où  l'on  fait  cuire  la  chaux,  le 


FOU 


1751 


plâtre,  etc.  ||  Four  à  poulet,  endroit  clos  où  l'on 
entretient  une  température  constante,  suffisante 
pour  faire  éclore  les  œufs.  J'ai  vu  les  pyramides  et 
n'en  ai  point  été  émerveillé;  j'aime  mieux  les  four» 
à  poulets,  dont  l'invention  est,  dit-on,  au.ssi  an- 
cienne que  les  pyramides,  volt.  Déf.  de  mon  oncle, 
ch.  21 .  Il  4"  Coffre  en  tfile  fermé  par  une  porte,  placé 
au-dessus  du  foyer  d'un  poêle.  ||  S*  Cul  de  four,  es- 
pèce de  voûte  cintrée  en  élévation  dont  le  plan  est 
ovale  ou  circulaire.  ||  6°  Fours  à  cristaux,  cavités 
tapissées  de  cristal  de  roche,  dans  les  Alpes. 
Il  7°  Ancien  terme  de  marine.  Petit  retranchement 
fait  en  arrière  de  la  soute  aux  poudres,  et  juste- 
mont  dans  les  façons  qui  sont  formées  par  les 
fourcats ,  jal.  ||  8"  Terme  de  théâtre.  Faire  four, 
se  disait  des  comédiens  qui  refu.saient  de  jouer  et 
renvoyaient  les  spectateurs  quand  la  recette  ne  cou- 
vrait pas  les  frais.  {|  Aujourd'hui,  se  dit  d'un  co- 
médien ou  de  tout  autre  qui  échoue,  d'un  livre, 
d'une  entreprise  qui  ne  réussit  pas.  ||  On  dit  dans 
le  même  sens  :  C'est  un  four  ;  on  ne  s'attendait 
pas  à  un  four  aussi  complet.  ||  9°  Four  s'est  dit 
aussi  des  loges  du  cintre  d'un  théâtre,  qui  ont 
ea  effet  la  forme  d'un  four.  ||  Proverbes.  Vous  vien- 
drez cuire  à  mon  four,  c'est-à-dire  vous  aurez  be- 
soin de  moi,  et  je  me  vengerai.  ||  Ce  n'est  pas 
pour  vous  que  le  four  chauffe,  c'est-à-dire  la  chose, 
l'affaire  n'est  pas  pour  vous.  On  dit  que  cette  Voi- 
sin mettait  dans  un  four  tous  les  petits  enfants  dont 
elle  faisoit  avorter;  et  M.  de  Coulanges,  comme 
vous  pouvez  penser,  ne  manque  pas  de  dire,  en 
parlant  de  la  Tingry  [dame  soupçonnée  de  se  faire 
avorter] ,  que  c'était  pour  elle  que  le  four  chauf- 
fait, sÉv.  31  janv.  JC8I1.  ||  On  ne  peut  pas  être  à  la 
fois  au  four  et  au  moulin.  « 

—  REM.  Four  dans  le  sens  de  chute  complète  au 
théâtre  :  Rochefort,  dans  ses  Souvenirs  d'un  vau- 
devilliste à  l'article  théaulon,  attribue  l'origine  de 
cette  expression  à  ce  que  cet  auteur  comique  avait 
voulu  faire  éclore  des  poulets  dans  des  fours  à  la 
manière  des  anciens  Egyptiens,  et  que  son  père, 
s'étant  chargé  de  surveiller  l'opération,  n'avait 
réussi  qu'à  avoir  des  œufs  durs.  C'est  depuis  cet 
incident  burlesque,  ajoute-t-il,  que  les  autours  di- 
sent qu'une  pièce  fait  four  quand  elle  éprouve  une 
chute  complète.  Cette  origine  n'est  pas  exacte, 
puisque  l'expression  dans  le  sens  ancien  est  anté- 
rieure à  Théaulon.  Il  est  possible  qu'elle  ait  été  re- 
mise à  la  mode  depuis  quelques  années  et  avec  un 
sens  nouveau,  qui  peut  avoir  été  déterminé  par  le 
four.de  Théaulon,  mais  c'est  ailleurs  qu'il  faut  en 
chercher  l'explication  :  les  comédiens,  refusant  de 
jouer  et  renvoyant  les  spectateurs ,  c'est  là  le  sens 
primitif,  faisaient  four,  c'est-à-dire  rendaient  la 
salle  aussi  noire  qu'un  four. 

—  HIST.  XI*  s.  Les  treis  enfanz  tout  en  un  forn 
ardent,  Ch.  de  Roi.  ccxxiv.  ||  xiu*  s.  Fours,  quant  il 
vient  en  pris,  doit  estre  prisiés  en  le  [la]  manière 
que  nos  deismes  dessus  des  edefices  ;  car  c'est  ede- 
fices,  BEAUMAN.  xxvii,  2).  ||  XIV*  S.  [Il]  Mina  moult 
fièrement  le  mur  anciseour  [ancien] ,  Qu'un  trou  y 
fist  plus  grant  que  la  gueule  d'un  four,  Guescl. 
20215.  Le  four  du  cors  [clibanus  corporis],  c'est 
l'estomac,  h.  de  mondeville,  f"  84.  ||  xv°  s.  Et 
descendoit  si  grant  chaleur  du  ciel,  que  proprement 
il  estoit  avis  k  ceux  qui  estoient  en  leurs  armures, 
qu'ils  fussent  en  un  four,  froiss.  m,  iv,  20.  Au  four 
et  au  moulin  oyt  l'en  les  nouvelles,  leroux  de  lincy, 
Prov.  t.  II,  p.  197.  J'ai  veu  qu'il  pleuvoit  et  gres- 
loit  et  faisoit  noir  comme  en  ung  four,  que  le  pou- 
vre  homme  venoit  tout  à  pié,  affin  qu'il  ne  fust 
aperceu.  Les  tijoyes  du  mariage,  p.  124.  Les  fou» 
à  estas  élever.  Les  saiges  laisser  en  destour,  Les 
vaillans  mettre  au  cul  du  four,  Faire  inimisté  et 
déraison....  eust.  desch.  Comment  le  roi  aura  jusli 
maison.  ||  xvi*  s.  Cet  effort  inutile  à  ce  qu'il  pensoit, 
lui  donna  ce  qu'il  n'esperoit  point,  assavoir  les  fours 
que  les  nostres  faisoient  pour  faire  sauter  la  con- 
tr'escarpe  et  le  logement  qui  estoit  dessus,  d'aub. 
JHst.  1,  246.  Four  de  réverbération....  fours  secret» 
des  philosophes,  œuf  des  philosophes,  cornue.... 
PARÉ,  t.  m,  p.  638.  i  faire  la  gueule  d'un  four  sont 
trois  pierres  nécessaires,  rabel.  iv.  Prologue.  La 
bonne  femme  ne  sercheroyt  jamais  sa  fille  au  four, 
si  elle  n'y  eust  esté  paravant  elle-mesmes,  palsgb. 
p.  708.  Pensez  que ,  s'il  y  a  rompture,  vous  serez 
[Marguerite  de  Valois]  la  première  qui  en  portera  la 
paste  au  four  et  qui  en  aura  plus  de  domnage, 
Lett.  de  Louis  XII,  t.  i,  p.  195,  dans  laclrne.  A 
pauvres  gens  la  paste  gele  au  four,  leroux  de  linct, 
Prov.  t.  II,  p.  197. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  for;  normand,  foui  (Orne), 
provenç.  fomi  espagn.  fiorno;  ital.  fornoi  du  latin 


1752 


FOU 


fnrnas,  que  les  étymologistes  rapprochent  de  for- 
mus,  chiiirt,  du  grec  eepixo;,  et  du  sanscrit  gharma. 
t  "J.  FOUR  (fnur) ,  t.  m.  Anciennement,  nom,  à 
Paris,  de  lieux  servant  à  enfermer  lea  gens  sans 
aveu  qui  battaient  le  pavé  et  qui,  une  fois  enfermes, 
étaient  enrôlés  de  force  :  ces  fours,  de  l'invention 
de  M.  d'Argenson ,  étaient  en  très-grand  nombre. 
Je  me  donne  au  diable,  il  me  prend  envie  de  faire 
un  four  de  notre  appartement  ;  autant  de  gens  qu'il 
y  Tiendra,  je  vous  les  enrôle,  DANCOunT,  la  Gaxelle, 
se.  t. 

—  f.TYM.  Four  est  ici  l'analogue  de  four  dans 
Ft'ur-î'Évêqxie,  Four-aux-Dames.  Ces  fours  étaient 
dc'i  prisons  annexées  à  certains  tribunaux  ;  le  nom 
en  vient  de  forum,  tribunal. 

).  FOURBE  (four-b"),  adj.  Qui  a  recours,  pour 
tromper,  à  des  moyens  odieux.  Kt  vous  m'avez  cru 
fourbe  ou  de  peu  de  pouvoir,  corn.  Pohj.  v,  6. 
Il  Fig.  Imagination ,  c'est  cette  partie  décevante 
dans  l'homme,  cotte  maîtresse  d'erreur  et  de  faus- 
seté, et  d'autant  plus  fourbe  qu'elle  ne  l'est  pas  tou- 
jours, PASC.  Pensées,  t.  i,  p.  254,  édit.  lauube. 
Il  S.  m.  et  f  Un  maître  fourbe.  Quoi!  je  suis  donc 
un  fourbe,  un  bizarre,  un  jaloux!  corn,  le  Ment,  ii, 
3.  Mais  à  fourbe  fourbe  et  demi,  scarr.  Virg.  iv.  Il 
court  parmi  le  monde  un  livreabominable.  Un  livre 
."i  mériter  la  dernière  rigueur,  Dont  le  fourbe  aie 
front  de  me  faire  l'auteur,  mol.  Slis.  v,  i.  La  fourbe 
a  de  l'esprit,  la  sotte  est  toute  bonne,  id.  ib.  ii,  5. 
Sors  d'ici,  fourbe  insigne,  BOiL.  Sa(.  xii.  Ah!  fourbe, 
fourbe ,  tu  m'as  trompée,  tu  te  livres  bien  heureu- 
sement à  la  vengeance  que  j'en  veux  prendre,  dan- 
court,  Été  des  coquettes,  se.  20.  Ces  oracles  menteurs 
d'un  temple  méprisable  Que  les  fourbes  d'Egypte 
ont  rendu  vénérable,  volt.  S^m  ira  m.  li,  4. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  forbe  ;  del'ital.  furbo,  fourbe. 
Diez  regarde  furbo  comme  ayant  le  même  radical 
que  fourbir,  nettoyer,  et  par  suite  dépouiller.  C'est 
d'une  façon  analogue  que  polir  a  donné  polisson. 

2.  FOURBE  (four-b'),  s.  f.  ||  1°  Caractère  du 
fourbe  ;  disposition  à  fourber,  habitude  de  fourber. 
La  fourbe  n'est  le  jeu  que  des  petites  âmes.  Et  c'est 
là  proprement  le  partage  des  femmes,  corn.  Nicom. 
IV,  -1.  En  matière  de  fourbe  il  est  maître,  il  y  pipe, 
ID.  Menteur,  m,  3.  Des  malheurs  qui  sont  sortis  De 
la  boite  de  Pandore,  Celui  qu'à  meilleur  droit  tout 
l'univers  abhorre,  C'est  la  fourbe,  à  mon  avis, 
lA  FONT,  Fdbl.  III,  6.  Du  nom  de  fierté  noble  on 
orna  l'impudence,  Et  la  fourbe  pa,ssa  pour  exquise 
prudence,  boil.  Sat.  xii.  Vous,  nourri  dans  la  fourbe 
et  dans  la  trahison,  rac.  Athal.m,  4.  ||  2°  Acte 
de  fourbe.  Ce  héros  voit  la  fourbe  et  s'en  moque 
dans  l'âme,  corn.  Pomp.  ii,  2.  Nous  triomphons, 
Attale,  et  ce  grand  Nicomède  Voit  quelle  digne  issue 
à  ses  fourbes  succède,  id.  Nicom.  m,  8.  11  répondit 
que,  si  l'attachement  avec  la  dame  de  Séville  était 
une  fourbe,  il  était  aisé  de  la  détruire,  scarr.  Jlom. 
com.  1,  22.  Sa  fourbe  fut  bientôt  découverte,  boss. 
Ilist.  i,  8.  Oh!  qu'il  va  me  payer  sa  fourbe  abomi- 
nable! VOLT.  Zaïre,  iv,  5.  M.  Furia  en  veut  sa  part 
[de  la  découverte  du  passage  de  Longus]....  vous, 
monsieur,  vous  voyez  la  fourbe,  et,  bien  loin  de  la 
découvrir,  vous  tâchez  d'en  profiter  pour  vous  glisser 
entre  nous  deux,  p.  l.  cour.  Lettres  à  M.  Renouard. 
IlSuporcherie.  Si  je  savais  faire  des  vers,  vous  pour- 
riez vous  douter  d'une  fourbe,  dalzac,  liv.  vii,lett.  33. 

—  SYN.  FOURBE,  FOURBF.RiB.  La  fourbe  est  le  ca- 
ractère du  fourbe  ;  la  fourberie  est  l'action  de  four- 
ber ;  mais  quand,  par  extension,  fourbe  prend  le 
sens  d'acte  de  fourbe,  alors  fourbe  et  fourberie  sont 
exactement  synonymes. 

— IllST.  XV*  s.  Dame,  je  ne  say  de  leurs  forbes, 
Ne  aussi  leurs  intentions,  Hyst.  du  siège  d'Orléans, 
p.  548.  Le  moyne  qui  disoit  ses  heures  avec  luy 
[le  duc  de  Guienne,  frère  de  Louis  XI]  estoit  soup- 
çonné qu'il  avoit  joué  la  fourbe  à  monsieur  de 
Guyenne,  et  baillé  la  corme  verte,  et  qu'iceluy  moyne 
fut  cause  de  le  mettre  hors  de  la  terre  des  vivans  , 
l'hermite  de  soliers,  Cabinet  du  roi  Louis  XI ,  à 
la  suite  de  Comines ,  t.  iv,  p.  2is,  dans  lacurne. 
!|  XVI'  s.  Pour  estre  advocat  ou  financier,  il  ne  fault 
pas  mescognoistre  la  fourbe  qu'il  y  a  en  telles  va- 
cations, mont,  iv,  (68. 11  obtint  ce  qu'il  demanda  par 
cestc  fourbe,  dont  il  abusa  le  peuple,  akyot,  AU.  31 . 

—  f.TYM.  Fourbe  ) . 

FOURBE,  ÉE  (four-bé  ,  bée),  part,  passé  de 
fourber.  Fourbe  par  une  intrigante.  ' 

FOURBER  (four-bé),  r.  a.  Tromper  en  fourbe.  Et 
cet  ingrat  que  j'aime.  Après  m'avoir  fourbe,  me 
fait  fourber  moi-même,  corn,  le  Ment,  v,  2.  Vous 
vous  êtes  accordés,  Scapin,  vous  et  mon  fils,  pour 
me  fourber.... — Ma  foi,  monsieur,  si  Scapin  vous 
fourbe,  je  m'en  lave  les  mains,  mol.  Scapin,  m,  6. 


FOU 

Oui,  oui,  fourber  un  fourbe  est  une  œuvre  louable, 
destouches,  Diss.  i,  s.  jj  Absolument.  C'est  bien  ai- 
mer la  fourbe  et  l'avoir  bien  en  main  Que  de  pren- 
dre plaisir  à  fourber  sans  de.ssein,  corn.,  le  Ment. 
m,  3.  Je  ne  veux  pas  oublier  une  bagatelle  qui 
marque  l'extrême  application  que  les  prêtres  avaient 
à  fourber,  foxtem.  Oracles,  i,  (2.  Fais  qu'à  four- 
ber nul  fourbe  ne  me  passe,  Et  qu'en  fourbant  hon- 
neur et  losj'amassc,  J.  a.  Rouss.  Masque  de  Larerne. 

—  ÉTYM.  Fourbe  l. 

FOURBERIE  (four-be-rie),  s.  f.  ||  1°  Action  de 
fourber.  Je  ne  trouve  partout  que  lâche  flatterie. 
Qu'injustice,  intérêt,  trahison,  fourberie,  moi.. 
Mis.  1,  I.  Nous  plumons  une  coquette;  la  coquette 
mange  un  homme  d'afTaires;  l'homme  d'affaires  en 
pille  d'autres  ;  cela  fait  un  ricochet  de  fourberies 
le  plus  plaisant  du  monde,  le  sage,  Turcaret,  i,  (2. 
Ne  faut-il  pas  aux  peuples  quelque  chose  de  plus? 
n'ont-ils  pas  besoin,  je  ne  dis  pas  des  fourberies  de 
vos  bonzes,  mais  de  quelques  illusions  respectables? 
volt.  Dial.  XXVIII,  < .  ||  2"  Par  extension,  penchant  à 
fourber.  Vive  la  fourberie  et  les  fourbes  aussi!  mol. 
VÉt.  I,  0.  La  finesse  est  l'occasion  prochaine  de  la 
fourberie  ;  de  l'une  à  l'autre  le  pas  est  glissant  ;  le 
mensonge  seul  en  fait  la  différence  ;  si  on  l'ajoute  à 
la  finesse,  c'est  fourberie,  la  bruy.  vin. 

—  f.TYM.  Ital.  furberia,  de  furbo,  fourbe. 

f  FOURBESQUE  (four-bè-sk') ,  s.  m.  Nom  que 
porte  l'argot  italien,  dont  on  a  fait  des  vocabulaires 
dès  le  XVI'  siècle  et  qui  a  fourni  plusieurs  mots  à 
l'argot  français. 

—  ÊTYM.'ital.  furbo,  fourbe. 

FOURBI,  lE  (four-bi,  bic),pa)-(.  pa,w^de  fourbir. 
Une  casserole  bien  fourbie  et  reluisante. 

FOURBIR  (four-bir),  v.  a.  ||  1°  Polir  par  le  frotte- 
ment, en  parlant  d'ustensiles  de  fer,  de  cuivre,  et 
des  armes.  Fourbir  un  poêlon  avec  du  grès.  ||  Fig. 
Le  christianisme  fourbit  les  épéesqui  couvrirent  nos 
campagnes  de  cadavres,  volt.  Phil.  Déf.  demilord 
Bolingbroke,  43.  ||  2°  Se  fourbir,  v.  ré/l.  Être  fourbi. 
Ce  cuivre  se  fourbit  aisément.  ||  Se  fourbir  se  dit 
des  soldats  de  cavalerie,  cuirassiers,  par  exemple, 
qui  nettoient  leur  armure.  Le  cuirassier  a  tant  par 
jour  pour  se  nourrir,  se  fourbir. 

—  HIST.  XI' s.  Ferez  [frappez], segnor,  des  espées 
furbies,Ch.  de  Roi.  cxLi.  ||  xii's.  Il  a  materreà  grant 
tort  envaïe;  Se  nel  deffen  à  m'espée  forbie.  Je  ne 
me  prise  une  poume  pourie,  Raoul  de  C.  75.  Forbir 
la  purreture  de  la  chaitive  pense  [pensée] ,  Job,  p. 
440.  Il  xiir  s.  Nettement  tient  son  cuer  qui  ainsi  le 
forbit,  J.  de  meung.  Test.  1364.  Eve  rose  [eau  de 
rose]  dont  se  fourbissent,  Dit  du  mercier,  dans 
RAYNOUARD,  Gloss.  ||  xv  S.  Vous  avez  tuit  bouche  à 
court  ;  Mais  l'on  vous  fait  d'avoir  gaiges  le  sourt 
[on  fait  la  sourde  oreille  pour  vos  gages];  Et  si 
n'avez  rien  pour  fourbir  vos  dens.  Fors  bouche  à 
court,  sans  rien  mettre  dedans,  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  f"  218,  dansLACURNB.  Ilivrs.  Ilzportoient 
devant  eulx  des  escus  de  fer  bien  fourby  et  luisant, 
AMYOT,  P.  Mm.  30. 

—  ÉTYM.  Wallon,  horM;  namur.  foArbi;  provenç. 
forbir;  ital.  forbire  ;  angl.  furbish;  de  l'anc.  h.  al- 
lem.  furban,  nettoyer. 

t  FOURBISSAGÈ  (four-bi-sa-j'),  s.  m.  Action  de 
fourbir;  le  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Fourbir. 

FOURBISSEUR  (four-bi-seur),  t.  m.  Artisan  qui 
fourbit  et  qui  monte  les  sabres,  les  épées.  {|  Fig.  Se 
battre  de  l'épée  qui  est  chez  le  fourbisseur,  se  dis- 
puter une  chose  qui  n'est  ni  à  l'un  ni  à  l'autre  de 
ceux  qui  contestent. 

—  HIST.  XV'  s.  Quiconque  vouldra  estre  armurier 
ou  brigandinier,  fourbisseur  et  garnisseur  d'espées 
et  de  harnois,  Ordonn.  de  Charles  VIII,  sans  date. 
Il  XVI'  s.  Les  armes  pendues  es  boutiques  des  ar- 
meuriers  et  fourbisseurs,  amtot,  Pélop.  23.  Teste  à 
teste  comme  deux  fourbisseurs,  cotorave. 

—  ÉTYM.  Fotirbir.  L'ancienne  langue  disait  for- 
beur. 

t  FOURBISSIMK  (four-bi-ssi-m'),  adj.  Motditpar 
plaisanterie.  Très-fourbe.  Mascarille  est  un  fourbe 
et  fourbe  fourbissime,  mol.  VÉt.  ii,  6. 

—  ÉTYM.  Superlatif  de  fourbe,  formé  sur  le  mo- 
dèle du  superlatif  latin  en  issimus. 

FOURBISSURE  (four-bi-su-r'),  t.  f.  Action  de 
fourbir. 

—  HIST.  xvi*  s.  Fourbisseure,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Fourbir. 

rOURRU,  UE  (four-bu,  bue),  adj.  \\  I"  Terme  de 
vétérinaire.  Atteint  de  fourbure,  maladie  qui  été 
très-promptement  aux  chevaux  l'usage  des  jambes. 
Il  2°  Fig.  Incapable  de  marcher  à  cause  d'un  excès 
de  fatigue.  Je  suis  fourbu. 


FOU 

:  — HIST.  XVI' s.  Le  bestail....  et  spécialement  la 
bouvine,  qui  en  devient  fourbeue,  mangeant  ccsle 
herlie  estant  verte  [la  luzerne],  dont  soudainement 
elle  se  meurt,  o.  de  serres,  270.  Un  cheval  qui  a 
bcu  ayant  trop  chaud,  et  pour  tant  a  beu  for  le 
temps  qu'il  devoit  boire,  h.  eshenne,  dans  le  Diet. 

de  DOCHEZ. 

—  ÉTYM.  Berry  et  normand ,  forbu;  du  part,  passé 
de  l'ancien  verbe  se  forboire,  qui,  signifiant  boire 
avec  excès  (On  dit  que  tu  estois  coustumier  de  te 
forboire,  pasq.  Recherches,  p.  906,  dans  lacurne), 
signifiait  aussi  se  morfondre,  devenir  fourbu  ;  la 
fourbure  était  attribuée  à  ce  que  le  cheval  buvait 
avec  excès  ou  à  contre-temps.  Forboire  vient  du 
latin  foris,  hors,  et  de  boire  :  boire  mal  à  propos. 

FOURBURE  (four-bu-r'),  s.  f  Terme  de  médecine 
vétérinaire.  Inflammation  du  tis,su  réticulaire  du 
pied  chez  le  cheval,  et,  en  général,  chez  les  soli- 
pèdes  et  les  ruminants.  La  fourbure  vient  aux  che- 
vaux par  une  extraordinaire  chaleur  causée  par 
quelque  exercice  violent....  elle  vient  aussi  au  che- 
val qu'on  a  fait  boire  trop  tôt  après  avoir  eu  chaud, 
SOLEISEL,  Parfait  maréchal,  dans  richelet. 

—  ÉTYM.  Fourbu. 

t  FOURCAT  (four-ka),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Varangue  dont  les  deux  branches  se  rapprochent 
jusqu'à  affecter  la  forme  de  la  fourche  et  même 
celle  du  V.  ||  On  trouve  aussi,  au  commencement 
du  xvn'  siècle,  fourc  et  fourg. 

—  ÉTYM.  Lat.  furca,  fourche.  Fourcat  représente 
furcatum  sous  la  forme  provehçale. 

FOURCUE  (four-ch'),  t.f.\\  i'  Instrument  à  long 
manche,  muni,  au  bout,  de  deux,  trois,  ou  un  plus 
grand  nombre  de  dents  aiguës,  droites  ou  courbées, 
et  qui  sert  à  remuer  le  fumier,  les  fourrages,  et 
même  à  faire  les  gerbes.  Fourche  de  bois.  Fourche 
de  fer.  ||  Fourche  de  jardinier,  fourche  en  fer, 
à  fourchons  recourbés  en  dedans,  et  servant  à  rom- 
pre les  mottes  de  terre  quand  on  sème  les  graines. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Faire  quelque  chose  à  la 
fourche,  le  faire  négligemment,  grossièrement.  X 
peine  à  ces  propos  eut-il  fermé  la  bouche.  Qu'il 
entre  à  l'étourdie  un  sot  fait  à  la  fourche,  régnieb, 
Sat.  n.  Il  Pa.sser  les  chevaux  à  la  fourche,  les  panser 
mal,  les  battre  au  lieu  de  les  étriller.  ||  Être  traité  i 
la  fourche,  être  traité  avec  dureté  ou  d'une  ma- 
nière humiliante  (ces  locutions,  surtout  la  dernière, 
vieillissent).  ||  Fig.  Prendre  une  fourche,  chasser 
sans  ménagement.  S'il  osait  encore  revenir,  je  pren- 
drais une  fourche.  ||  2°  Disposition  en  forme  de 
fourche,  c'est-à-dire  disposition  d'un  objet  qui  offre 
deux  dents  ou  divisions.  Que  d'un  boisfaiten  fourche 
on  décore  mon  front,  hauteboche,  Xpp.  trompeuses, 
I,  <2.  Nous  plaçâmes  horizontalement  dans  la  four- 
che de  ces  piquets  une  longue  i^rche,  chateaubb. 
Voy.  Amer,  les  Onondagas.  ||  Fig.  Je  me  trouvai» 
ainsi  [lors  du  projet  de  mariage  de  la  duchesse  de 
Berry]  dans  la  fourche  fatale  de  voir  dès  mainte- 
nant, et  plus  encore  dans  le  règne  futur,  ce  qui 
m'était  le  plus  contraire,  ou  ceux  à  qui  j'étais  le 
plus  attaché,  sur  le  pinacle  ou  dans  l'abime,  st-sim. 
t.  VIII,  p.  216,  éd.  CHÉRUF.L.  ||  Bois  fourchu.  On  passe 
dans  le  col  de  chaque  esclavf  une  fourche  de  bois 
de  huit  à  neuf  pieds  de  long;  une  cheville  de  fer 
rivée  ferme  la  fourche  par  derrière,  de  manière  que 
la  tête  ne  puisse  pas  pas.ser,  raynal,  Ilist.  phil.  xi, 
n.  Il  Terme  de  marine.  Se  dit  de  deux  mâts  ou  mâ- 
tereaux  réunis  vers  le  sommet  pour  élever  des  far- 
deaux. Il  Autrefois  fourche  d'arquebuse,  bâton  garni 
d'un  fer  fourchu  dont  on  se  servait  pour  appuyer  le 
mousquet  en  tirant.  {|  Terme  de  vénerie.  Bâton  à 
deux  branches  auquel  on  attache  le  forhu  pour  faire 
la  curée.  ||  Fourche  à  blaireau,  fourchette  à  deux 
fortes  dents  de  fer  pour  arrêter  les  blaireaux.  ||  Faire 
la  fourche,  une  fourche,  se  dit  d'un  chemin,  d'une 
rivière  qui  se  bifurque.  ||  Terme  de  musique.  Faire 
la  fourche,  disposer,  sur  un  instrument  à  vent,  les 
doigts,  de  manière  que  le  doigt  du  milieu  étant  levé, 
l'index  et  l'annulaire  bouchent  chacun  un  trou. 
Il  8'  Fourches  patibulaires,  gibet  à  plusieurs  pilier» 
élevé  dans  la  campagne.  Etienne  Pasquier  remanjue 
que  les  fourches  patibulaires  de  Montfaucon  ont 
porté  malheur  à  tous  ceux  qui  s'en  sont  mêlés, 
SAINT-Foix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  iv,  p.  61,  dans 
pouor.NS.  Il  4°  Fourches  caudines, défilé  long  et  étroit 
où  l'armée  romaine  prise  par  les  Samnites  ne  fut 
lâchée  qu'après  avoir  passé  sous  le  joug  (l'an  de 
Rome  433).  Il  Fig.  et  familièrement.  Pa.sser  par  le» 
Fourches  caudines,  subir  des  conditions  humi- 
liantes. Ber\vick  passa,  comme  ses  confrère."^  «ou» 
les  Fourches  caudines,  le  jour  même  de  la  jonction 
de  son  armée  pour  laquelle  il  prit  l'ordre  du  duc  de 
Vendôme,  st-sim.  a08,  45.   ||  On  dit  aussi  abstolu- 


FOU 

meut  dans  le  même  sens.  Passer  sous  la  fourche. 
Il  B*  Terme  de  pêche.  Instrument  qui  sert  à  pren- 
dre le  poisson  en  l'enferrant.  ||  6°  Longue  perche 
îrmée  d'un  demi-cercle  au  bout,  dont  les  marchands 
le  servent  pour  mettre  et  ôter  les  étalages  qu'ils 
pendent  sur  le  devant  de  leurs  boutiques.  ||  7°  Les 
deux  branches  de  la  mandibule  inférieure  des  oi- 
seaux. Il  8°  Terme  de  blason.  La  queue  du  lion, lors- 
qu'elle est  divisée  en  deux.  ||  9°  S.  f.  plur.  Petits 
abcSs  qui  viennent  aux  doigts  et  aux  mains  des  gens 
de  travail. 

—  IllST.  XII'  s.  Ansi  l'on  fait  as  forches  contre- 
mont  sus  lever  [pendre  au  gibet],  Ronc.  p.  (97. 
....Ne  crient  [ne  craint]  ne  mort  ne  furkes  ne  tur- 
ment.  Th.  le  mart.  3i.  E  si  alcuns  les  volt  baillier 
[protéger  les  malfaiteurs] ,  od  furche  e  od  fer  les  es- 
tut  abalre,  e  vers  sei  sachier,  Rois,  p.  21 1 .  ||  xiii"  s. 
Sor  un  haut  mont  en  un  rochier  Fet  li  rois  les 
forches  drecier  Por  Renart  pendre  le  gorpil,  Ren. 
11096.  Une  forche  tint  en  ses  mains;  Si  le  feri 
parmi  les  rains.  Par  un  pou  ne  l'a  abatu,  ib.  )0389. 
Et  aussi  entendons  noz  de  cix  [ceux]  qui  abatent 
les  fourques  et  qui  despendent  les  pendus,  beaum. 
XXXI,  4  7.  Apres  rastel  n'a  mestier  fourche  [il  n'est 
besoin  de  fourche],  leroux  de  lincy,  t.  i,  p.  73. 
Il  XIV*  s.  Si  dient  qu'il  seroit  à  fourques  boins  pen- 
dus, Pour  le  grant  larrecin  qui  de  lui  est  issus, 
Baud.  de  Seb.  x,  878.  ||xvi'  s.  Hz  ont  pour  la  mar- 
que de  leur  monnoye  le  trident,  qui  est  une  fourche 
à  trois  fourchons,  l'enseigne  de  Neptune,  amyot, 
Thés.  6.  Le  prince  de  Condé,  le  premier  parti,  au- 
thcur  de  l'armée  redoutable,  fut  traitté à  la  fourche 
[durement],  quanddes  le  commencement  on  le  priva 
du  gouvernement  de  Picardie,  d'aub.  Hist.  u,  2)9. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  forche;  picard,  fourque ; 
Berry,  forche;  wallon,  foge;  prov.  força;  espagn. 
horca ;  ital.  força;  du  lat.  furca. 

FOURCHÉ,  ÉE  (four-ché,  chée),p(ir«.p(KS^de  four- 
cher. Hl»  Qui  fait  la  fourche,  qui  se  bifurque.  Cheveux 
fourches.  Animaux  à  pied  fourché.  Chemin  fourché. 
||2°Termede  blason.  Croix  fourchée,  celle  dont  les 
branches  sont  terminées  par  trois  pointes  qui  font 
deux  angles  rentrants.  ||  3°  Terme  d'ancienneadmi- 
nistration.  Pied  fourché,  bétail  quia  le  pied  fendu, 
et  bureau  où  l'on  payait  les  droits  d'entrée  sur  ce 
bétail.  La  même  année  il  y  eut  aussi  des  remon- 
trances du  parlement  au  sujet  du  domaine  aliéné 
par  le  roi  à  l'hôtel  de  ville  de  Paris  pour  le  paiement 
d'un  impôt  sur  le  vin  et  sur  le  pied  fourché,  impôt 
dont  l'hôtel  de  ville  avait  avancé  les  deniers,  volt. 
Hist.  jiarl.  ch.  te. 

t  FOURCUÊE  (four-chée),  s.  f.  Terme  de  jardi- 
nage. La  quantité  de  fumier,  de  foin,  de  fourrage 
qu'on  enlève  d'un  coup  avec  une  fourche. 

—  ÉTVM.  Fourche. 

t  FO0RCHE-FIÈRE  (four-che-fiê-r'),  ».  f.  Fourche 
à  deux  dents  longues,  aiguës  et  solides,  qui  sert  à 
élever  les  gerbes  pour  le  chargement  et  le  tassement 
des  récoltes.  Un  chien  de  cour  l'arrête  [le  loup|  ; 
épieux  et  fourches- fières  L'ajustent  de  toutes  ma- 
nil-res,  la  font.  Fables,  iv,  ie. 

—  HIST.  xiii*  s.  Li  autre  prend  sa  forche  fiere, 
Dont  devoit  espandre  son  fiens  ;  Et  li  autre  mené 
ses  chiens,  Ren.  .1468.  ||  xiv*  s.  Le  cuidant  ferir 
parmi  le  corps  d'une  fourquefiere  qu'il  avoit,  nn 
GANGE,  furcafira. 

—  Ktym.  Est-ce  le  latin  furca  ferrea,  fourche 
de  fer,  ou  furca  fera,  fourche  fière,  méchante?  la 
chose  est  incertaine.  Le  picard  dit  fier  et  fierer  :  Si 
fist  fierer  le  tronc  de  bandes  de  fier  tout  entour,  Chr. 
de  Rains,  p.  62  ;  et  la  fourche-fière  paraît  être  de 
dénomination  picarde.  D'un  autre  côté  férus  donne 
fier.  Quant  au  sens,  il  est  bon  avec  les  deux  étymo- 
logies. 

FO0RCHER  (four-ché).  ||  1°  F.n.  Faire  la  fourche, 
se  diviser  comme  fait  une  fourche.  Un  arbre  qui 
fourche.  ||  Être  bifurqué.  Mme  et  Mlle  d'Elbœuf  pas- 
sèrent à  Fontainebleau  sans  voir  personne,  suivant 
leur  proie  [M.  de  Mantoue]  jusqu'où  le  chemin  four- 
chait, ST-siM.  <38,  2).  Il  Fig.  Cette  famille,  cette 
race  n'a  point  fourché,  elle  n'a  formé  qu'une  seule 
branche.  ||  Fig.  La  langue  fourche,  quand  elle  pro- 
nonce un  mot  pour  un  autre;  c'est-à-dire  elle  prend 
la  bifurcation,  le  mot  qu'il  ne  faut  pais.  Je  ne  sais 
auquel  la  langue  a  fourché  le  premier,  .-.Év.  4B6. 
Il  2°  V.  a.  Terme  d'agriculture.  Tirer  de  terre,  avec 
une  fourche,  le  chiendent  que  les  labours  ont  arra- 
ché. Il  3°  Se  fourcher,  v.  rifl.  Prendre  une  disposi- 
tion fourchue.  Ses  cheveux  se  fourchent.  ||  Se  bifur- 
quer. Les  Romains  avaient  construit  un  grand 
chemin  qui  conduisait  de  Vieux  à  Bayeux,  où  il  se 
fourchait  pour  aller  à  Saint-I.o  et  à  Cherbourg,  se- 
imis,  Mém.  t.  u,  p.  (4. 

Dirr.    DE   LA    I.ANOIIE    FRANÇAISE 


FOU 

■  —  HlST.  XIV*  S.  Li  lions  ot  queue  fourchiée,  Chas- 
telain  de  Coud,  v.  J559.  Les  François  estoient  bien 
paignez,  Les  vis  [visages]  tendres  et  déliés,  Et  si 
avoient  barbes  fourchées,  Liv.  du  bon  Je.h.  28)  8. 
Il  XVI*  s.  La  langue  lui  fourcha  un  peu,  à  cause  que 
ce  n'estoit  pas  son  langage  naturel,  et  il  meit  une 
s,  au  lieu  d'une  n,  amyot,  Alex.  t)2.  Il  luy  relu.sa  sa 
fille  pour  luy  avoir  veu  faire  l'arbre  fourché  sur  une 
table,  MONT.  II,  350.  Ce  qu'on  a  dit  ;  tant  que  la 
tige  a  souche,  elle  ne  se  fourche  ;  est-ce  pas,  tant 
que  la  ligne  directe  dure,  la  collatérale  n'a  point 
de  lieu?  LOYSEL,  323.  Il  fallut  emplir  le  marais  de 
fascines  et  de  claies  par  dessus,  et  à  la  portée  du  ca- 
non fourcher  les  aproches  pour  gagner  les  deux  por- 
tes, d'aub.  IHst.  III,  444. 

—  ÊTVM.  Fotirche;  Berry,  la  langue  m'a  fourchi. 
t  FOURCHERET  (four-che-rè),  s.  m.    Terme  de 

fauconnerie.  Autour  de  moyenne  taille. 

t  I.  FOCRCHET  (four-cliè),  s.  m.  Terme  d'hor- 
ticulture. Division  d'une  branche  d'arbre  en  deux. 

—  ÉTYM.  Fourche. 

t  2.  FOPRCHET  (four-ché),  s.  m.  Terme  de  vété- 
rinaire. Maladie  particulière  au  mouton,  consis- 
tant dans  l'inllammation  d'un  repli  de  la  peau  qui 
s'enroule  entre  les  doigts  et  contient  des  follicules 
sébacés. 

—  ÉTYM.  Fourche. 

t  FOURCHETÉ,  ÉE  (four-che-té,  tce),  adj.  Terme 
de  blason.  Se  dit  d'une  croix  dont  chaque  branche 
est  terminée  par  trois  pointes. 

t  FOCRCHETÉE  (four-che-tée),  s.  f.  Ce  qu'on 
peut  prendre,  en  une  seule  fois,  avec  une  four- 
chette. 

—  ÉTYM.  Fourchette. 

FOURCHETTE  (four-chè-f),  s.  f.  ||  1°  Ustensile 
de  table  à  trois  ou  quatre  dents  dont  on  se  sert  pour 
prendre  les  morceaux  dans  son  assiette,  pour  dé- 
couper les  pièces,  etc.  Manger  avec  une  fourchette. 
Le  [faux]  marquis  fut  arrêté  à  Bayonne  chez  Du- 
dencourt,  qui  en  prit  tout  à  coup  la  résolution  sur 
ce  qu'il  lui  vit  prendre  des  olives  avec  une  four- 
chette, ST-siM.  300,  23.  ||  On  appelle  souvent  grande 
fourchette  la  fourchette  à  découper.  Passez-moi  la 
grande  fourchette.  ||  Déjeuner  à  la  fourchette,  man- 
ger de  la  viande  en  déjeunant.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. C'est  une  bonne  fourchette,  c'est  un  homme 
qui  dîne  bien,  qui  sait  bien  dîner.  |!  On  dit  aussi  dans 
le  même  sens  :  Il  a  un  joli  coup  de  fourchette,  il  donne 
bien  le  coup  de  fourchette.  ||  Jouer  de  la  fourchette, 
manger  activement.  ||  La  fourchette  du  père  Adam, 
se  dit  par  plaisanterie  quand  on  prend  avec  les  doigts 
ce  qui  .se  mange  ordinairement  avec  une  fourchette, 
de  la  viande,  des  fritures,  de  la  salade.  ||  2°  Instru- 
ment de  même  forme  que  la  fourchette  de  table, 
mais  pins  long  et  plus  gros,  dont  on  se  sert  pour 
prendre  les  viandes.  Tout  ce  qu'il  pouvait  enlever 
avec  la  fourchette  était  pour  le  prêtre,  Saci,  Bible, 
Rois,  I,  n,  t4.  Il  Au  hasard  de  la  fourchette,  se  di- 
sait de  ces  établissements  où  l'on  plongeait  la  four- 
chette dans  le  pot  pour  un  sou,  avec  droitde  garder 
ce  qu'on  amenait;  et  fig.  dans  le  langage  fami- 
lier, sans  choix,  sans  discernement.  ||  3°  Sorte  de 
pieu  fourchu  dont  les  arquebusiers  se  servaient 
pour  appuyer  leur  arme  en  tirant.  ||  Assemblage 
de  deux  petits  morceaux  de  fer  au  milieu  desquels 
était  un  fil  pour  guider  l'œil  de  l'arbalétrier.  ||  4°  In- 
strument de  même  forme  que  la  fourche  d'arque- 
busier, qui  -sert  à  assujettir  les  cisailles.  ||  5°  Terme 
d'horticulture.  Petit  jjâton  taillé  à  dents ,  qu'on 
enfonce  autour  des  cloches  de  verre,  pour  les  sou- 
lever et  donner  de  l'air  aux  plantes.  {|  Terme  de 
chasse.  Se  dit  de  petites  fourches  de  bois  qui  ser- 
vent à  la  chasse  des  alouettes.  ||  Terme  de  pêche. 
Perche  terminée  par  des  fourchons ,  servant  de 
manche  au  filet  appelé  truble.  ||  6°  Long  morceau 
de  bois  à  deux  pointes  de  fer  qui  est  attaché  à  la 
flèche  d'un  carrosse ,  et  que  l'on  abaisse  pour 
empêcher  que  le  carrosse  ne  recule  quand  il  est 
sur  une  pente.  ||  Fig.  Je  dis  au  régent  que,  pour 
éviter  d'ôter  M.  du  Maine  si  à  contre-temps,  je  ne 
voyais  de  fourchette  à  la  descente  que  M.  de  Cha- 
roiais  [de  moyen  de  s'en  préserver  que  de  faire  des 
avantages  à  M.  de  Charolais],  st-sim.  509,  236. 
Il  7°  Instrument  de  fer  qui  sert  aux  serruriers  à  tour- 
ner à  chaud  certaines  pièces.  ||  8°Instrumentdechi- 
rurgie  dont  on  se  sert  pour  relever  et  soutenir  la 
langue  de  l'enfant  lorsqu'on  veut  faire  la  section  du 
filet.  Il  9°  Le  petit  os  divisé  en  deux  branches  qui 
est  entre  les  deux  ailes  d'une  volaille.  ||  Populaire- 
ment. lA  fourchette  de  l'estomac ,  le  bréchet. 
Il  10»  Terme  d'anatomie.  Fourchette  du  sternum, 
l'échancrure  concave  transversalement  de  l'extré- 
mité supérieure  ou  claviculaire  de  cet  os.  ||  La  com- 


FOU 


1753 


missure  postérieure  des  grandes  lèvres  de  la  vulve. 
Il  11°  Terme  de  vétérinaire.  Partie  du  sabot  du  che- 
val située  à  sa  face  inférieure  dans  l'angle  formé 
parla  rentrée  de  l'extrémité  de  la  paroi,  désignée 
sous  le  nom  de  barre  ou  d'aro-boutant.  La  fourchette 
est  dite  échauffée,  quand  elle  présente  un  suinte- 
ment noirâtre  et  fétide.  Elle  est  dite  pourrie,  lors- 
que la  corne  en  devient  molle,  filandreuse  et  laisse 
échapper  un  produit  d'une  odeur  de  pourriture. 
Il  12°  Terme  d'architecture.  Endroit  où  Icsdeu*  pe- 
tites noues  de  la  couverture  d'une  lucam«  se  /oi- 
gnent à  la  pente  du  comble.  ||  13°  Partie  qui  garnit 
l'ouverture  de  la  manche  d'une  chemise  d'homme. 
Il  14°  Terme  de  gantiers.  Nom  de  petits  morceaux 
de  peau  qu'on  met  entre  les  doigts  des  gants. 
Il  15°  Terme  d'horlogerie.  Synonyme  de  pendiUon. 
Il  16°  Terme  de  musique.  Partie  du  mécanisme 
de  la  harpe  qui  élève  les  cordes  d'un  demi-ton. 
Il  17°  Terme  de  jeu  de  cartes.  Avoir  la  fourchette, 
garder  la  fourchette,  attendre  avec  la  fourchette,  se 
dit  quand  on  a  la  dame  et  l'as,  par  exemple  :  il  est 
de  règle  alors  de  ne  pas  attaquer,  car  on  se  ferait 
prendre  successivement  l'as  (par  le  valet)  et  la  dame 
(par  le  roi),  mais  d'attendre,  afin  de  jeter  l'as  sur 
le  roi  et  de  faire  une  levée  avec  la  dame.  Exemple 
pris  de  l'écarté  ;  il  serait  autre  au  piquet. 

—  lllST.  XIV*  s.  Trois  furchcstes  d'argent  pour 
mangier  poires,  de  laborde,  Émaux,  p.  322.  ||xv*s. 
Lesquelles  femmes  prindrent  trois  menuz  barreaux 
de  fer  et  une  pièce  nommée  forchette  ployée  en 
trois;  les  quels  barreaux  et  forchettes  povoient  pe- 
ser 2)0  livres  de  fer,  nn  cange,  fourchala.  Quatre 
fourchettes  d'argent,  à  manches  de  cristal,  dedans 
un  estui  de  cuir,  de  laborde,  Émaux,  p.  323.  ||  xvi*  s. 
Fourchette  [pièce  de  fourniment]  d'aob.  Ilist.  n, 
349.  Le  cartilage  xiphoïde,  dit  la  fourchette,  paré, 
I,  2.  Je  disnerois  sans  nappe....  et  m'ayde  peu  de 
cuillier  et  de  fourchette,  mont,  iv,  20o.  Première- 
ment ils  ne  touchoient  jamais  la  viande  avec  les 
mains,  mais  avec  des  fourchettes,  ils  la  portoicnt 
jusque  dans  leur  bouche,  en  allongeant  le  col  et  le 
corps  sur  leur  assiette..,,  ils  laprenoient  [la salade] 
avec  les  fourchettes,  car  il  est  défendu  en  ce  pays- 
là  de  toucher  la  viande  avec  les  mains,  quelque  dif- 
ficile à  prendre  qu'elle  soit,  et  ayment  mieux  que 
ce  petit  instrument  fourchu  touche  à  leur  bouche 
que  leurs  doigts,  l'Isle  des  Hermaphrodites  [satire 
de  la  cour  de  Henri  III],  dans  de  laborde,  Émaux, 
p.  324. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fourche;  Berry,  forchette. 
L'ancien  français  avait,  de  fourche,  un  autre  dimi- 
nutif, fburcele,  qui  se  disait  surtout  du  creux  de 
l'estomac. 

FOURCHON  (four-chon) ,  ».  m.  ||  1*  Chaque  bran- 
che d'une  fourche,  d'une  fourchette.  ||  2°  Fourche 
d'un  arbre,  l'endroit  d'où  sortent  les  branches. 

—  HIST.  xiv  s.  Pour  avoir  rappareillié  une  four- 
chette d'or,  à  prendre  la  .souppe  gu  [au]  vin,  c'est 
assavoir  refait  l'un  des  fourcherons,  de  laborde, 
Émaux,  p.  323.  Il  XV*  s.  Une  foyne  de  fer  à  deux 
fourgons,  DU  cange,  fuscina.  jj  xvi*  s.  Ce  champ  pa- 
lissé de  grand  bois  de  chasteigner  couchez  entre  des 
fourchons  à  la  mode  du  pais,  d'aub.  Hist.  i,  288. 

—  ÉTYM.  Fourche. 

FOURCUU,  UE  (four-chu,  chue),  adj.  ||  1*  Qui 
fait  la  fourche.  Le  mont  Parnasse  est  fourchu  ;  tu 
te  mettras  sur  une  des  pointes  et  moi  sur  l'autre,  et 
nous  considérerons  ce  que  nous  voudrons  tout  à 
loisir,  d'arlanc.  Lucien,  Caron  ou  le  contempla- 
teur. Ils  [des  faiseurs  de  romans]  nous  découvrent 
la  grande  époque  dans  laquelle  les  marsouins  nos 
aïeux  devinrent  hommes,  et  comment  leur  queue 
fourchue  se  changea  en  cuisses  et  en  jambes  ;  c'est 
là  le  grand  seiTice  que  Telliamed  a  rendu  depuis 
peu  au  genre  humain,  volt.  Lett.  Faugères,  s  mai 
)776.  Il  2"  Arbre  fourchu,  arbre  qui  se  bifurque. 
Il  Faire  l'arbre  fourchu,  se  poser  la  tête  en  bas  et  les 
pieds  en  haut  écartés  l'un  de  l'autre.  ||  Arbre  fourchu, 
nom  donné  autrefois  à  certaines  poésies  où  des  vers 
tri'Ss-petits  venaient  périodiquement  après  d'autres 
plus  grands.  ||  3°  Menton  fourchu,  menton  qui  oiïre 
un  léger  sillon  au  centre.  ||  4°  Chemin  fourchu,  che- 
min qui  aboutit  à  un  ou  plusieure  ciiemins.  ||  6°  Pied 
fourchu,  pied  fendu  des  animaux  ruminants.  Ces 
animaux  [les  lamas],  si  utiles  et  même  si  néces- 
saires dans  le  pays  qu'ils  habitent,  ne  coûtent  ni  en- 
tretien ni  nourriture  ;  comme  ils  ont  le  pied  fourchu, 
il  n'est  pas  nécessaire  de  les  ferrer,  buff.  Quadrup. 
t.  VI,  p.  59,  dans  pougens,  Quelqu'un  qui  voit  seu- 
lement la  piste  d'un  pied  fourchu,  peut  en  conclure 
que  l'animal  qui  a  laissé  cette  empreinte  ruminait, 
ct3V.  Rhol.  p.  )05.  Il  Les  pieds  fourchus,  tout  le 
bétail  qui  a  le  pied  fendu  comme  bœufs,  moutous, 

1.  —  ÎÎO 


1754 


FOU 


FOU 


FOU 


etc.  ou,  dans  un  sens  plus  général ,  tous  les  ani- 
maux qui  ruminent.  Les  bœufs,  les  béliers,  les  cUù- 
vres,  les  gazelles,  les  bubales,  les  chevrotai  ns,  le 
lama,  la  vigogne,  la  girafe,  l'élan,  le  renne,  les 
cerfs,  les  daims,  les  chevreuils,  etc.  sont  tous  des 
pieds  fourchus  et  composent  en  tout  un  nombre  d'en- 
viron quarante  espèces,  buff.  Quadrup.  t.  vu,  p.  27. 
'I  Pied  fourchu,  pied  attribué  par  la  mythologie  aux 
sylvains,  et,  par  imitation,  au  diable.  {|  Fig.  Il  a  le 
pied  fourchu,  se  dit  d'un  homme  méchant,  dange- 
reux, mécréant.  J'ai  reconnu  le  pied  fourchu,  j'ai 
deviné  ses  mauvaises  intentions. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  beau  nez  ne  grand  ne  petiz. 
Ces  petiotes  joinctes  oreilles.  Menton  fourchu,  cler 
vis  traictis.  Et  ces  belles  lèvres  vermeilles,  villon, 
Hegrcts  de  la  belle  llaulmyère.  ||  xvi*  s.  Quand  un 
esclave  avoit  failly,  ilz  luy  faisoient  porter  sur  ses 
espaules  un  bois  fourchu,  amyot,  Cor.  38.  L'urine 
sort  grandement  déliée,  fourchue,  ou  de  travers, 

PARÉ,  XVI,  24. 

—  ÊTYM.  Fourche;  Berry,  forchu. 

t  FOURCHURE  (four-chu-r'),  s.  f.  Endroit  où  une 
chose  commence  à  se  fourcher.  La  fourchure  des 
étamines  de  la  brunelle,  J.  J.  rouss.  Promen.  v. 
Pour  se  bien  tenir  à  cheval,  il  faut  s'y  tenir  assis 
droit  sur  l'enfourchure  ou  la  fourchure,  Trévoux, 
Ecuyer  français,  enfourchure. 

—  HIST.  XI*  s.  Et  tout  le  cors  très  qu'en  la  fur- 
cheûre,  Ch.  de  Roi.  eu.  ||  xm*  s.  Adont  firent  l'ost 
psmouvoir  et  vinrent  à  Tenis,  qui  à  mervelles  seoit 
bel,  come  il  sooit  en  une  fourceure  de  deus  rivières, 
Chr.  de  liains,  p.  <02.  |{  xvi"  s.  En  etestant  les  mû- 
riers, l'on  y  laissera  de  longs  chicots,  sursaillans  de 
quelque  pied  la  fourcheure  des  arbres,  o.  de  serres, 

409. 

—  ÉTYM.  Fourchu. 

t.  FOORGON  (four-gon),  s.  m.  ||  1*  Longue  perche 
garnie  de  fer  pour  remuer  la  braise  dans  Is  four. 
Il  i-  Tige  de  fer  servant  à  remuer  le  charbon  de 
terre  dans  la  grille.  {|  3°  Outil  pour  pousser  les 
charbons  sur  les  foyers.  ||  4°  Barre  de  fer  crochue 
avec  laquelle  les  plombiers  attisent  leur  feu.  |{  Pro- 
verbe. La  pelle  se  moque  du  fourgon,  se  dit  de  deux 
personnes,  également  ridicules,  qui  se  moquent 
l'une  de  l'autre,  ou  d'une  personne  qui  blime  dans 
une  autre  ce  qu'on  pourrait  reprendre  en  elle-même; 
locution,  venant  au  propre,  de  ce  que,  pour  arranger 
le  feu,  la  pelle  et  le  fourgon  se  valent.  L'abbé  Têtu 
dit  rudement  à  notre  voisine  :  Mais,  madame,  si 
elle  vous  avait  répondu  que  la  pelle  se  moque  du 
fourgon,  qu'auriez-vous  dit  î— Monsieur,  dit-elle,  je 
ne  suis  point  une  pelle,  et  elle  est  tm  fourgon,  sév. 
24  nov.  (679. 

—  HIST.  xiu*  s.  Car  pou  s'efforce  à  ceuls  qu'il 
tient  entre  ses  esles.  Qu'il  trébuche  en  enfer,  sans 
fourgons  et  sans  pelés,  j.  de  meunq,  Test.  <823. 
Il  XV"  s.  Jehannet  frappa  Raveilles  d'un  fourgon  ou 
atiseur  de  four  qu'il  tenoit,  du  cange,  atticinari. 
Il  XVI*  s.  Â  telle  pelé  tel  fourgon,  cotgrave.  Il  est 
bien  plus  aysé  d'accuser  l'un  sexe  que  d'excuser 
l'autre;  c'est  ce  qu'on  dict  :  le  fourgon  se  moque 
de  la  paele,  mont,  m,  388. 

—  ETYM.  Fourche;  espagn.  hurgon;  ital.  for- 
cone. 

a.  FO0RGON  (four-gon),  s.  m.  Longue  voiture 
couverte  dont  on  se  sert  dans  les  équipages  mili- 
taires et  dans  les  voyages,  pour  porter  les  bagages, 
les  provisions.  Vous  ne  sauriez  croire,  mademoiselle, 
combien  les  fourgons  sont  une  chose  divertissante, 
et  quel  excellent  remî'de  c'est  contre  une  grande 
passion  :  tantôt  il  s'y  estropie  un  cheval,  tantôt  il 
se  rompt  une  roue....  voit.  leK.  <27.  Le  régent, 
averti  de  la  prochaine  arrivée  du  czar  en  France, 
envoya  [à  Dunkerque]  les  équipages  du  roi,  chevaux, 
carrosses,  voitures,  fourgons,  st-sim.  467,  (36. L'em- 
pereur avait  compté  sur  une  multitude  de  voitu- 
res légères  et  sur  de  gros  fourgons  destinés  cha- 
cun à  porterplusieursmilliersde  livres  pesant,  dans 
des  sables  que  des  chariots  du  poids  de  quelques 
quintaux  traversent  avec  peine,  sfiouH,  Hist.  de  Nap. 
m,  i. 

—  ÉTYM.  Prov.  furguon;  il  parait  venir  de  four- 
che, à  cause  que,  dans  le  fourgon,  les  limons  sont 
unis  au  timon.  C'est  ainsi  qu'une  sorte  d'araire 
dont  parle  0.  de  Serres,  p.  4)7,  était  nommé  four- 
quat. 

FOURGONNER  (four-go-né) ,  «.  n.  ||  1°  Remuer 
la  braise  du  four  avec  le  fourgon.  ||  S*  Familière- 
ment. Déranger  le  feu  avec  les  pincettes,  ou,  si 
c'est  un  feu  de  charbon  de  terre,  avec  le  fourgon, 
soit  pour  l'accommoder,  soit  sans  nécessité.  Ne 
fourgonnez  pas  continuellement  dans  le  feu.  i|  3°  Par 
extension,  fouiller  en  dérangeant   tout.  Ne  four- 


gonnez point  dans  ce  cofTro.  ||  11  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  xui'  S.  Or  faut  le  four  à  l'enfourner.  Et 
le  fourgon  pour  fourgonner.  Choses  qui  failletU  en 
ménage. 

—  ÊTYM.  Fourgon  t  ;  bourguig.  feurguenai;  wal- 
lon, forguini;  na.muT.forguiner;  géney.  fourgouner; 
Berry,  forgonner,  fougonncr,  fougouner.  On  a  dit 
feurgier  dents  pour  curer  les  dents  (de  laborde. 
Émaux,  p.  232);  feurgier  tient  à  furgoere  :  Escuretes 
et  furgoeres,  Fabliaux  mss.  de  St-Gcrmain,  dans 
lacurnk,  escurele. 

t  F0UR1ÉRIS.ME  (fou-rié-ri-sm'),  *.  m.  Système 
de  philosophie  et  d'organisation  sociale  qui  établit 
l'arrangement  des  hommes  dans  la  société  suivant 
leurs  attractions  passionnelles  et  un  nouveau  mode 
d'association,  dit  plialanstère. 

—  ÊTYM.  Charles  Fourier,  auteur  de  ce  sys- 
tème, dit  aussi  phalanstérien. 

t  FOPRIÉRISTE  (fou-rié-ri-sf),  adj.  Qui  appar- 
tient au  fouriérisme.  ||  S.  m.  Partisan  du  fourié- 
risme, dit  aussi  système  phalanstérien. 

FOURMI  (four-mi),  i.  f.  \\  1°  Petit  insecte  hymé- 
noptère  qui  vit  en  société  sous  terre.  Allez  à  la 
fourmi,  paresseuse  que  vous  êtes,  considérez  sa 
conduite,  et  apprenez  à  devenir  sage,  sAci,  Bible, 
Prov.  de  Salom.  vi,  0.  La  fourmi  n'est  pas  prêteuse, 
C'est  là  son  moindre  défaut,  la  font.  Fahl.  i,  4 .  Les 
fourmis  passent  pour  une  excellente  démocratie  ; 
elle  est  au-dessus  de  tous  les  autres  États,  puisque 
tout  le  monde  y  est  égal  et  que  chaque  particulier 
y  travaille  pour  le  bonheur  de  tous,  volt.  Dict.  phil. 
Lois.  L'on  voit  dans  les  pays  méridionaux  sortir  tout 
à  coup  du  désert  des  myriades  de  fourmis,  les- 
quelles, comme  un  torrent  dont  la  source  serait  in- 
tarissable, arrivent  en  colonnes  pressées,  se  succè- 
dent, se  renouvellent  sans  cesse,  s'emparent  de 
tous  les  lieux  habités,  en  chassent  les  animaux  et 
les  hommes,  euff.  Quadrup.  t.  u,  p.  98,  dans 
pouGENS.  Chez  les  fourmis  comme  chez  les  abeilles, 
les  guêpes,  etc.  il  y  a  de  trois  sortes  d'individus, 
des  mâles,  des  femelles,  et  des  neutres  ou  des  indi- 
vidus privés  de  sexe,  bonnet,  Contempl.  nat.  xi,  22. 
Les  fourmis  alimentent  leurs  petits  à  la  manière  des 
guêpes,  en  leur  dégorgeant  la  nourriture  qu'elles 
ont  elles-mêmes  digérée  et  qui  se  montre  au  dehors 
sous  l'aspect  d'une  liqueur  visqueuse;  mais,  lors- 
qu'elles demeurent  privées  d'aliment  ,  leur  affec- 
tion pour  les  petits  se  change  en  cruauté,  et  elles 
les  dévorent,  ID.  ib.  La.  prévoyance  des  fourmis  a 
été  fort  célébrée,  l'on  répète  depuis  près  de  trois 
mille  ans  qu'elles  amassent  des  provisions  pour 
l'hiver  ;  qu'elles  savent  se  construire  des  magasins 
oii  elles  renferment  les  grains  qu'elles  ont  recueillis 
pendant  la  belle  saison  ;  ils  leur  seraient  très-inu- 
tiles, ces  magasins  ;  elles  dorment  tout  l'hiver  comme 
les  mjirmottcs,  les  loirs,  etc.  iD.  ib.  Certains  or- 
ganes séparent  du  sang  des  fourmis  un  acide  très- 
pénétrant,  et  qui  a  fait  l'objet  des  recherches  d'un 
habile  chimiste,  id.  16.  t.  vui,  p.  HT,  dans  pon- 
GENS.  Il  Fig.  Les  artisans  et  les  marchands,  que  leur 
obscurité  dérobe  à  la  fureur  ambitieuse  des  grands, 
sont  des  fourmis  qui  se  creusent  des  habitations  en 
silence,  tandis  que  les  aigles  et  les  vautours  se  dé- 
chirent, \ohT. 'Mœxtrs,  si.  ||  Fig.  Se  faire  plus  petit 
qu'une  fourmi,  s'abaisser,  s'humilier.  ||  Avoir  dgs 
fourmis  dans  quelque  partie  du  corps,  y  sentir  des 
picotements.  ||  2°  Fourmi  de  visite,  nom  que  les 
habitants  de  Paramaribo  (Guyane  hollandaise)  don- 
nent à  Vcecodome  cépfialote  ou  à  grosse  tête  (hymé- 
noptères), parce  qu'elle  va  parfois  en  troupe  consi- 
dérable dans  les  maisons  où  elle  dévore  les  rats,  les 
souris  et  tous  les  insectes,  legoarant.  ||  3°  Œufs  de 
fourmis  ou  de  fourmi,  nom  donné  improprement 
aux  larves  et  aux  nymphes  de  la  fourmi  fauve;  on 
en  nourrit  soit  les  perdreaux,  soit  les  jeunes  fai- 
sans. Il  Fig.  et  familièrement.  Avoir  des  œufs  de 
fourmis  sous  les  pieds,  piétiner  sans  cesser,  ne  pou- 
voir rester  en  place.  ||  4"  S.  f.  pi.  Petits  rochers  ou 
Ilots  rapprochés  qu'on  voit  le  long  de  certains  points 
de  la  côte  ou  sous  l'eau.  On  dit  aussi  formiques,  for- 
migucs. 

—  REM.  On  trouve  dans  la  Fontaine  fourmis  au 
singulier  :  Le  long  d'un  clair  ruisseau  buvait  une 
colombe.  Quand  sur  l'eau  se  penchant  une  fourmis 
y  tombe,  Fabl.  11,  4  2.  Celte  s  s'explique  ainsi  : 
dans  l'ancienne  langue, /ourmi,  étant  du  masculin, 
ou  ayant  une  désinence  masculine,  prenait,  au  no- 
minatif singulier,  une  s  suivant  la  règle  ;  c'est 
de  cet  archaïs.Tie  qui  s?  trouve  dans  Amyot  (voy. 
rhistorique),  que  la  Fontaine  a  usé  pour  son  vers. 
Du  lE-Tips  (le  Chifflet,  Gramm.  p.  246,  fourmi  était 
des  deux  genres. 


—  HIST.  xiu*  s.  Dist  la  fromiz  :  or  chante  à  mei , 

HARJE,  t.  II,  424 plustost  en  un  tas  de  paille.  Si 

m'aïst  Dieu  et  Saint  Rémi,  Trouveroit  un  œf  da 
frémi,  la  Itose,  44872.  Formis  est  petite  chose, mai» 
il  est  de  grant  porveance,  brun,  latini.  Très.  p.  246 
Il  XIV*  s.  Se  fromis  abondent  en  un  jardin,  et  l'e 
gette  en  leur  repaire  de  la  scieure  d'ais  de  chesne 
ils  mourront  ou  vuideront  à  la  première  pluie  qu 
cherra,  car  les  scieures  retiennent  la  moiteur,  Mé- 
nagier,  11,  3.  ||  xv*  s.  Qui  sur  formis  Se  sera  mit 
S'il  est  poingt  [piqué],  n'est  pas  de  merveil,  U 
blaxon  des  faulces  amours,  278,  dans  lacuene. 
Il  XVI*  s.  Il  veit  des  fourmis  partir  de  leur  fourmil- 
iiere,  portants  le  corps  d'un  fourmi  mort,  mo.nt.  u, 

47» Mais  de  pinser,  mordre   et  serrer,  c'est  à 

faire  à  une  formis,  ou  à  une  souris,  amyot,  Corn, 
refréner  là  colère,  2(.  Je  ferai  ce  que  dit  le  floren- 
tin :  bras  de  fer,  ventre  de  fourmi,  ame  de  chien, 
c'est-à-dire  pour  devenir  riche  j'endurerai  tant  de 
mal  que  mon  corps  en  pourra  porter....  de  con- 
science j'en  aurai  autant  qu'un  chien,  u.  est.  Apol. 
d'Ilerod.  p.  47,  dans  lacurnb.  Plus  joyeux  que 
fourmis  en  grain,  cotgrave. 

—  ÊTYM.  Génev.  un  fourmi;  namur.  frimouche, 
frumouche,  froumouche;  wallon,  frumihe,  froumihe; 
Hainaut,  fournisse,  fourmiche;  pic.  formi,  formion; 
bourg,  frémi;  Berry,  fromi,  formi;  uorm.  un  four- 
mi, un  frémi;  prov.  formiga;  espagn.  hormiga; 
port,  formica;  ital.  formica;  du lat.  formica,  fourmi. 
Venant  do  formica,  le  français  devait  être  fourmie, 
forme  qu'on  trouve  en  effet  parmi  les  autres.  Toute- 
fois l'ancienne  langue  avait  fait  de  ce  mot  un  ma-s- 
culin  qui  dès  lors  était  correctement  écrit  fourmi 
sans  e;  mais  la  nouvelle  langue  a  rompu  l'analo- 
gie en  donnant  à  ce  mot  le  genre  féminin  et  en  lui 
laissant  la  forme  masculine.  On  n'a  que  des  conjec- 
tures sur  formica;  a-t-il  des  analogies  avec  Ir  grec 
|iûp|iT|Ç,  fourmi;  avec  le  sanscrit  tamra,  fourmi, 
proprement  celle  qui  vomit;  avec  le  latin  furmus. 
chaud  :  la  brûlante,  à  cause  de  sa  piqûre? 

FOURMILIER  (four-mi-lié  ;  \'r  ne  se  lie  jamais , 
au  pluriel,  1'»  se  lie  :  les  four-mi-lié-zetles  fourmis), 
s.  m.  Il  1°  Mammifère  de  l'Amérique,  qui  se  nour- 
rit particulièrement  de  fourmis.  Le  fourmilier  a  une 
langue  extensible.  Il  2"  Nom  d'oiseaux  de  la  Guyane 
qui  se  nourrissent  de  fourmis.  Tous  les  fourmiliers 
ne  forment  que  des  cris  ou  des  sons  sans  modula- 
tion, au  lieu  que  le  chant  de  l'arada  [du  genre  des 
fourmiliers]  est,  en  quelque  façon,  supérieur  à  ce- 
lui du  rossignol  ;  il  est  plus  touchant,  plus  tendre  et 
plus  flûte,  blfp.  Ois.  t.  vni,  p.  250,  dans  pougens. 

—  ETYM.  Fourmi. 

FOURMILIÈRE  (four-mi-liê-r*),  s.  f.  \\  1°  Habita- 
tion des  fourmis,  présentant  ordinairement  des  es- 
pèces déloges,  de  galeries  et  d'étages.  Une  seule  de 
ces  fourmilières  d'Amérique  peut  équivaloir  à  dcui 
ou  trois  cents  de  nos  fourmilières  d'Europe,  uurp 
Ois.  t.  vin,  p.  223,  dans  pougens.  On  l'enterrait  [le 
condamné]  jusqu'à  la  ceinture  dans  une  fourmilière, 
où  il  restait  exposé  un  temps  considérable  à  des  pi- 
qûres vives  et  sanglantes,  iiAYNAL,  llist.  phil.  t.  xui, 
6.  Il  2*  Toutes  les  fourmis  qui  habitent  la  même 
fourmilière.  La  fourmilière  était  en  mouvement. 
Entre  tes  quatre  pieds  [Arc  de  l'Etoile]  toute  la  ville 
[Paris]  abonde  Comme  une  fourmilière  aux  pieds 
d'un  éléphant,  v.  iiuoo,  Foi«,  4.  ||  3*  Se  dit,  par  ex- 
tension, d'une  grande  quantité  de  certains  autres 
insectes  ou  d'animaux.  Une  fourmilière  de  vers. 
Une  fourmilière  de  serpents.  ||  4°  Fig.  Lieu  où  réside 
une  multitude  de  pereonnes.  Je  n'ai  eu  aucune  part 
aux  divisions  qui  agitent  la  petite  fourmilière  [Ge- 
nève], VOLT.  Lett.  Choiscul,  4  766.  Les  hommes  ne 
sont  point  faits  pour  être  entassés  en  fourmilières, 
J.  J.  rouss.  Ém.  1.  Il  Une  grande  multitude  de  per- 
sonnes se  remuant,  s'agitant.  Je  trouvai  une  four- 
milière de  fripiers  toute  en  armes  ;  je  les  flattai, 
RETZ,  u,  4  29.  Il  Simplement,  un  grand  nombre.  C'é- 
tait l'heureux  âge.  Où  Romeavait  fourmilière  d'élus, 
VOLT.  Jfuk  du  pape.  ||  5°  Terme  de  vétérinaire.  Ma- 
ladie du  pied  du  cheval  qu'on  a  comparée  à  un  nid 
de  fourmis,  et  qui  est  le  résultat  delafourbure  chro- 
nique. 

—  HIST.  xiu*  s.  D'un  grcsillon  dist  la  meniere, 
Qui  dusqu'une  fromieere  El  tans  d'yvcr  csleit  alcz, 
MARIE,  Fable  4  9.  ||  xv*  s.  Dormi  long  temps  ont  en 
leur  fromiere,  Sanseulx  mouvoir,  li  froumi  remuant, 
EUST.  DEscn.  le  Lion  et  les  fourmis.  ||  xvr  s.  Luy 
marquant  qu'il  estoit  sorty  de  France  une  fourmi- 
lière de  troupes,  Mém.  ».  Dugnescl.  chap.  I8.  L«s 
tribunaux  de  justice,  sur  lesquels  une  formiliere  de 
juges  sont  assis,  ne  sont  maintenant  que  pièges  et 
ratoires,  lanoue,  87.  Les  Grecs  ont  appelle  ces  ver- 
rues  mui-mecin,  c'est  à  dire  founnilliercs  :  parce 


FOU 

qu'au  froid  elles  font  douleur,  commo  si  un  freray 
les  mordoit,  pabR,  xvni,  85. 

—  ETYM.  Fourmi;  Berry,  fromille,formilière,  fro- 
millière  ;  génev.  froumilière  ;  provenç.  fromiguier, 
s.  m.;  catal.  formiguer;  espagn. /(ormtgucro;por- 
tug.  formigue-iro  ;  ital.  formicaio. 

FOURMI-LION  (four-mi-li-on) ,  s.  m.  Petit  insecte 
névroptîire,  fort  vorace,  qui,  à  l'état  de  larve,  se 
nourrit  de  fourmis  et  autres  insectes;  il  appartient 
à  un  genre  dont  le  nom  scientifique  est  myrmécoléon. 
Les  historiens  du  fourmi-lion  nous  ont  vanté  sa  pa- 
tience et  sa  sobriété  ;  il  peut  en  effet  soutenir  de 
très-longs  jeûnes;  caché  au  fond  de  son  entonnoir, 
il  attend  en  chasseur  rusé  et  patient  que  quelque 
insecte  rôdeur  tombe  dans  le  piège,  bonnet,  Observ. 
30',  Insect.  ta.  fourmi  est  de  tous  les  insectes  rô- 
deurs celui  à  qui  il  arrive  le  plus  souvent  de  tom- 
ber dans  le  piège  ;  c'est  ce  qui  a  fait  donner  à  notre 
chasseur  le  nom  assez  impropre  de  fourmi-lion,  m. 
Observ.  40».  Les  bords  [du  trou]  sont  escarpés,  et 
s'éboulent  facilement;  ils  entraînent  avec  eux  l'im- 
prudente fourmi  ;  le  fourmi-lion  la  saisit  prestement 
avec  ses  cornes,  la  secoue  pour  l'étourdir,  la  tire 
sous  le  sable,  et  la  suce  à  son  aise,  id.  Contempl. 
nal.  XII,  42.  Parvenu  à  son  parfait  accroissement,  le 
fourmi-lion  quitte  le  métier  de  chasseur  qui  lui  est 
devenu  inutile;  il  ne  tend  plus  de  piège,  et,  après 
s'être  promené  quelque  temps  près  de  la  surface  de 
la  terre,  il  s'y  construit  une  petite  coque  de  forme 
sphérique,  qu'il  revêt  intérieurement  d'une  tapisse- 
rie de  satin  du  plus  beau  gris  de  perle  où  il  se 
transforme  dans  une  de  ces  mouches  qu'on  a  nom- 
mées demoiselles,  ID.  ib. 

—  ÉTYM.  Fourmi,  et  lion  ;  provenc.  formicaleon. 
t  FOURMILLANT,   ANTE  (four-mi-llan,  llan-t', 

H  mouillées),  adj.  Où  les  habitants  sont  nombreux 
comme  des  fourmis.  Un  du  peuple  [des  fourmis] 
étant  mort,  notre  saint  le  contemple  En  forme  de 
convoi  soigneusement  porté  Hors  les  toits  fourmil- 
lants de  l'avare  cité,  la  font.  Captivitéde  St  Malc. 
La  France  souffre  en  la  personne  de  ses  grands  ce 
que  pas  un  des  autres  États  n'a  jamais  toléré,  non 
pas  même  en  la  cour  impériale,  quoique  si  fourmil- 
lante de  tant  de  véritables  princes,  st-sim.  300,  43. 
FOURMILLEMENT  (four-mi-lle-man,  U  mouil- 
lées, et  non  four-mi-ye-man),  s.  m.  ||  1°  Action  de 
fourmiller.  Le  fourmillement  d'une  multitude. 
Il  2°  Sensation  de  picotement  comme  si  des  fourmis 
couraient  sur  la  peau.  Sentir  un  fourmillement. 

—  HlST.  XVI"  s.  Le  patient  souffre  une  doiileur 
poignante,  et  stupeur  ou  fourmiement  aux  lombes, 

PARÉ,  XV,  36. 

—  ÉTYM.  Fourmiller  ; 'Bavr-j ,  fromillemenl  ;  pro- 
venç. formigammt;  espagn.  hormigamiento. 

FOURMILLER  (four-mi-llé,  U  mouillées,  et  non 
four-mi-yc),  v.  n.  \\  1°  S'agiter,  se  remuer  en  grand 
nombre  comme  des  fourmis.  Les  vers  fourmillent 
dans  ce  fromage.  Un  peuple  d'importuns  qui  four- 
millent sans  cesse,  boil.  Sat.  vi.  ||  On  donne  aussi 
pour  sujet  à  ce  verbe  le  nom  des  choses  où  est  ce  qui 
fourmille.  Le  chemin  de  fourmis  fourmille,  scAim. 
Yirg.  iv.  Au  second  livre  il  est  dit  qu'il  tomba  de 
son  char  et  qu'il  fut  tellement  froissé  de  sa  chute 
qu'il  fourmilla  do  vers,  volt.  nib.  expl.  Hachab. 
Alors  toutes  les  plantes  renaissent,  les  insectes  en- 
gourdis se  réveillent  ou  sortent  de  leur  nymphe,  la 
terre  semble  fourmiller  de  vie,  buff.  Où.  t.  i,  p.  62, 
dans  POUGENS.  Pays....  qui  fourmillent  de  bossus  et 
de  boiteux,  j.  J.  rouss.  Ém.  1. 1|  2°  Être  épars  et  en 
grand  nombre.  Les  villages  épais  fourmillaient  par 
la  plaine;  De  peuple  et  de  bétail  la  campagne  était 
pleine,  béonirr,  Êpttre  i.  C'est  peu  qu'en  un  ou- 
vrage où  les  fautes  fourmillent  Des  traits  d'esprit 
semés  de  temps  en  temps  pétillent,  boil.  Art  p.  i. 
Dans  tous  les  temps,  dans  tous  les  pays,  et  dans 
tous  les  genres,  le  mauvais  fourmille  et  le  bon  est 
rare,  volt.  Babotic.  Les  athées  fourmillaient  en  Italie 
au  quinzième  siècle,  id.  Jenni,  n.  ||  3°  Etre  abon- 
dant en,  rempli  de.  Enfin  comme  en  caquet  ce  vieux 
sexe  [les  femmes]  fourmille,  régnif.r,  Sat.  xiii.  [Mme 
de  Saint-Géran]  C'était  une  femme  d'excellente  com- 
pagnie, et  qui  fourmillait  d'amis  et  d'amies,  st-sim. 
3^,14  9.1,6  monde  fourmille  de  philosophes  qui  se  dis- 
putent la  vaine  gloire  de  connaître  la  faiblesse  de 
l'esprit  humain,  vauven.  Nouv.  max.  23.  ||  4°  Être  la 
siège  d'un  picotement.  Toute  la  main  me  fourmille. 

—  HIST.  XIII'  s.  Corborans  descendi  en  Nique  la 
garnie;  De  la  gent  qu'il  amaine  la  cités  en  formie, 
Es  ostels  et  es  sales  hoherja  sa  maisnie,  Ch.  d'Ant. 
Î99.  De  son  venir  est  joie  grant;  France  on  est  tote 
formiant, /"artonop.  de  Biais,  ras.  Ae  St-Germ.  f"  l'io, 
dans  LACURNK.  ||  xvi"  s.  Tout  formille  de  commentai- 
res, mont.  IV,  237  Les  gens  y  fourmillent,  lanoue, 


FOU 

366.  Formicatio  sont  certaines  vernies  es  parties  du 
corps,  qui  fourmillent  et  démangent  comme  s'il  y 
avoit  des  fourmis,  paré,  Introd.  21. 

—  ÉTYM.  Fourmi;  Berry,  fromiller;  bourguig. 
fremillai;  picard,  fremioner;  wallon,  frumehi,  frnu- 
meht;  namur.  frimejt,  frumeji  :  provenç.  formicar; 
e.spagn.  hormigar;  portug.  formigar;  ital.  fMmi- 
care. 

t  FOURMILLET  (four-mi-Uè,  Il  mouillées),  s.  m. 
Un  des  noms  vulgaires  du  torcol. 

FOURNAGE  (four-na-j'),  s.  m.  ||  1°  Ce  qu'on  paye 
au  fournierpour  la  cuisson  du  pain.  ||  2°  Terme  de 
droit  coutumier.  'iaT'i  perçue  au  four  banal.  ||  Droit 
payé  pour  faire  cuire  son  pain  chez  soi. 

—  HIST.  XIV*  s.  Puet  H  maires  voir  le  pain  et  les 
fournaiges  [ce  qui  cuit  au  four],  et  puet  comman- 
der as  foumiers  qu'il  entamechent  leurs  fournaiges, 
pour  voir  dedans  s'ils  sont  de  loyal  waagnaige,  du 
CANGE,  furnagium. 

—  ÉTYM.  Four;  provenç.  fornatge;  espagn.  hor- 
nage. 

FOURNAISE  {four-nê-z'),  ».  f.  ||  1»  Grand  four  où 
brûle  un  feu  ardent.  Le  Seigneur  vous  a  tirés  d'E- 
gypte comme  d'une  fournaise  ardente  où  l'on  fond 
le  fer,  saci,  Bible,  Deutér.  iv,  20.  D'un  tyran  san- 
guinaire il  sauve  trois  enfants;  Dans  l'ardente  four- 
naise on  les  voit  triomphants,  campistron,  Adrien, 
V,  4.  Il  Fig.  Jeter  un  peu  d'eau  dans  la  fournaise, 
faire  quelque  chose  pour  calmer  des  passions,  qui 
n'en  deviennent  que  plus  allumées.  U  sentit  que 
tout  ce  que  les  créatures  peuvent  ménager  de  plaisir 
au  cœur  de  l'homme  n'est  qu'un  peu  d'eau  jeté  dans 
la  fournaise  qui  l'allume  loin  de  l'éteindre,  mass.  Pa- 

nég.  St  Benoit,  i.  ||  Fig Ma   tête,  fournaise  où 

mon  esprit  s'allume.  Jette  le  vers  d'airain  qui  bouil- 
lonne.... V.  HUGO,  F.  d'aut.  ).||2°  Par  extension. 
C'est  une  fournaise,  se  dit  d'un  feu  très-ardent.  Bac- 
chus  etEsculape  n'ont-ils  pas  été  consumés  du  feu 
céleste?  Empédocle  ne  .s'est-il  pas  jeté  tout  vif 
dans  la  fournaise  du  mont  Etna?  d'ablancoubt, 
iuctcn.  Mort  de  Peregrinus.  ||  Par  exagération.  C'est 
une  fournaise,  se  dit;  d'un  lieu  très-échauffé.  Le  so- 
leil donne  ici  en  plein,  c'est  une  fournaise.  113-11 
s'emploie  au  sens  de  creuset  dans  certaines  phrases 
figurées.  La  vertu  s'épure  dans  l'adversité  comme  le 
métal  dans  la  fournaise. 

—  IIIST.  xiir  s.  Deux  fornaises  de  chaus  que  Co- 
lars  devoit  faire  à  ses  cousts,  du  cange,  Constanti- 
nople.  Chartes,  p.  26.  El  feu  qui  est  tuz  jurs  ardanz 
En  fomeises  de  soufre  espris,  marie.  Purgatoire, 
4092.  Et  les  manières  del  peccié  Ont  alumée  lor 
fornaise.  Dont  U  peciere  est  à  mesaise  En  autre 
eure  que  il  n'est  ore,  guy  de  cambrai,  Barl.  et  Jos. 
p.  2.  Il  XVI*  s.  On  tire  volontiers  un  rideau  pour  leur 
ester  la  Veue  de  cette  fornaise  ardente  [le  feu  où  les 
femmes  dans  l'Inde  se  brûlent  après  la  mort  de  leur 
mari]  ;  ce  qu'aulcunes  deffendent,  pour  tesmoigner 
plus  de  courage,  mont,  m,  4  29. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fornatx,  fomas;  espagn.  ?ior- 
naia;  ital.  fornacc;  du  latin /'ornaccm,  fournaise, 
du  môme  radical  que  furnus,  four. 

fFOURNALISTE  (four-na-li-sf) ,  s.  m.  Terme 
vieilli.  Artisan  qui  fait  les  fourneaux  et  les  creusets. 

—  ÉTYM.  Fourneau. 

FOURNEAU  (four-nô),  s.  m.  [fl"  Sorte  de  four 
dans  lequel  on  fond  le  verre.  J'ai  trouvé  que  le  feu 
des  plus  grands  et  des  plus  puissants  fourneaux  de 
verrerie  n'est  qu'un  feu  faible  en  comparaison  de 
celui  des  fourneaux  à  soufflet,  et  que  le  feu  produit 
au  foyer  d'un  bon  miroir  ardent  est  encore  plus  fort 
que  celui  des  plus  grands  fourneaux  de  forge,  buff. 
Ilist.  min.  Introd.  Œuv.  t.  vi,  p.  89,  dans  poogens. 
Il  2°  Petite  construction  en  maçonnerie  ou  en  bri- 
que, et  même  aujourd'hui  en  fonte  ou  en  tôle,  soit 
portative,  soit  à  demeure,  présentant  plusieurs  ca- 
vités dans  lesquelles  on  met  du  charbon  ou  de  la 
braise  pour  cuire  les  aliments.  Un  fourneau  porta- 
tif. Allumer  le  fourneau.  ||  Ustensile,  ordinairement 
de  terre  ou  de  fer,  servant  aux  mêmes  usages  dans 
les  petites  cuisines.  Nous  avons  mangé  du  potage  et 
du  bouilli  tout  chaud;  on  a  un  petit  fourneau,  on 
mange  sur  un  ais  dans  le  carrosse,  comme  le  roi  et 
la  reine,  sÉv.  425.  ||  S"  Fourneau  d'appel,  fourneau 
destiné  à  aspirer  et  faire  sortir  l'air  intérieur  d'un 
endroit  clos.  ||  4°  Construction  en  briques  établie 
dans  des  souterrains  pour  échauffer  des  pièces  supé- 
rieures ;  on  l'appelle  plus  ordinairement  calorifère. 
Il  5°  Appareil  composé  de  vaisseaux  et  de  foyers 
pour  soumettre  certaines  substances  à  l'action  du 
feu.  L'effet  des  fourneaux  épais  n'est  pas  d'augmen- 
ter la  chaleur,  mais  de  la  conserver,  et  ils  la  con- 
servent d'autant  plus  longtemps  qu'ils  sont  plus 
épais,  BUFF.  llist.  min.  Introd.  ("part.  Œuv.  t.  vi, 


FOU 


1755 


p.  88,  dans  POUGENS.  Il  Fourneau  à  Mverbère,  four- 
neau muni  d'un  dôme  ou  réverbère,  qui  raljat  la 
chaleur  sur  le  corps  placé  dans  l'appareil.  ||  Los  four- 
neaux de  forge  ou  de  fusion,  destinés  à  la  fuaicn  des 
substances  métalliques  et  autres  plus  ou  moins  ré- 
fractaires,  sont  aussi  ordinairement  des  fourneaux  à 
réverbère  dont  on  active  le  feu  par  un  soufflet. 
Il  Haut  fourneau,  bStiment  dans  Inquel  on  réduit 
les  minerais  de  fer  à  l'aide  de  la  chaleur  du  charbon 
et  de  fondants  appropriés;  ainsi  dit  parce  qu'il  y  a 
un  canal  de  cheminée  très-long  et  très-élevé  pour 
augmenter  le  tirage  et  activer  le  feu.  J'ai  établi, 
dans  ma  terre  de  Buffon,  un  haut  fourneau  avec 
deux  forges  :  l'une  k  deux  feux  et  deux  marteaux,  et 
l'autre  à  un  feu  et  un  marteau  ;  j'y  ai  joint  une  fon- 
derie, une  double  batterie,  deux  martinets  ,  deux 
bocards,  buff.  Jfi'n.  t.  iv,  p.  95,  ||  Haut  fourneau 
désigne  aussi  l'usine  entière.  U  y  a  en  Lorraine 
tant  de  hauts  fourneaux.  ||  6*  Ustensile  de  labora- 
toire dans  lequel  on  chauffe  à  une  haute  tempéra- 
ture, à  l'aide  du  charbon  de  bois,  des  vases  où  doit 
s'effectuer  une  réaction  chimique  ou  une  opé- 
ration pharmaceutique.  Fourneau  d'affineur.  Plus 
un  fourneau  de  brique  avec  deux  cornues  et  trois 
récipients,  fort  utile  à  ceux  qui  sont  curieux  de  distil- 
ler, MOL.  Avare,  n,  4.  Dans  son  fourneau  rien  qu'il 
[le  chimiste]  ne  jette,  béhano.  Sciences.  \\  Fig. 
Vous  voudrez  que  chacun  jouisse  en  paix  de  sei 
droits  et  de  son  héritage....  ce  sera  la  pierre  phi- 
losophalo  de  la  politique  ;  elle  doit  sortir  de  vos 
fourneaux,  volt.  Lett.  au  roi  de  Pr.  64.  {j  Four- 
neau de  coupelle,  fourneau  exclusivement  réservé 
à  la  coupellation.  ||  Fourneau  évaporatoire  ou  à 
coquille,  fourneau  .servant  à  évaporer.  ||  7°  Terme 
de  guerre.  Fourneau  do  mine,  ou,  simplement, 
fourneau,  cavité  pratiquée  dans  l'intérieur  de  la 
terre  ou  d'une  maçonnerie ,  disposée  et  mesurée 
de  telle  sorte  que,  le  feu  étant  mis  à  la  poudre  dont 
on  la  remplit,  l'effet  soit  dirigé  contre  l'obstacle  que 
l'on  veut  détruire,  legoarant.  Les  grenadiers  se  re- 
tirèrent et  perdirent  peu  en  cette  action;  aucun  de 
leurs  fourneaux  [des  ennemis]  ne  joua,  st-sim.  i47, 
444.  Il  8°  En  Lorraine,  fourneau  se  dit  trè.s-souvent 
pour  poêle.  ||  9°  Le  fourneau  d'une  pipe,  la  partie 
où  l'on  fait  brûler  le  tabac.  Le  calumet  de  paix, 
dont  le  fourneau  était  fait  d'une  pierre  rouge, 
fut  présenté  au  frère  d'Amélie,  ciiateaubr.  Natch.  :. 
!|  10°  Fourneau  à  charbon,  synonyme  de  fosse  à  char- 
bon, dans  laquelle  on  fait  le  charbon.  ||11°  Conslel 
lation  méridionale  composée  de  48  étoiles. 

—  HIST.  XIII"  s.  Il  otune  longue  jambe  Plus  noire 
que  foiniaus  [cheminée]  de  chambre,  Fabliaux 7r.ss. 
n°724  8,  f°  4  7B,dansLACURNE.  Il  XIV"  s.  'i"u  fai7.  grans 
et  petiz  fourneaux.  Abusant  de  divers  vaisseaux. 
Nature  à  l'alchim.  err.  2i .  ||  xvi"  s.  Le  vent,  passant 
par  ces  soupiraux,  allumera  le  feu  à  volonté  sans 
soufler,  ainsi  qu'on  le  pratique  es  fourneaux  à  vent 
es   grandes  fontes   de  l'artillerie,   o.   de   serres, 

888. 

—  ÉTYM.  Lat.  furnellus,  diminutif  fictif  de  fur- 
nus,  four;  picard,  forgneu  ;  bourguig.  fonea;  Berry, 
fomiau,  la  partie  extèrieuredu  tuyau  d'une  chemi- 
née, la  partie  qui  dépasse  le  toit;  provenç. /'orn«//i, 
fornel;  catal.  fornell;  espagn.  hornillo;  portug.  for- 
nilho  ;    ital.  fornello. 

FOURNÉE  (four-née) ,  s.  f.  ||  1°  La  quantité  de 
pain  que  l'on  fait  cuire  à  la  fois  dans  un  four.  La 
première,  la  seconde  fournée.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Prendre  un  pain  sur  la  fournée,  se  dit  d'un 
homme  qui,  sur  la  foi  du  mariage,  a  commerce 
avec  la  femme  qu'il  doit  épouser.  ||  2°  Ce  qu'on 
met  à  cuire  dans  les  fours  à  tuile,  à  poterie,  etc. 
Fournée  de  faïence,  de  tuiles.  ||  Fig.  Je  vous  en- 
verrai Ëryphile  [une  tragédie]  de  la  nouvelle  four- 
née avec  trois  actes  nouveaux,  volt.  Lett.  ert  vers 
et  en  prose,  4  9.  ||  3°  Certain  nombre  de  personnes 
qui  sont  nommées  à  la  fois  à  une  même  dignité; 
il  se  dit  avec  un  sens  d'ironie  ou  de  défaveur.  Four- 
née de  pairs.  Fournée  de  sénateurs.  René  Potier 
poussa  sa  fortune  à  force  d'années  jusqu'à  deveni- 
duo  et  pair  à  l'étrange  fournée  de  4  663,  st-sim.  16 
4  83.  Il  11  se  dit  aussi  de  ceux  qui  sont  jugés  ensem- 
ble :0n  n'a  fait  qu'une  fournée  de  toute  la  bande; 
et  de  ceux  qui  sont  arrêtés  et  emprisonnés  ensem- 
ble :  On  les  jetait  en  prison  par  fournées. 

—  HIST.  XIII*  s.  Moult  fet  à  redouter  celé  pesme 
jornée  |le  jugement  dernier].  Où  nos  serons  jugii 
tuit  à  une  fournée,  Fabliaux  mss.  n°  76(5,  t.  u, 
f»  442,  dans  LACURNF.  Et  si  est  asavoir  ke  li  forniers 
doit  associer  loaument  les  fournées,  du  cange,  ass\}- 
ciare.  ||xvi"  s.  Un  homme  ne  se  fie  pas  voulentiors 
à  une  fille  qui  lui  a  preste  un  pain  sus  la  fournée, 
dfbi'eb.  Contes,  v   II  n'y  a  que  la  première  fouiiieu 


1756 


FOI) 


on  !a  première  piiito  chère,  ehant.  Dames  gai.  t.  u, 
p.  368,  dans  LACimNE. 

RTYM.  Participe  passé  féminin  fl'un  verbe  in- 
usité fournir,  qui  se  trouve  dans  en-fourner,  et  qui 
vient  de /bur;I)erry,  [ornée;  provenç.  fornada;  es- 
pagn.  homada;  ital.  fornala, 

f  FOURNKRIE  (four-ne-rie) ,  s.  f.  Lieu  où  sont  les 
fours. 

—  ÉTYM.  Fournter;  provenç. /bmorto;  espagn. 
horneria. 

t  FOURNETTE  (four-nè-f) ,  s.  f.  Petit  four  à  ré- 
verbère pour  calciner  l'émail. 

—  EtYM.  Diminutif  de  four. 

FOURNI,  lE  (four-ni,  nie),  part,  passé  de  fournir. 
Il  1°  Pourvu.  Une  boutique  fournie  de  toutes  .sortes 
de  marchandises.  Table  bien  fournie.  Le  pays  de 
Liège  est  peut-être  de  toute  l'Europe  la  contrée  la 
mieux  fournie  de  charbon  de  terre,  buff.  Ilin.  t.  ii, 
344,  dans  pougens.  Ils  [les  goélands]  sont  aussi  four- 
nis d'un  duvet  fort  épais  qui  est  d'une  couleur  fort 
bleuâtre,  surtout  à  l'estomac,  ir>.  Ois.  t.  xvi,  p.  <7c. 
Il  2°  Livré,  remis.  Les  marchandises  fournies  par  l'é- 
picier. Il  3°  Qui  a  un  certain  volume,  une  certaine 
ampleur.  Ragotzi  était  d'une  très-haute  taille,  sans 
rien  de  trop,  bien  fournie,  sans  être  gros,  sr-siM. 
338,  <90.  Lisez  ou  relisez  ce  que  j'ai  lu  autrefois 
dans  une  de  ces  petites  brochures  qui  se  perdent 
quand  elles  ne  sont  pas  enchâssées  dans  des  volu- 
mes d'une  taille  un  peu  plus  fournie,  volt.  Dict. 
phil.  Génération.  Il  en  est  de  même  de  la  forme 
des  jambes  :  le  mulet  les  a  siches  comme  l'âne,  et  le 
bardeau  les  a  plus  fournies,  buff.  Quadrup.  t.  viii, 
p.  4.  Il  Fig.  J'estime  qu'il  ne  nous  est  pas  défendu 
d'y  ajouter  [à  la  Bible]  quelque  chose,  pourvu  qu'il 
ne  détruise  rien  des  vérités  dictées  par  le  Saint- 
Esprit;  Buchanan  ni  Grotius  ne  l'ont  pas  fait  dans 
leurs  poèmes,  mais  aussi  ne  les  ont-ils  pas  rendus 
a-ssez  fournis  pour  notre  théâtre,  corn.  Poly.  Exam. 
Une  conversation  agréable  et  fournie,  st-sim.  cité 
dans  GODEFROY,  Lexique  de  Corneille.  \\  4°  Épais, 
touffu.  Un  bois  bien  fourni.  Il  a  les  cheveux  bien 
fournis.  La  queue  fournie  comme  celle  du  renard, 
mais  plus  courte,  bdff.  Quadrup.  t.  vi,  p.  215. 
Il  5°  Terme  du  moyen  âge.  Lance  fournie,  homme 
d'armes  ayant  tout  son  accompagnement,  qui  con- 
sistait en  un  certain  nombre  de  soldats,  de  valets 
et  de  chevaux.  ^ 

FOCRNIER,  1ÈRE  (four-nié,  niè-r'),  s.  m.  et  f. 
Il  1"  Celui,  celle  qui  tient  un  four  à  pain.  Le  four- 
mer  du  village.  ||  Celui  qui  travaille  au  four.  ||  2°  S. 
m.  Ancien  terme  du  jeu  de  billard.  Celui  qui  faisait 
passer  sa  bille  sous  l'archet  ou  la  passe  par  le  côté 
du  but.  I]  3°  Fournier,  oiseau  de  Buénos-Ayrcs. 

—  HIST.  xui*  s.  Du  fuerre  prent  une  bracie,  Et  si 
l'a  au  fournier  jeté,  Ren.  2926.  ||  xv*  s.  Quand  les 
fourniers  avoient  cuit,  il  convenoit  garder  leurs 
maisons  à  force  de  gens  ;  autrement  le  menu  peu- 
ple, qui  mouroit  de  faim,  eust  efforcé  les  lieux, 
FROiss.  u,  u,  <48. 

—  ÊTYM.  /'our  ;  provenç.  fomier;  catal.  forner  ; 
espagn.  hornero;  portug.  forneiro;  ital.  fornaio. 

FOURNIL  (four-ni  ;  \'l  ne  se  prononce  jamais), 
t.  m.  Pièce  attenant  au  four,  et  où  l'on  pétrit  la 
p&te.  Il  Pièce  où  se  foi)t  les  lessives  dans  les  cam- 
pagnes. 

—  lilST.  XVI*  s.  Personne  ne  peut  louer  ses  mai- 
sons, ses  fournis  ou  ses  chambres  à  des  estrangers, 
si  ce  n'est  par  la  permission  de  la  loy,  Nouv.  coxtst. 
génér.  t.  i,  p.  5t3. 

—  ETYM.  Four,  par  l'ancienne  forme  forn  ou 
fourn. 

I  FOURNILLES  (four-ni-U' ,  Il  mouillées),  s.  /•. 
pi.  Uamilles  et  branchages  provenant  de  la  coupe 
des  taillis  et  gaulis,  et  propres  à  chauffer  les 
fours. 

—  mST.  iiv"  s.  Le  four  de  Chambay,  li  quel  a 
chascun  an  cent  oliK.retées  de  foumilles  prises  en 
la  forest  de  Gonffer,  du  cange,  fomilia. 

—  ÉTYM.  Four,  par  l'ancienne  forme  forn  ou 
fourn. 

FOURNIMENT  (four-ni-man),  î.  m.  ||  1»  Ancien- 
nement, étui  à  poudre  que  portaient  les  mousque- 
taires à  pied  au  XVII*  siècle.  Adieu  mes  fourniments, 
adieu  mon  forniquet,  /,e  crève-cœur  d'im  soldat, 
pièce  de  16-23.  |{  Il  se  disait  aussi  de  la  poire  à  pou- 
dre des  chasseurs.  Il  passe  un  conlon  où  pend  le 
fourr  -trient,  la  bruy.  vu.  Chargé  de  son  fusil,  de 
son  carnier,  de  son  fourni'r-ct,  j.  J.  Rouss.  Ém.  iv. 
||i°  Aujourd'hui,  Luitleterie,  objet  d'équipement 
d'uh  soldat.  NettOTci  son  fourniment.  Quand  ce 
prince  fait  la  revue  de  son  régiment,  il  examine  le 
fourniment  du  soidnt;  le  grand  homme  ne  négliga 
rien,  volt.  lett.  Prusse,  35. 


FOU 

—  IIIST.  xiu*  s.  Chascuns  mantlaus  que  mar- 
cheans  acheté  au  Lendi,  doit  un  denier;  fourni- 
mons  tanés  à  sollers  en  charrete  doit  deux  deniers, 
l.iv.  des  met.  282.  Quiconques  est  cordouanier  à 
Paris,  il  ne  puet  ne  ne  doit  mestre  viez  euvre  en 
fournement  avecques  nueve,  ib.  228.  ||  xvi*  s.  Je 
pris  plaisir  à  voir  un  carme  reformé  qui  portoit  son 
fourniment   dans  le  derrière  du  froc,  d'al'B.  Fœn. 

IV,  (  3.  Le  nouveau  soldat  en  chemise  y  gagna  une 
arquebuse  avec  un  fourniment  tel  quel,  mais  il  ne 
voulut  point  prendre  aucun  habit,  id.  Vie,  xiv. 
....  Et  leurs  soldats,  quasi  tous,  morrions  et  fourni- 
ments dorez,  cabloix,  v,  32. 

—  ETYM.  fournir;  provenç.  formimen. 

FOURNIR  (four-nir),  ».  a.  ||  1"  Procurer  une  pro- 
vision de  quelque  chose;  en  ce  sens  la  chose  four- 
nie se  joint  au  verbe  par  la  préposition  de.  Fournir' 
l'armée  de  blé.  On  me  donnait  le  soin  De  fournir 
la  maison  de  chandelle  et  de  foin,  rac.  Plaid,  i,  t. 
Il  Fig.  Cet  amour  paternel  qui  te  fournit  d'excuses, 
CORN.  Méd.  m,  3.  Il  II  se  dit  particulièrement  avec 
une  idée  d'habitude.  Fournir  une  maison  de  chan- 
delle. C'était  dans  ce  pays  seul  [en  France]  qu'on 
fabriquait  parfaitement  les  instruments  nécessaires 
[à  la  chirurgie]  ;  il  en  fournissait  tous  ses  voisins, 
VOLT,  [.nuis  XIV,  33.  Il  Absolument.  Procurer  en 
général  les  provisions  nécessaires.  Les  marchands 
de  Paris  sont  flattés  de  donner  des  repas  aux  offi- 
ciers des  régiments  qu'ils  fournissent,  duclos, 
Confess.  comte  de  •**,  CHiuv.  t.  vin,  p.  68,  dans 
poDGENS.  Il  2°  Garnir.  Fournir  une  maison  de  meu- 
bles. Fournir  un  étui  de  mathématiques  de  toutes 
ses  pièces.  ||  Fournir  l'action,  fournir  le  théâtre, 
remplir  suffisamment  la  scène  (sens  aujourd'hui  peu 
usité).  11  ne  faut  jamais  laisser  le  théâtre  sans 
qu'on  y  agisse,  et  l'on  n'y  agit  qu'en  parlant;  ainsi 
Dorante,  qui  écrit,  ne  le  remplit  pas  assez;  et,  tou- 
tes les  fois  que  cela  arrive,  il  faut  fournir  l'action 
par  d'autres  gens  qui  parlent,  cokn.  Suite  du  Ment. 
Examen.  Ainsi  fait  M.  Corneille  dans  les  Horaces; 
il  prend  le  roman  après  la  trêve  arrêtée  et  le  com- 
bat résolu  de  trois  contre  trois  de  chacun  parti;  il 
fournit  assez  bien  son  théâtre  par  le  mariage  qu'il 
suppose  de  Sabine  avec  Horace,  d'aobignac,  Prat. 
du  théâtre,  m,  B.  ||  3°  Livrer,  faire  avoir,  avec  un 
nom  de  personne  pour  sujet;  en  ce  sens  la  chose 
fournie  est  régime  direct,  et  celui  à  qui  on  fournit 
est  régime  indirect  avec  à.  Il  a  fourni  presque 
tout  dans  l'entreprise.  Fournir  de  l'argent  à  quel- 
qu'un. L'ouvrier  s'engage  à  fournir  les  matériaux. 
Notre  soin  n'aboutit  qu'à  fournir  ses  repas,  la  font. 
Fabl.  III,  2.  Il  Avec  un  nom  de  chose  pour  sujet. 
Les  fruits  fournissent  une  nourriture  saine  et  ra- 
fraîchissante. L'huile  que  fournissent  les  graines  du 
colza.  Et  que  ce  scorpion  sur  la  plaie  écrasé  Four- 
nisse le  remède  au  mal  qu'il  a  causé,  corn.  Médée, 

V,  B.  Il  Fig.  Fournir  mati'ire  à  des  conjectures.  Ce 
livre  m'a  fourni  des  textes  excellents  et  des  autori- 
tés décisives  dans  la  discussion.  Les  renseignements 
qu'il  m'a  fournis.  Fournir  un  aliment  à  la  curiosité 
publique.  Et  jamais  on  n'eût  pu  fournir  Aux  inté- 
rêts divers  de  la  Seine  et  du  Tage  Ni  zèle  plus  sa- 
vant [que  celui  de  Mazarin  et  du  ministre  espagnol| 
en  l'art  de  réunir  Ni  savoir  mieux  instruit  du  com- 
mun avantage,  corn.  Tois.  d'or,  Prol.  se.  3.  Et  je 
mériterais  qu'il  [le  feu,  l'amour]  me  pût  consu- 
mer, Si  je  lui  fournissais  de  quoi  se  rallumer,  id.  Ho- 
dog.  III,  4.  Les  facilités  qu'elle  [la  prospérité]  fournit 
aux  passions,  lorsque  le  cœur  est  déjà  corrompu, 
MASS.  Carême,  Prosp.  Que  vous  fournissiez  ce  mal- 
heureux triomphe  à  vos  indignes  ennemis,  que 
vous  laissiez  penser  que  vous  avez  été  forcé  de 
quitter,  c'est  ce  que  je  ne  souffrirai  jamais,  volt. 
Lett.  d'Alembert,  sjanv.  1757.  Les  Adelphes  [comé- 
die de  Térence]  ont  fourni  tout  au  plus  l'idée  de 
l'École  des  maris,  id.  Vie  de  Molière.  \\  i°  Terme  de 
jurisprudence.  Fournir  et  faire  valoir  une  dette,  une 
rente,  la  garantir,  et  la  payer  soi-même  en  cas 
d'insolvabilité  du  débiteur.  |i  B*  Terme  de  pratique 
et  d'administration.  Produire,  exposer.  Fournir  ses 
dépenses,  en  justifier  et  en  produire  les  comptes. 
Il  n'a  pas  fourni  toutes  ses  pièces.  U  en  fournira 
la  preuve.  ||  6°  Parfaire,  achever.  Il  faut  encore 
soixante  francs  pour  fournir  la  somme  entière.  Si 
ce  peu  que  j'ai  ajouté  quelquefois  par  la  nécessité 
de  fournir  une  strophe  n'est  point  une  liberté  qu'il 
soit  à  propos  de  retrancher,  corn.  Imit.  Préf.  édit. 
li:Bf.  Il  Fournir  à  peine  un  lustre,  avoir  à  peine  at- 
teint lâge  de  cinq  ans.  Dircé  fournissait  lors  àpeine 
un  lustre  entier,  corn.  OFd.  i,  3.  ||  7*  Terme  d'es- 
crime. Fournir  à  quelqu'un  un  coup  d'épée,  lui  don- 
ner un  bon  coup  d'épée.  ||  8°  Terme  de  manège. 
Fournir  son  air    se  dit  du  cheval  qui  exécute  ses 


FOU 

exercices  avec  toute  la  mesure  et  toute  la  précision 
possibles.  ||  Fournir  la  carrière,  la  parcourir  tout 
entière.  Quand  le  prince  [Alexandre],  après  avoir 
fourni  sa  carrière,  revint  tout  fier  et  plein  de  joia 
d'avoir  réduit  ce  cheval  [Bucéphale]  qui  avait  paru 
si  indomptable,  tous  les  courtisans  à  ï'envi  lui  ap- 
plaudirent et  le  félicitèrent,  rollin,  Ilist.  anc. 
GKut.  t.  VI,  p.  ilt,  dans  pougens  ||  Par  extension. 
Je  suis  souffrant,  et  je  ne  pourrais  fournirla  course, 
MARiv.  Legs,  se.  <4.  Un  oiseau  de  vol  court  et  rasant 
les  rivages  ne  peut  avoir  fourni  la  traversée  du  vaste 
océan  Atlantique,  buff.  Ois.  t.  xui,  p.  274. ||  Fig. 
?'oumir  sa  carrière,  achever  de  vivre.  U  n'a  pai 
fourni  une  longue  carrière.  Pour  achever  ce  qui 
restait  à  fournir  de  sa  carrière,  fléch.  Lam.  L'un 
et  l'autre  a  fourni  sa  course  Prescrite  par  l'ordre 
étemel,  lamotte,  Od.  t.  i,  p.  l«u,  dans  pougens. 
Ne  songeons  plus,  mon  pauvre  Thiriot,  qu'à  fournir 
ensemble  tranquillement  notre  carrière  philoso- 
phique, VOLT.  Lett.  Thiriot,  nov.  1724.  ||  Il  a  bien 
fourni  sa  carrière,  il  a  vécu  honorablement  jusqu'à 
lafin.  Il  En  un  sens  contraire.  Après  avoir  mal  fourni 
sa  carrière,  on  ne  revient  plus  sur  ses  pas  pour 
prendre  d'autres  routes,  mass.  Avent,  Mort  du  pé- 
cheur. Il  Fournir  une  carrièie,  accomplir  quelque 
travail,  achever  quelque  œuvre.  Après  avoir  surpassé 
dans  sa  grande  histoire  de  France  tous  ceux  qui 
avaient  fourni  avant  lui  cette  carrière,  il  [Mézerai] 
se  surpas.salui-même  dans  son  Abrégé,  olivet,  i/t'rt. 
Acad.  t.  Il,  p.  198,  dans  pougens.  Vous  n'avez  point 
eu  cette  ressource,  et  cependant  vous  avez  fourni 
cette  longue  carrière  de  cinq  actes  qui  est  si  prodi 
gieusement  difficile  à  remplir  sans  épisodes,  volt. 
Mérope,  Lettre.  ||  9*  V.  n.  Fournir  habituellement 
les  provisions.  C'est  un  tel  qui  fournit  dans  cette 
maison.  ||  10*  .Subvenir,  contribuer.  Fournir  à  la 
dépense,  aux  frais.  Un  mari  ne  veut  pas  fournir  à 
ses  besoins,  boil.  Sot.  x.  Il  [Épaminondas]  porta  le 
désintéressement  si  loin,  qu'il  ne  laissa  pas  en  mou- 
rant de  quoi  fournir  aux  frais  de  ses  funérailles, 
ROLLIN,  Hist.anc.  QKuc.  t.  v,  p.  446,  dans  pougens. 
Sous  leur  soc  triomphant  la  terre  enorgueillie  Four- 
nissait avec  joie  aux  besoins  de  leur  vie,  u.  j.  cuén. 
Gracques,  ii,  3.  ||  Absolument.  Si  notre  vue  s'arrête 
là  [à  l'univers  visible],  que  l'imagination  passe  ou- 
tre ,  elle  se  lassera  plutôt  de  concevoir  que  la  na- 
ture de  fournir,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  246,  éd. 
LAHUHE.  I!  11°  Suffire.  Donnons  ordre  au  présent;  et, 
quant  à  l'avenir.  Suivant  l'occasion  nous  y  saurons 
fournir,  corn.  Sert,  ii,  4,  Ma  foi,  me  trouvant  las, 
pour  ne  pouvoir  fournir  Aux  différents  emplois  où 
Jupiter  m'engage,  mol.  Àmph.  Prol.  On  voit  une 
petite  imagination  qui  va,  qui  brille,  qui  fournit  à 
tout,  et  qui,  avec  les  grâces  de  sa  jolie  personne,  ne 
frappe  jamais  à  faux,  sév.  12  fév.  1690.  Il  faut  un 
corps  de  fer  pour  fournir  aux  plaisirs  que  le  monde 
vous  impose,  mass.  Panég.  Ste  Agnès.  ||  12"  En  ter- 
mes de  jeu  de  cartes,  jouer  une  carte  de  la  couleur 
qui  est  demandée.  Si  vous  avez  du  trèfle,  vous  êtes 
obligé  de  fournir.  Au  piquet,  on  ne  peut  se  dispen- 
ser de  fournir.  ||  On  dit  aussi  fournir  à  trèfle,  et  ac- 
tivement fournir  du  trèfle.  ||  13°  .Se  fournir,  v.  rifl. 
S'approvisionner.  Il  se  fournit  chez  ce  marchand. 
Il  Proverbe.  Il  le  faut  fournir  de  fil  et  d'aiguille 
(voy.  Fa). 

—  REM.  On  trouve  dans  les  auteurs  du  xvu*  siècle 
fréquemment  fournir  de  employé  neutralemenl.  Cet 
emploi  de  fournir  a  vieilli.  Il  fournira  pour  lui 
d'excuse  légitime,  tristan,  Panthfe,ni,  1.  Ne  cher- 
chons-nous ici  que  les  occasions  De  fournir  de  ma- 
tière à  leurs  divisions,  corn.  Agésilas,  iv,  3.  Bien 
que  j'abrégeasse  mon  récit,  il  nous  fournit  d'entre- 
tien jusqu'au  château,  la  pont.  Songe  de  Vaux, 
fragment  vii.  Faire  un  boudin ,  faire  un  mariage 
entre  gentilhomme  et  riche  roturière,  parce  que  le 
mari  est  le  soutien  de  la  maison,  et  la  femme  qui 
est  riche  fournit  de  graisse  pour  l'entretenir,  furb- 
TiÊRE.  Je  veux  que  la  valeur  de  ses  aïeux  antiques 
Ait  fourni  de  matière  aux  plus  vieilles  chroniques, 
boil.  Sot.  v.  Il  fallait  qu'un  héros....  Leur  offrit  un 
asile  [aux  Muses]  et  fournît  de  matière  X  leur»  di- 
vines voix,  rac.  la  Renommée  aux  Muses.  Non-seu- 
lement il  a  fait  de  sa  main  de  très-beaux  ouvrages, 
u-ais  il  fournit  de  dessins  à  plusieurs  autres  sculp- 
ti-urs  fort  habiles,  perrault,  Homm.  itlust.  Cliauv. 
Ivf.a  des  gens  pouvant  fournir  de  courage  et  de  ré- 
solution l'épée  à  la  main,  qui  ne  sont  pas  capable» 
de  soutenir  de  sang-froid  tout  le  poids  d'un  secret 
important,  vertot,  Révol.  de  Portug. 

—  HIST.  XII*  s.  Ceste  besogne  sera  par  moi  for- 
nie,  Ronc.  p.  ib.  La  quinte  eschelle  [escadron]  fo^ 
niront  li  Normant,  ib.  p.  132  [L'espée]  Dont  [il]  ot 
foriil  maint  grant  ester champel,  ib.  p.  144.  Tiu  ses 


FOU 

coinandemenz  sûmes  près  de  furnir,  F,  chastalset  ci- 
tez brisieret  asaillir,  E  perilz  de  nos  cors  et  desane- 
mes  [âmes]  sufTrir,  Th.  le  mart.  t34.  Tut  cest  con- 
seil aveient  furni  et  aturné  Li  trei  prélat  qui  erent 
de  lur  mestier  sevré,  ib.  1 30.  Li  reis  prit  tut  fors 
tant  que  li  lius  ert  furnis  [garni],  ib.  61.  L'arceves- 
que  respunt  qu'il  n'en  volt  plait  tenir;  Jurs  neli  ert 
[était]  asis  des  acuntes  furnir,  ib.  33.  Qui  pris  est  à 
embler  [voler]  ou  à  tel  felunie,  La  justice  en  seit 
faite  e  p'.eniere  e  furnie,  ib.  26.  Biax  fix,  dist  ele, 
grant  vos  voi  et  forni  ;  Seneschax  estes  de  France, 
Dieu  merci.  Saoul  de  C.  39.  ||  xiii*  s.  Le  coutel  dont 
il  doivent  la  traïson  fournir,  BerU,  xiu.  Porquerés 
messages  hastéement,  qui  bien  sacent  cest  message 
furnir,  h.  de  valenc.  xix.  Quant  Renart  l'ot,  si  ot 
grant  joie,  Ne  set  s'il  fomira  la  voie  ;  Mais  comment 
que  il  l'endoie  estre,  La  croiz  a  sor  l'espauledestre, 
«m.  H  (62.  Et  disoit  encore  qu'il  s'estoit  présentés 
à  l'ore  de  mie  di,  par  quoi  il  voloit  son  apel  avoir 
furni,  BEAUM.  lxi,  63.  Et  ne  porquant  [cependant] 
noz  n'espérons  pas  en  noz  le  sens  par  lequel  noz 
puissons,  furnir  cest  livre  et  ceste  emprise  [entre- 
prise], ID.  12.  Se  tu  le  voes  [Dieu]  de  cuer  servir, 
Il  t'aidera  bien  à  furnir  T'uevre  [ton  œuvre].... 
GUI  i)K  CAMBRAI,  BaH.  et  Jos.  p.  64.  Sus  un  bas  che- 
val bien  fourni  seoit  ;  ses  renés  avoit  gelées  sur  l'ar- 
con  de  sa  selle,  joinv.  227.  ||  xv  s.  Voulons  et  ordon- 
nons que  pour  chacune  lance  fournie,  qui  sont  sept 
personnes,  nos  dits  gens  de  guerre  ne  pourront  pren- 
dre par  jour  que  un  mouton,  Ordann.  oct.  M86.  Hz 
ne  payoient  riens  et  estoient  fournis  de  ce  qui  leur 
estoit  nécessaire,  comm.  iv,  9.  Malaquin  se  plaint  que 
aucun  chevalier  ne  lefournistà  lajouste  [ne  lui  prête 
le  collet],  Perceforest,  t.  m,  f°  ^  ) .  |j  xvi"  s.  Il  fault 
tousjours  luy  [à  l'âme]  fournir  d'object  ou....  mont. 
I,  2t.  La  mémoire  leurfournitla  chose  entiereet  pré- 
sente, ID.  1, 34.  Une  estude  [cabinet]  fournie  de  toute 
sorte  de  livres,  id.  i,  57.  On  n'a  pas  le  temps,  quand 
Dieu  envoyé  la  tempeste,  de  chercher  ce  qui  fait 
mestier,  et  à  l'heure  ne  peut  on  pas  fournir  de  cequi 
est  mal  ordonné,  la  boétie,  (77.  Le  jour  est  près 
que  mes  forces  jà  vaines  Ne  pourront  plus  fournira 
mon  tourment,  id.  457.  Il  avoit  vingt  mille  que  mul- 
les  que  mulets  travaillans  par  chascun  jour  pour 
fournir  à  ses  engins  de  baterie,  amyot,  Sylla,  26. 
Il  feit  coupper  les  arbres  de  l'Académie,  qui  en  es- 
toit  mieulx  fournie  que  nul  autre  parc  de  plaisance, 
iD.  ib.  Pour  fournir  à  la  dissolution  des  siens,  il  avoit 

besoing  de  grand  argent,  id.  ib.  29 Oufison  camp 

auroit  foison  de  vivres  qu'il  lui  foumiroit  de  ses 
pais,  ID.  Crassus,  37.  Il  allongea  un  coup  d'espée  au 
cavalier  qui  se  trouva  armé,  de  sorte  qu'il  lui  en 
fournit  un  second  au  deflaut  de  la  cuirasse,  d'aub. 
Vie,  xxvL  Si  le  s'  de  la  Magdelaine  a  envie  de  four- 
nir sa  pointe  [se  battre  en  combat  singulier],  il  y  a 
un  beau  sable  entre  ce  lieu  et  Nerac,  id.  ib.  xLvii.  Et 
quant  à  ce,  te  fourniront  de  matière  les  louanges 
des  dieux  et  des  hommes  vertueux,  du  bellay,  i, 
24,  verso.  11  se  présenta  pour  trouver  preuves  contre 
le  prince  de  Condé,  desquellesneantmoins  il  disoit 
ne  pouvoir  autrement  fournir,  sinon  que  première- 
ment il  fust  en  liberté,  condé,  Mémoires,  p.  689.  Je 
vous  envoyé  ce  gentilhomme  présent  porteur,  pour 
entendre  de  vous  quels  moyens  vous  avez  de  fournir 
promptement  d'hommes  aguerris  et  armés,  pour  in- 
continent les  envoyer  en  ce  lieu,  Lettre  du  prince  de 
Condé,  J.  des  savants,  fév.  1860,  p.  )00.  Fournir  à 
nature  [mourir],  pasquier,  Recherches,  p.  905,  dans 
i.ACURNE.  Un  gentilhomme  du  nom  duquel  je  four- 
nirai [que  je  nommerai] ,  si  besoin  estoit,  h.  est. 
Apol.  d'Hérnd.  p.  6H,  dans  lacdrne. 

—  ÉTYM.  Berry ,  fornir;  bourguig.  forni;  provenç. 
fomir,  et  aussi  formir,  furmir,  fromir,  remplir, 
accomplir  ;  catal.  espagn.  et  portug.  fornir  ;  ital. 
fornire,  et  aussi  fronire  qui  est  cité  et  qui  est  im- 
portant pour  l'étymologie  ;  bas-!at.  furmimentum , 
dans  un  texte  provençal  du  xv°  siècle,  du  cange. 
On  a  proposé  de  le  tirer  de  furnus,  four  (voy.  du 
GANGE  au  mot  fumire);  de  sorte  que  fournir  serait 
rendre^  donner  comme  fait  le  four  dont  on  tire  le  pain. 
Il  y  a  deux  formes,  fornir  et  le  provençal  formir,  fro- 
mir ;  dans  cet  élat,  il  faut  admettre  ou  que  l'm  s'est 
changée  en  n,  ou  que  Vn  s'est  changée  en  m.  Diez 
admet  la  mutation  de  l'm  en  n,  c'est-à-dire  re- 
garde formir,  fromir,  comme  le  véritable  thème  ;  et 
alors  la  dérivation  se  fait  sans  peine  du  germanique  ; 
anc.  h.  allem.  frumjan,  achever,  procurer;  goth. 
fruma,  avantage;  allem.  mod.  frommen,  profiter. 
La  mutation  de  l'n  en  m  étant  aussi  possible  que 
celle  de  l'm  en  n,  c'est  au  sens  qu'il  faut  demander 
un  motif  pour  se  décider.  Or  avec  frumjan  le  sens 
.  est  direct  et  naturel  ;  Avec  four  il  est  métaphorique; 
et,  pour  acceoter  une  métaphore  aussi  éloignée,  on 


FOU 

aurait  be.soinde  rencontrer  des  exemples  de  fournir 
avec  le  sens  où  l'idée  de  four  intervient.  Ces  exem- 
ples faisant  défaut  absolument,  l'origine  germani- 
que prend  un  avantage  considérable.  De  plus, 
comme,  dans  une  étymologie,  on  doit  tenir  compte 
de  toutes  les  formes  romanes,  on  comprend  com- 
ment un  mot  germanique  sans  relation  a  pu  chan- 
ger son  m  en  n;  mais  on  ne  comprend  pas  qu'un  mot 
aussi  usuel  et  aussi  connu  que  four  ou  fom  ait  perdu 
son  n,  pour  prendre  une  m  ;  on  comprend  sans 
peine  par  la  même  raison  qu'à  côté  de  fromir,  forme 
correcte,  se  soit  formé  formir;  mais  on  ne  comprend 
pas  que  de  forno  l'italien  ait  fait  fronire.  Ces  raisons 
semblent  décisives  en  faveur  de  l'étymologie  ger- 
manique. 

FOURNISSEMENT  (four-ni-se-man),f.  m.  ||  1"  Ac- 
tion de  fournir,  de  procurer.  De  l'achat  du  sel  sur 
les  marais  pour  le  fournissement  des  greniers.  Or- 
donnance sur  le  sel  de  <  680.  Nous  promettons  le 
nombre  des  vaisseaux  de  guerre  nécessaires  pour  la 
silreté  et  escorte  des  vaisseaux  et  navires  chargés 
de  sel  pour  le  fournissement  des  greniers.  Bail 
Boutet,  Lett.  pal.  du  il  juin  1680.  ||  On  dit  aujour- 
d'hui plutôt  fourniture.  ||  2°  Terme  de  commerce. 
Fonds,  apport  de  chaque  associé.  ||  Ce  que  l'un  des 
associés  doit  à  la  masse,  lors  du  partage,  pour  avoir 
joui  de  la  chose  commune.  |1  Action  d'établir  les 
comptes  respectifs.  Procéder  au  fournissement. 

—  HIST.  xV  s.  Ung  mirouer  à  mondains  plaisirs, 
Ung  fournissement  à  soupirs....  coQUttLART,  Droits 
nouveaux. 

—  ÉTYM.  Fournir. 

FOURNISSEUR  (four-ni-seur) ,  s.  m.  \\  1°  Celui 
qui  entreprend  la  fourniture  de  marchandises  ou  de 
certaines  denrées.  Les  fournisseurs  des  troupes.  Un 
tel  est  son  fournisseur.  ||  Fig.  Oue  le  neuf  ou  le 
vieux  vous  tente.  Il  sera  votre  fournisseur  :  Robin 
vend  sa  nièce  et  sa  tante,  béhang.  Ami  Robin. 
Il  8°  Terme  de  marine.  Se  dit  quelquefois  du  ser- 
vant de  gauche  d'une  caronade.  ||  3°  Terme  de  fon- 
deur. Nom  de  petits  rouleaux  de  cire  qui  entre- 
coupent les  jets  et  les  évents,  qu'on  entoure  d'une 
enveloppe  de  terre  rouge  et  de  fiente  de  cheval  et 
qu'on  soumet  au  feu  de  petites  bûches  rangées  tout 
autour  du  modèle  ;  la  cire  se  fond,  et  il  reste  autant 
de  petits  canaux  formés  par  l'enveloppe  qui  s'est 
durcie  qu'il  y  avait  de  fournisseurs;  c'est  par  les 
fournisseurs  que  le  métal  en  fusion  entre  dans  le 
moule. 

—  ÉTYM.  Fournir,  par  le  participe  présent  four- 
nissant. 

FOURNITURE  (four-ni-tu-r'),  s.  f.  |{  1°  Provision 
fournie  ou  à  fournir.  Ce  marchand  fait  les  fourni- 
tures de  telle  maison.  Il  parvint  à  avoir  la  fourni- 
ture des  sels  du  Valais,  qui  lui  valait  vingt  mille 
livres  de  rente,  i.  J.  bouss.  Conf.  v.  ||  Action  d'ap- 
provisionner. Avenant  que  par  guerre  il  y  etit  em- 
pêchement en  mer  à  la  voiture  des  sels  pour  la 
fourniture  des  greniers  de  la  ferme,  Bail  Boutet  ^ 
Lett.  pat.  du  27  juin  <680.  ||  Fig.  Rien  n'est  parti 
[partagé]  si  bien....  Que  le  sens,  car  chacun  en  a  sa 
fourniture,  bégnier,  Sat.  ix.  ||  2"  Terme  de  com- 
merce. Ce  qu'on  donne,  ce  qu'on  livre.  Une  grosse 
fourniture  d'argent.  ||  Ce  sens  a  vieilli.  ||  3°  Ce  que 
fournissent  certains  ouvriers,  les  tailleurs,  les  ta- 
pissiers, en  employant  l'étoffe,  la  matière  princi- 
pale. Le  tapissier  a  pris  tant  pour  façon  et  fourni- 
tures. Il  4°  Fines  herbes  pour  assaisonnement.  Il  n'y 
n'y  a  pas  assez  de  fourniture  dans  cette  salade. 
Il  B°  Terme  d'organiste.  Jeu  composé  de  plusieurs 
rangs  de  tuyaux  qui  servent  à  remplir  et  à  donner 
du  volume  au  son.  ||  B"  Terme  d'administration  mi- 
litaire. Literies  militaires.  ||  7"  Terme  de  gantier. 
Morceau  de  peau  pour  faire  les  pouces,  les  four- 
chettes et  les  coins  des  gants. 

—  HIST.  xiu*  s.  Failli  vous  onques  fornosture.  Ne 
besoignable  vesteûre  ?  du  cange,  bisonium.  \\  xv»  s. 
Ne  restoit  plus  de  son  emprise  que  la  fourniture 
des  armes  à  pié  [le  combat  à  pié],  o.  de  la  marche, 
If^m.  liv.  VI,  p.  194,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Fournir,  probablement  par  l'ancien  par- 
ticipe fournit,  et  la  finale  ure. 

f  FOURQUET  (four-kè) ,  s.  m.  Pelle  de  fer  ou  de 
cuivre  percée  dans  son  milieu  de  deux  grands  yeux 
longitudinaux,  avec  laquelle,  dans  les  brasseries, 
on  délaye  la  farine. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fourque  ou  fourche;  nor- 
mand, fourquet,  fourche  en  bois  à  deux  dents  avec 
laquelle  on  retourne  les  foins. 

(.  FOURRAGE  (fou-ra-j'),  s.  m.  ||  1»  Nom  donné 

aux  tiges,  feuilles  et  racines  des  plantes  vertes  dont 

les  bestiaux  se  nourrissent.  Fourrage  vert.  Fourrage 

I  sec.  Il  Dans  l'acception   la  plus  générale,  fourrage 


FOU 


1757 


comprend  toutes  les  subsiances  d'origine  végétale 
employées  à  la  nourriture  des  bestiaux.  {|  Racines- 
fourrages  ou  fourrages-racines,  la  betterave,  la 
carotte,  les  choux-raves  et  choux-navets,  le  navet, 
1»  panais,  la  pomme  de  terre,  le  raifort  et  le  topi- 
nambour. Il  2'  Particulièrement.  L'herbe  qu'on 
coupe  à  l'armée  pour  la  nourriture  des  chevauï. 
Les  hommes  et  les  chevaux  revenaient  épuisés, 
ceux  toutefois  qui  revenaient;  car  chaque  mesure 
de  seigle,  chaque  trousse  de  fourrage  nous  étaient 
disputées,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  viii,  )0.  ||  Mettre  la 
cavalerie  en  quartier  de  fourrage,  l'établir  dans  un 
pays  où  le  fourrage  abonde.  ||  L'action  même  de 
couper,  d'apporter  le  fourrage.  Aller  au  fourrage. 
Être  commandé  de  fourrage.  Ordonner  un  four- 
rage général.  Il  y  avait  2000  hommes  au  fourrage, 
sÉv.  214.  M.  de  Luxembourg,  allant  reconnaître  un 
fourrage,  fut  averti  de  la  marche  de  Rilly,  st-sim. 
H,  <30.  On  ne  pouvait  amener  un  convoi  ni  faire 
un  fourrage  sans  combattre,  ségur  ,  Ilist.  de  Nap. 
vin,  10.  Il  Fig.  Ravage.  Au  reste,  le  fourrage  qu'ils 
ont  fait  est  peu  de  chose,  et  le  discours  n'y  perdra 
rien  ou  presque  rien;  il  n'y  a  pas  en  tout  la  valeur 
de  six  lignes  effacées,  d'alkmb.  Lett.  à  Voltaire, 
21  juin.  1767.  Il  Se  dit  aussi  des  troupes  comman- 
dées tant  pour  faire  le  fourrage  qtio  pour  le  soutenir 
Les  ennemis  attaquèrent  le  fourrage.  ||  3°  Terme 
d'artillerie.  Foin,  herbe  dont  on  se  sert  pour 
bourrer  le  canon. 

—  HIST.  xV  s.  Nous  serons  tous  à  butin,  aussi 
bien  ceulx  de  dehors  comme  ceux  de  dedens,  afin 
que  nul  ne  s'amuse  au  fourraige,  le  Jouvencel,  ms. 
p.  393,  dans  LACURNE.  Si  fut  le  long  séjour  de  ceste 
gent  desplaisant  à  ceulx  de  Paris,  qui  leurs  vins  ne 
povoient  cueillir,  mais  perdoient  blez ,  fruiz  et 
fourrages,  et  tout  ce  qu'ilz  avoient  hors  Paris,  Geste 
des  nobles,  ch.  I0!i.  ||  xvi'  s.  Les  soudards  Thraciens 
chargèrent  quelques  fourrageurs  des  Romains  qui 
portoient  du  fourrage  au  camp,  amyot,  P.  jEm.  29. 
Peut  le  seigneur  bas  justicier  créer  ou  commettre 
gens  iiour  lever  et  recepvoir  les  dismes  qui  lui  ap- 
partiennent en  la  seigneurie,  pareillement  les  ilroits 
de  la  couppe  des  bois,  ensemble  de  vaine  pasture  et 
fourage,  Nouv.  coût,  ginér.  t.  11,  p.  346.  Fourrage 
de  corbeaux  [un  pendard],  cotgbave.  Y  avoit  un 
lévrier  fort  meffaisant  qui  entroit  partout,  et  ne 
trouvoit  rien  trop  chaud  ne  trop  pesant;  pain, 
chair,  fourmage,  tout  luy  estoit  fourrage,  desper 
Contes,  t.  I,  p.  (36,  dans  lacibne. 

—  ÉTYM.  Feurre,  foere,  foure,  paille,  qui  avait 
donné  fourrer,  d'où  fourrage;  prov.  fouratge;  esp 
forrage;  ital.  foraggio  (voy.  feubbe). 

f  2.  FOURRAGE  (fou-ra-j'),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rinft.  Tout  cordage  employé  à  en  couvrir  un  autre. 

—  ÉTYM.  Fourrer. 

FOURRAGÉ,  ÉE  (fou-ra-jé,  jée),  part.  pa.iie 
de  fourrager.  Pillé.  La  campagne  fourragée  par  des 
partis  ennemis. 

I  FOURRAGEMENT  (fou-ra-je-man),  s.  m.  Action 
de  fourrager. 

HIST.  xvi's.  Qu'on  estera  toutes  contributions, 

fourragement  des  soldats  et  autres  charges,  d'aub. 
Ilist.  m,  348. 

—  ÉTYM.  Fourrager. 

FOURRAGER  (fou-ra-jé.  Le  g  prend  un  e  devant 
o  ou  0  :  je  fourrageais,  nous  fourrageons) .  ||  1°  V.  n. 
Aller  au  fourrage.  On  était  contraint  d'aller  four- 
rager bien  loin.  La  cavalerie  fourrageant  fut  sur- 
prise et  dispersée.  ||  Fig.  et  familièrement.  C'est 
un  homme  qui  va  fourrageant  dans  tous  les  livres, 
c'est  un  compilateur,  ou  c'est  un  plagiaire.  ||  2°  F.  a. 
Ravager.  Fourrager  tout  un  pays.  Les  lapins  ont 
fourragé  mon  jardin.  Les  gens  dont  mon  gibier  aura 
fourragé  la  récolte,  1.  1.  Rouss.  Ém.  iv.\\  Familière- 
ment. Mettre  en  désonlre.  Fourrager  des  papiers. 
Donc,  quoiqu'on  ait  tantôt  fourragé  nos  valises,  hau- 

TEHOCHE,  Espr. /'oifc*,   III,  4. 

—  HIST.  XV  s.  Et  vinrent  loger  en  un  beau  pre, 
où  ils  trouvèrent  assez  à  fourrager  pour  leurs  che- 
vaux, FBOiss.  I,  I,  44.  Et  alloient  par  outre  la  ri- 
vière de  leur  coté  fourrager,  et  ramenoient  souvent 
graml  proie,  m.  I,  i,  260.  ||  xvi-  s.  Il  veit  fourrager 
[piller]  bonne  partie  de  la  ville,  mont,  i,  27.  Uisser 
paistriret  fourrager  ces  grâces  tendres,  à  des  per- 
sonnes indiscrètes  et  si  volages,  m.  ni,  338.  Il  luy 
retrenchoit  vivres  de  tous  costez,  il  lui  ostoit  l'eau, 
il  le  gardoit  de  pouvoir  fourrager,  amyot.  Sert.  t7. 
En  passant  par  leur  païs,  il  le  fourragea  et  pilla 
comme  terres  d'ennemis,  m.  Àgi's.  2.'.. 

—  ÉTYM.  Fourrage;  wallon,  fôrêie;  bourguig.  fo 
raigrf ;  provenç.  fourrejar,  fourregiar;  espagn.  for- 
ragear  ;  ital.  forraggiare. 

FOURRAGÈRE  (lou-ra-jê-r") ,  adj.  f.  Il  l"   ferme 


1758 


FOU 


rt'agriculliire.  Plantes  fouriagcies,  plantes  qu'on 
cultive  comme  fourrage.  ||  Culture  fourraf?fere ,  cul- 
ture qui  a  pour  l)ut  la  production  des  fourrages. 
Il  J°  S.  f.  La  pièce  de  terre  la  plus  rapprochée  de  la 
métairie  et  qui  est  con.sacrce  4  produire  du  fourrage. 

—  Ktym.  Fourrage. 

KOUIIRAGEUR  (fou-ra-jeur),  *.  m.  Cavalier  qui 
va  au  fourrage.  Il  faut  tomber  sur  elle  [l'infanterie 
anglai.se,  &  Fontenoy]  comme  des  fourrageurs,  volt. 
Louis  XV,  a.  Il  Se  dit  aussi  des  maraudeurs. 

—  HIST.  XV'  s.  Quand  ils  [les  Anglais]  se  veoient 
plus  forts  que  les  François  fourrageurs,  ils  leur  cou- 
roiont  sus,  et  lesmeshaignoient  etoccioient,  Fiioiss. 
Il,  II,  9.  Fourrageurs  vont  à  deux,  à  trois,  à  cinq,  à 
six  lieues  et  aucunes  fois  à  plus  de  sept  loing  qué- 
rir à  mangier,  sans  les  guetes,  escoutes,  chevau- 
cheurs  et  guides  de  toutes  pars,  que  une  compagnie 
doit  avoir  quand  elle  n'est  logée  en  lieu  fort,  Je  Jou- 

vencel,  ms.  p.  677,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s Que 

de  marcher  le  jour  vers  eux,  leurs  chevaux  légers 
ou  leurs  fourrageurs  leur  donneroyent  advertisse- 
ment,  lanouf.,  606. 

—  f.TYM.  Fourrager. 

\  FOURRAGEUX,  E-ÎJSE  (fou-ra-jeû,  jeû-z'),  adj. 
Qui  fournit  du  fourrage,  qui  .se  consomme  comme 
fourrage.  La  paille  du  froment  est  fourrageuse. 

4 .  FOURRE,  fiE  (fou-ré,  rée) ,  part,  passé  de  four- 
rer. Il  1°  Garni  de  fourrures.  Un  manteau  fourré.  Les 
voilà  tous  deux  arrives  Devant  sa  majesté  fourrée, 
LA  FONT.  Fahl.  VII,  ta.  Les  hermines  dont  ils  [les 
magistrats]  s'emmaillottent  en  chats  fourrés,  pasg. 
Puiss.  tromp.  imag.  2  (édit.  faugêre).  Il  trouve  de 
pédants  un  escadron  fourré,  boil.  Sat.  vm.  Et  se 
moquait  trJs-librement  Des  bavards  fourrés  de  l'é- 
cole, VOLT.  Épit.  Lxvi.  Il  Qui  a  une  peau  bien  garnie 
de  plumes.  Les  oiseaux  presque  nus,  tels  que  l'au- 
truche, le  casoar,  ledronte,  ne  se  trouvent  que 
dans  les  pays  chauds;  tous  ceux  des  pays  froids  sont 
bien  fourrés  et  bien  couverts,  buff.  Ois.  t.  i,  p.  60, 
dans  pouGF.NS.  ||  Fig.  Ce  chapitre  est  encore  fourré 
d'historiettes  agréables....  dider.  Réflex.  sur  l'Es- 
prit. Il  Un  innocent  fourré  de  malice,  homme  mali- 
cieux qui  feint  d'être  simple  et  bon.  Qu'un  serpent 
fourré  de  malice  Avait  occis  en  trahison,  scarr. 
Virif.  Ti.  Il  2°  Langue  fourrée,  langue  de  bœuf,  de 
cochon,  de  mouton,  recouverte  d'une  peau  et  que 
l'on  fait  cuire  selon  certaine  manière.  ||  Dans  le  nord 
de  la  France,  pain  fourré,  pain  qu'on  a  ouvert  tan- 
dis qu'il  était  encore  chaud,  et  dans  lequel  on  a  in- 
troduit du  beurre  ou  du  jambon.  ||  3°  Garni  d'arbres, 
d'arbustes,  etc.  Pays  fourré.  Le  maréchal  de  Lorge 
voyait  des  coteaux  fûurrésdont  il  ne  connaissait  ni  les 
revers  ni  ce  qui  y  pourrait  être  de  troupes,  st.-sim.  22, 
260.  Il  se  tient  ordinairement  dans  des  endroits  four- 
rés, dans  les  bruyères  et  même  dans  les  bois,  d'oii  lui 
est  venu  le  nom  allemand  Wald-lerche,  buff.  Ois. 
t.  IX,  p.  (07.  Il  Bois  fourré,  bois  qui  est  très-garni  de 
broussailles  et  d'épines.  Dans  les  plus  creux  vallons 
fondre  en  désespérés.  Percer  rapidement  les  bois  les 
plus  fourrés,  Ignorer  où  l'on  va,  n'avoir  qu'un  chien 
pour  guide,  regnard,  Démocr.  i,  6.  114"  Médaille, 
monnaie  fourrée,  celle  dont  l'intérieur  n'est  pas  d'or 
ou  d'argent,  comme  les  faces.  On  voit  encore  dans 
les  cabinets,  des  médailles  qu'on  appelle  fourrées, 
qui  n'ont  qu'une  lame  d'argent  qui  couvre  le  cuivre, 
MONTESQ.  Espr.  xxii,  <3.  ||  On  dit  aujourd'hui  mé- 
daille plaquée.  ||  Botte  de  paille,  botte  de  foin  four- 
rée, botte  où,  parmi  la  bonne  paille  ou  le  bon  foin, 
on  a  mêlé  de  la  paille,  du  foin  de  mauvaise  qualité. 
Il  Fig.  Paix  fourrée,  paixfausse,  peu  sincère,  comme 
est  fausse  une  médaille  fourrée.  Ces  deux  confidents 
jde  Richelieu,  Brézé  et  la  Meilleraie]  avaient  fait 
entre  eux  une  paix  fourrée,  retz,  i,  12.  La  cour  de 
France,  en  leit,  procura  une  paix  fourrée  [entre 
les  Barberins  et  le  duc  de  Parme] ,  volt.  Pol.  et 
législ.  Droits  des  hommes.  ||  Paix  fourrée,  se  dit 
particulièrement  de  la  paix  qui  fut  faite  avec  les 
huguenots  à  Longjumeau  en  4568.  ||  B°  Terme  d'es- 
crime. Coup  fourré,  coup  que  l'on  donne  en  même 
temps  que  l'on  en  reçoit  un  ;  locution  qui  vient  de 
ce  que  le  coup  donné  et  reçu  est  considéré  comme 
ayant  sa  fourrure,  ce  qui  en  fait  un  coup  double, 
un  coup  fourré.  Qu'ils....  Se  donnent  l'un  à  l'autre 
autant  de  coups  fourrés,  Régnier,  Ép.  ii.  Ce  sont 
deux  grands  athlètes  qui  font  un  coup  fourré, 
niDER.  Salon  de  (767,  OEuv.  t.  xiv,  p.  64,  dans 
pouGFNs.  Il  Fig.  Coup  fourré,  coup  qui  rend  la  pa- 
reille, moyen  par  lequel  on  déjoue  quelque  chose. 
Et  contra  cet  assaut  je  sais  un  coup  fourré,  mol. 
rÉI.  m,  «.  Il  Coup  fourré,  mauvais  offices  que  se 
rendent  deux  personnes  en  même  temps  l'une  à  l'au- 
tre. Il  Porter  un  coup  fourré,  rendre  en  secret  un 
mauvais  office  i  quelqu'un.    Il   [Maupertuis]   me 


FOI) 

porte  tous  les  coups  fourrés  qu'il  peut,  et  j'ai  peur 
qu'il  ne  me  fasse  plus  de  fort  qu'à  Koënig,  volt. 
/>«.  Mme  Denis,  22  mai  (762.  ||  6°  Introduit,  mis 
dans.  Le  bAton  fouiTé  dans  un  trou.  J'ai  bien  plus 
besoin,  moi,  de  la  consolation  de  vous  faire  encore 
ma  cour,  do  vous  voir  et  de  vous  entendre,  que  vous 
n'en  avez  d'être  fourré  dans  mes  gazettes,  volt. 
Lett.  Richelieu,  26  nov.  (762.  On  vous  [Polonais] 
liera  par  des  traités  ;  il  n'y  aura  pas  une  guerre 
en  Europe  où  vous  n'ayez  l'honneur  d'être  fourrés, 
j.  3.  Rouss.  Pologne,  xi.  {|  Il  se  dit  souvent  en  cas 
d'emprisonnement.  On  m'a  parlé  d'un  homme  de 
Nancy  qu'on  dit  fourré  àla  Bastille  sur  la  dénoncia- 
tion d'un  jésuite,  volt.  Lett.  Boisgelin,  mars  (767. 
Il  Familièrement.  Être  fourré,  toujours  fourré  chez 
quelqu'un,  être  très-souvent  chez  lui.  Jeannot  est 
avec  sa  tante,  qui  doit  le  mener  tantôt  à  la  foire  ; 
car  il  faut  toujours  que  cet  enfant  soit  fourré  chez 
elle,  surtout  les  fêtes,  mariv.  Marianne,  3"  part. 

2.  FOCRRfi  (fou-ré),  s.  m.  Partie  de  bois  très- 
fournie  d'arbrisseaux,  d'arbustes,  etc.  Je  perce  à  tra- 
vers un  fourré  de  broussailles  du  côté  d'où  venait  le 
bruit,  j.  j.  ROuss.  Prom.  7.  Paul  se  mit  à  courir  çà 
et  là,  tout  hors  de  lui,  pour  chercher  un  chemin 
hors  de  ce  fourré  épais,  bern.  de  st-p.  Paul  et  Yirg. 
Il  Par  analogie.  Un  fourré  de  lilas. 

—  ÈTVM.  Fourré  ( . 

FOURREAU  (fou-rô),  s.  m.  ]|  1°  Sorte  de  gaine, 
d'enveloppe  servant  à  recouvrir  un  objet  pour  le 
préserver.  Fourreau  d'épée,  de  baïonnette.  Fourreau 
de  parapluie.  Jacques  l",  avec  beaucoup  de  courage, 
sentit  toute  sa  vie  un  frémissement  involontaire 
quand  on  tirait  une  épéo  du  fourreau,  volt.  Dict. 
phil.  Influence.  Occam  demanda  à  l'empereur  Louis 
de  Bavière  qu'il  défendît  sa  plume  par  son  épée  im- 
périale contre  Scot... . heureusement l'épéo  de  Louis 
de  Bavière  resta  dans  le  fourreau,  id.  ib.  Sottise.  Le 
fourreau  de  pure  soie  que  notre  chenille  se  con- 
struit dans  la  tête  du  chardon,  bonnet,  Ohserv.  (9, 
Insectes.  ||  Faux  fourreau,  sorte  de  fourreau  dont 
on  couvre  le  vrai  fourreau  d'une  épée,  d'un  pis- 
tolet, etc.  Il  Fig.  C'est  que  je  voulais ,  bourreau. 
Que  ....  Ma  dague  au  pommeau  d'agate  Eût  ta 
gorge  pour  fourreau,  v.  hugo,  Orientales,  3o.  ||  Fig. 
Le  fourreau  est  jeté,  se  dit  d'une  guerre  à  ou- 
trance. Quelque  insensée  que  fût  l'entreprise  d'AI- 
béroni  sans  alliés,  le  fourreau  était  jeté,  st-sim. 
475,  ((4.  Il  Tirer  l'épée  du  fourreau,  commencer 
la  guerre.  Remettre  l'épée  au  fourreau ,  faire  la 
paix.  Il  Coucher  comme  l'épée  liu  roi  dans  son 
fourreau,  ou,  simplement,  coucher  dans  son  four- 
reau, coucher  tout  habillé.  ||  Fig.  La  lame  use  le 
fourreau,  se  dit  d'une  personne  chez  qui  la  grande 
activité  de  l'âme  use  le  corps.  {|  2"  Robe  d'enfant, 
On  mit  à  cette  petite  fille  un  fourreau.  ||  Nom,  depuis 
le  règne  de  Louis  XVI  jusque  sous  le  premier  em- 
pire, d'une  robe  de  femme  taillée  d'une  façon  étroite 
et  tout  d'une  venue.  ||  3°  Morceau  de  peau  dont  on 
garnit  le  trait  d'un  harnais  à  l'endroit  où  il  frotte 
contre  le  flanc  du  cheval.  ||  4°  Terme  de  vétéri 
naire.  Repli  cutané,  qui  enferme  la  verge  des  che- 
vaux et  autres  animaux  dans  l'état  d'inaction. 
Il  5°  Tuyau  de  tôle  dans  lequel  est  ajustée  une  bas- 
cule pour  le  service  d'une  sonnette.  ||  Tuyau  de 
cuivre  rapporté  au  haut  d'un  corps  de  pompe  pour 
servir  de  réservoir  à  l'eau.  ||  6*  Grand  cartouche 
qui  renferme  plusieurs  pots  à  feu  d'artifice.  |{  7"  Mor- 
ceau ae  parchemin  dont  les  batteurs  d'or  envelop- 
pent les  moules,  pour  que  les  feuilles  d'or  ne  se  dé- 
rangent point.  Il  8°  Ce  qui  enferme  et  couvre  l'épi 
quand  il  n'est  pas  encore  bien  formé.  ||  9'  Mésange 
à  longue  queue. 

—  HIST.  XI*  s.  Contre  deus  deies  [à  deux  doigts 
près]  l'ad  du  furror  jetée  [son  épée],  Ch.  de  Uol. 
xxxiii.  Il  xii*  s.  Cil  bastart  jugleor  qui  vont  par  ces 
vilax  [villes],  X  [avec]  ces  grosses  vieles  as  depen- 
nez  forriax,  Chantent  de  Guiteclin....  Sax.  ii.  ||  iiii* 
s.  Et  salirent  sus,  et  traisent  les  espées  des  fuerres, 
et  se  ferirent  grans  cols  [coups]  sour  les  heaumes 
et  sour  les  escus,  Chr.  de  Rains.  Nus  meslre  du 
mestier  desus  dit  ne  puet  faire  fourrel,  ne  cofi- 
niau,  ne  autre  e.stui,  s'il  n'a  double  fonz  desous  et 
desus,  I,iv.  des  met.  (66.  S'il  veut  porter  arc  et  sa- 
jetes,  port  [qu'il  porte]  l'arc  destendu  et  les  sajetes 
en  le  [la]  main  ou  en  forrel,  beaum.  lviii,  (3.  ||xv' 
s.  X  ces  mots  dit  mcssire  Pierre  de  Craon  en  tirant 
son  cspée  hors  du  fuerre  :  X  mort,  à  mort  Cliçon  ! 
si  vous  faut  mourir,  froiss.  m ,  iv,  2». 

—  F.TVM.  Diminutif  do  l'ancien  français  fuere 
(conservé  dans  le  parler  genevois  :  une  fourre,  un 
fourreau)  qui  signifiait  fourreau;  ital./8dcro,espagn. 
et  portug.  forro.  Fuere  et  les  autres  formes  romanes 
viennent  du  germanique  :  gothique  et  anc.  haut 


FOU 

allera.  fMr,  fourreau,  gaine;  suéd.  /'odfr;  allem 
mod.  Futter,  gaine,  enveloppe  extérieure.  Mais  l« 
français  donnait  aussi  &  fuerre,  feurre,  foare ,  le 
sens  de  paille  ou  fourrage,  qui  a  la  même  origine 
(voy.  feuiire). 

t  FOURREBUISSON  (fou-re-bui-son),  ».  m.  Oiseau 
dit  encore  roi  Bertaud,  bérichon,  ratillon,  etc.  c'est 
la  motacille  troglodyte  de  Omelin,  nommée  parfois 
roitelet,  et  qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  la  mo^ 
tacille  régule,  appelée  plus  communément  roitelet, 
leooarant. 

+  FOURRRE  (fou-rée),  ».  f.  Terme  de  pêche.  Es- 
pèce de  parc  en  forme  de  fer  à  cheval,  auquel  on 
amarre  des  filets  pour  retenir  le  poisson  lorsque  la 
marée  se  retire. 

FOURRER  (fou-ré),  V.  o.  Fourrer,  venant  de 
l'ancien  français  fuere,  qui  signifiait  fourreau,  a 
deux  acceptions  principales  dont  les  autres  dérivent: 
envelopper,  garnir  comme  d'un  fourreau,  et  mettre 
comme  dans  un  fourreau.  ||  1"  Garnir,  doubler  de 
fourrure.  Fourrer  un  manteau  d'hermine.  ||  2"  Terme 
de  monnayage.  Couvrir  avec  des  lames  d'or  et  d'ar- 
gent soudées  par  les  bords  un  flan  qu'on  passe 
ensuite  dans  les  fers  pour  le  monnayer.  Fourrer  une 
médaille.  {|  3°  Terme  de  construction.  Garnir  de 
plâtre  et  de  tuileau  le  dessous  des  faîtières  pour  les 
affermir.  ||  4°  Terme  de  marine.  Fjivclopper  une 
corde  quelconque  de  bandes  de  toile  goudronnée  et 
de  tresses,  ou  seulement  de  tours  pressés  et  serrés 
de  bitord  ou  de  fil  caret  pour  la  garantir  du  frotte- 
ment, jal.  Il  6'  Donner  avec  excès,  sans  discrétion 
(comme  si  on  garnissait  outre  mesure  de  ce  qui 
enveloppe).  Elle  lui  fourre  toujours  à  manger.  Cette 
mère  fourre  toujours  en  cachette  de  l'argent  à  son 
fils.  Il  6°  Mettre  dans  un  endroit  creux,  caché 
(comme  qui  dirait  mettre  dans  un  fourreau).  Four- 
rez cela  dans  votre  poche.  11  aura  fourré  cela  dans 
un  coin.  Fourre-lui  encore  les  cinq  cents  autres 
guinées  dans  sa  valise,  volt.  Écoss.  v,  (.  ||  Fig.  Il  a 
bien  fourré  de  la  paille  dans  ses  souliers,  '1  s'est 
beaucoup  enrichi.  |{  Fig.  et  populairement.  Fourrer 
tout  dans  son  ventre,  dissiper  ce  qu'on  a  en  bom- 
bances. Il  7°  Introduire,  mettre  dans  (sens  qui  dérive 
du  sens  précédent).  Fourrer  son  bras  dans  un  trou. 
Il  laisse  fourrer  aux  grâces  Des  fleurs  sous  son  capu- 
chon ,BéRANG.  Ermite.  ||  Fig.  et  familièrement.  Four- 
rer son  nez  où  on  n'a  que  faire,  se  mêler  indiscrète- 
ment de  quelque  chose.  ||  On  dit  de  même  :  fourrer 
son  nez  partout.  ||  Fourrer  en  prison,  emprisonner. 
J'ai  une  aversion  mortelle  pour  la  prison  ;  je  suis  ma- 
lade ;  un  air  enfermé  m'aurait  tué  ;  on  m'aurait  peut- 
être  fourré  dans  un  cachot,  volt.  Lett.  d'Àrgental, 
avril  (734.  Eh  bien,  monsieur,  si  vous  aviez  été  mi- 
nistre à  Conslantinople,  au  lieu  de  l'être  à  la  Hay, 
vous  auriez  donc  été  fourre  aux  sept  tours?  m.  Lrll. 
Toronsof,  26  fév.  (769.  Le  clergé,  remis  en  train.  En 
priso»  pourrait  peut-être  Fourrer  l'auteur  du  Lutrin, 
BÉHANO.  Muse  en/'i(t(«.  Il  Fig.  Fourrer  dans  l'esprit, 
mettre  dans  l'esprit.  Le  diable  lui  fourrait  dans  l'es- 
prit ce  qu'il  yavaitde  plus  sensible,  hamilt.  Gramm. 
3.  Qu'on  me  dise  qui  diable  lui  a  fourré  dans  la 
tête  de  ne  plus  vouloir  prendre  leçon  de  don  Ba.'îilc? 
BEAUM.  Barb.  de  Sév.  m,  ( .  ||  Fourrer  une  chose  dans 
la  tète,  dans  l'esprit  de  quelqu'un,  la  lui  faire  com- 
prendre. On  ne  peut  rien  lui  fourrer  dans  la  tête. 
Il  Fourrer  dans  l'esprit,  infatuer  d'une  chose.  Qui  a  pu 
lui  fourrer  cette  sotte  idée  dans  l'esprit  ?  ||  Se  fourrer 
dans  la  tête,  dans  l'esprit,  s'obstiner,  s'infatucr. 
Quelle  créature  il  s'était  fourrée  dans  la  tête  pour 
en  faire  sa  femme,  hamilt.  Cramm.  9.  ||  8'  Intro- 
duire quelqu'un  dans  une  maison,  dans  une  ad- 
ministration, l'engager  dans  une  affaire.  On  Va 
fourré  dans  les  compagnies  des  chemins  de  fer. 
On  aurait  be.iucoup  mieux  fait  de  prendre  ce  parti 
que  d'aller  fourrer  mal  à  propos  la  fille  de  M.  le  duc 
de  Luxembourg  dans  des  querelles  de  comédie,  volt 
Lett.  Thiriot,  7  juill.  (76ii.  ||9«  Insérer,  et  surtout 
insérer  mal  i  propos.  Il  fourre  toujours  du  latin  dans 
ses  discours.  Les  protestants,  qui  fourrent  partout, 
si  l'on  me  permet  de  parler  ainsi,  leur  synecdoche 
[au  sujet  de  la  communion  sous  les  deux  espèces], 
BOss.  Déf.  de  la  trad.  sur  la  communion ,  ii,  38. 
Que  Merlin  ne  fourre  ^as  mon  nom  à  la  bagatelle 
que  je  lui  ai  donnée,  volt.  Lett.  Damilarille,  s 
oct.  1 767.  On  m'apprend  qu'il  a  fourré  une  lettre  de 
moi  dans  le  Mercure  ;  je  ne  sais  si  c'est  celle  dont 
je  vous  parle,  m.  icH.  d'Argental,  20  juin  (767. 
Ce  peintre  n'a  que  deux  ou  trois  têtes  qui  roulent 
dans  la  sienne  et  qu'il  fourre  partout,  didfr.  SaUtnde 
(767,  (lEuv.  t.  XIV,  p.  (09,  Il  10»  Se  fourrer,  ».  féft. 
Se  vêtir  de  fourrures  ou  chaudement.  Il  s'est  bien 
fourré.  Yvoil-on  des  .savants  en  droit,  en  médecine. 
Endosser  l'écarlate  et  se  fourrerd'herminefsoJL.  Sat. 


FOU 

viu.  Il  ll'Se  mettre,  seplacer.Ahl  traître  que  tu  es, 
où  t'es-tu  donc  allé  fourrer  ?  mol.  Avare,  ii ,  ( .  Plus 
de  place,  tout  de  force  et  de  nécessité;  on  se  fourrait 
où  on  pouvait,  st-sim.  51,  J09.  Le  diable  se  fourre 
partout  depuis  longtemps, volt.  LeU.  la  Ilarpe,ïf>  fer, 
477) .  Il  Fig.  Il  cherche  quelque  trou  où  se  fourrer,  se 
dit  d'un  homme  qui  cherche  quelque  euiploi,  quel- 
que condition.  ||  11  est  si  honteux  qu'il  no  sait  où  se 
fourrer,  ou  qu'il  se  fourrerait  dans  un  trou  de  souris, 
se  dit  d'un  homme  plein  de  confusion  pour  quelque 
chose  qu'il  a  dit  ou  fait.  ||  12»  Fig.  S'introduire,  s'en- 
tremettre. On  s'est  imaginé  que  je  me  fourrerais 
étourdiment  parmi  tout  le  monde,  voit.  LeU.  28. 
Vous  êtes  un  sot  de  venir  vous  fourrer  où  vous 
n'avez  que  faire,  mol.  Méd.  m.  bit,  i,  2.  Ces  gens- 
là  se  fourrent  partout,  h.^milt.  Gramm.  1 1 .  Avec 
ces  talents  et  d'autres  plus  cachés,  utiles  à  la  galan- 
terie, il  [la  Vauguyon]  se  fourra  chez  Mme  de  Beau- 
vais,  ST-siM.  (4,  158.  J'avais  peine  à  concilier  cette 
grande  simplicité  avec  le  désir  et  l'art  qu'il  avait  de 
se  fourrer  partout,  chez  les  grands,  chez  les  femmes, 
chez  les  dévots,  chez  les  philosophes,  J.  J.  rouss. 
Conf.  X. 

—  HIST.  xiii"  S.  L'empereres  envoiaau  Soudan  por 
faire  pes  forrée,  Hist.  occid.  des  croisades,  t.  i, 
p.  370.  Et  lor  panel  tôt  altresi  Estoient  de  paille  fori. 
Lai  du  trot.  Renart  si  li  forre  souvent  Autresi  con 
s'il  fust  à  feste,  Ren.  3(94.  Si  ot  [Vieillesse]  d'une 
chape  forrée  Abrié  et  vestu  son  corps,  la  Rose,  398. 
Il  xiV  s.  Fourrer  la  paume  [garnir  la  main,  donner 
de  l'argent],  Ord.  des  rois  de  Fr.  t.  ii,  p.  225. 
Il  XV'  s.  Je  me  doute  que  ce  ne  fust  pais  fourrée  ou 
par  crainte,  VALLET  de  viriville,  Chronique  nor- 
mande, p.  401. ...  qu'uns  homs  soit  bien  vestus  et 
forrés.  Et  qui  sache  faire  un  petit  le  grant,  On  ly 
dira  :  sires,  passez  avant.  Pour  son  habit,  et  c'est  ce 
qui  me  tue,  eust.  desch.  Poésies  mss.  f»  281.  Du 
conseil  a  chascun  s'oppinlon;  Tuitdient  bien  ;  mais, 
quant  vient  au  servir.  D'exécuter  nul  n'y  a  vision; 
Leur  consaulx  est  de  fourrée  pelice,  id.  ib.  f"  64.  Or 
dea,  il  ne  m'a  pas  vendu  X  mon  mot,  ce  a  esté  au 
sien  :  Mais  il  sera  payé  au  mien.  Il  luy  fault  or  :  on 

le  luy  fourre.  Patelin.  \\  xvi'  s Et  des  abus  dont 

l'Eglise  est  fourrée,  J'en  parlerois,  mais  garde  la 
bourrée,  mabot,  ii,  52.  Comme  on  se  fourre  souvent 
aux  tables  ouvertes  des  grands,  mont,  ii,  <08.  Four- 
rant sa  teste  dans  un  nœud  courant,  id.  m,  152. 
Luy  ayant  fourré  dans  son  lict  Laïs,  id.  m,  t57.  Et 
de  peur  que  ses  frères  en  montant  ne  feissent  bruit, 
elle  la  [l'échelle]  couvrit  et  fourra  de  laine,  premier 
que  de  la  devaller,  amyot,  Pdlop.  65.  Il  luy  fourra 
le  fer  de  sa  javeline  par  dedans  la  visière  de  son  ar- 
met,  et  le  tua,  id.  Arist.  34.  Il  desgaina  son  espée, 
et  se  la  fourra  à  soy  mesme  tout  au  travers  du  corps, 
ID.  Anton.  99.  Il  alloit  souvent  ouvrir  et  visiter  mes 
coffres,  pour  veoir  si  ma  mère  y  auroit  rien  fourré 
de  iViandise  et  de  superfluité,  id.  Alex.  40.  On  les 
faisoit  souvenir  du  passé  pour  fourrer  leur  espé- 
rance de  peur,  d'ahb.  Hist.  ni,  69.  Autres  disoient 
qu'un  serment  fourré  sentoit  l'infidélité,  id.  ib.  (23. 
S'estans  transpercez  les  visages  par  coups  fourrez 
(comme  de  ces  temps  on  usoit  de  ces  mots),  tous 
(Jeux  tombèrent,  brant.  Mandrmio.  Tous  les  au- 
teurs qu'il  a  leu  sont  ou  schismatiques  ou  héréti- 
ques formels,  ou  libertins  que  j'appelle  hérétiques 
fourrés,  garasse,  Recherche  des  recherches,  p.  604, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTVM.  L'ancien  français  fuere,  qui  signifiait 
fourreau,  enveloppe  (voy.  fourreau)  ;  de  sorte  que 
/■ourrer  est  proprement  garnir  d'une  enveloppe,  d'un 
fourreau,  sens  dont  on  voit  de  bons  exemples  à  l'his- 
torique de  fourrure;  puis,  comme  un  fuere  ou 
fourreau  est  creux,  fourrer  a  pris  le  sens  de  mettre 
dans,  faire  pénétrer;  au  reste  ce  sens  ne  paraît 
qu'au  xvi"  siècle  ;  bourguig./brrot;  provonç.  folrar; 
espag.  forrar;  ital.  foderare.  Ce  mot  avait  aussi  dans 
l'ancien  français  le  sens  de  fourrager  :  Nus  mar- 
cheans  nés  [ne  les]  povoit  sivre,  ne  il  no  pooient 
aler  fourrer,  villeh.  clxi.  En  ce  sens  il  vient  de 
fuerre,  feurre,  foare ,  paille;  aller  en  feurre,  voulait 
dire  fourrager. 

FOUUREUR  (fou-reur),  s.  m.  Marchand  de  four- 
rures. 

—  HIST.  xiu*  S.  Nus  maistres  fourreurs  et  garnis- 
seurs  ne  puet  avoir  que  deux  aprentiz  qui  serviront 
cinq  ans  du  moinz,  Liv.  des  mît.  254. 

—  ÉTYM.  Fourrer. 

FOCERIER  (fou-rié;  Yr  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, Ys  se  lie  :  les  fou-rié-z  et  les  sergents) ,  s.  m. 
Il  1°  Autrefois,  officier  qui  servait  sous  un  maré- 
chal des  logis  et  dont  la  fonction  était  de  marquer 
le  logement  de  ceux  qui  .suivaient  la  cour.  ||  Fig. 
Avant-coureur.  ...Songez  qu'à  votre  âge  Mille  ac- 


FOU 

cidents  fâcheux  suiveut  le  mariage....  Et  cet  heu- 
reux hymen  qui  les  charmait  si  fort  [les  vieillards 
qui  se  marient],  Devient  souvent  pour  eux  un  four- 
rier de  la  mort,  corn.  Suivante,  n,  (.  ||  Il  se  dit 
quelquefois  en  ce  sens  figuré  au  féminin.  La  four- 
rière du  jour,  l'Aurore.  On  la  [l'Aurore]  cherchait 
partout,  au  lit  du  vieux  Tithon,  Dans  les  bois  de 
Ccphale,  au  palais  de  Memnon;  Et,  faute  de  trouver 
cette  belle  fourrière,  Le  jour  jusqu'à  midi  se  passa 
sans  lumière,  corn.  Illus.  corn.  11,  (.  ||  2°  Au- 
jourd'hui, sous-officier  chargé  de  pourvoir  au  loge- 
ment des  soldats,  de  répartir  les  vivres,  etc.  Le 
fourrier  de  la  compagnie.  ||  Adjectivement.  Sergent- 
Iburrier.  Maréchal  des  logis  fourrier.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Il  est  bon  fourrier,  il  garde  le  meilleur 
ou  le  plus  gros  morceau  pour  lui  (en  parlant  de  ce- 
lui qui  sert  à  table).  On  dit  de  même  à  celui  qui 
ne  se  réserve  rien  :  Vous  seriez  mauvais  fourrier. 
Il  3°  Terme  de  marine.  Se  dit  de  celui  qui  travaille, 
en  sous-ordre,  aux  écritures  du  service  et  de  la 
comptabilité. 

—  HIST.  XII'  S.  Li  forier  [fourrageurs]  courent  por 
les  villes  rober,  Raoul  de  C.  300.  ||  xiii'  s.  Non  pour- 
quant  il  orent  nos  fourriers  aresté  devant  Phinepo- 
ple  et  fourclos  de  leur  gent  meisme,  h.  de  valenc. 
IV.  Ses  queux  [cuisiniers],  ses  boutilliers  [il]  apreste. 
Ses  fouriers  [ceux  qui  ont  soin  du  fourrage]  et  ses 
panetiers,  Bl.  et  Jehan,  5(77.  ||  xv*  s.  Les  fourriers 
avoient  moult  de  peine  en  querant  vivres  et  fourra- 
ges pour  les  chevaux,  krmss.  ii,  ii,  76.  Le  roy,  de- 
puis son  arrivée  en  oeste  dite  ville  de  Dijon,  a  fait 
constituer  prisonniers  tous  les  fourriers....  à  cause 
qu'il  font  marchandise  des  logis  et  les  vendent  pour 
en  faire  leur  prouffit.  Bible  des  chartes,  4'  série,  t.  v, 
p.  37(.||xvi'  s.  Les  habitants  disent  que  depuis 
quelque  temps  la  mer  se  poulse  si  fort  vers  eulx, 
qu'ils  ont  perdu  quatre  lieues  de  terre;  ses  sables 
sont  ses  fourriers;  et  voyons  de  grandes  montjoies 
d'arène  mouvante  qui  marchent  d'une  demi-lieue 
devant  elle  et  gagnent  pais,  mont,  i,  232. 

—  ÉTYM.  Provenç.  folrier;  bas-lat.  fodrarius,  de 
fodrum,  fourrage  (voy.  feurre).  Le  fourrier  était 
originairement  celui  qui  allait  fourrager,  puis  celui 
qui  pourvoit  aux  logements,  aux  vivres,  etc. 

FOURRIÈRE  (fou-riê-r'),  s.  f.  \\  1"  Bâtiment  dans 
l'arrière-cour  d'une  grande  maison  où  l'on  ren- 
ferme diverses  provisions,  telles  que  le  bois,  le 
charbon,  au-dessus  desquelles  les  officiers  qui  les 
distribuent  ont  leur  logement.  ||  Service  chargé  de 
distribuer  et  do  fournir  les  objets  que  renferme  la 
fourrière.  ||  2°  Terme  de  jurisprudence.  Lieu  où  l'on 
retient  des  chevaux,  voitures,  etc.  qui  ont  été  sai- 
sis, jusqu'au  payement  des  dommages,  amendes,  etc. 
Mettre  un  cheval,  une  vac''e,  une  voiture  en  four- 
rière. 

—  HIST.  xiii'  s.  Sire ,  soiez  en  la  foriere  [pâtu- 
rage] ;  Chascuns  de  nous  se  traie  ariere  ;  Et  devant 
vous  viendrons  corant,  Ren.  6407.  ||  xv"  s.  Panne- 
terie,  eschançon,  cuisine ,  fruiterie  et  fourrière  ■ 
[certain  office  dans  la  maison  du  roi],  eust.  desch. 
Poésies  mss.  !°  43s,  dans  lacurne.  Telle  est  hon- 
teuse Et  marmiteuse.  Qui,  de  nuit,  par  l'huis  de 
derrière.  Ne  sera  pas  trop  vergogneuse  De  suivre 
compagnie  honteuse  X  quelque  valet  de  fourrière, 
Itlason  des  fausses  amours,  p.  275,  dans  lacurne. 
Il  XVI'  s.  Que  nul  ne  voise  [aille]  soier  [couper]  ne 
prendre  herbe  es  bois  ne  es  forieres  [pâturages] 
d'autrui,  Coust.  génér.  t.i,p.  832.  Mettre  en  fouriere, 
LAURÎÈRE,  Gloss.  du  droit  français. 

—  ÉTYM.  Feurre,  paille,  fourrage  ;  picard  et  nor- 
mand, forière,  lisière  d'un  champ  cultivé  ;  Berry, 
fourrière,  râtelier  d'étable  où  l'on  met  le  fourrage. 

FOURRURE  (fou-ru-r'),  «.  f  \\  1°  Peau  de  cer- 
tains animaux,  plus  ou  moins  précieuse,  munie  de 
son  poil  et  préparée,  dont  on  garnit  les  vêtements 
pour  se  garantir  du  froid.  La  fourrure  des  castors 
blancs  est  estimée  à  cause  de  sa  rareté,  et  les  par- 
faitement noirs  sont  presque  aussi  rares  que  les 
blancs,  BUFF.  Quadrup.  t.  m,  p.  7(,  dans  pougens. 
Les  Français  construisirent  en  (720,  à  Niagara,  un 
fort  où  s'arrêtaient  les  fourrures,  qui ,  sans  cet  éta- 
blissement, auraient  été  portées  à  Oswego,  batnal, 
Hist.  phil.  XVII,  26.  Il  Par  extension,  nn  parlant 
d'oiseaux.  Ils  [les  eiders]  ne  quittent  point  le  climat 
glacial,  dont  leur  fourrure  épaisse  leur  permet  de 
braver  langueur,  buff.  Oîs. 't.  xvii,  p.  (64.  ||2°Uobe 
garnie  de  fourrures.  La  fourrure  d'un  docteur,  d'un 
président.  Les  députés  [lapins]  retournèrent  dire  à 
leurs  frères  que  cet  étranger  [le  chat],  si  vénérable 
par  sa  majestueuse  fourrure,  était  un  philosophe, 
FitN.  t.  XIX,  p.  6( .  Rose  en  douillette,  en  fourrure,  Ici 
contre  la  froidure.  Vient  m'offrir  un  doux  soutien, 
bfrang.  Wtter.  Il  Par  extension,  la  per.sonne  même 


FOU 


1759 


qui  porte  la  robe  do  fourrure.  11  traite  les  fourrures 
[présidents]  de  bourgeoisie,  la  brut.  xi.  ||  3'  Terme 
de  blason.  Peaux  velue»  qui  entrent  dans  les  armoi- 
ries; il  y  en  a  doux,  l'hermine  ot  le  vair.  |{  4»  Terme 
de  menuiserie.  Tringles  de  bois  servant  à  appuyer 
le  lambris,  à  remplir  un  vide,  etc.  ||  Morceau  de 
bois  mince  qui  sert  à  caler  les  pièces  de  charpente. 
Il  B"  Terme  de  marine.  Morceaux  de  vieille  toile  ou 
de  vieux  cordages  servant  à  remplir  les  vidu»,  à 
garantir  du  frottement  les  cordages.  ||  Nom  dumié 
à  certaines  garnitures  de  bois  tendres  appliquées 
aux  vergues,  aux  mâts,  aux  bittes,  aux  écu- 
biers,  etc.  ||  6°  Morceau  ou  pièce  fausse  insérée  dans 
quelque  ouvrage  ancien.  ||  7"  Pyramide  do  chau- 
drons qui  entrent  les  uns  dans  les  autres.  ||  8°  Touffes 
d'herbes  que  les  bestiaux  laissent  dans  les  prés 
parce  qu'ils  y  trouvent  des  plantes  qui  leur  répu- 
gnent. 

—  HIST.  xni's.  Famé  n'est  pas  de  péché  monde. 
Oui  a  sa  crine  noire  ou  blonde  Selonc  nature.  Qui 
i  met  s'entente  et  sa  cure  A  ajouster  une  fourreure 
Au  lonc  des  treces,  Fabliaux  mss.  W  7218,  f"  237, 
dans  lacurne.  ||  xv  s.  Serons  armez  [pour  un  tour- 
nois] par  nos  cousts  comme  il  nous  plaira,  et  au- 
rons targe  sans  couverture  ne  fourrure  de  fer  ne 
d'acier,  momstrel.  t.  i,  ch.  8,  p.  7,  dans  hcubne. 
Il  xvi'  s.  Seront  tenus  les  officiers  de  nos  villes  de 
faire  visiter  lesdits  fagots  et  laignes ,  quand  ils 
viendront  â  vente,  pour  sçavoir  s'il  y  a  fourrure  ou 
autre  faute,  et  procéder  sur  les  delinquans  par  les 
peines....  Coust.  génér.  t.  i,  p.  8(4. 

—  ÉTYM.  Fourrer;  prov.  falradura;  anc.  espagn. 
forradura.  La  fourrure,  comme  on  voit  par  l'histo- 
rique, est  proprement  ce  qui  enveloppe,  et,  en  se 
particularisant,  la  peau  velue  dont  on  garnit  les 
vêtements. 

FOURVOIEMENT  (four-voi-man),  s.  m.  Actiot 
de  se  fourvoyer,  de  s'égarer.  ||  Fig.  Erreur,  mé- 
prise. Il  est  tombé  dans  un  étrange  fourvoie- 
ment. 

—  HIST.  XVI'  s.  Remerchiant  icelluy  seigneur  de 
Gurce,  du  travail  et  fourvoyoment  [détour]  qu'il 
avoit  fait  d'estre  venu  de  Mantoue  ju.sques  ici,  Lett. 
de  Louis  XII,  p.  320,  dans  lacurne.  Autant  en  feit 
il  [Hippomènes  laissant  tomber  les  pommes  d'or  en 
courant  avec  Atalante] ,  à  son  poinct,  et  de  la  se- 
conde et  de  la  tierce;  jusques  à  ce  que,  par  four- 
voyeraent  et  divertissement,  l'advantage  de  la  course 
luy  demeura,  mont,  m,  294. 

—  ÉTYM.  Fourvoyer.  L'ancien  français  disait 
aussi  le  fourvoi. 

t  FOURVOYANT,  ANTE  (four-vo-ian,  OU  four- 
voi-ian,  ian-t'),  adj.  Qui  fouiToie,  qui  égare.  Force 
murailles  tournoyantes.  Et  force  routes  fourvoyan- 
tes, scABRON,  Virg.  v. 

—  HIST.  xvi'  s.  Or  avez  vous  l'esprit  si  cler- 
voyant  Que  nul  destour,  tant  soit  il  fouryoyant. 
Vos  pas  certains  pourroit  tromper....  du  bellat, 
VII,  3(,  recto. 

FOURVOYÉ,  ÉE  (four-vo-ié,  iée,  ou  four-voi-ié, 
iée),  part,  passé.  Qui  s'est  trompé  de  chemin. 
Fourvoyé  par  de  mauvaises  indications.  ||  Fig.  Que 
le  ciel  au  besoin  l'a  céans  envoyé  Pour  redresser 
à   tous  votre  esprit  fourvoyé,  mol.  Tart.  t,  (. 

FOURVOYER  (four-vo-ié;  plusieurs  disent  four- 
voi-ié),  je  fourvoyais,  nous  fourvoyions,  vous  four- 
voyiez; que  je  fourvoie,  que  nous  fourvoyions,  que 
vous  fourvoyiez;  l'y  se  change  en  t  devant  l'e  muet; 
je  fourvoie,  je  fourvoierai,  v.  a.  ||  1°  Faire  perdre 
le  vrai  chemin.  Ce  guide  nous  a  fourvoyés.  ||  Fig. 
Les  mauvais  exemples  l'ont  fourvoyé.  ||  Fig.  Met- 
tre en  défaut.  Je  vais,  d'un  seul  coup  de  baguette, 
endormir  la  vigilance,  éveiller  l'amour,  égarer  la 
jalousie,  fourvoyer  l'intrigue,  beaumarcii.  Barb.  de 
Sév.  I,  6.  Il  2°  Se  fourvoyer,  v.  réfl.  Perdre  le  vrai 
chemin.  Mais,  étant  le  brouillas  [brouillard]  si  épais, 
qu'il  n'était  pas  possible  ni  à  ceux  qui  portaient  lei 
enseignes  de  voir  le  chemin,  ni  aux  soldats  do  voir 
les  enseignes,  ils  ne  faisaient  que  se  fourvoyer,  et, 
sans  savoir  où  ils  allaient,  comme  gens  égarés  de 
nuit,  tournaient  indifféremmentpartout  où  ils  étaient 
appelés,  MALH.  le  xxxiii'  liv.  de  T.  Lire,  chap.  7.  Ce 
loup  rencontre  un  dogue  aussi  puissant  que  beau, 
Gras,  poli,  qui  s'était  fourvoyé  par  mégarde,  la  font. 
Fabl.  I,  6.  Ce  Dieu  remplit  ses  fourneaux  De  deux 
sortes  de  carreaux  :  L'un  jamais  ne  se  fourvoie  ;  Et 
c'est  celui  que  toujours  L'Olympe  en  corps  nous  en- 
voie, id.  Fabl.  VIII,  20.  Il  Terme  de  vénerie.  S'écar- 
ter do  la  voie  et  courir  un  autre  cerf  que  celui  de 
la  meute.  ||  Avec  ellipse  du  pronom  personnel.  Faire 
fourvoyer  quelqu'un,  être  cause  qu'il  se  fourvoie. 
Il  Fig.  Plus  on  .suit ses  passions,  plus  on  se  fourvoie 
[Les  dieux]  ne  se  peuvent  fourvojor  des  chose»  qui 


1760 


FOY 


FOY 


sont  pairaitement  bonnes,  malh.  le  Traité  des  bienf.  [  par  »es  soins  allumé  Pénétrait  dansmon  coeur  lente- 
de  Sénfnue   vi  23.  ||  Particulièrement.  Il  se  dit  des  j  ment  ranimé,  m.  J.  ciiÉN.;'(!ne/on,n,  3.  ||  Ki^'.  Aimer, 


méprises  grossières.   Cet  auteur  s'est  grandement 
fourvoyé. 

—  RRM.  Régnier  l'a  employé  neutralement  :  Je 
ne  m'émeus,  non  plus,  quand  leur  discours  four- 
voyé. Que  d'un  conte....  Sat.  xv.  Montaigne  en 
usait  ainsi,  voy.  l'historique. 

—  SYN.  SE  FOURVOYER,  s'ÉGARER.  Se  fourvoyer 
c'est  se  tromper  de  chemin,  en  prendre  un  autre  que 
celui  que  l'on  avait  dessein  de  suivre.  S'égarer  c'est 
ne  plus  reconnaître  son  chemin,  être  dans  un  che- 
min que  non-seulement  on  ne  voulait  pas  prendre, 
mais  que  l'on  ne  connaît  pas  et  dont  on  ne  sait  se 
tirer.  En  se  fourvoyant  on  peut  s'égarer  ou  non  ; 
mais  toutes  les  fois  que  l'on  s'égare,  on  s'est  four- 
voyé, P.  GUIZOT. 

—  HIST.  XII'  s.  Ke  la  sapience  ne  nos  ellievet,  ke 
li  entendement  ne  forvoiet  ki  subtilment  cuert 
[court].  Job,  p.  443.  De  maltalent  fu  Geris  erraigiés: 
S'il  ne  se'venge,  jà  sera  forvoiés,  Raoul  de  C.  <84. 
Il  xni*  s.  Par  le  pals  molt  [ils]  se  forvoient,  Homes 
et  femes  mal  menoient,  Lai  de  Melion.  Fantosme 
nous  va  fauvoyant,  Dist  li  abes,  seiguor,  sans  faille, 
N'avoit  ier  ci  vaillant  maaille,  ruteb.  324.  Mais 
por  ce  que  l'en  voit  que  maint  d'eulx  [des  frères  mi- 
neurs] se  forvoient,  Les  ont  hui  mains  à  cuer  au- 
cuns qu'il  ne  soloient.  Et  porroit  encore  estre  que  se 
famés  n'estoient,  Qu'il  aroient  solTrete,  s'il  ne  s'umi- 
hoient,  J.  de  meung.  Test.  tm.  Hxiv  s.  Car  quant 
un  cuer  s'est  forvoyés.  N'est  pas  de  legier  ravoiés, 
BROYANT,  dans  Ménagier,  t.  ii,  p.  18.  ||  xV  s.  Il  ne 
se  fourvoie  pas  qui  à  bon  hostel  va,  leroux  de 
UKCY,  jProu.  t.  II,  p.  313.  Il  XVI'  s.  Ces  opinions  ont 
ordinairement  autant  d'efficace  les  unes  que  les  au- 
tres à  faire  fourvoyer  les  hommes  de  la  droitte  rai- 
son, AMYOT,  Solon,  40.  Par  une  foUie  de  vaine  am- 
bition il  s'estoit  forvoyé  et  en  avoit  failly  la  droite 
voye,  ID.  DémHr.  74.  Quand  l'œsophage  est  venu  à 
la  quatrième  vertèbre  du  metaphrene,  il  se  fourvoyé 
vers  le  costé  droit,  pour  donner  lieu  à  la  grande  ar- 
tère nommée  aorta,  pabé,  ii,  20.  Nos  conseils  four- 
voyent,  parce  qu'ils  n'ont  pas  d'adresse  et  de  but, 
MONT.  II,  9.  Encores  les  aveugles  demandent  un 
guide;  nous  nous  fourvoyons  de  nous  mesmes,  ;d. 
lîl,  <06. 

—  ÈTYM.  Berry,  forvier;  provenç.  forviar,  fors- 
viar;  du  lat.  ^oni,  hors,  et  via,  voie  :  aller  hors  de 
la  voie. 

FODTEAU  (fon-tô),  s.  m.  Un  des  noms  provin- 
ciaux du  hêtre. 

—  mST.  xvi*  s.  Les  ormes,  fresnes,  fousteaux, 
érables,  o.  de  rerres,  4  83. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  fou,  hêtre  (voy.  fod  2), 
lequel  diminutif  répond  à  un  diminutif  latin  fagi- 
tellus,  dérivé  de  fagus.  hêtre. 

FODTELAIE  (fou-te-lê),  s.f.  Lieu  planté  de  fou- 
teaux. 

—  ÉTYM.  Fouteau  ou  foutel,  et  la  finale  latine 
etum  qui  indique  abondance  d'arbres. 

t  FO\'ÉOLAIRE  (fo-vé-o-lé-r'),  ou  FOVÉOLfi,ÉE 
(fo-vé-o-lé,  lée),  adj.  Terme  d'histoire  naturelle. 
Dont  la  superficie  est  creusée  de  petites  fossettes 
inégales. 

—  ÉTYM.  Diminutif  du  latin /"oDea,  fosse, 
f  FOVIC  (fo-vik),  s.  m.  Substance  employée  dans 

la  teinture Et  dans  les  lieux  où  il  n'y  a  point  de 

Qumac  avec  du  redoul  ou  foviu,  qui  sont  des  dro- 
gues qui  croissent  en  plusieurs  provinces  de  France, 
et  qui  valent  le  sumac,  Instr.  gén.  pour  la  teirtlure 

des  laines,  (8  mars  ttTi,  art.  29 Et  le  redoul  et 

le  fovic  étant  des  feuilles  de  petits  arbrisseaux,  qui 
ne  se  cultivent  pas,  ib.  art.  308. 

f  FOYARD  (fo-iar),  t.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  hêtre. 

—  ÉTYM.  On  le  tire  de  fou,  un  des  noms  du  hêtre 
(voy.  FOU  2).  Pourtant  RouUin,  remarquant  qu'on  dit 
aussi  fouillard ,  pense  que  foyard  vient  de  feuille. 

FOYER  (fo-ié;  d'autres  disent  foi-ié  -,  \'r  ne  se  lie 
jamais;  au  pluriel,  Ys  se  lie  :  des  fo-ié-z  ardents), 
s.  m.  Il  1°  Lieu  dans  les  pièces  d'une  maison  oïl  l'on 
fait  le  feu.  La  cendre  du  foyer.  On  écoutait  tous  ces 
faits  admirables  Dans  son  château  près  d'un  large 
foyer,  volt.  Ce  qui  plaH  aux  dantes.  Que  d'idées 
antiques  et  touchantes  s'attachent  à  notre  seul  mot 
de  foyer  !  ciiateaubh.  Génie,  i,  n,  2.  [X  Moscou)  au- 
cun Moscovite  ne  se  présente;  aucune  fumée  du 
moindre  fnyer  ne  s'élève;  on  n'entend  pas  le  plus 
léger  bniii  sortir  de  cette  immense  et  populeuse  cité, 
SKGUH,  llis.  de  Nap.  viii,  4.  ||  Fig.  et  familièrc- 
rnent.  Aimera  g.inler  son  foyer,  aimer  à  mener  une 
vie  retirée  et  tranquille.  \\i'  Par  extension,  le  feu 
même  qui  brûle  dans  le  foyer.  Un  foyer  bienfaisant 


sentir,  c'est  là  celte  ivresse  vantée  Qu'aux  célestes 
foyers  déroba  Prométhée,  A.  cbén.  Ép.  1. 1|  Par  ex- 
tension, un  feu  allumé  par  la  nature,  un  volcan. 
Nous  ne  pouvons  douter  que  la  nature   n'opère  les 
mêmes  effets  avec  bien^ilus  de  pui5.sance  dans  ces 
foyers  immenses,  allumés  depuis  nombre  de  siè- 
cles, BDFF.  Min.  t.  m,  p.  83,  dans  podgens.   ||  3°  La 
partie  où  se  met  le  feu  dans  certains  appareils.  Le 
foyer  d'un  fourneau.  Bas  foyer,    foyer  où,   dans 
l'affinage,  la  fonte  est  refondue  avec  du  charbon. 
Il  Grand  foyer,  partie  du  fourneau  depuis  le  ventre 
jusqu'au  foyer.  ||  Le  vide  qui  est  fait  dans  un  poêle 
pour  y  déposer  le  combustible.  ||  Se  dit  du  four- 
neau d'une  pipe.  ||  Terme  de  maréchalerie.  t'eu  al- 
lumé sur  une  forge.  Il  Terme  de  marine.  Feu  qu'on 
allume  la  nuit  sur  quelque  hauteur  pour  servir  de 
guide  aux  vaisseaux  ||  4"  Par  assimilation  au  feu  qui 
brûle   au  foyer.  Lieu,  point  d'où  la  lumière  ou  la 
chaleur  rayonne.  Foyer  de  lumière.  L'on  doit  recon- 
naître deux  sortes  de  chaleur,  l'une  lumineuse  dont 
le  soleil  est  le  foyer  immense,    et  l'autre  obscure 
dont  le  grand  réservoir  est  le  globe  terrestre,  huff. 
Hist.  min.  Introd.  \"  part.  OKuc.  t.  vi,  p.  44.  ||  Fig. 
La  foi  a  son  foyer  hors  de  nous,  chateaubr.  Ginie, 
I,  II,  3.  Il  6°  Fig.  Le  siège,  le  centre.  Cette  ville 
est  le  foyer  des  lumières.  Tellier  prit  la  voie  la 
plus  sûre,  en  représentant   au   roi  cette    maison 
comme  le  foyer  du  jansénisme  et  de  l'esprit  répu- 
blicain, DUCLOS,  nègne  de  Louis  XIV,  OEuv.   t.  v, 
p.  120,  dans  pougens.  ||6°  Terme  de  physiologie. 
Foyer  perceptif,  endroit  du  cerveau  où  se  font  les 
perceptions  apportées  par  certains  nerfs.  ||  Terme  de 
pathologie.  Foyer  d'une  maladie,  le  siège  principal  de 
cette  maladie.  ||  Foyer  de  suppuration,  partie  dans  la- 
quelle une  collection  purulente  se  forme.  ||  Le  foyer 
d'une  maladie  contagieuse,  le  lieu  où   elle  sévit 
avec  le  plus  d'intensité,  et  où  elle  rayonne  et  se  com  • 
munique.  {|  7°  Fig.  Maison    (la  partie  étant  prise 
pour  le  tout) .  Il  a  apporté  le  trouble,  le  déshonneur  à 
mon  foyer.  Tout   malheureux  trouvait  asile  à  leur 
foyer.  Car  où   l'on   vit  sans  luxe  on   est  hospita- 
lier, M.  J.  CHÉN.  Gracques,  il,  3.  Apprécier  la  mul- 
titude des  points  de  contact  par  lesquels  les  fi- 
nances publiques  atteignent  chaque  famille;  ce  qui 
leur  fait  trouver  des  juges  dans  chaque  foyer,  mol- 
lien,  Mém.  d'un   ministre,  t.  i,  p.  Ib.   ,]  Au  plu- 
riel, demeure,  pays.  Qu'ils  tremblent  à  leur  tour  pour 
leurs  propres  foyers,  bac.  Kithr.  m,  i.  Rentrer  dans 
ses  foyers  [retourner  dans  sa  patrie],  lamotte,  dans 
DESFONT.  On  dit  qu'en  ses  foyers  II  recueillit  nos 
frères,   Vaincus  et   prisonniers  ,    bérano.    Exilé. 
Il  8°  Terme  de  théâtre.  La  salle  commune  où  se 
rassemblent  les  acteurs  ;  on  disait  autrefois  cbauf- 
foir.   Le  foyer    des  acteurs.  M.   Séguier  a  dit  en 
plein  foyer  qu'ils  avaient   lu  la  pièce ,   et   qu'ils 
n'y    avaient  rien   trouvé   de   répréhensible ,    d'a- 
LEMB.    Lett.  à    Voltaire,  6    mai    4  7«o.   |{  La  salle 
commune  où    se  promènent  les  spectateurs  pen- 
dant les  entr'actes.  ||  9°  Terme   de  physique.  Le 
point  de  l'axe  d'un  miroir  concave  ou  d'une  lentille 
biconvexe  où  se  réunissent  et  s'entrecroisent  les 
rayons   lumineux  ou  caloriques   après  la  réflexion 
et  la  réfraction.  Verres   lenticulaires,  qui  rassem- 
blent tous  les  rayons  à  leur  foyer,  volt.  Newt.  n, 
8.  Il  D'un  court  foyer,   se  dit  quand  le  foyer  est 
placé  près  de  la  loupe.  Tandis  que  je  tenais  la  bran- 
che d'une  main,  je  tenais  de  l'autre  une  loupe 
d'un  assez  court  foyer,  bonnet,  Observ.  37,  Insect. 
Il  De  tant  de  pouces,  de  pieds  de  foyer,  se  dit  pour 
exprimer  la  distance  qui  sépare  du  miroir,  de  la 
lentille,  le  foyer.  Son  maître  avait  des  bassins  de 
fer,  dans  lesquels  il  polissait  assez  bien  des  verres 
de  six  pieds   de  foyer,  font.  Hartsoëker.  ||  Foyer 
photogénique  ou  chimique ,  lieu  distinct  du  foyer 
optique  et  le  plus  propre  à  la  production  des  épreu- 
ves photogéniques.  ||  Terme  de  géométrie.  Le  foyer 
d'une  ellipse,  d'une  hyperbole,  d'une  parabole,  le 
point  ou  les  points  où  se  réunissent  et  d'où  par- 
tent les  rayons  vecteurs.  L'ellipse  a  deux  foyers  dont 
la  propriété  est  telle  que  la  somme  des  rayons  vec- 
teurs réunis  à  un  même  point  de  la  courbe  forme 
une  longueur  constamment  égale  au  grand  axe.  Le 
soleil  étant  au  foyer  des  orbes  planétaires ,    il  est 
naturel  de  le  supposer,  pareillement  au  foyer  des 
orbes  des  comètes,  la   place,  Exp.  ii,  6.  ||  10»  Dalle 
qu'on  met  au  devant  d'une  cheminée  pour  séparer 
le  plancher  de  Titre.  ||  Terme  de  menuiserie.  Bâti 
qui  entoure  l'âtre,  et  dans  lequel  les  feuilles  de  par- 
quet   viennent   .s'assembler.  ||  11'  Tapis  dont   on 
recouvre   la   dalle   dite  foyer.    Foyers    moquette. 
Il  12'  Chef  de  l'atelier  d'une  forge  catalane. 


FRA 

—  IlIST.  xn'  s.  Nés  estuet  [il  ne  faut  pas  les]  par 
pechié  de  la  terre  esluignier;  Tute  lur  pénitence fe- 
runt  lez  lur  fuier,  Th.  le  mort.  68.  !|  xiii"  s.  Où  fu 
prise  la  char  que  [je]  voisor  cel  fouier?  Ch.  d'Ant. 
VII,  902.  Il  xvi*  s.  Posons  le  cas,  comme  il  peut  ad- 
venir, que  le  mésentère  soit  la  foyer  de  la  fièvre, 
paré,  XX,  (8.  Un  homme  sans  fouyer  vit  tousjours 
en  soucy,  rons.  876. 

—  ÉTYM.  Berry,  fouier,  foujer;  provenç.  foguier, 
fuguier;  anc.  espag.  foguero;da  bas-lat.  focarium, 
dérivé  du  latin  focus,  foyer  (voy.  feu). 

FRAC  (frak),  s.  m.  Habit  d'homme  qui  se  bou- 
tonne sur  la  poitrine  et  se  termine  en  deux  longue» 
basques.  Je  sortais  le  matin  en  frac,  pour  me  pro- 
mener dans  les  ruines,  duclos,  Voy.  liai.  (Miutret, 
t.  VII,  p.  45,  dans  pougens.  11  ne  serait  pas  sage  de 
vouloir  substituer  le  frac  noir  aux  burnous;  il  ne 
l'est  pas  davantage  de  gouverner  des  Arabes  comme 
des  Français,  le  neuvième  siècle  comme  le  dix- 
neuvième,  A.  BLONDEL,  Nouv.  aperçu  sur  l'Algérie, 
p.  «21. 

—  ÉTYM.  AUem.  Frack. 

FRACAS  (fra-kâ;  l'ise  lie  :  un  fra-ktz  épouvan- 
table), s.  m.  Il  1»  Rupture  ou  fracture  violente  et 
bruyante.  Les  bombes  ont  fait  un  grand  fracas  dans 
la  ville.  Ce  pont  s'est  entr'ouvert,  a  faii  un  grand 
fracas,  Et  dans  les  eaux  du  Tibre  est  tori.ijc  sous  set 
pas,  DU  RYEH,  Scécole,  i,  3.  ||  Fig.  Ainsi  (luand  vous 
voyez  passer  comme  en  un  instant  dev.aut  vos  yeux, 
je  ne  dis  pas  les  rois  et  les  empereurs ,  mais  les 
grands  empires  qui  ont  fait  trembler  tout  l'univers; 
quand  vous  voyez  les  Assyriens  anciens  et  nouveaux, 
les  Mèdes,  les  Perses,  les  Grecs,  les  Romains  se  pré- 
senter devant  vous  successivement  et  tomlier,  pour 
ainsi  dire,  les  uns  sur  les  autres,  ce  fracas  effroyable 
vous  fait  sentir  qu'il  n'y  a  rien  do  solide  parmi  les 
hommes,  et  que  l'inconstance  et  l'agitation  sont  le 
propre  partage  des  choses  humaines,  boss.  Jlitt.  m, 
1.  Le  fracas  des  événements  qui,  de  dix  ans  en  dix 
ans,  varient  la  scène  du  monde  et  qui  arment  puis- 
samment les  princes  de  l'Europe  pour  de  petits  in- 
térêts, volt.  Lelt.  liichelieu,  26  nov.  <752.  \[i'  Bruit 
semblable  à  celui  d'une  chose  qu'on  brise  ;  grana 
bruit.  Avec  grand  bruit  et  grand  fracas  Un  torrent 
tombait  des  montagnes,  la  font.  Fabl.  vni,  23.  Que 
le  bruit,  que  le  choc,  que  le  fracas  des  armes  Re- 
tentisse de  toutes  parts,  qotnault,  Cadmus,  m,  *. 
Au  bruit  de  la  tempête,  au  fracas  des  torrents,  ar- 
nadld.  Oscar,  n,  2.  Ils  tirèrent  mal,  il  est  vrai, 
mais  de  si  près,  que  la  fumée,  les  feux  et  le  fraca» 
de  tâBt  de  coups  épouvantèrent  les  chevaux  wur- 
tembergeois  et  les  renversèrent  pêle-mêle,  sSgdh, 
Hist.  de  Sap.  vi,  2.  ||  On  dit  qu'un  orchestro  fait 
du  fracas  lorsqu'il  ne  produit  qu'un  bruit  sans 
effet.  Il  3"  Tout  ce  qui  offre  tumulte  ,  désordre 
avec  bruit.  Et  de  son  grand  fracas  surprenant  l'as- 
semblée. Dans  le  plus  bel  endroit  a  la  pièce  trou- 
blée, MOL.  Fâcheux,  I,  t.  Tout  ce  frîcas  ,  Cet  em- 
barras Me  pèse  par  trop  sur  les  br.is,  id.  Bourg, 
gentilh.  v,  entrée  t.  Ce  fut  d'abord  entre  nous  un 
fracas  de  questions  sur  Paris  et  sur  Athènes,  cha- 
teaubr. ftin^r.  I.  Il  Le  fracas  du  monde,  l'agitation 
de  la  vie  du  monde.  Ce  tourbillon  qu'on  appelle  1» 
monde  Est  si  frivole,  en  tant  d'erreurs  abonde, 
Qu'il  n'est  permis  d'en  aimer  le  fracas  Qu'à-  l'é- 
tourdi qui  ne  le  connaît  pas,  volt.  Épit.  utiv.  Loin 
du  brillant  fracas  d'un  monde  ambitieux.  Borné 
dans  mes  projets,  sans  désirs,  sans  envie.  Mercure 
de  juin  )74»,  p.  4».  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue, 
le  fracas  des  villes.  Le  fracai  des  villes  n'est  fait 
que  pour  ceux  qui  ne  peuvent  s'occuper,  volt.  Utt. 
Mme  de  Florian,  4  2  oct.  1767.  ||  Faire  du  fracas, 
crier  bien  haut,  se  plaindre  hautement.  [Il]  Prétend 
qu'on  le  sépare  [de  sa  femme]  et  fait  bien  du  fra- 
cas, la  font.  Contr.  \\  4°  Il  se  dit,  dans  les  compo- 
sitions littéraires ,  et  surtout  dans  les  pièces  de 
théitre,  de  ce  qui  frappe  l'oreille  et  l'esprit  comme 
fait  le  fracas.  Le  public  veut  des  coups  de  théâtre 
incroyables,  de  grands  mots  et  du  fracas,  volt.  Lett. 
d'Argental,  2  mars  (766.  Peut-être  que  l'appareil 
de  la  scène,  le  fracas  de  théâtre  qui  règne  dans  cet 
ouvrage,  les  rôles  de  Cicéron,  de  Calilina,  de  César, 
pourront  frapper  pendant  quelques  repré«entations, 
ID.  ti».  <»  juill.  4761.  Ce  Gilles  Shakspeare,  avec 
toute  sa  barbarie  et  ion  ridicule,  a  des  traits  »' 
naifs  et  si  vrais,  et  un  fracas  d'action  si  imposant , 
que  tous  les  raisonnements  de  Pierre  Corneille  sont 
à  la  glace  en  comparaison  du  tragique  de  ce  Gilles, 
ID.  UtI.  Saurin,  28  fév.  (764.  ||  Terme  de  peinture. 
Multitude  et  confusion  d'objets  qui  frappent  et  fati- 
guent la  vue.  Il  a  pour  opposé  silence.»  ||  6°  Bruit 
qu'on  fait  dans  le  monde.  Et  lui-même  ayant  fait 
grand  fracas,  chère  lie,  Mis  beaucoup  en  plaisirs, 


FRA 

en  bâtiments  be?,ucoup,  Il  devint  pauvre  tout  d'un 
coup,  LA  FONT.  Fabl.  VII,  14.  Le  beau  Sidney,  moins 
daiig(!i'uux  qu'il  ne  le  paraissait,  avait  trop  peu  de 
Tivacité  pour  soutenir  le  fracas  dont  menaçait  sa 
figure,  HAMiLT.  Gramm.  6.  Il  y  avait  sans  doute,  à 
la  cour  de  ces  rois  comme  ailleurs,  de  petits  sei- 
gneurs très-importants,  faisant  du  fracas,  duclos, 
Consid.  mœurs,  ch.  B.  Co  fracas  indécent,  fantôme 
du  bonheur,  Qu'une  femme  toujours  paya  de  son 
honneur,  langue,  Coquette,  v,  3.  Il  demanda  si  on 
n'avait  pas  entendu  parler  de  cette  bande  de  jeunes 
gens  qui  avaient  fait  tant  de  fracas  dans  les  envi- 
rons, VOLT.  Jenni,  7.  ||  H  se  dit,  dans  un  sens  ana- 
logue, des  choses  qui,  attirant  l'attention  du  public, 
excitent  une  sorte  de  soulèvement.  Le  livre  de 
M. de  Meaux  fait  un  grand  fracas  ici  ;  on  ne  parle 
d'autre  chose,  mainteno.n,  Lett.  ati  card.  de  Noailles, 
29  juin  (698.  Je  sais  fort  bien  que  toute  cette  aven- 
ture fait  du  fracas  dans  votre  Paris,  oii  le  beau 
monde  veut  des  nouveautés,  volt.  Lelt.  d'Argental, 
30janv.  <778. 

—  ÊTYM.  Ital.  fracassa  (voy.  fracasser).  Fracas 
paraît  s'être  formé  de  fracasser  au  xvii*  siècle. 

FRACASSÉ,  ÉE  (fra-ka-sé,  sée),  part,  passé  de 
fracasser.  Brisé  en  éclats.  L'autre  jour,  M.  de  Bemi,  à 
Versailles,  passa  par  une  f«nctre,  croyant  passer  par 
une  porte....  il  a  la  tête  très-fracassée,  mais  on  ne 
croit  pas  qu'il  meure,  sSv.  )t4.  [Hippolyte]  Voit 
voler  en  éclats  tout  son  char  fracassé,  hac.  Phèdre, 
y,  6.  La  plupart  de  nos  vaisseaux,  fracassés  par  une 
tempête  de  deux  joui-s  et  de  deux  nuits,  furent  hors 
d'état  de  servir,  saint-foix,  ^ss.  Paris,  Œuv.  t.  v, 

p.  (32,  dans  POUGENS. 

FRACASSER  (fra-ka-sé) ,'«.  o.  ||  1°  Briser  en 
éclats.  3e  fracasser  le  bras  en  tombant.  Le  roi, 
blessé  à  la  bouche  d'un  coup  de  pierre  qui  lui  fra- 
cassa les  dents,  fut  obligé  par  la  douleur  à  tourner 
bride,  rollin,  Itist.  an,c.  Œuvres,  t.  viii,  p.  374, 
dans  pouGKNS.  Que  deviennent  et  que  m'importent 
l'humanité,  la  bienfaisance,  la  modestie,  la  tempé- 
rance, la  douceur,  la  sagesse,  la  piété,  tandis  qu'une 
demi-livre  de  plomb  tirée  de  six  cents  pas  me  fra- 
casse le  corps,  et  que  je  meurs  à  vingt  ans  dans  des 
tourments  inexprimables?  volt.  Dicl.  phil.  Guerre. 
Il  2"  Se  fracasser,  v.  réfl.  Être  brisé  en  éclats.  Toutes 
cts  porcelaines  se  sont  fracassées. 

—  HlST.  XVI*  s.  Voilà  nos  légions  et  le  grand  Pom- 
peius  mesme  à  leur  teste  rompu  et  fracassé,  mont. 
II,  oo. 

—  ÉTYM.  Ital.  fracassare,  de  fra,  à  travers  (forme 
de  Ira  ou  traris),  et  caisarc,  casser  (voy.  ce  mot). 

t  FRACUOIR  (fra-choir),  s.  m.  Terme  rural.  Petit 
râleau  pour  égrapper  la  vendange. 

—  ÉTYM.  Probablement  le  latin  fractum,  briser, 
et  pouvant  donner  ch,voy.  à  l'élymologie  de  frac- 
ture, le  provençal  frachura. 

FRACTION  (fra-ksion  ;  en  vers,  de  trois  syllabes), 
s.  f.  Il  1"  Terme  de  liturgie.  Action  de  rompre,  de 
briser  le  pain  eucharistique.  Les  calvinistes  repro- 
chaient aux  luthériens  que,  dans  la  célébration 
de  l'eucharistie,  ils  omettaient  la  fraction  dont  l'in- 
stitution était  divine,  boss.  Var.  xiv,  §  (14.  J'ai 
fait  voir  que,  selon  la  doctrine  des  calvinistes,  la 
fraction  du  pain  représente  le  corps  du  Sauveur 
rompu  à  la  croix,  m.  Déf.  de  la  trad.  sur  la  com- 
munion, I,  3.  Ces  deux  voyageurs  à  qui  le  Sauveur 
des  hommes  se  joignit  sur  le  chemin  d'Emmaûs, 
le  reconnurent  dans  la  fraction  du  pain,  bourdal. 
6"  dim.  après  la  Pentec.  Dominic.  t.  m,  p.  34. 
Il  2°  Portion,  partie.  Une  fraction  de  l'assemblée. 
Le  sou  était  une  fraction  de  la  livre.  ||  3°  Terme 
d'arithmétique.  Quantité  qui  exprime  une  ou  plu- 
sieurs parties  égales  de  l'unité.  Le  numérateur  et 
le  dénominateur  d'une  fraction.  Réduire  des  frac- 
tions à  un  même  dénominateur.  ||'  Fraction  déci- 
male, fraction  qui  exprime  des  parties  décimales 
de  l'unité.  0,6  (cinq  dixièmes)  est  une  fraction  dé- 
cimale. Il  Fractions  sexagésimales,  fractions  dont 
les  dénominateurs  dérivent  du  nombre  60.  {|  Fraction 
périodique,  sorte  de  fraction  décimale  où  les  mêmes 
chiffres  reviennent  sans  ces.so  et  dans  le  même 
onlre,  par  exemple  :  0,272727.  ||  Fraction  continue, 
se  dit  des  nombres  fractionnaires  exprimés  par  un 
nombre  entier,  plus  une  fraction  dont  le  numérateur 
est  l'unité  et  le  dénominateur  un  nombre  entier,  plus 
une  nouvelle  fraction,  laquelle  a  encore  pour  nu- 
mérateur l'unité  et  pour  dénominateur  un  nombre 
entier,  et  ainsi  de  suite.  ■' 

—  HlST.  xiii*  s.  Cilz  en  peregrinacion  Quant  il 
fist  du  pain  fraccion,  j.  de  meung,  Tr.  824.  ||xvi'  s. 
Le  son  n'est  autre  chose  (|u'une  c|ualité  permanente 
du  département  et  fraction  de  l'air,  faite  par  la  col- 
lision et  rencontre  de  deux  corps  durs,  paré,  iv, 

DICT.    DE   Là   langue    FRAI'iÇAlSE. 


FRA 

10....  La  contusion,  dilaceration  et  fraction  que  fait 
la  violence  es  parties  nerveuses  et  osseuses,  id.  v,  ( . 
Il  n'y  a  pas  grand  dangier  de  nous  mescompter  à 
la  haulteur  du  soleil,  ou  en  la  fraction  de  quelque 
supputation  astronomique,  mont,  m,  2U. 

—  ETYM.  Prov.  fraccio;  espagn.  fraccion;  ital. 
fraiimte;  du  lat.  fractionem,  du  supin  fractum,  de 
frangere,  rompre. 

FRACTIONNAIRE  (fra-ksio-nê-r') ,  adj.  Terme 
de  mathématiques.  Il  se  dit  de  toute  quantité  re- 
présentée sous  la  forme  d'une  fraction.  ||  Nombre 
fractionnaire,  celui  qui  se  compose  d'un  entier  et 
d'une  fraction,  comme  3  -j-  J. 

—  ÉTYM.  Fraction. 

t  FRACTIONNÉ,  ÉE  (fra-ksio-né,  née),  part, 
passé  de  fractionner.  Divisé  par  portions.  Un  médi- 
camentactif  administré  à  doses  fractionnées. 

t  FRACTIONNEMENT  (fra-ksio-ue-man),  t.  m. 
Tsrme  didactique.  Action  de  réduire  en  fractions, 
en  portions  ;  effet  de  cette  a'^'ion. 

—  ETYM.  Fractionner. 

t  FRACTIONNER  (fra-ksio-né),  v.  a.  Terme  di- 
dactique. Réduire  en  fractions,  en  petites  parties. 
Il  Se  fractionner,  v.  réfl.  Être  fractionné. 

—  ETYM.  Fraction.  Fractionner  est  attribué  à 
l'abbé  Grégoire. 

FRACTURE  (fra-ktu-r'),  s.  f.\\  i"  Action  de  frac- 
turer. Fracture  d'une  serrure,  d'une  porte.  ||  2°  Etat 
de  ce  qui  est  fracturé.  La  fracture  des  jaspes  paraît 
être  terreuse  et  semblable  à  celle  d'une  argile  des- 
séchée, tandis  que  la  fracture  des  cailloux  est  lui- 
sante comme  celle  du  verre,  bufp.  jiftn.  t.  vu,  p.  8, 
dans  POUGENS.  Dans  cette  espèce  de  grande  fracture 
[des  monts  Apalaches]  on  aperçoit  des  sentiers  qui 
serpentent  au  milieu  des  précipices  avec  les  tor- 
rents, CHATEAUBR.  Amer.  Journal  sans  date.  Dans 
une  vallée  on  trouve  de  vastes  fractures  ouvertes 
dans  des  granités,  et  ces  crevasses  de  (200  mètres 
de  long  sont  remplies  d'eau  bouillante,  grandeau  et 
LAttGEL,  Revue,  (862,  p.  131.  ||  3°  Terme  de  chirur- 
gie. Solution  de  continuité  des  os  ou  des  cartilages. 
La  fracture  du  bras.  Réduire  une  fracture.  Fracture 
simple,  composée,  comminutive,  directe ,  indirecte 
ou  par  contre-coup. 

—  HIST.  xvi*  s.  Une  playe  avec  grande  contusion 
et  fracture  d'os  et  inflammation,  paré,  Introd.  37. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fractura,  frachura;  espagn. 
fractura:  ital.  frattura;  du  lat.  fractura,  de  frac- 
tum, supin  de  frangere,  briser. 

FRACTURÉ,  ÉE  (fra-ktu-ré,  rée),  part,  passé 
de  fracturer.  Un  membre  fracturé. 

FRACTURER  (fra-ktu-ré),  v.  a.  ||  1*  Rompre  la 
continuité  d'un  corps  solide.  Les  soulèvements  de 
montagnes  ont  fracturé  les  couches  superficielles  du 
globe.  Il  Terme  de  chirurgie.  Rompre  la  continuité 
d'un  os,  d'un  cartilage.  Fracturer  le  bras,  le  crâne. 
Il  Se  fracturer  avec  un  régime  direct,  éprouver  la 
fracture  de.  I!  s'est  fracturé  la  jambe.  ||  2»  Se  frac- 
turer, V.  réfl.  Éprouver  une  solution  de  continuité, 
en  parlant  d'un  corps  solide,  d'un  os.  Le  péroné  se 
fractura  un  peu  au-dessus  de  la  cheville. 

HlST.  XVI'  s.  Ils  affirment  pouvoir  remettre  les 

os  fracturés  et  luxés  par  paroles,  paré,  Introd.  27. 

—  ÉTYM.  Fracture. 

f  FRAGIKORME  (fra-ji-for-m'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  l'apparence  d'une  fraise. 

—  ÉTYM.  Lat.  fragum,  fraise,  et  forme. 

FRAGILE  (fra-ji-l'),  adj.  \\  1°  Facile  à  briser,  su- 
jet à  se  casser.  Un  vase  fragile.  Pour  un  fragile  bois, 
que  malgré  mon  secours  Les  vers  sur  son  autel  con- 
sument tous  les  jours,  rac.  Alhal.  m,  3.  ||  Familiè- 
rement. Fragile  comme  le  verre,  comme  du  verre, 
comme  un  verre,  c'est-à-dire  très-fragile.  ||  Fig.  En 
mes  maux  montre-toi  plus  doux  ;  Seigneur,  aux  traits 
de  ton  courroux.  Je  suis  plus  fragile  que  verre,  Ré- 
gnier, Stances.  Il  2°  Fig.  Qui  n'est  pas  solidement  éta- 
bli, de  peu  de  durée.  Tant  qu'à  ce  corps  fragile  un 
souffle  nousattache....  corn.  Imit.  i,  22.  Je  m'étonne 
qu'étant  si  fragiles,  ils  fies  hommes]  fassent  de  si 
grands  desseins  et  qu'ils  se  tourmentent  si  fort  pour 
de  vainshonneurs,  d'ablancourt,  tucien.  Coron. Sur 
quel  roseau  fragile  a-t-il  mis  son  appui?  rac.  Esth. 
11  ).  Mais  puisqu'un  vil  sénat  insolemment  partage 
De  ton  gouvernement  le  fragile  avantage,  volt. 
Fanât,  i,  4.  Les  œuvres  des  humains  sont  fragiles 
comme  eux,  id.  Henr.  i.  Il  ne  sait  pas  aimer;  son 
amitié  est  aussi  fragile  que  l'amour,  genlis,  Mlle  de 
Lafayelte,  p.  223,  dans  pougens.  ||  3°  Sujet  à  tom- 
ber en  faute,  enclin  au  néché.  Mais,  bien  qu'en  gé- 
néral nous  soyons  tous  fragiles,  Tu  n'en  dois  croire 
aucun  si  fragile  que  toi,  corn.  Imit.  I.  2.  Il  aban- 
donne au  sort  la  fragile  innocence,  la  font.  Capti- 
vité de  St  Ualc.  Malheur  à  moi  d'être  ué  si  sensuel 


FRA 


17G1 


et  si  fragile!  bourdal.  Pénit.  2-  avent,  p.  475. 1,'es- 
prit  est  eénéreux,  mais  le  coeur  est  fragile,  pitoN, 
Mitrom.  m.  ». 

—  SYN.  1.  KiuGiLE,  PRÊLS.  Ces  fleux  mocs  sont,  à 
l'origine,  identiquement  les  mêmes,  friie  étant  ia 
dérivation  ancienne  et  régulière  du  latin  ^raji7i>,  et 
franiie  étant  le  caïque  fait  postérieurement  sur  le 
mot  latin.  Mais  l'usage  a  mis  une  riitrérenco  entre 
les  deux  :  fragile  est  ce  qui  se  brise  facilement; 
frêle  est  ce  qui  se  soutient  à  peine.  Le  verre  est 
fragile,  un  roseau  est  frêle.  ||  2.  fragile,  faible. 
L'homme  fragile  diffère  de  l'homme  faible  en  ce 
que  le  premier  cède  à  son  coeur,  à  ses  penchants, 
et  le  second  à  des  impulsions  étrangères.  La  fragi- 
lité supposa  des  passions  vives,  et  la  faiblesse  l'in- 
action et  le  vide  de  l'àme,  Encyclop.  vu,  273. 

—  HlST.  XIV*  s.  Se  il  redonde  [revient]  as  mors 
[morts]  aucune  chose  pour  les  fortunes  de  leurs 
amisvivans,  soit  bien,  soit  mal,  cette  chose  semble 
estre  fragile  et  petite,  oresme,  Elh.  27.  ||  xvi*  s. 
Dieu  cache  le  trésor  de  sa  sagesse  céleste  en  des 
vaisseaux  fragiles  de  terre,  calv.  fnstit.  846.  Il  [le 
roi  Cotys]  paya  libéralement  la  belle  et  riche  vais- 
selle qu'on  lui  avoit  présentée  ;  mais,  parce  qu'elle 
estoit  singulièrement  fragile....  mont,  iv,  162. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fragil,fragel;  espagn.  fragil; 
ital.  fragile;  du  latin  fragilis,  venant  du  radical 
frag  ou  frac  qui  est  dans  frangere,  rompre,  supin 
fractum.  Frag  ou  frac  équivaut  au  grec  pn-^-wv-i, 
briser,  et  au  gothique  brik-an. 

FRAGILITÉ  (fra-ji-li-té),  s.  f.  \\  1*  Disposition  à 
être  brisé  facilement.  Mais  leur  gloire  tombe  par 
terre.  Et,  comme  elle  a  l'éclat  du  verre.  Elle  en  a 
la  fragilité,  goueau.  Ode  à  Louis  Xlll ,  strophe  32. 
Toute  votre  félicité.  Sujette  à  l'instabilité.  En  moins 
de  rien  tombe  par  terre.  Et,  comme  elle  a  l'éclat 
du  verre.  Elle  en  a  la  fragilité,  corn.  Poly.  iv,  2. 
Il  2°  Fig.  Instabilité.  Ce  n'est  que  l'oubli  de  la  fragi- 
lité de  la  vie  et  une  confiance  sans  raison  d'échap- 
per de  tous  les  dangers,  qui  fait  résoudre  les  hom- 
mes à  entreprendre  des  voyages  au  bout  du  monde, 
NICOLE,  Ess.  de  mor.  <•'  traité,  ch.  4.  Souviens-toi 
de  la  fragilité  des  choses  humaines  ,  fén.  Tél.  xv. 
Il  3°  Faiblesse  contrôles  tentations;  facilité  à  pécher. 
Fragilité  de  l'homme.  Quelque  etforl  qu'ici-bas 
l'homme  fasse  à  bien  vivre.  Il  est  souvent  trahi  par 
sa  fragilité,  coRN./mtf.i,  19. Vous  montrer,au  ..eu 
des  fragilités  de  la  nature,  les  effets  constants  de 
la  grâce,  flKch.  Dauphiiie.  On  se  pardonne  plus 
facilement  des  fragilités,  mass.  Carême,  Culte.  Vos 
chutes  sont-elles  de  ces  fautes  où  la  fragilité  de 
l'âge  et  la  séduction  des  exemples  entraînent  quel- 
quefois? id.  Confér.  Vocation,  i.  Il  semble,  ma  chère 
Juliette,  que,  malgré  la  fragilité  de  l'espèce  hu- 
maine, notre  état  naturel  soit  d'*tre  raisonnable, 
GENLIS,  Tliédt.  d'éduc.  Dangers  du  monde,  i,  2.  Tout 
ce  redoublement  de  la  fragilité  humaine  que  ma- 
nifeste le  spectacle  des  révolutions,  villemain,  Litt. 
fr.  xviii*  siicle,  2*  part.  2*  leçon. 

—  HlST.  xui*  s.  Et  nostres  sires,  qui  savoit  Que 
fragilitez  d'omme  estoit  Trop  mauveise  et  trop  pé- 
rilleuse Et  à  pechié  trop  enclineuse,  St  Graal,  v. 
179.  Diex  set  vostre  fragilité,  ruteu.  ii,  127.  ||  xiv* 
s.  Aucunes  négligences  que  elle  fait  pour  la  fra- 
gilité du  sexe,  oresme,  Thèse  de  meunier.  ||  xv*  s. 
Si  je  n'ay  peu  retenir  mot  à  mot  les  instructions 
faictes  et  ordonnées  par  sage  discrétion,  c'est  ma 
fragilité  et  ignorance,  cerson,  Harangue  au  roi 
Charles  Yl,  p.  19.  Que  c'estoit  peu  de  chose  et  orde 
et  fétide  de  notre  fragilité,  Paroles  d'Agnès  Sorel 
mourante,  dansvALLET  de  vibiville,  Ilist.  deChar- 
les  VU,  t.  III,  p.  185.  Il  XVI*  s.  Créatures  humaines 
où  il  n'y  a  que  fragilité,  folie  et  vanité,  c.\lv.  Inslit. 
94.  Lors  nous  philosophons  très  bien  de  la  fragilité 
de  cesto  vie,  id.  ib.  559. 

—  ÊTYM.  Provenç.  ^raffi'Ji'tat; espagn.  fragilidad; 
ital.  fragilità;  du  lat.  fragilitatem,  de  fragilis, 
fragile. 

FRAGMENT  (fra-gman),  s.  m.  ||  1°  Morceau  d'une 
chose  qui  a  été  brisée  en  éclats.  Les  fragments 
d'un  vase.  Tâche  encor  d'ajuster  ces  fragments  ra- 
massés, mair.  Soliman,  i,  6.  \\  Terme  d'église.  le- 
tites  parcelles  de  l'hostie  rompue.  Faire  la  collection 
des  fragments  de  l'hostie.  ||  Ancien  terme  de  phar- 
macie. Les  cinq  fragments  précieux,  les  fragments 
qui  se  détachent,  pendant  la  taille,  des  cinq  pierre» 
précieuses  :  les  sapliiis,  les  grenats,  les  hyacinthes, 
les  émeraudes  et  la  cornaline,  auxquels  on  attri- 
buait des  propriétés  cordiales.  ||  2"  Fig.  Ce  qui  est 
resté  d'un  livre,  d'un  poëme  perdu.  Les  fragments 
d'Ennius.  Mithridate  écrivit  à  leur  roi  une  lettre 
que  Sallusle  nous  a  conservée  et  qui  se  trouve  dans 
ses  fragments,  bollin,  Ilist.  ane.  OEuv.  t.  x,  p.  227, 

I.  —   9.21 


1762 


FRA 


dans  pouOFî.NS.  Déioss,  ancien  autour  diaUléen,  dont 
on  retrouve  des  fragments  conservés  par  Abydène, 
cites  dans  Eusèbo,  et  rapportés  mot  pour  mot  par 
George  le  Syncolle,  volt.  Dict.  phil.  Araral. 
Il  3"  Morceau  d'un  livre,  d'un  ouvrage  qui  n'est 
;>oint  encore  terminé  ou  qui  n'a  pu  l'être.  Sous  le 
titre  de  Pensées,  Pascal  n'a  laissé  que  des  frag- 
ments d'un  livre  qu'il  projetait  sur  la  religion  chré- 
tienne. Il  Morceau  détaché  qui  a  l'air  d'un  frag- 
ment d'ouvrage,  et  qui  cependant  n'a  jamais  été 
destiné  à  entrer  dans  un  ouvrage.  Publier  des  frag- 
ments. Fragments  liistoriques.  ||  Morceau  extrait 
d'un  ouvrage.  Il  cita  un  long  fragment  de  Gicéron. 
Il  Fragment  p'ur,  se  dit,  chez  les  jurisconsultes, 
d'un  fragment  tiré  directement  d'un  auteur,  par 
opposition  aux  fragments  empruntés  à  un  cilateur 
ou  à  un  commentateur. 

—  IllST.  xvi'  s.  Sang  caillé,  chair  dilacerée,  frag- 
raens  ou  esquilles  d'os,  paré,  vu,  6.  On  fera  des 
poudres  avec  les  perles  préparées,  le  spodion,  les 
coraux,  les  cinq  fragmens  précieux,  le  bol  armene, 
ID.  XX  bis,  i». 

—  ÊTYM.  Prov.  fragment;  esp.  fragmento ;  ital. 
frammento ;  Au  \ît.  fragmentum,  qui  vient  du  ra- 
dical frag  (voy.  fbaoile). 

t  FRAGMENTAIRE  (fra-gman-té-r')  ,  adj.  Qui 
est  par  fragments.  L'agrégat  irrégulier  de  tant  de 
principes  étrangers  ne  produisit  jamais  qu'un  re- 
cueil de  sentences  fragmentaire  et  décousu,  villebs, 
Kant,  p.  69. 

—  F.TYM.  Fragment. 

t  FRAGMENTATION  (  fra-gman-ta-sion  ) ,  s.  f. 
Action  de  fragmenter;  division  par  fragments.  La 
fragmentation  d'une  substance. 

—  ErvM.  Fragmenter. 

t  FRAGMENTER  (fra-gman-té),  t).  O.  Diviser, 
séparer  par  fragments.  Une  œuvre  fragmentée.  ||  Se 
fragmenter,  e.  réfl.  Être  divisé  par  fragments. 

—  f.TVM.  Fragment. 

f  FRAGMENTF.UX,  ECSE  (fra-gman-teû,  teû-z'), 
adj.  Terme  didactique.  Qui  résulte  d'un  assemblage 
de  fragments. 

—  KTVJl.  Fragment. 

t  FRAGMENTISTIÎ  (fra-gman-ti-sl'),  s.  m.  Terme 
de  littérature.  Mot  nouveau  introduit  pour  désigner 
les  auteurs  qui  n'ont  écrit  que  des  fragments,  des 
articles  de  revues  ou  de  journaux. 

—  ÊTYM.  Fragment. 

t  FR.iGON  (fra-gon),  s.  m.  Le  petit  houx,  joli 
arbrisseau  toujours  vert,  ruscus  aeuleatus,  L.  (as- 
paraginées  );  c'est  la  seule  plante  monocotylcdone 
qui  arrive  spontanément  en  France  à  l'état  ligneux. 

—  lllST.  xiii"  s.  U  y  croissoit  bous  et  fregons,  Bos 
espineus  plains  d'aguillons,  du  cange,  froncina. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Serait-ce  le  latin  fra- 
gum,  fraise,  à  cause  de  quelque  assimilation ,  ou, 
en  raison  de  la  forme  fragon,  un  dérivé  de  fricare, 
frotter,  parce  que  le  petit  houx  est  épineux? 

t  FRAGRANT,ANTE  (fra-gran,  gran-t') , adj.  Néo- 
logisme peu  reçu.  Odorant,  parfumé.  Il  est  des  jours... 
Tout  bleus,  tout  nuancés  d'éclatantes  couleurs. 
Tout  trempés  de   rosée  et  tout  fragrants  d'odeurs, 

LAMART.  Jocel.  IV,  (24. 

—  ETYM.  Lat.^rajrani,  odorant,  de  fragrare,  ré- 
pandre une  bonne  odeur  (voy.  flaibkr). 

t.  FRAI  (frè),  ».  m.  ||  1"  Action  de  frayer,  acte 
de  la  fécondation  chez  les  poissons.  Le  frai  des 
po.ssons.  Le  temps  du  frai,  l'époque  où  les  poissons 
frayent.  ||  2*  Œufs  fécondés  par  le  frai.  ||  3°  Pe- 
tits poissons  pour  peupler.  Mettre  du  frai  dans  un 
étang.  Il  4°  Se  dit  aussi  dis  oeufs  de  quelques  ovi- 
pares aquatiques,  comme  la  grenouille,  le  crapaud. 
Le  pÈre  et  la  mère  [des  butors)  les  nourrissent, 
dans  les  premiers  temps,  de  sangsues,  de  lézards  et 
de  frai  de  grenouilles, et  ensuite  de  petites  anguilles, 
BOFF.  Ois.  t.  XIV,  p.  (64,  dans  pougens. 

—  lllST.  XIV*  s.  Les  poissons  laissent  leur  froiz  es 
herbes,  Ord.  des  rois,  t.  vu,  p.  779.  Les  pescheurs 
détruisent  toute  la  froie,  ib.  Mais  faictes  comme 
font  gens  saiges,  Pour  veoir  aultres  bariolaiges  Au 
fray  des  dragons  et  serpens  En  hayncuses  amours 
grouppans.  Traité,  dalch.  tit.  ||  xvi'  s.  Apres  on 
guetta  le  gros  poisson  au  fray,  à  quoi  fut  pris  An- 
toine, roi  de  Navarre,  par  Uouet,  Louis  de  Bourbon 
par  Umeul,  d'aub.  Conf.  i,  9.  Par  attrition  et  fray 
[frottement]  d'une  pierre  contenue  aus  dits  reins, 

PARÉ,  XV,  6ï. 

—ÉTYM.  fVat,  ou  froi,  ou  froie,  de  l'ancien  verbe 
fro<er,  frotter;  du  lat.  fricare,  frotter  (voy.  friction)  ; 
liai,  freqolo  et  fregola,(\e  fregare,  frotter;  angl.  fry. 

».  FHAI  (frc),  s.  m.  Terme  de  monnayage.  Uimi- 
oiilicn  de  poids  des  monnaies  par  l'effet'  du  frotte- 
nt «t  do  la  circulation  de  main  en  main. 


FRA 

—  ÉTYM.  Il  .semble  que  c'est  le  même  que  le  pré- 
cédent, frai  au  sens  de  frottement;  cependant  il  y 
a  eu  sans  doute  quelque  confusion  entre  frai,  frot- 
tement, et  frai  ou  mieux  frait,  usure  de  la  mon- 
naie ;  car,  dans  le  latin  du  moyen  âge,  cette  usure 
ne  se  rend  pas  par  fricare,  mais  par  fractus,  ài- 
chet, de /'ranjere,  briser:  pro  fractis  monotarum,pro 
fractu  monetae,  do  cange,  fractus. 

t  FRAÎCHE  (frê-ch'),  s.  f.  ||  1°  Terme  rural.  Prai- 
rie qui  donne  plus  souvent  que  les  autres  de  l'herbe 
fraîche,  par  suite  d'un  cours  d'eau  constant  ou  d'un 
arrosement  facile.  Il  y  a  une  belle  fraîche  au  bas 
de  la  terrasse  du  jardin,  leooarant.  112"  Terme  de 
marine.  Brise,  vent  frais  et  chargé  de  quelque  hu- 
midité soufflant  avec  peu  de  force  le  inatin  et  le  soir. 

—  ÉTYM.  Frais  l. 

FRAÎCHEMENT  (frê-che-man),  adv.  \\  1"  Au  frais, 
dans  un  endroit  frais.  Être  logé  fraîchement. 
Il  Être  vêtu  bien  fraîch?!nent,  avoir  des  habits  qui 
ne  tiennent  pas  chaud.  ||  2°  Récemment,  depuis 
peu.  Cet  illustre  personnage  qui  venait  de  perdre 
fraîchement  deux  de  ses  enfants,  vaugelas,  Q.  C. 
367.  Il  tient  quelque  moineau  qu'il  a  pris  fraî- 
chement, MOL.  Mélic.  I,  4.  Il  arrive  fraîchement 
de  son  ambassade ,  la  bru  y.  v.  ||  Tout  fraîche- 
ment,  tout  récemment.  Votre  serviteur  Gille.... 
Tout  fraîchement  on  cette  ville  Arrive  en  trois  ba- 
teaux exprès  pour  vous  parler,  la  font.  Fabl.  ix, 
3.  Cet  étranger  extravague;  il  vient  sans  doute  tout 
fraîchement  de  l'autre  monde,  fén.  t.  xxi,  p.  469. 
Ce  qui  inspirait  à  l'un  tant  de  hardiesse,  et  à  l'autre 
tant  de  docilité,  était  la  nouvelle  qu'on  avait  reçue 
tout  fraîchement  de  la  grande  victoire  que  les  Ro- 
mains avaient  remportée  sur  Persée ,  roi  de  Macé- 
doine, ROLLiN,  l[ist.  anc.  OEuv.  t.  viii,  p.  6r8,dans 
pouOENS.  Il  3°  Fig.  et  familièrement.  Avec  quelque 
froideur  (c'est  un  adoucissement  de  froidement). 
Accueillir  fraîchement  quelqu'un.  Le  compliment 
[de  la  duchesse  de  Lauzun]  fut  d'abord  fraîchement 
reçu  ;  incontinent  la  marée  monta,  et  voilà  la 
duchesse  du  Maine  aux  reproches,  st-sih.  258,  214. 

—  lIIST.  XVI'  s.  La  terre  freschement  remuée  fon- 
doit  soubs  eulx,  amyot,  Pyrrh.  63. 

—  ÊTYM.  Fraîche,  et  le  suffixe  ment;  prov.  frcs- 
cament  ;  espagn.  et  ital.  frcscamente. 

FRAÎCHEUR  (frê-cheur),  î.  f.  \\l'  Froid  doux  et 
modéré  qui,  tempérant  la  chaleur  do  l'atmosphère, 
cause  une  sensation  agréable.  La  fraîcheur  de  la 
nuit  dont  elles  aiment  à  jouir,  voit.  Lett.  30.  Je 
vais  prendre  la  fraîcheur  de  ce  bois,  sÉv.  682.  Il 
[Dieu]  leur  dispense  [aux  fleurs]  avec  mesure  Et  la 
chaleur  des  jours  et  la  fraîcheur  des  nuits,  bac. 
Athal.i,  4.  Ce  qu'à  l'herbe  tendre  Est  au  printemps 
la  fraîcheur  du  matin,  m.  Athdl.  m,  7.  Son  calme, 
sa  fraîcheur  [de  l'air]  se  répand  dans  mes  veines, 
Ducis,  Othello,  v,  3.'||  Absolument.  La  fraîcheur,  le 
moment  du  jour  où  il  fait  frais.  Les  vers  sortent  de 
terre  à  la  fraîcheur,  buff.  Ois.  t.  xiii,  p.  36) ,  dans  pou- 
GENS.  Il  Terme  d'agriculture.  Fraîcheur  de  la  terre, 
se  dit  de  l'état  où  elle  n'est  ni  trop  humide  ni  trop 
sèche,  mais  où  elle  conserve  toujours  la  quantité 
d'eau  nécessaire  à  la  végétation.  ||  ï°  Froid  plus  ou 
moins  vif.  Les  fraîcheurs  du  soir  sont  perfides  dans 
cette  saison.  ||  On  dit  aussi  qu'il  y  a  de  la  fraîcheur 
dans  une  chambre,  quand  elle  est  un  peu  humide. 
Il  3°  Douleur  causée  par  le  froid,  l'humidité.  Ga- 
gner, avoir  des  fraîcheurs.  ||  4"  Fig.  Lustre,  brillant, 
vif  éclat.  Cette  robe  a  perdu  sa  fraîcheur.  La 
fraîcheur  d'un  costume,  d'un  tableau.  ||  Par  ex- 
tension. La  fraîcheur  des  pensées,  de  l'imagi- 
nation, du  style.  Ces  beaux  ouvrages  qui  ont  à  la 
fois  la  force  de  l'antiquité  et  la  fraîcheur  du  mo- 
derne, VOLT.  Vceurs,  82.  VAve  maris  Stella  où  il 
règne  une  grande  fraîcheur,  chateaubr.  Génie,  iv, 
I,  42.  Il  B"  Air  de  jeunesse,de  santé.  La  fraîcheur 
du  teint.  La  fraîcheur  de  la  jeunesse.  Ajoutez  à  cela 
un  air  dosante  robuste  et  une  certaine  fraîcheur  qui 
faisait  plaisir;  de  ces  fraîcheurs  qui  viennent  d'un 
bon  tempérament,  et  qui  ont  pourtant  essuyé  de  la 
fatigue,  MAHiv.  Pays.  parv.  4*  part.  Hélas  I  déjà  privé 
de  sa  fraîcheur  première.  Ton  front,  bientôt  flétri, 
pencheravers  la  terre,  DDCis,<<  bu/ar,  iv,7. 116°  Terme 
de  marine.  En  parlant  d'un  vent  très-faible  qui 
commence  après  un  calme  plat ,  on  dit  :  Voilà  un 
peu  de  fraîcheur;  la  fraîcheur  vient  de  telle  direc- 
tion. Si  elle  n'est  sensible  qu'à  la  surface  de  la  mer, 
c'est  une  petite  fraîcheur.  La  fraîcheur  marque,  elle 
permet  de  tenir  en  route. 

—  SYN.  FRAÎCHEOR,  frais.  Fraîcheur  est  le  sub- 
stantif abstrait  de  l'adjectif  frais  ;  et  frais  est  cet 
adjectif  pris  substantivement  et  abstraitement  Ces 
deux  mots  sont  donc  logiquement  très-voisins  ; 
mais  l'usage  y  a  mis  des  ditlèrrnces:  l'on  dit  pren- 


FRA 

dre  le  frais  et  non  prendre  la  fralcheu.-:  et,  quand 
fraîcheur  est  dit  Jibsolument,  il  signifie  le  moment 
du  jour  où  il  fait  frais:  marcher  à  la  fraîcheur;  mar- 
cher au  frais  signifie  marcher  dans  un  endroit  frais. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  frescheurde  mon  visage,  most. 
i,  91.  Près  d'un  boccage,  au  milieu  d'un  beau  pré, 
Où  d'un  ruisseau  la  frescheur  tousjours  dure,  db- 
BF.LLAY,  II,  29,  recto.  Ce  seigneur  n'aimoit  point» 
prendre  ses  aises  aux  fraischeurs....  Depuis,  ce  pr> 
verbe  couroit  :  vous  jUlez  à  la  fraischeurde  M.d'Im- 
bercourt,  quand  on  alloit  par  pays  au  plus  chaud  du 
jour,  brant.  Cap.  fr.  t.  i,  p.  (09,  dans  lacobne. 

—  ÊTYM.  Frais  l  ;  provenç.  frescor. 
FRAICHIR  (frê-chir),  v.  n.  Terme  de  marine.  O 

se  dit  du  vent  qui  devient  plus  fort.  Le  vent  avatt 
fraîchi  durant  la  nuit.  ||  Impersonnellement.  Il  fraî- 
chit. Il  avait  fraîchi,  et  la  mer  commençait  à  s'agiter. 

—  ÊTYM.  Frais  l;  picard, /■ratfti'r,  fraiker,  mouil- 
ler. Au  XVI"  siècle  on  trouve  afraischir  :  Le  vent 
n'afraischit  pas  assez,  d'aub.  Ilist.  ii,  60. 

t  FRAIESON  (frè-iè-zon) ,  s.  f.  Terme  de  pêche. 
Temps  du  frai. 

—  ÉTYM.  Frayer. 

FRAIR'.E  (fré-rie),  s.  f.\\i'  Partie  de  bonne 
chère  et  de  divertissement.  L'on  dispute,  l'on  fait 
frairie,  L'on  boit;  plus  l'on  boit,  plus  l'on  crie;  El 
sur  le  déclin  du  repas  L'on  parle  et  l'on  ne  s'en- 
tend pas,  pebrallt.  Chasse,  dans  richelet.  ||  Être  • 
de  frairie,  prendre  part  à  une  frairie.  Les  loups  man- 
gent gloutonnement  ;  Un  louo  donc  étant  de  frairie 
Se  pressa,  dit-on,  tellement  Qu'il  en  pensa  penlre 
la  vie,  LA  font.  Fabl.  ni,  9.  ||  2°  Nom,  dans  quel- 
ques provinces  de  la  France,  des  fêtes  de  village. 
Aller  à  la  frairie. 

—  HIST.  XIV'  s.  Gilot  de  la  frarie  des  drapiers  disl 
à  Lochon  de  la  frarie  des  tanneurs....  du  cange, 
frateria.  Ha,  dist  le  renart,  il  n'est  rien  que  on  ne 
face  par  compères  et  par  commères  ;  nous  sommes 
tous  de  la  frarie  saint  Faulsset  (nous  sommes  U^ui 
trompeurs],  llodus,ms.  t"  98,  dans  lacurne.  Frarie, 
c'est  congrégation,  confrairie,  du  cange,  fratria. 

—  ÉTYJI.  Wallon  ,  frairèit;  du  bas-latin  fratria, 
société;  du  latin  fratria,  collège,  corporation,  qui 
vient  du  grec  çpaTpia,  tribu,  9parrp,çpiTwp,  mem- 
bre de  la  tribu,  de  même  radical  que  le  latin  fraler 
(voy.  frère).  Le  sens  propre  est  assemblée ,  de  là 
fête,  gala. 

( .  FRAIS,  FRAÎCHE  (frê,  frê-ch"),  adj.  ||  l'  Qui  est 
d'une  température  intermédiaire  entre  le  chaud  et  le 
froid.  Un  vent  frais.  Une  cave  fraîche.  Un  frais  ruis- 
seau. Avoir  les  mains  fraîches.  Il  me  faut  du  repos, 
des  prés  et  des  forêts;  Laisse-moi  donc  ici  sous  leurs 
ombrages  frais  Attendre  que  septembre  ait  ramené 
l'automne,  boil.  f^ptt.  vi.  Ces  feuilles  où  tremblent 
des  larmes,  Ces  fraîches  haleines  des  bois,  6  nature, 
avaient  trop  de  charmes  Pour  n'avoir  pas  aussi  leur 
voix,  LAMART.  Harm.  iv,  6.  ||  Terme  d'agriculture. 
Terre  fraîche,  terre  qui,  à  33  centimètres  de  pro- 
fondeur, retient  habituellement  0,(5  ou  o,20  d'eau. 
Il  Ce  cheval  a  la  bouche  fraîche,  il  l'a  humide  et 
érumeuse.  {|  Il  se  prend  aussi  pour  très-rapproché 
du  froid.  Des  matinées  fraîches.  ||  Une  robe,  un  ha- 
bit frais,  robe,  habit  qui  ne  tient  pas  chaud,  /es 
vêtements  de  coutil  sont  frais.  |1  2"  Terme  de  marine. 
Vent  frais,  vent  assez  fort,  qui  est  favorable  à  la 
navigation.  Une  brise  fraîche.  ||  Substantivement, 
on  dit  joli  frais,  bon  frais,  grand  frais.  ||  Les  ma- 
rins désignent  les  degrés  de  force  du  vent  en  faisant 
précéder  frais  des  épithètes  suivantes  :  très-petit, 
petit,  joli ,  bon  et  grand.  11  vente  petit  frais,  joli 
frais,  grand  frais.  ||  3°  Nouvellement  fait,  produit 
Les  traces  en  sont  encore  toutes  fraîches.  Une  plaie 
encore  fraîche.  ||  Fig.  La  plaie  est  encore  fraîchî, 
toute  fraîche,  se  dit  d'une  vive  affliction  que  le 
temps  n'a  pas  encore  adoucie.  ||  Qui  n'est  pas  en- 
core séché.  Cela  vient  d'être  écrit,  l'cncreest  encore 
fraîche.  Ecriture  fraîche,  rotr.  B^l.  ii.  9.  ||  Qui  a 
les  qualités  de  ce  qui  est  récent  Des  figues  fraî- 
ches. De  la  marée  fraîche.  Donner  de  l'herbe  fraîche 
aux  vaches.  Du  poisson  frais.  Et  s'en  allait  avec 
tous  SCS  attraits  Ven<lre  au  marché  du  beurre  et  des 
(Tufs  frais,  volt.  Ce  quiplait,  etc.  \\  Pain  frais,  se 
dit,  par  opposition  à  pain  rassis,  du  pain  con.ser\ant 
encore  H  mollesse  qu'il  a  en  sortant  du  four  dans 
la  mie,  et,  dans  la  croûte,  la  dureté  cassante.  ||  Noix 
fraîches,  des  noix  qui  ne  sont  pas  séchées.  ||4°  Se 
dit  aussi  de  ce  qui  n'est  ni  salé  ni  fumé.  Du  porc 
frais.  Des  harengs  frais.  Du  beurre  frais.  ||  Autant  de 
frais  que  de  .salé,  se  dit  à  quelqu'un  pour  lui  signifier 
qu'il  n'aura  ni  de  l'un  ni  de  l'autre.  ||  5'  Qui  est  d'' 
date  récente.  Lettres ,  nouvelles  fraîches.  Il  faudra 
donc  attendre,  et  le  mieux  pour  cette  heure  Est  d'aller 
au  villaea  où  son  père  demeure.  Afin  de  l'avertir  qu'il 


FRA 

U  suive  de  prts,  Cependant  que  le  mal  est  encore 
tout  frais,  bacan,  Berg.  Licidas,  ii,  ♦.  L'on  voit 
panni  nous  tant  de  gens  parer  une  roture  encore  toute 
fraîche  d'un  nom  illustre,  mass.  Panégyr.  St  Fran- 
çois dePaule.  \\  Avoir  le  souvenir  frais,  la  mémoire 
fraîche,  l'idée  fraîche  de  quelque  chose,  en  avoir 
un  souvenir  très-présent.  Ayant  l'idée  encor  fraîche 
des  deux,  la  font.  Psaut.  Il  en  avait  encore  la  mé- 
moire toute  fraîche ,  uamilt.  Gramm.  s.  Je  vais 
TOUS  citer  un  exemple  qui  est  encore  tout  frais 
à  ma  mémoire....  bern.  de  st-p.  Café  de  Sur. 
Il  On  dit  de  même  :  La  mémoire  en  est  fraîche.  La 
mémoire  du  déluge  étant  encore  si  fraîche  parmi 
les  hommes ,  lorsque  Noé  vivait  encore  ,  pasc. 
Pensées,  t.  i,  p.  309,  éd.  LAUDRE.llDe  fraîche  mé- 
moire, tout  récemment.  Que  de  fraîche  mémoire 
un  furtif  hyménée  X  la  fille  d'Albert  a  joint  sa  des- 
tinée, Mor,.  le  Dép.  ui,  e.  \\  Être  frais  de  quelque 
chose,  en  avoir  la  mémoire  récente.  Je  suis  tout 
frais  de  cette  lecture.  ||  Il  est  encore  tout  frais  du 
collège,  il  ne  fait  que  d'en  sortir.  |{  6°  De  l'argent 
frais,  dn  l'argent  nouvellement  reçu.  J'aurais  pour 
le  succès  assez  bonne  espérance.  Si  de  quelque 
argent  frais  nous  avions  le  secours,  regnard,  Fol. 
amour,  i,  7.  Les  mêmes  amis  qui  l'avaient  aban- 
donné dans  sa  misère,  ne  surent  pas  plus  tôt  qu'il 
avait  de  l'argent  frais  qu'ils  revinrent  à  la  charge, 
LE  SAGE,  Diable  boU.  30.  ||  7°  Qui  n'a  souffert  au- 
cune altération  par  l'efl'et  du  temps.  Cette  sole  est 
encore  trcs-fraiche.  ||  8°  Qui  a  conservé  l'éclat  que 
donne  l'état  frais,  récent,  qui  ne  s'est  point  flétri. 
Des  plantes  fraîches.  Mettre  des  (leurs  dans  de  l'eau 
pour  les  tenir  fraîches.  Ces  roses  sont  encore  très- 
fraîches.  Il  Fig.  Ce  sont  ces  âmes  que  Dieu  chérit,  ces 
âmes  toujours  fraîches  et  toujours  nouvelles,  qui 
gardent  inviolablement  leur  première  fidélité.... 
Boss.  y  panég.  St-Fr.  de  Paule,  2.  ||9°Fig.  Il  se 
dit  dans  le  même  sens  de  ce  que  l'on  compare 
au  lustre  des  fleurs,  des  plantes.  Cette  jeune 
personne  est  fraîche  comme  une  rose.  Des  étoffes 
fraîches.  Elle  avait  un  costume  très- frais.  Le 
front  assez  ouvert,  l'œil  perçant,  le  teint  frais, 
CORN.  Œdipe,  IV,  4.  Vous  êtes  fraîche,  et  moi 
je  ne  suis  pas  très-vieux,  colin  d'hahlev.  Vieux 
célib.  Il,  6.  Quand  le  premier  amour  et  la  fraîche 
espérance  Nous  entr'ouvrent  l'espace  où  notre  âme 
s'élance....  lamart.  llarm.  iv,  il.  ||  En  peinture. 
Coloris  frais.  {|  10"  Qui  a  un  certain  air  de  jeunesse 
et  de  vigueur.  Ce  vieillard  est  encore  très-frais. 
Y  a-t-il  homme  de  trente  ans  qui  paraisse  plus  frais 
et  plus  vigoureux  que  vous  me  voyez?  mol.  Mar. 
forcé,  2.  Il  11»  Qui  n'est  pas  fatigué  ou  qui  n'est  plus 
fatigué.  11  aura  le  temps  de  se  reposer  à  Philippe- 
ville,  et  son  équipage  ;  et  il  sera  tout  frais  quand  il 
s'agira  de  marcher,  sÉv.  623.  Dès  qu'il  eut  gagné 
Bapaume,  il  prit  des  chevaux  frais,  hamilt.  Gramm. 
5.  laissez  reposer  quelque  temps  votre  ouvrage  ; 
vous  le  reverrez  ensuite  avec  des  yeux  frais,  et 
vous  en  serez  meilleur  juge  que  personne,  volt. 
tcU  Chabanon,  (3  janv.  <768.  Vous  n'en  pouvez 
plus,  lui  dit-il  [Charles  XII],  mon  cher  Reichel  ; 
j'ai  dormi  une  heure,  je  suis  frais,  je  vais  monter 
la  garde  pour  vous,  m.  Russie,  n,  8.  ||  Troupes  fraî- 
ches, troupes  qui  ne  sont  point  encore  fatiguées, 
qui  n'ont  point  encore  donné.  C'est  en  vain  qu'à 
travers  des  bois,  avec  sa  cavalerie  toute  fraîche, 
Bek  précipite  sa  marche  pour  tomber  sur  nos  sol- 
dats épuisés,  Boss.  Louis  de  Bourbon.  Il  lui  oppose 
des  troupes  fraîches  à  la  place  des  troupes  fatiguées, 
ID.  ib.  Il  12°  Ironiquement  et  familièrement.  Qui  est 
dans  un  grand  embarras,  dans  une  situation  fâ- 
cheuse. Vous  avez  perdu  tout  votre  argent  au  jeu, 
vous  voilà  frais  !  |1  Qui  est  gâté,  animé,  en  parlant 
des  choses.  Où  vous  êtes-vous  fourri'?  votre  habit  est 
frais!  Il  13°  S.  m.  Le  frais,  air  frais,  température 
fraîche.  Le  frais  pénétrant  du  soir.  Souvent  votre 
Médée  y  vient  prendre  le  frais.  Et  pour  y  mieux 
rêver  s'échappe  du  palais,  corn.  fois,  d'or,  ii,  i . 
Séjour  du  frais,  véritable  patrie  Des  zéphyrs... 
LA  FONT.  Fabl.  IV,  12.  Solitudc,  où  je  trouve  une 
douceur  secrète.  Lieux  que  j'aimai  toujours ,  ne 
pourrai-je  jamais.  Loin  du  monde  et  du  bruit,  goû- 
ter l'ombre  et  le  frais  I  id.  tb.  xi,  4.  Dans  le  bois  où 
il  fait  un  frais  admirable,  sHv.  ee.  Il  faisait  un  frais 
délicieux,  fonten.  le.i  Mondes,  i"  soir.  Pour  res- 
pirer le  frais,  on  retourne  au  même  lieu,  J.  j. 
«ouss.  Ém.  m.  Sous  cette  grotte  humide  et  sombre 
Nous  ne  chercherons  plus  le  frais,  lamabt.  Mid.  i, 
ih  II  Par  plaisanterie.  Mettre  quelqu'un  au  frais,  le 
mettre  en  prison.  [Il]  Pensa  dans  un  cachot  te  faire 
metxre  au  frais,  boubsault,  Merc.  gai.  v,  7. 
Il  14°  Frais,  adv.  Il  fait  frais.  ||  Boire  frais,  boire  d'un 
vin  frais.  Du  reste,  déjeunons,  messieurs,  et  buvons 


FRA 

frais,  BoiL.  Lulr.  iv.  A  verser  frais  m'invitant,  Un 
vieil  ami  de  la  table  Me  tend  son  verre  en  chantant, 
bérang.  Bouteille  volée.  \\  15"  Frais,  construit  avec 
un  participe,  signifie  tout  nouvellement;  et,  bien 
qu'il  soit  adverbe,  l'oreille  a  exige,  contre  la  gram- 
maire, qu'il  s'accordât  avec  son  substantif  en  genre 
et  en  nombre  ;  tout  pris  adverbialement  offre  un 
cas  semblable  :  toute  belle  qu'elle  est.  Ils  sont  frais 
débarqués  de  leur  village.  Uns  maison  toute  fraî- 
che bâtie.  Une  rose  fraîche  cueillie.  Des  roses 
fraîches  cueillies.  Si  frais  battu,  messieurs,  est-il 
juste  qu'on  meure  ?  scarr.  D.  Japhet,  iv,  s.  Mon- 
sieur est  frais  émoulu  du  c»llége,  mol.  Mal.  imag. 
II,  7.  Sa  bouche  est  fraîche  épanouie.  Ses  che- 
veux sont  blonds  et  flottants,  bérang.  Qu'elle  est 
jolie  I  Mes  yeux  cherchent  en  vain  les  fleurs  fraî- 
ches écloses,  c.  PELAviGNE,  iforceaux  choisis,  par 
FEUGÊRE,  p.  337.  ||  16°  De  frais,  tout  récemment.  Un 
homme  rasé  de  frais,  homme  qui  vient  de  faire  sa 
barbe.  ||  17°  Dans  le  langage  populaire.  A  la  fraîche, 
au  moment  de  la  journée  où  il  fait  frais.  Cette 
locution  est  faite  comme  :  à  la  brune.  ||  A  la  fraîche, 
qui  veut  boire?  cri  des  marchands  de  rafraîchisse- 
ments en  plein  air  (à  la  fraîche,  c'est-à-dire  à  la 
boisson  fraîche). 

—  HIST.  xi*  s.  [IlsJ  Livrent  lur  [aux  chevaux]  prés, 
assez  i  a  fresche  herbe,  Ch.  de  Roi.  CLXxvii.  ||xii'  s. 
[Le  cheval]  Reprend  s'alaine,  tost  est  revigorez;  Li 
cuens  Guillaumes  senti  frès  son  cheval,  la  Bataille 
d'Àleschans,  v.  662.  Mais  son  clair  vis  et  sa  fresche 
bouchote,  Couci,  vi.  Quant  je  regart  vostre  fresche 
color,  Et  vo  douz  front....  16.  xi.  Et  vis  [visage] 
riant,  fresche  beauté  veraie  [vraie],  tb.  xvi.  Touz 
jours  m'est  plus  s'amours  fresche  et  nouvele,  tb. 
xviii.  Il  xui*  s.  Les  poissons  frès  à  blanche  aillie, 
Fabliaux,  barbazan,  t.  iv,  p.  8.  Seigneur,  vos  veés 
bien  coment  il  nos  est,  et  vos  et  vostre  cheval  estes 
tuit  frais  et  tuit  reposé,  villeh.  clxvi.  Et  l'autre  lui 
retrempe  de  fresche  eaue  en  son  vin  [lui  verse 
de  l'eau  fraîche  en  son  vin] ,  Berte,  lv.  Enfans  qui 
cueillez  les  floretes.  Et  les  freses  fresches  et  notes, 
Ci  gist  li  frais  serpens  en  l'erbe,  la  Rose,  ^6762. 
Largece  ot  robe  toute  fresche  D'une  porpre  sarrazi- 
nesche,  tb.  )I69.  Les  roses  overtes  et  lées  [larges] 
Sunt  en  ung  jor  toutes  alées  [flétries]  ;  Mes  li  bou- 
ton durent  tuit  frois  A  tout  le  moins  deux  jours  ou 
trois,  tb.  <656.  Fines  colors,  fresches  et  vives,  tb. 
20163.  Et  trouve  l'en  [dans  les  silos]  le  fourment 
et  l'orge  aussi  frez  comme  l'en  l'eust  maintenant 
batu,  JOINT.  2)0.  Il  XIV'  s.  Eulxqui  avoient  les  corps 
et  les  courages  touz  fres  et  touz  entiers,  bercheure, 
f°  34,  verso.  La  mort  de  Curius  estoittrop  frais  ensei- 
gnement duperildechascun,  id.  f°  24,  verso.  \\  xv's. 
Il  entra  en  sa  chambre  et  la  trouva  jonchée  de  ver- 
dure, et  les  parois  d'envtron  couvertes  de  verds  ra- 
meaux pour  y  faire  plus  frais,  froiss.  m,  iv,  23.  Avec 
ce  qu'il  est  hiver  et  qu'il  fait  frais  et  mauvais  chevau- 
cher, ID.  II,  II,  174.  Il  XVI*  s.  Use  donc  hardimentde 
l'adjectif  substantivé,  comme  le  liquide  des  eaux,  le 
vuydedel'air,  le  frais  des  ombres,  ddbell.  i,32,tierso. 
Et  de  plus  fresche  mémoire,  à  Yvoy,  le....  mont,  i, 
28.  11  avoit  eu  soif,  et  avoit  demandé  de  l'eau  fres- 
che à  boire,  amyot.  Marins,  6.  Comme  un  cham- 
pwn  de  lucte  frais  et  reposé  qui  s'attache  à  un  jà 
las  et  travaillé  d'avoir  plusieurs  fois  combatu,  m. 
Sylla,  6(.  Les  leurs  estoient  toutes  vertes  et  cueil- 
lies de  frais,  id.  Lucull.  72 .  Hz  sa  meirent  à  la 
voile  pour  s'enfuir,  à  quoi  leur  servit  le  vent  qui  se 
leva  frais  aussi  tost  qu'ilz  eurent  gaigné  la  haulte 
mer,  id.  Pomp.  no.  Et  dormez  seurement  sous  le 
frais  des  ormeaux,  hons.  72).  Prins  en  flagrant  de- 
lict,  qu'on  dit  en  la  freiche  coulpe,  Nouv.  coût,  gê- 
ner, t.  II,  p.  869. 

—  ÉTVM.  Bourguig.  frai ,  frais,  froche,  fraîche  ; 
wallon,  frèhe,  humide;  nam.  /rèche ;  Hainaut, /'rat- 
c/ie  ;  provenç.  fresc;  espagn.  portug.  et  ital.  fresco; 
del'anc.  h.  allem./rwc;allem.  mod.  (risr.h ;  anglo- 
sax.  fresc;  angl.  fresh,  qu'on  rattache  au  radical 
sanscrit  prUh,  mouiller,  pleuvoir.  Vs  constante  dans 
frais,  et  sch  au  féminin  écartent  tout  rapproche- 
ment avec  le  latin  frigus,  froid. 

2.  FRAIS  (frê;  Vs  se  lie  :  des  frê-z  excessifs),  s. 
m.plur.  Il  1°  Argent  qu'on  emploie  à  quelque  chose; 
ce  que  coflte  une  chose.  Frais  de  bureau.  Frais  de 
premier  établissement.  11  faut  la  retenir  et  tout  ce 
qu'elle  enserre  Comme  un  gage  assuré  des  frais  de 
cette  guerre,  du  ryer,  Scevole,  m,  2.  Pour  subvenir 
aux  frais  de  l'entreprise,  la  font.  Belph.  Ne  don- 
neriez-vous  pas  des  millions  d'or  pour  en  avoir  la 
clef  [du  paradis]  et  entrer  dedans  quand  bon  vous 
semblerait?  il  ne  faut  point  entrer  en  de  si  grands 
frais;  en  voici  une,  voire  cent,  à  meilleur  compte, 
pasc.  Prov.  IX.  L'utile  et  la  louable  pratique  de  per- 


FRA 


1763 


dre  en  frais  de  noces  le  tiers  de  la  dot  qu'une  femme 
a  apportée  I  la  bruy.  vu.  J'avancerai  les  frais,  et  j'en 
fais  mon  affaire,  begnard,  Fol.  am.  m,  4. Déjà  ses 
yeux  fixés  sur  cette  capitale  (Moscou]  n'expri- 
maient plus  que  de  l'impatience;  en  elle  il  croyait 
voir  tout  l'empire  russe;  ces  murs  renfermaient 
tout  son  espoir,  la  paix,  les  frais  de  la  guerre,  un» 
gloire  immortelle,  segdh,  Jlist.  de  Nap.  vm,  4. 
Il  Retirer  ses  frais  d'une  opération,  en  retirer  au- 
tant d'argent  qu'elle  en  a  coûté.  A  présent  cin- 
quante quintaux  de  minerai  pour  l'or  donnent 
quatre,  cinq  et  six  onces  d'or,  et,  quand  il  n'y  en  a 
que  deux  onces,  le  mineur  ne  retire  que  ses  frais, 
montesq.  Bsp.  XXI,  22.  Il  Être  de  grands  frais, 
coûter  beaucoup  à  nourrir,  à  entretenir,  occasion- 
ner de  grandes  dépenses.  ||  A  peu  de  frais,  sans  dé- 
penser beaucoup  d'argent.  Mais  je  tiens  qu'ici-bas, 
sans  faire  tant  d'apprêts,  La  vertu  se  contente  et 
vit  à  peu  de  frais,  boil.  Épttre  v.  J'achète  à  peu  de 
frais  de  solides  plaisirs,  in.  tb.  vi.  Embellir  i  peu 
de  frais  une  partie  de  la  ville,  fén.  Tél.  xii.  ||  Fig. 
Sans  embarras,  sans  peine.  Il  avait  acquis  de  la  ré- 
putation à  peu  de  frais.  Donc  à  si  peu  de  frais  la 
vertu  se  profane,  régnier,  Sat.  v.  Il  a  l'honneur 
de  partir  le  premier....  je  vous  assure  qu'il  n'y  a 
rien  de  mieux,  ni  qui  fasse  tant  d'honneur  et  à  peu 
de  frais  ;  car  il  n'a  point  d'affaires  ici,  et  il  est  ravi 
d'aller  courir  et  faire  le  bon  officier,  sév.  623.  ||  A 
moins  de  frais,  en  dépensant  moins  d'argent.  Quoi  i 
ne  sera-ce  jamais  qu'à  la  dernière  extrémité  que 
nous  ferons  quelque  chose  de  grand?  si  la  moitié 
de  Paris  était  brûlée,  nous  la  rebâtirions  superbe 
et  commode;  et  nous  ne  voulons  pas  lui  donner 
aujourd'hui,  à  mille  fois  moins  de  frais,  les  com- 
modités et  la  magnificence  dont  elle  a  besoin?  volt. 
Polit,  et  législ.  Embell.  de  Paris.  Le  père  [Frédéric 
Guillaume,  roi  de  Prusse]  était  un  véritable  vandale 
qui,  dans  tout  son  règne,  n'avait  songé  qu'à  amasser 
de  l'argent  et  à  entretenir,  à  moins  de  frais  qu'il  se 
pouvait,  les  plus  belles  troupes  de  l'Europe,  roLT. 
Mél.  litt.  Comment,  historiq.  t.  lxui,  p.  20.  ||  Fig.  Avec 
moins  de  peine.  Il  a  conquis  sa  réputation  à  moins 
de  frais.  ||  X  moitié  de  frais,  ou,  elliptiquement,  à 
moitié  frais,  c'est-à-dire  que,  do  deux  personnes, 
chacune  payera  la  moitié  de  la  dépense.  ||  A  frais 
communs,  en  payant  chacun  notre  part  d'argent. 
La  greffière  :  Nous  logerons  ensemble,  madame  la 
baronne.  —  Mme  Blandineau  :  Et  nous  prendrons 
un  suisse  à  frais  commuas,  madame  la  comtesse, 
dancourt, F^(e  du  village,  m,  se.  dern.Afrais  com- 
muns et  à  peu  de  frais,  nous  étions  abonnés  pour 
nos  lectures  avec  un  vieux  libraire,  marmontel, 
Mém.  I.  Il  Fig.  Il  y  a  des  femmes  qu'il  faudrait  as- 
sommer à  frais  communs,  entendez-vous  bien  ce 
que  je  vous  dis  là?  Oui,  il  faudrait  les  assommer, 
SÉV.  452.  Il  Constituer  quelqu'un  en  frais,  être 
cause  qu'il  fait  des  frais,  qu'il  dépense  de  l'argent. 
Il  Faire  les  frais  d'une  chose,  fournir  l'argent 
qu'elle  exige.  Je  m'offre  à  vous  mener  dans  toutes 
ces  provinces,  et  nos  guitares  en  feront  les  frais, 
lesage,  Estev.  Gonzales,  46.  Une  guerre  dont  ils 
faisaient  seuls  tous  les  frais,  j.  j.  rouss.  Ortgi.  2. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Faire  les  frais  de  quelque 
chose,  fournir  la  matière  principale  de  quelque 
chose,  contribuer  le  plus  à  quelque  chose.  Il  se 
garde  bien  de  citer  cet  auteur,  qui  a  fait  presque 
tous  les  frais  de  son  érudition,  Dict.  de  l'Acadétnie. 
Il  était  économe  et  soigneux  de  son  bien;  Mais 
l'hospitalité,  leur  antique  lien,  Fit  les  frais  de  ce 
jour  comme  d'un  jour  de  fête,  A.  chén.  Fable  {Rat 
des  champs  et  rat  de  ville).  Fit  avec  plus  d'agré- 
ment que  jamais  tous  les  frais  de  la  conversation, 
genlis,  Mme  deMaintenon,  1. 1,  p.  02,  dans  pougens. 
I!  Fig.  En  un  autre  sens.  Faire  les  frais,  faire  les 
premiers  frais,  faire  les  avances,  solliciter  le  pre- 
mier. Mais  les  gens  de  mon  air,  marquis,  ne  sont 
pas  faits  Pour  aimer  à  crédit  et  faire  tous  les  frais, 
MOL.  ifts.  III,  i.  Elle  fait  tous  les  frais  de  l'amitié, 
SÉv.  608.  En  amitié  ainsi  qu'en  amour,  les  princes- 
ses sont  condamnées  à  faire  tous  les  premiers  frais, 
GENLIS,  Mlle  de  Clermont,  p.  29,  dans  pougens. 
Il  Absolument.  Faire  des  frais  pour  quelqu'un,  lui 
faire  des  avances.  ||  Tous  frais  faits,  après  que 
toutes  les  dépenses  ont  été  soldées.  Combien  croyez- 
vous  que  chaque  arpent  rapporte  l'un  dans  l'autre 
année  commune,  en  blés,  en  semence  de  toute 
esp5ce,  vins,  étangs,  bois,  métaux,  bestiaux,  fruits, 
laines,  soies,  lait,  huiles,  tous  frais  faits,  sans 
compter  l'impSt?  volt.  l'Homme  aux  40  écus,  En- 
tretien avec  un  géomètre.  ||  Se  mettre  en  frais,  faire, 
à  quelque  occasion,  plus  de  dépense  que  de  coutume. 
Compère  le  renard  se  mit  un  jour  en  frais,  la  font. 
Fabl.  I,  (».  Il  Ironiquement.  Dépenser,  donner,  of- 


1764 


F\\.\ 


frir  moins  qu'on  no  devrait.  ||  Fig.  Faire  des  eiïorts 
pour  réussir,  pour  plaire.  Se  mettre  en  frais  d'ama- 
bilité, de  prévenances,  de  toilette,  etc.  ||  Fig.  En 
<!tre  pour  ses  frais,  ne  pas  obtenir  ce  pour  quoi  on 
avait  fait  des  avances,  des  démarches.  ||  Sur  nou- 
veaux frais,  en  considérant  tout  ce  qu'on  avait 
fait  comme  nul,  de  nouveau,  derechef.  IJ  Ran- 
cune ne  se  fit  pas  prier  deuï  fois  pour  faire  troi- 
sième, et  se  mit  à  boire  sur  nouveau.t  frais, 
6CARR.  Hom.  coin,  i,  4  Sur  nouveaux  frais  attra- 
pons nos  époux,  LA  PONT.  Gag.  11  y  a  fdans  Atys 
de  Ouinault]  un  sommeil  et  des  songes  dont  l'in- 
vention surprend  ;  la  symphonie  est  toute  de 
basses  et  de  tons  si  assoupissants  qu'on  admire 
Baptiste  sur  nouveaux  frais,  sÉv.  27(.  Et,  quand 
après  en  avoir  bien  parlé  [de  Mme  do  Grignan], 
nous  nous  détournons  un  moment,  je  reprends  la 
parole  d'un  bon  ton,  et  jelui  dis  :  Mais  disons  donc 
un  pauvre  mot  sur  ma  fille....  Là-dessus  nous  re- 
commençons sur  nouveaux  frais,  sév.  43.  Je  vous 
en  remercie  sur  nouveaux  frais,  m.  68.  J'écris  sur 
nouveaux  frais,  rac.  Plaid,  i,  7.  Si  vos  songes  ne 
pouvaient  pas  recevoir  quejque  interprétation,  on 
vous  faisait  dormir  dans  le  temple  sur  nouveaux 
frais,  FONTEN.  Orac.  i,  (5.  ||Dan3  le  langage  des 
ouvriers,  faire  des  frais,  causer  un  dégSt.  Un  ouvrier 
qui  pose  une  glace  dit  :  Prenons  garde  de  faire  des 
frais,  c'est-à-dire  de  casser  la  glace.  ||  i°  Terme  de 
pratique.  Déboursés  et  émoluments  accordés  par  ta- 
rifs aux  officiers  ministériels.  Condamner  aux  frais. 
Il  Frais  et  mises  d'exécution,  frais  qu'un  créancier 
est  obligé  de  faire  pour  mettre  à  exécution  son  titre. 
Il  Frais  et  loyaux  coûts,  frais  faits  pour  la  passa- 
tion d'un  acte  et  pour  les  suites  légitimes.  ||  Faux 
frais,  dépenses  qui  n'entrent  pas  en  taxe.  ||  Dans 
le  langage  général,  faux  frais,  toutes  les  menues 
dépenses  qui  accompagnent  une  dépense  principale. 
Votre  voyage  vous  coûtera  six  cents  francs,  sans 
compter  les  faux  frais.  Voilà  en  avance  une  bourse 
de  mille  louis  pour  les  faux  frais  de  vos  noces,  d'al- 
LAINVAL,  Ecole  des  bourg,  i,  )0.  ||  3"  Se  dit,  à  cer- 
tains jeux,  tels  que  le  billanl,  la  paume,  etc.  de  la 
dépense  qu'on  y  fait.  Jouer  les  frais.  J'ai  perdu  les 
frais.  Il  4°  Frais  de  passe,  se  dit,  au  creps,  d'une 
certaine  somme  que  le  joueur  qui  passe  plusieurs 
coups  doit  payer  au  marqueur. 

—  REM.  On  a  dit  au  XVIII*  siècle,  faire  les  frais  do 
penser,  pour  se  donner  la  peine  de  pen.ser.  Voltaire 
se  moque  avec  raison  de  cette  locution  :  Vous  lirez 
dans  nos  livres  nouveaux  de  philjsophie  qu'il  ne 
faut  pas  faire  à  pure  perte  les  frais  ijo  penser,  Dkt. 
phil.  Langues. 

—  HIST.  xui*  s.  En  ceste  manière  se  pot  il  mètre 
hors  de  le  [la]  compaignie  et  des  fies  de  la  com- 
mune, BEAi'M.  XXI,  26.  Après  doit  estre  felo  le  [la] 
somme  des  despenses  et  de  toutes  manières  de  fres, 
et  de  paiemens....  id.xxix,  U.  Et  ensiquort  [court] 
tous  li  fres  sor  le  commun  des  povres,  m.  l,  <o. 
Il  xiv  s.  Qui  tort  voelt  faire  autrui,  tous  les  frais 
paier  doit,  Daud.  de  Seh.  vu,  8!)0.  Tout  fut  au  frait 
et  despense  du  roy.  Citron,  ms.  deSangis,  dansLA- 
CUBNK.  As  siergans,  pour  frait  qu'il  eurent  adonc 
pour  leur  sielles  rappariUier  et  pour  leur  brides, 
CAFFiA^x,  Abattis  de  maisons,  i>.  9.  S'ensuivent  li 
frait  que  li  ville  a  eus....  m.  ib.  p.  17.  Carly  dus  Asscl- 
linset  Fcdry,  qui  est  lais,  Pensolent  tout  adès  Iray- 
sons  en  leur  fais;  Mais  en  le  [la]  fin  seront  paiiet 
do  tout  leur  frais,  Hugues  Capet,  v.  43.">o.  Là  fu  le 
[la]  cour  servie  de  tous  biens  largucment;  Les  frez 
paiia  Fedris,  sy  n'en  gousla  noyent,  t'i).  v.  612:). 

—  f.TYM.  On  le  tire  du  ba.s-latin  fredum,  qui,  si- 
gnifiant ariende  pour  avoir  troublé  la  paix,  a  pu 
prendrele  sensgénéralde  déboutés,  et  qui  vient  do 

amiien  haut-allemand  fridu,  la  paix  ;  anglo-sax. 
frith;  danois,  fred.  Fredum  a  pu  trè.s-bien  donner 
au  régime  singulier  frait;  mais  on  trouve  dans 
du  Cange  fractus,  fraelum,  avec  le  sens  de  dépen- 
ses, qui,  lui  aussi,  donnerait  frait,  comme  fracta 
avait  donné  frailc,  brèche  ;  en  ce  sens  le  finit  est 
le  dommage,  et  devient,  par  une  transition  natu- 
relle, la  dépense  destinée  à  le  réparer.  Ce  qui  décide 
la  question  en  faveur  de  fraetum,  c'est  que  le  sens 
en  est  précis  dans  le  bas  latin,  tandis  qu'aucun  inter- 
médiaire ne  nous  reporte  à /■frrfum,  dont,origin»lle- 
ment,  le  sens  est  autre.  Fraclum  est  le  latin  fractus, 
participe  passif  de  frangere,  briser  (voy.  fraoile). 

«.FKAlSE(frcz'i,s./'.||  l'Fiuitdu  fraisier.ij  Fraise 
en  grappes,  nom  donné  parfois  au  fruit  de  l'arbou- 
sier. ||J"  Par  extension,  tache  naturelle  qui  affecte 
U  forme  d'une  fraise.  Il  a  une  fraise  à  la  joue. 

—  HlST.  xm*  s.  Enfans  qui  cueillez  les  (loreles  Et 
les  freses  freschss  et  notes,  la  llose,  ia7N2.  Freses 
sontcaules    et  moistcs    lemprcment,   ai^branv. 


FRA 

f"  M.  Il  xiv*  s.  VI  boutons  ronds,  en  manière  de  fre- 
zes  d'or,  semez  do  pelilz  saphirs  et  ballaysseaux, 
sur  chacun  une  grosse  perle,  ns  laborhe,  Émaux, 
p.  172.  Il  XVI'  s.  n'une  freze  deux  morceaux,  oênin. 
Récréât,  t.  ii,  p.  237. 

—  ÉTYM.  Wallon,  frète ;d[i  latin  fragum,  fraise, 
par  l'intermédiaire  d'un  type  fragea. 

t  2.  FRAISE  (frê-z'),  s.  f  Petit  outil  pour  éva- 
ser l'entrée  d'un  trou  percé  dans  du  métal  ou  dans 
du  bois,  dit  aussi  frase.  ||  Plaque  fort  mince  pour 
fendre  les  roues  des  montres  et  des  pendules. 
Il  Lime  ronde  d'horloger.  ||  Roue  dentée  pour  cou- 
per les  métaux  et  même  les  bois. 

—  ÉTVM.  Peut-être  ainsi  dit  par  comparaison  de 
forme  avec  une  fraise. 

3.  FRAISE  (frê-z'),  s.  f.  Terme  de  boucherie.  Le 
mésentère  du  veau,  de  l'agneau.  Manger  de  la 
fraise. 

—  IllST.  xiv  s.  En  l'autre  plat  la  frase  de  che- 
vreaulx,  Jfc'nagîcr,  ii,  4. 

—  ÉTYM.  Wallon,  frase;  namur.  frdie;  Hainaut, 
frasse;  provenç.  fresia;  bas-lat.  frassa.  Origine 
inconnue;  il  est  donc  permis  de  conjecturer.  Pour- 
rait-on le  rapprocher  du  bas-latin  fractillum  qui  a 
signifié  frange,  et  suppose  une  forme  fraclia,  de 
même  sens?  Alors  la  fraise  serait  dite  ainsi  par  as- 
similation avec  une  frange. 

4.  FRAISE  (frê-z'),  s.  f.  \\  1°  Sorte  de  collctdouble 
et  à  godrons  qu'on  portait  au  seizième  siècle  et  au 
commencement  du  dix-septième.  U  avait  une  fraise 
avec  un  chapeau  pointu,  hamilt.  Gramm.  3.  Mi- 
gnard  aurait  peint  les  courtisans  avec  des  fraises  et 
des  collets  montés,  PÉN.  t.  xxi,  p.  283.  Philipped'Or- 
léans  [le  régent]  se  plaisait  quelquefois  à  mettre 
une  fraise,  et  c'était  alors  Henri  IV  embelli,  volt. 
louis  XV,  3.  Il  Fig.  Jamais  clocher  ne  s'est  trouvé 
avec  une  telle  fraise  [balustrade],  sév.  4*3. 
Il  2°  Terme  de  chasse.  La  forme  des  pierrures  de  la 
tête  d'un  cerf.  ||  3°  La  fraise  du  dindon,  la  chair 
rouge  qui  lui  pend  sous  le  bec.  La  fraise  du  dindon 
qui  s'enfie  et  rougit  dans  certains  moments  d'a- 
mour ou  de  colère,  bopf.  Ois.  t.  xiii,  p.  (64,  dans 
pouGENS.  Il  4"  Terme  de  fortification ,  tiré  de  la 
comparaison  avec  la  fraise,  collerette.  Palissades 
plantées  dans  le  t,ilus  extérieur  du  parapet  et  incli- 
nées à  l'horizon.  Garnir  les  endroits  faibles  avec 
des  fraises,  Campagne  de  Bocroy,  dans  richelet,  au 
mot  garnir.  ||  B"  Terme  de  construction.  Pieux  au- 
tour des  piles  des  ponts  pour  servir  de  contre-garde. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  y  a  après  la  diversité  de  ro- 
tondes à  double  rang  de  dentelle,  ou  bien  fraises  à 
confusion,  d'aub.  Fœn.  i,  2. 

—  f.TYM.  II  est  probable  que  c'est  le  même  mot, 
par  assimilation  de  forme,  que  fraise  3.  Ce  qui 
tend  à  confirmer  cette  étymologio,  c'est  que,  au  xV 
siècle,  le  verbe  est  fraser  (voy.  fraiser  ),  à  l'his- 
torique), conforme  à  frase  du  xiV,  fraise  de  veau. 
On  l'a  rapproché  du  bas-latin  fresium,  espagnol 
friso,  freso,  italien  fregio,  qui  veulent  dire  frange, 
et  on  l'a  tiré  du  latin  phrygium,  ouvrage  de  brode- 
rie, proprement  ouvrage  phrygien;  suivant  Dicz,  ces 
mots,  voulant  dire  proprement  ce  qui  est  bouclé, 
tiennent  au  germanique  :  frison,  frisle,  frisé;  anglais, 
frizle.  Mais  l'assimilation  de  fregium,  fregio,  avec 
fraise  du  français  est  très-douteuse;  l'a  étant  dans 
le  français  frase,  fraser,  et  Ve  dans  les  autres. 

1.  FRAISÉ,  ÉE  (frè-zé,  zée),  part,  passé  de  frai- 
ser ).  Il  1°  Garni  d'une  fraise,  d'une  collerette. 
L'homme  ne  Se  plaît  pas  d'être  toujours  fraisé,  bé- 
GNiFB,  Sat.  v.  Il  î°  Garni  de  palissades  en  fraise. 
Un  bastion  fraisé. 

2.  FRAISfi,  RK  (frè-zé,  zéc),  part,  passé  de  frai- 
ser 2.  Pâte  fraisée.  {|  Chaux  fraisée,  chaux  qu'on  a 
humectée  d'un  peu  d'eau  jusqu'au  point  d'en  pou- 
voir former  des  pelotes  dans  la  main  sans  qu'elle 
s'y  attache  ;  elle  sert  dans  la  savonnerie. 

t  FRAISEMENT  (frè-zo-man),  î.  m.  Terme  de  for- 
tification. Etatd'uno  fortification  garnie  d'une  fraise. 

—  ÊTYM.  Fraiser  I. 

I.  FRAISER  (frè-zé),  ».  a.  \\i'  Plisser  en  forme 
de  frai.se.  Fraiser  des  mancholtos.  Fraiser  du  papier. 
H  2°  Terme  de  fortification.  Garnir  un  bastion  d'une 
fraise.  Fraiser  un  chemin  couvert.  {|  Autrefois  frai- 
ser un  liataillon,  c'était  le  border  de  piquiers  pour 
le  mettre  k  couvert  de  la  cavalerie. 

—  HIST.  xv  s.  Une  gorge  blanche  et  frazée, 
coouii.LART,  p.  27,  dans  laclune.  Franc,  frais,  frasé 
comme  un  oignon,  m.  p.  ins.  Rebondis  comme 
belles  mich"s.  Et  frayzés  comme  beaulx  ognons , 
VILLON,  Itaillfvenl  et  Ualepaie.  \\  xvi'  s.  II  se  pei- 
gne, se  fraise,  s^  mire,  et  s'agence  le  plus  soigneu- 
sement qu'amour  lui  pouvoit  enseigner ,  ïver  , 
p.  ^57.   Quand  un  qui  ne  sait  rien  que  fraisîr  sa 


FRA 

chemise  Dira  que  tu  n'es  pas  oigne  que  l'on  le  lise, 

ID.   p.  853. 

—  ÉTYM.  Fraise  *.  Le  provençal  frexar,  fret- 
zar,  et  l'italien  fregiare  diff'rcnt  du  français  in  ca 
que  l'un  a  l'a  et  les  autres  l'e. 

2.  FRAISER  (frè-zé),  «.  a.  Fraiser  la  pâte,  la 
pétrir  avec  les  poings  de  droite  à  gauche;  contre- 
fraiscr,  c'est  la  pétrir  en  sens  opposé.  ||  On  trou-  • 
aussi  fraser. 

—  HIST.  xiV  s.  Puisier  les  fèves  dans  le  pot  et 
les  escorcher  et  fraser  en  leur  chaleur,  Uénagier, 
II,  B. 

—  ÊTYM.  Lat.  frcsus,  part,  passif  de  frendere, 
briser. 

t  3.  FRAISER  (frè-zé),  v.  a.  Percer  du  métal  ou 
du  bois ,  à  l'aide  de  l'instrument  appelé  fraise. 
\\  Evaser  en  cône  renversé  l'orifice  d'un  trou  dans 
lequel  une  vis  doit  être  insérée. 

—  ÊTYM.  Fraise  2. 

t  FRAISERAI  (frê-ze-ra),  t.  m.  Nom  vulgaire  du 
fraisier  stérile  ou  potentilla  fragaria  des  auteur» 
(rosacées). 

—  ÉTYM.  Fraisier. 

FRAISinTE  (frê-zè-f) ,  s.  f.  \\  !•  Petite  fraise. 
Les  hommes  portaient  autrefois  des  fraisettes  au 
lieu  de  manchettes,  quand  ils  étaient  en  grand 
deuil,  Dict.  de  l'Académie.  \\  2"  Nom  vulgaire  et 
marchand  de  la  dauphinule  laciniée  (coquilles  uni- 
valves),  qui  est  le  turbo  dauphin  de  certains  au- 
teurs, LEOOARANT. 

—  HIST.  XV  s.  Le  suppliant  print  un  culot  nomme 
bourse  boutonnée  de  fraisettes  dorées,  du  ca$oe, 
fresellus. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  yaise  4. 

FRAISIER  (frè-zié ;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, 1'.?  se  lie  :  des  frè-zié-z  en  fieurs),  *.  m.  Plante 
de  la  famille  des  rosacées,  à  fleurs  blanches  et  qui 
produit  les  fraises.  On  y  distingue  plusieurs  es- 
pèces :<" /'ragorta  t'Rvra,  /,.  Variétés:  fraisier  rie* 
bois  ou  des  Alpes,  fraisier  perpétuel,  fraisier  fres- 
sant;  2°  fraisier  caporonnier ,  fragaria  elatior, 
Ehrh.;  3»  fraisier  des  collines,  ou  fraisier  breslin- 
gue  ou  fraisier  craquelin, /'ragarta  coUina.  Ehrh.; 
4"  fraisier  du  Chili,  fragaria  chilensis  ,  Ehrli.  Va- 
riété :  fraisier  ananas,  à  gros  fruit.  ||  Fraisier  on 
arbre,  l'arbousier. 

—  ÉTYM.  Fraise  I  ;  v/Moti,  frévi,  fravi  ;  prov. 
fraisier. 

tTRAISIÈRE  (frè-ziê-i'),  *•.  /".  Terrain  planté  dt 
fraisiere. 

—  ÉTYM.  Fraisier. 

FRAISIL  (frè-zi  ;!'(  ne  se  prononce  jamais  ),  f.  m. 
Il  1°  Nom  que  les  serruriers  et  aulie<  artisans  eu  fer 
donnent  à  la  cendre  du  charbon  de  terre  qui  de- 
meure dans  la  forge.  |1  2"  Dans  le  Berry,  poussière 
ou  menues  parcelles  de  charbon  restant  sur  les 
places  à  fourneau  dans  les  forêts. 

—  HEM.  D'après  l'Académie,  le  fraisil  est  la  cen- 
dre du  charbon  de  terre  dans  une  forge;  or  ce  der- 
nier sens,  dans  notre  pays  [le  Berry]  classique  pour 
l'industrie  métallurgique  du  moins,  s'applique  ex- 
clusivement aux  escarbilles,  jaubkbt,  Gloss. 

—  ÉTYM.  Berry,  fra-sii, origine  inconnue.  On  peut 
pourtant  le  rapprocher  du  iiis-lat.  fractillum,  qui 
signifiait  moulin  à  poivre,  et  y  voir  un  dérivé  do 
frangere,  rompre. 

t  FRAISOIR  (frè-zoir),  s.  m.  Sorte  de  vilebrequin 
qui  sert  aux  ouvriers  en  marqueterie. 

f  FRAISSE  (irê-s'),  î.  m.  Un  des  noms  vulgaire» 
du  frêne.  On  dit  aussi  frèche. 

—  ÉTYM.  Lat.  fraiinus,  frêne. 

t  FRAISURE  (frè-zu-r'),  s.  f.  Terme  d'armurier. 
Creux  demi-cylindrique  pratiqué  dans  le  bassinet 
un  peu  au-dessous  de  la  lumière. 

—  ÉTYM.  Fraise  (. 

t  FRA.MII0ES1A  (fran-t)è-zi-a),  *.  m.  Terme  de 
pathologie.  Miiladic  caractérisée  par  des  tumeurs 
semblables,  pour  la  forme,  à  des  champignons,  à  des 
mûres  ou  à  des  framboises. 

—  ÉTYM.  Framboise. 

FRAMBOISE  (fran-boi-z'),  s.  f.  Le  fruit  du  fram- 
boisier. 

—  HIST.  xii's.  Li  dux  ne  prise  une  framboise 
Quant  qu'il  en  dit  ne  qu'il  en  noise  (fasse  du  bruit], 
benoIt,  v.  28621.  ||  xvi'  S.  Laquelle  odeur  incorpo- 
rée avec  le  vin,  il  s'en  rendra  délicat  et  piquant, 
avec  agréable  framboise  [arôme],  o  pk  serhes,  2I5. 
Les  bons  gourmets  tastans  du  bon  vm  disent  qu'il 
sent  la  framboise,  lorsqu'ils  le  veulent  haut  louer, 
ne  s'advLsans  pas  toutefois  que,  si  un  vin  sentoit 
sa  framboise,  il  n'y  a  celuy  qui  en  vouiust  boire 
aisément;  par  quoy  il  faut  ind-jibitablement  dire, 
d'un  bon  vin  qu'il  sent  son  franc  boire,  c'est  à  dire 


FRA 

qu'il  n'y  a  aucun  vice,  pasouieh,  Reelierches,  p.  763, 

dans  LACURNE. 

-KTYM.  Ardennes,  frambâchc,frambauche;  Mal- 
mcdy,/Vambai7if;  wallon,  frombdhe,  airelle  ;  génev. 
flamboise;  espagn.  frambuesa;  pays  de  Corne,  fam- 
brosa;  piém.  ftanboesa;  du  hollandais  braambexie; 
anc.  h.  allem.  brdmbcri,  fruit  de  la  ronce,  àeBram, 
buisson  épineux,  ronce,  et  Bcere,baie ,  avec  le  chan- 
gement du  b  en  f,  peut-être,  comme  le  dit  Diez, 
-^  'US  l'inlluence  de  fraise.  Au  contraire  Grandga- 
u-tiage  le  tire  de  l'allemand  fram,  from,  bon,  et  Be- 
zie,  baie.  Mais  les  formes  brambezie  et  brâmberi , 
qui  sont  originelles  dans  l'idiome  germanique, 
écartent  l'étymologie  de  Grandgagnage. 

FRAMBOISE,  ÉE (fran-boi-zé, zée),part.  passade 
framboiser.  ||  l"Oui  a  le  goiit  ou  le  parfumde  la  fram- 
boise. Liqueur  framboisée.  ||2"  Terme  d'anatomie, 
qui  se  dit  des  éléments  anatomiques  dont  la  surface 
est  couverte  de  saillies  mamelonnées  comme  les 
framboises. 

FRAMBOISER  (fran-boi-zé),  v.a.  Aromatiser  avec 
de  la  framboise. 

—  ÉTYM.  Framboise. 

FR.\MBOISlER  (fran-boi-zié;  l'r  ne  se  lie  jamais; 
iu  pluriel,  \'s  se  lie  :  des  fran-boi-zié-z-en  fleur) , 
5.  m.  Arbrisseau  épineux  de  la  famille  des  rosacées, 
ia  genre  ronce,  qui  produit  un  fruit  rouge  ou  blanc, 
îssez  semblable  à  la  mûre,  et  d'une  odeur  plus  pé- 
nétrante que  la  fraise,  rubus  id.vus,  L. 

—  HlST.  xvi"  S.  Au  groseiller  nous  accouplerons 
le  framboisier,  pour  la  sympathie  de  leurs  services, 
servans  communément  en  palissades,  et  donnans  du 
fruit  à  manger,  o.  de  serres,  66|. 

—  ÉTYM.  Framboise. 

FRAMÉE  (fra-mée),  s.  f.  Arme  des  anciens  Francs, 
qui  était  une  espèce  de  lance  à  fer  très-long. 

—  ËTYM.  Lat.  framea,  i^unné  par  Tacite  comme 
un  mot  germanique;  on  le  rattache  à  l'anglo-saxon 
franca,  javelot; d'autres  à  l'allemand  P/'n'em ,  poin- 
çon; boll.  priem;  suéd.  pren. 

t  < .  FRANC  (fran),  s.  m.  Nom  d'un  peuple  ger- 
main qui  habitait  les  bords  du  Rhin,  qui  envahit 
les  Gaules  et  y  fonda  une  monarchie.  Les  Francs 
commençaient  alors  à  se  faire  craindre;  c'était  une 
ligue  dépeuples  germains  qui  habitaient  le  long  du 
Rhin  ;  leur  nom  montre  qu'ils  étaient  unis  par  l'amour 
de  la  liberté,  boss.  Hist.  i,  <o.  ||  Adj.  Franc,  franque, 
qui  appartient  aux  Francs.  Période  franque.  La  mo- 
narchie franque.  Au  milieu  du  vi*  siècle,  laraca^ran- 
que  s'était  répandue  et  dominait  dans  toute  la  Gaule, 
GUizOT,  Ilist.  de  la  civil,  en  France,  8«  leçon. 

r-  ÉTYM  Lat.  Francus,  nom  de  cette  peuplade  ger- 
manique, qui  devint  aussi  l'appellation  de  l'homme 
libre;  dans  l'anc.  h.  allem.  il  est  sous  la  forme 
franco.  Ce  mot  de  francus  est  d'origine  obscure. 
Diefenbach,  le  trouvant  aussi  dans  le  celtique,  croit 
qu'il  vient  de  là;  J.  Grimm  y  voit  un  dérivé  de  la 
racine  gothique  freis,  allem.  mod.  ffei,  libre;  d'au- 
tres le  rattachent  à  l'anglo-saxon,  franca,  javelot. 

2.  FRANC  (fran;  le  c  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l'sselie:  les  fran-z  et  les  livres),  s.  m.  ||  1°  Ancienne- 
ment, synonyme  de  la  livre  tournois  valant  20  sous. 
Ce  sont  vingt  mille  francs  qu'il  m'en  pourra  coûter; 
Mais  pour  vingt  mille  francs  j'aurai  droit  de  pester, 
MOL.  Mis.  V,  \.  Cent  francs  au  denier  cinq,  combien 
font-ils  1  —  Vingt  livres ,  boil.  Sat.  vm.  Mme  de 
Maintenon  évalue  le  tout  [l'entretien  d'une  maison 
agréable  et  bien  tenue]  à  neuf  mille  francs  par  an, 
et  met  trois  mille  livres  pour  le  jeu,  les  spectacles, 
les  fantaisies  et  les  magnificences  de  monsieur  et 
de  madame,  volt.  l'Homme  aux  40  écus.  Intro- 
duction. De  là  un  franc  en  argent  et  en  or,  pour 
exprimer  la  monnaie  du  roi  des  Francs,  ce  qui  n'ar- 
riva que  longtemps  après,  mais  qui  rappelait  l'ori- 
gine de  la  monarchie,  m.  Dict.  phil.  Franc  ou  franq, 
France,  etc.  ||  2°  Aujourd'hui,  pièce  d'argent  alliée 
d'un  dixième  de  cuivre,  et  pesant  en  tout  cinq 
grammes;  c'est  l'unité  monétaire  du  système  déci- 
mal. Le  franc  se  divise  en  dix  décimes  ou  cent  cen- 
times (vingt  sous).  Il  La  livre  est  restée  synonyme 
<le  franc,  mais  elle  n'est  plus  qu'une  monnaie  de 
compte  évaluée  à  cent  centimes.  ||  3°  Au  marc  le 
franc,  ou,  suivant  le  langage  décimal,  au  centime 
le  franc,  proportionnellement  à  ce  que  chacun  doit 
ou  à  ce  qui  est  dii  à  chacun.  Les  créanciers  ont  été 
paye*  au  marc  le  franc. 

-  REM.  Dans  l'ancien  emploi ,  franc  était  l'objet 
do  'luelques  observations  qui  n'ont  plus  de  raison 
d'être.  On  disait  bien  plutôt  :  Il  a  vingt  mille  li- 
vres de  rente  que  vingt  mille  francs;  et  réciproque- 
ment on  di.sait  :  Cette  maison  m'a  coûté  vingt  mille 
lianes  et  non  vingt  mille  livres.  Vaugelas  observe 
qu'on  dit  indifféremment  cinquante  livres  et  cin- 


FRA 

quante  francs,  cent  livres  et  cent  francs,  1  cause 
que  c'est  un  compte  rond;  mais,  dans  un  compte 
rompu,  on  dit  quatre  livres  dix  sous,  cent  cinquante 
livres,  mille  quatre  cents  livres,  et  non  pas  quatre 
francs  dix  sous,  cent  cinquante  francs,  mille  quatre 
cents  francs,  Rem.  Not.  Th.  Corn.  t.  ii,  p.  882,  dans 

POUGENS. 

—  HIST.  XV' S.  Les  trésoriers  appareillèrent  tout 
l'argent  [(oooo  francs  demandés  par  le  duc  de 
Berry]  en  couronnes  d'or  et  en  francs  de  France,  et 
fut  mise  la  finance  en  quatre  petits  sommiers, 
FBOiss.  liv.  IV,  p.  34,  dans  lacurne.  Maison  des 
champs  l'ont  pluseurs  appelle;  Mais,  Dieu  merci, 
toute  plaine  de  blé.  Ont  les  Angles  le  feu  bouté  de- 
dens;  Deux  mille  francs  m'a  leur  guerre  cousté, 
E.  DESCHAMPS,  Domaine  brûlé  par  les  Anglais.  Par 
saint  Fiacre,  ce  sont  bons  frans  i  cheval,  armés 
pour  la  guerre,  lo.  Poésies  mss.  ^374,  dansLACUHNE. 
Ilxvi"  s.  Franc  ou  livre  c'est  tout  un,  d'autant  qu'en 
l'an  (400  et  auparavant  une  livre,  à  cause  de  la 
forte  monnoye,  valoit  uu  franc  d'or,  qui  vaudroit  à 
présent  autant  qu'un  escu  sol  et  plus,  comme  en 
l'an  1675  le  roy  Henry  III  a  fait  frapper  des  francs 
d'argent  de  la  valeur  de  vingt  sols  tournois,  parisis, 
viennois,  mançois,  blancs,  angevins,  bourdelois, 
LAURIÈRE,  Gloss.  du  droit  fr.  En  prisée  de  terre  ou 
revenue  le  franc  de  rente  ou  censé  perpétuelle  est 
estimé  valloir  pour  une  fois  vingt  livres  tournois,  et 
en  rente  constituée  le  franc  n'est  estimé  que  dix  li- 
vres tournois,  Coust.  gi'nér.  t.  i,  p.  416. 

—  ETYM.  Franc  i.  En  <360  le  roi  Jean  fit  frapper 
une  monnaie  représentant  le  roi  à  cheval  et  armé 
de  toutes  pièces  ;  elle  fut  nommée  franc  à  cheval, 
à  cause  de  la  devise  Francorum  rex,  qui  y  était  ;  il 
y  avait  aussi  des  francs  à  pied  représentant  le  roi 
armé  de  toutes  pièces,  mais  à  pied. 

3.  FRANC,  FRANCHE  (fran,  fran-ch';  le  c  se 
lie  :  un  fran-k  original  ;  il  lui  dit  fran-k  et  net;  au 
pluriel, l's  se  lie  :  de  fran-z  originaux),  adj.  \\  1°  Qui 
jouit  de  sa  liberté.  Un  esclave  en  entrant  en  France 
devient  franc  et  libre.  Je  ne  me  résoudrai  jamais  à 
l'hyménée  Que  d'une  volonté  franche  et  détermi- 
née, CORN,  la  PI.  Roy.  iv,  ( .  Une  terre  franche  et 
sacrée  ne  couvrira  pas  ma  cendre ,  raynal,  Hist. 
phil.  xviii,  46.  Il  Corps  francs,  voy.  corps,  n"  I6. 
Il  Avoir  ses  coudées  franches,  voy.  coudée.  ||  Terme 
de  philosophie.  Franc  arbitre,  pouvoir  de  se  dé- 
terminer sans  autre  cause  que  la  volonté  elle- 
même,  voy.  ARBITRE  (likhe).  La  volonté  seule  ou 
la  liberté  du  franc  arbitre  que  j'expérimente  en 
moi  être  si  grande  que  je  ne  conçois  point  l'idée 
d'aucune  autre  plus  ample,  desc.  Médit,  iv,  7. 
Il  2°  Qui  n'a  point  souffert  de  dommage.  Échappé 
Non  pas  franc,  car  pour  gage  il  y  laissa  sa  queue, 
LA  FONT.  Fabl.  V,  5.  S'il  en  peut  sortir  franc, 
c'est  à  lui  beaucoup  faire  ,  id.  Cand.  \\  3°  Exempt 
d'impôts,  de  dettes,  de  charges.  Les  denrées  néces- 
saires à  la  vie  devraient  être  absolument  franches. 
Terre  franche  et  quitte  de  toute  dette.  Le  comte 
son  beau-père  [de  Frédéric  Barberousse],  nommé 
Renaud,  ayant  obtenu  de  grandes  immunités  en 
faveur  de  ce  mariage ,  s'intitula  le  comte  franc , 
et  c'est  de  là  qu'est  venu  le  nom  de  Franche-Comté, 
VOLT.  Ann.  Frédéric  /"',  )  156.  i|  Fig.  Être  franc  de, 
exempt  de.  Franc  d'ambition.  Voilà  le  vrai  che- 
min, franc  de  crainte  et  d'envie,  Régnier,  Sat.  xvi. 
Je  crois  votre  maison  franche  de  tout  ombrage , 
MOL.  l'Ét.  v,  4.  Il  Franc-bord,  voy.  franc -bord. 
Il  Port  franc,  port  où  les  marchandises  jouissent  de 
la  franchise  des  droits  d'entrée  et  de  sortie.  ||  Villes 
franches,  celles  qui  ne  payaient  pas  la  taille.  ||  Pro- 
vinces franches,  se  disait  des  parties  de  la  France 
qui  n'avaient  jarnais  été  soumises  à  l'impôt  des  ga- 
belles. Il  Franc  tenancier,  celui  qui  tenait  des  terres 
en  roture ,  mais  qui  en  avait  racheté  les  droits. 
Il  Francs-archers,  ancienne  milice  établie  par  Char- 
les VII,  et  formée  d'un  homme  équipé  que  fournis- 
sait chaque  paroisse  et  qui  y  demeurait  franc  de 
charges.  ||  Francs  devoirs,  se  disaient  d'un  fief  dont 
l'hommage  avait  été  changé  en  simple  rente,  et  dos 
charges  dues  par  des  personnes  libres  pour  l'usage 
des  bois,  des  pacages,  etc.  ||  Familièrement.  Franche 
lippce,  repas  qui  ne  coûte  rien.  Un  chercheur  de 
franches  lippées.  Car  quoi  !  rien  d'assuré!  point  de 
franche  lippée  I  Tout  à  la  pointe  de  l'épée,  la  font. 
Fabl.  I,  6.  Il  Jouer  part  franche,  se  dit  lorsque  plu- 
sieurs personnes,  jouant  à  qui  aura  quelque  objet 
qui  est  l'enjeu,  comme  un  bijou,  un  livre,  etc.  con- 
viennent que  celui  qui  gagnera  ne  payera  rien  pour 
sa  part.  ||  Fig.  Part  franche,  celle  à  laquelle  on  a 
droit  sans  payer.  Avoir  part  franche  dans  une  af- 
faire. Il  4"  Se  dit  des  choses  dont  on  a  payé  d'avance 
le  transport.  Une   lettre  franche  de  port.  Recevoir 


FRA 


1765 


franc  de  port  un  panier  de  gibier.  ||  Franc  de  pori 
se  dit  adverbialement.  Je  vous  envoie  une  bourriche 
franc  de  port.  {|  Avoir  ses  ports  francs.  Etre  dispensé 
de  payer  le  port  des  lettres  qu'on  reçoit  par  la 
poste.  Ne  sachant  pas  si  vous  avez  vos  ports  francs 
pour  les  gros  paquets  qui  ne  viennent  point  de  votre 
gouvernement,  volt.  I.etl.  liichelieu,  7  août  (773. 
Il  5°  P'ig.  Oui  dit  ouvertement  ce  qu'il  pense,  qui 
agit  conformément  à  ce  qu'il  dit.  Je  n'ai  jamais  vu 
d'homme  plus  franc.  Le  cœur  de  Pulchérie  est  trop 
franc...  CORN. //fraci.  i,  2.  Etre  franc  et  sincère  est 
mon  plus  grand  talent;  Je  ne  sais  point  jouer  les 
hommes  en  parlant,  mol.  Mis.  m,  7.  Lui  qui  d'un 
honnête  homme  à  la  cour  tient  le  rang,  X  qui  je 
n'ai  rien  fait  qu'être  sincère  et  franc,  ID.  ib.  v, 
I .  Il  Etre  franc  comme  osier,  parler  et  agir  sincè- 
rement (sans  doute  par  un  jeu  de  mot  entre  franc, 
sincère,  et  osier  franc,  osier  do  bonne  espèce).  On 
dit  dans  le  même  sens  :  Etre  franc  comme  l'or 
(sans  doute  par  allusion  à  la  pureté  de  l'or).  ||  On 
franc  Gaulois,  un  homme  de  bonne  foi,  et  aussi  un 
homme  simple  et  d'une  franchise  un  peu  rude.  ||  Il 
se  dit  des  choses.  Une  conduite  franche.  Des  ma- 
nières nobles  et  franches.  Ce  franc  aveu  sied  bien 
aux  grands  courages....  corn.  Serlor.  lu,  2.  Un 
discours  libre  et  franc  n'aura  rien  qui  vous  blesse, 
M.  j.  CHÉN.  Charles  IX,  m,  l .  ||  Avoir  son  franc  par- 
ler, dire  tout  haut  ce  qu'on  pense.  Ce  sont  des  fous 
sublimes  qui  ont  leur  franc  parler,  dider  Lett.  à  Ga- 
liani.  Qu'on  ait  craint  son  franc  parler  [de  la  presse] 
Dans  la  chambre  et  l'antichambre;  Riez-en  avec  moi, 
uÉRANG.  Censure.  Il  6°  Qui  a  les  qualités  requises, 
sans  mélange.  Drogue  franche.  Vin  franc.  Le  foyer 
de  ces  lentilles  à  l'eau  [faites  avec  deux  verres 
comprenant  de  l'eau  entre  eux]  n'est  jamais  franc, 
ni  bien  terminé,  ni  réduit  à  sa  plus  petite  éten- 
due, BUPF.  Hist.  min.  Inlrod.  Part.  eip.  t.  vu , 
p.  279,  dans  POUGENS.  |j  Terres  franches,  celles 
qui  ne  sont  ni  calcaires,  ni  argileuses,  ni  décidé- 
ment siliceuses,  mais  formées  d'une  quantité  de 
calcaire  qui  ne  dépasse  pas  quarante  pour  cent 
et  qui  peut  être  moindre.  Mon  projet  était  de  re- 
connaître, au  bout  de  trente  ans,  la  différence 
que  produirait  sur  mon  bois  semé  l'épaisseur  plus 
ou  moins  grande  de  cette  terre,  qui  partout  était 
franche  et  de  bonne  qualité,  buff.  Min.  t.  ii,  p.  (35. 
Il  Pierre  franche,  pierre  parfaite  dans  son  espèce, 
qui  n'a  ni  la  mollesse  du  moellon,  ni  la  dureté  du 
caillou.  Il  7°  Terme  de  peinture  et  de  sculpture.  Des- 
sin, pinceau,  ciseau  franc,  dessin,  pinceau,  ciseau 
net  et  hardi.  ||  8°  Terme  de  çiarine.  Vent  franc,  vent 
dont  la  direction  et  la  force  ne  varient  pas.  ||  Pompe 
franche,  pompe  qui  ne  jette  plus  d'eau,  parce  que 
l'eau  est  épuisée.  ||  Gouverner  à  barre  franche, 
gouverner  avec  la  main  seulement,  sans  roue,  ni 
palans.  ||  Franc-tillac,  voy.  tillac.  ||  9*  Il  se  dit, 
précédant  son  substantif,  dans  le  sens  de  vrai,  vé- 
ritable (mais  avec  une  nuance  ironique  qui  n'en 
fait  pas  un  éloge).  Ce  qu'il  vous  dit  est  une  franche 
sottise.  Lorsqu'un  franc  campagnard  avec  longue 
rapière,  MOL.  Fâcheux,  u,  7.  Pour  ces  francs  pé- 
cheurs, pécheurs  endurcis,  pasc.  Prov.  4.  Avouez  que 
vous  êtes  un  homme  bien  faible.  —  Oui ,  madame  ; 
une  franche  dupe,  j'en  conviens,  lesage.  Turc,  ii,  3. 
Je  suis  un  franc  provincial  qui  croit  qu'on  peut  s'oc- 
cuper à  Paris  de  ce  qui  se  passe  dans  son  village, 
VOLT.  [.ett.  d'Àrgental,  27  janv.  1768.  ||  Vrai,  naturel, 
sans  nuance  d'ironie.  Nous  leur  conserverons  les 
noms  de  friquet  et  desoulcie,  qui  sont  leurs  anciens 
et  vrais  noms,  parce  qu'en  effet,  ce  ne  sont  pas  de 
francs  moineaux,  buff.  Ois.  t.  vi,  p.  210.  ||  Un  franc 
Breton,  un  franc  Picard,  un  homme  qui  a  pleinement 
les  qualités  et  les  défauts  des  gens  de  ces  provinces. 
Il  II  se  joint,  en  les  précédant,  à  des  termes  injurieux 
pour  les  renforcer.  Les  valets  de  Saldagne,  francs 
ivrognes,  laissèrent  tout  faire  au  valet  d«  Ver- 
ville,  scARR.  itom.  com.  ii ,  (2.  Un  franc  animal, 
un  brutal,  un  stupide,un  sot....  mol.  Le  Méd.  malgré 
lui,  m,  3.  :■  On  dit  de  même  :  une  franche  sottise; 
une  franciie  bévue.  Oui  sa  pudeur  n'est  que  franche 
grimace,  mol.  L'Ét.  m,  2.  ||  Courir  à  franc  étrier, 
voy.  ÉTRIER.  Jji  locution  signifie  sans  doute:  avec 
l'étrier  franc,  vrai,  c'est-à-dire  sans  le  quitter  durant 
toute  la  chevauchée.  ||  10°  Entier,  complet,  en  par- 
lant de  choses.  Un  jour  franc.  Huit  jours  francs.  Sau- 
ter vingt-quatre  semelles  franches.  Dormir  la  fran- 
che matinée.  ||  11°  Terme  d'escrime.  Botte  franche, 
coup  de  fleuret  porté  net  et  qui  n'a  pu  être  paré. 
Il  12°  Avoir  un  jeu  (manière  de  jouer)  franc,  avoir 
un  jeu  bien  dessiné,  bien  correct  et  sans  timidité. 
Il  Fig.  Y  aller  de  francjeu,  y  aller  pour  tout  de  bon, 
sans  arrière-pensée.  ||  On  dit  au  jeu  qu'une  carte  est 
affranchie  ou  franohe  lorsqu'elle  n'est  plus  exposé.; 


1766 


FRA 


à  «tre  prise.  Pourquoi  jouer  ainsi?  tous  aviez  a 
dame  franche.  ||  13-  Terme  d'horticullure.  Dans  le 
sens  In  plus  .«lendu  ,  se  dit  de  tout  arlire  qui  ii  a 
pas  éif.  greffe.  ||  Dans  un  sens  plus  étroit.  Un  ar- 
bre franc  de  pied,  ou ,  simplement,  arbre  franc, 
arbre  qui,  sans  avoir  besoin  d'être  greffé,  produit 
une  bonne  espèce  de  fruit.  Un  prunier  franc.  ||  On 
le  dit  quelquefois  .(les  fruits  mêmes.  Noisettes 
franches.  Pêche  franche.  ||  Enter  franc  sur  sauva- 
geon, enter  urt  scion  d'un  arbre  franc  sur  un  sau- 
vageon. Il  Enter  franc  sur  franc,  greffer  un  arbre 
franc  sur  un  arbre  franc.  |1  Fig.  et  par  plaisanterie. 
Enter  franc  sur  franc,  se  dit  d'un  bJtard  qui  a 
un  autre  bitard.  ||  14°  Cheval  franc  du  collier,  voy. 
COLLIER.  Il  Franc  d'amble,  se  dit  d'un  cheval  qui  va 
l'amble  naturellement.  ||  15°  Franc  carreau,  nom 
d'un  jeu,  qui  consiste  à  jeter  une  pièce  de  monnaie 
dans  un  carré  qu'on  a  tracé  sur  la  terre.  Le  vain- 
queur est  celui  qui  approche  le  plus  du  centre. 
Il  16°  Tei-me  de  coutume.  Franche  vérité,  acte  de 
justice  d'un  seigneur  qui  fait  informer  par  ses  juges 
des  délits  commis  sur  ses  terres.  |1  17°  Terme  de 
blason.  Franc  canton,  pièce  à  dextre  dans  un  carré. 
Il  18"  Terme  d'argot.  Franc  bourgeois,  nom  donné  à 
des  filous  qui  quêtent  pour  des  infortunes  imagi- 
naires. Il  19°  Franc,  adv.  Ouvertement,  résolument, 
sans  rien  déguiser  ;  il  no  se  dit  qu'avec  toiU ,  un 
pcH.  Elle  est  assez  jolie,  mais,  tout  franc,  vous  l'êtes 
encore  plus  qu'elle,  hauteroche,  Coch.  supposé,  <5. 
Je  vous  dirai  tout  franc  que  cette  maladie,  Partout 
où  vous  allez,  donne  la  comédie,  mol.  Mis.  :,  t .  Je 
vous  parle  un  peu  franc,  mais  c'est  là  mon  humeur, 
Kt  je  ne  mâche  point  ce  que  j'ai  sur  le  cœur,  m. 
Tart.  1,  ).  Je  lui  disais  parfois  :  Monsieur  Perrin 
Dandin ,  Tout  franc,  vous  vous  levez  tous  les  jours 
trop  matin  ;  Qui  veut  voyager  loin  ménage  sa  mon- 
ture, RAC.  Plaid.  I,  t.  J'ai  une  grilce  à  demander  à 
votre  Altesse  Royale,  c'est,  tout  franc,  qu'elle  me 
loue  un  peu  moins,  volt.  Lett.  prince  de  Prusse, 
H4.  Il  Franc  et  net,  même  sens.  Je  lui  ai  dit  franc  et 
net  ce  que  je  pensais  de  .sa  conduite.  |{  Franc-pen- 
sant, s'est  dit  pour  libre  penseur.  Cet  acte,  qui 
paraît  si  ridicule  à  miloni  Bolingbroke,  à  Wools- 
ton ,  et  à  tous  les  franc-pensants ,  volt.  Déf.  de 
Bolingbroke,  ch.  32.  ||  Entièrement,  sans  qu'il  y 
manque  rien.  Il  sauta  le  fossé  franc,  tout  franc. 
Il  Avec  exemption  de  toutes  charges,  peines,  dettes, 
etc.  Il  ne  reste  pas  trois  ans  [de  bonheur]  franc  et 
quitte  pour  les  plus  heureux,  volt.  Vial.  xxiv,  lO. 
—  HIST.  XL"  s.  E  cil  frans  hoem  qui  aveit....  Lois 
de  Guill.  3.  Franc  chevalier,  dit  l'empercre  Char- 
les, Ch.  de  liol.  XX.  Il  XII*  s.  Morz  est  Rolant,  li 
francs  coms,  li  prisez,  Tionc.  p.  107.  Hé  I  franche 
riens  pour  qui  je  muir  amanz,  Couci,  xx.  Mais  onc 
[il]  n'ot  fil  ne  fille  de  sa  franche  moillier,  Sax.  iv. 
Ne  remest  à  semondre  chevaliers  ne  frans  hom,  ib. 
XXV.  Pur  ço  est  France  franche,  par  les  sains  où  je 
fui,  Que  cil  ki  mestier  unt  i  viengent  [viennent]  à 
refui;  Multseit  il  bienvenu....  Th.  le  mart.  54.  De 
nule  rien  purquant  ne  s'en  ad  esmaié.  Mais  do  suu 
païsout  et  tendrur  e  pitié,  E  des  francs  qui  li  eu- 
rent en  suu  cissil  aidié,  ib.  123.  Hxiu"  s.  Mais 
douce  et  débonnaire  et  de  franche  matière,  Bcrte, 
IV.  Frans  rois,  ouest  ma  fille,  la  blonde,  l'eschevie? 
th.  xc.  Quant  tu  du  cors  départiras,  Tous  francs  ou 
«aint  ciel  t'en  iras,  F.t  lessoias  humanité,  Vivans  en 
pure  deité,  Ja  Jlosf,  6«46.  Car  frans  voloirs  [libre  ar- 
bitre] est  si  poissans....  ib.  17777.  La  sorquanie  qui 
fu  blanche,  Scncfioit  que  douce  et  franche  Estoit  celé 
qui  la  vestoit,  ib.  (228.  Toutli  enfant  que  celé  porte 
Qui  est  serve,  sont  serf,  tout  soit  ce  que  li  pères  soit 
frans  bons....  beaum.  xlv,  16.  Es  viles  campestres, 
nul  ne  pot  mesonner  si  pr!;s  de  moi  que  li  degous 
de  me  [ma]  meson  ne  me  demeurt  tos  franz,  m. 
xxiv,  22.  Bien  doivent  estre  tel  jor  franc  et  délivre 
de  pies,  m.  «2.  Chetivoisons  [captivité]  et  servage 
sont  contrero  au  droit  naturel,  qar  au  commence- 
ment nei.s.soient  tuit  li  home  franc  parle  droit  na- 
turel, PIERRE  Dï  FONT.  47B.  ||xiv°  S.  Vin  franc  [non 
aigri),  if(!na(;i'(T,  ii,  6.  ||  xv*s.  Et  demeura  la  bonne 
cité  de  Tournay  franche  et  entière,  qui  avoit  esté 
en  très  grand  péril  [le  siège  était  levé],  rROiss.  i,  i, 
<  «B.  Quand  ceux  du  franc  [le  franc,  carton  de  Bru- 
ges qui  avait  des  franchises]  entendirent  que  le 
comte  de  Flandres  estoit  paisiblement  à  Bruges.... 
iD.  liv.  II,  p.  «<7,  dans  laciirne.  Huyt  cens  hom- 
mes de  guerre....  lesquelz  furent  tous  délivrez  francz 
•t  quittes,  excepté  luyqui  fut  mené  à  Basie,  comm. 
IV,  i.  Le  roy  Charles  VII  ordonna,  en  chacune 
pvoimede  son  royaume,  estre  entretenu  un  archer, 
•ux  despens  des  villages,  et  furent  nommez  francz 
archers,  pour  ce  que  le  roy  les  fit  tenir  quittes  de 
toutM  aides  et  subsides,  llisl.  chron.  depttit  Moo- 


FRA 

1467,  p.  347,  dans  LACURNE.  Plusieurs  compaignons 
commenceront  à  jouer  un  jeu,  que  on  dit  au  plus 
franc  [c'est  le  jeu  nommé  franc  du   carreau] ,  nu 

GANGE,  francum Mais  en  pou  de  langage  Meres- 

pont  franc:  povreté  te  dépose;  Riche  amoureux  a 
toujours  Tavantage,  villon,  Ballade.  Mil  quatre 
cens  cinquante  six,  Je  François  Villon,  escolier.  Con- 
sidérant de  sens  rassis,  Le  frein  aux  dents,  franc  au 
collier,  ID.  ib.  \\  xvi°  s.  [La  terre  était  blanche]  Par 
force  espics  plains  de  grain  bel  et  franc,  Prests  à 

cueillir,  mabot,  iv,    )7 Ce  qui    est  franc,  s'y 

doit  tenir  Sans  point  vouloir  serf  devenir,  ID.  iv, 
(KO.  Nous  parlerons  du  franc  et  du  serf  arbitre  de 
l'homme,  calv.  ]nstit.  <62.  Au  regard  de  la  volonté 
nous  sommes  inexcusables,  veu  qu'estant  franche, 
elle  s'est  faite  serve  du  péché,  id.  i6.  2(2.  Rendre  les 
traficques  et  négociations  libres  et  franches,  mont. 
1,  ((8.  On  nous  a  tant  assubjectis  aux  chordes,  que 
nous  n'avons  plus  de  franches  allures,  id.  i,  («(. 
Que  cherche  elle  tant  que  ses  coudées  franches? 
ID.  Il,  (73.  Le  bon  Froissarda  marché  d'une  si  fran- 
che na'ifveté,  que....!D.  ii,  <10.  Les  arbres  qui  crois- 
sent naturellement  es  bois  sont  appeliez  sauvages  : 
et  estans  transplantez  on  les  appelle  francs,  palissï, 
4  72.  Chacun,  estant  de  retour  chez  soy,  auroitpour 
le  moins  la  moitié  de  sa  paye  franche,  langue,  279. 
Les  sauvageaux  qui  seroient  entez  sur  cest  arbre 
franc  et  bien  cultivé,  en  prenant  nourriture  d'ice- 
luy,  viendroient  avecques  le  temps  à  porter  fruits 
semblables,  id.  28).  Le  pueple  des  Païs  bas  est  d'une 
nature  franche;  par  douceur  et  humanité  non  feinte 
on  remue  les  affections  de  son  coeur,  iD.  397.  Ne 
plus  ne  moins  qu'un  fruict  franc,  qui  seroit  altéré 
par  adjonction  de  matière  et  nourriture  sauvage, 
amyot,  La  vertu  se  peut  apprendre,  t .  Ny  l'œil  en- 
flammé ne  reçoit  une  claire  lumière,  ny  l'ame  pas- 
sionnée un  parler  franc,  ny  une  reprehension  toute 
crue,  ID.  Com.  discern.  le  flat.  de  l'ami,  B8.  Il  lui 
re  pondit  bru  tallement  en  franc  estourdi....D'AUB.  Fie, 
xvm.  De  francs  scélérats,  id.  ib.  xxxiii.  D'Aubigué 
en  franc  Gaulois  fit  des  remontrances  à  la  dame  de 
Carnavalet,  ID.  ib.  Tous  sergens  bien  francs....  à  re- 
nommée etsans  reproche,  JVouti.  cotisf.  gén.  t.  ii,  p. 
601.  Un  franc  à  tripe  [un  glouton,  un  parasite], 
OUDIN,  Dict.  Lorsqu'un  bien  est  donné  franc  des 
eaux  et  des  vents  [en  bon  état,  bien  clos]....  Nouv. 
cous(.  gén.  t.  i,  p.  (034. 

—  ÉTYM.  Provenç.  franc;  espagn.  portug.  etital. 
franco;  du  lat.  francus,  nom  du  peuple  (voy.  franc  (  ) 
ayant  conquis  la  Gaule,  qui  devint  une  qualification 
indiquant  la  bonne  origine  et  la  liberté.  Dans  ce 
mot,  ainsi  que  dans  quelques  autres  fort  rares,  il  est 
vrai,  l'usage  avait  conserve  le  génitif  pluriel  latin  : 
Oui  tant  bien  me  pria  et  par  si  grant  douçour  De 
vostre  cors  garder  contre  la  gentfrancour,C/i.  d'Ant. 
viii,  (063.  Gent  francour,  getis  Francorum.  Uns 
altres  li  promist  altre  si  grant  honur.  Que  jà  ne 
li  faudreit  pur  nul  humme  à.  nul  jur,  N'il  ne  cremi 
les  reis  l'Engleis  ne  le  Fràncur,  Th.  le  mart.  ton. 
Le  Francur  (sous-entendu  roi),rex  Francorum. 

4.  FRANC,  FRANQUE  (fran,  fran-k'),  s.  m.  et  /. 
Il  1°  Nom  générique  des  Européens  dans  les  ports  du 
Levant.  Le  quartier  des  Francs.  ||  2°  Adj.  Langue 
franque,  jargon  mêlé  d'italien,  d'espagnol,  etc.  à 
l'usage  des  Francs  d'Orient.  Molière  a  écrit  des 
strophes  en  langue  franque,  dans  le  Bourgeois  gen- 
tilhomme, IV,  10  et  (I. 

—  ÊTYM.  Franc  est  le  nom  que  les  Orientaux, 
depuis  les  croisades,  donnent  aux  Occidentaux,  à 
cause  du  grand  rôle  que  les  Français  jouèrent  dans 
ces  expéflitions. 

FRANÇAIS,  AISE  (fran-sê,  sê-z'),  adj.  ||  1°  Qui  est 
de  France.  Le  territoire  français.  Le  caractère  fran- 
çais. L'Académie  française.  Il  semble  que  la  bonne 
fortune  de  la  langue  française  lui  ait  ménagé  cette 
glorieuse  prérogative  d'être  la  première  qui  ait  paru 
réunie  en  un  corps  si  vaste  et  si  étendu  [uu  dic- 
tionnaire complet],  Préf.  du  Dict.  de  furetière. 
Dans  le  siècle  passé,  Charles  Quint,  d'ailleurs  en- 
nemi mortel  de  la  France,  aimait  si  fort  la  langue 
française  qu'il  s'en  servit  pour  haranguer  les  Etats 
des  Pays-Ras  le  jour  qu'il  fit  son  ab<iication,  t'i».  Il 
n'y  a  que  les  coeurs  français  qui  connaissent  cette 
sorte  de  délicatesse,  J.  J.  rodss.  Conf.  x.  ||  Par  ex- 
tension. Être  tout  Français,  être  attaché  aux  inté- 
rêts de  la  France.  Comme  le  sénateur  [Morstein] 
était  tout  Français,  son  témoignage  fit  employer 
Caillières,  st-sih.  4a,  24(.  J'étais  Français  anient 
[ardent  partisan  des  Français],  et  cela  me  rendit  nou- 
velliste, J.  J.  Rouss.  Conf.  V.  Il  Thé.ltre  français, 
théttre  de  Paris  consacré  spécialement  à  la  repré- 
sentation des  tragédies  et  des  coméxiies.  On  dit,  dans 
le  même  senc,  au  pluriel,  les  Français.  Allons  aux 


l'UA 

Français  voir  Cinna.  Au  sortir  du  concert  je  le  mènn 
aux  Français,  Où  j'ai  depuis  huit  Jours  une  loge 
louée,  BoissT,  Deh.  tromp.  m,  5.  ||  Lfjs  Français  ponr 
la  Coinédio  française,  ellipso  née  pendant  la  révo- 
lution, M""»  i,E  GE.NLis,  Mém.  t.  v.  p.  Bl.  C'ost  nne 
erreur  de  Mme  du  Gcnlis,  comme  on  le  voit  ]iaT 
l'exemple  de  Boissy,  dont  la  comé'lie  citée  plus  haut 
est  de  (740.  \\%-S.  m.  elf.  Celui,  celle  qui  est  née 
en  France.  Un  Français.  Une  Française.  L'on  doit 
demeurer  d'accord  que  les  Français  ont  quelque 
chose  en  eux  de  poli,  de  galant,  que  n'ont  point  le< 
autres  nations,  mol.  le  Sicil.  14.  Un  homme  qui 
aurait  vécu  sous  Louis  XIV  et  qui  reviendrait  au 
monde  ne  reconnaîtrait  plus  les  Fran(,ais;  il  croi- 
rait que  les  Allemands  ont  conquis  ce  pays-ci,  volt 
Lett.  Cideville,  18  avr.  1735.  Sous  Hugues  Capet, 
Robert,  Henri  et  Philippe,  on  n'appela  Français  qu9 
les  peuples  en  deçà  de  la  Loire,  id.  Dict.  phil. 
Franc,  France.  Le  résultat  de  cette  savante  con- 
versation fut  qu'on  devait  donner  le  nom  de  Francs 
aux  pillards,  le  nom  de  Velches  aux  pillés  et  aux 
sots,  et  celui  de  Français  à  tous  les  gens  aimables, 
iD.  Disc,  aux  Velches,  Suppl.  ||  Collectivement.  Le 
Français  est  léger.  Le  Français,  né  malin,  forma 
le  vaudeville,  boil.  Art  p.  ii.  ||  Roi  des  Français, 
qualification  donnée  à  Louis  XVI  en  1789,  d'après 
une  distinction  subtile  et  fausse  de  J.  J.  Rousseau 
qui  prétendait  que  le  nom  de  la  terre  après  le  mit 
ro»,  empereur,  impliquait  la  possession  absolue  ou 
sol  et  même  des  personnes.  Cette  qualification  fut  le- 
prise  par  Louis-Philippe  en  1830.  ||  3°  S.  m.  Le  fran- 
çais, la  langue  française.  Apprendre ,  enseigner  le 
français.  La  capitale  de  l'empire  romain  etde  l'Eglise 
latine,  où  toutes  les  autres  langues  devraient  se  taire, 
quand  le  latin  parle,  Rome,  dis-je,  observe  pourtant 
cette  coutume  dans  la  publication  du  jubilé,  que 
deux  prêtres  en  lisent  la  "^ulle,  l'un  en  latin,  l'autre 
en  français  .sur  deux  chaires  différentes  dans  l'église 
de  Saint-Pierre  du  Vatican,  Préf.  du  Dict.  de  fure- 
tière. Ce  qui  rend  encore  le  français  plus  commun, 
c'est  la  perfection  où  le  théâtre  a  été  porté  dans 
cette  langue;  c'est  à  Cinna,  à  Phèdre,  au  Misan- 
thrope qu'elle  a  du  sa  vogue,  et  non  pas  aux  con- 
quêtes de  Louis  XIV,  volt.  Dict.  phil.  Langues.  On 
prétend  que  le  latin  était,  parla  vivacité  des  ellipses 
et  par  la  variété  des  inversions,  plus  propre  à  l'élo- 
quence; le  français  le  serait  plus  à  la  philosophie 
par  l'ordre  et  la  simplicité  do  la  syntaxe,  duclo:, 
Gramm.  (JEuv.  t.  ix,  p.  94,  dans  pouoess.  ||  Ecrire 
en  français,  écrire  correctement  dans  la  langue  firaD- 
çaise.  Je  me  pique  seulement  d'écrire  en  français  ; 
c'est  un  devoir  indispensable  que  tout  le  monde  a 
négligé  depuis  Racine,  volt.  Lett.  d'Argentai,  a 
mars  1772.  ||  En  langage  d'écolier,  le  bon  français, 
la  traduction  plus  élégante  qui  se  fait  après  l'expli- 
cation littérale.  Mettez  ce  morceau  en  bon  franjair. 
Répéter  le  bon  français.  ||  Entendre  le  français,  com 
prendre  la  langue  française.  ||  Fig.  Entendrt  le 
français,  comprendre  à  demi-mot.  Hé  I  pourquoi 
donc  ne  pas  parler?  que  craignez-vous?  les  petites 
filles  du  palais  entendent  le  français,  monsieur,  ja 
vous  en  réponds,  dancourt,  Ja  Gaxette,  se.  2.  H.  de 
Duras  se  disposait  à  se  trouver  à  Versailles;  le  roi 
lui  manda  de  ne  point  venir  et  de  ne  .songer  qu'à 
sa  santé  :  il  entendit  le  français  et  demeura  à  Paris, 
ST-sm.  108,  154.  Il  Familièrement.  Entendez-vous  le 
français?  comprenez-vous  mou  avertissement,  aia 
menace,  etc.?  ||  J'entends  le  français,  je  vous  com- 
prends parfaitement,  i)  En  bon  français,  clairement, 
franchement,  sans  ménagement.  Notre  ennemi, 
c'est  notre  maître  :  Je  vous  le  dis  en  bon  français, 
LA  FONT.  Fabl.  VI,  8.  Qu'est-ce  donc?  qu'ai-jo  faitï 
—  Le  sot,  en  bon  français,  mol.  l'Ét.  i,  8.  ||  Adjec- 
tivement. Ce  qui  n'est  pas  clair  n'est  pas  français. 
Il  Cela  n'est  pas  français,  se  ditd'un  propos  contrairn 
à  l'honneur,  au  sentimentnational,  à  la  galanterie. 
Il  Adverbialement.  Parler  français,  s'exprimer  en 
langage  français.  Cet  étranger  parle  français.  On 
l'entend  [la  langue  française]  et  on  la  parle  dans 
toutes  les  cours  de  l'Europe,  et  il  n'e.st  point  rare 
d'y  trouver  des  gens  qui  parlent  français  et  qui 
écrivent  en  français  aussi  purement  que  les  Fran- 
çais mêmes,  Préf.  du  Dict.  de  pcretière.  Parlez 
grec,  latin,  italien  au  peuple,  mais  parlez  français 
au  sage ,  dider.  Lettre  sur  les  sourds  et  muets. 
Il  Fig.  Parler  français,  s'expliquer  clairement,  in- 
telligiblement. Il  Parler  français,  expliquer  nette- 
ment son  intention  sur  quelque  affaire.  Expliquez- 
vous,  on  a  bien  de  la  peine  à  vous  faire  parlei 
français.  Ce  discours  était  xssez  net.  et  il  étai'  dif- 
ficile do  parler  plus  français  ,  mariv.  Marianne, 
("part.  Il  Parler  français  à  quelqu'un,  lui  parler 
avec  autonté  et  d'un  ton  menaçant.  Mme  de  Mon- 


FRA 

span  la  renvoyait  [la  fille  de  M.  du  Maine]  quand 
plie  l'importunait,  et  lui  parlait  extrêmement  fian- 
çais, sT-siM.  180,  159.  Il  i'  A  la  française,  à  la  ma- 
nière des  Français.  S'habiller  à  la  française.  Il  n'y 
a  rien  de  si  ridicule  que  l'italien  chanté  à  la  fran- 
çaise, si  ce  n'est  peut-être  le  français  chanté  à 
Vitalienne,  volt.  Temple  du  goût. 

—  REM.  Français  s'est  longtemps  écrit  comme 
François,  lors  même  que  la  prononciation  avait 
changé.  On  y  fait  l'homme  d'importance,  Et  l'on 
n'est  souvent  qu'un  bourgeois,  C'est  proprement  le 
mal  françois,  la  font.  Fabl.  vm,  (5.  î  mon  gré,  le 
Corneille  est  joli  quelquefois;  En  vérité  pour  min 
j'aime  le  beau  françois,  boil.  Sat.  m.  C'est  dans  le 
XVI'  siècle  que  la  prononciation  changea  :  on  n'osa 
plus,  selon  «n  auteur  contemporain,  dont  voici  les 
termes  :  dire  françois  et  françoise,  sur  peine  d'être 
appelé  pédant;  mais  faut  dire  francès  et  francèse 
comme  angles  et  anglèse,  d'olivet,  Rem.  Racine, 
§  )0.  Voltaire,  comme  on  sait,  insista  beaucoup 
pour  qu'on  écrivît  français  :  On  prononce  aujour- 
d'hui français,  et  quelques  auteurs  l'écrivent  de 
même;  ils  en  donnent  pour  raison  qu'il  faut  dis- 
tinguer françois,  qui  signifie  une  nation,  de  Fran- 
çois, qui  est  un  nom  propre,  volt.  Dict.  phil.  Fran- 
çois. Cette  innovation  fut  combattue  ;  et  Louis 
Racine,  dans  la  préface  de  ses  Remarques  sur  le 
théâtre  de  son  père,  dit  :  «  Vous  ne  serez  pas,  mon- 
sieur, de  ceux  qui  écrivent  français,  au  lieu  de 
françois.  j>  D'Alembert  objectait  que,  faisant  tant 
que  de  changer,  il  faudrait  écrire  francès  :  On  fe- 
rait peut-être  bien  d'ajouter  que  français  ne  repré- 
sente guère  mieux  la  prononciation,  et  qu'on  de- 
vrait écrire  francès  comme  procès,  Lett.  à  Voltaire, 
H  mars  <770.  Toutefois  l'innovation  a  prévalu,  avec 
raison,  puisqu'il  y  a  toujours  de  l'inconvénient  à 
écrire  de  même  deux  sons  différents  sans  aucun 
moyen  de  les  distinguer.  On  remarquera  que  jadis 
la  diphthongue  oi  se  prononçait  plutôt  ouè  que  oua; 
de  sorte  que  le  passage  de  la  prononciation  de  oi  en 
é  a  été  moins  difficile  qu'il  ne  le  semble  d'abord. 

—  HIST.  XI'  s.  Dient  Franceis  :  il  nus  i  convient 
garde,  Ch.  de  Rol.xm.  \\  xii' s.  Encorne  soit  ma 
parole  françoise.  Si  la  puet-on  bien  entendre  en 
françois,  quesnes,  Romancero,  p.  83.  ||  xiii'  s.  Pour 
aprendre  françois  [à]  leur  filles  et  leur  fils,  Berte, 
y.  [Ils]  Surent  près  d'aussi  bien  le  françois  de 
Paris,  r6.  Il  n'est  nus  [nul]  qui  françois  seûst.... 
la  Rose,  7225.  Les  maisons  n'estoient  pas  L'une  lez 
l'autre  à  quatre  pas  ;  Ainz  i  avoit,  dont  mult  leur 
poise.  Le  tiers  d'une  liue  franchoise,  bdteb.  290. 
Il  xiV  s.  Vin  françois  [vin  qui  se  recueille  dans  la  pro- 
vince anciennement  dite  lie  deFrance],Ord.  deiroti, 
t.  iiij  p.  2»8.  ||  XV'  s.  Avec  tout  ce  les  Foissois  [gens  de 
Foix]  ont  les  cœurs  tous  françois,  et  de  léger  rece- 
vront le  roi  de  France  à  seigneur,  Faoïss,  m,  iv,23. 
Lequel  comte  de  Foix,  si  très  tost  comme  il  me  vit, 
me  fit  bonne  chère,  et  me  dit  en  bon  françois....  id. 
Il,  m,  4.  Au  commencement  des  guerres,  et  que.... 
messire  Olivier  de  Cliçon  fut  devenu  bon  françois, 
ID,  II,  m,  8.  Il  XVI'  s.  Car  quoique  né  de  Paris  je  ne 
sois.  Point  je  ne  laisse  à  estre  bon  françois,  marot, 
II,  175.  Approche-toi,  Charles,  tant  loing  tu  sois, 
Du  magnanime  et  puissant  roy  françois,  id.  ii,  303. 
Mais  à  ce  dernier  roole  de  la  mort  et  de  nous,  il 
n'y  a  plus  que  feindre,  il  faut  parler  françois, 
MONT.  I,  67.  Un  peu  de  chasque  chose,  et  rien  du 
tout  :  à  la  françoise,  ID.  I,  4  54.  Il  lui  donnoit  de 
bon  vin,  et  le  foumissoit  quelque  fois  de  compa- 
gnie françoise  [de  fille,s],  desper.  Contes,  t.  i,  p.  226, 
dans  LACUHNE.  Les  gens  d'armes  françois  du  sieur 
de  Teligny,  qui  estoient  las,  n'en  tinrent  compte,  et 
se  voulurent  coucher  à  la  françoise  [se  déshabiller 
pour  se  coucher]  et  eux  despouiller,  disant  qu'ilz 
n'avoient  garde,  hob.  de  la  mark.  Mémoires,  ms. 

p.   7»,  dans  LACUBNE. 

—  Rtvm.  Franc  i,  avec  le  suffixe  ois  ou  eis,  qui 
répond  au  suffixe  italien  ese,  et  qui  vient  du  suffixe 
latin  ensis.  Franceis  en  Normandie,  françois  dans 
le  Nord. 

FRANC-AI.LEO  (fran-ka-leu),  s.  m.  Voy.  alleu. 
Il  Au  plur.  Des  francs-alleus. 

-•  HIST.  xiv  s.  Franc  alleu  est  un  héritage  tel- 
lement frans  qu'il  ne  doit  point  de  fonds  de  terre  ; 
.ic  de  celuy  n'est  aucun  seigneur  foncier;  ne  doit 
vest  ne  devest  ne  ventes  ne  saisines  ne  autre  servi- 
tude h  quelque  seigneur;  mais  quant  est  à  justice, 
il  est  bien  sujet  à  la  justice  ou  jurisdiction  d'aucun, 
BOKTiLLiER,  Somme  rural,  p.  496,  dans  lacurne. 
Il  XVI'  s.  Le  franc  alleu  noble  est  celuy  où  il  y  a  droit 
de  justice,  ne  reconnoissant  aucun  supérieur,  sinon 
en  re-ssort  de  justice,  Nouv.  coust.  gén.  t.  ii,  p.  874 
Franc  allou  roturier  est  terre  sans  justice,  pour  )e 


FllA 

quelle  le  detempteur  ne  doit  cens,  rentes,  lots, 
ventes  ne  autres  redevances,  Coust.  gén.  t.  i,  p.  4te. 

VRANCATU  (fran-ka-tu) ,  s.  m.  Espèce  de  pomme 
qui  se  conserve  longtemps.  Les  francatu  [écrit  ainsi 
sans  s]  sont  rouges  d'un  côté  et  jaunâtres  de 
l'autre ,  se  conservent  longtemps ,  et  voilà  leur 
principal  mérite,  la  quintinye,  t.  J,  p.  393,  cité 
dans  le  Dict.  de  Trévoux. 

t  FRANC-BORD  (fian-bord) ,  s.  m.  1|  1°  Terrain 
laissé  libre  sur  le  bord  et  le  long  d'une  rivière,  d'un 
canal.  -||  2"  Terme  de  marine.  Dordage  qui  couvre 
un  vaisseau  de  la  quille  à  la  précéinte.  ||  Au  plur. 
Des  francs-bords. 

FRANC-ÉTABLE  (fran-ké-ta-bl') ,  loc.  adv.  Voy. 

ÉTABLE  2. 

FRANC-FIEF  (fran-fièf),  s.  m.  Vov.  fief. 

t  FRANC-FILIN  ou  FRANC  FILIN,  voy.  FILIN. 

FRANC-FUNIN  (fraii-fu-iiin),  s.  m.  Voy.  funin. 

FRANCUEMENT  (fran-che-man),  adv.  ||  1°  Avec 
exemption  de  toutes  charges,  dettes,  etc.  Il  lui  a 
vendu  sa  terre  franchement  et  quittement.  [IZ-Avec 
franchise,  sincèrement.  Levez,  levez  le  masque,  et 
parlez  franchement,  corn.  Théodore,  i,  2.  Et  dites 
franchement  ce  qu'il  faut  que  je  fasse,  maiuet, 
Soliman,  ii,  (.  Je  ne  vois  rien  de  plus  condam- 
nable qu'un  ami  qui  ne  nous  parle  point  franche- 
ment, MOL.  Mar.  f.  2.  Franchement,  il  [un  sonnet] 
est  bon  à  mettre  au  cabinet,  id.  Mis.  i,  2.  Je  vous 
dirai  franchement  qu'on  se  moque  partout  de  vous, 
ID.  l'Avare,ui,  5.  Est-ce  donc  là  médire  ou  parler 
franchement?  boil.  Sat.  ix.  Franchement,  mon- 
sieur, l'histoire  de  ce  prince  n'est  pas  de  la  plus 
grande  vraisemblance,  volt.  Lett.  Lethinois,  27  déc. 
1768.  H  3°  D'une  minière  résolue  et  préci.se,  sans 
hésiter  ni  se  retenir.  Ces  mouvements  doivent  être 
exécutés  vivement  et  franchement.  Le  régiment  se 
porta  franchement  en  avant.  ||  Fig.  Se  prononcer 
franchement  pour  une  opinion. 

—  HIST.  xiii'  s.  Ce  qui  lor  vient  por  cause  de 
francise,  doivent  il  bien  uzer  francement,  beaum. 
XLV,  27.  Bonne  cose  est  que  cil  qui  tiennent  si 
franquement  comme  en  baronie....  sachent  en  quoi 
il  sont  tenu....  id.  x,  t.  ||  XIV  s.  Et  celui  qui  est 
contemptif  monstre  franchement  toute  sa  volonté, 
oresme,  Eth.  4  24.  Il  xV  s.  Et  nous  saura  grand  gré 
de  ce  que  si  franchement  nous  nous  serons  tenus 
[ils  supportaient  un  siège  très-pénible],  froiss.  i,  i, 
4)5.  Sitost  que  les  Gascons  furent  en  leurs  gardes, 
ils  descendirent  de  leurs  chevaux,  et  prirent  les 
glaives,  et  s'en  vinrent  franchement  combattre  main 
à  main  aux  Anglois,  id.  i,  i,  226.  ||  xvi'  s  L'homme 
pouvoit  éviter  le  poché,  pour  ce  qu'il  pécha  fran- 
chement [sans  y  être  contraint],  c/.lv.  Instit.  22 
Il  luy  remonstra  un  jour  franchement  que....  amyot, 
Caton,  7.  Hippocrates....  luy  respondit  [au  roi 
de  Perse]  franchement  qu'il  feroit  grand'conscience 
de  se  mesler  de  guarir  les  barbares  qui  vouloient 
tuer  les  Grecs,  la  BOÉTrs,  Servit,  volont.  Qu'elle 
lui  diroit  plus  franchement  qu'aulcun  autre  ce  qu'il 
avoit  à  en  espérer,  Mont,  m,  4  79. 

—  ÉTYM.  Franche,  et  le  suffixe  men(;  bourguign. 
fraincktman;  provenç.  francamen,  franchamen  ; 
espagn.  et  ital.  francamente. 

i  FRANCHE-MULLE,  s.  f.  Voy.  mulle  4. 

FRANCHI,  lE  (  fran-ohi,  chie  ),  part,  passé  de 
franchir.  Un  fossé  franchi  agilement.  L'océan  Atlan- 
tique franchi  par  Christophe  Colomb. 

t  FRANCHIPANE  (fran-chi-pa-n'),«.  f.  Voy.'FBAN- 

GIPANE, 

FRANCHIR  (fran-chir),  v.  a.  ||  1°  Traverser  ré- 
solument, franchement,  des  passages  difficiles,  de 
grands  espaces.  Franchir  un  détroit.  Franchir  les 
murs.  Je  voudrais  déjà  voir  tes  troupes  couronnées 
D'un  pas  victorieux  franchir  les  Pyrénées,  cobn. 
Ilor.  I,  4.  Les  coursiers  écumants  franchissent  les 
guérets,  volt.  Fontenoi.  Je  reviendrai,  poursuit- 
elle,  et  ton  âme  Ira  franchir  tous  ces  mondes  flot- 
tants, Tout  cet  azur,  tous  ces  globes  de  flamme. 
Que  Dieu  sema  sur  la  route  du  temps,  bérang.  Treiie 
à  table.  ||  Franchir  les  limites,  franchir  les  bornes, 
passer  au  delà  des  bornes.  ||  Fig.  Franchir  les  bornes 
du  devoir.  Franchir  les  bornes  de  la  pudeur,  patru, 
Plaidoyer  4  4,  dans  eiciielet.  Quiconque  a  pu  fran- 
chir les  bornes  légitimes.  Peut  violer  enfin  les  droits 
les  plus  sacrés;  Ainsi  que  la  vertu,  le  crime  a  ses  de- 
grés, RAC.  I'hèdre,\y  ,2.  ||  2° Particuhèrement.  Passer 
en  sautant  par-dessus  quelque  chose.  Franchir  une 
b-irrière,  une  haie.  ||  Termede  marine.  Franchir  une 
barre,  un  écueil,  les  passer  s?ns  échouer.  {|  Franchir 
la  lame,  s'élever  sur  la  iame  et  la  descendre  facile- 
ment. Il  3°Fig.  Il  se  dit  de  ce  que  l'on  compare  à  des 
'  passages  difficiles,  à  des  obstacles  que  l'on  franchit. 
'Franchir  toutes  sortes  de.  difficultés,  toutes  sortes 


FllA 


176T 


d'obstacles.  Entre  le  trône  et  moi  )o  vois  un  préci- 
pice ;  Il  faut  que  ma  fortune  y  tombe  ou  le  fran- 
chisse, VOLT.  Mérope,  i,  iv.  Jo  la  voyais  franchir 
cet  immense  intervalle  Qu'a  mis  entre  elle  et  moi 
la  majesti'i  royale,  id.  Sémiram.  il,  1.  Le  passaf;o  de 
la  physique  à  la  géométrie  est  franchi,  et  la  ques- 
;y)n  devient  puromeut  mathématiques,  dideii.  LcII, 
sur  les  aveugl.  Non,  sans  ce  triste  obstacle  impos- 
sible à  franchir....  BRiFFADT,  Ninusll,\,  0.  Il  Fran- 
chir le  pas,  passer  par-dessus  quelque  chose  do  dif- 
ficile, do  scabreux.  Mettez  la  foi  à  couvert  par  èti 
œuvres;  votre  esprit  refuse  do  franchir  ce  pas,  sem- 
blable à  un  cheval  indompté  ;  pou*sez-lo  avec  plus  de 
force,  Boss.  4"  serm.  Quinguag,  4.  Telle  a  été  leuti 
attente  [des  protestants  qui  se  sont  faits  catholiques], 
et  dans  cette  confiance  ils  ont  franchi  le  pas,  bodr- 
DAL.    Exhort.    char.   env.    les  nouv.    cath.   t.   i, 
p.  4  23.  Mon  cœur  prêt  à  franchir  un  pas  si  redou- 
table, M.  J.  CHÉN.  Fénel.  i,  2.  ||  On  dit  dans  le  même 
sens  :  franchir  le  saut,  mais  plus  souvent,  faire  lo 
saut.  Il  Franchir  le  mot,  exprimer  en  propres  termes 
une  chose  qu'on  hésite  à  dire  pour  une  raison  quel- 
conque. Il  a  franc'ni  le  mot,  il  lui  a  dit  qu'il  était  un 
fripon Il  faudrait  bien  franchir  le  mot,  et  re- 
connaître que  cet  être  est  bon....  dider.  Essai  sur  la 
vertu.  Il  II  signifie  aussi  dire  le  mot  essentiel.  Il  a 
franchi  le  mot  et  promis  les  vingt  mille   francs. 
Il  4°  Y.  n.  Terme  de  marine.  I.a  pompe   franchit, 
quand  elle  donne  plus  d'eau  que  le  vaisseau   n'en 
reçoit,  c'est-à-dire  que  l'eau  qui  entre  dans  le  bâ- 
timent cesse  de  gagner.  ||  Le  vent  franchit,  quand 
il  commence  à  devenir  favorable.  ||  L'eau  franchit 
ou  se  franchit ,  elle  diminue  et  s'épuise ,  ce  qui 
s'entend  de  la  pluie  ou   des  vagues  qui  entrent 
dans  le  vaisseau,  guillet,  Pict.  (I678-I6S3),  dans 
jAi,.  Il  5°  Se  franchir,  v.  réfl.  Etre  franchi.  Un  pa- 
reil obstacle  ne  se  franchit  pas  facilement. 

—  HiST.  xii"  s.  Deus  sulTri  mort  en  croiz  pur  s'i- 
glise  franchir  [affranchir].  Th.  le  mar(.  70.  ||  xm'  s. 
Car  tant  comme  aucun  est  en  servage,  il  e.st  soz 
main;  et  se  il  est  franchiz,  il  est  hors  dou  pooir 
sonmestre,  lit),  de  just.  2.  Se  j'ai  mes  sers  les  quix 
[quels]  je  tienz  du  segneur,  et  je  les  franciz  sans 
l'autorité  de  li,  je  les  pert,  beaum.  xlv,  i8.  Ijxv  s. 
Michault  Potier  s'obliga  en  trente-huit  solz  tournois 
par  an  de  rente  à  héritage,  à  condition  d'icelle  rente 
povoir  franchir  [racheter],  touteffois  qu'il  plairoit 
au  dit  Potier,  du  cange,  franchire.  C'est  lui  [Jésus] 
qui  nous  ama  tant  Qu'il  se  fit  sers  pour  nous  fran- 
chir, EUST.  DESCH.  Poésies  mss.  f°  548.  Il  se  teut  et 
fit  silence,  et  le  chevalier  se  print  à  imaginer  com- 
ment il  pourroit  franchir  [traverser,  sauter]  la  fon- 
taine, Perce forest,  t.  iv,  f  4  27.  ||xvi'  s.  Il  n'y  a 
que  quinze  jours  que  j'ay  franchi  trente-neuf  ans, 
MONT.  I,  73.  Celui  qui  a  franchi  de  cent  pas  les  limi- 
tes... ID.  ib.  II,  4  1.'  Les  anciens  franchissoient  des 
nuits  entières  à  boire,  iD.  ii,  )«.  Le  voleur  l'em- 
ployé [le  nom  de  Dieu]  à  son  ayde  pour  franchir  le 
hazard  et  les  difficultez  qui  s'opposent  à  l'exécution 
de  ses  meschantes  entreprises,  id.  i,  402. 

—  ÉTYM.  Franc  3;  prov.  franquir.  Jusqu'au 
xV  siècle,  franchir  n'a  que  le  sens  d'affranchir,  sens 
qui  n'existe  plus  du  tout  dans  la  langue  moderne. 
C'est  un  des  cas  assez  rares  où  un  mot  ayant  une 
signification  abstraite,  morale,  en  a  pris  une  con- 
crète, physique.  Franchir  une  rente,  s'est  dit  pour 
s'en  délivrer  en  la  rachetant  ;  de  là  franchir  un 
fossé,  s'en  débarrasser  en  le  sautant. 

FRANCHISE  (fran-chi-z'),  s.  f  \l  1°  Etat  de  celui 
qui-  n'est  assujetti  à  aucun  maître  ;  liberté.^  Enfin  lo 
temps  l'a  remise  [Marseille]  En  son  entière  fran- 
chise, MALH.  II,  4.  Conservez-vous  l'esprit,  gardez 
votre  franchise,  régnier,  Sat.  xiii.  Cesse  de  sou- 
pirer, Rome,  pour  ta  franchise,  CORN.  Cinna,  iv,  4. 
Don  Raimond  prisonnier  recojvrant  sa  franchise, 
id.  D.  Sanche,  v,  3.  J'en  tiens  [de  l'amour],  ou  l'on 
n'en  tint  jamais.  —  C'est  consentir  bientôt  à  perdre 
ta  franchise,  id.  Caler,  du  pal.  a,  3.  ||  La  liberté 
dont  on  jouit  en  un  lieu.  Sa  tète  [du  sauvage]  est 
droite  et  relevée,  son  regard  fixe  ;  il  est  le  maître 
dans  sa  forêt;  plus  je  le  considère,  plus  il  me  rap- 
pelle la  soUtude  et  la  franchise  de  son  domicile, 
DiDBR.  Ess.  sur  la  peint.  4.  ||  Les  franchises  d'un 
pays,  d'une  ville,  les  droits  que  possède  un  pays, 
une  ville,  et  qui  limitent  l'autorité  souveraine.  Il 
[Simon]  envoya  vers  le  roi  Démétrius,  le  priant  de 
rétablir  la  Judée  dans  ses  franchises,  saci,  Bible, 
Machab.  i,  xiii,  34.  Vous  pouvez  Ôter  à  une  ville  se» 
franchises,  la  brut.  x.  Toutes  les  villes  murées 
avaient  des  franchises,  des  libertés,  des  privilège! 
jusque  dans  la  plus  grande  anarchie  du  pouvoir 
féodal,  VOLT.  Die.  phil.  Franchise.  Les  souverains 
qui  aitranchrientles  lorrains  dont  étaient  composés 


1768 


FRA 


leurs  domaine»,  en  recueillirent  d'abOid  un  grand 
avantage,  puisqu'on  acheta  chèrement  ces  franchi- 
ses, VOLT.  ib.  Propriété.  Le  règne  d'un  prince  faible 
ft  méprisable  procure  quelquefois  un  bien  ;  le  peuple 
reprend  ses  droits  et  ses  franchises,  qui  ne  sont  que 
trop  souvent  de  nulle  considération  sous  les  règnes 
glorieux,  SAINT-Foix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  v,  p.  3i, 
dans  pouOENS  H  2°  Immunité,  exemption.  Jouir  de 
certaines  franchises.  ||  La  franchise  d'un  lieu,  l'avan- 
tage dont  il  jouit  de  recevoir  les  marchand  ises  étran- 
gères franches  de  toute  taxe.  La  franchise  que  Law 
conserva  au  port  de  Marseille,  y  attira  des  vaisseaux 
de  toutes  parts,  duclos,  Mém.  Bég.  OKuv.  t.  vi, 
p.  82,  danspouGENS.  Il  Franchise  des  lettres,  exemp- 
tion de  droits  de  poste  accordée  à  certaines  lettres. 
Il  3"  On  disait  qu'un  ouvrier  avait  gagné  sa  fran- 
chise, pour  signifier  qu'il  avait  fini  son  apprentis- 
sage et  pouvait  travailler  à  son  compte.  ||  4"  Droit 
d'asile  attaché  à  certains  lieux.  La  franchise  d'une 
église.  X  Rome,  l'hôtel  d'un  ambassadeur  est  un  lieu 
de  franchise.  Pour  lui  tout  votre  empire  est  un  lieu 
de  franchise,  corn.  Cid,  iv,  5.  Mégaclès  leur  per- 
suada [aux  réfugiés  du  temple  de  Minerve]  de  venir 
so  présenter  devant  les  juges  en  tenant  un  fil  atta- 
ché par  un  des  bouts  à  la  statue  de  la  déesse,  afin 
de  ne  point  perdre  leur  franchise,  fén.  Solon. 
Il  Franchise  des  quartiers,  nom  donné,  dans  la  ville 
de  Rome,  à  une  certaine  étendue  des  hôtels  des  am- 
bassadeurs des  princes  chrétiens,  dans  laquelle  ceux 
qui  se  retirent  ne  peuvent  être  ni  poursuivis  ni  ar- 
rêtés par  la  justice.  ||  Le  lieu  même  de  la  franchise. 
On  ne  saurait  le  prendre  en  ce  lieu-là,  c'est  une 
franchise.  ||  B°  Sincérité  avec  laquelle  on  parle  à  au- 
trui ou  on  agit  à  l'égard  d'autrui.  La  franchise  du 
caractère.  Et  de  lui  témoigner  avec  quelle  franchise 
X  ses  commandements  vous  me  voyez  soumise, 
CORN.  Théod.  II,  ).  Avoirune  âme  ouvorte,  une  fran- 
chise dûtière,  m.  Nicom.  iv,  2 seigneur,  étant 

seuls,  je  parle  avec  franchise,  id.  Sertor.  m,  2.  Il 
est  bien  des  endroits  où  la  pleine  franchise  Devien- 
drait ridicule  et  serait  peu  permise,  mol.  Mis.  i,  ). 
Mais  du  plus  grand  des  rois  la  bonté  sans  limite.... 
Crui  voir  dans  ma  franchise  un  mérite  nouveau, 
BOiL.  Épit.  V.  N'espérez  plus  de  candeur,  de  fran- 
chise, d'équité....  d'un  homme  qui  s'est  depuis 
quelque  temps  livré  à  la  cour,  la  bruy.  viii.  Perdez 
moins  d'artifice  à  tromper  mafranchise,  volt.  Bru- 
tus,  II,  2.  Aidée,  qui  était  la  franchise  même,  parla 
ainsi  à  ce  prince,  id.  Princ.  Babyl.  3.  Dans  un  dis- 
cours à  son  supérieur,  la  liberté  est  une  hardiesse 
ou  mesurée  ou  trop  forte;  la  franchise  se  tient  plus 
dans  les  justes  bornes,  et  est  accompagnée  de  can- 
deur, iD.  Dict.  phil.  Franchise.  \\  6»  Terme  d'arts. 
Franchise  de  pinceau,  franchise  de  burin,  travail 
franc,  facile  et  hardi  du  pinceau,  du  burin.  ||  De 
même  au  jeu  :  C'est  un  jeu  (manière  de  jouer)  qui 
a  de  la  franchise. 

—  SYN.  FRANCHISE,  SINCÉRITÉ.  La  sincérité  ne 
trahit  jamais  la  vérité;  la  franchise  la  dit  ouverte- 
ment. L'homme  sincère  l'est  avec  lui-même  aussi 
bien  qu'avec  les  autres  ;  l'homme  franc  ne  l'est  qu'a- 
vec autrui  ;  la  franchise  est  la  sincérité  considérée 
à  l'égard  d'autrui. 

—  HIST.  XI"  s.  Si  perde  [qu'il  perde]  sa  franchise, 
siaireinel  pot  reacheter,  lois  de  GuiU.  4  t.  ||  xii's.  Il 
velt  de  nostre  terre  la  franchise  retraire  [ûter,  reti- 
rer], Sax.  XXXI.  Ele  [l'Église]  deit  aveir  bien,  etuit 
li  suen  (tous  les  siens]  franchise.  Quant  par  sa 
mort  li  ad  nostre  sire  conquise,  Th.  le  mart.  70. 
Il  XIII*  s.  Moult  fut  Berte  courtoise  et  pleine  de 
.franchise,  Berte,  vi.  Li  lions  par  sa  grant  franchise 
Ne  vost  soufrir  en  nule  guise  Que  fust  en  sa  cort 
mal  menez  Qui  d'amors  fust  achoisonez ,  Ben. 
S383.  Franchie  est  naturex  poers  [pouvoir]  que 
chascuns  puet  fere  sa  volenté,  se  droit  ou  force 
ne  le  defent ,  Liv.  de  just.  64.  Le  [la]  première 
reson,  si  est  se  cil  et  se  [sa]  mère  ont  esté  en 
Testât  de  francise  toute  lorvie,  beabm.  xlv,  I3. 
Franche  [France],  que  de  francisse  est  dite  par 
droit  non,  A  perdu  de  francisse  le  los  e  le  renon, 
RUTEB.  234.  Ceste  franchise  ont  ancienement  les  soi- 
gnors  dou  reiaumede  Jérusalem  doné  as  borgeis.... 
ÂM.  deJ.  I,  47.  Les  possessions  et  les  franchises  de 
la  sainte  Yglise  de  Jérusalem  nda  mère....  maintien- 
drai à  elle,  ib.  I,  29.  Mcismcment  les  bones  villes 
et  les  coustumes  de  ton  royaume  garde  en  Testât  et 
en  la  franchise  où  tes  devanciers  les  ont  gardées, 
JoiNv.*3oi.  ijxiv  s.  Oui  franchise  vent  pour  avoir, 
Bien  dessert  [mérite]  à  soufi'rance  avoir;  L'or  et  l'ar- 
gent de  toute  Frise  Ne  d'Allemont  ne  vaut  fran- 
chise, LKROUI  DE  UNCY,  Pror.  t.  II,  p.  393.  ||  XV*  S 
\  oulut  monstrer  audit  duc  de  Bourgongne  de  grans 

rauchiscs,  «t  luy  fist  sçavoir  tout  cecy  [una  propo- 


FRA 

sitionde  trahison],  comm.  iv,  i3.  ||  xvi*  s.  Si  Tay 
fait  par  franchise  et  fiance  de  sa  loyauté,  mont,  i, 
2(1.  Longueur  du  temps  n'esteint  nobtesso  ni  fran- 
chise, loy.sel,  35.  Oui  brise  une  franchise ,  brise 
toutes  les  autres  [celui  qui  enfreint  un  asile  ne  peut 
être  reçu  en  aucun],  id.  828.  Il  commencea  à  user 
d'une  franchise  de  parler,  qui  de  soy-mesme  est  odieu- 
se, AMVOT,  Cor.  26 ,  (1  passa  en  Tisie  de  Samothrace,  là 
où  il  s'alla  rendre  en  la  franchise  et  sauvegarde 
du  temple  de  Castor  et  de  Pollux,  id.  P.  yEm.  38. 

—  ÊTVM.  Franc  3;  provenç.  franquesa;  espagn. 
et  portug.  franqueza;  ital.  franchegza. 

t  FRANCHISSABLE  (fran-chi-sa-bT),  adj.  Qu'on 
peut  franchir. 

—  ÊTVM.  Franchir. 

t  FRANCHISSF..MENT  (fran-chi-se-man),  s.  m. 
Action  de  franchir.  Des  effets  analogues  [les  re- 
mous] se  produisent  sans  cesse  sur  le  Rhin,  et  le 
franchissement  de  ces  remous  n'est  pas  une  des 
moindres  difficultés  auxquelles  on  exerce  nos  pon- 
tonniers, MORiN,  Àcad.  des  se.  Comptes  rendus, 
t.  LVIIl,  f  774. 

t  FRANCIQUE  (fran-si-k'),  adj.  Qui  appartient 
aux  Francs.  L'empereur  Probus  reçut  le  surnom  de 
Francique  pour  des  victoires  remportées  sur  les 
Francs.  ||  Langue  francique,  ancienne  dénomination 
par  laquelle  on  désignait  l'ancien  haut-allemand. 

—  ÈTYM.  Lat.  francicus,  de  Franci,  les  Francs. 
FRANCISATION  (fran-si-za-sion),s.  f.  ||  1*  Terme 

de  droit  commercial.  Acte  qui  constate  la  nationa- 
lité d'un  navir3  français.  ||  2°  Action  de  franciser. 
La  francisation  d'un  mot  latin. 

—  ETYM.  Franciser. 

FRANCISCAIN  (fran-si-skin),  s.  m.  Religieux  de 
Tordre  de  Saint-François  d'Assise.  Un  couvent  de 
franciscains.  ||  Adj.  iTn  moine  franciscain. 

—  ÉTYM.  St  François  d: Assise,  qui  fonda  vers  <  208 
un  ordre  dit  de  mendiants.  Ils  furent  destines  par 
leur  institution  à  prêcher  et  à  administrer  les  sa- 
crements de  pénitence.  Ils  s'appelèrent  d'abord  pau- 
vres mineurs,  puis  frères  mineurs. 

FRANCISÉ,  ÉE  (fran-si-zé,  zée),  part,  passé  de 
franciser.  Qui  a  pris  la  forme  des  mots  français.  Un 
mot  anglais  francisé.  ||  Qui  a  pris  les  manières  fran- 
çaises. De  petits  messieurs  francises  qui  boivent  de 
l'eau  par  air,  j.  j.  rouss.  Hél.  i,  52. 

FRANCISER  (fran-si-zé),  V.  a.\\l°  Donner  la 
forme  française  à  un  mot  étranger.  ||2°  Donner  les 
manières  françaises.  Pourquoi  ce  poète  né  si  tendre 
[J.  Racine]  et  qu'on  accuse  d'avoir  francisé  les  héros 
de  l'antiquité,  a-t-il  mis  un  peu  de  dureté  dans  ce 
caractère?....  n'étant  pas  capable  de  franciser, 
comme  quelques  écrivains,  les  patriarches  et  les 
prophètes,  L.  racine.  Traité  de  la  poésie  dram.  x,  2. 
Il  3°  Se  franciser,  v.  réft.  Devenir  fiançais.  Ce  mot 
a  fini  par  se  franciser.  ||  Prendre  les  manières  frsoi- 
çaises.  Cet  étranger  s'est  bien  francisé  depuis  qu'il 
est  à  Paris. 

—  HIST.  Cestui  sieur  de  la  Roche  estoit  homme 
joyeux....  et  quand  il  estoit  en  ses  bonnes  [en  belle 
humeur],  qui  estoit  bien  souvent,  il  latinisoit  le 
françois  et  francisoit  le  latin,  despeh.  Contes,  xvi 

—  ÊTYM.  Français,  et  la  finale  iser,  qui  signifie 
faire  devenir. 

t  FRANCISME  (fran-si-sra'),  s.  m.  Ancien  syno- 
nyme de  gallicisme.  Ramus,  dans  sa  grammaire, 
appelle  francisme  ce  que  nous  appelons  gallicisme, 
d'olivet,  Bem.  Racine,  §  96. 

FRANCISQUE  (fran-si'-sk')',  s.  f.  Hache  d'armes 
que  portaient  les  Francs. 

—  REM.  Les  haches  de  guerre  qu'on  trouve  dans 
les  sépultures  franques  ne  difi'èrent  pas  de  la  hache 
ordinaire  et  ne  se  rapportent  pas  à  la  description 
que  donne  Chateaubriand  dans  les  Martyrs,  iv  :  Tous 
(les  Francs]  ont  à  la  ceinture  la  redoutable  francis- 
que, espèce  de  hache  à  deux  tranchants,  dont  le 
manche  est  recouvert  d'un  dur  acier  :arme  funeste 
que  le  Franc  jette  en  poussant  un  cri  de  mort,  et  qui 
manque  rarement  de  frapper  le  but  qu'un  œil  in- 
trépide a  marqué. 

—  Rtym.  Lat.  francisca,  de  Francus,  Franc  l. 
FRANC-MAÇON   (fran-ma-son),   s.  m.  Celui  qui 

est  initié  à  la  franc-maçonnerie.  Une  loge  de  francs- 
maçons.  Il  Fig.  Je  demande  ce  qu'étaient  ces  hiéro- 
phantes, ces  francs-maçons  sacrés  qui  célébraient 
leurs  mystères  antiques  de  Samothrace,  et  d'où  ils 
venaient  eux  et  leurs  dieux  cabires,  volt.  Dict.  phil. 
Samothrace. 

—  ETVM.  Franc,  et  maçon.  Les  francs-maçons 
rattachent  leur  origine  àHiram,  l'architecte  du  tem- 
ple de  Salomon  ;  il  aurait  été  tué  en  trahison,  et  ses 
ouvriers  se  seraient  unis  pour  se  protéger  ou  se 
secourir  les  uns  les  autres.  11  va  sans  dire  que  cette 


FRA 

légende  n'a  aucun  fondement.  L'origine  de  la  franc- 
maçocnerie  est  incertaine  ;  elle  remonte  peut-étra  ' 
aux  corporations  d'ouvriers  maçons  du  moyen  âge; 
du  moins  elle  s'est  d'abord  formée  sur  ce  modèle. 
FRANC-MAÇONNERIE  (fran-ma-so-ne-rie),  t.  f 
Association  philanthropique,  secrète  autrefois,  qui 
fait  un  emploi  symbolique  des  instruments  à  Tu- 
sage  de  l'architecte  et  du  maçon,  et  dont  les  lieux 
de  réunion  sont  appelés  loges.  ||  Fig.  Sentiment  de  \ 
sympathie  qui  naît  facilement  entre  gens  de  même 
profession,  de  mêmes  idées.  H  y  aune  sortede  franc- 
maçonnerie  entre  les  artistes. 

—  ÊTYM.  Franc-maçon. 

FRANCO  (fran-ko) ,  adv.  Terme  de  commerce.  Sans 
frais  de  transport.  Vous  recevrez  ce  paquet  franco. 

—  ÊTYM.  C'est  l'italien  franco  (voy.  franc  3). 

t  FRANCO -GALLIQUE  (fran-ko-gal-li-k'),  adj. 
Écriture  franco-gallique  ou  mérovingienne,  nom 
donné  à  l'écriture  des  diplômes  des  rois  de  la  t  '*  race. 

—  ÊTYM.  Franc  <,  et  le  lat.  gaîiicui,  gaulois. 

FRANCOLIN  (fran-ko-lin),  s.  m.  Oiseau  de  la  fa- 
mille des  sylvains,  qui  est  de  la  grosseur  du  faisan. 
La  rareté  de  ces  oiseaux  en  Europe,  jointe  au  bon 
goût  de  leur  chair ,  a  donné  lieu  aux  défenses  ri- 
goureuses qui  ont  été  faites  en  plusieurs  pays  de  les 
tuer;  et  de  là  on  prétend  qu'ils  ont  eu  le  nom  de 
francolin,  comme  jouissant  d'une  sorte  de  franchise 
sous  la  sauvegarde  de  ces  défenses,  buff.  Ois.  t.  iv, 
p.  227,  dans  POUOENS.  ||  Fig.  Muet  comme  un  franco- 
lin  pris,  se  dit  d'une  personne  qui  n'ouvre  pas  la  bou- 
che, à  cause  que  le  francolin  ne  chante  pas  en  cage. 

—  HIST.  xvi*  s.  Tourterelles,  francolins,  phaisans, 

PARÉ,  XXIV,  22. 

—  ÊTYM.  Ital.  francolino,  dont  sans  doute  le 
français  dérive,  et  non  vice  versa. 

FRANC-QUARTIER  (fran-kar-tié),  s.  m.  Terme 
de  blason.  Voy.  quartier. 

FRANC-RÉAL  (fran-ré-al),  s.  m.  Espèce  de  poire. 
Le  franc-réal  d'été.  Le  frano-réal  d'hiver.  ||  Au  plur. 
Des  francs-réals. 

—  ÉTYM.  Béai  doit  être  ici  pour  royal;  plus  d'un 
fruit  porte  le  nom  de  royal. 

FRANC-SALË  (fran-sa-lé),  s.  m.  Droit  de  prendre 
à  la  gabelle  certaine  quantité  de  sel  sans  payer  la 
taxe.Nous  voulons  et  entendons  qu'il  [l'hôtel  des  In- 
valides] jouisse  de  franc-salé,  pour  le  sel  nécessaire 
à  la  provision  d'icelui,  Édit,  avril  4674.  Le  parlement 
enregistra  la  suppression  du  dixième,  de  beaucoup 
de  francs-salés  et  d'autres  articles,  st-sim.  471,  238. 

—  ÊTYM.  Franc,  et  salé. 

t  FRANC-TAUPIN  (fran-tô-pip),i.  m.  .Soldatd'une 
ancienne  milice  française. 

—  HIST.  XVI*  s.  Avant  que  le  roy  Louys  onzième 
prist  des  estrangers  à  sa  solde,  les  gens  de  pied 
de  quoy  on  se  servoit  aux  guerres,  estoient  peu 
de  cas,  etles  appelloiton,  ainsi  que  jepense,  francs- 
archers  ou  francs-taupins,  lanouk,  226.  Le  roy  Fran- 
çois le  grand  leur  donna  ce  nom  de  légionnaires; 
car  ils  s'appeloient  au  temps  passé  francs-archiers, 
et,  en  Bretaigne,  francs-taupins,  CARLeix,  vu,  3. 

t  FRANC-TILLAC  (fran-ti-llak),i.m.  Voy.  TILLAC. 

t  FRANC-TIREUR  (fran-ti-reur),  s.  m.  Soldats  do 
certains  corps  légers  créés  pendant  les  guerres  d» 
la  révolution.  ||  Au  plur.  Des  francs-tireurs. 

FRANGE  (fran-j'),  s.  f.  \\  1"  Bande  d'uh  tissu 
étroit  d'où  pendent  des  filets  et  qui  sert  à  orner  les 
robes,  les  meubles,  les  garnitures  do  carrosse,  Ici 
parements  d'église,  etc.  Vous  ferez,  avec  de  petits 
corflons,  des  franges  que  vous  mettrez  aux  quatre 
coins  du  manteau  dont  vous  vous  couvrez,  saCI, 
Bible,  Deutéron.  ixii,  ta.  ||  Fig.  Partout  l'écume 
brillante  D'une  frange  étincelanle  Ceint  le  bord  des 
flots  amers,  lamaht.  Jlarm.  i,  3.  ||  2*  Terme  d'ana- 
tomie.  Franges  synoviales,  replis  des  synoviales  lé- 
gèrement flottants  dans  les  cavités  articulaires. 
Il  3"  Poisson  du  genre  cyprin. 

—  HIST.  XII*  s.  Cist  [la  charité  de  Christ]  est  li 
oignemcnz  ki  dessent  del  chief  en  la  barbe,  ki  des- 
sent assi  en  Torlle  del  vesliment,  cnsi  que  nés 
[même]  une  petite  frange  ne  soit  senz  oignemenz, 

STBERN.  562. 

—  ÊTYM.  Wallon,  frinche;  provenç.  fremna;  sicil. 
frima;  du  lat.  fimbria,  par  transposition  do  l'r 
frimbia,  où  bi  (comparez  plonger)  se  change  en  g 
doux  à  l'exemple  de  mi  qui  .se  change  aussi  en  g 
doux,  iimiiis,  singe.  On  peut,  à  franger,  voir  la 
forme  frienger.  L'italien  frangia,  l'espagnol  fran- 
sa,  Tallomand  Franse,  l'anglais  fringe,  viennent  du 
français.  Varron  rapproche  fimbria  de  fibra  ,  fibre. 

FRANGÉ,  ÊE  {fran-jé,jée),  pari,  poste  de  franger. 
Il  1°  Garni  de  franges.  Un  rideau  frangé.  ||  Terme  do 
bla.son.  Gonfanons  frangés,  gonfanont  qui  ont  dos 
frangss  d'un  autre  émail.  i|  f*  Terme  d'hisloire  na- 


FRA 

:.-oI1r.  Découpé  itir  les  bonis.  Les  pennes  de  l'aile 

"ndré  noiritre  ont  leurs  barbes  extérieures  plus 
;  '.lires  et  frangées  de  gns  blanchâtre,  buff.   Ois. 

IX,  p.  251,  dans  pocgf.ns.  |!  Substantivement.  Sous 
:  I.  queue,  un  franf;é  jaunâtre  boide  le  gris  brun 
lacé  dans  cliaque  penne,  iiuff.  Ois.  t.  xi,  p.  loo. 

3".  Terme  d'anatoraie.  Corps  frangés  ou  bordés, 
i  indclettes  médullaires  qui  dans  le  cerveau  naissent 
li.'S  angles  postérieurs  de  la  voûte  à  trois  piliers. 

t  FRANGEON  (fran-jon),.ç.  m.  Morceau  de  frange, 
petite  frange.  Un  frangeon  des  tentures  de  velours, 
détaché  en  l'air,  était  tombé  sur  le  haut  de  la  per- 
ruque du  roi,  ST-SIM.  67,  )  U. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  franqc. 

f.  FRANGER  (fran-gé.  Le  g  prend  un  e  devant  o 
ou  0  :  je  frangeais,  nous  frangeons),  v.  a.  Garnir, 
orner  de  franges.  Franger  une  jupe. 

—  IIIST.  XIV*  s.  Frienges  de  verde  .soye,  dont  on 
frienga  les  pignons  [pennons]  des  trompes....  caf- 
riAUX,  Abattis  de  maisons,  p.  IR.  Getter  dessus  du 
salîran  par  filés,  l'un  çà,  l'autre  là  ;  ce  que  les  queux 
[cuisiniers]  diont  frangié  de  saiïran,  Ménagier,  ii,  5. 
!|  xvr  s.  Il  avoit  les  jambes  frangées  et  toute  sa  per- 
sonne blessée  de  coups  de  fouet,  desper.  Contes,  xliu. 

—  ÈTYM.  Frange. 

■2.  FRANGER  (fran-ié)ou  FRANGIER(fran-iié),i. 
m.  Ouvrier  qui  fait  de  la  frange.  La  déclaration  du 
i  avril  1707  rendue  en  faveur  de  la  communauté 
des  maîtres  tissutiers,  rubaniers,  frangers....  Arrêt 
du  conscil^SO  juiU.  <738. 

—  ÉTYM.  Frange. 

t  FRANGIBILITÉ   (fran-ji-bi-li-tc),  s.  f.  Qualité 
"de  ce  qui  est  frangible. 
ÉTYM.  Frangible. 

I  t  FRANGIBLE  (fran-ji-bl'),  adj.  Qui  est  suscep- 
nble  d'être  rompu. 

^  —  HIST.  XIV"  s.  'Toutes  les  pierres  sont  frangi- 
jles,  Nat.  à  l'alch.  err.  t(8.||xvi«  s.  Les  utenciles 
frangibles,  comme  verres,  o.  de  serbes,  8S2. 

—  f.TYM.  Lat.  frangerc,  briser. 
FR.\NGIPANE   (fran-ji-pa-n') ,    s.  f.\\i'  Espèce 

lie  parfum.  Pommade  à  la  frangipane.  Notre  pauvre 
raessire  Énée,  La  voyant  [Vénus]  grandir  à  l'instant 
De  quatre  pieds  et  d'un  empan,  Sentant  de  son  corps 
diaphane  Sortir  odeur  de  frangipane,  scariî.  Virg. 
1.  Il  Sorte  de  liqueur  parfumée.  ||  2"  Gantsà  la  fran- 
gipane, gants  faits  avec  une  peau  parfumée.  Je  vous 
aurais  envoyé,  parl'ordinaire  pa.ssé,  les  gantsde  fran- 
gipane que  vous  désirez,  poussin,  Lett.  7  oct.  l(>46. 
J'ai  fait  ce  que  j'ai  pu  la  semaine  passée  pour  trouver 
de  bons  gants  à  la  frangipane,  id.  ib.  I8  oct.  1649. 

II  3°  Espèce  de  crème  dont  on  se  sert  pour  garnir  ou 
foncer  certaines  pièces  de  pâtisserie.  Tarte  à  la  fran- 
gipane ou  de  frangipane.  |1  La  tarte  elle-même  ainsi 
préparée.  Servir  une  frangipane.  |{  4°  Genre  de  poire. 

—  KEM.  On  a  dit  aussi  franchipane :  Je  ne  vous 
saurais  dire  combien  j'ai  eu  de  plaisir  de  voirl'huilB 
de  jasmin,  les  gants  de  franchipane  et  les  rubans 
d'Angleterre  dans  des  vers  latins,  voit.  Lett.  (20. 

—  ÉTYM.  Génev.  franchipane.  Un  marquis  de 
Frangipani,  italien,  inventa  un  parfum  qui  prit 
son  nom,  et  dont  la  mode  s'empara  bientôt  pour  en 
parfumer  les  gants.  Ce  parfum  entra  ensuite  dane  la 
composition  d'une  espèce  de  pâtisserie. 

FRANGIPANIER  (fran-ji-pa-nié),  s.  m.  Arbris- 
■^eau  des  îles  d'Amérique  qui  a  des  rapports  avec  le 
laurier-rose  et  qui  donne  un  suc  laiteux  et  fort 
caustique  {genre  plumcria,  famille  des  apocynées). 

t  FRANGISTAN  (fran-ji-stan),  s.  m.  Nom  par  le- 
quel les  Orientaux  désignent  l'Europe  occidentale, 
le  pays  des  Francs. 

—  ÉTYM.  Frangi,  les  Francs  (voy.  franc  4),  et 
un  mot  persan  stan,  qui  signifie  demeure,  et  dont 
le  radical  est  dans  le  latin  stare,  être  debout,  et 
dans  plusieurs  autres  langues  aryennes. 

tFRANGULINE  (fran-gu-li-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Substance  amère  de  l'écoirce  du  rhamnus 
(rangula,  L. 

FRANQDE  (fran-k'),  ad^.  f.  Voy.  franc  4. 

FRANQUETTE  (fran-kè-f),  s.  f.  Usité  seulement 
dans  cette  locution  famiiière  :  à  la  franquette,  à  la 
bonne  franquette,  c'est-à-dire  tout  uniment,  fran- 
chement, loyalement.  Ehl  oui,  oui,  vous  autres 
grosses  dames,  vous  n'allez  point  tout  d'abord  à  la 
iViinquette,  la  font.  la  Coupe  enchantée,  se.  2.  Con- 
fessez à  la  Iraiiquette  que  vous  êtes  médecin,  mol. 
le  iléd.  m.  lui,  i,  7.  Tenez,  à  la  franquette ,  ma- 
ilamcMathurino,  dancourt,  Charivari,  se.  (4.  Tout 
à  ia  bonne  franquette  se  iiartagora,  favart,  Cherch. 
d'esprit,  se.  3. 

—  ExYM.  Franc  3.  Franquette  est  un  diminutif 
de  forme  picarde;  si  c'était  la  forme  française,  on 
di.-ait  franr.hetlc. 

•JICT.    I)i-,    La    HHUUE    FUANÇAISÏ. 


FRA 

t  FRAPPAGE  (fra-pa-j'),i.  m.  Terme  de  métier. 
Action  de  frapper;  résultat  do  cette  action. 

—  Et Yll .  Frapper. 

FRAPPANT,  ANTE  (fra-pan,  pan-f),  adj.  Qui 
fait  une  vive  impression  sur  l'esprit,  sur  les  sens. 
Un  portrait  frappant.  Une  vérité  frappante.  Les  dé- 
fauts les  plus  frappants  de  cet  homme.  Un  langage 
muet,  mais  si  frappant,  mass.  dans  planche,  Dict 
de  la  langue  orat. 

t  FRAPPART  (fra-par),  adj.  \\  1°  Frère  frappart, 
s'est  dit  d'un  moine  libertin  et  débauché.  ||  2°  Il 
se  dit  en  Lorraine  au  sens  propre.  Le  6  décembre , 
jour  de  la  Saint-Nicolas,  on  voit  des  gens  déguisés 
deux  à  deux  qui  vont  dans  les  maisons  porter  des 
bonbons  aux  enfants  en  s'informant  s'ils  sont  sages; 
l'un  est  costumé  en  façon  d'évèque  (saint  Nicolas); 
l'autre  est  en  moine  et  porte  une  verge  à  la  main  ; 
c'est  le  frère  frappart. 

—  HIST.  XV'  s.  Lierres  [voleur],  par  la  vierge  ho- 
nourée,  Vo  gueule  sera  estranglée,  Ja  vous  livrerai 
au  frapart  [bourreau],  eust.  diisch.  Poésies  mss. 
f"  238.  Princes  qui  boit  cha.scun  jour  de  fort  vin.  Par 
son  boire  devient  frère  frappart,  ID.  ib.  ('  206. 

—  Ktym.  Frapper  :  celui  qui  frappe  vigoureuse- 
ment, qui  est  fort  et  hardi. 

FRAPPE  (fra-p'),  s.  f.  ]\  i°  Empreinte  que  le  ba- 
lancier laisse  sur  la  monnaie.  ||  2°  Assortiment  de 
matrices  pour  fondre  des  caractères  d'imprimerie. 

—  HIST.  XM"  s.  Et  Renart  est  tornez  eu  fuie,  Et 
lesse  Belin  en  la  frape,  Hen.  238(6. 

—  ETYM.  Voy.    FRAPPER. 

FRAPPfi,  ÉE  (fra-pé,  pée),  part,  passé  de  frapper. 
Il  1°  Qui  a  reçu   un   coup.   Frappé  à  l'improviste. 

Frappé  de  la  foudre Même  à  ce  matin  une  brebis 

frappée  S'est  de  la  main  du  prêtre  et  du  temple 
échappée,  mair.  Sophon.  v,  4.  Il  ne  leur  reste  qu'à 
considérerde  quel  côté  allait  tomber  ce  grand  arbre 
ébranlé  par  tant  de  mains  et  frappé  de  tant  de  coups 
à  sa  racine,  Boss.  Anne  de  Gonz.  Et  si,  dans  hs  hor- 
reurs de  ce  désordre  extrême,  Votre  père  frappé  tombe 
et  périt  lui-même,  rac.  Iph.  v,  -2.  Le  pasteur  frappé, 
les  brebis  sont  dispersées,  mass.  Myst. Passion.  ||  Fig. 
Tous  ces  dogmes  affreux,  d'anathème  frappés,  boil. 
Sat.  XII.  Il  Drap  bien  frappé,  drap  fort  et  serré.  ||  On 
dit  de  même  qu'une  toile,  une  tapisserie  sont  bien 
frappées,  pour  exprimer  que  l'ouvrage  en  est  fin  et 
serré.  ||2°  11  se  dit  des  sens  de  l'ouïe,  de  la  vue. 
L'oreille  frappée  de  ce  bruit.  ||  3°  Qui  reçoit  une 
empreinte  par  le  coup  du  balancier.  Pièce  de  mon- 
naie bien  frappée.  ||  Fig.  Un  ouvrage  frappé  au  bon 
coin,  un  bon  ouvrage.  ||  On  dit  dans  un  sens  ana- 
logue :  un  ouvrage  frappé  au  coin  du  génie.  ||  Un 
vers  bien  frappé,  un  vers  (|ue  l'on  compare  à  une 
médaille  dont  l'empreinte  est  vive  et  nette.  Quel- 
ques vers  bien  frappés  ne  suffisent  pas,  volt.  Mél. 
litté.r.  Lettre  à  M.  de  Tressan.  \\  Un  eudroit  bien 
frappé,  passage  d'un  livre,  d'un  discours  qui  est 
d'une  expression  vive  et  faisant  effet.  ||  Fig. 
Dont  l'effet  est  vif.  Je  le  priai  [le  duc  de  Beau- 
villier)  de  peser  l'endroit  [de  mon  mémoire]  des 
mouches,  des  crapauds  et  de  ces  badinages,  que 
je  trouvais  moi-même  trop  frappé,  st-sim.  266, 
85.  Il  4°  Atteint.  Frappé  de  la  peste.  Frappé  d'une 
maladie  grave.  Frappé  d'apoplexie.  Marie-Thérèse, 
aussitôt  emportée  que  frappée  par  la  maladie,  se 
trouve  toute  vive  et  tout  entière  entre  les  bras 
de  la  mort,  sans  presque  l'avoir  envisagée,  bos.s. 
Mar.-Thér.  Il  [le  régent]  fut  averti  par  une  lé- 
gère attaque  d'apoplexie  qu'il  négligea,  ce  qui 
lui  en  attira  une  seconde  le  2  décembre  (723,  à 
Versailles  ;  il  mourut  au  moment  qu'il  en  fut 
frappé,  VOLT.  Louis  XV,  3.  ||  Frappé  de  Dieu,  qui 
reçoit  un  coup  de  la  Providence.  Quand  on  est 
affligé  et  frappé  de  Dieu,  mass.  Arent,  Afflict. 
Il  fître  frappé  à  mort,  être  malade  à  n'en  pouvoir 
réchapper.  On  le  vit  [le  cardinal  de  Richelieu]  traî- 
ner le  grand  écuyer  à  sa  suite,  de  Tarascon  à  Lyon, 
sur  le  Rhône,  dans  un  bateau  attaché  au  sien,  frappé 
lui-même  à  mort,  et  triomphant  de  celui  qui  allait 
mourir  par  le  dernier  supplice,  volt,  iiœurs,  )70. 
Il  Être  frappé  à  mon,  recevoir  une  blessure,  éprou- 
ver une  peine,  une  douleur  qui  conduisent  au  tom- 
beau. Je  n'ai  pas  trop  conçu,  disait  M.  de  Voltaire, 
comment  on  meurt  de  chagrin  et  comment  des  mi- 
nistres et  de  vieux  cardinaux,  qui  ont  l'âme  si  dure, 
ont  pourtant  assez  de  sensibilité  pour  être  frappés  à 
mort  pour  un  petit  dégoût,  volt.  Mél.  liltér.  Com- 
ment.hist.  t.  Lxiii,p.  «22.  Il  5° Fig.  Quireçoitcomme 
un  coup  porté  à  l'esprit,  au  cœur,  à  l'imagination, 
aux  sens.  Et  quand  vos  yeux  frappés  de  toutes  ces 
misères,  corn.  Nicom.  m,  l .  Mon  ignorance  méfait 
compter  pour  beaucoup  de  voir  une  personne  ten- 
drement aimée  ;  je  suis  frappée  des  objets,  et  .'ab- 


FRA 


1769 


sence  doit  me  déplaire  plus  qu'à  vous,  sÉv.  2i  l'év. 
tOHO.  On  conta  cela  [une  vision]  à  M.  le  prince;  il 
en  fut  un  pou  frappé,  puis  s'en  moqua,  id.  )3  déc. 
tuso.  Vous  êtes  frappée  de  cette  disposition  de  la 
Providence,  m.  238.  Le  public  détrompé,  D'un  pa- 
reil enjouement  ne  se  sent  plus  frappé,  boil.  Sat. 
xii.  Voulez-vous  que  frappé  d'une  crainte  si  basse.... 
RAC.  Alex.  I,  (.  César  de  tant  d'objets  en  môme  temps 
frappé....  m.  /irit.  v,  8.  De  mes  faibles  attraits 'lu 
roi  parut  frappé,  id.  Esth.  i,  ( .  Et  d'une  égale  hor- 
reur nos  ca;urs  étaient  frappés,  id.  Alhal.  il,  2.  Il 
est  de  tous  les  pécheurs  le  moins  frappé  des  dan- 
gers de  son  état,  mass.  Carême,  Inconst.  Dans  un 
sombre  chagrin  son  âme  enveloppée  Semblait  d'un 
grand  dessein  profondément  frappée,  volt.  Ali.  m, 
3.  Il  m'a  paru  tout  à  l'heure  extrêmement  frappé  de 
la  figure  de  cette  jeune  fille,  genlis,  Thédt.  déduo. 
Vrai  sage,  ii,  I .  ||  Avoir  l'esprit  frappé  d'une  idée, 
être  frappé  d'une  idée,  en  être  préoccupé,  obsédé. 
Ton  esprit,  je  le  crois,  du  trône  encor  frappé  Tou- 
jours du  même  objet  est  donc  préoccupé?  Ducis, 
Macbeth,  m,  4.  Corinne  était  frappée  de  l'idée 
qu'elle  ne  reverrait  plus  Oswald,  stael,  Corinne, 
IV,  6.  Il  Avoirl'imagination  frappée  de  quelque  chose, 
ou,  simplement,  avoir  l'imagination  frappée,  avoir 
l'imagination  saisie  par  quelque  appréhension,  par 
quelque  idée  sinistre.  On  dit  dans  le  même  sens  ;  il 
est  frappé.  Votre  imagination  était  si  frappée  que.... 
sÉv.  61 1.  Il  II  est  frappé  là,  signifie  que  c'est  sa  der- 
nière résolution  et  qu'il  n'en  démordra  pas.  ||  6"  Ra- 
fraîchi par  le  moyen  de  la  glace.  Du  Champagne 
frappé.  Il  7°  Terme  de  pointure.  Objet  frappé  de  lu- 
mière, celui  où  la  lumière  tombç  directement. 
Il  8°  S.  m.  Terme  de  musique.  Temps  de  la  mesure 
dans  lequel  l'on  baisse  le  pied,  ou  la  main,  ou  le 
bâton  de  mesure,  et  qui  marque  la  note  la  plus  forte. 
Le  levé  et  le  frappé.  ||  On  dit  aussi  adjectivement  : 
le  temps  frappé. 

f  FRAPPK-.MAIN  (fra-pe-min),  s.  m.  Un  des 
noms  de  la  main-chaude. 

—  lilST.  xvi"  s.  Comme  font  les  garsons  au  jeu 
de  frapemain,  Qui  .se  mussent  la  teste  et  la  mon- 
strent  soudain,  baïf,  OHuv.  p.  lo,  dans  lacl'RNE. 

—  Etv.m.  Frapper,  et  main. 

I  FRAPPE.MENT  (fra-pe-man),s.  m.  Action  de  frap- 
per. Pour  le  frappement  des  baguettes  [des  huissiers 
devant  les  présidents] ,  je  n'y  vois  d'origine  que  la 
foule,  et  d'avertir  de  faire  place,  st-sim.  374,  23 
Il  Le  frappement  du  rocher,  l'action  de  Mo'ise  le  frap- 
pant pour  en  faire  jaillir  l'eau.  Le  frappement  du 
rocher  par  Mo'ise  est  un  des  beaux  tableaux  du 
Poussin.  Dans  dos  événements  aussi  considérables 

j  que  fut  celui  du  frappement  du  rocher,  on  peut 
croire  qu'il  arrive  toujours  des  choses  merveilleuses, 

i  POUSSIN,  Lettres,  p.  354. 

—  HIST.  XVI'  s.  Frapement,  cotgrave. 

—  ETYM.  Frapper. 

t  FRAPPE-PLAQDE  (fra-pe-pla-k'),  s.  m.  Plaque 
de  fer  dont  les  orfèvres  se  servent  pour  donner  le 
contour  à  une  pièce.  \\Auplur.  Des  frappe-plaques. 

—  ErYM.  Frapper,  et  plaque. 

FRAPPER  (fra-pé),  r.  a.  ||  1°  Donner  un  ou  plu- 
sieurs coups.  Il  [le  cheval]  frappe  du  pied  la  terre, 
il  s'élance  avec  audace,  il  court  au-devant  des  hom- 
mes armés,  saci,  Bible,  Job,  x'xxix,  2) .  Voyez  comme 
elle  frappe  cette  poitrine  innocente,  comme  elle  se 
reproche  les  moindres  péchés,  boss.  Mar.-Thér.  Et, 
droit  entre  les  yeux,  [il]  Frappe  du  noble  écrit 
l'athlète  audacieux,  boil.  Lutr.  v.  [Il]  Lui  jette  pour 
défi  son  assiette  au  visage;  L'autre  esquive  le  coup; 
et  l'assiette  volant  S'en  va  frapper  le  mur  et  revient 
en  roulant,  id.  Sat.  m.  Ceux  qui  gémirent  sur  l'a- 
venture des  diables  de  Loudun,  ceux  qui  trouvèrent 
mauvais  qu'un  récollet,  en  conduisant  Urbain  Gran- 
dior  au  supplice,  le  frappât  au  visage  avec  un  cru- 
cifix de  fer....  volt.  Désastre  de  Lisbonne,  préf.  Tout 
est  perdu,  au  contraire,  quand  on  le  traite  [le 
peuple]  comme  une  troupe  de  taureaux  ;  car  tôt  ou 
tard  ils  vous  frappent  de  leurs  cornes,  id.  Lett.  Lin- 
guet,  15  mars  (787.  Il  [le  pape  Boniface  VIII] 
se  présenta  avec  majesté  devant  Colonna  et  Noga- 
ret  ;  il  est  fort  douteux  que  Colonna  ait  eu  la  bru- 
talité de  le  frapper,  id.  Mœurs,  65.  ||Se  frapper, 
frapper  à  soi.  Et  se  frappant  le  sein  de  ses  pleurs 
inondé,  volt.  Sémir.  i,  ).  1|  Frapper  un  coup, 
donner  un  coup  sur  quelque  chose.  Le  régisseur 
va  frapper  les  trois  coups  (c'est  au  théâtre  le 
signal  pour  lever  le  rideau).  ||  Fig.  Frapper  un 
coup,  faire  quelcjue  tentative  violente,  périlleuse. 
11  veut  frapper  le  coup  sans  notre  'uinisière , 
CORN.  Uéracl.  m,  3.  Tandis  que  Louis....  Au  Nil 
épouvanté  ne  va  porter  la  guerre,  Que  pour  venir 
bientôt     frappant  des   coups  plui  sûrs.  Délivrer 

I.  —  222 


1770 


FRA 


ton  Dieu  mémo  et  lui  rendre  ces  murs  |de  Je- 
rusaleuil,  voi-T.  Zaxn,  ui,  ♦•  Du  coup  qu'on  va 
frapper  au  milieu  de  la  nuit,  Vos  regards  dès 
demain  recueilleront  le  fruit,  m.  j.  chén.  Char- 
les  IX  II,  «.  Il  FiR-  e'  familièrement.  Frapper  son 
coup.'p"'''"'''^  '''^''^^'  qu'on  so  pi opose.  ||  Frapper 
les  Kiands  coups,  employer  les  grands  moyens,  faire 
quelque  chose  d'extraordinaire.  ||  Frapper  l'air, 
ébranler  l'air  par  la  commotion  d'un  bruit.  Qui 
frappe  l'air,  bon  Dieu  !  de  ces  lugubres  cris?  Est-ce 
donc  pour  veiller  qu'on  se  couche  à  Paris?  doil. 
.s'o(.  VI.  Il  î"  Battre  et  serrer  sur  le  métier  la  trame 
d'une  toile,  etc.  H  Former  la  tête  des  épingles. 
Il  Terme  de  marine.  Attacher  fortement  et  à  de- 
meure. Frapper  une  poulie.  ||  3°  Terme  de  mon- 
nayage. Donner  l'empreinte.  Frapper  de  la  mon- 
naie. On  a  frappé  en  Angleterre  une  médaille  de 
l'amiral  Anson;  c'est  un  chef-d'œuvre  digne  du 
temps  d'Auguste;  le  revers  est  une  victoire  posée 
sur  un  cheval  marin,  tenant  une  couronne  de  lau- 
rier, VOLT.  Lctt.  Thiriot,  14  juin  I7(;9.  La  ligue 
règne  sous  le  nom  de  ce  cardinal  de  Vendôme, 
qu'elle  appelait  Charles  X,  au  nom  duquel  on  frap- 
pait la  monnaie,  tandis  que  le  roi  le  retenait  pri- 
sonnier à  Tours,  m.  Mœurs,  (74.||Fig.  Bien  frap- 
per un  vers,  le  marquer  d'une  vive  empreinte. 
Il  4°  Frapper  avec  un  instrument  tranchant  ou  avec 
une  arme.  Frappez  l'arbre  infructueux  qui  n'est  plus 
bon  que  pour  le  feu,  boss.  Marie-TItcr.  Comment 
frapper  un  roi  de  gardes  entouré?  volt.  Oreste,  i,  2. 
Il  Absolument.  Il  frappe,  et  le  tyran  tombe  aussitôt 
sans  vie,  cobn.  hi'racl.  v,  7.  Les  mains  élevées  à 
Dieu  enfoncent  plus  de  bataillons  que  celles  qui 
frappent,  BOss.  Marie-Thér.  L'infidèle  s'est  vu  par- 
tout envelopper,  Et  je  n'ai  pu  trouver  de  place  pour 
frapper,  RAC.  Andr.\,i.  Je  lui  marque  le  cœur  où  sa 
main  doit  frapper,  id.  Mithr.  iv,  t.  Frappez,  aucun 
respect  ne  vous  doit  retenir;  J'ai  tout  l'ait,  et  c'est 
moi  que  vous  devez  punir,  id.  ib.  iv,  2.  ||  5°  Frapper 
de  glace,  ou,  simplement,  frapper,  rafraîchir  très- 
promptement  du  vin,  une  liqueur  avec  de  la  glace  (la 
glace  frappant  pour  ainsi  dire  et  saisissant  le  li- 
quide). Frapper  du  Champagne.  ||  6°  Se  porter  vers, 
darder  sur.  Les  parties  d'un  objet  que  la  lumière 
frappe.  Déjà  le  jour  plus  grand  nous  frappe  et  nous 
éclaire,  rac.  Iphig.  i,  f.  117°  Faire  impression  sur 
les  organes  de  la  vue  ou  de  l'ouïe.  Un  bruit  loin- 
tain frappa  mon  oreille.  Les  lueurs  de  l'incendie 
frappaient  nos  yeux.  Tu  n'as  frappé  mes  yeux  d'un 
niomentde  clarté....  corn.  Ilor.  m,  i .  Ils  [ces  noms] 
m'ont  frappé  l'oreille,  ils  m'ont  blessé  le  cœur,  m. 
Héracl.  m,  5.  Auras-tu  donc  toujours  des  yeux  pour 
ne  point  voir.  Peuple  ingrat?  (|Uoi  I  toujours  les 
plus  grandes  merveilles.  Sans  ébranler  ton  cœur, 
frapperont  tes  oreilles?  rac.  Alh.  i,  <.  Viens,  re- 
connais la  voix  qui  frappe  ton  oreille,  id.  Iphig.  i,  < . 
Joas  laissé  jiour  mort  frappa  soudain  ma  vue,  id. 
Alhal.  1,  2.  Il  Fig.  Frapper  les  yeux,  attirer  l'atten- 
tion. Pour  moi,  je  voudrais  bien  que,  pour  vous 
montrer  mieux,  Une  charge  à  la  cour  vous  put  frap- 
per les  yeux,  mol.  Mis.  m,  7.  ||  8°  Faire  impression 
sur  l'esprit  ou  le  cœur.  Les  désastres  d'Othon  ainsi 
que  moi  vous  frappent,  conN.  Othon,  v,  5.  Un  ten- 
dre souvenir  frappait  soudain  mon  âme,  th.  cobn. 
Ariane,  i,  4.  Ce  jour,  ce  triste  jour  frappe  encorma 
mémoire,  rac.  Bril,  i,  t.  Jugez  combien  ce  coup 
frappe  tous  les  esprits,  id.  ib.  v,  5.  De  quel  éton- 
nement,  ô  ciel,  suis-je  frappée!  in.  Bajai.  m,  a. 
Quelque  songe  effrayant  cette  nuit  l'a  frappé,  id. 
Esth.  II,  (.  Mais  je  vois  que  mes  pleurs  et  que  mes 
vains  discours  Pour  vous  persuader  sont  un  faible 
secours,  Votre  austère  vertu  n'en  peut  être  frappée, 
id.  Athal.  V,  2.  Les  faibles  intérétsdoivent  peu  nous 
frapper,  volt.  Sémiram.  ii,  3.  L'un  d'eux  est  ce  hé- 
ros dont  les  traits  m'ont  frappée,  id.  Oreste,  m,  4. 
Ces  oiseaux  de  carnage  frappent  tous  les  autres  oi- 
seaux d'une  frayeur  si  vive  qu'on  les  voit  frémir  à 
leur  aspect,  buff.  Ois.  t.  xi,  p.  too,  dans  pougkns. 
La  douceur  et  la  simplicité  des  Indiens  le  frappè- 
rent [Las  Casas]  à  tel  point,  qu'il  se  fit  ecclésiasti- 
que pour  travaillera  leur  conversion,  raynal,  Ilist. 
phil.  VII,  15.  Il  Absolument.  Voilà  ce  qui  surprend, 
frappe,  saisit,  attache,  boil.  Art  p.  111.119°  Il  se 
(lit  des  coups  du  sort,  des  afflictions  divines.  Le  Sei- 
gneur vous  frappera  de  frénésie,  d'aveuglement  et 
de  fureur,  saci.  Bible,  Deutér.  xxviii,  28.  Le  Sei- 
gneur éloignera  de  vous  toutes  les  langueurs,  et  il 
ne  vous  frappera  point  des  plaies  très-malignes  dont 
vous  savez  qu'il  a  frappé  l'Egypte,  id.  ib.  vu, 
*i.  Le  Seigneur  frappera  d'indigence  la  maison  de 
l'impie;  mais  il  bénira  les  maisons  des  justes,  id.  th. 
Pror.  de  Soi.  m,  33.  Dieu  frappa  d'aveuglement 
tout  M.  qui  avait  contribué  à  la  rupture  d  un  ma- 


FRA 

riage  aussi  solennel  que  celui  de  Catherine,  doss. 
Yar.  Il,  §  21.  Pendant  que  nous  tremblons  sous 
leur  main  [des  pui-ssants  de  la  terre].  Dieu  les 
frappe  pour  nous  avertir,  id.  Duch.  d'Orl.  Il  frappe 
ces  nuées  d'aridité  et  de  sécheresse,  mass.  Carême, 
Parole.  Dieu  frappe  autour  de  nous  nos  proches, 
nos  amis,  id.  Orais.  fun.  Dauph.  Je  pardonne  à  la 
main  par  qui  Dieu  m'a  frappé,  volt.  Ah.  v,  7.  Il 
se  sentait  frapper  d'une  main  invisible,  iD.//enr.iii. 
Le  ciel  en  me  frappant  donne  un  exemple  aux  rois, 
M.  j.  cnÉN.  Charles  IX,  v,  4.  [Nos  amis  et  parents 
morts]  Ils  t'ont  prié  [mon  Dieu  1]  pendant  leur  courte 
vie.  Ils  ont  souri  quand  tu  les  as  frappés,  lamart. 
Uarm.  n,  <.  ||  Absolument.  Tu  frappes,  tu  guéris, 
lu  perds  et  ressuscites,  rac.  Alhal.  m,  7.  Mon 
cœur  désespéré  se  soumet,  s'abandonne  Aux  vo- 
lontés d'un  Dieu  qui  frappe  et  qui  pardonne,  volt. 
AU.  v,  7.  Frappe,  mon  Dieu;  car  je  l'ai  mérité, 
deaomabch.  Mère  coup,  iv,  *3.  ||  Faire  mourir. 
Dieu  frappe  tous  les  premiers-nés  des  Egyptiens. 
Il  10°  Punir.  11  nous  reste  à  frapper  quelques  se- 
crets complices,  volt.  Triumv.  i,  4.  ||  Absolument. 
[/\  Venise]  La  mort  frappe  sans  bruit,  le  sang 
coule  en  silence,  ducis,  Othello,  i\,  7.  ||  Frapper 
d'anathème ,  de  réprobation,  anathématiser,  ré- 
prouver. Il  11°  Affecter,  affliger.  Ne  doutez  point, 
seigneur,  que  ce  coup  ne  la  frappe,  rac.  Brit. 
m,  ).  Je  connais  votre  cœur  :  vous  devez  vous 
attendre  Que  je  vais  le  frapper  par  l'endroit  le  plus 
tendre,  m.  Bérén.  m,  3.  L'avenir  l'inquiète  et  le 
présent  le  frappe,  id.  Esth.  ii,  3.  ||  Il  se  dit  des  ma- 
ladies. Tant  de  victimes  que  la  peste  a  frappées.  Il 
a  été  frappe  d'apoplexie.  ||  12°  Terme  de  jurispru- 
dence. Etre  établi,  assigné  sur.  Cette  hypothèque 
frappe  tous  les  biens  du  débiteur.  ||  Absolument. 
Son  hypothèque  frappe  sur  tel  immeuble.  ||  Terme 
d'administration.  Frapper  les  marchandises  d'un 
droit  à  l'entrée,  à  la  sortie.  ||13°  Y.  n.  Donner  un 
coup.  Frapper  dans  la  main.  Frapper  fort Pâ- 
lit, frappe  du  pied,  frémit,  déteste,  tonne,  rotr. 
St  Geriest.  n,  ».  Tous  ceux  qui  passaient  par  le 
chemin  ont  frappé  des  mains  en  vous  voyant,  saci. 
Bible,  Jérénne,Lamenl.n,^B.  Toutpère  Irappe à  côté, 
LA  font.  Fabl.  VIII,  20.  Le  czar  y  voulut  tout  voir, 
tout  e.xaminer,  et  finit  par  le  réfectoire  où  il  de- 
manda un  coup  de  vin  des  soldats,  but  à  leur  santé, 
les  traitant  de  camarades,  et  frappant  sur  l'épaule 
de  ses  voisins,  duclos,  Mém.  rég.  OEuv.  t.  v,  p.  297, 
dans  pouGKNS.  Quand  ils  [les  lamas]  sont  excédés 
ou  qu'ils  succombent  sous  le  faix,  il  est  inutile  de 
les  harceler  ou  de  les  frapper;  ils  s  obstinent  jus- 
qu'à se  tuer  en  frappant  de  la  tête  contre  la  terre, 
RAYNAL,  llisl.  phil.  VII,  29.  Surpris,  quand  il  a  frappé 
au  cœur  d'un  empire,  d'y  trouver  un  autre  sentiment 
que  celui  de  la  soumission  et  de  la  terreur,  il  se  sent 
vaincu  et  surpassé  en  détermination,  ségus,  llist. 
de  Nap.  viii,  8.  ||  Il  frappe  comme  un  sourd,  il  frappe 
sans  dire  mot,  se  dit  d'un  homme  qui  bat  avec  vio- 
lence. Il  Fig.  Porter  atteinte.  Les  tribunaux  frappent 
sans  cosse  sur  la  juridiction  patrimoniale  des  sei- 
gneurs, MONTF.SQ.  Espr.  IV,  4.  ||  14"  Frapper  à  une 
porte,  ou,  simplement,  frapper,  c'est-à-dire  frapper 
pour  la  faire  ouvrir.  On  frappe  à  la  porte.  Mercure 
frappe,  on  ouvre  ;  aussitôt  Philémon  Vient  au-devant 
des  dieux  et  leur  tient  ce  langage,  la  font.  Phil.  et 
Bauc.  Quel  bruit  àdescendre  m'oblige,  El  qui  frappe 
en  maître  où  je  suis?  mol.  Amph.  ni,  5.  Quelle  in- 
solente main  frappe  à  coups  redoublés?  rac.  Athal. 
V,  I .  Il  Fig.  Frapper  à,  s'adresser  à.  Demandez  avec 
instance,  et,  s'il  /Dieu]  rejette  vos  demandes,  cher- 
chez les  moyens  de  l'apaiser,  ....frappez  à  la  jus- 
tice, et  dites-lui  :  oh!  justice  do  mon  Dieu,  vous 
ne  punissez  pas  nos  fautes  avec  rigueur  en  ce 
monde;  frappez  à  la  sagesse,  et  dites-lui  :  oh  !  sa- 
gesse de  mon  Dieu,  vous  savez  tant  de  moyens  de 
vaincre  mon  vice,  ooss.  Abrégé  d'un  sermon  pour 
le  vendredi  delà  i"sem.de  carême.  Le  rouge-gorge 
s'adresseaux  cabanes,  l'hirondelle  frappe  aux  palais, 
ciiATEAUBH.  Génie,  i,  v,  7.  ||  Fig.  Frapper  à  toutes 
les  portes,  s'adressera  toutes  sortes  do  personnes. 
Le  roi  [de  Prusse]  s'cchaulTait  et  disait  que,  tantque 
notre  cour  [de  France]  frapperait  à  toutes  les  por- 
tes pour  obtenir  la  paix,  il  ne  s'aviserait  p.is  de  se 
battre  pour  elle,  volt.  Mél.  Utt.  Comment,  hisl. 
t.  lxiu,  p.  48.  Il  15°  Fig.  Frapper  à,  s'approcher  de. 
Maintenant  que  le  temps  a  milri  mes  désirs,  Que 
mon  âge,  amoureux  de  plus  siiges  plaisirs,  Bientôt 
s'en  va  frapper  à  son  neuvième  lustre,  boil.  Épit.  v. 
Il  l''rapper  à  la  borne,  atteindre  la  limite.  Il  a 
frappé  à  la  borne  de  son  intelligence  ;  il  faut  mémo 
absolument  que  cela  soit  ainsi,  sans  quoi  nous 
irionsdcdegréendegréjusqu'àl'infini,  volt.  Philos, 
ignorant.  Question  9°.  ||  16°  L'heure  a  frappé,  elle  a 


FRA 

sonné.  ||  Activement.  L'horloge  dupalaisvint  à  frap- 
per onze  heures,  Régnier,  Sat.  viii.  ||  17"  Terme  de 
chasse.  Frapper  à  route,  remettre  sur  la  trace  de  il 
bête  les  chiens  qui  sont  en  défaut.  ||  Frapper  aux 
brisées  se  dit  du  veneur,  lorsqu'ayant  fait  son  rap- 
port, il  va  laisser  courre.  ||  18°  Se  frapper,  t'.  reft. 
Se  donner  un  coup.  Se  frapper  à  la  tête.  ||  Se  por- 
ter un  coup  d'une  arme.  Il  so  tait  et  se  frappe  en 
achevant  ces  mots,  rac.  Théb.  m,  3.  ]\  19°  Se  frap- 
per réciproquement.  Ils  se  sont  frappes  l'un  l'autre. 
Il  Fig.  Vardesa  extrêmement  plu  à  Termes,  et  Ter- 
mes àVardes;  leurs  esprits  se  sont  frappés  d'an 
agrément  égal  ;  c'a  été  un  coup  double,  sÉv.  367. 
(I  20°  S'affecter  de  terreur  ou  de  crainte.  Il  se  frappe 
beaucoup  de  ces  événements.  C'est  un  homme  qui 
se  frappe  aisément.  ||  21°  Être  frappé  en  parlant  du 
vin  qu'on  rafraîchit  par  la  glace.  Le  Champagne 
se  frappe  pour  le  dessert. 

—  HIST.  XIV"  s.  Mais  ainchois  que  [avant  que] 
mais  voie  le  solail  csconser,  Leur  fera  telle  aieuwe 
[aide]  Richiars  au  bien  fraper....  Hugues  Capet,  v. 
233(!.  Se  le  vin  est  pourri,  mettre  la  queue  [ton- 
neau] emmi  une  court  sur  deux  treteauli,  afin  que 
la  gelée  y  frappe,  Ménagier,  u,  :î.  ||  xv°  s.  En  l'est 
du  roy  s'estoit  frappée  une  maladie  de  (lux  de  ven- 
tre, I.  lefèvre  de  st-remy,  Ilist.  de  Charles  VI, 
p.  67,  dans  LACURNE.  Le  feu  se  frappa  en  aucun  de 
ses  navires,  m.  ib.  p.  82.  Quant  la  mulle  eut  circuit 
toute  la  praerie,  elle  se  frappa  dans  la  forest,  Perce- 
forest,  t.  u,  f"  s.  Les  François  à  clieval,  quiestoient 
de  deux  à  trois  cent  lances,  frappèrent  vaillamment 
sur  l'autre  coslé,  où  il  y  avoit  bien  de  deux  à  trois 
mille  archers  et  deux  cent  lances  d'Anglois.  Chro- 
nique de  la  Pucelle,  ch.  )0.  De  trop  boire  frappée, 
une  teste  en  réchappe....  X  ces  grands  coups  de 
Mars,  tout  remède  y  est  vain,  hasselin,  xix.  Et  en 
armes  chascun  se  tiengne  X  frapper  d'espieu  et  de 
lance,  Myst.  du  siège  d'Orléans,  p.  85.  Puis  la  terre 
de  Beausse  avons,  Frappant  jusque  es  forsbourgs 
d'Orléans,  ib.  p.  46.  \\  xvi's.  Ce  conte luyveint  frap- 
per l'imagination,  mont,  i,  9».  Et  n'y  eut  pre.sque 
rien  de  sauvé  que  les  siioo  bisongnes  par  la  sages.se 
de  ceux  qui  les  menoient,  qui  frappèrent  à  terre 
[abordèrent]  au-dessous  de  Meidelbourg,  d'adb.  hisl. 
Il,  72.  Cela  est  frapper  à  la  porte  d'un  tres])assé , 
COTGRAVE.  Je  cherche  et  quiers,  et  frappe  aux 
huys  et  maille.  Et  si  ne  puis  croquer  la  seule  maille, 
G.  CRETIN,  Épit.  nu  roi  Louis  XII.  L'horloge  frappe 
[l'horloge  sonne  les  heures],  oudin,  Curios.  fr.  Tel 
cuide  frapper  qui  tue,  cotgrave.  Toujours  ne  frappe 
l'on  pas  ce  à  quoy  l'on  vise,  id.  ib. 

—  ETV.M.  Bourguign.  fraipai;  provenç.  frapar; 
anc.  cat.  frappar;  ital.  frappare;  d'après  Granga- 
gnage,  du  hollandais  flappcn,  souffleter;  angl.  to 
fiai),  battre  de  l'aile.  Diez,  qui  donneaussi  de  l'at- 
tention à  cette  étymologic,  incline  pourtant  vers  le 
haut-allemand  hrappa,  insulter,  attrihuantà  frapper 
le  sens  primitif  d'injurier,  sur  ce  fondement  que, 
dans  les  patois  anglais,  frape  a  le  .sens  de  dire  des 
injures  et  que  le  mot  n'y  peut  venir  que  du  fran- 
çais. Malgré  cette  autorité,  l'étymologie  par /îappeii 
parait  mériter  la  préférence.  Du  reste  nous  n'avons, 
dans  l'historique,  d'exemples  que  du  xiv  siècle. 

f  FRAPPERIE  (fra-pe-rie),  s.  f.  Action  de  frap- 
per; coups.  La  faute  venait  de  ceiu  qui  avoient  com- 
mencé la  frapperie,  legoarant. 

—  ÉTYM.  frapper. 

FRAPPEUR,  EUSE  (fra-peur,peû-z'),  s.  m.  et  f. 
Il  l°Termefamilier. Celui, cellequifrappe.  Iln'yavail 
pas  place  en  un  hommepour  tant  de  frappeurs,  scarr. 
Bom.com. II, 7.  Par  ma  foi  cesfrappeursfrappaient  si 
rondement.  Que  vous  en  auriez  ri  vous-même  assu- 
rément, iiAUTEROCHE,  Nobles  de  prov.  ii,  2.  Au 
moins  que  je  connaisse  le  frappeur  qui  me  frappait 
si  distinctement;  si  c'est  une  frappeuse,  elle  est  dia- 
blement forte,  BARON,  Homme  n  bomies  fortunes,  v, 
8.  Il  Fig.  Le  duc  de  Beauvillier  ne  devait  pas,  par 
cette  sorte  de  dévotion  si  mal  entendue,  enhanlir 
les  frappeurs  et  se  laisser  porter  par  terre,  st-sim. 
2.18,  (83.  Il  2°  Ouvrier  forgeron.  \\3°Adj.  Esprits  frap- 
peurs, sorte  de  superstition  contemporaine  par  la- 
iiuelle  on  s'imagine  que  des  esprits  frappent  les  murs, 
les  meubbs,  et  font  par  là  conaaitre  leur  volonté. 

—  Ktvm.  Frapper. 

t  FRASAGE  (fra-za-j'),  *.  m.  Action  de  ftaseï  la 
pâle;  résultat  do  cette  action. 

—  KTVM.  Fraser  i. 

t  FRASE  (fra-z^ ,  j.  f.  Outil  avec  lequel  en  racle 
le  pétrin  pour  faire  le  frasage. 

—  ÈTVM.   Voy.  FRASER  ). 

t  FRASEAU"(fra-zô),  ».  m.  Tige   sur  laquelle  se 
meuvent  les  rouets  de  l'ourdisseur. 
t  < .  FRASER  (fra  -zé},  v.  a.  Le  mime  que  fraiser  t. 


FRA 


FRA 


FRA 


1771 


fs.  PUASEK  (fra-sé),  v.  a.  Le  même  que  fraiser  3. 
FRASQUE  (fra-sk'),  s.  f.  Terme  familier.  Acte  ex- 
j       Iravagant  fait  avec  quoique  éclat  ou  scandale.  Mal- 
[l      heureu.x  que  je  suis  d'avoir  dessous  ce  masque  Été, 
«ans  y  penser,  te  faire  celte  frasque,  mol.  l'ih.  ni, 
(2.  La  frasque  ridicule  qu'il  [le  catilinal  de  Bouillon] 
avait  faite  sur  cette  terre  du  Dauphiné  et  d'Auver- 
i       gne,  avait  mortifié  sa  vanité,  ,st-sim.  45,  18.  Plu- 
sieurs frasques  qu'il  (le  grand  prieur]  avait  hasar- 
dées sur  la  faveur  do  sa  naissance  reçurent  enfin  le 
soup  de  caveçon  [de  n'être  pas  employé  dans  l'ar- 
mée d'Italie],  ID.  504,(07.  On  se  pardonne,  lui  di- 
rent-ils,   ces  petites  frasques  entre  parents,    sans 
quoi  il  faudrait  passer  sa  vie  dans  d'éternelles  que- 
relles, VOLT.  Princesse  Babyl.  lO.   Alcil)iade  faisait 
couperla  queue  à  son  chien,  pour  empêcher  les  Athé- 
niens de  remarquer  certaine  frasque  dont  on  com- 
mençait à  parler,  ID.  Lett.  d'Argental,  3  oct.  (704. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'il  y  a  abus  de  ce  costé  là,  les 
ministres  de  justice  font  des  frasques  nompareilles. . .. 
FROUMENTF.AO ,  Finances,  3'  livre,  p.  67.  Ceux  qui  le 
couloient  excuser  de  quoy  il  avoit  faict  ceste  fras- 
que à  ses  compagnons....  brant.  Launoy. 

—  ÉTYM.  Ital.  frasca,  branche,  feuillage,  et  au 
pluriel  balivernes.  L'origine  de  ce  mot  italien  em- 
prunté dans  le  xvi"  siècle  est  ignorée.  On  disait 
aussi  frasqnerie,  de  l'italien  frascheria. 

l'RATER  (fra-tèr),  s.  m.  ||  1"  Par  ironie,  garçon 
chirurgien,  alorsque  les  chirurgiens  barbiers  avaient 
des  garçons.  ||  Par  extension,  chirurgien  ou  médecin 
de  bas  étage.  Un  magister,  s'empressant  d'étouffer 
Quelque  rumeur  parmi  la  populace.  D'un  coup  dans 
l'œil  se  fit  apostropher.  Dont  il  tomba  faisant  laide 
grimace;  Lors  un  frater  s'écria  :  place!  place!  J'ai 
pour  ce  mal  un  baume  souverain,  j.  b.  rouss. 
Épigr.  I,  25.  Il  2»  Celui  qui  fait  la  barbe  à  bord 
d'un  vaisseau  et  dans  un  régiment. 

—  HIST.  XVI"  s.  Ainsi  ce  pauvre  frater  [moine] 
commença  à  brûler  par  telle  concupiscence,  que.... 

MARG.  NotW.   XXIII. 

—  ÉTY5I.  I.at.  frater,  frère.  Il  est  possible  que  ce 
mot  de  fraler  vienne  des  moines  chirurgiens.  Dans 
les  campagnes  normandes  et  ailleurs  on  appelle  fra- 
ler un  barijier. 

FRATERNEL,  ELLK  (fra-tèr-nèl,  nè-1'),  adj.  Qui 
appartient,  qui  convient  à  des  frères.  Union  frater- 
nelle. Rompre  les  sacrés  nœuds  d'une  amour  frater- 
nelle, coBN.  Pomp.  1,  2.  Où  vas-tu  nous  réduire, 
amitié  fraternelle?  m.  Rodng.  i,  5.  ||  Par  extension. 
Parmi  les  doux  plaisirs  d'une  paix  fraternelle,  eoil. 
I.utr.  I.  Il  Charité  fraternelle,  charité  des  chrétiens 
entre  eux.  ||  Correction  fraternelle,  réprimande 
douce,  secrète,  et  dictée  par  l'esprit  de  charité  qu'on 
doit  à  des  frères. 

—  HIST.  XIV'  s.  Ce  ne  semble  pas  estre  amisté  ou 
communicacion  fraternel,  ohesme,  Eth.  24s.  ||  xvi"  s. 
Aux  biens  fraternaux,  le  frère  déboute  la  sœur  ab 
intestat,  Nouv.  coust.  t.  iv,  p.  ooo. 

—  ÉTYM.  Provenç.  etespagn.  fraternal;  itil.  fra- 
ternale;  du  lat.  /"rater,  frère,  par  l'intermédiaire  de 
l'adjectif  frafoTitiS,  allongé  avec  le  suffixe  al. 

FRATERNELLEMENT  (fra-tèr-nè-le-man),  adv. 
D'une  manière  fraternelle.  Vivre  fraternellement. 

—  HIST.  XV'  s.  Messire  Galeas  et  messire  Bar- 
nabe... avoient  esté  frères....  et  gouverné  frater- 
nellement toute  Lombardie,  froj?s.  ii,  ii,  226. 

—  ÉTYM.  Fraternelle,  et  le  suffixe  nient. 
t  FRATERNISATION   (fra-tèr-ni-za-sion) ,  s.  f. 

Action  de  fraterniser. 

FRATERM.SER  (fra-tèr-ni-zé),  r.  «.  ||  1°  Vivre 
en  frères,  faire  acte  de  bonne  amitié.  Fraterniser 
avec  quelqu'un.  La  presse  abat  les  murs  de  la  pa- 
trie. Et  Dieu  nous  dit  :  peuples,  fraternisez,  bérang. 
Quatre  âges.  ||  2°  Il  .se  dit  de  deux  corps  ou  compa- 
gnies qui  se  réunissent  ])0ur  quelque  solennité 
commune.  M.  Dupuy  a  lu  des  extraits  des  différents 
mémoires  du  semestre  dernier,  ainsi  qu'il  est  d'u- 
sage quand  les  deux  académies  des  sciences  et  des 
belles-lettres  fraternisent  ensemble  et  se  visitent 
doux  fois  l'an,  bachaumont,  ilém.  secrets,  t.  iv, 
p.  (61.  Il  On  fraternise  dans  des  banquets,  dans  des 
réunions.  ||  3°  Pendant  la  révolution,  on  disait 
fraterniser  pour  contracter  une  union  politique , 
ailhérer  aux  opinions  nationales. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  nature  nous  a  à  tous  en  com- 
mun donné  ce  grant  présent  de  la  voix  et  de  la  pa- 
lole  pour  nous  acointer  et  fraterniser  davantage, 

LA  BOÉTiE,  Servit,  roi Avec  une  lettre  escnte  de 

sa  main,  comme  les  roys  s'entrescrivent,  non  point 
pour  affaires,  mais  pour  se  fraterni.ser  privéement, 
CARLOix,  II,  5.  Aucunes  fois  les  vers  ne  se  suivent 
pas,  symbolisant  l'un  incontinent  après  l'autre  ;  ainz 
sont  croisez,  en  sorte  que  le  premier  fraternise  avec 


le  tiers,  et  le  second  avec  le  quart,  sibilet,  .4r(po('<. 
liv.  I,  p.  (50,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Verbe  fait,  au  xvi'  siècle,  du  latin  fra- 
ternu.1,  sur  le  modèle  de  fraternité. 

FRATERNITÉ  (fra-tèr-ni-té),  s.  f.  \\  1°  Parenté 
entre  frères  et  sœurs.  Vous  avez  beau  le  renon- 
cer pour  votre  frère,  la  renoncer  pour  votre  sœur, 
vous  ne  détruirez  pas  la  fraternité  qui  est  entre 
vous.  Il  2°  Liaison  étroite  de  ceux  qui ,  sans  être 
frères,  se  traitent  comme  frères.  Il  y  a  fraternité 
entre  ces  deux  familles ,  entre  ces  deux  compa- 
gnies. Qu'avons-nous  à  espérer  ou  à  redouter  du 
ministère  anglais?  jeter  dès  à  présent  les  grandes 
bases  dHine  éternelle  fraternité  entre  sa  nation  et 
la  nôtre  serait  un  acte  profond  d'une  politique  ver- 
tueuse et  rare,  mirab.  Collection,  t.  v,  p.  3i4.  Delà 
plus  d'union,  plus  de  fraternité,  m.  j.  ciién.  Grac- 
ques,  II,  3.  Fraternité  des  arts!  union  fortunée! 
Soirs  dont  le  souvenir,  même  après  mainte  année. 
Charmera  le  vieillard!  sainte-beuve.  Poésies,  le 
Cénacle.  \\  3°  L'amour  universel  qui  unit  tous  les 
membres  de  la  famille  humaine.  Devise  de  la 
France  républicaine  :  liberté,  égalité,  fraternité. 
Dieu  a  établi  la  fraternité  des  hommes  en  les  fai- 
sant tous  naître  d'un  seul  qui,  pour  cela,  est  leur 
père  commun  et  porte  en  lui-même  l'image  de  la 
paternité  de  Dieu,  boss.  Polit,  i,  i,  3.  Là  elle  |la 
nature  humaine]  découvre  les  règles  de  la  justice, 
de  la  bienséance,  de  la  société  ou,  pour  mieux  par- 
ler, de  la  fraternité  humaine,  m.  Connaiss.  v,  6. 
La  liberté  générale  bannira  du  monde  entier  les 
absurdes  oppressions  qui  accablent  les  hommes  et 
fera  renaître  une  fraternité  universelle,  sans  la- 
quelle tous  les  avantages  publics  et  individuels 
sont  si  douteux  et  si  précaires,  Mirabeau,  Collec- 
tion, t.  n,  p.  26.  Il  4°  Fraternité  d'armes,  union  que 
contractaient  deux  chevaliers  qui  se  promettaient 
de  s'aider  envers  et  contre  tous,  il  Par  extension ,  il 
se  dit  de  deux  guerriers  quelconques.  L'alliance,  les 
dons,  la  fraternité  d'armes  N'auraient-ils  donc  servi 
qu'au  malheur  de  tous  deux?  volt.  Olymp.  i,  5. 
Il  II  se  dit  même  de  deux  nations.  La  fraternité 
d'armes  qui,  durant  les  dernières  guerres,  a  existé 
entre  la  France  et  la  Pologne.  |{  5°  Fraternité,  titre 
que  prenaient  autrefois  entre  eux  les  rois  et  les 
empereurs,  ainsi  que  les  cvêques  et  les  moines. 

—  HIST.  xiii'  s.  Cil  de  la  Trinité  [nom  d'un  cou- 
vent] Ont  grant  fraternité;  Bien  se  .sont  aquilé  : 
D'asnes  ont  fait  roucin,  rijteb.  (72.  ||  xv' s.  Et  le 
lendemain  ils  se  départirent  de  la  ville  en  grand 
fraternité,  monstr.  liv.  ii,  ch.  10.  Et  pour  seurté  de 
ferme  paix  jurèrent  les  ducs  d'Orléans  et  do  Bour- 
goingne  fraternité,  etcompaignie  d'armes  prindrent, 
et  portèrent  les  ordres  et  les  devises  l'un  de  l'autre. 
Geste  des  nobles,  ch.  »5. 

—  ÉTYM.  Prov.  fratemitat:  espagn.  fraternidad  ; 
ital.  fraternità;  du  la*.,  fratemitatem,  de  fraterims, 
fraternel,  dérivé  de  frater,  frère. 

t  FRATICELLE  (fra-ti-sè-l') ,  s.  m.  Sectaire  du 
XIII'  et  du  xiv  siècle  qui  interdisait  toute  pro- 
priété. Les  fraticelles  prétendaient  que  les  vrais 
chrétiens  devaient  vivre  de  charité,  n'avoir  rien  en 
propre,  et  qu'il  ne  fallait  point  travailler,  parce  qu'en 
travaillant  on  aurait  eu  droit  à  quelque  chose, 
SAINT-F0IX,  Fss.  Paris,  Œuvres,  t.  iv,  p.  344,  dans 
pouGENS,  au  mot  échappé. 

—  ÉTYM.  Ital.  /'rod'ceMo,  diminutif  de  frate,{T(:Te, 
moine  (voy.  fbère). 

(.  FRATRICIDE  (fra-tri-si-d'),  s.  m.  Celui  qui  tue 
son  frère  ou  sa  sœur.  Et  cesse  d'aspirer  au  nom  de 
fratricide,  corn.  Hor.  ii,  B.  La  puissance  impériale 
ne  put  déUvrer  un  empereur  fratricide  d'une  fin 
tragique,  LEMAÎTBE,  Plaidoyer  28.  [Kome]  fondée 
et  bâtie  par  un  fratricide  et  formée  par  l'assemblage 
de  femmes  enlevées  par  force  à  leurs  parents,  rol- 
LiN,  Ilist.  anc.    Œuv.  t.  vm,  p.  43,  dans  pougens. 

—  REM.  D'après  Chifflet,  Cramm.  p.  3i,  fratri- 
cide est  un  mot  barbare;  et  il  faut  employer parrt- 
cide  qui  se  dit  aussi  bien  de  celui  qui  tue  son  frère, 
sa  sœur,  que  de  celui  qui  tue  son  père,  sa  mère. 
L'opinion  de  Vaugelas  est  la  même  ?  o  Ceux  qui  di- 
sent fratricide  parlent  mal,  et  composent  un  mot 
qui  n'est  pas  français.  Rem.  t.  ii,  p.  B  i  a,  dans  pou- 
gens.  )o  Malgré  ces  arrêts,  fratricide  a  heureuse- 
ment persisté. 

—  ÉTYM.  Lat.  fratricida,  de  frater,  frère,  et 
aedere,  tuer. 

2.  FRATRICIDE  (fra-tri-si-d'),  s.  m.  Crime  que 
commet  celui  qui  tue  son  frère  ou  sa  sœur.  Pierre 
Calas,  accusé  d'un  fratricide,  et  qui  en  serait  indu- 
bitablement coupable  si  son  père  l'eût  été,  demeure 
auprès  de  mes  terres,  volt.  Lett.  Thiroux  de  Crosne , 
30janv    (763. 


— HIST.  xii*  s.  De  ce  est  que  Kayn  chaït  en  fra- 
trecide  à  fiiire  ;  quar,  quand  il  vit  son  sacreflce  estre 
despitiet  [méprisé],  si  enfremit  encontre  celui  cui 
sacrefice  Deus  recieut,  Job,  p.  617. 

—  ÉTYM.  Lat.  fratricidium,  fratricide  (voy.  fra- 
tricide (). 

FRACDE  {M-iV),  s.  f.  ||  l"  Acte  de  mauvaise  foi 
et  de  tromperie.  Nous  vivons  sous  un  prince  en- 
nemi de  la  fraude,  mol.  Tart.  v,  7.  La  fraude 
adroite  et  subtile  Sème  de  (leurs  son  chemin,  rac. 
Esth.  III,  3.  Croyez-vous  qu'il  soit  permis  de  re- 
pousser la  fraude  par  la  fraude?  fEn  Dial.  des 
morts  mod.  12.  L'hypocrite  en  fraudes  fertile  Dès 
l'enfance  est  pétri  de  fard,  i.  b.  rouss.  Odes,  i,  4. 
Cet  heureux  artisan  de  fraudes  et  de  crimes,  volt. 
Mérope,  m,  i .  ||  11  est  mort  en  fraude,  se  dit  d'un 
homme  qui  meurt  insolvable.  ||  Fraude  pieuse,  moyen 
illégitime  employé  pour  assurer  l'empire  de  la  re- 
ligion. Les  fraudes  qu'on  appelait  jadis  pieuses, 
ne  sont  plus  aujourd'hui  que  des  fraudes ,  volt. 
Mél.  litl.  Lett.  à  Vévéque  d  Annecy.  Que  direz-vous 
quand  on  vous  soutiendra  que  toute  fraude  est  im- 
pie, et  que  c'est  un  crime  de  soutenir  la  vérité 
par  le  men.songe  ?  m.  Cons.  rais,  i  Vergier,  chap. 
14.  Il  Fraude  pieuse,  se  dit  quelquefois  d'une  ruse 
employée  pour  décider  (|uelqu'un  à  une  bonne  ac- 
tion. Il  2°  Action  de  soustraire  des  marchandises 
aux  droits  de  douane  ou  d'octroi.  Faire  la  fraude. 
Il  Les  marchandises  elles-mêmes.  J'ai  de  la  fraude 
en  pacotille  Qu'à  la  barrière  on  saisirait,  bérang. 
Portrait.  \\  En  fraude,  sans  payer  les  droits.  Du  vin 
introduit  en  fraude  dans  Paris. 

—  HIST.  XIII*  s.  Puisqu'il  l'aceta  sans  fraude  et 
en  marcié,  il  ne  doit  pas  recevoir  la  perte  de  son 
argent  por  autrui  meffet,  beaum.  xxv,  22.  Tou- 
tes fraudes,  là  où  eles  sont  connues  ou  provées,  doi- 
vent estre  destruites,  id.  xxxiv,  49.  ||  xiv  s.  Et  si 
usèrent  de  fraude  avecques  conseil  ;  car  Tatius  Ii 
roys  des  Sabins  corrompit  la  fille  d'un  qui  gardoit  la 
forteresse,  BEKCiiEURE,  f°  10,  verso.  Mauvais"  engin, 
que  les  clercs  appellent  de  dolo  malo,  est  quand  en 
contract  ou  marché  se  fait  fraude  recelée,  que  on 
appelle  dol  entre  lespratiquans  en  court,  bout.  Soin, 
rur.  p.  359,  dans  lacurnk.  Faire  fraude  contre  une 
ordonnance  [la  transgresser],  Ord.  des  rois,  t.  i, 
p,  299.  Il  xvi'  s.  Ta  langue  brasse  et  fraudes  et  nui- 
sances, marot,  IV,  293. 

—  ÉTYM.  "Wallon,  frawe;  provenç.  frxu;  espagn. 
et  ital.  fraude;  du  latin  fraudem,  que  les  étymolo- 
gistes  rapprochent  du  grec  Op^ÛM,  briser,  et  du 
sanscrit  dhrv ,  tuer,  qui  veut  dire  aussi  tromper, 
dhruti,  séduction;  les  sons  concordent  et  la  déri- 
vation du  sens  paraît  aisée. 

FRAUDE,  ÉE  (frô-dé,  dée),  part,  possède  frauder. 
Frustré  par  fraude.  Les  flibustiers  eurent  grand  débat 
avec  Pointis  pour  leur  part,  delà  plus  grande  partie 
de  laquelle  ils  se  prétendaient  fraudés,  st-sim.4  9, 09, 

FRAUDER  (frô-dé),  D.  a.  ||  1"  Tromper,  décevoir 
(sens  qui  a  vieilli).  Frauder  quelqu'un.  ||  2"  Frustrer 
par  quelque  fraude.  Ce  marquis  [met  son  honneur] 
à  savoir  frauder  ses  créanciers.  Bon..  Sat.  xi.  ||  Fig. 
Sans  frauder  son  désir  d'un  si  piteux  breuvage,  Ré- 
gnier, Sonn.  rel.  3.  Il  était  persuadé  qu'il  y  a  de  la 
démence  à  vouloir  frauder  la  nature,  qu'il  faut  la 
guider  et  non  chercher  à  l'anéantir,  volt.  Dict. 
phil.  Clerc,  il  Frauder  les  lois,  faire  quelque  chose 
qui  est  dé'endu  par  les  lois.  Quand  on  n'est  pas  de 
leur  nombre,  on  ne  fait  guère  de  grands  progrès  en 
anatomiequi  ne  soient  en  quelque  sorte  illégitimes; 
on  est  réduit  à  frauder  les  lois,  fonïkn.  Liltre. 
Il  3"  Eluder  par  quelque  ruse  le  payement  de  droits, 
de  taxes,  de  redevances.  On  peut  ajouter  qu'il  sera 
mieux  payé,  parce  qu'il  est  notoire  qu'on  fraude 
tous  les  jours  la  dîme  ecclésiastique,  et  il  n'est  pas 
à  présumer  qu'on  fraude  la  dîme  du  roi,  pour  peu 
que  les  officiers  y  veuillent  tenir^la  main,  vauban, 
Mme,  p.  55.  Votre  père  et  lui  étaient  associés  pour 
frauder  les  droits  et  pour  faire  passer  des  marchan- 
dises de  contrebande,  dancourt.  Loterie,  se.  ( .  Dansla 
crainte  môme  que  les  droits  qu'il  mettait  sur  le  mer- 
cure ne  fussent  fraudés,  il  défendit  d'ouvrir  sous 
quelque  prétexte  que  ce  fût  d'autres  mines  du  même 
genre,  baynal,  Ilist.  phil.  vu,  30.  ||  Frauder  du  vin, 
des  dentelles,  etc.  faire  passer  du  vin,  des  den- 
telles, etc.  en  fraude.  Fraudant  eau-de-vie  et  ta- 
bac, BÉRANG.  Échelle.  Il  Fig.  Frauder  la  gabelle ,  s«! 
disait  de  tous  ceux  qui,  par  tromperie,  ne  satisfai- 
saient pas  aux  choses  qu'ils  devaient  faire.  Mettez- 
vous  dans  la  tête  Que  frauder  la  gabelle  est  UQ 
mot  plus  honnête,  boubsault  ,  Merc.  gai.  ii,  *. 
Il  Absolument.  Frauder,  soustraire  des  marchan- 
dises au  payement  des  droits.  L'élévation  des  droits 
excite  à  frauder. 


1772 


FRA 


HI.1T.  XIV  S.   Pfiiirf|iioy  fraiiilcs  luft  deceis  la 

cit(''T  iiKRcnKnnR,  f-  22,  rerso.  ||  xv  s.  [Klle]  Le.s  ar- 
mes fait  prendra  et  le  non,  A  co  bastart,  de  son 

baron  [mari] fraudant  la  ligne  Du  pero  à  l'enfant 

putatif,  KUST.  DEScii.  l'odsies  mss.  (°  50»  Du  quel 
désir  ils  ne  furent  mie  fraudés,  Iloticiq.  ii,  *.  ||xvi' 
s.  Certes  tu  es  le  plus  cruel  amant  Qui  onrjues  fui, 
d'ainsi  m'avoir  fraudée,  MAnoT,  ii,  5.  Et  se  fraudant 
de  la  louîwige  ijue  tu  luy  dois  en  contre-change,  iiu 
utaLAY.  VII,  afi,  recto. 

—  ÈTYM.  Provenç.  et  anc.  espagn. /"raiwfar  ;  ital. 
(raudare;  du  lat.  (raudare,  de  (raus,  fraude. 

FRAUDEUn.EUSE  (frô-deur,  deiVz"),  s.  m.  et/'. 
Celui,  celle  qui  fait  la  fraude,  qui  soustrait  aux 
droits  ce  qui  en  est  passilile.  Los  frauilours  abon- 
dent sur  la  frontière.  I.a  flottille,  destinée  à  purger 
les  eûtes  espagnoles  de  fraudeurs  ou  do  pirates,  et 
qui,  hors  de  la  saison  des  croisières,  se  tenait  à  la 
Vera  Crux,  fut  supprimée  en  I7i8,  haynai-,  llisl. 
phil.  xu,  u. 

—  ÉTYM.  Frauder. 

'  FRAUDULKUSEMENT  (frû-du-leù-ze-man),  adv. 
D'une  manière  frauduleuse.  J'avoue  qu'on  ces  deux 
endroits  il  [le  P.  Simon]  semble  favoriser  la  tradi- 
tion ;  mais  je  soutiens  en  même  temps  qu'il  le  fait 
frauduleusement  et  malignement,  et  que  le  but  de 
sa  critique  est  d'employer  la  tradition  pour  faire 
tomber  les  preuves  qu'on  tire  de  l'Ecriture,  boss. 
Déf.  de  la  tradition  des  Sts-Pères,  ii,  ^ . 

—  HIST.  XIV*  S.  La  tierce  branche  d'avarice  si  est 
fraude  :  c'est  quant  une  personne,  par  déception, 
par  barat,  ou  frauduleusement....  Ménarfier,  i,  3. 
Il  xV  s.  On  disoit  que  ce  avoit  esté  finance  assem- 
blée et  boutée  hors  ilu  pals  frauduleusement  et  lar- 
recineusement  et  envoyée  en  autres  contrées,  froiss. 
Il,  m,  74. 

—  ÉTYM.  Frauduleuse,  et  le  suffixe  ment. 
FRAUliULKUX,   KUSE   (fr(J-du-leû,  leû-z'),  adj. 

Il  1°  l>orté  à  la  fraude.  Un  esprit  frauduleux.  Pen- 
dant qu'il  [Adam]  s'endormait  dans  la  considération 
de  ses  propres  dons,  le  serpent  frauduleux  qui  lui 
parlait  au  dehors  fit  couler  intérieurement  le  venin 
subtil  et  délicat  de  la  vaine  gloire,  isoss.  Sermons, 
Mélange  des  bons  arec  les  méchants.  \\  2°  Qui  es' 
entaché  de  fraude.  Ayaiit  été  trompé  par  !e  conseil 
frauduleux  des  prêtres  de  cette  idole,  saci,  Bible, 
Macliah. 11,1,  ta.  Et  je  regarde  avec  pitié  Les  traités 
frauduleux;  la  sourde  inimitié  Et  les  fureurs  de  la 
vtngeance,  volt.  Lett.  en rers  et  en  prose,  1 1 1 .  Les 
mémoires  frauduleux  imprimés  depuis  peu  sous  le 
nom  de  Madame  de  Maintenon  sont  remplis  do  pa- 
reilles al)surdités,  m.  Dict.  phil.  llisloire.  Ah  ! 
quelle  frauduleuse  et  lilche  politique!  lkmkrc.  CIo- 
ris,  11,  6.  Il  Banqueroute  frauduleuse,  voy.  dan- 
OUEROUTE.  Il  Banqueroutier  frauduleux,  celui  imi  fait 
une  h.anqueroute  frauduleuse.  Les  banqueroutiers 
frauduleux  furent  soumis  à  la  peine  de  mort  aux 
états  d'Orléans,  sous  Charles  IX,  et  aux  états  de 
Blois,  en  l&so,  volt.  Dict.  phil.  Banquet  onte. 
Il  3°  Oui  fraude  les  droits  de  douane,  de  régie  ou 
d'octroi.  Le  commerce  frauduleux  continuera  jusqu'à 
ce  qu'on  l'ait  mis  dans  l'impossibilité  de  soutenir 
les  frais  qu'il  exige,  de  braver  les  dangers  auxquels 
il  expose,  baynal,  Ilist.  phil.  viii,  34.  Les  Jamaï- 
cains, appelant  la  force  au  secours  de  l'artifice,  se 
firent  protéger  dans  la  continuation  de  ce  com- 
merce par  les  vaisseaux  de  guerre  anglais,  qui  rece- 
vaient cinq  pour  cent  sur  tous  les  objets  dont  ils 
favorisaient  l'introduction  frauduleuse,  m.  ib.  ïiv, 
32.  En  vain  on  établit  dans  les  écrits  publics  que  le 
citoyen  qui  payait  le  droit  était  opprimé  par  le  ci- 
toyen qui  ne  le  payait  pas,  et  que  le  marchand 
frauduleux  volait  le  marcbaïul  honnête  en  le  frus- 
trant de  son  gain  légitime,  m.  ib.  xviii,  37. 

—  HIST.  xK"  s.  Marchiés  frauduleux,  orf.smk, 
Thèse  de  mku.nieb.  ;;  xv  Et  aussi  vouloient  icculx 
Cueurs  faire  vuyder  le  fraudeleux  appel  qu'ilz 
avoient  par  avant  intcrgelté,  Extrait  d'un  tn.r  re- 
latif à  Louis  XI,  Bibl.  des  chartes,  4»  série,  t.  i, 
p.  282.  Il  xvi'  s.  Ils  sont  malins,  frauduleux,  trom- 
peurs, chiches,  paré,  Introd.  B. 

—  RTYM.  Lat.  fraudulnsus,  de  (raus,  fraude. 
tFR.\l'r.ER  (frl^-lé),^•.  o.'l'erme rural. Vov. frôler. 
I  FRAXINfiES  (fra-ksi-née) ,    s.  {.  pi.  Terme  .le 

potanique.  Groupe  d'oléacées  ayar>i  ""!'■  lype  le 
genre  frdne. 

—  ÊTYM.  Lat.  fraxinut,  Mne. 
FRAXINELLE  (fra-ksi-né-r),  s.  f.    Plante    ainsi 

nnmni.  o  de  la  ressemblanca  dos  feuilles  avec  celles 
du  frêno  ;  c'est  le  diclamnus  albtis,  L  ,  famille  des 
intacées.  La  racine  de  fraxinelle  est  connue,  en 
pharmacie,  sous  le  nom  de  racine  do  dictame. 

—  HIST.  XYi'  s.   Franxinelle,   ceste   plante  veut 


FR.\ 

esire  logée  en  terroir  gras,  à  l'abri  de  la  bize,  par 
plant  enraciné;  elle  est  aussi  appellée  dictame  b;LS- 
tard  ;  sa  vertu  est  de  faire  uriner,  de  rompre  la 
pierre,  etc.  o.  nE  serres,  «25. 

—  F:ty.M.  Lat.  fraxinus,  frêne;  espagn.  fresnillo, 
fraxinela;  ital.  frassinella. 

f  FIIAXINICOLE  {fra-ksi-ni-ko-l'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  vit  sur  le  frêno. 

—  RTYM.  Lat.  fraxinus,  frêne,  et  colère,  habiter, 
t  FKAXININE  (fra-ksi-ni-n'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Principe  extrait  de  l'écorce  du  frêne. 

—  f.TYM.  I.at.  fraxinus,  frêne. 

t  FRAYANT,  ANTE  (frè-ian,  lan-t'),  adj.  Oui 
occasionne  de  grands  frais.  L'un  alléguait  que  l'hé- 
ritage Était  frayant  et   rude,  et  l'autre  un  autre  si, 

LA  FONT.  FabL  VI,  4. 

—  HIST.  XIV"  s.  Il  fraia  et  despendi  moult  du  sien, 
nu  CANGE,  fractus.  |I  xv  s.  Il  n'avoit  rien  fait,  fors 
que  frayé  et  despendn  grandement  et  grossement. 
FROiss.  I,  I,  152.  Iccllui  prestre  faisoit  citer  ses  pa- 
roissiens pour  les  plus  fraitier  et  dommager,  du 
GANGE,  ib.  Il  soit  ainsi,  que  Icsdits  habitants  eus- 
sent esté  grandement  domaigié  et  moult  grande- 
ment frayé,  ID.  ib. 

—  ÉTYM.  Part,  présent  de  l'ancien  verbe  fraicr, 
dépenser  (voy.  frais  2).  On  vient  d'en  voir  quel- 
ques exemples  ;  on  y  remanjuera  li  forme  fraitier. 

I  FRAYE  (frè-ye),  s.  f.  Un  des  noms  vulgaires  de 
la  grive. 

1 .  FRAYÉ,  ÉE  (frc-ié,  iée),  par(.  passé  de  frayer  l . 
Il  1°  Rendu  praticable  par  le  cheminement.  Or  c'est 
un  grand  chemin  jadis  assez  frayé,  Régnier,  Sat. 
xiv.  J'ai  toujours  peine  à.  me  persuader  que  la  route 
la  plus  frayée  ne  soit  pas  la  meilleure,  genlis.  Ad. 
et  riiéod.  t.  1,  lett.  3s,  p.  33o,  dans  pougens.  ||  2°  S. 
m.  Petite  rainure  que  les  couteliers  tracent  au  bord 
du   dos   d'une  lame. 

2.  FRAYÉ,  ÉE  ;ire-ié,  iée),  part,  passé  de  frayer 
2.  Cheval  frayé  aux  ars. 

t  FRAYEMENT  (frê-ye-man),  i.  m.  Action  de 
frayer  un  chemin. 

—  msT.  xvr  s.  Ils  renouvellent  tousjours  les  se- 
tons,  et  les  font  frayer  aux  parois  des  playes,  par 
lequel  frayement  causent  douleur  aux  dites  playes, 

PARÉ,  IX,  fl. 

—  ÉTYM.  Frayer  2. 

t.  FRAYER  (frè-yc;  d'après  Chifflet,  Gramm. 
p.  107,  on  prononçait  fra-yer),  je  fraye,  tu  frayes, 
il  fraye  ou  il  fraie,  nous  frayons,  vous  frayez,  ils 
frayent  ou  ils  fraient;  je  frayais,  nous  frayions, 
vous  frayiez,  ils  frayaient;  je  frayai;  je  frayerai, 
ou  fraierai,  ou  fraîrai;  je  frayerais,  ou  fraierais, 
ou  fraîrais  ;  fraye,  frayons;  que  je  fraye,  que 
nous  frayions,  que  vous  frayiez,  qu'ils  frayent;  que 
je  frayasse;  frayant;  frayé,  v.  a.  ||  1"  Rendre  prati- 
cable par  les  pas  et  le  cheminement.  Frayer  une 
voie,  un  sentier,  un  chemin.  ||  Fig.  Frayer  le  che- 
min, aplanir  les  difficultés,  faciliter  l'accès.  Elle  [la 
raison]  ne  nous  est  donnée  que  pour  nous  frayer 
le  chemin  à  la  foi,  mass.  Carême,  Vérité  de  lareliy. 
Ce  sont  des  vues  de  fortune  qui  vous  ont  frayé  la 
route  par  où  vous  marchez,  m.  Carême,  ,Yoc.  Le 
général  de  la  couronne,  Jean  .Sobieski,  lava  la  honte 
de  son  pays  dans  le  sang  des  Turcs  i  la  célèbre  ba- 
taille de  Choczim,  qui  lui  fraya  le  chemin  au  trône, 
VOLT.  Ilist.  Bussie,  i,  3.  |{  On  dit  de  même  :  frayer 
l'accès.  La  vertu  frayait  l'accès  au  trône,  volt.  Or. 
fun.  Louis  .XIV.  \\  Frayer  le  chemin,  signifie  quel- 
quefois simplement  précéder Pour  moi  s'il  n'est 

point  d'autre  foudre.  J'aurai  pour  ce  départ  [la 
mort]  du  temps  h  m'y  résoudre;  D'autres  vous  en- 
verraient leur  frayer  le  chemin,  cohm.  Attila,  v,  3. 
Nos  ancêtres  nous  en  frayèrent  hier  le  chemin  [de 
l'éternité];  et  nous  allons  le  frayerdcmainàceuxqui 
viendront  après  nous,  mass.  Carême ,  Sur  la  mort. 
Marchant  dans  les  sentiers  que  fraya  mon  courage, 
VOLT.  Sémir.  m,  6.  ||  Se  frayer,  frayer  à  soi,  rendre 
liraticable  pour  soi  un  chemin,  une  voie.  Se  frayer 
un  passage  dans  le  fourré.  X  travers  les  vainqueurs 
il  se  fraye  un  pa.ssage,  bbjkfaut,  Mnusll,  v,  i. 
Il  Fig.  Se  frayer  le  chemin  à  une  dignité,  disposer 
ses  moyens  pour  y  [larvenir.  Des  voies  que  vos  pas- 
sions se  sont  frayées,  mass.  Carême,  Prosp.  ||  On 
dit  de  même  :  se  frayer  le  chemin  des  honneurs;  se 
frayer  un  cb.emin  au  trône.  ||  2"  Faire  une  rainure 
sur  le  bord  d'une  lame  de  couteau,  de  canif,  etc. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  donc  se  retourna  sur  dcstre  et 
sa  route,  et  prirent  un  chemin  assez  frayé  qui  1rs 
mena  droit...  froi.ss.  i,  i,  (39.  ||  xvi*  s.  L'ambition 
fraya  le  chemin  à  l'envie,  casteln.  62.  Je  fuy  les 
grands  chemins  frayez  du  populaire,  bons.  2ï6. 

—  ÉTYM.  Wall,  frol;  bourguign.  froyé.  L'origine 
rie  co  mol  présente  desdoutes.  Il  n'est  pas  trf^s-ancicn. 


FRA. 

du  moins  on  no  l'a  p.xs  au  delà  de  Froiss.-irl.  c  On 
peut  croire  qu'il  est  le  même  que  froier  (voy.  li- 
suivant),  et  qu'il  vient,  comme  lui,  du  latin  fricare, 
frotter;  mais  le  sens  de  frottement  suffit-il  pour 
expliquer  le  sens  de  frayer  un  chemin  ?  »-  On  peut 
penser  qu'il  est  l'équivalent  de  l'ancien  verbe  froer, 
briser;  ici  le  sens  serait  bon,  car  route  est  via 
rupta ;  dans  ce  cas ,  l'assimilation  aurait  agi  pour 
transformer /"rocr  en /"rayer.  3"  Enfin  faut-il  y  voir 
un  dérivé  irrcgulier  de  fractus,  brisé  ?  Le  sens  se- 
rait bon;  quant  à  la  forme,  elle  serait  bonne  aussi, 
car  on  l'a  dans  frayant  et  dans  l'ancien  verbe  fraier, 
qui  proviennent  de  fractus  (voy.  frayant  et  frais  2) . 

2.  FRAYER  (frè-ié),  v.  a.  Se  conjugue  comme  le 
précédent.  ||  1°  Frotter  contre.  La  roue  m'a  frayé 
la  cuisse.  ||  Aujourd'hui  on  dit  plus  communément 
frôler.  ||  2"  'ferme  de  vénerie.  Le  cerf  fraye  sa  tête 
lorsqu'il  commence  à  frotter  son  bois  contre  les  ar- 
bres pour  en  faire  tomber  une  peau  velue  qui  In 
couvre.  ||  Frayer  bruni,  se  dit  du  cerf  qui  s'est  plus 
ou  moins  hruni  la  tête  en  touchant  au  bois.  H  3"  Se 
frayer,  d.  réfl.  Se  léser  par  frottement.  ||  Terme  de 
vétérinaire.  Se  frayer  aux  ars,  se  dit  des  chevaux 
qui  s'excorient  à  cette  région  par  un  exercice  pé- 
nible, ou  seulement  rapide,  au  temps  des  chaleurs. 

—  HIST.  XIII*  s.  Au  froier  cognoisteras  Dou  cerf, 
quant  tu  le  trouveras.  Fabliaux  mss.  n"  7ci6,  t.  ii, 
f^  I6S,  dans  LACi.RNK.  Il  XIV  s.  Environ  la  magda- 
leine  que  les  cerfs  froyent  leurs  testes,  Modut, 
{■'  viii,  verso.  ||  xv  s.  Si  le  cerf  n'est  froyé,  le  doit 
le  veneur  laisser  aboyer  aux  chiens  bien  longue- 
ment.... mais  s'il  est  froyé  et  bruni,  il  le  dcit  tuer 
le  plus  tost  qu'il  pourra....  pour  double  qu'il  ne  lue 
les  chiens.  Chasse  de  Cast.  Fhéb.  ms.  p.  243,  dans 
LACURNE.  Il  XVI'  S.  L'uu  desquels  bœufs  vint  frayer 
un  petit  contre  sa  robe,  desper.  Contes,  xiii.  Il  eut 
une  arquebuzade  sur  son  casque  qui  ne  fit  que 
frayer,  carloix,  ix,  28. 

—  ÉTYM.  Prov.  fregar,  freguar;  espagn.  fregar  : 
ital.  fregare  ;  du  lat.  fricare,  frotter,  qu'on  rap- 
proche du  grec  xf''"i  oinJie,  sanscrit  ghar,  gharsh . 
oindre.  J^marc  adonné  froier,  comme /iparc,  loier 
ou  lier.  La  forme  moderne  correcte  serait  frier, 
commelier,  nier,  etc. 

3.  FRAYER  (frè-ié),  V.  n.  Se  conjugue  comme 
le  précédent.  Se  dit  de  l'acte  do  la  génération  chez 
les  poissons,  la  femelle  émettant  ses  œufs,  et  le  mâle 
passant  dessus.  Les  poissons  frayent  et  produisent 
avant  que  d'avoir  pris  le  quart,  ou  même  la  huitième- 
partie  de  leur  accroissement,  buff.  Quadrup.  t.  ii, 
p.  35,  dans  p  ugens.  La  plupart  ne  viennent  frayer 
sur  nos  côtes  que  lorsque  cerlaines  espèces  |(1-,' 
plantes]  y  sont  en  fleur,  bern.  he  si-p.  Éludes,  i. 
il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  atotr. 

—HIST.  Xiii"  s.  Nus[nul]  poi.ssonnier  ne  autre  n^ 
puet  ne  ne  doit  vendre  gardons  freans,  c'est  à  sa- 
voir gardons  entre  le  mi-avril  et  mi-mai,  Lir.  des 
met.  205.  Il  XIV  s.  Les  poissons  frient  en  icelluy 
temps,  Ord.  des  rois,  t.  vu,  p.  77».  i  xvi«  s.  Aussi 
faut-il  éviter  de  manger  des  grenouilles  au  mois  de 
mai,  à  cause  que  les  crapauds  fraient  avec  cUe^ 

PARÉ,  XXIII,  32. 

—  ETYM.  Voy  FRAI- 1  ;  wallon,  fro%. 

4.  FRAYER  (frè-ié),  v.  n.  Se  conjugue  comme  la 
précédent.  ||  1"  S'user  par  le  flottement,  en  jiar 
lant  de  la  monnaie.  Cet  écu  est  aminci,  il  doit  avdi; 
beaucoup  frayé.  112°  Kig.  Avoir  des  relations  habi- 
tuelles et  .amicales  avec  quelqu'un.  Ces  deux  hom- 
mes ne  frayent  pas  ensemble.  Cette  Ciibale  [de  Meu- 
don]  frayait  avec  celle  des  seigneurs,  st-sim.  Tit-, 
189.  Il  3'  V.  a.  Altérer  des  pièces  d'or  et  d'argent  en 
imitant  l'altération  que  l'usure  par  la  circulation  peut 
y  produire.  ||  11  se  conjugue  avec  l'auxiliair!  aroi.-. 

—  i;tvm.  Voy.  frai  2. 

t  FRAYÊRE  (frè-iè-r"),  s.  f.  Endroit  où  le  pois- 
son dépose  son  frai.  Fray.  res  artificielles.  ||  Saison, 
temps  où  les  poissons  mulllplicnt. 

—  ÉTYM.  Frayer  3. 

FRAYEUR  (frè-ieur),  s.  f.  Grande  peur.  Grâces 
aux  dieux,  Cinna,  ma  frayeur  était  vaine,  cohn. 
Cinna,  m,  4,  Ce  monarque  étonné  X  ses  frayeurs 
déjà  s'était  abandonné,  lu,  Nicom.  v,  8.  Mais  enfin, 
dans  l'obscurité.  Je  vois  notre  maison,  et  ma  frayeur 
s'évade,  mol.  Amph.  l,  (.  Iji  conscience  du  parri- 
cide [Oïn]  agitée  de  continuelles  frayeurs,  boss. 
Visl.  I,  I .  Comme  les  magistrats,  après  avoir  fail 
rouer  quelques  malfaiteurs,  ordonnent  que  l'on  ex- 
posera en  plusieurs  endroits,  sur  les  grands  chemins, 
leurs  membres  écartelés,  pour  faire  frayeur  aux  au- 
tres scélérats,  m.  Serin,  pour  le  9'  dim.  après  la 
Penlec.  2.  Voici  ce  qui  glacera  le  cœur,  ce  qu, 
achèvera  d'éteindre  la  voix,  ce  qui  répandra  la 
frayeur  dans  toutes  les  veines  :  je   m'en  vais  voir 


FRE 


FRE 


FHE 


1773 


i-iimmi'ntDio»  mo  Iraitora,  uoss.  Ann.  de  Gons.  I.ps 

clu'iHier.s  ne   connaissent  plus   la   s-iinto    frayeur 

ilont  on  était  saisi  autrefois  à  la  vue  du   sacrifice 

[riiostiej,   m.   louis  de  Bourbon.   Il  donne  à   la 

frayeur  ce  (lu'il  doit  au  respect,  bcil.  Lutrin,  v.  Par 

de  vaines  frayeurs  cessez  de  m'offenser,  bac.  P/iè- 

ih-e,  I,  a.  La  frayeur  les  emporte  [les  chevaux] ,  id. 

'.    V,  6.  Et  lorsque  avec  frayeur  je  parais  à  vos 

■ux,  IB.  Brit.  II,  :t.  Ah!  sais-tu  mes  frayeurs?  sais- 

1  que  dans  ces  lieux  J'ai  vu  du  fier  Orcan  le   vi- 

tje  odieux?  m.Bajaz.  iv,  ).  Que  ne  peut  la  frayeur 

ir  l'esprit  des  mortels?  m.  Aihal.  ii,   5.  Que  la 

■nitence  dans  ce  dernier  moment  [à  l'agonie]  n'est 

I  lus  qu'un  désespoir  sans  confiance  ou  qu'une 
Irayeur  sans  mérite,  mass.  Carême,  Inconst.  ||  Par 
exagération.  Faire  frayeur,  exciter  un  sentiment  de 
malaise  que  l'on  compare  à  une  grande  crainte.  La 
longueur  de  nos  réponses  fait  frayeur,  sÉv.  241.  Il 
y  eut  l'autre  jour  une  vieille  décrépite  qui  se  pré- 
senta au  dîner  du  roi;  elle  faisait  frayeur,  id.   3 10. 

II  Racine  a  dit  :  la  frayeur  d'un  jour,  pour  la  frayeur 
que  cause  ce  jour.  Nous  voici  donc,  hélas!  à  ce  jour 
détestable  Dont  la  seule  frayeur  me  rendait  mi- 
sérable, RAC.  Théb.  I,  <. 

—  iilST.  xu*  s.  Naymes  li  dus  fu  moult  en  grant 
freor,"  Ronc.  p.  ta».  N'aiez  pas  freor,  Que  très 
qu'au  jor  [vous]  Poez  démener  joie,  Romancero, 
p.  67.  Il  xiv"  s.  A  Poitiers  [ils]  puent  bien  cheminer 
sans  freour;  Entre  Englois  et  François  estoit  l'eauo 
prignour,  Guescl.  19543.  ||  xv  s.  Frayeur  souvent 
l'orame  devoye,  Myst.  du  siège  d'Orléans,  p.  697. 

—  f.TYJl.  Picard,  freu  ;  prov.  freior,  frior.  D'après 
le  provençal  esfreidar,  effrayer,  qui  a  un  d,  Diez 
voit  d.ans  ces  mots  le  radical  latin  frigidus,  froid, 
et  tire  frayeur  du  latin  frigorem,  frii/dorem,  froid, 
frisson,  la  frayeur  causant  du  froid,  du  frisson.  On 
a  proposé  aussi  le  latin  fragor,  fracas  ;  mais,  outre 
le  sens,  qui  ne  cadre  pas  très-bien,  on  ne  voit  pas 
comment  le  d  serait  venu  dans  le  provençal. 

t  FKAYECSE  (frè-ieù-z'),  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  rouge-gorge. 

t  FRAYEUX  (frè-ieû),  s.  m.  Terme  de  métal- 
lurgie. Pièce  de  fonte  qui  sert  de  point  d'appui  aux 
ringards  qu'on  emploie  comme  leviers. 

FRAYOIK  (l'rè-ioir) ,  s.  m.  Terme  de  chasse.  En- 
droit sur  les  baliveaux  où  le  cerf  a  frayé  sa  tète  et 
où  il  a  ainsi  enlevé  l'écorce. 

—  HIST.  XVI"  s.  [Il]  cognoissoit  bien  le  pied;  la 
sole  et  les  alleures.  Fumées,  hardouers  et  frayoirs, 
et  sçavoit.  Sans  avoir  veu  le  cerf,  quelle  teste  il 
avoit,  RONSARD,  210. 

—  Etyji.  Frayer  i. 

t  *  ■  FRAYON  (frè-ion),  s.  m.  Pièce  de  bois  qui 
forme  chapeau  sur  le  gros  fer  d'un  moulin. 

—  ETYM.  Frayer  2. 

t  2.  FRAYON  (frè-ion),  s.  m.  Nom  donné  en 
quelques  contrées  à  l'incommodité  à  laquelle  sont 
exposés  les  gens  i|ui  vont  à  cheval  sans  y  être  ha- 
bitués, et  qui  ainsi  se  coupent  et  se  meurtrissent, 
l'di  fait  trois  lieues  à  cheval,  j'en  ai  le  frayon. 

—  P.TYM.  Frayer  2. 

t  FRAYONNÉ  ^frè-io-n'),  s.  f.  Nom  vulgaire 
d'une  espèce  de  corbeau. 

f  FRAYURE  (frè-iu-r'),  s.  f.  Terme  de  chasse.  Ac- 
iion  des  cerfs  qui  frottent  leur  bois  contre  les  arbres. 

—  HIST.  xvi»  s.  Frayeure,  cotgrave. 

—  ETYM.  Frayer  2. 

t  FRÈCHE  (frè-ch'),  s.  m.  'Voy.  fraisse. 

FREDAINE  (fre-dê-n'),  «.  f.  \\  1°  Ecart  de  conduite 
par  folie  de  jeunesse,  de  tempérament  ou  autre- 
ment. Gardez-vous  d'imiter  ces  coquettes  vilaines 
Dont  par  toute  la  ville  enchante  les  fredaines,  mol. 
Éc.  des  f.  m,  2.  Je  ne  me  suis  point  mariée  avec 
toi  pour  souffrir  tes  iredaines!  id.  Méd.  malgré  hii, 
I,  1 .  Si  vous  souhaitez  que  je  perde  le  souvenir  de 
votre  dernière  fredaine,  je  vous  recommande  sur- 
tout (le  régaler  d'un  bon  visage  cette  personne-là, 
ID.  l'Av.  m,  4.  Je  voudrais  bien  savoir  si  vous-même 
n'avez  pas  été  jeune,  et  n'avez  pas,  dans  votre 
temps,  fait  des  fredaines  comme  les  autres?  m. 
Scapin,  i,  6.  Et  tout  le  monde  là  parlait  de  nos 
fredaines;  Nous  faisions  des  jaloux....  ID.  Femmes 
sav.  II,  2.  Il  n'y  a  personne  en  ce  logis,  «t  nous 
pouvons  parler  en  assurance  de  nos  fredaines,  dan- 
coiJiiT,  Cheval,  à  la  mode,  iv,  (.  Les  fredaines  qu'on 
fait  ensemble  rendent  camarades,  gf.nlis.  Théâtre 
d'éduc.  la  Curieuse,  m,  5.  ||  2°  Il  se  dit,  par  exten- 
sion, de  ce  qui  est  irrégulier,  capricieux.  Celte 
fredaine  Ju  Temple  du  goût  doit  être  montrée 
à  très-peu  de  monde  ;  et  surtout  qu'on  n'en  tire 
point  de  copie;  il  y  a  plaisir  d'avoir  afTaire  à  gens 
<lisrrets  comme  vous,  voi.t.  Lettres  en  vers  et  en 
prose,  23, 


—  IIIST.  XV*  s  Que  vous  faites  de  nares  [moque- 
ries] et  de  fredaines!  nu  canre,  narire.  Pourquoi 
faites  vous  tant  de  fredaines  [ostentation]?  id.  fre- 
dare.  La  bourgeoise  eut  ung  aultre  amy  X  qui  elle 
doune  et  advance  Les  quatre  aulnes  de  satin  cy,  Il 
les  prent  et  est  resjouy.  Il  fringue  et  en  faict  sa 
fredaine,  coqcillart.  Droits  nouteaux.  Puis  qu'a- 
mours pleines  De  telz  fredaines  Bien  cognoissez  ; 
Comme  soudaines  Et  incertaines,  Là  les  laissez,  le 
Blason  des  faulces  amours,  p.  mi,  dans  lacubne. 
....Luy  estant  au  pays  de  Touraine,  Et  s'esba- 
tant  faire  mainte  fredaine,  Et  jeux  joyeux,  son  ar- 
gent tout  perdit,  Dont  son  esprit  quasi  s'en  esper- 
dit,  Faifeu,  p.  7).  ||  xvi"  s.  Il  faut  bien  qu'elles  se 
donnent  de  garde  de  broncher  et  varier  devant  eux, 
si  elles  se  sont  une  fois  soumises  à  leur  domina- 
tion; car,  s'ils  s'appercevoient  le  moins  du  monde 
de  leurs  fredaines,  ils  les  gourmandent  terriblement, 
BR\NT.  Dames  gai.  t.  11,  p.  347,  dans  LACunNE. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Faudrait-il  y  voir 
quelque  rapport  avec  le  bourguignon  vredai,  aller 
çà  et  là,  ou  plutôt  avec  fredon,  la  fredaine  étant  à 
la  conduite  ce  que  le  fredon  est  au  chant? 

t  FRÉIiÉRIC  (fré-dé-rik) ,  s.  m.  Monnaie  d'or  de 
Prusse,  ainsi  dite  à  cause  du  nom  du  roi  dont  elle 
poj'te  l'empreinte. 

FREDON  (fre-don),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  musique 
vocale.  Vocalise  qui  se  composait  principalement 
d'une  foule  de  petits  agréments  abandonnés  aujour- 
d'hui. Les  E.spagnols  ont  une  disposition  de  gorge 
admirable  ;  mais,  avec  leurs  fredons  et  leurs  rou- 
lements, ils  semblent  dans  leur  chant  disputer  aux 
rossignols  la  facilité  du  gosier,  st-évremond.  Opé- 
ra, dans  RicHELET.  L'un  traîne  en  longs  fredons 
une  voix  glapissante,  boil.  Sat.  m.  Aimez-vous  les 
fredons  dans  la  musique  ?  n'aimez-vous  pas  mieux 
ces  tons  animés  qui  peignent  les  choses?  fén. 
t.  XXI,  p.  72.  Du  grand  LuUi  vingt  rivaux  fanatiques 
Défiguraient....  Des  vers  français  en  fredons  itili- 
ques,  VOLT.  Goiit.  Ces  ariettes  détachées,  qui  inter- 
rompent l'action  et  qui  font  valoir  les  fredons 
d'une  voix  efi'éminée,  mais  brillante,  aux  dépens  de 
l'intérêt  et  du  bon  sens,  id.  Sémiram.  Dissert. 
Il  2°  Anciennement.  Réunion  de  trois  cartes  sem- 
blables, à  certains  jeux  comme  le  hoc,  la  prime. 
Avoir  fredon  do  rois,  de  dix.  Avoir  deux  fredons. 
Il  Fig.  Rendez-vous  de  trois  personnes.  Il  n'y  a 
pas  longtemps  qu'on  m'avoua  le  fredon  de  l'hôtel 
de  la  Vieuville,  sÉv.  <28. 

—  HIST.  x\'i'  s.  Tous  les  fringots  et  fredons  de 
la  papisterie,  et  tout  ce  qu'ils  appellent  musique 
rompue  et  chose  faite,  et  chants  à  quatre  parties, 
ne  conviennent  nullement  à  la  majesté  de  l'Eglise, 
CALV.  Iiistit.  71 1 .  Elles  ne  dédaigneront  les  petits 
fredons  de  ma  chanterelle,  yver,  p.  61 9.  X  l'escart 
lui  estant  venu  encore  un  roy,  il  fist  son  reste,  et 
le  fredon  [brelan]  lui  ayant  succédé,  il  jette  les 
quatre  rois  sur  table....  d'aub.  Fœn.  iv,  ^o. 

—  ÉTYM.  Diez  voit  dans  fred-on  le  radical  frit, 
du  latin  fritinnire,  gazouiller.  On  a  aussi  parlé  du 
bas-latin  frigdora,  nom  d'une  sorte  de  musique  qui 
venait  de  phrygium  dorium,  mode  phrygien  et 
dorien. 

FREDONNÉ,  ÉE  (fre-do-né,  née),  part,  passé  de 
fredonner.  ||  l-  Chanté  en  fredons.  Qu'aurait-on  dit 
dans  Athènes,  si  Œdipe  et  Oreste  avaient,  au  mo- 
ment de  la  reconnaissance,  chanté  de  petits  airs  fre- 
donnés et  débité  des  comparaisons  à  Jocaste  et  à 
Electre?  volt.  Sémiram.  Dissert.  ||  Par  extension. 
Ne  comprenez-vous  pas  ce  que  j'appelle  discours  fre- 
donnés, certains  jeux  de  mots  qui  reviennent  tou- 
jours comme  des  refrains?  kén.  t.  xxi, p.  73.  Il  2" Chanté 
entre  les  dents.  Une  chanson  fredonnée. 

FREDONNEMENT  (fre-do-ne-man),  s.  m.  Chant 
de  celui  qui  fredonne. 

—  ETYM.  Fredonner;  liourguig.  fcurdeneman. 
FREDONNER   (fre-do-né),   v.  n.   ||   1°  Terme  de 

musique.  Faire  des  fredons.  Et  la  troupe,  à  l'instant 
cessant  de  fredonner.  D'un  ton  gravement  fou  s'est 
mise  à  raisonner,  boil.  Sat.  m.  Que  si  l'on  chante 
gloi-reu,  cette  désinence  ac(|uiert  tous  les  droits  des 
voyelles....  et  par  conséquent  on  pourra  fredonner 
sur  la  dernière  syllabe  de  gloi-reu,  d'olivet,  l'ro- 
sodie  française.  ||  Par  extension.  Pour  instruire,  il 
faut  qu'on  raisonne  Sans  déclamer  insolemment  ; 
Sans  quoi  plus  d'un  sifflet  fredonne  Aux  oreilles 
d'un  Pompignan,  volt.  Les  quand,  les  si,  etc. 
Il  2"  Chanter  entre  ses  dents,  sans  articuler  les  pa- 
roles. Rien  ne  peut  plus  le  fixer  [Napoléon  délibérant 
à  Vitepsk  d'aller  à  Moscou];  à  chaque  instant  il 
prend,  quitte  et  reprend  son  travail  ;  il  marche 
sans  objet,  demande  l'heure,  considère  le  temps  ; 
et,  tout  absorbé,  il  s'arrête,   puis  il  fredonne    d'un 


air  préoccupé,  et  marche  encore,  ségur, //ù(.  de 
fiap.  I,  ).  Il  Activement.  Alors,  en  fredonnant  l'air 
qu'elle  avait  d.uisé,  Mlle  Navarre  me  demanda  si  je 
savais  les  paroles  de  cet  air-là,  makmontel,  Uém. 
III.  Il  Par  extension.  On  dirait  que  Ronsard  sur  ses 
pipeaux  rustiques  Vient  encor  fredonner  ses  idylles 
gothiques,  boil.  Art  p.  n.  Hé  quoi,  vous  êtes  éton- 
née Qu'au  bout  de  quatre-vingts  hivers  Ma  muse 
faible  et  surannée  Puisse  encor  fredonner  des  vers? 
volt.  Stances,  24. 

—  HIST.  XVI' s.  Durant  la  procession,  ilz  fredon- 
noyent  entre  les  dens  mélodieusement  ne  sçay 
quelles  antiphons,  bab.  Pant.  v,  27.  Mes  doigts  fre- 
donnent la  gloire  De  celuy  qui  est  trois  fois  Dieu  , 
DU  BELLAY,  Kl,  92,  rccto.  Viennent  d'un  doux  fre- 
donner Les  abeilles  sur  ta  couche,  id.  m,  ii 
verso. 

—  ETYM.  Fredon. 

+  FREDONNEDR,  EUSE  (fre-do-neur,  neû-z'),  s. 
m.  et  f.  Mot  familier.  Celui,  celle  qui  fredonne,  qui 
chante  à  demi-voix. 

—  ETYM.  Fredonner. 

t  FBP.GATAIRE  (fré-ga-tê-r'),  s.  m.  Nom  qu'on 
donnait  aux  portefaix  employés  par  la  compagnie 
française  établie  autrefois  dans  les  pays  barbares- 
ques. 

FRÉGATE  (fré-ga-f),  s.  ^.  ||  1°  Anciennement, 
très-petit  bâtiment  à  rames,  usité  dans  la  Méditer- 
ranée, quelquefois  ponté,  plus  ordinairement  décou- 
vert. Il  On  a  dit  fragate.  Nous  fusmes  doux  jours  à 
l'entourtantost  avançant,  tantost  reculant  jusques 
à  ce  que  nous  résolûmes  de  prendre  la  fragate  ou 
calque  de  nostre  vaisseau  ,  pour  nous  porter  à  Jaffa, 
Relation  journ.  du  voyage  de  Levant,  faict  et  descrit 
par  Beauveau,  Nancy,  I6I9,  dans  jal.  ||  2"  Frégate 
légère,  nom  donné  aux  premières  transformations 
de  la  frégate  en  vaisseau  de  guerre  (vers  loeo). 
Il  3°  Aujourd'hui,  bâtiment  de  gueire  qui,  pour  la 
force,  vient  après   les  vaisseaux  de  ligne,  le  plus 

frand  des  navires  de  guerre  à  une  seule  batterie, 
l'égard  de  la  Mutine,  puisque  le  capitaine  qui  l'a 
montée  n'a  point  rencontré  de  frégate  à  qui  il  n'ait 
gagné  le  vent,  il  faut  qu'elle  serve  de  modèle  pour 
les  frégates  qui  seront  bâties  à  l'avenir,  seignelay, 
à  de  Seuil,  31  oct.  1078, dans  jal.  Par  le  nom  de  fré- 
gate on  entendait  un  bâtiment  d'une  marche  supé- 
rieure, et  de  là  on  disait  de  tout  autre  bâtiment 
dont  la  marche  était  rapide,  qu'il  marchait  comme 
une  frégate  ;  depuis  longtemps  les  vaisseaux  mar- 
chent mieux  que  les  frégates,  willaumez,  Dict. 
Frégate.  \\  Frégate  d'avis,  petit  navire  qui  porte  des 
paquets  et  des  ordres  à  l'armée,  et  qui  sert  aussi  à 
aller  reconnaître  les  vaisseaux.  ||  4°  Oiseau  de  mer 
des  tropiques,  qui  vole  fort  loin  des  terres.  Le  meil- 
leur voilier,  le  plus  vitede  nos  vaisseaux,  la  frégate, 
a  donné  son  nom  à  l'oiseau  qui  vole  le  plus  rapide- 
ment et  le  plus  constamment  sur  les  mers,  buff. 
Ois.  t.  XVI,  p.  162,  dans  pougens. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  grand  baiUif  partit  [de  Malte] 
le  26  aoust  1541  avec  les  quatre  galères  et  une  fré- 
gate qui  fut  lors  jugée  plus  propre  et  facile  d'estre 
tirée  [à  la  remorque]  que  le  brigântin,  parce  qu'elle 
n'estoit  point  empeschée  de  la  poupe,  Hist  de 
St  Jean  de  Jérus.  p.  355,  dans  jal.  Ladite  demi- 
heure  passée,  qu'on  fasse  la  reveue  et  que  les  ga- 
lères dans  lesquelles  on  mettra  les  esquifs  et  les 
petites  frégates  sortent  promptement  du  port,  io. 
t.  II,  p.  267.  Il  veid  les  Iragates  des  ennemis  aller 
et  venir  portans  gens  armez  en  terre,  beauguè, 
Guerre  d'Ecosse,  n,  16.   . 

—  ETYM.  Espagn.  et  portug.  fragata;  ital.  fre- 
gata.  On  le  trouve  dans  le  poSte  valencien  Jaymo 
Febrer  et  dansBoccace.  Diez  suppose  qu'il  peut  ve.- 
nir  de  fabricata,  et  signifier  la  chose  fabriquée,  le 
bâtiment;  et  alors  le  mot  fragata  (au  lieu  de  fra- 
gada)  serait  venu  de  l'italien  en  espagnol.  Jal  le  tire 
du  grec  â^paxTa,  bâtiments  non  pontés. 

f  FRÉGATER  (fré-ga-té),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Donner  à  unb.itiment  la  forme  d'une  frégate,  c'est- 
à-dire  le  faire  bas  sur  l'eau,  peu  chargé  d'oeuvres 
mortes  et  à  tillac  étroit.  Ils  font  leurs  vaisseaux 
moins  chargés  d'œuvres  mortes  ou  plus  frégates  que 
lesnôtres....  en  général,  les  Anglais  frégatent  beau- 
coup davantage  leurs  vaisseaux  .ju'en  Hollande  ni 
en  France,  Corrfsp.  de  Co/6ert,iii,  2,  p.  328  {Voyage 
de  Seignelay  en  Angleterre). 

f  FRÉGATON  (frc-ga-ton) ,  s.  m.  Nom  ancien 
d'un  bâtiment  du  golfe  de  Venise,  du  port  d'environ 
400  tonneaux,  ne  portant  pas  de  mât  de  misaine. 
Il  Terme  de  pêche.  Petit  bateau  pointu  par  les  deui 
bouts  et  qui  ne  va  qu'à  la  rame. 

—  ETYM.  Diminutif  de  frégate. 

f  FRÉGiLE  (fré-ji-l'),*.   m.  Terme  de  zoologie. 


1774 


FRE 


Gonrc  il'oiseaux  de  k  famille  des  corvidées,  de  l'or- 
dre des  omnivores,  où  l'on  distingue  le  frégile  d'Eu- 
rope, dit  vulgairement  choucas  à  hec  et  à  pieds 
rouges. 

t .  FKEIN  (frin  ;  l'n  ne  se  lie  pas  :  un  frin  argenté; 
au  pluriel,  Vs  se  lie:  des  frin-z' argentés),  t.  m. 
Il  1"  Autre  nom  du  mors,  partie  de  la  bride  qu'on 
passe  dans  la  bouche  du  cheval  pour  le  gouverner. 
....Les  chevaux,  que  leur  sang  elTarouche,  Boulever- 
sent leur  charge,  et  n'ont  ni  frein  ni  bouche,  corn. 
Les  vict.  du  roi  en  1 072.  Ils  ne  connaissent  plus  ni 
le  frein  ni  la  voix,  rac.  Phèdre,  v,  6.  Ses  coursiers 
n'obéissent  plus  au  frein,  fén.  Tél.  xxiv.  ||  Fig.  Il 
est  vrai  qu'il  (le  diable]  a  ses  forces  entières;  mais 
celui  qui  les  lui  a  laissées  pour  son  supplice,  lui  a 
mis  un  frein  dans  les  mâchoires,  et  ne  lui  ISche  la 
bride  qu'autant  qu'il  lui  plaît,  noss.  2«  sermon,  dé- 
mons, 3.  Celui  qui  met  un  frein  à  la  fureur  des 
flots,  BAC.  Àthal.  I,  4.11  mord  en  frémissant  le  frein 
de  l'esclavage,  volt.  Alz.  i,  i.  ||  Ronger  son  frein, 
se  dit  du  cheval  qui,  forcé  au  repos,  miche  le  frein 
qu'il  a  dans  la  bouche.  Le  superbe  coursier  que  Bi- 
don devait  monter  rongeait  son  frein  à  l'attendre, 
LE  p.CATROo,  dans  desfontaines.  ||  Fig.  Ronger  son 
frein,  réprimor  le  dépit  qu'on  éprouve.  Le  marquis 
(i'Harcourt  rongeait  son  frein  de  n'avoir  pas  eu  la 
liberté  de  traiter  avec  la  reine  pour  l'amirauté, 
6T-SIM.8),  43.  Il  Ronger  son  frein,  signifie  aussi  être 
condamné  à  l'ennui.  La  plupart  aux  grands  airs  élè- 
vent leurs  aînées.  Tandis  qu'en  un  couvent,  lieu  pour 
elles  malsain,  Les  cadettes  nonnains  sont  à  ronger 
leur  frein,  hauteroche,  Bourg,  de  qualité,  m,  4. 
Il  Prendre  le  frein  aux  dents,  s'emporter,  en  par- 
lant du  cheval;  locution  venant  de  ce  que,  le  frein 
exerçant  son  influence  sur  le  l'ond  de  la  bouche  et 
la  jonction  des  lèvres,  le  cheval  y  échappe  en  re- 
jettant  le  frein  en  avant  et  en  lo  tenant  dans  les 
(lents.  On  dit  plutôt  aujourd'hui  prendre  le  mors 
aux  dents.  ||  Fig.  Prendre  le  frein  aux  dents,  se  li- 
vrer avec  emportement  a  quelque  chose,  n'être  plus 
retenu.  ||  2"  Fig.  Ce  qui  retient  sous  l'autorité,  dans 
les  bornes  du  devoir ,  de  la  raison.  Les  nouvel- 
les villes  étaient  un  frein  à  qui  voudrait  remuer, 
VAUGEL.  Q.  C.  1.  X,  dans  richelet.  C'est  [la  con- 
fession] un  frein  merveilleux  pour  arrêter  notre 
cœur,  et  pour  réprimer  ses  désirs  criminels,  bouh- 
DAL.  13'  dim.  après  la  Pentec.  Dominic.  t.  ni, 
p.  674.  Mais  de  combattre  en  elle  et  dompter  ses 
faiblesses....  Mettre  un  frein  à  son  luxe,  à  son 
ambition ,  boil.  Sat.  x.  Quel  frein  pourrait  d'un 
peuple  arrêter  la  licence?  rac.  Iphig.  iv,  4.  Digne 
emploi  d'un  ministre  ennemi  des  flatteurs,  ChoLsi 
pour  mettre  un  frein  à  ses  jeunes  ardeurs,  m. 
Brit.  m,  3.  Je  sais  combien  crédule  en  sa  dévotion, 
Le  peuple  suit  le  frein  de  la  religion,  m.  Bajaz.  i, 

2.  Qu'un  roi  n'a  d'autre  frein  que  sa  volonté  même, 
ID.  Alhal.  IV,  3.  Ils  ne  mettent  plus  de  frein 
à  leurs  passions,  vèk.  Tél.  xxii.  Ils  ne  connaissent 
plus  d'autre  frein  que  leur  volonté ,  mass.  Pet.  ca- 
rême, Tent.  Nasica,  dans  cette  vue,  voulait  lui 
laisser  fà  Rome]  la  crainte  de  Carthage  comme  un 
frein  pour  modérer  et  réprimer  son  audace,  rollin, 
Uist.  anc.  OEuv.  t.  i,  p.  524,  dans  pouguns.  En 
d'autres  temps  mon  courage  tranquille  Au  frein  de 
vos  leçons  serait  souple  et  docile,  volt.  Mérope,  v, 

3.  La  crainte  d'être  déposé  est  un  plus  grand  frein 
pour  les  empereurs  turcs  que  les  lois  de  l'Alcoran, 
ID.  Mœurs,  93.  Etre  méprisé  de  ceux  avec  qui  l'on 
vit  est  une  chose  que  personne  n'a  jamais  pu  et  ne 
pourra  jamais  supporter  ;  c'est  peut-être  le  plus  grand 
frein  que  la  nature  ait  mis  aux  injustices  des  hom- 
mes, m.  Trait,  mélaph.  ch.  9.  Si  vous  ne  reconnais- 
sez point  de  Dieu,  quel  frein  aurez-vous  pour  les 
crimes  secrets?  m.  Honnit,  littér.  27.  ||  Mettre  un 
freina  sa  langue,  s'abstenir  déparier  par  prudence 
ou  par  honnêteté,  jj  3"  Terme  d'anatomie.  Nom  de 
certains  ligaments,  qui  brident  ou  retiennent  une 
partie.  Le  frein  de  la  langue.  |1  Le  frein  du  prépuce, 
petit  repli  qui  unit  le  prépuce  au  gland.  ||  Les  freins 
de  la  glande  pinêale,  ses  pédoncules  supérieurs. 
Il  Terme  d'entomologie.  Crochet  de  l'aile  des  lépido- 
ptères. Il  4°  Cerceau  autour  du  rouet  du  moulin  à 
vent,  qui  arrête  le  moulin  par  le  moyen  d'une  bas- 
cule. Il  5°  Terme  de  mécanique  Appareil  pour  mo- 
dérer ou  détruire  la  vitesse  d'un  mécanisme.  Le  frein 
d'une  locomotive.  ||  Frein dynamométrique,  appareil 
pour  mesurer  le  travail  des  moteurs.  ||  Proverlie.  X 
vieille  mule  frein  doré,  se  dit  pour  se  moquer  d'une 
vieille  qui  se  pare  pour  faire  la  jeune. 

—  msr.  XI'  s.  Li  frein  sont  d'or,  les  selles  d'ar- 
gent mises,  Ch.  de  Roi.  vu.  ||  xii"  s.  Donc  [il]  laisse 
courre  à  plein  fren  estendu,  Rone.  p.  «0.  La  cruiz 
[croix!  «reevesqual  fist  porter  à  sa  destra,  E  la  reis- 


FRE 

gno  [rêne]  del  frein  tint  en  la  main  senestre.  Th.  le 
mart.  38.  Il  xiii'  s.  X  tant  es  vous  un  musart  qui  le 
prit  par  le  frain  et  le  vot  [voulut]  retourner  ariere, 
6'/ir.  deBains,  118.  Que  la  premeniine  vertu.  C'est 
lie  mètre  en  sa  langue  frain,  la  Rose,  7089.  Pren 
durement  as  dens  le  frain,  Et  donte  ton  cuer  et  re- 
frain, ib.  :i079.  Cil  qui  ensuit  sa  volenté  sanz  frain  de 
raison,  vit  à  loi  de  heste  sanz  vertu,  brun,  latini. 
Trésor,  p.  337.  Frains  d'or  ne  fait  meillor  cheval, 
ID.  ib.  p.  457.  Il  xiv  s.  Il  estoit  li  premiers  au  frein 
de  l'ainsné  filz  du  roy  [son  premier  gouverneur], 
dans  MORÉRi,  Horeuil  Bernard,  «*  du  nom.  ||  xv  s. 
Quand  le  sire  de  Bauderoden  les  vit  venir,  il  tourna 
son  frein  tout  sagement,  et  fit  chevaucher  son  peu- 
non  et  ses  compagnons  pour  revenir  au  pont.... 
FROiss.  .1,  I,  139.  Or  nous  faut  prendre  le  frein  aux 
dents,  ID.  n,  II,  (52.  Tout  esdenlé,  mon  frein  me 
fault  rongier,  ch.  d'orl.  UoH.  <32.i|xvi'  s.  Nostre 
ame  ne  sçauroit  de  son  siège  atteindre  si  hault;  il 
faut  qu'elle  le  quitte  et  s'esleve,  et,  prenant  le  frein 
aux  dents,  qu'elle  emporte  et  ravisse  son  homme  si 
loing,  qu'aprez  il  s'estonne  luy  mesme  de  son  faict, 

MONT.  Il,  22. 

—  ÉTVM.  Provenç.  fren,  fres  ;  catal.  fre;  espagn. 
et  ital.  freno;  portug.  freio;  du  lat.  frenum,  qui  se 
rapproche  naturellement  de  fretus,  sotitanu,  garni; 
c'est  le  radical  sanscrit  dhar,  tenir,  porter. 

f  2.  FREIN  (frin),  .V.  m.  Vieux  terme  de  mer.  Va- 
gues qui  se  brisent  contre  un  obstacle. 

—  REM.  Ce  mot  devrait  être  écrit  fraint  (voy. 
l'historique  et  l'étymologie). 

—  msr.  XVI'  s.  La  première  soirée  et  tout  le  len- 
demain les  frains  de  la  mer,  qui  estoit  rude,  firent 
(]ue  le  comte  ne  pust  faire  descente,  d'aub.  Uist.  ii, 
8ii.  La  sentinelle  ne  pouvant  les  ouir  à  cause  des 
freins  de  l'eau  et  du  grand  bruit  qu'elle  fait  en  cet 
endroit,  m.  ib.  il,  374. 

—  ÉTVM.  Lat.  frangere,  qui  avait  donné,  dans  l'an- 
cien français,  fraindre,  participe  fraint. 

FUELAMI'IEH  (fre-lan-pié;  l'r  ne  se  lie  jamais), 
s.  m.  Terme  populaire  et  vieilli.  Homme  de  peu  et 
qui  n'est  bon  à  rien. 

—  HIST.  xvi*  s.  t'relampier,  oudin,  Dict, 

—  ÉTYM.  Ce  mot  a  signifié,  dans  son  origine,  le 
moine  qui  avait  soin  d'allumer  les  lampes  du  cou- 
vent, et  est  pour  frère-lampier. 

FRELATAGE  (fre-la-ta-j'),  s.  m.  Action  de  frela- 
ter du  vin,  des  drogues. 

—  ÉTVM.  Frelater. 

FRELATÉ,  ÉE  (fre-la-té,  tée),  part,  passé  de  fre- 
later. Altéré  par  mélange  et  sophistication.  Vins 
frelatés.  {|  Fig.  Cela  n'est  point  frelaté,  c'est-à- 
dire  cela  est  naturel.  Son  visage  est  tout  neuf  et 
n'est  point  frelaté,  regnahd,  Démocrile,  i,  6.  Un 
ouvrage  qui  condamne  trop  ce  goût  frelaté  intro- 
duit parmi  nous,  volt.  Lett.  Prusse,  4o.  La  vie 
frelatée  de  Paris  n'approche  assurément  pas  de  la 
vie  pure,  tranquille  et  doucement  occupée  qu'on 
mène  à  la  campagne  ,  ID.  Lett.  d'Argental ,  27 
avr.  1760, 

t  FUELATE1»IENT  (fre-la-to-man),  s.  m.  Syno- 
nyme de  frelatage. 

—  lllST.  XVI"  s.  Frelatement,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Frelater. 

FRI'XATER  (fre-la-té),  «.  a.  \\  1°  Au  sens  propre, 
transvaser;  conservé  seulement  en' termes  de  pêche: 
passer  le  hareng  caqué  d'une  futiulle  dans  une  au- 
tre. I)  2"  Altérer  par  mélange  ou  sophi.stication, parce 
que  d'ordinaire  ces  altérations  ne  se  font  pas  sans 
transvasements.  Frelater  des  eaux-de-vie.  ||  Fig.  Ne 
laissez  point  ainsi  frelater  voire  cœur  et  donnez-le- 
moi  tel  qu'il  est,  volt.  Lett.  Thiriot,  (2  fév.  (739. 
1!  3"  Se  frelater,  i'.  réfl.  Être  frelaté.  Les  eatu-do- 
vie  se  frelatent  trop  souvent. 

—  HlST.  XVI*  s.  Pour  faire  cela  parfaitement  bien, 
le  moien  est  de  frallater  [transvaser]  ou  changer  les 
vins  au  huictiesme  ou  dixiesme  jour,  prins  à  leur 
origine,  les  remuans  de  leurs  premiers  tonneaux  en 
autres  bien  nets  et  lavés,  o.  de  sehrks,  2i3.  Le  fral- 
later ou  transvaser  n'est  indifféremment  nécessaire 
en  toutes  sortes  de  vins,  in.  2(8. 

—  ÊTY'M.  Génev.  ferlaler ;  herry;  frelassi  (dans 
cette  locution  :  parler  latin  frétasse)  ;  d'après  Diei, 
du  flamand  rerlalen,  transvaser. 

FRELATERIE  (fre-la-te-rie),  *.  f.  Synonyme  de 
frelatage. 

FRELATEUR  (frela-teur) ,  *.  m.  Celui  qui  frelate 
du  vin,  des  drogues,  etc. 

—  ÉTYM.  Frelater. 

FRF.LE  (frê-l'),  adj.  Qui  a  peu  de  solidité,  de 
résistance.  Ouevois-je?  en  une  frêle  barque  Quels 
insensés  fendent  les  eaux?  lamotte  ,  Odes,  t.  i, 
p.  70,  dans  pouGENS.  Je  ne  vous  réponds  pas  que 


FRE 

ma  vieille  et  frêle  machine  puisse  durer  jusqu'au 
printemps,  volt.  Lett.  d'Alemherl,  s  nov.  477».  Tou- 
jours prêt  à  sortir  de  ma  frêle  prison  [mourirj, 
J'en  veux  du  moins  sortir  en  sage,  id.  Utt.  Cide- 
ville,  (9  janv.  (736.  Un  frêle  appui  guide  se»  pas 
pesants,  c.  dulav.  Paria,  m,  4.  ||  Par  extension.  Un 
corps,  une  santé  frêle.  Mettant  toujours  ma  frêl» 
existence  à  l'ombre  de  vos  ailes,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gental, 24  oct.  (774.  Il  Fig.  La  beauté  du  visage  est 
un  frêle  ornement,  mol.  Femm.  sav.  m,  6.  Tandis 
que  l'ennemi,  par  ma  fuite  trompé.  Tenait  après  son 
char  un  vain  peuple  occupé.  Et,  gravant  en  airain 
ses  frêles  avantages.  De  mes  Ëtats  conquis  enchaî- 
nait les  images,  RAC.  Mitlir.  m,  (.||Fig.  C'est  un 
frêle  appui  que  le  sien,  c'est  une  bien  faible  protec- 
tion que  la  sienne. 

—  HIST.  XI"  s.  Altens  Noe,  et  al  tems  Abraham,  Et 
à  David,  qui  Deus  par  ama  tant.  Bons  fut  li  socles, 
jamais  n'ot  si  vailans;  Velz  [vieux]  est  et  frailes, 
tut  s'en  vat  empirant,  St  Alexis,  ii.||xii's.  [Que] 
Karles  remaigne  por  son  droit  à  jugier;  Vielz  est  et 
frelles,  ne  puet  mes  chevauchier,  Li  coron.  Looys, 
V.  308.  Il  xiii'  s.  Quant  il  les  voit  devant  ses  iols 
[yeux]  Malades  et  fraires  et  viols  [vieux],  du  cange, 
fragilitatus.  \\  xiV  s.  Car  li  sires  de  Kiennes,  coq- 
nestable  à  présent,  Devient  frailes  et  vielx....  Guet- 
ci.  16923.  Il  XV'  s.  Comme  femme  légère,  frêle  et 
muable  de  courage,  louis  xi,  A'our.  lxix.  ijxvi'  s. 
Le  vent  elevoit  en  l'air  un  grand  poulcier  de  cesle 
terre  fresle  [friable]  que  j'ay  dilte,  amvot,  Serlor.  2:1 
Avoir  les  fondements  trop  frailes  pour  s'appuyer  <le 
sa  propre  force,  mont,  i,  (30.  Mais  tu  ne  veux,  0 
fleur  des  jouvenceaux.  Ta  vertu  vendre  à  si  fresle 
despense  :  Le  seul  honneur  te  plaist  pour  recom- 
pense, RONS.  628 Donné  un  fresle  verre  en  lieu 

d'un  diamant,  id.  "«8. 

—  ÉTYM.  Ital.  fraile;  du  lat.  fragilis,  qui,  ayant 
l'accent  sur  frag,  a  donné  régulièrement  fraile  ou 
frêle;  de  frangere,  briser  (voy.  pbagile). 

t  FRELOCllE(l're-lo-ch'),î./'.  Poche  de  gaze  ou 
d'autre  tissu,  pour  prendre  les  insectes  volants. 
(I  Poche  de  toile  pour  pêcher  les  insectes  aquatiques, 
les  petits  poissons. 

—  ÉTYM.  Voy.  freluche. 

4.  FRELON  (frelon;  plusieurs  personnes  pronon- 
cent frè-lon;  c'était  la  prononciation  dans  le  xvii' 
siècle,  telle  qu'elle  est  indiquée  dans  Ménage),*,  m 
Il  1°  Nom  vulgaire  de  la  guêpe  frelon.  Comme  on 
voit  les  frelons,  troupe  Iftclie  et  stérile,  Aller  piller 
le  miel  que  l'abeille  distille,  boil.  Sat.  1.  Les  Ire- 
Ions,  qui  appartiennent  au  genre  des  guêpes  et  qui 
les  surpassent  toutes  en  grandeur,  ne  possèdent  pas 
au  même  degré  que  les  guêpes  souterraines,  l'art 
de  fabriquer  du  papier  avec  des  fragments  de  vieux 
bois,  BONNET,  Contempl.  nat.  xi,  '^4.  ||  Fig.  Celui  qui , 
étant  incapable  de  faire  un  ouvrage,  cherche  à 
le  décrier,  et  quelquefois  à  s'en  emparer.  Quant 
mon  livre  de  l'Esprit  des  lois,  j'entends  quelques 
frelons  qui  bourdonnent  autour  de  moi  ;  mais,  si  les 
abeilles  y  cueillent  un  peu  de  miel,  cela  me  suffit, 
MONTESQ.  Corresp.  3(.  Ij  2' Terme  de  fauconnerie. 
Poil  qui  sort  des  naseaux  de  l'oiseau. 

—  HIST.  XVI'  s.  Comme  en  proverbe  l'on  dit  : 
irriter  les  frelons,  mouvoir  la  Camarine  [proverbe 
grec:  u.r,  xlvei  Kaiiàpivov],  esveigler  le  chat  qui  dort, 
RAB.  m,  (4.  Les  abeilles  ne  deviennent  point  fres- 

lons,  COTGRAVE. 

—  ÉTVM.  Norm.  freulon,  frûlon,  furon  ,  foulon  ; 
picard,  foulon:  Berry,  grèUm,  grolon,  groulon,  et 
aussi  frelon.  Diez  le  tire  de  frôle,  à  cause  que  le 
corps  du  frelon  est  mince  comme  celui  de  la  guêpe, 
et  il  rattache  gnVoii  du  Berry  à  grêle,  mince.  Frêle, 
nom,  en  Normandie,  de  l'insecte  dit  demoi-selle, 
vient  à  l'appui  de  celte  opinion,  qui  n'en  reste  pas 
moins  sujette  à  des  iloutes.  Faudrait-il  trouver  quel- 
que rapport  entre  frelon  et  le  verbe  frêler,  qui  dans 
le  Berry  signifie  frotter,  et,  dans  d'autres  endroits, 
briloravec  le  bruit  que  font  les  cheveux  en  brûlant? 

a.  FRELON  (fre-lon),  s.  m.  Houx-frelon,  petit- 
houx  ou  housson  (voy.  fragon). 

—  HIST.  xiv  s.  En  celluy  fort  yver  leurs  cham- 
bres estoient  bien  nettes  et  sans  feu  ;  et  qui  trou- 
vast  aucunes  feuilles  vertes,  elles  feussent  jon- 
chées par  l'hostel,  et  la  cheminée  estoit  housste, 
comme  en  esté,  de  fraillon  ou  de  aucune  chose 
verte,  le  coev.  de  La'tou»,  Instr.  à  je»  fille*,  f  ""O, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  La  forme  primitive  parait  être  fregon 
(voy.  FRAGON  à  riiistorique),  et  l'on  peut  conjectu- 
rer que  le  g  s'est  changé  en  l  par  assimilation 
avec  frelon  I . 

FRELL'CIIE  (fre-Iu-cli'),  s.  f  ||  1'  Petite  houppo de 
soie  sortant  d'un  bouton,  d'un  gland,  etc.  Ganse  à 


FKE 


FRÉ 


FRÉ 


1773 


freluche.  ||  8"  Nom  de  certains  petits  fils  qui  volent 
eii  j'ai r  dans  les  beaux  jours  rie  l'été.  J'entrepren- 
drais en  un  temps  chaud  et  clair  Levain  calcul  des 
freluches  de  l'air,  st-amand,  dans  richelet.  ||  S.  f. 
plur.  Fig.  Choses  frivoles  et  badines.  ||  3'  Jeu  de 
cartes  qui  ressemble  beaucoup  à  celui  de  l'emprunt. 

—  HIST.  XIV"  s.  Le  suppliant  avoit  roignié  ou 
coppé  certains  freloqueset  draps  de  divers  couleurs, 
Di'  GANGE,  flocus.  Il  XV'  S.  Car  aujourd'hui  de  deux 
■reluques  De  cheveux  d'un  petit  monceau,  Il  sem- 
ble qu'il  y  en  ail  jusques  Au  collet,  et  plein  un  bois- 
seau, coQuiLLART,  les  Droits  nouveaux.  0  vanae 
mulieres,  deferuntsecum  mille farluge,  BAHLET,dans 
DU  CANGE,  farluge.  Pour  ung  virelan  de  noire  mon- 
noie,  nommé  au  pays  frelusques  [choses  de  peu  de 
valeur),  du  cange,  ferlina. 

—  Etym.  Diez  le  rapproche  de  l'italien /'an/'aiuco, 
fanfreluche  ;  mais  on  ne  voit  pas  comment  se  serait 
perdue  la  syllabe  fan.  Comme  on  a  dit  aussi  frclo- 
que,  on  peut  y  voir,  ce  semble,  un  composé  du  pré- 
fixe fre,  fer,  fra,  et  loque. 

FRELUQUET  (fre-lu-què  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans 
la  conversation  ;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  fre-lu-kè-z 
impertinents;  freluquets  rime  avec  succès,  paix, 
traits),  s.  m.  Il  1° Terme  familier.  Homme  léger,  fri- 
vole et  sans  mérite.  Ce  petit  freluquet  d'Alet  ne  se 
plaint  de  rien,  sév.  44  (.  Ce  petit  freluquet  de  Mon- 
cade,  avec  ses  airs  impertinents!  baron,  l'Homme  à 
bonnes  fortunes,  m,  4.  Le  portrait  de  sa  mère,  un 
sot,  un  freluquet  ,Qui  fait  le  bel  esprit  et  n'a  que  du 
caquet,  destouches,  Glor.  m,  9.  C'est  que  vous  avez 
bien  rabroué  le  freluquet,  n'est-ce  pas  ?  contez-moi 
ça,  madame.  —  Freluquet!  je  n'ai  jamais  dit  que 
c'en  fût  un;  ce  n'est  pas  là  son  défaut.  —  Dame  ! 
vous  l'avez  appelé  petit  monsieur  :  et  un  petit  mon- 
sieur, c'est  justement  et  à  point  un  freluquet,  mari- 
VALX,  Préjugé  vaincu,  se.  8.  J'aurais  bien  voulu 
que  des  Cahusac,  des  Desmahis  n'eussent  pas  tra- 
vaillé à  l'Encyclopédie,  qu'on  se  fût  associé  de  vrais 
savants  et  non  pas  de  petits  freluquets,  volt.  letl. 
Damilaville,  s  oct.  4  764.  M'embarrassant  fort  peu 
des  intrigues  frivoles  D'un  tas  de  freluquets,  d'une 
troupe  de  folles,  gresset,  Méch.  m,  9.  Vous  avez 
beau  faire,  mon  cher  philosophe  ;  vous  n'en  ferez 
jamais  [du  duc  de  Richelieu]  qu'un  vieux  freluquet, 
bien  peu  digne  d'être  célébré  par  une  plume  telle 
que  la  vôtre,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  <8  mai  t7C6. 
Il  Adjectivement.  Près  de  Rose  il  n'est  point  fade, 
Et  n'a  rien  de  freluquet,  BÉRANG.Sénafeur.  ||  2°  Terme 
de  passementerie.  Petit  poids  en  plomb  suspendu  à 
un  fil,  qui  sert  à  passer  chaque  brin  de  glands  pour 
le  tenir  en  équilibre  pendant  le  travail. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  freluche,  signifiant  et  une 
petite  freluche,  et  celui  qui  porte  des  freluches. 

FRÉMIR  (fré-mir),  v.  n.  |)  1°  Produire  un  bruit 
par  l'agitation  de  ce  qui  a  beaucoup  de  parties.  J'en- 
tends frémir  les  flots  irrités.  Le  feuillage  frémit.  |1 11 
se  dit,  par  extension,  de  tout  grand  bruit.  S'il  que- 
relle les  vents,  ils  n'osent  plus  frémir,  ho tr.  St  Ce- 
nest,  m,  2.  La  discorde  en  fureur  frémit  de  toutes 
parts,  RAC.  Esth.  Prologue.  Mais  l'airain  menaçant 
frémit  de  toutes  parts,  id.  Athal.  iv,   B.  Dans  les 
combats,  ils  [les  phoques!   rugissent  et  frémissent 
comme  le  lion,  et  enfin  dans  la  joie  et  après  la  vic- 
toire ils  font  un  petit  cri  aigu  qu'ils  réitèrent  plu- 
sieurs fois  de  suite,  buff.  Quadrup.   t.  xi,  p.  1 93, 
dans  pouGENS.  Comme  un  homme  sauvé  du  nau- 
frage sur  un  rocher,  je  contemple  de  ma  solitude  les 
■  orages  qui  frémissent  dansle  reste  du  monde,  bern. 
DU  ST  p.  Paul  et  Yirg.  ||  2°  Éprouver  un  mouvement 
de  vibration  qui  produit  un  frémissement  léger,  un 
faible  murmure.   Terre,  frémis  d'allégresse    et  de 
crainte,  rac.  Esth.  m,  ».  On  sait  que,  si  dans  le 
même  instrument  il  y  a  plusieurs  cordes  à  l'unisson 
ou  qui  fassent  leurs  vibrations  dans  le  même  temps, 
si  l'on  pince  une  de  ces  cordes,  toutes  celles  qui  se- 
ront à  son  ton  frémiront  à  la  fois,  bonnet,  Ess.  p.<:y- 
chrtL  chap.  25.  ||  Il  se  dit  aussi   de  l'eau  qui  mur- 
mure et  s'agite  avant  de  bouillir.  L'eau  ne  tardera 
(las  à  bouillir,  elle  frémit  déjà.  |1  La  mer  frémit,  elle 
commence  à  s'agiter.  ||  3°  Fig.  Éprouver  un  trem- 
blement, une  sorte  de  vibration  intérieure  par  l'effet 
lie  la  crainte,  de  l'horreur,  de  la  colère.  Nous  fait 
frémir  le  cœur,  nous  tire  de  nous-mêmes,  Régnier, 
Hat.  XVI.  Je  ne  puis,  sans  frémir,  parler  des  au- 
teurs d'un  si  exécrable  attentat,  vaugel.  Q.  C.  liv. 
VI,  dans  richelet.  Et  la  seule  pensée  en  fait  frémir 
d'îiorreur,   corn.   Cinna,  iv,    8.  D'oil   vient  que  tu 
Irémisetquetoncœur  soupire?  m.  Poly.  n,  l.  Même 
l'on    lit    que  l'ouvrier   [le  statuaire]    Eut  è   peine 
achevé  l'image.  Qu'on  le  vil  frémir  le  premier  Et 
redouter  son  propre  ouvrage,  la  font.  FaU.ix,  e. 
Son  nom  seul  fait  frémir  nos  veuves  et  nos  filles,  rac. 


Andr.  i,  2.  J'aime  à  vous  voir  frémir  à  ce  funeste 
nom, iD.  Phèd.  i,  3.  Ah!  combien  frémira  son  ombre 
épouvantée!  in.  t'b.  iv,6.  Il  faut  des  châtiments  dont 
l'univers  frémisse,  m.  Esth.  ii,  <.  Qu'ils  pleurent,  ô 
mon  Dieu,  qu'ils  frémissent  de  crainte,  Ces  mal- 
heureux qui  de  ta  ci  lé  sainte  Ne  verront  point 
l'éternelle  splendeur,  III.  jlthat.  n,  9.  Mais  d'où  vient 
que  mon  cœur  frémit  d'un  saint  effroi?  in.  ib.  m, 

7 trop  au-dessus  d'eux,  je  leur  puis  pardonner 

De  frémir  sous  le  joug  queje  veux  leur  donner,  volt. 
M.  de  Ces.  i,  4.  Plusieurs  protestants  étaient  à  table; 
les  uns  se  plaignaient  amèrement  [à  la  révocation 
de  l'édit  de  Nantes],  d'autres  frémissaient  de  co- 
lère, ID.  l'Ingénu,  S.  Les  anciens  ne  s'étaient  pas 
contentés  de  faire  du  cygne  un  chantre  merveil- 
leux ;  seul  entre  tous  les  êtres  qui  frémissent  à 
l'aspect  de  leur  destruction,  il  chantait  encore  au 
moment  de  son  agonie,  et  préludait  par  des  sons 
harmonieux  à  son  dernier  soupir,  buff.  Ois.  t.  xvii, 
p.  :t9,  dans  pougens.  Mon  cœur  frémit  de  joie,  du- 
cis,  Macbeth,  n,  3.  Elle  frémit  de  tousses  membres, 
et  sûrement  l'approche  de  l'échafaud  ne  lui  aurait 
pas  causé  plus  d'effroi,  stael,  Corinne,  xvi,  3.  ||  Il 
se  dit  avec  de  et  un  infinitif.  Et  déjà,  tout  confus, 
croyant  midi  sonné,  En  soi-même  frémit  de  n'avoir 
pas  dîné,  boil.  Lutr.  iv.  Honteux  et  frémissant  de 
vous  interroger,  volt,  faner,  m,  4.  ||  Fig.  Je  vois 
que  sa  vertu  frémit  de  leur  fureur,  rac.  Prit,  iv, 
3,  Bassesses  dont  votre  orgueil  frémit  en  secret, 
MASS.  Carême,  Culte.  Lorsqu'elle  [la  magistrature 
japonaise]  a  fait  exposer  les  femmes  nues,  elle  a 
fait  frémir  la  pudeur,  montesq.  Esp.  xil,  <4.  On 
m'en  a  envoyé  des  morceaux  indignement  falsifiés 
qui  font  frémir  le  bon  goût  et  la  décence,  volt. 
Lett.  Richelieu,  26  mai  (765.  ||  Cela  fait  frémir 
la  nature,  se  dit  de  ce  qui  cause  beaucoup  d'hor- 
reur. Un  spectacle  à  faire  frémir  la  nature. 

—  HlST.  xu*  s.  Pur  quoi  frémirent  les  genz,  et  li 
pople  purpenserent  vaines  coses?  Liber  psalm.  p.  i. 
Paien  frémissent,  l'ost  est  espoentée,  Honc.  p.  66. 
|I1|  Voit  toute  l'ost  à  une  voiz  frémir,  ib.  p.  155. 
De  la  manace  Deu  puet  altrement  frémir  Quiqu'un- 
ques....  Th.  le  mart.  91.  Quant  il  l'oï,  la  char  l'en 
prist  tute  à  frémir,  ib.  35.  Nos  savons  ke  les  lenges 
[langues]  desancelesfremissentquantladame  n'iest 
mie,  Joh,  p.  496 .  ||  xiir  s  Sachiés  qu'il  n'i  ot  si  hardi 
à  qui  la  char  ne  fremesist,  villeh.  lxi.  Quant  l'en- 
tendi  la  vieille,  de  la  paour  fremist,  Perte,  xci.  Si 
te  frémira  tous  li  sans,  Parole  te  faudra  et  sens. 
Quant  tu  cuideras  commencier,  la  Rose,  2407.  Mais 
li  chevaler  Jhesu  Crist  N'out  pour,  ne  ne  se  fre- 
mist, marie.  Purgatoire,  379.  \\  xiV  s.  Le  pueple 
fermisoitet  se  douloit  de  leur  servitude,  bf.rcheure, 
f.  (2.  Prenez  de  l'eau  et  mettez  frémir  [sur  le  feu 
jusqu'à  ce  qu'elle  frémisse]  ,  iUnagier,  ii,  5. 
Il  XV' s.  Oui  donc  vit  frémir  gens  et  appeler  l'un  l'au- 
tre, et  quérir  pièce  de  terre  pour  mieux  loger....  voir' 
pust  grand  triboulement,  FROiss.  i,  i,  i62.  Le  roi 
qui  tout  fremissoit  d'iré  et  de  mautalent. . . .  id.  i,  i, 
289.  Il  XVI'  s.  Ils  s'offensent  de  ceux  [animaux]  qui 
hurlent,  ou  qui  buglent  et  frémissent,  ou  qui  ont 
une  hydeuse  et  triste  mine  à  les  voir,  amyot,  De  la 
tranq.  d'dme,  40.  Il  faut  qu'il  [le  philosophe]  fré- 
misse planté  au  bord  d'un  précipice,  mont,  il,  20. 

—  ÉTYM.  Berry,  vrombi,  en  parlant  d'une  toupie  : 
ma  toap'ie  vrombit  ;  prov.  frémir;  \)orl.  frémir  ;  ital. 
fremire;  du  lat.  fTemère,^s.T  changement  de  conju- 
gaison, fremire,  puis  passage  à  une  conjugaison 
inchoative  en  isco,  fremisco;  comparez  le  grec  ppé- 
(ieiv,  et  le  sanscrit  bhram,  produire  un  bourdonne- 
ment. Mais  l'ancienne  langue  avait  aussi  un  dérivé 
direct  de  fremére  qui  était  freindre,  comme  gein- 
dre ,  de  gemere.  Elle  avait  aussi,  à  côté  de  frémir, 
un  verbe  fremier  auquel  elle  donnait  une  signifi- 
cation très-semblable,  mais  qui,  venant  de  formicare, 
fourmiller,  s'éuit  rapproché  de  frémir,  par  assimi- 
lation :  La  royne  saut  sus,  si  prent  à  fremier,  Perte, 

LXXXVII. 

FRÉMISSANT,  ANTE  (fré-mi-san,  san-t),  ad). 
Qui  frémit.  Ces  coursiers  frémissants.  Les  vagues 
frémissantes.  Sa  main  puissante  [de  Dieu]  ramène 
en  arrière  le  Suédois  indompté,  tout  frémissant  qu'il 
était,  Boss.  Anne  de  Gonx.  Peut-être  Assuérus  fré- 
missant de  courroux....  RAC.  Esth.  ii,  9.  L'appareil 
frémissant  de  la  guerre,  fén.  Tél.  xx. 

FRÉMISSEMENT  (fré-mi-se-man),  s.  m.  \\  1»  Bruit 
de  ce  qui  s'agite  en  beaucoup  de  parties.  Le  fré- 
missement du  feuillage.  Les  frémissements  de  l'o- 
céan. Le  frémissement  de  l'air.  Les  vents  agitent 
l'air  d'heureux  frémissements,  rac.  Iphig.  v,  6. 
Il  Par  extension,  toute  espèce  de  grand  bruit.  D'un 
ciment  éternel  ton  église  est  bâtie.  Et  jamais  de 
l'enfer  les  noirs  frémissements  N'en  sauraient  ébran- 


ler les  fermes  fondements,  boil.  Lutr.  vi.  ||  i'  Mou- 
vement léger  de  vibration,  surtout  en  parlant  des 
corps  sonores.  Le  frémissement  d'une  cloche,  des 
cordes  d'une  harpe.  ||  Terme  de  physique.  Mouve- 
ment insensible  et  vibratile  des  corps  sonores  qui 
se  communique  à  l'air  ambiant  et  qui  produit  le  son. 
Il  3°  Bruit  particulier  produit  par  le  dégagement  da 
l'air  contenu  dans  de  l'eau  qu'on  fait  chaufi'er  sur 
un  foyer.  Le  frémissement  de  la  cafetière.  ||  4°Terme 
de  médecine.  Tremblement  des  membres  ou  de  tout 
le  corps  qui  précède  ou  accompagne  le  frisson  de 
la  fièvre.  Il  m'a  pris  un  grand  frémissement  par 
tout  le  corps.  ||  Frémissement  cataire,  voy.  cataire. 
Il  Frémissement  hydatique,  sensation  particulière 
perçue  à  la  fois  par  la  main  et  par  l'oreille,  lors  de  la 
percussion  des  kystes  hydatiques,  et  qui  a  été  com- 
parée à  la  sensation  produite  par  le  frémissement 
d'une  montre  à  répétition.  ||  5°  Fig.  Émotion  de  ce- 
lui qui  frémit.  Mais  pourrais-je  vous  dire  à  quelle 
impatience,  X  quels  frémissements,  à  quelle  vio- 
lence. Ces  indignes  trépas,  quoique  mal  figurés,  Ont 
porté  les  esprits  de  tous  nos  conjurés,  corn.  Cinna, 
i,  3.  Je  n'ai  pour  tout  accueil  que  des  frémissements, 
bac.  Phèdre,  m,  5.  Et  sans  frémissement  le  ne  puis 
voir  sa  peine  et  son  saisissement,  iD.  Esth.  ii,  7.  Je 
sentis  un  frémissement  d'amour  que  je  n'avais  ja- 
mais éprouvé,  J.  J.  Rouss.  Conf.  vu.  Je  le  quittai 
lorsque  je  ne  devais  plus  le  revoir,  sans  qu'aucun 
frémissement  m'avertît  de  mon  malheur,  stael,  Co- 
rinne, xii,  2.  Ces  guerriers  [les  soldats  français] 
écoutaient  avec  un  secret  frémissement  les  pas  de 
leurs  chevaux  retentir  seuls  au  milieu  de  ces  palaie 
déserts  [à  Moscou],  ségur,  Uist.  de  Nap.  vin,  5. 

—  HIST.  xiii'  s.  En  frémissement  marcheras  [con- 
culcabis]  la  terre.  Psautier,  t°  (86.  ||xiv'  s.  Oyans 
le  son  et  le  frémissement  des  chevaux,  bebcueube, 
f"  50,  recto.  Il  XVI'  s.  Toute  la  plaine  qui  estoit  entre 
deux,  resonnoit  d'un  frémissement  horrible  et  es- 
pouvantable  à  ou'ir,  amyot,  Marius,  35. 

—  ÉTYM.  Frémir.  On  trouve  fremur  dans  le  xi' 
siècle  :  Vers  le  palais  oïrent  grant  fremur,  Ch.  <te 
Roi.  cxc. 

f  FRÉMONT  (fré-mon),  s.  m.  Variété  de  poire  ap- 
pelée ordinairement  gros  frémont. 

t  FRENAIE  (trè-nê),  s.  f.  Lieu  planté  de   frênes. 

HIST.  XVI'  s.  Volant  les  belles  chesnaies  d'un 

costé,  de  l'autre  les  chasteneraies,  les  ormaies,  les 
coiidraies,  les  fresnaies,  o.  de  serres,  796. 

—  ÉTVM.  Frêne;  picard,  frenoye. 
FRÊNE  {frê-n'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de   botanique. 

Genre  de  la  famiUe  des  oléacées,  qui  se  compose 
d'une  soixantaine  d'espèces.  ||  2°  Arbre  forestier  dont 
le  bois  est  blanc  et  sans  nœuds,  fraxinus  excelsior, 
L.  Il  Bois  de  cet  arbre.  Le  frêne  est  propre  au  char- 
ronnage.  ||  3°  Frêne  à  fleurs,  fraxinus  ornus,  L. 
Il  4»  Frêne  à  feuilles  rondes,  fraxinus  rotundifolia , 
Lamk.  celui  auquel  on  doit  appliquer  les  dénomina- 
tions de  frêne  de  Calabre ,  de  frêne  à  la  manne  (mais 
non  de  frêne  à  manne  comme  l'écrit  l'Académie, 
ce  qui  est  contraire  à  l'usage  des  botanistes),  le- 
GOABANT.  IIB"  Frêne  à  trois  feuilles,  nom  impropre 
donné  parfois  à  U  plélée  trifoliée  (térébinthacees), 
dite  également  à  tort  orme  à  trois  feuiUes,  leo  ga- 
rant. ||  6°  Frêne  épineux,  nom  vulgaire  du  xan- 
thoxyle  fraxinifolié  (rutacées). 

—  UIST  XI'  s.  Ardent  ces  hanstes  de  fraisne  et  île 
pomier,  Ch.  de  Roi.  clxxxi.  ||  xu'  s.  Haste  [il]  ot  do 
l'rasne  et  vermeil  confenon,  lionc.  p.  Bt .  ||  xiii"  s.  Un 
freisne  [eUe]  vit  lé  [large]  e  branchu,  E  mut  espes 
e  bfenramu,  marie.  Frêne.  \\  xvi'  s.  Les  ormes  pour- 
ront estre  avec  les  érables  et  fresnes,  o.  de  serres, 
796.  Dessous  le  frêne  venin  ne  règne,  leroux  db 
LiNCY,  Proe.  t.  1,  p.  74.       ,    ,      ,      .  .  .-,„ 

_  ÊTVM.  Berry,  frdgne;  du  lat.  fraxxnus,  où  1  ac 

cent  est  sur /"ra.  ,  ,, .    .     •      . .j. 

FRÉNÉSIE  (fré-né-zie),  s.  f  ||  l'Ancien  terme  de 
médecine.  État  de  délire,  de  fureur,  qui  survient 
dans  nuelciues  maladies  de  l'encéphale.  Il  est  tombe 
en  frékésie,  vaugel.  Q.  C.  1.  vu,  dans  bichblet Jl 
se  troul)la  de  tant  de  pertes  jusqu'à  tombei  en  Iré- 
nésie,  BOSS.  Ilist.  .,  <l.  Le  rhume  a  son  aspect  se 
change  en  pleurésie.  Et  parlui  la  migraine  est  bien- 
tôt frénésie,  boil.  Art  p.  iv  En  France,  le  malheu- 
reux Charles  VI,  tombé  en  frénésie,  avait  le  nom  de 
roi.  VOLT.  Jfœurs,  72.  Quand  un  malaoe  est  en  ..é- 
nésie  il  ne  faut  point  dire  qu'il  n  a  point  de  force; 
il  faut  dire  que  sa  force  est  celle  d'un  frénétique, 
ID  Dict.  phil.  Suicide.  Il  2-  Par  extension,  fol  empor- 
tement causé  par  une  cause  quelconque  et  comparé 
à  la  frénésie  du  malade.  D'eUe  naquit  la  frénésie  De 
la  Grèce  contrelAsie,  malh.  m,  2.  Etsi  je  puis  tom- 
ber en  cette  frénésie  De  préférer  Attale  au  vainqueur 


I 


177f) 


FRÉ 


de  l'Asie,  CORN.  Nicom.  i,  t.  Jusqu'au  dernier  éclat 
pousser  sa  frénésie,  id.  Sertnr.  iv,  2.  Étrange  fré- 
nésie! Sans  aimer  Arilaric,  j'en  conçois  jalousie.  II). 
Attila,  IV,  2.  Prends  garde  de  tomlier  dans  cette  fré- 
nésie (d'entrer  dans  la  maison].  Si  tu  veux  demeurer 
au  nomijre  des  vivants,  mol.  Amph.  m,  7.  Oui,  de- 
puis le  moment  que  celte  frénésie  [faire  des  vers] 
De  ses  noires  vapeurs  troubla  ma  fantaisie....  boil. 
Sat.  II.  Ce  serait  une  ivresse  et  une  frénésie  digne 
de  pitié,  d'acheter,  par  un  instant  rapide  de  plaisir, 
des  peines  et  des  horreurs  éternelles,  mass.  Prof, 
rel.  Serm.  (.  J'en  atteste  Amurat;  sa  noble  frénésie 
De  conquête  en  conquête  a  traversé  l'Asie,  millkv. 
Plaisirs  du  poète.  Si  vous  n'avez  jamais  senti  la  fré- 
nésie De  voir  la  main  qu'on  veut  par  d'autres  mains 
choisie,  v.  hugo,  F.  d'aut.  23. 

—  IIIST.  xiii*  s.  Et  aussi  s'ilfet  pramesses  el  tans 
qu'il  est  en  frenisie,  ou  liors  du  sens,  ou  enprisonés, 
ou  par  force  ou  par  peur,  beaum.  vi,  24.||xv'  s. 
Nous  veons souvent  les  hommes  endormant  parler, 
et  en  leurs  paroUes  n'y  a  raison  ne  continuation  de 
propos;  c'est  une  passion  que  nous  nommons  fre- 
naisie  si-lon  les  médecins,  mais  le  peuple  nomme 
rêverie,  llist.  delà  lois,  d'or,  t.  Il,  f°  45),  dans  la- 
CURNE.  Il  xvi"s.  Phrenesie  est  la  propre  passion  des- 
dites membranes  [dure  et  pie-mère],  comme  letliar- 
giedu  cerveau,  pabé,  m,  6,  en  note.  Le  moyen  que 
je  prends,  pour  rabbattre  cette  frénésie  [l'attaque 
contre  la  religion],  et  qui  me  semble  le  plus  pro- 
pre, c'est  de  froisser  et  fouler  aux  pieds  l'orgueil  et 
l'humaine  fierté,  mont,  ii,  I60. 

—  ÉTYM.  Piovenç.  frenexia  ;  portug.  et  ital.  fre- 
nesia;  du  latin  phrenesis,  du  grec  çprjv,  pensée  et 
diaphragme,  parce  qu'une  ancienne  physiologie 
plaçait  la  pensée  dans  la  région  du  diaphragme: 
iroulile,  maladie  de  la  pensée. 

FUfiNÊTlQUE(fré-né-ti-lv'),arf;.  ||  1°  Ancien  terme 
de  médecine.  Oui  a  rapport  à  la  frénésie,  ou  qui  en 
est  atteint.  ||  Substantivement.  Les  frénétiques  sont 
si  fous  que  le  plus  souvent  ils  se  traitent  de  fous 
les  uns  les  autres,  kontkn.  Jugement  de  Pluton.  Le 
premier  incident  dont  on  est  frappé,  c'est  un  fré- 
nétique qui  s'élance  hors  de  la  porte  de  l'hôpital, 
muKR.  Sa'.on  de  I7ii7,  Œuvr.  t.  xiv,  p.  291,  dans 
l'OUCF.NS.  Il  2°  Poussé  jusiju'à  la  frénésie.  Passion 
frénétii|ue.  Pouniuoi  les  maris  ne  se  sont-ils  ja- 
mais brûlés  pour  aller  retrouver  leurs  femmes? 
pourquoi  un  sexe  naturellement  faible  et  timide 
a-t-il  eu  toujours  cette  force  frénétique?  volt.  Dict. 
phil.  Ilraclimanes,  brames. 

—  HIST.  xiii'  s.  S'on  trueve  qu'il  estoit  fox  de  na- 
ture, ou  frénétiques,  ou  yvrongnes,  beaum.  lxix, 
)0.  -■ 

—  RTYM.  Prov.  frenetic;  espagn.  el  itul.  frenetico; 
du  latin  phreneticus  (voy.  frknésie). 

FKÉOIIKMMENT  (fré-ka-man),  adv.  D'une  ma- 
nière fréquente.  Quel  sujet,  dira  l'un,  peut  donc  si 
fré((uemment  Mettre  ainsi  cette  belle  au  bord  du 
monument?  boil.  Sat.  x. 

--  f.TYM.  Fréquent,  et  le  suffixe  ment. 

FUfiOUENCE  (fré-kan-s'),  s.  f.  ||  1"  Il  se  dit  de  ce 
qui  arrive,  se  fait  plusieurs  fois.  Sur  le  délai  ou  la 
fré(iuence  des  communions,  boss.  Lelt.  rel.bi.  Une 
routine  acquise  par  la  fréquence  des  mêmes  sujets 
qui  reviennent  dans  les  entretiens  où  ils  se  trou- 
vent, leur  fournit  les  termes  propres  qu'ils  répètent 
sans  en  comprendre  la  signification,  lk  p.  coubbe- 
viLLE,  dans  dksfontaines.  Qu'est-ce  iiui  a  conservé 
l'autorité?  c'est  la  fréquence  des  diètes,  j.  j.  nouss. 
Pologne,  7.  ||  2°  Terme  de  médecine.  La  fréquence 
du  pouls,  la  succession  rapide  de  ses  battements. 
Il  La  fréquence  delà  respiration,  la  succession  ra- 
pide des  inspirations  et  des  expirations. 

—  IIIST.  xii*  s.  Est  il  dons  [donc]  rois?  où  est  li 
roials  sale  et  li  sièges  royals  ?  où  sunt  les  courz  et 
li  roials  fréquence?  stbebn.  p.  r.60.  {|  xiv  s.  Jehan, 
pour  l'alTeclion  desordonnée  qu'il  avoit  à  la  dite 
Marie  de  l'accompaigner  charnclemont,  eust  hante 
et  fréquence  par  moult  de  fois  en  l'ostel  des  dits 
exposans,  nu  cange,  frequentare.  \\  xvr  s.  Assez  eust 
peu  le  prince  d'éloquence  (CiccronJ  D'Antonius  les 
glaives  contemner,  Si  au  sénat  et  en  pleine  fré- 
quence t\  eust  moins  sceu  reprendre  et  condamner, 
sr  gelais,  «48.  Au  règne  du  bon  roy  Henri  second, 
par  la  fréquence  d'iceux  [exercices] ,  elle  [la  no- 
blesse] s'en  rendoit  plus  experte  et   illustre ,  la- 

NOUIJ,   148. 

—  KTïM.  Lat.  frequentia,  de  frequens,  fré- 
quent. I     ■<         . 

FRftQUKNT,  ENTE  (fré  kan,  kan-t'),  adj.  ||  1"  Qui 
arrue  plusieurs  fois.  De  fréquentes  entrevues.  Vos 
ireqncntcs  leçons  et  vos  aigres  censures  Sur  des 
cho.ses  qui  sont  innocentes  et  pures,  mol.  Mis.  m,  (.. 


FRÉ 

!|  2"  Terme  de  médecine.  Pouls  Iréquont,  pouls  qui 
bat  plus  vite  qu'à  l'ordinaire.  ||  Respiration  fré- 
quente, mouvements  do  respiration  plus  accélérés 
que  dans  l'état  normal. 

—  HIST.  XVI"  s.  Isle  jadiz  riche,  fréquente  [peu- 
plée], opulente,  marchande  et  populeuse,  babelais, 
Pant.  IV,  20.  Cette  sorte  d'accident  se  rencontre 
fréquent,  mont,  i,  93.  Ce  qui  plus  engendre  de  fré- 
quentes et  continuelles  hargnes  de  cholere  en  nostre 
ame,  c'est  l'amour  de  nous-mesmes,  amyot,  Com. 
refréner  la  colère,  3 1 .  Les  curieux  se  jettent  au  plus 
fréquent  lieu  du  port  où  abondent  les  navires,  id. 

•De  la  curiosité,  I3. 

—  ÉTYM.  Lat.  frequens. 

t  FKÉQCENTABLE  (fré-kan-ta-bl'),  adj.  Que  l'on 
peut  fréquenter. 

—  HIST.  xvi°  s.  L'expérience  certaine  de  pardu- 
rable  renommée  laquelle  par  les  fréquentables  re- 
cords de  vertueux  et  mémorables  actes  dont  ma- 
gnifie les  humains  du  haut  don  d'immortalité....  j. 
MAROT,  Prologue  à  la  reine  Anne. 

—  RTYM.  Fréquenter. 

FUÉQ0ENTATIF,  IVE  (fré-kan-ta-tif,  ti-v'),  adj. 
Terme  de  grammaire.  Mots  fréiuentatifs,  mots  dé- 
rivés qui  indiquent  une  action  faite  fréquemment. 
Criailler  et  criaillerie  sont  des  mots  fréquentatifs. 
Il  Substantivement.  Clignoter  est  le  fréquentatif  de 
cligner. 

—  ÊTYM.  Prov.  frequentaliu  ;  espagn.  et  ital.  fre- 
quenlatiro ;  du  latin  frequentativus,  de  frequentare, 
fréquenter. 

FRÉQUENTATION  (fré-kan-ta-sion  ;  en  vers, 
de  cinq  syllabes),  s.  f.  Action  de  fréquenter.  La 
fréquentation  des  gens  de  bien,  l'habitude  de  voir 
des  gens  de  bien.  Les  uns  et  les  autres,  surtout  les 
Anglais,  se  relâchent  trop  sur  la  fréquentation  de 
leurs  matelots  avec  les  captives,  ravnal,  Hist.  phil. 
XI,  21.  Dans  la  fréquentîition  des  deux  sexes,  je  ne 
vois  plus  aucune  trace  de  cette  ancienne  et  célèbre 
galanterie,  qui  donne  une  si  belle  opinion  de  nos 
aïeux  à  ceux  qui  ne  les  connaissent  que  par  les  ro- 
mans, SAINT-Foix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  m,  p.  4ti, 
dans  POUGEXS.  ||  La  fréquentation  des  sacrements,  le 
fréquent  usage  de  la  confession  et  de  la  commu- 
nion. Un  homme  a  ses  heures  et  ses  temps  marqués 
pour  la  prière,  pour  la  lecture  des  bons  livres,  pour 
la  fréquentation  des  sacrements,  boghdal.  B'  dim. 
après  la  Pentec.  dominic.  t.  ii,  p.  444. 

—  HIST.  XIV'  s.  Par  acoustumance  et  frequenta- 
cion  de  bonnes  operacions,  oresme,  Eth.  33.  Par 
usage  et  fréquentation  de  mer,  m.  Thèse  de  meunier. 
Il  XVI*  s.  La  frequentation  de  Pericles  estoit  superbe 
et  arrogante,  amyot,  Péric.  8.  Les  chajions  preju- 
dicient  grandement  aux  poules,  leur  empeschant  de 
faire  des  œufs  en  abondance,  tant  en  les  chauchans 
qu'afTamans  par  leur  continuelle  frequentition,  o. 
HE  serres,  347.  Il  se  tire  une  merveilleu.se  clarté, 
pour  le  jugement  humain,  de  la  frequentation  du 
monde,  mont,  i,  170.  Les  livres  sont  plaisants;  mais, 
si  de  leur  frequentation  nous  en  perdons  enfin  la 
gayeté  et  la  santé,  nos  meilleures  pièces,  quittons 
les,  ID,  I,  284. 

—  ÉTYM.  Prov.  frequcntacio ;  espagn.  frequenta- 
cion  ;  ita.\.  frequentazione  ;  du  lat.  frequentationem; 
de  frequentare,  fréquenter. 

FREQUENTE,  ÉE  (fré-kan-té,  tée),  part.passé  de 
fréquenter.  ||  1"  Où  la  foule  abonde.  Un  coin  qui  du 
palais  est  le  moins  fréquenté,  maihet,  Solim.  ii,  8. 
Le  bois  le  plus  funeste  et  le  moins  fréquenté  Est, 
au  prix  de  Paris,  un  lieu  de  sûreté,  boil.  Sat.  vi. 
Entre  ces  vieux  appuis  dont  l'afireuse  grand'salle 
Soutient  l'énorme  poids  de  sa  voûte  infernale.  Est 
un  pilier  fameux  des  plaideurs  respecté  Et  toujours 
de  Normands  à  midi  fréquenté,  id.  l.utr.  v.  On  ne 
les  trouve  [les  morses]  en  grand  nombre  que  d?ns  la 
mer  glaciale  de  l'Asie,  depuis  l'embouchure  de 
l'Obi  jusqu'à  la  pointe  la  plus  orientale  de  ce  con- 
tinent, dont  les  côtes  sont  très-peu  fréquentées,  buff. 
Quadrup.  t.  vi,  p.  325,  dans  polgf.ss.  ||  Port  fré- 
quenté, port  où  il  vient  d'ordinaire  beaucoup  de  na- 
vires. On  dit  dans  le  même  sens  :  rade  fréquentée  ; 
parages  fréquentés.  ||  2"  Qui  est  l'objet  de  visites, 
de  relations  habituelles.  Un  vieillard  fréquenté  par 
les  jeunes  gens. 

FRftQlIENTEn  (fré-kan-té), ».  a.  ||  1°  Aller  souvent 
dans  un  lieu.  Il  [Jésus]  fréquente  le  temple,  dont  il 
fait  respecter  la  .sainteté,  et  renvoie  aux  prêtres  les 
lépreux  qu'il  a  guéris,  boss.  llist.  ii,  8.  Ce  monas- 
tère qu'elle  a  soutenu  par  ses  libéralités,  qu'elle  a 
fréquenté  par  ses  retraites,  qu'elle  a  édifié  par  ses 
exemples,  flécu.  Urne  d'Aig.  Aujourd'hui,  qui  fré- 
(luonte  nos  spectacles?  uncertain  nombre  déjeunes 
gens  et  de  jeunes  femmes^  volt  Comm.  Corn.  Hem. 


FRÈ 

Sntorius,  préf.  ||  Fréquenter  les  sacrements,  en 
faire  souvent  usage.  La  pureté  nécessaire  pour  (ré« 
quenter  les  sacrements  de  Jésus-Christ,  houbdal. 
J)im.  oct.  du  St-Sacr.  Dominic.  t.  ii,  p.  3oo.  ||  Terme 
de  marine.  Approcher  d'une  côte  pour  la  suivre  de 
près.  Ce  bâtiment  fréquente  bien  les  roches,  il  les 
range  à  l'honneur,  de  proche  en  proche.  ||  2°  Avoir 
des  relations  habituelles  avec  quelqu'un,  le  visiter 
souvent.  Il  y  a  fort  à  gagner  à  fréquenter  les  no- 
bles, MOL.  Bourg.  geiU.  m,  3.  Dites-moi  qui  vou» 
fréquentez,  je  vous  dirai  qui  vous  êtes,  BOIJBD. 
B'  dim.  ap.  l'Épiph.  Domin.  t.  i,  p.  246.  Il  a  fré- 
quenté le  paclia  comte  de  Bonneval,  qui  était  de- 
venu,  comme  on  sait,  un  parfait  musulman  à 
Constantinople,  volt.  Oreilles  de  Chest.  4.  Il  ne  crois» 
jamais  aucun  de  ses  censeui-s  .sur  le  chemin  de  la 
fortune  qu'il  ne  fréquente  pas,  dider.  Cl.  et  Nér.  il, 
109.  Il  3°  V.  n.  Il  fréquentait  au  logis  de  l'intimé, 
PATRU,  Plaidoyer  n,  dans  iiichelet.  11  fréquentait 
chez  le  compère  Pierre,  la  font.  Jum.  Sans  doute, 
et  je  le  vois  qui  fréquente  chez  nous,  mol.  F.  sav. 
Il,  1.  Heureux  si  ses  discours  [de  Kégnier],  craints 
du  chaste  lecteur.  Ne  se  sentaient  des  lieux  où  fré- 
quentait l'auteur,  boil.  Art  p.  il.  Si  tout  ce  qu'on 
dit  est  vrai,  vous  me  feriez  plaisir  de  ne  plus  fré- 
quenter chez  nous,  volt.  Êcoss.  iv,  l.  11  est  assez 
facile  do  surprendre  le  sanglier  dans  les  blés  et 
dans  les  avoines,  où  il  fréquente  toutes  les  nuits, 
BUKF.  Cochon.  Il  4°  Se  fréquenter,  ».  réfl.  Avoir  des 
relations  habituelles  l'un  avec  l'autre.  Ils  se  fré- 
quentent depuis  longtemps. 

—  SYN.  fréquenter,  uanteb.  Étymologiquement, 
fréquenter  signifie  aller  fréquemment;  et  liantor, 
avoir  des  relations  habituelles.  De  là  résulte  qu<! 
fréquenter  un  lieu  est  l'emploi  propre,  et  fréquenter 
quelqu'un  l'emploi  dérivé  ;  tandis  que  hanter  quel- 
qu'un est  l'emploi  propre, et  hanter  un  lieu  l'em- 
ploi dérivé.  Mais,  à  part  ces  différences  étymolo- 
giques, l'usage  n'a  laissé,  entre  ces  deux  verbes, 
aucune  nuance  bien  appréciable. 

—  HIST.  XI'  s.  En  l'altre  voix  [Dieu]  lur  dist  altro 
summunse.  Que  l'ume  Deu  qucrgent  [cherchent]  ki 
est  an  Rome  ;  Si  le  deprient  que  la  citet  ne  fundct 
[ne  périsse],  Ne  ne  périssent  la  gent  qui  la  frcgun- 
det,  St  Alexis,  Lx.  ||  xiv  s.  Les  autres  amistés 
comme  de  ceulx  qui  fréquentent  ensemble  en  navic 
ou  en  mer.... oresme,  Eth.  250.  Et  quant  un  homme 
a  ces  choses  fréquentées  tant  qu'il  est  devenu  fort 
de  corps,  encor  peut  il  plus  legierement  et  mieux 
mengicr  et  labourer,  m.  ib.  37.  ||  xv*  s.  Voir  est  que 
je,  qui  ai  empris  ce  livre  à  ordonner,  ai  fréquenté 
plusieurs  nobles  et  grands  seigneurs,  froiss.  Prol. 
il  XVI'  s.  Tous  deux  aimons  les  livres  frecjuenter, 
MAROT,  I,  369.  Fidélité,  vertu  peu  frequenlée,  Rend 
ceux  qui  l'ont  comparables  aux  dieux,  st-gflais, 
60.  Les  barbares  habitans  en  l'isle  estoient  si  fa- 
rouches, que  l'on  ne  pouvoit  fréquenter  avec  eulx, 
AMYOT,  Thés.  44.  Il  n'y  a  nul  fruit,  ains  plus  tost 
danger  évident  de  fréquenter  un  tel  homme,  la- 
ngue, 79. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  frequentar  ;  ital. 
frequentare  :  du  lat.  frequentare. 

t  FREQUIN  (fre-kin),  s.  m.  Sorte  de  futaille  qui 
sert  à  entonner  les  sucres,  les  sirops  et  les  autres 
marchandises  sujettes  à  couler. 

FRÈRE  (frô-r'  ;  d'après  Chifflet,  Gramm.  p.  (  no, 
on  prononçait  frère),  t.  m.  ||  1°  Celui  qui  est  né  du 
même  père  et  de  la  même  mère,  ou  seulement  de 
l'un  des  deux.  Frère  aine.  Frère  cadet.  Frère  puiné 
Chacun  y  chérit  l'autre  et  le  seconde  en  frère,  coin. 
Poly.  IV,  0.  Ô  frère  plus  aimé  que  li  clarté  du  jour, 
ID.  Rodog.  V,  4.  Non,  un  frère  incommode  et  n'est 
pas  de  mon  goût;  Et  je  veux  être  fils  unique,  mol. 
Amph.  III,  7.  Le  frère  aidé  de  son  frère  est  comine 
une  ville  forte,  BOSS.  Polit.  1,  i,  6.  On  hait  avec 
fureur  lorsque  l'on  hait  un  frère,  bac.  Théb.  m.  0. 
Tu  sais  de  nos  sultans  les  rigueurs  ordinaires  : 
Le  frère  rarement  laisse  jouir  ses  frères  De  l'hon- 
neur dangereux  d'être  sorti  d'Un  sang  Qui  les  a  de 
trop  près  approchés  de  son  rang,  id.  Baj.  i,  ) .  J'ai 
perdu  dans  la  fleur  de  leur  jeune  saison  Six  frères; 
quel  espoir  d'une  illustre  maison  !  id.  Phèdre,  il,  l 
Du  temps  que  j'étais  écolier.  Je  restais  un  soir  à 
veiller  Dans  notre  salle  solitaire;  Devant  ma  table 
vint  s'asseoir  Un  pauvre  enfant  vêtu  de  noir  Qui 
me  ressemblait  comme  un  frère,  a.  de  musset. 
Poésies  nour.  Nuit  de  décembre.  ||  Fig.  Celui  qui 
a  les  sentiments  d'un  frère.  De  mon  frère,  il  est 
^Tai,  les  écrits  sont  vantés....  En  lui  je  trouve  un 
excellent  auteur.  Un  poëte  agréable,  un  très-bon 
orateur,  Hais  je  n'y  trouve  point  de  frère,  boil. 
Êpigr.  IV.  Il  Dans  le  droit  romain,  jar  le  mot  frère 
au  pluriel,  on  entendait  aussi  les  sœurs-  les  deux 


FRÈ 


FRE 


FRE 


1777 


I 


frèrea  Lucius  et  Titia.  Il  Frères  jumeaux,  ceux  qui 
sont  nés  d'un  même  accouchement.  ||  Frère  de  père 
et  de  mère  ou  frère  germain,  celui  qui  est  né  du 
même  père  et  de  la  même  mère  qu'une  autre  per- 
sonne. Il  Frère  de  père  ou  frère  consanguin,  celui  qui 
n'est  frère  d'une  autre  personne  que  du  cûté  paternel. 
{I  Frère  de  mère  ou  frère  utérin,  celui  qui  n'est  frère 
d'une  autre  personne  que  du  côté  maternel.  ||  Demi- 
frère,  frère  qui  ne  l'est  que  de  père  ou  de  mère,  et 
non  (le  pèie  et  de  mère.  ||  Frère  naturel,  frère  bâ- 
tard, celui  qui  est  frère,  mais  n'est  pas  né  en  légi- 
time m.iriage.  On  dit  dans  le  même  sens  familière- 
ment: frère  du  côté  gauctie.  ||  Frère  par  adoption  ou 
frère  adoptif,  celui  qui  a  été  adopté  par  le  père  na- 
turel ou  légitime  d'une  autre  personne.  ||  Frère  de 
lait,  le  fils  de  la  nourrice  par  rapport  au  nourrisson, 
et  réciproquement.  ||  Beau-frère,  voy.  bïau-frère. 
Il  litre  que  les  rois,  les  empereurs  de  la  chrétienté 
se  donnent  entre  eux  en  s'écrivant,  et  en  parlant 
l'un  de  l'autre.  Mon  frère  Charles  XII  fait  l'Alexan- 
dre, mais  il  ne  trouvera  pas  en  moi  un  Darius  [pa- 
roles du  czar  Pierre],  volt.  Russie,  i,  <9.  ||  2°  Par 
extension.  Terme  d'amitié.  Esther,  que  craignez- 
vous?  suis-je  pas  votre  frère'?  rac.  Esth.  ii,  7. 
Il  3°  Se  dit  de  tous  les  hommes  comme  liés  par  des 
sentiments  de  bienveillance,  de  fraternité,  en  tant 
que  fils  d'Adam,  et  qu'appartenant  tous  au  genre 
humain.  Un  roi  sage....  D'injustes  fardeaux  n'ac- 
cable point  ses  frères,  rac.  Athal.  iv,  2.  Dans  nos 
jours  passagers  de  peines,  de  misères.  Enfants  du 
même  Dieu,  vivons  du  moins  en  frères,  volt.  Loi 
nat.  part.  3.  Ces  lois  qui,  de  la  terre  écartant  les  mi- 
sères, Des  humains  attendris  font  un  peuple  de  frè- 
res, ID.  Zaïre,  i,  t.  jj  Voltaire  l'a  dit  des  ani- 
maux, dans  le  système  de  la  métempsycose.  Il  re- 
demanda à  son  compagnon....  si  on  mangeait  du 
bon  roast-beef  dans  le  pays  des  Gangarides  ;  le 
voyageur  lui  répondit  avec  sa  politesse  ordinaire 
qu'on  ne  mangeait  point  ses  frères  sur  les  bords  du 
Gange  ;  il  lui  expliqua  le  système  qui  fut ,  après  tant 
de  siècles,  celui  de  Pythagore,  volt.  Princ.  de  Ba- 
byl.  8.  Il  4°  Se  dit  plus  particulièrement  des  chrétiens, 
considérés  comme  tous  enfants  de  Dieu  par  le  bap- 
tême. Tous  les  chrétiens  sont  frères  en  Jésus-Christ. 
Mes  frères,  dit  un  prédicateur  qui  commence  un 
sermon.  Soulager  nos  frères,  les  revêtir,  «xss.  Myst. 
Miser.  Insensible  à  sa  chute  et  grand  dans  ses  mi- 
sères, Il  n'était  attendri  que  des  maux  de  ses 
frères,  volt.  Zaïre,  v,i.  \\  6°  Frère  d'armes,  ca- 
marade de  guerre.  Si  nous  devions  un  jour  deve- 
nir frères  d'armes,  Tristan,  Panthée,  i,  4.  ||  Frè- 
res d'armes  se  disait  spécialement  de  deux  chevaliers 
qui,  ayant  contracté  une  alliance  d'armes,  se  pro- 
mettaient de  se  secourir  réciproquement,  et  se 
donnaient  le  nom  de  frères.  ||  6"  Dans  le  style  fami- 
lier. Un  bon  frère,  un  homme  qui  n'abandonne  pas 
ses  compagnons.  Mais  où  l'esprit  n'est  pas  tout  à  fait 
nécessaire,  Monsieur,  sans  vanité,  je  suis  assez  bon 
frère,  uauteroche,  iefleuti,  se.  4.  Allons  donc  nous 
masquer  avec  quelques  bons  frères,  mol.  l'Ét.  m,  7. 
Vous  savez  de  tout  temps  que  je  suis  un  bon  frère,  ID. 
le  Dép.  V,  3.  Il  En  un  autre  sens.  C'est  un  bon  frère,  se 
dit  d'un  bon  compagnon,  d'un  homme  qui  a  des  aven- 
tures, galantes  ou  autres.  Bons  bourgeois,  du  temps  de 
uns  pères.  S'avisaient  tard  d'être  bons  frères;  Ils  n'ap- 
prenaient cette  leçon  Qu'ayant  de  la  barbe  au  men- 
ton, LA  font.  Nie.  Il  7"  Fig.  11  se  dit  des  choses  qui  ont 
une  certaine  communauté.  Le  droit  et  le  devoir  sont 
IVères.  Les  anciens  poètes  disaient  le  sommeil  frère 
du  la  mort.  Les  vertus  devraient  être  soeurs,  Ainsi  que 
les  vices  sont  frères,  la  font.  Fabl.  vin,  2B.  ||  Il  se  dit 
lie  ce  qui  a  le  même  auteur,  la  même  origine.  Allez, 
[larlez,  mes  vers,  derniers  fruits  de  ma  veine.... 
Montrez-vous,  j'y  consens  ;  mais  du  moins  dans  mon 
livre,  Commencez  par  vous  joindre  à  mes  premiers 
écrits  ;  C'est  là  qu'à  la  faveur  de  vos  frères  chéris. 
Peut-être  enfin  soufferts  comme  enfants  de  ma 
plume  Vous  pourrez  vous  sauver,  épars  dans  le 
volume,  boil.  Ép.  x.  ||  8»  Titre  que  se  donnent  les 
religieux.  Le  frère  Pacôme.  Frère  Antoine.  Frappé  de 
cette  idée,  il  se  fit  capucin  sous  le  nom  de  frère  Ange, 
volt.  Ilenr.  iv.  Note.  \\  Au  plur.  Titre  qui  se  joint 
au  nom  de  certains  ordres.  Les  frères  de  la  doctrine 
chrétienne.  ||  Frères  mineurs,  les  religieux  de  l'ordre 
(le  Saint-François  ;  frères  prêcheurs,  ceux  de  l'ordre 
de  Saint-Dominique.  ||  Frères  de  la  charité,  reli- 
gieux qui  ont  été  établis  par  Jean  Dévora,  Portu- 
gais, qui  sont  habillés  de  gris  et  qui  se  consacrent 
au  service  des  pauvres.  ||  Frère  lai,  frère  convers, 
religieux  qui  n'est  point  dans  la  cléricature  et  qui 
n'est  dans  les  couvents  que  pour  y  vaquer  aux  œu- 
vres serviles.  On  dit  aussi  dans  le  même  sens  frère 
•ervant.  ||  Dans  l'ordre  de  Malte,  frère  servant  ou 

bH,T.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


chevalier  servant,  celui  qui,  entrant  dans  l'ordre 
sans  faire  preuve  de  noblesse,  était  d'un  rang  infé- 
rieur à  celui  des  autres  chevaliers.  ||  9°  Les  mem- 
bres d'une  même  société.  Trahir  ses  frères.  ||  Un 
faux  frère,  celui  qui  trahit  ses  associés.  Je  dirai 
bien  à  Mme  de  Montespan  qu'il  y  a  de  faux  frères, 
MAiNTENON,  Leit.  à  Mme  de  Coulanges,  B  fév.  1676. 
L'on  ne  s'aperçut  point  que  pendant  tout  ce  temps- 
là  il  y  eut  parmi  elles  de  fausses  sœurs,  comme  il  y 
a  souvent  cie  faux  frères  dans  les  corps  les  plus  res- 
pectables, SAiNT-FOix,  Ess.  Paris,  Giuv.  t.  iv,  p.  273, 
dans  POUGENS.  |{  Membre  de  l'association  des  francs- 
maçons,  il  Les  frères,  nom  que  se  donnaient  les  phi- 
losophes du  xvm*  siècle,  les  encyclopédistes,  pour 
signifier  les  communautés  d'opinion  qui  les  unis- 
saient. Mille  respects  à  Mme  du  DefTant;  comp- 
tez qu'il  y  a  peu  de  femmes  qui  aient  autant  d'es- 
prit qu'elle  ;  il  faut  qu'elle  aime  les  frères  de  tout 
son  cœur,  et  comme  je  vous  aime,  volt.  LeU.  à 
d'Alembert,  n  nov.  )760.  {j  Frère  est  aussi  un  titre 
que  se  donnaient  les  Jacobins  pendant  la  Révolution. 
Il  On  a  dit  aussi  quelquefois  en  un  sens  analogue, 
en  raison  de  la  communauté  de  guerres  et  de  for- 
tunes :  Les  Français  et  les  Polonais  sont  frères. 
Il  10°  Les  frères  de  Bohème,  secte  chrétienne,  qui 
se  prétend  descendue  des  thaborites,  et  qui  se  sépara 
des  calixtins.  ||  Frères  polonais,  les  sociniens  de  Po- 
logne. Il  Frères  moraves,  voy.  hernutes.  ||  11°  Terme 
de  pêche.  Frères,  les  pieux  qui  forment  le  corps  ou 
le  tour  de  la  paradière.  ||  12°  Terme  d'alchimie. 
Frères  estropiés,  les  métaux  imparfaits. 

—  HIST.  IX*  s.  Si  salvarai  eo  [je]  cist  meon  fradre 
Karlo,  Serment.  Il  XI"  s.  Icil  ert  [était]  frère  al  rei 
Marsilion,  Ch.  de  Roi.  xcii.  ||  xu"  s.  Olivier  frère, 
tant  fustes  mes  amis  [mon  ami],  Ronc.  p.  92.  Guite- 
clins  de  Sassoigne  o  [avec]  son  frère  Gozon,  Sax.  xiv. 
Il  XIII*  s.  Et  orent  une  fille  biele  et  avenant  qui  fu 
mariée  au  comte  Simon,  qui  fu  frères  giermains  au 
comte  de  Bouloigne,  Chr.  de  Rains,  p.  1 5.  Et  lors 
vint  frère  Henri  de  Ronnay  à  li,  qui  avoit  passé  la 
rivière,  et  li  besa  la  main  tout  armée,  joinv.  228. 
Il  XIV*  s.  Jehan,  frère  de  bast  [frère  bâtard]  à  la 
dame  de  Glisy,  du  cange,  (râler.  \\  xv"  s.  On  dist 
que  jadis,  par  mistere.  Les  roix  si  s'appelloient 
frère,  Jà  ne  fuissent  nés  d'une  mère,  fkoiss.  Poé- 
sies mss.  p.  206,  dans  lachrne.  Le  roi  de  Castille 
frère  d'armes  et  allié  du  roy  [Charles  VII],  monstr. 
t.  III,  p.  ï,  dans  lacuhne.  Charles  d'Anjou,  frère  du 
roy  en  loy  [beau-frère  du  roi],  et  son  cousin  après 
germain,  du  cange,  ^ro<er.  Philippe  de  Valois,  fils  de 
Charles,  comte  de  Valois,  fils  de  Philippe,  fils  (le  saint 
Louis  et  demi-frere  de  la  dite  royne  d'Angleterre, 
olivier  de  la  marche,  Mém.  p.  37,  dans  lacurne. 
La  pucelle,  qui  estoit  jeune  et  tendre,  dist  à  son 
amy  :  cher  frère,  j'ai  bon  appétit,  se  nous  avions 
que  manger  ;  par  ma  foy,  chère  sœur,  dist-il,  vous 
en  aurez,  Perceforest,  t.  v,  f°  35.  Or  dist  le  capi- 
taine :  je  vouldroye  faire  service  au  roy,  au  royaulme 
et  à  tous  vous  autres  seigneurs,  se  je  povoye,  et 
aussi  croy  je  que  si  feroient  tous  mes  frères  [compa- 
gnons]   qui   sont  en  ceste  bataille,   le  Jouvenccl, 

f"  27,  dans  lacurnb à  grant  peine  sont  gens  de 

court  loyaulx.  Et  je  vous  puis  assez  monstrer  com- 
ment ;  Car  où  li  uns  appelle  l'autre  frère.  Il  le  tra'ist 
par  derrier  feintement,  eust.  desch.  Poésies  mss. 
f"  289.  Il  XVI*  s.  Demi-freres  et  sœurs  ne  succèdent  à 
leurs  frère  ou  sœur  avec  ceux  qui  sont  conjoints  des 
deux  costez;  bien  succèdent  es  immeubles  et  héri- 
tages qui  viennent  du  oosté  dont  ils  sont  conjoints. 
Coutume  de  St-Quentin,  t.  i,  p.  B3(i,daLns  lacurne. 
Tous  deux  mettent  la  plume  au  vent,  comme  bons 
frères  jurez  de  ne  s'abandonner  jamais  et  vivre  et 
mourir  ensemble,  brant.  Cap.  fr.  t.  iv,  p.  tB9,  dans 
lacurne.  Deux  soldats  frères  d'alliance  ne  se  portoient 
moins  grande  amitié  que  s'ils  eussent  tourné  en  un 
mesme  ventre.  Nuits  de  Straparole,  t.  ii ,  p.  <  38,  dans 
LACURNE.  Courroux  de  frères,  courroux  de  diables 
d'enfer,  leroux  de  linct,  Prov.  t.  i,  p.  246.  Deux 
à  deux,  comme  les  frères  mineurs,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÊTYM.  Berry,  mon  frée,  mon  frère;  provenç. 
fraire,  fratre;  anc.  catal.  [rare;  espagn.  moû.  fraile; 
ital.  frate;  du  lat.  frater ;  grec,  ippotiuip;  allem. 
Bruder  ;  angl.  brother;  bas-bret.  breûr  ;  sanscr.  bhrâ- 
tar,  frère,  proprement  celui  qui  porte,  qui  soutient 
la  sœur,  (lu  radical  bhar,  porter. 

f  FRÉROT  (fré-ro),  s.  m.  Terme  familier  dont  on 
se  sert  quelquefois  dans  le  sens  de  frère.  ||  Syno- 
nyme de  fraticelle. 

—  HIST.  XVI"  s.  Un  jour  ce  gentil  frérot....  despeb. 
Contes,  t.  II,  p.  188,  dans  lacurne. 

—  ÈTYM.  Diminutif  de  frère. 

FRESAIK  (fre-zê),  s.  f.  Oiseau  nocturne  dit  aussi 
effraie,  qui  a  le  plumage  blanc,  tiicheté  de  noir  sous 


le  ventre,  et  la  tête  rondo,  le  bec  crochu  et  les  pieds 
couverts  de  plumes.  Le  jouf  même  [6  octobre] 
oi'i  le  thermomètre  tomba  si  bas,  arriva  de  France, 
comme  une  fresaie  égarée,  la  première  estafette, 
CHATEAUB.  Mémoires, yo[.  vi,  p.  no. 

—  IIIST.  XIII*  s.  Or  dirons  de  nycticorace.  Un  oi- 
seau de  mauvaise  trace;  Frasae  a  nom  en  dret  ro- 
man, GUILLAUME,  Bestiaire,  dans  ménage. 

—  ÉTYM.  Poitou,  presaie,  d'après  Ménage,  que 
cette  forme  conduit  au  latin  prxsaga  avis,  l'oiseau 
qui  donne  des  présages.  D'autres  ont  dit  que  son  nom 
venait  d'une  manière  de  fraise  qu'il  a  autour  du  cou. 

t  FRÉSILLON  (fré-zi-Uon,  Il  mouillées),  s.  m.  Vb 
des  noms  vulgaires  du  troène. 

—  ÉTYM.  Ne  serait-ce  pas  un  diminutif  de  fraise, 
à  cause  du  fruit  du  troène  qui  ressemble  à  de  pe- 
tites fraises  ? 

t  FRÉSANGE  (fré-zan-j')  ou  FRÊSINGE  (  fré- 
zin-j'),  s.  m.  Terme  de  féodalité.  Redevance  annuelle 
d'un  cochon  de  lait  ou  de  sa  valeur. 

—  ËTYM.  Bas-lat.  friscinga,  jeune  porc  ;  de  l'anc. 
h.-aUem.  /'n'sfcing,  victime,  jeune  porc;  allem.  mod. 
Frischling,  jeune  animal,  marcassin,  de  frisk  ou 
frisch,  jeune,  littéralement  frais  (voy.  frais  i). 

FRESQUE  (frè-sk'),  s.  f.  Hl"  Terme  de  peinture. 
Manière  de  peindre  qui  consiste  à  enduire  la  mu- 
raille de  mortier  et  à  peindre  sur  cette  surface  en- 
core fraîche  avec  des  couleurs  à  l'eau,  qui  ne  res- 
tent pas  à  la  surface,  mais  qui  pénètrent  dans  la 
muraille  même;  de  là  l'expression  de  la  peinture  à 
frais,  ou,  comme  l'écrivait  Félibien  à  la  fin  du 
XVII"  siècle,  à  fraisque,  fondant  ensemble  les  ex- 
pressions italienne  et  française ,  de  labo  hde.  Emaux, 
p.  508.  Peindre  à  fresque.  Avant  qu'on  eût  trouvé 
le  secret  de  peindre  en  huile,  tous  les  peintres  ne 
travaillaient  qu'à  fresque  et  à  détrempe,  rollin, 
Hist.  anc.  OEuv.  t.  xi,  1'"  part.  p.  I4u,  dans  fou- 
gens.  On  voyait  dans  Augsbourg  de  belles  mai- 
sons dont  les  murs  étaient  ornés  de  peintures  à 
fresque,  à  la  manière  vénitienne,  volt.  Mœurs,  <  1 8. 
Il  2*  Peinture  à  fresque.  Les  fresques  de  Michel-Ange. 
Les  fresques  de  Raphaël  au  Vatican. 

—  HIST.  XVI"  s.  X  Badouyn,  paintre,  pour  avoir 
vacqué  tant  à  la  façon  des  patrons  des  tapisseries, 
que  à  la  façon  et  painture  d'un  tableau  à  frais,  en 
façon  de  tapisserie,  contre  la  muraille,  de  labohde. 
Émaux,  p.  B08. 

—  ÈTYM.  Ital.  al  fresco,  au  frais  (voy.  frais  t), 
genre  de  peinture  que  les  Italiens  renouvelèrent 
des  anciens. 

t  FRESQUISTE  (frè-ski-sf),  «.  m.  Peintre  de  fres- 
ques. 

FRESSURE  (frè-su-r'),  s.  f.  Terme  de  boucherie. 
Les  gros  viscères  qui  se  tiennent,  comme  les  pou- 
mons, le  cœur,  le  foie.  Fressure  de  cochon,  de  veau. 
Il  Fig.  et  très-familièrement.  Le  cœur,  le  foie  où 
s'excitent  les  désirs.  Telle  censure  Ne  fut  si  sûre 
Qu'elle  espérait  ;  De  ma  fressure  Dame  luxure  Jà 
s'emparait,  la  FONT.Podites  mêlées,  v. 

—  HIST.  XIII"  s.  Il  fist  mettre  un  orfèvre  en  l'es- 
chiele  à  Cezaire,  en  braie  et  en  chemise,  les  boiaus 
et  la  fressure  d'un  porc  entour  le  cou,  et  à  si  grant 
foison  que  elles  li  avenoient  jusques  au  nez,  joinv. 
293.  Il  XIV"  s.  Char  de  porcelet,  en  rost;  mes  avant 
les  convient  eschauder  et  ester  la  frusure,  Bibl.  des 
chartes,  B' série,  t.  i,  p.  2)8.  Quand  vous  aurez  en- 
tendu à  vostre  pourcel  veoir  defl'aire  et  fait  laver 
très  bien  et  mis  cuire  vostre  froissure,  Ménagier, 
II,  B.  La  froisseure,  c'est  le  foie,  le  mol,  le  cuer  et  la 
la  langue,  ib. 

—  ÉTYM. Génev.  fresure,  froissure;  du  lat.  frixu- 
ra,  friture.  Scheler  le  rattache  à  fraise  (fraise  de 
veau,  etc.)  ;  maisla /'reisure,  étant  le  cœur,  le  foie, 
le  poumon  ensemble,  est  très-ditférento  de  la  fraise. 
Q\xe  frix....  ait  pu  donner /"resî....  cela  est  prouvé 
par  frixorium,  qui  avait  donné  fressouoir. 

FRET  (frè,  le  t  ne  se  prononce  pas  et  ne  se  lie 
pas;  au  pluriel,  1'*  se  lie  :  des  frè-z  excessifs),  s.  m. 
Il  1°  Terme  de  commerce  maritime.  Action  de 
louer  un  bâtiment  à  un  tiers.  Prendre,  donner  un 
navire  à  fret.  Le  loyer  des  vaisseaux  appelle  fret  ou 
nolis  sera  réglé  par  la  charte-partie  ou  par  le  con- 
naissement, Ordonn.  aoiit  (881.  ||  2°  Prix  que  l'on 
paye  pour  la  location  d'un  navire,  ou  pour  le  loyei 
d'une  place  dans  un  navire.  Les  frets  ont  beau- 
coup augmenté  de  valeur.  La  moitié  des  loyers  du 
matelot  engagé  au  voyage  sera  due  s'il  meurt  en 
allant,  et  le  total  si  c'est  au  retour;  et,  s'il  naviguait 
au  fret  ou  au  profit,  sa  part  entière  sera  acquise 
à  ses  héritiers,  pourvu  que  le  voyage  soit  com- 
mencé, Ordonn.  aoiit  <08l.  ||  3"  Le  prix  du  trans- 
port des  marchandises.  Le  fret  est  de  tant  par 
tonne.  i|  4"  La  cargaison  même.  Prendre  du  fret.  Ué- 

I.  —  iiiS 


1778 


FRÉ 


burii'jer  son  fret.  ||  Bon  trct,  cargaison  composée  de 
marchamlis^s  avantageuses.  Mauvais  fret,  cargaison 
de  uiarcliandises  de  mauvais  débit.  ||  Kaux  fret, 
fausse  cargaison,  cargaison  qui  n'en  est  pas  réelle- 
ment une.  Cet  a\anlage  leur  assurerait  la  supério- 
rité sur  leurs  concurrents,  qui  en  général  naviguent 
à  faux  fret  et  ne  portent  guère  que  de  l'argent,  bay- 
nal,  Uist  phil.  v,  <8.  IIB"  Transport  par  mer  des 
marchandises  d'un  lieu  à  un  autre.  ||  6°Terme  d'an- 
cienne administration.  Droit  que  payaient  tous  les 
vaisseaux  étrangers,  à  l'entrée  et  à  la  sortie  des  ports 
ie  France. 

—  HIST.  3UV'  s.  Premièrement  il  doit  payer  le 
frait  des  nefs  et  des  bateaux,  ce  qui  sera  à  paîer, 
Instruction  au  clerc  de  l'armée  de  la  mer,  dans  jal. 
Il  XVI*  8.  Nous  sommes  grands  mesnagiers  de  nostre 
mise-,  nostre  opinion  ne  la  laisse  jamais  courir  à 
fauls  fret,  mont,  i,  3<2. 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  fretta,  fretum;  du  germanique: 
allem.  Frarht;  danois,  fragt;  holland.  vragi;  angl. 
freight,  charge  d'un  navire. 

FRfiTÉ,  ÉK  (fré-té,  tte),  part,  passé  de  fréter. 
,j  1°  Donné  en  louage.  Un  bâtiment  frété.  ||  Il  s'est 
dit  pour  pris  en  louage.  Les  maîtres  frétés  pour  faire 
un  voyage  seront  tenus  de  l'acliever,  Ordonn.  d'aoïlt 
468).  Il  2-' Chargé,  équipé.  Un  vaisseau  mal  frété 
périt  au  premier  vent,  la  font.  Fabl.  vu,  (4. 

t  FRÈTEMENT{frè-te-man),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Action  de  louer  un  bâtiment  à  un  tiers.  Le 
prix  qu'on  reçoit  du  frètement  c'est  le  fret. 

—  ÊTYM.  Fréter. 

FRÉTER  (fré-té.  La  syllabe  (ré  prend  l'accent 
grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  frète, 
excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  je  fréterai,  je 
fréterais),  ti.  a.  ||  1°  Donner  un  navire  à  louage, 
tandis  que  affréter  est  prendre  à  louage.  ||  Absolu- 
ment. Fréter  au  mois,  à  l'année.  ||  Il  s'emploie  par- 
fois allusivement  pour  affréter.  Nous  allâmes  fréter 
à  Bristol  un  vaisseau  pour  la  rivière  Dekware  et 
pour  la  baie  de  Maryland,  volt.  Jenny,  6.  ||  Fréter 
cap  et  queue,  prendre  un  navire  à  louage  pour  le 
charger  tout  entier  etsans  aucune  réserve.  ||  â°  Char- 
ger, équiper  un  navire.  Je  vois  d'un  œil  sec  la  Par- 
que, Oui  commence  à  se  lasser.  Et  Charon  fréter  la 
barque  Oui  va  bientôt  me  passer,  ciiaul.  Au  chevet- 
lier  de  Bouillon.  Vitsen....  frétant  des  vaisseaux  à 
ses  dépens  pour  découvrir  de  nouvelles  terres,  volt. 
Russie,  I,  9. 

—  IIIST.  XV  s.  Trente  doux  groi.  vaisseaux  espai- 
gnob  tous  armés  et  tous  frétés,   fkoiss.  i,  i,  (  94. 

Ilxvi's Oue  le  premier  navire....  de   quelque 

marchandise  qu'il  cust  esté  frété....  carloix,  i,  si. 

—  EïVM.  Fret. 

FRETEUR  (fré-teur),  s.  m.  Celui  qui  loue  ou 
donne  à  fret  un  navire  qui  est  sa  propriété.  ||  Se  dit 
abusivement  du  commergant  qui  prend  le  bâtiment 
à  louage. 

—  ETYM.  Fréter. 

t  FRÉTILLAGE  (fré-ti-lla-j* ,  U  mouillées),*,  m. 
Action  de  frétiller.  Le  duc  de  Richelieu  ne  fut  pas 
longtemps  sans  en  revenir  aux  questions  et  aux  fré- 
tillages  et  à  me  dira  qu'il  se  mourait  d'envie.... 

ST-SIH.  34:),  246. 

—  ETYM.  Frétiller. 

FRÉTILLANT,  ANTK  (fré-ti-Uan,  llan-f,  «  mouil- 
lées, et  non  fré-ti-yan),  adj.  Qui  frétille.  Je  ne  sais 
rien  de  ce  qui  se  passe  à  Paris,  je  ne  sais  pas  même 
qui  succédera  dans  l'Académie  au  frétillant  abbé  de 
Voisenon,  volt.  Leit.  Mortllet,  i»  déc.  4775. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nous  sommes  tousjours  fretillans 
en  appétit  desordonné  de  plus  savoir  qu'il  n'est  li- 
cite, CALV.  Instil.  806.  Comme  singes  qui  sont  fre- 
tillans à  contrefaire  toute  chose  sans  propos  et  sans 
discrétion,  ID.  tb.  M84.0n  s'en  est  repeu lespace de 
plus  de  cinq  cens  ans,  jusques  à  ce  que,  nostre  lan- 
gage estant  devenu  plus  orné  et  nos  esprits  plus  fre- 
tillans, il  a  fallu  inventer  quelque  nouveauté  pour 
les  esgayer,  langue,  134.  Et  y  sont  les  hommes  si 
fretillans  à  cau.se  de  la  graisse  et  fertilité  du  pays, 
moDMF.NTF.4U,  Finances,  3*  livre,  p.  4)6. 

t  FRÉTILLARD,  ARDK  (fré-ti-llar,  llar-d'.  Il 
mouillées),  adj.  S'est  dit  pour  frétillant.  |La  lune] 
D'uno  lumière  frétillante  Éclaire  les  planchers  et 
murs,  scARR.  Yirg.  viii.  ||  Terme  de  manège.  On  dit 
que  la  langue  du  cheval  est  frétillarde  lorsqu'elle  est 
toujoun  en  mouvement. 

—  HIST.  XVI*  g.  Soit  que  d'une  façon  gaillarde, 
Avec  sa  patte  frétillarde.  Il  se  frotlast  le  musequin, 
DU  »«u.AT,  VII,  «0,  verso. 

—  ETYM.  Fréliller. 

PHÉTILLEMENT  (fré-ti-lle-man  ,  U  mouillées,  et 
non  fré-ti-je-maii),  s.  m.  Mouvement  d«  c«  TOi  fré- 
tUlc.  Elre  dans  un  frétillement  continuel. 


FRE 

—  HIST.  XIV*  S.  Mouvemeat  ou  frétillement  des 
laz  ou  des  souriz,  oresme,  Eth.  80. 

—  ETYM.  Fréliller. 

FRÉTILLER  (fré-ti-llé,  H  mouillées,  et  non  fré- 
ti-yé),  V.  n.  Se  remuer  par  des  mouvements  vifs 
et  courts.  Cette  carpe  frétille  encore.  Je  suis  même 
trompé,  si  sous  sa  jupe  bleue  [d'un  esprit]  Je  n'ai  point 
vudeiufois  frétiller  une  queue,  hauteroche,  Esprit 
follet,  ly,  4.  Je  sentis  frétiller  le  bonhomme  Riche- 
lieu, qui  me  demanda  si  cela  serait  long,  st-sim. 
343,  246.  Il  Familièrement.  Les  pieds  lui  frétillent, 
se  dit  d'un  homme  qui  a  impatience  de  s'en  aller. 
Il  La  langue  me  frétille,  j'ai  grande  envie  de  par- 
ler. Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  XIV*  s.  Icelle  femme  doubte  que  sonmary 
ne  le  veuille  pas  ainsi,  si  n'en  dure  ou  pose,  et  fré- 
tille et  fremie....  Uénagier,  i,  6.  Un  cheval  qui  soit 
paisible  au  chevauchier,  sans  fretillier  ne  tournoier, 

ib.  m,  î.  Il  XV*  s Une  estincelle  [je]  Sent  sous  la 

mamelle  Oui  m'art  [brûle]  et  fretelle,  fhoiss.  Poé- 
sies mss.  f°  243,  dans  lacuhne.  Quajit  me  souvient 
des  bons  jours....  De  dueil  li  corps  me  frétille,  eust. 
DESCii.  Poésies  mss.  f"70.  Toujours  dans  le  vin  ver- 
meil On  voit  un  petit  soleil  Oui  frétille  et  rayonne, 

basselin,  X.  Il  xvi*  s Oue  les  estrangers  qui  ou- 

vroyent  les  yeux,  et  fretilloyent  pour  entrer  en 
France,  oyans  seulement  dire  qu'elle  [Orléans]  se- 
roit  assiégée,  perdroyent  la  volonté  d'y  venir,  la- 
ngue ,  678.  L'oiseau  enretté,  plus  il  tasche  en  fré- 
tillant se  défiler,  et  plus  il  s'empietre,  yver,  p.  681. 

—  ÊTYM.  Berry,/ertiUer;provenç.  /Vcn7/iar.  Sau- 
maise  a  proposé  un  verbe  fritillare,  dérivé  de  fri- 
tillus,  cornet  à  dés,  à  cause  des  mouvements  don- 
nés au  cornet.  Diez,  d'après  Frisch,  préfère  un  verbe 
fictif  friclillare,  frécjuenlatif  de  frictare  ou  fricare, 
frotter.  Mais  du  Cango  donne  fritillare,  piler  du 
poivre  dans  un  mortier,  et  fritillum,  fratillum,  mor- 
tier à  piler  du  poivre  ;  c'est  le  mouvement  de  va-et- 
vient  du  pilon  qui  adonné  frétiller.  Quant k fratil- 
lum, il  est  dans  Isidore  sous  la  forme  plus  intacte 
de  fractillum,  ce  qui  conduit  à  fraclum,  supin  de 
frangere,  briser,  le  pilon  étant  considéré  comme 
instrument  qui  brise. 

t  /RÉTILLET  (fré-ti-llè,  Il  mouillées),  *.  m.  Un 
des  noms  vulgaires  du  pouliot. 

t  FRÉTILLON  (fré-li-Uon ,  Il  mouillées),  *.  m.  et  f. 
Personne  qui  s'agite  sans  cesse.  Ma  frétillon.  Cette 
fille  Oui  frétille.  N'a  pourtant  qu'un  cotillon,  bé- 
RANO.  Frétillon. 

—  HIST.  ïv*  s.  Geffine  petit  frétillon,  COQDILLART, 
p.  413,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Frétiller. 

FRETIN  (fre-tiii),  s.  m.  ||  l*  Choses  de  rebut,  de 
peu  de  valeur.  11  y  avait  un  Newton,  je  me  suis 
il'abord  mis  à  genoux  devant  cet  ouvrage  comme 
de  raison  ;  ensuite  je  suis  venu  au  fretin,  volt.  Lett. 
Berger,  sept.  4  736.  ||  Se  dit  aussi  des  personnes. 
Pour  ce  qui  est  de  mes  autres  parents,  ce  n'est  pas 
du  fretin  non  plus  ;  on  les  appelle  monsieur  et  ma- 
dame, maRiv.  Pays.  parv.  2*  part.  Elle  [une  femme 
entichéeilesa  noblesse  (dédaignera  votre  homme  [un 
bourgeois],  elle  dira  que  c'est  du  fretin,  id.  Préj. 
vaincu,  se.  2.  ||  Terme  de  jardinage.  Branches  chif- 
fonnes dont  on  ne  peut  espérer  ni  L'Hit  ni  belles 
branches.  |{  2°  Par  extension,  le  menu  poisson.  Un 
oarpeau  qui  n'était  encore  que  fretin  Fut  pris  par  un 
pécheur  au  bord  d'une  rivière,  la  font.  Fabl.  v,  ». 
Étant  à  la  table  de  Denys,  et  voyant  qu'on  avait 
servi  un  très-petit  poisson  pour  lui  et  un  monstre 
pour  le  roi,  il  [AristippeJ  s'avisa  d'approcher  de  son 
oreille  le  poisson  fretin,  rollin  ,  Hist.  ane.  Œuv. 
t.  V,  p.  Î22,  dans  pougens.  ||  Les  morues  du  triage 
s'appellent  meilleur  fretin  ;  celles  qui  suivent,  grand 
fretin  ;  les  troisièmes,  fretin  de  rebut,  et  la  moindre 
sorte,  menu  fretin. 

—  HIST.  XIV*  s.  Huit  pièces  d'argent  autrement 
fretin,  les  quelles  pièces  de  fretin....  du  canoë, 
freto.  Icelle  exposant  print  une  certaine  quantité  de 
fretin  d'argent  qui  povoit  bien  valoir  huit  solz  ou 
environ,  id.  ib.  Un  escu  d'or  et  vingt  quatre  sols  en 
Mans,  et  un  peu  de  menu  fertin  d'argent,  id.  ib. 
Icellcs  rohbes  ou  partie  d'iccllcs  avecques  l'or  et  ar- 
gent ouvré  qui  est  dessus,  dont  11  yst  par  chacun 
an  de  bons  et  gros  fretins,  iceulx  variés  de  garde 
robbe  appliquent  à  leur  profit,  lesquels  fretins  de- 
vroient  estre  rapportez  par  devers  l'argentier  etcon- 
treroUeur,  et  iceulx  pesez  et  fondus  ,K)ur  employer 
à  faire  autres  ouvrages,  Ordonn.  6  fév.  4394, 

—  ETVM.Bourguign./'rf(aiï/«,  chose  menue,  de  peu 
de  valeur;  du  bas-latin  freto,  frelonus,  petite  mon- 
naie, .[uart  du  denier  ;  de  l'anglais  l\jrthing  ,  anglo- 
sax.  feording  ,  feorthling,  de  feortha,  quatre,  c'est 
donc  le  quart  du  penny  ;  de  même  en  hollandais  vier- 


FRI 

ling.  Le  nom  de  cette  petite  m'innaic  a  passé  àlcuH 
sorte  d'objets  de  petite  valeur  et  même  au  menu 
poisson.  Frisch,  approuvé  par  Diez,  le  tire  de  fric- 
tum,  supin  de  fricare.  Mais,  pour  cela,  il  faudrait 
contredire  tous  les  exemples  rapportés  ci-dessus  à 
l'historique  ;  toutefois  il  y  manque  un  intermé- 
diaire ;  car,  dans  cet  historique,  fretin  ne  figure  pas 
avec  le  sens  de  menu  poisson. 

t  FRETTAGE  (frè-ta-j'),  s.  ni.  Action  de  fretter. 
Le  frettage  d'une  roue,  d'une  pièce  de  canon. 

4 .  FRETTE  (frè-f) ,  s.  f.  Lien  de  fer  dont  on  gar- 
nit le  moyeu  des  roues  pour  empêcher  qu'il  ne  se 
fende.  ||  Cercle  de  fer  dont  on  munit  un  pieu  par  la 
tête,  afin  qu'il  résiste  mieux  aux  coups  du  mouton. 
Il  Viroles  dont  on  arme  certaines  pelles  de  boi* 
pour  empêcher  qifelles  ne  s'écartent.  ||  On  garnit 
aussi  de  frcttes  certains  grands  seaux  pour  les 
rendre  plus  solides.  ||  Terme  d'artillerie.  Spires  d'a- 
cier qu'on  applique  sur  les  pièces  dans  la  partie 
postérieure ,  afin  d'en  augmenter  la  résistance 
transversale.  ||  Terme  de  marine.  Anneau  de  fer 
plat  destiné  à  réunir  les  faisceaux  des  barres  de  fer 
ou  d'autres  matières. 

—  ETYM.  Génev.  freppe.  Diez  y  voit  une  contrac- 
tion pour  ferrelle,  petit  morceau  de  fer. 

t  ï.  FRETTE  (frc-f),  s.  f.  Terme  de  blason.  Bar- 
reaux entrelacés  en  filets. 

—  HIST.  xiv  s.  Branches  laciées  par  manière  de 
frète  [enlacées  de  manière,  en  se  croisant  diagona- 
lement ,  à  former  des  losanges],  de  lauoroe, 
Émaux,  p.  326.  La  terre  de  Boicre  doit  tous  les 
ans  de  service  deux  arcs,  deux  frètes  ferrées,  et 
deux  bousons,  deiu  gelines  et  un  chapel  de  roses, 
DU  CANGE,  frecla. 

—  ETYM.  Frecta,  frète,  autre  forme  d9  flèche  (voy. 
ce  mot). 

1.  FRETTE,  ÉE  (frè-té,tée),  port,  passé  de  fret- 
ter. Pieu  fretté. 

2.  FRETTÉ,  ÉE  (frè-té,  tée),  adj.  Terme  de  bla- 
son. Se  dit  de  l'écu  et  des  pièces  principales,  lors- 
qu'elles sont  couvertes  de  bâtons  croisés  en  sau- 
toirs, qui  laissent  des  espaces  vides  et  égaux  en 
forme  de  losanges. 

—  ETYM.  Frette  ».  Il  y  avait  un  autre  fMé,  bas- 
lat.  frislatus,  qui  signifiait  orné,  paré. 

FRETTER  (frè-té),  v.  a.  Garnir  d'une  frette. 
Fretter  une  roue,  un  pieu.  ||  Terme  d'artillerie. 
Fretter  un  canon,  le  garnir  de  freltes,  de  spires 
d'acier.  On  frette  les  pièces  de  l'ancienne  artillerie 
que  l'on  convertit  en  artillerie  rayée,  et  que,  natu- 
rellement, la  rayure  allège  d'une  partie  du  métal 
qui  les  compose  originairement. 

—  ETYM.  Frctle  4 . 

FREUX  (freû  ;  l'i  se  lie  :  hs  freû-z  et  les  cor- 
neilles), s.  m.  Espèce  de  corbeau,  dit  aussi  grolle. 
J'ai  vu  plusieurs  fois  en  été  une  volée  de  freux  qui 
logeait  et  nichait  depuis  plus  d'un  siècle,  à  ce  qu'on 
m'a  assuré,  dans  des  trous  de  rochers  exposés  au 
sud-ouest  et  où  on  ne  pouvait  atteindre  à  leurs 
nids  que  très-difficilement  et  en  se  suspcnd.\nt  à 
des  cordes,  blff.  Ois.  t.  v,  ; .  8i,  dans  rouGENS. 

—  ETYM.  Ménage  le  tire  de  frugilegus,  qui  cueille 
les  fruits,  mais  la  forme  ne  permet  pas  cette  déri- 
vation. Diez  le  fait  venir  du  germanique  :  anc.  haut 
ail.  ftruoch,  anglo-sax.  hr6c;  anc.  scand.  hrôkr  ; 
angl.  roofc,  par  changement  de  l'h  en  f,  et,  pour  la 
finale,  comme  queux,  de  coquus.  Il  faut  aussi  rap- 
procher le  bas-breton  frdo,  frit,  corneille. 

t  FRÈZE  (frè-z"),  *.  f.  Redoublement  d'appétit 
des  vers  à  soie,  après  avoir  changé  de  peau. 

FRIABILITÉ  (fri-a-bi-li-té),  s.  f.  Qualité  de  ce 
qui  est  friable.  La  friabilité  de  certains  grés  est 
très-grande. 

—  ETYM.  Friable. 

FRIABLE  (fri-a-bl'),  adj.  Qui  est  susceptible  Ai 
se  réduire  en  menus  fragments,  ou,  sous  linflucnce 
d'un  choc,  même  léger,  en  poudre  grossière.  Les 
laves  poreuses  se  réduisent  en  sable  et  en  pous- 
sière; les  matières  qui  ont  subi  une  forte  cilcina- 
tion  sans  se  fondre,  deviennent  friables  et  forment 
une  excellente  pouzzolane,  buff.  Hin.  t.  m,  p.  4  44, 
dans  POLQFNs.  Les  ailes  des  abeilles,  comme  celles 
(le  toutes  les  mouches,  sont  d'une  substance  un  peu 
friable,  et  qui  n'est  pas  susceptible  d'une  grande 
extension,  bonnet,  4*'  Mém.  abeilles.     ' 

—  HIST.  XVI*  s.  Lesquclle»  matières  entremeslée» 
rendent  le  métal  impur,  aigre  etfriable,  palisst,  362. 

—  ETTM.  Lat.  friabilis,  de  friare,  réduire  en 
morceaux. 

FRIAND,  ANDE  (fri-an,  an-d'),  adj.  ||  1*  Oui 
natte  le  palais  d'une  manière  délicate  (étymo- 
logiquement,  le  flattant,  comme  quelque  chose  qui 
est  frit).  11  se  réjouissait  à  l'odsurde  la  viande,  Mite 


FRI 


FRI 


FRI 


1779 


en   menus  morceaux  et  qu'il  croyait  friande,  la 
FONT.  Fahl.  I,  (8.  Votre  ordinaire  est  donc  trop  peu 
friand  Â  votre  goût...?  id.  Gagi.  Si  celui-ci  est  à  table 
et  qu'il  prononce  d'un  mets  qu'il  est  friand,  le  maî- 
tre et  les  cunvives ,  qui  en  mangeaient  sans  ré- 
flexion, le  trouvent  friand  et  ne  s'en  peuvent  rassa- 
sier, LA  BBUY.  V.  Ce  qui  m'impatientait,  c'est  qu'il 
n'y  avait  rien  d'assez  friand  pour  ces  grands  servi- 
teurs de  Dieu,  mariv.  Pays.  parv.  4'  part.  ||  Fig.  Â 
son  âge,  un  époux  est  un  morceau  friand,  hautero- 
LHE,  Bourg,  de  qualité,  v,  3.  Friands  souris,  tout 
comme  en   a  le  traître   [l'Amour]  ,   On   vous   les 
voit  :  mais  aussi  "ses  défauts,  Les  avez  tous....  la- 
FARE,  À   Mme   de   B.  Le  nom  [d'Auvergne]  était 
friand  pour  des  gens  qui  minutaient  de  changer 
leur  nom  de  la  Tour  en  celui  d'Auvergne,  st-sim. 
XXIV,  27.  Jadis  ton  maître  a  fait  mainte  folie  Pour 
des  minois  moins  friands  que  le  tien,  bérang.  Célib. 
Il  2°  Qui  aime  et  apprécie  la  chère  fine  et  délicate. 
L'homme,  le  plus  friand  des  animaux,  appelle  à  lui 
toutes  les  productions  de  la  nature,  et  force  tous  les 
climats  de  satisfaire  à  ses  goûts  et  à  son  intempé- 
rance, BONNET,  Consid.   corps  org.  t.  v,  p.  <6ï, 
dans  pouGENS.   ||  On  dit  souvent  :  Friand  comme 
une  nonne.   ||  Avoir  le  goût  friand,  avoir  le  goût 
délicat  et  bien  apprécier  les  bons  morceaux.  ||Etre 
friand  de,  aimer  beaucoup  une  chose.  Cependant 
un  sanglier,   monstre  énorme   et  superbe.  Tente 
encor  notre  archer  friand  de  tels  morceaux,  la 
FONT.  Fabl.  VIII,  27.  Elle  était  friande  de  toutes 
sortes  de  sucreries,  hamilt.  Gramm.  9.  ||  Fig.  Être 
friand  de  louanges,  de  nouveautés.  Vous  pensiez 
bien   trouver  quelque  jeune  coquette  Friande  de 
l'intrigue  et  tendre  à  la  fleurette,  mol.  Éc.  des  ma- 
ris, II,  9.  Au  bout  de  quelque  temps  que  messieurs 
les  louvats  Se  virent  loups  parfaits  et  friands  de 
tuerie,  LA  pont.  Fabl.  m,  (3 Qui  hait  les  pré- 
sents? Tous  les  humains  en  sont  friands,  id.  Petit 
chien.   Les  grands   sont   friands  d'horoscope  ;    Ils 
pensent  que  leur  sort  est  écrit  dans  les  cieux,  la- 
motte.  Fabl.  v,  1 2. 

—  Hisi.  XIII"  s.  Jà  n'ai  je  mie  le  pooir  De  tiei 
[telles]  cointeries  venir,  Que  cil  ribauz  salTre , 
Triant....  Entor  vous  remirent  et  voient.  Quant  par 
ces  rues  vous  convoient,  la  Rose,  «642.  ||  xiv  s.  Si 
tu  vois  que  le  faucon  est  bien  friant  à  la  char  et 
qu'il  mengue  [mange]  bien  volontiers,  Modus , 
('  Lxxix,  verso.  Il  n'est  si  bone  armeure  que  de  ce 
vin  friant  Et  de  ces  pastez  là  qui  vontsouez  flairant, 
Hugues  Capet,  v.  2269.  Plusieurs  ne  la  frisent  point 
[ne  la  font  point  frire,  une  certaine  préparation],  jà 
soitcequec'estleplusfriant,  tf^najicr,  II,  B.  ||xv's. 
Il  est  vrai  que  je  suis  friant  Devin,  quand  c'est 
vin  qui  mérite ,  basselin  ,  m.  Dedans  l'amoureuse 
cuisine,  Où  sont  les  bons  frians  morceaux,  ch. 
d'ori..  Rondeau.  ||  xvi*  s.  Des  viandes  friandes  et 
délicates,  calvin,  Inslit,  998.  Cette  retraite  fut 
assez  friande  [gaillarde],  pour  ce  qu'ils  avoient  sur 
les  bras  la  fleur  de  l'armée  qui  leur  faisoient  des 
charges,  d'aub.  Ilist.  i,  287.  C'est  un  mauvais  com- 
pagnon à  la  table,  parce  qu'il  est  friand  et  gour- 
mand, AMYOT,  Du  vice  et  de  laverlu,3.  Ceulx  qui  ne 
bougent  jamais  d'alentour  des  tables  plantureuses  et 
friandes,  m.  Comm.  dise,  le  flatt.  de  l'ami,  7. 
....pour  en  l'air  La  friande  perdrix  par  eux  [l'autour 
et  le  tiercelet]  faire  voler,  Nous  montons  à  cheval.... 
Plaisir  des  champs,  p.  242.  Nous  rendre  moins  ai- 
gres et  friands  à  la  jouissance  des  biens  et  des  plai- 
sirs, MONT.  II,  2(4.  De  femme  volage  et  friande, 
En  tout  temps  bonheur  nous  défende  !  cotgrave. 

—  ÊTYM.  C'est,  comme  l'a  vu  Ménage,  le  parti- 
cipe présent  du  verbe  frire,  avec  un  changement  du 
(  en  d,  puisque  le  féminin  est  friande,  comme  dans 
l'ancienne  forme  féminine  gaiandc  de  galant.  Dans 
le  XIII'  et  le  xiv*  siècle,  il  y  a  deux  sens  :  en  par- 
lant des  choses,  ce  qui  est  appétùssant;  en  parlant 
des  personnes,  celles  qui  ont  de  la  vivacité  comme 
ce  qui  frit. 

t  FRIANDEMENT  (fri-an-de-man),  adv.  D'une 
manière  friande. 

—  HIST.  XV'  s.  La  cour  allèche  friandement  ceux 
qui  y  viennent,  en  leur  usant  de  fauces  promesses, 
AL.  CHARTiER,  le  Curial ,  p.  '.00,  Il  xiv  s.  Lui  voyant 
avaler  friandement  le  vin  de  cette  isle,  il  lui  fait 
honte  de  ce  qu'il  l'achetoit,  d'aub.  Hist.  i,  341.  Il 
trouva  une  table  de  trois  plats  friandement  fournie, 

ID.  id.  III,  24). 

—  ÉTYM.  Friande,  et  le  suffixe  ment. 
FRIANDISE  (fri-an-di-z'),  s.  f.  ||  1°  Goût  pour  la 

chère  délicate.  11  y  a  des  personnes  qui  se  vantent 
de  leur  friandise.  ||  F\g.  Leur  friandise  de  louanges 
[des  auteurs],  mol.  Critique,  7.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Elle  a  le  nez  tourné  à  !a  friandise,  locuti-.Ti 


vieillie  qui  se  disait  d'une  jeune  femme  ayant  l'air 
d'aimer  le  plaisir. ||  2°  jlup(ur.  Choses  friandes,  par- 
ticulièrement des  sucreries  et  des  pâtisseries.  Ne 
promettez  jamais  aux  enfants,  pour  récompenses, 
des  ajustements  ou  des  friandises,  fênel.  Hduc.  des 
filles,  ch.  B.  On  avait  envoyé  des  provisions  de  la 
ville,  et  il  y  avait  de  quoi  faire  un  très-bon  diner, 
surtout  en  friandises,  J.  i.  rouss.  Conf.  iv. 

—  HIST.  XVI'  s.  On  a  assemblé  toutes  les  friandi- 
ses et  délices  qu'on  pouvoit,  calv.  Instil.  loot.  Les 
refformez,  à  la  friandise  d'avoir  un  fils  de  France 
pour  chef,  commencèrent  leurs  remuemens  en  Poic- 
tou,  d'aub.  Hist,  11,  H7.  Mais  ce  qui  plus  lespousse 
est  la  friandise  du  profit,  langue,  p.  469. 

—  ÉTYM.  Friand. 

t  FRIDOPRG  (fri-bour),  s.  m.  Variété  de  poire 
d'hiver. 

FRICANDEAU  (fri-kan-dô),  s.  m.  Terme  de  cui- 
sine. Morceau  de  veau  lardé  qu'on  fricassait  autre- 
fois dans  la  poêle.  ||  Aujourd'hui,  morceau  de  veau 
mince  piqué  cuit  dans  son  jus,  dans  du  bouillon  ou 
de  l'eau,  et  servi  sur  de  l'oseille  ou  de  la  chicorée. 
Il  Par  extension.  Fricandeau  de  lapin.  ||  Se  dit  aussi 
du  poisson. 

—  ETYM.  Le  radical  est  le  même  que  dans /'rtcai- 
ser  (voy.  ce  mot). 

FRICASSfi,ÉE  (fri-ka-3,é  sée),port.  passé  de  fricas- 
ser.  Des  poulets  fricassft.  Elle  lui  disait  qu'il  était  une 
vraie  citrouille  fricassée  dans  de  la  neige,  sév.  37. 
[|  Fig.  et  familièrement.  C'est  autant  de  fricassé,  c'est 
autant  de  perdu.  Son  patrimoine  aété  bientôt  fricassé. 

FRICASSÉE  (fri-ka-sée),  s.  f.  \\  1°  Viande  fricas- 
sée. Faire  une  fricassée.  Une  fricassée  de  poulet,  de 
lapin.  Entra  serviette  au  bras,  et  fricassée  en  main, 
RÉGNIER,  Sat.  x.  Ajoutez  à  cela  la  fricassée  de  six 
poulets  de  Ragotin,  et  vous  conviendrez  qu'on  n'y 
fit  pas  mauvaise  chère,  scarr.  Rom.  com.  ii,  I6. 
Il  Par  plaisanterie.  Une  bonne  fricassée  de  pain  sec, 
un  morceau  de  pain  sec.  ||  Homme  savant  en  fricas- 
sée, homme  qui  se  connaît  en  bons  morceaux,  qui 
se  plaît  à  faire  bonne  chère.  {|  Il  est  malheureux  en 
fricassée,  se  dit  d'un  homme  qui  n'attrape  pas  les 
bons  morceaux;  et,  au  figuré,  d'un  homme  malheu- 
reux en  ses  entreprises.  ||  Sentir  ou  flairer  de  loin 
la  fricassée ,  se  dit  de  quelqu'un  qui  vient  dîner  sans 
être  invité,  qui  arrive,  comme  on  dit,  au  bon  mo- 
ment. Il  Ce  n'est  pas  là  une  grande  fricassée,  se  dit 
d'une  chose  qu'on  veut  mépriser.  ||  2°  Fig.  et  par- 
ticulièrement. Tas  d'objets  amalgamés  comme  une 
fricassée.  La  fricassée  d'anges  de  Fragonard  est  une 
singerie  de  Boucher,  dider.  Salon  de  <767,  Œuv. 
t.  XV,  p.  24,  dans  pougens,  au  mot  singerie.  ||  Popu- 
lairement. Faire  une  fricassée,  tout  casser,  tout  ré- 
duire en  morceaux.  ||  3'  Il  s'est  dit  pour  petit  repas, 
repas  sans  façon  donné  à  la  campagne  ou  hors  de 
chez  soi.  M.  de  la  Trousse  nous  donna  hier  une 
fricassée  à  Vincennes;  Mme  de  Coulanges,  Corbi- 
nelli  et  moi,  voilà  ce  qui  composait  la  compagnie, 
SÉV.  272.  Il  4°  Danse  ancienne  très-irrégulière  et 
souvent  fort  libre.  La  seule  fricassée  telle  que  Dau 


nous,  MOL.  le  Dép.  iv,  4.  ||  2°  P'ig.  et  familièrement 
Dissiper  en  dépenses  extravagantes.  Sans  fruit  aucun 
[il]  vendit  et  fricassa  Tout  son  avoir....  la  font, 
Fauc.  Cuilleragues  avait  des  amis  et  vivait  à  leurs 
dépens,  parce  qu'il  avait  tout  fricassé,  st-sim.  89, 
200.  D'Aubeterre  fut  le  plus  bas  valet  de  M.  de  Vau- 
demont,  qui  lui  valut  bien  do  l'argent  qu'il  fricassa 
en  panier  percé  qu'il  était,  id.  (72,  38.  Mon  émer- 
veillement dure  toujours  que  le  fils  de  Samuel  nous 
ait  fait  banqueroute" six  mois  après,  et  qu'il  ait 
trouvé  le  secret  de  fricasser  huit  millions  obscuré- 
ment et  sans  plaisir,  volt.  Utt.  d'Àrgmtal,  (6 
mai  47B8.  Il  3"  Fig.  et  très-familièrement.  Faire  pé- 
rir, perdre.  Et  s'il  eût  cru  lois  son  courage,  L'ani- 
mal s'en  venait  à  nous.  Et  nous  étions  fricassés 
tous,  SCARR.  Virg.  m.  ||  4°  Populairement.  Préparer 
à  manger.  ||  5°  Se  fricasser,  v.  réfl.  Être  fricassé.  Les 
poulets  se  fricassent  ainsi. 

—  lllST.  XV"  s.  L'espéeestoit  toute  d'acier,  ....Hais 
l'hoste  lame  fist  menger.  Fourreau  et  tout  sans  fris- 
casser,  villon.  Repues  franches,  Bail,  des  écou- 
tants. Il  XVI'  s De  mU  et  avoine  fricassés  en  une 

poille  avec  un  peu  de  vin  Elanc,  paré,  viii,  4). 
Nous  voyons  souvent  une  milliasse  de  pauvres 
hommes  fricassés  sous  une  mine  ou  cazematte,  id. 
IX ,  Préf.  Ils  jettent  leur  cinabre  sur  la  braise , 
et  les  fricassent  et  parl'ument  comme  font  les  ma- 
reschaux  quelque  cheval  morveux,  id.  xvi,  <4. 

—  ETYM.  D'après  Diez,  un  radical  frie,  qui  se 
trouve  dans  fric-andeau,  fric-aster,  fric-ot,  et  qui 
provient  du  germanique:  goth. /ViTtijanc.  h.  allem. 
freh,  avide;  anglo-sax.  frec,  hardi;  anc.  angl.  frek, 
vif.  11  y  a ,  dans  l'ancien  français,  frique,  et,  dans 
le  provençal,  fric,  qui  signifient  vif  ;  ceux-là  se  rat- 
tachent sans  doute  au  germanique  par  le  sens  et  par 
la  forme  ;  quant  à  fricot,  fricasser,  fricandeau,  Diez 
les  y  rattache  aussi  parla  signification  d'avide,  d'où 
ce  qui  excite  l'avidité,  ce  qui  plaît  au  goût.  Toute- 
fois cette  opinion  n'a  pas  rallié  tout  le  monde;  et 
Mahn  croit  que  le  radical  fric  est  dans  fricare,  mot 
que  donne  du  Cange  avec  le  sens  de  frire;  il  y  voit 
une  corruption  de  frictare,  fréquentatif  fictif  de 
frigere,  frire.  Peut-être  on  peut  en  concevoir  la 
formation  autrement;  le  bas-latin  a  frixa,  friture, 
qui  est  correct;  d'où  ^n'ca,quise  trouve,  eifricare. 
qui  se  suppose.  Dans  l'opinion  de  Diez  on  ne  com- 
prend pas  la  syllabe  and  dans  fricandeau  et  dans 
fricanderie,  sorte  de  gâteau  (du  cange,  frixa)  ;  au 
lieu  que,  avec  fricare ,  fricandeau,  fricanderie  sont 
des  dérivés  de  fricans  ou  fricandus.  Quant  à  fri- 
care, frotter,  auquel  on  peut  songer,  outre  que  le 
sens  n'est  pas  commode,  il  avait  donné  d'autres 
formes,  froier,  fraier. 

FRICASSECR  (fri-ka-seur),  s.  m.  Celui  qui  fait 
des  fricassées.  Il  ne  se  dit  que  d'un  mauvais  cuisi- 
nier. Ce  n'est  qu'un  fricasseur. 

—  ÉTYM.  Fricasser. 

FRICHE  (fri-ch'),s.  f.  \\  !•  Terrain  non  cultivé,  soit 
de  tout  temps,  soit  par  abandon.  Jusqu'à  ce  qu'é- 
tant abandonnées  à  cause  de  leur  stérilité,  elles  [des 


bervalet  la  maîtresse  du  logis  [MlleGuimard]  l'exé-  1  terres  épuisées]  puissent  reprendre,  sous  la  forme 


entaient  au  milieu  d'un  hourra  de  bravos,  ferait  en 
six  mois  la  fortune  de  six  directeurs  rie  l'Opéra,  c, 
BLAZE,  Hist.  de  l'Acad.  de  musique,  t.  i,  §  vin, 
p.  209.  Il  5"  Ancien  terme  militaire.  Batterie  de  tam- 
bour formée  de  coups  précipités,  et  dont  on  se 
servait  pour  assembler  une  troupe. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  fougades,  les  grenades  et  les 
feux  artificiels  jouèrent  tous  à  la  fois;  les  chefs  pre- 
miers avancez  coururent  moins  de  danger  pour  es- 
tre  hors  de  ces  fricassées,  d'aub.  Hist.  i,  3t7.  Hos- 
cieux,  aiant  accompagné  sonmaistre  au  conseil,  à 
la  contenance  des  gardes,  sentit  la  fricassée  [le 
danger],  id.  ib.  m,  4  63.  Y  avoit  un  petit  ravelin  de 
pierre,  qui  fut  tout  pavé  de  fricassées  et  feux  artifi- 
ciels couverts  de  paille,  m.  du  bellay,  t)3.  Toute 
ceste  fricassée  que  je  barbouille  ici  n'est  qu'un  re- 
gistre des  essais  de  ma  vie,  mont,  iv,  252. 

—  ÉTYM.  Fricassé;  bourguign.  fricaissie.  Villon 
a  dit  fricassure. 

FRICASSER  (fri-ka-sé),  v.  a.  ||  1°  Accommoder  de 
la  viande,  surtout  de  la  viande  coupée  par  mor- 
ceaux, ou  des  légumes  avec  du  beurre,  ou  les  faire 
cuire  dans  une  sauce.  Fricasser  du  veau,  des  pom- 
mes de  terre.  Fricasser  un  poulet.  ||  Absolument. 
Cependant  on  fricassé,  on  se  rue  en  cuisine,  la 
FONT.  Fabl.  IV,  4,  Il  Fiicasser  chair  et  poisson, 
faire  grande  chère.  Elle  est  partie  de  chez  liayarcl 
après  y  avoir  brillé,  et  dansé,  et  fricassé  chair  et 
poisson,  SÉV.  281.  Il  Familièrement  et  ironii|ue- 
ment.  L'on  t'en  fricassé,  c'est-à-dire  tu  n'en  auras 
pas  ce  n'est  pas  pour  ton  nez.  Moi  je  te  cherche- 
rais? ma  foi!  l'on    t'en   fr:casse  Des  filles  comme 


de  friche,  les  poussières  de  l'air  et  des  eaux,  le  li- 
mon des  rosées  et  des  pluies,  et  les  autres  secours 
•«le  la  nature  bienfaisante,  qui  toujours  travaille  à 
rétablir  ce  que  l'homme  ne  cesse  rie  détruire,  buff. 
Ilin.  t.  II,  p.  )  85,  dans  pougens.  Les  friches  qui  se 
lèvent  par  grosses  mottes  et  par  quartiers,  id.  Qua- 
drup.  X.  1,  p.  188,  Il  En  friche,  dans  l'état  de  non- 
culture.  Les  campagnes  sont  en  friche  et  presque 
désertes,  fén.  Tél.  xii.  On  tire  tout  de  la  terre,  on 
ne  lui  rend  rien;  tout  est  en  friche,  montesq.  Esp.  v, 
U.  Que  servent  à  un  grand  soigneur  les  domaines 
qu'il  laisse  en  friche?  vauven.  Espr.  humain,  28. 
La  famine  qui  désolait  les  campagnes  fut  une  res- 
source pour  la  guerre  ;  ceux  qui  manquaient  do 
pain  se  firent  soldats;  beaucoup  de  terres  restèrent 
en  friche,  mais  on  eut  une  armée,  volt.  Louis  JIV, 
2t.  Il  Fig.  Abandonnée  entièrement  au  soin  que  la 
tendresse  maternelle  voulait  qu'elle  eût  de  sa  fille, 
elle  laissait,  pour  ainsi  parler,  ses  charmes  en  fri 
che,  le  sage,  Estev.  Goni.  ch.  18.  ||  2° S.  m.  Terme 
rural.  Chiendent  dont  les  longues  racines  envahis- 
sent le  sol  et  sont  très-difficiles  à  extirper.  Il  y  a 
du  friche  dans  ce  terrain. 

—  HIST.  XIII"  s.  Laisser  les  gaaignages  sept  ans 
en  frichette,  du  cangb,  friscum.  Les  jachieres,  qui 
n'i  refiche  Le  soc,  rederaorront  en  friche,  la  Rose, 
19774.  Et  les  autres  héritages  si  en  demouroicnt  au- 
cunes fois  en  friez,  porce  qu'on  ne  trouvoit  qui  oir» 
s'enfeistporle[laJcarque  [charge]  de  sorcens,  beaum. 
XXIV,  20.  Il  XIV"  s.  Plusieurs  terres,  prez,  pasture», 
fresches,  du  cange,  fresceium.  ||  xV  s.  Que  vignes, 
que  freisches,  m.  ib.  C'estde  mon  cueur  l'amere  sous- 


1780 


FRI 


tsnanco  Oui  trop  mieux  fust  en  friche  ou  en  souf- 
rance,  Oue  porter  fruits  qui  le  deussent  blecier, 
VILLON,  Ballade.  ||  xvi'  s.  Terres  en  friches  ou  frac- 
tis  non  cultivées  do  mémoire  d'iiomme,  Nouv.coust. 
gé'n.  t.  Ji,  p.  ^O''.  En  lieuz  incultivez  qui  sont  en 
chaulmes,  en  fruiches  et  brueres  et  buissons,  n'y  a 
et  n'y  enchet  point  de  prinse  de  bestes,  thaumass. 
Coust.  du  Berry.  p.  367,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Bas-lat  friscum.  Du  Cange  le  tire  de 
l'allemand  frisch,  frais,  comme  le  latin  navale,  terre 
de  labour,  de  novus,  nouveau  ;  mais,  objecte  Diez, 
le  mot  devrait  être  fraîche.  Grimm,  approuvé  par 
Diez,  le  fait  venir  de  fraclitium,  champ  auquel  on 
a  donné  le  labour  pour  la  première  fois,  de  fractum, 
briser;  cela  a  pu  donner  friex  ou  fractis;  mais  com- 
ment friche  ou  friscum  en  ont-ils  pu  naître?  Il  est 
probable  que  nous  avons  là  deux  mots,  l'un  friche, 
friscum,  venant  de  frisch,  comme  le  veut  du 
Cange,  et  l'autre  friez,  fractis,  venant  de  fractus, 
comme  Diez  le  veut.  Maury  a  proposé  le  gaélique 
frith,  frilhe,   lieu  en  friche. 

t  FRICOT  (fri-ko),  s.  m.  Terme  populaire.  Toute 
viande  en  ragoût.  Un  "bon  fricot.  Donner  du  frcot. 
Faire  fricot.  Probablement  il  m'entendit,  car  il  se 
mit  à  dire  :  Gros-René,  sers  le  fricot;  oui,  mon 
cher,  il  se  servit  de  ce  mot,  fr.  squlié.  Huit  jours 
au  château,  i,  3. 

—  ÉTVM.   Voy.   FRICASSER. 

t  FRICOTER  (fri-ko-té),  v.  n.  ||  1°  Terme  popu- 
laire. Faire  un  ragoût,  faire  de  la  cuisine.  Oui  est-ce 
qui  fricote  encore,  quand  j'ai  ordonné  qu'on  dressât 
le  dîner?  scribe  et  mazères,  Vatel  mi  le  Petit-fils 
d'un  grandhomme,  se.  <  1. 1|  Se  régaler.  Nous  avons 
fricoté  hier  soir.  ||  Fig.  Agioter.  ||  V.  a.  Fricoter  tout 
son  bien,  le  dépenser  en  bombances.  ||  Fig.  Frico- 
ter une  affaire,   faire   une  affaire  d'agiotage. 

—  ÉTVM.  Fricot. 

t  FRICOTEUR,  ErSE  (fri-ko-teur,  teû-z'), s.  m.  et  /". 
Celui,  celle  qui  aime  à  fricoter.  ||  Mauvais  cuisinier. 
Tu  aurais  pu  devenir  un  arti.ste,  lu  ne  seras  qu'un 
fricoteur,  scribe  et  mazères,  Vatel,  se.  c.  ||  Fig. 
Celui  qui  se  procure  des  bénéfices  illicites  dans  les 
alTaires.  ||  S'est  dit,  pendant  la  retraite  de  Moscou, 
d'une  agrégation  de  soldats  de  toute  arme  qui, 
s'écartant  de  l'armée,  se  cantonnaient  pour  vivre 
de  pillage,  et  fricotaient  au  lieu  de  se  battre.  ||  Se 
dit  encore  aussi  en  Afrique  pour  maraudeur. 

—  ÊTYM.  Fricoter. 

FRICTION  (frj-ksion;  en  vers,  de  trois  syllabes), 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Frottement  sur  une  partie 
de  la  peau  à  l'aide  d'un  corps  rude  ou  avec  une 
substance  médicamenteuse.  ||  Terme  de  physique. 
Synonyme  peu  usité  de  frottement. 

—  HIST.  XVI*  s.  Friction  dure  est,  quand  l'on  frotte 
tout  le  corps  ou  une  partie  seule,  fort  et  asprement, 
soit  avec  la  main,  ou  toile  neufve,  esponges,  pare, 
Introd.  16. 

—  ÉTVM.  Lat.  frictionem. 

FRICTIONNÉ,  ÉE  (fri-ksio-né ,  née) ,  part,  passé 
de  frictionner.  La  peau  bien  frictionnée. 

FRICTIONNER  (fri-ksio-né;  en  vers,  de  quatre 
syllabes),  v.  a.  Faire  des  frictions.  Frictionner  un 
noyé.  Il  Se  frictionner,  frictionner  à  soi.  Se  friction- 
ner le  genou.  ||  Absolument.  Frictionnez  fort.  ||  Se 
frictionner,  v.  réfl.  Se  faire  des  frictions.  Se  fric- 
tionner avec  un  Uniment. 

—  ÉTYM.  Friction. 

•}  FRIESIE  (fri-zie  ;  on  met  à  tort  un  accent  sur 
l'c,  et  à  tort  on  prononce  fri-é-zie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Genre  d'éléocarpacées  ayant  une  seule 
espèce,  la  fri£SLepédonculaire,deCandolle,qui  était 
l'éléocarpe  pedonculaire  deiabillardière,  legoarant. 

t  FRIGARI)  (fri-gar),  s.  m.  Hareng  demi-cuit  et 
mariné  (du  nom  d'un  épicier  de  Paris  qui  en  vendit 
la  premier). 

■f  FRIGIDARIUIVI  (fri-ji-da-ri-om'),  s.  m.  Tonne 
d'antiquité  romaine.  Mot  latifi  qui  signifie  la  partie 
des  thermes  où  l'on  prenait  les  lains  froids. 

—  HIST.  XVI"  s.  Frigidaire,  monkt,  ])ict.  , 

—  ÉTYM.  Lat.  frigidarium,  rie  frigidus,  froid, 
t  FRIFILIS  (fri-fi-li),  s.  m.  Voy.  froufrou. 
FRIGIDITE  (fri-ji-di-té),  s.  /•.    ||   1°  Qualité  de  ce 

qui  est  froid  et  excite  la  sensation  du  froid. 
r  î"  Terme  de  médecine.  Impuissance,  état  d'inertie 
des  fonctions  génitales.  ||  Frigidité  de  l'estomac, 
état  de  débilité  de  cet  organe  par  suite  d'excès  vé- 
nériens ou  autres. 

—  HIST.  xiv  s.  Car-pour  grande  frigidité  Ne  sau- 
roittant  la  siccito  Résister  contre  tel  agent,  Nat.  à 
fakhim.err.  h93.  jj  xvi- s.  Frigidité,  humidité  et 
siceitc,  PARÉ,  /n«rod.  ♦. 

.  — /TYM.  Ul,  frigidus,  froid;  rrov.  frig.dilat  : 
iM.frigtdila.  ■' 


FRI 

FRIGORIFIQUE  (  frigo-ri-fi-k' ),    adj.  Terme  de 

physique.  Quicause  le  froid.  ||  Mélangesfrigorifiipies, 
mélanges  de  diver.ses  substances  chimiques  qui, 
parleur  fusion,  dét(;rminent  un  abaissement  consi- 
dérable de  température. 

—  ÉTYM.  Lat.  frigorificus ,  de  frigus,  froid,  et 
facere,  faire. 

FRILEUX,  EUSE  (fri-leii,  leû-z'),  ailj.  Qui  est 
très-sensible  au  froid.  Je  vois  qu'il  faudra  mourir 
au  milieu  des  neiges  du  mont  Jura;  cela  est  bien 
désagréable  pour  un  homme  aussi  frileux  que  moi, 
VOLT.  Lett.  Itichelieu,  C  avr.  <  772.  Je  me  reprochais 
à  moi-même  d'être  si  frileux  et  si  faible,  mabuon- 
tel,  Mém.  i.  Le  singe  le  plus  civilisé  et  le  plus  fri- 
leux n'a  pas  l'idée....  d'entretenir  le  feu  dans  nos 
maisons,  bern.  de  st-p.  Harm.  liv.  v,  Science  des 
enfants.  ||  Fig.  Le  carnaval  s'en  va,  les  roses  vont 
éclore  ;  Sur  le  flanc  des  coteaux  déjà  court  le  gazon  ; 
Cependant  du  plaisir  la  frileuse  saison  Sous  ses  gre- 
lots légers  rit  et  voltige  encore,  a.  de  musset,  Poésies 
nouv.  Mi-carême.  \\  Substantivement.  Vous  êtes  un 
frileux,  une  frileuse. 

—  REM.  Plusieurs  personnes  prononcent /'rtHeua:, 
en  mouillant  les  II  ;  mais  cette  prononciation,  qui  est 
archaïque  et  provinciale,  n'est  pas  du  bon  usage. 

—  HIST.  XIII'  s.  Aval  la  ville  [ilj  vit  un  homme 
Maigre,  remis  et  eschiné,  Frieuleus,  pale  et  en- 
fondu,  DU  cange,  frigorosus.  Hom  Icnz  et  pesanz, 
et  froideillous  et  dormillous,  bbun.  latini.  Trésor, 
p.  107.  Il  xV  s.  Une  nuit  il  avoit  ju  avec  elle;  si 
s'en  retourna  en  sa  chambre  tout  frileux  et  dit  à 
un  de  ses  valets  de  chambre  :  Appareillez-moi  ce 
lit,  FROiss.  Il,  m,  90.  N'alez  aux  champs,  tenez  vous 
à  la  ville,  Se  vous  veez  que  le  temps  soit  frileux, 
EUST.  DESCH.  Poésics  mss.  f"  227,  dans  lacurne. 
Tant  que  je  suis  de  vieillesce  acrapé.  Goûteux,  fri- 
leux.... iD.ib.  f°  332.  ||  xvi*  s.  Jedevisoisen  cettesai- 
son  friUeuse,  si  la  façon  d'aller  tout  nud....  mont. 
i,  258.  Des  efrects  d'une  passion  ardente,  noiis  relum- 
bons  aux  efl'ects  d'une  passion  frilleuse,  id.  ii.  328. 

—  ÉTYM.  Berry,  fredilleux,  ferdilleux,  fredollovx, 
frilerou  friller,  être  frileux; wallon,  froûleûs,  fnis- 
leûs,  froûler,  avoir  froid;  namur.  frûleux,  frileus  ; 
génev.  frilieux  ;  d'après  Diez,  de  friyidulosus,  formé 
sur  le  mot  classique  frigidulus,  diminutif  de  fri- 
gidus, froid. 

t  FRILLER  (fri-Ué,  Il  mouillées),  v.  n.  Terme  de 
teinturier.  Se  dit  du  bruissement  qu'on  entend  dans 
la  cuve  avant  qu'elle  soit  fermée  ou  remise  à  doux. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  un  fréijuentatif  de  frire. 
t  FRILLEUSE  (Iri-lleû-z',  Il  mouillées),  i.  f.  Un 

des  noms  vulgaires  du  rouge-gorge. 

t  FRILOSITE  (fri-W-zi-té),  s.  f.  Qualité  de  celui 
qui  est  frileux  (mot  qu'on  peut  rajeunir).  11  est 
d'une  grande  frilosité,  legoarant. 

—  HIST.  XIV"  s.  Frillouseté,  du  cange,  frigorositas. 

—  ÉTYM.  Frileux. 

FRIMAIRE  (fri-raê-r'),s.  m.  Le  troisième  mois  du 
calendrier  républicain  (du  21  novembre  au  2U  dé- 
cembre). 

—  ÉTYM.  Frim,  radical  de  frimas,  (voy.  frimas). 
FRIMAS  (fri-mà  ;  1*  se  lie  :  les  fri-mâ-z  arrivent), 

s.  m.  Nom  de  très-petits  glaçons  dus  à  un  brouil- 
lard épais  qui  se  congèle  avant  de  tomber.  Le  frimas 
s'attache  aux  cheveux,  aux  crins  des  chevaux.  Et 
dès  que  l'aquilon,  ramenant  la  froidure.  Vient  de 
ses  noirs  frimas  attrister  la  nature,  boil.  Sat.  viii. 
J'allai  chercher  le  calme  au  séjour  des  frimas,  id. 
Lutrin,  vi.  Conduis-moi,  si  tu  veux,  aux  plus  loin- 
tains rivages;  Je  te  suivrai  partout  :  écueils,  fri- 
mas, orages.  Je  n'examine  rien,  rien  peut-il  m"ef- 
frayer?  gilb.  Didon  à  Énée.  Mais  la  paix  de  son 
front  n'était  point  dans  son  àmo  ;  L'ardente  ambi- 
tion le  brûlait  de  sa  llamme;  Ainsi  sous  les  frimas 
l'Etna  cache  ses  feux,  delille.  Trois  règnes,  v.  Les 
montagnes  en  groupe  et  les  rochers  en  masse,  Re- 
vêtus de  frimas  et  hérissés  de  glace,  De  mille  pics 
aigus  vont  déchirer  le:,  airs;  L'astre  ijrillant  du  jour 
sourit  à  leur  audace  Et  de  leur  front  superbe  éclaire 
les  déserts;  De  la  pourpre,  de  l'or,  du  lis  et  de  la 
rose,  11  donne  à  ces  frimas  les  reflets  éclaUints , 
MASPON,  Ilelvét.  11.  Cet  ange  ....  M'apparut  jetant  la 
pâture  Aux  oiseaux  un  jour  de  frimas,  héhang.  Jfaud. 
printemps.  Pendant  que  le  soldat  s'efforce  pour  se 
faire  jour  au  traver»  de  ces  tourbillons  do  vents  et 
do  frimas,  les  flocons  de  neige,  poussés  par  la  tem- 
pête, s'amoncellent  et  s'arrêtent  dans  les  cavités, 
sÊGLB,  Ilist.  deNap.  ix,  H.  ||  Terme  de  marine.  Fri- 
mas de  la  mer,  sorte  (l'éclaboussure  produite  par 
des  Lames  qui  se  brisent  contre  le  bâtiment.  ||  Hg. 
Avaleur  de  frimas,  songe-creux. 

—  SYN.  FRIMAS,  grésil.  Le  frimas  difRre  du  gré- 
sil, défini  par  l'Académie  :  Grêle  fort  menue  et  fort 


FRI 

dure.  On  sent  tomber  le  grésil,  qui,  s'il  est  poissé 
par  le  vent,  frappe  la  figure  dune  inanièr'e  ilés- 
agréable,  tandis  que  le  frim;is  n'a  aucun  mouve- 
ment et  revêt  seulement  les  corps  de  glaçons  trè*- 
petits.  Il  est  produit  par  l'eau  qui,  dans  une  basse 
température,  se  sépare  de  l'atmosphère  et  se  con- 
gèle. S  un  moindre  degTé  de  froid  chaque  glaçon 
du  frimas  serait  une  goutte  de  rosée,  legoarant. 

—  HIST.  XV"  s.  Et  qu'on  se  tient  en  sa  mautoo 
Pour  le  frimas,  près  du  tison,  villon,  Petit  testam. 
Il  XVI"  s.  Frimas,  oudin.  Frimars,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  frimer,  geler  (F.n  cel  temi 
ke  voi  frimer  Les  arbres  et  blanchoier.  Poésies  mst. 
avant  4  3uo,  t.  ii,  p.  70),  dans  lacurne)  ;  picard,  /ri- 
mer, geler,  rimée,  gelée  blanche;  du  germani- 
que :  anc.  scand.  hrim;  angl.  rime;  hoU.  rijm, 
gelée  blanche  :  l'aspiration  germanique  s'est  chan- 
gée en  f  [frimer],  ou  a  disparu  [rimée]. 

FRIME  (f[i-m'),  s.  /".  Terme  populaire.  Semblant, 
feinte.  Ce  n'est  que  pour  la  frime.  Puisqu'il  a  fait 
la  frime  de  mourir,  il  faut  qu'il  achève  de  bonne 
grâce,  le  Tombeau  de  II.  André,  se.  ♦,  dans  le  Théd^ 
treitalien,t.  n,  p.  u,  Genève,  <C90. 

—  HIST.  XIII*  s.  Compère,  porqoi  t'en  vas-tu?  Et 
renart  li  arespondu:  N'en  faites jàcbiere  ne  frume; 
Bien  vos  en  dire  la  costume,  ften.  6.S97.  Renart, 
qui  sait  de  toutes  frumes.  Lui  esracha  quatre  de» 
plumes,  ib.  t3Sii8.  De  bien  se  doit  on  esjouir  :  Li 
bon,  car  c'est  droit  et  coustume.  Et  li  mauvais  en 
font  la  frume,  le  Lai  d'Aristole.  \\  xv*  s.  Hau  1  Watt- 
ville,  pour  le  frimas  [la  frime]  Faites  venir  frère  Tho- 
mas Tantost  i|ui  me  confessera.  Patelin.  ||  ivi'  s.  Il 
n'en  fit  point  de  frime  [il  en  prit  son  parti  sans 
grimace],  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Le  latin  frumen  avait  In  sens  de  gosier, 
de  pomme  d'Adam  ;  un  glossaire,  dans  du  Cange,  y 
ajoute  le  sens  de  monstre,  répot;  ;  y  faut-il  voir  l'o- 
rigine de  frume  ou  frime,  grimace,  apparence? 

t  FRIMOUSSE  (fri-mou-s'),  s.  f.  Mot  populaire 
par  lequel  on  désigne  la  figure,  le  visage.  Elle  a  une 
drôle  de  petite  frimousse.  ||  On  a  dit  frimeuse.  Près 
de  ces  lieux  où  nos  monarques  Vont  gîter,  quand  il 
plaît  aux  Parques....  Où  de  tartes  et  de  talmouscs 
On  se  barbouille  les  frimeuses...,  la  I/enriade  tra- 
vestie, viii. 

—  HIST.  XVI"  s.  Phlymouse,  phrylleiimouse,  cot- 
grave. 

—  ÉTVJI.  Frime. 

FRINGALE  (frin-ga  1'),  s.  f.  Besoin  irrésistible  de 
manger  qu'il  faut  satisfaire  à  l'instant.  Avoir  une 
fringale. 

■—  ÊTYM.  Corruption  de  faim-valle  (y oy.  ce  mot)  ; 
norm.  frainvalle. 

FRINGANT,  ANTK  (frin-gan,  gan-t'),  adj.  Qui  a 
quelque  chose  de  vif  et  comme  de  dansant.  La  dame 
était  jeune,  fringante  et  belle,  la  font.  Magn.  Ici 
l'on  vous  attend  avec  impatience.  Plus  sain,  plus 
vigoureux,  plus  fringant  que  jamais,  ciiaulieu,  Ép. 
au  duc  de  fierers.  Ces  chevaux  fringants  qui  écli- 
boussent  les  gens  de  pied,  uancourt,  Chev.  à  la 
mode,  II,  2.  Il  aperçut  la  fringante  Marthon  Dont  un 
ruban  nouait  la  blonde  tresse,  volt.  Ce  qui  platt 
aux  dames.  ||  Substantivement.  Témoin  une  jeune 
fringante  En  mantelet,  robe  volante,  vadk.  Pipe 
cassée,  m.  \\  Faire  le  fringant,  se  donner  des  airs 
pétulants.  Ce  jeune  homme  fait  le  fringant. 

—  HIST.  xv"  s.  Apprennez  nos  modes  fringantes 
Et  nos  paroles  élégantes,  coquillart,  les  Droits  nou- 
veaux. Pour  mieulx  la  fringande  parfaire,  id.  p.  174, 
dans  LACUPNE.  Et  venez  cy  exemple  prendre;  Le 
plus  fringant  deviendra  cendre  ;  Il  n'y  aura  nul 
excepte.  Bec.  de  farces,  p.  452. 

—  ÉTVM.  Fringuer  l. 

f  FRINGILLE  (frin-ji  1'),  s.  f.  Nom  d'un  genre  de 
granivores  créé  aux  dépens  du  genre  gros-liec  do 
certains  auteurs.  On  y  distingue  la  fringille  céliba- 
taire, qui  est  le  pinson  de  l'Académie,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Lat.  fringilla,  pinson,  qui  vient  de  fri- 
gutire,  ffiugutire,  pousser  de  petits  cris. 

(.  FHINGUER  (frin-ghé),  v.  n.  ||  1"  Terme  popu- 
laire. Sautiller  en  dansant.  La  noce  de  Manon  U 
Grippe  Mérite  bien  que  la  famille  Pour  lui  faire  hcn 
neur  fringue  et  brille,  vahê.  Aussit<''t  que  j'avais 
atteint  la  cour  verte  et  les  bois,  je  me  mettais  i 
courir,  à  sauter,  à  bondir,  à  fringuer,  chateaubh. 
Uém.  t.  i,  p.  210.  Il  î"  U  se  dit  aussi  des  chevaux. 
Ce  cheval  fringue  continuellement. 

—  HIST.  xv"  s.  Fringuer,  pomper,  chanter,  saul- 
ter,  coqujllaht,  p.  I3i,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  C'est 
trop  fringue  pour  une  jeune  fille  ;  Car  on  cognoist 
au  parler  qui  distille  De  vostie  bec,  qu'estes  gianl 
2>;ollicre,  j.  marot,  v,  26u.  • 

—  ETYM.   Bourguign.   fringai:  Berry.  fringuer, 


FRI 

s'agiter,  courir.  On  trouve  aussi  le  fréquentatif /ri'n- 
goler,  au  sons  de  fredonner.  En  conséquence  Diez  y 
voit  le  radical  fring  du  lalin  fring-utire ,  gazouil- 
ler, (ring-Ma,  pinson  ;  d'où  le  sens  de  fredonner, 
de  danser,  de  s'agiter.  Mais  il  est  plus  direct  de  le 
tirer  du  latin  frigére,  sauter,  bondir,  avec  l'interpo- 
sition de  la  nasale  n. 

t  2.  FUINGUER  (frin-gué),  v.  a.  Terme  vieilli. 
Fringuer  un  verre,  jeter  de  l'eau  sur  un  verre  pour 
le  rincer.  Laquais,  fringue  bien  ce  verre  ;  Fais  que 
l'éclair  du  tonnerre  Soit  moins  flamboyant  que  lui  ; 
Ce  sera  le  cimeterre  Dont  j'égorgerai  l'ennui, 
sT-AMANT,  la  Crevaille. 

—  HIST.  XVI'  S.  Ledit  Toussaint  Patris  avoit  une 
liambriere  qui  ne  servoit  que  d'aller  quérir  du  vin, 
iinguer  les  verres  et  verser  à  boire,  des  accords, 

iscraignes,  i,  i  9. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-ail.  hraingan,  nettoyer. 

j  FRINSON  (frin-son),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
tjaires  du  verdier. 

t  FRIOLERIE  (fri-o-le-rie),  s.  f.  Gourmandise, 
friandise  Aussi  peu  eussé-je  pu  vivre  sans  ces  frio- 
leries,  à  quoi  j'avais  goût,  lesage,  dans  legoarant. 

—  ÊTYM.  Ane.  franc,  frioler,  frire  :  xiv*  s.  Prenez 
vostre  cresson  et  une  poignée  debctteset  les  friolez 

~en  huile,  Ménagier,  ii,  B.  Frioler  est  un  diminutif 
de  frire. 
t  FBIOLET  (fri-o-lè) ,  s.  m.  Variété  de  poire. 

—  ÊTYM.  Môme  radicîil  que  dans  friolerie. 

t  FRION  (fri-on) ,  s.  ?re.  Terme  rural.  Lame  de 
fer  placée  au  côté  de  la  charrue. 

—  El  YM.  Peut-être  dérivé  de  frier,  froier ,  frotter 

(voy.  FRAYER  2). 

t  FRIPE  (fri-p'),«.  /'.Populairement.  Tout  cequi 
se  mange. 

—  ÉTYM.  Voy.   FRIPER. 

FRIPÉ,  ÉE  (fripé,  pée),  part,  passé  de  friper. 
Gâté  en  chiffonnant.  Une  robe  fripée.  ||Gàtépar  usure. 
II  allait  sur  le  Pont-neuf  chercher  les  livres  les  plus 
fripés,  dont  la  couverture  était  la  plus  déchirée,  qui 
avaient  le  plus  d'oreilles....  fubetièbe,  Rnm.  bourg. 
liv.ii,  p.  250.  Il  Substantivement.  Celui,  celle  dont  les 
vêtements  sont  fripés  ou  en  désordre.  C'est  un  fripé. 

t  FRIPE-LIPPE  (fri-pe-li-p') ,  s.  m.  Terme  fa- 
milier. Gourmand  ou  gourmet. 

—  ETYM.  fViper,  et  lippe. 

FUEPEP.  (fri-pé),  t).  a.  \\  1»  Chiffonner.  Friper  sa 
robe,  son  habit.  ||  2°  Gâier  par  usure.  Cet  enfant 
fripe  ses  bardes  en  peu  de  temps.  ||  3°  Familière- 
ment. Dissiper  en  de  folles  ou  vilaines  dépenses. 
Cet  homme  a  fripé  tout  son  bien.  i|  4°  Populaire- 
ment. Manger  goulûment.  Il  aime  à  friper.  Les  dieux 
du  liquide  élément.  Conviés  chez  un  de  leurtroupe. 
Sur  le  pointde  friper  la  soupe,  Seront  saisis  d'éton- 
nement,  st-amant,  le  Passage  de  Gibraltar,  caprice 
héroï-comique,  Œuvres,  <66),in-(2,  p.  42).  ||  Fig. 
Ma  muse,  à  la  fin  du  souper,  Fait  un  ragoût  de 
tous  vos  restes  Qu'elle  baille  au  temps  à  friper,  id.  la 
Rome  ridicule,  Caprices,  1643,  stances  B7,  p.  3i. 
Il  Dérober,  friponner.  Même  j'étais  si  aveugle,  qu'en- 
core que  j'en  eusse  trouvé  .la  plupart  [des  vers] 
oan'  des  comédies  imprimées,  dans  la  farce  de 
?ate'.in  et  dans  le  roman  de  la  Rose,  d'où  le  pé- 
dant les  avait  fripés,  je  ne  retranchais  rien  do  la 
gloire  que  je  lui  donnais,  Prancion,  liv.  iv,  p.  J40. 
Il  6°  Se  friper,  v.  réfl.  Devenir  chiffonné,  usé.  Cette 
étoffe  se  fripe  en  moins  de  rien. 

—  HlST.  xvi"  s.  Friper  sa  leçon  [n'aller  pas  en 
classe],  oiiDiN,  Dict.~ 

—  ÉTYM.  Berry,  friper,  lécher  la  sauce  d'un  plat 
avec  sa  langue,  foupir,  chiffonner;  wallon,  friper, 
manger  bien.  Diez  le  tire  du  Scandinave  hripa,  pro- 
céder avec  grande  hâte;  le  changement  de  h  en  / 
lie  fait  pas  difficulté;  mais  le  sens  est-il  satisfai- 
sant? D'autre  part,  friper,  au  sens  de  chiffonner, 
se  confond  avec  ferpe,  felpe,  qui  veut  dire  chiffon 
et  aussi  frange  (Qui  m'encombra  de  ceste  frepe  Et 
du  bordon  et  de  l'escharpe?  Ren.  met),  et  qui 
corrtispond  à  l'italien  et  à  l'espagnol  felpa,  sorte 
de  peluche.  Y  a-t-il  là  deux  mots  :  fripe,  chiffon, 
et  friper,  ou  n'est-ce  qu'un  seul  mot?  Puis  fri- 
pi-r,  user,  et  friper,  manger,  est-ce  un  seul  mot, 
iMi  bien  y  a-t-il  deux  mots'/  L'histoire  de  friper 
est  obscure  ,  d'autant  plus  qu'on  manque  d'exem- 
ples. 

FRIPERIE  (fri-pe-rie),  s.  f.  \\  1°  Vêtements,  meu- 
bles qui,  ayant  servi,  sont  plus  ou  moins  usés.  Ce 
n'est  que  de  la  friperie.  Marchand  de  friperie.  Peut- 
être  d'un  an  vous  ne  vendrez  cette  friperie-là  si  à 
propos,  MARiv.  fays.  parv.  3"  part.  ||  Se  jeter  sur  la 
friperie  de  quelqu'un,  .se  ruer,  se  mettre,  tomber 
sur  la  friperie  de  quelqu'un,  .se jeter  sur  lui  pour 
\r  battre.  Gare  une  irruption  sur  notre  friperie!  moi,. 


FRI 

Dép.  am.  m,  l.  ||  Par  extension.  Je  ne  sais  si  vous 
savez  que  cet  animal-là  a  encore  sur  sa  friperie  un 
décret  de  prise  de  corps  du  parlement  de  Paris,  qu'il 
s'attira  quand  il  était  porte-Dieu  à  la  sainte  cha- 
pelle basse,  volt.  Lett.  d'Àrgental,  27  juiU.  1768. 
Il  Fig.  Se  moquer  de  quelqu'un,  en  dire  du  mal.  Ils 
se  mirent  de  plus  belle  sur  la  friperie  de  la  vieille, 
lesage,  Gusm.  d'Alf.  i,  6.  ||  Fig.  Friperie  littéraire, 
vieilleries,  lieux  communs,  etc.  Friperie  mytholo- 
gique, l'usage  suranné  des  personnages  mythologi- 
ques. Il  2°  Métier  qui  consiste  à  acheter  et  à  vendre 
de  vieux  meubles,  de  vieux  habits.  ||  Commerce  de 
friperie.  ||  3°  Lieu  où  logent  ceux  qui  vendent  de  la 
friperie.  Acheter  un  habit  à  la  friperie.  ||  4°  Espèce 
de  hangar  sous  lequel  on  dépose  les  cannes  à  sucre 
avant  de  les  porter  au  moulin. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  se  c'estoit  vies  feleprie,  si  doit 
le  pelichons  un  denier,  tailliab.  Recueil,  p.  20. 
Mes  tout  aussi  com  draperie  Vaut  miex  que  ne  fet 
freperie,  Valurent  mieux  cil  qui  jà  furent  De  cels 
qui  sont  et  il  si  durent,  ruteb.  230.  ||  xiv"  s.  Item 
ung  fardeaulx  de  fresperie  [infra  flesperie)  ,  du 
GANGE,  ferperia.  I.i  estaul  delà  forperie, id.  «b. ||  xvi'  s. 
D'une  friperie  tant  mal  cousue,  on  n'en  sauroit  rien 
attendre  qui  vaille,  calv.  Inslit.  953.  Enfin,  après 
avoir  un  peu  loué  le  pape  Pie  quart,  ils  tombent 
sur  la  fripperie  de  Pie  quint,  qu'ils  appellent  fra 
Scarpon,  d'aub.  lUsl.  11,  204.  Ceux  qui  n'avoient  de 
bons  habillemens  en  louèrent  à  la  fripperie,  affin 
d'estre  estimés  de  réputation,  coNDÉ,M(imoires,p.  621 . 

—  ÊTYM.  Norm.  feuperie.  Le  radical  est  l'ancien 
fripe,  frepe  ou  felpe.  Diez  et  Scheler  pensent  qu'il 
faut  le  rattacher  au  Scandinave  hripa,  procéder 
avec  précipitation,  qui  aurait  pris-  le  sens  de  user 
(voy.  friper). 

FRIPE-SACCE  (fri-pe-sô-s'),  s.  m.  Terme  popu- 
laire. Goinfre,  goulu.  ||  Mauvais  cuisinier.  C'est  un 
vrai  fripe-sauce. 

—  ÉTYM.  Friper,  et  sauce. 

FRIPIER, 1ÈRE  (fri-pié,  piè-r'),s.  m.  et  f.  ||  1°  Ce- 
lui ,  celle  qui  fait  le  commerce  de  friperie.  On  trouve- 
rait encore  à  quelque  vieux  pilier  Son  dernier  habit 
vert  pendu  chez  le  fripier,  rbgnabd,  Sal.  contre  les 
maris.  ||  Adj.  Un  marchand  fripier.  ||  2"  Fig.  et  fami- 
lièrement. Fripier  d'écrits,  compilateur,  plagiaire. 
Allez,  fripier  d'écrits,  impudent  plagiaire,  mol.  F. 
sav.  III,  5.  Il  3"  Nom  de  plusieurs  coquilles  habitées 
pat  des  animaux  qui  y  agglutinent  beaucoup  de 
corps  étrangers.  1 

—  HIST.  xiii"  s.  Les  estaus  des  feupiers,  du  cange, 
ferperius.  Nus  [nul]  ne  puet  estre  frepier  dedenz  la 
banlieue  de  Paris,  c'est  à  savoir  vendeur  ou  achateur 
de  robes  viez  ou  langes....  Liv.  des  met.  lOi.  ||  xv"s. 
Que  nulz  frippiers  ne  porront  rien  tailler  ne  faire 
de  neuf,  Ordonn.  i486. 

—  ÉTYM.  Voy.  friperie. 
FRIPON,ONNE  (fri-pon,  po-n'),  s.  m.et /.  ||  l°Ce- 

lui,  celle  qui  vole  adroitement,  par  des  ruses  plutôt 
encore  que  par  des  actes  manuels.  Un  maître  fripon. 
Ce  domestique  est  un  fripon.  Un  tour  de  fripon.  Il 
savait  qu'il  y  avait  force  courtisanes  affamées,  fort 
âpres  après  les  étrangers,  grandes  friponnes,  et  d'au- 
tant plus  dangereuses  qu'elles  étaient  belles,  scabr. 
Rom.  com.  1,  0.  Martin,  ayant  repris  son  sang-froid, 
jugea  que  la  dame  qui  se  prétendait  Cunégonde  était 
une  friponne,  M.  l'abbé  périgourdin  un  fripon  qui 
avait  abusé  au  plus  vite  de  l'innocence  de  Candide, 
et  l'exempt  un  fripon  dont  on  pouvait  aisément  se 
débarrasser,  volt.  Cand.  22.  ||  2"  Se  dit  d'une  per- 
sonne qui  ne  se  fait  aucun  scrupule  de  tromjier,  qui 
se  rend  coupable  de  quelque  acte  déloyal.  Et  je  ne 
pense  pas  que  Satan  en  personne  Puisse  être  si  mé- 
chant qu'une  toile  friponne,  mol.  Éc.  des  mar.  m, 
10.  Allons,  qu'on  se  rétracte,  et  qu'à  l'instant,  fri- 
pon. On  se  jetteàses pieds pourdemanderpardon,  id. 
Tart.  m,  7.  J'appelle  un  chat  un  chat,  et  Rollet  un 
fripon,  BOIL.  Sat.  i.  Dès  qu'on  est  fripon,  on  l'est 
pour  tout  le  monde,  fén.  Dial.  des  morts  mod. 
Louis  XI,  Balue.  Je  n'aime  ni  les  demi-vengeances, 
ni  les  demi-fripons,  volt.  Variantes  de  l'Écossaise. 
Il  3°  Par  badinage,  se  dit  d'enfants,  de  gens  jeunes 
qui  sont  espiègles,  malins.  Mais  un  fripon  d'enfant 
(cet  âge  est  sans  pitié)  Prit  sa  fronde  et  du  coup  tua 
plus  d'à  moitié  La  volatile  malheureuse,  la  font. 
Fabl.  IX,  8.  Allons,  venez,  petit  fripon;  cela  est 
plus  heureux  qu'un  honnête  homme,  dancourt, 
I'!té  des  coq.  se.  7.  X  ma  fille  il  fait  l'amour  Et  joue 
avec  la  friponne,  bêhang.  M.  d'école.  ||  C'est  un  fri- 
pon, se  dit  d'un  jeune  homme  léger  et  étourdi  qui 
se  dérange.  |]  4'  Au  masculin,  celui  qui  est  incon- 
stant en  amour,  qui  y  garde  mal  sa  foi.  N'étes-vous 
pas  un  fripon?vous  êtes  si  aimalilc  que  j'en  ai  peur, 
et  j'hésilo,   MARIV.   Pays.  parv.  '-'  part.  Vous  êtes 


FRI 


1781 


un  adroit  fripon,  Clitandre,  puisque  vous  m'avez 
trompée,  dancourt.  Été  des  coq.  se.  21.  Je  sais, 
monsieur  le  fripon,  que  vous  avez  écrit  à  Mlle  de 
Launay  une  de  ces  lettres  charmantes  où  vous  joi- 
gnez les  grâces  à  la  raison,  et  où  vous  couvrez  do 
roses  votre  bonnet  de  philosophe,  volt.  Lett.  For- 
mont,  nov.  1732.  Deux  fois  elle  eut  équipage.  Den- 
telles et  diamants.  Et  deux  fois  mit  tout  en  gagt 
Pour  quelques  fripons  d'amants,  bérang.  Frétillon. 
\\Au  féminin.  Femme  coquette,  adroite  et  fine.  Une 
aimable  friponne.  La  friponne  lui  fait  croire  tout  ce 
qu'elle  veut.  Avec  tant  d'attraits  précieux ,  Hélas  !  qui 
n'eût  été  friponne?  volt.  Ép.  xxviii.  Les  moins  fri- 
ponnes n'auront  que  trop  souvent  l'art  de  l'augmen- 
ter [l'embarras  d'un  amoureux],  j.  j.  rouss.  Em.  iv. 
Il  5°  S.  m.  pi.  Petites  tresses  de  cheveux  ou  aL- 
neaux  que  les  femmes  faisaient  descendre  sur  leur 
front  au-dessus  des  yeux.  |i  Petites  boites  de  sapin- 
rempliesdela  gelée  de  coing  dite  cotignac.  W^'Adj. 
Qui  est  sans  probité  par  rapport  à  l'argent.  Cet 
homme-là  est  bien  fripon.  ||  Coquet,  éveillé.  Un  air 

fripon.  Un  minois  fripon Chastes  sont  les  oreil 

les,  Encor  que  les  yeux  soient  fripons,  la  font.  Tabl. 
Ne  vous  y  fiez  pas....  elle  a,  ma  foi,  les  yeui  fri- 
pons, boil.  Héros  de  romans. 

—  SYN.  voleur,  filou,  fripon.  Voleur  est  le  terme 
général  ;  on  est  voleur  de  quelque  façon  que  l'on 
vole.  Le  filou  est  un  voleur  qui  met  la  main  dans  les 
poches,  qui  subtilise  une  bourse,  des  foulards,  etc. 
Le  fripon  est  un  voleur  qui  emploie  quelque  ruse  : 
un  domestique  qui  vole  son  maître  en  lui  faisant 
payer  les  objets  plus  cher  qu'il  ne  les  a  achetés  est 
un  fripon. 

—  HIST.  xvi«  s.  Chapons  de  haute  graisse  et  geli- 
notes  nous  ont  failly,  et  n'avons  plus  qu'un  amer 
souvenir  de  ces  messagers  académiques  qui  descen- 
doient  aux  fameuses  hostelleries  de  la  rue  de  la 
Harpe,  au  grand  contentement  des  escholiers  atten- 
dants et  de  leurs  régents  friponniers,  Sat.  Mén.  Ha- 
rangue  de  Roze.  Tant  de  fripons,  friponniers,  jup- 
pins,  galoches,  marmitlons,  et  autres  sortes  de  gens 
mal-faisants,  ib.  p.  79.  Il  y  a  plusieurs  mots  que 
l'autre  partie  de  la  ville  n'entend  pas,  si  l'e.vposition 
ne  luy  est  apportée  de  là  ;  car  comment  peuvent 
sçavoir  les  marchands  de  la  rue  Saint-Denis  que  c'est 
à  dire  un  juppin,  un  fripon?  h.  est.  Deux  dialo- 
gues du  nouveau  lang.  fr.  p.  844,  dans  francisque 
MICHEL,  Argot.  Baillez  moy,  je  vous  pry,  la  clef  Et  de 
la  cave  et  du  celier.  Du  pain,  du  lard  et  de  l'argcui; 
Je  m'y  monstrerai  diligent  ;  J'ay  esté  frippon  d'un 
collège,  la  Farce  du  badin  qui  se  loue,  dans  Ane. 
thédt.  fr.  t.  I,  p.  183.  Feste  n'est  que  de  vieux 
chappons,  Comme  dient  tous  bons  fripons  [gour- 
mands], LEROUX  DE  LINCY,  PrOV.   t.  I,  p.  155. 

—  ÉTYM.  Fripon  signifie  essentiellement  gour- 
mand, et  de  là  les  sens  consécutifs  qu'il  a  ;  il  vient 
donc  de  friper  au  sens  de  manger  (voy.  ce  mot). 

FRIPONNE,  ÉE  (fri-po-né,  née),  part,  passé  de 
friponner.  Friponne  par  un  intendant  malhonnête. 
Une  somme  d'argent  friponnée  au  jeu. 

FRIPONNEAU  (fri-po-nô),  s.  m.  ||  1°  Un  pauvre 
diable  qui  est  fripon,  voleur.  Le  duc  de  Noailles  et 
le  marquis  de  CaniUac,  en  parlant  de  lui  [le  cardi- 
nal Dubois]  au  régent,  ne  l'appelaient  jamais  que 
l'abbé  friponneau,  volt.  Hist.  pari.  ch.  lxii.  Un 
pauvre  hère  qui  montre  la  musique  à  sa  pupille,  in- 
fatué de  son  art,  friponneau,  besoigneux,  à  genoux 
devant  un  écu,  beaum.  Barb.  de  Sév.  i,  s.  ||  2"  Jeune 
gars  qui  fait  des  friponneries  en  amour.  Je  suis  d'a- 
vis que  le  friponneau  fasse  Tel  compliment  à  des 
femmes  d'honneur  1  la  font.  Coc. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fripon. 
FRIPONNER    (fri-po-né),   V.  a.  Escroquer   en 

fripon Oui,  tu  m'as  friponne  Mon  cœur  infripon- 

nable,  œil  émerillonné,  scarbon.  Don  Japhet,  ii,  t. 
Qu'est-ce  à  dire?  ne  craignez-vous  pas  que  je  vous 
friponne  votre  billet?  dancourt,  Bourg,  à  la  mode, 
IV,  9.  Il  En  parlant  de  personnes.  Voilà  un  fripon 
que  je  fripounerai  sur  ma  parole,  hegnabd,  Sérén. 
10.  Il  fut  tant  friponne  par  les  juifs  qu'il  ne  lui 
resta  plus  rien  que  sa  petite  métairie,  volt.  Cand. 
■m.  Il  Absolument.  Il  [Tencin]  avait  été  poursuivi  au 
parlement  de  Paris  comme  simoniaque,  et  regardé 
dans  le  public  comme  un  prêtre  incestueux  qui  fri- 
ponnait  au  jeu,  volt.  Louis  XIY,  37.  Les  fripons 
qui  faisaient  sous  ce  ministre  le  commerce  du  blé 
au  préjudice  du  peuple  ne  peuvent  souffrir  un  mi- 
nistre ([ui  ne  les  laisse  pas  friponner,  d'alemu.  Lett. 
au  roi  de  Prusse,  27  mai  1775. 

—  HIST.  xvi'  s.  lisse  hastentde  souper,  puisell.T 
dit  :  là  couchons  nou.s,  c'est  assez  friponne  sur  la 
viande  morte,  Mogen  de  parv.  p.  277,  dans  lacurnï. 
Si  à  dormir  la  grasse  matinée,  à  fripponcr  et  prei^ 


1782 


FRl 


(Ire  du  bon  temps,  la  scienco  pouTOit  croistre  en 
dormant,  Contes  de  chouères,  f"  7,  dans  lacdbne. 
Si  je  preste  un  peu  plus  attontifvemont  l'auroille  aux 
livres,  depuis  que  je  guette  si  j'en  poiinay  fnppon- 
ncr  quelque  chose  do  quoy  esmailler  ou  estayer  le 
mien....  mont,  m,  ^^■ 

—  ETYM.  Fripon.  Friponner,  au  xvi*  siftcle,  a  gé- 
néralement le  sens  de  bien  manger,  ce  qui  est  le 
sens  primitif;  mais  dans  Montaigne  on  trouve  déjà 
le  sons  détourné  et  moderne. 

FRIPONNERIE  (fri-po-ne-rie),  i.  f.  Action  de 
fripon.  Faire  une  friponnerie.  S'enrichir  par  des  fri- 
ponneries. Une  liorreur  pour  la  friponnerie,  sÉv. 
211.  La  fortune  m'a  fait  naître  le  plus  pauvre  gen- 
tilhomme de  France  ;  mais,  en  récompense,  elle 
m'a  honoré  d'un  cœur  sincère,  si  exempt  de  toute 
sorte  de  friponnerie  qu'il  n'en  peut  même  souffrir 
l'imagination  sans  horreur,  ie«(re  de  Faubon  à  Lou- 
rois,  dans  Bft-.  det  Deux-Mondes,  i"  fév.  1862, 
p.  «32.  J'ajoutai  que  je  donnerais  volontiers  bien  de 
l'argent  pour  savoir  qui  avait  inventé  et  semé  cette 
friponnerie  [calomnie],  st-sim.  41,  2'<'«  Les  princes 
ont  de  l'honneur;  ils  ne  trompent  que  les  souve- 
rains, quand  il  s'agit  du  salut  du  peuple  ou  de  ces 
respGotalilcs  et  héroïques  friponneries  d'ambition, 
devant  lesquelles  l'honneur  n'est  qu'un  conte  de 
vieille,  volt.  Lett.  Mme  Denis,  9  sept.  «762. 

—  ÉTYM.  Friponner. 

FRIQUET  (fri-kè  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  la  con- 
versation ;  au  pluriel,  \'s  se  lie  :  des  fri-kè-z  alertes; 
friquets  rime  avec  traits,  paix,  succès,  etc.),  s.  m. 
Nom  d'une  espèce  de  moineau.  Le  friquet,  quoique 
plus  remuant,  est  cependant  moins  pétulant,  moins 
familier,  moins  gourmand  que  le  moineau,  buff. 
Ois.  t.  VI,  p.  234,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Friquet,  jeune  garçon  éveillé,  dans  le 
dictionnaire  de  l'Académie  de  <69«;  du  radical 
fric,  qui  estdans  l'ancien  français /'nque ,  prov.  fric, 
vif,  alerte,  et  qui  vient  du  germanique  :  gotb.friks; 
anglo-saxon,  frec,  vif,  hardi;  allem.  mod.  frech. 

VRIRE  (fri-r'),  je  fris,  tu  fris,  il  frit;  point  de 
pluriel;  je  frirai ,  tu  friras,  il  frira,  nous  frirons,  vous 
frirez,  ils  friront;  je  frirais,  tu  frirais,  il  frirait,  nous 
fririons,  vous  fririez,  ils  friraient  ;  à  l'impératif,  fris  ; 
au  participe,  frit,  frite;  on  supplée  les  autres  formes 
au  moyen  des  temps  du  verbe  faire  et  de  l'infinitif 
frire  :  nous  faisijns  frire  ;  que  je  fasse  frire,  que  je 
fisse  frire,  etc.».  a.  ||  1°  Mettre  du  beurre, de  l'huile, 
iju  de  la  graisse  dans  une  poêle,  faire  bien  chauffer 
et  faire  cuire  dedans.  Frire  des  côtelettes,  des  soles, 
l'oisson,  mon  bel  ami,  qui  faites  le  prêcheur....  Des 
ce  soir  on  vous  fera  frire,  la  font.  Fabl.  v,  3.  ||  Fa- 
milièrement. 11  n'y  a  rien  à  frire,  il  n'y  a  pas  de 
quoi  frire  dans  cette  maison,  c'est-à-dire  il  ne  s'y 
trouve  rien  à  manger.  Tout  se  mit  à  brouter  les  bois 
ilu  voisinage;  1^  pitance  du  cerf  endéchut  de  beau- 
coup ;  11  ne  trouva  plus  rien  &  frire,  la  font.  Fabl. 
XII,  6.  Il  Dans  le  sens  contraire  :  voilà  de  quoi  frire, 
c'est-à-dire  voilà  de  quoi  manger.  Devers  le  soir 
soûl  il  était.  Revenait  au  logis  de  Tyrrhe,  Pour  y 
chercher  encore  à  frire,  SCARB.  Virg.  vu.  ||  Fig.  N'a- 
voir plus  de  quoi  frire,  n'avoir  plus  de  bien ,  de 
ressource.  ||  Fig.  Il  n'y  a  rien  à  frire  dans  cette  af- 
faire, elle  n'offre  aucun  profit  à  faire.  ||  î"  Y.  n.  Se 
cuire  dans  la  poêle.  Une  sole  qui  frit.  Le  beurre  frit 
dans  la  poêle.  ||  3*  Se  frire,  i'.  ré/l.  Etre  frit.  Le 
poisson  se  frit,  vous  allez  déjeuner.  ||  Proverbe. 
Itis,  Jean,  on  te  frit  des  œufs,  se  dit  pour  se  mo- 
quer d'un  niais  qui  rit  sans  sujet. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  vraiment  pourquoi  ce 
verbe  est  défectif  et  ne  se  conjugue  pas  comme 
rire  ;  nous  frions,  vous  friez;je  friais;  que  je  frie; 
(|ue  je  frisse;  friant. 

—  iliST.  xji'  s.  Moult  saurai  bien  un  mengier 
conraer  [préparer].  Frire  un  poisson,  et  un  oisel  tor- 
ner,  Bat.  d'Àleschans,  y.  3577.  ||  xiu's.  Li  lechier- 
res  fremist  et  art.  Et  tôt  se  frit  de  lecherie.  Mais 
n'en  touche  une  seule  mie,  Ren.  7297.  Et  saches  que 
du  regarder  Feras  ton  cuer  frire  et  larder.  Et  tout 
adrs  en  regardant  Aviveras  le  feu  ardant,  la  ÏInse, 
23f,8.  Et  il  despendoit  volentiers.  Et  tousjors  ert  en 
ribaudie,  Tretout  frioit  de  lecherie,  ib.  U73o.  Tos 
trembla  dusqu'en  terre,  quant  prist  son  gonfanon, 
Trestos  li  sans  li  frit  del  chief  dusqu'au  talon,  Ch. 
d'Ant.  Il,  008.  Il  XIV  s.  Quant  il  advient  qu'ils  vi- 
vent longuement  en  telle  espérance  et  n'en  pevent 
venir  à  chief,  ains  meurent  en  celle  folle  bée  où  ils 
frisent  et  ardent  tous  en  tel  convoi  leux  espoir,  Mé- 
nagier,  i,  3.' Aiei  du  percil  et  frisiez  en  beurre,  i6. 
n,  ».  L'on  n'euslpas  frist  cinq  œufs  que  l'on  vit... 
Gtrart  de  Uoss.  v.  484:).  |l  xv  s.  Loin  de  chault  feu 

i!."v*  '^''^°  ***  '""■*'  ^"-  "'O"""  ^o"-  (Simonet  Cail- 
(<iTi),  H  5.  Ce  «eroit  tropviUino  perle,  Et  l'oust  [ar- 


FRl 

mée]  des  François  seroit  frit,  Myst.  du  siège  d'Or- 
léans, p.  481.'  Medesins  et  ciurgiens  M'ont  eu 
long-temps  en  leur  liens;  Maintenant,  quant  je  n'ai 
que  frire,  Oue  riens  n'a  en  ma  tirelire.  Par  m'ame  ils 
n'ont  cure  de  moi,  Mir.  de  St  Gêner.  Tant  est  on  franc 
que  tout  se  frit,  villon,  Bail.  ||  xvi-  s.  Avoir  de  quoy 
frire,  mont,  i,  98.  Ce  n'est  pas  pour  vous  que  l'on 
frit  ces  œuf»,  tahubeau,  Dial.'p.  as,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  frire  et  fregir;  catal.  fregir  ; 
espagn.  freir;  portug.  frigir;  ital.  friggere;  du  la- 
tin frigifre,  frire,  qui  se  rattache  au  grec  çpûyw, 
sécher,  çpOftTpov,  rôtissoire  ,  radical  sanscrit  bhr(), 
cuire,  frire,  le  même  que  bhrdj,  brûler,  briller.  On 
voit  par  l'historique  comment  frire  a  pu  donner  à 
son  participe  le  sens  de  friand  (voy.  ce  mot). 

t  FRISAGE  (fri-za-j'),  s.  m.  Action  défriser  le 
tabac  à  fumer,  les  cheveux,  etc.  ||  Sorte  de  treillage 
construit  avec  des  lattes  et  autre»  bois  trè»-minces. 

—  ÉTYM.  Friser. 

\.  FRISE  (fri-î'),  s.  f.  Il  1"  Terme  d'architecture. 
Partie  de  l'entablement  qui  est  entre  l'architrave  et 
la  corniche.  La  frise  qui  est  sur  l'architrave  doit 
être  plus  petite  que  l'architrave  d'une  quatrième 
partie,  si  ce  n'est  qu'on  y  veuille  tailler  quelque 
chose;  car  alors,  afin  que  la  sculpture  ait  quelque 
grâce,  elle  devra  être  plus  grande  que  l'architrave 
d'une  quatrième  partie,  Perrault,  Fitruie,  m,  3. 
Il  Frise  lisse,  celle  qui  est  unie  et  sans  sculpture. 
Il  2°  Par  extension,  les  bas -reliefs  et  les  orne- 
ments en  général,  disposés  comme  une  frise,  en 
quelque  endroit  qu'ils  soient  placés,  autour  d'un  vase, 
à  un  chambranle  de  porte  oude  cheminée.  ||  3°  Terme 
de  menuiserie.  Frises  de  parquet,  bandes  qui  sépa- 
rent les  feuilles  au  parquet.  ||  Frise  de  lambris,  pan- 
neau de  lambris  qui  a  beaucoup  plus  de  longueur 
que  d3  largeur.  ||  Terme  de  carrosserie.  Traverse  du 
haut  de  la  caisse  d'une  voiture  au-dessus  de  la  por- 
tière. Il  4°  Les  serruriers  appellent  frise  un  panneau 
long,  rempli  de  divers  ornements,  qui  se  met  à 
hauteur  d'appui  aux  ouvrages  de  fer,  tels  que  les 
rampes  d'escaliers,  les  travées  de  barreaux,  etc. 
Il  5°  Terme  de  marine.  Pièce  de  bois  plate  en  sculp- 
ture, qui  règne  sous  la  face  de  l'éperon.  Ij6°  Frise  de 
parterre,  espèce  de  plate-bande  ornée  de  buis  ou  de 
gazon.  Il  7°  S.  f.  pi.  Bandes  de  toile  placées  au  cintre 
d'un  théâtre,  pour  figurer  un  ciel  ou  un  plafond. 

—  HIST.  XVI'  s.  Au  dessus  des  testes  des  chapiteaux 
des  colonnes,  il  y  aura  un  architrave,  frise  et  corni- 
che, qui  régnera  autour  du  dit  cabinet,  palissy,  69.  X 
chapiteaux  d'albastre  et  frizes  de  crystal,  dd  Bellay, 
VI,  61,  recto.  MouUeures,  lozenges,  frize  et  comice, 
Marché  fait,  Bibl.  des  chartes,  4«  série,  t.  m,  p.  62. 

—  ÉTYM.  Espagn.  friso;  ital. /'rpjto.  Si  frise  n'est 
pas  plus  ancien  dans  le  français  que  ne  semble  l'in- 
diquer l'historique,  il  s'est  formé,  au  xv:'  siècle,  de 
l'espagnol  friso.  Mais  il  y  avait  dans  la  langue  le 
très-ancien  verbe  friser,  au  sens  de  orner  :  xu'  siè- 
cle :  La  guiche  en  fist  de  paile  ben  friser,  Ronc. 
p.  <2B.  Il  y  a  donc  lieu  de  considérer  un  même 
radical  dans  frise,  dans  friso,  dans  fregio.  Diez  pense 
que  frise  est  la  même  chose  que  fraise  4,  et,  pour 
échapper  à  la  difficulté  que  fait  l'italien  fregio,  ad- 
met que  fregio  vient  de  frise,  comme  fregioni  vient 
de  frison;  il  pense  que  la  signification  fondamen- 
tale du  radical  est  bouclé,  crépu,  et  que  ce  radi- 
cal est  germanique  :  hypothétique  dans  frisa,  fresa, 
nom  des  Frisons,  ainsi  dits,  assure-t-on,  parce 
qu'ils  étaient  bouclés ,  mais  certain  dans  le  frison 
/■risie,  l'anglais  /'rij/e,  bouclé.  Dans  ce  système,  on 
suppose  (jue  frise  et  fraise  sont  un  même  mot; 
que  fraise,  chose  bouclée,  a  pris  le  sens  d'ornement, 
et  que  l'italien  vient  du  français.  Ce  sont  beau- 
coup d'hypothèses.  Au  lieu  de  cela,  il  vaut  mieux 
s'en  tenir  à  l'ancienne  opinion  qui  voit  dans  ^rtse 
le  bas-latin  fresium,  frisium,  frigium,  phrygium, 
qui  s'est  dit  pour  broderie,  frange,  et  autres  orne- 
ments, et  qui  se  rattache  aux  phrygix  vestes,  étof- 
fes phrygiennes  de  l'antiquité.  Diez  objecte  que 
phrygium  n'a  pu  donner  enfrançais/'ri>e;  mais  les 
formes  citées  ci-dessus  du  latin  du  moyen  Age  prou- 
vent que  cette  transmutation  a  pu  se  faire.  Per- 
rault, Vitruve,  m,  3,  note  66,  rappelle  que  la  par- 
tie qui  est  entre  l'architrave  et  la  corniche  est  appe- 
lée par  les  Grecs  toophoros,  à  cause  que  cette  partie 
est  ordinairement  ornée  de  sculptures,  et  se  joint  à 
Philandre,  qui  croit  que  frise  signifie  la  même  chose, 
à  cause  du  latin  phrygio  qui  signifiait  un  brodeur. 

2.  FRISE  (fri-z'),  s.f  ||  l-  Sorte  d'étoffe  de  laine 
à  poil  frisé.  Frise  d'Espagne  et  de  Flandre,  frise  sè- 
che d'Angleterre,  frise  blanche  appelée  de  coton, 
Tarif  du  t» avril  <6B7.  ||  i'  Terme  de  marine.  Mor- 
ceaux de  laine  épaisse  qui  garnis.sent  les  sabords 
pour  empêcher  l'eau  de  pénétrer.  ||  3'  Machine  qui 


FRI 

sert  à  faire  le  ratinage  des  étoffes.   ||   Machine  pour 
friser  la  laine. 

—  HIST.  XV*  s.  Ils  y  vendent  drap  ou  la  frise,  o.- 
quillart,  p.  41,  dans  lacubne.  ||xvi's.  Et  ne  s'Ii  i 
billoit  plus  que  de  noir,  encore  estoit-ce  d'une  friio 
beaucoup  plus  grosse  qu'il  ne  la  falloit  i  porter  le 
deuil  de  sa  femme,  marg.  Nouv.  x. 

—  ÉTYM.  Friser. 

3.  FRISE  (fri-z'],  (.  f  Sorte  de  toile  venant  de  la 
Frise  en  Hollande.  Les  toiles  de  la  province  de  Frise 
ont  la  préférence  sur  toutes  les  autres  ;  on  les  nomme 
toiles  de  Frise,  ou,  simplement,  frises,  Dicl.  des 
mts  et  m.  Lingerie. 

4.  FRISE  (fri-z"),  *.  f  Terme  de  fortifications. 
Usité  seulement  en  cette  locution  :  cheval  de  frise, 
pièce  de  bois  longue  de  dix  à  douze  pieds,  et  taillée 
à  cinq  ou  six  pans  armés  de  pointes  de  fer,  qu'on 
met  en  travers  pour  boucher  une  brèche,  ou  pour 
retrancher  un  camp. 

—  ÉTYM.  Frise,  pays  où  ce  genre  de  défense  fut 
d'abord  inventé  ou  employé. 

FRISÉ,  ÉE  (fri-zé,  zée),  part,  pasti  de  friser  i. 
Il  I"  Bouclé.  Chevelure  frisée.  On  prétend  que  les 
moutons  dont  la  laine  est  trop  frisée  ne  se  portent  pas 
aussi  bien  que  les  autres,  bufp.  Quadrup.  t.  i,  p.  «47, 
dans  pocGENS.  ||  Choux  frisés,  choux  crépus  et  vert» 
qui  viennent  en  hiver.  ||  2''Garni  de  boucles.  Une  tête 
blonde  et  frisée.  ||  3"  Drap  d'or  ou  d'argent  frisé, 
drap  crêpé  et  inégal  du  côté  qu'on  nomme  l'endroit. 
Les  draps  d'or  et  d'argent,  tant  frisés  que  brochés, 
et  lames  d'or  et  d'argent  tant  plaines  que  façonnées, 
Ordonn.des  march.  de  draps  d'or,  etc.  nov.  (667, 
art.  49.  Il  4°  Terme  de  métollurgie.  Fer  frisé,  fer 
inégal  en  grosseur;  il  se  dit  principalement  du  fil 
de  fer  ou  d'archal.  ||  S"  Effleuré.  Il  a  eu  la  tête  fri- 
sée par  une  balle.  ||  6"  S.  m.  Ce  qui  est  roulé  en 
dessus  et  en  dessous.  Le  frisé  d'un  chou.  ||  7-  On 
jeune  frisé,  s'est  dit  pour  un  jeune  élégant,  un  mus- 
cadin. Quand  un  jeune  frisé,  relevé  de  moustache. 
Me  vint  prendre  et  me  dit....  régnier,  Sat.  vn. 

f  FRISÉE  (fri-zée),i.  f.  Terme  rural.  Maladie  des 
pommes  de  terre,  dont  les  feuilles  se  replient  sur 
elles-mêmes. 

—  ÉTYM.  Prise. 
tFRISELÊE(fri-ze-lée),  s.  f  Nom  donné  à  une 

maladie  des  pommes  déterre  qui  rend  la  tige  lisse, 
et  la  colore  en  brun  tirant  sur  le  vert,  legoarant. 
1.  FRISER  (fri-7.é),  v.  a.  |j  l" Donner  la  forme  de 
boucle  aux  cheveux.  Friser  ses  cheveux  aux  fers,  au 
fer,  avec  des  fers,  avec  le  fer.  Fer  à  friser.  Il  Friser 
quelqu'un,  lui  friser  les  cheveux.  Se  faire  friser  par 
un  coiffeur.  Un  laquais  de  la  maison  qui  avait  pris 
de  l'amitié  pour  moi  me  frisa;  j'avais  d'assez  beaux 
cheveux,  mariv.  Pays.  parv.  \"  part.  ||  Se  fl-iser. 
friser  à  soi.  Se  friser  la  moustache.  ||  Fig.  Un  bel 
esprit  méprise  une  histoire  nue;  il  veut  l'habiller,  l'or- 
ner de  broderie,  la  friser,  FÉN.  t.  xxi,  p.  232.  ||  i*  Fri- 
ser le  poil  de  certaines  étoffes.  Friser  de  la  ratine, 
du  drap.  ||  3*  Friser  une  serviette,  la  plier  de  façon 
qu'elle  fasse  de  petites  ondes.  ||  4"  Terme  d'horloge- 
rie, ôter  la  petite  pointe  des  dents  des  roues. 
11  5"  Terme  de  danse.  Friser  la  cabriole,  agiter  les 
pieds  avec  vitesse  tandis  qu'on  est  en  l'air.  ||  6*  Fig. 
et  familièrement.  Raser  la  surface,  effleurer  en  pas- 
sant, ne  toucher  que  superficiellement,  comme  fait 
le  friseur  quand  il  frise.  La  balle  lui  a  frisé  le 
bras.  Il  frise  le  bord  des  précipices  et  passe  les  mau- 
vais ponts  avec  une  assurance  admirable,  balz. 
liv.  vu ,  lett.  38.  Maints  coups  perdus  frisent  l'o- 
reille, scARR.  Yirg.  v.  Progné  me  vient  enlever  les 
morceaux.  Caracolant,  frisant  l'air  et  les  eaux.  Elle 
me  prend  mes  mouches  à  ma  porte,  la  pont.  Fabl. 
X,  7.  Comme  le  mouvement  des  roues  était  fort  ra- 
pide, et  qu'il  fallait  friser  le  but  en  tournant,  pour 
peu  que  l'on  manquât  à  prendre  le  tour,  le  chariot 
était  mis  en  pièces  et  celui  qui  le  conduisait  pou- 
vait être  dangereusement  blessé,  eollin,  Uist.  anc. 
Ût'ut).  t.  V,  p.  84 ,  dans  pohgens.  ||  Friser  quel- 
qu'un, passer  fort  prés  de  lui.  ||  Terme  de  musique. 
Passer  légèrement  l'archet  sur  la  corde  d'un  in- 
strument, la  toucher  finement.  ||  Terme  de  jeu  de 
paume.  Friser  la  corde,  se  dit  de  la  balle  quand, 
passant  très-peu  au-dessus  de  la  corde,  il  s'en  faut 
de  très-peu  qu'elle  ne  soit  arrêtée  dans  le  filet  ou 
que  le  coup  ne  soit  perdu,  {j  Fig.  Friser  la  corde,  être 
bien  près  de  subir  quelque  perte.  L'abbé  de  Gama- 
ches  mourut  en  la  peine  |de  devenir  cardinal],  après 
avoir  frisé  la  corde  d'êtr»  rappelé  et  disgi-acié,  st- 
siu.  354,  «et.  Nous  étions  trente  et  un,  .M.  Bailly 
a  eu  quinze  voix,  et  M.  de  Condorcet  seize  :  Il  a 
frisé  la  corde,  disait  M.  d'Alembert,  la  habpe,  Cor- 
resp.  t.  m,  p.  3<  2,  dans  fohgens.  ||  7*  Courir  de  tri>s- 
près  le  risque  de.  Elles  (Mme»  de  Mairtonoii  el  îles 


m 

s 
Ursii]  juièreiiDa  perle  ilc  ce  pritjce  [duo  d'Orléans]; 
Il  se  peut  dire  qu'il  la  frisa  de  bien  près,  st-sim. 
S»2,  197.  Il  Friser  la  c^rde,  se  dit  de  quelqu'un  qui 
court  le  risque  d'être  pendu.  ||  Approcher  de.  Ces 
odes-là  frisent  bien  Iç  Perrault,  J.  b.  hodss.  Ép.  ii, 
î.  Il  Friser  l'impertinent,  se  montrer  presque  tel. 
Au  fond  les  airs  que  je  me  donne  Frisent  l'imperti- 
nent, le  sufSsant,  le  fat,  destol'ches,  Glor.  ii,  ». 
Il  Friser  la  quarantaine,  la  cinquantaine,  avoir  bien 

firès  de  quarante,  de  cinquante  ans.  ||  8°  V.  n.  Être 
nsé.  Ses  cheveux  frisent  naturellement.  ||  9*  Terme 
d'imprimeur.  Faire  paraître  les  caractères  double- 
Kent  imprimés  sur  la  feuille;  grand  défaut  dans 
l'impression.  |{  10°  Une  corde,  dans  un  instrument 
de  musique,  est  dite  friser  quand  la  vibration  en 
est  troublée  par  un  contact  avec  un  corps  étranger 
ou  par  quelque  chose  de  semblable,  par  exemple  la 
détoision  du  boyau  ou  des  spirales  de  cuivre  qui 
l'entourent  dans  les  cordes  basses  du  piano,  ou 
quand  eile  fait  des  vibrations  assez  grandes  pour 
sonner  sur  la  touche  ou  sur  la  corde  voisine. 
Il  11"  Se  dit  de  l'action  du  sucre  raffiné  ou  candi, 
lorsqu'il  se  précipite  en  cristaux  menus.  ||  12°Terme 
de  relieur.  Il  se  dit  de  l'or  qui  devient  inégal.  Le 
plus  léger  des  plis  est  préjudiciable;  Au  lieu  de  se 
brunir,  l'or  frise  et  se  guilloche,  lesné,  la  Reliure, 
p.  62.  Il  13°  Terme  de  jeu  de  paume.  Ils  la  touchent 
I  la  paume]  eu  biaisant  de  leur  raquette,  ce  qu'ils 
nomment  couper  ou  friser,  desc.  Viopt.  i.  \\  14°  Se 
friser,  v.  réfl.  Être  frisé.  Ses  cheveux  se  frisent  fa- 
cilement. Il  Se  faire  une  frisure.  Se  parfume,  se 
frise,  et  de  façons  nouvelles  Veut  avoir  par  le  fard 
du  nom  entre  les  belles,  hégnier,  Sat.  v.  Elle  ne 
voudra  pas  condamner  par  un  exemple  contraire 
les  veuves  qui  commencent  à  se  friser,  balz.  liv.  vu, 
lett.  6.  Il  15°  Terme  de  vétérinaire.  Se  friser,  se  dit 
du  cheval  qui,  en  marchant,  touche  incessamment 
avec  le  pied  qui  est  en  l'air  le  pied  qui  est  sur  le  sol. 
]|  16°  Se  friser,  passer  fort  près  l'un  de  l'autre.  Ils 
se  sont  frisés  dans  la  rue. 

—  HlST.  XVI*  s.  Sous  l'oeil  palle  de  la  nuict  J'ay 
fait  ma  course  première,  Frizant  la  mer,  qui  reluit 
Sous  la  tremblante  lumière,  du  bellay,  h,  37,  recto. 
Je  vous  promets  et  voue,  à  la  mode  romaine,  Im- 
moler trois  aigneaux  frisez  de  noire  laine,  id.  m, 
69,  recto Ains  que  du  premier  poil  la  toison  co- 
lorée Eust  frizé  son  menton  d'une  barbe  dorée,  iD. 
IV,  72,  verso.  En  mille  crespillons  les  cheveux  se 
iriser,  id.  vi,  27,  recto.  Adieu  le  seing  de  friser  les 
cheveux,  id.  vu,  55,  recto.  Ils  recourent  en  moque- 
rie ce  qu'ils  avoient  pris  au  commencement  en  ad- 
miration, assavoir  qu'on  leur  donneroit  en  brief  un 
nouveau  roi  bien  frisé,  qui  les  meltroit  au  siècle 
d'or,  u'aub.  Hist.  m,  288.  Mesmes  les  plus  frisez  de 
la  cour,  desarmez,  meprisans  tout  péril,  se  trou- 
voient  souvent  aux  tranchées,  castelnau,  <b7.  La 
conqueste  de  la  duché  de  Luxembourg  qui  fut  raf- 
flée  et  frisée  en  un  rien,  brant.  Cap.  fr.  t.  i, 
p.  404.  Il  n'y  a  personne  qui  ne  sache  que,  sans 
sa  belle  conduite  [du  connétable  de  Montmorenci]  au 
camp  d'Avignon,  l'empereur  frisoit  [conquérait]  la 
Provence,  id.  ib.  t.  ii,  p.  (22. 

—  ÉTYM.  Esp.  frisar,  friser  les  draps.  Il  est  pro- 
bable que  ce  mot  vient  d'un  radical  germanique  : 
frison,  frisle;  angl.  frisle,  crépu;  si  cependant  on 
pensait  que  le  sens  de  boucler  y  est  détourné  et 
que  le  sens  primitif  est  orner,  voy.  frise  4. 

2.  FRISER  (tri-zé),  1).  o.  Terme  de  marine.  Fri- 
ser les  sabords,  les  border  d'une  bande  de  laine, 
pour  empêcher  que  l'eau  n'y  entre,  lorsqu'on  cal- 
fate un  vaisseau. 

—  ÊTYM.  Frise  %. 

t  <.  FRISETTE  (fri-zè-f),  «.  (.  Terme  de  com- 
merce. Étoffe  mi-partie  laine  et  coton  qui  se  fa- 
briquait en  Hollande. 

—  ÊTVM.  Diminutif  de  frise  î. 

t  2.  FRISETTE  (fri-zè-t'),  ».  f.  Mot  enfmlin.  Pe- 
tite boucle  de  cheveux  frisés. 

—  ETYM.  Friser  \. 

+  1.  FRISEUR  (fri-zeur),  s.  m.  Se  dit  quelquefois 
pour  coifTeur. 

—  ÊTYM.  Friser. 

f  FRISOia  (lri-/.oir),  s.  m.  Pince  à  friser  les 
clievtux. 

—  ÉTYM.  Friser  «. 

t  (.  FRISON  (fri-zon),  ».  m.  ||  1°  Terme  familier. 
Chacune  des  boucles  d'une  frisure.  ||  2°  Ondulation 
en  couleur  sur  le  papier  que  l'on  marbre.  ||  3°  Au 
plur.  Nom  donné  à  la  matière  grossière  qui  sert  de 
première  enveloppe  aux  cocons  et  qu'on  enlève 
quand  on  ne  veut  prendre  sur  le  cocon  que  la  telle 
et  bonne  soie.  Cardeuses  de  frisons  de  soie.  ||  Débris 
uu  lilaluru  et  de  décoconnage;  on  y  met  aussi  les 


FRl 

cocons   percés.  ||  4°  Au  plur.   Rognures  de  tôle. 
Il  Rebut  de  ohiflon. 

—  ÉTYM.  Friser  { . 

t  2.  FRISON  (fri-zon),  s.  m.  Nom  d'une  ancienne 
étoffe  de  laine.  Fri.son  d'Angleterre,  la  pièce  de 
13  aunes.  Tarif  du  48  avril  1667. 

—  ÉTYM.  Frise  2. 

f  3.  FRISON  (fri-zon),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Pot  de  terre  ou  de  métal  pour  conserver  la  boisson. 

t  4.  FRISON,  ONNE  (fri-zon,  zo-n')  s.  m.  et  f. 
Habitant  de  la  Frise.  ||  Le  frison,  idiome  des  an- 
ciens Frisons,  parlé  encore  dans  la  West-Frise  et 
les  lies  de  l'Ost-Frise. 

—  ÉTYM.  D'après  Grimm,  Gramm.  3*  édit.  t.  i, 
p.  408,  ce  nom  veut  dire  bouclé,  et  a  été  donné  au 
peuple,  parce  qu'il  avait  les  cheveux  bouclés;  mais, 
dans  l  tlist.  de  la  langue  ail.  p.  669,  il  révoque  en 
doute  cette  étymologie  (voy.  frise  t). 

FRISOTTÉ,   ÉE    (fri-zo-té,  tée  ) ,  part,  passé 

de  frisotter Votre  poil  ....  Plus  qu'un  chardon 

frisotté,  RÉGNIER,  Mac. 

FRISOTTER  (fri-zo-té),  v.  a.  Friser  souvent  et 
par  petites  boucles.  Elle  est  toujours  à  frisotter  sa 
fille.  Il  Se  frisotter,  v.  réfl.  Elle  perd  bien  du  temps 
à  se  frisotter. 

—  REM.  L'Académie  n'est  pas  conséquente  dans 
l'orthographe  de  ces  fréquentatifs,  écrivant  cligno- 
ter, tripoter  par  un  seul  (,  et  baisotter,  frisotter,  etc. 
par  deux  tt. 

—  HlST.  XVI'  s.  D'un  peigne  d'yvoire  blanc  Friso- 
toient  leurs  tresses  blondes,  bons.  625. 

—  ÊTYM.  Fréquentatif  de  friser. 

I  FRISQUE  (fri-sk'),  adj.  Vif  et  pimpant.  Dix 
jeunes  femmes....  Frisques,  gaiillardes,  attrayantes, 
LA  FONT.  Cord. 

—  HlST.  xv  s.  Et  le  roi  même  ne  se  put  tenir  de 
la  regarder;  et  bien  lui  estoit  avis  qu'onques  n'avoit 
vu  si  noble,  si  frisque,  ni  si  belle  de  li  [qu'elle], 
FBOiss.  1,  I,  ICB.  Je  vous  souhaite,  entre  vous  gens 
de  mer,  Qui  avez  chaut  dedenz  vostre  galée.  De  ce 
bon  vin  frisque,  friant  et  cler.  Dont  à  la  cour  est 
ma  gueule  arrousée,  eust.  descii.  Poésies  mss.  f"  19. 
Tel  est  bien  paré,  frisque  et  gent.  Qui  ne  sçait  ne 
croix  ne  pille,  coquillart,  p.  174,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  friscus ,  de  l'allem.  frisch , 
frais  (voy.  frais  4). 

t  FRISQUET,  ETTE  (fri-skè,  skè-t'),  adj.  Se  dit 
populairement  d'un  petit  froid  vif  et  piquant.  Il  fait 
frisquet.  L'air,  le  temps  est  frisquet. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  frisque,  qui  dérive  de  l'al- 
lemand frisch,  frais. 

FRISQUETTE  (fri-skè-f),  ».  f  Terme  d'impri- 
merie. Pièce  de  la  presse  à  bras  que  les  impri- 
meurs abaissent  sur  la  feuille,  pour  la  maintenir 
sur  le  tympan,  et  pour  que  les  marges  et  les  blancs 
ne  soient  pas  maculés.  ||  Terme  de  fabricant  de  car- 
tes à  jouer.  Châssis  taillés  selon  les  figures  et  les 
couleurs  séparées  qu'on  veut  appliquer  sur  les 
cartes  au  moyen  de  la  brosse. 

—  ÉTYM.  Peut-être  le  précédent,  frisquet,  un  peu 
frais, parce  que  la  frisquette  conserve  la  fraîcheur 
de  la  feuille. 

FRISSON  (fri-son),  s.  m.  \\  1°  Contraction  subite 
et  passagère  de  la  peau  et  des  fibres  supei-ficielles 
des  plans  musculaires,  accompagnée  d'un  senti- 
ment plus  ou  moins  marqué  de  froid.  Être  dans 
le  frisson  de  la  fièvre.  {|  Par  extension,  léger  mou- 
vement d'une  chose  qui  tremble.  Le  sismographe 
a  signalé  un  frisson  continuel  du  sol  avec  des  se- 
cousses de  tremblement  de  terre.  Au  frisson  d'une 
feuille  il  est  prêt  à  s'enfuir,  andrieux,  dans  le  Dict. 
de  poitevin.  |{  2°  Fig.  Vif  saisissement  de  terreur, 
d'horreur.  Rien  que  d'y  penser  j'en  ai  le  frisson.  Et 
pelle,  sans  haleine,  interdite,  éperdue,  Un  frisson 
me  saisit,  je  tremble,  je  me  meurs,  boil.  Longin, 
vui.  Il  II  se  dit  aussi  des  émotions  agi-éables.  Sentir 
un  doux  frisson. 

—  HlST.  xii*  s.  Rolant  le  voit,  si  fut  en  giant  fri- 
son, Konc.  p.  88.  Il  XIII"  s.  Si  en  avoit  moult  grant 
friçon,  Ken.  (389.  iune  part  iras  tous  sens  [seul]. 
Lors  te  vendront  soupirs  et  plaintes,  Friçons  et  au- 
tres dolors  maintes,  la  Rose,  2286.  ||  xvi«  s.  Quand 
je  vous  touche,  ou  quand  je  pense  en  vous,  D'une 
frisson  tout  le  cœur  me  frétille,  rons.  53.  Les  uns 
[accès]  viennent  avec  frissons,  les  autres  avec  hor- 
reur, autres  avec  rigueur....  pari!,  xx,  <8. 

—  ÉTYM.  Wallon,  fruiion;  namur.  frûjon,frijon; 
du  bas-latin  frictionem  qui  a  eu  ce  sens  (illas  quas 
vulgo  frictiones  vocant,  greg.  turon.  De  vitis  pa- 
trum,  cap.  «) .  Du  Cange  regarde,  avec  raison,  fric- 
tio  en  ce  sens  comme  l'équivalent  de  frigitio,  mot 
fictif  tiré  de  frigere,  avoir  froid.  C'est  pour  cela  que 
frisson,  dans  l'ancienne  langue,  est  féminin. 


FRl 


r<r83 


t  FRISSONNANT,  ANTE  (fri-so-nan,  r.an-t'),  odj. 
Qui  frissonne.  Et  les  roulements  sourds  des  tam- 
bours résonnants  Font  errer  à  longs  Ilots  sur  nos 
places  émues  Tous  les  citoyens  frissonnants,  cilb. 
Sur  la  mort  de  Louis  XV.  {|  Qui  éprouve  un  léger 
tremblement,  en  parlant  des  choses.  L'onde,  la 
feuille  frissonnante. 

FRISSONNEMENT  (fri-so-ne-maD),s.  m.  ]\  1°  Ac- 
tion de  frissonner.  Le  premier  frissonnement  de  la 
fièvre.  Il  2"  Frémissement  causé  par  l'émotion.  Ils 
[ses  yeux]  étaient  animés  et  remplis  d'attendrisse- 
ment; mais  cet  attendrissement  jetait  dans  tout 
mon  corps  un  frissonnement  d'horreur  et  de  crainte, 
VOLT.  Lett.  d'Amabed,  4.  Un  frissonnement  inexpri- 
mable s'empara  d'Oswald  à  ce  spectacle,  stael,  Co- 
rinne, i,  4.  Je  ne  sais;  on  ne  peut  sans  des  frisson- 
nements De  la  nature  en  eux  voir  les  renversements, 
lemebc.  Charles  YI,  il,  7. 

—  SYN.  FRISSON,    FRISSONNEMENT.    CeS  dcUX  mOlS 

sont  voisins,  ne  différant  que  par  un  suffixe.  Le 
frisson  est  l'état  même  de  celui  qui  frissonne  ;  le 
frissonnement  est  l'acte  par  lequel  on  frissonne. 
Aussi  frisson  désigne  quelque  chose  qui  se  prolonge, 
tandis  que  frissonnement  ne  signifie  qu'un  acte  et 
par  conséquent  quelque  chose  qui  peut  ne  pas  se 
prolonger.  On  dira  :  une  fièvre  intermittente  se  ca- 
ractérise par  le  frisson,  la  chaleur  et  la  sueur,  et 
non  par  le  frissonnement,  la  chaleur  et  la  sueur. 

—  HlST.  XVI' s.  Entre  les  signes  des  fièvres  inter- 
mittentes, l'horreur,  la  rigueur  ou  le  frissonnement, 
avec  la  froideur  ou  refroidissement  tiennent  le  pre- 
mier lieu,  PARÉ,  XX,  20. 

—  ÉTYM.  Frissonner. 

FRISSONNER  (fri-so-né),  t).  n.  ||  1°  Avoir  le  fris- 
son. La  fièvre  va  le  prendre,  il  commence  à  frisson-  ' 
ner.  ||  Avoir  le  frisson  parce  qu'on  est  exposé  au 

froid Il  n'en  peut  presque  plus.  Transi  de  froid, 

immobile,  perclus,  Claque  Tles  dents,  se  plaint, 
tremble  et  frissonne,  la  font.  Orais.  \\  2°  Éprouver 
un  léger  tremblement,  en  parlant  des  choses.  Les 
feuilles  frissonnent.  ||  3°  Éprouver  un  frémissement 
d'émotion.  Mon  âme  cependant  de  colère  frissonne, 
RÉGNIER,  Sat.  XI.  Mes  esprits  éperdus  frissonnent 
de  terreur,  m.  Sonn.  rel.  i.  Mais  d'un  si  grand 
dessein  tout  mon  cœur  qui  frissonne....  corn.  Sertor 
IV,  3.  Cette  pensée  me  fait  frissonner,  sÉv.  396. 
D'où  vient  que  je  frissonne  T  bac.  Andr.  v,  6. 
D'une  secrète  horreur  je  me  sens  frissonner,  id. 
Iphig.  Il,  3.  J'aime....  ï  ce  nom  fatal,  je  tremble, 
je  frissonne,  id.  Phèd.  i,  3.  ||  Éprouver  un  frémis- 
sement de  terreur.  Avançons  hardiment  ;  tout  le 
corps  me  frissonne,  corn.  l'Illus.  com.  ii,  7.  Hé- 
las I  sans  frissonner  quel  cœur  audacieux  Soutien- 
drait les  éclairs  qui  partaient  de  vos  yeux  ?  bac. 
Eslh.  II,  7.  Le  récit,  quand  la  nuit  est  noire.  Fait 
frissonner  les  assistants,  bérano.  Ch.  et  laitière. 
Il  Éprouver  un  frémissement  d'admiration.  Ces  ti- 
rades de  Corneille  qui  font  frissonner,  sÉv.  4  26.  ||I1 
se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  mST.  XV"  s.  En  mon  pays  suis  en  terre  loin- 
taine; Lez  un  brasier  friçonne  tout  ardent,  eu. 
d'orl.  Bail.  <07.  Il  XVI"  s.  Toute  frissonnante  et 
d'une  main  mal  assurée,  elle  appuya  la  pointe  sur 
sa  blanche  poitrine,  yver,  p.  542.  Mon  poil  au  chef 
se  frissonne  et  se  dresse,  bons,  i  56.  Nul  d'entre 
nous  ne  se  peult  vanter,  quelque  voyage  qu'il  face 
à  son  souhait,  qu'encore,  au  despartir  de  sa  fa- 
mille et  de  ses  amis,  il  ne  se  sente  frissonner. le 
courage,  mont,  i,  269. 

—  ÉTYM.  Frisson;  wallon,  fruii;  namur.  frujt. 
FRISURE  (fri-zu-r'),  s.  f  ||  1°  Façon  de  friser.  Si 

peu  que  l'esprit  des  femmes  s'élevAt  au-dessus  do 
la  préoccupation  des  modes,  elles  auraient  bientôt  un 
grand  mépris  pour  leurs  frisures,  FÉN.t.  xvii,p.  86. 
On  voyait  cet  officier  général  de  soixante  ans,  assis 
sur  un  tronc  d'arbre  couvert  de  neige,  s  occuper 
avec  une  imperturbable  gaieté,  dès  que  le  jour  re- 
venait, des  détails  de  sa  toilette  ;  au  milieu  de  cet 
ouragan,  il  faisait  parer  sa  tête  d'une  frisure  élé- 
gante et  poudrée  avec  soin,  se  jouant  ainside  tous 
les  malheurs  et  de  tous  les  éléments  déchaînés  qui 
l'assiégeaient,  sÈovR,  Uist.  de  Nap.  xi,  40.  ||Par 
extension.  Ces  deux  oiseaux  ne  difierent  entre  eux 
que  par  la  frisure  des  plumes,  buff.  Oi».  t.  vni, 
p.  (21,  dans  pooGENS.  ||  Fig.  L'amour  de  la  nou- 
veauté avait  amené  dans  le  style  la  frisure,  la  dé- 
coupure ;  nous  voulons  dire  les  jeux  de  mots,  les 
antithèses,  les  allusions,  le  style  sautillant,  Mém. 
de  Trévoux,  dans  le  Dict.  de  docuez,  au  mot  style. 
Il  2°  Chevelure  frisée.  Le  vent  a  dérangé  sa  frisure.  Jfl 
suis  savant,  je  m'en  pique,  Et  tout  le  monde  lésait; 
Je  vis  de  métaphysique,  De  légumes  et  de  lait;  J'ai 
reçu  de  la  nature  Une  figure  à  bonbon  :  Ajoutez-y 


1784 


FRI 


ma  frisure,  Et  je  suis  monsieur  Neigeon,  la  harpe, 
Corresp.  lett.  8».  i|  8°  Façon  donnée  au  poil  de 
certaines  ctoffes  de  laine,  draps,  ratines,  où  l'on 
forme  le  poil  frisé  en  petits  grains.  ||4°  Kild'orou 
d'argent  qu'on  emploie  dans  certaines  broderies. 

lllST.  xvr  s.  Il  en  avoit  la  parole  et  le  teint, 

[,a  belle  taille  et  la  frizure  blesme  De  ses  cheveux, 
c'cstoit  Mercure  mosme,  ou  bellay,  iv,  22,  recto. 
Los  marques  et  signes  qui  descouvrent  les  hommes 
aspres  et  choleres,  vous  les  verrez  imprimez  sur  les 
visages  des  serviteurs,  des  frisures  et  esgratignures, 
?t  aux  fers  qu'ils  auront  aux  pieds,  amyot,  Comm. 
refréner  la  colère,  40. 

—  ÉTYM.  Friser. 

FRIT,  TE  (fri,  fri-t'),  part,  passé  de  frire.  Du 
poisson  frit.  Où  la  tripaiUe  est  frite  en  cent  sortes 
de  mets,  Régnier,  Sat.  x.  ||Fig.  Cet  homme  est 
frit,  il  est  perdu  sans  ressources.  ||  Tout  est  frit, 
tout  est  mangé,  dissipé. 

t  FRITEAU  (fri-tô) ,  s.  m.  Terme  de  cuisine.  Ma- 
nière d'apprêter  certains  mets,  en  les  faisant  frire  en- 
tourés de  pâte.  Poulet  en  friteau.  Friteau  do  poulet. 

—  HIST.  xiir  s.  La  sele  qui  cl  cheval  fu  Estoit 
faite  d'un  mol  menger;  De  roissoles  fu  li  penneax. 
Les  cstrivieres  de  friteax  ,  Bataille  de  carême  et 
charnage. 

—  ÉTYM.  Frit. 

t  FRITEUR  (fri-teur),  s.  m.  Chez  les  traiteurs 
do  Paris,  cuisinier  qui  est  chargé  spécialement  des 
fritures.  |)  Kriteur,  friteuse,  marchand,  marchande 
qui  vend  aux  ouvriers  des  choses  frites,  pommes  de 
terre,  saucisses,  etc. 

—  ÉTYM.  Frire. 

FRITILLAIRE  (fri-til-lè-r'),  s.  f.  ||  1°  Genre  de 
plantes  liliacées  dont  la  fleur  ressemlile  par  sa 
forme  à  celle  de  la  tulipe,  et  dont  les  bulbes  à  écail- 
les charnues  renferment  un  principe  acre  et  drasti- 
que. Il  2"  Espèce  de  papillon. 

—  f.TYM.  Lat.  fritilhis,  cornet  à  jouer  aux  dés  ; 
la  plante,  est  ainsi  dite  de  la  forme  du  périanthe, 
qui  ressemble  à  un  cornet  renversé. 

t  FRITTAGE  (fri-ta-j'),  s.  m.  Action  de  réduire 
en  fritte. 

—  ETYM.  Fritler. 

FRITTE  (fri-f),  s.  f.  Il  1°  Terme  de  verrerie.  Mé- 
lange de  substances  terreuses  et  de  substances  sa- 
lines auquel  on  a  fait  éprouver  un  commencement 
de  fusion  pour  en  former  le  verre.  On  sait  que  les 
porcelaines  de  France  ne  sont  faites,  ainsi  que  celles 
d'Angleterre,  qu'avec  des  frittes,  c'est-à-dire  avec 
des  pierres  infusibles  par  elles-mêmes  auxquelles  on 
fait  prendre  un  commencement  de  fusion  en  y  joi- 
gnant une  quantité  de  sel  plus  ou  moins  considé- 
rable, R*YNAi.,  Hist.  phil.  V,  27.  Il  Action  de  cuire  ce 
mélange.  ||  Le  temps  employé  à  la  cuisson  du 
verre.  ||  2"  Sorte  de  calcination  qu'on  fait  subir  à 
l'acétate  de  soude  pour  y  détruire  une  certaine 
quantité  de  goudron  qui  résulte  de  la  carbonisation 
du  bois  pendant  la  préparation  de  ce  sel.  ||  3°  Terme 
de  minéralogie.  Substances  diverses  qui  sont  le  pro- 
duit d'une  vitrification  imparfaite,  naturelle  ou  ar- 
tificielle, ou  du  moins  qui  en  offrent  l'apparence. 
Il  4°  Dans  certaines  usines  on  donne  le  nom  de 
frittes  aux  scories. 

—  ETYM.  Frit. 

t  FRITTER  (fri-té),  e.  a.  Exposer  les  mélanges 
vitrifiables  à  la  calcination. 

—  ETYM.  Fritte. 

t  FRITTEUX,  EUSE  (fri-teù,  teû-z'),  adj.  Qui  a 
de  la  ressemblance  avec  les  frittes,  comme  la  plu- 
part des  matières  vomies  par  les  volcans. 

—  ÉTYM.  Fritte. 

j  FRITTIER  (fri-tié) ,  s.  m.  Ouvrier  qui  fritte  le  verre. 

FRITURE  (fri-tu-r'),  s.  f.  ||  f  Action,  manière  de 
frire.  L'huile  est  bonne  pour  la  friture.  Friture  au 
beurre.  ||  2"  La  graisse  ou  le  beurre  fondu  qui  sert 
à  frire.  Réformez  les  règles  de  votre  cuisine;  n'ayez 
ni  roux  ni  friture,  i.  i.  houss.  Ém.  i.  ||  3°  Plat  de 
poissons  frits.  Friture  de  goujons. 

—  HIST.  XIV  s.  Us  cheent  [tombent]  tout  droit  ou 
fond  de  la  paelle  où  le  deable  fait  les  fritures  d'en- 
fer, iténagier,  i,  3.  Pastés  de  chappons  gras,  frit- 
turcs,  ih.  II,  4. 

—  ÉTYM.  Frire;  prov.  frichura,  fregidura  ;  esp. 
fritura  ;  ital.  frittura. 

t  IRITURIER  (fri-tu-rié),  s.  m.  Terme  de  cui- 
sine. Cuisinier  qui  tait  les  fritures.  ||  Marchand  de 
poisson  frit. 

—  ÉTYM.  Friture. 

FRIVOLE  (rri-vo-r),a(fj.  ||  1°  Léger  et  de  peud'im- 
roit.%nco.  Anair.onients  frivoles.  Il  [Dieu]  entend  vos 
paroles.  Et  ce  n'est  pas  un  dieu  commevos  dieux  fri- 
>olos,  Insensibles  et  sourds...  corn.  l'o/y.iv.s.  N'es- 


FRl 

père  point  de  joie,  fl  mon  cœur,  que  frivole.  N'en  es- 
père aucune  ici-bas.  Qu'en  ce  grand  Dieu  de  qui  le 
bras  Soutient  l'humble  et  le  pauvre  et  partout  le  con- 
sole, ID.  Imit.  m,  10.  Le  sage  est  ménager  du  temps 
et  des  paroles  ;  Ayant  donc  mis  à  part  les  entretiens 
frivoles....  LA  FONT.  Fabl.  viii,  26.  Jamais  docteur 
armé  d'un  argument  frivole  Ne  s'enroua  chez  eux 
sur  les  bancs  d'une  école,  boil.  Sat.  vin.  Je  perds 
trop  de  moments  en  des  discours  frivoles,  kac. 
Iphig.  ui,  7.  Mais  je  sais  rejeter  un  frivole  artifice,  id. 
Phèdre,  iv,  4.  Je  veux,  pour  vous,  pre^idre  un  ton 
moins  frivole  :  Corinne,  il  fut  des  anges  révoltés;  Dieu 
sur  leur  front  fait  tomber  sa  parole,  Et  dans  l'abîme 
ils  sont  précipités,  bérang.  Ange  exilé.  ||  Qui  ne  mé- 
rite point  de  confiance.  Mais  pour  vous  mieux  êter 
cette  frivole  crainte,  corn.  Sertor.  ii,  2.  Ne  m'au- 
riez-vous  rempli  que  d'un  espoir  frivole?  ID.  Sertor. 
IV,  3.  Mais,  ô  d'un  déjeuner  vaine  et  frivole  attente  I 
BoiL.  Lutr.  IV.  Je  ne  vous  ferai  point  de  reproches 
frivoles,  rac.  liajai.  v,  4.  De  ton  frivole  espoir  es- 
tu  désabusé?  in.  Athal.  v,  6.  ||  2°  En  parlant  des 
personnes,  qui  ne  se  plaît  qu'aux  choses  légères  et 
sans  importance.  L'animal  [le  peuple  d'Athènes]  aux 
têtes  frivoles.  Etant  fait  à  ces  traits,  ne  daignait 
l'écouter,  la  font.  Fabl.  viii,  4.  Un  esprit  frivole  et 
superficiel  qui  brille  par  quelques  saillies  heureuses, 
MA  IRAN,  Éloges,  card.  de  Fleury.  Pour  nous  con- 
soler de  nos  innombrables  misères,  la  nature  nous  a 
faits  frivoles,  volt.  Dicl.  phil.  Frivolité.  Il  n'y  a 
que  la  vanité  qui  rende  frivole,  stael,  Corinne,  iv, 
3.  Jamais  cette  troupe  frivole,  Qui  passe  en  riant 
devant  moi.  N'aura  besoin  qu'une  parole  Lui  dise  : 
je  pleure  avec  toi,  lamabt.  Harm.  i,  9.  ||  3°  S.  m. 
Ce  qui  est  frivole.  Que  sais-je  même  si  les  circon- 
stances de  leur  mort....  n'ont  pas  dû  vous  faire  sentir 
encor  plus  vivement  le  frivole  de  tout  ce  qui  passe  ? 
MASS.  Carême,  Mot.  de  conv.  Le  grand,  le  soÛde  de 
la  rehgion  prend  la  place,  dans  un  bon  esprit,  de 
tout  le  frivole  qui  l'avait  amusé,  m.  tb.  Le  goût 
du  frivole ,  qui  nous  avait  fait  d'abord  applaudir, 
dès  que  l'âge  ne  l'excuse  plus,  nous  rend  à  la  fin 
méprisables,  id.  ib.  Sa  liaison  [de  d'Antin]  avec 
la  duchesse  de  Bourgogne  passait  le  jeu  et  le  fri- 
vole, ST-siM.  206 ,  22.  Je  VOUS  voîs  réduite  à  la 
dissipation  de  la  société;  et,  dans  le  fond  du  cœur, 
vous  en  sentez  tout  le  frivole,  volt.  Lett.  Urne  du 
Deffant,  s  mars  I76». 

—  SYN.  FRIVOLE,  FUTILE.  Ce  sont  deux  adjectifs 
dérivés  du  latin  et  qui,  dans  la  langue  originelle,  ont 
pour  sens  propre  l'un  le  sens  de  frêle,  l'autre  le 
sens  de  ce  qui  se  répand  et  se  perd.  De  là  dérive  la 
distinction:  ce  qui  est  frivole  a  peu  de  valeur  sans 
doute,  mais  en  a  une  certaine,  exprimant  quelque 
chose  de  léger,  et  qui  peut  plaire  par  cette  légèreté 
même,  au  lieu  que  futile  n'a  aucune  valeur. 

—  HlST.  xiii'  s.  Ta  parole  ne  soit  frivole,  mais 
toutefoiz  soit  ele  ou  por  penser  ou  por  enseignier 
ou  por  commander,  BRUN,  latini.  Trésor,  p.  348.  Li 
convient  maintenant  dire  celé  propre  raison  porquoi 
il  cuide  avoir  droit  en  sa  question;  car,  se  ilneledeist, 
sa  delTense  seroit  frivole,  id.  tb.  p.  480.  Maint  mau- 
vais mot,  mainte  frivole  Plus  tost  de  la  bouche  lui 
vole,  Guersai.  ||  xiv  s.  Ceste  crainte  laquelle  par 
aventure  est  vaine  et  fervole,  bebcheure,  f.  29, 
recto.  Cestes  choses  propousées  par  ledit  tribun  fu- 
rent réputées  vaines  et  frivoles  par  le  peuple,  id. 
f°  82,  verso.  Si  disent  li  vulgal  [le  vulgaire]  du  bois 
desoubz  le  mont.  Que  Girart  le  sema;  mais  ce 
m'annuie  mont  [moult]  ;  Car  leur  opinion  si  est 
fausse  et  frivole,  Girart  de  Boss.  v.  349.  {|  xvi*  s. 
Chose  vaine  et  frivole  que  l'humaine  prudence  ! 
MONT.  I,  130.  En  tes  ditz  et  parolles  n'y  a  sinon 
mensonges  et  frivolles,  palsghave,  p.  8,'i). 

—  ÉTYM.  Prov.  frevol,  freol,  freul  ;  anc.  cat.  fre- 
vol;  esp.  et  ital.  frirolo;  du  lat.  /'nïo/ui.Festus  dé- 
finit frivola  par  fictitia  quassa,  des  vases  fêlés,  et 
il  ajoute  :  unde  dicta  verba  frivola  quœ  minus  sunt 
fide  siibnixa. 

t  FRIVOLEMENT  (fri-vo-le-mah),  adv.  D'une 
manière  frivole. 

—  ÉTYM.  Frivole,  et  le  suffixe  ment;  prov.  fre- 
volmen;  espagn.  frirolamcnte. 

i  FRIVOLET,  ETTE  (fri-vo-lè,  lè-t'),  adj.  Dimi- 
nutif de  frivole.  Rendez-nous  donc  votre  présence. 
Galant  prieur  de  Trigolet,  Très-aimable  et  très- 
flfivolet,  VOLT.  Lett.  en  rers  cl  en  prose,  i . 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  frivole. 

t  FRIVOLISTE  (fri-vo-li-sf),  s.  m.  Néologisme. 
Celui  qui  se  plaît  aux  choses  frivoles.  Étes-vous  fri- 
Toliste  ?  admirez  la  main  légère  de  cette  marchande 
de  modes,  mebcirh,  Tabl.  de  Paris,  coup  d'oeil. 

FRlVOI.ITf.  (fri-vo-li-té),s./'.  ||  1°  Caractère  do 
celui  qui  est  frivole,  de  ce  qui  est  frivole.  La  frivo- 


FRO  1 

lité,  qui  nuit  au  développement  de  ses  talents  et  de 
ses  vertus,  le  préserve  en  même  temps  des  crimes 
noirs  et  refléchis,  duclos,  Consid.  sur  les  moeurt, 
ch.  B.  C'est  la  frivolité  de  la  matière  qui  a  fait  tort 
au  livre  des  Chats  [de  MoncrifJ,  qui  est  d'ailleurs 
plein  d'une  aimable  érudition  et  écrit  avec  finesse, 
Discours  du  café,  dans  desfontaines.  La  frivolité, 
sous  quelque  forme  qu'elle  se  présente,  6te  à  l'at- 
tention sa  force,  à  la  pensée  son  originalité,  au 
sentiment  sa  profondeur,  stael,  Corinne,  i,  3.  Il  y 
a  souvent  beaucoup  d'égolsme  dans  la  frivolité,  id. 
16.111,  3.  Il  2"  Chose  frivole.  Ne  s'occuper  que  de 
frivolités.  Si  nous  n'avon.s  que  de  ces  frivolités  à 
dire,  dormons  et  digérons,  dider.  Opin.  des  ane. 
phil.  {Pyrrhon.  phil.).  Un  mépris  profond  de  toutes 
les  frivolités  qui  occupent  et  dégradent  si  fort  la 
plus  grande  partie  de  la  noblesse  franjaise,  d'alemb. 
Lett.  au  roi  de  Prusse,  27  sept.  (773.  {|  3°  Espèce  de 
petite  fleur  qu'on  fait  avec  du  fil  et  un  petit  moule 
ou  une  navette  sans  aiguille  ni  crochet;  ces  pe- 
tites fleurs  réunies  forment  des  cols,  des  manchet- 
tes, etc.  Un  col  en  frivolités. 

—  ÉTYM.  Prov.  frevoUat,  freoltat  ;  esp.  frivoli- 
dad  ;  du  lat.  frivolitatem,  de  frivolus,  frivole. 

FROC  (frok  ;  d'après Chifflet,  Gramm.  p.  208,  le  c 
ne  se  prononçait  pas  devant  une  consonne),  ».  m. 
Il  1°  La  partie  de  l'habit  des  moines  qui  couvre  la 
tête  et  les  épaules.  ||  2"  Par  extension,  l'habille- 
ment entier.  Mettre  son  froc.  L'on  se  couvre  d'un 
froc  pour  tromper  le  jaloux,  béonier,  Sat.  ix. 
Il  Fig.  La  profession  monacale.  Vous  ne  serez  pas 
obligée  de*  le  mettre  dans  un  froc,  sÉv.  26*.  Il 
[l'homme]  tourne  au  moindre  vent,  il  tombe  au 
moindre  choc.  Aujourd'hui  dans  un  casque,  et  de- 
main dans  un  froc,  boil.  Sat.  viii.  L'empereur  Lo- 
thaire  ne  vécut  dans  le  froc  que  six  jours,  volt. 
Ifœurs,  24.  Il  ne  sait  pas  que  la  charrue  est  plus 
noble  que  le  froc,  id.  l'Homme  aux  4o  écus,  Raison- 
nement sur  les  moines.  \]  Prendre  le  froc,  se  faire 
moine.  ||  Porter  le  froc,  être  moine.  ||  Quitter  le  froc, 
sortir  d'un  monastère  avant  d'être  profôb,  et  aussi 
renoncer  à  la  vie  religieuse.  Il  n'est  moine  si  saint 
qui  n'en  quittât  le  froc,  Régnier,  Sol.  11.  ||  Familiè- 
rement. Jeter  le  froc  aux  orties,  ou,  simplement, 
jeter  le  froc,  renoncer  à  la  vie  religieuse. ||  Par  ex- 
tension ,  quitter  la  profession,  l'occupation  qu'on 
avait  embrassée.  Ce  sera  un  grand  bonheur  si  vous 
ne  jetez  pas  le  froc,  maintenon,  Lett.  àUmede  Ven- 
tadour,  t"  avr.  <704.  ||  Renoncer  à  quelque  habi- 
tude que  ce  soit.  Point  de  sauces,  point  de  ragoûts; 
j'espère  bien  jeter  un  peu  cet  hiver  le  froc  aux  or- 
ties dans  notre  jolie  auberge,  sév.  27  sept.  (687. 
Il  3°  Grande  robe  que  les  religieux  de  Saint-Benoît 
mettent  par-dessus  leurs  autres  habits,  pour  assis- 
ter au  chœur,  et  lorsqu'ils  paraissent  hors  de  leurs 
monastères.  H  4°  Sorte  d'étoffe  grossière  de  laine. 
Les  frocs  forts  contiendront  30  aunes  de  long  sur 
le  métier,  pour  avoir  24  après  les  apprêts,  Lett.  pa- 
tentes, 22  juin.  1780,  art.  4,  Orléans. 

—  HiST.xii's.  Card'ax[eux]meismessontsi  chaut 
Lor  hauberc,  que  li  suens  [le  sien]  ne  vaut  Â  chas- 
cun  gueres  plus  d'un  froc,  cbestien  de  troies, 
Chev.  au  lyon,  v.  843.  |{  xiii*  s.  Et  de  noirs  fros  [elles] 
erent  vestues,  iot  du  trot.  ||  xv  s.  Car  pour  monviei 
ami  trouver  [il]  Faudroit  le  froc  quitter  et  vendre, 
BASSEL1N,  lui. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  frd;  norm.  frot,  étoffe  gros- 
sière en  laine;  provenç.  floc;  angl.  frock.  On  le  tire 
du  germanique  :  bas-latin,  hrocus,  rocus  ;  anc.  h. 
allem.  hroch,  qui  signifiehabit  et  qui  est  l'allemand 
Rock,  habit.  On  remarquera  le  provençal  floc  qui  se 
confond  avec  floc,  flocon;  c'a  été  une  raison  pour 
Diez  de  rejeter  l'étymologie  précédente  et  de  voir 
dans  froc  un  dérivé  du  latin  floccus,  flocon  de  laine. 
Mais  on  ne  peut  écarter  le  bas-latin  hrocus,  qui  est 
certainement  germanique,  et  qui  a  pu  donner  ^roc, 
comparez  freux  et  frime. 

t  FROCAtLLE  (fro-kft-ll'.  Il  mouillées),  t.  f. 
Terme  de  mépris,  pour  dire  une  réunion  de  moines, 
de  gens  portant  le  froc.  Tremblez,  méchants!  la 
frocaille  en  tumulte  Passait  déjà  de  l'espoir  à  l'In- 
sulte, piRON,  le  Moine  défroqué,  conte. 

—  ÉTYM.  Froc,  et  la  désinence  péjorative  aille. 
FROCARD  (fro-kar;  le  d  ne  se  lie  pas:  un   fro- 

karefl'ronté;  au  pluriel,  \'s  ne  se  lie  pas:  des  fro- 
kar  elTrontés;  cependant  plusieurs  la  lient  :  des  fro- 
kar-z  efl'rontés),  s.  m.  Terme  de  mépris  et  familier 
Un  moine. 

—  ÉTYM.  Froc. 

t.  FROID,  OIDE  (froi,  froi-d*),  adj.  ||1-  Oui  n'a 
pas  de  chaleur.  Climat  froid.  Les  pays  froids.  Bain 
froid.  Une  sueur  froide.  Vent  froid.  Il  a  les  mains 
froides.  Des  froids  torrents  de  décembre  Les  champs 


I 


FRO 

sont  partout  noyés,  uoii.  Ode  sur  Namur.  J'ai  senti 
:e  beau  corps  tout  froid  entre  mes  bras,  rac.  Théb. 
V.  6.  Jls  s'arrêtent  non  loin  de  ces  tombeaux  anti- 
ques Où  des  rois  ses  aïeux  sont  les  froides  reliques, 
iD.  Phèdre,  v,  6.  Et  froide,  gémissante  et  presque 
inanimée  Aux  pieds  de  son  amant  elle  tombe  pA- 
iiiée,  ID.  ib.  Le  pays  du  monde  le  plus  froid 
ost  le  Spitzlierg;  c'est  une  terre  au  78«  degré  de  la- 

I  itude,  BUFF.  Hist.  nat.  Théor.  terr.  ÛEut).  t.  ii,  p.  93, 
lians  pcuoENs.  Froid  cercueil,  Ducis,  Àbufar,  m,  2. 
;|  Kig.  Quand  nous  avons  perdu  le  jour  qui  nous 
éclaire,  Cette  sorte  de  vie  [la  gloire]  est  bien  ima- 
ginaire. Et  le  moindre  moment  d'un  bonheur  souhaité 
Vaut  mieux  qu'une  si  froide  et  vaine  éternité,  corn. 
Sur.  I,  3.  L'hiver,  dit-elle,  a  soufflé  sur  ta  tête  ;  Cher- 
che un  abri  pour  tes  soirs  longs  et  froids,  békang. 
Adieu  chansons.  Mon  âme  avec  effroi  regarde  der- 
rière elle.  Et  voit  son  pou  de  jours  passés  et  déjà 
froids,  Comme  la  feuille  sèche  autour  du  tronc  des 
bois,  LAMART.  Ilarm.  iv,  n .  ||  Fig.  et  familièrement. 

II  ne  trouve  rien  de  trop  chaud  ni  de  trop  froid, 
rien  ne  lui  est  ni  trop  chaud  ni  trop  froid,  il  n'y  a 
rien  de  trop  chaud  ni  de  trop  froid  pour  lui,  c'est- 
à-dire  c'est  un  écornifleur  à  qui  tout  est  bon,  c'est 
un  homme  qui  prend  de  toutes  mains.  ||  Fig.  et  fami- 
lièrement. La  cuisine  de  cette  maison  est  bien  froide, 
il  n'y  a  rien  de  si  froid,  de  plus  froid  que  l'àtre  de 
cette  maison,  c'est-à-dire  on  y  fait  très-maigre 
chère.  ||  2°  Qui  ne  garantit  pas  du  froid.  Vêtement 
froid.  HabiUtion  froide.  ||  S»  Refroidi.  Ce  potage  est 
froid.  H  Déjeuner  froid,  déjeuner  où  l'on  ne  sert  que 
des  mets  froids.  H  Viandes  froides,  viandes  prépa- 
rées pour  être  mangées  froides.  La  langue  fourrée, 
le  jambon  sont  des  viandes  froides.  ||  4°  Qui  atté- 
nue, corrige  la  chaleur  animale.  Les  quatre  se- 
mences froides,  les  semences  de  concombre,  de 
melon,  de  citrouille  et  de  courge,  auxquelles  on 
attribuait  la  propriété  de  rafraîchir  le  corps.  ||  Oui 
détruit  la  chaleur  animale.  Il  y  a  des  poisons  froids. 
Il  Humeurs  froides,  nom  vulgaire  des  scrofules. 
Il  Terme  de  jurisprudence.  Homme  froid,  homme 
impuissant,  mais  qui  n'est  tel  ni  par  la  vieillesse, 
ni  par  aucune  maladie  passagère.  ||  Par  extension. 
Froid,  peu  porté  aux  plaisirs  de  l'amour.  ||  Qui  n'a 
pas  beaucoup  de  chaleur  animale.  Animaux  à  sang 
froid.  Il  5°  Fig.  Oui  ne  s'émeut  pas,  en  raison  d'un 
tempérament  flegmatique.  C'est  un  homme  froid. 
Ho  !  ho  !  les  grands  talents  que  votre  esprit  possède  ! 
Dirait-on  qu'elle  y  touche  avec  sa  mine  froide?  mol. 
])ép.  am.  II,  4.  Celui-là  [Turenne]  d'un  air  plus  froid, 
sans  avoir  jamais  rien  de  lent,  Boss.  Louis  de  Bour- 
bon. \\  Il  est  froid  comme  un  landier,  il  est  très- 
froitf.  Il  Chez  le  cheval,  épaules  froides,  épaules  qui 
sombloiit  collées  au  corps,  et  retardent  la  marche 
de  l'animal.  On  les  appelle  aussi  chevillées,  mot 
qui  exprime  une  immobilité  plus  complète  encore. 
Il  6  "  Oui  ne  s'émeut  pas,  en  raison  du  calme,  de  la 
force  de  l'àme.  La  froide  raison.  Être  froid  dans  le 
|)éril,  LA  BiiuY.x.  Vous  savez  qu'il  faut  qu'un  génénal 
ait  la  tête  froide  et  le  cœur  chaud,  volt.  Lett.  Mo- 
rangiès,  30  oct.  1772.  ||  Une  tête  froide,  un  homme 
sage  et  calme  qui  ne  s'échauffe  pas  facilement  ni 
sans  motif.  1|  On  dit  dans  le  même  sens  :  un  esprit 
froid.  Il  Sang-froid,  voy.  sang.  ||  7°  Oui  n'a  pas  ou 
qui  a  peu  de  chaleur  morale.  Cœur  froid.  Il  resta 
froid  à  ce  spectacle.  La  chute  de  saint  Pierre  n'arriva 
point  pour  avoir  été  froid  envers  Jésus-Christ,  pasc. 
Prov.  3.  Toutes  les  autres  choses  nous  pressent  et 
nous  embarrassent  ;  il  n'y  a  que  pour  le  salut  que 
nous  sommes  froids  et  languissants,  boss.  Panég. 
St  Bernard,  i.  Les  fîmes  froides  et  languissantes 
comme  les  nôtres  ne  comprennent  pas  les  discours 
qui  sont  pleins  d'une  ardeur  si  divine ,  m.  2*  panég. 
SI  Fr.  de  Paule ,  2.  Ce  souvenir  peut-il  vous 
laisser  froid  et  insensible?  mass.  Carême,  Prière  l. 
Une  nation  qui  avait  laissé  mourir  tYédégonde 
dans  son  lit,  devait  être  bien  froide  sur  les  crimes 
de  lîrunehault,  montesq.  Esp.  xxxi,  <.  Être  raison- 
nable et  froid,  c'est  presque  tout  un  ;  cela  n'est  pas 
à  l'honneur  de  la  raison,  volt.  Lett.  d'Argenson, 
2«  janv.  4740.  Les  vertus  purement  morales  sont 
froides  par  essence,  ciiateaubr.  Génie,  u,  n,  i2 
;|  Orateur  froid,  orateur  dont  l'action  n'est  point 
animi'.e,  qui  ne  touche  point  ses  auditeurs,  et  qui 
ne  paraît  pas  lui-même  touché.  ||  Imagination 
froide,  imagination  dépourvue  de  chaleur,  d'acti- 
vité, d'énergie.  ||  Un  auteur  froid,  un  auteur  qui 

l'émeut  pas  son  lecteur.  ||  Un  acteur  froid,  un  ac- 
'.eur  qui  n'émeut  pas  son  public.  {|  Des  raisons  froi- 
'!es,  des  raisons  qui  ne  partent  pas  d'un  esprit  tou- 
ché. Voilà  les  froides  raisons  pour  lesquelles  ils 
méprisent  les  enseignements  que  nous  leur  donnons 
de  la  part  de  Dieu,  boss.  i" sermon,  dim.  de  la  Pas- 

DICT.    DE  LA  LANGUE   FRANÇAISE. 


FRO 

sion,  priambule.  Elle  méprisait  ces  froides  et  dange- 
reuses fictions  [les  romans],  id.  Duch.  d'Orl.  |{  8°  Qui 
n'a  pas  de  zèle  à  servir.  Un  ami  froid.  Sa  jeunesse 
eût  trouvé  d'assez  froids  protecteurs,  cohn.  Pulch. 
Il,  <.  Ardents  à  te  promettre,  et  froids  à  te  servir, 
BoissY,  Deh.  tromp.  iv,  2.  ||  Fig.  Un  froid  secours, 
on  secours  vain.  La  bourse  de  César  tit  plus  que  sa 
harangue;  Sans  ses  mille  talents.  Pompée  et  ses 
discours  Pour  rentrer  en  Egypte  étaient  un  froid 
secours,  cohn.  Pomp.  i,  i.  !|9°  Qui  a  réserve,  froi- 
deur,  éloignement.  Il  est  bien  froid   aujourd'hui 
avec  vous.  Faire  froide  mine  à  quelqu'un.  ||  Faire  le 
froid,  ne   témoigner  aucun  empressement  pour.... 
Quand  nous  avons  quelque  différend,  ma  sœur  et 
moi,  si  je  fais  la  froide  et  l'indifférente,  elle  me 
recherche  ;  si  elle  se  tient  sur  son  quant  à  moi,  je 
vais  au-devant,  la  font.  Psyché,  ii,  p.  140.   ||  En 
parlant  des  choses,  qui  témoigne  réserve,  froideur, 
éloignement.  Cet  homme  a  l'abord  froid.  Sa  réponse 
fut  froide.   Vous  cherchez,  Ptolémée,  avecque  trop 
de  ruses  De  mauvaises  couleurs,  et  de  froides  ex- 
cuses, CORN.  Pomp.  III,  2.  Mais  à  ce  froid   accueil 
que  je  vous  vois  leur  faire,  id.  Sertor.  ii,  2.   Ses 
froids  embrassements  ont  glacé  ma  tendresse,  rac. 
Phèdre,  iv,  t.  Elle  avait  l'air  assez  froid  pour  lui, 
HAMILT.  Gramm.  4.  De  nos  froids  entretiens,  qui  lui 
pèsent  sans  doute.  Ses  soudaines  frayeurs  interrom- 
pent le  cours,  volt.  Sémirum.  ii,  8.  ||  Faire  froid  à 
quelqu'un,  lui  faire  mauvaise   mine,  mauvais  ac- 
cueil. Pourquoi  me  faire  froid  et  vous  plaindre  de 
ce  qui  m'est  échappé  sur  quelques  jeunes  gens  qui 
peuplent  les  cours?  la  bruy.  xii.  ||  On  dit  dans  le 
même  sens  et  plus  souvent  aujourd'hui  :  battre  froid 
à  quelqu'un.  U  battit  froid  aux  autres,  le  sage,  Gil 
Blas,  IX,  2.  Il  Absolument.   Battre  froid,    recevoir 
quelque  communication  d'une  manière  qui  montre 
qu'on  n'est  pas  disposé  à  l'accueillir.  Harcourt,  qui 
se    défiait  toujours  de   la  sœur  de  l'impératrice, 
battit  froid,  st-sim.  77,  254.  ||  10°  Qui  marque  une 
profonde  insensibilité.   Une    froide  barbarie.    Une 
haine  froide  et  réfléchie.  Je  viens  vous  déclarer  que 
le  plus  froid   mépris  De  vos  caprices  vains  sera  le 
digne  prix,  volt.  Zaïre,  iv,  2.  De  quel  front  oses- 
tu  commander  en  ces  lieux,  Où  ton  froid  parricide  a 
fait  pâlir  les  dieux?  ducis,  Lear,  v,  2.  ||  11°  lerme 
de  littérature.  Qui  n'a  rien  d'animé,  qui  manque 
d'expression.  Cette  tragédie  est  froide.   Ce  poème 
est  monotone  et  froid.  Encor  si,  pour  rimer,  dans 
sa  verve   indiscrète,  Ma  muse  au  moins  souffrait 
une  froide  épithète,  boil.  Sat.  u.  Vos  froids   rai- 
sonnements   ne    feront  qu'attiédir  Un   spectateur 
toujours  paresseux  d'applaudir,  id.  Art.  p.  m.  \\  Une 
froide  raillerie,  une  raillerie  qui  n'a  rien  de  piquant. 
Je   pris  d'abord  ce  discours   instructif   pour   une 
froide  raillerie;  c'était  pourtant  la  vérité  pure,  volt. 
Polit,  et  Ugisl.  Diatribe  à  faut,  des  Éphém.  \\  Style 
froid,  style  qui  ne  produit  aucun  effet  sur  les  âmes. 
Le  style  froid  vient  tantôt  de  la  stérilité,  tantôt  de 
l'intempérance  des  idées,  souvent  d'une  diction  trop 
commune,  quelquefois  d'une  diction  trop  recher- 
chée, volt.  Dict.  phil.  Froid.  ||  12°  Terme  de  pein- 
ture, de  sculpture,  etc.  Qui  manque  de  vie  et  de 
chaleur.  Ce  dessin  est  correct,  mais  il  est  froid.  Le 
tableau  de  la  famille  de  Darius,  peint  par  Mignard, 
est  très-froid  en  comparaison  du  tableau  de  Lebrun, 
parce  qu'on  ne  trouve  point  dans  les  personnages 
de  Mignard  cette  même  affliction  que  Lebrun  a  si 
vivement  exprimée  sur  le  visage  et  dans  les  attitu- 
des   des    princesses  persanes,   volt.  Dict.   phil. 
Froid.   On   dit  qu'un  morceau   de   poésie ,  d'élo- 
quence, de  musique,  un  tableau  même  est  froid, 
quand  on  attend  dans   ces  ouvrages  une   expres- 
sion animée  qu'on  n'y  trouve  pas,  id.  ib.  ||  Tons 
froids,    tons  qui    manquent   d'éclat.  Des   couleurs 
froides.  Un  coloris  froid  et  monotona  ||  13°  A  froid, 
loc.  adv.   Sans    être    échauffé.    Forger   un    fer   à 
froid.  Infuser  à  froid.  ||  Fig.  A  froid,  sans  émotion, 
sans  passion  ,   sans  emportement.  Faire  de  l'en- 
thousiasme,  de  la  colère  à  froid,  sans  verve,  ni 
passion  réelle.  Rien  ne  révolte  plus  que  des  per- 
.sonnages  qui  parlent  à  froid  do  leurs  crimes,  volt. 
Lett.  d'Argental,  <9  janv.  <74i.  ||  Battre  à  froid,  se 
dit  des  métaux,  et  surtout  du  fer  qu'on  travaille  sur 
l'enclume  sans  le  chauflor  à  la  forge,  ||  Fig.  Lucius 
par  ces  additions  de  pièces  battues  à  froid  et  hors 
de  propos    aura  gâté  son  premier  jet,  p.  l.  cour. 
Préf.  delatrad.  de  la  Luciadc.  ||  Tonne  de  teintu- 
rier. Donner  une  couleur  à  froid,  teindre  à  froid, 
teindre  sans  feu,  ne  point  faire  passer  les  étoffes  par 
un  bain  chaud.  ||  Proverbe.  Froides  mains,  chaudes 
amours,  se  dit  pour  marquer  que  la  chaleur  du  de- 
hors se   retire  au  dedans  quand  on  est  fortement 
amoureux. 


FRO 


1783 


—  HtST.  XII*  S.  Présent  [il]  leur  envoia  vin  froit 
et  bon  poisson,  Sax.  xxii.  ||  xiii*  s.  Parmi  lo  cor 
[il]  lui  fait  lo  froit  acier  passer,  Berte,  m.  Ciljou 
[il]  fit  moût  lait  temps  etde  froide  manière,  tb.xx. 
Je  l'eûsso  ocis  tôt  froit  mort,  Ben.  6405.  Ha,  An- 
tioche!  terre  sainte  1  Com  ci  a  dolereuse  plainte, 
Quant  tu  n'as  mais  nul  Godefroy  ;  Li  feus  de  charité 
est  froiz  En  chascun  cuer  de  crestien,  huteb.  97. 
Il  XV'  s.  Si  j'ai  du  mal,  c'est  ma  folie;  Ce  ne  luy 
fait  ne  froit  ne  cliault,  alain  chaht.  le  Débat  du  re- 
veille-matin.  Sur  cel  estât  se  départit  le  duc  de  Tou- 
raine  de  la  jeune  dame,  et  la  laissa  en  paix  ;  et  pour 
l'heure  n'en  fit  nul  semblant  ;  mais,  comme  froid 
et  attrempé  do  manières,  se  souffrit,  et  pour  ce  n'en 
pensa-t-il  pas  moins,  froiss.  iii,  iv,  2I.  Jean  Lyon, 
sage  homme,  subtil,  hardi,  cruel,  entreprenant  et 
froid  au  besoin  assez,  id.  ii,  ii,  62.  Le  roi  et  tout 
son  conseil  furent  aussi  froids  d'aider  à  la  dame 
comme  ils  en  avoient  esté  en  grand  désir,  id.  i,  i, 
1 0.  Le  comte  de  Hainaut  avoit  si  pris  à  cœur  cette 
guerre,  combien  (|ue  de  premier  il  en  fut  moult 
froid,  que  c'estoit  celui  par  qui  se  mettoient  sus 
toutes  les  envayes  et  lés  chevauchies,  id.  i,  i,  128. 
Il  xvi*  s.  Une  peur  froide  avoit  saisi  mou  ame,  du 
BELLAY,  II,  10,  verso.  Boire  froid,  mont,  i,  184. 
Froid  aux  offices  d'amitié  et  de  parenté,  m.  i,  197. 
Une  mine  tantost  froide,  tantost  amoureuse,  id.  i, 
270.  Estant  en  nostre  sens  froid  et  reposé,  iD.  ii, 
326.  Cestuy  Catulus  estoit  bien  homme  de  bien, 
mais  un  peu  froid  au  fait  des  armes,  amyot,  Sylla, 
6.  Rien  ne  lui  est  trop  chaud  ne  trop  froid,  H.  est. 
Précell.  du  lang.  fr.  p.  77. 

—  ÉTVM.  Berry,  fred;  provenç.  freg,  fret/;  catal 
fred;  espagn.  et  portug.  frio;  ital.  freddo,  du  latin 
frigidus,  de  frigus,  le  froid.  Comparez  le  grec  ^ïyo;, 
auquel  se  rattache  aussi  rt'sor,  rigidus  ;  comparez 
encore  le  grec  çpîaaw,  se  hérisser,  l'allemand  frie- 
ren,  avoir  froid,  ancien  haut-allemand  fruisan. 

2.  FROID  (froi,  le  dne  sehe  pas  dans  la  conver 
sation;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  froi-z  excessifs, 
Vaugelas  recommande  de  pr'inoncer  freid  ;  et  Chif- 
flet,  Gramm.  p.  201,  dit  que  plusieurs  prononcent 
ainsi),  s.  m.  \\  1° Manque  de  chaleur,  sensation  que 
fait  éprouver  toute  déperdition  de  calorique.  Sentir 
du  froid.  Avoir  froid  aux  mains.  J'ai  froid,  faites 
du  feu.  Le  froid  de  l'eau,  de  la  glace,  du  marbre. 
Déjà  jusqu'à  mon  cœur  le  venin  parvenu  Dans  ce 
cœur  expirant  jette  un  froid  inconnu,  bac.  Phèdre, 
v,  7.  Il  Mettre  un  liquide  hors  le  froid,  faire  qu'il  ne 
soit  plus  froid  sans  être  chaud.  ||  Prendre  froid, 
avoir  un  refroidissement.  Ote-toi  de  cette  fenêtre, 
tu  prendras  froid.  |{  Cette  locution,  rei;ue  dans  le 
langage  usuel,  a  été  condamnée  par  les  puristes, 
qui  ont  dit  qu'il  fallait  avoir  froid.  Mais  ai'ot'r  froid 
et  prendre  froid  ne  sont  pas  synonymes;  avoir 
froid,  c'est  éprouver  la  sensation  du  froid;  prendre 
froid,  c'est  se  refroidir  d'une  manière  nuisible  à  la 
santé.  Il  Souffler  le  chaud  et  le  froid,  souffler  de 
manière  que  le  souffle  qui  sort  de  la  bouche  est,  à 
volonté,  chaud  ou  froid;  quand  nn  souffle  douce- 
ment, la  m^in  près  de  la  bouche,  l'haleine  paraît 
chaude  à  la  main;  quand  on  souffle  fort,  la  main 
s'éloignant,  l'haleine  paraît  froide.  Ne  plaise  aux 
dieux  que  je  couche  Avec  vous  sous  même  toit! 
Arrière  ceux  dont  la  bouche  Souffle  le  chaud  et  le 
froid  !  LA  FONT.  Fabl.  v,  7.  ||  Fig.  Souffler  le  froid  et 
le  chaud,  approuver  et  blâmer,  être  tour  à  tour  d'a- 
vis contraire.  ||  FamiUèrement.  Cela  ne  fait  ni  froid 
ni  chaud,  cela  ne  sert  ni  ne  nuit.  ||  Cela  ne  lui  fait 
ni  chaud  ni  froid,  se  dit  d'une  personne  qui  resUî 
indifl'érente  sur  une  aflaire.  ||  Je  n'ai  jamais  senti 
ni  froid  ni  chaud  pour  vous,  ni  amour,  ni  haine. 
Il  Populairement.  Il  n'a  pas  froid  aux  yeux,  c'est  un 
homme  brave  et  résolu  (c'est-à-dire  il  a  les  yeux  ar- 
dents, pleins  de  feu,  ce  qui  dénote  le  courage,  la 
résolution).  ||  Faire  froid,  battre  froid,  voy.  froid  i  , 
n°  9. 1 1  2°  Dans  l'ancienne  physique ,  une  des  qualités 
élémentaires  qui  constituaient  les  choses.  Plutôt 
on  verra  le  froid  et  le  chaud  cesser  de  se  faire  la 
guerre,  que  les  philosophes  convenir  entre  eux  de 
la  vérité  de  leurs  dogmes,  boss.  2>  sermon ,  quin- 
quagés.  1. 1|  3°  Particulièrement.  Basse  température. 
Le  froid  de  l'hiver.  Un  froid  cuisant,  pénétrant, 
âpre.   S'habituer  au  froid.   La  violence  du   froitf 

produit  l'efl'et  du  feu Un  pauvre  souffreteux  Sfc 

plaint  là-bas;  le  froid  est  rigoureux,  la  font. 
Orais.  Je  vois  peu  de  santés  à  l'épreuve  du  froid 
hors  de  saison  que  nous  essuyons ,  maintenon, 
9  juin  I6S5.  Quand  vient  l'astre  des  nuits  ou  le 
vent  des  hivers.  Mon  esprit  comprimé  se  glace  au 
froid  des  airs,  lemerc.  Charles  VI,  iv,  4.  Le  jour 
s'avançait  ;  on  s'épuisait  en  efforts  inutiles  ;  la  faim, 
le  froid  et  les  cosaques  devenaient  pressants,  ségur, 

i.  —  224 


1786 


FRO 


Hist.deKap.  tx,  o.  ||Tant  do  degrés  de  froid,  se 
dit  du  nomtire  de  degrés  au-dessous  de  0  dans  le 
thermomèlre.  Ce  fut  au  travers  de  vingt-six  degrés 
de  froid  que  nous  atteignîmes,  le  4  décembre,  Ule- 
niUa,  sEouR,  Jlist.  de  Nap.  xi,  12.  ||  Familifcre- 
mcnt.  Un  froid  noir,  le  froid  d'un  temps  sombre. 
Il  II  fait  froid ,  la  température  est  froide.  ||  Il  se 
dit  aussi  en  ce  sens  au  pluriel.  Les  froids  de  cotte 
année.  Les  fr''i.:'s  du  printemps  ont  fait  du  mal 
à  la  vigne.  ||  4°  Poétiquement.  Ce  qui  est  comparé 
au  froid  des  hivers.  Un  cœur  déjà  glacé  par  le  froid 
(les  années,  hac.  Mithr.  iv,  B.  Malgré  le  froid  des 
ans  dans  sa  mâle  vieille.sse,  volt.  Œdipe,  iv,  i . 
Quel  est  sur  moi  le  froid  qui  tombe?  C'est  le  froid 
(lu  soir  de  mesjours,  bérang.  Sciences.  Ah  1  l'homme 
en  vain  se  rejette  en  arrière  Lorsque  son  pied  s(»nt 
le  froid  du  cercueil,  m.  Treize  à  table.  ||  6"  Kefioi- 
dissement  du  corps,  par  l'effet  d'une  cause  corpo- 
relle ou  morale.  Elle  a  eu  des  froids  et  ries  faible.sses, 
sÉv.  U9.  Un  froid  mortel  a  pas.sé  dans  mon  coeur, 
VOLT.  Eiif.  prod.  IV,  3.  Cette  femme  à  ces  mots  d'un 
froid  mortel  saisie....  ID.  Orphel.  u,  7.  Dis-moi 
donc...  Que  voulais-je  ?  ahl  (jans  mon  trouble  ex- 
trême, Je  veux....  je  crains....  j'ai  froid,  ducis,  Abu- 
far,  IV,  B.  Il  6°  Air  sérieux  et  sévère.  11  est  d'un 
froid  glacial.  X  leurs  noms,  un  grand  froid,  un  front 
triste,  un  œil  bas.  M'ont  fait  voir  aussitôt  qu'ils  ne 
lui  plaisaient  pas,  cohn.  Olhon,  i,  3.  Il  traite  mon 
neveu  avec  un  froid  inouï,  noss.  Lett.  quiét.  453. 
M.  de  Chaulnes  raisonnait  en  ambassadeur,  avec  le 
froid  et  l'accablement  d'un  courage  étouffé  par  la 
douleur,  st-sim.  36,  i60.  Le  comte  do  Toulouse  avec 
son  froid  lui  répondit  [à  Beringhem]  que  M.  de 
Torcy  le  lui  apprendrait  [ce  qui  avait  été  décidé], 
ID.  426,  U7.  Il  7°  Indifférence.  Quoi  1  l'amour,  l'a- 
mitié, tout  va  d'un  froid  égal  !  corn.  Attila,  v,  3.  Et 
nous-même,  comment  en  parlons-nous?  avec  le 
même  froid  que  si  nous  n'y  prenions  nul  intérêt, 
BOURD.  Pensées,  t.  i,  p.  35.  ||  8°  Mésintelligence, 
mécontentement.  Il  y  a  du  froid  entre  eux.  EU  bicnl 
monsieur,  la  façon  dont  nous  sommes  ensemble  de- 
puis six  semaines,  le  froid  que  je  vous  marque.... 
COLLÉ,  Part,  de  chasse,  i,  6.  ||  9°  Manque  de  chaleur 
et  de  vie  dans  les  ouvrages  d'e.sprit.  Cela  jette  du 
froid  sur  cette  scène.  Si  l'auteur  ou  l'acteur  d'une 
tragédie  ne  le  sait  pas  émouvoir  [le  spectateur]  et  le 
transporter  de  la  passion  qu'il  veut  exprimer,  où 
tombe-t-il ,  si  ce  n'est  dans  le  froid,  dans  l'en- 
nuyeux, dans  le  ridicule?  boss.  Comédie,  i.  Dange- 
reux modèles,  propres  à  faire  tomber  dans  le  froid, 
i.A  BRUY.  i.  Des  chansons  en  quatre  points  Le  froid 
nous  désole,  bérang.  Gaudriole.  ||  Proverbe.  Dieu 
donne  le  froid  selon  l'habit,  il  mesure  les  épreuves 
des  hommes  à  leurs  forces.  Dieu  donne  le  froid  selon 
la  robe:  de  tous  losmaux  que  je  pouvais  avoir,  j'ai  eu 
précisément  le  moins  périlleux,  sév.  <b  mara  (676. 

—  HIST.  XI»  s.  Et  endurer  et  granz  chauz  et 
granz  freiz,  Ch.  de  Roi.  lxxvii.  {|  xiii"  s.  Por  ce  que 
j'ai  grant  froit,  en  mon  mantel  [je]  m'encio,  Dertc, 
XXXII.  Li  oisel  qui  se  sont  teii,  Tant  cum  il  ont  le 
froid  eu.  Et  le  tens  divers  et  frarin,  la  Rose,  es.  Et 
il  me  dit  :  Par  m'ame,  sire,  je  aurai  plus  chier  que 
nous  feussions  touz  naiez,  que  ce  que  une  maladie 
vous  preit  do  froit,  dont  vous  eussiez  la  mort, 
JOINV.  283.  Et  sachiez,  froit  a  à  la  fie  Qui  plus  es- 
tent son  pié  que  son  mantol,  Bibl.  des  chartes, 
4'  série,  t.  v,  p.  317.  ||xvi'  s.  Uses  donc  hardiment 
de  l'adjectif  substantivé,  comme  le  liquide  des 
eaux,  le  vuydo  do  l'air....  pourvou  quo  telle  ma- 
nière de  parler  adjousto  quelque  grâce,  et  véhé- 
mence; et  non  pas  le  chault  du  feu,  le  froid  de  la 
glace,  le  dur  du  fer,  et  leurs  semblables,  du  bellay, 
],  32,  ter«o.  Le  mari,  sachant  quec'ostoit  de  vivre, 
ne  se  montroit  point  avoir  du  froid  aux  pieds  (ctré 
jaloux],  DEspKR.  Contes,  xviii.  Le  corps  est  plus  fort 
et  mieulx  composé,  qui  supporte  mieulx  les  muta- 
tions de  l'ardeur  du  chault  et  de  la  rigueur  du  froit, 
AMYOT,  Timol.  et  P.  Jim.  comp.  3.  Perdre  son  habit 
un  jour  de  froid,  génin.  Récréât,  t.  ii,  p.  247. 

—  ÉTYM.  Besançon,  freid  ;  Berry,  fret,  la  fret,  le 
froid  ;  norm.  la  fred  ;  environs  de  Paris,  la  fret  ; 
pruvenç.  freg,freit;  catal.  fred;  espagn.  et  portug. 
frio;  ital.  fredda;  du  lat.  frigidum  (voy.  froid  i). 

FROIDEMENT  (froi-de-man) ,  adi;.  ||  1°  De  ma- 
nière à  sentir  le  froid.  Être  logé,  vêtu  froidement. 
Il  8"  ï'ig.  D'une  manière  froide,  sans  chaleur,  sans 
émotion,  il  écoute  froidement  les  injures.  Le  stoï- 
cien regarde  froidement  la  mort.  Elle  a  voulu  sou- 
rire, et  m'a  dit  froidement....  corn.  Sophon.  m,  I. 
Il  conte  brièvement,  mais  froidement;  il  ne  se  fait 
point  éiioutcr,  il  ne  fait  point  rire,  la  bruy.  vi. 
Porus  répondit  froidement  qu'il  l'irait  recevoir  sur 
•a  tronbèrs,  mais  que  ce  serait  les  armes  à  la  main. 


FKO 

ROLLIN,  Ilist.  anc.  Oîut.  t.  vi,  p.  496,  dans  pou- 
gens Ces  flammes  secrètes  Que  ne  sentit  jamais 

Boileau  l'imitateur  Dans  ses  tristes  beauté»  si  froi- 
dement parfaites,  VOLT.  Lelt.  envers  et  en  prose,  CB. 
Mais  honte  soit  au  cœur  Qui  n'offre  froidement  que 
des  vnui  au  malheur!  m.  j.  chén.  Oracques,  ii,  3. 
Il  3"  D'une  manière  froide,  avec  réserve,  sans  encou- 
rager. Vous  louez  les  œuvres  d'autrui  froidement, 
GOMBAUT,  Ép.  liv.  I,  dans  biciielet.  M.  le  nonce  en 
a  parlé  froi(iement,  boss.  Lett.  quiét.  73.  Piper  lui 
demanda  s'il  n'y  avait  rien  de  nouveau  :  Non,  dit 
le  général  froidement,  et  passa  outre  pour  aller 
donner  ses  ordres,  volt.  Hist.  Charles  XII,  i.  La 
veille  de  son  départ  [de  Bernin],  on  lui  porta  trois 
mille  louis  avec  un  brevet  de  douze  mille  livres  de 
pension,  il  reçut  le  tout  assez  froidement,  saint- 
Foix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  m,  p.  (92,  dans  polgens. 

—  HIST.  xv  s.  Quand  le  comte  de  Nazarat  ot  en- 
tendu parler  les  ambassadeurs  de  l'amoralh,  si  fut 
tantost  conseillé  de  repondre  froidement  et  ne  dé- 
couvrit pas  à  une  fois  tout  son  courage,  fboiss.  ii, 
m,  28.  Poton  rechevoit  fredement  les  coups  et  me- 
toittousjourssahacheaudevant,FEN!N,  I42:i.  ||  xvi"  s. 
Crassus  le  remercia  assez  froidement  de  sa  bonne 
voulunlé,  AMYOT,  Crassus,  37.  Antigonus,  ayant 
prins  en  affection  un  de  ses  soldats  pour  sa  vertu 
et  vaillance,  commanda  à  ses  médecins  de  le  panser 
d'une  mala(iie  longue  et  intérieure  qui  l'avoit  tour- 
menté longtemps,  et,  s'appercevant  qu'il  alloit  beau- 
coup plus  froidement  aux  affaires,  luy  demanda  qui 
l'avoit  ainsi  changé  eteucouardé,  mont,  ii,  b. 

—  lîTVSl.  Froide,  et  le  suffixe  ment. 
FROIDEUR  (froi-deur),  s.  f.  ||   1°  État  de  ce  qui 

est  froid.  I-a  froideur  du  temps,  du  marbre.  ||  2°  Fig. 
Il  se  dit  de  ce  qui  glace  comme  le  froid.  I^  froi- 
deur de  la  vieillesse.  On  croit  ses  vers  glacés  par  la 
froideur  du  sang,  corn.  Au  roi,  sur  son  retour  de 
Flandre.  ||  3"  11  .se  dit  du  tempérament,  particuliè- 
rement en  ce  qui  concerne  les  choses  de  l'amour. 
Mme  de  la  Poplinière,  avec  une  tête  assez  vive, 
était  d'une  extrême  froideur,  marmontel,  Mém.  iv. 
Il  4°  Fig.  Manque  de  chaleur  morale.  La  froideur  du 
caractère.  I.aissons  le  flegme  et  la  froideur  aux  pères 
conscrits,  dalzac,  liv.  vi,  lett.  3.  La  froideur  que 
vous  avez  pour  une  cause  si  importante,  pasc.  Prov. 
2.  Quelqu'un  a  dit  sur  la  froideur  du  roi  d'Angle- 
terre, que,  quand  on  l'écoutait,  on  voyait  pourquoi 
il  était  ici  [chassé  par  le  prince  d'Orange],  sév. 
Hc  févr.  IC89.  Ils  [les  mystiques]  séparent  l'idée 
d'aimable  et  de  désirable  d'avec  celle  de  la  pa- 
trie céleste;  ce  qui  emporte  toutes  les  froideurs  que 
nous  avons  remarquées  dans  ces  âmes  sèches  et  su- 
perbes, BOSS.  États  d'orais.  ix,  1. 11  On  dit  dans  un 
sens  analogue  :  la  froideur  de  l'imagination.  ||  6°  Il 
se  dit  des  compositions  littéraires.  La  froideur  de 
cet  épisode.  La  froideur  qu'en  mon  style  je  porto, 
Chapelain  décoiffé,  dans  les  (Hiuvres  de  boileau. 
Cette  froideur  est  le  grand  défaut,  selon  moi,  de 
presque  toutes  nos  pièces  de  théâtre,  d'alemb.  Lett. 
à  Voltaire,  lo  oct.  t7(5<.  ||  6"  Manières,  paroles  par 
les(iuelles  on  témoigne  son  indlfféro<ice.  On  voit  pa- 
raître ensemble  et  croître  également  Ma  flamme  et 
ses  froideurs,  sa  joie  et  mon  tourment,  corn,  la 
Suit',  m,  3.  Mais  du  haut  de  son  trône  elle  aime 
mieux  me  rendre  Ces  froideurs  quo  pour  elle  on  me 
força  de  prendre,  id.  Tite  et  Bérén.  li,  ) Plain- 
tes, froideur,  menace  ni  prison  Ne  l'ont  pu  jusqu'ici 
réduire  à  la  raison,  botr.  Vencesl.  i,  ).  Moi?  par- 
bleu, je  ne  suis  do  taille  ni  d'humeur  X  pouvoir 
d'une  belle  essuyer  la  froideur,  mol.  Uis,  iii,  2.  J'en- 
rage quand  je  vois  sa  piquante  froideur,  id.  Ec.des 
f.  v,  ♦.  Les  froideurs  que  vous  aviez  pour  ce  pauvre 
Corl)inclli,  sév.  378.  Souffrez  quelques  froideurs  sans 
les  faire  éclater,  rac.  Rrit.  i,  2.  Hé  quoi  !  vous  me  ju- 
rez une  éternelle  ardeur,  Et  vous  me  la  jurez  avec  cette 
froideur  !  m.  Ilérén.  ii,  4.  Ajoute,  tu  le  peux,  quedes 
froideurs  d'Achille  On  accuse  en  secret  cette  jeune 
Ériphlle,  ID.  Iphig.  i,  t.  Du  moins  par  vos  froi- 
deurs faites-lui  concevoir  Qu'il  doit  porter  ailleurs 
ses  vœux  et  son  espoir,  id.  Rrit.  ii ,  -1.  Quelque 
froideur  suffit  pour  vous  faire  trembler,  id.  Iphig. 
Il,  3.  As-tu  vu  sa  froideur  altière,  avilissante?  volt. 
Tancr.  iv,  B.  Sa  voix  entrecoupée  affectait  des  froi- 
deurs; Il  détournait  les  yeux,  mais  il  cachait  ses 
pleurs,  111.  ib.  iv,  B.  Il  [Marlborough]  arriva  même 
dans  lo  carrosse  de  ce  baron  au  quartier  de  Char- 
les XII,  et  il  y  eut  des  froideurs  marquées  entre  lui 
et  le  chancelier  Piper,  ID.  Charte  ,r;/,  3.  {|  On  dit 
dans  un  sens  analogue  :  la  froideur  d'un  accueil, 
d'une  réception, d'une  réponse,  [j  7°  Diminution,  re- 
froidissement d'affection.  X  voir  quelle  froideur  i 
tant  d'amour  succède,  Rome  ne  m'aime  pas.... 
CORN.  Nicom.  IV,  6.    Les  froideurs  et  les   rel&che- 


FRO 

nients  dans  l'amitié  ont  leurs  causes;  en  amour,  ù 
n'y  a  guère  d'autre  raison  de  ne  s'aimer  plus,  que 
de  s'être  trop  aimés,  la  bruy.  iv.  ||  État  do  person- 
nes qui  ne  vivent  plus  ensemble  avec  la  mém 
amitié  qu'auparavant.  11  y  a  de  la  froideur  eutr-, 
eux.  Mandez-moi  ce  qu'il  y  a  entre  la  princesse 
d'Harcourt  et  vous;  je  serai  bien  aise  de  savoir  ce 
qui  vous  a  mises  en  froideur,  sév.  4  mai  (672.  Je 
suis  affligé  de  vous  voir  en  froideur  avec  une  dame 
qui,  après  tout,  estla  seule  qui  puisse  vous  enten- 
dre, et  dont  la  façon  de  penser  mérite  votre  amitié, 
volt.  Lett.  Xaupertuis,'2t  juill.  4740. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  [en  septembre]  décline  li  tena 
vers  la  froidor,  toutautrcssi  comme  en  mars  vers  la 
chalor,  brun,  latini  ,  jTrtior,  p.  134.  Adonc  me 
prist  une  froidor.  Dont  je  dessous  chaut  peliçon  Oi 
[ai]  puissentu  mainte  friçon,/a  Rose,  I704.  {|  xvi"  s. 
Pourquoy  as-tu  mafroideur  attisée?  nu  dellay,  ii, 
21,  verso.  Eux,  qui  pour  le  travail  du  chemin  n'es- 
toient  lassés,  ne  pour  la  froideur  del'eau  refroidis.... 
MAiiG.  Nouv.  v.  Tant  les  saisons  sont  tardifves  en 
ces  quartiers  là,  à  cause  de  la  froideur  de  l'air, 
AMYOT,  Lucul.  60.  L'cau  nettoyé  la  playe,  et  par  sa 
froideur  garde  l'inflammation....  paré,  Introd.  24. 
Lesaultres  [vers]  furent  faits  depuis,  comme  il  es- 
toit  à  la  poursuite  de  son  mariage,  en  faveur  de  sa 
femme,  et  sentent  desjà  je  ne  sçay  quelle,  froideur 
maritale,  mont,  i,  222. 

—  ETYM.  Froid;  provenç. /'reiiior,  frejor;  anc. 
espagn.  fredor;  ital.  freddore. 

FROIDl,  lE  (froidi,  die),  part.  pa«^  de  froidir. 

FHOIDIR  (froi-dir),  1).  n.  Devenir  froid,  cesser 
d'être  chaud.  Ne  laissez  pas  froidir  le  diner.  ||  Se 
froidir,  v.  réfl.  Le  dîner  se  froidit.  ||  On  dit  de  pré- 
férence refroidir,  se  refroidir. 

—  HIST.  xiii*  s.  Amors  li  a  gité  un  dart,  Froidir 
lui  fait  et  eschaufer,  Sovent  le  fait  color  muer.  Fa- 
bliaux mss.  St  Germain,  f  62,  dans  lacurne. 
Il  xvi°  s.  Et  ne  se  faisoit  plus  de  nouveaux  hugue- 
nots, les  vieux  se  froidissanls,  et  s'ennuyants  delà 
longueur,  Sat.  Mén.  p.  <32. 

—  ETYM.  Froid;  Berry,  frédir,  ferdir,  frédesir. 
FROIDURE  (froi-du-r') ,  s.  f  Le  froid  du  temps, 

de  la  saison,  du  climat.  Ainsi  que  la  chaleur,  le  miel 
craint  la  froidure,  uelille,  Géorg.  iv.  Une  humide 
froidure  Aigrissait  tout  à  coup  les  tourments  que 
j'endure,  M.  j.  chén.  Fén.  ii,  3.  ||  F.n  poésie,  l'hiver. 
Oh  I  qu'après  la  triste  froidure,  Nos  yeux  amis  de  la 
verdure  Sont  enchantés  de  son  retour!  j.  b.  bouss. 
Odes,  i.,  H.  Soleil  père  de  la  nature.  Viens  répanuro 
en  ces  lieux  tes  fécondes  chaleurs  ;  Dissipe  les  fri- 
mas, écarte  la  froidure,  Qui  brûle  nos  fruits  et  nos 
fleurs,  ID.  CaïUate  xv. 

—  llEM.  Buffon  a  employé  froidure  dans  le  sens 
de  froideur:  Des  charbonniers,  qui  marchaient  nu- 
pieds,  trouvaient  la  terre  chaude  sur  ces  éminen- 
ces,  et  d'une  froidure  insupportable  dans  ces  pe- 
tits vallons,  llist.  nat.  Introd.  Part.  exp.  UHuv. 
t.-vm,  p.  426,  dans  pougens. 

—  SYN.  FHOiiiEUB,  froidure.  Ces  deux  mots  ne 
différent  que  par  le  suffixe.  L'usage  a  mis  cette  dis- 
tinction-ci :  froideur  signifie  la  qualité  de  ce  (jui 
est  froid  (et  de  là  vient  qu'il  se  prend  très-bien  au 
figuré)  :  la  froideur  de  l'eau  ;  froidure  signifie  le 
froid  en  tant  qu'il  est  senti,  et  particulièrement  le 
froid  répandu  dans  l'atmosphère  :  la  froidure  qui 
règne  dans  les  contrées  arctiques. 

—  HIST.  xii*  s.  Entre  ces  contrarielcz  Qui  sont  si 
grantz  cum  vos  oez  [eniendez],  Cunie  de  fridore  o 
d'arson,  benoît,  i,  i8B.  |1  xiii*  s.  Et  la  rojTie  en  a 
grant  froidure  soufferte,  Bcrte,  xxxv.  Ou  s'il  pooieut 
ains  (auparavant]  savoir  Qu'il  deûst  .faire  outre  me- 
sure En  yver  estrange  froidure....  la  Rose,  I7»70. 
Les  vielles  gens  ont  tost  froidure.  Bien  savés  quo 
c'est  lor  nature,  ib.  403.  Noie  que  naturel  froidure 
[impuissance]  pot  estre  provée  dedam;  trois  anz,  Liv. 
de  jusl.  207.  La  gloire  Dieu  t'est  apareilliée,  où 
chalors  ne  froidure  ne  te  nuira.  Psautier,  f  257. 
Il  XV"  s.  Et  dura  cette  pluie  et  cette  froidure  jusques 
à  soleil  levant,  froiss.  u,  ii,  (7.  X  cause  des  gran- 
des gelées  et  froidures,  comm.  ii,  (4.  ||xvi*  s.  Son 
mari  sentit  une  froidure  d'estomac,  marg.  A'ouï. 
Lxviii.  Les  liarbares  cstoient  bien  durs  pour  souffrir  et 
endurer  les  froidures,  à  cause  qu'llzavoiente^té  nez 
et  nourri?,  en  pals  fioids,  amyot,  Marius,i&.  Ettumba 
tant  de  froidures,  que  le  plus  du  temps  ilnegeoit, 
ID.  lucuH.  «3....D'oùestoit  prévenue  ceste  froideure 
entre  Chavigny et  les  capitainnes,CARLoix,  vi,  49. 

—  ETYM.  froid;  proven^.  freidura,  frejura;  es- 
pagn. freidura;  ital.  freddura. 

FROinUREUX,  ECSE  (froi-du-reû,  reù-z"),  adj. 
Qui  amène  la  froidure. 

—  REM.  L'Académie  en  faisant  ce  mot  synonyme 


FRO 

de  frileui  n'pn  a  pas  donné  le  vrai  sens  (voy.  l'his- 1 
torique) . 

—  HIST.  XVI'  s.  Si  qn'en  despit  de  l'hiver  froidu- 
reuï  Un  beau  printemps  s'engendra  de  sa  face, 
BONS.  60.  D'un  hiver  froidureux  un  gracieux  prin- 
temps, DU  BELLAY,  m,  61,  recto.  L'an  vingt  et  sept, 
février  le  froidureux....  marot,  m,  )00. 

—  f.TVM.  Froidure. 

t  FROISSABLE  (froi-sa-bl') ,  adj.  Qui  peut  se  gâter 
par  le  froissement.  ||  Fig.  Facile  à  froisser,  à  offenser. 

—  HIST.  XVI"  s.  La  femme  est  de  froissable  na- 
ture et  de  foible  condition,  Ane.  coût.  deBret.  fni, 
dans  LACUFNE. 

t  FROISSAGE  (froi-sa-j') ,  s.  m.  Action  de  frois- 
ser. Il  Huile  de  froissage,  huile  obtenue  par  le  pre- 
mier pressurage  d'une  graine  oléagineuse  qui,  en- 
suite, cstremi.çe  sous  le  pilon  et  battue  dft  nouveau 
pour  donner  l'huile  dite  de  rabat,  legoahant. 

—  Etym.  Froisser. 

FROISSÉ,  ÉE  (froi-sé,  sée),  part,  passade  froisser. 
Il  1°  Oui  a  subi  une  pression  et  un  commencement 
d'écrasement.  Des  olives  froissées.  ||  2°  Meurtri  .11  [Jé- 
sus) souffre  comme  la  victime  qui  doit  être  détruite 
et  froissée  de  coups,  boss.  <  "  sermon,  Compass.  de 
la  Sle  Vierge,  préambule.  ||  Par  extension.  Je  vous 
avoue  que  je  ne  puis  voir  sans  joie  dans  cet  auteur 
[Montaigne]  la  superbe  raison  si  invinciblement 
froissée  par  ses  propres  armes,  pasc.  Entretien  arec 
Saci.  Il  3"  Chiffonné,  qui  a  reçu  des  plis  irréguliers. 
Avec  du  ling(.et  des  habits  froissés,  pour  avoir 
passé  deux  nuits  sur  mon  lit  sans  m'êlre  déslia- 
uillée,  UKmv.  Marianne,  9' part.  ||  4°  Fig.  Offensé. 
Froissé  par  des  insinuations  désobligeantes. 

VROISSKSIEXT  (froi-se-man),  s.  m.  ||  1"  Action 
de  froisser;  résultat  de  cette  action.  Le  froissement 
d'un  membre  contre  une  pierre.  Ses  vêtements 
i  demi  détachés  [de  CélutaJ  faisaient  entendre  le 
froissement  d'une  draperie  pesante  et  mouillée, 
CHATEAUUB.  Satch.  2"  partie,  vers  la  fin.  ||  Terme  de 
chirurgie.  Froissement  des  artères,  leur  compres- 
sion entre  des  pinces  pour  arrêter  une  hémorra- 
gie. Il  Kig.  Il  en  résulte  [du  sublime  de  la  Bible]  un 
ébranlement,  un  froissement  incroyable  dans  l'âme, 
CHATEAUBR.  Génie,  il,  vi,  3.  ||  2°  Fig.  Choc,  lutte.  Le 
froissement  des  intérêts,  des  amours-propres.  ||  Of- 
fense, désagrément.  Il  a  éprouvé  des  froissements. 

—  HIST.  XV'  s.  [Malgré  ce]  Qu'a  en  armes  che- 
valier de  tourment,  Ainçois  qu'il  puist  à  grant 
fais  adrecier,  Clers  de  labour,  ouvrier  de  froisse- 
ment, ....Leur  grant  travail  en  la  fin  po  leur 
vault,  ECST.  DESCH.  Poésies  mss.  f°  42,  dans  la- 
CUHNE.  Il  xvi'  s.  Semblablement,  ulcère  vient  à  rai- 
son d'un  coup  ou  froi.ssement,  paré,  xi,  i. 

—  ÊTYM.  Froisser. 

FROISSER  (froi-sé),  v.  a.  ||  1»  Frotter  fortement, 
Je  manière  à  produire  un  commencement  d'écrase- 
ment. Froisser  des  cailloux  les  uns  contre  les  autres. 
Il  Froisser  des  épis,  en  faire  sortir  le  grain  par  la 
pression.  Si  vous  entrez  dans  les  blés  de  votre  ami, 
vous  en  pourrez  cueillir  des  épis  et  les  froisser  avec 
la  main;  mais  vous  n'en  pourrez  couper  avec  la 
faucille,  SACI,  Hille,  Deuléron.  xxiii,  25.  ||2°  Chif- 
fonner, faire  prendre  des  plis  irréguliers.  Froisser 
du  drap,  du  papier.  |{  3°  Meurtrir  par  une  pression 
violente,  par  un  choc.  Â  grands  coups  de  gaule  Le 
pèlerin  TOUS  lui  froisse  une  épaule,  la  font.  Coc. 
Pour  donner  la  perfection  au  sacrifice  que  devait  le 
divin  Jésus  à  la  justice  divine,  il  fallait  qu'il  filt 
encore  froissé  de  ce  dernier  coup  ;  et  c'est  ce  que 
le  prophète  a  voulu  dire  dans  ce  passage  qui  s'en- 
tend de  lui  à  la  lettre  :  Dominus  voluit  conterere 
eumininfirmitate,  Boss.  i  "  sermon,  Passion  de  J .  C. 
3.  L'un  me  heurte  d'un  ais  dont  je  suis  tout  froissé, 
■  BOiL.  Sat.  VI.  Il  Se  froisser  un  membre,  avoir  un 
membre  froissé  par.  Ragotin,  suivant  la  pente  natu- 
relle des  corps  pesants,  se  trouva  sur  le  cou  du 
cheval  et  s'y  froissa  le  nez,  scarb.  Tîom.  com.  i,  ^9. 
il  4°  Fig.  Offenser,  choquer.  Ces  mesures  froissent 
beaucoup  d'intérêts.  Pour  froisser  mon  attente,  en 
ce  bord  étranger,  bégnieb,  .Sat.  lu.  |1  5°  Se  froisser, 
»'.  réfl.  Être  froissé,  être  presque  écrasé,  meurtri.  Et 
que  tout  se  froissât  d'une  étrange  tempête,  Régnier, 
Sat.  XVI.  Il  Fig.  Se  piquer,  prendre  de  l'ùumeur.  Il 
s'est  froissé  pour  peu  de  chose. 

—  HIST.  XI"  s.  E  qui  finisse  la  pais  le  roi.  Lois  de 
Guill.  3.  Od  [avec]  vos  caables  [machines  de  guerre] 
avez  fruissetses  murs,  Ch.  deRol.  xvi.  [Ils]  Frui.ssent 
images  et  toutes  les  idoles,  ib.  cci-xviii.  ||  xii*  s. 
D'une  œvre  en  autre  [il]  lui  a  fraite  et  froissie  [sa 
targe] ,  Konc.  p.  <38.  Là  veïssiés  fier  ester  et  pe- 
sant ;  Tant  escu  fendre,  tante  lance  froissant,  Et 
desrompu  tant  hauberc  jazerant,  Raoul  de  C.  168. 
Il  xm*  s.  Ou-  me  tient  que  je  ne  vous  froisse  Les  os 


FRÔ 

cum  à  poucin  en  paste,  Xcepestel  [pilon]  ou  à  cest 
haste  [broche]? /a floscjfsss.  ||  xiv"  s.  Et  fi.-ent  lever 
leurs  engins,  Et  froesser  grant  part  des  chemins. 
Le  lin.  du  bon  duc  Jehan,  liio5.  ||  xv*  s.  Et  vous  dis 
que  du  jet  d'amont  le  chanoine  de  Robeisart  reçut 
maint  dur  horion,  dont  il  fut  durement  blessé  et 
froissé,  FBOiss.  ii,  ii,  I3(.  Firent  tant  les  Sarrazins 
que  ils  froissèrent  une  des  échelles  des  grands  fais 
des  pierres  qu'ils  lançoient,  Bouciq.  i,  23.  Ce  bahut 
me  semble  bien  petit  pour  y  mettre  vos  robes  bien 
à  l'aise  sans  les  froisser,  louis  xi,  Nouv.  xxvii.  ||xvi" 
s.  11  alla  donner  de  la  teste  tant  qu'il  peust  contre  un 
des  degrez  où  l'on  se  seit  au  théâtre,  cuidantse  frois- 
ser toute  la  teste  pour  mourir  promptement,  amyot, 
Timol.  45.  Les  autres  [navires]  venoient  à  se  frois- 
ser et  briser  contre  les  rochers,  id.  ilarcell.  24 
....Le  son  diabolique  des  canons  et  harquebuses, 
qui  font  trembler  la  terre,  froisser  l'air  d'alentour, 

BONS.  687 Maniant  doucement  les  abricots  sans 

les  froixer,  o.  de  serres,  86 i. 

—  ÉTYM.  Berry,  freusser,  faire  du  bruit  à  travers 
les  branches  (  le  gibier  est  là,  l'entendez-vous 
freusser  dans  le  bois?)  ;  wall.  frohi;  namur.  frochi; 
Hainaut,  frossier.  On  le  tire  ordinairement  du  latin 
fressus,  brisé,  concassé,  de  frendere,  ou  de  fric- 
tiare,  forme  fictive  dérivée  de  fricare,  frotter;  mais 
cela  ne  rend  pas  compte  de  ui  ou  oi  qui  appartien- 
nent à  ce  verbe.  Les  deux  ss  paraissent  indiquer 
st,  comme  dans  brosse  ;  or  on  trouve  dans  le  bas- 
latin  fi-ussura  domus,  bris  de  maison,  (rassura,  terre 
mise  en  culture,  frustrare,  racler,  mettre  en  pièces, 
frustura  terrai,  morceau  de  terre,  dit  aussi  fraustrum 
et  frostrum.  Tout  cela  indique,  ce  semble,  que  fruis- 
ser  ou  froisser  provient  du  latin  frustum ,  mor- 
ceau, d'où  barbarement,  frustrare,  mettre  en  mor- 
ceaux. 

j  FROISSECR  (froi-seur),  adj.  m.  ||  1»  Qui  froisse , 
presse,  écrase.  Cylindre  froisseur,  et ,  substantive- 
ment, un  froisseur.  ||  2°  S.  m.  Celui  qui  froisse, 
qui  blesse. 

—  HIST.  xV  s.  Injurieux  trespasseurs ,  violeurs, 
froisseurs  de  notre  présente  sauvegarde,  Ordonn. 
des  rois,  t.  m,  p.  631 .  Baldadoch,  prevostdu  paradis 
terrestre,  froisseur  des  heaumes,  fendeur  des  escus, 
perceur  des  hauberts,  monstrelet,  ii,  45. 

—  ÊTYM.  Froisser. 

I  FROISSIS  (froi-si) ,  s.  m.  Bruit  que  produisent 
des  choses  qui  se  froissent. 

HIST.  xii"  s.  Là  Dissiez  noises  et  criz.  Et  de 

lances  grant  frosseîz,  Rou,  v.  4  3690.  ||  xv  s.  Hz  oy- 
rent  les  fueilles  trembler  ou  les  arbres  bruire  ;  si  ar- 
resterent  souvent  en  escoutant  s'ilz  orroient  quel- 
que froisseiz,  le  Jouvencel,  f"  20,  dans  lacurne. 
Il  xvi"  s.  Le  bris  des  espées,  le  froissis  despiques  et 
hallebardes,  sblly  ,  Uém.  t.  i,  p.  i  30,  dans  lacur.ne. 

—  f.TYM.  Froisser. 

FROISSURE  (froi-su-r'),  s.  m.  Impression  pro- 
duite sur  un  corps  par  le  froissement.  La  froissure 
d'une  étoffe.  Il  [le  mot  de  contrition]  veut  dire  bri- 
sure et  froissure,  comme  quand  une  pierre  est  bri- 
sée et  comme  réduite  en  poudre,  BOSd.  Caléch.  de 
Beaux,  Instruct.  pour  la  pénit.  2. 

—  HIST.  xiii*  S.  Doit  l'en  fere  droit  des  choses 
qui  sont  en  péril....  et  de  ce  que  l'en  ravist  de  arson, 
de  trebucheizet  defroiseure,denef  prise....  Liv.  de 
just.iT.  Il  xiv"  s.  Le  quart  traitié  [de  chirurgie] 
sera  des  frois,seurcs,  n.  de  mondeville,  f  4.  ||  xvi" 
s.  Et  pour  l'ennuy,  la  froissure  et  l'ahan,  marot, 
IV,  71. 

—  ÉTYM.  Froisser. 

\  FROLE  (frô-l'),  s.  f.  cnèvrefeuille  des  Alpes, 
lonicera  alpigena,  L. 

FRÔLÉ,  ÉE  (frô-lé,  lée),  part,  passé  de  frôler.  L'r 
se  prononce  en  portant  le  bout  de  la  langue  jusqu'au 
haut  du  palais,  de  sorte  qu'étant  frûlée  par  l'air  qui 
sort  avec  force,  elle  lui  cède  et  revient  toujours 
au  même  endroit,  mol.  Bourg.  11,  4. 

FRÔLEMENT  (frô-le-man),  *.  m.  Action  de  frô- 
ler, l'effet  d'une  chose  qui  frcle.  Le  frôlement  de  la 
langue  contre  le  palais.  Je  sentis  le  frôlement  de  sa 
robe.  Tout  l'air  que  le  poumon  chasse  dans  la  tni- 
chée  au  moment  de  l'expiration  est  foreé  d'enfiler 
l'ouverture  étroite  de  la  glotte,  et  c'est  du  frôlement 
de  cet  air  contre  les  lèvres  de  celle-ci  que  dépend 
en  général  la  formation  de  la  voix,  bonnet,  Con- 
templ.  nat.  OEuv.  t.  viii,  p  33,  note  2,  dans  pou- 
GENS.  Il  [le  pic  noir]  fait  entendre  aussi  par  inter- 
valles un  craquement  ou  plutôt  un  frôlement  qu'il 
fait  avec  son  b-"C  en  le  secouant  et  le  frottant  rapi- 
dement contre  les  parois  de  son  trou,  buff.  Ois. 
t.  XIII,  p.  «7,  dîns  pouGENS.  Il  Terme  de  médecine. 
Frôlement  péricardique  ou  bruit  de  frôlement,  bruit 
qui   se  manifeste  dans  le  coeur  lorsque  la  surface 


FRO 


1787 


séreuse  péricardique  est  devenue  rugueuse.  ||  FWle- 
ment  hydatique,  voy.  frémissement. 

—  RTYM.  Frôler. 

FRÔLER  (frô-lé),  v.  a.  Il  1»  Toucher  légéremenl 
en  frottant.  La  balle  lui  f. 'la  les  cheveux.  Vardes 
joint  le  carrosse  de  mon  [ 'ii;,  le  frôle,  le  coupe.... 
ST-siM.  io,  (81.  Il  2°  Terme  rural.  Frotter  de?  grai- 
nes entre  ses  mains  pour  les  débarrasser  des  par- 
ties de  la  fleur  qui  y  sont  encore  adhérentes.  On 
écrit  aussi  en  ce  sens  frauler. 

—ÉTYM.  Berry,  frôler,  battre, étriller,  fréter,  même 
sens;génev.  frouler;  norm.  freuler,  battre.  D'après 
Diez,  frôler  est  pour  frotler,  diminutif  de  ^roMer. 
On  pourrait  croire  aussi  qu'il  est  pour /'roi'i/er, de 
froisser;  on  songerait  encore  à  une  onomatopée  dé- 
rivée de  frou^frou;  mais  tout  historique  manque. 

FROMAGE  (fro-ma-j'),  i.  m.  H  1"  Substance  ali- 
mentaire préparée  avec  la  crème  ou  le  caséum  du 
lait,  et  plus  ordinairement  avec  ces  deux  matières 
unies  en  différentes  proportions.  ||  2°  Masse  de  fro- 
mage en  pain.  Fromage  de  Chester,  de  Gruyère. 
Fromage  blanc.  Fromage  mou.  Ce  fromage  est  d'une 
pâte  fine.  Maître  corbeau  sur  un  arbre  perché  Te- 
nait en  son  bec  un  fromage,  la  font.'  Fabl.  1,  2. 
Apprenez  que  tout  flatteur  Vit  aux  dépens  de  celui 
qui  l'écoute;  Cette  leçon  vaut  bien  un  fromage  sans 
doute,  ID.  ib.  Conduire  leurs  brebis,  les  tondre,  traire 
leur  lait  et  faire  des  frqpages,  fén.  Tél.  11.  Un  des- 
sert sans  fromage  est  une  belle  à  qui  il  manque 
un  œil,  BRILLAT-SAVARIN,  Physiol.  du  goût,  aphor. 
XIV.  Il  Familièrement.  Entre  la  poire  et  le  fromage, 
c'est-à-dire  au  dessert,  lorsque  la  gaieté  excitée  par  la 
bonne  chère  fait  parler  librement.  Entre  la  poire  cl 
le  fromage  il  nous  conta  son  aventure.  ||  Fig.  Lais- 
ser aller  le  chat  au  fromage,  voy.  chat.  ||  Faire  des 
fromages,  se  dit  familièrement  d'un  jeu  des  petites 
filles  qui,  tournant  rapidement  sur  elles-mêmes,  su 
baissent  tout  à  coup,  si  bien  que  le  jupon  se  gonfla 
et  présente  une  forme  ronde ,  comme  celle  d'un 
fromage.  ||  Fig.  et  populairement.  Manger  du  fro- 
mage, être  mécontent.  Le  duc  de  Parme  [Camba- 
cérès]  déménage;  Plus  d'hôtel,  plus  de  courtisan; 
Monseigneur  mange  du  fromage  ,  Mais  ce  n'est 
plus  du  parmesan,  Épigr.  faite  en  (814  contte  Cam- 
bacérès.  ||  3°  Fromage  à  la  crème,  celui  qui  est  fait 
avec  du  bon  lait  auquel  on  ajoute  de  la  crème.  Elle 
était  plus  blanche  que  ces  fromages  à  la  crème  qui 
commencèrent  mon  malheur,  volt.  Zadig,  I7.  ||  Fro- 
mage à  la  glace,  fromage  glacé,  mets  composé  de 
crème,  de  sucre,  etc.  et  frappé  de  glace.  ||  4°  Par  ex- 
tension. Fromage  de  cochon,  hachis  de  charcuterie. 
Il  Fromage  d  Italie,  foie  de  veau  ou  de  cochon,  ha- 
ché et  fiilé  avec  du  lard  et  de  la  panne.  ||  6"  Fro- 
mage des  arbres,  espèce  de  champignon  blanc.  ||  Pro- 
verbes. Fromage,  poire  et  pain,  repas  de  vilain. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  ensi  comme  il  entra  en  la  salle 
à  Paris,  il  fu  appaieilliés  qui  le  fieri  d'un  froumage 
enfissielé  [dans  son  moule]  enmi  le  visage,  Chr.  de 
Rains,  192.  De  fromaches  vit  un  uiillier  Qu'en  avoil 
fet  asoleillier,  Ren.  721 1.  Li  morsiai  qui  fu  en  l'en- 
ging,  Fu  de  fromage  de  gaai  j  [d'automne,  gaain  si- 
gnifiant regain,  seconde  >,oupe  de  foin],  Et  li  laz 
estoit  estenduz  Par  dessus  deus  paissons  fenduz,  ih. 
(8378.  [Ils]  Ne  menjuent  fromages  mos  [mou],  ib. 
(011.  Il  xv"  s.  Le  comte  de  Flandre  qui  sçut  les  nou- 
velles des  laits  et  des  frommages  qui  alloient  à 
Gand....  fboiss.  ii,  ii,  118.  Après  la  char  vient  le 
fromage,  lerobx  de  li.ncy,  Prov.  t.  n,  p.  (»7. 
Il  XVI"  s.  Une  râpe  àrapcr  du  fromage,  amyot,  Dion, 
73 Comme  le  fromage  nouvellement  figé  et  coa- 
gulé, PARÉ,  XVI,  34.  Y  a  aussi  des  montaignes  ferti- 
les eu  fourmages  de  vache,  0.  de  serres,  286.  Tout 
fromage  est  bien  sain  qui  vient  de  chiche  main  [c'est- 
à-dire  il  ne  faut  pas,  pour  la  santé,  manger  beau- 
coup de  fromage],  11.  e.st.  Précell.  du  lang.  françois, 
p.  170.  Fromage  et  melon,  au  poids  les  prend  on, 
LEROUX  de  lincy,  Prov.  t.  II,  p.  (97.  Fromage  et 
pain  est  médecine  au  sain,  in.  ib.  Qui  a  fromage  pour 
tous  mets  peut  bien  tailler  bien  espez,  m.  ib.  p.  1 U8. 

—  ÉTYM.  Picard, /'ormagc  ;  bourguign.  formaige  ; 
provenç.  formaige,  fromage;  ital.  formaggio;  du  bas- 
latin  form  itiaim,  dérivé  de  formare,  former:  ce  à 
quoi  on  a  donné  une  forme,  le  fromage  se  faisant 
dans  des  formes  d'osier. 

f  FROMAGEON   (fro-ma-jon) ,  t.  m.  Fromage  de 

lait  de  brebis  fabriqué  aux  environs  de  Montpellier. 

!  Un  des  noms  vulgaires  de  la  mauve,  dont  les 

fruits,  en  capsule  déprimée,  figurent  un  fromage. 

HIST.  XVI"  s.  Les  Baux  en  Provence,  aux  lizie- 

res  du  Languedoc,  i  cause  de  la  délicatesse  de  ses 
petits  fourmageons,  sont  beaucoup  prisés  o.  lb 
serres,  288. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fromage. 


1788 


FRO 


t .  FROMAGEB,  ËRK  (fro-ma-jé,  jS  i'),  s.  m.  et  f. 
Il  !•  Celui,  colle  (|ui  lait  ou  qui  vend  des  fromages. 
I)  t°  S.  m.  Vaisseau  percé  do  trous  dans  lequel  on 
dresse  le  lait  caillé  pour  en  faire  des  fromages  frais. 

•  -  BEM.  Dans  le  Jura,  colui  qui  fait  ou  vend  des 
fromages,  se  nomme  frornagier  et  non  fromager. 

—  ETYM.   Fromage. 

a.  FROMAGER  (fro-ma-jé),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  la  famille  des  sterculiacées  ;  ce  sont 
des  arbres  do  l'Amérique  tropicale,  très-grands  et 
portant  des  fruits  tris-gros. 

—  ËTYM.  Fromage,  à  cause  de  la  grosseur  du  fruit. 
FROMAGERIE  (fro-ma-je-rie),  s.  f.  Fabrique  de 

fromages.  Les  fromageries  delà  Suisse.  ||  Fromage- 
ries de  société,  associations  ayant  pour  but  la  fabri- 
cation du  fromage.  ||  Commerce  de  fromages. 
Il  Chambre  où  l'on  fait  sécher  les  fromages;  lieu  où 
on  les  conserve,  jj  Boutique ,  marché  où  on  les 
vend. 

—  HIST.  xvi"  s.  La  laicterie  et  fourmagerie  seront 
tant  nettement  tenues,  qu'aucune  ma,uvaise  odeur 
n'y  séjourne,  o.  he  serres,  286. 

—  ÉTYM.  Fromage. 
+  FROMAGEDX,  EUSE  (fro-ma-jeù,  jeû-z'), ad/. 

Terme  didactique.  Qui  tient  de  la  nature  du  fro- 
mage. La  fermentation,  qui  sépare  la  partie  sérouse 
du  laitd'avec  les  parties  fromageuses,  Dict.  des  arts 
et  mit.  Laitière,  <767. 

—  HIST.  xvi«  s.  La  substance  fromageuse  du  laict, 
PARÉ,  xvni,  29. 

—  ÉTYM.  Fromage. 

fFROMAGIER  (fro-ma-jié),  s.  m.Voy.  fromager. 

FROMENT  (fro-man),  s.  m.  ||  1°  La  meilleure  es- 
pèce de  blé,  dite  aussi  froment  cultivé.  Du  blé-fro- 
ment. Terre  à  froment.  Ou  bien  lorsque  Cérès  de 
froment  se  couronne,  bégnier,  Sat.  xv.  [De  vastes 
contrées]  rjurnissent  un  riz  dont  la  culture  est 
beaucoup  plus  aisée  que  celle  do  froment  et  qui  le 
fait  négliger,  volt.  Dict.  phil.  Arbre  à  pain.  ||  2°  Le 
g-8.in  du  froment.  Un  hectolitre  de  froment.  ||  Fa- 
rine de  froment,  farine  qui,  à  raison  du  gluten 
qu'elle  contient,  est  la  plus  propre  à  faire  du  pain. 
Ij  8°  Le  fromentlocar,  ou  froment  /oc«/or, froment 
monocoque  de  certains  auteurs,  appelé  parfois  petit 
épeautre.  L'épeautre  proprement  dit  est  le  froment 
épeautre,  regardé  à  tort  comme  une  variété  du  fro- 
ment cultivé,  LEGOARANT.  Il  Froment  amidonnier, 
celui  avec  lequel  on  fabrique  la  semoule.  ||  îYoment 
de  saison,  blé  d'automne,  par  opposition  au  lilé  de 
mars.  ||  Froment  d'Espagne,  d'Inde,  de  Turquie, 
le  maïs.  |1  Faux  froment,  un  des  noms  vulgaires  de 
l'avoine  élevée  (graminées),  dite  aussi  fromental. 
Il  4°  Dans  le  langage  mystique,  le  froment  des  élus, 
ce  qu'il  y  a  de  plus  saint  dans  la  doctrine.  Une  at- 
tention scrupuleuse  sur  tous  les  devoirs  de  la  re- 
ligion, où  tout  lui  paraissait  grand;  une  sainte 
avidité  pour  le  froment  des  élus,  mass.  Or.  fun.  Ma- 
dame. Il  Le  froment  des  élus,  se  dit  aussi  des  âmes 
les  plus  pures,  les  plus  saintes.  Galérius  rassemble 
de  toutes  les  parties  du  monde,  dans  les  prisons, 
les  chrétiens  les  plus  illustres;  froment  des  élus, 
récolte  divine  qui  doit  enrichir  le  bon  pasteur,  cha- 
TEAUim.  Martyrs,  xix.  ||  B"  Terme  d'alchimie.  Grain 
Je  froment  des  philosophes,  le  mercure. 

—  HIST.  XIII"  s.  Tout  frommant,  tout  blé,  tout 
orge,  lAv.  des  met.  3)3.  Uns  bons  se  dit  à  un 
autre  qu'il  est  deceuz  par  sa  tricherie  an  ce  qu'il 
se  fioit  en  lui,  d'un  arpent  qu'il  acheta  qu'il  n'avoit 
pas  veu,  et  li  fist  entendant  qu'il  estoit  de  fro- 
mentes,  et  il  estoit  de  roiges  [seigle],  dont  la 
chose  vaut  moins,  Liv.  de  just.  H6.||xiv"s.  Mais 
vont  tousjours,  sanz.  contrester.  Guerre  meilleur 
pain  que  froment,  bruyant,  dans  Méiiagier,  t.  ii, 
p.  21.  Il  XV*  s.  Je  voy  d'amour  requérir  largement 
Amans,  amans  qui  ne  l'ont  desservi  [mérité].  Et  à 
autres  voy  cueillir  le  froment  Qu'ils  n'ont  semé,  la- 
bouré ne  nourri,  eust.  descii.  Poésies  mss.  f°  277. 
Quant  amours  a  à  mon  cueur  addressé  bon  et  bol, 
preux,  hardy  etplain  de  chevalerie,  leal  et  certain 
envers  moy,  nul  ne  m'en  sçauroit  faire  partir;  car 
fol  est  qui  quiert  meilleur  pain  que  du  frument,  Per- 
ceforest,  t.  vi,  ^  72.  ||  xvi"  s.  Il  ordonna  que  l'on  bail- 
last  de  l'orge  au  lieu  de  froment  aux  bandes  qui 
avoient  tourné  le  dos  lespremieros,  amyot,  Marccll. 
43.  L'huile  de  fourment  extraite  sur  une  enclume 
avec  une  pelle  toute  rouge,  paré,  xxii,  15.  Le  nom 
de  froment,  venu  direclrraent  du  latin,  est  un  peu 
plus  particulier  [que  bled],  comprcnnant  ne.int- 
moins  toutes  sortes  de  grains  à  faire  pain  pour  la 
nourriture  des  hommes,  qui  sont  ceux  qu'aujour- 
d  hui  nous  appelions,  fromens,  espeautres,  segles, 
orges,  millets  et  avoines.  En  plusieurs  endroits  de 
ce  roiaume,  parl^  hlpd,  ost  enten.iu  leour  froment 


FRO 

Le  froment  rouge  est  celui  duquel  presque  par  tout 
ce  roiaume,  l'on  se  sert  le  plus,  appelle  en  plusieurs 
endroits  le  roussetà  cause  de  la  couleur  de  sa  barbe 
qui  est  rousse,  etc.  0.  de  serres,  tua.  Avec  le  van 
on  netoye  le  froment,  et  vice  avec  supplice  et  chas- 
timent,  Leroux  de  lincy,  Prov.  t.  i,  p.  74. 

—  Etym.  Berry,/ro«mcni;  wallon,  ^roummi;  pro- 
venç.  fromen;  espagn.  frumenio;  ital.  frumento, 
formento  ;  du  latin  frumentum,  contraction  de  fru- 
gimentum,  et  se  rattachant  i  fruges,  fruor. 

FROMENTACÈE  (fro-man-la-sée),  adj.  Plantes 
fromentacées,  plantes  qui  ont  du  rapport  avec  le 
froment. 

t  FROMENTAIRE  (fro-man-tê-r'),  ».  f.  Voy.  fru- 
mentalite. 

t  t.  FROMENTAL  (fro-man-tal),  ».  m.  Espèce 
d'avoine,  l'avoine  élevée.  On  dit  aussi  fromentel, 

voy.  FROMENT. 

\i.  FROMENTAL,  ALE  (fro-man-tal,  ta-1'),  adj. 
Terres  fromentales,  terres  propres  à  être  ensemen- 
cées avec  du  froment. 

—  ÉTYM.  Froment. 
t  FROMENTEAD  (fro-man-tô),  s.  m.   Excellente 

espèce  de  raisin  de  Champagne. 

t  I.  FROMENTÊE  (fro-man-tée) ,  s.  f.  Bouillie  de 
farine  de  froment. 

—  HIST.  xiv  s.  Fromentée  ou  viande  crasse,  nu 
CANGE,  farracum.  ||  xv  s.  Or  sont-ils  morts,  Dieu 
ait  leurs  âmes;  Quant  est  des  corps,  ils  sont  pour- 
ris. Ayant  esté  seigneurs  ou  dames,  Souef  et  ten- 
drement nourris  De  cresme,  fromentée,  ou  riz  ; 
Leurs  os  sont  déclinés  en  poudre,  villon,  Gr.  testam. 

—  ÉTYM.  Froment. 
t  2.  FROMENTÉE   (fro-man-tée),  s.  f.  ||   1"  Nom 

d'un  petit  hanneton.  112".^  dj.  f.  Terme  de  vétérinaire. 
Robe  fromentée,  robe,  chez  le  bœuf,  qui  a  la  couleur 
de  ce  petit  hanneton.  Cette  robe  est  alezan  fauve. 

—  ÉTYM.  Froment. 
t  FRO.MENTEUX,  EtlSE   (fro-man-teû,  teû-z'), 

adj.  Abondant  en  froment. 

—  HIST.  XVI'  s.  Voy  ces  rochers  au  front  auda- 
cieux; C'estuient  jadis  des  plaines  fromenteuses, 

RONS.  963. 

—  ÉTYM.  Froment;  provenç.  fromentos  ;  ital.  fro- 
mentoso. 

fFROMENTIER,  ÈRE  (fro-man-tié,  tlè-r'),  adj. 
Terme  rural.  Il  se  dit  d'un  sol,  d'une  terre  qui  peut 
produire  du  froment,  à  la  différence  de  fromenteux, 
qui  signifie  abondant  en  froment. 

—  ÉTYM.  Froment. 
t  FRONCE  (fron-s'),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  couture. 

Sorte  de  pli  formé  par  le  fil  d'un  point  devant  passé 
dans  une  étoffe  et  tiré  pour  en  diminuer  la  largeur 
ou  l'ampleur.  Le  pli  se  forme  avec  les  doigts  et 
s'arrête  ensuite  .soit  avec  un  bâti,  soit  avec  un  ru- 
ban ou  étoffe;  la  fronce  s'achève  en  tirant  le  fil 
passé  dans  l'étoffe  par  un  point  devant.  ||  8°  Pli  dé- 
fectueux qui  se  trouve  dans  la  papier  et  dans  les 
cartes  à  jouer. 

—  HIST.  XII'  s.  Ele  a  long  col  et  blanc  et  gros  ; 
Et  si  ne  pert  [paraît]  fronche  ne  os.  Lai  d'Iguaiirès. 
Il  XIII'  s.  Et  veïssiez  apertement  Qu'il  ne  paroit  de- 
dens  son  vis  Corouz  ne  fronce  [refrognement],  c'est 
avis;  Ainçois  cheoit  à  lerme  plaine,  Com  li  ruis- 
siaus  de  la  fontaine,  ruteb.  ii,  2)6.  ||  xiV  s. Et  pour 
ce  remaignent  [restent]  en  celle  cicatrique  moult 
de  fronces,  h.  de  mondeville,  f°  <02,  verso. 

—  ÊTYjl.  Voy.  froncer. 
FRONCÉ,  ÊE  (fron-sé,  de),  part,  passé  de  froncer. 

Il  1'  Ridé  par  contraction.  Les  sourcils  froncés.  ||  Fig. 
Qui  a  les  sourcils  froncés,  qui  est  de  mauvaise  hu- 
meur. J'étaispeu  persuadé,  touché  néanmoins  des  rai- 
sons et  plus  encore  de  l'amitié,  mais  froncé  de  nou- 
veau en  me  revoyant  dans  Versailles,  relégué  au  fond 
delà  ville,  st-sim.  2bi  ,  97.  Afin  de  donner  lieu  à 
Monseigneur  d'être  moins  en  garde  et  froncé  avec 
lui.lD.  t.  VIII,  p.  273,  éd.  CHÉRUEL.  La  France, qui, déjà 
froncée  de  voir  tous  ses  princes  légitimes  si  mêlés 
avec  les  b.ltards,  le  serait  bien  autrement  d'un  mé- 
lange qui  remonterait  si  près  du  trône,  id.  ib.  p.  2(4. 
Il  2"  Jupe  froncée,  jupe  qui  a  des  fronces  à  la  taille 
et  non  des  plis.  ||  Corsage  froncé,  celui  qui  est 
froncé  sur  les  épaules,  au  bas  de  la  taille,  au  milieu 
du  devant  et  du  dos.  ||  Robe  froncée,  robe  que  por- 
tent les  docteurs  et  qui  a  beaucoup  de  fronces  au 
haut  des  m.mclies.  ' 

FRONCEMENT  (fron-se-man),  s.  m.  ||  1'  Action 
de  froncer;  état  de  ce  qui  est  froncé.  Le  froncement 
des  sourcils.  ||  2°  Fig.  Mauvaise  humeur,  opposition. 
Comme  je  sentis  ses  froncements  mollis  [du  duc 
d'Orléans),  je  me  hâtai  de  me  ssrvir  de  ses  ouver- 
tures récentes  pour  l'attacher  à  Mme  la  duchesi» 
d'Orléans,  st-sim.  'îm,  ibi. 


FRO 

FRONCER  (fron-sé.  Le  c  prend  une  cédille  de\  ant 
a  et  o  ;  fronçant,  je  fronçais),  v.  a.  ||  1'  Rider  en 
contractant,  en  resserrant.  Le  rhinocéros  ne  peut 
ni  froncer,  ni  contracter  sa  peau,  buff.  Rhino- 
céros. Il  Froncer  les  sourcils,  les  rapprocher,  ce  qui 
est  souvent  un  signe  de  mécontentement.  Ne  froncez 
pas  le  sourcil  pour  cela,  et  ne  trouvez  pas  étrange 
que  je  n'évite  pas  dans  mes  lettres  les  choses  qui 
vous  peuvent  choquer,  voiture,  Lelt.  '23.  Quand  je 
blâme,  je  fronce  le  sourcil,  et  cela  ne  m'amuse  pas, 
DiDER.  Salon  de  4  767,  Œuvres,  t.  xv,  p.  (,  dans 
pouGENS.  Il  Fig.  Froncer  le  sourcil  de  quelqu'un, 
ou,  absolument,  froncer  quelqu'un ,  le  mettre  de 
mauvaise  humeur.  Elle  [la  princesse  des  Ursins] 
craignit  de  laisser  rien  apercevoir  au  roi  qui  le  fron- 
çât et  qui  le  tint  en  garde,  st-sim.  i44,  <oo.  Si  mes 
pensers  les  plus  secrets  Ne  froncèrent  jamais  votre 
sourcil  sévère,  a.  ciién.  ïambes,  m.  ||  2°  Coudre  à 
plis  serrés.  Il  faut  froncer  davantage  cette  chemise. 
IIFroncer  une  jupe,  faire  des  fronces  au  haut  do 
cette  jupe.  ||  S-Sefroncer,  v.  réft.  Se  rider.  La  peau 
de  ce  fruit  commence  à  se  froncer.  Les  sourcils  se 
froncent.  {|  Fig.  Prendrede  l'humeur.  Dont  il  résulta 
que  Monseigneur  se  fronça  encore  plus  qu'à  l'ordi- 
naire avec  M.  le  duc  d'Orléans,  st-sim.  t.  vui,  p.  23», 

éd.   CHÉRUEL. 

—  HIST.  xiii*  s.  Par  le  conseil  [de]  sa  mère,  l'ordo 
vieille  froncie,  Berte,\.x.  Yscngnn  en  sent  la  fumée, 
Qu'il  n'avoit  mie  acostumée  ;  Adonc  comença  à  fron- 
chier.  Et  ses  guernons  [moustaches]  à  delechier,  Jiîcii. 
043.  Quant  l'ot  li  empereres,  s'en  a  froncié  le  nés, 
Ch.  d'Ant.  11,3)6.  Un  molt  viel  homme  a  encontre  : 
Pel  ot  froncûie,  corbe  escine  [échine],  guide  cam- 
brai, p.  27.  Il  XIV  s.  Quant  aucune  soursaneure 
de  plaie  dite  en  latin  cicatrii  est  trop  contrainte  ou 
trop  froncie  ou  trop  laide,  H.  de  MONDEViu-e,  f°  99. 
Vous  direz  à  vostre  femme  qu'elle  saille  par  dessus 
le  baston,  et  que  ce  soit  fait  sans  froncier  ou  gui- 
gner ou  faire  aucun  signe,  Ménagier,  i,  B.  Ne  te 
dois  pigner  ne  poncer,  Ne  tes  crins  tondre  ne  fron- 
cer. Ne  en  mirouer  esgarder....  ovide,  Art  d'aimer, 
ms.  de  St  Germain,  f°  95,dansLACURNE.  ||  xvi's.  [Un 
porc-épic]  Ses  dards  fronçoit,  tant  qu'à  veoir  son 
aprest....  3.  marot,  v,  63.  il  avoit  le  visage  froncé 
comme  un  parchemin,  DESPER.  Contes,  lxixv.  Han- 
nibal  se  fronceant  le  visage  lui  respondit,  amyot, 
Fab.  34.  Il  froncea  ses  sourcilzel  frappa  sa  cuisse,  id. 
Pomp.  48.  Tantost  fronciez  les  plis  de  ma  chemise, 
X  chasque  ply  me  baisant  ou  mordant....  rons.  •)0. 

—  ÉTYM.  Provenç.  froncir,  froniir,  fruxir  ;  ca- 
tal.  frunsir;  espagn.  fruncir;  portug.  franzir.  Ori- 
gine incertaine.  .Scheler  le  tire  du  latin  frons,  par 
l'intermédiaire  d'un  verbe  fictif  fronliare,  plisser  le 
front,  mais  on  ne  trouve  ni  à  fronce  ni  à  froncer 
pli  du  front  comme  sens  primitif.  Pourrait-on  pen- 
ser à  l'allemand  numel,  ride? 

FRONCIS  (fron-si),  s.  m.  Les  plis  d'un  vêtement 
froncé.  Faire  un  froncis  à  une  manche.  Un  froncis 
se  compose  de  fronces. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ils  firent  au  corps  do  leurs  colon- 
nes certains  canaux,  qui  denotoyentles  plis  et  fron- 
cis des  robes,  palissy,  66.  Un  froncis  de  sourcil,  ou 
une  triste  chère  de  visage,  un  regard  de  travers, 
AMYOT,  Com.  il  faut  ouïr,  2). 

—  ETYM.  Froncer. 
t  FRONÇURE  |fron-su-r'),  ».  f.  Action  de  froncer, 

de  se  froncer.  ||  Etat  de  ce  qui  est  froncé  ;  pli,  ride. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  la  dite  chemise  n'estoit  point 
fronsée,  car  la  fronsure  des  chemises  n'a  esté  in- 
ventée sinon  depuis  que....  rab.  Garg.  i,  8. 

—  ÉTYM.  Froncer. 

t  FRONDAISON  (fron-dè-zon) ,  ».  f.  Terme  de  bo- 
tanique. L'époque  où  paraît  le  feuillage.  ||  Le  feuil- 
lage même.  Une  frondaison  aimndante. 

—  ÉTYM.  Lat.  frons,  frondis,  feuillage. 

4.  FRONDE  (fron-d'i,  î.^.  ||  l'Arme  à  jet,  consis- 
tant en  un  fond  de  cuir  suspendu  par  deux  cordes  ; 
on  met  dans  la  poche  de  cuir  une  pierre  ou  une 
balle  de  plomb,   à   laquelle   on  communique  un 
mouvement  très-rapide  en  la  faisant  tourner;  puis 
on  lâche  une  des  cordes,  et  la  balle  s'échappe  par 
la  tangente  avec  toute  la  vites.se  acquise;  l'art  du 
frondeur  consiste  à  lâcher  la  corde  quand  cette  vi- 
tesse est  la  plus  grande,  et  que  la  balle  est  dans  la 
direction  convenable.  Si  adroits  à  jeter  des  pierres 
avec  la  fronde,  qu'ils  auraient  pu  même  frapper  un 
cheveu,  sans  que  la  pierre  qu'ils  auraient  jetée  se 
fût  tant  soit  peu  détournée  de  part  ou  d'autre,  saci, 
Hible,  Juges,  xx,  (6.  Ainsi  David  remporta  la  vic- 
toire sur  le  Philistin  avec  une  fronde  et  une  pierre, 
iD.  ib.  Rois,  1,  XVII,  50.  La  fronde  lançait  les  pierres 
.avec  tant  de  raideur,  que  ni  Imuclier,  ni  ca.sque 
non     pouvaient    soutenir   l'impétuosité ,    bollin  , 


FRO 


llùt.  anc.  (Eut.  t.  xi,  ("  part.  p.  384,  dans 
pouoENS.  Il  Pierres  de  fronde,  pierre»  travaillées 
pour  être  lancées  par  la  fronde,  qu'on  trouve  dans 
les  habitations  lacustres  anté-historiques  et  chez 
quelques,  peuples  sauvages  actuels.  Les  pierres  tail- 
lées nommées  pierres  de  fronde  ont  une  forme  sphé- 
rique  ou  discoïde  présentant  une  rainure  dans  leur 
partie  moyenne  plus  ou  moins  profonde,  mabcel 
DE  SERRES,  Comptes  rendus,  Acad.  des  se.  t.  lui, 
p.  U2i.  Il  2°  Terme  de  chirurgie.  Bandage  à  quatre 
chefs,  ainsi  appelé  parce  qu'il  a  la  forme  d'une 
fronde.  ||  3°  Nom  du  parti  qui  s'insurgea  contre  Ma- 
larin  et  la  cour  pendant  la  minorité  de  Louis  XIV  ; 
en  ce  sens  on  met  une  majuscule  :  la  guerre  de  la 
Fronde.  Il  en  est  [des  diables]  de  lourdauds,  de 
hargneux  et  de  mornes  ;  Il  en  est  d'enjoués ,  il 
en  est  de  grondants,  De  danseurs  sur  la  corde 
et  d'arracheurs  de  dents;  Il  en  est  de  village,  il  en 
est  de  grand  monde  ;  Il  en  est  à  la  mode ,  il  en 
est  à  la  Fronde,  th.  corn.  Feint  astrologue,  v,  6. 
Les  romans  de  Scarron  n'ont  point  troublé  le  monde; 
Chapelain  ne  fit  point  la  guerre  de  la  Fronde,  volt. 
ÉpU.  1110.  Tout  cela  part,  dit-on,  du  collège  Maza- 
rin  ;  il  faudra  que  nous  disions  comme  du  temps  de 
la  Fronde  :  point  de  Mazarin,  id.  Lett.  Damilaville, 
♦  juin  1767.  Il  II  s'est  dit,  au  pluriel,  des  mouvements 
que  la  Fronde  avait  excités.  Vous  me  faites  plaisir 
de  me  mander  tout  le  détail  de  vos  frondes,  pasc. 
Lett.  àPérier,  tes  t. 

—  REM.  Au  xvii*  siècle  quelques-uns  disaient  en- 
core fonde,  qui  jadis  avait  été  seul  usité,  et  qui  est 
la  forme  correcte  :  Lygdame  cependant,  cet  homme 
incomparable  X  lancer  de  la  fonde  un  plomb  iné- 
vitable, BHÉBEUP ,  Pharsale,  m.  Chifflet,  Gramm. 
p.  33,  se  contente  de  remarquer  que  fronde  est 
meilleur  que  fonde. 

—  }1IST.  XII'  s.  Prist  Sun  bastun  al  puin,  e  sa 
funde;  e  eslist  cino  bêles  pierres  de  la  rivière,  Rois, 
p.  66.  Il  xni*  s.  Et  si  avoit  vilains  qui  à  nostre  gent 
jettoient  des  pierres  en  grans  fondes,  qui  moult 
merveilleusement  lor  grevoient,  h.  de  valenc. 
xxxiv.  Il  XV'  s.  Ils  prirent  le  varlet,  et  lui  pendirent 
les  lettres  au  cou,  et  le  mirent  tout  en  un  mont  en 
la  fonde  d'un  engin,  et  puis  le  renvoyèrent  dedans 
Auberoche,  FBOiss.  I,  I,  228.  ||xvi's.  Les  paysans 
retirez  [dans  Sancerre  assiégée]  qui  se  servoient 
principallement  de  fondes,  d'où  vint  que  les  assie- 
geans  les  nommèrent  les  harquebuses  de  Sancerre, 
d'aub.  Hist.  II,  41.  Fronde,  paré,  ix,  2' dise. 

ti—  KTYM.  Berry,  fonde;  provenç.  fonda,  fronda; 
catal.  fona;  espagn.  honda;  portug.  funda  ;  ital. 
fionda;  du  latin  funda.  On  remarquera  dans  fronde 
l'épenthèse  d'une  r  qui  ne  paraît  pas  remonter  plus 
haut  que  le  xvi'  siècle,  bien  qu'elle  soit  plus  an- 
cienne dans  le  provençal.  Pour  l'explication  du 
sens  de  Fronde,  guerre  durant  la  minorité  de 
Louis  XIV,  voy.  fronder  à  la  remarque.  Funda 
sst  de  même  radical  que  (jçevSovri,  fronde,  \'s  dispa- 
raissant comme  dans  fallere,  par  rapport  à  ospâXÀw; 
les  étymologistes  rattachent  oçevSôvt)  au  sanscrit 
tpand,  s'agiter. 

t  2.  FRONDE   (fron-d'),    s.f.  Terme  de  botani- 
îque.  Nom  qu'on  donne  généralement  aux  expan- 
I,  sions  membraneuses  des  acotylédones.  Les  fougères 
l  ont  des  frondes  et  non   des  feuilles,  en   langage 
technique  ;  mais  beaucoup  d'auteurs  disent  simple- 
ment des  feuilles. 

—  Rtvm.  Lat.  frons,  frondis,  feuillage. 

FRONDfi,  ÉE  (fron-dé,  dée),  part,  passé  Ae  fron- 
der. Il  1°  Lancé  avec  la  fronde.  Une  pierre  frondée 
avec  roideur.  ||  2°  Critiqué.  Mauvais  goût  justement 
frondé  par  Boileau,  volt.  Comm.  Corn.  Rem.  Toi- 
son d'or,  Préf.  ||  Substantivement.  Cela  prouve  que 
les  frondeurs  veulent  s'appuyer  de  votre  nom  et 
que  les  frondés  le  craignent,  volt.  Lett.  d'Àlemb. 
l3déo.  4703 

t  FRONDÉE  (fron-dée),  s.  f.  Espace  embrassé  par 
un  trait  de  fronde. 

—  ÉTYM.  Fronde. 
FRONDER   (fron-dé),  v.   a.\]l°   Lancer  avec  la 

fronde.  Chacun  d'eux  avait  une  fronde.  Non  pas 
pour  fronder  des  arrCts,  Mais  des  pierres,  cailloux 
et  grès,  ECARR.  Virg.  v.  ||  Absolument.  Bachau- 
mont  s'avisa  de  dire  un  jour  que  le  parlement  fai- 
sait comme  les  écoliers  qui  frondent  dans  les  fossés 
de  Paris,  qui  se  eéparent  dès  qu'ils  voient  le  lieute- 
nant civil,  et  qui  se  rassemblent  dès  qu'il  ne  paraît 
plus,  RETZ,  II,  385.  Sur  les  bords  bienheureux  du 
Tibre  Vous  trouverezun  peuple  libre.  Et  qui  fronde 
en  disl.le  et  demi,  Quand  il  lui  vient  quelque  en- 
nemi, SCARRON,  rirg.  V.  Il  Par  extension.  Il  lui  fronda 
une  assiette  à  la  tête.  H  Fronder  quelque^  chose  ou 
quelqu'un,  le  frapper  avec  une  chose  lancée.  Rmcy, 


FRO 

méprisant  la  soupe  de  village,  entame  un  pain,  le 
trouve  dur  et  trop  rassis,  en  fronde  un  abricotier 
voisin,  scARR.  Lett.  Œuvres,  t.  I,  p.  2(0,  dans  pou- 
OENS.  Il  2°  Absolument,  s'est  dit,  sous  la  minorité 
de  Louis  XIV,  pour  prendre  part  aux  intrigues,  aux 
luttes  de  la  Fronde.  ||  Par  extension.  L'art  de  fron- 
der et  bouleverser  les  États,  est  d'ébranler  les  cou- 
tumes établies,  en  sondant  jusque  dans  leur  source, 
pour  marquer  leur  défaut   de   justice,  pasc.  Du 
vrai  bien,  4,  éd.  faugère.  ||  3°  Faire  le  mécontent, 
le  critique  à  l'égard  de  choses  ou  do  personnes. 
Bien  des  gens  ont  frondé  cette  comédie,  mol.  Préf. 
de  l'École  des  femmes.  Il  ne  se  soucie  pas  qu'on 
fronde  ses  pièces,  pourvu  qu'il  y  vienne  du  monde, 
ID.  Critique,  7.  X  mon  ordinaire,  je  frondai  cette 
dépense,  sËv.  317.  La  grandeur  d'âme  ne  consiste 
point  à  fronder  ceux  qui  ont  l'autorité  en  main, 
MAINTENON,  Lett.  d  Mme  de  Caylus.    )4  déo.   47tfl. 
Je  te  redisais  les   mêmes  paroles  qu'il  m'a  dites 
lorsque  j'ai   voulu   fronder  sa   conduite,    baron, 
Homm.  à  bonn.  fort,  i,  <2.   De  nos  vaines  témé- 
rités Vos  vers  sont  la  fidèle  histoire  ;  On  peut  fron- 
der les  vanités  Quand  on  est  au  sein  de  la  gloire, 
VOLT.  Lett.  au  roi  de  Pr.  24  janv.  4  747.  J'aime  à 
fronder  les  préjugés  gothiques,  Et  les  cordons  de 
toutes  les  couleurs,  bérang.  Nouv.  Diog.  \\  Absolu- 
ment. On  a  frondé  rudement  cont;  e  M.  de  Saint- 
Malo,    sÉv.    239.   Chacun  fronde  sur  sa  dépense, 
DESTOCCHES,  Diss.  III,  6.  ||  C'est  un  homme  qui  passe 
sa  vie  à  fronder,  se  dit  d'un  homme  qui  montre  une 
humeur  morose,  qui  désapprouve,  blâme  tout. 

—  REM.  Fronder,  dans  le  sens  de  faire  la  guerre 
de  la  Fronde,  et  puis  de  blâmer,  vient  du  mot, 
rapporté  plus  haut,  de  Bachaumont.  Quelques  jours 
après ,  le  même  Bachaumont ,    entendant   opiner 


FRO 


1789 


|uelques-uns  de  messieurs  du  parlement  en  fa- 
veur du  ministère,  se  souvenant  de  sa  comparai- 
son, dit  qu'il  allait  fronder  cet  avis.  Ces  mots  ayant 
été  reçus  avec  approbation  par  ces  conseillers,  et 
employés  ensuite  heureusement  en  vers  par  M.  de 
Marigny,  on  appela  frondeurs  ceux  qui  étaient  con- 
traires au  ministre  et  au  ministère. 

—  ftTYM.  Fronde;  provenç.  fondeiar. 
t  MtONDERIE  (tron-de-rie),  s.  f.  \\  1°  Mouvements, 

tumulte  de  la  Fronde.  ||  2°  Mécontentement,  cla- 
meurs. Il  y  a  ici  de  grandes  fronderies,  mais  cela 
s'apaise  en  vingt-quatre  heures,  sÉv.  81. 

—  ÈTYM.  Fronder. 
t  FRONDESCENT,  ENTE  (fron-dè-ssan ,  ssan-t'), 

adj.  Terme  de  botanique.  Qui  est  en  forme  de  feuil- 
lage. Expansion  frondescente.  ||  Qui  se  couvre  de 
fouillage. 

—  ÉTYM.  Lat.  frondescens,  qui  se  couvre  de  feuil- 
lage, de  frons,  frondis,  feuillage. 

FRONDEUR    (Iron-deur),  s.  m.    ||   1°  Celui  qui 
lance  des  pierres  avec  la  fronde.  On  mêlait  quel- 
quefois parmi  ces  archers  des  frondeurs  qui  lançaient 
de  grosses  pierres  avec  une  raideur  extrême,  rol- 
HN,  Jlist.  anc.  (Euv.  t.  ii,  p.   406,  dans  pougens. 
Il  2°  Frondeur,  frondeuse,  celui,  celle  qui,  sous  la 
minorité  de  Louis  XIV,  appartenait  au  parti  de  la 
Fronde.  Mlle  de  Montpensier  affecta   de  faire  la 
frondeuse   avec  emportement,  retz,  dans  le  Dict. 
de  D0CHEZ.  Il  Adjectivement.  Je  n'avais  auprès  de 
moi  que   la   jeunesse    frondeuse,   retz,  m,  304. 
Il  3°  Par  extension,  celui,  celle  qui  parle   contre 
le  gouvernement.  Le  nom  de  frondeurs  qu'on  donne 
aux  censeurs  du  gouvernement ,  volt.  Louis  XIV, 
4.   Quand  un  peuple  n'est  pas  un  frondeur  dan- 
gereux,  il    est  le  plus  séducteur  des  courtisans, 
DIDEROT,  Claude  et  Nér.  i,  82.  ||  4°  Celui,  celle  qui 
fronde,  qui  critique.  Vous  plaisez  aux  plus  délicats; 
cela    console  des   frondeurs,  maintenon,  Lett.  au 
card.  de  Noailles,  7  oct.  4807.  Timon,  qui,  du  passé 
profond   admirateur.   Du  présent  qu'il  ignore  est 
l'éternel  frondeur,  volt.  Êvén.   4  744.   L;i  richesse 
que  des  frondeurs  Dédaignent  et  pour  cause,  bérang. 
El.  de  la  rich.  \\  Adj.  Un  siècle  frondeur.  Si  le  carac- 
tère indépendant,  mais  peu  vigoureux  de  Courier, 
si  son  esprit  frondeur  plutôt  qu'arrêté  en   certains 
principes,  sont  assez  compris  par  ce  qui  précède,  on 
ne  s'étonnera  point  qu'il  continuât  à  servir  malgré 
son  peu  de  goût  pour  la  nouvelle  forme  de  gouver- 
nement établie  en  France,  carrel,   Œuvres,  t.  v, 
p. 4  93.  Il  Celui  qui  montre  une  humeur  morose,  cha- 
grine,   qui   désapprouve    tout.   C'est   un    frondeur 
éternel. 

—  HIST.  XII'  s.  E  li  fundeor  e  li  archier  aloient 
devant  l'ost,  Machab.  \,  9. 

—  ÉTYM.  Fronder;  prov.  frondeiador. 

f  FRONDIFÈRE(fron-di-f5-r'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  porte  des  feuilles  ou  des  expansions  fo- 
liacées. 


—  f.TY.M.  Lat.  /'roiit,  frondis,  feuillage,  et  ferre 
porter. 

fFRONDIPARE  (fron-di-pa-r'),  ad/.Terme  do  bo- 
tanique. Fleur,  fruit  frondipare,  fleur,  fruit  d'où 
sort  un  rameau  qui  continue  à  s'accroître,  et  que 
ces  organes  n'ont  pas  coutume  de  porter,  legoa- 

RANT. 

—  ÉTYM.  Lat.  frons,  feuillage  (voy.  rRONDE  2),  et 
parère,  produire. 

FRONT    (fron;  le  t  se  lie  :  un  fron-t  élevé;  au 
pluriel,  r*  se  lie  :  des  fron-z  élevés) ,  s.  m.\\l°  Partie 
de  la  face  qui  s'étend  de  l'origine  des  cheveux  aux 
sourcils  et  d'une  tempe  à  l'autre.  Un  front  large. 
Un  front  élevé.  Il  a  le  front  bas.  Aux  lauriers  im- 
mortels qui  lui  ceignent  le  front ,  corn.  Hor.  v,  3. 
Elle  vient,  et  son  front,  siège  de  la  candeur,  An- 
nonce en  rougissant  les  vertus  de  son  cœur,  volt. 
Fanât,  i,  4 .  Le  front  est  une  des  grandes  parties  de 
la  face,  et  l'une  de  celles  qui  contribuent  le  plus  à 
la  beauté  de  sa  forme,  buff.  Hist.  nat.  hom.  Son 
front  était  pensif,  son  âme  était  émue,  ducis,  Abu- 
far,  II,  2.  Partout  où,  le  long  des  chemins.  J'ai  posé 
mon  front  dans  mes  mains.  Et  sangloté  comme  une 
femme....  A.  de  musset,  Poésies  nouv.  Nuit  de  dé- 
cembre.  Il  Fig.  Quant  aux  volontés  souveraines  Do 
celui  qui  fait  tout  et  rien  qu'avec  dessein,  Qui  les 
sait  que  lui  seul?  comment  lire  en  son  sein?  Au- 
rait-il imprimé  sur  le  front  des  étoiles  Ce  que  la 
nuit  des  temps  enferme  dans  ses  voiles  ?  la  font. 
Fabl.  Il,  43.  Quelle  Jérusalem  nouvelle....  Et  porto 
sur  le  front  une  marque  immortelle?  rac.  Alhal. 
m,   7.  Sion  a  son  front  dans  les    deux,  id.  ib. 
III,  8.  Il  Frotter  son  front,  geste  que  l'on  fait  quand 
on  cherche   quelque  idée.   J'ai   beau  frotter  mon 
front,  j'ai  beau  mordre  mes  doigts;  Je  ne  puis  ar- 
racher du  creux  de  ma  cervelle  Que  des  vers  plus 
forcés  que  ceux  de  la  Pucelle,  boil.  Sat.  vu.  ||  Se 
frapper  le  front,  se  dit  d'un  geste  qu'on  fait  quand 
on  a  quelque  inspiration  ou  réminiscence  soudaine. 
Il  se  frappa  le  front,  en  s'écriant  :  J'y  suis.  ||  Donner 
du  front  contre,  se  heurter  le  devant  de   la  tête 
contre.  Peut-être  en  ce  moment,  pour  vous  épou- 
vanter, Il  se  soufflettera  d'une  main  mutinée.  Se 
donnera  du  front  contre  une  cheminée,  kegnard, 
le  Joueur,  n,  t.    ||  Dérider  le  front,   ôter  du  front 
les  rides  qui  indiquent  le   sérieux,  la  préoccupa- 
tion. J'aime   mieux   Arioste  et  ses    fables   comi- 
ques Que  ces  auteurs  toujours  froids  et  mélancoli- 
ques Qui   dans  leur  sombre  humeur  se  croiraient 
faire  affront  Si  les  grâces  jamais  leur  déridaient  le 
front,  BoiL.  Artp.  m.  ||  Le  front  rougit,  se  dit  d'un 
sentiment  de  honte  qui  y  fait  monter  la  rougeur. 
Son  front,  nouveau  tondu,    symbole  de  candeur, 
Rougit  en  approchant  d'une  honnête  pudeur,  boil. 
Lulr.  I.  Combien  nos  fronts  pour  elle  ont-ils  rougi 
de  fois  !  hac.  Iphig.  iv,  4.  Je  ne  suis  point  de  ces 
femmes   hardies  Qui,  goûtant  dans  le  crime  une 
tranquille  paix,   Ont  su  se    faire    un   front  qui  ne 
rougit  jamais ,  id.  Phèdre,  m ,  3.  ||  Fig.  N'avoir 
point  de  front,  n'avoir  ni  honte,  ni  pudeur.  ||  On 
dit,  dans  un    sens  analogue .   endurcir  son  front. 
Elle  a  endurci  son  front,  elle  ne  sait  plus  rougir, 
Boss.  Var.  3.  ||  2°  Le  devant  de  la  tête  de  certains 
animaux.   Le   front  d'un  cheval,  d'un  bœuf.   Son 
front  large  [d'un  monstre  marin]  est  armé  de  corne.i 
menaçantes,  rac.  Phèdre,  v,  6.   ||  Chez  les  crus- 
tacés,  intervalle  qui  sépare  les  yeux  quand  le  bord 
antérieur  de  la  tête  ne  se  prolonge  point  en  rostre 
Il  Chez  les  insectes,  partie  antérieure  et  supérieure 
de  la  tête,  comprise  entre  la  bouche,  les  antennes, 
les  yeux  et  l'occiput.  ||  3°   Se  dit  pour  le  visage 
entier.   Un  front  serein.  Un  front  sévère.    Il  est 
vrai,  s'agissant  d'un  secret  qui  nous  touche,  On 
croit  que  le  front  parle,  au  défaut  do  la  bouche, 
HAIJTEROCIIE,  NoHes  de  province,  m,  4.   Il   lit  au 
front    de    ceux  qu'un    vain    luxe  environne   Que 
la  fortune  vend  ce  qu'on  croit  qu'elle  donne,  la 
font.  Phil.  et  Bauc.  Ce  front  satisfait  Dit  assez  à 
mes  yeux  que  Porus  est  défait,  rac.  Alex,  m,  4.  Je 
me  connais,  je  sais  que,  blanchi  sous  les  armes.  Ce 
front  triste  et  sévère  a  pour  vous  peu  de  charmes , 
VOLT.  3ffr.  I,  3.  Songe  à  ce  bras  puissant,  vainqueur 
de  tant  do  rois,  A  cet  aimable  front  que  la  gloire 
couronne,  id.  Zaïre,  i,  4.  Il  verra  si  mon  front  sou- 
tiendra la  couronne,  id.  Mérope,  i,  3.  ||  4°  La  tête, 
surtout  dans  le  style  élevé  et  les  vers.  Chaque  mol 
sur  mon  front  fait  dres.ser  mes  cheveux,  rac.  Phèd. 
IV,   6.  Je  renvoie  Hermione,  et  je  mets  sur  sou 
front.  Au  lieu  de  ma  couronne,  un  étonicl  iitfront, 
m.  Andr.  m,  7.  Et  pourquoi  ma  cacher"  et  par 
quelle  injustice  Faut-il  qu«  mr  mon  front  sa  honte 
rejaillisse?  id.  Iphig.  m,  -i.  \\  Fig.  Humilier,  cour- 
tier, baisser  le  front,  se  dit  de  l'humiliation  de  l'a- 


1790 


FRO 


balssemeut  de  la  servitude.  Avec  plaisir,  sans  doute, 
il  verraiv  à  ses  pieds  Des  sénateurs  tremblants  les 
fronts  humiliés,  volt.  Ilrutus,  m,  2.  J'en  eus  [des 
amis]  quand  j'étais  reine,  et  le  peu  qui  m'en  reste 
Sous  un  joug  étranger  baisse  un  front  abattu,  in. 
Iférope,  v,  *.  ||  Fig.  Uelever  le  front,  reprendre  du 
eourage,  de  l'audace,  de  la  fermeté.  Ainsi  ce  peuple 
esclave,  oubliant  son  devoir,  Contre  son  roi  lève  un 
front  indocile,  volt.  Sams.  il,  t.  Messcne  après 
quinze  ans  de  guerres  intestines  Lève  un  frontmoins 
timide  et  sort  de  ses  mines,  m.  Mér.  i,  i.  Kt  lorsque 
l'Italie  ensecouant  ses  fers  L.cve  un  front  menaçant.... 
sdUBiN,  Spartacus,  i,  t .  Reine  du  monde,  6  France, 
6  ma  patrie.  Soulève  enfin  ton  front  cicatrisé,  bé- 
BANG.  Enf.  de  la  Fr.  \\  Le  front  levé,  c'est-à-dire 
avec  assurance,  sans  craindre  aucun  reproche.  L'on 
aime  à  aller  le  front  levé  dans  la  famille  des  Pour- 
ceaugnac,  mol.  Pourc.  ii,  4.  Quand  je  vois  dans  ce 
temple,  aux  vertus  élevé.  L'infâme  trahison  marcher 
le  front  levé,  volt.  Jtome  sauv.  i,  6.  L'impudicité 
ne  marche  pas  le  front  levé  chez  les  chrétiens, 
CHATEAUB.  Génie,  m,  m,  2.  ||  5°  La  personne  elle- 
même,  dans  le  langage  poétique.  Le  front  à  qui  le 
cœur  ne  fait  point  de  reproche  Souffre  aisément  son 
juge  et  n'en  craint  point  l'approche,  rotr.  liélis.  ii, 
8.  Joint  qu'au  moindre  attentat  contre  un  front 
couronné  C'est  être  criminel  que  d'être  soupçonné, 
ID.  ib.  Souvenez-vous  qu'il  règne,  et  qu'un  front 
couronné....  hac.  Àndr.  iv,  3.  ||  6°  L'air,  l'atti- 
tude,  le  langage,,  les  manières,  surtout  en  poésie. 
Et  reconnaissez-vous  au  front  de  vos  amis  Qu'ils 
soient  prêts  à  tenir  ce  qu'ils  vous  ont  promis?  corn. 
Cinna,  I,  3.  Mais  sachez  qu'il  n'est  point  de  si 
cruel  trépas.  Où  d'un  front  assuré  je  ne  porte  mes 
pas,  ID.  Poly.  IV,  5.  Il  s'avance  au  trépas  Avec  le 
même  front  qu'il  donnait  les  États,  id.  Pomp.  ii,  2. 
De  quel  front  soutenir  ce  fâcheux  entretien  ?  rac. 
lirit.  Il,  2.  Je  verrai  le  témoin  de  ma  flamme  adul- 
tère Observer  de  quel  front  j'ose  aborder  son  père,iD. 
/'Aèd.iii,  3.  Ah!  Dieux!  lorsqu'à  mes  vœux  l'ingrat  in- 
exorable S'armait  d'un  œil  si  fier,  d'un  front  si  redou- 
table.... ID.  t'b.  iv,6 Touslesjours....  un  homme, 

un  vil  esclave  D'un  front  audacieux  me  dédaigne  et 
me  brave,  id. Esth. -a,  t.  11  [Harlai]  se  présente  aux 
Seize,  il  demanda  des  fers  Du  front  dont  il  aurait 
condamné  ces  pervers,  volt.  Ilenr.  iv.  ||  De  quel 
front,  avec  quelle  assurance,  avecquelle  intrépidité. 
Ceux  qui  ont  vu  de  quel  front  il  [Charles  I"]  a  paru 
dans  la  salle  de  Westminster,  Boss.  Heine  d'Angl. 
Il  Les  dehors,  l'apparence,  par  opposition  aux  sen- 
timents du  cœur.  Et  c'est  mal  démêler  le  cneur 
d'avec  le  front  Que  prendre  pour  sincère  un  chan- 
gement si  prorapt,  corn.  Hod.  iv,  6.  ||  7°  Impudence, 
elfronterie.  11  a  bien  le  front  de  m'accuser  d'ava- 
rice, vaugel.  Q.  C.  407.  A-t-il  encorle  front  de  vous 
parler  de  moi?  corn.  Tois.  d'or,  iv,  2.  Quoil  vous 
avez  le  front  de  trouver  cela  beau?  mol.  Mis.  i,  2. 
C'est  une  chose  étonnante  que  vous  ayez  le  front  de 
parler  si  haut,  pasc.  Provinc.  I3.  Quoil  vous  avez  le 
front  de  rire,  et  devant  nous?  regnahd,  Distr.  i,  4. 
Allons,  mon  ami,  de  la  tête  et  du  front  ;  je  suis  là, 
PICARD,  Duhaulcours,  m,  7.||De  quel  front,  avec 
quelle  impudence.  De  quel  front  donnerais-je  un 
exemple  aujourd'hui.  Que  mes  lois,  dès  demain, 
puniraient  en  autrui?  corn.  Perihar.  ii,  3.  Dû  quel 
front  s'en  aller  le  voir  et  lui  parler?  la  font.  Fau- 
con. Avec  quel  front  osent-ils  parler  do  la  loi?  boss. 
Ili.1t.  Il,  )3.  Madamel  et  de  quel  front  vous  unir  à 
mon  sort,  Quand  je  ne  cherche  plus  que  la  guerre  et 
la  mort?  rac.  Mithr.  m,  5.  Que  veut-il?  de  quel 
frcnt  cet  ennemi  de  Dieu  Vient-il  infecter  l'air 
qu'on  respire  en  ce  lieu?  id.  Alhal,  m,  5.  De  quel 
front  un  Alexandre  VI,  l'horreur  dô  toute  la  terre, 
avait-il  osé  se  dire  le  vicaire  de  Dieu  ?  volt.  Mœurs, 
128.  Il  Un  front  d'airain,  une  extrême  impudence. 
Cet  homme  a  un  front  d'airain.  J'ai  vu  que  l'impu- 
dence est  la  reine  du  monde  Et  qu'il  faut,  quand  on 
veut  y  faire  son  chemin.  Aller  à  la  fortune  avec  un 
front  d'airain,  la  chaussée,  Coûter»,  i,  3.  |{  On  dit 
dans  le  même  sens  :  C'est  un  frontd'airain.  |{  8  "  Fig. 
et  d.ins  le  langage  élevé  et  poétique.  Le  haut,  le 
sommet.  Cette  montagne  élève  son  frontjiisque  dans 
les  nues.  J'avais  atteint  le  front  des  collines  pro- 
chaines, d'à  VRIGNY,  Jeanne  d'Arc,  m,  6.  Pourquoi 
balancez-vous  vos  fronts  que  l'aube  essuie.  Forêts, 
qui  tressaillez  avant  l'heure  du  bruit?  lamart.  Ilarm. 
•i  3.  Il  9"  Etendue  que  présente  le  devant  de  cerui- 
nes  choses.  Le  fnmt  d'un  bâtiment.  S'il  est  vrai, 
comme  on  l'assure,  qu'il  y  ait  dans  Paris  seul  vingt- 
quatre  mi'.lo  maisons  â  front  de  rue,  vahban,  Dlme, 
p.  78.  Il  Terme  de  fortification.  Front  d'une  place, 
ce  qui  est  compris  entre  les  deux  bastions  voisins. 
Une  forteressa  qui  montre  do  tous  côtés  un  front  re-  ' 


FRO 

doutable,  BOSS.  Louis  de  Itourhon.  ||  10"/^  face  d'une 
troupe  rangée  en  ligne.  Le  front  d'un  bataillon  est 
le  premier  rang  composé  des  chefs  do  file.  Combat- 
tre avec  les  miens  au  front  de  la  bataille,  tkistan, 
Panlhée,  iv,  3.  Cette  ph.ilange  était  divisée  en  dix 
petits  corps,  dont  chacun  présentait  un  front  de 
cinquante  hommes  sur  trente-deux  de  profondeur, 
ROLLiN,  Ilist.  anc.  (Hiuv.  t.  viii,  p.  407,  dans  pou- 
gens.  En  donnant  au  corps  de  bataille  moins  de  front 
et  plus  de  profondeur,  id.  ib.  1. 1,  p.  312.  Le  front 
des  Russes  n'était  plus  en  face  de  notre  colonne, 
mais  sur  notre  gauche,  ségur,  Ilist.  de  Nnp.  iv,  8. 
Il  Passer  sur  le  front  d'une  troupe,  se  porter  sur  le 
front  d'une  troupe  rangée  en  bataille.  ||  Front  de 
bandière  ,  ligne  des  étendards  et  des  drapeaux  à 
la  tête  d'un  corps  campé.  ||  Front  de  bataille,  rang 
antérieur  d'une  troupe  ou  d'une  ligne  déployée; 
quand  elle  n'est  pas  déployée,  on  l'appelle  tête  de 
colonne.  ||  Marcher  en  front  de  bandière,  marcher 
avec  tout  l'appareil  de  la  guerre.  Les  Samoïèdes, 
les  Lapons,  les  Kamshatkadiens  n'ont  jamais  mar- 
ché en  front  de  bandière  pour  détruire  leurs  voi- 
sins, volt.  Dict.  phil.  Armes,  Armées.  \\  Faire  front, 
se  dit  d'une  troupe  qui,  étant  de  (lanc,  se  tourne 
de  manière  à  présenter  le  front.  ||  Front  I  terme  de 
commandement  militaire,  pour  dire  à  une  troupe  de 
faire  face.  ||  Terme  de  marine.  Ordre  de  marche 
dans  lequel  tous  les  vaisseaux  d'une  armée  navale 
sont  rangés  sur  une  ligne  perpendiculaire  au  vent. 
Former  une  ligne  de  front.  ||  11°  Terme  de  perspec- 
tive. Projection  orthographiqued'un  objetsur  le  plan 
parallèle  au  tableau.  {|  12"  De  front,  loc.  adv.  Par  de- 
vant. Elles  s'allaient  rencontrer  de  front  l'une  l'autre, 
desc.  Monde,  ».  La  choquer  hardiment  [la  fortune], 
et,  sans  craindre  la  mort.  Se  présenter  de  front  à  son 
plus  rude  effort,  cohn.  Médée,  i,  6.  Quelque  effort 
que  nous  fassions  pour  détourner  nos  visages  de 
peur  que  la  vérité  ne  nous  éclaire  de  front,  boss. 
2'  sermon,  dim.  de  la  Passion ,  2.  Pendant  qu'A- 
draste  l'aurait  attaqué  de  front,  fén.  Tél.  xx.  La  co- 
lonne était  attaquée  à  la  fois  de  front  et  par  les 
deux  flancs,  volt.  [.ouisXV,  15.  Il  [Napoléon]  mul- 
tiplia SCS  ordres,  il  outra  ses  excitations,  et  il  enga- 
gea de  front  une  bataille  qu'il  avait  conçue  dans  un 
ordre  oblique,  ségdr,  Ilist.  de  Nap.  vu,  9.  ||  Fig. 
Sans  ménagement,  sans  prendre  des  biais.  Je  sais 
ce  que  tu  dis,  et  n'irai  pas,  de  front,  Faire  un  com- 
mandement qu'ils  prendraient  pour  affront,  corn. 
D.  Sanche,  ii,  t.  Il  est  certains  esprits  qu'il  faut 
prendre  de  biais,  Et  que,  heurtant  de  front,  vous 
ne  gagnez  jamais,  regnard,  le  Légat,  u,  t.  Toute 
loi  qui  attaque  de  front  un  vice  que  les  mœurs  to- 
lèrent est  nécessairement  bientôt  éludée  et  oubliée, 
CONDORCET,  Maurcpas.  Si  l'on  n'osa  pas  les  heurter 
de  front  [les  auteurs  du  xvii*  siècle]....  on  les  atta- 
qua d'une  manière  indirecte,  ciuteauer.  Génie,  i, 
1,  t.  Il  13°  De  front,  sur  la  même  ligne.  Les  voilà 
qui  voguent  de  front,  scarr.  Virg.  v.  Une  ville 
composéed'une  rue  qui  s'appelle  la  grande,  quoique 
deux  carrosses  n'y  puissent  passer  de  front,  mainte- 
Nin,  Letl.  à  Mme  deVeilliaut,  mai  1692.  Pareils  en 
quelque  sorte  aux  anciens  qui  avaient  l'adresse  de 
mener  jusqu'à  huitchevaux  attelés  de  front,  M.  Leib- 
nilz  mena  de  front  toutes  les  sciences,  FoNTEN.iei'b- 
nilz.  Il  Fig.  En  même  temps.  Mener  deux  affaircsde 
front.  Le  christianisme  fait  marcher  de  front  les 
mystères  de  la  divinité  et  les  mystères  du  cœur  hu- 
main, chateaubr.  Génie,  ii,  il,  ).  |{  14*Front  àfront, 
loc.  adv.  Opposé  l'un  à  l'autre ,  en  face  l'un  de  l'au- 
tre. Ces  deux  hommes  [Condé  et  Turenne],  tantôt 
unis....  tantôt  opposés  front  à  front,  boss.  Louis  de 
llourbon. 

—  lllST.  xi*  S.  Entre  les  icuz  mult  [il]  ot  large  le 
front,  Ch.  de  Hol.  xcii.  ||  xir  s.  Et  vos  [votre]  douz 
front  qui  plus  est  clair  que  glace,  Couci,  xi.  ||xiii's. 
Quand  vient  en  mai,  que  l'on  dit  as  Ions  jours.  Que 
Franc  de  France  repaircntde  roi  court  [de  !a  cour 
du  roi],  Regnauz  repaire  devant  au  premier  front, 
Romancero,  p.  49.   De  Constantinoble ,  qui  tenoit 
trois   liues   devers  la  terre  de  front,  ne  pooit  li  os 
[l'armée]   ataindre   que  l'une  des  portes,    vii.leh. 
Lxxiv.  Einsi  furent  les  batailles  longuement  front  à 
front,  in.  Lxrxii.  Li  dus  de  Venise  ot  fait  ses  nés  [na- 
vires] et  ses  vaissiaux  ordener  tout  d'un  front,  id.  \ 
Lxxvii.  Contraire  chose  sont  ccles  qui  tout  droit,  | 
front  à  front,  sont  l'une  contre  l'autre,  si   comme  ' 
est  froit  contre  chaut,  brun,  latini,  Trésor,  p.  635,  I 
Cil  qui  i  faut  [qui  est  éhonté]  est  apelcz  sans  ver- 
goigne  et  sjinz  front,  in.  ib.  p.  273.  Et  li  frons  de  la  | 
maison  doit  cslre  contre  midi,  in.ii.  p.  (78.  |{  xiv's. 
Tellement  fu  li  mur  par  sa  force  [du  chevalier]  mi- 
nez Que  deux  hommes  de  front  y  fussent  bien  en- 
trez   GuescL    20318.  Il  XV*   s Il  tient    son  front  j 


FKO  I 

•  i_ 

Par  devant  eulx,  comme  orgueilleux  et  fiers,  rosT. 
'  descii.  f"   234,  dans  lacubne.  ||xvi'  s.  Pour  entre- 
prendre de  marcherfront  à  front  avecqucs  ces  genls 
là,  mont,  i,  iib.  Les  hommes  d'armes  qui  faisoient 
front  en  l'armée  de  Tigranes,  lo.  ii,  »4.Les  Ro- 
mains furent  contraints  de  venir  au  combat  tout  de- 
front  par  païs  uny   et  plain,  amïot,  Pyrrhus,  4«, , 
Autrement,  comme  pourrois-jc  ny  avec  quel  front 
me  trouver  en  la  compagnie  des  autres  honestei 
dames  quand....  id.  Agis  et  Cléom.  (9.  Le  roi  de 
Navarre  se  révolte  et  célèbre   son  changement  en 
une  procession  générale  à  fin  d'estouffer  les  hontei 
secrettes  et  reproches  domestiques  par  le  front  d'un 
acte  public,  d'aub.  Ilist.  i,  <30.  Il  fit  de  sa  file  son  , 
front,  ID.  ib.  i,  (49.  Les  assiégez  leur  laissèrent  ga-  j 
gner  le  front  de  la  brèche,  id.  ib.  i,  (84.  S'il  y  avoit  " 
jardin  derrière  le  manoir,  et  terre  qui  n'eust  point 
front  avec  les  dits  survivans,  leur  est  tenu  bailler 
quatre  pieds  de  voyes,  pour  eschange  d'autre  héri- 
tage, Nouv.  coust.  gén.  t.    i,  p.  394.  Nul  ne  peut 
faire  bastir  et  édifier  maison  ou  autre  édifice  sur 
front  de  rue  sans  prendre  alignement  de  la  iustice, 
ib.  t.  11,  p.  (028. 

—  ÉTYM.  Provenç.  front;  espagn.  frente ; ^ortug. 
et  ital.  froi>te;<i\\ latin  frontem; san.sc. bhr«ra,grcc,4- 
çpùc; gaélique, a-bftra ; bas-bret.  a-hran(;  angl.  broip. 

4.  FRONTAL,  ALE  (fron-ial,  tal'J.odj.  ijl'Terme 
d'anatomie.  Qui  appartient  au  front.  Les  muscles 
frontaux.  La  région  frontale.  ||  Os  frontal  ou  coro- 
nal,  ou,  substantivement,  le  frontal,  os  situé  à  la 
partie  antérieure  du  crâne  et  supérieure  de  la  face. 
Il  Sinus  frontaux,  voy.  sincs.  |j  Suture  frontale,  voy. 
SUTURE.  Il  2°  Terme  de  zoologie.  Il  se  dit  de  quel- 
ques animaux  qui  ont  le  front  d'une  autre  couleur 
que  le  corps,  par  exemple  le  faucon  frontal. 

—  f.TVM.  f ron(. 

2.  FRONTAL  (fron-tal),  t.  m.  ||  1°  Topique  ap- 
pliqué sur  le  front  en  forme  de  bandeau.  ||  2'  Sorte 
de  question,  de  torture  qui  consiste  à  étreindre  avec 
une  corde  à  nœuds  le  front  du  patient.  ||  3°  Il  se  dit 
pour  fronteau  de  cheval,  voy.  ce  mot.  ||  4"  Terme  do 
luthier.  Outil  pour  faire  des  ornements  à  la  partie 
antérieure  des  touches.  ||  5"  Terme  de  métallurgie. 
Marteau  à  soulèvement  employé  pour  le  cinglage 
des  grosses  loupes  de  fer. 

—  HlST.  XVI*  s.  Je  leur  donne  le  frontal  de  cor- 
des liées  en  cordelière  ;  je  les  pends  par  les  ais- 
selles, Sat.  Mén.  p.  98.  Pareillement  on  peut  appli- 
quer des  frontaux,  pour  roborer  la  faculté  animale, 
et  provoquer  le  dormir,  comme  cesluy....  paré,  ix,  (3. 

—  ETYM.  Front. 

FRONTFJlO  (fron-tô) ,  i.  m.  ||  1*  Sorte  de  bandeau 
appliqué  sur  le  front.  Mettre  un  fronteau  à  un  en- 
fant. Lui  composer  un  fronteau  où  il  entre  du  sel, 
le  sel  est  le  symbole  de  la  sagesse,  mol.  Pourceauy. 
I,  ((.  Il  II  se  dit  surtout  d'un  bandeau  que  se  met- 
tent les  Juifs  autour  du  front,  et  qui  porte  en 
inscription  le  nom  de  Dieu  ou  quelque  passage  do 
lÉcriturc.  Quand  les  Juifs  prient  Dieu  dans  leur 
synagogue,  ils  se  mettent  le  fronteau.  ||  i'  Fronteau 
ou  frontal,  partie  de  la  têtière  qui  pas.se  au-dessus 
des  yeux  du  cheval.  ||  Morceau  de  drap  noir  sur  le 
front  d'un  cheval  harnaché  en  deuil.  ||  3*  Terme 
d'architecture.  Petit  fronton  qu'on  m<ît  quelquefois 
au-dessus  des  petites  portes  ou  des  fenêtres. 
Il  4°  Terme  de  marine.  Planche  sculptée  dont  on 
recouvre  extérieurement  la  face  verticale  du  barrol 
ou  de  la  poutre  qui  termine,  en  dedans  du  vaisseau, 
ou  chacun  des  gaillards,  ou  la  dunette.  |{  Fronteau 
de  volée,  petite  saillie  arrondie  qu'on  laisse  sur  la 
banquière  du  pont,  immédiatement  au-dessus  de 
chaque  sabord  pour  recevoir  la  volée  du  cannn  et 
l'appuyer  à  la  serre.  ||  6°  Terme  d'artillerie.  Fron- 
teau àe  mire,  espèce  de  collier  de  bois  qu'on  pla- 
çait autour  du  collet  d'une  pièce  pour  .«ervir  à  la 
pointer  juste. 

—  lllST.  XIV*  s.  Un  fronteau  d'or  à  blanches  vio- 
lettes, où  il  y  a  deux  balays,  do  cange,  frontfna. 
Un  petit  frontel  de  perles,  de  labobdk.  Émaux, 
p.  325.  Il  XV*  s.  [X  une  fille  il  faut]  Manteaux,  an- 
neaux, peleteries.  Menu  ver,  gris,  cliapel  d'or  gay, 
Fronteaulx,  couronne....  el'st.  descu.  Poésies  mss. 
{•  305.  Il  XVI*  s.  Marliques  estant  couché  .sur  le  flas- 
que d'un  canon  pour  conteroller  le  pointeur,  sans 
fronteau,  une  balle  d'arquehue  bricolla  sur  la  pièce 
et  lui  perça  la  teste,  d'aub.  Ilist.  i,  3(2. 

—  ETYM.  Front;  Berry,  frontiau,  bourrelet. d'en- 
fant; provenç.  et  esp.agn.  frontal;  ital.  frontale. 

■t  FROXTKVAL  (fron-te-val) ,  t.  m.  «ariété  da 
tulipe  rose  et  blanche. 

FRONTlP.RE  (fron-ti^r"),  ».  f.  ||  1*  Limites  qui 
séparent  un  État  d'un  autre  État.  Je  vois  sur  la 
(r:ntière  une  puissance  armée,  cobn.  Nicom.  ni,  2. 


FRO 

Le  princ*,  par  son  campement,  avait  mis  en  sû- 
i  reté  nou-seulement  toute  fiotre  frontière  et  toutes 
H  nos  places,  mais  encore  tous  nos  soldats,  boss. 
'  loui'ï  de  Uourbon.  Quand  son  bras  forçant  rrotre 
frontière....  Rvc.  Alex,  ii,  4.  Là  de  la  Palestine  il 
>-  étend  la  frontière,  id.  Birén.  i,  4.  Seul  il  [le  dra- 
t  peau  tricolore)  peut  voiler  nos  malheurs;  Dé- 
ployons-le sur  la  frontière,  bérang.  Vieux  drap.  Le 
Dnieper  coule  de  l'est  à  l'ouest  jusqu'à  Orcha,  où  il 
se  présente  pour  pénétrer  en  Pologne;  mais  là  ,  des 
hauteurs  lithuaniennes  s'opposant  à  cette  invasion 
le  forcent  de  se  détourner  brusquement  vers  le  sud  et 
de  servir  de  frontière  aux  deux  pays,  ségur,  llist.  de 
Nap.  XI,  4.  Ce  vieux  Husse,  sur  les  frontières  de  la 
vieille  Russie,  frémissait  de  honte  à  l'idée  de  recu- 
ler encore  sans  combattre,  m.  ib.  vi,  3.  ||  Reculer 
les  frontières  d'un  État,  l'agrandir  par  des  conquê- 
tes, par  des  acquisitions.  Il  Fig.  Si  l'emboîtement  [des 
germes]  est  la  loi  de  la  nature,  pouvons-nous  dire 
que  nous  soyons  faits  pour  contempler  à  découvert 
ces  divers  ordres  d'infinis,  toujours  décroissants, 
abîmés  les  uns  dans  les  autres,  et  qu'un  dévelop- 
pement plus  ou  moins  lent  tend  continuellement  à 
rapprocherdes  frontières  du  monde  visible?  bonnet, 
Paling.  xii,  7.  ||  2'  Adj.  Qui  est  sur  la  frontière. 
Ville  frontière.  Il  [Charles'XlI]  passa  ce  grand  fleuve 
après  eux  à  Mohilou,  dernière  ville  de  Pologne,  qui 
appartenait  tantôt  aux  Polonais,  tantôt  aux  czars, 
destinée  commune  aux  places  frontières,  volt. 
Charles  XII,  4. 

—  IIIST.  XIV"  s.  En  tel  manière  qu'en  allant  Va 
leur  frontière  [le  front  d'une  troupe  de  guerre]  dé- 
valant X  plus  de  quatre  mil  banicres  Jusqu'es  ten- 
tes le  roy  premières,  o.  guiart,  t.  ii,  p.  434,  v.  3444. 
Frontière,  la  partie  devant  l'église,  du  cange,  fron- 
tispicium.  ||  xv»  s.  Et  gardoit  si  près  et  si  soigneu- 
sement les  frontières  d'Angleterre  que  nul  ne  pou- 
voil  aller....  froiss.  i,  i,  200.  Lors  fit  le  roi  ordonner 
tous  ses  vaisseaux  et  mettre  les  plus  forts  devant, 
et  fit  frontière  à  tous  costés  de  ses  archers,  id.  i,  i, 
(20.  Et  mit  le  seigneur  Beaujeu  en  Mortaigne  pour 
faire  frontière  contre  les  Hainuyers,  m.  i,i,  4  23.  Ores 
vint  le  dit  Thallebot  et  sa  compaignie,  et  arrivèrent 
droit  à  la  barrière,  cuidans  ei,trer  ou  champ;  mais 
ils  trouvèrent  frontière  de  vaillans  gens,  bien 
expers  au  fait  de  guerre ^  qui  leur  firent  bon  visaige 
et  hardi,  dont  les  ditsAnglois  furent  moult  esbahis, 
MONSTREL.  t.  m,  p.  57,  dans  lacurne.  Regardez, 
voylà  l'estandart  De  cette  maudite  sorcière  [la  pu- 
celle  d'Orléans]  ;  Je  congnois  qu'elle  est  ceste  part. 
Et  est  la  première  en  frontière,  Myst.  du  siège 
d'Orléans;  p.  496.  Y  m'est  bien  tart  que  demain 
soit  Pour  voir  les  Anglois  en  frontière,  ib.  p.  698. 

.  En  acquilant  aucune  debte  Aux  bons  chevaliers  de 
la  terre  Pour  la  frontière  et  pour  la  guerre,  e. 
BEScii.  Poésies  mss.  f°  B23.  ||  xvi"  s.  Oui  est  ouvert 
d'un  costé  l'est  partout  ;  nos  pores  ne  pensèrent  pas 
à  bastir  des  places  frontières  [à  faire  des  maisons 
fortifiées  de  tous  les  côtés],  mont,  m,  8. 

—  RTYM.  Front;  provenç.  fronteira,  front.  L'an- 
cien .sens  de  frontière  est  front  d'une  troupe  et 
façade;  faire  frontière,  signilie  se  mettre  en  ba- 
taille pour  combattre,  se  défendre;  et,  comme  on 
faisait  /'ron<!ere  particulièrement  sur  les  limites  des 
pays,  le  mot  a  pris  le  sens  de  limites  d'État  à  Etat. 

t  FUOSTIGNAN  (l'ron-li-gnan),  s.  m.  Vin  muscat 
récolté  près  de  Frontignan  (Hérault).  Ma  triste  voix 
chantait  d'un  gosier  sec  Le  vin  mousseux,  le  fron- 
li(.'nan,  le  grec,  Buvant  de  l'eau  dans  un  vieux  pot 
à  bière,  volt.  Pauvre  diable. 

t  FRONTIN  (fron-tin),  s.  m.  Valet  de  l'ancienne 
roméilie,  dirigeant  son  maître  dans  ses  plaisirs  et 
dans  ses  affaires.  Les  Frontins  ont  succédé  aux  Sca- 
pins,  et  figurent  dans  les  pièces  de  Regnard,  de 
Lesage,  de  Grcsset,  etc. 

FRONTISPICE  (fron-ti-spi-s') ,  s.  m.  ||  1°  La  face 
principale  et  la  plus  haute  d'un  grand  édifice.  Le 
frontispice  d'un  temple.  ||  2"  Titre  d'un  livre  orné 
de  figures  gravées  ou  imprimées.  De  votre  nom 
j'orne  le  frontispice  Des  derniers  vers  que  ma 
njuse  a  polis,  la  font.  /?f/ph.  |j  Gravure  que  l'on 
place  en  regard  du  titre  d'un  livre  et  dont  le  sujet 
est  analogue  au  but  et  à  l'esprit  de  l'ouvrage.  Le 
sujet  d'un  frontispice.  Il  y  a  de  Cochin  un  frontis- 
pice pour  l'Encyclopédie,  Diderot,  Salon  de  1765, 
Œurres,  t.  xiii,  p.  362,  dans  pougens. 

—  SYN.  FRONTISPICE,  FAÇADE,  FRONTON.  Façade 
est  plus  général  que  frontispice;  c'est  l'extérieur 
d'un  édifice  lorsqu'il  se  présente  au  spectateur, 
tandis  que  le  frontispice  est  la  principale  façade 
d'un  grand  édifice.  Quant  au  fronton,  c'est  un  or- 
nement placé  au  haut  de  la  façade. 

—  HiST.  XVI'  s.  Tu  vîj"  renouvelant  d'un  hardy 


FRO 

frontispice  La  superbe  grandeur  des  plus  vieux 
monumens,  DU  bellaï,  vi,  44,  recto.  Frontispice  à 
grans  fleurs  de  lis,  3Iarché  fait,  liibl.  des  ch.  4"  sé- 
rie, t.  m,  p.  63. 

—  ETYM.  Bas-lat.  fronti.ipicium,  défini  par  fron- 
lis  hominis  inspectio;  de  frons,  frontis,  front,  et 
spicere,  regarder.  Ce  mot,  qui  a  signifié  d'abord 
examan  du  front,  de  la  face  d'un  homme,  a  pris  le 
sens  d'examen  du  front  d'un  bfttiment,  et,  finale- 
ment, de  front  du  bfltiment  lui-môme. 

t  FRONTO-ETIIMOÏDAL,  ALE  (fron-to-è-tmo-i- 
dal,  da-l'),  adj.  Ternie  d'anatomie.  Qui  a  rapport 
au  frontal  et  à  l'ethmoïde.  Trou  fronto-ethmoïdal, 
le  trou  borgne  ou  épineux. 

—  ÈTYM.  Front,  et  ethmoïde, 

FRONTON  (fror.-ton),  s.  m.  ||  1°  Ornement  d'ar- 
chitecture, de  forme  triangulaire  ordinairement, 
qui  surmonte  et  couronne  la  principale  entrée 
d'un  édifice.  Claude  Perrault  inventa  les  machines 
avec  lesquelles  on  transporta  des  pierres  de  cin- 
quante-deux pieds  de  long,  qui  forment  le  fronton 
de  ce  majestueux  édifice  [le  Louvre],  volt.  Louis XIV, 
XXIX.  Il  2°  Terme  de  marine.  Pièce  de  menuiserie 
placée  sur  la  voûte,  à  l'arrière  d'un  navire,  qui  porte, 
ou  les  armes  du  prince,  ou  quelque  figure  répon- 
dant au  nom  du  vaisseau.  {|  3°  Terme  de  plombier. 
Toit  élevé  par  le  milieu. 

—  ÊTYM.  Front. 

f  FRONTO-NASAL,  ALE  (fron-to-na-zal,  za-1'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  au  front  etau 
nez.  Il  Muscle  fronto-nasal,  muscle  qui  descend  du 
front  aux  cartilages  du  nez. 

—  ÉTVM.  fro/i(,  et  nasal. 

t  FRONTO- PARIÉTAL,  ALE  (fron-to-pa-ri-é- 
tal,  ta-l'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  au 
frontal  et  aux  pariétaux.  |j  Suture  fronto-pariétale, 

VOy.  SUTURE. 

—  ÊTYM.  Front,  et  pariétal. 

t  FRO.VTO-SURCILIER  (fron-to-sur-si-lié),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  au  front  et  au 
sourcil.  Il  Muscle  fronto-surcilier,  faisceau  muscu- 
leux  rejoignant  l'orliiculaire  des  paupières  qu'il  re- 
lève en  le  tirant  du  côté  du  front. 

—  ÊTYM.  Front,  et  surcilier. 

t  FROQUfi,  ÉË  (fro-ké,  kée),  par(.  pass^  de  fro- 
quer.  Vêtu  d'un  froc.  C'était  au  vrai  l'habitd'un  fran- 
ciscain, Mais  sous  lequel  ne  gisait  qu'un  requin, 
Poisson  goulu,  vorace,  anthropophage.  Poisson  béant, 
poisson  pour  tout  potage.  Mais  un  poisson  froqué  ; 
par  quel  hasard?  pihon.  Le  moine  défroqué,  conte. 

f  FROQUER  (fro-ké)  ,  V.  a.  Terme  familier. 
Habiller  d'un  froc,  mettre  dans  un  couvent.  Les 
marquis  et  marquise  de  Mailly  avaient  froqué  un 
fils  et  une  fille,  et  fait  prêtre  malgré  lui  un  autre 
fils,  sr-siM.  m,  B4. 

—  lïTYM.  Froc. 

f  FROTTADE  (fro-ta-d'),  s.  f.  Action  de  battre, 
de  faire  éprouver  un  échec.  11  n'y  en  a  pas  un  [des 
gens  de  la  cour]  qui  ne  prit  avantage  sur  le  minis- 
tre des  froltades  que  nous  lui  donnions,  retz,  m,  4  3. 

—  ETYM.  Frotter. 

FROTTAGE  (fro-ta-j'),  s.  m.  Travail  du  frotteur. 
Le  frottage  d'un  plancher. 

—  ETYM.  Frotter. 

\  FROTTANT,  ANTE  (fro-tan,  tan-t'),  adj.  Qui 
sert  à  frotter.  Substance  frottante.  ||  Qui  est  soumis 
à  un  frottement.  Les  parties  rodées  et  frottantes 
sont  maintenues  à  une  température  convenable, 
Acad.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  lvi,  p.  617. 

FROTTÉ,  ÉE  (fro-té,  téc),  part,  passé  de  frotter. 
Il  1°  Oui  a  subi  un  frottement.  11  n'y  a  aucun  corps 
dur  frotté  qui  ne  s'échauffe  ;  il  n'y  a  aucun  corps  élec- 
trique qui  ne  doive  être  frotté  avant  d'exercer  celte 
électricité,  volt.  Feu,  i,  sect.  5.  ||2"  Frictionné. 
Ici  elle  fut  frottée  avec  du  baume  tranquille,  sÉv. 
544.  Il  3°  Enduit.  Dont  les  morceaux  sont  frottés  de 
moutarde,  la  font.  Pays.  \\  Fig.  Qui  a  pris  une  lé- 
gère teinture,  une  légère  connaissance  de  quelque 
chose.  Frotté  de  grec  et  de  latin.  ||  4"  Fig.  et  fami- 
lièrement. Battu,  rossé.  Que  le  galant  alors  soit 
frotté  d'importance,  corn.  Illusion,  ii,  «.  Ces  gens 
sont-ils  sortis?  — Non,  personne  ne  bouge.  —S'ils 
viennent,  ils  seront  frottés ,  mol.  Sicii.  6.  Nous 
avons  été  téméraires,  aussi  faut  voir  comme  nous 
avons  été  frottés,  sÉv.  209.  ||  5°  Terme  de  pein- 
ture. Un  fond  à  peine  frotté,  fond  recouvert  d'une 
couche  très-petite  de  couleur,  qui  n'empêche  pas 
de  le  voir.  ||  Substantivement,  un  frotté. 

f  FROTTÉE  (fro-tée),  s.  f  ||  1"  Rossée  que  l'on 
administre  à  quelqu'un.  ||  2°  Frottée  d'ail,  croûte  de 
pain  frottée  d'ail. 

—  ETYM.  Frotter. 

FROTTEMENT  (fro-te-man),  S.  m.  ||  1"  Action  de 


FRu 


nni 


frotter.  L'union  de  deux  rivières  en  une  les  fait 
couler  plus  vite,  parce  qu'au  lieu  du  frottement  des 
quatre  rives,  elles  n'ont  plus  que  celui  de  deux  à 
surmonter,  fonten  Guglielmini.  La  percussion,  le 
frottement  et  même  la  .seule  exposition  aux  impres- 
sions de  l'atmosphère,  suffisent  pour  donner  au  fer 
cette  vertu  magnétique,  bukf.  ilin.  t.  ix,  p.  «6,' 
dans  pougens.  ||  2°  Terme  de  mécanique.  Résis- 
tance que  les  corps  éprouvent  à  se  mouvoir  les  uns 
sur  les  autres,  et  qui  est  due  à  ce  qu'il  y  a  toujours 
quelques  aspérités  de  l'un  qui  s'engagent  dans  les 
cavités  de  l'autre.  Diminuer  le  frottemenf.  La  mé- 
canique a  ses  frottements  qui  changent  ou  arrêtent 
les  efi'ets  de  la  théorie;  la  politique  a  aussi  los  siens, 
MONTESQ.  Esp.  xvii,  8.  Il  Frottement  de  la  première 
espèce  ou  frottement  de  glissement,  celui  d'un 
corps  qui  glisse  simplement  sur  un  autre.  Frotte- 
ment de  la  seconde  espèce  ou  frottement  de  roule- 
ment, celui  des  corps  qui  tournent  ou  roulent  les 
uns  sur  les  autres.  ||  Terme  d'horlogerie.  Ajuster  à 
frottement,  faire  un  frottement,  ajuster  des  pièce» 
les  unes  dans  les  autres  avec  un  certain  degré  de 
précision.  ||  3°  Terme  do  médecine.  Bruit  de  frotte- 
ment ascendant  et  descendant,  bruit  qu'on  entend 
quand  la  surface  de  la  plèvre  costale  ou  pulmonaire 
est  devenue  raboteuse.  ||  4°  Fig.  Fréquentation,  con- 
tact. Le  frottement  du  monde. 

—  HlST.  XVI"  s.  Il  estoit  exquis  et  diligent  au  seing 
de  sa  personne  jusques  à  user  de  frottements  et  de 
tours  de  promenemens  en  nombre  certain,  amyot, 
Cicéron,  40. 

—  ETYM.  Frotter. 

FROTTER  (fro-té),  v.  a.  ||  1"  Passer  une  chose 
sur  une  autre  en  appuyant.  Frotter  avec  la  main. 
Frotter  un  métal  avec  de  l'émeri.  La  Montagne  : 
Accordez-moi  du  moins,  par  grâce  singulière,  De 
frotter  ce  chapeau  qu'on  voit  plein  de  poussière.  — 
Éraste  :  Frotte  donc,  puisqu'il  faut  que  j'en  passe 
par  là,  MOL.  Fdch.  i,  4.  J'ai  beau  frotter  mon  front, 
j'ai  beau  mordre  mes  doigts,  boil.  Sat.  vu.  Il  Abso- 
lument. Figaro  :  Je  ne  sais  ce  qui  m'est  entré  dans 
l'œil.  —  Bartholo  :  Ne  frottez  donc  pas,  beaumarch. 
Barb.  de  Sév.  m,  4  2.  ||  Se  frotter  les  yeux,  passeï 
sa  main  sur  ses  yeux  quand  on  se  réveille  pour 
écarter  les  paupières  et  rendre  la  vue  plus  nette;  et 
fig.  être  surpris,  étonné.  ViUeroy  arriva  à  Marly,  où 
tout  le  monde  se  frotta  les  yeux  en  le  voyant  et  ne 
se  pouvait  persuader  que  ce  fût  lui,  st-sim.  oo, 
21.  Il  Se  frotter  les  mains,  frotter  ses  mains  l'une 
contre  l'autre,  pour  les  nettoyer,  les  réchauffer,  etc. 
et  fig.  se  réjouir.  Et  vous ,  monsieur  Rigaudin, 
vous  frottez-vous  toujours  les  mains  quand  on  se 
querelle?  picard,  liaison  en  loterie,  se.  44.  Mais  le 
plus  heureux  des  maris.  En  quittant  sa  couchette, 
Demain  se  pavanera.  Et  les  mains  se  frottera,  bé- 
rang. Célib.  2.  Il  Familièrement.  Frotter  son  nez, 
intervenir  là  où  l'on  n'a  que  faire.  Viens,  viens 
frotter  ton  nez  auprès  de  ma  colère,  mol.  le  Dép. 
IV,  4.  Il  2°  Enduire  avec  de  la  cire  ou  quelque  autre 
chose  semblable.  Frotter  des  chai-ses,  un  parquet 
avec  de  la  cire.  ||  Particulièrement.  Nettoyer  le  par- 
quet, étendre  de  la  cire  avec  une  brosse.  Frotter  un 
appartement.  1|  Absolument.  Ce  domestique  suit 
frotter.  Il  3°  Faire  des  onctions.  On  lui  frotte  les 
bras  avec  du  baume,  avec  de  l'huile.  1|  Particulière- 
ment. Faire  des  frictions.  Une  femme  qui  me  dor- 
lotera et  me  viendra  frotter  quand  je  serai  las, 
mol.  Mar.  forcé,  2. 1|  4°  Terme  de  peinture.  Appliquer 
une  légère  couche  de  peinture  sur  celle  qui  fait  le 
fond  du  tableau,  de  manière  qu'on  puisse  la  voir  à 
travers.  |1  5°  Terme  de  marine.  Frotter  la  toile  à  voile, 
y  former  dos  plis  distincts.  ||  6"  Battre,  maltraiter,  ros- 
ser. Si  quelque  voisin  vous  affiige  Et  pense  vous  in- 
quiéter. Vous  aurez  de  quoi  le  frotter,  scarr.  Yirg. 
IV.  Je  veux  fa'ire  le  brave,  et,  s'il  est  assez  sot  pour 
me  craindre,  le  frotter  quelque  peu,  mol.  l'Avare, 
m,  6.  Les  deux  plus  grands  fripons....  si  vous  m'en 
voulez  croire,  Frottons-les  comme  il  faut,  pour  ven- 
ger notre  gloire,  reonahd,  les  Ménechm.  11,  5.  Que 
dites-vous  de  Luc  [Frédéric  11],  qui,  après  avoir  été 
frotté  par  mes  Scythes  [les  Rus.ses],  veut  entrepren- 
dre le  siège  de  Dresde?  volt.  Lett.  d'Argenfal,  24 
oct.  4  759.  Il  On  dit  de  même  :  frotter  les  oreilles  à 
quelqu'un.  Jour  de  Dieu!  je  saurai  vous  frotter  les 
oreilles,  mol.  Tart.  I,  4.  ||  7°  V.  n.  Se  dit  d'une 
chose  qui  glisse  sur  une  autre  sans  exercer  une 
pression.  Ces  deux  surfaces  frottent  lune  contre 
l'autre.  ||  8°  Se  frotter,  v.  réfl.  Exercer  sur  soi-même 
un  frottement.  Se  frotter  avec  la  main.  Se  frotter 
contre  quelque  chose.  ||  Exercer  réciproquement  un 
frottement.  Se  frotter  l'un  l'autre.  ||  Fig.  Fréquen- 
ter, avoir  commerce  avec.  Il  est  bon  de  se  frotter 
aux  savants.  Quand  on  se  frotte  avec  les  courtisans, 


I 


1792 


FRO 


«ÈONIER,  Sat.  XI.  La  noblesse,  de  soi,  est  bonne  ; 
c'est  une  chose  très-consuiérable,  assurément;  mais 
«Ile  est  accompagnée  de  tant  de  mauvaises  circon- 
stances, qu'il  est  trfcs-bon  de  ne  s'y  point  frotter, 
MOL.  <:.  Dand.  i,  <.  Il  Se  frotter  au  pilier,  se  disait 
pour  signifier  :  prendre  les  mauvaises  habitudes 
des  gens  que  l'on  hante  (comme  on  salit  ses  habits 
en  se  frottant  contre  les  piliers  des  appartements 
que  l'on  fréquente).  ||  Fig.  S'attaquer  à  quelqu'un, 
entreprendre  certaines  choses.  Quelle  foule  I  je  n'ai 
garde  de  m'y  aller  frotter,  et  j'aime  mieux  entrer 
lies  derniers,  mol.  Impr.  i,  s.  Ce  bon  prince,  après 
avoir  vu  ma  réponse,  dit  :  j'ai  mon  compte,  je  ne 
m'y  frotte  plus,  j.  j.  p.ouss.  Conf.  viii.  |{  Ne  vous  y 
frottez  pas,  je  ne  vous  conseille  pas  de  vous  y  frot- 
ter, se  dit  quand  on  veut  dissuader  quelqu'un  de 
faire  une  chose  dangereuse  pour  lui.  ||  9°  S'en- 
duire ,  se  frictionner.  Les  athlètes  se  frottaient 
d'huile  avant  que  de  lutter.  Frottez-vous  de  pom- 
made, mangez  et  dormez,  volt.  Cand.  7.  ||  Fig. 
Prenare  une  légère  connaissance  de.  Se  frotter  de 
latin.  Il  10°  Se  frotter,  se  battre  l'un  contre  l'autre. 
Cependant  avec  moi  viens  prendre  à  la  maison 
Pour  BOUS  frotter....  mol.  Dép.  am.  v,  4.  |{  Prover- 
bes. Qui  s'y  frotte  s'y  pique,  c'est-à-dire  celui  qui 
s'attaque  à  cet  homme,  qui  entreprend  cotte  affaire, 
en  reçoit  du  dommage.  ||  Un  mulet  frotte  l'autre, 
des  hommes  sans  valeur  réelle  se  louent,  se  vantent 
réciproquement. 

—  IIIST.  XII'  s.  Ganor  rien  nule  n'asseûre,  Frote 
ses  dois,  frote  ses  mains,  gautier  d'arras,  lUe  et 
Oaleron.  Si  tost  cum  il  s'i  ert  plungez.  Lavez  et 
frotez  et  baigniez.... benoît,  u,  <39I.  |{  xm"s.  Quant 
s'esveilla,si  out  la  vue,  Ki  cler  veet  avant,  perdue  ; 
Il  frote  frunt  e  oilz  e  bucho,  Edouard  le  confesseur, 
V.  29(8.  [Elles]  La  frètent  et  eschaufent,  de  cuer, 
soigneusement,  Berte,  xlvii.  Une  herbe  avoit  en 
s'aumosniere,  ....Kenart  en  a  moult  tost  frétée 
Toute  sa  chiere  et  nerciée  [noircie],  Et  tout  son 
cors  delivrement,  Ren.  22i)97.  Toute  voiz  trouva  l'en 
par  les  quatre  plungeurs  que  au  fréter  que  nostre 
nef  avoit  fait  ou  sablon,  en  avoit  bien  osté  quatre 
taises  du  tyson  sur  quoy  la  nef  estoit  fondée,  joinv. 
283.  Qui  fort  se  cuide  et  sage  gart  soi  en  tous  cos- 
tés  ;  Car  si  tost  com  tiex  [tel]  cuers  s'est  à  pechié 
fiotés,  S'en  est  aucunes  fois  tous  li  plus  assolés,  Et  qui 
le  plus  envis  en  puet  puis  estre  ostés,  j.  de  meuno, 
Test.  4834.  Ilxv  s.  Chier  frère,  ne  vous  en  doubtez. 
Que  François  nous  ne  devons  craindre  ;  S'i  venent, 
i  seront  frotez,  ifyst.  du  siège  d'Orléans,  p.  607. 
Il  XVI*  s.  Et  de  ce  bouquet  s'estant  frotté  les  yeulx, 
elle  recouvra  la  veue,  mont,  i,  20.'».  La  journée  de 
.Sainct  Barthélémy,  où.  les  compagnons  furent  pris 
endormis  et  frottez  à  dire  dont  venez  vous,  Sat. 
Wén.  Varangue  d'Aubray.  Le  seigneur  d'Andelot 
blessa  le  gênerai  en  la  main,  et  enfonça  sa  bour- 
guignotte  à  tels  coups  d'espée,  que  le  gênerai  ha 
confessé  plusieurs  fois  depuis  en  bonne  compagnie 
qu'il  ne  fut  en  sa  vie  si  bien  frotté,  beadgué. 
Guerre  d'Eicosse,  ii,  5.  Il  trouvera  des  gens  à  qui 
parler  là-bas,  et  faut  qu'il  ne  s'y  frotte  sa  mitaine, 
BRANT.  Cap.  fr.  X.  m,  p.  373,  dans  lacurne.  Et 
voulurent  les  dits  Anglois  surprendre  Onlleur,  au- 
quel lieu  ils  furent  bien  frottés,  condè,  Mém.  p.  6si3. 

—  ETYM.  Derry,  (relier,  ferler;  provenç.  frclar ; 
espagn,  frotar,  flotar ;  ital.  fretlare.  Le  berrichon 
parait  faire  la  transition  entre  frotter  du  française! 
les  formes  qui  ont  l'e,  et  il  appuie  Diez,  qui  donne 
à  tous  ces  mots  le  même  radical,  latin  frictum,  frot- 
ter; admettant  en  même  temps  que  l'espagnol  fro- 
tar est  emprunté  au  français.  Ce  qui  a  peut-être 
facilité  le  changement  de  Vi  ou  e  en  o,  c'est  l'an- 
aienne  forme  froier,  frotter,  de  fricars. 

t  FUOTTERIE  (fro-te-rle) ,  s.  f.  Action  de  frotter 
les  caractères  d'imprimerie  sur  un  grès  pour  en- 
lever les  bavures  qui  s'y  trouvent. 

—  ÉTYM.  Frotter. 

FROTTEUU  (fro-teur),  s.  m.  Celui  qui  frotte  les 
parquets.  Payer  le  frotteur. 

f  FUOTTEUSE,  S.  f.  Ouvrière  qui  frotte  les  carac- 
èrcs  d'imprimerie  sur  le  grès. 

—  ETYM.  Frotter. 

t  FROTTIS  (fro-tî),  s.  m.  TeVme  do  peintre^n 
bâtiment.  Faire  des  frottis,  étendre  partiellement 
une  couleur  transparente  pour  imiter  les  nuances 
de  la  matière  sur  une  peinture  représentant  les 
coupes  et  appareils  de  la  pierre  ou  représentant  du 
marbre.  ||  Il  se  dit  aussi  dans  la  peinture  d'art.  Nos 
peintres  emploient  tous  les  jours  le  mot  frottis, 
mot  qui,  n'ayant  été  créé  que  parce  qu'il  manquait 
*  la  langue  de  l'art,  doit  Cire  considéré  comme  un 
terme  technique  on  peinture,  paillot  de  monta- 
»KRi .  TraiU  complet  de  la  feinlure,  t.  ix,  ch.  672. 


FRU 

—  ETYM.  Frotter. 

FROTTOIR  (fro-toir),  s.  m.  ||  1°  Linge  dont  on  se 
sert  pour  frotter  la  tête  ou  le  corps.  1|  Linge  dont 
les  barbiers  se  sen'ent  pour  essuyer  le  rasoir. 
Il  2°  Terme  de  physique.  Chacun  des  coussins  entre 
lesquels  on  fait  tourner  le  plateau  de  verre  d'une 
machine  électrique.  ||  3°  Petite  plaque  sur  laquelle 
on  frotte  les  allumettes  dans  l'emploi  du  phosphore 
amorphe  (ces  allumettes  ne  prennent  pas  feu  ail- 
leurs que  sur  le  frottoir).  {|  4°  Brosse  pour  frotter 
le  plancher  des  appartements.  ||  Outil  pour  frotter 
le  dos  des  livres.  ||  Petit  coussin  pour  donner  le 
lustre  aux  chapeaux.  ||  Tissu  de  crin  pour  frotter  les 
cordes  à  boyau.  ||  Planche  percée  pour  frotter  et 
polir  le  chanvre.  ||  Terme  de  marine.  Outil  pour 
aplanir  les  coutures  dos  voiles.  ||  B"  Terme  de  pein- 
ture. Espèce  de  glacis. 

—  ÉTYM.  Frotter. 

t  FROTTON  (fro-ton),  s.  m.  Instrument  employé 
dans  la  fabrication  des  cartes  à  jouer,  et  qui,  chargé 
de  la  couleur  qu'on  se  propose  d'imprimer,  est 
passé  à  la  main  sur  une  mince  plaque  de  laiton  dé- 
coupée à  jour. 

—  ÉTYM.  Frotter. 

t  FROUEMEIVT  (frou-man) ,  s.  m.  Terme  de 
chasse.  Action  de  frouer  ;  ré.sultat  de  cette  action. 

FRO0ER  (frou-é),  v.  n.  Terme  d'oiseleur.  Faire 
un  certain  sifflement,  par  lequel  on  imite  le  cri  de 
la  chouette,  pour  attirer  des  oiseaux.  On  froue, 
avant  que  de  piper,  parce  que  le  pipeau,  qui  donne 
un  son  plus  aigu,  n'est  que  pour  appeler  les  oiseaux 
éloignés. 

—  ETYM.  Onomatopée. 

t  FROC-FROU  (frou-frou).  ||  l"  Onomatopée  dont 
on  se  sert  pour  exprimer  le  froissement  des  feuilles, 
des  vêtements,  particulièrement  des  robes  de  soie,  de 
taffetas.  ||  Populairement.  Faire  frou-frou ,  faire  du 
frou-frou,  étaler  an  grand  luxe.  ||  8°  S.  m.  Nom  vul- 
gaire des  oLseaux-mouches.  WAuplur.Des  frou-frous. 

—  HEM.  Au  commencement  du  xvii'  siècle,  on  a 
dit  frifilis,  dans  un  sens  analogue  :  Vous  aimez  la 
foi,  et  ne  voudriez  pas  qu'une  seule  pensée  vous 
vînt  au  contraire;  et,  tout  aussitôt  qu'une  seule 
vous  touche,  vous  vous  en  attristez  et  troublez  ; 
vous  êtes  trop  jalouse  de  cette  pureté  de  foi  ;  il  vous 
semble  que  tout  se  gâte;  non,  non,  ma  fille,  laissez 
courir  le  vent,  et  ne  croyez  pas  que  le  frifilis  des 
feuilles  soit  le  cliquetis  des  armes,  st  François  de 
SALES,  Leit.  à  Urne  de  Chantai,  30  août  t6u5. 

FRUCTIDOR  (fru-kti-dor),  s.  m.  Le  douzième  mois 
du  calendrier  républicain.  Fructidor  s'étendait  du 
<8  août  au  ta  septembre.  ||Le  )8  fructidor  (4  sept. 
4797),  coup  d'État  du  Directoire,  qui  frappa  de  dé- 
chéance et  d'exil  plusieurs  membres  des  assemblées 
législatives.  ||  Par  extension.  Faire  un  4  8  fructidor, 
épurer  violemment,  illégalement,  le  corps  repré- 
sentatif. 

—  ÉTYM.  Lat.  fruclus,  fruit,  et  la  finale  dor, 
adoptée  pour  les  mois  d'été. 

t  FRUCTIDORISP. ,  ÉE  (fru-kti-do-ri-zé ,  zée), 
part,  passé  de  fructidoriser.  Le  parti  fiuctidorisé. 
Il  Substantivement.  Un  fructidorisé. 

t  FRUCTIDORISER  (fi u-kti-do-ri-zé) ,  v.  a.  Frap- 
per par  le  coup  d'Etat  du  (8  fructidor,  et,  par  exten- 
sion, épurer  par  la  violence  une  assemblée  législa- 
tive. 

t  FRUCTIFÈRE  (fru-kti-fè-r') ,  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  porte  des  fruits,  ou,  comme  dans  les 
cryptogames,  des  corps  reproducteurs. 

—  ETYM.  Lat.  fruclus,  fruit,  et  ferre,  porter. 

t  FRUCTIFICATEUR  ,  ICE  (fru-kti-fi-ka-teur , 
tri-s'),  adj.  Terme  didactique.  Qui  fait  fructifier. 
Les  infiuences  fructificatrices. 

—  ÉTYM.  Fructifier. 

t  FRUCTIFIANT,  ANTE  (fru-kti-fi-an,  an-t'),  adj. 
Qui  fructifie.  Il  ne  se  dit  qu'au  figuré.  Des  paroles 
fructifiantes.  Une  leçon  fructifiante. 

FRUCTIFICATION  (  fru -kti-fi -ka-sion  ) ,  I.  f. 
Il  l"Termede  botanique. Productionde fruits. Lesgens 
de  la  campagne  vont  ramasser  les  fleurs  qui  naissent 
sur  les  palmiers  mâles,  ils  les  attachentaux  branches 
des  palmiers  femelles  ou  en  secouent  la  poussière 
sur  les  grappes  de  ces  derniers,  et  ils  assurent  que 
cette  petite  manipulation  est  toujours  suivie  d'une 
fructification  plus  aliondante,  bonnet,  Contempl. 
nat.  VI,  7.  Il  Ensemble  des  phénomènes  qui  accom- 
pagnent la  formation  du  fruit  jusqu'à  sa  maturité. 
Il  2°  Disposition  des  parties  dont  la  réunion  forme 
le  fruit.  Il  Ensemble  des  fruits  que  porte  un  végétal 
quelconque.  ||  3°  Le  temps  où  la  fructification  a 
lieu.  Il  4°  Dans  les  cryptogames,  ensemble  des  or- 
ganes reproducteurs. 

—  HIST.  XVI'  s.  Avec  plus  d'avancement  pour  le 


FRU 

respect  de  la  fructification,  s'ediûe  la  vigne  pat 
sauteles  entières,  o.  ijE  sf.hres,  486. 

—  ÉTYM.  Lat.  fructificationem ,  de  fructificare, 
fructifier. 

FRUCTIFIER  ( fru-kti-fi-é),  je  fructifiais,  nom 
fructifiions,  vous  fructifiiez;  que  je  fructifie,  que 
nous  fructifiions,  que  vous  fructifiiez,  t>.  n.  ||  1°  Pro- 
duire du  fruit.  Une  terre  bien  fumée  fructifie  da- 
vantage. Il  2*  Terme  de  botanique.  Il  se  dit  des  vé- 
gétaux qui  sont  en  fructification.  Cette  plante  ne 
fructifie  qu'à  telle  époque,  l'n  arbre  planté  à  con- 
tre-sens, les  racines  en  haut,  les  branches  en  bas, 
vit,  croît,  fructifie  :  de  ses  racines  sortent  de» 
branches,  et  de  ses  branches  sortent  des  racines, 
bonnet,  Contempl.  nat.  x,  27.  ||  3"  Fig.  Produire  un 
effet,  un  résultat  avantageux.  Les  bons  exemple» 
fructifient.  Vos  mains  sont  trop  heureuses  pour  rien 
planter  qui  ne  fructifie,  balz.  liv.  v,  lett.  24  Quant 
à  la  substance  de  la  pluie,  elle  ne  tombe  pas  moins 
sur  les  rochers  et  sur  les  lieux  stériles  que  sur 
ceux  où  elle  fructifie;  et  ainsi,  selon  cette  compa- 
raison, Jésus-Christ  ne  doit  pas  être  moins  substan- 
tiellement présent  aux  endurcis  qu'aux  fidèles  qui 
reçoivent  son  sacrement,  quoiqu'il  ne  fructifie  que 
dans  les  derniers,  Boss.  Var.  ix,  §  63.  Les  idée» 
que  je  lui  ai  données  sur  ce  sujet  ont  plus  fructifié 
entre  ses  mains  qu'elles  n'auraient  fait  entre  les 
miennes,  bufp.  Anim.  vui.  ||  4'  Produire  des  béné- 
fices. Faire  fructifier  une  somme  d'argent.  Vous 
verriez  tous  les  ans  fructifier  vos  vers,  boil.  Sat.  ii. 
Il  Faire  fructifier  la  vigne  du  Seigneur,  faire  des 
conversions.  ||  Il  se  conjugue  avec  !'au;tiliaire  aïot'r. 

—  HIST.  xii'  s.  Bon  ente  en  bon  estoc  doit  bien 
fructifier.  Th.  le  mari.  (28.  Tute  ma  salveied  e  ma 
volented  est  en  sa  poested,  e  quant  que  de  ço  en 
est  fructefied  en  bien.  Rois,  p.  2)  i .  0  parole  brief  et 
plaine,  parole  vive  et  fructifianz  et  digne  qu'ele  tct 
par  tôt  soit  receue,  st  iiern.  668.  ||  xiu"  s.  Vivier  et 
sauvoirct  fossé,  où  poisson  se  poent  norrir  et  fruc- 
tifier ,  BKAUM.  xxvii ,  30.  Ceste  arbre  cumença  à 
nestre,  Flurir,  fructifier  e  crestre,  Edouard  le  conf 
v.  3814.  Quant  li  soleiz,  fet  ele,  est  hauz.  On  [auj 
tans  d'estei  si  est  li  chauz.  Que  rienz  ne  laist  fruc- 
tifier, E  terre  e  herbe  fet  sechier,  marie.  Fable». 
Il  XIV*  s.  [Dieu]  Qui  vous  a  donné  forche  et  harde- 
ment  si  fier,  Et  biauté  dont  en  bien  porez  fructi- 
fier, Hugues  Capet,  v.  403B.  ||xv*  s.  Ainsi  que  faict 
homme  nay  pour  soy  seulement,  sans  fructifier  à  la 
commune  utilité,  al.  chartier,  Quadriloge  imectif. 

—  ÉTYM.  Prov.  fructificar ,  fructifiar  ;  espagn. 
fructificar  ;  ital.  fruttificare  ;  du  lat.  fructificare,  de 
fruclus,  fruit,  et  facere ,  faire.  L'ancien  français 
avait  aussi  fruchier,  dérivé  directement  de  fruit. 

FRUCTUF.USEMENT  (fru-ktu-eû-ze-man) ,  adv. 
Avec  fruit,  avec  succès.  Travailler  fructueusement. 

—  HIST.  XIV*  s.  Fructueusement,  monet,  Dict. 

—  ETYM.  Fructueuse,  et  le  suffixe  ment. 
FRUCTUEUX,  KUSK   (fru-ktu-eù,   eù-z),   adj. 

Il  1°  Qui  produit  du  fruit.  Des  tiges  fructueuse». 
La  grêle....  qui....  Abat  l'honneur  naissant  des  ra- 
meaux fructueux,  boil.  Lutr.  v.  ||  2-  Fig.  Utile,  sa- 
lutaire. Elles  rendent  les  prières  plus  languissante» 
et  moins  efficaces,  les  communions  moins  fruc- 
tueuses, NICOLE,  Essais,  t.  vi,  p.  4  6,  dans  podoeks. 
Enfin  je  l'ai  trouvée,  cette  affliction  fructueuse, 
cette  douleur  salutaire  de  la  pénitence,  Boss.  2' ser- 
mon, jeudi  de  la  Passion,  1. 1|  8*  Lucratif.  Occupa- 
tion fructueuse. 

—  HIST.  XV*  s.  Et  au  regard  des  autres  biens  de 
terre,  ne  fut  pas  grant  habondancc  de  vin,  mais  la 
mer  fut  fort  fructueuse,  j.  de  troyes.  Chron.  4  464. 
Il  XVI*  s.  Elles  ne  portent  aucun  fruict,  mais,  qui 
pis  est,  en  crois.sant  nuisent  aux  bonnes  et  fruc- 
tueuses plantes,  amtot.  Mauvaise  honte,  4.  Plus 
fructueuse  ne  plus  salutaire  estude  ne  pourroit  il 
faire,  lo.  Moral.  FpU.  p.  6.  Las!  faudra-il  qu'un 
gend.irme  impiteux  Tienne  ce  champ  tant  culte  et 
fructueux?  marot,  iv,  6. 

—  ÉTYM.  Prov.  fructuos;  esp.  fructuoso;  ital. 
fruttuoso;  du  lat.  fructuosus,  de  fruclus,  fruit. 

t  FRUCTUI.E  (fru-ktu-l'),  *.  m.  Partie  d'un  fruit 
composé. 

—  ÊTYM.  Diminutif  du  latin  fruclus,  fruii. 

t  FRUCTUOSITÉ  (fru-ktu-d-ri-té) ,  *.  f.  Qualita 
de  ce  qui  est  fructueux. 

—  HIST.  XVI*  s.  Fructuosité,  cotghave. 

—  ÊTYM.  Fructueux. 

FRUGAL,  ALE,  (fru-gal,  ga-l'),  adj.  Qui  se  con- 
tente d'une  nourriture  simple,  d'aliments  peu  re- 
cherchés. Il  est  très-frugal.  Sénèque  était  frugal; 
riche,  il  vivait  comme  s'il  eût  été  pauvre,  dider. 
Claude  et  N(r.  ii ,  37.  ||  Il  se  dit  des  choses  au 
même  sens.  Mener  une  rie  frugale.  ||  Repas  fru^ai, 


FRU 

table  frugale,  repas,  table  où  l'on  ne  sert  que  des 
mets  simples  et  sans  apprêt.  |{  Fig.  Vous  ne  savez 
pas  les  difficultés  de  l'état  austère  que  vous  embras- 
sez ;  il  faut  avoir  un  cœur  bien  frugal  pour  le  sovi- 
tenir,  c'est  une  espèce  de  solitaire  qu'une  fille, 
MARIVAUX,  Serments  indisc.  i,  ». 

—  REM.  Le  pluriel  frugaux  n'est  pas  usité.  Ce- 
pendant il  faut  approuver  Legoarant  qui  écrit  :  «  Je 
ne  vois  aucune  raison  pour  ne  pas  dire  des  repas 
frugaux,  des  hommes  frugaux.  »  C'est  en  eiïet  une 
lacune  regrettable  que  l'absence  de  ce  pluriel;  et 
frugaux  n'a  rien  qui  doive  choquer. 

—  SYN.  FRUGAL,  SOBRE.  L'homme  frugal  se  nour- 
rit de  mets  simples;  l'homme  sobre  ne  mange  que 
ce  qui  est  nécessaire  à  ses  besoins  ;  on  peut  être  so- 
bre à  une  table  somptueuse.  Frugal  a  rapport  à  la 
qualité  des  mets,  sobre  à  la  quantité. 

—  HIST.  XVI'  s.  Frugal,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Lat.  frugalis,  de  frux,  fruit,  moisson  : 
qui  est  propre  aux  moissons,  qui  vit  des  fruits  de  la 
terre  et,  de  là,  frugal. 

FRUGALEMENT  (fru-ga-le-man),  odo.  D'une  ma- 
nière frugale.  Pour  vivre  frugalement  comme  ses 
pères  ont  vécu,  fén.  Tél.  xix. 

—  ÉTYM.  Frugale,  et  le  suffixe  ment. 
FRUGALITÉ  (fru-ga-li-té) ,  s.  f.  Qualité  de  ce  qui 

est  frugal  ;  simplicité  de  vie,  de  mœurs,  ô  que  la 
frugalité  de  ce  digne  pasteur  condamnera  d'ecclé- 
siastiques qui  prétendent  se  distinguer  par  ces  pro- 
fusions splendides,  ces  délicatesses  recherchées  de 
leur  table,  dont  la  religion  rougit  pour  eux!  BOss.Po- 
nég.  de  St  Sidpice,  i.  Sa  table  toutefois  sans  super- 
fluité  N'avait  rien  que  d'honnête  en  sa  frugalité, 
BOIL.  Sat.  X.  Ma  frugalité  Asservit  la  nature  à  mon 
austérité,  volt.  Fanât,  ii,  4.  Connaissant  assez  son  , 
fils  pour  croire  que  ce  changement  ne  corromprait 
pas  sa  frugalité  et  la  bonté  de  son  caractère,  ID.  Rus- 
sie, II,  7. 

—  HlST.  XIV*  s.  Il  ne  fut  onques  cité,  en  laquelle 
poureté  et  frugalité  aient  esté  tant  longuement  ho- 
norées, BEBCHEURE,  f°  7,  verso.  \\  xvi*  s.  Nous  avons 
des  contes  merveilleux  de  la  frugalité  de  nos  roys 
autour  de  leurs  personnes,  et  en  leurs  dons;  grands 
l'oys  en  crédit,  en  valeur  et  en  fortune,  mont,  iv, 7. 

—  RTYM.  Lat.  frugalitatem,  de  frugalis,  frugal, 
t  FRUGARDITE   (fru-gar-di-f),  s.  f.  Terme  de 

minéralogie.  Sorte  de  pierre  précieuse. 

t  FRUGIFËRE  (fru-ji-fê-r'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  porte  des  fruits. 

—  ÉTYM.  Lat.  fruges,  fruits,  et /'erre,  porter. 

f  FRUGILÉGE  (fru-ji-lè-j') ,  s.  m.  Le  freux  est 
frugilége,  c'est-à-dire  qu'il  vit  de  grains  qu'il  va 
chercher  en  terre. 

—  ÉTYM.  Lat.  fruges,  graines,  et  légère,  recueillir. 
FRUGIVORE   (fru-ji-vo-r').  ||  1°  Adj.  Qui  ne   se 

nourrit  que  de  fruits,  de  végétaux.  L'ours  brun  est 
frugivore.  ||  On  dit  de  même  :  régime  frugivore, 
vie  frugivore.  ||  2°  S.  m.  plur.  Les  frugivores,  ani- 
maux qui  ne  vivent  que  de  fruits  et  de  grains.  Cet 
oiseau  [le  tétras]  gratte  la  terre  comme  tous  les  fru- 
givores, BUFF.  Ois.  t.  III,  p.  287. 

—  ÉTYM.  Lat.  fruges,  grains,  fruits  de  la  terre, 
et  vorare,  manger. 

I .  murr  (frui  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  desfrui-z  excellents), 
s.  m.  Il  1°  Produit  des  végétaux  qui  provient  de  l'é- 
volution de  la  fleur  et  qui  contient  les  graines. 
Fruit  pulpeux.  Fruit  sec ,  fruit  qui  n'a  point  de 
pulpe.  Pendant  l'hiver,  l'arbre  mort  et  l'arbre 
vivant  paraissent  égaux  ;  ils  sont  tous  deux  sans 
fruits  et  sans  feuilles,  boss.  2*  sermon.  Providence, 
).  Il  Terme  de  botanique.  Tout  ovaire  fécondé  et 
accru.  Il  Fruit  multiple  (syncarpe  de  quelques  au- 
teurs), le  fruit  résultant  de  plusieurs  ovaires  qui, 
renfermés  dans  une  même  fleur,  mais  distincts 
avant  la  fécondation,  sont  soudés  à  leur  maturité. 
Il  2°  11  se  dit  particulièrement  des  productions  des 
arbres  fruitiers.  Fruit  à  noyau.  Des  fruits  juteux.  11 
en  est  de  même  de  la  plupart  de  nos  fruits;  leurs 
noms  montrent  encore  qu'ils  nous  viennent  d'Asie 
et  d'Afrique,  fleury.  Mœurs  des  Israélites,  tit.  vu, 
2'  part.  p.  7.3,  dans  podgens.  Il  fait  naître  et  mûrir 
les  fruits  ;  Il  leur  dispense  avec  mesure  Et  la  cha- 
leur des  jours  et  la  fraîcheur  des  nuits,  hac.  Athal, 
I,  4.  Des  fruits  d'une  couleur  vermeille  descendaient 
en  forme  de  grappe  à  la  portée  de  ma  main,  bufp. 
l'Homme.  M.  Haies,  dans  sa  Statique  des  végétaux, 
rapporte  plusieurs  expériences  qu'il  a  tentées,  pour 
essayer  de  changer  le  goût  naturel  des  fruits,  et  leur 
communiquer  celui  de  quelques  liqueurs  spiritueu- 
ses  et  de  diverses  infusions  odoriférantes,  bonnet. 
Us.  feuilles  -plant.  6*  mém.  Je  te  donne  des  fruits, 
une  toute,  un  chameau;  Voilà  tous  mes  trésors,  c'est 

DICT.    DS   LA    LAMUUE    FlUNgAI£B. 


FRU 

là  notre  richesse,  ducis,  Abuf.  i,  3.  Les  fruits 
se  sèchent-ils  sur  nos  lèvres  arides  ?  c.  delav.  Pa- 
ria, n,  6.  Alors  qu'entre  la  vie  et  la  mort  incertaine. 
Comme  un  fruit  par  son  poids  détaché  du  rameau. 
Notre  âme  est  suspendue  et  tremble  à  chaque  ha- 
leine Sur  la  nuit  du  tombeau,  lamart.  Méd.  ii, 
22.  Il  Fruits  d'été,  fruits  d'automne,  fruits  d'hiver, 
les  fruits  qui  se  mangent  en  été,  en  automne,  en 
hiver.  ||  Fruits  rouges,  les  fraises,  framboises,  ceri- 
ses, groseilles.  ||  Les  quatre  fruits,  nom  qu'on  donne 
à  des  fruits  qu'on  mélange  ordinairement  pour  les 
servir.  Quatre  fruits  rouges,  les  fraises,  les  cerises, 
les  groseilles  et  les  framboises.  Quatre  fruits  jaunes, 
l'orange,  le  citron,  la  bigarade  et  le  cédrat.  ||  Terme 
de  pharmacie.  Les  quatre  fruits,  les  dattes  privées 
de  noyaux,  les  jujubes,  les  figues,  et  les  raisins  ou 
les  pruneaux  secs  ;  on  en  fait  une  tisane  pectorale. 
Il  Fruits  légumiers,  nom  donné  aux  melons,  auber- 
gines, tomates,  courges,  etc.  ||  Fruits  sauvages  ou 
des  forêts,  les  glands,  faînes,  châtaignes,  etc. 
Il  Mettre  à  fruit,  tailler  un  arbre  de  manière  qu'il 
rapporte  du  fruit.  Les  cultivateurs  savent  assez  que, 
pour  mettre  à  fruit  un  arbre  trop  vigoureux,  il  ne 
faut  que  l'affaiblir,  et  il  est  plus  d'un  moyen  de  pro- 
curer cet  afTaiblissement,  bonnet,  Contempl.  nat. 
X,  27.  Il  Fruit  à  pain,  fruit  du  jacquier  cultivé. 
Il  Fruits  d'or,  les  fruits  d'un  jaune  d'or.  Vois  sous 
tant  de  fruits  d'or  ces  orangers  plier,  desfontaines. 
Il  Fig.  La  mort,  ennemie  des  fruits  que  nous  promet- 
tait la  princesse,  les  a  ravagés  dans  la  fleur,  boss. 
Duch.  d'Orl.  De  peur  de  s'amollir  par  la  tendresse 
[auprès  du  dauphin,  fils  de  Louis  XIV],  il  emprunta 
l'autorité  du  roi;  de  peur  de  rebuter  par  l'austérité 
des  préceptes,  il  prit  les  entrailles  du  père;  et  parce 
juste  tempérament  il  avançait  en  lui  les  fruits  de  la 
raison  et  corrigeait  les  défauts  de  l'âge,  flécu.  Duc 
de  Mont.  \\  Le  fruit  défendu,  le  fruit  auquel  Dieu  avait 
défendu  dans  le  paradis  terrestre  qu'Adam  et  Eve 
touchassent.  Il  [saint  Grégoire  de  Nazianze]  dit 
que  nous  avons  goûté  en  Adam  le  fruit  défendu  ; 
qu'en  lui  nous  avons  violé  la  loi  de  Dieu,  et  qu'aussi 
nous  avons  été  chassés  en  lui  du  paradis,  boss.  Déf. 
de  la  trad.  et  des  saints  Pères,  viii,  32.  ||  Fig.  Le 
fruit  défendu,  ce  qu'on  ne  peut  désirer  que  témé- 
rairement ou  indiiment,  et  qu'on  désire  précisé- 
ment parce  qu'on  en  est  privé.  On  a  du  goût  pour 
le  fruit  défendu.  ||  Fig  C'est  du  fruit  nouveau,  c'est 
une  chose  nouvelle ,  inattendue.  Voilà  du  fruit  nou- 
veau ;  quel  démon  favorable  Vous  rend  l'accueil  si 
doux  et  l'humeur  si  traitable  ?  regnard,  Fol.  am. 
II,  i .  Il  Fig.  C'est  du  fruit  nouveau  de  vous  voir,  se 
dit  familièrement  à  une  personne  qu'il  y  a  long- 
temps qu'on  n'a  vue.  Voici  milord  Houzey  votre  frère, 
c'est  du  fruit  nouveau,  boissy,  Français  à  Londres , 
se.  5 .  Il  Fruits  secs,  fruits  que  l'on  fait  sécher  et  que 
l'on  conserve.  ||  Fig.  Fruit  sec,  expression  servant  à 
désigner  des  jeunes  gens  qui  n'ont  pas  satisfait  com- 
plètement aux  examens  de  sortie  d'une  école  four- 
nissant des  sujets  pour  les  services  publics.  Ce  ma- 
réchal des  logis  d'artillerie  est  un  fruit  sec  de  l'école 
polytechnique;  et  son  cousin  sergent  d'infanterie 
était  un  fruit  sec  de  Saint-Cyr.  Ce  capitaine  au  long 
cours  est  un  fruit  sec  de  l'école  navale.  Cette  ap- 
pellation vient  de  l'école  polytechnique,  où  un 
jeune  homme  de  Tours  qui  travaillait  peu  fut  inter- 
pellé par  ses  camarades  pour  savoir  quelles  étaient 
ses  intentions  s'il  n'était  pas  classé.  Il  répondit  : 
«  Je  ferai  comme  mon  père  le  commerce  des  fruits 
secs.  »  Et  en  effet,  ce  fut  son  lot,  legoarant.  ||  3°  Le 
dessert ,  tout  ce  qu'on  sert  au  dernier  service  de 
table,  après  les  viandes  et  les  entremets.  Servir  le 
fruit.  Il  mangea  à  son  fruit  beaucoup  de  raisin  mus- 
cat. Journal  de  la  santé  du  roi  [Louis  XIV],  p.  28». 
Il  se  lève  avant  le  fruit  et  prend  congé  de  la  com- 
pagnie, LA  bhov.  XI.  Vous  gronderez  mal  à  propos 
un  serviteur,  si  vous  voulez  qu'il  ait  dressé  un  fruit 
plus  promptement  qu'il  n'est  possible,  fén.  t.  xvii, 
p.  95.  Qu'on  mette  au  bas  de  chaque  lettre  par  apo- 
stille que  le  rSt  sera  de  chez  la  Guerbois,  le  vin  de 
Darboulin,  le  fruit  de  la  rue  des  Lombards,  dan- 
court,  Déroute  du  Pharaon,  se.  2.  11  n'importe  pas 
que  le  czar  se  soit  enivré  et  qu'il  ait  coupé  quel- 
ques têtes  au  fruit,  il  importe  de  connaître  un  pays 
qui  a  vaincu  les  Suédois  et  les  Turcs,  volt.  Lett. 
d'Argental,  <9  août  (7B7.  ||  En  cet  emploi,  il  n'a 
point  de  pluriel.  ||  Fruit  monté,  fruit  de  dessert 
décoré  avec  des  cristaux,  des  figures  de  sucre,  etc. 
Il  4°  Au  plur.  Les  productions  de  la  terre,  les  ré- 
coltes. Les  fruits  de  la  terre.  De  quelque  détour  que 
l'on  se  serve  pour  convertir  l'argent  en  denrées  ou 
les  denrées  en  argent,  il  faut  toujours  que  tout  re- 
vienne aux  fruits  de  la  terre  et  aux  animaux  qu'elle 
nourrit,  rollin,   Uist.  anc.  Oliuvres,  t.  i,  p.   lOl, 


FRU 


1793 


dans  PODOENS.  On  voit  partout  dans  Homère  des 
rois  et  des  princes  vivant  des  fruits  de  leurs  terres 
et  de  leurs  troupeaux,  fleuri,  Mœurs  des  Israélites, 
titre  VI,  i'  part.  p.  54,  dans  pougens.  ||  Fruits  pen- 
dants par  les  racines,  par  racines,  les  blés,  et  gé- 
néralement tous  les  fruits  lorsqu'ils  sont  «ncore 
sur  pied.  Fruits  pendants  par  branches,  les  fruits 
non  encore  détachés  de  l'arbre.  Les  fruits  naturels 
et  industriels,  pendants  par  branches  et  par  racines 
au  moment  où  l'usufruit  est  ouvert,  appartiennent 
à  l'usufruitier.  Code  Napol.  art.  685.  ||  Fig.  Ici  [dans 
l'Ile  de  Cypre]  la  terre  ne  porte  pour  fruit  que  du 
poison,  l'air  qu'on  respire  est  empeste,  fén.  Tél.  iv. 
Il  B°  Terme  de  jurisprudence.  Les  produits,  les  re- 
venus d'une  terre,  d'un  fonds,  d'une  charge.  Avoir 
l'usage  des  fruits  d'une  terre.  Les  fruits  et  émolu- 
ments d'une  charge.  ||  Fruits  naturels,  les  produc- 
tions spontanées  d'un  fonds,  comme  le  foin,  le  bois, 
le  croît  des  animaux.  ||  Fruits  industriels,  ceux  qu'on 
obtient  par  la  culture  comme  le  blé,  le  vin.  ||  Fruits 
civils,  les  loyers  et  revenus,  les  intérêts  d'un  fonds. 
Il  6°  Par  assimilation,  l'enfant  par  rapport  à  sa 
mère,  quand  il  est  encore  dans  le  sein  maternel  ou 
qu'il  vient  de  naître  (emploi  dans  lequel  il  n'a  pas 
de  pluriel).  Elle  porte  en  ses  flancs  un  fruit  de  cet 
amour,  corn.  Sertor.  m,  4.  Vous  êtes  bénie  entre 
toutes  les  femmes,  et  le  fruit  de  vos  entrailles  est 
béni,  SACi,  Bible,  Év.  St  Luc,  i,  42.  La  veuve  lui 
envoya  dire  sous  main  que,  s'il  voulait  lui  pro- 
mettre de  l'épouser  quand  il  serait  roi,  elle  ferait 
périr  son  fruit,  bollin,  Ilist.  anc.  OEuv.  t.  ii,  p.  bi2, 
dans  POUGENS.  jj  Détruire,  défaire  son  fruit,  se  faire 
avorter.  ||  L'enfant  déjà  né,  par  rapport  au  père  et 
à  la  mère;  en  cet  emploi  il  reçoit  le  pluriel.  En- 
ghien,  de  son  hymen  [de  Condé]  le  seul  et  digne 
fruit,  BOIL.  Ép.  IV.  [Ces  femmes  qui]  prenant  en 
dégoût  les  fruits  nés  de  leurs  flancs,  id.  Sat.  x.  Je 
vis  moi-même  alors  le  fruit  de  leurs  amours,  bac. 
Iphig.  y,  6.  Rome....  ne  reconnaît  point  les  fruits 
illégitimes  Qui  naissent  d'un  hymen  contraire  à  ses 
maximes,  lo.  Bérén.  u,  2.  N'êtes-vous  pas  ici  sur  la 
montagne  sainte  Où  le  père  des  Juifs  [Abraham] 
sur  son  fils  innocent  Leva  sans  murmurer  un  bras 
obéissant.  Et  mit  sur  un  bùchet  ce  fruit  de  sa 
vieillesse?  in.  Athal.  iv,  5.  Hélas I  ce  dernier  fruit 
de  leur  foi  conjugale....  volt.  Orphel.  i,  4.  C'est 
alors  que  ma  paupière  Vous  vit  pâlir  et  mourir, 
Tendres  fruits  qu'à  la  lumière  Dieu  n'a  pas  laissés 
mûrir I  lamart.  Ilarm.  ii,  i.  \\  Fig.  Allez,  partez, 
mes  vers,  dernier  fruit  de  ma  veine,  boil.  Ép.  x. 
Il  7°  Fig.  Avantage,  profit.  Aussi  bien  quand  je  se- 
rais aussi  éloquent  que  vous  dites,  je  n'en  voudrais 
pas  tirer  de  plus  grand  fruit  que  de  gagner  en  votre 
âme  la  place  que  je  connais  par  là  que  j'y  ai  déjà, 
voit.  Lett.  37.  Voyez  quel  prompt  remède  on  y 
peut  apporter,  Et  quel  fruit  nous  aurons  de  la  vio- 
lenter, CORN.  Sert.  IV,  3.  Votre  sévérité,  sans  pro- 
duire aucun  fruit.  Seigneur,  jusqu'à  présent  a  fait 
beaucoup  de  bruit,  id.  Cinna,  iv,  4.  Quelque  fruit 
que  par  là  j'espère  de  queillir,  id.  ib.  m,  3.  Mais 
quel  fruit  pensez-vous  en  pouvoir  recueillir?  id. 
Sertor.  iv,  2.  Car,  au  nom  des  dieux,  je  vous  prie 
Quel  fruit  de  ce  labeur  pensez-vous  recueillir?  la 
font.  Fabl.  viii,  1 1 .  Quelque  bien  de  mon  père  et 
le  fruit  de  mes  peines,  mol.  l'Ét.  iv,  < .  J'ai  peur 
que  son  voyage  en  cette  ville  ne  produise  peu  de 
fruit,  id.  le  Fest.  z,  i.  Je  lui  laisse  la  liberté  de 
jouir,  durant  quelques  jours,  du  fruit  de  son  bien- 
fait, ID.  ib.  m,  6.  Ai-je  enfin  disposé  du  fruit  de 
leurs  exploits?  RAC.  Andr.  i,  2.  Quel  fruit  te  pro- 
mets-tu de  ta  coupable  audace?  id.  Mithr.v,  i. 
Voici  le  temps,  seigneur,  où  vous  devez  attendre 
Le  fruit  de  tant  de  sang  qu'ils  [les  Romains]  vous 
ont  vu  répandre,  id.  Bérén.  i,  3.  Laisse-moi  des  pé- 
rils dont  j'attends  tout  le  fruit,  id.  Andr.  m,  4. Contre 
tous  les  poisons  soigneux  de  me  défendre.  J'ai  perdu 
tout  le  fruit  que  j'en  pouvais  attendre,  id.  Mithr.  v, 
4.  Pour  tout  le  fruit  enfin  d'une  illustre  victoire.... 
Je  ne  lui  demandais  que  l'honneur  d'être  à  vous, 
ID.  Iphig.  M,  8.  Hélasl  du  crime  afl'reux  dont  la 
honte  me  suit.  Jamais  mon  triste  coeur  n'a  recueilli 
le  fruit,  ID.  Phèd.  iv,  6.  Souvent  on  tire  plus  de 
fruit  de  ses  fautes  que  de  ses  belles  actions,  fén. 
Tél.  xxn.  A-t-il  gardé  pour  lui  le  fruit  de  ses  con- 
quêtes? VOLT.  Jlf.  de  Ces.  m,  8.  Il  fut  difficile  alors 
de  décider  lequel  avait  acquis  le  plus  d'honneur,  ou 
de  Condé  victorieux,  ou  de  Turenne  qui  lui  avait 
arraché  le  fruit  do  sa  victoire,  volt.  Louis  XIV,  5. 
Il  On  dit,  au  pluriel,  dans  un  sens  analogue,  les 
fruits  d'un  travail,  d'une  industrie.  On  commence  à 
goûter  ici  les  fruits  de  la  paix,  boss.  Lett.  205. 
Il  Sans  fruit,  inutilement.  Pour  ne  pas  souffrir  nu'il 
me  soit  reproché  Qu'un  soldat  indigent  m'ait  rans 

i.  —  22a 


1794 


FRU 


fruit  approclié,  nOTH.  Bilit.  i,  2.  N'allez  pas  sur  de» 
rar»  sans  fruit  vous  consumer,  boil.  Art  p.  i.  Souf- 
frez-you3  que  sans  fruit  Joad  laisse  égorger  Vous 
son  fils,  tout  ce  peuple?  bac.  Athal.  v,  2.  Je  lui 
laissai  sans  fruit  consumer  sa  tendresse,  m.  Brit. 
tv,  2.  Il  Avec  fruit,  utilement.  Il  a  lu  avec  fruit  les 
auteurs  classiques.  ||  8°  Le  résultat,  l'effet  de  quelque 
chose,  en  bien  ou  on  mal.  Quoi  I  vous  voulez  quitter 
le  fruit  de  tant  de  peines!  cohn.  Ci'mia,  iv,  3.  Sa  mo- 
dération durant  quarante  années  était  le  fruit  d'une 
sagesse  consommée,  noss.  le  Tellier.  U  conversion 
du  monde  était  le  fruit  de  sa  croix  [de  JésusJ,  m.  Ilist. 
Il,  H.  Ecoutons  saint  Paul,  qui  nous  en  marque  [de 
l'Drgucil]  les  fruits  par  ces  paroles  :  les  fruits  de  la 
«haïr,  dit-il,  et  sous  ce  nom  il  comprend  l'orgueil 
sont  les  inimitiés,  les  disputes....  id.  Concupisc.  46. 
Un  des  fruits  qu'elle  produisit  fut  la  servitude  où 
tomba.  l'Église,  id.    Yar.  v,  §  8.  Et  peut-être  pour 
fruit  d  un  téméraire  amour  Exposer  votre  nom  au 
mépris  de  sa  cour,  rac.  ilithr.  m,  t.  Et  les  arrêts 
du  sort  Veulent  que  ce  bonheur  soit  un  fruit  de  ma 
mort,  ID.  Iphig.  v,  2.  Les  soupçons  importunsSont 
^""second  hymen  les  fruits  les  plus  communs,  id. 
Pnêd.  Il,  5.  Le  fruit  des  guerres  civiles  de  Rome  a 
été  I  esclavage,  et  celui  des  troubles  d'Angleterre  la 
liberté    /OLT.  Dict.  phil.  Parlem.  d'Anglet.  Qu'on 
cesse  de  livrer  aux  flammes,  au  pillage.  Ces  archi- 
ves de  lois,  ce  vaste  amas  d'écrits.  Tous  ces  fruits 
clu  génie,  objets  de  vos  mépris,   id.   Orphel.  ii,  5. 
Il  9°  Dans  le  langage  de  l'Église,  efTets  avantageux 
Obtenus  par  la  pénitence,  par  les  exhortations,  les 
prédications,  etc.  Il  crut  que  je  pourrais  faire  fruit 
en  écrivant,    pasc.    Prov.   8.  Pourquoi   m'arrêter 
messieurs,  à  vous  raconter  le  fruit  qu'il  a  fait  dans 
la  ville  de  Thessalonique?  boss.  Panég.  St  Paul  2 
Dieu  leur  fera  sentir   du  fruit  de  la  conduite  épi- 
scopale,  ID.  Lelt.abb.  4B.  Le  renfort  qu'il  envoya  [en 
Angleterre]  produisit  de  nouveaux  fruits,  id.  Ilist.  i, 
<f.  Le  grand  fruit  que  faisait  parmi   les  gentils  la 
prédication  de  l'Évangile,  id.  Ilist.  u,  <o.  Des  mi- 
nistres plus  saints,  plus  habiles  et  plus  capables  de 
faire  du  fruit,  mass.  Conft'r.  Zèleconlre  les  scandales. 
Il  10°  Terme  d'architecture.  Fruits,  les  ornements 
de  sculpture  qui  représentent  des  fruits  naturels, 
e—  IIIST.  xiii's.  Li  chien  i  vienent  à  grant  bruit, 
Oui  du  sanglier  veulent  le  fruit,  Partonopeus,  ms. 
de  St-Germ.  f  I26,dans  lacurne.  La  royne  qui  pois 
[puis]  porta  le  noble  fruit  [le  noble  enfant],  Berte 
xxxvi.  Et  dusques  à  tant  que  le  [la]  terre  voz  sera 
assise  et  que  vous  en  serez  en  le  [la]  saizine,  puis- 
je  fere  les  fruis  miens,  comme  de  mon  héritage, 
BEAUM.7X,  7.  Pais,  pascienche,  carités,  Joie,  fois  et 
humilités.  Bontés,   aumosnes,  penitenche,  Sens, 
douchours  (douceur],  pités  et  scienche.  Chou  [ce 
est  II  fruis  selon  la  letre  Ki  l'ame  puet  en  gloire 
mètre,  oui  de  cambrai,  Barl.  et  Jos.  p.  65.  ||  xv  s 
1  ourquoi  je  vous  prie  que  laissions  telles  paroles 
qui  ne  peuvent  porter  fruit,  monstrel.  liv.  i   ch  2 
On  est  amé  tant  qu'on  fait  fruit  [qu'on  est  utilel' 
EusT.  DEsci.  Poésies  ms.,.  f«  le.  II  y  a  trois  fois 
trop  de  gens  Qui  happent  le  fruit   et  la  fleur,  id. 
16.  f°  2M   Tant  ganle-on  fruict  qu'il  se  pourrist,  vil- 
LON,   Bail    On   voit  souvent  issir   de   belle  (leur 
fruit  crochu,  et,  affm  que  vous  sachez  pour  quoy 
et  par  quelle  raison  ma  mère,  qui  si  très  belle  es- 
toit    apporte   fruit  si   bossu....  Perceforest ,   t.  i, 
f"  74.  Pour  ce  dist  le  sage  :  le  bon  fruit  vient  dé 
bonne  ente,  et  ainsi  du  contraire,  ib    t    i    f»  32 
Oui  désire  le  fruit,  à  peu   d'occasion  il  jette'  l'œil' 
.b.  t  vi,  f^  88.  Il  XVI.  s.  Exiger  dismes  de  bois,  foins 
herbes  et  toutes  grosses  bestes  à  cornes,  moutons 

^t'^r.y'uh,^'''^!  pourceaux,  veaux,  oisons 
et  autres  semblables  fruicLs,  Arom).co«.ï(  qén  t  u 
p.  <»4.  C'est  merveille  du  fruict  que  chascun  y'faict' 
MONT.  I,  194  Ils  mangeoient,  comme  nous,  le  fruict 
à  1  issue  de  la  table,  id.  i,  373. 

,.Z.^r^'-  ^^"^'  ^"''  ^'■'"''  '«"^'•guign.  fn;  pro- 
frutto;  du  lat.  fructus,  fruit,  de  frui,  jouir 

2.  FUUIT  (frui)    s.  m.  Terme  do  maçonnerie.  In- 
clinaison donnée  à  la  face  antérieure  d'un  mur  nui 

pai^seuT,?."?'"  ''^^''''   ^'P""'  ^"  diminueM'é! 
paisseur,  s  éloigne   constamment  du  plan  vertical 

ZfJZ"^  ^'-  "-',  f""'  •'^  <=«  ""^  est  d'un  ce^' 
liW  n^'n'^n   h""^'™-/'"?  P""""  '''P'"^  grande  .soli- 

cl in^ison  m'^1"'  ^°  ^'"'''  P'''"^*  <!"'"  "'^  V^  -l'i"- 

m.tirees   Vn'."^!,-'"'''*"^'^'''"  I""'-^  '«""^  P^- 


FRU 


encore  le  motZ-rrt  dans  un  sens  voisin  de  celui  des 
maçons.  On  peut  supposer  que  rrit  est  congénère 
de  frayer,  user,  et  vient  comme  lui  du  latin  frt- 
care,  user.  ' 

fnîi.s^hy"^*'^  (frui-ta-j'),  s.  m.  Toute  sorte  de 
fruits  bons  a  manger,  Oict.  de  FAcad.de  1698.  Il  ne 
vit  que  de  fruitage. 

vp;i!i.i"f,^'  ^"'  /■  '''^''®  Jehanne  s'entremettoil  de 
vendre  harens,  fniitages  et  porées,  du  cange,  fr«c- 

eteZ7Jr\'  ';"°  '"'^''  f''"™^  <^'  toutesVortes 
et  espèces  de  fruitege,  0.  de  serres,  726. 

RTVM.  Fruit.  Ce  mot  est  en  plein  usage  dans 
les  campagnes  de  la  haute  Normandie 
dit^d'nn     '/■'^  'k™'^  i  tée).  arfjTerme  de  blason.  Se 

ÏÏvkI:   I?  "^"^^  ^^  f™*'^  «^'U"  émail  différent. 
—  ETYM.  Fruit. 

FRCITEUIK  (frui-te-rie),..  f.  ||  1-  Endroit  où  l'on 
con  erve  le  fruit.  Faire  porter  et  ranger  dans  la 
fruiterie  les  fruits  qui  ne  mûrissent  qu'après  être 
serrés,  la  quintinve,  Jardins,  i,  m,  il.  jj  2"  Office 
où  sont  déposés  les  fruits,  etc.  ||  3-  Le  commerce  du 
fruitier  ;  sa  boutique.  ||  4°  Lieu  où  l'on  fait  des  fro- 
mages, en  Franche-Comté. 

—  ÊTYM.  Fruit. 

••.FRUmER.IÈRK  (frui-tié,  tiè-r'),  ad/.  ||1' Qui 
produit  du  fruit^Les  collines  étaient  clLgées  de 
cepsde  vigne  et  d'arbres  fruitiers,  pén.  t.  xixfp.  1.4. 

vov   l'S'^""? V'i' ''"'P'"'   «^'"O  archaïsme; 
spTh.  T'-  "  ''"q"«tO''t  arbre  infertile  Lu 

semblait  un  arbre  inutile;  Qu'il  ne  voulait  plus  en 
souffrir   Et  qu'il  était  résolu  de  remplir  Son  jard!n  I 
de  fruitiers,  pour  enrichir  sa  table,  la  pont.  «„- 
vres  médUes,  publiées  par   Lacroix,  1863.  p    25 

IJanlin  fruitier  jardin  planté  d'arbres  à  fruit.' 
Il  i  Oui  est  .semé  de  pépins.  Terre  fruitière 
frni.;„"'^^"  ''r'  ^'  ^  '"'■''  p™''"''  verdure,  arbres 
son  pfl'  ^^''S^'ï'  ^-  f^«"«  e»t  la  façon  dé  toutes 
sortes  de  vins  fruitiers,  estant  les  pommes  et  poi- 
res guides  des  autres  fruits,  0.  de  serres,  25i 
...  Les  fruictiers  qui  ont  bien  tOHts  quelque  naturel 
a  part   lequel  ils  gardent  bien  si  on  les  laisse  venir 

f7,!i'^,il  f  "•'""  '"''*  '^^'  PO"^  P''"<=^  d'autres 
fruicts  estrengiers  et  non  les  leurs,  selon  qu'on  les 
ente,  LA  boétie.  Servit,  voient.  Une  haute  montai- 
gne^ pleine  de  fruictiers  et  arbres  verdoyante,  mont.  I 

r~  f^^^-^^'l!  ^^'^''''^li.fruchier,  fruitier;  catal. 

fruyler  :  esif^g.  frxtctero,  fnitero  ;  portua.  fruteiro 

J;  FRUITIER,  1ÈRE  (frui-tié,  t'iè'-r'),f.  L    et^ 

l  ^   ,^  't'h      •""  T"''  ''"  f™'''  «^es  légumes. 
I  2  V  m   Jardin  rempli  uniquement  d'arbres  frui- 

f  [,^;ii  r2"  P'"^'^"^»'--  Il  3°  Kndroit  où  l'on  gai-de 
e  fiuit.  Chez  les  paysans  la  huche  et  le  fruitier  sont 
toujours  ouverte,  j.  ,.  rouss.  Ém.  11.  ||  4"  Traité  sur 

fZZT-^^^'f-  ^-  T""'^^"'  ^o-^'^'^.  associatl 
formée   pour  la  confection  des   fromages,  dans  le 

o  ■'tl'  V  !i?-  ^™"«'".  celui  qui  fait  les  fromages, 
en  Franche-Comté.  *    ' 

„n7  T""-  î"^  '•  """'^"^  ''"  f^''''''^'-  de  monsei- 
gneur Loys  de  France,  Chr.  de  St  Denis,  t.  n  f-  .«2 
dans  LACURNE  H  XV  s.  Certes  la  femme  d'un  fruitie^ 
Oui  vent  son  fruit  en  my  la  ville  Seroit  plus  aise 
que  telz  m,  le  Comme  je  suy,  et  est  sanz  doubtc 
E.  descii.  iUroir  du  mariage.  ||  xvi«  s.  Le  fruiticz 
autrement  appelé  verger  est  celui  qui  estant  planté 
de  toutes  sortes  d'arbres....  o.  de  serres,  boi.  Deux 
grandz   fruitiers    d'argent  cizellé,   vermeil    doré' 

^rii^p"^32e^.^""'  '""'=-'"  "^^«''  "^  "-<-: 

-  ÊTYM.  Fruit. 

vililf  Pn'^"''  r'"^^  '^'"-'-'"f'  "-^')'  °^J-  Terme 
sânre'p^  ^™'"^'',  ""'""  1"'  donne  la  jouis- 

sance. Et,  sans  s  immoler  chaque  jour.  On  ne  con- 
serve point  l'union  fruitive  Que  donne  le  parfait 
amour,  corn.  Imit.  m,  37. 

—  f-TYM.  Voy.  FRL'ITION. 

tiol'T'^"'V^"i-'-"°''''  '■  f-  '^«™«  vieilli.  Ac- 
tion de. lou.r  Y^udrais-tu  bien  ra'ôter  fruilion  de 
ces  beautés....  chabl.  à  Mme  D. 

ipJlpif  .  "'""  ^'  '^«'P^Ve-  Il  xvi.  s.  Fruition  de  l'e- 
aT«^!!.''"''^'"',"'«''"^«''-  »'*"'°^.  Prologue  d 

tirT.,  "f  ^  ^'"'"°"  ''«  '»  ^'«  "e  nous  peut 
estre  plaisante  si....  mont,  m,  1.  ^ 

—  ETYM     Provenç.  fniicio ;   espagn.   fruiHon- 

t»te;;vACÉ'^'E^^r'''""''"'^^''"''^"^^ 

T«L  i  u  ''^'  ^^  fru-man-ta-sc,  sée),  ad/. 
IrlZlf  bot.anique.  Les  plantes  frumentacées,  lis 
KiLem!"    ""  *""'^-°*<=^"sede  la  farine  qu'elles 

—  «TYM.  Lat.  frumentum,  blé. 


FRU 


t  FRDMEPfTAIRE  (fru-man-tê-r'l    s  f  T»rn,.  . 
zoologie.  Nom  donné' aux  coqÙflle  'micLcopr:: 
qui  ressemblent  aux  grains  de  froment.    '""P"""" 

—  F.TVM.  Lat.  frumentum,  blé 
t  FRCME.\TALITE  (fru-man-ia-li-t'),  ,  f  Terme 

de  minéralogie.  Nom  donné  à  des  pierres  rcgarZ! 

parqueque.,savantecommedesgrafnsdebKH:-- 

—  ETYM.  Lat.  frumentum,  blé 
FRUSQUIN  (fru-skin),  x.  m.  Terme  populaire  Ce 

qu  on  a  d'argent,  l'avoir  en  général.  Piisdans  deux 
petite  sacs  mettant  tout  son  frusquin,  sÉNEcTte  S<^î 
peM  mangeur  de  kaima..  ||  On'dit  aussi  ^in^f^- 
quin.  Il  a  mangé  tout  son  saint-frusquin 

r  ol"!'  ^^"ev.  saint  frisquin,  le  frisquin  D'a- 
près Charles  Nisard,  frusquil  si^iHe  proprement 
vêtement,  et  est  une  altération  dt fûlaiuef^l^ne 
fustatn  [Bévue  de  l'In.Ur.  publ.  2î  nov.  ido)TJs 
cela  n  est  appuyé  ni  par  des  intermédiaires  ni  par 

Quant  au  mot  saint  placé  devant,  il  n'a  rien  que  de 
très-ordinaire;  les  habitudes  dévotieuses  de  nos 
pères  leur  avaient  fait  placer  le  mot  saint  devant 
divers  substantifs  ou  adjectifs,  sans  autre  intention 
que  d  y  fixer  l'attention  :  saint-lâche,  patron  des 
paresseux,  samte-n'y-touche   etc 

<:./^?f^'  (f™:','').'„°<'>-  Il  1"  Terme  d'antiquaire. 
Se  dit  d  une  médaille  ou  d'une  pierre  antique  dont 
on  ne  peut  plus  reconnaître  les  figures  et  les  carac- 
tères; dune  sculpture  dont  le   temps  a  altéré  la 
forme.  Monnaie,  colonne  fruste.  Ce  sont  des  mé- 
I  daillps  frustes  et  couvertes  de  rouille,   dont  la  lé- 
gende est  effacée,  volt.  Dict.  phil.  Trinité.  ||  Terme 
d  histoire  naturelle.  Coquillages  frustes,  coquillages 
I  tT     ,^  T"""'  ''='  cannelures  et  les  pointes  sont 
usées.  Il  Fig.  style,  poésie  fruste,    stvle,   poésie 
qui  porte  la  marque  d'une  haute  antiquité.  ||  2-  S 
m.  Diognete  sait  d'une  méd.iillele  fruste,  le  feloui 
[sans doute  le  nou?]  et  ladeurde  coin,  la  brut  xiii 
—  ETYM.  Ital.  frusto,  usé;  du  lat.  fnutum,  mor- 
ceau, de  même  radical  que  le  grec  epaOaiio.,  mor- 

t  FRCSTRANÊ,  ÉE  { fru-slra-né ,  née),  adi. 
Terme  didactique.  Qui  a  lieu  en  vain,  qui  est  inu-  ' 

Ir"!!-  Àr  ^  prmode  botanique.  Nom  donné 
par  Linné  à  un  ordre  d'une  des  clas,ses  de  son  sys- 
tème renfermant  des  synanthérées  dont  les  fleurs 

I  du  disque  sont  hermaphrodites  et  fécondes,  et  celles 
de  la  circonférence  neutres  ou  femelles  et  stériles 

—  ETYM.  Ul.  frustra,  en  vain,  ablatif  d'une  forme 
qni  contient  le  radical  de  frusus,fruusm,  fraudare, 
et  le  .suffixe  terus,  comme  dans  tn«ro,  extra-  par 
conséquent  fm.'itra  signifie  avec  fraude,  illusion 
frustre  "  (fru-stra-teur),  x.m.  CeluTqu, 

—  IIIST.  XVI*  s.  Frustrateur,  mon  et,  Dict 

-  ETYM.  fVustrer. 
f^  t^f^^tJSTRATlON  (fru-stra-.sion),  ,.  f.  Action  de 

-  HIST.  XVI'  s    Ce  n'est  pas  frustration  no  mo- 
querie   quand  II  dit  qu'il  rétribue  aux  œuvres  de 
ce  qu  il  avoit  gratuitement  donné  avant  les  œuvres 
calv.  Insttl.  649.  ' 

r  FRCsin  ACmRT'T"'  ^^  f^'rari,  frustrer. 

(.  FRUSTRATOIRE  (fru-stra-toi-r'),  adi.  Terme 
de  jurisprudence.  Fait  pour  frustrer;  poJr  éluder 
Acte  frustratoire.  Appel  frustratoire. 

.„T"'""/^*''  *■"*  P°^  totalement  Possessions 
toutes  contraires  Aux  possessions  fruslratoires  De  la 
simp  e  demanderesse,  coquillart.  Plaidoyer  de  la 
Simple  et  delà  rusée.  \\  xv,-  s.  Montrante  aux  enne^ 
mis  que,  SI  fortune  l'eust  voulu,  ils  eussent  eu 
aussi  bien  le  courage  de  leur  oster  la  victoire 
comme  ils  avoient  eu  de  la  leur  rendre  frustratoire' 

MONT.   Il,  38.  «"wiio, 

--  ETYM.  Prov.  frustralori;  du  lat.  frustratoriui, 
de  fruslrarx,  frustrer.  ' 

2.  FRUSTRATOIRE  (fru-stia-toi-rO ,  *•  m.  Bois.son 
sucrée   ou   aromatisée,   qu'on   prend  quelquris 

fei.  I    •  T  P""""  '^  digestion.  Un  fruslktoire 
lait  de  vin,  de  sucre  et  de  cannelle. 
—  ÊTYM.  Mot  singulier  pour  lequel  on  ne  trouve 

^^r'I'ilô  '.""""■;  "l  '"^  '■'"'  P''"^tant  représenter, 
par  plaisantene,  le  frustratoire  du  langage  du  bar 

t  FRUSTRATOIREMENT  (  fru-stra-toi-re-man  ), 
adt).  D  une  manière  frustratoire,  sans  aucun  fruit! 
t^-.^l  ,'  *7,'  ?•  ^^  prières  sont  jetées  frustra- 
toirement  en  lair,  si  l'espérance  n'y  est  conjointe, 
CALV.  Instit.  684.  •'        \' 

Zn^lV'L/T'""^''''''''  «t  le  '""îie  ment. 
f  on     X?'  ^^  (f^-'tré,  strée),  port,  possède  fruj. 
trer.  Privé  de  ce  qui  est  du,  de  ce  qui  est  esporr 
i!Jicor  ces  malheureux,  avec  toute  leur  peine,  Du 


FRU 

meurent  quelquefois  frustrés  de  leur  espoir,  corn. 
Imitât,  ni,  3.  Les  Juifs  frustrés  de  leur  attente, 
Boss.  nist.  II,  to.  Et  qui  sait  ce  qu'aux  Grecs,  frus- 
trés de  leur  victime,  Peut  permettre  un  courroux 
qu'ils  croiront  liigitime?  rac.  Iphig.  I,  3.  Et  vous 
préparez  à  des  enfants  malheureux  ou  à  des  créan- 
ciers frustrés  les  fruits  amers  de  votre  injuste  cha- 
rité, MASS.  Carême,  culte.  \\  Fig.  Trompé,  déçu. 
L'espérance  publique  frustrée  tout  à  coup  par  la 
mort  de  cette  princesse,  boss.  Buch.  d'Orl. 

FRUSTRER  (fru-stré),  v.  a.  ||  1°  l'river  quel- 
qu'un de  ce  qui  lui  est  dû,  de  ce  qui  lui  doit  reve- 
nir, de  ce  qu'il  espère.  Vous  lui  avez  accordé  le 
désir  de  son  cœur,  et  vous  ne  l'avez  point  frustré 
de  la  demande  de  ses  lèvres,  saci.  Bible,  psaume 
XX,  3.  Comment  puis-je  faire,  s'il  vous  plaît,  pour 
lui  donner  mon  bien  et  en  frustrer  mes  enfants  ?  mol. 
Mal.  imag.  i,  9.  ÉsaO,  qui,  pour  contenter  seulement 
une  fois  la  faim  qui  lepoussait,  vendit  son  droit  d'aî- 
nesse, et  fut  par  l'i  frustré  de  la  bénédiction  de  son 
père,  BOURDAL.  Myst.  Ascens.  1. 1,  p.  i'20.  Mme  la  du- 
chesse d'Enville  et  Mme  Geoffrin  ne  doivent  pas  être 
frustrées  des  éloges  dus  à  leur  générosité  ,  volt. 
Lett.  Beaumont,  I3  avr.  17B5.  Je  pourrais  mettre  en 
ligne  de  compte  les  i)anqueroutes  et  la  justice 
qui  s'empare  des  biens  des  banqueroutiers  pour  en 
frustrer  les  créanciers,  id.  Candide,  4.  ||  Par  exten- 
sion. Cette  présence  de  Jésus-Christ  ne  pouvait  être 
frustrée  de  tous  les  avantages  qui  l'accompagnaient, 
lioss.  Var.  vi,  §  32.  |{  Fig.  Tromper.  Frustrer  l'es- 
poir, ROTR.  Bélis.  v,  s.  Hélas!  elle  a  bien  frustré 
notre  attente,  pasc.  Frov.  3.  Ce  n'est  pas  qu'un 
vent  survenant  ne  puisse  frustrer  ces  conjectures 
(fournies  par  le  baromètre],  m.  Fragment,  sect.  3. 
J'espère  que  je  ne  serai  pas  frustré  dans  mon  attente, 
Boss.  Lett.  (20.  Dites  que  toutes  ces  choses  dont  tous 
les  théâtres  retentissent  n'excitent  les  passions  que 
par  accident,  pendant  que  tout  crie  qu'elles  sont  fai- 
tes pour  les  exciter,  et  que,  si  elles  manquent  leur 
coup,  les  règles  de  l'art  sont  frustrées,  et  les  auteurs 
et  les  acteurs  travaillent  en  vain,  id.  Comédie,  i. 
Il  2°  Se  frustrer,  v.  réfl.  Se  priver.  Il  se  frustra 
lui-même  de  tout  ce  que  lui  avait  préparé,  avant 
qu'il  fût  en  place,  une  avarice  ingénieuse  et  inven- 
tive dont  il  pouvait  assez  innocemment  recueillir  le 
fruit,  FONTEN.  Façon. 

—  HlST.  xV  s.  Les  riches  hommes  et  seigneurs 
fussent  occis,  et  leurs  maisons  frustrées  et  pillées, 
FROiss.  liv.  II,  p.  440,  dans  lacuhne.  Prindrent, 
ravirent  et  frustrèrent  tous  les  biens,  et  puis  bou- 
tèrent le  feu  en  plusieurs  lieux  et  maisons,  mons- 
ïREt.  t.  u,  p.  22,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Il  ne  peut 
point  frustrer  l'attente  et  patience  des  siens,  calv. 
Inslit.  733.  Il  est  ordinairement  frustré  de  son  at- 
tente, lanoue,  <o.  Pourtant  ne  doyvent-ils  estre 
frustrez  des  loyers  que  les  moindres  d'eux  es- 
pèrent, ID.  302.  Je  travaillai  lors  en  vain,  et  de- 
meura une  bonne  intention  frustrée,  d'aub.  Hist. 
II,  243,  Si  par  fortune  on  vous  en  recompense  [d'un 
crime]  pour  ne  frustrer  la  nécessité  publique  de 
cet  extrême  et  désespéré  remède,  celuy  qui  le  faict 
ne  laisse  pas  de  vous  tenir  pour  un  homme  mauldit 
et  exsecrable,  mont,  m,  248.  Ils  rendirent  leurs 
vies  entre  les  mains  l'un  de  l'aultre  et  en  frustrè- 
rent la  cruauté  des  tyrans,  id.  i,  266.  Les  assigna- 
tions [aux  états  généraux]  par  plusieurs  fois  frus- 
trées à  cause  des  escharpes  blanches  [les  huguenots] 
qui  traversoyent  les  chemins  des  députez,  Sat.  Mén. 
calhulicon,  avant-propos.  • 

—  ÉTYM.  Prov.  frustar,  frustrar;  du  lat.  frus- 
trari,  frustrer  (voy.  frusthané,  dont  le  radical  est 
le  même). 

t  FRCSTULE  (fru-stu-l'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Corpuscules  ou  cellules  séparables  dont  la  réu- 
nion forme  certaines  plantes  inférieures  de  la  classe 
des  algues. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  frustum,  morceau. 

t  FRUTESCENT,  ENTE  (fru-tè-ssan,  san-t'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  le  port  ou  la  nature 
d'un  arbrisseau.  ||  Sous-frutescent,  se  dit  de  la  tige 
des  sous-arbrisseaux. 

—  ÉTYM.  Lat.  frittex,  arbrisseau. 

t  FUUTICULEUX,  EUSK  (fru-ti-ku-lcû ,  leû-z'), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  est  petit  et  ligneux 
et  forme  un  sous-arbrisseau. 

—  ÉTYM.  Lat.  frutex,  arbrisseau. 

f  FRUTILLE  (fru-ti-ir,  Il  mouillées),  s.  f.  Fruit 
du  frutiller;  il  est  énorme  et  porte  le  nom  de  fraise 
monstre. 

t  FRUTILLER  ou  FRUTILLIER  (fru-ti-llé,  Il 
mouillées),  s.  m.  Fraisier  du  Chili  (rosacées),  que 
quelques-uns  regardent  comme  une  simple  variété 
du  fraisier  commun. 


FUG 

t  FRUTIOUEUX,  EUSE  (fru-ti-keû,  keO-z'),  adj. 
Tcîrme  de  botanique.  Synonyme  de  frutescent. 
Plante  à  tige  frutiqueuse. 

—  ÉTYM.  Lat.  fruticosus,  de  frutex,  arbrisseau. 
"  t  FUCACfi,  ÉE  (fu-ka-sé,  sée),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  ressemble  à  un  fucus.  \\S.  f.  plur. 
les  fucacées ,  famille  de  plantes  qui  appartient  à 
l'ordre  des  phycées,  classe  des  algues. 

—  ÉTYM.  Lat.  fucus,  plante  marine  dont  on  tirait 
tine  couleur;  grec,  çûxo;. 

t  FUCHSIA  (fu-ksi-a),  s.  m.  Genre  de  plantes  de 
la  famille  des  œnothérées,  dont  plusieurs  espèces 
sont  cultivées  pour  l'ornement;  on  y  distingue^ le 
fuchsia  proprement  dit,  jolie  plante  d'ornement,  à 
neurs  rouges  ou  roses  pendant  en  clochettes. 

—  ÉTYM.  Léonard  Fuchs,  botaniste  bavarois  du 
XVI'  siècle. 

t  FUCHSINE  (fu-ksi-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  colorante  rouge  fabriquée  avec  l'aniline, 

—  ÉTYM.  Le  Français  Renard,  inventeur  de  cette 
substance ,  traduisit  son  nom  en  allemand  ,  où 
Fuchs  veut  dire  renard,  et  en  dénomma  la  sub- 
stance. 

t  FUCICOLE  (fu-si-ko-l'),  adj.  Terme  d'iiistoire 
naturelle.  Qui  vit  parmi  les  fucus  ou  les  algues. 

—  ÉTYM.  Fucus,  et  le  lat.  colère,  habiter. 

t  FUCIFORME  (fu-si-for-m') ,  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  a  la  forme  d'un  fucus. 

—  ÉTYM.  Fucus,  et  forme. 

f  FUCITE  (fu-si-f),  s.  m.  Nom  donné  aux  végé- 
taux fossiles  provenant  de  la  famille  des  algues. 

—  ÉTYM.  Fucus,  et  la  finale  ite  qui  indique  un 
fossile. 

t  FUCOÏDE  (fu-ko-ï-d') ,  adj.  Terme  de  botani- 
que. Qui  ressemble  à  un  fucus. 

—  ÉTYJI.  <I>Oxo;,  fucus,  et  eTSoi;,  forme. 
FUCUS   (fu-kus'i  ,  s.    m.   Terme    de    botanique. 

Genre  de  plantes,  dit  aussi  varech  par  quelques  au- 
teurs, qui  sert  île  type  à  la  famille  des  fucacées,  et 
qui  renferme  le  fucus  vésiculeux,  très-commun  sur 
nos  cétes. 

—  ÉTYM.  Lat.  fucus,  du  grec  çûxo;,  qui  signifie 
non  ce  genre  d'algues,  mais  un  lichen. 

t  FUERO  (fouè-ro),  s.  m.  Chez  les  Espagnols,  loi, 
statut,  coutume,  privilège  d'un  État,  d'une  province 
ou  d'une  ville.  ||  Au  plur.  Les  fueros. 

—  ÉTYM.  Esp.  fuero,  qui  vient  du  latin  forum, 
place  publique,  assemblée  publique. 

FUGACE  (fu-ga-s'),  adj.  ||  1°  Qui  fuit,  s'échappe, 
dure  peu.  Symptôme,  frisson  fugace.  Perception 
fugace.  Beauté  fugace.  {|  Couleur  fugace,  celle  qui 
se  détruit  promptement  par  l'action  de  l'air  ou  de 
la  lumière.  ||  Terme  de  botanique  Se  dit  des  orga- 
nes qui  se  flétrissent  promptement,  par  opposition 
à  ceux  qui  sont  persistants.  ||  2°  Qui  laisse  échapper. 
Mémoire  fugace. 

—  BEM.  Fugace  n'est  pas  dans  les  éditions  du 
Dict.  de  l'Académie  antérieures  à  )835. 

—  ÉTYM.  Lat.  fugaceni,  dérivé  de  fugere,  fuir. 

•[FUGACITÉ  (fu-ga-si-té),  s.  f.  Néologisme.  Qua- 
lité de  ce  qui  est  fugace.  La  fugacité  de  certains 
symptômes  dans  une  maladie.  Comme  la  fugacité 
des  expressions  et  la  mobilité  du  modèle  [vivant] 
laissent  beaucoup  moins  de  latitude  [qu'un  modèle 
inanimé]  pour  comparer  et  se  rendre  compte  de  ce 
qu'on  doit  faire,  ottin.  Presse  scientifique,  (864, 
t.  i,  p.  343. 

—  ÉTYM.  Lat.  fugacitatem,  de  fugax,  fugace. 

+  FUGATO  (fu-ga-to),  s.  m.  Terme  de  musique. 
Morceau  ou  passage  écrit  dans  le  genre  de  la  fugue. 
Voilà  un  beau  fugato. 

—  ÉTYM.  Ital.  fugato,  fugué,  de  fuga,  fugue, 
FUGITIF,  IVE  (fu-ji-tif,  ti-v'),  adj.  |{  l"  Qui  s'en- 
fuit, qui  s'est  échappé.  Il  n'appartient  pas  aux  es- 
claves fugitifs  qu'il  faut  aller  reprendre  par  force, 
de  s'asseoir  au  festin  avec  les  enfants  et  les  amis, 
BOSS.  Anne  de  Gonz.  Je  cours  et  je  ne  vois  que  des 
troupes  craintives  D'esclaves  effrayés,  de  femmes 
fugitives,  RAC.  Bajax.  v,  9,  ||  Fig.  Ceux  qui  ont  la 
fortune  chez  eux  ont  raison  de  demeurer  tous  au- 
tour d'elle  ;  mais  ceux  de  la  maison  desquels  elle 
est  fugitive,...  desc.  Lett.  à  Elisabeth,  t.  ix,  p.  372, 
éd.  COUSIN.  Hommes  errants,  hommes  vagabonds, 
déserteurs  de  votre  âme  et  fugitifs  de  vous-mêmes, 
BOSs.  Sermons,  Vérit.  conversion,  i .  Quelle  voix  sa- 
lutaire ordonne  que  je  vive.  Et  rappelle  en  mon 
sein  mon  âme  fugitive?  rac.  Esth.  ii,  7,  Ah!  si 
dans  ces  instants  où  l'âme  fugitive  S'élance  et  veut 
briser  le  sein  qui  la  captive....  lamart.  iléd.  i,  6. 
Il  Terme  d'alchimie.  L'esclave  fugitif,  le  mercure. 
Il  2°  Banni,  chassé  de  son  pays.  Une  reine  fugitive 
qui  ne  trouve  aucune  retraite  dans  trois  royaumes, 
BOSS.  Reine  d'Anglet.  Troupes  fugitives,  Repassez 


njG 


1795 


les  monts  et  les  mers.  Rassemblez-vous  des  bouts 
de  l'univers,  rac.  Esth.  m,  9.  Et  toi,  malheureux 
Jurieu,  fugitif  de  ton  village,  tu  voulus  opprimer 
In  fugitif  Bayle  dans  son  asile  et  dans  le  tien  ,  volt. 
Petit  comm.  sur  l'éloge  du  dauphin.  C'est  le  duc 
des  Lorrains,  c'est  l'illustre  René  ;  Trahi,  vaincu 
par  Charle,  abandonné  des  princes.  Il  erjait  fugi 
tif,  chassé  de  ses  provinces,  masson,  Helvit.  vi. 
Il  Substantivement.  Un  fugitif,  un  traître,  un  meur- 
trier de  rois,  corn.  Uédde,  ii,  8.  Si  pour  briser  les 
fers  de  son  peuple  captif  Rome  n'eût  envoyé  ce 
noble  fugitif,  id.  Sertor.  ii,  l.  On  poursuit  les  fu- 
gitifs à  la  lueur  de  l'embrasement,  volt.  Mceurs, 
)38.  Il  3°  Il  se  dit  des  choses  qui  passent  et  s'éloi- 
gnent rapidement.  Une  ombre  fugitive.  L'onde  fu- 
gitive. Oui  de  vous  ne  m'a  point  sacrifié  une  partie 
considérable  de  ce  trésor  fugitif  [le  temps]  dont  on 
ne  peut  réparer  la  perteï  de  la  visclêde,  dans 
DESFONTAINES.  Mais  les  fugitives  pensées  Ne  suivent 
plus  tes  (lots  errants.  Comme  ces  feuilles  dispersées 
Que  ton  onde  emporte  aux  torrents,  lamart.  Harm. 
II,  5.  Il  4"  Peu  durable.  Des  flammes  vengeresses 
vont  punir  durant  l'éternité  l'erreur  fugitive  d'un 
songe  agréable,  mass.  Carême,  Uauv.  riche.  S  ces 
biens  fugitifs  votre  amour  doit  survivre,  c.  delav. 
Paria,  ii,  6.  De  son  pieux  espoir  son  front  gardait 
la  trace;  Et  sur  ses  traits  frappés,  d'une  auguste 
beauté,  La  douleur  fugitive  avait  empreint  sa  grâce, 
La  mort  sa  majesté ,  lamart.  Uéd.  n ,  22 .  Un 
monde....  Où  tout  est  fugitif,  périssable,  incertain, 
Où  le  jour  du  bonheur  n'a  pas  de  lendemain,  id, 
ib.  I,  18.  Aimons  donc,  aimons  donc!  de  l'heure 
fugitive,  Hâtons-nous,  jouissons,  id.  ib.  i,  43. 
Il  5°  Terme  de  littérature.  Pièces  fugitives,  petits 
ouvrages  d'esprit  qui,  ayant  trop  peu  d  étendue 
pour  former  un  volume,  sont  exposés  à  disparaître 
au  bout  de  peu  de  temps  à  cause  de  leur  petitesse. 
Il  Poésies  fugitives,  pièces  fugitives,  petites  pièces 
de  vers  sur  des  sujets  légers. 

—  SYN.  FUGITIF,  FUYARD.  Ccs  deux  adjoctlfs  déri- 
vent d'un  même  radical;  mais  le  suffixe  en  dis- 
tingue le  sens.  Le  fugitif  est  celui  qui  s'échappe, 
qui  s'enfuit;  le  fuyard  est  celui  qui  est  en  fuite. 
Après  des  massacres  dans  une  ville,  les  routes  sont 
encombrées  de  fugitifs;  après  la  défaite  d'une  ar-. 
mée,  les  routes  sont  encombrées  de  fuyards.  De 
plus,  dans  fuyard,  grâce  au  suffixe,  il  y  a  un  sens 
péjoratif  qui  n'est  pas  dans  fugitif. 

—  HIST.  XII"  s.  Sire,  funt-il,  à  vus  se  plaint  li  reis 
Henris  E  d'un  des  plus  hauz  hommes  de  trestut  sun 
pais.  Qui  s'en  est  d'Engleterre  nuitantre  alez  fuitis, 
Th.  le  mart.  63.  {j  xiii"  s.  Sers  est  fuitis  qui  par 
cause  de  fuie  va  hors  de  la  mesoa  son  seigneur  por 
celer  soi  à  lui.  Digeste,  236.  Eneas....  Las  et  fuitis 
du  biau  païs  De  Troie,  dont  il  fu  naïz,  la  Rose, 
13383.  Li  pièges  doit  ravoir  le  sien,  et  li  fuictis 
doit  estre  justiciés  comme  atains  du  fet,  beaum. 
XLiii,  26.  Il  XIV*  s.  Fugitif  de  son  propre  pays,  ber- 
CHEORE,  ^  27,  verso.  Il  XV'  s.  Et  le  preux  et  vaillant 
mareschal....  rassembla  ses  gens,  et  ne  voultmie 
que  longuement  suivissent  les  fugitifs,  Boucic.  ii, 
17.  Je  crois  que  le  travail  qu'il  [Louis  XI]  eut  en  sa 
jeunesse  quant  il  fut  fugitif  de  son  père  et  fuyt 
soubs  le  duc  Philippe  de  Burgongne  où  il  fut  six 
ans,  luy  vallut  beaucoup,  comm.  i,  io.  ||  xvi'  s. 
Lorsque  Thernistocles  se  relira  fuitif  de  la  Grèce  en 
la  cour  de  Perse  ,  amyot  ,  Épit.  Hz  amassèrent 
bonne  trouppe  d'hommes  vagabonds,  et  de  serfz 
fugitifs  qu'iiz  desbauchoient  eulx-mesmes,  id.  Tiom. 
7.  Ils  laissent  toute  l'aulhorité  à  la  parole  de  Dieu, 
appellans  cens  qui  se  sauvent  à  autre  azyle,  fugi- 
tifs de  la  raison,  d'aub.  llist.  i,  «6.  Quand  je  revis 
ce  que  j'ay  tant  aimé,  Peu  s'en  fallut  que  mon  feu 
rallumé  N'en  fist  l'amour  en  mon  ame  renaistre. 
Et  que  mon  cœur,  autrefois  son  captif,  Ne  ressem- 
blast  l'esclave  fugitif  k  qui  le  sort  fait  rencontrer 
son  maistre,  bertaut.  Stances. 

—  ÉTYM.  Prov.  fugitiu,  fuidiu,  fugdiu;  calai. 
fugitiu;  espagn.  fugilivo;  ital.  fuggitivo  ;  du  latin 
fugitivus ,  de  fugere,  fuir.  La  forme  française  était 
fuitif;  fugitif  a  été  refait  au  xiV  siècle  sur  le 
latin  ;  pourtant  fuitif  resta  usité  jusque  dans  le 
XVI'  siècle  ;  et  même  on  le  trouve  daus  Scarron  : 
Et  ses  méchantes  eaux  sans  rives  Font  des  pauvres 
brebis  fujtives  Un  étrange  salmigondis,  Virg.  ii. 

t  FUGITIVEMENT  (fu-ji-ti-ve-man) ,  adv.  Néo- 
logisme. D'une  manière  lugitive.  11  me  serait  diffi- 
cile de  ne  pas  me  souvenir  un  peu  de  ce  qu'il 
[Hume]  a  essayé  dans  la  carrière  du  scepticisme, 
et  de  ne  pas  entrevoir  fugitivement  une  affinité  se- 
crète entre  sa  propre  philosophie  et  ses  formes  his- 
toriques, vuxEM.  Litiér.  franc.  4»'  siècle,  2'  piurt. 
3'  lec. 


1706 


FUI 


Fnr.CE  (fii-gh"),  «•  f-  Il  1°  Vagnc,  au  sens  pro- 
pre, fuite;  il  n'est  usité  que  dans  le  langage  fami- 
lier. Faire  une  fugue,  s'enfuir.  Vous  dites  que 
TOUS  méditez  une  fugue  dans  raes  déserts,  et  vous 
ma  proposez  de  quitter  mes  déserts  pour  le  fracas 
de  Paris!  volt.  iell.  Chabanon ,  3  août  < 776. 
i;  3°  Terme  de  musique.  Sorte  de  composition  où 
l'on  a  réuni  toutes  les  difficultés  possibles  sous 
les  noms  de  sujet,  contre-sujet,  réponse,  exposi- 
tion, épisodes,  repri.ses  modulées,  stretto  et  pé- 
dales, ces  diverses  parties  se  répondant  toujours  de 
sorte  que  l'oreille  les  reconnaisse  sur  quelque  de- 
gré que  ce  soit,  que  le  mouvement  soit  semblable 
ou  contraire.  LuUy  fut  le  premier  en  France  qui 
(;t  des  basses,  des  milieux  et  des  fugues,  volt. 
/.n«i>  Xir,  13.  La  fugue  est  l'ingrat  chef-d'œuvre 
d'un  bon  harmoniste,  J.  J.  rouss.  Dict.  de  musi- 
que, Fugue.  La  fugue  est  la  pierre  de  touche  du 
Favoir  des  musiciens,  d'ortigues,  Dict.  de  Plain- 
chant,  Fugue.  ||  Fugue  libre,  fugue  dans  laquelle 
on  ne  traite  pas  le  sujet  seul,  et  où  l'on  passe  de 
temps  en  temps  à  une  autre  idée,  ou  fugue  dans  la- 
quelle on  ne  s'astreint  pas  rigoureusement  aux  rè- 
gles. Il  3"  Fugue  pris  par  abus  à  la  fois  dans  le  sens 
propre  et  dans  le  sens  mu.sical.  Une  musique  et 
]irompte  et  vive  et  tendre  Qui  m'enlève  ;  entends- 
tu  ?  —  Crispiii  ;  Je  commence  à  comprendre  ;  C'est 
comme  qui  dirait  une  fugue.  —  Agathe  :  D'accord. 
—  Crispin  :  Une  fugue,  en  musique,  est  un  mor- 
ceau bien  fort  Et  qui  coûte  beaucoup,  regnard. 
Fol.  amour,  ii,  7. 

^  ÉTYM.  Ital.  fuga,  fugue,  proprement  fuite, 
puis  composition  de  musique,  ainsi  dite  parce  que 
des  phra.ses  semblables,  se  présentant  successive- 
ment dans  toutes  les  parties,  semblent  se  fuir  et  se 
poursuivre  tour  h  tour. 

j  FUGCÊ,  ÉE  (fu-ghé,  ghée),  adj.  Terme  de  mu- 
sique. Oui  est  dans  la  forme  d'une  fugue.  Chœur 
fugué.  Le  contre-point  fugué  est  un  contre-point 
'par  imitation,  fétis. 

—  ErVM.  Ital.  fugato,  de  fuga,  fugue. 

FCI,  lE  (fui,  fuie),  part,  passé  àe  f\i\T.  Dont  on 
s'éloigne.  Fui,  comme  un  réprouvé,  par  ceux  qui 
l'entouraient. 

FUIE  (fuie),  s.  f.  Petite  volière  qu'on  ferme  avec 
un  volet  et  où  l'on  nourrit  des  pigeons  domesti- 
ques en  petite  quantité.  Ce  n'est  point  un  colom- 
bier, c'est  une  fuie. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ce  tourillon  avoit  plus  tost  façon 
d'une  fuye  que  d'une  forteresse,  carloix,  vu,  <2. 
Et  comme  on  voit  un  pigeon  à  la  fuye  Se  retirer  et 
un  bœuf  à  la  grange.  Ainsi  je  tourne  autour  de  la 
vend?,nge,  st-gelais,  9i. 

—  ÉTYM.  Lat.  fuga,  fuite,  d'où,  dans  le  français, 
le  sens  de  retraite,  refuge.  Au  xvi*  siècle,  fuie  avait 
le  sens  de  colombier. 

FUIR  (fuir),  je  fuis,  nous  fuyons,  vous  fuyez, 
ils  fuient  ;  je  fuyais,  nous  fuyions,  vous  fuyiez  ; 
je  fuis,  nous  fuîmes  ;  je  fuirai  ;  je  fuirais  ;  fuis, 
qu'il  fuie,  fuyons ,  fuyez  ;  que  je  fuie,  que  nous 
fuyions,  que  vous  fuyiez  ;  que  je  fuisse,  que  nous 
fuissions;  fuyantj  fui.  ||  1°  V.  n.  Se  soustraire  hâtive- 
ment à  un  péril,  à  une  menace,  .i  quelque  chose  ou  à 
quelqu'un.  Fuir  de  son  pays.  Fuir  hors  de  sa  patrie. 
Il  fuit,  lui  qui,  toujours  triomphant  et  vainqueur, 
Vit  ses  prospi^rités  égaler  son  grand  cœur.  Il  fuit.... 
CORN.  Pomp.  1,1.  Il  fuit  pour  mieux  combattre,  m. 
//or.  IV,  2.  Prince,  il  est  temps  de  fuir  quand  on  se 
défend  mal,  m.  Œdipe,  ii,  4.  Enfin  je  l'ai  fait  fuir, 
et  sous  ce  traitement  De  beaucoup  d'actions  il  a 
reçu  la  peine,  mol.  Amph.  i,  2.  Sa  lierto  l'abandon- 
ne, il  tremble,  il  cède,  il  fuit,  boil.  Lutr.  v.  Le  roi 
vient;  fuyez,  prince,  et  partez  promptement,  rac, 
Phèdre,  v,  t.  Quiconque  ne  sait  pas  dévorer  un  af- 
front.... Loin  de  l'aspect  des  rois,  qu'il  s'écarte,  qu'il 
fuie,  ID.  Esth.  m,  i .  Fuyez  dans  l'instant  même,  ou 
l'on  va  vous  arracher  la  vie,  volt.  Zadig,  8.  Char- 
les le  Téméraire  périt  devant  Nancy,  trahi  par  le 
Napolitain  Campo  Basso,  et  tué,  en  fuyant  après  la 
bataille,  par  Ilausemont,  gentilhomme  lorrain,  id. 
Ann.  Emp.  <477.  Fuyons  ensemble  au  fond  des  fo- 
rets ;  il  vaut  encore  mieux  se  fier  aux  tigres  qu'aux 
hommes,  bkrn.  dk  st  PiEHnE,  Ouium.  indienne.  Ce 
-epos  [dans  une  ville]  et  la  honte  de  paraître  fuir 
enHammèrent  son  imagination  [de  Napoléon);  on 
l'entendit  dicter  des  ordres...  ségur,  llist.  de  Nap. 
IX,  )2.  Il  Quitter  son  pays,  .s'éloigner.  Ce  coup  d'État, 
cette  révolution  a  fait  fuir  bien  des  citoyens, 
il  Terme  de  chasse.  Fuir,  aller  fuyant ,  galoper, 
courir,  en  parlant  du  daim,  du  cerf,  etc.  ||  Terme 
de  marine.  Fuir  devant  le  temps,  fuir  vent  arrière, 
•e  dit  d'un  bâtiment  qui,  pris  par  un  très-gros 
temps,  court  ayec  une  très-grande  vitesse  en  se  lais- 


RM 

sauf  aller  au  vent.  Fijir  à  cordes  et  à  m.Us,  courir 
sans  aucune  voile  dehors.  ||  Fuir,  construit  avec  en, 
voy.  ENFUIR,  à  la  remarque.  ||  2°  S'éloigner  de, 
s'écarter  de.  Où  fuirais-je  de  vous  après  tant  de 
furie?  coRN.  Hodog.  v,  4.  Fuis  plutôt  de  ses  yeux, 
fuis  de  sa  violence;  X  ses  premiers  transports  dé- 
robe ta  présence,  id.  Cid,  m,  i.  Quel  malheureux 
dcstirv  vous  conduit  à  présent  Dedans  cette  vallée 
effroyable  et  profonde.  Où,  pour  fuir  de  vous,je  fuis 
de  tout  te  monde?  racan,  Berger,  iv,  3.  Je  sais  qu'il 
nous  faut  tous  fuir  de  ces  objets  Qui  laissent  dans 
nos  cœurs  l'impression  du  vice,  id.  Psaume  c.  Tout 
fuit,  tout  se  reftjse  à  mes  embrassements,  rac. 
Phèdre,  m,  6.  ||  Fig.  Il  semble  pourtant  que,  si 
Corneille  avait  voulu  choisir  des  sujets  plus  dignes 
du  théâtre  tragique,  il  les  aurait  peut-être  traités 
convenablement  ;  il  aurait  pu  rappeler  son  génie  qui 
fuyait  de  lui,  on  en  peut  juger  par  le  début  de  Pul- 
chérie,  volt.  Comment,  sur  Corn.  Rem.  Pulchérie, 
Préf.  il  3°  Fig.  Éluder,  différer,  échapper  à  une  con- 
clusion. Je  ne  puis  terminer  avec  cet  homme;  il  fuit 
toujours.  114"  En  parlant  des  choses,  passer,  s'éloi- 
gner rapidement.  Pareille  à  ces  éclairs  qui,  dans  le 
fort  des  ombres.  Poussent  un  jour  qui  fuit  et  rend 
les  nuits  plus  sombres,  corn.  Hor.  m,  i .  Que  d'yeux 
étincelants,  sous  d'horribles  paupières.  Mêlent  au 
jour  qui  fuit  d'effroyables  lumières  !  lo.  Toù.  d'or, 
m,  5.  Je  m'en  vais,  je  suis  emporté  par  une  force  iné- 
vitable; tout  fuit,  tout  diminue,  tout  disparait  à 
mes  yeux,  boss.  Duch.  d'Orl.  Quand  pourrai-je  au 
travers  d'une  noble  poussière  Suivre  de  l'œil  un 
char  fuyant  dans  la  carrière?  rac.  Phèdre,  i,  3.  Au 
seul  son  de  sa  voix  la  mer  fuit,  le  ciel  tremble,  id. 
Eslh.  I,  s.  Sa  patrie  semble  fuir  devant  lui,  fén. 
m.  I.  Le  port  semblait  fuir  derrière  nous,  m.  Tél. 
II.  'I  Terme  de  menuisier.  Outil  qui  fuit,  outil  échap- 
pant à  la  main  qui  né  le  tient  pas  assez  ferme  en  le 
poussant,  jj  5°  Il  se  dit  du  temps  qui  s'écoule  rapi- 
dement. L'hiver  a  fui.  Hâtons-nous,  le  temps  fuit  et 
nous  traîne  avec  soi,  boil.  Épitre  m.  ||  6"  Ne  pas 
échoir.  Cette  succession  ne  peut  lui  fuir.  ||  T  Fuir 
de,  avec  un  infinitif,  avoir  de  la  répugnance  pour, 
éviter  de....  Et  fuirai,  tant  que  je  pourrai,  de  parler 
à  lui,  d'urfé,  Astrée,  i,  9.  Et,  bornant  tes  désirs  <\ 
ces  dons  éternels.  Fuis  d'être  connu  des  mortels, 
corn.  Imit.  I,  8.  Si  votre  âme  les  suit  et  fuit  d'être 
coquette,  MOL.  Êcol.  des  f.  m,  2.  Prince,  je  monte 
au  trône;  et  vous  m'abandonnez  !  Fuird'en  être  té- 
moin, est-ce  chérir  ma  gloire?  th.  corn.  Antioch. 
I,  3.  La  véritable  vertu  ne  fuit  pas  toujours  de  se 
faire  voir,  mais  jamais  rlle  ne  se  montre  qu'avec  sa 
simple  parure,  boss.  Sermons,  Honneur,  3.  Il  fuyait 
d'entendre  les  vérités  dont  il  eût  eu  droit  de  se  glo- 
rifier, BOURDAL.  4'  dim.  après  Pdq.  Dominic.  t.  li , 
p.  168.  Il  Fuir  à,  avec  un  infinitif,  éviter  de;  locu- 
tion qui  a  vieilli.  Ne  désire  donc  pas,  fuis  même  à 
regarder  Tout  ce  que  sans  péché  tu  ne  peux  possé- 
der, CORN.  Imit.  m,  27.  Il  8"  Se  dérober  sous  les  pas. 
Le  terrain  qu'ils  traversèrent  fuyait  sous  leurs  pas, 
STAËL,  Corinne,  xiii,  4. 119°  Terme  de  peinture.  Il 
se  dit  des  parties  du  tableau  qui  paraissent  s'enfon- 
cer dans  le  lointain.  Ce  fond  fuit  très-bien.  ||  Par 
analogie.  Le  front  du  nègre  fuit  en  arrière.  ||  Terme 
de  marine.  Ia  côte  fuit  dans  telle  aire  de  vent,  son 
gisement  a  la  direction  de  cette  aire  de  vent.  ||  10"  Il 
se  dit  d'un  vase  ou  tonneau  qui  laisse  échapper  le 
liquide.  Le  tonneau  fuit.  Hll"  K.  o.  Éviter  par  crainte 
ou  par  aversion,  se  soustraire  à.  On  ne  vous  oblige 
pasà  fuir  le  monde  en  général;  mais  on  vous  oblige 
à  fuir  un  monde  particulier  qui  vous  pervertit, 
BOURDAL.  Mysl.  conc.  de  la  Vierge,  t.  ii,  p.  4C.  Leur 
sombre  inimitié  ne  fuit  point  mon  visage,  rac  Brit. 
IV,  3.  En  fuyant  mon  rival,  fuirez-vous  ma  pré- 
sence ?  m.  Uilhr.  i,  2.  C'est  peu  de  l'avoir  fui,  cruel, 
je  t'ai  chassé  ;  Pour  mieux  te  résister,  j'ai  recher- 
ché ta  haine,  id.  Phèdre,  ii,  B.  ||  Terme  de  ma- 
nège. On  dit  d'un  cheval,  qui  craint  l'éperon  :  il 
fuit  les  talons.  ||  Faire  fuir  les  jambes,  les  tilons, 
apprendre  au  cheval  à  éviter  la  jambe  que  le  cava- 
lier approche  de  .son  flanc.  ||  12°  S'éloigner  de,  en 

parlant   des   personnes J'ai    fui  la  ville    aux 

muses  si  contraire  Et  l'écho  fatigué  des  clameurs 
du  vulgaire,  a.  cnf.n.  Élèg.  xiv.  ||  Fig.  Fuir  le 
vice  ,  le  travail ,  l'occasion  du  péché.  La  paix  a 
fui  ce  séjour.  Je  ne  te  puis  blâmer  d  avoir  fui  l'in- 
famie, CORN.  Cid,  m,  4.  Il  fuit  plus  que  la  mort  la 
honte  de  .servir,  in.  Cinna,  m,  4.  Il  ne  fuit  rien 
tant  tous  les  jours  que  d'exercer  les  merveilleux 
talents  qu'il  a  eus  du  ciel  pour  la  médecine,  mol. 
Méd.  matg.  lui,  i,  6.  Ceux  qui  ne  fuient  rien  tajit 
que  d'être  hérétiques,  pa.sc.  Prov.  I8.  Ma  muse 
tremblante  Fuit  d'un  si  grand  fardeau  la  charge 
trop  pesante,  boil.  Disc,  au  roi.  |{  Il  se  dit  dans 


FUI 

un  sens  analogue  des  choses  qui,  métaphoriqu»- 
ment,  s'éloignent  Je  me  vois  réduit  A  chercher 
dans  vos  yeux  une  mort  qui  me  fuit,  rac.  Anâr. 
II,  2.  Aussitôt  dans  son  sein  il  plonge  son  épée; 
Mais  la  mort  fuit  encor  sa  grande  âijie  trompée, 
m.  Mithr.  v,  4.  L'amour  fuit  la  contrainte,  id. 
nèrén.  ii ,  4.  La  santé  que  j'appelle  et  qui  fuit 
rae.s  douleurs,  Bien  sans  qui  tous  les  biens  n'ont 
aucunes  douceurs,  a.  cnÉN.  Élég.  vi.  ||  18°  Dé- 
passer l'intelligence,  la  conception.  Vous  qui  devez 
savoir  les  choses  de  la  vie.  Et  que  rien  ne  doit  fuir 
en  cet  âge  avancé,  la  font.  Fabl.  m,  ( .  Entre  le» 
deux  infinis  qui  l'enferment  et  qui  le  fuient,  pAsc. 
dans  COUSIN.  ||  14°  Ne  pas  se  présenter  à  l'esprit.  Je 
trouve  au  coin  d'un  bois  le  mot  qui  m'avait  fui, 
BOIL.  ÊpU.  VI.  Il  15°  Se  fuir,  v.  réft.  Fuir  loin  l'un 
de  l'autre.  Autrefois  ils  se  recherchaient,  aujour- 
d'hui ils  se  fuient.  ||  Se  distraire  d'un  remords, 
d'une  peine.  Il  se  tourmente,  il  s'agite  pour  fuir 
la  mort  qui  le  saisit,  ou  du  moins  pour  se  fuir  lui- 
même,  MASS.  Avent,  Mort  du  péch.  Irai-je,  errant 
encore,  et  me  fuyant  moi-même....?  volt.  Œdipe, 
IV,  3. 

—  REM.  Fuir,  qui  est  présentement  monosyllabe, 
ne  l'a  pas  été  d'une  manière  constante;  Malherbe 
l'a  fait  de  deux  syllabes  :  Est-il  courage  si  brave  Qui 
pût  avecque  raison  Fuîr  d'être  son  esclave  ?  v,  3 
Racan  aussi,  dans  les  exemples  notés  plus  hau* 
(n°  2).  Elle  [l'Académie]  m'approuvera  sans  doute 
quand  je  dis  que  fuir  est  d'une  seule  syllabe,  quoi- 
qu'on ait  décidé  autrefois  qu'il  était  de  deux,  volt. 
Lelt.  Duelos,  25  déc   (761. 

—  HlST.  x'  s.  El  [il]  11  enorte  [exhorte]....  Qued 
elle  fuiet  lo  nom  christien,  Eutalie.  ||xi°  s.  Ne  pcr 
lui  ne  s'en  est  fui,  Lois  de  Guill.  4.  Nostre  Franceis 
n'ont  talent  de  fuir,  Ch.  deHol.  xciii.  1|  xii*  s.  Dont 
li  cheval  fuient  par  les  paluz,  Bonc.  p.  80.  Mais  li 
fulrs  ne  lui  vaulsist  [valut]  néant,  ib.  p.  »5.  Pai 
Mahomet!  en  quel  terre  fuirons?  ib.  p.  «17.  Sainz 
Thomas  liaddit:  Satanas,  fui  d'ici.  Th.  le  mart.  44. 
S'il  nous  atendent,  si  ferron  [nous  frapperons] ,  El 
s'il  s'enfuient,  si  fuiron  [nous  les  poursuivrons], 
Brut,  ms.  t'  85,  dans  lacurne.  ||  xiii*  s.  Jà  ne  plalsl 
à  Dieu  qu'il  me  soitjareprové  que  je  foiedel  champ 
où  j'en  ai  laissié  l'empereour,  villeh.  cxliu.  Et 
pour  plus  tost  fuîr,  [elle]  se  prist  à  se  courcier  [re- 
trousser] ,  Berte,  xxxviii.  Tant  a  foui  la  lasse  par  un 
eslroit  sentier...  ib.  Et  s'en  ala  combalre  â  l'em- 
pereur de  Perse,  et  le  desconfit  et  chassa  de  son 
royaume  ;  lequel  s'en  vint  fuiant  jusques  au  royaume 
de  Jérusalem,  jomv.  264.  ||  xv  s.  Il  monta  sur  son 
cheval,  et  se  mit  à  suysir  ceste  besto  autant  que 
son  cheval  poiivoit  fouir  à  la  course,  Perceforesi, 
t.  VI,  f°  16.  Qui  fuit  tondis,  treuve  bien  qui  le  chace, 
EUST.  DESCH.  Poésies  mss.  f"  235.  En  somme,  il  fal- 
lut que  tous  fouyssent  des  seigneuries  du  duc  de 
Bourgongne,  COMM.  i,  2.||xvi°s.  N'est  il  meilleur 
mourir  vertueusement  bataillant  que  vivre  fuyant 

villainemeiit?  rab.  Garg.  i,  39 Dont  estimarent 

que  Gargantua  estoyt  fouy  avccques  sa  bande,  in.  ifi. 
I,  43.  J'ay  monstre,  en  la  conduite  do  ma  vie 
et  de  mes  entreprinscs ,  que  j'ay  plustost  fdy 
qii'aultrement,  d'enjamber  far  dessus  le  degré  de 
fortune  auquel  Dieu  logea  ma  naissance,  mont,  m, 
7.  Que  fuit  elle  tant  que  la  société?  id.  i,  273.  Se 
desfaisants  eux  mesmes  pour  fuyr  à  la  loy,  id  i, 
299.  Estans  haïs  de  tout  lo  monde,  et  fouis  comme 
gens  excommuniez  et  maudicts,  amtot,  Timol.  41. 
Si  les  Gaulois  eussent  chaudement  poursuivy  i  la 
trace  les  fuyans,  rien  n'eust  pu  sauver  la  ville  de 
Rome,  ID.  Cam.  3«.  Mon  ange,  prévoyant  en  vos 
yeux  mon  dommage,  El  que  deviez  changer  le  repos 
de  mon  sort,  Vouloit  que  de  vos  traits  je  fuisse  l'ef- 
fort. Afin  de  ne  tomber  en  l'éternel  .servage,  am.  ja- 
MiN,  Poésies,  p  181,  dans  laclpne.  Remède  con- 
tre la  peste  par  art,  Fuir  tost  et  loing,  retourner 
tard,  cotgrave. 

—  ETVM.  Provenç.  fugir;  espagn.huir;  ita.\.  fug- 
gire;  du  lat.  fug^e,  par  changement  de  conjugai- 
son; grec,  f^-fiX^  (aoriste  second). 

FUITE  (fui-f),  I.  f  ||1°  Action  de  fuir.  U  fuite 
en  Egypte.  Leur  ardeur  [des  Curiaces]  est  égale  i 
poursuivre  sa  fuite  [d'Horace  reste  seul],  corn.  Hor. 
IV,  2.  I>a  frayeur  lui  doit  faire  prendre  la  fuite,  id. 
Ex.d'llor.  [Il]  Met  l'rpée  i  la  main,  tourne  en  fuite 
le  reste,  id.  Thiod.  iv,  4.  Pour  la  fuite  du  roi  [Jac- 
ques II],  il  paraît  que  le  prince  [d'Orange]  l'a  bien 
voulu  ;  le  roi  était  fort  bien  gardé  par  le  devant  de 
sa  maison,  tandis  que  toutes  les  portes  de  derrière 
étaient  libres  et  ouvertes,  sÉv.  5ii5.  Voici  une  nou- 
velle persécution  qui  l'oblig»*  encore  de  se  mettre 
en  fuite, BOSS.  Sermons,  Ambition ,  Autre cxordepoui- 
le  4°  dim.  de  earime.  Elle  n'avait  assez  de  voiks  "i 


FUI 

arîsez  de  vent  pour  favoriser  sa  fuite  précipitée,  boss. 
Reine  d'Angl.  l\  [Cotin,  en  lisant  ses  versj  metchez 
!ui  voisins,  parents,  amis  en  fuite,  foil.  Sat.  viii. 
Chanter  du  peuple  hébreu  la  fuite  triomphante,  id. 
Art  p.  I  La  seule  fuite.  Iris,  nous  garantit;  C'est 
le  parti  le  plus  utile  à  prendre  Contre  l'amour,  res- 
HOULif.RES  dans  richelet.  Et  la  fuite  est  permise  à 
qui  fuit  son  tyran,  hac.  Phèdre,  v,  i.  X  qui  dois-je 
imputer  cotte  fuite  soudaine?  m.  Iphig.  ii,  '2.  Je  mé- 
ditais ma  fuite  aux  terres  étrangères,  id.  Bajas.us, 
2.  Télémaque  trouvant  les  Dauniens  en  fuite,  kén. 
Tél.  XVI.  Mais  pourquoi  donc  ces  pleurs,  ces  regrets, 
cette  fuite?  volt.  Zaïre,  m,  7.  Quelques  instants  de 
plus,  et  les  troupes  des  ditîérentes  armes,  dans  leur 
fuite  vers  un  même  défilé,  allaient  s'y  rencontrer,  séo. 
HisC.  de  Nap.  iv,  7.  ||  Fig.  Un  grand  bruit  qui  survint 
ensuite  Mit  Hector  et  mon  songe  en  fuite,  scarh. 
Virg.  II.  Il  Prendre  la  fuite,  se  dit  d'un  banquerou- 
tier qui  se  dérobe,  d'un  homme  infidèle  qui  emporte 
ce  qui  ne  lui  appartient  pas.  Le  précepteur  que  vous 
avez  donné  à  la  vicomtesse  et  qui  était  fortement  re- 
commandé par  vous,  a  pris  la  fuite  avant-hier,  après 
avoir  volé  pour  vingt  mille  francs  de  diamants, 
GENLis,  Théât.  d'éduc.  Vlntrig.  i,  3.  ||  X  la  fuite,  en 
fuyant;  locution  qui  a  vieilli.  Car  il  vaut  beaucoup 
mieux  sa  sauver  à  la  fuite.  Que  d'attendre  la  mort 
qu'on  peut  bien  éviter,  d'urfé,  Astrce,  i,  *■  Lysar- 
que  :  N'as-tu  point  ici  vu  deux  cavaliers  aux  coups? 
—  Pymante  :  Non,  monsieur.  —  Lysarcjue  :  Ou 
l'un  d'eux  se  sauver  à  la  fuite?  corn.  Clit.  ii,  2. 
En  un  moment  tout  ce  grand  amas  de  forces  se  dis- 
sipe, chacun  d'eux  se  sauva  à  la  fuite,  mézer.  Hist. 
de  Fr.  av.  Cloiis,  m,  7.  ||  2"  Une  Fuite,  tableau  re- 
présentant la  fuite  de  la  sainte  famille.  Qui  n'a  cent 
fois  admiré  les  nativités,  les  vierges  et  l'enfant,  les 
Fuites  dans  le  désert?  chateaib.  Génie,  m,  i,  *. 
Il  On  met  une  F  majuscule,  en  ce  sens,  à  Fuite. 
Il  3°  S.  f.  plur.  Terme  de  vénerie.  Voies  du  cerf 
qui  fuit,  distance  d'un  élan  à  un  autre.  ||  4°  Fig. 
Action  d'éviter,  de  s'éloigner  de.  La  fuite  des  hon- 
neurs servirait  d'expiation  aux  exccs  passés  de  votre 
ambition,  mass.  Carême,  Dang.  d.  prosp.  La  fuite 
des  grandes  places  ,  les  grandes  places  elles- 
mêmes,  tout  trouve  des  censures,  id.  Carême,  Resp. 
hum.  Il  La  fuite  de  la  cour,  l'action  de  s'éloigner 
de  la  cour.  Il  La  fuite  de  la  cour,  l'action  par  la- 
quelle la  cour  s'éloigne,  s'écarte  de  quelqu'un. 
La  fuite  d'une  cour  que  sa  chute  a  bannie,  bac. 
Brit.  Il,  3.  Il  5°  Il  se  dit  des  choses  qui  passent, 
qui  s'éloignent  rapidement.  La  fuite  de  l'occi- 
sion.  La  fuite  des  années.  Il  [le  temps)  glisse  et 
fuit  d'une  fuite  éternelle ,  pasc.  dans  cousin. 
Cette  vie  ,  dont  la  fuite  précipitée  nous  trompe 
toujours,  Eoss.  Mar.-Thér.  ô  jours  de  mon  prin- 
temps, jours  couronnés  de  rose,  X  votre  fuite  en 
vain  un  long  regret  s'oppose,  a.  chén.  Élég.  xvi. 
Il  6°  Terme  de  peinture.  De  belles  fuites,  de  beaux 
lointains.  ||  7  "  Terme  de  fauconnerie.  Écart  d'un  oi- 
seau. Il  8"  Écliappatoire,  délai.  Ce  petit  corps  de 
souverains  sans  titres  [les  académiciens]  a  eu  assez 
d'artifice  pour  éluder  toutes  les  lois  et  ordonnances 
faites  contre  les  fuites  des  plus  grands  chicaneurs, 
FURETiÈRi:,  3'  fac.tum,  t.  i,  p.  327.  C'est  l'ordinaire 
de  ceux  qui  ont  tort  et  qui  connaissent  leur  faible, 
de  chercher  des  fuites,  la  font.  Psyché,  i,  p.  9o. 
Vous  r.  échapperez  pas  par  ces  fuites,  vous  sentirez 
la  force  de  la  vérité,  pasc.  Prov.  I6.  Non  content 
de  se  tenir  éloigné  de  Dieu,  il  [le  pécheur]  fuit  les 
approches  de  la  grfice  ;  et  quelles  sont  ses  fuites, 
sinon  ses  délais,  ses  remises  de  jour  en  jour...  ? 
EOSS.  2*  sermon,  jeudi  de  la  Passion,  l.  Vous 
résistez  en  vain  et  j'entends  votre  fuite ,  bac. 
Uithr.  m,  6.  ||  9°  Fente  par  où  un  liquide  s'é- 
chappe. Il  y  a  une  fuite  à  ce  tonneau,  à  ce  tuyau. 
Il  Le  liquide  même  ou  le  gaz  qui  s'échappe.  Il  est 
dangereux  de  chercher  une  fuite  de  gaz  [d'éclai- 
rage] avec  une  chandelle  à  la  main.  ||  Proverbe. 
11  vaut  mieux  une  prompte  fuite  qu'une  mauvaise 
attente. 

—  iilST.  .xii*  s.  En  fuie  sont  torné,  n'ont  seing 
de  remanance,  Ronc.  p.  137.  ||  xiii' s.  Là  seront  o 
toute  leur  suite.  Oui  ne  sot  onques  riens  de  fuite, 
la  Rose,  )07cc.  Je  dirai  avant  quantes  fuites  [échap- 
patoires, excuses]  principaus  il  y  a  en  la  haute 
court  en  plait,  Ass.  de  Jérus.  i,  5C.  Quant  il  nous 
senti  venans,  il  toucha  en  fuie  [prit  la  fuite],  joinv. 
209.  Il  XV"  s.  Et  aussi  la  bataille  et  arriere-garde 
n'assemblèrent  point  avec  leurs  gens,  ains  se  mi.s- 
drent  tous  à  la  fuite,  ff.nin,  i4I5.  Les  choses  pro- 
posées par  nostre  dit  procureur  n'estoient  que  fuites 
ou  nyances  [dénégations],  Ordnnn.  5  mars  U83. 
Il  XVI'  s.  On  dit  que  l'homme  de  guerre  doit  avoir 
trois  choses  en  luy  :  assaut  de  lévrier,  fuite  de  loup. 


FUI. 

deffense  de  sanglier,  fouilloux.   Vénerie,  f"   II7, 

dans  LACUBNE 

—  EtyM.  Fuite  vient  du  participe  passé  fui  ou 
fuit,  et  non  du  latm  fuga,  qui  a  donné  réguliè- 
rement fuie. 

t  FULCRUM  (ful-krom'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  collectif  servant  à  désigner  les  pétioles  et 
les  crampons  par  lesquels  les  plan  les  se  soutiennent. 

—  ÉTVM.  Lat.  fulcrum,  soutien. 

t  FULGORE  (ful-go-r') ,  s.  m.  Terme  d'entomo- 
logie. Genre  d'insectes  de  la  tribu  dos  fulgoriens 
hémiptères,  qui,  pendant  la  nuit,  brillent  d'un  éclat 
phosphorique,  ayant  pour  type  le  fulgore  porte- 
lanterne. 

—  ÉTYM.  Lat.  fulgor,  éclat. 
jFULGORELLES  (ful-gorc-l'),  s.  f.  plur.  Tribu 

de  la  famille  des  cicadaires,  ayant  pour  type  le 
genre  fulgore. 

t  FDLGORIENS  (ful-go-riin),  s.  m.  pi.  Tribu  de 
l'ordre  des  hémiptères. 

—  ÉTYM.  Voy.  FUI.GORE. 

t  FULGURAL,  ALE  (ful-gu-ral,  ra-1'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  concerne  la  foudre.  ||  Science  fulgu- 
rale,  prétendue  divination  par  la  foudre,  usitée  chez 
les  Romains. 

—  ÈTYJl.  Lat.  fulguralis  (voy.  fulguration). 

t  FULGURANT,  ANTE  (ful-gu-ran,  ran-t'),  adj. 
Terme  didactique.  Environné  d'éclairs.  Trombe  ful- 
gurante. Une  des  particularités  de  cet  orage,  c'est 
qu'on  entendit,  dans  plusieurs  endroits,  des  coups  de 
tonnerre,  dont  quelques-uns  furent  accompagnés  de 
décharges  fulgurantes,  fonvielle,  Presse  scientifi- 
que, (863,  t.  Il,  p.  54S.  Il  Fig.  La  tête  de  Mirabeau 
avait  une  laideur  grandiose,  fulgurante,  v.  hugo, 
dans  le  Dict.  de  poitevin. 

—  ETYM.  Lat.  fulgurare  (voy.  fulguration). 
FULGURATION  (lul-gu-ra-sion),  s.  f.  ||  1»  Terme 

de  physique.  Lueur  électrique  qui  se  montre  dans 
les  hautes  régions  de  l'atmosphère,  sans  être  accom- 
pagnée, comme  l'éclair,  par  le  bruit  du  tonnerre. 
Il  Fig.  Dieu  est  une  unité  ou  substance  simple,  ori- 
gine (le  toutes  les  monades  créées,  qui  en  sont  éma- 
nées, pour  ainsi  dire,  par  des  fulgurations  continuel- 
les; nous  nous  sommes  servis  de  ce  mot  fulguration, 
parce  que  nous  n'en  connaissons  point  d'autre  qui 
lui  réponde,  dider.  Opin.  des  anc.  phil.  {Leibnil- 
îianisme).  \\  2°  Terme  de  chimie.  Éclair  de  la  cou- 
pelle. L'opération  [de  l'essai  à  la  coupelle]  est  finie 
lorsque  la  surface  a  été  bien  nettoyée,  qu'il  ne  se 
forme  plus  de  crasse,  et  que  l'argent  devient  tout  à 
coup  net  et  extrêmement  brillant  ;  c'est  ce  que  les 
ouvriers  appellent  éclair  ou  fulguration,  Dict.  des 
arts  et  met.  Mines,  1707. 

—  ETYM.  Lat.  futgurationem ,  de  fulgurare,  qui 
vient  de  fulgur,  foudre  (voy.  foudre  i). 

t  FULGURISER  (ful-gu-ri-zé),  v.  a.  Mot  plaisant 
dit  pour  foudroyer.  X  nos  vaisseaux  pulvérisés  Joi- 
gnez des  corps  fulgurisés,  scabr.  Virg.  v. 

—  ETYM.  Lat.  fulgur,  foudre. 

\  FULGUUITE  (ful-gu-ri-f)  ,  s.  m.  Vitrification 
produite  par  la  foudre  qui  traverse  des  couclies  de 
sable  pour  entrer  dans  le  globe  terrestre.  Les  fulgu- 
rites  sont  presque  toujours  creux,  ce  qui  les  fait  ap- 
peler aussi  tubes  de  foudre,  legoarant.  Je  serais 
tenté  de  croire  qu'on  parviendrait  à  reproduire  de 
véritables  fulgurites  à  l'aide  de  cette  puissante  ma- 
chine [une  machine  électrique  de  Hhumkorfr],  si  on 
forçait  l'étincelle  à  franchir  une  certaine  épaisseur 
de  matières  pulvérulentes  un  peu  plus  fusibles  et 
moins  compactes  que  le  crown,  faye,  Acad.  des  se. 
comptes  rendus,  t.  lui,  p.  684. 

—  ETYM.  Lat.  fulgur,  foudre. 
fFULGUROMP/ritE  (ful-gu-ro-mè-tr'),,9.  m.  Terme 

de  physique.  Appareil  mesurant  l'intensité  de  l'élec- 
tricité dans  les  temps  d'orage. 

—  Ety.m.  Lat.  fulgur,  foudre,  et  liÉxpov,  mesure. 
tFULIGINÉES(fù-li-ji-née),  s.  f  pi.  Tribu  de  la 

famille  des  lycoperdacées,  qui  a  pour  type  le  genre 
fuligo. 

f  FULIGINES  (fu-Ii-ji-n') ,  s.  f  pi.  Ancien  terme 
de  médecine.  Humeurs,  vapeurs  qui  sont  comme  de 
la  suie.  Beaucoup  de  fuligines  épaisses  et  crasses, 
MOL.  Ponrc.  i,  H. 

HIST.  xvi*  s.  Par  la  contraction  du  cœur  et  des 

artères  la  fuligine  est  chassée  hors,  paré,  Inlrod.  8. 

—  ETYM.  Lat.  fuUginem,  suie. 
FULIGINEUX,  EIJSE  (fu-li-ji-neù,  nei1-z') ,  adj. 

Il  1°  Oui  est  de  couleur  de  suie,  noirâtre.  La  partie 
supérieure  [du  ver  à  soie]  devient  argentée,  le  reste 
se  couvre  de  taches  fuligineuses  et  spirales  qui  s'éten- 
dent le  long  des  anneaux,  fiîn.  t.  xix,  p.  4  09.  ||  Vapeurs 
fuligineuses,  vapeurs  qui  portent  avec  elles  une  sorte 
de  suie.  ||  2°  Terme  de  médecine.  Lèvres,  langue  fu- 


FUL 


1797 


'  ligineuses,  lèvres,  langue  couvertes  d'un  enduit  noi- 
râtre. Il  Ancien  terme  de  médecine.  Vapeurs  fuligi- 
neuses, exhalaisons  épaisses  qu'on  supposait  partir 

!  du  foie,  do  la  rate,  et  obscurcir  le  cerveau. 

I  —  IIIST.  xvi"  s.  Vapeurs  fuligineuses  de  l'humeur 
mclancholiquo  qui  monte  au  cerveau,  parF.,  Introd. 
0 un  humeur  excrementitieux,  lequel  ne  se  peut 

I  voir  à  l'œil,  qui  s'appelle  fuligineux,  à  cause  qu'il 

j  e.st  semblable  au  noir  qui  s'engendre  de  la  fumée 
d'une  lampe,  in.  xxi,  23 

—  ETYM.  Lat.  fuliginrtsus ,  de  fuligo,  suie. 

t  FULlGINOSITfi  (fu-li-ji-nô-zi-té),  s.  f.  Suie  lé- 
gère se  déposant  lors  de  la  combustion  de  certain» 
corps  organiques.  ||  Terme  do  médecine.  Matière 
ayant  la  couleur  de  la  suie,  qui  recouvre  les  dents  et 
la  langue  dans  différents  états  typhoïdes. 

—  ÊTYM.  Fuligiiiextx. 

f  FULIGO  (fu-Ii-go),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  lycoperdacées.  On  y  distingue  le  fuligo  des 
jardins,  dit  bourrée  et  fleur  du  tan. 

—  ETYM.  Lat.  fuligo,  suie. 
fFULICOKALI   (fu-li-go-ka-li),  s.  m.  Terme  do 

pharmacie.  Prép.iration  de  suie  et  de  potasse,  em- 
ployée dans  les  afTeaions  chroniques  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Lat.  fnligo,  suie,  et  kali,  potasse. 
tFCLMI-COTON   (ful-mi-ko-ton),   s.  m.  Coton 

qu'une  préparation  chimique  a  rendu  détonant 
comme  la  poudre  ;  dit  aussi  coton-poudre  et  pyroxyle. 

—  Etym.  Lat.  fulmen,  fouclie,  et  rolvn. 
fFULMINAIItE    (ful-mi-nê-r'),    adj.    Terme   de 

physique.  Qui  a  rapport  à  la  foudre.  ||  Pierre  fulmi- 
naire,  tube  fulminaire,  synonyme  de  fulgurite. 

—  Etym.  I.at.  fulmen,  foudre. 

t  FULMINAL,  ALE  (ful-mi-nal,  na-l'),  adj.  De 
la  foudre.  Les  phénomènes  fulminaux. 

—  ÉTYM.  Lat.  fttlmen,  foudre.  Fulgur  (voy.  fou- 
dre) est  un  nom  d'agent  du  verbe  fulgere;  fulmen 
représente  un  participe  passif  du  même  verbe. 

FULMINANT,  ANTE  (ful-mi-nan,  nan-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  lance  la  foudre.  Jupiter  fulminant.  Ce  se- 
rait ma  réponse  à  ce  dieu  fulminant,  noiL.  Épit.  i. 
Il  Légion  fulminante,  nom  donné  sous  Marc-Au- 
rèle  à  une  légion  composée  de  chrétiens,  et  que 
l'on  prétend  avoir  attiré  la  foudre  sur  les  ennemis. 
Il  2°  Qui  produit  la  foudre.  Nuage  fulminant. 
Il  3°  Terme  de  chimie.  Composés  fulminants,  com- 
posés qui  détonent  facilement.  Poudre  fulminante. 
Il  Argent  fulminant,  ammoiiiure  d'argent.  ||0r  ful- 
minant, ammoniure  d'or.  On  sait  que  l'explosion 
de  cet  or  fulminant  est  beaucoup  plus  violente  que 
celle  de  la  poudre  à  canon,  et  qu'elle  pourrait  pro- 
duire des  effets  encore  plus  terribles,  et  mime 
s'exercer  d'une  manière  plus  insidieuse,  buff.  Min. 
t.  IV,  p.  24S,  dans  pougens.  H*"  Fig.  Qui  éclate  eu 
menaces.  Il  est  toujours  fulminant.  ||  Qui  révèle  un 
grand  emportement.  Lancer  un  regard  fulminant 
Vous  saurez  que  M.  le  maréchal  de  Richelieu  m'a 
écrit  une  lettre  fulminante  sur  la  distribution  des 
rôles,...  volt.  Z.e«.  d'Argental,  lo  déc.  1764.  ||  Qui 
foudroie,  qui  accable.  Cette  censure  ne  laisse  pas 
d'être  fulminante,  eoss.  Lett.  quiét.  455.  Une  légère 
différence  de  forme  dans  ce  qu'il  proposait  eût  pré- 
venu cet  inconvénient;  l'objection  la  plus  fulmi- 
nante peut,  sans  rien  perdre  de  sa  force,  devenir 
un  simple  éclaircissement  qu'on  demande,  fonte- 
nelle.  Molle.  Il  5°  Terme  de  billard.  Rloc  fulminant, 
action  de  bloquer  la  bille  avec  roideur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Recevans  de  bon  cœur  la  fulmi- 
nente  du  pape  et  l'excommunication  de  tous  les  hé- 
rétiques et  de  leurs  fauteurs,  d'aub.  Ilisl.  ii,  439. 

—  ÉTYM.  Lat.  fulminantem,  lançant  la  foudre 
(voy.  fulminal). 

t  FULMINATE  (ful-mi-na-f),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Sel  produit  parla  combinaison  de  l'acide fulmi- 
niqueavec  une  base.  ||  Fulminatedemercure,seldont 
onscsertpourlacompositiondela  poudre  fulminante. 

—  ÉTYM.  Voy.  fulminique. 
FULMINATION  (ful-mi-na-sion  ;  en  vers,  de  cinq 

syllabes),  s.  f.  ||  1°  Terme  do  chimie.  Détonation  de 
matières  fulminantes,  produite  par  une  décomposi- 
tion in.stantanée.  Cet  alcali  volatil  est  le  seul  inter- 
mède qui  dégage  subitement  l'air  et  cause  la  fulmi- 
nation,  buf?.  ilin.  t.  iv,  p.  247.  ||  2°  Fig.  Terme  de 
droit  canonique.  L'action  de  fulminer  une  sentence 
La  fulminalion  d'un  monitoire,  des  bulles.  Tous  les 
diocèses  de  Sicile  furent  mis  en  interdit,  et  les  ful- 
minations  redoublées,  st-sim.  437,  7i.  La  fulmina* 
tion  de  la  sentence  qui  déclare  l'hérétique  excom- 
munié, Trérnux,  Mém.  1725,  t.  i,  p.  IB. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  excommunications  et  fulnii- 
nations  faites  par  Marcelin  LandriaiiO  soi  disant 
nonce  du  pape,  d'aub.  Uist.  m,  257. 

—  ÉTYM.  Provenç.  fulminatio;  espagn  fulmtna- 


4798 


FLM 


cion;  iUl    fulminaxioM;  du  lat.  fulminationem, 
de  fulminare. 

f  FULMINATOIUK  (ful-mi-na-toi-r'),  adj.  Terme 
de  théologie.  Qui  fulmine.  Seiilence  fulminatoire. 

—  ETYM.  Lat.  fict.  fulminatoHus ,  tiré  de/uimi- 
nator,  qui  vient  de  fulminare,  fulminer. 

FULMINÉ,  ÉE  (ful-mi-né,  née),  part,  passé  de 
fulminer.  ||  1°  Terme  d'iiistoire  naturelle.  Qui  oITre 
dos  raies  colorées  en  zigxag,  comme  par  la  foudre. 
Il  8°  Fig.  Prononcé  par  fulmination.  Voilà  par  où  il 
se  garantit  des  anathèmes  fulminés  dans  l'Évangile 
contre  les  riches,  boubdal.  8*  dim.  après  la  Penlec. 
Duminic.  t.  Jii,  p.  )  23.  Informez-vous  si  on  a  fulminé, 
le  jeudi  de  l'absoute,  la  buUe  in  cœna  domini;  quel 
mot,  fulminé!  volt.  Lelt.  d'Àrgental,  mars  1770. 

FULMINER  (ful-mi-né),  V.  n.  ||  l»  Lancer  la  fou- 
dre et  les  éclairs.  Quelle  sorte  de  vengeance  !  quoi, 
fallait-il  fulminer  et  le  prendre  d'un  ton  si  haut 
pour  abattre  si  peu  de  chose?  boss.  la  Vallière. 
il  2°  Terme  de  chimie.  Faire  explosion,  détoner. 
Un  très-léger  échaulTement  fait  fulminer  celte  sub- 
litance.  L'or  fulmine  avant  d'être  chauiïé  jusqu'au 
rouge,  dans  les  vaisseaux  clos  comme  en  plein  air, 
BUFF.  ilin.  t.  IV,  p.  250,  dans  p^ugens.  ||  3"  Fig. 
S'emporter  en  violentes  menaces,  en  violents  re- 
proches. C'est  en  vain  qu'il  fulmine  à  celte  affreuse 
vue, CORN. .I((i7a,  v,  6.  Il  pesta,  fulmina,  lui  défendit 
»a  vue,  TH.  COBN.  D.  Cari.  d'Avalos,  ii,  o.  C'est  pour- 
quoi saint  Paul  exhortait  son  disciple  Timothée  à 
reprocher,  à  menacer,  à  fulminer,  plutôt  qu'à  conso- 
ler, BOURDAL.  4"  dim.  après  Pâques,  Dominic.  t.  ii, 
p.  138.  Il  fulmine  et  ne  veut  rien  finir  aujourd'hui, 
ijufhesny,  lléconc.  norm.  v,  l.  ||4°K.  a.  Terme  de 
droit  canon.  Publier  un  acte  de  condamnation  avec 
certaines  formalités.  L'évêque  d'Agrlgente,  sans  in- 
formation ni  délai  aucun,  fulmina  une  excommuni- 
cation, ST-SIM.  437,  7u.  Dans  ce  temps- là  même  le 
pape  .Sixte-Quint  fulmine  contre  le  roi  de  Navarre  et 
le  prince  de  Condé  cette  fameuse  bulle  dans  la- 
quelle il  les  appelle  génération  bâtarde  et  détestable 
de  la  maison  de  Bourbon,  volt.  Mœurs,  t73.  11  s'at- 
tendait à  me  trouver  fort  effrayé  du  décret  que  la 
Sorbonne  allait  fulminer  contre  moi,  MAnMONTEL, 
Métn.  vni.  ||  Par  extension.  Et  si  ma  bouche  encor 
n'en  fulmine  l'arrêt,  Rends  grâces  à  ma  sœur  qui 
prend  ton  intérêt,  corn.  T'ois,  d'or,  ii,  2. 

—  HlST.  XVI*  s.  Fulminer  des  exécrations,  amyot, 
Àlc.  68.  Le  pape  Vavoit  fulminé  comme  hérétique, 

K.  DU  BELL.  B76. 

—  ETYM.  Prov.  et  esp.  fulminar;  ital.  fulminare, 
du  lat.  fulmiiMre,  fulminer  (voy.  fulminal). 

t  FULMINlFftRE  (ful-mi-ni-fê-r")  ,  adj.  Terme 
didactique.  Oui  porte  la  foudre. 

—  ETYiM.  Lat.  fulmen,  foudre,  et  ferre,  porter. 

t  FULMINIQUE  (ful-mi-ni-k'),  adj.  m.  Terme  de 
chimie.  Acide  fulminique ,  combinaison  du  cyano- 
gène et  de  l'oxygène,  dont  les  éléments  se  séparent 
si  facilement  et  avec  une  telle  rapidité,  que  les  sols 
où  il  entre  sont  tous  fulminants,  ce  qui  lui  a  fait 
donner  son  nom. 

—  ETYM.  fV/mtner. 

t  FCLVERIN  (ful-ve-rin),  s.  m.  Terme  de  pein- 
ture. Couleur  qu'on  emploie  en  détrempe,  pour  gla- 
cer les  bruns. 

—  ETYM.  Lat.  fulvus;  fauve,  brun. 

f  FULVIE  (fui-vie),  s.  f.  Espèce  de  couleuvre, 
t  FULVIPÈDE  (ful-vi-pè-d),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  les  pattes  fauves. 

—  ETYM.  Lat.  fulvus,  fauve,  et  pes,  pcdis,  pied. 
t  FULVIPENNE   (ful-vi-pè-n') ,    adj.   Terme    de 

zoologie.  Qui  a  les  ailes  ou  les  élytres  roux. 

—  ETYM.  Lat.  fulvus,  fauve,  et  penne. 

t  FULVIROSTRE  (ful-vi-ro-str'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  le  bec  ou  le  rostre  de  couleur  fauve 
ou  rousse. 

—  ÉTYM.  Lat.  fulvus,  fauve,  et  rostrum,  bec. 

t  FUMADE  (fu-ma-d'),  s.  f.  Terme  rural.  Amen- 
dement de  la  terre  par  le  parcage  des  bêtes  à  cornes. 

—  ETYM.  Fumer  t. 

4.  FUMAC.H  (lu-nin  j'I,  .•;.  m.  ||  1*  Fausse  cou- 
leur d'or,  qu'on  donne  à  l'argent  filé  et  aux  lames 
d'argent  en  les  exposant  à  la  fumée  de  certaines 
compositions.  ||  t'  L'action  de  fumer  certains  co- 
mestibles pour  les  mieux  conserver.  Le  fumage  do 
la  viande,  du  poisson.  ||  8*  Genre  de  champignons. 

—  ÊTYM.  Fumer  t . 

t  2.  FUMAGE  (fu-ma-j'),  s.  m.  Action  de  mettre 
du  fumier  dans  une  terre. 

—  ÊTYM.  fumer  2. 

t  FCMAGINE  (fu-ma-ji-n'),  s.  f.  ou  FCMAGO 
pa-ma-gû),  ».  m.  Terme  technique.  Poussière  noire 
qui  se  remarque  sur  plusieurs  plantes  après  un  été 
sec,  et  dans  les  sorres  et  les  orangeries. 


FUM 

—  ÉTYM.  Mot  formé,  i  cause  de  la  coloration,  de 
fumare  (voy.  fumer  (),  comme  s'il  existait  en  latin 
un  substantif  fumago,  fumaginis. 

t  FUMAISON  (fu-mè-zon),  s.  f.  Terme  rural.  Sy- 
nonyme de  fumage  2. 

—  ETYM.  Fumer  2. 

FUMANT,  ANTE  (fu-man,  man-t'),  adj.  \\  !•  Qui 
jette  de  la  fumée.  Il  [le  Sauveur]  n'éteint  pas  la 
mèche  fumante,  mais  il  la  laisse  s'évaporer,  pour 
voir  si  ces  malheureux,  las.sés  d'accabler  d'injures 
un  homme  si  humble  et  si  doux,  ne  reviendront 
point  en  leur  bon  sens,  boss.  Médit,  sur  l'Évang. 
Sermon  sur  la  montagne,  3'  jour.  Les  ruines  oc 
Jérusalem,  encore  toutes  fumantes  du  feu  de  la  co- 
lère divine,  id.  Sermons,  Bonté  et  rigueur  de  Dieu, 
2.  Lui  [à  Dieu]  présentait  encor  entre  ses  mains  san- 
glantes Des  victimes  de  paix  les  entrailles  fumantes, 
BAC.  Athal.  u,  2.  Oui,  seigneur,  lorsque  au  pied  des 
murs  fumants  de  Troie,  Le  sort....  Fit  tomber  en 
mes  mains  Andromaque  et  son  fils,  id.  jlndr.  i ,  2.  Lâ- 
chant les  rênes  de  ses  chevaux  fumants  do  sueur,  il 
était  tout  penché  sur  leurs  crins  flottants,  fénel.  Tél. 
V.  Sous  ces  lambris  fumants  ces  femmes  écrasées, 
VOLT.  Mérope,  i,  \.  Quand  à  Moloc,  leur  dieu,  des 
mères  gémissantes  Offraient  de  leurs  enfants  les  en- 
trailles fumantes,  id.  Henr.  v.  ||  Fumant  de  sang, 
couvert  d'un  sang  qui  coule  encore.  Kt  que  dans  une 
main  de  votre  sang  fumante  J'allasse  mettre  hélas  I 
la  main  de  votre  amante,  bac.  Mithr.  iv,  2.  Elle 
approche,  elle  voit  l'herbe  rouge  et  fumante,  jd. 
l'hèd.  v,  6.  Annibal,  prononçant  contre  lui-même 
mille  exécrations  de  ce  qu'au  sortir  de  la  bataille  de 
Cannes  il  n'avait  pas  conduit  à  Rome  ses  soldats 
encore  tout  fumants  du  sang  des  Romains,  bollin, 
Traité  des  Et.  3»  part.  ch.  t.  Candide  l'enfonce  [son 
épée]  jusqu'à  la  garde  dans  le  ventre  du  baron  jé- 
suite; mais,  en  la  retirant  toute  fumante,  il  se  mit 
à  pleurer,  VOLT.  Cand.  4  5.  Fumante  de  son  sang, 
captive,  désolée,  Rome  dans  cet  espoir  renaissait 
consolée,  id.  Mort  de  Ces.  i,  3.  ||  On  dit  dans  un 
sens  analogue  :  fumant  de  carnage.  Lorsque  les 
Sarrasins  de  carnage  fumants  Revinrent  l'arracher 
à  mes  bras  tout  sanglants,  volt.  Zaïre,  ii,  3. 
Il  Terme  d'alchimie.  Neige  fumante,  chaux  vive. 
Il  2°  Qui  ressemble  à  la  fumée.  Vagues....  Pourquoi 
secouez-vous  voire  écume  fumante  En  légers  tour- 
billons? LAMABT.  Harm.  ii,  3.  ||  3»  Fig.  Animé  au 
point  de  sembler  exhaler  feu  et  fumée.  Mais  .'-i 
fumante  encor  d'un  généreux  courroux....  cohn. 
Cinna,  iv,  B.  Et  la  triste  Italie  encor  toute  fumante 
Des  feux  ((ue  ralluma  sa  liberté  mourante,  rac. 
Mithr.  111,4.  Voir  votre  perruque  déposée  sur  le 
coin  de  la  cheminée  et  votre  tête  fumante,  dideh.  à 
Galiani.  Helvétius, préoccupé  de  son  ambition  de  cé- 
lébrité littéraire,  nous  arrivait  la  tète  encore  fumante 
de  son  travail  de  la  matinée,  makmo.ntel,  Mém.  vi. 
]|  4°  Terme  de  billard.  Bloc  fumant,  action  de  bloquer 
la  bille  avec  tant  de  roideur  que  de  la  commotion 
il  sort  de  la  poussière  de  la  blouse  qui  semble  fumer. 

—  HlST.  XVI"  s.  Là  où  Pliebus  sa  course  ayant 
finie  Oste  la  bride  à  ses  fumans  chevaux,  uu  bellay, 
viji,  4  3,  verso. 

—  ÉTYM.  Fumer  4. 

t  FCMARIACÉES  (  fu-ma-ri-a-sée  ) ,  s.  f.  pi. 
Terme  de  botanique.  Famille  séparée  des  papavéra- 
cées,  comprenant  celles  qui  sont  à  corolles  irrégu- 
lières, et  qui  a  la  fumeterre  pour  type. 

—  ÉTYM.  Fumaria,  nom  botanique  latin  de  la 
fumeterre. 

fFUMARINE  (fu-ma-ri-n') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Principe  de  la  fumeterre. 

—  ÉTYM.  Fumaria,  nom  botanique  latin  de  la 
fumeterre. 

t  FUMARIQUE  (fu-ma-ri-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  fumarique,  acide  qu'on  obtient  en  chauf- 
fant longtemps  l'acide  malique. 

■f  FUMAROLLË(fu-ma-ro-r),s.  /".Voy.  fomerollk. 

j  FUMAT  (fu-ma) ,  s.  m.  E-spèce  de  raie  à  long  bec. 

4.  FUME,  ÉE  (fu-mé,  mée),  part,  passé  de  fu- 
mer 4.  Il  1°  Exposé  à  la  fumée.  Jambon  fumé.  ||  Verres 
fumés,  verres  exposés  à  la  fumée,  dont  on  se  sert 
pour  observer  les  éclipses.  ||  Verre  fumé  se  dit  aussi 
d'un  verre  de  couleur  de  fumée  employé  pour  mé- 
nager la  vue.  Il  2°  Brûlé  en  fumant.  Des  cigares  k 
demi  fumés.  Une  pipe  fumée.  ||  Fig.  et  populaire- 
ment. Perdu.  Il  est  ftimé.   C'est  une  affaire  fumée. 

2.  FUMC,  ÉE  (fumé,  mée),  port,  passé  de  fumer 
2.  Qui  a  reçu  du   fumier.  Un  champ   bien  fumé. 

3.  FUMÉ  (fu-mé) ,  s.  m.  Terme  de  gravure  en  ca- 
ractères. Empreinte  faite  sur  une  carte  avec  un 
poinçon  noirci  à  la  fumée  et  qui  montre  si  la  lettre 
est  bien  gravée. 

—  ÊTYM.  Fumé  i. 


FUM 

FUMÉE  (fu-mée),  s.  f.  IJ  1°  Espèce  de  nuage  gri- 
sâtre ou  noir,  qui  s'élève  des  foyers  de  combustion, 
et  qui  est  un  mélange  de  vapeur  d'eau,  d'acide  car- 
bonique, de  charbon  très-divi»é,  d'huiles  empyrcu- 
matiques  et  de  parties  non  brûlées.  Dans  les  plus 
honorables  occasions,  il  [l'homme  marié]  regrette  U 
fumée  d'Ithaque,  il  soupire  de  l'absence  de  Pénélope, 
BALZ.  Des  ministres  et  du  ministère.  Je  cours  au 
temple  alors,  où  la  lampe  allumée  Jette  au  lieu  de 
lumière  une  noire  fumée,  botrou,  Àntig.  v,  5.  La  j 
vapeur  sort  de  la  fournaise,  et  la  fumée  s'élève  en  1 
haut  avant  le  feu,  saci,  Bible,  Ecclésiastique,  xxii, 
3u.  La  mai.son  abîmée  Entraîne  aussi  le  feu  qui 
se  perd  en  fumée,  boil.  Sat.  vi.  Comme  le  vent 
dans  l'air  dissipe  la  fumée,  rac.  Athal.  v,  6.  La 
grande  salle,  où  les  Suédois  se  tenaient  [i  Bender]. 
était  remplie  d'une  fumée  affreuse,  mêlée  de  tour- 
billons de  feu  qui  entraient  par  les  portes  des  ap- 
partements voisins,  volt.  Charles  XII,  6.  Et,  sans 
reprendre  haleine,  enivrés  de  la  fumée  et  des  feux 
qu'ils  ont  traversés,  des  coups  qu'ils  donnaient  et 
de  leur  victoire,  ils  s'emportèrent  dans  la  plaine 
haute  et  voulurent  s'emparer  des  canons  ennemis, 
SÉGUB,  Ilist.  de  Nap.  ix,  2.  ||  Familièrement.  En- 
nuyeux comme  la  fumée,  très-ennuyeux.  ||  Noir  de 
fumée,  voy.  noir.  |1  II  se  dit  de  l'haleine  des  mons- 
tres fabuleux  qu'on  suppose  vomir  du  feu.  Us  [des 
dragons  vomissant  du  feu]  l'ont  enveloppé  [Jason] 
d'une  épaisse  fumée,  corn.  Tois.  d'or,  v,  2.  Unegueule 
enflammée  [d'un  monstre]  Qui  les  couvre  [les  cour- 
siers] de  feu,  de  sang  et  de  fumée,  rac.  Phèdre,  t,  6. 
Il  2"  Fumée  du  tabac,  celle  qui  s'exhale  d'une  pipe, 
d'un  cigare  qui  brillent.  Il  [Jean  de  Wcrt]  buvait 
admirablement ,  et  n'excellait  pas  moins  à  prendre  le 
tabac  en  poudre,  en  cordon  et  en  fumée  [à  priser, 
à  chiquer  et  à  fumer],  bayle,  Vict.  au  mot  Wert. 
Il  3"  Vapeur  qui  s'exhale  des  viandes  chaudes.  Oui 
vint  à  ces  festins  conduit  par  la  iumée,  boil.  Sat. 

jii Une   muse  affamée  Ne  peut  pas,  dira-t-on, 

subsister  de  fumée,  boil.  Art  p.  iv.  Les  talents 
éminents  et  peu  considérés  dans  leur  patrie  ressem- 
blent assez  à  ce  pauvre  indigent  qui,  n'ayant  rien 
à  manger  avec  son  pain,  le  mangeait  à  la  fumée 
d'une  boutique  de  rôtisseur,  d'alemb.  Lelt.  au  roi 
de  Pr.  30  nov.  4  770.  ||  Fig.  Manger  son  pain  à  la 
fumée  du  rôt,  se  repaître  d'une  vaine  fumée,  tan- 
dis que  les  autres  ont  le  rôt,  le  bon  de  l'affaire 
Il  4"  La  fumée  qui  sort  d'un  encensoir  ;  et  fig 
louange.  Et  par  l'espoir  du  gain  votre  muse  ani- 
mée Vendrait  au  poids  de  l'or  une  once  de  fumée, 
BOIL.  Sat.  IX.  Il  5°  Vapeur  qui  s'élève  de  l'haleine  et 
de  la  transpiration  surtout  pendant  l'hiver.  Un  che- 
val très-échauffé  parait  enveloppé  de  fumée.  ||  Va» 
peur  qu'exhalent  les  corps  humides,  quand  ils  sont 
plus  chauds  que  l'air  ambiant.  Il  se  leva  une  fumée 
de  la  rivière,  [j  6°  Fig.  Ce  qui  n'a,  comme  la  fumée, 
ni  consistance,  ni  valeur.  Ces  riches  que  du  siècle 
adore  l'imprudence  Passent  comme  fumée  avec 
leur  abondance,  corn.  Imit.  m,  4S.  Il  est  vrai  que 
nos  noms  ne  sauraient  plus  périr;  X  quelque  prix 
qu'on  mette  une  telle  fumée....  m.  Ilnr.  n,  .i.  La 
gloire  des  mortels  n'est  qu'ombre  et  que  fumée, 
RACAN ,  Berger,  m.  3.  Prétendent-ils  nous  avoir 
bien  réjouis,  de  nous  dire  qu'ils  tiennent  que  notre 
âme  n'est  qu'un  peu  de  vent  et  de  fumée?  pasc. 
Pensées,  t.  i,  p.  301,  édit.  lahure.  Que  de  sueurs, 
que  de  travaux,  disait  Alexandre,  pour  faire  parler 
les  Athéniens  I  il  sentait  la  vanité  de  cette  frivole 
récompense,  et  en  même  temps  il  se  repaissait  de 
cette  fumée,  boss.  Politique,  ix,ii,  4  3.  Elle  voit  dis- 
siper sa  jeunesse  en  regrets.  Mon  amour  en  fumée, 
et  son  bien  en  procès,  kac.  Plaid,  i,  5.  Toute  nu 
vie  n'est  qu'une  fumée  qui  ne  laisse  rien  de  réel  a 
do  solide  à  la  main  qui  la  rappelle  et  qui  la  ra- 
masse, MASS.  Carême,  Temps.  Et  que  nous  trouvioni 
Dieu  de  notre  goût,  si  j'ose  parler  ainsi,  nous  qui 
n'avons  jamais  goûté  que  le  monde  et  sa  fumée; 
ID.  Cartme,  Dégoûts.  Vous  le  verrez  courir  après 
une  fumée  qui  s'évanouit,  m.  Prof.  4.  La  misé- 
rable fumée  de  la  réputation  fait  trop  d'ennemis 
et  empoisonne  trop  la  vie,  volt.  Mél.  litt.  Ml. 
acad.  de  Berlin.  La  réputation  est  une  fumée,  1'?- 
mitié  est  le  seul  plaisir  solide,  id.  Lelt.  Cideville, 
2(1  juillet  4733.  Il  S'en  aller  en  fumée,  se  perdre  sans 
effet  ni  résultat.  X  ce  coup  iront  en  fumée  Les 
voeux  que  faisaient  nos  mutins,  «alh.  lu,  t.  Ainsi 
donc  mes  desseins  se  tournent  en  fumée,  corn. 
Place  roy.  iv,  6.  Et  ce  qu'il  contribue  i  notre 
renommée.  Toujours  en  moins  de  rien  se  dissipe  en 
fumée,  id.  Ilor.  v,  3.  Tous  mes  efforts  ne  seront  que 
fumée,  «ol.  D.  Gare,  m,  2.  Un  petit  mot,  comme 
je  l'ai  dit,  va  tout  réduire  en  fumée,  boss.  Far. 
XIII,  §  32.  Tes  protestations  s'en  vont  en   fumée,  le 


FUM 


FTJM 


FUM 


n99 


vent  les  emporte,  Boss.  Pensées  chrét.  9.  ||U  vend 
lie  la  fumée,  c'est  un  vendeur  de  fumée,  se  dit  d'un 
homme  qui  promet  plus  qu'il  ne  peut  tenir,  se  vante 
d'un  crédit  qu'il  n'a  pas.  Tous  ces  beaux  suffi- 
sants Ne  sont  que  triacleurs  et  vendeurs  de  fumée, 
RÉGNIER,  Sat.  xm.  Il  Se  repaître,  s'enivrer  de  fumée, 
'  livrer  à  (les  espérances  chimériques.  ||  7°  S.f.  pi. 
l'et  produit  sur  le  cerveau  par  l'ingestion  dans  l'es- 
mac  d'une  trop  grande  quantité  de  liqueurs  spi- 
ueuses.  Champagne,  au  sortir  d'un  long  dîner,  et 
ns  les  douces  fumées  d'un  vin  d'Avenai  et  de  Sil- 
:y,  LA  BRUY.  VI.  Ces  faux  amis  qui  entraînent  un 
me  homme  dans  la  débauche  et  dont  l'amitié  se 
dissipe  avec  les  fumées  du  vin,  lesage.  Diable  boit. 
20.  Il  Vapeurs  qu'on  suppose  monter  de  l'estomac  ou 
des  entrailles  au  cerveau.  Des  fumées  noires  lui 
troublent  le  cerveau.  Un  corps  encore  tout  plein  des 
fumées  de  la  nuit,  mass.  Carême,  Jeûne.  ||  Fig.  Ce 
qui  monte  à  l'esprit  comme  les  fumées  du  vin 
montent  au  cerveau.  Laissez  moins  de  fumée  à 
vos  feux  militaires,  corn.  Nicom.  n,  3.  La  gloire, 
qu'y  a-t-il  pour  un  chrétien  de  plus  pernicieux  et 
de  plus  mortel?  quelle  fumée  plus  capable  de  fuire 
tourner  les  meilleures  têtes?  boss.  Duch.  d'Orl. 
Je  ne  sais  quelles  fumées  qui  s'élèvent  des  bouil- 
lons du  sang  et  de  la  chaleur  de  la  jeunesse , 
FLÉCH.  Panég.  II,  p.  248.  Doucement,  monsieur, 
nous  ahiaisserons  ses  fumées  d'amour,  regnaro,  Sé- 
icn.  se.  (I.  Déjà  les  fumées  de  l'ambition  me 
montaient  h  la  tête,  j.  j.  rouss.  Conf.  ii.  Les  au- 
teurs, les  décrets,  les  livres,  cette  acre  fumée  de 
gloire  qui  fait  pleurer,  tout  cela  sont  des  folies  de 
l'autre  monde  auxquelles  je  ne  prends  plus  de  part, 
et  que  je  me  vais  hâter  d'oublier,  id.  Lett.  à  Coin- 
det,  2»  mars  1788.  ||  8°  S.  f.  pi.  Terme  de  joaillier. 
Taches  qui  diminuent  beaucoup  la  valeur  d'un  dia- 
mant, et  qui  semblent  l'enfumer,  ||  9"  Terme  de 
chasse.  La  liente  des  bêtes  fauves.  Les  fumées  de  la 
liète.  Et  par  les  fumées  qu'il  a  vues  dans  les  ga- 
:  liages,  il  le  juge  tout  aussi  cerf  qu'il  l'est  à  coup 
silr  par  le  pied,  collé,  Port,  de  chasse,  i,  2.  ||  On 
appelle  aussi  fumée  la  fiente  d'hirondelle.  ||  Pro- 
verbes. Il  n'y  a  point  de  fumée  sans  feu,  il  n'y  a 
pas  d'effet  sans  cause,  il  ne  court  point  de  bruit 
sans  quelque  fondement.  ||  11  n'y  a  point  de  feu 
sans  fumée,  il  n'y  a  pas  de  cause  sans  effet,  quel- 
que soin  qu'on  prenne  pour  cacher  une  passion 
vive,  il  en, parait  toujours  quelque  chose.  Et  le  feu 
comme  on  dit  ne  va  pas  sans  fumée,  regnard,  le 
Bal,  se.  <4.  Il  La  fumée  cherclie  les  beaux,  se  dit 
pour  se  moquer  de  ceux  qui  se  plaignent  de  la  fu- 
mée. Ce  proverbe  se  dit  aussi  en  un  autre  sens,  pour 
signifier  que  l'envie  s'attache  toujours  au  plus  grand 
mérite.  ||  La  fumée  chasse  souvent  le  maître  de  la 
maison,  au  sens  propre  les  cheminées  qui  fument 
font  souvent  qu'un  homme  ne  reste  pas  chez  lui,  et, 
par  une  application  satirique,  l'humeur  désagréa- 
ble d'une  femme  fait  que  le  mari  la  fuit  souvent. 

—  IIIST.  xn*  s.  Ténèbres  l'obscurent  et  umbres  do 
mort;  fumeie  lo  parprendet  [l'entoure], /o6,  469. 
Fumée  levad  de  ses  narines,  e  li  fus  [feu]  ki  de  sa 
'  bûche  vint,  devorad  e  les  charbuns  alumad  e  es- 
brasad.  Rois,  p.  2U6.  ||  xiii'  s.  Là  où  li  feus  a  demoré 
longement,  tozjors  i  seront  les  fumées,  brun,  la- 
TiNi,  Trésor,  p.  360.  S'ureison  ert  e  pure  e  bone, 
Devant  la  face  Deu  en  trône  Munte  cume  fet  la 
fumée  De  encens,  ki  à  Deu  agrée.  Éd.  le  conf.  v. 
734.Ysengrin  en  sent  la  fumée  Qu'il  n'avoit  mieacos- 
tumée,Ben.  9*i.  N'est  nus  [nul]  ki  feu  si  bien  es- 
traigne.  Que  la  fumée  n'i  remaigne  [reste],  gui  de 
CAMBRAI,  Barl.  et  Jos,  p.  68.  ||  xiv*  s.  ...que  il  gar- 
dassent bien  que  leurneif  fust  tousjours  hors  les  fu- 
mées de  la  mer  et  hors  les  grans  undes,  oresme, 
Eth.  B4.  Les  fientes  des  bestes  rouges  sont  appelées 
fumées,  Modus,  f.  vi,  verso.  Gardez  en  y  ver  que  vostre 
mari  ait  bon  feu  sans  fumée,  Ménagier,  i,  7.  Trois 
choses  gectent  l'homme  "liors  de  sa  maison,  la  fu- 
mée, la  goutiere  et  la  mauvaise  femme,  le  chev. 
DE  LA  TOUR,  l'iistr.  à  ses  filles,  f"  74,  dans  lacurne. 
Il  XV*  s.  Et  disoient  en  Angleterre  les  chevaliers: 
ha,  sainte  Marie  !  que  ces  François  font  maintenant 
de  fumée  pour  un  mont  de  vilains  qu'ils  ont  rué 
ius!  FROiss.  Il,  II,  208.  Ce  duc  de  Guérie  est  jeune; 
et  jeunesse  et  fumée  de  teste  l'a  à  présent  esmu 
de  défier  le  roi  de  France  ,  id.  ii,  ni,  )06.  Hz 
veoient  la  fumée  [poussitre]  dessus  la  bataille  si 
grande ,  comme  si  ce  fussent  deux  chaux  fours, 
Perceforest,  t.  i,  f°  90. '...lesquels  se  turent  Et  point 
de  fumée  [querelle]  n'esmurcut,  eust.  desch.  Poé- 
sies mss.  {"  409,  dans  i.acurne.  L'empereur  de  la 
fumée  [le  chef  d'un  ordre  burlesque  de  buveurs], 
ib.  f"  109.  Onques  feu  ne  fut  sans  fumée,  CH.  d'orl. 
Rondeau....  li  di.soitquc  les  qiuililez  de  viandes  di- 


verses troublent  l'estomac,  et  emposchent  la  mé- 
moire ;  vin  cler  et  sain,  sans  grant  fumée,  buvoit 
bien  trempé,  et  non  foison,  christ,  de  pisan, //ù't. 
deCh.  Y,  I,  16.  Il  xvi*  s.  Mais  grant  faveur  passe 
comme  fumée,  du  eellay,  iv,  77.  Je  n'ai  guère  vu 
grand  feu,  de  quoi  ne  vinst  quelque  fumée  ;  mais 
j'ai  bien  vu  la  fumée  où  il  n'y  avoit  point  de  feu; 
car  aussi  souvent  est  soupçonné  par  les  mauvais 
le  mal  où  il  n'est  point,  comme  là  où  il  est,  marg. 
Nouv.  VII.  Ils  avoient  chargé  une  fierté  tyrannique 
nourrie  et  accrue  par  les  vanitez  et  fumées  des  bar- 
bares, AMYOT,  Eumènes,  26.  Luy  mesmo  s'estoit 
souvent  vanté  que  jamais  femme  I^aconiene  n'avoit 
vcu  fumée  du  camp  d'aucun  ennemy,  id.  Agés.  60. 
Mithridates,  à  qui  les  fumées  du  vin  qu'il  avoit  beu, 
commençoient  jà  à  monter  au  cerveau,  id.  Artax. 
19.  X  la  fumée  de  ses  victoires  il  emporta  deux  vil- 
les, d'aub.  Hist.  II,  198.  Quelques  soldats  de  la 
trenchce,  voians  que  le  parapet  ne  faisoit  pas  grand 
fumée,  s'offrirent  à  aller  voir  quel  il  y  faisoit,  id. 
ib.  m,  226.  Va-t-en  si  loin  que  jamais  on  ne  sente 
odeur,  vent  cy  fumée  de  ton  corps,  Nuits  de  Strapa- 
role,  t.  1,  p.  347,  dans  lacurne.  On  ne  sauroit  faire 
le  feu  si  bas  que  la  fumée  n'en  sorte,  leroux  de 
LiNCY,  Prov.  t.  II,  p.  362.  Qui  hante  cuisine  vit  de 
fumée,  m.  ib.  p.  394.  Quand  je  tanse  avecques  mon 
valet,  je  tanse  du  meilleur  courage  que  j'aye.... 
mais,  cette  fumée  passée,  qu'il  ayt  besoin  de  moi, 
je  lui  bien  feray  volontiers,  mont,  i,  270. 

—  ÉTYM.  Fumer  I  ;  bourguig.  femeire;  provenç. 
fumada.  Fumée  est  un  mot  dérivé  ;  mais  l'ancienne 
langue  avait  aussi  fum,  tiré  directement  du  latin 
fumus. 

t  FUMELER  (fu-me-lé),  V.  a.  Terme  rural  qui 
eut  une  corruption  de  femeler.  Arracher  le  chanvre 
mâle  (dans  les  Deux-Sèvres). 

—  ÈTYM.  Patois,  fumelle,  pour  /'cmeKe  ;  arracher 
le  chanvre  femelle,  parce  que  les  paysans,  se  trom- 
pant, appellent  chanvre  mâle  celui  qui  porte  les 
graines,  et  femelle  le  vrai  mâle,  qui  est  stérile  à 
leurs  yeux. 

I.  FUMER  (fu-mé),  V.  n.  ||  1°  Jeter  de  la  fumée. 
Le  bois  n'est  pas  sec,  il  fume  beaucoup.  Le  Vésuve 
avait  fumé  depuis  quelques  jours  quand  l'éruption 
commença.  Ce  corps  pâle  et  sanglant  auprès  duquel 
fume  encore  la  foudre  qui  l'a  frappé  [le  boulet 
qui  vîent  de  le  tuer],  fléch.  Turenne.  Du  salpêtre 
en  fureur  l'air  s'échauffe  et  s'allume.  Et  des  coups 
redoublés  tout  le  rivage  fume,  boil.  Ép.  iv.  L'O- 
lympe voit  en  paix  fumer  le  mont  Etna;  Zoïle 
contre  Homère  en  vain  se  déchaîna,  piron,  Xé- 
trom,.  m,  7.  Allez,  qu'un  encens  pur  recommence 
à  fumer,  volt.  Sémir.  m,  2.  ||  Cette  cheminée 
fume ,  cette  chambre  fume ,  se  dit  quand  la 
fumée,  au  lieu  de  sortir  par  le  tuyau  de  la  chemi- 
née, se  rabat  et  entre  dans  la  chambre.  ||  Imperson- 
nellement. 11  fume  dans  cette  chambre.  i|  Poétique^ 
ment.  Faire  fumer  les  autels,  y  brûler  de  l'encens, 
y  offrir  des  sacrifices.  Dans  Rome  les  autels  fu- 
maient de  sacrifices,"  rac.  Brit.  iv,  2.  Même  aux 
pieds  des  autels  que  je  faisais  fumer.  J'offrais  tout  à 
ce  dieu  que  je  n'osais  nommer,  id.  Phèd.  i,  3.  Tous 
les  temples  ouverts  fument  en  votre  nom,  id.  Bérén. 
IV,  6.  Faites  fumer  un  doux  encens  en  l'honneur  de 
ce  Dieu,  fén.  Tél.  v.  ||  Fig.  Je  vois  ces  autels  où 
fuma  l'encens  de  ses  oraisons,  pléch.  Mme  d'Aig. 
Il  2°  Par  extension ,  exhaler  une  vapeur  humide 
qui  devient  visible.  Le  marécage  fume  au  lever 
du  soleil.  Ses  naseaux  fument.  Ce  cheval  a  couru, 
il  fume.  Le  sang  des  victimes  fumait  de  tous  côtés, 
FÉN.  Tél.  IX.  Il  Fig.  Ce  sang  qui,  tout  versé,  fume 
encor  de  courroux  De  se  voir  répandu  pour  d'au- 
tres que  pour  vous,  corn.  Cid,  u,  9.  ||  Son  sang 
fume  encore,  il  y  a  peu  de  temps  qu'il  a  été  tué. 
Le  sang  de  Henri  le  Grand  fumait  encore  quand 
le  parlement  de  Paris  donna  un  arrêt  qui  établis- 
sait l'indépendance  de  la  couronne  comme  une 
loi  fondamentale ,  volt.  Pol.  et  législ.  Traité  sur 
la  toi.  Abus  de  l'intol.  \]  Ses  cendres  fument  en- 
core, il  y  a  peu  de  temps  qu'il  est  mort.  Les  cen- 
dres de  tant  de  princes  fument  encore,  mass.  Or. 
(un.  Madame.  ||  Fumer  du  sang ,  se  dit  du  lieu 
où  le  sang  est  versé  depuis  peu.  Sera-ce  hors  des 
murs,  au  milieu  de  ces  places  Qu'on  voit  fumer 
encor  du  sang  des  Curiaces?  cohn.  Ilor.  v,  3.  Vous 
voyez  que  depuis  tant  d'années  [de  guerre]  tous  les 
fleuves  sont  teints,  et  que  toutes  les  campagnes  fu- 
ment du  sang  chrétien,  boss.  Panég.  St  Bernard,  2. 
Si  de  sang  et  de  morts  le  ciel  est  affamé.  Jamais  de 
plus  de  sang  ses  autels  n'ont  fumé,  rac.  Iphig.  v, 
2.  Et  la  Crète  fumant  du  sang  du  minotaure,  id. 
Phèdre,  i,  l.  Ils  craignaient  de  comparaître  devant 
le  parlement  de  Toulouse,  dans  une  ville  qui  fumait 


encore  du  sang  de  Calas,  volt.  Lett.  Sudre,  9  févr- 
4769.  Il  3°  Fig.  et  populairement.  Avoir  du  dépit,  da 
l'impatience.  Je  l'ai  fait  fumer.  Il  fume,  mais  il 
n'ose  témoigner  son  dépit.  ||  On  dit  souvent  en  ce 
sens  :  fumer  sans  pipe.  ||  La  tête  lui  fume,  il  est 
fort  en  colère.  ||  4°  V.  a.  Exposer  à  la  fumée.  Fu- 
mer des  jambons.  ||  Fumer  l'argent  filé,  lui  donner 

10  fumage.  ||  Terme  de  chasse.  Fumer  les  renards, 
remplir  de  fumée  le  terrier  des  renards  pour  les  en 
faire  sortir  et  les  prendre  à  la  seule  issue  non  bou- 
chée. Il  Terme  de  métallurgie.  Fumer  un  four  ou 
un  fourneau,  le  sécher  après  qu'il  a  été  reconstruit 
ou  réparé.  ||  5°  Aspirer  et  rendre  en  fumée  par  la 
bouche.  Fumer  la  pipe,  le  cigare.  Fumer  du  cam- 
phre. L'auteur  [Lopez  de  Gaina]  avoue  que  c'est 
là-dessus  [de  ce  que  les  indigènes  d'Amérique  man- 
geaient des  limaçons,  des  cigales,  des  sauterelles] 
qu'on  fonda  le  droit  qui  rendait  les  Américain! 
esclaves  des  Espagnols,  outre  qu'ils  fumaient  du 
tabac  et  qu'ils  ne  se  faisaient  pas  la  barbe  à  l'espa- 
gnole, MONTESQ.  Esp.  XV,  3.  ||  Fumer  l'opium,  opé- 
ration qui  se  fait  en  introduisant  un  ou  deux  grains 
d'extrait  d'opium  dans  une  pipe  qui  ne  ressemble 
en  rien  à  notre  pipe,  brûlant  de  temps  en  temps 
cet  extrait  à  une  petite  lampe  qu'on  a  à  côté  de  soi, 
et  aspirant  la  fumée.  ||  Fumer  sa  pipe,  se  dit  d'un 
symptôme  qui  se  présente  quelquefois  dans  les 
apoplexies  :  le  malade,  dont  un  côté  de  la  face  est 
paralysé,  a  ce  côté  gonllé  passivement  à  chaque 
expiration;  mouvement  qui  a  quelque  ressem- 
blance à  celui  d'un  fumeur.  ||  Le  Mont-Blanc  fume  sa 
pipe,  dicton  des  Savoisiens  qui  expriment  par  là  la 
vapeur  que  le  sommet  du  Mont-Blanc  paraît  presque 
toujours  exhaler,  même  dans  les  plus  beaux  temps. 

11  Fumer  le  calumet  de  la  paix ,  voy.  calumet. 
Il  Voltaire  a  dit  fumerie  calumet  de  la  guerre,  pour 
déclarer  la  guerre  ;  nous  ne  savons  si  cela  est  fondé 
sur  les  coutumes  des  peuplades  américaines  du  Nord. 
Nous  ne  fumâmes  contre  lui  ni  contre  ses  enfants 
le  calumet  de  la  guerre,  Jenni,  7.  ||  Absolument,  fu- 
mer, prendre  du  tabac  en  fumée,  lia  fumé  toute  la 
nuit.  IIsfumaientcommedesdragons,HAMiLT.  Gram. 
3.  Il  6°  Se  fumer,  ».  réfl.  Être  ex|ioséàla  fumée. 
Mettre  un  jambon  dans  la  cheminée  pour  qu'il  se 
fume.  Il  7°  Etre  fumé.  Le  tabac  se  fume  avec  plaisir. 

—  HIST.  XII*  s.  Sire,  encline  tes  ciels  e  descent, 
tocheles  monz,  e  il  fumerunt,  Liber  psalm.  p.  22«. 
Ensi  come  li  feus  qui  fume.  Tant  que  la  flame  s'i  est 
mise,  Chev.  au  lyon,  y.  I778.  ||xiii*  s.  Lors  s'en 
torna  en  un  essart  Droit  devant  le  chastel  Renart, 
Et  vit  la  cuisine  fumer.  Où  il  ot  fait  feu  alumer, 
Ben.  937.  ||xv'  s.  Si  commença  à  soi  fumer  [enra- 
ger], et  couleur  changer,  louis  xi,  Nouv.  xli.  Car 
au  cuer  ay  telle  amertume.  Que  de  douleur  tout  mon 
cuer  fume,  la  Resur.  de  iV.  S.  Myst.  ||  xvi*  s.  Et  lors 
que  plus  jalousie  se  fume.  Lors  que  Danger  plus  sa 
cholere  allume.  Et  que  Rapport  plus  se  mect  à  blas- 
mer,  Lors  se  doit  plus  vraye  amour  enfiammer  ma- 
ROT,  I,  349.  Quand  revoirai-je  helas,  de  morfpetit 
village.  Fumer  la  cheminée,  et  en  quelle  saison 
Revoiray-je  le  clos  de  ma  pauvre  maison?  r.u  Bel- 
lay, VI,  H,  verso.  Ceu.x-cy  [fourmis]  traînent  les 
grains  trop  pesans  et  trop  gros.  Ceux-là  les  vont 
poussant  de  l'espaule  et  du  doz  :  Tout  le  chemin  en 
fume,  ID.  viii,  47,  recto.  Je  me  sens  fumer  enl'ame, 
parfois,  aulcunes  tentitions  d'ambition,  mont,  iv, 
132.  Le  peuple  n'est  point  de  retour  dans  ses  mai- 
sons, la  pluspart  embrasées  et  encores  fumantes, 
d'aub.  llist.  II,  262.  Vachonniere  solicité  par  les 
compagnons  d'aller  cercher  de  quoi  faire  fumer  le 
pistollet....iD.  ib.  285.  Celuyqui  veut  prendre  garde 
à  la  cholere  du  commencement,  en  voyant  qu'elle 
commence  à  fumer  et  à  s'allumer....  amyot.  Com- 
ment refrén.  la  colère,  7.  Par  toy  d'un  paisible  la- 
beur Le  bœuf  fume  sous  la  charrue,  rons.  B(4. 

—  ÉTYM.  Bourguig. /■(■«înat;  provenç.  etespagn. 
fumar;  ital.  fumare;  du  latin  fumare,  dont  le  ra- 
dical est  le  même  que  le  grec  60|j.œ,  fumée  de  sa- 
crifice, de  Oûeiv,  offrir  de  l'encens  en  sacrifiant,  et  6u- 
(jièç,  vapeur, d'où  esprit;  sanscrit,  d/iu,  agiter,  fumer. 

2.  FUMER  (fu-mé),  v.  a.  Épandre  du  fumier 
sur  une  terre.  Fumer  un  champ.  Les  terres  inté- 
rieures [dans  l'Amérique]  n'ont  commencé  que  de- 
puis peu  à  être  fumées  ;  le  besoin  étendra  cette  pra- 
tique indispensable,  raynal,  Ilist.  phil.  xi,  2R. 
Il  Absolument.  Il  faut  fumer  si  l'on  veut  avoir  des 
récoltes.  ||  Fumer  en  couverture,  répandre  le  fumier 
uniformément  sur  le  sol;  mode  de  fumer  ainsi 
nommé  parce  que  l'engrais  forme  sur  le  terrain  une 
sorte  d'enveloppe.  ||  Par  exiension.  Fumer  un  coin  de 
terre,  y  être  enterré.  Aimez  votre  ancien  ami  Vol- 
taire, qui  vous  est  tendrement  attaché  jusqu'à  ce 
qu'il  aille  fumer  son  jardin  après    l'avoir  cultiTé, 


18)10 


FUM 


VOLT.  Ult.  Sfarmontel,  î6  janv.  (772.  ||  Fig.  Fumer 
■en  teVres,  se  dit  d'une  alliance,  par  mariage,  entre 
noble  et  vilain,  le  noble  étant  pauvre,  et  le  vilain 
riche. 

iilST.  xni*  s.  Li  faucons  tant  bas  es  teres  Vers 

un  camp  femé  par  monclaus,  VKscoufle.  \\  xvi"  s. 
Aucune»  foys  le  laboureur  par  trop  fumer  n'a  le 
meilleur,  génin,  Récréât,  t.  ii,  p.  236. 

—  ETYM.  Voy.  FUMIER  ;  provenç.  et  catal.  femar. 
I^  forme  régulière  et  ancienne  est  femer;  fumer 
est  une  altération  populaire,  comme  celle  qui  trans- 
forme femelle  en  fumelle,  semer  en  sumer,  etc. 

t  FUMERIE  (fu-me-rie),  s.  f.  Lieu  où  sont  réu- 
•nls  des  fumeurs  d'opium.  Pour  celui  qui  veut  fu- 
mer une  pipe  d'opium,  la  flamme  d'une  bougie 
suffit  pour  un  moment  ;  mais,  pour  continuer  à  fu- 
mer plusieurs  heures  comme  l'habitué  d'une  fume- 
rie chinoise,  il  faut  une  flamme  bas  placée,  pour 
qu'il  puisse  fumer  accoudé  ou  couché  sur  le  côté, 
AiiMAND,  Gai.  médic.  de  Paris,  t863,  p.  360. 

—  ÉTYM.  Fumer  ). 

t  FUMEROLLE  (fu-me-ro-V),  s.  f.  Terme  de  géo- 
logie. Émission  de  vapeurs  chaudes,  de  fumées,  par 
les  crevasses  du  sol  dans  le  voi.sinage  de  feux  sou- 
terrains. On  dit  aussi  fumarolle.  La  bouche  la  plus 
éloignée  de  l'origine  de  l'éruption  [du  Vésuve]  était 
précédée  de  deux  grandes  fumerolles,  Acad.  des  se. 
Comptes  rendus,  t.  lui,  p.  (234. 

—  ËTYM.  Lat.  fumariolum ,  petite  cheminée,  de 
fumare,  fumer  (. 

FDMERON  (fu-me-ron),  s.  m.  Morceau  de  char- 
bon mal  cuit  et  qui  jette  beaucoup  de  fumée.  Otez 
le  fumeron.  {|  Par  raillerie  et  très-familièrement. 
Mauvais  fumeur,  et  aussi  enfant  qui  veut  se  mêler 
de  fumer. 

—  WST.  XVI'  s.  Fumeron,  cotghave. 

—  ÉTYM.  Fumer  t . 

FUMET  (fu-mè  ;  le  î  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  fu-mè-z  agréa- 
bles; fumets  rime  avec  paix,  attraits,  succès,  etc.), 
s.  m.  Il  1°  Vapeur,  agréable  à  l'odorat,  qui  s'exhale 
de  certaines  viandes,  de  certains  vins.  Les  perdrix 
et  les  gelinottes  ont  tout  autant  de  fumet  aujour- 
d'hui, VOLT.  Lelt.  en  vers  et  en  prose,  Uo.  La  chair 
du  corbeau  des  Indes  de  Bontius  a  un  fumet  aroma- 
tique très-agréable  qu'elle  doit  aux  muscades  dont 
l'oiseau  fait  sa  principale  nourriture,  buff.  Ois.  t.  v, 
p.  59,  dans  Poi'GENS.  ||  Fig.  Chevreuse  et  Beau- 
villier  étaient  résenés  avec  les  leurs,  et,  hien  que 
cou.sins  germains  de  Torcy,  un  fumet  de  jansé- 
nisme les  écartait  de  lui  fort  au  delà  du  but,  st-sim. 
•i83,  (60.  Il  2°  Terme  dédiasse.  Emanation  qui  se 
dégage  du  corps  des  animaux  et  des  lieux  fréquen- 
tés par  eux,  faisant  connaître  la  présence  et  la  qua- 
lité de  ces  animaux.  |{  3"  Terme  de  cuisine.  Sorte  de 
ragoût  fait  de  jus  de  mouton,  de  trufl'es  et  de  cham- 
pignons, dont  on  accompagne  la  perdrix.  Des  per- 
drix,relevées  d'un  fumet  surprenjuit,  mol.  Bourg, 
gent.  iv,  l . 

—  ËTYM.  Fumrr  i. 

t  TOMETEREAU  (fu-mè-te-rô)  ou  FUMETERON 
(fu-mè-te-ron) ,  s.  m.  Terme  rural.  Tas  de  fumier 
qu'on  forme  dans  les  champs  quand  on  se  propose 
de  les  fumer. 

—  f.TY.M.  Fumier. 

KUMliTERRE  (fu-me-tè-r') ,  s.  f.  Plante  offici- 
nale très-amère  (/'umorto  officinalis,  L.),  dite  aussi 
fiel  de  terre. 

—  HIST.  xvi«  s.  Fumelerre ,  en  latin  fumaria, 
parce  que  son  jus  fait  pleurer  les  yeux  comme  la 
fumée,  0.  ng  sebhks,  813. 

—  ÉTYM.  Lat.  fumus  terras,  fumée  de  la  terre, 
parce  qu'elle  fait  pleurer  les  yeux;  provenç.  furn- 
terra;  ilal.  fummosterno. 

FUMEUR  (fu-meur),  s.  m.  Celui  qui  a  l'habitude 
de  fumer  du  tabac.  C'est  un  grand  fumeur.  ||  On  le 
dit  aussi  d'autres  substances.  Fumeur  d'opium. 
Fumeur  de  cigarettes  de  camphre.  I|  Au  fém.  Com- 
mis et  grisettes,  fumeurs  et  fumeuses. 

—  ÉTYM.  Fumer  ). 

t  FUMEUSEMENT  (fu-meû-ze-man),  adv.  D'une 
maniiTo  fumeuse. 

—  HIST.  XV*  s.  Fumeusement  menrai  [je  mène- 
rai] fumeuse  vie,  eust.  desch.  Pohies  mss.  C  213. 

FUMEUX,  EUSE  (fu-meù,  meù-z'),  adj.  ||  l"  Qui 
exhale,  qui  répand  de  la  fumée.  Est-ce  un  ameu- 
blement de  reine  que  cette  lampe  fumeuse  ?  la 
Tour  de  Nesle,  dans  legoarant.  ||  i-  Fig.  Oui  en- 
voie des  fumées,  des  vapeurs  à  la  tête.  Que  de 
ilescriplions  montent  en  mon  cerveau,  Ainsi  que 
les  vapeurs  d'un  fumeux  vin  nouveau  !  bksmarets. 
Visionnaires,  i,  3.  La  main  du  Seigneur  vous  a 
lait  lioire  la  coupo  de  sa  colf're  ;  elle  est  ri-niplie 


FUM 

d'un  breuvage  qu'il  veut  faire  boire  aux  pécheurs, 
mais  d'un  breuvage  fumeux  comme  d'un  vin  nou- 
veau qui  leur  monte  à  la  tête  et  qui  les  enivre, 
Boss.  Sermons,  nécessité  de  travailler  à  son  salut,  i . 
Leur  sang  chaud  et  bouillant  [des  jeunes  gens]  est 
semblable,  en  quelque  sorte  ,  à  ce  vin  fumeux  et 
plein  d'esprits  qui  les  rend  toujours  ardents,  tou- 
jours animés  dans  la  poursuite  de  leurs  entreprises, 
iD.  2"  sermon,  Visitation ,  i .  ||  Par  extension.  Le 
pédant  tout  fumeux  de  vin  et  de  doctrine,  kégnier, 
Sat.  X. 

—  HIST.  XIII*  s.  Tant  qu'il  vit  loinz  une  maisun 
Fumose  e  de  tro  grant  façun,  marie.  Purgatoire, 
noi.||xiv'  s.  Le  pomon  trait  du  cuer  les  super- 
lluités  fumeuses  du  cuer,  et  les  met  hors  o  [avec] 
l'alainemont,  ii.  de  mondeville,  f"  24,  verso.  [Sub 
stances  qui]  ont  une  propriété  fumeuse  qui  nuist  à 
la  teste,  lankranc,  f"  1 5,  verso.  Celui  qui  deflaut 
en  la  matière  de  magnanimité,  il  est  appelé  pu- 
sillanime ,  et  celui  qui  superhabunde  est  appelle 
fumeux  et  presumptueux,  oresme,  Eth.  1 25.  ||  xV 
s.  Icelle  Guillemete ,  qui  estoit  femme  testue  et 
fumeuse...  et  quant  lui  montoit  en  sa  fumée....  du 
GANGE,  fumus.  Il  XVI*  S.  Par  trop  boire  du  vin  pur 
et  fumeux,  paré,  vi,  8.  Le  feu  allumé  en  bois 
verd  se  monstre,  du  commencement,  petit,  languide 
et  fumeux,  m.  xx,  25.  Ce  breuvage  a  le  goust  un 
peu  picquant,  nullement  fumeux ,  salutaire  à  l'es- 
tomach,  mont,  i,  237.  Je  veulx  [pour  mourir]  estre 
logé  en  lieu  qui  me  soit  bien  particulier,  sans  bruit, 
non  sale,  ou  fumeux,  ou  estouffé,  ID.  t.  iv,  p.  420. 

—  ÉTYM.  Prov.  fumos;  esp.  et  ital.  fumoso  ;  du 
latin /'umosus  (voy.  FUMER  i). 

FUMIER  (fu-mié  ;  Vr  ne  se  lie  jamais  ;  au  pluriel, 
Vs  se  lie  :  fu-mié-z  et  engrais) ,  s.  m.  ||  1*  La  paille 
qui  a  servi  de  litière  aux  animaux  domestiques, 
s'est  mêlée  avec  leur  fiente,  s'est  imbibée  de  leur 
urine  et  s'est  ensuite  décomposée  par  la  fermenta- 
tion, ôter  le  fumier  d'une  écurie.  Le  fumier  em- 
ployé à  propos  et  suivant  sa  qualité,  supplée  en 
partie  aux  labours;  les  laboura  peuvent-ils  suppléer 
au  fumier?  je  ne  le  crois  pas  pour  les  terres  légè- 
res, RAYNAL,  Ilist.  phil.  x:v,  38.  Il  Fumier  long, 
pailleux,  blanc,  vert,  fumier  non  décomposé  et  où 
la  paille  est  encore  dans  toute  sa  longueur.  ||  Fig.  Ils 
[les  laquais  enrichis]  relèvent  toutes  les  grandes  mai- 
sons par  le  moyen  de  leurs  filles,  qui  sont  comme 
une  espèce  de  fumier  qui  engraisse  les  terres  mon- 
tagneuses et  arides,  montesq.  Lett.  pers.  98.  ||  2°  Il 
se  dit  abusivement  de  différents  engrais  tels  que  les 
excréments  d'animaux,  la  gadoue,  les  matières  ani- 
males ou  végétales  en  putréfaction,  les  balayures 
des  rues  ou  des  cours,  les  curures  des  rivières  ou 
des  fossés,  etc.  ||  On  appelle  encore  fumier  les  her- 
bes qu'on  laisse  faner  sans  les  faire  manger,  ou  le 
foin  qu'on  ne  recueille  pas  dans  la  saison.  |{  Fumier 
local,  synonyme  de  récoltes  enterrées.  ||  3°  Amas  de 
fumier  que  l'on  forme  dans  un  trou,  dans  une  fosse  ; 
tas  de  fumier  qui  est  dans  une  cour.  Allez  jeter  cela 
sur  le  fumier.  ||  Hardi  comme  un  coq  sur  son  fu- 
mier, se  dit  d'un  homme  qui  se  prévaut  de  l'avantage 
qu'il  a  d'être  chez  lui.  ||  Fig.  Il  ne  faut  pas  l'attaquer 
sur  son  fumier,  il  ne  faut  pas  l'attaquer  chez  lui,  là 
oii  il  est  le  plus  fort.  ||  Étrecomme  Job  sur  son  fumier, 
être  réduit  au  dernier  degré  de  misère  et  de  souf- 
france. Quand  vous  seriez  sur  le  fumier  comme  Job,  si 
vous  avez  Dieu,vous  avez  tout,  mass.  Carême, Pâques. 
Alors  semblable  à  l'ange  envoyé  du  Très-Haut,  Qui 
vint  sur  son  fumier  prendre  Job  en  défaut,  lamart. 
Ilarm.  iv.  II.  ||  Mourir  sur  un  fumier,  mourir  dans 
la  misère  après  avoir  perdu  tout  son  bien.  ||  Fig.  La 
pourriture  commune  des  corps  morts.  Je  rêvais  celte 
nuit  que,  de  mal  consumé,  Tout  à  côté  d'un  pauvre 
on  m'avait  inhumé,  Que,  ne  pouvant  soufl'rir  un 
pareil  voisinage.  En  mort  de  qualité  je  lui  tins  ce 
langage  :  Oui  te  rend  si  hardi  de  m'approcher 
ainsi"?  Retire-toi,  coquin,  va  pourrir  loin  d'ici.  — 
Coquin!  ce  me  dit-il,  d'une  arrogance  extrême;  Va 
chercher  tes  cocjuins  ailleurs  ;  coquin  toi-même  ; 
Ici  tous  sont  égaux,  je  ne  te  dois  plus  rien;  Je  suis 
sur  mon  fumier  comme  toi  sur  le  tien ,  le  pèrk 
PATRix.  Il  4"  Fig.  Misère  et  abjection.  Les  uns  [les 
saints]  se  sont  sauvés  dans  l'obscurité,  les  autres  dans 
l'élévation....  les  uns  sur  le  fumier,  les  autres  sur 
le  trône,  mass.  Carême,  Évid.  de  la  loi.  Destinés 
à  finir  un  jour  leur  misère  sur  la  roue  ou  sur  le  fu- 
mier, j.j.  Houss.  Orig.  notes.  ||  6°  Fig.  Se  dit  de  ce 
dont  on  ne  tait  aucun  cas.  Qui  suit  bien  ses  leçons 
goiite  une  paix  profonde,  Et  comme  du  fumier  re- 
garde tout  le  monde,  mol.  Tart.  i,6.  Je  sentais  tout 
son  fumier  [de  d'Antin] ,  mais  je  n'en  pouvais 
ignorer  les  perles  qui  y  étaient  semées,  st-sim.  42i, 
80    II  Littérairement ,  ce  qui  est'grossier,  inculte. 


FUM 

Virgile  tirait  des  perles  du  fumier  d'Ennius.  ||  Pro- 
verbes. L'œil  du  fermier  vaut  du  fumier.  ||  Épand» 
ton  fumier  près,  et  marie  ta  fille  loin,  c'est-à-dire 
soigne  ton  avoir  et  garde-toi  des  tracas. 

—  SYN.  FCMiKR,  engrais.  Engrais  est  le  terme  le 
plus  général  ;  il  se  dit  de  tout  ce  qui  engraisse  U 
terre.  Le  fumier  est  la  litière  des  animaux  d'établa 
ou  d'écurie  avec  leurs  excréments.  Engrais  peut  se 
prendre  pour  fumier;  mais  fumier  ne  se  pread 
qu'abusivement  pour  engrais.  La  gadoue  est  un  en- 
grais et  non  un  fumier. 

-—  HIST.  XII*  s.  Toz  jors  doit  puir  [puer]  li  fu- 
miers. Et  félons  enuier  et  nuire,  cnESTigN  de  troies. 
Cheii.  au  lyon,  v.  )15  Et  cil  reversent  le  fien....' 
Renoars  vit  le  femier  reverser.  Bat.  d'Aleschant, 
V.  4003-7.  Seanz  el  fembrier,  Job,  p.  450.  jjxui*  s. 
Oui  vodroit  un  femier  covrir  De  dras  de  soie  ou  de 
floretes,  La  Rose,  8918.  ||  siv*  s.  Hors  de  là  [du 
Guesclin  évanoui]  fu  portez  à  force  et  à  exploit,  Et 
mis  en  un  fumier  qui  chaux  et  bon  estoit.  Tant 
qu'il  revint  à  lui  et  ses  membres  tiroit,  Guetcl. 
3624-3704.  Et  teles  personnes  ypocrites  ressemblent 
Tort  fumier  lait  et  puant  que  l'on  cuevre  de  drap 
d'or  et  de  soie,  Ménagier,  i,  3.  ||  xv*  s.  Ilz  nous 
sont  venuz  assaillir  sur  nostre  fumier,  montrons 
deffense  comme  fait  le  chierf,  Perceforest,  t.  m, 
f°  47.  Folye  fait  envahir  le  chien  sur  son  fumier  [la 
folie  fait  entreprendre  des  choses  dangereuses],  ib. 
t.  V,  f"  60.  Il  XVI*  s.  Aucuns  laissent  macérer  et 
tremper  l'espace  de  huit  ou  dix  jours  au  baing 
marie,  ou  bien  au  ventre  de  cheval,  c'est  à  dire  au 
fumier,  l'espace  d'un  mois,  paré,  xxvi,  I5.  En  son 
fumier  cheval  engraisse  quand  il  y  repose  à  son 
aise,  GÉNIN,  Récréât,  t.  ii ,  p.  238.  Dans  l'argile, 
sable  vaut  fumier,  lehoux  de  lincy,  Prov.  t.  l, 
p.  76.  Et  plus  met  on  de  paille  en  l'estable  et  plus  y 
a  de  fumier,  id.  ib.  Labour  d'esté  vaut  fumier,  ID.  ib. 

—  ÉTYM.  Bourg.  fen%ei;  dubas-lat.  fimarium,  dé- 
rivé de  fimus,  fumier.  Pour  la  corruption  de  la 
voyelle  radicale  de  femier,  voy.  fumer  2.  Le  pro- 
vençal a  femorier,  fermorier,  femorie,  fomorie 
Fimus  avait  donné  régulièrement  fien,  en  proven- 
çal fem,  femp.  Fimus  semble  avoir  le  même  ra- 
dical que  fumus,  fumée,  ainsi  dit  probablement  à 
cause  de  la  fumée  qui  en  sort;  du  moins  suffire, 
suffimen  portent  à  croire  que  Vu  de  fumus  a  pu  se 
changer  en  t  (voy.  fumer  i). 

t  FUMIFUGE  (fu-mi-fu-j'),  adj.  Terme  didactique. 
Oui  chasse  la  fumée.  Appareil  fumifuge,  appareil 
que  l'on  adapte  aux  cheminées  pour  préserver  les 
appartements  de  la  fumée. 

—  ÉTYM.  Lat.  fumus,  fumée,  et /"ujare,  chasser. 
t  FUMIGATEUR  (f u-mi-ga-teur) ,  s.  m.  Celui  qui 

administre  des  fumigations. 

—  ÉTYM.  Fumiger. 

FUMIGATION  (fu-mi-ga-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes) ,  s.  f.  ||  1°  Terme  de  médecine.  Action 
d'exposer  à  des  fumées,  à  des  vapeurs  le  corps  ou 
une  partie  du  corps.  Fumigations  aromatiques,  sul- 
fureuses. Il  2°  Action  de  répandre  la  fumée  ou  la  va- 
peur d'une  suljstance  odorante  ou  désinfectante  pour, 
assainir  un  lieu.  Faire  des  fumigations  de  chlore. 

—  HIST.  xiv*  s.  Les  fumigations  chassantes  les 
serpens  et  toutes  autres  choses  venimeuses,  H.  de 
mondeville,  ^  83.  Il  XV*  S.  Un  petit  s;ic  de  toille,  où 
il  a  plusieurs  pierres  pour  faire  fumigacions,  de  la- 
BORDE,  Émaux,  p.  328. 

—  ÉTY.M.  Fumiger. 

FUMIGATOIRE  (fu-mi-ga-toi-r'),  adj.  Terme  do 
médecine.  Qui  sert  aux  fumigations.  Appareil  fu- 
migatoire.  ||  Boîte  fumig.itoire,  boîte  qui  contient 
les  objets  qui  servent  aux  fumigations  pour  les 
noyés  ou  les  asphyxiés. 

—  ÉTYM.  Fumiger. 

FUMIGÉ,  ÉR  (fu-mi-jé,  jée) ,  part,  passé  de  fu- 
miger. Une  salle  d'hôpital  fumigée  avec  soin,  pour 
la  désinfecter. 

FUMIGER  (fu-mi-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  (t 
0  :  fumigeons,  je  fumigeais),  v.  a.  Terme  de  chi- 
mie. Lxposer  un  corps  à  la  fumée  de  certaines  sub- 
stances brûlées  ou  chauffées.  ||  Terme  de  marine. 
Faire  des  fumigations  dans  un  navire.  ||  Terme  de 
médecine.  Administrer  une  fumigation. 

—  ÉTYM.  Lat.  fumigare,  de  fumus,  fumée,  et  le 
suffixe  igare,  qui  veut  dire  pousser  et  représente 
une  forme  fréquentative  d'a^fre. 

FUMISTE  (fu-mi-sf),  s.  m.  Celui  dont  la  profes 
sion  est  de  construire  les  cheminées  et  de  les  em- 
pêcher de  fumer.  ||  Adj.  Poêlier  fumiste. 

—  ÉTYM.  Fum-ée,  et  la  finale  iste  qui  indique  un 
métier,  comme  dans  artiste. 

t  FUMISTERIE  (fu-mi-ste-rie),  s.  f  Art  du  fu- 
miste, travail  du  fumitte. 


I 


FUN 

—  ÉTYM.  Fumiste,  et  une  finale  erie  qui  ss  trouve 
dans  quelques  mots,  mais  avec  un  autre  sens  :  lai- 
terie, fruiterie, 

t  FU.MIVORE  (fu-mi-vo-r'),  adj.  Qui  absorbe  la 
fumée.  Appareil,  cheminée  fumivore.  |{  S.  m.  Un 
fiimivore,  petit  appareil  concave  qui  se  place  au- 
dessus  d'un  quinquet  ou  d'un  bec  de  gaz. 

—  ÉTYM.  Lat.  fumus,  fumée,  et  vorare,  consumer. 
jFUMIVOKITÉ  (fu-mi-vo-ri-té),  i-.  f.  Disposition 

prise  dans  les  appareils  de  combustion  pour  brûler 
la  fumée,  de  manière  qu'elle  ne  se  répande  pas  au 
dehors  et  ne  cause  aucune  incommodité.  La  fumi- 
vorité  des  chaudières  à  vapeur,  des  fours,  des 
forges. 

t  FUMOIR  (fu-moir),  s.  m.  1|  1°  Pièce  où  l'on  va 
fumer  sa  pipe  ou  son  cigare,  dans  un  cercle  ou  chez 
un  particulier.  ||  2"  Bâtiment  destiné  à  fumer  les 
viandes  et  les  poissons. 

—  ÉTYM.  Fumer  i. 

t  FUMOSITÉ  (fu-mô-zi-té),  s.  f.  Qualité  de  ce 
(|ui  est  fumeux. 

—  HlST.  XIV"  s.  La  seconde  [utilité  des  artères] 
est  que,  par  la  restrinction  et  le  contraignement 
d'elles,  la  fumosité  du  cuer  [cœur]  soit  ostée,  h.dk 
.MONDEviLLE,  f°  9,  veTso.  Ce  boire  [une  certaine  ti- 
sane] n'enfle  pas  et  rabat  les  fumositez,  lanfbanc, 
f°  15,  verso.  Il  XVI'  s.  Ce  remède  servira  aussi,  en 
évaporant  les  vins,  à  consumer  leurs  ardantes  fu- 
mosités,  0.  de  serres,  228. 

—  ÉTYM.  Fumeux;  provenç.  fumosetat,  fumositat; 
ospagn.  fumosidad;  ital.  (ummosità. 

t  FUMURE  (fu-mu-r'),  s.  f.  Engrais  d'un  champ 
par  le  fumier.  {|  Quantité  de  fumier  pour  la  prépa- 
ration cLune  récolte.  ||  Engrais  produit  par  les  bétes 
à  laine  renfermées  dans  un  parc. 

—  IIIST.  xiV  s.  Plantez  le  cep  et  fumez  de  bonne 
fumeure,  Ménagier,  ii,  3. 

—  ÉTYM.  Fumer  2.  Jaubert,  remarquant  que  fu- 
mure se  dit  en  Berry,  pense  que  de  là  il  a  passé 
dans  la  langue  agricole  de  toutes  les  provinces. 
Cela  est  contestable  ;  car   le  mot  est  ancien. 

t  FUNAIRE  (fu-nê-r'),  s.  f.  Genre  de  la  famille 
lies  bryacées  (mousses),  dont  le  type  est  la  funaire 
hygrométrique. 

—  ÉTYM.  Lat.  funis,  corde. 

FUNAMBULE  (fu-nan-bu-l') ,  s.  m.  et  f.  ||  1°  Dan- 
seur, danseuse  de  corde.  Théâtre  de  funambules. 
Au  lieu  de  tuer  tous  les  Caraïbes,  i!  fallait  peut-être 
les  séduire  par  des  spectacles,  par  des  funambules, 
des  tours  de  gibecière  et  de  la  musique,  volt.  Dicl. 
phil.  Art  dramatique.  ||  2°  S.  m.  Terme  de  zoologie. 
Sous-genre  d'écureuils. 

—  REM.  Funambule  n'est  dans  le  dictionnaire  de 
l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de  1740. 

—  ÉTYM.  Lat.  funambulus,  de  funis,  corde,  et 
ambulare,  marcher. 

t  FUNAMBULIE  (fu-nan-bu-lie),  s.  f  L'art  de 
danser  sur  la  corde. 

—  ÉTYM.  Funambule. 

t  FUNE  {fu-n'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Syno- 
nyme de  cordage.  Les  funes  sont  dites  aussi  jets  et 
halins.  Il  Auplur.  Cordages  ou  lignes  employées 
.pour  haler  au  rivage  le  filet  dit  seine. 

—  ÉTYM.  Lat.  funis,  corde. 
FUNÈBRE   (fu-nè-br'),  adj.  ||  l"  Qui  appartient 

.ux  funéraiibs.  Dis-moi  quel  bon  démon  a  mis  en 
n  pouvoir  De  rendre  à  ce  héros  ce  funèbre  devoir, 
CORN.  Pomp.  v,  1 .  J'étais  donc  encore  destiné  à 
rendre  ce  devoir  funèbre  à  très-haute  et  très-puis- 
sante princesse....  Boss.  Duch.  d'Orl.  Là  d'un  en- 
terrement la  funèbre  ordonnance  D'un  pas  lugubre 
et  lent  vers  l'église  s'avance,  boil.  Sat.  vi.  Il  faut 
que  je  m'acquitte  Des  funèbres  tributs  que  sa  cen- 
dre mérite,  volt.  Œdipe,  v,  2.  Je  ne  puis  trop  con- 
jurer Votre  Majesté  de  faire  rendre  aux  mânes  de 
Voltaire,  dans  l'église  catholique  de  Berlin,  les  hon- 
n "urs  funèbres  que  les  Velches  s'obstintot  à  lui  re- 
fuser, d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Pr.  U  avr.  tTH. 
Il  Les  pompes  funibres,  administration  qui  se 
charge  de  pourvoir  à  tout  ce  qui  regarde  les  funé- 
railles. Il  2°  Fig.  Qui  inspire  des  idées  de  tristesse  et 
de  mort.  L'homme  devient  un  je  ne  sais  quoi,  qui 
n'a  plus  de  nom  dans  aucune  langue,  tant  il  est  vrai 
qi.e  tout  meurt  en  lui,  jusqu'à  ces  termes  funèbres 
par  lesquels  on  exprime  ses  malheureux  restes, 
BOSS.  Duch.  d'Orl Mille  cjoches  émues  D'un  fu- 
nèbre concert  font  retentir  les  nues,  boil.  Sat.  vi. 
F.t  l'enfer  couvrant  tout  de  ses  vapeurs  funèbres, 
bac.  Esth.  Prol.  ||  La  couche  funèbre,  le  lit  où  quel- 
qu'un e.st  mort.  Un  de  ses  bras  pendait  de  la  funèbre 
couche;  L'autre,  /'anguliisammont  replié  sur  son 
conir,  Seniblail  chercher  encore  et  presser  sur  sa 
bouche  L'image  du  Sauveur,  lamart.  Nouv.  ilcd. 

DICT.    DE    LA    LANGliE    FRANÇAISE. 


FUN 

22.  Il  Oiseaux  funèbres,  nom  donné  à  certains  oi- 
seaux nocturnes  dont  le  cri  a  queli|ue  chose  de  lu- 
gubre. Mille  oiseaux  effrayants,  mille  corbeaux  fu- 
nèbres De  ces  murs  désertés  habitent  les  ténèbres, 
boil.  Lutr.  m.  \\  3°  Terme  de  zoologie.  Se  dit  de 
divers  animaux  qui  ont  des  couleurs  sombres. 

—  HIST.  XVI"  s.  Euripides,  après  leur  desfaitte  et 
totale  desconfiture,  en  feit  une  deploration  funèbre 
en  vers,  amyot,  Nicias,  31. 

—  ÉTYM.  Lat.  funebris,de  funus,  funérailles, 
t  FUNÈBREMENT  (fu-nè-bre-man),  adv.  Néolo- 
gisme. D'une  manière  funèbre. 

t  FUNER  (fu-né),  v.  a.  Terme  de  marine.  Garnir 
de  cordage.  ||  Funer  un  mât,  le  garnir  de  son  étui 
et  de  sa  manœuvre. 

—  ÉTYM.  Fune. 
FUNÉRAILLES  (fu-né-râ-H' ,  Il  mouillées,  et  non 

fu-né-râ-ye),  s.  f.  plur.  ||  1"  Cérémonie  des  enterre- 
ments pompeux.  En  louant  l'homme  incomparable 
dont  cette  illustre  assemblée  célèbre  les  funérailles 
et  honore  les  vertus,  je  louerai  la  sagesse  même, 
boss.  le  Tellier.  Dois-je  oublier  Hector  privé  de  fu- 
nérailles? bac.  Andr.  m,  s.  Quand  on  lit  les  funé- 
railles du  roi,  FÉN.  Tél.  ii.  Après  sa  mort  [d'Aris- 
tide], on  ne  trouva  point  chez  lui  de  quoi  faire  les  | 
frais  de  ses  funéraille.s,  rollin.  Traité  des  Et.  liv.  v,  ' 
3"  part.  ch.  2.  C'est  un  usage  de  ne  célébrer  les  fu- 
nérailles des  rois  de  France  que  quarante  jours 
après  leur  mort,  volt,  llist.  pari.  ch.  45.  ||  Fig. 
Les  funérailles  de  la  félicité  publique  morte  en 
France  depuis  plus  de  quatre  ans,  boil.  à  Brossetle, 
lett.  5  mai  (709.  Quand  Louis  et  Colbert,  sous  les 
murs  de  Versailles,  Réparaient  des  beaux-arts  les 
longues  funérailles,  a.  chén.  Vlnvention.  ||  2°  Poé- 
tiquement. La  mort.  Qui  n'eût  cru  que  ses  mu- 
railles [de  Sedan],  Que  défendait  un  lion,  N'eus- 
sent fait  des.  funérailles  Plus  que  n'en  fit  Ilion  ? 
MALH.  11,  2.  N'avancez  pas  par  là  vos  propres  funé- 
railles, CORN.  Médée,  m,  4.  Je  l'ai  vu  tout  sanglant 
au  milieu  des  batailles  Se  faire  un  beau  rempart  de 
mille  funérailles,  ID.  Cid,  I,  8.  Jadis  la  Grèce  eût 
vingt  ans  Sans  fruit  vu  les  funérailles  De  ses  plus 
fiers  combattants,  boil.  Ode  sur  Namur.  Ce  jour 
presque  éclaira  vos  propres  funérailles,  rac.  Bérén. 
I,  3. 

—  SYN.  FUNÉRAILLES,  OBsèQUEs.  Ces  deux  mots 
■lésignent  les  différentes  cérémonies  qui  accompa- 
gnent un  enterrement,  avec  cette  différence  qu'ob- 
sèques est  le  terme  général,  se  disant  aussi  bien  du 
plus  modeste  enterrement  que  de  l'enterrement  le 
plus  somptueux;  tandis  que  funérailles  implique  la 
somptuosité  et  l'éclat.  Funérailles  est  d'ailleurs  un 
terme  du  style  élevé;  obsèques  est  de  tous  les  styles. 

—  fflST.  XVI*  s.  Ainsi  fut  faite  la  funeraille  feste, 
j.  d'auton,  Ann.  de  Louis  XII,  ms.  f°  56,  dans  la- 
CDRNE.  Il  transgressa  la  loy  qu'il  avoit  luy  mesme 
faitte,  touchant  le  règlement  des  funérailles,  n'es.- 
pargnant  despense  quelconque  en  celles  de  Metella, 
AMYOT,  Sylla,  71. 

—  ÉTYM.  Lat.  funeralia,  neutre  pluriel  de  f\tne- 
ralis,  relatif  aux  funérailles,  dérivé  de  funus, 
funeris,  obsèques;  provenc.  funerarias  ;  catal.  fu- 
neraria. 

FUNERAIRE  (fu-né-rê-r') ,  adj.  Qui  concerne  les 
funérailles.  Frais  funéraires.  Urne  funéraire.  En 
cette  qualité  [d'académicien],  la  Metrie  eut  l'hon- 
neur que  ce  héros  philosophe  [le  roi  de  Prusse] 
daignSt  faire  son  éloge  funéraire;  cet  éloge  fut  lu  à 
l'Académie  par  un  secrétaire  de  ses  commande- 
ments, VOLT.  Mél.  liltér.  Lett.  au  prince  de  ***, 
sur  les  Français,  la  Metrie.  L'encens,  dont  le  par- 
fum a  quelque  chose  de  funéraire,  remplit  cette  en- 
ceinte, STAEL,  Corinne,  x,  4.  Là  ils  [les  soldats  tom- 
bés dans  la  retraite  de  Russie]  gémissent  en  vain; 
bientôt  la  neige  les  couvre  ;  de  légères  éminences 
les  font  reconnaître  ;  voil'i  leur  sépulture;  la  route 
est  toute  parsemée  de  ces  ondulations  comme  un 
champ  funéraire,  sSgur,  Ilist.  de  Nap.  ix,  1 1.  j]  Co- 
lonne funéraire,  colonne  qui  portait  une  urne  ren- 
fermant les  cendres  d'un  mort. 

ÉTYM.  Lat.  funerarius,  de  funus,  funérailles. 

Dans  le  xvi*  siècle  on  disait /'unero!  ;  sacrifice  fane- 
rai, AMYOT,  Arist.  62. 

FUNESTE  (fu-nè-sf),  adj.  ||  1°  Qui  portemalheur 
et  désolation  avec  soi.  Et  c'est  toujours  prudence, 
en  un  péril  funeste,  D'offrir  une  moitié  pour  con- 
server le  reste,  corn.  Toison  d'or,  t,  1.  Ce  qu'il  y 
avait  de  plus  fune.ste,  est  que....  boss.  Ilist.  iii,  6. 
Passons  chez  Octavie,  et  donnons-lui  le  reste  D'un 
jour  autant  heureux  que  je  l'ai  cru  funeste,  bac. 
Bril.  V,  il.  Et  par  un  coup  funeste  Andromaque 
m'arrache  un  cœur  qu'elle  déteste,  id.  Andr.  iv,  6. 
Mais  ';ui  rend  à  vos  yeux  cet  hymen  si  funeste  ?id. 


FUN 


1801 


Bérén.  r,  3.  /ous  ne  démentez  point  une  race  fu- 
neste ,  Oui,  vous  êtes  le  sang  d'Atrée  et  de  Thyeste, 
in.  Iph.  IV,  4.  Le  naufrage  et  la  mort  sont  moins  fu- 
nestes que  les  plaisirs  qui  attaquent  la  vertu,  fén. 
Tél.-i.  Sur  un  rocher  désert,  l'effroi  de  la  nature, 
Circé,  paie,  interdite  et  la  mort  dans  les  yeux.  Pleu- 
rait sa  funeste  aventure,  j.  b.  bouss.  Cantate,  Circé. 
Des  impressions  funestes  qu'il  a  faites  sur  les  es- 
prits par  de  spécieuses  calomnies,  mabmontel,  iWm. 
x.  ||Le  coup  funeste,  le  coup  qui  donne  la  mort. 
Cet  homme  qui,  à  l'exemple  de  sa  famille,  cultivait 
.'îs  lettres  et  les  armes  et  dont  l'esprit  égalait  la 
valeur,  reçoit  le  coup  funeste  qu'il  avait  tant  cher- 
ché, VOLT.  Mél.  lut.  Êlog.  fun.  offic.  \\  Funeste  à. 
Ce  jour  m'est  bien  funeste.  Combien  il  en  paraît 
[d'hommes]  dans  l'histoire,  à  qui  leur  audacfc  a  été 
funeste  I  boss.  Reine  i/'Anglet.  Je  voudrais  des  chré- 
tiens voir  l'neureuse  contrée.  Quitter  ce  lieu  fu- 
neste à  mon  âme  égarée,  volt.  Zaïre,  v,  3. 
Il  2°  Triste  et  douloureux.  Je  fis  les  plus  funestes 
réflexions.  Si  les  devoirs  de  la  nature  nous  appellent 
auprès  de  nos  parents  quand  ils  meurent,  nous 
nous  retirons  d'auprès  d'eux  quand  ils  sont  morts, 
afin  de  nous  épargner  ce  funeste  spectacle,  corn. 
Exam.  d'Œd.  Et  quoique  mon  courage  Se  fît  de  ce 
complot  une  funeste  image,  rac.  Andr.  v,  3.  Et 
qu'est-ce  que  sa  vue  a  pour  vous  de  funeste?  id. 
Andr.  ii,  i .  Vous  verrai-je  toujours,  renonçant  à  la 
vie.  Faire  de  votre  mort  les  funestes  apprêts  ?  in. 
Phèdre,  i,  3.  Quittez,  quittez,  seigneur,  ce  funeste 
langage,  id.  Andr.  ii,  2. 

—  HIST.  xiv'  s.  Sa  famille  estoit  funeste  et  dou- 
loureuse pour  cause  de  la  mort  de  son  frère,  ber- 
CHEUBE,  f"  44,  verso. 

—  ÉTYM.  Lat.  funestus,  de  même  radical  que  fu- 
nus, funérailles,  et  qui  signifie  proprement  souillé 
par  la  mort. 

FUNESTFJWENT  (fu-nè-ste-man) ,  adv.  D'une 
manière  funeste.  Le  péché....  contraire  à  Dieu 
comme  à  la  règle  qu'il  combat,  et  outre  cela,  mais 
funestement,  contraire  à  l'homme  comme  au  sujet 
qu'il  corrompt,  boss.  Sermons,  3"  dim.  de  l'Avent,  t. 
Il  ne  faut  pas  interrompre  un  récit  si  intéressant 

!  et  si  funestement  curieux,  st-sim.  32,  <92.  Je  re- 
marque que,  dans  ces  temps  malheureux,  les  princes 
et  les  principaux  chefs  catholiques  et  protestants 
sont  tous  morts  funestement  ou  d'une  façon  singu- 
lière, SAiNT-Foix,  Ess.  Paris,  OKut>.  t.  iii,  p.  44, 
dans  pouGENS. 

I      —  ÉTYM.  Funeste,  et  le  suffixe  ment. 

I  t  FUNESTER  (fu-nè-sté),  v.  a.  Rendre  funeste. 
Enfin  plusieurs  assassinats  auxquels  la  nation  n'é- 
tait point  encore  accoutumée,  funestèrent  quelque 

'  temps  le  règne  de  Charles  II,  volt.  Mœurs,  182. 

I      —  REM.  En  employant  funester,  Voltaire  dit  en 

;  note  :  Ce  terme  italien  exprime  mieux  que  tout  au- 

j  tre  ce  qu'il  veut  dire. 

—  ÉTYM.  Ital.  funestare;  du  lat.  funestare,  souil- 
i  1er  par  un  meurtre,  de  funestus,  funeste. 
j      f  FUNEUR  (fu-neur),  s.  m.  Terme  de  marine.  Ce- 
lui qui  fournit,  qui  place  les  cordages  dits  funins. 

—  ÉTYM.  Funer. 

tFUNGINE(fon-ji-n'),  s   f.Voy   fongine. 
t  FUNGINIENS  (fon-ji-niin),  s.  m.  pi.  Voy.  KOM- 

GINIENS. 

t  FUNGIQUE  (fon-ji-k'),  adj.  Voy.  fongique. 

FUNGUS  (fon-gus') ,  i.  m.  Voy.  fongus. 

\  FUXICUIjVIRE  (fu-ni-ku-lê-r').  jj  i'Adj.  Terme 
do  mécanique.  Qui  est  composé  de  cordes.  Machines 
funiculaires.  Appareils  funiculaires.  {|  2"  S.  f.  Terme 
de  mathématique.  Courbe  formée  par  une  chaîne  ou 
une  corde  dont  les  extrémités  tiennent  à  deux  points 
fixes,  LEGOARANT.  Traccr  une  funiculaire.  Détermi- 
ner l'équation  de  la  funiculaire.  On  dit  aussi  chaî- 
nette. Il  Adjectivement.  Courbe  funiculaire. 

—  ÉTYM.  Lat.  funiculus,  diminutif  de  funis, 
corde. 

t  FUNICULE  (fu-ni-kul'),  s.  m.  Faisceau  vascu- 
laire  formé  de  vaisseaux  nourriciers  et  des  vaisseaux 
fécondateurs  qui,  provenant  du  style,  unissent  la 
graine  au  péricarpe  après  avoir  traversé  le  placenta, 

LEGOARANT. 

—  ÉTYM.  Lat.  funiculus,  diminutif  de  funis,  corde. 
f  FUNICULfi,  ÉK  (fu-ni-ku-lé,  léo),  adj.  Terme 

de  botanique.  Qui  est  muni  d'un  funicule. 

f  FUNIFORME  (l'u-ni-for-m'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  a  la  forme  de  cordon. 

—  ÉTY'M.  Lat.  funis,  corde,  et  forme. 
FUNIN  (fu-nin),  s.  m.  Terme  de  marine.  Nom  de 

divers  cordages  d'un  vaisseau.  Agréer  un  vaisseau 
de  tous  ses  cordages,  c'est  le  mettre  en  funin. 
Il  Franc  funin,  longue  et  grosse  corde  dont  on  se 
sert  en  mer  pour  embarquer  le  canon,  pour  attacher 

I.  —  226 


1802 


FUR 


los  ancres  contre  le  vonl,  et  pour  d'autres  manœu- 
vres (lifficil';s.  Il  On  appelle  aussi  franc  funin  tout 
cordape  non  goudronne,  ou  cordage  blanc.  ||  Les 
COidicrs  appellent  franc  funin,  les  gros  cordages  qui 
sont  composés  de  cinq  torons. 

—  iiisT.  XVI'  s.  Oui  a  esté  sur  la  mer  sait  com- 
bien les  cables  et  funins  sont  nécessaires  à  garantir 
los  Ties,  d'auo.  Fœn.  m,  <  6. 

—  ETYM.  Fiine. 

FUR  (fur),ï.  m.  Il  no  se  dit  que  dans  ces  locu- 
tions :  Au  fur  et  à  mesure,  à  fur  et  mesure,  à  fur 
et  à  mesure,  c'est-à-dire  à  mesure  que  ou  de.  On 
le  paye  à  fur  et  mesure  de  l'ouvrage.  Au  fur  et  à 
mesure  que  les  marchandises  arriveront. 

—  REM.  1.  A  l'article  fur,  l'Académie  ne  donne 
pas  la  locution  à  fureta  mesure;  mais  elle  ladonne 
à  l'article  mesure.  \\  2.  Des  grammairiens,  dans  ces 
loculions,  ont  voulu  supprimer  au  fur  et,  à  fur  et, 
disant  que  à  mesure  suffisait.  C'est  à  la  vérité  un 
pléonasme,  mais  il  est  consacré  par  l'usage,  et  il 
conserve  ce  vieux  mot  de  fur,  effacé  partout  ail- 
leurs. On  remarque  que  ce  pléonasme  est  assez  ré- 
cent; dans  le  xvr  siècle,  on  ne  dit  que  au  fur,  sans 
y  joindre  mesure.  Mesure  aura  été  joint  quand,  le 
sens  de  fur  s'étant  obscurci,  on  l'a  complété  par  l'ad- 
dition d'un  mot  usuel  et  compris. 

—  HIST.  XIII"  s.  Le  crieur  peut  crier  le  vin  au  ta- 
ve-nier  au  feur  [priij  lou  roy,  ce  est  à  savoir  à  huit 
deniers,  Liv.  des  met.  26.  Nuz  marclianz  de  fein  ne 
puet  ne  ne  doit  vendre  fein  à  deux  feurs  en  une 
meisme  nef,  ib  244.  El  [Tristesse]  ne  se  vosist 
[voulût]  pas  retraire.  Ne  reconforter  à  nul  fuor  [prix] 
Du  duel  [deuil]  qu'ele  avoit  à  son  cuer,  la  Rose, 
309.  Il  XV*  s.  Il  fit  ouvrir  les  greniers  des  abbayes  et 
des  riches  hommes  et  départir  le  blé  parmi  un  cer- 
tain prix  d'argent  et  fuer  que  il  y  fit  mettre,  froiss. 
II,  II,  148.  Et  priseront  tout  le  dit  mur,  au  fur  de  la 
toise,  Ordonn.  (485.  Car  au  feur  qu'il  croissoit, 
grâce  et  beauté  croissoient  et  multiplioient  en  luy, 
Boucie.  I,  2.  Il  XVI*  s.  Lors  les  dettes  se  paient  au 
fur  df  ce  que  chacun  en  amende  [à  proportion  de  la 
part  d  »  succession],  loysel,  329. 

—  (rVM.  Provenç.  for;  espagn.  fuero;  ital.  foro; 
du  latin  forum,  marché,  d'où,  dans  les  langues 
romanes,  le  sens  de  taux,  de  mesure. 

rUKKT  (fu-rfe;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  les  fu-rè-z  et  les  la- 
pins; furets  rimeavec  paix, traits,  accès,  etc.),  s. m. 
Il  1°  Petit  animal  du  genre  des  martres  dont  on  se 
sert  pour  la  chasse  des  lapins  de  garenne.  Prendre 
des  lapins  au  furet.  Selon  le  témoignage  de  Stra- 
bon,  le  furet  a  été  apporté  d'Afrique  en  Espagne,  et 
cela  ne  parait  pas  sans  fondement,  buff.  Furet. 
Malgré  l'autorité  des  interprètes  et  des  commenta- 
teurs, nous  doutons  que  le  furet  soit  Vietis  des 
Grecs,  m.  ib.  ||  Grand  furet,  le  grison,  mammifère 
du  genre  glouton.  |1  Petit  furet,  le  tayra,  autre  es- 
pèce de  glouton.  ||  Furet  des  Indes,  la  mangouste 
des  Indes.  ||2°  Fig.  et  familièrement.  Personne  qui 
fouille  partout.  C'est  un  furet,  un  vrai  furet.  Lisi- 
mon  l'intrigant  et  Damon  le  furet.  Oui  se  fourre 
partout,  à  l'Ëtat  très-utile,  Officier  à  la  cour,  es- 
pion à  la  ville,  iioissv,  Babill.  se.  4.  ||  Homme  qui 
a  beaucoup  d'habileté  à  découvrir  certaines  cho- 
ses. Il  aurait  eu  besoin  d'un  furet  plus  exercé  que 
moi  à  déterrer  des  beautés,  lesagf.,  Estev.  Gonx. 
ch.  6.  Il  3°  Amusement  qui  consiste  à  se  passer  l'un 
à  l'autre  un  objet  quelconque,  de  telle  façon  qu'il 
ùchappe  à  la  personne  qui  doit  le  saisir.  Jouer  au  fu- 
ret, iji"  S'est  dit  autrefois  de  remèdes  énergiques  qui 
font  beaucoup  évacuer.  L'émétique  est  une  espèce 
de  furet.  ||  B°  Terme  de  pêche. -Sorte  de  filet  prohibé. 

—  HIST.  xm*  s.  Oue  nul  ne  puist  tenir  fuiron  ne 
reiseus  [réseaux),  se  il  n'est  gentishoms  ou  s'il  n'a 
garenne,  Ord.  des  rois  de  Fr.  t.  i,  p.  330.  Renart  en 
la  haie  se  bote  En  la  manière  de  furet,  ilen.  )6&9i. 
Cil  mist  les  furez  es  lenieres.  Et  fist  les  connins  [la- 
pins] assaillir  Por  eus  faire  es  roislaus  saillir,  la  Rose, 
20366.  Il  XIV*  s.  Furron,  une  besto  qui  prent  conilz 
es  terriers,  do  cangr,  furo.  ||  xvi*  s.  L'alexiphar- 
maquedu  virus  verollique,  qui  est  le  vif-argent,  que 
l'on  peut  »mparerà  un  furet  faisant  sortir  le  con- 
nin  hors  ae  son  terrier,  paré,  xvi,  ).  Par  emplas- 
tres,  auxqjels  entre  le  furet  que  j'appelle  argeut- 

yif,  m.  XVI,  » (L'esprit  humain]  un  furet  qui  est 

àcraindro...  ciiabbon,  Sagesse,  i,  ib. 

—  ÊTYM  Ane  espagn.  furon,  aujourd'hui  htiron; 
portug.  furao;  ital.  /urc«o ;  lat.  ^iiro,  furonis , 
furet,  dans  Isidore.  Il  y  a  deux  formes,  fuiron 
ou  furan  et  furet.  Ce  parait  être  un  diminutif 
cm  mm  /'ur  voleur;  ce  qui  appuie  celte  étymologie, 
c  est  que,  effectivement,  furo.  furonis,  voleur,  est 
dans  le  bas-laUn  de  différentes  lois  barbares.  Open- 


FtJR 

dant  il  y  a  le  kimry  ffured,  furet,  dont  le  rapport  I 
avec  le  mot  roman  n'est  pas  connu.  L'allemaïul  Frett  i 
et  r.mglais  ferret,  avec  leur  finale  en  et,  semblent 
plutôt  des  altérations  du  français  furet  que  des  mots 
indigènes.  Villemarqué  a  proposé  pour  racine  com- 
mune du  mot  roman  et  du  mot  kimry  le  bas-breton 
fur,  habile,  adroit.  L'ancien  français  avait  aussi  la 
forme  huron,  mais  avec  le  sens  de  mineur,  qui  tra- 
vaille à  une  mine;  ce  semble  bien  le  mot  furon 
pris  figurément;  mais  l'ft  est  singuhère,  à  moins 
qu'on  ne  suppose  que  huron  vienne  des  contrées 
du  suil-ouest  où  Vf  se  change  en  h  :  hemme,  femme, 
t  FURETAGE  (fu-re-ta-j'),  j.  m.  Ht"  Terme  do 
chasse. Chasse  au  lapin  avec  le  furet.  ||  Fig.  Action  de 
fureter.  ||  2°  Fig.  Action  d'ôter  les  arbres  mûrs,  viciés, 
dépérissants,  nuisibles  à  la  bonne  tenue  d'une  forêt, 
DRALET,  Traité  des  forêts  d'arbres  résineux,  p.  (43. 

—  ÉTVM.  Fureter. 

FURETÉ,  fiE  (fu-re-té,  tée),  part,  passé  de  fure- 
ter. Des  terriers  furetés.  ||  Fig.  Des  papiers  furetés 
par  une  main  indiscrète. 

FURETER  (fu-re-té),  v.  n.  je  furette,  tu  furettes, 
il  furette,  ou  je  furète,  tu  furètes,  il  furète;  je  fu- 
retterai  ou  je  furèterai;  je  furetterais  ou  je  furète- 
rais ;  l'Académie  n'a  rien  su  r  la  conjugaison  de  ce 
verbe.  Quelques-uns  prononcent  il  furte;  c'est  une 
très-mauvaise  prononciation.  ||  1°  Chasser  au  furet. 
Fureter  dans  une  garenne.  ||  Activement.  Fureter 
un  terrier,  un  bois,  une  garenne.  ||  2°  Fig.  Fouiller, 
chercher  partout.  Étant  là,  je  furette  aux  recoins 
plus  cachés,  Régnier,  Sat.  xi.  Qui  furettent  de  tous 
côtés  pourvoir  s'il  n'y  a  rien  à  voler,  mol.  l'Avare, 
I,  3.  J'allais  errant  dedans  et  dehors  de  la  ville,  fu- 
retant, visitant  tout  ce  qui  me  paraissait  curieux 
et  nouveau,  j.  j.  Eonss.  Conf.  ii.  Mes  regards  in- 
discrets n'allaient  jamais  furetant  sous  son  mou- 
choir, ID.  Conf.  m.  C'est  un  beau  gros,  court,  jeune 
vieillard,  gris  pommelé ,  rusé,  rasé,  blasé,  qui 
guette  et  furète  et  gronde  et  geint  tout  à  la  fois, 
BEAUMABCH.  Barbier,  i,  4.  Sachez  donc  que  cet 
homme  replet  est  outrageusement  jaloux....  il  va 
toujours  fui'etant  dans  l'appartement  de  sa  femme, 
CH.  lE  BERNARD,  la  Peine  du  talion,  §  i.  ||Fig.  et 
activement".  Que  me  sert-il  d'avoir  une  avide  co- 
horte D'héritiers  qui  toujours  veille  et  dort  à  ma 
porte,  Des  gens  qui,  furetant  les  clefs  du  coffre- 
fort,  Me  détendront  mon  lit  peut-être  avant  ma 
mort?  RÉGNABn,  le  Lég.  i,  3.  ||  3*  S'empressera  sa- 
voir des  nouvelles  de  tout,  chercher  à  satisfaire  sa 
curiosité  sur  tout.  Il  ne  fait  que  fureter  partout  pour 
savoir  ce  qui  se  passe.  ||  Activement.  Fureter  des 
nouvelles,  s'empresser  à  savoir  les  nouvelles,  ce  qui 
se  dit. 

—  HIST.  XIV*  s.  Aucuns  siens  serviteurs  lui  avoient 
rapporté  qu'ilz  l'avoient  veu  [la  dite  Jehannette] 
furiller  et  aler  autour  le  dit  comptouoir,  ducange, 
furetus.  Li  traiteur  [traîtres]  s'en  aloient  cherchant 
et  fironant  [agissant  par  voie  souterraine)  à  chascun 
pour  esmovoir  les  cuers  de  ses  barons  contre  lui, 
ID.  ib.  |]xvi*  s.  Il  dérobe  quelques  baisers  qu'il  fu- 
rette, tandis  qu'elle  appreste  tout,  èloyen  de  parve- 
nir, p.  277,  dans  LACURNE.  Jamais  homme  ne  s'en- 
qult  moins  [que  moi]  et  ne  fureta  moins  ez  affaires 
d'aullruy,  mont,  ii,  43. 

—  f.TYM.  Furet;  Maine,  feutrer. 
FCRETF.UR,    EUSE  (fu-re-leur,  )eù-z'),  s.  m.  et 

f.  Il  1"  Celui  qui  chasse  au  furet.  ||  2°  Fig.  et  fa- 
milièrement. Celui,  celle  qui  fouille,  qui  cherche 
partout.  Quel  ennuyeux  fureteur  !  ||  3°  Celui,  celle 
qui  s'enquiert  de  tout, qui  cherche  à  tout  savoir  soit 
par  curiosité  soit  par  intérêt.  Des  fureteurs  ont  voulu 
se  persuader  que  ce  [les  révélations  du  maréchal- 
fcrrantj  ne  fut  qu'un  tissu  de  friponnerie,  st-sim. 
68,  124.  On  craint  moins  les  fureteurs  de  registres 
que  le  gros  du  monde  qui  se  met  à  rire  de  Guillot, 
tandis  qu'il  prend  les  Franquetot  [ancien  et  der- 
nier nom  deCoigny)  pour  bons,  id.  (24,  I2f.  Pont- 
chartrain  était  d'une  curiosité  insupportable,  grand 
fureteur  et  inquisiteur,  m.  268,  4  28.  On  m'écrit 
que  plusieurs  fureteurs  en  ont  [de  Tancrède]  des 
copies  dans  Paris,  volt.  Lett.  d' Argental,  3  août  nto. 
Je  ne  suis  pas  encore  bien  sûr  que  le  Uilitaire  phi- 
losophe soit  de  Saint-Hyacinthe  ;  mais  les  fureteurs 
de  la  littérature  le  croient,iD.  ib.  (»  fév.  1768.  C"est 
de  là  [le  cjibinetde  l'empereur]  que  partait  ch.aque 
jour  celte  multitude  de  décisions  et  d'onlrcs  p.irti- 
culiers  qui  pouvaient  offrir  aux  fureteurs  d'événe- 
ments politiques  bien  plus  de  symptfimes  que  les 
sé<ances  mêmes  des  conseils  ministériels,  mollien, 
Kim.  d'un  ministre  du  trésor  public,  t.  ii,  p.  231. 
Il  Fureteur  de  nouvelles,  celui  qui  va  furetajit  des 
nouvelles  partout. 
— ÉTYM.  Fureter 


FUR 

FUREUR  (fu-reur),  s.  f  \\  1*  Folie  frénétique.  L» 
fureur  est  une  cau.se  d'interdiction.  H  lui  prend  de 
temps  en  temps  des  accès  de  fureur.  Le  majeur  qui 
est  dans  un  état  habituel  d'imbécillité,  de  démence 
ou  de  fureur,  doit  être  interdit,  Cod*  Nap.  art.  48». 
Il  Par  exagération.  Sorte  de  folie.  Au  défaut  d'un 
meilleur  refuge,  iront-ils  enfin  se  plonger  dans  l'a- 
bîme de  l'athéisme,  et  mettront-ils  leur  repos  dant 
une  fureur  qui  no  trouve  presque  point  de  place  dant 
lese.sprits?  boss.  Anne  de  Gonx.  Quelle  fureur,  dit-il, 
quelle  aveugle  caprice,  Quand  le  dîner  est  prêt,  vouj 
appelle  à  l'office!  boil.  Lutr.  i.  Comme  tout  ce  qui 
a  rapport  à  l'histoire  des  arts  est  au  moins  aussi 
important  que  des  récits  de  batailles,  monuments 
de  notre  fureur,  je  finirai  cette  année  par  un  fait 
qui  senit  à  perfectionner  la  chirurgie,  duclos, 
Ilist.  Louis  XI,  Œuv.  t.  m,  p.  51 ,  dans  pougens. 
N'y  a-t-il  pas  de  la  fureur  à  nourrir  des  paons  doni 
le  prix  n'est  pas  moindre  que  celui  des  statues? 
buff.  Ois.  t.  iv,  p.  BO,  dans  pocgens.  ||  Fureur  uté- 
rine, voy.  NYMPHOMANIE.  ||  FuTeuT  amoureuso,  le 
rut.  Cette  fureur  amoureuse  ne  dure  que  trois  so- 
maines;  pendant  ce  temp.s-là,  ils  [les  cerfs]  ne 
mangent  que  très-peu,  ne  dorment  ni  ne  reposent, 
bupp.  Quadrup.  t.  il,  p.  3i.  ||2°  Passion  excessive, 
démesurée  pour  une  personne.  Il  aime,  il  hait  jus- 
qu'à la  fureur.  Une  ombre  chérie  avec  tant  de  fu- 
reur, CORN.  (Slidipe,  I,  I .  Je  l'ai  livrée  entre  les 
mains  de  ceux  qu'elle  avait  aimés,  entre  les  mains 
des  Assyriens,  dont  elle  avait  été  passionnée  jusqu'à 
la  fureur,  saci.  Bible,  Éséchiel,  xxiii,  ï.  Songez-y 
bien,  il  faut  désormais  que  mon  cœur,  S'il  n'aime 
avec  transport,  baisse  avec  fureur,  rac.  Andr.  i,  *. 
Ce  cœur  né  pour  hair  qui  briîle  avec  fureur,  volt. 
Fanât,  v,  4.  Parmi  lescau.ses  qui  contribueront  à  la 
conquête  du  nouveau  monde,  on  doit  compter  cette 
fureur  des  femmes  américaines  pour  les  Espagnols, 
ratnal,  Ilist.  phil.  vi,  8.  ||  A  la  fureur,  d'une  façon 
passionnée.  Ciell  que  je  vous  haïrais,  si  je  ne  vous 
aimais  à  la  fureur!  uamilt.  Gramm.  9.  Le  gouver- 
neur aimait  les  femmes  à  la  fureur,  volt.  Cand.  43. 
Il  3°  Passion  excessive,  démesurée  pour  une  chose. 
Que  n'a-t-on  pas  dit  de  sa  fermeté  [de  Louis  XIV] , 
à  laquelle  nous  voyons  céder  jusqu'à  la  fureur  des 
duels?  BOSS.  Mar.-Thér.  Les  fausses  religions,  le 
libertinage  d'esprit,  la  fureur.de  disputer  des  choses 
divines  .sans  fin,  sans  règle,  sans  soumission,  ID. 
reine  d'Anglet.Les  ieux  sont  devenus  ou  des  trafics, 
oudes  fraudes,  ou  des  fureurs,  MASS.  Car.  ^/.  Eh  bien! 
son  Dorante,  que  t'a-t-il  fait?  car  il  me  semble  que 
ta  fureur  est  que  je  le  baisse,  mabiv.  Prtj.  vaincu, 
se.  8.  La  fureur  de  la  plupart  des  Français  c'est 
d'avoir  de  l'esprit,  hontesq.  Lett.  pert.  «6.  Malgré 
la  fureur  du  paganisme  dont  il  était  possédé,  il  ne 
répandit  pas  une  goutte  de  sang  chrétien,  dideb. 
Opin.  des  anc.  phil.  [éclectisme).  On  n'y  eut  pas 
plutôt  ouvert  des  cafés  [à  Constantinople]  qu'ils 
furent  fréquentés  avec  fureur,,  baynal,  Ilist.  phil. 
III,  12.  Il  Faire  fureur,  être  fort  en  vogue.  Cette  ac- 
trice, cette  pièce  fait  fureur.  On  dit  aussi  :  Tout 
le  monde  s'y  porte  ;  c'est  une  fureur  ;  et  dans  un 
sens  analogue  :  Il  est  dans  la  fureur  de  ses  succès. 
Il  4°  Faunilièrcment.  Habitude  importune,  fatigante, 
nuisible  de  faire  quelque  chose.  Jl  a  toujours  la  fu- 
reur de  se  mêler  des  affaires  des  autres.  Comme  il 
connaissait  la  fureur  dont  sa  femme  se  donnait  eo 
spectacle  pour  sa  danse  et  pour  sa  parure,  uahilt, 
Gramm.  7.  Qui  n'a  pu  retenir  sa  misérable  fureur 
de  parler,  mariv.  Marianne,  7*  part.  Cette  fureur  de 
charger  une  histoire  de  portraits  a  commencé  en 
France  par  les  romans,  volt.  Rusiie,  Préf.  Ilist. 
Il  5°  Colère  extrême.  Vous  eussiez  vu  leurs  yeux 
s'enflammer  de  fureur,  corn.  Cinna,  i,  s.  Tu  cé- 
deras ou  tu  tomberas  sous  ce  vainqueur,  Alger, 
riche  des  dépouilles  de  la  chrétienté.,  dans  11 
brutale  fureur,  tu  te  tournes  contre  toi-même,  et  tu 
ne  sais  comment  assouvir  ta  rage  impui.ssante, 
BOSS.  Marie-Thér.  Il  tourna  sa  fureur  contre  les 
Juifs,  ID.  Ilist.  1,  9.  Craignez  de  négliger  Une 
amante  en  fureur  qui  cherche  à  se  venger,  ra;. 
Andr.  iv,  6.  Ma  tranquille  fureur  n'a  plus  qu'à  se 
venger,  id.  Baj.  iv,  5.  L'auriez-vous  cru,  madame, 
et  qu'un  si  prompt  retour  Fit  à  tant  de  fureur  suc- 
céder tant  d'amour?  id.  Bajax.  m,  B.  Cette  chasse 
acheva  de  la  mettre  en  fureur,  fén.  Tél.  vu.  ||  De 

fureur,  par  un  mouvement  de  fureur J'étais  si 

tranS|X)rté,  Que,  donnant  de  fureur  tout  le  festin 
au  diable....  boil.  Sat.  m.  Gilotin  en  gémit,  et, 
sortant  de  fureur....  id.  Lutr.  i.  ||  Se  dit  aussi  des 
animaux.  La  fureur  d'un  taureau.  Un  lion  en  fu- 
reur. Semblable  à  une  bête  eu  fureur,  fén.  Tél.  vin. 
Il  En  termes  de  l'Ecriture  sainte,  la  colère  de  Dieu. 
Seigneur,  ne  me  repoussez  pa.s  dans  votre  fureur. 


FUR 

il  6-  Emporloment,  violence.  L'autre  d'un  si  grand 
Me  admire  la  fureur,  corn.  Hor.  m,  2.  De  protesta- 
tions, d'offres  et  de  serments,  Vous  chargez  la  fu- 
reur de  vos  embrassements,  mol.  Mis.  i,  1 .  Dans  la 
plus  grande  fureur  des  guerres  civiles,  boss.  Reine 
d'Angle).  Témoins  de  la  fureur  de  mes  derniers 
Bilieux,  RAC.  Andr.  ii,  2.  La  fureur  des  Combats  que 
Jlentor  tâchait  d'éteindre,  fén.  Tél.  xi.  Nous  n'au- 
rions pas  le  temps  de  nous  entretenir,  si  nous  ne 
p.-évenions  pas  la  fureur  de  ses  politesses,  maRiv. 
Paysan  parvenu,  2'  part.  J'avais  toutes  les  raisons 
(le  croire  que  la  fureur  de  ses  désordres  céderait 
aux  charmes  de  Primerose  et  aux  étonnantes  ver- 
tus de  mon  ami,  volt.  Jenni,  6.  c'est  en  Angle- 
terre surtout,  plus  qu'en  aucun  pays,  que  s'est 
signalée  la  tranquille  fureur  d'égorger  les  hommes 
avec  le  glaive  prétendu  de  la  loi,  id.  Dict.  phil. 
Supplices,  II.  Il  7»  Agitation  violente  de  choses 
inanimées.  L'aquilon  en  fureur.  Mais  enfin  le  ciel 
m'aime,  et  ses  bienfaits  nouveaux  Ont  arraché 
Maxime  à  la  fureur  des  eaux,  corn.  Cinna,  v, 
3.  Celui  qui  met  un  frein  à  la  fureur  des  flots  Sait 
aussi  des  méchants  arrêter  les  complots ,  rac. 
Athal.  1,  ).  La  mer  lasse  de  se  mettre  en  fu- 
reur, FÉN.  Tél.  VI.  La  terre  tremblante  Frémit  de 
terreur;  L'onde  turbulente' Mugit  de  fureur,  j.  b. 
Rouss.  Cantate,  Circé.  \\  8'  Transport  qui  ravit 
l'âme.  Il  fut  saisi  d'une  fureur  divine.  La  fureur 
prophétique.  La  fureur  poétique.  Fureur  martiale. 
Une  sainte  fureur  s'empara  de  lui.  Je  sens  au  se- 
cond vers  que  la  muse  me  dicte.  Que  contre  sa  fu- 
reur ma  raison  se  dépite ,  Régnier,  Sat.  xv.  [Les  ; 
esprits  faciles  qui]  N'éprouvèrent  jamais  en  ma-  î 
niant  la  lyre  Ni  fureurs  ni  transporis,  j.  b.  rouss.  ' 
Ode  an  comte  du  Luc.  ||  9°  Au  plur.  11  se  dit  des 
emportements,  des  transports  en  tout  genre.  Les 
fureurs  de  Roland.  De  poétiques  fureurs.  Vous  voyant  \ 
exposée  aux  fureurs  d'une  femme,  corn.  Nicom.  i,  ' 
t.  Ce  qu'ont  ie  plus  affreux  les  fureurs  de  la 
guerre,  id.  ib.  iii>  < .  Pour  ne  point  rappeler  ici  les 
guerres  des  Albigeois,  les  séditions  des  Vicléfîtes  en 
Angleterre,  et  les  fureurs  des  Taborites  en  Bohême, 
on  n'avait  que  trop  vu  à  quoi  avaient  abouti  toutes 
les  belles  protestations  des  Luthériens  en  Allemagne, 
Boss.  Var.  x,§  25.  Venez,  à  vos  fureurs  [les  fureurs 
des  Kuménides]  Oreste  s'abandonne,  rac.  Andr.  v, 
5.  Défendez-moi  des  fureurs  de  Pharnace,  m.  Uithr. 
I,  2.  À  de  moindres  fureurs  je  n'ai  pas  dû  m'at- 

lendre,  lo.  Iphig.  iv,  6 De  l'amour  j'ai   toutes 

les  fuieurs,  m.  Phèdre,  i,  3.  Il  n'eût  point  eu  le 
nom  d'Auguste  Sans  cet  empire  heureux  et  juste 
Qui  ût  oublier  ses  fureurs,  j.  a.  rouss.  Ode  à  la 
fortune.  Tu  peux  faire  trembler  la  terre  sous  tes 
pas.  Des  enfers  allumés  déchaîner  la  colère  :  Mais 
tes  fureurs  ne  feront  pas  Ce  que  tes  attraits  n'ont 
pu  faire,  id.  Cantate,  Circé.  Les  princes  trouvent 
toujours  des  âmes  assez  viles  pour  excuser  leurs  fu- 
reurs, DL'CLOS,  i/i.s(.  de  Louis  XI,  Œuvres,  t.  H, 
p.  476,  dans  POUGENS.  Conçois-tu  bien  l'excès  de 
mes  fureurs  jalouses  ?  volt.  Fanât,  ii,  4.  Ceux  qui 
sont  pénétrés  de  l'amour  des  sciences,  qui  n'en 
font  pas  un  indigne  métier  et  qui  ne  les  font  point 
servir  aux  misérables  fureurs  de  l'esprit  de  parti, 
ID.  Mél.  litt.  Lell.  au  P.  Tournemine.  Cavalier  [un 
des  chefs  des  protestants  des  Cévenncs,  lors  des 
dragonnades]  est  mort  officier  général  et  gouverneur 
de  l'Ile  de  Jersey,  avec  une  grande  réputation  de 
valeur,  n'ayant  conservé  de  ses  premières  fureurs 
[la  violcnee  de  son  fanatisme  religieux]  que  le  cou- 
rage, ID.  Louis  XIV,  36.  Pourquoi  demandez-vous 
que  ma  bouche  raconte  Des  princes  de  mon  sang 
.es  fureurs  et  la  honte?  id.  llenr.  i.  ||  Familière- 
ment. Des  fureurs,  des  scènes  violentes,  des  em- 
portements sans  raison.  Ce  prince  [le  régent]  lui 
opposait  en  vain  des  raisons;  elle  [la  duchesse  de 
Berri]  y  répondait  par  des  fureurs,  duclos,  Uém. 
Rig.  Œuv.  t.  v,  p.  396. 

—  SYN.  FUREOR,  FURiF.  Le  radical  de  ces  deux 
mots  est  le  même  ;  le  suffixe  seul  est  différent.  Éty- 
mologiquement,  la  fureur  est  l'état  d'un  homme 
furieux;  la  Furie  est  uc  personnage  mythologique 
chargé  des  vengeance»  des  dieux.  De  là  résulte  que 
la  fureur,  bien  que  violente,  peut  être  cachée  dans 
le  fond  de  l'âme,  tandis  que  la  furie  éclate  au  de- 
hors. Par  une  conséquence  naturelle,  furie  a  pu  se 
dire  de  l'impétuosité  d'une  attaque,  comme  dans 

cette  phrase  con.sacrée  ;  la  furie  française,  qui  ex- 
prime l'impétuosité  des  assaillants  ;  tandis  que  fu- 
reur ne  serait  pas  applicable  et  aurait  un  autre 
sens.  D'autre  part,  il  y  a  dans  fureur  une  signifl- 
ration  de   folie,  de  transport   qui  n'est  pas  dans 

furie  ;  ce  qui  fait  qu'on  dit  fureur  prophétique,  et 
con  furie  prophétique. 


FUR 

—  HIS1  XXI'  S.  Sire,  ne  me  arguer  en  ta  fuirur, 
e  en  la  tue  ire  ne  castier  [châtier]  inei.  Liber  psaim. 
p.  49.  Lores  purlerat  à  els  sa  ire,  et  en  sa  furur  les 
conturborat,  ib.  p.  2.  ||  xiii'  s.  Ele  [Judith]  ne  douta 
pas  les  furors  des  rois,  ainz  se  offri  à  mort  por  sau- 
ver le  pueple,  brun,  latini,  Trésor,  p.  02.  ||  xiv*  s. 
La  fureur  du  pueple  qui  avoit  cessé  de  coustiver 
[cultiver]  les  terres,  bercheure,  f°  40,  recto.  ||  xvi*  s. 
0  la  fureur  d'une  bruslante  rage.  Qui  maintenant 
transporto  mon  courage,  du  bellaï,  iv,  )7,  recto. 

—  ÉTYM.  l'rov.  et  esp.  furor;  ital.  furore;  du 
lat.  furorem. 

t  FURFURACÉ,  ÉE  (  fur-fu-ra-sé,  sée),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  ressemble  à  du  son.  ||  Terme 
de  médecine.  Dartre  furfuracée,  sorte  d'éruption 
qui  couvre  la  peau  de  débris  semblables  à  du  son. 
Il  Terme  de  botanique.  Se  dit  des  corps  qui  sont 
couverts  d'une  poussière  blanchâtre. 

—  ÉTYM.  Lat.  furfuraceus,  de  furfur,  son. 

t  FURFURES  (fur-fu-r') ,  s.  m.  pi.  Terme  de  mé- 
decine. Ecailles  d'épiderme  qui  se  détachent  parti- 
culièrement à  la  tête. 

—  HIST.  XIV"  s.  Furfures  sont  unes  escailles  qui 
viennent  ou  cuir  [de  la  tète],  lanfbanc,  f°  4i,  verso. 

—  ÉTYM.  Lat.  furfur,  son. 

t  FURFUROL  (fur-fu-rol')  ou  FURFUROLE  (fur- 
fu-ro-l'),  s.  m.  Terme  de  chimie.  Huile  presque  in- 
colore obtenue  en  faisant  agir  l'acide  sulfurique 
étendu  sur  la  farine  d'avoine,  sur  le  son. 

—  ÉTYM.  Lat.  furfur,  son,  et  oleum,  huile. 
FURIBOND,   ONDE    (fu-ri-bon,    bon-d'),    adj. 

Il  1°  Sujet  à  de  grands  emportements  de  colère. 
S'il  y  avait  eu  quelques  reproches  à  faire  à  Sénèque 
et  à  Burrhus,  la  jalouse,  ambitieuse  et  furibonde 
Agrippine  les  aurait-elle  épargnés?  dider.  Claude 
etNér.  i,  )20.  ||  Dont  les  traits,  les  gestes,  etc.  an- 
noncent une  grande  colère.  Il  vint  à  nous  tout  fu- 
ribond. Il  Substantivement.  Un  furibond.  C'est  une 
petite  furibonde.  ||  2°  Qui  annonce  la  fureur.  Des 
gestes  furibonds.  Enfonce  ton  bonnet  en  méchant 
garçon,  campe-toi  sur  un  pied,  mets  la  main  au 
côté,  fais  les  yeux  furibonds,  mol.  Scapin,  i,  7. 
Il  Qui  a  le  caractère  de  la  fureur.  Oh  !  monsieur,  évi- 
tez sa  rage  furibonde,  regnard,  Fol.  amour,  m,  lO. 

—  MIST.  xiir  s.  Li  hom  furibondes  tient  à  sen- 
tence tôt  ce  que  à  lui  plaist,  et  ne  lui  chaut  si  ce 
est  contre  les  autres  gens,  brun,  latini.  Trésor, 
p.  307.  ]|  XIV"  s.  Si  vint  une  leue  [louve]  furibunde 
des  montagnes  pour  boire  au  fleuve,  et  trouva  les 
enfants  exposés  à  la  rive,  bercheure,  f°  8,  verso. 
Il  XVI"  s.  La  malheureuse  ardente  et  furibonde 
[Didon]  Court  par  la  ville  errante  et  vagabonde, 

DU  BELLAY,    IV,   S,rect0. 

—  ÈTYM.  Lat.  furibundus,  de  furere,  être  fu- 
rieux, du  même  radical  que  furor,  fureur. 

t  FURIBONBER  (fu-ri-bon-dé) ,  v.  n.  Faire  le  fu- 
ribond. L'histoire  de  R***  est  plaisante  ;  l'évêque 
pesta,  jura,  tempêta,  furibonda,  et  fut  contraint  de 
venir  à  vous,  sÉv.  a  janvier  1674.  Fallait-il  m'ame- 
ner  celui-ci  pour  furibonder  en  ma  présence  ?  ar- 
NAULT,  dans  le  Dict.  de  bescherelle. 

—  ÉTYM.  Furibond.  Ce  mot,  fait  par  Mme  de  Sé- 
vigné  et  aussi  bon  que  vagabonder,  a  eu  peu  d'usage. 

FURIE  (fu-rie),  s.  ^.  ||  1°  Terme  de  polythéisme 
gréco-romain.  Nom  des  trois  divinités  mfernalesqui 
tourmentaient  les  méchants.  Le  fouet  des  Furies. 
Tes  remords  te  suivront  comme  autant  de  Furies, 
RAC.  Brit.  V,  «.  Les  dieux  justes  l'ont  livré  aux  Fu- 
ries, FÉN.  Tél.  v.  La  vieillesse  avait  ajouté  une  af- 
freuse difformité  à  sa  laideur  naturelle,  et  elle  res- 
•semblaità  une  Furie,  ID.  t.  xix,p.  I5.  Ils  [les  anciens] 
leur  assignèrent  [aux  enfers]  trois  conseillers  d'État, 
trois  femmes  de  charge  nommées  les  Furies,  trois 
Parques  pour  filer,  dévider  et  couper  le  fil  de  la 
vie  des  hommes,  volt.  Dict.  vlii^-  Enfer.  Le  chien 
à  trois  têtes,  et  les  trois  Parques,  et  les  trois  Furies 
sont  des  agneaux  en  comparaison  de  nos  Sylla  et 
de  nos  Marius,  id.  Memmius,  v.  Nous  rions  du  mot 
diable,  nous  respectons  celui  de  Furie;  voilà  ce  que 
c'est  que  d'avoir  le  mérite  de  l'antiquité  ;  il  n'y  a 
pas  jusqu'à  l'enfer  qui  n'y  gagne,  m.  Ess.  poésie 
ép.  ch.  7.  Il  Par  extension.  La  volupté....  c'est  une 
Furie  qui  n'épargne  rien,  mass.  Panéij.  St  J.  Bapt. 
Depuis  ce  jour  funeste  pa  bataille  de  Morat]  une 
horrible  Furie  Habite  dans  le  sein  du  prince  bour- 
guignon, Et,  dans  les  noirs  accès  de  sa  mélancolie, 
Elle  agite  son  âme  et  trouble  sa  raison,  masson, 
Uelvétiens,  vu.  ||  En  ces  sens  il  prend  une  majuscule. 
Il  2°  Fig.  Femme  très-méchante  et  très-emportée. 
C'est  une  furie  d'enfer.  Ô  trahison  conçue  au  sein 
d'une  furie!  corn.  Ctnno,  iv,  i.  Quoil  votre  amour 
se  veut  charger  d'une  furie  Qui  vous  détestera.... 
RAC.  Andr.  m,  \.  Elles  [des  femmes  |ui  suivaient 


FUR 


1803 


l'armée  d'Arioviste]  lui  défendirent  de  livrer  bataille 
avant  la  nouvelle  lune  ;  ces  furies  allaient  sacrifier  à 
leurs  dieux  Prncilius  et  Titius,  deux  ambassadeurs 
envoyés  par  César  à  ce  perfide  Arioviste,  volt.  Uem- 
mius,  V.  Il  3°  Emportement  de  colère,  ainsi  dit  i 
cause  de  la  fureur  vengeresse  qui  animait  inces- 
samment les  furies.  Que  sert  de  s'emporter  à  ces 
vaines  furies?  corn.  Méd.  v,  6.  Où  fuirais-jo  de 
vous  après  tant  de  furie?  id.  Rndog.  v,  4.  Leur  ef- 
froyable décharge  met  les  nôtres  en  furie,  boss. 
Louis  de  Bourbon.  L'enfer  s'émeut  au  bruit  de  Ne- 
ptune en  furie,  boil.  Longin,  Sublime,  vu.  Tel 
qu'on  voit  un  taureau  qu'une  guêpe  en  furie  A 
piqué  dans  les  flancs  aux  dépens  de  sa  vie,  iD. 
Lutr.  i.  Le  désolé  vieillard,  qui  hait  la  raillerie, 
Lui  défend  de  parler,  sort  du  lit  en  furie,  id. 
ib.  IV.  Vient-on  avec  furie  Arracher  de  vos  bras 
votre  fils  Zacharie?  rac  Athal.  m,  4.  Ah!  j'aime 
avec  transport,  je  hais  avec  furie,  volt.  Brutus,  ii,  i. 
11  De  furie,  par  un  mouvement  de  furie.  S'il  [l'ours] 
n'est  que  blessé,  il  vient,  de  furie,  se  jeter  sur  le 
tireur,  buff.  More,  choisis,  p.  -'40,  {|  Par  exagéra- 
tion, il  se  dit  d'un  simple  mécontentement.  Je  suis 
encore  ici  ;  j'en  suis  en  furie,  sÊv.  52.  Elles  sont  en 
furie  dontre  ces  folles,  id.  U8.  Il  me  met  en  furie 
par  le  sot  livre  qu'il  vient  de  lire,  id.  239.  {|  4°  Il  se 
dit  du  mouvement  violent  et  impétueux  d'un  ani- 
mal irrité.  Le  lion  en  furie.  La  furie  des  bêtes  sau- 
vages. Il  5°  Impétuosité  de  colère,  d'attaque.  Il  faut 
laisser  passer  cette  première  furie.  N'a-t-il  pas  des 
mutins  dissipé  la  furie?  corn.  Iléracl.  v,  7.  Il  a 
trop  écouté  son  aveugle  furie,  volt.  Tancr.  v,  6. 
Crois-moi,  dans  leur  furie.  Les  cœurs  les  plus  ar- 
dents ont  leur  mélancolie,  Ducis,  Abufar,  ui,  2. 
Il  La  furie  française,  l'impétuosité  de  la  première 
attaque  des  troupes  françaises.  Ce  qui  s'appelle  deçà 
les  monts  la.  furie  française  a  plus  d'une  fois  réussi 
très-utilement  delà  les  monts,  balz.  De  la  cour, 
4"  dise.  Assaillis  par  un  premier  élan  de  cette  furie 
française  si  célèbre,  ils  virent  tout  à  coup  les  sol- 
dats de  Morand  au  milieu  d'eux  et  s'enfuirent  dé- 
concertés, sÊGUR,  Ilist.  de  Nap.  vu,  H.||6°  Impé- 
tuosité d'action,  action  rapide.  Massinisse  en  un 
jour  voit,  aime  et  se  marie;  A-ton  jamais  parlé 
d'une  telle  furie?  mair.  Sophon.  iv,  6.  Il  écrit,  de 
cette  furie,  à  tout  ce  qui  est  hors  de  Paris,  sév. 
226.  Il  7°  Passion  excessive  et  déraisonnable.  Et  que 
sort  à  Cotin  la  raison  qui  lui  crie  :  N'écris  plus, 
guéris -toi  d'une  vaine  furie?  boil.  Sat.  viii. 
Il  8°  Grande  violence  des  choses.  La  mer  répandra 
contre  eux  sa  vague  irritée,  et  les  fieuves  se  débor- 
deront avec  furie,  saci.  Bible,  Sagesse,  v,  23.  Lei 
remèdes  chauds  mettent  le  sang  en  furie,  sév.  487. 
La  reine  ose  encore  se  commettre  à  la  furie  de 
l'océan  et  à  la  rigueur  de  l'hiver,  noss.  Reine  d'An- 
glet.  J'ai  su,  par  une  longue  et  pénible  industrie. 
Des  plus  mortels  venins  prévenir  la  furie,  rac. 
Mithr.  IV,  6.  Ils  les  ont  arrachés  àb  mer  en  furie, 
VOLT.  Oreste,  iv,  8.  ||9°  L'état  le  plus  violent  d'une 
chose,  la  plus  grande  intensité.  La  furie  de  la  mêlée. 
Dans  la  furie  de  son  mal.  La  furie  de  la  fièvre. 
Il  10°  Terme  de  musique.  Nom  donné,  dans  les  bal- 
lets, à  certains  morceaux  d'un  mouvement  vif,  avec 
un  caractère  analogue  à  l'action  des  passions  vio- 
lentes. Il  11°  Ancienne  étoffe  de  soie  des  Indes, 
ainsi  nommée  des  figures  hideuses  qui  y  étaient 
imprimées.  ||  12"  Terme  de  médecine.  Furie  infer- 
nale, affection  observée  en  Suède,  caractérisée  par 
une  éruption  furonculeuse  très-douloureuse. 

—  UIST.  xiv"  s.  Anciennement  l'en  creoit  estre 
trois  déesses  d'enfer  apelées  Furies,  berchelhe, 
^  23,  verso.  \\  xv"  s.  Tout  à  l'entour  de  nos  rem- 
pars  Les  ennemis  sont  en  furie  :  Sauvez  nos  ton- 
neaux, je  vous  prie  1  bassklin,  lxii.  ||  xvi"  s.  Les  fu- 
ries l'ont  sonné  [mon  hymen]  Et  donné  Le  signe  à 
ma  destinée,  du  bellay,  iv,  si,  ver.so.  Icy  se  leut; 
mais  pleine  de  furie  La  grand  prestrosse  impatiente 
enrage  Par  la  caverne,  id.  iv,  42,  recto. 

—  ÉTYM.  Ital.  furia;  du  lat.  furia;  de  même  ra- 
dical que  furor,  fureur. 

•t  FURIÈRE  (fu-riô-r'),  s.  f  Ouverture  dans  un 
four  à  briques. 

FCRIEDSEMENT  (fu-ri-eû-ze-man),  ode.  1,1°  Avec 
furie.  Vous  ne  savez  pas  comment  les  Jansénlstt-s 
les  tiennent  en  échec  et  les  pressent  si  furieuse- 
ment que,  la  moindre  parole  qui  leur  échappe  con- 
tre les  principes  des  pères,  on  les  voit  incontinent 
accablés  par  des  volumes  entiers,  pasc.  Prov.  3. 
Il  2°  Fig.  et  familièrement.  Extrêmement,  exce.ssi- 
vement.  L'état  surprenant  où  il  se  trouva  l'étonna 
furieusement,  scarr.  Rom.  com.  ii,  16.  Une  oreille 
un  peu  délicate  pâtit  furieusement  à  entendre  pro- 
noncer ces  moUs-là,  MOL.  Préc.  6.  Je  vous  avoue  que 


1804 


FUR 


FUR 


FUS 


jo  suis  furieusement  pour  les  portraits;  je  ne  vois 
rien  de  si  gal.inl  que  cela,  mol.  ib.  lu.  le  ruban  en 
est  bien  choisi. —  Kuriousemontbien;  c'est  perdri- 
geon  tout  pur,  m.  ib.  lu.  Vous  donnez  furieusement 
dans  le  Dianjuis,  m.  l'Aiare.i,  5.  Oh!  jo  sais  furieu- 
sement pour  l'attraction;  j'aime  tout  ce  qui  attire, 
DESTOUCHKs,  Fausse  Aqn.  m,  12.  C'est  que  vous 
êtes  furieusement  difficile,  .bancouiit,  Bourg,  de 
quai.  II,  ».  Ma  pauvre  mademoiselle  Lisette,  je  suis 
furieusement  intrigué,  lu.  ib.  m,  3.  Je  t'aime  fu- 
rieusement au  moins,  id.  ib.  m,  B.  Je  suis  furieuso- 
Dcent  tombé,  et  il  n'y  a  plus  de  société  pour  moi, 
VOLT.  Lett.  d'Argence,  3  sept.  4770.  Avoir  donné  le 
fouet  jadis  à  un  duo  et  pair,  cela  vous  pous.so  fu- 
rieusement, p.  L.  COUR.  Lett.  à  l'Acad.  des  inscr. 

—  REM.  On  a  employé  furieusement  partitive- 
ment  comme  beaucoup.-  11  faudrait  que  ma  tante  se 
dépêchât,  car  M.  le  marquis  desGuérels  qui  m'aime, 
a  furieusement  d'impatience,  dancourt,  Chev.  à  la 
mode,  II,  4.  Voy.  pour  la  discussion  de  cet  emploi, 

INFINIMENT. 

—  )nST.  xvi*  S En  le  laissant  là  furieu.sement 

[avec  colère] ,  s'en  alla  où  estoitsamaistresse,  marg. 
Nouv.  XLiii.  Et  puis,  mettant  l'e.spée  au  poing, 
s'alla  mcsler  furieusement  où  il  feut  soudaifl  enve- 
loppéet  mis  en  pièces,  mont,  ii,  33.  Et  aujourd'hui 
court  furieusement  jusques  à  dire  :  il  est  sage,  il  est 
doux  furieusement,  d'aub.  Fœn.  m,  22. 

—  ÉTYM.  Furieuse,  et  le  suffixe  inml. 
FURIEUX,  EUSE  (fu-ri-eù,  eû-z'),   arf;.  ||  1"  Qui 

est  en  proie  à  une  sorte  de  folie  violente.  Le  titre 
de  furieux  sous  lequel  il  (Uolandj  a  couru  jusques 
ici  toute  1*  terre,  voit.  Lcit.  i.  Hàtez-vous  de  le 
faire  enfermer,  il  devient  furieux,  je  vous  en  aver- 
tis, REGNAKD,  llclour  iitipréiu,  se.  is.  Il  l'ar  exten- 
sion. Puisque  malgré  mes  pleurs  mon  amant  fu- 
rieux Se  fai-t  tant  de  plaisir  d'expirer  à  mes  yeux.... 
iiAC.  Bajai.  Il,  5.  Il  Substantivement.  Terme  de  ju- 
risprudence. Celui  qui  est  atteint  do  fureur.  Pro- 
noncer l'interdiction  d'un  furieux.  ||  Par  extension. 
...L'ambition....  L'envoie  en  furieux  au  milieu  des 
hasards,  boil.  Sal.  vin.  L'ermite  retourna  cepen- 
dant àConstantinopIe,  regardé  comme  un  fanatii|U0 
qui  s'était  fait  suivre  par  des  furieux,  volt.  Mœurs, 
64.  Il  a°Qui  est  en  fureur.  Autrefois  il  était  furieux 
contre  .ses  rivaux,  sêv.  4B7.  Et  qu'ont  produit  mes 
vers  de  si  pernicieux  Pour  armer  contre  moi  tant 
d'auteurs  furieux?  boil.  Sat.  ix.  Et  là  vous  me  ver- 
rez soumis  ou  furieux....  rac.  Andr.  m,  7.  Sors, 
traître,  n'attends  pas  qu'un  père  furieux  Te  fasse 
avec  opprobre  arracher  de  ces  lieux,  id.  Phèdre,  iv, 
».  Astarlé  le  vit  [un  jeune  homme],  l'aima  et  en 
devint  furieuse;  il  la  mépris;i  parce  qu'il  était  pas- 
sionné pour  une  autre  femme,  fén.  Tél.  m.  La  du- 
chesse du  Maine,  princesse  du  sang  par  elle-même, 
furieuse  de  voir  attaquer  le  rang  de  son  mari  et 
de  ses  enfants,  duclos,  Mém.  Uégence,  Œuv.  t.  v, 
p.  281 ,  dans  pouoENS.  Il  sera  furieux  par  excès  do  fai- 
blesse, volt.  Fanât,  m,  6.  Il  dit,  et,  furieux  de  co- 
lore et  d'amour....  de  saint-ange,  Métamorpli.  d'O- 
vide, VI.  Il  Substantivement.  Sers-toi  d'une  enragée 
et  d'une  furieuse,  rotr.  Hercule  mour.  ii,  2.  Qu'on 
soit  blessé  par  un  furieux  ou  par  un  aveugle,  on  ne 
sent  pas  moins  sa  blessure,  flêch.  Lamoign.  Quelle 
faiblesse  à  moi  d'en  croire  un  furieux?  bac.  Mithr. 
m,  4.  ];  Se  dit  aussi  des  animaux.  Kaibles  agneaux 
livrés  à  des  loups  furieux,  bac.  Eslh.  i,  6.  Pour  la 
laie,  elle  ne  devient  furieuse  que  quand  on  attaque 
ses  petits,  et  en  général,  dans  presque  tous  les  ani- 
maux sauvages,  le  mâle  devient  plus  ou  moins  fé- 
roce lorsqu'il  cherche  à  s'accoupler,  et  la  femelle 
lors(ju'elle  a  mis  bas,  buff.  Quadrup.  t.  i,  p.  3u2, 
dans  pouGENS.  ||  Terme  de  blason.  Se  dit  d'un  tau- 
reau élevé  sur  ses  pieds.  ||  Le  Furieux,  se  dit  quel- 
quefois de  la  constellation  d'Orion.  ||  3°  Poussé, 
animé  par  la  fureur.  On  ne  sait  point  d'où  part  ce 
dessein  furieux?  bac.  Phèdre,  v,  f>.  Avez-vous  dans 
le  sein  la  cicatrice  heureuse  Du  fer  dont  à  mes  yeux 
une  main  furieuse....  volt.  Zaïre,  ii,  3.  ||  4°  Qui 
dénote  la  fureur.  Cris  funieux.  Son  front  cica- 
trisé rond  son  air  furieux,  boil.  Ép.  iv.  Je  l'ob- 
servais hier,  et  je  voyais  ses  yeux  Lancer  sur  le 
lieu  saint  des  regards  furieux,  rac.  Athal.  i,  i. 
Il  B"  Violent,  en  parlant  des  choses,  comme  si  elles 
étaient  poussées  par  la  fureur.  Vents  furieux.  Des 
torrents  furieux.  La  tempête  furieuse  dont  sa  flotte 
fut  battue  durant  dix  jours,  boss.  fleine  d'Anglet. 
Dès  que  le  canon  des  Suédois  eut  fait  brèche  aux 
retranchements,  ils  s'avancîrenl  la  baïonnette  au 
bout  du  fusil,  ayant  au  dos  une  neige  furieuse  qui 
donnait  au  visage  des  ennemis,  volt.  Charles  XII, 
»  ;i  6°  Ou:  se  porte  à  l'atUique  comme  si  la  furie  le 
transportait.  Kurieui  dans  la  guerre,  ils  fies  chré- 


tiens] souffrent  nos  bourreaux,  corn.  Poly.  iv,  6.  i 
Il  II  se  dit  des  choses  de  guerre  dans  le  môme 
sens.  Charge  firieuse.  Xénophon  écrit  que  ce  fut 
la  plus  furieuse  de  toutes  les  batailles  qui  eussent 
été  données  de  son  temps,  rollin,  llist.  anc.  Œuv. 
t.  IV,  p.  288,  dans  pouoens.  ||  7''  Il  se  dit  des  pas- 
sions sans  frein.  Pas.sion  furieuse.  Il  n'y  eut  jamais  , 
d'ambition  plus  folle,  disons-mieux,  plus  furieuse  \ 
que  celle  de  ce  prince,  roi.lin,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  VI,  p.  619,  dans  pougens.  Un  besoin  fatigant,  un 
désir  furieux  De  sortir  do  moi-même  et  de  voir 
d'autres  cieux,  nucis,  Abufar,  ii,  7.  ||,  8°  Kig.  et 
familièrement.  Excessif,  en  parlant  soit  des  per- 
sonnes, soft  des  choses.  Un  furieux  mangeur.  Pour 
moi,  j'ai  un  furieux  tendre  pour  les  hommes  d'épée, 
MOL.  Préc.  12.  Je  vais  vous  montrer  une  furieuse 
plaie,  ID.  ib.  Il  fait  une  furieuse  dépense  en  es'prit, 
ID.  ib.  Voilà  une  furieuse  impudence  que  de  nous 
envoyer  quérir,  id.  G.  Dand.  m,  42.  Sa  maison  ne 
désemplit  pas  de  tout  ce  qu'il  y  avait  de  plus  con- 
sidérable à  Madrid ,  à  mesure  qu'on  apprenait  l'a- 
venture [des  coups  de  bâton  donnés  par  Villena  à 
Albéroni],  qui  fit  un  furieux  bruit,  st-sim.  476, 
127.  Eh  bien  !  notre  galant  aime  jusqu'à  sa  femme; 
C'est  avoir  pour  le  sexe  un  furieux  penchant,  la 
CHAUSSÉE,  Préjug.  à  la  mode,  ii,  9.  Hélas!  dis-je  à 
la  fin,  c'est  une  furieuse  histoire  que  la  mienne, 
MARIVAUX,  Pays.  parv.  3"  part.  Ses  guerres  [de 
Louis  XIV]  souvent  très-injustes,  son  faste,  son  or- 
gueil, son  intolérance,  sa  révocation  de  l'édit  de 
Nantes,  son  dévouement  aux  jésuites,  tout  cela, 
sire,  met  contre  lui  un  furieux  poids  dans  la  ba- 
lance, d'alemd.  Lett.  au  roi  de  Pr.  3o  nov.  1770. 
Voilà  un  furieux  pas  de  clerc,  une  bévue  qui  coûte 
cher,  et  que  la  liberté  des  journaux  vous  eût  cer- 
tainement épargnée,  p.  L.  cour.  Lett.  x.  Il  En  ce 
sens,  il  se  met  devant  son  substantif.  Cependanton 
le  trouve  quelquefois  après.  J'ai  une  délicatesse  fu- 
rieuse pour  tout  ce  que  je  porte,  mol.  Préc.  40. 

—  SYN.  furikdx,  furibond.  Lo  furieux  est  celui 
qui  est  actuellement  en  fureur  ;  le  furibond  est 
celui  qui  est  sujet  à  se  mettre  souvent  en  fureur. 
Le  premier  indique  un  état;  le  second,  une  habi- 
tude. Là  est  la  distinction  essentielle.  Cependant 
quelquefois,  par  abus,  furibond  se  dit  pour  furieux; 
par  exemple,  dans  cette  phrase  :  il  vint  à  nous  tout 
furibond.  Mais  alors  furibond  est  du  langage  fami- 
lier, et  implique  même  une  nuance  de  raillerie,  qui 
n'est  pas  dans  furieux;  d'ailleurs  furieux  est  de  tous 
les  styles,  aussi  bien  le  style  élevé  que  le  style  fa- 
milier. 

—  HIST.  XVI*  s.  Las,  qu'ont  servy  tant  de  tem- 
ples divins  Et  tant  de  voeux  à  ceste  furieuse  [Didon 
amoureuse]  ?  nu  bellay,  iv,  8,  recto.  Ceulx  que 
presse  un  furieux  désir  de  guarison  se  laissent 
aller  à  toute  sorte  de  conseils,  mont,  i,  I96.  Quand 
ils  sont  hors  d'eulx  et  furieux  et  insensez,  id.  ii, 
327.  oh  lo  furieux  avantage  que  l'opportunité!  id. 
lu,  342.  J'y  estois  quand  Marthe  la  démoniaque  y 
fut  amenée,  il  faisoit  furieux  de  la  voir  [elle  faisait 
fureur],  u'aih.  Fœn.  ii,  5. 

—  ÈTVM.  l'niv.  furios;  esp.  et  ital.  furioso;  du 
latin  furiosus,  de  furia,  furie. 

f  FURIN  (fu-rin) ,  s.  m.  Terme  de  marine.  Mener 
un  vaisseau  en  furin,  le  conduire  hors  du  port, 
lorsqu'il  y  a  des  endroits  dangereux  qui  demandent 
les  secours  de  quelque  pilote  qui  connaisse  les  lieux. 

f  FURIOSO  (fou-ri-o-so) ,  ctà].  m.  Terme  de  mu- 
sique emprunté  à  l'ilalien.  Qui  a  un  accent  parti- 
culier, un  caractère  violent,  ou,  quelquefois,  seu- 
lement un  mouvement  très-accéléré. 

—  ÉTYM.  Ital.  furioso,  furieux. 

I  F0RMINT  (fur-rain),  s.  m.  Nom  du  cépage  qui 
fournit  le  célibre  vin  de  Tokai. 

FUROLLES  (fu-ro-l'),  s.  f.  pi.  Exhalaisons  en- 
flammées qui  apparaissent  sur  la  terre  et  à  la  sur- 
face de  la  mer. 

—  HlST.  XVI'  s.  Fuirolle,  furolle,  cotgravr. 

—  Rtym.  Il  semble  que  c'est  le  mot  feu,  avec 
l'addition  d'une  r,  sur  le  modèle  de  fumerolle. 

t  FURON  (fu-ron) ,  s.  m.  Le  petit  du  furet.  Dans 
quelqu&s  parties  de  la  France,  on  appelle  jeu  du 
furon  ce  qu'ailleurs  on  nomme  jeu  du  furet,  legoa- 
rant. 

—  f.TYM.  Voy.  FURET. 

FURONCLE  (fu-ron-kr),  s.  m.  Terme  de  chirur- 
gie. Tumeur  inflammatoire  circonscrite,  ofTrjint  au 
centre  une  saillie  ;  d'où  le  nom  vulgaire  de  clou  que 
porte  le  furoncle.  Son  furoncle  a  percé. 

—  HlST.  XVI'  s.  Les  apostemes  sont  dites  moyen- 
nes, comme  furuncle....  pake,  v,  i. 

—  ETYM.  Berry,  fronde,  fronque,frongU;  wallon, 
fronke  ;  du  lat.  furunculus,  proprement  petit  lar- 


ron, de  fur,  larron,  ainsi  dit  par  une  plaisanterie 
dont  maintenant  on  ne  peut  plus  voir  que  vague- 
ment le  sens. 

t  FURONCUI.EUX,  EUSE  (fu-ron-ku-leû,  leû-z'), 
adj.  Qui  est  de  la  nature  du  furoncle.  Une  éruption 
furonculeuse. 

—  ETYM.  Furoncle. 

FURTIF,  IVE  (fur-tif,  tiv'),  adj.  Qui  se  fait 
comme  un  vol,  en  cachette,  à  la  dérobée.  Entrci 
d'Un  pas  furtif.  Regard  furtif.  Œillades  furtives. 
Toi  qu'un  amour  furtif  souilla  de  tant  de  crimes, 
M'ose.s-tu  reprocher  mes  ardeurs  légitimes?  corn 
Médée,  m,  3.  De  leur  furtive  ardeur  ne  pouvais-li 
m'instruire?  rac.  Phèdre,  iv,  6.  Il  m'est  très-im 
portant  que  Genève,  qui  n'est  qu'à  une  lieue  de 
mon  séjour,  ne  passe  point  pour  un  magasin  clan- 
destin d'éditions  furtives,  volt.  Lett.  Damilaville, 
2  février  4761.  {|  On  dit  dans  le  même  sens  :  une 
main  furtive,  etc. 

—  ÉTYM.  Lat.  furtivus,  de  furtum,  vol,  de  fur, 
voleur;  grec,  çwp. 

FURTIVEMENT  (fur-ti-ve-man),  adv.  D'une  ma- 
nière furtive,  à  la  dérobée,  en  cachette.  La  nou- 
velle d'une  révolution  en  Macédoine  lui  fit  prendre 
la  résolution  de  sortir  furtivement  de  Thèhes,  bol- 
lin,  Hist.  anc.  Œuv.  {.  vi,  p.  44,  dans  pougens. 
Elles  voudraient  jouir  furtivement  du  plaisir  de  vous 
aimer  et  d'être  aimées  sans  que  vous  y  prissiez 
garde,  mariv.  Pays.  parv.  B°  partie.  Anicet  jette 
furtivement  un  poignard  à  ses  pieds,  dider.  Claude 
et  Néron,  i,  7C.  Un  coup  d'œil  caressant  furtive- 
ment jeté,  A.  CUÉN.  Odes,  iv. 

—  HlST.  xiv=  s.  Icellui  supphant  prist  furtivement 
environ  soixante  pièces  de  douelles  à  faire  ton- 
neaulx,  du  cange  ,  doela.  \\  xv"  s.  Vcus  m'avez 
trompé  faulsement  Et  emprunté  furtivement  Mon 
drap  par  vostie  beau  langaige.  Patelin,  4  480. 
Il  XVI'  s.  Ung  villain  petit  Turq,  bossu  par  le  de- 
vant, qui  furtivement  me  crocquoit  mes  lardons, 
RAB.  Panl.  11,  14. 11  [Panurge]  avoilsoixantc  et  trois 
manières  d'en  trouver  [de  l'argent]  tousjours  à  son 
besoing  ;  dont  la  plus  honorable  et  la  plus  commune 
estoit  par  façon  de  larrecin  furtivement  fait,  m. 
ib.  Il,  4  6. 

—  ÉTYM.  Furtive,  et  le  suffixe  ment. 

FUS,  je  fus,  tu  fus,  etc.  prétérit  simple  du  verbe 
être  (voy.  ce  mot). 

—  ETY.M.  Lat.  fui,  d'un  radical  qui ,  signifiant 
être,  croître,  se  trouve  dans  le  grec  fùm,  et  dans  le 
sanscrit  bhu,  être. 

4.  FUSAIN  (fu-zin),  s.  m.  \\  l"  Terme  de  bota- 
nique. Arbrisseau  des  haies  {evonymus  europani.-:, 
L.).  Le  fruit  du  fusain  est  purgatif.  ||  2"  Charbon 
fourni  par  le  fusain  et  servant  à  tracer  des  esquisses. 
Absolument.  Un  fusain,  un  crayon  de  fusain.  ||  Un 
dessin  fait  au  fusain.  Voilà  un  beau  fusain. 

—  HIST.  xvi"  s.  Fusain,  cotgrave. 

—  ÊTYM.  Fuseau,  parce  que  le  bois  de  cet  arbre 
sert  à  faire  des  fuseaux;  prov.  fusanh. 

f  2.  FUSAIN  (fu-zin),  s.  m.  Terme  d'horlogerie. 
Espèce  de  petit  fuseau  pointu,  fait  do  bois  tendre  et 
compacte,  pour  nettoyer  des  trous. 

—  ÉTYM.  Fuseau. 

I  FUSANE  (fu-za-n') ,  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  du  Cap  et  de  la  Nouvelle-Hol- 
lande, famille  des  éléagnées. 

t  FUSANT,  .4NTE  (fu-zan,  zan-t'),  adj.  Qui  fuse. 
Ce  ne  sont  plus  ici  des  fusées  pour  le  feu  volant  en 
l'air  qui  ne  servaient  que  comme  artifice  de  joie; 
la  propriété  fusante  de  la  composition  est  employée 
à  brûler  l'ennemi,  reinaud  et  favé,  Du  feu  gré- 
geois, p.  4  41. 

—  ETYM.  Fuser. 

FUSAROLLE  (fu-za-ro-l' ) ,  t.  f.  Petit  membre 
d'architecture,  taillé  en  forme  de  collier,  à  grains 
un  peu  longs,  sous  l'ove  des  chapiteaux. 

—  ÉTYM.  Fu.ieau. 

t  FUSCIPENNE  (fu-ssi-pè-n')  ,  ailj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  les  ailes  brunes. 

—  ÉTYM.  Lat.  fuscus,  brun,  et  penne. 

•f  FUSCITE  (fu-ssi-t') ,  ».  m.  Terme  de  minéralogie. 
Minéral  de  la  Norvège  qui  est  opaque,  tendre,  d'un 
noir  grisâtre  ou  verdàtre. 

—  ÉTYM.  Lat.  fuscus,  de  couleur  sombre. 

t  FUSÉ,  ÉE  (fu-zé,  zée),  adj.  Terme  do  chimie. 
Chaux  fusée,  chaux  qui,  sans  eau,  s'est  d'elle- 
même  réduite  en  poudre. 

—  ÉTYM.  Fuser. 

FUSEAU  (fu-z6),  s.  m.  ||  1°  Petit  instrument  en 
bois  tourné  qui  sert  à  tordre  et  à  enrouler  lo  fil, 
lorsqu'on  file  à  la. quenouille.  Tel,  Hercule  en  fi- 
l.uit  rompait  tous  les  fuseaux,  boil.  l.ulr.  v.  La 
bergère....  De  sa  tremblante  main  sent  tomber  les 


Aiseaux,  volt.  Uenr.  ix.  Que  chacune  conte  une 
histoire  En  faisant  tourner  ses  fuseaux,  m.  Filles 
de  Minée.  ||  Comme  des  fuseaux,  se  dit  dos  choses 
longues  et  minces.  Ses  bras  grands  et  menus  ainsi 
que  des  fuseaux,  desmarets,  Visionnaires,  i,  B. 
(I  Familièrement.  Jambes  de  fuseau,  jambes  trôs- 
minces.  [Le  cerf]. ..ne  pouvait  qu'avecque  peine  Souf- 
frir ses  jambes  de  fuseaux,  la  font.  Pabl.  vi,  o.  Mes 
deux  fuseaux  de  jambes  sont  devenus  gros  comme 
des  tonneaux,  volt.  Lett.  Richelieu,  4  9  fév.  4  773. 
Il  Fig.  Faire  bruire  ses  fuseaux,  voy.  bruire. 
Il  Terme  de  botanique.  Semence  en  fuseau,  se- 
mence terminée  en  pointe  par  les  deux  bouts. 
Il  a°  Poétiquement.  Le  fuseau  des  Parques,  la  vie, 
parce  que,  selon  le  polythéisme  greco-romain,  les 
Parques  filaient  la  vie  des  hommes.  Noires  divini- 
tés qui  tournez  un  fuseau,  corn.  Clit.  i,  9.  Ache- 
vez de  mes  jours  le  pénible  fuseau,  kotr.  Herc. 
mour.  IV,  ).  La  Parque  (|ui  tournait  ce  précieux 
fuseau....  iD.  Bélis.  ii,  8.  Prenez  tous  les  fuseaux 
qui,  pour  les  plus  longs  ûges,  Tournent  entre  vos 
mains,  i,  j.  rouss.  Ode  au  comte  du  Luc.  Ah!  n'é- 
prouvez jamais  les  douleurs  de  l'amour;  Elles  hâ- 
tent encor  nos  fuseaux  si  rapides,  a.  chén.  Élég. 
XV.  Il  3°  Fig.  Le  fuseau,  le  métier  de  la  femme  qui 
tourne  le  fuseau.  Dans  cette  même  main  qu'un 
usage  jaloux  Destinait  au  fuseau  sous  les  lois  d'un 
époux,  VOLT.  Sémir.  m,  6.  Je  suis  d'un  sexe  faible, 
au  fuseau  destiné,  ducis,  Slacbeth,  ni,  4.  ||4"  Sorte 
de  petit  fuseau  où  le  fil  est  enroulé  pour  faire  du 
passement,  de  la  dentelle.  Dentelle  au  fuseau. 
Il  5°  Terme  de  chasse.  Piquants  dont  est  couvert  le 
porc-cpic  et  dont  il  se  défend  contre  les  chiens  et 
les  chasseurs.  ||  6°  Terme  de  marine.  P'useau  de  ca- 
bestan, pièce  de  bois  qu'on  y  met  pour  le  renfler. 
Il  7°  Terme  de  géométrie.  Portion  d'une  surface 
sphérique  comprise  entre  deux  demi  grands  cercles, 
ainsi  nommée  ,  parce  que,  pointue  aux  extrémités, 
large  au  centre,  elle  présente  l'aspect  d'un  fuseau 
garni  do  son  fil  j]  Morceau  de  carte  géographique 
qu'on  applique  sur  un  globe.  ||  8'  Morceau  de  bois 
aiguisé  dont  les  flotteurs  se  servent  pour  arrêter  les 
trains  de  bois.  I]  Bâtons  de  la  lanterne  d'un  mou- 
lin. Il  Terme  de  serrurerie.  Nom  des  barreaux  figu- 
rant une  petite  colonne  dans  un  balcon,  une  rampe, 
etc.  Il  Nom,  chez  les  horlogers,  des  chevilles  qui 
seiTent  d'ailes  dans  les  lantejnes  ou  pignons.  ||  Bro- 
che do  fei  avec  laquelle  les  potiers  de  terre  font 
des  trous  à  leurs  ouvrages.  ||  9°  Nom  d'un  genre  de 
coquilles  univalves,  qui  ont  en  effet  la  figure  d'un 
fuseau.  Il  On  donne  aussi  le  nom  de  fuseaux  à  quel- 
ques espèces  de  champignons  du  genre  agaiic. 
Il  10°  Constellation  appelée  aussi  Chevelure  de  Bé- 
rénice. ||  Proverbe.  Le  fuseau  doit  suivre  le  hoyau, 
si  l'homme  travaille  aux  champs,  la  femme  ne  doit 
pas  chômer  au  logis. 

—  HIST.  xu'  s.  Mes  Renoars  vint  corant  un  vau- 
cel.  Tint  son  tinel,  qui  mal  sembloit  fuissel,  Bat. 
d'Aleschans,  v.  6276.  ||  xiii*  s.  Quiconques  veut 
estre  filaresse  de  soie  à  grans  fuiseaus  à  Paiis,  c'est 
à  savoir  desvuidier,  filer,  doubler  et  recoudre,  estre 
le  puet  franchement,  I.iv.  des  met.  80.  Cil  qui  le 
tient  à  louage  [le  moulin]....  doit  livrer  quevilles 
[chevilles],  fuisiax,  aubes  et  teles  cozes  menues, 
BiîAUM.  xxxviii,  46.  ||  xiv  S.  Maint  assaut  y  ont  fait 
et  maint  estour  novel;  Mais  tout  ce  n'y  valu  la 
monte  d'un  fuisel,  Guescl.  24  254.  Icelluy  Jehan 
print  s's  bu  sept  d'iceulx  viretons  [flèches],  et  en 
brisa  le,  lusciaux,  et  emporta  les  fers,  du  cange, 
fusarius.  ||  xv°  s.  Les  jambes  aussi  menuettes 
Comme  fuseaulx....  coquillart,  Monol.  de  la  boite 
de  foin.  ||  xvi'  s.  De  la  façon  de  fourrer  les  oignons 
en  terre,  n'est  besoin  de  traitter  ;  si  ce  doit  estre 
par  raions  ouverts,  ou  à  la  fiche  ou  fuzeau....  o.  de 

SERRES,    609. 

—  Etvm.  Bourg,  fu;  provenç.  fus;  espagn.  hnso; 
ital.  fuso;  du  lat.  fu--us.  Quant  à  fuseau,  il  vient 
d'un  diminutif  fusellus,  de  fusus;  dans  l'ancienne 
langue  le  nominatif  est  H  fusels  ou  fuseau;  au  ré- 
gime lefusel. 

FUSÉE  (fu-zée),  s.  f.  \\  1°  La  masse  de  fil  enroulé 
sur  le  fuseau  et  qui  provient  de  la  filasse  de  la  que- 
nouille. Vider  une  fusée.  Sa  fusée  est  bien  embrouil- 
lée. Dévider  une  fusée.  ||  Fig.  Démêler  une  fusée, 
pénétrer  un  mystère,  une  intrigue,  toute  espèce 
d'affaire  embrouillée.  Je  sais  bien  que  la  réponse 
qu'on  fait  ordinairement,  c'est  que  Dieu  ne  nous 
fait  point  de  bien,  qu'il  est  hors  de  toute  sollicitude, 
qu'il  nous  néglige,  qu'il  tourne  les  yeux  ailleurs, 
qu'il  a  bien  d'autres  fusées  à  démêler,  malh.  le 
Traité  des  bienf.  de  Sénèqne,  iv,  4.  Je  saurai  fort 
bien  démêler  Malgré  vos  dents  cette  fusée,  scarr. 
Virg.  IV.  En  vérité   il  est  bien  difficile  de  compren- 


FUS 

dre  comment  cette  fusée  pourra  se  démêler,  main - 
TENON,  l.ett.  au  duc  de  Xoailles,  2  sept.  1707.  Cette 
découverte  [du  mécontentement  de  Mme  de  Main- 
tenon]  dégoûta  ChamiUarf,  de  telle  sorte  qu'il  fut 
tenté  d'en  laisser  démêler  la  fusée  [du  mariage]  à 
son  fils,  ST-siM.  491,  47.  Il  Fig.  Achever  sa  fusée, 
achever  de  vivre,  mourir.  ||  2°  Terme  d'architecture. 
Colonne  de  fusée,  celle  qui  ressemble  à  un  fuseau 
par  quelque  défaut  de  proportion  qui  la  fait  paraî- 
tre trop  ventrue.  ||  3°  Terme  de  marine.  Fusée  d'a- 
viron, peloton  d'étoupe  goudronnée  qu'on  met  au 
menu  bout  de  l'aviron,  pour  le  retenir  dans  l'étrier. 
Il  4"  Pièce  d'artifice  formée  d'un  cylindre  de  carton 
ou  de  papier  rempli  de  poudre  à  canon,  ainsi  dite 
par  assimilation  de  forme  avec  un  fuseau.  Jeter, 
lancer  des  fusées.  ||  Petites  fusées,  celles  qu'on  lance 
à  la  mafn,  ||  Fusées  à  baguettes,  grandes  fusées  qui 
sont  attachées  à  une  baguette,  et  qui  s'élèvent 
d'elle.s-mèmes  en  l'air,  quand  on  y  a  mis  le  feu. 
Il  Fig.  Il  est  assez  plaisant  d'envoyer,  du  pied  des 
Alpes  à  Paris,  des  fusées  volantes  qui  crèvent  sur  la 
tête  des  sots,  VOLT.  Ie((.  ifmc  du  i>e/jran(,  6  aoiit47GO. 
Il  Terme  d'artillerie.  Fusées  à  bombes,  à  obus  et  gre- 
nades, fusées  communiquant  le  feu  à  la  poudre 
que  renferment  ces  projectiles.  Fusées  d'amorce 
ou  étoupilles ,  petites  fusées  communiquant  le 
feu  aux  pièces  de  campagne.  ||  Fusée  à  la  congrève, 
voy.  CONGRÈVE.  Il  Fig.  Dans  un  langage  grossier. 
Lancer  des  fusées,  vomir.  C'étaient  des  douleurs  et 
des  maux  de  cœur  dont  je  croyais  mourir;  j'en  fus  pour- 
tant quitte  pour  quelques  fusées,  lesage,  Guzm. 
d'Alf.  I,  6.  Il  5°  Terme  d'horlogerie.  Petit  cône 
cannelé  dans  les  creusures  duquel  se  loge  la  chaîne 
d'une  montre,  quand  on  la  monte;  ainsi  dit 
par  comparaison  de  forme  avec  un  fuseau.  L'art 
de  l'horlogerie  était  faible,  et  consistait  à  met- 
tre une  corde  à  la  fusée  d'une  montre ,  volt. 
Mœurs,  i78,||Dans  un  tourne-broche,  la  fusée  est 
la  partie  du  bois  où  l'on  met  les  cordes.  ||  Nom 
donné  à  la  partie  de  l'essieu  autour  de  laquelle 
tourne  la  roue.  ||  Arbre  tournantdu  pressoir.  ||  6"Ter- 
me  de  marine.  Fusée  de  cabestan ,  pièce  sur  la- 
quelle est  construit  le  cabestan.  ||  7°  Terme  de 
vétérinaire.  Exostose  oblongue,  située  sur  l'un  des 
os  métacarpiens  ou  métatarsiens.  ||  8°  Terme  de  chi- 
rurgie. Trajet  plus  ou  moins  long  et  sinueux  que 
parcourt  le  pus  dans  certains  cas,  avant  de  se  por- 
ter au  dehors;  ainsi  dit  par  comparaison  au  trajet 
de  la  fusée  d'artifice.  ||  Par  extension.  On  retrouve 
dans  l'intérieur  d'un  arbre  de  cent  ans  les  coups  de 
marteau  qu'on  lui  aura  donnés  à  vingt-cinq,  cin- 
quante et  soixante  et  quinze  ans ,  et  tous  ces  en- 
droits sont  remplis  de  pourriture,  et  forment  sou- 
vent des  abreuvoirs  ou  des  fusées  en  bas  ou  en 
haut  qui  gâtent  le  pied  de  l'arbre,  buff.  Hist.  nai. 
Introd.  Part.  exp.  (Euv.  t.  viii,  p.  429,  dans  pou- 
gens.  Il  9"  Terme  de  chasse.  Partie  du  terrier  des 
renardsqui  s'étend  depuis  l'embouchure  jusqu'à  une 
des  chambres.  ||  Vermiller  en  fusée,  se  dit  du  san- 
glier qui  trace  une  espèce  de  sillon  en  vermillant. 
li  10"  Terme  de  blason.  Meuble  de  l'écu  en  forme 
de  losange.  Il  11°  Terme  de  musique.  Trait  diato- 
nique très-rapide.  Ce  chanteur  brille  dans  les  fusées. 
Il  II  se  dit  quelquefois,  par  analogie,  de  traits  d'es- 
prit. Dans  une  société  intime ,  entre  égaux,  Bee- 
thoven était  expansif,  causeur  très-gai,  s'échappant 
en  traits  incisifs,  en  fusées  de  bons  mots,poMPERY, 
Beethoven ,  Revue  de  Paris,  2'  période,  t.  x,  p  34. 
Il  12°  Agaric  élevé.  ||  13°  Poire  de  fusée ,  poire 
d'hiver  qui  se  mange  cuite. 

—  HIST.  xiv  s.  Le  suppliant  refery  icelluy  Girar- 
din  d'unbaston  nommé  fusée,  du  cange,  fusarius.  Une 
femme  filant  fuzée,  Trait,  d'akh.  903.  ||  xv  s.  Ung 
escheveau  de  layne  roge  et  une  fuzée  de  layne  blan- 
che, Bibl.  des  ch.  B"  série,  t.  i,  p.  358.  Commence- 
ment n'est  pas  fusée  [besogne  commencée  n'est  pas 
besogne  terminée],  Perceforest,  t.  v,  f°  84.  ||  xvi'  s. 
Laissez  tourner  les  fusées  fatales  De  la  Sicille  et  de 
la. Palestine,  st-gelais,  4  4.  Et  la  fusée  ardent  siffler 
menu  par  l'air,  du  bellay,  vi,  32,  recto.  Comme  il 
falut  porter  au  grand  pont  levis  son  troisiesme  pé- 
tard, la  Croix  trouva  que  sa  fusée  estoit  tombée  en 
rompant  la  barrière,  d'aub.  Hist.  m,  379.  Elle  est 
appellée  d'aucuns  bubon  pestiféré,  d'autres  la  bosse, 
d'autres  la  peste  ou  fusée,  paré,  xxiv,  33.  Cholere 
comme  asne  à  qui  l'on  attache  une  fusée  aux  fesses, 
RAB.  Pant.  v,  4  6.  Estant  arrivé  d'Espaigne  à  Milan, 
il  y  trouva  bien  des  fusées  à  desmesler,  brant. 
Bourbon.  Ayez  vostre  canon  de  fusées  lequel  em- 
plirez de  la  dicte  paste  [soufre,  salpêtre,  chaux],  et 
les  liez  de  fil  par  les  deux  bouts,  et  puis  mettez  y 
vostre  vergette  pour  conduyre  les  dictes  fusées 
droict.  Livre  de  canonerie,  dans  heinaud  et  favé, 


FLS 


1805 


Du  feu  grégeois,  p.  4  40.  Tout  revient  à  un,  que 
l'homme  se  donne  sa  fin,  ou  qu'il  la  souffre....  en 
quelque  lieu  que  le  filet  se  rompe,  il  y  est  tout; 
c'est  le  bout  de  la  fusée,  mont,  u,  ïb. 

—  ÉTYM.  Voy.  fuseau. 

t  KUSÉEN  (fu-zé-in),  s.  m.  Soldat  d'artillerie 
chargé  de  lancer  des  fusées  de  guerre. 

—  ÉTYM.  Fusée. 

FUSELÉ,  ÉE  (fu-ze-lé,  lée),  adj.  Qui  est  en  formi» 
de  fuseau.  ||  Colonne  fuselée,  colonne  dont  le  fût  est 
un  peu  renflé  vers  le  tiers  de  sa  hauteur.  ||  Terme 
de  blason.  Chargé  de  fusées. 

—  ÉTYM.  Voy.  fuseler. 

t  FUSELER  (fu-zo-lé),  v.  a.  Terme  d'architec- 
ture. Donner  la  forme  d'un  fuseau.  ||  Façonner  le  fût 
d'une  colonne,  d'un  candélabre. 

—  ÉTYM.  Fuseau,  par  l'intermédiaire  de  l'an- 
cienne forme  fusel. 

t  F0SELIER  (fu-ze-lié),  s.  m.  Faiseur  de  fuseaux. 

—  ÉTYM.  Fusel.  fuseau. 

t  FDSEMENT  (fu-ze-man),  s.m.  Terme  de  chimie. 
Action  de  fuser.  Le  fusement  des  chlorates,  des  ni- 
trates. 

—  ÉTYM.  Fuser. 

FUSER  (fu-zé),  V.  n.  |1 1°  Se  répandre  impercep- 
tiblement. Couleurs  qui  fusent.  ||  2°  Se  répandre  en 
fondant  au  feu.  La  cire  fuse.  ||  3°  Se  dit  des  sels 
dont  la  fonte  est  accompagnée  d'une  légère  défla- 
gration. Le  salpêtre  fuse  lorsqu'il  est  sur  les  char- 
bons. Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HiST.  XVI"  S.  On  met  la  marne  sur  le  champ 
en  petits  monceaux  despartis,  ainsi  que  le  fumier, 
pour  y  estre  fuzée  comme  chaux  par  le  soleil,  la 
pluie,  le  froid  ;  dont  elle  se  dissoult  et  réduit  en 
poudre  dans  quelques  jours,  o.  de  serres,  loo. 

—  ÉTYM.  Dérivé  du  participe  latin  fusus,  fondu, 
de  fundere,  fondre. 

fFUSEROLLE  { fu-ze-ro-1' ) ,  s.  f.  Terme  de  tis- 
serand. Brochette  de  fer  qui,  passant  dansl'époulin, 
est  placée  avec  lui  dans  la  poche  de  la  navette. 

—  ÉTYM.  Fmeau. 

FUSIBILITÉ  (fu-zi-bi-li-té),  s.  f.  Qualité  de  ce 
qui  est  fusible;  disposition  à  se  fondre.  La  fusibilité 
des  métaux.  Ce  n'est  pas  au  fer,  du  moins  au  fer 
seul,  qu'on  doit  attribuer  la  fusibilité  des  laves, 
c'est  au  salin  contenu  dans  les  cendres  rejetées  par 
le  volcan  qu'elles  ont  dû  leur  première  vitrifica- 
tion, BUFF.  ttin.  t.  III,  p.  446,  dans  pouoens. 

—  ÉTYM.  Fusible. 

FUSIBLE  (fu-zi-bl'),  adj.  Qui  a  la  propriété  de 
passer  de  l'état  solide  à  l'état  liquide  par  l'effet  du 
calorique.  Le  plomb  est  très-fusible.  Je  suis  per- 
suadé que  tout  dans  la  nature  est  fusible,  puisque 
tout  a  été  fondu,  buff.  Uin.  t.  i,  p.  57,  dans  pou- 
gens.  C'est  une  véritable  cristallisation  [du  vinaigre 
concentré  et  soumis  au  froid]  qui  s'opère  alors; 
mais  elle  est  si  fusible,  qu'une  chaleur  de  bain- 
marie,  très-faible,  la  résout  en  liqueur,  condorcet, 
Courtanvaux.  ||  Pierre  fusible,  pierre  qui,  chan- 
geant de  nature,  devient  transp«irente  par  le  moyen 
du  feu. 

—  HiST.  xiv*  s.  Toutes  les  pierres  sont  frangi- 
bles,  Et  tous  les  métaux  sont  fusibles,  Nal.  à  l'alch. 
err.  1 18.  ||  xvi*  s.  Au  fer  ont  succédé  le  bronze  et  le 
cuivre,  métaux  plus  traitables  et  fusiles,  paré,  Préf. 
IX.  Es  choses  fusibles  [tumeurs  et  engorgements], 
si  la  matière  qu'on  veut  fondre  n'est  bien  cuitte.... 

ID.  ib.  XIX,   4  0. 

—  ÉTYM.  Prov.  et  esp.  fusible;  ital.  fusibile;  du 
lat.  fusibilis,  de  fusum,  supin  de  fundere,  fondre. 

FUSIFORME  (fu-zi-for-m') ,  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  est  en  forme  de  fuseau,  c'est-à-dire 
allongé,  renflé  au  milieu  et  aminci  aux  extrémités.- 
Racine  fusiforme. 

—  ÉTYM.  Lat.  fusus,  fuseau,  et  forme. 

FUSIL  (fu-zi;  \'l  ne  se  prononce  jamais;  au  plu 
riel,  l's  se  lie  :  des  fu-zi-z  en  acier) ,  s.  m.  ||  1°  Petite 
pièce  d'acier  avec  laquelle  on  bat  la  pierre  à  feu 
pour  allumer  l'amadou.  Boirude  ....Les  arrête,  et, 
tirant  un  fusil  de  sa  poche.  Des  veines  d'un  caillou 
qu'il  franpe  au  même  instant.  Il  fait  jaillir  un  feu 
qui  pétille  en  sortant,  boil.  Lutr.  m.  Il  s'en  fut 
à  tâtons  chercher  le  fusil  qu'il  fit  semblant  de 
battre,  j.  J.  ROUss.  Ém.  n.  ||  Boîte  dans  laquelle 
ou  met  le  morceau  d'acier,  la  pierre,  l'amadou 
et  les  allumettes.  ||  2°  Pièce  d'acier  qui  recou- 
vre le  bassinet  d'une  arme  à  feu  et  contre  la- 
quelle frappe  la  pierre  de  la  batterie.  Arquebuse  à 
fusil.  Il  II  sert  aussi  à  désigner  toute  la  platine  de 
fusil.  Il  3°  Par  extension,  arme  à  feu  longue  de  plu- 
sieurs pieds  et  portative.  Fusil  de  chasse.  Fusil  J 
un  coup,  à  deux  coups.  Se  promener  le  fusil  sur 
l'épaule.  Il  Fusil  de  munition,  fusil  de  gros  calibre 


1806 


FUS 


qui  est  rarroe  ordinaire  de  l'infanterie,  et  auquel  | 
s'adapte  une  -i^'onnette.  Les  doigts  de  beaucoup 
d'autres  [soldats;  gelfrent  sur  le  fusil  qu'ils  tenaient  | 
encore,  et  qui  leur  était  le  mouvement  nécessaire 
pour  y  entretenir  un  reste  de  chaleur  et  de  vie, 
SÉCUB,  Uùt.  (Je  Nap.  ix,  1  r .  H  Fusil  à  percussion, 
fusil  dont  le  chien,  fait  en  forme  de  marteau, 
frappe  sur  un  grain  de  poudre  fulminante  qui  en- 
flamme la  charge.  Dans  le  principe,  on  le  nomma 
fusil  à  piston,  parce  que  le  marleBU  frappait  sur  un 
piston  qui  comprimait  la  matière  fulminante  et 
î'dnflammait  contre  la  paroi  de  l'arme,  légua  hant. 
Il  Fusil  de  rompart,  sorte  de  fusil  plus  long  que  le 
fusil  ordinaire  et  portant  beaucoup  plus  loin.  ||  Fusil 
à  vent,  autrefois  canne  à  vent,  instrument  fait  en 
forme  d'un  fusil  ordinaire ,  mais  où  la  balle  est 
chassée  par  l'action  de  l'air  fortement  comprimé 
dans  un  réservoir  en  fonte  ou  en  cuivre  contenu 
dans  la  crosse.  ||  Terme  de  physique.  Fusil  électri- 
que, le  pistolet  de  Voila.  |i  4°  Morceau  de  fer  ou 
d'acier  pour  aiguiser  des  couteaux.  Les  bouchers 
portent  ordinairement  le  fusil  pendu  à  la  ceinture. 
Il  Pierre  à  aiguiser  les  outils  de  menuisier,  fabri- 
quée sur  les  bords  du  Rhône. 

—  HIST.  xiii'  s.  Le  fusil  à  aiguiser  l'ostil,  dela- 
BORDE,  Emaux,  p.  320.  Il  xiv"  s.  Si  tu  veuli  faire 
bonne  esche  [amadou]  pour  alumer  du  feu  au  fusil, 
Ménagier,  ii,  B.  ||  xv"  s.  Quatre  grans  estendars  sur 
chascuns  desquels  avait  un  grand  fusil  et  la  pierre 
qui  y  appartient,  avec  plusieurs  llambes   et  estin- 
celles  selon  la  divise  de  Monseigneur,  de  laborde,  | 
Émaux,  p.  320.  Mais  ainçois  que  ils  [les  Écossais]  i 
pussent  venir  au  feu,   ils  eurent  trop  de  peine;  et' 
toutefois  de  fusils  [charbon  tendre]  et  de  secs  bois 
ils  en  firent  tant  que  ils  en  eurent  assez  en  plu- 
sieurs lieux,  froiss.  n,  ii,  4  7.  (I  XVI*  s.  Injuste  amour 
fusil  [brandon]  de   toute  rage,  Que  peut  un  cœur 

soumis  à  ton  pouvoir?  rons.   <6 Prit  un  fuzil 

et  frayant  à  maints  coups   Le  dos  du  fer  encontre 
les  caillons,  id.  642. 

—  ÉTYM.  Ital.  facile,  futile;  du  lat.  focus,  feu, 
foyer  (voy.  fec). 

FUSILIER  (fu-zi-lié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais  ;  au  plu- 
riel, Ys  se  lie  :  des  fu-zi-Hé-z  alignés), f.  m.  \\  1" Fan- 
tassin armé  d'un  fusil.  Le  premier  régiment  qui 
eut  des  baïonnettes  fut  celui  des  fusiliers,  voiw. 
Louis  XIV,  29.  Il  Dans  un  bataillon  d'infanterie, 
soldat  des  compagnies  du  centre,  par  opposition 
aux  grenadiers  et  aux  voltigeurs,  jj  2°  Ancienne 
ment,  nom  de  soldats  qui  étaient  aux  ordres  des 
intendants  do  province.  Chacuu  déclame  contro 
l'exaction  des  traitants,  la  puissance  démesurée  des 
intendants,  la  cruauté  des  fusiliers,  les  contraintes 
rigoureuses  contre  le  pauvre  peuple,  la  rocbkf. 
Uém.  24. 

—  ÉTYM.  Fusil. 

t  FUSILIÈRE  (fu-zi-liè-r'),  adj.  f.  Pierre  fusilière, 
espèce  de  caillou,  gris  ou  noir,  dont  on  se  sert  par- 
ticulièrement pour  les  bassins  de  fontaine. 

FUSILLADE  (fu-zi-Ua-d',  U  mouillées,  et  non 
fu-zi-ya-d') ,  s.  f.  Décharge  de  coups  de  fusil.  Une 
vive  fusillade.  La  fusillade  continuait;  son  pétille- 
ment, redoublé  par  l'écho  des  murailles  [de  Smo- 
lensk],  paraissait  de  plus  en  plus  vif,  ségur,  Hist. 
de  Nap.  vi,  4. 

—  ÊfYM.  Fusiller. 

FUSILLÉ,  ÊE  (fu-zi-llé,  liée,  H  mouillées,  et  non 
fu-zi-yé),  part,  passé  de  fusiller.  L'espion  traduit 
devant  un  conseil  de  guerre  et  fusillé.  L'aspect  de 
ces  deux  Iiôpilaux  abandonnés,  cette  multitude  de 
caissons  livrés  aux  flammes,  ces  Russes  fusillés 
.  [prisonniers  dont  on  se  débarrassait  ainsi] ,  tout  la 
rendit  funeste  [la  première  journée  d'hiver],  ségur. 
Histoire  de  Napol.  ix,  9.  , 

FUSU.LER  (fu-zi-llé,  H  mouillées,  et  non  fu-zi-yé) , 
ti.  o.  Il  1"  Tuer  à  coups  de  fusil.  J'ai  deux  ministres 
à  mes  trousses,  dont  l'un  veut  me  faire  fusiller 
comme  déserteur,  p.  l.  cour.  Letl.  ii,  I8.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Accabler  de  plaisanteries,  de  lazzi. 
Il  1°  Fusiller  un  couteau,  le  passer  sur  le  fusil 
pour  l'affûter  et  l'amorcer.  ||  8"  Se  fusiller,  v.-  réft. 
Se  combattre  k  coups  de  fusil.  On  se  fusillait  à 
bout  portant. 

—  ETYM.  Fusil. 

]  FUSILLETTE  (fu-zi-lle-f ,  Il  mouillées)  ,  *.  f. 
Nom  donné  par  les  artificiers  à  des  fusées  de  8  et  12 
millimètres  de  diamètre,  et  à  des  serpenteaux  bro- 
chés, c'est-i-dire  chargés  sur  une  broche  comme 
les  fusées,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  ;«s^e. 

t  FUSIOLE  (fu-zi-o-r),  *.  f.  Genre  de  champi 
Bons  de  l'ordre  des  mucédinées. 
FUSION  (fu-zion;  eu  vers,  de  trois  syllabes),  s.  f. 


FUS 

Il  !•  Pa.ssage  d'un  corps  solide  à  l'état  liquide,  par 
l'aide  du  calorique.  Le  métal  entre  en  fusion.  Lors- 
que l'on  jette  la  mine  d'étain  au  fourneau  de  fu- 
sion, il  faut  tâcher  de  la  faire  fondre  le  plus  vite 
qu'il  est  possible  pour  empêcher  la  calcination  du 
métal,  BUFF.  Vin.  t.  v,  p,  (72,  dans  poiigrns.  La 
fusion  des  neiges  des  Alpes  occidentales  opérée 
instantanément  au  moment  des  soulèvements  de  la 
chaîne  principale,  fournet,  Xcad.  des  se.  Comptes 
rendus,  t.  Lv,  p.  866.  ||  Feu  de  fusion,  feu  de  ré- 
verbère. Il  Terme  de  chimie.  Fusion  aqueuse,  celle 
qu'éprouvent  les  sels  hydratés  qui  fondent  dans 
leur  eau  de  cristallisation  (nitre,  alun);  fusion 
ignée,  celle  qui  consiste  dans  la  fusion  de  la  ma- 
tière même  du  sel,  comme  le  nitre  après  la  fusion 
aqueuse.  ||  2°  Fig.  Mélange  intime,  réunion,  con- 
ciliation. La  fusion  de  deux  systèmes ,  8e  deux 
partis. 

—  ÉTYM.  Prov.  fusio;  esp.  fusion;  ital.  fusione; 
du  lat.  fusionem,  de  fusum,  supin  de  fundere, 
fondre. 

t  FUSIOîTNEMEÎfT  (fu-zio-ne-man),  s.  m.  Néo- 
logisme. Action  de  fusionner.  Le  fusionnement  de 
deux  partis.  Le  fusionnement  de  deux  compagnies 
de  chemins  de  fer. 

f  FUSIONNER  (fu-zio-né)  ,  t).  o.  Néologisme. 
Opérer  la  fusion  entre  des  compagnies,  des  partis, 
des  opinions.  ||  Y.  n.  Faire  fusion.  Ces  deux  com- 
pagnies ont  fusionné.  |{  Se  fusionner,  v.  réft.  Même 
sens. 

t  FUSIONNISTE  (fu-zio-ni-sf),  adj.  Néologisme. 
Qui  tient  à  un  système  de  fusir)n.  Politique  fusion- 
niste.  Ministère  fusionniste.  ||  Substantivement.  Les 
fusionnistes. 

—  ÊTY.M.  Fusion. 

FUSTE  (fu-sf),  s.  f.  Terme  de  marine  vieilli. 
Long  bâtiment  qui  va  à  voiles  et  à  rames. 

—  HIST.  xv  s.  Tout  prirent  ce  que  emporter  pu- 
rent, et  au  navire  [flotte]  qui  y  estoit,  c'est  à  savoir 
quatre  fustes,  deux  galées,  une  galiote  et  deux 
naves,  boutèrent  le  feu,  Boucic.  u,  I6.  ||  xvi'  s.  11 
ne  tiroit  pas  beaucoup  d'eau  comme  estant  fait  à  la 
mode  de  la  mer  de  Levant  en  fuste  et  à  trait  carré, 
d'aub.    Hist.  II,  30). 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  fusta,  merrain  et  aussi  fuste, 
de  fust  ou  fût  (voy.  fût). 

t  FUSTÉ,  ÉE  (fu-sté,  stée),  adj.  Terme  de  blason. 
Arbre  fusté,  arbre  dont  le  tronc  est  de  différentes 
couleurs;  lance  fustée,  lance  dont  le  bois  est  d'un 
autre  émail  que  le  fer. 

—  ÉTYM.  Fust,  fat  (voy.  fût). 

t  FUSTER  (fu-sté),  v.  n.  Terme  de  chasse.  Se  dit 
de  l'oiseau  qui  s'échappe  après  avoir  été  pris,  ou 
qui  évite  le  piège  qu'on  lui  a  tendu. 

FUSTET  (fu-stè  ;  le  î  ne  se  lie  pas  ;  au  pluriel, 
Ys  se  lie  :  les  fustets  et  leur  bois;  fustets  rime  avec 
paix,  accès,  traits),  s.  m.  Terme  de  botanique.  Es- 
pèce de  sumac  dont  le  bois,  jaunâtre  et  veiné,  sert 
en  médecine  et  pour  la  teinture  {rhus  cotinus,  L.) 
(famille  des  térébinthacées).  ||  On  a  dit  aussi  fustel. 
Le  fustel  qui  est  un  petit  bois  qui  vient  en  Pro- 
vence, Instr.  génér.  pour  la  teint,  ts  mars  (67), 
art.  316. 

—  HIST.  XIV"  s.  Fusteil,  DD  CANOË,  fustitus. 
Il  XVI*  s.  Une  charge  de  fustet,  m.  ib. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fust,  fût,  bois  (voy.  fût)  , 
proprement  petit  bois,  particularisé  à  signifier  une 
espèce  d'arbrisseau;  prov.  fustet;  esp.  et  port,  fu- 
stete. 

FUSTIGATION  (fu-sti-ga-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.  Action  de  fustiger.  Entre  ces  dé- 
fauts [de  certains  académiciens],  qui  sont  exempts, 
à  la  vérité,  do  la  corde  et  de  la  fustigation,  mais 
non  pas  des  coups  de  couverture....  fueetière, 
3*  factum,  t.  I,  p.  32b. 

—  HIST.  xvi'  s.  Fustigation,  onom,  Diet. 

—  ÉTYM.  Fustiger.. 

FUSTIGÉ,  ÉE  (fu-sti-jé,  jée),  part,  fots^  de  fus- 
tiger. Battu  d'un  fouet  ou  de  verges.  Un  esclave 
est  fustigé  dans  les  places  publiques,  s'il  joue  à  quel- 
que jeu  que  ce  soit,  s'il  ose  aller  à  la  chasse.... 
raynal,  Hist.  phil.  xiv,  as. 

FUSTIGER  (fu-sti-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
et  0  :  fustigeant,  fustigeons),  r.  a.  ||  1°  Battre  à 
coups  de  fouet.  Après  quoi,  ayant  reproché  aux 
prêtres  leur  stupidité,  il  [Cambyse]  les  fit  cruelle- 
ment fustiger,  rollin,  Uist.  anc.  Œuv.  t.  ii, 
p.  324,  dans  pouGENS.  On  lui  demanda  juridique- 
ment ce  qu'il  aimait  le  mieux  d'être  fustigé  trente- 
six  fois  par  tout  le  régiment,  ou  de  recevoir  à  la 
fois  douze  balles  de  plomb  dans  la  cervelle,  volt. 
Cand.  2.  La  déesse  en  fureur  le  dépouille  ie  ses 
habits   jusqu'à   la   ceinture  et  commande   1  son 


FUT 

porte-fouet  de  le  fustiger,  gilb.  le  Carnaval  ries 
auteurs.  ||  Fig.  Apparaissez,  plaisirs  de  mon  bel 
âge.  Que  d'un  coup  d'aile  a  fustigés  le  temps,  ïft- 
BANG.  Grenier.  ||  2*  Se  fustiger,  v.  réfl.  Se  donner 
des  coups  de  fouet. 

—  ÉTYM.  Prov.  fustigar;  esp.  et  port,  fustigai  ; 
du  lat.  fustigare,  de  justis ,  bâton,  et  le  sufiixa 
igare,  qui  signifie  mener,  manier,  et  qui  est  l'équi- 
valent de  agere.  On  disait  dans  l'ancien  françai» 
fuster,  battre  avec  un  bâton  :  xiii*  s.  Si  vint  li  pros- 
trés de  la  vile  F.tde  vilains  plus  de  deus  mile  Oui 
le  bâtirent  et  fusterent;  X  bien  petit  que  nel  tuè- 
rent,/(en.  Ht  19. 

t  FUSTINE  (fu-sti-n'),  *.  f  Terme  de  chimie. 
Principe  colorant  du  fustet. 

t  FUSTOC  ou  FUSTOK  (fu-stok),  t.  m.  Bois  jaune 
de  Cuba  qui  sert  à  la  teinture  et  aux  ouvrages  de 
tour  et  de  marqueterie. 

FÛT  (fù  ;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  1'*  se  lie  : 
des  fil-z  arrangés  dans  la  cave),  s.  m.  ||  1°  Bois  de 
haut  fût,  bois  élevé.  ||  Terme  de  vénerie.  La  prin- 
cipale branche  du  bois  d'un  cerf,  de  laquelle  sor- 
tent les  andouillers.  ||  2°  Le  bois  sur  lequel  est 
monté  le  canon  d'un  fusil,  d'un  pistolet.  ||  Par  ex- 
tension. Le  fût  d'un  rabot.  ||  3°  Terme  d'architec- 
ture. Le  corps  de  la  colonne  compris  entre  la  base 
et  le  chapiteau.  Fût  cannelé.  Fût  uni.  Puis  l'oeil  en- 
trevoyait dans  le  chaos  confus  Aqueducs,  escaliers, 
piliers  aux  larges  fûts,  v.  hugo.  Orient.  1. 1|  On  dit 
aussi  le  fût  d'un  candélabre.  ||  4°  Bois  qui  forme  le 
manche  de  la  raquette  et  qui  en  porte  les  cordes. 
Il  6°  Terme  de  marbrier.  Outil  en  fer  dans  lequel 
on  monte  des  mèches  de  différentes  grosseurs  pour 
percer  des  trous.  ||  6°  Terme  de  marine.  Assemblage 
de  petites  lattes  qui  forment  la  monture  de  la  gi- 
rouette. Il  7°  Baguette  d'un  archet  de  violon.  ||  Plan- 
chette sur  laquelle  s'attachent  les  cordes.  ||  Fût  de 
couteau,  instrument  dont  le  relieur  se  sert  pou. 
rogner  les  livres.  |1  8°  Tonneau  oii  l'on  met  le  \\u 
Acheter  de  vieux  fûts.  ||  Sentir  le  fût,  en  parlant  du 
vin,  avoir  un  mauvais  goût  pris  dans  le  tonneau.  Je 
ne  comprends  pas  par  quelle  fantaisie  je  vous  de- 
mandais cette  inutilité;  je  crois  que  c'était  dans  le 
transport  de  la  reconnaissance  de  ce  bon  vin  qui 
sent  le  fût,  sÉv.  282.  ||  9°  Cylindre  creux  sur  le- 
quel sont  montées  les  peaux  d'un  tambour.  |{  Buf- 
fet d'orgue.  ||  Carcasse  d'une  malle.  ||  10°  Fût  de  gi- 
rofle, petit  bouton  tendre,  qui  se  trouve  au  milieu 
de  la  tête  du  clou  de  girofle. 

—  HIST.  XI*  s.  Al  cors  [il]  li  met  et  le  fer  et  le 
fust,  Ch.  de  Roi.  cxix.  Bien  le  bâtirent  à  fuz  et  à 
basions,  ib.  cxxxv.  [Ils]  Tranchent  les  cuirs  et  les 
fuz  (des  écus]  qui  sunt  doubles,  ib.  cclxi.  Va,  les 
pend  tous  à  l'arbre  de  mal  fust,  ib.  ccxc.  Il  xii*  s.  E 
il  fud  cume  li  petiz  vermes  ki  le  dur  fust  [bois] 
perced  [perce],  Rois,  p.  2 H .  Le  fust  qued  est  plantet 
dejuste  les  decurs  des  ewes,  Liber  psalm.  p.  t. 
'I  xiu*  s.  Lors  s'esloeceront  [se  réjouiront]  tuit  li 
fust  des  selves  contre  la  face  de  Nostre  Seigneur, 
Psautier,  f°  t)6.  Quant  il  [le  chèvrefeuille]  est  si 
laciez  e  pris  E  tut  entur  le  fust  [arbre]  s'est  mis, 
Ensemble  poient  bien  durer,  marie.  Chèvrefeuille. 
Et  n'i  avoit  si  haute  tour  qu'il  n'i  feissent  deus  es- 
tages  ou  trois  de  fust  pour  plus  haussier,  vn.LF.H. 
CI.  Il  XIV*  s.  Et  semblablement  font  ceulx  qui  veulent 
drecier  les  fusts  ou  les  basions  qui  sont  tors  et  bois- 
teux,  ORESMK,  Eth.  54.  [Il]  Fist  dresser  les  vaisseaux 
de  vin  en  lor  estant.  Et  le  fust  defonsser;  et  vont 
le  vin  puisant  Les  famés,  les  variés,  qui  no  gnnt 
vont  servant,  Guescl.  v.  20i:i6.  Une  boitellete  d'or 
en  la  quelle  a  du  fust  de  la  vraie  )rois,  Bibl.  des 
chartes,  4*  série,  t.  v,  p.  I8i.  Le  pont  de  fust  de 
l'isle  Nostre  Pi.-ne,  nr.  laborde,  ^maux,  p.  326. 
Il  XV*  s.  Et  adonc  ordonnèrent  que  les  trois  capi- 
taines seroient  atout  soixante  fusts  de  lance,  Mons- 
tbel.  liv.  2.  X  tels  chanteurs  respondez  courte 
messe  ;  Du  fust  qu'ils  font,  rendez  leur  le  merien 
[rendez-leur  bois  pour  bois,  ce  que  nous  dirions 
rendez-leur  la  monnaie  de  leur  pièce] ,  E.  desCii. 
Poésies  mss.  (°  225.  Et  dist  qu'uns  naistroit  de 
femme....  Lequel  Dieu  et  homme  seroit.  Mort  et 
passion  souffreroit  En  un  fust  dont  l'en  feroit  croix... 
La  naliviti  de  J.  C.  Mystère.  ||  xvi*  s  La  France 
n'avoit  qui  peust,  Que  toy,  remonter  de  cordes  De 
la  lyre  le  vieil  fust,  nu  bellat,  il,  BO,  recto.  Àulner 

fust  à  fust,  COTGRAVE. 

—  ÊTYM.  Génev.  une  fuste,  un  tonneau  ;  prov. 
fust,  bois,  arbre,  fusta,  poutre;  esp.  et  port,  fuste; 
it.il.  fusIo;  du  lat.  fustis ,  bâton,  bois,  pour  lequel 
vov.  à  l'étymologie  de  fétu. 

FUTAIE  (fu-tê),  s.  /■.  ||1*  Bois,  forêt  de  grands 
arbres.  Il  y  a  là  une  forêt  de  haute  futaie  arrosée 
d'une  infinité  de  ruisseaux,  v*i  gel.  Q.  C.  vi,  4.  l.a 


FUT 

plus  utile  de  ces  ordonnaucea  est  celle  qui  établit 
dans  les  bois  des  ecclésiastiques  et  gens  de  main- 
morte la  réserve  du  quart  pour  croître  en  futaie  ; 
elle  est  ancienne  et  a  été  donnée  pour  la  première 
fois  et  <57ï,  BUFF.  llist.  nat.  Inlrod.  part.  exp. 
CF.uv.  t.  vin,  p.  362,  dans  polgens.  On  voyait  par 
moments  errer  dans  la  futaie  De  beaux  cerfs  qui 
semblaient  ...  v.  hugo,  Voix,  ta.  ||  Fig.  Je  ne  suis 
plus  que  le  dernier  arbre  d'une  vieille  futaie  tom- 
bée, ciiATEAUBR.  Natch.  2»  partie,  t"  moitié.  ||  2°  Un 
bois  de  quarante  ans  se  nomme  futaie  sur  taillis  ; 
entre  quarante  et  soixante ,  demi-futaie  ;  entre 
soi.xante  et  cent  vingt,  jeune  haute  futaie;  de  cent 
vingt  à  deux  cent,  haute  futaie;  au-dessus  de  deux 
cents  ans,  haute  futaie  sur  le  retour.  ||  D'autres 
disent:  jeune  futaie,  depuis  80  ans  jusqu'à  <20; 
haute  futaie  depuis  cet  âge  jusqu'au  dépérissement 
qu'on  désigne  par  le  mot  de  vieille  futaie.  ||  3°  Bois 
venu  par  graine.  ||  4°  Mode  d'exploitation  d'une 
forêt,  où  l'on  laisse  les  arbres  arriver  à  une  lon- 
gue croissance;  il  e.st  opposé  à  taillis.  ||  Futaie  de 
brins,  les  semis  qu'on  laisse  croître  en  futaie.  ||  Re- 
venu de  futaie,  jeune  futaie  qui  s'élève  en  place  de 
celle  qu'on  a  abattue.  ||  Futaie  sur  souche,  le  bois 
ou  le  taillis  qui  repousse  de  souches. 

—  REM.  Futaie,  dérivé  de  fût,  n'a  point  reçu 
d'accent  de  l'Académie,  bien  qu'il  y  en  ait  un  sur 
allait,  affûter,  etc.  Même  remarque  pour  futaille  et 
futé. 

—  HlST.  XIV*  s.  Faut  querre  le  chevreul  à  ron- 
gier  fruminer]  vers  les  cleres  fustoies,  Modus,  f° 
xxix,  verso.  Es  cleres  fustayes  et  en  aultre  pays 
cler,  ib.  f  xi.  ||  xvi"  s.  Bois  est  réputé  haute-futaie, 
quand  on  a  demeuré  trente  ans  sans  le  couper,  loy- 
SEL,  258.  Il  est  permis  à  l'usufruitier  découper,  en 
son  temps,  toute  sorte  des  arbres  légères  comme 
sapins,  aulnes,  peupliers....  et  bois  de  basse  fustaye 
ou  autres  de  bois  dur,  comme  chesnes,  faus,  ormes, 
Nouv.  coust.  gén.  t.  i,  p.  1254. 

—  ÉTYM.  Fût,  dans  le  sens  de  bois,  avec  la  finale 
collective  aie,  qui  représente  le  suffixe  latin  elum, 
par  exemple  :  salicetum,  saussaie,  etc.  L'orthogra- 
phe ancienne,  qui  est  constamment  par  une  s,  écarte 
l'étymologie  de  fou,  fouteau,  hêtre. 

FUTAILLE  (fu-tâ-U', M  mouillées,  etnon  fu-tâ-ye), 
I.  f.  Il  1°  Tonneau  pour  le  vin,  le  cidre,  etc.  Fu- 
taille vide.  On  ne  met  jamais  de  vin  nouveau  dans 
de  vieilles  futailles,  volt.  Mœurs,  Préj.  ||  Double 
futaille,  futaille  renfermée  dans  une  autre.  ||  Fu- 
taille montée,  celle  qui  est  reliée  et  qui  a  ses  cer- 
ceaux, ses  fonds  et  ses  barres.  Futaille  en  bottes, 
celle  dont  les  douves  sont  toutes  préparées  et  à  la- 
quelle il  ne  re.ste  plus  qu'à  mettre  les  cerceaux.  ||  Se 
dit  aussi  de  vaisseaux  à  mettre  des  boulets  et  au- 
tres munitions.  |1  2°  Terme  collectif.  Grande  quan- 
tité de  tonneaux.  Voilà  bien  de  la  futaille. 

—  REM.  Voy.  la  remarque  pour  futaie. 

—  HIST.  xm*  s.  Quiconques  veut  estre  escuelliers 
à  Paris,  c'est  à  savoir  venderes  de  auges,  fourches, 
pelés,  beesches,  pesteuz  [pilons]  et  toute  autre 
fustaille,  estre  le  puet  franchement,  Liv.  des  met. 
(12.  Il  XV"  s.  Onques  ne  vi  plus  grant  ordure  Oue  de 
mangier  en  ces  plateaux  De  fustaille,  où  chascuns, 
com  veaux,  A  sa  barbe  et  sa  main  brouillie,  E.  desch. 
Po/sies  mss.  f"  360.  S'embesoignant  de  nos  fu- 
tailles. Dieu  a  féru  ces  enraigiés;  Et  la  dernière 
des  batailles  Par  leur  trespas  nous  a  vengiés,  bas- 
selin  ,  Appendice,  m.  ||  xvi*  s.  Des  barricades, 
non  pas  de  pippes  ny  d'aultre  fustaille,  mais  de 
massonnerie,  carloix,  vii,  15. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  fustalia,  adjectif  pluriel  neutre 
de  fustalis,  dérivé  de  fustis,  bois,  proprement  les 
choses  en  bois,  mis  au  singulier  comme  plusieurs 
neutres  pluriels,  mirabilia,  merveille,  biblia,  la 
Bible,  etc. 

i  FUTAILLER  (fu-ti-llé ,  !i  mouillées),  s.  m.  An- 
cien synonyme  de  tonnelier.  Autre  requête  d'inter- 
vention des  gardes  et  communauté  des  maîtres 
futaillers,  tourneurs,  cornetiers  et  boisseliers  de  la 
ville  de  Rouen,  Arr^<  du  comeii,  sojuill.  I7a8. 

—  HIST.  xv  s.  Unleurvoisin  fustailler,quimenoit 
vendre  plusieurs  fustailles,  du  cange,  fusialtia. 

—  ÉTYM.  Futaille. 

t  FCTAILLERIE  (fu-tâ-lle-rie.  Il  mouillées),  s.  f. 
Tout  bois  propre  à  faire  des  futailles.  Futaillerios 
de  bois  venant  de  Saint-Claude,  de  toutes  sortes,  le 
cent  payera  20  sous,  Tarif,  (S  sept.  (664. 

—  HIST.  xv  s.  Pour  vendre  plusieurs  denrées  de 
fustaillerie,  du  cange,  fustallia. 

—  ÉTYM.  Futaille. 

FUTAINE  (fu-tê-n'),  s.  f.  Étoffe  de  fil  et  de  coton. 
Une  camisole  de  futaine.  Futaines  à  poil  :  chaîne, 
clianvre  ou  lin;  trame,  coton,  Tableau  annexé  aux 


FUT 

lettres  pat.  30  sept.  (780.  ||  Courir  la  futaine,  se  di 
sait  pour  mener  une  vie  oisive,  vagabonde,  passer 
le  temps  en  promenades  inutiles. 

—  HIST.  XIII'  s.  S'ot  vestu  un  rouge  fustaingne, 
Mes  que  par  leus  [endroits)  ert  detrouez,  Ren. 
7820.  Il  xv  s.  Et  si  dira  pa  femme]  encor  :  je  vueil 
Une  fustaine,  moiiseigneur,  Et  me  faut  un  mantel 

I  greigneur  Que  je  n'ay,  à  droit  fons  de  cuve,  e. 
desch.  Miroir  du  mariage.  \\  xvi*  s.  Fustaine  ou 
bombasin  et  toutes  autres  choses  faites  de  coton, 
ROB.  EST.  Dict. 

—  ÉTYM.  Picard,  fiislane,  futane;  prov.  fustani; 
espagn.  fustan;  portug.  fustâo;  ital.  fustagno;  de 
Foiichtdn,  nom  d'un  faubourg  du  Caire  d'où  on  ap- 
portait cette  ôtofle. 

t  FUTAINIER  (fu-tc-nié),  s.  m.  Terme  ancien. 
Fabricant  de  futaine.  Les  peluches  composées  de 
poil  de  chèvre  et  laine  ne  pourront  être  fabriquées 
que  par  les  veloutiers  ou  faiseurs  de  velours,  et 
celles  composées  de  poils  de  chèvre  et  de  fil,  par  les 
seuls  futainiers.  Arrêt  du  conseil,  I6  janv.  (747. 

[  FCTÉ,  ÉE  (fu-té,  tée),^ad;.  ||  1°  Au  sens  propre, 
usité  seulement  en  termes  de  blason:  muni  d'un  fût. 
Javeline  ou  autre  arme  futée,  javeline,  arme  dont 
le  fer  et  le  bois  sont  de  deux  émaux  différents. 
Il  2°  Fig.  Harassé  comme  qui  a  reçu  des  coups  de 
fût,  de  bâton  (sens  hors  d'usage  aujourd'hui).  Ils 
accusent  les  grands,  le  ciel  et  la  fortune.  Qui,  futés 
de  leurs  vers,  en  sont  si  rebattus....  Régnier,  Sat. 
XIV.  Il  3°  Fig.  Oui  a  de  l'expérience,  de  la  ruse, 
comme  celui  qui  a  été  battu  et  rebattu  d'une  chose. 
Le  monde  de  Madrid  est  plus  futé  qu'ici,  th.  corn. 
D.  Bertrand  de  Cigaral,  iv,  2.  Votre  cœur  est,  mon- 
sieur, toujours  insatiable;  Ces  inspirations  viennent 
souvent  du  diable  ;  Je  vous  en  avertis,  c'est  un  futé 
matois,  regnard,  Joueur,  m,  (3.  Vous  êtes  une  fu- 
tée commère  pour  une  Compiégnoise,  dancoubt, 
Curieux,  6.  Les  oiseaux  s'avancent  en  dandinant 
vers  le  futé  quadrupède  [le  renard] ,  qui  affecte  au- 
tant de  bêtise  qu'ils  en  montrent,  CHATEAUBR.ji m^r. 
Renard. 

i     —  REM.  Voy.  la  remarque  pour  futaie. 

—  HIST.  xiv*  s.  As  oï  com  Girars  contre  toi  gronce 
et  parle!  Tu  es  li  plusfustetz,  li  plus  deshonorés.  Se 
cilz  or  vilz  [sans  doute  orz  vils,  ord  et  vil,  sale  et 
vil]  Bourgoins  [Bourguignon]  n'est  par  toi  acorésl 
Girart  de  Ro$.  v.  724. 

—  ÉTYM.  Berry,  fûteux,  se  dit  d'un  chasseur  ha- 
bile. Futé,  en  Normandie,  se  dit  d'un  corps  poli 
terni  par  un  souflle,  par  une  fumée  :  les  carreaux 
sont  futés,  on  ne  saurait  voir  à  travers;  à  Dives 
[Calvados],  futé,  rassasié  :  je  n'ai  jamais  été  futé 
d'huîtres.  Le  sens  propre  de  futé  est  battu,  du  verbe 
fuster,  qui,  très-employé,  signifiait  battre,  placer  à 
l'affût,  fouiller,  piller.  De  battu  il  a  passé  au  sens 
de  rebattu,  las,  fatigué,  ennuyé;  enfin,  de  rebattu, 
il  en  est  venu  à  signifier  qui  a  de  l'expérience,  ha- 
bile, rusé.  On  a  quelque  chose  de  semblable  dans 

,  les  acceptions  de  roué. 

FUTÉE  (fu-tée),  s.  f.  Espèce  de  mastic  composé 
de  sciure  de  bois  et  de  colle  forte,  qui  sert  à  rem- 
plir les  fentes  et  les  trous  du  bois. 

—  ÉTYM.  Fût. 

'  F-UT-FA.  Ancien  terme  de  musique  par  lequel 
on  désignait  le  ton  de  fa.  Cet  air  est  en  f-ut-fa. 

f  fOtiER  (fù-tié),  s.  m.  Ouvrier  qui  assemble 
les  ais  des  malles,  des  coffres,  etc. 

—  ÉTYM.  Fût. 

FUTILE  (fu-ti-l') ,  adj.  Qui  est  de  peu  de  consé- 
quence, de  peu  de  valeur.  Un  talent  futile.  Raisons 
futiles.  Tous  ces  discours  qu'ils  [les  philosophes] 
ont  fondés  surcefauxprincipe  sont  si  futiles....  pasg. 
Lelt.  à  Mme  Perier,  (7  oct.  (651.  Ce  papillon  lui- 
même,  à  nos  yeux  si  futile.  Qui  sait  si  de  .son  vol 
l'erreur  n'est  pas  utile?  Peut-être,  en  son  essor  vif 
et  capricieux,  Il  hâte  en  se  jouant  le  grand  œuvre 
des  cieux  [la  fécondation  des   plantes   dioïquesj, 

DELiLLE,    Trois  règnes,  VI Ëtait-ce  donc  à  des 

honneurs  futiles,  Romains,  que  se  bornaient  les 
vœux  de  votre  ami?  Arnaud,  Germanie,  v,  7.  ||I1 
se  dit  aussi  dos  personnes.  Un  homme  futile. 
Quelques  futiles  petits -maîtres  qui  pensent  ridi- 
culiser toute  vertu  par  une  plaisanterie,  volt.  Don 
Pédr.  Êpit.  dédie.  Ces  lecteurs  futiles  qui  con- 
fondent la  plaisanterie  avec  l'évidence ,  dider. 
Claude  et  Nér.  ii,  6. 

—  ÉTYM.  Lat.  futilis,  dont  le  sens  propre  est  : 
qui  laisse  échapper,  par  exemple  dans  vasa  futilia, 
et  qui  vient  de  futire,  laisser  échapper.  Futire 
tient  probablement  à  fundere.  verser. 

FUTILITÉ  (fu-ti-li-té),  s,  f.  ||  1°  Caractère  de  ce 
est   futile.    La     futilité    d'un    raisonnement. 


FUT 


1807 


qui 


2°  Chose  futile.  S'attacher  à  des  futilités.  De  cette 


indigne  classe  où  uous  rangent  les  hommes  De 
borner  nos  talents  à  des  futilités,  mol.  F.  sav.  lu, 
2.  On  parle  à  Paris  et  on  ne  pense  guère;  la  jour- 
née se  passe  en  futilités,  on  ne  vit  point  pour  soi, 

I  on  y  meurt  oublié  sans  avoir  vécu,  volt.  lett.  Ci- 

:  deville,  4  févr.  (705. 

—  ÉTYM.  Lat.  futilitatem,  de  futilis,  futile. 

!  FUTUR,  URE  (fu-tur,  tu-r'),  adj.  ||  1°  Qui  sera.  Le 
temps  futur.  Que  direz-vous,  races  futures.  Si 
quelquefois  un  vrai  discours  Vous  récite  les  aven- 
tures De  nos  abominables  jours?  malii.  ii,  4.  Grâces 
aux  immortels ,  l'effort  de  mon  courage  Et  ma 
grandeur  future  ont  mis  Rome  en  ombrage,  corn. 
Nicom.  II,  3.  Le  passé  n'a  point  vu  d'éternelles 
amours,  Et  les  siècles  futurs  n'en  doivent  point  at- 
tendre, ST-ÉVHEMOND,  dans  HicuELET.  Et  déjà  vous 
croyez  dans  vos  rimes  obscures  Aux  Saumaises  fu- 
turs préparer  des  tortures,  boil.  Sat.  ix.  Que  de 
Britannicus  la  disgrâce  future  Des  amis  de  son 
père  excita  le  murmure,  rac.  Brit.  iv,  2.  Et  ton 
nom  paraîtra  dans  la  race  future  Aux  plus  cruels 
tyrans  une  cruelle  injure,  m.  ib.  v,  6.  ||  Choses  fu- 
tures, tout  ce  qui  peut  arriver.  L'homme  est  assu- 
rément trop  infirme  pour  pouvoir  juger  sainement 
de  la  suite  des  choses  futures,  pasc.  Lett.  d  Mme 
Périer,  (7  oct.  (65(.  ||  Ancien  terme  de  chancelle- 
rie. Examen  à  futur,  enquête  qui  se  faisait  en 
vertu  de  lettres  de  chancellerie.  ||  2°  Terme  de  pra- 
tique. Le  futur  mariage,  le  mariage  dont  on  dresse 
le  contrat.  ||  On  dit  également  :  le;  futurs  époux, 
les  futurs  conjoints,  les  deux  personnes  qui  con- 
tractent ensemble  pour  se  marier  ensuite.  ||  On  dit 
de  même  :  le  futur  époux,  la  future  épouse,  son 
futur  époux,  sa  future  épouse,  etc.  {|  Substantive- 
ment, les  futurs,  le  futur,  la  future.  Mettez-vous 
donc  d'accord,  et  d'un  jugement  mûr  Voyez  à  con- 
venir entre  vous  du  futur,  mol.  F.  sav.  v,  3.  Sa 
sœur,  votre  future,  et  qui,  par  parenthèse.  Vous 
donnera  tout  lieu  d'enrager  à  votre  aise,  df.stoo- 
CHBS,  Phil.  mar.  i,  2.  Oui,  cousine,  oui,  maîtresse; 
oui,  charmante  future,  et  tout  ce  qui  m'est  le  plus 
cher  dans  le  monde,  Marivaux,  Pays.  parv.  2"  part. 
Il  On  dit  aussi  dans  le  langage  ordinaire  :  son 
gendre  futur;  son  beau-père  futur;  sa  belle-mère 
future,  etc.  Ton  beau-père  futur  vide  son  coffre- 
fort,  boil.  Sat.  X.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Épou- 
ser par  paroles  de  futur,  se  dit  pour  fiancer  ;  à  la 
différence  d'épouser  par  paroles  de  présent.  I|  3°  S. 
m.  Ce  qui  sera.  Il  y  en  a  qui  ne  prennent  rien  à 
cœur,  qui  se  donnent  à  qui  est  présent  et  n'ont  du 
futur  aucune  inquiétude,  boss.  Pensées  détachées,  ( . 
Ce  qui  passe  a  été  et  sera,  et  passe  du  prétérit  au 
futur  par  un  présent  imperceptible  qu'on  ne  peut 
jamais  assigner,  fén.  Exist.  ii,  2,  Éternité.  Son 
dédain  [de  la  duchesse  d'Oriéans]  ferma  son  esprit 
à  toute  vue  d'un  futur  que  l'âge  et  la  santé  du  roi 
montraient  fo'rt  éloigné,  st-sim.  270,  (42.  Je  ne 
viens  point  traîner  dans  vos  riants  asiles  Les  re- 
grets du  passé,  les  songes  du  futur,  lamabt.  Méd. 
II,  (6.114°  Terme  de  grammaire.  Temps  du  verbe 
qui  exprime  une  action,  un  état  qui  seront.  Le  pré- 
sent, le  passé  et  le  futur.  Futur  actif.  Futur  passif. 
Le  futur  du  participe,  ou,  adjectivement,  le  parti- 
cipe futur.  Il  Futur  simp'-{,  futur  formé  par  la  seule 
terminaison.  Amabo  eii  latin,  aimerai  en  fiançais 
sont  des  futurs  simples.  ||  Futur  composé,  futur 
formé  avec  un  verbe  auxiliaire  ^îomme  je  dois 
partir.  En  grec  moderne,  en  allemand,  en  anglais, 
le  futur  est  composé.  ||  Futur  antérieur,  ou  futur 
passé,  temps  qui  exprime  une  action  à  venir  qui 
doit  précéder  une  autre  action  également  à  venir, 
par  exemple  :  J'aurai  fini  quand  il  arrivera.  ||  Futtir 
prochain,  celui  qui  exprime  une  action  future,  mais 
très-voisine  :  Je  vais  sortir.  H  Terme  de  grammaire 
latine.  Futur  périphrastique,  temps  composé  avec 
le  participe  futur  en  rus  ou  en  dus  et  le  verbe 
sum.  Il  Paulo-post-futur,  voy.  ce  mot  à  son  rang. 
Il  B°  Terme  de  logique.  Futur  contingent,  ce  qui 
peut  arriver  ou  n'arriver  pas.  Il  parle  de  tout  ce 
qu'on  aurait  pu  faire,  de  tout  ce  qui  pourrait  ar- 
river; c'est  le  recueil  des  futurs  contingent»,  volt. 
Mél.  hist.  Exam.  du  test.  d'Albércmi. 

—  SYN.  FUTUR,  AVENIR.  Le  futur  est  ce  qui  sera; 
l'avenir  est  ce  qui  adviendra.  Ces  deux  sens  se 
confondent  dans  l'usage  presque  toujours  :  les 
siècles  à  venir  ou  les  siècles  futurs  ne  présentent 
pas  d'autre  nuance  que  celle  qui  est  dans  la 
notion  même  d'être  ou  de  venir.  Il  n'y  a  que 
dans  la  langue  du  droit  où.  futur  ne  peut  être  rem- 
placé par  à  venir  :  les  futurs  conjoints.  On  dirait 
cependant  l'héritier  à  venir  aussi  bien  que  le  futur 
héritier. 

—  HlST.  xiu"  S.  Une  feme  esposa  un  home  par 


1808 


FUY 


futur;  elle  oit  dire  que  il  estoit  trop  crue!  et  par 
devant  un  hermite  fist  vœu....  Liv.  de  just.  193. 
N'onc  prétérit  présent  n'i  fu;  Et  si  vous  redi  que 
li  fu-  Turs  n'i  aura  jamfcs  présence,  Tant  est  d'es- 
Ublo  permanence,  la  Rose,  20222.  ||xvi'  s.  Com- 
pete  à  nostre  cour  seule  d'accorder  commissions 
d'enquestcs  à  futur  avant  procès,  Coust.  gin.  t.  11, 
p.  47.  X  nostre  mode  ce  n'dst  jamais  fait  (la  re- 
connaissance pour  les  dons];  le  receu  ne  se  met 
plus  en  compte  ;  on  n'aime  la  libéralité  que  future, 

MONT.  IV,  <o. 

—  ÉTVM.  Prov.  futur;  esp.  et  ital.  future;  du 
latin  futurus,  participe  du  radical  qui  est  dans 
fui,  je  fus  (voy.  fus). 

FUTCRITION  (fu-tu-ri-sion),  s.  f.  Terme  didac- 
tique. Qualité  d'une  chose  en  tant  que  future.  Ce 
qui  n'a  aucune  possibilité  n'a  aucune  futurition,  fkn. 
t.  III,  p.  33.  Un  animal  qui  n'a  jamais  vu  d'hiver 
peut-il  en  pressentir,  au  milieu  de  l'été,  la  futuri- 
tion? BONNET,  Contempl.  nat.  xii,  38.  La  futurition 
des  choses,  la  préordination  des  événements,  la 
prescience  de  Dieu  ne  touchent  point  à  notre  li- 
berté ,  DiDER.  Opin.  des  anc.  phil.  {leibnitzia- 
nisme) . 

—  ÉTYM.  Futur. 

FUYANT,  ANTE  (fui-ian,  ian-f),  adj.  ||  1°  Qui 
fuit.  Le  bruit  des  cors,  celui  des  voix  N'a  donné  nul 
relâche  à  la  fuyante  proie,  la  font.  Fabl.  x,    1. 


FUY 

Il  Kig.  et  poétiquement.  Adieu,  monde  fuyant,  na- 
ture., humanité,  Vaine  forme  de  l'être,  ombre  d'un 
météore,  Nous  te  connaissons  trop  pour  nous  trom- 
per encore,  lamart.  Ilarm.  iv,  it.  \\  2°  Terme  de 
peinture.  Qui  paraît  s'enfoncer  sur  l'arrière-plan 
d'un  tiibleau.  Il  faut  savoir  placer  la  perspective 
linéaire  des  plans  do  la  terre,  et  détacher  sur  les 
parties  fuyantes  les  nuages,  si  différents  aux  diffé- 
rentes heures  du  jour,  chateaubb.  Dessin.  Rien 
n'est  comparable  pour  la  beauté  aux  lignes  de 
l'horizon  romain,  aux  contours  suaves  et  fuyants 
qui  le  terminent,  id.  Italie,  LeU.  à  U.  de  Fontanes. 
Il  Échelle  fuyante,  décroissement  graduel  des  objets 
en  raison  de  la  perspective.  Il  Substantivement.  Le 
fuyant  d'un  corps.  Les  fuyamts  d'un  tableau.  On 
aperçoit,  à  la  vérité,  quelque  idée  de  la  diminu- 
tion perspective  et  du  fuyant  des  objets,  raynal, 
Histoire  philos,  v,  29.  ||  3°  Front  fuyant,  front  dé- 
primé en  avant  et  incliné  en  arriére. 

—  ÉTYM.  C'est  le  participe  présent  de  fuir,  resté 
variable  comme  adjectif  verbal.  Autrefois  tous  les 
participes  présents  étaient  variables,  et  Voltaire  a 
suivi  cette  ancienne  règle,  quand  il  a  écrit  :  Cathe- 
rine II  poursuit  les  Turcs  fuyants  devant  ses  ar- 
mées, VOLT.  Mœurs,  Scythes. 

FUYARD ,  ARDE  (fui-iar,  iar-d'),  adj.  Qui  a 
coutume  de  s'enfuir.  Troupes  fuyardes.  Ils  [les  cas- 
tors] deviennent  fuyards,  leur  génie   flétri    par  la 


FUY 

crainte  ne  s'épanouit  plus,  ils  s'enfouissent  eux  ei 
tous  leurs  talents  dans  un  terrier,  bukf.  Quadrup. 
t.  III,  p.  62,  danspouGENS.  Il  Pigeon  fuyard,  pigeon 
qui  est  dans  un  colombier  à  pied  et  qui  ne  s'ar- 
rête pas  dans  les  volières  et  basses-cours.  ||  Terirn 
de  fauconnerie.  Oiseau  fuyard,  oiseau  qui  ravit  si 
proie  et  la  détourne.  ||  Substantivement.  Il  voit 
quelques  fuyards  sauter  dans  une  barque,  con.. 
l'omp.  v,  3.  Il  eut  d'abord  à  s'avancer  sur  un'! 
route  glissante  ,  encombrée  de  bagages  et  d" 
fuyards,  contre  un  vent  violent  soufflant  en  face 
et  au  travers  d'une  nuit  obscure  et  glaciale,  ségub, 
llisl.  de  Nap.  xi,  7.  L'armée  était  dans  un  dernier 
état  de  détresse  physique  et  morale  quand  les  pre- 
miers fuyards  atteignirent  Vilna,  id.  1/1.  xn,  3.  ||  Il 
se  disait  autrefois  d'un  homme  qui  évitait  de  tirer 
à  la  milice.  Quand  un  fuyard  était  arrêté,  il  était 
milicien  de  plein  droit.  ||  Fig.  Celui  qui  échappe  à 
quelque  engagement.  Ahl  comme  vous  voudrei, 
reprit-il  là-dessus;  mais  je  regrette  le  fuyard  ; 
il  valait  mieux  pour  vous  puisqu'il  était  riche, 
MARiv.  Pays.  part).  4'  part. 

—  HIST.  ïvi*  s Quand  à  l'emblée  il  avoit  eu 

d'elle  quelque  fuyarde  œillade,  yver,  p.  544.  Les 
fuiards,  d'aub.  Hist.  i,  296,  Sur  le  delogement 
fuyard  du  prince  d'Oranges,  carloix,  i,  7. 

—  ÉTYM.  Fuir,  avec  la  finale  ard  qui   indique 
l'habitude. 


G 


GAB 


GAB 


GAB 


G  (je),  s.  m.  La  septième  lettre  de  l'alphabet  et  la 
cinquième  consonne.  ||  Le  son  propre  de  cette 
lettre  est  guttural  devant  les  voyelles  fortes,  a, 
0,  u  :  galerie,  gosier,  guttural,  et  il  se  conserve 
à  la  fin  des  mots  quand  on  le  prononce  :  Agag, 
whig,  et  devant  une  autre  consonne  :  Bagdad,  règle, 
aigrir.  Cutre  ce  son  propre,  le  3  a  un  son  dérivé, 
chuintant,  tel  que  celui  du  j  devant  les  voyelles 
ftiibies  e,  t,  y:  gîte,  gésier,  gynécée.  ||  Quand  il 
faut,  devant  Ve,  l't,  l'i/,  que  g  ait  le  son  qui  lui  est 
propre,  on  le  fait  suivre  d'un  u  :  guider,  guenon. 
Au  contraire,  quand  on  veut,  devant  a,  0,  u,  lui 
donner  le  son  chuintant,  on  le  fait  suivre  d'un  e 
muet  :  geai,  geôle,  gageure,  prononcés  jai,  jôle,  ga- 
jure.  Ij  Gn  a  un  son  particulier  qui  ne  peut-être  fi- 
guré et  qui  doit  être  per^u  par  l'oredlle  :  magna- 
nime, ignorant,  etc.;  ce  son  est  le  même  que 
pour  le  gn  italien  et  le  n  espagnol;  bien- qu'il 
soit  figuré  par  deux  caractères,  c'est  pourtant  une 
articulation  simple  et  qui  pourrait  être  repré- 
sentée par  un  seul  caractère.  ||  Gn,  dans  quelques 
mots  venus  du  grec  ou  du  latin,  garde  la  pronon- 
ciation qui  appartient  à  chacune  des  deux  lettres  : 
gnostique ,  igné.  ||  G  final,  précédé  d'une  nasale, 
est  muet  :  long,  rang;  mais,  suivi  d'un  mot  com- 
mençant par  une  voyelle  ou  une  h  muette,  il  de- 
vient sonore,  et  se  prononce  d'ordinaire  comme 
un  fc  :  de  rang  en  rang,  un  long  hiver;  non  sans 
exception  pourtant  ;  car  g  final  est  muet,  même  de- 
vant une  voyeUe,  dans  certains  mots:  seing,  étang. 
Il  G,  en  chimie,  signifie  glycinium.  ||  Terme  de 
musique.  G-ré-sol ,  pour  so!-si-rc-sol ,  indique  le 
ton  de  sol,  dans  l'ancienne  solmisation  française. 
Il  indique  le  sol  dans  la  solmisation  allemande  et 
anglaise.  ||  G  ,  sur  les  anciennes  monnaies  de 
France,  est  la  marque  de  la  monnaie  frappée  à 
Poitiers. 

—  HIST.  xiii*  s.  Plus  que  nule  letre  que  j'oie. 
Signifie  G  la  goie  [joie]  Qui  par  feme  revient  au 
monde,  Senefiance  de  l'ABC,  dans  jubinal,  t.  11, 

p.  278. 

—  ÉTYM.  G  latin,  f,  gamma  grec,  qui  vient  du 
g  phénicien,  nommé  gimel,  proprement  le  cou  du 
chameau  ;  ainsi  dit  de  sa  forme. 

t  GABAN  (ga-ban),  s.  m.  Ancienne  forme  du  mot 
caban. 

GABARE  îga-ba-r') ,  s.  /".  ||  1"  Embarcation  à  voiles 
et  à  rame»  qui  sert  à  charger  et  à  décharger  les 
hfttimcnts,  etc.  Défenses  aux  maîtres  et  patrons  de 
gabares  ou  bateaux  lesleurs,  de  travailler  au  lestage 
ou  délestage  d'aucun  vaisseau  pendant  la  nuit, 
Ordonn.  août  <«8i.  ||  Vaisseau  pour  transporter  le 


sel.  Il  Sorte  de  bâtiment  de  pêcheur.  ||  2°  Dans  la 
marine  de  guerre,  bâtiment  de  charge  et  de  trans- 
port. Il  3°  Gros  bateau  qui  navigue  sur  les  riviires. 
Il  4°  Terme  de  pêche.  Filet,  sorte  de  grande 
seine. 

—  HIST.  xiV  S.  Mises  et  dépenses  pour  assembler 
plusieurs  nefs,  gabarres  et  autres  choses  nécessaires 
aus  pons  et  passages  sur  la  rivière  de  Garonne, 
un  GANGE,  gabbarus.  \\  ivi'  s.  X  combles  barques  et 
pleines  gabarres  luy  feurent  en  barbe  gens  armez, 
JEAN  d'auton,  Ann.  de  Louis  XII,  p.  28,  dans  la- 
CURNE.  Il  se  met  dans  la  gabarre  seul  avec  une 
charrette  et  nuit  ou  dix  hommes  qui  passoient  [la 
Loire],  d'aub.  HisH  11,  46(. 

—  ÉTYM.  Espagn.  gabarra;  ital.  gabara;  bas- 
lat.  gabbarus;  bas-bret.  kôbar  ou  gôbar.  Origine 
inconnue.  Scheler  le  croit  de  même  famille  que  le 
latin  gabata,  jatte. 

1  GABARER  (ga-ba-ré) ,  v.  n.  Employé  en  quel- 
ques endroits  pour  godiller,  c'est-â-dire  faire  mar- 
cher une  barque  à  l'aide  d'un  aviron  placé  à  l'ar- 
rière. 

t  GABARET  (ga-ba-ré),  I.  m.  Terme  de  poche. 
Petite  gabare. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gabare. 

t  GABARI  (ga-ba-ri),  s.  m.  Voy.  gabarit. 

fGABARIAGE  (ga-ba-ri-a-j'), t  tn.  ||  1°  Action 
de  gabarier;  résultat  de  cette  action.  U  travaille  au 
gabariage.  Un  gabariage  bien  fait.  ||  2"  11  se  dit  de 
la  courbure  entière  de  doux  pièces  qui  composent 
un  couple. 

—  ÉTYM.  Gabarier. 

t .  GAB.VRIER  (ga-ba-rié  ;  Vr  ne  se  lie  jamais  ; 
au  pluriel,  l'*  se  lie  :  les  ga-ba-rié-z  et  les  gabares), 
s.  m.  Il  1°  Nom  donné  aux  patrons  et  matelots  des 
petites  gabares.  J'ai  reçu  avec  votre  lettre  du  28  jan- 
vier 1680  le  jugement  que  vous  avez  rendu  contre 
des  gabariers  qui  ont  volé  du  fer  dans  l'arsenal,  SEi- 
GNELAY,  d  Demuy,  5  fév.  I68O,  dans  jal.  ||  2°  Porte- 
faix qui  charge  et  décharge  les  gabares. 

—  HIST.  XV*  s.  Un  autre  gabarrier,  lequel  amarra 
SI  gabarre  joignant  celle  du  suppliant,  DU  cange,30- 
barotus.  ||  xvi*  s.  Pour  le  passage  de  la  ville  de  Bor- 
deaux.... sera  tenu  chacun  gabarrier  avoir  trois  per- 
sonnages dedans  sa  gabarre,  c'est  à  savoir  un 
gouverneur  et  deux  tireurs,  Coust.  gén.  t.  u,p.  672. 

—  ÉTYM.  Gabare. 

t  2.  GABARIER  (ga-ba-ri-é) ,  t'.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Façonner  une  pièce  de  bois  conformément 
aux  indications  du  gabarit.  Nous  n'avons  encore 
gabarié  que  les  couples.  Nous  allons  gabarier  l'é- 
tambot.  Il  Absolument.  Depuis  huit  jours  nous  ne 


faisons  que  gabarier.  Cette  .saMe  est  celle  où  l'on 
gabarie.  ||  On  a  dit  aussi  gabaritter  et  gabariser.  Ap- 
pliquez-vous toujours  à  choisir  les  plus  belles  pièces 
de  bois  et  à  les  mettre  à  part,  et  faites-en  chercher 
partout  pour  faire  travailler  ensuite  avec  un  très- 
grand  soin  â  les  gabaritter,  colbert,  à  de  Seuil. 
7  sept.  1678,  dans  jal.  Elle  dit  que  son  traité  porte 
que  l'on  enverra  dans  ses  bois  un  commissaire  et 
un  charpentier  de  marine  pour  les  visiter,  marquer 
et  faire  gabariseret  débiter  en  pièces  suivant  l'usage 
de  la  marine,  Corresp.  de  Colbert,  m,  MO. 

—  ÉTYM.  Gabarit. 

f  GABARIEUR  (ga-ba-ri-eur),  s.  m.  Ouvrier  qui 
taille  et  surtout  qui  trace  les  gabaris.  Voilà  un  ex- 
cellent gabarieur.  Il  nous  faudrait  plus  de  gabarieurs, 
legoarant. 

—  ÉTYM.  Gabarier. 

GABARIT  (ga-ba-ri) ,  î.  m.  ||  1°  Terme  de  marine. 
Modèle  de  grandeur  naturelle  que  les  charpentia-s 
font  avec  des  pièces  de  bois  fort  minces  pour  repré- 
senter la  longueur,  la  largeur  et  le  calibre  des  mem- 
bres et  des  parties  du  vaisseau,  et  d'après  lequel  iis 
travaillent  les  pièces  de  bois  qui  doivent  effective- 
ment entrer  dans  le  bâtiment.  Le  gabarit  du  maître 
couple,  de  l'étrave,  de  l'étambot.  Les  gabarits  d'un 
vaisseau.  X  voir  les  gabarits  de  ce  bâtiment,  il  doit 
être  du  port  de  cent,  de  deux  cents,  de  cinq  cents 
tonneaux.  |1  Un  vaisseau  d'un  bon  gabarit  est  celui 
qui  est  fait  exactement  d'après  un  bon  modèle,  c'est- 
à-dire  qui  est  bien  coupé  et  bien  construit.  ||  An 
plur.  Faux  gabarits,  pièces  de  bois  qui  soutiennent 
momentanément  les  lisses.  ||  2»  Terme  militaire. 
Mot  qui,  passant  de  la  marine  à  l'armée  déterre, 
désigne  la  contenance  des  caissons  de  vivres,  leurs 
dimensions,  leurs  formes. 

—  REM.  On  écrit  aussi  gabari  sanst,  ce  qui  s'ac- 
corde mieux  avec  le  verbe  gabarier.  J'approuve  la 
pensée  que  vous  avez  de  faire  voir  à  M.  du  Quesne 
le  gabari  du  vaisseau  de  30  pièces  de  canon,  que 
vous  avez  arrêté  avec  M.  Colomb,  colbert,  à  Ar- 
noul,  10  sept.  (678,  dans  jal. 

—  ETYM.  Provenç.  garbi;  ital.  garfco.de  l'esp. 
galibo,  modèle,  de  l'arabe  qdtib,  moule,  forme. 
C'est  une  autre  forme  de  calibre  (voy.  ce  mot) . 

I  GABAROT  (ga-ba-ro),  s.  m.  ou  GABAROTTB 
(ga-ba-ro-f),  s.  f.  Terme  de  marine.  Petite  gabarre 
du  commerce,  non  pontée,  gréée  d'un  mât  placéau 
milieu  de  l'embarcation  et  d'une  voile. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  ffobare. 

GABATINE  (ga-ba-ti-n') ,  s.  f.  Terme  peu  usif*. 
Action  d'en  faire  accroire  en  se  moquant.  La  (z^ib  i- 
tine  est  franche  et  la  ruse   subtile,  Doct.  am.  dans 


GAB 


GAB 


GAC 


180S 


b 


tE  HOUX,  Dict.  comique.  ||  Donner  de  la  gabatine  à 
quelqu'un,  lui  en  faire  accroire,  le  tromper  par  une 
promesse  ambiguë.  Il  est  vrai,  notre  nation  Donne 
souvent  la  gabatine  ;  Mais  je  donnerai  caution  De 
ne  point  tromper  Socratine,  scabbon,  dansRicHELET. 
Galants  fieffés,  donneurs  de  gabatine,  J'ai  beau  prê- 
cher qu'on  risque  à  vous  ouïr,  deshoulières,  t.  i, 
p.  U7.  Il  Payer  la  gabatine  d'une  chose,  être  dupe, 
CAMUS,  évilque  de  Belley,  dans  bayle,  Lett.  à  Marais, 
14  mars  (7oi. 

—  ËTYM.  Ital.  gabbatina,  de  gabbare,  gaber  (voy. 
ce  mot). 

t  GABEGIE  (ga-be-jif») ,  s.  f.  Mot  populaire.  Fraude, 
supercherie.  I!  y  a  de  la  gabegie  là-dessous. 

—  ÊTYM.  11  paraît  tenir  au  verbe  gaber;  compa- 
rez gabuié,  moqué  ;  Ainsi  lejouvencel  gabuzé,et 
faillit  qu'il  pillast  patience,  le  Jouvencel,  ms.  p.  382, 
dans  LACi.RNE. 

GABELAGE  (ga-be-la-j'),  s.  m.  |H°  Espace  de 
temps  que  le  sel  doit  demeurer  dans  le  grenier, 
avant  d'être  mis  en  vente.  ||  2°  Marques  que  mettent 
les  commis  pour  reconnaître  la  qualité  du  sel. 

—  ÉTYM.  Gabeler. 

f  GABELANT  (ga-be-!an),  s.  m.  Ancien  terme 
qui  désignait  ceux  qui  avaient  affaire  aux  gabelles, 
qui  devaient  s'y  fournir.  Et  d'autant  que  les  offi- 
ciers de  la  ferme  des  gabelles  de  Lyonnais  ne  font 
ouverture  desdits  greniers  qu'à  certains  jours  de  la 
semaine,  ce  qui  cause  que  les  gabelants  sont  con- 
traints de  se  retirer  sans  sel  et  se  pourvoir  à  celui 
de  contrebande.  Bail  Gautier,  6  mars  <oco. 

—  HIST.  XV"  s.  Et  tiendront  lesdits  officiers,  es- 
dits  greniers  et  boutiques  où  se  fera  la  vente,  une 
barre  au  travers  de  la  vente  pour  d'iUec  prendre 
ledit  sel  gabelle,  sans  quo  les  gabellans  puissent 
presser  ladite  barre.  Seront  tenus....  bailler  à  cha- 
cun qui  gabellera  en  leurs  greniers,  lesdites  billet- 
tes....  et  ne  se  partiront  d'illec  bsdits  gabellans, 
qu'ils  n'ayent  eu  leurs  dites  billetes,  Ordonn.  8 
nov.  14  98. 

—  ÉTYM.  Cabeler. 

GABEI.I!,  ÉE  (ga-be-lé,  lée),  part,  passé  de  ga- 
beler. Le  sel  après  qu'il  est  essuyé  s'appelle  sel  ga- 
belc.  Lesquels  gardes  pourront  faire  toutes  visites 
partout  où  ils  douteront  avoir  été  mis  des  sels  de 
contrebande  et  non  gabelés.  Bail  Gautier,  6  mars 
)(360,  Défendons  d'aller  aux  lieux  où  la  gabelle  n'est 
établie,  pour  faire  saler  la  chair  ou  poisson  des  sels 
non  gabelés,  ib. 

GABELER  (ga-be-lé.  VI  se  double  quand  la  syl- 
labe qui  suit  est  muette  :  je  gabelle,  je  gabellerai), 
V.  n.  Porter  dans  un  magasin  pour  le  faire  égout- 
ter  le  sel  ramassé  dans  la  poêle  à  mesure  qu'il  se 
forme. 

—  HI6T.  XIV*  s.  Item  d'avoir  vendu  à  leur  profit 
le  dit  sel  ainsi  défalqué  sans  gabeler,  du  cange, 
gablum. 

—  ÉTYM.  Gabelle. 

GABELECR  (ga-be-leur) ,  .'.  m.  ||  1°  Employé  de 
la  gabelle.  [Il  y  a]  des  provinces  qui  jouissent  d'une 
liberté  à  cet  égard  fie  sel]  qui  fait  regarder  avec 
raison  les  autres  comme  étant  dans  la  plus  arbitraire 
servitude  de  tous  les  fripons  de  gabeleurs,  st-sim. 
479,  (97.  Il  %°  Homme  chargé  de  faire  sécher  le 
sel. 

—  HIST.  XII'  s.  [Que]  escerst  [tire]  li  gablere  tute 
la  substance  de  lui,  e  départent  li  estrange  les  la- 
bors  de  lui,  liber  psalm.  p.  <69.  Hxvi's.  La  cruelle 
avarice  des  fermiers,  gabelleurs  et  usuriers  romains, 
AMYOT,  Lucull.  35 Pour  remédier  au  soulève- 
ment des  Rasez,  qui  commencèrent  contre  les  ga- 
beleurs de  Marseille,  d'aub.  Hist.  ii,  (37. 

—  ÉTYM.  Gabeler;  provenç.  gabeïlador. 
GABELLE    (ga-bè-l'),    s.    f.\\i°   Anciennement, 

l'impôt  sur  le  sel.  Un  de  ses  frères  qui  se  mêlait 
de  faire  des  convois  de  faux  sel,  était  guetté  par  les 
archers  des  gabelles,  scarron,  Rom.  com.  ii,  I2. 
Deux  mulets  cheminaient,  l'un  d'avoine  chargé. 
L'autre  portant  l'argentde  Iagabelle,LA  font,  f  obi. 
I,  4.  Cela  ne  leur  sied-il  pas  mieux  que  d'entrer 
dans  les  gabelles?  i.a  bruy.  xiv.  Le  royal  directeur 
des  aides  et  gabelles....  Le  mot  d'aide  s'entend,  ga- 
belles m'embiirrasse;  D'où  vient  ce  mot?— d'un  juif 
appelé  Gabelus.  —  U  y  eut  en  effet  le  juif  Gabelus 
qui  eut  des  affaires  d'argent  avec  le  bonhomme  To- 
bio;  et  plusieurs  doctes  très-sensés  tirent  de  l'hé- 
breu l'étymologie  de  gabelle,  car  on  sait  que  c'est 
de  l'hébreu  que  vient  le  français,  volt,  les  Finan- 
ces. Il  Pays  de  gabelle,  les  provinces  où  l'impôt  de 
la  gabelle  était  établi.  |{  Provinces  des  grandes  ga- 
belles, celles  où  l'impôt  sur  le  sel  était  le  plus  fort; 
provinces  de  petites  gabelles,  provinces  où  la  vente 
du  sel  était  volontaire,  c'est-à-dire  où  les  habitants 


des  paroisses  n'étaient  pas  forcés  d'acheter  le  sel 
aux  magasins  de  la  gabelle.  Indépendamment  des 
grandes  divisions  qui  sont  connues  sous  le  nom  de 
pays  de  grandes  gabelles,  de  pays  de  petites  gabel- 
les, de  pays  de  saline,  de  pays  rédimés  et  de  pays 
exempts,  on  voit  encore  au  milieu  de  chacune  d'elles 
des  distinctions  de  prix,  neckeh,  Compte  rendu  au 
roi,  janv.  (78),  p.  82.  ||  Frauder  la  gabelle,  faire 
quelque  fraude  pour  échapper  aux  droits  du  sel;  et 
fig.  échapper  par  adresse  à  une  obligation  qui  pèse 
sur  tous  les  autres.  ||  Gabelle  personnelle,  obligation 
imposée  à  chaque  personne  de  prendre  dans  les 
greniers  de  l'État  une  quantité  de  sel  déterminée  ; 
par  opposition  à  gabelle  réelle  ou  gabelle  volontaire, 
qui  exprimait  la  quantité  réellement  nécessaire  à  la 
consommation  de  chacun.  ||  2°  Grenier  où  se  vendait 
le  sel.  ]i  3°  Anciennement,  tout  impôt  sur  les  den- 
rées et  les  produits  de  l'industrie.  Gabelle  de  drap, 
de  vin,  etc. 

—  HIST.  xm*  s.  Imposition  de  la  gabelle  des  dras 
de  la  sénéchaussée  de  Carcassone,  nu  cange,  ga- 
blum. Il  XV"  s.  Pour  rejouir  le  peuple  parmi  le 
royaume  de  France,  toutes....  gabelles  furent  os- 
tées,  froiss.  ii,  ii,  74.  Hxvi"  s.  Il  leur  annonçoit 
que  Sertorius  leur  faisoit  la  grâce  de  leur  remettre 
les  tailles  et  gabelles  qu'elles  payoient,  amyot,  Ser- 
tor.  36. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gabela ,  gabella  ;  espagn.  et 
portug.  gabela;  ital.  gabella;  bas-lat.  ^ab/um ,  ga- 
bulum;àu  germanique  :  anglo-sax.  gaful,  gafol,im- 
pôt  ;  allem.  mod.  Gaffel  ;  du  verbe  gifan,  golh.  31- 
ban  ;  allem.  mod.  geben,  donner.  Les  étymologistes 
espagnols  le  tirent  de  l'arabe  kabala,  impôt;  à  quoi 
Diez  objecte  que  le  /{  arabe  ne  se  prête  pas  à  un 
adoucissement  en  g. 

I  GABELOU  (ga-be-lou),  s.  m.  Mot  populai-e  et 
de  dénigrement  pour  désigner  autrefois  les  employés 
de  la  gabelle,  aujourd'hui  les  employés  de  la  douane 
et  de  l'octroi.  ||  Fig.  Tous  ceux  qui  ont  ou  préten- 
dent avoir  un  droit  à  prélever  sur  une  industrie 
étrangère.  J'ai  dit  que  tout  ce  qui  dans  Paris  était 
spectacle,  devait  subir  l'exercice  des  rats-de-cave, 
des  gabelous  de  l'opéra  (parce  qu'alors  toute  réunion 
de  plaisir,  jusqu'aux  ma^'ionnettes  et  aux  puces  tra- 
vailleuses, lui  payait  une  redevance),  c.  blaze, 
l'Académie  de  musique,  i,  xv,  p.  B02. 

—  HIST.  xvi"  s.  Tu  as  menti,  meschant  bourreau, 
gabeloux,  que  tu  es,  noel  dufail,  Cont.d'Eutrap. 
ch.  xxiii. 

—  ÉTYM.  Prononciation  populaire  de  gabcleur. 

t  GABER  (ga-bé),  V.  a.  Moquer,  railler.  ||Se  ga- 
ber, V.  réfl.  Dire  des  bourdes,  se  moquer.  ||  Ancien 
terme  inusité  qui  a  été  remis,  jusqu'à  certain  point, 
en  usage  par  les  imitations  de  vieux  langage.  11  était 
encore  dans  la  1  ■••  édition  du  Dictionnaire  de  l'Aca- 
démie. 

—  HIST.  XI"  s.  Devant  ses  pairs  vat  il  ore  gabant, 
Ch.  de  Roi.  cxxxu.  ||  xiii"  s.  Par  Dieu,  vassal,  jel  di 
por  vous  gaber  ;  Guidiez  vous  donc  qu'à  certes  le 
vous  die?  quesnes,  Romane,  p.  (08.  Mais  tex  [tel] 
gabe  à  la  fois  [par  fois]  autrui,  Que  le  gabois  revient 
sur  lui.  Blanche  et  Jehan,  v.  2836. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  portug.  gabar;  ital.  gab- 
bare; du  Scandinave  gabb,  raillerie,  qui  a  peut-être 
un  rapport  avec  le  radical  gav  du  latin  gaudere, 
se  réjouir. 

f  GABET  (ga-bé),  s.  m.  Terme  de  vénerie.  Gros 
ver  qui  se  loge  dans  la  peau  du  cerf,  du  daim  et  du 
chevreuil. 

t  GABIAGE  (ga-bi-a-j'),  i.  m.  Terme  de  marine. 
Service  des  hunes  ;  travaux  et  ouvrages  du  ressort 
des  gabiers. 

—  ÉTYM.  Voy.  gabier. 

f  GABIAN  (ga-bi  an),s.  m.  Un  des  noms  vulgai- 
res du  goéland . 

f  GABIE  (ga-bie),  «.  f.  Terme  de  marine  usité 
sur  la  Méditerranée.  Hune. 

—  ÉTYM.  Ital.  gabbia,  hune,  proprement  cage 
(voy.  CAGE).  On  a  dit  au  xvi"  siècle  gaige  qui  est 
cage  :  La  grand  flambe  de  la  grand  gaige  [hune  du 
trinquet],  cité  dans  jal. 

GABIER  (ga-bié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, y  s  se  lie  :  des  ga-bié-z  exercés) ,  .t.  m.  ||  1°  Mate- 
lot qui  se  tient  dans  les  hunes,  pour  visiter  et  entre- 
tenir le  gréement.  Gabiers  de  port,  matelots  chargés 
de  faire  entrer  les  bâtiments  de  l'État  dans  les  ports, 
de  les  en  faire  sortir,  de  disposer  les  appareils  de 
carénage,  de  halage,  etc.  ||  Gabier  de  beaupré,  an- 
ciennement matelot  dont  le  poste  était  dans  la  ga- 
ble du  màt  de  beaupré,  et,  aujourd'hui  que  cette 
gabie  n'existe  plus,  matelot  des  plus  habiles  entre 
ceux  qui  sont  chargés  de  tout  ce  qui  regarde  la  ma- 
noeuvre des  focs  et  le  gréement  du  beaupré,  jal. 


JOior.    DB    LA    LANUBE    BTINVAISK 


2"  Petit  oiseau  du  Paraguay  qui  se  tient  au  haut 
des  arbres. 

—  ÉTY.M.  Ital.  gabbiere,  de  gabbia,  hune  (voy. 
gabie)  . 

f  GABIEU  (ga-bieu),î.  m.  Outil  de  cordier,  qu'on 
appelle  aussi  toupin. 

GABION  (ga-bi-on),  s.  m.  Hl"  Terme  de  guérie. 
Grand  panier  qu'on  remplit  de  terre  dans  les  sièges 
pour  mettre  à  couvert  les  travailleurs  et  les  soldats. 
L'armée  à  cet  échec  s'enfiamme  davantage.  Sous  de 
forts  mantelets  et  d'épais  gabions.  Elle  vient  s'atta- 
cher au  pied  des  bastions,  bréb.  Phars.  m.  ||  Gabion 
farci  ou  gabion  de  sape,  celui  qui  est  rempli  de  fas- 
cines ou  de  branchages.  ||  Fig.  La  bonne  Lorraine 
(Mlle  de  Lislebonne],  sachant  bien  à  qui  elle  avait 
affaire,  mit  ce  gabion  devant  elle  jle  récit  de  ce 
qu'elle  avait  fait],  de  peurde  se  brouiller  avecCha- 
millart,  st-sim.  234,  ((5.  ||  2"  Terme  rural.  Sorte  de 
panier  servant  à  transporter  les  terres,  les  fu- 
miers, etc. 

—  HIST.  XVI*  s.  Vantabrun  fut  blessé,  escrivant 
(selon  la  vanité  de  nos  François)  le  nom  de  sa  mais- 
tresse  sur  un  gabion,  d'aub.  llist.  i,  (49.  Gabions 
pleins  de  vent  [mal  garnis],  m.  ib.  m,  20.  U  s'ac- 
commoda de  quelques  maisons  percées  pour  ga- 
bions, ID.  t6.  m,  24 1 . 

—  ÉTYM.  Ital.  gabbione,  gabion,  proprement 
grand  panier,  grande  cage,  de  gabbia,  cage  (voy. 
cage). 

t  GABIONNADE  (ga-bi-o-na-d'),  s.  f.  ou  GA- 
BIONNAGE  (ga-bi-o-na-j'),  ï.  m.  Ouvrage  de  forti- 
fication de  campagne  exécuté  en  gabions. 

—  HIST.  XVI"  s.  Premiers  font  les  approches,  pre- 
miers dressent  gabionades  et  cavaliers,  et  font  les 
tranchées,  brant.  Dames  galantes,  1. 1,  p.  (02,  dans 
lacurne. 

—  ÉTYM.  Gabionner. 

GABIONNÉ,  ÉE  (ga-bi -o-né,  née),  part,  passé 
de  gabionner.  Batterie  gabionnée. 

GABIONNER  (ga-bi-o-né),  t).  a.  Couvrir  avec  des 
gabions.  ||  Se  gabionner,  v.  réfl.  Se  couvrir  de  ga- 
bions. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ils  avoient  en  partie  (par  la  vertu 
des  femmes  qui  se  gabionnoient  de  corps  morts)  re- 
poussé l'ennemi,  d'aub.  llist.  i,  I5u.  Les  plate-for- 
mes estoient  revestues  et  gabionnées,  carloix,  vu, 
(0.  Us  tuèrent  plusieurs  pionniersqui  gabionnoient, 
paré,  t.  m,  p.  722. 

—  KTYM.  Gabion. 

t  GABIONNEUR  (ga-bi-o-neur),  s.  m.  Celui  qui 
travaille  à  faire  ou  à  poser  des  gabions. 

—  ÉTYM.  Gabionner. 

f  G  ABORD  (ga-bor),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Nom  donné  aux  premières  planches  d'en  bas  qui 
font  le  bordage  extérieur  du  vaisseau,  et  qui  forment 
par  dehors  un  coude  en  arc  concave  depuis  la 
quille  jusqu'au-dessus  des  varangues,  guillet, 
(IG78-(C83),  dans  JaL. 

—  HIST.  xvi"  s.  Le  dit  navire  toucha  en  terre,  et 
de  ce  heurt  la  quille  et  gaborts  s'estonnerent,  de 
sorte  que  les  joints  des  planches  s'ouvrirent,  11.  du 

BELLAY,  B97. 

—  ÉTYM.  AngL  garboard.  '   ' 

t  GABOT  (ga-bo)  ou  GAIÎUT  (ga-bu) ,  s.  m.  Pois- 
son qui  reste  longtemps  en  vie  hors  de  l'eau  et 
qu'on  pêche  pour  servir  d'amorce. 

f  GABRIEL  (ga-bri-èl),  i.  m.  Un  des  sept  ar- 
changes. 

—  ÉTYM.  Mot  hébreu  qui  signifie  l'homme  do 
Dieu. 

t  GABtJRON  (ga-bu-ron),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Pièce  de  bois,  nommée  autrement  jumelle,  qu'on 
applique  contre  un  màt,  pour  le  fortifier. 

t  1.  GÂCHE  (gà-ch'),  î.  /■.  Il  1°  Outil  de  maçon 
qui  sert  à  détremper  la  chaux  ou  le  plâtre.  ||  2- Sorce 
de  spatule  en  bois  qui  sert  aux  pâtissiers  pour  ma- 
nier leurs  farces. 

HIST.  XIV*  s.  Jehan,  qui  estoit  à  un  port  de  la 

rivière  de  Loire,  print  un  aviron  nommé  gaiche, 
DO  CANGE,  gachum. 

—  ÉTYM.  Ane.  h.  ailem.  waskan,  laver;  allem. 
mod.  waschen  ;  angl.  to  rcash.  Le  sens  propre  est 
instrument  à  battre  l'eau. 

2.  gACHE  (gâ-ch'),  s.  ^.  Il  1°  Terme  de  serrure- 
rie. Pièce  de  fer  qu'on  attache  au  poteau  de  la 
porte,  ou  qu'on  scelle  au  mur,  et  qui  est  percée,  pour 
y  faire  entrer  le  pêne  de  la  serrure,  et  tenir  la 
porte  fermée.  Attacher  une  gâche.  Lever  une  gâche. 
Il  Gâche  d'épaisseur  ou  à  patte,  gâche  en  fer  aplati 
et  à  quatre  coudes  nommée  aussi  gâche  de  sûreté. 
Il  2'  Cercles  de  fer  qui  tiennent  attachés  contre  un 
mur  les  conduits  de  plomb  ou  de  fer-blanc  par  où  l'eau 
tombe  des  gouttières. 

I.  —  m 


tsto 


GAD 


—  HIST.  XV*  ».  Et  la  garnison  do  la.  «errure  à  la  to  - 
r.ur«  de  U  clef,  c'est  assavoir  pesles  brisez  doubles, 
gtaehea  doubles,  moraillons,  et  remparement  tel 
qu'il  appartient,  Ordonn.  aoiit  4489. 

BTYM.  Origine  inconnue.  Peut-on  mettre  ici,  à 

titre  d'attente  fort  incertaine,  des  mots  mal  déter- 
minés qui  ont  une  forme  semblable  :  le  bas-latin 
gatcha  qui  semble  signifier  action  de  fendre  la  terre, 
et  d'oii  vient  gascaria  (voy.  jachèbe),  et  le  J>er- 
richon  gdcher,  drageonner,  gdchon,  drageon? 

ûKCÙÊ,  ÉE  (gâ-ché,  chée),  part,  passé  de  gâcher. 
Il  !•  Plâtre  bien  gâché.  ||  2°  Kig.  Besogne  gâchée. 

GACHER  Igâ-ché),  t).  a.  ||  1"  Délayer  du  mortier 
ou  du  plâtre  pour  maçonner.  Gâcher  lâche,  faire  un 
mortier  de  plâtre  très-liquide.  Gâcher  serré,  ne 
donner  au  plâtre  qm  ce  qu'il  faut  d'eau  pour  en 
faire  une  pâte.  ||  2°  Kig.  Faire  un  ouvrage  grossiè- 
rement, sans  goût.  Vous  gâchez  tout  ce  qu'on  vous 
donne  à  faire.  ||  Terme  familierdu  commerce.  Don- 
ner sa  marchandise  à  vil  prix.  ||  3°  Terme  rural.  Her- 
ser le  blé  au  printemps  pour  recouvrir  de  terre  les 
racines  de  la  plante.  ||  Gâcher  les  paillers,  recouvrir 
la  partie  supérieure  des  meules  de  paille  avec  de  la 
terre  délayée. 

—  illST.  XV"  s.  Nul  poissonnier  de  Paris  ne  peut 
ne  doit  brouiller  ou  gascher  [passer  à  l'eau]  pois- 
son, comme  morue  salée,  maquereaux  salés  ou  au- 
cun haran  blancsalé,  Ordonn.  desrois,  t.  ii,  p.  359. 
Il  XVI*  s.  Gaschant  de  la  houe  pour  l'atlacher  à  des 
parois,  àmyot,  Moral,  t.  ii,  p.  480,  dans  lacurne. 
Gascher  la  muraille  de  terre  grasse,  monet,  Dict. 
Gascher  du  gros  [satisfaire  aux  besoins  naturels], 
OUDIN,  Dict. 

—  RTYM.  Gâche  I;  ital.  guazzare,  détremper 
dans  l'eau. 

t  GACDET  (ga-ché),  s.  m.  Hirondelle  de  mer  à 
tête  noire. 

GACUETTE  (gâ-ché-f),  s.  f.  \\  1°  La  petite  pièce 
d'une  serrure  qui  se  met  sous  le  pêne.  ||  2°  Morceau 
do  fer  qui  fait  partir  la  détente  d'un  fusil.  ||  Pièce 
de  l'intérieur  du  corps  de  la  platine  d'un  fusil  de 
munition.  ||  3°  Machine  quelconque  qui  sert  à  dé- 
traquer un  piégo.  Il  4*  Levier  coudé  qui  se  meut  sur 
son  axe,  et  qui  fait  partie  du  métier  à  bas. 

—  MIST.  XVI"  s.  Estoqueaux  ou  arrests  desdites 
gaschettes  par  milieu  desquelles  sont  chevilles  pour 
arrester  les  dites  gaschettes,  paré,  xvii,  4  2. 

—  RTYM:  Diminutif  de  gdche  2. 

GACUEUR  (gâ-cheur),  s.  m.  ||  1*  Ouvrier  qui  gâ- 
che le  mortier,  le  plâtre.  ||  Le  gâcheur  d'un  char- 
pentier, celui  d'un  menuisier,  celui  qui  prend  les 
mesures  pour  un  charpentier,  pour  un  menuisier. 
Il  2*  Fig.  et  populairement.  Mauvais  ouvrier,  homme 
qui  travaille  mal  ;  on  le  dit  au.ssi  d'un  mauvais 
écrivain.  ||  Marchand  qui  vend  à  vil  prix.  ||  Axt  fé- 
minin, gâcheuse,  femme  qui  gâche  ,  qui  travaille 
mal.  Cette  couturière   n'est  qu'une  gâcheuse. 

—  ÊTYM.  Gâcher. 

t.  CXCHEUX,  ECSE  (gâ-cheû,  cheû-z'),  adj. 
Détrempé  d'eau,  bourbeux.  Cette  ruelle  est  gâ- 
cheuse. 

—  ETY»!.  Gdcher. 

f  2.  GXCIIEDX  (gâ-cheû),  ».  m.  Terme  popu- 
laire. Maître  subalterne  dans  une  pension  ;  institu- 
teur de  très-bas  étage. 

—  ETYM.  Prononciation  populaire  do  gâcheur. 
GACHIS  (gâ-chi),  ».  m.   ||  1*  Espèce  de  mortier 

fait  de  plâtre,  de  ,s,iblo  et  de  chaux.  ||  2°  Par  exten- 
sion, quantité  de  boue  détrempée,  tas  d'ordure  où 
il  y  a  beaucoup  de  liquide.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Affaire  embrouillée  et  désagréable.  Quel  gâchis  I 
Nous  voilà  dans  un  beau  gâchis.  D'ailleurs  c'est 
dans  sa  conduite  une  inconséquence  nouvelle  entre 
toutes  celles  dont  sa  besogne  est  remplie,  ce  qu'on 
appelle  un  vrai  gâchis,  uaciialmomt,  Mém.  secrets, 
t.  xxxiii,  p.  S28.  Il  n  se  dit  aussi  d'un  écrit,  d'un 
discours  où  les  idées  sont  sans  ordre  et  confuses. 
Ce  mémoire  n'e.st  point  intéressant;  c'est  un  gâchis 
dont  on  se  tirerait  bien  vite  si  la  curiosité  n'é- 
Uit  excitée,  bacuaomomt,  Mém.  tecrels,  X.  xxxv, 
p.  4B«. 

—  ETYM.  Gdcher. 

t  GACHOIR  (gâ-choir),  ».  m.  Caisse  dan»  la- 
quelle le  potier  de  terre  mélange  les  matériaux  de 
la  pâte. 

—  ETYM.  Gdcher. 

GAUE  (ga-d') ,  ».  m.  Terme  d'histoire  naturelle, 
wnr»  de  poisson»  dont  la  morue,  le  merlan,  la 
btfbote  ou  lotte  forment  les  principales  espèces, 
il  fad»-lolte  PU  barbote,  poisson  d'eau  douce  dont 
M  foi*  Mt  très-bon  à  manger. 

—  tTTlI.  r«Jo;. 

t  OAPKLIK  (w-dè-n,  ..  f.  Un  de»  nom»  Tul- 


GAG 

gaires  de  la  groseille  rouge  dans  l'Ouest,  gade  en 
haute  Normandie. 

t  GADELLIER  (ga-dè-lié),  s.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  du  groseillier  rouge. 

t  GAimP.LIQUE  (ga-dé-li-k'),  adj.  Voy.  gaélique. 

t  GAOILLE  (ga-di-ll',  U  mouillées),  ».  f.  Un  des 
noms  vulgaires  du  rouge-gorge. 

—  lllST.  XVI"  s.  Philomele  en  avril  ses  plaintes  y 
jargonne;  L'arondelle  l'esté  ;  le  ramier  en  automne; 
Le   pinson   en    tout  temps;   la   gadiUe  en  hyver, 

BONS.   287. 

t  GADOLINITE  (ga-do-li-ni-f) ,  ».  f.  Terme  do 
minéralogie.  Silicate  de  cérium ,  ainsi  nommé  de 
Gadolin,  qui  l'a  découvert. 

GADOUARD  (ga-dou-ar  ;  le  d  ne  se  lie  jamais; 
r»  ne  se  lie  pas  :  des  ga-dou-ar  actifs;  pourtant 
quelques-uns  la  lient  :  des  ga-dou-ar-z  actifs),  ».  m. 
Vidangeur.  ||  P'ig.  il  faudra  se  laver  les  mains  après 
cette  bataille;  car  vous  aurez  combattu  contre  des 
gadouards,  VOLT.  Lett.  la  Harpe,  a  août  me.  Je 
voudrais  bien  savoir  qui  sont  les  gadouards  qui  se 
sont  efforcés  de  vider  le  privé  d'un  vaste  palais  où  ils 
ne  sont  pas  reçus,  id.  Lett.  Damilaville,  iBoct.  4  784. 

—  ETYM.  Gadoue;  bourg,  gadoi. 

GADOUE  (ga-doue),  ».  /".  La  matière  fécale  tirée 
des  fosses  d'ai.sances  qui  sert  d'engrais.  {|  Se  dit  aussi 
des  boues  et  des  immondices  des  rues  qui  sont  em- 
ployées pour  engrais.  X  peine  a-t-il  mis  le  pied  hors 
des  barrières,  qu'il  trouve  les  exhalaisons  infectes 
qui  sortent  des  gadoues  et  autres  immondices,  mer- 
cier, Tabl.  de  Paris,  L'air  vicié. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  Le  wallon  a  godau, 
jus  de  fumier.  Peut-on  rapprocher  gadoue  de  godau, 
et  l'un  et  l'autre  de  l'allemand  Koth,  bas-saxon  kath, 
excréments,  boue  ? 

t  GADUINE  (ga-du-i-n') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Substance  retirée  de  l'huile  de  foie  de  diffé- 
rentes espiccs  du  genre  gadus  (morue). 

f  GAÉLIQUE  (ga-é-li-k'),  adj.  Oui  appartient 
aux  Gaëls.  La  langue  gaélique,  ou,  substantivement, 
le  gaélique,  langue  parlée  au  nord  de  l'Ecosse,  dans 
les  hautes  terres.  Le  gaélique  est  une  des  langues 
du  nouveau  celtique;  il  adeux  dialectes  principaux, 
l'erse  parlé  dans  la  liante  Ecosse,  et  l'irlandais.  On  dit 
aussi  padhélique. 

t  GAFET  (ga-fii),  ».  m.  Coquille  bivalve  du  Séné- 
gal, donax  trxinculus,  Adanson. 

I .  GAFFE  (ga-O,  s.  f.  Longue  perche  à  l'extrémité 
de  laquelle  est  fixée  une  pointe  de  fer  garnie  latéra- 
lement d'un  crochet.  La  gaffe  sert  à  conduire  le  ba- 
teau, à  sonder  l'eau,  etc.  Le  baron  descendit  dans 
la  barque....  saisit  à  défaut  de  rames  une  gaffe  qu'on 
y  avait  laissée  par  hasard,  en.  de  bkrnard,  le  Gen- 
tilh.  campagnard,  i,  48.  ||  Terme  de  pèche.  Croc 
pour  tirer  à  terre  les  gros  poissons.  |1  Terme  d'argot 
maritime.  Avaler  sa  gaffe,  mourir. 

—  HIST.  xv*  s.  Un  baston  nommé  gaffe,  ayant  un 
croq  de  fer  au  bout,  du  cange,  gafare. 

—  ÊTYM.  Berry,  jaffe;  prov.  gaf,  s.  m.;  espagn. 
et  portug.  gafa;  angl.  gajf  ;  du  celtiiiuo  :  gaél.  gaf; 
bas-breton,  gwdf,  crochu  ;  ou  du  germanique  :  dia- 
lectg  allem.  gaifen,  tailler  en  crochet.  Le  celtique 
et  le  germanique  paraissent  concourir. 

t  2.  GAFFE  (ga-r),  ».  m.Va.ses  de  diverses  gran- 
deurs dont  on  se  sert  dans  les  salines  pour  trans- 
porter le  sel. 

GAFFÉ,  ÉE  (ga-fé,  fée),  part,  passé  de  gaffer.  Un 
gros  poisson  gaffé. 

t  GAFFEAU  (ga-ffl) ,  ».  m.  Petite  gaffe. 

—  ETYM.  Diminutif  de  gaffe  t. 

GAFFER  (ga-fé),  v.  a.  Accrocher  quelque  chose 
avec  une  gaffe 

—  ETYM.  Gaffe  i  ;  prov.  et  csp.  gafar. 

GAGE  (ga-j'),  ».  m.  ||  1°  Dépôt  qu'on  fait  de  quel- 
que objet  entre  les  mains  d'autrui,  pour  sûreté 
d'une  dette,  d'un  emprunt.  Un  gage  suffisant.  Prê- 
ter sur  gages.  Emprunter  sur  gage.  Brancas  me  de- 
manda hier  de  bonne  foi  si  je  ne  voudrais  pas  prê- 
ter sur  gages,  et  m'assura  qu'il  n'en  parleraitpoint, 
SÉV.  4  06.  Il  lui  a  fait  mettre  en  gage  ses  perles,  n. 
400.  L'ordonnance  du  roi  Asychi»  ne  permettait 
[chez  les  Égyptiens]  d'emprunter  qu'à  condition 
d'engager  le  corps  [momie]  de  son  père  &  celui  dont 
on  empruntait;  c'était  une  impiété  et  une  infamie 
tout  ensemble  de  ne  pas  retirer  un  gage  si  précieux, 
Boss.  //iî(.  m,  3.  Je  me  mettrais  en  gage  en  mon 
liesoin  urgent.  —  Sur  cotte  nippe-là  vous  auriez  peu 
d'argent,  regnabd,  Joueur,  ii,  44.  Elle  est  d'accord 
de  tout,  du  temps,  des  arrérages;  Il  ne  faut  main- 
tenant que  lui  donner  des  gages,  m.  ib.  i,  6.  Sanci, 
dans  cette  négociation,  dépensa  une  partie  de  ses 
biens;  il  mit  en  gage  ses  pierreries  et,  entre  autres, 
ce  fameux  diamant,  nommé  le  Sanci,  qui  est  à  pré- 


GAG 

.sent  à  ia  couronne,  VOLT,  llenriade,  \u\.  Variantes. 
Vingt  fois  pour  vous  [plaisirs]  j'ai  mis  ma  montre 
en  gage,  bérang.  Grenier.  ||  Terme  de  jurisprudence. 
Contrat  de  nantissement  d'une  chose  mobilière,  par 
opposition  à  anticbrèse.  ||  Fig.  Demeurer  pour  le» 
gages  ou  pour  gage,  périr  dans  une  circonstance  où 
d'autres  s'échappent.  ||  Demeurer  pour  gages,  signi- 
fie encore  simplement  être  arrêté  dans  quelque  que- 
relle, pendant  que  s'échappent  les  autres  qui  j 
avaient  participé;  et  aussi  être  pris  d'une  façon 
quelconque.  Chacun  peut  sur  un  lit  Se  tenir  tou- 
jours prêt  sans  quitter  son  habit;  Qui  ne  le  son 
point  restera  pour  les  gages,  th.  corn.Z>.  Bertr  «  ■ 
Cigarr.  u,  4.  |{  Demeurer  pour  gage,  se  dit  ausM 
d'une  chose  que  l'on  a  perdue.  I^apre.sse  fut  si  grande 
qu'un  pan  de  mon  habit  y  est  demeuré  pour  gage. 
Il  Laisser  pour  les  gages,  pour  gage,  c'est-à-dire  per- 
dre. Échappé  Non  pas  franc,  carpour  gage  il  y  laissa 
sa  queue,  la  font.  Fabl.  v,  B.  ||  Fig.  Donner  des 
gages  à  un  parti,  faire  une  démarche  décisive, 
éclatante,  pour  être  accepté  dans  un  parti.  ||  2°  Par 
extension,  tout  meuble  ou  immeuble  qui^assure  le 
payement  d'une  dette.  Il  a  affecté  sa  maison  comme 
gage  de  sa  dette.  Les  meubles  du  locataire  sont  le 
gage  du  ])ropriétaire.  ||  3"  Dans  le?  petits  jeux  ou 
jeux  de  société,  objet  qu'on  dépose  quand  on  s'est 
trompé,  et  qu'on  ne  peut  retirer  qu'après  avoir 
subi  une  pénitence.  Jouer  au  gage  touché.  ||  t°  Ce 
que  l'on  consigne  et  met  en  main  tierce,  pour  ga- 
rantie d'une  somme  à  payer,  quand,  dans  une  con- 
testation entre  deux  ou  plusieurs  personnes,  il  est 
convenu  que  celle  qui  sera  condamnée  payera 
cette  somme.  Donner  des  gages.  Hendre  les  gages. 
Il  5"  Autrefois,  gage  de  bataille,  ou  gage  du  combat, 
engagement  de  combattre  manifesté  par  l'offre  d'un 
gant  pour  gage,  et  contracté  quand  l'ennemi,  en  ra- 
massant le  gant,  avait  accepté  le  gage.Je  jette  devant 
toi  le  gage  du  combat;  L'oses-tu  relever?  volt. 
Tancr.  m,  6.  Le  parlement  décréta  que  le  cas  [duel 
de  Legris  et  Carrouge]  ne  requérait  pas  gage  de  ba- 
taille, ID.  Mœurs,  4  00.  ||  6°  Fig.  Tout  ce  qui  est  as- 
similé à  un  gage  comme  garantie.  D'une  paix  mal 
conçue  on  m'a  faite  le  gage,  corn.  Rodog.  m,  3.  Ces 
lettrés  dema  foi  vous  seront  de  bons  gages, lu.  Serlor. 
V,  8.  Vous  en  aviez  déjà  sa  parole  pour  gage,  in.Ilor. 
v,  2.  Ces  deux  grâces  me  sont  un  gage  de  la  pré- 
sence de  répoux,  BOSs.  Lett.  Corn.  461.  Ainsi  la  pre- 
mière victoire  fut  le  gage  de  beaucoup  d'autres,  in. 
tout»  de  Bourbon.  Elle  reçut  ce  dernier  gage  de 
son  amour,  fléchier,  Z)oup/i.  Je  réponds  d'une  paix 
jurée  entre  mes  mains,  Néron  m'en  a  donné  des 
gages  trop  certains,  rac.  Brit.  v,  3.  De  votre  obéis- 
s,ince  elle  ne  veut  qu'un  gage,  id  i4(/iaJ.  :ii,  4. 
Vous  avez  de  ses  feux  un  gage  solennel,  id.  Mithr. 
n,  4.  Je  vous  le  livre  [Télémaquel  comme  le  gage  le 
plus  précieux  qu'on  puisse  vous  donner  de  la  fidé- 
lité des  promesses  d'Idoménée,  fên.  Tél.  xi.  Épea 
que  Laêrte  lui  avait  donnée  comme  un  gage  de  sa 
tendresse,  id.  ib.  xvi.  Prions;  le  jour  au  jour  ne 
donne  point  de  gage.  Et  le  dernier  rayon,  en  sor- 
tant du  nuage,  Ne  nous  a  pas  juré  de  remonter  de- 
main, LAMART.  Ilarm.  u,  6.  Il  7°  Gage  de  l'amour, 

enfant Et  qu'il  en  [de  cet  hymen]  eut  pour  gage 

une  jeune  princesse,  bac.  Iphig.  iv,  4.  Ce  filsque  de 
sa  Hamme  il  me  laissa  pour  gage,  id.  Anrfr.  lu,  8. 
Il  8"  S.  m.  pi.  Ce  qu'on  paye  aux  domestiques  par 
aa  pour  leurs  services,  ainsi  dit  parce  que  c'est  la 
somme  payée  par  suite  de  l'engagement.  On  ne 
renvoie  pas  un  domestique  sans  lui  payer  ses  gages. 
S'il  se  casse  quelque  chose,  je  le  rabattrai  sur  vos 

gages,  MOL.  rXfare,  ui,  4 S'il  avait  quelques 

deniers  comptants.  Ne  me  paierait-il  pas  mes  gage» 
de  cinq  ans  ?  regnard.  Joueur,  m,  7.  Je  sers  un 
maître  sans  bien  ;  ce  qui  suppose  un  valet  sans  ga- 
ges, LESAGE,  Crisp.  nt».  d«»o>i  maître,  se.  2.  ||  Être 
aux  gages  de  quelqu'un,  être  payé  pour  faire  l'office 
de  domestique.  Je  ne  suis  pas  à  ses  gages,  sÉv.  1 17. 
Il  y  en  a  bien  d'autres  que  lui  qui  ont  été  aux 
gages  des  gens,  et  puis  .qui  ont  eu  des  gens  & 
leurs  gages,  mabivadx,  Pays.  parv.  2"  part.  ||  Cet 
homme  ne  vole  pas  ses  gages,  se  dit  d'un  domes- 
tique qui  fait  bien  son  service;  et  fig.  de  toute  per- 
sonne qui  s'acquitte  bien  de  ce  qu'elle  a  à  faire. 
Homl  si  vous  le  payez  pour  vous  faire  haïr,  11  ne 
vous  vole  pas  ses  gages,  favart,  Soliman  II,  i,  to. 
Il  Dans  un  .sens  plus  général,  être  aux  pages  de 
quelqu'un,  être  payé  par  lui  pour  certains  offices. 
Il  a,  le  croirait-on?  des  comtes  à  ses  gages,  X  qui, 
pour  le  servir  selon  ses  intérêts,  11  fournit  équipage 
et  carrosse  et  laquais,  hauteroche,  Bourg,  de  qua- 
lité, V,  3.  Vous  supposiez  qu'on  ne  pouvait  être  bon 
français  sans  être  à  vos  gages,  fên.  Dial.  des  morts 
mod.  Richtl.  et  M  a  tarin.  ||  On  dit  dans  un  sens  au  a- 


GAG 

logue  :  tenir  à  ses  gages.  Les  grands  [de  Rome|, 
pour  s'affermir  achetant  des  suffrages,  'l'ienneiit 
pompeusement  leurs  maîtres  [les  gens  qui  votent] 
à  leurs  gages,  corn.  Cinna,  n,  l.  Un  faquin  or- 
gueilleux qui  vous  tient  à  ses  gages,  boii..  Sat.  i. 
Il  Familièrement.  Casser  aux  gages,  retirera  quel- 
qu'un son  emploi,  ses  appointements.  Et  que  pour 
sa  paresse  il  faut  casser  aux  gages,  scarron,  dans 
LE  ROUX,  Dict.  comique.  ||  Il  se  dit  aussi  d'un  supé- 
rieur qui  retire  sa  confiance  à  un  inférieur.  Il  a  eu 
longtemps  quelque  crédit  auprès  du  ministre;  mais 
il  a  été  cassé  aux  gages.  Enfin,  pour  l'inconnue, 
elle  est  cassée  aux  gages,  th.  corn.  Galant  doubl. 
m,  t.  Il  A  gages,  qui  reçoit  des  gages.  Ce  gouver- 
neur n'est  pas  un  homme  à  gages,  j.  j.  houss.  Ém. 
I.  Il  En  mauvai.se  part.  X  gages,  (jui  est  payé  pour 
faire  quelque  service  peu  honorable.  Des  applaudis- 
jeurs  à  gages.  La  Cleveland  [maîtresse  de  Char- 
les II],  dont  il  no  se  souciait  plus,  ne  laissait  pas 
de  le  déshonorer  par  des  inconstances  réitérées,  par 
des  choix  indignes,  et  le  ruinait  par  des  amants  à 
gages,  HAMII.T.  Gramm.  1 1.  ||  La  Fontaine  a  dit  à 
gage  au  singulier.  Notre  souffleur  à  gage  Se  gorge 
de  vapeur,  s'enfle  comme  un  ballon,  Fabl.  vi,  3. 
Il  9"  Gages  se  dit  quelquefois  du  salaire  d'un  capi- 
taine de  navire,  d'un  matelot.  ||  10°  Gages  se  disait 
autrefois  du  payement  que  le  roi  ordonnait  par  an 
aux  officiers  de  sa  maison,  aux  officiers  de  justice 
et  de  finance.  , 

—  SYN.  GAGES,  APPOINTEMENTS,  HONORAIRES.  Ap- 
pointements se  dit  pour  tout  ce  qui  est  place,  ou 
qu'on  regarde  comme  tel.  Honoraires  a  lieu  pour  les 
maîtres  qui  enseignent  quelque  science,  et  pour 
ceux  à  qui  on  a  recours  dans  l'occasion  à  l'effet  d'ob- 
tenir un  conseil  salutaire,  ou  quelque  autre  service 
que  leur  doctrine  ou  leur  fonction  met  à  portée  de 
rendre.  Gages  est  d'usage  à  l'égard  des  domestiques 
de  particuliers  et  des  gens  qui  se  louent  pendant 
quelque  temps  au  service  d'autres  personnes,  Encycl. 
VIII,  i!9i.  Traitement  peut  être  ajouté  à  ces  trois 
mots  examinés  par  l'Encyclopédie ,;  il  est  synonyme 
d'appointements  et  diffère  par  conséquent  de  ga- 
ges et  d'honoraires.  Il  y  a  en  outre  une  différence 
qui  n'est  pas  notée,  c'est  que  les  appointements, 
le  traitement,  les  gages  sont  quelque  chose  de  fixe, 
tandis  que  les  honoraires  s'entendent  mieux  de  ce 
qui  est  occasionnel  :  un  prêtre  assistant  à  un  ser- 
vice, un  médecin,  un  avocat  ont  des  honoraires;  le 
prêtre  qui  dessert  une  église,  le  médecin  qui  est 
attaché  à  un  hôpital  ont  un  traitement. 

—  illST.  XI'  s.  Il  durra  [donnera]  wage ,  e  tru- 
verad  plege.  Lois  de  Gaill.  o.  Devant  iceoque  [avant 
que]  [le  bétail]  seit  mis  en  guage,  ib.  25.  ||  xu'  s. 
Donner  son  gage,  Ronc.  p.  13.  La  teste  [il]  i  pert, 
u'i  laissa  autre  gage,  ib.  p.  6*.  Pur  ço  [cela]  s'ala 
à  Turs  celé  nuit  herbergier,  E  savoir  se  li  reis  le 
voidreit  là  baisier;  Mais  il  ne  porta  là  ne  maille  ne 
denier  ;  Ses  guages  11  covint  rachater  ou  laissier  ; 
Ne  li  reis  nel  baisa,  n'il  nés  fist  desguaigier.  Th.  le 
mart.  H7.  ||xiii"  s.  Par  la  beneoite  mère  Dieu,  j'ai 
biaus  enfans  de  mon  seigneur,  je  les  meterai  en 
gage  et  bien  trouverai  qui  me  prestera  sour  aus 
[eux],  Chron.  de  Rains,  158.  Mais  la  qeue  remest 
en  gage.s.  Dont  moult  li  poise  et  moult  li  grieve, 
fie».  (260.  Cil  qui  apele  par  gages  de  bataille  ne 
pot  contremander,  beaum.  lxix.  La  tierce  manière  de 
proeve  si  est  par  gage  de  bataille,  m.  xxxix,4.  Et  cil 
qui  presta  sor  le  gage  ne  pot  avoir  son  garant  de 
celi  qui  li  bailla  en  gages,  ID.  xxv,  23.  Je  dis  au 
roy  que  Mons.  Pierre  de  Courcenay  me  devoit 
quatre  cens  livres  de  mes  gajes,  lesquiex  il  ne  me 
vouloit  paier,  joinv.  263.  Mestiers  fu  à  l'umain  li- 
gnaige.  Que  plus  fort  de  li  mist  en  gaige  Souffisant 
pour  li  acquiter  Vers  Dieu  qui  l'ot  fait  à  s'ymaige, 
;.  DE  MEUNG,  Tr.  278.  ||  XIV"  S.  Sb  Un  rent  à  l'autre 
son  gage  ou  son  depost,  non  pas  de  volonté,  mais 
par  paour,  l'en  ne  doit  pas  dire  que  il  face  juste 
operacion  fors  tant  solement  par  accident,  oresme, 
Eth.  458.  Mais  il  sont  pluseurs  gens,  en  che  [ce] 
siècle  régnant,  Oui  ne  croient  en  Dieu,  le  père 
royaumant.  Se  che  n'est  sus  bon  gaige  qu'avoir 
voelent  devant,  Baud.  de  Seb.  y,  86.  ||  xv  s.  [Le 
capitaine  apprend  à  sa  garnison  que  le  château  est 
miné]  Les  compagnons  ne  furent  mie  bien  assurés 
de  ces  paroles;  car  nul  ne  meurt  volontiers,  puis- 
qu'il peut  finer  sur  autres  gages  [quand  il  peut 
sortir  d'embarras  autrement],  froiss.  i,  1,  32c. 
Ainsi  amour  me  mist  en  son  servaige,  Mais  pour 
seurté  retint  mon  cueur  en  gaige,  en.  d'orl.  i. 
[Maison]  Où  serviteurs  ot  en  grant  habondance  Qui 
gaiges  ontexcessis  sans  raison,  eust.  desch.  Admin. 
de  l'ostel  du  prince.  En  ladicte  bataille  estoient 
mors  huyt  mil  hommes  du  party  dudit  duc  prenans 


GAr, 

gages  de  luy,  et  autres  menues  gens  assez,  comm. 
v,  3.  Je  veiz  le  bonhomme  vieil  présenter  le  gage 
."i  son  filz  [le  duc  de  Gueldres  et  son  fils  comparais- 
saient devant  le  duc  de  Bourgogne  pouv  un  diffé- 
rend qu'ils  avaient  entre  eux],  id.  iv,  (.  Voulez- 
vous  faire  un  gage  [pari]  à  moi?  Oui,  vraiment, 
dit-il;  quel  sera-t-il?  louis  xi,  Nouv.  xxvii.  Pensez 
que  le  pauvre  gentilhomme  rendoit  bien  gage 
[payait  cher]  du  bon  temps  qu'il  avoit  eu  en  ce 
jour,  ID.  ib.  Lxxii.  Lesdits  capitaines....  casseront 
des  gages  d'un  quartier  ceulzqu'ilz  trouveront  avoir 
excédé  et  delinqué;  et  s'ilz  y  renchéent  une  autre 
fois,  ilz  les  casseront  du  tout  et  mectront  d'autres 
en  leurs  lieux,  Ordonn.  0  oct.  me.  ||  xv!"  s.  Il  y 
a  deux  sortes  de  gages  vif  et  mort.  Vif  gage  est  qui 
s'acquitte  des  issues  [dont  le  revenu  vient  en  dé- 
duction de  la  dette],  mort-gage,  qui  de  rien  ne 
s'acquitte  [dont  le  revenu  est  absorbé  en  pure  perte 
pour  le  débiteur],  loysel,  483,  484.  Telle  estoit  la 
coustume  que  celui  qui  appelloit  jettoit  un  gant 
pour  gage,  et  l'appelle  le  levoit,  et  s'appeloit  gage 
de  bataille,  brant.  Sur  les  duels, p.  <7,  dans  la- 
CDRNE.  Alors  du  dit  combat,  l'armée  vénitienne 
esloit  en  bataille....  lesquels  Vénitiens  gardoienl  les 
gages  [demeuraient  simples  spectateurs  du  com- 
bat] ;  car,  s'ils  eussent  voulu  assaillir  de  leurs 
costés,  les  ennemis  eussent  esté  contraints  de  sé- 
parer leurs  forces  en  divers  lieux,  du  bellay,  Hém. 
iiv.  II,  f°  41,  dans  LACURNE.  De  gage  qui  mange,  nul 
ne  s'en  arrange,  leroux  de  LiNCY,Pror).  t.  11,  p.  t3(. 
Gager  est  s'obliger  à  payer  les  rentes  et  redevances 
duos  pour  l'année  suivante;  si  le  vassal  n'est  pas 
resseant  sur  le  fief,  à  raison  duquel  il  les  doit,  il 
doit  donner  plege  qui  y  demeure  et  qui  s'oblige  de 
les  payer  ;  de  ces  deux  mots,  gage  et  plege,  on  a 
composé  celuy  de  gage-plege,  laurière,  Gloss.  du 
droit  fr.  L'un  l'avoit  nourri  et  avoit  pour  gages  de 
son  amitié  la  nourriture  de  son  enfance,  la  boétie, 
Servitude  volontaire. 

—  ÊTYM.  Wallon,  voig ;  prov.  gatge,  gatghe,gaje; 
espagn.  gage;  ital.  gaggio;  du  bas-latin  vadium, 
wadium,  dans  les  lois  barbares.  Il  y  a  deux  étymo- 
logies  aussi  probables  l'une  que  l'autre  :  la  première 
latine,  vas,  vadis,  répondant,  garant  ;  bien  que  le 
g  ou  gu  réponde  ordinairement  au  w  germanique, 
l'objection  n'est  pas  absolue,  car  vagina,  entre  au- 
tres, a  donné  goïne  ;  la  seconde  germanique  :  goth, 
vadi ;a.Tic.  haut-allem.  Mie((i;  frison,  i-ed,  gage,  cau- 
tion, promesse.  Il  est  probable  que  les  deux  étymo- 
logies  ont  concouru  pour  former  le  mot  roman. 

GAGE ,  ÉE  (ga-jé,  jée) ,  part,  passé  de  gager. 
Il  1°  Meubles  gagés,  ceux  qui  ont  été  saisis  pour  la 
sûreté  de  quelque  dette.  ||  2°  Mis  en  gageure.  Un 
déjeuné  gagé.  ||  3°  Qui  reçoit  un  salaire.  Je  suis  au- 
près de  lui  gagé  pour  serviteur.  Vous  me  voudriez 
encor  payer  pour  précepteur,  mol.  l'Êt.  i,  9.  C'est 
ainsi  que  des  auteurs  gagés  pardes  libraires  écrivent 
l'histoire,  VOLT.  Moeurs, ti.  Les  assassins  gagés  qu'il 
menait  à  sa  suite,  LEMiERRE,Bamefc/t,  1,5.  Et  moi, 
quel  est  mon  sort?  malheureux  I  je  ne  suis  Qu'un 
esclave  gagé  qui  sert  la  tyrannie,  masson,  Helvél. 
II.  Il  II  semble  qu'il  soit  gagé  pour  faire  cela,  il  semble 
qu'il  soit  payé  pour  cela. 

t  GAGÉE  (ga-jée),s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  deliliacées,  quiapour  type  la  gagée  minime. 

GAGE-MORT  (ga-je-mor),î.  ra.  Voy.  mort-gage; 
voy.  aussi  gage  à  l'historique,  xvi*  siècle.^ 

GAGER  (ga-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  et  0  : 
gageant,  nous  gageons),  v.  a.  \\  1°  S'engager  à...  par 
une  sorte  de  gage.  Vous  voudriez  qu'elle  fût  parfaite; 
avait-elle  gagé  de  l'être  au  sortir  de  son  couvent? 
sÉv.  B22.  Il  2°  Convenir  avec  quelqu'un,  sur  une  con- 
testation, que  celui  des  deux  qui  aura  tort  donnera 
à  l'autre  une  somme  ou  quelque  autre  chose.  Je 
gage  cent  pistoles  que  c'est  toi,  mol.  l'Impromptu, 
3.  Quand  il  y  aurait  une  infinité  de  hasards,  dont 
un  seul  serait  pour  vous,  vous  auriez  encore  raison 
de  gager  un  pour  avoir  deux,  pasc.  Pensées,  t.  i, 
p.  304,éd.LAHURE.  ||  Absolument.  Gageous,  dit  celle- 
ci,  que  vous  n'atteindrez  point  SitAt  que  moi  ce 
but,  LA  FONT.  Fables, \i,  lo.  Et  situ  veux,  nous  ga- 
gerons, et  verrons  qui  a  raison  des  deux,  mol.  l'Im- 
promptu, 3.  Il  gage  que  c'est  moi  ;  et  moi  je  gage 
que  c'est  lui ,  id.  ib.  Dans  le  palais  hier  Bilain 
Voulait  gager  contre  Ménage  Qu'il  était  faux  que 
Saint-Sorlin  Contre  Arnauld  eût  fait  un  ouvrage, 
BOiL.  Èpigr.  v.  |1  Gage  que,  ellipse  familière  pour  : 
je  gage  que....  Gage  qu'il  se  dédit.  —Et  moi  gage 
que  non,  mol.  VÉt.  m,  3.  ||  Il  se  dit  quelquefois 
comme  simple  affirmation.  Et  moi  je  gage  qu'il  ne' 
saurait  être  approuvé  d'aucune  personne  raisonna- 
ble, MOL.  l'Avare,  i,  e.  Comme  vous  avez  les  yeux 
rouges!  vous  avez  pleuré,  je  gage,  geni.is,  Thiât. 


GAG 


1811 


Sédue.  la  Lingêre,  i,  2.  ||  3°  Donner  des  gage»,  un 
salaire,  des  appointements  à  quelqu'un.  Gager  dos 
domestiques.  Elle  [la  royauté]  fait  subsister  l'aitt- 
San  de  ses  peines.  Enrichit  le  marchand,  gage  lo 
magistrat,  la  font.  Fabl.  111,2.  Vous  les  voyez  en- 
core, amoureux  et  volages,  Chercher,  la  bourse  en 
main,  de  beautés  en  beautés  La  mort  qui  les  attend 
au  sein  des  voluptés;  De  leurs  biens  prodigués  pour 
d'infâmes  caprices  Enrichir  nosPhrynés  dontils  ga- 
gent les  vices,  gilb.  Le  <8«  siècle. 

—  REM.  On  a  contesté  que  gager  de  suivi  d'un  In- 
finitif dût  se  dire  comme  parier,  sur  cette  raison  que 
gager  indique  une  chose  dont  on  esta  peu  près  sûr, 
et  parier  une  chose  dont  on  est  moins  sûr;  mais  la 
synonymie  de  ces  deux  mots  est  trop  voisine  pour 
que  l'emploi  en  soit  différent.  Quand  on  a  blâmé 
la  phrase  de  Mme  de  Sévigné  citée  plus  haut,  on 
n'a  pas  fait  attention  que  gager  y  a  le  sens  non  de 
parier,  mais  de  s'engager  ;  si  on  y  mettait  parier  à 
la  place  de  gager,  on  la  rendrait  ridicule. 

—  SYN.  GAGER,  PARIER.  Dans  gager  est  gage;  et 
dans  parier  est  pair,  égal.  Celui  qui  gage  expose 
donc  gage  contre  gage;  et  celui  qui  parie  est  but  â 
but  contre  quelqu'un.  Cela  fait  une  différence  pour 
l'image  que  les  deux  mots  présentent  à  l'esprit,  mais 
cela  n'en  fait  point  pour  le  sens  qui  s'est  attaché  à 
l'un  et  à  l'autre.  La   synonymie  en  est  complète. 

—  HIST.  xiii*  s.  Se  aucuns  des  mestiers  devant 
diz  est  adjornés  devant  le  mestre  qui  garde  le  mes- 
tier...  et  se  il  vient  à  son  jour,  et  il  cognoit,  il  doit 
gagier;  et  se  il  ne  paie  dedenzles  nuiz,  il  est  à  trois 
deniers  d'amende,  Liv.  des  met.  110.  Ciaus  [ceux] 
ou  celles  qui  font  apeler  et  qui  gagent  bataille  par 
champion,  Ass.  de  Jér.  <50.  Il  ne  muet  pas  de  sens 
[il  n'a  pas  do  sens]  celui  qui  plaint  Paine  et  travail 
qui  aquiert  avantage  ;  Pour  ce  ne  puis  veoir  que  cil 
bien  aint  [aime  bien].  Qui  pour  jouir  d'amours 
souffrance  gage  [refuse,  évite,  locution  tirée  de  l'ex- 
pression féodale,  gager  du  service,  refuser  ser- 
vice], Poés.  franc,  avant  l3(io,  t.  iv,  p.  (388,  dans 
LACURNE.  Il  XIV"  s.  Mes  plusors  qui  s'en  retornoient 
[après  une  trêve].  Et  qui  bien  la  trieve  savoient  Et 
l'accort  que  l'en  avoit  fet.  Gagiez  [arrêtés,  pris]  fu- 
rent sans  droit  de^it,  Ilist.  de  Fr.  en  vers  à  la  suit» 
du  roman  de  Fativel,  n"  68(0,  f»  84,  dans  lacuhne. 
Et  ou  cas  où  vous  trouvères  aucuns  qui  s'efforce- 
ront de  faire  le  contraire  des  choses  dessus  dictes.... 
si  les  gagez  et  contraigniez  à  payer  la  dicte  amende, 
Ordonn.  des  rois,  t.  m,  p.  08.  Si  vous  prie  que  vous 
gaigez  qu'elle  le  fera,  et  je  gaigerai  que  non,  ilé- 
nagier,  1,  e.  On  viendra,  on  nous  gagera,  Quanqua 
avons  nous  sera  esté,  Pathelin,  dans  raynouard. 
Il  xvi"  s.  Ainsi  chascun  se  délibère  aux  armes,  Gai- 
gent  piétons,  francs  archiers,  hommes  d'armes, 
J.  MABOT,  v,  72.  Ce  que  voyant  le  bon  Jannot  mon 
père  Voulut  gaigerà  Jaquet  son  compère.  Contre  un 
veau  gras,  deux  aigneletsbessons.  Que  quelque  jour 
je  ferois  des  chan.sons,  marot,  i,  2(8.  Qui  l'orroit 
plaindre  aucune  fois,  On  gageroit  que  c'est  la  voix 
De  quelque  dolente  personne,  id.  m,  I5(.  Le  juge- 
mentd'un  homme  gagé  et  achetté  est  moins  libre.... 
mont,  i,  (87.  Se  voyans  gagez  et  obligez  par  osta- 
ges  qui  leur  tenoient  de  si  près,  ilz  envoyèrent  des 
ambassadeurs  versRomulus,AMYOT,  Boni.  23.  Quand 
quelque  habitant  ou  autre  est  blechié  à  sang,  il  est 
tenu,  en  dedans  24  heures  enssuivant,  gagier  son 
sang,  qui  est  de  déclarer  au  sieur  son  bailly  le  nom 
de  cestuy  ou  ceulx  le  ayant  bleschié,  Nouv.  coust. 
génér.  1. 1,  p.  407.  Gager  du  service  [refuser  défaire 
service  en  parlant  d'un  vassal  qui  se  plaint  A'ua 
tort  non  redressé],  du  cange,  vadiare. 

—  ÉTYM.  Gage;  wallon,  wagt  ;  bourguign.  gaigit 
norm.  gagier;  provenç.  gatgar,  gatjar.  En  Lorraine, 
gager  a  souvent  le  sens  d'arrêter,  dresser  procès- 
verbal  :  N'entrez  pas  dans  ce  champ,  vous  vous  fe- 
riez gager;  on  les  a  vus  cueillir  du  raisin,  et  on 
les  a  gagés.  C'est  un  sens  ancien,  dont  on  peut  voit 
de  fréquents  exemples  dans  l'historique. 

GAGERIE  (ga-je-rie),  s.  f.  Ternie  do  pratique 
Saisie-gagerie,  simple  saisie  de  meubles  sans  trans- 
port, sans  condamnation  et  même  sans  permission 
du  juge,  ayant  seulement  pour  objet  d'assurer  le 
gage  du  créancier.  La  saisie-gagerie  se  fait  par  le 
propriétaire  sur  le  locataire. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  est  loisible  à  un  seigneur  cen- 
sier  en  la  ville  et  banlieue  de  Paris  de  procéder  par 
voye  de  simple  gagerie  sur  les  biens  estans  es  mal- 
sons pour  trois  années  d'arrérages,  Coust.  génér. 
t.  I,  p.  39. 

—  ETYM.  Gage. 

f  GAGET  (ga-jè),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires  du 


geai 


GAGEUR,  ECSR  (ga-jeur,  jeû-z*) .  t.  m.  et  f.  Celui, 


1812 


GAG 


ccll6  qui  gage,  ou  qui  est  dan»  l'habitude  de  gager. 
Ua  grand  gageur, 

—  HIST.  xvc  8.  Aprochant  de  ces  gagours,  llui. 
macar.  t.  i,  p.  220,  dans  raynouahu. 

ÉTYM.   Gager;   provenç.  gaxiaire,  gaxxador. 

Gatiaire  est  lo  nominalif,  i/aziador  est  le  régime. 

GAGKURK  (ga-ju-r') ,  s.  f.  ||  1»  l'romesse  de 
pSyer  telle  ou  telle  somme,  de  donner  tel  ou  tel  objet, 
«tipulco  par  des  personnes  qui  ont  fait  un  pari.  On  a 
fait  souvent  des  gageures  sur  la  grossesse  des  rei- 
nes, BALZ.  liv.  VII,  lett.  7.  Ils  veulent  soutenir,  au 
dédit  de  ce  que  l'on  voudra,  que  c'est  une  chose 
Impossible  [que  les  bêtes  n'aientpoint  de  pensée].... 
r.e  n'est  point  la  coutume  d'en  venir  aux  gageures 
t|He  lorsque  les  preuves  nous  manquent,  desc.  Uép. 
nux  «"  objeet.  6.  Juge-nous  un  pou  sur  une  gageure 
que  nous  avons  faite,  mol.  l'Impromptu,  3.  Si  j'a- 
vais fait  celte  gageure,  j'aurais  perdu  mon  argent, 
c6v.  «I.  Ces  petites  cailles  ont  cela  de  commun  avec 
celles  de  nos  climats  qu'elles  se  battent  à  outrance 
les  unes  contre  les  autres,  surtout  les  mâles,  et  que 
le»  Chinois  font,  à  cette  occasion,  fies  gageures  con- 
sidérables, BUFK.   Ois.  t.  IV,    p.    283,  dans   POUGF.NS. 

Revenons  à  noire  gageure  ;  vous  voudriez,  je  crois, 
me  la  faire  oublier,  sédaine,  Gageure  imprévue,  se. 
*2.  Il  Faire  gageure,  avancer  une  chose,  en  offrant 
delà  soutenir  par  une  gageure.  Je  fais  gageure  Qu'il 
n'est  mortel....  la  font.  Joc.  Ils  avaient  fait  ga- 
geure X  qui  des  deux  aurait  plus  de  bonheur  [à  la 
pêche),  ID.  Ca/.  Il  Soutenir  la  gageure,  accepter  la 
gageure  qui  estproposée  ;  et  iîg.  persévérer  dans  une 
entreprise.  Quelle  gageure  elles  se  sont  engagées  à 
soutenir  IsÉv.  371.  Personne  ne  voudra  soutenirune 
d  mauvaise  gageure,  ID.  *72.  ||  Cela  ressembleà  une 
gageure,  se  dit  d'une  action  étrange  et  dont  on  ne 
conçoit  pas  le  motif.  ||  f  La  chose  gagée  elle-même. 
Payer  une  gageure.  ||  Proverbe.  Gager  sa  tète  à  cou- 
per, c'est  la  gageure  d'un  fou. 
•-  —  HlST.  xiv  s.  Et  avecques  iceulx  fil]  a  fait  plu- 
sieurs gaigeures  de  paierie  disner....  ifi'nagier,  i, 
t.  Il  xv  s.  Tout  auiour  les  pins  avoit  dames  et  che- 
valiers armer,  et  desarmez;  si  dançoient  les  aucuns, 
les  heaumes  lacez,  aussi  comme  se  ce  fust  gageure 
[gage  de  bataille],  Lancelntdu  Lac,  t.  n,  1°  8S>,  dans 
LACUBNK.  Vous  avez  perdu  la  gageure,  louis  xi, 
Nouv.  XXVII.  Il  xvi*  s.  Il  feit  une  gageure  à  rencon- 
tre d  a  l'orateur  Hortensius,  qu'il....  amyot,  Lucul- 
lus,  s.  Rendre  les  terres  labourables,  en  Testât 
qu'elles  cstoient  lors  de  la  gageure  du  rachapt  [of- 
fre réelle  de  racheter],  Coust.  gén.  t.  11,  p.  64i).  Il 
seroit  utile  qu'on  passast  par  gageure  la  décision  de 
nos  dispute»  ;  qu'il  y  eust  une  marque  matérielle 
de  nos  pertes,  afin  que  nous  en  teinssions  estât;  et 
que  mon  valet  me  peust  dire  :  il  vous  cousia  l'année 
passée  cent  escus,  à  vingt  fois,  d'avoir  esté  ignorant 
et  opinia.stre,  mont,  iv,  37, 

—  ÉTVM.  Gager;  wallon,  wageur. 

GAGISTE  (ga-ji-sf),  s.  m.  Celui  qui  est  gagé 
pour  quebjue  service  sans  être  considéré  comme  do- 
mestique. Gagiste  de  théâtre.  Gagiste  de  musique. 
Comme  aussi  do  quelque  qualité  ou  condition  c|ue 
loit  le  donataire,  pensionnaire,  gagiste,  etc.  il  ne 
«era  pas  difficile  d'en  savoir  le  montant  [de  ce 
qu'il  reçoit]  chaque  année,   val'BAN,  Dime,  p.  7o. 

—  ÉTYM.  Gage. 

t  OAGNABLK  (ga-gna-W),  adj.  Qu'on  peut  ga- 
gner. La  partie  n'est  pas  gagnablo. 

—  IllST.xvi's Choses  qui  cstoient  plustostgai- 

gnables  par  sages  remonstrances  et  discours  de  rai- 
son, AMYOT,  Flam.  3.  J'ai  veu  et  advisé  l'entrée  qui 
est  gaignable  pour  gens  de  pied,  J.  d'auton,  jlnna/. 
de  L.  XII,  iftoe  et  IB07,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Cofffier;  provenç.  gaianhable;\KaX.guar 
gnnbile.  Dans  l'ancienne  langue  gaaignable  a  sur- 
tout le  sens  de  cultivable. 

GAGNAGE  (ga-gn.a-j' ),  t.  m.  Pâtis,  pâturage 
où  vont  paître  les  troupeaux.  Les  troupeaux  que 
la  faim  a  chassés  des  bocages  X  pas  lents  et 
CTuintifs  entrent  dans  les  gagnages,  racan,  Bcrg. 
A  tcidor,  t,  I .  Il  Champs  ensemencés.  Les  pigeons 
l'en  vont  aux  gagnages,  nu  cange,  gaignagium. 
,\  Terme  de  cha.ssc.  On  dit  que  les  bêtes  vont  au 
gagnage,  quand  elles  vont  chercher  leur  nourriture 
k  certaines  heures,  dans  les  terres  semées  de  grains 
ou  chargées  d'herbe, 

—  lliST.  xiii-  s.  11  a  une  terre  trouvée.  Qui  do  tous 
biens  est  estourée;  air  il  n'y  avoit  que  gagnaiges. 
Et  prés,  rivières  et  boscaiges,  du  cakgk.  gagna- 
»>«<m.  Et  prendoit  proies  es  paysans  et  tourbloit  le 
pays  qu'on  n'i  semoit  ne  ahanoit  nient,  no  faisoit 
nul  ^egnaga  [recolle]  tant  comme  la  terre  de  la 
marche duroit  et  encore  autre,  Chr.  de  naim,p.  73. 
Il  xnt    f .  Les  meilleurs  ouvriers  sayeurs  de  bleds  et 


GAG 

autres  gaignages  durant  les  moissons  ne  peuvent 
prendre  n'avoir  que  deux  sols  six  deniers,  Ordonn. 
des  rois,  t.  11,  p.  367.  ||  xvf  s.  On  met  sa  terre  en 
gagnage  [à  profit,  on  en  tire  parti,  en  la  faisant 
cultiver]  par  baux  â  rente,  cens  ou  fief,  loysel,  bo5. 
11  sçavoit  par  sur  tous  laisser  courre  et  lancer,  Bien 
deraesler  d'un  cerf  les  ruses  et  lafeiute,  ...Lesgan- 
pnages,  la  nuict,  le  lict  et  le  coucher,  bons.  210. 
Dedans  faisoit  sa  bauge  une  beste  sauvage  Qui  ja- 
mais autre  jiarl  ne  cherchoit  son  gaignage.  m.  670. 
Aussi  faut  il  sçavoir  qu'il  y  a  diiïerence  entre  gai- 
gnages  et  taillis;  les  gaignages  se  prennent  pour 
champs  et  jardins  là  où  sont  semez  les  bleds  et  po- 
tages; et  si  un  cerffaisoit.sanuitdedans  ces  champs, 
le  veneur  doit  dire  qu'il  a  fait  son  viandis  dedans  biS 
piaiynages,  kouilloux.  Vénerie,  f-so,  dansLACUBNE. 
Bon  gaignage  fail  bon  potage,  cotgrave. 

—  ErVM.  Gagner,  dans  le  sens  de  paître;  picard, 
gagnage,  gain  ;  Berry,  gdgnage,  gangnage;  prov. 
gasanhatge. 

GAGNANT,  ANTE  (ga-gnan,  gnan-t').  ||  i'S.  m. et 
f.  Celui ,  celle  qui  gagne  au  jeu,  à  la  loterie.  C'est  lui 
(|ui  est  le  gagnant.  Madame  est  une  des  gagnantes. 
||2°.4dj.  Le  billet,  le  numéro  gagnant.  Carte  gagnante. 

GAGNÉ,  ÊE  (ga-gné,  gnée),  part. possède  gagner. 
|l  1°  Obtenu  en  qualité  d'avantage.  Les  récompenses 
gagnées  parle  mérite.  ||  Bataille  gagnée,  victoire 
remportée.  ||  Procès  gagné,  piociis  dans  lequel  les 
juges  ont  prononcé  en  votre  faveur.  ||  Partie  ga- 
gnée, partie  de  jeu  où  l'on  a  eu  l'avantage.  ||  Abso- 
lument. Gagné  !  exclamation  pour  annoncer  que 
la  partie  est  gagnée.  ||  Donner  gagné ,  recon- 
naître qu'une  personne  a  l'avantage  sur  nous.  Je 
ne  sais  que  faire  de  vos  louanges....  les  rejet- 
tant,  je  donne  gagné  à  ceux  qui  me  blâment,  balz. 
liv.  IV,  lett.  7.  Je  vous  donne  gagné,  et  je  tombe 
d'accord  de  tout  ce  que  vous  voudrez,  p.  l.  colh. 
Letl.n,  236.  Il  Dans  le  même  sens  :  donner  cause 
gagnée.  ||  2"  Dont  on  s'est  emparé.  Le  bastion  ga- 
gné malgré  l'opiniâtre  résistance  des  assiégés.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Avoir  ville  gagnée,  être  maître 
de  l'affaire,  avoir  remporté  l'avantage  qu'on  se  pro- 
mettait. Eux  intr  iiuits ,  croyant  ville  gagnée, 
LA  pont,  les  Rem  \\  Croire  ville  gagnée,  crier,  se 
vanter  qu'on  a  renniorté  l'avantage.  ||  3°  Dont  on  a 
obtenu  l'affection,  la  feveur,  l'appui.  Un  si  grand 
ennemi  ne  peut  être  gagné,  corn.  Iléracl.  m,  2. 
Ceux  qui  le  voient  sont  gagnés  au  peuple  romain, 
Boss.  Ilist.  I,  8.  L'esprit  gagné  par  la  vraisemblance 
du  raisonnement,  id.  Sermons,  Parole  de  Dieu,  ). 
Eve,  à  demi  gagnée,  regarda  le  fruit,  dont  la  beauté 
promettait  un  goût  excellent,  id.  Ilist.  11,  1.  Her- 
mione  gagnée  Pour  jamais  de  sa  vue  [do  Pyr- 
rhus] allait  être  éloignée,  bac.  Andr.  m,  l.  ||4°  cior- 
rompu  par  des  dons  ou  autrement.  Les  voilà  tous 
[mes  crimes]  ,  madame  ;  et  si  vous  y  joignez  D'a- 
voir cru  dej  méchants  par  quelque  autre  gagnés, 
COBN.  Nicom.  IV,  2.  Mes  esclaves  gagnés,  que  le 
reste  va  suivre.  Sont  les  premiers  sujets  que  mon 
amour  vous  livre,  bac.  Bajaz.  m,  6.  Sa  femme 
de  chambre  était  gagnée,  uamilt.  Gramm.  4. 
Il  5°  Contracté,  en  parlant  de  maladie.  Des  infir- 
mités gagnées  au  service  de  l'État,  ||  6°  Atteint  par 
quelque  affection  morale  ou  par  quelque  maladie. 
L'autre  qui  fut  gagné  d'une  sale  avarice,  malh,  i, 
4,  Il  7°  Atteint,  en  parlant  d'un  lieu.  Le  défilé  gagné 
avant  la  nuit.  {|  8"  Qui  est  surpris  par  quelque  chose 
qui  s'avance.  Gagné  par  la  marée  montante.  Gagné 
par  la  nuit  dans  un  sentier  de  montagne. 

GAGNE-DEMEll  (ga-gne-de-nié;  l'r  ne  se  lie 
jamais),  s.  m.  \\  1°  Anciennement.  Nom  d'une  sorte 
rie  profession  qui  consistait  à  faire  des  commissions 
pour  le  service  d'autrui  à  un  prix  qui,  lorsqu'il  était 
question  d'affaires  pécuniaires,  était  ordinairement 
d'un  denier  par  livre.  ||  Terme  d'ancienne  adminis- 
tration. Employé  subalterne  qui  avait  la  charge  de 
mesurer  et  de  lasser  le  bois  dans  les  membrures  en 
présence  des  jurés.  Et  que  nous  leur  défendons  et 
aux  déchargeurs,  forts,  gagne-deniers  et  autres  de 
les  décharger  [les  marchandises] ,  Bail  Houxelin, 
36  septembre  1663.  jl  2°  Aujourd'hui,  nom  de  ceux 
qui  gagnent  leur  vie  par  un  travail  corjiorel,  sans 
savoir  un  métier  en  particulier.  |1  Au  plur.  Des 
gagne-deniers.  D'après  Laveaux,  il  faudrait  écrire 
des  gagne-denier;  cela  est  vrai,  si  l'on  considère, 
au  pluriel  ainsi  qu'au  singulier,  denier  comme  un 
nom  collectif;  mais  on  peut,  si  l'on  veut,  y  attacher 
l'idée  de  pluralité. 

—  msT.  xvi*  s.  Il  est  de  présent  paoure  gaigne 
denier  à  Lyon,  rab.  Garg.  i,  48. 

—  ÉTYM.  Gagner,  et  denier. 

GAGNE-PAIN  (ga-gne-pin),  s.  m.  Ce  qui  fait 
subsister  quelqu'un,  ce  qui  sert  à  gagner  sa  vie. 


GAG 

son  pain  Et  son  gagne-pain,  »a  trompette,  scabr. 
Virg.  VI.  Un  bûcheron  perdit  son  gagne-pain,  C'est 
sa  cognée....  la  font,  l'abl.  v,  ).  Que  nous  arait-il 
fait  pour  nous  engager  à  lui  ôter  son  gagne-pain  t 
j.  j.  Houss.  Ém.  ni.  ||  Il  se  dit  aussi  des  |)ersonnes. 
Il  est  le  gagne-pain  de  sa  famille.  ||  Au  plur.  De» 
gagne-pain. 

—  HIST.  xiV  s.  Et  che  firent  les  gaignepains 
[épées]  Dont  il  avoit  armé  ses  rnains,  du  cange, 
gagnagium  2.  Item  un  gaignepain  [épée]  pour 
mettre  es  mains  du  chevalier,  id.  ib. 

—  ETYM.  Gagner,  et  pain. 

GAGNE-PETIT  (ga-gne-pe-ti),  s.  m.  Rémouleur, 
celui  qui  va  par  les  rues  pour  aiguiser  des  couteaux, 
des  ciseaux.  \\  Au  plur.  Des  gagne-petit. 

—  HIST.  XVI'  s.  f:smouleur  de  couteaux,  ciseaux, 
ou  gagne-petit,  Édit,  avril  tMT. 

—  ETYM,  Gagner,  et  petit  (dans  le  sens  de  peu). 
GAGNER  (ga-gné) ,  ».  o.  ||  l'  Terme  de  chasse. 

Paître.  ||  2"  Tirer  un  profit.  ||  S'Acquérir  au  jeu. 
Il  4°  Il  se  dit  des  avantages  qu'on  remporte.  ||  B"  Mé- 
riter. Il  6°  Obtenir  quelque  chose  en  qualité  d'avan- 
tage. Il  7"  En  horticullure,  faire  naître  par  semis. 
Il  8°  Acquérir  des  avantages,  des  qualités.  ||  9"  En 
un  sens  opposé,  prendre  quelque  mal.  ||  10°  Obtenir 
quelque  chose  de  quelqu'un.  ||  11"  Acquérir,  en  par- 
lant des  cœurs,  des  esprits,  des  sentiments.  I!  12"  Se 
rendre  favorable.  ||  IS"  En  mauvaise  part,  corrompre. 
Il  14"  S'emparer,  se  rendre  maître.  ||  15"  Se  diriger 
vers  un  endroit,  y  parvenir.  ||  16"  Gagner  le  vent , 
en  termes  de  marine,  1117"  Atteindre,  rejoindre,  ou 
même  dépasser.  ||  18°  Se  propager,  s'étendre,  faire 
des  progrès,  ||  19"  Y.  n.  Devenir  meilleur.  ||  20°  Avoir 
un  profit,  un  avantage.  ||  21"  Avancer  en  crédit, 
en  considération.  ||  22"  Gagner  sur,  obtenir  que. 
Il  23°Gagnersur  quelqu'un,  aller  plus  vite.  ||  24"  S'é- 
tendre, se  propager.  ||  25"  V.  réjl.  Être  acquis  à  titre 
de  profit.  Il  26°  Etre  obtenu,  conquis,  en  parlant  du 
cœur,  de  l'affection.  ||  27°  Se  vaincre,  se  surmonter. 
Il  28°  Être  contracté  en  parlant  de  maladies. 

1"  Terme  de  chasse,  dans  lequel  seul  le  sens 
étymologique  est  resté.  Paître ,  en  parlant  des 
animaux  de  chasse.  X  la  tombée  du  jour,  le  la- 
pin sort  du  bois  et  vient  gagner.  ||  2°  Tirer  un 
profit   en  général,    par   une  extension  du    profit 

!  particulier  que  fournissent  les  pâturages  et  l'a- 
griculture.  J'ai  vu   dans  le  palais  une   robe  mal 

j  mise  Gagner  gros....  la  font.  Fabl.  vu,  (5 Or 

I  çà,  sire  Grégoire,  Que  gagnez-vous  par  anî  in, 
ib.  VIII,  2.  11  faut  bien  que  l'homme  vive  de  ce 
qu'on  lui  donne,  quand  il  ne  peut  pas  vivre  de 
ce  qu'il  gagne  ,  ravnal,  Ilist.  pliil.  xix  ,  lo.  On 
voit,  dans  nos  campagnes,  des  gens  qui,  ne  gagnant 

i  rien,   dépensent  gros,    étrangers,   inconnus,  p.  l. 

j  cour.  Gai.  du  village,  n°  4.  ||  Absolument.  Je  suis 
pauvre,  ajouta-t-elle;  et  c'est  à  moi  beaucoup  perdre 

[  que  de  ne  gagner  pas,  scarron,  Rom.  cojK.  1 ,  22. 
On  hasarde  de  perdre  en  voulant  trop  gagner, 
LA  font.  Fabl.  vil,  4.  Prenez  garde  ((ue  lavarice 
gagne  peu,  et  qu'elle  se  déshonore  beaucoup,  fén. 
Educ.  des  jilles,  ch.  <<.  Gagnez  le  plus  que  vous 
pourrez,  surtout  n'ayez  pas  deux  prix,  ravnal  , 
Ilist.  phil.  XIX,  6.  On  se  rappelait  que,  dans  iir.o 
pareille  position,  Pierre  I",  en  sacriliant  dix  Russes 
contre  un  Suédois,  avait  cru  non-seulement  ne  faire 
qu'une  perte  égale,  mais  même  gagner  à  ce  ter- 
rible marche,  sEgur,  Hist.  de  Aap.  ix,  3.  ||  Gagner 
de  l'argent,  devenir  possesseur  de  sommes  d'argent 
par  un  travail,  par  des  entreprises,  etc.  ||  Assurer 
par  le  travail.  Gagner  sa  vie  en  travaillant  à  la 
terre.  ||  Absolument.  Gagner  sa  vie,  gagner  de  quoi 
vivre  en  travaillant.  Pour  gagner  sa  vie  sans  avoir 
besoin  de  personne,  fén.  Tél.  xiv.  Mon  métier  est 

I  de  tuer  et  d'être  tué  pour  gagner  ma  vie,  volt, 
Babouc.  Il   On  dit  de  même  gagner  son  pain  à  la 

I  sueur  de  son  corps,  à  la  sueur  de  son  front.  ||  3"  Ac- 
quérir, au  jeu,  la  possession  do  quelque  chose.  Ga- 
gner cent  louis.  Gagner  à  la  loterie.  Gagner  un  lot. 
Il  Fig.  Gagner  son  âme,  par  oppgsition  à  la  perdre 
Le  Fils  de  l'homme  viendra  pour  rendre  à  chacun 
selon  ses  œuvres  ;  ce  qui  montre  que  son  intention 
est  qu'on  veuille  gagner  son  âme,  en  sorte  que  le 
salut  nous  est  proposé  comme  un  motif  qui  nous 
presse  à  ce  nécessaire  renoncement  [du  monde]  , 
BOSS.  4"  écrit.  II,  32.  Il  Gagner  les  cartes  ,  faire  une 
ou  plusieurs  levées  de  plus  que  son  adversaire. 
Il  Gagner  quelqu'un,  avoir  l'avantage  sur  lui  dans 
les  parties  de  jeu.  J.  J.  Rousseau,  qui  me  ga 
gnait  toujours  aux  échecs  ,  me  refusait  un  aval, 
tage  qui  rendit  la  partie  égale,  didehot.  Salon 
de  4767,  Œuvres,  t.  xiv,  p.  224,  dans  poogens. 
Il  Absolument.  On  prend  plaisir  à  gagner  à  toutes 
sortes  de  jeux,  même  sans  avarice,  et  l'on  n'aimo 


GAG 

point  à  pnnlre ,  nicols  ,  Ess.  de  mor.  i"  traité, 
ch.  t  S'il  est  rare  de  trouver  un  homme  qui  sache 
perdre,  combien  il  est  plus  rare  d'en  trouver  un 
qui  sacne  gagner!  didebot,  Salori  de  <767,  (JEuv. 
t.  XIV,  p.  224,  dans  pougens.  il  Jouer  à  qui  perd 
gagne,  convenir  que  le  gain  de  la  partie  sera 
pour  celui  qui  la  perdra.  On  disait  autrefois  : 
jouer  au  coquimbert  où  qui  gagne  perd,  leroux, 
Dici.  comique.  ||  Fig.  Jouer  à  qui  perd  gagne,  se  dit 
j  lorsqu'un  désavantage  apparent  procure  un  avan- 
I  tage  réel.  ||  Telle  carte  gagne,  signifie  que  celui 
I  qui  a  cette  carte  gagne  ce  qu'on  a  mis  dessus. 
Il  Aux  loteries,  tel  billet,  tel  numéro  gagne,  un  lot 
'  est  échu  à  tel  billet,  à  tel  numéro.  ||  Terme  de  jeu 
de  paume.  Au  dernier  la  balle  la  gagne,  il  faut, 
pour  gagner  la  chasse,  mettre  la  balle  au  dernier, 
c'est-à-dire  au  plus  près  du  fond  du  jeu.  ||  4"  11  se 
dit  des  avantages  que  l'on  remporte.  Gagner  le  prix 
de  la  lutte,  de  la  course.  ||I1  se  construit  liuelque- 
fois  avec  la  préposition  sur.  Il  a  gagné  le  prix  sur 
un  tel.  Il  On  dit  dans  un  sens  analogue,  gagner  une 
femme,  l'obtenir  pour  le  prix  de  quelque  action. 
Rodrigue  t'a  gagnée  et  tu  dois  être  à  lui.  corn. 
Cid,  V,  8.  Et  si  pour  me  gagner  il  faut  trahir  ton 
maître,  id.  Cinna,  m,  4.  Pour  gagner  Rodogune  il 
faut  venger  un  père,  id.  Rodog.  m,  4.  ||  Gagner 
une  bataille,  battre  l'ennemi.  Ce  sang  qui  tant  de 
fois  vous  gagna  des  batailles....  cok.n.  Cid,  ii,  9. 
S'ils  renversent  des  murs,  s'ils  gagnent  des  ba- 
tailles.... iD.  l'rol.  de  la  Tois.  d'or.  Ce  combat, 
quoique  peu  décisif,  préservait  le  grand-duché;  il 
réduisait  sur  ce  point  les  Russes  à  se  défendre,  et 
donnait  à  l'empereur  le  temps  de  gagner  une  ba- 
taille, SÉGUR,  llist.  de  Nap.  vi,  B.  ||  Gagner  un  pro- 
cès ,  avoir  en  sa  faveur  la  sentence  du  juge. 
Vous  avez  su  que  les  Calas  ont  pleinement  gagné 
leur  procès;  c'est  à  vous  qu'ils  en  ont  l'obliga- 
tion, d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  26  mars  4706.  ||  On 
dit  de  même  gagner  sa  cause.  ||  Absolument.  J'ai 
donc  enfin  gagné,  Didyme,  et  tu  le  vois.  L'arrêt  est 
prononcé,  c'est  moi  dont  on  fait  choix,  corn.  Théod. 
V,  8.  Il  Gagner  une  gageure,  un  pari,  avoir  l'avan- 
tage dans  une  gageure,  dans  un  pari.  ||  Gagner  la 
partie  .  une  partie,  avoir  l'avantage  dans  une  partie 
de  jeu.  Il  Absolument.  C'est  lui  qui  a  gagné.  ||  Dans 
les  courses,  ce  cheval  a  gagné  d'une  longueur,  de 
deux  longueurs,  c'est-à-dire  il  est  arrivé  avant  celui 
qui  le  suivait  d'une  fois,  deux  fois  la  longueur  de 
son  corps.  ||  5°  Kig.  Mériter.  Il  gagne  bien  l'argent 
qu'on  lui  donne,  il  gagne  bien  son  argent.  ||  On 
leur  a  bien  fait  gagner  leur  avoine,  se  dit  des 
chevaux  et  fig.  des  hommes,  quand  on  les  a  bien 
fait  travailler.  ||  Ironiquement.  11  l'a  bien  gagné, 
c'est-à-dire  il  ne  lui  arrive  que  ce  qu'il  mérite,  en 
parlant  d'une  déconvenue,  d'un  affront,  de  quel- 
que perte  ou  disgrâce.  ||  Gagner  le  ciel,  le  para- 
dis ,  le  mériter  par  ses  œuvres.  ||  Gagner  le  ju- 
bilé ,  les  indulgences  ,  mériter  les  grâces  qui  y 
sont  attachées.  H  Gagner  les  œuvres  de  miséricorde, 
gagner  les  récompenses  promises  par  Dieu  aux 
œuvres  de  miséricorde.  Servir  les  malades ,  c'est 
gagner  les  œuvres  de  miséricorde.  ||  6°  Obtenir 
quelque  chose  en  qualité  d'avantage.  ICt  ce  grand 
nom  de  Cid  que  tu  viens  de  gagner,  corn.  Cid,  v,  3. 
[Un  fils]  Qui  fait  triompher  Home  et  lui  gagne  un 
empire,  id. //or.iv,  2.  'Vous  pouvez  déjà  voir  comme 
elle  m'appréhende,  Combien  en  me  perdant  elle  es- 
père gagner,  lu  Nicom.  iv,  3.  L'avarice  perd  tout 
en  voulant  tout  gngner,  la  font.  Fahl.  v,  (3.  Alors 
l'Espagne  perdit  [par  le  mariage  de  Marie-Thérèse] 
ce  que  nous  gagnions  ;  maintenant  [par  la  mort] 
nous  perdons  tous  les  uns  et  les  autres,  boss.  Uar. 
Thér.  Ne  sera-t-on  fidèle  et  religieux  pour  les  ser- 
ments que  quand  on  n'aura  rien  à  gagner  en  vio- 
lantsa  foi?  fén.  Tél.  xx.  |{  Familièrement.  Il  n'y  a 
rien  à  gagner,  rien  de  bon  à  gagner,  se  dit  d'affaires 
qui  ne  promettent  rien  d'avantageux,  de  bon.  ||  Ga- 
gner du  temps,  gagner  temps,  s'arranger  de  ma- 
nière que  le  temps  soit  ménagé,  que  la  chose  soit 
différée,  i envoyée  à  un  meilleur  moment.  Je  vou- 
lais gagner  temps  pour  ménager  ta  vie,  corn. 
Poly.  V,  2.  Il  craignait  l'événement  d'un  com- 
bat, et  voulait  à  tout  hasard  gagner  du  temps , 
FLÉciiiEH,  IlisL  de  Théodose,  i,  6C.  Commençons 
par  écarter  le  provincial  et  gagnons  du  temps,  dan- 
court  ,  Vend.  Surène,  6.  ||  7"  Terme  d'horticul- 
ture. Gagner  une  fleur  ou  un  fruit,  obtenir  par  le 
semis  une  variété  nouvelle.  Gagner  un  œillet,  une 
fraise.  H  Terme  de  manège.  Gagner  l'épaule  d'un 
c'neval,  corriger  par  le  .secours  de  l'art  quelque  dé- 
faut dans  celte  partie.  Il  8°  Il  se  dit  des  avantages, 
des  qualités  qu'une  personne  ou  qu'une  chose  ac- 
quiert. Le  langage  perdit  en  naivelé  ce  qu'il  gagnait 


GAG 

en  finesse.  Mme  de  Villette  i  fait  un  voyage  utile; 
elle  a  gagné  de  l'embonpoint,  elle  a  vu  ses  enfants, 
MAiNTENON,  Lett.  à  M.  de  Villette,  23  mai  1083. 
Il  9°  En  un  sens  opposé,  prendre  quelque  mal,  tom- 
ber en  quelque  inconvénient.  Il  n'y  a  que  des  coups 
à  gagner.  Gagner  un  rhume,  une  pleurésie.  S'enga- 
ger dans  un  procès  où  il  n'y  a  que  de  la  honte  et  de 
l'infamie  à  gagner,  patru.  Plaidoyer  9,  dans  richh- 
LET.  La  Bourdonnaie  fut  quatre  ans  à  la  Bastille;  et, 
quand  il  fut  déclaré  innocent,  il  mourut  du  scorbut 
qu'il  avait  gagné  dans  ce  beau  château,  volt.  Lett. 
Richelieu,  21  juill.  1764.  Les  fièvres  putrides  et  iuler- 
miltentes,  inconnues  dans  les  pays  dont  on  vient  de 
parler,  ici  sont  habituelles;  on  les  y  gagne  si  aisé- 
ment que  les  voyageurs  craindraient  d'approcher  les 
lieux  qui  en  sont  infectés,  raynal,  Uist.  phil.  vu,  26. 
Il  Gagner  du  mal,  contracter  une  maladie  honteuse. 
Il  10°  Obtenirquelque  chose  de  quelqu'un.  Et  soudain 
sa  colère  a  trahi  son  amour  Avec  tant  de  transport  et 
tant  de  violence,  Que  je  n'ai  pu  gagner  un  moment 

d'audience,  coRN.  Ct'd,  v,  7 Et  je  ne  puis  gagner, 

dans  son  perfide  cœur,  D'autre  rang  que  celui  de  son 
persécuteur,  rac.  Andr.  il,  6.  En  cas  qu'il  ne  pût  rien 
gagner  auprès  de  la  petite  Saint-Germain,  hamilt. 
Gramm.  4.  ||  Nous  ne  gagnerons  rien  avec  lui,  nous 
ne  viendrons  pas  à  bout  de  le  faire  changer  de  ré- 
solution, de  conduite,  de  langage,  etc.  Caron,  je  te 
conjure  de  le  passer  le  plus  vite  que  tu  pourras;  car 
nous  ne  gagnerons  rien  avec  lui,  fén.  Dial.  des 
morts  anc.  I9.  ||  Gagner  quelque  chose  sur  l'esprit 
de  quelqu'un,  lui  persuader  une  chose.  Il  ne  gagnera 
rien  sur  ce  juge  irrité,  boil.  Sat.  ix.  Elle  ne  gagna 
rien  sur  l'esprit  de  ces  barbares,  rollin,  Hist.  anc. 
(Muv.  t.  X,  p.  80.  Il  Ou  dit  de  même  :  tachez  de 
gagner  cela  sur  vous,  faites  un  effort  sur  vous,  ob- 
tenez cela  de  vous.  |{  11°  Acquérir,  en  parlant  des 
cœurs,  des  esprits,  des  sentime.its.  Gagner  les  suf- 
frages. Après  avoir  pour  nous  employé  ce  grand 
homme,  Qui  nous  gagna  soudain  toutes  les  voix  de 
Rome,  CORN.  Potiip.  i,  3.  Un  regard  désarmé  de 
toutes  ses  rigueurs  Et  tel  qu'il  est  enfin  quand  il 
gagne  les  cœurs,  id.  Nicom.  i,  2.  Il  faut  envoyer  par 
avance  Tes  bonnes  œuvres  devant  toi,  Qui  de  ton 
juge  et  de  ton  roi  Puissent  te  gagner  la  clémence, 
ID.  [mit.  I,  23.  De  toute  votre  Espagne  il  a  gagné 
l'estime,  id.  Sertor.  ii,  2.  Mais  vous  ne  vous  rebutez 
point,  et,  pied  àpied,  vous  gagnez  mes  résolutions, 
MOL.  Bourg,  gent.  m,  I8.  Son  maintien  hoimêle  et 
sa  douceur  m'ont  gagné  l'âme,  in.  l'Avare,  i,  6. 
N'allait-elle  pas  gagner  tous  les  cœurs,  c'est-à-dire 
la  seule  chose  qu'ont  à  gagner  ceux  à  qui  la  nais- 
sance et  la  fortune  semblent  tout  donner'?  boss. 
Duch.  d'Orl.  L'un  forçant  des  villes  par  sa  valeur, 
l'autre  gagnant  des  cœurs  par  son  adresse,  fléch. 
lllme  de  Uontausier.  Dois-je  irriter  les  cœurs,  au 
lieu  de  les  gagner?  rac  Bajas.  ii,  i.  Songeons  plu- 
tôt, songeons  à  gagner  sa  tendresse,  id.  Mithr.  iv, 
6.  Mais  les  cœurs  opprimés  ne  sont  jamais  soumis'; 
J'en  ai  gagné  plus  d'un,  je  n'ai  forcé  personne,  volt. 
Ali.  I,  I.  Mon  [lère,  vos  discours  gagnent  ma  con- 
fiance; D'une  entière  franchise  ils  m'imposent  la 
loi,  MAssoN,  Ilekét.  ii.  ||  Terme  de  manège.  Gagner 
la  volonté  d'un  cheval,  triompher,  par  la  patience  et 
par  la  douceur,  de  la  résistance  de  l'animal.  ||  12°  Se 
rendre  favorable.  Mais,  charmante  Manane,  com- 
mençons, je  vous  prie,  par  gagner  votre  mère, 
KûL.'V Avare,  iv,  I.  Je  vois  trop  que  son  cœur  s'obs- 
tine à  dédaigner  Tous  ces  profonds  respects  qui 
pensent  la  gagner,  id.  Princ.  d'Él.  i,  4.  Ils  surent 
gagner  Luther  par  leurs  soumissions  ;  on  avait  tout 
de  Bucer  par  des  équivoques  ;  les  zwingliens  se  lais- 
saient fialter  aux  expressions  générales  des  frères, 
BOSS.  Var.  xi,  §  t97.  Il  sut  gagner  à  l'Église  le  nou- 
vel empereur,  id.  Hist.  i,  (i.  La  bonté....  devait 
être  le  premier  attrait  que  nous  aurions  en  nous- 
mêmes  pour  gagner  les  autres  hommes,  id.  Louis 
de  Bouriion.  Elle  avait  gagné  un  maire  de  Londres, 
dont  le  crédit  était  grand,  et  plusieurs  autres  chefs 
de  la  faction  ;  presque  tous  ceux  qui  lui  parlaient 
se  rendaient  à  elle,  id.  Reine  d'Anglet.  Elle  va  [en 
Hollande]  pour  engager  les  États  dans  les  inlérèts 
du  roi,  lui  gagner  des  officiers,  lui  am.'ncr  des  mu- 
nitions, ID.  ib.  Que  ne  fait  point  un  cœur  Pour 
plaire  à  ce  qu'il  aime  et  gagner  son  vainqueur? 
RAC.  Bérén.  ii,  2.  On  peut  bien  le  vaincre  et  non 
pas  le  gagner,  m.  Théb.  iv,  ).  Tous  les  soldats 
sont  gagnés  par  ses  largesses,  fén.  Tél.  xiii. 
Bien  instruit  des  moyens  par  lesquels  un  vieillard 
peut  être  gagné,  il  n'y  eut  point  de  caresses  qu'il 
no  lui  fît,  point  de  marques  d'estime  et  d'amitié 
qu'il  ne  lui  donnât,  bollin,  IHsl  anc.  Œuv.  t.  Il, 
p.  680,  dans  pougens.  Les  Romains  n  ignoraient 
pasloa  Mesures  que  prenait  Perséc  pour  gagner  les 


GAG 


1813 


peuples  et  les  villes  de  la  Grèce,  id.  <b.  t.  ix,  p.  n. 
Leur  flpre  austérité  que  rien  nu  peut  gagner,  volt. 
Brut.  1,  4.  Il  Se  laisser  gagner,  permettre  à  sa  volonté 
de  céder.  Qu'à  cet  éclat  du  trône  il  se  laisse  gagner, 
CORN.  Rodog.  I,  2.  Je  me  laissais  gagner  aux  soupirs 
qu'il  perdait,  mol.  le  Dép.  ii,  ).  Les  uns  se  lais- 
saient gagner  par  des  jeux,  BCSS.  Uist.  ii,  la. 
Il  13°  En  mauvaise  part,  corrompre  par  des  dons  ou 
autrement.  11  avait  gagné  le  geôlier.  Gagner  quel- 
qu'un à  force  d'argent.  ||  14°  S'emparer,  se  rendre 
maître.  L'ennemi  gagna  la  contrescarpe.  Gagner  du 
terrain.  Gagner  le  fort  de  l'épée.  ||  Par  extension. 
La  mer  doit  avec  le  temps  gagner  du  terrain  von 
l'occident  et  en  laisser  vers  l'orient,  buff.  Hist.  nat. 
Preuves  tltéor.  terre,  Œuv.  t.  ii,p.  197.  ||  Terme  d'es- 
crime. Gagner  la  mesure,  se  donner  un  avantago 
par  un  coulementd'épée  et  un  mouvement  en  avant. 
Il  Familièrement.  Gagner  du  chemin,  du  pays,  ga- 
gner chemin,  gagner  pays,  avancer,  poursuivre  sj 
route.  Je  dis  à  monseigneur  mon  père  Tout  ce  que 
m'avait  dit  ma  mère,  Et  qu'il  fallait  gagner  pays, 
scsRR.  Virq.  II.  Des  conseils  !  ah  !  le  triste  équipage 
pour  gagner  pays,  Marivaux,  les  Sttrpr.  de  l'am.  i, 
1 4.  Il  Fig.  Gagner  du  pays,  faire  des  progrès,  réussir. 
Ils  (les  sociniens]  gagnent  sensiblement  du  pays 
parmi  vous  [protestants],  puisque  déjà  on  leur  ac- 
corde des  élus  cachés  dans  leur  société  et  même  la 
tolérance  pour  leurs  dogmes  principaux,  boss.  i" 
averl.  47.  ||  Dans  les  courses,  gagner  la  corde  ou  le 
cordeau,  devancer  les  autres  et  s'approcher  le  plus 
près  de  la  corde.  ||  15°  Se  diriger  vers  un  endroit,  y 
parvenir  (le  terrain,  le  chemin  étant  considéré  com  me 
quelque  chose  que  l'on  gagne).  Ils  gagnent  leurs 
vaisseaux,  ils  en  coupent  les  câbles,  COUN.  Cid,  iv, 
3.  Elle  gagne  la  tour  d'un  pas  précipité,  mair.  ifort 
d'Asdrub.  v,  I .  Us  allèrent  gagner  le  chemin  du  dé- 
sert, SACi,  Bible,  Jérémie,x\xix,  4.  Pour  gagner  ces 
défilésavant  que  l'ennemi  s'en  pilt  saisir,  on  trouva 
à  propos  de  partir  de  nuit,  rollin,  llist.  anc.  Œuv. 
t.  IV,  p.  192.  Il  passa  par-dessus  des  tas  de  morts  et 
de  mourants,  et  gagna  d'abord  un  village  voisin, 
volt.  Cand.  3.  Après  le  dîner  nous  gagnâmes  l'om- 
bre sous  de  grands  arbres,  i.  i.  bouss.  Confess.  vi. 
Sans  courir  absolument  la  poste  vers  l'autre  monde, 
j'en  gagne  tout  doucement  le  chemin,  d'alemb.  Leil. 
au  roi  de  Prusse,  2|  avril  I77i.  ||  Gagner  le  temps, 
gagner  l'heure,  parvenir  au  temps  requis,  à  l'heure 
voulue.  Il  Familièrement.  Gagner  la  porte,  se  di- 
riger vers  la  porte  pour  s'enfuir.  Le  père  épou- 
vanté gagne  aus.sitût  la  porte,  corn,  le  Ment,  ii,  6. 
J'ai  gagné  doucement  la  porte  sans  rien  dire, 
BOiL.  Sat.  III. Mais  de  sa  canne  enfin  il  te  bourrait, 
Et  tu  gagnas,  sans  mot  dire,  la  porte,  poNS  (de 
Verdun),  les  Excuses,  conte.  ||  Familièrement.  Ga- 
gner le  largo,  gagner  au  pied,  gagner  la  guérite, 
gagner  au  haut,   le   haut,  gagner   les  champs,   le 

taillis,    c'est-à-dire    s'enfuir,    s'esquiver C'est 

son  valet  qu'il  nomme  ,  Celui  qui  devant  nous 
vient  de  gagner  au  pied,  scarron,  Jodelet  ou 
le  maUre  valet,  i,  3.  Et  puis  comme  devant  les 
chiens  Gagne  au  pied  le  timide  lièvre,  id.  Virg. 
trav.  1.  Le  galant  aussitôt  Tire  ses  grègues,  ga- 
gne au   haut.    Mal  content    de    son    stratagème , 

LA  FONT.  Fabl.  Il,  <5 Tant  pis;  J'en  serai  moins 

léger  à  gagner  le  taillis ,  mol.  Dép.  am.  v,  i . 
Gagnons  au  pied ,  si  vous  m'en  voulez  croire, 
TU.  CORN.  Vam.  à  la  m.  m,  s.  ||  16°  Terme  de 
marine.  Gagner  le  vent,  le  dessus  du  vent,  se 
mettre,  à  l'égard  d'un  autre  vaisseau,  entre  lui  et 
le  côté  d'oti  le  vent  souflle.  ||  Gagnefau  vent,  s'ap- 
procher du  point  de  l'horizon  d'où  le  vent  parait 
souffler.  Il  Fig.  Gagner  le  dessus,  l'emporter,  avoir 
l'avantage.  Ces  raisons,  qui  flattent  nos  sens,  gagne- 
ront aisément  le  dessus,  boss.  ¥ol.  de  Moiiterby. 
Il  17°  Atteindre,  rejoindre,  ou  même  dépasser.  Il  al- 
lait vite;  pourtant,  forçant  le  pas,  je  le  gagnai.  Ga- 
gner l'ennemi.  {|  Gagner  quelqu'un  de  vitesse,  ar- 
river avant  lui,  parce  qu'on  a  cheminé  fus  rite. 
Il  Fig,  Gagner  quelqu'un  de  vitesse,  le  prévenir.  Je 
voulais  avoir  ce  poste,  mais  il  m'a  gagné  de  vitesse. 
On  dit  dans  le  même  sens  gagner  de  la  main.  |{  Ga- 
gner de  vitesse,  disent  les  grammairiens  du  xvii*  siè- 
cle, pour  signifier  prévenir  (]ueli|u'un  par  lui  redou- 
blement de  diligence,  est  une  expression  peu  e.xacte 
qui  n'a  pas  laissé  de  s'introduire  dans  l'usage.  |l  Ga- 
gner le  devant,  ou  les  devants,  partir  avant  quel- 
qu'un, le  dépasser  en  allant  plus  vite.  ||  18°  Se  pro- 
pager, s'étendre,  faire  des  progrès.  Le  feu  gagnait  la 
maison  voisine.  De  la  jambe,  la  gangrène  a  gagné  la 
cuisse.  Vous  périssez,  les  ondes  vous  gagnent,  mass. 
Avent,  Délai.  La  contagion  fit  un  bien  plus  grand 
ravage  dans  Athènes,  on  n'en  avait  jamais  vu  do 
semblable;  on  dit  qu'elle  avait  commencé  «n  Ëtbio- 


1814 


GAG 


pie  d'où  elle  desconilit  en  Egypte,  et  do  là  gagna 
la  Liby»  et  une  granue  partie  de  la  Perse,  hoixin, 
Hitt  anc.  œuvra,  t.  ui,  p.  605,  dans  pougens. 
Mes  maui  me  gagnent  et  m'éloignent  chaque  jour 
Javantogo  de  1»  société,  J.  J.  Bouss.  LcU.  à  Sainl- 
Umbert,  4  sept.  I7^7.  La  corruption  avait  gagné 
nutes  les  pallies  de  l'admiaistration  publique, 
niuKBOT,  Opin.  des  anc.  philo<.  {philos,  socratique) . 
Cette  folie  to  gagne,  je  t'en  avertis,  prends-y 
garda,  oenlis,  Thédt.  d'éduc.  Fausses  délicatesses, 
I,  «.  il  La  faim,  le  froid  me  gagne,  s'empare  de  moi 
peu  à  peu.  Vos  tristesses  sont  si  contagieuses  qu'elles 
ont  gagné  jusqu'à  votre  valet,  on  l'entend  qui  sou- 
tire, MABivAUX,  VJIeur.  slralag.  i,  B.  Grâce  aux 
jeaur  esprits  do  notre  ,Sge,  L'ennui  nous  gagne 
assez  souvent,  iiêbang.  Â(je  futur.  ||  Absolument.  Le 
désordre  s'est  établi  dans  votre  maison;  il  a  gagné 
do  toute  part,  didebot,  l'ère  de  famille,  v,  9.  Pour- 
quoi nonî  la  rage  de  sauter  peut  gagner,  voyez  les 
moutons  do  Panurge,  beaumarch.  Mar.  de  Figaro, 

IV,  «.  Il  La  nuit  nous  gagne,  elle  s'approche. 
Il  L'heure,  le  temps  nous  gagne,  il  ne  nous  reste 
plus  que  bien  peu  de  temps,  ICUe  paraissait  fort  af- 
fairée, l'heure  commençait  à  la  gagner,  hamilt. 
tyramm.  7.  Le  temps  me  gagne,  les  espions  m'ob- 
sèdent, je  suis  forcé  de  faire  à  la  hâte  et  mal  un 
travail  qui  demanderait  le  loisir  et  la  tranquillité 
qui  me  manque,  j.  J.  bouss.  Confess.  vu.  ||  Terme 
de  manège.  Votre  cheval  vous  gagne,  il  vous  em- 
porte, vous  n'en  êtes  plus  le  maître.  On  dit  aussi 
qu'un  cheval  gagne  à  la  main  quand,  s'animant,  il 
va  plus  vite  que  le  cavalier  ne  le  veut.  ||  19'  V.  n. 
Gagner,  devenir  meilleur.  Ces  bœufs  ont  bien  ga- 
gné dans  les  pacages.  Mes  blés  ont  bien  gagné  de- 
puis que  le  temps  doux  est  venu.  Je  suis  persuadé, 
sire,  que  ce  voyage  serait  très-avantageux  pour 
M.  Bitaubé,  que  son  poème  y  gagnerait  beaucouj), 
a'ALEMBEBT,  Lett.  OU  roi  de  Prusse,  25  avril  (774. 
Il  Ï0°  Avoir  un  profit,  un  avantage.  Il  n'y  a.  que  Pau- 
line qui  gagne  à  votre  mal  de  tête,  sÉv.  644.  Nous 
rions  du  mot  de  diable,  nous  respectons  celui  de 
furie;  voilà  ce  que  c'est  que  d'avoir  le  mérite  de 
l'antiquité;  il  n'y  a  pas  jusqu'à  l'enfer  qui  n'y  ga- 
gne, VOLT.  Ess.  poés.  épique,  7.  ||  21"  Avancer  on 
crédit,  en  considération.  Donc  Bertrand  [le  singej 
gagnerait  près  de  certains  esprits,  la  font.  Fabl. 
xii,  3.  Il  y  a  des  gens  qui  gagnent  à  être  extraordi- 
naires, LA  BRUY.  XI.  Vous  aviez  gagné  chez  les  pay- 
sans, vous  perdez  parmi  les  beaux  esprits,  j.  j. 
BOUSS.  llél.  Il,  27.  Il  Paraître  meilleur.  À  tout 
prendre,  je  crois  que  l'ouvrage  gagne  à  la  lec- 
ture, d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  CÊCuv.  avril  <7B7. 
Il  II  gagne  à  être  connu  ,  c'est-à-dire  plus  on  le 
connaît,  plus  on  l'estime,  plus  on  l'aime,  plus  on 
apprécie  son  mérite.  Mon  hls  gagne  toujours  à  se 
faire  connaître,  destoucues,  Phil.  marié,  iv,  3.|1  Kn 
un  sens  contraire.  11  ne  gagne  pis  à  être  connu. 
Il  M"  Gagner  sur,  obtenir  que.  J'avais  gagné  sur  lui 
qu'il  aimerait  la  vie,  COBN.  Cinna,iv,  5.  Il  vient  de 
me  quitter  assez  triste  et  confus;  Mais  j'ai  gagiié 
sur  lui  qu'il  ne  me  verra  plus,  id.  PoIij.  ii,  4.  El 
qu'il  n'est  repentir  ni  suprême  puissance  Qui  gagn.H 
sur  mon  cœur  d'oublier  cette  oITense,  mol.  D.  Garde, 

V,  5.  Elle  se  contente  d'avoir  gagné  sur  eux  qu'ils 
admettent  le  nom,  pasc.  Prov.  a.  Quand  on  a  pu  ga- 
gner une  fois  sur  soi  de  n'y  penser  plus  du  tout , 
ID.  ib.  4.  Il  L'emporter.  Pourru  que  votre  amour 
gagne  .sur  vos  douleurs,  corm.  Pomp.  v,  B.  Ce  fut 
un  bonheur  pour  la  Hollande  que  le  vent  du  sud 
gagna  sur  celui  qui  lui  était  opposé;  car  la  mer 
cuit  si  enflée  que  les  eaux  étaient  de  dix-huit  pieds 
plus  hautes  que  les  terres  les  plus  élevées  de  la 
province,  i  la  réserve  des  dunes,  buff.  Ilist.  nat. 
l'reuves  théor.  terre,  t.  n,  p.  427.  ||  ÏS"  Gagner  sur 
quelqu'un,  aller  plus  vite,  s'en  rapprocher  en  mar- 
chant et  pendant  qu'il  marche.  Le  chevalier  voyait 
qu'on  gagnait  sur  lui,  iiamilt.  Gramm.  5.  ||  24'  sé- 
tendro,  se  propager.  L'incendie  gagnait  de  tous 
côtés.  Le  christianisme  gagna  rapidement  parmi  les 
gentils.  Dans  l'accord  fait  avec  Calvin  en  1654,  on 
voit  cpie  le  calvinisme  commençait  à  gagner;  la  jus- 
tice impuUtivc  paraît,  boss.  Yar.  x,  §  «o.  Aussi  la 
contagion  n'a-telle  pas  gagné,  mass.  Carême, 
IJoules.  Il  »5"  Se  gagner,  r.  réft.  Être  acquis  à  titre 
de  profit  Une  si  forte  somme  ne  se  gagne  pas  en 
un  jour.  Il  I6"  fttre  obtenu,  conquis,  en  p:irlant  du 
Cdur,  de  l'aiïection,  etc.  C'est  la  volonté  qu'il  faut 
gagner,  et  elle  se  gagne  par  la  douceur,  l'amitié,  la 
persuasion,  et  surtout  par  l'attrait  du  plaisir,  bollin. 
Traité  des  Kt.  vu,  i,  lo.  ||  27-  Se  vaincre,  se  sur- 
monter. U  y  a  miUe  choses  que  lo  prédicateur  fou- 
oroi»  tous  les  jours  en  chaire  et  sur  lesquelles  je  ne 
•auiai,  me  gagner,   mss.   tl,jtl.   Yisitatinn  dr  la 


GAG 

Ste  ritrge.  ||  28*  Être  contraclé,  en  parlant  de  la 
maladie.  Celte  fièvre  se  gagne  dans  les  marais. 
Il  Particulièrement.  Être  contracté  par  contagion. 
La  coqueluche  se  gagne.  Ne  soyez  point  en  peine 
de  lui  ni  de  moi  ;  son  mal  ne  se  gagne  point 
à  causer  et  à  lire,  sÉv.  »  oct.  <«8u.  ||  Fig.  À 
moins,  ajouta-t-elle,  qu'elle  ne  veuille  partager 
le  mien  [lit];  qu'en  dis-tu ,  cousine?  mon  malheur 
ne  se  gagne  point ,  J.  J.  bodss.  Hél.  vu ,  )  i . 
Il  Proverbes.  Du  dérober  au  restituer,  on  gagne 
trente  pour  cent,  c'est-à-dire  on  ne  restitue  jamais 
tout.  Il  11  n'est  pas  marchand  qui  toujours  gagne, 
c'est-à-dire  tous  les  marchands  sont  exposés  à  per- 
dre; et  fig.  on  doit  s'attendre  à  des  contrariétés  dans 
les  affaires  de  la  vie.  ||  Qui  bien  gagne  et  bien 
dépense  n'a  que  faire  de  bourse  pour  serrer  son 
argent. 

—  REM.  Corneille  a  dit  dans  la  t"  édition  du  Cid 
gagner  des  combats  :  Le  prince  à  mes  côtés  ga- 
gnerait des  combats,  Cid,  i,  3.  Cela  fut  critiqué 
par  Scudéry  et  par  l'Académie;  ce  qui  décida  Cor- 
neille à  changer  le  vers.  Voltaire  (qui  lui-même  a 
employé  cette  locution  :  Le  duc  de  Ven'lôme  com- 
mandait en  Catalogne,  où  il  gagna  un  combat  et  où 
il  prit  Barcelone,  iouùJ/V,  17)  remarque  qu'il  n'y  a 
aucune  raison  pour  ne  pas  dire  gagner  des  combats 
comme  gagner  des  batailles.  Le  fait  est  que,  gram- 
maticalement, rien  ne  s'y  oppose;  seulement  l'un 
est  moins  usité  que  l'autre. 

—  HiST.  XII"  s.  En  pais  [nous]  tenons  nos  terres, 
ses  [si  les]  faisons  gaaignier  [cultiver],  Sax.  xvi. 
La  terre  est  morte  e  eissillie.  N'est  arée  ne  gaai- 
gnée,  benoît,  Chr.  deNorm.  4901.  ||  xiir  s.  Là  en 
ot  assés  de  mors  et  de  pris,  et  li  pors  de  Constan- 
tinoble  i  fu  gaaigniés,  villeh.  lxxu.  Ceste  gent  ne 
puent  plus  paier,  et  quanques  il  nous  paient,  nous 
l'avons  tout  gaaignié,  pour  la  convenance  qu'il  ne 
nous  tienent  mie,  m.  xxxvui.  Cil  gaigna  [eut]  deus 
enfans  en  la  serve  haïe,  Berte,  lx.  Tex  [tel]  cuide 
gaaigner  qui  pert.  Et  autre  emborse  le  gaaing,  Ren. 
y.  20804.  Li  fevres  en  a  à  gaaigner  son  pain,  et  si 
pourroit  estre  damaces  au  commun,  beaum.  liv,  t . 
Et  s'il  gaigne  le  [la]  querele,  que  il  r'ait  les  levées, 
m.  49.  Se  tu  veus  labourer  en  terre,  Vergile  dois  lire 
et  enquerre;  Chil  [celui-là]  te  sara  bien  enseignier 
Ques  [quelles]  terres  tu  dois  gaaignier,  nu  cance, 
gagnagium.  Pour  la  renommée  qui  estoit  grant  en 
Cypre  de  la  bataille  qui  devoit  estre,  passèrent  de 
nos  gens  serjans  en  Hermenie  pour  gaaingnier  et 
pour  estre  en  la  bataille,  joinv.  212.  Et  li  dormirs 
me  gaaigne,  alkbrant,  f"  7.  |j  xiv  s.  Vostre  souldoier 
sommes,  et  vostre  argent  gaignons,  Guescl.  5539. 
Les  banieres  roiaux  [ils]  vont  sur  les  murs  poser  ; 
Ville  gaignie!  vont  criant  et  hault  et  cler,  ib.  20371 . 
Nous  avons  ordonné,  ordonnons  et  voulons  qu'il 
soit  ainsi  publiquement  crié  que  chascun ,  de  quel- 
que estât  qu'il  soit,  puisse  prendre,  gaingner  et 
piller  sur  les  ennemis  du  royaume,  Ordonn.  des 
rois,  t.  m,  p.  <  39.  Au  garder  a  plus  grant  sens  Que 
au  gaaigner  a  dit  l'en,  Ovide,  de  l'art  (f  aimer,  ms. 
de  St-Germain,  f"  95,  dans  lacurne.  ||  xv*  s.  Quand 
cette  grosse  ville,  qui  Guerrande  estoit  appelée,  fut 
ainsi  gagnée,  rohée  et  exilliée,  ils  ne  sçurent  plus 
avant  ou  aller  pour  gagner  [piller],  froiss.  i,  i,  <79 
Là  eut  en  celle  journée  grant  enchas  et  dur  et  maint 
homme  renversé  ;  et  toutes  fois  les  bien  montés  le  ga- 
gnèrent, et  se  sauvèrent  le  sire  de  Fiennes,  le  sire  de 
Cresaques....  m,  i,  i,  327.  Choses  gaingniées,  si  sont 
qui  ne  sont  appropriées  à  nul  homme  et  qui  sont 
trouvées,  que  nul  ne  demande  ne  ne  reclame,  Gloss. 
sur  les  coust.  de  Beauv.  dans  lacurne.  Gaigner 
avant  le  coup  [prendre  d'avance],  Perccforesl,  t.  i, 
r*  122.  Au  derrain,  je  doy,  sans  mentir,  Gaaingnier 
le  jeu  entièrement,  cii.  d'orl.  Bail.  45.  Se  vous 
tirez  autant  que  moi,  Bientost,  ainsi  comme  je  croi, 
daignerons  le  rivage,  basselin,  xxxv.  Et  que  s'il  en 
avoit  eu  affaire,  qu'il  [le  roi  d'Angleterre]  le  gai- 
gneroit  [l'obtiendrait]  des  siens ,  comm.  i  ,  15. 
Il  xvi'  s.  Pas  n'est  marchant  celluy  qui  tousjours 
gajgne,  j.  marot,  v,  231.  Voyans  la  proye  guaigner 
à  tyre  d'esle,  ilz  estoyent  bien  marryz,  rab.  Garg. 
I,  Prol.  Gaigner  un  advantage  sur  l'ennemy,  mont. 
I,  ir>.  Gaigner  une  battaille  contie....  ro.  1,  (O.  Gai- 
gner du  temps,  id.  i,  23.  U  gaigne  sa  vie  à  se  faire 
voir, iD.  I,  (09.  C'est  un  excellent  moyen  de  gaigner 
lo  cœur  et  la  volonté  d'aultruy,  id.  1,  t. 15.  L'insti- 
tution a  gaignié  cela  sur  moi,  id.  i,  «84.  Gaignons 
sur  nous  de  pouvoir  vivre  seuls,  id.  i,  277.  Il  est 
besoing  de  parler  ainsin  aux  juges  qu'on  veult  gai- 
gner, II).  u,  108.  Minutius,  faisant  de  l'audacieux, 
alloit  gaigiiant  la  bonne  grâce  des  soudards  par.... 
amtot,  Fab.  ts.  Or  y  avoit  il  entre  les  deux  camps 
une  motte  non  gueres  malaisée  à  gaigner,  m.  ib.  ' 


GAI 

24.  Ce  mal  là  se  coula  peu  à  peu,  et  gaigna  secret 
tement  sans  estre  de  longtemps  cogneii  à  Home,  ID. 
Cor.  (».  Le  mari  qui  survit  la  femme  gaingne  la 
moitié  de  la  dote  [a  un  droit  acjuis  à  cette  moitié), 
Cotist.  génér.  t.  u,  p.  479.  Les  chefs  n'eurent  meil- 
leur expédient  que  bien  tost  après  gagner  au  pied, 
laissant  leur  honneur  en  gage,  et  se  doutans  bien 
que  leur  vie  y  pendoit,  bèze.  Vie  de  Calvin,  p.  loï. 
L'on  nous  monstre  icy  volontiers  les  canons  gaignez 
sur  nous,  et  ne  pouvons  moins  que  de  leur  mons- 
trer  l'espée  de  Thallx)t  [M.  de  Boissize,  ambassadeur 
en  Angleterre,  àM.de  Villeroy],  de  laborde,  Emaux, 
p.  483.  Un  monsieur  vouloit  faire  mourir  un  homme 
sans  information;  et,  quand  le  juge  lui  disoit  :  Hé 
monsieur,  il  n'a  pas  gaigne  à  estre  pendu,  il  lai 
respondoit  :  S'il  ne  l'a  pas  gaigne  à  cette  fois,  il  If 
gaignera  bien  une  autre,  bouchet,  Serées,  n.  p.  80, 

dans  lacurne Enfin  tout   gaigne.  [pénétré]  àk 

noire  poison,  Après  le  sens  troublé  s'égara  la  raison, 
DESPOhTES,  Œuvres,  p.  4  67,  dans  lacurne.  Assez 
gaigne  qui  malheur  perd,  cotgrave.  Tel  change 
qui  ne  gaigne  pas,  lu.  Marchand  qui  ne  gaigne 
perd,  10.  Jamais  ne  gaigne  qui  plaide  à  sou  sei- 
gneur ou  qui  précède  à  son  maisire,  id. 

—  ÊTYM.  Wall,  wagni  ;  Berry,  gaingné  ;  prov. 
gaianhar,  gazagnar,  guaîanhar,  gaaniar;  anc. 
cat.  guadagnar;  cat.  mod.  guangar;  ital.  guada- 
gnare;  du  germanique  :  anc.  haut-allem.  weida- 
njan,  faire  paître,  weida,  pâturage. Toutes  les  (ormes 
sont  trisyllabes;  le  sens  de  paître,  qui  ne  figure 
pas  dans  l'historique  de  gaaigner,  figure  dans  ga- 
gnage.  La  langue  doïl,  du  sens  rural  de  paître,  a  passé 
au  sens  rural  de  labourer  ;  puis  le  profit  fait  par  la 
culture  a  désigné  toute  sorte  de  profits,  lo  gagner, 
ce  qui  est  le  seul  sens  resté  aujourd'hui  en  usage. 
Bèze,  au  xvi'  siècle,  a  gaigner  ;  mais  il  ajoute  que 
ceux  qui  parlent  plus  purement  disent  gagner. 
L'espagnol  dit  ganar ,  de  deux  syllabes;  mais  ce 
ganar  est  le  bas-latin  ganare,  acquérir,  dont  on 
ignore  l'origine. 

tGAGNEDR(ga-gneur),i.  m.  ||  1°  Celui  qui  gagne, 
qui  fait  un  profit.  Dans  un  pays  où  il  y  a  plus  de  va- 
nité que  de  cupidité,  plus  de  solliciteurs  d'emploi 
que  de  gagneurs  d'argent....  dbpont  white,  l'Indi- 
vidu et  l'État,  p.  t04.  Il  Gagneur  de  batailles,  ce- 
lui qui  remporte  des  victoires.  Ce  gagneur  de  tant 
de  batailles,  Ce  dompteur  de  tant  d'ennemis,  Ce 
vainqueur  de  tant  de  murailles.  Qui  vit  tous  les 
peuples  soumis,  voit.  OEuv.  t.  u,  p.  203,  dans  pou- 
gens.  Ce  sera  une  belle  chose  qu'une  fille  arrête 
un  gagneur  de  batailles,  betz,  m,  222.  Voici  une 
mauvaise  plaisanterie  que  j'écris  au  roi  de  Prusse.... 
cela  n'est  pas  bon  à  courir;  mais  peut-être  en 
peut-on  amuser  le  roi  preneur  de  villes  et  gagneur 
de  batailles  (Louis  XV  victorieux],  car  encore  faut- 
il  amuser  son  héros,  volt.  Lett.  d'Argeruon,  26 
juin  (745.  Ce  fut  par  les  combats  de  Seneff  que  le 
grand  Condé  termina  sa  carrière  de  gagneur  de 
batailles ,  sismondi  ,  Hist.  des  Français  ,  t.  xxv , 
p.  278,  1841 .  Il  2"  Celui,  celle  qui  gagne  souvent  au 
jeu,  qui  a  l'habitude  de  gagner  ou  qui  ne  songe 
qu'à  gagner. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  pour  ce  sont-il  viUains  gain- 
gneurs,  et  gaingnent  laidement,  obesme,  Thèse  de 
meunier.  Il  XVI'  s.  Que  celui  qui  perdroit  seroit  tenu 
de  livrer  promptement  au  gaigneur  celui  de  tous  les 
autres  eunuques  qu'il  demanderoit,  amïot,  Àrttuc. 
21.  Hardi  gaigneur,  hardi  mangeur  [ceux  qui  tra- 
vaillent beaucoup  mangent  beaucoup],  cotgravk. 
Mieux  vaut  bon  gardeur  que  bon  gaigneur,  id. 

—  ÊTYM.  Gagner;  provenç.  guazanliador ;  catal. 
gamjador;  portug.  ganhador;  itab  guadagnatore. 
bans  les  hauts  temps,  gaag»ere,  gaagneor  signifie 
cultivateur. 

GAGUI  (ga-ghi) ,  s.  f.  Terme  populaire.  Fille  ou 
femme  qui  a  beaucoup  d'embonpoint  et  qui  est  fort 
enjouée. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  Le  Dict.  comique  de 
Leroux  écrit  gaguie  :  Une  bonne  grosse  gaguie. 

GAI,  GAIE  (ghé,  ghée),  adj.  ||  1"  Qui  a  de  la 
gaieté.  Un  jour,  gaie  et  l'esprit  plus  content  que  ja- 
loux, Je  suivais  en  Argos  cet  infidèle  époux,  roth. 
Ilerc.  mour.  u,  a.  C'est,  dit  TertuUien,  à  la  vérité 
seule  qu'il  appartient  de  railler,  parce  qu'elle  est 
gaie,  FURETIÈRE,  3'  factum,  t.  i,  p.  3(9.  Sans  raison 
il  [l'homme]  est  gai,  sans  raison  il  s'afflige,  boil. 
Sal.  VIII.  Dût  ma  musc  par  là  choquer  tout  l'uni- 
vers. Riche,  gueux ,  triste  ou  gai,  je  veux  faire  des 
vers,  m.  Sal.  vu.  J'ai  encore  une  chose  à  vous  dire, 
mon  héros,  dans  ma  confession  générale;  c'est  que 
je  n'ai  jamais  été  gai  que  pat  emprunt;  quiconque 
fait  des  tragédies  et  écrit  des  histoires,  est  natu- 
rellement sérieux,  quelque  Français  gp  -.1  soit,  volt 


GA[ 

Ictt.  Hicheliev,  19  août  4  760.  Sans  être  naturfUe- 
ment  gai,  il  s'animait  de  la  gaieté  des  autres,  mak- 
MONTEL,  Mém,  VI.  Il  Gai  comme  un  pinson  ou  comme 
pinscn  ,  très-gai.  ||  Familièrement.  Être  un  peu  gai, 
être  un  peu  animé  par  le  vin.  Comme  ils  devenaient 
un  peu  plus  gais  sur  la  fin  du  repas,  selon  la  cou- 
tume des  philosophes  qui  dînent,  volt.  Oreilles,  6. 
Il  Cheval  gai,  cheval  qui  a  de  la  vivacité.  ||  Terme  de 
blason.  Cheval  gai,  cheval  nu  et  sans  harnais.  Ij  2"  Qui 
porte  le  caractère  de  la  gaieté,  en  parlant  des 
choses.  Humeur  gaie.  Esprit  gai.  Un  œil  gai.  Son 
visage  était  gai,  sa  bouche  était  vermeille,  tristan, 
Panthde,  ii ,  2.  Deux  siens  voisins  se  laissferent 
leurrer  X  l'entretien  libre  et  gai  de  la  dame,  la 
FONT,  les  Remois.  La  cour  veut  toujours  unir  les 
plaisirs  avec  IcsafTair's....  tout  est  couvert  d'un  air 
gai,  et  vous  diriez  (ju'on  ne  songe  qu'à  s'y  divertir, 
30SS.  Anne  de  dons.  \\  Où  règne  la  gaieté.  Notre  re- 
pas fut  le  plus  gai  du  monde,  et  j'y  fus  plus  gai 
que  personne,  Marivaux,  Pays.  parv.  2"  part. 
Il  3°  Oui  inspire  delà  gaieté.  Une  chanson,  une  vue 
gaie.  Le  vert  est  plus  gai  ;  vous  avez  raison,  il  n'y 
a  qu'à  le  laLsser  comme  cela  [un  ameublement], 
DANCOURT,  Vert  galant,  se.  26.  ||  Appartement  gai, 
appartement  bien  exposé,  qui  a  une  vue  agréable. 
Il  Temps  gai,  lemps  serein  et  frais.  ||  Avoir  le  vin 
gai,  être  de  belle  humeur  quand  on  a  un  peu  bu. 
Il  Terme  de  peinture.  Couleurs  gaies,  couleurs  vi- 
ves, légères  et  brill  mtes.  Vert  gai.  ||  La  gaie  science, 
le  gai  savoir,  noms  que  portait  autrefois  la  poésie 
des  troubadours.  ||  4°  Terme  de  musique.  Synonyme 
d'allegro.  Un  air  d'un  mouvement  gai.  ||  5°  Propos, 
conte  gai,  se  dit  quelquefois  de  propos,  de  contes  un 
peu  libres.  ||  6°  Dans  un  langage  technique,  qui  a 
trop  de  jeu,  qui  n'est  pas  assez  serré.  Cette  vis  est 
trop  gaie.  Ma  tabatière  était  trop  gaie,  elle  s'est  ou- 
verte dans  ma  poche.  ||  Terme  de  marine.  Se  dit 
d'un  mftt  ou  de  tout  autre  objet,  lorsqu'il  est  trop 
au  large  dans  son  trou  ou  dans  la  place  qu'il  oc- 
cupe. Il  Terme  de  pêche.  Hareng  gai,  celui  dans  le- 
quel on  ne  trouve  ni  laite ,  ni  œufs.  \\T  S.  m.  Grand 
gai ,  petit  poisson  qu'on  nomme  aussi  pucelotte. 
Il  8°  Gai  !  interjection  qui  s'emploie  pour  exciter  à 
la  gaieté  et  aussi  au  mouvement,  à  l'action.  Gai, 
divertissons-nous.  Allons,  gai!  vous  a-t-on  donné 
votre  congé?  regnaro,  le  Joueur,  m,  2.  Gai!  gai! 
serrons  nos  rangs?  Espérance  De  la  France;  Gai! 
gai!  serrons  nos  rangs,  En  avant,  Gaulois  et  Francs  I 
BÉHANG.  Gaulois  et  Francs. 

—  SYN.  GAI,  ENJOUÉ,  JOYEUX.  L'hommc  gai  est 
de  belle  humeur;  c'est  l'effet  du  tempérament  ou 
de  quelque  heureuse  circonstance.  L'homme  enjoué 
se  joue,  il  a  la  plaisanterie  agréable,  le  désir  et  le 
talent  d'amuser.  Joyeux  se  dit  désaffections  du  mo- 
ment :  un  homme  très-froid  et  posé  peut  être  joyeux 
s'il  apprend  une  nouvelle  qui  lui  fait  grand  plaisir. 

^  HIST.  xir  s.  Donc  jà  n'arez  à  tel  jor  le  cuer 
[cœur]  gai,  llaoul  de  C.  H97.  ||xiii'  s.  Le  premier 
jour  de  mai.  Cil  doue  tans  coi nte  etjai,  Mss.  de  poé- 
sies fr.  avant  (300,  t.  ii,  p.  833,  dansLACURNE.  Fille, 
distla  royne,  soiezjoians  et  gaie,  Bcr(e,  viii.  ||xiv«s. 
ùu  feu  a  demandé  l'abbé  de  Malepaie,  Tout  pour 
bouter  le  feu  en  celle  ville  gaie,  Guescl.  20349.  Et 
soit  vert  gay  [d'un  vert  gai] ,  Minagier,  il,  5.  ||  xvi»  s. 
Et  ainsi  print  congé,  gai  comme  Perof,  desper. 
Contes,  XXIV.  En  une  petite  chambre  haute  assez  gaye, 
Sat.  iUn.  p.  222.  Si  ne  feirentles  autres  que  prendre 
garde  seulement,  que  ceste  poidtre  [jument]  avoit 
le  poil  et  les  crins  rouges  fort  luysans,  et  comme  elle 
estoit  vifve  et  guaye,  à  ouyr  son  clair  et  fier  hen- 
nissement, AMYOT,  Pélop.Zi.  Sa  manière  d'escrire 
est  guaye  et  austère,  sententieuse  et  toutefois  fa- 
milière, iD.  Caton,  M....  Il  n'y  a  pas  de  si  beaux 
bois,  ny  des  forest  verdoyantes,  guayes  prairies  ny 
autres  lieux  de  plaisance....  id.  Flam.  4.  L'œil  ma- 
lade refuit  les  couleurs  vifves,  guayes  et  brillantes, 
ID.  Phoc.  2. 

—  ÉTYM.Berry,  gai,  au  féminin  gaitte;  provenç. 
gai,  guay;  anc.  espagn.  gayo;  ital.  gajo;  de  l'anc. 
haut-allem.  gdhi,  prompt;  allem.  mod.  jdhe.  Toute- 
fois on  peut  noter,  ne  filt-ce  que  pour  mention,  le 
nom  propre  latin  Gains,  qui  était  un  nom  de  bon 
augure,  et  que  les  langues  italiotes  offrent  sous  la 
forme  de  Gavius,  lequel  semble  signifier  le  réjouis- 
sant ;  Gains  aurait  donné  sans  peine  gajo  ;  mais  les 
intermédiaires  manquent. 

OAÏAC  (ga-iak),  s.  m.  Arbre  d'Amérique,  de  la 
famille  des  rutacées,  dont  le  bois  est  dur,  pesant  et 
résineux  {gaiacum  officinale,  L.) .  Le  premier  étage 
de  ce  magasin  sert  à  mettre  les  boulets  et  le  boisqui 
sert  pour  les  poulies  qu'ils  [en  Hollande]  appellent 
bois  de  gaiac,  Corresp.  de  Colbert,  m,  2,  p.  31  o. 
'I  Teinture  de  gaSac,  le  soluté  de  la  gaîacine  dans 


GAI 

l'alcool.  Il  Bois  de  gaîac  ripé,  un  des  quatre  bois 
sudoriflques.  ||  Petit  gaïac,  voy.  glabrier. 

—  HIST.  xvi*  s.  La  décoction  de  gaiac  est  propre 
pour  provoquer  la  sueur,  paré,  vi,  22.  Si  les  nations 
desquelles  nous  retirons  le  gayac,  la  salseperille  et 
le  bois  d'esquine  ont  des  médecins,  combien  pen- 
sons-nous, par  ceste  mesme  recommandation  del'es- 
trangeté,  la  rareté  et  la  cherté,  qu'ils  facent  feste 
de  nos  choulx  et  de  nostre  persil?MONT.  m,  215. 

—  ÉTYM.  Guaiacan,  nom  donné  à  cet  arbre  par 
les  indigènes  de  Saint-Domingue,  d'après  Oviedo, 
lielacion,  ch.  77,  qui  dit  que  la  principale  vertu  de 
ce  bois  est  de  guérir  le  mal  de  las  buas,  c'est-à  dire 
la  syphilis. 

y  GAÏACÈNE  (ga-ia-sê-n'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Essence  légère,  obtenue  dans  la  distillation 
sèche  de  la  résine  de  gaïac. 

—  ÉTYM.  Gaiac,  et  la  finale  ène,  qui  appartient 
aux  essences. 

t  GAÎACINE  (ga-ia-si-n') ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
La  résine  de  gaïac. 

—  ÉTYM.  Gaiac,  et  la  finale  ine,  qui  appartient 
aux  principes. 

t  GAÏACIQtJE  (ga-ia-si-k'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Acide  gaïacique,  acide  fourni  par  le  gaïac. 

t  GAÏANITE  (ga-ia-ni-f),  s.  m.  Nom  d'héréti- 
ques eutychiens  qui  niaient  que  le  corps  du  Christ, 
après  l'union  personnelle,  eût  été  sujet  aux  infirmi- 
tés humaines. 

— ÉTYM. Gaianus,  chef  de  cettehérésie,  au  VI"  siècle. 

GAIEMENT  ou  GAÎMENT  (ghé-man),  adv. 
Il  1°  Avec  gaieté.  Un  mort  s'en  allait  tristement 
S'emparer  de  son  dernier  gîte;  Un  curé  s'en  allait 
gaiement  Enterrer  ce  mort  au  plus  vite,  la  font. 
Fabl.  VII,  M.  Je  ne  suis  pas  de  ra\isde  ceux  qui, 
au  sortir  d'un  spectacle,  dans  un  souper  délicieux, 
dans  le  sein  du  luxe  et  du  plaisir,  disent  gaiement 
que  tout  est  perdu,  volt.  Tancr.  Éptlre.  \\  1°  De 
bon  cœur.  Aller  gaiement  au  combat.  ||  Familière- 
ment. Aller  gaiement,  aller  bon  train.  Cela  le  fit 
partir  plus  gaiement  qu'il  n'était  nécessaire  à  un 
petit  homme,  scARRON,  Rom.  com.  i,  (9.  ||  Allons-y 
gaiement ,  locution  populaire  pour  s'encourager.  Il 
faut  se  battre?  eh  bien,  allons-y  gaiement. 

—HIST.  xiv°  s.  Et  vint  droit  à  Paris  montez  moult 
gaiement,  Hugues  Capet,  v.  653.  ||  xvi"  s.  lise  meit 
à  marcher  devant  fout  le  premier,  aussi  guayement 
comme  s'il  eust  esté  asseuré  d'aller  à  une  victoire 
toute  certaine,  amyot,  Timol.  18.  Tout  ce  qui  avoit 
couru  gayment  perdit  sa  colère  au  bout  des  espces 
des  autres,  d'aub.  Hist.  11, 380.  Le  sainement  et  gaye- 
ment  vivre,  mont,  iv,  <6i. 

—  ÉTYM.  Gaie, et  le  suffixe  ment;  provenç.  guaya- 
men  ;  anc.  catal.  gayament  ;  ital.  gajamente. 

GAIETÉ  ou  GAÎTÉ  (  ghé-té  ;  anciennement  il 
était  de  trois  syllabes,  ghé-ye-té,  comme  on  le  voit 
par  ces  vers  :  Mais  je  vous  avouerai  que  cette  gaieté 
Surprend  au  dépourvu  toute  ma  fermeté,  mol.  D. 
Gare,  v,  6  ;  Mais  que  de  gaieté  de  cœur  On  passe 
aux  mouvements  d'une  fureur  extrême,  m.  Amph 
II,  6) ,  s.  f.\\  1°  Belle  humeur.  S  mon  sens  la  gaieté 
vaut  presque  la  sagesse ,  imbert  ,  Jaloux  sans 
amour,  i,  6.  Ce  pauvre  diable  ainsi  parlant  Met- 
tait en  gaieté  tout  l'hospice,  bérang.  Ange  gar- 
dien .  Quelques  pages  plus  loin,  vous  retrouverez 
la  vivacité  impétueuse  de  Lovelace ,  son  incorri- 
gible folie,  et  cette  galté  non  plus  du  vice,  mais 
du  remords  qui  cherche  à  s'étourdir ,  villemain, 
Litt.  fr.  xviii"  siècle,  t"  leçon.  |j  Avoir  de  la 
gaieté  dans  le  style,  écrire  d'une  manière  agréable 
et  enjouée.  Il  Vivacité  de  belle  humeur  franche  et 
communicative.  Les  hommes  mêmes  n'ont  pas  en 
Perse  la  gaieté  qu'ont  les  Français,  montesq.  Lett. 
pers.  34.  Le  vrai  caractère  de  la  gaieté  italienne,  ce 
n'est  pas  la  moquerie,  c'est  l'imagination,  staf.l, 
Corinne,  vu,  2.  Cette  gaieté  qui  ne  tenait  en  rien  à 
la  moquerie,  mais  seulement  à  la  vivacité  de  l'es- 
prit, à  la  fraîcheur  de  l'imagination,  m.  ib.  11,  2. 
Il  Pointe  de  vin.  On  commençait  à  être  en  gaieté. 
Il  Ce  cheval  a  de  la  gaieté,  il  a  de  la  vivacité.  ||  On 
dit  aussi  :  ce  cheval  est  gai.  ||  2°  Paroles,  actions 
gaies  ,  folâtres.  Ce  sont  des  jeux  de  mains  et 
des  gaietés  incroyables,  sÉv.  204.  Cent  escapades 
aussi  fortes  passèrent  pour  des  gaietés  et  des  gen- 
tillesses agréables,  st-sim.  2B9,  219.  ||  Une  gaieté, 
petite  pièce  de  théâtre  ou  autre,  destinée  à  faire  rire. 
Une  petite  gaieté  qu'il  s'était  permise  au  théâtre 
de  Fontainebleau,  en  y  tournant  en  ridicule,  dans 
un  prologue  de  sa  façon,  les  gentilshommes  de 
la  chambre,  les  lui  avait  aliénés,  marmontel,  Mém. 
VI.  Verre  en  main,  Jean  le  vigneron  Chantait  les 
gaietés  de  Piron,  béiïano.  Nourrice.  \\  3°  De  gaieté 
le  cœur,  loc.  adv.  De  propos  délibéré  et  sans  sujet. 


GAI 


1815 


Les  personnes  qui  écrivent  de  gaieté  de  cœur  et 
.seulement  pour  dire  des  gentillesses,  ne  sont  pas  ex- 
cusables de  ne  m'avoir  pas  lait  cet  honneur  [de  ne 
m'avoir  pas  écrit],  voit.  iett.  (9.  Il  m'attaque  de 
gaieté  de  cœur  pour  se  faire  connaître  de  quelque 
façon  que  ce  soit,  mol.  l'Impromptu,  3.  C'est  une 
licence  que  prennent  messieurs  les  poètes  ds 
mentir  de  gaieté  de  cœur,  m.  Comtesse  d'Esc,  t. 
Troubler  de  gaieté  de  cœur  la  fortune  d'une  per- 
sonne, SÉV.  384.  Les  juges  du  chevalier  de  la  Barre 
ont  été  des  monstres  sanguinaires  de  gaieté  de 
cœur,  voi.T.  Jîo»  de  Prusse,  208.  Celui  qui  va  se 
battre  de  gaieté  de  cœur,  j.  i.  Bonss.  Hél.  1 ,  67, 
Leur  ineptie,  comme  ledit  très-bien  Votre  Majesté, 
fera  gagner  aux  Allemands  et  aux  Hollandais  l'ar- 
gent que  la  France  perdra  de  gaieté  de  cœur,  d'a- 
LKMB.  Lett.  au  roi  de  Pr.  to  fév.  1782. 

—  HIST.  xvi*  s Pour   domter  la  gayeté  trop 

grande  de  leurs  appétits,  calv.  Instil.  (44.  Bois- 
vord  voulut  couvrir  sa  pauvreté  [son  peu  d'hommes] 
d'une  gayeté  de  cœur,  jettant  au  devant  de  soi  80 
arquebusiers  pour  faire  fumée  sur  le  haut  de  la  le- 
vée, d'aub.  Ilist.  I,  206.  Puis  tournant  sur  son  che- 
min, il  prit  Sahurne  d'une  mesme  gaieté,  ib.  ii, 
H 4.  Oui  pourra  penser  que  le  tiers  estât  aie  en 
mesme  temps  au  cœur  la  gaieté  des  armes,  la  peur 
au  visage,  et  la  faim  entre  les  dents?  id.  ib.  252.  Ils 
trouvoient  fort  mauvais  que  l'on  allast  ainsi  volun- 
tairement  de  guayeté  de  cœur  commencer  la  guerre 
à  ces  peuples,  amyot,  Crass.  m. 

—  ÉTYM.  Gai;  provenç.  gayeta;  anc.  ca.1.  gaeta; 
Hal.  gaieaa. 

).  GAILLARD,  ARDE  (ga-llar,  Uar-d' ,  H  mouil- 
lées, et  non  ga-yar),  adj.  \\  1°  Qui  a  un  caractère  de 
vaillance  et  de  hardiesse.  Le  coup  est  gaillard.  Et 
l'on  m'a  vu  pousser  dans  le  monde  une  affaire 
D'une  assez  vigoureuse  et  gaillarde  manière,  mol. 
Mis.  III,  i.  Il  2°  Plein  d'allégresse  et  de  vivacité. 
Cette  fille  est  jolie,  elle  a  l'esprit  gaillard,  cobn. 
Suite  du  Ment,  i,  3.  Nos  gaillards  pèlerins....  Au  gué 
d'une  rivière  à  la  fin  arrivèrent,  la  font.  Fabl.  il, 
10.  Dit  avec  un  ton  de  rieur  Le  gaillard  savetier, 
ID.  ib.  II,  8.  Las  !  pour  un  trépassé  vous  êtes  bien 
gaillard!  mol.  l'Ét.  11,  B.  Tout  cola  me  fit  gaillarde, 
sÉv.  330.  L'armée  s'en  retourna  au  camp  aussi 
triste  qu'elle  en  était  partie  gaillarde,  st-sim.  23,  8. 
Approchez  son  fauteuil,  monsieur  de  la  Vallée,  et 
tenez-vous  gaillard;  soupons:  mettez-vous  là,  petite 
fille,  MARIVAUX,  Pays.  parv.  3«  part.  ||  Il  se  dit  aussi 
des  choses.  Une  humeur  gaillarde.  Une  mine  gail- 
larde. On  parle  d'une  comédie  d'Esther  qui  sera 
représentée  à  Saint-Cyr,  le  carnaval  ne  prend  pas 
le  train  d'être  gaillard,  sêv.  BO).  ||  3»  Evaporé.  Il 
est  un  peu  gaillard.  ||  Sens  qui  a  vieilli.  ||  4°  Oui  est 
légèrement  pris  de  vin.  Il  sortit  de  ce  repas  un  peu 
gaillard.  ||  5"  Il  se  dit  des  discours,  des  actes  un  peu 
libres.  Mme  de  Sévigné  chante,  elle  danse,  et  a 
l'esprit  fort  vif  et  agréable  ;  elle  est  brusque  et  ne 
se  peut  tenir  de  dire  ce  qu'elle  croit  joli,  quoique 
assez  souvent  ce  soient  des  choses  un  peu  gail- 
lardes, TALLEMANT  DES  RÉAUX,  daus  le  Dict.  de  do- 
CHEZ.  Et  vous  la  belle  au  dessein  si  gaillard,  la 
font.  Gag.  Bon  voici  de  nouveau  quelque  conte 
gaillard.  Et  ce  sera  de  quoi  mettre  sur  mes  ta- 
blettes, MOL.  Éc.  des  femmes,  i,  8.  Quoique  cette 
aventure  fût  assez  gaillarde,  hamilt.  Gramm.  9.  Il 
faut  que  je  vous  rapporte  un  trait  de  cette  bonne 
duchesse  ;  vous  le  trouverez  un  peu  gaillard  pour 
une  dévote,  lesagb  ,  Diable  boit.  ch.  <  2.  Ce  sont 
des  poésies  gaillardes  qu'il  a  composées  dans  sa  jeu- 
nesse, ID.  ib.  ch.  4  0.  Au  lieu  de  fades  épigrammes 
Qu'il  aiguise  un  propos  gaillard,  bF.rang.  Désaugters. 
Il  6°  Sain,  dispos.  Que  fait-il  à  présent?  est-il  tou- 
jours gaillard?  mol.  Éc.  des  femmes,  t,  e.Quelemoi 
que  voici,  chargé  de  lassitude,  A  trouvé  l'autre  moi 
frais,  gaillard  et  dispos,  Et  n'ayant  d'autre  inquié- 
tude Que  de  battre  et  casser  les  os,  in.  Amph.  1:,  «. 
Le  plaisir  que  vous  aurez  d'avoir  une  femme  et  un 
enfant  gais  et  gaillards,  sÉv.  *.  Il  reçoit  deux  coups 
dans  son  chapeau  et  revient  gaillard,  id.  tB2  Alors, 
m'étant  réveillé ,  je  me  levai  frais  et  gaillard,  et 
m'habillai  à  la  hâte  pour  rejoindre  ma  sœur,  le- 
sage,  Estev.  Gomal.  ch.  B4.  ||  Terme  d'horticuiture. 
Se  dit  d'un  arbre,  d'une  plante  qui  se  porte  bien. 
Il  7»  Vent  gaillard,  air  gaillard,  vent,  air  qui  est  un 
peu  froid.  Aujourd'hui  le  temps  est  gaillard.  ||  8°  S. 
m.  Un  gaillard,  un  homme  vigoureux,  dispos,  dé- 
cidé. Voyez  un  peu  le  gaillard;  il  n'y  aurait  qu  à  le 
laisser  faire,  il  ferait  les  plus  belles  choses  du 
monde,  hauteroche,  Crispin  méd.  11,  i.  Nous  autres 
du  barreau,  nous  sommes  des  gaillards,  regnasd. 
le  Bal,  8.  Comme  vous  prenez  feu  d'abord!  vous 
m'avez  l'air  d'un  gaillard,  collé.  Part,  de  chaise, 


1810 


GAI 


Il  11  M  Au  féminin,  une  gaillarde  se  dit  d'une 
femme  peu  scrupuleuse,  trop  libre  C  est  une  gail- 
lanirqui  fait  niille  plaisanteries  do  celte  nature 
pour  égayf  '"""  ^■''"^''ge,  eegnabd,  Adeudez-mot 
soitf  l'ormf,  7-  „ 

—  SYN  rjopos  GAIS,  niopos  CAliLAnns.  i-n  ce 
sons  restreint,  les  propos  gais,  les  contes  gais  sont 
nn  peu  libres;  les  propos  gaillanis,  les  contes  gail- 
lapls  le  sont  davanta<,'e.  Les  premiers  ont,  dans  leur 
licence,  quelque  chose  gui  excite  la  gaieté;  les  se- 
conds ont,  dans  leur  licence,  quelque  chose  de 
hardi  qui  semble  braver  l'honniHcté. 

_  iiisT.  XI'  s.  Cors  [ils]  ont  gaillarz.  et  (îeres  con- 
tonanccs.  Ch.  de  Uni.  cr.xxm  ||  xii"  s.  Herupois  sont 
prii<lliot!ie,orpueillous  et  gaillart,  Sax.  xix.  ||xiii"s. 
Kn  chapeaus  par  grant  revel  Kst  la  queue  Uenard 
nu-e;  C^-■;scun  se  porte  gaillard  I)n  la  queue  de  Ite- 
nanl,  0""^^  <*«  llmard.  Icil  portiers  fu  moult  gail- 
lari,  Et  si  fu  il  moult  bien  musars  fcar  il  se  laissa 
tr.jr.ipcrl,  FI.  et  Bl.  i920.  ||xiv  s.  Telles  dames  ont 
If  corps  tant  gallart  [si  sain,  si  bien  portant],  que, 
se  elles  avoient  en  leur  ventre  deux  ou  trois  en- 
fan-i,  moult  bien  les  nouniroient,  Pratique  de  Ber- 
nard de  Gordon,  vu,  2a.  ||  xv  s Et  si  y  estoit.... 

lu  régente  sœur  au  duc  Phelipe,  laquelle  estoit  pour 
io  temps  tenue  pour  la  plus  g:iillarde  de  toutes 
autres  dames,  fenin,  t424.  Elle  [l'eau]  rend  l'homme 
etique  et  pale  et  morfondu;  Mais  toi  [vin],  tu  rends 
gaillarde  et  saine  la  personne,  basselin,  viu.  Une 
chose  avoient-ils  bonne,  c'estoit  une  gaillarde  com- 
pagnie pleine  de  jeunes  gentilshommes,  comm.  vu, 
Prologue.  \\  xvi"  s.  Je  voys  tenter  du  guaillard  par 
chié  (le  luxure  les  nobles  nonnains,  bab.  Tant,  iv, 
i5.  Cette  volupté  [de  la  vertu],  pour  estre  plus  gail- 
larde, nerveuse,  robuste,  virile,  n'en  est  que  plus.... 
MONT.  I,  69.  Les  soldats  firent  leurs  salves  belles  et 
gaillardes  en  l'honneur  des  assistants,  ID.  i,  138. 
D'appeller  les  mains  ennemies,  c'est  un  conseil  un 
peu  gaillard  [hardi],  ID.  I,  f.is.  Quelques  passages 
trop  gaillards  [libres],  pesper.  Contes,  I.  Il  leur  dit: 
donnez  devant  au  galop  gaillard,  d'adh.  Ilist.  n, 
i»2.  On  il!t  que  gaillard  et  gaillardise  viennent  o 
ifcllica  audacia,  et  que  ceux  sont  appeliez  gaillards 
qui  courageusement  entreprennent  quelque  chose, 
tant  aventureuse  soit  elle,  bol'chet,  Serées,  m, 
p.  488,  dans  LACURNE.  Pour  dire  honnestement  :  il 
lient  du  l'jl,  on  dit  :  il  a  le  cerveau  gaillard,  ou  il  a 
le  cerveau  un  peu  gaillard,  il.  est.  Àpol.  d'ilérod, 
p.  20,  dans  LACURNE.  Ouvrier  gaillard  celé  son  art. 

COTOBAVE. 

—  Etvm.  Prov.  gaillart,  galhart,  gallart;  catal. 
gallard;  esp.  gallardo;  port,  galhardo;  ital.  ga- 
glinrdo.  On  ne  peut  guère  le  tirer  do  gai,  parce 
qu'il  faudrait  admettre  l'interposition  d'un  suffixe 
ill  :  gai-iU<xrl.  Diez  ne  voit  aucune  difficulté  de 
forme  à  le  rattacher  à  l'anglo-saxon  gagol,  geagle, 
pétulant,  auilacieux  ;  mais  il  incline  davantage  à  y 
voir  un  radical  celtique  :  kimry,  gall,  force;  anc. 
gaél.  galaeh,  courage. 

2.  GAILLARD  (ga-llar,  Il  mouillées,  et  non  ga- 
yar;  le  d  ne  se  lie  jamais  :  un  ga-llar  élevé;  au 
pluriel,  \'3  ne  se  lie  pas  :  des  ga-llar  élevés;  cepen- 
dant quelques-uns  la  lient  :  des  ga-llar-z  élevés), 
».  m.  Il  1*  Autrefois,  gaillard  d'arrière ,  plancher 
partiel  qui  no  recouvre  que  l'extrémité  poslé- 
■  rioure  du  pont  supérieur  d'un  bâtiment  &  une  hau- 
teur do  cinq  ou  six  pieds.  Gaillard  d'avant,  plan- 
cher partiel  qui  ne  recouvre  quo  l'extrémité  an- 
térieure d'un  bâtiment,  à  une  hauteur  de  cinq  ou 
six  pieds,  JAL.  Le  vicomte  Fricamlault,  lieutenant 
de  l'Adroit,  a  été  tué  dans  ce  vaisseau  hollandais 
on  voulant  entrer  l'cpée  à  la  main  sous  le  gaillard 
où  l'équipage  était  retranché,  J.  bart,  Rapport, 
Il  juill.  l«»4,  dans  JAL.  ||  2°  Aujourd'hui,  gaillard 
d'arrière,  toute  la  partie  du  pont  située  à  l'arriére 
du  mJit  d'artimon.  Gaillard  d'avant,  tout  ce  qui  est 
on  avant  du  mât  de  misaine,  et  de  plus  une  portion 
on  arritre  du  même  mât.  Le  gaillard  d'arrière  est 
parfois  élevé  de  quelques  décimètres  au-dessus  du 
pont,  afin  de  donner  une  hauteur  suffisante  aux 
logements  placés  dans  l'cnlre-pont ,  legoarant. 
Il  Cabestan  du  gaillard  d'avant,  petit  cabestan  placé 
entre  le  mât  de  misaine  et  le  grand  mât. 

—  HIST.  xvi«  s.  Frère  Jean  au  chasteau  gaillard 
monta  galant  et  bien  délibéré  avccques  les  bombar- 
diers, bab.  Pant.  IV,  as. 

—  f.TYM.  Cat'Hard  I.  La  locution  complète  est 
chiteau  gaillard;  un  chitrau  gaillard  signifiait  un 
ehiteau  fort;  d'oii  le  nom  donné  au  château  élevé  à 
larant  ou  à  l'.irrière  du  vaisseau. 

••  ***',I-'-*R»K  (ga-llar-<r,  U  mouillées,  et  non 
gmyar-d),  *.  f.  Caractère  d'imprimerie  qui  est  en- 
tre le  palit-romam  etie  wtil-teite. 


c.w 

—  ÉTYM.  Caillard  t. 

2.  GAILLARDE  (ga-Uar-d' ,  U  mouillées,  et  non 
ga-yar-<r),  s.  f.  Nom  d'une  ancienne  danse  fran- 
çaise. Le  pas  de  danse  qu'on  nomme  pas  de  gail- 
larde, est  compose  d'un  assemblé,  d'un  pas  marché 
et  d'un  pas  tombé.  ||  L'air  sur  lequel  on  dansait  la 
gaillarde. 

—  HIST.  xvi'  s.  Et  n'estoit  le  dit  comte  propre 
pour  une  seule  danse,  mais  estoit  universel  en  tout, 
fust  pour  les  bransles,  pour  la  gaillarde,  pour  la  pa- 
vanne  d'Espagne,  pour  les  Canaries,  bref  pour  tou- 
tes, BRANT.  Cap.  fr.  t.  m,  p.  42fl,  dans  lacurne. 
Danser  la  gaillarde  sur  le  ventre  de  quelqu'un  [le 
fouler  aux  pieds] ,  oudin,  Curios.  fr.  Additions. 

—  ÉTYM.  Gaillard  ). 

■f  3.  GAILLARDE  (ga-llar-d',  U  mouillées),  ï.  f. 
Genre  de  plantes  composées,  originaire  d'Amérique, 
dédié  par  le  botaniste  Kougeroux  de  liondaioy,  à  la 
mémniro  de  Gaillard  de  Charentoniieau,  amateur  de 
botanique. 

GAILLAnDEMENT  (ga-llar-de-man,  U  mouillées, 
et  non  ga-yar-de-man),  adv.  ||  1°  D'une  façon  gail- 
larde. Destin  fut  surpris  de  la  voir  si  gaillardement 
vêtue,  scarh.  Hom.  corn,  n,  )0.  ||2°  Légèrement, 
sans  façon.  Il  a  fait  cela  un  peu  gaillardement, 
Aristippe  commença  à  danser  et  dit  gaillardement: 
On  en  fait  bien  d'autres  dans  les  fêtes  de  Bacchus, 
FÊN.  Aristippe.  ||  3°  Avec  entrain  et  courage.  Atta- 
quer gaillardement.  Je  travaille  gaillardement  à 
riCxlrème  onction,  qui  est  en  vérité  un  sujet  digne 
d'un  Apelle,  car  il  se  plaisait  fort  à  représenter  des 
mourants,  poussin,  Lelt.  25  avril  (644.  Je  le  traver- 
sai [le  cimetière]  gaillardement,  j.  i.  houss.  £m.  ii. 

—  HIST.  XI'  s.  Gaillardement  touz  [ils]  les  ont 
encensez,  Ch.  de  Roi.  ccix.  [|  xv  s.  Se  loyaulté  s'j 
boute  Par  advis  saigement,  Dise  gaillardement.. 
Gii.  u'oni..  Rondeau.  ||  xvi"  s.  Pour  ce.ste  occasion  les 
doil-on  manier  [les  chevaux]  gaillardement,  et 
leur  donner  tantost  de  la  baguette,  et  tantost  avec- 
ques  la  voix  rude  les  tancer  et  menacer,  lanoue,  io4. 

—  ETYM.  Gaillarde,  et  le  suffixe  ment. 

t  GAILLARDET  (ga-Uar-dè ,  Il  mouillées),  s.  m. 
Ancien  terme  de  marine.  Pavillon  échancré  arboré 
sur  le  mât  de  misaine  et  sur  l'artimon. 

GAILLARDISE  (ga-llar-di-z',  il  mouillées,  et  non 
ga-yar-di-z'),  s.  f.  |{  1°  Gaieté  un  peu  vive.  11  était 
dune  gaillardise,  qui  faisait  honte  à  ses  amis  éloi- 
gnés, sÈv.  45.  ||î"  Discours,  propos  un  peu  libre, 
qui  n'a  pas  peur  d'effaroucher  les  oreilles  ;  licence 
d'imagination  à  laquelleon  s'abandonne  en  se  jouant. 
Pour  réparer  des  ofi'enses  si  sensibles,  vous  croyez 
faire  assez  de  m'exhorter  à  vous  répondre  sans  ou- 
trages, pour  nous  repentir  après  tous  deux  de  nos 
folies,  et  de  me  mander  impérieusement  que,  mal- 
gré nOs  gaillardises  passées,  je  sois  encore  votre 
ami,  afin  que  vous  soyez  encore  le  mien,  corn. 
I.ett.  apolog.  Elle  m'écrit  des  gaillardises,  malgré 
tous  ses  maux,  sÉv.  82.  Ou'on  chante  et  l'on  dise 
Quelque  gaillardise  Qui  nous  scandalise  En  nous 
égayant,  bèhano.  Cocagne. 

—  HIST.  XVI*  S.  Quind  un  escuyer  veut  prendre 
peine,  il  dresse  et  accommode  en  un  an,  voire  un 
gros  cheval  de  charrette,  en  telle  sorte  qu'il  le  fera 
paroistre  avecques  quelque  gaillardise,  langue,  Il  2. 

—  ETYM.  Gaillard  i  ;  provenç.  galiardia;  esp. 
gallardia;  portug.  galhardia;  ital.  gagliardia. 

GAILLET  (ga-Uè,  Il  mouillées,  et  non  ga-yè;  le 
t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  Ys  se  lie  :  des  ga-Uè-z  en 
(leur;  gaillets  rime  avec  traits,  paix,  succès,  etc.), 
s.  m.  Nom  d'un  genre  de  rubiacées  où  l'on  distin- 
gue :  le  gaillet  vrai,  dit  absolument  gaillet  (c'est  le 
gaillet  jaune  de  certains  auteurs  qui  appellent  gail- 
let blanc,  le  gaillet  mollugo),  et  le  gaillet  accro- 
chant, une  des  plantes  nommées  vulgairement  gra- 
teron,  et  encore  rièble,  legoarant. 

—  ETYM.  Contraction  de  caille-lait  (voy.  ce  mot) 

■    t  CAILLETTE  (ga-Uè-f,  U  mouillées),  t.  f.  Voy. 

GALIETTE. 

t  GAILLOXELLE  (ga-llo-nè-1'.  Il  mouiUées),  s.  f. 
Terme  de  botanique.  Genre  do  conferves,  qu'on  met 
aujourd'hui  dans  les  infusoires  d'eau  douce,  dédié 
au  botaniste  Gaillon,  qui  a  beaucoup  travaillé  sur 
les  algues. 

CALMENT  (ghé-man),  adv.  Voy.  gaiement. 

GAIN  (ghin;  l'n  ne  se  lie  pas:  un  ghinexcessif;au 
pluriel,  Vs  se  lie  :  des  ghin-z  excessifs),  s.  m.  |{  l'Co 
que  l'on  gagne,  ce  que  l'on  obtient  en  fait  d'argent 
ou  de  valeurs.  Uetlre  en  commun  le  gain  et  la 
perte.  Il  risque  de  nouveau  le  gain  qu'il  avait  fait; 
Mais  rien,  pour  cette  fois,  ne  lui  vint  à  souhait,  la 
FONT.  Fahl.  vu,  14.  L'espérance  du  gain  n'est  pas 
ce  qui  me  flatte,  mol.  l'Èt.  i,  lo.  Travaillez  pour  la 
gloire,  et  qu'un  sordide  gain  Ne  soit  jamais  l'objet  | 


GAI 

d'un  illustre  écrivain,  boil.  Art  p.  i  l'n  vil  amour 
du  gain,  infectant  les  esprits,  De  mensonges  gro» 
siers  souilla  tous  les  écrits,  id.  ib.  iv.  {[  2'Kig.  Avan- 
tage, succès,  réussite  dans  une  entreprise,  une  af- 
faire. Je  tire  un  double  gain  d'un  si  petit  dommage, 
RÉGNIER,  Élég.  II.  U  [Dieu]  nous  assure  en  notre 
peur.  Et  nous  donne  gain  de  nos  pertes,  m.  Hymne. 
Mourir  c'était  un  gain  selon  son  estime,  parce  que 
c'était  passer  dans  le  sein  de  Dieu  et  arriver  au 
terme  du  salut,  boukd.  Pensées,  l.  i,  p.  4«.  Comme 
si  sauver  son  âme  ne  valait  pas  mieux  que  le  gaii. 
du  monde  entier,  mass.  Panig.  SlBenoU.  ||  3"Terme 
de  droit.  Gains  nuptiaux  ou  mieux  gains  de  survie, 
avantages  qui  se  font  entre  époux  en  faveur  du  sur- 
vivant. Il  Gains  et  épargnes,  acquisitions  que  font 
les  enfants  en  dehors  des  f  ans  paternels  et  mater- 
nels. Il  4"  Le  gain  d'une  bataille,  l'action  de  rempor- 
ter une  victoire.  Montrez-lui  comme  il  faut  s'endur- 
cir à  la  peine....  El  ne  devoir  qu'à  soi  le  gain  d'une 
bataille,  corn.  Cid,  i,  3.  ||  B"  Gain  d'un  procès,avan- 
tage  dans  un  procès  obtenu  par  sentence  des  juges. 
Il  Gain  de  cause,  l'avantage  que  l'on  obtient  dans 
un  procès,  et,  par  extension,  dans  un  débat  quel- 
conque. Vous  venez  d'entendre  ses  propres  paroles 
[de  Jurieu] ,  et  il  donne  gain  de  cause  aux  tolé- 
rants, qui  ne  sont  que  des  sociniens  déguisés , 
boss.  I"  avert.  46.  Un  jour,  lx)uis  XIV  jouant  au 
trictrac,  il  y  eut  un  coup  douteux....  Eh  sire  [dit 
le  comte  de  Grammont  qui  donna  tort  au  roi,  sans 
avoir  vu  le  coup],  ne  voyez-vous  pas  que,  pour  peu 
que  la  chose  eut  été  seulement  douteu.se,  tous  ces 
messieurs  vous  auraient  donné  gain  de  cause'?  volt. 
S.  de  ioui's  Xir,  28.  Il  6°  l.e  gain  d'une  partie, 
l'avantage  obtenu  dans  une  partie  de  jeu.  ||  Se 
retirer  sur  son  gain,  quitter  le  jeu  lorsqu'on  a  gagné. 

—  HIST.  XII'  s.  De  tout  voslregaaing  ne  vousde- 
manl-je  mie,  Sax.  vn.  Ai  jour  del  jugement,  quant 
Dex  tien^in  ses  plais,  Or  ont  li  peclieor  grant  gaain 
de  lor  fais  [actions],  ib.  xv.  ||  xiu'  s.  Etli  empere- 
res  Henris  ot  rassemblés  ses  os  [armées]  qui  orent 
amené  leur  guains  à  garison  tresques  en  l'ost  [qu. 
avaient  ramené  leur  butin  en  siireté  jusqu'à  l'armée], 
viLLEii.  CLxvi.  A  meschief  l'ai  nourry  [unclievalj  cest 
yver  de  mon  gain,  Berte  ,  lxxiii.  Fui  laid  g.aaing 
comme  perte,  BHUN.LATiNi,  Trésor,  p.  S02.  Plusors 
gaains  et  plusors  pertes  avienent  souvent  par  com- 
paignie  [association], seloncnostre  coustume,  beaum. 
XXI,  I.  Li  autre  oir  n'emporteront  point  gaaing  du 
plet,  lu.  XII,  24.||xiv'  s.  Le  gaaing  doit  estre  appelle 
perte,  qui  sa  bonne  famé  [réputation]  ne  garde, 
Ménagier,  i,  9.  ||  xV  s.  Nous  défendons  que  nul 
créancier  ne  face  renouveler  lettres  do  créance  et 
obligations  de  sa  deble,  par  quoy  le  gain  se  conver- 
tisse en  sort  ni  en  autre  manière  d'usure  ou  inte- 
rest,  Ordonn.  des  rois,  t.  ii,  p.  3H.  ||  xvi'  s.  Un 
hardi  cueur  aymeroit  mieux  mourir.  Quand  en- 
nemy  il  voit  en  la  campaigne,  Qu'il  n'y  allast,  soit 
à  perte  ou  à  gaigne,  J.  marot,  v,  i08.  Elle  feit  si 
bien  qu'elle  gaigna  [une  partie  de  jeu],  et  demanda 
Mesabates  pour  son  gaaing,  amyot,  Artax.  2i.  Ce 
qui  est  donné  par  forme  de  gain  nuptial  (qu'on  ap- 
pelle au  pays  de  Lognes),  en  traicté  de  mariage  r.e 
gist  point  en  restitution,  Cousl.  gén.  t.  ii,  p.  618. 
D'injuste  gain,  juste  daim  [dommage],  lebouz  db 
linct,  Prov.  t.  II,  p.  131.  Du  gain  l'odeur  a  bonne 
saveur,  id.  ib. 

—  ETYM.  Voy.  gagner;  wallon,  \edgn;  provenç. 
gaianh,  guasanh,  gaiainh,  guazaing,  gaanh, 
gaaing i  anc.  catal.  gasagn,  guadagn;  ital.  guada- 
gno.  Il  ya  dans  rancienfrançaisgaain3,et  gaing  ou 
tai'n,  qui  signifie  herbe  de  pâturage,  et,  par  exten- 
sion, automne,  qui  est  en  italien  guaime,  en  wallon 
wayen,  en  lorrain  »n/en ,  en  normand  «om'n,  et 
qui  se  trouve  dans  le  français  re-gain  (voy.  regain); 
c'est  le  sens  propre  du  mot,  correspondant  au  sens 
propre  de  gagner  ou  gaagtier. 

GAÎNE  (ghê-n'),î.  f.  ||  1°  Étui  do  couteau  ou  d'un 
instrument  tranchant  ou  aigu.  Des  ciseaux  dans 
leur  gaine.  Cela  me  prouve  que  la  nature  a  fait 
chaque  épée  pour  sa  gaine,  et  qu'elle  a  mis  des 
Samolèdcs  au  septentrion,  comme  des  nègres  au 
midi,  sans  que  les  uns  soient  venus  des  autres, 
volt.  Letl.  à  Cath.  124.  ||  Par  extension.  Figurez- 
vous  [à  l'opéra]  une  gaine  d'une  quinzaine  de  pieds 
et  longue  à  proportion;  cette  gaîne  est  le  théâtre, 
1.  J.  Rouss.  Hél.  II,  23.  Il  Terme  de  marine.  Ourlet 
large  autour  des  voiles  pour  les  fortifier  avant  de 
coudre  la  ralingue.  Gaîne  de  girouette,  bande  de 
toile  qui  attache  la  girouette  au  fût.  Gaine  de 
flamme,  fourreau  do  toile,  où  l'on  fait  passer  le 
bâton  de  la  flamme.  Gaine  de  pavillon,  bande  de 
toile  cousue  dans  toute  la  largeur  du  pavillon 
Il  t*  Terme  d'architectur«.  Espèce  de  Supports,  plus 


G  AL 

larges  du  haut  que  du  bas,  sur  lesquels  on  place  un 
IjiisIc;  ainsi  dits  sans  doute  pvrce  que  la  demi-figure 
liaraît  en  sortir  comme  d'une  gaine;  on  les  nonimi 
termes  quand  la  gaîne  et  le  buste  sont  d'une  seule 
pièce.  Placer  des  bustes  sur  des  gaines.  Il  3°  Terme 


GAL 

réjouissance;  de  là  le  français  moderne  jaia.  Mais 
l'ancien  français  avait  gale,  réjouissance,  qui  est  le 
môme  que  gala  de  l'italien  et  de  l'espagnol,  et  galer, 
se  réjouir.  Ces  mots  viennent  du  germanique  :  anc. 
liaut-allem.  geil,  luxurieiu,  orgueilleiu; anglo-saxon, 


GAL 


do  botanique.  Partie  inférieure  de  certaines  feuilles    gdl,  gai 

embrassant  la  tige  et  remplaçant  en  quelque  sorte  I      f  GALACTAGOGUE  (ga-la-kta-go-gh'),  ad/. Terme 

le  pétiole.  Si  les  bords  en  sont  soudés,  la  gaine  est   de  médecine.  Qui  a  la  propriété  de  déterminer  ou 


entière;  sinon,  elle  est  dite  fendue.  ||  4°  Terme  d'à- 
natnmie.  Nom  donné  à  certaines  parties  qui  servant 
d'enveloppe  à  d'autres;  cela  se  dit  surtout  des  apo- 
névroses qui  enveloppent  les  masses  charnues. 
Il  Terme  d'entomologie.  Dans  les  insectes  suceurs, 
le  tube  qui  renferme  l'appareil  dont  ces  insectes 
sa  servent  pour  sucer.  Dans  les  hyménoptères,  le 
luhe  où  sont  renfermées  la  lèvre  et  la  languette. 
Il  5°  Gaîne  de  chauffe,  se  dit,  dans  les  calorifères, 
dans  les  ventilations  à  chaud,  de  l'engin  qui  de  In 
chambre  de  chauffe  conduit  l'air  dans  le  local  à 
échauffer.  |1  6'  Terme  de  pèche.  Nom  qu'on  donne 
à  Genève  aux  petites  truites.  ||  Proverbe.  Qui  frap- 
pera du  couteau  mourra  de  la  gaîne ,  proverbe  ré- 
ondant  à  :  qui  frappera  de  l'épée  mourra  de  l'épée. 

—  REM.  L'Académie,  qui  met  un  accent  circon- 
fiexe  à  gaine  et  à  gatnier,  n'en  met  pas  aux  com 
posés  (légniner,  engainer,  rengainer.  C'est  une  irié 
gularité  qui  complique  sans  fruit  l'orthographe. 

—  msT.  xiv  s.  Vous  avez  bien  trouvé  costel  pour 
vostre  gaine,  Guesr.l.  16678.  Au  grant  mur  du  chas 
tel  [il]  minoit  à  grant  aleine,  Non  pas  d'un  couï- 
telet  tel  qu'on  met  en  sa  gaine,  Mais  d'un  pic  acéré 
cju'on  forgea  en  Touraine,  td.  203:j7.  Pour  une  gaine 
entaillée  à  ymages  d'or,  de  i.aborde  ,  Émaxa,  p.  327. 
,1  xvi"  s.  Dans  une  gaine  d'or  un  Cousteau  de  plomd 
[dans  un   beau  corps  une  vilaine  âme],  cotgrave. 


Selon  la  gaine  le  Cousteau,  ro.  C'est  le  prix  de  l'espée,  '  sur  le  lait 


d'augmenter  la  sécrétion  lactée.  ||  Substantivement. 
Un  galactagogue. 

—  ÊTYM.  râXa,  f dcXaxTo;,  lait,  etàyM^oç,  qui  con- 
duit. 

t  GALACTIDROSE  (ga-la-kti-drô-z'),  s.  /'.Terme 
de  médecine.  Sueur  laiteuse. 

—  ÉTYM.  râ).a,  fâXaxTo;,  lait,  et  tSpoxriç,  action 
de  suer. 

t  GALACTITE  (ga-Ia-kti-f) ,  i.  f.  ||  !•  Terme  de 
minéralogie.  Argile  ayant  la  propriété  de  rendre 
blanche  comme  du  lait  l'eau  dans  laquelle  elle  était 
délayée,  d'où  le  préjugé  qu'elle  pouvait  augmenter 
le  lait  des  nourrices,  legoarant.  {|  2°  Terme<le  bo- 
tanique. Nom  d'un  genre  de  synanthcrées  où  l'on 
distingue  la  galactite  cotonneuse,  dite  vulgairement 
chardon  laiteux,  cenlaurea  galactites,  L.  galacHtes 
lomentosa,  Mœnch. 

—  EiYM.  raX^ixTiTr):,  qui  a  l'apparence  du  lait. 

f  GALACTOCÈLE  (ga-Ia-kto-sc-l') ,  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Tumeur  du  scrotum  produite  par  un 
épanchement  de  liquide  blanc  dans  les  deux  tuni- 
ques vaginales. 

—  ÊTYM.  riXa ,  f  ôXaxTOi;,  lait,  et  xV)).ïi,  tumeur, 
t  GAI.ACTOGRAPUIE    (ga-la-kto-gra-lie) ,   s.    f. 

Description  du  lait. 

—  ETYM.  ri).a,  f  àXaxTci;,  lait,  et  YpôçEiv,  décrire, 
t  GALACTOLOGIE  (ga-la-kto-lo-jie),  s.  f.    Traité 


18t7 


de 


que  vous  cherchez,  non  de  la  gaine,  mont,  i,  325 

—  ÉTYM. 'Wallon,  vaimm;  Hainaut ,  waine;  du 
lat.  vagina,  gaîne.  Gatne  est  un  des  exemples  où 
ie  «I  latin  se  transforme  en  g.  La  forme  ancienne  a 
drt  être  gaaine,  représentant  lag'ma;  mais,  si  on 
!io-j"ait  gaine  plus  haut  que  le  xiv'  siècle,  il  faudrait 
penser  qu'à  l'origine  l'accent  latin  avait  été  déplacé 
et  qu'on  avait  dit  vagtna. 

■(  GAINER  (ghê-né),  v.  a.  Terme  de  marine.  Tra- 
vailler à  faire  une  gaîne  autour  d'une  voile. 

—  Çtym.  Gatne. 

■j  GAÎNERIE  (ghê-ne-rie),  s.  f.  Fabrique  de  gaines; 
commerce  du  gaînier  ;  les  ouvrages  qu'il  vend. 

—  ÉTYM.  Gainier. 

1.  GAÎNIER  (ghê-nié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  ghé-nié-z  assortis),  s.  m.  Ou- 
vrier qui  fait  des  gaines. 

—  HIST.  xiir  s.  Gainiers,  tabletiers,  brodeurj, 
Alez  quérir  vostre  part  De  la  queue  de  Renart, 
Qneue  de  Renart.  \\  xV  s.  George  de  Vigne,  gaais- 
nier  et  ouvrier  d'estuis,  de  laboude,  Émaux,  p.  328. 
jl  xvi»  s.  Quatrième  rang  qui  sont  les  mestiers 
d'entre  les  médiocres  et  petits  :  graveur  sur  fer  et 
cuivre,  guainier,  Édit,  avril  1597. 

—  ÉTYM.  Gatne. 

2  GAÎNIER  (ghê-nié),  s.  m.  Gaînier  commun 
flégumineuses),  ainsi  dit  parce  que  sa  gousse  res- 
semble à  une  gatne,  l'arbre  de  Judée  (voy.  arbre  de 

JIjDÉE). 

t  GAINULE  (ghê-nu-F),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Tube  membraneux  contenant  la  base  du  pédicello 
dans  les  mousses. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gaine. 
GAÎTÉ  (ghé-té),  s.  f.  Voy.  gaieté. 

■;■  GAL  (gai),  s.  m.  Poisson  des  contrées  orien- 
t  des,  dit  aussi  coq  de  mer,  poisson  coq  et  poisson 
luné,  leus  gallus,  L. 

—  ÉTYM.  Lat.  gallus,  coq. 

GALA  (ga-la),  s.  m.  ||  1°  Mot  qui,  dans  plusieurs 
cours,  signifie  fête,  réjouissance.  Sa  Majesté  Catho- 
lique n'a  encore  pour  habits  de  gala  que  ceux  qu'elle 
portait  étant  roi  de  Naples,  bachaumont,  Hém.  secr. 
t.  XXX,  p.  270.  Grands  préparatifs,  avec  ordre  aux 
scriltori  de  se  mettre  en  gala  pour  le  jour  fixé,  p.  L. 
coun.  Lett.  2,  80.  J'étais  en  habit  de  gala,  bi!r. 
Contrat  de  mar.  Voitures  et  chevaux  à  grand  bruit 
l'autre  jour  Menaient  le  roi  de  Naple  au  gala  de  la 
cour,  V.HUGO,  F.  d'automne,  3.||  Par  extension,  il 
se  dit  des  fêtes,  des  réjouissances  des  particuliers. 
Un  jour  qu'elle  dînait  chez  lui  en  grand  gala,  et  son 
fils  avec  elle,  mabmontel,  Af^m.  vi.  |{  Voitures  de  gala, 
voitures  qui  ne  servent  que  dans  certaines  circon- 
stances solennelles.  Il  y  a  aussi  des  domestiques, 
des  livrées  de  gala.  C'est  un  terme  du  cérémonial 
des  cours.  ||  2°  Familièrement.  Un  repas  splendida. 
Il    y   a  gala  aujourd'hui  chez  nous. 

-  ÉTYM.  Esp   port,  et  itil    gala,  magnificerco, 

DICT.     DE  LÀ.   LANGUE    FHANiAlSP. 


ÉTYM.  riXa,  YaXaxTOî,  lait,  et  ^ôyoç,  traité, 
t  GALACTOMRTRE  (ga-la-kto-mè-tr'),  s.  m.  Terme 
de  physique.  Instrument  propre  à  mesurer  la  pureté 
du  lait. 

—  ÉTYM.  nia.,  fiî.ixTo;,  lait,  et  (jiéTpov,  mesure, 
t  GALACTOPÉESE  (ga-la-klo-pé-c-z'),  s.  f.  Terme 

de  physiologie.  Faculté  qu'ont  les  mamelles  de  fa- 
briquer le  lait. 

—  REM.  Galactopéèse  est  mieux  que  galacto- 
poièse ,  qu'on  trouve  d'ordinaire  ;  la  diphthongue 
grecque  oi  se  rendant  en  latin  par  os  et  par  suite  en 
français  par  e. 

—  ÉTYM.  râXa,  yâXaxToi;,  lait,  et  Tcotr)Tiç,  façon. 
f  GALACTOPÉÉTIQnE  (ga-la-kto-pé-é-ti-k') ,  adj. 

Terme  de  médecine.  Se  dit  des  substances  aux- 
quelles on  attribue  la  propriété  d'augmenter  la  sé- 
crétion du  lait. 

—  ÉTYM.  raXaxTOWOiTlTlXOÇ  (voy.  GALACTOPÉÈSE). 
f  GALACTOPHAGE  (ga-la-kto-fa-j'),  adj.  Qui  se 

nourrit  de  lait. 

—  ÊTYM.  Tâla,  YâXaxToç,  lait,  et  çaysiv,  manger. 

t  GALACTOPHORE  (ga-la-kto-fo-r") .  ||  1°  S.  m.  Pe- 
tit instrument,  dit  vulgairement  bout  de  .sein,  qui, 
fait  en  forme  de  mamelon,  facilite  l'allaitement, 
quand  le  mamelon  est  trop  court  ou  que  la  succion 
excite  de  la  douleur.  ||  2"  Adj.  Terme  d'anatomie. 
Vaisseaux  galactophores,  conduits  qui  portent  le  lait 
de  la  glande  mammaire  au  mamelon. 

—  ÉTYM.  râ>oi,  Y«>«xtoi;,  lait,  et  lopô;,  qui  porte, 
f  GALACTOPHORITE    (ga-la-kto-fo-ri-f) ,    s.    f. 

Terme  de  médecine.  Inflammation  des  conduits  ga- 
lactophores. 

.  _  ÉTYM.  Galactophore,  et  la  finale  médicale  ite, 
indiquant  l'inflammation. 

t  GALACTOPHTUISIE  (ga-la-kto-fti-zie)  ,  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Dépérissement  consécutif  aune 
trop  grande  déperdition  du  lait  chez  les  nourrices. 

—  ETYM.  râ>a,  fiXiixTo;,  lait,  et  ip9£(Ti{,  dépéris- 
sement. 

t  GALACTOPOSIE  (ga-la-kto-po-zie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Traitement  des  maladies  par  l'emploi 
du  lait. 

—  ÉTYM.  raXaxToTtoTia,  de  Yâ).«,  ■^â.Xait.-ioi:,  lait, 
et  Ti6r:ii,  action  de  boire. 

f  GAI^CTORRHÉE  (ga-la-kto-rrée),  s.  f.  Ternie 
de  médecine.  Écoulement  surabondant  de  lait  chez 
la  femme  qui  allaite.  !|  Ecoulement  de  lait  chez:  une 
femme  qui  n'allaite  pas,  et  même,  dans  quelques 
cas  rares,  chez  un  homme. 

—  ÉTYM.  riXa,  yiXaxTO?,  lait,  et  f  eïv,  couler. 
f  GALACTOSCOPE   (ga-laktosko-p'),  i.  m.  Voy. 

0ALACTOMÈTRE. 

—  ÉTYM.  râXa,  yàXaxTo;,  lait,  et  cxoiteW,  exa- 
miner. 

t  GALACTOSE  (ga-la-ktô-z'),  s.  f.  Terme  de  phy- 
siologie. Production  du  lait  par  la  glande  m.ira- 
mairo. 


—  ÉTYM.   raXâxTMori; ,   formation  du   lait , 
fâXa,  -yiXaxTo;,  lait. 

^  t  GALACTl'RIE  (ga-Ia-ktu-rie).  s.  f.  'ferme   de 
lîicdecine.  Évacuation  d'urine  lactescente. 

—  ÉTYM.  ràXa,  fiXoxTo;,  lait,  et  oOpeîv,  ariner. 
t  GALAGO  (ga-la-go),  s.  m.  Espèce  de  lémurien, 

animal  d'Afrique. 

GALAMMENT  (ga-la-man),  adv.  ||1°  D'une  ma- 
nière galante.  Et  surtout  quand  les  vers  sont  tour- 
nés galamment,  mol.  Femmes  sav.  m,  'i.  Je  suis 
trop  heureux,  madame,  d'avoir  pu  vous  rendre  ce 
petit  service,  lui  répondis-je  le  plus  galamment 
qu'il  me  fut  possible,  marivaux.  Pays.  parv.  4'part. 
Toi  [Mlle  Clairon]  qui  ressuscitas  sous  mes  rustiques 
toits  L'Electre  de  Sophocle  aux  accents  de  ta  voix. 
Non  l'Électre  française  à  la  mode  soumise,  Pour  le 
galant  Itys  si  galamment  éprise,  volt.  Éplt.  lxxxv. 
Il  2"  Avec  goût  et  élégance.  S'habiller  galamment. 
Et,  tirant  sa  montre  à  laquelle  pendait  galamment 
une  petite  boussole,  il  lui  fit  voir  que  c'était  avec 
une  aiguille  qu'on  était  arrivé  dans  un  autre  hé- 
misphère, ID.  Dial.  (3.  Il  8"  De  bonne  grâce.  Faire 
les  choses  galamment.  Il  faut  vous  dire  seulement 
Que  vous  donnez  si  galamment.  Qu'on  ne  peut  se 
défendre  De  vous  donner  son  caur  ou  de  le  laisser 
prendre,  Mlle  scudéry,  dans  richelet.  Allons,  mon- 
sieur, faites  les  choses  galamment  et  sans  vous  faire 

tirer  l'oreille,  mol.  Mar.  forcé,  se.  )6 Dites-lui 

qu'on  sait  son  mariage,  Et  conseillez-lui  fort  de 
s'armer  de  courage,  Afin  de  recevoir  galamment  au- 
jourd'hui Certains  petits  brocards  qui  vont  fondre 
sur  lui,  DESTOL'CHES,  Pkil.  marié,  iv,  9.  C'est  da 
vous  qu'en  sept  cent  un  Une  anguille  de  Melun 
M'arriva  si  galamment.  Souvenez-vous-en,  souve- 
nez-vous-en, Avec  des  pruneaux  de  Tours,  désau- 
GiERs,  II.  et  Mme  Denis.  ||  4°  Avec  courage.  Ton 
maître  a  galamment  soutenu  cette  affaire,  piron, 
Métrom.  iv,  i .  Ce  mot  [gàlantj  reçut  une  signifi- 
cation plus  noble  dans  les  temps  de  chevalerie,  où 
le  désir  de  plaire  se  signalait  par  les  combats;  se 
conduire  galamment,  se  tirer  d'affaire  galamment 
veut  même  encore  dire  se  conduire  en  homme 
de  cœur,  volt.  Dict.  phil.  Galant.  Ma  foi,  je  cours 
encor  la  poste  galamment,  boissy,  Impatient,  v,  8. 
Il  5°  En  galant  homme.  Ma  foi,  lui  dit-il,  vous  venez 
d'en  user  si  galamment,  que  je  ne  veux  point  vous 
le  cacher,  hamilt.  Gramm.  6.  ||  6°  Habilement, 
adroitement.  Il  s'est  tiré  galamment  d'intrigue. 

—HIST.  XVI'  s.  Fouette  moy  ce  voyre  gualentement, 
RAB.  Garg.  i,  8.  Il  y  a  d'autres  qui  le  font  encore 
plus  galantement,  et  en  parlant  à  d'autres  admo- 
nestent leurs  familiers,  amyot,  Com.  discem.  le 
flatt.  64. 

—  ÉTYM.  Galant,  et  le  suffixe  ment.  Galantement 
du  XVI"  sjècle  est  la  trace  de  l'effort  que  la  langue, 
en  formant  de  nouveaux  adverbes,  fit  pour  conser- 
ver l'ancienne  syntaxe  où  le  suffixe  ment  se  con- 
struit toujours  avec  le  féminin.  Galantement  se  di- 
sait encore  au  commencement  du  XtU*  siècle.  La 
valet....   L'avoit  galantement  payé  d'une  cassade, 

RÉGNIER,  Sat.   XI. 

I  GALANDAGE  (ga-lan-da-j'),  s.  m.  Cloison  da 
briques  posées  de  champ  l'une  à  côté  de  l'autre. 

—  ETYM.  Galandage  (comp.  garlandage)  tient 
à  guirlande.  On  a  dans  la  Rose  :  Belle  fu  et  bien 
atornée.  D'un  fil  d'or  estoit  galendée,  dans  du  cange, 
gallandus, 

fOALANDE  (ga-lan-d'),  s.  f.  Variété  d'amande. 
Il  Variété  de  pêche. 

—  ÉTYM.  Ancien  féminin  de  galant. 
■)•  GALANDISE  (ga-lan-di-z') ,  s.  f.  Synonyme  do 

galandage. 

f  GALANE  (ga-la-n'),  s.  f.  Genre  de  plantes  (che- 
lone)  de  la  famille  des  scrofularinées ,  originaires 
d'Améri(|ue,  et  cultivées  pour  leurs  fleurs  dans  nos 
jardins. 

ÉTYM.  GoJane  est  probablement  cfteIon«  estropié 

par  les  jardiniers.  Chelone  vient  de  la  ressemblance 
frappante  de  la  fleur  avec  une  tête  de  tortue,  y_e- 
Xwvr),  tortue. 

j- GALANGA  (ga-lan-ga),  s.  m.  Genre  de  plantes 
{maranta) ,  de  la  famille  des  amomées,  qui  crois- 
.sent  dans  les  Indes  orientales  et  dont  la  racine  est 
un  stimulant  aujourd'hui  peu  usité. 

—  HIST.  xvi*  s.  Souchet,  galangamenu,  parS,  xx,  2 
_  ÉTYM.  Espagn.  et  iuJ.  galanga;  anc.  franc,  ga- 

ringal;  de  l'arabe  cho/an',  qui  est  d'origine  persane 
GALANT,  ANTE  (ga-lan,  lan-t') ,  adj.  \\  1° Empressé 
auprès  des  femmes;  qui  cherche  à  leur  plaire  par 
ses  manières,  son  langage,  sa  tenue.  Gardez  donc 
do  donner,  ainsi  que  dans  Clélie,  L'air  ni  l'esprit 
français  à  l'antique  Italie,  Et,  sous  des  noms  ro- 
mains faisant  notre  portrait.  Peindre  Caton  gahtiid 

t.  —  îas 


1818 


GAL 


et  Brutu*  damerai,  boil.  Ml  p.  m.  Tant  que  le  roi 
uvait  été  occupé  de  les  amours,    la  cour  avait  ét6 
paUnte  ;  aussitôt  que  lo  confesseur  s'en  fut  emparé, 
elle  derint  tritte  et  hypocrite,  duclos,  Itègne  de 
louii  XIV,  (Hiuv.  t.  V,  p.  I Kl,  dans  pouukns.  Voya- 
gez beaucoup,  et  vous  ne  trouverei  pas  de  peuple 
aussi  doux,  aussi  atfablc,  aussi  franc,  au5Sl_  poli, 
aussi  spirituel,  aussi  galant  que  le  français  ;  il  l'est 
quelquefois   trop  :  mais  ce  défaut   est-il  donc  si 
grand  î  kayral,  llisl.  phil.  v,  t«.  ||  Homme  galant, 
homme  qui  cherche  à  plaire  aux  femmes.  Un  homme 
galant  se  rapproche  du  petil-mallre  et  de  l'homme 
à  bonnes  fortunes,  VOLT. /Jict.  phi/.  Galant.  ||  Femme 
galante,  femme  qui  est  dans  l'habitude  d'avoir  des 
wmmerces  de  galanterie.  L'homme  coquet  et  la 
femme  galante  vont  assez  de  pair,  la  uiiuy.  m.  ta. 
reine  (Isabeau  de  Bavifcre]  impérieuse,  avare,  vindi- 
cative et  galante,  saint-foix,  Kss.  Paris,  CUmv.  t.  v, 
p.  176,  dans  pûUGENs.  Comme  toutes  les  femmes 
galantes,  elle  aime  à  dissertersur  les  passions.GEN- 
Lis,  Mme  de  UaiiUenon,  t.  i,  p.  123,  dans  pouoens. 
Il  En  cet  emploi  avec  femme,  galante  se  met  tou- 
jours après  son  substantif,  sauf  quand  ce  substantif 
est  un  nom  propre.  Avec  plus  de  plaisir  la  galante 
Ninon....  lesmaiiis.  Poésies,  p.  »9,  dans  pougens. 
Il  Qui  a  le  caractère  de  la  galanterie,   en  parlant 
des  chose».  Avoir   l'humeur  galante.  Le  cardinal 
d'Estrées  n'était   pas   moins    amoureux  dans    ces 
temps  dont  je  parle,  et  il  a  fait  pour  Mme  de  Main- 
tenon  beaucoup  de  choses  galantes  qui,  sans  tou- 
cher son  cœur,  plaisaient  à  son  esprit,  K"'  de  cay- 
Lcs,  5'oureniri,  p.  (28,  dans  pougens.  Une  dame  à 
laquelle  il  disait  souvent  des  choses  galantes  sans 
autre  intention  que  celle  de  les  dire,  volt.  Zadig,  4. 
Il  Intrigue  galante,   affaire  galante,  commerce  de 
galanterie.  Ilavaiteu  plusieurs  affaires  galantes,  et 
avait  fait  voir  plus  de  coquetterie  que  d'amour.  M"'  dk 
catlbs,  SouientVi,  p.  252.  ||  Terme  de  peinture. 
Goût  galant,  celui  qui  peint  des  sujets  gracieux, 
des  pastorales.  On  dit  dans  le  même  sens  :  un  sujet 
galant,  par  exemple  un  sujet  pris  de  la  Fable.  ||  Mer- 
cure galant,  titre  d'un  recueil  qui  se  donnait  au  pu- 
blic une  fois  lo  mois.  ||  Au  .sens   du  n"  l°,  soit  qu'il 
s'agisse  des  personnes  ou  des  choses,  galant  se  met 
d'ordinaire  après  son  substantif.  ||  2"  Qui  a  de  la 
grAce,  de  l'élégance,  par  assimilation   à  celui  qui 
s'efforce  de  plaire  aux  dames.  Ne  forçons  point  no- 
tre talent;  Nous  ne  ferions  rien  avec  grâce;  Jamais 
un  lourdaud,  quoiqu'il  fasse.  Ne  saurait  passer  pour 
galant,  la  font.  Fabl.  iv,  6.  ||  3°  Distingué,  élégant, 
bien  entendu,  en  parlant  des  choses.  Le  sonnet  m'a 
semblé  fort  beau  et  la  lettre  fort  galante,  voit.  Lett. 
26.  Un  bracelet  le  plus  brillant  et  le  plus  galantqui 
fut  jamais,  id.  l'b.  23.  Pour  un  homme  qui  a  pu  ima- 
giner un  moment  que  vous  l'avic?.  favorisé,  ce  dis- 
cours n'est  pas  trop  galant,  id.  t'b.  23.  11  me  montra 
toute  l'affaire,  exécutée   d'une   manière  beaucoup 
plus  galante  et  plus  spirituelle  que  je  ne  puis  faire, 
MOL.  Préf.  de  la  crit.  de  l'Éc.  des  femmes.  Cela  a  un 
tour  spirituel  et  galant,  id.  les  Préc.  40.  Vous  ver- 
rez quelque  chose  de  galant  dans  le  petit  ballet  que 
nous  avons  ajusté  pour  vous,  m.  Bourg,  gent.  ii,  ). 
Les  habits  sont  magnifiques  et  galants,  sëv.  27 i. 
Par  dépit  on  a  résolu  qu'elle   ne  serait  point  des 
après-soupers,  qui  sont  gais  et  galants  comme  vous 
savez,  ID.  Ib  nov.  <66s.  Je  loue  fort  la  lettre  que 
vous  avez  écrite  au   roi;  je  la  trouve  d'un  style 
noble,  libre   et  galant   qui  me  platt  fort,  u.  27 
juin   <07a.  Hais  quand  d'habits  neufs  et  brillants, 
Bien  entendus  et  bien  galants.  Femme  se  pare  en 
telles  fêtes,  C'est  pour  chasser  à  d'autres  bêtes, 
perhault.  Chasse,  dans  riciielet.  La.  Pucelle  [de 
Chapelain]  est  encore  une  œuvre  bien  galante,  boil. 
Sat.  III.  Ils  n'ont  contribué  en  rien  à  cette  fête  si 
galante,  la  bsut.  i.  On   ne  vit  jamais  d'équipage 
plus  galant  ni  plus  superbe  que  le  sien,    bollim, 
Ilist.  ane.  CTuv.  t.  x,  p.  330,  dans  pougens.  C'était 
à  qui  d'entre   elles  me  ferait  le  présent  le  plus 
joli,   me  donnerait  l'habit  le   plus  galant,   mari- 
vaux,  Mariane,  ('•  part.   Comme  j'avais   vu   des 
femmes  avec  des  perles  au  nez,  que  les  Iroquois 
trouvaient  cela  très-galant....  il  ne  faut  pas  disputer 
des  goûts,  ciiATEAUBR.  Ititi.  part.  ( .  X  votre  bourse 
un  galant  mausolée  Pourrait  coûter  vingt  mille 
francs  et  plus,  bérano.  Mon  lomb.  ||  S.  m.  Ce  qui  est 
galant.  Mon  principal  but  est  toujours  de  plaire; 
pour  en  venir  là,  je  considère   le  goût  du  siècle  ; 
or ,  aprfs  plusieurs  expériences ,    il    m'a   semblé 
if<«  ce  goût  se  porte  au  galant  et  à  la  plaisante- 
rie.  LA   FONT.  Psychil,  préface.   ||  V  Un   galant 
tomme    un  homme  qui  a  de  la  probité ,  des  pro- 
o-aes  de  bonne  compagnie,  de  l'urbanité.  C'est 
r  avoir  pat  perdu  tout  votre  temps  à  Rome  Oue 


GAL 

vous  savoir  ainsi  défendre  en  galant  homme,  corn. 
Nicom.  III,  0.  Il  traite  la  médecine  en  galant 
homme,  sév.  27  t.  Lo  cœur  d'un  galant  homme  est 
son  plus  sûr  oracle,  la  cnAUSsBi:,  Mélanidc,  i,  2. 
Il  Familièrement.  Vous  êtes  un  galant  homme,  se 
dit  pour  exprimer  à  un  homme  la  satisfaction  qu'on 
éprouve  de  ce  qu'il  a  fait.  Vous  êtes  un  galant 
homme  d'être  venu  nous  voir  dans  notre  ermitage. 
Il  On  ne  dit  jamais  en  ce  sens  une  galante  femme. 
Il  5°  S.  m.  Un  galant,  un  homme  qui  a  de  l'élé- 
gance, de  la  grâce,  de  l'habileté  à  plaire.  Quand  on 
passe  du  corps  à  l'esprit  et  que  dans  la  conversation 
des  grands  et  des  dames,  et  dans  la  manière  de 
traiter  et  de  vivre  à  la  cour,  on  s'y  est  acquis  le 
nom  de  galant....  vaugel.  Item.  t.  11,  p.  »<  < ,  dans 
pougens.  Vous  allez  faire  pic,  repic  et  capot  tout 
ce  qu'il  y  a  de  galant  dans  Paris,  mol.  Préc.  to.  Et 
par  qui  nous  voyons  ces  messieurs  les  galants  Mar- 
cher écaïquillés  ainsi  que  des  volants,  id.  Éc.  des 
mar.  I,  t.  Il  no  l'a  dit  que  pour  faire  le  galant  et 
pour  rite,  pasc.  Prov.  1 1 .  ||  6'  Homme  alerte,  à  qui 
il  ne  faut  pas  trop  se  fier.  Notre  galant  s'avisa  de 
telle  ruse.  Mais  quand  il  le  vit,  le  galant  N'en  donna 
que  le  tiers,  la  pont.  Fabl.  1,  I4.  ||  En  ce  sens,  le 
féminin  est  galande;  mais  ce  sens  vieillit.  Déjà  dans 
son  esprit  la  galande  le  croque,  la  font.  Fabl.  iv, 
f  I .  Il  7°  Verts  galants,  sorte  de  bandits  du  xV  siècle, 
ainsi  nommés  à  cause  qu'ils  se  tenaient  dans  les 
bois,  et  qui  n'eurent  pas  trop  mauvaise  réputation, 
parce  qu'ils  s'attaquaient  souvent  aux  seigneurs 
et  aux  riches.  ||  Fig.  Vert  galant  (par  souvenir  des 
verts  galants  et  de  leurs  exploits),  homme  vif,  alerte, 
vigoureux,  et,  particulièrement,  homme  empressé  au- 
près des  femmes.  Belle  servante  et  mari  vert  galant, 

la  FONT.  Gag Nousn'avions  alors  que  vingt-huit 

ans,  Et  nous  étions,  ma  foi,  tous  deux  de  verts  ga- 
lants, MOL.  Femm:  sav.  11,  2. Et  jusque-là  qu'amour 
vous  tienne  Toujours  joyeux  et  vert  galant,  dan- 
court,  Vert  galant,  se.  26.  ||  8"  Amant,  amoureux. 
Je  trouvai  que  ce  qui  paraissait  une  faveur  était  un 
remède,  et  que  le  bracelet  n'était  pas  envoyé  à  un 
galant,  mais  à  un  malade,  voit.  Lett.  23.  Je  vous 
ai  promis  pour  galant  à  deux  belles  dames  de  mes 
amies,  id.  ib.  77.  Et  tu  trembles  de  peur  qu'on  t'ôte 
ton  galant,  mol.  Sgan.  22.  Tous  ces  galants  de 
cour  dont  les  femmes  sont  folles  Sont  bruyants  dans 
leurs  faits  et  vains  dans  leurs  paroles;  De  leurs 
progrès  sans  cesse  on  les  voit  se  targuer,  id.  Tart. 
m,  3.  Quoi  qu'on  en  puisse  dire,  les  galants  n'ob- 
sèdent jamais  que  quand  on  le  veut  bien,  id.  G. 
Dnnd.  11,  4.  Qu'on  no  vous  donne  point  ces  petites 
comédies  dans  vos  familles;  ces  jeux  encore  inno- 
cents viennent  d'un  fonds  qui  ne  l'est  pas  ;  les  filles 
n'apprennent  que  trop  tét  qu'il  faut  avoir  des  ga- 
lants, les  garçons  ne  sont  que  trop  prêts  à  en  faire 
le  personnage,  boss.  Concupisc.  3i.  Donner  chez  la 
Cornu  rendez-vous  aux  galants,  boil.  Sat.  x.  Une 
femme  qui  n'a  qu'un  galant  croit  n'être  point  co- 
quette; celle  qui  a  plusieurs  galants  croit  n'être 
que  coquette,  la  bruy.  m.  Comme  vous  êtes  le  ga- 
lant de  ma  femme,  hamilt.  Gramm.  4.  Que  certai- 
nement les  maris  tueraient  les  galants  de  leurs 
femmes,  ou  en  seraient  tués,  volt.  Babouc.  Crai- 
gnant plus  que  la  mort  le  ridicule  d'un  vieux  ga- 
lant, J.  J.  Rouss.  Confess.  ix.  ||  Au  fém.  Et  quel- 
ques donzelles  savantes,  De  ces  galants  sont  les 
galantes,  scahbon,  Virg.  vi.  ||  9°  Anciennement. 
Ruban  noué,  nœud  de  rubans.  Vous  vendez  dix  ra- 
bats contre  moi  deux  galants,  corn.  Galerie,  iv,  (2. 
Voilà  Ton  beau  galant  de  neige,  avec  ta  nonpa- 
reille  !  Il  n'aura  pas  l'honneur  d'être  sur  mon 
oreille,  mol.  Dép.  am.  iv,  4. 

—  SYN.  galant  homme,  homme  galant.  Ces  deux 
locutions  ont  un  sens  très-<lifférent  :  le  galant 
homme  est  celui  qui  a  de  la  probité  et  ,de  l'hon- 
neur; l'homme  galant  est  celui  qui  se  rend  aimable 
auprès  des  dames. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ung  gallant  lévrier,  gage  de  i.a 
bione,  Poés.  des  déduits,  ms.  f=  tu,  dans  lacurne. 
Il  XV*  s.  Les  supplians  poures  gens  de  labour,  pour 
obvier  aux  entreprinses  de  nos  adversaires,  se  sont 
mis  sus  en  armes  avec  autres  que  communément 
on  appeloit  les  galans  de  la  feuillie  [sorte  de  vo- 
leurs), DO  CANOR,  foliota.  Lequel  de  la  Vigne  estoit 
mal  renommé,  veu  qu'il  avoit  esté  galant  de  feuil- 
lée,  id.  ib.  Et  messire  JeandeLalain  fut  pris  prison- 
nier, et  eut  la  vie  sauve  par  le  moyen  d'un  gentil 
galant  de  la  garnison,  monstrelet,  11,  too.  ||  xvi*  s. 
Je  vous  jure  que  c'esloyt  une  paincture  gualante  et 
mirificque,  rab.  Pant.  rv,  2.  Frère  Jean  on  chas- 
teau  gaillard  monta  bien  guallant  et  délibéré  avec- 
ques  les  bombardiers,  id.  ib.  iv,  3!.  Les  plus  ga- 
lants hommej,  c'estoient  ceuU  qui  les  avovent  le  plus 


GAL 

à  mespris  [les  pédants],  mont,  i,  4  39.  Le  roy  m'appclla 
auprès  de  lui  pour  lui  aider  à  entretenir  la  dame 
qui  donnoit  la  bague  ;  ce  que  je  fis  a.ssez  bien  ;  mais 
il  y  eut  une  brouillerie  pour  un  galand  [nœud  de 
rubans]  qui  lui  manquoit,  lequel  Dandclot  sans  son 
sçu  donna  à  monsieur  le  Grand  qui  le  porta  sur 
son  chapeau,  bassompierhe,  Mém.  t.  i,  p.  ï32,  dans 

LACDRNE. 

—  ÊTYM.  Galant  est  le  participe  présent  de  l'an- 
cien verbe  galer  (voy.  gala)  ;  esp.  et  ital.  galante. 
L'espagnol  a  une  autre  forme,  galan,  galano,  qui 
vient  directement  du  radical  gai.  La  série  des  sens 
paraît  être:  celui  qui  se  livre  au  plaisir,  qui  s'amuse; 
de  là  un  gentil  galant,  c'est-à-dire  un  bon  compa- 
gnon, locution  qui  s'est  dédoublée  signifiant  d'abord 
l'homme  de  plaisir,  puis  l'homme  hardi,  courageux 
(en  anglais  a  gallant  ofjicer,  un  brave  officier) ,  et 
l'homme  d'honneur  et  de  probité. 

GALANTERIE  (ga-lan-te-rie),  s.  f.  \\  1°  Agrément, 
politesse  dans  les  manières.  Cet  homme  a  de  la  ga- 
lanterie dans  l'esprit.  Il  met  de  la  galanterie  dans 
tout  ce  qu'il  lait.  On  peut  dire  avec  vérité  qu'il  n'y 
a  jamais  eu  une  dame  qui  ait  si  bien  entendu  la 
galanterie,  ni  si  mal  entendu  les  galants,  voit. 
lett.  42.  Je  croyais  qu'on  me  dût  préférer  Honorée 
Avec  moins  de  douceur  et  de  galanterie,  cohn.  At- 
tila, m,  2.  Il  Ce  sens  commence  à  vieillir.  ||  Il  s'est 
dit  aussi  des  choses  de  bon  goût,  d'un  goût  galant. 
Que  ce  bout  de  ruban  a  de  galanterie  !  Je  le  veux 
dérober,  corn.  Suite  du  Ment.  11,  6.  ||  2°  Soins, 
empressements  auprès  des  femmes  qu'inspire  la 
désir  de  leur  plaire.  Madame,  puisque  c'est  à  bon 
dessein  que  je  vous  recherche,  je  crois  qu'il  n'y  a 
point  de  galanterie  que  je  ne  puisse  faire,  et 
qu'après  avoir  fait  des  vers  pour  vous,  je  puis  bien 
vous  envoyer  des  bouquets,  voit.  Lett,  73.  Tout  cela 
sent  la  nation;  et  toujours  messieurs  les  Français 
ont  un  fond  de  galanterie  qui  se  répand  partout, 

MOL.  Sicil.  <2 Mon  maître  est  fidèle,  et  son  ftme 

est  pétrie  De  la  plus  fine  fleur  de  la  galanterie, 
HF.GNABD,  le  Distr.  II,  1.  Il  3°  Propos  flatteurs  qu'on 
tient  à  une  femme.  De  fades  galanteries.  Voilà  ce 
que  c'est  de  ne  point  répondre  aux  galanteries  que 
je  vous  écris,  de  m'envoyer  des  lettres  où  vous  ne 
me  parlez  que  de  vos  amies  et  ne  me  dites  quasi  rien 
de  vous,  VOIT.  Lett.ih.  Ne  vous  étonnez  pas  dem'ouîr 
dire  des  galanteries  si  ouvertement,  iD.ift.  40.Ladame 
sourit,  car  les  galanteries  d'un  borgne  sont  toujours 
des  galanteries,  et  les  galanteries  font  toujours  sou- 
rire, volt.  Crocheteur  borgne.  |{  4°  Commerce  amou- 
reux. On  peut  trouver  des  femmes  qui  n'ont  jamais 
eu  de  galanterie;  mais  il  est  rare  d'en  trouver  qui 
n'en  aient  eu  qu'une,  la  bochef.  Réflex.  73.'Sll  l'a 
convaincue  d'une  bonne  galanterie  avec  M.  de  Bé- 
thune,  SÉV.  t4.  Le  roi  n'a  point  de  galanterie,  et 
vraisemblablement  n'en  aura  plus,  mainte.non,  Lett. 
à  M.  de  Villelle,  (4  août.  Enfin,  bornant  le  cours 
de  tes  galanteries,  Alcippe,  il  est  donc  vrai,  dans 
peu  tu  te  maries  ?  boil.  Sat.  x.  La  galanterie  est  un 
faible  du  cœur,  ou  peut-être  un  vice  de  complexion, 
LA  BRUT.  m.  Il  y  a  peu  de  galanteries  secrètes;  bien 
des  femmes  ne  sont  pas  mieux  désignées  par  le  nom 
de  leurs  maris  que  par  celui  de  leurs  amants,  id.  t'6. 
Tout  hors  d'haleine  enfin  il  entre  aux  Tuileries, 
Cherchant  partout  matière  à  ses  galanteries,  pf- 
CNABD,  Sat.  contre  les  maris.  Dans  ces  troubles, 
Théodora,  mère  de  Marozie  et  d'une  autre  Tliéo- 
dora,  toutes  trois  célèbres  par  leurs  galanteries, 
avait  à  Rome  la  principale  autorité,  volt.  Mœurs, 
35.  Un  peuple  [les  Romains]  dont  le  sénat  se  piqu?. 
quelquefois  d'humanité,  et  dont  ce  même  sénat  im- 
mola aux  dieux  deux  Grecs  et  deux  Gauloises  pour 
expier  la  galanterie  d'une  de  ses  vestales,  id.  A  «" 
aut.gax.  liltér.  |{  6°  Il  se  dit  des  petits  prés  eiits 
qu'on  se  fait  dans  la  société.  Il  m'a  fait  une_  jolie 
galanterie.  Moi  qui  donnerais  tout  ce  que  j  si  au 
monde  et  que  vous  eussiez  fait  pour  moi  une  galan- 
terie comme  celle-là  [don  d'un  bracelet],  voit.  Lett. 
23.  Il  Fig.  N'a-t-il  pas  ceux  qui  se  font  les  plus 
grandes  amitiés  du  monde,  et  qui,  le  dos  tourné, 
font  galanterie  de  se  déchirer  l'un  l'autre?  mol. 
Impr.  3.  Il  6°  Pièce  galante  en  vers  ou  en  prose. 
Pour  commencer  par  la  manière  indigne  dont  vos 
auteurs  parlent  des  choses  saintes,  soit  dans  leurs 
railleries,  soit  dans  leurs  galanteries,  soit  dans  leurs 
discours  sérieux....  pasc.  Proi-.  il.  ||  1°  Action  sus- 
pecte, même  blâmable  et  qu'on  déguise,  par  euphé- 
misme, sous  le  nom  de  galanterie.  La  galanterie  est 
un  peu  forte.  J'ai  sans  doute  reçu  du  ciel  un  géwe 
assez  beau  pour  toutes  les  fabriques  de  ce»  genul- 
lesses  d'esprit,  de  ces  galanteries  ingénieu.ses  à  qui 
le  vulgaire  ignorant  donne  le  nom  de  fourberies, 
MOL,  Scapin,  1,  2.  Jd  sais  mj  démëlbr  prudemmeul 


GAF. 

de  toutes  les  galanteries  qui  sentent  tant  soit  peu 
l'échelle,  id.  Avar.  ii,  1. 1|8°  Maladie  secrète.  Don- 
ner, attraper  une  galanterie.  11  en  est  de  même  de 
la  galanterie,  qui  signifie  tantôt  coquetterie  dans 
l'esprit,  paroles  flatteuses,  tantôt  présent  de  petits 
bijou.^,  tantôt  intrigue  avec  une  femme  ou  plu- 
sieurs; et  même  depuis  peu  il  a  signifié  ironique- 
ment faveurs  de  Vénus,  volt.  Dict.  phil.  Galant. 

—  HIST.  xvr  s.  Les  autres  rois,  quand  on  leur 
rapportoit  ces  galanteries  [plaisanteries],  ne  s'en 
faisoient  que  rire,   hors  mis  Lysimachus  seul  qui 

s'en  courrouceoit,   amyot,  Démdtr.  3i La  plus 

part  de  ses  galanteries  [actes  de  vaillance]  pour 
donner  moien  à  ceux  de  la  ville  d'emmener  le  reste 
de  leurs  vendanges,  d'adb.  Hist.  u,  36.  En  un  de 
ces  moulins  un  soldat  seul  enfermé  composa  à  la  vie 
pour  lui  et  toute  sa  trouppe,  et  fut  sauvé  par  sa 
galantise  [bravoure],  in.  ib. 

—  ÉTYM.  Galant. 

t  GALANTHE  (ga-lan-f),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  d'amaryllidacées,  dans  lequel  on  dis- 
tingue le  galanthe  nivéal ,  appelé  vulgairement 
perce-neige,  nivéole,  galanthine  ou  galantine,  vio- 
iier  bulbeux,  violier  d'hiver,  et  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  les  espèces  du  genre  leucoîon,  amaryl- 
lidacées, dites  également  perce-neige  et  nivéole, 
entre  autres  le  teucoion  du  printemps,  legoarant. 

—  ÉTYM.  ràXa,  lait,  et  àvôoç,  fleur. 
ttALANTIN    (ga-lan-tin),  s.   m.  Terme  familier. 

Homme  ridiculement  galant.  II  fait  le  galantin. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  galant. 

GALANTINE  (ga-lan-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  cui- 
sine. Cochon  de  lait  ou  volaille  désossée  dont  on 
conserve  la  forme  ou  dont  on  fait  un  rouleau  en 
remplissant  la  bête  avec  de  la  farce  faite  de  veau, 
lard,  épices,  et  des  lits  de  jambon,  veau,  trufTes, 
lard,  qu'ensuite  on  enveloppe  de  linge  et  qu'on 
fait  cuire  très-longtemps  avec  de  l'eau,  jarret  et 
pied  de  veau,  carottes,  épices,  etc. 

—  lUST.  xin."  s.  Ausinc  cum  fait  li  bons  lechierres. 
Qui  des  morsciaus  est  cognoissierres,  Et  de  plusors 
viandes  taste  En  pot,  en  rost,  en  soust  [saucej,  en 
paste,  En  ffiture  et  en  galentine.  Quant  entrer  puet 
enlacuisine,  la  Rose,  2(823.  Bouce  pourcoi  cante 
matines.  Quant  li  eues  [le  cuisinier]  met  engalen- 
tines  Grans  bars,  grans  lux  [brochets]  et  grans  lam- 
proies ?  DU  CANGE,  galatina.  \\  xiv  s.  Ainsi  se  peut 
faire  galentine  de  poisson  froit,  Ménagier,  ii,  B. 
Galentine  pour  carpe  :  broyez  safTren,  gingembre.... 
ib.  Leschefrites  sucrées  ,  burrées  à  la  galen- 
tine chaude,  ib. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  galatina,  ce  qui  écarte  la  déri- 
vation de  galant  et  indique  un  radical  gai,  qui  se 
trouve  dans  l'allemand  Gallert,  gelée,  gélatine,  et  qui 
est  le  radical  latin  gel  dans  gelare,  geler.  La  gala- 
line  ou  galantine  du  moyen  âge  était  une  prépara- 
tion de  poissons. 

GALANTISE,  ÉE  (ga-Ian-ti-zé ,  zée),  part,  passé 
de  galantiser.  Je  trouvai  ma  femme  galantisée  par 
(les  gens  (jui  mangeaient  mon  bien,  d'ablancouht, 
Lucien,  dans  le  roux,  Dict.  comique. 

GALANTISER  (ga-lan-ti-zé),  v.  0.111°  Flatter 
d'une  manière  galante,  dire  des  galanteries.  Ne  me 
contez  point  tant  que  mon  visage  est  beau....  Je  lésais 
bien  sans  vous,  et  j'ai  cet  avantage.  Quelques  per- 
fections qui  soient  sur  mon  visage,  Que  je  suis  la 
première  à  m'en  apercevoir  ;  Pour  me  galantiser  il 
ne  faut  qu'un  miroir.  J'y  vois  en  un  moment  tout 
ce  que  vous  me  dites,  corn.  Galerie,  u,  <,  <'*  éd. 
Vous  mériteriez  d'être  servie  et  galantisée  dans  les 
formes,  scarr.  Rom.  com.  i,  <3.  M.  de  Mantouega- 
lantisa  et  loua  fort  la  beauté  de  la  duchesse  d'Au- 
mont,  ST-siM.  (33,  2)8.  Il  Absolument.  U  [Voiture]  a 
trouvé  le  secret  de  vivre  en  même  temps  selon  le 
siècle  et  selon  l'Évangile;  d'aller  soigneusement  à  la 
messe  le  matin  par  vraie  dévotion,  et  de  galantiser 
a-ssidûment  l'après-dinée  par  une  corruption  d'es- 
prit invétérée,  BALZAC,ie(t.dChapdain,  24  juin  (645, 
dans  PELLissoN,  Hist.  de  l'Acad.  iv,  Voiture.  Le 
poste  fut  bien  aise  d'être  à  cheval  pour  galantiser  à 
la  portière  où  était  Inézila,  scahron,  Rom.  com.  i, 
20.  Il  2°  Se  galantiser,  v.  rijl.  Se  faire  la  cour  à  soi- 
même.  Il  s'adore,  il  se  galantise.  Et  prend  ses  di- 
vertissements Devant  un  cristal  de  Venise,  X  se 
faire  des  compliments,  mainard,  dans  richelet. 

—  ÉTYM.  Galantise,  qu'on  peut  voir  à  l'historique 
de  galanterie. 

f  GALATÉE  (ga-la-tée),  s.  f.  Genre  de  mollus- 
ques à  co(iuille  bivalve. 

GALAXIE  (ga-la-ksie),  s.  f.  Terme  d'astronomie. 
Voie  lactée. 

—  ÉTYM.  r^Âoîio;  xilxXo;,  cercle  lacté,  de  Yo)ot, 
lait,  qui,  d'après  les étymologistes,  est  Ift  même  que 


GAL 

lac,  laetis  des  latins,  -^i-Xa.  (ydi-XaxTo;),  avec  un 
préfixe  Ya,  que  Bopp  identifie  avec  le  sanscrit  gd, 
vache. 

t  GALBANONER  (g^-ba-no-né),  V.  a.  Nettoyer 
les  vitres  ayeo  de  la  craie,  les  nettoyer  imparfaite- 
ment. 

—  ÊTYM.  Galhanum. 

GALBANUM  (gai  ba-nom'  ;  on  prononçait  autre- 
fois gal-ba-non,  le  moyen  âge  prononçant  on  la  fi- 
nale latine  um),  s.  m.  \\  1°  Gomme-résine  tirée  d'une 
plante  du  même  nom  qui  n'est  pas  encore  complète- 
ment déterminée  et  qu'on  croit  être  ou  le  bubon 
galbanum  ou  le  ferula  galbanifera.  On  tire  cette 
gomme  d'un  arbre  qui  croit  en  Syrie;  ses  larmes 
sont  blanches,  grasses,  d'un  goût  amer  et  d'une 
odeur  forte,  charas,  Thériaque,  ch.  7C.  ||  2"  Fig. 
et  familièrement.  Du  galbanum,  de  fausses  pro- 
messes, des  paroles,  mensongères.  Donner  du  gal- 
banum, donner  de  fausses  espérances.  Vendre  du 
galbanum ,  tromper,  duper.  Car  nous  appelons  à 
Sarcelle  Sot  ou  sotte  si  c'est  femelle.  Quiconque, 
d'un  air  fanfaron,  Vient  nous  bailler  du  galbanon 
Et  croit  que  ses  impertinences  Devront  être  autant 
de  sentences.  Harangue  des  gens  de  Sarcelle  à  il.  de 
Vintimille  contre  l'nnigenitus,  pièce  ms.  4732.  Le 
seigneur  :  Ce  ne  sont  point  des  compliments,  mais 
des  témoignages  d'estime.  —  Arlequin  :  Galbanum 
que  tout  cela  ;  votre  visage  ne  m'est  point  nouveau, 
MARIVAUX,  Doubl.  inconsl.  u,  7.  On  dit  de  même  : 
C'est  un  donneur  de  galbanum.  ||  Locution,  dit  de 
Brieux,  qui  vient  peut-être  de  ce  que,  pour  faire 
tomber  les  renards  dans  le  piège,  on  y  met  des  rô- 
ties frottées  de  galbanum,  dont  l'odeur  plaît  extrê- 
mement aux  renards  et  les  attire  au  lieu  où  ils  en 
sentent. 

—  HIST.  XII'  s.  Et  por  ce  est  bien  dit  à  Moyseu  : 
prend  espezes,  stacten,  galbancn  et-onica....  sien 
feras  un  tymiane  [parfum]  confit  solunc  l'œvre  de 
ceaz  [ceux]  ki  les  unguemenz  funt,  Job,  p.  447. 
Il  xiV  s.  Galbanum,  une  manière  de  pigment,  ou 
de  vestement,  ou  de  coulour,  du  canoë,  galbanum. 
Il  xvi*  s.  Un  petit  emplastre  de  galbanum,  paré, 
xviii,  34. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gaifcont,  galba;  du  lat.  galbor- 
num,  qui  vient  du  grec  xa>>ëivri.  Le  mot  est  d'ori- 
gine sémitique  :  hébreu ,  chelbnah ,  galbanum,  de 
cheleb,  graisse. 

GALBE  (gal-b'),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'architecture. 
Grâce  du  contour  d'une  colonne,  d'un  vase,  du 
feuillage  d'ornement,  de  la  courbure  extérieure 
d'une  coupe.  ||  On  dit  rarement  :  un  mauvais  galbe. 
Il  2"  Par  extension,  caractère  d'une  figure.  La  ré- 
gularité du  galbe  grec.  ||  3°  Terme  de  menuiserie. 
Chantournement  que  l'on  donne  aune  pièce,  sur  la 
face  ou  sur  l'épaisseur  du  bois.  ||  4°  Terme  de  mé- 
tallurgie. Masse  totale  d'un  haut  fourneau. 

—  HIST.  XVI"  s Et  monstroit  à  son  port  quel 

sang  le  concevoit.  Tant  la  garbe  de  prince  au  vi- 
sage il  avoit,  BONS.  677 Tous  deux  de  garbe  et 

de  courage  grans,  id.  6(0.  Certes  sa  conduite  [de 
l'amour]  a  plus  de  garbe  [d'agrément]  quand  elle 
est  mesiée  d'inadvertance  et  de  trouble,  mont,  iii, 
388.  En  assez  brave  equippage;  mais  approchant 
plus  de  la  grossière  mode  de  la  Germanie  que  du 
garbe  françois,  carloix,  vi,  6.  Il  fauldra  qu'il  nous 
viennent  apprendre  nostre  garbe  à  faire  une  course 
de  droict  M,  sans  bransler,  ny  chocquer  des  ge- 
nouillères la  barrière,  id.  vu,  24. 

—  ÉTYM.  Ital.  garbo,  qui  est  aussi  en  espagnole! 
en  portugais;  du  germanique  :  anc.  haut-allem.  ga- 
rawi,  garwt,  ornement  ;  garawan,  orner;  allem. 
mod.  gerben;  flamand,  .çicnof?»,  préparer,  disposer. 
Dès  le  temps  de  H.  Estienne  {Dunouv.  long.  fr.p.  t, 
2  et  3)  on  tend  à  prononcer  galbe  et  non  garbe. 

t  GALBÉ,  ÉE  (gal-bé,  bée),  adj.  Terme  d'archi- 
tecture. Feuilles  galbées,  feuilles  qui,  dans  un  or- 
nement, ne  sont  qu'ébauchées. 

—  ÉTYM.  Galbe. 

t  GALBtJLE  (gal-bu-l'),  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Cône  à  écailles  élargies  à  leur  sommet,  libres 
ou  soudées  ensemble  ;  exemple  le  fruit  du  cyprès. 

—  ÉTYM.  Lat.  galbulus,  pomme  de  cyprès. 

GALE  (ga-l'),  s.  f.  |{  1°  Maladie  cutanée  et  conta- 
gieuse caractérisée  par  de  petites  vésicules,  la  pré- 
sence d'un  insecte  nommé  acarus  ou  acare,  et  de 
grandes  démangeaisons.  Avoir  la  gale.  Couvert  de 
gale.  Qu'on  me  fouettât  pour  voir  si  j'avais  point  la 
gale,  RÉGNIER,  Sat.  xi.  ||  Populairement.  Être  mé- 
chant comme  la  gale,  être  fort  méchant.  ||  On  dit 
aussi  :  C'est  une  véritable  gale.  C'est  la  gale  que 
cette  femme-là.  ||  Fig.  Défiez-vous  de  lui,  il  a  la 
gale.  Il  Fig.  et  populairement.  Il  n'a  pas  la  gale 
aux  dents,  il  est  gros  mangeur.  ||  Gale  des  épiciers. 


GAL 


1819 


eczéma  et  ecthyma  aigus  des  mains,  auxquels  les 
épiciers  sont  sujets.  ||  2°  La  gale  existe  aussi  chez 
la  plupart  des  animaux  et  y  est  causée  et  caracté- 
risée par  difl'érentes  variétés  d'acares.  C'est  un  li- 
mier boiteux  de  gales  damassé,  Régnier,  Sat.  x. 
Il  Gale  du  porc ,  nommée  vulgairement  rogne. 
Il  Donner  la  gale  à  son  chien  :  maxime  d'ingrat, 
DiDER.  Princ.  de  polit.  8.  {|  3°  Terme  de  botanique. 
Maladie  des  végétaux  caractérisée  par  des  rugosités 
qui  se  forment  sur  l'écorce,  sur  les  feuilles,  sur 
les  fruits.  Le  bois  de  bergamote  et  des  petits  mus- 
cats est  sujet  à  avoir  de  la  gale,  ouintinve.  Jar- 
dins, t.  1,  dans  aiCBELET.  ||  4°  Terme  de  menuise- 
rie. Trous  de  vers,  nodosités  qui  défigurent  la  sur- 
face d'un  arbre,  d'un  bois.  ||  B°  Inégalités  qui  se 
trouvent  sur  les  étoffes.  ||  Proverbe.  La  gale  ni  l'a- 
mour ne  se  peuvent  cacher. 

—  HIST.  XVI*  s.  Si  c'est  humeur,  en  se  grattant 
on  luy  donne  issue,  ....dont  quelquefois  s'ensuivent 
petites  pustules  et  galles  [croûtes],  et  souvent  ulcè- 
res, PARÉ, /n(rod.  17.  Qui  a  la  galle  se  gratte  et 
galle,  LEROUX  DE  LiNCY,  Prov.  t.  1,  p.  246.  Il  est  ga- 
lant homme,  il  a  apporté  la  galle  en  France  [se  di- 
sait par  une  mauvaise  allusion  de  galek  galantponv 
faire  entendre  qu'une  personne  n'était  guère  habile 
ou  honnête],  obdin,  Curios.  fr.  Gale  de  Naples  [le 
mal  vénérien],  cartheny,   Yoy.  du   chev.   errant, 

f°  66,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Bourguign,  gaule.  Dérivation  incertaine. 
Plusieurs  sources  se  présentent  :  i  °  le  latin  callus, 
cal,  durillon,  la  permutation  du  c  en  9  ne  faisant 
pas  un  obstacle  absolu,  mais  le  sens  n'étant  pas 
satisfaisant  ;  2"  l'allemand  Galle,  endroit  vicieux 
ou  malade,  pourriture  ;  danois,  gall,  vicieux  ;  3°  l'an- 
glais to  gall,  excorier;  4°  le  celtique  :  irlandais, 
galar,  maladie  en  général  ;  bas-breton  et  kimry  ,  gdl, 
éruption  ;  B"  le  latin  galla,  galle  des  arbres,  ma- 
ladie des  végétaux  qu'on  a  transportée  aux  hommes 
et  aux  animaux.  C'est  cette  dernière  étymologie  qui 
semble  la  plus  vraisemblable. 

GALE  (ga-lé),  s.  m.  Terme  de  botanique.  Nom 
vulgaire  et  spécifique  du  myrica  gale,  famille  dos 
amentacées,  dit  aussi  gale  odorant,  myrte  Jes  ma- 
rais, myrte  bâtard,  piment  royal  et  piment  aqua- 
tique, LEOOAHANT. 

GALÊACE  OU  GALÉASSE  (ga-lé-a-s') ,  s.  f.  Terme 
de  marine  du  moyen  âge.  Nom  d'un  grand  vais- 
seau de  bas  bord,  à  rames  et  à  voiles,  avec  des  ca- 
nons sur  les  côtés  et  à  la  proue,  au  lieu  iiue  les  ga- 
lères n'en  avaient  qu'à  lavant.  Deux  cents  galères, 
six  grosses  galéasses  ,  vingt-cinq  vaisseaux  de 
guerre,  volt.  Mœurs,  ico. 

—  HIST.  xv*  s.  Avec  quelques  naves  et  bon  nom- 
bre de  galées  et  une  grosse  galeace  que  parronùsoit 
[commandait]  un  appelle  messire  Albert  Mely, 
COMM.  vn,  B. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gâtée  i  ;  espagn.  et  portug. 
galeata;  ital.  galeazxa. 

t  GALÉANTHROPIE  (  ga-lé-an-tro-pie) ,  s.  f. 
Termn  de  médecine.  Manie  dans  laquelle  le  malade 
se  croit  métamorphosé  en  chat. 

—  ÉTYM.  Ta),^,  chat, belette,  etôvepanto;,  homme, 
■f  t.  GALfiE  (ga-lée),  s.  f.  Ancien  nom  des  bâti- 
ments de  mer  nommés  plus  tard  galères. 

—  HIST.  xi*  s.  Esquifs  et  barges  et  galles  et  nefs, 
Ch.  de  Roi.  clxxxv.  ||  xiii'  s.  Nous  métrons  cin- 
quante galies  armées  en  vostre  conduit,  villeii.  xiv. 
Il  XIV*  s.  11  escovient  en  aucun  lieu  et  en  aucun  cas 
largement  despendre  et  donner,  come  seroit  au 
prince  des  galées  ou  du  navire,  oresme,  Eth.  )I4. 
Il  XV*  s.  Messire  Louis  d'Kspaigne  avoit  les  neuf 
plus  beaux  vaisseaux  de  la  flotte,  et  entre  ces  neuf 
avoit  trois  galées  qui  se  remontroient  dessus  tous 
les  autres,  fboiss.  i,  i,  iob.  ||  xvi*  s.  Et  vogue  la  ga- 
lée,  puisque  la  panse  est  pleine,  rab.  Garg  i,  3.Ce- 
lay  à  qui  le  bourreau  donnoit  le  bransle,  s'escria  : 
vogue  la  galée,  mont,  i,  298. 

—  ETYM.  Provenç.  galea,  galeia,  goi«,  juofe,  anc. 
espagn.  galea  ;  portug.  yale  ;  ital.  galea  ;  island. 
galleja;  dan.  galleyef  holl.  galet;  angl.  galley  ; 
bas-lat.  galea  dans  un  texte  du  ix*  siècle,  galeia, 
et  gakida,  petite  galée;  bas-grec,  ya/aia,  YaXÉa. 
D'après  les  anciens  auteurs  du  moyen  âge  la  galée 
était  un  genre  de  vaisseau  très-rapide;  en  consé- 
quence Ménage  admet  que  le  nom  de  la  belette  y»- 
Xîj  fut  appliqué  à  ce  vaisseau  qui  marchait  très- 
vite.  Du  Gange  pense  que  galée  a  été  dit  du  latin 
gali-a,  casque,  un  casque  étant  représenté  &  la  proue, 
comme  dans  ce  navire  dont  parie  Ovide  ;  Navis  et 
a  picta  casside  nomen  habet;  mais  le  latin  gAlta, 
avec  l'accent  sur  ga,  ne  pourrait  donner  galée.  Diei, 
réformant  ses  anciennes  hypothèses  sur  ce  mot,  re- 
garde comme  la  plus  probable  une  opinion  qui  se 


1820 


GAL 


trouve  aussi  dans  .lu  Canfçe,  à  savoir  que  l'origine 
e«l  YiJn,  auquel  Hesycliiu»  attribue  le  sensdc  sorte 
d«  galerie  (iS««p«;  «i'-o;),  un  long  navire  ayant  pu 
ltr«  comparé  avec  une  longue  allée  couverte.  Diez 
rappelle  aussi,  mais  seulement  pour  ne  rien  omet- 
tra, létymologie  in(ii(|uée  par  Muratori  :  l'arabe 
chàn,  qui  signifie  une  i-uclie  et  un  grand  navire.  Il 
M  voit  par  toutes  ces  opinions  et  variations  que 
jusqu'à  présent  on  ne  peut  rien  conclure  sur  l'éty- 
mologie  de  ce  mot. 

«.  GALEE  (ga-léc) ,  *.  f.  'ferme  d'imprimerie. 
Planche  rectangulaire  garnie  de  deux  ta.sseauz 
forniact  équerro  et  dans  laquelle  le  compositeur 
place  les  lignes  qu'il  a  construites  dans  son  com- 
posteur. Il  Un  se  sert  aussi  de  la  gaiée  pour  mentor  ' 
un  tableau. 

—  ÊTYM.  Ce  mot  doit  avoir  été  dit  par  quelque 
assimilation  avec  la  galée  ou  galère. 

t  GALEFRETIER  (ga-le-fre-tié),  s.  m.  Terme  vieilli 
qui  signifie  homme  de  rien,  homme  sans  feu  ni  lieu. 
J'aurais  plus  de  trente  galefreliers  à  mes  trousses, 
Théitre  Ual.  la  fausse  coquette,  dans  le  roox,  Dict. 
comique.  Ou  qu'un  tas  de  galefretiers  Que  l'on  voit 
marcher  par  les  rues,  Harangue  des  gens  de  Sar- 
celle à  M.  de  Vintimille  contre  l'unigenitus,  pièce 
ms.  1732. 

—  ÉTVM.  Ca//'a«;  j/aJc/'rcd'ersignifiantpropiement 
celui  qui  calfate,  et  ayant  pris  un  sens  péjoratif; 
wall.  cnlfurtt. 

GALflftA  (ga-lé-ga),  s.  m.  lerme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  légumineuses,  qui  a  pour  type  le 
galéga  officinal.  ||  Rue  de  chèvre,  un  des  noms 
donnés  au  galéga  officinal,  dit  aussi  lavanèse. 
Il  Faux  indigo,  indigo  bâtard,  noms  donnés  quel- 
quefois au  galéga  ofticinal  et  au  galéga  tinctorial. 

—  ÊTYM.  On  peut  conjecturer  que  Linné  a  pris 
le  nom  espagnol,  gallega,  do  cette  plante,  qui  est  en 
effet  indigène  dans  le  midi  do  l'Europe. 

fGALEIFURME  (ga-lé-i-for-m'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Oui  a  la  forme  d'un  casque;  par  exemple, 
le  pétale  supérieur  des  aconits. 

—  ÊTYM.  Lat.  gulea,  casque,  et  forme. 
GALËNE  (g,-.  ;é-n'),  s.  f.  Terme  de  minéralogie. 

.Sulfure  de  plomb  natif,  soit  simple,  soit  argenti- 
fère, dit  aussi  alquifoux.  ||  Galène  martiale,  sulfure 
de  plomb  ferrifère.  ||  Galène  palmée,  sulfo-antimo- 
niure  de  plomb. 

—  f.TVM.  l'aXïivTi. 

GALÉNIQIIE  (ga-lé-ni-k') ,  adj.  Terme  de  méde- 
cine. Qui  a  rapport  ?  la  doctrine  de  Galien.  ||  Qui 
traite  les  maladies  suivant  les  principes  de  Galien. 
Certain  ivrogne  après  maint  long  repas  i'omba  ma- 
lade ;  un  docteur  galénique  Kut  appelé,  j.  B.  Rouss. 
hpigr.  i,  6.  ||  Remèdes  galéniques,  nom  donné  aux 
remèdes  végétaux,  par  opposition  aux  remèdes  spa- 
giriques  ou  chimiques. 

—  RTYM.  r»).Tivixoi;,  de  FaXiivôç,  célèbre  médecin 
grec  du  2»  siècle  de  l'ère  chrétienne  ;  nom  qui  si- 
gnifie proprement  tranquille,  de  faX^vr,,  paix. 

GALÉNISME  (ga-lé-ni-sm'),  s.  m.  La  doctrine  de 
Galien,  qui  consiste  principalement  à  subordonner 
les  phénomènes  de  la  santé  et  de  la  maladie  a  lac- 
lion  des  quatre  humeurs  (sang,  bile,  flegme,  alra- 
bilo)  que  l'antique  médecine  admettait,  par  assimi- 
lation aux  quatre  éléments  du  monde. 

—  f.TVM.  Vny.  GAI.ÉNIQUE. 

GALÉMSTE  (ga-lé-nist*),  s.  m.  Médecin  secta- 
teur de  Galien.  \\Adj.  Médecin  galéniste. 

—  ETYM.   Voy.  GALÉNIOUB. 

t  OALÉNITK  (ga-lé-ni-f),  s.  m.  Nom  d'une  secte 
d'anabaptistes. 

—  ETYM.  ra)V)vTi,  la  paix  :  proprement  les  paci- 
fiques.   ■" 

t  GALfiODE  (ga-lé-o-d") ,  i.  m.  Genre  d'arachnides, 
famille  des  faux  scorpions. 

t  GALCOI'ITHËQLE  ( ga-lé-0-pi-tè-k') ,  j.  m. 
Terme  de  zoologie.  Genre  de  chiroptères  dans  lequel 
on  distingue  le  galéopithèque  roux  qui,  se  trouvant 
le  plus  commun  dans  les  collections,  est  parfois  ap- 
pelé absolument  le  galéopithèque.  On  dit  aussi 
chien  volant  et  chat  volant,  ainsi  que  pour  les  au- 
tres galéopithèques,  leocarant. 

—  ETYM.  FaX^a,  belette,  et  it(Oi)xo{,  singe. 
GALCOPSIS  (ga-lé-o-psis'),  *.  m.  Terme  de  boU- 

nique.  Nom  d'un  genre  de  plantes  labiées  ;  l'espèce 
qu'on  appelle  chanvre  bâtard  est  le  gateopsis  le- 
tmhit. 

—  msT.  xvr  ».  Le  suc  et  niarcderherl)e  nommée 
laliopsis,  autrement  urdco  labconis,  paré,  xi,  2&. 

KTYM.  ra>;o>Vi;,  nom,  dan»  Dioscoridc,  du  la- 
^'umpurpurtum,  L.  ou  peut-être  du  hallota  Ict- 

nl.liJ^,"'  1"^^'  =*•»''  '*''"»«.  «'  M»:,  œil. 
QA1.KH  {ga-lo),r.  o.  il  1- Terme  populaire.  Égra- 


GAL 

ligner:  ....X  vous  je  reviendrai,  Maître  l'Iilipot,  et 
tant  vous  galcrai.  Que  ne  jouerez  ces  tours  de  votre 
vie;  X  coups  de  griffe  il  faut  que  nous  voyions 
Le(|uel  aura  de  nous  deux  belle  amie,  la  kont. 
Diable  pa;i.  ||  2°  Se  galer,  V.  réfl.  Se  gratter. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Une  chèvre  qui  avoit  une  laie 
devant  la  pupille,  se  frottant  et  gallant  contre  des 
espines,  abattit  la  dite  taie,  pake.  Animaux,  t.  Si 
cela  avoit  lieu,  il  faudroit  en  excommuniant  un 
ivrogne  lui  défendre  le  vin,  et  aux  paillards  leur 
ester  leurs  femmes,  et  aux  ladres  leur  défendre  de 
se  galer,  Sat.  Mén.  p.  18I. 

—  ETYM.  Gale. 

t  GALERAND  (ga-le-ran) ,  s.  m.  Nom  donné 
dans  quelques  localités  à  Vardée  stellaire  ou  butor. 

GALÈRE  (ga-lè-r'),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  marine  et 
d'antiquité.  BStiment  à  rames  et  à  voiles  qui  était 
le  vaisseau  de  guerre  des  anciens.  Galère  à  trois 
rangs  de  rames  ou  trirème;  on  ne  sait  pas  encore  au 
juste  comment  ces  rangs  étaient  disposés.  En  voyant 
dans  nos  ports  préparer  nos  galères,  corn.  Pomp. 
II,  2.  On  croit  que  ce  sont  les  Corinthiens  qui  les 
premiers  changèrent  l'ancienne  forme  des  galères 
et  qui  en  construisirent  à  trois  rangs  de  rames,  et 
peut-être  aussi  à  cinq,  roliin,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  XI,  2*  part.  p.  442,  dans  pougens.  Chaque  galère 
f  de  guerre  ]  portait  trois  cents  rameurs,  et  six 
vingts  soldats,  id.  ib.  p.  B84.||La  galère  fut  aussi 
le  vaisseau  du  moyen  4ge.  ||  2°  Dans  les  temps  mo- 
dernes, bâtiment  long  et  peu  élevé  au-dessus  de 
l'eau,  qui  allait  à  voiles  et  à  rames.  La  galère  avait 
deux  mâts  et  deux  voiles  latines;  elle  était  armée, 
sur  l'avant,  d'une  grosse  pièce  de  canon  dite  cour- 
sier. Je  crois  prendre  en  galère  une  rame  à  la  main, 
BÉGNiER,  Sat.xv.  Que  diable  allait-il  faire  dans  cette 
galère?  ah!  maudite  galère!  mol.  .Scapm,  ii ,  4). 
Si  je  croyais  y  retrouver  encore  la  belle  mademoiselle 
de  Sévigné  et  la  fête  sur  les  galères  que  M.  de  Vi- 
vonne  n'a  pas  donnée  à  madame  la  comtesse  de  Gri- 
gnan.sÉv.  /.<■((.  du  21  juin  1680.  Il  y  a  longtemps 
que  l'expérience,  maîtresse  souveraine  de  tous  les 
arts,  a  fait,  entre  les  espèces  des  grands  bâtiments 
de  mer,  un  partage  où  tous  les  peuples  de  l'Europe 
ont  souscrit;  elle  a  donné  l'Océan  aux  vaisseaux,  et 
la  Méditerranée  aux  galères,  fontkn.  Chazelles.  11 
y  avait  douze  galères  à  rames  qui  accompagnaient 
cinquante  galions;  c'est  la  première  fois  qu'on  vit 
des  galères  sur  l'océan,  volt.  Mœurs,  106.  ||  Fig. 
Que  diable  allait-il  faire  dans  cette  galère?  locution 
tirée  du  Scapin  de  Molière  et  qui  signifie  :  Pour- 
quoi est-il  allé  se  mêler  à  ces  gens-là,  s'entremettre 
de  cette  affaire  mauvaise,  périlleuse,  etc.?  Tant  il 
est  vrai  que  le  plaisant  peut  se  joindre  au  terrible 
[là  révolution  qui  précipita  Pierre  III  du  trône  de 
HiLssie]  :  quelques-unes  de  ces  jeunes  femmes  [qui 
étaient  avec  lui  sur  la  Neva],  à  ce  qu'elles-mêmes 
ont  raconté,  se  disaient  tout  bas  entre  elles  le  pro- 
verbe comique  :  Ou'allions-nous  faire  dans  celte 
galère?  ruliiières,  Anecdotes  sur  la  Russie,  Œu- 
vres posthumes ,  t.  iv,  p.  354.  ||  Fig.  Vogue  la 
galère  I  arrive  ce  qui  pourra.  Puisque  ce  ne  peut 
plus  être  la  mort  de  M.  de  Turenne,  vogue  la  ga- 
lère I  sÉv.  230.  Il  Espalier  de  galère,  voy.  espalier. 
Il  Dans  l'ordre  de  Malte.  Tenir  galère,  armer  une 
galère  à  ses  dépens.  ||  Demi-galère ,  nom  donné 
à  une  petite  galère,  à  une  galiole  à  rames,  quel- 
quefois à  un  brigantin  à  rames.  Le  jour  com- 
mençait à  paraître,  et  les  Turcs,  nous  croyant  oc- 
cupés à  la  galiote  |à  bombes]  ,qui  avait  été  attaquée 
à  la  droite  de  toutes  celles  qui  bombardaient,  firent 
mine  d'attaquer,  par  une  demi-galère,  par  un  bri- 
gantin et  par  plusieurs  chaloupes,  une  autre  galiole 
qui  fermait  notre  ligne  à  la  gauche,  villette,  Mé- 
moires, Campagne  de  1683,  dans  jal.  Que  faire  avec 
un  si  petit  nombre  contre  cent  cinquante  chaloupes 
ennemies,  contre  une  demi-galère,  deux  galiotes  ar- 
mées et  plusieurs  briilots,  soutenus  par  cent  vais- 
seaux de  guerre  ?  Itclation  du  combnl  de  la  Hougue, 
dans  JAL.  Les  demi-galères  russes  vont  à  sa  ren- 
contre (de  la  flottille  suedoi.se],  l'attaquent  et  la 
prennent  tout  entière;  elle  portait  quatre-vingt-dix- 
huit  canons,  volt.  Ru.isie,  i,  I3.  ||  3°  Au  plur.  La 
peine  de  ceux  qui  étaient  condamnés  à  ramer  sur 
les  galères.  Autrefois  on  condamnait  les  malfaiteurs 
à  ramer  sur  les  galères,  ce  qu'on  appelait  condam- 
nation aux  galères,  peine  remplacée  par  les  travaiu 
forcés.  Il  a  été  condamné  aux  galères  pour  cinq  ans, 
sÉv.  I.  Il  II  se  disait  aussi  de  ceux  qui,  pris  par  les 
corsaires  barbaresques,  étaient  mis  à  la  rame  à 
Tunis,  à  Alger  et  ailleurs.  Il  ramera  dans  les  ga- 
lères d'Alger,  j.  j.  bouss.  Ém.  iv.  ||  *•  Fig.  et  fami- 
lièrement. Condition  désagréable.  La  campagne, 
qu'en  peut  appeler  les  galères  d'une  jeune  personne, 


GAL 

HAMlLT.  Gramm.  9.  La  nature  a  condamné  le  [.ic  aa 
travail,  et  pour  ainsi  dire  à  la  galère  perpétuelle, 
liUPF.  Morceaux  choisis,  p.  2»9.  Je  suis  plutôt 
spectateur  que  patient  dans  celte  galère  oii  je  me 
tiens  les  bras  croisés,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Pr. 
3  nov.  (780.  Ce  métier  [de  soldat]  sous  les  noble» 
est  une  galère,  un  supplice  à  qui  ne  peut  s'en 
exempter,  p.  l.  cour.  Gazette  du  village,  u"  4.  Mes 
amis,  de  votre  galère  Un  forçat  vient  de  se  sauver, 
BÉRANG.  Mon  petit  coin.  ||  Vie  de  galère,  situation  pé- 
nible et  lalxirieuse.  ||  6°  Nom  donné  à  un  long  four- 
neau en  briques  réfractaires,  dans  lequel  on  peut 
faire  chauffer  plusieurs  vases  à  la  fois.  ||  On  a  aussi 
appelé  galères  des  fourneaux  ronds  à  réverbère  d'un 
grand  diamètre,  autour  desquels  on  place  les  vases 
contenant  la  matière  qu'on  veut  chauffer.  ||  6"  Tom- 
bereau dont  se  servent  les  maçons  et  qu'ils  traînent 
eux-mêmes.  ||  En  Espagne,  espèce  de  chariot  dans 
lequel  on  .voyage.  Aller  en  galère.  ||  7"  Sorte  de 
gros  rabot  de  charpentier  et  de  menuisier,  servant 
à  dégrossir  le  bois  rude.  ||  8"  Sorte  de  gi-and  râteau 
nommé  plus  souvent  ratissoire.  jl  9°  Nom  donné  par 
les  marins  aux  diverses  espèces  du  genre  physalie, 
et  quelquefois  à  la  vélelle  mutique  qu'ils  n'en  dis  - 
Unguent  pas. 

—  HIST.  XVI*  s.  Vogue  la  galère,  dist  Panurge, 
tout  va  bien,  bab.  Pant.  iv,  23.  Incontinent  que 
mes  gualleres  seront  venues,  je....  id.  ib.  n,  2S. 
Pour  ceste  mesme  raison,  j'ay  usé  de  gallées  pour 
galleres,  endementiers  pour  en  ce  pendant  ....  et 
autres  dont  l'antiquité  me  semble  donner  quel- 
que majesté  aux  vers,  pourveu  toutefois  que  l'u- 
sage n'en  soit  immodéré,  uu  bellay,  iv,  4,  verso. 
Si  j'ay  volé  quelqu'im,  envoyez-moy  plustost  en 
gallere,  mont,  m,  24s. 

—  ÉTYM.  Prov.  gallera;  esp.  et  ital.  gâtera.  Ga- 
lère paraît  être  une  dérivation  du  radical  qui  a 
donné  galée. 

t  GALÉRlCULE(ga-lé-ri-ku-l'),  s.  m. Terme  d'an- 
tiquité. Nom  d'un  tour  de  clieveiu,  ou  d'une  es- 
pèce de  petite  perruque,  dont  les  dames  romaines 
se  servaient,  et  qu'on  remarque  eacore  surplusieurs 
médailles. 

—  ETYM.  Lat.  galericulum,  diniinulifde  galerus, 
bonnet. 

GALERIE  (ga-le-rie),ï.  (.  \\  l'  Lieu  d'une  maison 
qui  est  couvert  et  qui  est  propre  à  la  promenade. 
Allez  l'entretenir  dans  cette  galerie,  cohn.  Cid.  i, 
5.  lin  petit  cabinet  qui  joint  la  galerie,  mai».  So- 
liman, ni,  2.  Rien  n'est  égal  à  la  beauté  de  cette 
galerie  de  Versailles  ;  celte  sorte  de  royale  beauté  est 
unique  dans  le  monde,  sÉv.  ib  avr.  iokb.  ||Kami- 
lièrement.  Cesontses  galeries,  se  dit  dulieuoù  une 
personne  se  promène  souvent.  [Le  cygne  et  l'oison] 
Des  fossés  du  jardin  faisant  leurs  galeries,  Tantôt 
on  les  eût  vus  côte  à  côte  nager,  Tantôt  courir  sur 
l'onde....  la  font.  Fabl.  m,  (2.112"  Corridor  ou 
allée  qui  sert  à  la  communication  et  au  dégagement 
des  appartements.  Cette  chambre  se  dégage  par  une 
petite  galerie.  ||  3'  Galerie  de  tableaux,  de  peintures, 
galerie  où  on  a  réuni  une  collection  de  tibleaux.  La 
galerie  du  Louvre.  ||  La  collection  même  de  ces  ta- 
bleaux. C'est  une  immense  collection  que  la  galerie 
de  Florence,  stael,  Corinne,  xvm,  4.  ||  Fig.  Col- 
lection de  portraits,  de  statues  ou  de  bustes  repré- 
sentant des  personnages  célèbres.  Une  galerie  de 
poêles,  de  rois.  La  galerie  des  rois  dans  la  façade 
de  Notre-Dame  à  Paris.  ||  i°  Galerie  où  l'on  a  réuni 
des  objets  d'histoire  naturelle.  Les  galeries  du  mu- 
séum. Le  palais  des  sciences  dans  lequel  il  vit  une 
galerie  de  deux  mille  pas,  toute  pleine  d'instru- 
ments de  mathématiques  et  de  physique,  volt.  Can- 
dide, 18.  Il  5"  Dans  un  jeu  de  paume,  allée  longue 
et  couverte  d'où  l'on  regarde  les  joueurs.  ||  Les  per- 
sonnes qui  regardent  jouer  à  la  paume.  ||  Par  exten- 
sion, toute  réunion  de  personnes  qui  en  regardent 
d'autres  jouer,  à  quelque  jeu  que  ce  soit.  La  gale- 
rie qui  entoure  une  taile  d'écarté.  La  galerie  est 
nombreuse.  Je  m'en  rapporte  à  la  galerie  :  parlez  , 
messieurs,  picard.  Les  deux  Philibert,  m,  I3.  jj  On 
dit  aussi  en  ce  sens  :  faire  galerie.  ||  Fig.  et  familiè- 
rement. Le  monde,  les  hommes  considérés  comme 
assistants.  On  doit  faire  le  bien  sans  s'inquiéter  de  la 
galerie.  ||  S"  Dans  les  théâtres,  balcon  en  encorbelle- 
ment, avec  un  ou  deux  rangs  de  banquettes.  ||  7-  Ga- 
lerie d'église,  espèce  de  tribune,  avec  balustrade, 
dans  le  pourtour  de  l'église.  ||  8"  Terme  de  marine. 
Espèce  de  corridor  libre  ménagé  dans  toute  la  lon- 
gueur de  l'entre-pont.  ||  Nom  donné  à  des  balconi 
saillants,  hors  du  bordage,  vers  l'arrière.  |{  Fausse 
galerie,  ouvrage  de  menuLserie  sculpté,  qui  décore 
l'arrière  et  les  côtés  extrêmes  de  certains  bâtiments 
Il  9°  Terme  de  fortificalion.  Pa-ssage  couvert  de  tous 


GAL 

côtés  à  l'aide  lie  bonnes  planches  à  l'épreuve  tlu 
mousquet,  et  qui  permet  à  l'assiégeant  de  passer 
le  fossé  de  la  face  du. bastion  lorsque  l'artillerie 
du  flanc  opposé  est  démontée.  ||  Chemin  horizontal 
OU  peu  incliné  régnant  dans  l'intérieur  des  mines 
OU  y  conduisant  du  dehors,  servant  à  l'attaque  ou  à 
la  défense.  ||,10"  Terme  d'exploitation  de  mines. 
Route  que  les  mineurs  pratiquent  sous  terre  pour 
découvrir  les  filons.  Entraîner  dans  d'immenses  ga- 
leries des  forêts  coupées  en  étais;  soutenir  les  voû- 
tes de  ces  galeries,  contre  l'énorme  pesanteur  des 
terres  qui  tendent  à  enfouir  sous  leur  chuta  les 
hommes  avares  et  audacieux  qui  les  ont  construi- 
tes, haynal,  Hist.  phil.  vi,  (O.  {{ Il  se  dit  aussi  des 
issues  pratiquées  pour  les  eaux.  Les  mines  de  char- 
bon les  plus  aisées  à  exploiter  ne  sont  pas  celles  qui 
sont  dans  les  plaines  ou  dans  le  fond  des  vallons; 
ce  sont  au  contraire  celles  qui  gisent  en  montagne, 
et  desquelles  on  peut  tirer  les  eaux  par  les  galeries 
latérales,  buff.  Hin.  t.  ii,  p.  287,  dans  pougens. 
Il  11°  Terme  de  construction.  Pa.ssage  souterrain  et 
voiité  destiné  à  l'écoulement  do  l'eau.  ||  12°  Orne- 
ment en  rebord  à  un  meuble  et  même  à  une 
lampe.  ||  Bande  de  cuivre  qui  se  met  devant  les 
cheminées  entre  les  chenets.  ||  13"  Nom  que  les  fon- 
deurs donnent  aux  espaces  séparés  par  des  murs,  sur 
lesquels  ou  applique  des  plates-bandes- de  fer.  ||  Es- 
pace autour  du  moule.  î|  14°  Terme  de  pêche.  I.a  ga- 
lerie pour  la  pêche  de  la  morue  verte  s'établit  de- 
puis les  haubans  du  grand  mât  jusqu'au  delà  du  mât 
d'artimon. 

—  HIST.  XIV  s.  Grant  compaignie  de  Fabiens 
qui  avoient  attendu  en  la  galerie  de  la  court,  ber- 
CHEUKK-,  l'°45,  recto.  Et  entrèrent  jusques  en  gale- 
lies  du  temple,  m.  f°  66,  verso.  ||xv°  s.  Tant  qu'au 
logis  en  nostre  hostellerie  Feusmes  venus  en  une 
gallerie,  christ,  de  pisan,  DU  de  Poissy.  \\  xvi°  s.  Ce 
siège  se  fît  pied  à  pied  dans  la  grande  sécheresse 
du  marais,  premier  endroit  où  on  a  pratiqué  les 
galeries,  d'auh.  Hist.  m,  320. 

—  ÊTYM.  Espagn.  galeria;  portug.  jo/orio;  ital, 
galleria  bas-latin,  galeria,  dont  du  Cange  rapporte 
des  exemples  du  ix'  et  du  xi'  siècles.  Diez ,  ré- 
formant ses  anciennes  conjectures  sur  ce  mot,  le 
tire  de  yoiXti,  sorte  de  galerie  (voy.  galée  <,  à  l'é- 
tymologie),  par  l'intermédiaire  de  galera  ,  galère. 
Dans  cette  hypothèse,  •;i\r,  aurait  donné  galée  par 
assimilation,  et  directement,  à  l'aide  d'un  suffixe, 
galerie.  Cela  est  à  prendre  en  bonne  considération, 
mais  n'est  pas  encore  décisif.  Aussi  n'est-il  pas  hors 
de  propos  de  signaler  un  rapprochement  d'un  autre 
genre.  Il  y  a  dans  le  bas-latin  galilœa  qui  signifie 
porche  d'église,  portique,  dans  l'ancien  français 
galiUe  :  xiir  s.  Et  il  esgardent  si  com  il  issoient 
de  rigli.se,  si  voient  devant  la  porte  du  mostier  de- 
fors  la  galilée  un  perron  tôt  quarré,  Merlin,  f°  72, 
recto.  Galilœa  s'est-il  corrompu  dès  les  plus  hauts 
temps  en  galeria!'  Le  fait  est  que  dans  le  te.vte 
du  XI'  siècle  rapporté  par  du  Cange  :  vEquum  est, 
ut  omnibus  intra  galeriam  stantibus,  pacis  osculum 
sibi  invicem  tribuere  ,  on  mettrait  aussi  bien  gali- 
Ixam  au  lieu  de  galeriam.  En  tout  cas  rien  de  dé- 
finitif n'a  encore  été  trouvé  sur  l'origine  de  galerie. 

GALÉRIEN  (ga-Ié-riin),  s.  m.  Celui  qui  ramait 
sur  les  galères,  soit  comme  condamné  soit  comme 
captif.  Étant  un  jour  sur  le  port  de  Marseille,  il  re- 
connut un  galérien  turc  pour  être  celui  qui  l'atta- 
chait toutes  les  nuits  au  pieu  dont  nous  avons  parlé, 
FONTEN.  Marsigli.  ||  Il  se  dit  aujourd'hui  pour  forçat. 
Il  Soufl'rir  comme  un  galérien,  mener  une  vie  de  ga- 
lérien, mener  une  existence  dure  et  pénible.  ||  Se 
donner  un  mal  de  galérien,  se  donner  beaucoup 
de  mal.  Il  Travailler  comme  un  galérien,  se  livrer 
à  un  travail  pénible.  Condamnés  à  des  travaux  con- 
tinuels comme  des  galériens,  j.  j.  rouss.  Ém.  n. 

—  ÈTYM.  Galère. 

GALERNE  (ga-Ièr-n'),  s.  f.  Vent  entre  le  nord  et 
l'ouest  ;  dénomination  usitée  seulement  en  quelques 
localités;  on  indique  certains  endroits  des  bords  de 
la  Seine  et  l'embouchure  de  la  Loire.  Un  vent  de 
galerne.  La  galerneest  froide  et  fait  quelquefois  ge- 
ler les  vignes.  .Si  tu  me  veux  bien  obliger.  Fais  vile- 
ment le  temps  changer;  Donne-leur  d'un  temps  de 
galerne  Qui  jusques  au  ciel  me  les  berne,  scabron, 
Virg.  I.  Vent  de  Brie  ou  de  galerne,  m.  ib.  vu. 

—  illST.  xni°  s.  Se  la  mer  est  enflée  ou  koie,  Jà 
ne  sera  qu'on  ne  la  voie  [l'étoile  polaire]  Ne  pour 
galerne  ne  pour  bise, iais  inédits,  p.  m.  ||  xv"  s.  Ou 
com  les  flots  font  plongior  la  nasselle  Par  le  tempest 
et  par  le  souflement  De  bise,  austère  [vent  du  midi] 
cl  galerne  ensement,  eust.  desc.  poé.nes  mss.  f"  60. 
Il  XVI"  s.  Le  vent  d'occident,  dit  favonius  et  vul- 

airement  gal?vne,  est  froid   et  humide,  paré.  In- 


GAL 

trnd.  4  3.  Il  y  a  deux  manières  de  vents  que  nous 
appelons  galerne  et  hautain,  autrement  nommés 
vent  de  nord  et  de  midi,  fouilloux,  Vénerie,  f°  44, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Brie,  galarme,  vent  d'ouest,  galar- 
miaux,  les  nuages  qu'il  apporte;  espagn.  portug.  et 
ital.  galerno;  du  celtique  :  bas-breton,  gwalarn; 
du  radical  gai,  vent;  anglais,  gale. 

t  GALÉRUQUE  (ga-lé-ru-k'),  s.  f.  Terme  de  zoo- 
logie. Insecte  nuisible  aux  ormes. 

( .  GALET  (ga-lè  ;  le  <  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire:  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  ga-lè-z  arron- 
dis; galets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m. 
Il  1°  Caillou  poli  et  arrondi  aux  angles  qui  se 
trouve  sur  le  bord  de  la  mer.  Chaque  lame  qui 
venait  briser  sur  la  côte  ,  s'avançait  en  mugis- 
sant jusqu'au  fond  des  anses,  et  y  jetait  des  ga- 
lets à  plus  de  cinquante  pieds  dans  les  terres, 
BERNARD.  DE  ST-p.  Paul  et  Virginie.  Les  portions 
les  plus  dures,  à  force  d'être  roulées  par  les  va- 
gues, forment  ces  galets  arrondis,  ou  cette  grève 
qui  finit  par  s'accumuler  assez  pour  servir  de  rem- 
part au  pied  delà  falaise,  cuvier,  Révol.  p.  38.  ||  Fig. 
Est-ce  donc  un  si  grand  défaut  de  se  distinguer,  par 
quelques  côtés  anguleux,  de  la  multitude  de  ces 
uniformes  et  plats  galets  qui  foisonnent  sur  toutes 
les  plages?  dider.  Claude  et  ffér.  ii,  109.  ||  Galet  de 
Boulogne,  carbonate  de  chaux  d'un  blanc  sale. 
Il  Terme  de  géologie.  Fragments  de  roches  sphéri- 
ques  ou  lenticulaires,  de  grosseurs  diverses,  formés 
antérieurement  à  notre  époque  par  le  mouvement 
des  eaux.  ||  2°  Collectivement.  Le  galet,  un  amas  de 
galets.  Se  promener  sur  lo  galet.  11  n'est  pas  com- 
mode de  se  baigner  quand  la  mer  est  sur  le  galet. 
Il  3"  Petit  disque  d'ivoire,  de  bois,  de  métal,  etc. 
dont  la  dimension  varie  suivant  la  destination.  Les 
mécaniciens  emploient  des  galets  pour  diminuer  le 
frottement.  ||  4°  Jeu  où  l'on  pousse  un  palet  sur  une 
longue  table,  et  où  celui  dont  le  palet  est  le  plus 
près  du  bord  gagne  et  celui  qui  tombe  perd  son  coup. 

—  HIST.  xiii"  s.  De  vénerie  i  a  ostius  [outils], 
Li  canivés  et  li  fuisius  [le  fusil].  Et  11  tendres  [l'a- 
madou] od  le  galet,  Partonop.  v.  5087.  ||  xiv«  s.  Co- 
lin print  une  pierre  ou  gai  de  mer,  et  le  getta  à  la 
teste  du  suppliant  par  telle  manière  qu'il  le  porta  à 
terre,  du  cange,  galceta. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'anc.  fr.  gai,  caillou  ;  mot 
venant  du  celtique  :  bas-breton,  kalel,  dur;  gaéli- 
que, gai,  caillou;  Berry,  galine. 

f  2.  GALET  (ga-lè),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Bouée 
ou  signal  pour  reconnaître  la  situation  d'un  filet. 

GALETAS  (ga-le-tâ;  l's  se  lie  :  un  ga-le-tâ-z  en- 
fumé), s.  m.  ||1°  Logement  pratiqué  sous  les  com- 
bles. Puisque  du  dieu  des  eaux  tu  tires  ta  naissance. 
Loger  au  galetas  choque  la  bienséance,  benserade, 
dans  RicHELET.  Il  se  retire  au  galetas  de  son  palais, 
LA  BRUY.  XIII.  Il  2°  Tout  logement  misérable.  Enfin, 
quoique  ignorante  à  vingt  et  trois  karats.  Elle  pas- 
sait pour  un  oracle;  L'oracle  était  logé  dedans  un 
galetas,  la  font.  Fàbl.  vu,  \f>.  Le  cardinal  de  Ri- 
chelieu, appliqué  à  découvrir  tout  ce  qu'il  y  avait  de 
mérites  caches  dans  les  galetas  de  Paris,  apprit  en 
même  temps  le  nom,  les  projets,  la  maladie  du  jeune 
historiographe,  d'olivet,  Hist.  Acad.l.  ii,  p.  198, 
dans  potiGENS.  J'examine  s'il  est  vrai  qu'il  y  ait  un 
architecte,  ou  si  cette  maison,  remplie  de  tant  de 
beaux  appartements  et  de  vilains  galetas,  s'est  bâtie 
toute  seule,  volt.  Dict.  phil.  Dieu,  dieux. 

—  HIST.  xni"  s.  Li  uns  des  chevaliers  fu  à  une  des 
tors  de  Constantinople,  li  autre  furent  à  une  ville  que 
l'on  appelé  Parte  ;  au  chief  de  celé  vile  avoit  une 
tor  là  où  li  uns  des  chiés  [bouts]  de  celé  chaene  [qui 
barrait  le  port  de  Constantinople]  fu  (jui  de  Constan- 
tinople venoit....  celé  tor  a  nom  la  torde  Galathas, 
guill.  de  tyr,  dans  martene,  Ampî.  collectio,  t.  v, 
col.  662.  Il  xV  s.  Et  il  [le  roi]  fut  logié  es  cham- 
bres et  galatois  que  son  père  le  roy  Jehan  (isl  faire, 
CHRIST.  DE  piSAN,  Charles  V,  m,  as'.  Vignes  aussi  et 
les  terres  arables.  Moulins  tournans,  beaus  plains  à 
regarder,  Et  beaus  sauvoirs  pour  les  poissons  gar- 
der, Galatasgrans  etadrois.  Et  belle  tourqui  garde 
les  detrois.  Où  l'on  se  peut  retraire  à  sauveté, 
E.  deschamps.  Le  bois  deVincenncs.  Or,  sus,  sus, 
banquet  et  soupper,  SaiUez  hors  de  ce  galathas,  Rec. 
de  farces,  p.  4it.  ||xvi'  s.  Il  lui  dit  qu'elle  montast 
au  galetas,  maro.  Nouv.  xxvii.  On  remua  ces  deux 
prisonniers  en  un  galtas  où  ils  estoient  fort  incom- 
modement,  d'aub.  Hist.  m,  IB2. 

—  ÉTYM.  Galathas  a  été  la  nom  donné  à  une  tour 
do  Constantinople.  Galatas  ou  galathas  a  été  le 
nom  d'un  appartement  dans  la  maison  des  templiers  : 
Datum  in  domo  templi  et  in  galala  (tiré  d'un  acte  du 
xjii"  siècle  et  communiqué  par  M.  Coston,  de  Monté- 


GAL 


I82f 


limai), et  d'un  appartement  à  la  cour  des  comptes  • 
1353,  datum  in  domo  de  Galathas  anno  domini 
MCccMii,dans»(ne  lettre  du  roi  Jean,  Ordonn.  dn  roi, 
t.  IV,  1358;  perdominumregcntem,  in  consiliosuo, 
in  caméra  computorum  superius  ad  galathas,  ubi  e- 
rant  domini  de  Montemorenciaco,  Ord.  du  roi, 
t.  m,  p.  337.  Galatas,  dans  Eust.  De.schamp3,  signi- 
fie une  partie  importanted'un  grand  château;  il  faut 
donc  admettre  que  c'est  Galala,  nom  d'un  quartier 
et  d'une  tour  de  Constantinople,  qui,  par  une  suite 
singulière,  en  est  venu  à  signifier  une  chambre  sous 
les  combles. 

t  GALÈTE  (ga-lè-f)  s.  f.  Terme  d'entcmologie. 
Pièce  voûtée  qui  recouvre  les  mâchoires  ilans  plu- 
sieurs insectes. 

—  ÉTYM.  Dérivation  irrégulière  du  lalii  gcUea, 
casque. 

t  GALETIÈRE  (ga-le-tiè-r"),  s.  f.  Synonyme,  en 
Normandie,  de  galettoire. 

(.GALETTE  (ga-lè-f),  s.f.\\i'  Gâteau  rond  et 
plat  de  pâte  feuilletée ,  et  quelquefois  aussi  non 
feuilletée.  Ils  [l'homme  et  la  femme]  avaient  un 
jour  envie  de  manger  une  galette,  volt.  Princ. 
d'act.  8.  Il  Galette  de  ménage,  galette  de  pâteépaisso, 
compacte,  non  feuilletée.  ||  Galette  de  plomb,  gâteau 
fait  de  pâte  non  feuilletée,  avec  farine,  beurre,  sel, 
sucre,  lait  et  un  œuf,  le  tout  pétri  avec  les  mains, 
et  cuit  au  four  de  campagne  avec  du  feu  dessus 
et  dessous.  ||  Fig.  et  très-familièrement.  Une  ga- 
lette, un  homme  sans  capacité,  sans  force.  Une 
vieille  galette.  ||  2°  Terme  de  marine.  Nom  du  bic- 
cuit  qui  se  distribue  aux  gens  de  mer  et  qui  est  de 
forme  ronde  ou  carrée.  ||  3°  En  Normandie,  en  Bre- 
tagne et  ailleurs,  sorte  de  crêpe  qui  se  fait  avec  do 
la  bouillie  de  farine  de  sarrasin.  Nos  galettes  de  sar- 
rasin, humectées,  toutes  brûlantes,  de  ce  bon  beurra 
du  Mont-Dore ,  étaient  pour  nousle plus  friand  régal, 
marmontel,  Mém.  i.  ||  Fig.  Dans  le  Maine,  on  dit 
qu'on  a  fait  une  galette,  quand  on  s'est  laissé  sur- 
prendre par  une  pluie  d'orage  en  battant  !e  grain 
dans  l'aire  et  que  l'eau  a  tout  gâté  ou  entraîné. 
Il  4°  État  de  la  pâte  de  charbon  et  de  salpêtre  qui 
sert  à  la  préparation  de  la  poudre,  après  qu'elle  a 
subi  l'opération  du  battage.  ||  5°  Terme  de  chape- 
lier. La  carcasse  du  chapeau  d'homme  faite  en  poil 
de  lapin,  ou  en  carton,  ou  en  toile  imprégnés  de 
gomme  de  laque,  et  qu'on  recouvre  ensjite  de  la 
pluche. 

—  HIST.  XIII*  s.  De  chanestiaus  et  gaietés,  barba- 
ZAN,  Fabliaux,  t.  iv,  p.  92.  ||  xiv  s.  Un  cent  de 
galettes  sucrées,  huit  deniers,  Ménagier,  ii,  4.  Ga- 
lettes et  croûtes' de  pain  blanc,  t6.  ii,  6.  ||  xvi's. 
Douze  grans  eschaudez  et  trois  petites  galectes,  ru 
cange,  galectum. 

—  ÉTYM.  Galet  ),  par  assimilation  de  forme;  pro- 
venç.  et  catal.  galeta;  espagn.  galleta  ;  ital.  galletta. 

t  2.  GALETTE  (ga-lè-f),  s.  f.  Produit  obtenu  en 
cardant  et  filant  la  soie  des  cocons  peixés  (voy. 
percé)  du  bombyx  du  mûrier,  de  la  même  manière 
qu'on  carde  et  file  le  coton.  Le  produit  ainsi  obtenu 
est  un  fil  grossier  et  moins  brillant  que  la  soie.  El 
n'y  pourra  être  employé  aucun  fleuret,  galette,  ni 
bourre  de  soie.  Statuts  des  marchands  de  drap 
d'or,  9  juillet  )067,  art.  Bt.  ||  Adj.  Soie  galette. 

t  GALETTOIRE  (ga-lè-toi-r') ,  s.  f.  Espèce  de  poêle 
sans  rebord  ou  avec  un  rebord  très-peu  élevé  dans 
laquelle  on  fait  cuire  la  bouillie  de  sarrasin. 

—  ÉTYM.  Galette  t. 

GALEUX,  EUSE  (ga-leû,  leû-z'),  adj.  ||  1°  Oui  a  la 
gale.  Un  chien  galeux.  Et  rendit....  Tant  de  galants 
pelés,  tant  de  femmes  galeuses,  hégnier,  Sat.  vi. 
De  grasses  brebis  non  galeuses  II  avait  des  troupes 
nombreuses,  scarron,  Virg.  vu.  ||  Toisons  galeuses, 
celles  qui  se  trouvent  parsemées  de  croûtes.  ||  Fig. 
Une  brebis  galeuse  gâte  tout  un  troupeau,  il  ne 
faut  qu'une  brebis  galeuse  pour  gâter  un  troupeau, 
se  dit  d'un  méchant  homme  qui  peut  corrompre  toute 
une  compagnie  où  il  se  glisse.  ||  Brebis  galeuse, 
personne  dont  la  fréquentation  est  dangereuse. 
Il  Éviter,  fuir  une  personne  comme  une  brebis  ga- 
leuse, éviter,  fuir  une  personne  dont  le  commerce 
est  dangereux  ou  désagréable.  ||  2°  Par  extensiou, 
il  se  dii  'es  arbres  et  des  plantes.  Le  bois  de  ber- 
gamote e=  ^ujet  à  devenir  galeux,  la  quintinve, 
Jardins,  dans  bichelet.  ||  3°  Substantivement.  Une 
personne  qui  a  la  gale.  Un  galeux.  Une  galeuse.  La 
salle  des  galeux  dans  cet  hôpital.  Un  loup  quel- 
que peu  clerc  prouva  par  sa  harangue  Qu'il  fal'.ait 
dévouer  ce  maudit  animal,  Ce  pelé,  ce  galeux  d'où 
venait  tout  leur  mal,  la  font.  Fabl.  vu,  (.  ||  Pro- 
verbe. Qui  se  sent  galeux  se  gratte,  se  dit  de  ceux 
qui  se  plaignent  de  ce  qu'on  les  accuse  sourdemein 
do  ce   dont  on  les  croit  coupables  en  effet  ;  et  plus 


1822 


GAL 


souvent  {sf  gratte  éUnl  au  subjonctif)  :  qu'on  so 
Une  l'appliciiidii  de  ce  que  je  dis.  Jo  n'en  dis  pas 
danntago;  qui  80  sont  Knloux  so  gratte. 

—  iiiST.  XVI'  S.  Une  l)rel)is  galleuso  peut  lutector 
tout  un  troupeau,  pabe,  xxiv,  H.  Il  se  sent  galleux 
[il  connaît  son  défaut],  ouDiN,  CuHos.fr.  11  y  prend 
plus  do  plaisir  qu'un  galeux  qu'on  esUrille  [il  y  prend 
beaucoup  de  plaisir],  m.  ib. 

—  ETYM.  Cale;  Bcrry,  gnloux. 

I  GALGAL  (gal-gal),  s.  m.  Morceau  de  pierres  de 
10  à  12  mètres  do  longueur  sur  5  à  8  de  largeur  et 
6  à  «  de  hauteur  qu'on  trouve  dans  différents  en- 
droits do  la  France.  On  suppose  que  ce  sont  des 
tombeaux  antiques  élevés  à  la  mémoire  des  guer- 
riers gaulois  ou  romains  morts  dans  un  combat  dont 
l'histoire  n'a  pas  gardé  de  souvenir,  ta  plaine  voi- 
sine du  village  appelé  les  Rousses,  dans  l'Isère,  offre 
une  grande  quantité  de  galgals,  legoarant. 

—  ÊTYM.  Gaélique,  gai,  caillou  (voy.  galet). 

GALUAUBAN  (ga-lô-ban),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Nom  de  plusieurs  longues  cordes  qui,  descen- 
dant du  haut  des  mâts  de  hune  et  de  perroquet  aux 
deux  côtés  du  vaisseau,  servent  à  soutenir  ces  mats. 

—  ÊTYM.  liai,  galobano.  Ce  mot  vient,  d'après 
Jal,  de  hauban,  et  garland,  ou,  par  corruption, 
galland,  qui  est  le  même  que  l'ancien  français 
garlande  ou  guirlande  (voy.  ce  mot)  ;  garland,  dé- 
signant la  pavesado  de  la  hune,  puis  la  hune  elle- 
même,  nomma  enfin  le  mât  dont  les  haubans  ve- 
aaient  se  fixer  au  garlandage  ou  rebord  de  cette 
hune;  d'où  le  mot  composé  galhauban,  hauban  du 
mSt  do  hune. 

t  GALIANCONISME  (ga-li-an-ko-ni-sm') ,  s.  m. 
Terme  do  chirurgie.  Atrophie  et  raccourcissement 
Ou  bras  dus  à  une  ancienne  lésion  de  la  partie  supé- 
rieure de  l'humérus. 

—  ÉTYM.  roAiiYXMv,  qui  est  affecté  de  galianco- 
nisme,  de  Y^'^'ii  chat,  et  iyxMv,  coude  ;  cette  lé- 
sion, qui  rend  le  bras  grêle ,  ayant  été  comparée 
avec  la  patte  d'un  chat  qui  est  grêle. 

f  GALIBI  (ga-li-bi),  s.  m.  Nom  donné  aux  sque- 
lettes humains  qu'à  la  Guadeloupe  on  rencontre 
dans  le  tuf  calcaire. 

f  GALICE  (ga-li-s'),  s.  f.  Un  des  noms  vulgaires 
de  la  sardine  en  Gascogne. 

t  GALIErrE  (ga-liè-f),  s.  ^.  Nom,  à  Douai,  de 
morceaux  de  charbon  de  terre,  de  moyenne  dimen- 
sion, taillés  et  disposés  pour  alimenter  le  foyer,  Mé- 
moires de  la  société  de  Douai,  2«  série,  t.  i,  p.  (84. 

t  G ALILÊEN,  ENNE  (ga-li-lé-in,  6-n') ,  adj.  \\  1°  Oui 
est  de  la  Galilée,  une  des  quatre  grandes  divisions 
do  la  Palestine.  ||  2"  S.  m.  Nom  donné  à  Jésus-Christ, 
parce  qu'il  fut  élevé  à  Nazareth,  ville  de  Galilée.  Tu 
as  vaincu,  Galiléen,  exclamation  attribuée  à  l'empe- 
reur Julien,  blessé  à  mort  dans  un  combat  contre 
les  Parthes.  ||  Nom  donné  aux  premiers  chrétiens. 

GAU.MAFRÉE  (ga-li-ma-frée),  s.  f.  Ragoût  com- 
posé do  restes  de  viandes.  Une  galimafrée  le  soir, 
du  reste  du  dîner,  D.  Quichotte,  dans  le  roux,  Dict. 
comique.  \\  Mets  mal  préparé,  déplaisant.  Tronchin 
l'a  condamné  à  ne  manger  que  des  légumes;  Mon- 
«ieur,  a  dit  le  duc  de  Lorges,  je  ne  peux  digérer  vo- 
tre galimafrée,  volt.  I.ett.  Richelieu,  3|  août,  (764. 

—  hist.  xiV  s.  Calimafrée  ou  saulce  paresseuse  : 
Prenez  do  la  moustarde  et  de  la  poudre  de  gingem- 
bre.... Uinagier,  ii,  B.  ||  xv  s.  Tout  met  en  galima- 
frée, Lombart,  Anglois,  Alemant,  François,  Picart 
et  Normant,  C'est  une  chose  faée,  en.  d'ori..  Rondel, 
«I.  ||xvi*  s.  X  tous  coups  vous  prenez  des  mots  que 
vous  n'entendez  pas  pour  des  mots  de  cuisine, 
comme  une  galimaphrée  pour  un  galimatias,  etc. 
n'AUB.  Fœn.  iv,  lo.  Quelque  diversité  d'herbes  qu'il 
y  ait,  tout  s'enveloppe  sous  le  nom  de  salade  ;  de 
mesme,  sous  la  considération  des  noms,  je  m'en  vay 
fairciciunegalimafréedediversarticlcs,  MONT.  1,343. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Génev.  gatimaufrée. 
L'ancien  anglais  gailimaufrey  vient  du  français. 

GALIMATIAS  (ga-li-ma-tiA;  1'»  se  lie  :  un  ga- 
li-ma-tiâ-z  infernal  ;  Molière  l'a  fait  de  cinq  sylla- 
bes, ga-li-ma-ti-»,  aujourd'hui  on  le  fait  plutôt  de 
quatre),  s.  m.  ||  !•  Discours  embrouillé,  confus,  obs- 
cur. Faute  d'art  et  de  méthode,  des  vérités  extrê- 
mement hautes  sont  peu  heureusement  expliquées  ; 
les  oracles  deviennent  galimatias  par  la  mauvaise 
disposition  de  l'organe  qui  les  fsnd,  balz.  Socr. 
chrit.  Disc.  to.  Rion  n'est  si  voisin  du  haut  style 
que  lo  galimatias,  m.  ib.  Il  parle  et  écrit  galimatias 
en  perfection,  id.  Lelt.  d  Conrart,  28  av.  <6t.3. 
Comme  on  n'y  voit  goutte  et  que  tout  ce  qu'on  dit 
l»-de»sus  no  signifie  rien,  j'ai  mieux  aimé  biaiser 
un  peu  en  cet  endroit,  que  de  débiter  du  galimatias, 
cASrAND»R,  rr<ui.  rf,  ja  f^f  d'Xmiol* ,  note  8  du 
livra  II.  u  cardinal,  aprt's  une  douzaine  de  gaUma- 


GAL 

tias  qui  se  contredisaient  les  uns  les  autres,  conclut  à 
se  donner  encore  du  temps  jusqu'au  lendemain,  hetz, 
II,  126.  Et  votre  galimatias  ne  m'a  pas  tantôt  ébloui, 
.MOL.  G.  Dandin,]!,  2.  Mon  Dieu,  prince,jo  ne  donne 
point  dans  tous  ces  galimatias  où  donnent  la  plu- 
part des  femmes,  lo.  Am.  viagn.  i,  i.  Je  n'ai  point 
pris  le  style  poétique,  en  cherchant  le  sublime;  je  ne 
suis  point  tombé  dans  le  galimatias,  fén.  Dial.  des 
morts  anc.  (Platon,  Aristote).  Voilà  la  source  de  vo- 
tre pompeux  galimatias ,  la  bbuy.  v.  Plutarque  se 
moque  quand  il  dit  que  les  oracles  se  rendirent  en 
prose,  parce  qu'on  y  demanda  plu»  de  clarté  et  qu'on 
se  désabusa  du  galimatias  mystérieux  des  vers,  fon- 
ten.  Oracl.  ii,  5.  Elle  fMme  Guyon]  aimait  Dieu  et 
le  galimatias  si  cordialement  qu'elle  fut  quatre  fois 
en  prison  pour  sa  tendre.sse  ;  traitement  rigoureux 
et  injuste,  volt.  Dict.  phil.  Amour  de  Dieu.  Cathe- 
rine II  me  mandait  il  n'y  a  pas  longtemps  qu'il  fal- 
lait qu'il  y  eût  deux  langages  en  France,  celui  des 
beaux  esprits  et  le  mien,  mais  qu'elle  n'entendait 
rien  au  galimatias  du  premier....  m.  Lett.  Delisle, 
18  avril  1774.  L'abbé  de  Voisenon,  poète  quelquefois 
agréable,  mais  souvent  précieux  et  inintelligible, 
s'est  surpassé  cette  fois-ci  |dans  un  discours  au  roi 
(le  Danemark]  en  galimatias,  et  ses  plus  cbers  par- 
tisans ne  peuvent  se  dispenser  de  le  reconnaître, 
BACiiAUMONT,  Mém.  secrets,  t.  iv,  p.  <oo.||  Galima- 
tias double,  galimatias  inintelligible  et  à  celui  qui  le 
fait  et  à  celui  qui  l'écoute.  Cette  expression  est  attri- 
buée à  Boileau,  qui  distinguait  le  galimatias  simple 
qui  n'est  pas  compris  des  auditeurs  du  galimatias 
double  où  l'auteur  ne  se  comprend  pas  lui-même. 
Il  Adjectivement.  De  tous  côtés  je  n'entendis  rien 
que  des  vanteries,  des  fadaises  et  des  contes  faits 
mai  à  propos,  avec  un  langage  le  plus  galimatias 
et  une  prononciation  la  plus  mauvaise  que  l'on  se 
puisse  figurer,  Francion,  liv.  vi,  p.  235.  Si  cette  fin 
vous  parait  un  peu  galimatias,  sÉv.  45.  ||  2°  Imbro- 
glio  Ma  foi,  je  ne  sais  pas  Quand  on  verra  finir  ce 

galimatias ,  mol.  Sgan.  22.  Qui  songe  à  votre  argent, 
dont  vous  me  faites  un  galimatias ?id.  Avare,  v,  B. 

—  STO.  oAiiMATiAS,  PHÉBus.  Le  galimatias  n'est 
pas  nécessairement  du  pliébus  ;  et  le  phébus  n'est 
pas  nécessairement  du  galimatias.  Le  galimatias 
implique  toujours  quelque  chose  de  confus  et  qui 
ne  se  comprend  pas.  Le  phébus  implique  quelque 
chose  de  dit  avec  une  emphase  déplacée,  et  de 
grands  mots  où  il  n'en  fauilrait  que  de  simples. 

—  ÉTYM.  Faut-il  le  rattacher  au  bas-latin  ballima- 
tia  (du  GANGE,  ballare),  qui  signifiait  cymbales; 
t'aHemotta,  dans  les  gloses  disidore,  chants  et  plai- 
santeries déshonnètes;  du  bas-grec  Pa>.>,i!i(iàiiov , 
paAXiriiiàTtov,  qui  signifiait  danse?  On  a  dit  que  gali- 
matias venait  de  ce  qu'un  avocat,  plaidant  en  latin 
pourMatbias,  dans  une  affaire  où  il  s'agissait  d'un 
coq,  s'embrouilla  au  point  de  dire  galli  Ualhias  au 
lieu  de  Gallus  Mathix  ;  mais  l'anecdote  a  été  in- 
ventée pour  fournir  l'étymologie. 

GALION  (ga-li-on),s.  m.  \\  1°  Terme  de  marine. 
Grand  bâtiment  de  charge  que  l'Espagne  employait 
autrefois  à  porter  en  Amérique  les  choses  nécessai- 
res aux  colons  et  à  porter  en  Europe  les  produits  des 
mines  du  Pérou,  dw  Mexique,  etc.  Les  ennemis  pour- 
ront empêcher  le  passage  de  la  flotte  des  Indes  et  des 
galions,  FÉN.  t.  XXII,  p.  620.  Anson  réduisit  ses  en- 
treprises et  ses  grandes  espérances  à  se  saisir  d'un 
galion  immense  que  le  Mexique  envoie  tous  les  ans 
dans  les  mers  de  la  Chine  à  l'ile  de  Manille,  capitale 
des  Philippines,  volt.  Ixiuis  XY ,  27.  La  cour  était 
à  Séville,  les  galions  étaient  arrivés,  tout  respirait 
l'abondance  et  la  joie  dans  la  plus  belle  saison  de 
l'année,  m.  Scarmentado.  On  voit  par  des  actes  de 
<  605,  que  les  galions  devaient  être  expédiés  d'Es- 
pagne tous  les  ans,  au  plus  tard  tous  les  dix-huit 
mois;  et  les  douze  flottes  parties  depuis  le  4 
août  1(128  jusqu'au  3  juin  <645,  prouvent  qu'on  ne 
s'écartait  pas  de  cette  règle,  raynal,  Uist.  phil. 
VII,  32.  Il  Fig.  Les  galions  sont  arrivés,  locution 
qu'on  employait  pour  dire  qu'on  avait  reçu  beau- 
coup d'argent.  ||  2"S.  m.  pi.  Barres  en  bois  de  chêne, 
traversant  les  écoutilles,  pour  appuyer  des  portions 
de  panneau  qui  ferment  en  deux  ou  quatre  parties 
les  écoutilles  trop  grandes  pour  être  fermées  par  un 
seul  panneau. 

—  msT.  xiii*  s.  Lors  vint  mons.  Phelippe  de  Mont- 
fort  en  un  galion,  et  escria  au  roy....  jomv.  25o. 
Il  XV'  s.  Et  furent  prests  jusques  à  quatorze  navires 
genevois  et  plusieurs  galées  et  galions,  comm.  vu,  4. 
Il  XVI'  s.  Cela  fut  sceu  par  une  barque  qu'un  galion 
de  Ré  empoigna,  d'aub.  Uist.  ii,  sua. 

—  ÉTYM.  Dérivé  Acgatie  ou  galée  {\oy.  GAi^R  )  ); 
esp»?"-  galeon;  portug.  galeào  ;  ital.  g'aleone. 

eALIONISTE   (ga-li-o-ni-sf),   ».  m.  Négociant 


GAL 

espagnol  faisant  le  commerce  des  Indes  espagnole» 
par  les  galions. 

—  ÊTYM.  Galion. 

GALIOTE  (ga-li-o-f),  s.  'f.  \\  V  Petit  bâtiment  qu' 
va  à  rames  et  à  voiles.  Terracuso  victorieux  nou. 
conduisit  à  Barcelone  avec  deux  galiotes  enlevées  ac 
pirate  et  remplies  d'esclaves  et  de  butin,  lesage,' 
Estev.  Coni.  ch.  (  2.  ||  2°  Galioto  à  bombes,  bâti- 
ment très-fort  de  bois,  employé  à  porter  des  mor- 
tiers et  lancer  des  bombes.  M.  Renau  osa  inventer 
les  galiotes  à  bombes,  aussitôt  éclata  le  soulèvement 
général  dû  à  toutes  les  nouveautés,  fonten.  Rennu. 
L'armée  navale  ramena  en  France  les  galiotes  à  bom- 
bes, victorieuses  non  pas  tant  des  Algériens  que  de 
leurs  ennemis  français,  ID.  ib.  L'Espagne  devait  avoir 
vingt  navires  de  guerre,  outre  les  brûlots  et  les  ga- 
liotes à  bombes,  st-sim.  493,  <78.  ||  3°  Galiote  d'é- 
coutille,  barre  k  feuillures  traversant  une  écoutille 
)iour  en  recevoir  et  supporter  les  panneaux.  ||  4°  Loag 
bateau  couvert  dont  on  se  sert  pour  voyager  sur  les 
rivières.  Après  avoir  offert  sa  prière  à  tous  les  saints, 
et  s'être  recommandé  spécialement  à  son  ange  gar- 
dien, il  prend  la  galiote  [de  Saint-Cloud],  c  est  pour 
lui  un  vaisseau  de  haut  bsrd,  mercier,  Tabl.  de 
Paris,  Des  parfaits  badauds. 

—  hist.  xiii"  s.  A  BarenPuille  est  lanaviegrant, 
Tant  i  a  barges  et  dromons  et  chalans,  E  galictcs 
et  escipes  corant  ;  Tote  mer  covre,  tant  est  l'estoire 
grant,  Og.  de  Danem.  23(4.  L'amirant  en  un  galiot 
Fait  entrer  o  lui  sans  atente  Arbalestriers  entour 
quarante,  guiart,  dans  ducange,  galea.  \\  xV  s.  El 
le  lendemain  les  galées  des  Vénitiens  arrivèrent.... 
et  une  galiote  du  seigneur  de  Melelin,  Boiicic.  1,3». 
!|  xvi'  s.  Lansac  dressoit  l'armée  de  mer  à  Bordeaux, 
qui  commença  par  douze  grands  navires,  quatre 
moiens  servans  de  paltaches,  et  deux  petites  galè- 
res, qu'ils  appeloient  galiottes,  d'aud.  Uist.  ii,  a93. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  galie  ou  galée  (  voy.  galéh 
t);  portug.  galiota;  ital.  galeotta.  Galiot  a  signifié 
pirate  :  xui*  siècle.  Ouantgaliot  corent  par  mer  Et  lor 
nent  cel  sens  [de  ce  côté]  por  rober,  Pnrionop.  v.  (  745 

t  GALIPÉE  (ga-li-pée),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  rulacées  dont  le  nom  est  écrit  quelque- 
fois galipier,  et  dans  lequel  on  dùstingue  la  galipee 
cusparie  (Colombie),  dont  l'écorce  est  l'angusture, 

LEGOARANT. 

GALIPOT  (ga-li-po;  le  t  ne  se  lie  pas),  s.  m.  Té- 
rébenthine concrète,  impure,  qui  s'est  solidifiée  sur 
l'arbre  même  par  l'évaporation  spontanée  de  son 
essence.  ||  Sorte  de  mastic  particulier  à  la  marine, 
composé  de  résine  et  de  matières  grasses. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  11  est  écrit  galipo, 
dans  une  Déclaration  du  roi,  nov.  (840,  tarif  :  ga- 
lipo ou  gros  encens,  le  cent  pesant,  cinq  livres. 

t  GALIPOTER  (ga-li-po-tc),  f.  a.  Terme  de  ma- 
rine. Enduire  de  galipot. 

t  GALIS  (ga-li),  s.  m.  Terme  de  cha.s.se.  Endroit 
où  le  chevreuil  a  gratté  la  terre  avec  le  pied. 

—  ÉTYM.  Galer,  gratter. 

t  GALICM  (ga-li-om'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes,  rubiacées,  comprenant  lo 
caille-lait;  mot  tiré  par  Linné  de  yà^^iov  ,  qui  ré- 
pond à  caille-lait.  / 

t  GALLATE  (gal-la-f),  S.  f.  Terme  de  chimie.  Sel 
pr()duit  par  la  combinaison  de  l'acide  gallique  avec 
une  base. 

—  ÊTYM.  Voy.  GALLIQDE. 

I.  GALLE  (ga-l'),  s.  f.  Il  1"  Terme  de  botanique. 
Excroissance  produite  sur  (iiverses  parties  des  végé- 
taux par  les  piqûres  d'insectes  qui  y  déposent  leurs 
œufs.  Les  galles  du  chêne  sont  les  plus  générale- 
ment connues,  et  il  n'est  point  d'arbre  dans  nos 
contrées  qui  en  présente  un  plus  grand  nombre 
d'espèces,  bonnet,  Observ.  37,  Insect.  ||  Noix  de 
galle,  ou  galle  du  Levant,  galle  d'un  chêne  do  l'Asie 
mineure  qui  sert  à  teindre  en  noir  et  à  faire  de 
l'encre,  et  qui  est  produite  par  le  cynips  galUr,  linc- 

lori.r.  Une  teinture  passée  en  galle Et  lors,  si 

elle  est  surchargée  de  galle,  toute  la  couleur  se  per- 
dra et  ne  restera  que  la  couleur  que  la  galle  lui 
aura  donnée,  qui  sera  comme  feuille  morte  ou  cou- 
leur de  bois,  Règlem.  sur  les  mnnuf.  août  (689, 
Teinturiers  en  laine,  art.  82.  Le  noir  s'engalle  avec 
de  la  galle  d'Alep  ou  d'Alexandrie,  dite  galle  à  l'é- 
pine, Instr.  générale  pour  la  teinture  dts  laines, 
(8  mars  (07),  art.  2».  ||  Terme  de  teinturier.  Re- 
monter en  galle,  travailler  le  rouge  des  Indes  et^ 
le  faisant  passer  deux  fois  par  les  apprêts  huileux 
et  les  mordants  de  galle  et  d'alun.  ||  Galle  du  ro- 
sier, plus  connue  sous  le  nom  de  bédégar  ou  bédé- 
guar.  Il  2°  Insecte  du  genre  cochenille. 

—  HIST.  xiv  s.  Pour  faire  trois  pintes  d'encre, 
prenez  des  galles  et  de  gomme,  de  chascun  deux 


GAL 

onces,  Ménagier,  ii,   l .   1|  xvi*  s.  Noix  de   cyprès, 
galles,  escorces  de  grenades,  paré,  vi,  22. 

—  f.TYM.  Ital.  galla;  du  lat.  galla,  galle. 

f  2.  GALLE  (ga  1'),  s.  m.  Terme  d'antiquité.  Nom 
des  prêtres  de  Cybèle. 

—  ÊTYM.  Lat.  gallui;  grec,  yâXXoi;,  prêtre  de 
Cybèle. 

fGALLÉRIE  (gal-lé-rie),  i.  f.  Papillon  de  nuit 
d'un  genre  voisin  des  teignes,  et  nuisible  aux  abeilles. 

I  6ALLIAMBE  (gal-li-an-b'),  s.  m.  Terme  de  mé- 
trique ancienne.  Sorte  de  vers  de  six  pieds  dans 
lesquels  domine  l'ïambe.  ||  Ouvrage  écrit  en  cette 
espèce  de  vers. 

—  ETYM.  Lat.  gcUliamius ,  de  gallus ,  galle, 
prêtre  de  Cybèle,  et  iambe. 

f  GALLIÂMBIQUE  (gal-li-an-bi-k') ,  adj.  Qui  a  le 
caraclère  du  galliambe. 

GALLICAN,  ANE  (gal-li-kan,  ka-n'),  adj.  ||  1°  Usité 
/ians  ces  phrases  :  l'Eglise  gallicane,  c'est-à-dire  l'Ê- 
glisede  l'Yance  ou  en  soi,  ou  considérée  dans  les  par- 
ticularités qui  la  distinguent  dans  l'ensemble  de  l'É- 
glise catholique  ;  le  rite  gallican,  le  rite  de  l'Ëglise 
gallicane.  Les  libertés  de  l'Église  gallicane.  L'Église 
gallicane  a  été  fondée  par  le  sang  d]une  infinité  de 
martyrs,  boss.  Polit,  vu,  vi,  14.  L'Église  gallicane 
approuve  le  concile  de  Constance,  qui  déclare  les  con- 
ciles généraux  supérieurs  au  pape  dans  le  spirituel, 
vo.LT.  Louis  XIV,  36.  Il  S.  m.  Partisan  des  libertés  de 
l'Église  gallicane,  du  principe  de  l'indépendance  des 
églises  nationales;  il  est  opposé  à  ultramontain,  ce- 
lui qui  soutient  le  pouvoir  absolu  du  pape  en  toute 
matière.  Les  gallicans.  Cet  évèque  passe  pour  galli- 
can. Il  2°  Il  s'est  dit  quelquefois  par  plaisanterie  pour 
Français.  Des  fleurs  de  lis  la  tige  gallicane,  volt. 

—  ÉTYM.  Latin  .qallicanus,  dérivé  de  gallus,  gau- 
lois et  français. 

+  GALLICANISME  (gal-li-ka-m-sm")  s.  m.  Ensem- 
ble des  principes  de  l'Église  gallicane  ;  attachement 
à  ces  principes,  par  opposition  à  l'ultramontanisme. 

—  ÉTYM.  Gallican. 

GALLICISME  (gal-li-si-sm'),  s.  m.  ||  1»  Forme  do 
construction  propre  à  la  langue  française.  Un  bon 
traité  des  gallicismes  serait  un  ouvrage  important 
pour  notre  langue,  d'olivet.  Rem.  sur  Racine,  §  97. 
Quelquefois  aussi  nos  gallicismes  ne  sont  autre 
chose  qu'une  ellipse  ou  plusieurs  ellipses  combinées 
qui  ont  fait  disparaître  peu  à  peu  diver-s  mots,  di- 
verses liaisons  qu'un  long  usage  rend  faciles  à  sous- 
entendre,  quoiqu'il  ne  fiit  pas  toujours  facile  de  les 
suppléer  ni  même  de  les  deviner,  id.  ib.  ||  2°  Façon  de 
parler  empruntée  du  français  et  transportée  dans 
une  autre  langue.  Il  y  a  des  gallicismes  dans  le  dis- 
cours latin  prononcé  à  la  distribution  des  prix  du 
concours  général  des  lycées  et  collèges  de  Paris. 

—  ÉTYM.  Lat.  gallicus,  qui  appartient  aux  Gaulois, 
aux  Français. 

t  GALLICOI.E  (gal-li-ko-l'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  vit  ilans  les  excroissances  appelées  galles. 

—  ÉTYM.  Galle  I ,  et  le  latin  colère,  habiter. 

t  GALLIFÈIIE  (gal-li-fè-r'),  adj.  Terme  de  boU- 
nique.  Qui  porte  la  noix  de  galle. 

—  ÉTYM.  Galle  <,  et  le  latin  ferre,  porter. 

t  GALLINACE  (gal-li-na-s'),  s.  f.  Terme  de  mi- 
néralogie. Sorte  de  verre  de  volcan,  dit  aussi  pierre 
obsidienne,  qui,  noir  et  opaque,  est  susceptible  de 
se  polir  très-bien. 

—  ÉTYM.  Ital.  gallinaccio,  dindon,  oiseau  dont  le 
plumage  est  noir  ;  du  lat.  gallina,  poule ,  et  la 
i'.nale  augmentative  accio. 

t  GALLINACP.E  (gal-li-na-sée),  s.  f.  Girole  ou 
chanterelle,  sorte  de  champignon. 

GALLINACES  (gal-li-na-sé),  s.  m.  pi.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Nom  du  quatrième  ordre  de  la  classe 
des  oiseaux,  ordre  qui  comprend  les  poules,  din- 
dons, en  un  mot,  la  plupart  de  nos  oiseaux  de 
basse-cour.  ||  Adjectivement.  Les  oiseaux  gallinacés. 

—  ÉTYM.  Lat.  gallinaceus,  de  gallina,  poule,  de 
gallus,  coq. 

\  GALLINE  (gal-Ii-n'), adj. /■.  L'espèce  galline,  les 
pouies  et  les  coqs. 

—  ÉTYM.  Mot  formé  du  latin  gallus,  coq,  comme 
race  chevaline,  ovine,  porcine,  etc.  de  cabaHiw, 
oii.ç,  porcus. 

t  GALI.INETTE  (gal-li-nè-f),  ouGALLINOLE  (gai- 
li-iio-l'),  s.  f.  Nom  vulgaire  de  plusieurs  champi- 
gnons du  genre  des  clavaires. 

i  GALLINSECTES  (gal-lin-sè-kf) ,  s.  m.  pi.  Terme 
d'entomologie.  Famille  d'insectes  hémiptères  dont 
le  mille  n'a  que  deux  ailes  sans  bec  ;  la  femelle, 
aptère,  pourvue  d'un  bec,  prend,  lors  de  la  ponte, 
l'aspect  d'une  galle.  Les  cochenilles  appartiennent 
aux  gallinsectes. 

—  HEM.  Bonnet  s  fait  ce  mot  féminin  :  La  ponte 


GAL 

suit  de  près  l'accouplement ,  car  la  gallinsecte  est 
ovipare  ;  et,  tandis  qu'elle  ressemble  le  moins  à  un 
animal,  c'est  alors  précisément  qu'elle  s'acquitte 
des  fonctions  les  plus  essentielles  à  l'animal,  qu'elle 
s'accouple  et  qu'elle  donne  naissance  à  une  nom- 
breuse postérité,    Consid.  corps  org.   Œuv.  t.  vi, 

p.  )  39,  dans  POL'GENS. 

—  ÉTYM.  Galle  1,  et  insecte.  Ce  nom  est  dû  à 
Réaumur. 

t  GALLINCLES  (gal-li-nu-l") ,  s.  f.  pi.  Terme  de 
zoologie.  Famille  d'oiseaux  ayant  pour  type  la  poule 
d'eau  [gnUinule  chlornpe),  dite  aussi  colin  noir. 
Il  Nom  donné  par  certains  auteurs  au  genre  d'oi- 
seaux échassiers  que  d'autres  appellent  rftie,  et  dans 
lequel  on  distingue  :  la'  gallinule  de  genêt,  ou 
mieux  gallinule  crex,  nommée  autrefois  râle  de 
genêt,  appelée  aussi  crek,  roi  des  cailles,  et  r4le 
rouge;  la  gallinule  noire,  qui  était  jadis  le  rSle  noir; 
et  la  gallinule  de  la  Jamaïque,  râle  de  la  Jamaïque, 
dite  vulgairement  bidi-bidi  et  bidi,  legoabant. 

—  ÉTYM.  Diminutif  du  latin  gallina,  poule. 

i.  GALLIQUE  (gal-li-k'),  adj.  Qui  appartient  aux 
anciens  Gaulois.  Peuplades  galliques. 

—  ÉTYM.  Lat.  gallicus,  de  Gallus,  gaulois.  L'an- 
cienne langue  disait  galcsche,  qui  venait  d'un  mot 
fictif  gallieius  :  xw  s.  De  la  forest  en  une  lande  En- 
trai, et  vi  une  bretesche  X  demie  liue  galesche, 
CRESTiF.N  DE  TROYES,  Chev.  au  lyon,  v.  <S8. 

2.  GALLIQUE  (gal-li-k'),  (idj.  Terme  de  chimie. 
Acide  gallique,  acide  existant  dans  la  noix  de  galle. 

—  ÉTYM.  Galle  t. 

f  GALLISME  (gal-li-sm'), s.  m.  Synonyme  peuusilé 
de  phrénologie. 

t  GALLISTE  (gal-li-sf),  s.  m.  Partisan  du  sys- 
tème de  Gall  ou  phrénologie.  ||  Adjectivement.  L'hy- 
pothèse galliste. 

—  ÉTYM.  Gall,  médecin  allemand,  naturalisé 
Français,  mort  en  1828,  célèbre  par  ses  travaux  en 
anatomie,  et  surtout  par  la  phrénologie. 

t  GALLOMANE  (gal-lo-ma-n'),  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  admire  avec  excès  la  nation  française, 
qui  l'imite  même  dans  ses  travers. 

—  KTYM.  Lat.  Gallus,  Gaulois,  et  (latveiv,  avoir 
folie  de. 

t  GALLOMANIE  (gal-lo-ma-nie) ,  s.  f.  Passion, 
travers  du  gallomane.  La  gallomanie  tenait  l'Alle- 
magne dans  le  xviii'  siècle.  La  froide  fièvre  de  la 
gallomanie,  a  dit  Schiller  dans  une  pièce  de  vers 
adressée  à  Goethe. 

1.  GALLON  (ga-lon),  s.  m.  Mesure  anglaise 
de  capacité  pour  les  liquides.  Le  gallon  impérial 
d'Angleterre  est  de  4  litres  54,  et  en  douane  aux 
États-Unis  de  3  litres  78  pour  les  liquides,  et  4  li- 
tres 40  pour  les  matières  sèches. 

—  HIST.  xiv  s.  Combien  que  le  dit  Jehan  le  Nor- 
rois  eust  justement  perdu  un  galon  de  vin....  du 
CANOË,  gala.  ||  xv  s.  Un  galon  qui  sont  deux  pots 
de  cistre,  du  cange,  galo. 

—  ÉTYM.  Angl.  gallon;  bas-latin,  galo,  jalo,  et 
aussi  gillo,  gelo,  gellus,  guillo.  Ce  mot  contient  un 
radical  gai  ou  jal  qui  se  trouve  dans  l'ancien  fran- 
çais galoie,  jalaie,  sorte  de  mesure  ;  bas-lat.  galida; 
mots  d'origine  inconnue,  au  sujet  desquels  on  a  con- 
jecturé le  latin  gaulus,  vase  à  boire  ;  ou  l'allemand 
Schale,  écuelle,  jatte.  Mais  Diez  objecte  que  au  ac- 
centué da.ns  gaulus  ne  se  serait  pas  atténué  en  a,  et 
que  Schale  aurait  donné  chale. 

t  2,  GALLON  (ga-lon),  s.  m.  Gallon  de  Hongrie  ou 
du  Piémont,  sorte  de  galle  irrégulière  provenant 
d'une  piqûre  rie  cynips  faile  au  quercus  robur,  L. 

—  ÉTYM.  Galle  1. 

t  GALLOPHOBIE  (gal-lo-fo-bie),  s.  f  Aversion 
pour  les  Français.  La  gallophobie  s'empara  de  l'Al- 
lemagne à  la  suite  de  l'oppression  que  Napoléon  I"' 
lit  peser  sur  elle. 

—  ÉTYM.  Lat.  Gallus,  Gaulois,  et  ifoêiîv ,  crain- 
dre, détester. 

t  GALLO-ROMAIN,  AINE  (gal-lo-ro-main,  mè-n'), 
adj.  Qui  appartient  à  la  fois  aux  Gaulois  et  aux  Ro- 
mains depuis  la  conquête  des  Gaules  par  les  Romains. 
Période  gallo-romaine.  ||  Se  dit  de  récriture  qui  fut 
introduite  en  Angleterre  par  Alfred  le  Grand.  ||  Sub- 
stantivement. Les  Gallo-romains,  le  peuple  composé 
de  Gaulois  et  de  Romains  qui  habitait  les  Gaules  au 
moment  de  l'invasion  des  barbares. 

—  ÉTYM.  Lat.  Gallus,  Gaulois,  et  Romanus, Romain. 
+  1 .  GALLOT  (ga-lo),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 

de  la  tanche  de  mer  (le  labre  tanche,  dit  aussi  tan- 
coïde) . 

f  2.  GALLOT  (ga-Io),  ^.  m.  Variété  de  pomme. 

GALOCHE  (ga-lo-ch'),  s.  f.  ||  1"  Chaussure  de  cuir 
que  l'on  porte  par-dessus  les  souliers  pour  garantir 
les  pieds  de  l'humidité.  Quand  un  jeune  frisé,  re- 


GAL 


1823 


lové  de  moustache.  De  galoche,  de  b„tto....  nÉGNiEB, 
.Sat.  viii.  Il  Familièrement.  Menton  de  galocne,  men- 
ton long  et  recourbé.  Je  viens  de  voir  arriver  chei 
moi  une  figure  en  linge  sale,  un  menton  de  galo- 
che, VOLT.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  75.  ||  3'  Chaus- 
sure dont  le  dessus  est  do  cuir  et  la  semelle  de  bois 
Il  3°  Terme  de  marine.  Poulie  à  moufle  plat,  qui 
s'applique  sur  les  grandes  vergues,  pour  y  faire 
passer  les  cargues  boulines.  ||  4°  Coin  de  la  preue 
du  doreur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  docte  Baïf  remarque  que  gal- 
licx  estoient  une  espèce  de  souliers  dont  les  Gaulois 
usoient  pendant  la  pluie;  nous  l'appelons  encore 
aujourd'hui  galloches,  pasquier,  Recherches,  liv. 
viii,  p.  657,  dans  lacurne.  Il  est  comme  galoche, 
dedans  et  dehors  [proverbe  dit  des  écoliers  exter- 
nes de  l'université  nommés  galoches,  parce  qu'ils 
portaient  des  galoches,  et  qu'ils  étaient  dehors  en 
qualités  d'externes,  et  dedans  comme  suivant  les 

cours],    LEROUX   DE    LINCY,    PrOV.  t.  Il,  p.  37. 

—  ÉTY.M.  Espagn.  galocha;Ha.\.galoscia.  Le  mot 
est  plus  ancien  que  ne  le  donne  l'historique  ;  car  du 
Cange  a  noté  jaioc/iio  dans  un  texte  de  1382.  On  le 
tire  du  latin  gallicv,  sorte  de  chaussure  gauloise, 
avec  changement  du  suffixe,  selon  Diez.  On  remar- 
quera en  confirmation  que  gallicus  avait  donné  ga- 
lcsche (voy.  GALLIQUE  4).  Schelcr  préfère  calopo- 
dium,  calop'dium,  galoche,  qui  a  signifié  une 
chaussure  de  bois  ;  mais  \ci  galoche  n'est  pas  le  sabot. 
La  première  étymologie  reste  donc  la  plus  vrai- 
semblable. 

t  GALOCHIEU  (ga-lo-chié) ,  s.  m.  Ouvrier  qui 
fait  des  galoches. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  y  a  encore  desescoliers  qui  de- 
meurent hors  des  collèges,  qui  vont  ouir  les  leçons 
d'uns  et  autres  regens,  selon  que  l'opinion  leur  en 
prend  et  aux  maistresqui  les  gouvernent,  les  jeunes 
appeliez  martinets  par  nous  et  les  autres  galochiers, 
PASQUIER,  Recherches,  liv.  ix,  p.  792,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Galoche. 

GALON  (ga-lon),  s.  m.  ||  1°  Tissu  d'or,  d'argent,  de 
soie,  plus  étroit  et  plus  épais  qu'un  ruban,  et  qui, 
mis  sur  le  bord  ou  les  coutures  des  vêtements,  des 
meubles,  etc.  sert  d'ornement  et  empêche  qu'ils 
ne  s'effilent.  Un  galon  d'or,  d'argent,  de  soie.  Un 
habit  chamarré  de  galons.  Il  y  avait  ici  un  tel 
désordre  sur  les  habits  des  jeunes  gens  et  des  cour- 
tisans en  ce  qu'ils  appellent  des  galons,  qui  sont 
des  passements  sur  les  côtés  des  chausses,  que  le  roi 
l'a  trouvé  même  fort  indécent  et  les  a  défendus,  gui 
PATIN,  Lettres,  t.  u,  p.  2B0.  Un  général  emploie  chex 
nous  son  galon  et  sa  broderie  à  couvrir  une  si  gros- 
sière incapacité,  p.  L.  cour.  Lett.  11,249.  Qu'un  va- 
let change  ses  galons  Sans  changer  d'antichambre , 
BÉRANG.  Marotte.  La  liberté....  C'est  une  bégueule 
enivrée  Qui ,  dans  la  rue  ou  le  salon ,  Pour  le  moin- 
dre bout  de  galon,  Va  criant  :  à  bas  la  livréel  m. 
Refus.  Il  Vieux  habits,  vieux  galons,  cri  des  fripiers 
qui  courent  les  rues  de  Paris  pour  acheter  les 
vieux  habits.  ||  Quand  on  prend  du  galon,  on 
n'en  saurait  trop  prendre,  c'est-à-dire  quand  on  est 
à  même,  il  faut  prendre  tout  ce  qui  peut  être  pris. 
Parodie  d'un  vers  du  Roland  de  Quinault ,  11 ,  6  : 
Qui  goûte  de  ces  eaux  ne  saurait  se  défendre  De 
suivre  d'amoureuses  lois.  Goûtons-en  mille  et  mille 
fois;  Quand  on  prend  de  l'amour,  on  n'en  saurait 
trop  prendre.  ||  2"  U  se  dit  de  la  bande  de  galon,  de 
différent  tissu  suivant  le  grade,  que  les  sous-officiers 
portent  sur  la  manche  de  leur  habit.  Il  a  obtenu 
les  galons.  |1  Cela  se  dit  aussi,  dans  les  écoles  mili- 
taires, des  jeunes  gens  qui  ont  un  grade  entre  leurs 
camarades.  On  lui  a  donné,  retiré  les  galons.  ||  3-  Pe- 
tit ruban  de  soie  pour  les  souliei-s  de  femme. 
Il  4°  Terme  de  marine.  Bande  de  toile  pour  forti- 
fier les  coutures  des  voiles.  ||  B"  Populairement. 
Croûte  allongée  qui  se  forme  à  la  tête  dans  ceitai- 
nes  teignes. 

—  ÉTYM.  Galonner;  espagn.  ffo/on ;  ital.  gallon». 
Galon  au  sens  d'une  sorte  de  ruban  est  récent  et 
vient  de  galonner.  Le  gallonum  était  non  un  ru- 
ban, mais  un  instrument  propre  à  arranger  la  che- 
velure. 

GALONNÉ,  ÉE  (ga-lo-né,  née),  part,  passé  de  ga- 
lonner, Il  l'Un  habit  galonné  sur  toutes  les  coutu- 
res. Il  Familièrement.  Il  est  tout  galonné,  il  est  tout 
couvert  de  galons.  ||  2°  Terme  de  zoologie.  Qui  a  des 
écailles  ou  des  lignes  disposées  en  forme  de  galon. 

GALONNER  (ga-lo-né) ,  ».  a.  Orner  ou  border  de 
galon.  Galonner  un  habit,  un  chapeau.  ||  Se  galon- 
ner, V.  rffl.  S'orner  de  galons. 

—  HIST.  XII'  s.  Bien  fu  vestiie  d'une  porpre  roée, 
X  un  fil  d'or  sa  crigne  galonnée,  Garin,  dans  du 
CANGE,  gaU).  Il  xiii'  s.  Et  vient  sains  [sans]  guimple, 


1824 


GAL 


Mchieveléo,  X  un  fllet  d'or  galonée,  Parlonop.  v. 
48»i  Seoir  i  voit  une  pucele  Qui  moult  estoit  gen- 
lieus  et  bele;  Elle  ses  clieveus  galounoit  A  deus 
Clid'oi  qu'elle  tenoit,  du  cakoe,  gallonnum.  Que 
»ous  iroie-jo  disant 'i'  Bcle  fu  [Liesse]  et  bien  ator- 
iiéo;  D'ung  fil  d'or  ère  galonnée,  la  Rose,  867. 
Il  XV  s.  jYvain  de  Galles]  se  faisoit  pigner  et  galon- 
ner  le  chef,  fhoiss.  h,  h,  30. 

—  ETYM.  Le  sen«  propre,  comme  on  voit  par 
l'historique,  est  orner  la  tête  avec  des  fils  de  métal, 
*tvienld'un substantif ffa/Zonsignifiant  l'instrument 
propre  à  faire  cette  coiffure.  Diez  pense  que  le  ra- 
dical est  gai  qui  est  dans  gala  (voy.  ce  mot)  ;  cette 
conjecture  est  trcs-fortifiée  par  le  sens  propre,  lequel 
est  parer  la  tête.  La  série  des  sens  est  :  mettre  dans 
les  cheveux  un  fil  métallique,  puis  orner  d'un  fil, 
d'un  ruban  quelconque  la  tête  ou  toute  autre  chose. 

t  GALONNIER(ga-lo-nié;  l'r  ne  se  lie  jamais; 
au  pluriel,  l'ïse  lie  :des  ga-lo-nié-z  habiles),  s.  m. 
Fabricant  de  galons.  Les  galonniers  étaient  de  la 
même  communauté  que  les  rubaniers  frangers. 

—  Rtym.  Galonner. 

GALOP  (ga-lo;  le  p  ne  se  lie  jamais  :  un  ga-lo 
allongé;  au  pluriel,  l'sse  prononce  et  se  lie  :  des 
galo-ï  allongés),  s.  m.  ||1"  La  plus  élevée  et  la  plus 
rapide  des  allures  du  cheval.  Son  cheval  se  mit  au  ga- 
lop malgré  qu'elle  en  eût,  hamilt.  Gramm.  to.  Je 
monte  à  cheval  dans  mes  rêves  et  je  vais  le  grand 
galop  à  Andrinople,  volt.  Letl.  à  Calh.  1 3o.  Le  tacha 
indigné  s'en  retourna  au  grand  galop,  contre  l'usage 
des  Turcs,  id.  CharlesXIl,«.  Leressortdesjarrets  con- 
Iribue  autant  au  mouvement  du  galop  que  celui  des 
reins,  buff.  rh&val.  Déjà  pour  lui  les  courts  exer- 
cices de  la  chasse,  le  galop  des  chevaux  les  plus 
doux  étaient  une  fatigue  ;  comment  soutiendrait-il 
donc  les  longues  journées  et  les  mouvements  rapi- 
des et  violents  par  lcs'|uels  les  combats  se  prépa- 
rent? sKora,  llist.  de  Nap.  ii,  3.  ||  Un  temps  de  ga- 
lop, un  court  espace  parcouru  au  galop.  Un  temps 
de  galop  jusqu'à  la  ferme,  beaumarcu.  Mar.  de  tig. 
1,  ) t.  Il  Par  extension.  Aller,  courir  le  galop,  se  hâ- 
ter, aller  fort  vite.  Le  lendemain  il  vint  ici  au 
galop,  s6v.  i«3  II  Fig.  Chassez  le  naturel,  il  revient 
au  galop,  nESTOucHES,  Glorieux,  m  ,  5.  ||  Fig.  Al- 
ler au  galop,  courir  au  galop,  faire  une  chose  avec 
précipitation.  Il  dit  fort  posément  ce  dont  on  n'a 
que  faire  Et  court  le  grand  galop  quand  il  est  à 
son  fait,  rac.  Plaid,  m,  3.  ||  Fig.  Aller  le  grand  ga- 
lop à  l'hôpital,  faire  des  dépenses  excessives.  ||  Dans 
un  sens  analogue.  Le  bien  de  notre  amant  s'en  va  le 
grand  galop,  n  font.  Pet.  chien.  ||  11  s'en  va  le 
grand  galop,  il  mourra  bientôt.  ||  2°  Techniquement. 
Allure  très-rapide  dans  laquelle  le  cheval  est  sup- 
porté successivement  par  un  pied  de  deirière,  un 
bipède  diagonal  et  un  pied  de  devant,  puis  reste  sans 
support  un  instant,  pour  retomber  de  nouveau  sur 
ies  mêmes  appuis,  ÏHct.  gén.  de  méd.  et  de  chir. 
Vétér.  Les  battues  dans  un  pas  complet  du  galop 
sont. donc  au  nombre  de  trois,  séparées  de  celles  du 
pas  suivant  par  un  certain  intervalle,  ib.  Le  galop 
do  course  n'est  que  le  galop  à  trois  temps,  très-al- 
longé et  exécuté  très-près  de  terre,  ib.  Dans  le  ga- 
lop do  manège  ou  à  quatre  temps,  les  battues  des 
deux  pieds  du  bipède  diagonal  sont  séparées  parun 
Intervalle,  ib.  ||  Branle  de  galop,  mouvement  que 
fait  le  cheval  pour  prendre  le  galop.  Galop  de  cliasse, 
celui  où  le  cheval  déploie  librement  ses  membres, 
galop  modéré  auquel  les  chasseurs  mettent  leurs 
chevaux  pour  suivre  une  chasse.  Galop  de  contre- 
temps, allure  semblable  au  galop  sur  le  devant, 
et  aux  courbettes  sur  le  derrière.  ||  Galop  d'école, 
yoy.  OALOPAnK.  ||  3"  Danse  hongroise  à  deux  temps 
et  d'un  mouvement  vif ,  introduite  dans  la  daqse 
française  et  formant  une  des  figures  du  quadrille. 
Le  cavalier  tient  de  la  main  droite  sa  dame  par  la 
taille  ;  la  dame  s'appuie  sur  lui  de  la  main  gauche  ; 
les  deux  autres  mains  se  tiennent  en  avant  :  et  le 
pas  de  galop  consiste  en  une  suite  de  chassés,  la 
dame  ayant  le  pied  droit  et  le  cavalier  le  pied  gau- 
che en  avant.  Lo  pied  de  derrière  chass6  constam- 
ment le  pied  de  devant  ;  c'est  là  le  pas  de  galop 
qu'on  emploie  aussi  dans  d'autres  figures,  notam- 
ment dans  la  finale  du  quadrille  ordinaire  (voy.  ga- 
lopR  a).  Il  Air  sur  lequel  on  danse  le  galop.  ||  4°  Fig. 
et  populairement.  Réprimande,  gronderie.  Donner, 
recevoir  un  galop. 

-  HIST.  xi«  s.  [Un  chien]  Qui  vint  à  Charlo  les 
g»  ops  et  les  sau7.,  Ch.  de  Roi.  Lvi.  ||  xn«  s.  Las  granz 
Kaloi  (au  grand  nalop)  [il]  s'en  ist  de  mont  Uon, 
«onc.  p.  isa.  Il  xiii'  s.  Un  leus  [loup]  en  saut,  h 
nretui  prcnt,Grantale(\ie  et  grans  galos  S'en  va  li 
leus  ruianl  au  Imm,  Ben.  «5.  Et  si  aloient  tôt  plus 
lort  Qu«  no  fcsissiés  lei  galos,  iai  du  trot. 


GAL 

—  ÉTYM.  Voy.  galoper;  bourguign.  ffoiW;  pro- 
venç.  galop;  espagn.  et  portug.  galope;  ital.  ga- 
loppo. 

GALOPADE  (ga-lo-pa-d") ,  s.  f.  ||  1°  Action  de  ga- 
loper. Ce  cheval  a  la  galopade  fort  belle.  ||  Faire 
une  galopade,  faire  une  petite  course  au  galop.  Kt 
vous  faisiez  de  belles  galopades,  je  pense?  dan- 
court,  Moul.  Javelle,  se.  32.  {j  2'  Air  de  manège, 
sorte  de  galop  en  trois  temps  et  très-raccourci,  dit 
aussi  galop  d'école,  où  l'allure,  très-cadencée,  est 
moins  rapide,  mais  plus  élégante.  ||  3"  IJipace  qu'on 
parcourt  en  galopant.  ||  4"  S'est  dit  du  galop  de  la 
danse.  ||  5°  Populairement.  Réprimande,  gronderie. 

—  ÊTYM.  Galoper. 

f  GALOPANTE  (ga-lo-pan-f),  ad},  fém.  Terme 
de  médecine.  Phthisie  galopante,  phthisie  pulmo- 
naire dont  la  marche  est  très-rapide. 

f  ( .  GALOPE  (ga-lo-p'),  s.  f.  ferme  de  relieur.  In- 
strument avec  lequel  on  trace  très-rapidement  de 
petites  raies  avant  de  glairer  le  livre;  il  vaut  mieux 
tracer  à  la  règle,  lesné,  la  Reliure,  p.  214. 

—  ÉTYM.  Galoper;  ainsi  dite  parce  que  ce  moven 
est  expéditif. 

I  2.  GALOPE  (ga-lo-p"),  s.  f.  Nom  donné  d'abord 
à  une  danse  qu'on  appelle  aujourd'hui  galop.  La 
galope,  une  danse  si  vive ,  si  animée,  vraiment 
nationale,  scribe  et  mélesvillb,  la  Seconde  année, 
se.  4  (janvier  )83o). 

GALOPfi,  ÊE  (ga-lo-pé,  pée),  part,  passé  de  ga- 
loper. Il  1°  Mis  au  galop.  Un  cheval  galopé.  ||  2°  Fig. 
Poursuivi.  Galopé  par  ses  créanciers. 

GALOPER  (ga-lo-pé).  ||  1°  F.  n.  Aller  le  galop.  Ce 
cheval  galope  bien.  Un  cheval  écossais  qu'il  avait 
emmené  avec  lui,  et  qui,  comme  les  chevaux  de  ce 
pays,  galopait  en  gravissant  les  hauteurs,  etapl, 
Corinne,  i,  2.  ||  Un  cheval  galope  sur  le  bon  pied 
quand  il  lève  la  jambe  droite  de  devant  la  première  ; 
sur  le  mauvais  pied,  quand  il  lève  le  pied  gauche 
de  devant  le  premier;  il  galope  près  du  tapis  quand 
il  lève  très-peu  les  jambes  de  devant  en  galopant. 
Il  serait  bon  d'exercer  les  chevaux  à  galoper  alter- 
nativement sur  le  pied  gauche  aussi  bien  (|ue  sur 
le  droit,  buff.  Quadr.  t.  i,  p.  36,  dans  pougens. 
Il  2°  Il  se  dit  du  cavalier.  C'est  un  apprenti  cavalier,  il 
ne  galope  pas  encore.  Je  ne  doutais  pas  qu'elles  n'y 
eussent  été,  et  qu'elles  ne  fussent  de  ces  dames  que 
j'avaisvues  galoper  de  si  bonne  grâce,  volt.  Hél.  litt. 
à  Af"*,  )727.  Il  Fig.  Le  chagrin  monte  en  croupe  et 
galope  avec  lui,  boil.  Ép.  v.  ||3°  F'amilièrement. 
Courir  de  côté  et  d'autre.  11  a  galopé  toute  la  ma- 
tinée. Il  Faire  beaucoup  de  démarches  pour  une 
affaire.  11  a  galopé  par  tout  Paris  pour  cette  affaire. 
Il  4°  Marcher  d'un  pas  très-rapide.  Comme  vous  ga- 
lopez! je  ne  peux  vous  suivre.  ||  Fig.  Je  vois  déjà 
comme  le  temps  galopera,  sÈv.  123.  ||  Faire  à  la 
hâte.  Lisez  plus  posément,  et  ne  galopez  pas  ainsi. 
Je  vous  fis  une  petite  lettre  en  galopant,  sÉv. 
<9  juillet  <eB5.  Il  5°  Terme  de  danse.  Danser  le  ga- 
lop. Il  6°  V.  a.  Mettre,  faire  aller  au  galop.  On  ap- 
prit à  Chambord  la  mort  de  l'abbé  de  Saint-Luc, 
qui  se  tua  en  galopant  un  cheval  qui  le  jeta  à  terre, 
DANGEAU,  1,  68,  5  oct.  1884.  Comme  leurs  juments 
sont  pleines,  ils  n'ont  jamais  voulu  les  galoper, 
DANCOURT,  Maison  de  camp.  se.  2».  ||  7°  Kig.  et 
familièrement.  Poursuivre  quelqu'un.  Les  gendarmes 
l'ont  galopé.  ||  Particulièrement.  Se  rendre  assidu 
dans  tous  les  lieux  où  l'on  peut  voir  quelqu'un,  où 
l'on  peut  lui  parler.  Nous  le  galopons  depuis  long- 
temps sans  pouvoir  l'atteindre.  ||  8"  Fig.  et  fami- 
lièrement. Galoper  une  femme,  lui  faire  une  cour 
pressante.  Tandis  que  le  duc,  après  avoir  eu  les 
faveurs  ou  mérité  le  refus  de  toutes  les  coquettes 
d'Angleterre,  galope  vos  filles  d'honneur  l'une  après 

l'autre,   hamilt.   Gramm.  to Un  marquis    de 

même  caractère,  Grand  épouseur  aussi,  la  galope 
et  la  flaire,  rf.gnahu,  le  Jo%ieur,i,  8.  ||  9°  Fig.  et 
familièrement.  Il  se  dit  de  ce  qui  tourmente  avec 
intensité.  La  fièvre  le  galope.  La  peur  le  galope. 
Il  n'est  rien  que  nous  ne  fassions  Pour  éviter  l'en- 
nui qui  nous  galope,  dorat,  dans  laharpe,  Cor- 
respond, t.  III,  p.  16,  dans  POUGENS. 

—  HIST.  xii'  s.  Et  cil  respondent  :  i  vostre  vo- 
lonté ;  Lors  s'est  li  Turs  vers  Bernier  galopes  ;  Quant 
il  vint  près,  si  s'est  haus  escriés....  Raoul  de  C. 
271 .  Il  xTi*  s.  Tous  deux  le  galopperent  de  telle  façon 
d'injures  et  de  pouilles,  qu'il  eust  voulu  estre  mort, 
cabloix,  III,  t3.  Qu'on  face  des  tournois,  qu'on 
sorte  en  la  campaigne,  Ou'en  armes  on  galope  un 
beau  genest  d'Espaigne....  bons.  708. 

—  Ktym.  Prov.  galaupar;  espagn.  et  portug.  gn- 
lopar;  ital.  galoppare;  du  germanique  :  goth.  hlau- 
pan,  courir;  haut-allcm.  gahlaufan;  anglo-sax. 
f«W(8c/a:i;  alleiQ.  mod.  laufen;   la  tyllabe  gah  ou 


GAL 

geh  ou  ge  est  un  préfixe  qui,  en  composition,  i 
même  sens  que  <TÙy  et  le  latin  cum.  Le  provençal  a 
conserve  la  diphthongue  germanique  au. 

GALOPIN  (ga-lo-pin),».  m.  ||  1° Petit  garçon qu'ii 
emploie  à  faire  des  commissions.  On  dit  que  vu? 
n'avez  pas  .stulement  un  laquais,  et  que  c'est  ur 
galopin  de  la  rue  qui  vous  éclaire  avec  une  de  ce» 
torches  de  poix  dont  ils  empuantissent  toute  la  ville, 
HAMILT.  Gramm.  7.  Et  souvenez-vous  bien,  vous  el 
vos  galopins.  De  mieux  à  l'avenir  enfermer  vos  la- 
pins, REGNABD,  le  Rai,  2.  Son  nom  [de  VauréalJ  est  i 
Guérapin,  et  son  premier  état,  franc  galopin,  si- 
SIM.  618,  139.  Il  2"  Particulièrement.  Dans  les  gran  ; 
des  maisons  royales,  nom  de  petits  marmitons  qui  { 
tournent  les  broches  et  courent  çà  et  là  pour  les  be-  ' 
soins  de  la  cuisine.  Il  n'est,  je  veux  bien  vous  le 
dire.  Prince  ni  galopin  que  vous  ne  fassiez  rire^ 
BEGNARD,  Démocr.  v,  6.  Vendôme  arriva  droit  i 
Marly;  ce  fut  une  rumeur  épouvantable;  les  galo- 
pins, tous  les  valets  de  la  cour  quittèrent  tout  peut 
environner  la  chaise  de  poste,  ST-sm.  (66,  4ï. 
Il  3°  Populairement  et  par  mépris.  Petit  polisson, 
petit  garçon  quelconque.  Une  foule  de  violoni 
suivie  des  galopins  de  la  ville,  hamilt.  Gramm 
H.  Il  4°  Galopin  s'est  dit  jadis  à  Paris  pour  une 
mesure  d'un  demi-septier. 

—  HIST.  XII*  s.  Il  lui  demande  :  Dont  es  tu,  biaui 
amis? — De  Clermont,  sire;  si  ai  nom  galopin, 
Garin,  dans  du  cange,  galopinus.  En  la  taverne 
hastivement  en  vint;  liée  trouva  menuel  Galopin; 
Lez  le  tonnel  en  la  main  trois  dez  tint,  ib.  ||  xv*  s 
Oueux  [cuisiniers],  escuiers,  galopins,  eust.  desch. 
Poésies  mss.  i°  436. 

—  ETYM.  Galoper. 

GALOUBET  (ga-lou-bè;  le  <  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire;  au  pluriel,  \'s  se  lie  :  des  ga-lou- 
bè-z  harmonieux; galoubets  rime  avec  traits,  succès, 
paix,  etc.),î.  m.  Petit  instrument  à  vent  qui  n'a  que 
trois  trous  et  qu'on  joue  de  la  main  gauche,  tandis 
que  la  droite  frappe  la  mesure  sur  un  tambourin. 
X  cette  machine  succéda  bientôt  un  automate  qui 
jouait  à  la  fois  du  tambourin  et  du  galoubet,  con- 
DORCET,  Vaucanson.  Le  plus  grave  ordonne  à  l'in- 
stant Vingt  galoubets  pour  mon  escorte,  bêbano. 
Mon  enterr. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  Tiendrait-il  au  proven- 
çal galaubier,  gualaubin,  gaillard,  gracieux,  galat*- 
bey,  étalage,  pompe? 

t  GALODBIE  (ga-lou-bie),  t.  f.  Petit  batelet  trè»- 
étroit. 

GALUCHAT  (ga-lu-cha),  s.  m.  Peau  d'une  espèce 
de  raie  (d'ordinaire  le  trigon  sephen,  H.  Cloquet) 
qu'on  colore  en  vert  et  qu'on  emploie  à  couvrir  dei 
étuis,  des  gaines,  des  fourreaux.  Un  couteau  avec 
une  gaine  de  galuchat. 

—  ETYM.  D'après  Bescherelle,  Galuchat,  nom  d'un 
ouvrier  gaînier,  qui  inventa  l'art  de  préparer  la 
peau  de  chien  marin  pour  les  gaines. 

GALVANIQUE  (gal-va-ni-k'),  adj.  Terme  de  phy- 
sique. Qui  a  rapport  au  galvanisme.  Pile  galva- 
nique. 

—  ETYM.  Voy.  galvanisme. 

t  GALVANIQUEMENT  (gal-va-ni-ke-man),  adv. 
D'une  manière  galvanique;  par  !e  galvanisme. 

—  ETYM.  Galvanique,  et  le  suffixe  ment. 

t  GALVANISATION  ( gal-va-ni-za-sion ) ,  /.  f. 
Il  1°  Opération,  mieux  dite  zincage,  par  laquelle  on 
recouvre  les  objets  en  fer  d'une  couche  légère  do 
zinc  pour  les  préserver  de  l'oxydation.  ||  2°  Appli- 
cation immédiate  de  l'électricité  produite  par  les 
actions  chimiques. 

—  ÊTYM.  Galvaniser.  Le  nom,  au  sens  de  zin- 
cage, vient  de  ce  que,  en  mettant  en  contact  un 
métal  positif  avec  un  métal  négatif,  on  empêche 
l'oxydation  de  ce  dernier. 

t  GALVANI.SÉ,  ÉE  (gal-va-ni-zé,  zée),  pari. 
passé  de  galvaniser.  Chez  les  grenouilles  galvanisée» 
peu  de  temps  après  la  mort  les  muscles  se  contrac 
tent. 

t  GALVANISER  (gal-va-ni-zé),  v.  a.  1|  1°  Ternit, 
de  physique.  Électriser  au  moyen  de  la  pile  galva- 
nique ou  voltaique.  ||  2"  Communiquer  des  mouvo- 
ments  aux  muscles  soit  pendant  la  vie,  soit  peu  de 
temps  après  la  mort,  à  l'aide  de  l'électricité  galva- 
nique. Il  Fig.  Donner  une  vie  factice  et  momentanée 

—  ETYM.  Voy.  GALVANISME. 

GALVANISME  (gal-va-ni-sm*),!. m.  ||  l"Termede 
physique.  Électricité  qui  se  développe  par  le  simple 
contact  de  deux  corps  hétérogènes.  ||  2"  Phénomène 
électrique  qui  consiste  en  des  excitations  produites 
dans  les  nerfs  et  les  muscles. 

—  ETYM.  Galrani,  physicien  italien,  qui  a  dé- 
couvert ce  phénomène  d'électricité  en  i7»o. 


GAM 

t  GALVAXO-CAUSTIQDE  (g:il-va-no-kô-sti-k'),  s. 

.  l'erme  do  chirurgie.  Ensemble  des  opérations 
ohirurgiciles  qui  s'accomplissent  à  l'aide  de  la  cha- 
leur électrique.  Il  /1d/.  Instruments  galvano-causti- 
ques,  ceux  qu'on  emploie  dans  la  galvano-caustique. 

—  F.TYM.  Galvanisme,  et  xauTtixè;,  qui  brûle. 

t  CALVANO-MAONÉTIQUE  (gal-va-no-ma-gné- 
ti-k'),  adj.  Terme  do  physique.  Qui  a  rapport  au 
galvano-magnétisme. 

t  GALVANO-MAGNÉTISME  (gal-va-no-ma-gné- 
ti-sm'),  s.  m.  Terme  de  physique.  Ensemble  des 
phénomènes  dans  lesquels  des  effets  magnétiques 
sont  produits  parle  moyen  du  galvanisme. 

—  ÉTYM.  Galvanisme,  et  magnétisme. 

t  GALVANOMÈTRE  (gal-va-no-mè-tr') ,  s.  m. 
Terme  de  physique.  Instrument  destiné  à  mesurer 
l'intensité  d'un  courant  galvanique.  ||  Galvanomètre 
différentiel,  galvanomètre  servant  à  indiquer  la  dif- 
férence d'action  de  deux  courants  électriques. 

—  ÉTYJI.  Galvanisme,  et  (iÉTpov,  mesure. 

t  GALVANOPLASTIE  (gal-va-no-pla-stie),  s.  f. 
Art  d'appliquer  une  couche  métallique  sur  une  ma- 
tière quelconque  au  moyen  de  la  pile  galvanique. 
La  galvanoplastie  est  employée  pour  dorer  ou  ar- 
genter  différents  objets,  et  aussi  pour  bronzer  le 
fer  ;  toutes  les  statues  en  fonte  dans  nos  fontaines, 
tous  nos  candélabres  à  gaz  sont  aujourd'hui  bronzés 
par  la  galvanoplastie. 

—  RTYM.  Galvanisme,  et  nXinaen,  former. 

t  GALVANO-PUNCTCRE  (gal-va-no-pon-klu-r'),  s. 

f.  VOy.  ÉLECTRO-PUNCTORE. 

—  ËTYM.  Galvanisme,  et  le  latin  punctura,  piqûre. 
t  GALVANOSCOPE  (gal-va-no-sko-p'),  s.  m.  Terme 

de  physique.  Instrument  qui  rend  sensibles  à  la  vue 
les  effets  galvaniques. 

—  lîTYM.  Galvanisme,  et  wxoitsïv,  examiner. 

t  GALVANOTHÉRAPIE  (gal-va-no-té-ra-pie) ,  s. 
f.  Application  du  galvanisme  à  la  thérapeutique. 

—  ÉTYM.  Galvanisme, et  thérapie. 

t  GALVARDINE  (gal-var-di-n'),  s.  f.  Nom  ancien 
d'une  cape  contre  la  pluie. 

—  HIST.  XV"  s.  Qui  n'a  pas  vaillant  une  pomme  ; 
Mais  qu'il  ait  une  calvardine;  Avec  cela  c'est  un 
grant  homme,  coquillart,  Droits  nouv.  Icellui  de 
la  Selle  dépouilla  sa  gavardine,  qu'il  avoit  sur  lui,  et 
se  mit  en  prepoint,  du  cange.  garnacha, 

—  ÉTYM.  Mot  qui  se  rattache  au  bas-latin  gar- 
nascia,  galnape,  gaunape,  casaque,  et  qui  paraît 
avoir  été  f:iit  du  latin  galbanum  ou  gatbinum,  sorte 
de  vêtement. 

GALVAUDÉ^  ÉE  (gal-vô-dé,  dée) ,  part,  passé 
de  galvauder. 

■  GALVAUDER  (gal-vô-dé),  v.  a.  ||  1°  Réprimander 
quelqu'un  avec  hauteur.  |]  Vieux  en  ce  sens.  ||  J°  Po- 
pulairement. Mettre  en  désordre,  gâter,  gâcher.  Il  a 
galvaudé  tout  mon  linge.  C'est  un  mauvais  ouvrier, 
il  galvaudera  cet  ouvrage.  Galvauder  une  affaire,  sa 
fortune.  ||  Fig.  Déshonorer.  11  a  peur  que  je  ne  gal- 
vaude son  nom,  ém.  augier,  leUar.  d'Olympe,  ii,  n. 

—  ÉTYM.    Origine   inconnue.  Norm.  galvauder, 

■  travailler  vite  et  mal,  galvadaire,  vagabond  ;  bourg. 
galvaudai,  gâter;  Charolais,  jairoche,  charroi,  tra- 
vail de  gahache;  Maine,  gavauder,  manger  son  bien. 
On  l'a  tiré  de  caballicare,  mais  ce  mot  ne  peut 
donner  que  chevaucher.  On  peut  par  conjecture  le 
rapprocher  de  galvardine  (voy.  ce  mot),  bas-lat. 
garnachia,  galnape,  gaunape,  tous  mots  qui  si- 
gnifient casaque;  de  sorte  que  le  sens  serait  porter 
casaque,  de  là  être  un  vagabond,  puis  enfin,  acti- 
vement, gâter,  mettre  en  désordre. 

t  I.  GAMACHE  (ga-ma-ch'),  s.  f.  Mot  vieilli  qui 
signifiait  guêtres. 

—  ÉTYM.  Le  bas-lat.  gamba,  jambe,  d'après  Diez. 
t  ».  GAMACHE  (ga-ma-ch'),  s.  f.  Fauvette  à  tête 

noire  [sylvia  atricapilla,  insectivores). 

1 3.  GAMACHE  (ga-ma-ch'),  s.  f.  Variété  de  pomme. 

f  4.  GAMACHE  (ga-ma-ch'),  s.  m.  Nom  d'homme, 
undes  personnages  du  don  Quichotte,  usité  dans  cette 
phrase  :  Noces  de  Gamache,  repas  très-somptueux. 

t  GAMANDE  (ga-man-d'),  s.  f.  Espèce  de  châ- 
taigne, fruit  du  gamandier. 

t  GAMANDIER  (ga-man-dié) ,  s.  m.  Espèce  do 
châtaignier  du  Dauphiné. 

j  GAMAY  (ga-mè)  ,  s.  m.  Cépage  de  la  Bour- 
gogne. Le  gamay  est  de  qualité  inférieure.  Il  se- 
rait à  désirer  que  l'on  renouvelât  l'ordonnance  de 
Charles  IX,  qui  défendait  de  planter  l'infâme  ga- 
may dans  les  vignes  qui  produisent  des  vins  fins, 
A.  JuuiEN,  Topogr.  des  vignobles,  p.  ki. 

—  ÉTYM.  Gamay,  nom  d'un  village  de  Bourgo- 
gne ;  on  écrit  aussi  gamet. 

GAMBADE  (gan-ba-d') ,  s.  f.  Saut  sans  art  et 
sans  cadence.  Mes  beaux  messieurs  de  l'ambassade, 

DICT.    DE    LA    LANGUE    y^NÇAlSE. 


GAM 

Vous  n'avez  qu'à  faire  gamliade,  scarron,  Yirg. 
VII.  Amour  fit  une  gambade.  Et  le  petit  scélérat 
Me  dit  :  pauvre  camarade.  Mon  arc  est  en  bon  état. 
Mais  ton  coeur  est  bien  malade,  la  font.  Imit.  d'A- 
nacréon.  Nous  sommes  des  singes  qui  avons  re- 
noncé à  nos  jolies  gambades  pour  imiter  les  bœufs, 
VOLT.  Lett.  envers  et  en  prose,  120.  ||  Fig.  Je  passe  le 
temps  à  faire  des  gambades  sur  le  bord  de  mon  tom- 
beau, et  c'est  en  vérité  ce  que  font  tous  les  hommes, 
VOLT  Lelt.  Mme  du  Deffant,  10  août  1772.  ||  Fig.  Faire 
gambades,  se  réjouir,  s'en  donner.  Nouvelles  sont 
venues  de  Rome  que  le  signor  Pietro  Mazarini,  père 
du  cardinal,  y  est  mort  âgé  de  quatre-vingt-trois 
ans  ;  si  son  fils  doit  autant  vivre,  il  a  beau  de  faire 
gambades,  gui  pat:n,  Lett.  t.  ii,  p.  135.  {|  Par  déni- 
grement, la  danse.  Au  lieu  d'occuper  mon  élève  à 
des  gambades,  J.  i.rouss.  ^m.  ii.  H  Fig.  Faire  la  gam- 
bade, payeren  gambades ,  payer  en  monnaie  de  singe, 
se  défendre  de  payer  une  dette  par  toutes  sortes  de 
raisons,  répondre  à  une  demande  sérieuse  par  des  plai- 
santeries. On  lui  rapportait  (à  Orry]  le  papier  [qu'il 
avait  signé],  il  ne  pouvait  nier,  mais  faisait  la  gam- 
bade, et  répondait  qu'il  n'avait  pu  résiàter  au  maré- 
chal, ST-siM.  161 ,  114.  Il  Cette  locution  vient  de  ce 
qu'autrefois  les  bateleurs  payaient  le  péage  en  mon- 
trant leur  singe  et  en  lui  faisant  faire  ses  gambades. 

—  HIST.  XV'  s.  Tous  les  matins  la  belle  aubade, 
Visaige  frais  et  non  halle,  Bon  corps  pour  faire  la 
gambade,  coquillart,  Monol.  des  perr.  ||  xvi*  s. 
J'aime   l'allure  poétique,  à  saults  et  à  gambades, 

MONT.  IV,   136. 

—  ÉTYM.  Gambe,  ancienne  forme  pour  jamfce. 

GAMBADER  (gan-ba-dé) ,  v.  n.  Faire  des  gam- 
bades. Et  gambadaient  de  temps  en  temps.  Tant  ils 
étaient  gais  et  contents,  scaruom,  Virg.  viii.  Tais- 
toi,  le  sultan  s'apprête  X  voir  faire  quelques  tours; 
Çà,  pour  honorer  la  fête,  Gambadez,  messieurs  les 

ours,  chaul.  Dial.  de  deux  perroquets Lorsque 

de  Saint-Médard  Vous  crayonniez  gaiement  la  ca- 
bale grossière,  Gambadant  pour  la  grâce  au  coin 
d'un  cimetière,  volt,  les  Cabales.  .Nous  avions  de 
la  peine,  Thiriot  et  moi,  à  ne  pas  éclater  de  rire, 
de  voir  Voltaire  en  chemise,  gambadant  de  colère, 
et  apostrophant  le  roi  de  Prusse,  marmontel,  Mém. 
IV.  Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  XV"  S.  Il  gambadoit,  il  faisoit  la  badin, 
Onque  on  ne   vit  un  plus  parfait  landin,  Faifeu, 

p.  25,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Gambade. 

t  GAMBADEUR.  ECSE  (gan-ba-deur ,  deû-z'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  gambade. 

—  ÉTYM.  Gambader. 

f  GAMBE  (gan-b'),  s.  f.  Ancien  nom  de  la  jambe, 
encore  usité  dans  le  mot  viole  de  gambe.  C'est  un 
ancien  instrument  remplacé  par  le  violoncelle  et 
qu'on  tenait  comme  lui  entre  les  jambes. 

t  GAMBES  (gan-b'),  s.  f.  pi.  Terme  de  marine. 
Cordages  fixés,  par  une  de  leurs  extrémités,  aux 
caps  de  mouton  des  haubans  de  hune  ;  et  par  l'au- 
tre, soit  autrélingage  des  bas-haubans,  soit  au  bas- 
mât  lui-même. 

—  ÉTYM.  Ane.  français,  ffamft*,  jambe  (voy.  jambe). 
t  GAMBETTE  (gan-bè-f),  s.  /.  Oiseau  d'Europe 

et  d'Afrique  (genre  chevalier),  voy.  totane. 

f  1.  GAMBIER  (gan-bie),s.  m.  Outil  du  fabricant 
de  glaces.  ||  Terme  de  métallurgie.  Crochet  de  fer  pour 
prendre  les  verges  sortant  des  équipages  de  fenderie. 

\  2.  GAMBIER  (gan-bi-é),  v.  n.  Terme  de  marine. 

Voy.  GAMBILLEH. 

t  GAMBILLARD,  ARDE  (gan-bi-Uar  ,  Uar-d',  Il 
mouillées),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  gambille. 

GAMBILLER  (gan-bi-llé,  Il  mouillées,  et  non 
gan-bi-yé),  v.  n.  ||  1"  Terme  familier.  Remuer  les 
jambes  de  côté  et  d'autre  quand  elles  sont  pendan- 
tes. Au  reste  en  vous  pendant  témoignez  du  courùge. 
Faites  la  chose  avec  hoimour.  Sans  gambiller  des 
pieds  ou  changer  de  visage,  scarron,  Stances  à  ma- 
demoiselle de  Lude.  J'en  ai  vu  quelquefois  gambil- 
ler de  petits  [présidents]  qui  avaient  peine  à  se  tenir 
[assis  sur  leurs  sièges  élevés],  st-sim.  374,  3i. 
Il  2"  Terme  de  manne.  Se  dit  d'un  marin  qui  se 
perte  d'un  bout  à  l'autre  d'un  cordage  tendu,  en 
s'aidant  des  pieds  et  des  mains.  ||  V.  a.  Changer  de 
bord  une  voile  à  bourcet  par  rapport  au  mât,  en  fai- 
sant passer  sur  l'avant  la  plus  longue  partie  de  la 
vergue  et  de  la  voile.  ||  Gambiller,  v.  n.  se  conjugue 
avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HIST.  XV*  s.  En  gambiant  lui  et  moi  es  allées, 
à  l'issue  de  la  chambre  du  roi,   froiss.  m,  iv,  41. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  gambille,  diminutif  de 
gambe,  pour  jambe  (voy.  ce  mot). 

1  GAMBIR  (gan-bir) ,  s.  m.  Substance  astringente, 
remplaçant  le  cachou,  et  tirée  des  feuilles  de  Vun- 


GAM 


1825 


carie  gambir  (rubiacées),   grande  plante  sarmeu- 
teuse  de  l'Océanie,  leooarant. 

GAMBIT  (gan-bi),  s.  m.  Terme  de  jeu  d'échecs. 
On  dit  jouer  le  gambit,  lorsque,  après  avoir  poussé 
deux  fois  le  pion  du  roi  ou  de  la  reine,  on  pousse 
aussi  deux  fois  le  pion  du  fou  qui  est  du  côté  du  roi 
ou  de  la  reine.  C'est  là  la  définition  de  l'Académie. 
Trévoux  dit  :  Manière  de  jouer  selon  laquelle,  après 
avoir  poussé  le  pion  du  roi  ou  de  la  dame,  deux 
ca,ses,  le  premier  coup  qu'on  joue,  on  fait  ensuite 
autant  avancer  le  pion  de  leur  fou.  Legoarant  dé3- 
nit  autrement  :  Coup  au  jeu  d'échecs  qui  consist». 
au  commencement  de  la  partie,  à  jouer  le  pion 
de  la  reine,  et  à  s'emparer  d'une  tour  dans  les  trois 
ou  quatre  premiers  coups. 

—  ÉTYM.  Ital.  gambetto,  croc  en  jambe,  de  gamba, 
jambe  (voy.  jamue). 

t  GAMBODIQUE  (gan-bo-di-k'),  adj.  Terme  de 
chimie.  Acide  gambodique,  résine  jaune,  consti- 
tuant la  majeure  partie  de  la  gomme-gutte. 

t  GAMÉLION  (ga-mé-li-on),  s.  m.  Mois  du  ca- 
lendrier athénien,  qui  fut  d'abord  le  i",  et  qui 
devint  ensuite  le  7°  ;  il  correspondait  à  partie  de  jan- 
vier et  de  février  (ya(ir)Xi(ov,  île  ya\i.r{).i.O!;,  qui  a  rap- 
port au  mariage,  de  y^M-'';)  mariage,  ainsi  dit  parce 
que  la  plupart  des  mariages  se  faisaient  en  ce  mois). 

GAMELLE  (ga-mè-l'), s.  f.  \\  l'Grande  écuellede 
bois  ou  de  fer-blanc,  dans  laquelle  plusieurs  mate- 
lots ou  plusieurs  soldats  mangent  ensemble.  ||  Être 
à  la  gamelle,  manger  à  la  gamelle,  être  à  l'ordi- 
naire des  matelots  ou  des  soldats.  On  demeura  là 
deux  jours,  et  tous  sans  exception  réduits  à  la  pailla 
et  à  la  gamelle  des  cavaliers,  st-sim.  29,  89. 
Il  2°  Terme  de  marine.  Table  des  officiers,  des  élè- 
ves, des  chirurgiens.  ||  3°  Terme  de  .salines.  Ecuelle 
qui  sert  à  puiser  l'eau  salée  dans  les  poêles,  pour 
s'assurer  de  l'état  du  liquide. 

—  HIST.  xiv"  s.  Item  doux  petits  gameaux  et  une 
forche  d'argent  à  trere  soupes,  nu  cange,  gamelum. 

—  ÉTYM.  Espagn.  portug.  et  ital.  gamella;  du 
lat.  camélia,  vase  de  bois. 

f  GAMELOT  (ga-me-lo),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Sorte  de  petit  seau. 

t  GAMET  (ga-mè) ,  voy.  gamay,  qui  est  la  bonne 
orthographe.  La  commune  gouvernée  par  notre  co- 
lonel, c'est  une  vigne  de  bon  plant;  fjouvernée  pur 
un  autre,  ce  ne  sera  plus  que  du  méchant  gamet, 
et  pour  lors  je  ne  donnerais  pas  cinq  sous  de  la 
vendange,  CH.  de  behnard,  le  Gentilhomme  campa- 
gnard, II,  §  xvii. 

GAMIN  (ga-min),  s.  m.  |1  l'Petit  garçon  qui  aide  le» 
ouvriers  dont  l'art  a  quelque  analogie  a\ec  celui  du 
maçon,  les  poêliers,  les  fumistes,  les  briquetiers,  etc. 
Il  2°  Terme  populaire.  Petit  garçon  qui  passe  son 
temps  à  jouer  et  à  polissonner  dans  les  rues.  Le  roi 
de  notre  époque,  c'est  le  gamin,  fr.  fouLié,  Si  jeu- 
nesse savait,  §  XII.  Il  Au  féminin,  gamine,  se  dit 
familièrement  d'une  petite  fille  espif'glo  et  haiilie. 
Il  .idj.  Vous  êtes  un  peuple  gamin,  fred.  sollié,  ib. 

—  REM.  V.  Hugo,  dans  les  Misérables,  jii*  part,  i, 
7,  prétend  que  ce  mot  arriva  pour  la  premiiMc  fois  de 
la  langue  populaire  dans  la  langue  littéraire  en 
1834  dans  un  opuscule  intitulé  Claude  Gueux. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Serait-il  pour  jam- 
bin,  de  gambe,  jambe?  Le  terme  picani  est  galmite; 
gamin  et  galmite  sont-ils  un  même  mot?  On  a  aussi 
parlé  de  l'anglais  gaming,  jouant  ;  mais  la  pronon- 
ciation est  ghêming;  et  d'ailleurs  comment  ce  mot 
anglais  se  serait-il  introduit  en  français? 

\  GAMINER  (ga-mi-né),  v.  n.  Terme  familiar. 
Faire  le  gamin  ;  jouer  et  polissonner. 

—  ÉTYM.  Gamin. 

f  GAMINERIE  (ga-mi-ne-rie) ,  s.  f.  Action  de  ga- 
min. Il  Espièglerie  de  gamin. 

—  ÉTYM.  Gaminer. 

\  GAMMA  (ga-mm.-i),  s.  m.  Troisième  lettre  del'al- 
phabet  grec  [F,  f],  conespondante  à  notre  G  (voy.  0) . 

f  GAMMARE  (ga-mma-r'),  s.  m. 'l'orme  de  zoolo- 
gie. Genre  de  crustacés  amphipodes,  dans  lequel 
on  distingue  le  gammarus  pulea,  dit  crevette  des 
ruisseaux,  et  appelé  agrouette  dans  ceilaines  loca- 
lités, LEGOARANT. 

—HIST.  XVI*  S.  Les  gammares  et  escrevices  que 
l'on  cardinalise  à  la  cuicte,  rab.  Garg.  i,  39. 

—  ÉTYM.  roM(i«P°!i  écrevisse. 

fGAMMARIDÉS  (  ga-mma-ri-dé  )  ou  GAMMA- 
RIENS  (ga-mma-riin),  s.  m.  pi.  Famille  de  l'ordre 
des  crustacés  amphipodes. 

I  GAM.MAROGRAPUIE  (ga-mma-ro-gra-fie)  ou 
GAMMAROLOGIE  (ga-mma-ro-lo-jie),  î.  f.  Des- 
cription des  crustacés  ;  traité  sur  les  crustacés. 

—  ÉTYM.  Gammare,  et  Ypiftiv  décrire,  o\i\6r(i;, 
traité. 

I.  —   a29 


1826 


GAM 


fOAMMAHOl.lTHK  (ga-mma-ro-li-t'),  s.  (.  Ciu- 
»uicé  devenu  fossile. 

—  ÉTYM.  Gammare,  et  XiSoc,  pierre. 

QMiiiV.  (ga-m"),  s.  (.  \\  1"  Les  sept  notes  princi- 
pales de  la  rausii|uo  disposées  selon  leur  ordre  na- 
turel dans  l'intervalle  d'une  octave.  Apprendre  la 
gamme.  Savoir  la  gamme.  ||  Gamme  diatonique, 
celle  qui  procède  par  tons  et  demi-tons;  gamme 
majeure,  celle  où  la  première  tierce  est  majeure  ; 
gamme  mineure,  celle  où  la  première  tierce  est 
mineure.  11  [Pythagore]  appliqua  aux  cordes  ten- 
dues par  des  poids  l'expérience  qu'il  avait  faite,  et 
il  forma  la  gamme  du  genre  diatonique,  dideb. 
Opin.  des  anc.  phil.  {pythagorisme).  ||  Gamme 
chromatique,  gamme  qui  procède  par  demi-tons, 
il  Fig.  et  familièrement.  Chanter  sa  gamme  à 
quelqu'un,  le  réprimander  et  lui  dire  des  vérités 
dures.  Si  je  rencontre  ce  monsieur  Mirobolan , 
je  m'en  vais  lui  chanter  diablement  sa  gam- 
me ,  HAUTEROCBE ,  Cfisp.  médec.  m  ,  8.  Je  vais 
bien  te  chanter  ta  gamme,  scahh.  Virg.  trav.  iv. 
Ne  t'afflige  point  tan;,  va,  ma  petite  femme;  Je 
m'en  vais  le  trouver  et  lui  chanter  sa  gamme,  mol. 
Éc.  des  mar.  il,  n.  Pas  ne  finit  mère  abbesse  sa 
gamme  Sans  sermonner  et  tempêter  beaucoup, 
LA  FONT.  Psaut.  Il  Eu  même  gamme,  sur  le  même 
ton.  Il  lui  répondit  en  même  gamme.  ||  Changer 
de  gamme ,  changer  de  langage ,  de  conduite . 
Force  lui  fut  qu'elle  changeât  de  gamme ,  là 
PONT.  Mari  conf.  \\  Hors  de  gamme,  ne  sachant 
plus  que  faire,  mis  dans  l'embarras.  Croyant  par 
là  les  galants  hors  de  gamme,  la  font.  On  ne 
s^atise....  ||  Mettre  quelqu'un  hors  de  gamme  ,  le 
déconcerter,  lui  rompre  ses  mesures,  le  réduire  à 
ne  savoir  plus  que  répondre.  Ma  foi ,  tous  ces  dé- 
tours me  mettent  hors  de  gamme,  iiautehoche, 
Soup,  mal  apprêté,  t .  En  sachant  la  passion  domi- 
nante de  chacun,  on  est  sûr  de  lui  plaire  ;  et  néan- 
moins chacun  a  ses  fantaisies  contraires  à  son 
propre  bien,  dans  l'idée  même  qu'il  a  du  bien  ;  et 
c'est  une  bizarrerie  qui  met  hoi-s  de  gamme,  pasc. 
Pensées,  t.  i,  p.  207,  édit.  lahure.  ||En  un  autre 
sens,  être  hors  de  gamme,  n'être  pas  en  mesure. 
Villeroy  était  destiné  pour  la  Flandre,  Boufflers  était 
hors  de  gamme  et  tous  les  autres  maréchaux  aussi  ; 
restait  Villars....  st-sim.  U3,  84.  ||  Crier  à  haute 
gamme,  crier  très-fort.  Il  continuait  toujours  le 
premier  air;  Hortensius,  en  colère,  le  frappa  plus 
forme  qu'auparavant,  ce  qui  fit  crier  le  vielleux  en 
haute  gamme,  Francion,  iv,  p.  156.  ||  Un  fou  de 
haut 3  gamme,  un  fou  achevé.  ||  Ceci  passe  votre 
gamme,  ceci  est  au-dessus  de  votre  portée.  ||  2°  Gam- 
iLe  ou  gamma  ut,  s'est  dit  primitivement  de  la 
série  des  premiers  degrés  diatoniques.  j|  3"  Terme 
de  physique.  Dans  la  construction  chromatique  de 
Cbevreul  ,  gamme  franche  ,  nom  de  soixante- 
douzo  couleurs  d.otinctes,  divisées  chacune  en  vingt 
tons,  et  dites  franches  parce  que  les  dix  premiers 
tous  au  moins  de  chacune  d'elles  ne  contiennent 
pas  de  noir.  1|  Il  se  dit  en  général  d'une  succession 
de  nuances.  Une  planche  coloriée  qui  donne  la 
gamme  des  nuances  de  la  peau  et  des  yeux  [chez 
l'hommej  ,  bhoca ,  Presse  scienlif.  k"  juillet  (866, 
p.  3u.  Il  En  peinture,  gamme  de  tons,  succes- 
sion de  tons,  de  couleurs  qui  s'harmonisent. 

—  HlST.  xiv*  s.  Assez  l'avez-vous  dict,  madame; 
Par  vos  dictz  j'entens  bien  la  game,  VAlch.  à  nal. 
esi.  Il  XV"  s.  Trop  entré  en  la  haulte  game,  Mon 
cueur,  d'ut,  ré,  mi,  fa,  sol,  la.  Fut  jà  pieçà,  quant 
l'afola  Le  trait  du  regard  de  ma  dame,  en.  d'orl. 
Charn.  bi.  Quant  au  regard  de  demoyselles.  Grosses 
bourgeoyses,  gentilz-femmes,  Il  n'y  a  que  redire  en 
elles;  Elles  sçavent  trop  bien  leurs  games,  coquill. 
Konol.  des  perr.  ||  xvi*  s.  Le  vin  lui  remettoit  sa 
haute  game  en  la  teste,  qui  le  faisoit  toujours  re- 
tourner à  ses  bonnes  coutumes,  desper.  Contes,  iv. 
Je  fus....  Et  fol  jusqu'à  la  haute  game,  marot,  m, 
ïiV.  Je  passoye  par  l'église  de  Saint  Martin,  quand 
la  gamme  sonuoyt,  palsgr.  p.  484. 

—  ÊTYM.  Gamma,  nom  de  la  troisième  lettre  de 
l'alphabet  grec,  qui  répond  à  notre  g.  Au  ii*  siècle 
les  notes  de  l'échelle  des  sons  étaient  indiquées  par 
les  lettres  A,  B,  C,  D,  E,  F,  G,  a,  b,  <,  d,  e,  f,  g, 
«11,  00,  ce,  dd.  La  lettre  A  répondait  au  la  au-des- 
sous de  la  grosse  corde  du  violon,  ou  au  la  grave 
du  violoncelle.  On  ajouta  alors  une  corde  encore  au- 
dessous  d«  ce  ta,  le  sol  grave  du  violoncelle,  et  on 
la  désigna  par  le  r  grec,  pour  ne  pas  reprendre  le 
tf  ni  le  g.  c'est  Gni  d'Arezzo  qui  le  dit  lui-même 
dans  son  Micrulog.  ch.  a  .In  primis  ponUur  T  gr.r- 
cwma  modcrnij  adjunctum.  Le  gamma  commen- 
tant alors  la  série  des  sons,  on  s  donné  à  cette  sé- 
né le  nom  de  gamme 


GAN 

t  GAMOLOGIE  (ga-mo-lo-jie),  ».  f.  Discours, 
traité  sur  le  mariage. 

—  ÊTYM.  riiio:,  mariage,  et  àoyo;,  traité. 

t  GAMOMANIE  (ga-mo-ma-nie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Forme  d'aliénation  mentale  caractérisée 
par  une  monomanie  de  mariage  ,  qui  porte  les 
malades  à  faire  des  démarches  extravagantes  pour 
demander  toutes  les  femmes  en  mariage. 

—  ÊTYM.  ]'oc|j,o;,  mariage,  et  manie. 

t  GAMOPÉTALE  (ga-mo-pé-U-l'),  adj.  "l'erme  de 
botanique.  Dont  les  pétales  sont  soudés  ensemble  ; 
se  dit,  chez  certains  auteurs,  de  corolles  monopétales 
qui  sont  considérées  comme  formées  par  soudure. 

—  ÉTYM.  rà[io;,  mariage,  et  pétale. 

t  GAMOPÉTALIE  (ga-mo-pé-ta-lie),  s.  f.  Terme 
de  botanique.  État  d'une  corolle  gamopétale. 

t  GAMOPUYLLE  (ga-mo-fi-l'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  les  feuilles  ou  folioles  sont,  soudées 
ensemble.  Involucre  gamophylle. 

—  ÊTYM.  râfio;,  mariage,  etçûWov,  feuille. 

t  GAMOPUYLLIE  (ga-mo-fi-lie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Caractère  des  feuilles  gamophylles. 

t  GAMOSÉPALE  (ga-mo-sc-pa-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  les  sépales  ou  pièces  du  calice  sont 
soudés  ensemble. 

—  ÉTYM.  rà|xo;,  mariage,  et  sépale. 

t  GAMOSÉPALIE  (ga-mo-sé-pa-lie) ,  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Caractère  des  calices  gamosépales. 

t  GAMOSTYLE  (ga-mo-sti-1'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  le  style  résulte  de  plusieurs  styles 
soudés  ensemble. 

—  ÉTYM.  râiio;,  mariage,  et  style. 

GANACUE  (ga-na-ch'),  s.  f.\\i'  La  mâchoire  in- 
férieure du  cheval.  ||  Écartement  des  ganaches, 
angle  que  forment  l'une  avec  l'autre  les  deux  bran- 
ches de  la  ganache.  ||  La  ganache  est  dite  ouverie 
quand  les  branches  sont  très-écartées  ;  et  serrée 
quand  elles  sont  très-rapprochées.  ||  Région  située 
au  contour  de  l'os  maxillaire  inférieur  chez  le  che- 
val, et  se  confondant  en  partie  avec  la  portion  supé- 
rieure de  la  joue.  ||  Cheval  chargé  de  ganache,  che- 
val chez  qui  cette  région  est  épaisse.  ||  Fig.  Il  a  la 
gamache  pesante,  il  est  chargé  de  ganache,  se  dit 
d'un  homme  qui  a  l'esprit  pesant.  ||  2°  Fig.  et  popu- 
lairement. Une  ganache,  une  personne  dépouiYue 
de  talents  et  d'intelligence.  Montesquieu  toujours 
rabâche  ;  Corneille  est  un  vieux  barbon  ;  'Voltaire 
est  une  ganache,  Racine  est  un  polisson,  Vers  in- 
sérés dans  unepièce  satirique  faitevers  182G,  contre 
les  romantiques  accusés  de  traiter  ainsi  ces  grands 
hommes.  ||  On  dit  par  une  même  figure  :  C'est  une 
mâchoire.  113°  Terme  de  vétérinaire.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  cachexie  aqueuse.  {|  4°  Terme  d'en- 
tomologie. La  partie  de  la  lèvre  inférieure  des  in- 
sectes qui  est  avancée.  On  dit  aujourd'hui  menton. 

—  ÉTYM.  Ital.  ganascia;  du  lat.  jcno,  joue,  avec 
le  suffixe  péjoratif  ascia;  grec,  yévuç,  menton  ;  bas- 
bret.  gen,  joue  ;  kimry,  gen,  menton  ;  sanscr.  hanus, 
mâchoire. 

+  GANCETTE  (gan-sè-f) ,  s.  f.  Terme  de  pêche. 
Maille  de  filet  qui  a  trois  pouces  en  carré. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gonse. 

t  GANDIN  (gan-din),  i.  m.  Dandy  ridicule  (du 
nom  d'un  personnage  de  vaudeville;  mot  passé  tout 
récemment  dans  l'argot  du  monde) . 

t  GANELONNEHIE  (ga-ne-lo-ne-rie),  s.  f.  Acte  de 
perfidie,  de  trahison.  Je  ne  vous  dirai  plus  rien  de 
monsieur  de  Marseille  ;  je  prends  monsieur  d'Uzès 
pour  témoin  de  tous  mes  sentiments,  ni  si  je  me 
suis  séparé  un  seul  moment  de  vos  intérêts,  ni  s'il 
m'a  imposé  en  la  moindre  chose,  ni  si  ses  ma- 
nières et  sa  duplicité  ne  m'ont  point  toujours  paru 
au  travers  de  ses  discours,  ni  si  j'ai  manqué  de  ré- 
ponse aux  endroits  principaux,  ni  si  tous  mes  amis 
n'ont  point  fait  leur  devoir,  ni  si  je  doute  de  la  sin- 
cérité de  votre  conduite  et  de  la  ganelonnerie  de  la 
sienne,  sfiv.  6  avril  1872. 

—  ÉTYM.  Ganelon,  baron  des  chansons  de  geste 
carlovingiennes,  qui  trahit  Charlemagne,  et  fut  cause 
de  la  mort  de  Roland  à  Roncevaux.  Son  nom  était 
devenu  synonyme  de  traître,  et  Mme  de  sévigné 
avait  encore  conservé  un  écho  de  ces  vieilles  com- 
positions. 

GANER  (ga-né),  e.  n.  Terme  du  jeu  de  l'hombre. 
Laisser  aller  la  main. 

—  ÉTYM.  Voy.  GANG. 

t  GANGA   (gan-ga),i.  m.  Gelinotte  des  Pyrénées, 
t  GANGLIFORME    (gan-gli-for-m'),    adj.  Terme 
d'anatomie.  Oui  a  la  forme  d'un  ganglion. 

—  ÉTYM.  Ganglion,  et  forme. 

t  GANGLIOMA  (gan-gli-o-ma),  s.  m.  Terme  de 
chirurgie.  Nom  employé  autrefois  pour  signifier  une 
tumeur  des  glandes  ou  des  ganglions  lymphatiques.  | 


GAN 

—  ÉTYM.  ràYY'Aiov,  ganglion  ,  et  le  suffixe  la^u^, 
qui  indique  accumulation. 

GANGLION  (gan-gli-on) ,  s.  m.  1|  1"  Terme  d'a- 
natomie. Nom  donné  à  divers  organesqui  ont  l'ap 
parence  d'une  nodosité.  {|  Ganglions  proprement  dit», 
ou  ganglions  nerveux,  petits  corps  rougeâtres  on 
grisâtres,  toujours  situés  sur  le  trajet  d'un  cordon 
ou  filet  nerveux.  Différents  nerfs  se  rencontrent 
dans  un  point  commun,  ils  y  forment  un  nœud;  le» 
naturalistes  nomment  ce  nœud  un  ganglion,  bon- 
net, Ess.  analyt.  âm^,  ch.  )8.  ||  Ganglions  lympha- 
tiques, petits  corps  que  forme  l'entrelacement  des 
vaisseaux  lymphatiques  unis  ensemble  par  un  tissu 
cellulaire  et  enveloppés  par  une  membrane  com- 
mune. Il  2"  Terme  de  pathologie.  Nom  donné  à  de 
petites  tumeurs  globuleuses,  dures,  indolentes,  dé 
veloppées  sur  le  trajet  des  tendons. 

—  HIST.  xvi"  s.  Sous  œdema  sont  compris  athe- 
roma....  talpa,  ganglion,  nodus,  etc.  pauè,  v,  e. 

—  ÉTYM.  roYY"/iov. 

t  GANGLIONECRE  (gan-gli-0-neu-r') ,  ad;.  Terme 
de   zoologie.  Dont  les  nerfs  sont  garnis  de  gan 
glions.  Il  .S.  m.  pi.  Les  ganglioneures,  groupe  d'ani 
maux  à  système  nerveux  ganglionnaire. 

—  ÉTYM.  Ganglion,  et  veûpi/v,  nerf. 

t  GANGLIONITE  (gan-gii-o-ni-f),  s.  f.  Inflamma- 
tion des  ganglions  lymphatiques.  On  dit  aussi  gan- 
gliite. 

—  ÉTYM.  Ganglion,  et  le  suffixe  médical  ite  indi- 
diquant  inflammation,  maladie. 

t  GANGLIONNAIRE  (gan-gli-o-nê-r'),  adj. 
Il  1"  Terme  d'analomie.  Qui  a  rapport  aux  ganglions 
nerveux.  Nerf  ganglionnaire,  nerf  qui  présente  des 
ganglions  sur  son  trajet.  ||  Système  ganglion- 
naire, nom  souvent  donné  au  grand  sympithique. 
Il  2°  Terme  de  médecine.  Affections  ganglionnaires, 
affections  qui  atteignent  les  ganglions  lymphatiques. 

—  ÉTYM.  Ganglion. 

t  GANGLIONNÉ,  ÉE  (gan-gli-o-né,  née),  adj. 
Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  offre  des  renflement» 
comparables  à  des  ganglions. 

—  ÉTYM.  Ganglion. 

GANGRÈNE  (gan-grè-n';  l'Académie  dit  qu'on  pro- 
nonce kan-grè-ne;  c'est  une  prononciation  ancienne, 
la  plus  reçue  au  xvii"  siècle  :  il  faut  prononcer  can- 
grcne,  disent  Marg.  Buffet,  Observ.  p.  i:H,etChif- 
flet,  Gramm.  p.  227.  Cette  prononciation,  qui  était 
suggérée  par  le  désir  d'éviterdeux  syllabes  commen- 
çant consécutivement  par  g,  n'a  plus  l'usage  pour 
elle,  quoi  qu'en  dise  l'Académie  ;  les  médecins,  qui 
sont  ceux  qui  se  servent  le  plus  de  ce  mot,  ne  disent 
que  gan-grè-ne),  s.  f.\\i°  Terme  de  médecine. 
Destruction  complète  de  la  vie  dans  une  partie  du 
corps,  avec  conservation  de  la  réaction  vitale  dans 
les  parties  contiguës.  M.  delà  Rochefoucauld  est  fort 
en  peine  de  la  blessure  de  M.  Marsillac;  il  craint 
que  son  malheur  ne  lui  donne  la  gangrène,  sÉv. 
160.  Il  Gangrène  sénile,  gangrène  qui  affecte  les  ex- 
trémités chez  les  vieillards,  et  qui  est  due  à  des  ob- 
structions partielles  dans  les  artères.  Les  jambes  [de 
Louis  XIV]  s'enflèrent  ;  la  gangrène  commença  à  se 
manifester,  volt.  Siècle  de  Louis  XIV,  28.  |1  Gan- 
grène du  poumon,  maladie  fébrile  très-grave  où  il 
y  a  une  gangrène  partielle  du  poumon  et  des  crachats 
d'une  extrême  fétidité.  ||  2°  Fig.  Doctrines  perni- 
cieuses, corruption  des  mœurs.  Le  discours  des 
hérétiques  gagne  comme  la  gangrène,  Boss.  Var. 
4  5.  Il  n'est  point  de  gangrène  si  contagieuse  que 
l'hérésie  ;  elle  gagne  sans  cesse  et  se  répand,  BOimn. 
Pensées,  t.  i,  p.  264.  X  quoi  servirait  ce  que  nous 
venons  d'écrire,  si  l'on  ne  guérissait  quelques  lec- 
teurs de  la  gangrène  du  fanatisme  ?  volt.  Philo- 
sophie, Hist.  établ.  christ.  |]  3'  Maladie  des  arbres 
qui  détruit  l'écorce  et  le  bois. 

—  HIST.  XVI'  s.  Gangrené  est  une  disposition  qui 
tend  à  la  mortification  de  la  partie  blessée,  paré,  x, 
1 1 .  (Amour  de  soi]  Peste  de  l'homme,  ennemy  ca- 
pital de  sagesse,  vraye  gangrené  et  corruption  de 
i'ame,  charron.  Sagesse.  11,  ).  Le  desreiglé  désir 
d'en  avoir  [des  richesses]  est  une  gangrené  en  nos- 
tre  ame,  id.  ib.  2î. 

—  ÉTYM.  Espagn.  gangrena;  ital.  cancrena,  can- 
grena;  du  latin  gangrena,  qui  vient  du  grec  •y»'»- 
ypaiva. 

GANGRENE,  ÉE  (gan-gre-né,  née),  port,  passé  de 
gangrener.  Frappé  de  gangrène.  Un  pied  gangrené. 
....Je  n'ai  rien,  vous  dis-je ,  Répondra  ce  malade  à  se 
taire  obstiné;  Mais  cependant  voilà  tout  son  corps 
gangrené;  Et  la  fièvre,  demain, se  rendant  la  plus 
forte.  Un  bénitier  aux  pieds  va  l'étendre  à  la  porte, 
BOiL.  Épit.  m.  Il  Par  extension  et  hyperbole.  Ou.ind 
un  enfant  vient  à  la  vie,  gangrené  des  débauches 
de  oon  père,  pourquoi  ne  se  plaint-on  pas  de  la 


GAN 

nature?  chateaub.  Génie,  i,  i,  4.  ||  Fig.  Une  cnn- 
scienco  gangrenée.  Une  âme  gangrenée. 

GANGRENER  (gan-gre-né.  Kichelet  écrit  gan- 
grener; aujourd'hui  cet  e  est  muet.  Li  syllabe  gre 
prend  un  accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  e.st 
muette  :  le  membre  se  gangrène,  se  gangrènera) , 
V.  a.  Il  1°  Causer  la  gangrène.  La  congélation  gan- 
grène les  parties  qu'elle  frappe.  ||  Fig.  Vouilriez- 
vous  qu'une  âme  que  vous  avez  gangrenée  n'ait  ja- 
mais que  vertu  pure  et  sans  tache?  FÉN.t.  XIX,  p.  366. 
Lorsqu'une  fois  le  fanatisme  a  gangrené  un  cerveau, 
la  maladie  est  presque  incurable,  volt.  Dict.  phil. 
Fanatisme.  1 1  2°  Se  gangrener,  v.  réfl.  Se  corrom- 
pre par  la  gangrène.  Le  doigt  écrasé  se  gangrena. 

—  HIST.  XVI'  s.  Hormis  l'amputation  des  testicu- 
les, s'ils  n'estoient  gangrenés,  et  du  tout  sphacelés, 
PARÉ  (ou  lecteur). 

—  Etym.  Gnngrène :  ital.  cancrenare. 

+  G.\NGRENESCENXE  (gan-gre-nè-ssan-s') ,  s.  f. 
Tendance  d'une  inflammation  à  se  terminer  par 
gangrène. 

—  ÉTYM.  Gangrène,  et  la  finale  fréquentative  es- 
cere. 

GANGRENEUX,  EUSE  (gan-gré-neû,  neû-z'.  On 
ne  voit  pas  pourquoi,  disant  gangrener  par  un  e 
muet,  l'Académie  dit  gangreneux  par  un  é  fermé; 
autrefois  on  disait  gangrener,  et  gangreneux  était 
conséquent;  aujourd'hui  qu'on  dit  gangrener,  gan- 
greneux ne  l'est  plus) ,  adj.  Qui  est  de  la  nature  de 
la  gangrène.  Une  inflammation  gangreneuse.  Une 
odeur  gangreneuse. 

—  HIST.  XVI'  s.  Odeur  par  laquelle  on  cognoist 
une  ulcère  pourrie  et  gangreneuse,  paré,  Introd.  23. 

—  Etym.  Gangrène. 

GANGUE  (gan-gh'),  s.  f.\\V  Terme  de  mines. 
Nom  donné,  dans  les  filons  métallifères,  aux  par- 
ties non  métalliques  qui  forment  souvent  la  masse 
principale  du  dépôt  et  qui  enveloppent  le  minerai. 
L'inspection  nous  a  démontré  que  la  gangue  du 
diamant  est  une  terre  rouge  semblable  à  la  terre 
limoneuse,  buff.  Min.  l.  ii,  p.  4  72,  dans  pougens. 
Il  2°Tenne  d'anatomie.  Substance  amorphe,  dans 
laquelle  un  élément  anatomique  ou  un  organe  par- 
ticulier est  plongé. 

—  ÉTY.M.  Ital.  ganga;  de  l'allem.  Gang,  allée,  che- 
min, filon,  de  gehen,  aller  ;  angl.  to  go;  sanscrit, 
gd;  le  même  radical  a  formé  païvto. 

I  GANGUI(gan-ghi),  s.  m.  Filet  de  mer  à  mailles 
étroites,  qui  est  en  usage  sur  la  Méditerranée.  Défen- 
dons de  faire  la  pêche  du  gangui  et  du  brégin  et 
celle  du  marqueseque  ou  du  nonnat  pendant  les 
mois  de  mars,  avril  et  mai,  Ordonn.  août  )68i. 

—  HIST.  XIV*  s.  Ganguil,  du  cange,  ganguilo. 

t  GANIL  (ga-nil),  s.  m.  Terme  de  géognosie.  Cal- 
caire granuleux  que  l'on  trouve  aux  environs  du 
mont  Saint-Gothard  et  du  'i^ésuve. 

t  GANNTÎT  (ga-nè),  s.  w.  Un  des  noms  vulgaires 
du  goéland  brun. 

t  GANNILLE  (ga-ni-11' ,  Il  mouillées),  s.  f.  Un 
des  noms  vulgaires  de  la  calthe  des  marais. 

GANO  (ga-no),  s.  m.  Terme  du  jeu  d'hombre,  qui 
signifie  :  laissez-moi  venir  la  main,  j'ai  le  roi.  Se 
Dlaindre  d'un  gano  qu'on  n'a  point  écouté,  boil. 
Sat.  X. 

—  ETYM.  Espagn.  gano,  je  gagne. 

GANSE  (gan-s'),  s.  f.  \\  1°  Cordonnet  de  coton,  de 
soie,  d'or,  d'argent,  etc.  qui  sert  ordinairement  à 
attacher  un  bouton.  Le  vieux  bonhomme  recom- 
manda inutilement  à  Guillaume  [Penn]  d'avoir  des 
ix)Utons  sur  ses  manches  et  des  ganses  à  son  cha- 
peau, VOLT.  Diit.  phil.  Quakers.  \\  2»  Il  se  dit  de  la 
boutonnière  faite  avec  le  cordonnet.  La  ganse  est 
trop  étroite,  le  bouton  n'y  saurait  entrer.  ||  Ganse 
de  diamants,  d'acier,  boutonnière  faite  en  forme  de 
ganse  et  garnie  de  diamants,  de  grains  d'acier. 
Il  3°  Ganse  de  cheveux,  tre-sse  de  cheveux,  cheveux 
tressés  en  forme  do  ganse. 

—  Etym.  Origine  inconnue.  Il  y  a  dans  l'italien 
gancin,  dans  l'espagnol  et  le  portugais  gancho, 
crochet.  Diez  demande  si  ganse  ne  serait  pas  le 
même  mot.  On  trouve  dans  l'ancien  français,  ganx 
«  guncher  les  draps,  moulin  à  foulon,  du  cangk, 
nalitium;  gancher  (les draps]  aurait-il  quelque  rap- 
port avec  le  travail  de  la  ganse  ?  Richelet  écrit  gance. 

t  GANSETTE  (gan-sè-f),  s.  f.  Petite  ganse. 

—  Etvm.  Diminutif  de  ganse. 

i  GANSIN  (gan-sin),  ï.  m.  Terme  de  marine.  Sy- 
nonyme de  maillon,  quand  il  s'agit  de  lever  une  an- 
cre par  les  pattes. 

GANT  (gan  ;  le  «  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire; au  pluriel,  \'s  se  lie:  des  gan-z  en  peau), 
s.  m.  Il  1°  Partie  de  l'habillement  qui,  couvrant  la 
mam,  couvre  aussi  chaque  doigt  séparément.  Des 


GAN 

gants,  blancs.  Gants  d'homme  Gants  de  femme.  I 
Gants  de  Grenoble.  Gants  d'Espagne.  Une  paire  de 
gants.  Gants  de  cuir  ouvrés  et  non  garnis  de  soie, 
et  gants  parfumés  d'Espagne,  la  douzaine  de  paires 
payera  une  livre,  Tarif,  (8  sept.  («64.  Elle  avait 
ôté  ses  gants,  sÉv.  27.  Les  gants  de  Martial  [nom 
d'un  marchand]  étaient  fort  à  la  mode  dans  ce 
temps-là,  HAMiLT.  Gramm.  7.  Quoi  !  Martial  fait-il 
des  vers?  je  croyais  qu'U  ne  faisait  que  des  gants, 
MOL.  Bscarb.  I,  (6.  Il  trouva  ce  conquérant  [Char- 
les XII]  vêtu  d'un  habit  de  gros  drap  lileu,  avec  des 
boutons  de  cuivre  doré,  de  grosses  bottes,  des  ganta 
de  buffle  qui  lui  venaient  jusqu'au  coude,  dans  une 
chambre  sans  tapisserie,  volt.  Charles  XII,  2. 
Il  Gants  de  peau,  gants  de  daim,  de  chamois,  gants 
de  chien ,  gants  de  fil,  gants  de  soie,  de  laine,  etc. 
gants  faits  avec  ces  difi'crentes  matières.  {|  Gants 
d'ambre,  gants  de  fleur  d'orange,  gants  de  jasmin, 
gants  parfumés  avec  ces  différentes  odeurs.  ||  Gants 
fourrés,  ceux  qui  sont  faits  de  peaux  auxquelles  on 
a  laissé,  dans  l'intérieur,  le  poil  ou  la  laine  de  l'a- 
nimal, ou  ceux  qui  ont  à  l'intérieur  une  ouate  ou 
un  tricot  quelconque  recouvert  par  la  peau.  ||  Gant 
bourré,  gant  dont  on  se  sert  dans  les  salles  d'es- 
crime. Il  Terme  de  fauconnerie.  Gant  d'oiseau , 
gant  que  le  fauconnier  met  à  la  main  dont  il 
porte  l'oiseau.  ||  Prendre  ses  gants,  se  disposer  à 
sortir.  Et,  voyant  arriver  chez  lui  le  damoiseau. 
Prend  fort  honnêtement  ses  gants  et  son  manteau, 
MOL.  Éc.  des  f.  I,  4.  Il  Les  gants  jaunes,  sobriquet 
donné  quelquefois  aux  dandys.  ||  2°  Jeter  le  gant,  se 
disait  autrefois  d'un  chevalier  qui  jetait  effective- 
ment son  gant  quand  il  défiait  au  combat  un  autre 
chevalier,  qui,  le  relevant,  acceptait  le  combat. Le 
roi  [Charles  VI]  voulait  empêcher  ses  chevaliers  de 
relever  le  gant  et  de  ressentir  ces  insultes  particu- 
lières, CHATEAUBR.  Génie,lv,y,  i.  \\  Fig.Aujourd'hui, 
jeter  le  gant,  défier  quelqu'un  au  combat  ou  àtoute 
autre  lutte.  ||  Relever,  ramasser  le  gant,  accepter  le 
défi.  Il  3°  Fig.  et  familièrement.  Être  souple  comme 
un  gant,  être  d'une  humeur  facile,  accommodante, 
se  laisser  manier  sans  peine.  Voyez,  elle  se  rend 
Plus  douce  qu'une  épouse  et  plus  souple  qu'un 
gant,  CORN,  le  Ment,  iv,  8.  Tout  vous  rit,  votre 
femme  est  souple  comme  un  gant,  la  font.  Coupe. 
Il  Être  souple  comme  un  gant,  se  dit  souvent  en 
mauvaise  part,  en  parlant  d'une  complaisance  ser- 
vile.  Il  Rendre  quelqu'un  souple  comme  un  gant,  le 
rendre  traitable,  de  difficile  qu'il  était.  ||  4°  Au  plur. 
Gants  se  disait  jadis  pour  bonne  main,  et  se  dit  en- 
core en  quelques  circonstances  quand  il  s'agit  de 
femmes;  locution  qui  vient  de  l'Espagne  où  l'on 
donne  pour  avoir  des  gants,  paro  ffuantps ,  tandis 
qu'en  France  on  donne  pour  boire.  On  dit  en  pro- 
verbe ,  quand  un  homme  apporte  une  nouvelle 
qu'on  .sait  déjà,  qu'il  n'aura  pas  les  gants,  pour; 
le  présent  qu'on  donne  aux  messagers  qui  apportent 
quelque  bonne  nouvelle,  furetièhe,  Dict.  \\  Fig. 
Avoir  les  gants  d'une  chose,  en  avoir  la  première 
idée,  ou  le  mérite,  ou  le  profit.  M.  de  Bouillon  me 
dit  que  je  ne  devais  pas  avoir  au  moms  seul 
les  gants  de  ma  proposition,  retz,  ii,  3H8.  ||  En 
un  sens  contraire.  Vous  n'en  avez  pas  les  gants. 
....C'était  pièce  assez  fine  Pour  en  devoir  l'exem- 
ple à  d'autres  gens;  J'ai  grand  regret  de  n'en  avoir 
les  gants,  la  font.  Troq.  Certainement  il  n'y  a  que 
l'art,  et  la  nature  est  une  chimère;  vous  avez  rai- 
son, me  répondit  M.  Sidrac;  mais  vous  n'en  avez 
pas  les  gants,  cela  a  été  dit,  volt.  Oreilles,  2. 
IJAvoir  les  gants  d'une  chose,  c'est,  proprement, 
recevoir  la  gratification  d'une  chose  qu'on  annonce, 
et  n'avoir  pas  les  gants  d'une  chose,  c'est  ne  pas 
recevoir  la  gratification  pour  une  chose  qu'on  an- 
nonce, attendu  qu'elle  a  déjà  été  annoncée.  ||  Se 
donner  les  gants  d'une  chose,  s'en  attribuer  l'hon- 
neur mal  à  propos.  ||  Se  donner  les  gants  de  quel- 
que chose  :  l'espagnol  n'a  pas  cette  expression;  le 
français  a  saisi  d'abord  le  ridicule  de  la  hâblerie,  et 
l'a  caractérisé  par  l'image  d'un  homme  qui  s'of- 
fre à  lui-même  un  pourboire,  génin,  Récréât,  t.  i, 
p.  4(5. 115°  Elle  a  perdu  ses  gants,  s'est  dit  jadis, 
dans  un  langage  libre,  d'une  fille  qui  a  perdu  sa 
virginité.  Ceux  de  son  temps  disent  que,  la  pre- 
mière fois  qu'elle  sortit  du  logis,  elle  trouvai  dire 
ses  gants  et  son  pucelage,  balz.  liv.  iii,  lett.  I6. 
Mainte  fille  a  perdu  ses  gants.  Et  femme  au  retour 
s'est  trouvée.  Qui  ne  sait  la  plupartdu  temps  Comme 
la  chose  est  arrivée,  la  pont.  Fianc.  ||  6°  Fil  à 
gants,  espèce  de  fil  bis  ou  écru  que  l'on  tirait  de 
Lille.  Il  7°  Gant  de  Notre-Dame,  nom  de  différentes 
plantes  :  an  col  ie,  .digitale,  gantelée.  {|  Proverbes. 
L'amitié  passe  le  gant, se  disait  lorsqu'en  se  saluant 
on  se  touchait  la  mam  sans  se  donner  le  loisir  de 


GAN 


1827 


se  déganter  par  politesse;  le  sens  est  :  l'amitié  per- 
met le  gant.  ||  Cela  me  va  comme  un  gant,  c'est-à-dir( 
trc.s-Dien,  parce  que  les  gants  doivent  être  très-justes. 

—  HIST.  XI»  s.  Livrez  m'en  ores  le  guant  et  1; 
baston  [signes  qu'on  argeait  quelqu'un  d'un  mes- 
sage] ,  Ch.  de  Uni.  xvii,  ||  xiir  .s.  01  ambdeus  [  les 
deux]  cousues  ses  manches.  Et,  pour  garder  que  ses 
mains  blanches  Ne  halaissent,  ot  uns  blans  gans.  la 
Rose,  665.  Il  y  a  tex  [telles]  viles  là  où  on  ne  doil 
que  deus  deniers  de  saisine....  et  de  teles  où  on  doil 
trois  deniers  de  gans  ou  douze  deniers  de  vin, 
BEAUM.  xxvn,  6.  Aus  festes  ot  aus  diemanches.  Ne 
metoit  ganz,  rî  vestoit  manches.  Tant  que  midis 
estoit  passez,  ruteb.  n,  I64.  ||xiv's.  Ainsi,  sans 
coup  ferir,  ne  sans  perdre  un  seul  gant  [un  seul 
homme],  Arons-nous  des  pourceaux  assez  de  re- 
menant, Guescl.  Variante  du  vers  1220.  Quarante 
huit  boutons  d'or  pour  deux  paires  de  gants  de 
chien,  couvers  de  chevrotin,  garnis  au  bout  de  iv 
boutons  de  perles,  de  lahohde.  Émaux,  p.  327. 
Il  XV'  s.  Uns  autres  pe;  Ls  gants  à  prélat,  de  brode- 
rie sur  champ  d'or,  et  .sont  tous  plains  à  esmaux,  et 
y  faut  plusieurs  perles,  id.  ib.  Ceux  du  Franc  de 
Bruges  estoient  armés....  d'hauquetons  et  de  gands 
de  baleine,  Fiioiss.ii,  n,  (93.  Dangier,  je  vousgecte 
mon  gant...,  Car  vous  m'avez  mainte  saison  Fait 
douleur  à  tort  endurer,  ch.  d'orl.  Bail.  43.  Ung 
petit  paquet  de  gans  de  Parpeignan  à  usaige  de 
femme,  Bibl.  des  ch.  6"  série,  t.  i,  p.  363.  ||  xvi'  s. 
Quand  les  seigneurs  investissoientetensaisinoient 
les  acquéreurs  de  quelque  fond,  ils  se  servoient  tou- 
jours de  gansqui  resloient  au  sergent  des  seigneurs, 
et  dans  la  suite,  ces  formalitez  s'estant  abolies,  les 
gants  ont  esté  dus  aux  sergents  en  argent  et  ont  fait 
partie  des  droits  seigneuriaux,  laurièhe,  Gioss.  du 
droit  fr.  L'espée  et  le  coustel  et  lance  pour  jouster> 
et  riche  bacinct,  et  gans  à  broiches  de  fer  qui  bien 
faisoient  à  doubler,  menard,  Jlist.  de  du  Guesclin, 

p.  55,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gan,  guan;  catal.  guant;  es- 
pagn. guante  ;  ital.  guant 0  ;  bas-lat.  wantus,  dans 
un  texte  de  Bcde;  du  germanique  :  suédois,  wante  ; 
anc.  scand.  vôttr. 

t  GANTE  (gan-t') ,  .i.  f.  Faux  bord  de  bois  que 
l'on  ajoute  aux  chaudières  de  cuivre  des  brasseries. 

GAPÎTÉ,  ÉE  (gan-té,  tée),  pari,  passé  de  ganter. 
Être  toujours  bien  ganté.  Les  nez  n'avaient  point 
été  faits  pour  porter  des  lunettes,  ni  les  mains  pour 
être  gantées,  volt.  Singul.  10. 

GANTELÉE  (gan-te-lée) ,  s.  f.  Espèce  de  campa- 
nule, dite  aussi  gantelet  et  gantilier,  campanula 
trachelium,  L.  \\  Gantelée  se  dit  aussi  de  la  digitale 
et  du  tamus  communis,  L. 

—  HIST.  xvr  s.  Ni  l'hyacinthe  au  teint  d'oeillet, 
Le  glayeul  ni  la  gantelée,  bons.  420. 

—  ÊTYM.  Gant. 

GANTELET  (gan-te-lè  ;  Je  t  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire  ;  au  pluriel,  Vs  se  lie;  des  gan-te- 
îè-z  en  cuir;  gantelets  rime  avec  traits,  succè; 
paix,  etc.) ,  s.  m.  ||  1°  Gant  couvert  de  lames  de  fer, 
qui  faisait  partie  del'armure  d'un  chevalier.  Edouard 
irrité  le  frappa  de  son  gantelet  au  visage  ;  et  les  his- 
toriens disent  que  les  propres  frèros  d'Édouartl,  ac- 
compagnés de  quelques  seigneurs,  se  jetèrent  tous 
comme  des  bêtes  féroces  sur  le  prince  de  Galles  et 
le  percèrent  de  coups,  volt.  Mœurs,  <)6.  Elle  [la 
fée]  ....qui  veut  que  ma  main  sévère  Joigne  la 
harpe  du  trouvère  Au  ganteletdu  chevalier,  v.  iinoo, 
Bail.  (.Ilî-  Morceau  de  cuir  dont  les  chapeliers, 
les  cordonniers,  les  relieurs,  etc.  se  couvrent  la 
paume  de  la  main,  ou  le  bras,  pour  le  travail. 
Il  3°  Terme  de  chirurgie.  Espèce  de  bandage  qui 
enveloppe  la  .main  et  les  doigts  comme  un  gant. 
I!  4°  Synonyme  de  gantelée. 

—  HIST.  XIII*  s Que  l'en  ne  puisse  brochier  ne 

ameis  pointer,  gantelés  de  baleine,  fors  sus  telles 
sueues  [cousues],  et  qu'il  seront  de  bone  baleine, 
Liv.  des  met.  37 1 .  ||  xv*  s.  Et  mesmes  Poton  esgrifi'a 
Lyonnelde  son  gantelet  par  le  visaige,  fenin,  i  123, 
Il  XVI*  s.  Au  bras  gauche,  le  gendarme  porte  un 
grant  gantelet,  qui  le  couvre  jusqu'au  coude,  la- 
ngue, 286,  Là  il  [le  connétable]  fut  pris  par  un 
François,  à  lui  o.sté  par  les  reistres,  ausquels  il 
donna  le  gantelet,  par  le  conseil  du  François  mesme, 
d'aub.  IHst.  I,  167.  Les  grands  exploicts  menèrent  la 
ligue  à  ne  chercher  que  des  couvertures  pour 
donner  le  gantelet  [attaquer],  id.  ib.  m,  21 6.  Estre 
pris  sans  gantelet  [être  pris  sans  vert],  brant.  Cap. 
estr.  t.  I,  p.  25. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gant. 

\  GANTRLINE  (gan-te-li-n') ,  s.  f.  Nom  que  les 
jardiniers  donnent  au  campanula  glomirata,  L. 
GANTER  (Kan-té),  v.  o.  ||  1*  Mettre  des  (fants  ;i 


1828 


GAR 


quelqu'iin.  Il  'sl  <lifficilo  de  ganter  un  enfant.  Vous 
«tes  facile  i  ganter.  ||  2"  Use  dil  aussi  des  gants  par 
rapport  à  la  main.  Ces  gants  me  gantent  mal.  ||  Ab- 
tolumcnt.  VoilA  des  gants  qui  gantent  fort  bien, 
c'est-â-ilire  qui  conviennent  à  la  main.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Cela  me  gante,  cela  fait  mon  afîaJre, 
me  convient.  ||  3"  Se  ganter,  v.  rifl.  Mettre  ses  gants. 
Gantez-vous  avant  d'entrer.  ||  Être  ganté.  Elle  a  la 
main  si  petite  qu'elle  ne  trouve  pas  à  se  ganter. 
Une  main  d'bomme  se  gante  toujours  aisément. 

—  iiisr.  xvi*  s.  Et,  lui  tenant  la  main  dessusmon 
cœur,  laquelle  estoit  gantée....  makg.  Aoue.  LVii. 

—  ETYM.  Gant. 

GAM'KKIE  (gan-te-rie),  ».  f.  Le  métier  ou  le 
commerce  du  gantier.  ||  Fabrique,  magasin  de  gants. 

—  lllST.  XV'  s.  Ceulx  qui  se  mesleront  de  ganterie 
feront  leurs  gans  bons  etvallables,  Ordonn.  U9(. 

—  ÈTYM.  Oanler. 

GANTIER,  lËRE  (gan-tié,  tiè-r'),  .?.  m.  et  f. 
1|1°  Celui,  celle  qui  fait  ou  qui  vend  des  gants. 
\\Adj.  Marchand  gantier  ,  ouvrier  gantier.  ||  2*  AI. 
m.  pi.  Terme  do  mélallurgie.  Planches  qui  ramo- 
nent l'eau  sur  une  roue  hydraulique. 

—  MlST.  xni"  s.  Ouicon  |ues  veut  estre  gantiers  à 
Paris,  de  fere  ganz  do  mouton,  de  ver  ou  de  gris, 
ondoveel,  il  convient  qu'il  achate  le  mestier  du 
roy,  /.II',  (les  met.  210.  luit  li  vallet  frepier,  tuit  li 
vallet  gantier,  et  tuit  li  vallet  peletier  doivent  chas- 
cun  an  un  denier  au  mestre  des  IVepiers,  ib.  (99. 
Il  XVI'  s.  Un  conseiller  du  parlement,  le  plus  fin 
gantier  [matois]    qu'on  eust  seu  jamais  voir,  pa- 

LISSV,  97. 

—  ÉTYM.  Gant. 

t  GANTII.IER  (gan-ti-lié)  ,  s.  m.  Synonyme  de 
ttantelée. 

t  GANTOIS  (gan-toî),  s.  m.  Sorte  de  bateau  navi- 
guant sur  les  rivières  etcanaux  du  bassin  de  l'Escaut. 

—  ÉTYM.  La  ville  de  Gand. 

+  GANYMiîl)K  (ga-ni-mfe-d'),  .î.  m.  Terme  de  my- 
thologie. Nom  du  lils  de  l.aomédon,  enlevé  ]iar  l'ai- 
gle de  Jupiter,  à  cause  de  sa  beauté.  ||  Kig.  Giton. 

—  ÉTVH.  rav'j|j.f,STi;. 

\  GAOUR  (ga-our),  s.  m.  Espèce  de  bœuf  des 
grandes  Indes. 

t  GARAGAY  (ga-ra-ghé),  î.  m.  Oiseau  de  proie  de 
rAméri(|ue  méridionale. 

+  GARAGE  (gara-)'),  s.  m.  \\  i°  Terme  de  navi- 
gatiOD.  Action  de  faire  entrer  les  bateaux  dans  une 
gare.  ||  2"  Terme  de  chemin  de  fer.  Action  de  garer 
lesvagons.  {|  Voie  de  garage,  voie  dans  laquelle  on 
doit  garer,  mettre  à  l'abri  ou  en  réserve  les  va- 
gons  de  service,  etc.  L'entretien  des  voies  de  garage 
dans  un  chemin  de  fer. 

—  ÉTYM.  Garer.  .. 

t  GARAIS  (ga-rê)ou  GARAS  (ga-râ),  s.  m.  Un 
des  noms  vulgaires  du  fusain. 

t  GARANÇAGE  (ga-ran-sa-j"),  s.  m.  Teinture  àla 
garance.  Les  couleurs  de  jaune  d'or,  aurore,  couleur 
de  souci,  et  orange  de  garance  veulent  la  jaune  do 
gaude,  avec  un  peu  de  terramerita  dans  le  garan- 
çage,  Instr.  gén.  pour  la  teinture,  m  mars  I67i, 
art.  68.  Il  Action  de  faire  passer  le  coton  par  une  eau 
dans  laquelle  on  a  fait  tiédir  du  sang  de  boeuf  ou  de 
mouton  et  de  la  garance. 

GARANCE  (ga-ran-sT,  s.  f.  ||  !•  Terme  do  botani- 
que. Plante  de  la  famille  des  rubiacées,  r«Ma  (inc- 
torum,  L.  cultivée  à  cause  do  ses  racines,  qui,  des- 
séchées et  pulvérisées,  fournissent  une  belle  teinte 
rouge.  F.n  France,  les  pantalons  de  la  troupe  sont 
teints  en  garance.  11  y  a  des  garances  que  les  étran- 
gers nous  vendent  sous  le  nom  de  billon  de  garance, 
qui  bien  souvent  n'est  autre  chose  que  de  la  terre  rou- 
geàtre  mêlée  avec  quelque  poussière  de  la  garance, 
ou  de  la  grappe  de  celle  qui  a  été  déjà  employée  dans 
leur  pays,  Instr.  géncr.  pour  la  teinture,  (8  mars 
4671,  art.  208.  Il  avait  appris  par  une  lettre  de 
Hans  .Sloano,  [ircsident  de  la  société  de  Londres,  que 
lesosdes  jeunes  animaux  nourris  avec  de  la  garance 
se  coloraient  en  rouge,  coNnoncF.T,  Duhamel.  |{  Ga- 
rance robée,  celle  dont  on  a  ôté  la  première  écorce 
et  le  cœur.  ||  8"  La  couleur  rouge  qu'on  tire  de  cette 
plante.  Une  étoffe  teinteen  garance.  ||  8"  Adjectif  in- 
.-.iriable.  Draps  garance,  draps  teints  en  garance. 

I  ne  veste  garance.  Le  rouge  garance. 

—  HIST.  xiii*  s.  Boire  caniele  et  warance  en  vin, 
ALEBRANT,  f*  28.  Semence  de  guarence  ne  de  gaude 
ne  doit  noiant,  Lit.  des  mil.  î»2.  ||  xiv  s.  Warenchp, 
MI  CANOR,  warantia;  galance ,  ID.  garaniia.\\xy 
••  Le  cheval  qui  porte  warance,   id.   warenchia. 

II  ivi's.  Hiibin  tinrtorum,  aultrementracined'herbe 
«pi  tsint  en  garance,  pahé,  xui,  3o.  La  garance  est 
•n  ce  fort  i  admirer,  qu'elle  teint  l'urine  &  celui  qui 
U  tieot  et  U  manie  entre   ms  mains;  qui  plus  est. 


GAR 

elle  rend. la  chair  et  les  os  rouges  des  bestes  qui  en 
ont  esté  nourries  quelque  t"mp^,  en.  estif.nne  et 
j.  LiF.BAUtT,   Maison  rustique,  èA.A%   \t>w,  liv.  u, 

p.   174,  dans  RICHKLET. 

—  f.TY.M.  Origine  douteuse.  Du  Cange  dit  que  va- 
rantia  a  été  dit  pour  verantia,  de  verus,  vrai ,  à 
cause  de  la  beauté  de  cette  couleur  rouge  ;  ce  i|ui 
donne  quelque  appui  à  cette  conjecture,  c'est  qu'on 
trouve  dans  le  bas-latin  veranter,  véritablement,  et 
verare,  vérifier. 

GARANCE,  ÊK  (ga-ran-sé,  sée),  part,  passé  de 
garancer.  Des  étoffes  garancées. 

GARANCER  (ga-ran-sé.  Le  c  prend  une  cédille 
devant  o et  o  ;  je  garançais,  garançons),  v.  a.  Tein- 
dre en  garance Sera  ensuite  bouilli  avec  alun, 

tartre  ou  gravelle,  et  après  garance  avec  garance 
commune,  ou  croûte  de  belle  garance,  et  parachevé 
en  noir  avec  noix  de  galles  d'Alep,  Ili^gli'm.  sur  les 
mnnuf.  août  tooo,  Teinturiers  en  laine,  &rt.  *. 

—  HIST.  XIV*  s.  Une  cote  simple  à  femme,  de 
couleur  garancie,  du  cange,  jaraneuj. 

—  ÉTYM.  Garance. 

t  GARANCECR  (ga-ran-seur) ,  s.  m.  Ouvrier  qui 
teint  en  garance.  Le  garanceur  étant  obligé  de  ré- 
pondre de  la  couleur  du  guéderon,  comme  le  noir- 
cisseur  de  la  couleur  du  guéderon  et  du  garanceur 
ensemble, /n«r.  gin.  pour  la  teinture,  48marst67i, 
art.  94. 

—  F.TYM.  Garancer. 

t  GARANCIÈRE(ga-ran-si  -r'),  s.  f.  Champ  semé 
de  garance.  La  garance  produit  si  facilement,  que 
sa  tige  même  couchée  en  terre  prend  racine,  et  sert  à 
repeupler  la  garancière  qui  a  été  trop  épuisée  de  sa 
racine,  [nstruct.  génér.  pour  la  teinture,  (  8  mars  i  «7 1 , 
art.  294.  Il   Local  où  l'on  teint  avec  de  la  garance. 

—  HIST.  xvr  s.  C'est  toute  la  despense  de  la  ga- 
ranciere,  ou  peu  s'en  faut,  pour  huit  ou  dix  ans  que 
la  garence  demeure  en  terre,  o.  de  serres,  73,'>. 

—  ETYM.  Garance. 

t  GARANCINE  (ga-ran-si-n'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Produit  de  la  transformation  de  la  poudre  de 
garance  par  l'acide  sulfurique;  il  a  la  propriété  de 
colorer  plus  que  la  garance  et  de  diminuer  les  ma- 
nipulations de  la  teinture. 

—  ÉTYM.  Garance. 

t  GARANNIER  (ga-ra-nié),  s.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  giroflée  jaune. 

GARANT,  ANTE  (ga-ran,  ran-t"),  s.  m.  et  f. 
li  1°  Celui,  celle  qui  répond  de  son  propre  fait,  ou 
du  fait  d'autrui.  Tout  homme  est  garant  de  ses  faits 
et  promesses.  Mais  n'étant  point  garant  des  sottises 
d'autrui ,  pégnier  ,  Sot.  x.  Vous  me  serez  garant 
des  hasards  de  la  guerre,  corn.  Héracl.  v,  :>.  Me 
seras-tu  garant  de  ce  qu'il  pourra  faire?  id.  ATt- 
cotn.  Il,  i.  Madame,  vous  voyez,  je  ne  puis  davan- 
tage; Et  qui  fait  ce  qu'il  peut  n'est  plus  garant  de 
rien,  m.  Agisilas,  iv,  i.  Des  moyens  dont  ils  se 
rendront  les  garants,  pasc.  Pror.  B.  Mais,  puisque 
sans  vouloir  que  je  le  justifie,  Vous  me  rendez  garant 
du  reste  de  sa  vie,  rac.  Uril.  i,  2.  Pour  garants  delà 
vérité  Comptons  les  raisons,  non  les  hommes,  la 
MOTTE,  Fabl.  V,  15.  Permettez-moi  de  penser  que,  si 
la  fortune  vous  était  entièrement  contraire,  vous 
trouveriez  une  ressource  dans  la  France,  garante 
de  tant  de  traités,  volt.  Lett.  roi  de  Prusse,  octob. 
(757.  Messène  en  est  témoin,  les  dieux  en  sont  ga- 
rants, ID.  Mérope,vi,  b.  ||  Àdj.  Lorsque  Philippe 
Auguste  conclut  la  paix  en  )200  avec  Jean,  roi 
d'Angleterre,  les  principaux  barons  de  France  et 
ceux  de  Normandie  en  jurèrent  l'observation  comme 
cautions,  comme  parties  garantes,  volt.  Vict.  phil. 
Garant.  ||  Fig.  et  familièrement.  Je  vous  suis  garant, 
jevous  suis  garante  que  cela  est  vrai, je  vous  l'assure, 
je  vous  en  réponds.  Moi,  je  lui  couperais  sur-lo-chanip 
les  oreilles,  S'il  n'était  pas  garant  de  tout  ce  qu'il  m'a 
dit,  MOL.  l'Ét.  III  ,  3.  Il  2°  Terme  de  jurisprudence. 
Celui .  celle  qui  est  caution  d'un  autre,  qui  répond  de 
sa  dette.  Être  garant  d'une  dette,  d'une  obligation. 
Cette  marchande  s'est  rendue  garante.  ||  On  dit  d'un 
créancier  qu'il  a  un  bon,  un  mauvais  garant.  Prendre 
pour  garant.  ||  3°  Celui,  celle  qui  est  obligée  de  faire 
jouir  un  autre  de  la  chose  qu'il  lui  a  vendue  ou 
transportée.  Le  vendeur  est  garant,  envers  l'acqué- 
reur, de  la  propriété  de  la  cho.se  vendue.  ||  Garant 
formel,  celui  qui,  en  matière  réelle  et  hypothécaire, 
est  obligé  de  faire  jouir  le  g.iranti.  ||  i°  Fig.  Auteur 
dont  on  a  tiré  un  fait,  un  principe.  Il  cite  pour  pa- 
rante Mme  de  Sévigné.  Les  seuls  garants  que  nous 
ayons  ici  de  l'histoire  de  la  philosophie,  les  Arabes 
et  les  Grecs,  ne  sont  pas  d'une  autorité  aussi  solide 
et  aussi  pure  qu'une  critique  sévère  le  désirerait, 
DIDEROT,  Opin.  des  anc.  philos.  {Pertes).  ||  Personne 
de  qui  on   tient  une  nouvelle.  Cette  nouvelle  parait 


GAR 

étrange,  mais  j'ai  de  bons  garants.  Cette  dame  est 
ma  garante.  ||  5°  En  parlant  des  choses,  sûreté,  ga- 
rantie. De  ce  titre  odieux  mes  droits  me  sont  ga- 
rants, RAC.  Théb.  Il,  3.  11  est  mort;  et  j'en  ai  pour 
garants  trop  certains  Son  courage  et  son  nom  trop 
suspects  aux  Romains,  lo.  lft(/ir.  v,  f.  Les  ouvrages 
bien  écrits  seront  les  seuls  qui  passeront  à  la  posté- 
rité; la  quantité  des  connaissances,  la  singularité 
des  faits,  la  nouveauté  même  des  découvertes  ne 
sont  pas  de  sûrs  garants  de  l'immortalité,  bopf. 
Disc,  de  réception.  Il  éprouva  que  la  cruauté  n'es* 
pas  le  meilleur  garant  de  la  domination,  raynal, 
Ilist.  phil.  XIII,  34.  i;  En  cet  emploi,  garant  est  tou- 
jours masculin,  et  ne  se  met  pas  au  féminin.  ||  6"  Ter- 
me de  marine.  Bout  d'un  cordage  passé  par  une 
poulie  pour  servir  à  quelque  amarrage.  ||  Mollir, 
filer  en  garant,  lâcher  un  cordage  doucement.  ||  J'i 
garant,  loc.  adv.  En  garantie.  Sans  prendre  ni  Phé- 
bus,  ni  la  muse  à  garant,  Régnier,  Sat.  vi.  Elle  [la 
fortune]  est  prise  à  garant  de  toutes  aventures,  la 
FONT.  Fabl.  V,  n.  Il  Dans  cette  locution,  à  garant 
est  toujours  masculin,  et  ordinairement  invariable. 
Cependant  quelques  auteurs  le  mettent  au  pluriel, 
et  en  effet  rien  ne  s'y  oppose  :  Dès  qu'il  [Jurieu]  a 
ouï  parler  des  Variations,  il  a  cru  tout  perdu  pour 
la  réforme;  il  a  appelé  tous  les  Pères  h  garants.... 
BOss.  0*  avert.  ) . 

—  RE».  Ce  mot  présente  quelques  difficultés;  en 
effet  il  est  d'une  part  primitivement  substantif  à 
deux  genres  et  par  suite  adjectif;  d'autre  part  sub- 
stantif à  un  seul  genre,  le  genre  masculin.  Dan» 
ces  phrases  de  Marivaux  et  d'Imbert  :  Que  vous  im- 
porte ce  que  vous  direz  à  la  fille,  dès  que  la  mère 
sera  votre  garant?  Marivaux,  Fausse  Chnjid.  i,  4i; 
Le  chevalier  :  Voilà  tous  mes  succès.  —  Ijl  com- 
tesse :  Attendez  jusqu'au  bout;  D'avance  je  vous  suis 
garaiitde  sa  tendresse,  imbeht.  Jaloux  sans  amour, 
l,  B  ;  si  l'on  prend  garant  au  sens  de  disposé  k 
cautionner,  il  y  a  faute,  et  il  faut  dire  :  garante; 
mais,  si  l'on  prend  garant  au  sens  de  garantie,  sû- 
reté, la  locution  est  correcte.  Les  deux  locutions  ne 
sont  pas  tout  à  fait  synonymes,  et  il  y  a  une  nuance. 
Invereeraent,  dans  cette  phrase  de  Marivaux  :  Il  n'y 
a  pas  jusqu'à  leur  physionomie  qui  ne  soit  garante 
de  toutes  lesbonnesqualités  qu'on  leur  trouve,  Jeux 
de  l'am.  et  du  has.  i,  '  ;  si  l'on  prend  ce  mot  dans  le 
sens  de  garantie,  il  y  a  faute,  et  on  mettra  garant; 
mais,  si  on  le  prend  figurément  pour  capable  de  cau- 
tionner, le  féminin  deviendra  acceptable. 

—  HIST.  XI"  s.  J'i  puis  aler,  mais  n'i  aurai  gna- 
rant,  Ch.  de  Roi.  xiiv.  Se  Mahomet  me  vclt  estre 
garant,  ib.  Lxvii.  Mais  d'une  chose  vous  sui  je  bien 
guarant,  ib.  cxiv.  Dient  JYanccis  :  bien  fiert  nostre 
guarent  [défenseur],  tb.  cxxni.  ||  xii"  s.  Escu  iia 
broigne  [cuirasse]  ne  lui  furent  garant,  Jlonc.  p.  77. 
Qu'il  [Dieu]  garl  les  âmes  et  qu'il  lor  soit  garant, 
ib.  p.  112.  Oui  d'oîr  et  d'entendre  a  loisir  et  talentj 
Fasse  pais,  si  escout  bone  chançon  vaillant,  Dont  b 
livre  d'istoire  sont  tesmoin  et  garant,  Sax.  i.  X  gua- 
rant [pour  se  garantir]  as  cors  sainz  le  voleicnt  me- 
ner, Th.  le  mart.  (47.  ||  xiii-  s.  Et  por  chou  [ce]  « 
vuet  il  dire  et  traitier  aucune  chose  dont  il  ait  ga- 
rant et  tesmoignage  de  vérité,  H.  de  vai.enc.  (. 
N'onque  nule  si  plesant  rien  Qui  famé  fust,  [il] 
n'avoit  veûc.  Ce  dist  et  s'en  trait  sa  veûe  X  garant 
qu'il  dist  vérité.  Lai  de  l'ombre.  Si  en  puis  bien 
trere  à  garant  Ung  acteur  [auteur]  qui  ot  non  Ma- 
crol)es,  la  Rose,  e.  Se  cil  qui  est  pris  à  tout  [avec] 

le  larrrcin  pot  trouver  son  garant  qui  li  bailla,  il 
est  délivrés,  beal'm.  xxxi,  4.  Et  se  tex  [telles]  crois 
portoient  garant,  aussi  bien  porroit  porter  garant 
une  crois  que  aucuns  porteroit  .sur  li,  id.  xxv,  s4. 
Il  xv  s.  Si  tost  que  le  plat  pays  fust  informé  de  leur 
venue,  tous  se  retrairentà  garant,  fhoiss.  ii,  ut,  <iJ. 
Il  XVI'  s.  Nous  pouvons  appeler  à  garant  cette  mcsiD» 
nature,  pour  nous  avoir  laissez  en  telle  imperfec- 
tion, MONT,  i,  BB.  Pour  que  son  innocence  luy  ser- 
vist  de  garant  et  de  recommandation  envers  la  fa- 
veur divine,  id.  i,  S74.  Plusieurs  appelleront  la  mort 
à  garant  contre  les  oultrages  des  tyrans,  m.  ii,  '4. 
Qui  tire  à  garant  (oppose  recours  ou  garantie  sur  un 
tiers],  et  garant  n'a,  sa  cause  perdue  a,  lotsf.l,cu9. 
F.n  crime  n'y  a  point  de  g.irant  [celui  qui  a  com- 
mis un  crime  à  la  suggestion  d'autnii  n'en  est  pas 
moins  punissable]  ,  id.  797.  Montesquieu  vint 
au  derrière  du  prince  de  Condé  et  le  tua  d'un 
coup  de  pistolet  entre  ses  deux  garants,  d'aub.  Ilitt. 
I,  280.  Le  sang  est  le  garant  de  l'homme  qui  se 
plaint  d'avoir  esté  navré  à  tort,  laubiére,  Gloss.  d* 
droit  fr. 

—  ETYM.  Prov.  garen,  guaren,  guiren:  espagn.  et 
porlug.  garenle;  anc.  ital.  guarento;  angl.  tcar- 
rant;  lia,s-lat.  tmrcnî  ;  d'i  gprm,in;quc  :anc  frisoB, 


GAR 

werand,  \caTrnd,  tie  l'anc.  haut-allem.  werén,  four- 
nir, cautionner. 

GARANTI,  lE  (ga-ran-ti,tie),  part,  passé  dd  garan- 
tir. Il  l°Dont  on  3'est  porté  garant.  Une  créance  ga- 
rantie. Il  S.  m.  Terme  de  jurisprudence.  Le  garanti, 
celui  qu'on  est  obligé  de  garantir.  ||  2'  Préservé.  Ga- 
ranti, dans  l'éboulement  de  la  maison,  parunepoutre. 

GARANTIE  (ga-ran-tie),  s.  f.  Il  1"  Terme  de  droit. 
Engagement  par  lequel  on  se  rend  garant.  Vendre 
avec  garantie.  Donner  un  acte  de  garantie.  Ce  traité 
fut  conclu  sous  la  gi/antiede  telle  puissance.  Le  roi 
de  Saie  leur  fit  remettre  tous  les  éclaircissements 
néce.isaires,  les  assura  qu'il  tiendrait  la  garantie 
stipulée  par  le  contrat  de  vente,  duclos,  Hist. 
Louis  II,  OHuv.  t.  II,  p.  <n,  dans  pougens.  ||  Ga- 
rantie de  droit,  celle  qui  est  due  de  plein  droit, 
comme  la  possession  paisible  de  la  chose  vendue. 
Garantie  conventionnelle  ou  garantie  de  fait,  celle 
qui  n'a  lieu  qu'en  vertu  d'une  convention.  ||  Garan- 
tie formelle,  celle  qui  a  lieu  en  matière  réelle  ou 
hypothécaire.  Garantie  simple,  celle  qui  a  lieu  en 
matière  personnelle  et  surtout  entre  la  caution  et 
le  débiteur  cautionné.  ||  2°  Dédommagement  auquel 
on  s'est  obligé.  Appeler  quelqu'un  en  garantie.  ||  De- 
mande en  garantie,  acte  par  lequel  le  défendeur  au 
principal  appelle  en  cause  la  personne  contre  la- 
quelle il  a  un  recours  à  exercer.  ||  3°  Ce  qui  garan- 
tit une  chose,  c».  qui  la  rend  siire.  Il  veut  de  bon- 
nes garanties.'VVous  me  promettez  de  vous  bien 
conduire;  mais  quelle  garantie  en  ai-je?  Homère 
et  non  pas  moi  t'en  doit  la  gartntie,  Régnier,  Sat. 
X.  Ceux  qu'il  a  appelés  en  garantie  ne  peuvent  pas 
se  taire,  boss.  iett.  quiét.  H 7.  Ils  appelaient  des 
lois  odieuses  en  garantie  des  actions  les  plus  lâches, 
MONTEso-  ielt.  pers.  <4B.  ||  Garanties  constitution- 
nelles, celles  qui  résultent  pour  les  citoyens  des  ar- 
ticles de  la  constitution.  Dans  un  pays  où  la  plu- 
part des  gouvernements  étaient  sans  garantie,  et 
l'empire  de  l'opinion  presque  aussi  nul  pour  les  pre- 
mières classes  que  pour  les  .iernières,  stael,  Co- 
rinne,  XIX,  7.  Il  Garantie  individuelle,  la  protection 
que  la  loi  doità  chaque  citoyen.  ||  Garantie  des  fonc- 
tionnaires publics,  protection  dont  la  loi  couvre  cer- 
tains fonctionnaires  publics,  en  défendant  de  les 
poursuivre  sans  autorisation  spéciale.  ||  Bureau  de 
garantie,  lieu  où  l'on  constate  le  titre  des  matières 
d'or  et  d'argent. 

—  IIIST.  XII*  s.  E  li  ciel  et  la  terre  porteront  ga- 
rantie à  nos  que  vos  à  tort  nos  osciez  ftuez).  Mâ- 
chai. I,  2.  Il  xiir  s.  Sachez,  s'il  [le  roi  Louis  VIIIJ  fust 
retournés.  Ne  l'en  [au  comte  Thibaut]  portast  ga- 
rentie  Homs  qui  fust  de  mère  nés,  Qu'il  ne  fust  dés- 
hérités,   HUES    DE    LA    FERTÉ,    RomanCCTO ,     p.    186. 

Il  XIV'  s.  Ne  prend  pas  garandie  qui  ne  veut,  nou- 
TEiLLER,  Somme  rural,  p.  213,  dans  i.acubne. 
Il  xvi*  s.  C'est  une  faible  garantie  que  la  mine,  tou- 
tefois elle  a  quelque   considération,  mont,  iv,  224. 

Je  iuy  appris  à  dire  souvent intéresser,  prendre 

la  garantie,  faire   fortune,  courir  à  risque et 

mille  autres  termes  en  cette  façon,  à  quoy  on  con- 
noit  aujonrduy  une  belle  ame,  d'aub.  Conf.  ii,  i . 

—  ÉTYM.  Garanti  ;  provenç.  garentia,  guarcn- 
tia,  guerentia;  espagn.  et  portug.  garantia;  ital. 
guarentia.  On  trouve  aussi  dans  les  anciens  textes 
garantise  et  garantison. 

GARANTIR  (ga-ran-tir) ,  v.  a.  ||  1°  Se  rendre  ga- 
rant, répondre  d'une  chose.  Garantir  une  créance. 
L'Angleterre  et  la  France  ont  garanti  ce  traité. 
Il  2"' Assurer  pour  un  temps  la  bonté,  la  qualité  d'une 
marchandise.  Garantir  une  citerne  pour  quatre  ans. 
Il  On  dit  en  un  sens  analogue  :  Le  marchand  garan- 
tit ces  gants  de  Grenoble,  c'est-à-dire  qu'ils  sont 
de  Grenoble.  Je  vous  garantis  ce  cheval  de  tout 
défaut.  Il  3°  Par  extension,  rendre  sûr,  indubitable. 
Le  contrôle  garantit  le  titre  des  pièces  d'or  et  d'ar- 
gent. Cela  vous  garantit  de  son  zèle.  Et  tous  les 
dieux  enfin,  témoins  de  nos  tendresses.  Garantiront 
la  foi  de  mes  saintes  promesses,  rac.  Phèdre,  v,  t. 
Qui  peut  vous  garantir  qu'une  révolution  subite  ne 
vous  fera  pas  expirer?  mass.  Carême,  Impén. 
Il  4°  Affirmer,  certifier.  Parbleu,  je  la  garantis  dé- 
testable [une  comédie],  mol.  Critique,  e.  J'ignore 
ce  qu'au  fond  le  .serviteur  peut  être;  Mais  pour 
homme  d'honneur  je  garantis  le  maître .  id.  Tart.  i, 
•  .Pour  cela,  lui  répondis-je,  je  vous  le  garantis, 
fONTEN.  les  Mondes,  2'  soir.  J'ai  porté  le  nombre 
J'habitants  qui  composent  l'empire  de  Kussie  à 
vingt-quatre  millions  sur  les  mémoires  qui  m'ont  été 
envoyés;  mais  je  n'ai  point  garanti  cette  évalua- 
lion;  car  je  connais  très-peu  de  choses  que  je  vou- 
lusse garantii,*voi.ï.  Diet.  pitil.  Dénombrement. 
Il  Familièrement.  Je  vous  le  garantis,  soyez-en  sûr. 
Ah  I  je  saurai  le  démasquer,  je  vous  le  garantis,  gkn- 


GAR 

LIS,  Thédt.  d'éduc.  le  Mérhanl,  iv,  4.  \\6'  Défendre 
quelqu'un  contre  une  demande.  Garantir  quelqu'un 
de  toutes  poursuites.  ||  Indemniser  quelqu'un  du 
tort  qu'il  souffre  par  une  éviction,  par  une  condam- 
nation, etc.  Il  6°  Mettre  à  l'abri.  Ce  paravent  nous 
garantit  du  froid.  Garantir  quelqu'un  du  besoin.  Le 
même.  Quand  on  m'offenserait,  me  pourrait  garan- 
tir, MALH.  I,  4.  Ce  sang  qui  tant  de  fois  garantit  vos 
murailles....  corn.  Cid,  ii,  9.  En  vain  d'un  sort  si 
triste  on  les  veut  garantir,  m.  Ilor.  m,  2.  Un  lâche 
repentir  garantira  sa  tête!  m.  Cinna,  ii,  2.  Garan- 
tissez ma  sœur  des  fureurs  de  Phocas,  id.  lléracl. 
m,  1.  Après  que  ma  couronne  a  garanti  vos  têtes, 
ID.  Sertor.  ii,  2.  C'est  k  vous  à  me  garantir  du  plus 
grand  de  tous  les  maux,  sév.  333.  H  s'efforce  en  se- 
cret de  vous  en  garantir,  rac.  Alex,  i,  ).  ||  Absolu- 
ment. Cette  peine  corporelle  garantirait  de  l'étemelle, 
PASC.  dans  COUSIN.  ||  Garantir  une  chose,  prendre  les 
précautions  nécessaires  pour  qu'elle  ne  soit  pas  en- 
dommagée. Je  n'entends  pas  qu'il  [l'enfant]  aille  pe- 
loter dans  nos  tripots,  ni  qu'on  charge  sa  petite  main 
d'une  raquette  de  paumier,  mais  qu'il  joue  dans  une 
salle  dont  on  aura  garanti  les  fenêtres,  i.  j.  bouss. 
Ém.  II.  Il  7°  Se  garantir,  v.  réfl.  Certifier  qu'on 
aura  ceci  ou  cela  Demain  je  me  garantis,  adorée, 
MARIVAUX,  Jeux  de  l'am.  et  du  has.  u,  \.  ||  8"  Se 
mettre  en  sûreté.  Il  sut  se  garantir  du  péril.  ||  Abso- 
lument. Par  ce  moyen  Ësope  se  garantit  ;  ses  accu- 
sateurs furent  punis  doublement,  pour  leur  gourman- 
dise et  pour  leur  méchanceté,  la  pont.  Vie  d'Ésopf. 

—  REM.  On  dit,  dans  le  sens  de  rendre  sûr,  certain, 
garantir  avec  que  :  Je  vous  garantis  qu'il  arrivera  ; 
je  ne  vous  garantis  pas  qu'il  vienne  à  temps.  Mais 
on  ne  le  dit  pas  avec  de  et  l'infinitif;  Je  vous  ga- 
rantis d'avoir  son  adresse  n'est  pas  français;  il  faut: 
Je  vous  garantis  que  j'aurai  son  adresse. 

—  SYN.  GARANTIR,  PEÉSERVER.  Garantir,  c'est  ser- 
vir de  garant,  de  caution;  préserver,  c'est  sauver 
de  quelque  péril  qui  menace.  Jusque-là  les  deux 
significations  sont  très-distinctes;  mais,  si  on  passe 
à  l'extension  de  sens  que  garantir  prend  quand  il  si- 
gnifie protéger,  mettre  à  l'abri,  on  trouve  qu'il  se  con- 
fond grandement  avec  préserver.  I>a  vaccine  garantit 
ou  préserve  de  la  petite  vérole;  le  sens  est  le  même, 
et  l'usage  ne  peut  y  découvrir  aucune  différence. 

—  HIST.  xr  s.  Li  nostre  Dous!  guarantisez  Char- 
Ion,  Ch.de  Boi.  ccxxxvii.  Mon  jugement  vuil  [je 
veux]  sempres  guarantir  [soutenir]  ,  ib.  cclxxix. 
Il  XII"  s.  Escu  ne  broigne  [cuirasse]  ne  li  put  garen- 
tir,  Konc.  p.  60.  Là  se  combat  chascuns  pour  garan- 
tir sa  pel,  Sax.  ix.  ||  xiii"  s.  Mais  Diex  l'a  garanti  et 
la  Vierge  honorée,  Berte,  xlvi.  Mais  par  ceste  men- 
songe, vers  lui  [contre  lui}  [je]  me  garanti,  ib. 
cxviii.  Après  Dieu  [je]  sui  par  eus  de  la  mort  ga- 
rantie, ib.  cxxviii.  Qui  fust  en  la  bataille  peiist 
grant  noise  oïr;  Guillermes  traist  l'espée  por  son 
cors  garandir,  Chans.  d'Ant.  m,  <03 Se  li  che- 
valiers traist  le  fet  à  li,  il  garantist  les  escuiers, 
qu'il  n'en  paient  point  d'amende,  beaum.  xxx,  68. 
Au  tans  que  11  François  vivoient  en  francisse,  Par 
els  fu  mainte  terre  garandisse  et  conquise.  Et  fai- 
soient  U  roi  dou  tout  à  lor  devise,  buteb.  234.  Et 
dedans  celé  arche  garanti  il  [No5]  lui  et  sa  mais- 
nie,  BRUN.  LATiNi,  Trésor,  p.  28.  ||  xiv'  s.  Vuidez 
trestous  de  ci  I  nous  serons  attrapez  ;  Ne  vous  ga- 
rantiront les  murs  ne  les  fossez,  Guescl.  I8b68.  ||  xV 
s.  Il  fit  ses  gens  retraire  au  mieux  qu'il  put;  et  les 
defendoit  en  retraiant  et  garantissoit  le  mieux  qu'il 
pouvoit,  FROiss.  i,  I,  166.  ||xvi"  S.  Tout  entier  je  ne 
mourray  pas,De  moy  la  meilleure  partie  De  la  mort 
sera  garentie,  du  bellay,  iv,  8o,  recto.  Garantir 
un  danger  par  une  effrontée  mensonge,  mont,  i,  37. 
Sa  doulceur  ne  le  sceut  garantir  qu'il  ne  cheust 
depuis  aux  laqs  de  pareille  trahison,  id.  i,  130.  In- 
cité d'un  appétit  de  mourir  courageusement  pour 
garantir  ya  honte  passée,  id.  i,  2B3.  Faisants  pour 
garantirleur  mort  toutes  les  choses  qu'on  faict  pour 
garantir  sa  vie,  id.  ii,  37. 

—  ETYM.  Garant;  wallon,  tcerddi;  provenç.  ga- 
rentir,  guirentir ;  espagn.  et  portug.  garantir; 
ital.  guarentire,  guarantire. 

t  GARANTISME  (ga-ran-ti-sm'),  s.  m.  Dans  le 
langage  de  l'école  fouriériste  ou  sociétaire,  système 
do  féodalité  industrielle  qui  doit  suivre  notre  anar- 
chie et  précéder  l'association  définitive. 

—  ÊTYM.  Garantir. 

j  GARANTISSEUR  (ga-ran-ti-seur),  s.  m.  Celui 
qui  garantit. 

—  HIST.  xiii'  s.  Adont  seroit  li  garanlissiere  de- 
livres  de  porter  garant,  beaum.  xxxiv,  «n. 

t  GARAT  (ga-ra),  s.  m.  Ancien  nom  d'une  toile 
de  coton.  Dijon:  garats,  chaîne  coton,  trame  coton, 
l.ett.  pat.  t*  mars  (781,  Tableau  annexé. 


GAR 


1829 


t  GARA  VEAU  (ga-ra-TÔ),  s  m.  Sorte  de  mesure 

pour  les  grains,  usitée  dans  le  Midi.  Dix  garaveaui 
valent  un  double  décalitre. 

t  GARDE  (gar-b'),  .?.  m.  S'est  dit  pour  galbe  au 
sens  de  mode  de  construction  et  d'apparence  d'un 
vaisseau.  Ils  [les  matelots]  reconnurent  à  son  garbo 
[du  vaisseau]  qu'il  était  turc  et  de  Salé,  betz,  iv,  320 

—  ÉTYM.  Le  même  que  galbe  (voy.  ce  mot). 

t  GARRIN  (gar-bin),  s.  m.  Nom  d'un  petit  venl 
du  sud-ouest,  sur  les  côtes  de  la  Méditerranée. 

—  HIST.  xiii«  s.  Par  ung  vent  qu'on  appelle  gar- 
bum,  qui  n'est  pas  des  quatre mestres  vens  regnans 
en  mer,  nu  canoë,  garbinus. 

—  ÉTYM.  Ital.  garbino;  de  l'arabe  garbt,  occi- 
dental. 

]  GARHON  (gar-bon),  s.  m.  Terme  de  fauconne- 
rie. Le  mâle  de  la  perdrix. 

t  GARBOTEAD  {gar-bo-t«)  ou  GARBOTIN  (gar- 
bo-tin),  s.  m.  Noms  vulgaires  de  la  cbcvanne,  pois- 
son {leucisque  jésès) . 

CARRURE  (gar-bu-r'),  s.  /.  Potage  épais,  fait  de 
pain  de  seigle,  de  choux  et  de  lard.  La  garbure  est 
bien  faite  quand  la  cuiller  s'y  tient  toute  droite; 
c'est  une  soupe    très-usitée  au  pied  des  Pyrénées. 

—  ÉTYM.  Le  mot  parait  venir  de  l'espagnol,  où  il 
y  a  garbias  signifiant  ragoût. 

GARCE  (gar-s'),  s.  (.  \\  1°  Anciennement,  fille  ou 
femme.  C'est  un  affineur  de  Lyon,  fort  débauché, 
qui  emmena  d'ici  Lyon  quand  et  soi  une  belle  garce 
qui  lui  a  bien  mangé  du  bien,  gui  patin,  Lettres, 
t.  II,  p.  467.  Il  2°  Aujourd'hui,  terme  injurieux  et 
trè»-grossier.  Se  dit  d'une  fille  ou  femme  débau- 
chée. Quelle  garce!  Cette  garce  de  femme.  ||  Avec 
de,  sorte  de  juron  très-grossier.  Ne  changera-t-il 
jamais  sa  garce  de  vie? 

—  HIST.  xm"  s.  Si  leur  soit  tostla  garce  [la  jeune 
fille]  et  errant  délivrée,  Berte,  xvi.  ||  xiv  s.  Partis 
est  de  ma  terre  li  ors  garçons  truans;  Si  emmené 
ma  scer,  qui  tant  ert  souffisans;  Jamais  honour 
n'ara  la  garce  en  son  vivans,  Baud.  deSeb.  vi,  84o. 
Il  XVI*  s.  Amour  de  garce  et  saut  de  chien  ne  dure 
si  l'on  ne  dit  rien,  cotgrave.  Le  masle  est  gars  à 
quatorze  ans,  et  la  femelle  est  garce  à  douze,  lov- 
sel,  dans  le  Glossaire. 

—  ÉTYM.  Voy.  GARÇON.  Autrefois  jarcc  n'avait  au- 
cun sens  déshonnête  ;  c'était  simplement  le  féminin 
de  gorfO?i,etce  mot  signifiait  jeune  fille.  Le  sens  an- 
cien s'est  conserve  dans  quelques  localités  :  C'est  une 
fameuse  garce,  est  un  éloge  peu  compris  que  re- 
cueillit Mme  de  Stael  dans  un  petit  canton  du  Ven- 
domois,  où  elle  passa  quelques  jours  d'exil,  liONoiiB 
de  BALZAC,  les  Chouans.  Cette  tendance  à  prendre 
les  mots  en  mauvaise  part  produit  de  fâcheux  effets. 
Garce  avait  un  sens  très-bon,  on  l'a  rendu  deshon- 
nête; il  a  fallu  prendre /iii<.  Aujourd'hui /îWf  est 
devenu  déshonnête  à  son  tour  en  certains  cas  ;  on 
ne  peut  plus  dire  une  pension  de  filles  ;  il  faut  dire  : 
de  jeunes  filles  ou  de  jeunes  personnes  ;  où  s'arré- 
tera-t-on  ? 

t.  GARCETTE  (gar-sè-f) ,  î.  f.  Terme  de  marine. 
Tresse  plate  de  fil  de  caret.  ||  Instrument  avec  lequel 
on  frappait  sur  le  dos  nu  des  matelots  qui  avaient 
encouru  un  châtiment 

—  ÉTYM.  Espagn.  garceta;  ital.  gaschette;  angl. 
gas/tpft.  Origine  inconnue,  à  moins  qu'on  n'imagine 
que  la  garcetle,  tresse  plate  de  fil  de  caret,  a  été 
dite  ainsi  de  Vigarcelte,  tresse  de  cheveux  (voy.  le 
suivant).  L'espagnol  garceta,  qui  signifie  à  la  fois 
garcette  et  bouquet  de  cheveux,  appuierait  cette 
conjecture;  mais  alors  l'italien  jotcÂfUc  et  l'anglaîj 
gaskelt  seraient  des  corruptions  du  mot. 

t  2.  GARCETTE  (gar-sè-f),  s.  f.  Ancienne  coif- 
fure de  femme,  dans  laquelle  les  cheveux  étaient 
rabattus  sur  le  front. 

—  HIST.  xvi*  S.  Le  roi  les  voyant  coiffées  à  11 
garcette  tint  un  langage  fort  àla  faveurdelamode.... 
Les  artisans  ont  à  leur  porte  L'enseigne  du  mestier 
qu'ils  font.  Et  nos  dames  en  ceste  sorte  Ont  les  gar- 
cettes  sur  le  front,  u'ai  b.  Fan.  iv,  2. 

ÉTYM.  Espagn.  garceta,  bouquet  de  cheveux  sur 

les  tempes,  do  garceta,  héron,  à  cause  de  la  com- 
paraison de  ces  bouquets  de  cheieux  à  l'aigrello 
du  héron.  On  a  dit  que  cette  mode  était  venue  d'Es- 
pagne avec  Ange  d'Autriche.  Ce  dire  empêche  d« 
songer,  dans  garcette,  à  une  dérivation  de  garce, 
jeune  fille. 

f  3.  GARCETTE  (gar-sè-f),  s.f.  Petite  pince  pour 
épincetcr  les  draps. 

t  GARCINIE  (gar-si-nie),  t.  f.  Voy.  oùttieb. 

GARÇON  (gar-son) ,  s.  m.  ||  1"  Enfant  mâle.  Celte 
femme  est  accouchée  d'un  garçon.  P  n'y  a  point  de 
princesse  de  Cachemire  ;  son  père  n'a  jamais  eî< 
que  deux  garçons  qui  .sont  actuellement  au  collège, 


1830 


GAR 


VOLT,  ntane  et  noir.  Si  l'on  s'en  rapporte  surcolian 
triMil  (le  M.  l'abbé  d'Kxpilly,  il  «o  trouve  un  trtji- 
ijcme  plus  de  garçons  que  de  filles,  et  je  no  serais 
pas  éloJKnéde  croire  que  ce  résultat  est  assez  juste, 
Bin-p.  Probab.  de  la  vie.  ||  Familièrement.  Il  se  dit 
pour  fils.  Mon  garçon  est  au  collège.  Par  malheur, 
c'est  le  plus  brave  qui  y  trouve  le  plus  de  dangers.... 
et  mon  garçon  est  si  hardi,  si  entreprenant  I  gen- 
Lis,  Thédt.  d'édm.  Tendr.  matern.  .ic.  7.  ||  2°  Fami- 
lièrement. Un  jeune  homme, un  homme.  Ca  garçon- 
là  finira  mal.  Bonjour,  mon  garçon,  dit-elle,  quand 
je  l'abordai  ;  hé  bien,  comment  te  trouves-tu  à 
Paris?  MARIVAUX,  Paysan  parienu,  t"  part.  C'est 
Ufl  garçon  fort  doux  et  de  bonnes  mœurs,  in.  Ma- 
rianne, T  part.  Si  vous  saviez  combien  j'aime  ce 
garçon-là,  piRON,  Jf^from.  v,  6.  Je  ne  sais  si  la 
Morde  est  a.ssez  heureux  pour  être  connu  de  vous  ; 
c'est  un  bon  garçon,  complaisant  et  aimable,  et 
dont  le  caractère  mérite  qu'on  s'intéresse  à  lui, 
voi,T.  Lett.  d'Argental,  io  août  <769.  Elle  aura  le 
temps  de  faire  donner,  par  le  clergé  qu'elle  gou- 
verne, un  bon  bénéfice  à  ce  grand  garçon  de  Vari- 
court,  qui  est  un  des  plus  beaux  prêtres  du  royaume 
et  un  des  plus  pauvres,  id.  ielt.  Mme  de  St-Jnlien, 
sodée.  (775.  Il  Un  beau  garçon,  un  enfant,  un  jeune 
homme  de  belle  tournure  et  figure.  On  m'avait  bien 
dit  qu'il  était  beau  garçon,  et  on  avait  raison,  Ma- 
rivaux, Pays.  parv.  4*  part.  Joli  garçon  se  dit  dans 
le  même  .sens.  |j  Ironiquement.  Joli  garçon,  beau 
garçon,  homme  qui  s'est  mis  dans  un  embarras 
Huelconque,  qui  a  fait  quelque  faute.  Vous  êtes  de 
jolis  garçons  dan*  vos  choix,  hamii-t.  Gramm.  )(. 
Il  On  le  dit  aussi  d'un  homme  qui  s'est  enivré.  11 
était  bien  beau  garçon,  joli  garçon.  ||  Se  faire  beau 
garçon,  manger  son  bien  en  débauches,  et  aussi 
s'embarrasser  en  de  méchantes  affaires.  ||  Bon  gar- 
çon, homme  serviable  et  facile  à  vivre.  Il  est  bon 
garçon  au  dernier  point,  stv.  3t«.  ||  Brave  garçon, 
celui  qui  a  fait  une  chose  dont  on  est  satisfait. 
Vous  êtes  un  brave  garçon  d'être  venu.  ||  Déjeuner, 
dîner  de  garçons,  déjeuner,  dîner  où  il  n'y  a  que 
des  hommes.  ||  Les  garçons  de  la  noce,  les  jeunes 
gens  chargés  de  faire  les  honneurs  de  la  noce. 
L'homme  du  monde  qui  a  le  moins  l'air  d'un  garçon 
de  la  noce,  c'est  moi,  volt.  Lett.  marquis  de  Florian, 
8  août  (770.  Il  Garçons  d'honneur,  les  deux  jeunes 
gens  qui ,  dans  la  cérémonie  du  mariage,  tiennent 
le  poêle  sur  la  tête  des  mariés.  Ce  sont  ordinairement 
les  plus  proches  jeunes  parents  du  marié  et  de  la 
mariée.  ||  Familièrement.  Mauvais  garçon,  méchant 
garçon,  homme  déterminé,  brave,querelleur.  Faire 
le  mauvais  garçon.  Enfonce  ton  bonnet  en  méchant 
garçon,  mol.  Scapin,  i,  7.  Autrement  il  viemlra 
quelque  méchant  garçon  Qui  vous  étrillera  de  la 
bonne  façon,  th.  corn.  l'Amour  d  la  mode,  m,  ». 
Je  me  considérai  avec  cette  épée  à  la  main,  et  avec 
mon  chapeau  enfoncé  en  mauvais  garçon, Marivaux, 
Pays.  parv.  5'  part.  ||  Être  petit  garçon,  bien  petit 
garçon  auprès  de  quelqu'un,  lui  être  fort  inférieur. 
Cela  humilierait  les  plus  forts  esprits,  et  Aristote  ne 
paraîtrait  plus  qu'un  petit  garçon,  Marivaux,  jlfa- 
Tianne,  (  "  part.  ||  Traiter  quelqu'un  en  petit  garçon, 
le  traiter  comme  si  on  avait  une  grande  supériorité 
sur  lui.  Mme  de  BuUion,  aussi  avare  que  riche  et 
glorieuse,  traitait  son  mari  comme  un  petit  garçon, 
sT-siM.  611,  (75.  M.  le  duc  l'avait  traité  [le  prince  de 
Conti]  un  peu  trop  en  petit  garçon  à  sa  première 
campagne,  n.  22»,  2(5.  ||  3°  Celui  qui  demeure 
dans  le  célibat,  qui  ne  se  marie  pas.  Il  est  encore 
purçon.  ..'..Je  suis  garçon  ;  le  ciel  m'a  fait  la  grâce, 
De  même  qu'au  phénix,  d'être  seul  de  ma  race, 
BOunsAULT,  Ésope  d  la  cour,  iv,  6.  ||  Faire  vie  do 
garçon,  mener  une  vie  indépendante,  s'affranchir 
de  tout  devoir,  de  toute  réserve.  ||  Logement,  ap- 
partement de  garçon,  logement,  appartement  qui 
no  convient  qu'à  un  homme  seul  et  non  marié. 
Il  Un  mari  garçon,  un  homme  marié  qui  vit  en  gar- 
çon. Il  4°  Ouvrier  qui  travaille  pour  le  compte  d'un 
maître.  Il  a  plusieurs  garçons.  Garçon  tailleur.  Mon 
gentilhomme,  donner,  s'il  vous  platt,  aux  gar- 
çons quelque  chose  pour  boire  ,  mol.  Bourg, 
tent.  il,  B.  Suivant  de  Démocrite  et  garçon  phi- 
losophe, BEGNAnn,  Démocrite,  n,  7.  Il  est  plaisant 
qu'un  garçon  horloger  |J.  J.  Rousseau],  avec  un  dé- 
cret de  pri.se  de  corps,  soit  à  Paris,  et  que  je  n'y 
W)is  pas,  VOLT.  LeU.  Richelieu,  1 1  juillet  (770.  ||  6"  Il 
l'est  dit  pour  domestique.  Il  n'est  p,is  jusqu'au  fat 
qui  lui  sert  de  garçon  Oui  ne  se  mclo  aussi  de  nous 
f*irc  leçon  ,  mol.  Tan.  i,  2.  Les  balles  passèrent  sur 
la  tête  (de  moi],  mais  fort  près  à  nos  deux  garçons 
Çol  se  promenaient  derrière  la  tente,  st-sim.  îj  39. 
llTermode  marine.  Domestique  dapatron  d'une  bar- 
que de  commerce.  ||  6' Nom  donné  en  gên'î'-al  à  ceux 


GAR 

qui  servent  les  acheteurs  chez  certains  marchands  ; 
aux  domestiques  de  collège,  de  restaurant,  de  café  ;  aux 
employés  subalternes  dans  certains  établissements, 
dans  certaines  administrations.  Un  garçon  de  café. 
Garçon  de  bain.  Garçon  épicier.  Les  garçons  d'un 
collège,  d'un  hôtel.  Garçon  limonadier.  Donner  quel- 
que chose  aux  garçons.  N'oubliez  pas  le  garçon.  Un 
garçon  de  bureau.  Un  garçon  de  caisse.  Garçon  de 
théâtre.  Il  n'y  a  plus  que  des  garçons  de  boutique  à  la 
comédie,  sév.  (45.  Laissei-moi  vous  donner  un  gar- 
çon qui  me  rapportera  l'argent,  bbueys,  Avoc.  Pat. 
I,  8.  Duvorney  ayant  été  garçon  cabaretier  dans  son 
enfance,  volt.  Louis  XV,  3.  ||  Garçons  de  pelle, 
manœuvres  qui,  avec  de  grandes  pelles  de  bois  fer- 
rées, remplissent  les  mesures  dont  on  se  sert  pour 
le  charbon.  ||  Terme  de  pêche.  Garçon  de  bord, 
jeune  homme  qui  se  loue  pour  aider  à  la  pêche. 
Garçon  de  cour,  ouvrier  préposé  aux  salaisons  des 
harengs.  ||  7"  Anciennement.  Garçons  de  la  cham- 
bre, garçons  de  la  garde-robe,  petits  officiers  qui 
étaient  dans  la  chambre  du  roi  pour  recevoir  ses 
ordres.  Il  Garçon-major,  officier  qui  faisait  le  détail 
du  régiment  sous  le  major  et  l'aide-major.  ||  Pro- 
verbe. Vieux  garçons,  vieux  coquins,  c'est-à-dire  il 
arrive  souvent  que  les  gens  qui  passent  leur  vie 
dans  le  célibat  ont  de  mauvaises  moeurs. 

—  HIST.  XI'  s.  Ne  n'i  adeist  escuyer  ne  garçun, 
Ch.  de  Roi.  CLxnv.  ||  xii'  s.  Tuit  le  regardent  et 
serjant  et  garzon  ,  Tionc.  p.  (83.  X  la  cort  le  manda 
l'hostes  par  un  garçon,  Sax.  xxii.  Li  malveis.... 
quidierent  [crurent]  le  rei  servir  à  gré,  Egarçunset 
putains  unt  saint  Thomas  hué,  TK  le  mart.  46. 
Li  arcevesques  est  encontre  lui  levez;  Cum  s'il  fust 
uns  garçuns,  li  e.st  al  piez  alez,  ib.  34.  Voir,  dist 
Derniers,  or  oi  [j'entends]  parler  bricon  ;  Del  mane- 
cier  te  taign-je  por  garçon,  Raoul  de  C.  (56.  E  li 
garz  cuillid  [ramassa]  les  sajeles,  portad  les  à  son 
seignur,  Rois,  p.  82.  ||  xiii'  s.  Fol  est  et  gars  qui  à 
dame  se  done,  odesnes,  Romane,  p.  86.  Il  n'avoit 
pris  de  nulo  part  Nului  fors  solement  Lietard  Et  un 
gars  qui  avec  lui  fil  Qui  les  huez  [bœufs]  chaçoitde 
vertu,  Ren.  (5406.  Ices  [ces]  deus  ars  tint  Dous- 
Regars,  Qui  ne  sembloit  mie  estre  gars.  Avec  dix 
des  floiches  son  mestre,  la  Rose,  924.  Fi!  or  ai  je 
trop  vescu,  quant  li  garchons  de  France,  fins  [fils] 
au  mauvais  roi,  m'est  venu  courre  sus,  Chr.  de 
Rains,  p.  (6.  Ne  furent  pas  ce  jour  garçon  [lâches]. 
Car  vuidier  firent  maint  arçon,  Roman  d'Athis, 
dans  DU  cange,  garcio.  Et  dont  s'en  veit  à  tel  eure 
parmi  tel  ville  come  Paris  est,  toute  seule  entre  li 
et  son  garçon  ou  sa  garce  ...  parmi  rues  foraines, 
dessi  à  son  ostel,  Liv.  des  met.  204.  Quant  Renart 
cil  rous,  cil  puanz.  Cil  viz  Icchierres,  cil  garçons, 
Ren.  603.  Il  XIV*  s.  Et  avec  ce  lui  dist  plusieurs  in- 
jures et  villenies,  en  l'appellant  garçon,  nu  cange, 

garcio.  ||  xv*  s Il  ne  peut  estre  que  en  un  tel  ost 

que  le  roi  d'Angleterre  menoit,  qu'il  n'y  ait  des 
vilains  garçons  et  des  malfaiteurs  assez,  froiss.  i, 
I,  272.  Et  firent  demeurer  tous  les  garçons  en  leurs 
logis  pour  garder  les  chevaux,  id.  i,  i,  3.  Ainçois  en 
souffrirons  nous  telle  mesaise  que  oncques  gens 
n'endurèrent  ne  souffrirent  la  pareille,  que  nous 
consentissions  que  le  plus  petit  garçon  ou  varlet  de 
la  ville  eust  autre  mal  que  le  plus  grand  de  nous, 
m.  I,  I,  320.  Si  tira  l'espée,  et  embrassa  l'escu,  et 
s'appareilla  de  monstrer  la  graigneur  proe.sse  qu'il 
onques  pourra  ;  car  il  sçavoit  bien  que  celluy  à  qui 
il  a  jousté  n'est  pas  garçon,  Lancelot  du  lac,  t.  nr , 
f*  69,  dans  LACUHNE.  Dieu  garde  des  chevaliers  qui 
vont  à  pied  parmi  les  forests  estranges,  comme  gar- 
çons trottoreaulx,  ib.  ^  (4.  ||  xvi'  s.  J'ay  un  bon 
garçon  de  tailleur  à  qui....  mont,  i,  37.  L'une  tra- 
vestie en  garson,  coiffée  d'un  morion  luisant,  id.  i, 
(77.  Lefit  de  Montauban,  qui  estoit  katholique,  des- 
couvrit l'alTaire  et  y  fit  tuer  plusieurs  mauvais  gar- 
çons [braves  soldats],  d'aub.  Ilist.  ii,  6S.  Mais 
Besmes,  aiant  crié  :  tu  sçais  que  je  suis  mauvais 
garçon,  tire  son  coup  de  pistolet,  id.  ib.  ii,  (69. 

—  Etvm.  Picard,  guerchon;  franc-comtois,  301- 
chon;  bourg,  gaçon  ;  prov  gart,  giiart,  garsi,garso, 
gasso,  guarion;  catal.  garsA;  esp.  garion;  ital. 
garsone;  bas-Iat.  gorci'o.  Mot  très-difficile.  On  re- 
marquera d'abord  qu'on  vieux  français  le  nominatif 
est  gars,  et  le  régime  garçon;  au  pluriel ,  le  no- 
minatif est  li  garçon,  et  le  régime  les  garçons;  de 
même  en  provençal  le  nominatif  est  gart,  et  le  ré- 
gime garson.  Il  faut  donc  que  ce  mot  vienne  d'un 
bas-latin  garcio,  où  l'accent  .se  déplace  par  l'effet 
de  la  déclinaison  :  garcio,  garciônem.  Diez  en  a 
donné  une  étymologie  fort  ingénieuse  :  il  a  re- 
marqué que  dans  le  patois  milanais  garson  signifie 
à  la  fois  garçon  et  une  espèce  de  chardon  ;  il  en  a 
conclu  que  c'était  le  même  mot,  et  qu'il  répondait 


GAR 

à  un  dérivé  du  latin  carduus,  chardon.  Pour  la 
forme  du  mot,  il  rapproche  l'italien  guarsuoto, 
cœur  de  chou,  milanais  garxoeu,  bouton,  qui,  te- 
nant à  corduuî,  témoignent  du  changement  do  t 
en  g.  Pour  le  sens,  il  suppose  qu'un  jeune  garçon 
a  été  dit,  par  métaphore ,  un  bouton,  un  cœur  de 
chou,  quelque  chose  de  non  développé.  Cette  déri- 
vation ne  porte  pas  dans  l'esprit  une  conviction 
complète,  vu  que  les  intermédiaires  manquent  pour 
montrer  le  passage  du  sens  de  cœur  de  [liante  à  ce- 
lui déjeune  garçon.  Aussi,  dans  l'état  de  la  ques- 
tion, ne  peut-on  abandonner  absolument  la  dériva- 
tion celtique  :  bas-bret.  gwerc'h,  jeune  fille;  le  gu 
se  trouve  dans  quelques  formes  provençales  et  dans 
le  picard.  Mais  cela  aussi  est  incertain;  et  l'étymo- 
logie  reste  en  suspens.  Garçon  n'a  pas  plus  que 
garce,  par  soi,  un  mauvais  sens;  pourtant  il  y  eut 
un  temps  dans  le  moyen  âge  où  il  prit  une  accep- 
tion très-défavorable,  et  devint  une  grosse  injure, 
signifiant  coquin,  lâche.  Aujourd'hui  il  ne  s'y  at- 
tache plus  rien  de  pareil,  et  c'est  garce  qui  seul  est 
tombé  très-bas. 

t  GARÇONNEK  (gar-so-né),  c.  n.  Terme  fami- 
lier. Fréquenter  les  garçons,  jouer  avec  eux,  en 
parlant  des  filles. 

—  HIST.  xm*  s.  Il  n'a  jusqu'à  la  mer  betce  [gla- 
cée]Garçon  qui  ne  l'ait  garçonnée,  Ren.  23292.  ||  xv 
s.  Nous  voyons  povres  goguelus.  Minces,  mesgres, 
niays  et  leurs.  Pour  estre  à  plaisance  vestus,  Gar- 
sonner  satin  et  velours  [avoir  des  maltresses  vêtues 
de  satin],  coquillart, p.  (6,  dans lacurije.  ||  xvi's. 
Il  n'est  séant  qu'une  femme  se  garçonne  [[s'btibille 
en  garçon]  pour  se  faire  monstrer  plus  belle,  si  ce 
n'est  pour  se  gentiment  arioniser  d'un  beau  bonnet 
avec  la  plume  attachée  à  la  guelfe  ou  gibeline,  ou 
bien  au  devant  du  front  pour  ne  trancher  ni  de  l'un 
ni  de  l'autre,  brant.  Dames  gai.  t.  i,  p.  406. 

—  ÊTYM.  Garçon. 

t  GARÇONNET  (gar-so-nè) ,  s.  m.  Petit  garçon. 
X  plat  ventre,  la  plante  des  pieds  tournée  vers  la 
mère,  la  tête  vers  l'enfant  nu,  un  garçonnet  qui 
dort,  DIDEROT,  Salon  de  (767,  (JImv.  t.  xiv,  p.  3«i, 
dans  P0UGENS. 

—  HIST.  xiii*  S.  Une  trenchant  coignie  a  prise, 
Qu'il  mist  soz  sa  chape  à  celé;  Un  garçonet  [il]  a 
apelé  ;  Avis  li  est  que  trop  demore  ,  Ren.  (6064. 
Il  XVI*  s.  Les  maistre  d'hostel  et  fourrier  dudit  sei- 
gneur s'adres-serent  à  Gargantua,  jeune  garsonnet, 
RAB.  Garg.  i,  (2. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  garçon;  picard,  guercho- 
net;  Berry,  garçonniau. 

GARÇONNIÈRE  (gar-so-niè-r'),  s.  f.  Terme  fami- 
lier et  qui  n'est  pas  sans  quelque  blâme.  Jeune  fille 
qui  aime  à  jouer  ,  à  courir  avec  les  garçons.  ||  Ad- 
jectivement. Cette  petite  fillli  est  trop  garçonnière. 

—  HIST.  XII*  s.  Je  ne  sai  rien  de  putain  cham- 
brière Qui  ait  esté  corsaus  ne  maaillere,  X  toutes 
gens  communax  garsonniere,  Raoul  de  C.  64. 

—  ÊTYM.  Garçon; picard,  guerehonière. 

t  GARDABLE  (gar-da-bl') ,  adj.  Que  l'on  peut  ou 
doit  garder;  facile  à  garder. 

—  HIST.  xvi*  s.  Cet  estroit  est  gardable  en  ac- 
commodant le  castillo  qui  est  au  bout,  d'àub.  Hitt. 
m,  335. 

—  ÊTYM.  Garder. 

( .  GARDE  (gar-d'),  s.  (.  ||  1»  Action  de  garder,  de 
conserver,  de  défendre  quelqu'un  ou  quelque  chose, 
de  surveiller  quelqu'un  ou  quelque  chose.  Avoir  la 
garde  d'une  bibliothèque,  d'un  magasin.  11  faut  une 
garnison  de  trois  mille   hommes  pour  la  garde  de 
cette  ville.  La  garde  du  défilé  des  Thermopyles  con- 
fiée à  Léonidas.  Dieu,  qui  de  ceux  qu'il  aime  est  la 
garde  étemelle,  malb.  i,  2.  Vous  ne  me  direz  plus 
qu'on  vous  l'a  mise  en  garde,  corn.  Théodore,  iv,  4. 
Laissez-la  moi,    seigneur,   quelques  moments  en 
garde,  id.  Hiiracl.  iv,  5.  Et  je  viens  vous  chercher 
pour  vous  prendre  en  ma  garde,  in.  JVi'com.  v,  ".Jeté 
le  donne  en  garde,  m.  Perthar.  m,  6.  L'amour  de  ses 
sujets  est  une  sûre  garde,  rotr.  Antig.  11,  4.  Appli- 
quez-vous avec  tout  le  soin  possible  à  la  garde  d» 
votre  cœur,  parce  qu'il  est  la  source  de  la  vie,  saci, 
Rihle,  Prov.  de  Salomon,  iv,  23.  La  garde  de  deux 
filles  est   un  peu  trop  pesante  pour  un  homme  de 
mon  âge,  mol.   Préc.  5.  S'il  y  eut  jamais  une  con- 
joncture où  il  fallut  montrer  de  laprévoyance  et  un 
courage  Intrépide,  ce  fut  lorsqu'il  s'agit  d'assurer 
la  garde  des  trois  illustres  captifs,  noss.  le  Tellier. 
Jacob  ne  pouvait  pas  les  [ses  brebis]  donner  en  garde 
àun  autre,  flèch.  .«fenn.  11,  296.  Le  vigilant  Girot... 
C'est  d'un  maître  si  saint  le  plus  digne  officier;  La 
porte  dans  le  chœur  à  sa  ganle  est  commise,  boil 
Lutr.  IV.  Amis,  partageons-nous  :  qu'Ismael  en  s» 
garde  Prenne  tout  le  cité  que  l'Orient  regard»,  BAr. 


Athal,  V,  6.  La  garde  en  fut  commiseà  ma  fidélité, 
HAC.  ib.  V ,  ï.  Mais  siérait-il,  Abner,  à  des  cœurs  gé- 
néreux De  liwer  au  supplice  un  enfant  malheureux, 
Un  enfant  que  Dieu  même  à  ma  garde  confie?  lu. 
tb.  V,  a.  Louis  XIV,  élevé  dans  l'adversité,  allait 
avec  sa  mère,  son  frère  et  le  cardinal  Mazarin  de 
province  en  province,  n'ayant  pas  autant  de  trou- 
pes autour  de  sa  personne ,  à  beaucoup  près ,  qu'il 
en  eut  depuis  en  temps  de  paix  pour  sa  seule  garde, 
VOLT.  S.  Louis  XIV,  B.  Allez,  et  que  du  trône  où  le 
ciel  vous  appelle  L'inflexible  équité  soit  la  garde  éter- 
nelle, ID.  Brutus,  ni,  6.  Il  On  le  mit  à  la  garde,  ou, 
mieux,  sous  la  garde  d'un  huissier,  c'est-à-dire 
on  commit  im  huissier  pour  veiller  à  ce  qu'il  ne 
s'échappât.  Il  Â  la  garde,  sous  la  garde  de  Dieu, 
sous  la  protection  de  Dieu.  Elle  me  laissa  partir 
sous  la  garde  du  Seigneur,  hamilt.  Gramm.  3. 
Il  Familièrement.  À  la  garde  de  Dieu,  c'est-à-dire  il 
en  arrivera  ce  qu'il  pourra.  ||  Que  Dieu  vous  ait 
en  sa  sainte  et  digne  garde,  ou,  simplement,  en 
sa  sainte  garde!  formule  par  laquelle  les  souverains 
terminent  les  lettres  qu'ils  écrivent.  ||  Terme  d'ex- 
péditions et  de  roulage.  Remis  à  la  garde  d'un  tel, 
voiturier.  ||  Par  extension  C'est  une  parole  digne  de 
Caîn  que  de  dire  :  ce  n'est  pas  à  moi  à  garder  mon 
frère  ;  croyons  au  contraire  que  nos  amis  sont  à 
notre  garde,  boss.  Sermons,  Char.  frat.  2.  Les  ci- 
toyens étaient  à  la  garde  les  uns  des  autres,  id. 
Bist.m,  3.  Il  Mettre  quelqu'un  sous  bonne  garde, 
le  donner  à  garder  à  qui  peut  en  répondre.  Après 
avoir  mis  ce  petit  roi  sous  bonne  garde,  il  s'alla  lo- 
ger sur  l'Hydaspe,  vadgel.  Q.  C.  viii,  3,  dans  ri- 
CHELET.  Il  En  parlant  des  personnes  et  au  sens  actif, 
être  de  bonne  garde,  garder  avec  soin  ce  qu'on  pos- 
sède. 11  y  a  dix  ans  que  j'ai  cette  montre  ;  je  suis  de 
bonne  garde.  |{  En  parlant  de  Certaines  choses,  des 
fruits,  etc.  et  au  sens  passif,  être  de  bonne  garde, 
ou  être  de  garde,  se  conserver  longtemps  sans  se 
gâter.  Il  Dans  le  sens  contraire.  Ces  fruits,  ces  vins 
sont  de  mauvaise  garde,  de  difficile  garde.  ||  Les 
filles  sont  de  difficile  garde,  on  a  une  grande  sur- 
veillance à  exercer  pour  les  garantir  de  la  séduction. 
il  2°  Terme  d'eaux  et  forêts.  Étendue  de  la  juridic- 
tion d'un  officier  préposé  à  la  conservation  desbois. 

I  3*  Terme  de  jurisprudence.  Garde  judiciaire,  se 
dit  de  la  conservation  et  de  la  surveillance  des 
objets  saisis,  séquestrés,  mis  sous  les  scellés,  pour 
être  ensuite  représentés  à  qui  de  droit.  ||  Terme 
de   coutumes.    Garde  noble ,   voy.    oarde-noule. 

II  Garde  royale,  droit  qui  appartenait  au  roi  en  cer- 
tains lieux,  de  jouir  des  revenus  des  mineurs  qu'il 
avait  en  sa  garde.  ||  Garde  seigneuriale,  dtoit  en 
vertu  duquel  le  seigneur  féodal  jouissait  des  reve- 
nus des  fiefs  tenus  immédiatement  de  lui,  pendant 
que  ses  vassaux  étaient  en  bas  âge,  à  charge  d'en- 
tretenir les  héritages  et  de  payer  les  redevances  an- 
nuelles (Normandie).  ||  4°  Guet,  surveillance.  .Puis- 
qu'on fait  bonne  garde  aux  murs  et  sur  le  port, 
CORN.  Cid,  n,  7.  Est-ce  pour  moi,  seigneur,  qu'on 
fait  garde  à  vos  portes?  id.  Suréna,  iv,  3.  Tant  les 
'.biens  faisaient  bonne  garde,  la  font.  Fabl.  i,  B. 
inges  du  Seigneur,  faites  la  garde  autour  du  ber- 
!eau d'une  princesses!  grande  et  si  délaissée,  boss. 
Duch.  d'Orl.  Il  fut  ordonné  que,  pour  toutes  les 
places  qui  n'étaient  pas  frontières,  ceux  qui  étaient 
sujets  au  guet  et  à  la  garde  en  seraient  affranchis 
en  payant  cinq  sous  chaque  année,  dhclos,  Hist. 
Louis XI,  OCuv.  t.  ni,  p.  233,  dans  pougens.  ||Ce 
chien  est  de  bonne  garde,  il  garde,  il  avertit  bien. 

j  II  Fig.  Posez  sur  mes  lèvres  cette  garde  de  circon- 
'  spection,  fléch.  Aiguillon.  Elle  mit  une  garde  de 
I  prudence  sur  ses  lèvj-es,  id.  flauphinc.  La  vigilance 
continuelle,  la  garde  des  sens,  mass.  Carême,  Élus. 
Il  B°  Prendre  garde,  faire  attention.  Laissez  la  mine 
I  à  part,  prenez  garde  à  la  somme,  BÉGNiEB,5a«.  xiii. 
J'en  sus  hier  la  nouvelle  et  je  n'y  pris  pas  garde, 
CORN.  Ilor.  1,  3.  Je  prends  peu  garde  au  bien,  m. 
Ment.  II,  6.  Ne  voilà  pas  de  mes  mouchards  qui 
prennent  garde  à  ce  qu'on  fait?  mol.  l'Avare,  i,  3. 
Un  enfant  n'y  prenait  pas  garde  de  si  près,  boss. 
Var.  7.  L'aise,  la  joie,  l'affluence  remplissent  l'âme. .. 
et  mettent  â  sec,  si  l'on  n'y  prend  garde,  la  source 
de  la  compassion,  id.  Sermons,  Exhort.  aux  nouv. 
cathol.  2.  Prenei  garde,  seigneur,  vos  invincibles 
mains  Ont  de  monstres  sans  nombre  affranchi  les 
humains;  Mais  tout  n'est  pas  détruit,  et  vous  en 
laissez  vivre  Un....  rac.  Phèdre,  v,  3.  Je  n'aurais 
pas  pris  garde  à  elle,  si  elle  n'avait  pas  pris  garde 
à  moi,  MARIVAUX,  Pays.  part).  3«  part  ||  Prendre 
garde  à  un  sou,  à  un  denier,  faire  attention  aux 
plus  petits  articles  dans  un  compte  de  dépense,  et 
aussi,  être  très-parcimonieux.  Il  Prendre  garde  à, 
veiller,  prendre  ses  précautions.  César,  prends  garda 


GAR 

à  toi,  coKN.  Pomp.  IV,  ■>.  Défions-nous  du  sort 
et  prenons  garde  à  nous  Après  le  gain  d'une  ba- 
taille, la  font.  l'ahl.  VII,  12.  Il  Elliptiquement. 
Garde  à  toi  I  c'est-à-dire  prends  garde  à  toi  I  Senti- 
nelle, garde  à  toil  c.  delav.  Charles  VI,  v,  i. 
Il  Garde  à  toi!  terme  dont  le  valet  de  limier  se 
sert  pour  parler  à  son  chien  quand  il  veut  se  rabat- 
tre. Il  Garde  à  vous  !  commandement  militaire  signi- 
fiant à  une  troupe  de  se  tenir  prête  à  exécuter  le 
commandement  qui  va  suivre.  ||  Prendre  garde,  avec 
que  et  le  subjonctif,  sans  négation,  avoir  soin  que 
telle  chose  soit.  Prenez  garde,  mon  fils,  que  vous 
entendiez  tout  ce  que  vous  faites,  et  de  quel  côté 
VOUS  vous  tournerez,  boss.  Sermons,  Charité  fra- 
tem.  Autre  conclusion.  ||  Prendre  garde  avec  que  et 
le  subjonctif,  et  tie,  avoir  soin  que  la  chose  ne  soit 
pas.  On  m'a  enchargé  de  prendre  garde  que  per- 
sonne ne  me  vit,  mol.  G.  Dand.  i,  2.  Prends  garde 
que  jamais  l'astre  qui  nous  éclaire  Ne  te  voie  en  ces 
lieux  mettre  un  pied  téméraire,  Rkc.  Phèdre,  iv,  2. 
(I  Prendre  garde  que,  avec  l'indicatif,  remarquer. 
Prenez  garde  que  l'auteur  ne  dit  pas  ce  que  vous 
pensez.  Les  valets  peuvent  faire  en  conscience  de 
certains  messages  fâcheux,  n'avez-vous  pas  pris 
garde  que  c'était  seulement  en  détournant  leur  in- 
tention du  mal...?  PAsa.  Prov.  7.  Prenez  garde  que, 
quand  saint  Augustin  a  parlé  du  moindre  degré 
d'être  et  de  perfection,  il  ne  l'a  point  considéré  en  tant 
que  joint  aux  autres  degrés  supérieurs,  fén.  t. m,  p. 
20.  Il  Prendre  garde  à,  et  un  infinitif  construit  sans 
négation,  avoir  soin  de.  Prenez  bien  garde,  vous, 
à  vous  déhancher  comme  il  faut  et  i  faire  bien 
des  façons,  mol.  imprompt.  3.  Prenez  gaide  à  sanc- 
tifier l'extérieur  par  l'intérieur,  boss.  Lett.  Corn. 
43< .  Il  Prendre  garde  à,  et  un  infinitif  construit  avec 
une  négation,  avoir  soin  de  ne  pas....  Prenez  bien 
garde  au  moins  à  ne  lui  point  parler  du  diamant 
que  vous  lui  avez  donné,  mol.  Bourg,  gent.  m,  tt. 
Il  faut  prendre  garde  à  ne  pas  se  tromper,  pasc. 
Pens.  part,  ii,  art.  6.  Qui  prennent  soigneusement 
garde  à  n'offenser  personne  et  du  reste  ne  pensent 
aux  injures  qu'on  leur  fait  que  pour  les  pardonner, 
BOURD.  Pensées,  t.  i,  p.  <97.  Prenez  garde  à  ne  pas 
confondre  les  choses,  id.  Carême,  m.  Amour  de 
Dieu,  70.  Je  crois  même  que  vous  devez  prendre 
garde  à  ne  jamais  laisser  le  vin  devenir  trop  com- 
mun dans  votre  royaume ,  fén.  Tél.  xu.  ||  Prendre 
garde  de,  et  un  infinitif  construit  avec  une  néga- 
tion, avoir  soin  de  ne  pas....  Prends  garde  de  ne 
t'enfler  pas,  boss.  Ilist.  ii,  7.  Si  vous  vous  laissez 
gagner  aux  soupçons,  si  vous  prenez  facilement 
des  ombrages  et  des  défiances ,  prenez  garde  pour 
le  moins  de  ne  les  porter  pas  aux  oreilles  importan- 
tes, id.  Sermons,  Charité  fratem.  Autre  conclusion. 
Il  Prendre  garde  de,  et  un  infinitif  construit  sans  né- 
gation, s'efforcer  d'éviter.  Prenez  garde  de  tomber 
sur  la  montée,  baron.  Coq.  et  fausse  prude,  v,  6. 
Il  En  cet  emploi,  prendre  garde  signifie  éviter  de , 
craindre  de.  On  peut  voir  dans  l'historique  des  exem- 
ples où  garde  a  ce  sens  de  crainte.  ||  6"  Se  donner 
de  garde,  se  donner  garde,  se  défier,  prendre  ses 
précautions.  X  l'égard  de  se  donner  de  garde  ou  de 
se  donner  garde,  je  crois  qu'ils  sont  éga!;j  ■  nt 
usités;  je  préférerais  néanmoins  le  premier  -  ^c 
M.  de  Vaugelas,  vaugel.  Nouv.  Rem.  Observ.  de 
If***,  p.  28 (.  Je  venais  l'avertir  de  se  donner  de 
garde,  mol.  l'Él.  iv,  l.  Donnez-vous  de  garde  des 
fciux  christs  et  des  faux  prophètes ,  boss.  Uist. 
D,  ».  Suétone,  dans  la  vie  de  Néron,  dit  que  l'o- 
racle de  Delphes  l'avertit  qu'il  se  donnât  de  garde 
des  soixante-treize  ans,  fonten.  Oracles,  ii,  3. 
Il  Avoir  soin  de  ne  pas  faire,  éviter  de.  Aussi  nous 
donnerons-nous  bien  de  garde  de  vous  suivre  en 
cela,  PASC.  Lett.  de  Nicole  au  P.  Annat.  L'aven- 
ture du  miroir  et  de  la  dame  enflée  dont  vous 
vous  êtes  bien  donné  de  garde  de  me  parler,  visé. 
Devineresse,  m,  3.  On  sait  qu'il  [Virgile]  ordonna, 
par  son  testament,  que  l'on  brûlât  son  Enéide,  dont 
il  n'était  point  satisfait;  mais  on  se  donnT  bien 
de  garde  d'obéir  à  sa  dernière  volonté,  voir.  Ess. 
pois.  ép.  3.  Il  Se  donner  de  garde  d'une  chose,  l'évi- 
ter, la  fuir.  Donnez- vous  de  garde  de  toute  avarice, 
Boss.  Sermons,  Exhort.  aux  nouv.  cathol.  2.  ||  7»  N'a- 
voir garde  de,  n'avoir  pas  la  volonté,  le  pouvoir, 
être  bien  éloigné  de.  Us  n'avaient  garde  de  loger 
dans  le  même  palais,  corn.  Ex.  de  Pomp.  Je  n'ai 
garde  à  son  rang  de  faire  un  tel  outrage,  id.  Nicom. 
II,  2.  Il  n'a  garde  d'aller  avouer  cela,  ce  serait  faire 
tort....  MOL.  Scapin,  i,  «.  Us  n'avaient  garde  de  le 
reconnaître  au  mdieu  des  flots,  fén.  Tél.  viii.  L'on 
n'avait  garde  de  changer  la  récompense  éternelle  en 
cette  gloire  frivole,  mass.  Carême,  Aum.  jj  Fig.  N'a- 
voir garde  de,  en  parlant  des  Choses,  ne  pouvoir 


GAR 


1831 


pas.  Celte  pièce  fut  mon  coup  d'essai ,  et  elle  n'a 
garde  d'être  dans  les  règles,  puisque  je  ne  savais 
pas  alors  qu'il  y  en  eût,  corn.  Mél.  Examen.  Celto 
permission  n'avait  garde  d'être  refusée,  uamut 
Cramm.  a.  ||  Jen'ai  garde  do  commettre  cette  faute, 
façon  de  parler  bourgeoise ,  dit  caii.liékes,  leua 
On  ne  voit  pas  ce  qui ,  même  de  son  temp.s,  a  pu  dé^ 
cider  Caillières  à  prononcer  cet  arrêt;  car  la  lo- 
cution est  employée  par  les  meilleurs  écrivains  du 
XVII*  siècle.  Il  8»  Service  de  surveillance  rempli  par 
une  personne  ou  un  corps  de  personnes.  Quatre  da- 
mes qui  sont  de  garde  tour  à  tour,  sév.  mi.  ||  Garde, 
se  dit  aussi  du  service  des  pages,  des  gentilshom- 
mes, des  valets  de  pied,  etc.  qui  sont  tour  à  lourde 
service  auprès  des  rois  et  des  princes.  ||  Service  al- 
ternatif de  vingt-quatre  heures  que  font  les  élève» 
en  médecine,  en  pharmacie,  attachés  à  un  hôpital, 
pour  donner  les  secours  urgents.  L'interne  de  garde. 
Il  9°  Service  de  vingt-quatre  heures  que  fait  un  pe- 
tit corps  de  troupe  pour  garder  ou  surveiller.  Mon- 
ter la  garde,  faire  ce  service;  descendre  la  garde, 
retourner  à  sa  caserne  ou  chez  .soi  quand  il  est  fini. 
Officier  de  garde.  Si  mon  compère  Pierre  est  de 
garde  aujourd'hui,  Rf.GNlEB,  Sot.  xi.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Descendre  la  garde,  mourir.  Faire 
descendre  la  garde,  tuer.  Il  a  fait  descendre  la 
garde  à  plusieurs  ennemis.  ||  Collectivement.  Les 
soldats  qui  montent  la  garde.  Relever,  doubler, 
changer  la  garde.  La  garce  montante.  La  garde 
descendante.  Maître  absolu  de  tout,  il  change  ici 
la  garde,  corn.  Sertor.  v,  b.  ||  Corps  de  gîrde , 
certain  nombre  de  soldais  placés  de  garde  eu  un 
lieu.  Corps  de  garde  avancé.  Poser,  établir  un  corps 
de  garde.  En  ce  sens,  le  langage  militaire  dit  au- 
jourd'hui plutôt  poste.  Il  Corps  de  garde,  lieu  où  se 
tiennent  les  soldats  qui  montent  la  garde.  Plaisan- 
teries de  corps  de  garde,  voy.  aoRPS  n°  1 6.  ||  Absolu- 
ment. La  garde ,  les  soldats  ou  les  officiers  de  police 
qui  sont  postes  en  un  lieu  déterminé  pour  veiller  à 
la  sûreté  publique.  Et  la  garde  qui  veille  aux  bar- 
rières du  Louvre  N'en  défend  pas  nos  rois  [de  la 
mort],  malh.  vi,  )8.  Point  n'est  besoin  de  la  garde 
Qu'appefle  en  vain  le  portier,  béhang.  Bon  ménage. 
La  garde  et  les  amours  Se  chamaillaient  toujours  , 
ID.  Mad.  Grég.  \\  X  la  garde!  locutiou  elliptique  dont 
on  se  sert  pour  appeler  la  garde  dans  un  moment 
de  danger.  ||  10"  Corps  de  troupes  affecté  au  service 
près  du  souverain.  Garde  royale,  impériale.  L'artille- 
rie de  la  garde.  La  cavalerie  de  la  garde.  Les  grena- 
diers de  la  garde.  Seule  contre  un  tyran,  en  le  faisant 
périr  Parles  mains  de  sa  garde  il  me  fallait  mourir, 
CORN.  Cinna,  m,  4.  Déjà  sa  garde  accourt  avec  des 
cris  de  rage,  volt.  Mérope,  v,  6.  Il  [Louis  XI]  fit, 
cette  année,  quelques  nouveaux  arrangements  dans 
sa  maison;  il  augmenta  sa  garde  de  cent  archers,  sou» 
le  commandement  de  Jean  Blosset;  c'est  le  premier 
établissement  des  compagnies  françaises  des  gardes 
du  corps,  DUCLOS,  Uist.  de  Louis  XI,  UlCuvres,  t.  m, 
p.  28.  Il  dicta  le  bulletin  de  cette  journée  [bataille 
de  la  MoskowaJ  ;  il  se  plut  à  apprendre  à  l'Europe 
que  ni  lui  ni  sa  garde  n'avaient  été  exposés,  séguh, 
Uist.  de  Nap.  vu,  <2.  Encore  n'était-ce  que  de  sa 
garde,  qu'il  s'occupait  ainsi;  dans  l'armée,  les  sol- 
dats se  plaignaient  de  son  absence;  ils  ne  le 
voyaient  plus  qu'aux  jours  des  combats,  quand  il 
fallait  mourir,  jamais  pour  les  faire  vivre,  id.  ib.  i, 
2.  Leurs  généraux  les  repoussaient  inutilement;  ils 
se  laissaient  frapper  sans  se  plaindre,  sans  se  ré- 
volter, mais  sans  s'arrêter,  même  ceux  des  gardes 
royale  et  impériale  ;  car,  dans  toute  l'armée,  c'était, 
chaque  nuit,  des  scènes  pareilles,  id.  ib.  ix,  )3. 
Il  Vieille  garde,  moyenne  garde,  jeune  garde,  dif- 
férents corps  qui  fai.saient  partie  de  la  garde  de 
Napoléon  I".  En  cheminant  ainsi,  il  appela  Mortier 
et  lui  ordonna  de  faire  enfin  avancer  la  jeune  garde, 
mais  surtout  de  ne  point  dépasseï  le  nouveau  ravin 
qui  séparait  de  l'ennemi,  séguh,  Uist.  de  Aap.  va, 
H .  Il  a  fallu  qu'ils  [les  soldats  revenant  de  Moscou] 
attendissent  [devant  Smolensk]  l'arrivée  de  la  pre- 
mière troupe  encore  commandée  et  eu  ordre,  c'était 
la  vieille  et  la  jeune  garde  ;  les  hommes  débandés 
n'entrèrent  qu'à  la  suite,»,  ib.  ix,  U.  ||  Garde  cou- 
stitutionnelle,  garde  qui  fut  accordée  à  Louis  XVI 
par  l'assemblée  législative,  et  qui  devait  être  de  isoo 
hommes.  ||  11"  Grand'garde,  corps  de  cavalerie 
placé  à  la  tête  d'un  camp  pour  empêcher  que 
l'armée  ne  soit  surprise,  i:  Il  se  dit  aussi  du  corps 
de  garde  principal  d'une  place  forte  ou  d'un  camp. 
Il  Garde  avancée  (dite  aussi  autrefois  garde  folle), 
corps  que  l'on  met  au  delà  de  la  grand'garde  pour 
plus  de  sûreté.  La  garde  avancée  n'étaiv  qu'à  la 
portée  du  canon  de  celle  des  ennemi?  hamil. 
Grnmm.  B.  'I  lï"  Garde  nationale ,   citoyens  a^ 


1832 


GAR 


nés  pour  lo  maintien  do  l'ordre,  cl  ne  recevant 
point  de  solde.  ||  Garde  bourgeoise,  garde  urbaine, 
garde  civique,  sedit  quelquefois  pour  garde  nationale. 
Il  Garde  municipale,  troupe  sédentaire  chargée  d'un 
seiTice  de  police;  on  l'appelle  municipale,  parce 
qu'elle  est  à  la  solde  et  aux  ordres  d'une  ville. 
Il  Garde  départementale,  corps  d'infanterie  établi , 
durant  le  premier  empire,  dans  chaque  départe- 
ment. Il  13"  Garde  d'honneur,  troupe  choisie  pour 
escorter  des  personnages  auxquels  on  rond  des 
honneurs  militaires.  ||  Il  se  dit  aussi  d'une  réunion 
de  citoyens  qui,  volontairement,  servent  de  gardes 
à  un  souverain ,  à  un  prince,  etc.  pendant  son  sé- 
jour dans  la  ville  ou  le  pays.  ||  Garde  d'honneur, 
s'est  dit  d'une  levée  qui  se  fit  en  ) 813  et  <8U  de 
jeunes  gens  de  bonne  famille  qui  s'étaient  rachetés 
une  ou  jilusieurs  fois  de  la  conscription  et  nui  fu- 
rent formés  en  corps  de  cavalerie.  ||  14"  La  partie 
d'une  épée,  d'un  sabre  ou  d'un  poignard  qui  sert  à 
couvrir  la  main.  Son  épée  dont  la  garde  était  d'or, 
fÈN.  J'él.  XVI.  Les  gardes  d'épées  et  sabres  seront 
marquées  et  contre-marquées  aux  branches  et  pla- 
(|ucs.  Règlement  orfév.  30  déc.  (679.  i  ces  mots, 
il  tourna  la  pointe  de  son  épée  contre  son  estomac, 
la  plongea  jusqu'à  la  garde,  et  tomba  sur  le  corps 
do  don  Juan,  lesaoe,  Diabl.  boit.  )5.  ||  Monter  une 
garde,  établir  la  garde  d'une  épée  telle  qu'elle  doit 
Être;  fig  et  familièrement,  monter  une  garde  à 
quelqu'un,  le  réprimander  vivement.  Telle  est  du 
moins  l'explication  que  l'Académie  donne  de  cette 
locution  singulière.  ||  On  a  dit  au  pluriel  les  gardes 
d'une  épée;  de  là  la  locution  familière  et  figurée  : 
s'en  donner  jusqu'aux  gardes,  boire  et  manger  tout 
son  soiil,  et,  en  général,  prendre  d'un  plaisir  sans 
réserve  ni  modération.  Je  boirai,  je  pétunerai  |je 
prendrai  du  tabac) ,  Ju.squ'aux  gardes  m'en  don- 
nerai, scARRON,  Virg.  v.  La  Rappinière  but  tant 
qu'il  s'enivra,  et  la  Rancune  s'en  donna  aussi  jus- 
i|u'aux  gardes,  m.  Hnm.  com.  i,  4.  ||  15°  Terme 
(l'escrime.  La  garde,  l'attitude  du  bras  quand  on 
tient  l'épée  pour  le  combat.  ||  La  garde  haute,  basse, 
tenir  le  poignet  haut,  bas.  ||  Se  mettre,  se  tenir  en 
garde,  se  mettre,  se  tenir  en  état  de  défense  l'épée  à 
la  main.  ||  Elliptiquement.  En  garde  !  Mettez-vous 
en  garde.  Une,  deux!  un  saut  en  arrière!  en  garde, 
monsieur,  en  garde!  mol.  B.genl.u,  3.  ||  Fig. Se  tenir, 
';tre  en  garde,  se  défier, veiller  à  n'être  point  surpris. 
Moins  en  garde  contre  elle  que  contre  Rochester, 
iiAMiLT.Cramm.  9.  Je  redeviens  homme,  et  homme  en 
garde  contre  les  plaisirs,  fiîn.  Dial.  des  morts  anc. 
(iial.  6.  Soyez  en  garde  contre  votre  humeur,  id. 
Tél.  XXIV.  Une  persécution  contre  laquelle  on  n'est 
point  en  garde,  mass.  Avent,  Épiph.  Nous  devons 
ttre  en  garde  contre  notre  cœur,  n.Panég.  Mart.  On 
est  en  garde,  on  doute  enfin  si  l'on  rira,  gresset, 
Mfchant,  iv,  7.  ||  Kig.  Être  hors  de  garde,  être  dé- 
concerté dans  ses  mesures.  Tu  vas  sortir  de  garde 
et  perdre  tes  mesures  ;  Explique,  si  tu  peux,  encor 
SOS  impostures,  corn.  Ment,  m,  3.  Léandre  pour 
nous  nuire  est  hors  de  garde  enfin,  mol.  l'Ét.  m, 
6.  Vous  le  pourrez  longtemps  mettre  encor  hors  de 
garde,  tel  corn.  Feint  astral,  ii,  6.  ||  Il  y  a  quatre 
gardes  générales  do  l'épée  :  la  prime  ou  première 
garde;  la  seconde  garde,  improprement  appelée  tierce 
par  quelques-uns;  la  tierce  ou  la  troisième  garde; 
et  la  (|uarte  ou  la  quatrième  garde  ;  de  là  la  locu- 
tion figurée  :  être,  se  mettre  ,  se  tenir  sur  ses  gardes, 
c'est-à-dire  faire  attention  à  ne  pas  se  laisser  sur- 
prendre. Nous  avons  besoin  de  nous  tenir  sur  nos 
gardes,  sÉv.  601.  Il  se  tiendra  sur  ses  gardes  assu- 
rément, MOL.  Fourh.  de  Scap.  ii,  9.  La  vedette  se 
mit  sur  ses  gardes,  hamilt.  Gramm.  5.  Il  faut  en 
ce  pays  être  un  peu  sur  ses  gardes,  regnard,  Mi- 
rtechmes,  ii,  2.  ||  L'Académie  a  placé  cotte  locution 
sous  la  rubrique  de  surveillance,  dans  l'article.  Mais 
les  gardes  de  l'escrime  montrent  ce  qu'est  véri- 
tablement celte  locution.  Pourtant  il  faut  remar- 
quer qu'elle  est  déjà  dans  Frois,sart;  et  sans  doute 
dès  lors  l'escrime  avait  ses  gai-des.  ||  16"  Terme 
de  jeu  de  cartes.  Petite  carte  de  même  couleur 
qu'un  roi  ou  une  carte  principale,  et  qui  protège 
ce  roi,  cette  carte  principale.  ||  Fig.  et  familic- 
i-ement.  Avoir  toujours  garde  à  carreau,  être  tou- 
jours prêt  à  se  défendre,  à  riposter.  ||  17°  S.  f. 
pi.  Terme  de  serrurier.  Petites  pointes  de  fer  qui 
entrent  dans  les  fentes  du  panneton  d'une  clef,  et 
qui  empêchent  la  clef  de  tourner,  lorsqu'on  y  fait 
le  moindre  changement.  J'aurais  peut-être  le  temps 
de  changer  ce  qu'il  a  imité;  je  ferais  comme  les 
gens  qu«n  a  volés,  qui  changent  les  gardes  de  la  .ser- 
rure, voi.t. /,<■((.  r/iirtot,  26  déc.  (736.  Il  Gardes  d'une 
clef,  les  entailles  du  panneton  dans  lesquelles  pas- 
•eol  lC3  garnitures  de  la  serrure.  I|  18"  Terme  de  li- 


GAR 

brairie  Feuillet  que  l'on  met  au  commencement  et 
à  la  fin  d'un  livre.  11  est  tout  à  fait  désagréable 
de  voir  près  d'un  titre  roux  une  garde  extrêmement 
blanche;  il  est  essentiel  que  la  teinte  des  gardes 
s'accorde  avec  le  papier  du  livre,  lesné,  la  Reliure, 
p.  (46.  Il  19"  Terme  de  reliure.  Bande  de  parchemin 
entaillée  elle-même  par  petites  bandes  qui  doivent 
être  collées  dans  les  entre-nerfs.  Pour  les  livres  un 
peu  soignés  on  met  de  chaque  coté  de  la  battée  une 
garde  ou  chemise,  Jfanuei  du  rcii'cur,  p.  55.  ||  Fausse 
garde,  synonyme  d'onglet.  ||  20°  Garde,  se  dit  des 
anneaux  qui  soutiennent  un  peson,  une  romaine. 
Il  Garde  faible,  celle  qui  est  la  plus  éloignée  du 
centre  de  la  balance  ;  garde  forte,  celle  qui  en  est  la 
plus  proche.  ||  21°  Terme  de  rubanier.  Bande  da 
papier  qui  tient  le  peigne  fixé  dans  le  battant. 
I)  22"  Terme  de  marine.  Planche  clouée  sur  deux 
pièces  de  bois  pour  les  relier  momentanément. 
|[  Espèce  de  jumelle  que  l'on  applique  sur  une  pièce 
qui  a  éclaté,  afin  de  la  consolider.  |'|  Gardes  ou  pa- 
lans de  garde,  les  deux  palans  qui  servent  à  main- 
tenir la  corne  d'artimon.  ||  Garde  montante,  nom 
donnépar  les  pilotes  de  la  Seine  à  l'aussière  déterra 
qui  soutient  le  bâtiment  contre  la  marée.  ||  23°  Au 
pluriel.  Morceaux  de  bois  placés  aux  deux  bouts  des 
peignes  du  tisserand  pour  en  assujettir  les  broches. 
Il  Terme  de  verrier.  Morceaux  de  verre  que  l'on 
place  dans  le  poêle  pour  faire  connaître  le  moment 
de  la  calcination.  ||  Terme  de  vénerie.  Gardes,  les  os 
de  derrière  ou  ergots  des  jambes  d'une  bête  fauve, 
cerf,  sanglier,  etc.  près  des  pieds. 

—  REM.  Entre  les  locutions  se  dorujer  garde  et  se 
donner  de  garde,  la  première  est  la  plus  ancienne , 
et  se  trouve  dès  le  xii'  siècle  ;  elle  est  claire  et  s'en- 
tend de  soi  :  se  donner  garde,  c'est  donner  à  soi 
garde,  attention,  surveillance  pour  quelque  chose. 
La  seconde,  plus  récente,  se  trouve  dans  Froissart, 
et  ne  s'explique  pas  facilement.  On  peut  croire  pour- 
tant qu'elle  est  née  d'un  changement  de  l'idée  sur  se 
donner  :  se  donner  garde,  c'est  donner  à  soi  garde  ; 
se  donner  de  garde,  c'est  donner  soi  avec  garde; 
de  garde  doit  signifier  avec  garde,  comme  du 
front  signifie  avec  le  front  dans  donner  du  front 
contre  quelque  chose.  On  écrira  sans  difficulté  :  ils, 
elles  se  sont  donné  garde.  Mais  comment  écrira- 
t-onavec  de  garde  ?  Les  grammairiens  ne  disent  rien 
là-dessus.  Si  l'explication  que  nous  venons  de  pro- 
poser est  juste,  il  faut  écrire  :  ils  se  sont  donnés, 
elles  se  sont  données  de  garde.  En  tout  cas,  l'ortho- 
graphe :  ils  se  sont  donné  de  garde ,  se  résout  en  : 
ils  ont  donné  à  soi  de  garde  ;  ce  qui  ne  signifie 
rien.  Voyez  aussi  à  front  n°  <  :  se  donner  du  front 
contre  quelque  chose,  qui  soulève  la  même  question. 

—  HIST.  xi*  s.  Dient  François  :  il  nous  i  convient 
garde,  Ch.  de  Roi.  xiii.  ||  xii*  s.  Quant  moins  se 
donent  garde  cil  qui  sont  au  crenel,  Sax.  ix.  Prist 
guarde  à  Habraam,  à  qui  Deus  comanda  Que  de  sa 
terre  eissit,eli  berss'enala,  Guerpi  sesconissanz.... 
Th.  h  mart.  B6.  Eraist  sesguardes  en  Damasches, 
si  qu'il  de  Syrie  rechut  [reçut]  servise  e  treud  [tri- 
but]. Rots,  p.  147.  Il  xiii's.  Celé  porte,  où  liGrieu  is- 
soient  plus  sovent,  ot  [eutj  Pieres  de  Braiecuel  en 
g.irdc,  viLLEii.  Lxxvi.  Li  pèlerin  ne  vous  assaudront 
m",  ne  d'eus  n'avez  vous  garde,  se  vous  volez  def- 
fendre  des  Veniciens,  m.  xlvii.  Or  soit  Dix  et  li 
siens  Garde  des  deus  loiaus  amans,  RI.  et  Jeh.  3366. 
Nus  serreuriers  ne  puet  vendre  à  Paris  sèrreure 
neuve,  se  ele  n'est  garnie  de  toutes  gardes,  quarele 
est  fause,  Liv.  des  met.  5i.  Ains  t'aura  mes  pères  en 
garde.  Et  norrira  nous  deux  ensemble,  (o  Rose, 
5850.  Restes  qui  sont  prises  à  garde  fête,  en  dama- 
ces,  si  comme  en  taillis  oj  on  vignes,  el  tans  qu'e- 
les  sont  defifendues....  beaum.  x.\x,  57.  Toutes  les 
foiz  que  la  royne  s'escrioit,  il  disoit  :  dame,  n'aies 
garde  [crainte],  car  je  suis  ci,  jomv.  252.  Et  sachiez 
que,  se  il  se  feussent  pris  garde  de  nous,  il  nous 
eussent  tous  mors  [tués],  m.  227.  Mauvaise  convoi- 
tise li  feroit  faire  la  garde  dou  loup  [trahir  ses  de- 
voirs êe  tuteur],  Ass.  de  Jérusal.  p.  123,  dans  n- 
ct'RNE.  Il  xiv°  S.  Sur  vos  gardes  soiez  et  main  [matin] 
et  anuitier,  Guescl.  2196».  La  dame  de  Lalande 
comme  garde  [tutrice]  de  ses  enfans,  du  canoë, 
warda.  ||  xv°  s.  Et  fit  reparer  la  ville  et  la  forte- 
resse tellement  qu'elle  n'avoit  garde  d'assaut  que 
on  y  fit,  sur  un  mois  ou  deux,  froiss.  i,  i,  22s.  Le 
sire  de  Montmorency  qui  bien  se  donna  de  garde  de 
ce  tour....  iD.  1,  i,  140.  (Le  roi  d'Angleterre,  qui  vou- 
loit  d'abord  faire  mourir  messire  Hervey,  lui  ac- 
corde la  liberté  à  rançon]  le  chevalier  en  eut  grand 
joie  quand  il  entendit  qu'il  n'auroit  garde  de  mou- 
rir, ID.  r,  1,  214.  Aussi  la  guete  du  chastel  ouït  la 
frainte  et  l'aperçut  de  sa  garde  :  si  fut  tout  esbahi, 
et  commença  à  sonner  et  à  corner  de  sa  bucine,  id. 


GAR 

I,  i,  79.  Aimery,  viens  avant;  tu  sais  que  je  t'ai 
donné  en  garde  la  chose  du  monde  que  plus  aima 
après  ma  femme  et  mes  enfans....  m.  i,  i,  326. 
Dites  à  vos  gens  qu'ils  soient  lousjours  nuit  et  jour 
pourvus  et  sur  leurs  gardes  ,  id.  ii  ,  11 ,  63.  Poui 
avoir  fait  ou  [au]  guischet  de  la  perte  une  clef, 
abillé  les  gardes....  Bibl.  des  chartes,  3*  série,  t.  iv. 
p.  389.  Il  y  crut  competemment  do  blez  qui  fu- 
rent bons  et  de  garde,  J.  de  troyes.  Cftron.  MOo. 
Le  suppliant  se  transporta  en  une  garde  ou  mes- 
toierie  |  métairie],  du  cange,  garda.  Je  n'avoi.1 
garde  de  rien  conclure,  car  on  ne  me  disoit  rien, 
coMM.  viii,  7.  I^  gente  demoiselle  se  donnoit  garde 
[regardait]  souvent  se  son  ami  viendroit  point, 
LOUIS  XI,  A'oup.  lxi.  Il  XVI'  s.  La  resolution  du  conseil 
feut  que,  en  tout  événement,  ilz  se  tiendroient  sur 
leurs  gardes,  bab.  Pant.  iv,  37.  Il  lacherissoit  plus 
que  de  coutume  et  prenoit  plus  près  garde  sur  elle, 
MARG.  flouv.  XV.  Quand  je  me  prends  garde  de  prez 
aux  plus  glorieux  exploits  de  la  guerre,  mont,  i, 
(32.  L'aultre  dosdaigne  d'en  haster  son  pas  et  se 
mettre  sur  sa  garde,  m.  u,  (06.  On  me  feit  monter 
sur  un  cheval  qui  n'avoit  garde  de  leur  cschapper, 
id.  IV,  229.  L'histoire  est  la  plus  seuro  garde  que 
les  hommes  puissent  laisser  de  leurs  faicts  en  ce 
monde,  amyot,  Pré(.  27.  Il  sejetta  hors  de  son  camp 
sans  avoir  autour  de  sa  personne  une  seule  garde  ny 
un  seul  escuyer,  m.  Lucull.  j).  Lai5.sant  Sornatius 
avec  six  mille  combatans,  à  la  garde  du  royaume  de 
Pont,  ID.  ib.  43.  Les  chefs  et  soldats  de  ses  gardes,  au 
lieu  de  gardes  estoient  geôliers,  d'alb.  llist.  Fréf.  7. 
S'estant  avancé  à  cafourchons  sur  les  gai-des  du  pont, 
ID.  ib.  I,  336.  L'autre  mit  l'espée  jusques  aux  gar- 
des dans  le  ventre  de  son  prisonnier,  id.  ib.  (69.  Les 
gardes  se  posoient  par  tout  tambour  battant,  id.  ib.  11, 
234.  Il  trouva  le  corpsde  gardeesmeupourceque.... 
ID.  ib.  11,440.  Les  autres,  fermansie  corps  de  garde,  s'y 
deffondoient, ID,  16.  m,  3 17.  Lachose  précieuse  est  de 
mauvaise  garde  [difficile  à  garder],  nONs.  24;i.  Père 
et  mère,  ayol  et  ayoUe  ont  garde  des  enfans  soubz 
aage.  Grand  coust.  de  France,  liv.  11,  p.  346,  dans 
LACiiRNE.  Les  vassaux  qui  doivent  gardes  de  leurs 
corps  les  doivent  faire  quand  elles  leur  sont  com- 
mandées, Coust.  génér.  t.  11,  p.  646.  Les  plus  clairs 
voyans  qui  cognoissoient  le  naturel  de  la  royne  se 
doutoient  bien  de  quelque  garde  de  dedans  [ran- 
cune], BRANT.  I>ames  illustres,  p.  252,  dansLACUBNE. 

—  f.TVM.  Voy.  GARDER  ;  bourguign.  gaàe;  picard. 
tearde;  wallon,  wdd;  provenc.  garda,  guarda ;  es- 
pagn.  etportug.  guarda;  ilal.  guardia. 

2.  GARDE  (gar-d'),  s.  m.  "||  1"  Celui  que  l'on 
charge  de  garder,  de  surveiller  une  personne.  Il 
n'est  pas  prisonnier,  mais  il  a  des  gardes.  Au  lieu 
d'être  en  prison,  je  n'ai  pas  même  un  garde,  corn. 
Uéracl.  v,  5.  ||  2°  Homme  armé  faisant  partie  de  la 
garde  d'un  roi,  d'un  prince,  d'un  gouverneur,  d'un 
officier  général,  etc.  Nous  saisissons  la  porte  et  lej 
gardes  se  rendent,  corn.  Héracl.  v,  7.  Les  Écossais, 
à  qui  il  [Charles  I*']  se  donne,  le  livrent  aux  parle- 
mentaires anglais  ;  et  les  gardes  fidèles  de  nos  rois 
trahissent  le  leur,  boss.  Reine  d'.lnglet.  Vous  n'avez 
jusqu'ici  de  gardes  que  les  miens,  rac.  Phèdre,  v, 
(.  Ses  gardes  affligés  Imitaient  son  silence  autour 
de  lui  rangés,  id.  ib.  v,  «.  Holà  !  gardes,  qu'on  la 
saisisse,  id.  Mithr.  m,  (  et  2.  U  a  séduit  ses  gardes 
les  premiers,  id.  ib.  iv,  6.  Il  était  dans  les  gardes 
du  cardinal  de  Richelieu  (car  ce  prêtre,  ainsi  que 
le  Mazarin,  avait  des  gardes),  volt.  l'Ingénu,  49. 
Le  jour  parut  alors,  montrant  d'un  côté  les  batail- 
lons et  les  batteries  rus.ses  qui,  de  trois  côtés,  de- 
vant, à  droite  et  derrière  nous,  bordaient  l'horizon  ; 
et  de  l'autre.  Napoléon  et  ses  six  mille  ganles  s'a- 
vançant  d'un  pas  ferme  ot  s'allant  placer  au  milieu 
de  cette  terrible  enceinte,  ségur,  Hist.  deSap.  x,  5, 
Il  Fig.  Gardes  de  Jupiter,  ancien  nom  de  ses  sa- 
tellites. Il  Terme  de  marine.  Les  gardes ,  nom 
donné  à  trois  étoiles  voisines  de  l'étoile  polaire, 
dont  la  situation,  par  rapport  à  cette  étoile,  sert 
pendant  la  nuit  à  prendre  la  hauteur  du  pôle  arc- 
tique. Il  3"  Garde  royal,  garde  impérial,  soldat  de 
la  garde  royale,  de  la  garde  impériale.  Des  gardes 
royaux,  des  gardes  impériaux.  ||  Garde  municipal, 
un  soldat  de  la  garde  munic^iale.  Gardes  munici- 
paux. Il  Garde  national,  citoyen  qui  fait  partie  de 
la  garde  nationale.  Les  gardes  nationaux.  ||  Gé- 
nin,  Récréations,  t.  u,  p.  87 ,  remanjue  qu'il  fau- 
drait dire  un  garde  nationale,  des  garde  nationale; 
comme  on  dit  un  garde  française,  des  garde  fran- 
çaise; c'est-à-dire  un  de  la  garde  nationale,  des 
de  la  garde  nationale.  C'est  là  en  eflTet  la  construc- 
tion logique  et  la  première  qui  s'est  présentée, 
comme  on  le  voit  pour  garde  française  ;  mais  de- 
puis,   partout  ailleurs,    l'orei'le  et  l'assimilation 


GAR 

I  fini  emporté.  ||  Un  garde  d'honneur,  un  soldat  ap- 
partenant à  la  garde  d'honneur.  ||  4°  Gardes  du 
corps,  nom  d'une  troupe  de  cavalerie  qui,  sous 
l'ancienne  monarchie,  était  composée  de  gentils- 
hommes, et,  sous  la  Restauration,  de  militaires 
ayant  le  gracie  d'officiers,  et  qui  gardait  la  personne 
du  roi.  Un  garde  du  corps.  Capitaine  des  gardes  du 
corps,  ou,  simplement,  des  gardes.  ||  Fig.  Le  bon 
roi  Evandre  n'ayant  pour  gardes  du  corps  que  deux 
chiens,  qui  servaient  encore  à  garder  la  porte  de 
»a  maison,  bf.rn.  de  st-p.  Arcadie.  ||  Les  cent  gar- 
des, troupe  instituée  par  l'empereur  Napoléon  III, 
et  qui  monte  la  garde  dans  le  palais.  ||  Au  singulier, 
un  cent-gardes,  un  homme  faisant  partie  de  cette 
garde.  ||  Autrefois,  gardes  de  la  porte,  ceux  qui 
montaient  la  garde  aux  portes  de  l'intérieur  du  pa- 
lais où  était  le  roi  pendant  le  jour.  ||  Gardes  de  la 
manche,  gardes  du  corps  qui,  en  certaines  occa- 
sions, étaient  debout  aux  deux  côtés  du  roi,  aimés 
de  pertuisanes,  et  dont  la  fonction  était  d'assister 
à  la  messe  du  roi,  de  le  garder  à  vue  durant  l'of- 
fice, et  de  faire  mettre  à  genoux  aux  temps  voulus. 
||B*  Le  régiment  des  gardes,  régiment  d'infante- 
rie française  destiné  à  garder  les  avenues  des  lieux 
où  le  roi  était  logé.  Le  régiment  des  gardes  ne  fut 
formé  que  par  Charles  IX,  volt.  Mœurs,  <70.  ||  Ab- 
solument. Les  gardes,  ou,  au  féminin,  les  gardes 
françaises,  le  régiment  susdit.  Capitaine  aux  gardes, 
lieutenant  aux  gardes,  enseigne  aux  gardes,  sergent 
aux  gardes,  soldat  aux  gardes,  capitaine,  lieutenant, 
etc.  dans  les  gardes  françaises;  au  lieu  que  capitaine 
des  gardes  signifiait  capitaine  des  gardes  du  corps. 

II  Garde  est  masculin  :  un  garde  du  roi  ;  mais, 
quand  on  parlait  du  corps  entier  des  gardes,  l'usage 
avait  fait  ce  substantif  féminin  :  les  gardes  fran- 
çaises, les  gardes  écossaises.  ||  Au  masculin,  un 
garde  française,  un  soldat  des  gardes  françaises. 
Il  Le  régiment  des  gardes  suisses,  ou,  absolument, 
les  gardes  suisses,  régiment  d'infanterie  suisse  qui 
faisait  le  même  service  que  le  régiment  des  gardes 
françaises.  ||  6°  Anciennement.  Gardes  de  la  marine, 
ou  gardes-marine  {marine,  on  le  remarquera,  s'é- 
crit sans  s),  jeunes  gentilshommes  nommés  par  le 
roi  pour  la  garde  de  l'amiral  et  pour  s'instruire 
dans  le  service  de  la  mer.  Ce  jeune  garde-marine 
est  devenu  enseigne  de  vaisseau.  Prendre  du  sexe 
et  l'habit  et  la  mine.  Devant  les  yeux  de  vingt 
gardes-marine,  volt.  Prude,  i,  i.  Ce  fut  dans  ce 
voyage  que,  M.  de  Roquefeuille  lui  ayant  présenté 
son  fils,  en  le  priant  de  l'admettre  parmi  les  gar- 
des-marine :  Je  me  charge  de  lui,  dit  le  mmislre, 
et  je  compte  le  faire  un  jour  vice-amiral,  condorcet, 
ifaurepas.  ||  Gardes-marine  est  une  abréviation  pour 
gardes  de  marine;  c'est  pour  cela  qu'on  met  le  plu- 
riel à  gardes.  ||  Gardes  de  l'étendard,  jeunes  gens  qui 
étaient  dans  le  corps  des  galères  ce  que  les  gardes 
de  la  marine  étaient  dans  le  corps  de  la  marine. 
Il  Gardes  maritimes,  se  dit  des  garde-pêche. 
Il  7°  Employé  chargé  de  la  garde  de  certains  dé- 
pôts. Garde  des  meubles  de  la  couronne.  Les  gardes 
do  la  bibliothèque  de  Genève,  volt.  Hist.  de  Russie, 
I,  7.  La  charge  de  bibliothécaire  du  roi  ,  telle 
qu'elle  est  aujourd'hui  et  que  l'abbe  Bignon  la  pos- 
sédait, comprend  celle  de  maître  de  librairie  et  celle 
d'intendant  ou  garde  du  cabinet  des  livres  manu- 
scrits, médailles  et  raretés  antiques  et  modernes, 
et  garde  de  la  bibliothèque  du  roi,  mairan.  Éloge 
de  Cabbi  Bignon.  \\  Garde  général  des  archives,  em- 
ployé supérieur  qui  est  à  la  tête  du  dépôt  des  ar- 
chives de  l'empire.  ||  8°  Garde  des  sceaux,  le  mi- 
nistre de  la  justice,  celui  auquel  sont  confiés  les 
sceaux  de  l'État.  Croiriez-vous  bien  que  M.  le  garde 
des  sceaux  me  persécute  pour  ce  malheureux  Tem- 
[ile  du  goût,  comme  on  aurait  poursuivi  Calvin  pour 
avoir  abattu  une  partie  du  trône  du  pape  ?  volt.  Lett. 
rhniot,  24  juill.  1733.  Jupin....  Ta  cour  de  justice 
éternelle  A-t-elle  eu  ses  gardes  des  sceaux?  bérang. 
llluets.  Il  On  a  dit  dans  un  sens  analogue  :  garde  des 
scjiux  de  !a  chancellerie  de  telle  cour.  ||9°  Garde 
champêtre,  agent  préposé  à  la  garde  des  propriétés 
rui  aies.  ||  Garde  forestier  et  garde  des  bois,  agent  pré- 
posé à  la  conservation  des  forêts.  {|  10°  Garde  de  com- 
merce, officier  subalterne  qui  est  chargé  de  mettre 
à  exécution  les  contraintes  par  corps.  ||  11"  Garde 
d'artillerie,  garde  du  génie,  sous-officiers  d'état-ma- 
jor, chargés  de  la  conservation  du  matériel  de  l'ar- 
tillerie ou  du  génie.  ||  12°  Gardes  de  santé,  préposés 
chargés  de  veiller  à  l'observation  des  lois  et  ordon- 
nances sur  la  police  sanitaire.  ||  13°  Autrefois,  gar- 
des des  métiers,  maîtres  et  gardes,  ceux  qui,  élus 
dans  les  corps  de  métiers,  avaient  soin  que  rien  ne 
se  fit  contre  les  règlements.  ||  Gardes  des  monnaies, 
premiers  juges  des  monnaies,  dont  les  appellations 

DICT.    DE    LA    LANGUE    PRAN^AISE. 


GAR 

ressortissaient  aux  cours  des  monnaies.  ||  Gardes 
des  privilèges  des  universités,  juges  qui  étaient 
spécialement  chargés  de  la  conservation  des  droits 
et  privilèges  d'une  université. 

—  HIST.  XII*  s.  Trestout  manois  [tout  aussitôt] 
as  gardes  [ils]  sont  livré,  Ronc.  p.  <88.  Et  les  gardes 
[du  champ  clos]  i  courent,  la  bataille  est  finée, 
ib.  p.  198.  Ilxiii*  s.  Nul  n'est  contrains  à  penre 
bail  ne  estre  garde  [tuteur]  d'enfans  ne  estre  hoirs 
de  nului,  s'il  ne  li  plest,  beaum.  xv,  4. 

—  ÉTYM.  Voy.  GARDER. 

3.  GARDE  (gar-d'),  s.  f.  Femme  dont  la  profes- 
sion est  de  garder  et  de  soigner  les  malades.  Si  j'é- 
tais votre  garde  pendant  votre  couche,  sÉv.  96. 
Il  Pai  extension.  Votre  bon  cœur  vous  rend  la  garde 
de  tous  ceux  que  vous  aimez,  sÉv.  B88.  jj  On  dit 
aussi  garde-malade  (voy.  ce  mot). 

—  ËTYM.  Voy.  GARDER. 

t  ♦.  GARDE....  mol  employé  en  composition,  qui 
se  dit  tantôt  des  personnes  qui  gardent  (un  garde- 
chasse  ) ,  tantôt  des  choses  qui  conservent  (un  garde- 
manger).  Le  pluriel  offre  des  difficultés.  Pour  le 
second  cas,  tout  le  monde  est  d'accord  ;  garde  reste 
invariable  :  des  garde-manger.  Pour  le  premier, 
l'accord  desgrammairiens cesse;  l'Académie  n'indi- 
que le  pluriel  que  pour  garde-côte  et  garde-note,  et  là 
elle  écrit  gardes-côtes,  gardes-notes.  Laveaux  a  été 
explicite,  disant  que  gardeen  cet  emploi  représente  le 
substantif  masculin  garde  ,  et  doit  toujours  prendre 
la  marque  du  pluriel.  Mais ,  à  moins  de  supposer 
une  ellipse,  dans  garde-côte,  garde-magasin,  etc. 
ce  n'est  pas  le  substantif  garde,  c'est  le  verbe  garder 
qui  est  en  composition.  De  plus,  en  suivant  la  vue 
de  l'Académie  et  de  Laveaux,  on  arriverait  à  cette 
singulière  conclusion  qu'il  faudrait  écrire  des  garde- 
meuble,  quand  il  s'agit  du  lieu  où  l'on  garde  les 
meubles,  et  des  gardes-meuble,  quand  il  s'agit  de 
l'employé  qui  garde  les  meubles.  Cette  anomalie 
montre  d'une  façon  palpable  qu'il  faut  laisser,  en 
tous  les  cas,  garde  invariable. 

GARDÉ,  ÉE  (gar-dé,  dée),  part,  passé  de  garder. 
Il  i°  Qu'on  surveille,  dont  on  prend  soin.  Un  enfant 
gardé  par  la  bonne.  |j  î°SurveiIléet  soigné  durant  une 
maladie.  Gardé  dans  sa  petite  vérole  par  une  mère 
dévouée.  ||  Dont  la  sûreté  est  protégée.  Le  roi  gardé 
par  des  troupes  fidèles.  Des  troupeaux  gardés  par 
le  pasteur.  ||  Terme  de  jeu  de  cartes.  Roi  gardé, 
dame  gardée,  roi,  dame  qui  a  une  ou  plusieurs  gar- 
des. Le  joueur  dit  aussi  :  Je  ne  ciains  rien,  je  suis 
gardé.  J'étais  gardé  à  carreau,  au  propre  ;  et  au  fig. 
J'avais  pris  toutes  mes  précautions.  ||  3°  Défendu. 
La  ville  gardée  par  une  garnison  nombreuse.  ||  4°  Pré- 
servé. Gardé  du  péril.  Paris  et  tout  le  royaume  avec 
un  fidèle  et  admirable  empressement  reconnaît  son 
roi  gardé  par  la  Providence  et  réservé  à  ses  grands 
ouvrages,  Boss.  le  Tellier.  ||  5"  Conservé.  Des  fruits 
gardés  dans  le  fruitier.  Souvent  les  remèdes  les 
plus  gardés  sont  les  meilleurs,  montesq.  ietl.  pers. 
(43.  Il  6"  Observé.  Les  convenances  les  plus  ex- 
actes furent  gardées.  Et  d'un  trône  si  saint  la 
moitié  n'est  fondée  Que  sur  la  foi  promise  et 
rarement  gardée,  rac.  Baj.  ii,  S.  11  y  a  des  règles 
de  bienséance  et  d'honneur,  qui  doivent  être  gar- 
dées inviolablement,  même  à  l'égard  des  enne- 
mis, rollin,  Hist.  a»c.  Of-'uv.  t.  vu,  p.  231,  dans 
POUGENS.  On  dit  d'un  poème  et  de  tout  ouvrage  d'i- 
magination, que  les  mœurs  y  sont  bien  gardées , 
lorsque  les  usages,  les  coutumes,  les  caractères  des 
personnages  sont  conformes  à  la  connaissance  ou  à 
l'opinion  qu'on  a  communément,  duclos,  Consid. 
mœurs,  ch.  i .  ||  Proportion  gardée,  toute  proportion 
gardée,  en  tenant  compte  de  l'inégalité,  de  la  diffé- 
rence relative  de  deux  personnes,  de  deux  choses. 
Il  7»  Qu'on  empêche  des'échapper.Le  prisonnier  gardé 
par  les  gendarmes.  ||  S»  Réservé.  Un  triste  sort  lui  est 
gardé.  ||  Proverbes.  Quand  chacun  fait  son  métier,  les 
vaches  sont  bien  gardées,  les  choses  vont  bien  quand 
chacun  se  mêle  de  ce  qu'il  doit  faire.  On  dit  aussi 
elliptiquement  :  Chacun  son  métier,  les  vaches  sont 
bien  gardées.  ||  Ce  mie  Dieu  garde  est  bien  gardé. 

I  GARDE-BARRIERE  (  gar-de-ba-nVr'),  s.  m. 
Il  1°  Terme  de  chemin  de  fer.  Homme  préposé  à  la 
garde  d'une  barrière  là  où  une  voie  ferrée  coupe  un 
chemin  ordinaire.  ||  2°  Employé  de  l'octroi  aux  portes 
d'une  ville.  ||  Au  plur.  Des  garde-barrières,  ou,  sui- 
vant Laveaux  (voy.  garde  4),  des  gardes-barrières. 

tGARDE-BOEUF  (gar-de-beuf) ,  s.  m.  Espèce  de  hé- 
ron d'Afrique.  ||  Au  p(ur.  Des  garde-bœuf  ou  bœufs. 

GARDE-BOIS  (gar-de-boi),  s.  m.  Garde  préposé 
pour  la  conservation  des  bois  et  de  la  chasse  d'un  do- 
maine. Il  Au  plur.  Des  garde-bois,  ou,  suivant  La- 
veaux (voy.  GARDE  4) ,  des  gardes-bois.  ||  On  dit  aussi 
garde  des  bois. 


GAR 


1833 


t  GARDE-BOIVNET  (gar-de-bo-nè),  s.  m.  CoifTo 
do  tuiie  qu'on  met  sur  le  bonnet  des  enfants  pour 
empêcher  qu'il  ne  se  salisse,  jj  Au  plur.  Des  garde- 
bonnet  ou  bonnets. 

GARDE-BOCRGEOISE  (gar-de-boar-jol-z) ,  s.  f. 
Terme  de  jurisprudence  féodale.  Droit  des  bourgeois 
analogue  à  la  garde-noble  pour  les  nobles  (voy. 
GARDE-NOBLE).  Il  Au  plur.  Dos  gardes-bourgeoises. 

—  REM.  X  BOURGEOIS,  l'Académie  écrit  garde  bour- 
geoise, sans  trait  d'union. 

—  ÊTYM.  Garde  t,  et  bourgeois. 
GARDE-BOmriQDE     (gar-de-bou-ti-k'),   s.  m. 

Il  1°  Tout  objet  que  le  marchand  a  dans  sa  boutique 
et  qu'il  ne  peut  vendre.  Je  vais  lui  porter  quelques 
vieux  garde-boutiques  qui  sont  li  dans  un  carton, 
GENLis,  Thi'dt.  d'éduc.  March.  démodes,  se.  7.  ||  8°  Un 
des  noms  du  martin-pêcheur  (voy.  drapier)  .  ||  A»« 
plur.  Des  garde-boutique  ou  boutiques, 

t  GAKDE-BRAS  (gar-de-br4),  ».  m.  Sorte  d'an- 
cienne armure  qui  garantissait  les  bras,  ||  Au  plur 
Des  garde-bras. 

—  HIST.  xiv  s.  Garde  bras,  du  cange  ,  anlebra- 
chto.  Ijxv*  s.  Et  voicy  gardebras  massis  De  fia 
plomb,  taillez  de  mesure  Igardebras  est  ici  une  gar- 
niture en  plomb  qu'on  mettait  pour  tenir  les  man- 
ches), Hec.  de  farces,  p.  438.  ||xvi*  s.  Six  vingts 
lions  chevaux  et  bien  armez  jusques  à  la  haulte 
pièce  et  gardebras,  carloix,  iv,  27. 

t  GARDE-CENDRE  (gar-de-san-dr'),  s.  m.  Plate- 
bando  en  cuivre  qui  sert  à  retenir  la  cendre  et  les 
charbons  qui  pourraient  s'échapper  du  foyer.  ||  Au 
plur.  Des  garde-cendre  ou  cendres. 

t  GARDE-CHAÎNE  (gar-de-chê-n'),  s.  m.  Méca- 
nisme qui,  dans  les  montres,  empêche  la  chaîne  de 
se  casser.  ||  Au  plur.  Des  garde-cnatne  ou  chaînes. 

tGARDE-CHARRCE(gar-de-clia-i-d';;,  s.  m.  Voy. 

SAXICOLE. 

GARDE-CHASSE  (gar-de-cha-s') ,  s.  m.  Celui  qui 
est  préposé  à  la  garde  du  gibier  dans  une  terre. 
Il  Au  plur.  Des  garde-chasse  ou  chasses,  ou,  suivant 
Laveaux  (voy.  garde  4),  des  gardes-chasse.  ||  On  a 
dit  aussi  garde  des  chasses  et  garde  de  chasse.  Je 
vous  l'ai  dit  autrefois ,  jo  ne  suis  point  né  pour 
être  camarade  de  certaines  gens  ni  même  de  ceux 
qui  croiraient  avoir  droit  de  me  commander.... 
je  n'ai  pas  assez  de  mérite  pour  me  trouver  avec 
eux  au  même  poste;  et,  quand  je  m'y  verrai  ré- 
duit, je  supplierai  le  roi  que  je  sois  plutôt  garda 
de  chasse  dans  quelqu'une  de  ses  plaines  que 
confondu  dans  ses  armées  avec  beaucoup  d'autres. 
Lettre  de  Luxembourg  à  Ijiuvois,  dans  flevue  des 
Dntx-Mondes,  *"  fév.  (862,  p.  629. 

I  GARDE-CUIOURME  (gar-de-chi-our-m) ,  s.  m. 
Surveillant  des  forçats  dans  les  bagnes.  ||Xu  plur. 
Des  garde-chiourme ,  ou,  suivant  Laveaux  (voy. 
GARDE  4),  des  gardns-chiourme. 

t  GARDE-CORDE    (gar-de-kor-d'),   s.    f.   Voj. 

GARDE-CHAÎNE. 

t  GARDE-CORPS  (gar-de-kor) ,  s.  m.  Terme  de 
marine.  Garde-fou.  ||  Faux  garde-corps,  cordage 
frappé  sur  la  tête  du  beaupré,  pour  diriger  ce  màt 
lorsqu'on  le  met  en  place. 

—  HIST.  xv  s.  F.l  le  rafraîchit  et  repara  de  tout 
ce  qu'il  convenoit  [le  châtel  d'Aiguillon],  si  comme 
pour  y  avoir  son  retour,  et  en  faire  son  garde  corps, 
FBOiss.  1,1,  23B.  Il  xvi*  s.  Ils  vouloient  fort  se  mettre 
la  religion  devant,  pour  garde  corps,  mont,  iv,  373. 

GARDE-CÔTE  (gar-de-kô-t'),  s.  m.  ||  1°  Vaisseau 
chargé  de  surveiller  les  côtes,  d'y  faire  la  police,  de 
les  défendre.  Le  capitaine  d'un  vaisseau  de  guerre, 
garde-côte,  rencontre  le  vaisseau  qui  porte  Suiïolk, 
voLT.lfœurî,  4(4.  Il  Adjectivement.  Vaisseau  garde- 
côte.  Il  t'  Garde-côte  du  Croisic,  poisson  qu'on  ap- 
pelle aussi  coyau.  ||  S'Auplur.  Garde-côtes,  milice 
particulièrement  chargée  de  la  garde  des  côtes  ||  Adj. 
Pontchartrain  forme  des  compagnies  gai-de-côtes  le 
long  des  deux  mors,  st-sim.  304,  211).  ||  Auplur.  Des 
garde-côtes,  ou,  suivant  l'Académie,  des  gardes-côtes. 

t  GARDE-CROTTE  (gar-de-kro-f),  s.  m.  Bandes 
de  cuir  qui,  mises  au-dessus  de»  roues  des  calèches, 
garantissent  do  la  boue.  ||  Au  plur.  Des  garde-crotte. 

GARDE-ÉTALON  (gar-dé-ta-lon) ,  s.  m.  Agent  d« 
l'administration  des  hans,  qui  a  la  garde  de  l'éta- 
lon donné  par  l'fitatpour  les  haras  et  qui  est  charge 
des  détails  de  la  monte,  comme  de  présenter  les 
étalons  aux  femelles,  de  faire  exécuter  la  saillie. 
il  Au  plur.  Des  garde-étalon  ou  étalons,  ou,  suivant 
Ijiveaux  (voy.  garde  4),  des  gardes-étalons. 

GARDE-FED  (gar-de-feu) ,  s.  m.  \\  1°  Grille  ou  lé- 
gère plaque  de  fer,  de  tôle,  et  surtout  de  toile  mé- 
tallique que  l'on  met  devant  une  cheminée  pour  se 
préserver  des  accidents  du  feu.  ||  Appareil  pour 
garder  du  feu  dans  l'Atre pendant  la  nuit,  M  î°  Terme 

l.  —    230 


1834 


GAR 


da  marine  h>|)èredo  toiture  éabllo  à  la  ceinture  d'un 
navire  qu'on  veut  cliaulTor.  ||  Boîto  où  l'on  met  les 
gargousses  pour  la  charge  dos  canons.  ||  3"  Terme  do 
inétallurgio.  Ouvrier  qui  travaille  dans  l'cmlirasure 
d'un  fourneau.  ||  Auplur.  Des  garde-feu  ou  foui. 

—  ÉTÏM.  Garder,  feu;  wallon,  V)àd-feu. 

f  GARDK-KILET  (gar-do-fl-16),  s.  m.  Terme  d'as 
(TODomie.  Boite  do  cuivre  qui,  suspendue  librement 
au  centre  d'un  quart  de  cercle  mobile,  et  renfer- 
mant le  fil  A  plomb,  le  garantit  du  vent.  ||  Au  plur. 
Des  garde-filet  ou  Ulets. 

GAUDE-FOU  (gar-de-fou),  s.  m.  Balustrade  ou 
parapet  qui,  mis  au  bord  des  ponts,  des  quais,  des 
terrasses,  etc.  empêche  de  tomber  en  bas.  Un  pont 
portatif....  c'était  un  tronc  à  demi  pourri  avec  deux 
bâtons  de  saule  pour  garde-fous ,  la  font.  Psyché, 
II,  p.  n».  Voilà  ce  que  font  les  croisées  coupées 
lusqu'en  bas  là  propos  d'une  personne  qui  était  tom- 
Dée  par  une  de  ces  fenêtres)  ;  on  ne  saurait  jamais 
manquera  mettre  partout  des  garde-fous,  sêv.  tt4. 
Faites  donc  mettre  au  moins  des  gardes-fous  là- 
haut,  RAC.  Plaid.  1,4.  Pourquoi  n'a-t-on  pas  mis  ici 
de  garde-fous?  Disait  un  seigneur  des  plus  fous, 
Passant  sur  un  pont  dans  sa  terre;  Un  gaillard  de 
ses  alliés  Lui  dit  d'un  air  plaisant,  selon  son  ordi- 
naire :  C'est  qu'on  ne  savait  pas  que  vous  y  pas- 
seriez, dans  RicnELET.  On  fait  tant  de  faux  pas 
dans  la  jurisprudence,  Que,  pour  en  garantir  ceux 
qui  sont  du  métier.  On  a  fait  au  palais,  sur  le 
grand  escalier,  Un  garde-fou  de  conséquence,  dans 
KiCHELET.  Il  Au  plur.  Des  garde-fous. 

—  IIIST.  xvi«  s.  Les  chainesdu  garde  fou  [du  pont], 
d'aub.  Uist.  II,  44). 

t  GAKDE-FOUKNEAU  (gar-de-four-nô) ,  s.  m. 
Terme  de  métallurgie.  Ouvrier  qui  aide  le  fondeur. 
Il  Au  pluT.  Des  garde-fourneau  ou  fourneaux. 

t  GARDE-LIGNE  (gar-de-li-gn') ,  s.  m.  Terme  do 
chemin  do  fer.  Homme  qui  se  promène  sur  la  ligne 
pour  la  surveiller.  Il /(u  plur.  Des  garde-ligne,  ou, 
suivant  Laveaux  (voy.  garde  4),  des  gardes-ligne. 

t  GARDE-.MAGASIN  (gar-de-ma-ga-zin) ,  s.  m. 
il  1*  Employé  chargé  de  garder  et  surveiller  les 
magasins.  ||  2"  Se  dit  aussi,  comme  garde-boutique, 
des  marchandises  qui  se  vendent  difficilement.  ||  Au 
plur.  Des  garde-magasin  ou  magasins,  ou,  suivïint 
Laveaux  {voy.  garde  4),  des  gardes-magasin. 

t  GAUDE-M.VIN  (gar-de-min) ,  s.  m.  l'apier  que 
l'on  met  sous  la  main  en  écrivant,  ou  en  dessinant, 
ou  en  brodant ,  afin  de  préserver  l'ouvrage  que 
Ton  fiit.  \\  Auplur.  Des  garde-main  ou  mains. 

GARDE-MALADE  (  gar-de-ma-la-d' )  ,  s.  m.  et  f. 
Celui ,  celle  qui  donne  ses  soins  aux  m.ilades.  Un 
garde-malade.  Une  garde-malade.  Il  change  sa  fonc- 
tion de  gouverneur  en  celle  de  garde-malade,  J.  J. 
Rouss.  Ém.  I.  Il  Au  plur.  Des  garde-malade  ou  ma- 
lades, ou,  suivant  lAveaux  (voy.  oarde  4),  des  gar- 
des-malades. 

GARUE-MANCIIE  (gar-de-man-ch*) ,  s.  m.  Fausse 
manche  qu'on  met  pour  garantir  les  bras  d'un  vê- 
tement. Il  Au  plur.  Des  garde-manche  ou  manches. 

GARDE-MANGER  (gar-de-man-jé),  s.  m.  ||  1"  Lieu 
pour  garder  ou  serrer  de  la  viande  et  autres  ali- 
ments. Il  i'  Petite  armoire  formée  de  châssis  garnis 
de  toile  oil  l'on  renferme  les  aliments  et  où  les 
mouches  ne  peuvent  pas  pénétrer,  jj  Au  plur.  Des 
garde-manger. 

—  HIST.  XIII*  s.  Le  tiers  [il]  menja  que  nus  nel  sot 
[sut]  ;  Au  gart  mangier  iluec  passot  Uns  frères  qui 
bien  aperçoit  Que  Kenars  li  ros  [le  roux]  les  déçoit, 
J}en.<5î44.||xiv*s.  Au  commun,  trois  queux  [cuisi- 
niers] ,  dont  il  y  aura  toujours  les  deux  à  cour ,  et  sera 
l'un  gardemangier ,  on  cange,  guardamnnserius. 
Pour  un  estuy  de  cuir  boully  armoyé,  pour  mettre 
'an  garde-mengier,  de  laborde.  Émaux,  p.  327. 

t  GARDE-HLiRGE  (gar-de-mar-j'),  s.  m.  Ce  qui, 
lans  une  presse,  protège  les  marges.  Frisquette 
Karile-marge. 

GARDF^MARTEAD  (gar-de-mar-tfl) ,  s.  m.  An- 
cien nom  d'office.  Officier  de  la  mattri-îe  des  eaux 
et  forêts,  qui  était  dépositaire  du  marteau,  avec  le- 
quel on  marquait  le  bois  désigné  pour  être  coupé  et 
vendu,  dans  les  forêU  du  roi.  ||  Au  plur.  Des  garde- 
marteau  ou  marteaux,  ou,  suivant  Laveaux  (voy. 
GARDE  4),  des  gardes-marteau. 

t  GARDE-MENAGERIE  (  gar-de-mé-na-je-rie)  , 
».  m.  Ancien  terme  de  marina.  Celui  qui  est  chargé 
du  loin  des  volailles  et  des  bestiaux  qui  peuvent 
«tre  dans  un  vaisseau.  ||  Auplur.  Des  garde-ména- 
gerie ou  ménageries. 

GARDE-MEl'BLE  (gar-dp-meu-bl"),  ».  m.  |i  !•  Lieu 
ou  1  on  garde  dos  meubles.  Mon  imagination  s'ap- 
pesantit dans  des  études  qui  sont  à  la  poésie  ce  que 
des  gïrda-Tn»ubles  sombres  et  poudreux  sont  à  une 


G  A  II 

salle  de  bal  bien  éclairée,  voi.t.  I.ett.  Ilelvétius,  2» 
juin  1741.  Il  a»  Particulièrement.  Le  garde-meuble 
de  la  couronne,  ou,  absolument,  le  garde-meuble, 
le  lieu  où  l'on  garde  les  meubles  du  souverain. 
Il  8°  L'administrateur  du  garde-meuble.  Le  garde- 
meubleapristellesdispositions.il  Officier  préposé  à  la 
garde  desmeublos  du  roi.  Castelmoron  était  devenu 
pour  son  argent  garde-meuble  de  la  couronne,  st-sim. 
386,  2t. 1.  [|  Au  plur.  Des  garde-meuble  ou  meubles. 

t  GARDE-NAPPE  (gar-de-na-p') ,  s.  m.  Porte-as- 
siette d'osier,  pour  protéger  la  nappe.  ||  Grande 
plaque  d'argent  ou  détain,  avec  de  fort  petits  re- 
bords, où  l'on  mettait  le  pot  à  l'eau,  le  vin  et  le 
pain.  Il  Au  plur.  Des  garde-nappe  ou  nappes. 

—  HIST.  xiv  s.  Le  suppliant  prist  en  l'ostel  qua- 
tre gardenappes  et  une  saucière  d'estain,  du  cange, 
gardenappa.  ||  xv»  s.  Icellui  Mathieu  getta  au  sup- 
pliant ung  gardenappe  à  la  teste,  le  cuidant  frap- 
per, ID.  «6.  Une  gardenape  de  bois,  où  on  met  le  pot 
.sur  la  table,  m.  ib. 

—  ÉTYM.  Carder,  et  ruippe;  ital.  guardanappa. 
GARDE-NOBLE  (gar-de-no-bl') ,  t.  f.   Terme  de 

jurisprudence  féodale.  Droit  qu'avait  le  survivant  de 
deux  époux  nobles,  de  jouir  du  bien  des  enfants, 
venant  de  la  succession  du  prédécédé,  ju.squ'à  un 
cei-tain  âge  des  enfants,  à  la  charge  de  les  nourrir, 
entretenir  et  élever ,  sans  rendre  aucun  compte. 
Quand  les  fiefs  furent  perpétuels,  les  seigneurs 
prirent  le  fief  jusqu'à  la  majorité,  soit  pour  aug- 
menter leurs  profits,  soit  pour  faire  élever  le  pu- 
pille dans  l'exercice  des  armes;  c'est  ce  que  nos 
coutumes  appellent  la  garde-noble,  montesq.  Esp. 
XXXI,  33.  Il  Au  plur.  Des  gardes-nobles. 

—  ÊTYM.  Garde  < ,  et  noble. 
GARDE-NOTE   (gar-de-no-f) ,  t.  m.  j|  1"  Qualité 

qui  se  joignait  autrefois  à  celle  de  notaire.  Notaire 
garde-note  du  roi  au  Châtelet  de  Paris.  ||  Aujour- 
d'hui, dans  le  langage  familier  et  par  pure  plaisan- 
terie, notaire.  ||  2°  Anciennement,  titre  d'office.  Es- 
pèce de  conseillers.  Et  de  quelle  acaliie  était-il  con- 
seiller? Élait-ce  en  robe  longue,  en  robe  courte,  en 
botte  ?  Non,  monsieur,  il  était  conseiller  garde-note, 
BOUHSAULT,  Ésopc,  dans  richelet.  Embrassons  mon 
cousin  le  conseiller  garde-note,  d'à llainval ,  École 
des  Bourgeois,  m,  t5.  [[An  plur.  Des  garde-note 
ou  notes,  ou  suivant  l'Académie,  des  gardes-notes. 

GARDE-PËCUE  (gar-de-pê-ch'),  s.  m.  Celui  qui 
est  chargé  de  veiller  à  l'exécution  des  ordonnances 
sur  la  police  des  fleuves,  des  rivières,  etc.  en  ce 
qui  concerne  la  pêcheet  la  navigation.  ||y4up/ur. 
Des  garde-pèche  ou  pêches,  ou,  suivant  Laveaux 
(voy.  gabde  4),  des  gïrdes-pêche. 

t  GARDE-PLATINE  (gar-de-pla-ti-n'),  s.f.  Pièce 
d'étoffe  ou  de  cuir  qui  couvre  la  platine  d'un  fusil. 
Il  Pièce  du  métier  à  bas  qui  garantit  les  platines 
du  contact  de  la  presse.  ||  Auplur.  Des  garde-platine 
ou  platines. 

t  GA KDE-PORT  (gar-de-por) ,  s.  m.  Agent  chargé 
de  recevoir  les  marchandises  déposées  dans  les  ports 
des  rivières  et  de  les  placer.  ||  Au  plur.  Des  garde 
port  ou  ports,  ou,  suivant  Laveaux  (voy.  garde  4) 
des  gardes-port. 

GARDER  (gar-dé),  t).  n.  ||  1"  Prendre  garde,  avoir 
soin  qu'une  chose  soit  évitée.  À  ces  honteux  moyens 
gardez  do  recourir,  cobn.  Hodng.  m,  2.  Mon  Dieu, 
Èraste,  gardons  d'être  surpris  ;  je  tremble  qu'on  ne 
nous  voie  ensemble,  mol.  M.  de  Po'.irc.  i,  3.  Ren- 
trez dans  la  maison  et  gardez  de  rien  dire,  ID.  Ér. 
dfs  f.  y,  I.  Gardez  donc  de  donner  ainsi  que  dans 
Clélie  L'air  ni  l'esprit  français  à  l'antique  Italie, 
BoiL.  Art  p.  III,  Gardez  de  négliger  Une  amante  en 
fureur  qui  cherche  à  se  venger,  rac.  Afidr.  iv,  6. 
Ah!  seigneur,  ah!  du  moins,  gardez  de  jamais 
croire....  volt.  Zaïre,  iv,  2.  ||  Garder  avec  que,  sans 
ne  consécutif.  J'ai  des  gens  là  dehors  qui  gardent 
qu'on  écoute.  Et  je  puis  vous  parler  en  toute  sûreté, 
corn.  Suite  du  Ment,  m,  i.  Adieu,  sors,  et  surtout 
garde  bien  qu'on  t«  voie,  id.  Cid,  m,  ♦.  Gardons 
bien  que,  par  nulle  autre  voie,  elle  en  apprenne 
jam.iis  rien,  mol.  Am.  magn.i,  (.  Gardez  qu'elle  ré- 
siste à  sa  félicité,  volt.  Oreste,  il,  4.  ||  Gar<ler 
avec  que  et  ne  consécutif.  Gardez  qu'une  voyelle  à 
courir  trop  hâtée  Ne  soit  d'une  voyelle  en  son  che- 
min heurtée,  boil.  Art  p.  i.  Gardez  qu'avant  la 
coup  votre  dessein  n'éclate,  bac.  Aiidr.  m,  i.  Gar- 
dez que  ce  départ  ne  leur  soit  révélé,  id.  Iphig.n, 
10.  Gardez qu  on  ne  vous  voie,  volt.  Oreste,  iv,  B. 
Il  i°  V.a.  Prendre  garde,  surveiller,  prendre  soin. 
La  femme  qui  gardait  votre  enfant.  Je  lui  ai  donné 
mon  cheval,  ma  montre  à  garder.  Garder  les  bois, 
les  vignes,  la  cliasse.  Leduc  de  Marlborough  faisait 
garder  très-soigneusement  tous  les  domaines  de  ce 
Fénelon  archevéoue  de  Cambrai,  citoyen  de  toute 


GAR 

l'Europe  par  son  amour  du  genre  humain,  volt, 
Tactique,  Note.\\Fig.  Garder  le  mulet,  attendrai 
une  porte  avec  impatience,  se  morfondre  pendant 
que  la  personne  attendue  est  à  ses  affaires  ou  à  set 
divertissements.  Et  par  frayeurs  ou  pour  s'ébattre 
Me  firent  garder  le  mulet,  sarrasin.  Poésie.!,  dans 
le  roux,  Vict.  comique.  \\  Fig.  Garder  les  manteaux, 
faire  le  guet  ou  demeurer  à  ne  rien  faire,  tandis 
que  ceux  avec  qui  on  est  venu  se  divertissent  ou 
commettent  quelque  délit.  {[  Fig.  Garder  les  bal- 
les, s'est  dit  comme  garder  les  manteaux.  El  moi, 
durant  ce  temps,  je  garderai  les  balles?  corn.  Place 
roy.  Il,  7.  Il  Terme  de  manège.  Garder  ou  obsen'er 
le  terrain,  se  dit  du  cheval  qui  suit  la  même  piste 
sans  se  serrer  ni  s'élargir.  ||  3*  Prendre  garde  que 
des  prisonniers  ne  s'évadent.  Il  fut  étroitement 
gardé.  Dis-lui  qu'il  me  les  garde  en  la  salle  pro- 
chaine, CORN.  Iléracl.  v,  3.  On  croit  pouvoir  s'as- 
surer des  autres  princes,  et  on  en  fait  des  coupables 
en  les  traitant  comme  tels  ;  mais  où  garder  des 
lions  toujours  prêts  à  rompre  leurs  chaînes?  Boss. 
le  Tellier.  J'ai  su  tromper  les  yeux  par  qui  j'étais 
gardé,  rac.  Phèdre,  m,  6.  U  nous  le  faut  garder 
jour  et  nuit  et  de  près;  Autrement,  serviteur,  et 
mon  homme  est  aux  plaids,  id.  Plaid,  i,  t.  \\  Gar- 
der à  vue,  garder  sans  cesser  jamais  d'avoir  l'œil 
sur  la  personne  gardée.  U  pensait  que  Léonor  serait 
mise  dans  un  couvent,  ou  du  moins  qu'elle  serait 
gardée  à  vue,  que  selon  toutes  les  apparences  il  ne 
la  reverrait  plus,  le  sage.  Diable  boit.  chap.  6.  Je 
vous  réponds  de  la  garder  à  vue,  dancoort,  la  Mé- 
tempsyc.  i,  3.||Fig.  Le  roi  me  garde  à  vue:  et 
je  ne  vois  plus  qui  que  ce  soit,  maintenon,  Lett.  au 
card.  de  Noailles,  22  aoiit  1699.  ||  Terme  de  marine. 
Garder  un  navire,  ne  pas  le  perdre  de  vue;  on  dit 
aussi  garder  un  phare.  ||  4°  Craindre,  se  méfier. 
Gardez  le  froc,  la  font.  Herm.  {[  Vieilli  en  ce  sens. 
Il  Terme  de  chasse.  Ces  chiens  gardent  le  change, 
ils  ne  prennent  pas  le  change.  ||  S°  Garder  les  gages, 
les  enjeux,  en  être  dépositaire.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. En  donner  à  garder  à  quelqu'un,  lui  en  faire 
accroire ,  le  tromper,  le  duper.  Je  vois  bien  quo 
vous  m'en  donnez  à  gai-der,  hauteroche,  Crisp. 
vicd.  u,  t .  Nice  se  peut  vanter  d'être  homme  X  qui 
l'on  n'en  donne  à  garder,  la  font.  Mandr.  Ne  m'en 
donnes-tu  point  à  garder?  mol.  Bourg,  m,  to.  Ce 
n'est  point  à  moi  qu'on  en  donne  à  gaider,  le  sage, 
Gil  Bios,  viii,  to.  Je  vois  les  plus  jolies  femmes  de 
Paris;  mais  je  ne  me  fixe  pas  à  une,  et  je  leur  en 
donne  bien  à  garder;  car,  entre  vous  et  moi,  je  ne 
vaux  pas  grand'chose,  montesq.  Uti.  pers.  48.  Ah  I 
monseigneur!  mon  cher  monseigneur  I  vous  voulez 
m'en  donner....  à  garder?  beaum abjCHais ,  Jfar.  de 
Figaro,  l,  s.  ||  6"  Rester  dans  la  chambre  d'un  ma- 
lade, d'une  personne  alitée,  pour  lui  donner  les  pe- 
tits soins.  Garder  une  femme  en  couche.  Je  me 
porte  très-bien  de  ma  petite  médecine  ;  toutes  mes 
amies  m'ont  gardée,  sév.  Lett.  19  août  I67S.  Je  l'a- 
vais gardé  dans  sa  maladie;  à  peine  me  venait-iî 
voir  dans  les  miennes,  j.  j.  rodss.  Confas.  a. 
Il  7"  Veiller  à  la  srtreté,  à  la  conservation  d'un  sou- 
verain, d'une  personne  considérable.  Les  troupes 
qui  gardent  le  roi.  ||  8"  Prendre  soin,  en  parlant  des 
troupeaux.  Garderies  moutons,  les  vaches.  ||  Dans 
un  sens  analogue.  Gaider  les  oies,  les  dindons.  ||  Lo- 
cution proverbiale  et  grossière:  Ils  ont  gardé  les  co- 
chons ensemble,  ils  sont  d'une  familiarité  grossière 
l'un  avec  l'autre.  ||  Dans  le  même  sens  :  Avons-nous 
gardé  les  cochons  ensemble?  se  dit  à  quelqu'un  qui 
prend  un  ton  trop  familier.  ||  Fig.  Bonhomme,  garde 
ta  vache,  se  dit  pour  avertir  quelqu'un  de  prendre 
garde  à  n'être  pas  trompé.  ||  9°  Défendre  un  lieu,  un 
poste.  Garder  un  retranchement,  des  lignes,  les 
côtes.  Il  10'  Ne  pas  quitter.  Garder  la  chambre.  Les 
nôtres  ont  été  si  horribles,  que  c'était  un  temps  à 
garder  le  coin  de  son  feu  ;  temps  à  ne  pas  mettre  le 
nez  dehors,  SÉV.  t"  janv.  (690.  Le  mauvids  temps 
oblige  le  roi  de  garder  la  cbambre.MAiNTP.NON,  te». 
à  Mme  de  Brinon,  t.  ii, p.  137,  dans  poigens.  ||  Gar- 
der la  maison,  ne  pas  sortir,  rester  chez  soi.  Vous 
savez  que  je  garde  ma  maison  huit  jours  après  mon 
retour  de  Vichy,  comme  si  j'étais  bien  malade,  s8v. 
Lett.  3  juillet  («76.  ||  Ganier  le  lit,  demeurer  aa  lit, 
ne  pas  se  lever,  d'ordinaire  pour  cause  de  maladie. 
Elle  ne  garda  le  lit  que  les  deux  derniers  jours,  j.  J. 
ROUSs.  Confess.  u.  ||  Garder  la  prison,  ganier  '.ts  ar- 
rêts, rester  en  prison,  aux  arrêts.  ||  Garder  son  la.n,  ac- 
complir le  temps  de  bannissement  auquel  on  a  été 
condamné.  ||  Terme  de  guerre. Garder  les  rangs,  de- 
meurer dans  les  rangs.  ||  It*  Préserver,  garantir,  em- 
pêcher. Les  l)elles  feuilles  toujours  vertes  Qui  gardect 
Ic^  noms  de  vieillir,  malh.  in,  2.  J'ai  près  do  trente 
ans  commandé  vos  armées  Sans  avoir  amassé  que  ces 


GAR 

ooblHS  fumées  Oui  gardent  les  noms  de  finir,  cohn. 
Agpsil.  III,» .  Le  sceptre  dosThébains  Parordreetdroit 
de  sang  doit  tomber  en  vos  mains;  Mais  les  garde  le 
oiel  de  yotre  tyrannie  !  botb.  Antig.  ii,  ♦.  Le  droit 
do  se  défendre  s'étend  à  tout  ce  qui  est  nécessaire 
pour  nous  garder  de  toute  injure ,  pasc.  Prou.  1 4. 
Le  vif-argent  qui  dans  la  recourbure  ne  sent  pas  le 
poids  de  l'air,  parce  que  le  doigt  qui  bouche  l'ou- 
verture du  tuyau  l'en  garde,  ID.  Pesant,  de  l'air,  vi. 
Des  roses  que  sa  main  gardera  de  vieillir,  bac.  Poé- 
sies,  (.  Grand  Dieu,  gardez  son  innocence  comme 
un  trésor  encore  plus  estimable  que  sa  couronne, 
MASS.  Pet.  car.  Tentât,  des  gr.  Cet  asile  de  paix  dont 
l'ombre  et  le  silence  Des  conseils  corrupteurs  gar- 
daient votre  innocence,  c.  delav.  Paria,  i,  2.  ||  Dans 
le  même  sens,  par  forme  de  souhait.  Dieu  garde  Zaïre 
d'être  autre  chose  que  tendre  I  Dieu  garde  Mérope  de 
faire  la  Cornélie!  volt.  Lett.  Thiriot,  (O  avril  1738. 
Dieu  garde  de  mal  les  gens  à  la  model  J.  J.  bouss. 
Ém.   IV.  Il  Dieu  m'en  garde!  que  Dieu  me  préserve 
del  Naboth  lui  répondit  :  Dieu  me  garde  de  vous 
donner  l'héritage  de  mes  pères,  saci,  Bib]e,  Rois, 
III,  XXI,  3.  Il  Dieu  vous  garde  1  se  disait    autrefois, 
par  forme  de  salutation,  le  plus  souvent  à  des  infé- 
rieurs qu'on   abordait  ou  dont  on  était  abordé , 
et  quelquefois  d'égal  à  égal.  Ma  tille,  Dieu  vous 
garde  et  vous  veuille  bénir  I  régnieb,  Sat.  xiii. 
Il  Dieu  gard',  locution  ancienne  qui  a  le  même 
sens  que  Dieu  garde.  Dieu  nous  gard'  de  plus  grand' 
fortune  !  la  font.  Pdté.  Dieu  gard'de  mal  femme  qui 
jeûne  !  m.  Diable.  Dieu  me  gard'  d'un  si  grand  bon- 
heur, LA  CHAUSSÉE,  Retour  imprévu,i,  4.  ||  Proverbe, 
Dieu    gard' la  lune  des  loups,   se  dit  pour  se  mo- 
quer d'un  homme  qui  menace  de  loin.  |{  Dieu  gard', 
se  disait  aussi  par  forme  de  salutation.  Dieu  te  gard', 
Cléanthis!  mol.  Amph.  u,  3.  Dieu  vous  gard',  mon 
frère!  ID.  Femm.  sav.  !i,  2.  ||  Gard  ou  gart  est  le 
subjonctif  de  garder  dans  l'ancien  français  ;  il  n'y 
a  point  d'e  supprimé.  ||  lî"  Conserver  une  chose, 
l'empêcher  de  se  perdre,  de  se  gâter,  etc.  Ce  vin 
est   si   délicat    qu'on  ne    pourra  le  garder.  Dans 
les  chaleurs  on  ne  peut  garder  la  viande.  ||  13°  Re- 
tenir une  chose ,    ne   pas   s'en  dessaisir.  Garder 
co|)ie  d'un  acte.  C'est  un  homme  qui  ne  peut  rien 
garder,   il  donne  tout.  Ce  prince  ne  peut  garder 
se»  conquêtes.  On  garde  sans   remords  ce  qu'on 
acquiert  sans  crimes,  corn.  Cinna,  u,  t.  C'est  un 
rare  trésor  qu'elle  devrait  garder,  id.  Nicom.  ii,  3. 
Molina  a  voulu  dire  par  là  que,  quand  on  se  trouve 
en  péril  de  la  vie  en  gardant  son  écu,  alors  on 
peut  tuer,  puisque  c'est  pour  défendre  sa  vie,  pasc. 
Prov.  XIV.  Cédons-lui  ce  pouvoir  que  je  ne  puis 
garder,  bac.  Phèdre,  m,   i.  Que  ne  gardez-vous 
votre  secret  pour  vous?  didehot.  Essai  sur  la  vertu. 
Il  Se  garder  quelque  chose,  en  retenir  la  possession. 
Il  se  garde  tout  et  ne  donne  rien  aux  autres,  jj  Par 
extension.    Garder   la   fièvre,   un   rhume,    en   être 
longtemps  malade.  Il  a  gardé  la  fièvre  pendant  plu- 
sieurs mois.  Il  Garder  une  ipédecine,  ne  pas  être 
purgé  par  le  purgatif  que  l'on  a  pris.  ||  Garder  un  la- 
vement, ne  pas  le  rendre,  ne  pas  évacuer.  ||  14°  Ne 
pas  perdre,  en  parlant  de  choses  morales.  Garder 
ses  habitudes.  Garder  rancune  à  quelqu'un.   Il  ne 
put  garder  son  sérieux.  Je  ne  garde  pour  vous  ni 
haine  ni  colère,  cobn.  Pomp.  n,  3.  La  nature  en 
tout  temps  garde  ses  premiers  droits,  id.  Hor.  m, 
4.  Chacun  doit  garder  son  caractère,  vous,  gardez  le 
vôtre,  FÉN.  Dial.  des  morts anc.  Dial.  e.  Il  y  garde 
un  caractère  de  modération  qui  est  rare,  en  rendant 
également  justice  aux  anciens  et  aux  modernes, 
EOLLiN,  Ilist.  anc.  t.  xm,  liv.  26,  ch.  m,  art.  4.  On 
a  perdu  bien  peu  quand  on  garde  l'honneuir,  volt. 
Ad.  du  Guescl.  m,  l.  Moi,  je  garde  à  ce  fourbe  une 
haine  éternelle,  ID.   ilahom.  i,  l.  Le  roi  acquit  la 
réputation  d'un  bon  prince,  qu'il  ne  garda  pas  long- 
temps, ID.  Zadig,  5.  ||  Fig.  Garder  son  rang,  se  faire 
respecter,  soutenir  avec  dignité  son  rang,  son  état. 
La  maison  de  France  garda  son  rangsur  celle  d'Au- 
triche jusque  dans  Bruxelles,  BOss.  Louis  de  Bour- 
bon. Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  garder  l'hon- 
neur.Ma  soeur,  je  dois  garder  l'honneurdu  diadème, 
CORN.  Pomp.  I,  3.  Il  15°  Etre  fidèle  à,  observer.  Garde 
ici   le  respect  qu'on  doit  à  la  couronne,  nu  byeb, 
Scévole,  I,  5.  Ils  violent  des  droits  que  tu  n'as  pas 
gardés,  cobn.  Cinna,  iv,  3.  Ma  parole  est  donnée  cl 
je  la  veux  garder,  in.   ilédée,  iv,   3.   Et  saura  vous 
garder  même   fidélité  Qu'elle  a  gardée  aux  droits  de 
l'hospitalité,  id.  Nicom.  i,  1.  Il  passe  pour  cruel  s'il 
garde  la  justice,  botb.  Vencesl.i,  t.  Les  pharisiens 
et  tous  les  Juifs  ne  mangent  point  sans  avoir  sou- 
ventlavé  leurs  mains,  gardant  en  cela  les  traditions' 
des  anciens,  saci.  Bible,    ^t).   St  Marc,  vu,  3.  Si 
quelqu'un  garde   ma  parole,  il  ne  mourra  jamais, 


ID.  ib.  Èv.  St  .hnn,  vm,  RI.  J'ai  bien  combattu,  j'ai 
achevé  ma  course,  j'ai  gardé  la  foi,  m.  ib.  St  Paul, 
2-  (<p.  S  Tim.  IV,  7.  Gardez  mes  jours  de  sabbat,  et 
tremblez  devant  mon  sanctuaire ,  in.  ib.  Uvit.  xix,  30. 
Têtebleu  !  ce  me  sont  de  mortelles  blessures.  Devoir 
qu'avec  le  vice  on  garde  des  me.sures,  mol.  Mis.  i,  i . 
Crains  Dieu,    et  garde  ses  commandements;  car 
c'est  là  tout  l'homme,  boss.  Duch.   d'Url.  Joas  fit 
garder  la  loi  de  Moïse,  id.  Ilist.  i,  «.  Le  parlement, 
qui  eût  gardé  quelques  mesures,  id.  Reine  d'Angl. 
Quand,  emportés  par  leur  humeur  violente,  ils  [les 
princes]  ne  gardent  plus  ni  lois  ni  mesures,  id.  ib. 
Elle  marchait  dans  un  bon  chemin  et  gardait  toutes 
les  bienséances  de  son  sexe,  boubdal.  wdim.  après 
la  Pentecôte,  Dominic.  t.  m,  p.  27t.  Maintiendrai- 
je  des  lois  que  je  ne  puis  garder?  bac.  BMn.  iv,  B. 
Et  pendant  ces  troisjours  gardent  un  jeûneaustère, 
ID.  Esth.  I,  3.  Est-ce  aux  rois  à  garder  cette  lente 
justice?  ID.  Athal.  ii,  B.  La  multitude  dos  lois  est 
pernicieuse,  on  ne  les  entend  plus,  on  ne  les  garde 
plus,  FÉN.  t.  XIX,  p.  (79.  Je  ne  parle  pas  même  ici  de 
ces  pécheurs  déclarés  qui  ont  secoué  le  joug  et  qui  ne 
gardent  plus  démesures  dans  le  crime,  mass.  Carême, 
Pet.    nomb.  des  élus.  Il   [Fabius]    fit  voir  claire- 
ment qu'en  gardant  une  conduite  opposée,  on  pou- 
vait non-seulement  mettre  le  pays  en  sûreté,  mais 
en  chasser  l'ennemi,  kollin,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  i, 
p.  319,  dans  pouGENS.  Il  [Gélon]  se  piquait  surtout 
d'une  sincérité,  d'une  vérité,  d'une  bonne  foi  à  gar- 
der sa  parole,  qui  était  à  l'épreuve  de  tout,  id.  ib. 
t.  m,  p.  4B( .  Nous  autres  gens  d'intrigue,  nous  nous 
gardons  les  uns  aux  autres  une  fidélité  plus  exacte 
que  les  honnêtes  gecs,  lesage,  Crispin  riv.  de  son 
maître,  se.  )8.  Mais  que  résolvez-vous? — De  garder 
mes  serments,  volt.  Orphel.  i,  6.  On  apporta  un 
missel  ;  les  deux  rois  mirent  chacun  une  main  des- 
sus, l'autre  sur  une  croix,  et  jurèrent  de  garder  la 
trêve,  DUCLOS,  Hist.  Louis  XI,  Œuv.  t.  m,  p.  76, 
dans  POUGENS.  Il  marche  sur  une  ligne  difficile  à 
garder,  diderot,  Essai  sur  la  peint,  chap.  B.  Les 
dieux  dans  leurs  bienfaits  gardent-ils  des  limites? 
c.  DELAV.  Paria,  iv,  3.  ||  Garder  le  silence,  rester 
silencieux.  Pendant  que  tout  gardait  un  silence  pai- 
sible.... BAC.  Esth.  II,  t.  Il  Fig.  Entre  'l'axile  et  lui 
votre  cneur  en  balance,  1'ant  qu'ont  duré  ses  jours, 
a  gardé  le  silence,  rac.  Alex,  iv,  2.  ||  16°  Garder  un 
secret,  ne  pas  le  révéler.  Gardez  votre  secret,  je 
garderai  le  mien,  corn.  Tléracl.  iv,  6.    Le  secret 
dans  les  conspirations  n'a  jamais  été  mieux  gardé 
qu'il  le  fut  dans  cette  entreprise  de  Louis  XIV,  volt. 
S.  de  Louis  XIV,  o.  Point  de  remerclment,  point 
de  reconnaissance;  gardez   l'argent  et  le  secret, 
ID.  Écossaise,  ii,   B.  ||  Absolument.  Garder  le   se- 
cret, être  discret.  ||  17°  Ne  pas  changer  la  personne 
dont  on  se  sert  pour  quoi  que  ce  soit.  Je  veux  garder 
ce  médecin.  U  n'a  gardé  que  deux  domestiques.  On 
garde  longtemps  son  premier  amant,  quand  onn'.en 
prend  pas  un  second,  labochef.  Réfl.  mor.  n°  398, 
Il  18°  Garder  quelqu'un,  le  retenir  chez  soi.  Je  vous 
garde  à  dîner.  Le  temps  est  trop  mauvais,  je  vous 
garde.  Elle  voulut  garder  les  deux  enfants  auprès 
d'elle.  Demain,  dites-vous?  comment  vous  garder 
jusque-là  après  ce  qui  est  arrivé?  mabivaux.  Fausse 
confld.  III,  12.  Il  19°  Réserver.  Je  garde  cet  argent 
pour  me  libérer  de  mes  dettes.  On  lui  gardera  quel- 
que chose  pour  son  dîner.  Il  a  vu  quel  accueil  lui 
gardait  ma  colère,  cobn.  Hor.  v,  3.  Et  je  garde,  au 
milieu  de  tant  d'âpres  rigueurs.  Mes  larmes   aux 
vaincus  et  ma  haine  aux  vainqueurs,   iD.  ib.  i,  ). 
On  court  grand  risque  de  s'abuser,   lorsque  l'on 
compte  sur  le  bien  qu'un  autre  vous  garde,  mol. 
Méd.  m.  lui.  ii,  2.  Sans  doute;  c'est  le  prix  que  vous 
gardait  l'ingrate,  bac.  Andr.  u ,  B.  Et  qui  sait,  lors- 
qu'au trône  il  conduisit  vos  pas,  Si,  pour  sauver  son 
peuple,  il  ne  vous  gardait  pas?  id.  Esth.  i,  3.  Mais 
je  garde  à  ce  prince  un  traitement  plus  doux,  ii>. 
Brit.  II,  3.    Mes  gens  se  donnent  au  diable  qu'il  n'y 
a  pas  dix  écus  dans  la  maison,  et  je  crois  que  les 
tiens  ne  m'en  gardent  guère  davantage  ,  hamilt. 
Gramm.  2,  J'étais  loin  de  penser  que  le  sort  qui 
m'obsède  Me  gardât  pour  époux    l'oppresseur  de 
Tancrède,  volt.  Tancr.  ii,  «.  ||  Fig.  Garder  une  poire 
pour  la  soif,  épargner  quelque  chose  quand  on  est 
riche,  pour  la  nécessité  qui  peut  survenir.  ||  Per- 
sonne ne  sait  ce  que  Dieu,  la  Providence,  la  for- 
tune lui  garde,  personne  ne  sait  ce  qui  peut  lui  ar- 
river d'heureux  ou  de  malheureux.  Et  vous  ne  voyez 
pas  ce  que  le  ciel  vous  garde,  cobn.  CH'.dipe,  il,  i. 
Il  Fig.  ot  familièrement.  La  garder  à  quelqu'un,  la 
lui  garder  bonne,  conserver  du  ressentiment  contre 
quelqu'un.  Mais  Clovis,  qui  s'en  tait,  vous  la  gardera 
bonne,  cobn.  Méiite,  v,  8.  ||  On  dit,  dans  le  même 
sens  et  familièremeat  :  Je  garde  une  dent  contre  lui; 


CAR  ISÔfî 

Je  lui  .garde  un  chien  de  ma  rliieuno.  jj  Dans  le  niém- 
suiis  encore,  en  garder.  Alil  coiniiiejo  leur  en  gii^de 
morbleu  I  beaum.  Harb.  deSév.  i,  2.  ||  20°  So  gnr- 
der,  t).  réfl.  Prendre  garde  contre,  se  préserver  de. 
Est-ce  vous  désormais  dont  je  me  doisgard8r?coHN. 
Rudog.  V,  4.  Cela  apprend  à  se  garder  d'un  philo- 
sophe hypocrite  comme  d'un. traître,  d'ablancoukt, 
Tac.  Ann.  xvi,  dans  bichelet.  Gardez-vous  de  l'hu- 
meur d'un  sexe  ambitieux  ;  L'espérance  d'un  scep- 
tre est  brillante  à  ses  yeux ,  botb.  Yencesl.  ni,  2. 
Gardez-vous  des  chiens,  gardez-vous  des  mauvais 
ouvriers,  gardez-vous  des  faux  circoncis,  saci,  Bible, 
Saint  Paul,  Épit.  aux  Philipp.  m,  2.  Gardez-vous, 
dira  l'un,  de  cet  esprit  critique,  boil.  Sat.  a.  Allez, 
de  ses  fureurs  songez  à  vous  garder,  hac.  Mithr.  iv, 
2.  Tout  ce  que  nous  pouvons  faire,  c'est  de  sentir 
notre  impuissance,  de  reconnaître  un  être  tout-puis- 
sant, et  de  nous  garder  de  tout  système,  volt. 
Dial.  7.  [Il]  Ne  saurait  se  garder  d'un  poignard  as- 
sassin, Et  croirait  l'arrêter  en  présentant  le  sein, 
c.  delav.  Vêp.  sicil.  i,  I.  Il  Se  garder  de,  suivi  d'un 

infinitif,  avoir  grand  soin  dene  pas Gardez-vous 

de  rien  dédaigner.  Surtout  quand  vous  avez  à  peu 
près  votre  compte,  la  font.  Fahl.  vu,  4.  Et  surtout 
gardez-vous  de  la  quitter  des  yeux,  mol.  Éc.  des  f. 
V,  B.  Ces  circonspections  par  lesquelles  on  se  garde 
non  d'être  pécheur,  mais  d'être  connu  pour  tel, 
FLÉcn.  Panég.  i,  p.  soi.  Gardez-vous  d'imiter  ce 
rimeur  furieux,  boil.  Art  p.  m.  Et  qu'il  se  garde 
bien  D'ordonner  de  son  sort  sans  être  instruit  du 
mien,  bac.  Mithr.  iv,  3.  Et  tout  homme  prudent 
doit  se  garder  toujours  De  donner  trop  crédit  i  de 
mauvais  discours,  begnabd.  Je  Distr.  iv,  6. 

—  HIST.  XI'  s.  'Wart  l'om  que  l'om  l'anme  ne  per- 
de, que  Deus  rachatat  de  sa  vie.  Lois  de  Guill.  *t. 
Guardez  [défendez]  le  [mon  fils]  bien,  ja  nel  ver- 
rai des  ieuz,  Ch.  de  Roi.  xxni.  Et  vingt  hos- 
tages;  faites  les  bien  guarder,  ib.  lui.  Or  guart 
cbascuns  que  granz  cous  il  empleit  [employé],  ib. 
Lxxvii.  Traïl  vous  a  qui  à  guarder  vous  ot,  ib.  xci. 
[Que  DieuJ  Sauve  le  rei  et  guarde  la  reine,  ib.  cxci. 
[Ils]  Guardent  la  vile  à  oes  [au  service  de]  l'empe- 
reor,  ib.  cclxix.  ||xii'  s.  La  reregarde  [rarrière- 
garde]  gardez  que  n'obliez,  Ronc.  p.  31.  [Il]  Garde 
sor  destre  [regarde  à  droite]  parmi  un  val  erbor 
[herbu],  ib.  p.  44.  [Que]  Garde  chascun  [que]  ses 
péchés  ait  gehis  [avoués],  ib.  p.  B8.  Ferez  [frappez], 
Franzois,  gardez  ne  vous  targez,  ib.  p.  87.Charlei 
en  ot  la  pointe  [de  la  lance]  fait  garder,  ib.  d.  4  h. 
Venez  0  moi,  gardez  ne  demorez,  ib.  p.  I4,i.  Et  cil 
i  courent  qui  le  doivent  garder  (le  prisonnier],  ib. 
p.  131.  Si  se  gart  bien  qui  s'i  fie,  Couci,  m.  Ou  cil 
qui  prie  adès  pour  décevoir.  Et  bien  se  sait  garder 

par  son  savoir,  ib.  xx Lafolie  Dont  je  m'erejm'é- 

tais]  gardez  mainte  saison,  ib.  xxiv.  Gardez  [ayez 
soin]  que  li  mess.nge  [les  messagers]  soient  mis  en 
priuon,  Soi.  xxv.  Aiuçois  lui  povez  dire  que  de  nous 
bien  se  gart,  ib.  xxix.  ||  xiii*  s.  Mais  demorez  por 
garder  cest  pais  [terre  sainte],  ouksnïs.  Romane 
p.  toi.Po  [peu]  se  truevent  de  larges  homes  [hommes 
libéraux]  qui  soient  riches,  porce  que  ricliesce  n» 
crolstpas  par  doner,  mais  par  amasser  et  par  gar- 
der, BBUN.  LATiNi,  Trésor,  p.  2HB.  Ainsi  s»  doit-on 
bien  guarder  D'cnquerre  par  jalousie  Ce  qu'on  n'y 
voudroit  trouver,  auboins  desezan.  fiomanc.p.  <26. 
Bêle  Amelot  seule  en  chambre  filoit,  Enhautchan- 
toit  et  son  am:  [elle]  nommoit.  Mal  se  gardoit,  sa 
mère  l'escoutoit,  ib.  p.  72.  Et  pour  ce  devons-nous 
garder  qu'il  ne  nous  aviegne  autres!,  villeh.  cix. 
[Elle  prie]  Dieu  et  sa  douce  mère,  qu'il  la  gardent 
de  mal,  Berle,  xxvi.  Plorant  [elle]  s'est  endormie  ; 
Diex  la  gart  d'encombrer!  ib.  xxiix.  Bon  se  feroil 
gaider  [il  ferait  bon  se  garder],  qui  pourroit,  de 
mesfaire,  ib.  lxix.  Tybert  le  traîtour  pour  lui  [la 
malade]  garder  [elle]  laissa,  ib.  Lxxviu.  Tybers, 
qui  gardoit  l'uis,  de  paour  en  rougi,  ib.  lxxxix.  Et 
cent  qui  sont  des  bestes  en  la  forest  gardant,  ib. 
cvii.  Je  sui  maistres  le  roy  (sénéchal  du  roi]  qui 
France  a  à  garder,  ib.  cxii.  Nul  autre  esquivement, 
pour  moi  garder  [défendre]  [je]  ne  vi,  ib.  cxvm. 
Hersent  l'ol,  mais  ne  dist  rien.  De  respondre  se 
garda  bien,  Ainçois  se  taist,  si  ne  dist  plus,  Ren. 
9864,  Gar  que  fortune  ne  t'abate.  Comment  qu'el  te 
tourmente  et  bâte,  la  Rose,  fi9oi.  Nus  ne  puet  mè- 
tre en  famé  garde,  S'ele  meisme  ne  se  garde,  ib. 
t4B84.  Car  saiges  bons  sa  langue  garde,  ib.  4748. 
Il  loist  à  cascun  à  garder  sa  droiture  (ce  qui  lui  ap- 
partient] sans  fere  tort  à  autrui,  beaum.  lviii,  b. 
Quant  il  furent  pa.ssez  et  les  Turs  virent  que  nous 
gardions  le  pont,  Jomv.  227.  Les  barcns,  quideus- 
sent  ganler  le  leur  pour  bien  emploier  en  lieu  et 
tens,  se  prisrent  à  donner  les  grans  mangers  et  le» 
outrageuses  viandes,  id.  2I7.||xiv«s.   Kt  àjoenes 


1836 


CAR 


gen»,  amis  lor  sont  nécessaires  pour  les  garder  de 
pechier.oHKSMB,  Kth.  229.  ||  xvs.  De  ceste  bleceure, 
«'il  se  fust  bien  gardé,  il  eust  esté  tost  guery  ;  mais 
mal  se  garda,  et  specialeme"»  il  fornication  de 
lomme.dont  cher  l'acheta  [il  mourut],  froiss.  liv.  m, 
P.  364,  dansLACDBNE.  Ce  que  Dieu  garde  est  bien 
!{ardé,  Bouciq.  il ,  <».  D'où  viennent  tels  maux  an- 
goisseux?  Tout  vient  de  mal  garder  la  bouche, 
Dec.  de  farces,  p.  35-2.  Je  ne  vous  garderai  point 
l'ordre  d'escripre  que  font  les  historiens,  comm.  m, 
4.  Jamais  le  bon  homme  n'aura  joyo,  il  sera  servi 
de  mensonges  et  le  fera  on  paistre  ;  sa  chevance  se 
diminuera;  son  pauvre  corps  assaichera;  il  voudra 
garder  sa  maison  que  !e  vent  ne  l'emporte.et  en  lais- 
sera ses  besognes,  que  jamais  bien  n'aura.  Les  quinie 
joyes  du  mariage,  p.  8»,  dans  lacurne.  Oui  garde 
son  corps  garde  bon  chatel  [cheptel,  avoir],  Percefor. 

t.  ijf  <27.  Il  XVI* s Ains  recevoir  toulamiablement 

f.'humble  dieu  gard'  de  vostre  humble  Clément,  ma- 
iioT,ii,  <87.  Il  voulut  occire  Jobelin  ;  mais  ledit  des 
Marays  l'en  guanla  par  belle  remonstrance  qu'il  luy 
feit,  HAB.  Garg,  i,  <5.  Fils  très  chier,  aprez  mon 
decez,  guardez  que  telles  lois  ne  soyent  en  cestuy 
royaulme  receues,  id.  Panl.  m,  48.  Je  ne  me  puis 
garder  de  vous  escripre  que....  mabg.  Lett.  1 27.  Plust 
k  Dieu  que  l'empereur  s'essayast  de  passer  le  Rosne 
quant  je  suis  icy  I  j'entreprendrois  bien  sus  ma  vie, 
toute  femme  que  je  suis,  de  le  garder  de  passer, 
et  n'y  a  nul  que  vous  qui  me  peust  garder  d'y  estre, 
ID.  ib.  1 27.  Quoy  qu'il  y  ait,  je  vous  requiers  garder 
f  ostre  santé ,  et  ne  vous  donnés  tant  de  travail,  et 
vous  gardt^s d'aller  veoir  les  malades,  m.  ib.  4  28.  Il 
fault  que  je  vous  confesse  que  j'ay  mené  une  vie 
ilespuis  que  je  partis,  <^i  me  contraindra  garder 
pour  aujourd'hui  la  chambre,  id.  )&.  446.  Avez  vous 
bien  gardé  les  commandemens  de  Dieu?...  Je  n'ai 
gardé  que  mes  brebis,  dit  le  berger,  desper.  Contes, 
XLii.  Je  me  garderay,  si  je  puis,  que  ma  mort  die 
aultre  choso,  mont,  i,  3.4  Avoir  à  se  garder  mesme 
de  ses  amis,  id.  i,  i33.  Escomifflant  les  sentences, 
non  pour  les  guarder,  car  je  n'ay  point  de  gar- 
doire....  10.  i,  443.  Ayant  rencontré  un  chien  qui  gar- 
doit  un  homme  mort,  id.  1,  4  94.  Leurs  mariages  sont 
mieulx  gardez  que  les  nostres,  m.  11,  104.  Un  tyran 
est  gardé  par  ceulx  desquels,  s'ils  valoient  rien ,  il 
se  dobvroit  garder,  la  boétie.  Servitude  volant.  Un 
temps  viendra  qui  nous  gardra  d'aimer  Par  maladie, 
ou  par  mort,  ou  vieillesse,  bons.  824.  X  qui  est 
l'ane,  si  le  garde,  cotgrave.  Dieu  me  garde  de  qui 
je  me  Be,  id.  Ne  se  garde  pas  bien  qui  se  garde 
toujours,  ID.  Qui  garde  son disner,  ilamicux  àsou- 
per,  iD.  Oui  n'a  qu'un  œil,  Dieu  le  garde,  m.  Tel 
se  cuide  bien  garder,  qui  se  frappe  sur  le  nez,  m. 

—  ÊTYM.  Picard,  warder,  garder,  regarder;  bour- 
guig.  gadai;  wallon,  Mardi,  toaurdi;  provenç.  gar- 
dât, guardar;  espagn.  guardar;  ital.  guardare;  de 
l'anc.  haut-allem.  wartên,  prendre  garde  ;  du  radical 
war,  considérer,  prendre  garde,  qui  se  trouve  dans 
l'allemand  v^ahr,  wehren,  et  le  latin  rerus,  vereor. 

t  GARDERIE  (gar-de-rie),  s.  f.  Terme  d'eaux  et 
forêts.  Etendue  de  bois  qui  est  sous  la  surveillance 
d'un  garde. 

—  ÊTYM.  Garder 

GARDE-ROBE  (gar-de-ro-b') ,  s.f.Wl-  Chambre 
ilestinée  à  renfermer  les  habits,  le  linge,  et  toutes 
les  bardes.  Regarde  dans  ma  chambre  et  dans  ma 
garile-robe  Les  portraits  des  Dandin  ;  tous  ont 
porté  1.1  robe,  rac.  l'Iaid.  i,  4.  H  [le  czar]  fit  tirer 
d'un  fourgon  qui  le  suivait  un  lit  de  camp,  et  le 
lit  tendre  dans  une  garde-robe ,  duclos  ,  Mim. 
rfg.Oliuv.  t.  V,  p.  291,  dans  pougens.  ||  Grande 
armoire  où  l'on  suspend  des  habits,  des  robes, 
sans  les  plier.  Est-ce,  madame,  qu'à  la  cour  une 
armoire  s'appelle  une  gaide-robe?  —  Oui,  butorde, 
on  appelle  ainsi  le  lieu  où  l'on  met  les  habits, 
MOL.  Escarb.  3.  ||  2°  Par  extension,  tous  les  ba- 
bils à  l'usage  d'une  personne.  Cet  homme  a  une 
garde-robe  très-riche.  ||  On  dit  dans  un  sens  ana- 
logue :  la  garde-robe  d'un  acteur.  ||  3°  Chez  les 
souverains  et  les  princes,  la  garde-robe,  tout  ce  qui 
regarde  les  habits  et  le  linge  du  roi.  Grand  maître 
do  la  garde-robe.  Officier  de  la  garde-robe.  Valet  de 
la  garde-robe.  Valet  de  garde-robe.  Je  ne  doute  pas 
qu'il  n'eu  soit  de  même  de  la  filhi  de  garde-robe 
qui  a  pris  le  corn  de  sa  maîtresse,  la  femme  de  Cza- 
rowitz,  d'albmb.  Lett.  au  roi  de  Prxts.ie,  i  mars  4  772. 
Qu'on  mette  à  tienève  un  roi  avec  un  gros  budget, 
chacun  quittera  l'horlogerie  pour  la  garde-robe,  p.l. 
rooB.  livret.  ||  4"  Lieuo^  l'on  mettait  la  chaise  per- 
cée, alors  que  les  latrines  n'étaient  pas  communes 
dans  les  maisons.  M.  de  Richelieu  avait  pris  un  la- 
voment  ;  il  demanda  ma  garde-robe  et  y  monta  en 
grande  hite.  st-sim.  48,  %n.  Pour  lui  présenter  en 


GAR 

pompe  à  midi  ce  qu'il  va  déposer  le  soir  dans  sa 
gafde-robe,  j.  j.  rouss.  TÎm.m.  Jelisaisàlagapie-robe 
et  je  m'y  oubliais  des  heures  entières,  ii>.  Conf.  i. 
Il  Aller  à  la  garde-robe,  satisfaire  le  besoin  d'éva- 
cuer les  excréments.  Un  homme  ne  pouvait  être  re- 
gardé comme  un  dieu  par  ceux  qui  l'avaient  vu 
aller  à  la  garde-robe,  volt.  Mœurs,  i"  homme.  Ce 
monarque  [Henri  III]  n'allait  à  la  garde-robe  qu'avec 
une  difficulté  extrême,  id.  Oreilles,  7.  Il  m'a  conté 
souvent  que  Cromwell  n'avait  pas  été  à  la  garde- 
robe  depuis  huit  jours  lorsqu'il  fit  couper  la  tête  à  son 
roi,  ID.  ib.  7.  La  garde-robe  a  tant  d'empire  qu'un 
dévotement  rend  souvent  un  homme  pusillanime, 
ID.  th.  7.  Il  Garde-robe  à  l'anglaise,  cuvette  de  faïence 
munie  au  fond  d'un  piston.  ||  Une  garde-robe,  une 
évacuation  alvine.  Sa  médecine  lui  a  fait  avoir  trois 
ou  quatre  garde-robes.  ||  B"  Nom  donné  vulgaire- 
ment à  diverses  plantes  odorantes  auxquelles  on  at- 
tribue la  propriété  d'écarter  des  vêtements  les  in- 
sectes :  la  santoline,  l'aurone  (voy.  auiione),  etc. 
Il  Au  plur.  des  garde-robes. 

—  REM.  Tous  les  mots  de  ce  genre  étant  mascu- 
lins, comment  se  fait-il  que  celui-ci  soit  féminin? 
11  est  ancien;  mais,  à  l'origine,  c'était  souvent  la 
dernière  partie  du  mot  qui  donnait  le  genre  :  la 
tranche-teste  pour  le  bourreau,  dans  Froissart,  11, 
m,  8.  Au  reste  on  tenta,  au  xvi*  siècle,  de  le  faire 
masculin  suivant  l'analogie. 

—  HIST.  xiir  s.  Lors  s'enclost  en  sa  garderobe  en- 
tre li  et  moy  s:in7.  plus,  et  me  mist  mes  deux  mains 
entre  les  seues  [siennes],  et  coramensa  à  plorer 
moult  durement,  joinv.  282.  ||  xiv*  s.  Elle  [la  dame 
de  la  maison]  s'en  venoit  dans  la  garderobe,  et  là 
mangeoit  la  souppe  au  matin  ou  aucune  lescherie, 
LE  CHKV.  DE  LA  TOUR,  Instr.  à  ses  filles,  f»  4,  dans 
LACURNE.  Il  XV'  S.  Si  y  avoit  il  dedans  [un  château]  de 
bons  joyaux  et  de  riches;  carie  comte  enfaisoit  sa 
garde  robe,  froiss.  ii,  ii,  b5.  ||  xvi'  s.  Si  vous  cerchez 
dedans  leurs  garderobes,  Vous  trouverez  le  roman 
de  la  Rose,  Mattheolus,  toutes  fables  et  lobes,  Oui 
contre  nous  et  notre  honneur  dépose,  j.  marot,  v, 
290.  Garde-robe  [chaise percée], mont,  i,  48.  Garde- 
robe ou  menu  cyprès,  o.  de  sebrhs.  Il  y  avoit  dans 
la  chambre  de  s;i  feu  mère  un  beau  garderobe,  fort 
magnifiquement  œuvré,  où  ia  fille  tenoit  ses  riches 
accoustrements  et  bagues,  Nuits  de  Straparole,  1. 1, 

p.   64,  dans  LACURNE. 

—  ÊTYM.  Garder,  robe.  Garde-robe  au  masculin 
a  été  le  nom  d'un  officier  :  xv*  s  Jehan  Pavillon, 
varletde  chambre  et  garde  robe  de  ladite  feue  dame, 
Bibl.  des  eh.  6'  série,  t.  i,p.  344. 

GARDE-nOBK  (gar-de-ro-b'),  s.  m.  Tablier  de  toile 
que  les  femmes  et  les  enfants  portent  pour  conser- 
ver leurs  vêtements.  Un  garde-robe  gras  servait  de  pa- 
villon, RÉGNIER,  Sat.  XI.  Il  Au  plur.  Des  garde-robes. 

GARDE-RÔLE  (gar-de-rô-l') ,  s.  m.  Celui  qui  gar- 
dait les  rôles  des  offices  de  France,  qui  en  tenait 
registre  et  qui  en  faisait  sceller  les  provisions.  ||  Au 
plur.  Des  garde-rôle  ou  rôles,  ou,  selon  Laveaui 
(voy.  GARDE  4),  des  gardes-rôles. 

GARDE-SACS  (gar-de-sak) ,  s.  m.  Greffier  garde- 
sacs,  officier  qui  était  chargé  de  garder  les  sacs  des 
procès.  Il  iiu  plur.  Des  garde-sacs,  ou,  selon  La- 
veaux  (voy.  GARDE  4),  des  gardes-sacs. 

t  GARDE-SALLE  (gar-de-sa-l') ,  s.  m.  Prévôt  du 
maître  dans  une  salle  d'armes.  ||  Au  plur.  Desg;irde- 
salle  ou  salles,  ou,  selon  Laveaux  (voy.  garde  4), 
des  gardes-salles. 

GARDE-SCEL  (gar-de-sèl),  s.  m.  Officier  préposé, 
dans  les  anciennes  juridictions,  pour  sceller  les 
expéditions.  ||  .4»  piur.  Des  garde-scel,  ou,  selon 
Laveaux  (voy.  garde  4),  des  gardes-scel. 

t  GARDE-SCELI.ftS  (g«r-de-sè-lé) ,  s.  m.  Homme 
commis  pour  garder  des  scellés.  ||  Au  plur.  Des 
garde-scellés,  ou,  suivant  Laveaux  (voy.  garde  4), 
des  gardes-scellés. 

t  GARDE-TEMPS  (gar-de-tan) ,  s.  m.  Synonyme 
de  chronomètre.  ||  Au  plur.  Des  garde-temps. 

GARDEUR,  EUSE  (gar-deur,  deù-z) ,  4-.  m.  et  f. 
\\  1°  Celui,  celle  qui  garde  des  animaux.  Un  gar- 
deur  de  vaches,  de  cochons.  Le  mot  de  génis-se  en 
français  est  fort  beau,  et  surtout  dans  une  églo- 
gue;  vache  ne  s'y  peut  pas  souffrir;  pasteur  et  ber- 
ger y  sont  du  plus  bel  usage  :  gardeur  de  pourceaux 
ou  gardeur  de  bœufs  y  seraient  horribles,  rollin, 
Trait,  des  Et.  11,  4.  ||  2°  Celui,  celle  qui  garde,  con- 
serve son  argent,  ses  bardes,  etc.  Il  y  a  longtemps 
que  je  gronde  ces  gardeuses,  sév.  9  aoilt  4  68».||  Pro- 
verbe. Mieux  vaut  bon  gardeur  que  bon  amasseur. 

—  msT.  xiii'  s.  Dont  vint  à  Salenique,  et  li  gar- 
deour  qui  de  par  l'empereour  i  estoient  li  rendirent, 
VILLEH.  cxxv.  Or  soit  Diex  de  mon  cor  et  de  m'ame 
gardcre,  BerSe,  xviii.  ||  xiv  s  Le  libéral  ne  enrichist 


GAR 


1 


pas  de  legier;  quer  [car]  il  ne  prend  pas  volontiers 
et  n'est  pas  gardeeurde  richesces,  ohf.smr,  f'(/i.  )0«. 

—  ETYM.  Garder;  wall.  wardeu  ;  provenç.  guar- 
dayre,  guardador;  espagn.  et  portug.  p'tardador  ; 
ital.  guardatore.  Le  vieux  français  gardere,  et  le  pro- 
vençal guardayre  sont  au  nominatif,  guardeor  et 
gardadnr  sont  au  régime. 

GARDE-VAISSELLE  (gar-de-vê-sè-l'),  I.  m.  Celui 
qui  a  la  vaisselle  du  roi  en  sa  garde.  ||  Au  plur. 
Des  garde  -  vaisselle  ,  ou  ,  suivant  Laveaux  (  voy. 
garde  4),  des  gardes-vaisselle. 

GARDE-VENTE  (  gar-de-van-t'  ) ,  t.  m.  Celui , 
dit  aussi  facteur,  qu'un  marchand  de  bois  pré- 
pose à  la  garde  et  à  l'exploitation  des  bois  dont  il 
s'est  rendu  adjudicataire.  \\Au  plur.  Des  garde-vente 
ou  ventes  .  ou  ,  suivant  I.aveaux  (voy.  garde  4) , 
des  Rardes-vente. 

GARDE-VUE  (gar-de-vue),  s.  m.  Visière  qu'on 
place  au-dessus  des  yeux  pour  garantir  la  Tue  du 
trop  grajid  éclat  de  lumière.  ||  Espèce  de  couvercle 
ou  plutôt  d'abat-jourqui,  mis  au-dessus  d'une  lampe 
et  concentrant  les  rayons  vers  le  bas,  garantit  la 
vue.  Il  Au  plur.  Des  garde-vue. 

GARDIEN,  lENNE  (gar-diin.  diè-n'),  s.  m.  et  f. 
Il  1"  Celui,  celle  qui  garde  quelqu'un  ou  quelque 
chose.  Le  gardien  d'un  détenu.  Le  Kartiien  d'u"  dé- 
pôt Il  Celui  qui  veille  à  la  consenation  d'une  chose. 
Le  gardien  d'un  monument.  ||  Agent  préposé  à  la 
surveillance  dans  les  jardins  publics,  dans  les  mu- 
sées. Les  gardiens  du  jardin  du  Luxembourg.  ||  Celui 
qui  est  préposé  par  la  justice  à  la  garde  de.?  objets 
saisis.  On  l'a  établi  gardien  des  scellés,  des  meubles 
saisis.  Il  Terme  de  marine.  Celui  qui,  dans  les  ports, 
garde  un  magasin,  un  navire;  le  matelot  qui  sur- 
veille la  chambre  des  poudres,  etc.  ||  2"  Titreque  l'en 
donne  au  supérieur  de  certains  couvents.  Le  gardien 
des  capucins.  Le  père  gardien.  ||  3"  Par  extension, 
celui  qui  défend,  protège.  Vous  êtes  le  gardien  do 
nos  libertés.  La  sainte  Vierge,  protectrice  et  gar- 
dienne. Soyez  donc  toujours  [femmes  de  Genève]  ca 
que  vous  êtes,  les  chastes  gardiennes  d«s  ma>urs  et 
les  doux  liens  de  la  paix,  j.  i.  rocss.  Dédie,  à  la 
rép.  de  Genève.  \\  Fig.  Le  travail  et  la  sobriété  fu- 
rent les  premiers  gardiens  de  cette  liberté,  volt. 
}fœurs,  187.  Il  4°  Adjectivement.  Ange  gardien,  ange 
qui ,  d'après  les  croyances  catholiques ,  protège 
chaque  individu.  Ainsi,  mes  frères,  nos  saints  anges 
gardiens,  ne  pouvant  plus  supporter  nos  crimes,  en 
poursuivent  enfin  la  vengeance  ,  noss.  Sermons, 
Saints  anges  gardiens,  2.  ||  Substantivement.  Ils  [les 
anges]  viennent  à  nous,  chargés  de  ses  dons  [de 
Dieu],  ils  retournent  chargés  de  nos  vaux....  tel  est 
l'emploi  et  le  ministère  de  ces  bienheureux  gar- 
diens, id.  ib.  Préambule.  À  toute  heure  et  à  tous 
moments,  ils  [les  anges]  se  tiennent  prêts  pour  nous 
assister,  gardiens  toujours  fenents  et  infatigables, 
sentinelles  qui  veillent  toujours,  id.  ib.  t.  ||  Fig. 
Ange  gardien,  personne  qui  veille  sur  une  autre  avec 
affection.  Vous  êtes  ùon  ange  gardien  ||6"  Terme 
d'ancienne  jurisprudence.  Gardien  noble,  celui  qui 
avait  la  ginle  noble.  ||  Gardien  de  la  régale,  officier 
chargé  de  percevoir  les  revenus  des  abbayes  et  des 
évêchcs  vacants.  ||  Lettres  de  garde  gardienne,  let- 
tres par  lesquelles  le  roi  accordait  à  certaines  com- 
munautés, à  certains  pai1iculiei-s  le  privilège  d'a- 
voir leurs  causes  commises  devant  certains  juges. 
Il  6"  Titre  du  grand  maître  de  l'ordre  de  la  Jarre- 
tière, en  Angleterre.  C'est  toujours  le  roi  qui  est  le 
gardien  de  cet  ordre. 

—  REM.  Gardien  n'est  présentement  en  poésie  que 
de  deux  syllabes;  Molière  l'a  fait  de  trois  :  Suis-je 
donc  gardien,  pour  employer  ce  style,  De....?  mol. 
Dép.  am.  V,  3.  Au  xiv*  siècle  il  n'est  que  de  deux  ; 
au  XII'  il  n'est  que  de  deux  aussi,  mais  sous  la  forme 
guardain. 

—  SVN.  GARDE,  gardien.  L'un  et  l'autre  expri- 
ment la  charge,  le  soin  d'une  garde;  mais  la  nuance 
que  l'usîge  a  mise,  c'est  que  le  garde  est  non-seule- 
ment chargé  de  garder  le  dépôt,  mais  encore  de  le 
diriger,  tindis  que  le  gardien  n'a  que  le  soin  maté- 
riel :  le  garde  des  manuscrits  de  la  bibliothèque 
impériale  ;  le  gardien  qui  est  dans  la  salle  et  qui 
suneille.  De  plu.s  garde  ne  s'emploie  guère  au  sens 
figuré,  tandis  que  gardien  comporte  très-bien  l'em- 
ploi métaphorique. 

—  HIST.  XII'  s.  Mais  de  primes  en  est  Normandie 
fulée;  Car  la  mort  al  saint  humme  i  fu  ains  purpar- 
Ice,  Ecil  enestguardains,  Th.lemart.  iB3.||xiv's. 
Qui  aus  dis  ganiiens  feront  injures  ou  violence, 
DU  GANGE,  avenius.  Et  jure  que,  si  li  gardien  X  ce 
tuit  a-ssentoient  bien....  machaut,  p.  3o.  ||  xv  s. 
Sire,  les  Escots  cette  nuit  ont  pris  et  emblé  le  chag  ■ 
tel  de  Bervich  ;  et  le  capitaine  m'envoie  derers  vous 


GAR 


GAR 


GAR 


1837 


sfin  que  vous  en  soyez  avisé;  car  vous  estes  gar- 
dien de  ce  pays,  froiss.  ii,  ii,  (5. 

—  ÉTVM.  Garder;  provenç.  gardian;  catal.  guar- 
dià;  espagn.  guardian;  ital.  guardiano. 

t  GARDIENNAGE  (gar-diè-na-j'),  s.  m.  Soin  de 
garder  et  de  tenir  en  état.  Les  soins  de  gardiennage 
et  de  répiration  que  nécessite  un  vaste  bâtiment, 
un  musée,  Disc,  de  U.  Barbet  au  Corps  législ. 
2»  juin  (865.  Il  Terme  de  marine.  Ensemble  des 
moyens  de  conservation  appliqués  à  certains  objets 
dans  un  port.  Gardiennage  des  tonneaux,  des  balises. 
Il  Emploi  degardien. 

—  ÉTYM.  Gardien. 

f  GARDIENNAT  (gar-diè-na) ,  î.  m.  Dans  les  mai- 
ions  religieuses,  office  de  gardien  ;  sa  durée. 

—  ÉTYM.  Gardien. 
f  GARDIENNERIE  (gar-diè-ne-rie),  s.  (.  Ancien 

terme  de  marine.  Chambre  des  canonniers  à  bord 
d'un  vaisseau. 

—  KTYM.  Gardien. 
GARDON    (gar-don),   s.  m-    Petit  poisson    d'eau 

douce,  dit  aussi  rosse  {leuciseus  idus).  \\  Fami- 
lièrement. Être  frais  comme  un  gardon,  être  comme 
un  gardon,  avoir  un  air  de  fraîcheur  et  de  santé;  locu- 
tion tirée  de  l'éclat  de  l'écaillé  de  ce  pMsson.  Après 
avoir  été  un  mois  à  la  campagne  à  se  reposer,  à 
se  purger,  à  se  rafraîchir,  elle  revient  comme  un  gar- 
don, SÈV.  138.  Fraîche  comme  un  gardon,  droite 
comme  une  perche,  bolrsault,  Mots  à  la  mode. 
se.  15.  Il  Fig.  Donner  un  chabot  pour  avoir  un  gar- 
don, faire  un  petit  présent  pour  avoir  en  retour  un 
présent  plus  grand.  Ne  faites,  s'il  se  peut,  jamais 
présent  ni  don,  Si  ce  n'est  d'un  chabot  pour  avoir 
un  gardon,  Régnier,  Sat.  xiii. 

—  IIIST.  xin's.  Nus  poissonniers  ne  autre  nepuet 
ne  ne  doit  vendre  gardons  freans;  c'est  à  savoir, 
gardons  entre  le  mi-avril  et  mi-moi,  Liv.  des  met. 
286.  Il  xvi"  s.  Jeter  un  gardon  pour  avoir  un  brochet 
[faire  un  petit  présent  pour  en  avoir  un  grand],  cot- 
GBAve.  Cest  hamesson  n'est  pas  trop  bien  amorcé 
pour  prendre  des  guerdons,  palsgr.  p.  4'13.  Mais  il 
survint  un  affecté  maroufle  Sorti  du  creux  oii  Ton 
pescho  aux  gardons,  rab.  Garg.  i,  2. 

—  Rtym.  Origine  inconnue.  Bas-lat.  gardio. 
GARE    (ga-r'),  interj.  ||  1°  Terme  familier.    11 

emploie  lorsqu'on  avertit  de  se  ranger,  de  faire 
place,  d'éviter  quelque  chose  qui  est  lancé ,  qui 
tombe.  Il  faut  que  je  voie,  que  je  m'informe,  que 
je  coure  chez  le  notaire;  gare  que  je  passe,  picabd, 
marionnettes,  v,  8.  ||  Gare  devant,  se  dit  pouraver- 
tir  quelqu'un  qui  est  devant  nous  de  se  détourner. 
Il  Gare,  se  dit  aussi  pour  avertir  de  prendre  garde. 
Gare,  gare,  gare;  voici  quelqu'un  qui  vient  inter- 
rompre la  conversation,  dancourt,  l'Opérateur, 
se.  M.  Il  En  termes  de  chasse,  celui  qui  entend  le 
cerf  bondir  de  la  reposée  doit  crier  gare.  ||  2°  Frap- 
per sans  dire  gare,  frapper  sans  avoir  menacé.  Et 
qui  frappe  sans  dire  gare,  scarbon,  Virg.  i.  ...sans 
leur  dire  gare,  elle  [la  mort]  abat  les  humains,  mol. 
l'Ét.  II,  i.  Xquiena-t-il  donc  de  vous  rosser  comme 
cela  sans  dire  gare?  dancourt,  Tttteur,  se.  9.  ||  Sans 
dire  gare,  signifie  aussi  sans  avertir.  J'entre  sans 
dire  gare  et  cherche  à  m'informer  Où  demeure  un 
monsieur  que  je  ne  puis  nommer,  boursault,  Merc. 
gai.  IV,  fl.  Il  3"  Gare,  exprime  aussi  qu'on  appréhende 
pour  soi  ou  pour  les  autres  certaines  choses  fàclieU' 
ses.  Vous  devez  marcher  droit  pour  n'être  pas  berné; 
Et,  s'il  faut  que  sur  vous  on  ait  la  moindre  prise, 
Gare  qu'aux  carrefours  on  ne  vous  tympanise,  mol. 
Éc.  des  /■.!,).  Sinon,  gare  l'instant  de  la  conclu- 
sion, DESTOUCHES,  Phil.  marié,  i,  4.  Mon  vieux  tronc 
a  porté  quelques  fruits  cette  année....  les  sots  et  les 
fanatiques  auront  bon  temps  cet  automne  et  l'hiver 
prochain;  mais  gare  le  printemps,  volt.  Lctt.d'Ar- 
gental,  28  août  I7«D.  La  petite  diatribe  que  je  vous 
envoie  a  été  fort  applaudie  à  la  représentation  ; 
mais  gare  la  lecture,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire, 
î4  janv.  (778.  Il  4°  Gare  le  pot  au  noir,  s'est  dit  au- 
trefois, au  jeu  de  colin-maillard,  pour  exprimer  ce 
qu'on  dit  aujourd'hui  casse-cou. 

—  HIST.  XVI"  s.  Nous  sommes  tous  morts  à  ce  coup; 
g\iarel  voy  le  ci,  rab.  Pant.  iv,  33.  Si  elle  [la  for- 
tune] continue,  elle  m'en  envoyera  très  content  et 
satisfait;  mais  gare  le  heurt,  mont,  iv,  )42. 

—  ÉTYM.  Impératif  du  verbe  garer;  bourguig. 
gaire. 

2.  GARE  (ga-r') ,  s.  f.  |1 1°  Lieu  disposé  sur  les  ri- 
Tières  pour  servir  d'abri  aux  bateaux  contre  les  gla- 
ces ,  les  inondations  ,  etc.  |1  2-  Par  extension,  lieu 
de  dépôt  de  marchandises  sur  les  lignes  de  che- 
mins de  fer.  ||  Nom  de  parties  d'un  chemin  de  fer 
qui,  situées  en  dehors  de  la  voie  ordinaire,  servent 
il  éviter  la  rencontre  des  convois.  Gare  d'arrivée  et 


de  départ,  celles  des  deux  extrémités  du  chemin. 
Gare  d'évitement,  celle  qui  reçoit  et  abrite  un  con- 
voi pendant  qu'un  autre  convoi  passe.  ||  Station 
d'embarquement  et  de  débarquement  des  voyageurs 
et  des  marchandises  sur  les  chemins  de  fer. 

—  ÉTYM.   Voy.  GARER. 

GARE,  ÉE(ga-ré,  rée),  part.passé  de  garer.  Mis 
à  l'abri  dans  une  gare.  Un  bateau,  un  convoi  garé. 
Défenses  à  tous  courtiers  et  jaugeurs  de  vins  de 
goûter  ni  jauger  ceux  qui  seront  es  bateaux  garés  es 
dites  Iles  et  ports.  Aides,  27  mars  1 6 20. 

GARENNE  (ga-rè-n".  Au  xvu*  siècle  plusieurs 
prononçaient  ga-ra-n'  :  C'est  où  Flore  et  Pomone 
entretiennent  Diane,  Qui  se  vient  délasser  dedans 
cette  garanne ,  corn.  Poés.  div.  Presbyt.  d'Hénone. 
Ménage  met  en  garde  contre  cette  prononciation, 
qui  était  sans  doute  la  prononciation  ancienne), 
s.  f.  Il  1°  Proprement  et  anciennement,  défense 
de  pécher  dans  une  rivière,  de  chasser  dans  un 
bois.  On  ne  peut  tenir  rivière  en  garenne  s'il 
n'y  a  titre  ou  prescription  suffisante,  Coût,  du 
Nivemois,  ch.  <6,  art.  i.  \\  2"  Par  passage  du 
sens  de  droits  prohibitifs  aux  lieux  qui  en  étaient 
l'objet,  lieu  particulier  près  du  château  que  le 
seigneur  faisait  garder  avec  plus  de  soin.  Ga- 
renne à  bois  et  à  eau ,  étangs  et  forêts ,  appartient 
au  fils  aîné  pour  son  préciput  et  droit  d'aînesse, 
Coust.  gén.  t.  il,  p.  )so.  ||  3»  Plus  particulière- 
ment encore,  lieu  à  la  campagne  planté  d'arbres,  où 
il  y  a  des  lapins  et  où  on  a  soin  de  les  conser- 
ver. Un  chat  était  entré  dans  une  garenne  peuplée 
de  lapins,  fén,  t.  xix,  p.  51.  Le  lapin  de  garenne 
semble  savoir  qu'il  n'est  pas  logé  et  il  se  loge;  les 
lapins  de  clapiers  dont  on  peuple  les  garennes,  se 
gîtent  comme  le  lièvre;  mais,  au  bout  de  quelques 
générations,  ils  commencent  à  se  faire  des  terriers, 
bonnet,  Contempl.  nat.  u,  30.  ||  Lapin  de  garenne, 
se  dit,  comme  meilleur  à  manger,  par  opposition  à 
lapin  de  clapier  ou  de  choux.  \\  Fig.  Celui-là  est  de 
garenne  [par  allusion  aux  lapins  de  garenne],  se 
dit  d'un  conte  ou  d'un  trait  d'esprit  dont  on  raille. 
Il  Garenne  forcée  ou  garenne  privée,  petit  lieu  clos 
de  murailles  ou  de  fossés  pleins  d'eau,  où  l'on  met 
et  élève  des  lapins.  ||  4°  Lieu  de  garde,  de  réserve 

pour  certains  animaux Que   les  seigneurs  s'y 

attribuaient  la  pêche,  qu'on  y  formait  des  garennes 
à  cygnes  et  des  pêcheries,  robin.  Mémoire  sur  les 
marais  de  Cléville ,  Calvados,  1781,  p.  22.  ||  Ga- 
renne à  poisson,  espèce  de  réservoir  que  l'on  fait 
dans  les  rivières  ou  étangs. 

—  HIST.  xiii'  s.  Tant  se  haste  et  tant  s'esploite, 
Tant  chevauche  bois  et  garane,  Qu'il  est  venuz  à 
Theroane,  Iten.  18216.  Aucunes  gens  cuident  que 
cil  qui  sunt  pris  emblant  connins  ou  autres  grosses 
bestes  savages  en  autrui  garennes  anciennes,  ne 
soient  pas  pendables  ;  mes  si  sunt,  quant  il  sunt 
pris  par  nuit,  beaum.  xxx,  iob.  ||xiv"  s.  Qui  est 
trouvé  tendant  aux  perdrix  en  païs  de  garenne,  il 
chet  en  amende  de  dix  livres,  et  le  harnas  perdu,  i 
bouteilleb,  Somme  rural,  ii,  titre  40.  ||  xv  s.  Les 
escumeurs'd'Affrique....  faisoient  de  la  ville  d'Af- 
frique  leur  warenne  et  font  encore,  froiss.  m,  iv, 
13.  ||xvi"  s.  Lapins  de  garenne,  paré,  v,  26.  Es- 
tangs  et  rivières  portant  garennes  et  aussi  ga- 
rennes sont  défendues,  et  qui  y  chasse  ou  pes- 
che  sera  puni  comme  de  larrecin,   Coust.  génér. 

t.  I,  p.  919. 

—  ÉTYM.  Berry,  varenne,  terre  sablonneuse;  pi- 
card, rorcnne  ;  provenç.  garuna,  varena;  bas-lat. 
warenna  ;  du  même  radical  que  garer  (garenne  si- 
gnifiant proprement  un  lieu  réservé,  défendu) ,  avec 
un  suffixe  irrégulier. 

GARENNIER  (ga-rè-nié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  Ue  :  des  ga-rè-niéz  actifs),  s.  m. 
Celui  qui  garde  une  garenne. 

—  ÉTYM»  Garenne. 
GARER  (ga-ré),  v.  a.  \\  i'  Faire  entrer  et  mettre 

à  l'abri  dans  une  gare.  Garer  un  bateau,  un  con- 
voi. Il  Par  extension.  Ordonnons  que  toutes  les  épa- 
ves qui  seront  pêchées  sur  les  fleuves  et  rivières 
navigables  soient  garées  sur  terre,  Ordonn.  des  eaux 
et  forêt.i,  tilve  3>,  16. 1|  Garer  un  train  de  bois,  le 
lier.  Il  2°  Se  garer,  v.  réft.  Se  ranger  de  côté,  en  par- 
lant d'un  bateau  qui  en  laisse  passer  d'autres.  ||  Par 
extension,  se  dit  d'un  train  de  chemin  de  fer  qui 
entre  dans  la  gare  d'évitement  pour  laisser  passer  un 
autre  train.  ||  Il  se  dit  aussi  des  personnes  qui 
se  rangent,  se  détournent.  Se  garer  des  voitures. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Se  préserver ,  se  défendre, 
éviter.  Garez-vous  de  cet  homme.  L'abbé  guérit 
et  voulait  tuer  Arnaud  qui  s'en  gara  bien,  et  le 
pauvre  abbé  en  fut  pour  ses  plaisirs,  saint-sim. 
7,  94. 


—  tllST.  xii*  s.  Garez  en  vous,  gentils  fils  à  ba- 
ron, Honc.  p.  140.  Il  XVI*  s.  Tous  voicturiers  par  ea- 
seront  tenus  garrer  leurs  batteaui  et  vins  à  l'isla 
Nostre  Dame,  Cour  des  aides,  arrêt,  8  août  1 586. 

—  ÉTYM.  Berry,  gairer  ;  provenç.  garar,  guarar; 
du  haut-allem.  waron,  prendre  garde;  comparez  la 
celtique  :  kimry,  gujoro,  défendre  l'accès  des  pa- 
lissades ;  bas-breton,  gwarer  ;  ce  sens  convient  i 
garenne  et  à  garer  (comparez  rétymolope  do 
garder) 

t  GARGAMELLE  (gar-ga-mè-l"),  s.  f.  Terme  po- 
pulaire. Gorge,  gosier.  Je  vais  me  rafraîchir  un  peu 
la  gargamelle,  hauterociie.  Amant  qui  trompe,  dans 
LE  Boux,  Dict.  comique.  Et  de  sa  propre  alumelle 
Il  se  coupa  la  gargamelle ,  ancien  dicton  de  trictrac 
pour  signifier  qu'un  joueur  a  amené  un  dé  qui  l'a 
perdu,  Trévoux,  Gargamelle. 

—  HIST.  XV'  s.  Le  suppliant  coppa  la  gorge  au  dit 
Guillaume,  ou  quoy  que  soit,  la  gargamele  ou  go- 
sier, DU  CANGE,  gorjoJio.  ||xvi"  s.  Puis  luy  p.assai 
ma  broche  à  travers  la  gargamelle,  rabel.  Pant. 
u,  <4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  catal.  gargamella;  du  radi- 
cal garg,  qui  se  trouve  avec  le  sens  de  gosier  dans 
l'ital.  gargata,  le  picard  gargate,  anc.  anglais  gar- 
gote, espagn.  et  pon»g. garganta  (voy.  gargouille). 
Gargamelle  est  le  nom  que  Rabelais  a  donné  à  la 
femme  de  Grandgousier,  mère  de  Gargantua. 

t  GARGANTUA  (gar-gan-tu-a) ,  s.  m.  Nom  propre 
d'un  personnage  gigantesque  de  Rabelais.  ||  Par  an- 
tonomase, homme  qui  mange  énormément.  C'est  un 
vrai  Gargantua. 

—  ÉTYM.  Voici  l'étymologie  que  donne  Rabelais 
de  ce  mot  qu'il  a  forgé  :  Son  père  voyant  comme  il 
ouvroit  le  gosier  s'escria  :  Que  grand  tu  as,  d'où 
l'on  fit  Gargantua.  Mais  c'est  une  plaisanterie. 
M.  Baudry,  /(eu.  de  l'Instr.  publ.  19  mai  1859, 
p.  404,  pense  que  Gargantua  provient  du  langue- 
docien gargante,  gosier,  et  se  rattache  ainsi  à 
Grandgousier  et  Gargamelle. 

GARGARISÉ,  ÉE  (gar-ga-ri-zé,  zée),  part,  passé 
de  gargariser.  La  gorge  gargarisée. 

GARGARISER  (gar-ga-ri-zé),  v.  a.  Laver  la  gorge, 
la  bouche  avec  un  liquide  qu'on  met  en  contact 
avec  toute  la  membrane  muqueuse  gutturale  ou 
buccale,  en  le  promenant  et  l'agitant  dans  la  bou- 
che. La  bouche  [elle]  se  gargarisa.  Et  d'encens  s'a- 
romatisa, scARHON,  Virg.  iv.  jj  Se  gargariser,  v.  r^/l. 
Laver  sa  bouche  ou  sa  gorge  avec  un  liquide.  Elle 
s'est  gargarisée.  ||  Avec  suppression  du  pronom  per- 
sonnel. Faites  gargariser  cet  enfant.  ||  Far  exten- 
sion et  populairement.  Se  mettre  à  boire.  Us  étaient 
tous  deux  à  se  gargariser.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Se  gargariser  avec  un  éloge,  s'en  délecter. 

—  HIST.  XVI*  s.  On  fera  gargariser  souvent  le  ma- 
lade d'oxycras..,.  etd'icelle  décoction  en  sera  garga- 
risé et  tenu  en  la  bouche;  semblablement  est  bon 
de  gargariser  de  lait  de  vache,  paré,  vi,  8.  Le  jus 
de  l'herbe  gargarisé  appaise  la  luete  enflammée, 

0.  DE  SEHBES,  627. 

—  ÉTYM.  Génev.  se  gargariser;  provenç.  et  es- 
pagn. gargariiar;  ital.  gargariaare  ;  du  latin  gar- 
gariiare;  en  grec  fapYafiCei'  (comp.  gargamelle). 

GARGARISME  (gar-ga-ri-sm'),  s.  m.  ||  1*  Liqueur 
préparée  pourse  gargariser.  ||  2"  L'action  de  se  gargari- 
ser. Faites  quelques  gargarismes,  cela  vous  soulagera. 

—  HIST.  XVI*  s.  User  de  gargarismes  astringents, 

PABÉ,  VI,  6. 

—  ÉTYM.  Génev.  gargarisme;  provenç.  garga- 
risme; espagn.  et  ital.  gargarismo;  du  lat.  garga- 
risma ,  qui  vient  du  grec  Y«Pïa?iC£".  gargariser. 

GARGOTAGE  (gar-go-ta-j').  «.  m.  Terme  popu- 
laire. Repas  malpropre;  viande  mal  apprêtée. 

—  ÉTYM.  Gargoter. 
GARGOTE  (gar-go-f),  s.  (.  \\  1*  Petit  cabaret  ou 

l'on  donne  à  manger  à  bas  prix.  Les  deux  ecus  que 
je  lui  demandais  [au  régent]  étaient  pour  les  leur 
donner  de  sa  part,  afin  qu'elles  eussent  au  moins, 
pour  quelques  jours  à  manger  dans  quelque  gar- 
gote sT-siM  606,  171.  Je  me  mis  dans  une  de  ces 
petites  auberges,  à  qui  le  mépris  de  la  pauvreté  a 
fait  donner  le  nom  de  gargote,  marivai  x,  Paxjsan 
pare  4"  part.  Car  les  dragons,  race  assez  peu  dé- 
vote Ne  parlaient  là  que  langue  de  gargote,  gres- 
SET  'rerl-vert,  m.  Je  retournai  le  soir  à  ma  gargote, 
j  j'rouss.  Conf.  IV.  ||  2"  Par  mépris,  tout  caba- 
ret ou  restaurant  ou  même  ménage  ou  l'on  mange 
malproprement.  Ce  restaurant  est  une  vraie  gargote. 

—  ÉTYM.  Voy.  gargoter;  Berry,  gargot,  cabinet 
noir,  prison  des  petits  enfants. 

GARGOTER  (gar-go-té),  v.  n.  \\  1*  Hanter  le» 
gargotes.  Il  2°   Boire  et  manicer  malproprement. 


1838 


GAR 


—  HIST.  XVI"  s.  Il  ne  nous  en  chaut  de  tous  les 
bruits  qu'on  fait  courir  de  nous,  pourveu  que  nous 
ayons  do'quoy  faire  gargotter  la  marmite,  Us  Ca- 
qiKlsde  l'accouchée ,  p.  <"«,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Picart!,  gargoter,  faire  du  bruit  en  bouil- 
lonnant. Ce  sens,  qui  est  aussi  celui  du  xvi' siècle, 
écarte,  ainsi  que  lo  dit  Diez,  le  latin  gurguslium, 
mauvaise  hatellerie,  et  l'allemand  Carkûche,  gar- 
gote, et  conduit  i  une  onomatopée  par  le  radical  garg, 
qui  parait  être  aussi  dans  Gargouille,  gargamelle. 

i  GARGOTERIE  (gar-go-te-rie) ,  s.  f.  Mauvaise 
suisine  de  gargote. 

—  ÊTYM.  Gargote. 

GARGOTIER,  1ÈRE  (gar-go-tié,  tife-r'),  s.  m.  et 
(.  Il  1°  Celui,  celle  qui  tient  une  gargote.  ||  2°  Par 
mépris,  mauvais  traiteur,  mauvais  cuisinier.  J'ai 
tant  de  rivaux  qui  me  traiteront  de  gargotier,  que 
je  tremble  de  vous  donner  mes  repas,  volt.  lett. 
d'Argental,  4  fév.  1777. 

—  ÊTYM.  Gargote. 

GARGOUILLADE  (gar-gou-Ua-d',  Il  mouillées), 
s.  f.  Il  1°  Nom  d'un  pas  de  danse  dans  le  genre 
du  pas  tortillé,qui  n'est  plus  en  usage.  C'est  le  dan- 
seur Dupré  qui  fait  la  gargouillade,  uiderot.  Salon 
de  (766,  Œuv.  t.  xiii,  p.  219,  dans  pougens. 
Il  2"  Ternie  de  musique.  Ornement  de  mauvais 
goiit,  sans  netteté,  et  comparé  à  un  gargouillement. 

—  ÊTYM.  Gargouiller,      j 

GARGOUILLÉ  (gar-gou-U',  U  mouillées,  et  non 
gar-gou-ye),  s.  f.  \\  1°  L'endroit  soit  d'une  gout- 
tière, soit  d'un  tuyau,  par  où  l'eau  tombe  ;  elle  por- 
tait dans  les  bâtiments  gothiques  la  fifiure  de  clii- 
mÎTes,  harpies  et  autres  monstres,  et  reçoit  aujour- 
d'hui celle  de  masques  d'animaux,  de  mufles  de 
lion,  etc.  ||  Canal  rond  et  étroit,  construit  entre  des 
murs  pour  faciliter  l'entrée  et  la  sortie  des  eaux. 
Il  Nom  qu'on  donne  aux  trous  des  petits  canaux 
pratiqués  sur  les  corniches  des  bâtiments  pour  l'é- 
coulement des  eaux.  ||  Tuyau  de  fonte  logé  dans 
les  trottoirs  pour  l'écoulement  de  l'eau.  |{  Terme  de 
plombier.  Cordon  de  pierre  sur  lequel  sont  assis  les 
tuyaux  de  conduite.  ||  2°  Terme  de  charpenterie. 
Gargouille,  entaille  au  pied  d'un  poteau  de  cloison 
recevant  le  bout  d'une  solive.  ||  Terme  d'éperon- 
nier.  Anneau  de  l'éperon,  au  bout  de  la  branche, 
du  côté  de  l'embouchure.  1[  3°  Conduit  rassemblant, 
dans  certains  fourneaux  ,  les  produits  de  la  combus- 
tion pour  les  amener  dans  la  cheminée.  ||  4°  Figure 
d'un  serpent  monstrueux  qu'on  portait  en  proces- 
sion à  Rouen  le  jour  des  Rogations  et  le  jour  de 
!' Ascension,  en  souvenir  de  la  victoire  de  saint  Ro- 
main sur  ce  monstre.  Un  tel  raisonnement  finirait 
par  introduire  trop  de  pyrrhonisme....  on  finirait 
par  douter  de  la  gargouille  de  Rouen  et  du  royaume 
d'Yvetot,  voi.T.  Mél.  Un.  Lett.  Chin.  2.  ||  Terme  de 
blason.  Certaines  figures  de  serpent  qu'on  a  nom- 
mées aussi  gringoles. 

—  HIST.  xiir  s.  Pro  lapidibus  qui  vocanlur  gar- 
goules,  quadrigandis,  nu  cange,  gargoula.  ||  xiv  s. 
Plusieurs  lieux  des  entablements  qui  sont  en  droit 
les  gargoles  | d'une  église]  sont  à  refaire,  liibl. 
des  chartes,  6°  série,  t.  m,  p.  228.  En  tous  petis 
ymages ,  lions,  gargouUes,  du  cange,  gargoula. 
Il  XVI*  s.  Le  poète,  dit  Platon,  assis  sur  le  trépied 
des  muses,  verse  de  furie  tout  ce  qui  lui  vient  en 
la  bouche,  comme  la  gargouille  d'une  fontaine, 
MONT.  IV,  137.  Esgouts  faits  à  gargouilles  et  muffles 
de  lyon,  b.  beli.eau.  Berger,  t.  i,  p.  l,  dans  la- 
CURNE.  [Gondebaut]  attira  plusieurs  grands  sei- 
gneurs à  sa  cordelle,  qui  excita  une  estrange  gar- 
gouille en  France,  pasquier,  Kech.  p.  445,  dans 
HCUHNE.  Saint  Romain,  archevesque  de  Rouen,  sous 
le  règne  de  Clothaire  second,  suivi  d'un  prisonnier 
condamné  à  mort,  ayant  avec  son  estole  dompté  un 
dragon  qui  depuis  fut  appelé gargoui lie,  ID.  i6.  p.  865. 

—  ÊTYM.  Espagn.  gargola;  bas-lat.  gargula,  go- 
sier; du  radical  garg,  qui,  comme  on  peut  voir  à 
l'étymologie  de  gargamelle,  appartient  à  toutes  les 
langues  romanes.  L'italien,  qui  a  à  la  fois  garga- 
jliore  et  gorgogiiore,  montre  que  ce  radical  garg 
n'ïst  qu'une  modification  du  radical  gorg  (voy. 
gcrge).  Le  sens  de  gargouille  est  donc  étymologi- 
quement  celui  de  gosier;  et  il  a  particulièrement 
celui  de  ces  gosiers  en  pierre  vomissant  de  l'eau 
que  portent  les  édifices  gothiques.  Le  .sens  de  ser- 
pent ne  se  présente  nulle  part  ;  et  en  effet  un  mot 
signifiant  gosier  ne  pourrait  signifier  .serpent  qu'a- 
vec quelque  épithfcte  déterminative.  La  langue  po- 
pulaire donna,  par  assimilation,  le  nom  de  ces  gar- 
gouilles au  serpent,  figuré  aussi  sur  les  églises,  que 
les  saints  avaient  vaincu. 

f  GARGOUILLÉE   (gar-gou-llée,   U  mouillée.s), 
j.  f.  Chute  d'eau  qui  tombe  d'une  gargouille. 


GAR 

GARGOUILLEMENT  (gar-gou-lle-man ,  H  mouil- 
lées, et  non  ga.--gou-ye-man),  s.  m.  ||  i°  Bruit  que 
fait  quelquefois  l'eau  danr,  la  gorge,  dans  l'estomac 
et  dans  les  entrailles.  ||  Bruit  que  fait  l'intestin  qui 
rentre  dans  sa  place  naturelle,  lorsqu'on  réduit  une 
hernie.  ||  Bruit  qui  se  produit  dans  une  caverne 
du  poumon  et  que  le  médecin  perçoit  à  l'aide  de 
l'auscultation.  ||  2°  Bruit  que  fait  l'eau  en  tombant 
d'une  gargouille. 

—  HIST.  XVI*  s.  Réduisant  une  hargne,  si  on  oit 
des  vents,  comme  un  gargouillemant,  on  la  juge 
intestinale,  paré,  Introd.  23. 

—  ÊTYM.  Gargouiller. 

GARGOUILLER  (gar-gou-llé,  U  mouillées ,  et  non 
gar-gou-yé),  i'.  n.  111"!!  se  dit  du  bruit  qui  se  produit 
dans  les  intestins.  Le  ventre  lui  gargouille.  ||  i'  Faire 
le  bruit  d'uneeau  tombant  d'une  gargouille.  ||  3"  Bar- 
boter dans  l'eau,  en  parlant  des  enfants.  Ces  petits 
garçons  ne  font  que  gargouiller.  ||  U  se  conjugue 
avec  l'auxiliaire  avoir.  ||  4°  F.  a.  Terme  de  mar- 
brier. Faire  une  opération,  dite  aussi  égriser,  par  la- 
quelle un  corps  rond,  tel  qu'une  colonne,  est  frotté 
dans  un  morceau  de  marbre  creusé,  afin  de  le 
dresser  et  de  l'unir  au  moyen  du  grès  et  de  l'eau. 

—  HIST.  XV*  s.  Il  s'en  va;  comment  il  guargouille? 
Mais  que  dyable  est-ce  qu'il  barbouille  ?  Patelin. 
Il  XVI'  s.  .S'il  y  a  de  la  boue,  ou  autre  humeur  con- 
tenue au  thorax,  on  oit  un  son  comme  d'une  bou- 
teille à  demi  pleine  qui  gargouille,  pabé,  Introd.  23. 
Lorsqu'on  les  réduit  au  dedans  [les  intestins],  ils 
font  un  bruit  gargouillant  avec  douleur,  in.  ib.  vi, 
14.  Là  gargouillent  les  eaux  de  cent  mille  fon- 
taines,  RONS.  164. 

—  ÊTYM. GargouiHe;  Maine, garjoutl/er,  gazouiller. 
t GARGOUli-LETTE  (gar-gou-llè-f,  Il  mouillées), 

ou  GARGOULETTE  (gar-gou-lè-f) ,  s.  f.  Sorte  de 
vase.  Un  porteur  d'eau,  un  porteur  de  gargoulette 
pour  le  rafraîchir;  un  porteur  de  pipe  ;  un  porteur 
d'ombrelle  pour  le  couvrir  du  soleil  le  jour,  bern 
DE  ST-PiERRK.  Chaum.  indienne. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  gargouille. 
GARGOUILLIS  (gar-guu-llî.  Il  mouillées,  et  non 

gar-gou-yl),  s.  m.  Terme  familier.  Bruit  que  fait 
l'eau  en  tombant  d'une  gargouille. 

—  ÊTYM.  Gargouiller. 

GARGOUSSE  (gar-gou-s'),  s.  f.  Terme  d'artillerie. 
Charge  de  poudre  dans  son  enveloppe. 

— ÊTYM.  Corruptionde  cartouche  (voy.  cartouche)  . 

I  GARGOUSSIER  (gar-gou-sié),  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  marine.  Espèce  d'étui  de  cuir  ou  de  bois,  servant 
à  porter  les  gargousses  des  soutes  à  poudre  dans  les 
batteries.  ||  2°  Celui  qui  porte  les  gargousses. 

I  GARGOUSSIÈRE  (gar-gou-siè-r') ,  s.  f.  Syno- 
nyme de  gargoussier.  Étui  à  gargousses. 

t  GARGUILLE  (gar-ghi-ll'.  Il  mouillées) ,  s.  m. 
Nom  propre  dont  on  s'est  servi  dans  ces  locutions  : 
Prendre  Gautier  pour  Garguille,  se  méprendre.  Sou- 
vent elle  se  méprenait.  Sitôt  qu'elle  l'entretenait. 
Et  prenait  Gautier  pour  Garguille,  scarron,  Virg. 
IV.  Il  N'épargner  ni  Gautier  ni  Garguille,  n'épargner 
personne.  Au  reste ,  n'épargnez  ni  Gautier  ni  Gar- 
guille, RÉGNIER,  Sat.  XIII. 

—  ÊTYM.  Les  Anecdotes  dramatiques  (MTb,  t.  m, 
p.  203)  disent  que  Gautier  Garguille  était  le  nom 
de  théâtre  qu'avait  adopté  Hugues  Guérin,  dit  Flé- 
chelles,  célèbre  farceur  qui  débuta  dans  la  troupe 
du  Marais  vers  4  698.  On  voit  que  le  langage  popu- 
laire s'amusa  à  dédoubler  le  nom  de  ce  personnage 
pour  en  opposer  les  deux  parties. 

f  GARIfiS  (ga-ri-ê),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
(lu  chêne  sessilifiore  appelé  aussi  chêne  rouvre,  et, 
absolument,  chêne,  legoarant. 

—  ÊTYM.  Voy.  GARIGUE. 

GARIGUE  (ga-ri-gh"),  s.  f.  Lande,  terre  inculte. 

—  HIST.  xvi*  s.  Nos  gens  qui  s'estoient  retirez 
parmi  les  arbustes  et  garigues,  m.  du  eellay.  395. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gariga,  guarriga,  chênaie, 
lieu  planté  de  chênes;  catal.  garriga;  du  provenç. 
garric,  guarric;  catal.  garrig,  chêne;  auquel  sans 
doute  se  rattache  gariès ,  un  des  noms  du  chêne 
rouvre. 

t  GARIN  (ga-rin) ,  s.  m.  Nom  vulgaire  de  la  pli- 
calule,  coquille  bivalve. 

t  GARIOT  (ga-ri-o),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
de  la  benoîte,  geum  xtrbanum,  L. 

t  GARITE  (ga-ri-f),  s.  f.  Terme  de  marine.Peu'tbâ- 
tis  en  pièces  de  bois  plates  et  circulaires  autour  do 
la  hune,  et  dans  lesquelles  on  passe  les  cadenas  des 
haubans. 

—  ÊTYM.  Autr^  forme  de  guérite. 

t  GARLANDAGE  (gar-lan-(la-j'),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Rebord  de  la  hune. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  garlande,  couronnement  ; 


GAR 

le  même  que  guirlande  (voy.  ce  mot)  ;  compafr 
aussi  galandage. 

t  GARLANDAS  (gar-lan-dâ) ,  t.  f.  pi.  Terme  de 
métallurgie.  Pièces  de  côté  du  coursier 

GARNEMENT (gar-ne-man.  Ménage  recommanda 
de  ne  pas  prononcer  garniment,  prononciation  qui 
est  la  prononciation  ancienne  et  qui  était  encore 
en  usage  chez  quelques  personnes),  t.  m.  Mau- 
vais sujet,  libertin,  vaurien.  Mais  hélas!  toute  mon 
offense  Est  d'avoir  avec  violence  Aimé  ce  mauvais 
garnement,  scabron,  Yirg.  iv.  Le  peuple  des  souris 

croît  que  c'est  châtiment Enfin  qu'on  a  pendu  le 

mauvais  garnement,  la  font.  Fabl.  m,  18.  Et  j'ai 
prédit  cent  fois  à  mon  fils  votre  père.  Que  vous  pre- 
niez tout  l'air  d'un  méchant  garnement,  mol.  Tart. 
I,  1.  On  ne  savait  ce  qu'était  devenu  le  chevalier  de 
la  Ferté,  qui  était  un  étrange  garnement,  st-sim. 
(19,  B7.  Que  cet  objet  charmant  Soit  préservé  d'un 
pareil  garnement!  volt.  l'Enf.  pr.  i,  i.  M.  de  Lou- 
vois  avait  reçu  une  lettre  de  l'interrogant  bailli,  qui 
dépeignait  l'ingénu  comme  un  garnement  qui  vou- 
lait briller  les  couvents  et  enlever  les  filles,  ID.  In- 
génu, ».  Cette  femme  etBirtonet  les  garnements  de 
son  cortège,  m.  Jenni,  e.  Oh,  le  petit  garnement! 
aussi  leste  que  joli,  Beaumarchais,  Uar.  de  Figaro, 
u,  4  6. 

—  HIST.  XI*  s.  Franceis  i  perdent  lor  meillurs 
guarnemenz  [défenses,  défenseurs],  Ch.de  Roi.  cix. 
Il  xii*  s.  Bien  le  conuit  Rolant  li  niés  [neveu]  Char- 
Ion  As  gamimens  qu'il  ot  et  au  dragon,  Ronc. 
p.  47.  Bêle  robe  ot  biau  garnement  Amendent  les 
gens  durement,  laltose,  215:).  ||xiv*  s.  Il  vousren- 
voiera,  ce  dist,  l'equipollent,  Se  vous  k  lui  donnez 
respit  tant  seulement,  Qu'il  puist  entrer  en  Rennes 
bien  et  paisiblement.  Ou  vous  gardez  de  lui  et  toute 
vostre  gent.  Dist  li  ducs  de  Lencloistre  :  par  le  mien 
serrement,  Ja  trieves  ne  donrai  à  ilel  garniment, 
Guescl.  H  74.  [Saint  Paul]  X  tuer  saint  Estiennegar- 
doit  les  vestemens  ;  Lors  avoit  à  nom  Saules  li  mal- 
vais garnemens,  Girarl  de  Ross.  v.  6897.  ||xv*  s. 
Et  estoit  leur  capitaine  [aux  paysans  anglais  révol- 
tés] un  mauvais  garnement  qui  s'appeloit  Listier, 
KROiss.  Il,  11,  114.  Alors  tu  es  bons  garnemens,  la 
Nativ.  de  If.  S.  J.  C.  ^  26 1 .  Chascun  me  dit  :  tu  es 
lais  garnemens;  Gros  visage  as,  tu  es  noirs  et  hal- 

lez,  E.  DESG.  Poésies  mss.  t°  209.  ||xvi*  s Dont 

plusieurs  faulx  garnemens,  Ignorans  tels  ferremens. 

Furent  renversez  par  terre,  j.  marot,  v,  299 Pour 

depescher  le  pays  de  ce  méchant  garnement  de  re- 
nard, DESPER.  Contes,  xxxi. 

—  ÊTYM.  Provenç.  garnimèn  ;  catal.  guamiment; 
anc.  espagn.  juornimienfo;  ital.  jarnimento.  On  suit 
sans  peine  la  transformation  des  sens  :  d'abord  ce 
qui  garnit,  ornement,  armure,  vêtement;  puis  ce 
qui  défend,  défenseur;  delà,  appliqué  à  une  per- 
sonne, bon  garnement,  mauvais  garnement,  et  enfin, 
le  mot  se  spécialisant  tout  à  fait  et  perdant  son 
sens  favorable,  mauvais  sujet. 

1.  GARNI, lE  (gar-ni,  nie), port,  passé  de  garnir. 
Il  1°  Muni, pourvu.  Une  tige  garnie  d'épines.  M.  le  duo 
Mme  la  duchesse  et  Mlle  de  Bourbon  avaient  troi.«  ha- 
bits garnis  de  pierreries  diff'érentes  pour  les  trois 
jours,  sÉv.  17  janv.  <680.  ||  Avoir  la  bourse  bien  gar- 
nie, le  gousset  bien  garni,  avoir  beaucoup  d'argent. 
Il  Une  table  bien  garnie,  une  table  où  ce  qui  est 
servi  est  abondant  et  bon.  11  est  dangereux  de  trop 
manger;  mais  je  veux  que  ma  table  soit  bien  gar- 
nie, VOLT.  Dial.  24.  Il  Familièrement,  il  est  garni, 
se  disait  d'un  homme  qui,  par  lâcheté,  s'était  muni 
de  quelque  vêtement  propre  à  le  garantir  des  coups 
d'épée  dans  un  combat  singulier.  ||  Avoir  l'estomac 
garni,  avoir  bien  bu  et  bien  mangé.  On  dit  au»si  ■ 
avoir  la  panse  bien  garnie.  ||  2*  Meublé  pour  être 
loué.  Chambre  garnie.  Maison  garnie.  Appartement 
garni  à  louer.  Et  ma  chambre  garnie  auprès  de  Saint- 
Eustache,  Régnier,  Sat.  x.  C'est  un  logis  garni  que 
j'ai  pris  tout  à  l'heure,  mol.  l'Ét.  y,  «.  ||  Hôtelgarni, 
établissemeiit  ouvert  aux  voyageurs,  aux  étrangers, 
où  l'on  trouve  des  chambres  garnies  à  louer.  On  dit 
aussi:  maison  garnie.  ||  S.  m.  Un  garni,  maison  meu- 
blée où  l'on  donne  à  loger  à  des  ouvriers.  Il  tient 
un  garni.  ||  Loger  en  garni,  loger  dans  une  chambre 
garnie,  dans  un  appartement  garni.  ||  3°  Terme  de 
jurisprudence.  Plaider  main  garnie,  ou  la  main 
garr>:e,  ouïes  mains  garnies,  jouir,  pendant  le  pro- 
cès, de  ce  qui  est  en  contestation.  Elle  [la  bourse] 
est  entre  les  mains  de  monsieur,  vous  lui  devez  de 
l'argent;  il  a  des  comptes  à  fairb  avec  vous;  il 
comptera  les  mains  garnies,  dancourt,  les  Àgtot. 
m,  se.  dem.  ||  4"  La  cour  suffisamment  garnie  de 
pairs,  la  cour  ayant  un  nombre  suffisant  de  pairs 
pour  délibérer.  La  cour  de  pariement,  garnie  de 
pairs,   vient  de  faire  brûler  par  son  bourreau,  au 


nAt\ 

pied  de  son  grand  escalier,  cet  excellent  ouvrage 
des  inconvénients  des  droits  féodaux;  les  princes  du 
sang  ont  donné  leurs  voix  pour  le  proscrire,  volt. 
Utt.  Christine,  6  mars  (778.  |{  5°  Terme  de  cuisine 
Côtelette  garnie,  côtelette  avec  des  garnitures.  Chou- 
crcute  garnie,  choucroute  accompagnée  de  tranches 
de  jambon  et  de  saucisson.]  |  6°  Terme  de  blason.  Épée 
garnie,  épée  dont  la  garde  est  d'un  autre  émail  que 
la  lame. 

f  2.  GARXI  (gar-ni),  s.  m.  Terme  de  construc- 
tion. Garni  ou  remplissage,  nom  donné  à  des  mor- 
ceaux de  pierre  qu'on  place  dans  les  Intervalles  des 
pierres  lie  taille. 

—  ÊTYM.  Garni  ). 

GARNIR  (gar-nir),D.o.  ||  1°  Pourvoir  un  objet  de  ce 
qui  ost  néce.ssaire  pour  le  mettre  en  état  de  remplir 
=a  destination.  Garnir  une  boutique.  Garnir  un  buf- 
fet de  vaisselle,  une  bibliothèque  de  livres.  Garnir 
un  étui,  un  néce.ssaire.  Garnissant  sa  quenouille 
immense,  Clotho  lui  dit  :  oui,  travaillons,  bérang.  (es 
Parques.  Il  Populairement.  Se  garnir  le  ventre,  la 
panse,  bien  manger,  [j  Terme  de  boulangerie.  Garnir 
le  four,  mettre  à  sécher  dans  le  four,  immédiatement 
après  une  fournée,  le  bois  qui  doit  servir  à  la  four- 
née suivante.  Il  2°  Munir  de  ce  qui  est  nécessaire  pour 
la  défense.  Garnir  une  place  de  guerre.  Garnissez 
l'Aventin,  les  portes  de  Pouzzole,  volt.  Catil.  iv,  2. 
Il  3°  Entourer  d'une  chose  comme  ornement  ou  ac- 
.3ssoire,  etc.  Garnir  un  chapeau  de  rubans,  un  col 
le  dentelles.  Garnir  un  lit.  Garnir  de  persil  une 
(lièce  de  bneuf.  Garnir  Une  chambre  de  tableaux. 
I  Garnir  une  robe,  y  mettre  une  garniture.  Mon 
cneur,  aimez-vous  la  couleur  de  ma  robe?  —  Je  la 
trouve  un  peu  fade,  d'ailleurs  elle  est  médiocre- 
ment bien  garnie,  genlis,  Thcdt.  d'éduc.  les  Dan- 
gers du  inonde,  ii,  4.  ||  Garnir  des  fauteuils,  un  ca- 
napé, les  rembourrer  de  crin,  de  laine.  ||  Garnir 
une  épée,  y  mettre  une  garde.  ||  Garnir  un  ragoût, 
un  mets,  y  mettre  des  champignons,  etc.  Garnir 
une  salade,  y  mettre  de  petites  herbes  hachées. 
Il  Garnir  un  drap,  une  étoffe  de  laine,  les  lainer,  y 
faire  venir  le  poil  par  le  moyen  du  chardon.  ||  4°  Il 
se  dit  des  choses  mêmes  avec  lesquelles  on  garnit. 
r,°s  meubles  qui  garnissent  un  appartement.  De 
belle» dents  garnissaient  sa  bouche.  ||5*  Remplir, 
occuper  un  espace.  Des  femmes  élégamment  parées 
garnissent  les  loges.  La  troupe  garnit  les  retranche- 
ments. Il  6°  Renforcer.  Garnir  des  volets  de  tôle. 
I  Garnir  une  tapisserie,  y  mettre  d'espace  en  es- 
pace des  bandes  de  toile  pour  la  conserver.  ||  Garnir 
desbas,  y  mettre  des  morceaux  de  bas  ou  passer  des 
Bis  à  l'envers  près  les  uns  des  autres  dans  la  lon- 
gueur des  mailles  pour  faire  comme  une  doublure, 
surtout  aux  talons  et  au  bout  des  pieds.  Garnir  à 
l'aiguille,  c'est-à-dire  garnir  avec  des  fils.  ||  7°  Se 
garnir,  v.  rifi.  Se  munir.  Il  a  soin  de  se  garnir. 
Se  garnir  contre  le  froid,  se  vêtir  de  manière  à  être 
préservé  du  froid.  ||  Se  garnir,  se  dit  d'une  femme 
qui  s'entoure  de  linge,  lorsqu'elle  est  en  couches, 
ou  lorsqu'elle  a  ses  règles.  ||  Se  garnir  d'argent,  en 
prendre  sur  soi.  ||8°  Être  garni.  Cette  robe  se  gar- 
nit avec  de  la  dentelle.  (|  9°  Devenir  plein.  La  salle 
se  garnit  lentement.  Cette  campagne  commence  à  se 
garnir  de  beaux  arbres. 

—  HIST.  XI*  s.  De  Saragoce  Charles  guamist  les 
tors  [tours] ,  Ch.  de  Kol.  cclxix.  ||  xu"s.  Et  France  la 
garnie,  Bonc.  p.  <o.  Tuit  garni  de  lor  armes  si  com 
pour  hostoier  |faire  la  guerre],  Sax.  vi.  Vous  irez  à 
Cologne  la  fort  cité  garnie,  tb.  vu.  E  pur  ço  vus  devez 
de  conseil  si  guarnir,  Th.  le  mart.si.  ||  xiu*  s.  Et  ceste 
ville  si  est  moult  riche  et  moult  bonne,  et  de  tous 
biens  garnie,  villeh.  XLix.Et  li  consaus  [conseil]  fu 
teus  [tel]  qu'il  issit  fors  à  tout  son  ost  peur  recon- 
querre  sa  terre,  et  laissast  Constantinoble  garnie, 
cai- novelement  estoit  conquise,  m.  cxiii.  Il  n'iot 
si  coart  qui  maintenant  ne  fust  garnis  de  harde- 
mi-Et,  H.  DE  VALENC.  IV.  En  mi  la  chambre  aveit 
deus  liz,  Ben  atumez  e  ben  gamiz.  Lai  del  désiré. 
Et  por  ce  se  doit  cascuns  porveir  comment  il  vient 
garnis  de  conseil  à  son  plet,  beaum.  v,  20.  Je  m'es- 
toie  garni  [approvisionné]  de  golinos  et  de  chapons , 
lomv.  278.  Sire,  il  me  semble  que  il  ert  [sera]  bon  que 
vous  retenez  les  formens  et  les  orges  et  les  ris,  et 
tout  de  ce  quoy  en  peut  vivre,  pour  la  ville  garnir, 
ID.  2(6.  Il  xiv  s.  Carun  usage  ont  borjoisetos  jours: 
Jà  n'ameront,  tant  soit  de  grant  valeur,  Home,  s'il 
n'ait  la  borse  bien  garnie,  Hist.  littér.  de  la  France, 
t.  XXIII,  p.  630.  Il  XV*  s.  Si  ne  purent  gagner  le  pont, 
car  il  estoit  bien  garni  et  fut  bien  défendu,  fboiss. 
I,  I,  278.  Trop  estoient  les  Bretons  courroucés  de 
ce  que  ils  [les  Angloisj  partoient  si  pleins  et  si  gar- 
nis, ID.  Il,  II,  2(5.  Homme  garni  n'est  jamais  de- 
seu,  Percefor.  t.  iv,  f'  77.  si  vueil  qu'à  force  et 


GAR 

main  garnie,  Tantost  les  allez  attraper,  Rec.  de 
farces,  p.  377.  jj  xvi"  s.  Ses  vaisseaux  estoient  légers 
et  bien  garniz  de  forçaires,  amyot,  Anton.  84,  De- 
dans lequel  portique  y  avoit  un  conclave  garny  de 
sièges  tout  alentour,  id.  Brut.  (S.  Ledit  procureur 
du  roy  au  baillage  de  Senlis ,  garny  (assisté]  de 
l'advocat  dudit  seigneur,  Coust.  gén.  t.  i,  p.  336. 
Garnir  la  main  de  justice,  c'est  quand  un  débiteur, 
lorsque  les  commandements  lui  sont  faits  de  payer 
par  un  sergent,  fournit  la  somme  qu'il  doit,  ou  baille 
des  meubles  exploitables,  ou  qu'il  paye  provision 
après  la  schedule  reconnue,  laurière,  Gluss.  du 
droit  franc. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  gani;  provenç.  garnir, guar- 
nir ;  anc.  espagn.  guarnir  ;  ital.  guarnire,  guemire; 
du  germanique  :  anc.  haut-allem.  warnôn;  anglo- 
sax.  varnian,  avoir  soin;  allem.  mod.  wamen, 
avertir.  C'est  le  même  radical  war  que  dans  garer 
et  garder  (voy.  ces  mots) . 

GARNISAIRE  (gar-ni-zê-r'),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'an- 
cienne jurisprudence.  GnMien  qu'on  établissait 
dans  la  maison  d'un  débiteur  saisi.  ||  2°  Aujourd'hui, 
celui  qu'on  établit  chez  les  contribuables  en  retard, 
pour  les  obliger  à  payer.  Ceux  [le  parti  royaliste 
sous  la  Restauration]  qui  haïssent  tant  le  travail  du 
dimanche  veulent  des  traitements,  envoient  desgar- 
nisaires,  augmentent  le  budget,  p.  l.  cour.  Pétition 
pour  les  vill.  qu'on  empêche  de  danser.  ||  Il  s'est  dit 
aussi  de  soldats  établis  au  domicile  des  parents  dont 
le  fils  n'avait  pas  répondu  à  l'appel  de  la  conscription. 

—  ÉTYM.  Formé  de  garnir,  sur  le  modèle  de  gar- 
nison. Le  suffixe  aire,  ayant  un  sens  passif  (par 
exemple  donataire),  garnisaire  signifie  celui  qui 
est  mis  en  garnison. 

GARNISON  (gar-ni-zon),  s.  m.  \\  l" Troupes  qu'on 
met  dans  une  place  pour  la  défendre  ou  y  séjourner 
quelque  temps.  La  garnison  de  Paris.  Il  est  en  gar- 
nison à  Lille.  Mettre  garnison  dans  une  ville.  Tenir 
garnison  dans  une  forteresse.  Le  roi  fit  la  garnison 
prisonnière  de  guerre,  et  entra  dans  Valenciennes, 
étonné  d'en  être  le  maître,  volt.  S.  de  Louis  XIV, 
)3.  Straisund  avait  une  garnison  de  près  de  neuf 
mille  hommes,  et  de  plus  le  roi  de  Suède  lui-même, 
ID.  Charles  XII,  8.  ||Fig.  Qu'il  n'entre  point:  avec 
ce  lucifer.  En  garnison  nous  aurions  tout  l'enfer, 
gresset,  Yert-vert,  ch.  iv.  Mais  de  mon  gîte  on  s'em- 
pare, on  le  pille;  Tous  les  amours  y  mettent  garni- 
son, BÉBANG.  Ifefewip.çyc.  Il  Ville  de  garnison,  ville 
où  l'on  met  ordinairement  des  troupes  en  garnison. 
Il  2°  Lieu  de  séjour  pour  les  troupes.  Vie  de  garni- 
son. Et  si  l'erreur  s'épandjusqu'en  nos  garnisons.... 
CORN.  Sertor.  iv,  3.  Condamné  à  passer  sa  jeunesse 
dans  des  garnisons,  J.  i.  rouss.  Ém.  iv.  Cette  de- 
moiselle si  bien  faite  est  une  jeune  personne  que 
j'ai  vue  cet  automne  à  ma  garnison,  picard,  Alcade 
de  Molor.  m,  6.  ||  Familièrement.  Mariage  de  gar- 
nison, mariage  mal  assorti.  ||  Amours,  conquêtes  de 
garnison ,  femmes  d'un  ton  peu  relevé  ou  d'une 
conquête  facile.  Je  conçois  du  reste  que  vos  con- 
quêtes de  garnison  vous  aient  peu  disposé  à  appré- 
cier ce  qu'il  peut  y  avoir  de  noble,  de  passionné, 
de  sublime  dans  l'âme  de  quelques  femmes  d'élite, 
CH.  DE  BERNARD,  la  Femme  de  40  aiui,  §  ni.  ||  3°  Un 
homme  ou  plusieurs  hommes  qui  gardent  les  meu- 
bles d'une  personne  lorsqu'ils  sont  saisis,  ou  qui 
sont  établis  chez  un  débiteur  du  fisc,  pour  l'obliger  à 
payer.  Il  y  a  garnison  chez  lui.  On  a  levé  la  garni- 
son. Ce  qui  m'afUige,  c'est  que  j'étais  chez  lui  quand 
ses  associés  y  sont  venus  mettre  garnison,  lesage, 
Turcaret,  v,  (4.  ||4°  Fig.  et  populairement.  Il  y  a 
de  la  garnison,  se  dit  de  la  tête  d'un  enfant  qui  a 
des  poux.  Il  B°  Terme  d'orfèvre.  Ouvrage  doré  par 
garnison,  ouvrage  où  quelques  parties  sont  dorées 
et  le  reste  blanc. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  li  empereres  meismes  i  alla 
assés  folement;  car  il  n'avoit  de  garnison  [armure] 
pour  son  corps  à  cel  point  que  un  seul  gasygau 
[gambison],  H.  de  valenc.  iv.  De  cix  qui  sont  mis 
es  garnisons,  es  viles  ou  es  castiax  por  les  garder, 
BEAUM.  57.  Nus  [nul]  ne  nous  osoit  venir  de  Da- 
miete  pour  aporter  garnison  [provisions]  contre- 
mont  l'yaue,  JOiNV.  236.  ||  xiv's.  Â  Cornélius  futcom- 
mandé  qu'il  demourast  à  Rome  en  garnison,  afin 
que  aucune  partie  des  ennemis  ne  venist  pour  pil- 
ler, BERCHEURE,  f"  58,  recto.  ||  XV*  S.  Et  emportoient 
et  faisoient  emporter  les  seigneurs  la  garnison  pour 
armer  douze  cens  hommes  d'armes  de  pied  en  cap, 
FROiss.  II,  II,  224.  Les  garnisons  des  frontières  es- 
toient pourvues  et  garnies  de  gens  d'armes,  id.  i,  i, 
1(3.  Il  fit  très  grosse  et  très  grande  garnison  de 
bonnes  verges  qu'il  apporta  secrètement  en  sa  mai- 
son, L0LI3  XI,  Nouv.  xxxviii.  Il  XVI*  s.  J'appelle  gar- 
ni-,ons  les  gendarmes  qui  .sont  disposez  par  les  villes 


GAR 


1839 


limitrophes  pour  la  conservation  de  tout  le  paya, 
CALV.  Instit.  (201.  Plusieurs  tiennent  que  nous  no 
pouvons  abandonner  cette  garnison  du  monde  [nom 
tuer]  sans....  mont,  ii,  28. 

—  ïîTVM.  Garnir  ;  provenç.  gamiio,  guamiso  ; 
anc.  catal.  garnison;  espagn.  guarnicion;  ital. 
guamizione,  guarnigione. 

t  GARNISSAGE  (gar-ni-sa-j'),  s.  m.  Action  dî 
garnir,  résultat  de  cette  action.  ||  Terme  de  céra- 
mique. Opération  par  laquelle  on  prépare  et  ap- 
plique les  ornements  et  pièces  de  garniture. 

—  RTVM.  Garnir. 

t  GARNISSEUR,  EUSE  (gar-ni-seur,  seû-z'),  J.  m. 
et  f.  Ouvrier,  ouvrière  employée  pour  garnir.  G»mij- 
seuse  de  chapeaux.  Il  S.  f.  Gamisseuse,  machine  i 
garnir  les  étoffes  de  laine. 

—  HIST.  XIII*  s.  Nus  garniseres  nepuet  ne  ne  doit 
mètre  heut  [poignée]  à  coulel,  se  li  heut  n'e.st  touz 
d'une  pièce,  Liv.  des  met.  ics. 

—  Rtym.  Garnir;  provenç.  gamidnr. 
GARNITURE  (gar-ni-tu-r') ,  s.  f.   ||  1°  Ce  qui  est 

mis  à  une  chose  pour  la  garnir  ou  l'orner.  ||  Terme 
de  tapisserie.  Meubles  d'une  chambre,  et  plus  spé- 
cialement l'intérieur  et  l'entourage  d'un  lit.  Cepen- 
dant je  m'en  vais  tâcher  De  décrire  ce  lit  avec  sa  ' 
garniture,  abbé  Régnier  ,  dans  riciielet.  ||  Gar- 
niture de  cheminée,  objets  enjolivés,  pendule, 
flambeaux  ,  porcelaines,  etc.  qui  parent  le  des- 
sus d'une  cheminée.  ||  Garniture  de  foyer,  pelle, 
pincettes,  chenets,  barre.  ||  Garniture  de  baudrier, 
les  boucles ,  les  bouts  et  le  coulant.  ||  Garniture  de 
poulies,  certain  nombre  de  poulies  montées  sur 
chape.  Il  2*  Il  se  disait  autrefois  des  rubans  que 
l'on  mettait  en  certains  endroits  des  habits  ou  à  la 
coiffure  pour  les  orner.  Une  belle  garniture  de 
rubans  d'or.  Une  garniture  verte,  bleue,  jaune. 
Elle  a  pour  toute  chevelure  De  serpents  une  gar- 
niture, scARRON,  Virg.  vii.||  3°  Ornement  en  pas- 
sementerie, lacet,  soutache,  ruban,  fleurs,  ou  étoffo 
qui  se  pose  sur  un  vêtement  quelconque  de  femme 
ou  objet  de  lingerie,  pour  l'embellir  et  le  rendre 
plus  habillé.  ||  4°  Terme  d'architecture.  Garniture 
de  comble,  lattes,  tuiles,  etc.  employées  à  garnir 
un  comble.  ||  5°  Linges  dont  on  s'entoure  le  corps 
pour  certaines  nécessités.  {|  Nom  çpi'autrefois  les 
femmes  de  Paris  donnaient  à  leur  cornette. 
Il  6°  Terme  de  cuisine.  Accessoires  qui  servent  à 
l'as.saisonnement  ou  à  l'ornement.  ||  Garniture 
financière,  mélange  de  crêtes  et  de  rognons  de  coq, 
de  foies  de  volailles,  de  tranches  de  truffes,  etc. 
Il  7°  Ce  qui  se  met  à  une  chose  pour  la  renforcer. 
Vous  avez  mis  à  ces  bas  une  garniture  trop  épaisse. 
Il  8°  Assortiment  complet  de  quelque  chose  que  ce 
soit. Garniture  de  diamants,  de  boutons.  ||  9°  Terme 
d'imprimerie.  Nom  donné  aux  divers  morceaux 
de  bois  ou  de  métal  avec  lesquels  on  serre  les  for- 
mes dans  leurs  châssis.  ||  10»  Nom  des  petits  artifices 
étoiles,  serpenteaux,  etc.  joints  à  une  pièce  plus 
forte.  Garniture  de  fusée  volante.  ||  11"  Parties  de 
treillage  qui  remplissent  les  vides  entre  les  bâtis. 
Il  12''  Terme  de  marine.  Atelier  où  se  confection- 
nent les  agrès.  ||  Tout  ce  qu'il  faut  de  poulies,  cor- 
dages, etc.  pour  qu'un  mât,  une  vergue,  etc  soient 
en  état  de  servir.  ||  13°  Terme  de  maréchalerie. 
Partie  du  fer  du  cheval  qui  déborde  plus  ou  moins 
la  muraille. 

—  HIST.  xiu*  s.  Nus  seliers  ne  puet  mètre  viez 
cuir  en  gameture  avec  noeve  euvre.  Lin.  des  met. 
208.  Il  XVI*  s.  Une  garniture  de  lit  de  camp,  liibl. 
des  çh.  6"  série,  t.  i,  p.  498. 

—  ÉTYM.  Garnir;  provenç.  garnidura ;  ital. 
guarnitiira. 

t  GARO  (ga-ro),  s.  m.  Synonyme  de  bois  d'aigle 
ou  d'aloès. 

t  GAROCHOIR  (ga-ro-choir),  s.  m.  Ancien  terme 
de  marine.  Cordage,  dit  aussi  main  torse,  tourné 
pour  le  commettre  dans  le  même  sens  qu'avait  été 
tourné  le  fil  de  caret  qui  devait  le  composer. 

(.  GAROC  (ga-rou),  s.  m.  Voy.  loup-g\rou. 
Il  Courir  le  garou ,  s'est  dit  autrefois  par  raillerie 
d'un  jeune  homme  qu'on  accusait  d'être  allé  en 
quelque  lieu  de  débauche,  riciielet. 

2.  GAROU  (ga-rou),  s.  m.  Arbrisseau  toujours 
vert  {daphne  gnidium,  L.) ,  dit  aussi  sainbois  et 
malherbe  (famille  des  thymélées  ou  daphncldécs, 
voisine  des  laurinées).  ||  Garou  des  bois,  bois  gentil 
{daphne  mesereum.  L.).  ||  Garou  ou  garoutte,  le 
daphne  thymelea,  L.,  avec  l'écorce  duquel  on  fait  des 
vésicatoires. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

•|-3,  GAROU  (ga-rou),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  s7noris,  poisson. 
GAROUAGE  (ga-rou-a-j'),  j.  m.  Aller  en  garouagé, 


18Ù0 


GAR 


étra  en  garouage,'  aller  en  partie»  de  plaisir  dans 
(les  lieux  suspect».  Que  Jupitnr  était  en  garouage; 
De  quoi  Junon  éuit  en  grande  rage,  la  font,  dans 
LE  Kovx,  Dict.  comique.  ||  Un  paysan  ries  environs 
do  Paris  dit  que  des  frelons,  des  guêpes  sont  en 
garouage  quand  ces  insecte»  Tont  errer  dans  la 
campagne. 

HiST.  xvr  8 ce  mary  de  louage,  Ce  coureur 

do  garouage.  Ce  trotteur  de  guilledou,  perrin, 
Poésies,  p.  SU,  dans  lacornb. 

—  ETVM.  Garou  i. 

+  CAROUBE  ou  GAROnSSE  (ga-rou-b'  ou  ga- 
rou-s') ,  î. /■.  Undes  noms  vulgairesde  la  gesse  cultivée. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  jarrosse  (voy.  ce  mot.) 
t  GAROCETTK  (ga-rou-è-f) ,  ».  f.  Un  des  noms 

du  garou. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  garou  i. 

f  GAROCIL  (ga-rouU,  W  mouillées),  ».  m.  Nom 
du  maïs  dans  l'Angoumois. 

t  GAROUILLE  (ga-rou-ll',  «  mouillées),  ».  f. 
Nom  du  chêne  kermès  dans  le  département  de 
l'Aude;  il  sert  à  la  teinture.  La  garouille  faisant  une 
couleur  entre  fauve  et  gris,  qui  donne  un  bel  œil 
aux  laines  de  mélange,  Instr.  gén.  pour  la  teinture 
des  lainet,  is  mars  )«7<,  art.  27.  La  garouille  qui 
vient  dans  la  Provence,  Languedoc  et  Roussillon, 
ib.  art.  »(S. 

—  ÉTYM.  On  peut  rapprocher  garouille  de  gariès 
(voy.  ce  mot), et  de  garig  (voy.  oarigue  àl'étymo- 
logie.) 

t  GAROUSSE  (ga-rou-sT,  ».  f.  voy.  caroube. 

■f  6AR0UTTE  (ga-rou-f),  ».  m.  voy.  garou  2. 

■f  CARRIÈRE  (ga-riè-r'),  ».  f.  Terme  de  chasse. 
Petite  rigole  où  l'on  cache  le  ressort  avec  lequel  on 
fait  mouvoir  le  filet  à  prendre  des  oiseaux. 

t.  GARROT  (ga-ro;  le  I  ne  se  lie  pas  dans  le 
langage  ordinaire;  au  pluriel,  r»se  lie  :  les  ga-ro-z 
apprêtés  pour  le  supplice),  ».  m.  ||  1°  Trait  d'arbalète. 
Et  suis  comme  la  biche  à  qui  l'on  a  percé  Le  flanc 
mortellement  d'un  garrot  traversé!  hégnier,  Dial. 
Il  J*  Morceau  de  bois  court  que  l'on  passe  dans  une 
corde  pour  la  serrer  en  tordant.  Le  supplice  du  gar- 
rot. ||  8*  Instrument  de  chirurgie  pour  comprimer 
l'artère  principale  d'un  membre,  en  cas  d'opération 
ou  d'hémorrhagie. 

—  HIST.  XIV'  S.  Li  garrot  empenné  d'airain,  G. 
ouiAHT,  dans  du  cange,  garrotus.  ||  xv*  s.  Icellui 
Hérisson  prist  un  garrot  ou  gros  baston,  du  canoë  , 
garrotus.  \\  xvi*  s.  Mais  pleust  à  Dieu  (dit  l'autre) 
qu'Astarot  L'apportast  saine,  aussi-tost  qu'un  gar- 
rot, MAROT,  II,  29.  Ilstiroient  harquebu/.ades  et  gar- 
rots d'arbalestre  sur  notre  bagaige,  carloix,  iv,  3(. 

—  ÉTYM.  Espagn.  garrote.  Origine  inconnue.  11 
est  très-probable  que  le  garrot,  dard,  et  le  garrot, 
bâton,  sont  le  même  mot.  Maintenant,  dans  gar- 
rot, bâton,  pourrait-on  voir  un  radical  garr  qui  se- 
rait dans  le  provençal  garrig,  chêne  (voy.  oarioue)  ? 

2.  GARROT  (ga-ro;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le 
parler  ordinaire  ;  au  pluriel,  1'»  se  lie  :  des  ga-ro-z 
élevés),  ».  m.  ||  1°  Partie  du  corps  de  certains  qua- 
drupèdes, particulièrement  du  cheval,  du  mulet,  du 
boeuf,  etc.  qui,  du  sommet  des  épaules,  s'étend 
jusqu'à  l'extrémité  du  cou  et  de  l'encolure.  Ce  che- 
val a  le  garrot  mince  et  bien  relevé.  ||  Cheval  blessé 
sur  le  garrot,  cheval  qui  a  une  plaie  en  cette  ré- 
gion. Il  Fig.  Cet  homme  est  blessé  sur  le  garrot, 
son  crédit,  sa  réputation  a  reçu  quelque  atteinte. 
Il  %"  Garrot  de  l'arçon,  espèce  d'arcade  qui  est  élevée 
de  quelques  doigts  au-dessus  du  garrot  d'un  cheval. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Schelerest  disposé  à 
y  voir  un  radical  gar,  le  même  que  dans  jarret  ou 
garret  (voy.  jarret.) 

+  3.  GARROT  (ga-ro),  ».m.Un  des  noms  vulgaires 
du  canard  clangule  (palmipèdes),  dit  aussi  canard 
garrot  et  cfangi((e,  legoarant. 

t  GARROTTAGE  (ga-ro-to-j') ,  ».  m.  Action  de 
garrotter;  état  de  ce  qui  est  garrotté. 

—  HIST.  XVI*  s L'engageure  d'une  obligation, 

elle  se  paye  à  l'advcnture  quelques  fois,  mais  elle 
ne  se  dissoult  jamais;  cruel  garottage  à  qui  aime 
affranchir  les  coudées  de  sa  liberté  en  tous  sens  ! 
mont.  IV,  98. 

—  ÉTYM.  Garrotter. 

t  GARROTTE  (ga-ro-t"),  ».  f.  Strangulation  par 
le  garrot,  sorte  de  supplice  usité  en  Espagne  et  en 
Portugal. 

—  ÉTYM.  Espagn.  garrote,  garrot  < . 

'.  GARROTTÉ,  ÊE  (ga-ro-té,  tée) ,  part,  passi  de 
garrotter.  Lié  comme  avec  un  garrot.  Je  n'ai  pas  fait 
difficulté  de  mettre  lié  et  garrotté  dans  ma  traduction 
OR  Ouinte-Curce,  et  messieurs  de  l'Académie  ont 
trouvé  ce  mot  bon,  et  ne  l'ont  noté  ni  de  vieux  ni  de 
•as,  vauoïlas,  iVotit.  rem.  p.  277,  dan»  pougens.  Le 


GAS 

tout  est  diligemment  encaissé,  lié  et  garrotté  de 
bonnes  cordes,  poussin,  Lett.  20fév.  1644.  Le  livre 
fut  présenté,  lié  et  garrotté  de  petites  chaînes  de  fer 
au  cardinal  doyen,  celui-ci  le  donna  au  grand  in(|ui- 
siteur  qui  le  rendit  au  greffier  ;  le  greffier  le  donna 
au  prévôt,  le  prévôt  à  un  huissier,  l'huissier  à  un 
archer,  l'archer  au  bourreau,  volt.  Uist.  parlem. 
64.  Les  nourrices  à  qui  l'enfant  bien  garrotté  donne 
moins  de  peine,  J.  J.  Rouss.  Ém.  i.  ||  Kig.  Les 
états  généraux,  c'est  ainsi  que  s'appelait  alors  cette 
convention  nationale  encore  garrottée  dans  les 
langes  de  la  liberté,  hirabeau.  Collection,  t.  m, 
p.  »7». 

t  2.  GARROTTÉ,  ÉE  (ga-ro-té,  tée),  adj.  Terme 
de  vétérinaire.  Cheval  garrotté,  cheval  ilessé  au 
garrot. 

—  lîTYM.  Garrot  2. 

GARROTTER  (ga-ro-té),  V.  a.  Attacher  comme 
avec  un  garrot,  c'est-à-dire  fortement.  Je  crois  que 
nous  avons  emprunté  ce  mot  des  Espagnols,  qui 
disentjarrotorau  même  sens  que  nous;  il  yamême 
quelque  apparence  que  les  muletiers  qui  vont  et 
reviennent  d'Espagne  à  cause  du  commerce,  nous 
en  ont  apporté  ces  terme»;  car  ils  appellent  garrot 
ce  que  le»  Espagnols  nomment  garrote,  qui  signifie 
un  bftton  ou  une  bille  à  garrotter  ou  biller,  c'e'st-à- 
dire  serrer  la  charge  d'un  mulet,  d'où  ensuite  on  a 
pris  occasion  de  dire  garrotter,  vaugel.  Nouv.  rem. 
observ.  de  M"*,  p.  278,  dans  podgens.  Quand  tout 
fut  garrotté,  les  vainqueurs  partagèrent  Le  butin 
qu'en  trois  lots  les  émirs  arrangèrent,  volt.  Êduc. 
d^un  prince.  ||  Fig.  Trop  de  préjugés  garrottent  en- 
core les  mortels,  trop  de  passions  les  égarent,  mira- 
BFAU,  Collection,  t.  iv,  p  29.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Garrotter  quelqu'un,  prendre  dan»  un  acte 
toutes  les  précautions  possible»  pour  qu'il  ne  man- 
que pas  aux  engagements  contractés. 

—  REM.  La  plupart  des  verbes  provenant  d'un  ra- 
dical en  ot  ne  prennent  qu'un  t,  excepté  garrotter, 
gigotter,  grelotter,  trotter,  etc.  exceptions  que  rien 
ne  justifie. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ainsi  disoit  le  chant  de  la  serene, 
Pour  arrester  Ulysse  sur  l'arène,  Qui,  garrotté  au 
mât,  ne  voulut  pas  Se  laisser  prendre  à  si  friands 
appas,  RONS.  Amour»,  liv.  11.  Que  nous  sommes  le 
seul  animal  abandonné  nud  sur  la  terre  nue,  lié, 

garrotté mont,  i,  16).  On  le  [l'esprit]  bride  et  le 

garotte  de  religions,  loix,  coustumes,  sciences,  pré- 
ceptes, menaces,  promesses  mortelles  et  immor- 
telles, CHARRON,  Sagesse,  1,  «6. 

—  ÉTYM.  Garrot  <. 

tGARRULITÉ  (ga-rru-li-té),  »  .f.  Envie  constante 
de  bavarder. 

—  HIST.  XVI*  s.  One  telle  garrulité  est  pour  se 
jouer  avec  Dieu  comme  avec  un  petit  enfant,  calv. 
Inst.  708. 

—  ÉTYM.  I^t.  gamilitatem ,  bavardage,  d'un  ra- 
dical qui  est  dans  le  grec  ^apÛEiv,  parler. 

GARS  (gar,  ou,  ce  qui  est  la  prononciation  la 
plus  usuelle,  gâ),  ».  m.  ||  1°  Terme  familier.  Garçon. 
Voilà  un  beau  gars!  Barbe  rase,  ou  les  crins  épars. 
Comme  on  voit  quelque  jeune  gars,  Durant  la  pé- 
nible journée  Qu'il  se  charge  d'un  hyménée,  scar- 
RON,  Virg.  vu.  Dans  ce  hameau  je  vois  de  toutes 
parts  De  beaux  atours  mainte  fillette  ornée  ;  Je  ga- 
gerais que  quelque  jeune  gars  Avec  Catin  unit  sa 
destinée,  deshoul.  Ballcuie.  ||  2'  Nom  par  lequel  les 
insurgés  de  la  Vendée  se  désignaient  eux-mêmes. 
Le  cri  des  Vendéens  était  :  X  moi,  les  gars! 

—  ÉTYM.  C'est  l'ancien  nominatif  du  mot  dont 
garçon  était  le  régime  (voy.  garçon);  picard,  9a, 
luron  ;  Berry,  gas,  gasin,  gasou. 

t  GARUM  (ga-rom'),  ».  m.  Terme  d'antiquité. 
Sorte  de  saumure  que  faisaient  les  Romains  en  re- 
cueillant les  liquides  qui  s'écoulaient  de  petits  pois- 
sons salés  et  qu'ils  aromatisaient  fortement. 

—  ÉTYM.  Lat.  garum;  grec,  lifoM,  de  garus, 
petit  poisson  qu'on  salait  et  que  quelques  auteurs 
croient  être  l'anchois. 

GARUS  (ga-rus'),  ».  m.  Êlixir  employé  dans  cer- 
taines affections  de  l'estomac.  On  dit  aussi  élixir  de 
Garus. 

—  ÉTYM.  Garus,  nom  de  l'inventeur. 

tGARZETTE  (gar-zè-t'),  ».  ^.  Nom  vulgaire  et  spé- 
cifique de  Tardée  garzette  (gralles),  appelée  aussi 
aigrette. 

—  ÉTYM.  Espagn.  garieta,  héron. 

t  GARZOTTE  (gar-zo-f),  ».  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  sarcelle. 

GASCON ,ONNE  (ga-skon,  sko-n'),».  m.  et  f.  \\  1*  Ha- 
bitant de  la  Gascogne.  De  tous  les  Gascons  que  j'ai 
jamais  vu»,  vous  me  paraissez  le  plus  drôle  et  le 
plus  divertissant,  je  *ous  assure,  dancodrt,    Cur. 


GAS 

Compiigne,  se.  4.  ||  Adjectivement.  Certain  renard 
gascon,  d'autres  disent  normand  ,  la  font.  Fabl. 
III,  )  I .  Il  a*  Fig.  et  familièrement.  Fanfaron,  hâbleur 
Il  En  gascon,  sans  se  compromettre.  L'homme 
eut  peur;  mais  comment  esquiver  et  que  faire  1 
Se  tirer  en  gascon  d'une  semblable  afiaire  Est 
le  mieux  ;  il  .sut  donc  dissimuler  sa  peur,  la  font. 
Fahl.  VIII,  40.  Il  Adjectivement.  Tout  a  l'humeur 
gasconne  en  un  auteur  gascon,  roil.  i4r(p.  w. 
Sei.ssac  était  fort  riche,  fort  gascon,  gros  joueur 
et  beaucoup  du  grand  monde,  saint-simon  ,  65, 
<68.  Il  faut  une  âme  vigoureuse  venue  au  monde  pré- 
cisément dans  le  temps  où  la  raison  commence  i 
éclairer  les  hommes  et  à  les  placer  entre  l'inutile 
fatras  de  Grotius,  et  les  saillies  gasconnes  de  Mon- 
tesquieu, VOLT.  Lett.  Servan,  ti  janv.  (768.  ||  8*  S. 
m.  Patois  propre  aux  habitants  de  la  Gascogne,  qui 
est  un  dialecte  de  la  langue  d'oc.  ||  Adjectivement 
M.  Ménage  dit  de  même  que  cette  façon  de  parler 
est  gasconne  et  non  pas  française;  mais ,  comme 
il  y  a  grand  nombre  de  Gascons  à  la  cour,  elle  est 
si  usitée  qu'il  n'ose  la  condamner,  vaugel.  item. 
notes.  Th.  Corn.  t.  11,  p.  49B,  dans  pougens.  ||  Pro- 
verbe. Garde  d'un  Gascon  ou  Normand,  l'un  hàble 
trop,  et  l'autre  ment. 

—  SYN.  GASCON,  NORMAND.  Ces  deux  mot»  sont 
pris  habituellement  dans  le  sens  de  menteur,  mais 
avec  les  différences  propres  aux  provinces  qu'ils  rap- 
pellent. Le  Normand,  comme  coutumier  des  procès, 
ment  par  ce  qu'il  dissimule  la  vérité  ;  le  Gascon 
ment  comme  vantard  et  fanfaron.  Le  Louvre  tout 
entier  tiendrait  dans  une  des  cours  du  château  de 
mon  père  ;  c'est  un  Gascon  qui  parle  ainsi  et  non  p&s 
un  Normand. 

—  HIST.  xii*  s.  Biax  fix,  dist-ele,  por  la  virgene 
pucele,  Que  cuidiés  faire  de  tel  gent  gasconnelel 
Raoul  de  C.  47.  ||  xv*  s.  Et  quand  il  cheoit  au- 
cune chose  où  il  vouloit  mettre  débat  ou  argu- 
ment, trop  volontiers  en  parloit  à  moi,  non  pas 
en  son  gascon,  mais  en  beau  et  bon  françois,  froiSS. 
n,  m,  *  3.  Il  XVI*  s.  Le  hazard  du  Gascon,  trouver  la 
messe  dite,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM  Lat.  ra»eo,  nom  de  l'ancien  peuple  qui 
habitait  le  pied  des  Pyrénées. 

t  GASCONISER  (ga-sko-ni-zé),  c.  a.  Donner  une 
inflexion,  une  tournure  gasconne  à  un  mot,  i  une 
phrase.  On  dit  plus  souvent  gasconner. 

—  ÉTYM.  Gascon. 

GASCONISHE  (ga-sko-ni-sm') ,  ».  m.  Façon  de 
parler  vicieuse  propre  aux  Gascons.  Sandis  pour 
sang-Dieu,  cadédis  pour  cap  de  Dieu,  sont  des  gas- 
conismes. 

—  ÉTYM.  Gascon. 

GASCOXNADE  (ga-sko-na-d') ,  ».  f.  Langage  de 
Gascon,  fanfaronnade,  vanterie  outrée.Ainsi  chez  les 
Gascons ,  je  débutai  par  une  gasconnade  ;  mais  elle 
m'était  nécessaire,  mahiiontf.l,  Mém.  11. 

—  REM.  Pourquoi  écrire  gasconnade  et  gasco- 
nisme,  l'un  par  deux  n,  l'autre  par  tme  seule?  Il  est 
mauvais  de  doubler  cette  n  qui  ne  sert  à  rien. 

—  ÉTYM.  Gascon. 

GASCONNER  (ga-sko-n").  ||  1"  Y.  n.  Parler  avec 
l'accent  gascon,  c'est-à-dire  accentuer  les  e  mueU 
et  faire  sonner  plusieurs  consonnes  finales  que  le 
français  laisse  muettes.  ||  Dire  des  hâbleries,  des 
gasconnade».  ||  %'  V.  a.  11  s'est  dit  pour  dérober, 
friponner.  Ce  Gascon,  qui  sans  titre  à  sa  valeur  s'at- 
tache, Dont  un  coup  de  canon  a  grillé  la  mous- 
tache, Et  qui  prit  seulement  qualité  d'écuyer  Au 
contrat  d'achat  fait  par  un  chauderonnier  De  quel- 
ques chauderons  gasconnes  dans  l'armée  ,  Verra 
sa  qualité  se  réduire  en  fumée  ,  claveret  ,  l'Es- 
cuyer  ou  les  faux  nobles  mis  au  billon....,  m.  I 
(Paris,  1866). 

—  ÉTYM.  Gascon. 

f  GASPAROT  (ga-spa-ro),  ».  m.  Espèce  de  hareng, 
qu'on  sale  pour  l'hiver,  mais  qui  est  moins  bon  qut 
le  hareng  ordinaire. 

GASPILLAGE  (ga-spi-lla-j' ,  U  mouillées,  et  non 
ga-spi-ya-j') ,  ».  m.  Action  de  gaspiller.  Le  gaspillage 
est  grand  dans  cette  maison.  Cette  manière  de  payer 
[avec  des  denrée*]  n'est  pas  sans  inconvénients;  il 
y  a  de  la  perte,  du  gaspillage....  j.  J.  rouss.  Cotir. 
de  Pol.  XI.  En  sorte  qu'il  seroit  resté  700  million» 
en  dépenses  de  luxe,  de  prodigalité,  de  gaspillage, 
BACiiAUMONT,  Mém.  sccrets,  t.  xxxiv,  p.  16. 

—  ÉTYM.  Gaspiller. 

GASPILLÉ,  ÉE  (ga-spi-llé,  liée;  U  mouillées),  port, 
po»»^  de  gaspiller.  Une  belle  fortune  gaspillée. 

GASPILLER  (ga-spi-llé,  U  mouillées,  et  non  ga- 
spi-yé) ,  V.  o.  Il  1*  Mettre  en  désordre.  Gaspiller  de» 
papiers.  ||  1°  Dépenser  au  hasard,  sans  but  et  sans 
goât.  n  gaspille  tout  son  bien.  I|  Fig.  Gaspiller  son 


GAS 

temps,  le  perdre  sans  profit.  Il  a  gaspillé  sa  vie, 
son  talent.  ||  Se  gaspiller,  v.  réfl.  Être  gaspillé.  Grâce 
à  cette  négligence,  sa  fortune  se  gaspillait. 

—  SYN.  GASPILLER,  DISSIPER.  Dissiper  son  bien, 
c'est  le  penlrecn  dépenses  excessives.  Gaspillerson 
liien,  c'est  le  perdre  en  dépenses  répétées,  faites  au 
tasard  et  sans  but. 

^  ÉTYM.  Wallon,  caspouï;  provenç.  guespillar, 
gùpillar,  tracasser,  taquiner  ;  du  germanique  :  an- 
glo-sax.  gespillan;  anc.  h.  allem.  gaspildan,  con- 
sumer, prodiguer.  GouspUleur  dans  Ronsard,  et  le 
sens  du  provençal  guespillar  permettent-ils  de  con- 
iejturer  que  gaspiller  est  le  même  que  houspiller 
(voy.  ce  mot)  ? 

GASPIILEDR,  EUSE  (ga-spi-Ileur,  l!eu-z',  Il 
mouillées,  et  non  ga-spi-yeur),  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  gaspille. 

— HlST.  XVI*  s Et  comme  Le  père  a  déterré  le 

simple  gentilhomme  Par  prooez  embrouillé,  les  fils 
en  sont  vangeurs.  Et  des  biens  paternels  gouspil- 
leurs  et  mangeurs,  RONS.  918.  X  père  amasseur,  fils 
gaspilleur,  cotgrave. 

—  ÊTYM.  Gaspiller. 

t  GASSENDISME  {ga-ssin-di-sm'),  s.  m.  La  phi- 
losophie alomistique ,  qui  ,  fondée  par  Leucippe, 
suivie  et  agrandie  par  Démocrite,  puis  par  Épicure 
et  Lucrèce,  a  été  reprise  et  perfectionnée  parGassendi. 

—  ÊTYM.  Cossendî'iphilosophe  français,  né  le  22 
janvier  1 592,  célèbre  en  outre  par  ses  objections 
contre  Descartes. 

+  GASSENDISTE  Cga-ssin-di-st') ,  adj.  Qui  appar- 
tient au  gassendisme.  Le  système  gassendiste. 
Il  S.  m.  Partisan  du  gassendisme. 

GASTER  (ga-stèr),  s.  m.  Le  ventre,  l'estomac. 
Je  devais  par  la  royauté  Avoir  commencé  mon  ou- 
vrage ;  X  le  voir  d'un  certain  côté  Messer  Gaster  en 
est  l'image,  la  font.  Fabl.  m,  2. 

—  HlST.  xvi"  s.  La  sentence  du  satyrique  est 
vraye,  qui  dit  messere  Gaster  estre  de  tous  ars  le 
meptre,  rab.  Pant.  iv,  57. 

—  ETYM.  Lat.  gaster,  de  Ya<jr?ip,  estomac;  sanscr. 
jathara,  ventre,  de  jas.  avaler. 

t  GASTÉROPODES  (ga-sté-ro-po-d'),  s.  m.  pi. 
Terme  de  zoologie.  Ordre  de  la  classe  des  mollus- 
ques, comprenant  ceux  de  ces  animaux  chez  les- 
quels unépai.ssissementplus  ou  moins  grand  du  dis- 
que ventral  forme  une  sorte  de  pied  occupant  toute 
ia  face  inférieure  de  l'abdomen,  à  l'aide  duquel  ils 
glissent  en  rampant  sur  le  terrain,  par  exemple,  les 
limaces,  les  escargots. 

—  ÊTYM.  TaaTT^p,  ventre,  et  TtoOç,  itoSiç,  pied. 

t  GASTÉROPTERYGIEN,  ÎEMVE  (ga-sté-ro-pté- 
ri-jiin,  jiè-n'),  adj.  Terme  de  zoologie.  Poissons 
gastéroptérygiens ,  poissons  dont  les  nageoires  ven- 
trales sont  situées  derrière  les  pectorales. 

—  ÊTYM.  raaTTip,  ventre,  et  TiTépuî,  aile. 

t  GASTÉROSTËES  (ga-»té-ro-itée) ,  S.  m.  pi.  Genre 
de  poissons,  auquel  appartient  l'épinoche. 

—  ÊTYM.  TadT^ip,  ventre,  et  èitiov,  os. 

I  GASTÉROZOAIRE  (ga-sté-ro-zo-ê-r' )  ,  s.  m. 
Terme  de  zoologie.  Animal  dont  le  système  digestif 
est  prédominant. 

—  ÉTYM.  Totcrr;?]?,' ventre,  et  Çuâptov,  petit  animal. 
GASTRALGIE  (ga-stral-jie),  s.  f.  Douleur  ner- 
veuse d'estomac,  sans  fièvre. 

—  ÉTYM.  rafrcpaXyîa,  de  fOiGzi]p,  yoffTpôç,  esto- 
mac, et  d),YOc;,  douleur. 

t  GASTRALGIQUE  (ga-slral-ji-kT,  adj.  Terme  de 
médecine.  Qui  a  le  caractère  de  la  gastralgie 

jGASTRICISME  (ga-stri-si-sm'),  s.  m.  ||  1»  Terme 
de  médecine.  Opinion  d'après  laquelle  la  plupart  des 
maladies  tiennent  aux  impuretés  de  l'estomac. 
Il  2°  État  saburral  de  l'estomac. 

—  ÉTYM.  Voy.  GASTRIQUE. 

t  GASTRICITÉ  (ga-stri-si-té),  i.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Etat  .saburral,  embarras  des  premières  voies. 

—  ÊTYM.  Gastrique. 

i"  GASTRICOLE  (ga-stri-ko-l'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oui  vit  dans  l'estomac  des  animaux. 

—  ÉTYM.  ra(TT9)p,  ventre,  et  le  lat.  colère,  habiter. 
GASTRIOUE  (ga-stri-k') ,  adj.  Terme  d'anatomie. 

Oui  appartient,  qui  a  rapport  à  l'estomac.  ||  S.  m.  pi. 
Terme  de  zoologie.  Classe  comprenant  les  animaux 
ac'ohales  munis  d'un  canal  alimentaire. 

—  -  HiST.  XVI'  s.  La  veine  et  artère  viennent  de  la 
gastrique,  gastrcpiploique,  coronaire  et  splenique, 
l'AHÉ,  i,  H. 

—  ÉTYM.  ratrr^pjYaotpàç,  estomac. 
GASTRITE  (ga-stri-f),  s.  f.    Inflammation  de  la 

membrane  muqueuse  de  l'estomac. 

—  rrTYlI.  l'aoTiàp,  ■yastpè;,  estomac,  et  la  finale 
ite,  indiquant  inflammation. 

t  GASTRO....  Mot  venant  du  grec   -(■««''^P.    Y»- 

CICT.    DE    LA    '-ANGUE    FlUNÇilS^. 


GAS 

oTpiî,  ventre,  estomac,  et  que  le  langage  anatomi- 
que  emploie  en  composition  (voy.  gaster,  à  l'éty- 
mologie). 

t  GASTRO-ADYNAMIQUE  (ga-stro-a-di-na-mi-k') , 
adj.  Terme  de  médecine.  Qui  a  rapport  à  l'estomac 
et  à  l'adynamie. 

—  ÉTYM.  Gastro.... ,  et  adtjnamique. 

t  GASTRO-RRONCIHTE  (  ga-stro-bron-chi-t'  )  , 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de  l'eslo- 
mac  et  des  bronches.  ||  Nom  donné  à  la  maladie  des 
chiens  observée  dans  le  jeune  âge. 

—  ÉTYM.  Gastro....  ,  et  bronchite. 

t  GASTROBROSIE  (ga-stro-bro-zie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Perforation  de  l'estomac. 

—  ÊTYM.   Gastro....,  et  Ppôw,  ronger. 

GASTROCÈLE  (ga-stro-së-1'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Hernie  formée  par  l'estomac  à  travers  la 
partie  supérieure  de  la  ligne  blanche. 

—  ÉTYM.  Gastro....,  et  xri),n,  tumeur. 

t  GASTROCNÉMIEN  {ga-stro-kné-miin) ,  adj.  m. 
Terme  d'anatomie.  Les  muscles  gastrocnémiens,  et, 
substantivement,  les  gastrocnémiens,  nom  donné 
aux  muscles  jumeaux  de  la  jambe,  ou  muscles  du 
mollet. 

—  ÈTYU.  Castro....,  et  xv^ipiTi,  jambe ,  à  cause 
de  la  saillie  en  forme  de  ventre  que  font  ces  muscles. 

t  GASTRO-COLIQUE  (ga-stro-ko-li-k'), ad;. Terme 
d'anatomie.  Qui  appartient  à  l'estomac  et  au  côlon. 
Épiploon  gastro-colique. 

—  ÉTYM.  Gastro....,  et  colique. 

t  GASTRO-COLITE  (ga-stro-ko-li-f) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Inflammation  simultanée  de  l'estomac 
et  du  côlon. 

—  ÉTYM.  Gastro....,  et  colite. 

t  GASTRO-CONJONCTIVITE  (ga-stro -kon-jon- 
kti-vi-t'),  s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation 
de  l'estomac  et  de  la  muqueuse  oculaire,  qui  règne 
épizootiquement,  pendant  les  fortes  chaleurs  de 
l'été,  sur  les  animaux  de  l'espèce  chevaline. 

—  ÊTYM.  Castro....,  et  conjonctivite. 

t  GASTRO-DDODÊNAL,  ALE  (ga-stro-du-0-dé- 
nal,  na-l'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à 
l'estomac  et  au  duodénum. 

—  ÉTYM.  Castro....  ,  et  duodénum. 

t  GASTRO -DUODÉNITE  (ga-stro-du-o-dé-ni-f), 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de  l'estomac 
et  du  duodénum. 

—  ÉTYM.  Castro.... ,  et  duodénite. 
fGASTRODYNIE  (ga-stro-di-nie),  s.  f.  Terme  de 

médecine.  Genre  de  névrose  de  la  digestion  carac- 
térisé par  un  sentiment  d'anxiété  et  do  constriction 
à  l'épigastre,  mais  sans  menace  de  lipothymie,  ce 
qui  distingue  la  gastrodynie  de  la  cardialgie. 

—  ÉTYM.  Castro....,  el  ôôOvY),  douleur. 

+  GASTRO -ENCÉPHALITE  (ga-stro-an-sé-fa-li- 
t'),  s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de  l'es-, 
tomac  compliquée  de  phénomènes  nerveux. 

—  ÉTYM.  Castro....,  et  encéphalite. 

t  GASTRO-ENTÉRITE  (ga-stro-an-té-ri-f)  ,  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Inflammation  simultanée  de  la 
membrane  muqueuse  de  l'estomac  et  de  cefle  des 
intestins. 

—  ÉTYM.  Castro....  ,  et  entérite. 
GASTRO-ENTÉRO-COLITE  (ga-stro-an  •  té-ro-ko- 

li-t'),  s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de 
l'estomac,  de  l'intestin  grêle  et  du  gros  intestin. 

—  ÉTYM.  Castro.... ,  et  entéro-colile. 
GASTRO-ÉPIPLOÏQOE      {  ga-stro-é-pi-plo-i-k')  , 

adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  l'estomac 
et  à  l'épiploon. 

—  ÉTYM.  Castro....  ,  et  épiploon. 

i  GASTRO-HÉPATIQUE  (ga-stro-é-pa-ti-k') ,  adj. 
Termed'anatomie.  Qui  a  rapport  à  l'estomac  et  au  foie. 

—  ÉTYM.  Castro.... ,  et  hépatique. 

f  GASTRO-HÉPATITE  (ga-stro-é-pa-ti-f) ,  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Inflammation  de  l'estomac  et 
du  foie. 

—  ÊTYM.  Gastro.... ,  et  hépatite. 

t  GASTRO-UYSTÉUOTOMIE  (ga-stro-i-sté-ro-to- 
mie),  s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Opération  césarienne 
abdominale,  qui  consiste  à  ouvrir  les  parois  de  l'abdo- 
men et  celles  de  la  matrice  pour  extraire  le  fœtus. 

—  ÉTYM.  Castro....,  ventre,  urrrépa,  matrice,  et 
•copiTi,  incision. 

f  GASTRO-INTESTINAL,  ALE  (ga-stro-in-tè-sti- 
nal,  na-l'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  à 
l'estomac  et  à  l'intestin. 

—  ÉTYM.  Castro ,  et  intestinal. 

f  GASTRO-LARYNGITE  (ga-stro-la-rin-j  i-f),  s. 
f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de  l'estomac 
et  du  larynx. 

—  ÉTYM.  Castro....,  et  laryngite. 

\  GASTHCLS.THE  (ga-strOrU  tr'),  s.  m.  Celui  qui 


GAS 


1841 


fait  un  (lieu  de  son  ventre,  qui  ne  vit  que  pour  la 
bonne  chère. 

—  HlST.  XVI*  s.  Les  uns  estoient  nommés  enga- 
strimythes,  les  autres  gastrolatres,  rah.  Pant.  iv,  68. 

—  ÊTYM.  Tam^ip,  Y«<"po{,  estomac,  et  )ci.rfiini, 
adorer. 

t  GASTROLXtRIE  (ga-stro-lâ-trie),  *.  f.  Carac- 
tère du  gasirolâtre. 

t  G.VSTKOLOGIE  (ga-stro-lo-jic),  s.  f.  Connais- 
sance approfondie  do  l'art  culinaire  ;  traité  surcetart. 

—  ÉTYM.  TaiTT^ip,  YaTTpo;,  estomac,  et  Xoyoc, doc- 
trine. 

t  GASTROMALACIE  (ga-stro-ma-la-sie) ,  s.  f. 
Terme  de  pathologie.  Ramolli.ssement  de  l'estomac. 

—  ÊTYM.  Castro....,  et  |ia).axta,  ramollissement, 
t  GASTRO.MÈLE   (ga-stro-mè-l') ,  s.  m.  Terme  de 

tératologie.  Monstre  qui  a  un  ou  deux  membres 
accessoires  insérés  sur  l'abdomen,  entre  les  mem- 
bres thoraciques  et  les  pelviens. 

—  ÉTYM.  Castro....,  et  (isXoî,  membre. 

t  GASTRO-MÉNINGITE  (ga-stro-mé-nin-ji-f),  s. 
f.  Inflammation  de  l'estomac  et  de  la  méninge. 

—  ÊTYM.  Castro....,  et  méningite. 

I GASTRO-MÉTRITE  (ga-stro  mé-tri-t'),  s.  /.Terme 
de  médecine.  Inflammation  de  l'estomac  et  de  la 
matrice. 

—  ÉTYM.  Castro....,  et  métrile. 

t  GASTRO-MUQUEUSE  (ga-stro-mu-keû-z'),  adj.  f. 
Fièvre  gastro-muqueuse,  fièvre  dans  laquelle  l'irri- 
tation de  l'estomac  est  accompagnée  d'une  sé:;rétion 
muqueuse. 

—  ÊTYM.  Castro....,  et  muqueux. 

t  GASTRONECTE  (ga-stro-nè-kf) ,  adj.  Terma 
de  zoologie.  Se  dit  des  poissons  qui  ont  les  vertèbres 
abdominales  fort  développées  formant  un  organe 
propre  à  la  natation.  ||  S.  m.  plur.  Famille  de  crus- 
tacés décapodes  macroures. 

—  ETYM.  FaoTTip,  YasTpè;,  ventre,  et  v:^)(t»i;,  qui 
nage. 

GASTRONOME  (ga-stro-no-m'),  s.  m.  Celui  qui 
connaît  l'art  de  faire  bonne  chère,  qui  aime  ia 
bonne  chère.  Mais  nos  fils,  pesants  gastronomes. 
Boiront  et  ne  chanteront  point,  bérano.  Age  futur. 

—  ÊTYM.  Voy.  GAsrno.NOMiE. 
GASTRONOMIE  (ga-stro-no-mie),  s.  f.  L'art  de 

faire  bonne  chère.  Berchoux  a  donné  en  isof  un 
poème  de  la  Gastronomie,  qui  lui  a  fait  une  répu- 
tation méritée. 

—  ÉTYM.  rotffTpovoiiîa ,  art  de  régler  l'estomac, 
de  yotar^ip,  yaTTpo:,  estomac,  et  vô|jio;,  loi. 

GASTRONOMIQUE  (ga-stro-no-mi-k'),  adj.  Qui 
appartient,  qui  a  rapporta  la  gastronomie.  Ce  matin 
nous  avons  en  déjeunant,  ma  femme  et  moi,  arrêté 
dans  notre  sagesse  que  vous  feriez  imprimer  au  plus 
tôt  vos  méditations  gastronomiques,  bhillat-sava- 
RiN,  Dialogue  entre  l'auteur  et  son  ami,  dans  la 
Physiologie  du  goût. 

—  ÉTYM.  Voy.  GASTRONOMIE. 

t  GASTRO-NÉPHRITE  (ga-stro-né-fri-f),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Maladie  de  l'estomac  compli- 
quée de  l'inflammation  des  reins. 

—  ÉTYM.  Castro....,  et  néphrite. 

t  GASTRO-PÉRITONITE  (ga-stro-pé-ri-to-nl-t') , 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammatik-n  de  l'esto- 
mac et  du  péritoine. 

—  ÉTYM.  Castro.... ,  et  péritonite. 

t  GASTRO-PHARYNGITE  (ga-stro-fa-rin-ji-f) , 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Inflammation  de  l'esto- 
mac et  du  pharynx. 

—  ETYM.  Castro....  ,  et  pharyngite. 

t  GASTRO-PYLORIQUE  (ga-stro-pi-lo-ri-k'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  l'estomac  et  aL 
pylore. 

—  ÉTYM.  Castro.,..,  et  pylorique. 
GASTRORRIIAPHIE  (ga-stro-ra-fie) ,  s  f.  l'erme 

de  chirurgie.  Suture  que  l'on  fait  aux  parois  abdo- 
minales pour  réunir  les  plaies  pénétrantes  étendues 
et  inégales. 

—  UEM.  L'Académie  écrit  gastroraphie  ;  mais 
l'orthographe  régulière  est  gastrorrhaphie ,  les 
Grecs  doublant  l'r  en  composition. 

—ÉTYM.  ra(jT9jp,Ya(jTpo;, estomac, et façri .suture 
t    GASTRORRHÉE    (ga-stro-rrée)  ,  s.  f.  Espèce 

de  catarrhe  de  l'estomac  caractérisé  par  des  vomis 

scments  d'un  liquide  glaireux. 

—  ÊTYM.  Castro....,  et  feïv,  couler. 

t  GASTROSE  (ga-strô-z') ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Nom  collectif  donné  par  quelques  médecins  i 
toutes  les  maladies  de  l'estomac. 

—  ÉTYM.  FacTrip,  Ya<7Tpo;,  estomac. 

t  OASTRO-SPLÉNIQUE  (ga-stro-splé-ni-k'),  adj 
Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  à  l'estomac  et  à  la 
rate. 

1  Ï31 


1842 


GAT 


—  f.TYM.  Gailro....,el  spUniqw. 

f  GASTKOSTfïNOSE  (ga-stro-sté-nê-ï') ,  t  {.  Terme 
de  médecine,  «étrécissement  de  l'estomac. 

_  ETVM.  Castro et  oxévM'n;,  rétiécissement. 

f  GASTROTHEQUE  (ga-stro-lè-k'),  s.  f.  Terme 
lie  loologie.  Membrane  qui  recouvre  l'abdomen  des 
chrysalides. 

—  ÉTYM.  Tfxariif,  Ttts'.^h^,  ventre,  et  6Tixn,  en- 
»e)oppe. 

f  GASTRO-THORACIQUE  (  ga-stro-to-ra-si-k  ) , 
ad;.  Terme  d'anatomie.  Muscle  gaslio-thoracique, 
nom  donné  par  Blainville  à  la  portion  inférieure  du 
muscle  paussier  général. 

—  ÊTYM.  Castro....,  et  thoracique. 

t  GASTROTOME  (ga-stro-to-m') ,  s.  m.  Terme  de 
chirurgie  vétérinaire.  Instrument  servant  à  diviser 
les  parois  abdominales  des  ruminants  pour  la  sortie 
dos  gaz  dans  le  cas  de  tyrapanite. 

—  ETYM.  Voy.   GASTROTOMIE. 

GASTROTO.'tllE  (ga-stro-to-mie),  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Incision  faite  à  la  cavité  du  ventre  pour 
réduire  une  hernie,  faire  cesser  un  étranglement 
OU  pour  extraire  un  fœtus.  ||  Ponction  du  rumen 
pratiquée  sur  les  ruminants  atteints  de  tympanitc. 

—  ÊTYM.  rafftr.p,  yaa-cfi;,  ventre,  et  TO|xri,  inci- 
sion. 

t  GASTRO-VASCCLAIRE  (ga-stro-va-sku-lê-r') , 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  au  tube  di- 
gestif et  aui  vaisseaux.  {|  Système  gastro-vasculaire, 
système  de  petits  canaux  qui,  dans  la  classe  des 
acalèphes,  vont  du  tube  digestif  à  la  périphérie  et 
leviennent  sur  eux-mêmes. 

—  Rtym.  Castro....,  et  lasculaire. 

jGAT  (gâ),  s.  m.  Terme  de  marin.  Escalier  pra- 
tiqué sur  une  côte  escarpée  pour  arriver  à  un  em- 
barcadère. Il  Grand  escalier  qui  descend  d'un  quai  à 
la  mer. 

■f  GATAN  (ga-tan),  s.  m.  Espèce  de  coquille  bi- 
valve, solen  ve.ipertinus. 

t  GATANGIER  (ga-tan-jié),  s.  m.  Nom  vulgaire 
d'un  .squale  {scyllion  canicula,  sélaciens). 
.  GÂTÉ,  ÉE  (gù-té,  tée),por«.  passéde  gâter.||  1°  Qui 
est  ravagé.  Le  pays  gâté  par  l'armée  qui  l'envahit. 
Il  2°  Par  extension,  mis  en  mauvais  état,  détérioré. 
Les  chemins  gâtés  par  l'ennemi  qui  se  retirait.  Je 
veux  leur  Ôter  la  peine  de  venir  à  Livry,  dont  les 
chemins  sont  déjà  gâtés,  sêv.  i3  oct.  <079.  Comme 
si  l'on  pouvait  obtenir  un  travail  quelconque  d'ou- 
vriers exténués  par  la  faim,  par  les  marches;  de 
malheureux  à  qui  le  jour  entier  ne  sufKt  pas  pour 
trouver  des  vivres,  pour  les  préparer,  dont  les  forges 
sont  abandonnées  ou  gâtées,  skgur,  Ilist.  de  Nap. 
x,  2.  Il  Fig.  Ma  résolution,  madame,  est  qu'on  les 
marie,  et  tout  au  plus  vite,  ils  seront  fort  bien  en- 
semble ;  il  n'y  aura  du  moins  qu'un  ménage  de  gâté, 
lUNCODRT,  la  Parisienne,  se.  dern.  Vous  voyez 
bien  qu'il  n'y  a  là  qu'un  ménage  de  gâté  [il  s'agit 
d'un  homme  marié  qu'on  voulait  enfermer],  volt. 
L^tt.  Élie  de  Ilcaumoitt,  24  janv.  I770.  Je  viens  de 
Tre  Manlius;  il  y  a  de  grandes  beautés,  mais  elles 
son'  plus  historiques  que  tragiques,  et,  à  tout  pren- 
li'e,  ce'.te  pièce  ne  me  paraît  que  la  conjuration  de 
Venise  de  l'abbé  de  Saint-Réal  gâtée,  m.  Lett.  d'Ar- 
fffnlai,  juin. I7H.  Il  Fig.  11  n'y  a  rien  de  gâté,  l'af- 
faire n'est  pas  perdue,  les  choses  peuvent  se  rac- 
commoder, r^issez-moi  faire,  il  n'y  a  encore  rien 
do  gâté,  MARIVAUX ,  .S'crm.  indue,  v,  2.  ||  En  sens 
contraire,  tout  est  gâté,  tout  est  perdu.  Faites  des 
vers  comme  Racine,  Passez  les  dieux  en  bonne 
mine.  Et  Myrtil  en  fidélité;  Soyez  absent,  tout  est 
gâté,  MALÉziKU,  dans  Trivoux.  ||  8°  Blessé,  meur- 
tri. Et  vraisemblablement  La  Rappinière  était  gâté 
gans  le  vaillant  défenseur  que   Dieu  lui   suscita, 

scARR.   nom.  com    i,   3 Voilà  mon   loup  par 

terre.  Mal  en  point,  sanglant  et  gâté,  la  font. 
l'abi.  XII,  17.  Il  <•  Sali,  couvert  d'ordure.  Mais, 
pour  vous  régaler  Du  souci  qui  pour  elle  ici  vous 
inquiète.  Elle  vous  fait  présent  de  cette  casso- 
lette. --  Ki  I  cela  sent  mauvais  et  je  suis  tout  gâté, 
MOL.  r«.  m,  13.  Il  8"  Altéré  par  la  putréfaction. 
Viande  gâtée.  FruiU  gâtés.  ||  S.  m.  Le  g.'ité,  la 
partie  gâtée,  ôtcz  le  gâté  de  cette  pomme,  le 
reste  est  'bon.  ||  Fig.  Si  mon  livre  vous  avait 
généralement  déplu  ,  je  l'aurais  entièrement  ef- 
facé; mais,  puisqu'il  a  quelques  parties  saines, 
J'ai  cru  qu'il  me  suffisait  de  retrancher  le  gâté 
pour  vous  obliger  de  souffrir  le  reste,  Balzac,  lolt. 
<«,  liT.  VI.  116"  Affecté  d'une  maladie  qui  vicie  le 
""8,  et,  particulièrement,  d'une  maladie  syphi- 
litique. Il  vaut  mieux  que  l'enfant  suce  le  lait 
a-une  nourrice  en  santé  que  d'une  mère  gâtée,  j.  j. 
•ouss.  Em.  I.  J'achète  cher  un  œuf  frais ,  il  est 
n«ux  ;  un  b«aa  fruit,  il  est  vett;  une  fille   elle  est 


gâtée,  IT).  Conf.  i.  M.  le  mairj  prit  à  Chriiitûphe  sa 
fille  unique,  et  au  bout  de  huit  jours  la  lui  rendit 
gâtée,  p.  l.  cour.  Cazetle  du  villafie.  \\  7"  Atteint  de 
quelque  altération  morale.  Un  homme  qui  n'a  pas 
l'esprit  gâté  n'a  pas  besoin  qu'on  lui  prouve  son 
franc-arbitre;  car  il  le  sent,  boss.  Connaiss.  l,  I8. 
Il  n'est  point  gâté  de  dix  ans  d'ambassade,  sEv. 

10  janv.  4  680.  Les  princes  gâtés  par  la  flatterie  trou- 
vent sec  et  austère  tout  ce  qui  est  libre  et  ingénu, 
FÉN.  Tél.  XIV.  Tu  aurais  fait  quelque  autre  faute;  car 
il  fallait  que  tu  en  fisses,  étant  aussi  gâté  que  tu 
l'étais  par  la  mollesse,  par  l'orgueil,  et  par  la  haine 
des  conseils  sincères,  id.  Dial.  des  morts  anc. 
(Xerch  et  Léonidas).  X  la  nouvelle  du  départ  de 
Napoléon,  gâtés  par  l'habitude  de  n'être  commandés 
que  par  le  conquérant  de  l'Europe,  n'étant  plus  sou- 
tenus par  l'honneur  de  le  servir,  et  dédaignant  d'en 
garder  un  autre,  ces  vétérans  [la  vieille  garde]  s'é- 
branlèrent à  leur  tour  et  tombèrent  dans  le  désor- 
dre, sÉGUR,  Hist.  de  Nap.  xii,  t.\\  Il  se  dit  dans  un 
sens  analogue  d'un  siècle,  d'une  littérature,  d'une 
langue.  Un  siècle  malade  et  généralement  gâté.  Et 
cependant,par  l'influence  d'une  langue  gâtée  comme 
la  littérature  de  leur  temps,  Augustin  et  Tertullien 
ne  paraissent  souvent  que  des  génies  sans  goût  et 
d'éloquents  barbares,  vjllemain,  Dict.  de  l'Acad. 
préface,  p.  x.  |{  8°  Qui  est  en  butte  à  des  complai- 
sances excessives,  à  des  flatteries,  etc.  Une  femme 
gâtée  par  son  mari.  {|  Enfant  gâté,  enfant  que  ses 
parents  gâtent  par  une  trop  grande  indulgence. 
C'est  une  fille  unique....  fille  g.itée,  maintenon,  Lett. 
à  if.  d'Aubigné,  28  février  1678.  ||  Gâté  des  hommes, 
de  la  fortune,  se  dit  de  celui  qui  a  eu  toutes  sortes 
il'avantages.  C'était  bien  ,  comme  on  le  disait ,  un 
vieil  enfant  gâté  de  la  fortune,  marmontel,  Mém. 
IV.  Il  On  dit  aussi  en  parlant  d'un  homme  :  C'est 
l'enfant  gâté  des  dames. 

GÂTEAU  (gâ-t6),s.  m.  ||1°  Pâtisserie  faite  avec 
de  la  farine,  du  beurre  et  des  œufs.  Il  me  reste  un 
gâteau  de  fête;  Demain  nous  aurons  du  pain  noir, 
BÉRANG.  Yiol.  brisé.  \]  Gâteau  des  Rois,  gâteau  qu'on 
mange  le  jour  des  Rois,  et  dans  lequel  il  y  a  une  (êve. 

11  Fig.  Trouver  la  fève  au  gâteau,  faire  quelque 
heureuse  rencontre,  avoir  quelque  bonne  chance  ; 
locution  tirée  du  gâteau  des  Rois  contenant  une 
fève  qui  fait  roi  du  repas  celui  à  qui  elle  échoit 
dans  sa  part.  ||  Fig.  Je  ne  mange  pas  mon  gâ- 
teau dans  ma  poche,  c'est-à-dire  je  yeux  donner 
une  part  du  profit  de  l'affaire  à  ceux  qui  me  l'ont 
procurée.  ||  Gâteau  h  la  minute ,  voy.  tôt-fait. 
li  Gâteau  de  riz,  gâteau  de  pommes  de  terre,  gâ- 
teau où  le  riz,  la  pomme  de  terre  remplacent  la 
farine.  {|  2"  Fig.  Quelque  bon  morceau,  quelque 
afTaire  utile  ,  avantageuse.  Avoir  part  au  gâteau. 
Ils  firent  tous  ripaille.  Chacun  d'eux  eut  part 
au  gâteau,  la  font.  Fabl.  viii,  7.  Le  moins  de 
gens  qu'on  peut  à  l'entour  du  gâteau.  C'est  le 
droit  du  jeu,  c'est  l'afl'nire,  iD.ib.  x,  is.  Vous  avez 
bonne  part  au  gâteau,  th.  corn.  D.  Bertr.  de  Ci- 
garral,  m,  2.  X  tout  gâteau  leur  main  fait  large 
entaille.  Car  ils  sont  grands,  même  infiniment  grands, 
BÉBANG.  10000  fr.  Il  Partager  le  gâteau,  partager  le 
profit.  En  partageant  avec  moi  le  gâteau,  lesagk.  Cil 
Plas,  VII,  16.  Il  II  se  prend  d'ordinaire  en  mauvaise 
part.  Au  lieu  d'enchérir,  ils  se  sont  partage  le  gâ- 
teau. Il  3° Certaines  sucreries  qui  tiennentde  la  con- 
serve. Gâteau  à  la  crème.  Gâteau  de  Savoie.  Gâteau 
aux  confitures.  ||  4°  Certains  entremets  de  gibier  ou 
de  venaison  en  hachis  et  qui  doivent  être  servis 
en  terrine.  Gâteau  de  lièvre  aux  truffes.  ||  6"  La 
gauffre  où  les  abeille»  font  la  cire  et  le  miel.  Ixs 
abeilles  construisent  fort  souvent,  dans  un  gâteau 
([ui  n'a  que  deux  à  trois  pouces  en  carré,  deux  à  trois 
cellules  royales,  bonnet,  b»  mém.  Abeilles.  ||  6°  Masse 
de  résine  pour  isoler  les  corps  qu'on  veut  électriser. 
Il  7°  Terme  de  sculpture.  Morceau  de  cire  ou  de 
terre  dont  les  sculpteurs  remplissent  les  creux  d'un 
moule.  Il  8°  Terme  de  chirurgie.  Masse  de  charpie 
appliquée  par  coiichesplusoumoinsépaisses.  ||  Terme 
de  pathologie.  Gâteau  fébrile,  nom  donné  quelque- 
fois à  la  tuméfiction  de  la  rate,  dans  les  fièvres 
intermittentes.  ||  Terme  d'anatomie.  Gâteau  placen- 
taire, nom  donné  quelquefois  au  pLiccnta.  ||  9°  Masse 
de  métal  se  figeant  après  fu.sion,  dans  le  fourneau. 
Il  10"  Très-familièrement,  et  par  une  espèce  de  jeu 
de  mots  entre  gâteau  et  gâter.  C'est  un  père  gâteau, 
un  papa  gâteau,  c'est  un  père  qui  gâte  ses  enfants. 

—  HIST.  xin's.  Nul  talemelicr  [boulanger]  nepuct 
faire  plus  grant  pain  de  (!»ux  deniers,  se  ce  ne  sont 
gastel  à  présenter,  ne  plus  petit  de  obole,  se  ce  ne 
sont  eschaudés,  Liv.  de»  mél.  1 1 .  De  celé  part  est  11 
chastiaus  Si  fiebles,  qu'un  rostis  gastians  Est  plus 
fors  à  partir  en  quatre  Q  c  ne  sunt  li  mur  à  aba- 


GÂT 

tre,  la  Rose,  7952.  ||  xvr  s.  Et  ceux  qui  alors  »e 
trouveroyent  en  main  les  forts  chasleaux  des  giosses 
villes,  pensez  s'ilz  voudroient  avoir  part  au  gas- 
teau,  LANOiE,  27.  Il  me  semble  qu'il  vautmieux  at- 
tendre à  départir  le  gasteau,  quand  nous  l'aurons 
entre  mains,  id.  4B5.  Avecques  ces  belles  persua- 
sions, plusieurs  ont  fait  des  expériences  infinies, 
pour  trover  (comme  on  dit)  la  fève  au  gasteau,  ii>. 
461.  Martiguesne  faudra  point  d'entamer  le  gasteau 
[d'attaquer],  d'aub.  Hist.  i,  268,  ii,  9B.  Gasteau  et 
mauvaise  coustume  se  doivent  rompre,  cotgrave. 

—  ETYM.  Picard,  wastei;  wallon,  tcaitai;  provenc 
gastal;  du  moyen  haut- allemand  wastel,  gâteau. 
Dans  l'ancien  français,  le  nominatif  est  ligastels  ou 
gastaus,  et  le  régime  le  gastel.  Peut-on  rapprocher 
l'allemanil  wastel  de  wastjan,  gâter,  perdre  ?  letcoî- 
tel  aurait-il  été  dit  farine  perdue  à  cause  de  la  dé- 
pense qu'il  causait?  Il  y  a  dans  la  Flandre  française 
un  gâteau  (brioche  frite)  qu'on  nomme  pain  perdu. 

f  GÂTE-BOIS  (gâ-teboi),  s.  m.  Insecte  du  genre 
cossus,  qui  ravage  surtout  les  ormes,  cossus  lig.ri- 
perda.  ||  Au  plur.  Des  gâte-bois. 

—  ÊTYM.  Gdter,  bois. 

GÂTE-ENFANT  (gâ-tan-fan)  ,  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  par  excès  d'indulgence  g4te  un  enfant. 
C'est  un  vrai,  c'est  une  vraie  gâle-enfant.  \\Auplur. 
Des  gâte-enfant  ou  enfants. 

—  ÉTYM.  Gdter,  enfant. 

t  GÂTE-MAISON  (gâ-te-mê-zon),  t.  m.  Par  anti- 
phrase, domestique  qui  prend  trop  les  intérêts  de 
SCS  maîtres.  Vous  êtes  un  vrai  gâte-maison,  le  sage, 
Gxl  nias,  VII,  U.||Att  plur.  Des  gâte-maison  ou 
maisons. 

—  ÊTYM.  Gdter,  maison,  ainsi  dit  parce  que  le 
bon  serviteur  gâte  le  service  pour  ceux  qui  vien- 
dront après,  en  le  faisant  trop  bien  et  en  rendant 
difficiles  les  maîtres  de  la  maison. 

t  GÂTE-MÈNAGE  (gâ-te-mé-na-j'),  s.  m.  ^es  do- 
mestiques appellent  ainsi  celui  qui  porte  leurs  maî- 
tres à  retrancher  quelque  chose  de  la  dépense  de 
la  maison.  ||  Au  plur.  Des  gâte-ménage  ou  menaget. 

—  ÊTYM.  Gdter,  ménage,  voy.  gâte-maison,  à  l'é- 
tymologie. 

GÂTE-MÉTIER  (gâ-te-mé-tié),  î.  m.  Celui  qui 
donne  sa  marchandise  ou  sa  peine  à  trop  bas  prix. 
Il  [tiuinaut]  leur  a%-ait  fait  espérer  [aux  apothicai- 
res] qu'il  les  rétablirait  dans  les  familles,  d'où  le 
Médecin  charitable  et  les  pédants,  les  maîtres  des 
arts  et  gâte-métiers  les  avaient  chassés;  voilà  com- 
ment cet  homme  appelle  de  fort  honnêtes  gens, 
gui-patin.  Lettres,  t.  ii,  p.  476.  Il  y  a  partout  des 
gâte-métier  et  cet  écrivain  en  est  un,  d'alembert, 
Lett.  à  Voltaire,  24  janv.  4  778.  ||  Au  plur.  Des 
gâte-mélier  ou  métiers. 

—  ÉTYM.  Gdter,  métier,  voy.  gXte-maison,  à  l'éty- 
mologie. 

t  GÂTE-PAPIER  (gâ-te-pa-pié) ,  I.  m.  Mauvais 
écrivain.  \\Auplur.  Des  gâte-papier. 

GÂTE-PÂTE  (gâ-te-pâ-t'),  s.  m.  Mauvais  boulan- 
ger, ou  mauvais  pâtissier.  |{  Kig.  Tout  homme  qu: 
lait  mal  ce  qui  est  de  son  métier,  de  sa  profession. 
\\  Au  plur.  Des  gâte-pâte. 

—  ETYM.  Cdter,  pdic. 

GÂTER  (gâ-té),  V.  a.  ||  1°  Ravager,  diivaslcr  (sens 
vieilli).  L'armée  ennemie  gâta  le  pays  en  se  reti- 
rant. Son  discours  dura  tant  que  la  maudite  en- 
geance Eut  le  tempsdeg.Tteren  cent  lieux  le  jardin, 
LA  FONT.  Fabl.  IX,  5.  Il  2"  Mettre  en   mauvais  état, 
détériorer.  Le  tailleur  a  gâté  votre  habit.  Il  a  gâté  sa 
maison  en  la  voulant  embellir.  Si  je  gâte  ces  (leurs, 
tu  les  peux  corriger,  rotr.   Ilerc.  mour.  i,  3.  Le» 
Russes  se  retirèrent  vers  le  Uoryslhène,  gâtant  tous 
les  chemins,  volt.  Charl.  xii,  4.  Nous  gâtions  le» 
outils  de  mon  bon  vieux  grand-père  pour  faire  de» 
montres,  j.  j.  Rooss.  Confess.  1. 1|  Pig.  L'âge  a  gâté 
la  main  à  ce  peintre,  à  ce  chirurgien,  à  cet  écrivain, 
il  leur  a  rendu  la  m>iin  moins  légère.  i{  Fig.  Se 
gâter  la   main,  s'habituer  à  négliger  les  régies  do 
lart  en  faisant  des  travaux  peu  soignés.  ||  3°   Par 
extension,  il  se  dit  des  choses  qui  Aient  la  forme, 
la  régularité.  On  ne  s'en  tint  pas  à  l'utile,  on  vou- 
lut des  embellissements;  des  maisons  de  pierre  gâ- 
taient la  place  du  palais  [à   Viiepsk],    l'empereur 
ordonna  à  sa  garde  de  les  abattre  et  d'en  enlever  les 
débris,  SÉGUR,  Ilist.  de  Nap.  y,  i.  ||  i^Kig.  Allé.-erles 
choses  morales,  intellectuelles,  les  afTaircs.  L'aflec- 
tation  gâte  les  dons  naturels.  Ces  fâcheux  souvenirs 
vinrent  gâter  notre  plaisir.  Pour  moi  je  ne  tiens  pas, 
(|uelque  effet  qu'on   suppose,  Que  la  science  soit 
pour  gâter  quelque  chose,  mol.  F.sav.  iv,  3.  Vous 
savez  que  votre  présence   ne  gâte  jamais  rien,  ID. 
Am.  magn.  i,  ).  Redoutons  l'anglomanie,  elle  a  déjè 
gâté  tout,  volt.  Bon  Français.  Tout  cela  serait  dé* 


G  AT 

licieui,  mais  vûusme  gâtez  tout  (par  votre  absence], 
VOLT,  l.elt.  d'Argental;  S7  avr.  )7B|.  ||  Familière- 
ment. Gâter  les  affaires,  empêcher,  par  imprudence 
ou  par  malice,  qu'uue  affaire  ne  se  conclue,  qu'un 
raccommodement  ne  s'accomplisse ,  etc.  C'est  le 
moyen  de  gâter  les  affaires,  mol.  Tart.  m,  4.  ||  On 
dit  dans  le  même  sens  :  Cet  événement  pourrait 

bien  gâter  les  affaires Et  monsieur  là-dessus 

Est  venu  brusquement  gâter  tout  le  mystère,  re- 
ONABD,  Distrait,  iv,  2.  Les  gens  indifférents  gâ- 
tent tout,  MARIVAUX,  Jeuxdel'am.  et  du  hasard,  m, 
«.  Il  Gâter  ses  affaires,  perdre  la  faveur  qu'on  avait 
auprès  d'une  personne.  Tenez-vous  et  n'allez  point 
gâter  vos  affaires,  hamilt.  Gramm.  s.  ||  En  un  sens 
contraire.  Cela  ne  gâtera  rien,  il  n'en  résultera  au- 
cun donimage  pour  l'affaire  dont  il  s'agit.  La  pré- 
sence de  monsieur  ne  gâtera  rien,  et  peut-être 
pourm-l-il  nous  être  utile,  rkgnard,  la  Sérénade,  6. 
UnDiogène  insupportable.  Moitié  sophiste  et  moitié 
chien.  Croit  placer  le  souverain  bien  X  donner  tous 
les  rois  au  diable....  Mais  être  roi  ne  gâte  rien, 
Lorsque  d'ailleurs  on  est  aimable,  volt.  Lett.  envers 
et  en  prose,  76.  |)  Ce  qui  ne  gâte  rien,  s'ajoute  aune 
phrase  pourrelever  quelque  qualité  ou  circonstance. 
Il  est  bel  homme,  et  de  plus  riche,  ce  qui  ne  gâte 
rien.  Mais  quand  elle  [l'abeille]  a  le  don  de  plaire, 
Ce  superflu  ne  gâte  rien,  volt.  Lett.  à  Cath.  4.  ||  Gâ- 
ter le  métier,  faire  trop  bon  marché  de  sa  peine  ou 
de  sa  marchandise,  en  sorte  que  cela  fait  tort  aux 
autres.  ||  Fig.  Gâter  le  métier,  faire  que  ce  que  font 
les  autres  paraît  peu  de  chose.  C'est  un  mari  trop 
complaisant  pour  sa  femme,  il  gâte  le  métier.  Écri- 
vez à  votre  frère,  il  a  fort  bien  fait;  j'ai  sa  procu- 
ration; on  l'admirerait  si  vous  ne  gâtiez  point  le 
métier  ;  mais  vos  sentiments  sont  d'une  perfectiun 
qui  efface  tout,  sÉv.  471.  ||  5°  Salir,  tacher.  Ces  écla- 
boussures  ont  gâté  mon  habit.  Il  disait  bien ,  car 
on  n'avait  jeté  Cette  immondice  et  la  dame  gâté, 
Ou'afin  qu'elle  eût  quehiue  valable  excuse  Pour 
éloigner  son  dragon  quelque  temps,  la  font.  On 
ne  s'avise  jamais  de  tout..  \\  Fig.  Gâter  du  papier, 
écrirn  beaucoup  et  mal,  ou  écrire  des  choses  inu- 
tiles. Il  6°  Gâter  quelqu'un,  nuire  à  sa  réputation,  le 
desservir.  Cette  action  l'a  bien  gâté  dans  le  monde, 
dans  l'esprit  des  honnêtes  gens.  Puisque  je  ne  trou- 
vais pas  ce  service  [les  sacs]  au-dessous  de  moi,  les 
gendarmes  et  les  chevau-légcrs  ne  seraient  ni  dés- 
honorés ni  gâtés  de  m'imiter,  st-stm.  4,  29.  ||7°  Al- 
térer par  la  putréfaction.  La  chaleur  ne  tarde  pas  à 
gâter  la  viande.  ||  8°  Communiquer  une  maladie  hon- 
teuse. Ah!  voulez-vous,  Jean-Jean,  nous  gâter  tous? 
BOiL.  Épigr.  3.  Il  9°  Fausser  le  jugement.  Notre  con- 
citoyen, disaient-ils  en  pleurant.  Perd  l'esprit,  la 
lecture  a  gâté  Démocrite,  la  font.  Fabl.  viii,  26. 
La  gangrène  ne  suppose  pas  la  gangrène  dans  un 
corps  qu'elle  corrompt  ;  ni  par  conséquent  les  héré- 
siarques ne  trouvent  pas  leur  erreur  déjà  établie 
dans  les  esprits  qu'elle  gâte,  Boss.  Yar.  xv,  §  46. 
Cette  dame,  célèbre  par  ses  connaissances  singuliè- 
rer.  en  mathématiques,  ne  pouvait  souffrir  les  fables 
que  le  temps  a  consacrées,  qu'il  est  aisé  de  répéter, 
qui  gâtent  l'esprit  et  qui  l'énervent,  volt.  Fragm. 
sur  l'hist.  art.  ).||10'>Fig.  Corrompre,  dépraver. 
Cette  mauvaise  connaissance  a  achevé  de  le  gâter. 
Si  le  monde  ne  vous  gâtait  pas,  il  vous  ennuierait, 
MAINTENON,  Lett.  à  M.  d'Aubigné,  3  janv.  (681. 
C'est  un  fils  obéissant,  celui-là,  qui  n'a  jamais  été 
gâté  par  Frontin,  bhueys.  Muet,  i,  6.  D'accord,  son 
cieur  novice  à  l'infidélité.  Par  le  commerce  humain 
n'est  pas  encor  gâté,  reonard,  Démocr.  i,  4.  Là 
les  censeurs  seraient  gâtés  par  ceux  mêmes  qu'ils 
devraient  corriger,  montesq.  Esp.  v,  19.  Je  ne  nie- 
rai point  qufiParis  ne  puissegâter  un  jeune  homme, 
GEhLis,  Thédt.  déduc.  le  Vrai  sage,i,  3.  ||  11°  Entre- 
t»nir  les  faiblesses,  les  défauts,  les  vices  de  quel- 
qu'un par  trop  de  complaisance,  de  douceur.  Je  veux 
?tre  pendu,  si  nous  ne  les  verrions  [les  femmes] 
5auter  à  notre  cou  plus  que  nous  ne  voudrions. 
Sans  tous  ces  vils  devoirs  dont  la  plupart  des  hom- 
mes Les  gâtent  tous  les  jours,  dans  lesiècle  où  nous 
sommes,  mol.  Dép.  atn.  iv,  2.  Vous  me  gâtez  si  fort 
car  l'amitié  que  vous  avez  pour  moi  que....  sÉv.  345. 
Sa  mère  regardait  déjà  Floride  comme  une  reine,  et 
lagâtaitparsescomplaisances,PÉN. t. XIX,  p.  I3. Sou- 
vent le  plaisir  qu'on  veut  tirer  des  jolis  enfants  les 
gâte,  ID.  Éduc.  filles,  chap.  3.  Le  duc  le  gâtait  par 
les  louanges  qu'il  donnait  à  sa  voix,  uamilï.  Gram. 
7.  Ne  nous  gâtez  point  Soliman,  favart,  Soltman. 
M,  n,  (4.  J'y  fus  d'autant  plus  sensible  que  je  n'é- 
tais pas  accoutumé  d'être  gâté  par  les  ministres, 
j.  J.  Rouss.  Conf.  XI.  Vous  verrez  dans  mon  dis- 
cours un  petit  mot  de  correction  fraternelle  pour  ce 
gentilhomme  qui  était  présent,  et  qui,   à  ce  que  je 


GÂÏ 

crois,  l'aura  sentie,  car  je  ne  gâte  pas  ces  messieurs,  1 
d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  2  janv.  1769.  Mélanide  : 
Nous  avons  tort,  nous  la  gâtons.  — Dorine  :  Oh!  ma- 
dame, ce  n'estpas  un  caractère  comme  le  sien  qu'on 
peut  gâter,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  l'Enfant  gdté,  I, 
).  Il  On  dit  familièrement  qu'un  homme  a  été  gâté, 
quand,  ayant  vu  trop  de  belles  choses,  il  devient  dif- 
ficile et  dédaigneux.  L'Amérique  m'a  un  peu  gâté 
sur  le  compte  des  fleurs,  cnATEAUB.  Itin.  t'*  part. 
Il  12°  Se  gâter,  v.réfl.  Devenir  détérioré.  Comme  il 
est  naturel  à  l'homme  de  corrompre  les  meilleures 
choses,  cette  science  qui  a  mérité  de  si  grands  élo- 
ges, se  gâte  le  plussouvent  en  nos  mains  par  l'usage 
que  nous  en  faisons,  boss.  Panég.  sainte  Cather. 
Préambule.  ||  II  se  dit  des  affaires  qui  vont  mal.  Les 
affaires  de  mon  père  commençaient  à  se  gâter  dans 
le  temps  qu'il  vint  à  connaître  ma  mère,  et  elles  ne 
firent  qu'empirer  par  cet  amour  et  cet  attachement 
qu'il  eut  pour  elle,  où  tout  allait  de  grand  seigneur 
à  grande  dame,  le  sage,  Gu!m.  d'Àlfar.  < ,  2.  ||  Ab- 
solument. Cela  se  gâte,  les  choses  prennent  une 
mauvaise  tournure.  S'il  ne  cesse  de  le  taquiner,  cela 
se  gâtera,  la  personne  taquinée  se  fâchera.  ||  Le 
temps,  le  ciel  se  gâte,  il  se  couvre  de  nuages,  nous 
aurons  de  l'eau.  ||  13°  Être  attaqué  par  la  corruption. 
Ces  fruits  commencent  à  se  gâter.  Ce  vin  s'est 
gâlé.  Il  14°  Fig.  Se  salir.  Les  affaires  publiques  sont 
souvent  saleset  pleines  d'ordure:  on  se  gâte  pour 
peu  qu'on  les  touche,  balz.  Ariste  ou  de  la  cour. 
Avant-propos.  \\  Il  s'est  bien  gâté,  il  s'est  bien  dé- 
crié, sa  réputation  a  bien  déchu.  ||  Fig.  Etre  changé 
de  bien  en  mal.  Chez  ce  peuple,  le  goût  et  les 
mœurs  se  gâtèrent  rapidement.  Mais  ne  vous  gâtez 
pas  sur  l'exemple  d'autrui,  mol.  Êc.  des  femmes,  ni, 
2.  Les  autres  se  gâtaient  par  le  mélange,  boss. 
Hist.  III,  7. 

—  HIST.  xi° 3.  Charles  li  magnes  ad  Espagne  guas- 
tede,  Ch.  de  Bol.  liv.  ||  xii'  s.  Et  joie  a  povre  .savor. 
Oui  en  tel  lieu  est  gastée,  Cowci,  i.  Si  que  mis  [mon] 
sancs  i  fust  en  partie  wastez,r/i.  le  mart.  120.  Ensi 
est  del  felun  cum  il  fu  del  senglerDont  vus  avezoï 
en  Avien  cunter,  Qui  soleit  les  frumenz  al  riche 

humme  guaster,  ib.  3i.  ||xiu"  s Li  Sarrasin  de 

Perse  orent  grant  force  contre  les  cresticns,  et  gas- 
terent  Jérusalem,  BRUN.  lat.  Très.  p.  83.  Lores  te  mé- 
tras à  la  voie.  Et  si  iras  par  tel  convent,  Qu'à  ton  esme 
[dessein]  faudras  souvent  Et  gasteras  en  vain  tes 
pas,  Ce  que  tu  quiers  ne  verras  pas,  ia  Rose,  2334.  Or 
m'en  lessiés  du  tout  ester  [laissez-moi  en  repos]  ; 
Car  vosporriez  bien  gaster  En  oiseuse  vostre  fran- 
çois,  ib.  3098.  Moult  estoit  sa  [de  Vieillesse]  biauté 
gastée,  Et  moult  est  lede  devenue ,  th.  344.  ||  xiv  s. 
Ceux  qui  sont  incontinens  et  qui  vivent  par  desat- 
trempance,  et  gastent  leurs  peccunes  ou  leur  sub- 
stance, nous  les  appelions  prodiges  [prodigues], 
ORESME,  Eth.  (02.  Et  en  telx  choses  usent  et  gastent 
leur  temps,  id.  ib.  92.  Voy  comment  la  nuit  et  le  jour  se 
gaste  le  temps,  Ménagier,  i,  3,  ||  xvs.  J'ai  tantaffaire 
que  je  ne  sçai  au  quel  entendre,  et  en  ay  la  teste 
toute  gastée.  Us  Quinxe  joies  du  mariage,  p.  97, 
dans  lacurne.  Tesmoignerent  les  dames  que  au- 
jourd'hui ont  eslé  quatorze  chevaulx  dessoubz  luy 
que  mors  que  gastez,  Percefor.  t.  m,  f°  <  H .  ||  xvi"  s. 
Par  quoy,  craignant  Gargantua  que  il  se  guasta.st 
[se  blessât],  feit  faire  quatre  grosses  chaisnes  de  fer 
pour  le  lyer  dans  son  berceau,  rab.  Pant.  ii,  4.  11 
en  advint  un  inconvénient  bien  grand  :  tout  le  bon 
vin  d'Aurelians  poulsa  et  se  guasta  [devint  mau- 
vais], ID.  l'b.  II,  7.  Ce  n'est  pas  assez  que  nostre 
institution  ne  nous  gaste  pas;  il  fauit  qu'elle  nous 
change  en  mieulx,  mont,  i,  147.  À  faute  de  celte 
proportion  [dans  les  leçons  qu'on  donne]  nous  gas- 
tons  tout,  m.  i,  <60.  Qu'on  arrose  d'eau  le  jardin, • 
Mais  d'en  aller  gaster  le  vin  Seroit-ce  pas  grand  of- 
fense? JEAN  LE  HOUX,  IX.  Un  soudard,  mal  sain  de  sa 
personne,  et  gasté  dedans  le  corps,  amyot  ,  Pélop.  i . 
Certaines  mariées  font  mesmes consentir  àleurs  ma- 
ris, que  la  moitié  de  leur  dot  se  gaste  en  beaux  or- 
nemenspour  leurs nopces,  LANGUE,  33o.  Non  content 
de  cela,  il  [Henri  IV]  se  mit  à  lui  retrancher  [à 
d'Aubigné]  ses  appointemens  et  prenoit  plaisir  à 
gaster  ses  habits  pour  le  mettre  en  dopence,  d'aub. 
Vie,  XLiii.  Ces  admonitions  nous  serviront,  à  ce  que 
nous  ne  gastions  nos  serviteurs  par  trop  de  douceur, 
0.  DE  SERRES,  40.  Vous  mignottez  cest  enfant  si 
très  fort  que  vous  le  gastereiî,  palsgr.  p.  483.  Con- 
fesse la  vérité  sans  te  laisser  ainsi  gaster  [tourmen- 
ter par  la  torture],  aussi  bien  sçavons  nous  tout. 
Nuits  de  Straparole,  t.  ii,  p.  soi,  dans  lacurne. 
C'est  tout  un, disent-ils;  pays  gasté  n'est  pas  perdu, 
MONTLUC,  Mém.  t.  Il,  p.  167,  dans  lacurne.  Consi- 
dérez le  avec  une  comparaison  de  tant  d'autres  per- 
sonnes qui  valent  mieux  que  vous,  les  quelles  sont 


GAU 


1843 


destituées  de  ces  benences  :  les  uns  gantez  ae  corps, 
(le  santé,  de  membres,  st François  de  sales,  p.  404  . 

—  Rtvm.  Berry,  ndter,  blesser  grirvemont;  picard, 
iiater;  provenç.  ijaslar,  guastar ;  espagn.  gastar; 
ital.  guastare;  du  latin  «)a,ç((jre,  rav.iger,  de  rastus, 
vaste,  rendre  vaste,  désoler.  Cependant  il  y  a  uu 
mot  germanique  wastjan,  ravager,  qui  a  pu  con- 
tribuer à  changer  le  ti  latin  en  g  ou  gu,  mais  qui 
aurait  donné  plutfit  gastir  [gaslir  a  existé  en  effet  ; 
voy.  gXtine). 

t  GATERIK  (gâ-te-rie),  s.  f.  Action  de  gâter,  ca- 
jolerie, petits  soins.  On  ferait  un  volume  avec  tous 
les  détails  de  gâterie  dont  ce  fils  avait  été  l'objet, 
Souvenirs  de  Mmede  Créquy,  dans  le  Dict.  d«DOCiiEz. 

—  Etym.  Gâter. 

tGÂTE-SACCE  (gâ-te-sô-s'),  ».  m.  Marmiton; 
mauvais  cusinier.  Messieurs,  chef,  sou.s-chef,  ai- 
des, marmitons,  tourne-broches,  gâte-sauces,  vous 
avez  travaillé  hier  toute  la  journée ,  vous  avez  passé 
la  nuit  sur  vos  fourneaux,  scribe  et  mazêres,  Yatel, 
se.  4.  Il  Au  plur.    Des   gâte-sauce  ou  sauces. 

—  KTYM.  Gdler,  sauce. 

f  GÂTEUR,  ECSE  (gâ-tour,  teû-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  gâte.  Gâteur  d'enfants. 

—  liTYM.  Gdler.  Le  substantif  verbal  de  gaster  sa 
trouve  dans  l'ancien  français  sous  là  forme  de  gasiere, 
gasteor,  mais  il  signifie  un  ravageur,  un  prodigue. 

t  GÂTEUX,  EUSE  (gâ-teû,  teû-z') ,  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Terme  d'hôpitaux  et  d'hospices.  Paralytique  et 
infirme  ,  qui  rend  involontairement  les  urines  et 
les  selles,  et  dès  lors  exige  des  soins  particuliers. 
Il  Adj.  Un  malade  gâteux.  ||  2°  Aliéné  chez  lequel 
l'intelligence  est  profondément  affaiblie,  et  qui  se 
salit  aussi  d'urine  et  de  matières  fécales. 

—  F.TYM.  Gâter. 

f  GiTINE  (gâ-ti-n'),  s.  f.  Dans  l'ancien  français, 
lieu  désert.  ||  Nom  donné  dans  le  Nivernais  à  uu 
canton  désert. 

—  HlST.  XII*  s.  David  conversoit  au  désert,  là  où 
il  trouvoit  les  fermetez  [forteresse],  et  demeuroit  en 
un  mont  de  la  guastine  de  Ciph,  Rois,  p.  91. 

—  ErvM.  L'ancien  verbe  gastir,  ravager,  de  l'anc. 
haut-allem.  wctstjnn,  ravager. 

t  GATO.V  (ga-ton),  i.  m.  Terme  de  marine.  Eâtoa 
pour  faciliter  le  commettage  des  gros  cordages. 

—  HIST.  xiv*  s.  L'exposant  prist  un  baston  ougas- 
ton  de  bois  de  la  ditte  charrette,  du  cange,  g. 

ÉTYM.  Bâton,  le  b,  comme  on  voit  à  l'histori- 
que, pouvant  se  changer  en  g. 

f  GATTE  (ga-f).  s.  f.  Terme  de  marine.  Nom 
d'un  retranchement  pratiqué  au  dedans  d'un  vais- 
seau, à  l'avant,  pour  recevoirl'eau  qui  entre  parles 
écubiers. 

GATTILIFER  (ga-ti-lié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  ga-ti-lié-z  en  (leurs),  s.  m. 
Genre  vitex,  famille  des  verbénacces.  Le  gattilier 
commun  est  le  vilex  agnvs  castus,  L. 

—  f.TYM.  Origine  inconnue. 

t  GATTI.NE  (ga-tti-n"),  s.  f.  Maladie  des  vers  à  soie. 

f  GAU  (gô),  s.  m.  Terme  de  pêche.  L'eslom.-io  de 
la  mqrue.  On  dit  aussi  meulette. 

GAUCHE  (g4-ch'),  ad/.  Il  1°  Oni  est  de  travers. 
Cette  règle  est  gaucho.  Cette  table  est  gaucher  Du 
bois  gauche,  du  l)ois  qui  n'est  pas  droit.  Sa  UiUe  est 
assez  gauche,  mol.  l'Avare,  iv,  3.  ||  Qui  se  présente  en 
obliquité.  L'hélice  [des  bateaux  à  vapeur]  est  tou- 
jours composée  d'ailes  obliques  et  en  métal  dont  la 
surface  est  gauche  comme  celle  des  moulins  à  vent, 
Acad.  des  se.  comptes  rendus,  t.  lu,  p.  341.  ||  Terme 
de  géométrie.  Surfaces  g.iuches,  surfaces  qui,  en- 
gendrées par  une  ligne  droite,  ne  sont  pas  déve- 
loppables  sur  un  plan.  ||  Par  extension.  Nous  nous 
sommes  trouvés  aux  Rochers,  mais  encore  tout  gau- 
ches et  mal  rangés,  sév.  430.  ||  Fig.  Les  lois  des  Wi- 
sigoths  sont  puériles,  gauches,  idiotes,  montfsq. 
Esp.  XXVIII,  >.  Il  2'  Oui  est  du  cété  où  le  cœur  bat, 
ou  bien  qui  est  du  côté  de  l'ouest  quand  on  regarde 
le  nord,  la  main  gauche  ayant  reçu  une  dénomi- 
nation péjorative  (le  sens  primitif  de  gauche  est 
péjoratif,  à  cause  de  l'infériorité  de  cette  main 
par  rapport  à  la  main  droite.  Œil,  bras,  main  gau- 
che. I!  Gauche  se  ditauss!  des  animaux.  Le  pied 
gauche  d'un  cheval.  Cheval  qui  galope  sur  le  pied 
gauche.  ||  Dans  le  langage  de  l'Ecriture.  Quand  on 
fait  l'aumAne,  il  ne  faut  pas  qwe  la  main  gauche 
sache  ce  que  fait  la  droite,  ou,  simplement,  que  vo- 
tre gauche  ne  sache  pas  ce  que  fait  votre  droite, 
c'est-.'i-dire  faites  le  bien  sans  ostentation.  ||  Mon 
petit  cœur  gauche,  terme  familier  d'amitié  qui  n'est 
plus  guère  usité.  Tant  les  messieurs  que  les  don- 
zelles,  Lesdonzellesqueles  messieurs.  Faute  d'exer- 
cices meilleurs.  S'appelaient,  mon.  petit  cœur  gau- 
che, Faisaient  jour  et  nuit  la  débauche,  scaruo.x, 


1844 


GAU 


Vira.  IV.  ||  Mariage  de  la  main  gauche,  mariage 
dan»  lequel  le  marié,  qui  est  noble  et  d'une  condi- 
Uon  «upéricuro  à  celle  do  la  mariée,  l'épouse  en  lui 
donnant  la  main  gauche,  et  ne  lui  communique  m 
i  elle  ni  aux  enfants  son  rang  et  sa  condition.  Sa 
mJ'ro  était  de  la  main  gauche,  sr.v.  421.  ||  Par  ex- 
lension,  tout  mariage  inégal.  Cunégonde  pouvait 
épouser  Candide  de  la  main  gauche,  volt.  Cand. 
»o.  Il  Par  une  autre  extension.  Le  cûté  gauche,  toute 
union  entre  un  homme  et  une  femme  qui  n'a  pas 
été  consacrée  par  l'état  civil  et  par  l'Eglise.  Nous 
peuplons  beaucoup  du  côté  gauche,  nous  autres, 
DANCOURT, Fend. SurMe,  9.  Même  on  dit  parle  pays, 
que  nous  avons  eu  une  grand'mère  qui  était  la  lille 
d'un  gentilhomme  :  il  est  vrai,  pour  n'en  pas  mentir, 
que  c'était  du  côté  gauche,  Marivaux,  Pays.  parv. 
2*  part.  Il  Fig.  Être  sur  le  pied  gauche  ,  être  dans 
une  position  embarrassée,  peu  sûre,  mal  à  l'aise. 
Les  malheureux  sont  sur  le  pied  gauche.  Je  viens 
à-jcombattre  ce  pied  gauche  où  il  [le  duc  de  Bour- 
gogne] est  avec  le  roi  et  Monseigneur,  saint-simon, 
î68,»3.  \\S.f.  La  gauche  (sous-entendu  main),  le 
côté  gauche.  Prenez  la  gauche.  Il  prit  la  droite  et 
lui  laissa  la  gauche.  ||  3°  'l'orme  de  physique.  Qv\ 
est  lévogyre.  Acide  tartrique  gauche,  par  opposition 
à  acide  lartriquè  droit  ou  dextrogyre.  ||  4°  Gau- 
che se  dit  d'une  armée,  d'une  troupe,  considé- 
rée comme  alignée.  L'aile  gauche  est  la  partie  de 
l'armée  qui  est  du  côté  gauche  de  chacun  des  hom- 
mes supposés  regarder  l'ennemi.  Le  (lanc  gau- 
che d'un  bataillon.  ||  Substantivement.  La  gauche, 
l'aile  gauche  d'une  armée.  Nous  marchions  vers 
l'orient,  notre  gauche  au  nord,  notre  droite  au  midi, 
SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  iv,  l.  ||  L'extrême  gauclic, 
l'extrémité  de  la  gauche  d'une  armée,  l'eiidant 
qu'à  l'extrême  gauche  Macdonald,  débouchant  de 
Tilsitt,  envahira  le  nord  do  la  Lilhuanie  et  débor- 
dera la  droite  de  Wittgenstein,si;oLR,  Ilist.  de  Nap. 
IV,  1.  Il  6°  Dans  une  assemblée  délibérante,  il  se  dit 
de  la  partie  qui  est  à  la  gauche  du  président.  Le 
côté  gauche  s'est  levé  à  la  contre-épreuve.  ||  Le  côté 
gauche  ou,  substantivement,  la  gauche,  parti  de 
l'opposition  dans  les  chambres  françaises,  ce  parti 
siégeant  à  la  gauche  du  président.  Centre  gauche, 
côté  ou  parti  de  l'opposition  modérée.  Les  orateurs 
de  gauche,  admirables  dans  tout  ce  qu'ils  ont  dit 
pour  la  défense  de  nos  droits,  p.  L.  cour.  Lelire  x. 
Il  L'extrême  gauche,  la  partie  de  la  gauche  dont 
l'opposition  est  la  plus  vive.  ||  6°  En  parlant  d'un 
bâtiment,  ie  côté  gauche  répond  au  côté  gauche 
d'un  homme  qui  serait  adossé  à  la  façade  de  ce  bâti- 
ment. L'aile  gauche  de  ce  château.  ||  Vllseditencore 
d'une  rivière  relativement  à  la  personne  qui  en  suit 
le  cours.  La  rive  gauche  d'un  fleuve.  {|  Absolument 
à  Paris,  la  rive  gauche,  les  quartiers  situés  sur  la 
rive  gauche  de  la  Seine.  Il  habite  la  rive  gauche. 
Il  8"  La  partie  gauche  d'un  objet,  celle  qui  répond 
au  côté  gauche  du  spectateur  placé  en  face.  Le  côlé 
gauche  d'un  tableau.  ||  Au  féminin  et  substantive- 
ment. La  gauche  d'un  tableau.  ||  La  gauche  de  la 
scène,  la  partie,  dans  une  salle  de  spectacle,  qui  est 
du  côté  gauche  du  spectateur.  ||  On  dit  de  m^mc  la 
gauche  d'un  nombre  écrit  en  chiffres.  Séparez  par 
une  virgule  les  deux  chiffres  à  gauche.  ||  9"  Kig. 
Maladroit"^  à  cause  que  la  main  gauche  est  d'or- 
dinaire plus  maladroite  que  la  main  droite.  Cet 
homme  est  gauche  à  tout  ce  qu'il  fait.  Une  ré- 
ponse gauche.  Une  démarche  gauche.  Vous  croyez 
que  je  suis  gauche  de  mes  mains,  sÊv.  aoi.  Tu 
me  dispenseras  de  remplir  cet  emploi.  J'y  suis 
gauciie,  mon  cher,  on  ne  peut  davantage,  BOirSY, 
Sage  étourdi,  ii,  3.  ||  10"  Gêné,  contraint,  sans 
grâce.  Un  maintien  gauche.  Pour  une  fille  qui  vient 
de  Paris,  voilà  des  révérences  bien  gauches,  des- 
touches, Fmisse  Agnès,  ii,  6.  Accusera-t-on  les 
femmes  de  Paris  d'avoir  l'air  gauche  et  embarrassé  ? 
j.  J.  Bouss.  Ém.  VI.  Elle  jugea  que,  malgré  mon  air 
gauche,  je  valais  la  peine  d'être  cultivé  pour  le 
monde,  id.  Confess.  v,  ||  11«  5.  m.  Le  gauche,  ce 
qu'il  y  a  de  gauche,  de  contraint.  La  nouvelle  com- 
tesse de  Mailly  avait  apporté  tout  le  gauche  de  sa 
province  dont,  faute  d'esprit,  elle  ne  put  se  défaire, 
SAINT-SIMON,  m,  55.  Torcy  [était]  en  brassière  sur 
ce  recoin  d'affaires  |les  matières  de  Rome]  avec  ses 
cousins  de  Chevreuse  et  de  Beauvillier,  ce  qui  met- 
lait  entre  eux  du  gauche  et  souvent  des  embarras, 
ID.  238,  (Oi.  Il  il'  X  gauche,  toc.  adv.  Du  côté  gau- 
che, i  main  gauche.  Prenez  i  gauche.  S'il  trouve 
une  barrière  de  front  qui  ferme  son  passage,  il 
bitise  naturellement,  et  va  à  droite  et  à  gauche, 
LA  BRUT,  ïi.  Il  Fig.  X  gauche,  mal,  siins  fondement, 
de  tiaters.  Vous  serez  toujours....  Un  envers  du  bon 
«uns,  UD  jpgenicnt  à  gauche,  mol.    VÉt.  ii,  (4. 


GAU 

Il  ne  dit  et  ne  fait  rien  à  gauche,  sÉv.  ï89.  ||  Don- 
ner à  gauche,  se  tromper,  et  aussi  semai  conduire. 
Il  Prendre  une  chose  à  gauche,  la  comprendre,  l'in- 
terpréter dans  un  sens  tout  à  fait  différent  du  sens 
réel.  Pour  me  connaître  mal,  tu  prends  mon  sens  i 
gauche,  corn.  Le  Ment,  i,  4 .  Il  Fig.  et  populairement. 
Passer  l'arme  à  gauche,  mourir.  ||  13°  Gauche  1  com- 
mandement militaire  pour  ordonner  de  tourner  à 
gauche.  Par  le  flanc  gauche,  gauche I  Elliptique- 
ment :  tête  gauchel  ||  14°  i  droite  et  à  gauche,  de 
tous  côtés.  Elles  répandent  leurs  faveurs  à  droite 
et  à  gauche,  iiahilt.  Gramm.  9.  ||  Prendre  à  droite 
et  à  gauche,  prendre  de  toutes  mains,  tirer  de 
l'argent  de  toutes  sortes  de  personnes,  en  toute  oc- 
casion, dans  toute  affaire. 

—  HIST.  XI  v  s.  X  son  meschief  cil  est  prophète.  Qui 
tant  gauche  les  interprète,  Traité d'alch.  664,  Mais  il 
[un  lièvre]  savoit  si  bien  fuir.  En  leur  faisant  gau- 
ches et  tours,  Ou'onc  homme  neveit  meilleur  cours, 
GAGE  DE  LA  BiGNE,  Pois.  dcs  dédutts,  ms.  f"  H3,  dans 
LACURNE.  K,t  le  lièvre  fait  gaugos  maintes,  ti.  f"  «  M . 
Il  XV'  s.  Le  suppliant  bailla  à  Perrinet  de  la  quarre 
ou  du  doulx  [dos]  de  la  main  gaulche  en  arrière 
main  sur  la  joue,  du  cangb,  dodus.  Je  me  trouvai 
du  costé  gauche  où  estoient  les  gentilshommes  de 
vingt  escus  et  les  autres  de  la  maison  du  roi,  comm. 
viii,  6.  Il  XVI'  s.  Il  eut  au  doigt  indice  de  la  main 
guausche  une  escarboucle,  rab.  Carg.  i,  8.  Où  le 
compas,  l'esquarre  et  la  règle  sont  gauches,  les  bas- 
timensqui  se  dressent  à  leur  mesure  sont  aussi  né- 
cessairement manques  et  défaillants,  mont,  ii,  374. 
Les  ignorans,  recevans  à  gauche  bien  souvent  la 
fortune  qui  leur  vient  à  droitte,  y  commettent  de 
villaines  faultes,  amyot.  De  la  Iranq.  d'dme,  8.  La 
propre  volonté  de  Dieu,  la  quelle  estant  première- 
ment droite  de  soi-même,  arcsso  puis  après  toutes 
choses  qui  sont  gauches  et  tortues,  id.  Ép.  à  Ch.  IX. 
Si  vous  leur  dictes  qu'ils  excédent  et  prennent  les 
choses  à  gauche,  pour  ne  les  entendre  pas  bien, 
ils  n'en  croiront  rien,  charron,  Sagesse,  i,  4i. 
Gauche,  déception,  tromperie,  palsgrave,  p.  289, 
au  mot  wyle. 

—  ÊTY.M.  Berry,  dégauche,  prétexte,  faux-fuyant. 
Origine  difficile.  Diez  le  tire  de  l'ancien  haut-alle- 
mand welk,  faible,  la  main  gauche  ayant  été  ainsi 
nommée  parce  qu'elle  est  plus  faible  que  la  droite;  et 
il  cite  plusieurs  exemples  analogues  :  en  italien 
slanca,  la  main  lasse,  d'où  main  gauche,  manca,  la 
main  estropiée,  d'où  main  gauche.  Cela  est  sans 
doute  une  bonne  raison  ;  mais,  outre  qu'on  ne  trouve 
pas  gauche  avec  le  sens  de  faible,  il  faut  ajouter  que 
cette  interprétation  ne  s'accorde  pas  bien  avec  l'his- 
torique. Le  sens  le  plus  ancien,  celui  du  xiV  siècle, 
est  substantivement  une  gauche,  une  chose  qui  n'est 
pas  droite,  sens  que  l'on  retrouve  jusque  dans  le 
xvr  siècle  (gauche,  tromperie  et,  adjectivement,  qui 
est  de  Jravers).  Or  il  y  a  dans  la  langue  antérieure 
au  xiv«  siècle  un  mot  qui  a  exactement  ce  sens-là, 
c'est  gauche  ou  guanche  :  xni'  s.  Ne  vous  i  puis 
adroit  tenir.  Tant  me  faites  et  tort  et  gauches  De 
bras,  de  trumiaus  et  de  hanches,  Et  tant  vous  aies 
detortant,  la  Rose,  8,SB7  ;  Ci  n'a  plus  ne  guanches  ne 
tour;  Quant  la  mort  vous  va  si  enlour,  A  Dieu  cors 
et  ame  rcndeiz,  ruteb.  62.  Que  ganche  ait  pu  de- 
venir gauche,  c'est  ce  que  prouve  le  verbe  ganchir 
qui  est  devenu  gauchir,  et  qui  l'est  devenu  au  xiv 
siècle,  comme  ganche  devenait  jauc/ie.  L'identité 
est  encore  montrée  par  l'emploi  ;  car  Gace  de  la  Bi- 
gne  dit  faire  des  gauches,  comme  dans  la  Rose 
il  est  dit  faire  des  ganches.  Si  le  sens  de  travers  n'a- 
vait pas  été  primordial,  on  lo  retrouverait  difficile- 
ment, comme  en  effet  on  le  retrouve,  dans  gauche. 
Au  lieu  que  passer  du  sens  de  tortu  au  sens  de  gati- 
che,  par  opposition  à  droi(  qui  avait  supplanté  dex- 
tre,  fut  chose  facile.  Gauc/ie,  qui  s'introduisit  avec 
le  sens  de  senestre  dans  le  courant  du  xv  siècle, 
s'employa  quelque  temps  concurremment  avec  ce 
mot  qui  était  le  mot  propre,  jusque  dans  le  xvi'  siè- 
cle; puis,  à  partir  de  là,  il  le  supplanta  complète- 
ment (v(iy.  GAUcnip,  pour  l'étymologie  ultérieure, 
et  pour  la  discussion  des  objections  soulevées  con- 
tre cette  étymologie) . 

t  GAUCUE-FER  (gô-che-fèr),  s.  m.  Un  des  noms 
du  souci  des  vignes. 

GAUCIIEMKST  (gô-che-man),  adv.  D'une  ma- 
nière contrainte,  gênée,  maladroite.  Se  présenter 
gauchement.  Il  s'y  prend  gauchement. 

—  ETVM.  Gauche,  et  le  suffixe  ment. 

t.  GAUCUER,  ÈRE  (gô-ché,  chè-r"),  adj.  Qui  se 
sert  de  la  main  gauche  plus  souvent  qu*^  de  la 
droite,  et,  spécialement,  qui  se  sert  exclusivement 
da  la  main  gauche  pour  un  certain  usage,  par  exem- 
ple écrire,  faire  des  armes,  etc.  ||  SubstantiTeraent. 


GAU 

Un  gaucher,  une  gauchêre.  Il  est  dangereux  de  se 
battre  avec  un  gaucher. 

—  HIST.  XVI'  s.  Mutins  prit  son  espée  avec  la  main 
gauche,  dont  on  dit  qu'il  eut  depuis  le  surnom  de 
ScxTola,  qui  vaut  autant  à  dire  comme  gaucher, 
amyot,  Publ.  33. 

—  ÉTYM.  Gauche. 

t  2.  GAUCHER  (gô-ché),  v.  a.  Terme  de  char- 
penterie.  Donner  du  gauche  à  une  pièce,  la  faire 
gauchir. 

—  ÊTYM.  Gauche. 

GAUCHERIE  (gô-che-rie),  s.  f.  ||  !•  Action  d'une 
personne  gauche,  maladroite,  peu  sagace.  Vous 
avez  fait  là  une  grande  gaucherie.  J'ai  fait  une 
gaucherie  en  éloignant  Basile,  beaumabch.  Ifar. 
m,  6.  Il  2°  Manque  d'aisance,  d'adresse,  de  grice 
La  gaucherie  du  maintien. 

—  ÉTYM.  Gauche. 

GAUCHIR  (gô-chir),  v.  n.  ||  1"  Perdre  sa  forme, 
se  contourner.  Ce  panneau,  cette  règle  gauchit. 
Il  2'  Détourner  le  corps  pour  éviter  quelque  coup. 
Il  gauchit,  et  le  coup  qui  le  menaçait  ne  l'atteignit 
pas.  Il  3°  Se  détomner  de  la  ligne  directe  de  sa 
route.  Donner  à  travers  les  écueils,  pour  avoir 
l'honneur  de  ne  point  gauchir,  Balzac,  De  la  cour, 
6*  dise.  Ce  sont  des  astres  errants,  comme  parle 
l'apôtre  saint  Jude,  qui,  ponr  n'être  pas  assez  atta- 
chés à  la  route  immuable  de  la  vérité,  gauchissent 
et  se  détournent  au  gré  des  vanités,  des  intérêts  et 
des  passions  humaines,  Boss.  Cornet.  Je  m'avisai 
de  gauchir  et  de  pa.sser  par  Salins,  j.  J.  Rouss. 
Conf.  XI.  Il  Fig.  Ami,  tu  sauras  l'affranchir  De  tout 
ce  qui  te  fait  gauchir  Vers  les  passions  et  les  vices, 
COKN.  Imit.  IV,  (G.  Notre  sort  ne  dépend  que  de  sa 
seule  tête  ;  De  ce  qu'elle  s'y  met,  rien  ne  la  fait 
gauchir,  mol.  Éc.  des  f.  m,  3.  {j  Fig.  Se  laisser  aller 
à  une  digression  (sens  vieilli).  Je  crois  que  nos 
discours  iront  d'un  pas  égal,  Sans  donner  sur  le 
rhuma  ou  gauchir  sur  le  bal,  corn,  la  Suiv.  m,  lo. 
Il  4°  Fig.  S'écarter  de  la  rectitude,  de  la  franchise. 
J'en  ai  déjà  parlé,  mais  il  a  su  gauchir ,  cobn. 
Pomp.  IV,  2.  Notre  amie  n'est  pas  de  ce  monde-là, 
et  il  s'en  faut  tenir  précisément  à  ce  qu'elle  mande, 
p.Tice  qu'elle  est  aussi  sincère  qu'éclairée,  et  que  la 
dernière  chose  qu'elle  ferait  serait  de  gauchir  ou 
de  flatter,  chapelain,  UU.  à  Sévigné,  7  nov.  (  oo  f . 
Quelle  misère  de  gauchir  toujours  et  de  n'oser 
jamais  parler  franchement  dans  une  matière  de 
religion  !  boss.  3'  aiert.  §  a.  Il  faut  gauchir  et  ter- 
giverser sans  cesse,  j.  j.  ROuss.  Ém.  iv.  Point  assez 
ferme  dans  ses  princijies  pour  ne  point  gauchir, 
lorsque  la  crainte  ou  l'espérance  le  commandera, 
BACHAUMONT,  Mém.  secrets,  t.  xxxiv,  p.  )9i.  Un  mi- 
nistre veut  m'enrichir.  Sans  que  l'honneur  ait  à 
gauchir,  bérang.  Refus.  ||  Gauchir  à,  autour,  contre, 
ne  pas  aborder  franchement.  Mais  il  n'est  pas  ques- 
tion pourtant  de  gauchir  toujours  aux  difficultés,  il 
les  faut  vaincre  et  étabUr  une  règle  certaine  pour 
la  perfection  de  notre  langue,  valgelas.  Rem.  t.  i, 
p.  170,  dans  POUGEss.  Celui  qui  gauchit  tout  autour 
[des  tentations]  Sans  en  arracher  la  racine,  corn. 
/mil.  i,  <3.  Contre  son  insolence  on  ne  doit  point 
gauchir,  mol.  Tart.  v,  2.  ||  Il  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  aeotr.  ]|6°  V.  a.  Terme  de  charpcnlcric. 
Donner  à  une  pièce  une  certaine  déviation  par  un 
moyen  mécanique  quelconque.  ||  Fig.  Eviter  (sens 
vieilli).  Gauchir  une  difficulté.  Ce  qu'écrit  le  destin 
ne  peut  être  efîacé....  De  ses  pièges  secrets  on  ne 
peut  s'affranchir.  Nous  y  courons  plus  droit  en  pen- 
sant les  gauchir,  tristan.  Marianne,  i,  3.  ||  6°  Se 
gauchir,  v.  r^/l.  Être  évité  (sens  vieilli).  Pensesy 
sans  cesse  et  sans  feinte ,  Ce  grand  péril  se  peut 
gauchir,  corn.  Imit.  i,  23. 

—  HIST.  xii'  s.  Guenqis  avons  la  loi  pour  nou.^ 
sauver,  Ronc.  p.  7.  Cil  lui  cuida  guenchir,  si  chit 
tout  estendu,  ib.  p.  t96.  Poi  i  ont  des  evesques  qui! 
voleit  sustenir;  Mais  Rogiers  de  Wirccestre  ne  li  v o- 

leit  guenchir.  Th.  le  mart.  39 chevaliers,  monf: 

Sor  ton  cheval  seûrcment,  Kt  je  te  créant  leaumeii . 
Que  je  ne  gauchisse  ne  fuie,  la  Charrette,  820. 
Il  XIII'  s.  Grans  partie  des  haus  homes  de  Grèce 
guenchirent  vers  la  porte  de  Blaquerne,  villeu.  cv. 
Li  prestres  licve  la  maçuc,  Et  Ysengrin  l'a  bitn 
veOe,  En  la  teste  le  volt  ferir,  Et  Ysengrin  sot  bien 
guenchir,  X  celé  foiz  nel  toucha  mie.  Car  il  sol 
trop  de  l'escremie  ,  Ben.  7464.  Et  ceulx  à  cheval 
vindrent  ferant  des  espérons  et  n'osèrent  assemblei 
[livrer  bataille]  à  nostre  gent  à  pié,  ainçois  gau- 
chiront par  devers  eulz,  joixv.  23).  ||  xiv  s.  Mais 
li  diz  Tarquinsse  gaenchit,  et  se  rechut  en  la  èom- 
paignie  des  siens,  berchkuhe,  f*  34,  verso.  L'cs- 
previ^r  ne  suit  mie  si  bien  petis  oiseaulx  qui  se 
plient,   comme   l'abe  qui  gauchist  comme  à  es- 


p 


GAU 

qulerre,  Minayier,  m,  2.  Hxv'  s.  Du  quel  dit  con- 
nestable  trop  de  biens  ne  pouvoyent  estre  dis,  qui 
onques  pour  paour  de  mort  ne  guenchi,  cim.  de 
PISAN,  Ch.  V,  II,  )».  Nos  gens  ne  leur  gauchirent 
mie.  ains  'ancerent  vers  eux  de  bombardes  et  do 
trait  sans  nulle  espargne,  Boucic.  Il,  26.  Ne  croyez 
que  pourtant  ils  reculassent  ne  gauchissent,  ains 
passèrent  oultre,  ib.  i,  24.  ||  xvi"  s.  Parquoy  nous 
faisons  bien  de  gauchir  un  peu  sur  [d'incliner  au  | 
le  naïf  et  mesprisant,  mont,  i,  192.  En  la  pluspart 
:e  leurs  opinions  ils  gauchissent  la  voyo  commune, 
.  II,  S40.  Gauchir  aux  dangiers,  id.  m,  2(.  Je 
,i'ay  gueres  d'art  pour  savoir  gauchir  la  fortune 
Mt  luy  eschapper  ou  la  forcer,  id.  m,  47.  L'on  no 
sçauroit  pas  dire  le  semblable  de  Demosthenes, 
([u'il  ait  gauchy  ne  fleschy  jamais,  ny  en  faict  ny 
■n  parole  quelconque,  amyot,  Démosth.  19. 

—  ÉTYM.    Bourg,   guanchai,  gauchir,  pencher; 
rm.  guancher,  aller;  Berry,  guincher,  guinchir 

■  i  dé-guincher ,  dévier  légèrement  ;  de  l'ano.  haut 
allemand  wankjan,  wenkjan,  céder,  chanceler.  Diez 
lilijecte  que  an  no  se  change  pas  en  ou,  cela  est 
viai;  mais  toute  règle  a  ses  exceptions;  et,  dans 
la  succession  que  l'historique  présente,  gauchir  et 
gauchir  sont  unis  de  manière  à  ne  pouvoir  être 
séparés  pour  la  forme  ;  pour  le  sens,  ils  ne  peuvent 
jias  l'être  non  plus,  car  dans  gauchir  se  sent  tou- 
jours la  signification  de  ganchir,  bien  plus  que 
celle  de  sinister.  L'autre  objection  de  Diez  est  qu'on 
ne  voit  pas  d'adjectif  dériver  d'un  verbe  roman, 
cfla  est  vrai  encore  ;  mais  la  chose  n'a  pas  en  effet 
procédé  ainsi  ;  la  guanche  est  un  substantif  ver- 
I  al,  et  la  guauche  qui  lui  a  succédé  est  un  substan- 
tif verbal  aussi.  C'est  ce  substantif  qui  a  été  trans- 
formé en  adjectif. 

t  GAUCIIISSAGE  (g6-chi-sa-j'),s.  m.  Se  dit  d'une 
poterie  qui  se  déforme  en  gauchissant. 

CACCHISSEMENT  (gô-chi-se-man),  s.  m.  Action 
de  gauchir;  le  résultat  de  cette  action.  |]  Terme  de 
charpenterie.  Action  de  donner  du  gauche  à  une 
pièce  de  bois. 

—  ÉTViil.  Gauchir. 

t  GACDAGE  (gô-da-j"),  s.  m.  Action  de  plonger 
une  étoffe  dans  le  bain  de  gaude. 

—  ÊTYM.  Gaude  i. 

t.  GAUDE  (gô-d'),  s.  f.  Terme  de  botanique.  Es- 
pèce de  réséda  croissant  naturellement  dans  les 
lieux  incultes ,  employée  pour  la  teinture  en 
jaaie,  reseda  luteola,  L.  (résédacées). 

—  mST.  xiii*  s.  Semence  de  guarence  ne  de  gaude 
ne  doit  noiant,  Liv.  des  met.  202.  ||xvi'  s.  Le  gaude 
ou  genest  d'Éspaignc  croit  naturellement  en  ces 
paîs-là,  d'où,  comme  de  sa  propre  terre,  il  emporte 
son  nom,  0.  de  serres,  730. 

—  f.TVM.  \llem.  Waude,  Wau,  gaude. 

2.  GAUDE  (gô-d'),  i.  f.  Bouillie  faite  avec  de  la 
farine  de  maïs. 

—  ÉTYM.  Gaude  1 ,  en  raison  de  la  couleur  jau- 
nâtre de  cette  farine. 

t  GAUDÉ  (gô-dé),  s.  m.  Prière  qu'on  dit  à  l'é- 
glise. Cette  vieille  est  toujours  une  heure  après  les 
autres  pour  dire  ses  gaudés,  Trévoux.  D'abord  l'oi- 
seau, comme  il  n'était  pas  béte.  Vit  qu'il  devait  ou- 
blier pour  toujours  Tous  les  gaudés  qui  farcissaient 
satête,  GREssKT,  Ver-Vert, m. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Gaude  et  Gaudez  (prayers  begi- 
naing  with  a  gaudete,  prières  commençant  par  un 
gaudete],  cotorave. 

—  ETYM.  Impératif  du  verbe  latin  gaudere  ;  ré- 
jouis-toi (voy.  jouir),  mot  commençant  plusieurs 
prières. 

t  GAUDÉAMUS  tg5-dé-a-mus' ) ,  s.  m.  Chant  de 
."éjouissance.  Un  des  historiens  du  pape  semble 
croire  que  cette  mort  fut  très-heureuse  pour  les 
frères,  qui,  loin  d'en  verser  des  larmes,  chantaient 
plutôt,  dit-il,  un  gaudéamus  qu'un  requiem,  Hist. 
lilt.  de  la  Fr.  t.  xxiv,  p.  42.  ||  Divertissement  de 
table.  Dîner,  souper  en  gaudéamus. 

—  ÉTYM.  Impératif  du  verbe  latin  gaudere:  ré- 
jouissons-nous (voy.  jouir). 

t  GAUDER  (gô-dé),  V.  a.  Teindre  une  étoffe  avec 
de  la  gaude.  Les  bleus  teints  en  indigo  doivent  être 
gaudés,  et  ils  deviennent  verts. 

—  ÉTYM.  Gaude  t. 

GAUDIR  (SE)  (gô-dir),  ti.  réfl.  \\  1» Terme  familier 
et  qui  commence  à  vieillir.  Se  réjouir.  Vatlcvillo 
se  plaisait  à  aller  quoUjucfois  voir  les  Chartreux, 
pour  se  gaudir  d'avoir  quitté  leur  froc,  st-sim.  )00, 
66.  J'étais  content  que  les  choses  se  fussent  aussi 
heureusement  conduites,  mais  je  ne  m'en  gaudis 
qu'entre  les  ducs  de  Chevreuse  et  de  Beauvillierqui 
l'avaient  échappé  belle,  id.  221,  240.  {|  2°  Se  moquer. 
Se  gaudir  de  quelqu'un. 


GAU 

—  HIST.  xv  S.  Maistre  François  par  son  blason 
Trouva  la  façon  et  manière  D'avoir  marée  à  gran* 
foyson  Pourg?udir  et  faire  grant  chère,  villon,  i" 
repue.  Comment  ils  eurent  du  poisson.  \\  xvi'  s. 
Monsieur  l'abbé  et  monsieur  son  valet  Sont  faits 
égaux  tous  deux  comme  de  cire  ;  L'un  est  grand  fol , 
l'autre  petit  follet;  L'un  veut  railler,  l'autre  gaudir 
et  rire,  marot,  m,  63.  Il  estoit  aussi  aise  d'estre 
gaudy  que  de  se  gaudir  des  autres,  amyot,  Anton.  29. 

—  ÉTYM.  Wallon,  si  gaudi;  du  latin  gaudere,  se 
réjouir  (voy.  jouir). 

t  GAUDISSERIE  (gô-di-sg-rie),  t.  f.  Terme  fami- 
lier. Action  de  se  gaudir;  mots  plaisants. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Ils  lui  faisoicnt  passer  le  temps  à 
ivrogner  et  à  dire  mots  de  gaudisserie,  amyot.  Aie. 
74.  Et  de  ces  viles  âmes  de  bouffons,  il  s'en  est 
trouvé  qui  n'ont  voulu  abandonn,or  leur  gaudisserie 
en  la  mort  mesme,  mont,  i,  208. 

—  ÉTYM.  Gaudir. 

t  GAUDISSEUR,  EUSE  (gô-di-seur,  seû-z'),  s.  m. 
et  f.  Celui,  celle  qui  aime  à  se  gaudir. 

—  HIST.  XV*  s.  Tu  m'as  appelé  gaudisseur,  nu 
GANGE,  gaudiosus.  ||  xvi'  s.  Les  gaudisseries  retour- 
nent quelquefois  sur  les  gaudisseurs,  desper.  Con- 
tes, xxviii.  Bon  compaignon  en  sa  jeunesse,  grand 
diseur,  grand  gaudisseur,  mont,  m,  48. 

—  ÉTYM.  Gaudir;  wallon,  gddiseû,  amoureux; 
ancien  wallon,  gaudieus. 

GAUDRIOLE  (gô-dri-0-1'),  s.  f.  Propos  gai  et  un 
peu  libre.  Ah  !  la  muse  de  Collé,  C'est  la  gaudriole 
ô  gué!  C'est  la  gaudriole!  bérang.  Gaxtdr.  La  gau- 
driole qu'on  exile  Doit  refleurir  sur  sou  terrain,  id. 
Désaugiers. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  dérivé  de  gaudir  avec  un 
suffixe  diminutif,  et  probablement  dit  f  oar  gaudiole. 

t  GAUFR.4GE  (gô-fra-j'),  s.  m.  Action  de  gaufrer 
les  étoffes,  les  rubans,  les  papiers  et  autres  objets. 
Il  Gaufrage  à  la  paille,  espèce  de  plissage  à  plis  ronds. 

GAUFRE  (gô-fr"),  s.  f.  ||  1°  Rayon,  gâteau  de 
miel.  Manger  une  gaufre  do  miel.  |{  2»  Pâtisserie 
mince  et  légère,  cuite  entre  deux  fers,  dite  ainsi 
par  comparaison  à  la  gaufre,  rayon  de  miel.  Il  y 
avait  aussi  dans  cette  Ile  [des  Plaisirs]  de  grands 
arbres  d'où  tombaient  des  gaufres  que  le  vent  em- 
portait dans  la  bouche  des  voyageurs,  fén.  t.  xix, 
p.  38.  Les  femmes  ne  vivent  que  de  crème,  a.,  thé,  de 
café,  de  beurre,  de  gaufres,  cenlis.  Veillées  du  chd- 
tecu,  tes  Deux  réput.  ||  Fig.  Être  la  gaufre  dans  une 
affaire,  se  trouver  entre  deux  extrémités  fâcheuses, 
entre  deux  personnes  puissantes  et  opposées,  être 
la  victime  dans  une  affaire,  par  allusion  aux  deux 
fers  dans  lesquels  se  fait  la  gaufre.  ||  3"  Façon  qu'on 
donne  à  une  étoffe,  à  une  reliure,  en  y  faisant  plu- 
sieurs figures  avec  un  fer  chaud.  Alors  qu'on  gau- 
fre un  livre,  il  faut  qu'il  soit  bien  fait,  Ou  la 
gaufre  produit  un  détestable  effet,  lesné,  la  Reliure, 
p.  76.  Il  4»  Nom  de  plusieurs  coquilles. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  ne  puent  [peuvent]  ne  ne  doi- 
vent les  mestros  ne  les  valiez  donner  que  deux  gof- 
frcs  pour  un  denier,  iiv.  des  met.  35i.||xiv'  s. 
Gauffrcs  fourrées,  faites  do  fleur  de  farine  pettrie 
aux  œufs  et  de  lesches  de  frommago  mises  dedens, 
Ménagier,  11,  4.  ||  xvi*  s.  Il  estimoit  estre  tenu  d'y 
vacquer  et  avoir  l'œil  plus  soigneusement,  que  ne 
fait  l'abeille  à  bastir  ses  goffres  de  cire  où  elle  fait 
le  miel,  amyot,  Cat.  d'Utiq.  29.  De  quoy  M.  d'An- 
gouleme  fut  pour  l'heure  bien  esbahy,  et  demeura 
comme  une  gauffre  entre  deux  fei-s,  jean  de  st-ge- 
LAis,  Ilist.  de  Louis  XII,  p.  67,  dans  lacurne.  Les 
mutins....  eurent  loisir  de  s'armer  et  de  renfermer 
comme  entre  doux  gauffres  [gauffriers]  ceux  qu'ils 
n'osoyent  auparavant  regarder  en  face,  Sat.  Mén. 
Harangue  d'Aubray. 

—  ÉTYM.  Wallon,  waf;  picard  (Béthune),  offre; 
anc.  espagn.  guaffla  ;  bas-Iat.  gafrum  ;  de  l'allem. 
Waffel;  angl.  wafer;  de  mémo  radical  que  tcabe, 
ruche  à  miel. 

GAUFRÉ,  ÉE  (gô-fré,  frée),  part,  passé  de  gau- 
frer. Ruban  gaufré.  ||  Terme  d'histoire  naturelle. 
Qui  présente  des  enfoncements  produits  par  des 
lignes  saillantes  entrecroisées. 

GAUFRER  (gô-fré),  V.  a.  ||  1°  Imprimer  de  cer- 
taines figures  sur  des  étoffes,  sur  des  papiers  ou  au- 
tres objets  avec  des  fers  faits  exprès.  Dans  l'ancien 
temps  on  gaufrait  souvent  les  tranches  dorées, 
LESNé,  la  Reliure,  p.  (79.  Il  y  a  à  peu  près  quinze 
ans  qu'on  a  imaginé  de  gaufrer  les  livres  ;  Courte- 
val  est,  je  crois,  le  premier  qui  ait  essayé  ce  genre, 
ID.  ib.  p.  (90.  Il  Gaufrer  à  la  paille,  voy.  gaufrage. 
Il  2°  Par  extension.  Un  ouvrier,  un  misérable  ignoré 
dans  son  atelier,  de  quelques  guenilles  fait  une 
colle,  et  de  cette  colle  du  papier  qu'un  autre  rêve 
de  gaufrer  avec  un  peu  de  noir,  et  voi'à  le  monde 


GAU 


1845 


bouleversé,  p.  i.  cour.  Lett.  ix.  ||  3"  Se  gaufrer,  c. 
réfl.  Être  gaufré. 

—  ÉTYM.  Gaufre. 

GAUFREUR,  EUSE  (gô-freur,  freû-z'),  s.  m.  et 
f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  gaufre  lis  étoffes.  A  Paris 
les  gaufreurs  étaient  aussi  appelés  maîtres  décou- 
peurs-égratigneurs,  parce  que,  outre  la  gaufrure, 
ils  avaient  le  droit  do  découper,  piquer  et  mouche- 
ter  les  taffetas,  les  satins  et  autres  étoffes,  Dict.  des 
arts  et  m^(.  Gaufreur.  \\  Gaufreuse  de  fleurs  à  la 
main,  ouvrière  qui  prépare  avec  le  fer  à  gaufrer  (à 
froid)  les  pétales  et  les  feuilles  des  fleurs  artifi- 
cielles. 

—  ÉTYM.  Gaufrer. 

GAUFRIER  (gô-fri-é;  l'r  ne  se  liejamais;  au  plu- 
riel, l'î  se  lie  :  des  gô-fri-é-z  échauffés),  ».  m.  Us- 
tensile de  fer  dans  lequel  on  fait  cuire  des  gaufres. 

—  IIIST.  XIV'  s.  Item  unum  ferrum  Tocatum 
gauffre,  du  cange,  gauffra.  Les  gauffriers  font  un 
autre  service,  que  l'en  dit  gros  basions  fais  de  fa- 
rine.... Ménagier,  11,  5. 

—  ÉTYM.  Gaufre. 

I  GAUFROIR  (gô-froir),  s.  m.  Instrument  pour 
gaufrer  les  étoffes.  ||  Partie  du  gaufroir  sur  laquelle 
est  gravé  le  dessin. 

GAUFRURE  (gô-fru-r') ,  s.  f.  Empreinte  que  l'on 
fait  sur  une  étolfe  en  la  gaufrant. 

—  ÉTYM.  Gaufrer. 

I  GAUGK  (gô-j'),  adj.  Usité  dans  cette  locution  : 
noix  gauge,  sorte  de  noix  ;  terme  qui  se  dit  encore 
dans  quelques  provinces,  par  opposition  aux  noiset- 
tes ou  petites  noix. 

—  HIST.  XIII'  s.  Ferri,  au  droit  (lesrcnicr,  Sont 
plus  plcsant  à  mangier  Noii  gauges,  quant  abatuo 
En  est  l'cschaille  escheûe  Oue  s'cle  i  fust,  Bibl.  des 
chartes,  4'  série,  t.  v,  p.  328. 

—  ÉTYM.  Picard,  gaugue,  noix,  gauguer,  noyer; 
de  l'anc.  haut-allcm.  walah,  étranger,  non  alle- 
mand, velche:  noix  étrangère;  anglo-saxon,  i'cal-nu«; 
allem.  mod.  Walirnuss;  angl.  walnut.  En  Norman- 
die, on  dit  gobe  et  gohier,  mais  on  ne  l'applique  qu'à 
la  variété  à  très-gros  fruits. 

f  GAUGUIER  (gô-ghié),  s.  m.  Sorte  de  noyer. 

—  HIST.  XV'  s.  Se  une  femme  veult  que  «on  mari 
ou  amy  l'aime  fort,  elle  lui  doit  mettre  une  feuille 
de  gauguier  cueillie  la  nuit  St  Jehan....  en  son  soû- 
ler senestre,  les  Étang,  des  Quenouilles,  p.  67. 

—  ÉTYM.  Voy.  gauge. 

t  OAULADE  (gô-Ia-d'),  s.  f.  Coup  de  gaule. 

—  HIST.  XVI' s.  lia  fallu  que  lui  se  prosternant  au 
pied  du  pape,  ait  receu  les  gauladcs,  d'aub.  Conf.i,  1 

—  ÉTYM.  Gauler. 

t  GAULAGE  (gô-la-j'),  s.  m.  Action  de  gauler; 
résultat  do  cette  action. 

GAULE  (gô-1'),  t.  f.  Il  1"  Grande  perche.  C'est 
.avec  une  gaule  qu'on  abat  les  noix.  Si  j'avais  tué 
une  dinde  sauvage,  un  ramier,  un  faisan  des  boi», 
nous  le  suspendions  devant  le  chêne  embrasé,  au 
bout  d'une  gaule  plantée  en  terre,  et  nous  abandon- 
nions au  vent  le  soin  de  tourner  la  proie  du  chas- 
seur, ciiATEAUBR.  Atala,  le  Récit,  les  Chasseurs. 
Il  2°  Bâton.  Tu  peux  choisir,  ou  de  manger  trente 
aulx,  Ou  do  souffrir  trente  bons  coups  dç  gaules, 
Bien  appliqués  sur  tes  larges  épaules....  la  font. 
Paysan.  Il  ne  me  fallait  pas  payer  en  coups  de 
gaule,  MOL.  l'Ét.  II,  9.  Champagne  un  beau  matin 
reçût  cent  coups  de  gaule.  Que  depuis  plus  d'un  an 
lui  promettait  Lafleur:  Dieu  soit  loué!  dit-il,  en  se 
frottant  l'épaule,  Mo  voilà  guéri  de  la  peur,  pons 
(de  Verdun),  Contes  et  poés.  div.  p.  «3.  ||  3"  Terme 
de  manège.  Petite  branche  de  houx,  ou  baguette 
très-flexible  servant  à  instruire  ou  à  châtier  les  che- 
vaux. La  gaule  est  la  houssineque  le  cavalier  tient 
de  la  main  droite,  tant  pour  représenter  l'épée 
que  pour  conduire  le  cheval,  ricuelet.  Et  tenant 
une  gaule.  Ainsi  qu'à  leurs  chevaux  nous  en  flat- 
tent l'épaule,  Régnier,  Sat.  iv.  ||  Main  de  la  gaule, 
la  main  droite  du  cavalier,  celle  qui  tient  la  hous- 
sine.  Il  Aider  de  la  gaule,  en  frapper  légèrement  sur 
l'épaule  du  cheval.  ||  4"  Terme  de  pêche.  Manche 
de  la  ligne.  i|  5°  Terme  de  marine.  Levier  qui  meul 
le  piston  d'une  pompe.  ||  Gaule  d'enseigne,  bâton  de 
pavillon  de  poupe. 

HIST.  xiV  s.  Item  pour  quatre  cens  de  waules, 

DU  GANGE,  waula.  L'exposant  happe  ou  embraceune 
vaule  ou  fourche,  id.  lallo.  ||  xV  s.  Ma  damoyselle 
par  manière  Se  façonne  comme  une  gaule.  Et  porte 
ung  long  tourct  derrière  Pour  musser  une  faulce 
espaule,  GOQUILL.  Droits  nouv.  ||  xvi'  s.  Souple 
et  droite  comme  une  gaule,  marot,  i,  202.  Les  ines- 
taiers,  qui  là  auprès  challoient  les  noiz,  accoururent 
avecques  leurs   grandes  gaules,  rab.  Garg.  i,  26. 

—  ËTYH.  Normand  et  picard,  vaule;  Hainaut, 


1 8  'U') 


GAL' 


v/aulr;  probabli-menl  .Il  latin  vaVux,  pieu.  Dioz 
remarquant  que  le  mot  parait  appartenir  au  nord 
de  la  Franco,  préfère  le  goth.  valus,  uii  Irisoii  walu, 
bftton.  On  peut  aussi  songer  au  celtique  :  breton, 
gwalen,  veruc;  kyrari,  gwialen;  cornw.  guaylen. 
GAULÉ,  EE  (gô-lé,  16u),  part,  pifsé  de  gauler. 
1,6  noyer  est.  gaul  j. 

GACLER  (g6-lé),  V.  a.  Battre  un  arbre  avec  une 
gaule,  pour  en  faire  tomber  le  fruit.  Gauler  un 
noyer,  un  châtaignier.  Gauler  des  noix,  des  châ- 
taignes. Il  Se  gauler,  v.  réfl.  Être  gaulé.  Les  châtai- 
gniers se  gaulent  en  octobre. 

—  ÉTYM.  Gaule. 

t  GACLETTE  (gô-lè-f),  S.  f.  Petite  gaule.  ||Nom 
donné  à  des  espèces  d'échelles  sur  lesquelles  on 
fait,  dans  les  fabriques,  sécher  la  laine,  le  papier. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gouk. 

GAUI.IS  fgô-ll),  s.  m.  Il  1"  Terme  d'eaux  et  forêts. 
Branches  d'un  taillis  qu'on  laisse  croître.  Lier  avec 
du  gaulis,  ou  avec  des  gaulis.  ||  2°Terme  de  chasse. 
Grandes  branches  qui  arrêtent  les  chasseurs  en 
courant  dans  l'épaisseur  des  bois.  Je  pousse 
mon  cheval  et  par  haut  et  par  bas,  Qui  pliait  des 
gaulis  aussi  gros  que  le  bras,  mol.  Fdch.  ii,  7. 
Il  3°  Lames  de  gaulis,  lames  minces  de  bois  qui 
servent  à  faire  différentes  espèces  de  paniers,  par 
exemple  les  bourriches  d'huîtres. 

—  ÉTYM.  Gaule. 

GAULOIS,  OISE  (gô-lot,  lol-z'),  adj.  ||  1°  Qui  est  de 
la  Gaule.  Les  peuples  gaulois.  ||  Fig.  Qui  a  le  carac- 
tère des  vieilles  et  bonnes  mœurs.  Une  probité,  une 
franchise  gauloise.  ||  En  un  autre  sens.  Qui  a  le  ca- 
ractère inculte  et  mal  poli  des  vieux  temps.  Avoir 
les  manières  gauloises.  Avant  moi  [François  I"], 
tout  était  grossier,  pauvre,  ignorant,  gaulois;  je 
me  suis  fait  nommer  le  père  des  lettres,  fén.  t.  xix, 
p.  384.  De  la  censure  minutieuse  et  délicate  de  Vau- 
gelas,  le  travail  de  l'Académie  passa  dans  la  main 
rude  et  encore  un  peu  gauloise  de  Mézeray,  qui, 
le  meilleur  de  nos  vieux  historiens  pour  la  liberté 
de  jugement,  la  vigueur  du  récit  et  parfois  l'élo- 
quence, se  trouva  chargé  de  recueillir  dans  l'usage 
la  belle  langue  française  qu'il  n'adoptait  qu'à  demi, 
viLLEMAiN,  Dict.  de  l'Àcad.  préface,  p.  xiii.  ||  Su- 
ranné. Tournure,  expression  gauloise.  ||  Esprit  gau- 
lois, mot  gaulois,  se  dit  d'un  trait  d'esprit,  d'un 
mot  dont  la  liberté  n'observe  pas  toute  les  conve- 
nances, comme  cela  se  voit  dans  les  auteurs  du  xvi* 
siècle,  à  qui  ces  locutions  s'appliquent  particuliè- 
rement. ||  2°  S.  j».  et  f.  Celui,  celle  qui  est  du  pays 
de  Gaule.  Gai  1  gai  !  serrons  nos  rangs,  Espérance 
De  la  France,  Gai  I  gai  I  serrons  nos  rangs ,  En 
avant,  Gaulois  et  Francs,  bérano.  Les  Gaulois  et  les 
froncs.  Il  C'est  un  bon  Gaulois,  un  vrai  Gaulois, 
se  dit  d'un  homme  dont  la  conduite  est  sincère, 
franche  et  droite.  ||  Homme  d'une  certaine  rudesse 
de  manières  ou  de  caractère....  Les  femmes  ont 
fait  passer  pour  Gaulois  ridicules  ceux  qui  ont 
voulu  conserver  la  gravité  et  la  simplicité  des  mœurs 
anciennes,  kén.  t.xvii,  p.  84.  ||  3°  S.  m.  Langue  par- 
lée par  les  anciens  Gaulois,  qui  était  un  dialecte  des 
langues  celtiques.  Le  gaulois.  ||  Gaulois  se  dit  im- 
proprement du  vieux  français.  ||  Locution  suran- 
née. C'est  du  gaulois.  Vous  parlez  gaulois. 

—  lllST.  XV*  s.  X  la  vieille  gauloise  [à  la  vieille 
modej,  LEROUX  de  lincy,  7'roD.  t.  i,  p.  350 

—  ÉTYM.  La  Gaule,  l^t.  Gallia.  Cette  forme  est  in- 
solite, attendu  que  le  latin  n'a  pas  gallensis,  qui 
seul  aurait  pu  donner  gaulois;  quant  à  au,  il  parait 
résulter  de  la  résolution  de  la  première  1  en  u.  Les 
peuples  romans  portent  en  ancien  allemand  le 
nom  de  walh  ou  walah;  ve'alh,  en  anglo-saxon; 
wàlsch,  en  allemand  moderne  ;  c'est  de  là  que 
vient  wallon,  nom  d'un  pays  de  langue  française 
voisin  de  la  langue  allemande,  et  sans  doute  Walcs 
ou  pa;/s  de  Galles  en  Angleterre.  Scheler  pense  que 
ces  mots  représentent  Gallus,  mot  celtique  adopté 
par  les  Latins.  Max  MQllcr,  au  contraire  (la  Science 
du  langage,  3'  leçon,  trad.  Harris  et  Perrot),  re- 
garde walh  ou  walah  comme  une  appellation  don- 
née par  les  Germains  à  leurs  voisins  les  Celtes  et 
l'identifie  avec  le  sanscrit  mlechha ,  barbare ,  qui 
parle  d'une  manière  indistincte.  Mais,  comme  le 
mot  walh  ou  walah  ne  se  trouve  qu'au  viii»  siècle, 
il  est  probable  qu'il  représente  gallus. 

t  GAULT  (gfllf),   s.   m.  Terme  do  géologie.  Mot 
usité  d;ius  quelques  comtés  d'Angleterre  pour  dési- 
gaor  une  couche  Ao  marne  bleue  qui  sépare  en  deux 
éiages  (le  supérieur,  et  l'inférieur  ou  gaull)  le  grès 
Yertdu  terrain  crétacé, 
t  r.Ari.TIIÉRINE  iRÔl-lé-ri-n'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Corps  qui  se  trouve  dans  l'écorce  de  betula 
lenta,  L.,  iip.si  nonmé  parce  que,  par  distillation, 


GAU 

i!  devient  identique  à  l'huile  du  gauUheria  pro- 
cumbens,  L.,  ou  thé  du  Canaila  (éricacées). 

—  ÉTYM.  Gaullhier,  médecin  et  botaniste  fran- 
çais du  siècle  dernier. 

'  f  GAUMINE  (gô-mi-n'),  s.  f.  Mariage  à  la  gau- 
mine,  mariage  qui,  contracté  par  des  protestants  en 
présence  d'un  prêtre  catholique,  mais  sans  qu'il 
bénît  les  époux,  était  pourtant  réputé  valide,  Mém. 
sur  le  mariage  de  protestants,  p.  82,  dans  lacubne. 
GALPE  (gô-p'),  s.  f.  Terme  d'injure  et  de  mé- 
pris. Femme  malpropre  et  désagréalile.  Jour  de 
Dieul  je  saurai  vous  frotter  les  oreilles;  Marchons, 
gaupe,  marchons,  mol.  J'art.  i,  t.  Trois  juges  sour- 
nois.... Qu'accompagnaient  trois  gaupes  effroyables, 
volt.  Songe  creux. 

—  IlIST.  XV*  s.  Villain,  tu  as  appelé  Agnès  qui  est 
ici,  gauppe,  et  as  dit  villenie  d'elle,  du  cange, 
gausape.  ||  xvi*  s.  Maintenant  celui  qui  aura  une 
belle  femme  s'ira  accointer  de  sa  chambrière,  qui 
sera  un  touillon,  un  sali.sson,  une  gaupe,  Les  neuf 
matinées  du  seigneur  de  Cholières ,  édit.  <686, 
f  140  recto,  mat.  v,  Des  laides  et  belles  femmes. 

—  ETYM.  Génev.  une  belle  gaupe,  grosse  femme, 
grosse  fille,  sans  aucun  sens  défavorable.  Du 
Cange  le  tire  du  latin  gausape  qui  s'est  dit  dans  le 
moyen  âge  pour  une  sorte  de  manteau,  le  nom  du 
vêtement  ayant  pa.ssé  à  celle  qui  le  portait;  mais 
tout  intermédiaire  manque.  Diez  le  rattache  à  l'an- 
cien anglais  tco/iop,  morceau  de  graisse;  mais  cela 
est  peu  plausible,  les  intermédiaires  de  sens  et  de 
forme  manquant  ici  aussi.  Il  rejette  l'ancien  haut 
allemand  wulpd,  louve ,  qui,  dit-il,  aurait  donné 
goupe. 

t  GACPERIE  (gô-pe-rie),  s.  f.  Terme  très-fami- 
lier. Saloperie,  tenue  de  gaupe. 

I GAUR  (gôr),  s.  m.  Espèce  de  bruant. 

t  GAURE  (gô-r'),  s.  f.  Terme  de  géologie.  Granit 
tendre  et  désagrégé  qui  se  laisse  attaquer  par  le  pic. 

GAURES  (go-r') ,  s.  m.  plur.  Sectaires  de  Zoroastre, 
désignés  plus  souvent  sous  le  nom  de  Guèbres. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  gauri,  nom  donné  par  les  Turcs 
à  tous  ceux  qui  ne  sont  pas  chrétiens;  ce  paraît  être 
le  même  que  guèbre  (voy.  ce  mot). 

f  GAUSSE  (gô-s',  et  plus  souvent  prononcé  go- 
s'),  s.  f.  Terme  d'écolier.  Mauvaise  plaisanterie, 
mensonge.  Il  t'a  conté  des  gausses. 

—  ÉTYM.  Voy.  GAUSSER. 

GAUSSER  (SE)  (gô-sé),  ».  réfl.  ||  1°  Terme  fa- 
milier. Se  railler.  Et  nous  voyons  que  d'un  homme 
on  se  gausse.  Quand  sa  femme  chez  lui  porte  le  haut- 
de-chausse,  mol.  Femm.  sav,  y,  3.  Oui,  pour  se  gaus- 
ser des  uns  et  des  autres,  il  invente  je  ne  sais  com- 
bien de  Botlises  qui  font  rire,  dancourt,  la  Gazette, 
se.  18.  Il  Absolument.  Vous  vous  gaussez,  monsieur, 
ça  n'est  pas  vrai,  dancourt, Tend.  Suré«e,  t.  ...Tout 
franc  je  n'aime  pas  Qu'on  se  rie  à  mon  nez  et  qu'on 
suive  mes  pas;  Si  quelqu'un  vient  encor  se  gausser 
davantage,  Je  lui  sangle  d'abord  mon  poing  par  le 
visage,  regnahd,  Démocr.  ii,  3.  ||  2°  V.  n.  Pierre  s'ai- 
réte,  rit,  et  en  gaussant  me  dit  :  La  voilà  bonne  ton 
herbe  I  [sur  laquelle  passait  une  compagnie  de  chas- 
seurs].  p.  L.  CODR.  Gazette  du  village.  ||  Activement. 
J'enrageais  quand  je  vis  cent  hommes  me  gausser, 
POISSON,  Bar.  de  la  Crasse,  se.  2. 

—  REM.  Les  écoliers  prononcent  gosser,  le  font 
neutre  et  lui  donnent  le  sens  de  dire  des  bourdes. 

—  HiST.  XV*  s.  Ils  se  gaussent  de  toi;  ta  force 
méprisée  Par  nos  adversités  leur  sert  d'une  risée, 
GARNiER,  Les  Juives,  v.  Je  disois  en  mes  jours,  de 
quelqu'un,  en  gaussant,  qu'il  avoit  choué  la  divine 
justice,  MONT.  I,  310.  Tu  oses  bien  te  moquer  de 
mes  vers  Et,  te  gauchant,  les  lire  de  travers,  X  cha- 
que point  disant  le  mot  pour  rire,  rons.  »20. 

—  ÉTYM.  Origine  incertaine.  Frisch  y  voit  l'italien 
garaizare,  babiller;  Diez,  l'espagnol  gosar$e,se  ré- 
jouir. On  peut  songer  à  une  forme  gavisare,  tirée 
du  latin  gavisum,  supin  de  gaudere. 

GAUSSERIE  (gô-se-rie),  t.  f.  Terme  populaire. 
Moquerie,  raillerie. 

—  ÉTYM.  Gausser. 

GAUSSEUR,  EUSE  (gô-seur,  seû-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  se  gausse  des  autres.  Ce  gros  Bris- 
sac  était  un  gausseur  et  un  homme  d'esprit,  de  ma- 
nège et  de  bonne  chère,  saint-simon,  2«4,40.  \\Adj. 
Margot,  morbleu,  Est  par  trop  joyeuse,  Elle  est  ja- 
seuse,  Gausseuse,  vadE,  Troqueurs,  2. 

—  BEM.  Voltaire  a  écrit  gosseuse  :  Sa  Sainteté  est 
un  peu  gosseuse  ;  elle  a  dit:  le  cardinal  Quirini  quête 
des  louanges,  il  a  attrapé  celles  qu'il  lui  faut,  Leit. 
ifme  Denis,  9  juin  I7&2.  Le  fait  est  que,  dans  les 
collèges  de  Paris  où  ce  mot  est  fort  en  uaage,  on 
dit  gosse,  gosser,  gosseur. 

—  HTST.  XVI*  s.  Hieron,  qui,  aprèi  Gelon,  occupa 


GAV 

SiracuM,  cerchoit  tout  hommes  l^^rcii,  volontairpt 
et  gosseurs,  noél  du  fail.  Contes  d'Eutrapel,  cb.  3», 

—  ÉTYM.  Gausser. 

t  GAUTEREAD  (g5-te-rô),  s.  m.  Un  des  nomi 
vulgaires  du  geai. 

t  t .  GAUTIER  (gô-tié) ,  s.  m.  Nom  des  payiant 
normands  qui,  dans  le  seizième  siècle,  ayant  prii  let 
armes  pour  se  protéger,  finirent  par  se  ranger  du. 
parti  de  la  Ligue.  ||  Gautier  et  Garguille,  voy.  gah« 
GUiLLE.  Il  II  s'est  dit  pour  un  homme  quelconque.  Il 
se  ha.sarde  même  à  faire  des  romans.  Des  chanson» 
pour  Gautier,  des  pointes  pour  Guillaume,  cobn. 
lllus.  corn.  I,  3. 

f  2.  GAUTIER  (gô-tié) ,  s.  m.  Espèce  de  vanne  ou 
d'arrêt  pratiquée  dans  les  rivières  où  l'on  flotte  è 
bois  perdu.  ||  Dans  la  basse  Bourgogne,  vanne  de 
déchargeoir. 

f  GAVACHE  (ga-va-ch*) ,  s.  m.  Homme  miséra- 
rable  et  mal  vêtu;  homme  lâche  et  sans  honneur.  U 
vous  traiterait  de  gavaches;  Vous  me  faisiez  tant  le» 
bravaches,  scarron,  Virg.  v. 

—  ÉTY.M.  F.spagn.  garacho,  canaille,  mot  popu- 
laire d'injure  que  les  dictionnaires  ne  mettent  pas. 
Un  muletier  appelle  son  mulet  mulo  gavacko  ;  les 
Espagnols  donnent  par  injure  le  nom  de  gavachot 
aux  Français. 

t  GAVÀSSINE  (ga-va-si-n'),  s.  f.  Ficelle  qui  fail 
partie  du  métier  à  tisser  les  soierie». 

t  GAVASSINIËRE  (ga-va-si-niè-r'),  ï.  f.  Ficelle 
plus  grosse  que  la  gavassinc  et  pa»sant  dans  une 
boucle  au  milieu  de  celle-ci. 

ft.  GAVE  (ga-v'),  s.  m.  Nom  que  l'on  donne 
dans  les  Eyrénées  aux  cours  d'eau  plus  ou  moins 
considérables  qui  descendent  des  montagnes. 

f  2.  GAVE  (ga-v'),  s.  f.  Terme  populaire  qui  se 
dit  pour  le  jabot  des  oiseaux. 

—  HIST.  xiii*  s.  Mais  Renart  le  feri  ou  col  De  »on 
fausart,  jus  !i  eûst  Caupée  le  [la]  tieste,  ne  fu»t  L'au- 
biers  dont  ot  le  [la]  gave  plaine  K'il  ot  mengié.... 
Renart  le  nouvel,  v.  (908.  ||xiv*  s.  Le  suppliant 
frappa  icellui  Jaquet  d'un  petit  coustelet  par  le  coul 
auprès  de  la  gaviete,  du  cange,  gargata. 

—  ÉTYM.  Picard,  gave,  gosier;  wallon,  gaf,  jabot 
des  oiseaux  ;  champ,  gueffe.  Ce  paraît  être  le  même 
mot  que  jabot  (voy.  ce  mot);  mais  Diez  le  tire  du    j 
latin  cavus,  creux.  j 

t  GAVEAU  (ga-vô),  s.  m.  Membre  d'une  associa-  ■< 
tion  d'ouvriers.  ' 

t  GAVER  (ga-vé).  ||  1*  F.  a.  Terme  populaire. 
Faire  manger  beaucoup  et  malgré  eux  de»  pou- 
lets, des  pigeons,  etc.  pour  les  engraisser.  ||  Par  ex- 
tension, gorger.  Gaver  un  enfant  de  bonbon».  |!  2°  So 
gaver,  v.  réfl.  Se  gorger  de  noiUTiture. 

—  ÉTYM.  Care  2. 

t  GAVETTE  (ga-vè-f),  s.  f.  Lingot  d'or  ayant 
déjà  reçu  quelque  préparation  pour  être  mi»  en  fil. 

t  GAVIAL  (ga-vi-al),  s.  m.  ||  1"  Terme  de  zoolo- 
gie. Reptile  crocodilien  à  museau  allongé,  qui  ha- 
bite l'embouchure  du  Gange  ;  se  dit  par  opposition  à 
l'alligator  qu'on  trouve  en  Amérique,  et  au  crocodile 
qui  habite  le  Nil  ou  autres  fleuves  d'Afrique. 
Il  2°  Nom  sous  lequel  on  a  désigné  le  tépisosli'e 
ossé  (malacoptérygiens  abdominaux  de  Cuvier),  qui 
est,  suivant  différents  auteurs,  le  lépisostée  gavial, 
le  lépisostée  caïman  ou  Vésoce  caiman,  legoarant. 
||3°Terme  de  paléontogie.  Gavial  de  Manheim,  un 
des  noms  donnés  à  Véolodon  de  Sômmcring,  reptile 
saurien  fossile  trouvé  aux  environs  de  Manheim, 
dit  aussi  crocodile  ancien ,  legoarant.  jj  Au  plur.  ■ 
Des  gavials. 

t  GAVIAN  (ga-vi-an),  s.  m.  Espèce  de  mouette 

GAVION  (ga-vi-on),  s.  m.  Terme  populaire.  Go- 
sier. On  lui  a  coupé  le  gavion.  En  avoir  ju.squ'au  ga- 
vion,  être  rempli  d'aliments. Se  rincer  le  gavion,  boire. 

—  HlST.  XV*  s.  X  Lucifer  te  porteron  Qui  te  es- 
traindra  le  gavion  Sans  fin  et  sans  rédemption, 
Mart.  de  St  P.  et  de  Si  Paul.  ||  xvi*  s.  Telles  ulcères 
souvent  commencent  parles  gencives,  et  cheminent 
jusqu'au  palais,  et  en  fin  gaigneiit  jusque»  à  la 
luette  et  gavion,  paré,  ii,  )6. 

—  ÉTYM.  Gaiîe  2. 

t  GAVITEAU  (ga-vi-tô) ,  s.  m.  Terme  de  marine. 
Nom  qu'on  donne,  en  quelques  ports,  aux  bouées. 
Les  maîtres  et  patrons  de  navires  qui  voudront  te 
tenir  sur  leurs  ancres  dans  les  ports  seront  obligés 
d'y  attacher  hoirin,  bouée  ou  gaviteau  pour  les  mar- 
quer, Ordonn.  d'aoAt  («si,  liv.  iv,  tit.  t. 

—  ÉTY.M.  En  basse  Bourgogne  on  nomme  gabiot 
un  petit  baril  d'une  vingtaine  de  litres;  y  aurait-il 
un  rapprochement  à  faire  entre  gaviteau  et  gabiot  f 

GAVOTTE  (ga-vo-t'),  s.  f.  ||  1*  Danse  grave  sur 
un  air  à  deux  temps,  où  l'on  s'enlevait  de  terre, 
tandis  que  les  dances  graves  antérieures  ne  consi=- 


GAZ 

tai«nt  gu6r«  qu'en  des  pas  glissés  ou  marcués,  et 
de  nobles  attitudes.  La  gavotte  de  Vestris.  Mme  Der- 
mance  :  Il  faut  danser  seule,  mademoiselle.  —  Der- 
mance  :  Oui,  les  gavottes,  les  boléros,  picard,  Manie 
debriller,  ii,  3.  Abraham,  danseur  de  l'Opéra,  fait 
fortune  (en  1797)  en  montrant  la  gavotte  aux  di- 
lettantes parisiens,  castil-blaze  ,  l'Académie  de 
musique,  t.  Il,  p.  62.  |{  Pas  de  gavotte  ou  demi- 
contre-temps,  c'est  le  pas  fondamental  de  la  contre- 
•l.inse  ;  il  sert  à  faire  les  ronds,  les  moulinets,  les 
■lurses  et  presque  tous  les  mouvements  de  la  con- 
-odanse.  Il  diffère  du  pas  naturel  en  ce  qu'on  sau- 
tille sur  le  pied  qui  esta  terre  et  qu'en  même  temps 
l'autre  pied  tend  sa  pointe  vers  le  sol.  C'est  ce  pas 
lui  fait  voir  que  l'on  danse  et  qu'on  ne  marche  pa." 
oulement.  Il  exige  une  demi-mesure  d'un  air  à  2/4; 
t  les  demi-mouvements  qui  le  caractérisent  se  font 
■hacun  sur  une  croche.  ||  2°  Air  sur  lequel  on  danse 
la  gavotte.  C'est  un  air  à  deux  temps  d'un  mouye- 
ment  modéré. 

—  ÊTYM.  Danse  originaire  des  Gavots,  habitants 
flu  pavs  de  Gap. 

GAYAC  (ga-ialc),  s.  m.  Voy.  gaïac. 

t  GAYACAN  (ga-ia-kan) ,  s.  m.  Arbre  de  la  fa- 
mille des  rutacées,  dont  le  bois,  d'un  fauve  verdâlre, 
est  plus  acre  que  celui  du  gaïac  ordinaire. 

t  GAYETTE  (ga-iè-f),  s.  f.  Nom  donné  dans  le 
ilépartement  du  Nord  aux  escarbilles,  ou  débris  de 
harbon  de  terre  tombés  dans  le  cendrier  sans  être 
luûlés.  Il  On  trouve  aussi  galette  et  gaillette. 

t  GAYLUSSITE  (ghè-lu-si-f),  s.  f.  Terme  de 
•.minéralogie.  Nom  du  carbonate  double  de  chaux 
f  t  de  soude. 

—  ÉTYM.  Gay-Lussac,  célèbre  chimiste. 

«AZ  (gaz'),  s.  m.  ||  1"  Selon  van  Helmont,  intro- 
lucteur  du  mot,  substance  subtile  unie  aux  corps, 
t  qu'il  appela  esprit  sauvage  à  cause  qu'il  la  consi- 
lérait  comme  incoercible.  ||  2°  Aujourd'hui,  en  chi- 
mie ,  tout  fluide  aériforme  ,  qui  reste  aériforme 
^ous  la  pression  et  à  la  température  atmosphériques 
irdinaires.  L'air  est  un  gaz.  L'eau  résulte  de  la 
combinaison  de  deux  gaz.  ||  Gaz  permanents,  ceux 
qui  conservent  l'état  aériforme  à  toutes  les  tempé- 
ratures, par  opposition  à  gaz  non  permanents  ou 
vapeurs  qu'un  certain  degré  de  froid  réduit  à  l'état 
liquide.  Il  3°  Absolument.  Le  gaz,  celui  qui  est  em- 
ployé pour  l'éclairage  et  qui  est  formé  en  grande 
partie  par  le  gaz  hydrogène  bicarboué  provenant  de 
la  décomposition  de  la  houille  par  la  chaleur.  Al- 
lumer, éteindre  le  gaz.  On  ne  voit  pas  assez,  don- 
nez du  gaz,  plus  de  gaz.  La  presse  éclaire,  et  le  gaz 
illumine,  Et  la  vapeur  vole  aplanir  les  mers,  EÈ- 
RANG.  Comète.  \\  Gaz  portatif,  gaz  d'éclairage  que 
l'on  distribue  au  domicile  des  personnes  qui  en  font 
usage.  Il  Bec  de  gaz,  espèce  de  robinet,  en  forme  de 
bec  de  lampe,  par  lequel  sort  le  gaz  distribué  dans 
les  conduits,  lorsqu'on  veut  l'allumer.  ||  Le  Gaz,  la 
compagnie  du  gaz,  celle  qui  fournit  le  gaz  de  l'éclai- 
rage. 11  est  employé  au  Gaz  parisien.  Il  va  entrer 
au  Gaz.  ||  Le  gaz,  l'éclairage  au  .gaz.  C'est  une  pe- 
tite ville  où  l'on  ne  connaît  pas  encore  le  gaz.  ||  4°  Se 
dit  aussi,  improprement,  des  vapeurs  de  l'estomac 
et  des  intestins.  Il  a  l'estomac  gonflé  de  gaz. 

—  ÉTYM.  Nom  créé  par  van  Helmont  (né  en  <  677) , 
et  qui  paraît  formé  du  flamand  (van  Helmont  était 
Flamand)  geest,  esprit;  allem.  Geist.  Sclieler  préfé- 
lerait,  sans  l'assurer  pourtant,  le  verbe  gàsc/ien, 
IjOuiUir,  fermenter. 

GAZK  (ga-z'),  s.  f.  \\  i°  Espèce  d'étoffe  fort  claire, 
faite  de  soie  ou  de  fil  d'or  et  d'argent.  La  vieille  lui 
baisa  les  franges  de  sa  robe  de  gaze,  volt.  Taureau, 
i.  On  doit  à  leurs  travaux  réunis  [de  Montigni  et  de 
Holker]  la  perfection  actuelle  de  nos  quincailleries 
"t  de  nos  fabriques  de  gaze,  co»ndorcet,  Montigni. 
.l'aime  un  sein  qui  palpite  et  soulève  une  gaze, 
A.  ciiÉN.  Poésies  diverses,  p.  231.  ||  Par  analogie. 
Ceux-là  [des  poissons]  dorment  dans  un  rayon  de  so- 
leil qui  pénètre  la  gaze  argentée  des  flots,  chateaub. 
Génie,  i,  v,  4.  H  Terme  de  point  d'Alençon.  Voy. 
iiKMPi.i.  ||2°  Fig.  Voile,  adoucissement.  Nuls  traits 
à  découvert  n'auront  ici  de  place;  Tout  y  sera  voilé, 
mais  de  gaze,  et  si  bien  Que  je  crois  qu'on  n'en  per- 
dra rien,  la  font.  Tabl.  Le  cardinal  de  Bouillon 
prétexta  quelques  affaires  à  Naples;  cette  gaze  n'em- 
pêcha pas  tout  Rome  de  voir  fort  clair  à  travers, 
sT-siM.  148,  (67.  Quoi  qu'il  en  soit,  ma  Minerve  sé- 
vère Adoucira  ces  grotesques  portraits,  Et,  les  voi- 
lant d'une  gaze  légère.  Ne  montrera  que  la  moitié 
des  traits,  gbf.sset,  7e  Lutrin  virant. 

—  HIST.  xvi°  s.  Des.sus  la  toille  ou  sur  la  gaze 
peinte  De  fil  en  fil  ])re3soit  la  laine  teinte,  bons.  686. 

—  ÉTYM.  Normand,  gaxe,  la  vesce,  ainsi  dite  à 
cause  de  la  finesse  de  son  feuillage;  bas-lat.  gas- 


GAZ 

gatum,  gaze  ;  de  Gaza,  d'après  du  Gange,  ville  d'O- 
rient où  l'on  fabriquait  cotte  étoffe. 

GAZÉ,  ÉE  (ga-zé,  zée),  part,  passé  de  gazer. 
Il  i'  Couvert  d'une  gaze.  Une  tapisserie  gazée. 
Il  Fig.  Voilé  légèrement.  Des  détails  trop  libres, 
adroitement  gazés.  ||  2"  S.  m.  Papillon  diurne. 

t  GAZF^IFIABLE  (gazé-i-fi-a-bn ,  adj.  Terme  de 
chimie.  Oui  est  susceptible  de  se  convartir  en  gaz. 

t  GAZÉIFICATION  (ga-zé-i-fi-ka-sion  ) ,  s.  f. 
Terme  de  chimie.  Réduction  d'une  substance  à  l'é- 
tat de  gaz. 

GAZÉIFIÉ,  ÉE  (ga-zé-i-fi-é,  ée),part.  passé  de 
gazéifier.  Substance  gazéifiée. 

GAZÉIFIER  (ga-z6-i-fi-é),  je  gazéifiais,  nous  ga- 
zéifiions, vous  gazéifiiez  ;  que  je  gazéifie,  (|ue  nous 
gazéifiions,  que  vous  gazéifijez,  v.  a.  Transformer  en 
gaz.  Il  Se  gazéifier,  v.  réfl.  Être  transformé  en  gaz. 

—  ÉTYM.  Gai,  et  le  suffixe  fier,  équivalent  du 
suffixe  latin  ficarc,  dérivé  de  facere,  faire. 

GAZÉIFORME  fga-zé-i-for-m'),  adj.  Qui  est  à  l'é- 
tat de  gaz. 

—  ÉTYM.  Gaz,  et  forme. 

t  GAZÉITÉ  (ga-zé-i-té) ,  s.  (.  Terme  de  chimie.  Pro- 
priété qu'ont  certains  corps  d'exister  à  l'état  gazeux. 

—  ÉTYM.  Ga%. 

GAZELLE  (ga-zè-l"),  s.  f.  Terme  de  zoologie. 
Bête  fauve  du  genre  des  antilopes  (antilope  dorcade) 
qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  Vantilope  leucoryx, 
appelée  algazel,  legoabant.  Les  gazelles  habitent 
l'Asie  et  l'Afrique,  et  vont  par  troupes.  Depuis 
qu'Albaydé  dans  la  tombe  a  fermé  Ses  beaux  yeux 
de  gazelle,  v.  hugo.  Orient.  26. 

—  HIST.  xiifs.  Une  beste  sauvage  que  l'en  appelle 
gazel,  qui  est  aussi  comme  un  chevrel,  joinv.  267. 

—  ÉTYM.  Espagn.  gazela;  ital.  gaizella;  de  l'a- 
rabe, ghaza. 

GAZER  (ga-zé),  ï.  o.  ||  1°  Mettre  une  gaze  sur 
quelque  chose.  ||  2°  Fig.  Voiler  légèrement,  dégui- 
ser ce  qui  est  trop  libre  dans  un  écrit  ou  ce  qui 
déplairait.  11  est  vrai  que  les  défenseurs  de  cette 
doctrine  ont  eu  soin  de  la  gazer  sous  un  voile  très- 
populaire,  MIRABEAU,  Collection,  t.  ii,  p.  uo. 
Aujourd'hui  l'on  a  la  manie  De  clouer,  sur  tous  les 
sujets.  Le  mot  pour  rire  à  chaque  phrase;  On  gaze, 
dit-on,  les  objets....  Mais  on  éclaircit  trop  la  gaze, 
DKMOUSTiER,  dans  le  Dict.  de  bescherelle.  ||  Abso- 
lument. Gazez,  gazez. 

—  REM.  Gazer  au  sens  propre  et  au  sens  figuré 
n'est,  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie,  qu'à  par- 
tir de  l'édition  de  4  762. 

—  ÉTYM.  Gaze. 

GAZETIER  (ga-ze-tié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie:  des  ga-ze-tié-z  instruits),  s.  m. 
Il  1°  Celui  qui  compose,  publie  un  journal,  une  ga- 
zette. Théophraste  Renaudot  est  le  gazetier  de  France 
le  plus  fameux;  il  était  médecin  de  Montpellier;  il 
commença  à  donner  la  gazette  en  <63),  riciielet.. 
C'est  une  erreur  [que  Tomyris  ait  fait  tuer  Cyrus] 
dont  on  a  abusé  seulement  durant  vingt-cinq  siè- 
cles, et  cela  par  la  faute  du  gazetier  de  Scythie, 
qui  répandit  mal  à  propos  la  nouvelle  de  sa  mort 
sur  un  faux  bruit,  boil.  Héros  de  romans.  ||  Au- 
jourd'hui, dans  l'usage  ordinaire,  on  dit  journa- 
liste. Il  Gazetière  au  féminin,  s'est  dit  en  parlant 
d'une  femme  qui  publie  une  gazette.  On  n'a  pas 
conseillé  à  notre  gazetière  de  Rotterdam,  la  veuve 
Saint-Glain,  d'insérer  cette  réponse,  baïle,  Lett.  85, 
5  déc.  t690,  t.  I,  p.  295.  {|  Fig.  Celui  qui  annonce  à 
un  tiers  les  nouvelles  du  pays  où  il  est.  Je  voudrais 
du  moins  être  votre  gazetier  en  ce  pays-ci,  afin  de  ne 
vous  être  pas  tout  à  fait  inutile,  volt.  Lett.  Mme  de 
Drnières,  octobre  1724.  ||  Celui  qui  recueille  les 
bruits  qui  courent.  Gazetier  scandaleux,  sur  la  liste 
inhumaine  II  enregistre  à  son  retour,  Nuit  par 
nuit,  jour  par  jour,  semaine  par  semaine,  Les  re- 
vers de  l'hymen,  les  exploits  de  l'amour,  delille, 
Convers.  n.  ||  2°  Il  se  dit  par  dénigrement.  Gazetier 
clandestin  Dont  la  plate  âcreté  damne  le  genre  hu- 
main, VOLT.  Loi  nat.  3.  Comme  l'ont  écrit  tous  ces 
gazetiers  de  mensonge,  ID.  Louis  XIV,  27.  Moi 
VOUS  sabrer,  bonhomme  I  quiconque  vous  l'a  dit 
est  un.... — Oui,  mon  ami,  c'est  un  gazetier  censuré, 
p.  L.  cour.  2°  lett.  parlieul.  \\  3°  Autrefois,  celui 
qui  vendait  ou  donnait  à  lire  les  gazettes  dans  les 
rues  de  Paris. 

—  ÉTYM.  Gazette. 

GAZETIX  (ga-ze-tin),  s.  m.  Terme  vieilli.  Petite 
gazette.  Les  gazetinssont  ordinairementmanuscrits. 
Les  gazetins  infidèles  dont  l'Europe  est  inondée, 
VOLT.  Lett.  d'Argcnson,  30  mars  (740. 

—  É'IYM.  Diminutif  da  gazette. 

4.  GAZETTE  (ga-zè-f),  s.  f.  \\  1°  Écrit  périodique 
contenant  les  nouve'les  politiques,  littéraires,  etc. 


GAZ 


1847 


dit  aujourd'hui  plus  habituellement  journal.  D'élo- 
ges on  regorge,  à, la  tête  on  les  jette,  Et  mon  valet 
de  chambre  est  mis  dans  la  gazette,  mol.  Jftj.  m,  7. 
Ne  vous  incommodez  point  pour  les  réponses;  il  a 
un  style  de  gazette  qu'il  possède  mieux  que  moi, 
sÉv.  Lett.  26  oct.  4679.  N'avez-vous  point  remarqué 
la  gazette  de  Hollande?  elle  compte  ceux  qui  ont 
des  charges  chez  Madame  la  Dauphine,  in.  47  jan- 
vier 1880.  Et,  cherchant  sur  la  brèche  une  mort 
indiscrète,  De  sa  folle  valeur  embellir  la  gazette , 
non..  Sat.  viii.  La  nouvelle  qui  vous  alarme  n'est 
encore  que  dans  la  gazette,  et  la  gazette  est  sou- 
vent menteuse,  dancourt,  la  Gazette,  se.  8.  Je 
veux  encore  me  flatter  que  les  gazettes  ne  savent  ce 
qu'elles  disent  ;  cela  leur  arrive  fort  souvent,  volt. 
Lett.  d'Argental,  5  déc.  4  768.  i  l'imitation  des  ga- 
zettes politiques,  on  commença  en  France  à  impri- 
mer des  gazettes  littéraires  en  4  665,  id.  Dict.  phil. 
Gazette.  Mlle  Duménil  [une  actrice]  court  à  bride 
abattue,  une  autre  dit  des  vers  comme  on  dit  la 
gazette,  id.  Lett.  Chabanon,  22  déc.  4  766.  Renau- 
dot (Théophraste)  ,  médecin  très-savant  en  plus 
d'un  genre,  le  premier  auteur  des  gajrettes  en 
France,  id.  Louis  XIV,  Écrivains.  \\  Une  vieille  ga- 
zette ,  une  chose  qui  n'a  plus  aucun  intérêt.  Je  vis 
qu'il  me  traitait  comme  une  vieille  gazette,  dont  on 
n'a  plus  que  faire,  staal,  Mém.  t.  i,  p.  298.  ||  Fig. 
et  populairement.  Lire  la  gazette,  se  dit  d'un  cheval 
ou  d'une  autre  bête  de  somme  que  son  maître  laisse 
exposée  à  l'injure  du  temps,  pendant  qu'il  est,  lui,  au 
cabaret.  Le  maître  vide  sa  bouteille,  la  jument  lit 
la  gazette,  humbert.  ||  Titre  de  différents  journaux. 
La  Gazette  de  France.  La  Gazette  du  village.  On  de- 
venait coupable  d'un  crime  sensible  [auprès  du  roi], 
sitôt  (ju'on  s'écartait  un  peu  de  la  fadeur  de  la  Ga- 
zette de  France,  et  de  celle  des  bas  courtisans, 
ST-siM.  245,  4  4.  Il  2°  Détail  minutieux  de  circonstan- 
ces. Que  je  voie  toute  la  cour  par  vos  yeux,  que  j'as- 
siste à  tous  les  sermons  par  vos  oreilles....  et  qu'il 
ne  revienne  point  de  courrier  qui  ne  soit  chargé 
d'une  gazette  de  votre  style,  balz.  liv.  iv,  lett.  26. 
Si  je  vous  faisais  une  gazette  de  l'état  de  ma  santé 
en  détail,  sÉv.  B94.  Parlez-moi  de  votre  gazette  de 
sanlé,  qui  est  bien  la  source  de  mon  repos,  id.  20 
nov.  4 689. Deux  personnes  chargées  de  faire  la  ga- 
zette de  la  cour,  montesq.  Esp.  xii,  7.  Ces  gazet- 
tes de  la  médisance,  ces  archives  du  mauvais  goût, 
que  l'envie,  la  bassesse  et  la  faim  ont  dictées,  ces 
lâches  satires  où  l'on  ménage  le  vautour,  et  où  l'on 
déchire  la  colombe,  volt.  Babouc.  \\  3°  Par  déni- 
grement. Histoire,  poème,  récit  où  les  choses  sont 
racontées  sèchement  et  sans  intérêt.  Ce  poëme  n'est 
qu'une  gazette  rimée.  Il  y  a  environ  douze  batailles 
dont  je  n'ai  point  parlé,  Dieu  merci,  parce  que  j'é- 
cris l'histoire  de  l'esprit  humain,  et  non  une  gazette, 
VOLT.  t««.  Damilaville,  4  3  février  4  763.  ||  4°  Per- 
sonne curieuse  d'apprendre  et  de  débiter  toutes 
sortes  de  nouvelles.  C'est  la  gazette  du  quartier. 

—  HIST.  XVI*  s.  Hé  quoy  donc,  petit  sibilot  [fou], 
Pour  l'amour  de  dame  Lisette,  Vous  vous  estes  fait 
huguenot,  X  ce  que  nous  dit  la  gazette,  d'aubigné, 
Épigr.  Il  se  retira  en  cette  ville  (qui  estoit  Venize) 
au  mois  de  juin  an  susdit  (4  598) ,  n'aiant  avec  lui 
qu'une  seule  gazette,  pièce  de  monnoie  valant  trois 
liards  de  France,  id.  Ilist.  m,  bis.  Elle  jase,  elle  ca- 
quette, Comme  une  vieiUe  gazette.  De  mouchoir  et 
de  manchette,  De  cravate  et  de  cornette,  pebrin, 
Poés.  p.  210,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Espagn.  giifeta;  ital.  gaxzetta;  d'après 
Ménage  et  Ferrari,  du  vénitien  gazietta,  nom 
d'une  petite  monnaie  que  coulait  le  papier-nou- 
velle vendu  à  Venise  ;  le  nom  de  la  pièce  de  mon- 
naie passa  au  journal.  D'autres  ont  dit  que  gazzetta 
était  le  diminutif  de  gazza,  pie.  M.  Garcin  de  Tassy 
le  tire  de  l'indo-persan  kdged  ou  kdgit,  papier.  Mais 
c'est  l'opinion  de  Ménage  et  de  Ferrari  qui  doit  pré- 
valoir; du  moins  un  des  exemples  de  d'Aubigné 
prouve  que  gazette  était  alors  le  nom  d'une  monnaie. 

f  2.  GAZETTE  (ga-zè-f),  s.  f.  Terme  de  manu- 
nufacture  de  porcelaine.  Le  mémo  que  casette,  dont 
il  est  une  altération. 

f  GAZEDR  (ga-zeur),  s.  m.  Néologisme.  Celui 
qui  sait  gazer,  déguiser  les  choses  trop  libres. 

—  ÉTYM.  Gazer. 

f  GAZEUSE  (ga-zeû-z') ,  s.  f.  Terme  dépeint  d'A- 
lençon (dentelle  bride).  Celle  qui  fait  le  remplissag* 
des'fieurs  et  feuilles. 

—  ÉTYM.  Gazer. 

GAZEDX,  EUSE(ga-zeù,  zeù-z'),  adj.  Terme  de 
chimie.  Qui  est  de  la  nature  du  gaz  ;  qui  est  à  l'état 
de  gaz.  Les  substances  gazeuses.  j|  Air  gazeux,  an- 
cien nom  de  l'acide  carbonique.  La  cure  des  as- 
phyxies causées  par  l'air  gazeux,  co.NBORCfcT  Bucquet. 


1848 


GAZ 


Il  Limonade  gareuse ,  voy.  umonave.  ||  Familiëre- 
menl.  l'n  verre  de  gazeuse.  Une  bouteille  de  gazeuse. 

_  CTVM.  Gai. 

(.  GAZIER,  1ÈRE  (ga-zié,  ziè-r"),  s.  m.  elf.  Ou- 
Trier,  ouvrière  en  gaze. 

—  EÏY.M.  Case. 

f  2.  GAZIKR  (ga-zié),  t.  m.  Ouvrier  qui  travaille 
au  gaz  de  léclairage. 

—  ETYM.  Gai. 

f  gazifERE  (ga-ri-fc-r),  adj.  Terme  de  chimie. 
Oui  sert  à  faire  le  gaz.  Machine  gazifcre.  |{  S.  m. 
Appareil  servant  à  faire  le  g;iz  indammaljle  pur. 

—  ÊTYM.  Gai,  et  le  lat.  ferre,  porter. 

t  GAZOFACTEUa  (gazo-fa-kteur),  s.  m.  Usine 
où  l'on  fait  du  gaz  portatif. 

—  ÊTYM.  Gai,  et  facteur. 

f  GAZOGftNK  (ga-zo-jè-n'l,  s.  m.  \\  1*  Nom  donné 
à  un  appareil  portatif  avec  lequel  on  fait  de  l'eau  de 
Seitz.  Il  2°  Nom  proposé  pour  désigner  le  mélange 
d'alcool  et  d'essence  de  térébenthine  employé  pour 
l'éclairage. 

—  ÊTYM.  Gai,  et  le  suffixe  gène,  pris  dans  le 
sens  de  :  qui  engendre. 

t  GAZOLYTE  (ga-zo-li-f) ,  adj.  Terme  de  chimie. 
Susceptible  de  se  résoudre  en  gaz.  ||  S.  m.  pi.  Corps 
simples  susceptibles  de  former  des  gaz  permanents 
par  leur  combinaison  avec  d'aulres  corps  simples. 

—  ETYM.  Gai,  et  Xuro;,  soluble. 
GAZOMÈTRE  (ga-zo-mè-tr') ,  s.  m.  ||  I"  Terme  de 

chimie.  Appareil  propre  à  mesurer  la  quantité  d'un 
gaz.  Il  2°  En  particulier,  appareil  qui,  mesurant  la 
quantité  du  gaz  d'éclairage,  en  règle  l'écoulement 
et  en  fournil  une  quanlilé  constante  pour  un  temps 
déterminé.  ||  3*  Petit  appareil  à  aiguille  et  à  cadran, 
qui,  placé  dans  chacune  des  maisons  éclairées  au 
gaz  hydrogo.ne,  montre  pendant  combien  de  temps 
les  becs  de  gaz  sont  restés  ouverts.  ||  On  dit  aussi 
compteur. 

—  ETYM.  Cal,  et  iiEtpov,  mesure. 

t  GAZOMÉxaiE  (ga-zo-mé-trie),  s.  f.  Art  de  m9- 
surcr  les  gaz. 

GAZON  (ga-zon) ,  s.  m.  ||  1°  Herbe  courte  et  me- 
nue. Tondre  le  gazon.  Sur  un  lit  de  gazon,  de  fai- 
blesse étendu,  Il  semblait  déplorer  ce  qu'il  avait 
perdu,  COBN.  Rodog.  v,  4.  Souvent,  dans  le  secret  de 
l'ombre  et  du  silence.  Du  gazon  d'un  cercueil  la 
prière  s'élance,  Et  trouve  l'espérance  à  côté  de  la 
mort,  LÀMART.  iléd.  II,  6.  La  lune  se  balance  aux 
bords  de  l'horizon  ;  Ses  rayons  affaiblis  dorment  sur 
le  gazon,  id.  ib.  i,  ) 5.  ||  Gazon  d'olympe,  un  des 
noms  vulgaires  de  la  statice  armérie  (plombagina- 
cées) ,  dite  aussi  statice  à  gazon,  gazon  de  montagne, 
gazon  d'Espagne.  ||  Gazon  anglais,  uh  des  noms  vul- 
gaires de  l'ivraie  vivace,  qui  est  un  très-bon  fourrage. 
Il  Gazon  d'Angleterre,  la  pliléole  des  prés,  le  paturin 
trivial,  et  la  saxifrage  hypnoide  ou  saxifrage  mous- 
seuse; cette  dernière,  qui  habite  l'Europe  australe, 
est  appelée  encore  gazon  turc.  |1  Gazon  d'argent,  nom 
vulgaire  du  céràiste  tomentcux  ou  céraùte  coton- 
neux de  ccrtams  auteurs.  Gazon  de  chat,  la  german- 
drée  maritime.  Gazon  de  Mahon,  la  julienne  de 
Chio,  dite  aussi  giroflée  de  Mahon.  Gazon  d'or,  la 
vermiculairc  brûlante  et  l'orpin  anglais.  Gazon  du 
Parnasse,  la  convallaire  bifcliée  et  la  parnassie  pa- 
lustre JEOOAHANT.  Il  2"  Terre  couverte  de  gazon. 
Lee  villageois  dansent  sur  le  gazon.  Gazons  entre- 
coupés do  ruisseaux  et  d'ombrages,  Seuil  antique  où 
mon  père,  adoré  comme  un  roi.  Comptait  ses  gras 
troupeaux  rentrant  des  pftturagcs....  lamart.  Méd. 
Il,  <6.  Il  3*  Terme  de  fortificjition.  Revêlement  d'un 
parapet.  ||  4'  A  u  plur.  Molles  de  terre  carrées  et 
couvertes  de  gazon,  dont  on  se  sert  pour  faire  des 
gazons  artificiels.  Lever  des  gazons.  ||  Gazons  pla- 
qués, ceux  qui  se  composent  de  tranches  taillées 
dans  un  autre  gazon.  ||  6°  Gazon  se  dit  quelquefois, 
par  plaisanterie,  de  la  perruque  d'un  chauve,  ou  des 
cheveux  très-rares  qui  restent  sur  sa  tête. 

—  iilST.  XV*  s.  Si  convint  les  chevaux  manger 
terre  pour  [au  lieu  de]  la  wason,  ou  bruyères,  ou 
feuilles  d'arbres,  fboiss.  i,  i,  38.  ||  xvi'  s.  Des- 
guisez  enpaisans,  et  portans  le  gason  sur  le  col.... 
Le  Verger  et  les  siens,  alans  posé  leurs  gasons  près 
de  la  porte,  s'élancent  dedans.. ..  h'aub. //ù<. m,  4)5. 

—  ÊTYM. Wallon,  «.aior»  ;  aragonais  ctcrémonais, 
(<Mon;  bas-lat.  guaso,  tcoio;  de  l'anc.  h.  allem. 
icoxo;  allcm.  mod.  H'n.tfn,  gazon. 

tGAZONNAYT,  ANTE  (ga-zo-nan,  nan-f) ,  adj. 
Terme  d'horticulture.  Plantes  gazonnantcs,  plantes 
grêles  et  courtes,  qui  forment  gazon. 

GAZONNÉ,  ÉE  (ga-zo-né,  née),  port,  passé  de 
gazonner.  Bastion  gazonné. 

GAZOKNEAIENT  (ga-zo-ne-man) , ».  m.  ||  l'Action 
oe  gazonner.  Le  gazonooment  d'un  bastion.  ||  2°  Eta- 


GAZ 

blissement  de  gazons  sur  un  terrain.  ||  On  trouve 
aussi  gazonnage. 

GAZONNER  (ga-zo-né) ,  V.  a.  Revêtir  de  gazon. 
Gazonner  le  rebord  d'un  bassin.  ||  Etablir  un  gazon 
sur  le  terrain.  J'ai  fait  gazonner  ce  carré  de  janlin. 

—  lllST.  XVI'  s.  Il  fit  une  place  régulière  de  cinq 
bastions  de  terre  très  bien  liée,  fascinée  et  gason- 
néc,  d'aub.  Ilist.  m,  270.  Routes  ombrageuses,  ga- 
zonnées  et  aoux  fleurantes,  uont.  i,  (76. 

—  ÊTYM.  Gazon;  wallon,  waxoniS. 

t  GAZONNEUX,  EUSE  (ga-zo-neù,  neû-z") ,  adj. 
Synonyme  de  gazonnant. 

I  GAZOSCOPE  (ga-zo-sko-p'),î.  m.  Appareil  des- 
tincà  prévenir  les  explosions  gazeuses  dans  les  mines. 

—  ÉTYM.  Gai,  et  cxoiteîv,  examiner. 

t  GAZOUILLANT,  ANTE  (ga-zou-llan,  llan-t',  U 
mouillées),  adj.  Qui  gazouille.  J'y  laisse  couler  mon 
esprit,  Comme  cette  onde  gazouillante  Qui  suit  le 
chemin  de  sa  pente  Qu'aucune  loi  ne  lui  prescrit,  la 
FAhE,  Uéfl.  sur  une  belle  campagne. 

GAZOUILLEMENT  (ga-zou-Ue-man,  Il  mouil- 
lées, et  non  ga-zou-ye-man),  «.  m.  ||  !•  Petit  bruit 
agréable  que  font  les  oiseaux  en  chantant.  On  en- 
tendait le  gazouillement  des  oiseaux,  fén.  Tél.  ii. 
Elles  [les  litornes]  ont  plutôt  un  gazouillement 
qu'un  chant,  buff.  Ois.  t.  v,  p.  370,  dans pougens. 
Il  Boursault  l'a  dit  du  chant  du  rossignol;  mais  le 
terme  ne  paraît  pas  exact  :  Un  rossignol  inquiet  et 
volage.  Dont  le  gazouillement  était  touchant  et  beau, 
Voulut  en  apprendre  un  nouveau.  Fables  d'Ésope, 
i,  0.  Il  2°  Par  extension,  le  murmure  d'une  eau  cou- 
rante. Je  faisais  ces  méditations  dans  la  plus  belle 
saison  de  l'année,  au  mois  de  juin,  sous  des  om- 
brages frais,  au  chant  du  rossignol,  au  gazouille- 
ment des  ruisseaux,  i.  i.  Houss.  Confess.  ix.  Ainsi 
dans  un  désert  le  brûlant  voyageur.  Au  seul  ga- 
zouillement d'une  onde  désirée.  Retrouve  la  moitié 
de  sa  force  égarée,  gilb.  ilort  d'Ab.  ch.  viii.  ||  3°  La 
conversation,  le  chuchotement  de  petites  filles. 

—  lllST.  XVI'  s.  Les  oyes  de  Sicile  usent  d'une 
fort  bonne  grâce,  pour  se  garder  de  se  descouvrir 
par  leur  gazouillement,  pare,  Animaux,  <6. 

—  ÉTYM.  Gaiouiller.On  disait  aussi  gatouil  au 
ivi'  siècle. 

GAZOUILLER  (ga-zou-llé,  Il  mouillées,  et  non 
ga-zou-yé),  v.  n.  ||  1°  Faire  un  petit  bruit  doux  et 
agréable  comme  celui  que  produit  le  chant  confus 
des  petits  oiseaux.  Toujours  éveillé  le  premier  dans 
la  volière,  il  [le  tarin]  est  aussi  le  premier  à  gazouil- 
ler et  à  mettre  les  autres  en  train,  blff.  Ois.  t.  vu, 
p.  3IJ,  dans  POUGENS.  ||  Par  extension ,  il  se  dit  quel- 
quefois des  personnes.  Voyez-la,  le  matin,  qui  ga- 
zouille et  sautille;  Son  cœur  est  un  oiseau,  sa  bou- 
che est  une  fleur;  C'est  là  qu'il  faut  saisir  celte 
indolente  fille,  A.  de  musset.  Poésies  nouv.  Idylle. 
Il  Activement.  Prononcer,  chanter  comme  en  ga- 
zouillant. Gazouiller  des  couplets.  Le  perroquet  a  la 
facilité  d'imiter  la  voix  de  l'homme,  il  gazouille 
sans  cesse  quelques-unes  des  syllabes  qu'il  vient 
d'entendre,  buff.  Perroquet.  ||  2"  Il  se  dit  du  bruit 
que  font  les  ruisseaux  en  coulant  sur  les  cailloux. 
Ce  ruisseau  qui  gazouille  sous  les  saules.  |{  Il  se 
conjugue  avec  l'auxiliaire  oioir. 

—  lllST.  xui*  s.  Si  vous  veuillez,  biau  sire,  entre 
nous  conforter,  Entre  ces  demoiseles  gazillcr  et 
jouer,  DU  CANGE,  gaiera.  ||  xiV  s.  L'enfant  aussi  com 

par  leesse  Gazoulle  et  rit  et  s'esjoyt Mais  quant 

ainsi  l'oyt  gazouller....  La  comtesse  d'Anjou,  ms.  v. 
4082.  Il  XVI'  s.  Aussi  n'est  ce  grande  chose  de  feuil- 
leter les  livres,  de  gazouiller  et  caqueter  en  une 
chaire  de  la  chirurgie,  paré,  Au  lecl.  xviii,  78.  Sur 
ce  printemps  les  oisillons  des  champs  Gazoulleront 
armonieux  deschans,  o.  crétin ,  i'ofiiM,  p.  2(6.  Là 
se  levèrent  aucuns  qui  gazouillèrent  [bavardèrent] 
tout  ce  qu'ils  purent  au  contraire,  l'espace  de  trois 
heures,  bèze.  Vie  de  Calvin,  p.  )  20 . 

—  ÊTYM.  Provenç.  gaxal,  bavard;  gaialhar,  ba- 
varder; gasar,  bavarder.  Il  y  a  là  un  lailical  gas  ou 
gai  qui  parait  être  le  même  que  celui  Aa  jas-er,  à 
cause  de  la  permutation  du  g  en  j.  Diez,  qui  fait  ce 
rapprochement,  tire  le  mot  du  Scandinave  gassi,  qui 
signifie  jaseur  comme  l'oie,  bavarois  gànseln,  jaser 
comme  l'oie,  de  gans,  oie.  Mais  cette  dérivation  in- 
directe paraît  devoir  le  céder  à  une  dérivation  di- 
recte venant  du  celtique  :  breton,  geii,  geid,  ga- 
zouillement; kymri,  gyth,  murmure. 

GAZOUILLIS  (ga-zou-lli,  H  mouillées,  et  non 
ga-zou-yi),f.  m.  Synonyme  de  gazouillement.  Au 
gazouillis  dos  ruisseaux  de  ces  bois,  la  font.  Fer. 
D'autres  oiseaux....  En  sautillant  font  entendre  à  la 
foisLegazouillisde  leur»  confuses  voix,  volt.  Ép.  64. 

—  HlST.  XIV  s.  Qui  des  oiseaux  oïst  les  sons  Et 
haut  et  bas  les  gezillon»,  ¥1.  et  Bl.  »oï7.  ((  xn*  t. 


GEA 

Accordant  leurs  mignardes  plaintes  au  gazouillia 
enroué  des  ruisselets  voisins,  tveb,  p.  62S. 

—  ETYM.  Gatouiller. 

t  CE  (je),  ».  m.  Terme  de  jeux.  Se  dit  au  gilJe, 
de  deux  cartes  de  même  figure  et  de  même  point. 

—  ÊTYM.  J'ai.  On  appelle;'ot  en  Normandie  U 
jeu  de  brelan,  parce  que  le  joueur  du  j'ai,  lorsqu'il 
a  deux  cartes  semblables,  le  dlciiat.  Sur  llabelai$. 

GEAI  (je),  I.  m.  Oiseau  de  la  famille  des  corbeaux, 
remarquable  par  son  plumage  bigarré,  conus  7/an- 
darius,  L.  ;  il  est  de  ceux  à  qui  on  peut  apprendre  U 
parler.  ||  C'est  le  geai  paré  des  plumes  du  paon,  c'esG 
le  geai  de  la  fable,  se  dit  de  quelqu'un  qui  se  fait 
honneur  d'une  chose  d'emprunt.  Un  paon  muait;  un 
geai  prit  son  plumage.  Puis  après  se  l'accommoda... 
Il  est  beaucoup  de  geais  à  deux  pieds  comme  lui  Qui 
se  parent  souvent  des  dépouilles  d'autrui,  la  font. 
Fabl.  IV,  9.  Il  Populairement, foireux  comme  un  geai. 

—  msT.  xii*  s.  Si  je  vois  là,  je  vous  chastoierai 
Del  poing  senestre  ;  me  resamblez  le  gai  Qui  siet 
sor  l'arbre  où  je  volentiers  irai,  Haoul  de  C.  497. 
Il  XIII'  s.  Uns  escoufles  [sorte  d'épervier]  jut  [fut  gi- 
sant] en  Sun  lit.  Malades  fu,  si  cum  il  dit;  Uns  gais 
ot  Sun  ni  près  de  lui,  marie.  Fable  87.  ||  xiv  s.  Es 
previer  d'y  ver  prent,  quant  il  est  bon,  la  pie,  le  jay, 
Modus,  f°  cxv,  verso.  Voler  aux  merles,  aux  mauvis, 
aux  gois,  iti'nagier,  m,  2.  Ne  je  ne  pris  [prise]  un 
bec  de  jay  Ceux  qui  s'en  vorroient  ruser  [retirer,  re» 
culer],  MACHAUT,  p.  7.  jj  xvi"  s.  Je  rcsscmbleray  au 
hibou,  et  croy  qu'il  y  aura  quelque  gay  ou  mcschant 
corbeau  qui  me  cajollcront  et  becquetteront,  pape, 
Mumie  et  lie.  Dédie.  Ils  ploient  comme  les  poules, 
ils  cageollent  comme  les  gays,  in.  Animaux,  25. 

—  ÊTYM.  Picard  et  norm.  gai;  Berry,  jaie;  pro- 
venç. gai,  jai ;  cspagn.  gayo;  bas-lat.  gains,  gaia. 
Diez  croit  que  c'est  le  même  mot  que  gai,  adjectif. 
On  penserait  plutôt  à  l'adjectif  dauphinois  gaille, 
bigarré;  espagn.  gayo.  D'autres  y  ont  cherché  une 
contraction  du  lias-lireton  gegin,  kegin,  geai.  Re- 
marquez qu'un  lies  noms  vulgaires  du  geai  est  gaget. 
Il  y  a  dans  l'arrondissement  de  Loches  deux  com- 
munes dites  te  grand  et  le  petit  Geai,  en  latin,  Ge- 
briacus. 

GÉANT,  ANTE  (jé-an,  an-t"),  s.  m.  et  f.  ||  1'  Terme 
de  la  mythologie.  Nom  d'êtres  fabuleux  d'une  taille 
énorme,  qui  étaient  fils  de  la  Terre,  avaient  des 
pieds  de  serpents,  et  essayèrent  de  détrôner  Jupi- 
ter; ils  furent  foudroyés.  ||  II  se  dit  aussi  d'êtres  à 
forme  plus  ou  moins  humaine  et  d'une  très-grande 
taille.  Que  n'ont  tant  de  géants  accourci  mon  des- 
tin! ROTR.  Herc.  tnour.  m,  3.  Et  les  os  dispersés  du 
géant  d'Êpidaure,  rac.  Phèdre,  i,  *.  ||  Le  Géant, 
se  dit  quelquefois  de  la  constellation  d'Orion. 
I  2*  Dans  la  Bible,  nom  des  êtres  nés  du  commerce 
des  anges  avec  les  femmes.  Tout  ce  pays  de  Basan 
est  appelé  la  terre  des  géants,  s».ci,  Bible,  Vrutéron 
m,  <3.  Les  anciens  géants  n'ont  point  obtenu  U 
pardon  de  leurs  péchés,  ils  ont  été  détruits  à  caust 
de  la  confiance  qu'ils  avaient  en  leurs  propres  for- 
ces, ID.  ib.  Ecclésiastique,  xvi,  8.  ||  3'  Par  exten 
sion,  personne  qui  excède  de  beaucoup  la  taille  or- 
dinaire. Quel  géant  I  Une  géante.  Stature  de  géant. 
Des  faits  dignes  de  foi  attestent  qu'il  peut  exister 
des  hommes  de  deux  mètres  soixante  centimètres  e' 
plus.  Le  géant  qu'on  a  vu  à  Paris  en  <7.16  et  qui 
avait  six  pieds  huit  pouces  huit  lignes  était  né  en 
Finlande  sur  les  confins  de  la  Laponie  méridionale; 
le  géant  de  Thoresby  en  Angleterre,  haut  de  sept 
pieds  cinq  pouces  anglais;  le  géant,  portier  du  duc 
de  Wirtemberg,  en  Allemagne,  de  sept  pieds  et 
demi  du  Rhin,  buff.  Suppl.  à  l'hist.  nal.  Œuv. 
t.  XI,  p.  (22,  dans  pougens.  Le  courrier  des  Lapons, 
dans  ses  turlupinades.  Veut  qu'on  aille  au  détroit  où 
vogua  Magellan,  Pour  se  former  l'esprit,  disséquei 
un  géant,  volt,  les  Systèmes.  J'ai  d'un  géant  vu 
le  fantôme  immense  Sur  nos  bivouacs  fixer  un 
œil  ardent;  II  s'écriait  :  mon  règne  recommence,' 
Et  de  sa  hache  il  montrait  l'occident  ;  Du  roi 
des  Huns  c'était  l'ombre  immortelle,  berang.  Chant 
du  Cosaque.  ||  Aller,  marcher  à  pas  de  géant,  al- 
ler, marcher  à  très-grands  pas.  Il  [Dieu  se  fai- 
sant homme]  ne  s'est  point  arrête  aux  anges,  quoi- 
qu'ils fussent,  pour  ainsi  dire  ,  les  plus  proches  ds 
son  voisinage;  il  est  venu  i  pas  de  géant,  sau- 
tant, dit  l'Écriture,  toutes  les  montagnes,  Boss. 
3'  sermon,  Annonciation,  2.  Punira-t-il  des  py^ 
mées  de  n'avoir  pas  su  marcher  à  pas  de  géant? 
DIDEROT,  Nouv.  pens.  phil.  <3.  ||  Fig.  Faire  des  pro- 
grès lapides.  Marchez  à  pas  de  géant  dans  la  voie 
de  Dieu,  mass.  Carême,  La:.  ||  Fig.  Géant,  se  dit 
quelquefois  d'un  génie  prodigieux.  Michel-Ange  csi 
un  géant.  Tel  s'imagine  être  un  géant  Qui  n  a  pas 
plus  d'une  coudée,  la  «ottb.  Fables,  i,  <3.  M«  '-.on- 


GEl 

seilleiiez-vous  d'y  ajouter  quelques  petites  ré- 
fleiions  détachées  sur  les  Pensées  de  Pascal?  il  y 
a  déjà  longtemps  que  j'ai  envie  de  combattre  ce 
géant,  VOLT.  Letl.  en  rers  et  en  prose,  28.  Périsse 
enfin  le  géant  des  batailles  [Napoléon]  I  Disaient  les 
rois  :  peuples,  accourez  tous,  béhang.  Waterl.  ||  4°  11 
se  dit  quelquefois  des  animaux  d'une  taille  colossale. 
La  baleine,  ce  géant  des  mers.  |1  Terme  d'histoire 
aaturelle.  Tout  corps  organisé  dont  la  stature  dé- 
passe les  proportions  communes  des  individus  de 
son  espèce.  ||  5°  11  se  prend  quelquefois  adjective- 
ment. Le  grand  Darès  seul  se  présente,  Darès  à  la 
taille  géante,  scarr.  Virg.  v.  On  ne  peut  pas  douter 
qu'il  n'y  ait  eu  des  individus  géants  dans  tous  les 
climats  de  la  terre,  puisque  de  nos  jours  on  en  voit 
encore  naître  en  tout  pays,  buff.  Notes  justif.  Ep. 
nat.  Oliuvres,  t.  xm,  p.  304.  |{  Fig.  De  la  servile 
Egypte  on  vante  les  tombeaux.  Les  lacs,  les  murs 
géants,  le  tortueux  dédale,  Almanach  des  Muses, 
pour  (791.  Puis  la  mer  furieuse  et  tombée  en  dé- 
mence. Et  de  son  lit  silencieux  Se  redressant  géante, 
et  de  sa  tête  immense  Allant  frapper  les  sombres 
cieux,  BARBIER,  lambes,  popularité. 

—  REM.  On  a  dit  au  féminin  géane,  qui  n'est 
plus  usité  et  qui  n'aurait  jamais  dû  l'être.  11  [M.  Le- 
cat]  cite  la  fille  géane  vue  par  Goropius  qui  avait 
dix  pieds  de  hauteur,  buff.  Suppl.  à  l'hisl.  nat. 
Œuvres,  t.  xi,  p.  4  23. 

—  HlST.  xi*  s.  La  première  [eschele,  escadron] 
est  des  jaians  de  Malperse,  Ch.  de  Roi.  ccxxxvi. 
Il  lu"  s.  Cume  jaianz,  forz  en  bataille.  Que  n'i  a 
cors  le  suen  i  vaille,  benoît,  u,  84io.  11  s'esleechat 
|se  réjouit]  si  cume  gaianz  à  curre  sa  veie.  Liber 
psalm.  p.  22,  Evesti  hauberc  aussi  corne  gyant,  Ma- 
chab.  I,  3.  Sephi  ki  fud  del  lignage  Arapha  dcl 
parented  as  geanz,  Rois,  p.  204.  ||  xiii*  s.  Là  sunt  11 
genestes  jaiant  Et  pin  et  cèdre  nain  séant,  La  Rose, 
598B.  Ijxv'  s.  Isle  aux  geans  [l'Angleterre],  eust. 
DEscH.  Poésies  mss.  f"  ta.  ||  xvi*  s.  Il  dit  ainsi;  le 
gean  d'autre  part  Le  mesuroit  d'un  terrible  regard, 
noNS.  6(8.  Son  corps  csloit  géant,  et  au  milieu  du 
front  Contournoit  un  grand  œil  comme  un  grand 
boucler  rond,  ID.  749.  Celui  qui  est  sur  les  espaule» 
du  géant  voit  plus  loing  que  celui  qui  le  porte,  coi- 

ORAVE. 

—  ÊTYM.  Wallon,  gaid;  génev.  géane  au  lieu  do 
géante;  wallon,  agèian,  ajoan;  du  latin  gigantem, 
qui  vient  du  grec  Y'ï^î)  1^^  l'o''  ''ffi  ^^  T'i  >  '^ 
terre,  et  une  forme  irrégulière  yaç,  tenant  au  radi- 
cal qui  veut  dire  naître.  On  a  indiqué  aussi  le  san- 
scrit jigat,  qui  veut  dire  naître  ou  marcher. 

t  GÉANTISME  (jé-an-ti-sm'),  s.  m.  L'anomalie 
en  excès  qui  caractérise  la  taille  des  géants.  Le 
géantisme  dans  les  végétaux  est  considéré  comme 
une  simple  variété. 

—  ÉTYM.  Géant. 

t  GECKO  (jè-ko),  s.  m.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Genre  de  sauriens  qui  font  entendre  un  son 
qui  leur  a  valu  ce  nom. 

GÉHENNE  (jé-è-n'),  s.  f.  \\  1»  Proprement,  vallée 
près  de  Jérusalem  où  les  Juifs  brûlaient  leurs  fils  et 
leurs  filles  en  l'honneur  des  idoles.  ||  2°  Fig.  L'enfei', 
en  style  de  l'Éciituro.  La  géhenne  du  feu.  Le  feu 
de  la  géhenne. 

—  HIST.  xm*  s.  Li  juste  une  foiz  s'oxhaucent  par 
espérance  de  la  perpétuel  leesce,  une  autre  fois  se 
doutent  par  la  paor  dou  feu  de  jehennne,  brun,  i.a- 
TiNi,  Trésor,  p.  4C2. 

—  ÉTYM.  Hél.reu,  gé-hinnom,  vallée  de  Hen- 
nom,  située  auprès  de  Jérusalem. 

t  GEIGNANT,  ANTE  (jé-gnan,  gnan-t'),  adj.  Qui 
a  l'habitude  do  geindre.  Une  petite  fille  geignante. 

GEINDRE  (jin-dr'),  je  geins,  tu  geins,  il  geint, 
nous  geignons,  vous  geignez,  ils  geignent;  je  gei- 
gnais, nous  geignions;  je  geignis;  je  geindrai,  je 
geindrais;  geins,  qu'il  geigne;  que  je  geigne,  que 
nous  geignions,  que  vous  geigniez;  q"ue  je  gei- 
gnisse; geignant,  V.  n.  Terme  familier.  Même  sens 
que  gémir,  mais  avec  l'idée  de  blâmer  celui  qui 
geint,  ou  de  se  moquer  de  lui.  Dans  l'état  de  malaise 
où  je  suis,  je  geins  sans  pouvoir  m'en  empêcher. 
C'est  un  beau,  gros,  court,  jeune  vieillard,  gris  pom- 
melé, rusé,  rasé,  blasé,  qui  guette,  et  furette,  et 
gronde  ,  et  geint  tout  à  la  fois ,  beaumakchais  , 
Rarb.  de  Sév.  i,  4.  Toute  la  nuit  elle  n'a  fait  que 
geindre  et  sangloter,  genlis,  Théâtre  d'éd.  la  Lin- 
gère,  i,  5. 

—  HtST.  xm'  s.  Et  Renart  prent  à  soupirer.  Et  à 
gcmbre  moult  durement.  Tien.  4469.  Mes  ne  li  vaut 
mie  une  pome.  Que  Ysengrin  le  fiert  et  maille.  Et 
dant  henart  gient  et  baadle,  ib.  (6052.  ||  xvi'  s. 
Il  geliaigiioyt  comme  ung  asne  qu'on  sangle  trop 
fort,  RAB.  l'ant.  n,  13. 

DICT.    Dl.  LA    U>MiUE    FRANgilS*. 


GEL 

—  ÊTYM.  Lat.  gemère,  qui,  ayant  l'accent  sur  ge, 
adonné  régulièrement  geindre  ou  gembre;  gémir 
vient  d'une  forme  barbare  gemlre.  Suivant  Curtius, 
gemere  se  rattache  à  y£|iw,  être  plein,  à  cause  du 
sentiment  de  gonflement  qui  accompagne  le  gémis- 
rement  et  le  sanglot. 

t  GÉINE  (jé-i_-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie.  Wom 
donné  par  Berzelius  au  terreau.  La  géine  a  été  dite 
aussi  acide  géique. 

—  RTYM.  T9i,  la  terre. 

t  GÉINIQUE  Cjé-i-ni-k'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Acide  géinique,  acide  qu'on  produit  à  l'aide  do 
l'humate  d'ammoniaque. 

t  GEL  (jèl),  s.  m.  Temps  de  gelée.  L'incertitude 
sur  la  densité  de  la  glace  se  révèle  parles  indica- 
tions très-variées  que  l'on  rencontre  dans  les  ouvra- 
ges, sur  l'expansion  subie  par  l'eau  au  moment  du 
gel,  DUFOUR,  Àcad.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  uv, 
p.  (079. 

—  HIST.  XI'  s.  [il]  Veit  les  toneires  et  les  vens  et 
les  giels,  Ch.  de  Roi.  (8(.  ||  xm*  s.  En  esté  chante. 
En  yver  plore  et  me  gaimente,  El  me  desfuelle 
aussi  corn  l'ente.  Au  premier  giel,  ruter.  26.  ||  xvi'  s. 
Les  herbes  ont  chascune  leur  propriété,  leur  natu- 
rel et  singularité  ;  mais  toutes  fois  le  gel,  le  temps, 
le  terrouer  ou  la  main  du  jardinier  ou  adjoustent  ou 
diminuent  beaucoup  de  leur  vertu,  la  boétie,  Ser- 
vitude volont, 

—  ÉTYM.  Provenç.  gel,  gtjyespagii.  yelo;  poilug. 
et  ital.  gelo;  du  latin  gelu;  sanscr.  jala. 

t  GELABLE  (je-la-bl'),  adj.  Qui  est  susceptible 
d'être  gelé.  Tout  ce  qui  était  gelable  a  été  gelé. 
Il  Oui  est  exposé  à  être  gelé.  Ce  canton  est  très-ge- 
lable. 

—  ÊTYM.  Geler. 

f  GËLASIE  (jé-la-zie),i.  /.  Nom  donné  quelque- 
fois à  une  des  trois  Grâces. 

—  ÉTYM.  rO.âv,  rire. 

fGÉLASIN,  INE  (jé-la-zin,  zi-n'],  adj.  Terme 
didactique  vieilli,  qu'on  ne  trouve  d'ailleurs  que 
dans  ces  deux  expressions  :  dents  gélasines,  dents 
qui  paraissent  quand  on  rit;  fossettes  gélasines, 
fossettes  qui  se  forment  sur  la  joue  d'une  personne 
qui  rit. 

—  ÉTYM.  rsXiciiiJioç,  qui  a  rapport  au  rire. 

GÉLATINE  (jé-la-ti-n'),  s.  f.  Substance  qu'on  ex- 
trait, sous  forme  de  gelée,  des  os  des  animaux. 
Bouillon,  tablettes  de  gélatine. 

—  ÉTYM.  Lat.  gelare,  geler,  à  cause  que  la  manière 
dont  cette  substance  se  coagule  est  comparée  à  l'ac- 
tion de  la  gelée. 

GÊLATINEDX,  EUSK  (jé-la-ti-neû,  neû-z'),  adj. 
Il  1°  Oui  est  de  la  nature  de  la  gélatine.  Suc  géla- 
tineux. Substance  gélatineuse.  Quelques  plantes, 
comme  les  trémelles,  ont  l'aspect  d'une  gelée,  ce 
qui  leur  vaut  l'épi  ihète  de  gélatineuses.  Il  est  prouvé 
que  tous  les  corps  organisés  sont  gélatineux  avant 
que  d'être  solides  ;  les  arbres  les  plus  durs  et  les 
plus  pierreux  n'ont  été  d'abord  qu'un  peu  de  gelée 
épaissie,  bonnet,  Paling.  xvi,  2.  ||  2'  Qui  a  l'appa- 
rence de  la  gélatine.  D'où  résulte  une  précipitation 
de  la  silice  qui  était  combinée  avec  la  potasse;  cette 
précipitation  donne  de  la  silice  d'autant  plus  géla- 
tineuse qu'il  se  trouve  une  plus  forte  proportion  de 
carbonate  dans  la  dissolution,  biccquerel,  Acad.  des 
se.  Comptes  rendus,  t.  lui,  p.  (  1 99. 

—  ÉTYM.  Gélatine. 

f  GÉLATINIKORME  (jé-la-ti-ni-for-m') ,  adj. 
Qui  ressemble  à  la  gélatine. 

—  ÉTYM.  Gélatine,  et  forme. 

t  GÉLATINISATION  (jé-la-ti-ni-za-sion),  s.  f. 
Passage  d'un  corps  à  l'état  de  gélatine  ou  à  l'aspect 
gélatineux. 

f  GELBERDE  (jèl-bèr-d') ,  s.  m.  Terme  de  miné- 
ralogie. Variété  d'argile  ocreuse. 

—  ÊTYM.  AUem.  gelb,  jaune,  et  Erde,  terre. 
GELÉ,  ÉE   Cje-lé,   lée) ,  part,    passé   de   geler- 

Il  1°  Transformé  en  glace.  De  l'eau  gelée.  J'ai  exposé 
à  un  froid  de  douze  à  treize  degrés  des  chrysalides 
de  la  belle  chenille  du  chou;  elles  paraissaient  gelées 
très  à  fond,  et,  quand  je  les  laiss.iis  tomber  dans 
un  vase  de  porcelaine,  elles  y  rendaient  le  même 
son  qu'une  petite  pierre  ;  cependant  elles  n'étaient 
point  mortes,  bonnet,  Lelt.  div.  t.  xu,  p.  <  ( ,  dans 
POL'GENS.  Il  2°  Durci  par  la  gelée.  Là,  sur  les  sillons 
raidi»  d'un  champ  gelé  et  parsemé  de  débris  russes 
et  français,  il  voulut,  par  la  puissance  de  ses  paro- 
les, se  décharger  du  poids  de  l'insupportable  respon- 
sabilité de  tant  de  malheurs,  séour,  Hist.  de  h'ap. 
IX  8.  Il  3°  Atteint  par  la  gelée.  U  eut  les  pieds  gelés 
à  la  retraite  de  Moscou.  Plusieurs  de  ses  soldats 
tomliaient  morts  de  froid  dans  leurs  postes;  et  les 
1  autres,  presjue  gelés,  voyant  leur  roi  qui  souffrait 


GEL 


18/(9 


comme  eux,  n'osaient  proférer  une  plainte,  voi.t. 
Charles  XII,  8.  Ce  no  fut  qu'à  onze  heures  du  soir 
que  les  Ru.sses  y  renoncèrent  [à  enlever  un  refuge 
où  les  Français  étaient  retirés],  et  qu'à  demi  geléo 
ils  en  allèrent  cliercher  un  autre  dans  les  villages 
environnants,  sÉGUR,  Ilist.  de  Nup.  xi,  (2.  ||  Par 
exagération.  Être  gelé,  avoir  très-froid.  Avoir  les 
pieds  gelés,  avoir  tièa-froid  aux  pieds.  ||  Fig.  U  a  le 
bec  gelé,  se  dit  d'une  personne  i|ui  affecte  île  gar- 
der le  silence.  ||  Il  n'a  pas  le  bec  gelé,  se  dit  d'un 
grand  liabillanl. 

GELÉE  (je-lée) ,  s.  f.  ||  1°  Froid  qui  glace  l'eau  et 
qui  rend  les  corps  pilus  rigides.  Le  lemps  est  à  la 
gelée.  Tous  ceux  qui  connaissent  un  peu  les  bois  sa- 
vent que  la  gelée  du  printemps  est  le  fléau  des  tail- 
lis, BLFP.  Ilist.  nat.  Introd.  Œutres,  t.  viii,  p.  3«7, 
dans  POUOENS.  Presque  tous  conviennent  qu'ellei 
[les  cailles]  s'en  vont  à  la  première  gelée  d'automne, 
dont  l'effet  est  d'altérer  la  qualité  des  herbes  et  do 
faire  disparaître  les  insectes,  m.  Ois.  t.  iv,  p.  249. 
Il  Gelée  blanche,  congélation  de  la  rosée  avant  lo 
lever  du  soleil  pendant  les  nuits  sereines  du  prin- 
temps et  de  l'automne.  Si  l'air  est  assez  froid  pour 
que  cette  rosée  se  gèle,  elle  formera  ce  qu'on  nomme 
la  gelée  blanche  ;  ce  sera,  en  quelque  sorte,  la  cris- 
tallisation de  l'eau,  bonnet,  Vs.  feuill.  plantes, 
Suppl.  1'.  Il  2°  Suc  de  viande  ou  de  quel<|ue  autre 
substance  qui  a  pris  une  consistance  molle  en  so 
refroidissant.  Gelf'e  au  rhum.  Gelée  dé  veau.  Un 
plat  de  gelée.  Le  roi  prit  de  temps  en  temps  un  peu 
de  gelée  et  de  l'eau  pure,  st-sim.  405,  68.  ||  Popu- 
lairement et  fig.  Nous  aurons  demain  un  plat  de 
gelée,  il  gèlera  demain.  ||  3°  Jus  de  fruits  cuits 
qui  se  coagule  par  le  refroidissement.  Gelée  de 
groseilles,  de  pommes.  ||4"  État  gélatineux  de  par- 
ties végétales  ou  animales.  Telle  a  été  la  pre- 
mière forme  du  chêne  majestueux  et  du  puis- 
sant rhinocéros;  ils  n'ont  été  au  commencement 
qu'une  goulte  de  gelée  et  moins  encore,  i.o.vNtT, 
Lettr.  div.  t  \u,  p.  (3.  Combien  l'organisation  de 
ces  petits  animaux,  qui  semblent  n'être  qu'une  gelée 
épaissie,  diffère-t-elle  de  celle  des  animaux  que 
leur  grandeur  et  leur  consistance  soumet  au  scalpel 
de  l'analomistel  m.  Paling.  phi'os.  v,  3.  ||  B"  Éial 
que  l'alumine,  la  silice,  la  colle,  etc.  prennent, 
quand,  ayant  été  dissoutes  dans  un  liquide,  elles 
s'en  séparent  à  l'état  solide.  On  les  distingue  [cer- 
taines pierres]  des  pierres  purement  vilreuseï  ou 
calcaires  en  leur  faisant  subir  l'action  des  acides; 
ils  ne  font  d'abord  aucune  effervescence  avec  ces 
matières,  et  cependant  elles  se  convertissent  à  la 
longueenune  forte  gelée,  BUFF.  Min.  t.  viu,  139,  dans 
pougens.  Il  En  gelée,  en  forme  de  gelée.  Cette  dis- 
solution se  prend  en  gelée  par  le  refroidissement. 
Il  Ancien  terme  de  chimie.  Gelée  minérale,  nom 
donné  à  quelques  précipités.  ||  Terme  d'alchimiB. 
Gelée  du  loup,  teinture  d'antimoine.  ||  6°  Terme  da 
zoologie.  Gelée  de  mer,  espèce  de  méduse,  i'  Pro- 
verbes. La  gelse  n'est  bonne  que  pour  l.i  choux. 
Il  Gelée  hors  de  saison  gâte  la  vigne  et  la  moisson. 
il  Est  à  la  terre  la  gelée  Ce  qu'aux  vieillards  robe 
fourrée.  ||  La  gelée  blanche,  sous  la  planche,  c'est- 
à-dire  elle  passe  sous  la  planche  du  ruis.seau;  elle 
finit  par  la  pluie. 

—  HIST.  XII*  s.  Autressi  blanche  corne  neif  surge- 
lée, Ch.  de  Uol.  ccxl.  Il  ocist  les  moriers  d'els  en 
gelede,  Liber  psahn.  p.  (09.  ||  xm'  s.  Dieux  broï  par 
gelée  tous  les  arbres.  Psautier,  f'  96.  Li  flum  sont 
grant,  et  li  plouasse  et  les  neges  elles  gielées,  h.  de 
VALENC.  XVII.  En  plusor  bos  [bois]  [il|  est  main  et 
soir  manans.  Et  par  chaut  tens  et  par  froide  gelée, 
Ilist.  litt.  t.  xxiii,  p.  B:i6.  Iliivs.  Carde  faim  et  de 
froit,  de  soif  et  de  gelée  Avoit  chascun  sa  char  Ira- 
veillie  et  penée,  G'iescl.  (2668.  Gelée  d'escrevice», 
lapereau  et  cochon,  Ménagier,  ii,  4.||xvi'  s.  Le» 
pierres  sont  sujettes  à  la  gelée,  palissï,  238.  De  la 
gelée  faite  avec  du  jus  do  citron,  eluon  avec  le  vin, 
sans  beaucoup  de  canelle,  paré,  xx,  ((.  Par  excel- 
lence quand  l'on  parle  des  gelées  s'entend  celle  du 
coin,  0.  nE  serres,  867.  Blanche  gelée  est  de  pluyo 
messagère,  génin.  Récréât,  t.  ii,  p.  236.  La  geléa 
ne  fault  au  grésil  Non  plus  que  le  père  au  fils,  le- 
iioux  DE  LiNCï,  Prov  t.  I,  p.  99.  Les  avocats  sont 
bons  à  faire  gelée,  ils  prennent  le  mieux  du  monde, 
CHOLiÈiiES,  Contes,  t.  i.  Matin.  3. 

—  ÉTYM.  CfW;bourguign.jouK«;  provenç.  jelodo, 
gilada;  espagn.  helada;  portug.  gcada;  Hal.getala. 

GELER  (jo-lé.  La  syllabe  ge  prend  un  accent  grave, 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  gèle,  je  gèle- 
rai), ».  o.  Il  1°  Transformer  en  glace,  durcir  par  lo 
froid.  Le  froid  a  gelé  l'eau  du  bassin,  le  vin  dans  les 
caves.  Il  2°  Par  extension,  détruire  la  vie  dans  les 
plantes,  dans  leurs  boutons,  dans  leurs  fleurs.  Le 

l.  -  T6-Z 


1850 


fiiïr. 


froid  II  gelé  les  vigne».  ||  On  dit  dans  un  sens  ana- 
iDgiic.  Le  froid  lui  a  gelé  les  doigts,  le  bout  des 
oreilles.  JlS"  Par  eiagération.  Causer  du  froid.  Voilà 
une  porte  qui  nous  gfcle.  Vous  avez  les  mains  si 
froides  que  vous  me  gelez,  ie  suis  gelé  de  froid, 
ou,  simplement,  je  suis  gelé.  ||  Kig.  Cet  homme  gèlo 
ceux  qui  l'abordent,  son  froid  accueil  les  met  mal  i 
l'ai-se.  Il  nous  gèle  le  sang,  l'âme  et  le  jugement, 
RÉONIEH,  Sa».  XVI.  114°  r.  n.  Se  congeler.  La  rivicro 
ï  gelé.  Le  thermomètre  est  ici  |KerncyJ  à  treize  dé- 
férés et  un  quart  au-dessous  de  la  glace;  l'encre 
gèle,  VOLT.  Lett.  Itichelieu,  6  janv.  <768.  ||  Il  se  dit 
du  mal  que  le  froid  cause  aui  végétaux  ou  à 
l'homme.  Seigneur  Bacchus,  laissez  geler  les  vi- 
gnes, et  ne  me  refusez  pas  votre  protection  pour  me 
faire  débiter  le  vin  vieux  qui  me  reste,  dancoubt, 
Impromptu  de  Surent,  se.  6.  Il  dit....  que  nous  se- 
rons la  cause  Que  dans  ce  pays-ci  les  vignes  gèle- 
ront, PAVAHT,  Annelle  et  Lubin,  se.  7.  Les  doigts 
de  beaucoup  d'autres  gelèrent  sur  le  fusil  qu'ils  te- 
naient encore  et  qui  leur  était  le  mouvement  né- 
cessaire pour  y  entretenir  un  reste  de  chaleur  et 
de  vie,  sBgdh,  flist.  de  Nap.  ix,  <).  ||  Par  exagéra- 
tion. Avoir  un  froid  excessif.  Celte  chambre  est  si 
froide  qu'on  y  gèle.  ||  Fig.  N'avoir  personne  autour 
de  soi,  comme  auditeurs  ou  autrement ,  ce  qui  rend 
froide  la  salle  où  l'on  est.  De  l'amitié  le  prix  fut 
laissé  là  ;  Et  la  déesse  en  tous  lieux  célébrée.  Ja- 
mais connue  et  toujours  désirée,  Gela  de  froid  »ur 
ses  sacrés  autels,  J'en  suis  fâché  pour  les  pauvres 
mortels,  volt.  Temple  de  l'amit.  Cet  homme  au 
désespoir  de  geler  de  froid  seul  dans  son  auditoire, 
iD.  Dict.  phil.  Chim.  ||  6°  Impersonnellement.  Il 
gèle  très-fort  11  n'a  pas  gelé  un  moment  et  il  a  plu 
tous  les  jours,  SÊV.  <3.  Il  gèle  à  pierre  fendre,  ID. 
1)9.  11  y  a  très-peu  de  pays  où  il  gèle  dans  les  plai- 
nes en  deçà  du  35»  degré  de  latitude,  surtout  dans 
l'hémisphère  bordai,  buff.  Théor.  terr.  Part,  hyp. 
<K','u».  t.  IX.  p.  340,  dans  pougens.  ||  Il  a  gelé  blanc,  il 
y  a  eu  une  gelée  blanche.  ||  o°Segele",  v.  réft.  Être 
transformé  en  glace.  Le  mercure  se  gela  dans  les 
thermomètres.  {|  Être  durci  par  le  froid.  Leurs  habits 
mouillés  se  gèlent  sur  eux;  cette  enveloppe  de  glace 
saisitleurs  corps  et  raidit  tous  leurs  membres,  ségur, 
Hist.  d'  Nap.  ix,  <i.  {|  Par  exagération.  Avoir  très- 
froid.  Je  me  gèle  ici  à  vous  attendre.  Au  creux  de 
cette  grotte  fraîche  Où  l'amour  se  pourrait  geler, 
st-amant,  dans  richelet.  ||  Proverbe.  Plus  il  gèle, 
plus  il  étreint,  c'est-à-dire  les  derniers  malheurs 
sont  plus  accablants,  plus  difficiles  à  supporter  que 
les  premiers. 

—  HIST.  XIII"  s.  Li  ciei  [le  cielj  fu  cler  et  estclez, 
Et  li  vivier  se  fu  gelez,  Ben.  <  136.  Et  sachiés  que 
il  negoit  et  gieloit  à  celui  point  que  il  se  parti  de 
la  ville,  H.  DK  VALENC.  XIV.  Il  xiv°  s.  Environ  la  Tous- 
saint, quant  il  fait  cler  temps,  et  il  a  ung  peu  gelé, 
Modus,  f"<:xxvii.  Dès  la  Toussains  sont  fèves  de  ma- 
rais; mais,  afin  que  icelles  negellent,  on  en  plante 
vers  Noël  et  en  janvier  et  février,  Méiiafiier,  u,  2. 
Il  XVI'  s.  Un  vent  se  levé  et  un  temps  si  divers  Qu'il 
ressembloit  aux  plus  gelés  hivers,  st-gelais,  4*. 
Quand  les  vignes  gèlent  en  mon  village,  mont,  i, 
(70.  Pour  encrouster  les  pores  contre  les  coups  do 
l'air  et  du  vent  gelé  qui  tiroit  lors,  id.  i,  26).  Ce  qui 
se  remue  n'est  pas  gelé,  oe  qui  n'est  pas  gelé  est  li- 
quide, m.  u,  (88.  Antigonus,  se  tournant  de  devers 
Aratus,  luy  demanda  s'il  sentoil  point  de  froid;  Ara- 
tus  lui  respondit  qu'il  geloit,  amyot,  Arat.  B3. 

—  ÊTVM.  Bourguig.  jeullai;  wallon,  joier;  pro- 
venç.  gelar;  espagn.  helar;  ital.  gelare;  du  latin 
gelare,  geler  (voy.  gel). 

t  GELEUR  (je-leur),  ».  m.  Celui  qui  amène  la 
gelée.  Usité  seulement  en  cette  locution  :  geleur  de 
vignes,  nom  donné  à  quelques  saints  dont  la  fête  se 
trouve  au  printemps. 

—  f.TYM.  Celer. 

6ÊLIF,  IVE  (jé-lif,  li-v'),  adj.Qm  s'est  fendu  ou 
(jui  se  fend  par  la  gelée,  la  sève  ayant  augmentéde 
volume  par  la  congélation  et  rompu  de  la  sorte  les 
tissus  végétaux.  Arbre»  gélil».  ||  Pierres  gélives, 
celles  qui  se  délitent  après  ^voir  subi  l'action  de 
la  gelée. 

—  REM.  L'Académie  ne  donne  point  de  féminin  à 
cet  adjectif.  Bufîon  dit  au  féminin  g/lisse  comme 
au  xvi«  siècle,  et  comme  on  dit  encore  dans  benu- 
coup  de  csmpagnes  :  Ces  pierres  gélisses  doivent 
6tre  soigneusement  rejelées  de  toutes  les  construc- 
tions exposées  à  l'air  et  à  la  gelée.  Min.  t.  i .  p.  3*3, 
dans  pouoens.  Mais,  le  masculin  étant  giilif  et  le 
subsUnlit  étant  gélivure,  le  féminin  gélive  est 
meilleur. 

—  msT.  XVI*  ».  Aucuns  disent  que  telles  pierres 
«ont  gélisses  ou    venteuses  ;  à  la  vérité,  si,  estant 


GEM 

abreuvées  d'eau,  la  gelée  vient  là  dessus,  elles  no 
faudiont  à  se  réduire  en  poudre,  palissy,  262. 

—  RTYM.  Geler;  Berry,  gelis,  pierres  gélisses. 

f  GELINAGK  (je-li-na-j') ,  ».  m.  Terme  de  cou- 
tume. Droit  qui  se  levait  sur  les  poules. 

—  HIST.  xiv  s.  La  chastellenie,  si  comme  elle 
«'estant  et  poursict,  tant  en  rentes  par  deniers,  fro- 
mentages,  avenages,  gelinage»...  no  cange,  geli- 
gnagium. 

—  ETYM.  Geline. 

CELINE  (je-li-n*),  t.  f.  Terme  vieilli.  Poule  ou 
poularde.  Il  Geline  de  coutume,' redevance  consis- 
tant en  poules  que  les  vassaux  donnaient  au  sei- 
gneur à  Noël. 

—  HIST.  xin*  ».  Mètre  vous  en  prison  o  li,  Qui 
tant  avés  le  cuer  joli.  Et  il  le  ra  tant  débonnaire.  Ne 
seroit  autre  chose  faire.  Fors  quepar  amoretes  fines 
Mètre  renart  o  (avec]  les  gelines,  la  Rose,  <B2to. 
Il  XV'  s.  Je  vueil  desjeuncr  bref  et  court;  Il  me 
faut  aler  sur  grant  pont.  —  Atens  l'œuf,  ma  geline 
pont,  la  Nativité  de  N.  S.  J.  C.  ||  xvi*  s.  C'est  la  ge- 
line, à  qui  l'on  veut  ester  Tous  ses  poussins,  et 
scor^iions  bouster  Dessous  son  aisle,  mabot,  ii,  318. 
Jamais  geline  grasse  n'aima  chapon,  cotghave.  La 
journée  d'une  geline  [un  œuf],  ID.  Noire  geline 
pond  blanc  œuf,  id.  Oui  naist  de  geline,  il  aime  à 
gratter,  id.  Vieille  geline  engraisse  la  cuisine,  le- 

ROnX  DE  LINCT,  PtOV.  t.  I,  p.  777. 

—  ÊTYM.  Picard,  glaine,  glaigne,  glane;  norm. 
guerne;  provenç.  galina,  gaiinha;  espagn.  et  ital. 
gallina;  du  latin  gallina,  poule,  dérivé  de  gallus; 
coq.  CoHus  veut  dire  le  chanteur,  il  est  pour  garlus; 
sanscrit,  gar,  chanter;  grec,  ■pipu;,  voix;  latin,  gar- 
rire.  CaHina  en  vient  par  le  suffixe  îno  très-commun 
en  latin  et  en  grec  pour  former  des  féminins. 

t  GELINE  (jé-li-ne),ï.  /".  Terme  de  chimie.  Sub- 
stance animale,  qui,  par  l'action  de  l'eau  et  de  la 
chaleur,  se  transforme  en  gelée,  puis,  si  on  la  des- 
sèche, en  gélatine. 

t  GELINETTE  (je-li-nè-t),  s.  f.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  gelinotte  et  de  la  poule  d'eaa. 

GELINOTTE  (je-li-no-f),  s.  f.  jj  1°  Petite  poule 
engraissée  dans  une  basse-cour.  ||  2"  Gelinotte  des 
bois,  ou,absolument, gelinotte,  espèce  d'oiseau  sau- 
vage, très-bon  à  manger,  et  qui  a  de  la  ressem- 
blance avec  la  perdrix  (tétras  bonasie),  appelée 
encore  coq  de  marais.  ||  Gelinotte  des  Pyrénées, 
nom  vulgaire  du  ganga  cala,  dit  aussi  grandoul, 
legoahast. 

—  HIST.  XVI'  s.  Si  le  franc  coq,  libéral  de  nature, 
N'est  empesché  avec  sa  gelinotte,  Luy  plaise  en- 
tendre un  chant  que  je  lui  notte,  mabot,  iu,  48. 
Après  sont  les  gelinotes,  dites  deNumidie,  espèces 
de  faisan,  o.  de  serres,  34B. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  jeWjie;  bourg,  gelaigne, 
geleignôte. 

f  GELISSE  (jé-li-s'),od;'.  f.  Ancienne  forme  pour 
gélive.  Pierre  gélisse  (voy.  gélif). 

t  GÊLIVITÉ  (jé-li-vi-té) ,  s.  f.  Terme  d'eaux  et 
forêts.  Défaut  de  ce  qui  est  gélif. 

GÉHVDRE  (jé-li-vu-r'),  s.  f.  ||  1°  Gerçure,  fente 
des  arbres  causée  par  une  forte  gelée.  Des  gerces 
qui  suivent  la  direction  des  fibres  et  que  les  gens 
des  forêts  appellent  gélivurcs,  bufp.  Exp.  sur  les 
végét.  *'  mém.  Une  portion  de  bois  mort  renfer- 
mée dans  le  bon  bois,  ce  que  quelques  forestiers 
appellent  la  gélivure  entrelai-dée,  id.  ib.  ||  2°  État 
d'une  pierre  gélive. 

—  ÊTYM.  Gi'lif. 

f  GÉLOSCOPIE  (jé-lo-sko-pie),  ».  f.  Essai  de  dé- 
terminer le  caractère  des  hommes  en  observant 
leur  manière  de  rire. 

—  ÊTYM.  réXu;,  rire,  et  oxoTieîv,  examiner. 

t  GÉ.MARA  (jé-ma-ra),  ».  f.  Deuxième  partie  du 
talmud  ou  glose  composée  pour  servir  de  commen- 
taire à  une  partie  de  la  mischna.  Klle  se  divise  en 
gémara  de  Jérusalem,  et  gémara  de  Babylone. 

t  GEMBIN  (jan-bin),  ».  m.  Terme  de  pêche.  Es- 
pèce de  nasse  cylindrique. 

GÉ.MKAirx  (jé-mô;  l'x  se  lie:  les  jé-mfl-zau  mois 
de  mai),  ».  m.  pi.  ||  1°  Frères  jumeaux.  On  aurait 
dit  ces  gémeaux  radieux  Qui  sur  la  terre,  amis 
toujours  fidèles.  N'eurent  qu'un  sort,  millev,  Char- 
lem.  à  Pavie,  ch.  1. 1|  Àdj.  Ce  grand  jour  est  venu, 
mon  frère,  où  notre  reine....  Doit  rompre  aux  yeux  de 
tous  son  silence  obstiné.  De  deux  princes  gémeaux 
nous  déclarer  l'atné,  cobn.  Rodng.  i,  ( .  ||  2"*  L'un 
des  douze  signes  du  xodiaque  ;  en  ce  sens  il  prend 
une  majuscule.  Le  soleil  entre  dans  les  Gémeaux 
au  20  du  mois  de  mal,  et  en  sort  au  20  du  mois  do 
juin.  Les  Gémeaux  placés  entre  le  Taureau  et  le  Can- 
cer sont  représentés  par  Castor  dont  la  tête  contient 
une  étoile   de   première  grandeur,  et  par   Pollui 


CÉM 

qui  porte  dans  sa  tête  une  étoile  de  seconde  gran- 
deur; de  là  vient  le  nom  de  Gémeaux  qui  a  rem- 
placé celui  de  Castor  et  Pollux  donné  précédem» 
ment  à  celte  constellation ,  legoarant.  ||  Ce  terme 
Gémeau  peut  être  employé  au  singulier,  car  on 
nomme  Castor  le  Gémeau  occidental,  et  Pollux  l: 
Gémeau  oriental,  legoarant. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  autres  muscles  sont  profonii 
et  cachés,  comme  ceux  du  jarret  et  les  quatre  gé- 
meaux, PABÉ,  I,  8.  L'enfantement  est  difficile  lors- 
qu'il y  aura  deux  enfants  gemeaulx,  id.  t.  ii,  p.  «ie. 
Figure  de  deux  filles  gemelles,  jointes  et  unies  par 
les  parties  postérieures,  id.  ib.  xix,  4. 

—  ÊTVM.  Lat.  gemellus,  dérivé  de  geminus,  dou- 
ble. Suivant  Curtius,  gemini  est  pour  genmini,  el 
représente  yevo|ji£voi,  nés ,  engendrés  ;  c'est  simple- 
ment le  pluriel  qui  indiquerait  la  gémioatioa.  Com- 
parez jdmt,  sœur,  en  sanscrit. 

t  GÊMELLE  (gé-mè-1'),  ».  f.  Terme  de  marine. 

Voy.  JUMELLE. 

—  ÊTYM.  Voy.  gémeaux. 

t  GËMELLIFLORE  (jé-mèl-li-fio-r'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  les  fleurs  sont  disposées  deux  à 
deux. 

—  ÊTYM.  Lat.  gemellus,  double,  et  flos,  fleur. 

t  GÉMELLIPARE  Qé-mèl-li-pa-r')  ,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Oui  produit  des  jumeaux. 

—  ÊTYM.  Lat.  gemeiti,  jumeaux ,  et  parère,  eu  - 
fanter. 

i  GÊMINATION  (jé.cii-na-sion),  ».  f.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  État  de  ce  qui  est  disposé  par  pai- 
res. La  gémination  des  folioles. 

—  ÊTYM.  Lat.  geminalionem,  de  geminare  (voy. 

GÉMINÉ). 

GÉMINÉ,  ÉE  flé-mi-né,  née),  adj.  ||  1» Terme  de 
palais.  Réitéré.  Arrêts,  commandements  géminés. 
Il  2°  Lettres  géminées,  se  dit  des  réduplications  de 
lettres  qui  se  trouvent  dans  les  anciens  monuments, 
comme  coss,  qui  signifie  les  deux  consuls,  Âugg.  et 
Impp.  pour  deux  augustes  et  deux  empereurs.  ||3° 
Terme  d'architecture.  Colonnes  géminées, colonnes 
groupées  deux  à  deux,  mais  avec  quelque  inter- 
valle. Il  4°  Se  dit, en  botanique,  de  parties  qui  sont 
disposées  deux  à  deux,  ou  qui  naissent  par  paire 
d'un  même  point.  Feuilles  géminées. 

—  ÊTYM.  Lat.  geminatut,  doublé,  de  geminus , 
double  (voy.  gémeaux). 

GÉMIR  (jé-mir),  ti.  n.  ||  1°  Exhaler  sa  soufTrance, 
sa  peine,  d'une  voix  plaintive  et  inarticulée.  Mais 
et  les  princes  et  le«  peuples  gémissaient  en  vain; 
en  vain  Monsieur,  en  vain  le  roi  même  tenait  Ma- 
dame serrée  par  de  si  étroits  embrassements....  la 
mort  plus  puissante  nous  l'enlevait  entre  ces  royales 
mains,  boss.  Duch.  d'Orl.  Vous  l'avez  vue  si  sou- 
vent gémir  devant  les  autels  de  son  unique  pro- 
tecteur, ID.  Reine  d'Ânglet.  Quel  tourment  de  se 
taire  en  voyant  ce  qu'on  aime.  De  l'entendre  gé- 
mir, de  l'afnigcr  soi-même  I  rac.  Brit.  ni,  7.  Pleu- 
rons et  gémissons,  mes  fidèles  compagnes,  id.  Esth. 
1,  B.  Mon  frère,  ayez  pitié  d'une  sœur  égarée  Qui 
brûle,  qui  gémit,  qui  meurt  désespérée,  volt. 
Zaire,ni,  4.Jepleure  mon  destin,  je  gémis  sur  mon 
pJie,  ID.  Tancr.  n,  8.  ||  Activement  et  poétiquement. 
Voilà  ce  qui  fait  honte  ou  ce  qui  fait  frémir  ;  Gc- 
misscmentque  Job  oublia  de  gémir,  lamabt.  Rdp. 
axtic  adieux  de  W.  Scott.  ||  2°  Par  extension ,  se 
plaindre  sous  un  poids  qui  accable.  D'un  peuple 
sans  vigueur  et  presque  inanimé  Qui  gémissait  sous 
l'or  dont  il  était  armé,  RAC.  Alex,  u,  i.  Déjà  la  py- 
thon isse,  errante,  échevelée.  Sous  le  pouvoir  du  dieu 
gémissait  accablée,  M.  J.  chén.  (HCdipe-roi,  m,  4. 
Il  Fig.  L'Italie  gémissait  sous  les  armes  des  Lom- 
bards, BOss.  Ilist.  I,  )(.  Mais  je  lais.sais  gémir  la 
vertu  soupçonnée,  rac.  Phid.  v,  7.  J'ai  fait  taira 
les  lois  et  gémir  l'innocence,  id.  Esth.  m,  i.  Le 
royaume  gémissait  sous  la  tyrannie,  fén.  Tél.  xiii. 
Le  juste  gémit  dans  l'indigence,  uàss.  Carême,  Pro- 
spér.  Des  pécheurs  qui  gémissent  sous  le  poids  de 
leurs  chaînes,  id.  CarUme,  Kélange.  J'ai  Ciit,  jus- 
qu'au moment  qui  me  plonge  au  cercueil.  Gémir 
l'humanité  du  poids  de  mon  orgueil,  volt.  Alt.  v,  7. 
Il  3°  Être  péniblement  ou  désagréablement  affecté 
de  quelque  chose.  Evrard  a  lieau  gémir  du  repas  dé- 
serté, boil.  Lutr.  V.  Alexandre  le  sait,Taxile  en  a  gémi, 
RAC.  Alex.  V,  3.  U  y  avingtansqu'ilsfont  gémir  tous 
les  gens  de  bien,  fén.  Tél.  xiv.  Mais  ne  crois  pas 
non  plus  que  le  mien  [cœur]  s'avilisse  X  souffrir  de» 
rigueurs,  i  gémir  d'un  caprice,  volt.  Zaïre,  m,  e. 
Il  craint  de  lui  parler,  il  gémit  de  se  taire,  id.  Bru- 
ti«,  m,  2.  n  gémls-sait  d'être  obligé  d'acheter  sa  sû- 
reté par  des  soumissions, baynal,  Ilist. phil.iy,  H. 
11  faut  gémir  sur  le  sort  de  l'humanité,  qui  ne  per- 
met pas  qu'un  .seul  homme  ait  à  la  fois  tous  lus 


GEM 

talents  et  toutes  les  vertus,  d'alembert,  Lett.  au 
roi  de  Pr.  «7  août  <77J .  |(  i"  Il  se  dit  du  cri  de  cer- 
tains oiseaui.  La  colombe  gémit.  La  tourterelle  gé- 
mit. Je  criais  vers  vous  comme  le  petit  de  l'hiron- 
delle, je  gémissais  comme  la  colombe,  saci,  Bible, 
haie,  xxxviii,  ) 4.  ||  Activement  et  poétiquement. 
L'oreille  n'entend  rien  qu'une  vague  plaintive,  Ou 
la  voix  des  zéphirs,  Ou  les  sons  cadencés  que  gémit 
Philomèle,  lamart.  iléd.  u,  24.  {{  5°  Par  analogie, 
il  se  dit  des  choses  qui  font  entendre  une  sorte  de 
murmure.  On  se  menace,  on  court,  l'air  gémit,  le 
fer  brille,  rac.  Iphig.  v,  6.  La  rive  au  loin  gémit 
blanchissante  d'écume,  id.  ib.  v,  6.  Les  marteaux 
faisaient  gémir  les  cavernes  de  la  terre,  fén.  Tél. 

II.  Quand  l'aquilon  fait  gémir  les  troncs  des  vieux 
arbres,  id.  tb.  xvn.  La  terre  au  loin  gémit,  le  jour 
fuit,  le  ciel  gronde,  volt.  Ilenr.  vni.  Eh  I  seigneur, 
est-ce  vous  dont  la  voix  lamentable  A  fait  gémir  ces 
murs  d'accents  si  douloureux?  lemerc.  Frédég.  et 
Br.  rv,  B.  Il  6"  S'affaisser,  en  parlant  des  choses  qui 
reçoivent  un  poids,  une  pression  considérable.  La 
frêle  nacelle  gémit,  Quand  ^Enéas  dedans  s'y  mit, 
SCARRON,  Virg.  vi.  Et  son  corps,  ramassé  dans  sa 
courte  grosseur,  Fait  gémir  les  coussins  sous  sa 
molle  épaisseur,  boil.  Lutr.  i.  L'enclume  qui  gé- 
missait sous  les  coups  redoublés,  pén.  Tél.  xii.  La 
mer  gémissait  sous  le  nombre  et  sous  la  grandeur 
énorme  de  nos  navires,  mass.  Or.  fun.  Louis  le 
Grand.  ||  Fig.  et  familièrement.  Faire  gémir  la 
presse,  faire  beaucoup  imprimer;  locution  métapho- 
rique tirée  de  l'ancienne  presse  à  bras  qui  faisait 
entendre  une  espèce  de  gémissement  quand  on  tirait 
le  barreau. 

—  HIST.  xn  s.  Rapelat  il  à  la  remembrance  ceaz 
[ceux]  d'Epheson,  cant  il,  ploranz  et  gemanz,  les 
comandat  à  Deu,  Job,  p.  478.  ||  xiifs.  Enfer  tressue, 
enfer  frémit,  Enfer  dolose,  enfer  gémit,  Quant 
perdu  a  la  grant  gou'iée  Qu'avoit  jà  prise  et  engou- 
léo,  RDTEB.  Théoph  ||xiv'  s.  Et  mon  pechié  cy  gé- 
mirai Amèrement,  dans  burguy  ,  Gramm.  t.  ii , 
p.  261.  Il  xvr  s.  La  tourterelle  en  gémit  et  en  mené 
Semblable  dueil  :  et  j'accorde  à  leurs  chants,  marot, 

III,  298.  Ayant  tant  de  malheurs  gemy  profonde- 
ment, DU  BELLAY,  VI,  63,  verso.  Comme  pigeons, 
qui  bec  à  bec  gémissent  leur  amour,  yver,  p.  030. 
Ils  hurlent  comme  les  loups,  ils  gémissent  comme 
les  ours,  ils  rugissent  commelions,  paré,  Animaux, 
2B. 

—  ÉTYM.Berry,  jemer;  provenç.  gémir:  portug. 
gemer;  ital.  gemere;  du  ]a.t\n  gevièrc.  La  formation 
régulière  est  geindre  (voy.  ce  mot)  ou  l'italien  ge- 
mere. Gémir,  remontant  aux  premiers  temps  de  la 
'angue,  suppose  un  changement  de  conjugaison,  de 
la  3'  en  4*.  La  très-ancienne  langue  ne  le  conju- 
guait pas  comme  les  verbes  en  iscere,  témoin  ge- 
mant  de  gemenlem  ;  mais  dès  le  xm"  siècle  il  était 
cunjugué  comme  un  verbe  en  iscere. 

GÉMLSSANT,  ANTE  (jé-mi-san,  san-t'),  adj.  Qui 
gémit.  Tu  risl  tu  ne  suis  pas  ces  gémissantes  voix  ! 
LA  FONT.  Fabl.  viii,  )4.  Je  peindrai  les  plaisirs  on 
foule  renaissants,  Les  oppresseurs  du  peuple  à  leur 
tourgémissants,  boil.  ÉpU.  i.  Et  froide,  gémissante, 
et  presque  inanimée,  rac.  Phèdre,  v,  b.  J'ai  respecté 
ton  fils;  et  ce  cœuv  gémissant  Lui  conserva  sa  foi, 
môme  en  le  haïssant,  volt.  Al;,  v,  6.  Ils  pensent 
voir  errer  sur  des  nuages  sombres  De  Glamis,  de 
Diineanlesgémissantesombres,  uvcis,  Macbeth, iv ,3. 

fiÉMISSEMENT  (jé-mi-se-man),  s.  m.  \\  1°  Cri 
plaintif  de  celui  qui  gémit.  Aucun  gémissement  à 
son  cœur  échappé  Ne  le  montre  en  mourant  digne 
d'être  frappé,  corn.  Pomp.  ii,  2.  Si  l'Espagne  pleu- 
rait son  infante  qu'elle  voyait  monter  sur  le  trône 
le  plus  glorieux  de  l'univers,  quels  seront  nos  gé- 
missements à  la  vue  de  ce  tombeau  où  tous  ensem- 
ble nous  ne  voyons  plus  que  l'inévitable  néant  des 
grandeurs  humaines?  boss.  Uar.-Thér.  Il  tire  de 
son  cœur  de  p_rofond3  gémissements,  fén.  Tél.  m. 
césar,  voyant  sa  statue  [d'Alexandre]  dans  un  tem- 
ple en  Espagne,  lorsqu'il  en  avait  le  gouvernement 
après  sa  préturo,  ne  put  s'empêcher  de  pousser  des 
gémissements  et  des  soupirs  en  comparant  le  peu 
de  belles  actions  qu'il  avait  faites  jusque-là  avec  les 
grands  exploits  de  ce  conquérant,  rollin,  Ilist. 
cnc.  (Hmv.  t.  VI,  p.  629,  dans  pougens.  ||  Terme  de 
dévotion.  Gémissement  du  cœur,  vif  sentiment  de 
regret  d'avoir  péché,  jj  2°  Plainte  en  général.  Les 
gémissementsde  l'opprimé.  Louis,  qui  entend  de  si 
loin  les  gémissements  des  chrétiens  aflligés,  boss. 
Heine  d'Anglet.  Il  n'y  a  personne  de  nous  (jui  ne  se 
souvienne  d'avoir  ouï  souvent  raconter  ce  gémisse- 
ment universel  [lors  de  l'assassinat  de  Henri  IVj  à 
.son  père  ou  à  son  grand-père,  id.  Lett.  à  Louis  .\IV, 
«0  juillet  (675.  Il  3"  Il  se  dit  du  cri  de  la  colombe, 


GKM 

de  la  tourterelle.  J'ai  oui  parler  de  la  douceur  et 
du  gémissement  de  la  colombe,  mais  non  pas  de  sa 
cruautéjii  de  son  rugissement,  balz.  lett.  (),  liv.  vi. 
Il  4°  Bruit,  murmure,  que  certaines  choses  font  en- 
tendre. Le  sourd  gémissement  des  forêts.  Et  l'orgue 
même  en  pousse  un  long  gémissement,  bou..  Lutr. 
m. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  mes  gemissemenz  n'est  mie 
reposz  [caché]  vers  toi.  Psautier,  f»47. 

—  6TVM.  Gémir;  provenc.  gememen,  gemimen. 
tGEMMACÉ,  ÉE   (jè-mma-sé,  sée),  adj.  Terme 

d'histoire  naturelle.  Qui  a  l'apparence  d'une  pierre 
gemme  ou  d'un  bouton. 

—  Etym.  Lat.  gemma,  bourgeon  {voy.  gemme  2). 
t  GEMMAIRE    (jê-mmê-r')   ou  GEMMAL,  ALE 

(jè-mmal,  mma-l'),  adj.  Terme  de  botanique.  Qui 
fait  partie  du  bourgeon.  Prolongement  gemmaire. 
Écailles  gemmales,  celles  qui  protègent  le  bour- 
geon. 

—  ÊTYM.  Gemme  i. 

GEMMATION  (jè-mma-sion),  s.  f.  ||  !•  Terme  de 
botanique.  Développement  des  boutons  dans  les 
plantes  vivaces.  {{  Epoque  de  leur  épanouissement. 
Il  2°  Ensemble  des  bourgeonsd'un  végétal.  ||  Dispo- 
sition générale  des  bourgeons. 

—  ÊTYM.  Lat.  gemmalionem,  de  gemma  (voy. 
gemme  2). 

<.  GEMME  (jè-m'),  *.  f.  \\l'  Toute  espèce  de 
pierres  précieuses.  Les  métaux  les  plus  précieux  et 
les  gemmes  les  plus  précieuses  abondent  entre  les 
devu  tropiques.  ||  Gemme  orientale,  nom  donné  vul- 
gairement aux  variétés  du  corindon  hyalin,  pour 
lesquelles HaQy  a  créé  le  nom  de  télésie,  logoarant. 
Il  2°  Adj.  Se  dit  des  pierres  précieuses  et  du  sel. 
Pierre  gemme,  pierre  qui  est  une  gemme.  Sel 
gemme,  sel  qui  ressemble  à  une  gemme  ou  à  des 
gemmes  et  qui  se  tire  des  mines.  On  donne  le  nom 
de  sel  gemme  au  sel  fossile  ;  il  est  absolument  de  la 
même  nature  que  celui  qui  se  tire  de  l'eau  de  mer 
par  l'évaporation  ;  il  se  trouve  sous  une  forme  so- 
lide, concrète  et  cristallisée  eu  amas  immenses, 
dans  plusieurs  régions  du  globe,  bltp.  Jft».  t.  m, 
p.  34B,  dans  pougens. 

—  REM.  L'Académie  n'a  gemme  que  comme  ad- 
jectif. 

—  HIST.  XI*  s.L'haume  [il]  lui  freint  où  li  gemme 
reflambent,  Ch.  de  Bel.  ccLxiv.  ||  xii's.  L'aornement 
de  vostre  corone,  c'estdes  jammes  et  despieres  pré- 
cieuses, st-bebn.  B72.||xm''s.  Et  Venus  [lui  pro- 
mit] la  plus  bêle  feme.  Qui  det^tesautres  est  geme, 
I""!:  et  Bl.  48i.||xiv'  s.  Si  faict  la  gemme  et  fine 
pierre,Comme rubis etdyamens,JVo«.  à  Valchim.  err. 
682.  Il  xv  s.  Dessus  elle,  gist  une  lame  Faiote  d'or 
et  de  saffirs  bleux;  Car  saffir  est  nommé  la  jameDo 
loyaulté,  et  l'or  eurcux,  gh.  d'orl.  Bal.  70.  ||  xvi's. 
C  istal ,  et  plusieurs  autres  gemmes,  c'est  i  dire 
p. erres  précieuses,  paré,  t.  m,  p.  63B.  Sel  gemme, 

PALISSV,   242. 

—  ÉTYM. Provenç.  et  ital.  j/emmo  ;  du  lat.  gemma, 
pierre  précieuse.  L'ancien  français  jeme,  écrit  aussi 
j'ame,  se  prononçait  jame,  comme  (ema  ou  femme 
se  prononçait  et  se  prononce  famé.  Gemma  est  rat- 
taché par  Curtius  à  •ii\iM>,  être  plein. 

f  2.  GEMME  (jè-m'), s.  /.  Terme  de  botanique.  Nom 
donné  à  toutes  les  parties  susceptibles  de  reproduire 
un  végétal.  {|  Terme  de  zoologie.  Nom  donné  à  des 
saillies  qui  naissent  sur  les  côtés  du  corps  des  po- 
lypes hydraires. 

—  ÉTYM.  Lat.  gemma,  Iwurgeon  et  pierre  pré- 
cieuse. 

f  GEMMÉ,  ÉE  (jè-mmé,  mée),  adj.  Orné  de  pier- 
reries. 

—  HIST.  XI*  s.  Luisent  cil  baume  qui  à  or  sont 
gemmé,  Ch.  de  Bol.  lxxix.  ||  xvi*  s.  Et  le  bel  esmail 
qui  varie  L'honneur  gemméd'une  prairie,  rons.bbo. 

—  ÉTYM.  Gemme  (  ;  provenç.  gemmar,  orner  do 
pieneries;  ital.  gemmnre. 

t  GEMMER  (jè-mmé),  ».  o.  Terme  d'exploitation 
de  la  résine.  Les  propriétaires  de  pignadas....  mé- 
nagent sur  chaque  hectare....  jusqu'à  200  pins  en 
état  d'être  gemmés,  c'est-à-dire  do  recevoir  des 
entailles,  pour  l'écoulement  de  la  résine,  dralet, 
Traité  des  forêts  d'arbres  résineux,  p.  )  48. 

f  1 .  GEMMIFËBË  (jè-mmi-fè-r'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  contient  des  pierres  gemmes,  des 
diamants. 

—  ÉTYM.  Gemme  t,  et  le  latin  ferre,  porter. 

f  2.  GEMMIFÈRE  (jè-mmi-fè-r') ,  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  porte  des  gemmes ,  des  bour- 
geons. 

—  ÉTYM.  Gemme  2,  et  le  latin  ferre,  porter. 

f  GEMMIFORME  (jê-mmi-for-m"),  adj.  Terme  do 
botanique.  Qui  a  l'apparence  d'un  bourgeon 


GEN 


^85^ 


—  ÉTYM.  Gemme  2,  ol  forme. 

t  GEMMIPAKE  (jè-miiii-i«ir'),  adj.  Terme  de 
bolaniquo.  Qui  produit  dos  bourgeons.  ||  Oéiiératiou 
goinmiparo,  mode  du  reproduction  par  bourgeon» 
qui  s'observe  chez  les  iwlyixia  hydraires  surtout, 
mais  aussi  sur  lus  cellules  îles  plantes. 

—  ÉTYM.  Gemme  2,  et  le  lutin  parère,  enfanter, 
t  GE.MMIPARIE  (jô-mmi-pa-ric),   i.  f.  Mode  de 

reproduction  Par  des  geramos  ou  bourgeons. 

—  ÉTYM.  Gemmipare.  On  trouve  aussi  gemmipa- 
rtté;  mais  le  mot  n'est  pas  bon,  parité  étant  le  sub- 
stantif tlo  par,  pareil. 

t  GEMMULATION  (je  mmu-la-sion),  s.  f.  Terme 
de  botimique.  Développement  de  la  gemmule. 

t  GEMMULE  (jè-mmu-r),  a.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Premier  bourgeon  de  la  plante,  rudiment 
de  la  tige  croissant,  jiar  la  germination,  on  sens  in- 
verse de  la  radicule.  ||  On  dit  aussi  plumulo.  |  Corps 
reproducteur  des  algues. 

—  ÉTYM.  Diminutif  do  jewme  " 

GÉMONIES  (je  mo-nie),  s.  f.  pi.  'l'crrao  d'antl 
quité.  À  Rome,  escalier  sar  lequel  on  exposait  les 
corps  des  condamnés  qui  avaient  été  exécutes  (étran- 
glés) dans  la  prison;  de  là  on  traînait  leurs  corps 
avec  des  crocs  dans  le  Tibre,  jj  Fig.  Le  vois-tu  [le 
vulgaire]  donnant  à  ses  vices  Les  noms  de  toutes 
les  vertus.  Traîner  Socrata  aux  gémonies....?  la- 
mart. Iféd.  i,  19. 

—  ÉTYM.  Lat.  gemonùe scalx,  ou,  par  abréviation, 
gemonix.  Les  uns  le  tirent  d'un  nom  proore  Gemo- 
nius,  les  autres  de  gemere,  gémir.  Ce  qui  pourrait 
donner  de  l'appui  à  cette  dernière  étymologie,  c'est 
que  les  gémories  étaient  dites  aussi  gradus  gemittrii. 

GÉNAL,  AI.E  Qé-nal,  na-l'),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie.  Qui  appartient  aux  joues.  Glandes  génales. 
Muscles  génaux.  |{  Trait  génal,  trait  qui  va  du  mi- 
lieu des  joues  au  trait  nasal. 

—  ÉTYHL  Lat.  gêna,  joue  ;  grec,  ^évu;.  Comparez 
le  sanscrit  hanus,  et  le  gothique  kinnus,  mâchoire. 

GÊNANT,  ANTE  (jê-nan,  nan-t'),  adj.  Oui  gêne. 
Si  vous  ne  voulez  que  des  liaisons  de  société,  faites- 
les  à  la  cour,  ce  sont  les  plus  agréables  et  les  moins 
gênantes,  doclos,  Consid.  Mœurs,  chap.  )i.  On  no 
poursuivit  pas  à  la  rigueur  l'observation  de  celte 
loi  gênante,  haynal,  Hist.  phit.  xiv,  5.  11  n'est  pas 
gênant  et  vous  laisse  une  entière  liberté,  genlis, 
Thédt.  d'éduc.  la  Bonne  mère,  ii,  3. 

—  ÉTYM.  Gêne. 

t  GENCIVAL,  ALE  (jan-si-val,  va-l'),  adj.  Voy 
gingival,  qui  est  seul  usité  aujourd'hui. 

GENCIVE  (jan-si-v'),  s.  f.  Chair,  tissu  rougeâtre, 
qui  garnit  les  deux  arcades  dentaires  et  adhère  for- 
tement au  pourtour  du  collet  des  dents. 

—HIST.  XIII*  s.  Les  venteuses  qui  sont  mises  de- 
sous  le  menton,  espurgent  les  dcns  et  les  enchives, 
alebrant,  (°  43.  Et  à  nous  qui  avions  tele  maladie 
venoit  char  pourrie  es  gencives,  joiisv.  236.  ||  ivi*  s. 
Ce  muscle  prend  son  origine  de  toute  la  gencive  la- 
térale de  la  maschoire  supérieure....  ei^é,  iv,  ». 

—  ÉTYM.  Berry,  gendive;  provenç.  gengiv»,  an- 
giva  ;  anc.  catal.  gingiva  ;  espagn.  encta  ;  portug. 
et  ital.  gengira;  du  lat.  gingiva. 

GENi)ARMB  (jan-dar-m'),  s.  m.  ||  !•  Ancienne- 
ment. Homme  de  guerre  à  cheval  armé  de  toutes 
pièces  et  qui  avait  sous  ses  ordres  un  certain  nom- 
bre d'hommes  à  cheval.  On  ne  connut  plus  que  les 
gendarmes  ;  le  gens  de  pied  n'avaient  pas  ce  nom, 
parce  qu'en  comparaison  des  hommes  de  cheval,  ils 
n'étaient  point  armés,  volt.  Mœurs,  38.  II  (Char- 
les VII]  conserva  des  compagnies  réglies  de  quinze 
cents  gendarmes  ;  chacun  de  ces  gendarmes  devait 
servir  avec  six  chevaux,  in.ife.  so.  ||  En  ce  sens,  on 
écrit  quelquefois  gens  d'armes.  ||  Plus  tard  il  s'est 
dit  des  cavaliers  do  certaines  compagnies  d'ordon- 
nance quoiqu'ils  fussent  armés  à  la  légère.  Gendar- 
mes du  roi,  de  la  reine,  du  dauphin,  compagnies  do 
gendarmes  qui  avaient  pour  capitaines  le  roi,  la 
reine  et  les  princes  de  qui  elles  portaient  le  nom. 
Un  tel  sert  dans  les  gendarmes.  |{  Il  s'est  dit  aussi 
d'un  soldat  on  général.  Seule  j'ai  par  mes  charmes 
Mis  au  joug  les  taureaux  et  défait  les  gendarme», 
CORN.  Médée,  ii,  «.  Mais  comme  elle  entendit  un 
grand  bruit  de  gendarmes....  maibkt.  Mort  d'Asdrtib. 

V,  2 Le  lendemain,  on  trouva  dès  l'aurore  Les 

deux  gendarmes  morts  .sur  la  statue  assis,  v.  hloo. 
Bail.  8.  Il  Fig.  C'est  un  beau  gendarme,  s'est  dit 
d'un  homme  qui  a  bonne  mine  à  cheval.  Cette 
phrase  a  vieilli.  ||  Familièrement  C'est  un  gen- 
darme, un  vrai  gendarme,  c'est  une  femme  forte  et 
hardie.  Cette  phrase  est  encore  usitée.  ||  Il  se  dit 
aussi  d'im  boumi  qui  gronde  sans  cesse.  Il  a  un 
oncle  qui  est  un  gendarme,  un  vrai  gendarme. 
Il  3*  Aujourd'hui  soldat  appartenant  à  un  corps  qui 


1852 


(.EN 


est  chargé  de  maintenir  la  sûreté  et  la  tranquillité 
publiques,  lu  mot  avec  paraphe. ...et  aussitôt  gen- 
darmes de  courir,  prison  de  s'ouvrir;  quand  vous  y 
serer,  la  charte  ne  vous  en  tirera  pas,  P.  L.  couB. 
Lrlt.  îv.  Les  gendarmes,  qui  revoyaient  cette  armée 
pour  la  premiJ're  fois  depuis  son  désastre,  étonnés  à 
l'aspect  de  tant  de  mis'^re,  effrayés  d'une  si  grande 
confusion,  se  découragèrent,  SF.ova,  Hist.  de  Nap. 
X,  «.  Il  Par  extension  et  dénigrement,  nom  donné  à 
celui  qui  fait  un  moment  la  fonction  du  gendarme. 
Ne  m'assommez  pas,  gendarme  que  vous  êtes,  s'é- 
cria-t-il  à  la  vue  du  bâton  levé  sur  lui,  ch.  dk  ber- 
NMiD,  la  Peau  du  lion,  §  xi.  ||  Gendarmes  d'élite, 
gendarmes  qui  font  le  service  auprès  du  souve- 
rain. Vous  êtes  né  [l'empereur  parlant  à  Wint- 
zingerode]  dans  les  États  de  la  confédération  du 
Rhin  ;  vous  êtes  mon  sujet  ;  vous  n'êtes  point 
un  ennemi  ordinaire,  vous  êtes  un  rebelle,  j'ai 
le  droit  rie  vous  faire  juger  ;  gendarmes  d'élite  , 
saisissez  cet  homme-là  ;  les  gendarmes  restèrent 
immobiles,  comme  des  hommes  accoutumés  à  voir 
se  terminer  sans  effet  ces  scènes  violentes,  et  sûrs 
d'obéir  mieux,  en  désobéissant,  sRgur,  Hist.  de 
Nap.  IX,  6.  Il  3°  Nom  donné  à  certains  points  qui  se 
tro'uvent  dans  les  diamants  ressemblant  à  une  fêlure 
et  en  diminuant  le  prix.  ||  4"  Petite  tache  qui  se 
forme  à  l'œil.  Il  a  un. gendarme  àl'œil.  ||  B°  Pièce 
de  fer  de  la  charrue,  servant  à  arrêter  les  herbes  qui 
s'embarrasseraient  dans  les  jambettes  de  l'âge. 
Il  6"  A«  pluriel.  Bluettes  qui  sortent  du  feu.  ||  Petites 
parties  de  lie  qui  se  trouvent  quelquefois  dans  le  vin. 
-,  —  HIST.  xiv  s.  Chevaucheurs  estoient  ceulx  que 
nous  appelons  maintenant  gens  d'armes,  behcheuhk, 
f"  I,  rerso.  ||xv'  s  Jean  Haileston  fist  sonner  ses 
trompetes  et  armer  toutes  ses  gens  d'armes,  tant 
de  cheval  que  de  pié,  et  fit  tout  tirer  aux  champs, 
FROiss.  liv.  I,  p.  46),  dans  lacurne.  Le  roy  Char- 
les \l\  assembla  son  conseil  pour  regarder  et  avoir 
avis  sur  les  gens  d'armes  qui  destruysoient  son 
royaume  de  toutes  parts,  et  pour  mettre  les  dits  gens 
d'armes  en  reigle  et  en  ordre  et  les  entretenir  sans 
les  perdre  et  eslongner  de  luy;  et  fut  avisé  qu'il  met- 
teroit  sus  quinze  cens  lances  choisiz  et  esluz,  et  les 
diviseroit  en  certains  capitaines  pour  les  conduire 
et  gouverner,  et  que  chascune  lance  auroit  deux  ar- 
chers et  un  coustiller  armé,  ol.  de  la  marche,  Mém. 
liv.  I,  p.  240,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  Tallebot  di- 
soit  :  Se  Dieu  cstoit  gent  d'arme,  il  seroit  pillard, 
FABRI,  Art  de  rhétorique,  liv.  i,p.  toi,  dans  lacuhne. 

—  f.TYM.  Gens,  de,  armes. 

GENDARMÉ,  EE  (jan-dar-mé,  mée) ,  part,  pa.'né 
lie  se  gendarmer.  Saisi  d'une  irritation  qu'on  té- 
moigne. Cet  homme,  gendarmé  d'abord  contre  mon 
feu,  Oui  chez  lui  se  retranche  et  de  grès  fait  parade, 
MOL.  Éc.  des  femmes,  m,  4.  Préjugé  populaire,  esprit 
de  bourgeoisie.  De  tout  temps  gendarmé  contre  la 
poésie,  PIRON,  Hélrom.  v,  4. 

GENDARMER  (SE)  (jan-dar-mé),  v.  réfl.  S'em- 
porter mal  à  propos  pour  peu  de  chose.  Mais  il  est 
véritable  aussi  que  votre  esprit  Se  gendarme  tou- 
jours contre  tout  ce  qu'on  dit,  mol.  blis.  ii,  5. 
Est-ce  qu'au  simple  aveu  d'un  amoureux  transport 
Il  faut  que  notre  honneur  se  gendarme  si  fort?  ID. 
Tart.  IV,  3.  Je  ne  vois  pas  contre  eux  de  quoi  se 
gendarmer,  th.  corn.  J'/nconnu,  i,  6.  Je  m'en  vais 
la  rejoindre  et  tâcher  de  calmer  Son  esprit  violent, 
prompt  à  se  gendarmer,  regnard,  te  Distrait,  in,  5. 

—  HlST.  xvi*  s.  Pour  se  vouloir  eslever  et  gen- 
darmer de  ce  sçavoir  qui  nage  en  la  superficie  de 
leur  cervelle,  ilsvont  s'cmbarrassant  et  empestrant 
sans  cesse, MONT.  I,  t46.  [Vénu.s]  gendarme  le  tendre 
coeur  des  pucelles  au  giron  de  leurs  mercs,  id.  ii. 
(0.  Cette  canaille  de  vulgaire  s'aguerrit,  et  se  gen- 
darme à  s'ensenglanter  jusqucs  aux  coudes,  m.  m, 

409. 

—  ErVM.  Gertdarme. 

GENDARMERIE  (jan-dar-me-rie),  ».  f.  ||  1°  An- 
ciennement, corps  composé  do  gendarmes  ou  hom- 
mes d'armes.  Sous  François  1"  et  sous  Henri  II,  les 
forces  des  armées  consistaient  en  une  gendarmerie 
nationale  et  en  fantassins  étrangers  que  nous  ne 
pouvons  plus  comparer  à  nos  troupes,  volt,  l'olit. 
U  lég.  Observ.  tur  Jean  Lass,  Kelon  et  Dutot.  ||  Plus 
tard,  nom  donné  à  toutes  les  compagnies  d'ordon- 
nance du  roi,  rie  la  reine  et  ries  princes.  Toute  la 
gendarmerie  est  comm.andée,  et  elle  commencera 
bientôt  i  marcher.  !|  2'  Aujourd'hui,  corps  militaire 
qui  veille  à  la  siireté  publique.  la  gendarmerie  à 
cheval,  â  pied.  ||  Gendarmerie  d'élite,  dite  aussi 
K'-ndarmcrie  des  chasses,  troupe  d'élite  composée 
de  gendarmes  i  cheval  et  faisant  le  service  des 
chavses  dans  la  maison  du  souverain.  ||  La  caserne 
lies  gendarme»   U-bas,  â  c<1té  <ia  !a  geodarmcrie. 


GKN 

—  HIST.  XVI*  S.  Il  lui  sembla  par  aventure  que  la 
gendarmerie  françoise  se  rompioit  aussi  facilement 
que  les  genetaires  maures,  lanoi.e,  329. 

—  ÉTYiM.  Gendarme,  par  l'intermédiaire  d'un  ad- 
jectif fictif  (jendarmier. 

t  GENDARMEUX ,  ECSE  (jan-dar-mcû,  meû-l') , 
adj.  Terme  de  minéralogie.  Se  dit  d'une  pierre  pré- 
cieuse qui  a  des  gendarmes,  des  paillettes. 

—  ÉTYM.  Gendarme. 

GENDRE  (jan-dr') ,  s.  m.  Nom  du  mari,  par  rap- 
port au  père  et  à  la  mère  de  sa  femme.  Je  vous 
nommai  son  gendre  et  vous  donnai  sa  fille,  rac. 
Brit.  IV,  2.  Il  en  croit  nos  transports;  et,  sans  pres- 
que m'entendre.  Il  vient,  on  m'embrassant,  de  m'ac- 
cepter  pour  gendre,  id.  Iphig.  m,  3.  Un  beau-père 
aime  son  gendre,  aime  sa  bru;  une  belle-mère  aime 
son  gendre,  n'aime  point  sa  bru,  la  bruy.  v.  U 
[Thémistocle]  dit  que,  dans  le  choix  d'un  gendre,  il 
aimait  mieux  du  mérite  sans  bien  que  du  bien  sans 
mérite,  rollin,  Uût.  anc.iEuvA.  m,  p.  354,  dans 
POUGFNS.  Il  Kig.  Faire  d'une  fille  deux  gendres, pro- 
mettre une  chose  à  deux  personnes.  ||  Proverbe. 
Quand  la  fille  est  mariée,  il  y  a  assez  de  gendres, 
cela  se  dit  de  toutes  sortes  d'affaires,  quand,  après 
les  avoir  faites,  on  trouve  de  nouvelles  occasions 
de  les  faire,  dont  on  ne  peut  plus  profiter.  ||  Amitié 
de  gendre,  soleil  d'hiver. 

—  HIST.  XI'  s.  .Si  le  pero  truvet  sa  fille  en  avul- 
terie  [adultère]  en  sa  maisoun  ou  en  la  maisnun  son 
gendre....  Lois  de  Guill.  37.  ||  xii'  s.  Sire,  fait-il,  or 
saichiés  vous  de  fi,  Mors  est  lîerniers  Ii  genre  au  sor 
Geri,  Raoul  de  C.  262.  Donc  moi  ta  fille  à  feme,  e 
serai  tis  gendres,  Kaehab.  i,  lO.  ]|  xvi-  s.  Morte  ma 
fille,  mort  mon  gendre,  loysel,  Instilutes  coulu- 
mières,  n"  134.  Quel  privilège  a  cette  figure  [d'ar- 
moiries] pour  demeurer  particulièrement  en  ma 
maison?  un  gendre  la  transportera  en  une  aulti-e  fa- 
mille, MONT.   I,  347. 

—  ÉTYM.  Bouguig.  jarre;  provenç.  genre;  catal. 
gendre  ;  portug.  genro  ;  ital.  genero  ;  du  latin  gene- 
rum,  gendre,  le  même  que  le  grec  •(aiiëçiii,  où  le 
P  est  euphonique,  et  le  sanscrit  jdmdtor,  gendre  ; 
la  racine  est  jan,  engendrer. 

t  ....GÈNE  (jè-n'),  élément  de  composition -qui, 
employé  dans  le  langage  scientifique,  signifie  en- 
gendrant :  hydrogène ,  engendrant  l'eau;  mais  qui 
est  mal  employé  et  provient  d'une  erreur,  puisqu'on 
grec  le  suffixe  yivîii  signifie,  au  contraire,  qui  est 
engendré. 

GÊNE  Qô-n"),  s.  f.  Il  1°  La  question  qu'on  faisait 
subir  aux  accusés  pour  leur  arracher  des  révélations. 
Menacésdela  gêne,  ils  ont  tout  découvert,  th.  corn. 
Pers.  et  Dém.  v,  2.  On  le  retira  de  la  gêne  pour  le 
réserver  au  gibet,  chateaubr.  Nalch.  2'  part,  vers 
la  fin.  Il  Par  extension,  les  tortures  qu'on  inflige  à 
quelqu'un  pourlui  faire  dire  quelque  chose,  pour  i  :i 
tirer  de  l'argent.  ||  Mettre  à  la  gêne,  donner  la  ques- 
tion; et  fig.  soumettre  à  une  vive  peine,  mettre 
dans  un  grand  embarras.  C'est  en  cette  manière 
qu'il  nous  a  appris  qu'il  fallait  mettre  à  la  gêne  de 
tels  imposteurs,  PAsc.Proi'.  <  6.  Si  elle  [la  conscience] 
refuse  de  parler,  c'est  qu'elle  est  complice  du  crime; 
il  la  faut  faire  parler  par  force,  il  la  faut  mettre  à 
la  gêne  et  à  la  torture,  boss.  Sermons,  Péché  d'ha- 
bitude, 3.  Sont-ils  d'accord  tous  deux  pour  me 
mettre  à  la  gêne?  rac.  Phèd.  v,  4.  ||  Donner  la 
gêne,  donner  la  question  ;  et  fig.  imposer  un 
grand  effort.  Il  ne  faudrait  pas  donner  la  gêne  à 
notre  esprit,  pour  trouver  de  quoi  nous  entretenir 
avec  lui,  MASS.  Carême,  Prière  l.  ||  Se  donner  la 
gêne,  s'inquiéter  ;  se  mettre  l'esprit  à  la  gêne, 
faire  de  grands  efforts.  Il  se  donne  la  gène  pour 
faire  des  vers.  ||  2"  Par  extension,  douleurs  très- 
vives  comparées  à  celles  de  la  question.  Je  ne 
veux  point  d'un  fils  dont  l'implacable  haine  Prend 
ce  nom  |X)ur  affront  et  mon  amour  pour  gène,  coiin. 
Iléracl.  V,  6.  La  recevoir  [Emilie]  de  lui  me  serait 
une  gêne,  m.  Cinna,  ii,  2.  Pour  moi,  j'en  ai  souf 
fort  la  gêne  sur  mon  corps,  mol.  l'Ét.  iv,  5.  Je  sens 
de  son  courroux  des  gêne»  trop  cruelles,  m.  Dép. 
am.  V,  2.  Non,  non,  l'enfer  n'a  point  de  gène  Qui 
ne  soit  pour  ton  crime  une  trop  douce  peine,  m. 
Sgan.  ir..  I.a  pierre,  la  colique  et  les  gouttes  cruel- 
les.... De  travaux  douloureux  le  viennent  accabler. 
Sur  le  duvet  d'un  lit,  théâtre  de  ses  gènes,  Lui  font 
•scier  des  rocs,  lui  font  fendre  des  chênes,  boil. 
ÉpU.  XI.  Il  3"  Ce  qui  met  trop  à  l'étroit,  mal  à  l'aise. 
Être  à  la  gêne  dans  ses  souliers.  Il  y  a  un  peu  de 
gêne  dans  la  respiration.  ||  4°  L'embarras  que  cause 
le  séjour  d'une  personne  chez  une  autre.  Kestezchez 
moi,  il  y  a  place  pour  vous,  vous  ne  me  causerez 
pas  de  gêne.  Il  5*  Contrainte  fâcheuse,  état  pénib'.e 
ovi  l'on  se  trouve.  Que  de  vivre  à  la  gène  avec  un 


GEN 

indiscret,  héoniEb,  Sat.  viii.  Puis-je  vivre  et  traîner 
cette  gêne  éternelle?  corn.  Rodog.  v,  4.  Ces  feintes 
ont  pour  moi  des  gfnes  trop  cruelles,  m.  Thi'od. 
IV,  ).  Je  souffre,  et  c'csl  pour  vous  que  j'ose  m'im- 
poser  La  gêne  de  souffrir  et  do  le  déguiser,  id.  Olh. 
I,  4.  Je  m'impose  à  vos  yeux  la  plus  dure  dis 
gênes,  ID.  D.  Sanche,  i,  2.  L'hymen  où  je  m'apprête 
est  pour  vous  une  gènel  id.  Serlor.  iv,  ï.  Mais  je 
ne  puis  souffrir  qu'un  esprit  de  travers  Qui,  pour 
rimer  des  mots,  pense  faire  des  vers.  Se  donne  en 
te  buant  une  gène  inutile,  hoil.  Viic.  au  roi.  Le 
délassement  le  plus  sûr  des  gênes,  des  bienséances, 
MASS.  Carême,  Temples.  Où  le  sexe,  élevé  loin  dune 
triste  gêne,  Marche  avec  les  héros,  et  s'en  distingue 
à  peine,  volt.  Tancr.  iv,  6.  Quintilien  n'est  franc 
ni  dans  sa  critique  ni  dans  son  éloge;  on  y  sent  la 
gène,  DIDEROT,  Claude  et  Nér.  n,  lo3.  Charm.inte 
maison,  point  de  gène  ;  on  y  est  comme  chez  soi, 
PICARD,  Deux  Phi'ibert.1,  i,  4.  ||  Terme  de  peinture. 
Synonyme  de  contrainte  dans  le  dessin.  ||  Sans  gêne, 
sans  s'imposer  aucune  contrainte  C'est  chez  nous 
[singes]  qu'à  vivre  sans  gêne  S'instruisit  le  grand  Dio- 
gèiie,  BÉRANG.  Orang-out.  Diogène,  sous  ton  man- 
teau. Libre  et  content,  je  ris  et  bois  sans  gêne,  lu. 
Nouv.  Viog.  ||  Être  sans  gène,  prendre  ses  aises  sn  us 
s'inquiéter  des  autres.  Ce  monsieur  est  sans  gène. 
Il  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  C'est  un  monsieur 
sans  gène  ;  et,  avec  ellipse  de  monsieur,  c'est  un 
sans  gêne,  vous  êtes  un  sans  gêne.  ||  .Substantive- 
ment, Le  sans-gène,  voy.  sans-gêne,  à  son  rang 
alphabétique.  ||  6"  Klat  voisin  de  la  pauvreté,  pé- 
nurie. Être  dans  la  gêne.  ||  Proverbe.  Où  il  y  a 
de  la  gêne  il  n'y  a  pas  de  plaisir. 

—  HIST.  XIII''  s.  Kt  si  tost  comme  il  le  [la]  vont 
mètre  à  la  gehine,  ele  reconnut  toute  le  [la]  vérité 
et  fu  arse,  bealm.  lxix,  te.  Or  ont,  por  leur  amour, 
perpétuel  haîne,  Por  leur  joie,  Iriste-sce,  por  leur 
pais,  ataîne  [fâcherie].  Et  por  leur  fans  deliz,  très 
(lestraignant  jaîne  ;  l'erilleuse  est  amor  qui  tel 
queue  traîne,  j.  de  meung.  Test.  I875  ||  xiv*  s. 
Pour  gehines  et  justices  de  le  [la]  ville  faites  au  dit 
terme,  caffiaux,  Abatis  de  maisons,  p.  24.  ||  xvi"  s. 
Je  ne  veulx  corrompre  son  esprit  aie  tenir  à  la  gé- 
henne et  au  tr.avail,  mont,  i,  i8I.  Quelle  géhenne 
ne  souffrent  les  femmes,  guindées  et  cenglées,  à 
tout  de  gros.ses  coches  sur  les  costez?  id.  i,  308. 
Estre  tiré  sur  la  gesne  [torturé],  paré,  vi,  i4.  Hz 
les  emprisonnoient,  ilz  leur  donnoient  la  géhenne, 
AMYOT,  Lucull.  35.  Tu  fais  que  sage  de  confesser 
la  vérité  avant  que  l'on  te  donne  la  geyne  pour  te 
la  faire  dire,  id.  Anton.  76. 

—  ÊTYM.  Contraction  de  géhenne  (voy.  ce  mot); 
Maine,  géhaigne. 

GÊNK,  f:k  (jê-né,  née),  part.  pas.ié  do  gêner. 
lll'Misàlaquestion. Gêné parordredu  juge.  ['■■  2° Fig 
Qui  éprouve  une  vive  douleur,  une  tortue  morale. 
Caliste,  en  cet  exil  j'ai  l'Ame  si  gênée  Que....  malh.  v, 
(S.Mon  cœur  gêné  d'amour  n'a  vécu  qu'aux  ennuis, 
nftGNiER,  Élég.  t.  Ne  t'étonne  donc  plus  si  mon  3me 
gênée  Avec  impatience  attend  son  hymènée,  corn. 
Cid,  1,  4.118°  Qui  est  mal  à  l'aise,  dans  quelque 
chose  de  trop  étroit.  Gêné  dans  ses  souliers.  ||  Kig. 
Tout  était  équivoque  dans  sa  situation  [du  r'''Pe]  i 
les  papes,  depuis  Grégoire  VII,  eurent  toujours  avec 
les  empereurs  cette  conformité,  les  titres  de  maîtres 
du  monde  et  la  puissance  la  plus  gênée,  volt.  Atm. 
Emp.  Conrad  IV,  I26:i,  1254.  ||  4"  X  qui  on  cause 
des  embarras,  des  difficultés.  Gêné  dans  ses  des- 
seins. La  philosophie,  toujours  gênée,  ne  put  dans 
le  seizième  siècle  faire  autant  de  progrès  que  les 
beaux-arts,  volt.  Mmirs,  )  21 .  ||  5"  Qui  est  mal  à  son 
aise  A  l'égard  de  personnes  ou  de  choses.  Ils  se 
croiraient  gênés  dans  cotte  ville  immense,  volt. 
Orph.  I.  s.  La  comtesse  :  Puisque  vous  n'avez  be- 
soin que  de  cela,  monsieur,  j'en  suis  ravie  ;  je  vous 
l'accorde  ;  j'en  serai  moins  genre  avec  vous.  —  I.c- 
lie  :  Moins  gênée?  ma  foi,  niailame,  il  ne  faut  pris 
que  vous  le  soyez  du  tout,  maiuval'x,  Surpr.  de  l'a- 
mour, II,  7.  Il  Familièrement.  Vous  n'êtes  pas  gêné, 
se  dit  à  quelqu'un  qui  en  use  trop  librement.  C'est 
un  homme  qui  n'est  pas  gêné,  {{  Proverbialement.  Il 
est  plus  gênant  que  gêné.  ||  6"  Qui  a  quelque  chose 
de  contraint.  Démarche  gênée.  I.a  plupart  des  li- 
vres ressemblent  à  ces  conversations  générales  et 
gênées,  dans  lesquelles  on  dit  rarement  ce  qu'on 
pense ,  volt.  Loi  natur.  Préf.  \\  Terme  de  peinture 
Se  dit  d'un  ilessin  contraint.  |{  7*  Qui  éprouve  des 
embarras  d'argent.  C'est  un  ménage  fort  gêné. 

GftNP.ALOGIE  (jé-né-a-lo-jie),  s.  f.  ||  l'Suite  d'an- 
cêtres qui  établit  une  filiation.  Dresser  unegénéaio- 
gie.  Arbre  do  généalogie.  Ceux-ci  cherchèrent  l'é- 
crit de  leur  généalogie  dans  le  dénombrement, saci, 
Rihle,  /'>frfl.t,  II,  vil,  (14.  l'ne  n.iissiiuoi'  171:1  effare 


GÉN 

IVclat  âe  toutes  les  généalogies  de  l'univers,  mass. 
Or.  fxin.  Dauph.  Il  avait  eu  la  ridicule  vanité  d'a- 
r.lieterune  gônôalogie,  genus,  Veillées  duchdt.  t.  i, 
p.  460,  dans  pougens.  ||  Il  se  dit  aussi  des  chevaux 
de  pur  saiig.  Il  n'est  pas  indigne  de  l'histoire  <le 
dire  qu'un  écuyer  arabe  qui  avait  soin  de  ses  che- 
vaux donna  au  roi  leur  généalogie;  c'est  un  usage 
étalili  depuis  longtemps  chez  ces  peuples  [lesTurcs|, 
:iii  semblent  faire  beaucoup  plus  d'attention  à  la 
,)blesse  dns  chevaux  qu'à  celle  des  hommes,  volt. 
Charles  lit,  7.  ||  Fig.  Ce  serait  bouleverser  toute  la 
c;énéalogie  des  substances  du  règne  animal,  buff. 
Ifin.  t.  II,  p.  <  13.  [I  2°  Etude  et  connaissance  de  l'o- 
-  Lrine  et  de  la  filiation  des  fafliilles.  Il  est  savant  en 
onéalogie.  Senantes  fort  en  généalogie  comme  sont 
„ius  les  sots  qui  ont  de  la  mémoire,  inMiLT.Gramm.4. 

—  HiST.  xiii'  s.  Ainsi  sunt  leur  genelogyes.  Et 
stuitpar  trois  fois  trois  foïes,  St  Graal,  v.  2125. 

—  ÊTYM.  Provenç.  g(!noZosio,  genolngia;  espagn. 
pt  ital.  gencalogia;  du  latin  genealogia,  qui  vient 
de  yeveï>.oy{o:,  de  yEveà,  génération,  etWyo;,  traité. 

GÉNfiALOGIQCE  Qé-né-a-lo-ji-k'),  adj.  Qui  ap- 
■  irtient  à  la  généalogie.  Histoire  généalogique.  Ar- 

e  généalogique.  {|  Carte  généalogique,  tableau  de 
:  .(généalogie  d'une  maison.  ||  Arbre  généalogique  des 

ionces,  classification  des  connaissances  humaines, 
suivant  un  certain  plan,  une  certaine  dérivation. 

—  lîTVH.  Généalogie. 

t  GÊXfiAI.OGIQUEMENT  (  jé-né-a-lo-ji-ke-man), 
nrfu.  D'une  manière  généalogique. 

—  ÊTYM.  Généalngique,  et  le  suffixe  ment. 
GÉNfiALOGI.STE   (jé-né-a-lo-ji-sf),    4-.   m.   Celui 

qui  dresse  des  généalogies.  Mais  combien  de  mai- 
sons, encore  toutes  neuves.  Sont  illustres  pourtant, 
gr.lcesaux  fausses  preuves  !  Le  généalogiste  est  payé 
pour  cela,  le  pf.tit  (de  Rouen),  Satires  générales, 
Sal.  XI.  Refuge  laissa  un  fils  qui,  avec  la  même  mo- 
destie, n'est  pas  si  généalogiste  [connaissant  les  gé- 
né;ilogies],  st-sim.  332,  loi.  Aussi  cet  homme  a-t-il 
un  pauvre  métier;  il  est  généalogiste,  montksq. 
Lett.  pers.  4  32. 

—  f.TYM.  Voy.  GÉNÉALOGIE. 

t  GÉNÉPI  Gé-népi)  ou  GÉNIPI  (jé-ni-pi),  s.  m. 
Armoise  médicale ,  tonique  et  sudorifique  qu'on 
trouve  dans  les  Alpes;  on  en  distinguo  deux  es- 
pèces, le  génépi  noir,  artemisia  spicata,  Jacq.,  et 
le  génépi  blanc ,  artemisia  mtitellina,  Vill. 

t  GËNEQUIN  (.jé-ne-kin),  adj.  m.  Coton  géne- 
quin,  nom  d'une  qualité  inférieure  de  coton  filé. 

GÊNER  (jô-né),  V.  a.  \\  1°  Faire  soulfrir  la  torture 
(sens  qui  a  vieilli).  Celle  que  dans  les  fers  elle  ai- 
mait à  gêner,  conN.  Bodng.  i,  I.  ||  2"  Fig.  Faire 
souffrir,  infliger  une  torture  morale.  Ah!  que  vous 
me  gênez  Par  cette  retenue  où  vous  vous  olisti- 
nez!  CORN.  Rodog.  m,  5.  Puis-je  d'un  tel  chagrin 
savoir  quel  est  l'objet?—  Cinna  :  Emilie  et  César; 
l'un  et  l'autre  me  gêne,  L'un  me  semble  trop  bon , 
l'autre  trop  inhumaine,  m.  Cinna,  m,  2.  Ne  vous 
obstinez  point  à  gêner  une  vie,  Que  de  tant  de  mal- 
heurs vous  voyez  poursuivie,  ID.  Toison  d'or,  m,  2. 
Lui-même  a  quelque  chose  en  l'ftme  qui  le  gêne, 
m.  Sertor.  iv,  3.  Pourvu  qu'à  te  gêner  le  remords 
s'étudie,  th.  corn  Ariane,  v,  6.  Et  le  puis-je,  ma- 
dame? Ah!  que  vous  me  gênez!  rac.  .Indr.  i,  4. 
Vous  savez,  grand  Dieu,  que  le  commerce  des  mé- 
chants me  déplaît  et  me  gêne,  mass.  l'araph.  Psaume 
XV,  2.  Il  Absolument.  Agis  de  ton  côté;  je  la  laisse 
avec  toi,  Gêne,  flatte,  surprends,  corn,  lléracl. 
IV,  5.  Il  3°  Causer  de  la  gêne,  incommoder  les  mou- 
vements du  corps.  Sa  cuirasse  le  gêne  beaucoup. 
Nous  étions  très-gênés  dans  la  voiture.  ||  Kmpêcher 
le  libre  mouvement  <le  quelque  chose  que  ce  soit. 
Ligatures  qui  gênent  la  circulation  du  sang.  Gêner 
la  circulation  des  voitures,  la  navigation.  i|  Terme 
de  marine.  Gêner  une  pièce  de  bois,  des  bordages, 
des  boucauts,  les  assujettir  parfaitement  !|  4°  Par  ex- 
tension, causer  de  l'embarras  chez  (|uelqa'un.  Celte 
visite  imprévue  nous  gêne  beaucoup.  Je  craindrais 
de  le  gêner.  !|  5°  Être  un  embarras  pour  quelqu'un. 
Ces  témoins  me  gênent.  Britannicus  le  gène,  Al- 
hine;et  chaque  jour  Je  .sens  que  je  deviens  impor- 
tune à  mon  tour,  rac.  Bril.  i,  I.  |1  6"  Mettre  obsta- 
cle, empêcher,  contraindre.  La  rime  gêne  souvent 
les  poètes.  Gêner  le  commerce,  l'iiulu.strie  par  des 
prohibitions.  Les  femmes  n'aiment  pas  qu'on  les 
gène;  et  c'est  beaucoup  risquer  que  de  leur  mon- 
trer des  soupçons,  et  do  les  tenir  renfermées,  mol. 
le  Sicil.  7.  Est-ce  aux  rois  à  garder  cette  lente  jus- 
lice?...  N'allons  point  les  gêner  d'un  soin  embar- 
rassant, BAC.  Alhal.  Il,  5.  Un  prince  sage,  quand  il 
propose  une  affaire  dans  son  conseil,  et  qu'il  désire 
sincèrement  qu'on  lui  dise  la  vérité,  a  une  extrême 
artention  à  cacher  ses  propres  sentiments  pour  ne 


Gî5N 

po'.nt  gêner  ceux  des  autres,  roliin,  Hist.  anc. 
(lEiiv.  t.  m,  p.  172,  dans  pougens.  Je  gène  de  vos 
feux  l'ambitieuse  ardeur ,  lamottr,  Inès,  m,  3.  Le 
sérail  d'un  Soudan ,  .sa  triste  austérité.  Ce  nom  d'es- 
clave enfin,  n'ont-ils  rien  qui  vous  gène?  volt. 
Zaïre,  i,  >.  Ces  soins  cruels,  à  mon  sort  attachés.  Gê- 
nent trop  mes  esprits  d'un  autre  soin  touchés,  ID. 
Orphel.  IV,  l .  Je  ne  la  gêne  point  soifs  la  loi  pater- 
nelle, iD.  Scythes,  i,  2.  Pourquoi  gêner  la  conscience 
du  meilleur  des  hommes  et  du  plus  bravo  des  prin- 
ces (Henri  IV],  qui  ne  gênait  la  conscience  do  per- 
sonne? m.  Hist.  parlem.  34.  La  vie  la  plus  pénitente 
ce.sse  de  gêner  les  hommes,  dès  qu'elle  est  glorieuse, 
ntcLos,  Consid.  sur  les  moeurs,  ch.  lo.  Tu  n'auras 
pas  l'ennui  de  traînera  ta  suite  Un  vieillard  chance- 
lant qui  gênerait  ta  fuite,  c.  delav.  Paria,  v,  3. 
Il  7°  Causer  une  pénurie  d'argent.  Cette  dépense 
me  gênera  un  peu.  ||8°  Se  gêner,  r.  réfl.  Se  causer 
à  soi-même  une  vive  affliction.  Cessons  de  nous  gê- 
ner d'une  crainte  inutile,  corn.  QEd.  v,  1 2.  Quoi  !  ne 
vous  plaisez-vous  qu'à  vous  gêner  sans  cesse  ?  bac. 
Bérén.  m,  2.  ||  9°  Se  serrer  soit  les  uns  contre  les 
autres,  soit  contre  quelque  chose.  En  vous  gênant 
un  peu,  vous  pourrez  tous  vous  asseojr  sur  cette 
banquette.  Il  10°  Se  causer  de  l'embarras  récipro- 
quement l'un  à  l'autre.  Adieu,  nous  ne  faisons 
tous  deux  que  nous  gêner,  bac.  Théb.  v,  3.  ||  S'im- 
poser à  soi-même  une  gêne,  une  contrainte.  Il  est 
vrai  que  je  n'aimais  pas  à  rester  longtemps  avec 
elle;  et  il  n'est  guère  en  moi  de  savoir  me  gêner, 
J.  J.  Rouss.  Confess.  ix.  ||  Ne  vous  gênez  pas,  se  dit  par 
politesse,  par  indulgence  ou  par  amitié  à  quelqu'un 
qu'on  veut  mettre  à  son  aise.  Mademoiselle,  appro- 
chez; ne  vous  gênez  pas;  vous  entendrez  mieux, 
DIDEROT,  Père  de  famille,  v,  9.  Allez  donc  vous  pro- 
mener; Mon  cher,  ne  vous  gênez  pas.  Mon  équipage 
est  là-bas,  bér.  Sénat.  ||  Ironiquement.  Ne  vous  gê- 
nez pas,  se  dit  à  qui  prend  trop  ses  aises.  ||  On  dit 
dans  le  même  sens  ironique  :  il  ne  se  gêne  pas. 
Il  Si  cela  ne  vous  gêne  pas,  est  aussi  une  formule  de 
politesse  très-usitée.  ||  11°  S'imposer  une  pénurie 
d'argent.  Vous  avez  eu  trop  de  bonté  de  vous  .arran- 
ger si  vite  avec  ma  famille;  vous  savez  que  j'étais 
bien  éloigné  de  demander  pour  elle  un  paiement 
si  prompt;  je  serais  extrêmement  affligé  que  vous 
vous  fussiez  gêné,  volt.  Lelt.  Richelieu,  'JOavr.  (770. 

—  REM.  Voltaire,  à  propos  de  ce  vers  d'Héraclius, 
II,  6  :  Comme  sa  cruauté  pour  mieux  gêner  Mau- 
rice..., et  ailleurs,  reprend  Corneille  d'avoir  ainsi 
parlé,  et  dit  que  gêner  ne  signifie  qu'embarrasser, 
inquiéter.  Les  exemples  prouvent  qu'il  n'y  a  rien  à 
reprendre  dans  Corneille  :  il  ne  faisait  que  suivre 
l'usage  de  son  temps,  qui  n'avait  pas  encore  amoin- 
dri le  sens  de  gêner.  Il  est  vrai  qu'aujourd'hui  gê- 
ner, comme  le  mot  ennui,  a  perdu  de  sa  force  ;  mais 
on  peut  l'employer  encore  dans  la  poésie  au  sens  de 
torturer  moralement;  et  Voltain'  a  dit  lui-même  et 
bien  dit  en  ce  sens  :  D'où  vient  qu'on  m'abandonne, 
au  trouble  qui  me  gêne?  ilariane,  v,  7. 

—  HIST.  xv°  s.  Par  avant  la  dicte  sentence  ilz  les 
avoient  fait  gehenner  sans  nul  ordre  de  justice, 
COMM.V,  17.  Il  XVI'  s.  Et  si  nostre  langue  n'est  si 
curieusement  reiglce,  ou  plustost  liée  et  geiuéo  en 
.ses  autres  parties...  du  BELL,\y,i,  I2,  rcclo.  Ccluy  que 
lejuge  a  géhenne,  pour  ne  le  faire  mouririnnocent, 
MONT.  II ,  48.  Je  me  suis  contrainct  et  géhenne 
pour  maintenir  ce  vain  masque,  in.  vili,  82.  Les 
gens  de  Pluviaud  battent  ce  trompette,  et  lui  le 
gesna  à  coups  de  verre;  entre  le  vin  et  la  fraieur,  il 
leur  apprit  qu'ils  avoient  l'armée  sur  les  bras,  d'auh. 
llist.  I,  330.  Et  tous  les  ans  il  voirra  sur  l'automne 
Bacchus  luy  rire,  et  plus  que  ses  voisins  Dans  son 
prcssoûer  genncra  de  raisins,  bons.  704.  Tu  verras 
cesvaillans,  en  leurs  vertus  extresmes.  Avoir  vescu 
gehennezetnstre  morts  domesmcs,UAOB.Ï'ro(;tq.  II. 

ËTYM.   Gène  ;    le   substantif  a   ici   précédé  le 

verbe,  puisque  gène  représente  géhenne,  nom  du- 
(juel  tout  dérive. 

GÉNÉRAL,  ALE  (jé-né-ral,  ra-1'),  ad}.  \\  1°  Com- 
mun à  un  genre,  à  la  plupart.  Les  faits  généraux. 
Des  aperçus  généraux  sur  l'histùire.  La  puLssance 
de  la  nature  est  si  ample  et  si  vasle,  ces  principes 
sont  si  simples  et  si  généraux....  nnsc.  Méth.  vi,  3. 
Un  efl'roi  général,  cohn.  Pomp.  n,  2.  N'espire  pas 
qu'ici  jamais  il  [Dieu]  se  ravale  A  repeindre  à  tous 
tes  souhaits  ;  Pour  toi,  pour  moi,  pour  tous  la  rè- 
gle est  générale  Et  ne  se  rehlciie  jamais,  m.  Imil.  i, 
22.  Vous  reculez,  lui  dis-je  en  l'interrompant,  vous 
reculez,  mon  père,  vous  abandonnez  le  principe  gé- 
néral, et.  voyant  qu'il  ne  vaut  plus  rien  à  l'égard  des 
pécheurs,  vous  voudriez  entrer  en  composition  et  lo 
faire  au  moins  subsister  pour  les  justes,  pasc.  i'roi'. 
IV.  Il  ne  pense  point  à  profiter  de  toute  sa  succession, 


HRN 


185:1 


ni  à  s'attirer  une  donation  générale  de  tou.s  ses  bien  i, 
s'il  s'agit  surtout  de  les  enlever  à  un  fils,  le  légitime 
héritier,LA  bruy.  xiii.  Ce  fut  dans  l'antiquité  une 
opinion  générale,  que  le  mouvement  uniforme  et  cir- 
culaire, cmnme  étant  lo  plus  parfait,  devait  êtio 
celui  des  astres,  la  placi:.  Expos,  v,  3.  ||  Commerce 
général,  celui  qui  comprend  toutes  les  marchandi- 
ses expédiées,  quelle  qu'en  soit  la  nature,  et  toutes 
les  marchandises  arrivées,  quelle  qu'en  soit  l.i 
destination,  par  opposition  à  commerce  spécial  (voy. 
spécial).  Il  II  n'y  a  voint  de  règle  générale,  ou  do 
règle  si  générale  qui  n'ait  son  exception.  ||  Parler, 
répondre  en  termes  généraux,  parler,  répondre  do 
manière  ."i  ne  pas  préciser.  ||  Un  combat  général,  un 
combat  dans  lequel  toute  l'armée  est  engagée.  Lo 
combat  général  aujourd'hui  .se  hasarde,  cubn.  Itor. 
I,  3.  Il  2°  Terme  de  botanique.  Commun,  cpii  em- 
brasse. L'involucre,  dans  les  ombellifî-res,  est  géné- 
ral par  rapport  aux  ii.volucelles.  ||.Spathe  générale, 
celle  qui  renferme  plusieurs  fleurs  munies  de  spa- 
tbes  particulières.  ||  Cloisonsgénérales,  cloisons  com- 
plètes aussi  étendues  que  le  diamètre  du  péricarpe; 
on  les  rencontre  dans  les  crucifères,  les  astragales. 
Il  Terme  d'entomologie.  Jlétamorphose  générale, 
celle  de  l'insecte  qui,  pendant  le  cours  do  sa  vie, 
subit  des  mutations  dans  sa  forme  générale  et  dans 
toutes  ses  parties.  ||  Terme  de  marine.  Vents  géné- 
raux, ceux  qui  soufflent  depuis  les  premiers  degrés 
de  latitude  sud  jusqu'au  tropique  du  Capricorne. 
Il  Terme  de  médecine.  Maladies  ou  affections  gêné' 
raies,  celles  dans  lesquelles  toutes  les  parties  de 
l'économie  offrent  des  troubles  de  la  nutrition,  et, 
par  suite,  de  tous  les  autres  actes  qu'elles  accom- 
plissent. Il  3°  11  se  joint  comme  litre  àdes  noms  d'of- 
fices publics,  pour  exprimer  l'étendue  d'un  com- 
mandement, d'une  administration  ,  d'une  fonction. 
Inspecteur,  directeur,  avocat  général,  etc.  La  vie  et 
la  mort  de  très-haut  et  très-puissant  prince  Henri 
de  la  Tour  d'Auvergne,  vicomte  de  Turenne,  maré- 
chal général  des  camps  et  armées  du  roi,  et  colonel 
général  de  la  cavalerie  légère,  flécii.  Tur.  Le  père 
général  avait  besoin  d'une  recrue  de  jeunes  jésuites 
allemands,  volt.  Cand.  (6.  {|  Offlciei-s  géncraux,  of- 
ficiers supérieurs  qui  commandent  une  portion 
plus  ou  moins  grande  d'une  armée,  formée  de  plu- 
sieurs corps  distincts.  ||  État-major  général,  voy. 
ÉTAT-MAJOR.  ||  Quartier  général ,  voy.  ouabtikb. 
Il  4°  S.  m.  Générai,  chef  militaire  qui  commande 
une  armée  ou  un  corps  d'armée,  ou  une  arme  s|ié- 
ciale.  Le  général  en  chef.  Général  de  division,  de 
brigade.  Un  général  d'artillerie,  du  génie.  Mais 
par  quelle  conduite  et  par  quel  général....  cobn. 
fficom.  ni,  2.  Ce  qu'un  .sage  général  doit  le  mieux 
connaître,  c'est  ses  soldats  et  ses  chefs;  car  de 
là  vient  ce  parfait  concert  qui  fait  agir  les  ar- 
mées comme  un  seul  bras  ou,  pour  parler  avec 
l'Écriture,  comme  un  seul  liomme ,  boss.  Louis 
de  Bourbon.  Je  confondrai  peut-être  quelquefois  le 
général  d'armée,  le  sage,  le  chrétien;  je  louerai 
tantôt  les  victoires...  FLtoii.  Tur.  On  est  étonné, 
quand  on  les  voit  .seuls  et  sans  armées,  combien  il 
y  a  de  distance  entre  un  général  et  un  grand  homme; 
combien  dans  le  particulier  ils  conservent  de  peti- 
tesses et  de  bas  .sentiments,  combien  ils  sont  domi- 
nés par  la  jalousie  et  gouvernés  par  l'intérêt,  bollin, 
Ilist.  anc.  Œuv.  t.  ii,  p.  237,  dans  pougens.  La  plu- 
part de  nos  généraux  oui  portent  dans  un  camp  tout 
le  luxe  d'une  courefi'éminée  auront  bien  de  la  peine 
à  égaler  ces  héros  qui  faisaient  leur  cuisine  eux-mê- 
mes, VOLT.  ]:ss.  poés.  épiq.  2.  Nous  avons  des  guer- 
riers, il  faut  un  général,  id.  Catil.  v,  3.  Vous  «.avez 
qu'il  faut  qu'un  général  ait  la  tête  froide  et  le  cœur 
ch,iud,»in.  Ijttt.  Morangiès,  30  oct.  I772.  Quant  aux 
anciens  généraux,  quelques-uns  n'étaient  plus  ces 
durs  et  simples  guerriers  de  la  république  ;  les  hon- 
neurs, les  fatigues,  l'âge  et  l'empereur  surtout,  en 
avaient  amolli  plusieurs,  séglb,  llisl.  de  fiap.  m,  S. 
Depuis  Malolaroslavetz  jusqu'à  Smorgony,  ce  maî- 
tre de  l'Europe  n'avait  plus  étéque  le  général  d'une 
armée  mourante  et  désorganisée,  m.  ib  xii,  t .  Que 
lui  voulait  l'empereur  de  Russie?  prétend-il  lui  ré- 
sister? il  n'est  général  qu'à  la  paraile;  quant  à  lui, 
sa  tète  est  son  con.scil,  tout  part  de  là  ;  mais  Alexan- 
dre, qui  le  conseillera?  qui  opposera-t-il?  il  u'aquc 
trois  généraux,  Kutusof  qu'il  n'aime  pas  parce  qu'il 
est  Russe,  Beningsen,  trop  vieux  il  y  a  six  ans,  au- 
jourd'hui en  enfance,  et  Barclay  ;  celui-ci  manœu- 
vrera, il  est  brave,  il  s.ait  la  guerre,  mais  c'est  un 
général  de  retraite  [paroles  de  Napoléon  à  un  en- 
voyé lussel,  iD.ib.  iv,  5.  ||  En  France,  général  est 
un  terme  qui  désigne  les  grades  au-dessus  de  colo- 
nel et  qui  embrasse  trois  degrés  hiérarchiques  :  les 
maréchaux  do  camp  ou  génériui   de  brigade,  les 


1854 


GÉN 


généraux  de  division  ou  lieutenants  généraux,  et 
les  maréchaux.  ||  6"  Anciennement,  général  des  ga- 
lères, officier  de  la  couronne  de  France  qui  com- 
mandait les  gal'res  dans  la  Méditerranée.  ||  Général 
des  galions,  ou  général  de  la  mer,  titre  d'un  com- 
mandant des  forces  navales  en  Espagne.  ||  6°  Le  su- 
périeur de  tout  un  ordre  religieux.  Le  général  des 
dominicains,  des  jésuites.  Il  n'y  a  rien  de  plus  con- 
traiio  aux  ordies  exprès  de  saint  Ignace  et  de  vos 
premiers  généraux  que  ce  méhr.ge  confus  de  toutes 
aortes  d'opinions,  pasc.  Prov.  1 3.  De  là  vous  pou- 
vez connaître  combien  cette  compagnie  [l'OratoireJ 
est  redevable  aux  soins  de  sou  général,  qui  sa- 
vait si  bien  conserver  en  elle  l'esprit  de  son  in- 
stitut, Boss.  Bourgoing.  La  plupart  de  leurs  gé- 
néraux /des  ordres  religieux]  résident  à  Rome 
comme  dans  le  centre  de  la  chrétienté;  et  de  cette 
capitale  ils  envoient  au  bout  du  monde  les  i-.-dres 
que  le  pontife  leur  donne,  volt.  Mœurs,  1 39.  Ignace, 
élu  général,  entra  en  fonction  le  jour  de  Pâques  de 
l'année  tSH,  Diderot,  Opin.  des  anc.  phil.  (jé- 
suites). Il  Quand  il  s'agit  d'une  abhesse  chef  d'ordre, 
on  dit  général  au  masculin.  L'abbessede  Fontevrault 
était  chef  et  général  de  tout  l'ordre,  Dict.  de  l'Acad. 
Il  Cependant  on  trouve  aussi  au  féminin,  géné- 
rale, en  parlant  de  la  supérieure  de  certaines  con- 
grégations. Il  7°  Anciennement  ,  général  des  mon- 
naies, titre  des  conseillers  de  la  cour  des  monnaies. 
Il  8°  S.  f.  Générale,  voy.  générale.  ||  9°  S.  m.  Terme 
(le  logique.  Ce  qui  convient  au  genre  entier,  par 
opposition  au  particulier  qui  ne  convient  qu'à  une 
partie.  On  ne  doit  point  conclure  du  particulier 
au  général.  Hé  !  pourquoi  les  gens  d'affaires  s'uffen- 
seraient-ils  de  voir  sur  la  scène  un  sot,  un  fripon 
de  leur  corps  ?  cela  ne  tombe  point  sur  le  général, 
LESAGE,  Critique  de  Turcaret,  <"  dialogue.  Je  parle 
du  général  des  animaux  comparé  au  général  des 
plantes,  bufp.  Comp.  des  anim,  et  des  végél.  \\  10"  Le 
général,  nom  vulgaire  d'une  coquille  univalve  (le 
cône  flamboyant).  ||  11"  En  général,  loc.  adv.  Or- 
dinairement, d'une  manière  générale.  En  général,  les 
méchants  r,e  prospèrent  pas.  ||  En  général,  au  point 
de  vue  général.  L'on  doit  dire  même  chose  de  ce- 
lui qui  ignore  en  général  les  règles  de  son  devoir, 
puisque  cette  ignorance  rend  les  hommes  dignes 
de  blâme  et  non  d'excuse,  pasc.  Prov.  iv.  Je  ne 
vous  ai  encore  parlé  de  la  piété  qu'en  général,  ID. 
ib.  IX.  La  reine  sait,  en  général,  qu'il  y  a  des  péchés 
véniels,  car  la  foi  l'enseigne....  boss.  Uar.-Thér. 

—  REM.  Voltaire  a  dit  générale  au  féminin,  en 
parlant  d  une  femme  chef  d'armie  ;  Marguerite 
d'Anjou  tire  son  mari  de  Londres  et  devient  la  gé- 
nérale de  son  armée.  Mœurs,  II4.  Au  contraire, 
Thomas  a  laissé  général  au  masculin  :  Marguerite 
d'Anjou,  femme  de  Henri  VI,  roi  d'Angleterre,  fut 
active  et  intrépide,  général  et  soldat,  Essais  sur  les 
femmes.  Les  deux  peuvent  très-bien  se  dire  suivant 
le  point  de  vue  de  l'esprit. 

—  SVN.  général,  univehskl.  Ces  mots  ne  sont 
que  partiellement  synonymes;  car  on  dit  un  savant 
universel  et  non  un  savant  général.  Général,  d'après 
l'étymologie,  se  dit  de  ce  qui  appartient  au  genre; 
universel,  se  dit  de  ce  qui  appartient  à  l'universa- 
lité, à  la  totalité.  Aussi  général  est  moins  compré- 
heiisit  qu'universel.  Une  opinion  générale  est  l'o- 
pinion de  la  plupart;  une  opinion  universelle  est 
l'opinion  de  tous. 

—  HIST.  xiii'  s.  Et  fist  assambler  un  concile  gêne- 
rai de  tous  les  ordenes  desous  la  lui  de  Home,  Chr. 
de  liains,  8».  Au  droit  qui  dit  que  generaus  renun- 
ciations  ne  vaut,  Bibl.  des  chartes,  4"  série,  t.  n, 
p.  406.  General  mot  est  cil  qui  comprend  maintes 
choses  souz  son  nom;  car  cestui  mot  animal  com- 
prent  homes,  bestes,  oisiaus  et  poissons,  brun,  la- 
riNi,  Trésor,  p.  526.  Pour  une  provende  monial, 
c'est  assavoir  deux  pains  de  convent  et  demy  ses- 
tier  de  vin  chacun  jour,  de  tel  vin  que  ly  con- 
vent boit,  et  deux  sesliers  de  poix  l'an,  et  ung  de- 
nier le  jour  pour  leur  gênerai  [repas  en  commun] , 
DU  CANOP.,  gencroJe.  Geste  ruile  [règle]  est  si  gene- 
raus Qu'el  ne  puet  défaillir  vers  aus  [eux],  la  Rose, 
(017».  Vous  orrés  le  [la]  teneur  d'une  gênerai  procu- 
rnlion,  laquelle  ce  pot  estre  par  reson  debatue  en 

cort  laie,  si  aum.  76.  ||  xv  s [Jean  Lyon]  remon- 

stroit  une  parole  en  gênerai  au  peupla,  froiss.  ii, 
II,  M.  Il  XVI'  s.  Le  gênerai  de  l'armée  des  Vénitiens, 
MONT.  I,  U.  Capitaine  gênerai ,  id.  i,  )».  Nature  ne 
s'ulesment  pas  en  cela  de  sa  générale  police,  id.  i, 
<«s.  U  doibl  fuir  en  gênerai  les  passions  qui....  id. 
I,  2»».  Auteur  duquel  les  labeurs  sentent  un  esprit  gê- 
nerai, duquel  les  passions  ne  s'emploient  que  contre 

e  vice,  D'AOB.  Hist.  i,    <3.  U  roine  more  sçavoit 
bien  que»  le  muI  remède  à  tout  cela  eatoil  la  lieule- 


GÉN 

nance  generalle,  ....elle  se  ferma  à  faire  donner 
cette  generallité  au  duc  de  Lorraine,  à  quoi  elle  fit 
consentir  le  roi,  en  un  conseil  gênerai  qui  fut  tenu 
à  Compiegne,  id.  ib.  u,  4(6.  Les  généraux  des  fi- 
nances et  des  vivres,  id.  Conf.  iv. 

—  ÊTYM.  Proveaç.  et  espagn.  gênerai  ;  portug. 
gérai;  ital.  générale;  du  latin  generalit,  de  genus, 
genre  (voy.  ce  mot). 

GÉNÊRALAT  (jé-né-ra-la;  le  t  ne  se  lie  pas), 
s.  m.  Il  1°  Dignité  de  général,  de  chef  militaire.  Être 
promu  au  géiiéralat.  Et  le  gcnéralat  comme  le  dia- 
dème M'érige  sous  votre  ordre  en  fantôme  éclatant, 
CORN.  Agésil.  m,  (.  Les  Eglises  réformées  offrirent 
à  Lesdiguières  le  généralat  de  leurs  armées,  volt. 
Louis  XIV,  38.  Il  2°  Emploi  de  celui  qui  est  le  supé- 
rieur de  tout  un  ordre.  Le  généralat  des  domini- 
cains. Saint  Ignace,  faisant  réflexion  que  le  général 
pourrait  mal  user  de  son  autorité,  tempéra  le  gé- 
néralat par  des  contre-poids  et  des  correctifs,  bou- 
hours,  Vie  de  S.  Ignace,  liv.  m,  p,  25,  dans  riche- 
let.  Il  3°  Temps  que  dure  le  généralat. 

—  ÉTYM.  Général. 

GÉNÉRALE  (jé-né-ra-l') ,  s.  f.  ||  1"  Batterie  de 
tambour  pour  rassembler  tout  le  monde,  et,  en  par- 
ticulier, pour  ilonner  l'alarme.  Battre  la  générale. 
Il  8°  La  générale,  la  femme  d'un  général.  Madame  la 
générale.  ||3"  La  générale,  se  disait,  dans  les  gar- 
des suisses,  de  la  première  compagnie  du  régiment. 

—  ÊTYM.  Général. 

GÉNÉRALEMENT  (jé-né-ra-le-man),  adv.  ||  i'  En 
général,  communément.  Une  opinion  généralement 
reçue.  Un  liomme  généralement  estimé.  Mais  géné- 
ralement, chacun  plaint  vos  vieux  ans,  rotr.  Ven- 
C£sl.  1,  ) .  Il  2°  Au  point  de  vue  général.  Aristote  est 
celui  de  tous  les  anciens  qui  a  le  plus  écrit  sur  celte 
matière  et  qui  l'a  traitée  le  plus  généralement,  bupf. 
Animaux,  Systèmes  delà  geWroi.  ||  Généralement 
parlant,  à  prendre  la  chose  en  général.  Cela  est  vrai, 
généralement  parlant.  Généralement  parlant,  les 
femmes  sont  bien  plaisantes,  et  M.  de  la  Rochefou- 
cauld en  a  bien  connu  le  fond,  sÉv.  Lett.  du  7  sep- 
temb.  1689. 

—  HIST.  xni*  s.  Tu  pues  amer  generaumentTous 
ceus  du  mondeloiaument,  ta  7ioie,  5409.  General- 
ment,  brun,  latini,  Trésor,  p.  266.  ||  xv*  s.  Et  là 
furent  tous  les  conseils  de  Flandres  généralement  et 
es|iecialement,  fhoiss.  i,  i,  90. 

—  ÊTYM.  Générale,  ou,  dans  l'ancien  français , 
gênerai  {gênerai  étant  aussi  féminin),  et  le  suffise 
ment;  provenç.  generalmmt;  espagn.  et  ital.  gene- 
ralmenle  ;  portug.  geralmente. 

fGÉNÉRALISABLE  (jé-né-ra-li-za-bl'),  adj.  Qui 
peut  être  généralisé. 

—  ÉTYM.  Généraliser. 

t  GÉNÉRALlSAIVT,ANTE(jé-lio-rit-u-zan,zan-t') , 
adj.  Qui  a  la  propriété  de  généraliser.  Des  mots 
les  uns  généralisants,  les  autres  particularisants. 

t  GÉNÉRALISATEUR ,  TRICE  (jé-ué-ra-li-za~ 
teur,  tri-s'),  adj.  Qui  généralise.  Esprit  généralisa- 
teur.  Faculté  généralisatrice. 

—  ETYM.  Généraliser. 
GÉNÉRALISATION    (jé-né-ra-li-za-sion) ,    s.    f. 

Il  1"  Action  de  généraliser.  Former  une  généralisa- 
tion est  mettre  ensemble  en  une  classe  tous  les  cas 
qui  présentent  des  relations  semblables,  ||  Faculté 
de  généraliser.  ||  2°  Action  de  se  généraliser,  de  de- 
venir général.  La  généralisation  d'une  telle  opinion. 
il  Terme  de  médecine.  Généralisation  d'tme  mala- 
die, état  d'une  maladie  qui,  de  locale,  devient  gé- 
nérale. Généralisation  des  tumeurs,  production  de 
tumeurs  d'une  même  espèce  dans  un  grand  nombre 
de  parties  du  corps  à  la  fois  ou  successivement  et 
en  un  temps  court. 

—  ETYM.  Généraliser. 

GÉNÉRALISÉ,  ÉE  (jé-né-ra-li-zé,  zée),por».  passé 
de  généraliser.  Une  proposition  généralisée.  Une 
opinion  généralisée. 

GÉNÉRALISER  (jé-né-ra-li-zé),  t>.  a.  ||  1°  Rendre 
général.  Généraliser  une  idée,  une  méthode.  Géné- 
raliser une  formule  d'algèbre.  La  seule  bonne  ma- 
nière de  diminuer  le  nombre  des  lois  est  de  les 
généraliser, l'abbé  de  st-pierre, dans desfontaines. 
Il  faut  généraliser  nos  vues,  J.  J.  rouss.  Ém.  i.  11 
pourra  parvenir  à  généraliser  les  notions  indivi- 
duelles, ID.  ib.  IV.  L'art  de  généraliser  les  idées 
est-il  autre  chose  que  l'art  d'observert  bonnet,  Con- 
templ.  nat.  Œuv.  t.  viii,  p.  i»o,  dans  pougens. 
Il  Absolument.  Les  anciens  qui  généralisaient  moins 
et  qui  étudiaient  plus  la  nature  en  détail  et  par  in- 
dividus, DIDEROT,  te((.  surles  sourds  etmuets,  CEuv. 
t.  Il,  p.  277,  dans  POUGENS.  Il  2°  Rendre  commun  à 
beaucoup.  Généraliser  une  opinion.  Le  premier  qui 
se  présente  parmi  leur»  imitateurs  (de  Montesquieu 


GÉN 

et  de  VoitaÀte:],  celui  qui  généralisera  pour  tout.- 
l'Europe  l'histoire  philosophique....  sera  Hume,  vil- 
LEM.  littér.  franc,  v  part,  a*  Uf.  ||  3°  Se  générali- 
ser, t).  r^/l.  Devenir  commun  à  beaucoup.  Cette 
opinion  se  généralise  de  plus  en  plus.  {|  Terme  de 
médecine.  Devenir  commun  àtoutc  l'économie.  Dans 
les  résorptions  purulentes,  quand  la  maladie  se  gé- 
néralise, il  survient  d'ordinaire  un  frisson  intense. 

—  HIST.  XVI'  s.  J'ai  osé  généraliser  mon  histoirp, 
m'attachant  avec  expressitude  aux  choses  plus  pro- 
ches de  temps  et  de  lieu;  aux  esloignées  plus  légè- 
rement, d'aub.  Hist.  Préf.  H.  Telle  haine  se  géné- 
ralisa aisément,  et  fit  section  entre  les  c&tholiquos 
associez  et  les  autres,  id.  Hist.  u,  284. 

—  ÊTYM.  Général. 

GÉNÉRALISSIME  (je -né-ra-ii-ssi-m'),  s.  m. 
Il  1°  Général  supérieur,  celui  qui  commande  méni' 
aux  généraux,  ou  celui  qui  a  l'autorité  supérieur! 
sur  plusieurs  armées.  Il  était  généralissime,  et  avait 
sous  lui  tels  ou  tels  généraux.  Il  [le  cardinal  de  Ri- 
chelieu] a  employé  son  autorité  pour  faire  réussir 
le  plus  important  de  tous  [les  superlatifs],  celui  i!c 
généralissime,  l'indépendant  et  le  tout-puissant  gc- 
néralissime,  balz.  Socr.  chrét.  Disc.  lo.  Il  [Char- 
les XIIJ  déclara  son  beau-frère  généralissime  de  ses 
armées  en  Suède,  volt.  Cliarlet  XII,  8.  Le  duc  de 
Savoie  avait  le  vain  titre  de  généralissime,  mai»  le 
maréchal  de  Villeroi  l'était,  id.  Ijouis  XLV,  18. 
Il  2°  Adj.  Dans  l'ordre  de  Saint-François,  chapitres 
généralissimes,  chapitres  composés  des  députés  de 
tout  l'ordre  |{  Terme  d'ancienne  logique.  Genre  gé- 
néralissime, genre  très-élevé,  qui  a  sous  lui  beau- 
coup de  sous-genres. 

—  HEM.  On  a  dit  que  ce  mot  avait  été  invente 
par  Richelieu  (|Ui,  selon  Balzac,  se  décora  lui-même 
de  ce  titre  loi'squ'il  se  mit  à  la  tète  des  armées 
françaises  envoyées  en  Italie.  Mais  il  est,  avant  Ri- 
chelieu, dans  d'Aubigné. 

—  HIST.  XVI'  s.  Généralissime  des  armées  chres- 
tienes,  d'aub.  Hist.  m,  449. 

—  ÉTYM.  Lat.  generalissimus  (Et  haec  generalis- 
simanomina,  LOUis  QUiCBERAT,.id(i«nda), superlatif 
de  gencralis,  général. 

GÉNÉRALITÉ  (jé-né-ra-li-té),  s.  f.  ||1«  Terme  de 
logique.  Qualité  de  ce  qui  est  général.  Cette  propo- 
sition dans  sa  généralité  est  fausse.  \\Au  plur.  L'en- 
semble des  idées  générales  d'un  sujet  quelconque. 
Généralités  scientifiques.  Je  ne  puis  entrer  avec  elle 
dans  des  généralités,  boss.  Lett.  abb.  160.  |j  2°  Au 
plur.  Paroles,  discours  sans  rapport  direct  au  su- 
jet. Il  n'a  dit  que  des  généralités.  Se  perdre  en  des 
généralités.  ||  3°  Lepliisgrand  nombre.Telle  est  l'opi- 
nion de  la  généralité  des  philosophes.  ||  4°  Ancienne- 
ment. Nom  d'une  certaine  division  du  royaume  de 
France,  établie  pour  faciliter  la  levée  des  impôts 
et  de  tout  ce  qui  avait  rapport  aux  finances.  Cha- 
que généralité  était  subdivisée  en  élections,  et  avait 
un  tribunal  dit  bureau  des  finances.  Mazarin  impo- 
sait des  sommes  extraordinaires  sur  les  généralités, 
VOLT.  Louis  XIV,  26,  Il  6°  S'est  dit  pour  généralat, 
qui  est  seul  usité  présentement.  Il  connaît  bien 
qu'il  n'y  a  point  de  si  mauvaise  place  auprès  du 
roi,  qui  ne  vaille  mieux  que  la  généralité  de  son 
armée,  balz.  le  Prince,  ch.  3.  ||  La  reunion  des  gé- 
néraux, sens  qui  est  tombé  aussi  en  désuétude.  De- 
visant ainsi,  nous  rencoLtrimes  toute  la  généralité 
qui  revenait,  st-sim.  u,  u8. 

—  HIST.  xiir  s.  En  générante  [en  général],  du 
GANGE,  generalis.  Qu'il  aint  [aime]  en  généralité, 
F.t  laist  especialité,  la  Rose,  5485.  ||  xiV  s.  La  quarte 
[rubrique]  est  de  la  généralité  de  l'anathomie,  H.  de 
MONDEviLLE,  f  f.  ||  XV  S.  Et  à  la  Vérité  la  généra- 
lité du  pays  ne  quicrt  jamais  autre  chose,  coHii.  m, 
<  I .  Il  xvi°  s.  Departemcns  et  estais  generaulx  des 
sommes  de  deniers  que  porte  la  charge  et  généralité 
d'outre-Scine  et  Yonne  par  maistre  Jehan  Groliez, 
trésorier  de  France  et  gênerai  des  finances  en  la 
dicte  charge,  Bibl.  des  chartes,  4*  série,  t.  i,  p.  564. 

—  ETYM.  Provenç.  generalital;  espagn.  generali- 
dad;  ital.  generalità;  du  làt.  generalitatem,  àe  ge- 
neralis, général. 

GÉNÉRATEUR,  TRICE  (jé-né-ra-teur,  tri-s'),  ad). 
Il  1°  Qui  sert  à  la  génération.  Phiissance  génératrice. 
L'évolution  complète  des  organes  générateurs  exige 
sans  doute  plus  de  précision  que  celles  des  autres 
organes,  bonnet,  Contcmpl.  nat.  (iMrrcs,  t.  vui, 
p.  92,  dans  pougens.  ||  2°  Fig.  Qui  produit.  Le  prin- 
cipe générateur  d'une  erreur.  ||  Absolument.  Prin- 
cipe générateur,  principe  d'où  découlent  un  grand 
nombre  de  conséquences  importantes,  jj  3°  Il  se  dit, 
en  géométrie,  des  points,  lignes  ou  figures  dont  le 
mouvement  est  supposé  former  des  plans  ou  des 
solides.  Un  point  qui  se  meut  est  le  générateur  d'une 


GEN 

ligne.  Un  triangle  lournant  auteur  d'une  pcrp^n- 
:  diculaire  est  le  générateur  du  cône.  ||  S.  f.  La  gé- 
nératrice, la  ligne  qui,  par  son  mouvement,  produit 
une  surface.  ||  4°  Terme  de  musique.  Son  généra- 
teur, la  basse  relativement  aux  accords  qui  s'y 
superposent.  ||  6'  S.  m.  Terme  de  mécanique.  Géné- 
rateur, synonyme  de  chaudière  à  vapeur. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  faculté  génératrice,  PARé,  xv, 
M,  Estant  science,  de  sa  nature,  génératrice  d'al- 

:  cation  et  division,  mont,  iv,  234-. 

— Et  YM .  Lat.  generatorem,de  generare,  engendrer. 

GÉNÉRATIF,  IVE  (jé-né-ra-tif,  ti-v'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  la  génération.  Sans  diminuer  la  vertu  gé- 
nérative,  G.  naudé.  Apologie,  p.  437.  Le  mâle,  selon 
Aristote,  renferme  le  principe  du  mouvement  gé- 
nératif.BLPF.  Animaux,  systèmes  sur  la  génération. 

—  HIST.  xiV  s.  Médecine  desiccative  et  generative 
Je  char  [chair],H.  hemondeville,  t°  e3,  verso.  Puis- 
sance generative,  par  quoy  eulx  se  multeplient  et 
persévèrent  en  leur  espèce,  oresme,  Elh.  ix,  15. 
Il  XVI*  s.  La  faculté  naturelle  est  divisée  en  nutri- 
tive, augmentative  et  generative,  PARé,  i,  i. 

—  ÉTYM.  Provenç.  generatiu  ;  espagn.  et  ital. 
nenerativo  ;  du  lat.  generare,  engendrer. 

GÉNÉRATION  (jé-né-ra-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabes),  s.  f.\\l'  Production  d'un  être  semblable 
à  ses  parents.  La  génération  des  corps  vivants. 
Les  organes  de  la  génération.  La  génération 
des  plantes.  Les  deux  principales  théories  sur 
la  génération  sont  l'emboitement  des  germes  (voy. 
ce  mot  )  et  l'épigenèse  (  voy.  ce  mot  ) .  Le  sys- 
tème général,  reçu  de  part  et  d'autre,  est  que 
toutes  les  génération»  se  font  par  des  œufs  ou  des 
germes  aussi  anciens  que  le  monde  ,  maiban  , 
Eloge  de  Lémery.  Le  cheval  est  de  tous  les  animaux 
celui  qu'on  a  le  plus  observé,  et  on  a  remarqué 
qu'il  communique  par  la  génération  presque  toutes 
ses  bonnes  et  mauvaises  qualités,  naturelles  et  ac- 
quises, BDFF.  Çuadrup.  t.  i,  p.  60,  dans  pohgens. 
Chei  les  araignées,  l'organe  de  la  génération  du 
mile  se  trouve  dans  un  endroit  où  l'on  ne  s'avise- 
rait pas  de  le  chercher  ;  il  est  logé  dans  les  anten- 
nes, bonnet,  Contempl.  nut.  Œuvres,  t.  viii,p.  H8,- 
note  < .  Il  n'est  point  dans  la  nature  de  véritable  gé- 
nération ;  mais  nous  nommons  improprement  gé- 
nération, le  commencement  d'un  développement 
qui  nous  rend  visible  ce  que  nous  ne  pouvions 
auparavant  apercevoir,  lu.  Consid.  corps  org.  Œu- 
vres, t.  v,  p.  304.  J'ai  vu  qu'il  penche  vers  l'épige- 
nèse, et  c'est  particulièrement  la  raison  secrète  qui 
l'a  empêché  jusqu'ici  de  méditer  mes  idées  sur  la 
génération  et  sur  les  reproductions,  m.  B*  Lett.  Hist. 
na(.  !|  Génération  spontanée  ou  hétérogénie,  pro- 
duction d'un  être  organisé,  sans  le  concours  de  pa- 
rents, c'est-à-dire  par  la  seule  force  de  la  matière 
qui  s'organiserait  toute  seule  dans  des  circonstan- 
ces favorables.  ||  2°  Terme  de  théologie.  Rapport 
entre  le  Père  et  le  Fils.  11  faut  que  vous  [Dieu]  ache- 
viez votre  ouvrage  [dans  l'incarnation],  et  que, 
l'ayant  associée  [Marie]  en  quelque  façon  à  la  chaste 
génération  éternelle  par  laquelle  vous  produisez  votre 
Verbe....  Boss.  t" sermon,  Compass.  delà  Ste  Vierge, 
4.  Il  3°  Les  personnes  engendrées,  les  descendants. 
1*1  génération  de  Noé.  Puissiez-vous  voir  vos  fils 
jusqu'à  la  troisième  et  la  quatrième  génération,  saci, 
Bible,  Tobie,  ix,  <  i .  ||  Lui  et  toute  sa  génération,  se 
dit,  par  plaisanterie  ou  par  dénigrement,  d'un  père 
et  de  ses  enfants.  {|  4°  Chaque  degré  de  filiation  en 
ligne  directe.  Il  y  a  une  génération  du  père  au  fils, 
et  deux  du  père  au  petit-fils.  Il  y  a  donc  en  tout 
depuis  Abraham  jusqu'à  David  quatorze  généra- 
tions, saci.  Bible,  St  Math,  i,  I7.  Ahl  si  quelques 
générations,  que  dis-je?  si  quelques  années  après 
votre  mort,  vous  reveniez,  hommes  oubliés,  au  mi- 
lieu du  monde.,  boss.  le  Tellier.  Que  les  hommes 
goûtent  les  fruits  de  la  paix  de  génération  en  gé- 
nération, FÉN.  Tél.  XI.  Toutes  ces  merveilles  se  sont 
renouvelées  depuis  peu  de  générations,  i.  i.  Rouss. 
Science.  \\  Espace  de  trente  ans,  qui  sert  d'évalua- 
tion courante  pour  la  durée  moyenne  de  la  vie  hu- 
maine. Trois  générations  font  un  peu  moins  d'un 
siècle.  Il  5°  Tous  les  hommes  vivants  dans  le  môme 
temps  ou  à  peu  près.  La  génération  présente.  Les 
générations  futures.  Telles  étaient  les  générations 
nouvelles;  alors  on  était  libre  d'être  ambitieux; 
temps  d'ivresse  et  de  prospérité,  où  le  soldat  fran- 
çais, maître  de  tout  par  la  victoire,  s'estimait  plus 
que  le  seigneur  ou  même  le  monarque  dont  il  tra- 
versait les  États I  sÉGUB,  Uist.  de  Nap.  m,  a.  Ces  gé- 
nérations, inutile  fardeau,  Oui  meurent  pour  mou- 
rir, qui  vécurent  pour  vivre,  lamart.  Méd.n,  I5. 
Il  6*  Filiation,  en  parlant  des  monastères  établis, 
fondés  par  un  autre  monastère.  ||  7°  Terme  d'an- 


GÉN 

cienne  philosophie.  La  génération  et  la  corruption, 
le  mouvement  qui  produit  les  choses  et  les  détruit. 
Il  Fig.  Production.  Une  bonne  histoire  de  l'esprit 
humain  serait  celle  de  la  génération  de  ses  idées  en 
tout  genre,  bonnet,  Lett.  div.  Œuv.  t.  xii,  p.  61.  Le 
monde  intellectuel  a  ses  générations  comme  le  monde 
physique,  et  les  unes  ne  sont  pas  plus  de  vraies 
générations  que  les  autres,  id.  Paling.  philos,  xi, 
4.  Il  8°  Terme  de  géométrie.  Construction  d'une 
étendue  déterminée,  par  le  moyen  d'une  autre  éten- 
due supposée  en  mouvement.  ||  Terme  d'arithmé- 
tique et  d'algèbre.  Formation,  en  parlant  de  nom- 
bres qui  servent  à  en  former  d'autres.  ||  9*  Terme 
de  musique.  Génération  des  sons,  hypothèse  d'a- 
près laquelle  la  basse  produit  des  sons  qui  s'y  su- 
perposent de  tierce  en  tierce;  cette  hypothèse  est 
fondée  sur  ce  qu'une  corde  vibrante  se  divise  spon- 
tanément en  plusieurs  parties  qui  font  entendre  les 
harmoniques  du  son  fondamental. 

—  HIST.  XII  s.  Desque  (jusqu']  en  jurn  de  gene- 
ratiun  e  de  generatiun.  Liber  psalm.  p.  78.  ||  xiii'  s. 
Li  conseuz  [le  conseil]  dame  Dieu  maint  [réside] 
pardurablement,  li  pense  [les  pensées]  de  son  cuer 
sont  de  génération  en  génération,  Psautier,  f°  4o. 
Générations  et  générations  loera  tes  ueuvres,  ib. 
f*  174.  Force  de  generacion,  la  Hose,  7003.  Gene- 
racion  est  celé  euvre  de  nature  par  cui  toutes  cho- 
ses sont  engendrées,  brun,  latini,  Très.  p.  149.  Et 
la  manière  fu  tele,  que  de  LU  generacions  [tribus, 
familles]  que  il  y  avoit,  chascune  generacion  li  apor- 
tast  une  saiete  [flèche]  qui  feussent  soignées  de 
leur  noms,  joinv.  263.  ||  xiv*  s.  Et  tout  art  est  vers 
la  generacion  ou  nouvele  façon  d'aucune  chose, 
ORESME,  Eth.  <74.  {|  XV*  S.  Et  Se  fust  assez  tost  le  roi 
accordé  à  la  fille  du  duc  de  Lorraine  ;  car  elle  estoit 
moult  belle  damoiselle,  et  de  grande  et  noble  ge- 
neracion [famille],  froiss.  ij,  ii ,  229.  ||  xvi*  s.  La 
principale  fin  du  mariage,  c'est  la  generacion, 
MONT.  I,  226.  Signes  signifiant  génération  de  pus, 
paré,  VI,  3.  Si  la  génération  de  la  pierre  provient 
par  frigidité,  m.  xv,  s».  Ils  [certains  philosophes] 
tienent  que  qui  osteroit  du  monde  le  discord  et  la 
noise,  le  cours  des  corps  célestes  s'arresteroit ,  et 
que  la  génération  et  tout  mouvement  cesseroit, 
AMïOT,  Agés.  8. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  generacio  ;  espagn.  generacion; 
ital.  generaxione  ;  du  latin  generalionem,  de  gene- 
rare, engendrer. 

GÉNÉUECSEMENT  (jé-né-reû-ze-man  ) ,  adv. 
Il  1° D'une  manière  généreuse,  avec  un  grand  cœur. 
Je  crois  qu'il  n'agit  point  moins  généreusement, 
CORN.  Nicom.  III,  8.  Secourons  l'innocence  et  géné- 
reusement, ROTR.  Antig.  v,  3.  ||  2°  D'une  main 
libérale.  Payer  généreusement.  ||  3°  Courageuse- 
ment. Répandre  généreusement  son  sang  pour  la 
patrie.  Vous  avez  généreusement  soufi'ert  d'autres 
atteintes  que  celles-ci,  poussin,  Lett.  3  nov.  I647. 

—  ÉTYM.  Généreuse,  et  le  suffixe  ment. 
GÉNÉREUX  ,    EUSE    (jé-né-reû,     reû-z'),    adj. 

Il  1°  Qui  est  d'un  naturel  noble,  qui  a  un  grand 
cœur  (sens  dérivé  directement  du  sens  étymologi- 
que qui  est  :  de  bonne  race).  Je  vous  assure  que  je 
ne  suis  pas  moins  généreux  à  ressentir  cette  fa- 
veur, que  vous  l'avez  été  à  me  la  faire,  voit.  Lett. 
45.  Maudite  ambition,  détestable  manie,  Dont  les 
plus  généreux  soufl'rent  la  tyrannie,  corn.  Cid,  ii, 
3.  Et  si  l'on  n'est  barbare,  on  n'est  point  généreux, 
m.  Hor.  IV,  4.  Suis  l'exemple,  et  fais  voir  qu'une  Jme 
généreuse  Trouve  dans  sa  vertu  de  quoi  se  rendre  heu- 
reuse, m.  Pulcli.  II,  6.  Notre  généreuse  malade  s'est 
regardée  comme  une  victime  destinée  au  sacrifice; 
elle  a  vu  venir  le  coup  sans  demander  grâce,  fi.i!ch. 
Mme  de  Montausier.  Souvent  ces  gens  qui  ont  l'âme 
si  noble,  ne  sont  pas  les  meilleurs  cœurs  du  monde; 
ils  s'entêtent  trop  de  la  gloire  et  du  plaisir  d'être 
géïiéreux  et  négligent  parla  blendes  petits  devoirs, 
MARIVAUX,  Marianne,  4*  part.  Généreux  Beaumont, 
les  siècles  à  venir  sauront  que,  le  fanatisme  en  robe 
ayant  assassiné  juridiquement  un  père  de  famille,  la 
philosophie  et  l'éloquence  ont  vengé  et  honoré  sa 
mémoire,  volt.  Dict.  phil.  Avocats.  Un  mortel  gé- 
néreux connaît  mal  l'imposture,  ducis,  Macbeth,  i, 
t.  Le  Français,  généreux  et  sensible  à  la  gloire, 
Respecte  la  vertu  même  en  ses  ennemis,  masson, 
Uelvétiens,  ii.  ||  Il  se  dit  de  certains  animaux.  Un 
généreux  coursier.  Ces  hommes  auparavant  si  timi- 
des [les  apôtres]....  sortent  de  leur  retraite  comme 
des  lions  généreux,  mass.  Confér.  Zèle  contre  les 
scandales.  ||  2°  Il  se  dit  aussi  des  choses  qui  décèlent 
une  noble  nature.  Il  semble  en  leurs  discours  hau- 
tains et  généreux....  RÉONiEn,  Sat.  ix.  11  suffit  de 
vous  dire  au'il  y  a  une  noblesse  d'esprit  plus  glo- 
rieuse queceUedu  sang,  qui  inspiredes  sentiments 


GÉN 


1855 


généreux  et  une  louable  émulation,  et  qui  fait  des- 
cendre par  une  heureuse  suite  d'exemples  les  vertus 
(les  pères  dans  les  enfants,  fléch.  Mme  de  Montau- 
sier. Quoi!  faut-il  qu'un  dessein  si  grand,  si  (Géné- 
reux, Passe  pour  la  transport  d'un  esprit  amou- 
reux? RAC.  Ar.dr.  i,  4.  Vous,  seigneur,  importunt 
vous,  cet  ami  fidèle  Qu'un  soin  si  généreux  inté- 
resse pour  elle,  m.  Bérén.  i,  ).  Un  généreux  dépit 
succède  à  sa  fureur,  m.  ib.  v,  2.  J'aime,  je  l'avoue- 
rai, cet  orgueil  généreux  Qui  n'a  jamais  fléchi  sous 
le  joug  amoureux,  id.  Phèdre,  h,  t.  L'éloquence  de 
TcrtuUien  était  mâle  et  généreuse,  l'abbé  hautb- 
viLLE,  dans  desfontainks.  Qui,  si  elles  vous  voient 
faire  une  action  généreuse,  la  regardent  comme 
une  étourderie  dont  elles  s'applaudissent  de  n'être 
pas  capables,  Marivaux,  Marianne,  9*  part.  La  ré- 
solution de  cette  assemblée  [des  notables  de  Mos- 
cou] fut  généreuse  et  digne  d'une  si  grande  nation  ; 
le  détail  importe  peu;  on  sait  assez  qu'il  est  partout 
le  même  ;  que  tout  dans  le  monde  perd  à  être  vu  de 
trop  près;  qu'enfin  les  peuples  doivent  être  jugés 
par  masses  et  par  résultats,  sêgur  ,  Hist.  de  Nap. 
VIII,  <.  118°  Qui  donne  d'une  main  libérale.  Cette 
princesse  est  si  bonne,  si  généreuse.  Si,  pauvre  et 
généreux,  son  cœur  vient  de  soufl"rir  Aux  cris  d'un 
indigent  qu'il  n'a  pu  .secourir,  a.  chén.  Élég.  xxi. 
]|  Ironiquement.  Il  est  généreux  comme  l'épée  qu'il 
porte,  se  dit  d'un  avare,  d'un  ladre.  ||  Don  géné- 
reux, don  fait  avec  générosité,  surtout  en  parlant 
d'un  don  un  peu  considérable.  ||  Fig.  Nous  de- 
vons ajouter  que  les  aimants  les  plus  puissants 
ne  sont  pas  toujours  les  plus  généreux  ;  en  sorte 
que  quelquefois  ces  aimants  plus  puissants  ne  com- 
muniquent pas  au  fer  autant  de  leur  vertu  at- 
tractive que  les  aimants  plus  faibles,  buff.  Jfi'n. 
t.  IX,  p.  136,  dans  pougens.  ||  4°  Courageux.  Ces  gé- 
néreux martyrs.  Un  généreux  et  vaillant  soldat. 
Il  5°  Sol  généreux,  terre  généreuse,  sol,  terre  qui 
a  une  grande  force  productive.  ||  Vin  généreux,  vin 
bon  et  d'une  certaine  force,  qui  réconforte.  Te 
voici  dans  mon  ermitage;  Versons-nous  d'un  vin 
généreux,  bérang.  Voyageur.  ||  6°  Substantivement. 
Un  généreux,  une  généreuse,  un  homme  généreux, 
une  femme  généreuse.  En  vain  d'un  sort  si  triste  on 
veut  les  garantir,  Ces  cruels  généreux  n'y  peuvent 
consentir,  corn,  llor.in.  2.  Et  peu  de  généreux 
vont  jusqu'à  dédaigner.  Après  un  sceptre  acquis,  la 
douceur  de  régner,  m.  Cinnii,  ii,  ).  C'est  une  con- 
fiance de  généreux  à  généreux,  de  Romain  à  Ro- 
main, ID.  Sertor.  Au  lecteur.  Usez  en  généreux  de 
tous  vos  avantages,  mol.  D.  Gare,  v,  6.  Est-il  donc 
permis  à  un  sujet  d'avoir  de  la  force  contre  son 
prince,  et,  pensant  en  faire  un  généreux,  n'en  fs- 
rons-nous  point  un  rebelle?  boss.  Panég.  St  Tho- 
mas de  Cant.2,  ||  Familièrement.  Faire  le  généreux, 
se  montrer  magnanime,  libéral.  Ne  va  point  sotte- 
ment faire  le  généreux,  boil.  Sat.  viii. 

—  HIST.  XVI*  s.  Cil  n'a  rien  de  généreux,  qui  peut 
recevoir  plaisir  où  il  n'en  donne  point,  mont,  m ,  383. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  generou;  provenç.  generos; 
espagn.  et  ital.  generoso;  du  latin  generosus,  qui  est 
d'une  bonne  race,  de  genus,  race,  genre 

GÉNÉRIQUE  (jé-né-ri-k'),  adj.  Qui  appartient  au 
genre.  Terme  générique.  Caractères  génériques. 
Noms  génériques.  Vous  ne  prouvez  rien  contre  moi 
en  disant  que  l'unité  de  toutes  les  perfections  qui 
sont  en  Dieu  est  formée  de  la  même  façon  que  l'u- 
nité générique  et  celle  des  autres  univcrsaux,  desc. 
Réf.  aux  sec.  objec.  21.  L'unité  généri'iup  n'ajoute 
rien  de  réel  à  la  nature  de  chaque  individu,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Lat.  genus,  generis,  genre. 

t  GÉNÉRIQDÈMENT  (  jé-né-ri-ke-man  )  ,  adv. 
D'une  manière  générique. 

—  ÉTYM.  G&nérique,  et  le  suffixe  ment. 
GÉNÉROSITÉ  (jé-né-ro-zi-té),  s.  f.  \\  1°  Caractère 

de  celui  qui  est  généreux ,  qui  a  un  grand  cœur. 
Ma  générosité  doit  répondre  à  la  tienne,  corn.  Cid, 
III,  4.  Il  s'arme,  en  ce  besoin,  de  générosité.  Et  du 
bonheur  public  fait  sa  félicité,  iD.  Hor.  m,  6.  La 
générosité  suit  la  belle  naissance,  id.  Udracl.  v,  2. 
Ah  !  c'est  porter  trop  loin  la  générosité,  in.  Pcrth. 
v,  5.  Lorsque  la  Providence  l'a  séparée  du  monde, 
elle  a  quitté  les  honneurs  avec  autant  de  générosité 
que  vous  [religieuses]  en  avez  eu  à  les  fuir,  fléch. 
Mme  de  Mont.  Par  cet  esprit  de  générosité  si  ordi- 
naire parmi  les  Romains,  de  ne  maïquer  jamais 
plus  d'éloignemcnt  de  la  paix  que  dans  les  mauvais 
succès,  VF.RTOT,  Rérol.  rom.  ii,  p.  200 Son  or- 
gueil se  serait-il  flatté  D'effacer  Orosmane  en  géné- 
rosité? VOLT.  Zaïre,  1,  4.  Et  réellement  il  y  allait 
de  la  vie  de  s'arrêter  un  instant;  dans  ce  naufrage 
universel ,  tendre  la  main  à  son  compagnon,  à  son 
rbn.f  mourant,   était  un  acte  admirable  de  généro- 


<856 


GEN 


site  •  le  moindre  mouvement  d'humanilé  devenait 
une' action  sublime,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  \n,l. 
Il  2"  Disposition  à  donner  d'une  main  libérale.  Des 
actes  de  générosité.  Je  serais  trop  ingrat,  si,  pour 
une  personne  [une  damej  qui  fait  des  choses  si  ex- 
traordinaires pour  moi,  je  n'avais  (|u'une  amitié 
ordinaire ,  et  tout  au  moins  je  dois  être  amoureux 
de  sa  générosité,  voit.  Lett.  sa.  L'abbé  est  ravi  de 
vous  voir  appliquée  à  vos  affaires....  il  n'est  pas 
question  de  suivre  toujours  les  beaux  sentiments, 
il  faut  avoir  pitié  do  soi,  et  avoir  de  la  généro- 
sité pour  soi-même  comme  on  en  a  pour  les  au- 
tres, SÉV.  Bl.  Ce  grand  nombre  de  domestiques  pou- 
vait être  à  charge  à  sa  dépense,  mais  non  à  sa 
générosité,  fléch.  M.  de  Mont.  Il  n'est  pas  rare  de 
trouver,  dans  les  codes  des  lois  des  barbares,  des 
compositions  pour  les  actions  involontaires;  la 
'oi  des  Lombards  est  presque  toujours  sensée;  elle 
voulait  que,  dans  ce  c;is,  on  composât  suivant  sa 
générosité,  et  que  les  parents  ne  pussent  plus  pour- 
suivre la  vengeance ,  montesq.  Espr.  xxx ,  \  9. 
Il  Donner,  laisser  des  marques  de  sa  générosité, 
faire  des  dons,  et,  en  parlant  des  souverains,  accor- 
der des  grâces.  ||  Fig.  Un  sccoml  effet  de  l'élévation 
affectée  de  ces  nouveaux  mystiques  est  de  marquer 
envers  Dieu  comme  une  fausse  générosité  et  une 
espèce  de  désintéressement  qui  fait  qu'on  ne  veut 
plus  lui  demander  rien  pour  soi-même,  pas  même 
la  rémission  de  ses  péchés,  boss.  Ordonnance  sur 
les  états  d'oraison.  ||  Au  plur.  Dons,  bienfaits. 
Faire  des  générosités  à  ses  amis.  ||  Il  se  dit  quel- 
quefois au  singulier  en  ce  sens  :  Voilà  une  belle 
générosité  qu'il  vous  a  faite  1 

—  HIST.  xvi"  s.  Sa  générosité  [de  Henri  IV]  et  sa 
debonnaireté  sont  si  célèbres,  qu'il  est  à  croire 
qu'il  n'aura  rien  fait  de  médiocre,  sully,  dans  le 
Dict.  de  nociiiiz. 

—  KTYM.  Lat.  generositatem,  de  generosus,  géné- 
reux. 

GËNËSË  (je-nè-z'),  s.  f.  \\  i°  Nom  du  premier 
livre  de  l'Ancien  Testament,  qui  contient  la  créa- 
tion du  monde.  Inllrmerait-on  le  texte  sacré  de  la 
Genèse,  si  l'on  avançait  que  la  création  décrite  par 
Moïse  est  moins  une  véritable  création  que  le  récit 
assez  peu  circonstancié  dès  degrés  successifs  d'une 
grande  révolution  que  notre  globe  subissait  alors? 
Mumi,  Paling.  philos,  i,  2.  ||  Petite  Genèse,  livre 
apocryphe,  dit  aussi  l'Apocalypse  de  Moïse.  ||  En  cet 
emploi,  il  prend  une  majuscule.  ||  2°  Terme  de  philo- 
sophie. Système  cosmogonique.  ||  3°  Terme  de  géo- 
métrie. Se  dit  quelquefois  de  la  génération  d'une 
courbe,  d'une  surface  ou  d'un  solide.  ||  4"  Terme 
de  biologie.  Un  des  modes  de  naissance  des  élé- 
ments anatomiques,  suivant  lequel,  rien  n'existant 
que  des  matériaux  liquides,  on  voit  ces  matériaux 
se  réunir  presque  subitement  en  ime  substance  so- 
lide ou  demi-solide. 

—  ÉTYM.  révEoi;,  production,  engendrement. 
tGF,NÊSIAQUE  (je-né-zi-a-k'),  adj.  Quia  rap- 
port à  une  genèse,  à  la  création. 

—  ÊTVM.  Genèse. 

i  GENfiSIQUE  (jé-né-zi-k') ,  adj.  Voy.  oBnétique. 
t    I.   GKNESTADE   (je-nè-sta-d') ,  s.  f.    Un   des 
noms  vulgaires  de  l'ajonc. 

—  ÉTYM.  Genesl,  genêt. 

-f  2.  GENESTADE  Qe-nè-sta-d'),  s.  f.  Maladie  qui 
survient  chez  les  moutons  et  qu'on  attribue  à  l'u- 
sage du  genêt  comme  aliment. 

—  f.TYM.  Genrst,  genêt. 

GENESTKOLLE  (je-nc-stro-l'),  s.  f.  Espèce  de 
genêt  qu'on  emploie  pour  teindre  en  jaune  {genista 
lincloria,  t.).||On  trouve  aussi  genestrale. 

—  ÊTYM.  Dérivé  de  genit. 

GENET  (je-nè;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  l's  se 
lie  :  les  je-nè-z  et  les  cavaliers  ;  genêts  rime  asec 
traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m.  Espèce  de  cheval 
d'Espagne,  de  petite  taille,  mais  bien  proportionné. 
Talonne  le  genêt,  et  le  dresse  aux  passades,  hë- 
GNIER,  Sat.  V. 

—  HIST.  XIV*  s.  Vingt  mile  Genevois  sur  gênez 
chevauchant.  Qui  portoient  les  dars  de  coi  on  va 
lançant,  Guescl.  <ni4.  ||  xv*  s.  Et  cstoit  monté  sur 
un  ginct  legier  et  bien  courant  à  merveille,  froiss. 
•1,  m,  19 

—  ÊTYM.  Ital.  ginnetto,  giannelto;  de  l'espagn. 
gineti'.  cavalier  armé  à  la  légère,  qu'on  tire  de  l'a- 
rabe djund,  soldat.  Mais  on  a  proposé  plusieurs  au- 
tres étymologics:  le  grec  Y«|j.vi^rr)ç,  homme  qui 
s'exerce;  l'espagnol  cinetes,  nom,  dit-on,  des  babi- 
tints  de  la  contrée  entre  le  cap  .Saint-Vincent  et  la 
Guadiana,  qui  étaient  des  cavaliers  armés  seule- 
ment de  la  lance  et  du  bouclier;  enfin  le  latin  gm- 
na*,  mulet;  mais  la  signiûcation  première  du  mot 


GEN 

espagnol  paraît  être  non  cheval,  mais  cavalier  armé 
à  la  léfinre. 

GENÊT  (je-né;  le  (ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  l's  se 
lie  :  des  je-nê-z  épineux),  s.  m.  Genre  de  plante  de 
la  famille  des  légumineuses  qui  renferme  divers  ar- 
brisseaux à  fleurs  jaunes.  On  y  distingue  le  genêt 
à  balais,  ou  genêt  proprement  dit  {sarothamnus 
scoparius,  Koch)  ;  le  genêt  d'Espagne  [spartium 
junceum,  L.);  le  genêt  des  teinturiers  [genùta  tinc- 
(ona,  A.)  ;  le  genêt   griot  {ijenista   purgans,  DC). 

—  HIST.  XII'  s Une  hache  Tel  dont  l'on  poïst 

une  vache  Tranchier  outre  parmi  l'escbine.  Tôt 
autresi  com  la  racine  D'un  gonoivre  ou  d'un  g»- 
neste,  la  Charrette,  looi.  ||  xui*  s.  Coveitcs  ierent 
de  genestes.  De  foillies  et  de  ramiaus  Lor  bordetes 
et  lor  hamiaus,  la  llose,  8430. ||  xiv  s.  Et  l'embûche 
de  quoi  je  vous  fai  mention  En  une  place  fu  où 
geneste  ot  foison,  Guescl.  B074-5985.  ||  xv  s.  Jehan 
dist  qu'il  vouloit  aler  cueillir  des  balaiz  ou  gcnes- 
tres  en  un  bois,  DU  cangk,  genestrium.  ||  xvi"  s. 
Quant  au  genêt  d'Espaigne  ou  gaudc,  la  beauté  de 
ses  fleurs  jaunes  le  fait  désirer  au  jardin  de  plaisir, 

0.  DE  SERRES,  5GI. 

—  ÉTYM.  Picard,  geniau;  wall.  dinièse;  provenç. 
genestu;  espagn.  ginesta;  portug.  giesla;  ital.  gt- 
ncslra;  du  latin  genista. 

t  GENÉTAIRE  (je-né-tê-r') ,  i.  m.  Soldat  à  cheval 
de  l'ancienne  armée  espagnole. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  lui  sembla  par  aventure  que  la 
gendarmerie  françoise  se  romproit  aussi  facilement 
que  les  genetaires  maures,  langue,  329. 

—  ETYM.  Genêt. 

t  GENÉTER  (je-né-té),  t>.  a.  Courber  en  contre- 
haut  les  extrémités  d'un  fer  à  cheval. 

—  ÉTYM.  Genêt. 

GÉNÉTULIAQCE  (jé-né-tli-a-k"),  adj.  \\  1°  Qui 
est  relatif  à  la  naissance  d'un  enfant.  Poème  gé- 
néthliaque.  Discours  généthliaque.  {|  2»  S.  m.  As- 
trologue qui  dresse  l'horoscope  d'un  enfant  au  mo- 
ment de  sa  naissance. 

—  HIST.  xvi"  s.  Vous  concluez,  sieur  Fulgence, 
à  la  généthliaque,  encores  que  vous  teniez  for- 
mellement que  les  astres  ne  nous  prédominent, 
ciiOLiÈREs,  Contes,  t.  i ,  matinée  7. 

—  Ktvm.  Lat.  genethliacus,  de  Y'vEÔXiaxôc,  qui 
vient  de  YE^ÉO).ïi ,  naissance,  de  yivEaOa'.,  naître,  du 
radical  gen  ou  gin,  qui  est  dans  le  latin  gignere,  ge- 
tiittcra  (voy.  géniture). 

t  GENÉTIËRE  (je-né-tiè-r'),  s.  f.  Lieu  couvert  de 
genêt. 

—  ÉTYM.  Genêt. 

t  GENÉTIN  (je-né-tin),  s.  m.  ||  1°  Variété  de 
raisin  cultivée  près  d'Orléans.  ||  Vin  fait  avec  ce 
raisin.  Boire  de  bon  genétin,  riciielet.  ||  2°  Nom 
d'une  bonne  espèce  de  pomme. 

t  GÉNÉTIQUE  (jé-né-ti-k'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  a  rapport  aux  fonctions  de  généra- 
tion. Facultés  génétiques.  Sens  génétique.  ||  On  dit 
aussi  génésique. 

—  ÉTYM.  revsTT),  engendrement. 

).  GEJVETTE  (je-nè-f),  s.  f.  Genre  de  mammifè- 
res carnivores  digitigrades,  dans  lequel  on  distin- 
guo :  la  genettecommunc,diteaussigenettebizaain, 
chat  bizaam  ou  chat  bizaum  ;  elle  est  très-commune 
on  France,  surtout  dans  le  département  de  la  Gi- 
ronde où  l'on  en  fait  la  chasse  pour  sa  fourrure  ;  la 
genette  fcssane,  appelée  vulgairement  fossane;  c'est 
la  genettc  fosse  deLesson,et,pourBuffon,  la  fossane 
de  Madagascar,  dite  aussi  buveur  de  vin  et  buveuse 

de  vin,  LEGOARANT. 

—  HIST.  xiii*  s.  Piaus  de  faîne,  piaus  de  chat  sau- 
vage, piaus  de  martrines,  piaus  de  genetes,  les  six 
piaus  doivent  deus  deniers  de  tonlieu,  Liv.  des  met. 

326. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  geneta;  espagn.  ginela;  de  l'a- 
rabe djerneyih  {Joum.  astat.  juin  1859,  p.  64)). 

2.  GESETTE  (X  LA)  (jc-nè-f),  loc.  adv.  \\  l'Aller 
à  cheval  à  la  genettc,  c'est-à-dire  avec  les  étricrs  fort 
courts,  de  manière  que  l'éperon  porte  vis-à-vis  du 
flanc  du  cheval.  ||  2°  S.  f.  Espèce  de  mors  à  la  tur- 
que, dont  la  gourmette  a  la  forme  d'un  grand  an- 
neau. 

—  HIST.  XVI'  s.  Chevaux  enhamachés  à  la  ge- 
nette,  brant.  Sur  les  duels,  p.  68,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Genêt;  parce  que  c'était  ainsi  qu'on 
montait  les  genêts. 

f  i.  GENETTË  (je-nè-t') ,  s.  f.  Lance  des  genetai- 
res. 

—  ÉTYM.  Genêt. 

t  *.  GEXETTE  Ge-nè-t'),  S.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  narcisse. 

t  GENEVIÈVE  (SAINTE)  (je-ne-viè-v').  Cuni,'ré- 
gation  do  Stc-Geneviève,  congrégation  employée  à 


GEN 

l'administration  des  paroisses  cchôpiUiux,  à  loi., 
vation  de  l'office  divin  et  à  I  instruction  des  cctl  ^ 
siastiques  et  de  la  jeunesse  dans  les  séminaires. 

t  GENÉVRETTE  (je-né-vrè-f),  s.  f.  Boisson  o!)'  ■ 
nue  par  la  fermentation  des  baies  de  genièvre  qu'on 
met  à  macérer  pendant  un  mois  dans  de  l'eau  avec 
trois  ou  quatre  poignées  d'absinthe. 

—  ÉTYM.  Genièvre. 

GENfiVRIER  (je-né-vri-é  ;  l'r  ne  se  lie  jamais; 
au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  ge-né-vri-é-z  en  fleur),*,  m. 
Genre  de  la  famille  des  conifères,  tribu  des  cupres- 
sinécs,  où  l'on  distingue  surtout  le  genévrier  com- 
mun (juniperus  communis),  dit  absolument  gené- 
vrier et  aussi  genièvre. 

—  ÉTYM.  Genièvre. 

t  GENÉVUIÈRE  (je-né-vri-è-rO,  *.  f.  Lieu  pimilé 
de  genévriers. 

t  GENGELI  (jan-je-li),  t.  m.  Terme  de  botanique. 
Nom  des  scsamum  indicum,  DC,  et  orientale,  L. 
(famille  des  bignoniacées). 

i  GÉNI  (jé-ni),  Ofij.  invariable.  Terme d'anatomie. 
Apophyse  gêni,  voy.  génien. 

t  GEMCUI.ATION  Ijé-ni-ku-la-sion) ,  s.  f.  Terme 
didactique.  Courbure  en  manière  de  genou. 

—  ÉTYM.  Gi'nicilU. 

t  GÉNICDLÉ,  ÉE  (jé-ni-ku-lé,  lée),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  est  ployé  en  forme  de  ge- 
nou. La  tige,  le  style,  le  pédoncule,  etc.  affectent 
souvent  la  disposition  géniculée.  ||  Terme  d'anato- 
mie. Corps  géniculé,  renflement  situé  à  l'extrémité 
postérieure  de  la  couche  optique,  et  d'où  procède  en 
partie  le  nerf  optique. 

—  ÉTYM.  Lat.  gejiicuium,  diminutif  de  genu, 
genou. 

GÉNIE  (jé-nie),  s.  m.  ||  i'  Terme  du  polythéisme 
Esprit  ou  démon  bon  ou  mauvais  qui  présidait  à  la 
destinée  de  chaque  homme.  On  jurait  par  son  génie. 
Le  jour  de  la  naissance  on  offrait  un  sacrifice  au 
génie.  Le  mois  de  décembre  était  cher  aux  génies 
[à  cause  des  repas  des  saturnales].  On  racontait  que 
le  mauvais  génie  de  Brutus  lui  avait  apparu  la  veille 
de  la  bataille  de  Philippes.  Pour  la  dernière  fois  il 
faut  que  je  vous  nie  Ce  qu'exige  de  moi  votre  mau- 
vais génie,  MAiiiET,  Sophon.  iv,  B.  Mon  génie  étonné 
tremble  devant  le  sien,  rac.  Brit.  ii,  2.  Ton  génie 
alarmé  te  parle  par  ma  bouche,  volt.  If.  de  César, 
m,  6.  C'est  la  loi,  dit  Topaze,  cb.ique  homme  a  ses 
deux  génies  ;  c'est  Platon  qui  I'a  dit  le  premier,  et 
d'autres  l'ont  répété  ensuite;  tu  vois  que  rien  n'est 
plus  véritable  ;  moi  qui  te  pau-le,  je  suis  ton  bon  gé- 
nie, et  ma  charge  était  de  veiller  auprès  de  toi  jus- 
qu'au dernier  moment  de  ta  vie,  je  m'en  suis  fidè- 
lement acquitté,  ID.  le  Blanc  et  le  JVoir.  Et  toi, 
Êbène,  avec  tes  quatre  ailes  noires,  tu  es  sans  doute 
mon  mauvais  génie?  in.ib.  11  y  avait  des  génies  mâ- 
les et  des  génies  femelles  ;  les  génies  desdames  s'ap- 
pelaient, chez  les  Romains,  des  petites  Junons  ;  on 
avait  encore  le  plaisir  de  voir  croître  son  génie; 
dans  l'enfance  c'était  une  espèce  de  Cupidon  avec 
des  ailes;  dans  la  vieillesse,  il  portait  une  longue 
barbe  ;  quelquefois  c'était  un  serpent,  ID.  Dict.  phil. 
Génie.  Il  Le  génie  de  Socrate,  dit  aussi  démon  (voy. 
démon),  voix  qui  se  faisait  entendre  à  lui  pour  le 
détourner  de  ce  qu'il  avait  résolu,  et  non  pour  l'ex- 
horter À  rien  entreprendre.  Vous  le  savez,  amis  ; 
souvent,  dès  ma  jeunesse,  Un  génie  inconnu  m'in- 
spira la  sagesse,  lamart.  Jfort.  de  Socr.  \\  Fig.  Le 
bon  génie,  le  mauvais  génie  de  quelqu'un,  la  per- 
sonne qui,  par  ses  exemples  ou  ses  conseils  ou  ses 
actions,  exerce  une  influence  heureuse  ou  fu- 
neste sur  la  destinée  de  quelqu'un.  Il  assure  que 
vous  êtes  son  bon  génie,  sév.  B"C.  1|  Fig.  Un  bon 
génie,  une  circonstance  favorable.  Voyez  qu'im  bon 
génie  à  propos  nous  l'envoie,  corn.  Hor.  i,  i.||Ii 
se  disait  aussi  des  esprits  ou  démons  qui  prési- 
daient à  de  certains  lieux,  à  des  villes,  etc.  Le  gé- 
nie du  lieu.  Le  génie  de  Rome.  Génie  tutélaire. 
L'un  avait  vu  le  génie  de  l'empire  ou  de  la  ville, 
l'autre  celui  de  Mars  et  de  Saturne;  les  génies  des 
quatre  éléments  s'étaient  manifestés  i  plusieurs 
philosophes;  plus  d'un  sage  avait  vu  son  propre  gé- 
nie, tout  cela  d'abord  en  songe,  mais  les  songe» 
étaient  les  symboles  de  la  vérité,  volt.  Dict.  phil. 
Génie.  \\  Par  extension.  Le  génie  de  la  France,  l'ange 
tutélaire  de  la  France.  ||  Fig.  I.e  génie  de  la  peinture, 
de  la  musique,  le  génie  qu'on  imagine  comme  pré- 
sidant à  chacun  de  ces  arts.  ||  S'  Par  extension,  dans 
la  féerie,  nom  donné  aux  différents  esprits  que  re- 
celaient les  éléments,  les  bois,  les  montagnes,  etc. 
Évoquer  les  génies.  X  peine  eut-elle  commencé  à 
frotter  cette  lampe,  qu'en  un  instant,  en  présence 
<le  son  fils,  un  génie  tùàeui  et  d'une  grandeur  gi- 
gantesque s'éleva  et  parut  devant  elle  el  lui  dit  d'une 


GEN 

!\  tonnante  :  Que  veux-tu?  me  voici   prêt  à  t'o- 
ir  comme  ton  esclave  et  de  tous  ceux  qui  ont  la 
iipe  à  la  main,  moi  avec  les  autres  esclaves  de  la 
ipe,  GALLAND,  Mille  et  une  Nuits,  Lampe  mer- 
>„  tÛeiise.  Invoquons  la  faveur  de  ces  puissants  gé- 
nies  X    qui   des    bois   sacrés   les   nymphes   sont 
unies,   c.  dklav.    Paria,  ii,   6.   L'Alhambra!  l'Al- 
liambra,  palais   que   les  génies  Ont  doré   comme 
un  rêve  et  rempli  d'harmonies,  Forteresse  aux  cré- 
ne,-iux  festonnés  et  croulants,  v.  hugo.  Orient,  xxxi. 
Il  3°  Terme  d'iconologie.  Figures  allégoriques  d'en- 
fants ou   i^'aommos  ailés,  qui,  selon  les  attributs 
qu'on  leur  donne,    représentent   les  vertus,    les 
arts,  les  passions,  etc.   ||  4°  Fig.  Talent  inné,  dis- 
jiiisition  naturelle  à  certaines  choses  (sens  qui  fut 
i;n  néologisme    dans    la   latinité  et  qui   vient  des 
:  alités   brillantes  qu'on  attribuait  aux  génies).  11 
!   bon  de  s'accommoder  à  son    sujet  ;    mais   il 
r  u  encore   meilleur  de  s'accommoder  à  son  gé- 
nie, la  font.  Psyché,  i,  p.  88.  Les  mêmes  degrés 
se  rencontrent  entre  les  génies  qu'entre  les  condi- 
tions, PASC.  dans  codsin.  Son  génie  à  la  géométrie 
commença  à  paraître  lorsqu'il  n'avait  encore  que 
douze  ans,  m'""   pemeb.  Vie  de  Pascal.  Ce  n'était 
pas  seulement  la   guerre  qui  lui  donnait  de  l'éclat; 
son  grand  génie  embrassait  tout,  l'antique  comme 
le  moderne,  l'histoire,  la  philosophie,  la  théologie 
la  plus  sublime,  et  les  arts  avec  les  sciences,  boss. 
Louis  de  Bourbon.  Le  génie  de  la  princesse  palatine 
se  trouva  également  propre  aux  divertissements  et 
aux  affaires,  id.  Anne  de  Gom.  Ce  qui  rend  sa  mo- 
dération plus  digne  de  nos  louanges,  c'est  la  force 
de  son  génie  né  pour  l'action,  et  la   vigueur  qui, 
durant  cinq  ans,  lui  fit  dévouer  sa  tète  aux  fureurs 
civiles,  ID.  le  Tellier.  Dans  ces  fatales  conjonctu- 
res il  fallait  à  un  ministre  étranger  un  homme  d'un 
ferme  génie  qui..  .  m.  ib.  Je  sens  de  jour  en  jour 
dépérir  mon  génie,  noii..  Épit.  viii.  Mais  pourtant 
on  a  vu  le  vin  et  le  hasard  Inspirer  quelquefois  une 
muse  grossit're,  Et  fournir  sans  génie  un  couplet  à 
Linière,  m.  Art  p.  n.  Il  avait  du  génie  pour  la  mu- 
sique, HAMiLT.  Gramm.  8.  Ceux  en  qui  on  remar- 
que le  génie  de  la  guerre,  fén.  Tél.  xiv.  Nous  n'a- 
vons fait  aucun  tort  aux  beaux-arts  ni  aux  hommes 
qui  ont  un  vrai  génie  pour  les  cultiver,  m.  ib.  xxii. 
La  perfection  consisterait  à  savoir  assortir  toujours 
son  style  à  la  matière  qu'on  traite  ;  mais  qui  peut  être 
le  maître  de  son  habitude  et  ployer  son  génie  à  son 
gré*?  VOLT.  Dict.  phil.  Genre.  Que  la  reine,  en  ces 
lieux,  brillants  de  sa  splendeur,  De  son  puissant  gé- 
nie imprime  la  grandeur,  in.  Sémir.  i,  1.  Le  Pous- 
sin, déjà  grand  peintre  avantd'avoir  vu  de  bons  ta- 
bleaux, avait  le  génie  de  la  peinture;  Lulli,  qui  ne 
vit  aucun  bon  musicien  en  France,  avait  le  génie 
de  la  musique,  m.  Dict.  phil.  Génie.  \\  En  mauvaise 
part.  Avoir  le  génie  du  mal,  de  la  destruction.  Son 
génie  le  porte  à  mal  faire.  ||  De  génie,  se  dit  d'un 
travail  inspiré  par  la  propre  invention  de  l'auteur, 
et  quelquefois  en  s'écartant  des  règles  communes. 
Je  sens  que  mon  esprit  travaille  de  génie,  boil.  Sat. 
VII.  Ses  vers  [de  Boileaa],  forts  et  harmonieux,  faits 
(le  génie,  quoique  travaillés  avec  art,  pleins  de  traits 
et  de  poésie,  seront  lus  encore  quand  la  langue  aura 
vieilli,  LA  EHUY.  Disc,  à  l'Acad.  fr.  Il  [le  peintre]  ne 
travaillerait  plus  de  génie,  fén.  Tél.  xxii.  il  est  vrai 
qu'il  n'y  a  que  ce  morceau  qui  soit  de  génie,  et  que 
le  reste  n'est  que  de  travail  et  d'érudition  ;  mais  on 
doit  être  fort  obligé  à  un  homme  tel  que  lui,  quand 
il  veut  bien,  pour  l'utilité  publique,   faire  quelque 
chose  qui  ne  soit  pas  de  génie,  fonten.  Leibniti. 
C'est  le  défaut  de  tous  les  écrivains  qui   n'écrivent 
point  de  génie,  mais  par  imitation,  vauven.  Dialog. 
Isocrate,  Démosthènes.  ||  5°  Particulièrement,  apti- 
tude spéciale  dépassant   la   mesure  commune  soit 
dans  les  lettres  et  les  beaux-arts  fconcevoir  et   ex- 
primer), soit  dans  les  sciences  et  la  philosophie  (in- 
venter, induire,  déduire  ,  systématiser),  soit   dans 
l'action  telle  que  celle  de  l'homme  d'État,  du  mili- 
taire, etc.  Le  génie  et  les  grands  talents  manquent 
souvent,  quelquefois  aussi  les  seules  occasions  ;  tels 
peuvent  être  loués  de  ce  qu'ils  ont  fait  ;  et  tels,  de 
ce  qu'ils  auraient  fait,  la  bruy.  ii.  Tel,  aux  pre- 
miers accès  d'une  sainte  manie.  Mon  esprit  alarmé 
redoute  du  génie  L'assaut  victorieux,  i.  b.  bodss. 
Ode  an  Comte  de  Luc.  Ajoutons  que  le  génie  dans 
la  force  même  de   l'âge    n'est  pas  de  toutes  les 
heures,  et  que  surtout   il  craint  les  approches  de 
la   vieillesse,    n'oLivET,   Uist.  Acad.  t.  il,  p.  384, 
dans  POUOENS.    Ce  terme  de  génie   semble  devoir 
désigner  non   pas   indistinctement   les  grands  ta- 
lents, mais  ceux  dans  lesquels  il  entre  de  l'inven- 
tion, VOLT.  Dict.  phil.  Génie.  C'est  le  caractère  du 
vrai  génie  de  répandre  la  fécondité  sur  un  sujet 

DICT.    DE   LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


GEN 

stérile,  et  de  varier  ce  qui  semble  uniforme,  m.  Vie 
de  Molière.  Le  génie  n'est  autre  chose  qu'une  grande 
aptitude  à  la  patience,  buff.  Duc.  de  réception  à 
l'Acad.  Il  voit,  comme  l'a  dit  un  grand  homme,  les 
abstraits  dans  les  concrets,  les  concrets  dans  les 
abstraits  ;  voilà  le  génie,  bonnet,  Ess.  analyt.  Âme, 
ch.  <6.  Je  ne  demande  point....  Ni  même,  vœu  plus 
douxl  que  la  main  d'Uranie  Embellisse  mon  front  des 
palmes  du  génie,  A.  CHÉN.  Ép.i.  Le  génie  inspire  le 
besoin  de  la  gloire,  STAËL,  Corinne,  xvi,  t.  Je  ne  sais 
quelle  force  involontaire  précipite  le  génie  dans  le 
malheur,  m.  tft.  xm,  4.  Le  génie  ne  cherche  point  à 
combattre  ce  qui  est  dans  l'essence  des  choses;  sa 
supériorité  consiste,  au  contraire,  à  la  deviner,  m. 
ib.  VIII,  3.  Parmi  les  causes  d'accroissement  de  la 
population,  il  ne  faut  pas  compter  pour  peu  le  repos 
de  Napoléon;  depuis  que  ce  grand  homme  est  là 
où  son  rare  génie  l'a  conduit,  trois  millions  de  jeu- 
nes gens  seraient  morts  pour  sa  gloire ,  qui  ont 
femme  et  enfants  maintenant,  p.  L.  cour.  Lettre  v. 
Et  comment  concevoir  que  Ninua,  un  héros....  Par 
un  noir  parricide  ait  souillé  son  génie?  briffaut, 
Ninusll,  I,  4.  Mais  quoi!  tandis  que  le  génie  Te 
ravit  si  loin  de  nos  yeux,  Les  lâches  clameurs  de 
l'envie  Te  suivent  jusque  dans  les  cieux,  lamart. 
Méd.  I,  19.  Les  siècles  sont  à  toi,  le  monde  est  ta 
patrie;  Quand  nous  ne  sommes  plus,  notre  ombre  a 
des  autels.  Où  le  juste  avenir  prépare  à  ton  génie 
Des  honneurs  immortels,  m.  ilf^d.  i,  14.  ||  Homme  de 
génie.  L'homme  de  génie  est  connu  de  la  postérité; 
l'homme  en  est  ignoré,  dhierot,  Claude  et  Nér.  i, 
<02.  Une  des  plus  fortes  passions  est  l'amour  de  la 
vérité  dans  l'homme  de  génie,  laplace.  Expos,  v,  4. 
Il  Fig.  Ce  qui  inspire  comme  fait  le  géL'e.  Ils  re- 
çurent du  ciel  un  cœur  tel  que  le  nôtre;  Ce  cœur 
fut  leur  génie;  il  fut  leur  Apollon,  Et  leur  docte  fon- 
taine et  leur  sacré  vallon,  a.  chén.  Ép.  i.  Non,  l'a- 
mour, l'amitié,  la  sublime  harmonie.  Tous  ces  dons 
précieux  n'ont  qu'un  même  génie  :  Même  souffle 
anima  le  poète  charmant.  L'ami  religieux  et  le  par- 
fait amant,  n.ib.  Il  Joint  à  des épithètes  défavorables 
il  exprime  le  peu  de  génie,  de  capacité  qu'a  une 
personne.  Génie  borné.  Petit  génie.  Pauvre  génie. 
Génie  médiocre.  Dans  son  génie  étroit  il  est  tou- 
jours captif,  Pour  lui  Phébus  est  sourd  et  Pégase 
est  rétif,  boil.  .irt  p.  i.  ||  On  le  dit  aussi  en  ce 
sens,  par  modestie,  en  parlant  de  soi-même.  Je  me- 
sure mon  vol  à  mon  faible  génie.  Bon,.  Disc,  au  roi. 
Ami,  je  n'irai  plus  ravir  si  loin  de  moi.  Dans  les 
secrets  de  Dieu,  ces  comment,  ces  pourquoi.  Ni  du 
risible  effort  de  mon  faible  génie,  Aider  pénible- 
ment la  sagesse  infinie,  lamart.  Uéd.  i,  20.  ||  6"  Per- 
sonne de  génie.  Un  beau  génie.  Ce  génie  fut  la 
lumière  de  son  siècle.  Il  ne  fallait  qu'ouvrir  l'en- 
trée des  affaires  à  un  génie  si  perçant,  pour  l'intro- 
duire bien  avant  dans  les  secrets  de  la  politique, 
BOSS.  le  Tellier.  Sitôt  que  d'Apollon  un  génie  inspiré 
Trouve  loin  du  vulgaire  un  chemin  ignoré.  En  cent 
lieux  contre  lui  les  cabales  s'amassent ,  boil. 
Épît.  vu.  Il  se  peut  que  plusieurs  personnes  jouent 
mieux  aux  échecs  que  l'inventeur  de  ce  jeu,  et  (|u'ils 
lui  gagnassent  les  grains  de  blé  que  le  roi  des  In- 
des voulait  lui  donner;  mais  cet  inventeur  était  un 
génie,  et  ceux  qui  le  gagneraient  peuvent  ne  pas 
l'être,  VOLT.  Dict.  phil.  Génie.  Roger  Bacon  fut  un 
des  génies  les  plus  surprenants  que  la  nature  ait 
produits,  et  un  des  hommes  les  plus  malheureux, 
DIDEROT,  Opin.  des  anc.  philos,  {scoiastiques) .  Les 
génies  les  plus  pénétrants,  les  plus  profonds,  ne  se 
distinguent  des  autres  hommes  que  parce  qu'ils  em- 
ploient un  plus  petit  nombre  de  milieux,  bonnet, 
Ess.  psychol.  ch.  so  .  ||  Ironiquement.  Et  jamais 
comme  nous  en  bonne  compagnie  On  ne  voit  chez 
les  grands  souper  votre  génie,  gilb.  Apologie.  ||  Avec 
une  épithète  défavorable,  il  se  dit  d'un  homme  de 
peu  d'esprit,  de  peu  de  portée.  Je  suis  facile  à  trom- 
per, moi;  je  suis  le  plus  pauvre  génie  du  monde, 
LE.SAGG,  Crisp,  riv.  de  son  maître,  se.  <».  C'est  un 
bourgeois  fort  simple, un  petit  génie,  m.  ib.  se.  2.  Que 
les  petits  génies  se  tiennent  dans  les  bornes  étroites 
de  l'imitation,  sans  oser  les  franchit  à  la  bonne 
heure,  id.  Diable  boit.  ch.  14.  ||  Familièrement.  Ce 
n'est  pas  un  génie,  se  dit  d'une  personne  qui  a  peu 
d'im.igination,  peu  d'intelligence.  ||7°Fig.  CaractJTc 
propre  et  distinctif  de  personnes.  Il  est  vrai  que  du 
ciel  la  prudence  infinie  Départ  à  chaque  peuple  un 

différent  génie,  corn.   Cinna,  ii,  i Enfin,  Bur- 

rbus,  Néron  découvre  son  génie;  Cette  férocité  que 
tu  croyais  fléchie,  De  tes  faibles  liens  est  prête  k 
s'affranchir,  iiac.  Urit.  m,  2.  Quelques  vérités  qui 
flattaient  le  génie  de  la  nation,  iiamilt.  Gramm.  7. 
Il  n'est  p.-is  moins  important  d'étudier  avec  soin  les 
mœurs  des  peuples,    leur  génie,  leurs  loix,  leurs 


GÉN 


1857 


usages,  leurs  coutumes,  eollin,  Ilist.  anc.  Préf. 
Il  Caractère  propre  et  distinctif  de  choses.  Il  est 
malaisé  do  vous  définir  le  livre:  vous  en  connaissez 
le  génie,  boss.  Ult.  )74.  Durant  la  captivité  et  en- 
suite par  lecommerce  qu'il  fallut  avoir  avec  les  Chal- 
déens,  les  Juifs  apprirent  la  langue  chaldaîque,  fort 
approchante  de  la  leuret  qui  avait  presque  le  même 
génie,  m.  Uist.  i,  8.  On  appelle  génie  d'une  langue 
son  aptitude  à  dire  de  la  manière  la  plus  courte  et  la 
plus  harmonieuse  ce  que  les  autres  langues  expri- 
mentmoinsheureusement,voLT.  Dict.  phil.  Langues. 
Le  génie  de  la  langue  française  sera  plus  fait  pour 
la  conversation,  parce  que  sa' marche, nécessairement 
simple  et  régulière,  ne  gênera  jamais  l'esprit....  le 
style  lapidaire  sera  plus  dans  le  génie  de  la  langue 
latine,  m.  th.  Génie.  D'après  l'athée,  la  nature  est 
une  langue  dont  les  barbarismes  forment  seuls  l'es- 
sence et  le  génie,  chateaubr.  Génie,  i,  n,  *.  Le 
Nouveau  Testament  change  le  génie  de  la  peinture, 
iD.  Génie,  m,  I,  4.  ||  Terme  de  médecine.  Caractère 
des  affections  régnantes.  Génie  inflammatoire.  Génie 
bilieux.  ||  8°  Terme  de  guerre.  L'art  de  l'attaque  et 
de  la  défense  des  places,  des  postes,  etc.  lîcole 
d'artillerie  et  du  génie.  L'arme  du  génie.  S'il  se 
rencontrait  des  obstacles  imprévus  dans  la  carrière 
du  génie,  peut-être  pourrais-je  tourner  mes  idées 
d'un  autre  côté,  p.  l.  cour.  Letl.  i,  6.  ||  Absolu- 
ment. Le  génie,  le  corps  des  troupes  de  cette  arme. 
Un  officier  du  génie.  ||  Génie  militaire,  se  dit  sou- 
vent aussi  par  opposition  au  corps  des  ingénieurs 
civils  qu'on  nomme  le  génie  civil.  ||  9»  Le  génie 
civil,  l'art  des  constructions  civiles.  ||  Le  corps 
d'ingénieurs  chargé  de  ces  constructions.  ||  10°  Gé- 
nie maritime,  l'art  de  construire  les  vaisseaux. 
Il  Corps  d'officiers  institué  pour  appliquer  les  hautes 
sciences  à  l'architecture  navale. 

—  HIST.  xvr  s.  Bertrand  Duguesclin  fut  un  génie 
de  ce  caractère,  Mém.  s.  du  G.  ch.  i". 

—  ÉTYM.  Prov.  genh,  geinh,  gien,  gienh,  ginh  ; 
cat.  geni,  giny;  esp.  et  ital.  genio;  du  lat.  genius, 
génie,  démon  favorable.  Génie  est  moderne  en 
français;  la  forme  ancienne  aurait  été  trè.s-voi- 
sine  de  celle  du  provençal,  l'accent  en  latin  éla:,t 
sur  ge. 

t  ....GÉNIE,  suffixe  qui  répond  au  grec  yévtia, 
production,  et  qui,  dans  les  termes  didactiques,  se 
joint  à  d'autres  mots  avec  le  sens  de  production, 
par  exemple  :  hétérogénie,  etc. 

+  GÊNIEN,  lENNE  (jé-niin,  niè-n'),  adj.  Jerma 
d'anatomie.  Qui  a  rapport  au  menton.  Apophyse  gé- 
nienne  ou  apophyse  géni,  petite  apophyse  située  à 
la  partie  postérieure  de  la  .symphyse  du  menton. 

—  ETVM.  FÉvEiov,  menton. 

GENIÈVRE  (je-niè-vr'),  s.  m.  ||  1"  Nom  vulgaire 
du  genévrier  commun.  ||  2"  Le  fruit  du  genièvre. 
Eau-de-vie  de  genièvre.  ||  3°  Liqueur  qu'on  en  ex- 
trait. Boire  du  genièvre. 

—  HIST.  xii*  s.  E  alad  une  jurnée  en  cel  désert, 
asist  sei  suz  un  geneivre,  Hois,  p.  .320.  ||  xni'  s.  Ki 
fait  cuire  genoivre  en  lessive  et  en  levé  [lave]  sen 
chief,  si  escaufe  le  [la]  teste,  alebrant,  f"  67. 
Il  xiv  s.  Josnes  bois  ou  genourres,  Modus,  f'  xlvi. 
Il  XVI*  s Puis  es  cantons  feu  de  genevre  allu- 
ment. Et  leurs  maisons  esventent  et  perfument, 
MAHOT,  m,  2i)i.  Brûlant  d'un  feu,  non  clair  comme 
celui  du  genièvre,  mais  comme  un  gros  charbon  de 
forge,  marg.  Ifour.  xxvii. 

—  ÊTYM.  'BeTty,genieuve;  géBBV.genhe;  Haine, 
genèbre;  frov.genibre,genebre;cat.ginebre;  espag. 
enebro;  port,  ximbro;  ital.  ginepro;  du  la.1.  juntpf- 
rus.  Juniperus  paraît  manifestement  contenir  pa- 
rère ,  enfanter,  comme  puerpera  le  contient.  Aussi 
M.  Quicherat,  dans  son  dictionnaire,  le  décompose 
en;un»or,  pario.  M.  Baudry  k  junior  substitue  j'u- 
nix,  génisse,  et  pense  que  la  plante  a  été  ainsi 
nommée  du  juniperus  sabina,  L.  qui  est  emména- 
gogue,  et  qu'en  plusieurs  contrées  on  administre 
aux  vaches  pour  faciliter  leur  parturition. 

t  GENIfiVRERIE  (je-niè-vro-rio),  *.  f.  Fabrique, 
distillerie  de  gpnièvre. 

f  GfiXIO-GI.OSSfi  (jé-ni-o-glo-s'),  adj.  Terme  d'a- 
natomie. Muscle  génio-glosse,  ou.  substantivement, 
le  génio-glosse,  muscle  qui  s'étend  de  la  partie  su- 
périeure et  latérale  do  l'apophyse  géni  à  la  base  do 
la  langue. 

—  f.TYM.  TEvEtov.  menton,  et  tXwtïo,  langue. 

f  GIÎMO-IIVOÏDIEN,  ENNE  (jé-nio-i  o-i-diin, 
diè-n'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à 
l'apophyse  géni  et  h  l'os  hyoïde.  Le  muscle  génio 
hyoïdien, ou,  substantivement,  le  génio-hyoïdien. 

t  GfiSIO-PIlARYNGlEN,  lENNE  (jé-^'o-farln- 
jiin,  jiè-n'J,  adj.  Terme  d'anatomie.  Muscles  génio- 
pharyngiens,  ou,  substantivement,  les  génio-pha- 

I.—  233 


1 858 


GÉN 


ryngions,  faisceaux  musculeux  qui  s'étendent  de 
l'apoptijse  géni  au  pharynx. 

Etym.  l'evEiov,  menton,  et  pharyngien. 

f  GÉMPA  (jé-ni-pa)  ou  GÉNIPAYER(jé-ni-pa-i6), 
t.  m.  Le  génipa  américain,  arbre  appelé,  au  lirésil, 
«en ipayer,  se/upa  americana,  L.,  famille  des  ru- 

f  GÊMPI  Oé-ni-pi)>  *■  '''■  Autre  nom  du  génépi. 

GENISSE  (jé-ni-s'),  s.  f.  Jeune  vache  qui  n'a 
point  porté.  Une  génisse  qui  n'aura  point  encore 
porté  le  joug,  ni  labouré  la  terre,  saci,  Ilihk,  Dm- 
léron.  XXI,  3.  Deux  taureaux  combattaient  à  qui  pos 
sellerait  Une  génisse  avec  l'empire;  Une  grenouille 
en  .soupirait,  la  font.  Fabl.  n,  4.  Ai-je  besoin  du 
sang  lies  boucs  et  des  génisses?  rac.  Atlial.  i,  t. 

—  lllST.  xm«  s.  Retenez  à  vostrc  eus  [à  vostre 
besoin]  cest  tor  Et  icele  genice  encor,  Hen.  eusi. 
Il  xrv*  s.  Jehan  Godilles  reconnaît  avoir  prins 
XXV  bestes  à  laine  et  une  genice,  delisle,  Agric. 
nortn.  p.  222. 

—  ÉTVM.  Wallon,  ginihe;  du  lat.  junïcem,  gé- 
nisse; proT.  juncgo;  pays  de  Côrae,  gioniscia.  Jit- 
nix  est  une  contraction  de  juvenix ,  et  vient  de 
juvenis  (voy.  jedne). 

f  GENISTELLE  (je-ni-sté-l'),  s.  f.  Le  môme  que 
gcnestrolle. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  genest,  genêt. 

GÉNITAL,  ALE  (jé-ni-'tal,  ta-l'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Oui  sert  à  la  génération.  Organes  géni- 
taux. Fonction  génitale. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  parties  génitales,  pake,  xv,  39. 

—  ÊTYM.  Prov.  et  esp.  genilal  ;  ital.  génitale  ; 
du  lat.  genitalis,  de  genitum,  supin  de  gignere, 
engendrer. 

\  GÉNITEUR  (jé-ni-teur),  s.  m.  ||  1"  Terme  du 
style  burlesque.  Celui  qui  a  engendré ,  père. 
Il  2°  Terme  d'économie  rurale.  Mâle  destine  à  la 
reproduction. 

—  ÉTYM.  Lat.  genitorem,  de  genitum,  supin  de 
gigne-re,  engendrer. 

GÉNITIF  (jé-ni-tif),  .?.  m.  Terme  de  grammaire 
dans  les  langues  qui  ont  une  déclinaison.  Cas  au- 
quel sont  employés  les  noms  comme  compléments 
des  noms,  de  quelques  verbes,  et,  en  grec,  de  quel- 
ques prépositions.  Les  déclinaisons  latines  se  re- 
connaissent à  la  terminaison  du  génitif.  ||  Par  une 
mauvaise  imitation  de  la  grammaire  latine,  les 
grammairiens  du  xvii"  siècle  donnaient,  en  fran- 
çais, le  nom  de  génitif  au  rapport  marqué  par 
fa  préposition  de.  Toutes  les  fois  que  le  génitif  plu- 
riel est  exprimé  de  telle  sorte  que  l'oreille  n'y  puisse 
être  trompée,  il  faut  nécessairement  que  le  verbe 
soit  mis  au  pluriel,  comme  en  cet  exemple  :  le 
peu  d'amis  qu'il  trouva  n'eurent  point  assez  de 
crédit  pour....  vaugei,.  Rem.  Notes  de  Th.  Corn. 
t.  Il,   p.  B(i),  dans  POUGENS. 

—  HIST.  xiv  s.  Mais  suffit  qu'isse  l'esperit  Géni- 
tif [générateur]....  l'Alch.  à  nat.  75).  |{  xV  s.  Mais 
failli  a  en  son  cas  génitif,  cii.  d'orl.  Rondel  68. 

—  ÉTYM.  Prov.  gent'ftu;  esp.  et  ital.  genitivo; 
du  lat.  genitivus  casus,  le  cas  qui  engendre;  dit 
ainsi  peut-être  parce  que  le  rapport  de  filiation, 
qui  s'exprime  aussi  par  le  génitif,  aura  été  pris  pour 
type  des  rapports  exprimés  par  ce  cas,  ou  plutôt 
parce  qu'on  rapportait  au  génitif  la  formation  des 
cas  obliques  et  do  tout  le  pluriel. 

t  GÉNITO-CRURAL,  ALE  (jé-ni-to-cru-ral,  ra-l'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  aux  orgaoes 
génitaux  et  à  la  cuisse. 

—  ETYM.  Génital,  et  crural. 

GÉNITOIRES  (jé-ni-toi-r') .  s.  m.  pi.  Terme  vieilli. 
Parties  qui  servent  à  la  génération  chez  les  miles. 
Couper  les  géniloires. 


GEN 

cband.  Oui  lui  rendit  sa  géniture,  m.  ih.  ix  ,  i. 
....Cent  secrets, Entreautresun  pour  avoir  gcniture, 
ID.  Mandr.  ||  Il  se  dit  aussi  des  animaux.  Il  advint 
qu'au  hibou  Dieu  donna  géniture,  id.  Fabl.  v,  l». 
L'oiseau  semble  avoir  prévu  tous  ces  dangers,  et,  par 
des  précautions  raisonnées,  les  avoir  écartés  de  sa 
géniture,  buff.    Ois.  t.  vi,  p.   204. 

—  HIST.  xvi'  s.  Les  enfants  qui  naissent  au  hui- 
tième mois  ne  vivent  gueres,  et  sont  appelles  geni- 
tures  de  la  lune,  paré,  xviii,  f6.  Envers  les  Grecs 
Alexandre  parloit  de  celle  géniture  divine  [par  l'in- 
tervention d'un  dieu]  plus  sobrement  et  modeste- 
ment, AMïOT,  Alex.  53.  Labienus  ne  peut  souffrir 
cette  perte  (de  ses  livres],  ny  de  survivre  à  cette 
sienne  si  chère  géniture,  mont,  ii,  9o.  , 

—  ÊTYM.  Provcnç.  espagn.  et  ital.  genitura;  àa 
lat.  genitura  ;  du  supin  genitum,  de  gignere,  en- 
gendrer. 

t  GENOPE  (je-no-p'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Bout  de  filin  employé  à  serrer  deux  cordages  l'un 
sur  l'autre,  afin  qu'ils  ne  puissent  glisser.  ||  Nom  de 
ce  genre  d'amarrage. 

t  GENOPÉ,  ÉE  (je-no-pé,  pce) ,  part,  passé  de  ge- 
noper.  Terme  de  marine.  Une  manœuvre,  des  ob- 
jets sont  genopés  lorsqu'ils  se  trouvent  engagés 
quelque  part.  ||  Fig.  Se  dit  d'une  personne  prise 
en  faute  et  punie  en  conséquence. 

f  GENOPER  (je-no-pé),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Serrer  fortement  deux  cordages  l'un  sur  l'autre. 

f  GÉJVOPLASTIE  (jé-no-pla-stie),  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Opération  par  laquelle  on  répare  les  per- 
tes de  substance  qu'éprouvent  les  joues  par  suite 
de  chancres,  d'ulcères. 

—  ETYM.  Lat.  gêna,  joue,  et  grec  ■K'/Âamiy,  for- 
mer, restaurer. 

GENOU  (je-nou.  Clufflet,  Gramm.p.  209,  dit  que 
ce  mot,  s'écrivant  genouil,  se  prononçait  néan- 
moins genou),  s.  m.  \\  1°  Partie  antérieure  de  l'ar- 
ticulation de  la  cuisse  avec  la  jambe.  Il  avait  mis 
[Salomon]  les  deux  genoux  en  terre,  et  tenait  les 
mains  étendues  vers  le  ciel,  saci.  Bible,  Hois,  m, 
VIII,  64.  Et  mes  genoux  tremblants  se  dérobent  sous 
moi,  RAC.  Phèdre,  i,  3.  Il  me  prit  sur  ses  genoux, 
FÉN.  TH.  m.  En  parlant  ainsi,  il  appuyait  son  large 
genou  contre  la  poitrine  de  son  adverse  partie,  volt. 
l'Ingénu,  3.  L'usage  a  toujours  subsisté  que  les  dé- 
putés du  tiers  état  parlassent  au  roi  un  genou  en 
terre,  ainsi  que  les  gens  du  parlement,  du  parquet, 
et  le  chancelier  même  dans  les  lits  de  justice,  iD. 
Mœurs,  83.  Le  munitionnaire  n'obtint  la  vie  qu'en 
se  traînant  longtemps  sur  ses  genoux  aux  pieds  de 
Napoléon,  séguh,  hist.  de  JVop.  ix,  4t.  ||  Populaire- 
ment. La  boîte  du  genou,  l'articulation  du  genou. 
Il  Mettre  à  genoux,  genre  de  punition  usité  dans  les 
écoles.  Il  Etre,  tomber,  se  prosterner  aux  genoux 
de  quelqu'un,  prendre  une  posture  de  suppliant 
devant  lui.  ||  Fig.  Être  aux  genoux  de  quelqu'un, 
lui  être  soumis,  obéissant.  Son  repentir  le  ramè- 
nera bientôt  à  vos  genoux.  {|  Fig.  Être  aux  ge- 
noux d'une  femme,  lui  témoigner  son  amour  par 
dos  respects  et  des  adorations.  L'orgueilleuse  m'at- 
tend encore  à  ses  genoux  ,  rac.  Andr.  n,  b. 
Il  Fléchir  les  genoux,  se  mettre  à  genoux.  Le 
prince  Iléchit  le  genou,  et,  dans  le  champ  de 
bataille,  il  rend  au  Dieu  clés  armées  la  gloire  qu'il 
lui  envoyait,  Boss.  Louis  de  Bourbon.  Fléchir  le  ge- 
nou devant  la  divinité,  mass.  Avent,  Circonc.  ||  Fig. 
Fléchir  ou  ployer  le  genou,  faire  acte  de  soumis- 
sion. En  vain,  pour  satisfaire  à  nos  lâches  envies, 
Nous  passons  prôs  des  rois  tout  le  temps  de  nos 
vies  À  souffrir  des  mépris  et  ployer  les  genoux, 
MALH.  I,  s.  Le  roi  ne  sera  pas  plutôt  en  chemin  que 
tout  fléchira  le  genou,  sêv.  439.  Il  n'a  devant  Aman 


HIST.  XIII*  s.   Le  jeu  parti  fut  tel,  ou  que  la   pu  fléchir  les  genoux,  rac.  Eslh.  m,  4.  ||  Fig.  Klé- 


ribaudc  le  menroit  [le  chevalier]  par  l'ost  en  che 
mise,  une  corde  liée  aus  gcnetoires,  ou  il  perdroit 
son  cheval  cl  s'armeure,  et  le  chasseroit  l'en  de 
l'ost,  joiNV.  267.  Il  XVI'  s.  Les  glandules  mamillairei, 
situées  aux  mammelles,  et  les  genitoires  au  scro- 
tum, PARÉ,  I,   17. 

—  ÊTYM.  Lat.  fictif,  genitorium,  de  genitorem, 
géniteur. 

t  GÉNITO-URINAIRE  (jé-n'-'o-"-"-n«-r'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Oui  a  rapport  tout  à  la  fois  aux 
fonctions  de  la  génération  et  à  l'excrétion  de  l'urine. 
Appareil  génito-urinaire.  Voies  génito-urinaires. 

—  ETYM.  Génital,  et  urinaire. 

GÉNITURE  (jé-ni-tu-r'),  ».  f.  Terme  familier. 
L'enfant  par  rapport  au  père  et  à  la  mère.  Et  de  ta 
propre  géniture.  Glouton,  tu  t'es  fait  nourriture, 
SCABRON,  Virg.  iv.  Ouand  la  mère  apaisant  sa  chère 
géniture,  la  font.  Fabl.  iv,  lo.  L'autre  vit  où  ten- 
dait cette  feinte  aventure  :  Il  rendit  le  fer  au  mar- 


chir  les  genoux  devant  les  idoles,  adorer  les  idoles. 
Il  On  dit  de  même  :  fléchir  les  genoux  devant  Baal. 
il  Les  genoux  fléchissent,  on  ne  peut  se  tenir  debout, 
on  tombe  à  genoux.  Il  me  fut  impossible  de  me 
traîner  seul  jusque-là;  mes  genoux  fléchissaient  sous 
moi,  il  fallut  que  l'on  me  soutint,  marmontel,  Mém. 
m.  Il  Fig.  Les  genoux  fléchissent,  on  fait  acte  de 
soumission.  Il  venait  d'épouser  la  nièce  d'un  mi- 
nistre devant  qui  tous  les  genoux  fléchis-saient, 
hamilt.  Gramm.  3.  ||  Embrasser  les  genoux  de 
quelqu'un,  se  prosterner  devant  lui  et  lui  prendre 
les  genoux  d'une  façon  suppliante;  locution  qui 
vient  de  l'usage  qu'avaient,  chez  les  anciens,  les 
suppliants  de  s'agenouiller  devant  la  personne 
qu'ils  suppliaient  et  de  lui  saisir  les  genoux.  Sei- 
gneur, c'est  donc  à  moi  d'embrasser  vos  genoux, 
rac.  Iphig.  III,  5.  Il  Fig.  et  familièrement.  Rompre 
l'anguille  au  genou,  voy.  anguille.  ||  X  genoux , 
les  genoux  en   terre.  Être  à  geaoïu   pour   prier. 


GEN 

Tomber,  se  jeter  à  genoux  devant  quelqu'un.    Cba* 
que  jour,  à   l'église,  il  venait  d'un  air  doux   Toii^ 
vis-à-vis  de  moi  se  meilru  à   deux  genoux,  MOU 
Tart.  I,  6.  Allons,  mettez-vous  à  genoux.  —  X  ga? 
noux?  —  Oui,   à   genoux    et  sans  tarder,  mol.  Gj^ 
Dand.  m,  14.  Elle  me  fit  mettre  à  genoux  auprfef 
de  son  lit,  sÉv.  <2.  Quand  Cortez arriva  dans  la  vill(^_ 
de  Mexico,  il  fut  reçu  par  Montezuma  comme  son 
maître,  et  par  les  habitants  comme  leur  dieu  ; 
se  mettait  à  genoux  dans  les  rues,  quand   un  vaW 
espagnol  passait,  volt.  Mœurs,  147.  Les  Anftiaisser» 
vent  leur  monarque  à  genoux,  mais  ils  le  déposent, 
l'emprisonnent  et  le  font  périr  sur  l'échafaud,  iD,  , 
Dict.  phil.  Contradiction.  ||  On  dit  aussi  :  se  mettre  ' 
à  deux  genoux.  Il  se  mit  à  deux  genoux  aussitôt  qu'il 
m'aperçut,  sÉv.  23,').  ||  Genou  terre!   commande- 
ment militaire  elliptique,  lorsque  le  premier  rang 
doit  mettre  un  geuou  en  terre  pour  faire  feu.  ||  X 
genoux!  locution  elliptique  par  laquelle  on  com- 
mande de  se  mettre  à  genoux Profanes,  à  ge- 
noux !   noiL.  Luir.  v.  |f  Fig.  A  genoux,  avec  une 
profonde  soumission.   Les  gardes  sans  tarder  l'ont  -i 
ouverte   [la  porte]  à  genoux,   rac.  Bajai.   m,   ». 
En   voyant  devant  moi   tout  l'empire  à  genoux, 
ID.  ib.  II,  I.  Un  peuple   obéissant  vous  attend  à  i 
genoux  Sous  un  ciel  plus  heureux  et  plus  digne 
de  vous,  ID.  Mithr.  i,  3.  Les  soudans  qu'à  genoux  | 
cet  univers  contemple,  volt.  Zaïre,  i,   2.  L'Amé- 
rique  à   genoux   adoptera  vos   mœurs ,    id.   Alx. 
I,  I .  Allez,  portez  en  pompe  et  servez   à  genoux 
L'idole   dont   le   poids  va  vous  écraser  tous,   :n. 
Fanât,  i,  i.  \\  Fig.  A  genoux,  en  suppliant.  V(  :  - 
Rome  à  genoux  vous  parle  par  ma  bouche,  coix. 
Cinna,  ii,  i.  Un  auteur  à  genoux,  dans  une  hum- 
ble préface.  Au  lecteur  qu'il  ennuie  a  beau  de- 
mander grâce,  BOiL.  Sat.  ix.  {|  Fig.  Demander  une 
chose  à  genoux,  à  deux  genoux,  la  demander  avec 
instance.  Les  autres,  éblouis  de  ses  moindres  ex- 
ploits. Sont  venus,  à  genoux,  lui  demander  des  lois, 
RAC.  Alex.  II,  2.  Se  plaignait  de  ses  eipportements, 
et  lui  demandait  à  deux  genoux  ses  conseils,  pour 
réussir  auprès  d'une  personne  dont  lui  seul  avait  vé- 
ritablement possédé  les  affections,  hamilt.  Gramm. 
8.  Il  Fig.  Être  à  deux  genoux,  se  mettre  à  deux  ge- 
noux, solliciter  très-vivement.  Il  était  à  deux  ge- 
noux devant  moi  pour  l'acheter,  damilt.  Gramm.  1 1. 
Luxembourg,  au  désespoir  de  se  voir  échapper  une 
si  facile  campagne,  se  mit  à  deux  genoux  devant  le 
roi  et  ne  put  rien  obtenir,  st-sim.  h,   127.  ||  Fig. 
Etre  à  genoux,  avoir  des  sentiments  serviles  par 
intérêt  ou  autrement.  Être  à  genoux  devant  quel- 
qu'un. C'est  un  homme  qui  est  toujours  à  genoux 
devant  le  pouvoir.  ||  Ironiquement.  On  dit  d'un 
chauve  :  sa  tète  est  comme  un  genou,  comme  son 
genou.   |l  Ce  couteau-là  coupe  comme  le  genou  de 
ma  grand'mère,  comme  un  genou,  il  ne  coupe  pas 
du  tout.  Il  i°  Genou  se  dit  aussi  des  animaux.  Le  ge- 
nou de  l'éléphant.   ||  Chez  le  cheval,  genou,  l'ar- 
ticulation complexe  formée  par  le  radius,  les  os 
carpiens  et  les  métacarpiens,  jj  Genou  de   bœuf, 
genou    trop  volumineux.    Genou  de  veau,   genou 
petit,    grêle  et   arrondi.    Genou   de    mouton,  ge- 
nou creux.  Genoux  trop  ouverts ,  genoux  portés  en 
dehors.  |{  3"  Terme  de  mécanique.  Boule  de  cuivre 
ou  d'autre  matière  solide  que  l'on  serre,  avec  une 
faible   pression,  entre  deux  capsules  hémisphéri- 
ques, et  que   l'on   met  en  haut  du  pied  qui  sou- 
tient certains  instniments,  de  façon   à  leur  per- 
mettre de  tourner  en  tous  sens.  Un  genou    pour 
porter  une  lunette.  Le  genou  d'un  graphomèlrc. 
il  4°  Appareil  qui,  dans  les  chemins  de  fer,  sert  à 
commander  les  freins.  ||  6°  Terme  de  marine.  Pièce 
de  bois  courbe  qui  est  entre  les  varangues  et  les 
allonges,  pour  former  la  rondeur  et  la  côte  d'un  na- 
vire. Il  Partie  d'un  aviron  comprise  entre  ia  poignée 
et  le  point  d'appui. 

—  REM.  L'Académie  écrit  genoax  par  un  x  au 
pluriel,  tandis  qu'elle  écrit  des  verrous  par  une  s; 
mot  qui  vient  d'une  finale  latine  en  ucuium,  «- 
ruculum,  comme  genou,  de  geniculum.  II  serait 
mieux  de  conserver  l'analogie  et  l'uniformité  et  de 
mettre  partout  des  s. 

—  HIST.  xr  s.  Sur  .son  genoill  [il]  en  fiert  son  dés- 
ire gant,  Ch.  de  liol.  CLXxxviii.  ||  xii*  s.  E  Helyes 
muntad  le  sumct  del  munt  de  Carmele,  si  se  mist 
par  terre  osa  face  entre  ses  genuils.  Rois,  p.  318. 
Il  nu*  s.  Li  mien  genoil  sunt  aflébli  pour  la  gcUnc 
[le  jeûne],  Psautier,  f°  (37.  Li  emperere»  Baudoins 
estoit  remis  en  Constantinoble,  et  li  quens  Hues  de 
Saint  Pol,  qui  malades  estoit  d'une  grant  maladie 
de  goûte  qui  le  tenoit  es  génois  et  es  pies,  villeh. 
cxxix.  X  nus  gcnous  sur  terre  «ouvent  [elle]  s'age- 
noilloit,  B(T(e.  xxviii.  Lors  [elle]  se  meti  gcnous,  U 


GEN 

terre  va  balsler,  Berte,  xxxix.  Et  est  l'un  [ami]  à  l'au- 
tre si  comme  li  genoils  à  la  jambe,  brun,  latini, 
Trésor,  p.  322.  Beîe  Erembors  à  lu  fenestre  al  jor  Sur 
ses  genoz  tient  paile  de  color,  Romancero,  p.  49. 
Au  tier  genoil  [à  la  troisième  génération],  Liv.  de 
jvst.  81.  Il  XV"  S.  Jean  qui  se  mit  à  un  genou  devant 
le  roi,  KHOiss,  1,  :,  308.  Le  temps  si  mal  se  disposa, 
que  par  son  ost  à  peine  pouvoit-on  aller,  et  estoient 
les  gens  en  la  boue  jusques  aux  genouils,  juv.  des 
ORS.  CImrlés  VI,  iioe.  Faire  le  petit  genoil  [faire 
la  révérence],  Aresta  amorum,  p.  (52,  dans   la- 

CURNE.  Il  XVI'  s afin  que  tout  genouil  se  fleschist 

devant  lui,  calv.  Imt.  350.  Elle  se  jeta  à  deux  ge- 
noux devant  son  frère  et  lui  dit....  marg.  Nouv.  xl. 
Ces  gens-là  n'oyent  la  messe  que  d'un  genou,  Sat. 
Mén.  p.  70.  Rcsnier,  le  vendredi ,  oiant  rompre  les 
portes  de  sa  chambre,  estoit  de  genoux  avec  son 
vallet  de  chambre  qu'il  avoit  convié  de  mourir  en 
chrestien,  d'aub.  Ilùt.  11,  23.  Ils  sont  à  cheval  et 
vous  à  genous,  m.  tb.  11,  186.  Le  mal  saint  genou 
[la  goutte],  outiiN,  Curios.  fr.  Il  a  les  genoils  gros, 
il  profitera,  id.  ib.  Ils  [les  anciens]  tomboient  aux 
genouils  pour  requérir  ou  saluer  un  grand,  mont. 

I,    37). 

—  ÉTirM.  Bourguig.  jenon ;  provenç.  genolh,  gi- 
nolh;  catal.  genoil;  anc.  espagn.  ginojo ;  ital.  ginoc- 
chio;  du  lat.  ge?ijcu(«m,  diminutif  de  genu,  genou; 
grec,  yovu  ;  allem.  Knie;  sanscrit,  jâHU.  Pour  dire  à 
genoux,  l'ancienne  languedisaltsouventàge«oiHo»is. 

t  GENODILLÉ,  ÉE  (je-nou-Ué, liée,  i(  mouillées), 
adj.  S'est  dit  quelquefoispourgéniculé  (voy.  cemol). 

GENOUILLÈRE  (je-nou-Uè-r',  Il  mouillées,  et  non 
je-nou-yè-r'),  s.  f.  ||  1°  Partie  de  l'armure  qui  re- 
couvrait le  genou  du  chevalier.  ||  2"  Partie  des  but- 
tes à  l'écuyère  qui  surpasse  le  genou.  Bottes  à  ge- 
nouillères. Il  3"'Ce  qu'on  attache  sur  le  genou  pour 
le  garantir.  Les  couvreurs  mettent  des  genouillères. 
Les  genouillères  do  cuir  du  ramoneur.  ||  Par  ex- 
tension, les  genouillères  d'un  cheval,  petite  enve- 
loppe de  cuir  recouvert  intérieurement  de  drap, 
qu'on  attache  aux  genoux  des  chevaux  quand  le 
verglas  ou  la  gelée  font  craindre  qu'ils  ne  tombent. 
Il  4°  Espèce  de  charnière  mobile  qui  sert  à  monter 
les  instruments  de  mathématiques.  ||  5°  P'usée  dont 
le  cartouche  est  coudé,  et  dont  on  se  sert  dans  les 
feux  que  l'on  tire  sur  l'eau.  ||  6°  Partie  la  plus  basse 
de  l'embrasure  d'une  batterie  de  canons. 

—  Hisr.  xvi"  s.  Armé  de  grèves,  genouillères, 
cuyssûts,  cuyrasse,  carloix,  vu,  (3. 

.  —  ÈTYM.  Genouil,  genou. 

t  GENOUILLET  (je-nou-Uè,  Il  mouillées),  s.  m. 
Un  des  noms  vulgaires  du  sceau  de  Salomon,  plante. 

t  GENODILLEUX,  EUSE  (je-nou-lleù  ,  Ueû-z', 
Il  mouillées),  adj.  Terme  do  botanique.  Plantes  ge- 
noullleuses,  celles  qui  ont  des  racines  épaisses,  peu 
enfoncées  dans  la  terre,  et  faites  de  plusieurs  pièces 
jointes  ensemble,  comme  la  jambe  et  la  cuisse  le 
sont  par  le  genou. 

GÉNOVÉKAIN  (jé-no-vé-fin),  s.  m.  Chanoine  de 
Sainte-Geneviève. 

-^  ÉTYM.  GcnoKe/a,  nom  latin  de  sainte  Geneviève, 
qui,  d'après  Mono,  serait  celtique  et  viendrait  de 
gen,  joue,  et  ytvef,  beau. 

GENRE  (jan-r'),  «.  m.  ||1°  Caractère  commun  à 
diverses  espèces  ;  ce  qui  comprend  plusieurs  espè- 
ces. Sous  le  genre  être  vivant,  il  y  a  deux  espèces 
comprises,  l'animal  et  le  végétal.  {|  Genre  supé- 
rieur, celui  qui  a  plus  d'extension  qu'un  autre.  Animal 
est  un  genre  supérieur  à  vertébré.  Genre  suprême, 
celui  qui  nepeut  plus  devenir  espèce  relativement 
à  un  genre  supérieur.  Êtres  vivants  est  le  genre 
suprême  par  rapport  à  animal  et  à  végétal. 
Il  2°  Terme  d'histoire  naturelle.  Assemblage  de 
corps  organiques  ou  Inorganiques  qui  constituent 
des  espèces,  et  qui  se  ressemblent  par  quelques  ca- 
ractères communs.  Dans  le  système  de  Linné,  les 
classes  se  divisent  en  ordres,  les  ordres  en  genres  et 
les  genres  en  espèces.  Toute  plante  a  deux  noms, 
celui  du  genre  et  celui  de  l'espèce.  La  plante  vul- 
gairement nommée  mille-feuille,  et  qui  fait  partie 
du  genre  achlllée,  est  appelée  par  les  botanistes 
achillée  mille-feuille,  ce  dernier  mot  servant  de  nom 
spécifi(|ue,  LEGOARANT.  Il  En  chimie,  genre  est  em- 
ployé, dans  la  nomenclature  des  sels,  pour  désigner 
toutes  les  combinaisons  salines  qui  ont  le  même 
acide  pour  principe  électro-négatif.  Les  azotates,  les 
carbonates,  les  chlorates,  les  sulfates,  etc.  forment 
autant  de  genres  particuliers  de  sels.  ||  3°  Par  exten- 
sion, genre  prend,  dans  le  langage  ordinaire,  le  sens 
d'espèce,  de  famille,  d'ordre,  de  classe.  11  y  a  divers 
genres  d'animaux,  do  plantes.  ||  Le  genre  humain, 
l'ensemble  des  hommes  considérés  collectivement. 
Jo  ver.x  qu'on  me  distingue,  et,  pour  le  trancher 


GEN 

net,  L'ami  du  genre  humain  n'est  point  du  tout  mon 
fait,  MOL.  Jfz's.  I,  (.  Chacun  doit  incompai-ablement 
plus  au  genre  humain,  qui  est  la  grande  patrie,  qu'à 
la  patrie  particulière  dontll  estné,FÊN.Piai.(icsmor(4- 
anc.  (Sacrale,  Àlcibiade).  Le  nombre  des  hommes 
qui  pensent  est  petit,  et  l'on  pourrait  dire  que  tout 
le  genre  humain  ressemble  au  corps  humain,  où  le 
cerveau,  et  apparemment  une  très-petite  partie  du 
cerveau,  est  tout  ce  qui  pense,  fonten.  Ressons.  Il 
viendra  des  écrivains,  dont  le  raisonnement  et  l'é- 
loquence persuaderont  tôt  ou  tard  aux  générations 
futures,  que  le  genre  humain  est  plus  que  la  patrie, 
ou  plutôt  que  le  bonheur  de  l'une  est  étroitement 
Hé  à  la  félicité  de  l'autre,  raynal,  Ilist.  phil.  vi, 
i8.  Il  4°  Sorte,  manière.  Ce  genre  d'ornement  ne  me 
plaît  pas.  Ce  genre  d'occupation  ne  saurait  vous  con- 
venir. Il  n'est  pas  Inouï  qu'une  femme  se  change  ; 
Mais  de  ce  changement  le  genre  est  bien  étrange, 
ROTR.  Bélis.  m,  fi.  Nouveau  genre  d'étude  et  pres- 
que inconnu  aux  personnes  de  son  âge  et  de  son 
rang,  ajoutons,  si  vous  voulez,  de  son  sexe;  elle 
étudiait  ses  défauts,  boss.  Duch.  d'Orl.  C'est  un  per- 
sonnage illustre  dans  son  genre,  la  bhut.  xi.  Dieux  ! 
quel  genre  inouï  de  trouble  et  de  supplice  !  volt. 
Alg.  V,  5.  Il  5°  Mode,  goût.  Vous  ne  connaissez  pas 
le  bon  genre.  Voilà  une  plaisanterie  de  bien  mau- 
vais genre.  Le  trait  est  charmant  et  du  meilleur 
genre ,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  le  Méchant  par  air,  v,  9. 
Il  Familièrement.  Sorte  d'affectation.  Il  se  donne 
un  genre.  Quel  genre  I  ||  Ironiquement.  Le  grand 
genre,  les  usages  du  grand  monde.  ||  6°  Terme  de 
littérature  et  de  beaux-arts.  Le  style  de  l'auteur;  la 
manière  de  l'artiste.  Son  genre  est  simple,  élégant. 
Ce  tableau  est  dans  le  genre  du  Corrége.  Comme  le 
genre  d'exécution  que  doit  employer  tout  artiste  dé- 
pend de  l'objet  qu'il  traite,  comme  le  genre  do  Pous- 
sin n'est  plus  celui  de  Teniers,  ni  l'architecture  d'un 
temple  celle  d'une  maison  commune,  ni  la  musique 
d'un  opéra- tragédie  celle  d'un  opéra  bouffon,  aussi 
chaque  genre  d'écrire  a  son  style  propre  en  prose  et 
en  vers,  volt.  Dict.  phil.  Genre.  Remarquons  ici 
qu'un  auteiu-  qui  s'est  fait  un  genre  de  style  peut 
rarement  le  changer  quand  il  change  d'objet  ;  la 
Fontaine  dans  ses  opéras  emploie  le  même  genre  qui 
lui  est  si  naturel  dans  ses  contes  et  dans  ses  fables, 
ID.  ib.  Il  Genres  de  style;  les  anciens  en  reconnais- 
saient trois,  le  sublime,  le  simple  et  le  tempéré. 
Il  7°  Espèce  de  composition  littéraire;  partie,  subdi- 
vision dans  les  beaux-arts.  Cet  écrivain  a  excellé  dans 
plusieurs  genres.  Le  genre  didactique,  descriptif.  Ce 
peintre  s'est  distingué  dans  le  genre  historique.  Cette 
danse  est  du  genre  noble.  J'irais  plus  haut  peut-être 
au  temple  de  mémoire.  Si  <lans  un  genre  seul  j'avais 
usé  mes  jours,  la  fout.  Poésies  mêlées,  lxix.  Vou- 
loir conserver  l'admiration  des  grands  modèles  en 
établissant  un  goût  qui  exclut  les  genres  nouveaux, 
c'est  faire  comme  les  Turcs,  qui  ne  savent  conser- 
ver la  vertu  de  leurs  femmes  qu'en  les  tenant  en  pri- 
son, TUiiGOT,  Ébauche  du  2'  dise.  Progrès  de  l'espr. 
hum.  p.  322.  Tous  les  genres  sont  bons  hors  le  genre 
ennuyeux,  volt.  ||  Absolument.  Peintre,  tableau  de 
genre,  peintre,  tableau  de  portraits,  de  fieurs,  d'in- 
térieurs, par  opposition  à  la  peinture  des  tableaux 
d'histoire  et  de  paysages.  Le  peintre  de  genre  a  sa 
scène  sans  cesse  présente  sous  les  yeux,  Dwv.^ùr,  Es- 
sai sur  la  peinture,  chap.  B.  Teniers,  Wouwermans, 
Greuze,  Chardin,  Loutberbourg,Yernet  même,  sont 
des  peintres  de  genre,  id.  ib.  ||  8°  Genres  rhythmi- 
ques,  théorie  toute  conventionnelle  et  très-fausse 
par  laquelle  les  anciens  cherchaient  à  s'expliquer 
l'harmonie  du  discours,  en  notant  le  rapport  des 
arsis  aux  thésis  dans  les  pieds  prosodiques.  Ils  re- 
connaissaient trois  genres,  le  genre  égal  quand 
l'arsis  était  égale  à  la  thésis,  comme  dans  le  spon- 
dée ou  le  dactyle:  le  double  quand  l'arsis  valait  le 
double  ou  la  moitié  de  la  thésis,  comme  dans  le 
trochée  ou  l'ïambe;  le  sescuple  quand  l'arsis  valait 
une  fois  et  demie  la  thésis,  ou  en  était  les  deux 
tiers  comme  dans  le  péon  âmâ  |  bilé.  Quelques-uns 
ajoutaient  le  surtiers  quand  l'arsis  valait  4  ou  3,  la 
thésis  valant  3  ou  4,  comme  dans  l'épitrite  pulchêr- 
rimô.  Il  Genres  en  musique;  pour  les  anciens,  c'é- 
taient les  diverses  manières  de  partager  la  quarte. 
Us  en  reconnaissaient  trois  :  le  genre  diatonique, 
que  l'on  partageait  en  un  ton,  un  ton  et  un  demi-ton, 
comme  chez  nous  ut,  ré,  mi,  fa;  le  chromatique, 
qui  la  divisait  en  un  ton  et  demi  et  deux  demi-tons, 
par  exemple  ut,  mi  bémol,  mi  naturel,  fa;  l'en- 
harmonique, qui  la  partageait  en  un  diton  (tierce 
majeure)  et  deux  quarts  de  ton,  ut,  mi,  mi  élevé 
d'un  quart  de  ton  et  fa.  ||  Chez  les  modernes,  les 
geiu'es  de  musique  portent  les  mêmes  noms  que 
chez  les  anciens,  mais  ils  représentent  tout  autre 


GEN 


1859 


chose,  savoir  la  loi  de  succession  des  notes  dan» 
des  séries  indéfinies.  Il  n'y  en  a  que  deux  réels  :  le 
genre  diatonique,  qui  procède  par  tons  et  demi- 
tons  dans  l'ordre  réglé  par  les  modes  majeur  et 
mineur,  et  le  chromatique,  qui  procède  par  demi- 
tons  consécutifs.  Le  genre  enharmonique  n'est  qu'une 
manière  d'écrire  ;  ut  diéze  étant  la  même  chose  que 
ré  bémol,  ré  diéze  la  même  chose  que  lui  bémol,  etc. 
Si  on  écrit  de  suite  deux  de  ces  notes  équivalentes, 
quoi(|ue  de  nom  ou  de  place  différente,  c'«3t  ce 
qu'on  appelle  enharmonie,  et  l'on  est  dans  le  genre 
enharmonh|ue.  ||  9"  Terme  de  grammaire.  Propriété 
qu'ont  les  noms  de  représenter  les  sexes,  et,  dans 
certaines  langues,  l'absence  de  sexe.  Le  genre  mas- 
culin. Le  genre  féminin.  Le  genre  neutre,  celui  qui 
n'appartient  ni  au  mâle  ni  à  la  femelle.  Les  langues 
romanes  ont  supprimé  le  genre  neutre  qui  apparte- 
nait au  latin  et  qui  en  effet  ne  répondait  plus  à  au- 
cune distinction  effective  entre  mâle  et  femelle. 
On  appelle  genre  ce  qui  distingue  un  nom  d'avec 
un  autre,  conformément  à  la  différence  que  la  na- 
ture a  mise  entre  les  deux  sexes;  ainsi,  selon 
cette  idée,  nous  avons  deux  genres  en  grammaire  : 
le  m.isculin,  comme- quand  nous  dLsons  le  soleil; 
et  le  féminin,  comme  quand  nous  dLsons  la  lune, 
d'olivet,  Ess.  gramm.  ch.  i,  §  1 .  ||  Genre  commun, 
se  dit  quelquefois  du  genre  des  mots  qui  ont  une 
même  terminaison  pour  le  masculin  et  le  féminin. 
Poète  est  un  substantif  du  genre  commun  ;  sage  est 
adjectif  du  genre  commun.  ||  Adjectif  des  deux  gen- 
res, adjectif  qui  n'a  qu'une  seule  terminaison  pour 
le  masculin  et  le  féminin.  ||  Fig.  On  ne  sait  de  quel 
genre  il  est,  s'il  est  mâle  ou  femeUe,  se  dit  d'un 
homme  trés-caché,  dont  on  ne  connaît  pas  les  sen- 
timents. Il  10°  Uans  le  langage  ordinaire,  le  genre 
nerveux,  l'ensemble  des  nerfs,  la  sensibilité  phy- 
sique. J'ai  le  genre  nerveux  tellement  irritable,  pi- 
card, Entrée  dans  le  monde,  1,  <u. 

—  HIST.  xv°  s.  Et  si  notre  foi  n'eust  esté  si  fort 
confirmée  au  humain  genre....  elle  eust  branlé  et 
croulé,  FROiss.  II,  m,  27.  Esmerillons,  huas,  cercel- 
les,  Et  maint  autre  gendre  d'oysoaulx,  e.  descii 
Poésies  niss.  f°  488.  ||  xvi'  s.  Tout  bien  vient  de  fé- 
minin gerre;  Comment  nacquistes-vous?  tous 
nuds,  Ainsi  que  povres  vers  de  terre,  1.  marot,  v, 
304.  Le  salut   du  genre  humain,  mont,  i,  377. 

—  ETYM.  Prov.  genre,  gendre;  espagn.  et  portug. 
genero;  ital.  génère;  du  latin  gmere,  ablatif  de  ge- 
nus;  grec,  ysvo;;  sanscr.  janus,  race  :  mots  dont 
le  radical  est  en  sanscrit  ja,jar.  ;  d'où  le  latin  gé- 
nère, gignere,  engendrer,  et  le  sanscrit  jajanmi, 
engendrer,  jayé,  naître. 

4 .  GENS  (jan  ;  \'s  se  Ile  :  des  jan-z  aimables  ;  quel- 
ques personnes  font  sentir  ïs  :  des  jans';  mais  c  est 
une  mauvaise  prononciation),  s.  pl.\H"  Nom  col- 
lectif signifiant  en  général  un  certain  nombre  de 
personnes;  dans  ce  sens,  gens  est,  suivant  l'emploi, 
tantôt  masculin,  tantôt  féminin  ;  voy.  les  remarques. 
Tous  les  honnêtes  gens.  Les  vieilles  gens.  Ce  sont 
des  gens  résolus.  Quelles  méchantes  gens!  Achillas 
et  Photin  sont  gens  à  dédaigner,  corn.  Pomp.  iv, 
3.  Tandis  que  leurs  suldats  en  des  camps  éloignés 
Prennent  l'ordre  sous  lui  de  gens  qu'il  a  gagnés, 
ID.  Attila,  :i,  <.  Les  Germains  comme  eux  devien- 
dront Gens  do  rapine  et  d'avarice,  la  font.  Fabl. 
XI,  7.  Plus  telles  gens  sont  pleins,  moins  ils  sont 
importuns,  id.  Fabl.  xii,  43.  Telles  gens  n'ont  pas 
fait  la  moitié  de  leur  course,  id.  ib.  m,  6.  Elle  ne 
manque  incontinent  de  dire  À  son  mari  l'amour  des 
deux  bourgeois.  Tous  deux  gens  sots,  tous  deux  gens 
à  sornettes,  id.  Remois.  Ma  langue  est  Impuissante, 
et  je  voudrais  avoir  Celles  de  tous  les  gens  du  plus 
e.\quls  savoir,  mol.  VÉt.  11,  U.  Il  y  a  de  sottes  gens 
qui  me  veulent  dire  qu'il  a  été  marchand,  id.  Bourg, 
gent.  iv,  B.  Ce  sont  [les  avocats]  gens  de  difficultés, 
ID.  Mal.  im.  1,  9.  Et  je  connais  des  gens  dans  Paris, 
plus  de  quatre.  Qui,  comme  ils  le  font  voir,  aiment 
jusques  à  battre,  id.  Fdch.  11,  4.  La  délicatesse  est 
trop  grande  dene  pouvoir  soullrirque  des  gens  triés, 
ID.  Critique,  I.  Toute  mon  ambition  est  de  rendre 
service  aux  gens  de  nom  et  de  mérite,  in.  Sici(.  H. 
Ces  gens,  dis-je,  qu'on  volt  d'une  ardeur  non  com- 
mune Par  le  chemin  du  ciel  courir  à  leur  fortune, 
ID.  Tart.  1,  6.  Pendant  qu'avec  un  air  assure  il  s'a- 
vance pour  recevoir  la  parole  de  ces  braves  gens, 
BOss.  Louis  de  Bourbon.  Les  irembleurs  [les  quao- 
kers],  gens  fanatiques  qui  croient  que  toutes  leurs 
rêveries  leur  sont  inspirées,  id.  Reine  d'Ang'.et.  Il 
[celui  qui  ne  croit  pas)  se  met  au  rang  des  gens 
désabusés,  il  insulte  en  son  cœur  aux  faibles  esprits 
qui  ne  font  que  suivre  les  autres  sans  rien  trouver 
par  eux-mêmes,  id.  Anne  de  Gonz.  Car,  grâce  au 
droit  reçu  chez  les  Parisiens,  G*u;  de  douce  natur» 


1860 


GEN 


et  maris  bons  chr^'tiens,  BOtt.  Sat.  x.  Quelles  gens 
êtes- vous?  quelles  sont  vos  affairés?  rac.  Plaid,  u, 
8.  Il  y  a  à  la  vilf'î,  comme  ailleui-s,  do  fort  soties 
gens,  des  gens  fades,  oisifs,  désoccupés,  la  bruy. 
VM.  Certaines  gens  qui  n'étaient  tombés  dans  la 
pauvreté  que  par  la  paresse  et  l'intempérance, 
VEBTOT,  Rév.  Tom.  i,p.  )<B.  Le  tout  exécuté  par  de 
belles  femmes,  par  des  jeunes  gens  bien  faits  qui 
ont  de  l'esprit,  devant  une  assemblée  qui  a  du  goût, 
VOLT.  Lelt.  CideviUe,  3  mars  1768.  La  plupart 
des  gens  en  place  n'aiment  point  les  gens  de 
lettres,  duclos,  Mém.  ileg.  (Muv.  t.  vi,  p.  159, 
dans  pouoENS.  On  demandera  peut-être  (car  on 
devient  curieux)  combien  de  gens  en  France 
ont  le  droit  ou  le  pouvoir  d'emprisonner  qui  bon 
leur  semble,  sans  être  tenus  de  dire  pourquoi, 
r.  L.  COUR.  Lett.  iv.  ||  Los  potites  gens,  les  gens  d'una 
condition  inférieure.  Et  puis,  à  dire  vrai,  les  dis- 
cours obligeants  Touchent  peu  s'ils  sont  faits  par  de 
petites  gens,  iiavie^ocue,  Bourg,  de  qualité,  v,  t. 
C'est ,  lui  dis-je,  que  le  terme  do  mon  père  est  trop 
ignoble,  trop  grossier;  il  n'y  a  que  les  petites  gens 
qui  s'en  servent,  Marivaux,  Paysan  pan.  i"  part. 
Ne  sais-tu  pas  que  les  petits  scrupules  ne  convien- 
nent qu'aux  petites  gens?  J.  J.  rouss.  Hél.  iv,  i.\. 
J'ai  su  depuis  que  c'était  le  protocole  de  Monseigneur 
en  [>arlant  aux  petites  gens,  marmontel,  Mérn.  viii. 
Il  De  bonnes  gens,  des  personnes  qui  ont  de  la  bonté, 
de  la  bonhomie.  Vous  croyez  cela,  bonnes  gens. 
Les  autres  animaux,  créatures  plus  douces,  lionnes 
gens,  <?'étonnaient  qu'il  criât  au  secours,  la  font. 
Fabl.  viii,  42.  Y  a-t-il  encoreau  monde  des  Voitu- 
res et  des  Malherbes?  bonnes  gens,  je  ne  vous  puis 
voir,  comme  dit  maître  François  dans  son  livre,  in. 
lett.  XXIV.  De  bonnes  gens,  qui  ne  vivent  que  pour  le 
plaisir  et  pour  la  joie,  qui  ne  haïssent  rien  que  ce 
qu'on  leur  fait  haïr,  ne  sont  que  ce  qu'on  veut  qu'ils 
soient,  Marivaux,  Paysan  parv.  4"  part.  ||  Bonnes 
gens,  se  dit  quelquefois  pour  personnes  d'un  âge 
avancé.  Ne  seraient-ce  point  mes  parents?....  si  les 
bonnes  gens  vivent  encore,  ils  ne  sauraient  être  fort 
éloignés  du  dernier  moment  de  leur  course,  la  font. 
Psyché,  I,  p.  83.  Il  Dans  le  langage  féodal,  bonnes 
gens  signifiait  des  hommes  recommandables  par 
leur  conduite  et  par  leur  position.  On  sommait  le 
seigneur  même  devant  bonnes  gens,  et  on  le 
faisait  sommer  par  le  souverain,  montesq.  JJsp. 
xxviii,  28.  Il  D'honnêtes  gens,  des  personnes  de  pro- 
bité ;  des  gens  honnêtes,  des  personnes  qui  ont  des 
manières  civiles.  Les  procureurs  du  roi  ne  sont  pas 
teulemrnt  d'honnêtes  gens  ;  ce  sont  encore  des  gens 
■  fort  honnêtes;  leur  correspondance  est  civile,  p.  l. 
COUB.  Lett.  IV  (voy.  à  honnête  le  sens  qu'avait  hon- 
nêtes gens  au  xvii*  s.),  jl  2"  Absolument.  Les  gens, 
les  hommes  en  général.  Presque  rien,  dit  le  chien, 
donner  la  chasse  aux  gens,  la  font.  fabl.  i,  i.  U  ne 
faut  jamais  dire  aux  gens  :  Écoutez  un  bon  mot,  oyez 
une  merveille  ,  m.  ib.  xi ,  9.  On  doit  se  regarder 
soi-même  un  peu  longtemps,  Avant  que  de  songer  à 
condamner  les  gens,  mol.  Mis.  m,  5.  ||  Les  gens,  se 
dit  parfois,  dans  le  langage  familier,  des  personnes 
qui  parlent,  à  qui  l'on  parle,  ou  même  d'une  seule 
personne.  Kt  regardez  un  peu  les  gens  [c'est-à-dire 
moi  qui  vous  parle]  sans  nulle  haine,  mol.  Tart.  u, 
*.  Les  gens  à  poëme  épique  et  à  éléments  de  New- 
ton [Voltaire  lui-même]  sont  des  gens  opiniâtres, 
VOLT.  ielt.  d'Argental,  2o  janv.  <"39.  Mais  vous 
pressez  les  gens  d'une  manière  étrange.  Il  le 
faut  avouer,  collin  d'hari.evu,le ,  Vieux  célib. 
Il,  8.  Il  faut  être  amoureux  ou  avoir  des  af- 
faires bien  pressantes,  pour  venir  de  si  bonne 
heure  chez  les  gens,  picard.  Deux  Philibert,  i, 
i.  Il  Se  connaître  en  gens,  discerner  les  caractè- 
res, les  sentiments  des  hommes.  Il  Vous  vous  mo- 
quez des  gens,  c'est  se  moquer  dos  gens,  se  dit  de 
celui  qui  fait  des  propositions  déraisonnables.  ||  Ces 
gens-là  se  dit  de  personnes  qui  .sont  placées  à  un 
endroit  où  nous  ne  sommes  pas.  Prenez  donc  garde, 
ces  gen.s-là  qui  nous  voient,  mais  qui  n'ont  pu  en- 
tendre ce  que  nous  disions,  vont  croire  que  je  vous 
pardonne,  collé, Partie  dechasse  de  Henri  IV,  i,  c. 
Il  Ces  gens-là,  sa  dit  aussi  par  dédain  de  personnes 
dont  on  parle.  Et  quelle  estime  voulez-vous  que 
nous  fasfions  du  procédé  irrégulier  de  ces  gen.s-li? 
MOL.  Prie.  se.  6.  Il  8»  Gens  suivi  de  la  préposi- 
tion de  et  d'un  substantif;  en  cet  emploi,  gens  est 
toujours  masculin.  Ayez  soin  que  tous  deux  fas- 
sent en  gens  de  creur,  corn.  Cid,  iv,  s.  Si  tant 
no  gens  de  coeur  font  des  vœux  pour  ta  mort, 
ID.  Cinna,  iv,  3.  Tous  deux  pour  leur  pays  sont 
morts  en  gens  d'honneur,  m.  Ilor.  iv,  2.  ||  Les 
gens  de  bien,  les  personnes  qui  ont  probité  et 
honneur.  Que  tous  les  gens  de  bien  vous  parlent 


GEN 

par  ma  voix,  corn.  Hor.  v,  2.  Nous  avons  ici  un 
Bodineau  qui  dit  sans  rougir  qu'il  faut  faire  ses 
affaires  à  quelque  prix  que  ce  soit,  que  gens  de 
bien  n'ont  pas  de  chausses,  oui  patin,  Lettres, 
t.  Il,  p.  3:i7.  Toutes  les  grimaces  étudiées  de  ces 
gens  de  bien  à  outrance....  mol.  1"  placel  au 
roi.  En  serons-nous  moins  gens  de  bien'?  aurons- 
nous  une  autre  morale  et  d'autres  principes 
d'honneur  et  de  vertu?  volt.  Quest.  miracles, 
lett.  13.  Il  Les  plus  gens  de  bien,  ceux  qui  ont  le 
plus  de  vertu.  Il  fait  paraître  du  zèle  dans  les 
choses  qui  ne  blessent  pas  son  ambition,  et  il  sem- 
ble même  vouloir  contenter  les  plus  gens  de  bien, 
Boss.  Polit.  VII,  III,  9.  Les  plus  gens  de  bien  sont  re- 
lâchés, BOURD.  Dominicales,  i ,  Af[lict.  des  justes, 
127.  Mais  les  plus  gens  de  bien  n'en  font  pas  de 
scrupule,  dites-vous,  mass.  Confér.  Amb.  des  clercs. 
Il  Les  gens  du  monde,  les  personnes  qui  vivent 
dans  la  société,  par  opposition  aux  personnes  qui 
vivent  dans  la  retraite.  Loin  de  trembler  devant  les 
autels,  on  y  méprise  Jésus-Christ  présent....  gens 
du  monde,  vous  ne  pensez  pas  à  ces  horribles  pro- 
fanations, BOss.  Louis  de  Bourbon.  C'est  le  reproche 
ordinaire  que  font  les  gens  du  monde  à  ceux  qui  le 
quittent,  rollin,  Hist.  anc.  liv.  xxv,  ch.  i,  art.  2. 
Il  Gens  du  monde,  se  dit  quelquefois  par  opposition 
aux  gens  qui  ont  une  profession  savante.  Les  gens 
du  monde  commettent  les  plus  grandes  bévues 
quand  ils  parlent  de  médecine.  ||  Gens  de  main, 
hommes  habitués  à  combattre,  capables  de  coups 
hardis.  Mais  ces  paysans,  mêlés  d'anciens  soldats, 
la  plupart  gens  de  main...  chargèrent  les  bourgeois 
à  coups  do  pierres  et  de  hâtons,  vertot,  liévol. 
rom.  x,  p.  (0.  Il  Des  gens  de  sac  et  de  corde,  des 
hommes  capables  des  plus  grands  crimes  et  dignes 
des  plus  grands  châtiments.  {]  Être  gens  à....  être 
capables  de.  Adieu;  ne  craignez  rien,  Achillas  et 
Photin  Ne  sont  pas  gens  à  vaincre  un  si  puissant 
destin,  corn.  Pomp.  iv,  5.  ||  Vous  nous  prenez  pour 
des  gens  de  l'autre  monde,  vous  nous  prenez  pour 
des  ignorants  ou  des  niais.  ||  Vous  nous  prenez  pour 
des  gens  de  delà  l'eau,  c'est-à-dire  pour  des  gens 
qui  ne  savent  ni  nouvelles  ni  affaires.  ||  4"  Gens  sert  à 
désigner  certaines  classes  de  personnes,  certaines 
professions;  en  ce  sens  il  est  toujours  masculin. 
Les  gens  de  finance.  Gens  d'Église,  ceux  qui  com- 
posent le  clergé.  ||  Gens  d'épée,  les  militaires.  ||  Les 
gens  de  robe,  ceux  qui  portent  la  robe  au  palais, 
qui  rendent  les  jugements,  plaident  les  causes,  etc. 
J'y  trouvai  cinq  ou  six  dames  et  trois  messieurs, 
dont  deux  me  parurent  des  gens  de  robe ,  et  l'autre 
d'épée,  MARIVAUX,  Marianne,  c  part.  ||  Les  gens 
du  roi,  les  procureurs  et  avocats  généraux,  et  ceux 
qu'on  désignait  sous  les  noms  de  procureurs  ou  avo- 
cats du  roi.  J'ai  plaint  les  peuples  qu'on  abuse,  J'ai 
chansonné  les  gens  du  roi,  bêrang.  Épitaphe.  ||  Il 
se  disait,  dans  les  ordonnances,  dans  les  édits,  dos 
parlements  et  autres  compagnies  de  justice.  Les 
gens  tenants  la  cour  de  parlement.  Les  gens  te- 
nants la  cour  des  aides.  ||  Gens  d'armes,  cavaliers 
des  anciennes  compagnies  d'ordonnance  (écrit  plus 
ordinairement  en  un  seul  mot  ;  voy.  gendarme). 

Il  Gensde  guerre,  les  militaires Qu'Antoine  a  mis 

à  terre  Ce  qui  dans  ses  vaisseaux  restait  de  gens 
de  guerre,  corn.  Pomp.  v,  3.  Sa  conversation  était  un 
charme,  parce  qu'il  savait  parler  à  chacun  selon  ses 
talents,  et  non-soulemcnt  aux  gens  de  guerre  de  leurs 
entreprises...  boss.  Louis  de  Bourbon.  On  comptait 
[chez  les  Juifs]  pour  gens  de  guerre  tous  ceux  qui 
étaient  en  âge  de  servir,  et  cet  âge  était  fixé  de- 
puis vingt  ans  et  au-tlessus,  fleurt.  Mœurs  des 
Israël,  tit.  xxvi,  2»  part.  p.  326,  dans  pougens. 
Il  Gens  de  pied,  gens  de  cheval,  iuianterie,  cava- 
lerie. Les  ennemis  avaient  quatre  cent  cinquante 
enseignes  de  gens  de  pied,  distribués  en  difl"érents 
corps  d'armée,  sans  compter  la  cavalerie,  vertot, 
Bérol.  rom.  xi,  p.  04.  {|  Dans  l'antiquité,  gens  do 
trait,  soldats  qui  lançaient  des  traits.  Elle  était 
composée  de  soixante  et  treize  galères,  qui  por- 
taient cinq  mille  combattants  et  environ  trois  mille 
tant  archers  que  frondeurs  et  gens  de  trait,  rollin, 
Hist.  anc.  i)t^uvres,  t.  m,  p.  689,  dans  pougens. 
Il  Terme  de  marine.  Les  gens  de  mer,  tous  les 
hommes  non  brevetés  par  l'État  qui  font  le  métier 
de  marin.  ||  Les  gens  de  cour,  les  courtisans.  Je 
sais  des  gens  de  cour  quelle  est  la  politique,  corn. 
Poly.  V,  4.  \\  Gens  d'afl"aires,  les  hommes  qui  s'oc- 
cupent d'affaires  de  bourse,  de  banque,  de  com- 
merce, de  transactions  diverses.  ||  Les  gens  de  let- 
tres, les  hommes  livrés  à  la  culture  des  lettres.  U 
n'y  a  que  les  vrais  gens  de  lettres  qui  n'aient  point 
d'intrigues,  voi.t.  Lelt.  Damilavillc,  22  mai  1765. 
Celui  qui,  n'ayant  lu  que  des  romans  ne  fera  que 


GEN 

des  romans;  celui  qui,  sans  aucune  littérature, 
aura  composé  au  hasard  quelques  pièces  de  théâtre  ; 
qui,  dépourvu  de  science,  aura  fait  quelques  ser- 
mons, ne  sera  pas  compté  piirmi  les  gens  de  let- 
tres, ID.  Dict.  phil.  Gens  de  lettres.  Aujourd'hui 
cette  critique  [des  anciens  textes]  est  moins  néces- 
saire, et  l'esprit  philosophique  lui  a  succédé;  c'est 
cet  esprit  philosophique  qui  semble  constituer  le 
caractère  des  gens  de  lettres;  et,  quand  il  se  joint 
au  bon  goût,  il  forme  un  littérateur  accompli,  id. 
16.  On  est  quelquefois  étonné  que  ce  qui  boulever- 
sait autrefois  le  monde  ne  le  trouble  plus  aujour- 
d'hui ;  c'est  aux  véritables  gens  de  lettres  qu'on  en 
est  redevable,  id.  ib.  Nos  gens  dje  lettres  sont  pai 
leurs  habitudes  en  contradiction  avec  le  sérieux  do 
l'histoire,  chateaubr.  Génie,  m,  m,  4.  ||  La  Société 
des  gens  de  lettres,  société  composée  de  gens  de 
lettres  et  s'occupant  de  leurs  intérêts.  ||  5°  Ceux 
qui  sont  d'un  parti;  troupe  soit  d'une  nation  en 
guerre,  soit  d'un  meneur  quelconque;  en  ce  sens 
il  est  toujours  masculin.  Dix  de  nos  gens  y  péri- 
rent. La  moitié  de  tes  gens  doit  occuper  la  porle , 
corn.  Cinna,  v,  t.  Peignez-lui  bien  nos  gens  p.lles 
et  désolés,  ID.  Pomp.  m,  I .  Ces  mutins  ont  pour 
chef  les  gens  de  Laodice,  m.  Nicom.  v,  3.  Judas 
avec  ses  gens  les  poursuivit  jusqu'à  Gezeron  et 
ju»]u'aux  campagnes  d'Idumée,  saci.  Bible,  Macli. 

I,  IV,  4B.  Spendius,  le  chef  des  révoltés,  craignit 
que  cette  douceur  affectée  de  Barca  ne  lui  fit  per- 
dre beaucoup  de  ses  g"ns,  rollin,  Hist.  anc.  O'mv. 
t.  I,  p.  3.51,  dans  pougens.  ||  Ceux  qui  sont  d'une 
même  société.  Tous  nos  gens  sont  arrivés,  faites 
servir  le  dîner.  ||  6°  Les  domestiques,  les  person- 
nes à  la  suite;  en  ce  sens,  on  ne  le  dit  guère  que 
de  cette  façon  :  les  gens  de  M.  un  tel,  et,  avec  les 
adjectifs  possessifs:  mes  gens,  ses  gens,  vos  gen-i. 
nos  gens,  leurs  gens,  etc.  Alors  il  est  d'ordinaire 
sans  épithète  qui  précède,  et  par  conséquent  mas- 
culin; mais  sans  doute  on  dirait  au  féminin  :  les 
maladroites  gens  de  M.  un  tel.  Allons  donc,  mon 
carrosse  !  où  est-ce  qu'est  mon  carrosse  ?  mon  Dieu  I 
qu'on  est  misérable  d'avoir  des  gens  comme  cela  I 
MOL.  PouTC.  m,  2.  Almanzor,  dites  aux  gens  de 
M.  le  marquis  qu'ils  aillent  quérir  des  violons,  lu. 
Préc.  <  2.  Un  de  mes  gens  la  garde  au  coin  de  ce 
détour,  ID.  Éc.  des  femm.  v,  2.  Ah  !  les  sottes  gens 
que  nos  gens!  Marivaux,  Jeux  de  l'am.  et  du  has.  v., 
6.  Élever  un  enfant  comme  devant  être  sans  cesse 
entouré  de  ses  gens,  j.  j.  rouss.  Ém.  1.  {|  7°  Bêtes  et 
gens ,  les  personnes  avec  les  chevaux,  avec  les  mulets 
qui  leur  servent.  L'espace  est  étroit,  mais  nous  trou- 
verons le  moyen  de  loger  tout  le  monde,  bêtes  et 
gens.  Il  II  n'y  a  ni  bêtes  ni  gens,  se  dit  d'un  lieu 
désert.  ||  Proverbes.  Il  y  a  gens  et  gens,  c'est-à-dire 
les  personnes  sont  fort  différentes.  ||  X  gens  de  vil- 
lage, trompette  de  bois,  c'est-à-dire  il  faut  que  les 
choses  de  chacun  soient  proportionnées  à  .sa  condi- 
tion; cela  se  dit  aussi  pour  marquer  que  les  person- 
nes dont  on  parle  ne  se  connaissent  point  aux  bel- 
les choses. 

—  REM.  Ce  mot  présente  la  singularité  d'être  tan- 
tôt masculin,  tantôt  féminin,  suivant  la  place  de 
l'adjectif;  ceci  est  dû  à  une  lutte  entre  le  genre  pro- 
pre de  gens  qui  est  le  féminin,  et  le  genre  de  l'idée 
qu'il  e.xprime  [hommes,  individus]  qui  est  mascu- 
lin. Cette  lutte  a  donné  lieu  aux  règles  suivantes. 
Il  1.  Il  veut  au  féminin  les  adjectifs  ou  les  partici- 
pes qui  le  précèdent,  et  au  masculin  ceux  qui  le  sui- 
vent :  de  vieilles  gens,  des  gens  résolus.  {|  2.  Qu.and 
deux  adjectifs  s'y  rapportent,  celui  qui  précède  est 
mis  au  féminin  et  celui  qui  suit,  au  masculin;  c'est 
la  même  chose  pour  les  participes.  Il  y  a  de  certai- 
nes gens  qui  sont  bien  sots.  Certaines  gens  étudient 
toute  leur  vie;  à  la  mort,  ils  ont  tout  appris,  excepté 
àpenser.  Ce  sont  les  meilleures  gens  que  j'aie  jamais 
vus.  On  trouve  dans  les  éditions  de  la  Bruyère  Cer- 
taines gens  que  le  hasard  seul  a  placées,  i.a  bruy. 

II.  Aujourd'hui  on  écrirait  placés.  ||3.  L'adjectif  ou 
le  participe  mis  en  tète  du  membre  de  plirase  où 
gens  est  sujet,  se  met  toujours  au  masculin.  Déchus 
comme  ils  sont  de  leurs  honneurs,  ces  gens  n'en  pa- 
rais.sent  pas  moins  heureux.  Instruits  par  l'expé- 
rience, les  vieilles  gens  sont  prudents.  ||  4.  Quand 
gens  est  précédé  d'un  adjectif  des  deux  genres,  on 
met  toiisau  masculin;  quand  il  l'est  d'un  adjectif  fé- 
minin, on  met  toutes  au  féminin  :  tous  les  honnête» 
gens,  toutes  les  vieilles  gens.  ||  B.  Tous  se  met 
au  masculin,  lorsque  gens  est  suivi  d'une  épi- 
thète ou  de  quelque  autre  mot  déterminatif  :  tous 
les  gens  sages,  tous  les  gensde  coeur,  tous  ces  gens- 
ci,  tous  ces  pauvres  gens.  ||  6.  Par  analogie  avec  le 
cas  précédent,  tous  devant  tes  gens  se  met  au  mas- 
culin, quand  bien  même  les  gens  n'est  suivi  d'aucun 


GEN 

déterminalif.  Vous  autres  fortes  têtes,  Vous  voilà , 
TOUS  prene;;  tous  les  gens  pour  des  bêtes,  gbesset, 
lléch.  I,  4.  li  7.  Si,  avec  totis,  gens  n'est  pas  ac- 
compagné de  l'article  ou  de  ce  qui  en  tient  lieu, 
tous  se  met  au  féminin,   quand  même  gens  aurait 

aprts  lui  une  qualification  marquée  par  de Le 

chat  grippe-fromage,  Triste  oiseau  le  hibou,  ronge- 
maille  le  rat,  Dame  belette  au  long  corsage,  Toutes 
gens  d'esprit  scélérat.  Hantaient  le  tronc  pourri 
d'un  pin  vieux  et  sauvage,  la  font.  Fabl.  viu,  22. 
Cependant,  en  cet  emploi,  en  nuançant  autrement 
l'idée,  on  peut  mettre  tous  au  masculin  :  Le  maire, 
le  notaire,  les  conseillers  municipaux,  tous  gens 
bien  connus,  c'est  comme  si  l'on  disait  :  tous, 
gens  bien  connus.  ||  8.  Gens  est  toujours  masculin 
quand  il  désigne  une  profes.sion,  une  qualité:  gens 
de  lettres,  gens  de  guerre,  gens  de  cour,  etc. 
Il  9.  Dans  le  xvii"  et  le  xviii*  siècle ,  plusieurs 
disaient  gens  avec  un  nombre  déterminé  ;  ce  qui 
d'ailleurs  n'était  qu'un  archaïsme  (voy.  l'historique). 
Mettre  des  compliments  d'amour  suivis  entre  deux 
gens  qui....  corn.  Veuve,  Examen.  Il  y  a  là  vingt 
gens  qui  sont  fort  assurés  de  n'entrer  point,  mol. 
l'Impromptu,  3.  Deux  gens  qui  auraient  le  malheur 
d'être  sourds,  aveugles  et  muets,  didkb.  Lett.  sur 
les  aveugles.  Mais  Vaugelas,  Ménage  et  Bouhours 
se  sont  accordés  pour  prononcer  que  cela  ne  valait 
rien  et  que  c'était  une  faute  de  dire  :  dix  gens,  six 
gens,  quatre  gens.  Cette  décision  est  bonne,  malgré 
les  autorités,  attendu  que  gens  est  un  nom  collectif 
Maison  peut  dire  mille  gens,  quand  on  donne  au  mot 
mille  un  sens  indéfini  :  J'ai  vu  mille  gens  sur  la  place. 
Moi,  je  serais  cocu? — Vous  voilà  bien  malade  !  Mille 
gens  le  sont  bien,  sans  vous  faire  bravadî.  Qui  de 
mine,  de  cœur,  de  biens  et  de  maison.  Ne  feraient 
ivec  vous  nulle  comparaison,  mol.  Éc.  des  f.  iv,  8. 
On  dil  dans  le  même  sens  un  millier  de  gens:  Il  y  a 
un  millier  de  gens  qui  voudraient  être  à  votre  place. 
Il  10.  Si  gens  est  précédé  d'un  adjectif,  on  pourra 
très-bien  y  joindra  tel  nom  de  nombre  qu'on  vou- 
dra :  dix'jeunes  gens;  trois  vieilles  gens;  ces  qua- 
tre honnêtes  gens.  ||  11.  On  dit  habituellement  :  ce 
sont  des  jeunes  gens  et  non  de  jeunes  gens,  à 
cause  que,  l'adjectif  étant  accolé,  j"une3  gens  est 
regardé  comme  un  mot  unique.  Autrefois  on  disait 
souvent  (et  il  n'y  aurait  aucune  faute  à  le  dire  en- 
core aujourd'hui)  :  de  jeunes  gens.  Ses  travaux  et 
ses  peines  [de  l'amourj  Veulent  de  jeunes  gens, 
iJALn.  II,  (2.  Avint  qu'un  soir  Camille  régala  De 
jeunes  gens,  la  font.  Court.  Une  exactitude  qui  ne 
convient  p;is  à  de  jeunes  gens,  sév.  4:î3.  ||  12.  Jeunes 
gens  est  toujours  masculin. 

—  SYN.  GF.NS,  PERSONNES.  Ce  qui  distingue  ces 
àeuK  mots,  c'est  que  gens  est  toujours  un  nom  col- 
lectif, et  personnes,  même  au  pluriel,  un  nom  tou- 
jours individuel.  Aussi  l'on  dit  vingt  personnes, 
mais  non  vingt  gens  ;  et,  réciproquement,  on  dit  les 
gens  de  guerre  et  non  les  personnes  de  guerre. 

—  lllST.  XII'  s.  De  près  l'enchâssent  les  gent  de 
bonne  foi,  Tîonc.  p.  4  83.  Mais  tant  enquierent  fé- 
lon, Losengier  et  maies  gens.  Coud,  xv.  ||xm'  s.  Et 
moult  i  ot  gens  navrés  et  mortes,  villeh.  xlix.  En 
la  terre  le  conte  de  Champagne  se  croisa  Garniers  li 
vesques  de  Troies....  et  maintes  autres  bonnes  gens 
dont  li  livres  ne  fait  mie  mention,  m.  m.  Les  gent 
de  celle  terre  en  pleurèrent  forment,  Berte,  vu. 
Que  m'est-il  avenu?  qu'ont  ces  gens  empensé?  ib. 
XV.  Je  suis  des  gens  le  roi  cui  douce  Franco  apent, 
ib.  ex.  Puisqu'ainsi  est  que  [vous]  estes  des  gens  à 
nostre  roy,  ib.  cxvi.  Pour  ces  trois  gens  Qui  ont  pel 
de  beste  afublée,  Le  dit  du  buef.  Aucunes  fois  avient 
il  que  deus  gens  qui  sont  en  mariage  se  départent 
par  lor  volenté  et  par  le  gré  d?  sainte  Eglise,  bealm. 
wiii,  21.  Et  borgesie  ne  gens  de  basse  main  ne 
pueple  [ne  doivent  pas  estre  ensi  menés]  corne  che- 
valiers, Ass.  de  Jér.  i,  24.  Le  roy  d'Ermenie  amena 
si  grant  foison  de  gens  d'armes  que  il  ot  pooir  de 
combattre  au  soudanc  du  Coyne  [d'Iconium],  joinv. 
ït  2.  Ce  sont  les  gens  ou  monde  qui  plus  honneurent 
gcn.s  anciennes,  id.  222.  ||  xv"  s.  Adonc  s'ordonne- 
rent-ils  moult  sagement  [les  Anglois  de  Berglies] 
....et  firent  retraire  toutes  les  dames  et  les  femmes 
de  la  ville  en  l'église  et  aussi  tous  les  enfans  et 
les  anciennes  gens,  froiss.  ii,  ii,  212.  Toutes  gens 
dont  il  avoit  l'obéissance,  id.  h,  11,  t.  Là  estoient 
avec  le  duc  d'Anjou  grands  gens  et  nobles,  m.  11, 
II,  3.  Et  vinrent  les  gens  d'Eglise  à  rencontre  du 
corps,  III.  II,  II,  57.  Si  se  doit-on  grandement  esmcr- 
veiller  comment  si  belles  gens  d'armes  se  purent 
partir  sans  bataille,  m.  i,  i,  93.  Nouj  ne  sommes 
pas  gens  pour  combattre  le  roi  de  France,  m.  11,  ii, 
2)2.  Seule,  sans  per,  de  toutes  gens  louée,  Et  dotons 
biens  entièrement  douée,  ch   d'obl.  Bail.  23.  Je  ne 


GEN 

suy  pas  de  ces  gens-là  A  i|ui  fortune  plaist  et  rit,  iD. 
Rondeau.  Les  princes  vcnans  à  l'aage  d'homme,  la 
pluspart  des  gens  taschent  à  leur  complaire,  comm. 
Prol.  Et  pour  aller  prendre  possession  dudit  pays 
estoit  allé  monseigneur  de  Chasteauguyon  et  autres 
pour  le  duo  de  Bourgogne  pour  faire  gens,  id.  v, 
2.  En  ladicte  bataille  estoient  mors  huyt  mil 
hommes  du  party  dudit  duo  prenans  gages  de  luy 
et  autres  menues  gens  assez,  m.  v,  3.  L'entre- 
prise sembloit  à  toutes  gens  sages  et  expérimentez, 
très  dangereuse,  id.  vu,  i.  Parce  que  souvent 
petits  gens  en  menoient  grand'noise ,  id.  ib.  Ve- 
nez-y tost  sans  nul  estrif,  Clercz  de  pratiques 
diligens  Qui  congnoissez  si  bien  vos  gens,  villon, 
Repues  franches.  ||  xvi'  s.  Les  vieilles  gens  tu  rens 
fortes  et  vives  :  Les  jeunes  gens  tu  fais  récréatives, 
A  chasse,  à  vol ,  à  tournois  ententives  Et  esbats 
maints,  marot,  11,  268.  Par  gens  brutaux  passés  au 
gros  tamis,  m.  v,  353.  Exécrable  lignée  de  meschaiis 
gens,  calv.  Instit.  286.  Il  voit  les  embusches  (jue 
font  de  loin  les  fines  gens  pour  attraper  les  simples 
en  leurs  rets,  ro.  Inst.  306.  Ces  bonnes  gents  [hom- 
mes d'honneur],  mont,  i,  24.  11  ne  peut  tenir  la 
bride  à  ses  gents,  id.  i,  27.  Gents  de  pied....  gents 
de  cheval,  id.  i,  48.  Un  tas  de  gens,  id.  i,  248.  Sot- 
tes gents,  ID.  I,  248  [Un  roi  doit]  tenir  tousjouis  au- 
près de  luy  gens  de  sçavoir  et  de  vertu,  amyot, 
Moral.  ÉpU.  p.  12.  Gens  de  M.  de  Roquelaure  ;  qui 
toque  l'un  toque  l'autre  [s'est  dit  de  gens  qui  pren- 
nent fait  et  cause  les  uns  pour  les  autres],  oudin, 
Curios.  fr.  Gens  de  bien  sont  toujours  gracieux, 
COTGRAVE.  X  gens  de  bien  on  ne  perd  rien,  id.  De 
gens  de  bien  vient  tout  bien,  m.  Tant  de  gens,  tant 
de  guises,  id. 

—  ÉTYM.  fîcnsest  le  pluriel  de  gent  i;  picard,  (^.c/cms. 
I  2.  GENS    (jins'),  s.  f.  Mot  latin  qui  se  dit  en 

fait  d'histoire  romaine,  et  qui  est  l'appellation 
technique  de  la  réunion  des  anciennes  familles  pa- 
triciennes qui  portaient  le  même  nom  et  qui 
étaient  censées  issues  de  la  même  souche.  Une 
gens  comprenait  plusieurs  familles.  La  gens  Fabia. 
La  gens  Cornclia.  |(  Au  pluriel,  on  dit  les  gentes 
(prononcez  jin-tè.s'). 

—  ETYM.  Lat.  gens,  race,  nation  (voy.  cent  ))• 

(.  GENT  0^").  *•  f-  il  *"  '*'*  *"'9-  N«^t'On)  ^ce, 
ô  combien  lors  aura  de  veuves  La  gent  qui  porte 
le  turban!  mai.h.  m,  4.  Car  elle  avait  appris  de  la 
bouche  des  Parques ,  Que  du  haut  sang  troyen  , 
semence  des  monarques.  Descendrait  une  gent  in- 
vincible aux  combats,  card.  duperron,  Enéide,  1. 
De  cette  gent  farouche  adoucira  les  mœurs,  segrais, 
Enéide,  v.  ||  Cet  emploi,  dans  le  style  noble,  tombe 
en  désuétude;  cela  est  iScheux.  ||  2°  Au  sing.  Le 
style  familier  use  aujourd'hui  de  ce  mot  pour  si- 
gnifier race,  espèce.  Il  dit  qu'jEnéas  et  sa  gent  Ne 
valait  pas  beaucoup  d'argent,  scarron,  Virg.  viii. 
La  gent  à  grègues  retroussées  [les  pages],  id.  dans 
LE  ROUX,  Dict.  comique.  Vive  la  gent  qui  fend  les 
airs  !  la  font.  Fabl.  11,  5.  La  gent  trotte-menu  s'en 
vient  chercher  sa  perte,  id.  ib.  m,  48.  Longtemps 
entre  nos  coqs  le  combat  se  maintint....  La  gent  qui 
porte  crête  au  spectacle  accourut,  id.  ib.  vu,  4  3. 
Ils  devraient ,  ces  auteurs ,  demeurer  dans  leur 
grec,  Et  se  contenter  du  respect  De  la  gent  qui 
porte  férule;  D'un  savant  traducteur  on  a  beau 
faire  choix.  C'est  les  traduire  en  ridicule  Que  de  les 
traduire  en  françois,  perrault.  Parallèle  des  an- 
ciens et  des  modernes,  à  la  fin  de  la  préface. 
Pour  peu  qu'ils  fussent  au  fait  de  ce  qui  se  passe 
aujourd'hui  chez  la  gent  comique,  ils  y  trouve- 
raient bientôt  un  sens  clair,  le  sage,  Diable  boit. 
chap.  46.  Contre  la  gens  hypocrite  Voyez  son  malin 
courroux,  bérang.  Ermite.  \\Fig.  La  gent  mouton- 
nière, ceux  qui  suivent  l'impulsion  donnée  par  les 
autres.  |1  3'  Au  plur.  Le  droit  des  gens,  le  droit  des 
nations  (ici  gens  s'écrit  toujours  sans  t);  dans  le 
droit  romain,  et  par  suite  dans  l'ancien  droit  fran- 
çais et  dans  beaucoup  de  locutions  qui  en  provien- 
nent, il  signifie  droit  naturel,  c'est-à-dire  les  règles 
de  l'équité  naturelle  qui  sont  communes  à  toutes 
les  nations.  ||  Aujourd'hui,  on  entend  par  droit 
des  gens  le  droit  de  nation  à  nation,  tant  le  droit 
diplomatique  positif  résultant  des  traités,  que  le 
droit  international,  ensemble  de  règles  coutumicres 
ou  écrites  qui  règlent  les  rapports  d'une  nation  avec 
les  étrangers  en  temps  de  paix  ou  même  en  temps 
de  guerre. 

HIST.   XI'  ».  Ne  n'ai   tel  gent   qui  la  sue  [la 

sienne]  derompe,  Ch.  de  Roi.  11.  S'il  ont  grant  gent 
[des  troupes  nombreuses] ,  d'ice,  signur,  cui  chaut? 
ib.  ccxLi.  Il  XII'  s.  Franc,  dit  Rolant,  bone  gent 
honorée,  Ronc.  p.  48.  Par  le  conseil  de  fausse 
gent  vilaine,  Couci,  xiv.  À  vous,  amans,  plus  qu'a 


GEN 


1861 


nule  autre  gent  Est  bien  raison  que  ma  dolor  |je] 
complaigne,  ib.  xxii.  Il  départi  ses  oz  [armée]  ot 
renvoia  ■■a  gent,  Sax.  xii.  ||  xiu'  s.  Et  par  ce  qu'il 
savent  certainement  que  nule  gent  n'ont  si  grant 
pooir  par  mer  comme  vous  avés,  villkii.  xii.  Or 
vous  faites  aimer  [de]  gent  letrée  et  gent  laie,  Rerte, 
vni.  Car  gent  françoise  sont  de  grant  beubancerie, 
ib.  Lxxii.  Mes  vers  la  gont  très  bien  te  celé,  Et  quier 
autre  achoison  [occasion]  que  celc  Qui  celé  part  te 
face  aler,  la  Rose,  2399.  Si  ne  croi  mie  que  Dieux 
l'ost  [l'ôte]  D'avec  les  sainz,  ainz  l'i  a  mis,  Qu'il  a 
toz  jors  esté  amis  X  sainte  Eglise  et  à  gent  d'ordre 
[moines],  ruteb.  42.  ||xiv'  s.  Et  voion  entre  les 
homes  queceulz  qui  sont  d'une  gent  ou  d'un  lignage 
aiment  l'un  l'autre,  oresme,  Eth.  229.  ||  xv'  s.  Avec 
lui  moult  belle  gent  d'armes,  froiss.  i,  i,  447....  Si 
très  tost  que  [le  héraut  des  Anglais]  approcha,  ces 
Flamands  l'enclouirent,  et  là  l'occirent  comme  folle 
gent  et  de  petite  connoissance,  m.  11,  11,  207.  Ha! 
qu'est-ce  que  de  vaillante  gent!  l'un  en  vaultmille. 
et  mille  faillis  n'en  vaillent  un  bon,  llnnric.  ir,  20. 
||xv:'  s.  Bienheureuse  est  la  gent  qui  n'est  point 
morte  Sans  veoir  premier  vostre  ferme  unité,  marot, 
II,  34  4.  Celuy  qui  est  terrible,  qui  transfère  les  cou- 
ronnes et  royaumes  d'une  gent  | nation]  à  autre, 
amyot,  Moral  ÉpU.  p.  4.  Pour  nous  assujettir  à 
cette  gent  payenne,  garnier,  Bradam.  i. 

—  Êi  YH.  Provenç.  gent,  gen;  espagn.  portug.  et 
ital.  ge/.ie;  du  latin  genlem,  nation,  du  radical  gen, 
gin  qui  est  dans  gignere,  engeniirer,  genilus,  en- 
gendré; grec,  Y'vsaôai,  naître;  i  ri.  geon,  engendrer; 
sanscrit,  jan. 

2  GENT,  ENTE  (jan,  jan-t'),  adj.  Terme  du  style 
archaïque  ou  du  style  badin.  Gentil,  joli.  Une  gente 
demoiselle,  l'ne  gente  fillette.  Ces  femmes....  Qui 
gentes  en  habits  et  sades  en  façons,  bégnier,  Sod.  ix. 
Mesdemoiselles  du  Vigein  Ont  le  cœur  noble  et  le 
corps  gent,  voit.  Poésies  OEuvres,t.  11,  p.  4 31,  dans 
pougens.  Que  dit-elle  de  moi  cette  gente  assassine? 

MOL.   l'Ét.  I,  6. 

HIST.  XI'  3.  Ancui  [nous]  aurons  un  eschec  [bu- 
tin] bel  et  gent,  Ch.  de  Roi.  lxxxix.  Je  vous  durrai 
[donnerai]  moillers  [femmes]  gentes  et  belles,  ib. 
CCXLVii.  Il  XII' s.  Biaus  sire  rois,  vous  m'avez  fait 
gent  don,  Ronc.  p.  40.  Après  [il]  leurdist  uns  gente 
raison,  ib.  p.  98.  Où  est  belle  Aude  au  gent  cors  ho- 
noré? ib.  p.  160.  Et  ses  biaus  bras  et  son  cors  bel 
et  gent,  Couci,  v.  Il  est  biaus  et  je  suis  gente;  Quant 
l'uns  à  l'autre  atalcnte.  Pourquoi  nous  as  despartis? 
Dame  de  Faiel ,  dans  Couci.  ||  xiii'  s.  Au  manger  sist 
li  rois  et  sa  gente  mcsnie,  Berte,  11.  Espousa  rois 
Pépins  Berte  la  belle  et  gente,  ib.  x.  Droit  vers  Pa- 
ris [ils]  s'en  vont,  la  cité  noble  et  gente,  ib.  cxxxiv 
Li  chevaliers  fu  biaus  et  gens,  ia  i/ose,  4  268.  ||  xv  s. 
Et  là  venit  le  comte  de  Flandre  à  lui  [Charles  VIJ 
qui  lui  asseoit  sur  son  poing  un  faucon  pèlerin  mouk 
gent  et  moult  bel,  froiss.  ii,  ii,  4  64.  ||  xvi'  s.  Vostre 
gent  coi-ps  de  moy  se  part  et  emble,  marot,  i,  344. 

—  ÊTYM.  Provenç.  ge  t,  au  fém.  geiila;  anc.  es- 
pagn. gent  ;  anc.  ital.  gente  (que  le  Dictionnaire  de 
la  Crusca  dit  venir  du  provençal).  Gent  ne  repré- 
sente pas  directement  gentilis,  qui  ,  ayant  l'accent 
sur  ti,  a  donné  gentil  ;  mais  on  peut  admettre  quo 
le  français  et  le  provençal  ont  reculé  l'accent  do 
gentilis,  ont  dit  gentîli's,  et  ont  fait  r/en(;  c'est 
ainsi  que  mansuetus  a  fourni  l'espagnol  manso. 
Diez,  qui  reconnaît  cette  possibilité,  préfère  cepen- 
dant tirer  gent  de  genitus  (ce  qui  est  bon  lettre  pour 
lettre),  signifiant  celui  qui  est  né,  qui  est  de  bonne 
naissance,  et,  par  suite,  gent,  gentil  ;  cela  est  ap- 
puyé par  le  féminin  provençal  genta.  Pourtant  re- 
marquez que,  dans  l'historique  qui  remonte  haut,  on 
ne  trouve  jamais  le  sens  d'engendré  et  toujours  celui 
de  gentil.  L'anglais  gentle  ne  peut  venir  en  preuve 
de  l'étymologie  par  gentilis;  car  gentle  ou  genleel 
proviennent  du  français.  Cet  adjectif  avait  un  com- 
paratif gentior,  plus  gent,  et  un  adverbe  gentement. 

GENTIANE  (jan-si-a-n') ,  s.  f.  Genre  do  plantes 
qui  croissent  surtout  dans  les  montagnes  ;  on  y  dis- 
tingue la  gentiane  jaupe  ou  grande  gentiane,  gen- 
tiana  lutca,  L. 

HIST.  XVI'  5.  De  là  est  venu  que  la  gentiane  a 

pris  son  nom  de  Gentius,  roy  des  Illyrien»,  fknt>,Préf. 

—  ÊTYM.  Lat.  gentiana,  de  Gentitts,  roi  d'Illyrie. 
f  GENTIANEES  (jan-si-a-née) ,  ».  f.  pi.  Famille  de 

plantes  dicotvlédonées,  dont  la  gentiane  est  le  type. 

I  GENTIANELLE    (jan-si-a-nè  T),  s.  f.  Espèce  de 

gentiane,  dite  aussi  amarelle,  gentiana  amarella,  L. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gentiane. 

t  GENTIANIN  Gan-«i-a-nin) ,  s.  m.  ou  GES'nA- 
NINE  (jan-si-a-ni-n'),«.  f.  Terme  de  chimie.  Mé- 
lange de  divers  principes  extraits  de  la  racine  a<^ 
gentiane. 


1862 


GKN 


).  GENTIL  (jan-ti  ;  17  iie  se  prononce  jamais;  au 
pluriel,  r.«  le  lie  :  les  jan-ti-z  et  leurapûlre),  t.  m. 
Il  se  (iitdei  anciens  polythéistes,  par  opposition  aux 
Ju'fs  et  aux  Chrétiens.  C'était  un  gentil.  Nous  avons 
été  baptisés  dans  le  même  espnt,  pour  n'être  tous 
ensemble  qu'un  même  corps,  soit  juifs  ou  gentils, 
soit  esclaves  ou  libres,  saci,  Bible,  Si  Paul,  i"  épit. 
aux  Carinth.  xn,  (3.  Voyez  ces  serpents,  voyez  ces 
reptiles  et  ces  autres  animaux  immondes,  qui  vous 
sont  présentés  du  ciel  ;  c'est  les  gentils,  peuple  im- 
monde, et  peuple  qui  n'est  pas  peuple ,  Boss.  Serm. 
vérité  de  l  Église,  *.  En  cette  promesse  était  enfer- 
mée la  vernie  du  Messie  tant  de  fois  prédit  à  nos 
pères,  mais  toujours  prédit  comme  celui  qui  devait 
être  le  sauveur  de  tous  les  gentils  et  de  tous  les 
peuples  du  monde,  id.  Ilist.  n,  2.  Il  [saint  Pierre] 
en  avait  déjà  pris  le  gouvernement  [de  l'Eglise), 
quand  saint  Paul  lui  dit  en  face  qu'il  ne  marchait 
pas  droitement  selon  l'Évangile,  parce  qu'en  s'éloi- 
gnant  trop  des  gentils  convertis,  il  mettait  quelque 
espèce  de  division  dans  l'Eglise,  id.  Sermorus,  Unité 
de  l'Église,  l.  i'était  un  gentil,  mais  tout  gentil 
qu'il  était,  il  avait  de  la  religion,  bourd.  4*  dim. 
apr.  la  Pentec.  Dominic.  t.  u,  p.  4)7.  Les  Israélites 
ne  s'éloignaient  pas  également  de  toutes  sortes 
d'étrangers,  quoiqu'ils  les  comprissent  tous  sous  le 
nom  de  goim  ou  gentils,  fleuhï,  Mœurs  dns  Israél. 
titre  XIII,  2'  partie,  p.  (49,  dans  pougf.ns.  |;  '.'Apôtre 
des  gentils,  saint  Paul.  On  dit  de  même  ;  le  doc- 
teur des  gentils.  La  figure  de  ce  monde  passe,  pour- 
suivait le  docteur  des  gentils,  bouhd.  2*  dim.  après 
l'Epiphanie,  Dominic.  t.  i,  p.  \oa.\\  Adj.  Né  d'un 
père  gentil  et  d'une  mère  chrétienne. 

—  REM.  L'Académie  ne  donne  gentil  que  comme 
masculin,  soit  substantif,  soit  adjectif.  Mais  rien 
n'empêche  dédire,  substantivement,  unegentilc,  et, 
adjectivement,  une  mère  gentile. 

—  3YN.  GENTILS,  PAÏENS.  Païens  est  plus  com- 
préhensif  que  gentils.  Païens  se  dit  non-seulement 
(les  païens  de  Rome,  de  la  Grèce,  de  l'Egypte  et  en 
un  mot  des  anciens  païens,  il  se  dit  aussi  des  peu- 
ples qui  encore  aujourd'hui  appartiennent  au  poly- 
théisme; au  lieu  que  gentils  ne  se  ditque  des  païens 
contemporains  des  apôtres  et  des  premiers  siècles 
du  christianisme. 

—  UIST.  XVI*  s.  Resource  des  petis.  Lumière  des 
gentils,  Et  d'Israël  la  gloire,  marot,  iv,  34o. 

—  ÉTYM.  Lat.  gentilis,  de  gens,  nation  (voy.  cent 
I).  Les  juifs  disaient  les  nations,  en  greoTàêSvn,  pour 
signifior  les  peuples  étrangers  à  leur  culte;  à  leur 
imitation  les  chrétiens  latins  ont  appelé  jen(t7cs  ceux 
qui  n'appartenaient  pas  à  la  religion  chrétienne. 

2.  GENTIL,  ILLE  (jan-ti,  ti-U';  au  masculin,  VI 
no  se  prononce  pas,  excepté  devant  une  voyelle,  et 
alors  elle  se  mouille;  un  gen-ti-U  enfant;  au  pluriel, 
l'ï  se  lie  :  de  gen-li-z  oiseaux  ;  au  féminin.  Il  sont 
mouillées  :  jan-ti-ll'),  adj.  \\  1°  Dans  le  style  ar- 
chaïque, le  gentil  pays  de  France,  le  noble  pays 
de  France.  Averti  des  tournois  qui  se  préparaient 
au  gentil  pays  de  France,  il  [le  chevalier]  se  ren- 
dait au  rendez-vous  des  braves,  chateaub.  Gé- 
nie. IV,  V,  4.  Il  II  se  dit  quelquefois  en  un  sens 
analogue  pour  délicat,  généreux.  C'est  un  gentil 
procédé.  Voyez  comme  je  suis  gentille  ;  gentille, 
ce  n'est  pas  peu  dire;  car  vous  saurez  qu'à  Ville- 
franche,  en  Beaujolais,  on  entend  par  cette  expres- 
sion a|)pliquée  à  une  dame,  idem  masculinée  pour 
un  homme,  la  pratique  du  bien,  l'amour  du  travail, 
l'intelligence,  l'activité;  ainsi  vous  êtes  un  homme 
gentil,  si  vous  faites  bien  votre  devoir  de  citoyen, 
de  magistrat,  et  ainsi  de  suite.  M'"*  boland,  Lelt. 
d  Bosc,  3  oct.  1787.  Il  2°  Par  extension,  joli,  mi- 
gnon, qui  plaît,  en  parlant  des  personnes  (l'idée 
de  bonne  race,  qui  est  le  sens  propre  de  gentil, 
ayant  amené  celle  d'agrément,  d'élégance).  Gentil 
cavalier.  Le  genre  de  ses  poésies  avait  bien  pu 
dans  sa  jeunesse  lui  mériter  le  surnom  de  gentil 
[gentil  Bernard]  ;  mais  il  n'était  rien  moins  que 
ftCntil  quand  je  l'ai  connu,  mabmontel,  Mém.  vi. 
'I  Substantivement.  Faire  le  gentil,  affecter  des  ma- 
nières agréables.  J'eus  le  bon  sens  de  ne  vouloir 
pas  faire  le  gentil  malgré  Minerve,  et  je  me  tus, 
J.  J.  Rouss.  Confess.  vu.  ||  Il  se  dit  ironiquement 
des  gens  qu'on  veut  traiter  en  impertinents  ou 
en  ridicules.  Je  vous  trouve  gentil.  Vous  êtes  un 
gentil  garçon,  un  gentil  compagnon.  Certes  pour 
un  amant  la  fleurette  est  mignonne.  Et  vous  me 
traitez  là  de  gentille  personne,  mol.  i/i's.  ii,  <.  ||  3°  Il 
le  dit  des  choses  au  sens  de  joli,  mignon.  Ce 
BIJOU  est  gentil.  One  chanson  fort  gentille.  Il  me 
disait  des  mots  les  plus  gentils  du  monde,  mol.  Éc. 
aeif.  u,  t.  Le  roi,  dit  l'autre,  a  daigné  lui  sourire. 
Même   a  trouvé    ses  vers  assez    gentil?,  bérang 


GEN 

/'t-S".  Il  Cela  passe  le  gentil,  se  dit  d'une  chose 
grande  et  belle  ;  cette  locution  vieillit.  ||  Ironique- 
ment. Vous  faites  là  un  gentil  personnage,  un  gen- 
til métier,  vous  faites  là  un  vilain  personnage,  un 
vilain  métier.  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  c'est 
gentil;  voilà  qui  est  gentil.  1|  4"  Bois  gentil,  nom 
vulgaire  du  daphne  mczereum,  dit  garou  des  bois. 

—  HlST.  XI*  s.  11  prist  muiler  [femme]  vailante  et 
honurede.  Des  melz  gentils  de  tute  la  contrethe, 
SI  Alexis,  IV.  Dist  Blancandrins  :  Franc  sont  moult 
gentil  home,  Ch.  de  Roi.  xxvii.  Et  il  les  plore  com 
chevalier  gentil,  ib.  cxxxviii.  ||  xir  s.  Vous,  dame, 
doit-il  membrer  Qu'en  gentil  cuer  [cœur]  doit-on 
trouver  Merci,  Coud,  iv.  ||  xiii*  s.  Ah!  gentis  rois, 
quant  Diex  vous  fist  croiser,  Toute  Egypte  doutoit 
vostre  renon,QUESNES,  Romancero, p.  (OO.Bien  [elle] 
semble  gentis  femme  et  sans  nul  mauvais  art, 
Berte,  xxii.  Il  savoit  bien  que  c'estoit  la  plus  gen- 
tius  feme  de  la  chresUenté  et  la  plus  riche,  Chron. 
de  Rains,  p.  5.  Ge  responsque  nus  n'est  gentis.  S'il 
n'est  as  vertus  ententis,  la  Rose,  issiB.  Tant  est  la 
dame  gentil  tant  comme  ele  est  mariée  à  gentis, 
tant  soit  ele  départie  de  li,  tant  com  ele  ne  se  marie 

à  plus  bas,  Liv.  de  jusl.  ti6 Comme  de  gentix 

gens  ou  d'ommes  de  religion  qui  portent  seaus, 
BïAUM.  Xii,  9.  Il  XIV*  s.  Si  dist  à  Bauduin  :  or  n'aies 
desprisant  Nostre  gentil  mestier  :  chavetier  sont 
vaillant.  Et  che  boventle  vin  comme  plus  souflîsant, 
Baud.  de  Seb.  xii,  229.  Le  faucon  gentils  est  de  plus 
déliée  maille  que  nul,  et  a  les  pies  jaunes,  jHe'nagier, 
m,  2.  Il  XV*  s.  Gentil  de  cuer,  fhoiss.i,  i,  aai.Si  sont 
depuis  venus  les  habitants  du  royaulme ,  gentils  et 
villains,  qui  s'enestoient  fuiz,  Perceforest,  t.  ii,  f°  "O. 
Du  gentil  au  vilain  est  trop  mauvaise  la  mislée,  ib. 
f»  )  10.  Il  xvi*  s.  Les  deux  Grebansau  bien  resonnant 
stile,  Octavian  à  la  veine  gentile,  mauot,  m,  306. 
Clerz  et  layz,  nobles  et  gentilz  Sont  de  nous  deux 
[Adam  et  Eve]  filles  et  filz,  id.  iv,  347.  Il  avoit  le 
cueur  si  gentil,  qu'il  taschoit  à  faire  tout  ce  que 
son  père  luy  monstroit,  amyot,  Catun,  42. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  jantais;  Ben  y,  gerUi,  gentie  ; 
wallon,  genti,  laborieux  ;  provenç.  et  espagn.  gentil  ; 
ital.  gentile;  du  lat.  gentilis,  qui  est  de  bonne  race, 
de  gens,  race  (voy.  gent  i). 

t  GKNTILÉ  (jan-ti-lé),  4'.  m.  Nom  des  habitants 
d'un  pays,  d'une  ville.  Algérien  estle  gentile  d'Alger. 

—  ËTY.M.  Lat.  gentile,  neutre  de  gentilis,  qui  ap- 
partient à  une  nation,  de  gerts,  nation  (voy.  gent  l). 

GENTILUOMME  (jan-ti-Uo-m',  Il  mouillées,  et  non 
jan-ti-yo-m';  au  pluriel,  gentilshommes  ,  prononcé 
jan-ti-zo-m'.  Ce  mot  était  prononcé  au  xvii*  siècle 
genteilhomme  :  Celui  qui  prononce  ce  mot  autre- 
ment ne  sait  pas  que  ceux  qui  sont  véritablement 
nobles  se  nomment  ainsi  eux-mêmes,  Bibl.  des  ch. 
4*  série,  t.  II,  p.  (83  ),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  est  de 
race  noble.  Gentilhomme  de  bon  lieu.  Il  est  gen- 
tilhomme comme  le  roi.  Ne  vous  mêlez  point  avec 
ces  gens-là  [les  Rocbelois],  qui  haïssent  le  roi  à 
cause  qu'il  est  le  premier  gentilhomme  de  son 
royaume,  dalz.  Lett.  (6,  liv.  i.  Qui  se  dit  gentilhomme 
et  meut  comme  tu  fais.  Il  ment  quand  il  le  dit,  et  ne 
le  fut  jamais,  corn.  Ment,  v,  3.  Ne  t'attends  pas  que 
je  t'aide  un  seul  brin,  Ni  que  par  moi  ton  lalicur  se 
consomme;  Je  t'ai  jà  dit  que  j'étais  gentilhomme, 
Né  pour  chômer  et  pour  ne  rien  savoir,  lafont. 
Pagefig.  Qu'avez-vous  fait  dans  le  monde  pour  être 
gentilhomme  ?  croyez-vous  qu'il  suffise  d'en  porter 
le  nom  et  les  armes?  mol.  Festin  de  P.  iv,  6.  L'ac- 
tion que  vous  avez  faite  n'est  pas  d'un  gentilhomme, 
et  ce  n'est  pas  en  gentilhomme  aussi  que  je  veux 
vous  traiter,  iD.  G.  Dand.  ii,  lo.  Je  suis  né  de  pa- 
rents qui  ont  tenu  des  charges  honorables  ;  je  me 
suis  acquis  dans  les  armes  les  honneurs  de  six  ans 
de  service,  ....mais,  avec  tout  cela,  je  ne  veux  point 
me  donner  un  nom  où  d'autres  en  mu  place  croi- 
raient pouvoir  prétendre,  et  je  vous  dirai  franche- 
ment que  je  ne  suis  point  gentilhomme,  id.  Bourg. 
m,  <2.  Louer  dans  un  gentilhomme  chrétien  ce  que 
Jésus-Christ  même  a  voulu  avoir  [la  noblesse  par 
David],  n'aurait  rien,  ce  semble,  que  de  conforme 
aux  règles  de  la  loi,  BOSs.  Gornay.  Tu  fais  le  gen- 
tilhomme !  hé  Daudin,  mon  ami,  rac.  Plaid,  i,  4. 
Ou'est-ce  qu'un  gentilhomme?  un  pilier  d'anti- 
chambre, ID.  ib.  I,  4.  Son  père  l'a  fait  riche,  il 
ferasonpère  gentilhomme,  baron.  Coquette  et  fausse 
prude,  I,  4.  Le  gentilhomme  de  Louis  XVI  dit  j'al- 
lendrai;  le  gentilhomme  de  Bonaparte  dit  j'altin- 
drons,  i>.  l.  cour.  Lelt.  vui.  Voici  un  mot  de  la 
reine  Christine  à  Kspartero  :  Je  l'ai  fait  duc  de  la 
Victoire,  marquis  de....  comte  de....  mais  jamais  je 
n'ai  pu  te  faire  gentilhomme,  alph.  kahr,  les  Gui- 
pes, janvier  I8»i.  ||  Avant  les  ordonnances  de  I579 
et  de  I6UU,  gentilhomme  se  disait  à  la  fois  du  noble 


GEN 

de  race  et  de  celui  qui  avait  acquis  la  noblesse  ■ 
l'exercice  constant  des  armes  ou  par  la  posses  j 
d'un  fief;  gentilhomme  de  nom  et  d'armes  se  ci 
sait  exclusivement  du  noble  de  race  ;  les  ordon- 
nances de  (579  et  de  )00o  supprimèrent  la  noblesse 
acquise  par  l'exercice  constant  des  armes  et  la  no- 
blesse acquise  par  la  possession  des  fiefs  (hénallt). 
Il  Vivre  en  gentilhomme,  vivre  sans  rien  faire.  De 
travailler  pour  lui  [l'estomac]  les  membres  se  las- 
sant. Chacun  d'eux  résolutdevivreen  gentilhomme, 
lafont.  Fab.  m,  2.  ||  Troc  de  gentilhomme,  troc  où 
de  part  et  d'autre  on  ne  fait  qu'échanger  les  choses, 
sans  aucun  retour  en  argent.  ||  2"  Titre  de  certains 
officiers  attachés  au  service  des  princes.  ||  Gentils- 
hommes de  la  chambre.  Il  y  avait  quatre  premiers 
gentilshommes  de  la  chambre,  qui  servaient  le  roi 
lorsqu'il  mangeait  en  chambre  et  lui  donnaient  la 
chemise  en  l'absence  du  premier  chambellan.  I-es 
gentilshommes  nommés  les  quarante-cinq,  qui  as- 
sassinèrent le  duc  (le  Guise,  étaient  une  compagnie 
nouvelle  formée  par  le  duc  d'Épernon,  payée  au  trésor 
royal  sur  les  billetsde  ce  duc;  et  aucun  de  leurs  noms 
ne  se  trouve  parmi  les  gentilshommes  de  la  chambre, 
volt.  Moeurs,  173.  Mme  d'Étioles  obtint  alors  pour 
M.  de  Voltaire  le  don  gratuit  d'une  charge  de  gentil- 
homme ordinaije  de  la  chambre,  in.  Comm.  (jEuv. 
Aul.  Ilenr.  (t.  lxiii,  p.  69).  ||  Gentilshommes  ordi- 
naires du  roi,  gentilshommes  qui  se  trouvaient  au- 
près du  roi  pour  recevoir  ses  ordres  et  qui  seiTaient 
parquartiers.il  jVaugelas]  fut gentilhommeordinaire, 
et  depuis  chambellan  de  M.  le  duc  d'Orléans,  qu'il 
suivit  constamment  en  toutes  ses  retraites  hors  du 
royaume,  pellis.son,  Ilist.  Acad.  t.  i,  p.  294,  dans 
POLGENS.  Les  registres  de  la  chambre  des  compics 
font  foi  que  le  maréchal  de  Rets  et  le  comte  de  Vil- 
Icquier,  tirés  du  nombre  des  gentilshommes  ordi- 
naires,avaient  le  titre  de  premier  gentiihomme,cliarge 
de  nouvelle  création,  instituée  sous  Henri  II  pour  le 
maréchal  de  Saint-André,  volt.  Mœurs,  )73.  ||  Gen- 
tilshommes au  bec  de  corhin,  voy.  corbin.  ||  Gen 
tilshommes  de  la  manche,  nom  donné  aux  gentils- 
hommes qui  se  trouvaient  continuellement  auprès 
du  prince,  quand  il  était  jeune  homme.  Il  mène 
deux  gentilshommes  de  la  manche,  quelques  valets 
de  chambre,  trois  ou  quatre  officiers  pour  lui  don- 
ner à  manger  à  la  française,  mai.ntenon.  Lettre  au 
card.  de  floailles,  17  nov.  ITOO.  {j  Gentilhomme 
servant,  celui  qui  ne  servait  que  les  tètes  couron- 
nées et  les  princes  du  sang,  et  toujours  l'épée  au 
côté.  Qnoi  que  vous  en  disiez,  Amintc  est  ma  pa- 
rente, Mesdames;  car  Aminte  est  fille  de  Damoii, 
Gentilhomme  servant  et  petit-fils  d'Orgon,  boissy, 
Babillard,  se.  9.  |{  Fig.  Gentilshommes  d'artillerie 
étaient  des  officiers  qui  n'avaient  pas  d'autre  emploi 
que  de  garder  les  pièces,  d'empêcher  qu'elles  ne 
s'altérassent  et  de  bâter  l'ouvrage  des  canonnier.-;. 
113"  Par  plais.mterie.  Gentilhomme  à  lièvre,  petit 
gentilhomme  qui,  les  trois  quarts  de  l'année,  se 
nourrit  du  produit  de  sa  chasse.  ||  C'est  un  gentil- 
homme de  Beauce,  il  est  au  lit  quand  on  fait  ses 
chausses,  se  dit  d'un  gentilhomme  pauvre.  ||  Gentil- 
homme de  ligne,  se  disait  par  dérision  pour  faire 
entendre  qu'un  homme  est  fils  ou  petit-fils  d'un 
pêcheur.  ||  Gentilhomme  de  parchemin,  homme  qui 
vient  d'être  anobli,  {j  4*  Par  ironie  et  par  moquerie, 
on  appelle  gentilhomme  celui  dont  ou  veut  dire 
qu'il  n'a  ni  naissance,  ni  honneur,  rf  qualité.  Ce 
petit  gentilhomme  [un  intrigant  qui  vit  aux  dépens 
de  ses  maîtresses]  fera  une  belle  campagne  cette 
année,  dancourt,  l'Été  des  coquettes,  se.  (4.  Quoi  I 
c'est  votre  cousin  que  ce  M.  Guillaume,  madame 
Pinuin?  ce  gentilhomme-là  ne  fait  point  de  dés- 
honneur à  la  famille,  in.  tes  Curieux  de  Compiègne, 
se.  8.  Le  fils  du  logis  arriva  bientôt  après,  jeune 
gentilhomme  aussi  délabré  qu'on  en  pût  voir  [c'est 
le  fils  d'un  pauvre  paysan],  hamilton,  llisl.  de 
Fleur  d'épine.  Et  comment,  s'il  vous  plaît,  s'appelle 
cet  aimable  gentilhomme?  —  Il  s'appelle  M.  de 
la  Fleur. —  Votre  valet  de  chambre?  —  Justement, 
DKSTOL'CBES,  Tambour  nocturne,  m,  2.  ||  6°  Dans 
quelque»  campagnes  on  nomme  gentilhomme  le  porc 
qu'on  engraisse,  parce  qu'il  vit  sans  travailler,  ou 
parce  qu'il  est  vêtu  de  soie,  jj  6"  Sorte  d'oiseau,  voy. 
Foo,  n°  18.  Il  7°  Terme  de  métallurgie.  Pièce  de 
fonte  sur  laquelle  s'écoule  le  laitier  du  haut  four- 
neau. 

—  HIST.  xii*  s.  Ele  [Adèle]  fu  de  Chartres  cun- 
tosse,  Espusc  al  cunte  Estievenun,  Gentil  home, 
noble  barun,  Roman  de  Rou,  v.  96t)4.  Miclz  valt  fiz  à 
vilain  qui  esf  prouz  c  senez,  Que  ne  fait  gentili 
hum  failliz  e  débutez,  Th.  le  mart.  63.  ||  xiii*  Et  avi- 
sez me  tient-on  en  mon  pais  pour  jentil  home,  H.  dk 
VALE.NC.  X.  Dame,  il  vous  convient  laigsier   votre 


GEN 


GEN 


GÊO 


1803 


signeur,  car  il  n'est  mie  assés  gentius  hom  pour 
tenir  le  roiaume  de  Jérusalem,  Chr.  de  Rains,p.  )9. 
Et  «i  sunt  il  plus  gentil  homme,  Que  cil  qui  vont 
chacier  as  lièvres  Et  que  cil  qui  sunt  coustumieis 
De  maindre  [demeurer]  es  palais  principiers,  la 
Hose,  1895*.  Et  s'il  ne  pot  prover,  il  pert  se  [sa] 
dsmande,  et  si  est  l'amende  de  cinq  saus,  et  de  dix 
saus  s'il  est  gentieus  lioms,  beaum.  xxx,  48.  Tuit 
li  franc  ne  sunt  pas  gentil  home,  id.  ib.  Et  jouoitle 
comte  de  Poitiers  si  courtoisement,  que,  quand  il 
avoit  gaaingué,  il  fesoit  ouvrir  la  sale  et  fesoit  ap- 
peler les  gentilz  homes  et  les  gentilz  femmes,  se  nulz  y 
enavoit....  joinv.  2Bt.  ||  xv  s.  Et  demeura  prisonnier 
à  cinq  ou  six  hommes  gentils  Allemands,  fhoiss.  i, 

I,  91.  Il  XVI'  s.  Laboureurs  vit  repaistre  en  leurs  mai- 
sons Sans  craincte  ou  pour  [peur],  plus  fiers  que 
gentilz  hom's,  J.  marot,  t.  v,  p.  8i.  Quant  Adam 
beschoyt  et  Eve  filoit ,  qui  estoyt  alors  gentil- 
homme? PALSGR.  p.  BH.  Gentilhomme  de  la  courte 
espée  [un  coupeur  de  bourse],  oudin,  Dict.  Au  siège 
de  Rouen,  aux  premières  guerres,  un  capitaine  qu'on 
tient  pour  très  grand  aujourd'huy  et  qui  a  grande 
garde,  mais  des  lors  il  n'estoit  que  simple  gentil- 
homme servant  de  guerre,  bhant.  Cap.  fr.  t.  i, 
p.  9S,  dans  lacubne.  11  y  avoit  avec  Monsieur  plu- 
sieurs gentilz  hommes  de  ses  voisins,  c'estoient  gen- 
tilz hommes  de  la  petite  passe  [de  minces  gentils- 
hommes] ,  Moyen  de  parvenir,  ch.  intitulé  cérémonie. 
C'est  affaire  à  celuy  qui  veut  estre  gentilhomme  al- 
ler à  l'assaut,  leroux  de  uncy,  Prov.  t.  ii,  p.  30.  Foy 
de  gentilhomme,  un  autre  gage  vaut  mieux,  id.  ib. 
11  est  gentilhomme,  son  père  alloit  à  la  chasse  avec 
un  fouet,  ID.  ib.  Il  ne  faut  passer  que  de  pays  en  autre 
pour  estre  gentilhomme,  m.  ib.  LeroyLouisXldisoit 
qu'il  annobliroit  assez,  mai»  n'estre  en  sa  puissance 
faire  un  gentilhomme  ;  cela  venant  de  trop  loing  et 
de  rare  vertu,  noel  dufail,  Contes  d'Eutrapel,  ch.  a. 

—  ÉTYM.  Gentil,  et  homme  :  c'est-à-dire  homme 
de  race  ;  provenç.  gentils  hum;  catal.  gentil  home  ; 
espagn.  gentilhombre  ;  portug.  genfiJ-i'iomeni  ;  ital. 
gcntiluomo.  Dans  l'ancien  français  gentili  hom  est 
le  nominatif;  gmtil  home  est  le  régime;  on  disjiit 
gentils  feme,  pour  femme  noble. 

t  GENTir.HOMMEAU  (jan-ti-Uo-mô ,  U  mouil- 
lées),*, m.  Terme  familier.  Petit  gentilhomme.  Tant 
de  gentilhommeaux  à  nourrir  embarrassent,  hau- 
TEROCHE,  Nobles  de  province,  i,  9. 

t  GENTILUOMMER  (jan-ti-llo-mé,  U  mouillées), 
V.  n.  Terme  familier  et  peu  usité.  P'aire  le  gentil- 
homme. Car  comment  sans  argent  pouvoir  gentil- 
hommer?  le  Cercle  des  femmes,  dans  le  roux,  Dict, 
comique. 

GENTILHOMMKRIE  (jan-ti-Uo-me-ric,  U  mouil- 
lées, et  non  jan-ti-yo-me-rie),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de 
gentilhomme,  avec  un  sens  de  moquerie  ou  de  dé- 
nigrement. Et  lagentilhommerie  vous  tient  les  bras 
liés,  MOL.  G.  Dand.  i,  3.  Mettez  pour  un  moment 
votre  gentilhommerieàcôté,  id.  t6.  i,  4.  Que  voulez- 
vous  donc  dire  avec  votre  gentilhommerie?  est-ce 
que  nous  sommes,  nous  autres ,  de  la  côte  de  saint 
Louis?  10.  Bourg,  gent.  m,  12.  Leur  gentilhomme- 
rie étant  toute  en  paroles,  th.  corn  .  Baron  d'A  Ibikrac, 

II,  9.  Si  la  roture  en  France  n'eût  jamais  dérogé,  ni 
dégénéré  en  gentilhommerie,  jamais  nos  femmes 
n'eussent  entendu  battre  vos  tambours  [étrangers], 
p.  L.  COUR.  Lettre  x.  Je  n'étais  pas  fâché  de  lui 
rendre  en  partie  les  moqueries  dont  il  avait  tant  de 
fois  poursuivi  ce  qu'il  appelait  ma  gentilhommerie, 
CI!.  DE  hernard.  Un  acte  de  vertu,  §  3.  ||  2°  Terme 
collectif.  Les  gentilshommes.  Toute  la  gentilhom- 
merie se  sauve  des  campagnes  de  peur  des  paysans 
[lors  de  l'insurrection  vendéenne  en  <8<l>],  P.  L. 
COUR.  Lett.  Il,  96. 

—  ETYM.  Gentilhommière.  Gentilhomme  eût  donné 
gentUhommie,  comme  bonhomme  bonhomie. 

GENTILUO.HMIËRE  (jan-ti-llo-miè-r',  Il  mouil- 
lées, et  non  jan-li-yo-miè-r').  ||  1°  Adj.  f.  Qui  ap- 
partient à  un  gentilhomme.  Cette  illustre  et  ver- 
tueuse personne  était  le  modèle  achevé  de  la 
véritable  et  parfaite  civilité  gentilhommière,  de 
couRCHAMP,  Souvenirs  de  la  marquise  de  Crcquy, 
1. 1,  ch.  (.  Il  Cet  adjectif  n'est  pas  dans  le  Dictionnaire 
de  l'Académie.  ||  2°  S.  f.  Terme  de  dénigrement.  Bien 
de  campagne,  petite  maison  d'un  gcntilliomme. 
Nous  arrivâmes  bien  avant  dans  la  nuit  auprès 
d'une  gentilhommière,  où  je  remarquai  qu'on  ne 
voulut  pas  nous  recevoir,  scahr.  jRom.  com.  ii ,  13. 
On  voit  dans  la  gentilhommière.  Qui  tient  un  peu 
de  la  chaumière,  Sur  la  porte  on  voit  d'un  loup 
gris  La  tête  et  deux  chauves-souris,  Perrault, 
Chasse,  dans  richelet.  Silly  avait  accru  et  ajusté 
sa  gentilhommière,  qu'il  avait  travestie  en  ch.lteau, 

ST-SIM.   (63,    263. 


—  ÊTYM.  Gentilhomme. 

GENTILITÉ  (jan-ti-li-té),  s.  f.  ||  1°  Les  nations 
païennes.  Les  prêtres  sortiront  du  milieu  de  la  gen- 
tilité,  iioss.  Ilist.  Il,  4.  Encore  que,  comme  chef  de 
la  gentililé,  elle  [Rome]  fût  plus  que  toutes  les  au- 
tres villes  comprise  dans  le  partage  de  l'apôtre  des 
gentils,  ID.  Sermons,  Unité  de  l'Eglise,  i.  Aussitôt 
après  sa  naissance,  une  nouvelle  étoile,  figure  de  la 
lumière  qu'il  devait  donner  aux  gentils,  se  fait  voir 
en  Orient,  et  amène  au  Sauveur  encore  enfant  les 
prémices  de  la  gentililé  convertie,  m.  Hist.  ii,  6. 
Afin  que  la  gentililé  aussi  bien  que  le  judaïsme  ren- 
dît hommage  à  ce  Dieu  ressuscité,  bouud.  IHyst  ré- 
surrect.  de  J.  C.  1. 1,  p.  J3(.  ||  2°  Profession  d'idolâ- 
trie. Au  milieu  de  lagenlililé  des  adorateurs,  BouRD. 
Nat.  de  J.  C.  B03.  Si  Corneille  [le  personnage  de 
l'Évangile]  n'avait  prié,  s'il  n'avait  été  charitable, 
si,  dans  les  nécessités  publiques,  il  n'avait  ouvert 
ses  entrailles  et  son  cteur,  selon  les  divins  décrets, 
il  serait  demeuré  dans  les  ténèbres  de  la  gentililé, 
ID.  4'  dimanche  après  la  Pentecôte,  Dominic.  t.  ii, 
p.  418. 

—  ÉTYM.  Gentil  ) . 

GENTILLÂTRE  (jan-ti-llA-tr' ,  Il  mouillées,  «t 
non  jan-ti-yâ-tr') ,  s.  m.  Se  dit,  par  dénigrement, 
d'un  pauvre  gentilhomme.  Si  j'étais  demeuré  dans 
l'un  de  mes  châteaux  Â  compter  mes  moutons,  mes 
vaches  et  mes  veaux.  Visitant  mes  moulins,  met- 
tant somme  sur  somme,  Je  serais  gentillâtre  et  non 
pas  gentilhomme,  hautrroche.  Bourg,  de  qualité, 
II,  4.  L'homme  docte  est  un  savantasse....  le  gen- 
tilhomme un  gentillâtre,  la  bruy.  xii.  Restez  chez 
vous,  pauvres  gentillâtres,  rétablissez  votre  masure, 
volt.  Dial.  XXIV,  14, 

—  HlST.  XV'  3.  Mais  ung  tas  de  merdereaulx 
lourds,  Ung  oultre-cuidé,  ung  folastro  Aura  un  pour- 
point de  velours,  Contrefaisant  du  gentillastre,  co- 
quillart.  Monologue  des  perruques.  \\  xvi'  s.  La  no- 
blesse ancienne  de  ce  quartier  là  est  honorable,  mais 
il  y  a  certains  gentillâtres  nouvellement  imprimez, 
qui  font  dix  mille  maux  à  ceux  du  tiersestat,  frou- 
menteau, Finances, m' livre,  p.  67.  Avise,  jeté  prie, 
comment  ce  gentyllastre  braggue  en  se  promenant, 

PALSGR.  p.  663. 

—  ÉTYM.  Dérivation  péjorative  de  gentil  2. 
GENTILLESSE  (jan-ti-llè-s' ,  Il  mouillées,  et  non 

jan-ti-yè-s'),  s.  f.  ||  1"  Caractère  de  ce  qui  est  à  la  fois 
joli  et  gracieux.  La  gentillesse  d'un  enfant.  La  gen- 
tillesse d'une  fable,  d'un  conte.  L'amour  est  libé- 
ral, mais  c'est  avec  adresse  ;  Le  prix  de  ses  présents 
est  en  leur  gentillesse,  corn.  Suite  dit  Ment,  ii,  3. 
Vous  ne  demandez  pas  des  instructions  sans  gen- 
tillesse et  sans  ornement,  chev.  de  méré,  dans  aou- 
nouRS,  liemarques.  Ce  sont  des  brutaux  [les  Pari- 
siens] ,  ennemis  de  la  gentillesse  et  du  mérite 
des  autres  villes,  mol.  Pourc.  m,  2.  Vantant  la 
gentillesse  des  courtisanes  vénitiennes,  j.  j.  ROUfs. 
Confess.  vu.  1|  2°  Tour  de  souplesse.  Il  a  fait  mille 
gentillesses  devant  nous.  Un  chien  dressé  à  tou- 
tes sortes  de  gentillesses.  |{  3"  Saillie  agréable. 
Toutes  ces  gentillesses  que  j'admire  dans  votre 
!ettre,  me  sont  des  preuves  de  votre  bon  esprit 
plutôt  que  de  votre  bonne  volonté,  voit.  Lett.  i. 
Cette  reine  d'Egypte  riait  des  bons  mots  et  des 
gentillesses  d'Antoine,  cheval,  de  méré,  dans  Bon- 
HOURS,  Remarques.  Peste  1  où  prend  mon  esprit 
toutes  ces  gentillesses?  mol.  Amph.  i,  1.  Ninon 
lui  disait  l'autre  jour  qu'il  était  une  vraie  ci- 
trouille fricassée  dans  de  la  neige;  vous  voyez  ce 
que  c'est  de  voir  bonne  compagnie,  on  apprend 
mille  gentillesses,  sêv.  37.  Je  vais  me  confesser,  ce 
qui  n'excite  pas  l'esprit  aux  gentillesses,  mainte- 
non,  Lett.  à  Mme  de  Glapion,  14  sept.  1714.  Pour 
moi,  quoiqu'on  me  flattât  sur  les  gentillesses  de 
mon  esprit,  hamilt.  Histoire  de  Fleur  d'Épine.  Au 
lieu  des  gentillesses  qu'un  autre  eût  dites  à  ma  place, 
je  restais  là  muet,  interdit,  et  je  ne  sais  pas  lequel 
était  le  plus  honteux,  de  la  pauvre  petite  ou  de  moi, 
J.  i.  Rouss.  Confess.  x.  |{  Ironiquement.  Trait  de  ma- 
lice, de  mauvaise  conduite.  Voilà  de  vos  gentillesses. 
Je  te  dispense  de  me  parler  des  gentillesses  de  ton 
enfance,  hamilt.  Gramm.  3.  Ce  ne  sont  là  que  des 
gentillesses  de  prêtres,  ponten.  Oracles,  2'  part, 
chap.  7.  Une  personne  très-digne  de  foi  vient  de 
me  dire  qu'elle  avait  entendu  le  chevalier  lui-même 
se  vanter  de  fcette  gentilles.se,  genlis,  Thédt.d'éduc. 
Méchant  par  air,  ii,  4.  ||  4°  Il  se  disait  autrefois  de 
certains  petits  ouvrages  délicats,  de  certaines  petites 
curiosités.  Il  a  mille  gentillesses  dans  son  cabinet. 

—  HIST.  xiu'  s.  Borte,  ma  bêle  fille,  pleine  de 
gentillise,  Berte,  c.  Il  le  [la]  requist  à  feme  et  on  lui 
douna  pour  sa  gentilleche,  et  fu  roi  de  Cypre,  Chr. 
de  Rains,  p.  47.  Et  se  nus  [aucun]  contredire  m'ose. 


Qui  de  gentillcce  s'alose  [se  vante]  Et  die  que  li  gen- 
til-homme. Si  cura  li  pueple  les  renomme,  Sunt  de 
meillor  condicion,  Ce  répons....  la  Rose,  ihsos.  Et 
ceste  gcntiUece  [noblesse]  si  est  tozjors  raportée  de 
par  les  pères  et  non  de  par  les  mères,  beaum.  xlv, 
30.  Honnis  sont  hardemensoù  II  n'a  gentillesse,  nu 
CANGE,  ordtmenlum.  ||  xv  s.  De  gentillesse  il  a 
assez;  car  il  est  de  la  lignée  du  roy  David,  Lancelot 
du  lac,  t.  II,  f°  60,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  Riche 
ne  suis,  certes  je  le  confesse....  Mais  je  suis  Icu  du 
peuple  et  gentillesse  [et  parla  noblesse],  marot,  m, 
156.  Conrad  printsi  grand  plaisir  à  veoir  la  gentil- 
lesse de  leur  courage  que....  mont,  i,  2.  Alexandre 
louoit  leur  excellence  et  gentillesse  [des  arts  et  des 
sciences],  m.  i,  180.  Caton,  en  gentillesse  de  na- 
ture, grandeur  de  courage,  véhémence  et  efficace 
de  parole,  surmonloit  tousceulx  qui  se  faisoient  ap- 
peller  colonelz  et  capitaines,  amyot.  Cal.  d'Ut.  15. 

—  ETYM.  Gentil  2;  provenç.  et  espagn.  gentileia; 
catal.  gentilesa  :  iuû.  gentillexza. 

t  GENTILLET,  ETTE  (jan-ti-l!è,  llè-t' ,  Il  mouil- 
lées), adj.  Terme  familier.  Assez  gentil. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  jendi. 

GENTIMENT  (jan-ti-man),  adv.  D'une  manière 
gentille.  Je  voudrais  que  cela  fût  mis  d'une  ma- 
nière galante,  que  cela  fût  tourné  gentiment,  mol. 
Bourg,  gent.  ii,  5.  Je  suis  fort  aise  de  savoir  que 
l'ouverture  de  l'assemblée  s'est  faite  comme  vous 
le  désiriez,  et  que  le  petit  discours  a  été  bien  et 
gentiment  prononcé,  sêv.  329.  ||  Ironiquement  et 
très-familièrement.  Vous  voilà  gentiment  arrangé! 
Elle  est  gentiment  coilfée  ! 

—  HlsT.  XV'  s.  Monseigneur,  je  vous  donne  en 
bonne  etrainne  ce  faucon  pour  le  meilleur  que  je 
Tsso  oncques,  le  mieux  volant,  le  mieut  et  le  plus 
gentiment  chassant  et  abattant  les  oiseaux,  fboiss. 
Il,  II,  164.  En  Romenie  retournerai  Tout  au  plus  tost 
que  je  pourrai.  Bonnement,  sans  moi  traveillier,  Gen- 
tillement  com  messagier,  Nativ.  de  N.  S.  J.  C. 
Mystère.  ||  xvi'  s.  Alexandre  d'un  sault  léger  monta 
dessus  .sans  aucun  danger,  et,  luy  tenant  un  peu  la 
bride  roide,sans  le  batre  nyle  hara.sser,  le  remeit gen- 
timent, amyot,  Alex.  9.  Sied  il  pas  bien  à  deux  con- 
suls romains....  d'employer  leur  loisir  à  ordonner  et 
fagotter  gentiement  une  missive?...  mont,  i,  28». 

—  ÉTYM.  Gentil  (ancienne  forme  féminine),  et  le 
suffixe  ment.  Il  y  a  eu  aussi  gentillcment ,  dans  le- 
quel la  formation  avait  été  refaite  sur  le  nouveau 
féminin  gentille.  Ptoyenç.  gentilmen  ;  caM.  gentil- 
ment:  espagn.  et  ital.  gentitmente. 

fOENTISIN  (jan-ti-zin),î.  m.  Terme  de  chimie. 
Principe  retiré  de  la  gentiane. 

—  ÉTYM.  Gent....  représentant  gentiane,  et  isin, 
finale  chimique  donnée  à  quelques  principes. 

f  GENTLEMAN  (djin-tle-man',  ou,  plus  à  la  fran- 
çaise, jan-tle-man'),  s.  m.  Titre  que  prend  en  An- 
gleterre tout  individu  bien  élevé.  Je  vous  parle  en 
gentleman,  dit-il  avec  un  sourire  de  mépris,  et  vous 
me  répondez  en  crocheteur.  —  Un  crocheteur  vaut 
bien  un  gentleman  qui  fait  des  faux,  ch.  de  Ber- 
nard, le  Gendre,  §  viii. 

—  ÉTYM.  Angl.  gentle,  qui  est  le  français  gentil, 
et  mon,  homme. 

f  GENTRY  (djèn'-tri),s.  /'.Nom  par  lequel  on  dé- 
signe en  Angleterre  la  petite  noblesse,  par  opposi- 
tion à  nobility,  la  haute  noblesse. 

GÉNUFLEXION  { jé-nu-flc-ksion  ;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  Action  de  fléchir  le  genou  ou 
les  genoux,  en  signe  d'adoration  ou  de  soumission. 
Puis  il  fit  génuflexion,  rcarron,  Virg.  ii.  Je  fus  con- 
duit après  cent  quarante  génuflexions  devant  Sa 
Majesté,  volt.  Scarmentado. 

—  ÉTYM.  Lat.  genufîexionem,  de  genu,  genou,  et 
/!ec(ere, fléchir. 

t  GÉNOINE  (jé-nu-i-n'),  adj.  Terme  didactique 
très-peu  usité  et  qui  est  un  latinisme.  Véritable, 
exact.  Traduction  génuine. 

—  ÉTYM.  Lat.  genuinus. 

t  GÉNUINITÈ  (jé-nu-i-ni-té),  ».  f.  Qualité  de  ce 
qui  est  génuine.  Pour  établir  la  vérité  et  l'anti- 
quité des  faits,  la  génuinité  et  la  divinité  de  nos 
livres  sacrés,  et  même  l'antiquité  «cclésiastique,  et 
enfin  le  sens  des  textes,  il  faut  encore  avoir  re- 
cours à  la  véritable  philosophie  et  en  partie  à  la  ju- 
risprudence, E.^:prit  de  Uibnitz,  t.  l,  p.  118.  ||  On 
trouve  aussi  génuité,  mais  c'est  une  faute. 

f  GÉOBATRACIENfié-o-ba-tra-siin),».  m.  Terme 
de  zoologie.  Reptiie  oairacien  qui  vit  sur  la  terre. 

—  ÉTYM.  Ft),  terre,  etbalrorten. 

f  GÉOBLASTE  (je-o-hla-st'l,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Plantes  géoblastes,  plantes  dont  les  cotylé- 
dons restent  en  terre  pendant  la  germination 

—  ÉTYM.  r-îi,  terre,  et  blaste. 


1864 


GÉO 


GIÎOCE>THI0UE  (jé-o-san-tri-k),  adj.  Terme 
(l'astronomie.  Oui  appartient  à  une  planète  vue  de  la 
terre  Son  mouvement  (de  la  planète]  apparent  ou 
géoceiitriquo  est  le  résultat  de  son  mouvement  réel 
combiné  avec  celui  de  la  terre ,  transporté  en  sens 
contraire,  la  place,  Expos,  n,  3.  ||  Qui  se  rattache, 
qui  a  rapport  au  centre  de  la  terre.  Latitude,  lon- 
gitude géocentrique. 

—  RrVM.  Tt),  terre,  etxévxpov,  centre, 
t  GEOCORISK    (jé-o-ko-ri-z') ,   s.   f.    Terme  de 

zoologie.  Punaise  qui  vit  sur  la  terre. 

—  KTYM.  Tyi,  terre,  et  xopi;,  punaise, 
f  GÉOCYCLIQUE    (jé-0-si-kli-k')  ,   adj.    Machine 

géocyclique,  machine  qui,  représentant  le  mouve- 
ment de  la  terre  autour  du  soleil,  sert  à  expliquer 
les  saisons  et  les  climats. 

—  KTYM.  rii,  terre,  et  xûxXoi;,  cercle. 
t  GÉODE  (jé-o-d') ,  s.  f.  Rognon  de  silex  creux  à 

l'intérieur.  Si  l'on  examine  avec  quelque  attention 
l'intérieur  d'un  caillou  creux  ou  d'une  géode,,  telle 
que  la  belle  géoile  d'améthyste  qui  est  au  cabinet 
du  roi,  on  verra  que  les  pointes  de  cristal  dont  son 
intérieur  est  tapissé  partent  de  la  circonférence  et 
se  dirigent  vers  le  centre  qui  est  vide,  buff.  Min. 
t.  vu,  p.  <«,  dans  pougens. 

—  ÉTVH.  Lat.  géodes,  nom  d'une  pierre,  de  y6<î>- 
8»ii;,  terreux,  de  yy\,  terre. 

GÉODÉSIE  (jé-o-dé-zie) ,  s.  f.  Science  qui  a  pour 
objet  de  mesurer  le  globe  terrestre  et  ses  parties, 
d'en  déterminer  la  forme,  etc.  Instrument  de  géo- 
désie. La  géodésie  ordinaire  se  propose  un  double 
but  :  obtenir  des  éléments  d'une  haute  précision 
pour  la  connaissance  de  la  figure  mathématique  de 
notre  globe  et  fournir  le  canevr'.s  rigoureusement 
exact  de  la  carte  civile  et  militaire  d'un  grand  pays 
civilisé,  Aca.'Um.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  m, 
p.  178. 

—  ÉTYM.  re(j).jai(jlo,  de  y^,  terre,  et  Safeiv,  par- 
tager. 

t  GÊODÉSIEN  (jé-o-dé-ziin),  s.  m.  Ingénieur  qui 
s'occupe  de  géodésie. 

t  GÉODÉSIGRAPIIE  (jé-o-dé-zi-gra-f) ,  s.  m. 
Instrument  qui  peut  tenir  lieu  de  planchette  et  de 
graphomctie. 

—  ÉTYM.  Géodésie,  et  ypâçEiv,  décrire, 
t    GÊODÉSIMÉTRIE     (jé-o-dé-zi-mé-trie) ,    s.   f. 

Mode  d'arpenter,  d'après  les  méthodes  géodésiqu'^s. 

—  t.jyM.  Géodésie,  et  (AÉTpov,  mesure. 
GÉODÉSIQUE  Cjé-o-dé-zi-k'),  adj.  Qui  a  rapport  à 

la  géodésie.  Opérations  géodésiques.  Par  calcul , 
méthode  géodésique  et  trigonométrique,  je  suis 
parvenu  à  connaître  la  cour  mieux  que  ceux  qui 
n'en  bougent,  p.  l.  coor.  leU.  vm. 

j  GÉODÉSIQDEMENT  (jé-0-dé-zi-ke-man) ,  adv. 
Par  la  géodésie,  d'après  la  géodésie.  La  méthode  des 
signaux  naturels  permet  de  combler  les  lacunes  et 
de  relier  géodésiquement  les  stations  successives, 
ylcad.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  lu,  p.  (79. 

t  GÉODIQUE  {jé-o-di-k') ,  adj.  Terme  de  miné- 
ralogie. Qui  a  la  forme  d'une  géode. 

—  ETYM.  Ci'odc. 
t  GEOFFRÉE  (jo-frée),  s.  f.  Terme  de  botanique. 

Nom  d'un  genre  de  légumineuses  fournissant  des 
écorces  qui  ont  été  employées  comme  vermifuges. 

—  ETY.M.  Gcoffr.va,  genre  dédié  à  Geoffroy,  mé- 
decin et  naturaliste  français,  mort  en  t73i. 

t  GÉOGÈNE  tié-o-i*-"'') ,  ad).  Terme  didactique. 
Oui  est  engeL,4ic,  (iroauit  par  la  terre. 

—  ÈTYM.  TtI,  terre,  et  le  suffixe  yt^iii,  engendré. 
t  GÉOGÉNIE  (jé-o-jé-nie),  s.  f.  Formation  et  évo- 
lution lie  la  terre, 

—  ETYM.  rîj,  terre,  et  Yéveai?,  naissance,  for- 
mation. 

t  GÉOGÉNIOrE  (jé-o-jé-ni-k') ,  adj.  Qui  a  rap- 
port à  la  géogénie.  Etudes  géogéniques. 

t  GÉOGLOSSE  (jé-o-glo-s'),  s.  f.  Terme  de  boU- 
nique.  Genre  de  champignons  charnus  et  assimilés 
pour  la  forme  à  une  langue. 

—  ETYM.  r^,  terre,  et  ifXiisotii,  langue. 
tGÊOGLOSSÉES  (jé-o-glo-ssée),  s.  f.  pi.  Famille 

do  champignons  toute  voisine  des  pezizes  et  consi- 
stant simplement  dans  le  genre  géoglosse. 

GÉOGNOSIE  (jéog-no-zie) ,  ».  f.  Science  traitant 
de  la  composition  rolnéralogique,  de  la  structure, 
de  la  forme  et  étendue  des  diverses  couches  ou 
groupes  de  masses  minérales  qui  constituent  la 
partie  solide  du  globe  terrestre. 

—  ÊTYM.  Fti,  terre,  et  yvâiii;,  connaissance, 
t  GfiOGXOSTB    (jé-og-no-sf),    t.    m.   Celui   qui 

s'occupe  de  gcognosie. 

—  ETYM.  Voy.  OÉOGNOSIB. 

1  GEOttNOSTlQUB  (jé-og-no-sli-k'),  odi.  Qui  a 
rapport  à  la  gé^gnosle. 


GEO 

I  GÉOGONIE  (jé-o-go-nio),  s.  f.  Théorie  sur  l'o- 
rigine de  la  terre. 

—  ETYM.  r»j,  terre,  et  Yovîa,  formation, 
f  GÉOGONIQCE   (jé-o-go-ni-k'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  la  géogonie. 

—  ÉTYM.  Géogonie. 

GÉOGRAPHE  (jé-o-gra-f  ;  au  xvu"  s.  on  pronon- 
çait géographe,  Chifflet,  Gramm.  p.  (82),  s.  m. 
Celui  qui  sait  la  géographie;  celui  qui  écrit  sur  la 
géographie  ou  qui  l'enseigne.  Nicolas  Sanson  a  été 
dans  le  siècle  passé  le  plus  fameux  de  nos  géogra- 
phes; cette  science  lui  doit  beaucoup,  cependant 
ses  cartes  étaient  fort  imparfaites  soit  par  la  faute 
de  son  siècle,  soit  par  la  sienne,  fontkn.  Delisle. 
Quelle  ennuyeuse  et  fatigante  discussion  [celle  des 
itinéraires)  1  il  faut  être  bien  né  géographe  pour  s'y 
engager,  m.  ib.  \\  Adj.  Ingénieur-géographe,  celui 
qui  dresse  des  cartes. 

—  HIST.  XVI*  s.  Nos  géographes  disent  que  mes- 
huy  tout  est  trouvé,  mont,  ii,  332. 

—  ÉTYM.  L3.i.  geographus,  de  feuYpâço;,  de  -pi, 
terre,  et  ypiçeiv,  décrire. 

GÉOGRAPUIE(jé-o-grafie),«.f.  ||  1°  Science  qui  a 
pour  objet  de  connaître  les  différentes  parties  de  la 
superficie  de  la  terre,  d'en  assigner  les  situations 
réciproques  et  d'en  donner  la  description.  M.  De- 
lisle vint  dans  le  temps  où  tout  semblait  annoncer 
que  la  géographie  allait  changer  de  face,  fonten. 
Delisle.  La  navigation  obligea  de  perfectionner  l'as- 
tronomie et  de  la  comparer  à  la  géographie,  tuhgot, 
Ébauche  du  2*  dise.  Progrès  de  l'esprit  humain. 
Il  ne  faut  pas  croire  que  les  géographes  connaissent 
ces  pays  [du  Nord]  comme  nous  connaissons  l'Ita- 
lie, la  France  et  l'Allemagne  ;  la  géographie  est  en- 
core de  tous  les  arts  celui  qui  a  le  plus  besoin  d'être 
perfectionné;  et  l'ambition  a  jusqu'ici  pris  plus  de 
soin  de  dévaster  la  terre  que  de  la  décrire,  volt. 
Russie,  1,  (7.  Il  est  bien  difficile  en  géographie 
comme  en  morale  de  connaître  le  monde  sans  sortir 
de  chez  soi,  id.  Dict.  phil.  Géographie.  La  géogra- 
phie est  redevable  à  Hippargue  de  la  méthode  de 
fixer  la  position  des  lieux  sur  la  terre  par  leur  lati- 
tude et  leur  longitude,  pour  laquelle  il  employa  le 
premier  les  éclipses  de  lune,  la  place,  Expos,  v,  2. 
Il  On  dit  de  même  :  la  géographie  d'un  pays,  d'une 
province.  ||  Géographie  astronomique,  description 
de  la  terre,  par  rapport  au  ciel,  aux  climats,  aux 
saisons,  etc.  ||  Géographie  physique,  description  de 
la  terre,  par  rapport  aux  dispositions  de  la  surface, 
continents,  eaux,  bassins,  montagnes,  etc.  ||  Géo- 
graphie politique,  description  de  la  terre ,  par  rap- 
port aux  sociétés  et  États.  ||  Géographie  botanique, 
partie  de  la  botanique  qui  a  pour  objet  la  connais- 
sance de  la  distribution  des  espèces  végétales  à  la 
surface  du  globe  terrestre.  ||  Géographie  médicale, 
partie  de  la  science  des  milieux  qui  traite  de 
l'homme  malade  dans  ses  rapports  avec  le  globe 
terrestre.  ||  Géographie  historique,  description  des 
pays  par  rapport  aux  événements  de  l'histoire. 
Il  Carte  de  géographie,  ou,  simplement,  carte,  voy. 
CARTE,  n»  7.  Il  2'  Traité  de  géographie.  Acheter  une 
géographie.  ||  3°  Sorte  de  coquillage  et  de  pa- 
pillon. 

—  ETYM.  Lat.  geographia,  de  itwyfaifia  (voy. 
gi-ogbaphe). 

GÉOGRAPHIQCE  (jé-o-gra-fi-k'),  adj.  Qui  ap- 
partient à  la  géographie.  Dictionnaire  géographique. 
Nomenclature  géographique.  Avant  ce  temps  [la 
mesure  de  la  France  par  l'Académie  des  sciences], 
la  topographie  était  si  confuse,  que,  la  veille  de  la 
bataille  de  Fontenoy,  on  examina  toutes  les  cartes 
du  pays,  et  on  n'en  trouva  pas  une  seule  qui  ne  fût 
entièrement  fautive;  si  on  avait  donné  de  Versailles 
un  ordre  positif  à  un  général  peu  expérimenté  de 
livrer  la  bataille  et  de  se  poster  en  conséquence  des 
cartes  géographiques,  comme  cela  est  arrivé  du 
temps  du  ministre  Chamillart,  la  bataille  eût  été 
infailliblement  perdue,  volt.  Dicl.  phil.  Géograph. 
La  Chine  est  le  seul  pays  de  l'Asie  dont  on  ait  uiie 
mesure  géographique,  parce  que  l'empereur  Cam-hi 
employa  des  jésuites  astronomes  pour  dresser  des 
cartes  exactes,  id.  tb.  ||  Division  géographique  ou 
division  naturelle,  celle  qui  est  indiquée  par  les 
conditions  naturelles  du  sol. 

—  ETYM.  Lat.  geographicus,  de  geogiraphia,  géo- 
graphie. 

t  GÉOGnAPHIQUEMENT  (j^-gra-fi-k»-™*") . 
adv.  D'une  manière  géographique,  selon  les  prin- 
cipes do  la  géographie.  Avancer  est  chose  impos- 
sible dans  la  position  où  nous  nous  trouvons  [au 
fond  do  l'Italie]  ;  cela  est  vrai,  moralement  et  géo- 
graphiguement  parlant,  p.  l.  col'R.  LeU.  i,  it*. 

t   GEOHYDKOGRAPUIE   (jé-0-i-dro-gra-fie)  ,   s. 


GlîO 

f.  Terme  didactique.  Description  de  la  terre  et  de»- 
eaux. 

—  ETYM.  Vf,,  terre,  ethydrograpliie. 
GEOLAGË  (jô-la-j'),  ».  m.  Droit  payé  au  geôlier  ; 

à  l'entrée  et  à  la  sortie  de  chaque  prisonnier.  :' 

—  lllST.  xvi»  s.  Le  geollage  du  dit  Lagny   qui  j 
vaut  par  ans  dix  livres  tournois,  du  cange,  geola.      i 

—  ETYM.  Geôle. 

GEOlE  Qô-l'),  s.f.  Il  !•  Prison.  Les  droits,  le» 
registres  de  la  geôle.  Cette  nouvelle  geile  n'était 
guère  moins  fâcheuse  que  la  précédente,  patru, 
Plaid.  M.  Il  Fig.  Je  veux  revoir  jusqu'à  l'étroite 
geôle  [l'école]  Où....  bi*rang  Souv.  d'enfance. 
Il    î'  La  demeure  du  geôlier.  Aller  à  la  geôle. 

—  HIST.  xn*  s.  Fu  trouvé  mort  en  la  gaole  Gri- 
mout;  si  en  fu  grant  parole.  Hou,  dans  nu  cange, 
geola.  {|  xiii' s.  Puis  li  liast  on  poins  et  piez;  Si 
fust  jetez  trestoz  liez  En  la  chartre  ou  eu  lajeole, 
Ren.  88U3.  .loennes  hom  fet  grant  folie,  Qui  en 
gaiole  veult  mètre  viel  oisel ,  Bibl.  des  chartes, 
4'  série,  t.  v,  p.  3i6.  ||  xiv*  s.  Et  cel  aigle  félon 
tenir  et  attraper.  Et  mettre  en  ma  geôle  pour  ap- 
prendre à  parier,  Guescl.  20538.  |{  xv*  s.  Or  et  ar- 
gent sont  dieux  en  terre;  I..as!  com  faulx  dieus  et 
decepvans,  Qui  tiennent  prinsà  leur  geôle  Par  con- 
voitise maintes  gens,  e.  desch.  Poésies  mss.  f°  433. 
Il  XVI'  s.  Pour  le  dresse/  à  la  peine  et  aspreté  de  la 
cholique,  du  cautère,  et  de  la  geaule  aussi  et  de  la 
torture,  mont,  i,  tes.  C'est  [un  collège]  une  vrayo 
geaule  do  jeunesse  captive,  m.  i,  (83. 

— ÉTYM.  Wallon,  jatouie;  namur.  jatofc/Hainaut, 
geiole;  picard,  gayole,  prison;  à  Béthune,  gayole, 
cage;  poii.  gaiola,  jaula;  ital.  gahbiuola,  petite 
cage;  diminutif  du  latin  cavea,  cage  (voy.  ce  mot). 

GEOlieR  (jô-lié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l'i  se  lie  :  des  jô-lié-z  actifs),  s.  m.  Le  concierge 
d'une  prison.  Cicéron,  dans  le  dernier  de  ses  plai- 
doyers contre  Verres,  peint  la  cruelle  avarice  d'un 
geôlier  qui  mettait  à  prix  les  larmes  et  la  douleur 
des  pères  et  des  mères,  qui  leur  faisait  acheter  chè- 
rement la  triste  consolation  de  voir  et  d'embrasser 
leurs  enfants,  et  qui  exigeait  d'eux  de  l'argiMil  pour 
faire  mourir  d 'un  seul  coup  lies  malheureuses  v  ictimes 
delà  cruauté  de  Verres,  rollin.  Traité  des  Él.ui,  3. 
Il  Fig.  Qu'un  censeur  bien  tyrannique  De  l'esprit 
soit  le  geôlier,  bérang.  Censure.  Il  est  bourreiiu 
dans  l'âme  et  geôlier  par  nature,  delav.  Louis  XI, 

IV,    1. 

—  HIST.  xv*  s.  Jaulier  des  prisons  de  pensée, 
Souci,  laissez  mon  cuer  issir,  CH.  d'chléans,  Ron- 
deau. Il  XVI*  s.  Sous  quel  geôlier  ou  geôlière  avez- 
vous  esté  si  bien  traité,  que  vous  aimez  tant  votre 
prison?  mabg.  Kouv.  xlix. 

—  ÉTYM.  GeôU. 

GEÔLIÈRE  (j6-liè-r') ,  s.  f.  La  femme  du  geôlier. 
Il  Par  extension,  gardienne  de  prison.  Par  là  elle- 
même  [la  reine  d'Espagne]  était  geôlière  et  prison- 
nière, ST-siM.  438,  04.  Il  Fig.  La  valvule  [du  cœur]... 
Geôlière  peu  soigneuse  à  fermer  la  prison,  Laisse 
enfin  échapper  la  matière  inquiète,  la  font.  Quin- 
quina, i. 

—  ETYM.  Geôlier. 

GÉOLOGIE  (jé-o-lo-jie),  s.  f.  Science  qui  a  pour 
objet  l'histoire  naturelle  de  la  terre,  la  connaissance 
de  la  forme  extérieure  du  globe,  l'étude  des  difle- 
rents  terrains,  celle  de  leur  formation  et  de  leur  po- 
sition actuelle.  ||  Géologie  médicale,  partie  de  la 
géographie  médicale  qui  étudie  le  sol  dans  ses  rap- 
ports avec  l'homme  et  l'hygiène. 

—  SYN.  GÉOLOGIE,  GÉOGNOSIE.  La  géognosioest  une 
branche  de  la  géologie  ;  elle  s'occupe  de  la  struc- 
ture minéralogique  de  la  terre,  tandis  que  la  géo- 
logie embrasse  toute  l'histoire  naturelle  de  la  terre. 

—  ETYM.  r^,  terre,  et  Xoto;,  doctrine. 
GÉOLOGIQOE    (jé-0-lo-ji-k'),   adj.  Qui  conccrno 

lagéo'ogie.  Les  grandes  catastrophes  géologiques. 
Théories  géologiques. 

t  GÊOLOGI0UE,MENT  (jé-o-lo-ji-ke-man),  adv. 
D'une  manière  conforme  à  la  géologie.  Géologique- 
ment  pariant,  oes  puissantes  gibbosités  [pics  des  Al- 
pes] sont  le  produit  d'un  entre-croisement  d'au 
moins  deux  dislocations,  fournet,  Acad.  des  se. 
Comptes  rendus,  t.  lv,  p.  88ï. 

t  GÉOLOGISTE  (jé-0-lo-ji-st'),  t.  m.  Synonyme 
peu  usité  de  géologue.  -• 

GÉOLOGUE  (jé-o-lo-gh'),  s.  m.  Celui  qui  s'occupa 
de  la  géologie.  Un  habile  géologue. 

—  ÉTYM.  Voy.  géologie. 

GÉOMANCK  (j  é-o-man-s')  ou  GÉOMANOIB  (jé- 
o-man-ïie),  s.  f.  Art  prétendu  de  deviner  l'avenir 
en  jetant  une  poignée  de  poussière  ou  de  terre  au 
hasard  sur  une  table,  pour  juger  des  événements 
futui's  par  les  lignes  et  les  figures  qui  en  résultent. 


GEO 

—  HIST.  xvi's.  N'assemble  deux  à  deux  les  poincts 
de  goomance,  Ne  fay  tourner  le  sas,  n'emhrassc  la 
science  Oui  se  vante  de  dire  avecq  l'eau  ou   In  feu 

,      Tout  ce  qui  l'aviendra,  bien   qu'elle  en  sache  peu, 

'      KU.  JAMYN,  A'onnefi',  Clioxcs  futures.  Puis,  avec  un 

style,  fist  hasliveraent  certain  nombre  de  pointz  di- 

rers,  les  accoubla  par  geomantie,  et  dist rab, 

Panl.  m,  25. 

—  Ktysi.  Lat.  geomancia,  de  yri,  terre,  et  |iav- 
teia,  divination. 

GÉOMANCIKN,  lENNE  (jé-o-man-siin,  sic-n'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  pratique  la  géomancie. 

—  HIST. XVI"  S.  Autres  sont  nommés  gcomanciens, 
parce  qu'ils  devinent  par  la  terre,  paré,  xix,  S) . 

—  ErVM.  Cdomaiicie. 

f  GÉ01L.\NTIOUE  (jé-0-man-ti-  k'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  la  géomancie. 

—  RTYM.  Géomantique. 

GÎÎO.tlÉTKA L,  AI.E  (jé-0-mé-traI,  tra-l'),  aclj. 
Il  1°  Terme  d'architecture.  Qui  offre  la  dimension, 
la  forme  et  la  position  des  parties  d'un  ouvrage. 
Élévation,  coupe  géométrale.Des  plans  géomctraux. 
Traité  des  pratiques  géométrales  et  perspectives 
enseignées  dans  l'Académie  impériale  de  peinture 
et  de  sculpture,  titre  d'un  ouvrage  de  A.  Brosse, 
Paris,  I6«5.  112°  Chenilles  géométrales,  synonyme 
d'arponteuses  (voy.  ce  mot). 

—  ETVM.  Géomètre. 
GfiOMÉTUALE.MENT  (jé-o-mé-tra-le-man),  adv. 

Terme  d'architecture.  D'une  manière  géométrale. 
Un  dessin  tracé  géométralement. 

—  F.TYM.  Géomptrale,  et  le  suffixe  mrai. 
GfiOMÈTRE  (jé-o-niè-tr'),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  sait 

la  géomélne.  Arpontcur-géomctre.  ||  2"  Dans  une 
accpplion  plus  étendue.  Celui  qui  est  versé  dans  les 
mathématiiiues.  Newton  fut  un  grand  géomètre.  Il 
n'y  a  point  de  géomètre  (|ui  ne  croie  l'espace  divi- 
sible à  l'infini,  pascal.  De  l'esprit  géométriqtie,  i. 
Les  géomètres  et  tous  ceux  qui  agissent  méthodi- 
quement, n'imposent  des  noms  aux  choses  que  pour 
aljréger  le  discours,  et  non  pour  diminuer  ou  chan- 
ger l'idée  des  choses  dont  ils  discourent,  m.  tb.Ccqui 
fjit  que  de  certains  esprits  fins  ne  sont  pas  géomè- 
tres, c'est  qu'ils  ne  peuvent  du  tout  se  tourner  vers 
les  principes  de  géométrie  ;  mais  ce  qui  fait  que  des 
géo.u'tres  ne  sont  pas  lins,  c'est  qu'ils  ne  voient  que 
ce  qui  est  devant  eux,  et  qu'étant  accoutumés  aux 
principes  nets  et  grossiers  de  géométrie  et  à  ne  rai- 
sonner qu'après  avoir  bien  vu  et  manié  leurs  prin- 
cipes, ils  se  perdent  dans  les  choses  de  finesse  où 
les  principes  ne  se  laissent  pas  ainsi  manier,  id. 
Pensées,  t.  1,  p.  285,  édit.  laiiube.  J'oserais  pres(|ue 
assurer  qu'avant  qu'il  soit  cent  ans,  on  necomptcra 
pas  trois  grands  géumèlres  en  Europe,  diderot.  In- 
Icrprét.  de  la  nal.  n'  4,  CEuv.  t.  m,  p.  208,  dans 
roL'OENS.  Il  Fig.  L'éternel  géomètre.  Dieu.  Cette  im- 
mense sphère  du  monde  que  Platon  appelle  avec 
tant  de  raison  l'ouvrage  de  l'éternel  géomètre,  volt. 
Memmius,  3.  ||  Adj.  Oui  caractérise  le  géomètre. 
Personne  n'a  mieux  prouvé  que  lui  qu'on  pouvait 
avoir  l'esprit  géomètre  sans  le  secours  de  la  géomé- 
trie, VOLT.  Dicl.  phil.  Locke.  \\  Fripon  géomètre, 
homme  qui  en  géométrie  s'est  emparé  des  découver- 
tes d'autrui.  |Konig)  qui  était  à  Lahaye,  et  qui,  ne 
pouvant  être  pendu  à  Berlin,  fut  seulement  déclaré 
faussaire  et  fripon  géomètre  avec  toute  la  moiJéra- 
tion  imaginable,  volt.  Lett.  Mine  Denis,  24  juillet 

1752. 

—  ÉTVM.  Lat.  geometra,  de  •icui^i.hpr,^,  de  yr), 
terre,  et  (litpiv,  mesure.  Lexiv'  siècle  et  le  xvi"  di- 
saient g^omcfrien. 

GÉOMP.THIK  (jé-o-mé-trie),  s.  f.  ||  1°  Science  q'  i 
a  pour  but  la  mesure  des  lignes,  des  surfaces  et  des 
volumes.  On  ne  reconnaît  en  géométrie  que  les  seu- 
les (lélinitions  que  les  logiciens  appellent  définitions 
de  nom,  c'est-à-dire  que  les  seules  impositions  de 
mot  aux  choses  qu'on  a  clairement  désignées  en 
termes  parfaitement  connus,  pasc.  De  l'esprit  de 
géom.  i.  On  trouvera  peut-être  étrange  que  la  géo- 
métrie ne  puisse  définir  aucune  des  chose?  qu'elle 
a  pour  principaux  objets;  car  elle  ne  peut  définir 
ni  le  mouvement,  ni  les  nombres,  ni  l'espace  ;  et 
cependant  ces  trois  choses  sont  celles  qu'elle  consi- 
dère particulièrement  et  selon  la  recherche  desquel- 
les elle  prend  ces  trois  différents  noms  de  mécani- 
que, d'arithmétique,  de  géométriî,  ce  dernier  mot 
appartenant  au  genre  et  à  l'espèce,  id.  i6.  Ce  mot 
de  géométrie  signifie,  à  la  lettre,  l'art  de  mesurer  la 
terre;  on  prétend  que  les  Égyptiens  en  sont  les  in- 
venteurs, et  que  les  inondations  du  Nil  en  furent 
l'occasion,  rollin,  7/w(.  anc.  t.  xiii,  liv.  xxvii,  ch.  t, 
p.  4  24,  dans  pouGENS.  Il  est  vrai  qu'en  ne  regar- 
dant la  géométrie  que  comme  instrument  de  phy- 

DICT.    DE    LA    LANGUK    FltANÇAtSK 


GÉO 

sique,  il  pouvait  souvent  n'avoir  pas  besoin  que  l'in- 
strument fiH  si  fin,  FONTEN.  Uarlsoeker.  11  y  a  des 
preuves  que  M.  Newton  avait  fait  à  vingt-quatre  ans 
ses  grandes  découvertes  en  géométrie,  m.  Newton. 
Les  pyramides,  construites  d'équerre  et  correspon- 
dant juste  aux  quatre  points  cardinaux,  font  voir 
assez  que  la  géométrie  était  connue  en  Egypte  de 
temps  immémorial,  volt.  Dict.phil.  Antiquité.  Tous 
les  esprits  justes,  précis  et  clairs  appartiennent  à  la 
géométrie,  d'ai.emb.  Lett.  au  roi  de  Prusse,  6 
mars  177).  La  géométrie,  cette  science  judicieuse, 
(|ui  avait  formé  Descartes  et  dont  Pascal  et  ses  amis 
mêlèrent  l'inflexible  justesse  à  l'ardeur  même  de 
l'éloquence,  villkmain,  Dict.  de  l'Acad.  Préface. 
Il  Géométrie  ancienne,  celle  qui  emploie  seulement 
la  synthèse  à  la  man'ère  d'Euclide.  ||  Géométrie  élé- 
mentaire, celle  qui  se  borne  à  considérer  les  pro- 
priétés des  lignes  droites,  di's  lignes  circulaires,  des 
figures  et  des  solides  qui  dépendent  de  ces  deux 
lignes.  Il  Géométrie  transcendante,  celle  qui  exige 
l'emploi  du  calcul  infinitésimal,  "/otre  Majesté  traite 
un  peu  trop  mal  la  géométrie  transcendante  ;  j'a- 
voue qu'elle  n'est  souvent,  comme  Votre  Majesté  le 
dit  très-bien,  qu'un  luxe  de  savants  oisifs....  d'a- 
lemb.  Lett.  aurai  de  Pr.  29  janv.  1768.  ||  Géomé- 
trie analytique  ou  générale,  celle  qui,  comme  Des- 
cartes l'a  fait  le  premier,  emploie  le  calcul  algébri- 
que dans  l'analyse  des  propriétés  des  courbes  et 
dos  surfaces,  et  qui,  de  la  sorte,  résout  d'une  ma- 
nière générale  les  questions  qui  auparavant  n'étaient 
résolues  que  pour  chaque  cas  particulier.  ||  Géomé- 
trie des  infiniment  petits,  s'est  dit  de  cette  partie 
de  la  géométrie  générale  qui  emploie  le  calcul  dif- 
férentiel et  intégral.  La  sublime  géométrie  des  in- 
finiment petits  va  pénétrer  avec  ces  grands  géo- 
mètres dans  un  pays  [la  Russie]  où  les  éléments 
d'Kuclide  étaient  absolument  inconnus  il  y  a 
vingt-cinq  ans,  font.  Csar  Pierre.  ||  Géométrie  des- 
criptive, ensemble  de  méthodes  pour  résoudre  gra- 
phiquement ou  sur  un  seul  plan  les  pi-oblèmes  à 
trois  dimensions.  1|  Géométrie  du  compas,  méthode 
pour  résoudre  graphiquement  certains  problèmes  à 
l'aide  du  compas  seulement.  ||  2°  Fig.  Il  se  dit 
des  actions  auxquelles  on  dirait  que  la  géomé- 
trie préside.  11  y  a  en  nous  une  géométrie  na- 
turel e,  c'est-à-dire  une  science  des  proportions, 
qui  nous  fait  mesurer  les  grandeus  en  les  com- 
parant les  unes  aux  autres  et  concilier  la  venté 
avec  les  apparences,  bo.ss.  Conti.  i,  8.  Il  y  a  une 
géométrie  cachée  dans  tous  les  arts  de  la  main,  sans 
que  le  plus  grand  nombre  des  artistes  s'en  doute, 
VOLT.  Lett.  Deanzée,  )4  janv.  (768.  Les  hommes  ont 
une  géométrie  naturelle  qui  leur  fait  saisir  les  rap- 
ports quand  ils  ne  sont  pas  trop  compliqués,  id. 
Phil.  Newt.  m,  4.  ||  3°  Traité  de  géométrie.  Acheter 
une  géométrie. 

—  iiiST.  xvi*  s.  Les  instruments  de  géométrie, 
AMY0T,  P.  Mm.    26. 

—  ÊTYM.  lat.  geomeiria,  de  YEM.ueTfîa  (voy.  géo- 

MàTRE). 

GÉOMÉTIliOUE  (jé-o-mc-(ri-k'),  adj.  ||  1°  Qui 
appartient  à  la  géométrie.  Et  parce  que  cet  art  con- 
siste en  deux  choses  principales,  l'une  de  prouver 
chaque  proposition  en  particulier,  l'autre  de  dispo- 
ser toutes  les  propositions  dans  le  meilleur  ordre, 
j'en  ferai  deux  sections,  dont  l'une  contiendra  les 
règles  de  la  conduite  des  démonstrations  géométri- 
ques, c'est-à-dire  méthodiques  et  parfaites,  et  la  se- 
conde comprendra  celles  de  l'ordre  géométrique, 
c'est-à-dire  méthodique  et  accompli,  pascal.  De 
l'esprit  géométrique,  1. 1|  Construction  géométrique, 
suivant  les  anciens,  celle  qui  se  fai.sait  avec  le  se- 
cours seul  de  la  règle  et  du  compas;  suivant  les  mo- 
dernes, toute  construction  qui  s'efl'ectue  par  le 
moyen  d'une  courbe  géométrique  quelconque,  à  la 
différence  des  constructions  mécaniques,  qui  s'exé- 
cutentparlemoyendes courbes  mécaniques.  ||  Terme 
de  botanique.  Dans  les  fruits  et  les  graines,  som- 
met géométrique,  distingué  du  sommet  organi(jue; 
ils  ne  font  qu'un,  si  l'organe  est  droit  :  mais,  s'il  est 
courbé,  le  sommet  organique  est  au-dessous  du 
sommet  géométrique.  ||  Pas  géométrique ,  mesure  de 
terrain,  double  du  pas  ordinaire,  longue  de  cinq 
pieds  ou  )'"  62.  Il  Proportion ,  progression  géomé- 
trique, proportion,  progression  par  quotient,  par 
opposition  aux  proportions  et  progressions  par  dif- 
férences, qu'on  appelle  arithmétiques.  ||  2°  Esprit 
géométrique,  esprit  qui  procède  avec  méthode  et 
exactitude.  Pascal  a  composé  un  opuscule  intitulé  : 
De  l'esprit  géométrique.  11  [DescartesJ  était  un  des 
plus  grands  géomètres  de  son  temps,  mais  il  aban- 
donna sa  géométrie  et  même  son  esprit  géométrique 
pour  l'esprit  d'invention,  de  .système  ot  de  roman, 


GIÎO 


1865 


voi.T.  Lett.  Desalleurs,  26  nov.   1738.  ||  On  dit  do 
même  :  une  tête  géométrique. 

—  HIST.  xiv«  s.  Et  les  mathématiciens  appellent 
tele  proportionnalité  geometri(|ue,  orësme,  Eth. 
147.  ijxvi"  s.  Entendement  profond,  où  il  y  avolt  un 
tresnr  caché  de  tant  d'inventions  géométrique», 
AMY0T,  Harcell. 

—  ÊTYM.  Lat.  geometricus,  de  -rewiitTpix*?,  'li* 
fSMp.ETpîa,  géométrie. 

GÉOMÉTRIQUEMENT  aé-o-mé-tri-ke-man),ade. 
D'une  manière  géométrique.  Il  est  rare  que  les 
géomètres  soient  fins,  et  que  les  fins  soient  géo- 
mètres, à  cause  que  les  géomètres  veulent  traiter 
géométriquement  les  choses  fines,  pasc.  Pensées, 
t.  i,  p.  286,  éd.  LAIIUBE.  M.  Montanari  fit  un  petit 
ouvrage  où,  par  les  observations  qu'il  avait  eues 
de  diflérents  endroits,  il  recherchait  géométrique- 
ment quelle  était  la  ligne  du  mouvement  de  celte 
flamme  [météore],  sa  distance  à  la  terre  et  sa  gran- 
deur, FONTEN.  Guglielmini.  Clarke  et  Leibnitz  ont 
prouve  presque  géométriquement  l'existence  du 
souverain  être,  chateaub.  Génie,  i,  v,  t.  ||  Avec 
une  grande  rigueur.  Voilà  qui  est  établi  géométri- 
quement, prouvé  géométriquement,  établi,  prouvé 
d'une  manière  très-riwureuse. 

—  HIST.  xiv  s.  Faut  que  soit  feu  clair  et  luisant, 
D'une  esgale  température  Et  proiiortion  de  nature, 
Geometricment  ponctué....  Traité  d'alch.  650. 

—  ETYM.  Géométrique,  et  le  suffixe  ment. 

t  GÉOMÉTltlSER  Oé-o-mé-tri-zé),  V.  n.  Procéder 
suivant  les  vues  géométriques.  L'Iître  suprême  qui, 
selon  l'expression  ingénieuse  d'un  géomètre  an- 
glais, géométrise  perpétuellement  dans  l'univers, 
DIDEROT,  Lett.  sur  les  aveugl. 

—  ÉTVM.  Géomètre. 

t  GÉO.MOLGES(jé-o-mol-j'),  s.  m.  plur.  Terme  da 
zoologie.  Famille  de  reptiles  batraciens. 

— ETYM.  rii,terre,et|i.£)i'£iv,à|jL£/-yeiv,  traire,  sucer. 

t  GÉONO.MIE  (jé-o-nn-mie),  s.  f.  Terme  didac- 
tique. Étude  des  propriétés  de  la  terre  végétale. 

—  ETYM.  rî),  terre,  et  v6(j.o;,  loi,  règle. 
tGÊOI>IIAGE(jé-o-ra-j'),a(//'.  Qui  mangede  la  terre. 

—  ETYM.  fEMsàYo;, de yï),  terre,  et (payerv,  manger, 
t  GÉOPIUGIE    (je-0-fa-jie),   s.   f.   Habitude    de 

manger  de  la  terre. 

—  ETYM.  Géophage. 

t  GÉOPUILES  (jé-o-fi-r),  s.  m.  pi.  Division  de 
l'ordre  des  gastéropodes  pulmonés,  comprenant 
ceux  qui  vivent  sur  terre. 

—  ETYM.  Tri,  terre,  et  çiXo;,  qui  aime. 

t  GÉOPITIJÉCIENS  (jé-0-pi-té-siin),  s.  m.  pi. 
Groupe  de  la  famille  des  quadrumanes  platyrrhi- 
nins,  ainsi  dits  parce  que  ces  singes  vivent  à  terre 
et  non  sur  les  arbres. 

—  ETYM.  rfi,  terre,  et  TtiOriito;,  singe. 

f  GÉOPONIE  (jé-o-po-nie),s./".  Terme  didactique. 
Travail,  culture  de  la  terre. 

—  ETYM.  I't),  terre,  et  tiovoc,  travail. 

t  GÉOPONIQUE  (jé-o-po-ni-k'),  adj.  Qui  a  rap- 
porta la  géoponie.  ||  .S.  m.  pi.  Les  Géoponiques,  titres 
d'ouvrages  que  les  anciens  nous  ont  laissés  sur  l'agri- 
culture. Il  S.  f.  La  géoponique,  l'ensemble  des  con- 
naissances relatives  aux  travaux  de  l'agriculture. 

—  ETYM.  Géoponie. 

f  GÉORAMA  (jc-0-ra-ma),  s.  m.  Terme  de  phy- 
sique. Glohe  creux,  dont  la  surface  intérieure  ollre 
la  figure  de  la  terre,  de  sorte  que  le  spectateur, 
placé  au  centre  de  ce  globe,  aperçoit  l'ensemble  dos 
mers,  des  continents,  etc. 

—  ETYM.  rï\,  terre,  et  8pa[ia,  action  de  voir, 
spectacle. 

t  GEORGES  (SAINT-)  (sin-jor-j') ,  ».  m.  Ordre  de 
Saint-Georges,  autre  nom  de  l'ordre  de  la  Jarre- 
tière (voy.  JABBETlÈllE). 

GÉORGIQUES  (jé-or-ji-k'),  s.  f.  pi.  Ouvrages  qui 
ont  rapport  aux  travaux  champêtres.  Les  Géorgi- 
ques  de  Virgile.  Que  le  chantre  flatteur  du  tyrau 
des  Romains,  L'auteur  harmonieux  des  douces 
Géorgiques  Ko  vante  plus  ces  lacs  et  leurs  bords 
magnifii|iies.  Ces  lacs  que  la  nature  a  creusés  de 
ses  mains  Dans  les  campagnes  italiques,  voi.T.  Ép. 
Lxxvi.  Il  Ad).  Qui  a  rapport  à  l'agriculture. Poème 
gcorgique 

—  ETYM.  Lat.  georgica,  de  Ytwpyixo;,  qui  so 
rapporte  au  travail  de  la  terre,  de  yri,  terre,  et 
Ëpfov,  œuvre. 

tGÉOSACRE  (jé-o-s6-r'),î.  m.  Reptile  fossile. 
■,i —  ETYM.  Pfi,  terre,  et  diûpoç,  lézard. 

t  GfiOSAURIE.NS  (jé-o-s6-riin),  j.  m.  pi.  Section 
de  l'ordre  des  reptiles  sauriens,  comprenant  ceux 
qui  vivent  sur  terre. 

t  GÉOSCOl'lE  'Jé-o-sko-pie),  i.  f.  Synonyme  de 
géomancie. 

1.  —  234 


18G6 


GER 


—  f.TYM.  n,  terre,  et  onoittiv,  examiner. 
tGÉOSPHÉRIQUE  (jé-o-sfé-ri-k'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  la  sphère  <le  la  terre,  qui  la  représente. 

—  ÉTYM.  r^,  terre,  et  sphérique. 

t  GÉOSTATIQUE  (jé-0-sta-ti-k')  ,  s.  f.  La.  stati- 
que, l'équilibre  du  globe  terrestre. 

—  ÉTYM.  r»i,  terre,  et  statique. 

t  GÉOTHERMIE  (jé-o-tèr-mie) ,  s.  f.  Chaleur 
do  la  terre. 

—  RTYM.  rii,  terre,  et  eepiià?,  chaud. 

t  GÉOTHERMIQUE  (jé-0-tèr-mi-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  la  chaleur  do  la  terre.  ||  Culture  géother- 
iiii(|ue,  culture  où  l'on  se  sert  de  la  chaleur  de  la 
terre.  Serres  et  orangeries  en  plein  air,  aperçu  de 
la  culture  géothermique,  par  Naudin,  Paris,  isoo. 

t  GÉRAINE  (jé-rê-n'),  S.  f.  Un  des  noms  vulgai- 
res des  géraniums. 

t  GÉRANCE  (jé-ran-s'),s.  f.  Fonctions  de  gérant. 
Avoir  la  gérance  d'une  entreprise.  ||  Temps  que  du- 
rent les  fonctions  du  gérant.  ||  L'ensemble  des  per- 
sonnes qui  ont  cette  gérance.  On  retient  sur  les 
produits  5  p.  400  pour  la  gérance. 

—  ETYM.  Gérant.      ' 
tGÉRANIACÉES(jé-ra-ni-a-sée), «./■.?£.  Famille  de 

plantes  dicotylédonées,  dont  le  géranium  est  le  type. 

—  ÉTYM.  Géranium. 

t  GÉRANIER  (jé-ra-nié),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  géranium. 

t  GÉRANIINE  (jé-ra-ni-i-n')  ou  GÊRANINE  (jé- 
ra-ni-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie.  Matière  extrac- 
live  amère,  retirée  des  racines  du  géranium  pro- 
tmse,  L. 

t  GÉRAMON  (jé-ra-ni-on),*.  m.  Voy.  géranium. 

GÉRANIUM  (jé-ra-ni-om'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  dont  le  fruit  est  composé 
de  cinq  capsules  terminées  chacune  par  une  arête, 
d'où  résulte  une  forme  en  bec  de  grue. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  racine  de  géranium  autrement 
ditte  esguille  de  berger,  o.  de  skrres,  929. 

—  ETYM.  Lat.  jcromum,  deyepâviovjbec  de  grue, 
de  fEpavoç,  grue  (voy.  ce  mot). 

GÉRANT,  ANTE  (jé-ran,  ran-t'),  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  gère  ou  administre  pour  un  particulier  ou 
pour  une  société.  Le  gérant  d'un  journal.  ||  Adj.  Pro- 
cureur gérant. 

f  GERBAGE  (jèr-ba-j') ,  s.  m.  Levée  des  gerbes  d'un 
champ.  Il  Anciennement.  Droit  levé  sur  les  gerbes. 

—  ÉTYM.  Gerbe. 

GERBE  (jèr-b'),  s.  f.  \\  1»  Faisceau  de  blé  coupé. 
Lier  en  gerbe.  Lier  des  gerbes.  La  gloire  des  mé- 
chants est  pareille  à  cette  herbe  Qui,  sans  porter 
jamais  ni  javelle  ni  gerbe,  Croît  sur  le  toit  pourri 
d'une  vieille  maison,  malh.  i,  2.  |{  Un  saint  en  gerbe, 
un  homme  conflt  en  sainteté;  locution  tombée  en 
désuétude.  Et  ne  me  quitter  point  que  vous  n'eus- 
siez fait  de  moi  un  petit  saint  en  gerbe,  scarhon, 
Œuv.  t.  I,  p.  269,  dans  pougens.  ||  2°  Absolument. 
Terme  de  féodalité.  Dîme  sur  les  moissons.  Lever  la 
gerbe.  ||  Faire  la  gerbe  de  feurre  à  Dieu,  donner  au 
curé  pour  la  dlme  la  plus  méchante  gerbe,  celle  où 
il  y  a  le  plus  de  feurre  [paille]  et  le  moins  de  grain. 
Cette  locution  s'est  corrompue  en  :  faire  barbe  de 
feurre  à  Dieu  (voy.  barbe).  ||  3°  Gerbe  de  fleurs,  gros 
bouquet  de  fleurs.  Elle  vint  me  présenter  une  gerbe 
de  fleurs  ornée  de  rubans,  graffigny,  Lett.  péruv. 
Lelt.  32.  Il  Terme  de  vannerie.  Gerbe  d'osier,  botte 
de  branches  d'osier.  ||  4-  Fig.  Gerbe  d'eau,  sorte 
ie  faisceau  que  font  plusieurs  jets  d'eau.  La  gerbe 
du  Palais-Royal.  De  ces  monstres  des  mers,  dont 
la  puissante  haleine  Avec  un  bruit  horrible  élance 
en  gerbes  d'eaux  L'océan  revomi  par  leurs  largfs 
naseaux,  delille,  Trois  règnes,  vu.  I,es  petits  vol- 
cans des  pentes  orientales  forment  de  petits  cènes 
hauts  d'un  demi-mètre  environ,  au  sommet  dès- 
quels  est  une  ouverture  d'où  s'échappe  la  gerbe 
d'eau bouillante.LAUB,  Comptes  rendus, Àcad.  dessc. 
t.  un,  p.  1098.  Il  Terme  d'artificier.  Gerbe  de  feu,  ou, 
simplement,  gerbe,  assemblage  de  fusées  qui  partent 
însemble  dans  un  feu  d'artifice.  ||  Il  se  dit  sembla- 
blement  de  tout  ce  que  l'on  compare  à  une  gerbe 
d'eau,  à  une  gerbe  de  feu.  Le  mouvement  de  l'oi- 
loau  [paon]  produit  des  gerbes  de  reflets  ondoyants 
et  fugitifs,  BUFF.  Paon.  Après  chaque  détonation 
fdu  Vésuve  en  éruption],  la  fumée  s'élançait  en 
gerbes  gigantesques  et  se  déroulait  en  massés  blan- 
ches ou  grisâtres,  de  forme  globulaire,  ce  qui  of- 
frait un  spectacle  vraiment  grandiose,  Comptes 
rendus,  Acad.  des  se.  t.  un,  p.  <092.  ||  6»  Terme 
d'astronomie.  Un  des  noms  de  la  Chevelure  de  Bé- 
rénice. Il  Proverbe.  Mieux  vaut  le  lien  que  la  gerbe, 
la  personne  est  indigne  de  l'habit  qu'elle  porte. 

—  HIST.  xui*  s.  Par  vos  pcrdi-ge  mon  froment.  Où 
J  avoie  la  quarte  jarbe,  Ren   wnb.  Cil  ne  fet  pas  de 


GER 

son  camparte  ce  qu'il  doit,  qui  emporte  ses  garbes,  ' 
anchois  [avant]  qu'eles  soient  camparties,  bf-Aum." 
xxx,  29.  Ilxiv  s.  La  charretée  d'oignons  en  gerbe 
paiera,  chascune  charretée,  une  gerbe  de  paaige, 
DU  GANGE,  garba.  \\  xv*  s.  Chênes,  coliers,  afiquetz, 
pierreries,  Ainsi  qu'on  dit  en  un  commun  proverbe, 
Tant  en  avoit  que  c'estoit  diablerie  ;  Brief,  mieux 
valoit  le  lyen  que  la  gerbe,  le  Verger  d'honneur,  dans 
FR.  MICHEL,  Dict.  d'argot.  \\xvi'  s.  Les  assemblées 
qui  souvent  se  font  aux  provinces  pour  décider  que- 
relles, ou  pour  lever  gerbe,  seroyent  alors  converties 
en  douces  et  agréables  contentions,  langue,  (3(. 

—  ÉTYM.  Picard,  guerbe,  garbe;  wallon,  jâbe  ; 
namur.  jaube;  Hainaut,  garpe;  provenç.  et  espagn. 
garba;  de  l'anc.  haut-allem.  garbo;  allem.  mod. 
Garbe  ;  holland.  garf.  On  peut  le  rapprocher  du  lat. 
carpere,  couper,  cueillir,  et  du  grec  xocpTtô;,  fruit. 

GERBE,  EE  (jèr-bé,  bée),  port,  poisi  de  gerber. 
Mis  en  gerbe.  Du  blé  gerbe. 

GERBÉE  (jèr-bée) ,  s.  f.  |{  1*  Botte  de  paille  où  il 
reste  encore  quelque  grain.  Gerbée  de  froment. 
Il  2°  Fourrage  composé  de  fanes  et  de  fruits  des  cé- 
réales et  des  légumineuses  que  l'on  récolte  un  peu 
avant  la  maturité  et  que  l'on  fait  sécher. 

—  ÉTYM.  Grrki/;  picard,  guerbée. 

GEBBER  Q'èr-bé),  v.a.\\  1*  Mettre  en  gerbe.  Ger- 
ber  du  blé.  1|  i°  Mettre  des  pièces  de  vin  les  unes  sur 
les  autres  dans  une  cave,  dans  un  cellier.  ||  8°  Em- 
piler des  bombes  ou  des  boulets  en  un  tas  ayant  une 
forme  de  prisme.  ||4°  V.  n.  Foisonner  en  gerbe.  Du 
froment  qui  gerbe  bien.  ||  Se  dit  aussi  de  l'efl'et  des 
bombes, des  feux  d'artifice  et  desjet-sd'eau  qui  repré- 
sentent dans  leur  mouvement  la  forme  d'une  gerbe. 

—  ÉTYM.  Gerbe. 

t  GERBERIE  (jèr-be-rie),  s.  f.  Nom  qu'on  don- 
nait autrefois  au  lieu  renfermant  les  gerbes,  et  à  la 
prestation  en  gerbe. 

—  HIST.  XIV*  s.  Item  lagerberie,  c'est  assavoir  de 
chascun  feu  deux  gerbes,  du  cahge,  gerberia- 

—  ÉTYM.  Gerbe. 

t  GERBIER  Oêr-bié) ,  *.  m.  Tas  de  gerbes  en  plein 
air,  dit  aussi  et  plus  souvent  meule.  ||  Lieu  où  les 
gerbes  sont  amoncelées. 

—  HIST.  XV  S.  Guiscard  s'en  ala  en  ung  champ 
où  estoient  quatre  gerbiers,  esquels  il  mit  le  feu, 
DU  GANGE,  gerberius. 

—  ÉTYM.  Gerbe. 

f  GERBIÈRE(jèr-biè-r'),  s.  f.  Charrette  pour  por- 
ter les  gerbes.  ||  Tas  de  gerbes. 

—  HIST.  xvr  s.  Pour  parer  les  gerbes  des  pluies, 
elles  sont  entassées  en  gerbiers  de  figure  pyrami- 
dale ,  ou  en  gerbieres  dextrement  airangées  ainsi 
que  pierres  de  bastiment,  o,dk  serres,  <3o. 

—  ÉTYM.  Gerbe. 

t  GERBIFORME  (jêr-bi-for-m'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  a  la  forme  d'une  gerbe. 

—  ÉTYM.  Gerbe,  et  forme. 

I  GERBILLE  (jèr-bi-U',  U  mouillées),  ».  f.  Espèce 
de  rongeur. 

t  GERBILLON  (jèr-bi-Uon,  Il  mouillées),  *.  m. 
Petite  gerbe. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gerbe. 

f  GERBO  (jèr-bo),  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Grand  gerbo ,  nom  sous  lequel  Bufl'on  a  décri  t  Vhé- 
lamys  cafre  (rongeurs),  dit  lièvre  sauteur  au  cap  de 
Bonne-Espérance,  legoarant. 

GERBOISE  (jèr-boi-z'),  s.  f.  Genre  de  mammifè- 
res rongeurs,  i  pattes  de  devant  fort  courtes  et  à 
queue  garnie  de  longs  poils  à  son  extrémité.  Nom 
imposé  par  la  plupart  des  auteurs  au  genre  dipe 
(rongeurs),  et  nom  donné  plus  particulièrement  au 
(ii'pc  gerboa,  appelé  aussi  gerbo,  legoarant.  Les 
gerboises  se  trouvent  dans  tous  les  climats  de  l'Afri- 
que, depuis  la  Barbarie  ju-squ'au  cap  de  Bonne-lCs- 
pérance,  bufp.  Quadnip.  t.  xi,  p.  54,  dans  pougens. 

t  GERBOISIENS  (jèr-boi-ziin)  ,  s.  m.  pi.  Terme 
de  zoologie.  Les  animaux  du  genre  des  gerboises. 

GERCE  (jèr-s'),  s.  f.\\i°  Espèce  de  teigne  qui 
ronge  les  étoffes.  ||2»  'Terme  de  marine.  Fente  pro- 
duite par  la  dessiccation  dans  une  pièce  de  bois. 
Il  3°  Terme  de  menuiserie.  Planches  qui  ont  des 
fentes  tortueuses,  seulement  dans  une  partie  de  l'é- 
paisseur du  bois. 

—  ÉTYM.  Voy.  gercer;  génev.  erce,  larve  de  la 
teigne  des  pelleteries;  Berry,  gcarce. 

GERCÉ,  ÉE  (jèr-sé,  sée) ,  part,  passé  de  gercer. 
Lèvres  gercées.  Si  vous  me  peignez  une  chaumière, 
et  que  vous  placiez  un  arbre  à  l'entrée,  je  veux  que 
cet  arbre  soit  vieux,  rompu,  gercé,  caduc,  diderot. 
Essai  sur  la  peinture,  ch.  4.  ||  Fer  gercé,  fer  où 
il  se  trouve  de  petites  fentes  en  travers. 

+  GERCEMENT  (jèr-se-man),  ».  m.  Action  de 
gercer;  effet  de  cette  action. 


GER 

GERCER  (jèr-cé.  Le  c  prend  une  cédille  devant 
a  et  0  ;  gerçant,  gerçons).  ||  1°  Y.  a.  Causer  de  peti- 
tes crevasses  à  la  peau.  Gercer  les  lèvres,  le  visage 
Mon  front  hâlé,  mes  doigts  qu'a  gercés  la  froidure 
D'un  jeune  montagnard  me  donnent  la  figure,  la- 
MAUT.  Joe.  V,  (74.  Il  Par  extension.  Les  chaleurs  ont 
gercé  la  terre.  ||  2°  V.  n.  Devenir  gercé.  Les  lèvres 
gercent  au  grand  froid.  ||  3°  Se  gercer,  e.  réfl.  Étr« 
gercé,  avoir  des  gerçures.  Les  lèvres  se  gercent  à  la 
grande  gelée.  L'enduit  qui  est  exposé  à  l'air,  se  sé- 
chant plus  tôt  que  le  dedans  du  mur,  se  gerce,  Yi- 
Iruve  abrégé,  i,  2,  dans  bichelet.  L'on  observe  qu'à 
mesure  que  ce  charbon  s'embrase,  il  se  gerce  et  se 
fond  en  plusieurs  sens,  buff.  ilin.  t.  viii,  p.  <!>», 
dans  pougens.  Le  pédicule  souffre  une  altération 
analogue  :  il  noircit  et  se  gerce  çà  et  là,  mais  sur- 
tout aux  endroits  où  il  est  le  plus  tourment»  bon- 
net, Us.  feuil.  plant.  2'  mém. 

—  HIST.  XVI*  S.  Ce  vent  de  mars  vous  gar»cnera 
les  lèvres,  palsob.  p.  434.  Leblémeurdri  de  la  froi- 
dure Et  blesme  des  jarçans  frimas.  Maintenant  n'a 
plus  le  chef  bas,  Mais  touffu  reprend  sa  verdure, 
B.  belleau.  Bergerie,  t.  i,  p.   <06,  dans  lacubne. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  gersa,  gerce,  garsa,  scarifica- 
tion ,  charaxare,  garser,  vieux  mot  signifiant  sca- 
rifier; de  earacler,  scarificateur,  qui  est  le  grec 
X3cpaxTT)p,  qui  trace  des  lignes  (voy.  caractère). 
Dicz  indique  une  forme  non  latine  carptiare;  mais 
garsa,  scarification,  sert  d'intermédiaire  entre  jar- 
ser,  gercer,  et  caraxare. 

GERÇURE  (jèr-su-r'),  s.  f.\\l°  Petite  fente  OU 
crevasse  peu  profonde  que  l'on  observe  particulière- 
ment à  la  peau ,  aux  lèvres  et,  en  général,  à  l'ori- 
gine des  membranes  muqueuses,  et  qui  est  produite 
parle  froid  et  par  difTérenles  autres  causes.  ||  Ger- 
çures du  mamelon,  petites  excoriations  qui  sont  pro- 
duites par  la  succion  de  l'enfant,  et  qui  causent  une 
très-forte  douleur.  ||  2''  Petite  fente  qui  se  produit  à 
la  surface  de  la  terre,  à  l'écorce  des  arbres,  etc.  La 
même  chose  arrive  partout  aux  feuilles  d'arbres  ;  lo 
vent  porte  souvent  dans  ces  gerçures  les  œufs  d'ia- 
sectes  invisibles,  volt.  Mél.  hist.  Un  chrét.  contre 
six  juifs;  Rép.  encore  plus  courte,  viii.  Dont  l'écorce 
n'offre  ni  rides,  ni  crevasses,  ni  gerçures,  didebot, 
Salon  de  (765,  ÛEuv.  t.  xiii,  p.  ïi,  dans  pougens. 
Il  3°  Petit  fendillement  dans  un  enduit.  Cette  ger- 
çure n'est  pas  seulement  dans  la  couverte,  elle  prend 
aussi  sur  le  biscuit,  raynal,  ■  Hist.  phil.  v,  27. 
Il  Terme  de  peinture.  Fendillement  qui  s'opère  dans 
l'enduit  d'un  tableau.  Il  ne  manque  au  moderne  que 
le  cadre  enfumé,  la  poussière,  quelques  gerçures, 
cl  les  autres  signes  de  vétusté  pour  être  estimé,  re- 
cherché et  jugé  à  sa  valeur,  hiderot.  Salon  de  t'Ci , 
Œuv.  t.  XIV,  p.  351.114*  Terme  de  métallurgie. 
Fente  qui  se  voit  sur  l'acier  trop  fortement  trempé. 
Il  5°  Nom  de  fontes  vives  qui  se  trouvent  dans  lo 
diamant.  ||  6°  Maladie  de  la  vigne  qui  parait  être  une 
sorte  de  brûlure  {voy.  drûluue). 

—  ÉTYM.  Gercer. 

GÉRÉ,  ÉE  (jé-ré,  rée),  part,  passé  de  gérer.  Une 
exploitation  gérée  par  un  homme  intelligent. 

f  GÉRENDE  ;jé-ran-d'),  ».  f.  Serpent  du  genre  boa. 

GÉRER  (jé-ré.  La  syllabe  gé  prend  l'accent  grave 
quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  gère;  ex- 
cepté au  futur  et  au  conditionnel  :  je  gérerai,  je 
gérerais),  v.  a.  Administrer  certains  intérêts.  Gérer 
une  tutelle.  Il  a  mal  géré  ses  affaires.  ||  Se  gérer, 
t'.  réfl.  Être  géré.  Cette  entreprise  se  gère. 

—  SYN.  GÉRER,  régir.  Gérer,  c'est  proprement 
porter;  régir,  c'est  proprement  diriger.  Celui  qui 
régit  peut  n'avoir  pas  la  gestion;  celui  qui  gère 
peut  ne  pas  avoir  la  direction.  Quand  on  dit  qu'un 
ministre  gère  ou  régit  les  affaires  de  l'État,  il  est 
considéré  dans  le  premier  cas  comme  occupé  à  les 
expédier;  dans  le  second,  comme  leur  donnant  la 
direction  qu'elles  doivent  suivre. 

—  ÉTYM.  Lat.  gerere,  porter,  administrer,  fran- 
cisé récemment,  suivant  le  procédé  moderne,  qui 
no  tient  pas  compte  de  l'accent  latin. 

t  GÉREUK  (jé-reur),  s.  m.  Celui  qui,  aux  colo- 
nies, est  le  directeur  d'une  exploitation. 

—  ÉTYM.  Gérer. 

GERFAUT  (jèr-fô  ;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire  ;  au  pluriel,  1'»  se  lie  :  les  jèr-fô-z  et  les 
faucons),  ».  m.  Oiseau  de  proie  du  genre  faucon 
{hierofalco,  nom  latin  de  ce  genre).  Le  gerfaut  est 
fier  et  hardi,  et  celui  des  oiseaux  de  rapine  qui, 
après  l'aigle,  a  le  plus  de  force,  belon,  liv.  Il,  dans 
BICHELET.  Le  gerfaut,  tant  par  sa  figure  que  par  le 
naturel,  doit  être  regardé  comme  le  premier  de 
tous  les  oiseaux  de  la  fauconnerie,  buff.  Oit.  t.  i, 
p.  339,  dans  POUGENS.  - 

—  IIIST.  xiii*  s.  La  quinte  lignie  [des  fauconsj  est 


GER 


GER 


GER 


1867 


girfalc,  qui  soriD'"iite  touz  oisiaus  de  son  grant, 
iiMiN.  LATiNi,  Trésor,  p.  203.  Plus  [il]  ëesire  ba- 
taille que  déduit  ne  gerfaus,  Ch.  d'Ant.  viil,  392. 
]|  XV'  s.  Le  chevalier  respondit  que  l'amorat  pren- 
drait grand  plaisance  à  voir  blancs  faucons  qui  sont 
nommés  gerlàux,  fboiss.  m,  iv,  64.  ||  xvi»  s.  Comme 
un  gerfaut  qui  de  roideur  se  laisse  Caler  à  bas,  ou- 
vrant la  nue  espaisse,  Dessus  un  cygne  amusé  sur 
le  bord,  rons.  620. 
—  ÉTYM.    Bas-lat.  gyrofaico,  girfalco,  grifalco  ; 

ne.  cat.  girfalc;  esp.  gerifalco;  portug.  girafalte; 

;al.   girfalco.   On   l'a   fait  venir  de  hiero,  Upo;, 

icré  :  faucon  sacré,  grand,  puissant  (hiero  se  chan- 
:,fant  quelquefois  en  jer,  comme  dans  jerarchia, 
'  fiuT  hierarchia).  On  l'a  fait  aussi  venir  de  gyrare, 

■umer.  Mais  l'étymologie  est  dans  l'allemjnd  Geicr- 

falk,  de   Geier,   vautour,    et  Falke,  faucon  (voy. 

i  AUCON  )  ;  quant  h  Geier,  11  représente  l'anc.  haut- 

rillemand  giri,  vorace. 

t  GfiRILLE   (gé-ri-ir,   U  mouillées),   s.  f.\oy. 

lANTHAREI.LE. 

t  GERLON  (jcr-lon),  ».  m.  Cuve  dont  se  sert  le 
papetier. 

i.  GERMAIN,  AINE  (jèr-min,  mè-n'),  s.  m.  et  f. 

"  1°  Terme  de  jurisprudence.  U  se  dit  des  frères  et 

ipurs  nés  d'un  même  père  et  d'une  même  mère, 

ar  opposition  à  ceux  qui  sont  nés  seulement  de 

:  un  ou  de  l'autre.  Les  germains,  les  consanguins  et 

s  utérins.  Comme  l'assure  M.  Jurieu,  les  mariages 
pouvaient  se  faire  entre  les  germains,  boss.  Va/r. 
4"  arert.  §  6.  ||  Il  s'est  dit  autrefois  dans  le  langage 
général  pour  frère,  sœur.  Les  gens  de   Cornélie, 


Cenomani,  etc.  ot  qu'il  assimile  au  kimry  maon, 
peuple  :  le  peuple  voisin. 

t  3.  GERMAIN  (SAINT-)  (sin-jèr-min),  s.  m.  Va- 
riété de  poire  très-bonne.  Poire  de  Saint-Germain. 
Du  Saint-Germain.  Des  Saint-Germain  (sous-entendu 
poires  de). 

t  GERMAINE  (jèr-mè-n'),  s.  f.  Genre  de  labiées. 

GERMANDRÉE  (jèr-man-drée) ,  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Genre  nombreux  de  la  famille  des  la- 
biées. La  germandrée  aquatique  (teucrium  scor- 
dium,  L.).  La  germandrée  officinale  ou  petit  chêne 
[teucrium  chamœdrys,  L). 

—  HIST.  XVI'  s.  Germandrée-d'eau,  ou  chamarras, 
aime  lieu  plus  froid  que  chaud,  plus  humide  que 
sec,  et  gras  que  maigre,  0.  de  serres,  620.  German- 
drée de  deux  sortes,  l'une  ditte  d'eau  et  scordion, 
l'autre  chamadris  ou  petit-chesne,  à  cause  de  la 
semblance  de  ses  fueilles  à  celles  du  chesne,  id.  626. 

—  ÉTYM.  Prov.  germandrea  ;  ital.  calamandrea; 
altération  du  latin  chamxdrys,  grec  xaiJiatSpùî,  de 
Xanai,  à  terre,  et  Spùç,  chêne. 

'  GERMANIQUE  (jèr-ma-ni-k'),  adj.  ||  1»  Qui  ap- 
partient aux  Germains.  Les  trois  peuples  germani- 
ques qui  ont  occupé  la  Gaule  sont  les  Bourguignons, 
les  Visigoths  et  les  Francs,  guizot  ,  Hist.  de  la  civil. 
en  France,  8'  leçon.  ||  2»  Aujourd'hui,  qui  appartient 
aux  Allemands,  à  l'Allemagne.  Le  corps  germani- 
que, l'ensemble  des  Etats  qui  forment  la  confédéra- 
tion germanique.  Dans  ce  moment  si  remarquable, 
où  vous  jouez,  sire,  aux  yeux  de  toute  l'Europe,  le 
rôle  vraiment  digne  de  vous,  de  défenseur  de  l'Al- 
lemagne et  de  protecteur  du    corps  germanique. 


entre  .;ui  vos  Romains  Ont  déjà  reconnu  des  frères,    d'alemb.  Lell.  au  roi  de  Pr.  31  mars  1778.  ||  Km- 
des  germains,  corn.  Pomp.  iv,  <.  Corneille,  que  ta  |  pire  germanique  ou  empire  romain  germanique 


verve  a  des  charmes  puissants  !  Ses  yeux  [de  Cla- 
rico,  personnage  de  la  Veuve]  remplis  d'amour,  ses 
discours  innocents.  Joints  à  sa  majesté  plus  divine 
qu'humaine.  Paraissent  au  théâtre  avec  tant  de 
splendeur  Que  Mélite,  admirant  cette  belle  ger- 
maine, Confesse  qu'elle  doit  hommage  à  sa  gran- 
deur, GL-ÉRENTE,  à  M.  Corneille,  sur  sa  Clarice. 
Aujourd'hui,  s'il  se  peut,  voir  l'épée  à  la  main 
Celui  qu'on  sait  avoir  tué  votre  germain,  scarron, 
Jodelei  ou  le  Maître  valet,  iv,  B.  ||  Figi  La  politique, 
l'intrigue,  volontiers  ;  mais,  comme  je  les  crois  un  peu 
germaines,  en  fasse  qui  voudra,  beaumarch.  Slar. 
de  Figaro,  ni,  S.  ||  Adj.  Frères  germains.  Sœurs  ger- 
maines. Il  2°  Adj.  Cousins  germains,  se  dit  des  en- 
fants issus  des  deux  frères,  des  deux  sœurs,  ou  du 
frère  et  de  la  sœur.  Elle  est  cousine  germaine  de 
M.  de  Louvois,  sÉv.  i.  ||  Fig.  Du  bon  temps....  Que 
le  vrai  du  propos  [des  dires,  des  paroles]  était  cou- 
sin germain,  Régnier,  Sat.  xii.  ||  Cousins  issus  de 
germain  (germain  écrit  sans  s),  les  enfants  issus 
de  deux  cousins  germains.  Je  ne  suis  pas  généalo- 
giste; mais,  si  ces  prêcheurs  disent  vrai,  nous  som- 
mes tous  cousins  issus  de  germain,  volt.  Candide., 
i9.  Il  Cousin  remué  de  germain,  se  disait  autrefois 
pour  cousin  issu  de  germain.  1 1  Substantivement.  11 
a  le  germain  sur  moi,  il  est  cousin  germain  de  mon 
père  ou  de  ma  mère . 

—  HIST.  xm'  s.  Noz  volons  que  tuit  sacent  que 
guerre  ne  se  pot  fere  entre  deus  frères  germains 
engenrés  d'un  père  et  d'une  mère,  beaum.  lix,  ). 
Je  trouvai  une  petite  nef  que  madame  de  Baruch, 
qui  estoit  cousinne  gcrmainne  le  conte  de  Monbe- 
liart  et  la  nostre,  m'avoit  donnée,  joinv.  2)4. 
Il  XV'  s.  Et  avoit  à  femme  la  sœur  germaine  dudil 
roy  Philippe....  froiss.  i,  i,  64.  ||  xvi'  s.  Qualité 
germaine  à  cette  cy,  mont,  i,  17.  Ce  cas  est  ger- 
main à  celuy  de  M.  de  Guise,  id.  i,  343. 

—  ÉTYM.  Prov.  german,  girxnan;  cat.  germd; 
esp.  hermano  ;  ital.  germano  ;  du  lat.  germanus, 
frère,  qui  est  de  même  radical  que  germen,  germe. 

t  2.  GERMAIN,  AINE  (jèr-min,  mè-n'),  adj. 
Oui  appartient  à  la  Germanie,  ancien  nom  de  l'Al- 
lemagne. Il  S.  m.  et  f.  Nom  du  peuple  habitant  la 
Germanie.  Qu'avez-vous  appris  aux  Germains? 
LA  FONT.  Fabl.  XI,  7. 

—  ÉTYM.  Lat.  Germanus.  Les  anciens  y  voyaient 
■e  latin  germanus,  frère  :  peuples  frères;  mais  cela 
ne  mérite  aucune  considération,  les  Romains  ne 
tirant  pas  les  noms  des  nations  barbares  de  la  lati- 
nité. On  a  indiqué  une  origine  allemande  :  Wehr, 
défense,  ou  lleer,  armée,  et  Mann,  homme  ;  mais 
le  mot  germain  a  toujours  été  inconnu  à  l'Alle- 
magne elle-même  ;  ce  n'est  pas  le  nom  qu'elle  se 
donnait.  Comme  les  Romains  n'ont  connu  d'abord 
les  Allemands  que  par  les  Gaulois,  il  est  très-vrai- 
semblable que  le  mot  Germanus  est  d'origine  cel- 
tique; et  Mahn  on  a  donné  une  étymologie  très- 
plausilile  ;  kimry,  ger,  irl.  gair,  voisin,  et  man,  qui 
se  trouve  dans  plusieurs  noms  de  peuples  celtiques, 


l'empire  d'Occident,  renouvelé  par  Charlemagne 

—  ÉTYM.  Lat.  germanicus,  de  Germanus,  Ger- 
main 2. 

f  GERMANISER  (jèr-ma-ni-zé).  ||  1°  V.  a.  Ren- 
dre germain  ou  allemand.  Le  gouvernement  prus- 
sien s'efforce  de  germaniser  la  province  polonaise 
qu'il  possède.  ||  2°  V.  n.  Faire  des  germanismes. 

—  ÉTYM.  Germain  2. 

GERMANISME  (jèr-ma-ni-sm'),  s.  m.  Façon  do 
parler,  tour  propre  à  la  langue  allemande.  Traduc- 
tion défigurée  par  des  germanismes.  Ces  repas,  un 
peu  plus  que  simples,  étaient  égayés  par  les  fines 
et  folles  polissonneries  de  Klupffel,  et  par  les  plai- 
sants germanismes  de  Grimm,  qui  n'était  pas  en- 
core devenu  puriste,  J.  J.  Rouss.  Conf.  vm. 

—  ÉTYM.  Germain  2. 

t  GERMANISTE  (jèr-ma-ni-sf),  s.  m.  Celui  qui 
étudie  les  langues  germaniques. 

f  GERMANT,  ANTE  (jèr-man,  man-t'),  adj.  Qui 
est  dans  un  état  de  germination. 

GERME  (jèr-m'),  s.  m.  ||1°  Premier  rudiment 
d'un  nouvel  être  végétal,  qui  apparaît  dans  l'ovaire 
par  le  fait  de  la  fécondation.  Son  haleine  [de  la  Dis- 
corde] en  cent  lieux  répand  l'aridité;  Le  fruit  meurt 
en  naissant  dans  son  germe  infecté,  volt.  Henr.  iv. 
Ce  que  la  graine  et  le  germe  sont  à  la  plante,  l'œuf 
et  l'embryon  le  sont  à  l'anima! ,  bonnet,  Contempl. 
nat.  m,  6.  ||  2°  En  général,  premier  rudiment  de 
tout  être  organisé,  végétal  ou  animal,  apparais- 
sant dans  l'ovule  fécondé.  Né  d'un  germe  venu  d'un 
autre  germe,  y  a-t-il  eu  une  succession  conti- 
nuelle, un  développement  sans  fin  de  ces  germes? 
lOLT.  Philos,  ignor.  Quest.  20.  Le  germe  existait-il 
déjà  dans  la  graine  ou  dans  l'œuf  avant  la  féconda- 
tion ?  la  poussière  des  étamines  ou  la  liqueur  que 
le  mâle  fournit  n'est-elle  que  le  principe  de  son  dé- 
veloppement? BONNET,  Contid.  corps  organ.  Œtiv. 
t.  V,  p.  94,  dans  pougens.  Je  vois  les  siècles  s'en- 
tasser les  uns  sur  les  autres,  les  générations  s'ac- 
cumuler comme  les  flots  de  la  mer,  sans  que  le 
nombre  des  germes  employés  à  les  fournir  dimi- 
nue d'une  manière  sensible  la  masse  organique 
qu'ils  composent,  id.  %b.  p.  209.  ||  Préexistence  des 
germes,  système  sur  la  fécondation  d'après  lequel  le 
germe,  dans  la  graine  ou  dans  l'œuf,  est  le  végétal 
ou  l'animal  en  petit,  la  fécondation  ne  faisant  que 
commencer  l'accroissementdes  parties  préexistantes: 
système  aujourd'hui  abandonné  pour  celui  de  l'épi- 
genèse.  Si  le  germe  préexiste  tout  entier  à  la  fécon- 
dation ce  que  nous  nommons  génération  n'en  est 
point  une  ;  mais  ce  n'est  que  le  commencement 
d'une  évolution,  qui  amènera  peu  à  peu  au  grand 
jour  des  parties  cachées  auparavant  dans  une  nuit 
impénétrable,  bonnet,  Contempl.  nat.  OEuv.  t.  vm, 
p.  75.  Je  ne  saurais  me  résoudre  à  abandonner  une 
aussi  belle  théorie  que  l'est  celle  des  germes  préexis- 
tants pour  embrasser  des  explications  purement  mé- 
caniques, ID.  Consid.  corps  organ.  Œuv.  t.  v, 
p.  <  14.  Il  prétend  s'étayer  du  grand  Leibnitz,  et 


personne  n'ignore   que  cet  illustre  métaphysicien 
était  un  des  plus  zélés  partisans  du  système  des 
germes,  id.  Lett.  div.  Œuv.  t.  xii,  p.  79.  |{  Emboî- 
tement des  germes,   hypothèse  suivant  laquelle  la 
première  femelle  do  chaque  espèce  contientle  germe 
de  tous  les  individus  qui  viendront  successivement 
à  la  vie  ;  hypothèse  abanrlonnée  aussi  pour  le  sys- 
tème de  l'épigenèse.  ||  Faux   germe,  matière   in- 
forme qui  provient  d'une  conception  défectueuse. 
Cette   femme   est    accouchée    d'un    faux   germe. 
Il  3°  Dans  le  langage  ordinaire,  la  partie  de  la  se- 
mence dont  se  forme  la  plante.  Le  germe  du  blé. 
Il  La  partie  d'une  racine  bulbeuse  ou  tubéreuse  qui 
produit  une  nouvelle  plante.  Le  germe  d'un  pignon, 
ôter  les  germes  des  pommes  de  terre.  ||  La  première 
pointe  qui  sort  d'une  graine,  d'une  bulbe,  etc.  Les 
fourmis  rongent  le  germe  du  blé.  ||  4°  Nom  donné 
vulgairement  à  la  cicatricule  de  l'œuf  d'oiseau.  ||  5°  U 
se  dit  du  rudiment  de  certaines  parties  organiques. 
Les  germes  des  dents.  Si  l'on  admet  des  germes  par- 
ticuliers pour  la  production  des  dents,  pourquoi  re- 
fuserait-on  d'en   admettre  pour  la  productioi»  rie 
parties  beaucoup  plus  composées,  et  dont  la  forma- 
tion répugne  encore   davantage   aux   explications 
mécaniques?  bonnet,  Consid.  Corps  organ.  t.  vi, 
p.  42.  Il  Le  germe  d'une   maladie,  les  premières  al- 
térations qui  disposent  à  la  maladie  ou  qui  la  com- 
mencent. J'apportai  le  germe  d'une  incommodité 
que   les  ans  ont  renforcée,  j.   J.  rouss.  Conf.   i. 
Il  Terme  de  vétérinaire.  Germe  de  fève,  tache  noire 
formée  par  la  matière  que  contient  le  cul-de-sac  ex- 
terne des  incisives  du  cheval.  ||  6°  Fig.  Le  principe, 
la  cause  originelle  de  certaines  choses.  La  pensée 
que  nous  sentons  naître  comme  le  germe  de  notre 
esprit,  comme  le  fils  de  notre   intelligence,  nous 
donne  quelque  idée  du  fils  de  Dieu  conçu  éternelle- 
ment dans  l'intelligence  du  père  céleste,  boss.  Ijisl. 
Il,  6.  Oui  croirait  que  le  germe  de  Pyrrhus  et  d'An- 
dromaque  est  dans  Pertharite    [tragédie  de   Cor- 
neille] ?  qui  croirait  que  Racine  en  ait  pris  les  sen- 
timents, les  vers  même?-voLT.  Mél.  litt.  Lettre  à 
M.  l'abbé  d'Olivet.   Homme  prudent,  épiez  long- 
temps la  nature ,  observez  bien  votre  élève  avant 
de  lui   dire   le   premier  mot;  laissez   d'abord  le 
germe  de  son  caractère  en  pleine   liberté  de  se 
montrer,  j.  J.  bouss.  Ém.  n.  Un  grand  fonds  d'i- 
magination et  un  penchant  marque  pour  l'harmo- 
nie sont  le  germe  du  poète,  bonnet,  Ess.  psychol. 
ch.  70.  Il  Les  germes  du  chaos,  les  germes  que 
contenait  le  chaos.  Lorsque  du  créateur  la  parole 
féconde  Dans  une  heure  fatale  eut  enfanté  le  monde 
Des  germes  du  chaos,  lamart.  Méd.  1,  7.  ||  Au  mo- 
ral. Le  germe  des  vertus.  Changer  en  germe  de  pé- 
ché le  fruit  de  la  pénitence,  mass.  Or.fun.  Villars. 
Il  est  certain  que  le  passage  de  la  succession  de 
Bourgogne  dans  la  maison  d'Autriche  a  été,  pendant 
.plus  de  deux  siècles,  le  principe  d'une  guerre  pres- 
que continuelle,  dont  le  germe  n'est  pas  encore 
détruit,  duclos,  Hist.  Louis XI,  Œuv.  t.  m,  p.  m. 
dans  POUGENS.    S'il  reste  parmi  vous  le  moindre 
germe  d'aigreur  ou  de  défiance,   hâtez-vous  de  le 
détruire,  i.  J.  rouss.  Dédie,  à  la  rép.  de  Génère. 
Il  En  germe,  à  l'état  caché  et  prêt  à  se  développer. 
Ces  dissensions  étaient  en  germe.  ||  7°  Terme  d'al- 
chimie. Le  mercure. 

—  HIST.  XII"  s.  E  ne  sera  germe  es  vignes.  Liber 
psalm.  p.  241 .  Il  xiv  s.  Cil  germe  est  à  toy  néces- 
saire, Comme  à  moy  mesme  pour  tout  faire,  Nat.  à 
l'alch.  err.  es.  ||xvi'  s.  Les  moles  et  faux  germes, 
et  autres  choses  monstrueuses,  paré,  xviii,  10.  Ty- 
deus  a  engendré  de  son  germe  Un  fils  qui  n'a  comme 
luy  le  cœur  ferme,  amtot,  Corn,  discern.  le  fiait.  68. 
[Les  fourmis]  rongent  le  bout  [du  grain  de  blé]  par 
où  le  germe  a  coustume  de  sortir,  mont,  ii,  isc. 

ÉTYM.  Berry,  g<Tne,  gemon  ;  picard,  germion  ; 

wallon,  germon;  namur.  jaurnon;  Hainaut,  geme, 
gernon,  jarnon;  piovenç.  germe,  germ;  cspagii. 
germen;  ital.  germe;  du  latin  germai,  pour  gerb- 
men,  la  chose  conçue,  radical  sanscrit  grabh, 
garbh,  concevoir. 

GERMÉ,  ÉE  (jèr-mé,  mée),  part,  passé  de  ger- 
mer. Du  blé  germé.  Il  Graine  germée,  graine  qui 
commence  à  montrer  sa  radicule. 

GERMER  Oêr-mé),  V.  n.  ||  1»  Il  se  dit  des  grains, 
des  tubercules,  des  bulbes  qui  commencent  à  faire 
apparaitre  leur  germe.  M.  Linné,  le  plus  célèbre  bo- 
taniste de  l'Europe,  reçut  enfin  cet  arbrisseau  ger- 
mant [le  thé]  et  il  parvint  à  le  conserver  hors  dos 
serres,  en  Suède  même,  raynal,  Jlist.  phil.  v,  26. 
On  lit  dans  l'Encyclopédie  au  mot  végétation,  que 
des  haricots  d'Amérique,  tirés  du  cabinet  de  l'em- 
pereur, avaient  germé  par  les  soins  d'un  jardinier, 
quoique  les  haricots  eussent  dca    cents  ans,  bon- 


(8G« 


G  Kl'. 


NET,  Paling.  philos,  m,  4.  ||  Par  extension.  Voyez  | 
pnrmer  à  rmil  les  semences  du  monde,  bégnieb,  j 
s'il.  IX.  Il  Kig,  Oui  poui-rail  exprimer  la  joie  qu'elle 
reisenlait,  lorsqu'elle  voyait  paraître  ses  bonnes  in- 
clinaliotis  (du  jeune  fils  de  Louis  XiV],  croître  ses 
bonnes  liah.tudes,  et  germer  ces  précieuses  semen- 
ces de  gloire  et  de  vertu  qu'elle  avait  jetées  avec 
tant  de  soin  dans  son  cœur?  flêcii.  Urne  de  Mon- 
tausier.  Il  n'en  résullerait  aucun  des  mauvais  effets 
q'd  en  germent  à  milliers,  hontesq.  I.elt.  pers.  Sb. 
I,a  terre  sous  leurs  pas  fait  germer  tous  les  maux, 
uiicis,  Âbnfar,jn,  2.  ||  2°  S'implanlerdans  les  esprits 
ou  dans  les  ca-urs.  Ces  idées  commencent  à  germer 

dans  les  esprils Si  quelques  vertus  germent  dans 

votre  cœur....  volt.  rriumi;.iii,  6.  L'écritdu  citoyen 
oliscur  fut  une  semence  qui  germa  peu  à  peu  dans 
la  tête  des  grands  hommes,  ID.  Pnlit.  et  lég.  Ce 
qu'on  ne  (ait  pas.  ||  3°  V.  a.  Faire  germer;  se  dit 
dans  le  style  biblique  et  poétique.  Ton  sang,  en 
quelques  lieux  que  sa  fougue  t'emporte.  Laisse  em- 
preinte à  longs  traits  la  gloire  de  ton  nom  ;  Et 
c'est  une  semence  illustre,  vive  et  forte  Oui  de 
nouveaux  martyrs  germe  une  ample  moisson,  cohn. 
Vers  des  hymnes  de  St  Victor.  Oue  la  terre  s'ouvre 
et  qu'elle  germe  le  .Sauveur,  et  que  la  justice  naisse 
on  même  temps,  saci,  Bible,  Isaie,  xlv,  8.  Que  la 
terre  germe  l'herbe  verte  qui  renferme  une  se- 
mence, KÊN.  t.  m,  p.  78.  L'homme,  enfant  et  fruit 
de  la  terre ,  Ouvre  les  flancs  de  cette  mère  Oui 
germe  les  fruits  et  les  fleurs,  lamart.  Joc.  ix.  Il 
interdira  aux  coteaux  du  Midi  de  germer  l'olive  et 
la  vigne  pour  les  hommes  du  Nord,  m.  Disc.  pron. 
à  ilarseilte,  I4  aoOt  4»47.  ||  Germer,  i).  n.  se  conju- 
gue avec  l'auxiliaire  aDOir,  quand  on  veut  expri- 
mer l'action  de  germer  :1a  graine  a  germé  hier;  avec 
l'auxiliaire  être,  quand  on  veut  exprimer  l'état  :  la 
graiqe  est  germée  depuis  hier. 

—  1I1ST.  XII'  s.  Deusle  vesti  de  peals,  lui  et  nus 
înousj  morlals  fist;  Ks  ovraignes  Adam  nostre  terre 
maudist,  Oui  nus  [nous]  germe  péchiez  et  dunt  poi 
de  bien  ist  [sort].  Th..  le  mart.  .32.  Il  tolent  tôt  ce 
quelesbones  penséesontgermeit,  ^oft,  p.  444.  Li  ra- 
cine d'amariteitgermerat,  s.  BEHN.  6G(.  Il  XIII"  s.  La 
terre  s'esleecera  [réjouira]  germanz,  Psautier,  l'°75. 
I)  XVI*  s.  Ce  sont  les  vrajes  semences  de  la  cruauté  : 
oHes  se  germent  là,  mo.nt.  i,  i07.  Le  froment,  s'a- 
cheminant  à  germer  et  produire,  id.  ii,  186. 

—  Ktym.  Wallon,  gcrmi,  namur.  jaumer;  Hai- 
naut,  giTncr,  jarner;  itm\enç.  germenar  ;  espagn. 
germiiiar;  ital.  germinorc;  du  lat.  yerminare,  de 
germen,  germe. 

t  l.r.ERMlXAL,  AI.K  (jèr-mi-nal ,  na-l'),  adj. 
■'erme  de  botanique.  Feuilles  germinales,  feuilles  qui 
se  développent  en  place  de  la  graine. 

—  ETYM.  Germe. 

2.  GERMINAL  (jèr-mi-nal),  s.  m.  Le  septième 
mois  de  l'année  dans  le  calendrier  républicain.  Le 
mois  de  germinal  s'étend  du  2)  mars  au  19  avril. 

-—  RrvM.  Germe. 

\  GKRMINATEUR,  TRICE  (jèr-mi-na-teur,  tri-sT, 
adj.  Terme  didactique.  Oui  a  le  pouvoir  de  faire 
germer.  Il  est  j)ourtant  des  faits  très-certains  qui 
prouvent  qu'ils  [certains  germes]  ont  été  ordonnés 
de  manière  qu'ils  conservent  pendant  un  temps, 
même  très-long,  la  vertu  germinatrice,  bonnet, 
Paling.  philos,  m,  4. 

—  ETYM.  Lat.  germinare. 

\  GEH.MINATIF,  IVK  (jèi^mi-na-tif,  ti-v'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Synonyme  plus  usité  de  gor- 
minateur.  jj  Faculté  germinalive,  faculté  qu'ont  les 
giaines  de  germer,  et,  plus  généralement,  celle  que 
possèdent  les  corpuscules  reproducteurs  de  certains 
êtres  organisés.  Il  Terme  d'anatomie.  Vésicule  ger- 
ininative,  dite  aussi  de  Purkinje  [anatomiste  alle- 
mand], noyau  agrandi  et  devenu  vésiculoux  dans 
la  cellule  par  laquelle  l'œuf  commence.  ||  Tache 
germmative,  voy.  tache. 

—  lllST.  xvi*  s.  Il  y  en  a  une  autre  [eau]  germi- 
nalive, congplative,  sans  laquelle  nulle  chose  ne 
pourroil  dire  :  je  suis,  pamssy,  217. 

—  ÊTYM.  l'rov.  germinaltu;  du  latin  j;«nnmar«, 
ijermfr. 

GERMINATION  (jèr-mi-na-sion  ;  en  vers,  de  cinq 
syllabos),  t. /■.  Acte  par  le.uel  l'embryon  végétal 
n'accroît,  se  débarrasse  des  enveloppes  de  la  graine 
qui  le  protégeait,  et  finit  par  se  suffire  à  lui-mcme 
en  tirant  sa  nourriture  à  l'aide  de  sa  jeune  racine. 
Observer  le  progrès  de  la  germination  des  plantes. 
-  hist.  xvi"  s.  Si  l'eau  qui  cause  la  germination 
de  tous  arbres  et  plantes,  palissy,  217. 

■~  t^TYM.  l'rov.  yerminacio;  esp.  germinacion; 
ital.  jprminojioiie;  du  lat.  germinationem,  de  ger- 
minart,  ge.Tiier. 


GÉR 

t  CERMINIPABE  (jèr-mi-ni-pa-r') ,  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  se  reproduit  par  des  ger- 
mes. 

—  ÊTYM.  Lat.  germen,  germe,  et  parère,  en- 
fanter. 

t  GERMIMPARIE  (jèr-mi-ni-pa-rie),  ».  f.  Re- 
production par  des  germes. 

t  GER.MOIR  (jèr-moir),*.  m.  ||  1°  Terme  de  brasse- 
rie. Cellier  où  germent  les  graines.  Il  y  a  deux  espèces 
(le  germoirs:  les  uns  sont  de  grandes  caves  voûtées, 
on  les  regarde  comme  les  meilleurs;  les  autres  ne 
sont  que  de  grandes  salles  au  rez-de-chaussée,  iJict. 
des  arts  et  met.  llrasseur.  ||  2"  Terme  d'horticulture. 
Caisse,  pot  destiné  à  recevoir  les  graines  qui  de- 
mandent à  être  mises  en  terre  immédiatement  après 
leur  séparation  du  végétal,  mais  qu'on  ne  veut  se- 
mer que  plus  lard. 

—  ETYM.  Germer. 

f  GER.MON  (jèr-mon),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  dauphin  commun  (cétacés),  appelé  gé- 
néralement dauphin,  legoahant. 

GÉROFLE  (jé-ro-fl'),  s.  m.  Voy.  girofle. 

-j-  GfiUOMÉ  (jé-ro-mé),  s.  m.  Nom  d'un  fromage; 
ce  nom  est  une  corruption  de  Gérardmer,  bourg 
des  Vosges  où  se  fait  ce  fromage. 

GÉRONDIF  ùé-ron-dif),  s.  m.  ||  1»  Terme  de 
grammaire  latine.  Forme  de  l'infinitif  des  verbes 
actifs,  constituant  une  sorte  de  déclinaison,  et 
ajoutant  à  la  signification  du  verbe  l'idée  de  ce  qui 
va  se  faire,  ou  doit  se  faire,  ou  se  fait.  |{  Il  y 
a  en  espagnol  un  gérondif  qui  se  distingue,  par  la 
forme,  du  participe  présent.  {|  2°  Dans  la  gram- 
maire française ,  nom  proposé  pour  le  participe 
présent.  Oserais-je  proposer  une  nouveauté,  qui 
serait  d'assigner  au  participe  actif  le  nom  de  gé- 
rondif et  de  conserver  le  nom  de  participe ,  au 
passif  lui  seul?  d'olivet,  Ess.  gramm.  ch.  4. 
Il  Nom  donné  souvent  à  la  locution  composée  de  la 
préposition  en  et  du  participe  présent.  La  règle 
subsiste  toujours  que  le  gérondif  doit  se  rapporter 
au  substantif  qui  sert  de  nominatif  au  verbe,  dont 
il  exprime  une  circonstance,  d'olivet,  Rem.  lla- 
cine,  §  87. 

—  ETYM.  Prov.  gerundiu  ;  esp.  et  ital.  gerundio  ; 
du  lat.  gerundivus  modus,  et  gernndium;  les 
grammairiens  latins  tirent  gerundivus  ou  gerun- 
dium  de  gerundi ,  appelant  cette  forme  de  l'infini- 
tif gcrundi  modos,  manières  de  faire,  parce  que 
celle  forme  nous  présente  comme  faisant  quelque 
chose  (voy.  gêreb). 

t  GÉRÔNTE  (jé-ron-f),  s.  m.  ||  1°  Terme  d'anti- 
quité grecque.  Membre  du  sénat  de  Lacédémone. 
Il  2°  Nom  donné,  dans  les  comédies  françaises  du 
XVII'  siècle,  à  des  vieillards  qui  se  laissent  domi- 
ner par  ceux  qui  les  entourent.  ||  Fig.  Homme 
faible  et  qui  se  laisse  gouverner.  Pour  quel  Géronte 
me  prend-on  ?  s'écria-t-il,  CH.  de  Bernard  ,  Un 
homme  sérieux,  §  xvi. 

—  ETYM.  PÉptov,  YÉpovTo;,  vieillard. 

t  GÉRONTIS.ME  (jé-ron-ti-sm')  ,  s.  m.  Fai- 
blesse sénile  d'esprit.  ||  Système  politique  des  vieil- 
lards. 

—  ETYM.  Géronte. 

t  Gf.RONTOCOMIE  ( jé-ron-to-ko-mie  ) ,  *.  f. 
Terme  de  médecine.  Hygiène  des  vieillards. 

—  ÉTYM.  PÉpwv,  •(épovToc,  vieillard,  et  xo(i.€Tv, 
soigner.  Les  dictionnaires  donnent  gérocomie;  mais 
celte  formation  n'est  pas  bonne. 

t  GÉRONTOCRATIE  (jé-ron-to-kra-sie) ,  i.  f. 
Gouvernement  des  vieillards.  Je  sais  que  j'ai  le  tort 
d'être  jeune  ;  aux  yeji  de  la  gérontocratie,  c'est  là 
un  crime  impardonnable,  eu.  de  Bernard,  Un 
homme  sérieux,  §  ivi. 

—  ETYM.  PÉpuiv,  Tf£povTo;,  vieillard,  et  xpatEiv, 
avoir  le  pouvoir. 

t  GfiRONTOCRATIOCE  (jé-ron-to-kra-ti-k'),  adj. 
Oui  ."!e  rapporte  à  la  gérontocratie. 

f  GfiROPOGON  (jé-ro-po-gon),  s.  m.  Genre  de 
plantes  chicoracées,  qui  se  rapproche  du  salsifis  par 
le  port  et  les  qualités. 

—  ETYM.  Géronlopogon,  nom  donné  par  Gessner, 
cl  abrégé  peu  heureusement  par  Linné  en  géro- 
pognn,  de  ycpwv,  yipoMzoz  ,  vieillard,  et  itcjïYwv  , 
barbe  :  plante  ainsi  dite  à  cause  des  aigrettes  qui 
surmontent  les  graines  et  qui  ont  l'air  de  poils. 

t  Gf.ROU.ssE  (j*-rou-s'),  s.  f.  Voy.  jarosse. 

t  GER.SEAU  (jèr-sfl),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Corde  qui  sert  à  suspendre  une  poulie  ou  à  la  ren- 
forcer rie  peur  qu'elle  n'éclate. 

t  GERSÉE  (jer-sée),f.  f.  Ancienne  espèce  de  fard 
qui  se  faisait  avec  la  racine  de  l'arum. 

—  ETYM.  Ba.s-lat.  gersa,  céruse. 

t  GÉRI'SIB  (jé-ru-zie),  s.  f.  Sénat  que  formait 


GÉS 

à  Sparte  et  dans  la  Crète  un  certain  Dcmhra  de  gé- 
ronles  ou  vieillards. 

—  ETYM.  Pepouaia,  de  ifépMv,  vieillard  (voj.  gé- 
ronte !)■  î 

t  GÉRYONIDES  (Jé-ri-o-ni-d'),  s.  m.  pi.  Famille 
des  acalèphes  libres,  ayant  pour  type  le  genre  g'  - 
ryonie. 

t  GÉRYONIE  (jé-ri-o-nie),  ».  f.  Genre  de  mé- 
duses. 

GERZEAU  (jèr-zô),  ».  m.  Nielle,  mauvaise  hcrb^ 
qui  croit  dans  les  blés,  agrostema  gilhago,  L. 

—  EtYM.  Berry,  geargean,  geargiau,  yearzian  ; 
très-probablement  de  gerce,  sorte  de  teigne,  cct.e 
plante  nuisible  ayant  été  assimilée  à  une  teigne. 

t  GÈSE  (jè-z'),  s.  m.  Terme  d'antiquité.  Kspèce 
(le  dard  ei»iiloyé  par  les  Gaulois  et  ensuite  [lar  les 
Homaiiis. 

—  ETYM.  Lat.  g.TSum,  mot  gaulois;  on  trouve, 
dans  l'ancien  gaélique,  gais,  javelot. 

GÉSIER  (jé-zié;  l'r  ne  se  lie  jamais  ;  au  pluriel.  1'» 
se  lie  :  les  jé-zié-z  et  les  jabots),  ».  m.  ||  1°  Deuxième 
estomac  des  oiseaux,  formé,  chez  les  oiseaux  de 
proie,  par  des  parois  membraneuses,  et  chez  les 
autres,  surtout  chez  les  granivores,  par  des  parois 
musculeuses  épaisses  et  très-puissantes.  Le  grain 
passe  du  jabot  dans  le  gésier,  où  il  est  broyé  et 
réduit  en  pâte  avant  d'arriver  à  l'estomac.  On  re- 
prochait à  Mme  la  duchesse  quelle  n'avait  point  de 
cœur,  mais  seulement  un  gésier,  st-sim.  4I7,  2I. 
Le  grenat,  cette  pierre  si  dure,  n'est  pas  plus  à 
l'abri  de  l'action  mécanique  du  gésier;  elle  est 
assez  puissante  pour  émousser  à  la  longue  les  an- 
gles de  celte  pierre,  bonnet,  Contempl.  nat.  OKut). 
t.  viii,  p.  16,  note  I.  !i  2"  Coquille  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  cyprce  ventricule  (univalves),  porcelaine 
gésier  de  certains  auteurs. 

—  HIST.  ïiii*  S.  Si  re-savés,  biaus  Genius,  Com- 
ment li  juisier  Ticius  [Titye]  S'efforcent  ostoir 
[autours]  de  mangier,  Ne  riens  nés  en  puet  estran- 
gier,  la  Rose,  (9506.  Diex  est  li  frans  oisiaus  qui 
ne  vueit  de  sa  proie  Que  le  cuer  purement,  sans 
jusier  et  sans  foie,  j.  de  meung,  Test.  <494.  ||  xiV  s. 
Prenez  jugiers  et  foies,  Minagier,  ii,  5.  ||  xvi*  s. 
Urine,  fienle,taembranedegezier,  pare,  t.  iii,p.GS«. 

—  ÉTYM.  Wallon,  gigi;  Hainaul,  gigé.  gigier, 
ziiier  ;  génev.  gigier,  gisier;  Berry  et  lorrain,  gi- 
gier ;  picard,  giger,  gigier  ;  du  lat.  gigeria,  entrail- 
les de  poule. 

GÉSINE  (jé-zi-n'),  s.  f.  Mot  vieilli  signifiant  les 
couches  d'une  femme.  ]l  Terme  de  palais.  Payer  les 
frais  de  gésine.  {|  La  Fontaine  l'a  dit  des  animaux  : 
Où  la  laie  était  en  gésine,  Fabl.  m,  6.  {{  Nom  donné 
dans  certains  hiipitaux  de  province  aux  salles  des- 
tinées aux  femmes  en  couche. 

—  HlST.  XII*  s.  Veer  [voir]  ala  en  sa  gésine  Li  dus 
Gerberge  la  reïne  [qui  venait  d'accoucher],  benoît, 
11,10763.  Il  xiii' s.  Ne  j'osais.se  dire  ennui  sens, 
Ouele  seroit  la  médecine  Qui  m'osteroit  cesle  gé- 
sine [qui  ferait  que  je  ne  serais  plus  alité!,  Bl.  et 
Jehan,  736.  ||'xiv'  s.  Pour  le  sallaire  d'avoir  amené, 
en  leurs  brouettes,  de  l'ostel  Michiel  du  Sablon  en 
l'ostel  du  dit  argentier,  la  somme  de  quatre  mille 
livres  tournois  pour  convertir  et  emploier  au  feit 
de  la  gesinc  de  la  dicte  madame  la  royne,  de  la- 
BOBDE,  Émaux,  p.  328.  Il  XVI*  s.  Us  jetèrent  en  pri- 
son sa  sœur  et  sa  femme,  qui  estoit  grosse,  et  feit 
la  pauvre  dame  une  pileuse  gésine,  amïot,  don,  72. 

—  ETYM.  C^îir. 

GÉSIR  Cp-zir),  t).  n.  défeclif,  usité  seulement 
aux  formi",  suivantes  :  il  gît,  nous  gisons,  vous  gi- 
sez, ils  gisent;  je  gisais,  tu  gisais,  il  gisait,  nous 
gtsions,  vous  gisiez,  ils  gisaient  ;  gisant  ;  quelques- 
uns  doublent  1'».  ||  1°  Être  couché,  être  étendu  par 
terre.  Je  gisais  de  la  même  sorte  Oue  fait  une  per- 
sonne morte,  scarron,  Virg.  ii.  Comment?  ces  en- 
ragés Gisent-ils  déjà  morts,  l'un  par  l'autre  égor- 
gés? ROTR.  Àntig.  i,  2.  C'est  là  que  du  lutrin  gît  la 
machine  énorme,  boil.  Lutr.  ni.  ||  Terme  de  ma- 
nne. Lacdle  gît  nord  et  sud,  est  et  ouest,  etc.  elle 
s'étend  du  nord  au  sud,  de  l'est  à  l'ouest,  etc.  Cette 
cAle  occidentale  de  l'Amérique  est  bien  connue  an 
delà  du  cap  Blanc,  qui  gtt  environ  sous  le  43*  degr^ 
de  latitude ,  buff.  ExpUc.  cari,  géogr.  Œuvret, 
l.  XIII,  p.  365,  dans  pougkns.  ||  2°  Ci-gît,  formule 
des  épitaphes.  Ci-gil,  oui  gît,  par  la  morbleu,  1^ 
cardinal  de  Richelieu  ;  Et  ce  qui  cau.se  mon  ennui, 
Ma  pension  gît  avec  lui,  penseraoe,  dans  le  Dict. 
de  RICIIELET.  Sous  Ce  tombeau  gisent  Piaule  elTé- 
rence  ;  Et  cependant  le  seul  Molière  y  gll,  la  font. 
Épit.  de  Molière.  Au  pied  de  cet  autel  de  struc- 
ture grossière,  Gît  sans  pompe,  enfermé  dans  une 
vile  bière.  Le  plus  savant  mortel  qui  jamais  ait 
écrit  [Antoine  Arnauld],  BoiL.  Poés.  dit.  xxii.  J» 


\ 


GES 

ne  sais  quel  Anglais  fit  mettre  sur  son  tombeau  : 
Ci-glt  l'ami  de  Philippe  Sidney;  je  veux  qu'on 
grave  sur  le  mien  :  Ci-gît  l'ami  de  M.  et  de  Mme 
d'Argental,  volt.  Lett.  d'Argenlal,  o  avr.  )7C3. 
Ci-glt  Vert-vert,  ci-gisant  tous  les  cœurs,  gress. 
r.  verl,  IV.  Il  Fig.  Peuples,  rois,  vous  mourrez  et 
vous  villes  au.ssi.  Là  gît  Lac6démone,  Athènes  fut 
ici,  L.  BAC.  la  lielig.  i.]]  3°  Être  cactié,  se  trouver. 
X  l'endroit  où  gisait  celle  somme  enterrée,  la  font. 
Fabl.  IV,  20.  N'ayant  autre  œuvie,  autre  emploi, 
penser  autre,  Que  de  chercher  où  gisaient  les  tons 
vins,  m.  Fer.  Les  mines  d'étain  de  Saxe,  de  Misnie, 
de  BoliCme  et  de  Hongrie  gissent,  comme  celles 
d'Angleterre,  dans  les  montagnes  à  couches  et 
d'une  médiocre  profondeur,  buff.  ilin.  t.  v,  p.  (94, 
dans  pnuGENS.  ||  Fig.  C'est  là  que  gît  le  lièvre,  c'est 
là  le  nœud  de  l'affaire,  le  point  le  plus  difficile. 
Il  En  un  sens  contraire,  ce  n'est  pas  là  que  gil  le 
lièvre.  Il  4°  Consister.  El  que  son  plus  grand  jeu  ne 
gît  rien  qu'en  sa  troigne,  Régnier,  Sat.  vi.  Et 
toute  leur  beauté  ne  gît  qu'en  l'ornement,  ID. 
Sat.  IX.  La  difficulté  Ne  gissait  pas  à  plaire  à  cette 

belle,  LA  FONT.  Ilerc (les  bombes]  qui,  tombant 

sur  vos  toits,  font  sauter  en  l'air,  avec  vos  maisons, 
vos  femmes  qui  sont  en  couche,  l'enfant  et  la  nour- 
rice ;  c'est  là  encore  où  gît  la  gloire,  elle  aime  le  re- 
mue-nicnage  et  est  personne  d'un  grand  fracas , 
LA  BRUY.  xii.  La  faille  gît  dansia  moralité, lamotte, 
Fabl.  \n,  <3. 

—  IllST.  XI'  s.  Gésir  [nous]  porrons  au  bourc  de 
St  Denise,  Ch.  de  Roi.  lxxv.  L'un  gisl  sur  l'autre  et 
envers  et  adanz,  ib.  cxxiii.  Charles  se  gist,  mais 
duel  [deuil]  a  de  Rolant,  ib.  CLXXX.  ||  xii'  s.  Li  bon 
cbamel  gisent  en  sa  contrie,  Ilonc.  p.  45.  Qui  de- 
sor  l'herbe  gisoit  mort  et  sanglant,  ib.  p.  <0l.  Sur 
l'erbe  vert  jul  à  terre  eslendu,  ib.  p.  <03.  En  amer 
[aimer]  gist  hardemenz  et  paors  [peur],  Coud,  vu. 
Ci  gist  la  bêle  Blanchefior,  Que  Floires  ama  par 
anior.  Romancero,  p.  69.  ||  xiii'  s.  Li  quens  Hues 
de  .Saint  Fol,  qui  longuement  avoit  geU  malades  de 
goûte,  morut,  villf.h.  cxxxvi.  Venue  [elle]  est  à  la 
serve,  qui  gil  au  lit  paré,  Berte,  xv.  X  nuit  [elle]  a 
jut  au  bois  moût  perilleusemenl,  ib.  XLVii.  En  nuit 
me  sui  au  bois  toute  seule  gcûe,  ib.  lu.  Ne  mais  en 
luie   vile  qu'une  nuit  [elle]  ne  gisra,  ib.   cxxii.  Si 

I  ut  et  manga  tant  corne  lui  plot,  et  jul  à  femme, 
Ckr.  de  Rains,  p.  80.  Et  que  il  lor  face  bien  et  lar- 
;u:nmenl  aveir  ce  que  meslier  lor  est  de  mangier  cl 
lie  beivre  et  de  bien  gésir,  se  il  ne  l'ont  dou  leur,  ou 
.'il  le  requièrent,  Ass.  de  J.  i,  (43.  Et  si  parlerons 
''.p.  cix  [ceux]  qui  s'entremettent  de  plus  grans  ser- 
vices qu'à  eus  n'aparticnl  et  du  péril  qui  y  gist, 
CEAL'M.  XXIX,  I.  Deffense  est  fêle  que  por  dete  on 
ne  voist  penre  [on  n'aille  prendre,  saisir]  en  cam- 
bre à  dame,  ne  de  damoisele,  ne  de  feme  qui  gise 
d'enfant,  lu.  liv,  7.  La  royne,  qui  nouvelement  es- 
toit  relevée  de  dame  Blanche,  dont  elle  avait  geu 
à  Jafîe,  arriva  à  Sayete,  join«.  279.  Seje  pri  Dieu  et 
ge  gis  en  pechié.  Dieux  ne  m'orra  mie,  Psautier, 
f"  76.  Il  XV'  s.  Et  girent  à  l'ancre  cette  première 
marée  devant  les  digues  de  Hollande,  froiss.  i,  i, 
(8.  Et  lui  montrèrent  qu'ils  gissoient  là  à  grands 
frais,  et  rien  n'y  faisoient,  id.  i,  i,  418.  Le  cœur 
ne  me  gist  pas  bien  de  celte  vision,  Loms  xi,  Noitv. 
Lxxii.  Tant  gratte  chèvre  que  mal  gist,  villon. 
Hall.  Tant  crie  l'on  noel.  ||  xvi'  s.  Ne  sçai  où  gist 
Heleine  En  qui  beauté  gisoit,  Mais  ici  gist  Heleine 
Où  bonté  reluisoit,  marot,  m,  259.  Icy  gerra,  s'il 
n'est  pendu,  Ou  si  en  la  mer  il  ne  tombe....  id.  ii, 
135.  Il  gist  en  vostre  volonté,  non  au  nombre  des 
ans,  que....  mont,  i,  88.  La  force  de  tout  conseil 
gist  au  temps,  m.  m,  209.  Ces  deux  enfans  donques 
cstans  là  ainsi  gisans,  il  y  survint  une  louve,  la- 
quelle leur  donna  àlelter,  amyot,  Rom.  6.  Le  plus 
giiefde  noz  malheurs  nous  est  de  vooir  noslre  pais 
réduit  à  telz  termes,  que  toute  son  espérance  gise  et 
consiste  en  nous,  m.  Cor.  54.  Les  Albaniens  gisent 
devers  le  soleil  levant  cl  la  mer  Caspiene,iu./'omp.  52. 

—  ÉTYM.  Wallon,  jaire  ;  ital.  giacere  ;  du  lat.  ja- 
clre,  être  étendu.  Selon  Curtius,  jacëre  est  l'in- 
transitif  de  jacHre,  jeter,  comme  pendëre  l'est  de 
pendêre. 

t  GESNÉRIACÉES  G5-sné-ri-a-sée),  s.  f.  pi.  Terme 
de  l)Olanique.  Nom  d'une  famille  de  plantes  dicoty- 
lédones, toutes  do  l'Asie,  de  l'Afrique  et  de  l'Aus- 
tralie; elle  est  voisine  des  personuées,  etdoit  son 
nom  au  genre  gesm.ria,  lequel  est  dédié  au  bota- 
niste de  Zurich,  Conrad  Gessner. 

GESSE  (jè-s'),  s.  f.  Il  1«  Genre  de  plantes  légumi- 
neuses, dont  quelques-unes  servent  de  fourrage,  et 
même  d'aliment  à  l'homme.  ||  Gesse  domestique, 
grande  gesse,  noms  vulgaires  du   lathyrus  cultivé. 

II  Gesse  tubéreuse,  dile  aussi  gland  terrestre,  le  la- 


GES 

thyrus  tuberosus,  1. 1|  Gesse  sauvage,  le  lathyrus 
sijlvestris,  L.  \\  Gesse  odorante,  le  pois  do  senteur. 
Il  Petite  gesse,  voy.  gessette.  ||  2"  La  graine  de 
la  gesse,  dite  aussi  pois  de  brebis,  pois  breton,  et 
lentille  d'Espagne.  Manger  de  la  gesse. 

—  iilST.  XV'  s.  Une  pièce  de  terre  qui  avoit  esté 
semée  de  gesses,  nu  cange,  gessia. 

—  Etym.  Origine  inconnue.  On  peut  conjecturer 
que  gesse  représente  le  lat.  vicia,  les  genres  vicia 
et  lathyrus  étant  voisins.  Provenç.  geyslia,  geicha. 

t  GESSETTE  (jè-sè-f),  s.  f.  Espèce  de  petite  gesse 
(lathyrus  cicer),  gesse  chiche  de  certains  auteurs. 

t  GESTA  (jè-sta) ,  s.  m.  pi.  Terme  d'hygiène. 
Nom  par  lequel  on  désigne  tous  les  mouvements 
que  l'action  musculaire  communique  au  corps  en- 
tier, ou  seulement  à  quelques-unes  de  ses  parties, 
ainsi  que  tous  les  mouvements  étrangers  auxquels 
le  corps  obéit  (équitation,  voiture,  etc.).  Les  gesta. 

—  ÉTYM.  Lat.  gesta,  plur.  neutre  de  gestus,  porté  : 
les  choses  portées,  de  gerere,  porter  (voy.  géheb). 

GESTATION  (jè-sla-sion  ;  envers,  de  quatre  syl- 
labes), s.  f.  Il  1°  L'état  d'un  individu  qui  est  porté. 
Gestation  à  cheval,  en  voilure,  etc.  ||  Exercice  en 
usage  chez  les  anciens  Romains,  qui  consistait  à  se 
faire  porter,  entraîner  rapidement,  pour  faire  subir 
au  corps  un  mouvement  salutaire.  La  gestation  est 
très-utile  à  la  santé  suivant  Celse.  ||  2°  Terme  d'his- 
toire naturelle.  État  des  femelles  des  mammifères 
qui  ont  conçu;  durée  de  cet  état.  Je  crois  qu'on 
doit  suspendre  son  jugement  sur  la  seconde  obser- 
vation louchant  la  durée  de  la  gestation  qu'il  dit 
n'être  que  de  neuf  mois,  tandis  que  tous  les  voya- 
geurs assurent  qu'il  passe  pour  constant  que  la  fe- 
melle de  l'éléphant  porte  deux  ans,  buff.  Quadrup. 
t.  IX,  p.  <67,  dans  po'JGEns. 

—  ÉTYM.  Lat.  geslationem,  action  de  porter,  de 
gestare.  fréquentatif  de  gerere,  porter. 

t  GESTATOIRE  (jé-sta-toi-r'),  adj.  Usité  seule- 
ment en  celte  locution  :  chaise  gestatoire,  chaise  à 
porteurs  dont  le  pape  fait  usage. 

—  ÉTYM.  Lat.  gestare,  porter. 

4.  GESTE  (jè-sf),  s.  m.  ||  1°  L'action  et  le  mouve- 
ment du  corps  et  particulièrement  des  bras  et  des 
mains,  action  et  mouvement  employés  à  signifier 
quelque  chose.  Pour  rendre  un  discours  agréable, 
Avec  le  ton  de  voix  le  geste  est  désirable,  tristan, 
Panthée,  11,  3.  Sa  sui^prise  à  ce  mol  a  paru  mani- 
feste ;  Son  teint  en  a  changé,  sa  parole  et  son  geste, 
CORN.  Suiv.  I,  9.  Ce  geste  encor,  seigneur,  ce  main- 
tien interdit....  rotr.  Yencesl.  iv,  6.  J'approuvais 
tout  pour'.anl  de  la  mine  et  du  geste,  boil.  Sat.  m. 
D'un  geste  menaçant,  d'un  œil  brûlant  de  rage. 
Dans  le  sein  l'un  de  l'autre  ils  cherchent  un  pas- 
sage, BAC.  Théb.  V,  3.  Je  vois  d'Ochosias  et  le  port 
et  le  geste,  m.  Atlial.  v,  0.  C'est  en  vain  qu'un  doc- 
teur qui  prêche  l'Évangile,  Mêle  chrétiennement  l'a- 
gréable à  l'utile.  S'il  ne  joint  un  beau  geste  à  l'art  de 
bien  parler....  le  p.  sanlecque,  Poëme  sur  les  mau- 
vais gestes  des  prédicateurs.  Je  ne  fais  jamais  enten- 
dre mes  volontés  chez  moi  que  de  l'œil  et  du  geste, 
niDER.  Règne  de  Claude  et  Néron,  i,  67.  Dans  cer- 
tains sermons  burlesques  un  homme  prêche  tandis 
que  l'autre  fait  des  gestes,  volt.  Instit.  phil.  Ma. 
Il  parcourt  ses  appartements  d'un  pas  rapide;  ses 
gestes  courts  et  véhéments  dénotent  un  trouble 
cruel  :  il  quitte,  reprend  et  quitte  encore  un  travail 
pressé  pour  se  précipiter  à  ses  fenêtres  et  contem- 
pler les  progrès  de  l'incendie,  ségur,  Ilist.  de  Nap. 
viii,  6.  Il  Terme  de  danse.  Mouvements  de  la  tète, 
du  torse,  et  surtout  des  bras,  comme  les  pas  sont 
les  mouvements  des  pieds.  Les  gestes  jouent  un 
très-grand  rôle  dans  la  danse  d'imitation  eu  danse 
théâtrale  ;  ils  n'en  jouent  presque  aucun  dans  la 
danse  ordinaire  ;  il  faut  y  tenir  la  tête  droite,  sans 
roideur,  le  torse  bien  vertical  sur  ses  points  d'ap- 
pui :  quant  aux  bras,  les  laisser  tomber  de  la  ma- 
nière la  plus  naturelle,  excepté  quand  il  faut  don- 
ner ou  lâcher  la  main,  ou  faire  quelque  mouvement 
particulier  indiqué  par  la  figure.  ||  2"  Simple  mou- 
vement du  bras,    ou  du  corps,  de   la  tête El 

tandis  qu'à  l'ardeur  de  leurs  expressions  Je  ré- 
ponds d'un  geste  de  tête,  Je  leur  donne  tout  bas 
cent  malédictions,  mol.  Amph.  m,  *.  Prêt  à  faire 
sur  vous  éclater  la  vengeance  D'un  geste  confi- 
dent de  notre  intelligence,  rac.  Bril.  111,  7.  Trem- 
blez qu'en  ces  remparts  Une  parole  ,  un  geste  , 
un  seul  do  vos  regards.  Ne  trahisse  un  secret  que 
mon  Dieu  vous  confie,  volt.  Sémir.  i,  3.  Un 
gpste  de  cette  main  qui  avait  gagné  tant  de  balail- 
les  et  tué  tant  de  royalistes  persuadait  plus  que  Ir  s 
périodes  de  Cicéron,  ID.  Dict.  phil.  Cromwell.  Le  vi- 
gilant commis  qui,  m'ayant  aperçu,  me  fit  avec 
l'aune  de  la  boutique   un  geste  plus  expressif  qu'ai- 


GES 


1869 


tirant,  j.  j.  rouss.  Confest.  u.  X  l'abord  du  Français, 
le  jeune  Helvétien  Par  un  geste  amical  l'invite  à 
prendre  placp,MA.ssoN,  ffciriïf.  m.  La  statue  équestre 
de  Marc-AurMe,  d'une  m.ijeslé  si  douce,  si  paisible, 
dont  le  geste  est  un  geste  cl.-ment,  fiil  plaisir  k 
rencontrer  sur  le  Capitolo,  ampère,  Ilist.  rom.  à 
Rome,  Introd.  p.  lvii. 

—  HIST.  xv  s.  Quant  la  dame  eut  considéré  le 
geste  du  saint  prud'homme,  qui  de  son  fait  ne  sa 
devoitgarder,  ellepourpensa  quesanzl'aydedu  Dieu 
souverain  il  ne  pouvoil  estre  de  si  granl  aage  ne  de 
tant  puissant  vigueur,  Percefur.  t.  iv,  ("  73.  Il  fist 
humble  contenance  de  corps  mais  sa  geste  et  pa- 
rolle  esloit  asprc,  coMM.  il,  3.  ||xvi'  s.  Mais  avec  ce 
si  bonne  grâce  avoyentTant  en  regards  comme  eu 
gestes  humaines.  Que  bien  scmbloyent  secondes 
Magdalenes,  i.  marot,  v,  34.  Assurance  de  visage, 
soupplesse  de  voix  et  de  geste,  mont,  i,  )98. 

—  ÉTYM.  Lat.  gestus,  contenance,  geste,  de  ges- 
tum,  supin  de  gerere,  porter. 

t  2.  GESTE  (jè-sf),  s.  f.  Terme  d'histoire  du 
moyen  âge.  Poëme  eu  vers  décasyllabiques  ou  en 
vers  alexandrins  où  est  racontée  d'un  façon  lé- 
gendaire l'histoire  do  personnages  historiques  et 
particulièrement  de  Charlemagne  et  de  ses  preux. 
il  Chansons  de  geste,  anciens  poèmes  qui  traitent 
des  actions  des  héros  du  cycle  carlovingien. 

—  HIST.  XI'  s.  Deus  me  confonde,  se  la  geste  [j'] 
en  desment,  Ch.  de  Roi.  lxi.  Il  est  escril  en  la  geste 
Francor  [des  Français],  ib.  ex.  Ce  disl  la  geste  et 
cil  qui  au  champ  fut,  ib.  cliii.  En  plusieurs  gestes 
de  lui  sept  granz  honurs  [éloges],  ib.  ccxxvm. 
Il  XII'  s.  En  vieille  geste  est  escriz  de  Ions  ans, 
lionc.p.  80. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gcs(a;ital.  gesta;  du  lat.  plu- 
riel neutre  gesta,  les  choses  faites,  de  gestus,  fait, 
participe  passif  de  gerere,  porter,  faire.  11  est  arrivé 
souvent  qu'un  neutre  pluriel  latin  a  donné  lieu, 
dans  les  langues  romanes,  à  un  nom  singulier  fémi- 
nin. La  geste  avait  aussi  le  sens  de  race,  extraction. 

GESTES  (jè-sf),  s.  m.  pi.  \\l°  Actions  belles  et 
mémorables  (acception  qui  vieillit).  Voici  ce  qu'a 
écrit  M.  de  laMothe  Levayersur  le  mot  de  gestes:  les 
gestes,  que  M.  de  Vaugclas  ne  peut  souffrir,  ont  tou- 
jours été  un  très-beau  mot,  et  qui  signifie  autant 
tout  seul,  que  hautes  ou  grandes  et  héroïques 
actions,  comme  quand  je  dis  les  gestes  d'Alexandre 
le  Grand,  vaugelas.  Rem.  Not.  Th.  Corn.  Obs.  2, 
p.  703,  dans  pougens.  Ce  grand  chroniqueur  des 
gestes  d'Alexandre,  boil.  ^pK.  xi.  1|  Ironiquement. 
Adressez-vous  à  Mme  Duchesne,  à  M.  Guy,  lesquels 
doivent  être  fort  instruits  des  gestes  deFréion,  volt. 
Lett.  Dorât,  6  août  I770..||  2°  Familièrement.  Les 
faits  et  gestes,  actions,  conduite.  On  ne  parle  ici  que 
des  faits  et  gestes  de  la  Brinvilliers,  sÉv.  270.  Pour 
vous  conter  ses  faits  et  gestes  à  Versailles,  in.  *ti. 

—  msT.  XIII'  s.  Oui  vous  raconteroit  ses  gestes 
jusques  à  Selenique,  ce  seroit  uns  grans  anuis, 
HENRI  DE  valenc.  xiv.  |ixv's.  Noblc  cu  cucur,  saigc, 
débonnaire.  Tant  plus  à  tes  gestes  l'on  pense.  Tant 
plus  es  digne  de  mémoire.  Vigiles  de  Charles  Vil, 
t.  II,  p.  to,  dans  LACUBNE.  ||  xvi«  s.  Lesvitres  sont  do 
clair  et  fin  cristal.  Où  peintes  sont  les  gestes  authen- 
tiques, MAROT,  I,  177.  Si  les  gestes  de  Xenophonel 
de  Cosar  n'eussent  de  bien  loin  surpassé  leur  élo- 
quence, MONT.  I,  2S8.  Ils  sacrifioient  aux  Mu.ses,  afin 
que  leurs  gestes  fussent  bien  et  dignement  escripls, 

ID.  m,  24.  ,       .  ,  -, 

—  ÉTYM.  Lat.  neutre  plur.  gesta,  les  choses  faites 

(voy.  GESTE  2). 

GESTICULATEUR  (jè-sli-ku-la-teur) ,  i.  m.  Celui 
qui  fait  beaucoup  do  gestes  en  parlant.  C'est  une 
habitude  singulière  qui  leur  a  été  transmise  par  les 
Romains,  aussi  grands  geslieulateurs,  stael,  Co- 
rinne, XV,  8.  ,    ,,     . 

—  REM.  L'Académie  ne  donne  pas  le  féminin  ges- 
ticulatrice;  mais  rien  n'empêche  de  le  recevoir. 

—  ÉTYM.  Lat.  gesticulatorem,de  ge»(«c«(are,  ges- 
ticuler. 

GESTICDLATION  (jè-sti-ku-Ia-sion  ;  en  vers, 
de  six  syllabes),  s.  f.  Action  de  gesticuler.  L'unila- 
teur  arrive  à  sa  fin,  ou  par  le  discours  seul,  ou  par 
la  gesticulation  (car  il  faut  que  je  me  serve  de  ce 
mot)  ou  par  le  chant,  godeau,  Disc,  sur  Malherbe. 
Figurez-vous  avec  cela,  dans  sa  manière  de  conter 
et  dans  sa  gesticulation,  U  genUhesse  la  plus  naïve, 

MARMONTEL,  Uém.  VI. 

—  IIEM.  Godeau,  au  commencement  du  ivil'  siè- 
cle, parait  le  considérer  comme  un  mol  nouveau  ; 
cependant  il  avait  déjà  été  em\iloyé  dans  le  xvi'. 

UIST.  XVI'  s.  Mines  et  gesticulations,  bouchei, 

Serées,  liv.  i,  p.  <»♦,  dans  lacurne,  au  mot  mata- 
chint. 


1870 


GIB 


—  ÊTYM.  Lat.  getticulationem,  de  gesticulare, 
gesticuler. 

t  GESTICULE,  ÉE  (jè-sti-ku-lé,  lée),  adj.Eipnmé 
par  gestes.  Quund  lo  sujet  d'une  proposition  oratoire 
ou  gosliculce  n'est  pas  annoncé,  l'application  des 
autres  signes  reste  suspendue,  dideb.  Lett.  sur  les 
sourds  et  muets. 

OESTICDLER  (jè-sti-ku-!é),  e.n.  Faire  beaucoup 
de  gestes.  Vous  devez  prendre  un  air  posé,  un  ton 
do  voix  naturel,  et  gesticuler  témoins  qu'il  vous  sera 
possiMe,  MOL.  impromptu,  i .  Il  faut  être  à  la  mode, 
ou  l'on  est  ridicule  ;  On  n'est  point  regardé  si  l'on 
ne  gesticule,  Si  dans  les  jeux  de  main,  ne  cédant  à 
pas  un,  On  ne  se  fait  un  peu  distinguer  du  com- 
mun, QUINAOLT,  Kère  coquette,  i,  3.  Mobiles  comme 
le  mercure ,  ils  pirouettent,  ils  gesticulent ,  ils 
crient,  ils  s'agitent,  la  bruy.  ix.  Les  acteurs  qui  ges- 
ticulent le  moins  sont,  parmi  nous,  ceux  qui  ont  le 
geste  le  plus  naturel,  urcLOs,  iWm.  act.  tkédt.  (JEuv. 
t.  IV,  p.  3S2,  dans  pougens.  Emile  parle  et  gesti- 
cule avec  feu,  j.  j.  rouss.  Ém.  v.  ||  Il  se  conjugue 
avec  l'auxiliaire  avoir. 

--  F.TYiM.  Lat.  gesticulare,  de  gesticulus,  diminu- 
tif de  gestus,  geste. 

GESTION  (jè-stion;  en  vers,  de  trois  syllabes), 
s.  f.  Action,  manière  de  gérer.  Avoir  la  gestion  des 
biens  d'une  personne. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Sa  première  gestion  fut  de  chasser 
du  roiaume  tout  exercice  de  la  religion  romaine, 
d'aub.  Hist.  I,  )82. 

—  Etym.  Provenç.  gestio;  du  lat.  gesHonem  ,  de 
geslum,  supin  de  gerere,  porter,  gérer. 

f  GEYSER  (ghey'-sér),  s.  m.  Terme  de  géologie. 
Sous  le  nom  de  geyser,  qui  signifie  jaillissant  sui- 
vant les  uns  et  furieux  suivant  les  autres,  on  dé- 
signe dos  sources  jaillissantes  d'eau  bouillante,  les 
unes  continues,  les  autres  intermittentes,  dont  on 
trouve  un  grand  nombre  en  Islande,  beudant.  Cours 
élémentaire  de  géologie,  §  62.  Vous  avez  sans  doute 
entendu  parler  des  fameux  geysers  de  Californie, 
dont  les  allures  ont  la  plus  grande  analogie  avec 
ceux  de  l'Islande  et  avec  les  soffioni  de  la  Toscane , 
*.  POMiEn,  Presse  scientifique,  <86i,  t.  m,  p.  7io. 

t  GTAODR  (ji-a-our),  s.  m.  Mot  par  lequel  les 
Turcs  désignent  tous  ceux  qui  ne  font  pas  profes- 
sion de  l'islamisme.  Le  Giaour  est  le  titre  d'un  poëme 
célèbre  de  lord  Byron. 

—  ÉTYM.  Turc,  giaour,  incroyant,  traduction  de 
l'arabe  kafir. 

t  GIBBAR  (ji-bbar),  s.  m.  Espèce  de  cétacé,  ba- 
l.vna  physalus,  L. 

t  GtBBE  Gi-b'),  s.  f.  Coquille  terrestre,  univalve, 
blanche  et  longue  de  trois  centimètres. 

GIBBECX,  EUSE  (ji-bbeû,  bbeû-z'),  adj.  Terme 
didactique.  Relevé  en  bosses  plus  ou  moins  appa- 
rentes. Les  parties  gibbeuses  de  la  lune  sont  les  plus 
éclairées.  ||  Partie  gibbeuse  du  foie,  celle  d'où  la 
veine  cave  prend  naissance.  ||  Corolle  gibbeuse,  co- 
rolle à  laquelle  0"  remarque  des  dilatations  enfornie 
de  bosses. 

—  HIST.  xvi"  s.  La  partie  cave  de  la  ratte  et  la 
gibbeuse  du  ventricule,  paré,  i,  ii. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gibos;  espagn.  giboso;  ital. 
gibboso;  du  lat.  gibbosus,  de  gibba,  bosse;  grec, 
06o«.  Gibba  avait  donné  gibbe,  bosse,  dans  lo  xvr 
siècle. 

f  GIBBIE  (ji-bl)io),  s.  f.  Genre  d'insectes  coléo- 
ptères, ainsi  dits  à  cause  de  la  forme  globuleuse  de' 
l'abdomen. 

—  ÉTYM.  Lat.  gibba,  bosse;  dénomination  qui 
7'ent  de  l'abdomen  globuleux  de  cet  insecte. 

t  GIBBIFÈRK  ù'i-bbi-fè-r'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  porte  une  bosse. 

—  ÊTYM.  I<it.  gibba,  bosse,  et  ferre,  porter. 

t  GIBBIFLORÉ  (ji-bbi-llo-r'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  les  pétales  sont  gibbcux. 

—  ÊTYM.  Lat.  gibba,  bosse,  et  flos,  (leur. 

t  GIBBIPENNK  (ji-bbi-pè-n'),  adj.  Terme  d'en- 
tomologie. Dont  les  élytres  sont  bombés  et  comme 
gibboux. 

—  f.TYSl.  Lat.  gibba,  l)Osse,  et  p<?nne. 

t  GIBBON  Qi-bbon),  s.  m.  Grand  singe  des  In- 
des. Le  gibbon,  dont  les  jambes  de  devant  ou  les 
brassent  aussi  longs  que  tout  le  corps,  y  compris 
même  les  jambes  de  derrière,  se  trouve  aux  gran- 
des Indes  et  point  en  Amérique,  bupf.  Quadrup. 
t.  m,  p.  187.  { 

GIBBOSrrÉ  (ji-bbô-zi-té),  s.  f  II  1°  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Proéminence  en  forme  de  bosse. 
Géologiqucment  parlant,  ces  gibhosités  |ccrtains 
pics  des  Alpes]  sont  le  produit  de  l'entrc-croisemcnt 
de  deux  dislocations  au  moins,  fodrnet,  Acad.  des 
se.  Comptes  rendus,  t.  lv,  p.  8Sï.  ||  f  Terme  de 


GIB 

médecine.  Courbure  de  la  colonne  vertébrale;  ce 
qui  y  produit  une  bosse. 

—  HIST.  XIV'  s.  Une  grant  vaine  seule  qui  naist 
de  la  gibbosité  du  foie,  ii.  de  iiONnEvii-LE,  f"  22. 
La  gilbosité  qui  vient  par  deslouement  des  spon- 
dilles  [vertèbres]  ne  reçoipt  point  de  cure,  puis  que 
elle  est  confermée,  lanfranc,  f"  60.  ||xvi"s.  Les 
signes  communs   des  luxations  sont  tumeurs   ou 

gibbosités  o\\  l'os  estforjetlé,  paré,  xiv,  14 Dont 

s'ensuit  gibbosité  ou  bosse,  lu.  xiv,  17. 

—  ÉTYM.  Lat.  gibbosus,  gibbeux;  provenç.  gilbo- 
sitat,  gelbositat. 

t  GIBECIER  (ji-be-sié),  s.  m.  Celui  qui  fait  des 
gibecières.  Paris  avait  une  corporation  qui  se  quali- 
fiait de  maîtres  boursiers  et  gibeciers. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Troisième  rang,  qui  sont  les  mos- 
tiers  médiocres  :  boursier,  gibecierier,  colletier, 
bauldroyeur,  Édit,  avril  1597. 

—  ÊTYM.  Voy.  GIBECIÈRE. 

GIBECIÈRE  (ji-be-siè-r'),  s.  f\\f  Sorte  de 
bourse  large  et  plate  qu'on  portait  autrefois  à  la  cein- 
ture. Gibecière,  espèce  de  bourse  large  et  aplatie, 
dont  les  miniatures  et  la  sculpture  des  xiu'  et  xiv' 
siècles  nous  ont  conservé  les  modèles,  de  laborde. 
Émaux,  p.  329.  Il  Sorte  de  grande  poche  ou  de  petit 
sac  que  le  berger  pend  à  son  côté  pour  mettre  son 
pain.  Il  2"  Sorte  de  grande  bourse  où  les  chasseurs 
portent  leurs  munitions  et  mettent  le  gibier.  ||  Fig. 
dans  un  langage  très-familier,  garnir  ou  remplir  sa 
gibecière,  se  garnir  ou  se  remplir  la  gibecière,  man- 
ger et  boire  copieusement,  surtout  avant  de  partir. 
Il  3°  Sac  à  l'usage  des  escamoteurs,  qu'ils  attachent 
devant  eux  quand  ils  opèrent.  ||  Tour  de  gibecière, 
escamotage.  C'est  un  faiseur  de  tours  de  gibecière 
qui  escamote  ce  qu'il  a  donné,  DiDER.  Nouv.  pens. 
phil.  3.  Il  Fig.  Il  a  plus  d'un  tour  dans  sa  gibecière, 
ou  il  sait  plus  d'un  tour  de  gibecière.  ||  4°  Nom 
do  diverses  coquilles  bivalves,  appartenant  au  genre 
peigne. 

—  HIST.  xiV  s.  Une  petite  gibecière  de  l'euvrc 
d'Engleterre,  de  laborde.  Émaux,  p.  329.  Pour  six 
gibecières  brodées  et  estoffées  à  boutons  de  perles, 
données  aux  chevaliers  qui  servirent  ladite  dame  à 
son  sacre,  du  cangr  ,  gibacaria.  Johan  Bourrebas 
avoit  à  sa  ceinture  un  petit  gibacier,  et  avoit  audit 
gibacier  huit  solsparisis,  in.  ib.  ||  xv  s.  Le  suppliant 
piitim  gibocier  do  cuir  auquel  avoit  une  cedule,  Dii 
cange,  ib.  Une  gibecière  blanche  de  toille  de  Hol- 
lande à  fers  d'argent,  Ilibl.  des  ch.  8«  série,  t.  i, 
p.  430.  Il  XVI'  s.  Les  envieux  tant  amys  qu'enne- 
mis du  dit  sieur d'Espernon  accouroient....  lesquels, 
voyant  le  tiltre  [d'un  livre],  deboursoient  de  leurs 
gibbecieres  pour  en  faire  l'achat,  bhant.  Cap.  fr. 
t.  II,  p.  314,  dans  LACURNE  Comme  dient  les  AUe- 
raans,  ce  ne  sont  les  mots  qui  remplissent  la  gibe- 
cière, ains  ce  qu'on  fourre  dedans,  cbolières,  Con- 
tes, t.  I,  matinée  7. 

—  ÉTYM.  Diez  le  rattache  à  gibier,  avec  raison  ; 
car  le  vieux  français  a  gibecer,  en  bas-latin  gibi- 
cere,  aller  à  la  chasse  du  gibier;  c'est  par  l'inter- 
médiaire de  ces  formes  que  vient  gibacaria,  gibe- 
cière. Cela  écarte  le  bas-latin  giba,  coffre,  le  grec 
y.lêSa,  petit  sac,  et  l'arabe  djib,  poche,  sac. 

f  GIBËLE  (ji-bè-l'),  s.  f.  Un  des  noms  vulgaires 
d'un  poisson,  le  ctjprinus  gibelio. 

GIBELET  (ji-be-lè;  le  (ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  ji-be-lè-z  ai- 
gus), s.  m.  Petit  foret  à  l'usage  des  marchands  de 
vin,  pour  percer  d'un  coup  les  pièces  à  déguster. 
Il  Fig.  Cet  homme  a  un  coup  de  gibelet  [à  la  têtej, 
il  est  toqué,  il  est  fou. 

—  HIST.  iv  s.  Le  guibelet,  les  <B  jotjes  de  ma- 
riag» ,  p.  63.  jjXTi'  s.  L'instrument  avec  lequel  on 
perce  les  tonneaux,  guimbelet,  o.  de  serres,  832; 

— tTïti.Gibelet  paraît  être  un  diminutif  del'ancien 
français  gibe,  qui  a  signifié  entre  autres  une  sorte 
de  ferrement.  Quant  au  normand  vimbltt,  tarière  ; 
angl.  gimblet;  bas-breton  gwimeltt,  foret;  irl.  gime- 
leid;  gaélique,  gimlcid;  ces  mots,  dont  le  sens  est 
commun,  sont  ici  réunis,  sans  savoir  s'ils  tiennent 
les  uns  aux  autres  et  à  gibelet. 

GIBELIN  (ji-be-lin),  s.  m.  Partisan  d'une  faction 
attachée  à  l'empereur  d'Allemagne  et  opposée  aux 
Guelfes  partisans  du  pape,  peniiant  le  moyen  4ge, 
en  Italie  (on  met  un  G  majuscule).  Dante,  vieux 
Gibelin,  quand  je  vois  en  passant  Le  plâtre  blanc 
et  mat  de  ce  masque  puissant  Que  l'art  nous  a 
laissé  de  ta  divine  tête,  barbier,  ïambes,  Dante. 
Il  Adj.  Gibelin,  gibeline.  I.a  faction  gibeline.  ||  Fig. 
Les  Guelfes  et  les  Gibelins,  les  personnes  les  plus 
opposées.  Mme  de  Maintonon,  Mme  de  Thiangc, 
Guelfes  et  Gibelins,  songer  que  tout  est  rassemblé, 
SEv.  20  juin.  IB7C. 


GIB 

—  IITST.  xiV  S.  Gyton  Doire  [Doria],  capilain» 
de  nostre  armée  guibeline  que  nous  avons  eu  der- 
nièrement en  la  mer,  dd  cance,  gibelini.  ||xvi'  s. 
Au  regard  des  Guelpbos  et  Gibelins,  encore  que  nous 
soyons  asseurez  que  ces  deux  paroles  eussent  pris 
leur  commencement  de  la  querelle  du  pape  avec 
l'empereur  Frédéric,  si  est-ce  que,  quand  vous  au- 
rez bien  recherché  tous  les  autheursqui  en  ont  es-^- 
crit,  malaisément  que  puissiez  sçavoir  qui  donna  Ui  "■ 
première  entrée  à  ces  deux  mots,  pasquieb,  Rech, 

p.  737,  dans  LACUHNE. 

—  ÊTYM.  [Conrad  de]  Weibelingen,  Conrad  III,  élu 
en  H38  empereur  d'Allemagne;    ital.   ghibellino. 

f  GIBELOT  (ji-be-lo),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Pièce  de  bois  courbé  fixée  entre  les  deux  plats  bords 
et  l'étrave. 

GIBELOTTE  (ji-be-lo-f),  s.  f.  Sorte  de  ragoût  de 
lapin.  Manger  une  gibelotte. 

—  IIIST.  XII!'  s.  Niules,  oublées,  gibelés  Et  pastés 
de  vis  ciselés,  FI.  et  Bl.  fl.  3187.  Cil  aiment  poules 
et  rost.  Oiseaux  et  gibolez  Entremêliez  de  poucinoz, 
Bal.  de  qnaresme  et  charriage. 

—ÉTYM.  Wallon,  giblè  d'dwe,  abattis  d'oie  ;  ajigl. 
giblets,  abatis.  La  forme  ancienne  est  gibelet,  dont 
l'origine  n'est  pas  connue  ;  car  gibelet  ni  pour  le 
sens  ni  pour  la  forme  n'est  le  diminutif  de  gibier. 

GIBERNE  (ji-bèr-n'),ï. /■.  ||  1° Anciennement,  nom 
d'une  espèce  de  sac,  dans  lequel  les  grenadiers  por- 
taient des  grenades.  {|  2°  Aujourd'hui,  boîte  recou- 
verte de  cuir  où  les  soldats  mettent  leurs  cartou- 
ches. Il  Enfant  de  giberne,  enfant  né  d'un  militaire 
en  activité.  ||  II  a  son  bâton  de  maréchal  dans  sa 
giberne,  se  dit  pour  exprimer  qu'un  simple  soldat 
peut  parvenir  aux  plus  hauts  grades. 

—  ÊTYM.  Ital.  gibcrna,  giberne  et  gibecière.  11 
est  vraisemblable  que  le  radical  est  dans  le  bas-lat. 
giba,  ballot,  que  d'ailleurs  on  a  rapproché  du  grec 
xtêSa,  petit  sac,  et  de  l'arabe  djib,  poclie. 

tGIBERNEHlE  (ji-bèr-ne-rie),  s.  f  Assortiment, 
fabrique,  commerce  de  gibernes. 

GIBET  (ji-bè;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire; au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  ji-bè-z  odieux; 
gibets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m. 
Il  1°  Instrument  de  supplice  pour  la  pendaison. 
Lors  bien  peu  s'en  fallut,  sans  plus  longtemps  at- 
tendre, Que  de  rage  au  gibet  je  ne  m'allasse  pen- 
dre, RÉGNIER,  Sat.  VIII.  Le  valet  est  un  scélérat  qui 
sera  par  Géronte  envoyé  au  gibet  avant  qu'il  soit 
demain,  mol.  Scap.  m,  3.  ||  2°  Fourches  patibulaires 
où  l'on  exposait  les  corps  des  suppliciés.  La  popu- 
lace traîna  le  corps  de  l'amiral  [ColigniJ  par  les 
rues,  et  le  pendit  par  les  pieds  avec  une  chaîne 
de  fer  au  gibet  de  Montfaucon ,  volt.  Ilenr.  ii , 
note.  Le  cadavre  embaumé  [de  Cromwell  ] ,  que 
Charles  II  fit  exhumer  depuis  et  porter  au  gibet, 
fut  enterré  dans  le  tombeau  des  roii,  id.  Xœurs, 
(SI.  On  ne  voyait  que  des  gibets  aux  environs  de 
son  château  [de  Louis  XI  |;  c'était  à  ces  affreuses 
marques  qu'on  reconnaissait  les  lieux  habités  par 
un  roi,  diiclos,  Uist.  Louis  XI,  Q'uv.  t.  m,  p.  368, 
dans  POUGENS.  113°  Gibet,  se  dit  aussi  de  la  croix. 
Le  gibet  auquel  Jésus  fut  attaché.  ||  Proverbes. 
Le  gibet  ne  perd  pas  ses  droits,  se  dit  d'un  scélérat 
qui  a  échappé  une  fois  de  la  potence,  mais  qui  fi- 
nira par  y  trouver  sa  juste  punition.  ||  Le  gibet  n'est 
fait  que  pour  les  malheureux,  se  dit  pour  exprimer 
que  les  gens  riches  et  puissants  échappent  à  la  pu- 
nition méritée. 

—  SYN.  gibet,  POTENCE.  Au  stiis  d'instrument  de 
supplice,  gibet  et  potence  sont  tout  à  fait  syno- 
nymes. 

—  HIST.  xm'  s.  Et  fu  pendus  ,à  un  gibet  tout  nuef, 
et  à  un  caignon  tout  nuef,  que  la  corde  no  rompist, 
Ch.de  Bains,  173.  Car  s'il  est  mal  acquis,  tout  le 
leur  convient  rendre.  S'il  ne  vuelent  leur  âmes  au 
gibet  d'enfer  pendre,  j.  de  m  f.dno.  Test.  330.  ||  xiv*  s. 
Jeune  président,  jeune  mire  [médecin]  Font  plein 
gibet,  plein  cimetire,  p.  paris,  Hss.  français,  t.  vi, 
p.  268.  Haro!  ce  dit  Girart,  fort  gibet  convenroit; 
Je  suis  si  gransetgros  ;  comment  m'en  sou.stenroit 
iHrarl  de  Itoss.  v.  650.  Kstre  pendu  au  gibet  de  fusl 
ou  de  pierre,  Ménagier,  i,  3.  Les  charpentiers  cl 
charrons  de  Baugcncysont  tenus  de  faire  à  lorcous 
et  despens,  par  baillant  de  quoy,  les  portes  et  le  juv- 
bet  de  la  ville,  du  cange,  jusiitia.  ||  xvi'  s.  Oue  le 
siège  d'un  juge  ne  soit  pas  un  gibet  desja  dressé. 
CALVIN,  Instil.  1200.  Les  gens  du  Vivarès  appellent 
ces  paquets-là  [raisins  empaquetés  en  feuilles  de 
figuier],  supplications  et  gibets;  et  à  Paris,  où 
quelques  fois  les  marchands  y  en  apportent,  vire- 
cots,  0.  DE  SERRES,  242.  Le  repentir  vient  trop  tard 
au  gibbet,  cotgrave.  Les  beaux  hommes  au  gibbet, 
ID.  11  est  plus  malheureux  que  le  bois  dont  on  bit  le 


GIB 

gibbet,  COTGBAVE.  Un  qu'on  menoit  au  gibet  disoit 
que  ce  ne  feust  pas  par  telle  rue,  car  il  y  avoit  dan- 
gier  i|u'un  marchand  luy  feist  mettre  la  main  sur  le 
collet  à  cause  d'un  vieux  dcbte,  mont,  i,  296. 

—  ÊTYM.  Ital.  giubbetto,  giubbette  (le  plus  ancien 
exemple  est  de  Dante).  D'après  Diez,  la  forme  ita- 
lienne montre  que  le  mot  vient  de  giubba,  jupe, 
de  sorte  que  le  giubbetto  signifie  la  petite  jaquette , 
devenue  le  gibet  par  une  plaisanterie  métapho- 
rique; dans  le  français  Vu  se  serait  changé  en  t, 
comme  dans  ginisse  ou  génisse,  du  latin  junïcem. 
Cela  est  possible,  plus  pourtant  pour  la  forme  que 
pour  le  sens.  En  tout  cas,  cette  étymologie  reste  fort 
douteuse,  les  intermédiaires  manquant.  On  remar- 
quera, au  XIV'  siècle,  la  forme  juyhet,  qui  se  rap- 
proche de  la  forme  italienne.  Pourtant  il  n'est  pas 
probable  qu'un  mot  qui  se  trouve  des  la  Philippéide 
sousla  forme  de  gibelum,  vienne  de  l'italien  giubbetto. 
En  cet  état  de  la  question,  il  est  permis  de  conjectu- 
rer. Or,  on  trouve,  dans  de  très-anciens  textes,  gibet 
avec  le  sens  d'une  espèce  d'arme;  dans  d'autres, 
il  signifie  un  petit  engin  à  lancer  des  pierres.  Ce 
gibet  est  le  diminutif  de  gibe  ou  gibbe,  bâton  ferré 
en  usage  dans  la  campagne,  serpe.  Il  semble  aussi 
que  le  vieux  verbe  giber,  remuer  les  pieds,  les 
mains,  appartient  au  même  radical.  Peut-on  pen- 
ser que  le  sens  attaché  à  gibe,  gibet  a  passé  au 
gibet  patibulaire,  qui  est  essentiellement  un  bâton, 
une  fourche? 

GIBIER  (ji-bié;  Vr  ne  se  prononce  pas  et  ne  se  lie 
jamais),  s.  m.  ||  1°  Terme  collectif.  Animaux  qu'on 
prend  à  lâchasse.  Le  gibier  du  lion,  ce  ne  sont  pas 
moineaux,  la  font.  Fabl.  ii,  <  9.  En  général,  la  qua- 
lité du  gibier  dépend  beaucoup  de  la  nourriture, 
BUFF.  Ois.  t.  v,  p.  393,  dans  pougens.  Peu  de  jours 
après  il  me  fit  envoyer  un  panier  de  gibier,  que  je 
reçus  comme  je  le  devais,  j.  j.  rouss.  Conf.  x.  Cor- 
neille de  la  Pierre,  dans  ses  commentaires  sur  l'Ëcri- 
lure  sainte,  rapporte  qu'un  moine  soutenait  et  prê- 
cliait  que  le  bon  gibier  avait  été  créé  pour  les  reli- 
gieux, et  que,  si  les  perdreaux,  les  faisans,  les  orto- 
lans pouvaient  parler,  ils  s'écrieraient  :  Serviteurs  de 
Dieu,  soyons  mangés  par  vous,  saint-foix,  Ess.  Pa- 
ris, OHuv.  t.  IV,  p.  239,  dans  pougkns.  Quoiqu'en- 
tre  nous,  Mon  cher,  je  ne  sois  point  de  ces  seigneurs 
jaloux  Oui  gardent  leur  gibier  comme  ou  fait  sa 
maîtresse,  collin  d'uarleville.  Optimiste,  m,  <0. 
Il  Gibier  à  plumes,  les  perdrix,  cailles,  etc.  Gibier  à 
poil,  les  lièvres,  lapins,  chevreuils,  etc.  Gros  gibier, 
les  cerfs,  daims,  sangliers,  etc.  Menu  gibier,  les  liè- 
vres, perdrix,  bécasses,  etc.  ||  Fig.  Il  se  dit  par  mé- 
pris de  personnes  peu  recpmmandables  ,  dignes 
d'être  chassées  comme  on  fait  le  gibier.  Vous  savez 
que  je  suis  quoique  peu  du  métier  X  me  devoir  con- 
naître en  un  pareil  gibier,  mol.  Et.  m,  2.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Cela  n'est  pas  de  son  gibier,  cela  dé- 
passe sa  portée,  sa  capacité,  ses  ressources,  et  aussi 
cola  n'est  pas  de  son  goût,  ne  lui  convient  pas.  La 
vérité  n'est  pas  de  notre  portée  ni  de  notre  gibier, 
i'Asc.  dans  COUSIN.  ||  On  ledit  aussi  de  personnes  qui 
sunt  au-de.ssus  de  notre  condition.  Dorante  :  Et  me 
ilis  seulement  si  tu  connais  ces  dames  —  Cliton  : 
.Non  :  cette  marchandise  est  de  trop  bon  aloi,  Ce  n'est 
point  là  gibier  à  des  gens  tels  que  moi,  cohn.  Ment. 
I,  I.  Il  2"  Fig.  et  familièrement.  Personne  que  l'en 
[loursuit,  que  l'on  attrape,  que  l'on  dupe.  Nous  au- 
tres fourbes  de  la  première  classe,  nous  ne  faisons  que 
jouer,  lorsque  nous  trouvons  un  gibier  aussi  facile 
que  celui-là,  mol.  Pourc.  ii,  3.  Comme  le  duc  m'a- 
vait permis  de  lui  parler  en  faveur  des  personnes  à 
([ui  je  voudrais  rendre  service,  il  me  fallait  un  chien 
lie  chasse  pour  découvrir  le  gibier,  c'est-à-dire  un 
■Irôle  qui  eût  de  l'industrie  et  fût  propre  à  déterrer 
(ît  à  m'amener  des  gens  qui  auraient  des  grâces  à 
'■mander  au  premier  ministre,  le  sage,  Gil  Blas, 
iii,  7.  Il  3°  Gibierde  potence,  celui  qui  mérited'être 
"ndu.  Allons,  que  l'on  délaie  de  chez  moi,  maître 
:ré  filou,  vrai  gibier  de  potence,  mol.  l'Arar.  i,  3. 
Il  On  a  dit  dans  le  même  sens  :  gibier  à  prévôt,  gi- 
bier de  bourreau.  D'un  gibier  debourreau  tu  prcoils 
donc  l'intérêt?  tb.  corn.  Comt.  d'Org.  v,  )0.  ||  Fa- 
ilièrement.  Gibier  à  commissaire,  fille  publique, 
..:ou  repris  de  justice.  _ 

—  HlST  XIII'  s.  Un  jour  d'aoust,  après  mangier, 
Merent  tous  trois  en  gibier,  nu  cange,  gilicere. 
Il  xjv*  s.  Martin,  cscuier,  allant  en  gibier  un  esper- 
vier  au  poing,  m.  ib.  L'aloe  de  gibier,  c'est  l'aloe 
iecestan  qui  a  courte  queue  sans  blancheur,  Ména- 
gier,  m,  2.  |]  xv*  s.  Le  roy  luy  dit  que  il  avoit  con- 
clu que  point  ils  ne  seroient  combatus  ;  et  ainsi  nr 
le  furent  ils  point  ;  et  si  s'estoient  ils  mis  au  plus 
beau  gibier  que  jamais  furent,  llist.  d'Artus  m, 
connest.  de  France,  p.  778,  dans  lacuune.  Bour- 


GIB 

geoise  hante  le  gibier  [a  des  amants];  Et  pour  mieux 
faire  son  debvoir.  Elle  aime  un  plaisant  escuyer, 
coquillart,  p.  44,  dans  lacubne.  ||  xvi' s.  Un  soldat 
guascon  y  banda  par  deux  fois  son  arbaleste  et  tira 
à  ceux  de  dedans  autant  assurément  que  s'il  eust 
tiré  au  gibier  pour  son  plaisir,  deaugoiî,  Guerre 
d'Ecosse,  I,  10.  Leur  amitié  et  leurconcordo,  lesquel- 
les deux  choses  sont  certes  du  gibier  de  la  philoso- 
phie, l'Amant  ressuscité,  p.  88,  dans  lacurne.  Ne 
vous  ruez  si  fort  sur  la  saincte  Escriture  ;  ce  n'est 
votre  gibier  ny  le  mien  aussi,  cholières,  Contes, 
t.  II,  Après-dtnée  8.  Le  deable  dont  tu  es  le  vrai  gi- 
bier, NOËL  DUFAÏL,  Cont.  d'Eutrap.  ch.  <. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  jubié.  La  locution  primor- 
diale est  aler  en  gibier;  gibier  est  donc  un  nom 
verbal  d'un  verbe  gibeer,  giboyer  (voy.  ce  dernier 
mot). 

t  GIBLE  (ji-W),  s.  m.  Se  dit  des  briques  arran- 
gées dans  le  four  pour  être  cuites. 

t  GIBOUDOT  (ji-bou-do),  s.  m.  Sorte  de  raisin 
noir  des  bords  de  la  Loire. 

GIBOULÉE  (ji-bou-lée),  s.  f.  Espèce  d'orage  qui 
se  réduit  à  des  coups  de  vent  passagers,  avec  de  pe- 
tites averses  et  de  petites  grêles,  qui  est  bientôt 
suivi  d'une  éclaircie,  et  qui  survient  surtout  au 
printemps.  Les  giboulées  de  mars.  ||  Par  extension. 
Des  giboulées  de  neige  volent  dans  les  airs  comme 
des  plumes  d'oiseaux,  bern.  de  st-pierre,  Ilarm. 
liv.  II,  Hommes  et  enfants.  ||  Fig.  Les  petites  véro- 
les, les  rougeoles  et  les  éruptions  cutanées  sont  les 
giboulées  de  son  printemps,  id.  tb.  vi,  Scènes  des 
enfants.  ||  Populairement.  Velée  de  coups.  lia  reçu, 
il  recevra  une  giboulée. 

—  ÉTYM.  Berry,  gibe,  gible.  Giboulée  paraît  fait 
de  gibe  et  un  suffixe  oulée;  or  il  y  a  dans  l'ancien 
français  gibe,  qui  signifie  charge  ;  dans  cette  expli- 
cation, la  giboulée  serait  une  charge  de  mauvais 
temps.  Au  xiv  siècle  on  disait  triboulée:  Tribouléc 
de  mars,  geffroy  de  paris,  dans  Hist.  litt.  de  la 
Fr.  t.  XXIV,  p.  221.  Au  XVI'  siècle  on  trouve  guebe- 
lette:  En  mon  voyage  nous  n'avons  pas  seulement 
veu  la  neige,  mais  nous  en  avons  esté  couverts 
trois  heures  d'aussi  espaisse  qu'elle  est  en  France  en 
janvier  ;  et  descendans  à  la  vallée,  ce  n'a  été  que 
pluye  ;  ces  messieurs  qui  ne  voient  que  la  guehe- 
lelte....  Ilist.  des  amours  d'Henri  IV,  p.  4U,  dans 

LACURNE. 

t  GIBOYA  (ji-bo-ia),  s.  m.  Grand  et  beau  serpent 
sans  venin. 

GIBOYER  Qi-bo-ié  ;  plusieurs  prononcent  ji-boi- 
ié),  je  giboie,  tu  giboies,  il  giboie,  nous  giboyons, 
vous  giboyez,  ils  giboiei't;  je  giboyais,  nous  gi- 
boyions,  vous  giboyiez;  je  giboyaijje  giboierai  ;  je 
giboierais;  giboie,  giboyons;  que  je  giboie,  que 
nous  giboyions,  que  vous  giboyiez;  que  je  giboyas- 
sejgiboyant,  v.  n.  ||  1°  Terme  de  fauconnerie.  Chas- 
ser à  l'oiseau.  ||  2°  Terme  familier.  Chasser,  prendre 
du  gibier.  Le  roi  des  animaux  se  mit  un  jour  eu 
tête  De  giboyer;  il  célébrait  sa  fête,  la  font.  Fabl. 
II,  (9.  Il  Terme  de  chasse.  Chasser  avec  le  fusil,  à 
pied.  Il  Poudre  à  giboyer,  poudre  beaucoup  plus  fine 
que  la  poudre  ordinaire.  Nous  avons  réglé  le  prix 
à  raison  de  vingt-quatre  sous  la  livre  de  poudre  à 
giboyer,  douze  sols  celle  à  mousquet.  Conseil  d'E- 
tat, 30  nov.  1679,  Lett.  patentes.  \\  Arquebuse  à 
giboyer,  longue  arquebuse  dont  on  se  servait  pour 
tirer  de  loin.  Et  Jupiter  de  foudroyer  D'un  long  ton- 
nerre à  giboyer,  scarbon,  Gigantomachie,  iv. 

— HIST.  xiii'  s.  Tant  qu'un  seul  chevalier  [il]  vit, 
Qui  gibeçoit  d'un  espervier,  du  cange,  gibicere. 
Il  XV' s.  En  gibessant  toute  l'après-dinée  Parmi  les 
champs,  pour  me  desenuyer.  N'a  pas  longtemps 
que  laisoie  l'autrier  Voler  mon  cœur  après  mainte 
pensée,  ch.  d'orl.  Hond.  62.  Le  suppliant  s'en  alla 
tout  gibeant  jusques  à  Nogion,  du  cange,  gibicere. 
Il  XVI'  s.  Lettres  signées  de  la  mosme  main,  do 
laquelle  ce  prince  [Charles  IX]  giboioit  de  la  fe- 
nestre  du  Louvre  aux  pauvres  passans,  d'aub  Hist. 
II,  21.  Ce  roy,  non  juste  roy,  mais  juste  ar<;uebu- 
sier,  Giboyoit  aux  passans  trop  tardife  à  noyer,  id. 
Tragiques,  v,  les  fers. 

—  ÉTYM.  Outre  les  formes  françaises,  on  a  les  for- 
mes du  bas-latin  gibicere,  gibostare.  Se  tenant 
strictement  à  la  forme  du  mot,  on  a  un  radical  gib, 
qui  est  aussi  dans.jibe,  gibet,  signifiant  sorte  de 
bâton,  sorte  d'arme,  sorte  d'engin.  Faut-il  entendre 
que  gibicere,  gibeer,  c'est  chasser  avec  la  gibe?  La 
forme  gibostare  est  singulièrement  barbare  ;  on 
peut  y  soupçonner  une  faute  de  lecture;  n'est-ce  pas 
gibottare  qu'il  faut  lire,  dérivé  de  .aibot  ou  gibaud. 
qu'on  trouve? 

GIBOYEUR  (ji-bo-ieur;  plusieurs  disent  gi-boi- 
ieur),   s.  m.  Celui  qui  chasse   beaucoup.  C'est  un 


GIG 


1871 


grand  giboyeur.  ||  Celui  qui  fait  provision  de  gibier 
pour  l'expédier  aux  marchands. 

—  ÉTYM.  Giboyer.  Lorrain,  giboyeu,  giboyeuse, 
marchand,  marchande  de  gibier. 

GIBOYEUX,  EUSE  (ji-bo-ieû,  ieû-z';  plusieurs 
disent  gi-boi-ieû,  ieû-z'),  adj.  Qui  abonde  en  gi- 
bier. Pays,  parc  giboyeux.  Une  terre  giboyeuse. 

—  ÉTYM.  Giboyer. 

t  GICLET  (ji-clè),  s.  m.  Nom  vulgaire  du  mo- 
mordka  elaterium,  L. 

—  ÉTYM.  L'ancien  verbe  gicler,  qui  signifie  lancer 
t  GIETTE  (jiè-t'),  s.  f.  Pièce  de  l'ourdissoir. 

t  GIFLE  ù'i-f),  s.f.]\  1"  Anciennement,  joue.  Les 
vents  Eure,  Note  et  Zéphire,  S'ébouffent,  mais  non 
pas  de  rire,  Oui  bien  à  force  de  souffler.  Ce  qui  lait 
leurs  gifles  enfler,  scarron,  Yirg.  ii.  Ses  joues 
[d'un  gardien  de  la  Bastille]  plissées  comme  des 
bourses  à  jetons,  ressemblent  aux  gifles  d'un  singe. 
Mémoires  d'un  prisonnier  de  la  Bastille  réfugié  en 
Hollande,  fin  du  xvu'  siècle,  dans  le  National,  a 
déc.  (850.  Il  2°  Aujourd'hui,  populairement,  coup 
jveo  la  main,  tape  sur  la  joue.  Donner,  recevoir 
une  gifle. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  giffle,  joue  ;  génev.  gif/lard, 
jouflu;  wallon,  chife,  joue;  Hainaut,  guife,  visage  ; 
nam.  gife,  gifle.  Grandgagnage  propose  comme  éty- 
mologie l'allemand  Kicfer,  mâchoire. 

f  GIFLER  (ji-flé),  V.  a.  Terme  populaire.  Donner 
une  gifle.  ||  Se  gifler,  v.  réfl.  Se  donner  des  giffles 
l'un  à  l'autre.  ||  Se  donner  une  gifle  à  soi-mêmo. 
J'étais  si  en  colère  de  ma  bévue,  que  je  me  serais 
volontiers  giflé. 

t  GIFLEUR,  EUSE  {ji-fleur,  fleû-z'),  s.  m.  et  f. 
Terme  populaire.  Celui,  celle  qui  donne  des  gifles. 

t  GIGADOU  (ji-ga-dou) ,  s.  m.  Instrument  dont  se 
servent  les  maçons,  les  menuisiers,  les  charpen- 
tiers pour  prendre  des  mesures;  c'est  une  sorte  do 
gabarit. 

GIGANTESQUE  (ji-gan-tè-sk'),  adj.  \\  1°  Qui  tient 
du  géant.  Taille,  figure  gigantesque.  M.  de  Trichâ- 
teau,  dont  vous  n'aimez  pas  la  gigantesque  figure.... 
sÉv.  Lett.  du  24  sept.  1077.  ...  Un  orgueil  insensé 
Armant  de  ses  neveux  [d'Adam]  la  gigantesque  en- 
geance. Dieu  résolut  enfin,  terrible  en  sa  vengeance, 
D'abîmer  sous  les  eaux  tous  ces  audacieux,  boil. 
Sat.  xu.  Il  II  se  dit  également  des  animaux  et  dos 
choses  qui  sont  remarquables  par  leur  grandeur. 
Arbre  gigantesque  des  époques  géologiques.  Ces 
grosses  dents  molaires  à  pointes  mousses,  du  poids 
de  onze  à  douze  livres....  ces  cornes  d'ammon  de 
sept  à  huit  pieds  de  diamètre  sur  un  pied  d'épais- 
seur.... sont  certai-nement  des  êtres  gigantesques 
dans  le  genre  des  animaux  quadrupèdes  et  dans  ce- 
lui des  coquillages,  buff.  3'  époq.  nat.  Œuv. 
t.  xn,  p.  140,  dans  pougens.  Déjà,  depuis  une 
heure.  Murât  et  la  colonne  longue  et  serrée  de  sa 
cavalerie  envahissaient  Moscou;  ils  pénétraient  dans 
ce  corps  gigantesque,  encore  intact,  mais  inanimé 
[Moscou  avait  été  abandonnée  par  ses  habitants], 
SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  viii,  5.  ||  2»  Fig.  Qui  a  des  pro- 
portions excessives.  Il  fallait  le  dire  sans  chercher 
des  termes  gigantesques  et  des  expressions  plus  pro- 
pres à  une  déclamation  qu'à  une  lettre,  maintenon, 
l.ett.àMmedeGlapion,  I5  déc.  17)8.  Ces  lois  [sontj 
frivoles  dans  le  fond  et  gigantesques  dans  le  style, 
MONTESQ.  Esp.  xxviu,  1.  11  vicnt  d'essuycr  d'un 
grand  seigneur  cette  distraction  hautaine  que  donneu  t 
à  la  plupart  de  ses  pareils  les  sentiments  gigantes- 
ques qu'ils  ont  d'eux-mêmes,  Marivaux,  dans  de.s- 
FONTAiNES.  Ce  que  Votre  Majesté  me  fait  l'honneur 
do  m'écrire  sur  la  philosophie  exaltée  et  exagérée 
des  stoïciens,  est  sans  comparaison  plus  à  mon 
usage  que  cette  philosophie  gigantesque  et  imagi- 
naire, d'alembert,  Lett.  au  roi  de  Pr.  21  juin  1782. 
On  sait  que,  dans  ces  entreprises  aventureuses  cl 
gigantesques,  tout  devient  faute  quand  le  but  en 
est  manqué,  sÉGun,  Hist.  de  Nap.  xi,  1.  La  totalité 
des  vivres  distribués  dans  cette  étendue  [de  la  Vis- 
tule  à  Smolensk]  était  incommensurable  ;  les  efl'orts 
pour  les  y  transporter,  gigantesques,  et  le  résultat, 
presque  liul;  ils  étaient  insuffisants  dans  cette  im- 
mensité, ID.  tb.  IX,  14.  Il  3°  S.  m.  Ce  qui  a  un  caraclèi-e 
gigantesque.  Il  n'aime  que  l'extraordinaire  et  le 
gigantesque.  L'invraisemblable  du  roman,  l'énor- 
mité  des  faiU,  l'enflure  des  caractères,  le  gigantes- 
que des  idées  et  la  bouffissure  du  langage,  deau- 
march.  Ilarb.  de  Sév.  Préface.  Les  acteurs  tragiques 
sont  en  parfaite  harmonie  avec  le  froid  et  le  gigan- 
tesque des  pièces,  stael,  CoHnne,  vu,  2. 

—  ÉTYM.  lia\.  gigantesco,  de  giganle,  géant  (voy. 
géant).  Au  XVI'  siècle,  on  trouve  gigantal. 

t  GIGANTESQUEMENT  (  ji-gan-tè-ske-man  ) 
adv.  Dans  des  proportions  gigantesques. 


1872 


GIG 


t  OIGANTW,  INB  ai-gan-l'"-  U-u),  ad}.  Syno- 
nyme inusité  de  gigantesque.  Co  prodigieui  animal 
Dont  il  avait  dit  tant  do  mal,  Parut  au  haut  d'une 
colline  Avec  sa  taille  gigantine,  scahron,   ¥irg.  m. 

—  ETYM.  Lat.  gigas,  gigaiilis,  géant. 

t  GIGANTLNE  (ji-gan-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  abandonné  présentement  et  donné  au- 
trefois parStackliouse  à  certains  varechs  de  Linné, 
qui  sont  aujourd'hui  cla.s3és  dans  le  genre  laminaire. 

—  RTYM.  Gùjaiilin. 

fGIGANTIS.MIi  (ji-gan-ti-sm'),  s.  m.  Terme  d'an- 
thropologie. Taille  de  géant;  état  de  ce  qui  est  gi- 
gantesque. Il  y  a  encore  bien  loin  de  là  au  gigan- 
tisme, si  je  puis  me  servir  de  ce  terme  inusité,  mais 
expressif,  buffon,  dans  le  Dict.  de  bescherelli:. 

—  ÉTYM.  Lat.  9190.?,  gigantis,  géant. 

t  GIGANTOGKAPHIE  (ji-gan-to-gra-fie)  ,  s.  f. 
l'crme  didactique.  Description  des  géants. 

—  ÊTYM.  rtfaç.fÎYnvto;, géant,  et  ypàyeiv, décrire. 

t  GIGANTOLOGIE  (ji-gan-to-lo-jie),  s.  f.  His- 
toire dos  géants  ;  traité  sur  les  géants.  L'auteur  de 
cette  gigantologie  espagnole  attribue  ces  dents 
énormes  et  ces  grands  os  [fossiles]  à  des  géants  de 
l'espèce  humaine  ;  mais  est-il  croyable  qu'il  y  ait 
jamais  eu  des  hommes  dont  la  tête  ait  eu  huit  à  di.x 
pieds  de  circonférence?  bufp.  JVo(.  jusd/.  Ép.  nat. 
Oliuv.  t.  XIII,  p.  277.  Riolan  publia  un  écrit  sous  le 
nom  de  gigantologie,  où  il  prétend  non-seulement  que 
les  03  en  question  ne  sont  pas  des  os  humains, 
mais  encore  que  les  hommes  en  général  n'ont  ja- 
mais été  plus  grainds  qu'ils  ne  le  sont  aujourd'hui, 
ID.  ib.  p.  309. 

—  fiTYM.  r(Y«ç,  YÎY""oî'  géant,  et Xiyoc,  histoire. 
GIGANTOMACUIE    (ji -gan -to-ma-chie),   s.   f. 

Terme  de  mythologie.  Le  combat  des  géants  contre 
les  dieux.  {|  Poème  dont  ce  combat  est  le  sujet.  Que 
n'a-t-on  point  dit  de  la  guerre  des  bons  et  dos 
mauvais  anges,  que  Milton  a  imitée  de  la  Gigan- 
tomachie  de  Claudien?  volt.  Dict.  phil.  Épopée. 

—  ETYM.  rtyavTOiiaxia,  de  Y'YO'îi  '^'■f^noi,  géant, 
et  [li/Ti,  combat. 

■fciOAUTI.VE  (ji-gar-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  contenant  l'algue  floridée  {gigartina 
hdminlhoorlnn ,  Lamouroux),  dite  vulgairement 
mousse  do  Corso  et  coralline  de  Corse. 

—  ETYM.  riyocptov,  pépin  de  raisin,  à  cause  de  la 
forme  des  fructifications. 

I  GIGOG.N'E  (ji-go-gn'),  s.  f.  ||  !•  Madame  Gigogne 
ou  la  mère  Gigogne,  nom  d'un  personnage  de  théâ- 
tre d'enfants  ;  elle  est  entourée  d'un  grand  nombre 
do  petits  enfants  qui  sortent  de  dessous  ses  jupons. 
Vous  verrez  ce  que  c'est  que  Shakspcare  qu'on  op- 
pose à  Corneille;  c'est  Mme  Gigogne  qu'on  met 
à  cfité  de  Mlle  Clairon,  volt.  Lell.  Duclos,  7  juin 
«762.  ||Fig.  Une  more  Gigogne,  une  femme  qui  a 
Beaucoup  d'enfants.  ||  Une  dame  gigogne  ou  gi- 
gonne,  ancienne  sorte  de  danse.  On  y  dansa  même, 
et  Mlle  de  Nantes  finit  le  bal  par  y  danser  une 
dame  gigonne,  le  plus  joliment  du  monde,  han- 
geau,  I,  173,  )fl  mai  (685.  ||  2°  Espèce  de  prime- 
vère. Une  gigogne. 

—  ETYM.  Le  wallon  dit  gigoner  pour  gigoter,  et 
gigonf,  pour  bateleur;  y  a-t-il  là  un  rapproche- 
ment avec  Cigngne  ou  Cijonne.'ou  plutôt  Gigogne 
no  vient-il  pas  de  gignere,  engendrer,  à  cause  des 
nombreux  enfants  qui  l'entourent?  Comparez  aussi 
gigougnA  du  petit  limousin ,  prendre  beaucoup  de 
peine  en  travaillant. 

GIGOT  (j'-BO;  le  '  no  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire ;  au  pluriel ,  \'s  se  lie  :desji-go-z  excellents; 
gigots  rime  avec  repos,  travaux,  etc.),  ».  m. 
Il  1°  Cuisse  de  mouton  préparée  par  le  boucher.  Le 
gigot  bourgeois,  la  pyramide  éternelle,  et  la  com- 
pote que  vous  aimez  tant,  MAiNTENON,/.f((.d  K.iïAu- 
bigné,  t.  i,  p.  (74,  dans  pougens.  X  la  halte  de  la 
veille,  mes  gens  avaient  sagement  sauvé  un  gigot 
et  une  bouteille  devin,  st-sim.  12,  HO.  Le  soir  nous 
mangions  gaiement  le  gigot  dur,  en  nous  moquant 
des  grandeurs  humaines,  kahmontel,  Mém.  vin. 
[I  Gigot  de  mouton,  partie  du  mouton  depuis  le 
jarret  jusqu'au-dessus  de  la  queue.  ||  2"  Manche  <le 
gigot,  instrument  qui  emboîte  l'os  du  gigot  et  le 
maintient  tandis  qu'on  le  découpe;  et  aussi  cet  os 
lui-même.  Prendre  un  gigot  par  le  manche.  \\3°  Au 
plur.  Les  jambes  do  derrière  du  cheval.  Ce  cheval 
«  de  bons  gigots.  ||4°  Populairement.  Jambes  d'une 
personne.  Étendre  ses  gigots.  El  n'allait  plus  que 
d'un  gigot,  scARBO.N,  Gigantomachie,  iv.  ||  Kemucr 
le  gigot,  danser.  Ci,  no  songeons  qu'à  rire,  cousin. 
Il  faut  ici  remuer  le  gigot,  bf.gnard,  le  Bal,  (8. 
Il  b*  Manches  de  robe  que  les  femmes  ont  portées 
et  qui  éUient  très-amples  du  haut  et  soutenues 
par  de»  baleine»  ou  du  calicot  gommé.  Porter  des 


GIL 

;,'igot3,  des  manches  à  gigot.  ||  6»  Nom  vulgaire  de 
l'iris  fœtidissima,  L.  \\  7*  Autrefois,  les  gigots,  s'est 
dit  par  plaisanterie  pour  les  archers,  le  guet.  Les 
pauvres  gigots  de  justice  crièrent  merci  à  Francion 
et  à  du  Buisson,  leur  remontrant  qu'ils  n'avaient 
voulu  faire  que  ce  que  l'on  leur  avait  ordonné, 
Francion,  liv.  viu,  p.  344. 

—  HisT.  XVI'  s.  Tremeaux,  glgoteaux,  pieds  de 
bœuf,  groins  et  oreilles  de  porc,  paré,  xiii,  29. 

—  ETYM.  Gigue  i.  L'espagnol  gigote  signifie  ha- 
chis, capilotade;  dans  le  saintongeois  gt'jount  si- 
gnifie bruuet;  ces  mots  ont-ils  quelque  rapport  entre 
eux  et  avec  gigot? 

GIGOTTÉ,  ÉE  (ji-go-té,  tée),  adj.  Qui  a  les  mem- 
bres forts,  en  parlant  des  chevaux  et  des  chiens.  Un 
cheval  bien  gigotté  est  celui  qui  a  les  cuisses  pro- 
portionnées à  la  grandeur  de  la  croupe.  Un  chien 
gigotté  est  celui  qui  a  les  hanches  larges  et  les  cuis- 
ses rondes. 

—  ÈTYM.  Gigot. 

GIGOTTER  (ji-go-té),  v.n.  Terme  populaire.  Re- 
muer vivement  les  jambes.  Cet  enfant  ne  fait  que 
gigotter.  Il  II  se  dit  particulièrement  d'un  lièvre  ou 
tl'un  autre  animal  semblable  qui  secoue  les  jarrets 
en  mourant.  ||  11  se  dit  aussi  familièrement  pour 
danser.  ||  Il  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avot'r. 

—  REM.  Les  verbes  qui  ont  un  radical  terminé  en 
ot  ne  prennent  généralement  qu'un  (  ;  par  ime  ex- 
ception non  fondée  l'Académie  en  donne  deux  à  gi 
goller. 

—  ÉTYM.  Gigot. 

4.  GIGUE  (ji-gh'),  s.  f.  Terme  très  -  familier. 
Jambe,  et  surtout  jambe  longue.  Avec  vos  grandes 
gigues  vous  empêchez  tout  le  monde  do  se  chauf- 
fer. Il  .Se  dit  de  la  cuisse  du  chevreuil. 

—  ETYM.  Gécev.  et  lorrain,  gigue,  personne  dont 
la  taille  est  grande  et  tout  d'une  venue.  Origine 
inconnue.  On  a  indiqué  le  celtique  :  bas-breton, 
kig,  kik,  chair;  kimry,  ctg;  mais  cela  est  tout  : 
fait  incertain.  Diez  pense  que  gigot  (et  par  consé 
quent  gigue)  a  été,  par  ressemblance  de  forme,  dit 
ainsi  de  gigue  2,  qui  a  signifié  un  instrument  de 
musique  à  cordes 

I     2.  GIGUE  (ji-gh'),  s.  f.  Terme  de  danse.  Danse 
;  ancienne  d'un  mouvement  vif  et  gai,  sur  un  air  à 

deux   temps.  ||  L'air  sur  lequel  on  danse.   Jouer 
!  danser  une  gigue.  L'on  n'entend  point  une  gigue  à 

la  chapelle,  la  bruy.  xiv. 
I     —  ËTYM.  Gigue  a  été  dit  de  l'ancien  instrument 

(le    musique    à    cordes    gigue;    provcnç.   pigua , 

guiga;  espagn.  et  it.il.  giga;  du   h.  allem.  gige 

allem.  mod.  Geige,  violon. 

t  GIGUER  (ji-ghé),  t!.  n.    Danser,    sauter.   S'il 

faut  giguer  et  se  battre.  Elle  en  donne  six  pour  qua 

tic,  gombaut,  Ép.  liv.  I,  dans  richelet. 
I     —  ETYM.  Gigue  2. 

t  GII.BK  (jil-b'),  s.  f.  Genêt  des  teinturiers. 

—  ÉTYM.  Allem.  gelb,  jaune. 

GILET  (ji-lè;  le  (  ne  se  lie  jamais  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  l's  selio  "des  ji-lè-z  élégants; 
gilets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.),  s. 
Il  1°  5prte  de  veste  courte  et  sans  manches  qui  se 
porte  sous  l'habit  ou  la  redingote.  ||  2"  Camisole  qui 
se  porte  ordinairement  sur  la  peau.  Gilet  do  fla- 
nelle. Gilet  de  peau.  \'  3°  Terme  de  salle  d'escrime. 
Donncrun  gilet  à  quelqu'un,  le  balle  complètement, 
le  toucher  très-souvent  avec  le  bouton  du  fleuret. 

—  HIÎM.  Gilet,  qui  n'est  ni  dans  Furetièreni  dans 
lUchelet,  n'est  dans  le  dictionnaire  do  l'Académie 
qu'à  partir  de  l'édition  de  1762. 

—  ÉTYM.  Gille  le  niais,  qui  portait  une  sorte  de 
veste  sans  manche;  ou,  d'après  d'autres,  Gille,  nom, 
dit-on,  du  premier  fabricant  de  gilets. 

t  GILETÊ,  f.E  (ji-le-lé,  tée),  part,  possède  gi- 
leter.  Il  est  bien  ou  mal  gilelé. 

I  GII.ETER  (j  i-le-té.  Le  t  se  double  quand  la  syllabe 
qui  suit  est  muette  :  je  gilette,  je  gilelterai),  v.  a. 
Vêtir  d'un  gilet.  ||  Se  gileter,  ».  rifl.  Mettre  son  gilet. 

—  ETYM.  Gilet. 

+  GILETIER,  lËRE  (ji-Ic-tié,  tiè-r'),  s.  m.  et/'. 
Ouvrier,  ouvrière  qui  fait  des  gilets. 

—  ETYM.  Gileter. 

t  GILIORO  (ji-li-o-ro),  I.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires (le  la  raie  oxyrrhynque,  dite  aussi  alêne. 

(.  GILLE  (ji-l),  I.  m.  Personnage  du  théâtre 
de  la  foire,  le  niais.  Jouer  les  rôles  de  Gille,  ou,  el- 
liptiquement, jouer  les  Gilles.  Pour  moi,  je  suis 
comme  Gille  le  niais  qui  fait  ses  petits  tours  à  six 
pouces  de  terre,  pendant  que  les  voltigeurs  dansent 
dans  la  moyenne  région  do  l'air,  volt.  Lett.  baron 
de  Constant,  »  août  1775.  Les  Gilles  d'aujourd  hui 
ne  peuvent  plus  attirer  de  monde  à  la  foire,  ID. 
UU.  marq.  d'Argmce,   U  r.OT.  477».  ||  Par  eiten- 


GIN 

sien,  homme  niais  qu'on  bafoue.  C'est  un  Gille, 
un  vrai  Gille. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  aie  mal  saint  Gilles  [il  a  '  , 
cancer],  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÊTYM.  Gille.  nom  propre  corrompu  de  tgidi"'. 
i.  GILLE  Qi-l),  s. m.  Faire  gille,  loc.  populi:   ■ 

qui  signifie  se  retirer,  s'enfuir  (gille  ne  prend  point 

de   majuscule  en   ce  sens) Le  guet  vient  :  la 

quenaille  fait  gille,  bégnif.r,  .S'a»,  xi.  Rien  ne  sem- 
blait plus  sûr  qu'un  si  proche  hyménéc.  Et,  parmi 
003  apprêts,  la  nuit  d'auparavant  Vous  sûtes  faire 
gille  et  fendîtes  le  Tent,  cobn.  la  Suite  du  Wcntrur, 
i,  4 .  Jupin  leur  fit  prendre  le  saut,  El  contraignit  do 
faire  gille  Le  grand  Typhon  jusqu'en  Sicile,  scarrou, 
Gigantomachie,  iv.  ||  Faire  gille,  faire  banqueroute. 

—  HIST.  xvi'  s.  Mais  avant  que  passer  outre,  dit 
le  bonhomme  Scaliger,  pourquoy  est-ce  que,  quand 
quelqu'un  s'en  est  enfui,  on  dit  :  il  a  fait  Gilles?  — 
l'rotagoras  :  C'est  pour  ce  que  saint  Gilles  s'enfuit 
de  son  pays  et  se  cacha  de  peur  d'être  lait  roi,  Moyen 
de  parrenir,  chap.  général.  M 

—  ETYM.  Voy.  GILLER.  'f 

t  GILLER  Gi-lé),  V.  n.  Populairement.  Faire  gille, 
se  retirer,  quitter  une  place.  Allons,  vite,  qu'on 
gille,  HAUTEROCHE,y( mon»  qui  trompe,  dans  le  roux, 
Dict.  comique. 

—  ÊTYM.  D'après  Diez,  giller  vient  de  l'anc.  haut 
allem.  gtlan,  giljan,  se  hSter  ;  Scheler  adopte  cette 
idée,  et  pense  que,  dans  faire  gille,  gille  est  le  sub- 
stantif do  ce  verbe.  Au  contraire  on  peut  admettre 
que  giller  dérive  de  la  locution  faire  gille.  Pour  Mé- 
nage, dans  celte  locution,  gille  représente  l'ancien 
français  gile  ou  guile ,  tromperie  ;  et  faire  gille,  ce 
sera  tromper,  s'esquiver.  Enfin  une  troisième  opi- 
nion est  que  Gille  de  la  foire  qui  s'enfuit  luand  on 
le  menace,  a  donné  lieu  à  la  locution  faire  gille. 
Le  Moyen  de  panenir  explique  autrement  la  locu- 
tion (voy.  l'historique  de  gille  2). 

t  GILLERIE  (ji-le-rie),  s.  f.  Terme  lamilier.  Ac- 
tion de  Gille,  niaiserie. 

—  ETYM.  Gille  I . 

t  GILLES  (ji-le),  s.  m.  Espèce  de  brelan  qui  s« 
joue  à  quatre  personnes,  faisant  chacune  leur  jeu  en 
particulier.  On  dit.aussi  gé. 

t  GILLETTE  (ji-lè-f),  s.  f.  La  reine  Gillette,  ex- 
pression qui  s'emploie  dans  diverses  locutions.  Cui- 
sinier de  la  reine  Gillette,  mauvais  cuisinier.  ||  His- 
torien de  la  reine  Gillette  ,  mauvais  faiseur  de 
livres.  Il  C'est  une  reine  Gillette,  c'est  une  grisetle 
qui  fait  la  grande  dame. 

—  ETYM.  Nom  propre,  féminin  de  Gille  t. 

t  GILLON  (ji-lon),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaire» 
du  gui. 

t  GILOTIN  (ji-lo-tin),  s.  m.  \\  l'  Nom  qu'on  don- 
nait aux  écoliers  du  collège  de  Saintc-Baibc,  à  Pa- 
ris, d'après  un  ecclésiastique  nommé  Gilot,  qui  en 
avait  fait  les  règlements.  ||  S*  Se  dit  quelquefois 
pour  Gille. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  Gilol,  diminutif  de  Gille. 

■f  GILVICOLLE  (jil-vi-ko-l),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  a  le  cou  gris  ou  cendré. 

—  ÉTYM.  Lat.  gilvus,  gris,  et  col. 
GIMBLETTE    (jin-blè-f),  s.   f.    Petite  pâtisserie 

dure,  sèche,  en  forme  d'anneau.  ||  Gâteaux  d'entre- 
mets fourrés  de  confitures. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  On  peut  en  rappro- 
cher pour  mémoire  l'italien  ciamhella,  échaudc. 

I  Gl\  (djin'),  s.  m.  Sorte  d'cau-dc-vie  de  grain 
qu'on  fait  en  Angleterre,  et  dont  la  préparation  fut 
découvcito  en  IG«4. 

—  ETYM.  Angl.  gin,  abrégé  de  jfnpcro,  corrompu 
lui-même  du  français  genihre. 

j  GIXDRE  (jin-dr"),  s.  m.  Premier  ouvrier  d'une 
boulangerie,  celui  qui  pétrit  le  pain. 

—  HIST.  xili*  s.  Tous  les  talemeliers  fbouiangers] 
et  les  meslres  vallès  que  Ton  apele  joindres,  Lirre 
des  met.  7.  Il  XV*  s.  Item  que  tous  musniors  et  leurs 
gendres  se  paieront  doresen.ivant  de  leurs  moultu- 
res  et  salaires  en  deniers  contons,  nu  ca.nge,  junior. 

—  ETYM.  Ménage  a  dit  que  gindre  dérivait  du  la- 
tin gêner,  gendre,  parcequc  ces  ouvriers  devenaient 
souvent  les  gendres  de  leurs  maîtres;  d'autres  ont 
dit  que  gindre  dérivait  de  geindre,  jiarce  que  le  mi- 
tron geint  en  pétrissant.  Ce  sont  des  erreurs  ;  il 
vient  de  junior,  ctymologie  depuis  longtemps  in- 
diquée par  du  Cange,  et  signifie  proprement  jeune 
garçon.  Junior  avec  l'accent  sur  ju  a  donné  régu- 
lièrement gindre,  joindre,  genvre,  etc.;  on  trouve 
dans  les  vieux  textes  juinrfrc  pour  plus  jeune  ;  gin- 
dre esl  donc  le  nominatif;  juniàrem  aurait  donné 
au  régime  ^egnor; comparez  mieudre  et  mrillcr. 

GINGAS  (gin-gà),  s.  m.  Toile  à  carreaux  dont  on 
fait  les  matelas. 


GIN 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

"îrNGEMBKK  (jin-jam-l)r'),  s.  m.  Plante  vivace 
lu  genre  amome,  i]ui  croît  naturellement  dans  les 
deux  Indes  {amomuui  xinziber,  L.).  La  racine  du 
gingembre  est  employée  comme  condiment.  ||  La 
racine  même  de  cette  plante.  Rapporter  de  Goa  le 
poivre  et  le  gingembre,  boil.  Sat.  viii.  Le  gin- 
gembre tomba  dans  une  espèce  de  mépris;  et  la 
îulture  en  fut  à  peu  près  abandonnée  partout , 
excepté  à  la  Jamaïque,  raynal,  llist.  phil.  xiv,  23. 

—  HIST.  XII*  s.  Et  gengibre  e  giro're  à  puignies 
mangeit,  Ne  purquant  tut  adèsl'eve  od  le  vin  med- 
leil,  Th..  lemart.  <02.  xiii*  s.  Gingimbre,  rubarbe, 
lignaloecy  |bois  d'aloÈs]  et  canele ,  joinv.  220. 
Il  xiv  s.  Gingembres  et  canele,  et  chucre  et  asur 
bis,  Toutes  coses  flairans  pour  estre  resjoïs,  Y  por- 
roit-on  trover....Baud.  de  Seb.  xi,  515. 

—  ETYM.  Provenç.  gingehre,  gingibre,gingiebre; 
espagn.  gengibre;  portug.  gengivre;  ital.  senzero, 
xenzetero,  aenzovero  ;  du  latin  iinziberis;  du  grec 
CiYYiêEpi:  arabe,  zanjabil;  persan,  chankover  ;  du 
sanscrit  çringavera,  gingembre,  de  çringa,  corne,  et 
tera,  corps,  à  cause  de  la  forme  cornue  de  la  racine. 

f  GINGEOLE  (jin-jo-l'),  s.  f.  Un  des  noms  vulgai- 
res de  la  jujube. 

t  GLNGEON  (jin-jon),  s.  m.  Vu  des  noms  vulgai- 
res du  canard  siffleur. 

t  GLNGIVAL,  ALE  (jin-ji-val,  va-1'),  adj.  Terme 
d'anatomie.  Qui  a  rapport  aux  gencives.  Muqueuse 
gingivale. 

—  ÊTYM.  Lat.  gingiva,  gencive. 

t  GINGIVITE  (jin-ji-vi-f),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Iiillammation  des  gencives. 

—  ETYM.  Lat.  gingiva,  et  la  finale  médicale  ite, 
qui  indique  inflammation. 

t  GINGLYME  (jin-gli-m'),  i.  m.  Terme  d'anato- 
mie. Articulation  en  forme  de  charnière.  L'articula- 
lion  du  coude  est  un  ginglyme. 

—  ÊTYM.  riYf>uiJ'0';i  cbarnière,  gond  d'une  porte, 
t  GLVGLVMOÏDAL,  ALE  (jin-gli-mo-i-dal,  da-1') 

ou  GINGLYMOÏDE  [jin-gli-mo-i-d'),  adj.  Terme 
d'anatomie.  Oui  est  en  forme  de  ginglyme.  Articu- 
lation ginglymoïdale. 

—  Rtym.  rity/Mp-oz,  ginglyme,  et  elSo;,  forme. 

t  GL\GOL  {.jin-gol),  s.  m.  Nom  donné  en  Cochin- 
chine  à  des  espèce»  de  gros  fusils  qui  pourraient 
lancer  des  boulets  de  40  à  <oo  grammes  et  qu'on 
charge  d'ordinaire  jusqu'à  la  gueule  de  lingots  de 
fer  coupés  et  hachés. 

f  GINGUEK  (jin-ghé),  V.  n.  Terme  des  campa- 
gnes. Kuer. 

—  ETYM.  C'est  probablement,  avec  une  nasale, 
le  verbe  gii/uer. 

I.  GL\GUET,  ErXE  (jin-ghè,  ghè-t'),  adj.  Qui  a 
peu  de  force,  peu  de  valeur.  Vin  ginguet.  Ha- 
bit ginguet.  On  a  représenté  Sémiramis  sur  mon 
théâtre,  et  elle  a  été  très-bien  jouée  ;  j'avais  perdu 
de  vue  cet  ouvrage,  il  m'a  fait  sentir  que  les  Scy- 
thes [autre  tragédie]  sont  un  peu  gingucts  en  com- 
paraison ,  VOLT.  Lell.  d'Argeiital,  20  juin  (767. 
Il  Fig.  Ksprit  ginguet,  esprit  médiocre  et  frivole. 
Il  Substantivement.  Boire  du  ginguet,  boire  du 
petit  vin.  Kl  avalent  du  vin  délicieux,  tandis  que 
vous  ne  buvez  que  du  ginguet,  d'ablancourt,  Lu- 
cien, dans  LE  B^x,  Oict.  comique.  Par  lui  (le  fro- 
mage] le  vert  ginguet  fait  la  figue  au  muscat, 
ST-AMANT,  le  Cantal. 

—  lllST.  xvr  s.  Il  y  a  des  mots  qui  aaissent  entre 
nous  par  hazard  et  auxquels  le  peuple  donne  cours 
sans  savoir  pourquoi.  En  l'an  (654  nous  eusmes  des 
vins  infiniment  verds,  que  l'on  appela  ginguets.  En 
l'an  1657  il  survint  un  mal  de  teste,  accompagné 
d'une  perpétuelle  fluxion  de  pituite  par  le  nez,  que 
l'on  nomma  coqueluche.  Il  est  impossible  de  rendre 
raison  de  l'un  et  de  l'autre,  pasquiER,  Recherches, 
VIII,  43.  Je  crois  qu'il  est  parent  du  roulier  d'Or- 
léans nommé  Ginguet,  Comédie  des  proverbes,  11,  3. 

—  ÉTYM.  Génev.  gingealel.  Origine  inconnue, 
comme  dit  Pasquier. 

t  2.  GLN'GUET  (jin-ghè) ,  s.  m.  Terme  de  marine. 
Synonyme  de  linguet,  ou  pieu  mobile  qui  arrête  le 
cabestan  après  qu'on  s'en  est  servi. 

t  GINODSÈLE  (ji-nou-zè-1') ,  s.  f.  Un  des  noms 
vulgaire  de  l'cpurge 

GINSENG  (jin-san),  s.  m.  Plante  qui  croît  dans 
la  Tartarieet  dans  le  Canada,  et  dont  la  racine,  ap- 
pelée du  même  nom,  est  tonique  et  stimulante 
(genre  piinax,  araliaoées;  panax  ginseng,  cueilli 
en  Mantcliouiie;  panax  pseudoginseng,  en  Népal; 
panax  quinquefolius,  au  Canada).  Le  ginseng  est 
la  panacée  des  Chinois.  Le  ginseng,  celte  plante  que 
les  Chinois  tirent  de  la  Coiée  ou  de  la  Tartane,  et 
qu'ils  achètent  au  jioids  de  l'or,  fut  trouvé  en  (7)8 

DICT.    DE   LA    LANGUE    FRANfAISE. 


GIR 

par  le  jésuite  Laftteau  dans  les  forêts  du  Canada,  où 
elle  est  commune,  raynal  ;  llist.  pliil.  xvi,  17. 

—  ÉTYM.  Chinois,  giiisen. 

t  GIOCOSO  (djio-ko-zo),  adj.  Terme  de  musique. 
Vif,  léger,  badin. 

—  ÉTYM.  Ital.  giocoso,  de  jiuoco,  jeu  (voy.  jeu). 
t  GIOL  (ji-ol),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires  de 

l'ivraie. 

t  GIORNO  (A)  (a-djior-no),  lac.  adv.  italienne 
(o,  à,  et  siorno,  jour;  voy.  jour)  par  laquelle  on 
désigne  un  éclairage  très-brillant  et  propre  en  quel- 
que sorte  à  remplacer  le  jour.  Une  salle  de  spec- 
tacle éclairée  a  giorno. 

t  GIPON  (ji-pon),  s.  m.  Terme  de  corroyeur. 
Sorte  de  houppe,  morceau  de  laine  qui  sert  à  appli- 
quer la  cire,  l'huile  et  le  suif  sur  les  peaux. 

—  ÉTY.M.  Autre  forme  de  jupon. 

f  GIPSY  (dji-psi),  s.  m.  et  (.  Nom  que  l'on  donne 
aux  bohémiens  d'Angleterre.  ||  Au  plur.  Des  gip- 
sies,  ce  qui  est  le  pluriel  anglais. 

—  ÉTYM.  Angl.  gipsy,  corruption  de  Égyptien, 
qui  est  un  des  noms  de  cette  peuplade  vagabonde. 

GIKAKE  (ji-ra-f),  s.  f.  ||  1°  Très-grand  mammi- 
fère, dit  anciennement  camélopard  et  camélopar- 
dalis,  de  l'ordre  des  ruminants,  qui  se  distingue  sur- 
tout par  son  long  cou  et  sa  robe  tachetée.  Voici  les 
animaux  dont  vous  devez  manger,  le  bœuf,  la  bre- 
bis, le  chevreau,  le  cerf,  la  chèvre  sauvage,  le  buffle, 
le  chèvre-cerf,  le  chevreuil,  l'oryx,  la  girafe,  saci. 
Bible,  Deutéron.  xiv,  6.  Leur  hauteur  [des  girafes], 
depuis  la  terre  jusqu'au-dessus  de  la  tête,  est  dans 
les  adultes  de  quinze  à  seize  pieds;  la  girafe  que  j'ai 
fait  représenter  était  haute  de  quinze  pieds  deux 
pouces,  BUFF.  Qucuirup.  t.  xiii,  p.  <80,  dans  pou 
GENS.  Il  2*  Populairement  et  fig.  Femme  grande  et 
qui  a  un  très-long  cou.  Il  dansait  avec  une  grande 
girafe,  avec  une  espèce  de  girafe.  ||  Injure  grossière 
adressée  aux  femmes  dans  le  plus  bas  style.  Mme  F. 
a  eu  une  attaque  de  nerfs,  et  n'en  est  sortie  que 
pour  traiter  Mlle  M.  de  girafe  et  de  chipie,  pont- 
MARTiN ,  Soirées  de  Mme  Charbonneau,  p.  2f. 
Il  3°  Constellation  de  l'hémisphère  boréal. 

—  HlST.  xm'  s.  Entre  les  autres  joiaus  que  il  en- 
vola au  roy,  li  envola  un  oliphant  de  cristal  moult 
bien  fait,  et  une  beste  que  l'on  appelle  orafle,  de 
cristal,  JOiNV.  200.  ||  xv's.  Ouquel  coffre  a  esté  trouvé 
une  giraffle  d'or  enlevée  et  csmaillée,  poisant  une 
once  et  dcmye,  Bibi  des  ck.  6*  série,  t.  1,  p.  3û0. 

—  ÉTYM.  Portug.  girafa;  de  l'arabe  iurâfet. 

-f  GIRALUIEN  (ji-ral-diin),  s.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  marouette. 

GIUANUE  (ji-ran-d'),  s.  /".  ||  1°  Terme  de  fontai- 
nier.  Faisceau  de  plusieurs  jets  d'eau.  ||  2°  Terme 
d'artificier.  Gerbe  de  fusées  volantes. 

—  ETYM.  Lat.  gyrare,  tourner. 
GIRANDOLE  (ji-ran-do-l'),  s.f.  \\  1°  En  termes  de 

fontainier  et  d'artificier,  synonyme  de  girande. 
Il  2"  Chandelier  à  plusieurs  branches,  que  l'on  met 
sur  une  table,  sur  des  guéridons.  Des  girandoles  de 
cristal  placées  dans  les  angles  du  salon,  genlis, 
Veil.du  c/id(.t.u,  p.  104, dans  pougens.  ||  3°Groupe 
de  pierres  précieuses  que  les  dames  portent  aux 
oreilles.  Le  poids  de  leurs  girandoles  déforme  leurs 
oreilles,  çaynal,  llist.  phil.  ix,  24.  ||  4'  Terme  de 
jardinier.  11  se  dit  de  quelques  planles  dont  les  fleurs 
sont  disposées  en  bouquet.  Le  lilas  de  Perse,  qui 
élève  droit  en  l'air  ses  girandoles  gris  de  lin,  behn. 
de  st-p.  l'aul  et  Virg.  ||  11  se  dit  de  quelques  plan- 
tes aquatiques  dont  les  feuilles  sont  disposées  en 
verticilles. 

—  ETYM.  Ital.  girandola(voy.  girande). 

f  GIRARD  (ji-rar),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  geai. 

|GIRARDE(ji-rar-d'),  i.  f.  Variété  de  lajulienne 
des  dames,  plante,  hesperis  matronalis,  L. 

f  GIRARDEL  (ji-rar-dèl),  s.  m.  Oiseau  des  envi- 
lûnsdu  lac  Majeur, sco/opaigio((is,  t.  (voy.TOTANE). 

j  GIRARDINE  (ji-rar-di-n'),  s.f.  Voy.  maroueiti;. 

GIRASOL  (ji-ra-sol),  S.  m.  |(  1°  Pierre  précieuse 
qui  jette  un  grand  feu,  surtout  au  soleil,  et  qui 
semble  en  renvoyer  les  rayons.  Le  corindon  girasol 
des  minéralogistes  est  une  pierre  fine,  du  la  nature 
des  opales,  mais  moins  bien  douée  en  qualités  écla- 
tantes, de  LAiiOHUE,  Émaux,  p.  330.  j|  2"  Tour- 
nesol, plante.  ||  Fig.  et  par  moquerie.  Celui  qui 
tourne  au  gr»  de  la  faveur,  qui  flatte  le  pouvoir.  Le 
marquis  de  la  Ferté-lmbaut,  qui  était  une  espèce 
de  girasol,  commençait  à  fuir  ceux  qui  étaient  re- 
marqués pour  être  de  mes  amis,  retz,  m,  224. 
Il  3°  Variété  de  riz  très-estimée  dans  l'Inde.  ||  4° -Gi- 
rasol feuilleté,  petit  agaric. 

—  ÉTYM.  Ixit.  gyrare,  tourner,  et  sol,  soleil. 

f  GIRA'IION  (ji-ra-sion),  i.  /.  ||  1"  Terme  didac- 


GIR 


1873 


tique.  Mouvement  en  rond.  La  giration  d'une  cy- 
clone. Il  2°  Terme  do  botanique.  Mouvement  da 
rotation  du  contei:u  li(|uidc  des  cellules  de  cer- 
taines plantes,  les  cliara,  par  exemple,  elc. 

—  REM.  Il  serait  mieux  décrire  gyration;  mais, 
l'Académie  écrivant  giratoire  par  un  i,  il  faul.pour 
ne  lias  créer  de  disparates,  omettre  dans  giration 
l'y  étymologique. 

—  HfST.  xiv  s.  La  vélocité  de  la  gyracion  ou 
revolucion  du  ciel,  ore?me.  Thèse  de  meunieb. 

—  ÉTYM.  Lat.  gyrare,  tourner. 

GIRAFOIRE  (ji-ra-toi-r'),  adj.  Mouvement  gira- 
toire, mouvement  qui  se  fait  en  tournoyant.  .Son 
mémoire  renfermait  un  principe  général  de  méca- 
nique, celui  de  la  conservation  du  mouvement  gi- 
ratoire, coNDOHCET,  d'Arci.  Il  Point  giratoire,  le 
point  autour  duquel  ce  mouvement  s'exécute. 

—  ÉTYM.  Lat.  gyrare,  tourner. 
GIRAUMONT  ou   GIRAUMON  (ji-rft-mon),  t.  m. 

Espèce  de  courge  d'Amérique,  dite  aussi  courge  de 
Saint-Jean,  citrouille  iroquoise,  cucurbila  pepo,  L. 
Au  pied  des  roches,  des  giraumonls,  de»  courges 
et  des  concombres  qui  se  plaisent  à  y  grimper, 
BERNARu.  DE  ST-P.  Paul  et  Virginie,  p.  43.  ||  Le 
fruit  de  cette  courge ,  qui  est  bon  ii  manger. 
Il  Dans  la  manne,  terme  do  mépris  qu'on  appli(|ue 
à  un  navire  de  mauvaise  qualité  et  de  luîmes  très- 
arrondies. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

t  GIREL  (ji-rèl),  s.  m.  Terme  de  marine.  Nom 
qu'on  donne,  sur  la  Méditerranée,  à  ce  qu'on  appelle 
sur  l'océan  cabestan. 

—  ÉTYM.  Lat.  gyrns,  cercle. 

f  GIRELLË  (ji-rè-1'),  s.  /.  Terme  de  potier.  Le 
haut  de  l'arbre  de  la  roue,  dit  aussi  tète  de  roue, 
sur  lequel  on  place  le  morceau  de  terre  glaise  pour 
en  faire  un  vase. 

—  ETYM.  Lat.  gyrus,  cercle. 

t  GIRIE  (ji-rie),  s.  f.  Terme  populaire.  Plainte 
hypocrite,  jérémiade  ridicule.  Faire  des  giries. 
Quelle  girie.'IIII  se  dit  aussi  pour  manières,  fa- 
çons dans  le  langage  ou  le  maintien.  M'cmbêtenl- 
ils  avec  leure  giries  ?  dit  tout  bas  liancroche  à  son 
compagnon,  cii.  DE  berkard,  le  Gentilhomme  cam- 
pagnard, M,  S  20. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Le  bourguignon  a 
geyre,  grimace.  Jaubert,  Gloss.,  écrit  gyrie ,  et  le 
tire  du  laiin  gyrus,  cercle,  tour. 

GIROFLE  (ji-ro-fl';  plusieurs  écrivent  et  disent 
gérofle),  s.  m.  Bouton  des  fleurs  du  giroflier,  qui  a 
la  figure  d'un  petit  clou  à  tête  et  qui  est  employé 
comme  épice.  On  préfère  le  girofle  clair,  gros,  obtus, 
pesant,  tel  que  celui  qui  vient  d'Asie,  etqu'on  nomme 
girofle  anglais.  Chapelets  ou  fût  de  gérofles,  le  cent 
pesant  estimé  cent  livres;  clous  de  gérofles,  le 
cent  pesant  estimé  cent  trois  livres,  Véclar.  du  roi, 
nov.  1640,  tarif.  L'n  peuple  sobre,  indépendant,  en- 
nemi du  travail,  avait  vécu  des  siècles  avec  la  fa- 
rine de  sagou  et  l'flau  du  cocotier,  cjuaud  les  Chi- 
nois, ayant  abordé  par  hasard  aux  Moluques  dans  le 
moyen  âge,  y  découvrirent  le  girofle  et  la  mus- 
cade, deux  épiceries  précieuses  que  les  anciens 
n'avaient  pas  connues,  haynal,  llist.  phil.  i,  I7. 
L'arbre  qui  donne  le  girolle  a  le  port  du  bouleau, 
l'écorce  fine  et  lisse  du  hêtre;  son  tronc,  formé 
d'un  bois  très-dur,  s'élève  peu  et  se  partage  en  plu- 
sieurs bi-anches  principales,  dont  les  rameaux  se 
couvrent,  en  mars,  de  feuilles  et  de  Heurs,  in.  ib 
II,  8.  Personne  n'ignore  que  les  Hollandais  s'enri- 
chissent, depuis  deux  siècles,  par  la  vente  du  girofle 
et  de  la  muscade,  id.  ib.  iv,  32.  Le  27  juin  (770, 
il  arriva  à  l'île  de  France  quatre  cent  cinquante 
plants  de  muscadier,  et  soiiaute-dii  pieds  de  giro- 
flier; dix  mille  muscades,  ou  germées  où  propres  à 
germer,  et  une  caisse  de  baies  de  girofle  dont  plu- 
sieurs étaient  hors  de  terre,  id.  ib.  iv,  32.  ||  Clou  de 
girofle,  nom  donné  le  plus  habituellement  à  ces 
boutons.  Un  citron  piqué  de  clous  de  girofle. 

—  HlST.  xii"  s.  E  gengibre  e  girofre  à  puignies 
mangeit.  Th.  le  mart.  <02.  |{  iiu'  s.  Ne  girofles  ne 
garingaus  Â  celé  odour  rien  [il]  ne  prisoit,  FI.  et  Bl 
381.  Vous  estiez  la  flors  des  Danois,  Vous  estiez 
giroufles  et  lis.  Sur  tous  chevaliers  eslis,  mouskes, 
ms.  p.  219,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  doux  de  girolle, 

PARÉ,  XXIV,  7. 

—  ETYM.  Prov.  girofle,  girofle;  esp.  girofle,  ga- 
riofilin;  ila.1.  garofano ;  du  lat.  canjophyllum;  grec, 
xap-j6?v))ov,  de  xàpuov,  noyer,  etçyXyov.  f  uille 

4.  GlKOFLf.E  (ji-ro-fl.'e),  adj.  fém.  Ne  s'eniploio 
que  dans  cotte  locution  :  cannelle  giroflée,  l'é- 
corce du  giroflier  quand  elle  est  dans  le  commerce 

—  ETYM.  Girofle. 

2.  GIROFLÉE  (ji-ro-fléc),  î.  [.  Genre  de  plante» 

1.  —  235 


1874 


om 


crucipTCS,  dont  plusieurs  esp^co3  sont  ciiltiyéos 
pour  la  beaulé  cl  le  parfum  des  Heurs  (genre 
cheiranihui,  L.).  L'humble  gironée  aux  lambris 
suspnduo,  Comme  un  doux  souvenir  fleurit  sur 
des  débris,  lamart.  Iltd.  ii,  20.  ||  Giroflée  de  mu- 
raille, ou  jaune,  ou  violiie,  ou  violier  jaune,  ou 
ravoneHc,  cheiranthus  cheiri,  L.  ||  Giroflée  des  jar- 
dins, chrirantlius  incanus,  i.||  Giroflée  annuelle, 
ou  quarantaine,  chiiranlhus  annuus,  L.  ||  Giroflée 
do  Mahon ,  cheiranthus  marilimus.  \\  La  fleur 
même  de  ces  plantes.  Giroflée  blanche,  rouge.  Gi- 
roflée double ,  simple.  {|  Fig.  et  populairement. 
Donner  à  quelqu'un  une  giroflée  à  cinq  feuilles, 
lui  donner  un  soulflet  si  fortement  appliqué  que 
les  cinq  doigts  y  laissent  leur  trace. 

—  HIST.  XVI*  s.  En  la  mesme  sorte  que  dessus, 
ferez  du  vin-aigre  girofloat,  y  emploiant  les  giro- 
flées ou  œillets  avec  quelque  peu  de  doux  de  gi- 
rofle, pour  augmenter  la  senteur,  0.  db  serbes,  23». 

—  ETYM.  Girofle:  c'est  l'odeur  qui  a  fait  donner 
à  CCS  fleurs  le  nom  de  giroflée  ;  Hainaut,  génofrée  ; 
génev.  géroflée  ;  wallon,  jalofrcne,  oeillet. 

GIKOFLIKK  (ji-ro-lli-é;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l'i  se  lie  ;  lesji-ro-fli-é-z  et  les  girofles),  s.  m. 
Arbre  de  la  famille  des  myrtacées,  qui  croît  aux 
lie»  Moluques  et  aux  Antilles,  caryophyllus  aroma- 
libM,  L.,  et  qui  porte  le  girofle. Les  fruits  mûrs  du 
giroflier,  remplis  de  semences,  portent  le  nom 
d'anlhofles,  de  clous  matrices,  mères  de  girofle. 

—  KTYM.  Girofle.  Au  xvi"  siècle  le  giroflier  est 
une  sorte  d'oeillet  (o.  de  serres,  67(). 

t  GIROLLE  (ji-ro-1'),  s.  f.  Espèce  de  champi- 
gnon comestible  du  genre  agaric,  dite  aussi  chan- 
terelle ou  oreille  de  lièvre. 

OIRON  (ji-ron),  s.  m.  H  1°  Terme  de  blason. 
Triangle  qui  a  une  pointe  longue  faite  comme  une 
marche  d'escalier  à  vis  et  qui  finit  au  cœur  de 
l'écu;  ainsi  dit  de  l'acception  primitive  de  giron, 
qui  est  pan  coupé  obliquement.  S'il  y  a  plusieurs 
girons,  ils  doivent  être  alternativement  de  métal 
et  de  couleur.  ||  2"  l'ar  extension  du  sens  de  pans 
de  vêtement,  l'espace  qui  s'étend  de  la  ceinture 
aux  genoux  d'une  personne  assise.  Les  filles  de 
Darius  prisonnières  étaient  couchées  dans  le  giron 
de  leur  grand'mère,  vaugelas,  Q.  C.  m,  dans  le 
flirt,  de  richelet.  Une  femme  de  peu  se  présente 
à  sa  vue  Avec  un  enfant  mort  couché  dans  son 
giron,  MAiRET,  Soliman,  1,  (.  Une  paysanne  sur  le 
giron  de  laquelle  une  petite  fille  est  endormie, 
DIDEROT,  Salon  de  17B6,  Ûfiu».  t.  xni,  p.  2(7,  dans 
POUGENS.  Il  Kig.  De  quelque  adresse  qu'au  giron  Ou 
de  Phénix  ou  de  Chiron  11  [Achille]  eiit  fait  sgn  ap- 
prentissage, MAi-n.  IV,  &.  Il  Kig.  Le  giron  de  l'Eglise, 
la  communion  dos  fidèles.  Staphyle  ouvrit  les  yeux, 
et  retourna  au  giron  de  l'Eglise  catholique,  boss. 
Var.  VIII,  §35.  Il  Dans  un  sens  plus  étendu.  Ken- 
trer  dans  le  giron,  revenir  à  une  société,  à  un 
emploi  qu'on  avait  quitté.  Il  a  été  longtemps  éloi- 
gné de  l'Université;  mais  il  vient  de  rentrer  dans 
le  giron.  Il  3°  Terme  d'architecture.  La  largeur  de 
la  marche  d'un  escalier,  le  lieu  où  l'on  pose  le 
pied ,  par  assimilation  de  la  coupe  oblique  d'une 
marche  d'escalier  avec  le  giron  du  blason.  Ces 
marches  ont  tant  de  décimètres  de  giron.  ||  Giron 
droit,  celui  qui  est  contenu  entre  deux  parallèles. 

—  HIST.  xu'  s.  Et  riches  trez  (tentes]  do  soie  à 
girons  et  à  pans,  Sax.  v.  S'or  n'avoit  ci  de  ta  gent 
tel  fuison,  A  ceste  espée  qui  me  peut  au  geron 
T'aprenderoie  ici  pesme  leçon,  Raoul  de  C.  I66. 
il  xiii*  s.  Après  lor  gieux,  en  son  giron  Venus  em- 
biacié  le  tenoit,  la  Rose,  15896.  Lors  garde  entor 
lui,  si  cort  prendre  Des  motes,  tôt  plain  son  giron. 
Si  li  rue  toi  environ  El  dessus  le  dos  et  encoste, 
R&n.  5933.  Mes  pauvres  bons  qui  n'a  avoir...,  Ne  siet 
à  feu,  ne  siet  à  table,  Ançois  menjul  sor  son  giron, 
10.  «02(6.  Tout  en  ourant  [priant]  l'herbe  a  cuellue. 
Ses  grons  en  a  la  dame  emplis,  du  cance,  gyro. 
Et  ainsi  mena  le  roy  jusques  à  Kasel,  et  le  descen- 
dirent en  une  meson,  et  le  couchèrent  ou  giron 
d'une  bourjoise  de  l'aris  aussi  comme  tout  mort, 
JoiNV.  239.  Il  xvi*  3.  Prend  le  b.illay,  et  tout  à  l'en- 
viron  Va  nettoy.int  la  meule  et  le  gyron,  du  bellay, 
vil,  3,  lerjo.  Au  giron  [sein]  mesme  de  la  jouissance, 
MONT,  i,  10.  11  estoit  encore  tout  nud,  au  giron,  et 
ns  vivoit  que  des  moyens  de  sa  mère  nourrice,  m. 
IV,  i'.  Il  ne  »e  faut  lier  ni  à  femme  ni  à  giron, 
COTORAVE.  Les  deux  premiers  [forçats]  qui  manient 
le  giron  des  rames  joignantes  l'espale  s'appellent 
espaliers,  qui  sont  ceux  qui  donnent  la  vogue  au 
reste,  \.  hoiueb,  De  la  consiructinn  d'une  galère  et 
de  ton  équipage,  Paris,  I6j2,  p.  a. 

<~  ÊTYM.  Wallon,  géron;  namur.  juron;  picard, 
proii,  giron,  toblicr;  prov.  giro ;  esp.  giron;  port. 


GIS 

giràn;  ital.  gherone,  garone;  du  germanique: 
moyen  haut-allem.  gère:  anc.  frison,  gare,  pan, 
pointe  d'habit;  holl.  geere,  bande  coupée  en  biais; 
pour  lesquels  Diez  suppose  un  ancien  haut-allem. 
géro,  ace.  gHrum,  d'oil  les  formes  romanes  giron, 
ghernne.  Diez  pense  que  les  mots  germaniques 
viennent  de  gér,  pointe  do  lance,  à  cause  de  la 
forme  de  ces  pans  de  vêtement;  à  l'appui  de  celte 
tr.msition  de  sens,  il  cite  dans  le  bas-latin  pilum 
rcstimenli;  à  quoi  Scheler  ajoute  sagillas,  dit  pour 
pans  de  vêtement,  et  synonyme  de  girones.  Ainsi 
l'ordre  des  sens  est  :  dans  l'ancienne  langue,  pan 
oblique,  signification  hors  d'us:ige  aujourd'hui  et 
conservée  dans  le  bl.ison  ;  puis,  par  extension,  les 
pans  d'habit  devenant  le  vêtement  depuis  la  cein- 
ture jusqu'au  genou,  et  prenant  même  l'acception 
de  côté;  enfin  la  marche  de  l'escalier  ainsi  dite  à 
cause  de  sa  forme  oblique, 
t  GIRONDE  (ji-ron-d'),  s.  f.  Le  parti  girondin. 

—  ÉTVM.  Gironde,  nom  d'un  département. 

t  GIRONDIN,  INE  (ji-ron-din,  di-n'),  adj.  Le 
parti  girondin,  parti  républicain  modéré,  avec  des 
tendances  fédéralistes,  qui  se  forma  dans  l'assem- 
blée législative  (I79t)  des  députés  du  département 
de  la  Gironde  et  de  leurs  adhérents,  et  qui  fut  acca- 
blé par  le  parti  montagnard.  ||  S.  m.  Un  girondin, 
un  homme  attaché  à  ce  parti.  Notre  révolution  s'est 
chargée  de  fournir  un  nom  à  celte  espèce  d'hom- 
mes généreux  et  malhabiles  à  conduire  les  affaires  : 
c'était  un  girondin,  Stendhal,  Promen.  dans  Rome. 

GIRONNÊ,  ÉE  (ji-ro-né,  née),  adj.  \\  1"  Terme  de 
blason.  Écu  gironné,  écu  divisé  en  plusieurs  parties 
triangulaires  dont  les  pointes  s'unissent.  Il  porte 
gironné  d'argent  et  de  gueules.  ||  2"  Terme  de  ma- 
çonnerie. Marches  giroimées,  celles  des  quartiers 
tournants  d'un  escalier  rond  ou  ovale.  ||  Tuile,  ar- 
doise gironnée,  celle  qui  est  plus  étroite  par  un  bout 
que  par  l'autre. 

—  f.TYM.  Giron. 

t  GIRONNER  (ji-ro-né),  V.  a.  Donner  à  un  ou- 
vrage d'orfèvrerie  la  rondeur  qu'il  doit  avoir.  ||  Gi- 
ronner  un  chaudron,  en  arrondir  le  fond. 

GIROUETTE  (ji-rou-è-f),  t.  f.  \\  l'  Feuille  de 
tôle  taillée  ordinairement  en  forme  de  banderole, 
et  mobile  sur  un  pivot,  qu'on  place  sur  le  haut  des 
maisons  pour  indiquer  la  direction  du  vent.  Qu'on 
emporte  quelques  tableaux  et  quelques  girouettes, 
pourvu  qu'on  nous  laisse  les  murailles  et  le  toit, 
BALZ.  6"  dise,  sur  la  cour.  Il  n'était  permis  qu'aux 
nobles  de  mettre  des  girouettes  sur  leurs  maisons  ; 
on  prétend  même  que,  dans  l'origine,  il  fallait  avoir 
monté  des  premiers  à  l'assaut  de  quelque  ville,  et 
avoir  planté  sa  bannière  ou  son  pennon  sur  le  rem- 
part, saint-foix  ,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  iv,  p.  173, 
dans  pouGENs.  Je  suis  assez  semblable  aux  girouet- 
tes qui  ne  se  fixent  que  quand  elles  sont  rouillées, 
VOLT.  Lett.  d'Albaret,  (O  avr.  )  75o.  Vous  n'avez  qu'à 
regarder  une  girouette  ;  elle  tourne  tantôt  au  doux 
souffle  du  zéphyr,  tantôt  au  vent  violent  du  nord: 
voilà  l'homme,  in.  Facéties,  Pot  pourri,  t2.  ||Fig. 
Tourner  à  tous  vents  comme  une  girouette,  chan- 
ger d'opinion,  de  parti  à  tous  les  vents ,  à  toutes 
les  occasions  ou  circonstances.  ||  On  dit  aussi  faire 
la  girouette.  ||  2"  Terme  de  marine.  Toile  tendue 
sur  un  cadre  de  bois  qu'on  place  en  haut  des  mâts. 
Il  3°  Fig.  C'est  une  girouette,  se  dit  de  celui  qui 
change  souvent  de  sentiments,  d'opinions.  Un 
chancelier  à  qui  les  exils  n'avaient  laissé  que  la 
terreur  et  une  flexibilité  de  girouette,  st-sim.  342, 
231.  Adieu  donc,  soubrette  ennemie,  adieu,  mon 
petit  cœur  fantasque  ;  adieu,  la  plus  aimable  do 
toutes  les  girouettes,  marivaix,  Heur,  slratag.  m, 
).  L'Être  nécessairement  éternel  ne  peut  être  une 
girouette,  volt.  Oreilles,  4. 

—  HIST.  xvr  s.  Girouet,  platine  de  fer  en  forme 
de  panonceau,  tournant  à  tous  vens,  au  faite  d'un 
toit,  MONET,  Dict.  Girouette,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÊTYM.  Mot  composé  comme  pirouette,  et  ve- 
nant du  latin  gyrare,  tourner,  qui  vient  de  YÛpo;, 
tour  ;  ital.  girolta. 

t  GIROUETTE,  ÉE  (ji-rou-è-té,  tée),  adj.  Terme 
de  blason.  Surmonté  d'une  girouette  ;  qui  a  une  gi- 
rouette d'un  autre  émail  que  le  corps. 

t  GIROUETTERIE  (ji-rou-è-te-rie),  s.  {.  Disposi- 
tion à  être  girouette,  à  changer  d'opinion,  de  parti. 
Mon  aversion  pour  tout  ce  qui  avait  la  moindre  ap- 
parence de  girouetterie  m'eût  conduit  dans  le  pré- 
cipice, RETZ,  m,  (20.  » 

—  f.TVM.  Girouette. 

t  GIROUIL^E  (ji-rou-ir.  Il  mouillées),  ».  f.  Un 
des  noms  vulgaires  de  la  carotte. 

GISANT,  ANTE  (ji-zan,  zan-t'),  adj.  Qui  git. 
Ayant  vu  ses  soldats  gisants  sur  la  poussièie,  mai- 


GIT 

RET,  Mort  d'Asdrub.  v,  2.  Je  suis  gisant  dans  mon 
lit,  ne  pouvant  guère  écrire,  volt.  IMI.  d'Argen- 
tal,  8  janv.  (758.  ||  Substantivement.  Quoique  son 
camarade  [médecin  Tant-pis]  Soutint  que  le  gisant 
irait  voir  ses  aïeux,  la  pont,  t'abl.  v,  (2.  ||Dani 
un  moulin,  meule  gisante,  ou  inférieure,  celle 
sur  laquelle  la  meule  supérieure  tourne.  ||  Terme 
de  marine.  Navire  gisant,  navire  échoué.  Les  pu- 
blications et  affiches  déclareront  aussi  le  nom  du 
vaisseau  saisi  et  son  port  et  le  lieu  oCI  il  sera  gisant 
ou  flottant,  Ordonn.  août  <G8i.  ||  Queli|ues-uni 
doublent  Ys.  Ami  français,  le  prince  ici  gissant  Vé- 
cut sans  gloire  et  mourut  en  pissant,  Épigr.  faite 
sur  Atitoine  de  Rourbon,  tué  d'un  coup  d'arque- 
buse, au  siège  de  Rouen,  tandis  qu'il  Idcluiit  de 
l'eau.  Voy.  dans  Voltaire  la  note  (u)  du  ix'  cbant 
de  la  Ilenriade. 

—  ÉTYM.  Part,  présent  irrégulier  de  gésir. 

GISEMENT  (ji-ze-man),  s.  m.  ||  1"  Terme  de  ma- 
rine. Situation  des  côtes.  Par  cette  réunion  on  aura 
sous  les  yeux  les  gisements  relatifs  de  toutes  les 
parties  des  continents  polaires  et  des  passages  ten- 
tés pour  tourner  par  le  nord  et  à  l'est  de  l'Asie, 
m  FF.  Exptic.  cart.  géogr.  Giuv.  t.  xiii,  p.  367,  dans 
POUGENS.  Il  me  semble  ouïr  des  marins  discutant  le 
gisement  d'une  terre  que  l'on  avait  en  vue,  cha- 
TEAUB.  Natch.  VII.  Il  2°  Terme  de  minéralogie.  Posi- 
tion des  masses  de  minéraux  dans  certains  terrains. 
Gisement  en  filons,  par  amas.  ||  Terme  de  géogno- 
sie.  Gisement  général,  ordre  général  de  successiou 
des  divers  terrains. 

—  ÉTY.M.  Gésir. 

GÎT  (ji;  le  t  se  lie  :  ci-ji-t  un  homme....),  troi- 
sième pers.  du  prés,  de  l'indic.  du  verbe  gésir  (voy. 
ce  mot). 

t  GITAGE  (ji-ta-j') ,  s.  m.  Terme  de  manufacture. 
Dernière  opération  que  l'on  fait  avec  le  chardon 
pour  démêler  les  poils  du  drap. 

t  GITANO  (ji-tano),  GITANA  (ji-ta-na),  I.  m. 
et  f.  Nom,  en  espagnol,  de  la  peuplade  errante  qu'on 
nomme  bohémiens.  Un  gitano.  Une  gitana.  Des  gi- 
tanos. 

GÎTE  (jî-f),  s.  m.  Il  1»  Le  lieu  où  l'on  demetira, 
où  l'on  couche  ordinairement.  Loin  du  monde  elle 
fait  sa  demeure  et  son  gîte,  Régnier,  Sat.  xiii. 
L'aigle  donnait  la  chasse  à  maître  Jean  Lapin,  Qui 
droit  à  son  terrier  s'enfuyait  au  plus  vite;  Le  trou 
de  l'escarbot  se  rencontre  en  chemin  ;  Je  laisse  à 
penser  si  ce  gîte  Était  sûr  ;  mais  où  mieux?  Jean 
Lapin  s'y  blottit,  la  font.  Fabl.  11,  8.  Un  mort  s'en 
allait  tristement  S'emparer  de  son  dernier  gîte,  in. 
ib.  vil,  1 1 .  Tout  beau,  monsieur,  tout  beau;  ne  cou- 
rez point  si  vite.  Vous  n'irez  pas  fort  loin  pour  trou- 
ver votre  gîte,  mol.  Tart.  v,  7.  A^a,  fuis  ;  que  le  dé- 
mon, qui  te  prit  en  ton  gîte  Pour  l'amener  ici,  t'y 
remporte  au  plus  vite,  regnahd,  Démocr.  iv,  7.  Je 
ne  sais  point  où  demeure  Thiriot,  qui  change  de  gîte 
tous  les  six  mois,  et  qui  ne  m'a  pas  écrit  depuis 
plus  de  quatre,  volt.  Lett.  d' Argental,  20  janv.  1770. 
El  quand  l'heure  invite  X  gagner  son  gîte,  L'on 
rentre  bien  vite  Ailleurs  que  chez  soi,  bêrang.  Co- 
cag.  Il  Par  extension.  Revenir  au  gîte,  revenir  parmi 
les  siens.  Parlons  des  Grignan,  parlons  de  ces  frères 
qui  reviennent  toujours  au  gîte,  sév.  570.  ||  Fig.  Cet 
hôte  [l'amour!  dans  un  cœur  a  biantôt  fait  son  gîte, 
regnahd.  Joueur,  11,  <.||2°  La  couchée  en  voyage. 
Arriver  au  gîte.  Mon  frère  a-t-il  tout  ce  qu'il  veut  : 
l'.on  soupe,  bon   gîte  et  le  reste?  la  font.  Fabl. 

IX,  2 Il  craint  avec  raison  Qu'il  n'ait  ce  coup, 

malgré  son  oraison,  Très-mauvais  gîte....  in.  Orait. 
Je  vous  écrirai  de  tous  nos  gîtes  afin  que  vous  sa- 
chiez le  jour  et  l'heure  que  nous  arriverons,  Main- 
tenon,  Lett.  d  M.  dAubigné,  4  2  juin  (677.  ||  Dans 
l'ancien  droit  administratif,  on  nommait  gîtes  d'é- 
tape ce  que  l'on  .nppclle  aujourd'hui  les  étapes  mi- 
litaires. Il  Terme  de  féodalité.  Droit  d'être  hébergé 
et  nourri  gratuitement  un  jour  et  une  nuit  par  an. 
Il  3°  ferme  do  chasse.  Le  lieu  où  le  lièvre  repose 
et  où  il  est  en  forme.  Un  lièvre  en  son  gîte  son- 
geait; Car  que  faire  en  un  gîte,  à  moins  que  "lOn 
ne  songe?  la  font.  Fabl.  11,  44.1|En  cuisine,  on 
nomme  lièvre  en  gîte  un  pile  de  lièvre  fait  dans  une 
terrine  longue  au  lieu  de  croûte.  {|  4°  Terme  de  mi- 
néralogie. Masse  de  minéraux  en  son  gisement. 
Il  6°  Ancien  synonyme  de  meule  gisante.  ||  Partie 
immobile  du  soufflet.  ||  6"  Terme  d'artillerie.  Cha- 
cune des  poutrelles  qui  soutiennent  les  madrier» 
d'une  plate-forme.  Clouer  un  gîte.  ||  Terme  de  con 
struction  hydraulique.  Pièces  de  bois  concourant 
à  l'assemblage  d'un  pont  tournant.  ||  ?•  Terme  do 
lioucherie.  Gîte,  partie  du  bceuf  qui  se  trouve  au- 
dessus  de  rarticiilation  des  jambes  jusqu'au  com- 
mencement  du  gros  de  la  cuisse  et  de   l'épaula 


GIV 

Le  gîte  se  sépare  en  trois  parties,  le  bas  de  gîte, 
la  levée,  et  l'os  de  gîte.  ||  Gîte  à  la  noix,  morceau 
du  bœuf  qui  se  trouve  dans  la  partie  arrondie  de 
la  cuisse ,  comprenant  le  dessous  de  la  queue, 
la  partie  où  il  y  a  une  petite  grosseur  comme  une 
noix  et  la  chair  jusqu'au  gîte.  ||8°  En  termes  de 
marine,  on  fait  gîte  féminin  pour  désigner  le  lieu 
où  un  navire  échoué  se  loge.  La  gîte  d'un  navire. 
Il  Proverbe.  Un  lièvre  va  toujours  mourir  au  gîte, 
c'est-à-dire,  après  avoir  bien  voyagé,  on  finit  toujours 
par  revenir  dans  son  pays.  |{  On  dit  dans  un  sens  ana- 
logue :  Cet  homme  ressemble  au  lièvre, -il  vient  mou- 
rir au  gîte.  ||  11  faut  attendre  le  lièvre  au  gîte,  pour  être 
sOrde  trouver  quelqu'un,  il  faut  l'attendre  chez  lui. 

—  HIST.  XIV'  s.  Quant  le  loutre  part  du  lieu  où  il 
demeure  qui  est  appelé,  selon  le  mestier,  giste,  Mo- 
dtis,  f"  xuii.  Du  giste  de  bœuf,  Ménagier,  ii,  B. 
Gramose  [sorte  de  mets]  est  faite  de  la  char  froide 
du  giste  qui  est  demeurée  du  disner,  ib.  ii,  5.  ...ou 
giste  à  huit  pièces,  et  est  la  plus  grosse  char,  mais 
elle  fait  la  meilleure  eaue  [bouillon]  après  la  joe, 
ib.  II,  4.  Il  XV'  s.  Les  dits  ambassadeurs,  tant  fran- 
çois  que  anglois,  vindrent  au  gist  à  Compiegne, 
Bibl.desch.  5*  série,  t.  v,  p.J29.  Vinrent  jusques à 
Poissy,  et  trouvèrent  le  pont  rompu  et  défait;  mais 
encore  estoient  les  estaches  et  lesgites  en  la  rivière, 
FKOiss.  1,  I,  273.  Et  passa  ledit  connestable  du  costé 
du  roy;  et  fut  faitl'appointement  [la  réconciliation] 
du  conte  de  Dampmartin  et  de  luy,  et  vint  au  giste 
avec  le  roy  à  Koyon,  comm.  m,  H.  La  messe  ne  se 
passa  pas  sans  ris  soudains,  quand  il  leur  souvient 
du  gite  que  monseigneur  a  fait  au  bahut,  louis  xi, 
Souv.  xxvii.  Il  xvi'  s.  Aucunefois  aux  fosses  deval- 
loye.  Pour  trouver  là  des  gistes  de  fouines.  Des  hé- 
rissons, ou  des  blanches  hermines,  marot,  j,  217. 
Ce  qu'on  appelle  le  giste  ou  arriere-faix,  servant  de 
lict  et  coussin,  attendu  que  dedans  iceluy  l'enfant 
nage,  paré,  xviii,  6.  Sortir  de  la  giste  [en  parlant 
du  hèvrc],  fouilloux,  Yén'^rie,  f"08,  dans  lacurne. 
En  pignons  ou  murs  communs,  pourra  chacun  rom- 
pre et  percher,  pour  y  massonner  ou  ancrer  som- 
miers, gistes  ou  autres  bois,  Nouv.  coust.  gén.  t.  ii, 
p.  foos. 

—  ÉTYM.  Wallon,  gtse;  bourguign.  geile,-  bas- 
lat.  gistum;  du  verbe  gésir. 

GÎTÉ,ÉE(ji-té,tée)  ,part.posï^  de  gîter.  ||  t'Logé. 
Nous  avons  été  mal  gîtes,  llestglté  à  l'étroit.  ||  2°  Qui 
repose,  en  parlant  du  lièvre.  Un  lièvre  gîté  sous  un 
chou.  Lorsque  les  glaces  sur  lesquelles  les  man- 
chots sont  gîtes  viennent  à  flotter,  ils  voyagent  avec 
elles  et  sont  transportés  à  d'immenses  ciistances  de 
toute  terre,  buff.  Ois.  t.  vjii,  p.  65,   dans  pouge.ns. 

GÎTliB  (ji-té),  V.  n.  Il  1°  Terme  familier.  Demeu- 
rer, coucher.  Si  c'est  votre  plaisir  d'aller  gîter  là- 
bas,  hauteroche,  Espr.  foll.  m,  h.  L'un  gîtant, 
chassant  de  château  en  château,  i.  j.  rouss.  7/^i.  ii, 
18.  Il  II  se  dit  particulièrement  des  auberges  où  l'on 
couche  en  voyage.  Afin  qu'il  ne  m'avienne  De  mal 
gîter....  LA  FONT.  Ora's.  Même  chez  lui  [un  auber- 
giste] larement  on  gîtait,  m.  Berc.  |(  2°  Se  dit  des 
animaux.  Il  savait  où  le  lièvre  gîtait.  Le  banquier 
débrida  son  cheval,  et  le  mit  dans  une  étable  où  gî- 
tait une  vache  mère  nourrice  de  toute  la  maison, 
LESAGE,  Viable  boit.  8.  11  lui  restait  pour  ressource 
dernière  Sa  basse-côur,  où  gîtaient  maints  oisons. 
Maints  bons  poulets,  surtout  force  dindons,  baciiau- 
HONT,  Mim.  secrets,  t.  xxxiv,  p.  400.  ||  3°  Terme  de 
marine.  Un  navire  échoué  gîte  ou  fait  sa  gîte,  lors- 
que, empli  d'eau,  il  échoue  et  s'enfonce  sur  la  plage. 
Il  4°  V.  a.  Donner  un  gîte.  Après  quelques  propos 
sur  cette  résolution  [d'arrêter  M.  et  Mmedu  Maine], 
on  agita  où  on  les  gîterait,  st-sim.  523,  202.  ||  5'  Se 
gîter,  i).  réfl.  Se  loger,  prendre  un  gîte.  J'ignore  où 
il  est  allé  se  gîter.  Lorsqu'ils  [les  ours]  ne  peuvent- 
trouver  une  grotte  pour  se  gîter,  ils  cassent  et  ra- 
massent du  bois  pour  se  faire  une  loge  qu'ils  recou- 
vrent d'herbes  et  de  feuilles,  au  point  de  la  rendre 
impénétrable  à  l'eau,  bdff.  Quadrup.  t.  m,  p.  3i. 

^  HIST.  xiii'  s.   Trop  par  estoie  loing  gités,  la 

iio.se,  )lii09.  Il  XVI'  s Auquel  cas  on  les  doit  gis- 

ter  et  nourrir,  loysel,  »I7. 

—  ÉTYM.  Gite;  bourguign.  geitai. 

t  GITUAGINE(ji-ta-ji-n') ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Principe  vénéneux,  retiré  de  la  nielle  des  blés  [agro- 
stema  githagn,  L.). 

t  GITOiN  (ji-ton),  i.  m.  Il  1°  Jeune  homme  ser- 
vant à  de  honteux  plaisirs,  ainsi  dit  de  Giton,  per- 
•onnage  de  la  satire  de  Pétrone.  Sa  personne  en 
tous  lieux  honnie  Est  réduite  à  ses  noirs  Gîtons, 
VOLT.  Utt.  en  vers  et  en  prose,  si.  |{  2°  Très-petite 
coquille  univalve,  appartenant  au  genre  pourpre. 

t  GIVA0DANE  (ji-v6-da-n'),  s.  f.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  bartavelle. 


G  LA 

t.  GIVRE  (ji-vr'),  s.  f.  Terme  de  blason.  Serpent. 
Il  On  dit  ausii  guivre.  Rome  a  ses  clefs;  Milan,  l'en- 
fant qui  hurle  encor  Dans  les  dents  de  la  guivre, 
V.  HUGO,  Orient.  2. 

—  HIST.  XI'  s.  Serpens  e  guivres,  dragon  et  aver- 
sier  [diable],  Ch.  de  Roi.  clxxxi.  ||  xiii'  s.  Car  là 
n'est  serpens  ne  wivre,  Fl.  et  Bl.  (889.  Monsei- 
gneur Jehan  dOrliens,  qui  portoit  bannière  à  la 
voivre,  joinv.  224.  ||  xiV  s.  La  petite  vivre  occist 
le  grant  torel,  Ménagier,  i,  9. 

—  ÊTYM.  Berry,  vouivre;  bourg,  vouivre,  vivre, 
fée,  jeune  fille  résolue  et  vive.  La  forme  régulière 
est  guivre,  qui  vient  du  latin  ripera  (voy.  vipêhe), 
sans  qu'il  soit  nécessaire  de  passer  par  le  haut-alle- 
mand wipera,  qui  vient  aussi  du  mot  latin. 

2.  GIVRE  (ji-vr'),  s.  m.  \\  1°  Légère  couche  de 
glace  dont  les  corps  se  couvrent  quand  la  tempéra- 
ture devient  assez  froide  pour  congeler  l'humidité 
qui  est  dans  l'air.  Le  givre  est  formé  principale- 
ment par  la  vapeur  vésiculaire  des  brouillards  qui 
sont  condensés  et  congelés  à  la  fois,  et  par  la 
rosée  qui  s'est  déposée  sur  les  plantes.  Cette  nuit 
il  est  tombé  du  givre.  Montagnes  que  voilait  le 
regard  de  l'automne.  Vallons  que  tapissait  le  givre 
du  matin!  lamart.  Ilarm.  m,  2.  ||  2°  Nom  vulgaire 
donné  à  un  principe  qui  préexiste  dans  les  capsules 
de  vanille  et  qui  cristallise  à  leur  surface. 

—  ETYM.  Bourg,  yévre;  prov.  gibre,  givre;  catal. 
gebre.  Diez,  remarquant  que  gi'rre  a  aussi  dans  le 
parler  du  Languedoc  le  sens  de  glaçon  pendant  dés 
arbres,  pense  que  le  givre  a  été  comparé  à  un  ser- 
pent, et  est  le  même  que  givre  i .  Mais,  les  inter- 
méiliaires  manquant,  la  chose  demeure  fort  dou- 
teuse. Pourrait-on  y  voir  une  forte  contraction  et 
corruption  du  latin  gelicidium,  givre,  verglas  t 

t  I.  GIVBÉ,  EE  (ji-vré,  vrée),  adj.  Qui  est  cou- 
vert de  givre.  Arbres  givrés. 

—  f.TYM.  Givre  2  ;  provenç.  givrar,  couvrir  de 
givre. 

f  2.  GIVRÉ,  ÉE  (ji-vré,  vrée),  adj.  Terme  de 
blason.  Orné  d'une  givre.  Cette  maison  de  Montfort 
portait  d'argent  à  la  croix  de  gueules  givrée  d'or, 

ST-SIM.    )83,  9. 

—  ÉTYM.  Givre  t. 

t  GIVRÉE  (ji-vrée),  s.  f.  Couche  de  verre  blanc 
pilé. 

—  ÉTYM.  Givre  2. 

t  GIVREUX,  KUSE  (ji-vreû,  vreù-z'),  adj  Terme 
de  commerce.  Se  dit  d'une  pierre  précieuse  qui  est 
gercée. 

—  ETYM.  Girre  2. 

t  GIVKOGNE  (ji-vro-gn'),  s.  f.  Nom  vulgaire  de 
la  maladie  des  moulons,  dite  noir  museau. 

t  GIVRCRE  (ji-vru-r'),  s.  f.  Glace  blanche  pro- 
duite sur  le  diamant  par  l'outil  du  lapidaire  ou  du 
mineur. 

—  ÉTYM.  Givre  2. 

t  GI.ABELLE  (gla-bè-1'),  s.  f.  L'espace  compris 
entre  les  sourcils. 

—  ÉTYM.  Lat.  glahellus,  diminutif  de  glaher, 
glabre. 

GLABRE  (g!a-br'),  ad/.Terme  d'histoire  naturelle. 
Déi'ourvu  de  poils,  de  duvet.  Plante  glabre.  Peau 
glabre. 

—  ÉTYM.  Lat.  glaber;  comp.  le  grec  •y^^î^poîi 
poli,  net,  de  Y/à?ew,  tailler. 

]  GLABRËITÉ  (gla-bré-i-té),  s.  f.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Etat  d'une  enveloppe  qui  est  dénuée 
de  poils. 

—  ÉTYM.  Glabre. 

t  GLABRESCENT,  ENTE  (gla-brè-ssan,  ssan-t'), 
ailj.  Terme  de  botanique.  Qui  perd  se»  poils  avec 
le  temps. 

—  ÉTYM.  Glabre. 

t  GLABRIER  (gla-bri-é),  s.  m.  Arbre  des  Indes, 
dit  aussi  petit  gaïac. 

f  GLABRISME  (gla-bri-sm'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. État  tératologique  d'une  plante  qui,  pu- 
bescente  à  l'état  normal,  naît  ou  devient  glabre. 

—  ÉTYM.  Glabre. 

f  GLABRIUSCCLE  (gla-bri-u-sku-1'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  est  presque  entièrement  glabre; 
qui  n'offre  qu'une  villosité  à  peine  sensible. 

—  ETYM.  Diminutif  de  glabre. 

GLAÇANT,  ANTË  (gla-san,  san-t'),  adj.  ||  1°  Qui 
glace.  Bise  glaçante.  [France]  Tu  ne  sens  point  du 
Nord  les  glaçantes  horreurs,  a.  cuf.n.  Hymne  à  la 
France    {{  2"  Fig.  Abord  glaçant. 

GLACE  (gla-s'),  s.  f.  ||  1"  Eau  congelée,  solidifiée 
par  le  froid.  Là  certes  le  sommeil  à  la  crainte  fait 
place,  Et  je  me  suis  trouvée  aussi  froide  que  glace, 
MAiRET,  Sophon.  V,  4.  Il  fait,  dit-elle,  un  temps 
froid  comme  glace,  la  font.  Court.  Rien  no  peut 


GLA 


1875 


arrêter  sa  vigilante  audace  :  L'été  n'a  point  de  fcui  ; 
l'hiver  n'a  point  de  glace,  doil.  Lutr.  11.  La  giace 
et  le  feu  sont  les  éléments  de  la  mort;  la  clialeui 
tempérée  est  le  premier  germe  de  la  vie,  Buïr 
Quadrup.  t.  iv,  xxix,  dans  poiigf.ns.  Avant  la  pub;:- 
cation  de  l'excellent  écrit  de  l'illustre  Mairan  sur  la 
formation  de  la  glace,  on  était  bien  loin  de  soup- 
çonner tout  ce  que  ce  phénomène  si  commun  ren- 
ferme de  curieux,  donnet,  Contempl.  nat.  Œuv, 
t.  VIII,  p.  212,  note  t3,  dans  pougkns.  Uustan  des- 
cend :  d'un  pied  il  touche  encor  la  glace,  L'autre 
foule  déjà  les  tapis  verdoyants  ;  D'un  pii»  le  clieva  ■ 
lier  a  franchi  tout  l'espace  Qui  sépaie  en  ces  lieux 
l'hiver  et  le  printemps,  masson,  llelv.  11.  Enfin. 
vers  minuit,  le  passage  a  commencé  ;  mais  les  pre- 
miers qui  s'éloignent  du  bord  avertissent  que  h 
glace  plie  sous  eux,  qu'elle  s'enlouce,  qu'ils  mar- 
chent dans  l'eau  jusqu'aux  genoux  ;  et  bientôt  on 
entend  ce  frêle  appui  se  fendre  avec  des  cracjue- 
ments  elTroyables  qui  se  prolongent  au  loin  comme 
dans  une  débâcle,  sRGun,  llist.  de  Nap.  x,  ».  Il  y 
eut  des  endroits  où  il  fallut  franchir  de  larges  cre- 
vasses et  sauter  d'une  glace  à  l'autre,  au  risque  do 
tomber  entre  deux  et  de  disparaître  pour  jamais, 
m.  t'6.  Leur  chef  voulut  alors  tenter  le  passage  ila 
quelques  voitures  chargées  de  ces  malheureux  [lc8 
blessés]  ;  mais,  au  milieu  du  fleuve,  la  glace  s'af- 
faissa et  s'entr'ouvrit,  m.  ib.  Et  réellement,  dès 
qu'épuisés  ils  s'arrêtaient  un  instant,  l'hiver,  appe- 
.santissant  sur  eux  sa  main  de  glace,  se  saisissait  do 
cette  proie,  id.  ib.  xil,  2.  On  était  parvenu  à  faire 
prendre  les  armes  à  une  division  napolitaine;  on  la 
fit  même  sortir  de  la  ville  ;  mais  les  fusils  s'échap- 
pèrent des  mains  de  ces  hommes  transplantés  d'un 
sol  brûlant  dans  une  région  de  glace;  en  moins 
d'une  heure  tous  rentrèrent  désarmés,  et  la  plupart 
estropiés,  id.  ib.  xii,  3.  Les  soldats  du  *'  régiment 
coururent  en  furieux  contre  l'ennemi,  contre  la 
montagne  de  neige  et  de  glace  dont  il  était  le 
maître  et  contre  l'ouragan  dunonl,  car  ils  avaient  tout 
contre  eux,  w.  ib.  n,  13.  Salut!  brillants  sommets, 
champs  de  neige  et  de  glace,  Vous  qui  d'aucun 
mortel  n'avez  gardé  la  trace,  Vous  que  le  regard 
même  aborde  avec  effroi,  lamart.  Méd.  ii,  <3. 
Il  Glaces  de  fond,  glaces  qui  se  forment  au  fond  des 
rivières  et  qui  deviennent  ensuite  glaçons  flottants. 
Il  Glaces  flottantes,  ou,  simplement,  glaces,  pièces 
de  glace  qui  se  détachent  des  eûtes  des  régions  po- 
laires, et  qui,  flottant  dans  la  mer,  vont  échouer  au 
loin.  Le  lendemain  on  vit  une  autre  glace  évaluée 
à  60  mètres  de  hauteur  visible,  Itev.  de  l'inst.  publ. 
iodée.  «801,  p.  «(16.  Il  Glace  bleue,  glace  se  pro- 
duisant dans  les  glaciers  avec  la  couleur  bleue 
sous  la  forme  de  bandes  alternant  avec  des  ban- 
des de  glace  blanche.  |{  Ferrer  un  cheval  à  glace, 
le  ferrer  avec  des  fers  cramponnés  pour  euipc- 
cher  qu'il  ne  glisse.  ||  Fig.  Être  ferré  à  glace  sur 
une  matière,  y  être  fort  et  très-capable  de  s'y 
défendre.  ||  Kompre  la  glace,  la  casser;  et  fig.  ha- 
sarder une  démarche  hardie,  entamer  une  expli- 
cation délicate,  être  le  premier  à  traiter  un  sujet. 
Un  médecin  d'Angleterre  [Harvey],  auquel  il  faut 
donner  la  louange  d'avoir  rompu  la  glace  en  cet 
endroit  [la  circulation  du  sang],  et  délre  le  pre- 
mier qui  a  enseigné....  desc.  Uéth.  v,  ",  Le  baron 
de  Beauvais  était  fin  courtisan  et  gâté,  mais  ami  à 
rompre  des  glaces  auprès  du  roi  avec  succès,  st- 
sim.  14,  (59.  Fais  comme  tu  voudras  [tutoie-moi, 
si  tu  veux],  Bourguignon,  voilà  la  glace  rompue, 
puisque  cola  divertit  ces  messieurs,  MA  iVAUX,  Jeux 
de  l'am.  et  du  lias.  1,  «.  ||  2"  La  glace  que  l'on  em- 
ploie pour  remédier  à  cerlainséiats  maladifs.  Mettre 
(le  la  glace  sur  la  tête  d'un  malade.  ||  La  glace  qu'on 
emploie  pour  rafraîchir  les  boi.ssons.  Par  le  chaud 
qu'il  fais,ait  nous  n'avions  point  de  glace;  Point 
de  glace,  bon  Dieu!  dans  le  fort  de  l'été.  Au 
mois  de  juin!...  boil.  Sal.  m.  ||  Glace  frite,  glace 
préparée  par  les  cuisiniers  chinois  qui  ont  un 
secret  pour  la  faire  frire,  et  qui  utilisent  poui 
cela  un  phénomène  de  physique  où  une  incan- 
descence extérieure  n'empêche  pas  le  froid  de  sa 
conserver  en  dedans,  ||  3°  Il  se  dit  p.irticulièremcnt 
du  degré  qui,  dans  les  thermomètres,  indique  lo 
point  de  congélation  et  est  marqué  d'un  zéro, 
parce  que  c'est  de  ce  degré  que  l'on  commence  à 
compter  en  dessus  ou  en  dessous.  Le  thermomètre 
est  à  deux  dagrcs  au-dessus  de  glace  ;  à  dix  degrés 
au-des.sous  de  glace.  Il  4°  Fig.  Fn.id  Intérieur  causé 
par  des  impressions  morales,  par  l'âge.  X  ce»  mots 
tombant  sur  la  place  Transi  d'une  mortelle  gl&cc, 
MALii.  V,  20.  Quand  l'âge  dans  mes  nerfs  a  fait 
couler  sa  glace,  corn.  Cid,  i,  3.  Et  loi,  de  mes  -ix- 
ploils  glorieux  instrument.  Mais  d'un  corps  tout  de 


j876 


G  LA 


t-'laco  mutile  ornement,  Ker  jadis  tant  à  craindre... 
COB.S.  Ci'rf.  1.  7.J0  ne  siis  f|ucl  malheur  aujourd'hui 
me  menace  Et  coule  dans  ma  joie  une  secn'te  glace, 
U).  liotlog.  1,  6.  Il  ne  sent  plus  le  poids  ni  les  glaces 
de  r.lge,  BiiiL.  Lulr.  v.  L'amour  s'éteint  sous  hs 
glaces  de  l'â(?c,  i.  i  nouss.  Ilél.  11,  20.  ||  5°  Fig. 
Insensibilité,  indifférence.  De  ces  beautés  ilont 
les  appas  Ne  sont  que  rigueur  et  que  glace, 
MALH.  IV,  5.  C'est  bien  un  courage  do  glace  Où 
la  pitié  n'a  point  de  place,  id.  v,  (O.  Ses  flammes 
d'aujourd'hui  seront  glaces  demain ,  m.  vi,  25. 
Ne  soyez  plus  de  glace  à  qui  brûle  pour  vous, 
CORN.  Itél.  1,  2.  Cette  indiscrète  ardeur  tourne 
bientôt  en  glace,  id.  Pnlij  m,  3.  Sa  prison  a 
rendu  le  peuple  tout  de  nlace,  m.  Iléracl.  iv,  t. 
ICt  je  verrai  toujours  votre  cœur  plein  de  glace,  m. 
Sertnr.  m,  4.  L'homme  est  de  glace  aux  vérités;  U 
est  de  feu  pour  le  mensonge,  la  font.  Fabl.  ix,  0. 
Toujours  à  vous  louer  il  a  paru  de  glace,  mol.  l'em, 
sav.  v,  2.  Lorsciue  nos  cœurs  sont  de  glace  pour 
les  vains  plaisirs,  nos  mains  immobiles  pour  les 
rapines,  nos  yeux  fermés  pour  les  vanités,  noss. 
Sermons,  Jubilé,  l'énit.  3.  Il  a  jilu  à  Dieu  de  se  faire 
aimer;  et,  comme  il  a  vu  la  n.iture  humaine  toute 
de  glace  pour  lui,  toute  de  flamme  pour  d'autres 
objets....  ID.  -^^  sermon,  Annonciat.  préatnbule.  Qm 
n'eut  jamais  pour  Dieu  que  glico  et  que  froideur^ 
POIL.  Épitre  xii.  Quand  je  suis  tout  de  fou,  d'où 
vous  vient  cette  glace?  rac.  Phèdre,  v,  1. 1|  Ktre  à 
la  glace,  se  dit  des  ouvrages  d'esprit  qui  glacent 
le  lecteur  ou  le  spectateur,  qui  le  laissent  sans  émo- 
tion. Si  Corneille  avait  suivi  dans  le  Cid  le  plan  de 
l'Académie,  le  Cid  était  à  la  glace,  volt.  Lelt.d'Ar- 
grnlal.  *  oct.  I7G0.  Oui,en  vé'ité,  mon  cher  maître, 
notre  thé'ilre  est  à  la  glace;  il  n'y  a  dans  la  plupart 
de  nos  tragédies,  ni  vérité,  ni  chaleur,  ni  action,  ni 
dialogue,  d'alemuert,  Lelt.  à  Voltaire,  31  octobre 
1761.  Il  6'  Certaine  froideur  qui  parait  dans  les 
manières  et  les  actions.  Vous  ne  me  dites  rien  ! 
quel  accueil!  quelle  glace!  Est-ce  ainsi  que  vos 
yeux  consolent  ma  disgrâce  ?  rac.  Brit.  11,  6.  Est-ce 
Euthycrale  que  vous  abordez?  quelle  glace  pour 
vous  I  LA  BiiUY.  XI.  Jamais  ni  M.  ni  Mme  de  Che- 
vreusc  ne  purent  fondre  à  leur  égard  les  glaces  de 
iM.  et  Mme  de  Chaulnes,  st-sim.  27,  58.  ||  7"  Sorte 
de  sorbet  à  la  glace.  Glace  à  la  vanille.  Les  glaces 
furent  faites  pour  la  première  fois  à  Paris,  en  IC60, 
par  l'Italien  Procope.  Prendre  une  glace.  ||  En  ce 
sens,  glace  n'est  dans  le  Dictionnaire  de  l'Académie 
qu'à  partir  de  170-2  et  au  pluriel.  D'après  Mme  de 
Genlis,  on  disait  bien  prendre  des  glaces,  mais  non 
prendre  une  glace;  il  fallait  dire  :  j'ai  pris  une  ou 
plusieurs  tasses  de  glaces,  SIém.  t.  v,  p.  91,  éd. 
(Bi!5.  Cette  remarque,  qui  venait  de  ce  que  glace 
n'était  dans  le  dictionnaire  qu'au  pluriel,  n'a  plus 
de  raison  d'être  aujourd'hui.  {|  Demi-glace,  la  moi- 
tié d'une  glace.  ||  8'  Terme  de  cuisine.  Jus  de  viande 
ou  fond  do  cuisson  réduit  jusqu'à  ce  que  la  partie 
aqueuse  en  soit  assez  évaporée  pour  que  le  jus  ait 
une  consistance  tremblante.  Kilet  de  biruf  sauté 
dans  sa  glace.  ||  9"  Terme  de  confiseur.  Esp'ce  de 
vernis  fait  de  sucre  et  de  blanc  d'œuf,  dont  on 
recouvrb  certaines  pâtisseries.  {|  10°  Plaques  de 
verre,  de  cri.stal  dont  on  fait  des  miroirs.  Couler 
une  glace.  Etamer  une  glace.  ||  Il  se  dit  particu- 
lièrement des  miroirs  de  grande  dimension.  Ap- 
partement orné  de  glaces.  Une  belle  glace  do  nos 
manufactures  orne  nos  maisons  à  bien  moins  de 
frais  que  les  petites  glaces  qu'on  tirait  de  Venise, 
VOLT.  Louis  XIV,  SO.  Vous  vous  regardez  quelque- 
fois au  miroir,  c'est  à  Venise  que  vous  devez  les 
glaces,  m.  Disc,  aux  Velch'T.  lians  le  salin  de  ce 
boudoir  Vous  souriez  à  mille  glaces,  bérang.  Rosette. 
Il  Fig.  Les  ans  terniront  cette  glace.  Où  la  nature 
te  retmce  Les  merveilles  du  saint  des  saints,  la- 
MART.  Ilarm.  l,  1. 1|  11"  Plaques  de  verre  de  grande 
dimension  que  l'on  met  dans  des  fenêtres,  dans  des 
portes.  On  la  fit  entrer  dans  un  salon  au  rez-de- 
chaussée,  dont  les  portes  de  glaces  donnaient  sur  un 
jardin,  oenlis,  Hlle  de  Clrrtnont,  p  93,  dans  pou- 
gens.  Il  Terme  d'architecture.  Panneiu  à  glace,  pan- 
neau plan  dans  un  lambris,  dans  u.'t  porte  de  me- 
nuiserie. Il  lï°  Châssis  mobile  et  vitre  d'une  voiture. 
Lever  la  glace,  les  glaces  d'une  voiture.  Nous  avons 
bais.sé  les  glaces,  sRv.  425.  11  n'y  a  point  [mainte- 
nant] de  capitaine  de  cavalerie  qui  ne  fasse  !■;  voyage 
en  chaise  de  poste  avec  des  glaces  et  des  ressorts. 
VOLT,  louis  A7I',  8.  Il  13»  Il  se  dit  d'un  beau  verre 
de  montre.  Elle  brisait  régulièrement  tous  les  jours 
un  éventail .  et  cassait  le  grand  ressort  et  la  g'ace 
de  sa  montre,  of.nli.s,  VeilUes  du  clidt.  1. 1,  p.  2(i9. 
''  14»  Terme  de  joaillier.  Espèce  de  petit  nuage  qui 
empêche  les  pierreries  de  paraître  nettes  et  Irans- 


GLA 

parentes.  ||Dans  un  diamant,  tache  qui  en  diminue 
beaucoup  la  valeur.  ||  15°  Pomme  de  glace,  espèce 
de  pomme  peu  estimée. 

—  KEM.  On  dit:  être  froid  comme  glace,  être  uni 
comme  gl.icc  ;  et  non  être  froid  comme  la  glace, 
être  uni  comme  la  glace.  Du  moins  l'usage  sup- 
prime l'article  ;  mais  il  n'y  aurait  pas  de  faute  à 
l'employer  :  Ses  pieds  sont   froids  comme  la  glace. 

—  lltST.  xii*  s.  El  vos  [votre]  douz  front  qui  plus 
est  clair  que  glace,  Couct,  XI.  ||  xiv"  s.  Il  se  fait  boin 
fier  en  elles  vraiement,  Autrctant  que  sus  glacbe 
i|ui  sorune  nuit  prent,  Baud.  deSrb.ni,  n>'i.  \\  xvi's. 
Les  seigneurs  d'Espagne  le  prièrent  un  jour  de  vou- 
loirunpeu  rompre  la  glace,  J/^m.  s.  duC.ch.  U.  Désir 
m'enllamrae,  et  crainte  me  rend  glace,  r.u  dellav,  11, 
14,  r«(o.  Sus, chauds  souspirs,  allez  à  ce  froid  cn'ur. 
Rompez  ce  glas  qui  ma  poitrine  enflamme,  id.  11, 
21,  rerso.  Et  fut  le  poison,  à  ce  qu'ilz  disent,  une 
caue  froide  comme  glas  qui  distille  d'une  roche  es- 
tant au  territoire  de  la  ville  de  Nonacris,  amyot, 
Alex,  123.  De  là  ne  pouvant  plus  assiéger,  au  temps 
que  les  glaces  ne  porloient  pas,  l'aub.  Ilist.  11,  214. 
Oui  peut  nier  ([ue  ceux  qui  ont  escrit  les  premiers, 
n'aient  beaucoup  fait,  seulement  en  montrant  le 
chemin  et  rompant  la  glace  aux  autres?  0.  de  ser- 
bes, Préf.  ....Et  tousjours  la  glace  éternelle  Des 
fleuves  ne  bride  le  cours,  bons.  boo. 

—  ÊTYM.  Bourguign.  glaice  ;  provenç.  glas,  glati, 
s.  m.;  glassa,  glacha,  s.  f.;  catal.  glas;  ilal.  ghiac- 
da,  ghiaccio  ;  du  latin  gtacirs,  se  rattachant  à 
gelu  et  au  sanscrit  ja/a,  qui  signifie  froid  et  eau. 

GLACÉ,  ÉE  (gla-sé,  sée),  part,  passé  de  glacer. 
Il  1°  Converti  en  glace.  Le  6  décembre,  le  jour 
même  qui  suivit  le  départ  de  Napoléon,  le  ciel  se  mon- 
tra plus  terrible  encore;  on  vit  flotter  dans  l'air  des 
molécules  glacées  ;  les  oiseaux  tombèrent  roidis  et 
gelés,  SÉouR,  lltsl.  de  Nap,  xii,  2.  ||  Se  dit  d'une  ri- 
vière dont  la  superficie  s'est  convertie  en  glace.  Ou 
pourra  voir  la  Seine  à  la  Saint-Jean  glacée,  lOiL.  Sa(. 
1.  Il  Durci  en  glace  par  le  froid.  La  terre  est  glacée. 
Si  l'on  veut  supputer  la  surface  de  cette  zone  gla- 
cée depuis  le  pôle  jusqu'au  82°  degré  de  latitude, 
on  verra  ([u'elle  est  de  plus  de  cent  trente  mille 
lieues  carrées,  buff.  6°  époq.  nat.  Œuv.  t.  xii, 
p.  314,  dans  pouGENS.  Le  Vop  coulait  sur  un  lit  de 
fange  que  resserrent  deux  rives  escarpées  ;  il  fallut 
trancher  ses  berges  roides  et  glacées  et  donner 
l'ordre  de  démolir,  pendant  la  nuit,  les  maisons 
voisines  pour  en  construire  un  pont,  séour,  Ilist.  de 
Xap.  IX,  13.  Il  2°  Par  exagération.  Très  froid.  Vos 
mains  sont  glacées.  Sorti  des  flancs  glacés  de  l'hu- 
mide PJeustiie,  volt.  Tancr.  1, 1 .  ||  Fig.  La  main  gla- 
cée, les  mains  glacées  de  la  mort.  Quoi!  attendre 
à  commencer  une  vie  nouvelle,  lorsque  entre  les 
mains  de  la  mort,  glacés  sous  ses  froides  mains, 
vous  ne  saurez  si  vous  êtes  avec  les  morts  ou  encore 
avec  les  vivants!  BOSS.  Louis  de  Bourbon.  Je  nesuis 
plus  qu'une  pensée.  L'univers  est  mort  dans  mon 
ccnur,  Et  sous  cette  cendre  glacée  Je  n'ai  trouvé  que 
le  Seigneur,  i.amart.  Ilarm.  i,  1.  L'enfant  dont  la 
mort  cruelle  Vient  de  vider  un  berceau.  Oui  tomba 
de  la  mamelle  Au  lit  glacé  du  tombeau ,  in.  ib,  11,1. 
Il  3"  Fig.  Oui  est  refroidi  et  comme  glacé  par  les 
années,  par  une  impression  morale.  Gallia  glacé 
par  les  années ,  Que  peut-il  attenter  contre  mes 
destinées?  péciiantré.  If.  de  Kéron,  11,  5.  Un  cœur 
déjà  glacé  par  le  froid  des  années,  rac.  iliihr.  iv, 
f>.  Et  dès  les  premiers  mots  ma  langue  embarr-ossée 
Dans  ma  bouche  vingt  fois  a  demeuré  glacée,  in. 
Bérin.  II,  2.  Tout  le  peuple  est  glacé  de  crainte, 
KÉN.  TH.  IX.  Je  suis  à  la  fin  de  mes  joura,  mon 
sang  est  glacé  dans  mes  veines,  montesq.  Utl, 
pers.  14.  Ils  demeurent  glacés,  iU  tremlilent  à  ta 
voix,  VOLT.  Fanât.  v,4.  ||4"  Fig.  Qui  n'a  aucune  cha- 
leur morale.  Je  hais  ces  vains  auteurs  dont  la  muse 
forcée  M'entretient  de  ses  feux,  toujours  froide  et 
glacée,  noiL.  Arl  p.  11.  Trouverai-je  l'amant  glacé 
comme  le  père?  rac.  Iphig.  11,  3.  Ce  n'est  point  un 
mortel, "un  héros;  c'est  un  Dieu;  Aux  cœurs  les  plus 
glaces  il  prête  un  nouveau  feu,  palrin.  Spart,  iv,  1. 
Il  Oui  n'éprouve  p;is  le  sentiment  de  l'amour.  Ainsi 
je  brûle  en  vain  pour  une  âme  glacée,  rac.  Alex. 
IV,  3.  Il  B°  Oui  n'accueille  pas,  qui  repousse  parle 
froid  (les  manières.  Mme  de  Ludre  lui  fit  une  mine 
glacée,  sEv.  37".  S'il  fallait,  sans  amis,  briguant 
une  audience.  D'un  magistrat  glacé  soutenir  la  pré- 
sence, BoiL.  Lulr.  III.  Ouel  est  ce  sombre  accueil 
et  ce  discours  glacé  Qui  semble  révoquer  tout  ce  qui 
s'est  pas.sé?  bac.  Bajaz.  11,  «.  Mais  mon  âme  acca- 
blée Ecoulait  sans  entendre  et  ne  leur  a  laissé  Pour 
prix  de  leur  tninsport  qu'un  silence  glacé,  m.  Bérdn. 
v,  6.  Son  valot  vient  ;  faites-lui  un  accueil  glacé, 
lEsAGE,     Turcarel,  1,  l.  ||  6°  Qui  a  reçu  un  endmt 


GLA 

donnant  l'apparence  d'un  vernis,  le  brillant  de  la 
glace.  Gants  glacés.  Papier  glacé.  Les  porcelaines 
qui  ne  sont  pas  de  cette  espèce  et  qu'on  appelle 
chine  moderne,  ont  la  pâte  plus  langue,  le  graio 
plus  fin,  et  la  couverture  plus  glacée,  plus  blanche, 
plus  belle,  haynal,  Ilist.  phil.  v,  27.  'It)iles  unies, 
rayées,  à  carreaux,  flammées  ou  glacées,  Tabl.  an- 
nexé aux  lelt,  du  30  sept,  I780,  Tours.  Un  petit, 
ruban  glacé  d'argent  que  Mme  de  Warens  m'avait 
donné  pour  ma  pelite  épée,  j.  j.  bolî-s.  Confess.  11. 
Il  TalTeUis  glacé,  taffetas  de  deux  couleurs  et  forte- 
ment lustré.  Il  7"  Couvert  d'une  croûte  de  sucre, 
('ranges  glacées  ou  confites  dans  le  sucre.  Marrons 
glacés.  Gâteaux  glacés  au  rhum.  |j  8"  Terme  de  bo- 
tanique. Plante  glacée,  synonyme  de  glaciale. 
Il  9"  S.  m.  État  de  ce  qui  est  glacé  par  un  enduit, 
par  un  vernis.  Papier  d'un  joli  glacé.  Le  glacé  des 
gants. Il  Terme  de  pharmacie.  Sucre  imprégné  d'huile 
essentielle  ou  de  principe  exlractif,  dont  on  fait  avec 
de  l'eau  une  pâte  qui,  soumise  à  l'action  du  calo- 
rique, se  fond ,  et  dans  cet  état  peut  être  coulée  dans 
des  moules,  o\\  elle  se  solidifie,  par  le  refroidisse- 
ment, en  tablettes. 

\  GLACÉE  (gla-sée],  s.  f.  Espèce  de  pomme  dite 
aussi  pomme  de  glace. 

GLACER  (gla-sé.  Le  c  prend  une  cédille  devant  a 
et  o:je  glaçais,  nous  glaçons),  v.  a.  ||  1"  Changer 
en  glace  les  liquides.  Le  grand  froid  glace  le  vin 
même.  Le  fleuve  était  pris,  il  portait  :  le  cours  des 
glaçons  que  jusque-là  il  charriait,  s'était  suspendu; 
l'hiver  avait  achevé  de  le  glacer;  et  c'était  sur  ce 
point  seulement;  au-dessus  et  au-dessous,  sa  sur- 
face était  mobile  encore,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  x,  ». 
Il  2°  Par  extension,  causer  une  vive  sensation  de 
froid.  Ce  vent  glace  le  visage.  La  vie  est-elle  toute 
aux  ennuis  condamnée?  L'hiver  ne  glace  point  tous 
les  mois  de  l'année,  A.  ciiénier,  Èlég.  xxvii.  ||  S'  Fig. 
Il  se  dit  de  la  mort  qui  éteint  la  chaleur  naturelle, 
de  l'âge  qui  la  diminue.  Tandis  que  dans  son  sein 
votre  bras  enfoncé  Cherche  un  reste  de  sang  que 
l'âge  avait  glacé,  rac.  Andr.  iv,  5.  L'approche  de  la 
mort  Glaça  sa  faible  main....  volt.  Sémir.  iv,  2.  {|  Un 
cœur  que  les  ans  ont  glacé,  un  cœur  à  qui  l'âge  a  fait 
perdre  de  sa  sensibilité.  Ce  cœur  triste  et  flétri  que 
les  ans  ont  glacé,  volt.  Fanât,  i,  1. 1|  4°  Causer  de  la 
répulsion  par  le  froid  des  manières.  Son  abord  glace 
les  gens.  ]|  Causer  le  froid  de  l'ennui.  J'aime  mieux 
Bergerac  et  sa  burlesque  audace  Que  ces  vera  où  Motio 
se  morfond  et  nous  glace,  boil.  Art  p.  iv.  {]  Absolu- 
ment. Cet  orateur  a  un  débit  qui  glace,  c'est-à-dire 
dont  la  monotonie  fatigue  et  ennuie.  ||  6"  Causer 
une  profonde  impression  morale  qui  glace,  qui  pé- 
trifie. Voici  ce  qui  glacera  le  cœur,  ce  qui  achèvera 
d'éteindre  la  voix,  ce  qui  répandra  la  frayeur  dans 
toutes  les  veines:  je  m'en  vais  voir  comment  Dieu 
me  traitera,  boss.  Anne  de  Gonx,  L'approche  d'un 
combat  qui  le  glaçait  d'effroi,  rac.  Théb.  m,  3.  Les 
amis  de  mon  père  Sontautant  d'inconnus  que  glace 
ma  misère,  id.  Brit.  i,  4.  pourquoi  frémir?  et  quel 
trouble  soudain  Me  glace  à  cet  objet,  et  fait  trem- 
bler ma  main?  ID.  Bajai.  iv,  6.  Les  Romains,  qui 
partout  l'appuyaient  par  des  cris.  Ont,  par  ce  bruit 
fatal,  glacé  tous  les  esprits,  id.  tlithr.  v,  4.  Ses  froids 
embrassements  ont  glacé  ma  tendresse,  in.  Phèdre, 
IV,  1.  Le  remords  au  dedans  le  glace,  id.  Esth.  n, 
9.  Quoi!  la  peur  a  glacé  mes  indignes  soldats!  ID. 
Athal,  v,  B.  Par  ces  doutes  affreux  vous  me  glacez 
d'horreur,  la  motte,  Inès,  m,  6.  Vous  me  glacez  de 
crainte  en  me  parlant  d'amour,  volt.  Zaire,  jv,  6. 
Toujours  un  froid  mortel  glace  mon  courage,  J. }. 
1  ol'ss.  Ilél.  I,  2.  Cent  présages  affreux  la  glacent 
d'épouvante,  delille,  Enéide,  iv.  L'effroi  dans  tous 
les  cœurs  a  glacé  la  vertu,  c.  delav.  Vêpr.  sicil.m, 
7.  Il  Fig.  Glacer  le  sang,  cau.ser  une  émotion  pénible 
et  si  forte  que  le  mouvement  du  sang  en  semble 
arrêté.  Dont  la  seule  présence  glaçait  le  sang  dans 
les  veines  des  suppliants,  mass.  Pet.  car.  Hum, 
I  Glacer  l'esprit,  lui  dier  la  taculté  de  produire  ses 
œuvres.  Ai-je  par  un  écrit  Pétrifié  sa  veine  et  glacé 
son  esprit?  BOiL.  Sat.  ix.  Cette  inquisition  tnchaine 
et  glace  tous  les  esprits,  d'alemb.  Lett,  au  roi  dePr. 
3  nov.  1780.  Il  On  dit  de  même  :  glacer  l'imagina- 
tion. Il  6°  Terme  de  peinture.  Etendre  ULS  couleur 
légère  et  transparente  sur  une  autie,  fcui  lui  don- 
ner de  l'éclat.  Il  7°  Donner  un  apprêt,  un  lustre  i 
certaines  étoffes,  au  papier,  etc.  ||  8°  Couvrir  d'une 
couche  de  sucre.  Glacer  des  oranges,  des  biscuits, 
des  confilures.  Il  Couvrir  certains  mets  d'une  gelée 
de  viande  lisse  et  transparente.  Glacer  des  viandes, 
des  fricandeaux.  ||  9°  Terme  de  tailleur.  Glacer  une 
doublure  de  taffetas  sur  une  étoffe,  coudre  de  telle 
sorte  la  doublure  et  l'éloffe  que  l'une  et  l'autre  lien- 
cent  proprement  et  uniment  ensemble.  |'  10"  Glacer 


GLA 

un  souliei,  le  cirer  avec  un  cirage  clair  et  luisant. 
il  11°  V.  n.  Devenir  glacé.  Les  sources  d'eau  vivp 
ne  glacent  jamais.  ||  12°  Se  glacer,  v.  ré(l.  Être  con- 
gelé. La  hauteur  à  laquelle  les  vapeurs  se  glacent 
e5t  d'environ  24oo  toises  sous  la  zone  torride,  et,  en 
France,  de  )5oo  toises,  buff.  Addit.  ihéor.  terr. 
(Evv.  t.  XII,  p.  430,  dans  pougens.  Leur  sang,  se 
glai,ant  dans  leurs  veines,  comme  les  eaux  dans  le 
cours  des  ruisseaux,  alanguissaitleur  cœur,  puis  il 
refluait  vore  leur  tète;  alors  ces  morilionds  chance- 
laient comme  dans  un  état  d'ivresse,  sÊGUR,  llist.de 
Sap.  XII,  2.  Il  Fig.  Tout  mon  sang  de  frayeur  dans 
mes  veines  se  glace,  mairet,  Mortd'Àsdr.  iv,  6.  Que 
si  la  frayeur  nous  saisit  de  sorte  que  le  sang  se 
glace  si  fort  que  le  corps  tombe  en  défaillance, 
Boss.  Conn.  m,  )l.  Je  sentis  dans  mon  corps  tout 
mon  sang  se  glacer,  bac.  Iphig.  i,  i.  Mais  sa  lan- 
gue en  sa  bouche  à  l'instant  s'est  glacée,  id.  Alhal. 
Il,  2.  Il  Fig.  Se  g'.acer,  perdre  de  son  feu,  de  son 
ardeur,  de  sa  vigueur.  Fauora-t-il  sur  sa  gloire 
[de  Louis  XIV]  attendre  à  m'exercer  Que  ma  trem- 
blante voix  commence  à  se  glacer?  hoil.  ÉpU.  i. 

—  HIST.  XII'  3.  La  rien  [chose]  qui  plus  el  quor 
[cœur]  me  glace,  benoît,  ii,  I38si).  ||xin'  s.  Nos- 
tres  sires  Diex  fait  glacier l'eve  à  semblance  de  cris- 
tal. Psautier,  f"  I77. 

—  ETVM.  Glace;  pTovenç.  glassar,  glachar  ;  ital. 
ghiacciare.  Glacer,  g/acter  avait  aussi,  dans  l'an- 
cienne langue,  le  sens  de  glisser. 

t  GLACEUIE  (gla-se-rie),  s.  f.  \\  1°  Art,  commerce 
du  glacier  limonadier.  ||  2°  Commerce  ou  usine  du 
glacier,  de  celui  qui  fait  des  glaces  de  verre,  des 
miroirs.  La  glaceiie  de  Saint-Gobin. 

—  KTYM.  Glacier 

fGLACEUR  (gla-seur),  s.  m.Ouvrierqui  glace  les  in- 
diennes ou  autres  étoffes.]]  Celui  qui  glace  des  papiers. 

—  ËTYM.  Glacer. 

GLACEUX,  EUSE  (gla-seû,  seù-7.'),  adj.  ||  1°  Plein 
de  glace,  où  il  gèle.  Contrées  glaceuses.  Nuit  gla- 
ceuse.  Il  2°  Terme  de  joaillier.  Pierre  glaceuse, 
pierre  qui  a  des  glaces.  Diamant  glaceux. 

—  HIST.  XV*  s.  Se  laissèrent  couler  jusques  en 
froideur  toute  glaceuse  et  pleine  de  haineuses  mix- 
tions, CHASTEL.  Exposition  sur  vérité.  \\  xvi'  s.  Il  y 
eut  de  la  peine  à  demesler  les  forests  en  une  nuit 
très  obscure  et  glaceuse,  d'aub.  Hist.  ii,  -188. 

—  ÉTVM.  Glace. 

t  GLACIAIRE  (gla-si-6-r'),  adj.  Terme  de  géolo- 
gie. Oui  appartient  aux  glaciers.  L'épuisement  suc- 
cessif de  la  masse  glaciaire,  pournet,  Observ.  sur 
le  Rhône,  Comptes  rendus,  Acad.  des  se.  t.  LI,  p.  958. 
Il  Période  glaciaire,  période  pendant  laquelle  la 
température  de  plusieurs  vastes  contrées  a  été  beau- 
coup plus  basse  qu'elle  n'est  présentement. 

—  ÊTYM.  Glace. 

t  GLACIAIRISTE  (gla-si-ê-ri-sV),  s.  m.  Celui  qui 
étudie  les  glaciers. 

—  ETYM.  Glacier. 

GLACIAL,  ALE  {gl.i-si-al,  a-1'),  adj.  \\  1»  Qui 
glace,  qui  est  très-froid.  Vent,  air  glacial.  Il  eut  d'a- 
bord à  s'avancer  sur  une  route  glissante,  encombrée 
de  bagages  et  de  fuyards,  contre  un  vent  violent  souf- 
flant en  face  et  au  travers  d'une  nuit  obscure  el 
glaciale,  sEgur,  Hist.  de  Nap.  xi,  7.  ||  .Mer  glaciale, 
mer  polaire  couverte  de  glaces.  ||  Zone  glaciale,  la 
zone  qui  enferme  le  pôle  arctique  ou  le  pôle  antarc- 
tique. Il  î'  Fig.  Oui  repousse  par  un  froid  mal  ac- 
cueillant. Un  accueil  glacial.  Faire  à  quelqu'un  une 
réception  glaciale.  Tu  me  lais  cet  aveu  d'un  air  bien 
glacial,  uoissY,  Peh.  tromp.  ii,  lo.  Hoqiiolaure  nous 
écouta  avec  une  froideur  glaciale,  genlis,  Mlle  de 
la  Fayette,  p.  73,  dans  pougens.  ||  Un  homme  gla- 
cial, un  homme  qui  ne  manifeste  aucune  chaleur 
d'Ame.  ||  Un  style  glacial,  un  ouvrage  glacial,  style, 
ouvrage  qui  ennuie. 

—  HEM.  Cet  adjectif  n'a  pas  de  pluriel  masculin; 
du  moins  l'usage  a  répugné  jusqu'ici  à  lui  en  don- 
ner un.  Au.ssi  quelques-uns  ont  dit  glacials  :  des 
vents  glacials,  dans  Bailly,  Hist.  de  l'astronomie. 
Mais  vraiment  le  pluriel  régulier  glaciaux  n'a.  r'ten 
autre  de  choquant  que  de  n'être  pas  employé. 

—  HIST.  xvi'  s.  Eu  certaines  contrées  glaciales, 

MONT.  II,   20). 

—  ÉTYM.  Lat.  glacialis,  de  glacies,  glace. 
GLACIALE  (gla-si-a-l'),  s.  f.  Terme  de  botanique. 

Espèce  de  ficoïde  dont  les  feuilles  sont  parsemées 
de  vésicules  transparentes. 

t  GLACIATION  (gla-si-a-sion) ,  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Action  de  transformer  en  glace.  La  glacia- 
tion de  l'eau. 

—  HIST.  XVI'  s.  En  hyver,  à  cause  de  l'intercep- 
tion ou  glaciation  du  dit  esprit  faite  par  le  froid  es 
parties  externes,  paré,  Introd.  to. 


GLA 

—  ÉTVM.  Lat.  glaciare,  de  glacies,  glace. 

).  GLACIER  (gla-sié;  \'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  \'s  se  lie  :  des  gla-sié-z  immenses),  s.  m. 
Amas  considérable  de  glace  qu'en  ne  rencontre  (|ue 
dans  les  hautes  vajlées  des  montagnes.  Les  glaciers 
de  la  Savoie.  Les  observateurs  ont  reconnu  que  les 
glacière  obéissent  à  un  mouvement  de  progression 
qui  les  fait  incessamment  descendre  dans  la  plaine. 

—  ÉTYM.  Glace. 

2.  GLvVCIER  (gla-sié;  Vr  ne  se  lie  jamais),  s.  m. 
Il  1°  Limonadier  qui  fait  des  glaces.  ||  2"  Fabricant 
de  glaces  de  verre. 

—  ETYM.  Glace. 

GLACIËRE  (gla-sic-r"),  s.  f.  ||  1°  Amas  do  glaces. 
Nos  montagnes  de  glacières,  qui  sont  dix  fois  plus 
hautes  que  le  Vésuve  et  quarante  fois  plus  étendues, 
ont  toujours  le  même  visage  et  sont  dans  un  calme 
éternel,  volt.  Lett.  Ilamilton,  17  juin  1773.  Par 
les  nouvelles  tentatives  qu'on  a  faites  pour  appro- 
cher du  pôle  de  plus  près,  il  paraît  qu'on  n'a  trouvé 
que  des  glaces,  que  je  regarde  comme  les  appen- 
dices de  la  grande  glacière  qui  couvre  cette  région 
tout  entière  depuis  le  pôle  jusqu'cà  sept  ou  huit 
degrés  de  distance,  buff.  8'  Ép.  natur.  (Miurres, 
t.  xn,  p.  313,  dans  pougens.  ||  2»  Par  analogie.  Ca- 
vité souterraine  dans  laquelle  on  conserve  de  la 
glace  pour  l'été.  ||  3»  Fig.  Lieu  très-froid.  Cette 
chambre,  cette  salle  est  une  glacière. 

—  ÉTYM.  Glacier  I. 

t .  GLACIS  (gla-sî),  s.  m.  ||  1°  Talus,  pente  douce 
et  unie.  Le  glacis  d'un  étang.  Il  portait  la  passion 
du  bien  public  à  un  tel  point,  et  en  même  temps 
cette  sorte  de  passion  est  si  rare,  qu'il  est  peut-être 
dangereux  d'exposer  au  public  que,  quand  il  passait 
sur  les  marches  du  Pont-Neuf,  il  en  prenait  les  bouts 
qui  étaient  moins  usés,  afin  que  le  milieu,  qui  l'est 
toujours  davantage,  ne  devînt  pas  trop  tôt  un  glacis, 
fonten.  des  Billcltes.  Avignon  a  une  bonne  lieue 
de  tour;  presque  tout  le  glacis  est  planté  de  deux 
rangs  d'arbres  qui  forment  un  cours  assez  médio- 
cre, DE  brosses.  Lettres  sur  l'Italie,  t.  I,  lett.  2. 
Il  2°  Terme  de  fortification.  Pente  adoucie,  qui  des- 
cend du  haut  du  chemin  couvert  jusqu'à  la  cam- 
pagne ouverte Ce  chemin  terrible  Qu'un  glacis 

teint  de  sang  rendait  inaccessible,  volt,  llenr.  vi. 
[|  3°  Terme  d'architecture.  Glacis  do  corniche,  pe- 
tite pente  ménagée  sur  la  cymaise  d'une  corniche, 
pour  l'écoulement  des  eaux  de  pluie.  ||  4°  Terme  de 
ralfinerie.  Plan  horizontal  en  maçonnerie_qui  sert  à 
exposer  des  pains  de  sucre  au  soleil.  ||  Evasement 
qui  augmente  la  capacité  des  chaudières. 

—  HIST.  xv  s.  Et  si  failloit  abattre  une  engine 
ou  ung  arc-boutant,  qui  estoit  appoincté  contre  lo 
dit  clochier....  à  l'égal  de  glichy  [plate-forme], 
DU  cange,  glalia. 

—  ÉTYM.  L'ancien  verbe  glacer,  qui  signifiait 
glisser,  et  qui  vient  de  glace. 

2.  GI-ACIS  (gla-sI),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  peinture. 
Préparation  de  couleurs  légères  et  fuyantes  qu'on 
applique  avec  un  pinceau  fort  délié  sur  d'autres 
couleurs  pour  leur  donner  plus  d'éclat.  |{  2°  Terme 
de  maçonnerie.  Knduit  en  pente  fait  sur  la  tète  d'un 
mur  de  clôture  ou  de  dossier  de  cheminée.  ||  Terme 
de  couvreur.  Enduit  que  l'on  fait  sur  la  volige  ou 
sur  un  lattis  jointif  pour  recevoir  le  plomb  d'un  faî- 
tage ,  d'un  arêtier.  ||  3°  Terme  de  tailleur.  Rang 
de  points  pour  faire  tenir  la  doublure  en  état  avec 
rétoffe.  Passer  au  glacis.  {{  4°  Terme  de  passe- 
mentier. Traînée  de  clinquant,  etc.  qui  couvre  un 
assez  long  espace  sans  être  arrêtée.  |{  Partie  des 
so'es  de  chaînes  servant  seulement  à  lier  la  trame. 
Il  B°  Terme  de  maréchal.  Circonférence  et  étendue 
de  la  sole  de  cnrne. 

—  ÉTYM.  Glace. 

GLAÇON  (gla-son),  s.  m.  ||  1°  Morceau  de  glace. 
Le  bon  vieillard  très-inutile  Que  vous  nommez  Ana- 
créon....  Achève  sa  pénible  vie  Auprès  d'un  poêle 
et  d'un  glaçon  Sur  les  montagnes  d'Helvétie,  volt. 
Éptt.  108.  Ma  muse  aux  durs  glaçons  ne  livre  point 
ses  pas;  Délicate,  elle  tremble  à  l'aspect  des  fri- 
mas; Et  près  d'un  pur  foyer,  cachée  en  sa  retraite. 
Entend  les  vents  mugir,  et  sa  voix  est  muette,  a. 
CHÉNiER,  Élég.  <.  Sombre  hiver,  sous  tes  glaçons 
Ensevelis  la  nature,  bérano.  Hiver.  On  lui  confirme 
que,  sur  ce  point,  la  liérézina  n'est  pas  seulement 
une  rivière,  mais  un  lac  de  glaçons  mouvants, 
SÊGUR,  Hist.  de  Nap.  xi,  2.  Un  vent  aigre  et  vio- 
lent coupe  leur  respiration;  il  s'en  empare  au  mo- 
ment où  ils  l'exhalent  et  en  forme  des  glaçons  qui 
pendent  par  leur  barbe  autour  de  leur  bouche,  m. 
ib.  IX,  il.  Les  feux  bien  allumés,  ils  passèrent  la 
nuit  à  se  sécher  au  bniit  des  cris,  des  imprécations, 
des  gémissements  de  ceux  qui  achevaient  de  fran- 


GLA 


1877 


chir  le  torrent,  ou  qui  du  haut  de  ses  berges  rou- 
laient et  se  perdaient  dans  ses  glaçons,  id.  ib.  ix,  u 
Il  Fig.  L'un  est  tout  feux,  et  l'autre  tout  glaçon;, 
MENSERADE,  Hondeau,  dans  le  Dict.  de  bichelet.' 
Dissifie  mes  glaçons  par  cette  heureuse  flamme 
Qu'allume  ton  amour,  corn.  Iinit.  iv,  i«  i|  on  dit 
aussi  d'une  personne  trè*-lroide  :  C'est  un  glaçon. 
Il  2°  Terme  d'architecture.  Ornements  qui  imitent 
les  glaçons  naturels. 

—  HIST.  xii'  s.  Dune  vint  l'iver  od  [avec]  ses  gla- 
çons, Od  ses  neifs  [neiges]  e  od  ses  gelées,  benoît,  ii, 
1728.  Ilxiu's.  S'a  en  li  tant  fiel  etameir,  Que  il  n'est 
nus  hom  qui  mesface.  Qui  jamais  puist  avoir  sa 
grâce,  C'est  li  glasons  qui  ne  puet  fondre  ;  Chacun 
jor  la  vodroit  confondre  Se  chacun  jor  pooit  revi- 
vre ,  BUTEB.  II,  75.  Il  XVI'  s.  Kt  bref  ce  nest,  à  ouïr 
leurs  chansons.  De  leurs  amours  que  llammes  et 
glaçons,  DU  bellay,  vu,  20,  recto. 

—  ÉTYM.  Glace;  picard,  glachon;  bourg. glaiçon. 

t  GLAÇURE  (gla-su-r'j,  s.  f.  Terme  de  cérami- 
que. Action  de  recouvrir  les  poteries  d'un  enduit  qui 
au  feu  doit  se  vitrifier. 

—  ÉTYM.  Glacer. 

GLADUTEUR  (g:la-di-a-teur),  î.  m.  ||  1°  Nom  do 
ceux  qu.i  combattaient  dans  les  jeux  du  cirque  à 
Rome  av3o  des  armes  tranchantes,  soit  entre  eux, 
soit  contre  des  bêtes  férotes.  Les  Romains  ont  voulu 
le  dire  ]la  nécessité  de  consulter  les  circonstances], 
quand  ils  ont  dit  qu'on  devait  délibérer  avec  l'occa- 
sion et  en  présence  des  affaires....  que  le  gladiateur 
prenait  conseil  dans  l'amphithéâtre....  balz.  lie  la 
cour,  4'  dise.  La  gravité  romaine  n'a  pas  traité  la 
religion  plus  sérieusement,  puisqu'elle  consacrait  it 
l'honneur  des  déesses  les  impuretés  du  théâtre  et  les 
sanglants  spectacles  des  gladiateurs,  Boss.  Hist.  Il, 
16.  Ah!  s'ils  ont  pu  choisir  pour  leur  libérateur 
Spartacus,  un  esclave,  un  vil  gladiateur....  rac. 
Mitfir.  m,  1.  Les  premiers  docteurs  de  l'Éj^lise  in- 
terdisaient aux  chrétiens  les  spectacles  des  gkdia- 
teurs,  MASS.  Confér.  Fuite  du  monde.  Les  combats 
(le  gladiateurs  feront  toujours  regarder  les  Romains 
comme  une  nation  sanguinaire  et  féroce,  saint-foix, 
Ess.  Paris,  Œuv.  t.  iv,  p.  225.  À  cha(|ue  blessure 
que  recevait  un  gladiateur,  le  peuple  criait,  en  bat- 
tant des  mains  :  Hoc  habet;  et,  lorsque  ce  gladiateur, 
étendu  sur  l'arène  et  percé  de  coups,  demandait 
quartier,  son  adversaire  s'arrêtait  et  regardait  le 
peuple,  qui  souvent  lui  ordonnait  d'achever  d'ôter 
la  vie  au  malheureux  vaincu,  lu.  ib.  Convaincu  que  h 
douleur  de  ce  passage  [la  mort]  qui  nous  effraye  est 
bien  peu  de  chose,  puisqu'elle  ne  suffisait  pas  pour 
ôter  aux  gladiateurs  la  force  de  tomber  avec  grâce 
et  d'expirer  selon  les  lois  de  la  gymnastique,  dider. 
Claude  et  Nér.  ii,  i\.\\  Au  féminin.  Je  vois  avec 
horreur  dans  l'histoire  ces  furieuses  gladiatrices, 
BALZ.  liy.  VII,  lett.  43.  ||  2"  Par  extension,  ferrailleur, 
duelliste.  Enfin  si  cet  amant  que  vou?  cnjalousez 
Est  un  gladiateur?...  scarron,  Jodelet  duelliste, 
dans  le  roux,  Dict.  comique.  Les  PP.  Longuet  et 
de  Lessan  n'ont-ils  pas  flatté  la  passion  de  ces  mal- 
heureux gladiateure,  en  enseignant  qu'un  homme 
qui  est  injustement  attaqué  peut  tuer  son  ennemi  en 
duel?  PASC.  Factum  pottr  les  curés  d  Amiens.  Je  ne 
crois  pas  que  des  hommes  quidoiventservirla  cause 
publique  en  véritables  frères  d'armes  aient  bonne 
grâce  à  se  combattre  en  vils  gladiateurs,  Mirabeau, 
Collection,  t.  m,  p.  37».  ||  Fig.  Gladiateurs  de  plume, 
MAUCROix,  dans  richelet.  ||  3°  Espèce  de  dauphin. 

—  HIST.  XV*  s.  Plusieurs  gladiateurs  se  sonlveus, 
au  temps  passé,  après  avoir  couardement  combattu, 
avaller  courageusement  la  mort,  ofl'ranl  leur  gosier 
au  fer  de  l'ennemi  el  le  conviant,  mont,  iv,  212. 

—  ÉTYM.  Lat.  gladialorem,  de  gladius,  glaive 
(voy.  glaive). 

f  GLADIATOIRE  (gla-di-a-toi-r'),  adj.  Qui  a  rap- 
port aux  gladiateurs  et  à  leurs  combats. 

—  HIST.  XVI'  s.  Deschassez  le  par  main  gtadia- 
toire,  J.  MAROT,  v,  ou. 

—  ÉTYM.  Lat.  gladiatorius,  de  gladiator,  gladia- 
teur. 

t  GLADifi,  ÉE  (gla-di-é,  ée),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Oui  est  en  forme  de  glaive,  et  aussi  qui  est 
muni  de  vives  arêtes. 

—  ÉTYM.  Lat.  gladius,  glaive. 

t  GLAIHFÈHE  (gla-di-fè-r'),  adj.  Terme  de  100- 
logie.  Qui  porte  un  prolongement  en  forme  d'épée. 

—  ÉTYîil.  Lat.  gladius,  glaive,  et.  ferre,  porter. 

f  GLAGEON  (t;la-jon),  s.  m.  Terme  de  minéra- 
logie. Espèce  de  marbre. 

t  GLAI  (glè),  s.  m.  Mot  usité  en  quelques  locali- 
tés pour  signifier  une  masse  de  glaïeuls  formant  une 
ile  dans  un  étiing.  Que  j'aime  ce  marais  paisible  !  Il 
est  tout  bordé  d'alisiers,  D'aunes,  de  saules  et  d'o- 


1878 


GLA 


siers,  X  qui  le  fer  n'est  point  nuisible  ;  Les  nymphes 
y  cherchent  le  frais,  S'y  viennent  fournir  do  que- 
nouilles, De  pipeaux,  de  joncs  et  de  glais,  st-amand, 
dans  LE  iioux,  Dict.  comique. 

—  msr.  Xiii*  s.  A  cestui  [auprès  de  celle-làj  ne 
savons  la  montauced'un  glai  (glaïeulj,  Berte,  lvii. 
Il  XV'  s.  La  (lour  du  glay  est  plaisans  et  parfette, 
FROiss.  Ballade. 

—  ETYM.  Provenç.  glai,  glais,  glaïeul;  du  latin 
gtadius,  glaive,  par  l'assimilation  qui  se  trouve  dans 
yladiolus,  glaïeul.  Cependant  on  a  indiqué  le  celti- 
fiue:  lias-hrclon,  gldî,  vert;  kimry,  glds;  irl.  glas; 
mais  \'s  celtique  ne  se  retrouve  pas  dans  le  9/01  ro- 
man; ajoutez  qu'on  trouve  glager,  couvrir  de 
glaïeuls ,  joncher,  où  le  second  g  indique  gladius. 

I  CLAIE  (glê)  ou  GLAISE  (glê-z'),  s.  f.  Voûte 
d'un  four  de  verrerie. 

GLAÏEUL  (gla-ieul),  s.  m.  ||  !•  Nom  du  genre 
gtadinlus,  famille  des  iridées.  Le  glaïeul  commun , 
le  glaïeul  des  moissons,  le  glaïeul  palustre  en  sont 
des  espèces.  ||  2"  On  désigne  aussi  sous  le  nom  do 
glaïeul  deux  espaces  du  genre  iris  :  le  glaïeul  des 
marais,  iris  pseudo-acorus,  L,  et  le  glaïeul  puant, 
tris  foetidissima ,    L,   nommé    aussi     iris    gigot. 

—  REM.  On  a  dit  glaïeux  au  pluriel  :  Un  sauvage 
oiseau  de  rivière,  Parmi  les  joncs  et  les  glaïeux, 
Frappe  inopinément  mes  yeux,  Perrault,  Chasse, 
dans  RicHELET. 

—  HIST.  XIV*  s.  Canne  ou  gros  glagel,  H.  de  mon- 
DEViLLE,  f°  89.  Le  loutre  gist  en  fort  pays  de  glageux, 
ou  en  un  creux  soubz  la  rachine  d'un  arbre  prés  de 
l'eaue,  Modus,  f°  xlii,  verso.  ||xv  s.  Va  vendre  un 
fassel  de  glaioil.  Si  acheté  ou  rausete  ou  pipes,  A'of. 
de  J.  C.  Il  XVI'  s.  Le  glaieul,  dict  aussi  yris,  s'esleve 
par  bulbes  ou  racines  sans  filamens....  ses  fleurs 
bleues  sont  agréables  à  la  veue,  0.  de  serbks,  576. 
Les  fleurs  de  glaieul  jaune,  ou  flambe  bastarde,  id 
013.  ' 

—  ÉTYM.  Wallon,  clajn  ;  champenois,  glage  ;  pi- 
card (Noyon),  ghiju;  provenç.  glaviol;  non  précisé- 
ment du  latin  gladiolus,  glaïeul,  proprement  petit 
gLiive  ((Uminutif  de  gladius,  voy.  glaive),  puisque 
-e  français  et  le  provençal  ont  l'accei'»  sur  ol  ou 
ful.  et  le  latin  sur  di;  mais  d'un  déri'  jladinlius, 
où  ra"cent  serait  sur  0. 

t  GLAIR.AGE  (glè-ra  j'),  s.  m.  Action  de  glairer. 

GLAIRE  (gic-r'),  s.  f.  ||  1-  Leblanc  del'œuf  quand 
il  n'est  pas  cuit.  ||  Nom  du  blanc  d'oeuf  chez  les  re- 
lieurs, qui  s'en  servent  pour  en  frotter  la  couverture 
des  livres  en  veau.  Préparation  de  la  glaire  d'œufs  : 
sur  les  glaires  de  douze  œufs,  on  met  deux  gros 
d'alcool,  on  bal  bien  le  tout  avec  un  moussoir  à  cho- 
colat.... Manuel  du  relieur,  f.  140.  ||  2"  Humeur  (|ue 
sécrMent  les  membranes  muqueusesetqui  ne  dillère 
des  mucosités  <\n\  lubrifient  ces  membranes  que  par 
plus  de  consistance  et  rie  viscosité.  La  goutte  avec  sa 
craie,  et  h  glaire  endurcie  Qui  se  forme  en  cailloux 
au  fond  de  la  vessie,  volt.  Tactique.  ||  Nom  des 
mucosités  (|ui  découlent  des  organes  sexuels  pendant 
l'accoucliement.  Il  Nom  ilp«  mnrnQitiio  n,.o  ,„„,i„.,t 


GLA 

rea.  Quoi  qu'on  pense  de  ces  rapprochements  pour 
expliquer  ia  présence  de  glarea  avec  le  sens  de 
glaire,  l'ensemble  des  formes  romanes  paraît  indi- 
quer formellement  l'adjectif  latin  clarus ,  dit  au 
féminin  clara  pars  ovi,  la  claire  ou  la  glaire  de 
1  œuf.  Le  changement  du  c  en  j;  a  dos  exemples  : 
gras,  de  crassus,  pour  le  français;  glciza,  église, 
de  ecclesia,  pour  le  provençal.'  Malin  cherche  une 
étymologie  celtique  :  bas-breton,  glaour,  salive, 
liquide  visqueux;  kimry,  glyfoer,  hive;  mais  ces 
mots  r.i  pour  le  sens  ni  pour  la  forme  ne  peuvent 
prévaloir  contrôla  dérivation  latine. 

GLAIKÉ,  ÉE  (glè-ré,  rée),  part,  passé  de  glairer. 
Couverture  d'un  livre  glairée. 

GLAIRER  (glè-ré) ,  «.  a.  Terme  de  relieur.  Frot- 
ter la  couverture  d'un  livre  avec  une  éponge  trem- 
pée dans  des  blancs  d'œufs,  poury  donner  du  lustre. 

—  ÉTYM.  Glaire;  wallon,  glairi,  baver. 
GLAIREUX,  ECSE  (glo-reû,  reù-z'),  adj.  Qui  est 

de  la  nature  des  glaires.  Matière,  humeur  glai- 
reuse. 

—  HIST.  XIII*  s.  Les  sansues  qui  ont  grosses  ties- 
tes  et  qui  ont  coleur  entre  noir  et  vert  et  qui  sont 
glaireuses,  ALEBRANT,  f"  44. 

—  ÉTYM.  Glaire;  wallon, giameu. 
fGLAIRINE   (glè-ri-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 

Nom  donné  par  certains  auteurs  à  la  substance  que 
d'autres  appellent  barégine  et  qui  est  d'apparence 
glaireuse. 

—  ÉTYM."Giotre,  et  la  finale  ine  qui  indique  na- 
ture. 

t  GLAIRURE  (glè-ru-r') ,  s.  f.  Terme  de  relieur. 
Préparation  avec  laquelle  on  glaire.  Les  gommes, 
le  blanc   d'œuf,   l'alun  pulvérisé  Pour  dorer   ces 


GLA 

que  je  tiens  en  main,  dit  le  Seigneur  notre  Dieu, 
est  aiguisé  et  poli  ;  il  est  aiguisé  afin  qu'il  perce  • 
il  est  poli  et  limé  afin  qu'il  brille,  id.  ib.  lin  accep- 
tant le  glaive  de  douleur,  dont  Siméon  lui  prédit  que 
son  âme  sera  percée,  bourdal.  Purif.  de  la  Vierge 
Myst.  t.  u,  p.  nu.  De  quel  glaive  de  douleur  son 
âme  ne  fut-elle  pas  percée?  aASs.  Panég.  Magd. 
Il  2°  La  guerre,  les  combats.  Le  glaive  peut  seul 
décider  tntre  ces  deux  rivaux.  ||  3"  Le  droit  de  vie 
et  de  mort.  Le  souverain  a  la  puissance  du  glaive. 
Le  glaive  des  lois.  Le  glaive  de  la  vengeance.  Le 
glaive  temporel,  la  justice  séculière.  Contre  qui 
s'armer,  contre  qui  tirer  le  glaive  de  la  justice  t 
PAxnu,  Plaid.  7.  Puisqu'il  permet  l'exercice  de  la 
puissance  du  glaive  dans  les  matières  de  la  religion 
et  de  la  conscience,  boss.  Var.  x,  §  56.  Qu'à  la  fu- 
reur du  glaive  on  le  livre  avec  elle,  kac.  Atluil.  v,  e. 
Le  meurtre  de  Calas,  commis  dans  Toulouse  avec  le 
glaive  de  la  justice  le  »  mars  (7u2,  est  un  des  plus 
singuliers  événements  qui  méritent  l'attention  de 
notre  âge  et  de  la  postérité,  volt.  Polit,  a  legisl. 
Tolér.  Hist.  de  ia  mort  de  Calas.  ||  Ancienne- 
ment. Droit  de  glaive,  droit  de  connaître  des  cri- 
mes qui  méritent  la  peine  de  mort,  ou  une  autre 
peine  afflictive.  ||  4°  Le  glaive  spirituel,  la  ju- 
ridiction de  lÉ^'lise,  le  pouvoir  qu'i.  l'Église 
d'excommunier.  Qu'elle  est  forte  cette  Église,  et 
que  redoutable  est  le  glaive  que  le  Fils  de  Dieu  lui 
a  mis  dans  la  main  !  mais  c'est  un  glaive  spirituel 
dont  les  superbes  et  les  incrédules  ne  ressentent 
pas  le  double  trai. chant,  bo.çs.  le  Tetlier.  ||  En  un 
autre  sens.  Le  feu  est  allumé,  l'encens  est  prêt,  le 
glaive  est  tiré;  le  glaive  est  la  parole  qui  sépare 
l'âme  d'avec  elle-même,  pour  l'attacher  uniquement 


l'accoucliement.  ||  Nom  des  mucosités  que  rendent 
les  petits  enfants,  les  deux  ou  trois  premiers  jours. 
Il  Terme  de  chasse.  Matière  qui  se  trouve  dans  les 
fumées  des  biches.  ||  En  général,  toute  espèce  d'hu- 
nieur  visciueuse  dans  le  corps  vivant.  Trois  sortes  de 
glaires  ou  humeurs  extrêmement  claires,  desc. 
l'Homme.  Il  serait  difficile  que  l'âme  d'un  animal 
qui  n'est  qu'une  glaire  en  vie  fi'it  un  feu  céleste 
voi.T.  Colim.  Réfl.  ||  8"  .Se  dit  aussi  d'une  eau  qui 
se  trouve  dans  les  diamants  imparfaits. 

—  HiST.  xiu*  s.  Glaire  d'où  |d'œufs],  tlarbodus 
Col  1684,  dans  lacubne.  Hxv  s.  Icellui  Bernart 
print  des  estoupes  et  de  la  clere  des  oefs,  et,  au 
mieux  qu'il  sut,  appareilla  les  plaies  qui  fort'sai- 
gnoient,  du  cange,  clara.  Le  my-œuf  de  l'œuf 
ne  peut  sans  la  glaire  ni  la  glaire  sans  le  mi-œuf 
FROiss.  Il,  1:1,  27.  Il  xvi's.  Ces  phlegmes  filent  déliés 
au  sortir,  et  depuis  se  ramassent  et  espaississent 
comme  glaire  d'œufs,  paiiê,  xv,  65  bis. 

—  ÉTYM.  Provenç.  clara,  glara,  s.  f.,  et  clar,  s. 
m.,  etaussi  glarea  ;  espagn.  clara  ;  ital.  chiara  ;  ba<i- 
aun,  clora  ort,  blanc  d'œuf  Diez,  adoptant  d'abord 

1  opinion  de  Grimm,  le  tira  de  l'anglo-saxon  gl,vre 
succin.  Mais  il  est  revenu  sur  cette  étymologie,  qu'il 
ne  soutient  plus;  maintenant  il  demande  s'il  faut 
suivre  le  sens  qui  conduit  au  Utin  clarus,  le  clair  de 
1  œuf  ou  la  forme  qui  indique  le  hiin  g(arca,  cail- 
lou; Il  rapporte  à  glarea,  que  des  glossaires  don- 
nentavec  le  sens  de  chose  gluante,  1  italien  chiara, 
«hi»  ..  ?  "*•"'  ''^  '^'■•'''■«'  *  '"  ««"'  de  banc  dé 
bfnc  d«  !!i?"""°  ""'•'■''■  ••"'  ''«"'fie  uniquement 
sautant  if  ,■''"';  ""•^'"^°  "»li«n  ffft'Vim:  repré- 
à  sutSLLr^  n"  «''"■r.«™viep;  tout  cela  le  conduit 
a  supposer  une  confusion  entre  clarum  on  et  gla- 


objete  remplacent  la  glairure,   lesné,  la  Reliure,  j  à  son  Dieu,  bo.ss.  la  Vailiére.  ||  5°  Le  glaive  de  la 
P'"".„„   ,  ,.    „        ,   .     .,  parole,  le  pouvoir  de  l'éloquence.   Ce   n'est  pas  ma 

GLAISE  (glê-z),  s.  f.  Argile  grasse  et  plastique  ;  faute  si  sa  parole  [de  J.  J.  Rousseau],  puis.sanle 
qui  sert  à  la  fabrication  de  la  poterie  grossière.  {  comme  le  glaive  et  comme  le  feu,  agitait  les  âmes 
Toutes  les  glaises  se  durcissent  au  feu,  et  peuvent  1  de  ses  contemporains,  villemain,  Litlér  fr  i8'i 
même  y  acquérir  une  si  grande  dureté  qu'elles  étin-  [  2*  partie,  2'  leçon.  D'un  autre  Sinaï  fais  flamboyer 
cellent  par  le  choc  de  l'acier,  buff.  Min.  t.  i,  p.  243,  !  la  cime.  Retrempe  au  feu  du  ciel  la  parole  sublime 
dans  POUGENS.  ||  Adjectivement.  Terre  glaise.  j  Ce  glaive  de  l'esprit  émoussé  par  le  temps,  lamart! 

—  HIST.  xiii'  s.  En  la  saison  que  ele  [l'autruche]  j  Harm.  iv,  <2.  ||  6°  Terme  d'antiquité  romaine.  U 
pont,  Ens  ou  sablon  ses  oes  [œufs]  repont  [elle  ;  profession  de  gladiateur.  Condamner  au  glaive, 
cache]....  Et  Diex,  qui  tout  le  monde  fist,  Li  aide  ||  7=  Terme  du  moyen  âge.  Lance.  ||  Glaive  courtois, 
par  icel  dévisse.  Que  ou  sablon  et  en  la  glisse....  du  j  lance  sans  fer  tranchant.  Le  traité  des  chevaliers  de 
cange,  ghseria.  ||  xiv  s.  Esloupez  le  tout  de  terre  la  Table  ronde  dit  que  les  chevaliei-s  ne  portaient 
glaze,  de  mousse,  et  entortillez  de  drappeaulx,  Mé-  j  nulles  épées,  fors  glaives  courtois,   qui  étaient  de 


nagier,  11,  2. 

—  ÊTY.M.  Norm.  (Valogne,  Coutance)  gitùe;  bas- 
latin,  glis,  glilis,  terre  tenace,  dans  les  gloses  d'Isi- 
dore. On  rattache  d'ordinaire  glis,  glilis  au  grec 
yXii,  colle  ;  mais  cela  n'est  pas  sûr.  Scheler  y  voit 
une  racine  germanique  :  allemand,  Kley  ;  anglais, 
clay,  argile. 

GLAISE,  ÉE  (glè-zé,  zée),  part,  passé  de  glaiser. 
Le  bassin  de  cette  fontaine  est  glaise. 

GLAISER  (glè-zé),  V.  a.  \\  1»  Faire  un  corroi   de 


sapin  ou  d'if,  avec  courts  fers,  sans  être  tranchants 
ni  émoulus,  du  cange,  sur  Joinvilie,  p.  ta»,  dans 
LACUBNE.  Il  8"  L'espadon,  poisson. 

—  HIST.  XII'  s.  De  cest  glaive,  de  cest  csfrei  Parla 
chascuns  mult  endroit  soi,  benoît,  v.  607a.  Kar  reis 
Aigrouz  od  ses  Daneis  A  fait  cest  gicive  [carnage] 
de  François,  id.  v.  16922.  ||xiii'  s.  Tous  ces  que  tu 
ne  concis,  soupeçonne  que  il  soient  ti  ennemi....  .se 
il  porte  glaive  [lance],  va  à  sa  destre,  et  se  il  porte 


,.,,-.„           ,;      .     ■•  espec,  va  a  senestre,  brun,  latini.  Trésor,  p.  380. 

glaise.  Il  2»  Terme  d  agriculture.  Glaiser  des  terres,  Et  portoient  un  glaive  vert  à  un  long  fier  Ifer]  de 

les  amender  avec  de  la  glaise.  Bohaigne,  h.  de  valenc.  vu.  Outre  le  pont  de   fer 

r  ■  1  IJ^-'ri^    .  *,'      /  ,.  ''''^'  ''  ^"^  arestus,  Dist  à  ses  compaignons  :  de 

GLAiSbUX,  tUSE  (gle-zcû,  zeû-z'),  adj.  Qui  est  Dieu  aies  vertus  ;  Ancui  ferons  grans  glaives  des  cui- 

|le  la  nature  de  la  glaise.  Un  peu  de  sel  versé  sur  vers  mescreûs,  Nous  lor  terrons  [enlèverons]  les  te.stes 

les  terres  glaiseuses  est  un  des  meilleurs   engrais  aus  brahs  d'acier  molus,  Ch.  dAnt.  viii,  233.  Là  fu 

possibles,  VOLT.  Lett.  Turgot,  I8  fév.  t776.  navré  [blessé]  mons  Hugue  dEscos  de  trois  glaives 


—  ETY.M.  Glaise;  norm.  gliisous. 
GLAISIËRE  (gl6-ziê-r'),  s.  f.  Endroit  d'où  l'on 

tire  la  glaise. 

—  ÉTYM   Glaise  ;  bas-latin,  ^(wen'a. 
t  GI.AITEIION   (glè-te-ron),  i.  m.  Un  des  noms 

vulgaires  du  grateron. 


la;ipa. 


HIST.  XIV  s.   Gleteron  ou  gloton,  du  cange. 


ancesj  au  visage,  et  monseigneur  Raoul  et  mon- 
seigneur Ferri  de  Loupey  d'un  glaive  parmi  les  es- 
paules,  JOINV.  225.  ||  xiv  s.  Quant  il  orent  emploie 
leurs  glaives,  il  sachierent  leurs  espées  et  commen- 
cèrent à  ferir  à  destre  et  à  senestre,    Uodus,  vis. 

f»  299,  dans  i.ACURNE.  Il  XV'  3 Et  se  consuivirent 

sur  les  heaumes  et  se  donnèrent  grands  horions;  et 

tfTvu   I  o  ™a„  .  .  passèrent  outre  et   portèrent  leurs  glaives  toutes 

riAivp  /lA    -f^    ''"''  ffîou^eron  (voy.  ce  mot).    .Iroites,  fhoiss.  m,  iv,  (2.   ||  ivi- s.  Un   glaive, 

f„^t^!,,,,    T      ''  f"*"  '1  *°   ^P^^   tranchante    comme   l'on   dist,  ou  couteau    Fait  tenir   l'autre 

"ilnorp  ,?Ho  n''"  P,?^''«  «"'a"s  le  style  soutenu),    en   son    fourreau,  leroux   de   linct,  Prof.    t.  11, 

J  Ignore  si  de  Dieu  l'ange  se  dévoilant  Est  venu  lui    p.  43i. 

oriîd%.rré,  ^t  "'h'  ,^""'=«'^"'>   "*=•  ^"'«'-  ".  «•  !      -  m-M.  Provenç.  glai,  glay,  glari,  glaxi;  portug. 

\  Tnt  de  rrn  M  ,?/     °  '"''  ''",'?"'  '^"'''"'''  J""-^'    Olavio;  ital.  s(ad,o,- du  latin  ffL.uiî'  Glàiie  avait 

es^s^^^in,    /»  î^  permi.s  un  libre  cours,    Et  que    généralement  le  sens  de  lance,  comme  étant  l'arme 

■;^.^.^„  "l'.?.".*^"^?  de  leurs  crimes,  Les  glaives    par  excellence  des  chevaUers,   et,  figurément,  le 


cmousscs  manquèrent  de  victimes,  volt.  Ilenr  m 
IjDans  l'Écriture,  celui  qui  frappera  du  glaive  pé- 
rira par  le  glaive.  |i  Fig.  Il  étale  à  son  tour  des  re- 
vers équitables  Par  qui  les  grands  sont  confondus; 
•t  les  glaives  qu'il   tient  pendus  Sur  les  plus  for- 
uncs  coupables,  Sont  d'autant  plus  inévitables  Que 
curs  coups  sont  moins  attendus,  corn.  Polyeucte, 
n  ,  ..  0  aive  du  Seigneur,  quel  coup  vous  venez  de 
Irapper  [la  mort  de  la  reine]  I  toute  la  terre  en  es! 
étonnée,  ROSS.  Maric-Tliér.  Le  glaive  qui  a  tranché 
les  jours  de  la  reine  est  encore  levé  sur  nos  têtes  • 
no.i  pèches  en  ont  affilé  le  tranchant  fatal  :  le  glaive 


sens  de  carnage. 

GI.AMA,  s.  m.  Voy.  laha. 

t  GLAMMET  (gla-mè),  j.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  mouette. 

GI.AJVAGE  (gla-na-j'),  s.  m.  Action  de  glaner. 
Faire  défenses,  sous  de  grosses  peines,  de  frauder  ia 
dtme,  soit  par  vol,  dégât  de  bestiaux,  glanages,  ou 
telle  autre  manière  de  friponnerie  que  ce  puisse  étr*, 
VAUBAN,  Dlme,  p.  1S9. 

—  lîTVM.  Glaner. 

GLAND  (glan;  le  d  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  l'j 
se  lie  :  les  glan-z  et  les  chênes),  s.  m.  ||  V  Le  finit 


GLA 

tjae  porte  le  chêr.e.  Sous  un  ch(*ne  aussitôt  il  va 
prer.dro  snn  somma;  Un  gland  tombe:  le  nez  du 
dormeur  en  pâtit,  la  font.  Fabl.  n,  4.  Malgré  le 
vilain  assaisonnement  (le  tout  ce  régal,  je  ne  laissai 

pas  de  manger  îles  deux  côtés  à  la  fois,  comme  les 
cochons  mangent  les  glands,  lesage,  Guim.  d'Al- 
far.  I,  5.  Je  goûte  une  secrMe  satisfaction  à  con- 
templer dans  un  gland  le  germe  d'où  naîtra  dans 
quelques  siècles  le  chône  majestueux  à  l'ombre  du- 
quel les  oiseaux  de  l'air  et  les  botes  des  champs  iront 
se  réjouir,  bonnet,  Consid.  corps  org.  CEuv.  t.  v, 
p.  2117,  dans  POUGENS.  Tourmente  donc  la  terre, 
appelle  donc  la  pluie,  Chasse  l'avide  oiseau,  détruis 
l'omlire  ennemie;  Ou  bientôt,  affamé  i>rès  d'un  ri- 

lie  voisin,  Ketourne  au  gland  des  bois  pour  assou- 
vir ta  faim,  delille,  Géorg.  l.  Le  Russe....  Las  de 
jviin  noir  et  de  gland  Veut  manger  notre  pain  blanc, 
ijÉRANG.  Gaulois.  Et  cette  force  qui  renferme  Dans 
un  gland  le  germe  du  germe  D'êtres  sans  nombres 
et  sans  fin,  lamart.  Ilarm.  ii,  9.  Le  vent  chasse  loin 
lies  campagnes  Le  gland  tombé  des  rameaux  verts, 
V.  HUGO,  Odes,  I,  t.  Il  Gland  doux,  noms  du  fruit 
comestible  de  plusieurs  espèces  de  chênes.  ||  Terme 
(le  botanique.  Fruit  qui  a  les  caractères  du  fruit  du 
chêne,  uniloculaire,  indéhiscent,  dont  le  péricarpe, 
uni  à  la  graine,  présente  toujours  à  son  sommet  les 
dents  fort  petites  du  calice,  et  est  renfermé  en  par- 
tie ou  en  totalité  dans  une  sorte  d'involucre  écail- 
leux  ou  foliacé.  ||  2°  La  nourriture  supposée  des  pre- 
miers hommes.  Il  [J.  S.  Rousseau]  veut  réduire  au 
gland  l'Académie  entière  :  Renoncez  aux  cités,  ve- 
nez au  fond  des  bois,  Mortels,  vivez  contents  sans 
secours  et  sans  lois,  volt,  les  Veux  siècles.  Quel- 
que opinion  que  l'on  embrasse  touchant  l'origine 
des  sociétés,  il  est  certain  que,  chez  les  peuples  de 
l'Italie  et  (le  la  Grèce,  on  trouve  établie  la  croyance 
i  un  état  primitif,  dans  lequel  les  hommes  sans  loi, 
sans  propriété,  sans  établissement  fixe,  errent  dans 
les  bois,  et,  ne  sachant  pas  encore  cultiver  le  blé,  se 
nourrissent  de  glands,  ampère,  Ilist.  rom.  à  Rome, 
t.  I,  p.  76.  Il  Fig.  Le  siècle  du  gland  est  passé,  vous 
donnerez  du  pain  aux  hommes;  quelques  supersti- 
tieux regretteront  encore  le  gland  qui  leur  con- 
vient si  bien,  elle  reste  de  la  nation  sera  nourri  par 
vous,  VOLT.  iett.  la  Chalotais,  3  nov.  )  762.  ||  3"  Gland 
de  terre,  gland  terrestre,  la  gesse  tubéreuse  [lathyrus 
luberostis).  \\  Par  l'expression  gland  de  terre,  on  dé- 
signe encore  le  carum  bulbocc^-tanum,  dit  aussi 
terre-noix,  L'-goaranï.  ||  4°  Gland  de  mer,  nom  vul- 
gaire des  différentes  espèces  du  genre  balane  et 
principalement  du  balane  clochette,  dit  aussi  tu- 
lipe turban  et  tulipe  épanouie,  legoarant.  Palissy 
a  cru  que  les  mines  calcaires  de  Touraine  étaient  des 
mines  de  gland  de  mer,  volt.  Colitn.  3.  ||  5°  Nom 
de  morceaux  de  métal  ou  de  bois  taillés  en  forme 
de  glands,  et,  par  extension,  de  petites  houppes  de 
laine,  de  fil  ou  de  soie  qui  terminent  des  cordons. 
Des  glands  de  rideaux,  de  bourse.  Gland  de  fil  d'or. 
Il  le  vit  s'échauffer  et  se  mettre  en  action,  jusque- 
là  que,  s'adressantà  lui,  il  le  prit  et  le  retint  tout  un 
temps  par  ses  glands,  comme  on  fait  sans  y  penser 
quand  on  veut  parler  fortement  à  quekju'un,  et  le 
convaincre  de  quelque  chose,  pellisson,  Hist.  de 
l'Acad.  t.  I,  p.  <I9,  dans  pougens.  Quand  les  glands 
et  les  noeuds  seront  posés,  cela  sera  véritablement 
charmant,  genlis,  Th.  d'éduc.  la  March.  de  modes, 
se.  3.  Il  6°  Terme  d'anatomie.  L'extrémité  de  la 
verge  et  celle  du  clitoris.  ||  7°  Espèce  de  tenaille  de 
bois  à  l'usage  du  fabricant  de  peignes. 

—  HlST.  xiu'  s.  Il  coilloient  es  bois  les  glandes 
Por  pain,  por  char  et  por  poissons,  la  Rose,  8404. 
Il  XV'  s.  Et  vivoit  de  glans  et  de  pommes  sauvages 
et  avoit  le  goust  et  l'appétit  d'un  pourcel,  froiss. 
m,  IV,  29.  Il  XVI'  s.  Réduire  le  prépuce  qui  seroil 
renversé  au-dessus  du  glan,  pahé,  Introd.  2. 

—  ÉTYM.  Génev.  aglan;  Berry,  lland,  aillant; 
norm.  lian  (à  Saint-Lo,  lion)  ;  Maine,  guian  ;  pro- 
venç.  glan,  glant,  aglan;  catal.  agla;  ital.  ghianda; 
(lu  latin  gfandem;  doricn,  YaXavo;;  grec  commun, 
pd).avoi;.  Comp.  le  sanscrit  30/ono,  qui  tombe,  de 
<jal,  tomber. 

t  I.  GLANDAGE  (glan-da-j'),s.  m.  Droitdeglan- 
dée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Les  pourceaux  gras  retournez  du 
glandage  Sont  égorgez  et  mis  pour  le  ménage  En 
des  saloirs  durant  plus  d'une  année.  Et  font  trouver 
meilleure  la  vince,   baïf,  Œuvres,  p.  24,  dans  la- 

CURNE. 

—  f.TYM.  Gland. 

t  2.  GLANDAGE  (glan-da-j'),  s.  m.  Terme  de  vé- 
térinaire. Tuméfaction  indurée  des  ganglions  lym- 
phatiques de  l'auge  dans  la  morve  chevaline. 

—  f.TYM.  Glande. 


GLA 

t  GLANDAIRE  (glan-dê-r') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  vit  de  glands. 

—  f.TYM.  Gland. 

GLANDE  (glan-d'),  s.  /■.  ||  1°  Terme  d'anatomie. 
Nom  des  parties  qui  ont  pour  fonction  d'effectuer 
la  sécrétion  de  certains  fluides.  ||  Terme  de  botani- 
que. Nom  d'organes  de  forme  variée,  remplis  d'un 
li((uide  spécial.  ||  2°  Tei'me  d'anatomie.  Nom  impro- 
prement donné  et  improprement  conservé  à  plu- 
sieurs organes  qui  ne  sont  le  siège  d'aucune  sécré- 
tion. La  glande  thyréoïde.  Les  glandes  lymphatiques. 
Il  3°  Tumeur  survenue  soit  dans  les  glandes  soit 
dans  les  ganglions  lymphatiques.  La  reine  d'Angle- 
terre, fort  incommodée  d'une  glande  au  sein,  eut 
une  nouvelle  affliction,  st-sim.  h»,  33.  Il  lui  était 
venu  [à  la  reine  d'Espagne]  des  glandes  au  col,  id. 
303,  198.  Une  glande  ([u'elle  avait  au  sein  fut  le 
foyer  d'une  humeur  corrosive  qui  la  dévora  lente- 
ment, MARMONTEL,  Mém.  IV. 

—  HIST.  xin'  s.  En  col  nuées  [nouées]  glandres 
out  [elle  eut],  K'hom  escrouele  numer  sont  [a  cou- 
tume de  nommer],  Edouard  le  con/'.v.  2612.  ||  xvi's. 
Outre  les  choses  dites  en  gênerai  des  glandes,  Il 
faut  sçavoir  que  le  pancréas  est  un  corps  glandu- 
leux.... PARÉ,  I,  M.  Les  glandes  [ganglions]  des 
ainnes,  id.  iv,  31.  Glandula,  est  une  tumeur  ainsi 
dite,  parce  qu'elle  ressemble  à  un  gland  ou  une 
gladde,  ou  parce  qu'elle  est  plus  souvent  engen- 
drée es  glandes  des  emonctoires,  id.  v,  I7. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  glantia  ,  glans  ,  glande  ,  tu- 
meur ;  du  latin  glans,  gland,  par  assimilation  de 
forme. 

1.  GLANDÉ,  ÊE  (glan-dé,  dée),  adj.  Terme  de 
blason.  Se  dit  des  chênes  chargés  de  glands  d'un 
émail  différent  de  celui  de  l'arbre. 

—  ÊTYM.  Gland. 

2.  GLANDÉ,  ÉE  (glan-dé,  dée),  adj.  Terme  de 
vétérinaire.  Cheval  glandé,  cheval  qui  a  une  tu- 
méfaction des  ganglions  lymphatiques  de  la  ga- 
nache. 

—  ËTYM.  Glande. 

GLANDÉE  (glan-dée),  s.  f.  Récolte  du  gland. 
Dans  les  futaies  de  chêne  et  de  hêtre,  les  glandées 
et  les  fainées  sont  si  rares  qu'elles  correspondent 
une  fois  sur  seiit  ou  huit  avec  l'année  de  l'exploita- 
tion d'une  coupe,  fobcade,  Bopp.  ou  min.  des  fin. 
p.  36 .  Il  Aller  à  la  glandée,  aller  ramasser  des  glands. 
il  Envoyer  les  porcs  à  la  glandée,  les  lâcher  dans  la 
forêt  à  la  recherche  du  gland. 

—  HIST.  xvi*  s.  En  saison  de  bonne  glandée,  dans 
sept  ou  huit  sepmaines,  les  pourceaux  auront  at- 
taint  le  point  (jue  desirez,  0.  de  serres,  337. 

—  ÉTYM.  Gland;  Berry,  iantée,  lliantie. 

t  GLANDIFÈRE  (glan-di-fè-r') ,  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  porte  des  glands. 

—  ÉTYM.  Lat.  glans,  gland,  et  ferre,  porter. 

t  * .  GLANDIFORME  (glan-di-for-m'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  a  la  forme  de  glands. 

—  ÉTYM.  Gland,  et  forme. 

t  2.  GLANDIFORME  {glan-di-for-m'),od;.  Terme 
d'anatomie.  Oui  a  la  forme  d'une  glande. 

—  ÉTYM.  Glande,  et  forme. 

t  GLANDIVORE  (glan-di-vo-r'),  adj.  Qui  mange 
des  glands.  Le  porc  est  glandivore. 

—  ÉTYM.  Gland,  et  le  lat.  vorare,  manger. 
GLANDDLAIRE  {glan-du-lê-r') ,  a^ .  ||  l'Le  même 

que  glanduleux.  ||  Terme  do  pathologie.  Hypertro- 
phies glandulaires,  tumeurs  caractérisées  anatomi- 
quemcnt  par  l'élément  des  glandes  qui  sentie  siège 
de  l'hypertrophie.  ||  2°  S.  f.  Espèce  de  verveine, 
verbcna  aubletia,  L. 

—  ÉTYM.  Glandule. 

GLANDDLE  (glan-du-F),  s.  f.  Terme  d'anatomie. 
Petite  glande,  c'est-à-dire  les  follicules  et  les  glan- 
des en  grappe  simple.  ||  Terme  de  botanique.  Syno- 
nyme de  glande.  Ces  glandules  si  petites  dont  la 
surface  inférieure  des  feuilles  de  la  sauge  est  par- 
semée, bonnet,  Observ.  Si,  OEuv.  t.  11,  p.  303,  dans 
pougens. 

—  HIST.  XVI' s.  Les  ladres  ont  d-îssus  et  dessous 
[la  langue]  des  tubercules  ou  petites  glandulettes, 
ou  grains,  comme  on  voit  aux  poiirtoaux  ladres, 
PARÉ,  XXII,  <o.  Glandule  est  une  partie  simple  du 
corps,  de  substance  quelquefois  spongieuse etmoUe, 
quelquefois  dure  et  dense....  id.  i,  17. 

—  ÉTYM.  Diminutif  deglande  ;  provenç. glandola; 
espagn.et  liai  glandula;  du  latin  glandula,  amyg- 
dale, 

GLANDtTLEUX,  EUSE  (glan-du-leii,  leû-z'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  a  la  forme,  (lui  est  de  la  na- 
ture d'une  glande.  Ti.ssu  gland'deux.  ||  Terme  de 
botanique.  Poils  glanduleux,  poils  surmontés  d'une 
glande  ou  glandule. 


(]\..\ 


1870 


—  niST.  xvi'  s.  Tout  homme  qui  regardera  (> 
près  trouvera  le  jn-Ionis  glandul.'ux,  paré,  i,  14. 

—  ETYM.  Glandule  :  provon(;.  glandnlos;  espagn 
et  ital.  glanduloso:  du  lalin  glandulosus. 

t  GLANDULIFÈRK  (glan-llu-li-lè-r'),  adj.  Terme 
d'anatomie.  Qui  porte  de  petites  glandes.  ||  Terme 
de  botanique.  Organes  glanduliféres,  organes  qui 
portent  une  ou  plusieurs  glandes.  Poils  glanduli- 
fères. 

—  ÉTYM.  Glandule,  et  le  latin  ferre,  porter. 

t  GLANDUMFORME  (glan  -  du- li-for-m') ,  adj. 
Terme  didactique.  Qui  est  de  la  forme  d'une  glan- 
dule ou  d'une  glande. 

—  ÊTYM.  Glandule,  et  forme. 

t  GLANDULITE  (glan-d  u-li-f),  î.  f.  Terme  de  mi- 
néralogie. Roche  contenant  des  noyaux. 

—  ÉTYM.  Glandule. 

GLANE  (gld-n'),  s.  f.  \\  1»  Poignée  d'épis  ra- 
massés dans  les  champs  après  l'enlèvement  des 
gerbes.  Une  grosse  glane.  ||  Droit  de  glaner  dans 
un  champ.  ||  Fig.  Il  y  a  encore  champ,  beau  champ, 
pour  faire  glane,  il  reste  encore  pour  les  autres 
assez  de  travail  ou  de  profit  à  faire  dans  une 
affaire,  dans  une  science,  etc.  ||  2"  Par  exten- 
sion, poires  groupées  eu  bouquet  sur  une  bran- 
che. Il  3"  Glane  ou  torche ,  nom  donné  à  un  petit 
faisceau  de  brins  de  paille  liés  ensemble  ou  tordus 
pour  servir  de  soutien  à  quelque  chose,  legoarant 
Il  Glane  d'oignons,  plusieurs  oignons  attachés  à  une 
glane  de  paille.  Au-dessous,  une  espèce  d'armoire; 
à  côté  de  l'armoire,  une  glane  d'oignons  suspendue, 
DIDEROT,  Salon  de  1765,  Œuv.  t.  xiii,  p.  198,  dans 

POUGENS. 

—  HIST.  XIII'  s.  Sire  Ysengrin ,  dont  ne  sez-tu 
Com  il  nos  est  bien  avenu?  Ce  est  Renaît,  Belins 
et  l'Asne,  Ces  avons-nos  en  nostre  glane  [puissance]. 
Or  te  pues  vengier  de  ton  pié,  Ren.  13324.  ||  xiv"  s. 
Icelle  Mabile  avoit  emblé  et  fait  ses  glennes  en  temps 
d'aoust,  DU  cange,  glana.  \\  xv*  s.  Ainsi  que  le  sup- 
pliant batoit  un  peu  de  glaines  ou  gerbes  de  blé, 
DU  CANGE,  glana. 

—  ÉTYM.  Voy.  GLANER;  norm.  lianne;  Berry, 
glene;  génev.  glenne. 

GLANÉ,  ÉE  (gla-né,  née)  ,  part,  jpassi  de  gla- 
ner. Des  épis  glanés  dans  un  champ. 

t  GLANÉE  (gla-née),ï.  /'.Terme de  chasse.  Chasse 
aux  canards  sauvages  dans  laquelle  le  blé  scit 
d'appât. 

—  ÉTYM.  Glané. 

GLANER  (gla-né),  v.  a.  \\  1°  Recueillir  dans  les 
champs  les  épis  éciiappés  au  moissonneur.  Glaner 
les  épis  après  la  moisson  faite.  ||  On  dit  dans  le 
même  sens  glaner  un  champ.  Dans  l'Ancien  Testa- 
ment, Dieu  défend  aux  propriétiiires  de  glaner 
leurs  champs.  ||  Par  extension.  Voilà  l'enfant  des 
chaumières  Oui  glane  sur  les  bruyères  Le  bois 
tombé  des  forets,  lamart.  Ilarm.  11,  1.  ||  Absolu- 
ment. Booz  dit  à  Ruth  :  Écoulez,  ma  fille,  n'allez 
point  dans  un  autre  champ  pour  glaner,  et  ne  sor- 
tez point  de  ce  lieu,  saci.  Bible,  Rnlh,  n,  ».  ||  Fig. 
L'indigence  glane  chez  d'autres.  Mais  elle  moisson- 
nait chez  lui,  bérang.  ^(oii.  qui  filenl.  ||  2°  Fig.  Ke- 
cueillir  le  peu  qui  a  été  laissé  ou  négligé  par  d'au- 
tres, en  parlant  de  profits.  Ces  nations  (Anglais, 
Français]  n'ont  fait  que  glaner  après  les  riches 
moissons  [en  Amérique]  des  Espagnols ,  volt. 
Uœurs,  149.  Il  3°  Fig.  Il  se  dit  en  un  sens  analo- 
gue des  choses  d'espriL  Cette  époque  a  été  bien  étu- 
diée; à  peine  y  pourrait-on  glaner  quelques  faits. 
Lire  Homère,  Aristote,  et,  disciple  nouveau.  Glaner 
ce  que  les  Grecs  ont  de  riche  et  de  beau,  Régnier, 
Sal.  XIII.  Il  Absolument.  Mais  ce  champ  ne  se  peut 
tellement  moissonner.  Que  les  derniers  venus  n'y 
trouvent  à  glaner,  LA  font. /'obi.  m,  l.  Tout  est 
dit....  depuis  six  mille  ans  qu'il  y  a  des  hommes,  et 
qui  pen.sent....  l'on  ne  fait  plus  (|ue  glaner  après  les 
anciens,  la  bruy.  i.  Les  anecdotes  sont  un  champ 
resserré  où  l'on  glane  après  la  vaste  moisson  do 
l'histoire,  volt.  Louis  XIV,  25.  L'ouvrage  de  Sé- 
nèque  est  un  champ  où  l'on  trouve  toujours  à  gla- 
ner, DIDEROT,  liègne  de  Claude  et  Nér.  11,  3. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  si  ne  soit  si  hardis  gleneres 
ou  gleneresse  ki  voist  [aille]  à  camp  glener  en  jour 
de  feste  ne  en  diemence  souz  le  fourfait  de  cinq 
sols,  TAiLLiAR,  Itecueil,  p.  410.  Se  j'ai  trové  aucun 
espi  Après  la  main  es  mestiviers.  Je  l'ai  glané  molt 
volentiers,  hugues  de  méry,  le  Tournoiement  de 
l'anlechrisl,  p.  104.  ||  xV  s.  Chascuns  pense  de 
glainer  sa  moisson,  Et  d'amasser  joiaulx,  or  el 
finance,  E.  deschamps,  Administrât,  de  Ihôtel  du 
prince.  ||  xvi'  s.  Celui  ne  choisit  pas  qui  glane, 
LEROUX  de  lincy,  Prov.  1. 1,  p.  76, 

—  ÉTYM.  Génov.  ';(éner,glalncr;  picard,  glainer; 


1880 


GLA 


Barry,  glaifier,  glener;  provenç.  gretiar,  dans  Gramm. 
de  raidit,  publiée  par  ouessard,  2*  éd.  p.  31  ; 
has-lat.  glenare  (si  quis  in  messem  alienam  glena- 
verit,  texte  de  la  fin  du  vi'  siècle).  Dicz  note  l'cty- 
molo'gie  indii|uép  par  Leibiiitz  :  kimry,  glain,gldn, 
net;  à  quoi  il  ajoute  le  Scandinave  glana,  éclaircir; 
do  sorte  que  glaner  serait  proprement  nettoyer.  Cela 
est  possible  sans  être  trcs-.salisfaisant;  il  ne  faut 
donc  pas  perdre  de  vue  le  bas-latin  gelitia,  gclima, 
gelvna,  gerl)e,  poignée;  anglo-saxon,  gelm,  gilm, 
poignée.  Ici  le  sens  est  satisfaisiint,  et  les  variations 
de  la  con.sonne  laissent  jour  à  la  transformation.  11 
reste  donc  de  l'incertitude  entre  une  étymolo>;ie 
bonne  pour  la  forme,  moins  bonne  pour  le  sens; 
une  autre  bonne  pour  le  sens  et  moins  bonne  pour 
la  forme.  Le  provençal  grenar  parait  être  une 
forme  accidentelle,  et  ne  se  rattacher  en  rien  à 
graiium.  grain. 

GLANEUR,  EUSJ  (gla-neur,  neû-z'),  s.m.elf. 
Celui,  celle  qui  glane.  Les  glaneurs  ont  recueilli 
assez  de  blé  pour  leur  hiver.  Quand  près  d'eux 
[moissonneurs)  la  glaneuse  habile  Cherche  l'épi  des 
malheureux,  bBiiang.  les  Cliamps. 

—  llisT.  xm*  s.  Celé  herbe  ne  fera  jà  bien  à  gla- 
ncor.  car  ne  puet  aiendre  tans  de  meurir  [mûrir], 
Psamier,  f»  toi.  Kt  s'il  est  glenercs  ne  gleneresse  ki 
voist  à  camp  (aille  à  champ]  par  nuit  devant  soleil 
levant  ne  ki  demourt  puis  .solel  coukant....  taii.uab. 
Recueil,  p.  4 lu.  ||  xvi'  s.  Glaneurs  sont  pauvres  gens 
qui  vont  recueillir  ce  qui  a  esté  laissé  aux  champs 
par  les  laboureurs  après  l'enlèvement  des  gerbes, 
Coustnm.  gt'nér.  t.  ],  p.  3H. 

—  ET  YM.  Glaner  ;  génev.  gléneur  ;  Berry,  gUneux. 
Dans  l'ancien  français  glenere  est  le  nominatif,  et 
gleneor  le  régime. 

t  GLANIS  (gla-nis'),  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Poisson  du  genre  des  siliues  liabitant  les  grands 
fleuves. 

—  ÉTYM.  Lat.  glanis,  du  grec  y).ôvi;. 
GLANURE  (gla-nu-r'),  s.  f.  Ce   que  l'on  glane 

après  la  moisson. 

—  EtYH.  Glaner. 

t  GLAPHIQUE  (gla-fi-k'),  adj.  Terine  de  minéra- 
iOgie.  Talc  glaphique,  voy.  pierke  de  lard. 

—  ÉTYM.  PîiiçEiv,  inciser,  tailler. 

GLAPIR  (glapir),  v.  n.  ||  1"  Il  se  dit  de  l'aboi 
aigre  des  renards  et  des  petits  chiens.  Le  renard 
glapit,  aboie,  et  pousse  un  son  triste,  semblable  au 
cri  du  paon,  B'jff.  More,  choisis,  p.  243.  L'épervier 
glapit  comme  le  lapin  et  miaule  comme  les  jeunes 
chats,  CHATEAUB.  Génie,  i,  v,  5.  ||  2"  Se  dit,  par  dé- 
nigrement, d'une  voix  humaine  aigre  et  désagréable. 
Au  lieu  de  chanter,  elle  glapit.  À  le  bien  mesurer, 
il  [un  apothicaire]  n'est  pas,  que  je  crois.  Plus  haut 
que  sa  seringue  et  glapit  comme  trois,  begnaud,  le 

Légal. 11,  H.||Fig Cette  statue  Contre  laquelle 

a  tant  glapi   Des  méchants  l'énorme  cohue,  volt. 
ipil.  )  10.  Il  11  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  aroir. 

—  lilST.  XV*  s.  Si  commença  à  glapir,  contrefai- 
sant le  chien  très  fièrement ,  louis  xi  ,  Nouv. 
xxxi.jlxvi*  s.  Ils  glapissent  comme  renards,  paré, 
Animaux,  xxv. 

—  ETYM.  Wallon,  glawer;  du  germanique  :  sué- 
dois, j/o-fla,  japper,  glapir  ;  anglo-saxon,  gelpan  ; 
angl.  yi'Ip.  Uiez  préfî're  l'ancien  haut-allemand 
klaffôn  ;  allem.  mod.  klà/l'en,  aboyer.  L'ancienne  lan-  | 
gue  ne  connaît  pas  glapir;  «Ile  a  en  place  glatir, 
usité  dès  les  plus  hauts  temps  ;  prov.  et  anc.  cat.  i 
glatir;  esp.  lalir;  iU\.  ghialtire.  Diez  y  voit  une 
onomatopée  ;  Scheler,  au  contraire,  y  trouve  un 
radical  germanique  klat,  comme  dans  glapir  le  radi- 
cal germanique  ktap. 

GLAPISSA.VT,   AiVTE   (gla-pi-san,    san-t'),    adj. 
Oui  glapit.   Les  voix  des  oiseaux  carnassiers    sont 
aussi  désagréables  que  leur  figure  et  leur  plumage  ; 
ils  ne  font  retentir  les  airs  que  de  sons  aigus  ou 
glapissint.s,  bkrn.  dest-p.  Ilarm.  liv.  v.llarm  anim. 
Il  Par  dénigrement.   Voix  glapissante,   voix  com-  j 
parée  à  celle  des  animaux  qui  glapisscni.  L'un  traîne  ; 
en   longs  fredons  une  voix   glapissante,  boil.  Sat. 
m.  Du  grand  Lully  vingt  rivaux  fanatiques  Défigu-  \ 
raient  sur  des  tons  glapissants  Des  vers  français  en 
fredons  italiques,  volt.  Goût. 

GLAPISSE.MENT  (gla-pi-se-man) ,  s.  m.  ||  1-  L'aboi 
aigre  des  renards  et  des  petits  chiens.  Son  glapis- 
sement [du  rpnard[  est  une  espèce  d'aboiement  qui 
se  fait  par  des  sons  semblables  et  très-précipités, 
BiiFF.  Quadr.  t.  ii,  p.  213,  dans  pouoens.  ||  2"  Par 
dénigrement,  il  se  dit  aussi  des  personnes.  Pa.ssons 
mainicnant  au  glapissement  de»  (iiries  sur  le  si 
Kcarre,  i.  i.  rouss.  Examen  de  VOqihée  de  Gluck,  j 
Cotte  dominante  diésée  forme  un  glapissement  af- 1 
freux,  ID.  tb    II  Fig.  Ces  tribuns  du  peuple  que  la 


GLA 

nation  comptera  longtemps  encore,  malgré  les  gla- 
pissements de  l'envieuse  médiocrité,  au  nombre  des 
libérateurs  de  la  patrie,  Mirabeau,  Collection,  t.  m, 
p.  :i79. 

—  ÉTYM.  Glapir. 

f  GLARÉOLE  (gla-ré-o-l'),  s.  f.  Genre  d'oiseaux 
de  la  famille  des  échassiers  et  de  la  famille  des 
uncirostres. 

GLAS  (glâ;  l'i  se  lie  :  le  glâ-z  attristant),  s.  m. 
Son  d'une  cloche  qu'on  tinte  pour  annoncer  la  mort 
ou  l'agonie  de  quelqu'un.  La  plume  échappe  de  sa 
main;  il  (l'athéel  écoute  avec  elTroi  le  glas  de  la 
mort,  CHATEAUB.  Génie,  iv,  i,  I.  Nul  temple  n'a  gémi 
dans  nos  villes;  nul  glas  N'a  passé  sur  nos  fronts 
criant:  hélas!  hélas!  v.  nuoo.  Voix,  2.  ||  Par  exten- 
sion. Quand  la  cloche  des  ténèbres  Balance  ses  glas 
funèbres,  LAMABT. //orm.  u,  ).  De  toulesles  heures.... 
Aucune  à  l'oreille  insensible  Ne  sonned'un  glas  plus 
terrible  Que  ce  dernier  coup  de  minuit,  id.  ib.  iv, 
4.  Il  Se  dit  des  salves  d'artillerie  tirées  aux  funé- 
railles d'un  souverain  ou  d'un  militaire  élevé  en 
grade. 

—  REM.  On  a  dit  glais  dans  le  xvii'  siècle,  et  Ri- 
chelet  le  préfère  à  glas. 

—  H!ST.  xii*  s.  N'out  chapelle  en  la  ville  où  il 
eùst  clochier,  Où  li  glas  nen  sonnast  por  le  roy  es- 
saucier,  WACE,  dans  du  cange,  classicum.  Encontre 
les  reis  soit  um  [on  a  coutume]  faire  glas  .soner,  E 
la  processiun  encontre  els  asembler,  E  dedenz  le 
muslierà  grant  honur  mener,  ïVi.  le  mart.  46o.  E  à 
la  nue  terre  se  culchant  en  ses  dras,  Tant  qu'il  oeit 
del  saint  [cloche]  u  l'apel  u  le  glas,  ib.  \oi.  ||  xm"  s. 
Et  les  cordes  corut  saisir,  Les  sains  sone  de  grant 
air  A  glaz,  à  treble,  à  carenon,  Ren.  334i.  chlaz, 
Trisl.  II,  80.  Il  XIV*  s.  Aucune  fois  trouveras  tu  que 
l'en  fet  mention  de  clas  ou  [au]  défaut  de  la  lune  ;  et 
sachiez  que  anciennement,  quant  la  lune  failloit, 
les  femmes  et  les  enfons  couroient  par  les  villes  à 
baciiis  et  à  sonnetes  fesans  grans  sons,  et  leur  sem- 
bloit  que  la  lune,  qui  estoit  près  de  mourir,  se 
resuscitoit  à  leurs  sonnetes;  si  apeloient  celle  feste 
le  clas  de  la  lune,  bercheure,  f*  2.  Le  consul  a  fet 
fere  silence  en  sonnant  le  clas  à  ce  acoustumé,  id. 
f°  44,  recto.  Il  XV"  s.  Et  le  bon  comte  de  Douglas, 
Avec  qui  j'ai  mené  grant  glas,  caoïss.  Buisson  de 
jeunesse. 

—  ÉTYM.  Bourg,  clas  ;  prov.  clas  ;  ital.  chiasso  ; 
du  lat.  classicum,  signal  avec  la  trompette,  de  clas- 
sicus,  qui  est  relatif  à  une  classe,  à  une  réunion, 
de  classis,  une  certaine  partie  du  peuple  romain 
(voy.  classe).  Le  classicum  était  proprement  uu 
signal  de  trompette  pour  réunir,  rassembler.  Le 
nom  de  ce  signal  a  passé  à  une  sorte  de  sonnerie. 
On  trouve  aussi  glas  pour  aboiement,  grand  bruit; 
dans  le  sens  d'aboiement,  c'est  le  même  que  le 
provençal  glat  qui  a  ce  sens  et  tient  au  verbe  y(a(ir 
(voy.  glapir). 

t  GLASS-CORD  (glas'-kord'),  s.  m.  Terme  de 
musique.  Instrument  à  touches  de  verre,  plus  sou- 
vent mais  improprement  nommé  harmonica,  que 
l'on  frappe  avec  des  baguettes  terminées  par  de  pe- 
tits tampons. 

—  ETYM.  Angl.  glass,  verre,  et  cord,  corde. 

t  GLATIR  (gla-lir),  v.  n.  Se  dit  du  cri  de  l'aigle 
et  de  certains  animaux  de  proie. 

—  ÉTYM.  C'est  l'ancien  verbe  glatir:  xi*  s.  Si 
cum  chien  i  glatissent,  Ch.  de  Roi.  cclvu  (voy.  gla- 
pir à  l'étvmologie). 

t  GLAÙBER  (gia-bèr)  (SEL  HE),  voy.  sel. 

JGLAUBÉRITE  (glô-bé-ri-t) ,  s.  f.  Terme  de 
minéralogie.  Sulfate  de  soude  et  de  chaux. 

t  GLAUCESCE.\CE  (glô-sè-ssan-s') ,  s.  f.  Terme 
didactique.  État  d'une  surface  glauque. 

—  ETYM.  Glauque. 

t  GlJlUCESCK.\T,  ENTE  (glô-s.Vssan,  ssan-t'), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  présente  une  teinte 
gUuque. 

—  ÉTYM.  Glauque. 

t  GLAUCIER  (gl6-sié),  I.  m.  Terme  de  botanique. 
Glaucier  jaune,  ou  pavot  cornu,  plante  papavéracée 
appartenant  aux  rivages  caillouteux  et  sablonneux 
de  la  mer  et  des  fleuves  de  l'Europe  moyenne  et 
méridionale,  glaucium   chelidonium,  L. 

—  ETYM.  Glaucus,  glauque;  ainsi  dit  à  cause  de 
la  couleur  très-glauque  des  feuilles. 

t  t.  GI.AUCINE  (glô-si-n'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Principe  extrait  des  feuilles  du  glaucier. 

t  2.  GLAUCl.VE  (glau-si-n') ,  s.  f.  Nom  donné  au 
cowpox  naturel  à  cause  de  la  teinte  gris  bleu  des 
vésicules. 

—  ÉTYM.  Lat.  glaucus,  bleu. 

t  GLAUClQUE'(glô-si-k'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Acide  glaucique,  acide  découvert  dans  im   grand  j 


GLE 

nombre  de  familles  végétales,  chicoracëes,  caprir> 
liacées,  ombellifères,  etc. 

—  ÉTYM.  I^t.  glaucus,  bleu  ou  vert. 

t  GLALCO- FERRUGINEUX,  EUSE  (  glft-ko- 
fè-rru-ji-neù ,  nei5-z'),  adj.  Terme  do  minéralogie 
Se  dit  d'un  sable  ferrugineux  de  couleur  verte. 

—  ÉTYM.  Glauque,  et  ferrugineux. 

t  GLAUCOtATEUX,  EUSE  (glô-ko-ma-teû ,  teû- 
z'),  adj.  Terme  de  médecine.  Affecté  de  glaucome. 
Œil  glaucomateux. 

GLAUCO.WE  (glô-kO-m'),  s.  m.  Terme  de  méde- 
cine. Maladie  des  yeux  où  l'humeur  vitrée  devient 
opaque,  avec  déformation  de  la  pupille  et  affaiblis- 
sement de  la  vue. 

—  ÉTYM.  r).aûx<o(j.a,  de  yXoiuitô;,  glauque,  à  causi 
de  la  teinte  que  prend  le  fond  de  l'œil. 

t  GLAUCOME  (glô-ko-nie)  ou  GLAUCONITE 
(glô-ko-ni-f),  t.  f.  Terme  de  minéralogie.  VariéU 
(le  craie. 

t  GLAUCONIEUX,  EUSE  (gl6-ko-nieû,  nieû-z'), 
adj.  Qui  est  chargé  de  glauconie.  ||  Terme  de  gio- 
logie.  Le  système  glauconieux. 

t  GLAUCOPE  (glô-ko-p'),  s.  m.  Genre  d'oiseaux 
de  l'ordre  des  passereaux  coni rostres. 

—  ÉTYM.  Glauque,  et  d^,  lùno;,  œil. 

t  GLAUCOPICRIXE  (glé-ko-pi-kri-n'),»./'.  Terme 
de  chimie.  Substance  très-amère  extraite  du  glaucier. 

—  ÉTYM.  Glaucier,  et  mxpo;,  amer. 

f  GLAUCUS  (gifl-kus'),  î.  m.  Genre  de  mollus- 
ques. Il  Se  dit  aussi  de  quelques  poissons. 

t  GLACMET  (gl6-mè),  s. m.  Va  des  noms  vul- 
gaires du  pinson. 

GLAUQUE  (glô-k'),  adj.  ||  1*  Terme  didactique. 
Qui  est  de  couleur  vert  de  mer.  Feuilles  glauques. 
Il  2°  S.  m.  Petit  mollusque  gastéropode.  ||  Poisson 
du  genre  des  squales.  ||  S»  S.  m.  pi.  Les  glauques, 
famille  de  l'ordre  des  hypsoptères,  comprenant  les 
chouettes.  ||  4"  S.  f.  Petite  plante  à  tiges  étalées 
sur  la  terre,  qui  forme  un  genre  dans  la  famille  des 
primulacées. 

—  ÉTYM.  Lat.  glaucus,  tiré  du  grec  f'ioiuxôi;. 

t  G  LA  VIA  U  (gla-viô),  î.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  clavelée. 

—  ÉTYM.  Corruption  du  mot  claveau  ou  cla- 
velée. 

GLÈBE  (glè-b'),  î.  /■.  ||  1*  Terme  de  féodalité. 
Fonds  de  terre  avec  ses  serfs  et  ses  droits.  Parla  les 
héritières  des  branches  aînées  mettaient  les  cadets 
mâles  hors  d'état  de  recueillii  une  glèbe,  st-sim. 
2117,  74.  L'esclavage  de  la  glèbe  s'établissait  quel- 
quefois après  une  conquête,  montesq.  Esp.  xm,  I». 
Le  Bourguignon  [Burgunde],  qui  faisait  paître  des 
troupeaux,  avait  besoin  de  beaucoup  de  terre  et  de 
peu  de  serfs;  et  le  grand  travail  de  la  culture  de  la 
terre  exigeait  que  le  Romain  eût  moins  de  glèbe  et 
un  plus  grand  nombre  de  serfs,  id.  ib.  xxx,  s.  Mon 
fermier....  Dénigrait  la  glèbe  et  la  taille,  bêbang. 
Prélint.  ;';  Droits  de  glèbe,  droits  annexés  à  la  glèbe, 
ceux  qui  étaient  attachés  à  la  possession  de  la  terre. 
Il  Attaché  à  la  glèbe,  se  disait  de  celui  quî  ne  pou- 
vait quitter  la  glèbe,  qui  changeait  de  propriétaire 
quand  la  terre  en  changeait.  Il  2°  Dans  le  style  élevé. 
Le  champ  qu'on  travaille.  La  nature,  qui  parle,  et 
que  ta  fierté  brave,  Aura-t-elleii  la  glèbe  atUichéles 
humains.  Comme  lus  vils  troupeaux  mugisunissous 
nos  mains?  volt.  Scythes,  iv,  a.  Que  de  gens  ado- 
rent l'argile  qu'ils  ont  pétrie!  combien  d'autres  sont 
amoureux  de  la  glèbe  qu'ils  ont  remuée  !  buff.  Dite, 
anim.  Œuv.  t.  v,  p.  367,  dans  pouoens.  L'homme 
qui  cultivait  la  terre  s'attachait  à  la  glùbe  par  les 
soins  qu'il  lui  donnait  et  s'en  éloignait  avec  déses- 
poir, RAYNAL,  1/ist.  phil.  v,  9.  L'hommc  rustique 
sent  son  âme  s'ouvrir  aux  influences  de  la  reli- 
gion, et  sa  glèbe  aux  rosées  du  ciel,  ciiateaub.  Gé- 
nie, IV,  I,  7.  Le  vilain  acquiert  le  sol,  et  n'en  de- 
mande pas  davantage,  content  de  posséder  la  glèbe 
à  laquelle  il  fut  attaché,  il  la  fait  valoir  à  sa  mode, 
c'est-à-dire  par  le  travail;  or,  plus  la  glèbe  est  di- 
visée, plus  elle  s'améliore  et  prospère,  P.  L.  couR. 
Lett.  V.  Il  3°  Motte  de  terre.  Écraser  les  glèbes. 
Il  4°  Terre  où  l'on  trouve  du  minerai. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gleba,  gleza:  espagn.  et  ital. 
gleba;  du  lat.  gleba,  motte  de  terre,  qui  se  rappro- 
che de  gtobut,  globe,  et  a  même  sens  et  même 
origine. 

t  GLÉCIIOME  (glé-ko-m'),  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Gléchome  hédérxcé  (labiées),  appelé  vulgaire- 
ment lierre  terrestre,  herbe  de  la  Sl-Jean,  tcrrêle,. 
rondelette,  glechntna  hcderacea,  L. 

t  GLEICilÊ.MEES  (glè-ké-ni-ée),  s.  f.  Terme  dt 
botani(]ue.  Tribu  de  fougères. 

t  GLElSSIN(glè-sin),  s.  m.  Terme  dépêche.  Pois 
son  qu'on  regarde  au  Croisie  comme  u::  anchois 


GIJ 

*.  GLÈrrE  (glè-n'),  s.  f.  Terme  d'anatomie.  Cavité 
peuprofonded'unosdans  laquelle  un  autre  s'articule. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Ij.  dite  boette  de  l'omoplate  est 
appellée  glene,  paré,  iv,  (9. 

—  ÊTYM.  Grec,  yXifiri,  cavité. 

[  2.  GLÈNE  (glè-n'),  s.  f.  Terme  de  pêche.  Panier 
r mvert  pour  mettre  le  poisson.  ||  Terme  de  marine. 
Disposition  d'un  cordage  ployé  en  rond  et  dont  les 
tours  sont  rangés  régulièrement. 

■f  GLÉNER  (glé-né),  v.  a.  Terme  de  marine. 
Ployer  un  cordage  en  rond  sur  lui-même. 

GLÉNOÏDAL,  ALE  _(glé-no-i-dal,  da-1'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Cavité  glénoïdale,  cavité  qui  sert 
.^  l'emboîtement  d'un  os  dans  un  autre. 

—  RTYM.  Glénoide. 

(iLÉXOÏDE  (glé-no-i-d'),  ad;.  Terme  d'anatomie. 
Synonyme  de  glénoïdal.  Fosse  glénoïde.  La  cavité 
glénoîdo  de  l'omoplate. 

—  i:tvm.  rX^v»),  glène  ),  et  elSo;,  forme. 

t  GLÉNOÏDIEN,  ENNE  (glé-no-i-diin,  diè-n'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  une  cavité 
glénoïde.  Ligament  glénoîdien  ,  bourrelet  (îbro- 
cartilagineux  qui ,  entourant  la  cavité  glénoïde  de 
l'omoplate,  en  augmente  la  profondeur. 

GLKTTE  (glè-f),  s.  f.  Nom,  dans  l'affinage,  de 
l'oxyde  de  plomb  ou  litharge. 

—  ËTYM.  Allem.  Glàtte,  de  glatt,  uni,  lisse. 

\  GLEDCOMÈTRE  (gleu-ko-mè-tr'),  s.  m.  Instru- 
ment qui  indique  la  pesanteur  spécifique  du  moût 
du  raisin,  et,  par  suite,  la  quantité  de  sucre  qu'il 
contient. 

—  ÉTYM.  rXsûxoç,  moût,  et  (isTfov,  mesure. 

t  GLECCO.MÉTRI0CE  (gleu-ko-mé-tri-k') ,  adj. 
Qui  a  rapport  au  gleucomètre.  Échelle  gleucomé- 
trique  des  sirops. 

t  GLLVDINE  (gli-a-di-n'),  i.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  azotée  que  le  gluten  cède  à  l'alcool  froid. 

—  F.TYM.  nîa,  colle. 

t  GLIRIEN,  lENNE  (gli-riin,  riè-n'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  ressemble  au  loir.  ||  S.m.plur.  Les 
gliriens,  sorte  de  rongeurs. 

—  RTYM.  Lat.  glis,  gliris  (voy.  loib). 

f  GLIRON  (gli-ron),  s.  m.  Nom  du  loir  dans  quel- 
ques provinces. 

—  Rtym.  Lat.  ycis,  gliris  (voy.  loir). 
GLISSADE  (gli-sa-d'),  s.  f.  ||  1°  Action  de  glisser. 

Il  fit  une  glissade  et  tomba.  Il  commençait  à  se  dé- 
biter que  cet  accident  était  arrivé  par  un  effortqu'il 
[h  duc  de  Berry]  avait  fait  à  la  chasse  en  retenant 
son  cheval  qui  avait  fait  une  grande  glissade,  ST- 
siM.  366,  194.  Il  2»  Jeu  d'enfant  qui  consiste  à  se  lan- 
cer sur  une  surface  de  glace  qu'on  a  frayée,  et  à  la 
parcourirentenantlecorpsdebout.  ||  L'endroit  même 
de  la  glace  ainsi  frayée,  nommé  plus  exactement 
glissoire.  ||  3°  Fig.  Faux  pas,  manquement  dans  la 
conduite.  Rodrigue  suit  ici  son  devoir  sans  rien  re- 
lâcher de  sa  passion  ;  Chimène  fait  la  même  chose 
à  son  tour,  sans  laisser  ébranler  son  dessein  par  la 
douleur  où  elle  se  voit  abîmée;  et,  si  la  présence  de 
son  amant  lui  fait  faire  quelque  faux  pas,  c'est  une 
glissade  dont  elle  se  relève  à  l'heure  même,  cokn. 
Cid,  Exam.  ||  Faire  une  glissade,  se  dit  d'une  femme 
qui  se  laisse  séduire.  ||  4°  Terme  de  danse.  Nom 
d'une  espèce  de  coupé,  qui  ne  se  fait  que  pour  aller 
de  côté  et  sur  la  même  ligne,  soit  à  droite  ou  à 
gauche.  ||  6°  Mouvement  de  la  pique  en  avant  ou 
en  arrière. 

—  ÉTYM.  Glisser;  picard,  glinchade. 

t  GLISSAGE  (gli-sa-j'),  s.  m.  Action  de  faire  des- 
cendre les  bois  des  montagnes  par  les  couloirs. 

—  ÉTYM.  Glisser. 

GLISSANT,  ANTE  (gli-san,  san-t'),  adj.  \\  1°  Où 
l'on  glisse  facilement.  Le  pavé  est  glissant.  Les  che- 
mins étaient  presque  partout  escarpés,  étroits, glis- 
sants, ROLLiN,  llisl.  anc.  CEuv.  t.  i,  p.  396,  dans 
POUGENS.  Sur  cette  montagne  glissante.  Elevant  sa 
roche  roulante,  Sisyphe  gémit  sans  secours,  lamotte. 
Odes,  t.  i,  p.  309,  dans  pougens.  ||  Qui  échappe  fa- 
cilement des  mains.  Plus  on  serre  les  choses  glis- 
santes, plus  elles  échappent,  boss.  Médit,  sur  l'Évang. 
la  Cène,  i"  partie,  w  jour.  \\  2°  Fig.  Où  l'on  ne  se 
maintient  qu'avec  difficulté  ou  péril.  Un  terrain 
glissant.  Je  m'en  vais  me  conduire  entre  des  préci- 
pices. Dans  un  sentier  glissant,  tristan,  Mariane, 
n,  4.  ...la  joie  est  un  pas  glissant.  Si  sur  soi  l'on  n'est 
bien  puissant,  sc\bron,  Virg.  vu.  Vous  favori  I  vous 
grandi  défiez-vous  des  rois  ;  Leur  faveur  est  glis- 
sante, on  s'y  trompe,  et  le  pire  C'est  qu'il  en  coûte 
cher....  ;.A  font.  Vabl.  x,  )0.  La  finesse  est  l'occa- 
sion prochaine  do  la  fourberie;  de  l'une  à  l'autre  le 
pas  est  glissant,  la  bruy.  viii.  Fait  pour  être  chef  de 
parti,  poste  toujours  glissant  où  l'on  a  également  à 
craindre  sesennemis  et  ses  amis,  volt. Mœurs,  I7B. 

DICT.    DE    LA    LANGUE    FHANCAI.SE. 


GLI 

Qui  me  soutiendra  dans  les  pas  glissants  de  la  vie? 
DiDER.  Claude  et  Nér.  ii,  t.||3'  Terme  de  gram- 
maire. Syllabe  glissante,  syllabe  non  accentuée. 

t.  GLISSÉ,  ÊE  (gli-sé,  sée),  part,  passé  de  glis- 
ser. Il  1°  Introduit  furtivement  ou  sans  être  aperçu. 
Peut-être  y  verras-tu  [dans  tes  actions]  malgi-é  ton 
bon  dessein,  À  chaque  occasion  mille  offenses  glis- 
sées Contre  le  grand  monarque  ou  contre  le  pro- 
chain, CORN.  Imit.  I,  <9.  Il  2°  Dit  furtivement,  à 
voix  basse,  en  secret.  Un  conseil  glissé  à  l'oreille. 
Il  3°  Ecrit  à  propos  d'autre  chose  dans  une  let- 
tre, dans  un  mémoire,  etc.  Un  petit  mot  glissé 
dans  votre  lettre  que  M.  Dupuits  m'a  apportée  m'o- 
blige de  vous  ouvrir  tout  mon  coeur,  volt.  Lett. 
Mme  de  St  Julien,  22  janv.  1772.  ||  4"  Pas  glissé, 

voy.  GLISSÉ  2. 

2.  GLISSÉ  (gli-sé),  s.  m.  Pas  de  danse  qui  con- 
siste à  passer  le  pied  doucement  devant  soi,  en  tou- 
chant légèrement  le  plancher, 

—  ÉTYM.  Glissé  t. 

GLISSEMENT  (gli-se-man) ,  s.  m.  \\  1°  Action  de 
glisser.  Le  glissement  d'un  châssis  dans  sa  coulisse. 
Il  2"  Dans  une  exploitation  de  mine.  Espèce  de  re- 
jet, produit  par  les  couches  qui  s'abaissent  à  l'en- 
droit même  d'une  fente  ou  d'une  faille. 

—  HlST.  XV*  s.  Guillaume  fléchit,  et  lui  glissa  un 
petit  le  pied,  et  tant  que  pour  le  glissement  son 
glaive  s'abaissa,  froiss.  u,  u,  8). 

—  ÉTYM.  Glisser. 

GLISSER  (gli-sé),  V.  n.  ||  1°  Couler  sur  un  corps 
gras,  ou  lisse,  ou  poli.  11  saisit  la  corde  et  se  laissa 
glisser  jusqu'à  terre.  Mercredi  27  décembre  1684  : 
Le  roi  ne  sortit  point  ;  Monseigneur  alla  glisser  sur 
la  glace,  dangeau,  i,  84.  Il  n'est  pas  étonnant  que 
des  murs,  quelque  solides  qu'ils  soient,  glissent  sur 
le  premier  banc  de  cette  argile  humide,  s'ils  ne 
sont  pas  fondés  à  plusieurs  pieds  au-dessous,  buff. 
^ddit.  théor.  terr.  Œuvres,  t.  xiii,  p.  iTt,  dans 
POUGENS.  Il  Absolument.  Faire  des  glissades.  Ils 
ont  passé  deux  heures  entières  à  glisser.  Ils  man- 
quent l'école  pour  aller  glisser.  ||  Fig.  N'approfondis 
jamais  rien  dans  la  vie,  Et  glisse-moi  sur  la  super- 
ficie, VOLT.  Prude,  v,  2.  Sur  un  mince  cristal  l'hi- 
ver conduit  leurs  pas.  Le  précipice  est  sous  la 
glace;  Telle  est  de  vos  plaisirs  la  trompeuse  sur- 
face; Glissez,  mortels,  n'appuyez  pas,  roy,  Vers  au 
bas  d'une  gravure  représentant  des  patineurs,  dans 
ÉD.  FOURNIEB,  l'Esprit  des  autres,  p.  44.  ||  Fig.  C'est 
votre  tour  à  glisser,  c'est  à  vous  à  glisser,  se  dit  à 
quelqu'un  dont  le  tour  est  venu  de  faire  ce  que  d'au- 
tres ont  déjà  fait  avant  lui,  en  parlant  d'affaire,  de 
travail  ou  de  péril.  ||  2»  Particulièrement,  manquer  en 
parlant  du  pied  qui  vient  à  couler  sur  quelque  chose 
de  gras,  de  poli,  de  mouvant.  Il  glissa  sur  le  pavé  et 
fit  une  lourde  chute.  Ils  n'avaient  des  chaussures  qu'à 
un  pied,  pour  ne  pas  glissersi  facilement  dans  la  boue, 
ROLLIN,  llist.  anc.  Œuv.  t.  m,  p.  547,  danspououNS. 
Il  Le  pied  lui  a  glissé,  son  pied  a  glissé.  ||  Fig.  Il 
fun  homme  impliqué  dans  l'aft'airo  de  la  duchesse 
du  Maine]  fit  une  confession  générale,  sans  rien 
déguiser  ni  omettre  ;  il  fit  plus  :  quand  on  com- 
mence à  glisser,  on  ne  s'arrête  qu'au  bas  de  la 
pente....  staal,  Mém.  t.  n,  p.  138.  ||  Fig.  Le  pied 
lui  a  glissé,  se  dit  d'une  personne  qui  insensi- 
blement est  tombée  dans  quelque  faute.  Crois-tu 
que ,  toujours  ferme  au  bord  du  précipice.  Elle 
pourra  marcher  sans  que  le  pied  lui  glisse?  boil. 
Sat.  X.  Il  On  dit  de  même  :  Prenez  garde  que  le 
pied  ne  vous  glisse.  ||  3»  On  dit  qu'un  coup  glisse, 
quand,  au  lieu  d'enfoncer,  il  descend  sans  entamer 
profondément.  Le  coup  glissa  et  n'enfonça  guère 
avant,  ^kn.  Tél.  xiii.  Le  plaisir  nous  venge;  Sur 
nous  du  sort  il  fait  glisser  les  coups,  bérang.  Escl. 
gaulois.  ||  Fig.  Faire  peu  d'impression.  Nos  remon- 
trances n'ont  fait  que  glisser  sur  lui.  Nous  avions 
alTaire  à  une  femme  sur  qui  toutes  ces  choses-là 
glissaient  et  qui  ne  voyait  jamais  le  présent  et 
point  le  passé,  marivaux,  Pays.  parv.  4"  part. 
il  4°  Cheminer,  comme  en  glissant,  sur  les  eaux, 
dans  les  airs.  Notre  belle  Loire  est  entièrement  à 
sec  en  plusieurs  endroits;  je  ne  >'oraprends  pas 
comme  auront  fait  madame  de  Montospan  et  ma- 
dame de  Tarente;  elles  auront  glissé  sur  le  sable, 
sÉv.  289.  Couverte  de  sa  voile  blanche,  La  barque, 
sous  son  mât  qui  penche,  Glisse  et  creuse  un  sillon 
mouvant,  lamart.  llarm.  i,  10.  Ainsi  tout  change, 
ainsi  tout  passe;  Ainsi  nous-mêmes  nous  pas- 
sons. Hélas  !  sans  laisser  plus  do  trace  Que  cette 
barque  où  nous  glissons  Sur  cette  mer  où  tout 
s'efface,  m.  Méd.  i,  21.  Tout  à  coup,  détaché  des 
cieux,  Un  rayon  de  l'astre  nocturne,  Glissant  sur 
mon  front  taciturne,  id.  ib.  i,  4.  ||  5°  Échapper,  ne 
pas  être  retenu.  Cela  m'a  glissé  des  mains.  Quel- 


GLI 


1881 


que  terme  où  nous  pensions  nous  attacher  et  nous 
affermir,  il  branle  et  nous  quitte;  et,  si  nous  le 
suivons,  il. échappe  à  nos  prises,  nous  glisse  et  fuit 
d'une  fuite  éternelle,  pasc.  Pensées,  t.  i,  p.  2t8,  éd. 
LAUURE.  La  nature  du  monde  est  de  glisser,  de 
passer  vite,  d'aller  en  fumée,  en  néant,  noss.  Méif't. 
sur  VÉvang.  Cène,  impartie,  »0' jour.  ||  Fig.  et 
famihèrement.  Glisser  des  mains  à  quelqu'un,  lui 
échapper,  ne  pas  être  tenu,  retenu,  contenu  par 
lui.  Ce  monsieur  de  Nevers  si  difficile  à  ferrer,  c« 
monsieur  de  Nevers  si  extraordinaire,  qui  glisse 
de»  mains  alors  qu'on  y  pense  le  moins,  sév.  8. 
Il  6°  Pénétrer,  en  parlant  des  choses  morales  qui 
s'insinuent  peu  à  peu.  Un  malheur  inconnu  glisse 
parmi  les  hommes,  Qui  les  rend  ennemis  du  repos 
où  nous  sommes;  La  plupart  de  leurs  vœux  tendent 
au  changement,  malh.  ii,  ).  Ces  paroles  firent 
glisser  l'espérance  jusqu'au  fond  des  entrailles  de  Ca- 
lypso,  FÉN.  Tél.  VII.  Il  7°  Passer  légèrement  sur  quel- 
que matière  qu'il  ne  convient  pas  d'approfondir.  Il 
faut  glisser  sur  tout  cela  et  se  bien  garder  de  s'aban- 
donner à  ses  pensées,  sÉv.  24.  Je  répliquai  en  ap- 
puyant sur  l'estime,  sur  l'amitié,  sur  les  louanges 
de  sa  fille;  je  glLssai  sur  le  reste,  marmontel,  Mém. 
m.  Je  voulus  glisser  doucement  là-dessus,  en  disant  : 
cela  est  fait,  sire,  il  n'y  faut  plus  penser,  oenlis, 
Mme  de  Maintenon,  t.  ii,  p.  468,  dans  pougens.  Il 
ne  faut  pas  glisser  trop  légèrement  sur  une  matière 
aussi  importante,  chateaub.  Génie,  i,  m,  3.  ||8°  T. 
a.  Faire  glisser.  Monsieur,  lui  dis-je  en  me  cour- 
bant le  corps  et  en  glissant  un  pied  vers  lui  selon 
notre  coutume,  je  me  flatte  que  ma  juste  curiosité 
ne  vous  déplaira  pas,  volt.  Pict.  phil.  Quakers. 
Il  9'  Couler  adroitement  ou  furtivement  un  objet  en 
quelque  endroit.  Glisser  sa  main  dans  la  poclie  de 
quelqu'un.  Il  se  faisait  toujours  suivre  de  quelques 
domestiques  qui  avaient  ordre  de  glisser  secrète- 
ment quelque  pièce  d'argent  dans  la  main  des  pau- 
vres qu'on  rencontrait,  rollin,  llist.  anc.  Œuv. 
t.  in,  p.  34B,  dans  pougens.  Je  glisse  môme  dans 
mon  paquet  un  placct  pour  le  roi,  volt.  Lett.  Du- 
chesse de  Choiseul,  9  avril  (770.  Rosalie  a  reçu  la. 
billet? — Du  moins  je  l'ai  glissé  sous  sa  porte, 
nE  BiÊVRE,  Séducteur,  v,  4 .  ||  10°  Kig.  Mettre  dans 
ce  qu'on  écrit  ou  ce  iiu'on  dit  quelque  chose  qu'on 
veut  cacher  ou  qu'on  n'ose  pas  énoncer  directement. 
Glisser  une  clause  dans  un  contrat.  Dans  son  com- 
pliment il  lui  glisse  la  beauté  de  la  négociation 
qu'il  va  faire,  sÉv.  574.  M.  de  Pompone  a  glissé 
fort  à  propos  nos  cinq  mille  francs;  le  roi  dit  en 
riant:  on  dit  tous  les  ans  que  ce  sera  pour  la  der- 
nière fois;  M.  de  Pompone,  en  rimt,  répliqua  : 
Sire,  ils  sont  employés  à  bien  vous  servir,  m.  Lett. 
9  déc.  4  676.  Cela  me  fournit  une  occasion  naturelle 
de  glisser  bien  des  choses  au  roi,  qui  en  leur  temps 
porteront  des  fruits,  maintenon,  Lett.  au  cardinal 
de  Noailles,  4  8  déc.  4  695.  De  temps  en  temps,  de 
mon  côté,  je  glisse  le  petits  mots,  afin  qu'elle  y 
prenne  garde,  mahivaux,  les  Surpr.  de  l'am.  i,  4  0. 
Voilà  encore  ce  qu'il  ne  faut  point  dire,  me  glissa- 
t-olle  en  me  quittant,  ID.  Pays.  parv.  3'  partie.  Ne 
pouvait-il  pas  lui  glisser  [à  M.  de  Starembcrg)  qu'il 
y  a  un  barbouilleur  de  papier  qui  a  trouvé  son 
traité  [le  traité  de  Versailles]  admirable,  et  qui 
désire  d'en  écrire  un  jour  les  suites  heureuses? 
VOLT.  Lett.  d'Argental,  24  mai  1758.  ||  Glisser  deux 
mots  à  l'oreille  de  quelqu'un,  lui  dire  deux  mots  à 
l'oreille.  ||  11°  Fig.  Insinuer,  faire  pénétrer  par  insi- 
nuation. C'est  lui  qui  a  glissé  cette  erreur  parmi  le 
ppuple.  Il  [l'Amour]  glissait  dans  son  cœur,  en  lui  di- 
sant ces  mots,  Un  désir  inconnu  de  plaire  à  ce  héros, 
VOLT.  Henr.  ix.  Ta  plainte....  glisse  l'amour  dans  son 
sein,  LEBRDN,  Odes,  i,  9.  ||  12»  Se  glisser,  v.  réfl.  Se 
couler,  pénétrer  sans  être  aperçu  ou  avec  précau- 
tion  Dans  le  lit  il  se  glisse  En  grand  silence... 

LA  FONT.  Mandr.  Nos  Grecs  dispersés  Se.sont  ju.squ'à 
l'autel  dans  la  foule  glissés,  rac.  Androm.  v,  3.  Un 
serpent  qui  se  glisse  entre  les  fleurs  est  plus  à 
craindre  qu'un  animal  sauvage  qui  s'enfuit  vers  sa 
tanière  dès  qu'il  vous  aperçoit,  fén.  Dial.  des  morts 
anc.  Dial.  xvu.  Comme  il  se  glissait  la  nuit  chez.... 
HAMiLT.  Gramm.  6.  Je  tachai,  en  me  glissant  tout 
doucement,  de  gagner  le  haut  de  l'église,  Mari- 
vaux, Marianne,  2*  part.  Cet  empereur  |AchmctIII] 
se  déguisait  souvent  en  homme  privé,  en  iman  ou 
en  dervis;  il  se  glissait  le  soir  dans  les  cafés  de 
Constantinople  et  dans  les  lieux  publics  pour  en- 
tendre ce  qu'on  disait  de  lui,  volt.  Charles  XII,  7. 
Peut-être  un  meurtrier  parmi  vous  s'est  glissé, 
DELAV.  Vêpres  sicil.  v,  3.  Voici  l'heure  où  je  viens, 
à  la  chute  des  jours.  Me  glisser  sous  ta  voûte  obscure, 
Et  chercher,  au  moment  où  s'endort  la  nature. 
Celui    qui   veille  toujours,    lamart.   llarm.  i,  s 

23G 


1882 


GLO 


nW"  Fig.  Pénétror  sans  être  aperçu,  on  parlant  do 
cliosos.  Il  s'fst  glissé  dos  fautes  dans  cot  onvrage. 
Cotte  noca  [une  noce  faite  à  huis  closl  sora 
confondue  le  plus  joliment  ot  le  plus  naturellement 
du  monde  avec  toutes  les  autres  actions  de  la  vie, 
et  s'est  glissée  si  insensiblement  dans  le  train  ordi- 
naire, que  personne  ne  s'est  avisé  qu'il  soit  arrive 
quelque  fête  dans  ces  deux  familles,  SÉV.  <0  mars 
4887.  Il  14"  S'insinuer.  Je  sentais  une  secrète  flamme 
Ou\  se  glissait  dans  mes  os,  voit.  Poésies,  ilans 
wciiELET.  Ou  si  quelque  lumière  en  leur  âme  se 
glisse,  CORN.  Pomp.  iv,  1.  Quelle  horrible  frayeur 
se  glisse  dans  mes  veines  I  rotrou,  Ilerc.  mour.  m, 
4.  Combien  de  fois  arrêta-t-il  une  flatterie  qui, 
comme  un  gerpent  tortueux,  allait  se  glisser  dans 
son  âme  [du  jeune  princej  !  fléch.  duc  de  ^fon(.  Et 
l'espoir  malgré  moi  s'est  glissé  dans  mon  cœur, 
BAC.  Phèd.  ni,  1 .  Paroles  qui  se  glisseront  comme 
un  serpent  sous  les  fleurs,  fén.  Tél.  i. 

—  HlST.  XIII'  s.  Les  chcveus  a  tout  hericiés,  Les 
yex  crues  fcreux]  en  parfond  gliciés ,  la  Rose  , 
<0200.  Il  XV*  s.  Icellui  Godart  rua  un  estoc  de  son 
cspée;  mais  le  cop  glinsa  jusques  au  visage, 
nu  CANGE,  clidare.  \\  xvi*  s.  Cette  doulceur  que  sen- 
tent ceux  qui  se  laissent  glisser  au  sommeil,  mont. 
II,  54.  En  un  lieu  glissant  et  coulant  suspendons 
nostre  créance,  m.  u,  24t.  Le  serpent  se  glissa  con- 
tremont  le  long  de  son  col  jusques  à  ce  qu'il  l'at- 
taignit  à  la  face,  amyot,  Thém.  48.  Il  feit  forger 
salades  et  morrions  tous  de  fer,  bien  polis  par  de- 
hors, à  fin  que  les  espées  glissassent  au  long,  m. 
Cam.  685.  Il  en  vouloit  k  ceulx  qui  parvoyes  obli- 
ques s'alloicnt  glissans  en  la  bonne  grâce  du  peu- 
ple, ID.  Harius,  49.  Hz  deschausserent  leurs  sou- 
liers, pource  que  l'on  glisse  moins  en  montant  à 
piedz  nudz  sur  des  cschelles,  id.  Aratus,  24.  Il 
gaigna l'autre  rive....  la  terre  y  glissoit  à  cause  delà 

fange  qu'il  y  avoit,  id.  Alex.  28 Afin  que  l'âge 

qui  glisse  Ne  les  mette  à  nonchaloir,  rons.  396. 
Il  n'est  si  bien  ferré  qui  ne  glisse,  Leroux  de  lincy, 

PrOV.  t.  II,  p.  3(6. 

—  ÉTYM.  Allem.  gliCschen  ;  flam.  glitsen,  glisser. 
Le  mot  le  plus  ancien  est  non  pas  glisser,  mais  9(0- 
cier,  qui  vient  de  -glace  :  xii*  s.  Por  ceu  [ce]  ke  li 
piet  de  ceis  [ceux]  ki  à  lei  se  verront  apoier  ne  puist 
glacier  en  la  voie,  st-bern.  p.  688. 

GLISSECR  (g!i-seur),  s.  m.  Celui  qui  glisse  sur  la 
glace.  Les  glisseurs  et  les  patineurs. 

—  tTYM.  Glisser. 

t  GLISSIÈRE  (gli-siè-r'),  s.  f.  Terme  de  mécani- 
que. Hainure  où  glisse  un  mécanisme.  ||  Terme  d'ar- 
tillerie. Disposition  pratiquée  sur  la  partie  inférieure 
de  l'affût  des  grosses  pièces,  afin  de  pouvoir  prendre 
les  directions  latérales  exigées  par  le  pointage. 

—  Etvm.  Glisser. 

f  GLISSOIR  (gli-soir),  s.  m.  Couloir  pratiqué 
dans  les  montagnes  pour  fairedescendre  les  bois  cou- 
pés. Des  sommes  immenses  ont  été  employées  à 
construire  des  routes,  des  chaussées,  des  ponts,  des 
glissoirs,  pour  l'extraction  de  la  mâture  dans  les  Py- 
rénées, DRALET,  Traité  des  forêts  d'arbres  résineux, 

p.  254. 

—  ÉTYM.  Glisser. 

GLISSOIRE  (gli-soi-r*),  s.  f.  Endroit  frayé  sur  la 
glace  pour  y  glisser  (voy.  glissade). 

—  ETYM.  Glisser;  géncv.  une  glisse. 
IGLOBAIRG  (glo-bê-r"),  adj.  Terme  de  minéra- 
logie. Oui  est  fait  de  masses  globuleuses. 

—  ÉTYM.  Globe. 

GLOBE  (glo-b'),  s.  m.  \\i'  Corps  rond  ou  à  peu 
près  sphérique.  Un  globe  de  verre.  En  son  globe  il 
a  vu  la  matii're  première,  Régnier,  Sat.  x.  Les  Égyp- 
tiens reconnurent  un  dieu  suprême  malgré  toutes 
leurs  superstitions  ;  ils  le  nommaient  Knef,  et  ils  le 
représentaient  sous  la  forme  d'un  globe,  volt.  <" 
homél.  Athéisme.  Des  officiers  arrivaient  de  toutes 
parts;  tous  s'accordaient  :  dès  la  première  nuit,  un 
globe  enflammé  s'était  abaissé  sur  le  palais  du 
prince  Troubetskoï  [à  Moscou],  et  l'avait  consume, 
sÊoua,  Ilist.  de  Nap.  viii,  6.  Longtemps  après  sa 
chute  [de  la  bombe]  on  voit  fumer  encore  La  bouche 
du  mortier  large,  noire  et  sonore.  D'où  monta  pour 
tomber  le  globe  au  vol  pesant,  v.  hugo.  Odes,  m,  6. 
Il  Terme  de  physique.  Globe  électrique,  globe  de 
verre  que  l'on  fait  tourner  sur  son  axe  et  que  l'on 
frotte.  Il  Fig.  et  poétiquement.  Les  globes,  les  seins 
d'une  jeune  fille.  D'un  sein  plus  arrondi  les  globes 
achevés  D'un  souffle  égal  et  pur  abaissés,  élevés, 
lamabt.  Kéd.  Jeune  filU.  ||  ï"  Il  se  dit  des  astres,  des 
pianotes.  Le  globe  du  soleil.  Vois  ces  sphères  de  feu, 
ces  globes  de  lumière,  Rien  n'interrompt  leurcourso 
ou  change  leur  carrière,  brSb.  fhart.u.  Des  globes 
qui   égalent  ou  surp»s3en\  même  de  beaucoup  en 


r.LO 

grandeur  notre  monde,  des  globes  qui  tournent  au- 
tour du  soleil  et  sur  eux-mêmes,  des  globes  qui  sont 
le  centre  des  rovolutions  de  plusieurs  lunes,  dos 
globes  dans  lesquels  on  découvre  des  parties  sembla- 
bles ou  analogues  à  celles  qu'on  observe  sur  la  terre, 
ces  globes,  dis-je,  je  le  demande  à  la  raison,  seraient- 
ils  sans  habitants?  bonnet,  Caus.  prem.  vu,  7.  Le 
cours  silencieux  De  ces  globes  brillants  dispersés 
dans  les  cieux,  diicis,  Ahxifar,  11,  7.  Je  reviendrai, 
poursuit-elle,  et  ton  âme  Ira  franchir  tous  ces  mon- 
des flottants.  Tout  cet  azur,  tous  ces  globes  de 
flamme  Que  Dieu  sema  sur  la  route  du  temps,  bé- 
rano.  Treize  à  table.  Alors  ces  globes  d'or,  ces  îles 
de  lumière,  Que  cherche  par  instinct  la  rêveuse  pau- 
pière, Jaillissent  par  milliers....  LAMART.  Idéd.  11,8. 
Il  3"  Absolument.  La  terre.  La  formation  du  globe. 
Faire  le  tour  du  globe.  Ce  globe  mal  connu,  qu'il 
[Maupertuis]  asu  mesurer,  Devient  un  monument  où 
sa  gloire  se  fonde;  Son  sort  est  de  fixer  la  figure  du 
monde.  De  lui  plaire  et  de  l'éclairer,  volt.  Lett.  Loo- 
maria,  17  juillet  )74).  Les  anciens  ne  connaissaient 
qu'une  très-petite  partie  du  globe;  l'Amérijue  en- 
tière, les  terres  arctiques,  la  terre  australe  et  magel- 
lanique,  une  grande  paitiede  l'intérieurde  l'Afrique 
leur  étaient  entièrement  inconnues,  buff.  Ilist.  nat. 
Preuv.  théor.  terr.  OEwo.  t.  i,  p.  307,  dansrouGENS. 
Il  Globe  terrestre ,  globe  de  cuivre  ou  de  carton 
sur  lequel  est  représentée  la  figure  de  la  terre. 
Globe  céleste,  celui  sur  lequel  sont  représentées  les 
étoiles  dans  les  constellations  qu'elles  composent. 
Il  4°  Boule  ronde  surmontée  d'une  couronne,  celle- 
ci  d'une  croix,  symbole  de  la  puissance  souveraine, 
adoptée  et  portée  avec  cette  signification  par  les  em- 
pereurs romains  depuis  Caracalla,  et  par  les  empe- 
reurs de  l'Orient  et  de  l'Occident,  de  laborde, 
Émaux,  p.  331.  Il  5°  Terme  d'anatomie.  Globe  de 
l'oeil  ou  globe  oculaire,  l'œil  considéré  indépendam- 
ment des  muscles  qui  s'y  attachent  et  des  autres 
tissus  qui  l'entourent.  ||  Globe  utérin,  proéminence 
arrondie  que  l'utérus,  revenu  sur  lui-même  après 
l'accouchement,  forme  au-dessus  de  la  symphyse 
pubienne.  ||  Terme  de  pathologie.  Globe  hystérique, 
sensation  d'un  corps  rond  qui,  chez  la  femme  hys- 
térique, semble  monter  de  l'utérus  dans  l'abdomen, 
dans  la  poitrine,  et  jusqu'au  larynx,  et  produit  un 
sentiment  de  strangulation.  ||  6°  Terme  d'art  mili- 
taire. Globe  de  compression,  espèce  de  fougasse 
préparée  pourdétruire  une  galerie  de  mine.  |{  7°  Pois- 
son du  genre  tédrodon.  {|  Espèce  d'oursin. 

—  HIST.  xvi*  s.  Le  globe  du  soleil  est  soixante  et 
six  fois  plus  grand  que  celuy  de  la  terre,  paré, 
Monstr.  4. 

—  ÉTYM.  Lat.  glo]  ;i;, globe,  qui  doit  être  rappro- 
ché de  gleba,  glèbe,  et  de  glomerare,  pelotonner. 
On  trouve  le  diminutif  gloheau  au  xv*  siècle  :  Ap- 
parut feu  à  gros  globeaux  sur  la  ville  de  Paris,  Ju- 
VEN.  DES  UHS.  Charles  VI,  <38l. 

t  GLOBIFLORE  (glo-bi-fio-r'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  a  des  fleurs  globuleuses. 

—  ÉTYM.  Globe,  et  le  lat.  flos,  fleur. 

t  GLOBIFOR.ME  (glo-bi-for-m'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  a  la  forme  d'un  globe. 

—  ÉTYM.  Globe,  et  forme. 

+  GLOBO  (I\)  (in'-glo-bo),  lac.  adv.  En  masse, 
sans  examiner  les  détails.  Tellier  voulut  une  con- 
damnation in  globo,  n'épargnant  rien  et  tombant 
sur  tout  le  livre,  st-sim.  346,  26. 

—  ÉTYM.  Lat.  in,  en,  et  globo,  globe,  masse. 
GLOBULAIRE    (glo-bu-lé-r'),    adj.    ||   1°   Terme 

didactique.  Qui  a  la  forme  d'un  globe.  Entre  cinq 
et  six  heures  du  soir,  les  énormes  et  magnifiques 
masses  globulaires  de  fumée  [dans  une  éruntinndu 
Vésuve]  offrirent  de  curieux  phénomènes  d'Ciectri- 
cité  :  de  temps  à  autre  elles  se  trouvaient  traver- 
sées par  des  éclairs  soit  en  lignes  brisées  ou  zigzag, 
soit  en  étincelles  isolées,  Acad.  des  se.  Comptes 
rendus,  t.  lui,  p.  «236.  ||  Terme  de  botanique.  Glan- 
des globulaires,  glandes  végétales  de  forme  sphéri- 
que, ne  tenant  à  l'épiderme  que  par  un  point. 
Il  Cartes  globulaires  ou  curvilignes,  par  opposition 
à  cartes  rectilignes.  ||  2»  S.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  la  famille  des  globulariées,  ainsi  nom- 
mées parce  que  leurs  fleurs  sont  ramassées  en  forme 
de  petite  houle.  ||  Globulaire  alypon  ou  globulaire 
turbith,  appelée  turbilh  blanc,  séné  de  Provence  et 
à  tort  herbo  terrible  ou  malherbe,  elle  purge  douce- 
ment, globularia  alypon,  L.  ||  Globulaire  commune 
dite  absolument  globulaire  et  marguerite  bleue. 

—  ÉTYM.  Globule. 

t  GLOBULARIÉES  (glo-bu-la-ri-ée),  i.  f.  pi.  Pe- 
tite famille  de  plantes  dicotylcdonées,  formée  du 
seul  genre  globulaire. 

GLOBULE  (glo-bu-n.  s.  m.  ||  l"  Corps  sphérique 


GLO 

très-petit.  Quand  on  dit  que  le  cbaud  n'est  que  le 
mouvement  de  quelques  globules,  pasc.  Pensées  dit. 
70,  édit.  FAUGÊBE.  Nos  sottises,  nos  ridicules  S'é- 
chappent en  mille  globules,  C'est  le  vif-argent  dis- 
perse, DESMAHis,  Poésies,  p.  95,  dans  poucf.ns. 
Il  i'  Par  plaisanterie.  Le  globe  de  la  terre  considéré 
comme  infiniment  petit  on  comparaison  de  1  im-i 
mensité  de  l'univers.  Je  compte  aujourd'hui  sur  no- 
tre globule  environ  neuf  cents  millions  de  mes  con- 
frères, tant  mâles  que  femelles,  voi.t.  Dict.  phil. 
Population,  t.  Je  vous  avoue  qu'en  jetant  la  vue 
sur  ce  globe  ou  plutôt  ce  globule,  je  pense  que 
Dieu  l'a  abandonné  à  quelque  être  malfaisant.... 
in.  Candide,  20.  Ce  qui  est  bien  sûr,  c'est  qu'il 
vous  sera  tendrement  attaché  dans  le  petit  nom- 
bre de  minutes  qu'il  peut  avoir  encore  à  végctersur 
ce  globule,  ID.  Lett.  Uarmontel,  tt  mars  1773, 
Il  3°  Terme  de  physiologie.  Nom  donné  à  des  cor- 
puscules plus  ou  moins  arrondis,  qui  existent  dans 
beaucoup  de  liquides  et  dans  quelques  tissus  ani- 
maux. Les  globules  du  sang.  Les  globules  du  lait. 
Il  ^°  Terme  de  pharmacie.  Très-petite  pilule,  dans 
laquelle  on  administre  certains  médicaments  très- 
actifs.  Des  globules  de  digitaline.  ||  8"  Dans  l'ho- 
mceopathie,  nom  donné  atu  doses  infiniment  petites 
sous  forme  globulaire. 

—  ETYM.  Lat.  globulus ,  diminutif  de  globus, 
globe. 

GLOBULEUX ,  EUSE  (glo-bu-leû  ,  leû-z') ,  adj. 
Qui  est  en  forme  de  globule,  ou  composé  de  globu- 
les. Selon  Descartes,  la  lumière  ne  vient  point  à  nos 
yeux  du  soleil;  mais  c'est  une  matière  globuleuse 
répandue  partout,  que  le  soleil  pousse,  et  qui  presse 
nos  yeux  comme  un  bâton  poussé  par  un  boutpresse 
à  l'instant  à  l'autre  bout,  volt.  Phil.  Newt.  u,  <. 

—  ETYM.  Globule. 

t  GLOBULlFORME(glo-bii-li-for-m'),  adj.  Terme 
didactique.  Oui  a  la  forme  d'un  globule. 

—  ÉTYM.  Globule,  et  forme. 

t  GLOBULIN  (glo-bu-lin),  s.  m.  Terme  d'anato- 
mie. Synonyme  de  leucocyte. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  globule;  ainsi  dit  pour  sa 
forme. 

t  GLOBULINE  (glo-bu-li-n"),  ».  f.  Terme  d'ana- 
tomie. Substance  organique  demi-solide,  se  dissol- 
vant dans  l'eau  et  se  coagulant  alors,  mais  &  une 
température  beaucoup  plus  élevée  que  l'albumine. 

—  ETYM.  Globule,  ot  la  finale  ine,  qui  indique  un 
principe. 

t  GLOCIIIDE  (glo-chi-d'),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Poil  mince  et  raide  ou  poil  portant  à  son  extré- 
mité plusieurs  pointes  recourbées. 

—  ETYM.  nwx'»;,  pointe. 

I  GLOCIIIDE,  ÉE  (glo-chi-dé,  dée),  adj.  Terme  cîe 
botanique.  Oui  est  muni  de  glochides. 

GLOIRE  (gloi-r'),  s.  f.  \\  1°  Célébrité  grande  et 
honorable,  en  parlant  des  personnes.  S'il  n'y  avait  pas 
de  gloire,  je  n'aurais  pas  d'éloquence,  balz.  T  letu 
4*  liv.  Dans  les  murs,  hors  des  murs,  tout  parle  de 
sa  gloire,  cobn.  //or.  v,  3.  Joignons  à  la  douceur  de 
venger  nos  parents  La  gloire  qu'on  remporte  à  pu- 
nir les  tyrans,  id.  Cinna,  i,  2.  La  gloire  est  plus  so- 
lide après  la  calomnie.  Et  brille  d'autant  mieux 
qu'elle  s'en  vit  ternie,  id.  Mcom.  iv,  l.  Un  héros 
arrêté  n'a  que  deux  bras  à  lui.  Et  souvent  trop  de 
gloire  est  un  débile  appui,  id.  Suréna,  iv,  i.  Avec 
un  peu  de  peine  on  achète  la  gloire,  botr.  Vencesl. 
II,  3.  Aucun  chemin  de  fleurs  ne  conduit  à  la  gloire, 
LA  font.  Fabl.  X,  (4.  Les  travaux  de  la  guerre  où 
ils  faisaient  leur  gloire,  boss.  Ilist.  i,  8.  Quand  les 
princes,  négligeant  de  connaître  leurs  afîaires  et 
leurs  armées,  ne  travaillent  qu'à  la  chasse,  comme 
disait  cet  historien,  et  n'ont  de  gloire  que  pour  le 
luxe  ni  d'esprit  que  pour  inventer  des  plaisirs,  id. 
Heine  d'Angl.  Louis,  qui,  assuré  de  sa  gloire,  dont 
la  sagesse  de  ses  conseils  et  la  droiture  de  ses  in- 
tentions lui  répondent  toujours  malgré  l'incertitude 
des  événements....  id.  t'b.  Que  d'années  elle  | la  mort] 
va  ravir  à  cette  jeunesse  I  que  de  joie  elle  enlève 
à  cette  fortune!  que  de  gloire  elle  ôte  à  ce  mé- 
rite! ID.  Duch.  d'Orl.  Ne  puis-je  pas  dire,  mes- 
sieurs, pour  me  servir  des  paroles  fortes  du  plus  grave 
des  historiens,  qu'elle  allait  être  précipitée  dans  la 
gloire?  ID.  ib.  On  ne  l'eùlpoint  vue  s'attirer  la  gloire 
avec  une  ardeur  inquiète  et  précipitée  ;  elle  l'eût  at- 
tendue sans  impatience,  comme  sûre  de  la  possé- 
der, ID.  ib.  La  grandeur  et  la  gloire  ?  pouvons-nous 
encore  entendre  ces  noms  dans  ce  triompne  de  U 
mort?  non,  messieurs,  je  ne  puis  plus  soutenir 
ces  grandes  paroles  par  lesquelles  l'arrogance  hu- 
maine tâche  de  s'étourdir  elle-même,  pour  ne  pas 
apercevoir  son  néant,  id.  t6.  Je  me  suis  arraché  moi- 
même  aux  douceurs  de  la  gloire  humaine,  peu  ca- 


GLO 

pables  de  me  soutenir,  pour  donner  à  mon  esprit  une 
nourriture  plus  solirle,  boss.  Marie- Thér.  Toujours 
vive  pour  ce  grand  prince  (Louis  XIVJ,  toujours  ja- 
louse de  sa  gloire,  uniquement  attachée  aux  intérêts 
de  son  Eiat,  infatigable  dans  les  voyages,  et  heu- 
'reuse  pourvu  qu'elle  fût  en  sa  compagnie,  ID.  ib.  Le 
jeune  prince  lléchit  le  genou,  et  dans  le  champ  de 
bataille  il  rend  au  dieu  des  armées  la  gloire  qu'il 
lui  envoyait,  m.  Louis  de  Bourbon.  Qu'il  est  beau 
après  les  combats  et  le  tumulte  des  armes  de  savoir 
encore  goûter  ces  vertus  paisibles  et  cette  gloire 
tranquille  qu'on  n'a  point  à  partager  avec  le  soldat, 
non  plus  qu'avec  la  fortune  !  id.  ib.  Au  plus  haut  point 
de  sa  gloire,  sa  joie  [de  Mazarin]  est  troublée  par  la 
triste  apparition  de  la  mort,  id.  le  Tellier.  Je  n'at- 
tendais pas  moins  de  cet  amour  de  gloire  Oui  par- 
tout après  vous  attacha  la  victoire,  rac.  Bérén.  ii, 
2.  Ma  gloire  inexorable  à  toute  heure  me  suit,  id. 
ib.  V,  6.  Il  vit  chargé  de  gloire,  accablé  de  dou- 
leurs, ID.  Mithr.  v,  4.  La  gloire  des  méchants  en 
un  moment  s'éteint,  m.  Ksih.  ii,  9.  ô  Pisistrate,  la 
gloire  est  belle  ;  heureux  ceux  qui  la  savent  trou- 
ver, mais  qu'il  est  pernicieux  de  la  vouloir  trouver 
où  elle  n'est  pas!  fên.  Dial.  des  morts,  xi,  Solon, 
Pisist.  11  faut  poser  pour  principe  que  la  gloire  ne 
peut  jamais  être  séparée  de  la  justice,  bollin.  Traité 
des  Et.  V,  i,  6.  La  gloire  est  la  réputation  jointe  à  l'es- 
time; elle  est  au  comble  quand  l'admiration  s'y  joint, 
VOLT.  Dict.  phil.  Gloire.  Romains,  j'aime  la  gloire, 
et  ne  veux  point  m'en  taire;  Des  travaux  des  hu- 
mains c'estle  digne  salaire,  id.  Catilina,  v,  2.  Êtes- 
vous  digne  enfin,  seigneur,  de  votre  gloire?  id. 
Orphel.  V,  6.  Le  czar  perdit  près  de  dix  mille  hom- 
mes dans  ces  cinq  combats  où  il  eut  la  gloire  de 
vaincre  les  Suédois,  et  Levenhaupt  celle  de  disputer 
trois  jours  la  victoire  et  de  se  retirer  sans  avoir  été 
forcé  dans  son  dernier  retranchement,  id.  Char- 
les XII,  4.  La  vraie  gloire  ne  consiste  ni  à  mourir 
ni  à  vivre,  mais  à  bren  faire  l'un  et  l'autre,  diderot, 
Claude  et  Nér.  i,  46.  Dans  l'âge  où  l'on  a  le  plus  de 
sentiment  de  ses  forces,  où  l'on  est  le  plus  sûr  d'ob- 
tenir de  la  gloire,  où  l'on  est  si  tenté  de  la  confon- 
dre avec  le  bonheur,  condorcet,  Berlin.  La  gloire 
aux  criminels  ne  sert  point  de  refuge,  Ducis,  Othello, 
I,  6.  La  gloire  veut  qu'on  ose  où  le  péril  est 
grand,  m.  j.  chén.  Gracques,  i,  4.  En  cherchant  la 
gloire,j'ai  toujours  espé;é qu'elle  me  ferait  aimer; 
à  quoi  servirait-elle,  du  moins  aux  femmes,  sans 
cet  espoir?  stael,  Corinne,  iv,  3.  Il  était  un  roi 
d'Yvetot,  Peu  connu  dans  l'histoire.  Se  levant  tard, 
se  couchant  tôt.  Dormant  fort  bien  sans  gloire,  bê- 
RANG.  Roi  fi' rt!e(o(.  Aux  jeunes  gens  racontes-en  l'his- 
toire [des  trois  journées  de  juillet]  ;  Guide  leur  nef, 
instruis-les  de  l'écueil;  Et,  de  la  France  un  jour 
font-ils  l'orgueil.  Va  réchauffer  ta  vieillesse  à  leur 
gloire,  ID.  Adieu  chansons.  On  était  exalté  parce 
qu'il  y  a  de  mieux  après  la  vertu,  par  la  gloire,  SÉ- 
GUR,  Hist.  de  A'ap.  viii,  s.  De  quelle  gloire  nous  se- 
rons comblés,  et  que  dira  le  monde  entier,  quand  il 
apprendra  qu'en  trois  mois  nous  avons  conquis  les 
deux  grandes  capitales (iu  nord!  [paroles  de  Napo- 
léon à  ses  soldats  pour  les  conduire  de  Moscou  à 
St-Pétersbourg],  id.  ib.  viii,  9.  Ces  simples  soldats 
se  dévouaient  pour  ne  pas  se  manquer  à  eux- 
mêmes,  par  cet  instinct  qui  veut  du  courage  dans 
l'homme;  enfin  par  habitude  et  par  amour  de 
la  gloire,  mot  bien  éclatant  pour  une  position  si 
obscure!  car  qu'est-ce  que  la  gloire  d'un  tirail- 
leur, qui  n'est  loué,  blâmé  ou  regretté  que  par  une 
escouade;  mais  le  cercle  de  chacun  lui  suffit,  une 
petite  association  renferme  autant  de  passions 
qu'une  grande,  id.  ib.  ix,  (3.  Généreux  favoris 
des  filles  de  Mémoire,  Deux  sentiers  différents  de- 
vant vous  vont  s'ouvrir.  L'un  conduit  au  bonheur, 
l'autre  mène  à  la  gloire  ;  Mortels,  il  faut  choisir, 
I.AMART.  Méd.  I,  u.  Non  loin  des  mêmes  bords,  plus 
tard  il  [le  Tasse]  vint  mourir;  La  gloire  l'appelait, 
il  arrive,  il  succombe;  La  palme  qui  l'attend  devant 
lui  semble  fuir.  Et  son  laurier  tardif  n'ombrage  que 
sa  tombe,  id.  ib.  i,  2| .  Mais  le  temps?  il  n'est  plus. 
—  Mais  la  gloire?  qu'importe  Cet  écho  d'un  vain  son 
qu'un  siècle  au  siècle  apporte.  Ce  nom,  brillant 
jouet  de  la  postérité?  lo.tb.  ii,  B.  Dans  le  stérile  es- 
poir d'une  gloire  incertaine.  L'homme  livre,  en  pas- 
sant, au  courant  qui  l'entraîne.  Un  nom  de  jour  en 
jour  dans  sa  course  affaibli;  Ue  ce  brillant  débris  le 
flot  du  temps  se  joue;  De  siècle  en  siècle  il  flotte, 
il  avance,  il  échoue  Dans  les  abîmes  de  l'oubli,  id. 
ib.  Gloire,  honneur,  liberté,  ces  mots  que  l'homme 
adore.  Retentissaient  pour  toi  [Napoléon],  comme 
l'airain  sonore  Dout  un  stupide  écho  répète  au  loin 
le  son,  ]D.  ib.  ii,  7.  Non,  la  lyre  aux  tombeaux  n'a 
jamais  insulté  ;  La  mort  de  tout  temps  fut  l'asile  de 


GLO 

la  gloire;  Rien  ne  doit  jusqu'ici  poursuivre  une  mé- 
moire; Rien....  excepté  la  vérité,  iD.ii).  II,  7.  La  gloire 
efface  tout....  tout  excepté  le  crime,  id.  ib.  Et  je 
marche  effaré  des  crimes  de  la  gloire,  v.  iiuoo, 
Contempl.  v,  n .  |]  Dire,  publier  quelque  chose  à  la 
gloire  de  quelqu'un,  dire,  publier  quelque  chose 
qui  lui  fait  honneur,  qui  lui  tourne  à  gloire.  Il  faut 
dire  à  sa  gloire  que.  ..  boss.  Hist.  m,  5.  ||  Il  se 
dit  au  pluriel.  Il  aspire  à  toutes  les  gloires. 
Il  C'est  gloire  de....  il  est  glorieux  de.  C'est 
gloire  de  passer  pour  un  cœur  abattu  Quand  ia 
brutalité  fait  la  haute  vertu,  corn.  Ilor.  iv,  4. 
i]  Faire  gloire,  se  faire  gloire,  se  faire  une  gloire, 
tenir  à  gloire,  mettre  sa  gloire  à,  se  vanter  d'une 
chose,  en  faire  vanité.  Les  meilleurs  soldats  et  les 
chefs  les  plus  braves  Mettaient  toute  leur  gloire  à 
devenire«claves,  corn.  Cinna,  i,  3.  On  m'appelle  sol- 
dat, je  fais  gloire  de  l'être,  lO.D.Sanche,  i,  3.  On  me 
croit  son  disciple  et  je  le  tiens  à  gloire,  id.  Nicom. 
II,  3.  Vous  n'avez  qu'à  parler,  et  ma  main  sur-le- 
champ  fera  gloire  d'exécuter  l'arrêt  que  vous  pronon- 
cerez, MOL.  Princ.  d'Él.  v,  2.  On  me  laisse  tout 
croire;  on  fait  gloire  de  tout,  id.  Mis.  iv,  3.  C'est 
où  je  mets  aussi  ma  gloire  la  plus  haute,  id.  Tari. 
II,  (.  Faisant  gloire  de  votre  indocilité,  bourdaloue. 
Sur  la  fausse  consc.  i"  avent,  p.  180.  Ces  dieux 
qui  se  sont  fait  une  gloire  cruelle  De  séduire  le 
cœur  d'une  faible  mortelle,  rac.  Plièdre,  ii,  6.  Peut- 
on  de  nos  malheurs  leur  dérober  l'histoire?  Tout 
l'univers  les  sait,  vous-même  en  faites  gloire,  id. 
Athal.  II,  7.  Si  les  sciences  n'inspirent  aux  Grecs 
que  l'injustice,  nous  [Manduriens]  nous  feronsgloire 
d'être  toujours  ignorants  et  barbares,  fen.  Tél.  x. 
Il  Titre  honorifique  qui  a  été  donné  aux  rois  méro- 
vingiens. Votre  Gloire.  ||  2"  Éclat  digne  de  louange, 
en  parlant  des  choses.  Dites-moi  qu'elle  est  chaste 
et  qu'elle  en  a  la  gloire,  régnies,  Élég.  i.  J'ai  vu 
dans  son  malheur  la  gloire  de  samort,  corn.  Pomp. 

II,  2.  Si  vous  trouvez  des  charmes  À  pousser  plus 
avant  la  gloire  de  vos  armes,  id.  Nicom.  ii,  3.  La 
gloire  de  son  nom  et  de  ses  actions  immortelles  [du 
prince  de  Condé],  boss.  le  Tellier.  Industrieux  à  se 
cacher  dans  les  actions  éclatantes,  il  en  renvoyait  la 
gloire  au  ministre  [Mazarin],  id.  ib.  Il  [le  prince  de 
Condé  en  exil]  aura  du  moins  la  gloire  de  n'avoir 
pas  laissé  avilir  la  grandeur  de  sa  maison  chez  les 
étrangers,  id.  Louis  de  Bourbon.  Cet  attachement 
immuable  à  la  religion  de  ses  ancêtres  faisait  la 
gloire  de  sa  maison,  aussi  bien  que  celle  de  toute  la 
France,  id.  Reine  d'Anglet.  L'amour  ne  règle  point 
le  sort  d'une  princesse  ;  La  gloire  d'obéir  est  tout  ce 
qu'on  nous  laisse,  rac.  Andr.  ii,  2.  Ah  !  que  sous 
de  beaux  noms  cette  gloire  est  cruelle  [de  vaincre 
ses  passions]  !  Combien  mes  tristes  yeux  la  trouve- 
raient plus  belle.  S'il  ne  fallait  encor  qu'affronter 
le  trépas!  id.  Bérén.  li,  2.  C'est  notre  patrie  qui  a 
la  gloire  d'avoir  inventé  la  navigation,  fén.    Tel. 

III.  Il  3"  Exploits  glorieux.  Je  viens  remercier  et  mon 
père  et  mon  roi  D'avoir  eu  la  bonté  de  s'y  servir  de 
moi,  D'avoir  choisi  mon  bras  pour  une  telle  gloire. 
Et  fait  tomber  sur  moi  l'honneur  de  sa  victoire, 
COBN.  Nicom.  II,  2.  Il  4°  Il  se  dit  quelquefois,  par 
exagération,  dans  le  style  poétique,  pour  considéra- 
tion, réputation.  Éclate,  mon  amour,  tu  n'as  plus 
rien  à  craindre  ;  Mon  père  est  satisfait,  cesse  de  te 
contraindre  ;  Un  même  coup  a  mis  ma  gloire  en  sû- 
reté. Mon  âme  au  désespoir,  ma  flamme  en  liberté, 
CORN.  Cid,  v,  5.  Pourquoi  voulez-vous  croire  Que 
de  ce  cas  fortuit  dépende  notre  gloire  ?  mol.  École 
des  f.  IV,  8.  Ma  gloire  vous  serait  moins  chère  que 
ma  vie  !  rac.  Iphig.  v,  2.  Alors,  ne  voyant  que  la 
gloire  de  la  dame  dont  nous  parlions,  je  répondis 
sur-le-champ....  Marivaux,  Pays.  parv.  T  part. 
Il  Sentiment  élevé  et  fier  que  la  gloire  inspire  à 
celui  qui  la  possède.  La  gloire,  il  est  vrai,  les  défend 
[les  grands]  de  quelques  faiblesses  ;  mais  la  gloire 
les  défend-elle  de  la  gloire  même?  boss.  Duch. 
d'Orl.  Quel  péril  n'eût  pas  trouvé  cette  princesse 
dans  sa  propre  gloire  ?  la  gloire  :  qu'y  a-t-il  pour 
le  chrétien  de  plus  pernicieux  et  de  plus  mortel? 
quel  appas  plus  dangereux','  quelle  fumée  plus  capa- 
ble de  faire  tourner  les  meilleures  têtes?  id.  ib.  ||  En 
mauvaise  part,  vain  orgueil  (sens  plus  usité  autre- 
fois qu'aujourd'hui).  La  Rappinière....  avait  de  la 
mauvaise  gloire  autant  que  barbier  de  la  ville, 
scarr.  Rom.  com.  i,  4.  Il  croyait  qu'il  y  avait  de  la 
gloire  à  votre  fait,  sÉv.  215.  Encore  que  les  philo- 
sophes fussent  des  animaux  de  gloire,  comme  les 
appelle  TertuUien,  BOSS.  2*  panég.  St  Fr.  dePaule, 
Préambule.  Le  bien  public,  l'ordre  ou  plutôt  tous 
les  différents  établissements  particuliers  d'ordre  que 
la  société  demande,  toujours  sacrifiés  sans  scru- 
pule, et  même  violés  par  une  mauvaise  gloire, 


GLO 


1883 


étaient  pour  lui  des  objets  d'une  passion  vivo  et  dé- 
licate, FONTEN.  des  Billelles.  Grand'  soif,  bon  appétit, 
et  surtout  point  de  gloire.  C'est  ma  devise...  hes- 
TODcii.  CJor.  II,  14.  Il  ne  respecte  rien,  ne  ménage 
personne.  Et  |)lus  je  le  connais,  plus  sa  gloire  m'é- 
tonne, ID.  16.  IV,  3.  Si  les  hommes  sont  si  glorieux,  ce 
n'est  pas  à  une  dame  aussi  pieuse  et  aussi  charitable 
que  vous  à  approuver  leur  mauvaise  gloire,  maki- 
vaux,  Marianne,  O'  part.  ||  Un  point  de  gloire,  un 
point  sur  lequel  l'amour-propre  met  son  orgueiL 
Mais  faut-il  nous  brouiller  pour  un  sot  point  de 
gloire?— Oh!  le  vin  est  tiré,  monsieur,  il  le  faut 
boire,  REGNARD, /oueur,  111,11.  ||  Vaine  gloire,  le  sen- 
timent trop  avantageux  de  soi-même  que  la  vanité 
inspire.  La  vaine  gloire  est  cette  petite  ambition  qui 
se  contente  des  apparences,  qui  s'étale  dans  le  grand 
faste  et  qui  ne  s'élève  jamais  aux  grandes  choses, 
VOLT.  Dict.  phil.  Gloire,  §  1. 1|  Fausse  gloire,  fausse 
opinion  de  l'honneur,  ambition  déplacée.  La  fausse 
gloire  tient  souvent  à  la  vaine,  mais  souvent  elle 
porte  à  des  excès;  et  la  vaine  se  renferme  plus  dans 
les  petitesses;  un  prince  qui  mettra  son  honneur  à  se 
venger,  cherchera  une  gloire  fausse  plutôt  qu'une 
gloire  vaine,  volt.  Dict.  phil.  Gloire,  §  1.  ||  5"  Il  se 
dit  des  personnes  justement  célèbres.  Il  fut  la  gloire 
de  son  siècle.  Pour  vous,  ma  chère  soeur,  sage  et 
pieuse  fille.  Gloire  du  sang  d'Œdipe,  honneur  de  sa 
famille,  rotr.  Anlig.  11,  2.  Nervaest  le  premier  des 
bons  et  Trajan  le  premier  des  grands  empereurs 
romains;  après  lui  il  y  en  eut  deux  autres,  les  deux 
Antonins  ;  trois  sur  soixante-dix,  tel  est  à  Rome  le 
bilan  des  gloires  morales  de  l'empire,  ampère,  Hist. 
rom.  à  Home,  Introd.  p.  lui.  ||  6°,,  Éclat,  splendeur. 
Je  souhaitais  qu'on  vous  vît  dans  votre  gloire,  au 
moins  votre  gloire  de  campagne,  car  celle  d'Aixest 
encore  plus  grande,  sEv.  582.  Quand,  après  de  si 
étranges  humiliations,  elle  fut  encore  contrainte  de 
paraître  au  monde,  et  d'étaler,  pour  ainsi  dire,  à  la 
France  même  et  au  Louvre  où  elle  était  née  avec  tant 
de  gloire,  toute  l'étendue  de  sa  misère,  boss.  Reine 
d'Anglet.  La  voilà,  malgré  ce  grand  cœur,  cette 
princesse  si  admirée  et  si  chérie;  la  voilà  telle  que 
la  mort  nous  l'a  faite  ;  encore  ce  reste  tel  quel  va- 
t-il  disparaître,  cette  ombre  de  gloire  va  s'évanouir, 
et  nous  Talions  voir  dépouillée  même  de  cette  triste 
décoration,  id.  Duch.  d'Orl.  Venez  dans  mon  palais, 
vous  y  verrez  ma  gloire,  rac.  Athal.  11,  7.  Vous 
voulez  essayer  ce  bandeau  sur  mon  front  ?  Ah  I 
princesse,  gardez  d'en  profaner  la  gloire  !  Du  roi 
qui  l'a  porté  respectez  la  mémoire,  id.  ib.  iv,  t. 
Il  vaudrait  mieux  que  Troie  fût  encore  dans  toute 
sa  gloire,  fEn.  Tél.  x.  Oui,  c'est  un  Dieu  caché  que 
le  Dieu  qu'il  faut  croire  ;  Mais,  tout  caché  qu'il  est, 
pour  révéler  sa  gloire,  Quels  témoins  éclatants  de- 
vant moi  rassemblés!  Répondez,  cioux  et  mers,  et 
vous,  terre,  parlez,  l.  rac.  Religion,  i.  ||  7°  L'hon- 
neur, les  hommages  rendus  à  la  divinité.  Dieu  est 
jaloux  de  sa  gloire.  Celui  (jui  règne  dans  les  cieux, 
à  qui  seul  appartient  la  gloire,  la  majesté  et  l'indé- 
pendance, iioss.  Heine  d'Anglet.  A  Dieu  ne  plaise 
que  nous  apprenions  par  les  oracles  trompeurs  la 
gloire  du  fils  de  Dieu,  qui  les  a  fait  taire  en  nais- 
santliD.  Hist.  11, <2.  ÔDieuque  la  gloire  couronne.... 
Tu  vois  nos  pressants  dangers  ;  Donne  à  ton  nom  la 
victoire  ;  Ne  souffre  point  que  ta  gloire  Passe  à  des 
dieux  étrangers,  rac.  Esther,  1,  5.  On  a  osé  dire  : 
la  gloire  de  Dieu,  il  travaille  pour  la  gloire  de  Dieu; 
Dieu  a  créé  le  monde  pour  sa  gloire;  ce  n'est  pas 
que  l'être  suprême  puisse  avoir  de  la  gloire;  mais 
les  hommes,  n'ayant  point  d'expression  qui  lui  con- 
vienne, emploient  pour  lui  celles  dont  ils  sont  le 
plus  flattés,  VOLT.  Dict.  phil.  Gloire.  ||  Pour  la  plus 
grande  gloire  de  Dieu,  sorte  do  formule  pieuse 
qu'on  emploie  pour  exprimer  qu'on  rapporte  à 
Dieu  la  gloire  de  telle  ou  telle  chose.  Je  prierai  Dieu 
pour  vous,  et  j'espère  que  tout  se  passera  à  sa  plus 
grande  gloire,  VOLT.  l'Ingénu,  (6.  ]|  Rendre  gloire 
à  Dieu,  lui  rendre  hommage,  le  confesser.  Vous 
n'avez  pas  voulu  rendre  gloire  à  ma  puissjince  et  À 
ma  sainteté  devant  Israël  au  sujet  des  eaux,  saci, 
Bible,  Nombres,  x.wii,  )».  Au  Dieu  que  vous  ser- 
vez, princesse,  rendez  gloire,  rac.  Alhal.  m,  *. 
;|Fig.  Rendre  gloire  à  la  vérité,  lui  rendre  un 
éclatant  hommage,  la  confesser  hautement.  Si 
quelque  orthodoxe  ou  hétérodoxe  m'accusait  d'avoir 
la  moindre  part  à  l'article  Genève,  je  vous  supplie 
instamment  de  rendre  gloire  à  la  vérité  ;  j'ai  ap- 
pris le  dernier  toute  cette  affaire,  volt.  Lett.  Vernes, 
29  déc.  (757.  Il  Dans  un  sens  analogue.  Un  petit 
nombre  d'esprits  frivoles  ou  licencieux,  qui  encore, 
au  fond  du  cœur,  rendent  gloire  à  la  vertu,  mass. 
Carême,  Resp.  hum.  ||  A  la  gloire  de  la  vérité,  pour 
rendre  Ma  vérité  la  gloire  qui  lui  appartient.  A  la 


1881 


GLO 


Sloire  do  la  vérité,  montrons  dans  un  prince  admiré 
0  tout  l'univers,  que  ce  c|ui  fait  les  héros....  noss. 
Louis  de  llourbon.  ||  S"  Terme  biblique.  La  splendeur 
dont  Dieu  s'environne  quand  il  se  manifeste.  Le  fils 
do  Dieu  viendra  dans  sa  gloire,  dans  la  majesté  de 
sa  gloire.  Alors,  tout  le  peuple  jetant  de  grands 
cris  et  voulant  les  lapider  (Josué  et  Caleb|,  la  gloire 
du  Seigneur  p;irut  à  tous  les  enfants  d'IsraSl  sur  le 
tabernacle  de  l'alliance,  saci,  Ilible,  Nomb.  xiv,  40. 
Je  vis  paraître  en  ce  même  lieu  la  gloire  du  Dieu 
d'israûl  .selon  la  vision  que  j'avais  eue  dans  le  champ, 
ID.  Ezi'.rhiel,  viii,  4.  Il  Par  extension,  les  riches  pa- 
lais, les  meubles  brillants,  les  vêtements  magnifi- 
ques des  princes.  Salomou  dans  toute  sa  gloire. 
Il  La  gloire  de  Niquce,  expression  très-usitùe  au 
xvn*  et  au  xviii*  siècle  pour  dire  une  gloire  im- 
mense, efqu'on  croit  ne  devoir  pas  finir.  Mmed'Heu- 
licourt  est  dans  la  gloire  de  Niquée,  elle  y  oublie 
qu'elle  est  prête  d'accoucher,  sÉv.  Mon  imagination 
sera  toujours  pour  vous  cette  gloire  de  Niquée  oïl  vous 
savez  qu'on  ne  changeait  point,  saint-évremont,  à 
Ninon  de  Lenclos .  Vous  voilà  donc,  mon  cher  enfant, 
dans  votre  gloire  de  Niquée,  volt.  Leltre  à  d'Arnaud. 
Niquée  est  une  des  héroïnes  i'Amadis  de  Gaule  ;  la 
fée  Zirphéo,  sa  tante,  pour  la  soustraire  à  l'amour 
incestueux  d'Anastarax,  la  plaça  sur  un  trône  ctin- 
celant,  dans  ses  plus  beaux  habits,  et,  Anaslarax  se 
jetant  à  genoux  sur  une  des  marches  du  trône,  elle 
les  enchanta  eux  et  leur  cortège  dans  cette  position, 
jusqu'à  ce  qu'une  Jamo  de  grande  beauté  vint  dé- 
tourner Anastarax  et  qu'un  illustre  chevalier  vint 
romp-9  le  charme  (Ces  exemples  et  ces  explica- 
tions sur  la  gloire  de  Niquée  sont  empruntés  à  bois- 
SONADE,  Morceaux  de  critique,  t.  ii,  p.  6o).  ||  9°  La 
béatitude  céleste.  II  est  dans  le  séjour  de  la  gloire. 
La  gloire  des  élus.  Comme,  dans  la  gloire  éternelle, 
les  fautes  des  saints  pénitents,  couvertes  de  ce  qu'ils 
ont  fait  pour  les  réparer  et  de  l'éclat  infini  de  la  di- 
vine miséricorde,  ne  paraissent  plus,  Boss.  Louis  de 
Dourbon.  \\  10°  Terme  de  peinture.  Cercle  de  lumière, 
qui  se  met  autour  de  la  tête  des  saints  ou  des  per- 
sonnes illustres  par  leurs  vertus.  ||  Représentation 
du  ciel  ouvert  avec  les  personnages  divins,  les  an- 
ges, etc.  Une  gloire  du  Titien.  Il  a  le  visage  tran- 
quille et  tourné  vers  une  gloire  qui  éclaire  l'angle 
supérieur»  gauche  de  la  toile,  didebot.  Salon  de 
I7C7,  UÀiv.  t.  XIV,  p.  78,  dans  pougens.  ||  Dans  le 
langage  soutenu,  miracle  qui  présente  dans  le  ciel 
le  même  aspect  que  la  gloire  dans  la  peinture.  On 
ne  vit  point  un  dieu  imaginaire  lever  la  tête  au-des- 
sus des  vagues  et  leur  commander  le  silence  ;  mais 
une  lumii're  surnaturelle  entr'ouvrit  les  nuées;  au 
milieu  d'une  gloire  on  aperçut  une  femme  céleste 
portant  un  enfant  dans  ses  bras,  et  calmant  les  flots 
par  un  sourire,  ciiateaubr.  Mart.  xix.  ||  Terme  de 
sculpture.  Assemblage  de  rayons  divergents  au  cen- 
tre desquels  apparaît  un  triangle,  symbole  de  la  Tri- 
nité. Il  11°  Machine  do  théâtre  entourée  de  rayons 
lumineux  sur  laquelle  se  placent  les  acteurs  qui  re- 
présentent des  dieux,  etc.  ||  12°  Terme  d'artificier. 
Soleil  fixe,  non  tournant,  d'une  grandeur  extraordi- 
naire. Il  Assemblage  de  fusées  qui  jettent  leurs  feux 
en  rayons.  ||  13°  lerme  de  zoologie.  Gloire  de  mer, 
mollusque  du  genre  cône. 

—  SYN.  Gi.outE,  noNNEDR.  La  gloire  dit  quelque 
chose  do  plus  que  l'honneur  ;  c'est  une  célébrit  5 
plus  étendue  et  plus  éclatante.  Gloire,  dans  le  sens 
de  sentiment  qu'inspire  la  gloire  (acception  plus 
usitée  au  xvii'  siècle  qu'elle  ne  l'est  aujourd'hui) 
confine  à  l'honneur  signifiant  aussi  un  sentiment 
qui  nous  oblige  à  nous  honorer  nous-mêmes  ;  mais 
ici  encore  la  nuance  se  maintient:  l'honneur  appar- 
tient à  toutes  les  conditions,  la  gloire  n'appartient 
qu'aux  conditions  élevées  et  dans  lesquelles  il  im- 
porte de  soutenir  sa  gloire  aussi  bien  que  son  hon- 
neur. Se  faire  gloire  d'une  chose,  c'est  s'en  vanter; 
se  faire  honneur  d'une  chose,  c'est  en  tirer  honneur. 

—  IIIST.  xii*  s.  Al  roi  de  gloire  merci  prisl  à 
trier,  Iloncisv.  p.  loo.  La  glorie  d'icost  munt  n'est 
longemenl  durant.  Th.  le  mart.  30.  ||  xiir  s.  Gloire 
est  la  bone  renomée  qui  cort  par  maintes  terres  do 
aucun  home  puissant  et  de  grant  afaire,  ou  de  sa- 
voir bien  son  art,  BiiUN.  latini.  Trésor,  p.  450. 
Il  XIV*  3.  Adoncques  il  habunde  en  autre  plus  grant 
bien,  c'est  assavoir  en  glore,  oresmk,  Elh.  (flo. 
L'empereur  de  Constaatinople  fist  appareiller  au  de- 
hors de  la  porte  de  la  cité,  en  une  grjint  place,  la 
noblesse  de  toutes  manières  de  richesses  et  toute  la 
gloire  de  pierres  précieuses,  Chron.  de  Sl-Penys, 
t.  I,  f-  jî»,  dans  LACUnNE.  jj  xv»  s.  11  y  a  de  bonnes 
gens  qui  ont  cesle  gloire  qu'il  leur  semble  qu'ils 
vuyderonl  des  choses  là  où  ilz  n'entendent  rien, 
coaii.  I,  )«.  Il  XVI'  s.  La  response  fut  longue  comme 


GLO 

il  fallûit,  et  enfla  cspagnollo,  pleine  de  gloire  et  de 
refus,  d'al'd.  Ilist.  i,  9i.  Il  monta  en  une  prosump- 
tion  et  une  gloire  encore  plus  grande  que  n'estoit 
sa  puissance,  amyot,  l.ysand.  34.  Il  altribuoit  toute 
la  gloire  de  ses  faicts  à  la  fortune,  soit  qu'il  le  fist 
par  une  manière  de  vaine  gloire,  ou  que  véritable- 
ment.... m.  Sylla,  H.  Gloire  vaine  assez  fleurit, 
porte  feuille  et  point  de  fruit,  cotorave. 

—  RTYM.  Picard,  glore;  provenç.  espagn.  et  ital. 
gloria;  du  lat.  gloria,  qui  est  le  sanscrit  védique 
çravasya,  gloire,  de  fni,  grec  xXOw,  entendre.  L'ô 
représente  Vav  sanscrit;  et  l'r  se  permute  souvent 
en  s,  gloria  ou  glosia.  Dans  l'ancien  français,  glorie 
ne  se  prononçait  pas  glo-ri-e  en  trois  syllabes,  mais 
gloire  ou  glore  en  deux;  c'est  ce  que  montrent  les 
vers,  et  entre  autres  le  vers  de  Th.  le  mart.  cité  à 
l'historique;  giorte était  une  orthographe  rappelant 
l'étymologie,  non  la  prononciation. 

t  GLOMfiRULE  (glo-mé-ru-l'),  s.  m.  Terme  di- 
dactique. Petit  amas  naturel  ou  accidentel  de  corps 
bruts  ou  organisés.  ||  Terme  de  botanique.  Glomé- 
rule  floral,  réunion  de  ileurs  en  une  tête  irrégulière. 

—  ÉTYM.  Diminutif  du  lat.  glomus,  glomeris,  pe- 
loton. 

t  GLORIA  PATRI  (glo-ri-a-pa-tri)  ou,  simple- 
ment, GLORIA  (glo-ri-a),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  litur- 
gie. Verset  qui  termine  tous  les  psaumes.  ||  Gloria 
in  excelsis,  espèce  d'hymne  que  l'on  chante  à  la 
messe.  Il  Terme  de  musique.  Chant  composé  pour 
cette  partie  de  la  messe,  ou  composé  sur  le  verset 
final  des  psaumes.  Un  beau  gloria.  ||  2°  Se  dit  fa- 
milièrement d'un  homme  qu'on  voit  partout.  Il  est 
comme  gloria  patri  ;  il  se  fourre  partout,  bichelet. 
Il  3°  Populairement.  Gloria,  liqueur  chaude  com- 
posée de  café,  de  sucre  et  d'eau-de-vie  ou  de  rhum. 
Prenez-vous  du  gloria  î  Donnez-moi  un  gloria. 
Il  C'est  aussi  une  tasse  de  café  plus  petite.  Voulez- 
vous  du  café?  Non,  seulement  un  gloria.  ||  Chez  li;s 
marins,  gloria,  le  thé  à  l'eau-de-vie.  ||  Le  gloria  est 
ainsi  dit,  probablement,  parce  que,  comme  le  gloria 
patri  se  dit  à  la  fin  des  psaumes,  ce  gloria  d'un 
autre  genre  est  la  fin  obligée  d'un  régal  populaire. 
Il  4°  Gloria  maris  (gloire  de  la  mer),  espèce  de  cône 
(coquille)  des  plus  rares  et  des  plus  beaux. 

—  ÉTYM.  Lat.  gloria,  gloire,  patri,  au  père. 

i  GLOKIETTE  (glo-ri-è-f) ,  s.  f.  ||  1»  Terme  d'ar- 
chitecture. Petit  bâtiment,  pavillon,  cabinet  de  ver- 
dure, dans  un  parc  ou  un  jardin.  La  quantité  d'herbe 
fie  maté]  fournie  par  chaque  ouvrier  est  pesée  au 
siège  de  l'exploitation,  mise  en  tas  jusqu'au  moment 
de  la  torréfaction  ;  cette  opération  se  fait  en  éten- 
dant la  yerba  (yerba  mate,  nom  espagnol  du  maté) 
sur  une  espèce  de  glorietle  à  claire-voie,  et  qui 
peut  supporter  jusqu'à  (  ooo  kilogrammes  d'herbe 
fraîche,  scHNEPP,  Acad.  des  se.  Comptes  rendus, 
t.  Lvm,  p.  46.  Il  2°  Terme  de  boulangerie.  Petit 
retranchement  derrière  le  four. 

—  illST.  XIII*  s.  Une  moult  bien  peinte  cham- 
brete,  Ou'Urake  nome  gloriete,  l'artonop.  v.  0910. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gloire,  à  cause  que  cette 
petite  chambre  était  particulièrement  ornée,  glo- 
rieuse ;  espagn.  glorxeta. 

GLORIEUSEMENT  (glo-ri-eû-zc-man),  adv.  D'une 
manière  glorieuse,  digne  de  louanges.  Des  fautes  si 
sincèrement  reconnues  et  dans  la  suite  si  glorieuse- 
ment réparées  par  de  fidèles  services,  boss.  Louis 
de  Bourbon.  Le  vainqueur  de  Bouvines  ne  finit  pas 
glorieusement  sa  carrière  illustre,  volt.  Mceurs,  51 . 
Glorieusement  est  toujours  pris  en  bonne  part  :  il 
règne  glorieusement;  il  se  tira  glorieusement  d'un 
grand  danger,  d'une  mauvaise  affaire,  id.  Dict.phil. 
Gloire. 

—  HIST.  Xii*  8.  Cantums  fchantons]  al  segnor; 
kar  gli-riosement  magnifiez  est,  l.iber  psa/m.  p.  23c. 
Il  XIII*  s.  L'antienne  del  magnificaz,  Cele  dit  danl 
Tybers  li  chaz.  Et  Renartl'a  bien  entoné  Et  glorio- 
sement  chanté,  Reri.  2(368.  ||xvi*  s.  Ayant  desfait 
fort  glorieusetnentses  ennemis,  amyot,  Péric.  49. 

—  ETYM.  Glorieuse,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
gloriosamcnt;  espagn.  et  ital.  gloriosamente, 

GLORIEUX.EUSE  (glo-ri-cû,  ert-z'),  adj.  \\l'Qui 
s'est  acquis,  qui  mérite  beaucoup  de  gloire.  Glo- 
rieux conquérant  de  la  moitié  du  monde,  kotr. 
Jldlis.  I,  2.  Il  règne  paisible  et  glorieux  sur  le  trône 
de  ses  ancêtres,  boss.  Reine  d'Anglet.  Babylone  la 
glorieuse,  dont  les  Chaldéens  insolents  s'enorgueil- 
lissaient, a  él6  faite  comme  Sodome  et  comme  Go- 
morrhe  à  qui  Dieu  n'a  laissé  aucune  ressource,  id. 
Ilist.  II,  4.  Il  2°  Oui  est  plein  de  gloire,  qui  procure  de 
la  gloire,  en  parlant  des  choses.  Princesse,  dont  la 
destinée  est  si  grande  et  si  glorieuse,  faut-il  que 
vous  naissiez  en  la  puissance  des  ennemis  de  votre 
maison?  boss.  Heine  d'ÀtigUt.  Si  l'on  eût  pu  avan- 


GLO 

cer  ces  belles  années  dont  nous  admirons  maii, 
nant  le  cours  glorieux,  ID.  ib.  Tout  ce  que  peuvriil 
donner  de  plus  glorieux  la  naissance  et  la  grandeur 
accumulé  sur  une  tête,  id.  ib.  De  quelque  cdté  que  je 
suive  les  traces  de  sa  glorieuse  origine,  je  ne  dé-, 
couvre  que  des  rois,  id.  Duch.  d'Orl.  Il  faut  encore 
qu'il  [Alexandre]  se  trouve  dans  tous  nos  panégyri- 
ques, et  il  semble  par  une  espèce  de  fatalité  glo- 
rieuse  à  ce  conquérant,  qu'aucun  prince  ne  puisse 
recevoir  de  louanges  qu'il  ne  les  partage,  id.  Louis 
de  Bourbon.  Commencez  maintenant  :  c'est  à  vous 
de  courir  Dans  le  champ  glorieux  que  j'ai  su  vous 
ouvrir,  bac.  Bajax.  il,  t.  Chercher  au  bout  du 
monde  un  trépas  glorieux,  id.  Mithr.  m,  5.  Il  est 
glorieux  de  laisser  à  ses  descendants  un  titre  qu'on 
n'a  point  reçu  de  ses  aïeux,  bollin.  Traité  des  Et. 
V,  I,  0.  La  résistance  de  ces  jeunes  personnes  fut  in- 
finiment glorieuse  au  calvinisme.  M"*  le  caylis, 
Souvenirs,  p.  a2,  dans  pougens.  Revoyant  des  Fran- 
çais le  glorieux  empire,  volt.  Zaïre,  u,  3.  Venez, 
prince,  et  montrez  au  plus  grand  des  monarques 
De  vos  fers  glorieux  les  vénérables  marques,  id. 
ib.  II,  3.  Ce  jour,  quel  qu'il  soit,  nous  sera  glo- 
rieux, ID.  Tancr.  i,  i .  Glorieux,  quand  il  est  l'épi- 
thète  d'une  chose  inanimée,  est  toujours  une  louange: 
bataille,  paix,  affaire  glorieuse,  ID.  Dict.  phil. 
Gloire.  ||  On  dit  d'un  prince  illustre  qui  n'est  plus, 
prince  de  glorieuse  et  triomphante  mémoire. 
Henri  IV  de  glorieuse  mémoire.  ||  Rang  glorieux, 
rang  élevé.  Rang  glorieux  signifie  rang  élevé,  et 
non  pas  rang  qui  donne  de  la  gloire,  mais  dans  le- 
<|uel  on  peut  en  acquérir,  volt.  Dict.  phil.  Gloire. 
!|  3°  Il  se  dit  de  la  Vierge  et  des  saints.  La  glo- 
rieuse Vierge  Marie.  Les  glorieux  apôtres  saint 
Pierre  et  saint  Paul.  Les  glorieux  martyrs.  Non,  fl 
glorieuse  mère  de  Dieu,  nous  ne  craindrons  point 
de  le  dire,  car  nous  le  savons,  que,  si  le  Seigneur 
vous  a  distinguée  entre  toutes  les  femmes....  bouh- 
DAL.  Annonciat.  de  la  Vierge,  ilyst.  t.  ii,  p.  '32. 
Il  Terme  de  théologie.  Corps  glorieux,  se  dit  de 
i'état  où  seront  les  corps  des  bienheureux  après  la 
résurrection.  En  ressuscitant  glorieux,  il  a  élevé 
son  humanité  à  un  état  de  perfection,  où  nous  ne 
pouvons  nous  défendre  de  l'aimer,  bocrd.  Myst.  Ré- 
turrect.  de  J.  C.  t.  i,  p.  370.  ||  On  le  dit  abusive- 
ment et  familièrement  d'une  personne  qui  est  long- 
temps sans  éprouver  certains  besoins  corporels. 
C'est  un  corps  glorieux.  Ce  n'est  pas  un  corps  glo- 
rieux. Il  4°  Qui  a  le  sentiment  d'une  sorte  de  gloire 
personnelle.  Il  est  aussi  honnête  d'être  glorieux 
avec  soi-même  qu'il  est  ridicule  de  l'être  avec 
les  autres,  labociief.  Max.  dans  le  Dict.  de  poite- 
vin. Notre  résolution,  c'est  d'être  assez  glorieuj 
pour  ne  point  nous  plaindre,  sÉv.  584.  X  Paris  il  n'y 
a  rien  à  craindre,  ce  sont  des  gens  glorieux  pour  la 
plupart,  qui  ne  se  plaignent  jamais  d'être  dupes 
pour  éviter  la  honte  de  l'avoir  été,  dancoubt.  Lote- 
rie, se.  8.  11  est  vrai  que  ce  n'était  qu'un  laquais  j 
mais,  quand  on  est  glorieuse,  on  n'aime  à  perdre 
dans  l'esprit  de  personne,  uabivadi,  Marianne,  2* 
part.  Quelquefois  on  est  glorieux  avec  soi-même, 
on  fait  des  lâchetés  qu'on  ne  veut  pas  savoir,  et 
qu'on  se  déguise  sous  d'autres  noms,  ID.  ib.  3*  part. 
Il  I^tre  glorieux  de  quelque  chose,  s'en  faire  hon- 
neur, en  tirer  vanité.  Je  suis  aussi  glorieux  de  la 
lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire, 
que  si  on  m'avait  érigé  mille  statues,  balz.  Ut.  i, 
lett.  2.  Après  cette  victoire  il  n'est  point  de  Romain 
Oui  ne  soit  glorieux  de  vous  donner  la  main,  corn. 
//or.  rv,  3.  Celui-ci  [le  mulet]  glorieux  d'une  charge 
si  belle,  la  font.  Fabl.  i,  4.  Un  héron  glorieux  de 
voir  que  de  ses  plumes  On  faisait  pour  les  rois  des 
aigrettes  de  prix,  boirsault,  Ésope  à  la  cour,  l,  4. 
Glorieux  de  mourir  pour  le  sang  de  mes  rois,  bac. 
TUéb.  II,  2.  Il  Qui  pousse  ce  sentiment  de  gloire  jus- 
qu'au défaut.  Elle  avait  de  l'esprit  et  du  bec,  et 
souverainement  glorieu.se  quoique  fort  polie,  ST- 
siM.  ch.  608,  t.  xxxvin,  p.  4  83,  éd.  Delloye.  La  na- 
tion des  auteurs  est  un  peu  vaine  et  glorieuse,  lb 
SAOK,  Cil  Bios,  XI,  M.  I..es  richesses,  pour  lesquelles 
il  n'était  pas  né,  l'avaient  rendu  glorieux,  et  sa 
gloire  le  rendit  magnifique,  mabiv.  Pays.  parv. 
i"  part.  Homme  glorieux,  esprit  glorieux  est  tou- 
jours une  injure  ;  il  signifie  celui  jui  se  donna 
à  lui-môme  ce  qu'il  devrait  mériter  des  autres,  volt. 
Dict.  phil.  Gloire.  M.  le  duc  était  très-borné,  opi- 
niâtre, dur,  même  féroce,  et,  quoique  prince,  glo- 
rieux comme  un  homme  nouveau,  duclos,  Mém. 
rég.  tt'uB.  t.  VI,  p.  loi,  dans  polgkns.  ||  B*  5.  m.  et 
f.  Un  glorieux,  une  glorieuse,  celui,  celle  qui  a  le 
défaut  d'être  glorieux.  Le  Glorieux,  titre  d'une  co- 
médie de  Destouches.  Voyez-vous,  dirait-on,  cette 
madame  la  marquise  qui  fait  tant  la  glorieuse?  c'est 


GLO 

la  filîo  de  M.  Jourdain,  qui  était  trop  heureuse, 
élant  petite,  de  jouera  la  madame  avec  nous;  elle 
n'a  pas  toujours  été  si  relevée  que  la  voilà,  et  ses 
deux  grands-pères  vendaient  du  drap  auprès  de  la 
Porte  St-Innocent,  mol.  Bourg,  gent.  m,  12.  Je  ne 
sais  pas  pourquoi  l'on  vante  l'Alexandre  ;  Ce  n'est 
qu'un  glorieux  qui  ne  dit  rien  de  tendre,  doil.  Sat. 
m.  Auteur  solide,  ingénieux,  Oui  du  théâtre  êtes 
'e  maître,  Vous  qui  fîtes  le  Glorieux,  Il  ne  tiendrait 
qu'à  vous  de  l'être,  volt.  Lett.  en  vers  et  en  prose, 
96.  Il  On  a  appelé  quelquefois  les  saints  et  les 
anges,  les  glorieux,  comme  habitants  du  séjour  de 
la  gloire.  Les  chérubins,  ces  glorieux,  Composés 
de  tête  et  de  plume,  le  p.  lemoinne,  cité  par 
PASCAL,  Prov.  XI.  Il  6°  Au  féminin,  glorieuse,  raie 
aigle.  Il  Proverbe.  Il  fait  bon  battre  un  glorieux,  il 
ne  s'en  vante  pas,  ou,  simplement,  il  fait  bon  battre 
im  glorieux,  c'est-à-dire  un  homme  glorieux  aime 
mieux  endurer  des  humiliations  secrètes  que  de 
s'en  plaindre. 

—  SYN.  GLORIEUX,  ORGUEILLEUX.  Le  glorïeui  se 
croit  entouré  d'une  sorte  de  gloire  ;  l'orgueilleux  a 
un  sentiment  intérieur  et  profond  de  sa  supériorité. 
L'orgueilleux  se  croit  quelque  chose ,  le  glorieux 
veut  paraître  quelque  chose,  dit  Voltaire,  Dict. 
pkil.  Claire,  qui  ajoute  :  «  Le  glorieux  n'est  pas 
tout  à  fait  le  fier,  ni  l'avantageux,  ni  l'orgueilleux  ; 
le  fier  tient  de  l'arrogant  et  du  dédaigneux  et  se 
communique  peu;  l'avantageux  abuse  de  la  moin- 
dre déférence  qu'on  a  pour  lui  ;  l'orgueilleux  étale 
l'excès  de  la  bonne  opinion  qu'il  a  de  lui-même  ;  le 
glorieux  est  plus  rempli  de  vanité,  il  cherche  plus 
à  s'établir  dans  l'opinion  des  autres,  il  veut  répa- 
rer par  les  dehors  ce  qui  lui  manque  en  effet.... 
les  nouveaux  parvenus  sont  d'ordinaire  plus  glo- 
rieux que  les  autres.  » 

—  HIST.  XI"  s.  Toutes  vos  âmes  ait  Deus  II  glo- 
rius,  Ch.  de  Roi.  clx.  En  pareîs  [paradisj  entre  les 
glorius,  ib.  cciv.  ||  xn*  s.  Glorioses  choses  dites  sunt 
de  tei,  cited  de  Deu,  Liber  psalm.  p.  <23.  ||xi]i's. 
Car  à  nos  temps  est  perdus  li  saint  lieus  Où  Diex 
sofri  pour  nous  mort  glorieuse,  quesnes.  Roman- 
cero, p.  06. Il  xiv"  s.  Ceulx  qui  sont  de  noble  lignage 
et  ceulx  qui  sont  glorieux  en  aucunes  offices  ou  es- 
tas honorables,  orksme,  Eth.  lis.  ||  xvi"  s.  Ne  plus 
ne  moins  qu'une  femme  glorieuse,  qui  veult  estre 
parée  de  riches  joyaulx  et  de  pierres  précieuses, 
AMYOT,  Péric.  23.  Le  meilleur  de  ses  plus  glorieux 
actes  estoit....  id.  ib.  74.  Ce  Manlius  là  n'estoit 
qu'un  glorieux  qui  se  vantoit  de  ce  qui  n'estoit  pas 
vray,  id.  Sertor.  39. 

—  Etym.  Provenç.  glorios  ;  espagn.  et  ital.  glo- 
rioso;  du  lat.  gloriosits,  de  gloria,  gloire. 

t  GLORIFLiBLE  (glo-ri-fî-a-bl') ,  adj.  Qui  mé- 
rite d'être  glorifié. 

—  ÉTYM.  Glorifier. 

GLORIFICATION  (glo-ri-fi-ka-sion;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f.  ||  1°  Action  de  glorifier.  La  glori- 
fication de  cet  acte.  ||  2°  Terme  de  théologie.  Élé- 
vation des  justes  à  la  gloire  éternelle.  La  glorifica- 
tion des  élus. 

—  HiST.  xiV  s.  Comme  seroit  honneur  ou  glori- 
fication, ORESME,  Eth.  28. 

—  ÉTYM.  Provenç.  glorificacio ;  espag.  gloriftca- 
cion:  ital.  glorif'cnzione  ;  du  lat.  glorilicationcm, 
de  glorifi.care,  glorifier. 

GLORIFIÉ,  ÉE  (glo-ri-fi-é,  ée),  part,  passé 
de  glorifier.  {{ 1°  Qui  a  obtenu  beaucoup  de  gloire. 
Je  suis  si  glorifiée  en  ce  monde  pour  quelques 
bonnes  intentions  que  je  tiens  de  Dieu,  que  j'ai  su- 
jet de  craindre  d'être  humiliée  et  confondue  dans 
l'autre,  maintenon,  Lett.  à  l'abbé  Gobelin,  B  avr. 
i09{.||Se  dit  aussi  des  choses.  Une  action  trop 
glorifiée.  Il  2°  Terme  de  théologie.  Qui  participe  à 
la  gloire  de  Dieu.  Si  la  lumière  ou  l'éther  ne  pèsent 
point,  l'homme  glorifié  se  transportera  au  gré  de 
sa  volonté  dans  tous  les  points  de  l'espace  et  volera 
do  planètes  en  planètes,  de  systèmes  tu  systèmes, 
avec  la  rapidité  de  l'éclair,  bonnet,  Contcmpl. 
nat.  IV,  <3.  Il  Se  dit  de  Dieu  même.  Son  saint  nom 
glorifié  par  toute  la  terre. 

t  GL0R1FIE.MENT  (glo-ri-fi-man) ,  s.  m.  État  de 
ce  qui  est  glorifié. 

—  HIST.  XVI'  s Si  nous  tenons  à  la  fin  la  fiance 

elle  glorifiement  de  nostre  espérance,  calv.  Inst.  43:!. 

GLORIFIER  (glo-ri-fi-é),  je  glorifiais,  nous  glori- 
fiions, vous  glorifiiez  ;  que  je  glorifie,  que  nous  glo- 
rifiions, que  vous  glorifiiez,  v.  a.  ||  1°  Donner  de  la 
gloire.  Glorifier  un  homme,  une  action,  un  dévoue- 
ment. Il  2°  Particulièrement.  Rendre  gloire  et  hon- 
neur à  Dieu.  Alors  ces  trois  hommes  louaient  Dieu 
dans  la  fournaise  et  le  glorifiaient  et  le  bénissaient 
d'une  même  bouche    saqi,  £ible,  Daniel,  m,  &i. 


GLO 

Los  botes  sauvages,  les  dragons  et  les  autruches 
me  glorifieront,  parce  que  j'ai  fait  naître  des  eaux 
dans  le  désert,  lu.  Isàie,  xliii,  20.  Peu  s'en  faut  que 
l'esprit  humain  ne  tire  de  là  [la  permission  du  mal 
par  la  Providence]  cette  conclusion  impie  qu'on  at- 
tribuait faussement  à  saint  Paul  :  que,  puisque  Dieu 
est  glorifié  par  les  crimes  des  hommes,  il  ne  les 
faut  plus  condamner,  nicole,  Ess.  de  mor.  2*  traité, 
chap.  3.  Être  soumis  à  Dieu,  garder  fidèlement  et 
constamment  la  loi  de  Dieu,  glorifier  Dieu  par  une 
vie  digne  de  Dieu,  c'est  ainsi  que  nous  le  recon- 
naîtrons pour  père,  bourd.  Annonciat.  delà  Vierge, 
Slijst.  t.  u,  p.  (42.  Veut-il  par  mon  trépas  que  je  le 
glorifie?  RAC.  Eslh.  ii,  9.  |1  3°  Terme  de  théologie. 
Rendre  participant  de  la  gloire,  de  la  béatitude  éter- 
nelle. Comme  ils  fuyaient  la  gloire  et  cherchaient 
les  supplices.  Les  supplices  enfin  les  ont  glorifiés, 
COBN.  Imit.  i,  ts.  Je  glorifierai  quiconque  m'aura 
rendu  gloire,  et  ceux  qui  me  méprisent  tomberont 
dans  le  mépris,  saci.  Bible,  Rois,  i,  ii,  30.  Si  je  me 
glorifie  moi-même,  ma  gloire  n'est  rien;  c'est  mon 
père  qui  me  glorifie,  m.  Év.  St  Jean,  viii,  54.  1! 
viendra  pour  venger  les  humbles,  en  glorifiant  dans 
leurs  personnes  l'humilité,  bourd.  Jug.  dem.  2' 
avent,  p.  357.  ||  4°  Se  glorifier,  v.  réfl.  Faire  gloire 
do  quelque  cho.se.  Tant  qu'Alexandre  eut  en  tête  un 
si  grand  capitaine,  il  put  se  glorifier  d'avoir  vaincu 
un  ennemi  digne  de  lui,  Boss.  Ili.st.  m,  B.  Elle  s'est 
toujours  plus  glorifiée  d'être  fille  de  saint  Bernard 
(jue  de  tant  de  braves  aïeux,  de  la  race  desquels 
elle  est  descendue,  ID.  Yol.de  if onterby.  Il  n'est  rien 
de  plus  naturel  que  de  se  glorifier  des  noms  qu'on 
s'est  acquis  par  sa  vertu,  plutôt  que  de  ceux  qu'on 
tient  du  hasard,  bourd.  Ifyst.  Circoncision  de  J.  C. 
t.  I,  p.  65.  La  Grèce,  qui  se  vante  d'avoir  fait  naître 
Platon,  se  glorifie  encore  d'Anacréon  ;  et  Cicéron 
ne  fait  point  oublier  Catulle,  volt.  Cons.  à  un  jour- 
nal. Il  Se  glorifier  dans,  placer  sa  gloire  dans.  Dieu 
se  glorifie  dans  ses  saints.  Un  père  se  glorifie  dans 
ses  enfants.  Afin  que  Jérusalem  se  glorifie  en  vous, 
et  que  votre  nom  soit  au  nombre  des  saints  et  des 
justes,  SACI,  Bible,  Judith,  x,  8. 

—  lllST.  xu*  s.  Jo  suis  Jésus  tis  frère;  tu  glorifie- 
ras M'iglise  par  tun  sanc,  e  eshaucié  seras.  Th.  le 
mart.  <oo.  Ki  mel  honured,  jol  glorrifierai  ;  et  ki 
mei  despirra,  jol  métrai  en  despit,  Rois,  p.  9.  ||  xiii"  s. 
Cuers  [coeur]  ne  se  puet  glorefier  Ne  por  terre  ne 
por  denier  Tant  comme  il  fet  por  fine  amor.  Lai  du 
conseil.  ||  xv"  s.  Et  telz  seigneurs  y  a  qui  n'ont  que 
treize  livres  de  rente  qui  se  glorifient  de  dire  :  Par- 
lez à  mes  gens,  cuydans  par  ceste  paroUe  contre- 
faire les  très  grans  seigneurs,  comm.  i,  to.  ||  xvi'  s. 
U  se  glorifie  qu'il  mesprisera  hardiment  tout  ce  qui 
peut  tourmenter  son  esprit,  calv.  Inst.  453.  Il  se 
cognoissoit  detteur  de  Dieu  à  glorifier  son  nom,  fust 
par  vie  fust  par  mort,  m.  ib.  66<.  Celui  qui  aura 
honte  d'une  meschante  robbe,  se  glorifiera  en  une 
précieuse,  ID.  ib.  5G6. 

—  ÉTYM.  Provenç.  glorificar,  glorifiar;  espagn. 
glorificar;  ital.  giori/icare;  du  lat.  grion'^core,  de  gio- 
ria ,  gloire ,  et  le  suffixe  verbal  ficare  (voy.  fier, 
suffixe).  L'ancienne  langue  disait  aussi  glorier. 

GLORIOLE  (glo-ri-o-r),  s.  f.  Petite  gloire  qu'on 
tire  de  petites  choses.  On  nous  apprend  l'inutile  et 
on  nous  laisse  ignorer  le  plus  important;  nous  avons 
besoin  de  citoyens  parvenus  par  une  longue  habi- 
tude à  être  justes,  doux,  humbles,  patients,  polis, 
discrets  et  généreux,  qui  sachent  pardonner  les  in- 
jures, qui  se  connaissent  en  vraie  gloire  et  qui  la 
recherchent,  qui  méprisent  les  distinctions  de  va- 
nité ou  les  glorioles,  qui  fassent  plus  de  cas  des 
grands  talents  et  des  grandes  vertus  que  des  grands 
biens  de  la  fortune,  st-pierhe,  Discours  prélimi- 
naire de  ses  annales  politiques.  S'applaudir  d'être 
plus  puissant  que  les  autres,  c'est  une  vanité,  c'est 
une  gloriole;  mais  la  vraie  gloire,  la  grande  gloire, 
c'est  de  faire  le  meilleur  usage  qu'il  est  possible  de 
la  supériorité  de  sa  puissance,  m.  Annales  politiques. 
Les  affaires  furent  relardées  par  ces  prétentions  et 
ces  refus  que  les  Romains  nommaient  gloriole,  que 
tout  le  monde  condamne  quand  on  est  sans  carac- 
tère, et  sur  lesquels  on  insiste  dè.s  qu'on  en  a  un, 
VOLT.  Ann.  Emp.  Ferdinand  III,  poix  de  Vestpha- 
lie.  La  fumée  de  la  gloriole  m'ayant  plus  étourdi 
que  flatté,  J.  J.  Rouss.  Confess.  xii.  L'abbé  de  St- 
Pierre  est  l'auteur  d'une  expression  qui  commence 
à  prendre  faveur  ;  c'est  le  mot  de  gloriole,  si  bien 
adapté  à  cette  vanité  puérile  qui  ne  vit,  si  on  peut 
imrler  de  la  sorte,  que  de  la  fumée  la  plus  légère  et 
■a  plus  prompte  à  s'exhaler,  d'alemb.  Eloge  de 
l'abbé  de  Sll'ierrc.  lia  petite  plorioled'auteur  fui  .«i 
satisfaite  de  se  rencontrer  auprès  de  la  grande  gloiio 
de  Lacédémone,  que  ...  ciiATEAnBE.  Itin.  <••  part 


GLO 


1885 


—  KTYM.  Lat.  fjloriola,  diminutif  de  gloria,  di- 
minutif que,  comme  on  a  vu,  l'abbé  de. St-Pierre  a 
la  premier  introduit  en  français. 

GLOSE  (glô-z'),  t.  f.  Il  1°  Mot  vieilli  on  difficile 
recueilli  dans  les  auteurs  grecs  et  expliqué.  Érolien 
a  donné  un  recueil  des  gloses  d'Hippocrate.  ||  2°  Par 
extension,  note  explicative  sur  les  mots  ou  sur  le 
sens  d'un  texte,  dans  la  même  langue  que  le  texte, 
et  mise  d'ordmaire  à  la  marge.  Faisons  donc  quel- 
ques récits  Qu'elle  déchifi'ro  .sans  glose,  la  font. 
Fabl.  vni,  ta.  Concevez,  monsieur,  huit  pages  sans 
points  ni  virgules,  les  gloses  confondues  avee  le 
texte,  p.  L.  COUR.  Lett.  à  M.  Renouard.  ||  Glose  or- 
dinaire, le  commentaire  de  Nicolas  de  Lyra  sur  la 
Bible.  Il  Glose  interlinéaire,  glose  placée  entre  les 
lignes  du  texte.  ||  La  glose  se  dit  spéci.ilement  aussi 
(les  commentaires  des  glossateurs  qui  accompa- 
gnent certaines  anciennes  éditions  du  Corpus  juris. 
L'édition  principale  se  nomme  la  grande  glose. 
||3«  Notes  servant  à  l'éclaircissement  d'un  texte. 
La  Glose  d'Accurse.  Cette  fable  n'est  point  dans  le 
texte,  mais  dans  la  glose,  diderot,  Opin.  des  anc. 
phil.  (juifs).  Il  C'est  la  glose  d'Orléans  qui  est  plus 
ohscure  que  le  texte ,  s'est  dit  d'explications  peu 
claires  et  embrouillant  le  texte  au  lieu  de  l'éclair- 
cir  ;  locution  née  des  écoles  de  droit  d'Orléans  qui 
ont  été  longtemps  célèbres.  ||  4"  Parodie  rimée 
d'une  pièce  de  poésie  dont  on  répète  un  vers  à  la 
fin  de  chaque  stance.  La  glose  a  autant  de  stances 
que  le  texte  parodié  a  de  vers.  La  glose  de  Sarazin 
sur  le  sonnet  de  Job.  ||  Par  extension,  récit.  On 
dit  pourtant,  pour  terminer  ma  glose  En  peu  de 
mots,  que  l'ombre  de  l'oiseau  Ne  loge  plus  dans  le 
susdit  tombeau,  gress.  Vert-vert,  iv.  ||  6"  Réflexions, 
interprétations  critiques.  Je  sais  que  c'est  un  texte 
où  chacun  fait  sa  glose,  boil.  Sat.  x. 

—  SYN.  glose,  commentaire.  Ils  sont  tous  les 
deux  des  interprétations  ou  des  explications  d'un 
texte;  mais  la  glose  est  plus  littérale  et  se  fait  pres- 
que mot  à  mot  ;  le  commentaire  est  plus  libre,  et 
moins  scrupuleux  de  s' écarter  de  la  lettre,  guizot. 

—  HIST.  xin*  s.  Ensi  estoient  dont  les  choses  En- 
tre les  testes  [textes]  et  les  gloses,  G.  de  cambrai, 
Barl.  et  Jos.  p.  5.  Car  sachiés  que  cist  nobles  son- 
ges. Où  fausse  glose  volés  mètre,  Doit  estre  enten- 
dus à  la  letre,  la  Hose,  0633.  Et  Léonce  tantost  la 
glose  Li  demanda  de  ceste  chose,  ib.  8793.  ||  xv*  s. 
Quant  tu  es  courcé  d'aultres  choses,  Cueur,  mieulx 
te  vault  en  paix  laisser  ;  Car  s'en  te  vient  araison- 
ncr,  Tost  y  trouves  d'estranges  gloses,  en.  d'orl. 
Rondeau.  I]  xvi*  s.  11  mefaut  ici  adjurer  les  lecteurs, 
non  pas  d'escouter  à  mes  gloses,  mais  de  donner 
quelque  lieu  à  la  parole  de  Dieu,  calv.  Inst.  bu. 

—  ÉTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  glosa;  portug. 
glossa;  du  latin  glossa,  qui  est  le  grec  fyâiaaa,  pro- 
prement langue,  puis  mot  ancien  tombé  en  désué- 
tude, difficile  à  comprendre,  de  là  glose. 

GL0SI5,  ËE  (gW-zé,  sée),  part,  passé  de  gloser. 
Il  1°  Expliqué  par  des  gloses.  Virgile  glosé  par 
Scrvius.  Il  2°  Blâmé,  censuré.  Une  conduite  glosée 
par  tous  les  voisins. 

GLOSER  (glê-zé),  V.  a.  Il  1°  Commenter  par  glo- 
ses. Les  auteurs  qui  ont  glosé  la  Bible.  |1 2°  Fig. 
Critiquer,  censurer.  Sans  gloser  les  humeurs  de 
dame  Frédégonde,  Régnier,  Sat.  iv.  Quoi  !  pour  un 
maigre  auteur  que  je  glose  en  passant,  boil.  5a(. 
IX.  Il  3°  V.  n.  Donner  une  glose.  Qu'ont  fait  ces 
commentateurs  et  ces  glossateurs,  surtout  ceux  qui 
ont  glosé  sur  les  lois,  qu'ont-ils  fait  ordinairement, 
sinon  de  charger  les  marges  des  livres  de  leurs 
imaginations,  qui  ne  font  le  plus  souvent  qu'em- 
brouiller le  texte?  boss.  Exp.  doct.  cathol.  Atert. 
Il  Fig.  Gloser  sur  l'Évangile,  être  madré,  fùté.  Au 
temps  que  le  sexe  vivait  Dans  l'ignorance  et  ne  sa- 
vait Gloser  encor  sur  l'Évangile,  Temps  à  coter  fort 
difficile,  la  font.  Cord.  ||  4°  Parler  d'une  façon 
désapprobative.  Car  chacun  taille,  rogne  et  glose  sur 
mes  vers,  Régnier,  Sat.  xii.  Sur  notre  honneur  en- 
fin aucun  mortel  ne  gloso,  iiAUTEnocHE,  Bourg,  de 
qualité,  II,  e.  Glosa  sur  l'éléphant,  dit  qu'on  pourrait 
encor  Ajoutera  sa  queue,  ôtcr  à  ses  oreilles,  la  font. 
Fabl.  I,  7.  Et  prend  droit  de  gloser  sur  tous  tant 
que  nous  sommes,  mol.  Tart.  i,  2.  Oui-da,  l'état  do 
vouve  est  une  douce  chose.  On  a  plusieur»  amants 
sans  que  personne  en  glose,  regnard,  le  Bal,  se.  3. 
Sachez,  quoiqu'on  en  glose.  Qu'un  travers  e.st,  ma 
dame,  une  fort  bonne  chose,  lanoue.  Coquette  corr. 
III,  fi.  Certain  cafard,  jadis  jésuite.  Ose  gloser  sur  m» 
conduite,  volt.  Poésies  mêlies,  63.       ' 

—  iiiST.  xiii*  s.  Cest  example  chi  t'ai  monstre. 
Mais  ne  l'ai  encor  pas  glosé,  gui  de  cambrai,  Barl. 
et  Jos.  p.  72.  Je  n'i  voi,  ne  n'i  sai  nul  autre  enten- 
dement, Ne  la  sainte  escripture  ne  le  glose  autre- 


1880 


GLO 


ment,  J.  DE  WEUNO,  Tr.  J«.  Il  xiV  s.  Et  avecques  co 
elleveultet  aide  à  les  [lois]  entendre,  interpréter 
ou  gloser,  et  aussy  à  les  corriger  ou  muer,  oresme, 
Elh.  l'rol.  Ht  laidement  en  iert  [était]  repris  Par- 
tout ù  cius  (ce]  fais  iert  repris  [redit]  ;  Cascuns  pour 
ce  fait  moult  gloza,  J.  ue  condet,  p.  )4.  ||xvs. 
Plusieurs  chevaliers  et  escuyers  qui  là  estoientcir- 
constans  notèrent  et  glosserent  ces  paroles,  fboiss. 
II,  m,  >i.  J'ouyz  un  bruit  qu'on  demenoit,  Dont  in- 
continent je  glosay  [je  conclus]  Que  c'estoit  mon- 
sieur qui  venoit,  coqiiillart,  p.  U7.  D'autre  part, 
frans  à  femme  franche  Ne  puct  [peut]  batre  bief 
sur  la  granche,  X  gloser  honourablement  [pour  me 
servir  de  termes  honnêtes],  Ou'ambdeux  [que  tous 
deux]  ne  pèchent  mortelment,  e.  desch.  Poésies 
mss.  f°  433.  Il  XVI'  s.  Les  fines  gens  remarquent  plus 
de  choses,  mais  ils  les  glosent,  mont,  l,  233.  J'en- 
tends que  la  matière  se  distingue,  sans  ma  gloser 
moy  mesme,  id.  iv,  (37. 

—  ËTYH.  Close;  provenç.  gloiar;  espagn.j/îoior; 
porlug.  glossar;  ital.  glosarc. 

GLOSEUll,  EUSE  (glô-zeur,  zeù-z"),  t.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  glose  sur  tout,  qui  interprète  tout  en 
mal.  C'est  un  gloseur  perpétuel. 

—  Rtvm.  Gloser. 

GLOSSAIRE  (glo-ssê-r'),  s.  m.  ||  1»  Dictionnaire 
des  mots  anciens  ou  peu  connus  d'une  langue  et 
qui  ont  besoin  d'être  expliqués  par  des  gloses  ou  par 
des  expressions  courantes  et  usuelles.  Le  Glossaire 
de  du  Cange.  ||  2°  Par  extension ,  vocabulaire. 
Il  3°  La  nomenclature  des  mots  d'une  langue.  Le 
riche  glossaire  de  la  langue  grecque.  ||  4"  Terme 
de  zoologie.  Ensemble  de  la  langue  et  de  la  16vre 
des  insectes. 

—  JÊTYM.  Lat.  glossarium,  du  grec  yXiSïtra,  mot 
ancien,  difficile. 

t  GLOSSALGIE  (glo-ssal-jie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Douleur  à  la  langue. 

—  ÉTVM.  n.Miroi,  langue,  et  iXvoî,  douleur. 
tCLOSSANTHRAX  (glo-.ssan-traks'),  j.  m.  Terme 

de  vétérinaire.  Affection  charbonneuse  à  la  langue, 
dite  aussi  charbon  volant,  mal  de  langue,  perce-lan- 
gue, et  observée  chez  la  plupart  des  herbivores .et 
particulièrement  dans  l'espèce  bovine. 

—  Rtym.  rXûîffa,  langue,  et  anthrax. 
GLOSSATEUR  (glo-.<^sa-teur),  s.  m.  ||  1»  Celui  qui 

recueille  ou  qui  rédige  des  gloses.  Hésychius  et  tous 
les  autres  glossateurs  ou  lexicographes  se  sont  ser- 
vis nécessairoment  d'Athénée,  p.  l.  cour.  Art.  sur 
une  nnuv.  édil.  d'ÀthérJe.  ||  2°  Auteur  d'une  glose. 
Les  glossateurs  de  la  Bible.  ||  .S'applique  spéciale- 
ment aux  commentateurs  du  Corpus  juris  dans  le 
moyen  âge.  Votre  fait  Est  clair  et  net;  Et  tout  le 
droit  Conclut  tout  droit.  Si  vous  consultez  nos  au- 
teurs. Législateurs  et  glossateurs,  Justinian,  l'api- 
nian,  Ulpian  et  Tribonian,  Fernand,  Rebuffe,  Jean 
Immole,  Paul  Castro,  Julian,  Barthole,  Jason,  Alciat 
etCujas,  Ce  grand  homme  si  capable,  La  polygamie 
est  un  cas.  Est  un  cas  pendable,  mol.  Pourc.  ii,  13. 

—  lilST.  XVI'  s.  L'exposition  que  ces  bons  glosa- 
teursailjoustent  puis  après,  est  beaucoup  pire  que  ces 
définitions,  calv.  Instil.  481. 

—  f.TYM.  Lat.  giossa  (voy.  glose).  L'ancienne  lan- 
gue disait  nloseur. 

f  GLOSSÉ  (glo-s'),î.  /'.Jl  l'Terme  de  zoologie.  Lan- 
gue des  insectes  hyménoptères  et  diptères.  ||  2°  Mol- 
lusque qui  habite  la  coquille  appelée  isocarde. 

—  ÉTYM.  n.ûijffï,  langue. 

t  GLOSSIEN,  lENXE  (  glo-ssiin,  siè-n'  ) ,  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  la  langue. 

—  ÊTYM.  r)i7w(Tat,  langue. 

t  GLOSSIPIIO.XIE  (glo-ssi-fo-nie),  s.  f.  Terme  de 
zoologie.  Nom  d'un  genre  d'hirudinées  de  petit  vo- 
lume, se  roulant  en  boule  à  la  manière  des  cloportes. 

—  ÈTYM.  Diûçaa,  langue,  et  oiswv,  siphon. 

t  GLOSSIQUE  (glo-ssi-k'),od;.  Synonyme  de  glos- 
sien. 

GLOSSrrK  (glo-ssi-f),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Infiamnialion  de  la  langue. 

—  ÉTYM.  l").ù>rjia,  langue,  et  la  finale  médicale 
>te,  indiquant  inflammation. 

t  GLOSSOCATOCIIË  (glo-sso-ka-lo-ch'),  t.  m. 
Terme  de  chirurgie.  Instrument  destiné  à  tenir  la  lan- 
gue abaissée,  pour  examiner  l'intérieur  de  la  bouche. 

—  Etym.  Doxiffoïàro/o;,  de  y^daca,  langue,  et 
xiT^xeiv,  maintenir  en  bas,  de  xatà,  en  bas,  et 
IXEi",  avoir. 

tGLOSSOCP.LE  (glo-sso-sè-D,  ï.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Saillie  de  la  langue  hors  de  la  bouche, 
dépendant  d'un  gondemenl  de  cet  organe. 

—  f.TYji.  l')<;„7,;oi^  et  xT|)ri,  tumeur. 

t  GLOSSOC.OME  (glo-sso-ko-m') ,  s.  m.  Terme 
d  antiquité.  Boite  &  serrer  les  anches,  et,  par  ei- 


GLO 

tension,  toute  espèce  de  boites.  ||  Appareils  dont 
les  anciens  se  servaient  pour  la  réduction  des  frac- 
tures et  des  luxations  de  la  cuisse  et  de  la  jambe. 

—  ÉTYM.  rXioaoàxoixov,  de  yXûxsaa,  anche,  et  y.o- 
|ji£<ij,  ranger. 

t  GLOSSO-ÉPIGLOmOUE  (glo-sso-é-pi-glo- 
tti-k'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  la 
langue  et  à  l'épiglotte.  Muscles  glosso-épiglottiques, 
faisceaux  de  libres  charnues  qui  naissent  en  ar- 
rière de  la  face  supérieure  de  la  base  de  la  langue. 

—  ÉTYM.  rXMood,  langue,  et  épiglolle. 

t  GLOSSOGRAPIIE  (glo-sso-gra-f) ,  s.  m.  Gram- 
mairien qui  s'occupe  surtout  de  recueillir  les  mots 
anciens  ou  obscurs. 

—  ÉTYM.  Voy.  Gl.OSSOGRAPHIE. 

t  GLOSSOGRAPUIE  (glo-sso-gra-fie  ) ,  s.  f. 
Il  1°  Recherche  des  mots  anciens  ou  obscurs. 
Il  2°  Étude  d'une  langue  par  rapport  au  glossaire, 
à  la  nomenclature.  ||  3"  Terme  d'anatomie.  Descri- 
ption anatomique  de  la  langue. 

—  ÉTYM.  rXw(T(ja,  glose  ou  langue,  et  Ypôçs'v, 
décrire. 

t  GLOSSOÏDE  {glo-sso-i-d'),  ad).  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  a  la  forme  d'une  langue. 

—  ÉTYM.  n.wTda,  langue,  et  eiSo;,  forme. 

t  GLOSSOLOGIE  (glo-sso-lo-jie),  s.  f.\\i' Élude 
des  langues.  La  glossologie  comparée.  ||  2°  Connais- 
sance des  termes  techniques  d'une  science,  mol 
pour  lequel  on  dit  quelquefois  à  tort  terminologie. 

—  ÉTYM.  rXôJaffot,  langue,  et  ^oyo;,  doctrine. 

t  GLOS.SOLOGIOPE  (glo-sso-lo-ji-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  la  glossologie. 

t  GLOSSO-PALATIN  (glo-sso-pa-la-tin) ,  adj.  m. 
Synonyme  de  glosso-staphylin. 

—  ÉTYM.  rXiStTda,  langue,  et  le  lat.  paiotum,  palais. 
GLOSSOPÈTRE    (  glo-sso-pè-tr') ,   s.    m.    Terme 

d'histoire  naturelle.  Nom  de  certaines  pierres  fos- 
siles, qui  représentent  une  langue;  ce  sont  des 
dents  de  poissons  fossiles. 

—  ÉTYM.  rXiiiToa,  langue,  et  nÉTpa,  pierre. 

t  GLOSSO-PUARYNGIEN,  lENNE  (glo-sso-fa- 
rin-jiin,  jiè-n'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  a  rap- 
port à  la  langue  et  au  pharynx.  Faisceaux  glosso- 
pharyngiens,  faisceaux  musculaires  qui,  des  parties 
latérales  et  postérieures  de  la  langue,  vont  gagner 
le  pharynx. 

—  ÉTYM.  rXwffoa,  langue,  et  pharyngien. 

t  GLOSSO-STAPHYLIN  (glo-sso-sta-fi-lin),  adj. 
m.  Terme  d'anatomie.  Oui  a  rapport  à  la  langue  et 
à  la  luette.  Muscles  glosso-staphylins,  muscles  qui 
s'étendent  des  parties  latérales  et  postérieures  de 
la  langue  au  voile  du  palais. 

—  ÉTYJl.  rXâ'iTffa,  langue,  et  oTaoÛAT,,  luette. 

t  GLOSSOTUÈOUE  (glo-sso-tè-k')',  s.  {.  Terme  de 
zoologie.  Partie  de  la  chrysalide  qui  loge  la  langue 
de  l'insecte. 

—  ÉTYM.  rXiôiraa,  langue,  et  Orixy),  loge. 

t  GLOSSOTOMIE  (glo-sso-to-mie) ,  s.  f.  Terme 
d'anatomie.  Dissection  de  la  langue.  ||  Terme  de 
chirurgie.  Amputation  de  la  langue,  ou  retranche- 
ment d'une  portion  de  cet  organe. 

—  ÉTYM.  Viùiana.,  langue,  et  to[iti,  section. 

GLOTTE  (glo-f),  s.  f.  Terme  d'anatomie.  Ouver- 
ture du  larynx  qui  sert  à  l'émission  de  la  voix. 
Glotte  supérieure  ou  orifice  supérieur  du  larynx, 
fente  oblongue  d'avant  en  arrière,  longue  de  23  à 
2b  millimètres  chez  l'adulte,  et  large  de  5  à  7  mil- 
limètres. Glotte  inférieure  ou  glotte  proprement 
dite,  fente  placée  à  8  ou  40  millimètres  au-dessous 
do  la  précédente. 

—  ÉTYM.  rXûTta  ou  •yXûiKTo,  langue. 

t  GLOTTIOt'E  (glo-tti-k'),  adj.  Terme  d'anato- 
mie. Oui  a  rapport  à  la  glotte,  qui  lui  appartient. 

—  ÉTYM.  Glotte. 

GLOUGLOTER  (glou-glo-té)  ou  GLOUGLOPTER 
(;,'lou-glou-té),  V.  n.  Il  se  dit  du  cri  des  dindons.  Le 
dindon  glouglote. 

—  ÉTYM.  Glouglou. 

GLOL'GLOD  (g'iou-glou),  S.  m.  ||  1°  Bruit  que  fait 
le  vin  qu'on  verse  d'une  bouteille.  Ou'ils  sont  doux, 
P.oiiteille  jolie,  Ou'ils  sont  doux  Vos  petits  glouglous, 
MOL.  M(fd.  m.  lui,  i,  6.  C'est  un  secours  contre  plus 
d'un  tourment;  11  n'en  est  point  qui  ne  cède  ai.sé- 
meut  Aux  doux  glouglous  que  fait  une  bouteille, 
■  iKSHOULiÈBES,  dans  hicuelet.  Il  8"  Il  se  dit  du  cri 
du  dindon.  Des  dindons  on  voyait  la  crête  purpurine 
•Vu  milieu  des  glouglous  se  dresser  et  pâlir,  ba- 
ciiA'jMONT,  Hem.  secrets,  t.  ixxv,  p.  49. 

—  ÉTYM.  Onomatopée. 

GLOIJME  (glou-m'),  s.  f.  Voy.  gbume. 

t  GLOUSSANT,  ANTE  (glou-san,  san-l'),  adj.  Qui 
glousse.  Il  ne  nous  parait  pas  que  les  oiseaux  nom- 
més par  Dampierre  poules  gloussantes  soient  de  la 


GLO 

famille  de  la  poule  d'eau,  ovyr.  Ois.  t.  xv,  p.  288. 
GLOUSSEMENT  (glou-se-man),  I.  m.  ||  1"  Cri  de 
la  poule.  Les  gloussements  de  la  mère  [faisane]  pri- 
sonnière et  le  besoin  de  se  récbaufl'er  de  temps  ea 
temps  sous  ses  ailes  les  [les  petits]  rappelleront 
sans  cesse  et  les  empêcheront  de  s'écarter  beau- 
coup, BUPP.  Ois.  t.  IV,  p.  84.  Il  2"  Par  extension.  Les 
gloussements  des  dindons.  ||  3°  Sorte  d'articulation 
qui  est  propre  à  la  langue  des  Hottentots.  jf  On  a  dit 
aussi  glossement.  Plus  je  réfléchis  sur  la  -couleur 
de  ces  peuples  [Hottentots],  sur  le  glossement  donl 
ils  se  servent  pour  se  faire  entendre  au  lieu  d'un 
langage  articulé....  volt.  Amabed,  *'  lettre. 

—  ÉTYM.  Glousser. 

GLOUSSER  (glou-sé),  v.  n.  Faire  des  glousse- 
ments, en  parlant  du  cri  des  poules  qui  couvent. 
Il  Par  extension.  Le  loup  bêle,  mugit  ou  aboie  ;  le 
renard  glousse  ou  crie,  chateaubr.  Génie,  i,  v,  6. 

—  msT.  XVI'  s.  Ils  cloussent  comme  les  poulies, 
PARÉ,  Animaux,  25.  L'on  recognoit  facilement  cela 
au  glousser.  —  Toutes  poules,  quoique  gloussantes  et 
désireuses  de  couver,  ne  sont  propres  à  ce  mestier, 

0.  DE  SERRES,  356. 

—  ÉTYM.Berry,  crotascr,  glouquer;  génev.  clou$- 
ser  ;  wall.  gloukser  ;  namur.  clouketer  ;  bourg. 
claueé;  ital.  chiocciare;  lat.  glocire,  glousser;  grec, 
xXûlla). 

t  GLO0SSËTE  (glou-sè-f),  s.  f.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  poule  d'eau  brune.  On  dit  aussi  glouet. 

—  ÉTYM.  Ainsi  dite  à  cause  de  son  cri. 

f  GLOUT  (glou),  s.  m.  Terme  vieilli.  Glouton. 
C'est  un  paillard,  c'est  un  mâtin  Qui  tout  dévore, 
Happe  tout,  serre  tout;  il  a  triple  gosier.  Donnez- 
lui,  fourrez-lui,  le  glout  demande  encore,  la  font. 
Poésies  mêlées,  xlvi. 

—  ÉTYM.  Glout  est  un  vieux  mol  (voy.  glo'jton 
à  l'historique). 

GLOUTERON  (glou-te-ron),».  m.  Nom  que  l'on 
a  donné  à  la  bardane.  ||  Se  dit  aussi  du  caille-lait 
accrochant. 

—  ÉTYM.  Altéré  de  gletleron,  qui  est  lui-même 
un  dérivé  de  l'anc.  franc,  glcton;  celui-ci  vient  de 
l'anc.  haut-ail.  chlelto,  accus,  chlettun,  glouleron. 

GLOUTON,  ONNE  (glou-ton,  to-n'),  adj  \\  1°  Qui 
mange  avec  avidité,  avec  excès.  Chasse  des  soldats 
gloutons  La  troupe  fiére  et  hagarde  Qui  mange  tous 
mes  moutons  Et  bat  celui  qui  les  garde,  la  pont. 
Poés.  mêlées,  xvii.  ||  11  se  dit  des  choses.  Pour  moi, 
satisfaisant  mes  appétits  gloutons,  J'ai  dévoré  force 
moutons,  la  font.  Fabl.  vu,  i.  Son  vœu  l'avertit 
d'être  sage  ;  Son  appétit  glouton  n'est  pas  du  même 
avis,  LA  motte,  Fabl.  i,  8.  ||  Substantivement.  Un 
glouton,  une  gloutonne.  Nous  voulons,  dirent-ils, 
ctoufTer  le  glouton  Qui  nous  a  pris  Robin-mouton, 
LA  FONT.  Fabl.  IX,  <9.  VOUS  n'exallez,  maîtres  glou- 
tons, Que  la  gloire  des  marmitons,  nÉBANO.  Courm. 
Il  2°  Terme  de  zoologie.  Les  gloutons,  nom  d'un 
genre  de  mammifères  de  l'ordre  des  carnassiers. 
11  y  a  au  Kamtscliatka  un  animal  appelé  glouton, 
dont  la  fourrure  est  si  estimée,  que,  pur  dire  qu'un 
homme  est  richement  habillé,  on  dit  qu'il  est  vêtu 
de  fourrure  de  glouton,  buff.  Qiiadrup.  t.  iiii,  p.  6. 

—  lllST.  XI'  s.  Nous  avon  dreit,  mais  cist  glutun 
ont  tort,  Ch.  de  Roi.  xci.  Par  tel  gluton  n'ert  [sera] 
bataille  vaincue  [gagnée],  ib.  en.  Mors  est  li  gluz 
qu'  [qui]  en  destreit  vous  teneit,  ib.  cclii.  |{  xu'  s. 
S/,  grant  mensonge  où  put  cist  gloz  troverî  Hone. 
p. 186.  Il  XIII'  s.  Henart  li  dist  :  lu  es  trop  glot;  Por- 
quoi  as  le  pot  abalu?  lien.  2788.  ||  xiv  s.  Et  poont 
eslre  diz  en  françois  gloutons  et  gourmans, oresme, 
Eth.  91.  Icellui  Robert,  qui  estoil  puissant  homme 
de  corps,  mauvais  glout  et  de  mauvaise  renommée, 
nu  GANGE, gioloniis.  ||  xV  s.  Et  fut  pris  [l'archevêque 
do  Caiitortery]  de  ces  gloutons  [les  paysans  révoltés], 
et  tanto«t  décollé,  froiss.  ii,  u,  hj.  Glout  atout, 
ou  il  pert  tout,  leroix  if.  lincv,  Prov.  t.  n,  p.  198. 
Oui  glouton  haste,  estrangler  le  veut,  lo.  ib.  p.  3i)ï. 
Gloutz  [avides]  d'honneur  acquerre,  Perceforest, 
t.  IV,  f"  82.  De  ce  que  tu  nous  as  compté.  C'est  un 
glout  sans  nulle  bonté  ;  Onques  ne  pensa  bien  à 
faire,  la  Pass.  de  N.  S.  J.  C.  ||  xvi'  s.  Manger  dp 
glouton,  chair  de  mouton,  cotgrave.  Qui  de  tout 
n'essaye  n'est  pas  bon  glouton,  id.  Les  estroicts 
baisers  de  la  jeunesse,  savoureux,  gloutons,  moni. 

1,  302. 

—  ÉTYM.  Bourg,  glôton;  wallon,  glot,  friand; 
prov.  glot,  yluto;  anc.  cat.  glot,  glolô  ;  esp.  gloton; 
port,  glolào;  ital.  ghioUo,  ghioltone;  du  lat.  gluto, 
glulonis,  de  glulus,  gosier.  On  signale,  dans  le 
kimry,  glicth,  vorace.  Dans  le  vieux  français,  li 
gio:,  nominatif  singulier,  du  latin  glûlo;  le  gloton, 
régime  singulier,  de  glutànem;  li  gloton,  nominatif 
pluriel,  de  glutônts;  les  glotons,   régime  pluriel. 


GLU 

Is  provençal  suit  la  même  déclinaison.  C'eit  de  glos 
au  nominatif  que  dérive  glout,  employé  pour  glou- 
ton dans  les  âges  postérieurs,  et  même  par  la  Fon- 
:;iine.  Dans  l'ancienne  langue,  glos,  gloton  avait 
LUI  sens  plus  étendu,  et  était  un  terme  d'injure  si- 
gnifiant méchant. 

GLO(JTO\\EME\T  (glou-to-ne-man),  adv.  D'une 
manière  gloutonne.  Que  mainte  assiette  et  mainte 
écuelle.  Faute  de  meilleur  aliment,  Seront  par  lui 
gloutonnement  Et  par  ses  soldats  dévorées,  scabron, 
yirg.  III.  Les  loups  mangent  gloutonnement, 
I.\  FONT.  Fabl.  III,  9. 

—  HIST.  XV'  s.  C'estoit  grand  pitié  de  la  maladie 
(lu  roi  [Charles  VI];  et,  quant  il  mangeoit,  c'estoit 
Men  gloutonement  et  louvissement,  Juv.  des  ur- 
siss,  M05.  Il  XVI'  s.  Manger  trop  gloutement  les 
viandes,  pAHé,  vi,  6. 

—  ÉTYM.  Gloutonne,  et  le  suffixe  ment;  portug. 
(ihtonamente.  Il  y  avait  aussi  gloulement,àB  gloule, 
ci  le  suffixe  ment. 

GLOUTOXNERIE    (glou-to-ne-rie) ,  s.  f.  Vice   du 

glouton.  11  faut  remonter  jusqu'au  vieux  Porphyre 

i    et  aux  compatissants  pythagoriciens  pour  trouver 

I    quelqu'un  qui  nous  fasse  honte  de  notre  sanglante 

I    gloutonnerie   [habitude  de  manger  des  animaux], 

VOLT.  Princ.  d'action,  (5. 

—  HIST.  XIII'  s.  Cil  qui  sunt  norri  en  outrage  et 
en  gloutonnerie.  Psautier,  f°  70. 

—  Ktym.  Glouton,  par  l'intermédiaire  d'un  sub- 
stantif fictif  gloutonnier.  X  part  l'exemple  cité  d'un 
texte  du  xiii'  siècle,  gloutonnerie  ne  se  trouve  nulle 
part;  c'est  toujours  gloutonie,  bien  plus  régulier, 
depuis  le  xiii'  siècle  jusqu'au  xvi";  et  il  demeure 
usité  dans  le  xvii',  où  Richelet  dit  qu'on  s'en  sert 
plus  que  de  gloutonnerie.  Aujourd'hui  il  a  disparu. 

t  GLOCZE  (glou-z'),  s.  f.  Nom,  sur  quelques 
côtes,  d'un  endroit  où  le  sable  du  rivage  s'imbibe 
d'eau  et  s'affaisse. 

GLU  (glu),  s.  f.  Il  i"  Matière  visqueuse  et  tenace 
dont  on  se  sert  pour  prendre  les  oiseaux  et  qui  est 
fournie  par  la  seconde  écorce  du  houx  et  par  le  gui. 
Cela  tient  comme  de  la  glu.  ||  Fig.  Le  plaisir  est  une 
glu  qui  colle  et  attache  l'âme  à  sein  objet,  nicole, 
dans  RICHELET.  Le  style  do  ia  Calprencde  est  maudit 
en  mille  endroits....  je  trouve  qu'il  est  détestable, 
et  je  ne  laisse  pas  de  m'y  prendre  comme  à  de  la 
glu  ;  la  beauté  des  sentiments,  la  violence  des  pas- 
sions.... sÉv.  87.  Non,  pour  les  cours  Dieu  ne  m'a  pas 
pas  fait  naître  ;  Oiseau  craintif,  je  fuis  la  glu  des 
rois,  BÉRANG.  À  mes  amis.  X  lui  |Béranger]  plus  d'un 
cœur  vint  se  rendre,  Mais  les  oiseaux  en  feront  foi, 
J'ai  [la  muse]  fourni  la  glu  pour  les  prendre,  id. 
Épilaphe.  Il  2°  Espèce  de  colle  forte  employée  dans 
la  marine. 

—  HIST.  XII'  s.  Cum  se  il  fust  aers  [attaché]  à  un 
petit  de  gluz,  Th.  lemart.  I46.  Qui  nos  desseverrat 
de  la  chariteit  de  Crist?  cist  est  li  gluz  par  cuy  toz 
li  corz  de  sainte  Eglise  creist  ajunz  et  enlaciez  en- 
semble, ST  BEBN.  662.  ||  XIII'  S.  Mors  à  la  roi  [rets] 
et  à  la  glui  A  tant  pris  de  gens  qu'aujourd'hui  N'y 
a  remès  [resté]  fors  que  mermis,  la  IHort,  dans  ju- 
BINAL,  II,  273.  Femme  prent  le  musart  à  la  glu  et 
à  l'haim  [hameçon],  Chastie-musart.  Jehan  le  Er- 
nim,  qui  estoit  artillier  le  roy,  ala  lors  à  Damas 
pour  acheter  cornes  et  glus  pour  faire  arbalestres, 
JOINV.  268.  N'i  ot  codre  [coudrier]  ne  chastainier, 
U  il  ne  mettent  laz  u  glu.  Tant  que  pris  l'unt 
[l'oiseau]  e  retenu,  marie,  Laustic.  ||xiv°  s.  La  glu 
doit  estre  de  joennes  houx;  la  plus  verde  est  la 
meilleure,  ilodus,  S°  cxxxiii.  ||  xvi'  s.  Le  guy  de 
chesne,  dont  on  fait  la  glus  pour  prendre  les  oi- 
seaux, AMYOT,  Cor.  4.  Un  merle  qu'  à  la  glu  en  nos 
forests  je  pris,  rons.  720. 

—  ÊTYM.  Berry,  llu;  génev.  le  glu;  provenç.  glut; 
esp.  gluten;  ital.  glutine;  du  lat.  gluten. 

GLUANT,  ANTE  (glu-an,  an-t'),  adj.  Qui  est  vis- 
queux comme  la  glu.  Le  tamanoir  ne  se  nourrit 
que  par  le  moyen  de  sa  langue,  laquelle  est  enduite 
d'une  humeur  visqueuse  et  gluante  avec  laquelle 
il  prend  des  insectes,  buff.  Quadrup.  t.  ix,  p.  Ml. 
Il  Fig.  La  pauvreté  est  si  gluante  qu'on  ne  s'en  sau- 
rait dépêtrer,  d'ablancourt,  Lucien,  t.  i,  dans  ri- 
chelet. Il  Avoir  les  mains  gluantes,  avoir  les  mains 
salies  de  quelque  chose  de  gluant.  {]  Fig.  Avoir  les 
mains  gluantes,  retenir  plus  qu'on  ne  doit  de  l'ar- 
gent qui  passe  par  les  mains. 

—  HIST.  xiii'  s.  La  boe  de  celui  lac  [la  mer  Morte] 
est  si  tenans  et  si  gluans  que,  se  uns  hom  en  preist 
une  fiole,  ele  ne  se  despeceroit  jamais,  drun.  latini  , 
Trésor,  p.  <55.  ||  xvi'  s.  Adventuriers  qui  gluyantes 
les  mains  Ont  comme  colle,  J.  marot,  v,  ma.  Mon 
amy,  elle  est  de  Paris,  Ne  t'y  fie,  car  c'est  un  lieu 
Le  plus  gluant,  m.  i,  308. 


GLU 

—  ÉTYM.  Glu;  wallon,  fllMmi'ant;  Ilainaut,  gli- 
miant.  Au  xvi'  s.  on  disait  aussi  glueux. 

GLUAU  (ghi-ê),  s.  m.  Petite  branche  enduite  de 
glu.  Tendre  des  gluaux  aux  oiseaux.  Aucune  chasse 
n'en  dt-truit  [d'alouettes]  autant  à  la  fois  que  la 
chasse  aux  gluaux  qui  se  pratique  dans  la  Lorraine 
et  ailleurs,  buff.  Ois.  t.  ix,  p.  2,1. 

—  HIST.  XIV'  s.  Quant  les  arbres  sont  descouvers 
de  leurs  feuilles,  les  oiseaulx  se  puent  asseoir  en 
pluseurs  lieux  où  l'on   ne  porroit  mettre   gluons, 

Modus,  {'  cxxxii,  bis.  \\  xvi'  s qu'il  falloit  sortir 

en  carapaigne  avec  les  cornettes  hespaignolles,  pour 
servir  de  gluaux  à  ceux  de  l'armée  impériale,  car- 
LOIX,  v,  (5. 

—  ÊTYM.  Glu. 

t  GLUCTNE,  s,  f.  Voy.  glycine. 

t  GLUCKISTE  (glu-ki-sf),  s.  m.  Partisan  de  la 
musique  de  Gluck,  célèbre  compositeur  allemand  du 
xviii*  siècle,  par  opposition  à  picciniste,  partisan  de 
Piccini,  son  rival.  Les  gluckistes  préféraient  la  mu- 
sique qui  sacrifie  la  beauté  du  chant  à  l'expresskm 
scénique;  et  les  piccinistes  préféraient  la  musique 
mélodique  à  celle  qui  veut  être  dramatique.  L'opéra 
[des  Horaces]  n'a  pas  été  plus  heureux,  malgré  la 
protection  marquée  que  les  gluckistes  accordaient 
à  l'élève  de  Gluck,  Saliéri,  auteur  de  la  mons- 
trueuse musique  des  Danaïdes,  la  harpe.  Corres- 
pondance, Lett.  238. 

t  GLCCOGRNIE,  s.  f.  Voy.  glycogénie. 

t  GLUCOSE,  s.  f.  Voy.  glycose. 

t  GLUCOSURIE,  s.  f.  Voy.  glycosurie. 

t  GLUCVNIUM,  s.  m.  Voy.  glycinium. 

GLUÉ,  ÊE  (glu-é,  ée),  part,  passé  de  gluer.  Des 
branches  gluées. 

GLUEU  (glu-é),  V.  a.  Il  1°  Enduire  de  glu.  Gluer 
des  baguettes  pour  prendre  des  oiseaux.  ||  2°  Salir 
de  quelque  chose  de  gluant.  Ces  confitures  lui  ont 
glué  les  mains. 

—  HIST.  xiv  s.  Garde  que  quant  tu  vouldras  pi- 
per, que  tu  viengnes  si  matin  à  la  pipée  que  tu 
ayes  ta  pipée  gluée  à  soleil  levant,  Modus,  f"  cxxxii 
bis,  rcrso.  Nous  requérons  nostré  trèschier  seigneur 
le  roy  de  France  que  il  toutes  les  choses  et  singu- 
lières contenues  en  ces  deux  piaus  gluées  [parche- 
mins collés]  ensemble  vueiUe  approuver,  hucange, 
charta.  ||  xvi'  s.  Votre  grâce,  votre  maintien  Me 
gluent  en  votre  entretien,  desper.  Contes,  cii. 

—  ÉTYM.  Glu. 

GLUI  fglui),  s.  m.  Grosse  paille  de  seigle  dont  on 
couvre  les  toits.  ||  On  s'en  sert  aussi  pour  faire  des 
liens,  pour  attacher  les  salades,  pour  attacher  le 
bout  des  sarments  de  vigne,  etc.  ||  Terme  de  pèche. 
Glui  ou  glu,  paille  longue  dont  on  se  sert  pour 
emballer  le  poisson. 

—  HIST.  XII'  s.  Li  liz  ne  fu  mie  de  glui  Ne  de 
paille  ne  de  viez  nates  [nattes],  la  Charrette,  602 
Il  xiv  s.  Un  fesseau  de  chaume,  autrement  appelle 
glui,  du  cange,  gluen.  Un  gluy  de  fèves  où  il  avoit 
environ  un  boisseau  de  fèves,  lo.  ib.  ||  xV  s.  Trois 
bons  gluys  de  jonchée  vert,  chacun  gluy  la  charge 
d'ung  homme,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Berry,  llotle,  paille  longue,  lloUon,  pe- 
tite gerbe  de  paille  longue;  prov.  giucp;  du  fla- 
mand geluye,  gluye,  paille,  d'après  du  Cange.  Che- 
vallet  le  tire  du  celtique  :  kimry,  cloig,  glui. 

t  GLUMACÉ,  ÉE  (glu-ma-sé,  sée) ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  la  nature  des  glumes  ou  qui  en 
porte.  Il  S.  f.  pi.  Les  glumacées,  synonyme  impro- 
pre de  graminées 

GLUME  (glu-m'),  s.  f.  Terme  de  botanique.  Brac- 
tée scaneuse,  dite  aussi  balle,  sorte  d'écaille  qui 
enveloppe  la  ileur  des   graminées. 

—  ÉTYM.  Lat.  gluma,  glume,  de  glubere,  6ter  l'é- 
corce;  grec,  f^Oçeiv,  tailler  (voy.  glyptique). 

t  GLUMÉ,  ÊE  (glu-mé,  mée),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  est  muni  d'une  glume.  Les  graminées 
ont  des  fleurs  glumées. 

t  GLUMELLE  (glu-mè-l') ,  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Enveloppe  florale  intérieure  dos  graminées,  opposée 
à  la  glume  et  formée  comme  elle  de  deux  bractées. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  glume, 

t  GLUMELLULE  (glu-mèl-lu-1'),  .!.  f.  Terme  de 
botanique.  Corolle  intérieure  des  graDiinées,  com- 
posée de  petites  écailles  charnues  et  entourant  im- 
médiatement les  organes  de  la  reproduction. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  glumelle. 

f  GLUTÉLVE  (glu-té-i-n') ,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  jaune  entrant  dans  la  composition  de  la 
graisse  de  la  salamandre  aquatique  {triton  cristatus) . 

—  ÉTYM.  Gluten. 

GLUTEN  (glu-tèn'),  s.  m.  \\  1°  Terme  d'histoire 
naturelle.  Matière  qui  lie  ensemble  les  parties  d'un 
corps  solide.  Les  ciments  bitumineux,  sulfureux  et 


GLY 


1887 


salins  ne  peuvent  guère  être  considérés  que  commo 
des  colles  ou  glutens  qui  réunissent  par  interpo- 
sition les  p.-irties  de  toute  matière,  sans  néanmoins 
en  pénétrer  la  substance  intime,  buff.  Min.  t.  vi, 
p.  80.  Il  2°  Terme  de  chimie.  Matière  organique 
vis(|ueuse  et  riche  en  azote  qui  reste  lorsqu'on  a 
enlevé  de  la  farine  des  céréales  l'amidon  qu'elle 
contenait,  dite  aussi  Iriticine,  fibrine  végétale, 
colle  végétale.  ||  3"  Terme  de  cuisine.  Espcco  de 
pâte  faite  avec  du  froment.  Le  gluten  est  ce  qui 
reste  quand  les  diverses  formes  de  pâtes  tels  que 
ronds,  étoiles,  etc.  sont  finies;  on  lui  donne  la 
forme  de  petits  coins. 

—  UIST.  XVI*  s.  Le  quatriesme  humeur  de  nour- 
rissement  est  appelle  gluten,  qui  est  la  propre  hu- 
midité substantifique  et  parfait  nourrissemeiit  des 
parties  similaires,  paré,  Introd.  e. 

—  ETYM.  Lat.  gluten,  colle. 

f  GLUTIER  (glu-tié),  s.  m.  Nom  do  plusieurs  ar- 
bres de  la  famille  des  eupborbiacées ,  qui  fournis- 
sent de  la  glu. 

—  ÉTYM.  Glu. 

GLUTINATIF,  IVE  (glu-ti-na-tif,  11-7"),  od;. Terme 
de  médecine.  Synonyme  d'agglutinatif. 

—  HIST.  XVI'  s.  La  ligature  glutiiiative  ou  incar- 
nalive  appartient  aux  plaies  récentes  et  est  faiie 
avec  deux  chefs,  paré,  vu,  s. 

—  ÉTYM.  Provenç.  glutinatiu;  du  lat.  glutina- 
tivus,  de  gluten,  colle. 

+  GLUTINE  (glu-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Ancien  nom  de  l'albumine  végétale. 

—  ETYM.   Voy.  GLUTINEDX. 

GLUriNEUX,  EUSE  (glu-ti-neû,  neû-z') ,  ad}. 
Il  1°  Qui  ressemble  au  gluten,  qui  contient  du  glu- 
ten. Il  2°  Qui  est  collant,  visqueux  comme  le  gluten. 
Matière  glutiiieuse.  ||  3°  Terme  de  minéralogie.  Qui 
acquiert  de  la  viscosité  à  une  certaine  température. 

—  HIST.  XVI'  s.  L'autre  excrément  est  gras  el 
glutineux ,  qu'on  voit  ordinairement  sortir  des 
playes  des  jointures,  paré,  xi,  4. 

—  ÉTYM.  Provenç.  glutinos;  catal.  glotinos;  esp. 
et  ital.giu^inoio.du  \3.l. glutinosus ,  de  gluten,  colle. 

t  GLUTIXOSITÉ  (glu-ti-nù-zi-té),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Qualité  de  ce  qui  est  gluant,  visqueux. 
Son  écorce,  plus  épaisse  et  plus  rouge,  a  moins  de 
saveur,  et  se  distingue  surtout  par  une  gjutinosité  que 
l'on  sent  en  la  mâchant,  raynal,  llist.  phil.  m,  16. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  ne  resteroit  humidité  et  gluti- 
nosité  compétente  pour  estre  agglutinée  aux  par- 
ties, PABÉ,  Introd.  <5. 

—  ÉTYM.  Glutineux. 

t  GLVCÉUINE  (gli-sé-ri-n'),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Liquide  sirupeux,  d'une  saveur  sucrée,  mis- 
cible à  l'eau,  à  l'alcool  et  à  l'éther,  que  la  saponifi- 
cation sépare  de  toutes  les  graisses. 

—  ÉTYM.  rXuxEooî,  doux,  dérivé  de  y).uxù;,  doux, 
t  GLYCRIUNIEN,  EN.NE   (gli-sé-ri-niin,  niè-n") 

ou  GLVCERIQUE  (gli-sé-ri-k'),  adj.  Qui  se  rapporte 
à  la  glycérine  ou  à  ses  préparations.  ||  Acide  glycé- 
rique,  produit  de  l'action  de  l'acide  azotique  sur  la 
glycérine. 

t  GLVCÊROLÉ  (gli-sé-ro-lé),  t.  m.  Terme  do 
pharmacie.  Médicament  obtenu  avec  la  glycérine 
comme  excipient. 

t  *■  GLYCINE  (gli-si-n'),  s.  f.  Genre  de  la  fa- 
mille des  légumineuses,  où  l'on  distingue  un  bel  ar- 
buste sarmenteux,  à  grappes  de  (leurs  bleues,  gly- 
cine sinensis,  L. 

—  ÉTYM.  rXuxùc,  doux,  à  cause  du  principe  mu- 
cilagineux  que  cette  plante  contient. 

t  2.  GLYCINE  (gli-si-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  cristalline  sucrée  trouvée  dans  le  liquida 
que  renferme  la  noix  de  coco. 

—  ÉTYM.  Ruvi-j;,  doux. 

f  3.  GLYCINE  (gli-si-n')  et  non  GLUCINE  (glu- 
si-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie.  Oxyde  métallique  dé- 
couvert dans  l'émeraude  et  l'aigue-marine,  et  ayant 
la  propriété  de  faire  des  sels  sucrés  avec  les  acides. 

—  ÉTYM.  nuxOç,  doux. 

f  GLYCINIUM  (gli-si-ni-om")  ou  GLYCIUM  (gli- 
si-om'),  s.  m.  Terme  de  chimie.  Métal  obtenu  de  la 
glycine  et  isolé  du  chlorure  de  glycinium  au  moyin 
du  potassium. 

—  ÉTYM.  Glycine  3. 

f  GLYCIQUE  (gli-si-k'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Acide  glycique,  acide  obtenu  en  faisant  agir  les  al- 
calis sur  le  sucre  de  fécule  ou  glycose. 

f  GLYCOCIIOLATE  (gli-ko-ko-la-t'),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  Genre  de  sels  formés  avec  l'acide  glyco- 
cholique 

t  GLYCOCHOLIQUE  (gli-ko-kr^li-k'),  ailj.  Terme 
de  chimie.  Acide  glycocholiqu«  .  lynonymc  d'acide 
cholique. 


1888 


GNA 


—  ÊTYM  n.uxùç,  doux,  et  yo\ii,  I)ile. 

t  OI.YCOCOLI.K  (gli-ko-ko-r),ï.  f.  Terme  de  chi- 
mio.  Corps  cristallisable,  blanc,  doué  d'une  saveur 
sucrée,  qu'on  obtient  en  faisant  agir  l'acide  sulfu- 
hque  sur  la  gélatine 

—  ETYM.  rXunùt,  doux,  et  colle. 

t  GLYCOGÈNE  (gli-ko-jfe-n'),  adj.  Terme  de  clii- 
mio.  Oui  engendre  du  sucre.  ||  Matière  ou  principe 
glycogéne,  principe  immédiat  non  azoté  qui  existe 
dans  les  cellules  épithéliales  du  foie,  et  qui  passe  à 
l'état  de  sucre  du  foie. 

—  ÉTVM.  Du/.ùç,  doux,  et  le  suffixe  ghie. 

tGI.vœGfiXlE(gli-ko-jé-nie),«.  /".  Terme  de  chi- 
mie organique.  Production  du  sucre.  La  glycogé- 
nie  est  un  des  nombreux  actes  moléculaires  de  la 
nutrition,  et,  en  particulier,  de  la  désassimilation. 

—  ÉTYM.  Clycogène. 

t  GLYCOGfiNIQUE  (gli-ko-jé-ni-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  la  glycogénie. 

t  GLYCOL  (gli-kol),  s.  m.  Terme  de  chimie.  Com- 
posé intermédiaire  entre  l'alcool  et  la  glycérine 
non-seulement  par  ses  propriétés  chimiques,  mais 
encore  par  ses  propriétés  physiques. 

t  GLYCOMÈTRE  (gli-ko-mè-tr') ,  s.  m.  Syno- 
nyme de  glpucomctre,  qui  est  meilleur. 

—  f.TYM.  nuxùc  doux,  et  nÉTpov,  mesure. 
GLYCOMEN  (gli-ko-niin)  ou  GLYCONIQUE  (gli- 

ko-ni-k'),  adj.  m.  Terme  de  prosodie  grecque  et  la- 
tine. Qui  est  composé  d'un  spondée  et  de  deux 
dactyles.  {|  Vers  glyconien,  sorte  de  vers  ancien. 

—  ÊTYM.  rXOxwv,  nom  de  l'inventeur  de  ce  mètre, 
t  GLYCOSE   (gli-kô-z'),  s.  f.  Terme   de  chimie. 

Sucre  de  raisin  ou  d'amidon. 

—  KEM.  On  écrit  souvent  ce  mot  glucose,  ce  qui 
est  une  faute  contre  l'étymologie  ;  et  on  le  fait 
masculin,  ce  qui  est  une  faute  contre  l'analogie,  les 
noms  chimiques  en  ose  étant  féminins, 

—  ÉTYM.  r/uxùî,  doux. 

+  GLYCOSURIE  (gli-ko-zu-rie),  s.  f.  Terme  de 
pathologie.  Pissement  de  matière  sucrée,  dit  aussi 
diabète. 

—  ÊTYM.  Glycose,  et  oOpstv,  pisser. 

t  GLYCYMfiTRE  (gli-si-mè-tr'),  s.  m.  Terme  de 
piiysique.  Instrument  pour  mesurer  la  quantité  de 
Bucre  dans  une  liqueur. 

—  ÊTYM.  D.ïJxùç,  doux,  et  mètre,  mesure. 
jGLYCYRRHIZE   (gli-si-rri-z'),  s.   {.  Terme   de 

botanique.  Glycyrrhize  glabre  et  glycyrrhize  à  fruits 
hérissés,  dites  vulgairement  réglisse. 

—  ÉTYM.  rXuxùpfii;»,  de  f^yxù;,  doux,  et  ^tÇoc, 
racine. 

t  GLYCYRRUIZINE  (gli-si-rri-zi-n') ,  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Matière  sucrée  découverte  dans  la  ré- 
glisse et  depuis  dans  le  polypodium  vulgare,  L. 

—  ÊTYM.  Glycyrrhize,  et  la  finale  ine,  qui  est 
aiïectée  aux  principes. 

t  GLYCYRRHIZITE  (gli-si-rri-zi-f) ,  s.  f.  Terme 
do  botanique.  Nom  de  Vdbrus  precatorius  (légumi- 
neuses), dit  aussi  réglisse  d'Amérique,  dont  le» 
graines  sont  appelées  graines  d'Amérique. 

—  ÉTYM.  Glycyrrhine. 

t  GLYPHE  (gli-f) ,  s.  m.  Terme  d'architecture. 
Tout  trait  gravé  en  creux,  tout  canal  creusé  dans 
les  ornements. 

—  ÉTYM.  rXuçV),  ciselure,  gravure. 
GLYPTIQUE  (gli^pti-k'),  ».  f.  L'art  de  graver  sur 

les  pierres  fines. 

—  ÉTYM.  n.uTCToç,  gravé,  de  yXdeii,  entailler. 

t  GLYPTOGRAPUIE  (gli-pto-gra-fie),  s.  f.  Étude 
qui  a  pour  objet  la  connaissance  des  gravures  en 
creux  et  en  relief,  sur  des  cornalines,  des  jaspes,  des 
agates  et  d'autres  pierres  précieuses  qu'on  emploie 
pour  des  bagues,  des  cachets  et  d'autres  ornements. 

—  ÉTYM.  rXuTTcà;,  gravé,  et  ypiçciv,  décrire. 
tGLYPTOLOGIE  (gli-pto-Io-jie),  X.  f.  Traité  sur 

les  pierres  gravées  antiques. 

—  ÊTYM.  rXuTTcè;,  gravé,  et  Xôyoc,  traité. 

t  GLYPTOTUÈQUE  (gli-pto-tè-k'),  s.  f.  Collec- 
tion de  pierres  gravées.  On  dit  plus  souvent  dacty- 
liothèque. 

—  ÉTYM.  nuicrAc,  gravé,  et  6i^xri,  loge. 

+  GMELIN  (ghmé-lin),  »,  m.,  ou  GMELIME 
(ghmé-li-nie),  ».  f.  Terme  de  botanique.  Genre  de 
verbénacées  où  l'on  trouve  le  gmelin  asiatique  de 
Linné,  et  le  gmelin  &  petites  fleurs  de  Roiburg, 
arbre  qui  est  très-épineux. 

—  ÉTYM.  Lat.  botanique,  gmelina,  genre  dédié 
au  botaniste  allemand  Gmelin. 

t  GNACARE  (gna-ka-r),  ».  f.  Sorte  de  cymbale. 
Douze  Egyptiens,  dont  quatre  jouent  de  la  guitare, 
quatre  des  casUgnettes,  quatre  des  guacares,  mol. 
l'astorale  comique,  se.  (  6. 

—  &TYH.  Ancien  franc,  notaire  (voy.  ce  mol). 


GNO 

t  GNATHIDES  (ghna-ti-d'),  ».  f.  pi.  Branche  de 
la  mandibule  des  insectes. 

—  f.TYM.  rvâSoc,  mâchoire. 

t  GNATHIDIE  (ghna-ti-die),  s.  f.  Terme  de  zoo- 
logie. Chacune  des  branches  de  la  mâchoire  infé- 
rieure des  oiseaux. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  fvixOo;,  milchoire. 

t  GNATHODONTE  (ghna-to-don-f) ,  ad;.  Terme  de 
zoologie.  Dont  les  dents  sont  implantées  dans  l'é- 
paisseur des  mâchoires. 

—  ÉTYM.  rvâOo;,  mâchoire,  et  iSoùç,  dent. 

t  GNATnOrnÈQUE  (ghna-to-tè-k'),  s.  f.  Terme 
de  zoologie.  Tégument  de  la  mâchoire  inférieure 
des  oiseaux. 

—  ÉTYM.  Tvâ^oî,  mâchoire,  et  OVjnr),  loge. 

t  GNEISS  (ghnès),  s.  m.  Terme  de  minéralogie. 
Roche  composée  de  feldspath  et  de  mica.  Gneiss 
talqueux  ou  amphibolique,  celui  dans  lequel  le  talc 
ou  l'amphibole  remplace  le  mica. 

—  ÉTYM.  Mot  d'origine  saxonne,  qui  a  passé  des 
mineurs  de  Saxe  dans  la  minéralogie;  mais  on  n'en 
sait  rien  de  plus. 

■f  GNIAF  (gnaf),  s.  m.  Populairement,  savetier 
ambulant,  et,  par  extension,  un  mauvais  cordonnier 
ou  bottier.  ||  Fig.  C'est  un  gniaf,  c'est  un  gâcheur, 
un  maladroit. 

—  HiST.  xni*  s.  Qui  d'autrui  pesance  Veult  faire 
bonbance.  On  en  dira  gnaf,  Poésies  m»»  avant  I300, 
t.  IV,  p.  1 30,  dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

t  GMAN,  GNIAN  (gnan-gnan).  Sorte  d'expres- 
sion mimologique  par  laquelle  on  représente  l'hési- 
tation d'une  personne  qui  craint  de  faire  ou  de  dire 
quelque  chose.  Chante-t-il?  —  Oh!  madame, je  suis 
si  tremblant.  —  Et  gnian,  gnian,  gnian,  gnian, 
gnian;  dès  que  madame  le  veut,  modeste  auteur! 
je  vais  l'accompagner,  beadm.  Mar.  de  Fig.  i,  4.  ||  S. 
m.  et  f.  Un  gnian-gnian,  une  gnian-gnian,  per- 
sonne molle,  sans  énergie,  agissant  avec  peine  et  se 
plaignant  toujours.  ||  Il  se  dit  adjectivement.  11  est 
gnian-gnian.  |{  On  écrit  aussi  gnan-gnan.  Vous 
avez  prouvé  au  public  et  à  vos  camarades  que  vous 
êtes  en  état  de  jouer  autre  chose  que  des  gnans- 
gnans,  Lctt.  de  Talma  à  Mlle  Bourgoing,  en  sept. 
i  825,  dans  LABCHEY,  ExcentT.  du  langage. 

—  ÉTYM.  Redoublement  du  vieiu  mot  niant,  qui 
est  néant,  et  qui  signifiait  rien. 

t  GNIOLE  (gno-I'),  s.  f.  Terme  d'écoliers.  Éra- 
flure  faite  par  une  toupie  en  mouvement  à  une  autre 
toupie,  BiciiELET.  Il  Un  coup  quelconque.  Il  a  reçu 
une  fameuse  gniole. 

t  GNOGNOTTE  (gno-gno-f),  ».  f.  Terme  popu- 
laire. Chose  de  peu  de  valeur.  C'est  de  la  gnognotte. 

1.  GNOME  (ghnô-m'),  ».  m.  Nom  des  esprits  qui. 
d.ins  le  système  des  cabalistes ,  président  à  l'élé- 
ment de  la  terre  et  à  tout  ce  qu'elle  renferme  dans 
son  sein,  comme  les  ondins  à  l'élément  de  l'eau, 
los  sylphes  à  celui  de  l'air  et  les  salamandres  à 
celui  du  feu. 

—  ÉTYJI.  Le  mot  remonte  à  Paracelse,  sans  qu'on 
sache  s'il  représente  yvwjjh),  intelligence. 

f  2.  GNOME  (ghnft-m'),  ».  f.  Nom  qu'on  donne 
aux  sentences  des  anciens  sages  et  philosophes  de 
la  Grèce. 

—  ÉTYM.  rvûnn,  sentence,  proprement  intelli- 
gence, de  Yvûvat,  connaître,  savoir;  lat.  gnoscere, 
noscere  ;  sanscr.  jna. 

GNOMIDE  (ghno-mi-d'),  ».  f.  Femelle  d'un  gnome. 

—  ÊTYM.  Gnome  i . 

GNOMIQUE  (ghno-mi-k'),  adj.  ||  1»  Qui  contient 
des  maximes,  en  parlant  de  poèmes,  de  vers.  ||  Poé- 
sie gnomique,  celle  qui  s'exerce  à  composer  des 
maximes  ou  des  sentences,  c'est-à-dire  à  réduire  en 
forme  poétique  les  principes  et  les  devoirs  de  la 
vie.  Les  plus  célèbres  poètes  gnomiques  chez  les 
anciens  sont  Théognis  et  Phocylide.  |{  2'  S.  m.  Les 
gnomiques,  les  plus  anciens  philosophes  grecs  au- 
leurs  do  .sentences. 

—  ÉTYM.  rv(0|iix6c,   de  Y^wf'l)  sentence   (voy. 

GNOME  1). 

GNOMON  (ghno-mon),  ».  m.  ||  !•  Espèce  do  grand 
style  dont  les  astronomes  se  servent  pour  connaître 
la  hauteur  du  soleil.  On  ditqu'Anaximandre  dressa  è 
Uacédémone  un  gnomon,  par  le  moyen  duquel  il 
observa  les  équinoxes  et  les  solstices,  et  qu'il  dé- 
termina l'obliquité  de  l'écliptique  plus  exactement 
que  l'on  n'avait  fait  jusqu'alors,  bolun,  Hist.  anc. 
t.  xiii,  p.  <67,  dans  pougkns.  Erastosthène,  biblio- 
tiiécaire  d'Alexandrie,  essaya  de  mesurer  la  terre  en 
comparant  la  dislance  entre  Aleiandiie  et  Syène, 
ville  située  sous  le  tropique  du  Cancer,  avec  la  dif- 
férence de  latitude  de  ces  lieux,  qu'il  concluait  «le 
l'ombre  méridienne  d'un  gnomon,  élevé  à  Alexan- 


GOB 

drie  au  solstice  d'été,  ID.  ib.  p.  ne.  Les  Péruvien» 
avaient  des  obélisques,  des  gnomons  réguliers  pour 
marquer  les  points  des  équinoxes  et  des  solstice», 
VOLT.  Moeurs,  (48.  Ce  grand  observateur  [Co-cheou- 
King]  fit  construire  des  instruments  beaucoup  plui 
exacts  que  ceux  dontonavait  fait  usagejusqu'alors; 
le  plus  précieux  de  tous  était  un  gnomon  de  qua- 
rante pieds  chinois,  terminé  par  une  plaque  de 
cuivre  verticale  et  percée  par  un  trou  du  diamètre 
d'une  aiguille,  la  flack.  Expos,  v,  3. 112*  L'aiguilll^ 
ou  style  du  cadran  solaire. 

—  ÉTYM.  rvtipicov,  qui  connaît,  qui  indique,  de 
Yvû/ai,  connaître  (voy.  gnome  2). 

GNOMONIQUE  (ghno-mo-ni-k').  ||  1"  5.  f.  Art  de 
tracer  des  cadrans  solaires,  lunaires  ou  astraux,  mai» 
principalement  des  cadrans  solaires,  sur  im  plan  ou 
sur  la  surface  d'un  corps  donné  quelconque.  {|  i'Adj. 
Polyèdre  gnomonique,  polyèdre  sur  diflérenles  sur- 
faces duquel  on  a  tracé  des  cadrans. 

—  ÉTYM.  Gnomon. 

t  GNOMONISTE  (ghno-mo-ni-sf),  ».  m.  Celui  qui 
s'occupe  de  la  gnomonique,  qui  écrit  sur  la  gno- 
monique. 

t  GNOSE  (ghnô-z'),  ».  f.  Il  1°  Terme  de  théologie. 
La  science  religieuse  supérieure.  On  a  voulu  intro- 
duire une  fausse  gnose  à  la  place  de  la  véritable, 
Boss.  Nouv.  myst.  2.  j]  2"  Doctrine  des  gnostiqucs, 
par  laquelle  on  donnait  un  sens  purement  spirituel 
à  l'Écriture.  {|  3»  Le  petit  troupeau  qui,  à  la  cour  de 
Louis  XIV,  était  sous  la  direction  de  Fénelon. 
Mme  de  Mortemart,  après  la  duchesse  de  Béthune, 
la  grande  âme  de  la  gnose  et  la  mieux  aimée  de 
l'archevêque  de  Cambrai,  sï-sim.  260,  238. 

—  ÉTYM.  rvû^iç,  connaissance,  de  yvûvji,  con- 
naître (voy.  GNOME  2). 

t  GNOSIMAQUE  (ghno-zi-ma-k'),  ».  m.  Membre 
d'une  secte  du  vu"  siècle  qui,  rejetant  toute  con- 
naissance religieuse,  plaçait  la  religion  dans  les  bon- 
nes œuvres. 

—  ÊTYM.  rv(3<Ti(,  connaissance,  gnose,  et  ii-âyt- 
<j8ai,  combattre. 

t  GNOSTICISilE  (ghno-sti-si-sm'),  ».  m.  Système 
hérésie  des  gnostiques. 

—  ÉTYM.  Gnoslique. 

GNOSTIQCE  _(ghno-sti-k'),  ».  m.  et  f.  ||  1°  Noit 
d'héréliques  d'Egypte  et  de  Syrie  qui  suivaient  1* 
gnose,  c'est-à-dire  un  système  mêlant  les  doctrine» 
orientales  et  les  idées  chrétiennes.  Ces  philosophai 
prirent  le  nom  de  gnostiques,  parce  qu'ils  s'attri- 
buaient une  connaissance  plus  sublime  et  plus 
étenduedeDieu,  didebot,  Opin.de»  anc. phil. Philo- 
sophie orientale.  \\  Adj.  L'hérésie  gnostique.  ||  2"  Sa- 
vant, éclairé,  ce  qui  est  le  sens  propre  et  s'est  dit 
des  parfaits  chrétiens  livrés  également  à  la  con- 
templation et  aux  bonnes  œuvres.  Il  [saint  Clément 
d'Alexandrie]  nous  propose  ce  qui  convient  aux 
plus  parfaits,  qu'il  appelle  les  gnostiques,  c'est-à- 
dire,  selon  le  langage  assez  commun  de  son  temps  et 
dérivé  de  saint  Paul,  les  parfaits  et  les  spirituels, 
Boss.  Et.  d'orais.  vi,  8. 

—  ÊTYM.  rvû)<iTixô«,  de  Y^woi;,  gnose. 

f  GNOC  (ghnou),».  m.  Mammifère  ruminant  du 
genre  des  antilopes,  habitant  l'Afrique,  dont  le  nom 
scientifique  est  antilope  gnou. 

GO  (TOUT  DE)  (tou-de-go),  loc.  adv.  Librement, 
sans  obstacles.  Il  est  entré  tout  de  go.  Cela  va  tout 
de  go.  Il  Sans  façon,  sans  cérémonie.  C'est  un 
homme  tout  de  go. 

—  HIST.  XVI'  s.  Une  heure  [la  femelle  d'un  ca- 
nard] qui  là  estoit,  le  print  et  l'avala  de  gob,  pr.  Mi- 
chel, Argot.  Le  print  subitement  et  l'avalla  tout  de 

gob,   ID.  ib Il   l'avala  tout  de  gob  sans  mas- 

cher,  etc.  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Voy.  GOBER.  Ces  textes  qu'a  découvert 
M.  Fr.  Michel,  lui  ont  fait  aussi  découvrir  l'étymo- 
logie de  go;  il  est  clair  que  go  ou  gob  tient  à  gober, 
et  que  tout  de  go  signifie  tout  comme  en  gobant,  en 
avalant. 

GOBBE  (go-b'),  ».  f.  |l  1»  Sorte  de  bol  pour  em- 
poisonner les  bêtes  puantes  et  aussi  les  chiens  er- 
rants. Il  2''  Bol  pour  engraisser  la  volaille.  ||  3» Terme 
do  vétérinaire.  Nom  des  concrétions  qu'on  trouve 
dans  les  voies  digcstives  des  bêtes  à  laine  et  qu'on 
nomme  égagropiles  chez  les  bêtes  ruminantes. 

—  REM.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Acidémie  écri- 
vant par  un  seul  b  gober,  gobet,  en  met  deux  àgobbe. 

—  ÉTYM.  Voy.  gober. 

t  GOBBÉ,  ÊË  (go-bé,  bée),  adj.  Terme  de  véli:- 
rinaire.  Bête  gobbée,  bête  à  laine  dans  l'estomac  de 
l.-iquelle  on  trouve  une  gobbe. 

—  ÉTYM.  Gobbe. 

GOBÉ,  KE  (go-bé-bée),  part,  passé  de  gober. 
Il  1°  Avalé  à  la  hâte  sans  mâcher,  ou  pres'iue  «an» 


* 


GOB 

inAcher.  Dbs  cerises  goliées.  ||  2°  Fig.  l'ris,  attrape, 
saisi.  Le  grand  prieur,  pobô  comme  on  l'a  marqué 
clo  son  temps,  obtint  enfin  sa  liberté,  st-sim.  302, 

9. 

—  llTYM.  Voy.   GOBELET. 

_t  GOBK-DIÉU  (go-be-dieu),  s.  m.  Se  dit,  par 
lénigrement,  d'une  personne  dévote  qui  communie 
souvent.  Ouel  est,  dans  la  capitale  des  Velches,  le 
porte-Dieu  ou  le  gobe-Dieu  qui  ose  dire  :  c'est  moi 
qu'on  a  voulu  désigner  par  les  prêtres  de  Plulon? 
VOLT.  I.ett.  d'Arqmlnl,  21  déc.  f7C8. 

j  GOBE-GOUJONS  (go-be-gou-jon),  s.  m.  Man- 
geur de  goujons,  c'est-à-dire  homme  faisant  maigre 
chère.  Ma  table  sans  viande  et  sans  œufs  Est  celle 
d'un  anachorète;  Je  n'y  suis  entouré  que  de  gobe- 
goujons.  De  mangeurs  de  lupins,  de  raves,  cham- 
pignons, ciiAUL.  À  la  duchesse  du  Maine.  \\  Au  plur. 
Des  gobe-goujons. 

—  f.TVM.  Coher,  et  goujon. 

GOBELET  (ge-be-lè;  \e  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
l'i  se  lie  :  des  go-be-lc-z  argentés;  gobelets  rime 
avec  traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m.  ||  1°  Vase  à 
boire,  rond  et  sans  anse,  onlinairement  sans  pied. 
Il  me  donna  pour  récompense  Un  beau  gobelet  de 
faïence.  In  jeu  de  quilles  et  son  sac,  Un  gros  rou- 
leau de  son  tabac,  scarb.  Virg.  viii.  Il  s'en  fallut  peu 
que  des  Mélitus  et  des  Anitus  ne  présentas.sent  un 
gobelet  de  ciguë  à  votre  ami  fHelvétiusl,  volt.  £cM. 
Gallitzin,  (9  juin  (773.  ||  Hausser  le  gobelet,  boire 
beaucoup,  vider  les  pots.  Qui  se  vante  de  son  cou- 
rage Lorsqu'il  hausse  le  gobelet,  Parnasse  des  Mu- 
ses, dans  LE  ROUX,  Dict.  comique.  ||Kig.  Jouer  des 
gobelets,  employer  le  poison,  naudê.  Des  coups  d'É- 
tat, t.  II,  p.  417,  dans  LACURNE.  Il  Ce  que  tient  un 
gobelet.  Mlle  Duménil  aimait  le  vin,  elle  avait  cou- 
tume d'en  boire  un  gobelet  dans  les  entr'actes,  mais 
a>ec  assez  d'eau  pour  ne  pas  s'enivrer,  mabmontel, 
Mém.  IV.  !|  2°  Autrefois,  dans  la  maison  du  roi,  of- 
fice qui  avait  en  charge  le  linge,  le  pain,  le  vin  et 
le  fruit  qu'on  devait  servir  au  roi.  Le  gobelet  était 
le  premier  des  sept  offices.  Milord  TafT  lui  servait 
[au  roi  d'Angleterre]  d'écuyer  de  cuisine  et  de  chef 
do  gobelet,  retz,  m,  \m.  Le  père  Tout-à-tous  l'in- 
troduisit chez  la  femme  d'un  officier  du  gobelet, 
VOLT,  fngrnu,  xiil.  Servez,  disais-je,  à  messieurs 
de  la  bouche.  Versez,  versez,  messieurs  du  gobelet, 
BÈBANG.  Domoclès.\\Le  gobelet,  les  officiers  pré- 
posés à  ce  service.  Le  gobelet  a  reçu  ordre  de  faire 
telle  chose.  ||  3°  Sorte  do  vase  à  l'usage  des  esca- 
moteurs, fait  ordinairement  de  fer-blanc;  le  des- 
sous en  es'  concave  ;  les  gobelets  des  escamoteurs 
sont  coniques  ou  en  troncs  de  cûne ,  de  manière  à 
s'emboîter  les  uns  dans  les  autres.  Sait  bien  jouer 
des  gobelets,  Faire  comédie  et  ballets,  scarron, 
Virg.  I.  Tous  les  hommes....  ont  été  contenus  de 
pire  en  fils  comme  des  gobelets  renfermés  les  uns 
dans  les  autres,  bbrn.  de  st-p.  Préamb.  Ch.  ind. 
Il  Un  joueur  de  gobelets,  un  escamoteur,  celui  qui 
.sait  jouer  des  gobelnts.  Il  y  a  parmi  la  mascarade 
une  joueuse  de  gobelets,  qui  chante,  qui  danse, 
qui  fait  des  tours,  dancourt.  Gai.  jardinier,  'iï. 
Quand  elle  vit  les  diableries  des  joue'urs  de  gobe- 
lets, sÉv.  522.  Il  Fig.  Un  joueur  de  gobelets,  un 
fourbe,  un  homme  qui  ne  cherche  qu'à  tromper.  Je 
conçois  bien  que  tant  de  joueurs  de  gobelets  ont 
voulu  se  faire  payer  en  argent  et  en  honneurs; 
on  ne  tromperait  pas,  dit-on,  s'il  n'y  avait  rien  à 
gagner,  volt.  Lett.  chtn.  4.  ||  On  dit  dans  un  sens 
analogue  :  jouer  des  gobelets.  ||  4°  Terme  de  phar- 
macie. Gobelet  de  gaïac,  gobelet  fait  avec  le  bois 
de  gaïac,  dans  lequel  on  laisse  pendant  une  nuit 
de  l'eau  froide  qui  se  charge  légèrement  des  princi- 
pes du  bois  et  qu'on  fait  boire  dans  diverses  afîec- 
tions  chroniques.  ||  Gobelet  émétique ,  vase  en 
forme  de  gobelet,  composé  d'antimoine  émétique, 
et  dans  lequel  on  laissait  séjourner  du  vin  blanc, 
qui  y  acquérait  une  vertu  émétique.  ||  5°  Terme 
d'artificier.  Enveloppe  de  fusée.  |{  6°Terme  de  botani- 
que. Se  dit  de  fleurs  qui  ont  la  forme  d'un  godet. 
H  7°  Terme  d'horticulture.  Disposition  des  arbres 
fruitiers  qui  ne  diffère  des  buissons  que  parce  que 
le  bas  est  intérieurement  aussi  large  que  le  haut. 

—  HIST.  xiii*  s.  El  mois  de  moy  [mai]  prenez  ve- 
roine  [véronique],  triblez  [pilez],  et  si  bevez  deijus 
plein  gubulet,  Ms.  Si  Jean.  \\  xiv  s.  Pour  rappa- 
reiller  un  gobelet  d'or,  pour  monseigneur  d'Anjou, 
lequel  gobelet  estoit  fait  en  manière  d'un  tonnel  et 
est  assis  sur  un  trepié  de  trois  chiennes  ;  pour  y 
mectre  x  perles,  et  iv  esmeraudes  et  ij  rubis,  de 
labobdf..  Emaux,  p.  331.  Pour  un  gobelet  de  cris- 
tal, à  une  anse  sur  le  couvercle,  à  pierreric,  id.  ib. 
Une  pilla  de  gobelets  de  fou  [hêtre],  où  il  en  a  dix 
en  un  estuy  de  fust,  id.  ib.  p.  332.  |{  xvi'  s.  Le  go- 

DICT.    DE    I.A   LANGUE   FRANÇAISE. 


GOB 

belet  du  glnnd,  cotgravk.  Le  gobelet  d'une  row , 
m.  Jouer  des  gobelets  [dérober,  prendre),  id. 

—  f.TVM.  Bcrry,  ffoubc/ef  : bourguig.  gabelle,  petit 
vase;  provenç.  go/We(;  espagn.  cuhilete;  diminutif 
du  bas-latin  gubellus,  qui  lui-même  est  un  diminu- 
tif deciipa,  tonneau  {voy.  cuve). 

t  GOBELETERIE  (go-be-lc-te-rie),  s.  f.  Fabrica- 
tion et  commerce  de  gobelets,  et,  en  particulier, 
de  vases  en  verre  et  bouteilles. 

—  F.TVM.  Gobelet. 

t  GOBELETIER  (go-be-lè-tié),  s.  m.  Ouvrier  qui 
travaille  en  gobeleterie.  ||  Marchand  de  gobeleterie. 
\\Adj.  Apprenti  gobeletier. 

t  GOBELIN  (go-be-lin),  s.  m.  Esprit  follet.  De 
petits  amours  une  baïule  Dansait  auprès  la  sara- 
bande, Et,  leur  faisant  maints  tours  malins,  Riaient 
comme  des  gobclins,  la  Henriade  travestie, ix,  147. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Démons,  cacodemons,  incubes, 
succubes,  gohelins,  lutins,  paré,  xix,  26. 

—  F.TVM.  Bas-lat.  gobelinus ,  nom  vulgaire, dans Or- 
deric  Vital,  d'un  démon  qui  hantait  les  environs  d'IÎ- 
^Teux  ;  angl.gob!t'«;du  bas-lat.  covalus,  cobalus,  qui 
vient  de  xoSaJoç.  méchant,  malin,  satyre,  faune. 
L'allemand  Kobold ,    lutin,  est   de  même  racine. 

GOBELINS  (go-be-lin),  s.  m.  pi.  Manufacture  de 
teinture  et  de  tapisserie  à  Paris. 

—  HIST.  XVI"  s.  Et  c'est  celui  ruisseau  [la  Bièvre] 
qui  de  présent  passe  à  St-Victor  :  au  quel  Gobelin 
teint  l'ecarlate,  rabel.  ii,  22.  Ny  le  drap  enyvré 
des  eaux  du  Gobelin,  rons.  801. 

—  t.rm  Les  Gobclins  étaient  une  famille  de  tein- 
turiers déjà  célèbre  au  xv*  siècle,  et  dont  plusieurs 
membres  furent  magistrats  et  anoblis  ;  leur  établis- 
sement fut  racheté  par  Louis  XIV  et  retint  leur  nom; 
le  marquis  de  Brinvilliers  était  Antoine  Gobelin  de 
son  nom,jAnBERT,  Gloss.  t.  ii,  p.  579. 

GOBELOTTER  { go-be-lo-té) ,  v.  n.  Terme  fami- 
lier. Boire  à  plusieure  petits  coups;  faire  une  partie 
de  table.  Vous  ne  me  disiez  pas  que  vous  aviez  go- 
belotté  au  cabaret  avec  M.  Damilaville;  il  me  paraît 
digne  de  boire  et  de  penser  avec  vous,  volt.  Lett. 
Thiriot,  IV  nov.  i7(>0.  ||  Plus  souvent,  terme  de  mé- 
pris ou  de  dénigrement.  Boire  dans  des  cabarets  de 
bas  étage.  X  Clément  que  Dijon  vit  naître,  Laharpe, 
homme  de  haut  savoir,  Ex  calhedrd  prononce  en 
maître  Que  son  esprit  sent  le  terroir;  La  Seine  est 
un  bel  abreuvoir  :  Mais  de  plufi  d'un  rare  génie 
Dijon  est  aussi  la  patrie  ;  Pardon  Voinay,  Beaune  et 
Pomard,  Le  fin  gourmet  qui  '.ous  décrie,  Gobelot- 
tait  à  Vaugirard,  pibon,  f^ontre  Laharpe. 

—  Ftvm.  Cnbelnt  ou  gobelet. 

t  GOBELOTTEUR,  EUSE  (go-be-Io-teur,  teû-z'), 
s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  aime  à  gobelotter,  qui 
gobelotte  souvent. 

t  GOBE-MOUCIIERIE  (go-be-mou-che-rie),  s.  f. 
Caractère  du  gobe-mouches. 

t  GOBE-MOUCHERONS  (  go-be-mou-che-ron  ) , 
s.  m.  Nom  donné  par  BufTDn  [Oiseaux,  t.  viii, 
p.  3.Ï9)  à  un  oiseau  plus  petit  que  le  gobe-mouches. 

GOBE-MOCCUES  (go-be-mou-ch'),  s.  m.  ||  1°  Oi- 
seau de  l'ordre  des  passereaux,  qui  se  nourrit  prin- 
cipalement de  mouches.  Une  queue  assez  longue  et 
dont  l'aile  pliée  ne  recouvre  pas  la  moitié,  sont  des 
caractères  que  portent  tous  les  g'obe-mouches,  mou- 
cherolles  et  tyrans,  buff.  Oiseaux,  t.  viii,  p.  3oi. 
Il  Petit  lézard  des  Antilles,  qui  ressemble  au  stel- 
lion,  et  qui  change,  comme  le  caméléon,  de  couleur 
suivant  les  choses  entre  lesquelles  il  fait  sa  de- 
meure. Il  II  se  (lit  aussi  de  quelques  plantes  dont 
la  tige  visqueuse  ou  certaines  parties  contractiles 
retiennent  les  mouches  et  autres  insectes  qui  vien- 
nent s'y  poser.  La  plante  nouvellement  découverte 
dans  l'Amérique  anglaise  (dionea  muscipula,  L. 
droséracées) ,  à  laquelle  on  a  donné  le  plaisant 
nom  de  venus  gobe-mouches  ;  c'est  une  espèce  de 
sensitive  épineuse  dont  les  feuilles  se  replient,  et 
les  mouches  sont  prises  dans  ces  feuilles  et  y  péris- 
sent plus  sûrement  que  dans  une  toile  d'araignées, 
VOLT.  Dict.  phil.  Polypes.  ||  2°  Fig.  Terme  familier. 
Celui  qui  n'a  point  d'avis  à  lui  et  qui  paraît  être  de 
l'avis  de  tout  le  monde.  En  contrefaisant  cette  ma- 
nière d'opiner  qui  avait  valu  à  d'Argen'al  le  nom 
de  gobe-mouches,  marmontel,  Mém.  vi.  ||  Homme 
qui  croit  sans  examen  toutes  les  nouvelles  débitées. 
J'allais  avec  la  foule  des  gobe-mouches  attendre  sur 
la  place  l'arrivée  des  courriers,  et,  plus  bête  que 
l'âne  de  lafaL'e,  je  m'inquiétais  beaucoup  pour  sa- 
voir de  quel  maître  j'aurais  l'honneur  de  porter  le 
bât,  1. 1.  Houss.  Conf.  V.  ||  Homme  qui  s'occupe  niaise- 
ment de  bagatelles.  ||^m  plur.  Des  gobe-mouches. 

HEM.  L'Académie  écrit  gobe-mouches  avec  s, 

et  chasse-mouche  sans  s.  Il  n'y  a  aucune  riùson 
pour  établir  une  différence  d'orthographe  entre  ces 


GOB 


1889 


ileu.x  mots.  Il  n'y  aurait  aucune  faute  à  écrire  gobe, 
mouche,  mouche  étant  alors  pris  en  un  sens  collectif. 

—  F.TYM.  Gober,  et  mouches. 

t  GOBE-MOUTON  (go-be-mou-ton),  J.  m.  Nom  de 
certaines  pillules  empoisonnées  qui  font  mourir  les 
be.stiaux.  \\Ah  plur.  Des  gobe-mouton. 

—  ÉTYM.  Gober,  et  motiton,  c'ost-à-dire  :  mou- 
ton, gobe,  prends,  avale. 

GOBER  (go-bé),  t'.  o.  ||  !•  Terme  familier.  Ava- 
ler sans  savourer,  .sans  mScher.  Le  gober  en  huître 
à  l'écaillé,  scarron,  Virg.  m.  ||  Saisir  et  avaler.  Une 
grue  Qui  les  croque,  qui  les  tue,  Qui  les  golte  à  son 
plaisir,  la  font.  Fabl.  ni,  4.  Nous  en  savons  plus 
d'un,  dit-il  en  les  gobant;  C'est  tour  de  vieille 
guerre....  id.  ib.  m,  18.  L'un  jure  foi  de  roi,  l'autre 
foi  de  hibou.  Qu'ils  ne  se  goberaient  leurs  petits, 
peu  ni  prou,  m.  tb.  v,  (S.  Quoi!  toujours  il  me 
manquera  Quelqu'un  de  ce  peuple  imbécile  I  Tou- 
jours le  loup  m'en  gobera,  id.  ib.  ix,  lo.  Le  brochet 
gobe  assez  .souvent  les  oiseaux  qui  plongent  ou  fri- 
sent en  volant  la  surface  de  l'eau,  elfk.  Ois.  t.  xiii, 
p.  Ï62.  Il  Fig.  Gober  des  mouches,  du  vent,  perdre 
du  temps  à  niaiser,  à  attendre.  ||  On  a  laissé  cet 
lioinme  à  gober  les  mouches,  se  dit  de  quelqu'un 
qu'on  a  laissé  longtemps  attendre  en  un  lieu.  ||  Po- 
pulairement. Tu  la  gobes,  tu  es  attrapé,  puni,  mal- 
mené. Il  Fig.  Gober  le  morceau,  gober  l'hameçon,  se 
laisser  facilement  tromper.  Mais  je  no  suis  pas 
homme  à  gober  le  morceau,  mol.  Éc.  des  femmes, 
II,  I.  Tousdeux  également  sont  propres  à  gober  les 
hameçons  qu'on  leur  veut  tendre,  id.  Pourc.  ii,  3. 
Il  Fig.  Un  gobe-affront,  un  homme  qui  supporte 
lâchement  les  affronts.  Un  courtisan,  un  gobe- 
affront  Aura  l'âme  assez  mercenaire..,.  sCAim.  Virg. 
vu.  Il  2°  Populairement.  Faire  prisonnier  (jnel  ;u'un 
que  l'on  guette.  On  l'a  gobé  au  sortir  de  chez  lui. 
Il  3"  Fig.  Croire  légèrement  et  sottement.  Amusez 
les  rois  par  des  songes....  Us  goberont  l'appât,  vous 
serez  leur  ami,  la  pont.  Fabl.  viii,  14.  [Monsei- 
gneur] prince  incapable  de  ne  pas  gober  les  absur- 
dités les  plus  grossières  elles  plus  palpables,  st-sim. 
2s"<,  123.  Vieux-Port  goba  aisément  ce  [irestige  de 
noblesse,  et  crut  figurer,  in.  48 1,  42.  Cette  belle 
lettre  parvint  à  M.  le  duc  de  Choiseul,  qui  il'abord 
goba  cette  sottise,  mais  qui  bientôt  après  me  rendit 
justice,  VOLT.  Lett.  d'Argental,  16  oct.  I7B7. 
Il  4°  Terme  de  fauconnerie.  Chasser  les  perdrix  avec 
l'autour  et  l'épervier.  ||  5°  Se  gober,  v.  réfl.  Etre  avalé 
en  gobant.  L'huître  ne  se  mâche  pas,  elle  se  gobe. 

—  HIST.  XV'  s.  Au  moins,  donnez-nous  une  pes- 
cho,  Pour  faire  ung  peu  gobe  quinault,  Ree, de  far- 
ce.'!, etc.  p.  302. 

—  F.TVM.  Le  radical  gnb  paraît  appartenir  au  cel- 
tique :  gaélique,  goh,  gah,  bouche,  irl.  çjob,  bouche, 
bec;  kimry,  gwp,  bec.  Gnb  dans  un  pa  ois  anglais  a 
le  sens  de  mâchoire  et  y  vient  probablement  du 
celtique.  L'anglais  gob,  bouchée,  vient  du  français. 

t.  GOBERGE  (go-bèr-j'),  s.  f.\\l'  Nom  d'une 
perche,  ou  d'un  instrument  de  l)ois.  qui  sert  à  te- 
nir quelque  chose  en  presse,  surtout  chez  les  me- 
nuisiers ;  un  des  bouts  de  la  goberge  louche  au  mur, 
ou  au  plancher,  et  l'autre  est  fortement  appuyé  sur 
ce  qui  doit  être  pressé.  Pour  un  millier  de  gober- 
ges réduites  à  quatre  pieds,  le  millier  faisant  deux 
voies,  est  dû  )8  livres,  8  sols,  Décl.  22  oct.  1715, 
Tarif.  \\  2"  Perche  dont  les  ébénistes  se  servent  pour 
maintenir  le  placage  fraîchement  collé.  ||  3"  Petite 
planche  mince  dont  les  layetiers  se  sen-ent.  ||  *•  Au 
plur.  Nom  des  petits  ais  qui  soutiennent  la  pail- 
lasse et  les  matelas  sur  un  bois  de  lit. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  une  corruption  de  écoper- 
che  (voy.  ce  mot). 

I  2.  GOBERGE  (go-bèr-j'),  s.  f.  Morue  la  plus 
large  et  la  plus  grande  de  l'océan. 

—  ÉTYM.  Peut-être  ainsi  dite  do  goberger,  parce 
que  c'est  un  beau  poisson  qui  sert  à  se  goberger. 

GOBERGER  (SE)  (go-bèr-jé.  Le  g  prend  un  e  do 
vant  o  et  0  ;  gobergeant,  gobergeons),  v.  réfl.  Torme 
familier.  ||  1°  Prendre  .ses  aises.  Il  se  gobergeait 
dans  un  bon  fauteuil.  ||  2°  Se  divertir.  Comment  il  se 
gobergera.  Quand  ensuite  il  égorgera  Femme,  mari, 
père,  grand-père,  scarron,  Virg.  ii.  Vous  voyez, 
avec  grande  joie.  Un  nouveau  Xanthus  tous  les 
jours.  Et  vous  gobergez  dans  son  cours,  in.  t"6.  m. 
Il  3"  Se  moquer.  Gobergeons-nous  ensemble  de  ce 
cousin  de  meunier,  dancourt,  les  Vacances,  se.  f. 
Quoi  I  tu  peux  refuser  rofl"re  d'une  couronne  I  — 
GiiiUot  :  C'est  pour  se  goberger,  morgue,  qu'il  mo 
la  donne,  le  grand.  Rot  de  Cocar/ne,  m,  7. 

—  HIST.  XV'  s.  Le  bon  sergent  en  luy  print  af- 
fiance.  Et  luy  livra  .sans  nulle  défiance  Son  ocque- 
ton,  son  enseigne  et  sa  verge,  Sans  qu'il  cognust  que 
Faifeu  le  gauberge,  Faifeu,  p.  62,  daas  lacubnk. 

I.  -  237 


1890 


GOD 


—  ÉTYM.  On  peut  conjecturer  que  se  goberger  a 
été  dit  de  la  goberge  qui  sert  dans  plusieurs  métiers 
à  rendre  le  travail  plus  commode  ou  plus  sûr;  de 
sorte  que  le  sens  primitif  serait  prendre  ses  aises. 

COUKT  (go-bè;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire; au  pluriel,  Vsse  lie  :  des  go-bè-z  appétis- 
sants ;  gobets  rime  avec  traits,  succi«,  paix,  etc.), 
t.  m.  Il  !•  Terme  familier.  Morceau  que  l'on  gobe. 
Laisse-moi  faire;  nous  en  mangerons  de  bons  go- 
bets ensemble,  hautebociie,  Crispiu  méd.  ii.  7. 
Il  Kig.  et  populairement.  Prendre  un  homme  ai  go- 
bet,  le  prendre,  le  saisir  sans  qu'il  s'y  attende. 
Il  2"  Espèce  de  cerise.  Des  gobets  à  courte  queue. 
Il  3°  Populairement.  C'est  un  bon  gobet,  se  dit 
d'un  homme  crédule,  qui  gobe  tout  ce  qu'on  dit. 
Il  4°  Terme  de  fauconnerie.  Chasser  au  gobet,  chas- 
ser avec  l'autour  et  l'épervier. 

—  f.TYM.  Gober. 

f  OOBETAGE  (go-be-ta-j') ,  ».  m.  Anciennement, 
opératiou  qui  se  pratiquait  sur  les  boissons.  Droits 
de  mesurage,  gobetage,  criagedevin  et  autres  breu- 
vages et  huiles,  Jtèglem.  3U  aoiH  <662. 

—  ÉTYM.  Gobet,  dans  le  sens  de  vase. 

t  2.  GOBETAGE  (go-be-ta-j'),  s.  m.  Action  de 
golieter. 

GOBETÉ,  ÉE  (go-be-té,  tée),  part,  passé  de  go- 
beter.  Un  mur  gobeté. 

GOBETER  (go-be-té.  Le  t  se  double  quand  la  syl- 
labe qui  suit  est  muette:  il  gobette,  je  gobetterai. 
L'Académie  ne  dit  rien  sur  cette  conjug.iison),  v.  a. 
Terme  de  maçonnerie.  Jelerdu  mortier  ou  du  plâtre 
avec  la  truelle  et  passer  la  mrin,  ou  le  plat  de  la 
truelle  dessus,  pour  le  faire  entrer  dans  les  joints. 

—  ÊTYM.  Gobet,  morceau,  le  plâtre  étant  jeté 
comme  par  morceaux. 

t  GOBETIS  (go-be-ti),  s.  m.  Terme  de  construc- 
tion. Plâtre  jeté  avec  une  truelle  ou  un  balai,  et  sur 
lequel  on  passe  la  main  pour  le  l'aire  entrer  dans 
les  joints.  ||  Le  travail  exécuté  de  cette  manière. 

—  ETYM.  Cobeter. 

t  GOBEUR,  EL'SE  (go-beur,  beû-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  colle  qui  gobe.  Celui  qui  le  premier  a  pu  l'a- 
percevoir [l'huître]  En  sera  le  gobeur;  l'autre  le 
verra  faire,  la  font.  Fabl.  ix,  9.  ||  Kig.  Celui  qui 
croil  tout  ce  qu'on  lui  dit.  Grand  gobeur  de  fausses 
nouvelles.  Il  2°  Gobeur,  se  dit,  sur  les  bords  de  la 
Loire,  des  portefaix  qui  chargent  et  déchargent  les 
bateaux.  |]  3°  Gobeur  de  mouches,  oiseau  appelé  aussi 
bouvier.  ||  Kig.  Homme  crédule. 

—  ETYM    Gober. 

t  GOBIE  (go-bie),  î.  m.  Genre  de  poissons  thora- 
ciques. 

—  ETYM.  Lat.  gobius,  goujon,  du  grec  xm6i6ç. 

t  GOBILLARR  {go-bi-lkr,  U  mouillées),  s.  m. 
Terme  de  construction.  Nom  de  planches  préparées 
pour  faire  des  douves  de  cuves. 

tGOBILLE(go-bi-U',  U  mouillées),»,  f.  \\  1° Terme 
d'écoliers  dans  quelques  contrées.  Bille  en  marbre 
ou  en  pierre  dure  avec  laquelle  on  joue.  ||  2"  11  .se 
dit,  dans  les  machines,  de  certaines  pièces  en 
forme  de  boules.  Gobilles  de  bronze. 

—  ÉTYM.  Schcler  demande  si  gobille  n'est  pas 
pour  ghibille,  de  globe. 

GOBIN  (go-bin),  s.  m.  Terme  familier  et  peu  usité. 
Bossu,  l'n  petit  gobin.  Afin  d'y  recevoir  dignement 
le  gobin  ViUars,  siiv.  Lelt.  de  Hussy,  25  sept.  (877, 
édit.  RÉGNiKR.  Maudit  gobin,  que  le  diable  t'emporte! 
Voilà  pour  Euphrosine  un  mari  bien  tourné,  bour- 
SAULT,  Fables  d'Ésopt,  v,  2. 

—  HIST.  XVI"  s.  Le  gobin  [nom  donné  au  duc  de 
Mantoue,  parce  qu'il  était  fort  bossu],  brant.  t.  viii, 

p.  434.   édit.  FOUCAULT. 

—  ÉTYM.  liai,  gobbo,  du  lat.  j/i'bbu»,  bosse,  d'après 
Diez,  qui  remarque  que,  dans  le  bas-latin  primitif, 
gibbus  s'est  écrit  et  sans  doute  prononcé  gybbiis  et 
qu'un  ^  ocabulaire  a  en  effet  gtipios,  bossu,  mot  où  lu 
est  l'équivalent  de  y.  ce  qui  explique  l'o  de  l'italien. 

]  GOBINEAU  (go-bi-nô),  s.  m.  Terme  de  carreleur. 
Petite  partie  de  Ciirreau  que  l'on  rapporte  en  rac- 
cordement le  long  des  murs  pour  remplir  les  vides. 

t  GOCHET  (go-chè),».  m.  Nom  vulgaire  d'une 
coquille,  la  notice  foudre  (univalves). 

t  GOOAGE  (go-da-j'),  s.  m.  Faux  pli  d'une  ctoffe 
qui  gode.  ||  Forme  défectueuse  du  papier. 

—  ÉTYM.  Goder. 

t  GODAILLE  (go-dâ-ir,  «mouillées),  s.  f.  Terme 
populaire.  Débauche  de  table,  grande  ribote.  ||  Mau- 
vais vin.  Il  ne  nous  a  fait  boire  que  de  la  godaille. 

—  ÉTYM.  Origineincertaine.  Diez  le  tire  d'un  an- 
cien verbejoder  (Rousiaus  finsrenart  toutçougode, 
Ren.  t.  IV,  p.  435).  On  peut  songer  à  une  dériva- 
tion péjorative  do  gaudir.  Enfin  il  y  a  l'opinion  de 
ceux  qui  proposent  l'ancieo  français  godai*,  qui 


GOD 

est  l'anglais  good  aie  ou  le  flamand  goud  aie, 
bonne  bière  :  Volentiers  en  beûst  [de  l'eau],  mais 
trouble  ert  com  godale,  Ilerle,  xxvu.  Cette  proposi- 
tion a,  contre  elle,  de  manquer  d'intermédiaires.  On 
peut  cependant  en  trouver  un  dans  Kroissart  :  f:t 
1  avoient  les  vilains  Londriens  godaillers  accueilli  en 
si  grand  haine,  que  à  peine  pouvoient  ou  vouloient 
parler  à  lui,  m,  iv,  73;  godailler  veutdire  sans  doute 
Imveur  de  godale.  La  forBie  est  ainsi  trouvée  ;  et, 
quant  au  sens,  il  n'y  a  pas  loin  de  buveur  de  bière  k 
godai7/cur. 

(.GODAILLER  (go-dâ-Ué,  !i  mouillées,  et  non 
go-dâ-yé),  ti.  n.  Terme  populairai  Boire  avec  excès 
et  souvent.  Il  ne  fait  que  godailler. 

—  ÉTYM.  Godaille. 

f  2.  GODAILLER  (go-dâ-llé  ;  Il  mouillés),  s.  m. 
Agaric  de  couleur  fauve  clair,  dit  aussi  mousseron 
d'automne  et  agaric  faux  mousseron. 

f  GODAILLKL'R  (go-dâ-lleur,  U  mouillées), 
s.  m.  Celui  qui  aime  à  godailler. 

f  GODAN  ou  GODANT  (go-dan),  s.  m.  Terme 
populaire.  Conte,  tromperie.  Donner  dans  le  godant, 
se  laisser  abuser.  C'était  bien  certainement  à  eu.v 
à  qui  je  devais  cet  inepte  et  hardi  godant  qu'ils 
avaient  donné  à  monseigneur, st-sim.  29i,  217. On 
mit  Davisard  en  liberté  [de  la  Bastille]  ;  n'est-ce  pas 
un  godan,  dit-il  en  terme  gascon  quand  il  vit  la 
lettre  de  cachet?  non,  dit  le  gouverneur  qui  la  lui 
portait,  c'est  tout  de  bon,  staal,  Jfem.  1. 11,  p.  240. 

—  ÉTYM.  Diez  le  rattache  au  mot  du  Hainaut  go- 
dan, appât. 

t  GODDAM  (prononcé  quelquefois  go-ddam', 
mais  plus  souvent  go-ddèm,  l'o  anglais  étant  in- 
termédiaire entre  un  a  et  un  e),  sorte  de  jurement 
anglais.  Diable!  c'est  une  belle  langue  que  l'an- 
glais; il  en  faut  peu  pour  aller  loin  ;  avec  goddam, 
on  Angleterre,  on  ne  manque  de  rien....  les  Anglais, 
à  la  vérité,  ajoutent  par-ci  par-là  quelques  autres 
mots  en  conversant  ;  mais  il  est  bien  aisé  de  voir 
que  goddam  est  le  fond  de  la  langue,  beaum.  Xar. 
de  Fig.  m,  B.  ||  S.  m.  Sobriquet  que  le  peuple  donne 
aux  Anglais.  Un  gros  goddam. 

—  ÉTYM.  Angl.  god  damn.  Dieu  damne. 

f  GODE  (go-d')  ,  s.  f.  Sorte  de  mesure  étran- 
gère qui  contenait  environ  cinq  quarts  d'aune  de 
Paris.  Frise  blanche  appelée  de  coton,  qui  se  vend 
à  la  gode,  le  cent  de  godes  faisant  <25  aunes,  Tarif 
du  (8  avril  1667. 

GODELUREAU  (go-de-lu-rô) ,  s.  m.  Familière- 
ment et  par  dénigrement,  jeune  homme  d'une  con- 
duite étourdie,  qui  fait  le  joli  cœur  auprès  des  fem- 
mes. La  chambre  des  comédiennes  était  déjà  pleine 
des  plus  échauffés  godelureaux  de  la  ville,  scarron, 
nom.  com.  1,  6.  Kt  je  ne  puis  souffrir  que  cent  go- 
delureaux X  ma  femme  chez  moi  débitent  mots 
nouveaux,  hacteroche,  les  Àjipas  tromp.  1,  10.  Ce 
sont  de  beaux  morveux ,  de  beaux  godelureaux  pour 
donner  envie  de  leur  peau,  mol.  l'Avare,  11,  6.  J'ai 
peine,  je  l'avoue,  à  demeurer  en  place.  Et  de  mille 
soucis  mon  esprit  s'embarrasse.  Pour  pouvoir  mettre 
un  ordre  et  dedans  et  dehors  Oui  du  godelureau 
rompe  tous  les  efforts,  id.  Éc.  des  femmes,  iv,  i. 
Ah  I  le  plaisant  magot!  que  veux-tu?  qui  t'amène? 
—  Une  ingrate  que  j'aime  et  qu'un  godelureau  Est 
venu  m'enlever  pre.sque  chez  moi,  madame,  rê- 
GNARD,  les  Folies  amour.  Piiertiss. 

—  IllST.  XVI'  s.  Goguelureau,  monet,  Dict.  Ma  foy, 
mon  goderuleau,  mon  amy,  tu  en  parles  bien  à  ton 
aise,  Contes d'Eulrapel,  p.  H4,dansLACtiRNE,  au  mot 
gaudelureau.  N'y  a  si  mescliant  fils  de  laboureur 
qui  ne  veuille  faire  du  galureau,  porter  chausses  et 
habits  bigarrez  et  le  grant  plumas  au  chapeau,  Nef 
des  fols,  ('  02,  dans  laciirne,  au  mot  gaudelureau. 

—  ÉTYM.  Bourff.gaudeliirô.galurô, jeune  homme 
libertin.  Ce  mot  parait  être  un  diminutif  de  Vaudelu 
ou  Godelu,  nom  que  le  peuple  donnait  à  une  copie, 
exposée  dans  l'église  du  Saint-Sépulcre  à  Paris,  du 
saint  rouit  de  Lucques ,  sanctus  vulDis  de  l.uca, 
c'est-à-dire  le  Christ  en  croix  de  Lucques,  sculpture 
altriipuée  à  Nicodème  (de  lahoroe.  Émaux,  p.  634). 
Par  une  raison  inconnue,  cette  fipure  avait  donné 
lieu,  dans  le  xv  siècle,  à  une  acception  très-voisine 
de  celle  de  godelureau  :  Tranche  de  Vaudelusque, 

COOUIl.LART.    p.    (72. 

GODENOT  (go-de-no  ;  le  t  ne  se  Ile  pas  ;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  les go-de-no-z  et....),  s.  m.  \]  1"  Petite 
figure  de  bois  dont  les  joueurs  de  ge'.elets  se  ser- 
vent pour  amuser  les  spectateurs.  Vcas  voyez  que 
le  Mazarin  n'est  qu'une  manière  de  godenot  qui  se 
cache  aujourd'hui  et  qui  se  montrera  demain,  retz, 
IV,  IU9.  Le  petit  prince  habillé  comme  un  godenot, 
sÉv.  613.  Il  a°  Populairement.  Petit  homme  mai 
fait.  Ragotin,  c'était  le  nom  du  godenot,  scarron, 


GOD 

nom.  com.  I,  8.  Il  n'est  vice  si  has  Que  n'ait  ie  go- 
denot que  je  ne  nomme  pas,  BounsAtLT,  Fabl.  d'fi. 

I,  4.  Il  On  a  forgé  archi-godenot Et  de  là  vient 

que  l'archi-godenot,  Depuis  trente  ans  que  seul  il  s« 
fait  rire.  N'a  jamais  su  faire  rire  qu'ur  sot,  j.  b 
pouss.  tpigr.  n,  26. 

—  Etym.  Origine  inconnue. 

GODER  (go-dè),  B.  n.  En  parlant  dune  étofle, 
faire  un  pli  un  peu  en  rond  là  où  l'étoffe  doit  être  à 
droit  fil.  Un  vêtement  gode  lorsque  l'étolfe,  n'étant 
pas  à  plat  sur  la  doublure,  se  soulève,  ou  que,  mal 
cousu,  mal  confectionné,  il  fait  un  pli.  ||  Onditaussi 
en  chirurgie  qu'une  bande  roulée  autourd'un  membre 
gode  ou  fait  des  godets  quand  quelqu'un  des  tours 
ne  s'y  applique  pas  exactement,  j]  Un  papier  gode, 
quand,  collé  sur  un  autre,  il  est  soulevé  çà  et  là. 

—  ÉTYM.  Ce  parait  être  un  verbe  fait  sur  godet. 
GODET  (go-dè;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  \'t 

se  lie  :  des  go-dè-z  à  couleur;  godets  rime  avec 
traits,  succ';s,  paix,  etc.),  s.  m.  ||  1°  Petit  vase  à 
lioire  qui  n'a  ni  pied  ni  anse.  Boire  dans  un  godet. 
Il  Anciennement.  Porter  son  chapeau  en  godet, 
porter  un  chapeau  à  cornes  de  telle  façon  que,  I9 
derrière  étant  plus  élevé  que  le  devant,  le  chapeau 
ait  l'apparence  d'une  gouttière  ou  d'un  godet.  U  sait 
du  coin  de  l'ongle  ouvrir  sa  tabatière.  Caresser  son 
petit  collet,  Tourner  son  chapeau  de  manière  Qu'il 
fasse  toujours  le  godet,  l'oHe  anonyme,  dans 
i.E  ROUX,  Dict.  comique.  ||  2°  Fig.  Faux  pli  d'une 
étoffe,  d'une  bande  qui  gode;  il  semble  en  effet 
former  un  petit  godet.  ||  3'"  Petit  vase  dans  lequel 
les  peintres  mettent  leurs  couleurs.  ||  4°  Il  se 
dit  des  vaisseaux  qui  sont  attachés  aux  cordes  de» 
roues  servant  à  puiser  l'eau.  Une  roue  à  godets. 
Il  B°  Verre  recevant  l'huile  qui  tombe  d'un  quin- 
quet.  Il  Petit  récipient  percé  par  le  fond  et  dan« 
lequel  on  verse  l'huile  pour  le  graissage  d'essieux 
ou  autres  pièces  mobiles.  ||  Espèce  d'entonnoir  qui 
sert  à  introduire  de  l'huile  entre  les  filets  de  la  vis 
d'une  presse.  ||  6°  Entonnoir  par  lequel  le  métal 
fondu  pa.sse  de  l'échenal  dans  les  jets.  ||  7°  Vaisseau 
rond  avec  une  queue  longue  d'environ  un  tiers  de 
mètre,  en  forme  de  cuiller  à  pot  ;  queue  qui  est 
percée  pour  donner  p.assage  à  l'eau,  à  l'effet  de  se 
laver  les  mains.  ||8°  Terme  de  construction.  Espèce 
de  petite  gouttière  qu'on  joint  aux  chéneaui  pour 
jeter  l'eau  lorsqu'il  n'y  a  poiLt  de  tuyau  de  des- 
cente. Il  Terme  de  maçonnerie.  Petite  ouverture 
par  où  l'on  fait  couler  du  mortier  dans  les  joints 
montants.  ||  9°  Godet-encrier,  godet  qui  sert  dans 
les  transcriptions  télégraphiques.  ||  10°  Godet  de  la 
pipe,  synonyme  de  fourneau.  ||  11°  Il  se  dit,  chez 
les  jardiniers  et  chez  les  fabricants  de  fleurs  artifi- 
cielles, de  la  partie  de  la  (leur  qui  renferme  les 
pétales.  I)  Le  gland  de  chêne  est  supporté  par  une 
espèce  de  petit  godet  appelé  cupule.  ||  Godet  crotti- 
nier,  la  pezize  ponctuée,  champignon  qui  croit  sur 
le  crottin  de  cheval.  ' 

—  HlST.  XIII'  s.  Or  faut  mesures  et  hanas  [gobe- 
lets], Voires,  godes,  si  ne  les  as,  Choses  qui  fail- 
lent  en  ménage.  ||  xiv"  s.  Ung  grant  go<let,  appelle 
aumosniere,  de  vielle  façon,  pesant  iv  marcs,  db 
LABOROE,  Émaux,  p.  332.  Il  XV'  s.  J'en  vueil  avoir  le 
creur  net;  Versez  donc  dans  ce  godet  I  Sur  ce 
cidre  d'excellence  J'en  vai  faire  expérience,  basse- 
lin,  VII.  Il  xvi*  s.  Alors  que  cliascun  vouloyt  re- 
cueillirde  ceste  rosée,  et  en  iwyre  à  plein  guodet.... 
RAB.  Pant.  u,  2. 

—  ÉTYM.  Diminutif  du  latin  ^uttit»,  vase  à  boire; 
mais  cette  étymologie  n'est  pas  absolument  sûre,  le 
d  ne  remplaçant  pas  facilement  deux  tt. 

t  GODICHE  (go-di-ch'),  adj.  Terme  populaire 
Gauche,  maladroit,  niais.  Qu'il  est  godiche!  ||  Sub- 
stantivement. Quel  godiche!  \\Au  fém.  Une  grande 
godiche. 

—  ÉTYM.  Godicite  est  une  altération  populaire  de 
Claude,  qui  se  dit  aussi  pour  nigeud. 

tGODICIIO.V,  ONNE  (go-<li-chon ,  OiO-n'),  ad) 
Diminutif  do  godiche. 

t  GODILLE  (go-di-ll  ,  «mouillées),  s.  f.  ||1*  Avi- 
ron qui,  placé  dans  une  entaille  arrondie  sur  le 
derrière  d'une  embarcation,  sert  à  la  faire  avancer 
et  à  la  diriger.  ||  2°  Partie  du  télégraphe  à  cadran. 
Il  3°  Godille  évolueur,  nom  donné  par  M.  Glotin 
à  un  propulseur  alternatif  de  son  invention,  qui  est 
applicable  aux  navires  de  petite  vitesse  et  à  petit 
tirant  d'eau. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

t  GODILLER  (go-di-llé,  H  mouillées),»,  n.  Terme 
do  marine.  Gouverner  un  batelet  avec  la  godille. 
Il  Godiller  s'est  dit  autrefois  gabarcr. 

t  GODILLEUR  (go-<li-lleur,  Il  mouillées) ,  t.  m. 
Terme'de  marine.  Matelot  ou  batelier  qui  godille 


GOD 

f  GOniXETTE  (go-di-nè-f),  s.  f.  Ancien  mot 
qui  signifiait  une  grisetle  et  qui  s'était  conserve 
jusque  dans  le  xvii'  siècle,  en  celle  locution  tom- 
bée elle-même  en  désuétude  :  hMisor  en  godinctto, 
baiser  d'une  manière  tendre,  amoureuse.  ||  On 
trouve  aussi  :  en  godinel.  Je  vous  embrasse  en  go- 
dinet,  Lettres  de  Mlle  l.ourctte  de  Ualboissière  avec 
Itme  la  marquise  de  la  Grange. 

—  HIST.  XV'  s.  Avez  vous  point  vu  ci  entrer  Na- 
gueres  une  godinette  Oui  vient  rire,  esbattre,  dan- 
ser? coouiLLAB",  Botte  de  foin. 

—  ÉTYM.  Godin,  joli,  mignon,  dans  Cotgrave, 
et  godinette  semblent  venir  de  l'ancien  verbe  goder 
(voy.  GODAILLE  à  l'étymologie),  que  Diez  n'ose  pas 

^rapporter  au  latin  gaudere  [gaudere  ayant  donné 
^■ouir,joïr),  et  qui  lui  semble  appartenir  plutôt  à  un 
radical  celtique  :  kimry,  god,  luxure,  exubérance. 
GODIVEAC  (go-di-vô),  s.  m.  Terme  de  cuisine. 
Sorte  de    pâté  chaud  composé  d'andouilleltes,   de 

hachis  de  veau,    etc.  Tourte  de   godiveau Un 

godiveau   tout  brillé   par   dehors  Dont  un  beurre 
gluant  inondait  tous  les  bords,  bou..  Sat.  m. 

—  IMST.  XVI"  s.  Mangeans  ensemble  un  boisseau 
de  godiveaus  [espèce  d'andouilletle),  rabel.  ui,  I8. 

—  ËTY.M.  Origine  inconnue  ;  à  moins  que,  avec 
Scheler,  on  n'y  voie  un  dérivé  de  l'ancien  verbe 
goder  (voy.  gobinette). 

GODRON  (go-dron),s.  m.  ||  1°  Terme  d'orfèvrerie. 
Moulure  ovale  qu'on  fait  aui  bords  de  la  vaisselle 
d'argent.  Vaisselle  à  gros  godrons.  ||  Espèce  de 
rayon  droit  ou  tournant,  fait  à  l'échoppe  sur  le 
fond  d'une  bague  ou  d'un  cachet.  ||  2°  Terme  de 
sculpture  et  d'architecture.  Ornements  qu'on  taille 
sur  des  moulures,  les  uns  fleuronnés,  d'autres 
creusés.  ||  3°  Plis  ronds  qu'on  fait  aux  fraises,  aux 
jabots.  Il  Fer  avec  lequel  on  fai.sait  ces  plis. 

—  HlST.  xv  s.  Une  nef  d'argent,  goderonnée, 
l'un  des  goderons  d'argent  et  l'autre  blancq,  de  la- 
BORDE,  Émaux,  p.  332.  ||  ivi»  S.  Les  yeux  [du  che- 
val] gros,  grands,  noirs  et  clairs  comme  miroirs, 
emboutissant  en  hors  ainsi  que  goderons,  o.  de 
SERBES,  301.  Gauderon  de  beau  langage  [langage 

apprêté],  COTGRAVB. 

—  ÈTYM.  Origme  inconnue.  D'après  Génin,  né- 
créat.  t.  II,  p.  93,  godron  était  dans  l'ancien  fran- 
çais le  nom  de  l'amidon  ;  sans  dire  où  il  a  trouvé 
cette  explication.  D'ailleurs  le  godron  ou  goderon 
paraît  avoir  élé  d'abord  une  moulure  d'orfèvrerie. 
Scheler  le  tire  de  goder,  où  il  voit  un  verbe  ger- 
manique :  goth.  valtjan,  rouler.  Roullin  le  rat- 
tache au  latin  grunda,  gouttière. 

t  GODRONNAGE  (go-dro-na-j'),  s.  m.  Action  de 
godronner,  et  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Godronner. 

GODROXNÉ,  ÉE  (go-droné ,  née),  part,  passé 
de  godronner.  ||  1»  Garni  de  moulures.  De  la  belle 
raisselle  toute  neuve,  toute  godronnée,  au  fruit, 
SÉv.  B95.  Cet  argent  fin,  ciselé,  godronné,  En  plat, 
en  vase,  en  soucoupe  tourné,  volt.  Apol.  du  luxe. 
Il  i°  Terme  de  botanique.  Feuille  godronnée,  feuille 
dont  les  bords  présentent  des  espèces  de  festons 
séparés  par  des  sinuosités  profondes.  |1  3°  Terme 
d'anatomie.  Canal  godronné,  espace  qui  se  trouve 
dans  l'œil  entre  le  corps  vitré  et  le  corps  ciliaire, 
et  qui  embrasse  toute  la  circonférence  du  cristallin. 
Il  4°  Qui  est  plissé  en  godron.  Les  sénateurs  de  la 
ville,  vêtus  de  cérémonie  avec  leurs  toques  de  ve- 
lours, leurs  courtes  robes  de  damas  et  leurs  fraises 
godronnées,  vinrent  saluer  la  reine,  le  laboureur, 
Yoyage  de  la  reine  de  Pologne,  p.  <l)3,  dans  la- 
corne,  au  mot  gaudronyié. 

GOORON.fER  (go-dro-né) ,  V.  a.  ||  1°  Faire  des 
godrons.  Godronner  de  la  vaisselle.  Godronner  du 
linge.  Il  2°  Tourner  les  têtes  des  épingles  sur  les 
moules  à  l'aide  du  rouet.  ||  3°  Faire  autour  de  la 
tête  plate  d'une  vis  de  petites  entailles  empêchant 
que  la  vis  ne  glisse  dans  les  doigts  quand  on  la  serre 
ou  desserre. 

—  HlST.  XV"  s.  Six  hanaps  plains,  dorez  par  de- 
dans et  goderonnez  par  dehors  ;  laquelle  godero- 
neure  estoit  dorée  et  blanche.  Vente  des  meubles  de 
J.  Cœur,  dans  J.  Cœur,  par  clément,  t.  ii,  p.  <79. 
Il  XVI"  3.  Il  y  en  a  de  grandes  [citrouilles],  de  pe- 
tites, de  goderonnées,  ressemblantes  à  citrons  et 
poncires,  diversement  colorées,  o.  de  serres,  647. 
La  plus  grande  finesse  qui  soit  en  ce  monde  est 
aller  rondement  en  besongne,  parler  son  vrai  pa- 
tois et  naturel  langage,  sans  le  pourfiler  et  damas- 
quiner, comme  font  nos  refraisez  et  gaudronnez  de 
ce  jour,  Contes  d'Eutrapel,  p.  too,  dans  lacubne. 
11  avoit  une  fraise  empesée  et  godronnée  à  gros 
godrons,  au  bout  de  laquelle  il  y  avoit  de  belle  et 
grande  dentelle,  les  manchettes  cstoient  godron- 


GOG 

nées  (le  mesme,  de  laborde.  Émaux,  p.  322.  Ho- 
liodorus,  ce  bon  evesque  de  Tricca,  aima  mieulx 
perdre  la  dignité  d'une  prclature  si  vénérable  (|ue 
de  perdre  sa  fille  [un  roman,  les  Élhiopiques]  ;  fille 
qui  dure  encores  bien  gentille,  niais  à  i'adventure 
pourtant  un  peu  trop  curieusement  et  mollement 
goderonnée  pour  fille  ecclésiastique  et  sacerdotale, 

MONT.   Il,  89. 

—  f.TYM.  Godron. 

fGODRONXEUR,  EUSE  (go-dro-neur,  neû-z'),  s. 
m.  et  f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  fait  des  godrons. 

t  GODKOXXGIR  (godro-noir),  s.  m.  Sorte  de  oi- 
selet à  l'usage  du  godronneur. 

t  GODDRE  (go-du-r'),  s.  {.  État  de  ce  qui  gode. 

GOELAND  (go-è-lan),  s.  m.  Oiseau  de  mer,  es- 
pèce de  grande  mouette,  appartenant  au  genre 
Inrus,  de  Linné ,  qui  contient  les  mouettes.  Les 
goélands  se  tiennent  en  troupes  sur  les  rivages  de 
la  mer;  .souvent  on  les  voit  couvrir  de  leur  multi- 
tude les  écueils  et  les  falaises  qu'ils  font  retentir 
de  leurs  cris  importuns  et  sur  lesquels  ils  sem- 
blent fourmiller,  bùfp.  Ois.  t.  xvi,  p.  177.  ||  Goé- 
land brun,  le  lare  frontal  (palmipèdes),  dit  cordon- 
nier par  les  navigateurs. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  y  a  un  genre  d'oiseaux  qui 
sont  blancs  et  grands  comme  pigeons,  que  l'on 
appelle  goilants,  qui  au  temps  des  lempestes  se 
sçavent  retirer  es  eaux  douces,  palissy,  273. 

—  ÉTYM.  Bas-breton,  gicélan;  kimry,  gwylan  ; 
klmry  du  ix"  siècle,  guilan;  gaélique,  foilenn  ;  pro- 
bablement du  bas-breton  gwela,  pleurer,  à  cause 
de  son  cri  plaintif. 

GOi'LETTE  (go-è-lè-t'),  s.  f.  \\  1"  Terme  de  ma- 
rine. Bâtiment  à  deux  mâts,  du  port  de  trente  à 
cent  tonneaux.  ||  2°  Hirondelle  de  mer. 

—  ÉTYM.  Il  semble,  comme  le  dit  Scheler,  que 
la  goélette  navire  a  été  dénommée  d'après  la  goé- 
lette oiseau,  et  que  le  nom  de  celle-ci  a  même  ra- 
dical que  le  goéland. 

GOb.MOX  (go-è-mon),  s.  m.  Varech  ou  herbe  ma- 
rine. Il  Engrais  végétal  composé  de  plantes  de  la  fa- 
mille des  algues,  recueillies  sur  les  rochers  au  bord 
de  la  mer. 

—  IIEM.  On  a  écrit  gouesmon  :  Pour  régler  les 
jours  auxquels  on  devra  commencer  et  finir  la  coupe 
de  l'herbe  appelée  varech  ou  vreicq,  sar  ou  goues- 
mon, croissant  en  mer  à  l'endroit  de  leur  territoire, 
Ordonn.  de  la  marine,  août  1 88 1 ,  livr.  iv,  ti t.  x,  art.  J . 

—  ETYM.  Origine  inconnue. 

t  GOETUfiE  (gheu-tée),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  malvacées  ayant  deux  espèces  :  la  gœthéo 
toujours  fleurie  et  la  gœthée  cauliflore. 

—  ÉTYM.  Goethe,  célèbre  poète  allemand. 
GOÉTIE  (go-é-sie),  s.  f.    Espèce  de  magie  par 

laquelle  on  invoquait  les  génies  malfaisants. 

—  ÉTYM.  ForiTEia,  de  yoi]^,  sorcier,  de  yÔTi  ou 
Yooç,  gémissement,  hurlement,  à  cause  des  cris  qui 
étaient  employés  dans  certaines  incantations. 

f  GOÉTIQUE  (go-é-ti-k') ,  adj.  Oui  concerne  la 
goétie,  qui  appartient  à  la  goétie.  Magie  goétique. 

GOFFE  (go-n,  adj.  Terme  familier  et  vieilli.  Mal 
fait,  grossier.  Un  homme,  un  habit  gofi'e.  |1  Lettres 
goffes  ou  lettres  lourdes,  nom  donné  à  une  sorte  de 
majuscules  gothiques  dans  le  commencement  du 
XVI"  siècle. 

HlST.  XVI"  s.  Je  m'émerveille  comme  il  a  osé 

louer  un  aussi  gofi'e  ouvrier  et  ouvrage,  duverdier, 
dans  le  Dicl.  de  docuez. 

—  ÉTYM.  Patois  limousin,  gofe,  bouffi;  espag. 
gofn;  ital.  goifo;  patois  angl.  gof,  guff.  Origine 
ultérieure  inconnue.  Isidore  a  bigera,  restis  gufa 
vel  villata,  où  gufa  paraît  signifier  grossier. 

t  GOG  (gogh),  s.  m.  Personnification  qui,  dans 
l'Écriture,  désigne  un  peuple  ennemi  d'Israël. 

GOGAILLE  (go-gha-ir,  Il  mouillées,  et  non  go- 
gâ-ye),  s.  f.  Terme  populaire.  ||  1°  Repas  joyeux. 
Faire  gogaille.  Être  en  gogaille.  Enfin  on  danse,  on 
fait  gogaille,  scarbon,  Yirg.  vi.  Je  ne  remplirai 
point  sa  mangeoire  [d'un  serin]  par  dessus  les  bords, 
pour  l'exposer  à  crever  de  gogaille,  berquin.  Ami 
des  enfants,  Favori.  \\  2°  Plaisanterie.  Tu  vas  te  cha- 
griner pour  un  mot  de  gogaille,  hauteroche,  Soup, 
mal  apprêté,  5. 

—  ÉTYM.  Gogue. 

GOGO  (À)  (a-go-go) ,  lac.  ad».  Terme  très-fami- 
lier. Dans  l'abondance,  à  son  aise.  Moi  qui,  comme 
Midrac,  Sidrac,  Abdenago  (La  rime  en  sera  difficile). 
Chantais  dans  la  fournaise,  et  vivais  à  gogo  Dans 
les  lieux  les  plus  chauds,  dont  j'ai  fait  mon  asile, 
VOIT.  Poésies,  Œuvres,  t.  ii,  p.  <»*,  dans  pougens. 
En  l'air  à  gogo  suspendue.  On  la  voit  pourtant 
avancer  Plus  quasi  qu'on  ne  peut  penser,  scarron, 
Virg.  v.  Où  bien  mieux  que  chez  Guénego  [Gué- 


GOG 


1801 


ncgaut].  On  a  toute  chose  à  gogo,  id.  ii>.  vu.  Na 
parlons  que  de  joie,  et  jusqu'au  conjungo  I.aisspz- 
moi ,  s'il  vous  plait,  m'en  donner  à  gogo,  th. 
COHN.   D.   César  d'Àvalos,  i,  4. 

—  HIST.  XV"  s.  Mieux  amassent  à  gogo  Gésir  sur 
molz  coussinés,  en.  d'orl.  Chanson.  \\  xvi"  s.  N'avez 
pas  de  religion,  mocquez  vous  à  gogo  des  presties 
et  des  sacremens  de  l'Eglise,  et  de  tout  droict  divin 
et  humain,  Sat.  Vén.  p.  7.  [Henri  III)  Gay  comme 
perot,  tellement  que  vous  eussiez  jugé  i  le  voir  qu'il 
tenoit  desjà  à  gogo  son  galeux  d'Kspernon,  Particu- 
larités concern.  l'assass.  du  duc  de  Guyse,  Chalons, 
1589,  p.  37. 

—  ÉTYM.  Picard,  d  gaugau,  à  cœur  joie.  Le  pi- 
card .semble  indiquer  pour  étymologie  gau,  radical 
du  latin  gaudere,  se  réjouir.  Mais  l'orthographe  an- 
cienne est  par  o,  et  Diez  le  rattache  à  gogue. 

t  GOGUE  (go-gh'),  s.  f.  Il  1"  Terme  vieilli.  Plai- 
santerie, divertissement.  Être  dans  les  gogues. 
Il  2°  Sorte  d'appit.  Des  bergers  de  la  Brie  ont  été 
condamnés  à  mort  pour  des  maléfices  sur  les  ani- 
maux, qu'ils  faisaient  mourir  par  des  gogues  em- 
poisonnées qu'ils  mettaient  dans  les  lieux  où  ils 
étaient  en  pâturage...  on  ne  pouvait  remédier  i  la 
mortalité....  qu'en  changeant  le  troupeau  de  lieu  et 
en  l'éloignant  de  ces  gogues....  quand  on  pouvait 
découvrir  l'endroit  où  elles  étaient  placées,  il  était 
aisé  de  la  faire  cesser;  il  n'y  avait  qu'à  les  lever  et 
aies  faire  brûler  ;  mais  il  était  très-diificile  de  le 
savoir,  les  malfaiteurs  prenant  toutes  sortes  de  pré- 
cautions pour  les  cacher,  persuadés  qu'ils  étaient 
qu'il  y  allait  de  leur  vie,  et  que  celui  qui  les  avait 
faites  et  mises  en  terre  mourait  dans  le  moment 
qu'on  les  levait,  saint-andré.  Lettres  au  sujet  de  la 
magie,  p.  285.  ]|  Gogue  en  ce  sens  est  probable- 
ment une  altération  de  gobe  (voy.  ce  mot). 

—  HlST.  XIV"  s.  N'ot  jeu  ne  riz,  teste  ne  gogues, 
DU  GANGE,  gohelinus.  \\  xv"  s.  Et  ne  disoit  jamais 
une  parole,  puisqu'il  estoit  en  gogues,  qu'elle  n'ap- 
portast  avec  elle  son  ris,  louis  xi,  Nouv.  '29. 

—  ÉTYM.  Origine  incertaine.  Diez  incline  à  y 
voir  un  radical  gog  qui  se  trouve  dans  le  celtique 
avec  un  sens  un  peu  différent  :  bas-hret.  gôguéa, 
tromper,  se  moquer:  kimry,  gogan,  satire. 

GOGUENARI>,  ARDK  (go  ghe-nar,  nar-d'),  adj. 
Qui  plaisante  en  se  moquant.  Le  marquis  :  Et 
comme  c'est  un  air  à  demi  goguenard ,  Je  l'ai 
pris  sur  un  ton  entre  doux  et  hagard,  bûlrsault, 
Ucrc.  gai.  v,  4.  Et  toujours  avec  lui  sera  Muse  go- 
guenarde et  caustique.  Oui,  tandis  que  fat  il 
sera.  Sans  cesse  les  chansonnera,  ciiauheu.  Au 
cheval,  de  Douill.  Satirique  et  goguenard  dans  ses 
poésies,  HAMILT.  Gramm.  8.  Vous  allez  voir  quelle 
difi'érence  il  y  a  d'elle  à  vos  goguenardes  de  fem- 
mes qui  ne  songent  qu'à  la  bagatelle!  bbleïs. 
Grondeur,  il,  14.  tUe  lui  demanda,  d'un  air  fort  dé- 
libéré, si  nous  coucherions  sur  le  plancher  |à  la 
Bastille];  il  répondit  sur  un  ton  goguenard  assez 
déplacé  et  nous  laissa,  staal,  ilém.  t.  ii,  p.  93.  Cette 
destinée  qui  m'a  fait  tantôt  goguenard,  tantôt  sé- 
rieux, VOLT.  Lett.  Ciderille,  2i  juillet  1782.  11  de- 
vint même  railleur,  goguenard,  J.  l.  bouss.  Conf. 
II.  Il  Substantivement.  Riez  donc,  beau  rieur;  oh! 
que  cela  doit  plaire  De  voir  un  goguen,ird  presque 
sexagénaire!  mol.  Éc.  des  maris,  i,  3.  Courhé  sur 
un  bâton,  le  bon  petit  vieillard  Tousse,  crache,  se 
mouche,  et  fait  le  goguenard.  De  contes  du  vieux 
temps  étourdit  Isabelle,  quinault.  Hère  coquette, 
I,  2.  Toutefois  n'allez  pas,  goguenard  dangereux. 
Faire  Dieu  le  sujet  d'un  badinage  affreux,  BOIL. 
Art.  p.  n.  Les  goguenards  de  Basse-Bretagne  dirent 
qu'il  ne  fallait  pas  baptiser  son  vin,  volt.  l'In- 
génu, 4. 

ÉTYM.  Dérivé  de  gogue,  par  le  même  procédé 
que  le  genevois gogitmf«e,  elle\oTii\ngoguenetles. 

GOGUENARDKR(go-ghenar-dé\  v.  n.  'Terme fa- 
milier. Faire  le  goguenard.  Comme  on  était  à  table 
et  que  chacun  mangeait  Et  bien  ou  mil  goguenar- 
dait,  SCARR.  Œuv.  t.  I,  p.  310.  Qui,  toujours  go- 
guenard, prend  en  goguenardant  Ce  qu'on  dit 
qu'on  n'obtient  jamais  en  demandant,  th.  corn. 
Itaron  d'Albikrac,  l,  a.  Nous  ne  faisions  que  go- 
guenardcr  pendant  le  voyage,  iiamilt.  Gramm.  8. 
Il  II  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  ÉTYM.  Goguenard. 

GOGUENARDERIE  (go-ghe-nar-de-I  ie) ,  t.  f.  Plai- 
santerie de  goguenard.  Oui,  mais  je  I'  jnverrais  pro- 
mener avec  ses  goguenarderies,  mol.  Sed.  m.  iui, 
n,  3.  Le  roi  était  furt  accoutumé  à  lui  [HoseJ  et  t 
ses  goguenarderies,  st-sim.  »6,  lo». 

—  ETYM.  Goguenardcr. 

GOGUETTES  (go-ghè-f) ,  î.  f.  pi.  ||  1°  Terme  fami- 
lier. Propos  joyeux.  Ne  me  brouillez  pas  avec  le  duc 


1802 


GOI 


deChoiseul  dans  vos  BOgusltes.voi-T.  Ml.roi  de  Pr. 
113.  Ouo  'lo  gogiiftles,  Que  d'amourettes  I  Jamais 
do  dette»,  l'oint  do  nœuds  constants,  béiuno.  Co- 
cagne. Il  l'Ure  en  goguettes,  être  en  ses  goguettes, 
être  en  belle  humeur.  ||  11  se  dit  aussi  au  singulier. 
Maître  Jean  à  la  guinguette  X  ses  amis  en  goguette 

Chante  son  refrain  chéri,  bêbang.    Jurogne On 

entre  à  la  guinguette;  On  sort  du  cabaret:  l'inva- 
lide en  goguette  Chevrote  un  gai  refrain ,  ste-beuvb, 
Poésies,  les  Bayons  jaunes.  \\  Se  mettre  en  go.- 
guettes,  se  griser.  ||  Fig.  Chanter  goguettes  à  quel- 
qu'un, lui  dire  des  injures,  des  choses  oll'on- 
santes,  fâcheuses.  Et  faisant  si  fort  l'entendu.  Qu'aux 
tritons,  les  divins  trompettes,  11  osait  bien  chanter 
goguettes,  SCARR.  Yirg.  vi.  ||  Il  sa  dit  aussi  au  sin- 
gulier. Je  dis  nescio  vos  et  lui  chantai  goguette,  Di- 
.sant  :  allez  chercher  votre  dariolette,  scarr.  Jode- 
let  ou  le  mait.  val.  ii,  t .  Cela  ne  plut  pas  au  valet, 
Oui,  les  ayant  pris  sur  le  fait,  A  sa  moitié  chanta  I 
goguette ,  LA  FONT.  PAlé.\\2''  Goguette,  festin  où  : 
règne  la  liberté.  ||  Faire  goguette  d'une  chose,  en  j 
faire  son  profit.  Des  sottises  d'autrui  le  barreau 
fait  goguette,  Thédt.  italien,  dans  le  houx,  Dict. 
comique.  ||  3°  Goguette,  nom,  à  Paris,  de  sociétés 
chantantes  qui  se  tiennent  dans  les  cabarets. 

—  HIST.  XV'  s.  Un  jour  qu'il  estoit  avec  sa  dame 
à  goguettes,  et  qu'ils  estoient  beaucoup  dehaitstous 
deux,  LOUIS  xi,  IVouu.  xlviii.  J'ai  appointé  un  pous- 
sin et  une  belle  pièce  de  mouton,  dont  nous  ferons 
goguettes,  ID.  ib.  xciu.  ||  ivi'  s.  Le   coeur  lui  dit 

goguette,  COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gojue;  génev.  goguinette, 
propos  gaillard;  lorrain,  goguenelles. 

I  GOIGNADE  (go-gna-d'),  s.  f.  Ancienne  sorte 
de  danse  d'Auvergno.  On  ne  laisse  pas  de  danser 
encore  quelques  bourrées  et  quelques  goignades; 
ce  sont  deux  danses  qui  sont  d'une  même  cadence, 
et  qui  ne  sont  différentes  qu'en  figures:  la  bourrée 
d'Auvergne  est  une  danse  gaie,  figurée,  agréable, 
où  les  départs,  les  rencontres  et  les  mouvements 
font  un  très-bel  effet  et  divertissent  fort  les  specta- 
teurs; mais  la  goignade,  sur  le  fond  de  gaieté  de  la 
bourrée,  ajoute  une  broderie  d'impudence,  et  l'on 
peut  dire  que  c'est  la  danse  du  monde  la  plus  disso- 
lue; elle  se  soutient  par  des  pas  qui  paraissent  fort 
déréglés,  et  qui  ne  laissent  pas  d'être  mesurés  et 
iustes,  et  par  des  figures  qui  sont  très-hardies  et  qui 
font  une  agitation  universelle  de  tout  le  corps  ;  vous 
voyez  partir  la  dame  et  le  cavalier  avec  un  mouve- 
ment de  tête  qui  accompagne  celui  des  pied.s,  et 
qui  est  suivi  de  celui  des  épaules  et  de  toutes  les 
autres  parties  du  corps,  qui  se  démontent  d'une 
manière  très-indécente  ;  ils  tournent  sur  un  pied, 
sur  les  genoux,  fort  agilement  ;  ils  s'approchent,  se 
rencontrent,  se  Joignent  l'un  l'autre  si  immodeste- 
nient,  que  je  ne  doute  point  que  ce  ne  soit  une  imi- 
tation des  bacchantes  dont  on  parle  tant  dans  les 
livres  anciens,  FLÉciiiiiR,  Grands  jours  d'Auvergne, 
en  1665,  p.  257. 

—  ÉTYM.  L'origine  de  cette  goignade  serait-ella 
coignade,  les  deux  danseurs  se  rapprochant  dans 
les  figures  jusqu'il  se  coigner? 

t  GOINFRADE  (goln-fra-d'),  s.  f.  Acte  de  goinfrer. 

GOINFRE  (goin- fr') ,  s.  m.  Terme  familier.  Celui 
qui  mange  beaucoup  et  salement  ;  c'est  toujours  un 
mot  d'injure.  C'est  un  prêtre  qui  vit  en  goinfre, 
fort  déréglé  et  fort  dissolu,  gui  patin,  Lett.  t.  ii, 
p.  <7u.  S'il  faut  rire  ou  chanter  au  milieu  d'un 
festin.  Un  docteur  est  alors  au  bout  do  son  latin  : 
Un  goinfre  en  a  toute  la  gloire,  boil.  Poésies 
div.  I.  Vitellius  est  gras,  mais  il  ne  faut  pas  voir 
en  lui  seulement  le  goinfre  inoffensif;  un  buste 
souvent  reproduit,  admirable  d'exécution,  mais  qui 
peut-être  appartient  à  la  renaissance,  a  fait  préva- 
loir sa  réputation  de  sen.sualité  sur  le  renom  de 
cruauté  qu'il  méritait  aussi  bien  et  que  d'autres 
portraits  lui  restituent,  ampère,  llist.  rom.à  Rome, 
Inirod.  p.  Li.  Il  Àdj.  Oui  a  rapport  à  la  goinfrerie. 
Toujours  quelque  mot  goinfre  est  dans  tous  ses  dis- 
cours, SCARR.  Jodel.  maître  et  valet,  v,  2. 

—  HIST.  XVI'  s.  Goimphro  et  goinfre,  coxonAVE. 
îl  usoit  des  termes  sales  de  goinfre  et  de  caharet  à  sa 
mode  accoustumoe,  sully,  dans  le  Dict.  de  docuez. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  Diez  le  rattache  au 
radical  god  qui  est  dans  godinette  (voy.  ce  mot). 
Il  rappelle  aussi  gouliafre,  qui  semble  avoir  de  l'a- 
nalogie avec  goinfre  sans  qu'on  puisse  dire  com- 
ment {voy.  gouliafbk).  Scheler  deman<le  si  goinfre 
n'est  pas  une  altération  de  goufre  ou  de  gonfler. 

OOINFRKR  (goin-fré),  v.n.  Terme  familier.  Man- 
geant beaucoup,  gloutonnement ,  malproprement, 
il  1'  se  conjugue  avec  l'auxiliaire  orot'r. 

—  tTYM.  Goinfre. 


GOM 

GOINFRERIE  (goin-fre-rio),  s.  f.  Caractère  de 
goinfre  ;  acte  de  goinfre.  Je  tâche  de  me  res.souve- 
nir  des  importantes  leçons  de  goinfrerie  que  vous 
m'avez  faites,  mainahd,  dans  ricuelet.  La  vaisselle 
d'argent,  les  cuvettes,  les  brocs,  Le.î  magasins  de  mal- 
voisie. Les  esclaves  do  bouche,  et,  pour  dire  en  deux 
mots.  L'attirail  de  la  goinfrerie,  la  font.  fabl.  ii,  20. 

—  f.TYM.  Goinfrer. 

\  GOIRAN  (goi-ran),  s.  m.  \a  bondrée,  sorte 
d'oiseau  qui  a  un  gros  cou. 

GOITRE  (goi-tr'),  s.  m.  \\  1°  Tumeur  qui  se  déve- 
loppe au  devant  de  la  gorge  dans  le  corps  thy- 
réoïde.  KUc  avait  le  cou  long  [la  duchesse  de  Bour- 
gogne] avec  un  soupçon  de  goitre  qui  ne  lui  seyait 
point  mal,  st-sim.  32),  I04.  ||  2°  Terme  de  zoologie. 
Expansion  cutanée  qui  pend  sous  le  cou  de  plu- 
sieurs reptiles  sauriens. 

—  REM.  Pourquoi  l'Académie  met-elle  un  circon- 
flexe sur  goitre  et  goitreux?  Rien  n'exige  ni  n'ex- 
plique cet  accent. 

—  HIST.  XVI'  s.  Gongrona  signifie  ce  qu'on  dit  en 
françois  gouetre  ou  gouetron,  pahé.vi,  9.  Lesescrouel- 
Ics  en  Espagne,  le  gouetron  en  Savoye,  id.  xxiv,  l . 

—  ETYM.  Lat.  guttur,  gosier,  gorge.  L'ancien 
français  disait  goitron  au  sens  de  gosier. 

GOITREUX  ,  EUSE  (  goi-treû  ,  treù-z'  ) ,  adj. 
Il  1°  Oui  est  de  la  nature  du  goitre.  Tumeur  goi- 
treuse. Il  2°  Oui  est  affecté  de  goitre.  Les  individus 
goitreux.  ||  Substantivement.  Un  goitreux,  une  goi- 
treuse. Il  3°  Terme  de  zoologie.  Qui  a  la  partie  infé- 
rieure du  cou  ou  du  corps  dilatée.  ||  S.  m.  Pélican. 
Il  Iguane  commun. 

—  HIST.  XV'  s.  Lequel  Berthelemy  dist  à  icellui 
Jehan  :  Goytreux,  qui  t'eust  fait  raison,  tu  feusses 
mis  au  ratiei....  du  cange,  pecten. 

—  ÉTYM.  GoUre. 

GOLFE  (gul-r),  i.  m.  Il  1"  Partie  de  mer  qui  ren- 
tre dans  les  terres,  et  dont  l'ouverture  du  côté  de  la 
mer  est  ordinairement  fort  large.  Le  golfe  de  Gas- 
cogne. Le  golfe  du  Mexique.  Elle  [Carthage]  était 
située  dans  le  fond  d'un  golfe,  environnée  de  mer 
en  forme  d'une  presqu'île,  dont  le  col,  c'est-à-dire 
l'isthme  qui  la  joignait  au  continent,  était  large  d'une 
lieue  et  un  quart  [vingt  stades],  hollin,  Hisl.  anc. 
OKu».  t.  1,  p.54B,  dans  pougens.  {|  Fig.  Que  ne  peut- 
elle  [l'âme],  ô  mer,  sur  tes  bords  qu'elle  envie  Trou- 
ver, comme  ta  vague,  un  golfe  dans  la  vie"  lamart. 
llarm.  i,  <o.  ||  2°  Terme  d'anatomie.  Golfe  de  la 
veine  jugulaire,  renflement  de  la  portion  postérieure 
de  la  jugulaire  interne  ,  s'abouchant  avec  l'extré- 
mité inférieure  du  sinus  latéral  de  la  dure-mère. 

—  HIST.  xiii'  s.  Et  cil  [la  mer  Rouge]  est  un  golf 
de  la  mer  oceane,  brun,  latini.  Trésor,  p.  )54.  Et 
si  sist  sor  un  goffre  de  mer,  villehard.  dans  du  cange, 
gaufra.  |{  xvr  s.  Le  vent  estant  en  golfe  des  voiles, 
PARÉ,  Monstr.  app.  (.  Et  passans  par  le  goulfe  de 
Léon,  arrivèrent  à  Barcelone,  M.  du  bellay,  <23. 

—  ÉTYM.  Provenç.  golfo  ;  catal.  golf;  espagn.  et 
ital.  golfo;du  bas-grec xo).ço;,  qui  estlegrecxoXno;, 
golfe,  sein.  Le  mot  gouffre  est  le  même.  On  remar- 
quera dans  Paré  l'emploi  de  golfe  au  sens  propre 
de  sein. 

t  GOLGOTUA  (gol-go-ta),  s.  m.  Colline,  dite 
aussi  Calvaire,  près  de  Jérusalem,  où  Jésus  fut  cru- 
cifie. D'une  main  elle  [la  Mort]  tient  une  faux 
comme  un  moissonneur;  de  l'autre  elle  cache  la 
seule  blessure  qu'elle  ait  jamais  reçue,  et  que  le 
Christ  vainqueur  lui  porta  dans  le  sein  au  sommet 
du  Golgotha,  chateaub.  Ifart.  vi. 

■t  GOLIATH  (go-li-af),  «.  m.  Géant  philistin  qui 
fut  tué  par  David  d'un  coup  de  fronde.  |{  Par  exten- 
sion, homme  très-grand,  espèce  de  géant.  C'est  un 
Goliath. 

t  GOLILLE  (go-li-ir.  Il  mouillées) ,  s.  f.  Espèce 
de  collet  porté  en  E,spagne.  Aussitôt  que  le  roi 
d'F.spagne  (duc  d'Anjou]  fut  arrivé  à  Madrid,  il 
prit  l'habit  espagnol  et  la  golille,  st-sim.  90,  (74. 

—  ÉTYM.  Espagn.  golilla,  diminutif  de  gola, 
gorge,  du  latin  gula,  gosier.  Le  vieux  français  avait 
gollée,  collet  d'un  habit. 

t  GOMARISTE  (go-ma-ri-st),  s.  m.  Sectaire  pro- 
testant attaché  à  la  doctrine  de  la  prédestination. 

—  ÉTYM.  Gnmar,  théologien  calviniste  qui  vivait 
en  Hollande  au  xvii'  siècle. 

t  GO.'^IBAUT  et  mieux  GO.MBO  (gon-bo\  s.  m. 
Terme  do  botanique.  Nom  vulgaire  et  spécifique  de 
la  ketmie  gombo  (hibiscus  comestible  de  certains 
auteurs),  dont  le  fruit,  appelé  également  gombo,  se 
mange  aussi  à  Toulon,  d'où  l'usage  pourra  s'en 
étendre  dans  le  reste  de  la  Fiance,  lkgoarant. 

t  GOiinETTE  (gon-bè-t'),  adj.  f.  Loi  gombette, 
le  code  des  lois  bourguignonnes. 

—  ÉTYM.  Gondebaud,  roi  bourguignon. 


delà 
le  de  ;( 
isora,  j 
pour-  1 

,    LE- 

euvAi     ! 


GOM 

t  OOMËNE  (go-mè-n'),  s.  f.  Câble  qui  retient 
l'ancre  d'une  galère. 

—  KIST.  XVI'  s.  La  carine  est  au  soleil,  nos  gu- 
menes  sont  presque  tous  rouptz,  rail  l'ant.  iv,  )8. 

—  ÉTYM.  K.spagu.  et  portug.   gûmitia  ;  ital.  gà- 
mona,  g6mena,gûmina  ;  de  l'arabe  al-gommal,  coi>l 
dage  de  navire.  .  '* 

t  GOMMAGE  (go-ma-j'),  s.  m.\\  1°  Accion  de  gom-  * 
mer;  résultat  de  cette  action.  ||  2- Adhérence  défec-  i 
tueuse  des  fils  de  soie  entre  eux. 

—  ÉTYM.  Gomme.  ' 
t  GOMMART  (go-mar),  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Synonyme  du  genre  bur.sère  (térébinthacées) 
et  nom  sous  lequel  on  a  désigné,  d'après  les  habi- 
tants des  Antilles,  la  bursère  gommifêre  ou  bur- 
sère  balsamifère  (Ha'iti)  de  Jacquin,  legoahant.  Le- 
gommart  fournit  une  résine  aromatique. 

t  GO.MMATE  (go-mma-l'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Combinaison  de  l'acide  gommique  avec  un 
corps  jouant  le  rôle  de  base. 

GO.MME  (go-m'),  s.  f.  ll  1°  Substance  visqueuse  et 
transparente  cjui  découle  de  certains  arbres.  Gomme 
do  cerisier,  de  prunier.  |{  Les  gomme.i,  nom  de  beau- 
coup de  substances  qui  ont  cela  de  commun,  d'é- 
pai.ssir  l'eau  en  la  rendant  mucilagineuse,  et  d'être  ' 
ensuite  précipitées  par  l'alcool.  |{  Gomme  adragant, 
voy.  auragant.  !|  Gomme-sa.sia  ou  gomme  pseudo- 
adragante,  noms  sous  lesquels  on  désigne  la  sorte -j| 
de  gomme  fournie  par  Vacacia  gummifcra  (légu- 
mineu.ses),  legoarant.  |1  Gomme  arabique,  gomme 
fou."nie  par  plusieurs  plantes  du  genre  acacia,  de  la 
famille  des  légumineu.sps  mimosccs.  {|  Gomme  de 
Bassora,  gomme  qui  vient  des  environs  de  Bassora, 
et  qu'on  doit  à  un  végétal  encore  inconnu  qui  pou 
rait  être  Vacacia  leucopldœa  (légumineuses), 
goaranï.  Il  Gomme  lignirode,  débris  ligneux  reu 
en  masses  marronnées  qu'on  trouve  dans  les  gom- 
mes du  Sénégal,  et  qui  .sont  des  portions  d'envelop- 
pes protectrices  pétries  par  des  insectes  pour  leurs 
larves.  Il  Gomme  du  pays,  celle  que  sécr'tent  plu- 
sieurs de  nos  arbres  à  fruits,  tels  que  le  cerisier, 
le  merisier,  le  prunier,  l'abricotier.  ||  Gommes  du 
Sénégal,  gommes  dont  on  dislingue  deux  sortes, 
l'une  dure,  l'autre  friable.  ||  Gomme  de  fenouil,  li- 
queur blanche  et  épaisse  que,  selon  Jlathiole,  le 
fenouil  commun  laisse  quelquefois  échapper  de  ses 
rameaux  dans  les  lieux  très-chauds  et  qui  se  durcit 
à  l'air,  legoarant.  H  2°  Gorame-résine,  produit  vé- 
gétal qui  participe  de  la  nature  des  gommes  et  de 
celle  des  résines,  et  qui  est  un  mélange  de  ces  deux 
genres  de  substances.  ||  Gomme  ammoniaque , 
gomme -résine  produite  par  une  plante  de  la  Libye 
et  de  la  Perse,  le  dorema  ammoniacuni,  don. 
Il  Gomme  animée,  résine  qui  découle  d'incisions 
faites  au  tronc  de  Vhymenxa  courbaril,  t.,  et  qui 
entre  dans  les  vernis.  ||  Gomme  caragne,  substance 
gommo-résineuse,  que  l'on  attribue  à  l'icira  caranik 
HUMHOLDT  et  iiONPLAND,  arbre  de  la  Colombie,  de  \i 
famille  des  trrcbinthacées.  |{  Gomme  de  cèdre,  olto 
résine,  fournie  par  le  cèdce  du  Liban.  ||  Gomme  co- 
pal,  voy.  COPAL.  ||  Gomme-gutte,  gomme-résine  qui, 
formant  avec  l'eau  une  émulsion  d'un  beau  jaune, 
sert  à  l'aquarelle.  La  gomme-gutte  est  aussi  un 
purgatif  drastique.  ||  Gomme  laque,  voy.  laque. 
Il  Gomme  en  larmes,  nom  donné  parfois  au  galba- 
num.  Il  Gomme  de  lierre,  substance  gommo-rési- 
neuse, dite  aussi  hédérine,  que  l'on  extrait,  dans 
le  Levant,  à  l'aide  d'incisions  faites  sur  des  vieux 
troncs  de  lierre,  legoarant.  ||  Gomme  d'Oienbourg, 
gomme  donnée  par  les  branches,  le  bois  et  le  coeur 
du  mélèze.  ||  3'  Gomme  éUistique,  voy.  caoutchouc. 
Il  Absolument,,gomme,  le  morce.au  de  gomme  élas- 
tique qui  sert  à  effacer  le  crayon.  ||  4°  Terme 
d'horticulture.  Maladie  qui  vient  aux  pêchers,  aux 
pruniers,  aux  abricotiers,  etc.  et  qui  consiste  en 
une  plaie  de  l'écorce  avec  écoulement  d'une  ma- 
tière gommeuse.  ||  6"  Graisse  sèche  qui  gâte  le 
parchemin.  {|  6'  Terme  de  minéralogie.  Gomme  des 
funérailles,  l'asphalte  ou  bitume  de  Judée  dont 
les  anciens  se  servaient  pour  embaumer  les  morts. 
Il  7'  Terme  d'alchimie.  Gomme  des  sages,  gomme 
de  l'or,  le  mercure  des  philosophes  ;  gomme  rouge, 
le  soufre.  ||  8°  Terme  de  chirurgie.  Sorte  de  tu- 
meur qui  vient  aux  os  et  au  périoste,  ordinairemcnl 
d'origine  syphilitique. 

—  SYN.  GOMME,  RÉSINE.  Les  gommes  sont  dei 
substances  contenant  un  mucilage  ;  les  résines,  des 
substances  contenant  une  essence. 

—  HIST.  XV  s.  Je  congnois  l'arbre  à  veoir  la 
gomme,  villon,  BaXl.\\xy'  s.  Benjoin,  gomme 
arabique....  paré,  xiiv,  21.  Du  vinaigre  dans  lequel 
auront  esté  dissoutes  des  gommes  de  pécher,  d'c- 
mardier  amer,  et  de  pin,  o.  de  serres,  968. 


GON 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  goma;  iliû. gomma; 
du  latin  gumvti  ;  qui  vient  du  grec  xoiiiii,  tlèrivè 
lui-même  de  l'égyptien  ou  copte  cama. 

GOMMIÎ,  ÉE  (go-mé,  mée),  part,  passé  lie  gom- 
mer. Où  l'on  a  dissous  do  la  gomme.  Eau  gommée. 
Il  Taffetas  gommé,  voy.  taki-xtas. 

GOiMME-GlITTE  (go- me-gu-f) ,  s.  f.  Voy.  gommk. 
Il  Au  plur.  Des  gommes-guttes. 

—  ÉTYJI.  Lat.  gummi  gutlœ,  gomme  do  goutte. 

t  GOMMK.MENT  (go-me-man),  s.  m.  Action  de 
gommer. 

GO.MMEll  (go-mé),  ».  a.  ||  1°  Enduire  de  gomme. 
Gommer  de  la  toile.  ||  2°  Terme  de  peinture.  Gom- 
mer une  couleur,  y  mettre  un  peu  de  gomme,  pour 
qu'elle  ait  plus  de  corps.  ||  3"  Gommer  du  tabac, 
l'humecter  avec  de  l'eau  dans  laquelle  on  fait  bouil- 
lir des  côtes  de  tabac. 

—  HIST.  XVI"  s.  Un  emplastre  de  cire  gommée, 
rouge  ou  verte,  o.  de  serbes,  909. 

—  ÈTYM.  Comme. 

GOi\I.ME-RftSINE  (go-me-ré-zi-n'),  s.  f.  Voy. 
COMME.  Il  Au  plur.  Des  gommes-résines. 

GO.MMEUX,  EUSE  (go-mcû,  me(i-z'),  adj.  ||  1-Qui 
■tle  de  la  gomme.  Les  arbres  gommeux  abondent 
,!,ins  le  Sénégal.  ||  Qui  est  de  la  nature  de  la  gomme, 
qui  contient  de  la  gomrne.  Matière  gommeuse.  On 
conserve  dans  les  corps  gommeux  les  essences  les 
plus  subtiles  et  les  plus  spiri  tueuses,  fén.  Exist.  i, 
33.  Il  2"  Terme  do  cliirurgio.  Tumeurs  gommeuses, 
tumcin's  d'origine  syphilitique,  siégeant  dans  le 
périoste  et  ailleurs. 

—  CTYM.  Provenç.  gomos;  espagn.  gomoso;  ital. 
gommoxn  ;  du  lat.  gumrnosus,  de  gummi,  gomme. 

t  GOMMIDKS  (go-mi-d"),  s.  f.  pi.  Terme  di:  chi- 
mie. I''amille  de  composés  ternaires  organiques 
ayant  la  gomme  pour  type. 

GOMMIER  (go-mié  ;  \'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, r.v  se  lie  :  les  go-mié-z  ot  les  gommes),  s.  m. 
L'acacia  des  pays  chauds  qui  donne  beaucoup  de 
gomme.  Il  Nom  de  plusieurs  légumineuses  mimc- 
séos.  Il  Gommier  blanc,  nom  vulgaire  donné,  aux  An- 
tilles, à  la  bursère  gommifére  (térébinthacées),  ap- 
pelée aussi  gommier  de  montagne,  et  qui  produit 
une  résine  analogue  à  l'élémi.  ||  Gommier  rouge,  un 
des  noms  vulgaires  del'acocto  xera  (légumineuses), 
plante  qui  donne  l'une  des  sortes  de  gomme  appe- 
lées dans  le  commerce  gomme  arabique, legoaranï. 

—  ETYM.  Gomme. 

t  GOMMIFÈRE  (go-mmi-f(>r'),  adj.  Terme  do 
bolanique.  Qui  produit  de  la  gomme. 

—  ÉTYM.  Gomme,  et  le  lat.  ferre,  porter. 

f  GOMMIQUE  (go-mmi-k'),  adj.  Qui  se  rapporte 
"MX  gommes.  ||  Terme  de  chimie.  Acide  gommique, 
.rps  qui,  uni  à  des  traces  de  chaux  et  autres  bases 
I  Treuses,  forme  les  gommes  naturelles. 

I  GGMMITE  (go-mmi-t'j,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
X'an  générique  des  gommes  proprement  dites. 

—  ÉTYM.  Gomme. 

f  GOMMOIR  (go-moir),  s.  m.  Baquet  contenant 
la  gomme  dont  se  sertie  fabricant  d'ouate. 

—  f.TYM.  Gomme. 

\  GOMMO-RÉSINECX,  EUSE  (go-mmo-ré-zi-neû, 
neù-z'),  adj.  Terme  de  chimie.  Qui  tient  de  la  gomme- 
résine. 

fGOMOR  (go-mor),  s.  m.  Mesure  de  capacité 
chez  les  Hébreux.  La  capacité  en  était  de  174  pouces 
cubes  qui,  réduits  en  litres,  font  un  peu  plus  de  3 
litres  un  tiers,  legoarant. 

I  GOMORTEGUE  (go-mor-tè-gh'),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Nom  donné  par  certains  auteurs  à  la  lu- 
cume,  genre  de  sapotacées;  on  trouve  à  tort  dans 
Laveaux  gomostègue,  legoarant. 

GOMPUOSE  (gon-fô-z'),  s.  f.  Terme  d'anatomie. 
Espèce  d'articulation  immobile  où  les  os  sont  em- 
boîtés comme  une  cheville  dans  un  trou.  Les  dents 
sont  articulées  dans  les  maxillaires  par  gomphose. 

—  HIST.  xYi"  s.  Gomphose  est  faite  quand  un  os 
est  fiché  dedans  l'autre,  en  forme  d'un  clou  ou  d'un 
gond,  PARÉ,  IV,  43. 

—  RtYM.  rôiKpwit;,  de  Y^H^ÇOÇ,  clou. 

t  GONAGRE  (t;o-na-gr')  ,  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Goutte  au  genou. 

—  ETYM.  Povu,  genou,  et  Sypa,  prise. 

I  GONALGIE  (go-nal-jie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Douleur  rhumatismale  fixée  sur  l'articulation 
du  genou. 

—  lïTYM.  rôvy,  genou,  et  Hyoç,  douleur. 

t  GONARTHROCACE  (  go-nar-tro-ka-s')  ,  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Inflammation  ou,  plutôt,  mala- 
die des  surfaces  articulaires  du  genou. 

—  ÉTYM.  revu,  genou,  âpOpov,  articulation,  et 
xâxTi,  maladie. 

OOND  (gon  ;  le  d  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  \'s  se 


GON 

lie:  les  gon-z  et  les  portes),  s.  m.  Morceau  de  for 
coudé,  rond  par  la  partie  d'en  haut,  sur  lequel  tour- 
nent les  pentures  d'une  jiorlo.  Sceller  los  gonds 
d'une  porte.  Les  gonds  des  portes  do  la  maison  in- 
térieure du  saint  des  saints,  et  des  portes  do  la  mai- 
son du  temple  étaient  d'or,  .=aci,  iJiWc,' JIoiV,  m, 
vu,  BO.  Il  Fig.  Secoués  do  leurs  gonds  antiques,  Les 
empires,  les  républiques  S'écroulent  en  débris  éiiai  s, 
LAMART.  i/t'd.  I,  19.  Il  Fig.  î'aire  sortir,  mettre  quel- 
qu'un hors  des  gonds,  exciter  sa  colère,  sa  crainte, 
son  impatience,  au  point  qu'il  no  soit  plus  maître 
de  lui.  Hal  je  vais  sortir  hors  des  gonds,  La  fureur 
saisit  ma  cervelle,  scarr.  Virg.  iv.  Qui  ne  sait  que 
la  vue  de  chats,  de  rats,  emporte  la  raison  hors 
des  gonds?  pasc.  Puiss.  tromp.  imagiji.  i,  édit. 
FAUGÈRE.  Monsieur,  hors  des  gonds,  dit  au  roi 
qu'en  mariant  son  fils  il  lui  avait  promis  monts  cl 
merveilles,  st-sim.  03,  220.  J'en  dirai  un  trait  [dj 
dévotion  outrée  du  duc  do  Bourgogne]  qui,  parti 
d'un  excellent  principe,  mit  le  roi  hors  des  gonds. 
ID.  266,  811.  Il  On  dit  aussi  sortir  des  gonds.  ||  Gonds 
de  pierre,  certaines  pierres  extraordinaires  qui  se 
trouvent  dans   la  plaine  de  Salisbury. 

—  lilST.  xiv  s.  11  ont  le  [la]  maistre-portc  getéc 
hors  du  gon,  Baud.  de  Seb.  x,  842.  ||  xv"  s.  Messirc 
Robert  .Mareschaut,  un  chevalier  du  comte,  avoit 
esté  envoyé  à  la  porte....  mais  il  trouva  quela  porte 
estoit  volée  hors  des  gonds,  fboiss.  11,  u,  156. 
Il  xvi''  s.  Ce  qui  est  hors  les  gonds  de  la  coustume, 
on  le  croit  hors  les  gonds  de  la  raison,  mont,  i,  lin. 
Ce  que  l'eunuquo  luydisoit  malicieusement,  pour  le 
provoquer  à  parler,  et  à  se  jetter  hors  dos  gons,  sa- 
chant Lien  qu'il  estoit  homme  léger  de  sa  nature, 
et  qui  ne  sçavoit  pas  bien  tenir  sa  langue,  amyot, 
Artax.  19.  Les  dents  sont  fichées  dans  les  mandibu- 
les.... comme  un  pau  fiché  en  terre,  ou  un  gon  dans 
du  bois,  PARÉ,  IV,  I. 

—  ÉTY.M.  Lorrain,  oriffon  ;  provenç.  (/o/'o,  gofon  . 
espagn.  gonce,  gosne;  portug.  gonso,  engonzo.  Ori- 
gine incertaine.  Diez  voit  là  ti'ois  radicaux  :  il  rat- 
tache le  portugais  au  latin  rontus,  pieu  (mais  ni  le 
s:jns  ni  la  forme  ne  vont)  ;  le  provençal  au  bas-latin 
gumphus,  attache,  ((ui  est  le  grecyou-ço;,  clou  ;  et  le 
français  gond  au  lorrain  angon,  où  il  voit  le  latin 
aneon,  coude,  crochet,  en  grec  iyxwv.  Cela  est  bien 

j  compliqué.  Le  lorrain  angon  est  fait  comme  le  por- 
)  tugais  engonxo;  an  nu  en  représente  la  préposition 
in,  en;  il  ne  diffère  donc  pas  du  français  gond. 
Gonio,  gonce  ou  gozne  et  gond  ne  paraissent  jias 
séparables.  Mais  d'où  viennent-ils?  Très-probable- 
ment, comme  dit  du  Cange,  du  bas-latin  gumphus, 
mot  très-usité  pour  signifier  tout  ce  qui  attache,  et 
qui  est  le  grec  yôaço;,  clou. 

I  GONDER  (gon-(lé) ,  V.  a.  Terme  d'architecture. 
Mettre  des  gonds  à  une  porte.  Gonder  une  porte. 

—  f.TYM.  Gond 

t  GONDOLAGE  (gon-do-la-j") ,  s.  m.  Action  de 
gondoler,  de  se  déjeter,  de  se  renfler,  en  parlant 
du  bois  atteint  par  l'humidité. 

GONDOLE  (gon-do-l'),  s.  f.  ||  1°  Petit  bateau  long 
et  plat,  qui  va  à  l'aide  d'une  rame  placée  à  l'ar- 
riiîire,  et  qui  est  fort  en  usage  sur  les  lagunes  et 
canaux  de  Venise.  Des  gondoles  toujours  noires, 
car  le  système  de  l'égalité  se  porte  à  Venise  prin- 
cipalement sur  les  objets  extérieurs,  sont  con- 
duites par  des  bateliers  vêtus  de  blanc  avec  des 
ceintures  roses,  stael,  Corinne,  xv,  8.  Plusieurs 
[fruits)  furent  taillés  en  nacelle,  en  gondole  ;  Sur 
les  champs  de  Thélis  les  caprices  d'Éole  Promènent 
à  leur  gré  ces  fruits  navigateurs,  delilliî,  les  Trois 
règnes,  vi.  ||  2°  Petite  nacelle  d'aérostat.  ||  3°  Petit 
vase  à  boire  long  et  étroit,  sans  pied  ni  anse.  On 
porta  le  hanap,  la  gondole  et  la  tasse,  nouguier. 

Odyssée' à  la  mode,  p.  ne deux  aiguières  ,  Et 

deux  gondoles  de  laiton.  De  la  valeur  d'un  duca- 
ton,  SCARR.  rirg.  v.  ||  4°  Petite  soucoupe  ovale, 
pour  se  laver  les  yeux,  dite  aussi  bassin  oculaire. 
il  5'  Se  dit  de  certaines  voitures  publiques.  Gondoles 
parisiennes.  ||  6°  Terme  de  ponts  et  chaussées.  Ri- 
gole pavée.  Il  7°  Belle  coquille  univalve.  ||  8°  Adj. 
Chaise  gondole,  et,  substantivement,  gondole, 
chaise  dont  le  dossier  alfecte  une  courbure  sem- 
blable à  celle  d'une  gondole. 

msT.  xvi'  s.  Nous  appelons  gondole  un  certain 

vaisseau  à  boire,  de  la  ressemblance  qu'il  a  avec  les 
petits  bateaux  passagers  dont  on  se  sert  à  Venise 
pour  passer  les  canaux,  fauché,  Orig.  des  cheval. 
chap.  I. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  gondole,  vase  à  boire  :  csp. 
gondola;  ital.  gonda,  gittdola;  d'après  Diez,  du 
bas-grec  -/.iioM,  vase  à  boire;  d'après  du  Cange,  du 
bas-grec  -/.ouvteXà;,  barque. 

t  GONDOLÉ,  ÉE  (gon-do-lé,  lée),  adj.  Terme  de 


GON 


1893 


marine.  Consfruit  en  forme  de  gondole.  ||  Du  boii 
gondolé,  ilu  bois  déjelé. 

t  GONDOLER  (gon-dn-lc) ,  t.  n.  ||  1°  Terme  de 
marine.  Vu  kUimont  gondole,  quand  les  extrémitéj 
s'en  relèvent  comme  celles  des  gondoles.  ||  t'  Terma 
de  métier.  Se  gonller,  se  dfjeter ,  se  bomber,  en  par- 
lant du  1  ois. 

—  ÉiYM.  Gondole. 

GONDOLIER  (gon-do-lié  ;  Yr  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  r,s-  se  lie  :  les  gon-do-lié-z  et  les  gondoles), 
s.  m.  Balelicr  qui,  debout  à  l'arrière,  conduit  uno 
gondole  en  godillant  avec  une  rame.  Le  doge  a  ses 
chagrins,  les  goiidoliers  ont  les  leurs,  volt.  Can- 
dide, 24. 

—  ÉTYM.  Gondole. 

GONFALON  (gon-fa-Ion)  ou  GONFANON  (gon- 
fa-non),  s.  m.  ||  1°  Echarpo  ou  bandelette  terminée 
en  pointe  et  dont  les  chevaliers  ornaient  leurs 
lances.  ||  2'  Bannière  ecclésiastique,  composée  de 
|ilusieurs  fanons,  c'est-à-dire,  de  plusieurs  pièces 
pendantes.  ||  3°  Tente  ronde  qu'on  porte  à  Romo 
devant  les  processions  en  cas  de  pluie.  ||4'  Gcnfa- 
lon,  confrérie,  voy.  confalon. 

—  llIST.  XI'  s.  De  cens  de  France  [ils]  virent  les 
gunfanuns,  Ch.  de  Roi.  lxvi.  ||  xir  s.  L'escu  saisi 
qui  fu  à  or  bendez.  Et  prent  l'esjiié  qui  fu  bien 
acercz,  Le  confanon  à  cinq  clox  d'or  fermez,  Jlaoïil 
de  C.  24.  Il  xiif  s.  Il  estoit  tout  armés  au  chief  do 
sa  galle,  et  avoit  devant  lui  le  gonfanon  Saint-Marc, 
vii.LEii.  Lxxvii.  Et  lors  commanila  le  r(jy  au  gonfa- 
Ion  Saint  Denis  eti'i  ses  baiiiores  que  ils  se  traisis- 
sent  à  main  destre  vers  le  llum,  joinv.  226.  ||xvi's. 
On  ne  voit  que  soldats,  ensei^tnes,  gomphanons,  On 
n'oit  que  tabourins,  trompettes  et  canons,  ru 
BELLAY,  VI,  31,  reclo.  De  vif  esprit,  do  constance  et 
.sagesse  C'en  est  l'enseigne,  et  le  droit  gonffanon, 
marot,  II,  363. 

—  ÉTYM.  Génev.  conforon,  bannière  d'église  ; 
provenç.  gonfano.gonfaino,  golfaino;  espagn.  con- 
falon;  ital.  gonfalnne ;  bas-lat.  gunlfonn  ;  de  l'ano 
haut-alli'm.  guntfano,  de  gundja,  combat,  et  fano 
ilrap,  banni' re. 

GONFALONIER  (gon-fa-lo-nié;  \'r  no  se  lie  jai 
mais  ;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  les  gon-fa-lo-nié-z  et....) . 
s.  m.  Il  1°  Celui  qui  porte  le  gonfalon.  ||  Officier  qui 
porte;  à  Rome,  l'étoiulard  do  l'Église,  ji  Gonfalonier 
de  l'Eglise,  nom  donné  aux  protectcuri  établis  par 
les  papes  dans  les  villes  d'Italie,  pendant  leur  lutte 
contre  les  empereurs.  Un  paysan  nommé  Jocomu- 
zio,  qui  se  fit  soldat,  et  qui  cliangca  son  nom  eu 
ce'.ai  dd  Sforza,  devint  favori  de  la  reine,  connéta- 
ble de  Naples,  gonfalonier  de  l'Église,  volt,  ilœurs, 
74.  112"  Titre  du  chef  do  plusieurs  républiques  de 
l'Italie.  Sa  réputation  [do  Cosme  de  Médic  s|  valut 
à  ses  descendants  la  principale  autorité  dans  la  Tos- 
cane; son  fils  l'administra  sous  le  nom  do  gonfalo- 
nier, VOLT.  Mœurs,  los.  I|  On  dit  aussi  gonfanonier. 

—  HIST.  XI"  s.  Gefrei  d'Anjou,  le  rei  |du  roi]  gun- 
fanuner,  Ch.  de  Roi.  viii.  ||  xir  s.  Confenonier,  Rone. 
p.  6.  En  non  Dieu,  dame,  bien  seront  dix  millier; 
Del  sor  Geri  ferai  confanonier,  Raoul  de  C.  42. 

—  ÉTYM.  Gonfalon;  provenç.  gomfanonier,  gon- 
faronier  ;  ital.  gonfaloniere. 

t  GONFLE  (gon-n),  s.  f.  Cavité  dans  le  fil  do 
métal  que  l'on  tire  à  la  filière. 

—  ÉTYM.  Voy.  GONFLER.  Dans  plusieurs  provinces, 
gonfle  est  employé  adjectivement  pour  signifier  gon- 
flé :  il  a  les  mains  gonfies.  C'est  un  provincialisme 
à  éviter. 

GONFLÉ,  ÉE  (gon-fié,  liée),  part,  passé  de  gon- 
fler. Il  1°  Devenu  plus  ample  par  une  distension 
intérieure.  Ventre  gonllé.  Un  ballon  gonflé  de  vent. 
Le  cœur  plein  de  sanglots,  les  yeux  gonflés  de 
pleurs,  DUCis,  Oscar,  i,  2.  ||  Par  extension.  Un  tor- 
rent gonflé  par  la  fonte  des  neiges.  ||2°  Fig.  Il  se 
dit  de  ce  qui  semble  faire  à  l'âme  ce  qu'un  gonfle- 
ment fait  au  corps.  L'un  est  plein  de  respect, 
l'autre  est  gonflé  d'audace,  corn.  Attila,  iv,  3. 
L'un  fier  et  tout  gonflé  d'un  vieux  mépris  des  rois 
Semblait  pour  compliment  nous  apporter  des  lois, 

m.  Suréna,  1,  < Oh!  quel  orgueil  extrême  I  C'est 

lyi  homme  gonflé  de  l'amour  de  soi-même,  mol. 
Vis.  II,  5.  Mais  dès  qu'il  fut  monsieur  le  président, 
Il  fut,  ma  foi,  gonflé  d'impertinence,  volt.  Enf. 
prod.  1,  t.  Tout  homme  qui  est  gonflé  do  cette 
fausse  science....  trouble  le  monde,  vauven.  ïO, 
Pasc.  expliqué.  Co  cœur  chargé  d'ennuis  et  gonflé 
d'amertume,  c.  delav.  Yép.  sicil.  m ,  2.  Nou» 
avons  tout  perdu,  tout,  jusqu'à  ce  gros  rire,  Gonflé 
de  gaité  franche  et  de  bonne  satire.  Ce  rire  d'autre- 
fois, ce  rire  des  aïeux,  Qui  jaillissait  du  cœur  comme 
un  flot  de  vin  vieux,  barbier,  ïambes,  le  Rirt.^ 

GONFLEMENT  (gon-fle-man) ,  s.   m.  État  do   ce 


1894 


CON 


qui  est  gonflé.  Goiinoment  de  rate.  ||  Synonyme 
vulgaire  de  tympanile. 

—  EtYM.  don/lcr. 

GONFLKR  (gon-dé),  V.  a.  \\  1"  Rendre  plus  ample 
pir  une  distension  inlôrieure.  Gonfler  une  vessie. 
I.e  pigeon  gonfle  sa  gorge.  L'eau  a  gonflé  cette 
éponge.  Il  (le  soleil)  gonfle  A",  ses  feu.x  les  trésors 
ilont  l'automne  Kn  riant  se  couronne,  c.  delav.  Pa- 
ria, I,  B.  Il  Par  extension.  Un  orage  qui  gonfle  un 
lurrent,  le  vent  qui  dérobe  un  piège  ou  une  em- 
liuseadesous  des  tourbillons  de  poussière,  la  foudre 
i|ui  épouvante  les  chevaux  ou  ([ui  se  confond  avec 
la  bruit  des  canons,  raynal,  llist.  phil.  xni,  49. 
Il  Gonfler,  se  dit  aussi  des  aliments  qui  produisent 
des  flatnosités,  un  sentiment  de  distension.  Les  œufs 
me  gonfleraient,  dit  la  cadette,  mabivaux.  Pays, 
parv.  )"  part.  ||  2°  Fig.  Agir  sur  l'flme  comme  ce 
qui  gonfle  agit  sur  le  corps.  Sa  fortune  l'a  gonflé 
d'orgueil.  Il  3"  Y.  n.  Devenir  gonflé.  Cette  pluie  fera 
gonfler  le  raisin.  Cette  pâte  gonfle  dans  la  poêle. 
Il  4°  Se  gonfler,  v.  réjl.  Devenir  gonflé.  Ses  veines 
se  gonflent.  ||  Le  cœur  se  gonfle  quand  il  devient 
gros  et  qu'on  a  envie  de  pleurer.  Elle  ne  boude  pas, 
mais  son  cœur  se  gonfle,  J.  J.  bouss.  Ém.  v.  1(  On 
dit  aussi  que  le  coeur  se  gonfle  de  joie.  On  doit  se 
ressouvenir  qu'au  mot  seul  de  comédie,  j'avais  senti 
mon  cœur  se  gonfler  de  joie,  Marivaux,  Pays.  parv. 
S'  part.  Il  Fig.  Éprouver  un  sentiment  qui  gonfle 
l'ftme  comme  l'air  gonfle  un  ballon.  Nous  sommes 
dans  un  siècle  où  chacun  veut  s'enfler;  D'une  va- 
nité sotte  on  cherche  à  se  gonfler,  boursault, 
Fahles  d'Ésope,  iv,  2.  Sans  ce  pauvre  garçon  j'allais 
me  méconnaître,  Et  me  gonfler  d'orgueil  aussi  bien 
que  mon  maître,  dhstoucuks,  Glnr.  il,  fl. 

—  msT.  xvi"  s.  L'utérus  gonfle  et  s'enfle....  L'u- 
terus  se  gonfle  et  enfle,  paré,  xviii,  B2.  Le  crapiut 
se  confie  et  enfle,  se  remplissant  d'air,  au  moyen 
de  quoy  il  résiste  aux  coups,  id.  xxm,  32.  Les  cham- 
pignons vénéneux  gonflent  et  enflent  l'estomach, 
m.  xxm,  44. 

—  ETYM.  Ital.  gonfiare,  du  lat.  conftare,  souffler 
avec,  et,  dans  les  bas  temps,  goni\eT  {inlestina  con- 
flata,  Cœl.  Aurelianus)  ;  de  cum ,  avec ,  et  flare, 
souffler. 

i  GONG  (gongh')  ou  GONG-GONG  (gongh'-gongh'), 
t.  m.  Synonyme  de  tam-tam. 

t  GONGONNKR  (gon-go^né) ,  B.  n.  Terme  fami- 
lier, qui  se  dit  de  pièces  do  vêtements  qui  font  des 
plis  et  vont  mal.  Ce  fichu  gongonne. 

t  GONGORISME  (gon-go-ri-sm'),  s.  m.  Sorte  d'af- 
fectation de  style  qui  s'introduisit  dans  la  littéra- 
ture espagnole. 

—  E'IVM.  Goiigora,  poète  espagnol,  de  la  fin  du 
XVI'  siècle,  plein  il'an"octation. 

t  GONGORISTF,  (gon-go-ri-sf) ,  s.  m.  Celui  qui 
appartient  au  gongoiisme,  imitateur,  partisan  de 
Gongora. 

t  GONG YL AIRE  (gon-ji-lê-r') ,  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Reproduction  gongylaire,  reproduction 
Bcissipare  ou  gemmipare. 

—  ÊTYM.  GoiHjyle. 

i  GONGYLANGE  (gon-jilan-j'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Partie  des  plantes  cryptogames  qui  ren- 
ferme les  corps  reproducteurs. 

—  ETYM.  Gongyle,  et  iyfo;,  réceptacle. 

t  GONGYLE  (gon-ji  r),i.  m.  Terme  de  botanique. 
Nom  donné  aux  corpuscules  reproducteurs  de  di- 
verses mousses  hépatiques.  |{  Nom  donné  aux  cor- 
puscules reproducteurs  des  alguef. 

—  ETYM.  rovyiiioç,  rond. 

t  GONICUON  (gonichon),  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Cornet  de  gros  papier  qui  recouvre  la  tête 
d'un  pain  de  sucre. 

—  ETYM.  Ce  paraît  être  un  dérivé  do  l'ancien 
français  gone  ou  gnnne,  robe. 

t  GONIDIE  (go-ni-die),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Ceuules  vertes,  formant,  dans  les  algues  et  les  li- 
chens, une  couche  non  interrompue  (couche  goni- 
mique),  dans  laquelle  paraît  résider  toute  la  puis- 
sance végétative  do  ces  plantes. 

—  ETYM.  Diminutif  de  f6vo<,  production,  se- 
mence. Les  gonidies  sont  ainsi  dites,  parce  qu'en 
se  détachant,  elles  jouissent  de  la  propriété  de  re- 
produire la  plante  à  la  manière  dos  gemmes  proli- 
fères des  mousses  et  des  hépatiques,  et  des  bour- 
geons de  certaines  plantes  supérieures. 

t  ....GONIE,  suffixe  qui  signifie  production,  en- 
gendrement.  et  qui  est  le  grec  ^oveia. 

i  GOXl.MIQUE  (go-ni-mi-k'),  adj.  Terme  de  bota- 
niciue  Qui  est  relatif  aux  gonidies.  Couche  goni- 
mique. 

—  ETYM.  Dérivé  de  t6vi(io;,  qui  engendre. 
OONIN  (go-nin),s.  m.   Employé  seulement  dans 


GOO 

cette  locution  populaire;  maître  gonin,  homme 
adroit,  rusé,  fripon.  Il  faut  en  devinaille  (pour  de- 
viner] être  maître  gonin, HÉOMF,R,Sa(.  x.  11  est  bien 
avéré  que  .Mlle  Dubois  [une  actrice]  a  joué  à  la 
pauvre  Durancy  [autre  actrice]  un  tour  do  maître 
gonin  (en  falsifiant  une  lettre  de  Voltaire],  volt. 
I.ett.  Thibotirille,  <6  déc.  1767. 

—  IIIST.  xvi*  s.  D'autres  disent  qu'ayant  ménagé 
les  deniers  du  roy,  il  les  a  ménagez  si  bien  et  les  a 
fait  passer  si  bien  par  invisibilium,  avec  la  faveur 
de  son  petit  esprit  farfadet,  que  très  subtilement,  en 
disant  favori.ial,  corouzat,  comme  dit  maistre  Go- 
nin en  son  passe  passe,  il  les  a  fait  sauter  dans  ses 
cofl'res  au  lieu  de  sauter  dans  ceux  du  roy,  brant. 
Cap.  fr.  t.  IM,  p.  3»7.  C'esloit  un  homme  qui  en- 
tendoit  bien  les  tours  de  passe  passe,  non  de  maistre 
Gonin,  mais  de  Machiavel,  m.  ib.  t.  il,  p.  285.  Mais 
plus  belle  chose  encore  eust-il  veu,  ce  dit  quelqu'un, 
si  le  grand  pore  dé  maistre  Gonin  eust  vescu,  qui, 
par  ses  inventions,  illusion  et  sorcelleries  et  enchan- 
tements, les  pust  peu  représenter  [les  dames  de  la 
cour]  devestues  et  nues,  comme  l'on  dit  qu'il  fit 
une  fois  en  quelque  compagnie  privée,  que  le  roy 
François  luy  commanda  ;  car  il  estoit  un  homme  fort 
expert  et  .subtil  en  son  art;  et  son  petit  fils,  que  nous 
avons  veu,  n'y  entendoit  rien  au  prix  de  luy,  m. 
Dames  gai.  p.  387.  MaistreGoninest  mort,le  monde 
n'est  plus  grue,  lehoux  du  lincy,  Ptov.  t.  n,  p.  4o. 

—  ÉTVM.  On  voit  par  l'historique  que  Gonin  était 
le  nom  d'un  faiseur  de  tours.  L'Académie  devrait 
l'écrire  par  un  G  majuscule. 

t  GOMOCARPK  (go-nio-kar-p'),  s.  m.  Termede  bo- 
tanique. Genre  d'haloragées  ayant  six  espèces  répan- 
dues dans  le  Japon,  la  Chine  et  l'Australie,  legoarant. 

—  ETYM.  TMvia,  angle,  et  «xpitoç,  fruit. 

t  GONIOGÈNE  (gn-ni-0-jè-n')  ,  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Cristal  goniogène,  cristal  produit  par 
des  décroissements  sur  les  angles  seulement. 

—  ETYM.  Tûivia,  angle,  et  fev-fiç,  engendré. 
GONlO.MfcXKE    (go  ni-o-mè-tr'),  s.  m.  ||  1°  Terme 

de  cristallographie.  Instrument  servant  à  mesurer 
l'ouverture  des  angles  des  cristaux.  ||  2°  Appareil 
approprié  à  la  mensuration  de  l'angle  facial. 

—  i;tym.  Tiovia,  angle,  et  (léipav,  mesure. 
GONIOMÉTRIE  (go-ni-o-mé  trie),  s.  f.   Terme  de 

géométrie.  Art  de  mesurer  les  angles.  La  mesure 
des  angles  dont  il  faisait  une  science  à  part  sous  le 
nom  de  goniomélrie...  fonten.  Lagny. 

—  ETYM.  Voy.  GONIOMÈTRE. 

t  GONIO.UÉTRIOUE  (go-ni-o-mé-tn-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  au  goniomètre.  Appareil  goniométrique. 

t  GONIOSTOME  (go-ni-0-sto-m'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  l'ouverture  anguleuse.  ||  S.  m.  pi. 
Nom  d'un  genre  de  mollusques. 

—  ETYM.  riovi'a,  angle,  et  orôija,  bouche. 

t  GONNE  (go-n'),  s.  f.  Sorte  d'ancienne  futaille. 
Lesdits  visiteurs  et  contrôleurs  debierres  prendront 
lesdits  onze  sols  pour  chacune  gonne  ou  feuillette, 
les  deux  faisant  le  muid,  Déclar.  durai,  te  fév.  )035. 
Il  Terme  de  marine.  lîaril  qui  contient  du  goudron. 

—  ÉTYM.  Gonne  paraît  être  le  même  que  le  mol 
anglais  lywn,  qui  signifie  tube. 

t  GONOCELE  (go-no-sè-1'),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Accumulation  du  sperme  dans  les  vaisseaux 
séminifères. 

—  ETYM.  Tovo;,  sperme,  et  xr,Xri,  tumeur. 

t  GOXOPHORE  (go-no-fo-r'i,  s.  m.  Terme  de 
botani(iue.  Prolongement  du  réceptacle,  difl'érant 
de  l'anthophore  en  ce  qu'il  porte  seulement  les  éta- 
mines  et  le  pistil. 

—  ETYM.  l'ovo;,  pngendrement,et  çopo;,  qui  porte. 

GO.NORRUfiE  (go-nor-rée),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Autrefois,  flux  de  semence,  dit  aujourd'hui 
pertes  séminales.  ||  Aujourd'hui,  écoulement  mu- 
queux  par  le  canal  de  l'urèthre. 

—  lllsT.  xvi»  s.  La  gonorrbée  est  un  flux  de  se- 
mence involontaire,  paré,  xvi,  te. 

—  ÊTYM.  Tovo^foia,  de  fivo;,  semence,  et 
feîv,  couler. 

t  GO.VORRIIIÎIOL'E  (go-no-rré-i-k'),  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  appartient  à  la  gonorrbée. 

t  GONYTHÈQUE  (go-ni-tè-k'),  s.  f.  Terme  de  zoo- 
logie. Creux  de  la  cuisse  des  insectes  qui  loge  la 
base  du  tibia. 

—  ETYM.  l'ôvu,  genou,  et  ôïixri,  loge. 

t  GOX7.A  LE  (gon-za-l'i,  s.  f.  l'ezize  à  chapeau  plat. 

t  G()OI)F.NL\CfiES  (gou-dé-ni-a-sée)  ou  GOOUE- 
NOVlf.ES  (gou-de-no-vi-re),  t.  f.  pi.  Terme  de  bo- 
tanique. Famille  de  plantes  dicotylédcinées,  déta- 
chée par  HolxTt  Brown  des  campanul.acées,  et  dont 
les  espèces,  toutes  exotiques,  habitent  pour  la  plu- 
part la  Nouvelle-Hollande. 

—  ETYM.  Gaodcnia,  nom  du  genre  type  qui  fut 


GOR 

j  4!édié  par  Smith  à  Gondenough,  évêque  de  CarlUlfc, . 
grand  amateur  de  botanique.  • 

f  GOR  (gor),  s.  m.  Nom  sous  lequel  Adanson  dj. 
signe  une  coquille  du  Sénégal,  qui,  selon  Guério, 
pourrait  être  le  troiiue  module  de  Linné,  i.egoarart, 

GORI)  (gor;  le  d  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel,  1' 
ne  se  lie  pus;  cependant  plusieurs  la  lient  :  les  gor-< 
étaMls  en  la  rivière),  s.  m.  Pêcherie  consistant  6%, 
deux  rangs  de  perches  plantées  dans  le  fond  de  Ift. 
rivière  et  formant   un    angle  dont  le  sommet  «K 
fermé  par  un  filet.  Établir  un  gord.  R 

—  HiST.  xiir  s.  Li  gurz  des  ewes.  Liber  psalm. 

p.  240.  ]|  xiii*  s li  autre  passent  si  avant.  Qu'il  M 

vont   en   plein  gort   lavant,  la  Rose,  004o.  l'or  le^ 
gors  qui  en  Loire  sont,  Partonop.  t.  i,  p.  67.  {|  xv"  ' 
Kl  entre  les  autres  choses  y  fut  amené  de  la  vi' 
de  Mante  deux  chevaux  chargez  de  paslez  d'ail' 
guilles  de  gort,  J.  de  troyes,  Chron.  M05. 

—  ETYM.  Provenç.  gorc;  catal.  gorg;  ital.  gorgo; 
du  latin  gurges,  goufl're.  On  nomme  encore  aujour- 
d'hui, dans  le  Nivernais  (près  de  fJecize),  gourds  dos 
étangs  profonds,  espèces  de  gouffres,  ordinairement 
très-poissonneux.         •- 

f  GORDIE  (gor-die),  s.  f.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Genre  d'entozoaires  longtemps  confondu  avec 
le  genre  filaire,  et  placé  à  tort  par  certains  natura- 
listes dans  la  classe  des  annélides,  sous  le  nom  de 
dragonneau,  leooarant. 

t  GORDIÉE  (gor-di-ée),  s.  m.  Le  neuvième  mois 
des  Achéens,  peuple  du  Péloponnèse. 

GORDIEN  (gor-diin),  adj.  m.  Voy.  nœud. 

GORET  (go-rè;  le  f  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  plur.  l'-ç  se  lie  :  des  go-rè-z  engrais- 
.sés),  s.  m.  Il  1°  Petit  cochon.  ||  Fig.  et  populaire- 
ment. Petit  garçon  malpropre.  ||  2*  Premier  ouvrier 
chez  les  cordonnie-s,  les  cliapeliers.  ||  3°  Poisson 
qui  porte  le  nom  do  porc  dans  divers  p.ays. 
Il  4°  Terme  de  marine.  Balai  plat,  qui  sert  à  net- 
toyer les  parties  du  vaisseau  qui  sont  couvertes  d'eau. 

—  lllST.  xvi'  s.  Enfin  il  la  menaça  que,  si  elle 
ne  lui  ouvroit,  il  emmeneroit  le  gorret.et  s'en  met 
en  devoir,  et  Magdelene  de  crier  aux  voleurs,  d'aub. 
Fœn.  Il,  14. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'anc.  franc,  gore,  truie; 
bourg,  ffouri,  porc;  Bcrry,  gourel;  catal.  garri; 
e^pagn.  gorrin.  On  trouve  au  xv  siècle  gorin,  go- 
ron,  goreau,  gorelon.  Diez  tire  gore  de  l'allemand 
gurren,  gorren,  grogner,  et  il  cite  Gorre,  cavale, 
mauvaisejiiment.  On  note  aussi  l'anglais  gore,  bouc, 
limon.  11  est  singulier  de  rencontrer  celle  coinci- 
dence-ci  :  La  province  de  Carthuel  a  quatre  villes 
seulement,  Gory,  Suram,  Aly  et  Tiflis....  on  dérive 
le  nom  de  Gory,  d'un  terme  qui  signifie  cochon, 
parce  qu'il  y  est  abondant  et  excellent.  Voyages  de 
Chardin  en  Perse,  etc.  isii,  t.  u,  p.  37. 

t  GORETER  (go-re-té),  V.  a.  Terme  de  marine. 
Nettoyer  avec  un  goret. 

GORGE  (gor-j'j,  s.  f.  ||  1*  f.a  partie  antérieure  du 
cou.  lia  la  gorge  enflée.  Mettre,  tenir  le  poignard, 
le  pistolet  sur  la  gorge  de  quelqu'un.  Metire,  tenir 
le  pied  sur  la  gorge  à  quelqu'un,  Dict.  de  l'Àcad.  Il 
semblait  présenter  sa  gorge  au  coup  mortel,  corn. 
Ilor.  IV,  u.  Seigneur,  voyez  ces  yeux  Déjà  tout 
égarés,  troubles  et  furieux....  Cette  gorge  qui  s'en- 
fle, ID.  Jlodog.  V,  4.  Elle  avait  le  poignard  contre  sa 
gorgo  nue,  hoth.  Ilerc.  mour.  iv,  4.  ||  Tendre  la 
gorge  au  couteau,  ou,  simplement,  tendre  la  gorge, 
présenter  la  gorge  pour  être  égorgé.  De  festons 
odieux  ma  fille  couronnée  Tend  la  gorge  aux  cou- 
teaux par  son  père  apprêtés,  rac.  Ipliig.  v,  4.  ||  Fig. 
Tendre  la  gorge,  ne  plus  faire  de  résistance,  renon- 
cer à  une  résistance  inutile.  |]  Tenir  quelqu'un  à  la 
gorge,  lui  serrer  la  gorge  avec  les  mains.  ||  Se  tenir 
à  la  gorge,  se  dit  de  deux  hommes  qui  se  sont  saisis 
l'un  l'autre  à  la  gorge.  Je  remarque  dans  une 
chambre  deux  hommes  en  chemise  qui  se  tiennent 
à  la  gorge  et  aux  cheveux,  le  sage,  Diable  boit. 
u,  3  (édit.  de  Paris,  (737).  ||  Fig.  Tenir  quelqu'un  à  la 
gorge,  le  réduire  dans  un  état  où  il  ne  peut  plus  faire 
de  résistance.  ||  Fig.  En  un  autre  sens,  accabler,  tour- 
menter. Malgré  la  vue  de  toutes  nos  misères  qui 
nous  touchent,  qui  nous  tiennent  à  la  gorge,  pasc. 
Grandeur,  7,  édit.  de  paugère.  H  Eig-  Prendre  quel- 
qu'un à  la  gorge,  lui  faire  violence,  le  presser 
sans  relâche.  Hélas  I  c'est  ce  lutin-là  qui  me  prend 
à  la  gorge  ;  elle  veut  que  je  l'aime,  Marivaux, 
Siirpr.  de  l'amour,  n,  4.  ||  Fig.  Tenir  le  pied  sur 
la  gorge  à  quelqu'un,  lui  mettre,  lui  tenir  le  pis- 
to'et,  le  poignard,  le  coute.iu  sur  la  gorge,  lui 
porter  un  poignard  à  la  gorgt,  lui  faire  violence. 
J'ai  été  extrêmement  étonné  quand  j'ai  reconnu  son 
écriture....  je  ne  crois  pas  pourtant  qu'elle  ait  fait 
cela  de  sa  volonté  :  et  il  faut  que  vous  lui  ayez  fait 


GOR 

(écrire  le  poignard  sur  ia  gorge,  voit.  Letl.  67.  Mais 

dis-moi,  te  portais-je  à  la  gorge  un  poignard?  cobn. 

ifcnf.  V,  3.  Il  me  tient,  le  scélérat,  le  poignard  sur 

;  gorge,   MOL.  l'Avare,  ii,  ).  ||  Par  plaisanterie,  la 

iirse  sur  la  gorge,  en  offrant  de  l'argent.  Manon, 

lonsicur,  Marton,  la  bourse  sur  la  gorge  A  voulu 

!,>  .séduire  et  surprendre    ma  foi,   boissy,  Sage 

émurdi,  III,  6.  Il  Fig.  Avoir  le  poignard,  le   couteau 

"i'ir  la  gorge,  se  dit  de  la  personne  qui  est  l'objet 

d'une  violence.  ||  Couper  la  gorge   à  quelqu'un,  le 

tuer,  l'égorger.  Des  voleurs  lui  coupi''rent  la  gorge. 

■  Fig.  Couper  la  gorge  <à  quelqu'un,  le  ruiner,  faire 
vorlcr  ses  desseins,   lui  faire  le  plus  grand  tort. 

uiper  ainsi  la  gorge  à  cette  petite  créature,  sév. 

1.  Il  II  se  dit  aussi  de  ce  qui  ruine,  perd,  fait  tort. 
'e  n'ose  aller  à  Saint-Germain  ;  il  ne  peut  parler  à 
.  Colbert  :  cela  nous  coupe  la  gorge,  sÉv.  (28.  Il 

'  viendra  rien  d'ici  qui  vous  coupe  la  gorge,  ID. 

T'i.  Il  Cet  argument,  cette  pièce  lui  coupe  la  gorge, 

;i  ôte  tout  moyen  de  se  défendre,  de  soutenir  ses 
^tentions.  ||  On  dit  dans  le  même  sens:  Vousvous 
iipez  la  gorge  par  cette  pièce.  ||  Fig.  Couper  la 
rge  à  quelqu'un,  lui  gagner  tout  son  argent  au 
1.  Tandis  qu'il  couperait  la  gorge  au  pauvre  Ca- 

."^ran,  iiamilt.  Grnmm.  3.  ||  Se  couper  la  gorge,  se 
iiner  la  mort  en  s'ouvrant  la  gorge.  ||  Se  couper  la 
ifge  l'un  l'autre,  s'entre-tuer.  !|  Se  couper  la  gorge 

.,c  quoiqu'un,   ce  battre  avec  lui.  Il  faut,  si  vous 

■  trouvez  bon,  que  nous  nous  coupions  la  gorge 
somlile,  MOI,.  Ilar.  forcé,  16.  Je  suis  votre  valet, 
!i'ai  point  de  gorge  à  me  couper,  id.  ib.  Ah!  la 

-lie  amitié!  je  disais  comme  le  maréchal  de  Gram- 

int:  si  je  vous  faisais  embrasser,  messieurs,  je 

0  vois  rien  qui  vous  empt'cliàt  de  vous  couper  la 

irge,  siîv.  461 De  m'accorder  le  plaisir  et  l'iion- 

■ur  De  me  couper  la  gorge  avec  vous....  destouch. 
or.  m,  7.  Il  II  en  a  menti  par  sa  gorge,  il  en  aau- 
;cieusemcnt  menti  ;  locution  prise  des  combats 
Judiciaires  du  moyen  âge.  Et  Dieu  sait  cependant 
s'ils  mentent  par  la  gorge,  Régnier,  Sat.  vi.  Vous 
avez  menti  par  la  gorge  et,  toutes  les  fois  que  le  di- 
rez, mentirez,  VOLT.  Mœurs,  i24.||Cct  homme  est 
chatouilleux  de  la  gorge,  s'est  dit  d'un  fripon  ex- 
posé à  être  pendu.  ||  2°  Gorge  se  dit  aussi  des  ani- 
maux. Le  dogue  prit  le  loup  à  la  gorge.  Pigeon  à 
grosse  gorge.  Ce  moineau  est  mâle,  il  a  la  gorge 
noire.  Il  Fig  C'est  uu  franc  mâle,  il  a  la  gorge 
noire,  signifie  :  c'est  un  bon  compagnon.  ||  3°  Le 
dedans  de  la  gorge,  gosier.  Mal  de  gorge.  L'entrée 
de  la  gorge.  Se  mettre  les  doigts  dans  la  gorge. 
Un  dragon  enivré  des  plus  mortels  poisons.... 
Vomissant  mille  traits  de  sa  gorge  enflammée, 
conN.  Médée,  u,  2.  Haro  I  la  gorge  m'ard,  Tôt:  tôt, 
dit-il,  que  l'on  m'apporte  à  boire,  la  font.  Paysan. 
Il  se  plaint  toujours  beaucoup  de  ses  vapeurs,  et  je 
crois  bien  qu'il  espère  se  soulager  par  quelque  dis- 
pute de  longue  haleine  ;  mais  je  ne  suis  guère  en 
état  de  lui  donner  contentement,  me  trouvant  tou- 
jours assez  incommodé  de  ma  gorge  dès  que  j'ai  parlé 
un  peu  desuite,  bac.  Lett.à  Boileau,  25  juillet  1687. 
Il  Arroser  la  gorge,  boire.  ||  On  dit  qu'un  ris  ne 
passe  pas  le  nœud  de  la  gorge,  quand  il  est  con- 
traint, forcé.  Il  Rire,  crier  à  gorge  déployée,  à  pleine 
gorge,  rire,  crier  de  toute  sa  force.  Tantôt  nous  en 
riions  à  gorge  déployée,  tantôt  nous  en  pleurions  à 
chaudes  larmes,  diderot.  Salon  de  4765,  OEuv. 
t.  XIII,  282,  dans  pougens.  ||  Par  opposition  à  gorge 
déployée.  Mme  de  lAvardin  riait  sous  gorge,  sév. 
S84.  Il  X  pleine  gorge,  en  rempli.ssant  la  gorge.  Il 
sent  l'eau-de-vie  à  pleine  gorge.  ||  Fig.  Je  ne  doute 
pas  que,  quand  vous  lirez  cette  lettre  à  la  belle  Ma- 
dolonne,  elle  ne  se  récrie  que  cela  sent  le  P.  Rapin 
cl  le  P.  Bouhours  à  pleine  gorge,  bussy-rabutin, 
Lclt.  à  Mme  de  Sév.  I4  mai  1077.  ||  Fig.  Faire  ren- 
trer à  quelqu'un  les  paroles  dans  la  gorge,  l'obli- 
ger à  rétracter  ce  qu'il  a  dit.  ||  Terme  de  musique 
vocale.  Chanter  do  la  gorge,  chanter  en  resserrant 
la  gorge  avec  effort.  On  les  exercé  à  la  légèreté,  et 
non  à  forcer  le  son,  ou  à  le  donner  de  la  gorge,  dé- 
faut de  presque  toutes  les  chanteuses  françaises, 
OENLis,  Adèle  et  Théod.  t.  m,  lett.  I4,  p.  98,  dans 
POUGENS.  Il  On  dit  dans  le  môme  sens  :  voix  de  la 
gorge.  114°  Terme  de  chasse.  On  dit  qu'un  chien  a 
belle  gorge,  quand  il  a  la  voix  grosse  et  forte. 
Il  5°  Terme  de  fauconnerie.  Gorge,  le  sachet  supé- 
rieur de  l'oiseau,  qui  se  nomme  vulgairement  poche. 
I|  Par  métonymie,  ce  qui  entre  dans  la  gorge  de 
l'oiseau,  l'aliment  qu'on  lui  donne.  ||  Enduire  la 
gorge,  se  dit  de  l'oiseau  qui  digère  trop  vite  les 
aliments.  ||  Donner  bonne  gorge,  repaître  géné- 
reusement un  oiseau.  ||  Donner  grosse  gorge  à  un 
oiseau,  lui  donner  une  nourriture  qui  n'est  pas 
détrempée  dans  l'eau.  ||  Gorge  chaude,  la  chair  des 


GOR 

animaux  vivants  que  l'on  donne  aux  oiseaux  de 
proie.  Il  Par  extension.  Mettez  les  hommes  chacun  à 
part  soi,  que  sera-ce  qu'une  gorge  chaude  au  reste 
des  animaux,  et  un  peu  de  sang,  qu'ils  auront  plus 
tôt  épandu  que  désiré?  malm.  le  Traité  des  bienf.  de 
Séncque,  iv,  18.  Notre  bonne  commère  S'elTorce  de 
tirer  son  hôte  au  fond  de  l'eau.  Contre  le  droit  des 
gens,  contre  la  foi  jurée,  Prétend  qu'elle  en  fera 
gorge  chaude  et  curée,  la  font.  fabl.  iv,  H .  ||  Fig. 
et  familièrement.  Faire  gorge  chaude  de  quelque 
chose,  se  l'approprier  (emploi  qui  a  vieilli).  Il 
comptait  avoir  cette  succession,  et  en  faire  une 
K'orge  chaude,  une  boime  gorge  chaude.  ||  Fig.  Faire 
(les  gorges  chaudes,  une  gorge  chaude  de  quel- 
qu'un, ou  de  quelque  chose,  faire  des  plaisante- 
ries, exercer  sa  malignité.  Le  duc  de  St-Aignan 
trouva  l'aventure  si  plai.sante  qu'il  en  fit  une  gorge 
chaude  au  lever  du  roi,  st-sim.  95,  3.  Le  soir  le 
duc  du  Maine  fit  chez  lui  une  gorge  chaude  fort 
plaisante  de  Fagon  avec  le  Brun,  id.  406,  53.  ||  Vo- 
ler sur  .sa  gorge,  se  dit  de  l'oiseau  qui  vole  après 
le  gibier,  aussitôt  après  s'être  repu  ;  et  fig.  d'une 
personne  qui  danse  aussitôt  après  être  sortie  de 
table.  Il  Rendre  gorge,  se  dit  de  l'oiseau  qui  rend 
la  viande  qu'il  a  avalée.  ||  Par  extension ,  rendre 
gorge,  rendre  ou  vider  sa  gorge,  vomir  après  un 
excès.  Il  Fig.  Rendre  gorge,  restituer  par  force  ce 
qu'on  a  pris  ou  acquis  par  des  voies  illicites.  Ah! 
sandis,  messieurs  les  coquins,  vous  rendrez  gorge, 
dancourt.  Déroute  du  Pharaon,  se.  26.  ||  Faire 
rendre  gorge  à  quelqu'un,  rol)iiger  à  restituer  ce 
qu'il  a  pris.  ||  6°  Le  sein  d'une  femme.  Elle  a 
une  belle  gorge,  la  gorge  plate,  trop  de  gorge.  Sa 
gorge  est  blanche,  pleine,  et  l'on  ne  saurait  voir 
Dans  toute  la  nature  une  gorge  plus  belle,  deshou- 
LiÈREs,  Portr.  de  Mlle  de  Yillène.  Dos  faiseurs  de 
stances  et  d'élégies  amoureuses,  de  ces  beaux  es- 
prits qui. tournent  un  sonnet  sur  une  absence  ou  sur 
un  retour,  qui  font  une  épigramme  sur  une  belle 
gorge,  un  madrigal  sur  une  jouissance,  la  cruy. 
Disc,  à  l'Acad.  fr.  Préface.  Elle  étale  une  gorge 
d'albâtre  qui  est  la  chose  du  monde  la  plus  dégoû- 
tante et  qu'on  ne  connaît  presque  point  dans  nos 
climats,  volt.  Princ.  de  JSdbyl.  H .  Le  prophète 
Isa'ie  se  plaignait  il  y  a  déjà  longtemps  que  les  filles 
d'Israël  allaient  tête  levée  et  la  gorge  nue,  diderot, 
Opt'n.  des  anc.  philos.  {Juifs).  \\  La  gorge,  la  partie 
supérieure  de  la  chemise  d'une  femme.  ||  7°  Entrée, 
ouverture  plus  ou  moins  rétrécie  de  certaines 
choses.  I..a  gorge  d'une  tabatière.  Les  pots  à  (leurs 
seront  marqués  et  contremarques  au  corps;  la 
gorge  ou  collet  et  carré  du  pied  seront  marqués  du 
poinçon  du  maître, /iègi.  du  3o  déc.  tc79.||La 
gorge  d'une  poulie,  la  cannelure  qui  règne  sur  la 
circonférence  d'une  poulie,  et  dans  laquelle  passe 
la  corde.  ||  Partie  de  l'éventail  sur  laquelle  est  at- 
taché un  clou  rivé  qui  retient  les  brins.  ||  Espèce 
il'étranglement  que  l'on  forme  à  l'orifice  do  la. 
cartouche  d'une  fusée.  ||  La  gorge  d'une  cheminée, 
la  partie  qui  s'étend  depuis  le  chambranle  jus- 
qu'au couronnement  du  manteau.  ||  En  termes 
d'architecture,  la  gorge  des  chapiteaux  dorique 
et  toscan  en  est  la  partie  la  plus  étroite  qui  se 
nomme  aussi  gorgerin  et  colerin.  ||  Terme  de  char- 
pcnterie.  Gorge  d'amaigrissement,  entaillement  fait 
à  angle  aigu  dans  une  pièce  de  charpente.  ||  Terme 
de  botanique.  L'entrée  du  tube  d'une  corolle,  d'un 
calice  ou  d'un  périgone.  ||  8"  Passage  étroit  entre 
deux  montagnes.  Les  peuples  qui  demeurent  dans 
les  cavernes,  dans  les  Iles,  dans  les  marais,  dans 
les  gorges  de  montagnes,  dans  les  rochers,  conser- 
vent leur  liberté  comme  les  Suisses,  les  Grisons,  les 
Vénitiens,  les  Génois,  volt.  Dial.  24.  De  la  plu- 
part des  lacs  sortent  des  torrents  qui,  avec  le  temps, 
ont  creusé  des  gorges  d'une  prol'ondeur  effrayante, 
RAYNAL,  Ilist.  phil.  vil,  26.  Et  des  monts  du  Frioul, 
des  gorges  du  Tyrol,  L'aigle  rapide  a  dcji\  pris  son 
vol,  DEL1I.LE,  Convers.  ch.  i.  Nous  descendîmes  en- 
suite dans  une  gorge  de  vallon,  cuateaubr.  Itin. 
I"  part.  Il  9°  Terme  de  fortification.  Entrée  d'une 
fortification  du  côté  de  la  place.  La  gorge  d'un  bas- 
tion. ||  La  gorge  d'une  redoute,  l'eutiée  de  la  re- 
doute du  côté  de  celui  qui  l'a  construite  pour  se  dé- 
fendre. Le  roi  [Murât]  lui  montre  le  nouveau  fianc 
de  l'ennemi  :  il  faut  l'enfoncer  jusqu'à  la  hauteur 
(le  la  gorge  de  leur  grande  batterie  [des  Russes]  ; 
là,  pendant  que  la  cavalerie  légère  poussera  son 
avantage,  lui,  Canlaincourt,  tournera  subitement  à 
gauche  avec  ses  cuirassiers,  pour  prendre  à  dos  cette 
terrible  redoute,  séouR,  Ilist.  de  Nap.  vu,  U.  ||  De- 
mi-gorge, ligne  qui  va  de  l'angle  de  la  courtine  au 
centre  du  bastion.  ||  10"  Ëchancrure  au  bassin  à 
barbe,  dans  laquelle  on  met  le  cou  pour  se  faire  faire 


GOR 


189R 


la  barbe.  ||  11"  En  termes  d'architecture,  une  mou- 
lure concave.  ||  12»  Pièce  de  bois  en  forme  de  gorge, 
qu'on  place  au  ba.s  d'une  carte  de  géographie  pour 
la  maintenir  tendue,  et  dans  laquelle  se  loge  la 
carte  quand  elle  a  été  mise  en  cylindre  sur  son 
rouleau.  ||  13°  Nom  qu'on  donne,  dans  les  environ» 
de  Paris,  au  froment  qui  reste  dans  les  gerbes  après 
qu'on  en  a  6té  la  semence  par  un  léger  battage. 
!|  14"  Nom  de  différents  oiseaux.  Gorge  blanche, 
Sylvie  grisettc  et  mésange  nonnette.  ||  Gorge  bleue, 
la  motaciUe  suédoise  de  Gmelin  et  la  fauvette  gorge 
bleue  de  certains  auteurs.  ||  Grosse  gorge,  le  com- 
battant, oLseau.  ||  Gorge  jaune,  le  figuier  ou  fauvette 
trichas.  ||  Gorge  noire ,  le  rossignol  des  murailles. 
Il  Gorge  nue,  espèce  de  perdrix.  ||  Rouge  gorge,  voy. 
ROLGE-GOBGE.  ||  15°  Terme  de  manège.  Gorge  de 
pigeon  ,  espèce  d'embouchure  pour  le  cheval. 

—  REM.  Selon  Ménage  :  «  il  faut  dire: On  !ui  a 
fait  écrire  cela  le  poignard  à  la  gorge  et  non  pas  le 
poignard  sur  la  gorge  comme  dit  Voiture  dans  »e» 
lettres.  »  L'usage  a  donné  raison  à  Voiture.  11  est 
de  fait  que  sur  n'a  rien  de  fautif. 

—  HIST.  xii*  s.  Del  gros  del  poing  II  a  tele  do- 
née,  X  pou  la  gorge  ne  lui  a  effondrée,  Bat.  d'Ale.':- 
chans,  \.  083o.  ||xiii' s.  Nois  [neige]  qui  par  iver 
s'apure  Est,  envers  sa  gorge  [d'une  dame],  oscure 
X  remirer,  bruneau  de  tours,  p.  (O.  ||xiv*  s.  Vers 
lui  s'adrcsce  touz  iriez ,  Si  avoit  liaucié  le  pié 
destre.  Dessus  la  gorge  li  volt  mètre  Qui  miex 
l'en  cuidoit  mestroier  ,  Ren.  6098.  Et  cil  par  la 
gorge  l'aert,  X  deus  poins  l'estraint,  si  l'estrangle, 
la  Rose,  <2568.  Et  ausi  puent  à  Dieu  les  gorges 
où  traïson  est  et  mençonge,  Psautier,  f.  )0.  Li 
essaucement  de  Dieu  sunt  en  leur  gorges  [  des 
fidèles],  ib.  f°  <79.  ||  xv*  s.  Et  furent  ceux  de- la 
garnison  d'Ardembourch  plus  soigneux  de  garder 
leur  ville....  et  honorèrent  grandement  entre  eux 
les  quatre  dessus  dits;  car,  si  ils  n'eussent  esté, 
d'Ardembourch  estoit  perdue,  et  ils  avoient  tous 
les  gorges  coupées,  froiss.  ii,  m,  229.  Or  convient 
un  large  colet  Es  robes  de  nouvelle  forge ,  Par 
quoy  les  tettins  et  la  gorge,  Par  la  façon  des  en- 
trepans. Puissent  estre  plus  apparans,  e.  desch. 
Miroir  de  mariage,  p.  27.  Et  alors  !o  juo  ayant 
en  gorge  tousjours  les  mots  de  l'autre  avocat 
passé,  G.  CHASTEL.  Chron.  des  ducs  de  Bourg. 
m ,  32.  Et  si  luy  escript  qu'il  luy  feroit  gehir 
[avouer]  de  sa  gorge  la  desloyauté  qu'il  avoit  fait, 
fenin,  1424.  C'est  un  morcel  fort  amer.  Car  il  me 
tient  fort  en  gorge,  Resurrect.  de  N.  S.  J.  C.  In- 
continent que  l'autre  ouyl  Ce  bruit,  il  me  print  à  la 
gorge,  viLLiN,  Monol.  du  franc  archerdeBagnoltt. 
Il  XVI*  s.  lîren,  ma  plume,  n'en  parlez  plus....  Vous 
me  feriez  rendre  ma  gorge,  marot,  m,  46.  Elle  a  trea 
bien  ceste  gorge  d'albastre,  Ce  doux  parler,  ce  cler 
tainct,ces  beaux  yeux,iD.iii,  78....  S'ilsle  nient,  leur 
impieté  sera  dcsja  assez  conveincue  ;  en  confessant 
ils  se  couperont  la  gorge,  calv.  Instit.  93.  Les 
maulx  qui  me  tiennent  à  cette  heure  à  la  gorge, 
mont,  m,  205....  Que  luy  mesme  avec  ses  propre» 
voix  logeoit  le  tyran  dedans  la  forteresse,  qui  luy 
mettroit  un  jour  le  pied  sur  la  gorge,  amvot,  C.  d'I/- 
liq.  46.  11  y  eut  des  mcschans  qui  coupperent  la 
gorge  à  ceulx  qu'ils  sçavoient  avoir  de  l'or  et  de 
l'argent,  id.  Anton.  62.  Il  .se  prit  à  japper  à  pleine 
gorge,  ID.  Aratus,  9.  Crier  à  gorge  rompue  ,  despeb. 
Contes,  Lxxi.  J'ai  fait  une  gorge  chaude  d'une  cou- 
ple de  perdrix,  ID.  ib.  Lxxiv.  Je  dis,  madame,  que 
Monsieur  que  voilà  a  bien  estudié;  mais  de  payer 
ses  estudes  de  nos  gorges  [de  notre  viej,  nous  n'en 
pouvons  pas  comprendre  la  raison,  d'aub.  Hist.  a. 
3:17.  Les  bandes  espagnolles  qui  tenoient  le  pied 
sur  la  gorge  au  pais,  se  r'alierent,  ID.  ib.  11,  385.  Je 
luy  appris  à  rire  du  coin  des  dents,  à  parler  de  la 
gorge,  à  peigner  ses  cheveux,  au  moins  aux  pauses 
des  discours,   iD.   Conf.  n,  U 

—  ÉTVM.  Provenç.  s^rgo,  gorja  ;  porlug.  gorjo  ; 
ital.  gorga,  gorgia;  du  latin  gurges,  gouffre  ;  la  gorge 
ayant  été  comparée  à  une  ouverture  béante.  Comp. 
le  sanscr.  gargara,  tourbillon,  radical  gar,  avaler. 

GORGf!,  f.K  (gor-jé,  jée),  part,  passé  de  gorger. 
Il  1°  X  qui  on  a  mis  de  l'aliment  dans  la  gorge.  Pi- 
geon gorgé.  Il  2°  Qui  ^  beaucoup  mangé.  Un  enfant 
gorgé  de  bonbons.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Se  dit 
d'un  oiseau  qui  est  repu.  ||  Fig.  Gorgé  de  richesses, 
de  plaisirs.  ||  3°  Terme  de  blason.  Lion,  cygne,  ou 
autre  animal  gorgé,  celui  qui  a  le  cou"  ceint  d'une 
couronne,  dont  l'émail  est  différent  de  celui  de  l'a- 
nimal. Il  4°  Dont  les  interstices  sont  remplis  d'uu 
liquide  quelconque.  Ce  terrain  est  gorgé  d'humidité- 
Il  Terme  de  vétérinaire  Ce  cheval  a  les  jambes 
gorgées,  il  a  les  jambes  enflées.  ||6°  S.  m.  Espèce 
de  papillon. 


189f) 


GOR 


GORGE-DIC-PIOKOX  (gor-je-do-pi-joii),  af/j.  inva- 
riable. So  dit  d'uno  couleur  mélangée  qui  parait  va- 
rier suivant  les  [.oints  do  vue  comme  la  gorge  du 
pigeon.  Des  robes  gorgo-do-pigeon.  ||  S.  m.  Le  gorge- 
de-pigeon,  la  couleur  gorge  de  pigeon. ||  2°  S'est  dit 
julistantivement  de  certaines  étoffes.  Étamines  mi- 
nimes et  gorges  de  pigeon,  étamines  noisettes,. 
Tabl.  ann.  aux  Lett.pat.  du  i"mars  178),  Alençon. 

GOnoCK  (gor-jée),.t. /■.  Quantité  do  li(|uide qu'on 
peut  avaler  en  une  fois.  Boire  à  petites  gorgées. 
Il  Terme  de  fauconnerie.  Donner  bonne  gorgée  à 
l'oisep.u,  lui  donner  une  bonne  portion  du  gibier 
qu'il  a  pris. 
'  —  ÉTVM.  Corgd. 

f  GOUGE-FOUILLE  (gor-jo-fou-Il',  Il  mouillées), 
t.  f.  Espèce  Je  bec-de-cane  dont  l'extrémité  du  fer 
est  recourbée  et  arrondie. 

GORGER  (gor-jé.  Le  g  prend  un  c  devant  o  et  o  : 
gorgeant,  gorgeons),«.  a.  ||  1°  Mettra  dans  la  gorge. 
C'est  pendant  la  nuit  qu'elle  [la  m're  d'un  pétrel] 
le  nourrit  [son  petit]  en  le  gorgeant,  par  interval- 
les, delà  substance  du  poisson  qu'elle  pèclie  tout 
le  jour  à  la  mer,  buff.  Ois.  t.  xvii,  p.  463.  ||  2"  11 
se  dit  do  l'action  de  l'homme  qui  gorge  des  pi- 
geons, des  dindons  pour  les  engraisser.  ||  3°  Donner 
à  manger  avec  excès.  Il  ne  faut  pas  gorger  les  en- 
fants. Il  Fig.  Combler.  On  les  a  gorgés  de  biens, 
d'or  et  d'argent.  ||  4°  Au  rever.si,  gorger  le  quinola, 
contraindre  à  le  jouer.  ||  6°  Terme  d'artificier. 
Gorger  une  fusée,  la  remplir  de  composition  jus- 
qu'au-dessus de  la  gorge.  |{  6"  Terme  de  vétéri- 
naire. Tuméfier.  Les  eaux  ont  gorgé  les  jambes  de 
ce  cheval.  ||  7°  V.  n.  Au  reversi,  gorger,  être  forcé 
déjouer  un  as  ou  un  quinola,  sans  faire  le  reversi. 
Il  8*  Se  gor^'er,  v.  réjl.  S'emplir  de  nourriture.  Si 
l'on  se  gorgeait  de  boire  et  de  manger,  pasc.  Prot;. 
9.  Il  Terme  de  fauconnerie.  Un  oiseau  s'est  gorgé, 
c'est-à-dire  il  a  pris  sa  nourriture.  ||  l'ar  extension, 
se  remplir.  Les  pores  vidés  d'air  se  gorgent  de  celui 
qui  Cït  fourni  par  les  feuilles,  bonnf.t.  Usage  des 
feaiUts,  ♦•  mémoire.  ||  Fig.  Un  pirate  à  nos  yeux  se 
gorge  de  butin,  l\  font.  Fianç. 

—  IIIST.  xiv°  s.  Quant  vostre  esprevier  est  gorgé, 
Mfnagier,  m,  2.  ||xvi«  s.  Des  hommes  pleins  et  gor- 
gcz  de  toutes  sortes  de  commoditez,  mont,  i,  246. 
Junius  se  vouloit  gorger  el  remplir  de  la  fortune, 
00  pendant  qu'il  la  tenoit,  amyot,  Galba,  2). 

—  ÉTVM.  Gorje;  wallon,  gourji,  avaler;  sainton- 
geois,  gourier. 

j-GORGERE  (gor-jc-r'),  *.  /■.  Terme  de  marine. 
Partie  concave  de  la  guibre  et  du  taille-mer. 

t  *.  GORGERET  (gor-je-rè),  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Nom  de  divers  instruments  employés  parli- 
culièremcnt  dans  l'opération  de  la  taille  et  dans 
celle  de  la  fistule  à  l'anus. 

—  ÉTYM.  Gorge  ;  à  cause  que  ces  instruments  sont 
creusés  en  forme  de  gorge  ou  de  canal  étroit. 

t  2.  GORGERET  (gor-je-rè),  .?.  m.  Nom  vulgaire 
d'un  gobe-mouches,  oiseau. 

GORGERETTE  (gor-je-vè-f),  s.  f.  ||  1"  Sorte  de 
collerette  que  les  femmes  portaient  autrefois.  De  la 
base  du  bec  prend  naissance  une  sorte  de  gorgerette 
formée  d'une  poche,  la(iue!le  tombe  et  flotte  libre- 
ment sur  la  gorge  et  la  partie  supérieure  du  cou, 
duff.  Ois.  t.  iv,  p.  112.  À  Notre-Dame  de  LoretteJ'ai 
promis,  dans  mon  noir  chagrin,  D'attacher  sur  ma 
gorgerette!....  Les  coquilles  du  pèlerin,  v.  hugo. 
Hall.  e.  Il  2°  Ligature  qui  attache  un  bonnet  sous  le 
menton  des  er.fanls.  ||  3°  Fauvette  à  tête  noire. 

—  IIIST.  XIII'  s Que  nulles  gorgeretes  à  bacin 

ne  soient  fêtes  que  l'endroit  et  l'envers  ne  soient 
nuefcs  et  toutes  de  coton  dedenz,  ii't).  des  met.  371. 
Il  xiv  s.  Hyaumes  fondent,  targes  defl'acent.  Mailles 
chiéent  [tombent]  de  gorgeretes,  du  cange,  gorgale. 

—  ÊTY.M.  Dérivé  de  gorge;  provenç.  gorgeyrcta; 
Ital.  gnrgicretla. 

GORGEUIN  (gor-jc-rin),  s.  m.  \\l°  Pièce  de  l'ar- 
mure qui  couvrait  la  gorge  de  l'homme  d'armes. 
Il  Par  extension,  collier  épais  qui  défend  la  gorge 
d'un  chien.  Témoin  maître  Mouilar  armé  d'un  gor- 
gerin  ;  Du  reste  ayant  d'oreille  autant  que  sur  ma 
main,  Un  loup  n'eût  su  par  où  le  prendre,  la  font. 
Fabl.  X,  9.  Il  2°  Terme  d'arcliitocturo.  Partie  du  cha- 
piteau dorique ,  au-dessus  de  l'astragale  de  la  colonne. 

—  IIIST.  XV'  s.  Ung  gorgerin  de  maillesd'or,  garny 
de  doux  platines  esmaillées,  de  labobde.  Emaux, 
p.  333.  Il  XVI'  s.  Ce  que  gantelet  amasse ,  gorgerin  de- 
pcml  [ce  qui  a  été  gagné  par  le  bras  est  dépensé  par 
la  gorge] ,  f.xpilly,  Suppl.  à  Vhist.  de  Ilayard,  p.  43 1. 

—  F.TYM.  Dérivé  de  gorge. 

t  GOKGET  (gor-jc) ,  s.  m.  Rabot  pour  faire  les 
moulures  appelées  gorges.  [\  Moulure  concave  plus 
ponte  que  la  gorge. 


GOS 

GORGONE  (gor-go-n'),  s.  f.  111°  Termn  de  my- 
thologie. Nom  de  trois  femmes.  Méduse,  Kuryale  et 
Sthényo,  ayant  le  pouvoir  de  pétrifier  ceux  qui  les 
regardaient.  Ensuite  [dans  un  tableau]  est  encore 
Persée,  qui  exécute  l'entreprise  des  Gorgones  et 
coupe  la  tête  à  Médu'^e,  étant  à  couvert  du  bouclier 
do  Minerve  ;  mais  il  ne  sait  pas  encore  quelle  sera 
la  fin  de  l'aventure,  et  n'a  pas  vu  la  tête  de  la  Gor- 
gone placée  dans  le  l)Ouc!ier;  cir  il  sait  bien  que  la 
vue  en  est  mortelle,  d'ablancourt,  Lucien,  Louange 
d'une  maison.  ||  La  tête  de  Méduse  que  portait 
l'égide  ou  bouclier  de  Minerve.  C'est  ainsi  que  Mi- 
nerve, en  un  instant  formée,  Du  front  de  Jupiter 
s'élance  toute  armée,  Secouant  et  le  glaive  et  le 
casque  guerrier,  Kt  l'horrible  Gorgone  à  l'aspect 
meurtrier,  a.  ché.n.  Invention.  ||  2°  Genre  de  poly- 
piers qui  ressemblent  à  des  arbrisseaux.  Une  gor- 
gone. 

—  ÉTYM.  ropydi,  -yopYMV,  YopfôvTj,  Gorgone,  de 
yopyoç,  terrible,  vif. 

t  GORGONIENS  (gor-go-niin),  s.  m.  pi.  Famille 
do  polypes,  à  axe  corné,  flexible,  recouvert  d'une 
croûte  calcaire,  produite  par  le  manteau  de  consis- 
tanc!  molle,  dans  lequel  se  renferme  l'animal. 

f  GORILLE  (go-ri-ll'.  Il  mouillée.5),  s.  m.  Singe 
anthropomorphe  (gorilla  gina),  haut  de  ("jCS  et 
("■,85,  se  construisant  une  sorte  de  nid  en  ramée  et 
bfltons  (troglodytes  gorilla,  Thomas  Savage,  gorilla 
Saragei,G.  St-Hilaire). 

—  ÉTYM.  Nom  donné  dans  le  Périple  de  Hannon 
h  des  femmes  velues  que  les  Carthaginois  disent 
avoir  trouvées  sur  la  côte  d'Afrique;  on  l'a  appliqué 
à  ce  grand  singe  d'Afrique. 

t  GORTIIfiEN  (gor-té-in),  s.  m.  Sectateur  do  Gor- 
tliée,  qui  était  disciple  de  Simon  le  Magicien. 

t  GOUVELLE  (gor-vè-l'),  s.  f.  Poisson  connu  au 
Croisic  et  qui  diffère  pf'u  delà  sardine. 

GOSIER  (gô-zié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  des  gô-zié-z  habiles),  s.  in.  ||  1°  Partie  inté- 
rieure de  la  gorge,  qui  communiciuo  de  l'arrière- 
bouche  à  l'oesophage.  Un  os  lui  demeura  bien  avant 
au  gosier....  Voilà  l'opératrice  aussitôt  en  besogne; 
Klle  retira  l'os,  puis,  pour  un  si  bon  tour,  Elle  de- 
manda son  salaire.  -  -  Vous  rioz,  ma  bonne  com- 
m're;  Quoi!  ce  n'est  pas  oncor  beaucoup  D'avoir  de 
mon  gosier  retiré  votre  cou,  la  font.  Fabl.  m,  9 
]i  Fig.  Avoir  le  gosier  pavé,  se  dit  de  ceux  qui  man- 
gent fort  chaud  ou  très-épicé.  ||  Avoir  le  gosier  sec, 
aimer  à  boire,  avoir  toujours  soif.  ||  Par  plaisanterie. 
Gosier  d'épongé,  homme  toujours  disposé  à  boire. 
Il  On  dit  dans  le  môme  sens  :  Il  a  une  éponge  dans 
le  gosier.  ||  2°  Le  canal  par  oii  sort  la  voix.  Le 
gosier  d'un  rossignol.  Le  fanatique  chantera  un 
cantique  juif  à  plein  gosier,  en  faisant  briller  des 
Juifs,  VOLT.  Jenni,  ti.  Amener  [dans  un  opéra] 
très-mal  à  propos  deux  ou  trois  chansons  ridicules 
qui  font  valoir  le  gosier  d'une  actrice ,  volt. 
Cand.  25.  Un  gosier  do  la  plus  grande  flexibilité, 
et  tout  cela  guidé  par  une  oreille  juste,  soutenu 
par  un  tact  siîr,  et  vivifié  par  une  sensibilité  ex- 
quise, voilà  les  instruments  avec  lesquels  on  peut 
rendre  le  chant  du  rossignol ,  buff.  -Ois.  t.  ix, 
p.  131.  Toi  qui  donnas  son  flme  et  .son  gosier  so- 
nore S  l'oiseau  que  le  soir  entend  gémir  d'amour, 
LAMART.  llarm.  i,  4.  ||  Cette  femme  a  un  beau  go- 
sier, un  gosier  brillant,  un  gosierde  rossignol,  elle 
a  une  belle  voix.  Mlle  Fel  a  beau  adoucir  mes  maux 
par  son  joli  gosier,  volt.  Lett.  d'Argenlal,  IB  juin 
(759.  ([Terme  de  musique.  Coup  de  gosier  se  dil 
d'une  seule  émission  de  voix,  de  son.  Lire  plusieurs 
notes  d'un  seul  coup  do  gosier.  ||  3°  Tuyau  de  l'or- 
gue, par  lequel  le  vent  passe  du  soufflet  dans  le 
porte-vent,  jj  4°  Terme  de  forge.  Partie  du  soufflet 
par  laquelle  le  vent  passe  de  la  caisse  à  la  buse. 
Il  5"  Grand  gosier,  un  des  noms  vulgaires  du  pélican. 

—  HIST.  xiv  s.  Du  stomach  vient  et  nest  un  pan- 
nicle  qui  monte  par  le  gosillier;  leiiuel  gosiUier  est 
dit  ysophagus,  h.  df,  mondeville,  f"  )8,  rcrso. 
Il  XVI'  Pensez  qu'il  enflolt  bien  le  gosier  [il  parloit 
avec  emphase].  Contes  d'Eutrapel,  dans  le  Dict.  de 
iJOCiiEz.  Grandgousier,  nom  du  père  de  Gargantua, 

dans  RABELAIS. 

—  ÉlYM.  Origine  inconnue.  La  forme  la  plus  an- 
cienne est  gosillier;  ce  qui  suppose  un  primitif  go- 
sil.  Entre  les  patois,  le  lorrain  dit  gosse  pour  le  go- 
sier, l'estomac  dos  bêtes  qu'on  engraisse  :  il  en  a 
plein  la  gosse  ;  de  là  le  verbe  gosser  :  gosser  un 
dindon;  se  gosser,  manger  jusqu'à  être  tout  à  fait 
plein.  Gosse  pourrait  être  le  primitif  do  gosier  ou 
gosil;  mais  gos.«e  reste  sans  explication. 

jGOSILLER  (gô-zi-llé.  Il  mouillées),  v.n.  On  dit 
que  l'cau-de-vie  gosille,  quand,  dans  la  distillation, 
elle  passe  mêlée  de  vin 


GOT 

—  ÉTY.M.  Gosier,  par  l'ancienne  forme  gotViiir 
passer  comme  par  un  gpsier. 

GOSSAMI'IN  (go-ssan-pin),  s.  m.  Terme  de  bota 
nique.  Espèce  de  fromager,  grand  arbre  de  la  la- 
mille  des  malvacées,  qui  croit  dans  les  Indes,  en 
Amérique  et  en  Afrique,  hombax  pentandrum,  L. 

—  ÉTYM.  Lat.  gossijnpinos,  de  gossypium,  coton, 
parce  que  le  fruit  renferme  un  duvet  analogue  à 
celui  du  cotonnier. 

t  GOSSE  (go-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Anneau  d« 
l'or,  que  les  matelots  garnissent  de  petits  cordages, 
pour  la  conservation  des  gros  cordages  qui  passent 
au  travers. 

j  GOSSYPINE  (go-ssi-pi-n"),  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Substance  que  l'on  retire  du  coton  ordinaire. 

—  ÉTYM.  Lat.  gossypium,  coton. 

I  GOTU  (go),  s.  m.  Nom  d'une  nation  germanique 
divi.sée  en  Ostrogoths  ou  Gotbs  orientaux,  et  Visi- 
goths  ou  Goths  occidentaux.  ||  Fig.  Barbare,  sans 
g..ût.  Car  la  critique,  à  l'œil  sévère  et  juste.  Gar- 
dant les  clefs  de  cette  porte  auguste.  D'un  bras  d'ai- 
rain fièrement  repoussait  Le  peuple  goth  qui  sans 
cesse  avançait,  volt.  Temple  du  goût. 

t  GOTIUCITÉ  (go-ti-si-lé),  s.  f.  Qualité  de  ce  qui 
est  gothique. 

GOTHIQUE  (go-ti-k'),  adj.  ||  1°  Qui  appartient 
aux  Goths.  La  langue  gothique,  ou,  au  masculin,  le 
gothique,  langue  parlée  par  les  Goths.  C'est  en  go- 
thique que  fut  traduite  la  Bible  par  Ulphilas.  ||  Al- 
phabet gothique,  alpliabet  qui  fut  formé  au  tV  siè- 
cle, en  grande  partie  d'après  celui  des  Grecs  et  celui 
des  Romains,  par  Ulphilas.  Ulphilas  leur  évêque, 
premier  inventeur  des  lettres  gothiques,  et  traduc- 
teur de  l'Écriture  sainte  en  sa  langue,  flécii.  Jlisl. 
de  TModose,  i,  47.  |I  Terme  d  histoire  romaine. 
Vainqueur  des  Goths.  M.  Aurélius  ClaudiuslcGothi- 
que.  112°  Par  extension  et  par  abus.  Qui  appartient 
au  moyen  âge.  Les  siècles  gothiques  nous  ont  laissé 
des  monuments  où  la  hardiesse  et  la  majesté  respi- 
rent à  travers  les  ruines  du  goût  et  de  l'élégance, 
RAïNAL,  Hist.  phil.  XIX,  <2.  On  vous  voyait  (mes 
odes]....  Demander  aux  temps  gothiques  Leurs  vieux 
contes  toujours  nouveaux,  v._  hugo,  Odei,  ii,  (. 
Il  3°  Terme  de  diplomatii|ue.  Écriture  gothique  ré- 
cente, ou,  substantivement  et  au  ma.sculin,  le 
gothique  récent,  nom  donné  à  l'écriture  du 
xiv  siècle,  hérissée  d'angles,  de  pans,  de  pointes 
et  de  crochets.  ||  Il  se  dit  d'ancien!-»  c-aractères 
d'imprimerie  qui  ont  de  la  ressemblance  à  ce  rao- 
ilèle.  A  ces  mots  il  saisit  un  vieil  infortiat,  Inutile 
ramas  de  gothique  écriture,  boil.  Luir.  v.  ||  Il  se 
dit  aussi  du  caractère  d'imprimerie  que  les  Alle- 
mands emploient  encore  aujourd'hui.  H  S.  f.  La 
gothique,  l'écriture  gothique.  |1  4°  Architecture 
gothique,  architecture  dite  plus  proprement  ogi- 
vale ,  qui ,  malgré  son  nom ,  ne  provient  pas 
des  Goths,  et  qui,  dérivant  de  l'architecture  ro- 
mane ,  a  été  créée  dans  le  xi'  et  le  xii*  siècle 
par  les  architectes  du  nord  de  la  France  ;  c'est  en 
ce  style  que  sont  bâties  une  foule  d'admirables 
cathédrales.  On  a  entièrement  abandonné  l'ordre 
gothique,  que  la  barbarie  avait  introduit  pour  les 
p.alais  et  pour  les  temples ,  la  bruy.  i.  Ma  cam- 
pagne de  la  Brede,  oii  vous  trouverez  un  château 
gothique  à  la  vérité,  mais  orné  de  dehors  char- 
mants dont  j'ai  pris  l'idée  en  Angleterre,  mon- 
TESQ.  Correspondance,  ».  X  la  vue  de  ce  palais 
[le  Kremlin],  à  la  fois  gothique  et  moderne,  desRo- 
manof  et  des  Rurick,  de  leur  trône  encore  debout, 
de  cette  croix  du  grand  Ywan,  et  de  la  plus  belle 
partie  de  la  ville  que  le  Kremlin  domine  et  que  les 
ilammes  encore  renfermées  dans  le  bazar  semblent 
devoir  respecter,  ségub,  Hist.  de  Snp.  vin,  6. 
11  Fronton  gothique,  dans  l'architecture  modonie, 
un  pignon  à  jour,  en  cercle  ou  en  triangle,  avec  des 
roses  en  trèfle  et  d'autres  sculptures.  {|  S.  m.  Le 
style  gothique,  en  parlant  d'architecture  et  de  sculp- 
ture. Le  gothi  )ue  domine  dans  cette  architecture. 
Il  5°  Par  extension  et  par  mépris,  il  se  dit  de  ce  qui 
est  trop  ancien  ou  hors  de  mode.  On  dirait  que  Ron- 
sard sur  SOS  pipeaux  rustiques  Vient  encor  fredon- 
ner ses  idylles  gothiques,  boil.  Art  p.  il.  Il  a  rende 
ce  mot  gothique,  la  bruv.  xiv.  Le  génie  des  Fran- 
çais a  été  presque  toujours  rétréci  sous  un  gouver- 
nement gothique,  volt.  /,oh)>  XI  r,  Introducl.  Cet 
entraves  gothiques,  ces  multitudes  de  ligatures, 
j.  )  Rouss.^m.  V.  Vous  traversiez  des  ruines  gothi- 
ques ;  Nos  défenseui-s  se  pressaient  sur  vos  p.as,  nÉ- 
RANG.  Déesse  de  la  liberté.  J'aime  à  fronder  les  pré- 
juges gothiques,  Et  les  cordonsdetoutesles couleurs, 
in.  Xouv.  Dior].  j'S'Qui  dévaste  en  barbare.  L'élève 
de  Barbin  Veut  en  vain  s'opposer  à  leur  fureur  go- 
thique, BOli.  Lutr.  V.  Il  7'   Locut.  adv.  X  la  gothi- 


GOU 

que,  d'une  façon  gothique.  Un  sermon  plein  d'anti- 
Ihèses  et  d'autres  semblablesornements  est  fait  comme 
une  église  bâtie  à  la  gothique,FÉN.  t.  xxi,  p.  77. 

—  ÉTYM.  Lat.  gothicus,  de  gothus,  goth. 

fl.GOTON  (po-ton),  s.  f.  ï>\m'muU{  populaire 
de  Margoton  ou  Marguerite,  signifiant  le  plus  sou- 
l'ent  une  fille  de  campagne,  une  servante.  Deux 
vieilles  disaient  tout  bas  :  Bclzébuth  prend  ses  ébats  ; 
Voyez  en  robe,  en  manteau,  Goton  servante  au  cliA- 
teau,  BÉRANG.  Golon.  ||  Populairement.  Fille,  femme 
de  mœurs  dissolues. 

2.  GOTON  (go-ton),  s.  m.  Terme  de  marine.  An- 
neau de  fer  plat  qui  a  des  dents  d'un  côté,  et  qui 
sert  à  accrocher  le  timon. 

GOUACHE  (goua-ch'),  s.  f.  ||  1°  Sorte  de  peinture 
pour  laquelle  on  emploie  des  couleurs  délayées  avec 
de  l'eau  et  de  la  gomme,  que  l'on  rend  assez  p.à- 
tcuse.s  avec  du  miel  ou  autrement,  pour  supporter 
non-seulement  les  laques,  mais  encore  les  terres; 
ce  ijui  la  distingue  de  l'aquarelle.  Dans  la  gouache 
les  couleurs  sont  couchées  à  plat,  en  traînant  le  pin- 
ceau comme  pour  peindre  ou  laver;  en  quoi  la  goua- 
che diffère  de  la  miniature,  qui  se  fait  en  pointillant. 
11  est  à  la  gouache,_mais  les  tons  en  sont  si  lumineux 
qu'on  le  croirait  à  l'huile,  diderot,  Salon  de  1767, 
(JEuv.  t.  XIV,  p.  343,  dans  pougens.  ||  2°  Petit  tableau 
en  ce  genre  de  peinture.  Voilà  une  jolie  gouache. 

—  ÉTYM.  Ital.  guaz:o,  gouache,  proprement  la- 
vage, et  aussi  gué;  du  latin  vadum,  gué,  par  l'inter- 
médiaire du  germanique  (anc.  haut-allem.  watun, 
guéer)  pour  la  syllabe  gu;  et  par  l'intermédiaire 
du  provençal  guasar  {Gloss.  occitanien  de  Roche- 
gude)  pour  l'explication  du  changement  du  d  latin 
en  zï.  Telle  est  l'opinion  de  Diez  qui  paraît  véritable. 

t  GOUAILLER  (gou-â-llé,  Il  mouillées),  v.  a. 
Terme  populaire.  Railler,  plaisanter.  Tu  veux  toujours 
gouailler  les  autres,  vadé.  Pipe  cassée,  n.  C'est  que 
vous  me  fassiez  le  plaisir  de  ne  plus  me  gouailler,  e. 
AUGiERetj.  SANDRAU,  le  Gendre  de  M.  Poirier,  m,  2. 
Il  Y.  n.  Il  s'entend  à  gouailler.  Il  ne  fait  que  gouailler. 
Il  V.  réfl.  Se  gouailler,  se  moquer  les  uns  des  autres, 
ils  passent  des  heures  entières  à  se  gouailler. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Wallon,  gûaii. 
tGOUAILLKUIE  (gou-â-lle-rie,  i( mouillées), s.  f. 

Terme  populaire.  Plaisanterie,  raillerie,  persiflage. 

t  GOCAILLECR,  ECSE  (gou-â-lleur,  Ueù-z', 
XI  mouillées),  s.  m.  et  f.  Terme  populaire.  Celui, 
calle  qui  gouaille. 

t  GOUAIS  (gou-ê),  s.  m.  Variété  de  raisin  mé- 
diocre. Il  Cépage  de  l'arrondissement  de  Sens.  ||  On 
dit  aussi  gouet. 

—  HiST.  xin*  s.  Li  vins  de  gros  noirs  ou  de  goet, 
BEABM.  xxvii,  25.  ||  XV'  S.  Le  bon  plant  ne  fait  que 
changier  ;  Gouais  devient  le  morillon,  e.  desch.  Poé- 
sies mss.  f"  m. 

tGOUALETTE  (gou-a-lè-f),  s.  f.  Un  des  noms 
vulgaires  de  la  mouette  tachetée  [lare  tridactyle). 

—  ÊTYM.  Le  radical  paraît  être  le  même  que  dans 
goéland. 

t  GODAZOCPITA  (goua-zou-pi-ta),  s.  m.  Nom  in- 
digène du  cerf  roux  (ruminants  de  Frédéric  Cuvier, 
Amérique  méridionale,  surtout  Paraguay),  appelé 
aussi  cerf  des  grands  bois  de  Cayenne,  leooarant. 

—  ÉTYM.  Mot  caraïbe,  d'après  d'Azara,  signifiant 
cerf  roux. 

t  GOUDRAN  (gou-dran),  s.  m.  Se  dit,  dans  les 
ports  de  mer,  pour  goudron.  ||  Petite  fascine  trem- 
pée dans  la  poix  noire  et  servant  à  mettre  le  feu  aux 
traverses,  aux  galeries  de  l'ennemi. 

—  ÉTYM.  Voy.  GOUDRON. 

f  GOUDRELLE  (gou-drè-l'),  s.  f  Nom,  en  Sain- 
Jonge,  d'un  mauvais  couteau. 

GOUDRON  (gou-dron),  s.  m.  ||  1"  Matière  vis- 
queuse à  demi  fluide,  d'une  odeur  forte  et  péné- 
trante et  d'une  saveur  amère,  qui  est  le  produit  de 
la  combustion  et  de  la  distillation  des  différentes 
parties  des  pins  et  des  sapins  lorsqu'ils  sont  trop 
vieux  pour  donner  de  la  térébenthine  par  incision. 
Le  goudron  est  très-employé  en  vétérinaire  pour  le 
traitement  des  maladies  cutanées.  ||  Boire  sur  le 
goudron,  boire  du  goudron,  boire  de  l'eau  gou- 
dronnée. Il  2°  Dans  la  marine,  goudron  mêlé  d'huile 
de  poisson,  de  suif,  etc.  qui  est  d'un  grand  usage 
pour  enduire  les  bâtiments,  les  cordages,  etc.  à 
l'effet  de  les  préserver  de  l'humidité,  et  qu'on  ne 
peut  employer  qu'en  le  faisant  chaufTer.  ||  3°  Gou- 
dron minéral,  sorte  de  bitume  ou  d'asphalte, 
'i  4°  Goudron  de  houille,  ou  goudron  minéral,  ou 
goudron  des  gaz,  produit  ayant  l'aspect  et  les  princi- 
pales propriétés  du  goudron  proprement  dit,  mais 
nne  odeur  très-différente  ,  repoussante  ;  c'est  un 
résidu  de  la  distillation  de  la  houille  dans  la  fa- 
brication du  gaz  de  l'éclairage. 

OICT.    DE    l,A    I  ANGUE    FRANÇAISE. 


GOU 

—  ÉTYM.  Génev.  et  B«rry ,  godron ;  espagn.  atqui- 
Iran;  portug.  alcatrào;  ital.  catrame ;  de  l'arabe 
kalhrân  ou,  avec  l'article,  al-kathrân,  de  kalhara, 
couler  goutte  à  goutte. 

t  GOUDRONNAGE  (gou-dro-na-j'),  s.  m.  Terme 
(le  marine.  Action  de  goudronner,  d'étendre  du 
goudron. 

—  ÉTYM.  Goudronner. 

GOUDRONNÉ,  ÉE  (gou-dro-né,  née),  part,  passé 
de  goudronner.  Enduit  de  goudron.  Toile  goudron- 
née. Aussitôt  le  feu  avait  été  mis  à  la  Bourse  [à 
Moscou];  on  avait  aperçu  des  soldats  de  police 
russes  l'attiser  avec  des  lances  goudronnées,  sêgur, 
Ui.it.  de  Nap.  viii,  6.  Avec  son  habit  un  peu  mince. 
Avec  son  chapeau  goudronné ,  Comme  l'honneur 
de  la  province  Ce  bourguignon  [vin  de  Bourgogne] 
nous  est  donné,  bérang.  Agent  prov.  ||  Qui  appar- 
tient au  goudron.  Grlce  à  ce  vin  de  saveur  gou- 
dronnée. Je  crois  voguer  vens  ces  anciens  autels 
Où....  BÉBANG.  Vin  de  Chypre. \\E3.a  goudronnée, 
eau  dans  laquelle  on  a  mis  du  goudron.  Boire  de 
l'eau  goudronnée. 

GOUDRONNER  (gou-dro-né),  V.  a.  Enduire  ou  im- 
biber de  goudron.  Goudronner  un  mât,  des  cordages. 

—  ÉTYM.  Goudron. 

t  GOUDEONNKRIE  (gou-dro-ne-rie) ,  s.  f.  Terme 
de  marine.  Atelier  où  l'on  prépare  du  goudron. 

—  ÉTYM.  Goudronner. 

t  GOUDRONNEUR  (gou-dro-neur),  s.  m.  Ouvrier 
qui  goudronne  des  planches,  un  bateau. 

t  GOUDRONNEUX,  EUSE  (gou-dro-neû,  neû-z'), 
adj.  Qui  est  de  la  nature  du  goudron.  Des  matières 
goudronneuses. 

) .  GOUET  (gou-è) ,  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Plante  dite  aussi  pied  de  veau,  arum  maculatum, 
L.  Il  Le  gouet  serpentaire,  arum  dracunculus,  L. 

f  2.  GOUET  (gou-è),  s.  m.  Le  même  que  gouais. 

t  3  GOUET  (gou-è),  s.  m.  Nom  donné  dans  cer- 
taines provinces,  dans  l'Yonne  entre  autres,  à  une 
serpe  assez  forte  pour  tailler  les  paisseaux,  faire 
les  fagots,  etc. 

—  Ktym.  Dimin.  de l'anc. franc,  goi  (voy.  gougei). 
GOUFFRE   (gou-fr'),  s.  m.  ||  1»  Cavité  profonde, 

vide  ou  remplie  d'eau,  de  feu,  de  flammes,  etc. 
Dans  un  goutfre  allumé,  Suzon,  oui,  je  m'y  jetterais 
plutôt  que  de  lui  nuire,  beaumarch.  Mar.  de  Fig. 
II,  (4.  Tu  péris,  et  si  jeune!  ah!  nos  sables  peut- 
être.  Ou  les  goufl'res  des  mers  t'auront  vu  dispa- 
raître, Ducis,  Abufar,  i,  6.  Un  gouffre  de  feu  fait 
[dans  une  décoration]  avec  du  satin  jaune  et  du 
papier  doré;  ce  qui  lui  donnait  beaucoup  plus  l'ap- 
parence d'un  surtout  de  table  que  d'un  abîme, 
stael,  Corinne,  vu,  2.  L'enfer  mugit  d'un  efîroyable 
rire.  Quand,  dégoûté  de  l'orgueil  des  méchants, 
L'ange,  qui  pleure  en  accordant  sa  lyre,  Fait  écla- 
ter ses  remords  et  ses  chants;  Dieu  d'un  regard 
l'arrache  au  gouffre  immonde,  bérang.  Ange  exilé. 
Il  Fig.  Ce  gouffre  infini  ne  peut  être  rempli  que  par 
un  objet  infini,  pasc.  dans  cousin.  ||  2"  En  parti- 
culier, tournoiement  d'eau.  Le  plus  grand  gouffre 
que  l'on  connaisse  est  celui  de  la  mer  de  Norvège, 
on  assure  qu'il  a  plus  de  vingt  lieues  de  circuit; 
il  absorbe  pendant  six  heures  tout  ce  qui  est  dans 
son  voisinage,  l'eau,  les  baleines,  les  vaisseaux, 
et  rend  ensuite  pendant  autant  de  temps  tout  ce 
qu'il  a  absorbé,  buff.  Théorie  de  la  terre,  Preuves, 
art.  XV.  L'Euripe,  si  fameux  par  la  mort  d'Ari- 
stote,  absorbe  et  rejette  alternativement  les  eaux 
sept  fois  en  vingt-quatre  heures,  id.  ib.  Les  gouf- 
fres de  la  mer  sont  produits  par  le  mouvement  de 
deux  ou  de  plusieurs  courants  contraires,  m.  ib. 
Il  3°  Fig.  Ce  qui,  comparé  à  un  gouffre,  engloutit 
comme  lui.  Ils  [les  hommes]  vont  tous  se  confondre 
dans  ce  gouffre  infini  du  néant,  où  l'on  ne  trouve 
plus  ni  rois,  ni  princes,  ni  capitaines,  ni  tous  ces 
autres  augustes  noms  qui  nous  séparent  les  uns  des 
autres,  mais  la  corruption  et  les  vers,  la  cendre  et 
la  pourriture  qui  nous  égalent,  Eoss.  Gornay.  Telle 
est  votre  convoitise;  c'-^st  un  gouffre  toujours  ou- 
vert, qui  ne  dit  jamais  :  c'est  assez,  id.  ("  serm. 
pour  le  4'  dim.  de  car.  2.  [Agamemnon]  Qui,  per- 
çant du  tombeau  les  gouffres  éternels,  Revenait 
en  ces  lieux  commander  aux  mortels,  volt.  Oreste, 
V,  7.  Dût  ce  sacré  tombeau  profané  par  mes  pas. 
Ouvrir,  pour  me  punir,  les  gouffres  du  trépas, 
VOLT.  Sémiram.  v,  5.  ||  4°  Fig.  Il  se  dit  de  mal- 
heurs, de  misères,  de  dangers  dans  lesquels  on 
tombe  comme  dans  un  gouffre.  C'est  un  gouffre 
où  la  pudeur  ne  peut  éviter  un  triste  naufrage,  pa- 
TRU,  Plaidoyer  n,  dans  richelet.  En  quel  gouffre 
d'horreur  m'as-tu  précipité?  corn.  Jlodog.  v,  4.  Dans 
ce  gouffre  de  maux  c'est  lui  qui  m'a  plongée,  id. 
Théod.  v,  6.  Trahi  de  toutes  parts,  accablé  d'injus- 


GOU 


1897 


lices,  Je  vais  sortir  d'un  gouffre  où  triomphent  les 
vices.  Et  chercher  sur  la  terre  un  endroit  écarté  Où 
d'être  homme  d'honneur  on  ait  la  liberté,  mol.  Mis. 
v,  8.  Dans  un  gouffre  profond  Sion  est  descendue, 
RAC.  A  thaï,  m,  8.  Quels  sont  les  crimes  affreux  qui 
ont  creusé  à  cet  infortuné  ce  gouffre  de  tourments 
où  il  est  enseveli?  mass.  Carême,  ifauv.  riche.  Le 
genre  humain  s'est  trouvé  souvent  dans  la  religion 
comme  dans  le  gouvernement  entre  la  tyrannie  et 
l'anarchie,  prêt  à  tomberdansl'un  de  ces  deux  gouf- 
fres, volt.  Mœurs,  i3o.  ||5°  Fig.  11  se  dit  de  toutes 
les  choses  où  l'on  fait  des  frais,  dos  sacrifices,  des 
pertes  immenses.  Ce  procès  est  un  gouffre.  Les  mai- 
sons de  jeu  sont  des  gouffres  pour  les  jeunes  gens. 
Les  villes  sont  le  gouffre  de  l'espèce  humaine,  i.  J 
Rouss.  Ém.  i.  Il  C'est  un  gouffre  d'argent,  se  dit 
d'une  affaire  où  il  fauttoujours  employer  une  grande 
quantité  d'argent.  ||  C'est  un  gouffre  que  cet  homme- 
là,  c'est  un  grand  dissipateur. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  chevauchierent  à  une  cité  que 
l'en  apele  Nicomie,  etsiet  seur  un  goufre  [golfejdo 
mer,  villeh.  cxxviii.  Il  est  choUs  aval  au  gouffre  Où 
il  toutes  les  dolors  souffre,  Uurr.orne  et  serptnt. 
Il  xv  s.  0  faulse  convoitise,  gouffre  d'enfer  insatia- 
ble, comment  as  tu  puissance  de  tellement  aveugler 
le  cœur  de  l'homme?  Boucic.  m,  is».  Fuy  le  gouffre 
de  villaine  lubricité,  j.  lemaire,  dans  palsgrave, 
p.  83.  Ijxvr  s.  Je  traversay  le  gouffre  [golfe]  de  la 
mer  Adriatique  depuis  Brindes  jusques  à  Corfou  en 
un  seul  jour,  amvot,  P.  Mm.  68.  Il  s'esmerveilla 
fort  quand  il  veiten  la  province  d'Ecbatane  le  gouf- 
fre dont  il  sort  continuellement  de  gros  bouillons  do 
feu  comme  d'une  fonteine,  id.  Alex.  CB.  Voilà  les 
trois  goulphes  et  précipices  d'où  peu  de  gens  se 
sauvent,  charron.  Sagesse,  i,  20. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  g'dfe,  comce  le  montre 
l'historique.  Le  Berry  dit  gorge,  s.  m.  qui  vient  du 
latin  gurges,  gouffre. 

f.  GOUGE  (gou-j"),  s.  f.  111°  Outil  de  fer,  fait  en 
forme  de  demi-canal,  avec  un  manche  do  bois,  à 
l'usage  des  sculpteurs,  des  plombiers,  des  menui- 
siers, des  charpentiers.  ||  2°  'Iranchet  courbe  pour 
creuser  les  talons  des  souliers.  ||  3°  Outil  pour  couper 
l'excédant  des  tuiles  molles  dont  on  construit  le  four 
du  glacier.  ||  4°  Terme  de  chirurgie.  Cisoau  à  tran- 
chant demi-circulaire  employé  pour  l'ablation  des 
exostoses.  ||  5°  Terme  de  serrurier.  On  met  deux 
gouges  à  tous  les  ressorts  d'une  serrure,  pour  les 
faire  sortir  autant  qu'on  le  désire. 

—  HIST.  xV  s.  Un  baston  de  guerre  que  on  nomme 
gouge,  du  cange,  goia.  ||xvi'  s.  Premièrement  on 
y  passe  un  long  taraire,  et,  après,  avec  une  gouge 
le  trou  est  agrandi,  0.  de  serres,  764. 

—  ÉTYM.  Espagn.  gubia;  portug.  goiva;  ital. 
gorbia,  bâton  ferré;  gloses  d'Isidore,  guvia,  gubia_ 
gulvia,  gulbia.  Mot  du  reste  inconnu,  qu'on  a  rat- 
taché au  basque  gubia  signifiant  dans  cette  langue 
un  arc.  Les  mots  de  l'ancien  français  goi,  goe,  goye, 
sorte  de  serpe,  avec  !e  diminutif  goucl,  paraissent 
venir  aussi  de  guvia  et  être  le  même  mot  que  gouge. 

f  2.  GOUGE  (gou-j'), s.  f.  Terme  vieilli  qui,  dans  le 
Languedoc  d'où  il  paraît  provenir,  signifie  servante, 
et  qui  en  français  signifie  femme  ou  fille  avec  un 
sens  très-familier  et  quelquefois  de  dénigrement. 
Affront  qui  fit  monter  le  rouge  Au  nez  de  cet'.c  belle 
gouge,  SGAHR.  Giganlomachie,  i.  Ses  soeurs  aussi 
[les  Furies],  méchantes  gouges,  Et  le  serpents  et  de 
fers  rouges  Frappent  infatigablement,  id.  l'irg.  vi. 

—  HIST.  xv*  s.  Une  qui  aura  les  yeuh  rouges  Les 
lave  au  matin  d'une  eau  blanche.  Tellement  que  sur 
toutes  gouges  Elle  semblera  la  plus  franche,  co- 
QUUXART,  Droits  nouveaux.  |l  xvi*  s.  Une  grosso 
gouge  [une  grosse  fille],  oodin.  Curios.  fr.  En  Lan- 
guedoc, du  costé  de  Tolose  et  Montauban  gouge  est 
une  servante,  borel,  dans  lacurne.  En  son  eage 
virile  Grandgousier  espousaOargamelle,  fille  du  roi 
des  Parpaillos,  belle  gouge  et  de  bonne  troigne,  ba- 
bel.  Garg.  1,  3. 

—  ÉTYM.  Béarnais,  gouye;  gasc.  et  langued. 
gouje,  goujo,  servante;  gasc.  des  Landes,  goujotle, 
petite  fille;  béarn.  gouyate,  jeune  fille.  D'après  Huet, 
suivi  par  Diez,  ce  mot  est  le  mot  juif  goje,  servante 
chrétienne,  de  l'hébreu  goj,  peuple,  goîm,  les  gentils. 
Le  midi  de  la  France  ayant  été  beaucoup  habité  par 
les  Juifs,  il  serait  possible  qu'un  mot  usité  par  eux 
pour  désigner  les  servantes  chrétiennes,  eût  passé 
dans  la  langue  vulgaire  ;  mais  cette  étymologie  est 
contestée  (voy.  goujat  qui  tient  à  gouge). 

f  GOUGER  (gouje.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
et  0  ;  gougeant,  nous  gougeons),  v.  a.  Travailler 
avec  la  gouge.  ||  Terme  de  marine.  Faire  une  can- 
nelure sur  la  surface  d'une  pièce  de  bois. 

—  ÉTYM.  Gouge  l. 

1.  -  238 


1898 


GOU 


t  OOaiN  (gouin),  s.  m.  Terme  de  marine.  Ma- 
telot d'une  mauvaise  tenue. 

—  ÉTYM.  C'est  le  masculin  burlesque  de  gouine. 
GO0INK  (goui-n'),  s.  f.  Terme  très-bas  d'injure. 

Femme  de  mauvaise  vie,  coureuse. 

ÊTYM.  Origine   inconnue.   Diez  le  rattache  à 

godine,  godinette  (voy.  godinette),  et  y  voit  un 
dérivé  du  radical  gaud,  du  latin  gaudere,  se  ré- 
jouir, et  il  condamne  les  autres  étymologies,  entre 
autres  celles  de  quean,  mot  anglais  signifiant 
femme  de  mauvaise  vie,  et  tenant  à  l'anglo-saxon 
cwen  et  à  l'islandais  quinna,  qui  signifient  femme. 
Cependant  cette  dernière  étymologie  semble  plus 
probable  que  la  sienne.  Creuzé  de  Lesser,  dans  son 
poème  de  la  Table  ronde,  chant  vi,  tire  ce  mot  de 
lii  reine  Goïnc  qui  trompait  son  mari  et  le  fit  périr 
pour  fuir  avec  son  amant  :  Quoiqu'en  amour  à  la 
bonté  j'incline,  Je  n'en  ai  pas  pour  la  reine  Goïne; 
Et  jusqu'à  nous  son  nom  un  peu  changé  Vint  jus- 
tement en  proverbe  érigé. 

GOUJAT  (gou-ja ;  let  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  Vs 
se  lie  :  des gou-ja-z  ivres),  s.  m.  ||  1°  Valet  d'armée. 
Mieux  vaut  goujat  debout  qu'empereur  enterré, 
LA  KONT.  lUatr.  La  vanité  est  si  ancrée  dans  le  cœur 
de  l'homme,  qu'un  soldat,  un  goujat,  un  cuisinier, 
un  crocheteur  se  vante  et  veut  avoir  Ses  admira- 
teurs; et  les  philosophes  mêmes  en  veulent,  pasc. 
Pcmées,  art.  ii,  3 ,  édit.  lahure.  Il  voit  les  mêmes 
passions  dans  le  goujat  et  l'homme  illustre,  J.  J. 
Houss.  Êm.  IV.  Alors  des  clameurs  s'élevèrent;  déjà 
quelques  femmes  et  quelques  goujats  revenaient 
sur  leurs  pas  en  courant,  n'entendant  plus  rien,  ne 
répondant  à  aucune  question,  l'air  tout  effaré,  sans 
voix  et  sans  haleine,  séguh,  Ilist.  de  fiap.  ix,  3. 
Il  2°  Apprenti  maçon,  dont  la  fonction  est  de  porter 
les  matéri?ux,  soit  à  pied  d'œuvre,  soit  sur  les 
échafaudages  où  les  ouvriers  peuvent  en  avoir  be- 
soin. Un  petit  goujat.  Nous  n'avons  pas  assez  de 
goujats.  [I  3"  Par  extension,  homme  sale  et  grossier. 
On  ne  l'appelait  en  badinant  que  le  goujat,  pour 
marq^.e^  la  vie  qu'il  menait  et  la  compagnie  qu'il 
voyait,  m'"*  de  caylus,  Souvenirs,  p.  106,  dans 
POUGENS.  On  dit  que  Lekaiu  a  joué  à  Fontainebleau 
plus  en  goujat  qu'en  Tartare  [dans  l'Orphelin  de  la 
Chine],  qu'il  n'est  ni  noble,  ni  amoureux,  ni  ter- 
rible, ni  tendre,  et  que  Sarrazin  a  l'air  d'un  vieux 
sacristain  de  pagode,  volt.  Lett.  d'Argental,  oc- 
tobre 17BB.  Il  11  signifie  aussi  homme  malhonnête, 
coquin.  ||  Il  signifie  encore  celui  qui  fait  de  la  mau- 
vaise besogne. 

—  Hisr.  XV'  s.  Les  gougeas  de  l'hostel  du  duc 
alloient  tous  les  jours  veoir  les  dames  à  Deventel, 
qui  sont  femmes  moult  gracieuses  et  qui  prennent 
plaisir  à  festoyer  estrangers,  o.  de  la  mabche,  Mém. 
iiv.  Il,  p.  589.  dans  lacubne.  ||  xvi*  s.  Fut  pris  par 
uoz  sentinelles  un  matin  devant  jour  un  goyat  sor- 
tant d'Edimton,  beaugué.  Guerre  d'Ecosse,  i,  12. 
Je  sçay  bien  que  tu  as  esté  goujate,  et  que  tu  as 
couru  le  régiment  de  Picardie,  d'aub.  Conf.  ii,  4. 
Gouyatte,  combien  veux-tu  par  mois  de  ton  labeur? 
[il  s'agit  d'un  mari  vêtu  en  chambrière  et  blutant, 

dont  sa  femme  se  moque],  mahg.  Nouv.  lxix Et 

la  [.lus|>art  des  goujarls,  carloix,  v,  6. 

—  ÊTVM.  Léarn.  et  gasc.  gout/af,  jeune  homme; 
lorrain,  goujart.  Gouge  et  goujat  sont  deux  formes 
d'un  même  mot  ;  ils  paraissent  gascons,  languedo- 
ciens, et  là  ils  signifient  jeune  tille,  jeune  homme. 
M.  Léon  Couture,  qui  conteste  l'étymologie  de  Huet 
pour  gnuye,  pense  que  le  sens  propre  est  jeune 
homme,  jeune  fille,  et  que  le  sens  de  servante  est 
dérivé,  et,  partant  de  là,  il  adopte  l'avis  de  M.  Le- 
fcvre,  qui  propose  le  latin  gaiidium,  par  l'inter- 
méiliaire  du  provençal  gau.gauch,  et  du  guiennais 
goi,  goye;  suivant  lui,  l'enfant  aurait  été  ainsi  ap- 
pelé comme  donnant  la  joie  à  la  famille. 

i  GOUJON  (gou-jon),  s.  m.  ||  1°  Nom  d'un  genre 
de  poissons  dans  la  famille  des  cyprinoïdes,  où  l'on 
distingue  le  goujon  proprement  dit,  qui  vit  dans 
les  rivières  par  petites  troupes  et  qui  est  fort  bon  à 
manger.  La  tanche  rebutée,  il  trouva  du  goujon; 
Du  goujon,  c'est  bien  là  le  dîner  d'un  héron! 
LA  FONT.  Fabl.  vil,  4.  ||  Fig.  Faire  avaler  le  goujon 
à  quelqu'un,  lui  faire  accroire  quelque  chose,  le 
faire  tomber  dans  un  piège.  ||  Goujon  do  mer,  la 
gobie  ou  le  paganel. 

—  HIST.  XIV  s.  Deux  tronçons  de  carpe  et  quatre 
gougons  fris,  Ménagier,  u,  B.'||xvi'3.  Baugoin,  ava- 
lant le  goujon,  remercia  et  embrassa  de  tout  son 
rœur  la  Tilfardiere  et  suivit  à  la  lettre  son  conseil, 

DAUB.   Vie,  LXX. 

—  f.TYM.  Wall,  govion;  Hainaut,  gouvion;du  lat. 
ïohionem,  goujon;  grec, /.(iêtoî. 

2.  GOUJON  (gou-jon),  s.  m.  Nom  d'une  che- 


GOU 

ville  de  fer  à  pointe  perdue  et  d'un  morceau  de 
bois  rond  que  les  charrons  mettent  dans  les  trous 
des  jantes  pour  les  unir.  ||  Le  goujon  sert  aussi 
à  réunir  les  deux  portions  d'une  charnière  en  pas- 
sant dans  leur  vide.  ||  Goujon  de  pommes,  broclie 
de  fer  sur  laquelle  les  doreurs  travaillent  les  pom- 
mes des  carrosses. 

—  HIST.  xiii*  s.  Ne  huchier,  ne  huissier  ne 
pueent....  faire  ne  trappe,  ne  huis,  ne  fenestres  sans 
goujons  de  fust  ou  de  fer,  par  leurs  seremens,  Liv. 
des  met.  108.  ||  xiV  s.  Du  quelcoffre  le  suppliant  osta 
les  goignons  ou  crampons,  à  quoy  le  couvercle  du  dit  I 
coffre  ou  escrin  fermoit  par  derrière,  du  cange,  gojo. 

—  ÊTVM.  Il  est  possible  que  goujon  cheville  ait 
été  dit  ainsi  du  poisson  par  comparaison  ;  mais  la 
forme  goignon,  qui  paraît  dériver  de  gond,  rend 
cela  très-douteux. 

f  GOUJONNER  (gou-jo-nc),  t).  a.  Terme  de  ma- 
rine et  de  charpenterie.  Fixer  une  pièce  de  bois  à 
une  autre  au  moyen  d'un  goujon.  ||  Terme  de  char- 
ron. Mettre  une  cheville  de  bois  à  pointe  perdue  et 
un  morceau  de  bois  rond  dans  les  trous  des  jantes 
pour  les  unir. 

—  HIST.  XV*  s.  Le  suppliant  entra  dans  l'ostel,  et 
lui  entré  desgoujonna  [ôta  les  goujons,  les  chevilles] 
une  arche  fcolTre],  du  cange,  gojo. 

—  ÉTYM.  Goujon  2. 

t  GOUJONNIÉR  (gou-jo-nié) ,  s.  m.  Terme  de  pê- 
che. Petit  épervier  dont  les  mailles  sont  très-serrées. 

—  ETYM.  Goujon  I. 

t  GOUJONNIÈRE  (gou-jo-niè-r'),  adj.  f.  Perche 
goujonnière,  nom  donné  par  les  pêcheurs  de  la 
Seine  à  la  gremille. 

t  GOUJURE  (gou-ju-r'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Entaille  qui  se  fait  à  quelques  instruments  pour  di- 
vers usages,  par  exemple  la  cannelure  creusée  dans 
la  caisse  d'une  poulie. 

—  ÈTYM.  Gouge  t. 

f  GOULE  (gou-l'),  s.  f.  Génie  dévorant,  d'après 
les  superstitions  du  Levant,  les  corps  morts  dans  les 
cimetières.  Aux  déités  folles  des  vieux  empires, 
Nous  opposons  des  diables  peu  tentants.  Des  loups- 
garous,  des  goules,  des  vampires,  bérang.  Vin  de 
Chypre.  Goules,  dont  la  lèvre  Jamais  ne  se  sèvre  Du 
sang  noir  des  morts!  v.  hugo,  Hall.  a. 

—  ÉTYM.  Arabe,  ghvl,  de  ghiîl,  fondre  sur  quel- 
qu'un. Pihan  remarque  que  ghul  est  masculin  en 
arabe  et  signifie  une  espèce  de  loup-garou. 

(JOULÊE  (gou-lée),  s. /■.  ||  1°  Terme  populaire. 
Grosse  bouchée.  Ce  maudit  animal  vient  prendre 
sa  goulée.  Matin  et  soir,  dit-il,  et  des  pièges  se  rit, 
LA  FONT.  Fabl.  IV,  4.  Il  N'en  faire  qu'une  goulée, 
manger  très-avidement  quelque  chose.  ||  i'  Quartier 
de  terre,  capable  de  nourrir  une  bouche.  Chaque 
paysan  possède  ce  que  nous  appelons  sa  goulée  de 
benace,  un  ou  deux  arpents  de  terre  en  huit  ou  dix 
morceaux,  p.  L.  cour.  Lett.  vi.  ||  Proverbe.  Brebis 
qui  bêle  perd  sa  goulée,  celui  qui  parle  beaucoup  à 
table  mange  peu;  et  fig.  en  parlant  beaucoup  on 
perd  le  temps  d'agir. 

—  HIST.  xiii'  s.  Qui  vos  dona  congié  dou  dire  Tel 
goulée  et  tel  estoutie,  Quant  apelas  de  félonie  Si 
haut  baron  com  est  Benart?  Ren.  I944«.  ||  xiv"  s.  Et 
donne  matière  de  parler  aux  jangleursqui  au  matin 
et  au  soir  en  tiennent  leurs  esbatemens  et  leurs  gou- 
lées  de  moqueries,  le  ciip.v.  de  la  tour,  Instr.  à 
ses  jiUes,  f»  75,  dans  lacurne.  ||  xV  s.  Elle  choisit 
un  compaignon  dont  elle  ne  peut  finer  [jouir], 
sinon  à  grand  peur  et  à  la  goulée  [à  la  dérobée].  Les 
15  joyes  de  mariage,  p.  69. 

—  ÉTYM.  Goule,  aujourd'hui  gueule;  gènev.  go- 
Ue;  provenç.  golada. 

GOULET  *(gou-lè;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  l'j 
se  lie  :  des  gou-lè-z  étroits  ;  goulets  rime  avec  traits, 
succès,  paix,  etc.),  i.  m.  ||  1°  Le  cou  d'une  bouteille. 
Un  baril  défoncé,  deux  bouteilles  sur  cul.  Qui  di- 
saient, sans  goulet  :  nous  avons  trop  vécu,  Régnier, 
Sal.  XI.  Il  On  dit  plutôt  aujourd'hui  goulot.  ||  2°  En- 
trée étroite  d'un  port  ou  d'une  rade.  Le  goulet  de  la 
rade  de  Brest.  ||  3°  Ouverture  dans  laquelle  on  met 
la  fusée  d'une  bombe,  et  qui  est  nommée  plus  gé- 
néralement l'œil  de  la  bombe.  ||  4°  Terme  de  pèche. 
Esp^ce  d'entonnoir  que  l'on  met  à  l'entrée  des  filets 
en  manche  et  des  nasses,  pour  que  le  poisson,  qui  y 
est  entré  librement,  n'en  puisse  pas  sortir. 

—  HIST.  xiV  s.  Et  en  la  dite  oriere  [bord]  du  pa- 
veillon  [sorte  de  piège]  a  ung  goulet  qui  tient  au 
paveillon,  Hodus,  f"  cxxx.  Le  missel  ou  goulet,  du 
CANGE,  goulctus.  Il  XVI'  s.  Jusques  au  goulet  des  ri- 
vières de  Garonne  et  Gironde  en  icelle  mer,  car- 
loix, I,  43. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  goule,  aujourd'hui  gueule. 
Génev.  goltt,  goletu,  goulot  ;  provenç.  golei. 


GOU 

t  *.  GOULETITE  (gou-lè-f) ,  s.  f.  Pierre  plate, 
mise  au  fond  des  fours  à  chaux,  ci  l'on  brûle  du 
charbon  de  bois. 

2.  GOULETTE  (gou-lè-f),  S.  f.  Terme  d'archi. 
tecture.  Voy.  goulotte.  {|  Canal  qui  fait  commu- 
niquer le  lac  du  Bocal  avec  la  Méditerranée,  et  qu, 
forme  le  port  de  Tunis  en  Barbarie. 

—  ÉTYM.  Goulet. 

t  GOULIAFRE  (gou-li-a-fr'),  t.  m.  Terme  popu- 
laire et  méprisant.  Homme  gourmand,  goulu  et 
mangeant  malproprement.  Est-ce  quelque  cbose  bon 
à  manger?  dit  un  gouliafre.  Don  Quichotte,  t.  i, 
dans  LE  ROUX,  Dict.  comique. 

—  HIST.  XIII'  s.  Li  goulafre,  li  rekingié  [le  rechi- 
gné] [goulafre  est  ici  le  diable],  du  cange,  gula. 

—  ÉTYM.  C'est  une  dérivation  irrégulière  de  goule 
ou  gueule;  génev.  galiaufre,  gouliafe;  lorrain,  gou- 
lafre. 

GOULOT  (gou-lo;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  Vs 
se  lie  :  des  gou-lo  z  étroits),  s.  m.  Le  cou  de  tout 
vase  dont  l'entrée  est  étroite.  Le  goulot  d'une  bou- 
teille. Le  goulot  de  la  bouteille  est  cassé.  Il  Fig.  Ces 
gens  qui  n'ont  vu  la  société  que  par  le  goulot  étroit 
(le  la  bouteille  des  abstractions,  dideh.  Sur  l'abbé 
Galiani.  \\  Terme  d'horticulture.  Arroser  au  goulot, 
ôter  la  pomme  de  l'arrosoir  pour  obtenir  un  seul  jet 
plus  abondant. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  goule,  aujourd'hui  gueule. 

GOULOTTE  (gou-lo-f),  s.  f.  ||  i'Terme  d'architec- 
ture. Petite  rigole  taillée  sur  la  cymaise  d'une  corni- 
che pour  l'écoulement  des  eaux  de  la  pluie.  ||  i°  Pe- 
tit canal  taillé  sur  des  tablettes  de  pierre  ou  de 
marbre,  en  pente,  avec  un  mélange  de  petits  bassins 
en  coquille  pour  le  jet  des  eaux.  Au  bas  de  la  niche, 
la  goulotte  d'une  fontaine  dont  les  eaux  sont  re- 
çues dans  une  auge,  didebot.  Salon  de  1707,  CKnv 
t.  XIV,  p.  4H,  dans  pougens.  ||  En  ce  sens  on  dit 
aussi  goulette. 

—  ÉTYM.  Goulot. 

GOULU,  DE  (gou-lu,  lue),  odj.  ||1°  Qui  aime  <\ 
manger,  qui  mange  avec  avidité.  Le  canard  est  un 
oiseau  très-goulu.  Pourtant,  si  l'on  avait  l'art  De 
m'accommoder  au  lard  Un  bon  plat  de  ces  lentilles, 
Si  petites,  si  gentilles.  J'aurais  le  tort  qu'Ésaù  A  eu. 
Aussi  goulu  que  velu,  arm.  gouffé,  Chanson.  ||  Par 
extension.  Donnez-moi  cette  main  qu'il  ne  baisera 
plus.  Je  veux  la  dévorer  de  mes  baisers  goulus, 
scAHR.  D.  Japhet  d'Arm.  m,  *.  ||  Fig.  C'est  que  cha- 
cun n'a  pas  cette  amitié  goulue  Qui  n'en  veut  que 
pour  soi,  MOL.  Éc.  des  femmes,  ii,  3.  ||  Terme  do 
maréchaierie.  Tenailles  goulues,  ou,  substantive- 
ment, les  goulues  (voy.  trnailles).  ||  Substantive- 
ment. Un  vilain  goulu.  Une  goulue.  Il  n'avait  qu'un 
œil,  le  goulu,  Et  duquel  il  ne  voyait  goutte,  scarr. 
Virg.  m.  ||  2"  Pois  goulu,  espèce  de  pois  dont  on 
mange  les  cosses.  1|  3°  S.  m.  Animal  sauvage  do 
Laponie  et  de  Moscovie.  ||  Goulu  de  mer,  le  requin. 

—  HIST.  IV'  s.  Plusieurs  humains,  comme  gou- 
lus, Sont  en  manger  fort  dissolus,  coquillaht,  dans 
le  Dict.  de  dociiez.  ||xvrs.  Il  les  nourrit  si  diverse- 
ment [deux  chiens],  qu'il  en  rendit  l'un  gourmand 
et  goulu ,  et  l'autre  bon  à  la  chasse  et  à  la  queste, 
AMYOT,  Comm.  il  faut  nourrir  les  enfants,  6. 

—  ÉTYM.  Goule,  au^iird'hui  gueule;  provenç. 
golut. 

GOULÛMENT  (gou-lu-man),  adv.  D'une  manière 
goulue.  Si  Votre  Altesse  a  mangé  goulûment,  je  puis 
déterger  ses  entrailles  avec  de  la  casse,  de  la  manne 
et  de»  follicules  de  séné,  volt.  Dict.  phil.  Maladie. 

—  HIST.  XVI'  s.  Diogenes,  voyant  un  jeune  garçon 
qui  mangeoit  gouluement,  donna  un  soufflet  à  son 
pédagogue,  amtot,  Q^ie  la  vertu  se  peut  apprendre, 
3.  Mon  œil  de  vos  regards  goulûment  se  repaist, 
RONS.  285.  Il  n'est  air  qui  se  hume  si  gouluement, 
qui  s'espande  et  pénètre ,  comme  faict  la  licence, 

MONT.  IV,  199. 

—  ÉTYM.  Goulue,  et  le  suffixe  ment;  provenç, 
goludamen. 

t  GOUM  (goum'),  s.  m.  Mot  arabe  usité  en  Algé- 
rie et  désignant  le  contingent  que  chaque  tribu 
fournit  pour  les  expéditions  militaires. 

t  GOUMIEU  (gou-mié) ,  s.  m.  Nom  donné  p»r 
Adanson  à  la  coquille  du  cérithe  vulgaire  (univalve), 
qui  était  le  murex  chinois  de  Gmelin,  legoarant. 

t  GOUNA  fgou-na),  î.  m.  Terme  de  grammaire 
sanscrite  désignant  la  modification  que  subissent  les 
voyelles  autres  que  a  quand  on  ajoute  un  a  devan' 
elles. 

—  ÉTYM.  Sanscr.  guna,  qualité,  parce  que  l'ad- 
jonction de  l'a,  changeant  la  voyelle  en  diphthonguo 
(t  en  ai,  u  en  au],  lui  donne  plus  de  qualité,  de 
poids  et  d'importance. 

t  GOUPIL  (gou-pil),  t.  m.  Ancien  nom  du  renard. 


GOU 

^  a  été  conservé  dans  ce  proverbe,  tombé  à  son 
tour  en  désuétude  :  i  goupil  endormi  rien  ne  chet 
'tombe]  en  la  gueule,  de  bbieux. 

—  HlST.  xiii*  s.  Icil  gorpil  nos  senefîe  Renartqui 
tant  set  de  mestrie,  Ren,  lOB. 

—  ETYM.  Lat.  lulpis,  viilpes,  renard,  par  l'in- 
termédiaire de  quelque  diminutif  vu(pt7/us. 

GOUPILLE  {gou-pi-11',  U  mouillées,  et  non  gou- 
pi-ye),  s.  f.  Il  1°  Petite  fiche  ou  cheville  de  laiton  ou 
de  fer,  pour  fixer  les  parties  d'un  ouvrage  d'horloge- 
rie, etc.  Toutes autrespiècesd'oretd'argentdes  poids 
«usdits,  soit  d'assemblage  ou  d'applique  par  char- 
nières, coulisses,  goupilles,  vis,  écrous,  agrafes, 
cliquets,  crampons,  boucles,  clous  et  rivùres....  se- 
ront marquées  et  contremarquées.  Régi,  orfév.  8ii 
déc.  («79.  Il  2°  Petite  pièce  de  métal  en  forme  de 
clavette,  qu'on  passe  dans  les  chevilles  de  fer  et  au- 
tres métaux  pour  les  tenir  fermes.  ||  3°  On  se  sert 
aussi  de  goupilles  pour  fixer  le  canou  du  fusil  surle 
bois.  11  4°  Petit  morceau  de  cuir,  mis  au  bout  d'une 
cheville  pour  qu'elle  ne  s'échappe  point. 

—  RTY.M.  Génev.  coupille;  du  lat.  cuspicula, 
diminutif  de  cuxpis,  pointe.  Mais  Diez  le  tire  de 
goupil,  renard,  la  goupille  étant  considérée  comme 
la  queue  d'un  clou  par  rapport  à  sa  tête.  La  forme 
coupille  et  le  sens  parlent  pour  cuspicula. 

t  GOUPILLER  (gou-pi-llé,  U  mouillées),  V.  a. 
Garnir  de  goupilles. 

GOUPILLON  (gou-pi-llon,  Il  mouillées,  et  non 
gou-pi-yon),  s.  m.  ||  1°  Petit  bâton  au  bout  duquel 
il  y  a  des  soies  de  cochon,  et  qui  sert  à  l'église  pour 
prendre  de  l'eau  bénite,  et  pour  la  répandre  sur  les 
objets  qu'on  bénit,  ou  la  présenter  à  quelqu'un.  On 
met  un  goupil. on  aux  pieds  d'une  bière.  L'abbé  de 
Grancey,  premier  aumônier  de  Monsieur,  présenta 
au  roi  le  goupillon,  st-sim.  94,  241.  Les  eaubénitiers 
seront  marqués  et  contremarques  au  corps,  collet 
du  pied  et  goupillon.  Régi,  des  orf.  30  déc.  1679. 
Il  Kig.  Un  goupillon,  un  reste  de  quelque  grande 
cérémonie.  Enfin  me  voilà....  toute  contente  d'être 
en  repos  dans  ma  solitude;  j'ai  eu  tantôt  encore 
un  petit  goupillon  [des  états  de  Bretagne]  :  c'est 
M.  de  Lavanlin  qui  est  demeuré  à  Vitré  pour  faire 
son  entrée  à  Rennes,  sÉv.  9  sept.  I67i.  ||  Fig. 
Donner  à  quelqu'un  du  goupillon,  lai  donner  de 
l'eau  bénite  de  cour,  fj  2°  Instrument  destiné  au 
même  usage  et  consistant  en  une  boule  de  métal 
creuse,  percée  de  petits  trous  et  portée  au  bout 
d'un  manche.  //  3°  Terme  d'arts.  Sorte  de  brosse 
ayant  de  la  ressemblance  avec  un  goupillon  de  bois. 

—  IllST.  xv  s.  Item  donne  aux  amans  enfermes, 
X  leurs  chevetz,  de  pleurs  et  lermesTrestout  finplain 
ung  benoistier,  El  ung  petit  brin  d'esglantier  En 
tout  temps  verd,  pour  goupillon,  villon,  G.  teslam. 
Un  benoist^'estain,  avec  le  gippellon,  Bullet.  du  bi- 
blioph.  mai  (863,  p.  233, 

—  ETYM.  Goupil,  renard  (voy.  goupil);  le  goupil- 
lon ayant  été  d'abord  une  queue  de  renard,  ou  étant 
assimilé  à  une  queue  de  renard  ;  norm.   vipillon. 

t  GOUPILLONNER  (gou-pi-llo-né ,  Il  mouillées), 
e.  0,.  Nettoyer  avec  un  goupillon. 

f  GOURA  (gou-ra),  s.  m.  Nom  que  porte  à  Java 
le  lophyre  couronné  (granivores),  qui  est  le  pigeon 
huppé  de  Banda,  et  le  pigeon  couronné  de  certains 
auteurs,  legoarant. 

t  GOURAMI  (gou-ra-mi),  s.  m.  Nom  usuel  d'un 
poisson  [ospixronemus  olfax]  importé  de  Chine  dans 
l'Ile  de  France  où  il  a  prospéré;  c'est  un  excellent 
poi.-ison,  il  est  de  grande  dimension,  large,  épais 
et  d'une  chair  très-savoureuse;  on  s'efforce  actuel- 
lement de  le  naturaliser  en  France. 

t  GOUUBET  (gour-bè),  s.  m.  Nom  du  roseau  des 
sables  dans  le  Médoc,  où  il  sert  à  couvrir  les  cbau- 
mièi*es. 

t  GOURBI  (gour-bi)  ou  GOURBIL  (gour-bil),  s.  m. 
Mot  arabe  employé  pour  désigner  une  hutte  ou  une 
réunion  de  lentes  formant  un  village. 

t  GOURBILLAGE  (gour-bi-lla-j',  Il  mouillées),  s. 
m.  Terme  de  marine.  Action  de  gourbiller. 

t  GOURBILLER _(gour-bi-llé,  Il  mouillées),  i>.  a. 
Terme  de  marine.  Evaser  l'entrée  d'un  trou  pour  y 
loger  la  tête  du  clou  ou  de  la  cheville  qu'il  doit  re- 
cevoir. 

GOURD,  OURDE  (gour,  gour-d'),  adj.  Perclus 
par  le  froid.  J'ai  les  mains  si  gourdes  et  si  pesantes, 
qu'il  m'est  impossible  d'en  écrire,  Port'^ait  d'un 
inconnu,  en  )60i,  dans  fr.  michel,  Argot.  ...outre 
l'air  méchant,  elle  a  l'air  aussi  gourde;  Connaissez- 
vous  ce  mot?  on  l'a  depuis  un  jour.  Car  il  est  très- 
nouveau,  mis  en  vogue  à  la  cour,  Il  veut  dire  pe- 
sant, HAUTERocHE,  Bourg.  de  qualité,  m,  6.  ||  Fig. 
N'avoir  pis  les  bras  gounis,  être  prêt  à  frapper.  Il 
»'en  allait....  battre  sa  femme....  Et  témoigner  qu'il 


GOU 

n'avait  les  bras  gourds,  la  pont,  némois.  ||  Fig. 
N'avoir  pas  les  mains  gourdes,  se  dit  d'un  filou 
adroit,  et  aussi  d'un  homme  âpre  au  gain.  ||  B\é 
gourd,  celui  qui  est  gonflé  par  l'humidité. 

—  HlST.  XIII'  s.  Mains  a  beles,  plaines,  non  gor- 
des,  No)w.  rec.  Fabl.  et  contes,  1. 1,  p.  82.  {|  xv"  s. 
Vieulx  barbiers,  vleulx  phisiciens,  Vieulx  ménes- 
trels qui  estes  gourt,  Vieulx  queuli  [cuisiniers] , 
vous  ne  valez  plus  riens,  eust.  desch.  Poésies  mss. 
[°  449.  Il  XVI*  s.  Celui  qui  a  des  crevasses  aux  doigts, 
ou  qui  lésa  gourds,  mont,  n,  3(9. 

—  ETYM.  Provenç.  gord,  gras,  succulent;  espagn. 
et  portug.  gordo;  du  latin  gurdus,  qui,  d'après 
Quintilien,  était  un  mot  espagnol;  bourguign. 
avoir  les  doigts  gôles;  picard,  avoir  les  mains  gour- 
mes ou  gouges. 

<.  GOURDE  (gour-d'),  adj.  Piastre  gourde,  et, 
substantivement,  une  gourde,  monnaie  d'argent. 

—  ÉTYM.  Espagn.  gordo,  gros;  cette  piastre  étant 
dite  une  grosse  pièce.  C'est  le  même,  avec  un  sens 
dérivé,  que  gourd.  Il  y  avait,  dans  l'ancienne  lan- 
gue, le  mot  gourle,  signifiant  sac,  bourse,  que 
M.  Reinaud  tire  du  persan  goulé,  bourse,  et  qui  n'a 
rien  de  commun  avec  gourde. 

\  2.  GOURDE  (gour-d'),  s.  f.  Bosse  résultant  d'un 
coup.  Je  me  suis  donné  contre  la  grille  une  si  fière 
gourde  à  la  main,  que  je  ne  peux  plus  remuer  ni 
pied  ni  patte  de  ce  doigt-là,  beaumarch.  Jfar.  de 
Figaro,  ii,  2|. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  gourdi,  enflé  (xV  siècle  :  Ils 
ont  la  pance  si  gourdie,  Que,  par  force  d'estre  ro- 
pletz.  Sont  prestz  de  cheoir  en  maladie,  Rec.  de  far- 
ces, p.  ;iBl);  espagn.  gordo,  gros;  c'est  le  même 
que  gourde  4 . 

3.  GOURDE  (gour-d'),  s.  f.  |l  1"  Calebasse  o:i 
courge  séchée  et  vidée  dans  laquelle  les  soldats  et 
les  pèlerins  portent  leur  boisson.  Avoir  sa  gourde 
pleine.  L'eau  du  saint  fleuve  [Jourdain]  emplit  sa 
gourde  voyageuse  [de  Chateaubriand],  v.  hugo, 
Odes,  I,  9.  Il  Ij.  gourde  vient  de  la  variété  gounle  lic 
la  courge  lagénaire  (cucurbitacées) .  ||  2°  Par  exten- 
sion, bouteille  clissée,  d'une  forme  analogue  à  celle 
de  la  gourde  et  que  l'on  emporte  quelquefois  en 
voyage.  ||  3°  Ancien  nom  vulgaire  d'une  sorte  d'hy- 
drocèle,  dite  ainsi  par  assimilation. 

—  HlST.  XIV'  s.  Foillesde  gourde,  racine  de  fcnu- 
grec,  LANFRANC,  f"  <3. 

—  ÉTYM.  Lat.  cucurbita  (voy.  courge)  ;  Berry,  gui- 
gourde,  gougourde,  cougourde.  Gourde  est  une  con- 
traction de  cougourde  qui  a  été  usitéjusque  dans  11' 
XVII' siècle  :  Je  changeray  toutes  les  choses....  vos 
coucourdes  en  des  melons,  dassoucy,  le  Ravissement 
de  Proserpine,  dans  fh.  michel,  Argot. 

GOURDIN  (gour-din),  s.  m.  Gros  bâton  court.  Il 
a  pris  un  gourdin  d'une  taille....  ah!  l'épaule!  hau- 
TEROciiE,  Nobles  de  province,  m,  6. 

—  ÉTYM.  Gourd,  dans  le  sens  de  gros,  épais. 
Gordin  se  trouve  comme  dérivé  de  gourd:  xv'  s. 
Icelluy  Boyn  commença  à  desmentir  le  suppliant 
et  l'appela  villain  gordin,  ducange,  gurdus.  Sclieler 
le  tire  de  l'italien  cordino,  corde  pour  châtier  les 
forçats  ;  mais  l'existence  de  gordiu  dans  l'ancien 
français  paraît  décider  en  faveur  de  gourd.  Le  pa- 
tois lorrain  a  conservé  gourdin,  gourdine,  au  sens 
injurieux  qu'il  a  ci-dessus  (quelques  personnes  se 
figurent  h  tort  que  c'est  une  prononciation  corrom- 
pue de  gredin)  :  Il  a  tué  son  frère;  ah!  le  gourdin! 

t  GOURDINER  (gour-di-né),  V.  a.  Terme  popu- 
laire. Donner  des  coups  de  gourdin. 

GOURE  (gou-r'),  s.  f.\\i°  Terme  de  pharmacie. 
Toute  drogue  falsifiée.  ||  2°  Fig.  Terme  populaire. 
Attrape. 

—ÉTYM.  Arabe,  g/mrr,  tromper,  gftarur,  tromperie. 

■j-  GOUREAU  (gou-rô),  s.  m.  Espèce  de  figue. 

f  GOURER  (gou-ré),  V.  a.  Falsifier  des  drogues. 
Il  Fig.  et  populairement.  Tromper,  duper.  Gouré 
par  des  aigrefins.  J'ai  été  gouré. 

IllST.  xiii'  s.  Et  que  tout  le  creson  qu'on  ven- 

dera  et  qu'on  tenra  àvendage,  que  cascine  manière 
[espèce]  on  mece  [mette]  par  li  [à  part],  et  sans 
kourer,  tailliar.  Recueil,  p.  268.  ||  xvi"  s.  Le  mar- 
chand, pensant  que  ce  fussent  gens  altitrez  pour 
gourrer  sa  chasuble....  va  aussi  après  le  curé,  bou- 
ciiET,  Quimiesme  serée,  dans  fr.  michel,  Argot. 

—  ETYM.  Goure. 

GOUREUR,  EUSE  (gou-reur,  reii-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  falsifie  des  drogues,  ou  qui  trompe 
dans  un  petit  commerce. 

—  ETYM.  Gourer. 

t  GOURGALLE  (gour-ga-l') ,  J.  m.  Un  des  noms 
vulgaires  du  crabe  tourteau  (crabe  pagure),  ditaussi 
poupart  et  tourteau. 

GOURGANDINE  (gour-gan-di-n"),  s.  t.  \\  i°  Terme 


GOU 


1809 


très-familier.  Femme  de  mauvaise  vie,  coureuse. 
Il  2'  Sorte  d'habit  de  femme  à  la  mode  en  lfi94,  qui 
consistait  en  un  corset  ouvert  par  devant  et  laissant 
voir  la  chemise.  Enfin  la  gourgandine  est  un  riche 
corset,  Entr'ouvert  par  devant  à  l'aide  d'un  lacet; 
Et,  comme  il  rend  la  taille  et  moins  belle  et  moins 
fine.  On  a  cru  lui  devoir  le  nom  de  gourgandine, 
BOURSAULT,  Mots  à  la  mode,  se.  M.  \\  3°  Coquille  du 
genre  Vénus,  la  Vénus  flexueuse,  bivalve. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  LehéncITer,  s'ap. 
puyant  sur  ce  passage  de  la  Muse  normande  :  Pour 
s'en  aller  gourgandir  sur  ces  riaux,  le  tire  de  gore, 
prostituée,  et  gaudir,  réjouir  {Hist.  et  Ghss.  du 
normand,  p.  381).  Le  pa.ssage  de  Boursault  prouve  ' 
que  gourgandine,  vêtement,  a  été  dit  d'après  gour- 
gandine, femme. 

GOURGANE  (gour-ga-n'),  s.  f.  Nom  de  la  Uve 
commune  ou  fève  de  marais,  parmi  les  matelots. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 
GOURGOURAN   (gour-gou-ran),  s.  m.    Étoffe   de 

soie  qui  vient  des  Indes.  ||  Coquille  du  genre  cône. 
GOURMADE  (gour-ma-d'),  s. /•.  Terme  familuM-. 
Coup  de  poing,  particulièrement  sur  la  figure,  l'.utès 
aussi  fort  qu'un  taureau  Et  très- expert  à  la  g  ur- 
made,  scarr.  Fi'rg.  v.  Si  souffiet  ne  suffit,  u.ser  do 
lagourmade;  Si  la  gourmade  est  peu,  lors  de  la 
bastonnade,  id.  Jodelet  ou  le  maitr.  val.  iv,  4.  Ks- 
timez-vous  beaucoup  l'air  dont  vous  affectf^z  iJ'es- 
tropier  les  gens  par  vos  civilités.  Ces  compliments 
de  main,  ces  rudes  embrassades,  Ces  saints  qui  font 
peur,  ces  bonjours  à  gourmades?  quinault,  ilire 
coquette,  I,  3.  On  se  donna  des  gourm.ides  dans  le 
sanctuaire  de  la  justice,  volt.  Louis  XIV,  5.  ||  Fig. 
Sans  préjudice  des  gourmades  à  poing  fermé  que 
vous  leur  appliquez  si  bien  d'ailleurs,  d'alemb.  Lclt. 
à  Volt.  <4  juillet  4767.    • 

—  HlST.  XVI"  s.  Gantelets  et  brassarts  avec  les- 
quels, aux  premières  grommades,  ils  assommoienj 
les  plus  forts  de  leurs  ennemis,  la  colomiuère, 
Théâtre  d'honneur,  t.  ii,  p.  263. 

—  ÉTYM.  Gourmet. 

GOURMAND,   ANDE    (gour-man,   man-d')*   ad}. 

||1°  Qui  mange  avec  avidité  et  avec  excès.  Le 
chien  se  pique  d'être  Soigneux  et  fidèle  à  son  maî- 
tre, Mais  il  est  sot,  il  est  gourmand,  la  font.  Fabl. 
VIII,  25.  X  l'égard  du  président,  qui  a  huit  ans  plus 
que  moi,  et  qui  a  été  bien  plus  gourmand,  je  voih 
(irais  bien  savoir  s'il  est  fâché  de  son  état,  volt. 
I.ett.  Mme  du  Deffant,  7  août  (769.  Je  suis  sen- 
suel et  non  pas  gourmand,  j.  J.  rouss.  Confess.  i. 

Il  Substantivement.  Un  gourmand,  une  gourm:mde, 
celui,  celle  qui  mange  beaucoup.  Vous  avez  été 
gourmande;  et,  quand  les  gourmands  sont  devenus 
sobres,  ils  vivent  cent  ans,  volt.  Lett.  Mme  du  Def- 
fant, 47  sept.  4759.  Il  Un  amateur  de  bonne  chère, 
un  gastronome.  Les  gourmands  perdent  la  moitié 
de  leur  temps  à  être  en  peine  de  ce  qu'ils  mange- 
ront ;  ils  ont  là-dessus  un  souci  machinal  qui  dis- 
sipe une  grande  partie  de  leur  attention  ponr  la 
reste,  Marivaux,  Pays.  parv.  4"  part.  L'un  [végé- 
tal, la  trufîe],  caché  dans  la  terre  où  son  destin 
l'attache,  Attend  que  d'un  gourmand  le  luxe  l'en 
arrache,  v^lvllv.,  Trois  règnes,  vi.  Gourmands,  ces- 
sez de  nous  donner  La  carte  de  votre  dîner;  Tant 
de  gens  qui  sont  au  régime  Ont  droit  de  vous  en 
faire  un  crime,  béranr.  Gourmands.  ||  2°  Par  ex- 
tension, qui  aime  un  certain  mets.  Les  connaisseurs 
sont  gourmands  de  lièvlis.  1|  Fig.  Vous  connai.ssoï 
comme  je  suis  gourrioud  de  vos  ouvrages,  volt 
Lett.  souverains,  8.  ||  3'  Terme  d'agriculture.  Ou. 
occupe  la  terre  aux  dépens  des  plantes  utiles.  L'au- 
tre errant  dans  les  blés  qui  verdissent  la  teire  Fait 
à  l'herbe  gourmande  une  implacable  guerre,  gilb. 
Mort  d'Abel,  vu.  ||  Terme  de  jardinage.  Branche 
gourmande,  branche  nouvelle  détruisant  par  l'ac- 
tivité de  sa  végétation  l'équilibre  établi  par  la  ser- 
pette dans  les  diverses  parties  d'un  espalier,  d'un 
arbre  fruitier.  H  Arbre  gourmand,  arbre  qui  pousse 
trop  en  branches.  Mettre  à  fruit  des  arbres  gour- 
mands et  qui  poussent  trop  vigoureusement  en 
bois,  BUFP.  Expér.  sur  les  végét.  2-  mém.  ||  S.  m.  Un 
gourmand,  rameau  prenant  un  accroissement  trop 
grand,  en  disproportion  avec  ceux  qui  l'avoisinent. 
Il  On  nomme  aussi  gourmands,  dans  les  arbres  frui- 
tiers greffés,  des  rameaux  qui  poussent  au-dessous 
de  la  greffe  et  qu'il  faut  supprimer.  ||  4'  Pois  gour- 

lands,  ou  pois  goulus,  pois  doni  la  cosse  est  tendre 
et  se  mange. 

—  SY'N.  GOURMAND,    GOINFRE,  GOULU,   GLOUTON.    Le 

défaut  commun  exprimé  par  ces  termes  est  celui  de 
manger  .sans  modération.  Le  gourmand  est  celui 
qui  aime  à  manger  Le  goinfre  est  un  gourmand 
dont  la  gourmarflise  a  quelque  choae    d'Ignoble  et 


1900 


GOU 


de  repoussant.  Le  goulu  est  celui  qui  jette  dans  sa 
goule  ou  bouche  ce  qu'il  mange;  il  n'y  a  pa.s  dans 
ce  mot  l'iiice  do  plaisir  et  de  discernement  en  man- 
geant. Le  gloulon  est  celui  qui  engloutit,  et  est 
par  consiîquent  très-voisin  du  goulu. 

ijlST.  XIV*  s.  Et  pevent  ostre  diz  en  francois 

gloutons  et  gourmans,  ohesme.  Eth.  U8.  ||xv'  s. 
C'est  la  cause  pourquoi  j'évite  D'estro  sur  le  man- 
ger gourment,  basselin,  m.  ||  xvi«  s.  Les  gour- 
mands font  leurs  fosses  avec  leurs  dents,  H.  est. 
Précell.  dans  lekoux  de  lincy,  Proti.  t.  ii,  p.  199. 

—  ÊTYM.  Bourguig.  gorman;  licrry,  gormand. 
Origine  incertaine.  Dicz  le  rattache  à  ffourmet  (voy. 

'  ce  mot).  Il  faut  aussi  mentionner  le  celtique:  irl. 
gioraman,  glouton,  de  giorr,  se  gorger. 

GOURMANDE ,  ÉE  (gour-man-dé,  ée) ,  part, 
passé  de  gourmander.  i|  1°  Réprimandé  durement. 
Ce   jeune    homme   gourmande    par    ses    maîtres. 

112"  Contenu,    maîtrisé Son  esprit  veut  être 

gourmande,  tristan,  Mariane,  v,  3.  Il  alla  jus- 
qu'à une  espèce  de  dureté,  sachant  bien  que  la 
douleur,  poussée  à  l'extrémité ,  veut  être  comme 
gourmandée  et  abattue  par  une  espèce  de  violence, 
lioss.  Polit.  X,  III,  3.  Il  3°  Terme  de  cuisine.  Un 
carré  de  mouton  gourmande  de  persil  [lardé  de 
persil],  MOL.  le  Bourg,  iv,  t. 

t  GOCUMANDEMENT  (gour-man-de-man),  adv. 
D'une  manière  gourmande. 

—  IIIST.  xvi'  s.  Avoir  les  yeux  gourmandement 
fichez  sur....  mont,  iv,  408. 

GODRMANDER  (gour-man-dé).  ||  l'  T.  n.  Se  livrer 
Jila  gourmandise.  Et  quoi  donc?  dirons-nous  que 
la  nature,  qui  nous  a  fait  le  corps  si  petit,  nous  ait 
donné  des  ventres  insatiables,  afin  que  les  animaux 
les  plus  vastes  et  les  plus  voraces  qui   soient  au 
monde,  nous  cèdent  la  gloire  de  gourmander?  nul- 
lement, MALH.  les  Éplt.  de  Sénèque,  lx.  ||  Ce  sens, 
qui  est  encore  usité  dans  la  conversation,  n'est  pas 
dans  le  Dictionnaire  do  l'Académie.  |1  2°  F.  a.  Fig. 
Réprimander  avec  dureté  ou  vivacité,  par  exten- 
sion du  sens  de  ronger  comme  un  gourmand  qu'a 
ce  verbe.  Alexandre,  voyant  ses  gens  en    déroute, 
les  gourmande  et  les  ramène  au  combat,  vaugel. 
Q.  C.  IV,  u..  Moi,  la  plume  <à  la  main,  je  gourmande 
les  vices,  son.  Disc,  au  roi.  Ou  bien  quand  Juvénal 
de  sa  mordante   plume    Gourmandait  en  courroux 
tout  le  peuple  latin,  ID.  Sat.  vu.  C'est  Neptune  en 
courroux   qui  gourmande  les   flots,  ID.  Art  p.  w. 
Il  Par  extension.  Ces  philcsophes  chagrins  accusent 
et  gourmandent  sans  cesse  la  nature,  Dict,  de  l'A- 
cadémie. Que  la  chair  te  gouverne,  que  dans  les 
plus  nobles  exercices   de  ton   âme  elle  vienne  te 
gourmander  par  un   sentiment  brutal ,  qu'elle  ne 
te  donne  aucune  trêve  ni  aucun  relâche....  bouk- 
DAL.   Carême,  Sw  l'impureté.  La  vertu  qui  n'ad- 
met que    Je  sages  plaisirs  Semble  d'un   ton  trop 
dur  gourmander  nos  désirs,  l.  hac.   la  Relig.   i. 
Ainsi  cette  Circé,  qui  savait  dans  son  temps  Dispo- 
ser de  la  lune  et  des  quatre  éléments,  Gourman- 
dant  la  nature  au  gré  de  son  caprice.  Changeait  en 
chiens  liarbets  les  compagnons  d'Ulysse,  volt.  Éj>. 
xcviii.  Je  représente  un  père  austère  et  sans  fai- 
blesse Qui  d'un  fils  libertin  gourmande  la  jeunesse, 
PliiON,  llétrom.  ui,  5.  Il  3°  Gourmander  un  cheval, 
le  manier  rudement  do   la  main.  Il  ne   faut  pas 
gourmander  ce  cheval  de  la  main,  il  a  la  bouche 
tendre.  Los  meilleurs  écuyers ,    en   dressant    les 
jeunes  chevaux  qui  leur  plaisent  le  plus,  se  gardent 
bien  de  les  gourmander,  de  peur  de  leur  faire  per- 
dre cette  gentillesse  qu'ils  tâchent  de  leur  augmen- 
ter par  caresse,  le  chev.  de  méré,  Des  agréments, 
dans  RiciiELET.  Un  cavalier  qui  gourmande  la  bou- 
che do  son  cheval   en  fait  bientôt  une  rosse,  fén. 
Ml.  spirit.  t93.  Il  Fig.  Je  crains  aussi  que  l'air  de 
Grignan  ne  vous  gourmande  et  ne  vous  tourbil- 
lonne :  ahl  plût  à  Dieu  qu'il  fiit  comme  celui-ci, 
qui  est  parfait  I  sÉv.   B44.  ||  4°  Contenir,  dominer 
(par  extension  du  sens  de  réprimander).  Je  prétends 
gourmander  mes   propres  sentiments,  Et  me  sou- 
mettre en  tout  à  vos  commandements,  mol.  Cocu 
tmag.  m,  <t.  Tu  ne  peux  gourmander  un  penchant 
trop  fatal,  Homme   pusillanime,   imbéciie,  brutal, 
RECNABD,  Démocr.  IV,  4.  Il  Braver.  MorgueLt  la  des- 
tinée et  gourmandent  la  mort,  Contre  qui  rien  ne 
dure   et  rien    n'est  as.sez  fort,    Régnier,  Sat.  vi. 
Il  Chateaubriand  l'a  dit  dans  le  sens  de  commander, 
en  parlant  d'un  fort.  Déjeunes  hommes  viennent  en 
foule  peupler  de  leur  fructueux  exil  le  fort  qui  gour- 
mande le  Me.schacébé,  chateaub.  Natch.  t.  ||  6"  Cou- 
per les  branches  gourmandes.  ||  8°  Terme  d'horticul- 
ture. Se  gourmander,  v.  réfl.  Se  nuire,  se  gêner. 
—  HlST.  uv  s.  /.e  jour  devant  que  icellui  prestre 
s»»»t    il  avoit  beu  et  gormandô  partout  le 


GOU 

jour,  nn  cange,  gorgia.  ||  xv  s Trop  fort  redoute 

Celle  qui  ainsi  me  reboute,  Oui  me  fait  le  visaigo 
maigre,  Et  qui  m'est  vers  la  nuit  si  aigre  Qu'elle 
vient  tuudiz  sans  mander.  Pour  mon  corps  nuire  et 
gourmander,  e.df.sch.  Poésies  mss.V  p.  422.  ||  xvr  s. 
Abonder  en  toutes  délices  et  gourmander  à  plaisir, 
CALV.  Instit.  (001.  Ce  vilain  souvenir  de  son  incon- 
vénient le  gourmandant  et  tyrannisant,  mont,  i, 
94.  Il  ne  me  laissoit  qu'à  la  desrobée  gourmander 
[lire  avidement)  ces  livres,  id.  i,  (97.  Cette  gallere 
gourmandée  d'arquebusades  fut  prise  avec  l'aide  des 
forçats,  d'aub.  Hist.  i,  i2a.  Il  est  temps  d'accuser 
ceux-là  qui  ne  font  rien.  Sinon  vendre  leur  rente  et 
gourmander  leur  bien  [le  manger  crapuleuscment], 
BONS.  909.  Car  l'avare  est  aux  richesses ,  non  elles 
à  luy  ;  et  il  est  dict  avoir  des  biens  comme  la  fiè- 
vre, laquelle  tient  et  gourmande  l'homme,  non  luy 
elle,  CHARRON,  Sagesse,  i,  22. 

—  ÊTY.M.  Gourmand.  Le  sens  propre  est  manger 
en  gourmand  ;  puis,  comme  on  voit  dans  le  second 
exemple  d'Eustache  Deschamps,  nuire,  ronger,  tour- 
menter; d'oii  les  sens  subséquents.  Dioz  au  con- 
traire le  fait  venir  de  gourmet,  au  sens  de  mettre 
une  gourmette  à  un  cheval;  il  est  certain  que  le 
participe  gourmant  aurait  pu  donner  gourmander. 
Mais  ce  mot,  qui  est  déjà  ancien,  n'a  jamais  dans 
l'historique  le  sens  de  mettre  une  gourmette  ;  on  y 
trouve  au  contraire  une  transition  entre  gourmand 
et  réprimander  impérieusement. 

t  GOURMANDILLER  (gour-raan-di-llé.  Il  mouil- 
lées), V.  a.  Faire  une  petite  mercuriale,  do  légers 
reproches.  Je  lui  ai  fait  écrire  une  lettre  par  mon 
commis,  pour  la  faire  gourmandiller,  Théâtre  ital. 
dans  LEROUX,  Dict.  comique. 

—  f.TVM.  Dérivé  de  gourmander. 
t  GOURMANDINE  (gour-man-di-n'),  s.  f.  Espèce 

de  poire. 

—  ÊTYM.  Gourmand. 
GOURMANDISE  (gour-man-di-z'),  s.  f.  ||  1°  Vice 

du  gourmand.  Le  péché  de  gourmandise.  ||  Des 
gourmandises,  des  choses  que  les  gourmands  ai- 
ment. Je  t'avais  préparé  les  gourmandises  que  tu 
aimes.  ||  Fig.  Le  gourmand  trouve  des  bornes  dans 
son  appétit,  quelque  déréglé  qu'il  soit;  mais  cette 
gourmandise  des  yeux  [de  l'avare  contemplant  ses 
richesses]  n'est  jamais  contente;  elle  n'a,  pour  ainsi 
parler,  ni  fond  ni  rive,  boss.  Concupisc.  9.  ||  2»  Par 
analogie.  Défaut  d'un  arbre,  d'une  branche  qui  se 
nourrit  au  détriment  des  autres. 

—  I1I.ST.  XIV"  s.  Gourmandie  l'une  [troupe] 
conduit  ;  Avec  lui  [elle]  sont  en  son  conduit  Yvresso, 
oultrage,  lecherie,  J.  bruyant,  dans  ilénagier,  t.  ii, 
p.  (3.  Il  xvr  s.  Gourmandise  tue  plus  de  gens  qu'cs- 
pée  en  guerre  tranchant,  cotorave. 

—  ÉTYH.  Gourmand.  On  a  dit  au  xv"  siècle 
gourmanderie. 

f  G01IR.MAS  (gour-mâ),  s.  m.  Terme  de  ponts  et 
chaussées.  Tuyau  de  bois  par  le  moyen  duquel  le 
jas  d'un  marais  salant  communique  avec  les  aires. 

GOURME  (gour-m'),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  vétéri- 
naire. Makdie  particulière  au  cheval,  et  surtout  aux 
jeunes  chevaux,  qui  consiste  dans  l'inflammation 
de  la  muqueuse  des  premières  voies  respiratoires, 
avec  engorgement  des  ganglions  sous-maxillaires 
et  tuméfaction  phlegmoneuse  du  tissu  cellulaire 
environnant.  C'est  un  jeune  poulain;  il  n'a  pas  en- 
core jeté  sa  gourme.  ||  2"  Nom  donné  vulgairement 
aux  croûtes  de  lait  chez  les  enfants.  {|  Jeter  sa 
gourme,  se  dit  des  petits  enfants  qui  ont  quelque 
maladie  de  peau.  J'ai  Marie  qui  jette  sa  gourme 
comme  vous  savez,  sÉv.  6  sept.  I67B.  ||  Fig.  Jeter 
sa  gourme,  se  dit  des  jeunes  gens  qui  font  des  folies 
en  entrant  dans  le  monde. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  si  aient  plenté  de  grume, 
Plenté  de  fièvre  et  de  jaunisse,  xxiii  manières  de 
vilain.  ||  xiv  s.  Taster  dessoubs  les  gencives  [du 
cheval)  qu'il  y  ait  grant  entre-deux  et  lionne  ou- 
verture et  large,  et  qu'il  n'y  ait  gourme,  Uéna- 
yier,  ii,  3.  ||  xvi*  s.  Si  lesdits  bubons  ne  jettent 
leur  gourme  et  retournent  au  dedans  par  délites- 
cence, ce  venin  infecte  la  masse  du  sang,  paré,  xvi,  2. 

—  ÉTYM.  Origine  incertaine.  Berry,  gorme;  gé- 
nev.  jeter  son  gorme;  portug.  gosma,  gourme, 
gosmar,  gormar,  jeter  sa  gourme.  Le  portugais  gos- 
mar,  gormar  signifie  aussi  vomir,  ainsi  que  l'es- 
pagnol gormar.  Diez  tire  gourme  de  l'ancien  Scan- 
dinave gnrm-r,  boue,  et  il  en  rapproche  le  berry 
enu  gourmée,  eau  stagnante.  D'un  autre  côté,  la 
forme  grume  que  donne  l'historique  rapproche 
gourme  de  grume,  écorce,  de  sorte  que  la  gourme 
serait  comparée  à  une  croûte. 

GOURMÉ,  ÉE  (gour-mé,  mée),  part,  passé  de 
gourmer.  Qui  a  une  gourmette.  Si  un  cheval  n'est 


GOU 

gourmé,  il  ne  se  ramène  pas  bien.  ||  Fig.  Être 
gourmé,  être  roide  comme  si  on  était  tenu  par  une 
gourmette,  présenter  l'apjiarence  de  la  roideur  et 
de  la  présomption.  Nous  l'aurions  vu  [le  parle-, 
ineni]  le  corps  le  plus  p.îuvre,  le  plus  ignorant,  le 
plus  petit,  le  plus  gourmé,  Diderot,  Sur  l'hist.  d% 
parlem.  Un  homme  d'environ  trente  ans,  d'un  main» 
tien  roide  et  d'une  physionomie  gourmée,  en.  El 
BERNARD,  la  Cinquantaine,  §  (.  il  2'  Qui  a  reçu  dei 
gourmades.  Rudement  gourme  pour  son  insolence,' 
GOURMER  (gour-mé),  v.  a.  ||  1°  Mettre  la  gour-J 
mette  ii  un  cheval.  Il  faut  gourmer  ce  cheval  plulÇ 
court.  Il  2°  Battre  à  coups  de  poings.  Pressé  de^' 
deux  frères  qui  le  gourmaiont  comme  des  lionsî 
SCARR.  Rom.  com.  ii,  (7.  Buckingham  disait  qu'ir 
avait  aimé  trois  reines,  et  qu'il  avait  été  obligé  de 
les  gourmer  toutes  trois,  betz,  m,  :i84.  ||  Fig.  Boi- 
leau  et  Fontenelle,  qui  s'attaquèrent  à  coups  d'épi- 
grammes,  disaient  tous  deux  que  les  libelles  dont 
ils  avaient  été  gourmés  n'auraient  pas  tenu  dans 
leurs  chambres,  volt.  Dict.  phil.  Libelle.  ||  3"  Se 
gourmer,  v.  réfl.  Affecter  un.  air  roide  et  composé. 
Viens,  et,  sans  te  gourmer  avec  moi  de  la  sorte, 
Laisse  en  entrant  chez  nous  ta  grandeur  à  la  porte,' 
imsTOUCiiES,  Glor.  ii,  (5.  ||  4°  Se  battre  à  coups  de 
poings.  Morbleu,  quand  il  voudra  se  gourme',  on 
lui  fera  voir  si  l'on  n'en  sait  pas  autant  que  lui,  et 
possible  davantage,  iiauteboche,  Crisp.  méd.  i,  ' 
Qu'ils  s'accordent  entre  eux  ou  se  gourment,  qu'iri!- 
porte?  mol.  Femmes  sav.  ii,  6. 

—  HIST.  XVI*  s.  L'on  faisoit  le  pis  qu'on  pouvoit 
sans  estre  armé,  essayans  de  se  renverser,  grom- 
mer,  mordre,  pocher,  esgratigner,  dénouer,  rom- 
pre et  destordre  les  membres,  la  colombiRbe, 
Théâtre  d'honneur,  t.  i,  p.  220,  dans  lacurse. 
Gourmer  injurieusement  un  paîsan  ou  un  laijuay, 
mont,  i,  107.  J'ay  eu  de  la  peine  souvent  à  gour- 
mer et  brider  mes  passions,  id.  i,  (08.  Je  cherche 
plus  la  fréquentation  de  ceux  qui  me  gourment  que 
de  ceulx  qui  me  craignent,  id.  iv,  38. 

—  ÉTYM.  On  le  tire  du  bas-breton  gromen,  gour- 
mette, gromma,  mettre  la  gourmette,  qui  paraît 
tenir  au  kimry  crom,  crwmm,  courbe.  Cette  déri- 
vation est  vraisemhlable,  sans  être  tout  à  fait  silre; 
car,  lorsqu'un  mot  est  commun  au  bas-breton  et  au 
fr.ançais,  s'il  ne  l'est  pas  aussi  aux  autres  langues 
celtiques,  on  n'a  pas  une  complète  certitude  qu'il 
n'est  pas  venu  du  français  dans  le  bas-breton.  Au 
reste,  gourmer  (venant  de  gourme)  appartenait  aussi 
à  l'ancienne  langue  :  ïin'  s.  Dieu  amés  et  Dieu  re- 
clamés. Qui  si  bêle  vous  a  fourmée;  Se  fuisses  bo- 
chue  ou  gormée,  Espoir  [peut-être]  preude  femme 
fuissiés,  du  cange,  gutteria.  xvi'  s.  Chair  de  tortue 
qui  premièrement  aura  esté  nourrie  en  quelque 
jardin  pour  se  gourmer  et  purger  de  ses' humidités 
excrementitielles,  paré,  xx,  35.  Comme  la  gourme  a 
souvent  son  siège  sous  la  mâchoire  des  jeunes  che- 
vaux, il  ne  serait  pas  impossible  que  cette  circon- 
stance en  eût  fait  passer  le  nom  à  la  gourmette  et 
au  verbe  gourmer;  et  peut-être  par  là  compren- 
drait-on mieux  les  sensdivers de gourmer.-gourmer, 
rendre  roide  comme  fait  la  gourme;  gourmer,  faire 
souffrir  comme  fait  la  gourme,  maltraiter,  battre. 

GOURMET  (gour-mè  ;  le  (  ne  se  lie  pas  ;  au  plu- 
riel, \'s  se  lie  :  des  gour-mè-z  exercés  ;  gourmets  rime 
avrc  traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui 
se  connaît  en  vins,  qui  sait  les  goûter.  Et  l'on  fait 
justement  du  soir  jusqu'au  matin  Comme  ces  fins 
gourmets  qui  vont  goûter  le  vin;  Sans  acheter  d'au- 
cun, à  chaque  pièce  on  tâte,  regnard,  le  Bal,  4. 
Le  gourmet  est  celui  qui  discernera  le  mélange  de 
deux  vins,  qui  sentira  ce  qui  domine  dans  un  mets, 
tandis  que  les  autres  convives  n'auront  qu'un  senti- 
ment confus  et  égaré,  volt.  Dict.  phil.  Goût,  §  2- 
Hélas!  quelle  étrange  folie  D'aller  au  gourmet  le 
plus  fin  Présenter  tristement  la  lie  Et  les  restes  de 
mon  vieux  vin  I  volt.  iett.  en  vers  et  en  prose,  98. 
il  Experts  gourmets  piqueurs  de  vin,  titre  des  experts 
attachés  à  l'entrepôt  des  vins  de  Paris.  ||  2°  Par  ex- 
tension, fin  gourmand.  \\Adj.  Un  vieillard  gourmet. 

—  HIST.  XIII*  s.  X  ceste  gent  [de  guerre]  sont 
compaignon  Mauvais  grommes,  mauvais  garchon  ; 
Des  boines  gens  boivent  le  vin.  Que  il  carient  au 
chemin,  dd  cange,  gromes.  ||  xiV  s.  Un  groumet 
nommé  Fagot  qui  conduisoit  iceux  vins,  du  cange, 
gromes.  \\  xv*  s.  Pontoniers  crieront  hors  et  ens, 
afin  que  les  varicts  ou  gerromez  des  marchands,  se 
il  sont  hors  de  leurs  bateaux,  se  rctraient  en  leurs 
bateaux,  du  cange,  gromes.  Guiot  dit  Rolot  harnl- 
cheur  et  gourmet  de  vins,  demeurant  à  Bruieres  en 
Laonnois,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  'Wall,  gourmeu,  gourmet;  diminutif 
l'armé  du  bolland.  grom,  jeune  garçon;  ang!,  groom. 


i 


GOU 


GOU 


COU 


1901 


rviteur.  Cromme  ou   gromet   a   signifié    garçon 
un  marchand  de  vin,  puis  gourmet.  Ces   textes 
:  ;;irtont  l'étymologie  de  Diez,  qui  rattache  grutncte 
'.!  grnmo,  qui,  en   italien,  signifie  grumeau,  et  en 
<pagnol  bouton  (du  lat.  grumus),  le  grumete, ienne 
irçon,  étant  comparé  à   un  bouton;  ils  écartent 
..ussi  l'opinion  de  Scheler,  qui  voit,  dans  gourmet  et 
dans  le  Hainaut  gourmer,  humer,   siroter,  un  dé- 
rivé de  gourme,  éruption,  saleté;  ils  écartent  enfin 
l'idée  de  Grandgagnage,  demandant  si  on  ne  pour- 
rait  pas   rattacher   gourmet    au   hollandais  geur, 
!eur,  dialecte  d'Aijt-la-Chapelle,  gûhr,  saveur  do  la 
i  inde,  bouquet  du  vin.  Gourmet  signifiant  propre- 
nt  jeune  garçon,  on  ne  s'étonnera  pas  de  voir  le 
im  de  gourmet  donné  aux  Maures  qui  font  métier 
■  remofijuer  les  barques  avec  des  cordes  en  mar- 
ant  sur  le  rivage,  et,  en  espagnol,  celui  de  grumete 
.  LV  jeunes  mousses  à  bord  des  navires. 

GOURMETTE  (gour-mè-t'),  s.  f.  Petite  chaîne 
réunissant  les  deux  branches  du  mors  de  la  bride, 
à  leur  origine,  en  passant  sur  la  région  de  la  barbe 
du  cheval.  Le  cheval  a  rompu  sa  gourmette.  Les 
mailles,  les  maillons  d'une  gourmette.  Attacher  une 
gourmette  jusqu'à  la  dernière  maille.  Ce  matin, 
comptant  partir,  j'arrangeais  la  gourmette  de  mon 
cheval;  il  a  donné  de  la  tête,  et  la  bossette  m'a  ef- 
fleuré le  bras ,  beaumarch.  Mar.  de  Fig.  ii ,  6. 
Il  Donner  un  saut  à  la  gourmette,  accourcir  la  gour- 
mette en  la  retortillant,  pour  faire  passer  une  de 
ses  doubles  mailles  sur  les  autres.  ||  Fausses  gour- 
mettes, deux  petites  longes  cousues  aux  arcs  du 
banquet.  ||  Fig.  D'où  naquirent  les  lois ,  les  bourgs 
et  les  cités  Pour  servir  de  gourmette  à  leurs  mé- 
chancetés, RÉGNIER,  Sat.  in.  Il  Fig.  Rompre  sa  gour- 
mette, s'abandonner  à  ses  passions  après  avoir 
vécu  dans  la  retenue,  secouer  une  autorité.  Mon- 
sieur, dont  la  gourmette  était  rompue,  fit  souve- 
nir le  roi  des  façons  qu'il  avait  eues  pour  la  reine 
avec  ses  maltresses,  st-sim.  93,  220.  ||  Fig.  Lâcher 
la  gourmette  à  quelqu'un,  lui  donner  plus  de  li- 
berté qu'il  n'en  avait  auparavant. 

—  niST.  XV'  s.  Comme  ung  cheval  doulx  à  l'es- 
triUe,  X  qui  on  met  la  gromette,  coquill.  Plaidoy. 
de  la  simple  et  de  la  rusée.  ||  xvi*  s.  Et  l'on  la  mené 
à  courbette.  Sans  filet  et  sans  grommette.  Sans  mords 
et  sans  caveçon,  f^R-Rm, Poésies,  p.  2O8,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Voy.  gourmer;  wall.  gourmète,  bonnet 
de  nuit. 

f  GOCRNABLE  (gour-na-bl'),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Longue  cheville  de  bois  de  chêne  employée 
à  fixer  ie  bordage  sur  les  membrures  d'un  vaisseau. 

t  GODRNABLER  (gour-na-blé),  v.  a.  Terme  do 
marine.  Enfoncer  des  gournables  dans  un  bordage. 

f  GOURNABLERIE  (gour-ua-ble-rie),  î.  f.  Atelier 
oCi  l'on  fait  les  gournables. 

t  GODRNABLIER  (gour-na-bli-é),  i.  m.  Terme 
de  marine.  Ouvrier  qui  fait  des  gournables. 

f  I.  GOUROU  (gou-rou),  s.  m.  Noix  de  gourou,  un 
des  noms  donnés  aux  grains  de  la  sterculie  acumi- 
née,  appelée  aussi  noix  de  cola  ou  noix  de  kola,  et 
noix  du  Soudan,  legoarant. 

f  2.  GOUROU  (gou-rou),  s.  m.  Nom  du  précep- 
teur religieux  parmi  les  brahmanes. 

—  ÊTYM.  Sanscrit,  guru,  lourd,  grave,  d'où  véné- 
rable ;  il  correspond  au  lat.  gravis  et  au  grec  PipiJî. 

+  GOUSPIN  (gou-spin),  s.  m.  Terme  populaire. 
Polisson. 

—  ÉTYM.  Gomser,  manger,  dans  le  parler  popu- 
laire du  XVI"  siècle,  et  pain:  un  malheureux  qui 
ne  vit  que  de  pain. 

GOUSSANT  (gou-san)  ou  GOUSSACT  (gou-s6), 
s.  m.  Il  1°  Cheval  qui  a  l'encolure  épaisse,  les  épau- 
les grosses  et  qui  est  court  des  reins.  ||  Adj.  Clieval 
goussaut.  Il  2°  Se  dit  aussi  d'un  chien  lourd  et  trapu. 
Il  3°  Terme  de  fauconnerie.  Oiseau  lourd  et  peu  es- 
timé pour  la  volerie.  ||  4°  Par  extension,  se  dit  aussi 
dos  personnes.  Sa  figure  [de  Montrevel],  devenue 
courte  et  goussaude,  mais  qui  avait  enchanté  les 
dames,  suppléait  en  lui  à  toute  autre  qualité,  st-sim. 
1 16, 12.  [Chateaurenaud]  C'était  un  petit  homme  gous- 
saut et  blondasse  qui  paraissait  hébété,  m.  114,  200. 

—  ÉTYM.  11  y  a  dans  le  bas-latin  gossus,  dans  le 
provenç.  guos,  gosso,  qui  signifient  chien  mâtin. 
Cola  a-t-il  quelque  rapport  avec  goussaut? 

GOUSSE  (gou-s'),  s.  f.  I|  1°  Enveloppe  des  graines 
des  plantes  légumineuses.  Gousse'  de  pois,  de  fèvo. 
Il  Terme  du  botanique.  Fruit  allongé,  .sec,  bivalve,  dont 
les  graines  sont  attachées  à  un  seul  trophospermo 
suturai;  exemple:  les  légumineuses.  La  gousse  ou  lé- 
gume est  monocarpellaire  et  la  silique  dicarpellaire. 
Il  2"  On  dit  aussi  une  gousse  d'ail,  d'échalote,  pour 
une  tête  d'ail,  d'échalote.  ||  3°  Nom  d'une  coquille. 
Il  4°  Au  piur.  Terme  d'architecture.  Nom  donné  i  cer- 


tains fruits  semblables  à  des  gousses  de  f  ^ves  qui  ser- 
vent d'ornement  au  chapiteau  ionique.  ||  5°  Terme  de 
pêche.  Gousses  de  plomb,  plomb  pour  arrêter  les  filets. 

—  HIST.  XVI'  s.  Une  gosse  d'ails  un  peu  cuitie 
sous  les  cendres,  paré,  xv,  20.  Les  gousses  des  fè- 
ves, 0.  DE  SERRES,  99.  Là  OÙ,  toutos  les  autros  créa- 
tures, nature  les  a  revestucs  de  coquilles,  de  gous- 
ses, d'escorce,  do  poil....  mont,  ii,  161. 

—  ÉTYM.  Ital.  guscio  ;  milan,  guss,  gussa  ;  ro- 
magn.  goss,  gossa.  Origine  d'ailleurs  ignorée.  On 
pourrait  conjecturer  que  c'est  une  forme  de  cosse, 
si  l'origine  de  cosse  n'était  pas  dans  le  germanique 
schosse,  schote.  Y  aurait-il  quelque  lien  entre  gousse 
elle  gaélique  guiseid,  poche? 

GOUSSET  (gou-sè;  le  (  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
l'sse  lie  :  les  gou-sè-z  et  les  montres;  goussets  rime 
avec  traits,  succès,  paix,  jamais,  etc.),  s.  m.  ||  1°  l^o 
creux  de  l'aisselle.  Mit  quelque  argent  sous  son 
gousset,  Je  veux  dire  ôous  son  aisselle,  scarron, 
OEuv.  t.  I,  p.  308.  Il  La  mauvaise  odeur  qui  vient 
de  l'aisselle.  D'un  visage  noir  et  grasset,  Et  sentait 
un  peu  le  gousset,  scarron,  Virg.  v.  Mme  la  prin- 
cesse était  un  peu  bossue,  et  avec  cela  un  gousset 
fin  qui  se  faisait  suivre  à  la  piste,  st-simon,  225, 
43.  Il  Anciennement.  Pièce  de  l'armure  qui  avait  la 
forme  d'un  triangle,  et  qui  garantissait  le  dessous 
du  bras.  ||  Terme  de  blason.  Pièce  irrégulière  qui 
ressemble  à  un  gousset  d'armure,  et  qui  prend  en 
haut  des  deux  angles  de  l'écupour  venir  se  terminer 
en  pal  à  la  pointe.  ||  2°  Pièce  à  la  partie  de  la  man- 
che d'une  chemise  correspondant  au  gousset. 
Il  3°  Anciennement.  Petite  bourse  que  l'on  portait 
d'abord  sous  l'aisselle  et  que  l'on  attacha  ensuite 
en  dedans  de  la  ceinture  de  la  culotte.  ||  Avoir  le 
gousset  garni,  bien  garni,  être  bien  pourvu  d'argent. 
11  affecte  de  me  distinguer  des  compagnons  de  mon 
infortune,  dont  il  n'avait  pas  trouvé  le  gousset  si 
bien  garni  que  le  mien,  lesage.  Est.  Gonz.  ch.  46. 
Il  Avoir  le  gousset  vide,  le  gousset  plat,  être  sans  ar- 
gent. Il  Aujourd'hui,  petite  poche  pratiquée  à  la  cein- 
ture de  la  culotte.  Un  gousset  de  montre.  ||  4°  Sorte 
de  console  en  menuiserie  servant  à  soutenir  des  ta- 
blettes. Il  Petite  pièce  de  bois  échancrée  et  posée 
diagonalement  ;  on  l'attache  contre  une  muraille 
pour  soutenir  quelque  autre  pièce  de  bois.  ||  S°  Petit 
siège  à  la  portière  d'un  carrosse  pour  recevoir  un 
enfant  et  même  une  grande  personne.  ||  Terme  de 
marine.  Boucle  de  fer  qui  est  autour  du  timon  du 
gouvernail.  ||  Morceau  de  bois  au  bout  duquel  il  y  a 
deux  tourillons  qui  entrent  dans  deux  barrotins  au 
deuxième  pont  d'un  vaisseau. 

—  HIST.  xV  s.  L'Anglois  frappa  de  sa  lance  ledit 
Louis....  au  dessous  du  bras;  par  faute  et  manque 
d'y  avoir  un  croissant  ou  gouchet....  il  fut  si  dou- 
loureusement blessé....  math,  de  coucy,  Hist.  de 
Charles  VU,  p.  560,  dans  lacurne,  au  mot  vif. 
Il  XVI'  s.  Il  fut  frappé  d'une  flèche  par  le  gousset 
en  levant  le  bras  pour  combattre,  m.  du  bellay,  3. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gousse  ;  le  creux  de  l'ais- 
selle, sens  primitif  de  gousset,  ayant  été  comparé 
à  une  gousse.  Cependant  on  a  cité  le  celtique  : 
gaél.  guiseid,  poche;  kimry,  cvnjsed. 

GOUT  (goû  ;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  ordi- 
naire; au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  goû-z  étranges), 
s.  m.  Il  1°  Celui  des  cinq  sens  par  lequel  l'homme  et 
les  animaux  perçoivent  les  saveurs  et  dont  la  lan- 
gue est  l'organe  principal.  Les  épices  réveillent  le 
goût.  La  chair  (du  rhinocéros]  est  excellente  au  goût 
des  Indiens  et  des  nègres;  Kolbe  dit  en  avoir  souvent 
mangé  avec  beaucoup  de  plaisir,  buff.  Quadrup. 
t.  IV,  p.  342.  Le  goût  paraît  encore  plus  dégradé 
que  l'odorat  dans  un  grand  nombre  d'oiseaux,  sur- 
tout chez  les  granivores;  leur  langue,  presque  car- 
tilagineuse, ne  semble  pas  devoir  être  bien  sen- 
sible, BONNET,  Contempl.  nat.  m,  28.  L'organe  du 
goût  a  tant  de  rapport  avec  celui  du  toucher,  que 
décrire  l'un  c'est  presque  décrire  l'autre,  m.  Ess. 
psychol.  ch.  23.  ||  Populairement.  Il  a  perdu  le  goût 
du  pain,  il  est  mort.  ||  On  lui  fera  passer  le  goût  du 
pain,  on  le  fera  mourir.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Oi- 
seau de  bon  goût,  oiseau  qui  sait  veiller  sa  proie  et 
prendre  son  temps  à  propos  pour  fondre  dessus. 
Il  2"  Par  extension,  saveur.  Ce  pâté  est  d'un  goût 
exquis.  Notre  hôte  cependant ,  s'.adressant  à  la 
troupe  :  0u9  vous  semble,  a-t-il  dit,  du  goût  de 
cette  soupe?  boil.  Sat.  m.  ||  Haut  goût,  tout  ce  qui 
réveille  l'appétit  et  se  met  dans  les  sauces,  comme 
le  poivre,  le  citron,  la  muscade,  le  verjus,  etc.  Ai- 
mer le  haut  goût.  ||  Cette  sauce  est  de  haut  goût, 
elle  est  salée,  épicée.  ||  Fig.  Des  plaisanteries  de 
haut  goût.  Il  Cette  sauce  n'a  point  de  goût,  elle  ne 
sent  rien,  elle  est  fade.  ||  Goût  de  queue  de  renard, 
mauvai.";  goût  que  contracte  parfois  le  vin  de  Bour- 


gogne par  l'efîet  d'une  maladie,  &  la  troisième  ou 
iiuatrième  année.  |1  Alcool  bon  goût,  se  dit,  dans  les 
mercuriales,  d'un  alcool  dont  la  saveur  est  bonne. 
Il  Fig.  Et  le  gain  a  bon  goût  de  i|Uolque  endroit  qu'il 
vienne,  Régnier,  Sat.  xiii.  Quand  l'avenir  n'a  plus  de 
charmes.  Qui  fassent  désirer  demain.  Et  que  l'amer- 
tume des  larmes  Est  le  seul  goût  de  notre  pain,  la- 
mart.  Ilarm.  i,  0.  ||  3°  Goût  se  prend  quelquefois,  par 
abus,  pour  odeur.  On  sent  un  goût  de  renfermé.  Co 
tabac  a  un  goût  de  pourri.  ||  4°  Appétence  des  ali« 
ments,  plaisir  qu'on  trouve  à  boire  et  à  manger. 
Ce  malade  ne  trouve,  ne  prend  goût  à  rien.  Le 
goût  ne  lui  est  pas  encore  revenu.  ||5°  Préférence 
dans  le  choix  des  aliments.  Dites  votre  goût. 
Il  6°  Fig.  Faculté  toute  spontanée,  qui  précède  la 
réflexion,  que  tout  le  monde  possède,  mais  qui  est 
différente  chez  chacun,  et  qui  fait  apprécier  les 
beautés  et  les  défauts  dans  les  ouvrages  d'esprit  et 
dans  les  productions  des  arts,  comme  le  goût  fait 
apprécier  les  saveurs  bonnes  et  mauvaises.  Le  goût 
ne  va  pas  sans  dégoût.  Vous  avez  le  goût  bon,  mol. 
Préc.  10.  Il  est  vrai  que  le  goût  des  gens  est  étran- 
gement gâté,  ID.  Critique,  se.  7.  Je  n'ai  pas  si  mé- 
chant goût  que  vous  avez  pensé,  id.  Am.  magn.  11, 
).  Il  y  a  dans  l'art  un  point  de  perfection  comme 
de  bonté  et  de  perfection  dans  la  nature;  celui  qui 
le  sent  et  qui  l'aime  a  le  goût  parfait;  celui  qui 
ne  le  sent  pas  et  qui  aime  en  deçà  ou  au  delà  a  lo 
goût  défectueux;  il  y  a  donc  un  bon  et  un  mauvais 
goût,  et  l'on  dispute  des  goûts  avec  fondement, 
LA  BBUY.  I.  Entre  le  bon  sens  et  le  bon  goût,  il  y  a 
la  difl"êrence  de  la  cause  à  son  effet,  lu.  xii.  Il  est 
bien  plus  difficile  de  donner  du  goût  à  ceux  qui 
n'en  ont  pas,  que  de  former  le  goût  de  ceux  qui  re 
l'ont  pas  encore  tel  qu'il  doit  être,  fén  Édue.  fill. 
v.  Mais  ce  goût  du  beau,  c'est  peut-être  Moins  ce 
qui  nous  le  fait  connaître  Que  ce  qui  nous  le  fait 
sentir,  lamotte,  Odes,  t.  i,  p.  251,  dans  pougens. 
La  société  des  femmes  gâte  les  mœurs  et  forme  le 
goût  :  l'envie  de  plaire  plus  que  les  autres  établit 
les  parures,  et  l'envie  de  plaire  plus  que  soi-même 
établit  les  modes,  montesq.  Esp.  xix,  8.  Le  climat 
qui  fait  qu'une  nation  aime  à  se  communiquer,  fait 
aussi  qu'elle  aime  à  changer;  et  ce  qui  fait  qu'une 
nation  aime  à  changer,  fait  aussi  qu'elle  se  forme  le 
goût,  )D.  ib.  [Le  dieu  du  goût  parlant  :]  Ne  soufTreï 
pas  que  dans  Paris  Mon  rival  usurpe  ma  place;  Je 
sais  qu'à  vos  yeux  éclairés  Le  faux  goût  tremble  de 
paraître;  Si  jamais  vous  le  rencontrez,  Il  est  aisé 
de  le  connaître  :  Toujours  accablé  d'ornements.  Com- 
posant sa  voix,  son  visage.  Affecté  dans  ses  agré- 
ments. Et  précieux  dans  son  langage;  Il  prend  mon 
nom,  mon  étendard.  Mais  on  voit  assez  l'imposture; 
Car  il  n'est  que  le  fils  de  l'art;  Moi,  je  le  suis  de  la 
nature,  volt.  Temple  du  goût.  Le  goût,  ce  sens,  ce 
don  de  discerner  nos  aliments,  a  produit,  dans 
toutes  les  langues  connues,  la  métaphore  qui  ex- 
prime, par  le  mot  goût,  le  sentiment  des  beautés 
et  des  défauts  dans  tous  les  arts;  c'est  un  discerne- 
ment prompt,  comme  celui  de  la  langue  et  du  pa- 
lais, et  qui  prévient  comme  lui  la  réflexion....  il  est 
souvent,  comme  lui,  incertain  et  égaré,  ignorant 
même  si  ce  qu'on  lui  présente  doit  lui  plaire,  et 
ayant  quelquefois  besoin,  comme  lui,  d'habitude 
pour  se  former,  id.  Dict.  phil.  Goût,  §  <.  En  géi.é- 
ral,  le  goût  fin  et  sûr  consiste  dans  le  sentiment 
prompt  d'une  beauté  parmi  des  défauts,  et  d'un  dé- 
faut parmi  des  beautés,  id.  ib.  §  2.  Le  goût  peut  se 
gâter' chez  une  nation;  ce  malheur  arrive  d'ordi- 
naire après  les  siècles  de  perfection;  les  artistes, 
craignant  d'être  imitateurs,  cherchent  des  routes 
écartées,  ils  s'éloignent  de  la  belle  nature  que  leurs 
prédécesseurs  ont  saisie....  on  est  entouré  de  nou- 
veautés qui  sont  rapidement  effacées  les  unes  par 
les  autres  ;  le  public  ne  sait  plus  où  il  en  est,  et  il 
regrette  en  vain  le  siècle  du  bon  goût  qui  ne  peut 
plus  revenir,  m.  ib.  §  l.  Le  goût  dépravé  dans  les 
aliments  est  de  choisir  ceux  qui  dégoûtent  les  autres 
hommes,  c'est  une  espèce  de  maladie;  le  goût  dé- 
pravé dans  les  arts  est  de  se  plaire  à  des  sujets  qui 
révoltent  les  esprits  bien  faits,  de  préférer  le  bur- 
lesque au  noble,  le  précieux  et  l'affecté  au  beau 
simple  et  naturel;  c'est  une  maladie  de  l'esprit,  i". 
ib.  Comme  le  mauvais  goût,  au  physique,  consiste 
à  n'être  flatté  que  par  des  assaisonnements  trop  pi- 
quants et  trop  recherchés,  ainsi  le  mauvais  goût, 
dans  les  arts,  est  de  ne  se  plaire  qu'aux  ornementi 
étudiés  et  de  ne  pas  sentir  la  belle  nature,  ip.  16- 
Le  bon  goût  est  pour  nous  en  littérature  ce  qti'il  est 
pour  les  femmes  en  ajustements,  id.  Vict.  phil.  Es- 
prit. Le  mauvais  goût  a  levé  l'étendard  dans  Paris, 
vous  en  avez  encore  pour  quelques  années;  c'est 
une  maladie  énidémique  qui  doit  avoir  son  cour'', 


1902 


GOU 


ei  l'on  no  reviendra  au  bon  i|ue  quand  vous  serez 
raifrués  ilu  mauvais,  m.  Lelt.  d'Argenlal,  7  août 
1760.  Prenez  toujours  le  v^rl'  ''"  ''""  goût;  tout 
le  monde  à  la  (in  y  reviendra,  ID.  la  llurpe,  25  oct. 
1777,  l'cut-on  avoir  le  tiuùl  pur  quand  on  a  le  cœur 
-.orrompu?  dimerot,  l'ensées  .sur  la  peint.  Œuvres, 
'.  XV,  p.  <8«,  dans  pouoens.  ||  Absolument.  Goût  se 
dit  souvent  pour  bon  goût.  Los  lois,  les  règles  du 
goût.  Manquer  de  goiit.  La  décadence  du  goût.  La 
magnificence  et  le  goût  présidèrent  à  ces  fêtes. 
Il  n'y  a  qu'à  se  représenter,  d'un  cfllé,  les  biens 
sans  nombre  qui  ré.sultent  de  la  vanité;  de  là  le 
luxe,  l'industrie,  les  arts,  les  modes,  la  politesse,  le 
goût;  ei,  d'un  autre  cûlé,  les  maux  infinis  qui 
naissent  do  l'orgueil  de  certaines  nations,  la  pa- 
resse, la  pauvreté....  montesq.  fisp.  xix,  8.  Il  faut 
la  capitale  d'un  grand-  royaume  pour  y  établir  la 
demeure  du  goût;  encore  n'cst-il  le  partage  que  du 
très-petit  nombre,  volt.  Dict.  phil.  Goût,  §  2.  Le 
Temple  du  goût,  titre  d'un  opuscule  de  voltaire.  Une 
méprise  très-commune,  c'est  de  confondre  le  luxe 
avec  le  goiit,  i>i;clos,  Consid.  goût,  (Murres,  t.  x, 
p.  118.  Le  goût  est  en  quelque  manière  le  micro- 
scope du  jugement;  c'est  lui  qui  met  les  petits  ob  ets 
.'i  sa  portée,  et  ses  opérations  commencent  où  s'ar- 
rélent  colles  du  dernier,  J.  J.  nouss.  Ilél.  i,  <2, 
Il  Ouvrages  do  goût,  ouvrages,  objets  qui  ne  sont 
fiits  que  pour  l'agrément,  pour  l'ornement.  ||  Notes 
de  goût,  voy.  note.  ||  1'  Particulièrement.  Bon  goût, 
se  dit  do  la  faculté  acciuise  ou  innée  qui  nous  l'ait 
discerner  l'à-propos,  la  convenance  de  telle  ou  telle 
chose,  de  tel  ou  tel  genre,  de  telle  ou  telle  ma- 
nière. Elle  ne  trouve  pas  ce  procédé  d'un  trop  bon 
goût,  SÉV.  239.  Je  vous  trouvais  de  bon  goût  d'avoir 
fait  si  peu  d'attention  à  de  si  petites  choses,  boss. 
lelt.  quiét.  4)0.  Il  11  se  dit,  dans  le  même  sens,  des 
choses.  La  retraite  était  de  bon  goût  en  cette  cir- 
constance. Il  Mauvais  goût  s'emploie  dans  le  sens 
opposé.  Il  eût  été  do  mauvais  goût  d'insister. 
Il  3"  Sentiment  d'appréciation  propre  à  chacun.  Il 
ne  faut  point  disputer  sur  les  goûts.  Les  hommes 
ont  des  goûts  difi'érents.  Selon  l'objet  divers  le  goût 
est  diiïérent,  cohn.  Othon,  iv,  4.  (Elle]  ....Laisse 
au  goût  public  régler  tous  ses  projets,  id.  Tite  et 
Dérén.  v,  i.  Si  je  suivais  mon  goût,  je  saurais  où 
buter,  LA  font.  FoW.  in,  <.  Il  est  plus  pour  cela 
selon  mon  goût  que  vous,  mol.  Éc.  des  femmes,  v, 
4.  Ce  qui  le  charme,  c'est  qu'il  voit  que  vous  m'ai- 
mez; il  a  tant  d'amitié  pour  moi,  qu'il  est  ravi  que 
l'on  soit  dans  son  goût,  sév.  28.  Il  suivit  son  goût 
sans  réflexion,  fén.  Tél.  xvi.  Une  vertu  du  goût  du 
monde  me  serait  suspecte,  mass.  Carême,  Respect 
liumain.  Une  ftme  sensée  qui  ne  se  conduit  ni  par 
goût,  ni  par  sentiment,  ni  par  caprice,  id.  Carême, 
Sur  la  rechute.  La  vertu  qui  n'est  que  dans  le  goût 
ne  saurait  se  soutenir,  id.  Carême,  Prière  t.  En 
vain  vous  les  avertirez  qu'une  famille  va  tomber.... 
qu'une  jeune  personne  est  sur  le  bord  du  préci- 
pice.... qu'un  établissement  utile  va  manquer,  ce 
«0  sont  pas  des  misères  de  leur  goût,  id.  Carême, 
Aumône.  ||  9°  Inclination  qu'on  a  pour  certaines 
choses  et  plaisir  qu'on  y  trouve.  Il  n'est  faiblesse 
égale  i  nos  infirmités;  Nos  plus  sages  discours  ne 
sont  que  vanités,  Et  nos  sens  corrompus  n'ont  goût 
qu'.Ti  des  ordures,  malh.  i,  ).  Elle  a  lu  tout  ce 
qu'elle  a  pu  attraper  de  romans  avec  tout  le  goût 
que  donne  la  difficulté  et  le  plaisir  de  tromper,  sÉv. 
Sr,  mai  )080.  Servius  Tullius,  qui  donna  comme  un 
premier  goût  de  la  liberté  au  peuple  romain,  noss. 
Hist.  ni,  7.  S'il  avait  plu  à  Dieu  de  lui  conserver 
le  goût  sensible  de  la  piété  qu'il  avait  renouvelé 
dans  son  cœur,  iD.  Anne  de  Goni.  Elle  perdait  le 
goût  des  romans  et  de  leurs  fades  héros,  id.  Duch. 
d'Orl.  Il  a  du  goût  à  se  faire  voir,  la  bhut.  ii.  Je 
n'ai  de  goût  qu'aux  pleurs  que  tu  me  vois  répandre, 
H,\c.  Esth.  i,  4.  Ils  s'aiment,  ils  sont  dans  le  goût 
de  s'épouser  ;  y  a-t-il  rien  là  que  de  fort  naturel  î 
nnoNARD,  la  SMnade,  se.  7.  Alexandre,  au  milieu 
du  tumulte  des  guerres,  conservait  toujours  du  goût 
et  do  la  curiosité  pour  les  sciences,  rollin,  Hist. 
anc.  OEuv.  t.  vi,  p.  366.  Vous  qui  passez  sans  cesse 
du  goût  de  la  vertu  au  goiit  du  monde  et  des  plai- 
sirs, MASS.  Car.  Inconstance.  On  a  laissé  à  certaines 
ftmes  d'un  goût  de  vertu  plus  relevé  ou  plus  farou- 
che toutes  ces  pieuses  délicatesses,  id.  Conf.  Amb. 
des  clercs.  À  mesure  que  le  nionde  s'enfuit  et  nous 
échappe,  on  court  après  lui  avec  plus  de  goût  que 
jaiiiais;  le  long  usage  qu'on  en  a  fait  n'a  servi 
qu'à  nous  le  rendre  plus  nécessaire,  m.  Avent, 
lUlai.  Vers  enchanteurs,  exacte  prose,  Je  ne  me 
b'irno  point  à  vous;  N'avoir  qu'un  goût  est  pou  de 
chose;  Beaux-arts,  je  vous  invoque  tous,  volt. 
rcmr-le  dii  jodj.  Le  goût  de  la  chasse,  de  la  pêche, 


GOU 

des  jardins,  do  l'agriculture,  est  un  goût  naturel  à 
tous  les  hommes,  buff.  Quadrup.  t.  n,  p.  <«.  Vir- 
gile ofi'rait  dans  ses  vers  deux  caractères  originaux  : 
le  goût  des  champs  qui  appartenait  à  la  vie  ro- 
maine, et  un  sentiment  de  tristesse  qui  a(|uelque 
chose  de  nouveau  dans  les  mœurs  brillantes  du  po- 
lythéisme méridional,  ville.m.  Littér.  fr.  i8'  siècle, 
2»  part.  2"  leçon.  ||  Mettre  en  goût,  donner  envie, 
désir.  Or  m'ayant  mis  en  goût  des  hommes  et  du 
monde,  rf.onier,  Sat.  xiv.  Ce  grand  succès  [d'Es- 
ther]  mit  Racine  en  goût,  il  voulut  composer  une 
autre  pièce,  m'"'  de  catlus,  Souven.  p.  2(0,  dans 
pouGENS.  Il  Entrer  en  goût,  commencer  à  se  plaire 
à.  Fais  tomber  de  la  pluie  [d'argent|  e-'  laisse  faire 
à  moi. — Tu  viens  d'entrer  en  goût,  corn  Menteur, 
IV,  7.  Il  Être  en  goût,  avoir  envie,  désir.  |{  Faire  une 
chose  par  goût,  la  faire  pour  son  plaisir.  ||  Être  au 
goût,  être  de  goùt,être  conforme  à  l'envie,  au  désir. 
Les  plus  excellents  ouvrages  de  peinture,  de  sculp- 
ture ne  sont  point  à  mon  goût,  voit.  Lett.  97.  Les 
femmes  docteurs  ne  sont  pas  de  mon  goût,  mol. 
Fem.  sav.  ii,  3.  La  vie  retirée  n'est  pas  de  son  goût, 
sÉv.  437.  Les  fruits  d'une  salutaire  pénitence...  ces 
fruits  ne  seront  pas  au  goût  de  la  nature,  bourd. 
Car.  m,  Cnmm.  pascale,  2I3.  ||  Prendre  goût  à,  se 
plaire  à.  Ils  ne  prenaient  aucun  goût  à  la  chose, 
LA  font.  Rem.  Ah  I  tu  prends  donc,  pendard,  goût 
à  la  bastonnade,  mol.  Amphit.  i,  2.  Le  goût  que 
Sa  Majesté  prend  au  métier  de  la  guerre,  S6v.  289. 
IJIO"  Inclination  pour  les  personnes  et  empresse- 
ment à  les  rechercher.  Le  goût  qu'elle  a  pour  vous 
n'est  point  d'une  Allemande,  sév.  222.  Il  est  marié 
à  une  personne  toute  à  son  goût,  id.  B82.  Jamais 
rien  ne  m'a  plus  flattée  que  le  goût  que  je  vous  ai 
toujours  vu  pour  moi,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de 
Dangeau,  t.  vu,  p.  <  16,  dans  pouoens.  Le  chevalier 
fut  bientôt  de  son  goût  et  de  son  jeu,  hamilton, 
Gramm.  B.  Il  fut  bientôt  du  goût  de  tout  le  monde, 
ID.  ib.  ».  Nous  avons  perdu  le  chevalier  du  Druy, 
major  fort  en  goût  du  roi,  st-simon,  <3,  tBi.  Adalé 
a  répondu  avec  esprit,  et  la  princesse  s'est  prise 
d'un  grand  goût  pour  elle,  volt.  Amabed,  Lett.  lï. 
Il  Particulièrement,  il  se  dit  d'une  inclination  à 
laquelle  on  ne  veut  pas  ou  ne  doit  pas  donner  le 
nom  d'amour.  Ce  n'est  point  de  l'auour,  c'est  un 
goût  passager.  Goût,  en  galanterie,  simple  inclina- 
tion, amusement  passager,  mot  des  gens  de  cour, 
DE  CAiLLiÈRES,  )6»o.  C'ost  Une  petite  bagatelle  qui 
ne  mérite  pas  de  vous  être  dite;  c'est  que  j'ai  pris 
du  goût  pour  Arlequin,  Marivaux,  Double  inconst. 
m,  I.  Il  11°  Manière  dont  une  chose  est  faite,  ca- 
ractère particulier  de  quelque  ouvrage.  Des  orne- 
ments d'un  goût  recherché,  d'un  goût  mesquin. 
Le  goût  du  jour.  L'architecture  était  du  meilleur 
goût,  FÉN.  Tél.  XIV.  Le  bon  goût  de  la  littérature  so 
communique  même  aux  mœurs  publiques  et  à  la 
manière  de  vivre,  rollin,  Traité  des  Et.  Disc.  prêt. 
Lxxxix.  L'excellent  goût  de  leur  littérature  [des 
Français]  leur  soumet  tous  les  esprits  qui  en  ont; 
et,  dans  la  guerre  si  malheureuse  dont  ils  sortent, 
j'ai  vu  leurs  auteurs  et  leurs  philosophes  soutenir 
la  gloire <iu  nom  français  ternie  par  leurs  guerriers, 
J.  J.  rouss.  Conf.  V.  Il  Absolument.  Élégance,  grâce, 
agrément.  Un  ouvrage  fait  avec  goût.  La  magnifi- 
cence et  le  goût  présidèrent  à  ces  fêtes.  ||  Le  grand 
goût,  manière  grande  et  élevée  dans  la  littérature 
et  les  beaux-arts.  Elle  est  dessinée  de  grand  goût, 
DIDEROT,  Salon  de  1785,  OBur.  t.  xiii,  p.  20.  Moi 
qui  vois  tous  les  jours  nos  .maîtres  et  nos  élèves 
perdre  ici,  dans  la  capitale,  le  grand  goût  qu'ils  ont 
apporté  de  l'école  romaine,  ID.  th.  p.  )  63.  Les  ac- 
teurs mêmes  de  l'Opéra  venaient  se  former  au  grand 
goût  du  chant  sur  ces  excellents  modèles,  j.  j. 
Rouss.  Confess.  vu.  ||  12°  La  manière  propre  à  un 
artiste,  le  caractère  d'un  siècle,  etc.  Des  vers  dans 
le  goût  de  Corneille.  Leurs  ouvrages  sont  faits  sur 
le  goût  de  l'antiquité,  la  bruyère,  i.  ||  Le  goût  na- 
tional, goût  particulier,  propre  à  chaque  nation. 
Il  Terme  de  beaux-arts.  Manière  générale  d'une 
école.  Le  goût  flamand,  la  manière  des  peintres  fla- 
mands. Il  Familièrement,  dans  le  goût  de,  semblable 
à.  C'était  un  caractère  à  peu  près  dans  le  goût  du 
feu  comte  de  Rochester,  volt.  Jenni,  7.  J'entre- 
prends un  nouveau  procès  dans  le  goût  de  celui  des 
Calas,  et  je  n'ai  pas  pu  m'en  dispenser,  m.  Lett. 
Mme  du  Deffant,  24  sept.  (766.  ||  Proverbe.  Le  coût 
en  fait  penire  le  goût,  se  dit  d'une  chose  trop 
chère.  {|  Le  morceau  avalé  n'a  plus  de  goût,  une 
affaire  fâcheuse  terminée  doit  être  oubliée. 

—  HIST.  xiv  3.  Comme  celui  qui  est  sain  du 
corps  et  a  bien  disposé  le  goust  juge  bien  des  sa- 
veurs, ORESME,  Kth.  XIX.  Il  XVI'  s.  Le  premier  gousl 
que  j'eus  aux  livres,  mont,  i,  (96.  Ce  bruvage  a  le 


COU 

goust  un  peu  piquant,  id.  i,  237.  Ces  fruits  sont,  1 
nostre  goust  mesme,  excellents,  id.  i,  234.  Tu  as  ■ 
esprouvé  la  faveur  du  roy;  mais  la  liberté,  quel 
goust  elle  a,  combien  elle  est  doulcc,  tu  n'en  sçais 
rien,  la  boïtie.  Servitude  rolont.  Il  faut  qu'ils  sa 
plaisent  de  son  plaisir,  qu'ils  laissent  leur  gou  t 
pour  le  sien,  id.  ib. 

—  ÈTYM.  Provenç.  gost  ;  catal.  gust  ;  cspagn. 
gusto;  portug.  gosto;  ital.  gusio;  du  latin  9U.ï(uî. 
Comparez  le  grec  -ysOeiv,  goûter.  D'après  Eug  Bur- 
nouf,  Yaçna,  p.  22  p,  gusius  représente  ie  zend 
qdçtra,  goût,  du  verbe  qdç,  en  sanscrit  svdd,  goûter. 
Bojip  et  Curtius  rattachent  Yeûeiv  au  sanscrit  guili, 
aimer,  trouver  bon. 

I.  GOCtÉ,  ÉE  (gou-té,  tée),  part,  patsé  de  goû- 
ter. Il  l'Apprécié  par  le  goût.  Du  vin  goûté  par  un 
connaisseur.  ||  2°  Trouvé  bon,  agiéable.  La  \ie  con- 
templative a  été  goûtée,  ii  )ss.  Hist.  11,  7.  11  n'y  a 
point  eu  de  livres  plus  généralement  estimés  et  goû- 
tés que  ceux  de  Josèphe  ;  la  traduction  en  notre  lan- 
gue en  parut  dans  un  temps  où,  faute  de  meilleures 
lectures,  tes  romans  étaient  entre  les  mains  de  tout  le 
monde  ;  elle  contribua  beaucoup  à  faire  tomber  ce 
mauvais  goût,  rollin,  llist.  anc.  liv.  xxv,  ch.  2, 
art.  f,  §  2.  Il  3°  Oui  trouve  accueil  et  affection,  en 
parlant  des  personnes.  Ce  prince  de  Brunswick  a 
été  ici  fort  goûté  et  fort  fêté  de  tout  le  monde,  et  il 
lemérite,n'ALEMiiERT,i«((r<;à  Voltaire,  23 juin  (768. 

f  2.  GOÛTÉ  (goû-té),  s.  m.  Voy.  goûter  3. 

\ .  GOÛTER  (goù-té),  V.  a.  ||  l"  Sentir  par  le  sens 
du  goût  ce  qui  est  savoureux.  Il  goûte  ce  qu'il 
mange.  {|  Absolument.  11  avale  sans  goûter.  |j  Se  dit 
aussi  des  choses  dont  on  ne  juge  que  par  l'odorat. 
Goûtez  ce  tabac.  ||  2"  Vérifier  la  saveur  d'une  chose, 
en  mettant  dans  la  bouche  une  petite  quantité  de 
cette  chose.  Le  cuisinier  n'a  pas  goûté  cette  sauce. 
Il  3°  Fig.  Approuver,  trouver  bon  et  agréable.  J'é- 
coute la  raison,  j'en  goûte  les  avis,  corn.  Pulch.  11, 
(.  L'époux  goûta  quel(|ue  peu  ces  raisons,  la  font. 
Rémois.  L'âne,  qui  goûtait  fort  l'autre  façon  d'al- 
ler. Se  plaint  en  son  patois....  id  Fabl.  m,  «. 
Ils  tâchaient  de  faire  goûter  leur  gouvernement 
aux  peuples,  B0.<s.  Hist.  m,  a.  Sa  doctrine  ne 
pouvait  être  goûtée  dans  un  lieu  oii  l'on  ne  suit 
que  les  règles  d'une  politique  mondaine,  bourdal. 
Mijst.  Pass.  de  J.  C.  t.  i,  p.  «78.  Le  chevalier  de 
Folard  espérait  faire  goûter  à  ce  prince  [Charles  XII  ) 
les  nouvelles  idées  qu'il  avait  sur  la  guerre,  volt. 
Charles  XII,  8.  La  comédie  est  belle  et  le  charme 
est  divin  ;  Pour  moi,  j'y  goûte  fort,  car  j'aime  la 
nature.  Ces  héros  villageois  beaux  esprits  sous  la 
bure,  GiLB.  Le  iH'  s.  Le  roi  avait  de  la  répugnance 
à  se  détacher  de  Calonne;  il  goûtait  son  travaii, 
marmontel,  Mém.  xii.  M.  Kifador  ne  paraît  pas  goû- 
ter extrêmement  que  votre  famille  vous  donne  une 
fête,  PICARD,  Aie.  de  Molor.  m,  3.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Goûter  la  bride,  se  dit  du  cheval  qui  s'accou- 
tume aux  effets  du  mors.  ||  4"  Faire  cas  de,  avoir 
du  goût  pour,  en  parlant  des  personnes.  Je  n'ai  pas 
doute  que  ce  prédicateur  ne  fût  goûté,  boss.  Lett. 
ahb.  au.  C'est  un  avantage  rare  à  un  savant  d'être 
goûté  par  un  prince,  et,  pour  tout  dire  aussi,  c'est 
un  avantage  rare  à  un  i)rince  de  goûter  un  savant, 
fonten.  La  Hire.  Plus  M.  Kagon  vit  Mme  de  Main- 
tenon  de  près,  plus  il  admira  sa  vertu  et  goûta  son 
esprit,  m""  de  cayliis,  Souren.  p.  70,  dans  pou- 
gens.  Louis  XIV  goûta  le  caractère  de  l'abbé  Kleury, 
MAiRAN,  Élog.  du  card.  l'ieury.  Votre  frire  entre 
nous  goûte  fort  cette  veuve,  boissy,  Deh.  tromp.  i, 
I.  Il  Terme  de  dévotion.  Goûter  Dieu,  servir  Dieu 
avec  amour.  Ils  (los  actes  réduits  en  formule] 
ont  leur  utilité  dans  ceux  qui  commencent  à  goû- 
ter Dieu,  BOSS.  Et.  d'arais.  v,  23.  ||  B"  Sentir  avec 
plaisir,  jouir  de.  N'épargnez  point  mon  sang,  goûtez 
Siins  résistance  La  douceur  de  ma  perte  et  de  votre 
vengeance,  corn.  Cid,  m,  4.  Lieux  que  j'aimais 
toujours,  ne  pourrai-je  jamais,  LoiQ  du  monde  et 
du  bruit,  goûter  l'ombre  et  le  frais?  la  font.  Fabl. 
XI,  4.  Ainsi  est  mort  le  P.  Bourgoing;  et  voilà 
qu'étant  arrivé  à  la  bienheureuse  terre  des  vivants, 
il  voit  et  il  goûte  en  la  source  même  combien  le 
Seigneur  est  doux,  boss.  Rourgoing.  Goûter  inno- 
cemment le  peu  de  biens  que  la  nature  nous  donne, 
in.  Duch.  d'Orl.  Par  moi  Jérusalem  goûte  un  calme 

profond,  rac.  Athal.   11,   B Ces  lémmes  hardies 

Oui,  goûtant  dans  le  crime  une  tranquille  paix.... 
m.  Phèd.  tu,  3.  Je  goûtais  en  tremblant  ce  funeste 
plaisir,  m.  ib.  iv,  6.  Il  ne  put  goûter  le  fruit  de 
sa  victoire,  pén.  Tél.  xx.  Enfin  ma  gloire  est  pure, 
et  je  la  puis  goûter,  volt.  Sémiram.  m,  3.  J'ai  goûté 
la  vengeance  de  consoler  le  roi  de  Prusse,  et  cela 
me  surfit,  in.  Lelt.  d'Argenlal,n<  déc.  <7B7.  Je  sais 
qu'il  ne  faut  pas  trop  goûter  la  félicité  en  préseocfl 


» 


GOU 

des  malheureux,  id.  Dial.  s*.  S'il  est  une  petite  ville 
au  monde  où  l'on  goûte  la  douceur  de  la  vie  dans 
un  commerce  agréable  et  sûr,  c'est  Chambéri,  J.  J 
ROL'SS.  Confess.  v.  Il  faut  l'amour  ou  la  religion 
pour  goûter  la  nature,  stael,  Corinne,  xvui,  2. 
Il  Par  antiphrase.  Je  veux  qu'un  noir  chagrin  à  pas 
lents  me  consume,  Qu'il  me  fasse  à  longs  traits  goû- 
ter son  amertume,  CORN.  Suréna,  i,  3.  Dieu  lui  fit 
goûter  (à  Moïse]  les  opprobres  de  Jésus-Christ;  il  les 
goûta  encore  davantage  dans  sa  fuite  précipitée  et 
dîns  son  exil  de  quarante  ans,  boss.  Hùt.  ii,  3. 
116°  V.  n.  Boire  ou  manger  quelque  peu  d'une  chose 
dont  on  n'a  pas  encore  bu  ou  mangé.  Quand  voulez- 
vous  goûter  à  notre  vin?  Cette  volaille  est  excel- 
lente; goûtez-y.  Il  II  se  dit  aussi  des  choses  dont  on 
ne  juge  que  par  l'odorat.  J'ai  goûté  à  votre  tabac. 
!|Fig.  Essayer,  tàler,  faire  l'épreuve  de.  Tibère  lui 
dit  :  Et  toi,' Galba,  tu  goûteras  un  jour  de  l'empire, 
d'ablanc.  Tacite,  Annales,  vi,  n.  Tout  ce  que  peu- 
vent faire  ces  misérables  amoureux  des  grandeurs 
humaines,  c'est  de  goûter  tellement  de  la  vie  qu'ils 
ne  songent  point  àla  mort,  boss.  Gornay.  Vous  ai- 
mez la  joie,  le  repos,  le  plaisir;  croyez-moi,  j'ai 
goûté  de  tous,  il  n'y  a  de  joie,  de  repos,  de  plaisir 
qu'à  servir  Dieu,  maintenon,  Aris  à  la  duch.  de 
Bourg.  Lelt.  t.  in,  p.  202,  dans  pougens.  Il  n'eut 
pas  plus  tôt  entendu  les  discours  de  ce  philosophe,  et 
goûté  de  cette  philosophie  qui  mène  à  la  vertu,  qu'il 
sentit  son  âme  enflammée  d'amour  pour  elle,  roll. 
Traité  des  Et.  liv.  v,  a»  part.  ch.  2.  ||  Dans  le  style 
biblique,  goûter  de  la  mort,  mourir.  Elle  et  Enoch 
sont  deux  personnages  bien  importants  dans  l'an- 
tiquité ;  ils  sont  tous  deux  les  seuls  qui  n'aient 
point  goûté  ds  la  mort,  et  qui  aient  été  transportés 
hors  du  monde,  volt.  Dict.  phil.  Élie  et  hnoch. 
Il  7°  Se  goûter,  v.  réft.  Avoir  du  goût  l'un  pour 
l'autre.  Les  hommes  ne  se  goûtent  qu'à  peine  les 
uns  les  autres,  n'ont  qu'une  faible  pente  à  s'approu- 
ver réciproquement,  la  bruï.  xii.  Dès  nos  premiè- 
res entrevues,  nous  voir,  nous  goûter,  nous  chérir, 
désirer  de  nous  voir  encore,  en  fut  l'effet  simul- 
tané, MARMONTEL,  MéiH.  XI.  jj  Se  goùter  soi-même, 
avoir  du  goût  pour  soi-même,  se  laisser  aller  à  l'a- 
mour-propre. Combien  Calvin  se  goûtait-il  lui-même 
quand  il  élève  si  haut  sa  frugalité,  ses  continuels 
travaux!  -joss.  ¥ar.  ix.  Il  Être  goûté.  Le  vin  se 
goûte  mieux  quand  on  mange. 

—  HIST.  xii'  s.  Feneans  sui  |ie  suis  pénitent], 
n'est  pas  raisons  Que  gost  [que  je  goûte]  de  vin  ne 
de  poisson,  Grég.  le  Grand,  p.  89.  Hé  Dex  !  ce  dist 
li  rois,  qui  gostas  à  la  cène....  Sax.  xxx.  ||xiii"  s. 
Que  tout  cil  ki  mort  gousteront  En  la  fin  resçusite- 
ront.  Et  si  oront  le  jugement,  gui  de  cambrai,  Barl. 
e<  Jos.  p.  5t .  Il  xvi'  s.  [Ulysse]  s'il  eii«t  gousté  X  la 
couppe  circeïenne,  De  sa  doulce  terre  ancienne  II 
n'eust  regousté  les  plaisirs,  du  bellay,  m,  9,  recto. 
On  me  faisoitgouster  la  science  par  une  volonté  non 
forcée  et  de  mon  propre  désir,  mont,  i,  I95.  Te- 
moings  tant  de  nations  qui  n'ont  encore  gousté 
aulcun  usage  des  vestements,  m.  ii,  (62.  Quand  il 
eut  demeuré  quelque  temps  auprès  de  luy,  il  com- 
mencea  à  cognoistre  et  gouster  la  bonté  de  son  na- 
turel, AMYOT,  Lyc.  <6.  Un  roy  de  Pont,  pour  gous- 
ter de  ce  brouet  noir,  achepta  expressément  un 
cuisinier lacedaemonien,iD.t6. 21. Hz  ne  sestuvoient 
ny  ne  soignoient  jamais,  sinon  à  certains  jours  de 
l'année,  que  l'on  leur  faisoit  un  petit  gouster  de 
cette  doulceur,  id.  ib.  34. 

—  ÊTYM.  Norm.  goûté,  et  aussi  goutu,  savoureuii  : 
voilà  un  fruit  bien  goûté;  provenç.  et  portug.  gos- 
tar;  espagn.  guslar ;  ital.  gustare;  du  latin  gustare 
(voy.  00 ht). 

2.  GOÛTER  (goû-té),  V.  n.  l'aire  un  léger  repas 
entre  le  dîner  et  le  souper,  ou  entre  le  déjeuner  et 
le  dîner.  On  goûtait  dans  un  cabaret  hors  la  ville, 
J.  J.  Rouss.  Confess.  vi.  1|  Apportez  à  goûter  à  ces  en- 
fants, façon  de  parler  bourgeoise,  de  caillières, 
)(i90.||  CoïKffrn'aplusrienquelepurismecondamne. 

—  ETYM.  C'est  goûter  i  pris  absoi-jm^nt  prur 
manger  un  peu.  On  trouve  estre  gousté  pour  avoir 
mangé  :  xiV  s.  D'un  seul  pain  de  froment  qu'il  ont, 
(ligner  [dîner]  se  veulent; En  hiaume  boivent  l'aiguë; 
quant  sont  enqui  gousté....  Girart  de  Ross.  v.  7970. 

3.  GOÛTER  (goû-té;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  goû-té-z  excellents),  s.  m.  Lé- 
ger repas  qu'on  fait  entre  le  dîner  et  le  souper,  ou 
le  déjeuner  et  le  dîner.  Des  jouets,  des  bonbons, 
son  goûter,  j.  1.  rouss.  Em.  11.  C'est  près  de  là 
qu'est  située  cette  petite  métairie  de  Saint-Thomas, 
où  je  lisais  Virgile  à  l'ombre  des  arbres  fleuris  qui 
entouraient  vos  ruches  d'abeilles,  et  où  je  faisais  de 
leur  miel  des  goûters  si  délicieux,  marmontel, 
ifém.  1.  Il  Donnez-lui  des  confitures  pour  son  goûter. 


GOU 

façon  de  parler  bourgeoise,  de  caillikres,  isho. 
Il  Goûter  n'a  plus  rien  de  bourgeois. 

t  GOUTTANT,  ANTE  (gou-tan,  tan-t'),  adj.  Qui 
s'égoutte.  Linge  gouttant. 

I.  GOUTTE  (gou-f),  s.  f.  111°  Globule  qui  se  dé- 
tache de  la  masse  d'un  liquide.  Une  goutte  de  plomb 
fondu.  Si  tous  les  hommes  de  la  terre  ne  sont  de- 
vant ses  yeux  [de  Dieu]  qu'une  goutte  d'eau  et  un 
peu  de  poussière,  comme  parle  l'Écriture,  nicole, 
Ess.  mor.  3»  traité,  ch.  6.  Non-seulement  il  se 
trouve  quelquefois  des  gouttes  d'eau  renfermées 
dans  le  cristal  de  roche;  mais  on  en  voit  encore 
plus  souvent  dans  les  agates  et  autres  pierres  vi- 
treuses qui  n'ont  qu'une  demi-transparence,  avft: 
Min.  t.  VI,  p.  (40.  La  figure  sphérique  des  gouttes 
de  la  rosée  produirait-elle  dans  les  rayons  de  la  lu- 
mière des  réfractions  nuisibles  aux  feuilles?  bonnet. 
Us.  feuilles  plant.  2"  mém.  ||  Se  ressembler  comme 
deux  gouttes  d'eau,  se  ressembler  beaucoup.  Ce.i 
deux  sœurs  se  ressemblent  comme  deux  gouitos 
d'eau.  Il  On  ne  peut  dire  comme  deux  gouttes  d'eau 
qu'en  nommant  deux  personnes;  et  la  locution 
devient  fausse  quand  on  n'en  nomme  qu'une 
seule,  comme  dans  ces  phrases  de  Mme  de  Main- 
tenon  et  de  Voltaire  :  Mme  de  St-Pars  trouve  que 
M.  d'Auxerre  vous  ressemble  comme  deux  gouttes 
d'eau,  MAINTENON,  Lett.  à  Urne  de  Caylus,  i  ( ,  oct. 
(715.  Nous  avions  parmi  les  spectateurs  [d'une 
représentation  de  l'Orphelin  de  la  Chine  à  Ferney] 
une  espèce  de  Kalmouk  qui  disait  que  je  ressem- 
blais à  Gengis-khan  comme  deux  gouttes  d'eau, 
et  que  j'avais  le  geste  tout  à  fait  tartaie,  volt. 
Lelt.  d'Argental,  8  juill.  (763.  On  en  a  fait  plai- 
samment ressortir  le  vice  en  disant  de  la  rivière 
artificielle  de  Trianon  qu'elle  ressemble  à  une  vraie 
rivière....  comme  deux  gouttes  d'eau.  ||  On  dit  dans 
le  même  sens  :  comme  deux  gouttes  de  lait.  Et  vos 
airs  dans  les  siens  sont  si  reconnaissables.  Que 
deux  gouttes  de  lait  ne  sont  pas  plus  semblables, 
RÉGNARD,  ilénechmes,  1,  2.  ||  Suer  à  grosses  gouttes, 
être  tout  couvert  de  sueur.  Il  suait  à  grosses  gout- 
tes, quoique  ce  fût  au  mois  de  janvier,  balz.  le 
Barbon.  ||  Se  dit  des  larmes.  De  grosses  gouttes 
coulaient  le  long  de  ses  joues.  ||  Il  se  dit  aussi  des 
mucosités  nasales.  Il  a  toujours  la  goutte  au  nez. 
Il  Fig.  Il  passerait  entre  les  gouttes  de  pluie,  se 
dit  d'un  homme  adroit,  qui  sait  se  ménager  entre 
les  difficultés,  entre  les  partis.  ||  Fig.  C'est  une 
goutte  d'eau  dans  la  mer,  se  dit  d'une  petite 
quantité  qui  se  perd  dans  une  plus  grande.  Après 
des  siècles  d'efforts  réunis  et  continus,  les  secrets 
que  vou.s  aurez  arrachés  à  la  nature,  comparés 
à  son  immense  richesse,  ne  seront  que  la  goutte 
d'eau  enlevée  au  vaste  océan,  haynal,  llist.  phil. 
xix,  4.  Il  2°  Par  extension,  petite  quantité  de  li- 
quide. Prenez  une  goutte  do  ce  bouillon.  Je  vous 
promets  qu'il  n'en  laissera  goutte  [d'un  breuvage],  la 
font,  ilandr.  Les  fontaines  sans  une  goutte  d'eau, 
SÉV.  29).  Une  goutte  d'eau  éternellement  demandée 
et  éternellement  refusée,  le  ciel  de  fer  sur  ta  tête, 
la  terre  d'airain  sous  tes  pieds,  voilà  ce  que  mérilc 
ton  indifférence  [du  mauvais  riche],   boss.   Pens. 

chrét.  12.  Il  Fig Que  Dieu  lui-même  puise  au  lac 

de  sa  bonté,  Ht  qu'il  donne  ici-bas  sa  goutte  à  tout 
le  monde,  lamart.  Joc.  ix,  284.  ||  Kig;.  Une  goutte 
d'eau,  une  très-petite  quantité  de  quoi  que  ce  soit, 
et  qui  est  tout  à  fait  insuffisante  pour  les  besoins. 
Le  roi  fit  donner  six  cents  livres  de  gratification  à 
chaque  capitaine  de  cavalerie,  et  trois  cents  livres  à 
chaque  capitaine  d'infanterie  :  tout  cela  ensemble 
coûta  beaucoup;  mais  pour  chacun  ce  fut  une  goutte 
d'eau,  ST-siMON,  60,  (6.  Il  La  dernière  goutte,  la 
petite  quantité  qui  emplit  le  vase  et  le  fait  débor- 
der. Ce  courriel  de  Bavière,  qui  était  arrivé  le  jeudi 
au  soir,  et  donc  *  ne  vint  rennre  compte  que  le  sa- 
medi à  cinq  heures  du  soir,  a  été  la  dernière  gouite 
qui  a  fait  répandre  le  verre,  SÈV.  390.  ||  La  dernière 
goutte  est  aussi  celle  du  fond.  Ils  ont  bu  jusqu'à  la 
dernière  goutte.  Ce  vin  se  conservera  bon  jusqu'à  la 
dernière  goutte.  ||  3°  Goutte  se  dit  du  sang  qui  coule 
dans  les  veines  ou  hors  des  veines.  Tant  qu'il 
lui  restera  une  goutte  de  sang  dan.>  lus  veines, 
il  combattra  pour  sa  patrie.  Il  est  de  tout  son 
sang  comptable  à  la  patrie  ;  Chaque  goutte  épar- 
gnée a  sa  gloire  flétrie,  cohN.  Uor.  m,  8.  Sans 
qu'il  en  coûte  à  Rome  une  goutte  de  sang,  id. 
Tite  et  Bérén.  11,  4.  Résolu  de  défendre  et  l'Église 
et  le  pasteur  jusqu'à  la  dernière  goutte  de  son  sang, 
FLÉcn.  llist.  de  Théodose,  m,  66.  ||  Fig.  S'ils  ont 
quelque  goutte  de  sang  français  dans  les  veines  et 
quelque  amour  pour  la  gloire  de  leur  pays,  vcit. 
Lelt.  74.  Si  du  sang  de  nos  rois  quelque  goutte 
échappée....  hac.  Athal.  i,  (.  ||  Fig.  N'avoir  pas  une 


GOU 


1903 


goutte  de  sang  dans  les  veines,  être  saisi  d'effroi , 
d'horreur.  ||  Fig.  La.  dernière  goutte  du  sang,  tout 
ce  qu'on  a  de  ressources,  d'argent.  J'avais  mis  jus- 
qu'à la  dernière  goutte  de  mon  sang  à  cet  établi.s-  . 
sèment  très-utile,  sans  y  avoir  d'autre  intérêt  que 
celui  de  bien  faire,  volt.  Lelt.  d'Argental,  3  nov. 
(776.  Il  4°  Populairement.  Petit  verre  plein  d'eau- 
de-vie  ou  autre  liqueur  spiritueuse.  Offrir,  accepter 
une  goutte.  Aimer  la  goutte,  aimer  l'eau-de-vie.  i 
quatorze  ans  dans  les  déserts  Je  vous  portais  la 
goutte,  BÊRANG.  Vitand.  \\  B"  Terme  de  pharmacie. 
Mesure  de  certains liquidesmédicamcnteuxquis'em- 
ploient  à  très-petite  dose.  Huit  gouttes  de  laudanum 
de  Sydenham.  La  goutte  est  la  petite  quantité  do 
liquide  qui  se  détache  sous  forme  sphérique  du 
bord  d'un  flacon  ou  d'une  fiole  doucement  inclinée. 
Il  Gouttes  d'Angleterre,  médicament  liquide  dont 
un  sel  d'ammoniaque  fait  le  principe  excitant.  Ces 
paroles  firent  sur  l'àmo  de  l'Ingénu  l'effet  des  gout- 
tes d'Angleterre  qui  rappellent  un  mourant  à  la  vie 
et  lui  font  entr'ouvrir  des  yeux  étonnés,  volt.  In- 
génu, (0.  Suzanne,  des  gouttes  à  ta  maîtresse!  tu 
sais  comment  je  les  prépare,  beaom.  Mère  cotipable, 
IV,  (8.  Il  6'  Fig.  Il  se  dit  de  taches  colorées.  I!  [le 
martin  pêcheur  huppé)  est  parsemé  de  gouttes 
blanches,  jetées  par  lignes  transversales  sur  un  fond 
gris  noirâtre  du  dos  à  la  queue,  Bure.  Ois.  t.  xiii, 
p.  277.  Il  T  Populairement.  Goutte  militaire,  nom 
donné  aux  blennorrhagies  devenues  chroniques, 
qui  ne  se  caractérisent  plus  que  par  une  goutte  se 
montrant  de  temps  en  temps  au  méat  uriiiaire, 
ainsi  dite  parce  qu'il  arrive  souvent  aux  soldats 
de  contracter  la  blennorrhagie.  ||  8°  Terme  de 
fondeur.  Petite  partie  tirée  d'une  fonte  d'or  et 
d'argent  qu'on  remet  à  l'essayeur  pour  en  recon- 
naître le  titre.  Prendre  la  goutte  ,  faire  essai. 
Il  9°  Terme  d'architecture.  Petits  ornements  do 
forme  conique  qui  se  placent  dans  les  plafonds. 
Il  10° Chez  les  horlogers,  petite  plaque  ronde  convexe 
d'un  côté  et  concave  de  l'autre.  |{  11"  Chez  les  po- 
tiers d'étain,  petits  trous  qui  se  forment  aux  pièces 
d'ctain  dans  les  moules.  ||  12°  Goutte  d'eau,  variété 
de  topaze.  ||  13°  Goutte  de  lin,  la  cuscute.  ||  14°  Goutte 
bleue,  volute  hispidule  (coquille).  |{  15"  Goutte  se 
joint  à  la  négation  pour  lui  donner  plus  d'énergie, 
comme  pas,  point,  et  anciennement  mie  (ces  mots 
exprimant  une  petite  quantité  en  général  et  vou- 
lant dire  qu'il  n'y  a  goutte,  pas,  point,  miette  de  la 
chose  dont  il  s'agit).  Sous  Henri,  c'est  ne  voir 
goutte  Que  de  révoquer  en  doute  Le  salut  des  fleuri 
de  lis,  MALH.  II,  2.  Pour  moi  je  ne  vois  goutte  en  ce 
raisonnement,  corn.  Nicom.  m,  4.  Quand  on  est 
mort,  qu'on  ne  voit  goutte,  Malheur  que  surtout  je 
redoute  :  Car  quand  on  ne  voit  goutte,  on  est  Cro- 
quignolé  par  qui  vous  plaît,  scarr.  Virg.  m.  ...J'a- 
voue en  bonne  foi  Que  mon  esprit  d'abord  n'y 
voyait  goutte,  la  font.  Confia.  Une  valeur  brutale 
qui  ne  voit  goutte  et  qui  ne  sait  que  mépriser  la 
vie,  n'est  pas  celle  d'un  honnête  homme  ni  d'un  roi, 
PELLISS.  Conversât,  de  /,.  Il  V  devant  l.ilk,  p.  2i 
C'était  un  temps  à  n'y  voir  goutte  du  brouillard, 
SÉV.  6(0.  Hélas!  combien  de  grands  docteurs  qui 
ne  voient  goutte,  croyant  tout  voir!  fénel.  t.xviii, 
p.  m.  Je  vous  dirai,  monseigneur,  que  je  n'entends 
goutte  à  l'être  simple  de  Wolf,  volt.  Lelt.  Prusse, 
29.  Il  16°  Goutte  à  goutte,  loc.  adv.  Goutte  après 
goutte.  Je  ne  puis  tuer  mon  esclave;  mais  je  puis 
faire  couler  son  sang  goutte  à  goutte  sous  le  fouet 
dun  bourreau,  haynal,  llist.  phil.  xi,  24.  ||  Fig.  Ce 
peuple  réprouvé  [les  Juifs]  ne  sert  plus  qu'à  mon- 
trer la  malédiction  et  la  vengeance  divine  qui  dis- 
tille sur  lui  goutte  à  goutte,  fén.  t.  xvii,  p.  <»o.  De 
mépris,  de  dégoûts,  d'outrages  ténébreux  Abi-euve 
goutte  à  goutte  un  vieillard  malheureux,  Dticis, 
Lear,  1,  4.  ||  17°  Mère  goutte,  ou  première  goutte,  le 
vin,  le  cidre  qui  coule  de  la  cuve  ou  du  pressoir, 
sans  qu'on  ait  pressuré  le  raisin,  les  pommes.  Tous 
les  ans  son  maître  d'hôtel  allait  recueillir  la  mèro 
goutte  des  meilleurs  celliers  de  Bourgogne,  mar- 
montel, Mém.  V.  Il  On  dit  aussi  vin  de  goutte. 
Il  Fig.  Pressurer  quelqu'un  jusqu'à  la  dernière 
goulte,  en  tirer  tout  ce  qu'on  peut  lui  arracher. 
Il  Proverbe.  La  goutte  creuse  la  pierre. 

—  HIST.  XII'  s.  Ne  dirai  mes  que  vecz  gote,  be- 
noît, II,  15043.  Il  XIII*  s.  Son  repaire  [de  l'étoile  po- 
laire] sevent  [ils  suivent]  à  route,  Quant  li  tan»  n'a 
de  clarté  goûte.  Tout  cil  qui  font  ceste  maistrise, 
Lais  inédits,  p.  lit.  Se  toute»  les  gcutes  de  mer  Es- 
toient  langues  por  parler,  Salut  d'amors,  dans  jobi- 
nal,  t.  II,  p.  261.  Et  c'est  bien  à  savoir  certain 
Qu'on  le  puet  bien  veoir  à  plain;  Goûte  de  rouséo 
resamble,  Quant  l'une  goûte  à  l'autre  assamblc, 
ruteb.  II,  22».  Quant  je  entrai  lean»,  le»  barooi 


1904 


COU 


Rrent  touz  li  grant  joie  que  en  no  pooit  goûte  oir, 
et  en  Uwoient  nostrc  Seigneur,  jomv.  212.  |1  xiy«  s. 
U  mcre  gouto,  c'est-à-dire  la  Heur  du  vin,  Ména- 
aier  u  <>■  Vn  chasuble,  tunique  et  dalmatiquo  do 
eam'ocai  noir,  goutté  de  goûtes  blanches,  pour  l'ol- 
lioo  des  morts,  du  canoe,  gutta.  ||  xV  s.  Oncques 
Boultc  d'eau  du  ciel  durant  six  semaines  n'y  chcjf, 
tant  fit  chaud  et  sec,  fboiss.  n,  m,  8.  Et  si  sa  dame 
ilafeni'Stre  vient  Soy  monstrer  goutte  [un  peu], 
Ou  se  le  vent  une  fenestre  boute,  Dont  il  cuide  que 
sa  dame  l'escoute,  S'en  va  coucher  joyeulx,  n'en 
faites  doubte,  A.  ciiartieb,  Poésies,  p.  65».  ||  xvi*  s. 
Eufans,  ne  pleurez  goutte,  il  est  cncores  tout 
chauld,  je  vous  le  guariray  aussi  sain  que  il  feut  ja- 
mais, RAB.  Pant.  II,  30.  Tant  qu'il  nous  demeure 
quelque  goutte  de  justice,  calv.  Inst.  583.  Ils  ne 
sont  point  une  seule  goutte  plus  purs  en  doctrine, 
Toire  s'ils  n'y  sont  plus  impurs,  iD.ib.  842.  Et  estant 
presque  hors  d'aleine,  souflloit  et  suoit  à  grosses 
gouttes,  AMYOT,  Phocion,  (3.  [Vous  qui  êtes]  la  pure 
cresme  de  nos  provinces,  la  mère  goûte  de  nos 
gouvernements,  Sat.  Mén.  Harangue  de  M.  de  Lyon. 

—  £tYM.  Bourguig.  gôte;  provenç.  et  espagn 
gola  ;  ital.  goccia  ;  du  latin  guUa,  qui  se  rattaché 
au  goth.  giutan,  verser,  allem.  giessen,  grec  x^ûw, 
rapportés  par  Bopp  au  radical  sanscrit  cud,  couler 
goutte  à  goutte. 

1.  GOUTTE  (gcu-f),  s.  f.  Il  1°  Maladie  des  petites 
articulations  caractérisée  par  de  la  rougeur,  du  gon- 
flement, de  vives  douleurs  et  par  la  facilité  avec  la- 
quelle elle  se  porte  d'une  articulation  sur  une  autio 
et  même  sur  un  viscère.  Goutte  bien  tracassée  Est, 
dit-on,  à  demi  pansée,  la  font.  Fabl.  m,  8.  11  a  un 
petit  agrément  de  goutte  à  la  main,  sÉv.  43.  11  faut 
soulfrrr  la  goutte,  quand  on  l'a  méritée,  ID.  isjuillet 
)C7).  Et  comme  en  français  vous  appelez  la  goutte 
ce  que  les  médecins  appellent  poliment  arthritis,  id. 
21  août  1680.  Mais,  sans  vouloir  tant  raisonner, 
Quand  trouverai  corps  gentil  et  cœur  tendre,  Qui 
voudra  bien  la  goutte  me  donner.  Je  suis,  abbé,  tout 
prêt  à  la  reprendre,  chaui..  à  l'abbé  Coustin.  Il  [le 
roi  de  Prusse]  a  actuellement  la  goutte  bien  serré; 
Imaginez  ce  qu'il  a  pris  :  ses  bottes  ;  son  pied  s'est 
enflé  de  plus  belle,  volt.  Lett.  Mme  Denis,  22  avril 
<762.  Soldat  bientôt,  courant  au  feu,  Je  perdis  une 
jambe  en  route.  —  Oui ,  dit  l'ange  ;  mais  avant  peu 
Cette  jambe  aurait  eu  la  goutte,  bébang.  Ange  gard. 
Il  N'avoir  pas  la  goutte  aux  pieds,  être  tout  prêt  à 
courir,  à  s'enfuir.  ||  Goutte  remontée,  goutte  qui, 
quittant  les  petites  articulations,  se  porte  sur  un  or- 
gane important.  Enfin  c'était  toute  l'apparence  de 
la  mort,  une  grosse  fiivrc,  une  oppression,  une 
goutte  remontée,  sf.v.  4H.  ||  2°  Goutte-crampe,  an- 
cien synonyme  de  crampe.  Les  gouttes-crampes 
[dans  le  choléra-morbus  de  notre  pays],  Joumof  de 
la  santé  du  roi,  p.  ^58.  ||0n  a  dit  aussi  goutte- 
grampe.  Quand  nous  fûmes  dans  Êtampe,  Nous 
parlâmes  fort  de  vous  ;  J'en  soupirai  quatre  coups, 
Et  j'en  eus  la  goutte-grampe,  voit.  Poésies,  dans 
BiCHEi.ET.  Il  8°  Goutte  sciatique ,  voy.  sciatiql'e. 
|]  4°  Goutte  sereine,  synonyme  d'amaurose.  ||  Pro- 
verbes. La  goutte  vient  de  la  goutte,  la  goutte  est 
causée  par  l'intempérance  dans  le  boire.  ||  Aux  fièvres 
et  à  la  goutte,  les  médecins  ne  voient  goutte. 

—  HIST.  xni*  s.  Li  qucns  Hues  de  Saint-Pol,  qui 
malades  estoit  d'une  grant  maladie  de  goûte,  qui  le 
tcnoitcs  génois  et  es  pies,  villeh.  cxxix.  Fait  Chan- 
teclair  :  et  je  le  voil  ;  La  maie  goûte  lui  criet  [crève] 
î'oil  Qui  s'entremet  de  sommeillierXl'eure  que  il  doit 
fsillcr,  Ben.  1702.  ||  xiv*  s.  Icellui  Thomas  ala  dévie 
à  trcspas  par  une  maladie,  si  comme  l'en  dit,  ap- 
pcllée  goûte  felonesse  [épilepsie],  nu  canoe,  gutta. 

Il  xV  s.  Icellui  jeune  enfant  estoit  entachié  d'une 
maladie  d'avertin  de  teste,  nommée  goutte,  dont  il 
chcoit  voulentiers  par  intervalles  [épilepsie],  id.  ib. 
Il  XVI*  s.  Les  goûtes  qu'on  appelle  naturelles  occu- 
pent les  jointures et  celles  do  la  verolle  occu- 
pent plustost  le  milieu  des  os,  les  rendans  carieux 
et  pourris,  paré,  ivi,  6.  Le  vocable  de  goûte,  qui  est 
fiançois,  luy  peut  avoir  esté  attribué  parce  que  les 
humeurs  distillent  goule  à  goûte  sur  les  jointures  : 
ou  pour  ce  qu8  quelquesfois  une  seule  goûte  de 
cestc  humeur  fait  douleur  trcs-grando  ....aucuns 
l'appellent  descente,  rhume  ou  catarrc,  parce  que 
le  nom  de  goûte  est  odieux  principalement  aux 
jeunes  gens,  paré,  xxi,  i.  Quand  ils  seront  de  nop- 
ces,  ils  n'auront  la  goutte  es  dents,  c  jtobave. 

—  £tym.  Provenc.  espagn.  et  portug.  gota;  ital. 
gotta.  C'est  lo  même  mol  que  le  précédent,  parce 
qu'on  attribuait  la  goulie  à  des  gouttes  d'une  hu- 
meur Ticiéc  qui  arrivaient  aux  articulations. 

t  GOUTTÉ,  ÊE  (gou-lé,  lée),  adj.  Terme  do  bla- 
son. Chargé  ou  arrosé  de  goulles  figurées. 


GOU 

COUTTBI.ETTE  (gou-te-lè-f),  S.  f.  Petite  goutte 
d'un  liquide.  Mon  SÀigneur,  je  vous  prie  que  vous 
me  donniez  une  gouttelette  de  cette  eau  que  vous 
(lonnAtesàla  Samaritaine,  uoss.  Ét.d'orais.ix,  .i.  Le 
venin  de  la  vipère  dont  une  gouttelette  peut  donner 
la  mort  à  un  grand  animal,  bonnet,  Lett.  div.  Œuv. 
t.  xii,  p.  377,  dans  pouge.ns.  ||  Terme  de  fontainier. 
Jet  d'eau  qui  s'élève  en  filets  ou  en  gouttes. 

—  HIST.  XIII»  s.  X  ce  qu'il  ert  [était]  en  tel  ba- 
lance, [ilj  Vil  devant  lui  en  une  branche  Trois  goute- 
letes  de  miel  pendre,  Vnicorne  et  serpent.  ||  xv's.  Il 
fault,  pour  l'amour  des  gens.  Ne  fust  ce  qu'une  gout- 
tette,13oire,puisquejeleliens,  BASsEL.FaudeFtVe,  27. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  jouKe;  provenç.  goleta. 

f  GOUTTER  (gou-té),  v.n.  Laisser  tomber  goutte 
à  goutte.  Les  toits  gouttent.  Mouchez-vous,  votre 
nez  goutte. 

—  HIST.  XVI*  s Les  deux  testes  tranchées  Dont 

goutte  encore  le  sang  noir  et  hideux,  des  masures, 
Enéide,  p.  408,  dans  raynouahd.  Lexique.    -. 

—  ÈlYM.  Goutte;  provenç.  gotar. 

t  GOUTTE-ROSE  (gou-te-r'ô-z') ,  s  ./".Terme  de  méde- 
cine. Ancien  nom  de  la  couperose  (voy.  couperose  2) . 

—  ÉTYM.  Goutte,  rose. 

GOUTTEUX,  EUSE  (gou-teù,  teû-z'),  adj.  ||  l-Qui 
a  la  goutte  ou  qui  y  est  sujet.  On  dit  que  ton  frent 
jaune  et  ton  teint  sans  couleur  Perdit  en  ce  moment 
son  antique  pâleur.  Et  que  ton  corps  goutteux,  plein 
d'une  ardeur  guerrière,  Pour  sauter  au  plancher  fit 
deux  pas  en  arrière,  boil.  Lutrin,  1.  M.  Conrart,  qui 
fut  horriblement  goutteux  les  trente  dernières  an- 
nées de  sa  vie,  olivet,  Ilist.  Acad.  t.  11,  Conrart. 
Il  Substantivement.  Un  goutteux.  One  goutteuse.  En 
marchant  toujours  je  clopine,  El  l'on  me  dit,  quand 
je  chemine  :  C'est  pauvre  chose  qu'un  goutteux, 
costar,  dans  richelet.  ||  Fig.  L'Europe  qui  marche 
à  béquilles,  Riche  goutteuse,  ne  croit  pas  i  la  vertu 
sous  dos  guenilles,  bébang.  Hdtons-nous.  ||  2°  S.  f. 
Goutteuse,  le  strombe  scorpion,  coquille. 

—  HIST.  xn*  s.  E  les  morz  fait  revivre,  mutz  par- 
ler, surz  oîr.  Les  contraitz  redrescier,  gutus,  fe- 
vrus  [fiévreux]  guarir,  Idropikes,  leprus  en  santé 
restablir.  Th.  le  mart.  <58.  ||xvi'  s.  Les  femmes  ne 
sont  point  goûteuses  pondant  qu'elles  ont  leurs  mois, 

PARÉ,  XXI,    12. 

—  ÉTYM.  Goutte  2;  provonç.  gotos;  espagn.  go- 
toso ;  ital.  goltoso. 

t  GOUTTIER,  ÈRE  (gou-tié,  tiè-r'),  adj.  Qui 
tombe  comme  par  une  gouttière.  Il  est  certain  que 
ces  mêmes  cavités  se  rempliraient  de  nouveau  d'une 
matière  toute  semblable  par  les  mêmes  moyens  de 
l'infiltration  et  du  dépôt  des  eaux  gouttières  qui  pas- 
sent à  travers  les  couches  supérieures  de  la  terre  et 
les  joints  des  bancs  calcaires,  buff.  Miner.  1. 1,  p.  4 1 2. 

—  ÉTYM.  Goutte  ) . 

GOUTTIÈRE  (gou-liè-r') ,  s.  f.  \\  1°  Bord  infé- 
rieur des  toits  d'où  l'eau  tombe  par  gouttes  quand 
il  pleut.  Et  les  nombreux  torrents  qui  tombent 
des  gouttières.  Grossissant  les  ruisseaux ,  en  ont 
fait  des  rivières,  boil.  Sat.  vi.  Quelle  tombe  !  ah  I 
monsieur,  ils  me  l'ont  mis  sous  une  gouttière, 
ha  qui  depuis  l'âge  de  raison  n'avait  pas  bu  un  verre 
d'eau!  marmontel,  Mém.  vi.  ||  Fig.  S'il  [Pontchar- 
Irain]  n'était  pas  en  état  de  présenter  un  mémoire 
de  cette  lrau.scendance,  [il  devait]  se  laire  et  tendre 
le  dos  en  silence  sous  la  gouttière,  st-si.m.  425, 
<30.  Il  Par  extension,  le  toit Elle  a,  dans  sa  gout- 
tière, À  suivre  Jupiter  passé  la  nuit  entière,  boil. 
Sat.  X.  Et  quel  fâcheux  démon  durant  les  nuits  en- 
tières Rassemble  ici  les  chats  de  toutes  les  gouttiè- 
res? m.  «6.  VI.  L'auteur  des  Chats  [Moncrifj  n'est  p.is 
trop  fait  pour  juger  Pierre  le  Grand  ;  il  y  a  loin  de 
sa  gouttière  au  Volga  et  au  Jaïk,  volt.  Lett.  d'Ar- 
génial,  27  oct.  I780.  ||  2°  Par  la  métonymie  du  lieu 
où  une  chose  se  fait  à  la  chose  elle-même.  Canal 
demi-cylindrique  ordinairement  en  zinc  ou  en  fer- 
Manc,  attaché  au-dessous  du  bord  inférieur  des 
toits,  pour  recevoir  l'eau  de  la  pluie  et  la  conduire 
soit  dans  une  citerne,  soit  dans  le  ruis.seau.  ||  En 
gouttière,  en  forme  de  gouttière.  La  pointe  de  la 
mandibule  inférieure  [chez  les  pétrels)  est  creusée 
en  gouttière,  Bi  fp.  Ois.  t.  xvii,  p.  431.  ||  8°  Terme 
de  sellier.  Grande  bande  de  cuir  qui  borde  l'impériale 
du  carrosse  et  empêche  la  pluie  d'entrer  par  les  por- 
tières. Il  4°  Sillon  dans  certaines  coquilles  univalves. 
Il  Terme  de  vénerie.  Raies  creuses  qui  régnent  le  long 
des  perches  de  la  tête  du  cerf  et  du  chevreuil. 
Il  B'Tcrmed'anatomie.  Rainure  creusée  sur  la  surface 
d'un  os.  Il  Terme  de  vétérinaire.  Gouttières  des  jugu- 
laires, excavations  longitudinales  que  l'on  remarque 
surles  deux  faces  de  l'epcoluredu  cheval.  |1  6"  Terme 
de  chirurgie.  Appareil  de  fil  de  fer,  matelassé  en  de- 
dans, employé  dans  toutes  les  lésions  articulaires  et 


GOU 

les  fractures.  Il  7°  Terme  de  relieur.  La  goutti': 
d'un  livre,  côté  du  volume  qui  est  opposé  au  dos,  1'. 
qui  a  une  légère  forme  de  gouttière.  ||  Terme  • 
lourbisseur.  Croix  sur  les  faces  des  lames  de  s;ili 
ou  d'épée.  ||  Terme  de  graveur.  Petit  canal  pour  vp: 
ser  plus  commodément  l'eau-forte  après  qu'elle  ; 
mordu.  ||  Terme  de  menuiserie.  Ravalement  circu- 
laire fait  dans  la  feuillure  d'une  pièce  d'appui  à". 
croisée,  pour  recevoir  l'eau  qui  y  est  apportée  par 
le  jet  (l'eau  du  châssis.  ||  8°  Terme  d'eaux  et  forêts. 
Gouttière,  synonyme  de  gélivure.  ||  9°  Terme  de 
marine.  Longue  pièce  de  bois  creusée  qui  règne  au- 
tour des  ponts  pour  l'écoulement  des  eaux.  ||  Gout- 
tières renversées,   sortes  d'hiloires  qui  consoliden' 
le  faux-pont.  Il  10°  Pièces  de  cire  blanche  creusées 
en  forme  de  bière,  que  les  quatre  barons  de  l'évéché 
d'Orléans  présentaient  chaque  année  dans  l'église 
de  Sainte-Croix,  en  expiation  du  meurtre  de  Ferri  de 
Lorraine,  assassiné  en  (229  par  ces  barons.  ||  !!•  In- 
secte nommé  aussi  bouclier  lisse. 

—  HIST.  xir  s.  Gutieres  degutanz  sur  terre.  Liber 
pso/tn.  p.  84.  Il  xur  s.  Et  se  li  murs  est  entre  deus 
tores,  cascuns  a  l'aisement  du  mur  et  pot  mesouer 
dessus,  en  tolo  manière  que  cascuns  mole  goutiero 
par  devers  soi,  beaum.  xxiv,  22.  Or  sui  ausi  corn  li 
mcsriens  Oui  porrist  desouz  la  goutiero,  ruted.  310. 
Il  xv°  s.  Une  garniture  de  lict  dotamp,  c'est  assa- 
voir le  ciel,  goutiero  [bandes  d'étoffe  pendant  en 
haut  des  rideaux],  Bibl.desch.  6'  série,  t.  i,  p.  352. 
Lo  bonhomme....  est  ainsy  accoutumé  à  noises  et  à 
travail  comme  goutieres  à  pluye.  Les  «6  joyes  de 
mariage,  p.  8i.||xvi«  s.  Cesluy-ci  [Auguste]  avoit 
esté  juge  universel  du  monde  à  dix-neuf  ans,  et 
veult  [dans  une  loi]  que,  pour  juger  de  la  place 
d'une  gouttière,  on  en  ayt  trente,  mont,  i,  407.  Ces 
ordinaires  gouttières  [ennuis  continuok]  me  man- 
gent, id.  IV,  72.  C'est  pour  le  mioulxque  j'ai  lagra- 
velle  ;  les  basliments  de  mon  aage  ont  naturelle- 
ment à  soufi'nr  quoique  gouttière,  in.  iv,  269.  Nul 
ne  peut  avoir  entrée,  issue,  glaçoir  [lieux  d'aisance], 
évier,  egout  ou  gouttière  sur  son  voisin,  s'il  n'a  ti- 
tre, loysel,  293.  Il  jugeoitun  vieil  cerf  à  la  perche, 
aux  espois,  X  la  meule,  andouillers  et  à  l'embrunis- 
seure,  Â  la  grosse  perleuro,  aux  gouttières,  aux  cors, 
BONS.  2 1 0.  Ce  fut  au  visceroy  à  se  sauver  par  la  porto 
de  derrière,  de  muraille  en  muraille,  de  goutyer( 
en  goutyere,  bhant.  Lannoy. 

—  ÉTYM.    Goutte;  provenç.   et  espagn.   fftàra 
portug.  goteira. 

t  GOUVERNABLE  (gou-vèr-na-bl'),  adj.  Néolo- 
gisme. Qui  peut  être  gouverné.  Ce  peuple  n'est  pai 
gouvernable. 

GOUVERNAIL  (gou-vèr-nall ,  Il  mouillées,  et  non 
gou-vèr-naye),  s.  m.  \\  1°  Nom  d'une  pièce  de  bois 
longue,  plate  et  large,  qui  est  placée  à  l'arrière 
dos  vaisseaux  ou  bateaux,  i>longo  dans  l'eau,  divise 
les  vagues  par  le  mouvement  qu'elle  reçoit  du  ti- 
monier, et  son  à  la  conduite  du  bâtiment,  en  fai- 
sant tourner  l'avant  du  côté  opposé  à  celui  où  l'on 
tourne  le  gouvernail.  La  barre  du  gouvernail.  Je 
pris  le  gouvernail  en  main,  fén.  Tél.  rv.  ||  Gouver- 
nail de  drisse,  barre  de  fer  nommée  aussi  guide 
de  drisse.  Gouvernail-fougue,  sorte  de  gouvernail 
supplémentaire.  Il  2°  Fig.  Il  se  dit  en  parlant  du 
gouvernomenl  d'un  État.  Abandonner  le  gouver- 
nail. Durant  cette  tempête,  n'a-t-il  pas  [le  car- 
dinal de  Richelieu]  tenu  lo  gouvernail  d'une  main 
et  la  boussole  do  l'autre?  voit.  Lett.  74.  ||  3*  Queue 
d'un  moulin  à  vent  servant  à  le  faire  tourner,  do 
manière  à  présenter  les  ailes  au  vent.  ||  4"  Dans  un 
paquet  de  barres  à  forger,  celle  du  milieu,  dont  la 
longueur  excède  celle  des  autres.  ||5°  Fil  de  fer 
qui  sert  à  acconler  des  tuyaux  d'anche. 

—  REM.  Autrefois  le  pluriel  de  ce  mot  était  en 
aux,  les  gouvcrnaux,  qui  est  dans  Richelet.  Au- 
jourd'hui on  dit  les  gouvernails. 

—  HIST.  III*  s.  La  neif  veiz  [tu  vois]  tûtes  para 
on  tempestes  gésir  ;  J'en  tieng  le  guvernail,  tu  me 
rovos  [demandes  de]  dormir.  Th.  le  mart.  87. 
Ixiii*  s.  Car  à  mervoUe  est  bons  li  vons;  Li  go- 
vernaus  siet  bien  et  droit;  La  nés  [nef]  s'en  va 
à  grant  esploit,  Partonop.  v.  736.  En  ces  nefz  do 
Marseille  a  deux  gouvernaus  qui  sont  attacher  à 
deux  tisons  [poutres]  si  merveilleusement,  que,  si 
tost  comme  l'en  auroit  tourné  un  roncin,  l'en  peut 
tourner  la  nef  à  destro  et  à  senestre,  jomv.  287. 
Il  XVI*  s.  Dieu  tient  le  clou  du  gouvernail,  poat 
tourner  leurs  elTors  à  exécuter  ses  jugemens,  CAlv 
Instil.  f«o. 

—  ÉTYM.  Lat.  gubemaculum,  de  gubemare,  gou- 
verner. 

GOUV'ÏRNANCK  (gou-vèr-nan-s'),  »  f.  Il  1*  Juri- 
diction qui  existait  dans  quelques  villes  des  Pays- 


GOU 

.   Bas  et  à  la  tête  de  laquelle  était  le  gouverneur.  La 
gouvernance  d'Arras,  de  Lille.  H  2°  Place  de  gou- 
vernante.   Nous   fûmes   hier,  monsieur  le   comte, 
:Iiez  vos  amies  de  Leuville  et  d'Effiat;  elles  réce- 
nt les  compliments  de  la  réconciliation  et  de  la 

•  ernance  [des  enfants  de  Monsieur],  sÉv.  391. 

—  HIST.  .tv"  s.  Chevalier,  dist  la  voix,  la  maie 
gouvernance  [conduite]  de  la  personne  le  mené  à 
puante  dn.  Pcrcefor.  t.  v,  f°  95.  Amours  no  veult 

rj  autre  pa.sture  Oue  doulce  loyal  gouvernance  :  C'est 
<  '  j^'<-\x,  et  c'est  sa  substance,  C'est  tout  son  bien,  je 

•  le  jure,  al.  chartier,  Poésies,  Œuv.  p.  770. 
ÉTYM.  Gouvernant. 

(lOUVERXANT,  ANTE  (pou-vér-nan,  nan-t'), 
.  Qui  gouverne.  Le  parti  gouvernant.  La  faction 
pùuvornante.  ||  Au  plur.  Les  gouvernants,  ceux  qui 
I  tiennent  le  gouvernement.  Nos  gouvernants,  pris  de 
I  vertige,  Des  biens  du  ciel  triplant  le  taux,  Font 
mourir  le  fruit  sur  la  tige.  Du  travail  brisent  les 
i'  marteaux,  bérang.  Contrebandiers. 
'  —  HIST.  XV"  s.  Le  dit  duc  de  Sombreset  gouver- 
;  nant  pour  le  roy  d'Angleterre,  berry,  Chron.  depuis 
I  14(12  jusqu'à  (401 ,  dans  lacurne. 
i  GOUVERNANTE  (gou-vèr-nan-f) ,  s.  f.  \\  1°  Fem- 
I  me  d'un  gouverneur  de  province,  de  place.  Il  y  est 
trÈs-souvent  question  de  Mme  la  gouvernante  de 
Provence/ .  'est  ainsi  que  M.  de  Chaulnes  vous 
nomme,  se'v.  76.  ||  2"  Femme  qui  a  le  gouvernement 
d'une  province,  d'une  ville.  Plusieurs  princesses  de 
la  maison  d'Autriche  ont  été  gouvernantes  des  Pays- 
Bas.  Il  3°  Femme  à  qui  l'on  confie  l'éducation  d'un 
ou  de  plusieurs  enfants.  Ne  reconnaîtriez-vous  pas 
dans  ce  portrait  que  je  viens  de  faire,  tous  les  traits 
d'une  dame  illustre,  capable  de  former  l'esprit  et  le 
cœur  des  enfants  du  plus  grand  monarque  du  monde, 
de  leur  inspirer  des  paroles  et  des  pensées  dignes 
de  leur  rang  et  de  leur  naissance,  d'imprimer  dans 
leurs  âmes  encore  tejidros  ces  sentiments  élevés  qui 
distinguent  les  âmes  royales  des  âmes  du  commun, 
de  leur  apprendre  l'art  de  se  faire  aimer  de  leurs 
sujets  avantqu'ils  sachent  se  faire  craindre  de  leurs 
ennemis,  de  soutenir  la  gloire  et  l'espérance  d'un 
grand  royaume;  en  un  mot  d'être  gouvernante  d'un 
dauphin  de  France?  FLÉcif.  Mme  de  Montausier.  Si, u- 
vent  une  mère  qui  passe  sa  vie  au  jeu,  à  la  comé- 
die et  dans  des  conversations  indécentes,  se  plaint 
d'un  ton  grave  qu'elle  ne  peut  pas  trouver  une  gou- 
vernante capable  d'élever  ses  fiUes,  fén.  Éducal. 
filles,  ch.  (3,  Il  Sous-gouvernante ,  femme  placés 
sous  une  gouvernante  pour  l'aider.  Votre  prince  a 
de  très-bonnes  sous-gouvernantes  et  un  fort  bon 
médecin,  maintenon,  Letl.  à  Mme  de  Ventadour, 
ïo  avril  I7{2.  ||  4°  Dame  chargée,  à  la  cour,  de  la 
conduite  de  certaines  jeunes  filles  ou  jeunes  dames. 
Mme  de  Maintenon  se  contenta  de  demander  pour 
son  amie  la  marquise  de  Montchevreuil  la  place  de 
gouvernante  des  filles  d'honneur,  et  elle  l'obtint, 
GENLis,  Mme  de  Maintenon,  t.  ii,  p.  36,  dans  polgens 
(au  mot  fille).  \\  5°  Femme  qui  a  soin  du  ménage 
d'un  homme  seul.      »• 

—  IIIST.  xvi'  s.  Canachus,  voulant  donner  à  en- 
tendre que  oisifvelé,  paresse,  nonchaloir  estoyent 
les  gouvernantes  de  ruffiennerye,  feit  la  statue  de 
Venus  assise,  bab.  Pant.  m,  31. 

—  ÉTYM.  Gnurernant. 

GOUVERNE  (gou-vèr-n'),  s.f.\\  1°  Terme  de  com- 
,  merce.  Ce  qui  doit  servir  de  règle  de  conduite  dans 
une  affaire.  Cette  lettre  vous  servira  de  gouverne. 
Il  Par  extension.  Je  vous  dis  cela  pour  votre  gou- 
verne. Il  2°  Terme  de  marine.  Aviron  de  gouverne, 
aviron  disposé  comme  une  godille  et  destiné  à  faire 
tourner  soudainement  une  embarcation. 

—  IIIST.  XIV"  s.  Les  enfans  doivent  estre  àla  gou- 
verne de  la  mère,  boutillier,  Somme  rural,  ii,  8. 
Il  XV"  s.  Exposer  par  articles  de  poinct  en  poinct 
toute  la  gouverne  du  royaume,  monstrelet,  t.  i, 
f'  220,  dans  haynouard,  Lexique. 

—  Stvm.  Voy.  gouverner ;provenç.  govern,  s.  m.; 
catal.  gnhern;  espagn.  gobierno  ;  ital.  governo. 

GOUVERNÉ,  ÉE  (gou-vcr-né,  née),  part,  passé 
de  gouverner  ||  1"  Dirigé.  Le  navire  gouverné  par  le 
pilote.  Il  2°  Fig.  Régi.  Un  peuple  gouverné  par  un  roi 
sage.  Rome,  depuis  trois  ans  par  ses  soins  gouvernée, 
Au  temps  de  ses  consuls  croit  être  retournée,  rac. 
Brit.  I,  *.  Il  S.  m.  pi.  Les  gouvernés,  les  sujets,  ceux 
qui  obéissent.  ||  3°  Soumis  à,  en  parlant  de  cer- 
taines obligations  ou  de  sentiments  auxquels  on 
obéit.  Le  Soudan,  comme  lui  gouverné  par  l'hon- 
neur.... VOLT.  Zaïre,  ii,  3.  ||  4°  Qui  se  laisse 
conduire,  diriger.  Un  homme  gouverné  par  sa 
femme.  ||  S'Administre.  Un  ménage  gouverné  par 
une  femme  de  tête.  ||  6°  Terme  de  grammaire. 
Régi.  Les  cas  gouvernés  par  les  prépositions  en  latin. 

DICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


GOU 

t  GOtrVERNEAU  (gou-Tèr-nft) ,  s.  m.  Terme  ài 

papeterie.  Synonyme  de  gouverneur. 

GOUVERNEMENT  (gou- vèr-ne  -  man) ,  s.  m. 
||1°  Action  de  gouverner,  de  régir.  Le  gouverne- 
ment d'une  banque,  d'un  ménage.  La  sage  abbesse, 
qui  la  crut  capable  de  soutenir  sa  réforme,  la  des- 
tinait au  gouvernement  [de  l'abbaye  de  Sainte- 
Fare],  boss.  Anne  de  Gonz.  \\  Avoir  quelque  chose 
on  son  gouvernement,  être  chargé  d'en  avoir  soin. 
Cette  femme  a  la  vaisselle  et  le  linge  en  son  gou- 
vernement. Il  Le  gouvernement  des  Ames,  la  direc- 
tion morale,  religieuse  qu'on  donne  aux  âmes.  Eh 
quoi  I  l'art  des  arts,  le  gouvernement  des  âmes 
demande-t-il  moins  de  talents  que  les  occupations 
frivoles  et  les  inutilités  de  la  terre?  mass.  Pensées, 
Choix  d'un  état.  \\  2°  Particulièrement.  Autorité  qui 
régit  un  État;  constitution  d'un  État.  Gouvernement 
monarchique,  républicain,  représentatif.  Le  roi, 
ayant  sur  lui  tout  le  gouvernement  de  son  peuple, 
lui  donna  [à  M.  de  Montausier]  toute  la  conduite  de 
son  fils,  FLÉCH.  M.  de  Montausier.  La  science  des 
détails  ou  une  diligente  attention  aux  moindres 
besoins  de  la  république  est  une  partie  essentielle 
au  bon  gouvernement,  la  bruy.  x.  Il  y  a  trois  es- 
pèces de  gouvernement  :  le  républicain,  le  monar- 
chique et  le  despotique  ;  pour  en  découvrir  la  na- 
ture, il  suffit  de  l'idée  qu'en  ont  les  hommes  les 
moins  instruits;  je  suppose  trois  définitions  ou 
plutôt  trois  faits  :  l'un  que  le  gouvernement  répu- 
blicain est  celui  où  le  peuple  en  corps,  ou  seule- 
ment une  partie  du  peuple,  a  la  souveraine  puis- 
sance; le  monarchique,  celui  où  un  seul  gouverne, 
mais  par  des  lois  fixes  et  établies;  au  lieu  que, 
dans  le  despotique,  un  seul,  sans  lois  et  sans  règle, 
entraîne  tout  par  sa  volonté  et  par  ses  caprices. 
MONTESQ.  Esp.  II,  I .  Il  y  a  cette  différence  entre  la 
nature  du  gouvernement  et  son  principe,  que  sa 
nature  est  ce  qui  le  fait  être  tel,  et  son  principe 
ce  qui  le  fait  agir,  m.  ih.  m,  \ .  Cette  république 
qui  conquiert  ne  peut  guère  communiquer  son 
gouvernement  et  régir  l'État  conquis  selon  la  forme 
de  sa  con.stitution....  une  monarchie  peut  plus  aisé- 
ment communiquer  son  gouvernement,  parce  que  les 
officiers  qu'elle  envoie  ont  les  uns  la  puissance  exécu- 
trice civile,  e  les  autres  la  puissance  exécutrice  mili- 
taire; ce  qui  n'entraîne  pas  après  soi  le  despotisme, 
iD.  ïb.  XI,  19.  Un  Suisse,  un  Hollandais,  un  noble 
Vénitien,  un  pair  d'Angleterre,  un  cardinal  de 
l'Empire  disputaient  un  jour  en  voyage  sur  la  pré- 
férence de  leurs  gouvernements;  personne  ne  s'en- 
tendit; chacun  demeura  dans  son  opinion,  sans  en 
avoir  une  bien  certaine,  volt.  Dict.  phil.  Gouvern. 
§  2.  Le  meilleur  des  gouvernements  n'est  pas  celui 
qui  fait  les  hommes  les  plus  heureux,  mais  celui 
qui  ftiit  le  plus  grand  nombre  d'heureux,  duclos, 
Consid.  mœurs,  16.  Cette  grande  question  du  meil- 
leur gouvernement  possible  me  paraissait  se  réduire, 
à  celle-ci  :  quelle  est  la  nature  du  gouvernement 
propre  à  former  un  peuple  le  plus  vertueux,  le  plus 
éclairé,  le  plus  sage,  J.  J.  Bouss.  Confess.  ix.  Le  gou- 
vernement n'est  pas  institué  pour  l'aise  et  la  commo- 
dité de  ceux  qui  gouvernent,  Mirabeau,  Collection, 
t.  m,  p.  2.  Il  Absolument,  le  gouvernement  se  dit 
pour  le  gouvernement  des  États.  La  science  du  gou- 
vernement. Le  gouvernement  est  un  ouvrage  de  rai- 
son et  d'intelligence,  boss.  Politique,  v,  i,  1. 1|  Gou- 
vernement civil  ou  séculier,  gouvernement  considéré 
quant  aux  afi'aires  temporelles,  par  opposition  au 
gouvernement  ecclésiastique  ou  religieux.  J'avoue 
que  nos  calvinistes  paraissent  bien  éloignés  de  cette 
doctrine,  et  je  trouve  non-seulement  dans  Calvin, 
comme  je  l'ai  déjà  dit,  mais  encore  dans  les  synodes 
nationaux,  des  condamnations  expresses  de  ceux  qui 
confondent  le  gouvernement  civil  avec  le  gouverne- 
ment ecclésiastique,  boss.  Var.  x,  §  2o.  Prudence, 
de  toutes  les  vertus  requises  pour  le  gouvernement, 
voilà  sans  contredit  la  plus  importante  ;  voilà  l'âme 
de  tout  gouvernement,  soit  séculier,  soit  religieux, 
doubdal.  Pensées,  t.  ii,  p.  476.  ||  Gouvernement  mi- 
litaire, gouvernement  qui  repose  sur  l'armée.  Les 
empereurs  [romains]  ayant  établi  un  gouvernement 
militaire,  ils  sentirent  bientôt  qu'il  n'était  pas  moins 
contre  eux  que  contre  leurs  sujets  ;  ils  cherchèrent 
à  le  tempérer;  ils  crurent  avoir  besoin  des  dignités 
et  du  respect  qu'on  avait  pour  elles,  montesq.  Esp. 
VI,  15.  Il  Gouvernement  impérial,  nom  donné,  dans 
le  langage  colonial  en  Angleterre,  au  vaste  en- 
semble de  colonies  et  de  royaumes  que  les  Anglais 
ont  fondés  ou  qu'ils  protègent  sur  les  côtes  de  tous 
les  océans,  et  à  l'égard  desquels  le  chef  de  l'État 
n'exerce  qu'une  sorte  de  suzeraineté.  ||  3°  11  se  dit 
du  pouvoir  suprême  de  Dieu.  El  certes  où  en  se- 
rions-nous si  cette  règle  [se  tenir  dans  Te  devoir] 


GOU 


1905 


était  abolie  T  s'il  fallait  que  le  gouvernement  du 
monde  roulât  sur  ce  principe,  que  les  hommes, 
conséquernment  à  la  prédestination  de  Dieu,  ne 
sont  plus  maîtres  de  leur  volonté?  où  en  serait,  je 
ne  dis  pas  le  christianisme  et  la  religion,  mais 
même  la  police  qui  maintient  tous  les  états? 
BOURiuL.  Carême,  Sur  la  prédestin.  Quelle  idée 
aurions-nous  de  la  Providence  dans  le  gouverne- 
ment de  l'univers,  si  nous  ne  jugions  de  sa  sagesse 
et  de  sa  justice  que  par  les  diverses  destinées  qu'elle 
ménage  ici-bas  aux  hommes!  mass.  Arent,  Jug. 
univ.  Il  4°  Manière  de  gouverner.  Gouvernement 
ilespotique,  tyrannique.  Il  avait  même  été  plusieurs 
fois  à  la  maison  d'Appius,  son  nevci  ,  pour  lui  re- 
présenter l'injustice  de  son  gouvernement,  vEnroT, 
Révol.  rom.  v,  p.  30.  ||  B°  Ceux  qui  gouvernent. 
Ceux  qui  aiment  le  gouvernement  et  ceux  qui  le 
haïssent,  voit.  Lett.  83.  Le  caniinal  de  Richelieu 
mourut  peu  regretté  de  son  maître,  qui  craignit  de 
lui  devoir  trop;  le  gouvernement  passé  fut  odieux  ; 
ainsi,  de  tous  les  ministres  le  cardinal  Mazarin, 
plus  nécessaire  et  plus  important,  fut  le  seul  dont  le 
crédit  se  soutint,  boss.  le  Tellier.  Dans  tous  les  lieux, 
sans  cesse  ouvrant  l'œil  et  1  oreille,  En  paraissant 
dormir  le  gouvernement  veille  [à  Venise],  ddcis,0(/i. 
Il,  7.  Il  Gouvernement  provisoire,  nom  de  dilTérenls 
gouvernements  qui  tinrent  en  France  l'intervalle 
entre  un  gouvernement  qui  tombait  et  un  autre 
qui  s'installait.  {|  Gouvernement  révolutionnaire, 
nom  qui  fut  donné  à  la  dictature  instituée  en  1793 
sur  la  proposition  de  Saint-Jusf.  ||  8°  Charge  d'un 
gouverneur  dans  une  province,  dans  une  ville, 
dans  une  place  forte,  dans  une  maison  royale. 
Il  eut  le  gouvernement  du  château  de  Compiègne. 
Quelle  pensez-vous  que  fut  son  occupation  dans 
ses  gouvernements?  la  justice,  fiéch.  Ouc  de  Mont. 
Il  Ville,  pays  régi  par  un  gouverneur.  Quand  il  vint 
s'établir  dans  son  gouvernement,  Il  avait  pour  cor- 
tège un  laquais  seulement,  boursault,  Fabl.  d'És. 
Il,  6.  C'étaient  des  seigneurs  [les  seigneurs  russes] 
Hers  de  leur  existence  au  milieu  de  leurs  vastes 
possessions;  car  le  territoire  presque  entier  du  gou- 
vernement de  Moscou  leur  appartient,  et  ils  y  ré- 
gnent sur  un  million  de  serfs,  ségur,  llist.  de  Nap. 
VIII,  1.  Il  Division  militaire  de  la  France  avant  (789. 
Il  L'hôtel  du  gouverneur.  J'ai  diné  au  gouverne- 
ment. Le  maréchal  de  Lorge  s'établit  [à  Landau) 
au  gouvernement  chez  Melac  qui  lui  était  fort  at- 
taché, ST-SlM.  29,  80. 

—  HIST.  XIV"  s.  El  [les  femmes]  ne  mainent  pas 
ou  [au]  gouvernement  les  concupiscences,  mes  sont 
menées  par  elles,  oresmk,£'(/i.  204.  ||  xv"s.  Il  levoit 
la  moitié  de  leurs  revenues  et  laissoit  l'autre  moitié 
pour  le  douaire  et  le  gouvernement  de  leurs  fem- 
'mes  et  de   leurs  enfans,  froiss.  i,  i,  «5.  Et  s'estoil 

mis  en  mer  en  un  autre  port,  au  gouvernement 
d'un  marinier,  qu'on  appeloit....  ID.  i,  i,  (&9.  Le 
livre  du  gouvernement  des  roys  et  princes.  Bit?.  dr$ 
ch.  6"  série,  t.  i,  p.  360.  Il  faut  blandir,  il  faut  lar- 
der [flatter]  Ceuls  qui  ont  le  gouvernement.  Et  dire 
qu'ils  font  saigement,  eust.  hesch.  Poésies  mss. 
f"  293.  Car  seignourir  [il]  se  doit  premièrement  Et 
corrigier  pour  l'exemple  d'autrui.  Qui  veut  avoir 
commun  gouvernement,  lO.  Des  vertus  nécess.  au 
prince.  Une  femme  de  mal  recapte  ou  petit  gou- 
vernement [femme  de  mauvaise  vie),  du  canoë, 
femina.  Ceulx  qui  estoient  commis  en  aulcuns  of- 
fices ou  gouvernemens  furent  déposez,  i.  lefêvbe 
DE  ST  BEMY,  Jlist.  de  Charles  YI,  p.  29,  dans  la- 
curne. Tant  feirent  que  par  grans  et  cruels  assaux 
boutèrent  le  feu  dedans;  lequel,  tant  qu'il  trouva 
gouvernement  [aliment],  ne  cessa  d'ardre  maisons, 
et  en  ardit  plus  de  soixante,  monstbelet,  ch.  93, 
p.  (49,  dans  LACURNE.  Il  XVI"  s.  La  première  est  que 
gens  de  mauvais  gouvernement  [vie]  ne  soyent.avec 
grand  opprobre  de  Dieu,  contez  au  nombre  des  chres- 
tiens,  CALV.  Instit.  988.  Nous  usons  quelquefois  de 
prépositions  avec  leur  gouvernement  pour  conjonc- 
tions, principalement  do  cette  sorte  :  par  ce  que.... 
ROB.  ESTiENNE,  Gramm.  franc,  p.  »7,  dans  lacibne. 

—  ÉTYM.  Gouverner;  provenç.  goremament  ; 
espagn.  goberniamento  ;  ital.  goremamento. 

f  GOCVERNE.MENrAL,  ALE  (gou-yèr-ne-man- 
tal,  ta-l'),  adj.  Qui  appartient  à  l'autorité  supérieure. 
Le  pouvoir  gouvernemental.  ||  Se  dit  aussi  des 
hommes  qui  appuient  le  gouvernement.  Parti  gou- 
vernemental. 

—  REM.  Ce  mot  est  un  néologisme  fort  lourd,  mai» 
qui  est  régulier  et  dont  l'usage  se  consolide. 

GOUVERNER  (gou-vèr-né),».  o.  ||  1°  Diriger  avec 
le  gouvernail  (ce  qui  est  le  sens  étymologique).  On 
ne  choisit  pas  pour  gouverner  un  vaisseau  celui  des 
voyageurs  qui  est  de  meilleure   maison,  pascal, 

i    —  239 


i9or. 


fion 


Pensées,  art.  v,  <»,  édit.  lahube,  tuno.  ||  Ahsnlti- 
mcnt.  «c  pilote  gouverne  bien,  gouverne  mal.  Où 
va-l-il?  il  gouverne  au  berceau  ilu  soleil  [vers  l'O- 
rientj,  LAMAHT.  Ilarold,  ui.  ||  Gouverner  à  la  lame, 
fuir  vent  arrière  par  un  très-gros  temps  pour  éviter 
de  recevoir  «les  lames.  Gouverner  sur  son  ancre, 
sur  sa  bouée,  se  dit  lorsqu'élant  au  mouill;ige  dans 
une  rivière,  l'action  iriégulicre  du  courant  fait 
faire  au  navire  de  grandes  embardées.  Gouverner 
à  telle  aire,  à  tel  vent,  courir  sur  cette  aire  de  vent, 
(iouverner  où  est  le  cap,  se  maintenir  dans  la  route 
i|ue  l'on  suit  actuellement.  Gouverner  à  barre 
franche,  gouverner  à  la  roue,  suivant  qu'on  ma- 
nœuvre le  gouvernail  avec  une  simple  barre  ou 
avec  une  roue.  {|  Fig.  et  familièrement.  C'est  lui 
mii  gouverne  la  barque,  c'est  lui  qui  a  la  direc- 
tion lie  l'entreprise,  de  l'alFaire.  ||  Bien  gouver- 
ner sa  barque,  conduire  sagement  sa  fortune. 
Il  2°  Par  extension,  diriger,  conduire.  On  n'est  point 
encore  parviinu  à  gouverner  les  aérostats.  Ce  coclier 
ne  sait  pas  gouverner  ses  chevaux.  On  s'aperçut 
d'abord  à  la  maniôre  dont  llobad  gouvernait  son 
cheval  que  ce  n'était  pas  à  un  homme  comme  lui 
que  le  ciel  réservait  le  sceptre  de  Babylone,  volt. 
Zadig,  (».  Il  Fig.  11  semblait  à  son  gré  gouverner  le 
tonnerre,  rac.  Esth.  m,  o.  ||  3°  Fig.  Régir,  conduire 
avec  autorité.  C'est  au  père  à  gouverner  ses  enfants. 
Prétendrais-tu  nous  gouverner  encor  ,  Ne  sachant 
pas  te  conduire  toi-même?  la  font.  Fabl.  vi,  c. 
La  reine  obtint  aui  catholiques  le  bonheur  singulier 
d'être  gouvernés  successivement  par  trois  nonces 
apostoliques,  Boss.  Reine  d'Anglet.  Je  ne  vois  rien 
de  plus  remarquable  que  le  jugement  si  réglé  avec 
lequel  elle  [une  ahbessej  a  gouverné  les  dames  (|ui 
lui  étaient  confiées,  id.  Ynl.  de  Monterby.  Qu'aux 
larmes,  au  travail  le  peuple  est  condamné,  El  d'un 
sceptre  de  fer  veut  être  gouverné,  rac.  Àlbal.  iv,  3. 
Dans  les  mains  des  Persans  jeune  enfant  apporté. 
Je  gouverne  l'empire  où  je  fus  acheté,  m.  Eilh.  ii, 
i.  Pendant  que  Home  no  domina  que  dans  l'ilalie, 
les  peuples  furent  gouvernés  comme  des  confédé- 
rés :  .on  suivait  les  lois  de  chaque  république, 
MONTtSQ.  Esp.  XI,  (9.  Que  les  peuples  vaincus  gou- 
vernent les  vainqueurs,  volt.  Orphel.  v,  6.  Quelle 
est  donc  la  destinée  du  genre  humain?  presque  nul 
gr.md  [leuptc  n'est  gouverné  par  lui-même,  id.  Dicl. 
phil.  Couxern.  §  2.  Un  aigle  gouvernait  les  oiseaux 
fe  tout  le  pays  d'Ornithie;  il  est  vrai  qu'il  n'avait 
d'autre  droit  que  celui  de  son  bec  et  de  ses  serres; 
mais  enfin,  après  avoir  pourvu  à  ses  repas  et  à  ses 
plaisirs,  il  gouverna  aussi  bien  qu'aucun  autre  oi- 
seau de  proie,  lo.  ib.  §  4.  ||  Absolument.  Le  roi 
règne  et  ne  gouverne  pas,  dans  le  régime  parlemen- 
taire. Eux  qui,  pour  gouverner,  sont  les  premiers  des 
hommes,  corn.  Nicom.  v,  l .  Le  lion,  pour  bien  gou- 
verner, Voulant  apprendre  la  morale,  Se  fit  un  beau 
jour  amener  Le  singe,  maître  es  arts  chez  la  gent 
animale,  LA  FONT.fab/.  xi,  5.  Il  y  a  peu  de  règles  gé- 
nérales et  de  mesures  certaines  pour  bien  gouverner: 
l'on  suit  lo  temps  et  les  conjonctures,  et  cela  roule 
sur  la  prudence  et  sur  les  vues  de  ceux  qui  régnent, 
LA  BBUY.  X.  Une  liberté  modérée  par  la  seule  autorité 
des  lois,  dont  ceux  qui  gouvernent  ne  devraient  être 
que  les  simples  défenseurs,  fên.  Dial.  des  morLi  anc. 
dial.  te.  De  leurs  voisins  soumis  heureux  législa- 
teurs, Gouvernant  sans  conquête,  et  régnaiit  par 
les  mœurs,  volt.  Orph.  iv,  2.  Il  faut  que  le  plaisir 
de  gouverner  soit  bien  grand,  puis(]ue  tant  de  gens 
veulent  s'en  mêler,  id.  Dict.  phil.  Gourern.  §  <.  La 
force  de  ceux  qui  gouvernent  n'est  réellement  que 
la  force  de  ceux  qui  se  laissent  gouverner,  hastial, 
Uist.  phil.  xviii,  39.  Il  Trop  gouverner,  se  dit  d'u.n 
gouvernement  qui  se  mêle  de  toute  chose  et  laisse 
peu  ou  point  d'initiative  aux  gouvernés.  Instruits 
par  l'expérience  comme  nous  le  sommes,  que  trop 
gouverner  est  le  plus  grand  danger  des  gouverne- 
ments.... MIRABEAU,  Collection,  t.  IV,  p.  324.11  4°  11 
se  dit  de  l'action  de  Dieu  sur  le  monde.  Dieu,  qui 
g  mverne  l'univers,  n'a-t-il  pas  donné  à  de  certains 
hommes  plus  de  lumières,  à  d'autres  plus  de  puis- 
sance? MONTEfQ.  Esp.  Défense,  ii,  8«  obj.  Vous, 
dieux,  qui  lui  laissiez  le  monde  à  gouverner,  volt. 
Jf.  de  César,  m,  8.  ||  B°  Avoir  empire  sur  des  sen- 
timents, des  passions.  Gouverner  ses  passions.  Eh 
bien  !  guidez  mes  pas,  gouvernez  ma  furie,  volt. 
Ilrul.  IV,  3.. il  6°  Avoir  une  grande  infiuence  sur 
quoiqu'un,  le  faire  agir  à  son  gré.  Sa  mère  qui  le 
gouvernait,  boss.  Ilisl.  i,  lo.  Il  y  a  autant  de  pa- 
resse que  de  faiblesse  à  se  laisser  gouverner,  la 
BuuY.  IV.  l'our  gouverner  quelqu'un  longtemps  et 
absolument,  il  faut  avoir  la  main  légère  et  ne  lui 
faire  "sentir  que  lo  moins  qu'il  se  peut  sa  dépen- 
dance, ID.  ib.  D'autres  consentent  d'être  gouvernés 


non 

parleurs  amis  en  des  choses  presque  indifTérentcs,  et 
s'en  font  un  droit  de  les  gouverner  à  leur  tour  en  des 
choses  graves  et  de  conséquence,  ID.  ib.  Un  homme 
sage  ne  se  laisse  gouverner  ni  ne  cherche  à  gou- 
verner les  autres;  il  veut  que  la  raison  gouverne 
seule  et  toujours,  id.  ib.  Celui  qui  est  à  la  cour,  à  Pa- 
ris, dans  les  provinces,  qui  voit  agir  des  ministres, 
des  magistrats,  des  prélats,  s'il  ne  connaît  les  fem- 
mes qui  les  gouvernent,  est  comme  un  homme  qui 
voit  bien  une  machine  qui  joue,  mais  qui  n'en  con- 
naît point  les  ressorts,  monteso.  Lell.  pers.  tii7. 
Il  Absolument.  11  a  reçu  du  ciel  cottame  bonté 
d'âme  Qui  le  soumet  d'abord  à  ce  que  veut  sa  femme; 
C'est  elle  qui  gouverne;  et,  d'un  ton  absolu,  Elle 
dicte  pour  loi  ce  qu'elle  a  résolu,  mol.  Fein.  sxv. 
I,  3.  |[  7°  Se  dit  des  choses  qui  nous  comman- 
dent, au.xquelles  nous  obéissons.  Faites  donc  en 
sorte  que  mon  souvenir  vous  gouverne,  comme  le 
vôtre  me  gouverne,  sEv.  42J.  Il  savait  que  l'amour 
et  les  plaisirs  gouvernaient  un  maître  qu'il  gouver- 
nait à  l'exclusion  du  chancelier,  hamilt.  Crnmm.  8. 
L'opinion  gouverne  le  monde,  et  les  philosophes  à  la 
longue  gouvernent  l'opinion  des  hommes,  volt. 
Lelt.  d'Argenlal,  27  janv.  1760.  ||  8"  Administrer. 
C'est  elle  qui  gouverne  le  ménage.  ||  Ad.minislrer 
avec  épargne.  Vous  n'avez  pas  beaucoup  de  provi- 
sions, gouvernez-les  bien.  ||  9°  Avoir  soin  qu'une 
chose  soit  en  bon  état,  ne  périsse  pas.  Gouverner  le 
vin.  Gouverner  une  cave.  ||  10°  Gouverner  un  en- 
fant, en  être  le  gouverneur.  Plus  le  prince  qu'il  gou- 
vernait avait  de  bonté  et  de  docilité  naturelle,  plus 
il  éloignait  tout  ce  qui  pouvait  le  corrompre,  flecii. 
if.  de  Montausier.  \\ii°  Prendre  soin,  en  parlant 
d'enfants,  de  malades.  C'est  une  femme  qui  s'entend 
à  gouverner  lesenfants.  On  sut  que  Mme  la  duchesse 
d'Arpajon  avait  pris  la  petite  vérole,  qu'elle  n'avait 
jamais  eue,  en  gouvernant  sa  fille  qui  l'a  depuis  un 
mois,  DANGEAU,  I,  106,  8  janv.  1685.  Laissez-moi 
gouverner  votre  santé  ;  vous  savez  combien  je  m'y 
intéresse,  dancourt,  l'été  de  village,  m,  B.  ||  12"  Soi- 
gner, élever  des  animaux.  Cet  homme  sait  bien  gou- 
verner les  chevaux,  tiouverner  une  basse-cour. 
Il  13°  Familièrement.  Vivre  en  certains  termes  avec 
quelqu'un.  Comment  gouvernez-vous  un  tel?  Dis- 
moi  comme  en  ce  lieu  l'on  gouverne  les  dames, 
CORN,  nient.  I,  t.  Il  On  dit  à  peu  près  dans  le  même 
sens  :  Comment  gouvernez-vous  les  plaisirs,  le  jeu, 
la  fortune? Il  14"  Terme  de  grammaire.  Régir.  Ce 
verbe,  cette  préposition  gouverne  l'accusatif.  ||  15"  V. 
n.  Obéir  au  gouvernail.  Les  deux  vaisseaux  ne  gou- 
vernaient plus.  Le  bAtiment  gouverne,  lorsiju'il 
obéit  à  son  gouvernail;  il  gouverne  bien,  il  gou- 
verne mal,  il  gouverne  comme  un  poisson,  wu.- 
LAUMEZ,  Dict.  de  mar.  Gouteniail.  \\  16°  Se  gouver- 
ner, V.  réft.  Régir  ses  propres  affaires,  en  parlant 
d'un  peuple,  d'un  État.  Les  hommes  sont  très-rare- 
ment dignes  de  se  gouverner  eux-mêmes,  volt. 
Mœurs,  67.  ||  Être  gouverné.  Une  nation  éclairée  ne 
se  gouverne  pas  comme  des  peuples  ignorants  et 
superstitieux.  ||  17°  Laisser  prendre  sur  soi  de  l'em- 
pire par  quelqu'un.  Tels  se  laissent  gouverner  jus- 
qu'à un  certain  point,  qui  au  delà  sont  intraitables 
et  ne  se  gouvernent  plus,  la  bbuy.  iv.  ||  18°  Tenir 
une  conduite  bonne  ou  mauvaise.  Ces  femmes  de 
bien  qui  se  gouvernent  mal,  cobn.  lient,  i,  i.  Je  vis 
d'un  air  dans  le  monde  à  ne  pas  craindre  d'être 
cherchée  dans  les  peintures  qu'on  fait  là  des  femmes 
qui  se  gouvernent  mal,  mol.  Critique,  7.  Pison  y 
fut  appelé  [à  cette  charge]  et  s'y  gouverna  au  con- 
tentement de  tout  le  monde,  d'ablancourt,  Tacite, 
269.  Les  grands  se  gouvernent  par  sentiment,  âmes 
oisives  sur  lesquelles  tout  fait  d'abord  une  vive  im- 
pression, LA  BRUY.  IX.  Il  19"  Se  maîtriser.  Elle  n'a 
pas  appris  de  moi  i  se  gouverner,  sÉv.  262.  ||  Pro- 
verbe. 11  faut  gouverner  sa  bouche  selon  sa  bourse, 
c'est-à-dire  il  ne  faut  pas  faire  des  dépenses  de  table 
au  delà  de  sa  fortune. 

—  liiST.  XI'  s.  Tei  cuvenist  [il  te  conviendrait] 
heline  et  brunie  [cuirasse]  à  porter,  Espede  ceindre 
cume  tui  altre  per,  E  grant  maisnede  (mesnie,  mai- 
son] doûses  [tu  dusses)  guverner,  Cum  fist  tis  pe- 
dres  [ton  père]  e  li  tons  paientez,5(  Alexi.'!,  Lxxxiii. 
Siglent  à  fort  et  nagent  et  guvernent,  Ch.  de  Roi. 
CLXxxvi.  Il  xii*  s.  Li  rois  qui  nous  governe  est  de 
meut  grant  puissance,  Ronc.  p.  197.  Dous  [deux] 
choses  a  el  mund  par  quel  est  guvernez.  Des  reis  e 
des  evesques  la  sainte  poestez.  Th.  le  mart.  75.  Ço 
[ce]  sace  bien  li  reis,  e  tu  lideiz  mustrer,  Quecilqui 
puet  les  angles  el  humes  guverner....  (6.  9o.  Me.sels 
lépreux]  fud  puis  tus  jurs  jesque  à  sa  mort,  e  mest 
deraenra]  en  unes  chambres  severalment  des  gens, 
e  Joalha  ses  fiiguvernout  la  terre.  Rois,  p.  392.  Une 
estele  [étoile |  qui  ne  se  muet.  Qui  conoistre  la  set 


COU 


et  puet,  Et  par  li  se  set  governer,Nc  puet  pas  esga- 
rer  en  mer,  wace,  Vierge  Marie,  p.  B4.  ||  xiu»  s. 
Comment  la  traîson  il  devra  gouverner  [conduire], 
Berte,  xvii.  [Elle  ne  pourrait  résistera  la  peinej  Se- 
lonc  la  nourreture  dont  elle  ert  [était]  gouvernée, 
ib.  XLvi.  Et  li  faites  du  vostre  [de  votre  bien)  si 
largement  doner.  Que  ses  hoirs  après  li  s'en  puisse 
gouverner,  ib.  cxxxix.  Et  ot  en  cescune  esciele 
[troupe]  connestable  preudomme  et  gentil  qui  les 
gouvrenoit,  Chron.  de  Rains,  p.  76.  Totes  gens  qui 
sont  guovernés  par  lois  et  par  coustumes,  Lit.  de 
just.  3.  Il  xiv  s.  Si  que  il  [les  fils  de  Philippe  le  Bel' 
puissent  profitablement  gouverner  le  pueple  dus 
François,  ii.  de  mondeville,  I*  3,  versu.  Gouverne  le 
malade  0  [avec]  bon  régime,  et  purge  souvent  melen- 
colie,  lanfranc,  f"  58.  Ceux  de  Lacedemone  ne  con- 
seillent pas  ou  ne  traittent  pas  en  leurs  conseuh 
comme  ceux  de  Scite  se  gouverneront,  oresme,  Eth. 
60.  Il  XV'  s.  Et  de  ce,  feurent  très  mal  contents  d« 
ceux  qui  esloient  autour  du  roy  et  qu'on  disoit  le 
gouverner,  juven.  des  uns.  Charles  VI,  I3ii2.  Et 
haultemont  et  en  grande  auctorilé  se  gouvernoient 
[conduisaient],  id.  tb.  Jardins  y  a,  rivière  pour  voler 
[chasser  au  vol],  Sauvoirs  [réservoirs  à  poissons] 
dedenz  garenne  proufi  table.  Vignes  entour  pour 
l'ostel  gouverner  [entretenir],  eust.  descii.  Poésie* 
mss.  f°  tB8.  Les  dessus  nommés  seront  tenus  de 
trouver  les  despens  des  quevaulx  et  logier  et  gou- 
verner [défrayei]  nostre  dit  procureur  et  ses  gens, 
DU  cange,  gubemantia.  Ils  se  gouvernèrent  [les 
Suisses]  très  vaillamment  en  tous  les  lieux  où  ils 
se  trouvèrent,  comm.  i,  6.  ||  xvi'  s.  Il  estoit  loisible 
aux  censeurs  de  dégrader  et  oster  du  sénat  un  sé- 
nateur qui  se  gouvernoit  indignement,  amïot, 
P.  ÂSm.  61.  Il  receul  aussi  quatre-vingts  vaches  à 
laict,  et  des  vachers  pour  les  gouverner,  m.  Pélop. 
56.  Tous  ces  seigneurs  estans  en  sa  chambre  avec 
leur  greffier,  il  [St-Valier,  détenu  pour  un  procès 
capital)  les  pria  de  se  retirer,  désirant  gouverner 
[entretenir]  à  part  monsieur  le  premier  président, 
PASOUiER,  Rech.  liv.  viii,p.  707,  dans  lacuhne.  Un 
quidam  qui  gouvernoit  la  femme  de  son  voisin  et 
l'alloit  voir  si  souvent  qu'à  la  fin  le  mary  s'en  aper- 
çut, bouchet,  Serces,  liv.  m,  p.  202,  dans  laclbne. 
Celuy  gouverne  bien  mal  le  miel,  qui  n'en  taste, 
cotgrave. 

—  F.TVM.  Bourguign.  gouranai;  provenç.  gover- 
nar;  espagn.  gobernar;  ital.  gorernare;  du  latin 
gubernarc,    qui   vient  du  grec  xu6£pvqiy. 

GOUVERNEUR  (gou-vèr-neur),  t.  m.  |H°  Celui 
qui  est  chargé  du  commandement  dans  une  pro- 
vince, dans  une  place,  dans  une  maison  royale. 
Maxime,  je  vous  fais  gouverneur  de  Sicile,  çohn. 
Cinna,  n,  i.  Notre  ville  demande  un  nouveau  gou- 
verneur. —  Et  la  raison?  —  Le  nôtre  est  devenu 
trop  riche  ;  On  ne  peut  tant  gagner  à  moins  que 
l'on  ne  triche,  boursai'LT,  f'ab/.  d'Ésope,  u,  6.  Puis- 
que César  et  Jupiter  sont  ignorés  dans  le  royaume 
le  plus  vaste  de  l'univers  [la  Chine],  il  vous  sied 
bien,  ô  gouverneurs  de  quelques  petits  pays,  ô  pré- 
dicaleursd'une  petite  paroisse  dans  une  petite  ville.... 
de  prétendre  à  la  réputation,  volt.  Dicl.  philos. 
Gloire,  §  2.  Napoléon  n'entra  qu'avec  la  nuit  dans 
Moscou;  il  s'arrêta  dans  une  des  premières  mai.sons 
du  faubourg  de  Dorogoiuilow;  ce  fut  là  qu'il  nomma 
le  maréchal  Mortier  gouverneur  de  celte  capitale, 
sf.GUB,  Ilist.  de  A'ap.  VIII,  6.  ||  Le  gouverneur  de  la 
Banque  de  France,  le  directeur  général  de  cet  éta- 
blissement. Il  On  dit  de  même  :  gouverneur  du  crédit 
foncier,  du  crédit  mobilier.  ||  Sous-gouverneur,  celui 
qui  est  sous  le  gouverneur.  |i  C'est  un  gouverneur  de 
lions,  se  disait  pour  se  moquer  d'un  homme  qui  ne 
change  jamaisd'habils  par  pauvreté  ou  par  lésinerie, 
à  cause  que  ceux  qui  gouvernent  les  lions  dans  les  mé- 
nageries n'osent  changer  l'habit  auquel  les  lions 
sont  accoutumés.  ll  2"  Celui  qui  dirige  l'éducation 
d'un  jeune  homme.  Il  lui  recommanda  [à  M.  de  Mon- 
tausier] le  soin  de  l'instruction  [du  Dauphin],  et  se 
chargea  des  grands  exemples;  il  voulut  que  le  siè- 
cle présent  jouît  de  la  félicité  de  son  règne, «at  laissa 
à  la  conscience  et  à  l'habileté  de  ce  prudent  gouver- 
neur les  espérances  du  siècle  à  venir,  flKcii.  Jf.  de 
Mnnlausier.  J'eus  soin  de  vous  nommer,  par  un  con- 
traire choix.  Des  gouverneurs  que  Rome  honorait 
de  sa  voix,  rac.  Brit.  iv,  2.  Le  duc  d'Orléans  avait 
eu  successivement  quatre  gouverneurs,  qui  mou- 
rurent à  si  peu  de  distance  l'un  de  l'autre  que  Ban- 
seiade  disait  qu'on  ne  pouvait  pas  élever  de  gouver- 
neur à  ce  prince,  puclos,  Mém.  CEuv.  t.  v,  p.  190, 
dans  poiGENs.  |1  3°  Celui  qui,  à  la  cour,  est  à  l.i 
tête  de  certains  jeunes  gens.  On  lui  donnait  pour 
dot  sa  place  de  gouverneur  de»  pages  qu'il  cédait  à 
son  gendre,  marmomtel,  Mém.  viu.  ||  4"  Terme   du 


\ 


GRA 

!iiarine.  Se  dit  quelquefois  de  l'homint  qui  tient  le 
,'OUïernail.  ||  5"  Terme  de  papeterie.  Ouvrier  chargé 
lie  faire  pourrir  le;  chiffons,  de  les  couper,  de  les 
mettre  dans  les  piles.  ||  6"  Nom  d'un  petit  poisson 
qui  sert,  dit-on,  de  conducteur  à  la  baleine.  ||  7°  Au 
féminin,  gouverneuso  s'est  dit  quelquefois,  mais 
toujours  par  plaisanterie,  pour  gouvernante  d'un 
honarne,  celle  qui  est  à  la  tète  de  son  ménage. 

—  HIST.  XII'  s.  Saint  igli.se  est  espuse  al  soveraing 
eignur,  E,  s'um  dune  à  s'espuse  malvais  guver- 
"ûr,  A  Deu  e  à  s'esfiuse  en  fait  um  deshcnur, 
th.  le  mart.  12S.  {|  xiii'  s.  NousBaudoins  parla  grâce 
le  Dieu  très  feausempcreres  ei.  Crist,  gouvernieres 
lie  Romanie,  ou  cange,  Villehard.  Àpp.  p.  6.  Je  vous 
commant  à  Dieu  qui  est  vrais  gouverniere,  Derte,  iv. 
Et  disoit  encore  que  nul  ne  pooit  estre  bon  gouver- 
neur de  terre,  se  il  ne  savoit  aussi  hardiment  es- 
oondire  (refuser]  comme  il  sauroit  donner,  joinv. 
M9  II  XIV*  s  Tout  aussi  comme  le  bon  gouverneur 
d'un  est  use  de  sa  gent  de  lant  et  de  tielz  comme 
llz  sont,  au  mielx  qu'il  appartient  selon  fait  d'armes, 
OHESME,  Eth.  25.  11  y  aura  à  présent  au  dit  duché 
de  Bourgogne  un  gouverneur  souverain  ayant  de 
nous  pleine  puissance,  Ordonn.  des  rois  de  Fr .  t.  lu, 
p,  635.  Il  XV*  s.  Et  n'y  avoit  dame  ni  damoiselle.... 
îbrs  la  gouverneresse  de  Lille  femme  au  gouver- 
neur, FSOiss.  II,  II,  217.  Gouverneur  des  oeliers  du 
duo  de  lîourgogne,  Estais  des  officiers  des  ducs  de 
Bourgogne, \i.  66,  dans  laclbne.  ||  xvi*  s.  Il  y  aune 
grande  admiration  de  la  société  et  amitié  qui  est 
entre  le  poisson  appelle  gouverneur  et  la  balaine, 
fÀKÈ,  Animaux,  )6.  Est-ce  pas  faire  au  ciel  injure 
et  deshonneur,  De  dire  que  l'amour,  du  monde  gou- 
verneur. Soit  meschant  el  cruel  et  aulheur  de  tout 

vice?  BONS.   770. 

—  ÉTVM.  Provenç.  governaire,  govemador;  es- 
pagn.  goberuador ;  poitug-  governador ;  ital.  gover- 
nalore;  du  lat.  gubemalorem,  de  gubernare,  gou- 
verner. Dans  l'ancien  français  et  le  provençal, 
gmernere,  gorernaire  sont  au  nominatif,  de  guber- 
ndtor;  gnrerneor,  governador  sont  au  régime,  de 
gubemalorem.  Gouverneresse  (qui  est  dans  Fiois- 
sart) ,  et  non  pas  goiivemante ,  serait  le  vrai  nom 
pour  la  femme  d'un  gouverneur  de  province,  de  ville. 

t  GOUVION  (gouvl-on),  s.  m.  Cheville  de  fer 
pour  assembler  les  pièces  de  grosse  charpente. 

—  F.TYM.  Ce  semble  une  autre  forme  de  gnujorH. 

GOYAVE  (go-ia-v'),  s.  f.  Krult  du  goyavier,  re- 
cherché à  cause  de  sa  saveur  sucrée,  parfumée  et 
::cldule.  Confitures  de  goyave. 

GOYAVIER  {go-la-vié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  les  goia-vié-z  et  leurs  fruits) ,  î.  m. 
Grand  arbre  d'Amérique  etde  l'Inde,  qui  porte  un  fruit 
long  ou  ovale,  à  peu  près  gros  comme  une  pomme 
de  reinette,  psidinm  pyriferum,  L.  myrtacces. 

fOIlAAL  (SAINT)  (sin-gra-al),  s.  m.  Vase  prodl- 

■-'ieuseinent  célèbre  au  moyen  âge,  dans  lequel  Jé- 

!is  fit  la  cène,  qui  servit  à  Joseph  d'Arlmathle  à 

'Cueillir  le  sang  qui  coulait  des  plaies  du  Christ,  et 

|ui,  après  avoir  fait  des  miracles  en  Terre  Sainte, 

1  Home  et  selon  d'autres  dans  la  Grande-Bretagne, 

rnblalt  perdu  lorsque,  dans  le  sac  de  la  ville  de 

l'isarée,  en  (102,  il  fut  retrouvé,  devint  le  partage 

'S  Génois  et,  pendant  plusieurs  siècles,  fut  mon- 

;'i;  aux  fidèles  dans  l'église  cathédrale  de  Gênes  sous 

nom  de  sacrn  catino,  de  ladorde.  Émaux, p.  333. 

Transporté  à  Paris,  à  l'époque  des  guerres  et  con- 

juêtes  de  notre  révolution,  on  examina  le  graal  et 

m  démontra  sans  difficulté  qu'il  n'était  pas  taillé 

lans  une  gigantesque  émeraude,  mais  fait  de  verre, 

■oloré  d'un  beau  vert,  et  la  forme  qu'en  donne  la 

lanche  alors  publiée,  fait  croire  qu'il  est  d'origine 

intlque,iD.  ib.  ||  Terme  de  litlératuie  du  moyen  âge. 

':ycledu  Saint  Graal,  ensemble  do  quelques  poèmes 

lu  moyen  âge,  dont  le  sujet  est  la  recherche  du 

Saint  Graal   par  le  roi  Arthur. 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  queu  [cpielle)  sera  la  renom- 
lée  Do  [du]  vaissel  qui  tant  vous  agrée?  Dites  nous, 
■mment  l'apele  on,   Quant  on  le  nomme  par  son 

lom?  Petrus  respont  :  N'ou  quier  [je  ne  le  veux] 
;fler;Oul  à  droit  le  vourra  nummer.  Par  droit  graal 
iapelera;  Car  nus  le  graal  ne  verra,  Ce  crol-jo, 
lu'il  ne  li  agrée.  Si  Graal,  v.  2653.  Toutes  les  cs- 
cuoles  et  les  greaus,  en  que  11  [le  sénéchal]  aura 
servi  le  cors  du  roy  dou  premier  mes,  doivent  estre 
soues  [siennes],  du  cange,  grasala.  \\  xv"  s.  Comme 
icolle  femme  cu.st  appareillé  un  gr;u>al  ou  jatle 
plain  de  prunes  pour  porter  à  mangier  à  ung  leur 
porc...  iD,  ib.  \\  XVI'  s.  Plats  trancheurs  et  gra- 
z.ds  d'estain ,  et  autres  fournitures  et  utenclUes 
nécessaires  pour  bien  et  honcstement  estre  servis 
dans  leurs  réfections,  du  cange,  grazala.  [La  ca- 
thédrale de  Gênes]  où  fut  par  les  chanoines  do  là 


GRA 

après  la  messe  monstre  le  riche  vaisseau  smaragdlii, 
c'est  à  sçavoir  le  précieux  plat  au  quel  no.stre  sei- 
gneur Jésiis-Christ  mangea  avec  ses  apostres  le  jour 
de  la  cène;  et  est  ccluy  plat  qu'on  appelle  le  saint 
graal,  le  quel,  selon  dire  commun  de  Gciines,  fut 
lA  apporté  par  les  Genevois  l'an  mille  cent  un,  et  fut 
pris  en  la  sainte  cité  de  Hierusalcm  en  la  manière 
que  vous  orrez,  jean  d'auton,  Ànn.  de  Louis  Xll , 

p.    W2,   dans  LACURNE. 

—  ETYM,  Provenç.  grasal,  graial,  gra:aus;mc. 
catal.  gresal;  anc.  espagn.  grial;  bas-latin,  jrada- 
lis,  gradalus,  sorte  do  vase.  Origine  inconnue.  DIcz 
demande  si  l'étymologle  ne  serait  pas  le  latin  crafer, 
coupe,  pour  lequel  on  a  dit  cratus,  et  d'où  serait 
provenue  une  forme  dérivée  cralale,  cratiale. 

GRABAT  (gra-ba  ;  le  «  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire;  au  pluriel ,  l's  se  lie  :  des  gra-ba-z  en 
désordre), s.  m.  Méchant  lit,  tel  que  sont  ceux  des 
pauvres  gens.  J'étais  seul  l'autre  jour,  dans  ma 
petite  chambre,  Couché  sur  mon  grabat,  souffrant 
de  chaque  membre,  scareon,  Épitre  chagrine.  Quant 
au  lit  du  roi  [Frédéric  II],  c'était  un  grabat  de 
sangles  avec  un  matelas  mince,  caché  par  un  para- 
vent ;  Marc-Auièle  et  Julien,  ses  deux  apôtres, 
n'étaient  jias  plus  mal  couchés,  volt.  Mém.  écrits 
par  lui-même.  |]  Familièrement.  Être  sur  le  grabat , 
être  malade  au  lit.  Vous  me  permettez  de  ne  vous 
pas  écrire  de  ma  main,  quand  ma  détestable  santé  me 
tient  surle  grabat,  VOLT.  Le((.  Kichelieu,  17  août  1707. 
Il  Mettre  sur  le  grabat,  rendre  malade.  Venez-vous 
purger  encore,  saigner,  droguer,  mettre  sur  le  grabat 
toute  ma  maison?  beaum.  Darb.  de  Séville,  m,  5. 

—  HIST.  XI'  s.  Eufemien,  bel  sire,  riches  hom, 
Ouar  me  herberges  pur  Deu  en  tue  maison,  Suz  tun 
degret  me  fai  un  grabatum,  SI  Alexis,  xi.iv.  ||  xvi-s. 
Le  faut  lier  [l'enfant]  et  bander  en  son  petit  grabat 
de  si  bonne  façon,  que  son  col  et  son  dos  ne  soycut 
aucunement  courbés,  paiié,  xviii,  '-S. 

—  ÈTYM.  Lat.  grabatus,  du  grec  xpiBst-o;. 
GRABATAIRE  (gra-ba-tê-r'),  s.  m.  et  f.  ||  1"  Nom 

de  sectaires  qui  différaient  de  recevoir  le  baptême 
jusqu'au  Ut  de  mort.  ||  2°  Adj.  Malade  et  allié.  Jean 
Clousier  secourait  depuis  l'âge  de  quatorze  ans  une 
mère  infirme  et  grabataire,  uachaumont,  Mém.  secr. 
t.xxxv.  p.  7B.  Il  Substantivement.  Dans  le  langage  des 
bureaux  de  bienfalsance,malade  qui  ne  quittepas  le  lit. 

—  i;ty.M.  Grabat. 

\  GRABKAU  (gra-bô),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  phar- 
macie. Morceau  rompu  des  drogues  ;  les  plus  petits 
fragments  des  substances;  ceuxdonton  ne  peut  tirer 
parti.  Il  y  avait  dans  cette  fourniture  une  grande 
quantité  de  grabeaux.  Grabeaux  de  girofles  rompus, 
le  cent  pesant  lou  livres,  Décl.  durai,  nov.  I040, 
tarif  II  Particules  ligneuses  trouvées  en  mondant 
le  séné  avec  soin;  douées  aussi  de  propriétés  purga- 
tives, elles  sont  employées  pour  faire  le  miel  de  mer- 
curiale composé  et  d'autres  préparations  officinales. 
Il  2°  X  Genève,  scrutin.  Les  membres  du  conseil 
d'État  qui  ne  sont  point  sujets  au  grabeau,  n'y 
assisteront  pas.  Constitution  de  I8I4,  humhert. 

—  HIST.  xvi*  s.  Remettons  à  vostre  retour  le  gra- 
beau et  belutement  de  ces  matières,  radel.  m,  )6. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue;  voy.  cependant  gra- 
buge. Grabeau  répond  à  l'ancien  verbe  grabeler, 
éplucher,  examiner;  on  en  rapprochera  le  bas-latin 
garbellnre,  passer  au  crible,  et  grabotum,  ce  qui 
est  rejeté  du  van .  C'est  par  le  sens  d'examiner  que 
grabeau  a  pris  à  Genève  le  sens  de  scrutin. 

fGRAbELAGE  (gra-be-la-j'),s.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Action  de  grabeler.  Ce  grabelage  sera  long. 

f  GRABELER  (gra-be-lé.  L'I  se  double  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  grabelle),  v.  a.  Terme 
de  pharmacie.  Séparer  une  subsuince  médicamen- 
teuse de  ses  grabeaux  ou  menus  fragments. 

fGRABELÊUR  (gra-be-leur),  s.  m.  Celui  qu'on 
emploie  pour  grabeler  une  substance,  pour  en  sé- 
parer les  grabeaux. 

GRABUGE  (gra-bu-j'),  s.  m.  \\  1°  Querelle,  noise. 
....Qu'il  y  avait  entre  nous  et  la  Suède  qucl|ue  gra- 
buge; mais  que,  si  ce  grabuge  ne  s'accordait  pas...., 
GUI  patin,  Letl.  t.  II,  p.  87.  Tout  ce  petit  grabuge, 
Entre  vous  excité,  va  finir  en  deux  mots,  reonard. 
Les  ilénechm.  iv,  9.  S'il  se  trouve  deux  maris  pour 
un,  heml  ça  fera  du  grabuge,  dancoi-rt.  Vend.  Su- 
rène,  se.  i'.  ||  2"  Nom  d'une  paitie  de  cartes.  Jouer 
au  grabuge. 

—  HIST.  XVI"  s.  Fouloit  aux  pieds  le  soin  qu'il  de- 
voit  avoir  de  sa  famille,  laquelle  ne  pouvolt  estre 
qu'en  garburges,  querelles  et  noises,  cuoliEres,  Con- 
tes, t.  II,  Après-dinée  2.  Galburge,  cotohave.  Il  y 
eut  aussi  un  peu  de  graboull  entre  mesdames  de 
Belln  et  Bressy,  Sat.  ilén.  p.  30. 

—  ÉTYM.  Hainaut,  grabuche;  bourguig.  graibuge. 


GRA 


1907 


Le  provençal  a  dans  le  même  sens  grahusa,  en  an- 
cien français  grcûse,  dans  le  Jura  greuse.  L'Italien  a 
garbuglio,  qui  avait  donné  au  français  du  ivi*  s. 
qarbouil,  et  qui  parait  aussi  avoir  donné  par  alté- 
ration grabuge,  h  en  juger  par  les  anciennes  formes 
iiarburge,  galburge.  Scheler  pense  que  le  radical  de 
ce  mot  est  le  même  que  dans  grabeau,  et  repré- 
sente soit  l'allemand  graben,  creuser,  soit  le  hol- 
landais krabbelen,  gratter. 

GRÂCE  {grâ-s'),î.  f.  )|  1»  Ce  qui  plaît  dans 
les  attitudes,  les  manières,  les  discours  (c'est  le 
sens  premier  et  étymologique).  Certes,  vous  avez 
grâce  à  conter  ces  merveilles,  corn.  Uent.  i,  5. 
Et  la  grâce  plus  belle  encor  que  la  beauté,  la  font. 
Adonis.  Clltandre  auprès  de  vous  me  fait  son  inter> 
prête,  Et  son  cœur  est  épris  des  grâces  d'Henriette, 
MOL.  F.  sav.  II,  3.  Sa  grâce  et  sa  vertu  sont  de  doucel 
amorces,  id.  l'Ét.  m,  2.  Considérez  la  princesse; 
représentez-vous  cet  esprit  qui,  répandu  par  tout 
son  extérieur,  en  rendait  les  grâces  si  vives,  boss. 
Duch.  d'Orl.  Le  matin  elle  lleurlssait,  avec  quelles 
grâces,  vous  le  savez  ;  le  soir  nous  la  vîmes  séchée  ; 
et  ces  fortes  expressions  par  lesquelles  l'Ecriture 
sainte  exagère  l'Inconstance  des  choses  humaines 
devaient  être  pour  cotte  princesse  si  précises  et  si 
lillérales,  m.  ib.  Faites-nous  voir,  si  vous  le  pouvez, 
toutes  les  grâces  de  cette  douce  éloquence  qui  s'in- 
sinuait dans  les  cœurs  par  des  tours  si  nouveaux  et 
si  naturels,  m.  Anne  de  Cens.  Tant  de  biens,  t;int 
de  grâces  qui  accompagnaient  la  princesse  palatine 
lui  attiraient  les  regards  de  toute  l'Europe,  iD.  ib. 
Elle  sut  conserver  avec  une  grâce,  comme  avec  une 
jalousie  particulière,  ce  qu'on  appelle  en  Espagne 
les  coutumes  de  qualité,  id.  Mar.-Thér.  Je  ne 
trouve  qu'en  vous  je  ne  sais  quel'e  grâce  Qui  me 
charme  toujours  et  jamais  ne  me  lasse,  rac.  Esth. 
11,  7.  Oui,  vos  moindres  discours  ont  des  grâces  se- 
crètes, ID.  ib  III,  4.  Vous  savez  la  grâce  dont  elle 
est  à  cheval,  iiamilt.  Gramm.  H.  C'était  même 
une  de  ses  grâces  que  de  ne  point  songer  à  en 
avoir,  MABiv.  l'aiis.  parv.  t'  part.  Elle  l'embel- 
lissait de  toutes  les  grâces  de  son  caractère,  et 
ces  gràc5s-là  n'ont  point  d'âge ,  in.  Marianne, 
8'  part.  La  grâce  en  s'exprimant  vaut  mieux  que  ce 
qu'on  dit,  volt.  Trots  manières.  La  grâce  en  pein- 
ture, en  sculpture,  consiste  dans  la  mollesse  des 
contours,  dans  une  expression  douce; et  la  peinture 
a,  par-dessus  la  sculpture,  la  grâce  de  l'union  des 
parties,  celle  des  figures  ([ui  s'animent  l'une  par 
l'autre  et  qui  se  prêtent  des  agréments  par  leurs  at- 
tributs et  leurs  regards,  m.  Dict.  phil.  Grâce.  la 
voix  d'un  orateur  qui  manquera  d'inflexion  et  do 
douceur  sera  sans  grâce,  ID.  ib.  Tant  de  prétentions, 
tant  de  petites  grâces  Que  je  mets,  vu  leur  date, 
au  nombre  des  grimaces,  ghesset.  Méchant,  iv,  9. 
La  grâce  n'ajipartlent  guère  qu'aux  natures  déllca 
tes,  DiPEROT,  Pensées  sur  la  peint.  Œiiv.  t.  xv^ 
p.  '.:20,  dans  pougens.  L'enfant  a  de  la  grâce;  il  la 
conserve  dans  l'âge  adulte,  elle  s'alfaibllt  dans  l'âge 
viril,  elle  se  perd  dans  lavielllesso,  m.  ib.  Qui  peut 
résister  aux  séductions  de  la  grâce?  lût-elle  même 
dédaigneuse,  elle  serait  encore  toute- puis.sante. 
STAËL,  Corinne,  vi,  <.  Là  snus  la  douleur  qui  le 
glace.  Ton  sourire  perdit  sa  grâce,  lamart.  Méd. 
II,  1. 1]  Familièrement  et  ironiquement.  Faire  ses 
grâces,  se  donner  des  grâces,  vouloir  prendre  un 
air  gracieux,  des  façons  gracieuses.  ]|  Étaler  .ses 
grâces  se  dit  à  peu  près  dans  le  même  sens.  ||  Bonne 
grâce,  grâce  relevée  de  quelque  choso  de  simple, 
de  franc  et  de  libre.  Si  quelqu'une  est  diironne, 
elle  aura  bonne  grâce,  rEgnier,  Sal.  vu.  Pleine  d'ap- 
pas, jeune  et  de  bonne  grâce,  la  font.  Or.  Pour 
sa  personne,  elle  vous  plairait  sans  beauté,  parce 
qu'elle  est  d'une  taille  parfaite,  et  d'une  bonne 
grâce  à  tout  ce  qu'elle  fait  siiv.  286.  Nous  ne 
.sommes  pas  de  votre  opinion,  Mme  de  Collgny  et 
moi,  sur  la  critique  que  vous  faites  de  la  maxime 
qui  dit  que  la  bonne  grâce  est  au  corps  ce  que  le 
bon  sens  est  à  l'esprit  ;  nous  croyons  que  M.  do 
la  Rncliefoucauld  veut  dire  que  le  corps  sansla  bonne 
grâce  est  aus.'ii  désagréable  que  l'esprit  sanf  le  bon 
sens;  et  nous  trouvons  cela  vrai;  nous  croyons  en- 
core qu'il  y  a  de  la  dilTérence  entre  la  bonne  grâce 
et  le  bon  air,  que  la  bonne  grâce  est  naturelle,  cl 
le  bon  air  acquis;  que  la  bonne  grâce  est  jolie,  et 
le  bon  air  I  eau  ;  que  la  bonne  grâce  attire  l'amitié, 
et  le  bon  air  l'estime,  bussy,  Lell.  à  Corbinelli,  3| 
déc.  1078,  t.  V,  p.  512,  de  sÉv.  édit.  «îégnier.  Cer- 
tain air  de  dévotion.  Lorsque  l'on  n'est  plus  jeune, 
a  toujours  bonne  grâce,  DESiin'uLif-.RES,  t.  ii,  p.  7t. 
Il  Bonne  grâce,  se  dit  aussi  des  choses.  Oui,, 
mais  notre  retour  aurait-il  bonne  grâce?  mairei, 
Solimari,  i,  2.  ]]  En  un  sens  opposé,  mauvaise  grâce. 


1908 


GRA 


Personne  de  mauvaise  grâce.  \\  Mauvaise  grâce,  se 
dit  aussi  (les  choses.  Que  tout  cet  artifice  est  de  mau- 
Taisc  gr.'ice  !  cobn.  l'oly.  v,  3.  La  menace  impuis- 
sante est  de  mauvaise  grâce,  li>.  Perlhar.  i,  4.  Kt 
ce  i|ui  leur  sied  Mon,  dans  ces  commencements.  En 
nous,  vieux  mariés,  aurait  mauvaise  grâce,  mol. 
Amph.  1,  4.  Que  la  plaisanterie  est  de  mauvaise 
grâce!  m.  Mii.  1,  (.  ji  De  bonne  grâce,  volontiers, 
sans  ri'pugnan^,  sans  se  faire  prier.  Nous  le  rece- 
vrons lors  de  bien  meilleure  grâce,  corn,  liodog. 
Il,  3.  Cédons  de  bonne  grâce,  et  d'un  esprit  con- 
tent Hemetlons  à  Dircé  tout  ce  qu'elle  prétend, 
ID.  Œdipe,  I,  6.  Il  a  voulu  faire  les  choses  de 
bonne  grâce,  et  vous  pouvez  lui  donner  ma  sœur, 
MOL.  Mot.  forcé,  i,  sC.  dern.  I-a  bonne  grâce 
qui  donne  tant  de  prix  aux  petits  services,  behn. 
DE  ST-P.  Paul  et  Yirg.  |{  De  mauvaise  grâce,  avec 
on  air  mal  gracieux,  à  regret,  comme  par  con- 
trainte. Il  ne  sait  pas  faire  les  choses  de  mauvaise 
grâce,  sÉv.  578.  Je  n'ai  pas  assurément  à  me 
reprocher  d'avoir  mal  répondu  dans  mon  cœur  à 
ses  bontés,  mais  bien  d'y  avoir  répondu  quel- 
quefois de  mauvaise  grâce,  tandis  qu'il  mettait  lui- 
même  une  grâce  infinie  dans  la  manière  de  me  les 
marquer,  J.  j.  rouss.  Confess.  x.  {|  N'avoir  pas  bonne 
grâce,  avoir  mauvaise  grâce  défaire  ou  à  faire  telle 
ou  telle  chose,  faire  quelque  chose  qui  est  contre  la 
raison  ou  contre  la  bienséance.  Un  fils  n'a  pasbonne 
grâce  de  plaider  contre  son  père.  Vous  avez  mau- 
vaise grâce  de  parlerdela  sorte,  hauteiioche,  Crisp. 
médec.  m,  6.  {|  2°  Agréments  dans  les  choses,  les 
animaux.  La  grâce  et  la  lég'reté  du  cerf.  II  [son 
habit  de  bergère]  avait  une  telle  grâce  sur  elle,  que, 
si  son  ennemie  l'eijt  vue  avec  cet  habit,  elle  [Ve- 
nus] lui  en  aurait  donné  un  de  déesse  en  la  place, 
LA  FONT.  Psyché,  t.  II,  p.  1B4.  La  qualité  d'ambassa- 
deur Peut-elle  s'abaisser  à  des  contes  vulgaires? 
Vous  puis-je  offrir  mes  vers  et  leurs  grâces  légères? 
ID.  Fabl.  VIII,  4.  Tout  reçoit  dans  ses  mains  une 
nouvelle  grâce,  boil.  Art  p.  m.  Tu  [la  paix]  pares 
nos  jardins  d'une  grâce  nouvelle.  Tu  rends  le  jour 
plus  pur  et  la  terre  plus  belle,  rac.  Idylle  sur  la 
paix.  Les  grâces  dont  la  natuœ  a  orné  la  campa- 
gne pEn.  Tél.  II.  j]  Par  extension.  Quelque  grâce 
qu'aient  à  ses  yeux  j^de  Jésus-Christ]  les  larmes  d'un 
pénitent,  BO<s  1"  sermon,  Nativité  de  laSte  Vierge, 
^.  \\  Qualité  du  style  cjui  consiste  surtout  à  exprimer 
ses  pensées  d'une  manière  élégante,  sans  aucune 
peine  apparente;  c'est  l'élégance  unie  à  la  facilité. 
Les  grâces  de  la  diction,  soit  en  éloquence,  soit  en 
poésie,  dépendent  du  choix  des  mots,  del'harmonie 
des  phrases,  et  encore  plus  de  la  délicatesse  des  idées 
et  des  descriptions  riantes,  volt.  Dict.  ph.  Grâce. 
L'abus  des  grâces  est  l'afféterie,  comme  l'abus  du 
sublime  est  l'ampoulé  ;  toute  perfection  est  près 
d'un  défaut,  id.  ib.  \\  Cette  expression  a  de  la  grâce, 
elle  donne  du  charme  au  passage  où  elle  est  placée. 
]|  8"  Terme  de  mythologie,  (]ui  est  la  personnifica- 
tion du  sens  de  gracieux.  Nom  donné  aux  trois 
déesses  compagnes  de  Vénus  (on  met  un  grand 
G).  Les  trois  Grâces,  Agiaé,  Thalie  et  Euphrosync. 
Dans  les  personnes,  dans  les  ouvr:;ges,  grâce  signi- 
fle  non-seulement  ce  qui  plait,  mais  ce  qui  plaît 
avec  attrait  ;  c'est  pourquoi  les  anciens  avaient 
imaginé  que  la  beauté  no  devait  jamais  paraître 
sans  les  Grâces,  volt.  flic*,  phil.  Grâce.  ||  Fig. 
Sacrifier  aux  Grâces,  avoir  une  grande  élégance 
dans  .ses  manières,  dans  ses  discours.  J'ai  sacrifié  aux 
Grâces  [dit  le  hibou] ,  Vénus  a  mis  sur  moi  sa  cein- 
ture dès  ma  naissance,  kén.  t.  xix,  p.  44.  {|  Fig.  Les 
Grâces  présidèrent  â  sa  naissance,  les  Grâces  ont 
pris  soin  de  la  former,  se  dit  d'une  femme,  d'un  enfant 
qui  a  beaucoup  de  grâces  naturelles.  Vous  parlerai- 
je  de  ses  pertes  et  de  la  mort  de  ses  chers  enfants? 
ils  lui  ont  tous  déchiré  le  cœur;  représentons-nous 
ee  jeune  prince,  que  les  Grâces  semblaient  avoir 
elles-mêmes  formé  de  leurs  mains;  pardonnez-moi 
celte  expression;  il  me  semble  que  je  vois  encore 
tomber  celte  fleur,  boss.  .Varic-Thér.  ||0n  dit  dans 
le  même  sens  :  Les  récits  de  cet  auteur  semblent 
dictés  par  les  Grâces  ;  Les  Grâces  accompagnent  ses 
pas.  Il  4"  Terme  de  tapissier.  Les  bonnes  grâces  d'un 
lit,  les  éJolTes  qu'on  attache  vers  le  chevet  et  vers 
les  pieds  du  lit,  pour  accompagner  les  grands  ri- 
deaux ;  il  ne  se  dit  plus  qu'en  parlant  des  lits  à  l'an- 
cienne mode.  On  aiipello  bonnes  grâces  les  demi- 
rideaux  d'un  lit  qui  sont  aux  deux  côtes  du  chevet, 
VOLT,  fli'cl.  phil.  Grâce.  ||  5»  Jeu  des  grâces,  jeu 
analogue  au  jeu  de  volant,  et  qui  se  joue  avec  un 
petit  cercraL  et  des  Iritonnets,  ainsi  nommé  parce 
que  les  bras  s'y  développent  avec  grâce.  US»  Par 
eïten.sion  du  sens  de  gracieux,  bienveillance 
quune   personne  accorde   â  une    autre.  Je    puis 


GRA 

croire  pourtant.  Sans  trop  de  vanité,  que  je  suis  en 
sa  grâce,  mol.  le  Dép.  i,  3.  Et  remettez  le  fils  en 
grâce  avec  le  père,  id.  Tart.  iv,  ).  De  plus  coupa- 
bles y  entraient  en  grâce  des  qu'ils  le  voulaient, 
HAMiLT.  Gramm.  6.  Le  duc  de  Bouillon,  reçu  en 
grâce  à  la  cour,  et  raccommodé  en  apparence  avec 
le  cardinal,  jura  d'être  fidèle,  volt.  Mœurs,  70. 
Il  Être  en  grâce  auprès  du  prince,  ou  de  quelque 
personne  puissante,  lui  plaire,  avoir  sa  bienveil- 
lance, sa  faveur.  ||  Fig.  Être  en  grâce  avec  l'argent, 
avoir  de  l'argent.  Vous  voilà  donc  en  grâce  avec 
l'argent  comptant,  rêcnard,  Joueur,  lu,  0.  ||  Fig. 
Rentrer  en  grâce,  se  plaire  de  nouveau  à.  La  niô- 
diocrilé  [fortune  médiocre]  revient,  on  lui  fait  place  ; 
Avec  elle  ils  rentrent  en  grâce,  la  font,  l'ahl.  vu, 
6.  Il  Revenir  en  grâce,  plaire  de  nouveau.  Le  café 
pourra  revenir  en  grâce,  sÊv.  478.  ||  Bonnes  grâces, 
faveur,  bienveillance,  amitié.  Pour  gagner  les  bon- 
nes grâces  du  victorieux,  corn.  Ex.  de  Pomp.  Pour 
acquérir  les  bonnes  grâces  de  la  Vierge  Marie,  pasc. 
Prov.  IX.  Les  Ariens  cachèrent  leurs  erreurs ,  et 
rentrèrent  dans  ses  bonnes  grâces  [de  Constantin] 
en  dissimulant,  boss.  Ilist.  i,  H.  Elle  livra  aux 
Romains  une  place  de  grande  importance ,  où 
étaient  les  trésors  de  Mithridate,  pour  mettre  son 
fils  dans  les  bonnes  grâces  de  Pompée,  bac.  Uilhr. 
Préf.  Il  Bonnes  grâces,  en  parlant  d'une  femme, 
amour,  faveurs.  Le  bruit  commun  était  qu'il  avait 
eu  ses  bonnes  grâces,  avant  qu'elle  fût  mariée. 
HAMILT.  Gramm.  8.  Il  [Alcibiade]  sut  si  bien  ga- 
gner les  bonnes  grâces  de  la  femme  du  roi  Agis, 
qu'il  en  eut  un  fils,  qu'on  appelait  en  public  Léoty- 
chide,  mais  que  sa  mère  en  particulier,  parmi  ses 
femmes  et  ses  amies,  ne  rougissait  point  d'appeler 
Alcibiade,  ROLLIN,  Hisl.anc.Œuv.  t.  iii,p.G45,dans 
pouGENS.  Un  musicien,  David  Rizzio,  fut  trop  avant 
dans  ses  bonnes  grâces  [de  Marie  Stuart],  volt. 
Mœurs,  t!9.  ||V'  Ce  qui  est  accordé  à  quelqu'un 
comme  lui  étant  agréable,  utile,  sans  lui  être  dil 
strictement  (c'est  un  sens  détourné  du  sens  de 
gracieux,  agréable).  Je  demande  la  mort  pour  grâce 
ou  pour  supplice,  corn.  J/or.  iv,  7.  On  lui  dit  qu'au 
Japon  La  fortune  pour  lors  distribuait  ses  grâces,  la 
FONT.  Fahl.  vil,  <2.  Un  fort  honnête  médecin,  dont 
j'ai  l'honneur  d'être  le  malade,  me  promet  et  veut 
s'obliger  par-devant  notaire  de  me  faire  vivre  encore 
trente  années,  si  je  puis  lui  obtenir  une  grâce  de 
Votre  Majesté  [un  canonicat  pour  son  fils],  mol. 
Tart.  3'  placet.  Pour  les  grâces  du  roi ,  il  faut  tou- 
jours les  espérer  quand  on  les  mérite  toujours 
cofnme  M.  de  Grignan,  sÉv.  3(2.  Donnez  des  grâces 
aux  familles  qui  augmentent  la  culture,  fén.  Tél. 
XI!.  Il  Fig.  Ainsi  les  cœurs  sont  saisis  d'une  joie 
soudaine  par  la  grâce  inespérée  d'un  beau  jour  d'hi- 
ver, qui,  après  un  temps  pluvieux,  vient  réjouir 
tout  d'un  coup  la  face  du  monde,  boss.  Uarie-Thér. 
Il  Demander  en  grâce,  demander  comme  une  grâce, 
c'esl-à-dire  instamment.  Elle  a  demandé  en  grâce  de 
venir  dans  le  diocèse  de  Meaux,  boss.  Lctt.  quiet,  t  lo. 
Il  Faire  la  grâce  de,  formule  de  politesse.  C'est  trop 
do  grâce  que  vous  me  faites,  mol.  Pourc.  i,  5.  Je  ne 
suis  nullement  surpris,  monsieur,  d'apprendre  par 
la  lettre  que  vous  m'avez  fait  la  grâce  de  m'écrire, 
que  plusieurs  personnes  sont  mal  édifiées  de  vous 
voir  communier  presque  tous  les  jours,  fén.  t.  xvii, 
p.  497.  Il  ne  me  reste  plus  qu'à  vous  remercier  de  vos 
observations;  s'il  vous  en  vient  quelques-unes,  faites- 
moi  la  grâce  de  me  les  communiquer,  diper.  Lett. 
sur  les  sourds-muets.  ||  Grâce  expectative,  rescrit  du 
pape  qui  ordonne  au  collateurde  donner  le  premier 
bénéfice  vacmt  de  sa  collation  à  une  personne  que 
ce  rescrit  désigne.  ||  Chevaliers  de  grâce,  ceux  qui 
étaient  dispensés  de  faire  preuve  de  noble.sse  à  la 
rigueur,  dans  les  ordres  de  chevalerie.  ||  Commande- 
ries  de  grâce,  celles  dont  le  grand  maître  d'un  ordre 
a  la  libre  disposition,  par  opposition  à  commanderies 
de  rigueur,  celles  que  les  chevaliers  obtiennent  à 
leurrang.  ||  Dieu  grâce,  la  grâce  àDieu,  par  la  faveur 
du  ciel.  C'est  que  la  pauvreté  comme  moi  les  affole. 
Et  que,  la  grâce  àDieu,  Phébus  et  son  troupeau, 
Nous  n'eûmes  sur  le  dos  jamais  an  bon  manteau, 
Régnier,  Sat.  ii.  Ils  sont.  Dieu  grâce,  madame,  en 
parfaite  santé,  mol.  Comtesse,  n.  ||  Cela  lui  vientde 
la  grâce  de  Dieu,  cela  lui  vient  de  Dieu  grâce,  c'est 
une  chose  avantageuse  qu'il  obtient  sans  qu'il  y  ait 
contribué  par  ses  soins  ou  ses  efforts.  11  [Chevreuse] 
était  presque  sans  ressource,  lorsque  le  gouverne- 
ment de  Guyenne  lui  tomba  de  Dieu  grâce,  sans 
qu'il  y  eijt  pensé,  st-sim.  338,  «55.  ||  Cette  cho.se  est 
venue  de  la  grâce  de  Dieu,  c'est-à-dire  qu'on  ne  sait 
d'où  elle  est  venue.  |{  Par  la  grâce  de  Dieu,  formule 
que  les  princes  souverains  ont  coutume  de  mettre 
dans  leurs  titres.  Le  roi  re$ut  son  boiumaKC.  et  lui 


GRA 

permit  de  se  dire  prince  d'Orange  par  la  grâce  d« 
Dieu,  de  battre  monnaie,  de  donner  rémission,  hon 
pour  le  crime  d'hérésie  et  de  lèse-majesié,  : 
Ihst.  de  Louis  M,  Œuv.  t.  m,  p.  «5,  dans  i  ; 

!  Dans  le  style  badin.  Lise  qui  règne  par  la  grâce  i 
Du  dieu  qui  nous  rend  tous  égaux,  bérang.  Pe-  |« 
lit.  Il  De  grâce,  par  grâce,  par  pure  bonté.  On  vous  i'i| 
donne,  de  grâce,  une  heure  à  vous  résoudre,  cors,  ^H 
Théod.  m,  t.  De  grâce,  achevez,  m.  Cid,  s,  9.  Pro- 
fitons de  l'instant  que  de  grâce  il  nous  donne,  boil. 
ÉpU.  m.  Mais,  de  grâce,  est-ce  à  moi  que  ce  dit- 
cours  s'adresse?  rac.  Andr.  ii,  2.  |{  De  sa  grâce,  pv 
sa  pure  et  simple  volonté,  de  son  chef.  Le  pédant, 
de  sa  grâce.  Accrut  le  mal  en  amenant  Cette  jeu- 
nesse mal  instruite,  la  font.  Fabl.  ix,  B.  Votre  caait 
magnifique  Me  promit  de  sa  grâce,  une  bague..» 
MOL.  Dép.  amour,  i,  2.  Revel  était  frère  de  Broglie, 
que  M.  le  duc  fit,  de  sa  grâce,  en  son  temps  maré- 
chal de  France,  st-sim.  487,  248.  |{  8'  Terme  de 
théologie  qui  provient  du  sens  précédent,  la  grâce 
étant  une  faveur.  .Secours  intérieur  accordé  pu 
le  ciel  pour  l'exercice  du  bien  et  pour  la  sancti- 
fication. Il  [Dieu]  est  toujours  tout  juste  et  tont 
bon  ;  mais  sa  grâce  Ne  descend  pas  toujours  avec 
même  efficace;  Après  certains  moments  que  pert 
dent  nos  longueurs,  Elle  quitte  ces  traits  qid 
pénètrent  nos  cœurs,  corn.  Poly.  I,  t.  Nous  appe- 
lons grâce  actuelle  une  inspiration  de  Dieu  par 
laquelle  il  nous  fait  connaître  sa  volonté  et  par  br 
quelle  il  nous  excite  à  la  vouloir  accomplir,  pxsc. 
Proi;.  IV .  La  conduite  de  Dieu,  qui  dispose  toutes 
choses  avec  douceur,  est  de  mettre  la  religion 
dans  l'esprit  par  les  raisons,  et  dans  le  cœur  par 
la  grâce,  id.  Pensées,  art.  xxiv,  3,  édit.  lahobB, 
(860.  Je  crois,  comme  vous,  qu'il  faut  un  peu 
de  grâce  et  que  la  philosophie  seule  ne  suffit  pas, 
SÉV.  96.  On  peut  voir  dans  le  même  colloque  l'état 
présent  des  controverses ,  en  Allemagne  entre  les 
luthériens  et  les  calvinistes,  et  on  voit  que  la 
doctrine  constante  des  théologiens  de  la  confession 
d'Augslraurg  est  que  la  grâce  est  universelle,  BOSS. 
Var.  XIV,  §  t06.  Le  temps  a  été  court,  je  l'avoue; 
mais  l'opération  de  la  grâce  a  été  forte  ;  mais  la 
fidélité  de  l'âme  a  été  parfaite....  la  grâce,  cette 
excellente  ouvrière,  se  plaît  quelquefois  à  renfer- 
mer en  un  jour  la  perfection  d'une  longue  vie,  ID. 
T)uch.  d'Orl.  Quoique,  sans  menacer  et  sans  avertir, 
elle  [la  mort]  se  fasse  sentir  tout  entière  dès  le  pre- 
mier coup,  la  grâce,  plus  active  encore,  l'a  déjà  mi" 
[la  princesse]  en  défense,  m.  ib.  L'opération  de  l.i 
grâce  se  reconnaît  dans  les  fruits, id.  ÀunedeCon: 
Quand  on  a  connu  Jésus-Christ  et  qu'on  a  eu  p.i)t 
à  ses  grâces,  ID.  ib.  11  ne  faut  point  manquer  à  i\'> 
telles  grâces,  ni  les  recevoir  avec  mollesse  :  la  prin- 
cesse palatine  change  en  un  moment  tout  entière.  . 
iD.  ib.  Ce  nom  nouveau  du  Sauveur  est  celui  (i- 
l'Eiicharistie,  nom  composé  de  biens  et  de  grâces, 
iij.  Mar.-Thér.  Il  ne  faut  qu'une  passion  d'eiivio 
pour  anéantir  dans  nous  tous  les  effets  de  la  gràco , 
BOURDAL.  llyst.  Passion  de  J.  C.  t.  I.  p.  260.  Le? 
grâces  de  Dieu  ne  sont  pas  seulement  pour  nous  d^a 
dons  de  Dieu,  ni  des  bienfaits  de  sa  misériconl". 
mais  de  grandes  charges  devant  Dieu,  i».  Vim.  de  '  i 
Sexag.  Doniinic.  t.  I,  p.  4)7.  Grâces  délicates,  pari- 
qu'on  les  perd  aisément,  et  que  Dieu  nous  en  priv 
quelquefois  pour  les  plus  légères  infidélités,  id.  '•'' 
dim.  après  la  Pentec.  Dominic.  t.  ni,  p.  )  55.  La  grâce 
qui  est  en  nous  n'est  autre  chose  que  la  grâce  do  !i 
pénitence,  et  par  conséquent  de  l'humilité  même, 
II),  Purif.  de  la  Vierge,  Uyst.  t.  ii,  p.  178.  l'ouï 
ressusciter  dans  la  gloire,  il  faut  par  une  sainlo 
persévérance  mourir  dams  la  grâce,  id.  hysl.  Hh 
de  J.  C.  t.  i,  p.  359.  Ô  grâce,  b  rayon  salutaire. 
Viens  me  mettre  avec  moi  d'accord;  Et,  domptant 
par  un  doux  effort  Cet  homme  qui  t'est  si  contraire. 
Fais  ton  esclave  volontaire  De  cet  esclave  de  li 
mort,  RAC.  Cantique  3.  ||  Fig.  Je  vous  ai  déjà  d.l 
qu'il  me  fallait  du  temps  [pour  faire  une  tragédie  , 
de  la  santé  et  ftatus  dirinii-s  ;  j'attends  le  momei.'i 
de  la  grâce,  volt.  Lett.  d'Argental,  3  mai  t'-C 
Il  Grâce  suffisante,  grâce  donnée  généralement  :i 
tous  les  hommes,  soumise  de  telle  sorte  au  lilro 
arbitre  qu'il  la  rend  efficace  ou  inefficace  à  sor. 
choix,  sans  aucun  nouveau  secours  de  Dieu.  Il  1 3 
grâce  justifiante,  celle  qui  rend  juste  intérieure- 
ment. II  faut  que  cette  plante  divine  [la  dilectionj 
ne  soit  pas  seiûemenl  semée,  mais  qu'elle  ait  com- 
mencé de  prendre  racine  dans  l'âme  avant  qu'clic 
reçoive  la  grâce  justifiante,  boss.  Sermnns,  IVrii 
coiirers.  3.  ||  On  dit  dans  le  même  sens,  grâce  sanc- 
tifiai'.te.  Quand  je  dis  la  grâce,  j'entends  celle  que 
les  théologiens  appellent  grâce  sanctifiante  et  qui 
est  en  nous-  le  plus  précieux  de  tou!   les  dons  Ua 


GRA 

Dieu,  BOL'RiJ.  HijH.  Concept,  de  la  Vierge,  t.  ii,  p.  *. 
Il  Grâces  naturelles,  dons  naturels  que  la  Providence 
accorde  aux  gentils  comme  aux  chrétiens,  aux  mé- 
chants comme  aux  bons.  Il  Grâces  surnaturelles,  celles 
qui  ont  rapport  au  salut  éternel.  {|  L'ordre  de  la  grâce, 
l'ensemble  des  secours  de  la  grâce  que  Dieu  donne 
lux  hommes.  Tant  que  nous  sommes  détenus  dans 
.»ettc  demeure  mortelle,  nous  vivons  assujettis  aux 
changements,  parce  que,  si  vous  me  permettez  de 
parler  ainsi,  c'est  la  loi  du  pays  que  nous  habitons; 
et  nous  ne  possédons  aucSn  bien,  même  dans  l'or- 
Jrc  de  la  grâce,  que  nous  ne  puissions  perdre  v.n 
moment  après  par  la  mutabilité  naturelle  de  nos 
désirs,  boss.  Duch.  d'Orl.  \\  Être  en  état  de  grâce, 
n'avoir  sur  la  conscience  aucun  péché  mortel. 
Il  Grâce  d'état.  C'est  un  état  où  Dieu,  par  une  suite 
iramani]uable,  donne  à  chacun  des  grâces  de  .salut 
5t  de  sanctification,  et  non-seulement  des  grâces 
communes,  mais  des  grâces  propres  et  particulières 
i-|ue  nous  appelons  pour  cela  des  grâces  de  l'état, 
boURD.  Pensées,  t.  i,  p.  76.  Il  donne  la  grâce  de 
commander  à  celui  qui  dcit  commander,  et  la  grâce 
''obéir  à  celui  qui  doit  obéir,  m.  )0°  dim.  après  la 
'i-nlec.  Dominic  t.  m,  p.  220.  ||  Grâce  d'état,  se 
:t,  dans  le  langage  familier,  des  illusions  attachées 
à  une  condition  et  qui  la  rendent  supportable.  Ordi- 
nairement les  malades  de  la  poitrine  ne  se  voient  pas 
en  aussi  grand  danger  qu'ils  sont,  c'est  une  grâce 
d'état.  Il  Aude  grâce,  se  dit  des  années  de  l'ère 
chrétienne.  Calendrier  pour  l'an  de  grâce  4  8(;5. 
Hors  de  cette  phrase,  il  ne  se  dit  guère  qu'en  plai- 
santant. Il  9°  Coup  de  grâce,  dernier  coup  que  l'exé- 
juteur  appliquait  sur  l'estomac  du  patient  roué 
rif,  et  qui,  hâtant  sa  fin,  semblait  une  sorte  de 
miséricorde.  |]  Fig.  Ce  qui  achève  do  ruiner,  de 
perdre  quelqu'un.  Vous  lui  avez  porté  le  coup  de 
grâce.  Je  fus  hué  :  ce  dernier  coup  de  grâce  M'al- 
lait  sans  vie  étendre  sur  la  place ,  volt.  Pauvre 
diable.  \\  10*  Ancien  terme  de  commerce.  Jours 
de  grâce,  délai  de  dix  jours  accordé  à  celui  sur 
lequel  une  lettre  Je  change  était  tirée.  Cela  est 
échu,  mais  j'ai  encore  les  dix  jours  de  grâce,  dan- 
COURT,  les  Agiot.  n,  (.||0n  disait  dans  le  même 
sens  :  délai  de  grâce.  ||  Dans  le  langage  général ,  ce 
qui  est  accordé  au  delà  du  terme  ordinaire.  Des  jours 
chauds  au  mois  de  décembre  sont  des  jours  de 
grâce.  J'ai  quatre-vingts  ans,  toutes  les  années  que 
je  vivrai  seront  des  années  de  grâce.  ||  H"  Pardon, 
indulgence  (le  pardon  étant  une  sorte  de  faveur). 
Je  voudrais  comme  vous  faire  grâce  à  son  âge, 
COBN.  Sertor.  11,  t.  Il  ne  faut  point  de  grâce  à 
qui  se  voit  sans  crime,  m.  Perihar.  v,  2.  J'aurais 
peine,  seigneur,  à  lui  refuser  grâce,  id.  Sertor.  i, 
3.  Reine,  voyez  pour  qui  vous  me  demandiez  grâce, 
ID.  Pomp.  IV,  6.  Et  l'on  donne  grâce  aisément  Â  ce 
dont  on  n'est  pas  le  maître  [et  nous  pardonnons  ai- 
sément des  transports  dont  on  n'est  pas  le  maître], 
MOL.  Amph.  II,  6.  l'Ue  a  vu  venir  le  coup  sans  de- 
mander grâce,  FLÉCH.  Mme  de  Montausier.  Dieu  ne 
fait  jamais  grâce  à  qui  ne  l'aime  point,  boil.  Êpit.  xii. 
S'il  venait  à  mes  pieds  me  demander  sa  grâce,  rac. 
.4ndr.li,  i.  Il  Trouver  grâce  aux  yeux,  devant  les  yeux, 
être  excusé,  pardonné.  Crois  qu'un  bonzemodeste,  un 
dervis  charitable  Trouvent  plutôt  grâce  à  ses  yeux 
[de  Dieu]  Qu'un  janséniste  impitoyable  Ou  qu'un 
pontife  ambitieux,  volt.  Pour  et  contre.  Eh  quoi  ! 
devant  vos  yeux  nos  tyrans  trouvent  grâce  I  delav. 
Vêpres  sicil.  se.  suppr.  ||  11  signifie  aussi,  plaire, 
gagner  la  faveur;  ne  se  dit  que  d'une  personne  in- 
férieure à  l'égard  d'une  autre.  Esther  lui  plut  et 
trouva  grâce  devant  lui,  SAci,  Bible,  Esther,  11,  9. 
Mme  de  T.  a  trouvé  grâce  devant  Mme  de  Montes- 
pan,  SÉV.  370.  Devant  ses  yeux  cruels  une  autre  a 
trouvé  grâce,  rac.  Phéd.  iv,  B.  Seigneur,  si  j'ai  trouvé 
grâce  devant  vos  yeux,  id.  Estli.  11,  7.  ||  Faire  une 
grâce,  faire  grâce  à  quelqu'un,  lui  accorder  ce  qu'il 
ne  pourrait  justement  eii.C'er.  En  vousaccordantcela, 
on  vous  fait  une  grâce.  En  ce  mauvais  monde  où 
nous  vivons,  quand  on  nous  fait  justice,  imaginûn.s- 
nous  qu'on  nous  fait  grâce,  balz. De  la  cour,  6-  dise. 
Il  Ironiquement  et  familièrement.  Vous  me  faites 
là  une  lielle  grâce.  Voilà  vraiment  une  belle  grâce. 
Il  Faire  trop  de  gi-âce,  se  dit  ironiquement  de  quel- 
qu'un qui  reçoit  hautainement  des  avances,  des  com- 
pliments, qui  se  prête  hautainement  à  telle  ou  telle 
chose.  Comme  un  homme  qui  fait  trop  de  grâce  de  se 
laisser  louer,  fên.  Tél.  xiv.  ||  Faire  grâce  de,  ne 
pas  exiger.  Il  lui  a  fait  grâce  d'une  partie  de  sa 
dette,  ^p  fait  grâce  d'une  chose  en  s'emparant  du 
reste;  les  commis  lui  prirent  tous  ses  effets,  et  lui 
firent  grâce  de  son  argent,  volt.  Dict.  phil.  Grâce. 
Il  Fig.  Faire  grâce  de,  épargner  quelque  chose  à 
(Quelqu'un.  Il  m'a  lu  tcut  son  poème,  sans  me  faire 


GRA 

grâce  d'un  hémistiche.  Le  reste  des  idées  de  cet 
auteur  [Bohemiusj  sont  de  la  même  force,  et  nous 
"n  ferons  grâce  au  lecteur,  diderot,  Opin.  des  anc. 
philos.  (Théosophes).  ||  Absolument.  Grâce!  ne  con- 
tinuez pas.  Grâce!  ce  que  vous  me  dites  me  peine. 
Il  Par  ironie.  Faites-moi  grâce  de  vos  observations, 
épargnez-les-moi.  ||  Faire  grâce,  avec  un  nom  de 
chose  pour  sujet,  être  une  grâce,  une  faveur.  Mon 
refus  lui  fait  grâce,  et,  malgré  ses  désirs,  J'épargne 
à  sa  vertu  d'éternels  déplaisirs,  corn.  Nicom.  ui,  2. 
Il  Fig.  Faire  grâce  à  quelque  chose,  l'accepter.  Je 
suis  comme  vous,  je  fais  grâce  à  l'esprit  en  faveur 
(les  sentiments,  sÉv.  ic«.  b  août  (875. 1112°  Par- 
ticulièrement, remise  de  la  peine  que  le  prince 
fait  à  un  condamné.  Le  souverain  a  le  droit  de 
grâce.  Recours  en  grâce.  Il  a  obtenu  sa  grâce. 
Signer  une  grâce.  J'ai  eu  ma  grâce  de  cette  af- 
faire. —  Oui,  mais  cette  grâce  n'éteint  pas  peut- 
être  le  ressentiment  des  parents  et  des  amis,  mol. 
D.  Juan,  1,  2.  Le  prince  perdrait  le  plus  bel  at- 
tribut de  sa  souveraineté,  qui  est  celui  de  faire 
grâce,  MONTESO.  Esp.  vi,  5.  Il  Lettres  de  grâce,  ou, 
simplement,  grâce,  lettres  par  lesquelles  le  souve- 
rain accorde  la  grâce  d'un  criminel.  C'est  un  grand 
ressort  des  gouvernements  modérés  que  les  lettres 
de  grâce;  ce  pouvoir  que  le  prince  a  de  pardonner, 
exécuté  avec  sagesse,  peut  avoir  d'admirables  effets, 
MONTESQ.  Esp.  VI,  )6.  ||  Absolument.  Grâce!  De- 
mander grâce,  crier  grâcel  ||  13°  Remercîment, 
témoignage  de  reconnaissance  (  le  remercîment 
étant  quelque  chose  de  gracieux).  Je  rends  grâces 
aux  dieux  de  n'être  pas  Romain,  corn.  Ilor.  11,  3. 
Mme  de  Lafayette  vous  rend  mille  grâces,  sÉv.  I . 
M.  le  cardinal  vous  rend  grâces  très-humbles,  boss. 
Lelt.  abb.  1  H.  Il  rendit  grâces  aux  dieux  par  d'in- 
nombrables sacrifices,  fén.  Tél.  viii.  ||  On  dit  aussi 
actions  de  grâces.  Rendre  des  actions  de  grâces. 
[Après  la  bataille  de  Rocroi]  l'armée  commença 
l'action  de  grâces;  toute  la  France  suivit  ;  on  y  éle- 
vait jusqu'au  ciel  le  coup  d'essai  du  duc  d'Enghien, 
BOSS.  Louis  de  Bourbon.  \\  Fig.  Rendre  grâce  à  quel- 
que chose,  attribuer  à  quelque  chose  une  action 
favorable.  Rendez  grâce  au  seul  noeud  qui  retient 
ma  colère,  rac.  Iphig.  iv,  6.  ||  Grâce  à  Die  i, 
grâce  au  ciel,  par  la  faveur  du  ciel,  heureusement, 
par  bonheur.  Il  se  porte  mieux,  grâce  à  Dieu. 
Il  On  dit  aussi  grâces  au  ciel  dans  la  poésie  ou 
le  style  élevé.  Enfin,  grâces  aux  dieux,  j'ai  moins 
d'un  ennemi,  CORN.  Rodog.v,  1.  Grâces  au  ciel, 
mes  mains  ne  sont  point  criminelles!  rac.  Phè- 
dre, I,  3.  Il  Ironiquement.  Grâce  aux  dieux,  mon 
malheur  passe  mon  espérance,  rac.  Andr.  v,  6. 
Il  Grâce  à  vous,  grâce  à  vos  soins,  formules  polies 
de  remercîment.  ||  Grâce  à,  grâces  à,  quand  il  s'a- 
git de  choses,  signifie  :  par  elles,  par  leur  action. 
Comme  le  nombre  d'oeufs,  grâce  à  la  renommée , 
Débouche  en  bouche  allait  toujours  croissant,  la 
FONT.  Fabl.  VIII,  6.  Grâce  à  vos  opinions  nous 
avons....  PASO.  Prov.  v.  Grâce  aux  préventions  de 
son  esprit  jaloux,  Nos  plus  grands  ennemis  ont  com- 
battu pour  nous,  v. ac.  Brit.  v,  <.  ||  Ironiquement. 
Grâce  à  votre  maladresse.  ||  li"  Au  plur.  Prière  que 
l'on  fait  après  le  repas.  Dire  grâces.  Les  grâces  di- 
tes. Il  Fig.  et  familièrement.  Dire  grâces  avant  le  bé- 
nédicité, intervertir  l'ordre  des  choses,  et,  par 
exemple,  vivre  maritalement  avant  d'avoir  contracté 
le  mariage.  On  me  reproche  de  dire  grâces  sans 
avoir  dit  bénédicité,  volt.  Babyl.  H .  ||  Fig.  Venir 
dire  grâce  ou  des  grâces,  aller  remercier  son  bien- 
faiteur. Beaucoup  sollicitent  ;  peu ,  après  qu'ils 
ont  obtenu,  viennent  dire  grâces.  ||  15°  Titre  d'hon- 
neur des  ducs  d'Angleterre.  Sa  Grâce  le  duc  de.... 
Il  Grâce,  en  cet  emploi,  prend  un  G  majuscule. 
Il  16°  Grâce  de  saint  Paul,  nom  donné,  dans  l'Ile 
de  Malte,  à  une  terre  blanche  qui  passe  pour  un 
remède  contre  la  morsure  des  vipères,  ainsi  dite  de 
saint  Paul  qui  y  fut  mordu  par  un  serpent. 

REM.  I.  On  a  disputé  entre  les  grammairiens 

du  xvu'  siècle  si,  à  coté  de  grâces  à  Dieu,  on  pou- 
vait dire  aussi  grâce  à  Dieu.  Vaugelas  condamnait 
le  singulier,  parce  qu'en  ce  sens  grâces  vient  de  la 
prière  dite  grâces.  Mais  l'usage  a  pn'valu  de  dire 
indifféremment  le  pluriel  et  le  singulier.  ||  2.  On  a 
aussi  discuté  la  question  de  savoir  si  l'on  pouvait 
dire  indifféremment  gagner  les  bonnes  grâces  et 
gagner  la  bonne  grâce  de  quelqu'un.  L'usage  s'est 
prononcé  pour  le  pluriel.  ||  3.  Le  Dieu  grâce,  la 
grâce  Dieu,  sont  des  archaïsmes  représentant  Dei 
gratia,  gratia  Dei,  et  très-corrects  alors  que  la 
langue  avait  deux  cas,  Dieus,  du  lat.  Dcus,  Dieu,  du 
lat.  Dei  ou  Dec. 

—  SYN.  GRÂCE,  FAVEUR.  Êtymologiquemcnt,  grâce 
est  ce  qui  est  agréable,  qui  vient  à  gré;  faveur  es'  j 


GRA 


1909 


ce  qui  favorise.  Do  là  nait  la  nuance  quand  ce» 
deux  mots  se  touchent  :  grâce  emporte  toujours 
avec  soi  quelque  chose  de  son  sens  étymologique. 

—  IIIST.  xu*  s.  Par  la  Deu  grâce  qui  en  la  crois 
fu  mis,  Rone.  p.  11.  J'alasse  à  Dieu  grâces  et  mer- 
ciz  rendre  De  ce  que....  Coud,  xxiv.  Quant  est  des- 
ordenez  [il  a  perdu  la  prêtrise],  s'il  puet  à  Rome 
aler.  S'il  i  puisse  la  grâce  lapostolie  [pape]  encontrcr, 
Qu'il  luiduinse  [donne]  cungiésulement  de  chanter, 
Th.  le  mart.  30.  ||  xm-  s.  Et  par  la  grâce  de  Dieu  s,' 
advint  que  li  quens  [comte]  Thiebaus  de  Champaigne 
et  de  Brie  prist  la  crois,  villeu.  11.  El  avinl  qu'il  fu 
esleus  des  barons  d'Alemaigne  à  roi  d'Alemaigne  par 
la  grasse  dei  pape,  Chr.  de  Bains,  p.  )  U.  Qui  do  fanio 
vuet  avoir  grâce,  la  Rose,  9749.  Porce  voil  [je  veux] 
que  tu  la  desprises  [la  fortu.ie],  Et  que  sa  graco 
riens  ne  prises,  ib.  6378.  De  nule  riens  qui  touque 
[touche]  à  cas  de  justice  temporel,  le  [la]  justice 
laie  n'est  tenue  à  obéir  au  commandement  de  la 
[la]  justice  esperituel,  selonc  nostre  coustume,  se 
n'est  par  prace,  beaum.  xi,  <  ( .  Tout  soit  il  ainsi  que 
il  n'ait  pas  en  noz  [nous]  toutes  les  grâces  qui  doi- 
vent estre  en  homme  qui  s'entremet  de  baillie....  id 

I,  1.  Tandis  que  le  roy  oy  ses  grâces,  joinv.  2B6 
Il  XIV'  s.  Les  autres  qui  mettent  félicité  es  biens  de 
i'ame,  si  sont  et  ont  esté  peu  de  hommes  vertueux 
et  glorieux  et  de  grâce  renommée,  oresme,  Etii. 
xviu.  Car  on  doubtoit  Bertran,  sa  grâce  et  son  re- 
nom. Que  par  trestout  le  monde  couroit  son  grar.t 
renom,  Guescl.  <6942.  Jehan  Fenin,  qui  estoit  homa 
rioteux  et  félons  et  melleys  [querelleur],  ayans 
mauvaise  grâce  en  la  dite  ville  et  en  tous  les  lieux 
où  cogneuz  estoit,  du  cange,  gratia.  ||  xv  s.  [Que 
je  puisse]  encheoir  en  leur  grâce  [des  lecteurs], 
FROiss.  Prol.  L'an  de  grâce  mil  trois  cent  quarante 
un,  ID.  I,  I,  )B7.  Les  seigneurs  d'Angleterre  lui  di- 
rent [au  roi  d'Angleterre],  sauve  sa  graco,  que.... 
ID.  I,  I,  1 93.  Le  duc  de  Lanca.stre  n'estoit  mie  bien 
en  la  grâce  du  commun  peuple,  id.  ii,  ii,  4.  Il  y 
avoit  un  chevalier  capitaine  de  Nordvich  qui  s'ap- 
peloit  me.çsire  Robert  Salle  ;  point  gentilhomme 
n'estoit,  mais  il  avoit  la  grâce,  le  fait  et  renommée 
d'estre  sage  et  vaillant  homme  aux  armes,*  id.  ib. 

II,  II,  (14.  Icelluy  Gerardin  dist  par  esbatement  :  Il 
nous  faut  faire  les  grâces  des  Lombars  ;  les  quelles 
grâces  il  entendoit  jouer  anx  dez,  vu  canoë,  gratia. 
Très  haut,  très  puissant  et  très  redouté  seigneur, 
monseigneur  le  ducdeBourgogne,  comme  je  Evrard 
de  la  Marche  ay  escritpar  devers  vostre  grâce,  pour 
que  icelle  vostre  grâce....  id.  ib.  Les  grâces  que  j'ay 
receues  de  luy  [de  Louis  XIJ,  comm.  Prol.  Suppliant 
au  roy  l'avoir  tousjours  en  sa  bonne  grâce,  in. 
I,  ( .  Tous  les  chrestiens  furent  sur  les  champs,  touj 
estans  en  estât  de  grâce,  comme  il  appartenoit, 
J.  de  Saintré,  ch.  80.  ||  xvi"  s.  La  civilité,  comme 
la  grâce  et  la  beauté,  est  conciliatrice  des....  mont. 
I,  B2.  On  le  desbandoit  pour  luy  lire  sa  grâce,  lu. 
I,  91.  La  grâce  et  bienséance  des  vestements  des- 
pend de....  ID.  I,  H9.  J'y  ferois  pourtraire  la  joye 
et  Flora  et  les  Grâces,  id.  1,  I8t.  Callisthenes  perdit 
la  bonne  grâce  d'Alexandre  pour....iD.  i,  485.  Avcc- 
ques  la  grâce  de  Dieu  je  l'ay  passée  doulce  et  aysée 
[ma  vie],  id.  i,  21».  Une  telle  largesse  faict  vergon- 
gne  à  qui  la  receoit,  et  se  receoit  sans  grâce,  id. 
IV,  9.  Cela  ayda  jadis  à  mettre  la  poésie  en  la  maie 
grâce  des  sages,  id.  iv,  341.  Or  sommes  nous,  la 
grâce  à  Dieu,  par  beaucoup  de  périls  et  flots  estran- 
gers,  rendus  au  port,  à  seureté,  dd  bellay,  i,  40, 
recto.  Il  ne  demeura  aux  nopces  que  jusques  aux 
grâces  quand  l'on  offre  du  vin  aux  dieux,  amyot, 
Péric.  Ii.  Il  alloit  gaignant  la  bonne  grâce  de» 
soudards  par....  id.  Fab.  (3. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  graice;  provenç.  et  espagn 
gracia  ;  portug.  graça;  ital.  grasia;  du  lat.  gratia, 
de  gratus,  agréable  (voy.  gré).     , 

GKACIABLE  (gra-si-a-bl'),  adj.  ||  1°  Terme  de 
droit  criminel.  Qui  peut  mériter  grâce.  Fait  gra- 
ciable.  Un  législateur  sage  aurait,  dans  les  cas  les 
plus  graciables,  modéré  la  peine  du  crime,  jiontf.so. 
Esp.  VI,  13.  Quelques  autres  juges  fMient  persuadés 
de  la  nécessité  des  supplices  dans  les  affaires  les 
plus  graciables,  volt.  Polit.  Proc.  crimin.  Latli, 
19.  Il  2°  Qu'on  peut  pardonner.  La  désobéissanct 
n'eût  pas  été  graciable,  J.  i.  Rooss.  Ém.  v. 

—  ETVM.  Gracier. 

GRACIE,  ÉE  (gra-si-é,  ée),  part,  passé  de  gra- 
cier.  Gracié  par  le  prince. 

GR  ACIEB  (gra-si-é) ,  je  graciais,nous  graci  ions,TOU» 
graciiez;  queje  gracie,  que  nous  graciions,  que  vous 
graciiez,  r.  a.  Terme  de  droit  criminel.  Faire  remi^-e 
de  sa  peine  à  un  condamné.  L'empereur  l'a  gracié. 

—  HisT.  XIV'  s.  Avons  gracié  et  remis  dès  main- 
tenant lad'tte  amende,  du  cange,  gratificare. 


1910 


GRA 


-  6TYM.  Glace.  Gracier,  dans  l'ancien  français, 
signifie  rendre  grâce,  remercier. 

GKACIEUSÊ.  f.V.  (gra-si-«û-zé,  zée),  part,  passé 
de  gracieuser.  Gracieuse  dos  grands,  lesage,  D.  boit. 

GBACIEUSEMENT  (gra-si-eû-ze-man),  adv.  D'une 
manière  gracieuse.  11  accueille  gracieusement  tout 
le  monde. 

—  HIST.  xiv  s.  Un  clerc  l'avoit  rimée  (la  chan- 
■onj  tant  grasieutement,  Baud.  de  Seb.  vi,  394. 
Il  XV'  s.  Kt  tousjours  ledict  de  la  Hiviere  respon- 
doit  le  plus  gratieusement  qu'il  pouvoit,  Juv.  oes 
URS.  Charles  VI,  14(3.  ||  xvi*  s.  Obéissez  à  Dieu 
gracieusement,  calv.  Inslil.  )0I3. 

—  ËTYM.  Gracieuse,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
gracinsamen;  catal.  jroctosament  ;  espagn.  gracio- 
lamente;  ital.  grazio.amente. 

GRACIEUSER  (gra-si-eû-zé),  V.  a.  Faire  de  gran- 
des démonstrations  de  bienveillance  à  quelqu'un. 
Le  roi  d'Espagne  Ht  venir  de  Flandre  le  comte  de 
Serclaës  pour  y  commander  ses  troupes  sous  lui, 
que  le  roi  gracieusa  fort  en  passant,  st-ptmon,  t 'id, 
«37.  Le  duc  d'Orléans  vit  les  magistrats,  les  entre- 
tint, les  gracieusa,  id.  2B4,  (63. 

—  RKM.  Gracieuser,  dire  des  choses  obligeantes, 
mot  présentement  du  bel  usage,  de  caillières, 
)(î90.  On  commence  à  se  servir  du  mot  gracieuser, 
qui  signifie  recevoir,  parler  obligeamment  ;  mais  ce 
mot  n'est  pas  employé  par  les  bons  écrivains  dans 
le  style  noble,  volt.  Vict.  phit.  Gracieux.  Le  mot 
est  plus  ancien  que  ne  croit  Voltaire  ;  mais  il  est 
en  effet  plutôt  du  style  familier  que  du  style  élevé; 
nos  adjectifs  en  eux  formant  bien  peu  de  verbes 
en  euser. 

—  H!ST.  XVI'  s Ce  qui  donna  lieu  à  la  reine  de 

la  gracieuser  et  de  l'honorer  d'une  grande  familia- 
rité, d'aub.  Vie,  Lvii. 

—  ËTYM.  Gracieux. 

GRACIEUSETÉ  (gra-si-eû-ze-té),  i.  f.  ||  !•  Civilité 
tout  affectueuse.  Sa  vanité  lui  fit  prendre  sur  son 
compte  des  gracieusetés  qui  n'étaient  que  pour  ses 
bouffonneries,  hamilton,  Gramtn.  7.  Le  roi  mit  la 
calotte  sur  la  tèledu  cardinal  de  Noailles  avec  force 
gracieusetés,  st-simon,  78,  3.  |{  2°  Gratification,  ce 
i|ua  l'on  donne  à  quelqu'un  en  sus  de  ce  qu'on  lui 
doit.  Il  lui  fit  une  gracieuseté. 

—  HlsT.  xv*  s.  Et  estes-vous  tel,  se  vous  m'aveï 
donné  aucune  courtoisie  ou  gracieuseté  [cadeau], 
que  vous  me  le  vouliez  après  retoUer  [reprendre]'? 
LOUIS  XI,  Nouv.  xviii.  Je  vous  avois,  entre  autres, 
choisie  comme  la  nompareille  de  beauté,  geutelé  et 
gracieuseté,  id.  ib.  xxviii.  {|  x,vi'  s.  Nous  savons 
aussi  de  quelle  gracieuseté  saint  Augustin  usa  en- 
vers les  donatistes,  calv.  Irist.  992. 

—  Ktvm.  Provenç.  gracioiiial;  espagn.  gracio- 
lidad:  ilal.  graxiosilà;  du  \a.liu  gratiosilalem,  de 
graliosus,  gracieux. 

GRACIEUX,  EUSE  (gra-si-eù,  eû-z'),  ad).  ||  1°  Qui 
a  de  la  grâce.  Votre  esprit  inquiet,  triste,  noir, 
soucieux,  Ne  vous  produira  pas  des  songes  gra- 
cieux, MAiRET,  Sophon.  II,  3.  Madame  à  ce  discours 
embrassa  le  gracieux  ignorant,  volt.  Jeannot  et 
Colin.  Oui,  voilà  son  regard  et  ses  traits  gracieux, 
M.  ].  ciiENiER,  f'énel.  Il,  3.  Il  Oui  porte  à  l'imagi- 
nation, à  l'âme,  des  idées,  des  peintures  douces 
et  charmantes,  en  parlant  des  productions  des  let- 
tres et  des  beaux-arts.  Un  sujet  gracieux.  Une  fable 
gracieuse.  Il  Style  gracieux,  style  où  l'on  trouve 
(le  la  grâce.  ||S.  m.  Le  gracieux,  re  qu'il  y  a  de 
gracieux.  Le  gracieux  se  compose  de  l'élégant,  du 
riunt  et  du  noble.  Walteau  a  été  dans  le  gracieux 
à  peu  près  ce  ((ue  Tcniers  a  été  dans  le  grotesque, 
VOLT,  iouiî  XIV,  Artistes.  \\i"  Poli,  doux,  civil.  Il 
est  gracieux  pour  tout  le  monde.  Et  l'accueil  gra- 
cieux qu'il  recevait  de  vous....  corn.  //or.  i,  3.  Et 
quel  est  cet  abord?  qu'il  est  peu  gracieux  I  rotrou, 
Àntig.  Il,  4.  Kt  désormais  gracieux.  Allez  à  Liège, 
à  Bruxelles,  Porter  les  humbles  nouvelles  De  Na- 
mur  pris  à  vos  yeux,  boil.  Ode,  Namxer.  Les  nou- 
veaux magistrats  songèrent  à  se  rendre  gracieux  au 
peuple,  LE  p.  CATROU,  dans  destontaines.  |{  3°  Oui 
est  de  grâce,  favorable.  Ce  qu'il  y  aurait  eu  de  gra- 
cieux à  cela,  c'est  que,  supposé  cet  établissement 
fait  et  une  paix  de  durée,  il  n'y  a  point  d'année 
que  les  revenus  du  roi  ne  se  fussent  augmentés 
s-ins  rien  forcer  ni  violenter  personne,  vauban, 
Dime,  p  460.  Il  X  titre  gracieux,  par  pure  grâce, 
•ans  qu'on  y  soit  obligé  par  aucune  considération. 
Il  Juridiction  gracieuse,  celle  que  les  évêques  exer- 
çaient par  cux-iiiêmes,  par  opposition  à  la  juridic- 
tion contentieuse  qu'ils  exortaient  par  leurs  offi- 
ciaux.  Il  En  stylo  de  chancellerie  romaine ,  les 
provisions  d'un  bénéfice  sont  expédiées  en  forme 
Srscieuse  quand   elles  dispensent   l'impétrant  de 


GRA 

l'examen  et  du  visa  de  l'ordinaire.  ||  4*  Oui  accorde 
des  grâces.  Il  n'est  usité  en  ce  sens  que  comme 
titre  de  certains  souverains.  La  plupart  des  peuples 
du  Nord  disent  :  notre  gracieux  souverain  ;  appa- 
remment qu'ils  entendent  bienfaisant,  vOLT.  Dict. 
Iiliil. Gracieux.  \\i'  S.m.  Le  gracieux,  le  gracioso.  Je 
suis  le  gracieux  de  la  Iruupe,  v.  uuoo.  II.  de  l'Orme. 

—  IiEM.  <•  Gracieux  est  un  terme  qui  manquait  à 
i<  notre  langue,  et  qu'on  doit  à  Ménage.  Bouhours, 
«  en  avouant  que  Ménage  en  est  /'auteur,  prétend 
«  qu'il  en  a  fait  aussi  l'emploi  le  plus  juste,  en  di- 
«  sant  :  Pour  moi  de  qui  les  vers  n'ont  rien  de  gra- 
«  cieux,  VOLT.  Dict.  phil.  Gracieux.  »  On  ne  conçoit 
pas  comment  Voltaire  a  pu  dire  que  le  mot  gracieux 
était  dû  à  Ménage;  ce  mot  se  trouve  de  tout  temps 
dans  la  langue.  Le  fait  est  que  gracieux,  condamné 
par  Vaugelas,  par  Marguerite  Buffet,  qui  dit  qu'il 
est  hors  du  beau  style,  fut  défendu  par  Ménage. 
11  a  heureusement  triomphé  de  l'opposition  des 
puristes.  Quant  à  Caillères,  il  se  borne  à  dire  : 
Un  visage,  un  sourire  gracieux,  mot  tiré  do  la 
langue  des  peintres  et  présentement  du  bel  usage. 
L'Académie,  dans  ses  remarques  sur  Vaugelas,  n'ad- 
met gracieux  que  dans  le  sens  de  doux,  courtois,  et 
en  termes  de  peinture  :  11  y  a  je  ne  sais  quoi  de  gra- 
cieux dans  ce  tableau. 

—  SYN.  GRACIEUX,  AGRÉABLE.  Ce  qui  est  gracieux 
a  de  la  grâce;  ce  qui  est  agréable  a  de  l'agrément.' 
Or  la  grâce  a  un  charme  bien  plus  fort  et  bien  plus 
pénétrant  que  l'agrément.  La  grâce  peut  être  mise 
au-dessus  de  la  beauté;  l'agrément  ne  l'a  pu  jamais. 

—  HIST.  XIII'  s.  Plus  gracieus  est  uns  petiz  dons 
faiz  isneU-ment  [vite]  que  uns  autres  grans  n'est  qui 
est  à  paine  donés,  brun,  latini,  Trésor,  p.  m.  Ele 
[Berte]  est  plus  gracieuse  que  n'est  la  rose  en  mai, 
Berte,  Lvii.  Il  laissierent  le  roi  et  la  roine  tous  do- 
lans  pour  Loeys  lur  aisnet  filz  qui  inors  estoit  sour 
l'eage  de  seize  ans  et  avoit  esté  mervelles  sages  et 
gra-ssieus,  Chr.deltains,  236.  ||  xiv's.  Se  il  est  agréa- 
ble et  gracieux,  oresme,  Eth.  2B3.  ||  xV  s.  11  ne 
pouvoit  faire  plus  belle  saison  ni  plus  gracieuse, 
FBOiss.  II,  u,  212.  Et  toutesfois  feut-il  conclu,  qu'on 
leur  feroit  la  plus  gralieuse  response  que  faire  se 
pourroit,  juvên.  des  urs.  Charles  VJ,  tssi .  ||  xvi'  s. 
Un  joug  gracieux  et  fardeau  léger, calv. 7«.s(il.  945. 
Gracieux  [qui  fait  grâce]  aux  vaincus,  mont,  i,  4. 
Le  vin  semble  amer  au  malade  et  gracieux  au  sain, 
ID.  II,  352.  Langage  nerveux  et  puissant,  comme  le 
françois  est  gracieux,  délicat,  id.  m,  30.  Admones- 
tant le  peuple  d'élire,  non  pas  les  plus  gracieux, 
mais  les  plus  aspres  et  rigoureux  médecins,  amyot, 
Caton,  33. 

—  ÊTYM.  Provenç.  gracios;  espagn.  gracioso; 
ital.  graiicsn;  du  latin  gratiosus ,  de  gratia,  grâce. 

GRACILITÉ  (gra-si-li-tè),  s.  f.  QuaUté  de  ce  qui 
est  grêle.  La  gracilité  de  la  voix. 

—  ÊTYM.  Lat.  gracilitatem,    de  graeilis,  grêle 

(VOy.  GRÊLE,  adj.). 

tGRACIOLE  (gra-si-o-l'),  s.  f.  Nom  d'une  variété 
de  poire.  Graciole  d'été,  le  bon  chrétien  d'été.  Gra- 
ciole  d'hiver,  le  bon  chrétien  d'hiver.  Ella  est 
nommée  gratioli  dans  le  Dictionnaire  de  Trévoux 
et  graliori  en  Normandie. 

t  GRACIOSO  (gra-si-o-zo) ,  s.  m.  Bouffon  de  la 
comédie  espagnole.  ||  Au  plur.  Des  graciosos. 

—  ETYM.  Lat.  gratio.'cus,  gracieux. 

t  GRADATIF,  IVE  (gra-da-tif ,^i-v'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  va  par  gradation. 

—  ÊTYM.  Voy.  gradation;  provenç.  gradatiu. 

GRADATION  (gra-da-sion  ;  en  vers,  de  quatre  syl- 
labes) .  s.  f.  Il  1°  Passage  successif  d'un  état  à  un 
autre.  Sans  aucune  de  ces  gradations  insensiblesqui 
amènent  les  saisons,  volt.  Charles  XII,  t.  Cette 
gradation  d'êtres  qui  s'élèvent  depuis  le  plus  léger 
atome  jusqu'à  l'être  suprême ,  cette  échelle  de 
l'infini  frappe  d'admiration,  id.  Dict.  phil.  Chaîne 
des  êtres.  Celui-là  [Mars]  fait  son  tour  en  deux  ans, 
Jupiter  son  voisin  en  douze,  Saturne  en  trente,  et 
encore  Saturne,  le  plus  éloigné  de  tous,  n'est  pas  si 
gros  que  Jupiter;  oil  est  la  gradation  prétendue?li>.ib. 
Nous  voyons  partout  des  gradations  entre  les  êtres  ; 
mais  l'ordre  de  ces  gradations  ne  nous  est  encore 
connu  que  très-imparfaitement,  bonnet,  Contempl. 
nat.  ni,  26.  ||  2°  Particulièrement,  accroissement 
progressif.  La  gradation  do  la  lumière  est  sensible 
depuis  la  pointe  du  jour  jusqu'au  lever  du  soleil.  Ils 
se  prirent  de  paroles,  et,  après  quelque  gradation 
d'injures,  Charpentier  reprocha  à  l'abbé  Talleraanl 
qu'il  était  fils  d'un  marchand  banqueroutier  de  la 
Hochelle,  fukktiRre,  Faclums,  1. 1,  p.  197.  ||3°Termo 
de  rhétorique.  Figure  par  laquelle  on  accumule  plu- 
sieurs termes  ou  plusieurs  idées  qm  enchérissent 
l'une  sur  l'autre.  Il  fallait  dire  [dans  l'ode  de  Bci- 


GRA 

leau  sur  la  prise  de  Namur]  :  Je  vois  nos  cohorlei 
s'ouvrir  un  large  chemin  à  travers  les  débris  dca  ro- 
chers, au  milieu  des  armes  brisées  et  sur  des  morU 
entassés;  alcrs  il  y  aurait  eu  de  la  gradation,  de  It 
vérité  et  une  image  terrible,  volt.  Vict.  phil.  Etw 
thousiasme.  |{  i'  Terme  de  peinture.  Passage  insen- 
sible d'un  ton  à  un  autre.  ||  B"  Plus  particulièrement, 
en  peinture  et  en  sculpture,  artifice  de  composition 
par  lequel  on  fait  saillir  le  personnage  ou  le  groupt 
principal,  en  all'aiblis.sant  graduellement  la  lumière, 
l'expression  dans  les  autres  figures.  ||  6'  En  archi- 
leciure,  disposition  de  plusieurs  parties  qui,  ran- 
gées par  degrés  ou  les  unes  au-dessus  des  autres,  > 
symétrisent  par  leurs  formes  et  leurs  ornements.  | 
Il  7°  Kn  musique,  mélodiedans  laquelle  l'expression  i 
monte,  p<jjr  ainsi  dire,  au  moyen  d'une  progres- 
sion de  figures  qui  se  ressemblent.  ||  11  signifie  aussi 
la  progression  du  pt'ano  ou  dolce  au  forte  et  au 
fortissimo. 

—  HIST.  ivi'  s.  Je  loue  [chez  les  femmes]  la  gra- 
dation et  la  longueur  en  la  dispensation  de  leurs 
faveurs,  mont,  m,  3«9. 

—  ÊTYM.  Provenç.  gradatio  ;  il3.\.  gradaxione; 
du  lat.  gradationcm,  ayant  pour  radical  grad  qui 
est  dans  gratius,  degré  (voy.  grade). 

GRADE  (gra-d'),  s.  m.  ||  1°  Degré  de  dignité, 
d'honneur  dans  une  hiérarchie.  Rome  n'attache 
point  le  grade  à  la  noblesse,  corn.  Serlor.  ii,  2.  11 
est  mille  douceurs  en  un  grade  si  haut  [le  trône] 
Où  peut-cire  avez- vous  moins  pensé  qu'il  ne  faut, 
ID.  Olhon,  III,  5.  Rome  enfin  de  ton  choix  tient-ello 
un  lieutenant?  Le  sort  pourvoit  Narsès  de  ce  grade 
éminent,  rotroo,  Délis.  ii,  lo.  Guillaume  desCham- 
peaux,  né  en  Brie  de  parents  obscurs,  s'éleva  par  la 
réputation  qu'il  se  fit,  de  grade  en  grade  jusqu'à 
l'épiscopat,  DinEROT,  Opin.  des  anc.  philos,  {scn- 
taslir]ues).  ||  2°  Se  dit  de  l'armée.  Le  grade  de 
capitaine,  de  colonel,  de  sergent.  Les  grades  supé- 
rieurs. Les  grades  inférieurs.  La  plupart  s'accordè- 
rent surla  possibilitéde  conquérir  la  Russie,  soit  que 
leur  espoir  y  vît  à  ac(|uérir,  suivant  leur  position, 
depuis  un  simple  grade  jusqu'à  un  trône;  soit  qu'ils 
se  fussent  laissé  prendre  à  l'enthousiasme  des  Po- 
lonais, ségur,  llist.  de  \'ap.  ii,  5.  {|  3'  Il  se  dit  aussi 
des  rangs  universitaires.  11  y  a  trois  grades  dans 
l'université  :  bachelier,  licencié,  docteur.  Prendre 
ses  grades  dans  l'université.  ||  4°  Anciennement, 
lettre  qu'on  obtenait  en  vertu  des  grades  qu'on 
avait  acquis.  Signifier,  jeter  ses  grades  sur  une 
abbaye.  Ij  6°  Nom  donné,  en  géométrie,  à  la  cen- 
tième iiartie  du  quart  de  cercle,  et,  en  géographie, 
au  degré  centésimal  que  l'on  a  tenté  un  instant  de 
substituer  au  degré  nonagéslmal.  ||  Nom  donné 
aussi  quelquefois  aux  divisions  centigrades  des  me- 
sures qui  se  divisaient  autrement.  Dans  le  thermo- 
mètre centigrade,  le  (jTade  vaut  les  i/&  du  degré  de 
Réaumur. 

—  HIST.   XVI'  s N'eust  voulu   recevoir   une 

grade  s'il  n'eust   pensé  en  estre  bien  digne,  cabl. 
i,  (9.  Honorez  du  grade  de  chevalerie,  in.  m,  25. 

—  ÊTYM.  Lat.  gradus,  degré,  de  la  même  racine 
que  gradi ,  marcher,  rapproché  avec  raison  de 
l'allemand  schreilen,  marcher. 

GRADÉ  (gra-dé),  adj.  m.  Quia  un  grade  dans 
l'armée.  Militaire  gradé,  non  gradé.  Il  ne  se  dit 
guère  que  des  grades  inférieurs,  de  ceux  qui  sont 
marques  par  des  galons. 

t  GRADILLE  (gra-di-ll',  U  mouillées),*,  f.  Terme 
d'architecture.  Espèce  de  dentelure. 

GRADIN  (gra-din),  s.  m.  (|  1"  Petit  degré  qu'on 
met  sur  un  autel,  sur  un  buffet,  etc.  pour  y  placer 
des  chandeliers,  des  (leurs,  etc.  Un  buffet  en  gra- 
dins portait  vingt  mille  vases  ou  plats  d'or,  volt. 
Princ.  de  Babyl.  3.  |{  Degrés  de  plomb  ou  de  pierre, 
pratiqués  dans  les  buffets  d'eau  et  les  cascades,  où 
l'eau  en  tombant  forme  des  nappes.  ||  2°  Bancs  dis- 
posés en  étages,  par  exemple  dans  les  amphithéâ- 
tres. Ce  monde  est  un  vaste  amphithéùtie  ou  chacun 
est  placé  au  ha.sard  sur  son  gradin,  volt.  Uial.  3.  Je 
vis  au  bout  d'une  allée  d'orangers  et  de  citronniers 
une  espèce  de  lico  immense  entourée  de  gradins 
couverts  d'étoffes  précieuses,  id.  Voyages  de  Scar- 
mentado.  ||  Par  extension.  Je  commence  à  gravir  ces 
gradins  de  collines....  lamabt.  yoc.  ii,  72.  ||  Abso- 
lument. Les  gradins  des  classes  des  lycées.  Il  était 
encore  sur  les  gradins,  que  déjà  il  témoignait  des 
dispositions  à  la  poésie,  jl  3"  Terme  do  jardinage. 
Gradins  de  gazon,  marches  ou  degrés  revêtus  de 
gazon.  Il  4°  Terme  de  mines.  Gradins  renversés,  ou- 
vrage dans  lequel  on  exploite  en  forme  do  dessous 
d'escalier. 

—  ETYM.  Dérivé  de  grade,  degré. 

t  GUAUINB  (gra-di'  i'),  s.  f.  Ciseau  tr&s-affilé  et 


GRA 

dentelé,  dont  se  servent  les  sculpteurs  en  marbre. 
Il  Instrument  du  potier  qui  lui  sert  à  achever  les 
pièces  moulées. 

t  GKADINER  (gra-di-né),  V.  a.  Travailler  le  mar- 
bre avec  la  gradine. 

f  GRADCALITÉ  (gra-du-a-li-tc),  i.  f.  Caractère 
de  ce  qui  est  graduel.  Motion  pour  qu'il  soit  établi 
une  gradualité  dans  les  élections  aux  fonctions  pu- 
bliques, MiRAB.  Collection,  t.  ii,,d  la  Table. 

—  ÈTY.M.  Graduel. 

t  GRADCATEUR  (gra-du-a-teur),s.m.  Ternie  do 
physique.  Piècedestinée  à  faire  varier  l'intensité  du 
courant  électrique  dans  les  appareils  d'induction. 

GRADUATION  (gra-du-a-sion  ;  en  vors,  de  cinq 
syllabes),  s. /.  ||  1"  Terme  de  physique.  Opération 
par  laquelle  on  détermine  les  degrés  de  l'échelle  de 
quelques  instruments  de  précision,  comme  les  baro- 
m"'tres,  les  thermomètres,  les  pyromètres,  les  aréo- 
m'tres,  les  hygromètres,  etc.  ||2''  Terme  de  chimie. 
Concentration  progressive  de  certains  liqui<les,  pour 
retirer  les  substances  .salines  qu'ils  renferMent.  C'est 
ainsi  qu'on  gradue  les  eaux  de  la  mar  pour  obtenir 
le  sel  marin.  ||  Terme  de  salines.  Bâtiments  de  gra- 
duation, ou,  simplement,  graduation,  ou  chambre 
graduée,  constructions  particulières  dans  lesquelles 
on  concentre  les  eaux  salées. 

—  Rtym.  Graduer;  provenç.  graduacio;  espagn. 
graduacion;  ital.  graduaztone. 

GRADUÉ,  ÊE  (gra-du-é,  ée),  adj.  ||  1°  Terme  de 
physique.  Où  les  divisions  sont  marquées.  Un  ther- 
momètre gradué.  ||  Terme  de  géométrie.  Cercle  gra- 
dué, cercle  divisé  en  trois  cent  soixante  degrés, 
en  quatre  cents  grades.  ||  Terme  de  géographie. 
Cartes  graduées,  cartes  oit  les  degiés  de  longitude 
et  de  latitude  sont  marqués.  ||  2"  Terme  de  chimie. 
Feu  gradué,  feu  donné  par  degrés.  ||  Chambre  gra- 
duée,  foy.  GnADUATiON.  Il  3"  Oii  la  graduation  est 
ménagée.  Cours  de  thèmes  gradués.  Tout  est  donc 
gradué  ou  nuancé  dans  la  nature,  bonnkt,  Caus. 
prem.  vu,  3.  ||  4°  Qui  a  obtenu  un  grade  dans  une 
faculté  de  théologie,  de  droit,  de  médecine,  de 
sciences  ou  de  lettres.  Autrefois  les  nobles  étaient 
gradués  par  privilège  après  trois  ans  d'études,  quoi- 
que le  terme  lût  plus  long  pour  les  autres.  ||  .Sub- 
stantivement C'est  un  gradué.  L'obligation  oii  est 
le  juge  de  prendre  deux  gradués  dans  les  cas  qui 
peuvent  mériter  une  peine  afilictive,  montesq.  Esp. 
XXVIII,  42.  Chaque  gradué,  depuis  le  sous-diacre 
jusqu'au  souverain  pontife,  exerçait  une  petite  ju- 
ridiction!, cuateaubr.  Génie,  iv,  vi,  10. 

1.  GRADUEL,  ELLE  (gra-du-èl,  è-1'),  ad;.  ||  l-'Oui 
va  par  degrés.  Augmentation  graduelle.  Ses  progrès 
|de  Louvois]  furent  graduels,  mais  rapides,  UUCLOS, 
Règne  de  Louis  X[V,  Œuvres,  t.  v,  p.  <ee,  dans 
PouOENS.  Il  Terme  de  jurisprudence.  Substitution 
graduelle.  ||2°  Psaumes  graduels,  certains  psaumes 
que  les  Hébreux  chantaient  sur  les  degrés  du  temple. 

—  ÉTVM.  Provenç.  et  espagn.  graduai;  ital.  gra- 
dunle;  du  lat.  gradus,  degré. 

2.  GRADUKL  (gra-du-èl),  s.  m.  \\  1°  Versets  qui  se 
disent  à  la  messe  entre  l'épître  et  l'évangile  et  qui  se 
chantaient  autrefois  au  jubé,  comme  cela  se  iirati(|ue 
encore  dans  quelques  églises.  Chanter  le  graduel. 
Il  2'  Livre  qui  contient  tout  ce  qui  se  chante  au 
lutrin  pendant  la  messe.  Acheter  un  graduel. 

—  lllST.  XIII'  s.  Tex  fiel]  ne  set  mie  encore  a  b. 
Qu'avoir  [l'argent]  fera  encore  abbé  ;  Avoir  fait  bien 
tel  prevost  faire.  Et  tel  prior  ainçois  refaire  Fait 
ton  graal  [pot]  que  son  grael ,  Ste  Leocade ,  ms. 
St-Germ.  f°  28,  dans  lacurne.  ||  xiv  s.  Je,  sire  do 
Blainvilleay  garnies  et  estollées  les  dites  capelles.... 
d'un  messel  et  d'un  bréviaire  pour  chascune  ca- 
pelle,  et  d'un  grael  pour  les  deux  capelles,  du  canoë, 
gradalicanlum . 

—  ÉTYM.  Graduel  t,  ainsi  dit  des  psaumes  gra- 
duels des  Hébreux. 

GRADUELLE.MEXT  (gra-du-c-le-man) ,  adv.  Par 
degrés,  d'une  façon  graduelle. 

—  ÉTYM.  Graduel,  et  le  suffixe  ment. 

GRADUER  (gra-du-é),  ti.  a.  ||  1°  Marquer  des  de- 
grés de  division.  Graduer  un  thermomètre.  ||  2°  Aug- 
menter par  degrés.  Graduer  les  difficultés  suivant 
le  progrès  des  élèves.  Le  père  Lemoine,  dans  son 
poëme  de  saint  Louis,  ne  sait  ni  fondre  ni  graduer 
l'intérSt  des  événements  et  des  situations,  la  harpe, 
Cours,  2°  part.  liv.  1. 1|  3"  Conférer  des  degrés  dans 
quel|u'une  des  facultés  de  théologie,  de  droit,  de 
médecine,  de  sciences  ou  de  lelti-es.  La  faculté  l'a 
gradué.  Se  faire  graduer  en  théologie. 

—  RTYM.  Dérivé  du  lat.  gradus,  degré. 

t  GRADUS  AD  PARNASSUM  (gra-dus'  ad  par- 
na-ssom')  ou,  simplement,  GRADUS  (gradus'),  s.  m. 
Titre  d'un  dictionnaire  latin  qui,  indiquant  la  quan-  | 


GRA 

tité  de  chaque  mot,  les  synonymes,  les  épithètes,  etc. 
sert  à  faire  des  vers  latins.  ||  Par  extension,  diction- 
naire où  les  mots  sont  rangés  et  expliqués  de  ma- 
nière à  favoriser  l'exercice  de  la  versification.  Un 
gradus  français. 

—  ÉTYM.  Gradus,  degré,  ad,  vers,  Pamassum, 
le  Parna.sse. 

t  GRAFITTO  (gra-ft-tto),  s.  f.  Mot  italien  em- 
ployé pour  désigner  ce  qu'on  trouve  d'écrit  .sur  les 
murailles  dans  les  villes  et  les  monuments  de  l'an- 
tiquité. Il  Au  plur.  Des  grafitti,  selon  l'usage  ita- 
lien. Les  grafitti  de  Pompéi. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRAPHITE,  qui  est  le  même. 

t  GRAGE  (gra-j'),  s.  f.  Râpe  dont  on  se  sert  dans 
les  îles  pour  mettre  le  manioc  en  farine. 

f  GRAGER  (gra-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  et  o), 
t).  a.  Râper  avec  la  grago.  Grager  du  manioc. 

t  GRAGUE  (gra-gh'),  s.  f.  Sorte  de  filet  auquel 
tient  une  racloire  en  fer. 

—  ÉTYM.  Corruption  du  mot  drague. 

t  GRAILLE  (grair.  Il  mouillées),  s.  f.  Nom  vul- 
gaire de  la  corbine,  dite  aussi  graillant  et  graillot. 

—  ETYM.  lîas-lat.  gracula,  féminin  du  lat.  gra- 
cnlus,  geai;  provenç.  gralha,  grailla;  catal.  gralla; 
espagn.  graja  ;  portug.  grallia;  ital.  gracchia.  Gra- 
culus  est  un  diminutif  de  gracus,  auquel  on  compa- 
rera l'allemand  Kràhe,  corneille. 

GRAILLEMENT  (gra-lle-man ,  Il  mouillées,  et 
non  gra-ye-man),  s.  m.  Voix  sourde  ou  enrouée. 

—  ÉTYM.  L'anc.  verbe  grailler  qni  slgniliait  crier 
i  la  manière  de  la  graille  (voy.  ce  mot)  :  xiV  s. 
Grailler  à  la  manière  de  la  corneille,  du  cange, 
crc:icare. 

GRAILLER  (gra-llé  ;  Il  mouillées,  et  non  gra-yé), 
r.  n.  Terme  de  chasse.  Sonner  du  cor  sur  un  ton 
qui  sert  à  rappeler  les  chiens. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  graile  ou  grêle,  sorle  de 
trompette,  ainsi  dite  parce  qu'elle  était  allongée, 
grêle  (voy.  grêle,  adj.)  :  xiii'  s.  Des  héberges  issi- 
rent,  serré  sont  et  rangiez;  Plus  de  quatre  cens 
cors  oïssiés  graisloier,  C/i.  d'Ant.  iv,  346. 

\.  GRAILLON  (gra-llon ,  //  mouillées,  et  non 
gra -von),  s.  m.  ||  1"  Goût,  odeur  de  graisse  ou  de 
viande  brûlée.  Elle  eût  dédaigné  de  toucher  aux 
serviettes  sales  en  disant  qu'elles  sentaient  le  grail- 
lon, J.  J.  BOuss.  Ém.  V.  Il  Populairement,  une  Marie 
graillon,  une  femme  sale  et  toute  tachée  de  graisse. 
Il  2°  Restes  ramassés  d'un  repas.  Marchande  ilo 
graillons.  Il  mangeait  dans  un  seul  repas  deux  fres- 
sures entières  de  mouton  avec  les  pieds,  une  tétine 
de  vache  et  dix  livres  de  pain,  sans  parler  des  grail- 
lons dont  il  était  rarement  dépourvu,  lesaoe, 
Guxm.  d'Alfar.  1,3.  ||  3"  Par  assimilation  a  des 
restes  de  viande,  restes  ou  rognures  des  marbres.  Les 
graillons  ne  se  vendent  pas  au  pied,  mais  en  bloc. 

—  ÉTYM.  Probablement  l'anc.  franc,  graille , 
grille,  gril,  voy.  ces  mots:  c'est  l'odeur  de  ce  qui 
brûle  sur  la  graille.  Scheler  est  porté  à  y  voir  une 
contraction  de  gralillon,  ce  que  l'on  gratte  au  fond 
do  la  marmite. 

f  2.  GRAILLON  (gra-llon.  Il  mouillées),  s.  m. 
Excrétion  épaisse  de  la  poitrine  dont  on  se  débar- 
rasse par  la  toux. 

—  ÉTYM.  Il  parait  un  mot  formé  de  l'ancien  verbe 
grailler,  crier  comme  la  corneille  (voy.  gbaille- 
ment);  le  son  enroué  qu'on  produit  en  amenant 
cette  excrétion,  ayant  déterminé  l'assimilation. 
Graillon  est  en  etfet  un  diminutif  de  graille 
(voy.  le  suivant). 

f  3.  GRAILLON  (gra-llon.  Il  mouillées),  s.  m. 
Un  des  noms  vulgaires  de  la  petite  chevêche. 

t  1.  GRAILLONNER  (gra-llo-né,  Il  mouillées), 
V.  n.  Prendre  un  goût,  une  odeur  de  graillon.  Vous 
avez  laissé  graillonner  ce  plat. 

—  ÊTYM.  Graillon  I. 

f  2.  GRAILLONNER  (gra-llo-né.  Il  mouillées), 
».  n.  Tousser  d'une  manière  cassée  pour  expulser 
la  pituite  hors  de  la  gorge. 

—  ÉTYM.  Graillon  2. 

\  GRAILI.ONNEUR,  ECSE  (^ra  Uo-neur,  neû-z', 
Il  mouillées),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  graillonnc 
souvent. 

t  GRAILLONNECSE  (gra-llo-noù-z'.  Il  mouillées), 
s.  f.  Femme  qui  vend  des  restes  de  table.  ||Fig. 
.Mauvaise  cuisinière. 

—  ÉTïm.  Graillon  t. 

GRAIN  (grin;  l'n  ne  se  lie  pas:  du  grin  excel- 
lent; au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  grin-z  excellents),  s. 
m.  Il  t°  Le  fruit  et  la  semence  des  céréales.  Le  grain 
de  ces  froments  est  fort  gros.  En  hommes  plus 
qu'en  grains  la  campagne  est  fertile,  botrou,  Bélis. 
I,  I.  Je  la  crois  fine  [une  perle],  dit-il.  Mais  le 
moindre  grain  de  mil  Ferait  bien  mieux  mon  affaire, 


GRA 


1911 


LA  PONT.  Fabl  I,  20.  Comme  il  se  trouve  quelque- 
fois un  grain  de  froment  parmi  l'ivraie,  Anli-me- 
nagiana,  p.  13.  D'un  seul  grain  venaient  quel- 
quefois près  de  quatre  cents  épis,  comme  on  le  voit 
dans  les  lettres  écrites  sur  ce  sujet  à  Auguste  et  h 
.Néron  par  ceux  qui  gouvernaient  l'Afrique  en  leur 
nom,  ROLLIN,  Ilitt.  anc.  t.  x,  p.  434,  dans  pouoens. 
Il  Fig.  Cette  matière  a  été  traitée  si  savamment 
par  tant  de  grands  génies,  qu'il  n'y  a  plus  de 
grains  à  ramasser  après  leurs  moissons,  volt. 
Dicl.  phil.  Vision.  ||  Absolument.  Les  grains  ré- 
coltés. L'importation ,  l'exportation  des  grains. 
Dans  un  État  où  le  ministère  ne  comprendra 
pas  que  la  meilleure  et  la  seule  administration  du 
commerce  des  grains  est  de  ne  s'en  point  mêler, 
niCLOs,  Voy.  Ital.  OCuires,  t.  vu,  p.  <3o,  dans 
LACURNE.  Il  a  osé  plaider  la  cause  de  la  liberté  du 
commerce  des  grains,  parce  qu'il  la  croyait  liée  i 
la  sûreté  des  subsistances,  à  la  prospérité  de  l'agri- 
culture, condohcet,  Duhamel  Une  famine  s'annon- 
ç.iit  en  France  [en  18I2]  ;  bientôt  la  crainte  univer- 
selle accrut  le  mal  par  les  précautions  qu'elle  sug- 
géra ;  l'avarice,  toujours  prête  à  saisir  toutes  les 
voies  de  la  fortune,  s'empara  des  grains,  encore  à 
vil  prix,  et  attendit  que  la  famine  les  lui  redemandât 
au  poids  de  l'or,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  n,  5.  Dant- 
zick  renfermait  tant  de  grains,  qu'elle  seule  eût  pu 
nourrir  l'année,  id.  ib.  iv,  3.  ||  tiros  grains,  le  fro- 
ment, le  méteil  et  le  seigle.  ||  Menus  grains,  ceux 
qui  servent  à  la  nourriture  des  animaux,  tels  que 
l'orge,  l'avoine,  les  vesces  et  les  pois,  qui  ne  se 
sèment  qu'au  mois  de  mars,  au  lieu  que  les  blés  se 
sèment  en  automne.  ||  Grains  ronds,  les  pois  de 
brebis,  les  vesces  et  autres  semences  fourragères 
Il  Grain  sur  bord,  manière  de  mesurer  les  grains. 
La  mesure  de  ladite  halle  est  grain  sur  bord,  Arrêt 
du  Conseil  d'État,  10  avril  1783.  ||  Poulets  de 
Krain,  poulets  qu'on  élève  au  printemps  et  qu'on 
nourrit  de  grain.  ||  Fig.  Il  est  dans  le  grain,  il  est 
en  passe  de  faire  fortune.  ||  En  un  autre  sens,  être 
dans  le  grain,  être  commodément,  à  son  aise.  Mais, 
pour  ce  qu'étant  Li,  je  n'étais  dans  le  grain,  hêgnihr, 
Sat.  X.  Il  2°  Par  extension,  fruit  grenu  ou  semence 
grenue  de  certaines  plantes.  Un  grain  de  moutarde, 
de  genii'vre,  etc.  Des  grains  de  raisin.  ||  3'  Petit 
grain,  nom  donné  aux  fruits  de  l'oranger  lombes 
avant  maturité.  {|  Petit  grain,  se  dit  aussi  de  Ihuilo 
retirée,  par  la  distillation,  de  ces  petites  oranges. 
Il  4°  Petite  partie  qui  est  comparée  à  un  grain  de 
céréales.  Un  grain  de  sel,  de  poudre  à  canon. 
Cromwell  allait  ravager  toute  la  chrétienté....  sans 
un  petit  grain  de  sable  qui  se  mit  dans  son  uretère, 
PASc.  Pensées,  art.  m,  7,  édit.  havet.  Il  y  avait  au- 
trefois un  grain  de  sable  qui  se  lamentait  d'être  un 
atome  ignoré  dans  les  déserts;  au  bout  de  quel- 
ques années  il  devint  diamant,  et  il  est  à  présent 
le  plus  bel  ornement  de  la  couronne  du  roi  des 
Indes,  VOLT.  Zadig,  IB.  ||  Fig.  Il  n'y  a  pas  un  grain 
de  sel  dans  cet  ouvrage,  c'est-à-dire  on  n'y  trouve 
pas  le  moindre  esprit,  il  est  insipide.  Pour  moi,  je 
vous  avoue  <|ue  je  n'ai  pas  trouvé  le  moindre  grain 
de  sel  dans  tout  cela,  mol.  CrtL  se.  3.  ||  Populaire- 
ment. Je  te  mangerais  avec  un  grain  de  sel,  c'est- 
à-dire  je  suis  plus  fort  que  toi,  je  te  rosserais,  {j  Un 
grain  d'encens,  une  petite  portion  d'encens;  fig.  un 
peu  de  louange,  de  flatterie.  Qu'il  est  difficile  qu'on 
ne  confonde  la  vertu  avec  la  fortune,  et  qu'on  ne 
jette,  sans  y  penser,  quelque  grain  de  l'encens  que 
l'on  doit  à  Dieu,  sur  le  monde  qui  n'est  qu'une 
Idolel  FLRCH.  MarieThér.  ||  Cire  en  grain,  cire  qui, 
à  force  d'être  remuée  sur  les  toiles,  se  réduit  en 
grains  de  la  grosseur  d'une  fi've  médiocre.  ||  Terme 
de  pathologie.  Grains  de  tabac,  petits  calculs  qu'on 
trouve  dans  la  prosUite.  ||  S*  Il  se  dit  de  ceruines 
choses  faites  en  forme  de  grain.  Les  grains  d'un 
collier  d'ambre.  Grains  de  chapelet.  Sait  du  nom 
rie  Jésus  toutes  le.s  indulgences.  Que  valent  chape- 
lets, grains  bénits  enfilés,  règnieb,  Sot.  xiii.  Les 
habitants  fies  Espagnols)  marchaient  gravement 
avec  des  grains  enfilés  et  un  poignard  à  leur  cein- 
ture, VOLT.  Princ.  de  Babyt.  H .  ||  Catholique  à  gros 
grain,  catholique  qui  se  permet  beaucoup  de  chose 
défendues  par  la  religion;  locution  qui  vient  proba- 
blement de  celui  qui,  expédiant  son  chapelet,  n'en 
dit  que  les  gros  grains.  ||  Par  extension.  J'enragerai 
de  voir,  avant  que  de  mourir.  Qu'une  prude  à  gros 
grain,  une  fausse  inhumaine....  montreuil,  autre 
llûdrigal.  ||  6"  Grains  d'or,  morceaux  d'or  très-purs 
qu'on  trouve  dans  les  rivières  ou  A  la  surface  de  la 
terre  et  qu'on  nomme  ainsi,  quel  qu'en  soit  le  "olu- 
me.  Celui  [commerce)  que  l'empire  |Ue  Chine]  a  ou- 
vert avec  les  habitants  de  la  petite  Bucharie  se  ré- 
duit à  leur  donner  du  thé,  du  tabac,  des  draps  eo 


1912  GRA 

échange  dos  grains  d'or  qu'ils  trouvent  dans  leurs 
lorrerits  et  leurs  rivières,  haynal,  llist.  phi/,  v,  24. 
i|  Anciennement,  grain  do  fin,  petite  mesure  de  la 
pureté  de  l'argent;  cette  pureté  s'évaluait  autrefois 
en  douzièmes  qu'on  appelait  deniers,  et  char|ue  de- 
nier se  divisait  en  24  grains.  De  l'argent  à  9  deniers 
12  grains  de  fin  était,  selon  notre  manière  de 
compter  actuelle,  à  70,1  eo.  ||  Grain  de  fin  se  disait 
aussi  de  l'or  (voy.  fin  2,  au  n°  i).  |j  7"  Terme  de 
pharmacie.  Nom  donné  quelquefois  à  des  prépara- 
tions qui  no  dilTèreiit  des  pastilles  que  par  leur 
forme  globuleuse.  ||  8"  Verroteries  bleues,  ou  jaunes, 
ou  blanches,  ou  rayées.  Enfiler  des  grains.  Broder 
avec  des  grains.  Faire  un  collier  de  grains.  Vendre 
des  grains  aux  nègres.  ||  9°  Fig.  Très-petite  quan- 
tité. Ai-je  un  grain  de  ce  métal  qui  procure  toutes 
choses?  LA  URiiy.  xii.  Si  j'avais  quelque  grain  d'or- 
gueil. De  Frédéric  un  seul  coup  d'oeil  Me  rendrait 
de  la  modestie,  volt.  Roi  de  Prusse,  109.  Avec  un 
grain  de  caprice  tu  seras  la  plus  agaçante  maîtresse, 
DEAUM.  Ifar.  de  Figaro,  v,  7.  Kn  lui  le  plus  petit 
grain  d'humeur  était  comme  un  levain  qui  fermen- 
tait bien  vite,  et  dont  l'aigreur  se  communiquait  à 
toute  la  masse  de  ses  pensées,  maumontel,  Mcm.  viii. 
Mme  de  Montulé  avait  dans  l'esprit  et  dans  le  carac- 
tère ce  grain  d'honnête  coquetterie  qui,  mêlé  avec 
la  décence,  donne  aux  agréments  d'une  femme  plus 
de  vivacité,  de  brillant  et  d'attrait,  ID.  ib.  vu.  Il  [Cou- 
rier] eut  son  grain  d'ambition,  son  quart  d'heure  de 
folie  comme  un  autre,  a.  cahbel,  QICuv.  t.  v,  p.  (98. 
Il  Avoir  un  grain  de  folie  dans  la  tète,  ou,  absolu- 
ment, avoir  un  grain,  être  un  peu  fou.  C'est  une 
chose  admirable  que  tous  les  grands  hommes  ont 
toujours  du  caprice,  quelque  petit  grain  de  folie 
mêlé  à  leur  science,  mol.  i/^ti.  malgré  lui,  i,  6.  Tant 
un  grain  de  folie  produit  d'effets  miraculeux  dans 
une  âme  forte  et  profondément  blessée  1  volt.  Princ 
Babyl.  ».  ||  Grain  sert  quelquefois  de  complément  à 
la  négation  ne,  dans  un  style  plaisant  ou  maroti- 
que.  Ce  fut  mal  raisonné  :  Ce  cierge  ne  savait  grain 
de  philosophie,  la  font.  Fabl.  ix,  I2.  Que  si  dans 
cinquante  ans,  sans  être  grain  malade,  Force  vous 
est  pourtant  à  la  parfin  Sur  lit  gésir  en  piteuse  pa- 
rade, CiiAUL.  Épit.  de  m.  d'Uamillon.  ||  10°  Petit 
poids,  qui  était  la  soixante-douzième  partie  d'un 
g'os,  ou  la  vingt-quatrième  d'un  scrupule,  ou 
gramme  0,0532.  Nous  ne  nous  prisons  pas,  tout 
]ietits  que  nous  sommes.  D'un  grain  moins  que  les 
éléiibants,  la  font.  Fabl.  vin,  15.  ||  Fig.  Ne  pas 
peser  un  grain,  être  svelte,  allègre.  Il  m'a  juré 
qu'il  ne  pèse  pas  un  grain;  car  il  a  tout  dit  [à  con- 
fesse], SÊV.  378.  Il  II  est  léger  de  deux  grains,  s'est 
dit  jadis,  par  plaisanterie,  d'un  castrat,  {j  Fig.  Ne 
pas  peser  un  grain,  être  de  peu  de  valeur,  d'im- 
portance. Tout  cela  ne  pèse  pas  un  grain,  sÉv.  32 1. 
Les  louanges  qu'il  [Voltaire]  y  donnait  à  mon 
ouvrage  me  consolèrent  pleinement  de  ce  que 
j'appelais  l'injustice  de  l'Académie,  dont  le  juge- 
ment ne  pesait  pas,  disais-je,  un  grain  dans  la  ba- 
lance contre  un  suffrage  tel  que  celui  de  Voltaire, 
MAUMONTEL,  ilim.  XI.  Il  11°  Petites  aspérités  qui  cou- 
vrent la  surface  de  certaines  étoffes,  de  certains 
cuirs,  de  certains  fruits,  etc.  Cebasin,  ce  maroquin 
est  d'un  beau  grain.  On  a  beau  nous  dire  que  ces 
montagnes  de  deux  mille  toises  de  hauteur  ne  sont 
rien  par  rapport  à  la  terre  qui  a  trois  mille  lieues 
de  diamètre  ;  (|ue  c'est  un  grain  de  la  peau  d'une 
orange  sur  la  rondeur  de  ce  fruit,  que  ce  n  est  pas 
un  pied  sur  trois  mille,  volt.  Jenni,  9.  ||  Terme  de 
gravure.  Effet  que  produisent  les  tailles  diversement 
croisées  entre  elles.  Ces  tailles  forment  un  mauvais 
grain.  |{  12°  Parties  serrées  entre  elles  qui  forment 
la  masse  des  pierres,  des  métaux.  Le  grain  de  l'ar- 
doise. L'acier  a  le  grain  plus  fin  et  plus  serré  que  le 
fer.  Les  fers  sans  nerf  et  à  gros  grains  devraient 
être  proscrits,  bufp.  Hist.  min.  t.  vu,  p.  83.  ||  13°  Pus- 
tules et  marques  do  petite  vérole.  Grains  de  petite 
vérole.  La  princesse  n'a  que  vingt  grains  de  petite 
vérole,  maintenon,  Lcti.  à  M.  d'Aubigné,  6  fév.  1676. 
Il  Grain  do  beauté,  petite  tache  noire  qui,  se  ren- 
contrant sur  la  peau  humaine,  rehausse  l'agrément 
de  la  physionomie,  quand  elle  est  sur  les  joues  d'une 
personne  blanche  et  jolie.  ||  14°  Grains  de  lèpre,  cer- 
tains grains  qui  sont  &  la  gorge  des  pourceaux  la- 
dres. Il  15°  Grain  en  cuivre,  en  acier,  petite  pièce  de 
métal  dont  la  forme  approche  de  celle  d'un  grain 
d'orge.  Un  pivot  en  acier  fondu  qui  tourne  sur  un 
grain  en  cuivre.  ||  .Mettre  un  grain  à  un  canon,  rem- 
plir d'un  métal  nouveau  la  lumière  qui  s'est  trop 
agrandie.  ||  16°  Terme  de  construction.  Grain  d'orge, 
peut  morceau  de  bois  en  forme  de  prisme  que  l'on 
enfonce  dans  les  vides  et  les  fentes  d'une  pièce  de 
bois.  Assouibhge  à  grain  d'orge,  se  dit  de  doux  i.i;  - 


GRA 

ces  de  bois  dont  l'une  est  taillée  en  angle  aigu, 
l'autre  en  angle  rentrant,  de  manière  à  s'emboîter 
exactement.  Il  Grain  d'orge,  outil  de  menuLsier,  de 
serrurier,  etc.  ||  Grain  d'orge,  petite  cavité  pratiquée 
entre  des  moulures  de  menuiserie  pour  les  dégager. 
Il  Terme  de  chirurgie.  Grain  d'orge,  voy.  orgelet. 
Il  17°  Terme  de  serrurier.  Petits  bouts  de  fer  eu  me- 
nues ferrailles  que  l'on  mêle  avec  le  plomb  pour  faire 
de  forts  scellements.  Cube  de  cuivre  ou  d'acier  qui 
sert  à  adoucir  le  frottement  d'un  tourillon.  ||  18"  La 
ligne,  ou  1 2°  partie  du  pouce,  a  été  dite  grain  d'orge, 
parce  qu'elle  est  à  peu  près  de  la  largeur  de  ce 
grain.  ||  19°  Grain  d'orge,  ou  toile,  linge  grain 
d'orge,  de  grain  d'orge,  à  grain  d'orge,  toile,  linge 
semé  de  points  ressemblant  à  des  grains  d'orge. 
Grain  d'orge,  grain  d'anis  ou  peau  de  poule,  silésie 
dit  grains  fleuris.  Tableau  annexé  aux  leU.  pat.  tî 
juillet  1790.  Il  On  dit  aussi  futaine,  broderie  à  grain 
d'orge.  H  20°  Gros  grain,  étoffe  de  soie  très-forte  que 
l'on  fabrique  à  Lyon.  ||  21°  Grain  de  Zélim,  poivre 
long  de  l'Inde.  ||  Grain  de  mûre,  clavaire  ponctuée 
(champignon).  Il  Grain  d'avoine,  grain  d'orge,  etc. 
nom  de  diverses  coquilles.  ||  22°  Pluie  subite  ac- 
compagnée de  bourrasque.  Il  y  a  quatre  mois  do  sé- 
cheresse absolue  à  Cayenne,  au  lieu  que,  dans 
l'intérieur  du  pays,  la  saison  sèche  ne  dure  que  trois 
mois,  et  encore  y  pleut-iltous  les  jours  par  un  orage 
assez  violent  qu'on  appelle  le  grain  de  midi,  buff. 
7*  ép.  nat.  t.  xii,  p.  347.  Il  Terme  de  marine.  Grain 
de  vent,  ou,  simplement,  grain,  changement  subit 
dans  l'atmosphère  accompagné  de  violents  coups  de 
vent.  Il  Nuages  qui  annoncent  le  grain.  Grain  noir. 
Grain  blanc.  Les  grains  les  plus  redoutes  sont  les 
grains  blancs,  surtout  dans  les  parajes  de  l'équa- 
teur.  Il  Veille  au  grain,  sorte  d'avertissement  nauti- 
que (qui  se  disait  autrefois  :  pare  au  grain)  donné 
dans  les  temps  où  les  grains  sont  menaçants.  ||  Fig. 
Veiller  au  grain,  veiller  à  ses  intérêts.  ||  23°  Tout- 
grain,  sorte  de  vin  de  Bourgogne.  ||  Proverbes. 
Chaque  grain  a  sa  p.iille.  ||  De  mauvais  grain,  ja- 
mais bon  pain.  ||  Grain  à  grain  la  poule  emplit  son 
ventre,  lesage,  Gusm.  d'Alfar.  m,  5. 

—  HIST.  xii«  s.  Li  reis  cumandad  que  l'um  preist 
pierres  grandes  et  de  gentil  grein  e  de  bonne  quar- 
riere,  Itois,  p.  245.  ||  xiii"  s.  ...un  front  large,  blanc  et 
flain;  N'i  avoit  ne  fronce  ne  grain,  Parlonop.  v. 
4888.  Mes  de  religion,  sans  faille,  G'en  pren  le 
grain  et  laiz  la  paille,  la  Base,  (1256.  Mesure  de 
toz  grains  si  est  par  toute  le  [la]  comté  que  il  a  el 
mui  douze  mines,  beaum.  xxvi,  7.  |1  xiV  s  Lequel 
suppliant  print  deux  ou  trois  grains  [morceaux]  d'a- 
cier et  un  fer  à  cheval,  uu  cange,  granum.  \\  xv«  s. 
....Les  vaillans....  Mors  et  occis  en  la  bataille;  Le 
bon  grain  périt,  et  la  paille  Demeura  en  vent  sur 
la  terre,  E.  desch.  Miroir  de  mariage,  p.  (31. 
Le  lieu  n'est  grain  [point  du  tout]  honneste,  il  y  fait 
trop  puant,  LOUis  xi,  Nouv.  lxïxvui.  ||  xvi*  s.  Le 
pilot,  prévoyant  un  tyrannicque  grain  [orage]  et  for- 
tunal  noveau,  commanda  tout  estre  â  l'herte,  kab. 
Vant.  IV,  (8.  Nous  adjoustons  plusieurs  sortes  de 
mots,  des  quels  nous  nous  servons  quand  nous 
noions  [nions]  quelque  chos»,  comme  pas  depassus, 
poinct  de  punctum,  grain  de  granum,  robeht  est. 
Gramm.  fr.  p.  (26,  dans  i.aCurne.  Ily  a  encore  une 
autre  jurisdiction,  nommés  les  doyens  et  jurez  de  la 
maison  aux  grains,  qui  font  observer  et  mettre  .1 
cvecution  les  plants  du  prince  et  les  ordonnances  de 
polices,  faîtes  et  statuées  par  le  bailly  et  la  loy  sur 
le  fait  du  commerce  des  grains,  Nouv.  coust.  génér. 
t.  i,  p.  1108.  De  tout  grain  en  nécessité  pain,  Le- 
roux DE  LiNCY,  Prot'.  t.  i,  p.  75.  Comme  celuy  qui 
disoit  :  en  nostre  cave  on  n'y  voit  goutte,  en  nos- 
tre  grenier  on  n'y  voit  grain,  H.  est.  Apol.  d'Hirod. 
t.  II,  p.  (79,  dans  EAïNOUARD,  Lexique. 

—  ETYM.  Provenç.  gran,  gra;  espagn.  et  ital. 
grano;  portug.  grào;  du  latin  granum.  On  rappro- 
che granum  du  goth.  kaurn,  ail.  Korn,  angl.  coni, 
grain,  et  l'on  rattache  l'un  et  l'autre  au  radical 
sanscrit  gar,  disperser,  de  sorte  que  granum  serait 
la  chose  qui  s'éparpille.  Il  n'est  pas  absolument  silr 
que  grain,  au  sens  d'orage,  soit  le  même  mot  que 
grain  de  blé  ;  cependant  on  peut  concevoir  que 
cet  orage  ait  été  appelé  un  grain,  à  cause  des  grains 
de  grêle  et  des  gouttes  de  pluie  qu'il  verse;  les  éty- 
mologies  qu'on  en  a  données  ne  s'appuient  sur  rien 
de  positif  :  angl.  rain,  pluie,  ou,  d'après  Jal,  le  hol- 
landais gram,  furieux,  colère. 

t  GRAINAGE  (grè-na-j'),  s.  m.  Product'on  de  la 
graine  de  vers  àsoie.  ||  Grainage  industriel,  produc- 
tion en  grand  de  la  graine  dos  vers  à  soie,  par  op- 
position à  grainage  domestique,  celui  qui  se  fait 
dans  la  demeure  de  chaque  éleveur. 

--  CTY.M.  Graine 


GRA 

t  GRAINAILLE  (grè-nà-ll',  Il  mouillées),  s.  f.  Pe- 
tite ou  mauvaise  graine. 

—  ÉTVM.  Dérive  péjoratif  de  graine. 

t  GRAINAILLEL'H  (grè-na-lleur,  U  mouillées), 
s.  m.  Celui  qui  sépare  la  farin-îdu  son. 

t  GRAINAISON  (grè-nè-zon) ,  t.  f.  Formation  en 
grains.  La  grainaison  du  blé. 

—  ÉTVM.  Graine. 

t  GRAINASSE  (grè-na-s')  ou  GRENASSE  (gre- 
na-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Petit  grain  de  vent 
qui  survient  dans  un  temps  variable. 

—  ETYM.  Dérivé  péjoratif  de  grain. 

t  GRAINCUU,  UE  (grin-chu  ,  chue),  adj.  Terme 
de  mines.  Cailloux  grainchus,  cailloux  siliceux  qui  ne 
se  brisent  pas  nettement  à  cause  de  quelque  défaut. 

—  ÉTVM.  En  Normandie,  grainthn  signifie  ([ui 
est  de  mauvaise  humeur  (voy.  gbinchebx  ,  qui  est 
le  même). 

GRAINE  (grè-n'),  s.  f.  ||  1»  Dans  une  plante  la  par- 
tie qui  la  reproduit.  De  la  graine  de  laitue,  d'oignons, 
de  melon.  Ce  fait  est  remarquable  et  prouve  que  ca 
n'est  pas  une  règle  constante,  que  les  plus  belles 
graines  produisent  les  plus  abondantes  récoltes, 
BONNET,  llisl.  nat.  mém.  (iCuv.  t.  ui,  p.  22(.  ||  Grai- 
nes forestières,  glands,  faînes.  Il  ferme  de  botani- 
que. Ovule  fécondé  ou  non.  La  graine  e.st  un  œuf 
dans  lequel  un  embryon  doit  prendre  ses  premiers 
accroissements,  bonnet,  Consid.  corps  org.  'Jliuv. 
t.  V,  p.  318.  Il  Monter  en  graine,  se  dit  de  certaines 
plantes  qui  montent,  grandissent  et  portent  leur 
graine.  ||  Fig.  Monter  en  graine,  se  dit  de  filles 
qui  vieillissent  sans  se  marier.  La  fille  aînée  de 
Croissy  était  déjà  fort  montée  en  graine  et  très-laide, 
ST-siMON,  33,  1;!2.  La  duchesse  de  la  Ferté  .ivail 
une  lille  qui  avait  un  peu  rôti  le  balai,  et  qui  com- 
mençait à  monter  en  graine,  ID.  59,  234.  ||  l'ig. 
C'est  une  mauvaise  graine,  .se  dit  des  écoliers,  dei 
jeunes  gens  malins,  et  aussi,  par  mépris,  de  mau- 
vaises gens.  U  a  vidé  là  sa  maison  d'une  vilaine  graine 
de  gens,  marivaux  ,  Doubl.  inconst.  11,  7.  ||  Graine 
de  giberne,  enfant  de  troupe.  ||  Graine  de  potence, 
enfant  qui  annonce  devoir  être  un  fort  mauvais 
sujet.  Il  C'est  de  la  graine  de  niais,  c'est-à-dire  cela 
ne  peut  tromper  que  les  sots.  ||  C'est  de  la  graine  de 
niais,  signifie  aussi  :  c'est  un  niais.  |1  2°  Graine  d'A- 
vignon, voy.  GRENtTTE.  ||  Graine  de  canari,  semence 
de  l'alpiste  et  du  panis  millet.  ||  Graine  joyeuse, 
nom  donné  à  la  .semence  du  fenugrec.  ||  Graine  de 
paradis,  celle  de  Vatnnmum  granum  paradisi,  L. 
nommée  aussi  en  Afrique  malaguette,  malaquetta 
et  maniguette.  ||  Graine  perlée  ,  semence  du  gre- 
mil  des  champs.  ||  Graine  de  Turquie,  le  maïs 
Il  Graine  de  perroquet,  semences  du  carthame  tinc 
torial.  Il  Graines  de  Tilly  ou  des  Moluques,  fruit  du 
croton  tigtium,  L.\\3'  Graine  de  versa  soie,  ou, 
simplement,  graine,  les  œufs  de  bombyx  qui  res- 
semblent fort  à  de  la  gnine  de  moutarde.  De  quelle 
provenance  est  votre  graine?  C'est  de  la  graine  du 
pays.  Il  Graine  d'écarlate,  cochenille.  ||  4°  Frange, 
gland  à  graine  d'épinards,  frange,  gland  dont  les 
filets  ressemblent  à  un  assemblage  de  graines  d'épi- 
nards. Il  se  fabrique  des  franges  en  nœuds,  graines 
d'épinards,  pour  les  robes,  Z>ic(.  des  arts  et  met. 
1767,  flubonier.  Il  Épaulettes  à  graine  d'cpinanl.s; 
elles  indiquent  dans  l'armée  française  un  graiie 
supérieur,  jj  Familièrement.  Il  a  de  la  graine  d'i- 
pinards,  il  occupe  un  rang  élevé  dans  l'ariib  e. 
Il  Chez  les  brodeurs  au  métier,  graine,  p(iint 
qui  représente  des  semences  de  fruits.  ||  6°  Terme 
d'architecture.  Nom  de  petits  boutons  d'une  gros- 
seur inégale,  qu'on  met  au  bout  des  rameaux,  dam 
les  feuillages. 

—  Hl.sT.  xu'  s.  [Ils]  Vous  monstrcront,  ce  dient, 
mains  gonfanons  en  graine  [écarlate],  Sax.  xxi. 
Il  XIII*  s.  La  rose  auques  (un  peu]  s'eslargissoit  Par 
amont,  si  m'abelissoit  [plaisoitj  Ce  qu'ele  n'iert  [n'é- 
tait] pas  si  ovcrte,  Que  la  graine  en  fust  descovcrte, 
la  Rose,  3376.  Si  no  se  set  conseiller  nus  [nul].  Car 
Cupido  li  fils  Venus  Sema  ici  d'amors  la  graine,  Oui 
toute  a  ceinte  la  fontaine,  ib.  1597.  ||  xv  s.  Saintu- 
res,  chaperons  mi-graine  [teints  à  demi  en  écarlalel, 
COQIILLART,  Plaid,  de  la  simple  et  de  la  rusée. 
Il  xvi»  ».  Ces  moines  portèrent  la  graine  des  vers  i 
soie  à  Justinien,  0.  de  skrhes,  46G.  De  la  graine 
[de  la  vermine],  oudin,  Curios.  fr.  Il  garde  ses  lilles 
à  graine  [il  est  longtemps  sans  les  marier],  id.  16. 

—  ÉTVM.  Grain:  provenç.  espagn.  et  ital.  grana. 
t  GRAINER  (grè-né),  r.  n.  Voy.  cheneb. 
GRAINETIER  (prè-ne-tié),  s.  m.  Voy.  GRèNETIM. 
t  GUAI.MCCR  (grè-neur),  s.  m.  Voy.  gskneur. 
GRAI.MER,    1ÈRE    (grè-pié.    niè-'r'),  s.  m.  el  f. 

Il  1°  Celui,  celle  qui  vend  en  détail  toutes  sortes  d» 
grains,  graines,  légumes,   même  du  loin  et  de  la 


GRA 

Il ille.  !l  2"  Collection  de  graines  étiquetôes  ou  raii- 
■'cs  méthodiquement. 

—  REM.  Bien  que  grônetier  soit  plus  usité  que 
rainier,  celui-ci  est  cependant  meilleur;  les  an- 
'i.mnes  ordonnances  et  statuts  concernant  cet  état 
0  portent  que  le  nom  de  grainior.  11  est  d'ailleurs 
Viivé  e.xactement  de  grain  ou  graine,  tandis  que 
;ff:netier  vient' de  graincUe. 

—  r.TYSi.  Grain,  graine. 

t  CRAINOIR,  s.  m.  Voy.  grenoir. 

t  GRAIRIE  (grè-rie),  s.  f.  Voy.  grufhif,. 

GRAISSAGE  (grè-sa-j') ,  s.  m.  Action  de  graisser. 
Il  Ce  qui  sert  à  graisser.  Un  bon  graissage.  ||  Grais- 
sage du  sucre,  état  du  sirop,  qui,  refroidi  trop  vite, 
donne  de  menus  cristaux  d'une  substance  butyreuse. 

—  F.TVM.  Graisser. 

t  GRAISSANE  (grè-sa-n'),  s.  f.  Variété  de  figue. 

GRAISSE  (grés'),  s.  f.  ||  1°  Substance  onctueuse, 
do  peu  de  consistance,  fondant  facilement,  dite  en 
chimie  corps  gras  (voy.  gkas),  et  répandue  en  di- 
verses parties  du  corps.  Dites  aux  enfants  d'Israël  : 
Vous  ne  mangerez  point  la  graisse  de  la  brebis,  du 
bœuf  ni  de  la  chèvre,  saci.  Bible,  Lévit.  vu,  2:i.  Les 
prêtres  furent  occupés  jusqu'à  la  nuit  à  offrir  les 
holocaustes  et  les  graisses,  id.  ib.  Paralip.  ii,  xxxv, 
14.  Cette  matière  est  la  graisse  qui  survient  ordi- 
nairement à  trente-cinq  ou  quarante  ans;  et,  à  me- 
sure qu'elle  augmente,  le  corps  a  moins  de  légè- 
reté et  de  liberté  dans  ses  mouvements,  buff. 
"ist.  nat.  Hom.  CEuv.  t.  iv,  p.  337.  |{  Étoile  de 
laisse,  voy.  étoile,  n°  4  6.  ||  Prendre  de  la  graisse, 

venir  gras.  Sur  la  fin  de  l'été,  cet  oiseau  [le  torcolj 
rend  beaucoup  de  graisse,  et  il  est  alors  excellent 

manger,  buff.  Ois.  t.  xiii,  p.  136.  ||  C'est  un  pe- 

lon  de  graisse,  se  dit  d'un  très-petit  oiseau  très- 
-^ras,  tel  que  l'ortolan,  le  becfigue,  et  aussi  d'un 
petit  enfant  bien  en  chair.  ||  Vivre  de  sa  graisse,  sur 
sa  graisse,  se  dit  de  l'ours,  de  la  marmotte,  du 
loir,  etc.  qui  vivent  de  leur  propre  corps  durant 
leur  sommeil  d'hiver  et  qui  se  réveillent  très-mai- 
frres;  et  fig.  vivre  sur  son  bien,  ||  Fig.  Il  se  plaint 
de  trop  de  graisse,  se  dit  d'un  homme  qui  se  plaint 
'o  quelque  chose   qui  lui  est  avantageux.  {|  Fig. 

graisse  d'argent,  c'est-à-dire  à  force  d'argent. 
,  Terme  de  marine.  Gi-aissede  coq,  nom  que  les  ma- 
telots donnent  à  la  graisse  que  le  coq  ou  cuisinier 
retire  des  viandes  salées  cuites  dans  sa  chaudière. 
Il  Graisse  de  pendu,  graisse  prise  au  corps  d'un 
homme  pendu  et  à  laquelle  la  superstition  attachait 
(le  , merveilleuses  vertus  curatives.  Probablement 
([uelque  bourreau  aussi  charlatan  que  cruel  aura 
fut  accroire  aux  imbéciles  de  son  quartier  que  la 
graisse  de  pendu  guérissait  de  l'épilepsie,  volt. 
Dict.  phil.  Supplices.  ||  2"  En  termes  de  cuisine, 
graisse  se  dit  de  la  graisse  fondue  et  de  la  friture. 
Faire  cuire  des  pommes  de  terre  dans  la  graisse,  à 
la  graisse  d'oie.  ||  3°  Embonpoint.  La.  graisse  l'in- 
commode. Monseigneur,  tout  noyé  qu'il  fût  dans  la 
graisse  et  dans  l'apathie,  parut  un  autre  homme 
flans  ces  deux  conseils,  st-sim.  82,  72.  ||  Familière- 
ment. La  graisse  ne  l'étouffé  pas,  la  graisse  ne  J'em- 
pêche pas  de  courir,  se  dit  d'une  personne  très-mai- 
gre. Il  Faire  de  la  graisse ,  s'engraisser  dans  le 
sommeil,  dans  l'indolence.  ||  4°  Fig.  La  graisse  de  la 
terre,  la  substance  qui  contribue  le  plus  à  la  fertilité. 
Les  grandes  ravines  emportent  la  graisse  de  la  terre. 
il  Fig.  Terme  biblique.  La  graisse  de  la  terre,  les 
biens  que  la  terre  produit.  Que  Dieu  vous  donne  une 
abondance  de  blé  et  de  vin ,  de  la  rosée  du  ciel ,  et  de 
la  graisse  de  la  terre,  saci,  Bible,  Genèse,  xxvu,  28. 
Tandis  qu'il  répandait  à  pleines  mains,  sur  un  petit 
nombre  d'heureux,  la  rosée  du  ciel  et  la  graisse  de 
la  terre....  mass.  Carême,  Aumône.  ||  5°  Sorte  d'al- 
tération du  vin  dans  laquelle  il  prend  une  apparence 
huileuse.  Ce  vin  tourne  à  la  graisse.  ||  6°  Terme 
d'exploitation.  Bitume  purifié. 

—  HIST.  XII"  s.  Le  sanc  sur  l'autel  n'espandirent, 
ne  la  graisse  à  Deu  ne  offrirelit,  Bois,  p.  49.  Saim  et 
craisse.  Liber  psalm.  p.  80.  Li  cuens  Guillaumes  re- 
peroit  <le  herser  ftirer  de  l'arc]  D'une  forest  où  ot 
grant  pièce  esté  ;  Pris  ot  deus  cers  de  prime  gresse 
assez,  li  Charrois  de  Nymes,  v.  17.  ||  xiii°  s.  Il  so- 
loient  arder  [briiler]  en  la  vicz  loi  les  cresses  des 
bestes  en  leu  d'encens,  Psautier,  f°  76.  Car  bien 
saches  qu'Amors  ne  lesse  Sor  fins  amans  color  ne 
gresse,  la  Rose,  2562.  ||xiv«  s.  Le  vin  garira  de  la 
giesse,  Mdnagier,  u,  3.  Chappons  de  haulto  gresse, 
ih.  u,  B.  Il  xv  s.  Et  sachez,  si  ils  eussent  fait  ce 
voyage,  ils  eussent  porté  dommage  au  pays  de  cent 
mille  francs  ;  car  en  la  marche  que  je  vous  dis  gist 
toute  la  graisse  d'Auvergne,  froiss.  m,  iv,  14.  En- 
core vaut  il  mieux  que  ils  en  vivent  et  que  ils  en 
aient  la  graisse  et  le  profit  que  vos  ennemis,  id.  ii, 

DlCT.    DR   r,A    LANGUE    FRANÇAISE. 


GRA 

m,  34.  Quant  à  moi,  par  sainte  Marie,  Je  n'y  enlens 
ni  gras  ni  gresse.  Patelin.  ||  xvi"  s.  Vous  convient 
estre  saiges,  pour  fleurer,  sentir  et  estimer  ces 
beaulx  livres  de  haulto  gresse,  legicrs  au  prochas  cl 
hardis  à  la  rencontre,  rab.  Garg.  l'rol.  L'Estrancards 
faisoit  ses  affaires  à  graisse  d'argent,  l'autre  gagnoit 
le  cœur  de  ses  juges  par  plusieurs  gentillesses,  d'aud. 
Fœn.  IV,  6.  Dans  lesquelles  tei'res  sera  jettéo  la 
graisse  [engrais]  qu'on  prendra  au  fonds  des  fossés 
pour  servir  d'autant  d'amendement,  o.  de  serres, 
07.  Les  terres  en  devinrent  si  grasses,  et  en  pénétra 
la  gresse  si  profondement  au  dedans,  que....  amyot, 
llarius,  37.  Il  encourut  d'oisiveté,  de  graisse  et 
d'yvrongnerie,  une  maladie  dont  il  mourut,  id.  Dé- 
mélr.  74.  Un  peu  devant  la  fin  de  juillet  les  cerfs 
sont  du  tout  frayez  et  bruniz  et  en  leur  plaine  ve- 
naison ;  ils  demeurent  en  une  haulte  graisse  et  à 
leur  donner  du  bon  temps  dedans  les  buissons  qu'ils 
ont  choisis  pour  faire  leurs  festes,  Charles  ix,  De  la 
chasse,  p.  I4,  dans  lacdrne,  au  mot  haut. 

—  ÉTYM.  Gras;  picard,  crache;  wallon,  criîfte;  na- 
murois,  crauche;  provenç.  grais,  s.  m.,  graissa,  s.  f.; 
catal..  grex,  s.  m.;  cspagn.  grasa. 

GRAISSÉ,  ÉE  (grè-séj  sée),  part,  passé  de  grais- 
ser. Des  roues  bien  graissées.  Notre  charrette  mal 
graissée  reçoit  et  fait  des  visites;  nous  allons  par 
les  rues,  sÉv.  27  sept.  1687. 

GRAISSER  (grè-sé),  V.  a.  ||  1°  Frotter,  oindre  de 
graisse  ou  d'un  corps  gras.  Graisser  un  essieu. 
Graisser  ses  souliers.  Un  limier  boiteux....  Qu'on 
avait  d'huile  chaude  et  de  soufie  graissé,  Régnier, 
Sat.  X.  Il  Familièrement.  Graisser  ses  bottes,  faire 
ses  préparatifs  de  départ;  et  fig.  se  préparer  à  la 
mort.  Il  Fig.  et  populairement.  Graisser  les  bottes  à 
quelqu'un,  lui  donner  l'extrême-onction.  Le  vicaire 
du  Temple  était  venu  lui  administrer  [à  un  malade 
hydropique]  l'extrême-onction  :  ah  I  monsieur  l'abbé, 
lui  dit-il,  vous  venez  me  graisser  les  bottes  ;  cela  est 
inutile,  car  je  m'en  vais  par  eau,  marmontel,  Mém. 
VI.  Il  Fig.  et  populairement.  Graisser  le  couteau, 
manger  de  la  viande  à  déjeuner  ou  à  goûter.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Graisser  la  patte  à  quelqu'un,  le 
gagner  par  de  l'argent.  Vous  serez  pleinement  con- 
tentés de  vos  soins;  Mais  ne  vous  laissez  pas  graisser 
la  patte  au  moins,  mol.  Éc.  des  mar.  m,  B.  D'autant 
plus  que  son  souvenir  continuel  et  de  Grignan,  et  de 
Toulon,  et  de  Rome  d'où  il  m'écrit  du  4,  fait  sur  mon 
cœur  comme  s'il  me  graissait  la  patte,  sÉv.  B90.  11 
disait  qu'un  plaideur  dont  l'affaire  allait  mal  Avait 
graissé  la  patte  à  ce  pauvre  animal  [un  coq  qui  n'avait 
pas  chanté  pour  réveiller],  rac.  Plaid,  i,  t.||Fig. 
Graisser  le  marteau,  donner  de  l'argent  au  portier 
pour  être  admis.  On  n'entrait  point  chez  nous  sans 
graisser  le  marteau,  rac.  Plaid,  i,  l .  i|  Fig.  et  popu- 
lairement. Graisser  les  épaules  à  quelqu'un,  lui  don- 
ner des  coups  de  bâton.  ||  2"  Tacher  de  graisse.  Cela 
vous  graissera  les  mains.  ||  Rendre  sale  et  crasseux. 
Graisser  son  linge,  ses  habits.  ||  3"  V.  n.  Tourner 
à  la  graisse,  en  parlant  du  vin  qui  contracte  ce 
genre  d'altération.  Voilà  du  vin  qui  graisse.  {|  4°  Se 
graisser,  v.  réft.  Se  tacher  de  graisse.  Cet  enfant 
s'est  graissé  dans  la  cuisine.  ||  Proverbe.  Graissez  les 
bottes  d'un  vilain,  il  dira  qu'on  les  lui  brûle,  se  dit 
de  ceux  qui  payent  d'ingratitude  un  service  rendu. 

—  HIST.  xvi°  s.  C.  Julius  médecin,  gressant  les 
yeulx  d'un  patient,  mont,  i,  74. 

—  ftTYM.  Graisse. 

t  GRAISSFRIE  (grè-se-rie) ,  s.  f.  Terme  do  com- 
merce. Boutique,  commerce  du  graissier. 

■j- GRAISSET  (grè-sé),  s.  m.  Un  des  noms  de  la 
rainette  verte. 

GRAISSEUX,  ECSE  (grè-seû,  seû-z"),  adj.  Qui 
est  de  la  nature  de  la  grais.se.  La  matière  que  ren- 
ferme leur  intérieur  [des  pucerons]  a  beaucoup  de 
rapport  avec  le  corps  graisseux  des  chenilles,  hon- 
NET,  Observ.  pucer.  observ.  I9.  ||  Membrane  grais- 
seuse, nom  qu'on  a  donné  quelquefois  à  la  graisse 
sous-jacente  à  la  peau.  ||  Point  graisseux,  voy.  point. 

—  ÉTYM.  Croisse; provenç.  grayshos ;  C3.ldl. grexos. 
\  GRAISSIER,  1ÈRE  (grè-sié,  siè-r'),   adj.  Terme 

de  commerce.  Qui  vend  de  la  graisse  Epicier  grais- 
sier. Il  Substantivement.  Un  graissier. 

—  ÉTYM.  Graisse. 

fGR.MSSIN  (grè-sin),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Es- 
pèce d'écume  qu'on  aperçoit  à  la  surface  de  l'eau, 
dans  les  endroits  où  les  poissons  se  rassemblent 
pour  frayer. 

—  ÉTYM.  Graisse. 

t  GRAISSOIR  (gré-soir),  s.  m.  Morceau  de  linge 
qui,  renfermant  de  la  graisse,  sert  à  graisser. 

f  GRAISSON  (grè-son),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  hareng. 

t  GRaLLARIE  (gral-la-rie),  s.  f.  Terme  de  zoo- 


GRA 


1913 


logie.  Nom  d'un  genre  d'oiseaux  inseclivores  dont 
le  type  est  la  grallarie  brune  appelée  par  Buffon  le 
roi  dos  fourmiliers,  ot  par  d'autres  autours  le  tour- 
inilier  grallarie,  leooarant. 
,  t  GRALLE  (gra-l'),  s.  m.  Terme  do  zoologie. 
Kchassior,  oiseau.  ||  S,  m.  pi.  Nom  moderne  de 
l'ordre  qu'on  a  appelé  aussi  les  échassiers. 

—  ÉTYM.  Lat.  gralla,  échusse. 

GRAMEN  (gra-mèn'),  t.  m.  Plante  qui  constitue 
principalement  le  gazon.  Il  y  a  plus  de  renoncules 
que  de  rosiers,  plus  de  gramens  que  de  chênes; 
il  y  a  plus  de  papillons  que  de  poules,  plus  de  pu- 
cerons que  do  chiens,  bonnet,  Contempl.  nat.  Œu- 
vres, t.  vin,  p.  381. 

—  HIST.  xvi*  8.  Unescolieravalla  un  espy  d'herbe 
nommée  gramen,  pabê,  xix,  (7. 

—  ÉTYM.  Lat.  gramen,  gazon. 
|GRA]VireR(gra-mié),  s.m. Espèce  de  raisindu  Midi. 
GRAML\ÉE  (gra-mi-née).  Il  1°  Adj.  f.  Qui  est  ds 

la  nature  du  gazon.  Les  plantes  graminées  ont  en 
général  les  feuilles  longues,  étroites  ot  pointues. 
il  Couronne  graminée,  couronne  donnée,  chez  les 
Romains,  par  des  assiégés,  au  général  qui  les  dé- 
livrait; elle  était  faite  de  gazon  pris  dans  le  lieu 
du  siège.  On  dit  plutôt  couronne  de  gazon.  ||  2°  S. 
f.  pi.  Terme  de  botanique.  Famille  de  plantes 
monocotylédones  à  étamines  hypogynes.  Le  blé, 
le  riz,  le  maïs,  la  canne  à  sucre,  le  roseau  et  le 
bambou  sont  des  graminées.  Le  rocher  en  ruine 
n'est  plus  pendu  sur  l'abîme  avec  ses  longues  gra- 
minées, CUATEAUB.  Génie,  i,  iv,  4.  Dans  les  pays 
chauds,  les  ruines  sont  privées  de  ces  graminées 
qui  décorent  nos  châteaux  gothiques,  id.  ib.  ui, 

V,  4.  Il  On  a  dit  graminacées  :  Nœuds  des  plantes 
graminacées,  bonnet.  Us.  feuill.  plant.  B'  mm. 

—  ÉTYM.  Lat.  gramen,  graminis,  gazon.  La  finale 
men  indique,  comme  on  sait,  un  participe  passif; 
quant  à  grù,  Grassmann,  dans  le  journal  de  Kuhn, 
le  tire  du  radical  sanscrit  ghar,  liar,  briller,  être 
onctueux,  d'où  être  vert  (sanscr.  harit,  viridis),  el 
le  compare  au  grec  yXo-ii  et  au  german.  gras,  herbe. 

GRAMMAIRE  (gra-raé-r';  du  temps  de  Molière, 
on  prononçait  gran-maire,  comme  on  le  voit  pat 
ces  vers  :  Veux-tu  toute  ta  vie  offenser  la  gram- 
maires—Qui parle  d'offenser  grand'mèro  ni  grand'- 
père?  F.  sav.  u,  6.  Dangeau,  qui  voulait  peindre 
exactement  la  prononciation,  écrit  granmaire),ï.  f. 
Il  1°  L'art  d'exprimer  ses  pensées  par  la  parole  ou 
par  l'écriture  d'une  manière  conforme  aux  règles 
établies  par  le  bon  usage.  Les  règles  de  la  gram- 
maire. Savoir,  enseigner  la  grammaire.  ....Quoi  ! 
toujours  malgré  mes  remontrances.  Heurter  le  fon- 
dement de  toutes  les  sciences,  La  grammaire  qui 
sait  régenter  jusqu'aux  rois.  Et  les  fait,  la  main 
haute,  obéir  à  ses  lois!  mol.  Femmes  sav.  ii,  fl.  La 
grammaire,  du  verbe  et  du  nominatif,  Comme  de 
l'adjectif  avec  le  substantif.  Nous  enseigne  les  lois, 
ID.  ib.  La  grammaire,  c'est-àdire  l'art  d'écrire  et 
de  parler  correctement,  roule  sur  quatre  principes  : 
la  raison,  l'ancienneté,  l'autorité,  l'usage,  hollin, 
Ilist.  ane.  Œuvres,  t.  xi,  2*  part.  p.  738,  dans  pol- 
GENs.  Le  célèbre  Origèno  enseigna  la  gramirsire 
pour  avoir  de  quoi  subsister,  ID.    Traité  des  El, 

VI,  2"  part.  ch.  4.  X  la  grammaire,  nous  devons  la 
pureté  du  discours;  à  la  logique,  la  justesse  du 
discours;  à  la  rhétorique,  l'embellissement  du  dis- 
cours; quand  finirais-je,  si  j'allais  m'étendre  sur 
ce  sujet?  u'OLiVET,  Rem.  sur  Racine,  §  luo.  ||  Cla.sses 
de  grammaire,  les  classes  de  sixième,  cinquième  et 
quatrième  dans  les  lycées;  la  septième  et  la  hui- 
tième se  disent  clas.çes  élémentaires.  ||  Haute  gram- 
maire, étude  spéciale  des  qualités  qui  caractérisent 
le  style  considéré  dans  ce  qu'il  a  d'agréable  ou  de 
désagréable  au  lecteur  ou  à  l'auditeur.  ||  Gram- 
maire générale,  science  raisonnée  des  principes 
communs  à  toutes  les  langues.  |i  Grammaire  com- 
parée, étude  comparative  des  différentes  langues. 
Il  2°  Livre  où  les  règles  du  langage  sont  cxpli(|uées. 
La  grammaire  de  Port-Royal.  Indiquez-moi  une 
bonne  grammaire  latine.  On  ne  doit  pas  oublier  la 
grammaire  générale  et  raisonnée  de  M.  Amauld, 
où  l'on  reconnaît  le  prorond  jugement  et  le  génie 
sublime  de  ce  grand  homme,  rollin,  Traita  des 
Et.  I,  ch.  I,  p.  13.  Qu'au  lieu  de  travailler  en  corps 
à  une  grammaire,  il  fallait  en  donner  le  soin  & 
quelque  académicien  qui,  communi-iuant  ensuite 
son  travail  à  la  compagnie,  profitât  si  bien  des  avis 
qu'il  en  recevrait,  que,  par  ce  moyen,  son  ouvrage, 
quoique  d'un  particulier,  pût  avoir  dans  le  public 
l'autorité  de  fout  le  corps,  d'ouvet,  Ilist.  Acad. 
t.ti,  p.  63,  dans  poiioENs. 

—  HIST.  xm*  s.  Or  me  responder  de  gramaire. 
Savez  rien  de  celui  afere  Que  li  maistres  fait  sa 

i.  —  240 


1914 


GRA 


clerçons,  Oanl  illor  prenent  le»  leçons,  Ben.  2O9J0. 
Il  XV  s.  Chouses  cachées,  chouse»  hors  do  mémoire, 
Oui  excellent  et  logique  et  granmoyrc,  Faifeu, 
p.  RI,  dans  LACUBNE.  ||  xvi*  s.  I-cs  alphabets  des 
doigts  et  grammaires  en  gestes,  et  les  sciences  qui 
ne  s'exercent  et  expriment  que  par  iceuli,  mont,  ii, 
459.  Oyez  dire  métonymie,  métaphore,  allégorie  et 
autres  tels  noms  de  grammaire,  semble  il  pas  qu'on 
signifie  quelque  forme  de  langage  rare  et  pellegrin  V 
ce  sont  tiltres  qui  touchent  le  babil  de  voslre  cham- 
brière, ID.  I,  382.      ;' 

—  ÉTYM.  Provenç.  gramaira.  Ce  mot  ne  peut  ve- 
nir de  grammatica,  qui  aurait  donné  gramaije;  com- 
parez voyage  de  viatirAim,  piège  de  pedica,  l'ancien 
adjectif  domeschede  domeslicus.  Il  provient  du  bas- 
l.it.  gramma,  lettre,  avec  la  finale  latine  arius, 
aria;  c'est  le  grec  ■^fi\nt.a.,  lettre.  Gramalique ,  qui 
s'est  dit  aussi,  vient  du  latin  :  Dont  [de  trois  scien- 
ces] la  première  est  gramatique,qui  est  fondemenz  et 
porte  «t  entrée  des  autres  sciences;  ele  nos  enseigne 
à  parler  et  à  lireetà  escrireà  droit,  sanz  vice  de  bar- 
barisme et  do  snlœcisme,  brun.  lat.  Trésor,  p.  8. 

GRASIMAIRIEN  (gra-më-rlin),  *.  m.  ||  1°  Celui  qui 
s'occupe  spécialement  de  la  grammaire  et  des  règles 
ou  des  usages  d'une  langue  ;  celui  qui  a  écrit  sur  la 
grammaire.  Par  nos  grammairiens,  qu'il  faut  nom- 
mer suivant  leur  ordre  d'ancienneté,  j'entends  Vau- 
gelas,  Méjiage,  le  P.  Bouhours,  et  M.  l'abbé  Ré- 
gnier; voilà  du  moins  les  plus  célèbres,  d'ouvet, 
kss.  gramm.  sect.  i.  Tout  grammairien  qui  n'est 
pas  né  dans  la  capitale,  ou  qui  n'y  a  pas  été  élevé 
d(;s  l'enfance,  devrait  s'abstenir  de  parler  des  sons 
de  la  langue,  duclos,  Gramm.  Œuvres,  t.  ix,  p.  2( , 
dans  POUGENS.  Quand  voit-on  naître  les  critiques  et 
les  grammairiens?  tout  juste  après  le  siècle  du  gé- 
nie et  des  productions  divines,  diderot.  Salon  de 
(767,  Œuv.  t.  XIV,  p.  833,  dans  pougens.  Eux  seuls 
[les  corrupteurs  du  goût]  peuvent  prétendre  au  rare 
privilège  D'aller  au  Louvre,  en  corps,  commenter 
i':dphabet,  Grammairiens-jurés,  immortels  par  bre- 
vet, oiLB.  )8»  siècle.  Il  Par  antonomase,  celui  qui, 
fondant  les  règles  de  la  grammaire  et  ses  défini- 
tions sur  l'analyse  des  opérations  de  l'esprit  hu- 
main, conçoit  et  soutient  les  principes  de  la  gram- 
maire générale.  Kn  ce  sens  les  grammairiens  fran- 
çiis  sont  Arnauld  et  Lancolot,  Buffier,  Dumarsais, 
lieauzée.  En  ce  sens  encore  on  a  dit  que  Restant 
savait  bien  la  grammaire,  mais  qu'il  n'élait  pas 
grammairien.  ||  2°  Terme  d'antiquité.  Nom  donné  à 
ceux  qui  se  livraient  à  l'étude  et  à  l'enseignement 
des  lettres  en  général;  ce  nom  comprenait  ce  que 
nous  nommons  aujourd'hui  érudit,  philologue,  ar- 
chéologue, critique,  etc.  Aristarque  était  un  gram- 
mairien de  l'école  d'Alexandrie.  Diogène  s'étonnait 
de  ce  que  les  grammairiens  se  tourmentaient  si  fort 
pour  savoir  tous  les  maux  qu'Ulysse  avait  soufferts, 
KÉN.  Diog.  Il  3°  S.  f.  Grammairienne,  femme  qui 
itudie,  qui  enseigne  la  grammaire. 

—  IlIST.  XIV'  9.  Ceulx  qui  font  œuvres  de  grama- 
riens  et  de  musiciens,  ilz  sont  gramariens  et  musi- 
ciens, ORESME,  Eth.  30.  Il  XVI»  S.  Demetrius  le  gram- 
mairien, MONT.  I,  17B. 

—  ÊTYM.  Grammaire;  provenç.  gramayrian.  Le 
plus  ancien  français  disait  gramaire  (xn*  s.  Les  bons 
gramaires,  les  bons  grammairiens,  Brut,  ms.  f'  H2, 
dans  lacurne),  représentant  grammarius  ,  comme 
la  grammaire  représente  grammaria.  Montaigne 
l'a  pris  adjectivement  au  sens  de  grammatical  :  Un 
pur  estude  grammairien,  i,  <fl9. 

GRAMMATICAL,  ALE  (gra-ma-ti-kal ,  ka-l'), 
itdj.  Qui  appartient,  qui  est  conforme  à  la  gram- 
maire. Explication,  exactitude  grammaticale.  Des 
exercices  grammaticaux.  En  le  corrigeant  sur  ce 
point  [les  idiotismes],  le  langage  s'affaiblit;  le 
nôtre  est  devenu  plus  grammatical  et  moins  fran- 
çais, viLiEMAiN,  Dict.de  l'Acnd.  Préf.  p.  xxii. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  gramalical;  por- 
tug.  grammatical;  ital.  grammaticale;  du  latin 
grammalica,  grammaire,  qui  vient  du  grec  Ypo|i- 
(latix'^,  fpiiitia,  lettre,  de -ypiçtiv,  écrire:  propre- 
ment l'art  d'écrire.  Le  mot  devrait  être  gramma- 
tique,  de  grammaticus:  mais,  grammaticus  étant 
pour  nous  surtout  un  suhstantif,  on  y  a  ajouté  la 
finale  adjective  al,  comme  de  musique  on  a  fait 
musidl;  ce  genre  de  formation  est  fort  restreint. 

GRAMMATICALKMENT  (gra-ma-ti-ka-le-man) , 
odp.  Selon  la  grammaire.  Cette  phrase  est  bonne 
grammaticalement,  mais  elle  n'est  pas  élégante. 

—  ETYM.  Crammalicale ,  et  le  suffixe  Tn«n<. 
GHAMMATlSTE(gram-ma-ti-st'),*.  m.  Kl'Terme 

d  antiquité.  Celui  qui  montrait  les  lettres  chez  les 
Grecs,  c'est  à-diro  qui  enseignait  aux  enfants  à  lire 
et  a  écrir».  |j  >•  tl  se  dit,  ordinairement  uar  dénigre- 


GRA 

ment,  de  celui  qui  enseigne,  qui  fait  profession 
d'enseigner  la  grammaire,  et  qui  ne  voit  rien  au 
delà  des  règles  matérielles. 

—  ETYM.  IaV.  grammatista,  du  grec  Ypap.iia- 
uuT^C,  de  Ypâ|i(*a,  lettre. 

t  GRAMMATITE  (gra-mma-ti-f)  s.  f.  Terme  do 
minéralogie.  Roche  voisine  do  l'amphibole,  de 
nuance  passant  du  blanc  nacré  au  gris. 

—  ÉTYM.  Tçaint-fj,  ligne,  à  cause  d'une  ligne 
transversale  observée  dans  la  cassure  des  prismes 
de  cette  substance. 

t  GRA.M.MATOLOGIE  (gra-mma-to-lo-jie),  s.  f. 
Traité  des  lettres,  de  l'alphabet,  de  la  syllabation, 
de  la  lecture  et  de  l'écriture. 

—  ÉTYM.  rpânsiata ,  lettres  de  l'alphabet,  et 
),ÔYO;,  traité. 

t  GRAMMATOLOGIQUE  (  gra-mma-to-lo-ji-k'  ), 
adj.  Qui  a  rapport  à  la  grammatologie.  Analyse 
grammatologique,  celle  qui  consiste  à  faire  connaî- 
tre les  lettres,  les  syllabes,  les  signes  orthographiques. 

GRAMME  (gra-m'),  s.  m.  Nom  donné,  dans  le 
nouveau  système  des  poids  et  mesures,  au  poidsd'un 
centimètre  cube  d'eau  qu'on  a  distillée  et  qui  est  ;'i 
son  maximum  de  densité;  il  sert  d'unité  conven- 
tionnelle pour  la  formation  des  autres  poids  qui 
n'en  sont  que  des  multiples  ou  des  sous-multipl<!s. 

—  ÉTYM.  rpâ(j.|ia,  chez  les  médecins  grecs,  poids 
d'un  scrupule,  proprement  lettre,  caractère,  de  f  çd- 
ç£iv,  écrire. 

t  GRAMMITE  (gra-mmi-f) ,  s.  f.  Terme  de  mi- 
néralogie. Nom  de  plusieurs  pierres  dont  les  cou- 
leurs figurent  des  lignes.  ||  S.  m.  Genre  de  fougères. 
Le  grammite  linéaire.  Le  grammite  nain. 

—  ÉTYM.  T(,!x\).\j.r„  ligne. 

t  GRAMMO.MÈTHE  (gra-mmo-mè-tr'),  s.  m.  Sorte 
de  diviseur  utile  aux  dessinateurs. 

—  ÉTYM.  rpa[j.|j.T],  ligne,  et  mètre,  mesure. 

t  GRAMMONTIN  (gran-mon-tin),  s.  m.  Nom  do 
religieux  d'un  ordre  Ibndé  vers  1078,  par  Estienne, 
fils  d'un  vicomte  de  Thiers  en  Auvergne,  dits  aussi 
quelquefois  les  bonshommes.  ||  On  écrivait  souvent 
Grandmontin. 

—  ÉTYM.  Grammonl,  localité  où  cet  ordre  alla 
s'établir  après  la  mort  du  fondateur. 

I  GRANAIRE  (gra-nê-r'),  ad/.  Terme  de  zoologie. 
Qui  vit  dans  les  grains  ;  qui  ravage  les  greniers. 

—  ÉTYM.  Lat.  granarius,  qui  est  relatif  au  grain, 
de  granum,  grain. 

t  GRANATÉES  (gra-na-tée),  s.  f.  pi.  Nom  d'une 
famille  de  plantes  séparée  des  myrtacécs  et  compre- 
nant le  Kenre  grenadier,  punico  granatum,  L. 

—  ÉTYM.  Lat.  granatum,  grenade  (voy.   ce  mot), 
t  GRANATINE  (gra-na-ti-n') , s.  (.  Terme  de  chimie. 

Substance  extraite  des  fruits  non  mûrs  du  grenadier. 

—  ÉTYM.  Lat.  granatum,  grenade,et  la  finale  chi- 
mique ine  appropriée  aux  principes. 

t  GRANATIQUE  (gra-na-ti-k'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  contient  des  grenats  disséminés. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRENAT. 

GRAND,  ANDE  (gran,  gran-d';  le  d  se  lie  :  un 
gran-t  homme;  au  pluriel,  l'i  se  lie  :  de  gran-z  hom- 
mes), adj.  Il  1°  Qui  a  des  dimensions  plus  qu'ordi- 
naires. Il  a°  11  se  dit  pour  marquer  simplement 
différence  ou  égalité  entre  des  objets  que  l'on  com- 
pare. Il  8"  Toute  grande.  ||  4°  D'une  taille  élevée. 
Il  B"  Il  se  dit  de  ce  qui  a  pris  une  certaine  crois- 
sance. Il  6"  Une  grande  lieue,  une  grande  heure. 
Il  7°  Qui  est  en  grande  quantité.  ||  8°  Qui,  au  phy- 
sique ou  au  moral,  surpasse  la  plupart  des  autres 
choses  du  même  genre.  ||  9"  Il  se  dit  de  l'âge. 
Il  10°  Important,  principal.  ||  11"  Qui  est  au-dessus 
des  autres  par  le  rang,  par  le  pouvoir.  ||  12°  Se  dit 
aussi  de  Dieu.  ||  13"  Qui  est  au-dessus  des  autres  par 
le  génie,  les  qualités  morales,  le  talent.  ||  14°  Titre 
de  gloire  de  certains  personnages.  ||  15°  Illustre. 
(I  16°  Grand  devant  un  substantif  avec  un  sens 
superlatif.  ||  17°  Courageux,  magnanime,  noble. 
Il  18°  Qui  a  un  caractère  de  noblesse  et  d'élévation. 
Il  19°  Tit!-e  des  dignitaires  les  plus  élevés  dans  leur 
ordre.  ||  20°  Titre  de  certains  princes  souverains. 
Il  21° Grand,  épi thète  de  certaines  plantes.  ||  22° Grand 
devant  un  certain  nombre  de  substantifs  féminins 
ne  prend  pas  l'e.  ||  23°  S.  m.  Les  grands,  les  per- 
sonnes d'un  âge  fait,  par  opposition  aux  enfants. 
Il  24°  Un  personnage  élevé  en  dignité.  ||  25°  Ce  qu'il 
y  a  de  grand,  d'élevé,  de  noble.  ||  26°  Le  grand  de 
l'eau.  Il  27°  En  grand.  ||  28°  X  la  grande. 

1°  Qui  a  des  dimensions  plus  qu'ordinaires.  Une 
grande  ligne.  Un  grand  vase.  Une  grande  salle.  Une 
grande  ville.  De  grands  hôpitaux.  Lesgrandesdistan- 
ces  qui  séparent  les  astres  les  uns  des  autres.  Ont-ils 
rendu  l'esprit,  ce  n'est  plus  que  poussière  Que  cette 
majesté  si  pompeuse  et  s»  fière.  Dont  l'éclat  orgueil- 


GRA 

Iciix  étonnait  l'univers  ;  Et  dans  ces  grands  tom- 
beaux  où  leurs  âmes   hautaines   Font  encore  le- 
vaines.  Ils  sont  mangés  des  vers,  mai.h.  i,  :'..  Mai' 
à  grands  pas  vera  nous  je  vois  quelqu'un  marcher, 
RAC.  F.slh.  m,  t.  Il  Fig.  et  familièrement.  Ouvrir  d" 
grands  yeux,  regarder  avec  surprise  ou  curiosité 
Il  Le  grand  Océan,  la  mer    Pacilique.  1|  Les  grandes 
Indes,  l'Amérique.  ||  Terme  de  papeterie.   Grand 
aigle,  grand   raisin,  voy.   aigle,  raisin.  ||  Grandi 
brins  ou  hauts  brins,  toiles  de  Bretagne  dont  la 
meilleure  partie  se  fabriquait  à  Dinan.  ||  Grand  mât. 
voy.  MAT.  Il  2"  Il  se  dit  pour  marquer  simplement 
différence  ou  égalité  entre  des  objets  que  l'on  com- 
pare. Sa  maison  est  moins  grande,  plu.s  grande,  aussi 
grande  que  la  vôtre.  r.a  salle  n'est  pas  assez  grande 
pour  contenir  tout  le  monde.  Tout  est  trop  grand 
pour  notre  esprit;  il  faut  qu'il  raccourcisse  tout  ce 
qu'il  considère  ou  qu'il  en  retranche  la  plus  grande 
partie  pour  le  proportionner  à  sa  petitesse,  Nicole, 
F.ss.  de  mor.  t  "  traité,  chap.  8.  Ce  que  vous  appelez 
grand  est  très-petit  pour  un  éléphant,  et  ce  que  vous 
appelez  petit  est  un  monde  pour  les  insectes,  volt. 
Vict.  pliil.  Apparence.  \\  Plus  grand  que  nature,  se 
dit  d'une  statue,  d'un  tableau  qui  donne  aux  per- 
sonnages une  stature  plus  grande  que  la  taille  na- 
turelle. Il  Fig.  Il  faut,  dit-on,  sur  la  scène  être  plus 
grand  que  nature,  volt.  Triumv.  Kot.  Que  de  vérité 
et  de  sagesse  dans  tout  ce  que  Votre  Majesté  dit 
sur  cette  philosophie  des  stoïciens,  plus  grande  qua 
nature  et  si  peu  propre,  avec  ses  grands  mots  et  ses 
principes  exagérés,  à  soulager  ceux  qui  souffrent! 
ii'ALi'.MD.  Letl.  auroide  Pr.  0aoilH782.  ]|  Fig.  etfami- 
lièrement.  Avoir  les  yeux  plus  grands  que  la  panse, 
avoir  plus  grands  yeux  que  grand  ventre,  c'est-à-di.'O 
être  jilutêt  rassasié,  au  physique  et  au  moral,  qu'  n 
n'avait  cru.  ||  3°  La  fenêtre  est  restée  toute  grande  on 
verte,  ouverte  autant  qu'elle  pouvait  l'être.  Lesp'  :- 
les  sont  toutes  grandes  ouvertes,  genlis,  ï7i.  d'Éd. 
la  Curieuse,  v,  8.  ||0n  remarquera    cet  emploi  o'i 
grande,  tout  en  étant  au  féminin,  a  une  significa- 
tion adverbiale.  ||  4°  11  se  dit  d'une  taille  élevée.  Un 
homme  grand.  Une  grande  femme.  Un  grand  che- 
val. Judas  assembla  tous  les  Israélites  (|ui  ét.iient 
en  Galaad,  depuis  le  plus  grand  jusqu'au  plus  petit, 
sAci,  Bille,  Machab.  i,  v,    45.  [Chamillart]  C'était 
un  grand  homme  qui  marchait  en  dandinant,  si- 
siM.  70,  140.  Il  6°  11  se  dit  de  ce  qui   a  pris  une  cer- 
taine croissance.   Quand  les  arbres  seront  grands. 
Cette  femme  a  des  enfants  déjà  grands.'  Ce  jeune 
chien  est  déjà   grand.  Quand  les  blés  seront  plus 
grands.  Petit  poisson  deviendra  grand,  Pourvu  que 
Dieu  lui  prête  vie,  la  font.  Fabl.  v,  3.  ||  Familiè- 
rement. Il  est  bien  assez  grand  pour  se  servir  lui- 
même,  se  dit    par  moquerie  de  quelqu'un  qui  se 
fait  servir  comme  fait  un  enfant.  On  fut  demander 
h  Matta  s'il  n'était  pas  assez  grand  pour  faire  lui- 
même  ses  présents  à  Mme  de  Senantes,  sans  les  en- 
voyer par  le  chevalier  de  Grammont,  iiamilt.  Cra»i. 
4.  Ma  foi,  ma  sœur,  tu  es  assez  grande  pour  !e  si:r- 
veiller  toi-même,  piCARn,Pp<t(e  riWe,  ii,  <.  ||  Familiè- 
rement. Une  grande  personne,  les  grandes  personnes, 
se  dif  de  personnes  d'âge  fait,  par  opposition  aux  en- 
fants. Il  Grande  fille,  voy.  fille,  n°  3.  ||  6°U  y  a  deux 
grandes  lieues  d'ici  là,  il  y  a  deux  lieues  et  plus. 
Deux  grandes   heure.s,  doux  heures  et  plus.  Vous 
avez. .. .  En  cor  quinze  grands  jours  à  demeurer  ici ,  th. 
CORN.  l'Inconnu,  iv,  4.  Je  crois  qu'elle  m'aura  deux 
grands   mois  tout   au  moins,    destouch.   Homme 
sing.  IV,  2.  ||  Marcher  à  grandes  journées,  voyager 
on  faisant  chaque  jour  plus  de  chemin  qu'un  homme, 
qu'une  troupe  n'en  fait  d'ordinaire  dans  une  journée. 
Antiochus  reçut  la  nouvelle  de  c«tte  défaite  à  peu 
près  en  même  temps  qu'il  eut  avis  que  le  consul 
romain  s'avançait  à  grandes  journées  dans  la  Macé- 
doine, ROLLiN,   Ilisl.  anc.    (tCuv.   t.   viii,   p.  3»l. 
Il  7°  Qui  est  en  grande  quantité.  Il  n'a  pas  grand 
argent.  Il  y  aura  grand  monde  chez  lui    ce  soir. 
Il  Grand  jour,  voy.  jour.  ||  Le  grand  air,  l'atmo- 
sphère libre,  en  un  lieu  découvert,  par  opposition  à 
l'air  enfermé  dans  les  habitations.  Il  se  trouve  mal, 
il  faut  le  porter  au  grand  air.  Les  couleurs  de  pres- 
que tous  les  corps  souffrent  des  altérations  très-sen 
sibles  lorsqu'ils    demeurent  longtemps  exposés  au 
grand  air  ou  au  grand  jour,  bonnet,  Lett.  à  Rojier, 
ÙHuv.  t.   X,  p.  27,  dans  polgens.  ||  Un  homme  du 
grand  air,  voy.  air  2.  ||  Grandes  eaux,  se  dit  de  la 
crue  extraordinaire  d'un  fleuve,  d'une  rivière.  X  l'é- 
poque des  grandes  eaux.  ||  Grandes   eaux  de  Saint- 
Cloud,  de  Versailles,  les  jets  d'eau  et  les  cascades 
jouant  toutes  ensemble  ||  Fig.  et  familièrement.  Na- 
ger en  grande  eau,  être  dans  l'abondance,  avoir  tout 
à  souhait,  être  en  passe  de  faire  fortune.  ||  8°  Qui, 
au  plwsique  ou  au    moral,  surpasse  la  plupart  des 


GIîA 

autres  choses  do  même  genre.  Porter  de  grands 

fardeaux.  Écrire  une  grande  lettre.  Grande  fatiguo. 

Il  se  fit  un  grand  lirait.  Un  grand  silence  succéda  à 

ces  paroles.  J'ai  une  grande  nouvelle  à  vous  appren- 
dre. Un  grand  nombre.  Avoir  de  grands  vices.  II  n'y 
a  pas  grand  mai  à  cela.  Je  sais  qu'il  [l'empire  de 
Rome]  doit  s'accroître,  et  que  tes  grands  destins  No 
le  borneront  pas  chez  les  peuples  latins,  cobn.  //or. 
I,  ).  Vous  avez  grand  sujet  d'appréhender  pour  elle, 
m.  Héracl.  iv,  i.  Avec  un  grand  soupir,  m.  Nicom. 
:ii,  2.  Après  ce  grand  exemple  en  vain  on  dclihère, 
11),  t'b.  v.  2.  Ce  sont  des  coups  d'essai,  mais  si  grands 
que  peut-être  Le  Capitule  a  droit  d'en  craindre  un 
coup  de  maître,  m.  ib.  m,  2.  Seigneur,  le  bruit  est 
grand  et  l'auteur  incertain,  id.  Othon,v,  3.  L'inten- 
dant ne  parle  que  de  votre  magnificence,  de  votre 
grand  air,  de  vos  grands  repas;  Madame  de  Vins  en 
est  toute  étonnée,  sÉv.  423.  Celui  qui  règne  dans  les 
cieu.T  et  de  qui  relèvent  tous  les  empires,  à  qui 
seul  appartient  la  gloire,  la  majesté  et  l'indépen- 
daiico,  est  aussi  le  seul  qui  se  glorifie  de  faire  la 
loi  aux  rois  et  de  leur  donner,  quand  il  lui  plaît,  de 
grandes  et  do  terribles  leçons,  boss.  Beine  d'Anglet. 
Quoique  personne  n'ignore  les  grandes  qualités 
d'une  reine  dont  l'histoiie  a  rempli  toutl'univers.... 
ID.  ib.  Dans  la  plus  graiilo  fureur  des  guerres  civi- 
les, jamais  on  n'a  douté  de  sa  parole  ni  désespéré 
de  sa  clémence,  m.  ib.  ;  i  elle  eut  de  la  joie  de  ré- 
gner sur  une  grande  nation,  c'est  parce  qu'elle  pou- 
vait contenter  le  désir  immense  qui  sans  cesse  la 
sollicitait  à  faire  du  bien,  id.  ib.  Je  ne  puis  soutenir 
ces  grandes  paroles  par  lesquelles  l'arrogance  hu- 
maine tflche  de  s'étourdir  ,  id.  Duch,  d'Orl.  C'est  une 
-Tande  parole,  chrétiens,  et  qui  mérite  d'être  écou- 
':-;  avec  tous  les  sentiments  de  respect  que  la  reli- 

ion  est  capable  de  nous  inspirer,  bourdal.  Myst. 
l'ii'surr.  de  J.C.  1. 1,  p.  3)6.  Voilà  les  plus  grands 
coups;  Seigneur,  continuez,  la  victoire  esta  vous, 
'  AC.  Bérén.  iv,  8.  L'entreprise  sans  doute  est  grajido 

:  périlleuse,  m.  Alhal.  v,  3,  J'oserai  devant  lui 
:  iinpre  ce  grand  silence,  id.  Esth.  ii,  7.  Il  semble 

uo  le  trop  grand  empressement  est  une  recher- 
,  )io  importune  ou  une  vaine  affectation  de  mar- 
([uer  aux  autres  de  la  bienveillance  par  ses  pa- 
roles et  par  toute  sa  conduite,  la  bruy.  Thcophrasie, 
xm.  Et  c'est  du  sein  des  grands  obstacles  Que  nais- 
sent les  grandes  beautés,  lamottk,  Ode.':,  t.  i, 
p.  350,  dans  pougens.  Mais  sitôt  que  Séide  Aura 
rougi  ses  mains  de  ce  gi'and  homicide,  volt.  Fan. 
IV,  ).  Canut,  roi  do  Danemark,  qu'on  a  nommé  le 
Gr.andet  qui  n'a  fait  que  de  grandes  cruautés,  réunit 
sous  sa  domination  le  Danemark  et  l'Angleterre, 
I».  Mœurs,  XLii.  Mes  mains  désespérées  Dans  ce 
grand  abandon  seront  plus  assurées,  id.  Oreste,  iv, 

4 Jamais  chef  ou  roi,  pontife  ou  citoyen,  Ne 

i;onçut  un  projet  aussi  grcind  que  le  mien,  id. 
l'anat.  ii,  6.  Je  fus  obligé  de  sortir  du  château 
(|uo!que  temps  après  que  M.  le  baron  tous  eut  ren- 
voyé à  grands  coups  de  pied  dans  le  derrière,  id. 

Candide,  24 Des  grands  périls  les  grands  efl'orts 

sont  nés,  saurin.  Spart,  iv,  3.  Vous  parlez  du  res- 
pect de  la  propriété;  Il  est  des  droits  plus  grands, 
ceux  de  l'humanité,  M.  J.  giién.  Gracqiies,  ii,  3.  Va, 
dit  la  fée,  à  tort  tu  t'en  alarmes;  De  grands  talents 
ont  de  moins  beaux  succès;  Ses  chants  légers  se- 
ront chers  aux  Français,  Et  du  proscrit  adouciront 
les  larmes,  bérang.  le  Tailleur  et  la  Fée.  X  cette 
vue  [des  flammes  se  dirigeant  sur  le  Kremlin] ,  un 
grand  soupçon  s'empare  de  leur  esprit  ;  les  Mosco- 
vites, connaissant  notre  téméraire  et  négligente  in- 
souciance, auraient-ils  conçu  l'espoir  de  brûler  avec 
Moscou  nos  soldats  ivres  de  vin,  de  fatigue  et  de 
sommeil?  ségur,  Uist.  de  Map.  vm,  6.  La  royauté 
avait  été  déplacée  par  la  noblesse  ;  il  restait  donc 
ane  imposante  coalition  de  toutes  les  grandes  for- 
tunes et  de  tous  les  grands  noms  de  l'Angleterre, 
viLLEM.UN,  IJttér.  fr.  i»'  siècle,  2»  part.  2»  leçon. 
Il  La  grande  armée  se  disait,  sous  le  premier  em- 
pire, de  l'armée  commandée  par  Napoléon  lui-même, 
et  surtout  de  l'armée  qui  fit  la  campagne  de  Russie. 
Il  Pièce  à  grand  spectacle,  pièce  à  décors  et  à  chan- 
gements à  vue.  Il  Fig.  De  grands  mots,  des  mots 
emphatiques,  des  expressions  exagérées,  et  aussi 
des  mots  techniques  peu  connus.  Ah  I  monsieur 
Lysidas,  vous  nous  assommez  avec  vos  grands  mots, 
MOL.  Critique,  7.  ||  Grand  chemin,  voy.  chemin, 
n"  2.  Il  Grand  merci,  voy.  «erci.  ||  Le  grand  re- 
mède, les  grands  remèdes,  les  préparations  mercu- 
rielles  administrées  pour  le  traitement  de  la  sy- 
philis. Il  Le  grand  remède  se  dit  aussi  du  remède 
définitif,  de  celui  auquel  on  a  recours  quand  les 
autres  sont  épuisés.  Le  grand  remède  pour  le  mal 
de  dents,  c'est  d'arracher  la  dent  malade,  fj  Terme 


r.RA 

d'alchimie.  Le  grand  art,  l'art  de  faire  la  pierre 
philosophale.  Le  grand  œuvre,  voy.  œuvre.  ||  Terme 
d'ancienne  législation.  Grandes  audiences,  se  disait 
des  audiences  que  le  parlement  consacrait  aux  causes 
dos  rOles,  par  opposition  aux  petites  audiences. 
|[  Dans  l'ancienne  organisation  judiciaire,  grands 
jours,  voy.  jour.  ||  Grand  conseil,  voy.  conseil,  n"  o. 
Il  9°  Il  se  dit  de  l'Age.  Un  grand  âge.  ||  Une  grande 
jeunesse,  âge  très-peu  avancé  dans  la  vie.  On  ne  put 
lui  confier  cette  affaire  à  cause  de  sa  grande  jeunesse. 
Il  Grande  vieillesse,  Age  très-avancé.  C'était  un  hmnme 
courageux  [Mazeppa],  entreprenant  et  d'un  travail 
j  infatigable, quoique (lansunegrandevieillesse,  volt. 
I  Charles  XII,  4.  ||  10°  Important,  principal.  Un  des 
I  grands  principes  de  la  philosophie.  C'est  un  grand 
;  point  de  savoir  bien  prendre  son  temjis.  X  la  veille 
;  d'un  si  grand  jour  (la  bataille  de  Rocroi],  BOss. 
Louis  de  Bourbon.  ||  11°  Il  se  dit  des  personnes  qui 
surpassent  les  autres  par  le  rang,  par  le  pouvoir, 
par  la  dignité.  Une  grande  dame.  Pour  grands  que 
soient  les  rois,  ils  sont  ce  que  nous  sommes,  corn. 
Cid,i,  3.  Vous  dirai-jc  les  noms  do  ces  grands  person- 
nages? ID.  Cinnu,  i,  3.  Depuis  le  plus  petit  jusqu'au 
plus  grand,  tous  s'étudient  à  satisfaire  leur  avarice, 
SACi,  Bible,  Jérémie,  vi,  )3.  Considérez  ces  grandes 
puissances  que  nous  regardons  de  si  bas,  uoss. 
Duch.  d'Orl.  Voilà  les  vérités  que  j'ai  à  traiter  et 
que  j'ai  crues  dignes  d'être  proposées  à  un  si  grand 
prince  et  à  la  plus  illustre  assemblée  de  l'univers, 
id.  ib.  Savez-vous  que  l'intention  de  Dieu  n'est  pas 
que  vous  soyez  plus  grand  pour  avoir  plus  de  sujets, 
mais  seulement  qu'il  y  ait  plus  de  sujets  à  qui  vous 
soyez  utile?  bouhdal.  2'  dim.  après  Pdq.  Dominic. 
t.  II,  p.  49.  C'est-à-dire  qu'on  est  grand  par  tout  ce 
qui  ne  vient  pas  de  nous,  et  qu'on  ne  l'est  ni  dans 
sa  personne,  ni  par  sa  personne,  m.  2'  dim.  après 
la  Pentec.  Dominic.  t.  iv,  p.  <8.  La  règle  de  voir 
de  plus  grands  que  soi  doit  avoir  ses  restrictions;  il 
faut  quelquefois  d'étranges  talents  pour  la  réduire 
en  pratique,  la  bruy.  ix.  Dieux!  si,  devenant  grand, 
souvent  on  devient  pire,  Si  la  vertu  se  perd  quand 
on  gagne  l'empire,  rac.  Théb.  iv,  3.  Grande  reine, 
est-ce  ici  votre  place?  id.  Alhal.  ii,  5.  Dieux!  que 
plus  on  est  grand,  plus  vos  coups  sont  h  craindre  ! 
VOLT.  tUrope,  ii,  3.  Plus  le  coupable  est  grand,  plus 
grand  est  le  supplice,  in.  Sémir.  v,  8.  On  l'enten- 
dait répéter  [un  des  ministres  de  Napoléon]  que 
l'einporeur  n'était  pas  assez  grand,  qu'il  fallait  qu'il 
fût  plus  grand  encore  pour  pouvoir  s'arrêter,  ségur  . 
Hist.  de  Nap.  ii,  5.  ||  Grand  seigneur,  voy.  sei- 
gneur. Il  Familièrement.  Trancher  du  grand  sei- 
gneur, affecter  le  train,  le  ton  d'un  grand  seigneur. 
Il  Absolument.  Trancher  du  grand,  affecter  la  gran- 
deur, la  magnificence.  ||  Familièrement.  Les  grands 
parents,  les  plus  considérables  d'entre  les  proches 
parents,  et  aussi  les  grand-père,  grand'mère,  grands- 
oncles,  etc.  Il  Le  grand  monde,  voy.  monde.  ||  Par 
extension,  il  se  dit  parfois  des  choses  en  ce  sens. 
Henri....  Ne  refuse  à  mes  vœux  un  favorable  appui; 
Et,  si  pour  ton  autel  ce  n'est  chose  assez  grande, 
Pense  qu'il  est  si  grand  qu'il  n'aurait  point  d'of- 
frande. S'il  n'en  recevait  point  que  d'égales  à  lui, 
MALH.  I,  4.  Je  vous  conseille  d'écrire  à  notre  bon 
cardinal  sur  cette  grande  mort,  il  en  sera  touché, 
sf.v.  Lett.  6  août  1876.  ||  12°  Se  dit  aussi  de  Dieu. 
De  moi  [pour  moi],  toutes  les  fois  que  j'arrête  les 
yeux  X  voir  les  ornements  dont  lu  pares  les  cieux, 
Tu  [Dieu]  me  semblés  si  grand  et  nous  si  peu  de 
chose.  Que  mon  entendement  Ne  peut  s'imaginer 
quelle  amour  te  dispose  X  nous  favoriser  d'un  re- 
gard seulement,  malii.  i,  ).  Dieu  seul  est  grand, mes 
frères,  et  dans  ces  derniers  moments  surtout  où  il 
préside  à  la  mort  des  rois  de  la  terre,  hass.  /.ouïs 
le  Grand.  ||  Grand  Dieu,  exclamation  d'étonne- 
ment,  de  crainte  etc.  ||  Grands  dieux,  quand  il 
est  question  de  païens.  Exterminez,  grands  dieux, 
de  la  terre  oii  nous  sommes.  Quiconque  avec  plai- 
sir répand  le  sang  des  hommes,  volt.  Mahomet, 
III,  8.  Il  Promettre,  jurer  ses  grands  dieux,  I-î'-.o  do 
grandes  protestations.  ||  13°  Il  se  dit  des  personnes 
qui  surpassent  les  autres  par  le  génie,  par  les  qua- 
lités morales,  par  les  talents,  etc.  Une  grande 
reine.  Une  grande  impératrice.  Ur  grand  peintre. 
Un  grand  musicien.  Son  ombre  épouvanta  votre 
grand  Annibal,  corn.  Nicom.  m,  2  II  a  servi  l'em- 
pire et  fut  grand  capitaine,  roth.  Bélis.  i,  2.  Le 
grand  cardinal  de  Richelieu,  boss.  le  Tcllier. 
Lorsque  David,  un  si  grand  guerrier,  déplora  la 
mort  de  deux  fameux  capitaines  qu'on  venait  do 
perdre,  il  leur  donna  cet  éloge  :  plus  vites  que  les 
aigles,  plus  courageux  que  les  lions,  id.  louis  do 
Bourbon.  Je  vous  dirais  qu'il  fut  le  plus  grand  do 
nos  princes,  rac. /</fX.  v,  i.   De  grands  hommes 


GRA 


iyl5 


commandaient  de  petites  armées,  et  ces  armée»  fai- 
saient de  grandes  choses ,  hamilt.  Gramm.  2.  Grand 
politique,  général  accompli,  modeste  au  milieu  des 
plus  grands  emplois  et  des  honneurs  les  plus  écla- 
tants, KOLLiN,  Uist.  auc.  Œuv.  t.  m,  p.  3»3,  dans 
POUGENS.  Voilà  comment  on  devient  un  grand 
homme  de  guerre,  id.  ib.  t.  viii,  p.  314.  Nous  som- 
mes assez  grands  pour  être  sans  envie,  volt.  Taticr. 
v,  (.  Henri  IV,  que  nous  révérons  aujourd'hui  el 
que  nous  aimons,  si  on  ose  le  dire,  comme  un  dieu 
tutélaire,  était  un  très-grand  homme  ;  mais  le  temps 
de  Louis  XIV  fut  un  très-grand  siècle,  ID.  Fragm. 
sur  l'hist.  art.  20.  Le  grand  Condê  pleurant  aux 
vers  du  grand  Corneille,  ID.  Dial.  Paris.  Russe. 
Nous  allons  perdre  le  grand  Haller,  et  probable- 
ment, à  l'heure  que  je  vous  écris,  il  n'est  plus; 
vous  n'avez  pas  besoin  que  je  vous  fasse  sentir 
toute  la  grandeur  de  cette  perte,  vous  qui  savez 
comme  moi  tout  ce  que  la  physiologie,  la  l)Otani- 
que,  la  médecine,  les  lettres,  la  religion  doivent  t 
cet  homme  aussi  respectable  qu'illustre,  bonnet. 
Leit.  div.  Œuvres,  t.  ii,  p.  2O0,  dans  pougens.  Mou 
enfant,  quel  éclair  sinistre  !  C'était  l'astre  d'un  fa- 
vori Qui  se  croyait  un  grand  ministre  Quand  de 
nos  maux  il  avait  ri,  bérang.  Étoiles  qui  ^Icnt.  \\  Un 
grand  esprit,  une  personne  remarquable  jiar  l'é- 
tendue de  ses  idées,  par  la  grandeur  de  ses  concep- 
tions. Elle  avait  un  grand  esprit,  de  grandes  vues, 
un  grand  art  de  posséder  noblement  une  grande 
fortune,  sÉv.  348.1114°  Titre  de  gloire  do  o-rtaius 
princes  ou  personnages  illustres  (en  cet  emploi. 
Grand  prend  une  iuaju-;cule),  etc.  Alexandre  le 
Grand.  Henri  le  Grand.  Saint  Grégoire  le  Grand. 
Louis  XIV,  qui  venait  de  recevoir  le  nom  de  Grand 
à  l'hôtel  de  ville  de  Paris  en  ibso,  volt.  Obserr. 
sur  les  mdm.  de  Noailles.  Le  Tartufe  essuya  autre- 
fois de  plus  violentes  contradictions  ;  il  fut  enliii 
vengé  des  hypocrites;  j'espère  l'être  de?  <analiques  ; 
car  enfin  Mahomet  est  Tantufe  le  Grand,  m.  l.elt.  Ci- 
dcville,  I"  sept.  1742.  {|  On  roman |uera  que  l'épithide 
se  met  avant  le  substantif  lorsqu'on  parle  du  mérite 
du  personnage  :  le  grand  Alexandre.  Mais,  lors- 
qu'on veut  distinguer  le  personnage  d'autres  qui 
portent  le  même  nom,  alors  l'épithète  doit  toujours 
être  après  le  substantif  :  Alexandre  le  Grand. ||  16°  Il- 
lustre. Êtes- vous  d'Athènes  la  grande?  la  font. 
Fabl.  IV,  7.  Un  Elle  dont  le  nom  est  grand  parmi 
les  Juifs,  BOss.  Uist.  ii,  tu.  Mon  cœur,  jaloux  du 
sort  de  ces  grands  malheureux.  Veut  s'élever,  ma- 
dame, et  tomber  avec  eux,  rac.  Théb.  iv,  3.  Notri 
nation....  se  fait  une  gloire  de  copier  leurs  mecur» 
[des  grands]....  tout  devient  honorable  d'après  de 
grands  modèles,  MASS.  Pc<.  car.  Ex.  desgrands.  ||  Une 
grande  maison,  une  famille  illustre  par  son  rang, 
par  son  ancienneté.  Je  vois  la  mai.son  de  France,  la 
plus  grande,  sans  comparaison,  de  tout  l'univers,  et 
à  qui  les  plus  puissantes  maisons  peuvent  bien  cé- 
der sans  envie,  puisqu'elles  tâchent  de  tirer  leur 
gloire  de  cette  source,  BOSS.  Duch.  d'Orl.  ||  La 
grande  nation ,  terme  dont  on  se  servait  sous  le 
premier  empire  pour  désigner  la  nation  française. 
Depuis  dix  ans,  leurs  routes  [des  départements  do 
l'Est]  étaient  couvertes  de  voyageurs  de  tous  les 
rangs  qui  venaient  admirer  la  grande  nation,  la  ca- 
pitale chaque  jour  embellie,  les  chefs-d'œuvre  de 
tous  les  arts  et  de  tous  les  siècles  que  la  victoire  y 
avait  rassemblés,  ségur,  7/isl.  de  Nap.  m,  <. 
Il  16°  Grand  devant  un  substantif  lui  donne,  en 
bonne  ou  en  mauvaise  part,  un  senssuperlalif.  Grand 
buveur.  Grand  poltron.  Grand  lâche.  Grand  imbé- 
cile. Grand  menteur.  Grande  bavarde.  Je  vous  crois 
grand  latin  et  grand  docteur  jurA,  mol.  le  Dép.  n, 
7.  Grands  Aristarques  de  Trévoux,  Boa.  Epigr.  3;,. 
Homère,  le  grand  théologien  cl  le  grand  proplièlc 
des  Grecs,  fleury.  Moeurs  des  Israél.  lit.  xxii,  2-  part, 
p.  273,  dans  pouGF.NS.  Il  Familièrement.  Ils  sonl 
grands  amis,  ils  sont  liés  par  l'amitié.  ||  17"  Coura- 
geux, magnanime, noble.  Atulealocœur  grand. l'es- 
prit grand,  l'âme  grande,  Et  toutes  les  grandeurs 
dontse  fait  un  grand  roi.coiiN.  Nicom.  n,  3.Elfùl-il 
sous  ta  rage  à  les  pieds  abattu,  11  est  plus  grand  que 
toi  s'il  a  plus  de  vertu,  ID.  Attila,  m,  4.  Les  senti- 
ments d'orgueil  qui  corrompent  d'aulant  plus  les 
âmes,  qu'elles  sont  plus  grandes  et  plus  élevées, 
hoss.  Reine  d'Anglr.t.  Que  ja:;;ais  on  n'est  t<raiul 
qu'autant  que  l'on  est  juste,  boil.  Sal.  xi.  Je  voyais 
bien  que  votre  âme  était  haute,  mais  jo  no  soup 
connais  pas  qu'elle  fût  grande,  montesq.  Eacrate  et 
Sylla.  Ce  roi  plus  grand  que  la  fortune  Dédaignait 
comme  vous  une  pompe  importune,  volt.  Œdipe, 
IV,  <.  Et  prenant  désormais  des  sentiments  plus 
gr.inds,  ID.  Brutus,  v,  ).  Insensible  à  sa  chute  et 
grand  dans  ses  misères,  id.  Zaïre,  il,  l.  Je  me  sens 


191G 


GRA 


assez  grand  pour  no  pas  t'abuser,  volt.  Mah.  Il,  6. 
Tu  mo  crois  assez  grand  pour  oublier  l'outrage,  ID. 
ilirope,  V,  2.  ||  Faire  une  chose  do  grand  cœur,  la 
faire  irès-volontiers.  ||  18*  Qui  a  un  caractore  de 
noblesse  et  d'élévation.  Quel  est  ce  vieillard  blanc, 
aveugle  et  sans  appui?  Serait-co  un  habitant  de 
l'empire  céteste?  Ses  traits  sont  grands  et  fiers.... 
A.  ciiKN.  léjllcs,  aveugle.  |{  Terme  de  beaux-arts. 
Grande  manière,  manière  appropriée  aux  sujets  no- 
bles, aux  coflipositions  vastes  et  de  grandes  dimen- 
sions. Il  19°  Titre  des  dignitaires  les  plus  élevés 
dans  leur  ordre.  Grand  maître  de  l'université.  Grand 
chancelier  de  la  Légion  d'honneur.  Grand  référen- 
daire. Grand  chambellan.  Jonathan,  fils  du  roi ,  était 
grand  maître  du  palais,  et  jugeait  le  peuple,  saci, 
Bible,  Rois,  iv,  XV,  0.  Mon  père  fut  aussi  quoique 
temps  grand  louvetier,  st-sim.  6,  84  ||  Dans  un  sens 
analogue.  Grand  prêtre,  grand  pontife,  grande  prê- 
tresse ,  etc.  Si  du  grand  prêtre  Aaron  Joad  est  suc- 
cesseur. De  notre  dernier  roi  Josabeth  est  la  sœur, 
nAC.  Athal.  i,  ).  1|  Titre  donné  aux  chefs  de  certains 
ordres.  Grand  mjître  de  Malte.  ||  On  dit  de  même 
grande  maîtrise.  ||  Se  dit  encore  de  certains  oflîciors 
principaux  des  mêmes  ordres.  Grand  prieur  de 
France.  Grand  officier  de  la  Légion  d'honneur.  Grand 
cordon.  Le  roi  manda  à  monseigneur  d'envoyer  le 
grand  prieur  à  la  Bastille,  st-sim.  69,  239.  ||  Grand- 
croix,  voy.  co  mot  à  sa  place.  {|  Monsieur  le  Grand 
se  disait,  dans  l'ancienne  cour,  du  premier  écuyer 
de  la  grande  écurie  du  roi.  Le  roi  dit  à  monsieur  le 
Grand  [Louis  de  Lorraine,  comte  d'Armagnac]  :  ac- 
commodez-vous pour  le  rang  avec  le  comte  de  Sois- 
sons,  SF.v.  490.  Il  Se  dit  enfin  de  certaines  charges  do 
divers  monastères  d'hommes  ou  de  femmes.  Grand 
prieur  de  Cluny.  La  grande  prieure  de  telle  abbaye. 
Il  Grand  vicaire,  voy.  vicaibb.  ||  20°  Titre  de  cer- 
tains princes  souverains.  Le  Grand  Soigneur.  Le 
Grand  Khan.  Le  Grand  Mogol.  Le  Grand  Turc.  Le 
grand-duc  de  Toscane.  Mahomet  II  fut  le  premier 
prince  ottoman  qualifié  Grand  Turc  par  les  chré- 
tiens, en  raison  de  l'étendue  de  sa  domination  par 
comparaison  avec  le  sultan  d'Iconium  que  Monstrelet 
désigne  sous  le  nom  de  Petit  Turc.  ||  On  dit  de  même 
un  grand-duché.  ||  21°  Terme  de  botanique.  Grand 
baume,  la  tanaisio.  Grande  marjolaine,  l'origan. 
Il  Tprme  de  zoologie.  Grand  cachalot,  le  physcter. 
Il  22°  Grand,  devant  un  certain  nombre  de  mots  fé- 
minins, ne  prend  pas  l'e  du  féminin.  En  voici  la 
liste.  Il  Grand'bande,  anciennement,  sorte  d'or- 
chestre pouf  danser.  Le  bal  et  la  grand'bande,  à 
savoir  deux  musettes,  mol.  Tart.  ii,  3.  ||  En  grand'- 
cérémonie,  la  font,  la  Femme  confesseur.  \\  Grand'- 
char.'.bre,  une  chambre  de  l'ancien  parlement.  C'est 
honnêteté  à  M.  de  Harlay,  et  non  pas  un  devoir 
de  prendre  avis  de  la  grand'chambre,  st-sim.  2i, 
242.  En  toute  autre  occasion,  on  dit:  une  grande 
chambre.  ||  Grand'chère.  Faire  grand'chére.  Mais  il 
faudraitdire  :  faire  une  grande  chère.  |{  Grand'chose. 
Je  vou<lrais,  m'en  coi\tât-il  grand'chose.  Pour  la 
beauté  du  l'ait,  avoir  perdu  ma  cause,  mol.  Mis.  i, 
(.  Il  On  trouve  au.ssi  grande  chose,  bien  moins  usilé. 
Co  n'était  pas  grande  chose  pour  lui,  hamilt. 
Gramm.  9.  Mais  il  faudrait  dire  :  une  grande  chose. 
Il  Grand'coifîi'.  X  sa  grand'coilTo,  à  sa  fine  étamine, 
ORKssET,  Vert-vert,  m.  \\  Grand'faim.  Grand'soif. 
Comme  Schah-Alibas  avait  grand'faim,  les  aliments 
grossiers  lui  parurent  plus  agréables  que  les  mets 
exquis  de  sa  table,  fén.  t.  xix,  p.  90.  Grand'soif,  bon 
appétit,  destoucii.  Glor.  ii,  14.  Mais  il  faudrait  dire  : 
une  grande  faim,  une  grande  soif.  ||  Grand'garde, 
en  termes  militaires,  sorte  do  poste  avancé.  Une 
grande  garde  serait  tout  autre  chose,  serait  une 
garde  nombreuse.  ||  Grand'hâte.  Il  avait  eu  grand'- 
hùte  de  la  marier,  sév.  C2.  ||  Grand'honte.  Quand 
trois  filles  pas.sant,  l'une  dit  :  C'est  grand'honte 
Ou'il  faille  voir  ainsi  clocher  ce  jeune  fils,  la 
pont.  Fabl.nt,  t.  Mais  il  faudrait  dire  :  une  grande 
honte.  Il  Orand'mère.  'Voyez  grand'mère  à  sa  place. 
Il  Grand'messe.  Avez-vous  entendu  la  grand'messe? 
Il  \  grand'peine.  X  grande  peine  n'est  pas  usité. 
I!  Grand'pcur.  La  pauvre  femme  eut  si  grand'peur 
Qu'elle  chercha  quelque  assurance  Entre  les  bras 
de  son  époux,  la  font.  l'abl.  ix,  (5.  M.iis  il  fau- 
draitdire: une  grande  peur.  ||  Grand'pitié.  Ce  pauvre 
Ijuzun  ne  vous  fait-il  pas  grand'pitié?  sÉv.  257. 
Mais  il  faudrait  dire  :  une  grande  pitié.  ||  La  gnind'- 
rue  se  dit  souvent  de  la  rue  principale  d'une  ville. 
Il  Grand'sallo,  salle  du  palais  de  justice  à  Paris.  La 
chicane  en  fureur  mugit  dans  la  grand'salle,  boil. 
Sot.  VIII.  Partout  ailleurs  on  dit  :  une  grande 
«aile.  Il  La  grand'scpur.  Ayant  sans  cesse  et  le  père 
el  la  môro,  El  la  grand'smur  avec  le  petit  frère. 
De  ses  deniers  mariaut  la  graiid'sœur,  Et  du  petit 


GRA 

payant  le  précepteur,  la  font.  Belph.  ]|  Voy.  onANii'- 
tante  à  sa  place.  ||  La  Fontaine  a  dit  en  grand'- 
pompo  :  Alibech  fut  festinée  en  grand'pompe,  Diable. 
Il  Mme  de  Sévigné  a  dit  la  grand'mode  :  C'est  la 
grand'mode,  siSv.  2<2.  ||  Vaugobis  a  dit:  la  plus 
grand'part.  ||  Ménage  dit  qu'on  n'a  point  trouvé  d'au- 
tre raison  pour  l'élision  de  l'e  dans  ces  cas  que  l'u- 
sage qui  l'a  établie.  Mais  d'une  part  il  n'y  a  point 
d'e  élidé,  et  d'autre  part  la  raison  de  cette  forme  est 
fournie  de  la  façon  la  plus  simple  par  l'ancienne 
langue.  Grand,  venant  du  latin  grandis  qui  a  la 
même  terminaison  pour  le  masculin  et  le  féminin, 
n'avait  non  plus  qu'une  seule  terminaison  pour  les 
deux  genres  dans  l'ancien  français  :  une  grant 
cité,  etc.  Cet  usage,  parfaitement  régulier,  comme 
on  voit,  se  trouva  en  contradiction  avec  celui  qui 
survint  et  qui  donna  à  ces  adjectifs  une  terminaison 
féminine.  Mais,  de  cette  contr.idiction,  il  résulta 
que  grand  fut  maintenu  par  le  parler  habituel  en 
accord  avec  quelques  noms  féminins.  Ainsi  il  n'y  a 
point  d'e  élidé  et,  partant,  point  d'apostrophe  à 
mettre.  Il  serait  meilleur  de  supprimer  cette  apo- 
strophe que  de  présenter  à  l'esprit  la  fausse  idée 
d'une  suppression  qui  serait  une  anomalie  sans  rai- 
son ;  mais  un  homme  seul  n'a  pas  autorité  suffisante 
pour  cola,  'Voy.  à  gband'mUrb  l'anomalie  ridicule 
à  laquelle  conduit  cette  apostrophe.  Ij  23°  S.  m.  Les 
grands,  les  personnes  d'un  âge  fait,  par  opposition 
aux  enfants.  Racontez  des  fables,  flattez,  amusez; 
grands  et  petits  courent  après  vous,  fén.  Dial.  des 
morts  anc.  44.  ||  Dans  les  lycées  et  collèges,  les 
grands,  les  écoliers  les  plus  âgés.  En  ce  sens  il  se 
dit  aussi  au  singulier  :  un  grand.  ||  Lo  féminin  est 
usité  dans  les  pensions  de  filles.  Les  grandes.  Une 
grande.  ||  24»  Un  personnage  élevé  en  dignité.  Des 
hommes,  tout  ainsi  je  ne  puis  reconnaître  Les 
grands,  mais  bien  ceux-là  qui  méritent  de  l'être,  Et 
de  qui  le  mérite,  indomptable  en  vertu,  Force  les 
accidents  et  n'est  point  abattu,  Régnier,  Sat.  xiv. 
Les  grands,  pour  s'affermir  achetantdes suffrages.... 
CORN.  Cinna,  u,  < .  Hélas  !  on  voit  que  de  tout 
temps  Les  petits  ont  pâti  des  sottises  des  grands,  la 
FONT.  Fabl.  II,  4.  Les  grands  pour  la  plupart  sont 
masques  dethéâtre;  Leur  apparence  impose  au  vul- 
gaire idolâtre,  ID.  ib.  iv,  (4.  Vous,  favori!  vous, 
grand,  défiez-vous  des  rois;  Leur  faveur  est  glis- 
sante :  on  s'y  trompe,  et  le  pire.  C'est  qu'il  en  coûte 
cher....  IB.  ib.  x,  tu.  Tous  les  discours  sont  des  sot- 
tises Partant  d'un  homme  sans  éclat;  Ce  seraient 
paroles  exquises,  Si  c'était  un  grand  qui  parlât, 
MOL.  Amph.  II,  i.  Un  grand,  dans  son  idée,  n'est 
pas  un  seul  homme,  c'est  un  homme  environné  de 
tous  ceux  qui  sont  à  lui,  et  qui  s'imagine  avoir  au- 
tant de  bras  qu'ils  en  ont  tous  ensemble,  parce  qu'il 
en  dispose  et  qu'il  les  remue,  Nicole,  Ess.  de  mor. 
I"  traité,  chap.  ).  Et  la  vertu  des  grands  n'est  pas 
d'aimer  leurs  femmes,  boursahlt,  Esope  à  la  cour, 
II,  2.  11  faut  avec  les  grands  un  peu  de  retenue, 
«on..  Sat.  v.  'Vois  s'il  s'offre  à  tes  yeux  quelque 
grand  de  ma  cour,  rac.  Esth.  ii,  4.  Ce  qui  est  dans 
les  grands  splendeur,  somptuosité,  est  dissipation, 
folio,  ineptie  dans  le  particulier,  la  bruy.  vu.  Les 
grands  dédaignent  les  gens  d'esprit  qui  n'ont  que 
de  l'esprit;  les  gens  d'esprit  mépri.sent  les  grands 
qui  n'ont  que  de  la  grandeur  ;  les  gens  de  bien  plai- 
gnent les  uns  et  les  autres,  qui  ont  ou  de  la  gran- 
deur ou  do  l'esprit,  sans  nulle  vertu,  id.  ix.  Les 
grands  veulent  être  applaudis;  et,  comme  l'imita- 
tion est  de  tous  les  applaudissements  le  plus  flat- 
teur et  le  moins  équivoque,  on  est  sûr  do  leur  plaire, 
dès  qu'on  s'étudie  à  leur  ressembler,  mass.  Pet. 
car.  Ex.  des  grands.  Il  n'est  pas  besoin  de  con- 
naître beaucoup  les  maisons  des  grands  pour  sa- 
voir que  d'y  être  bien  avec  tout  le  monde,  c'est  un 
chef-d'œuvre  de  conduite  et  de  sagesse,  et  souvent 
d'autant  plus  difficile  que  l'on  a  d'ailleurs  de  plus 
grandes  qualités,  fonten.  Vodart.  Grand  est  autre 
que  puissant;  on  peut  être  l'un  et  l'autre,  mais  le 
puis.sanl  désigne  une  place  importante;  le  grand 
annonce  plus  d'extérieur  et  moins  de  réalité;  le 
puissant  commande,  le  grand  a  des  honneurs,  volt. 
Dict.  phil.  Grand.  A  leurs  seuls  intérêts  les  grands 
sont  attachés,  lu.  Tancr.  i,  6.  Un  grand  nous  fait 
assez  de  bien  quand  il  no  nous  fait  pas  de  mal, 
BEAUMABCH.  Barft.  de  Sév.  i,  2.  Au  reste,  cette  désu- 
nion entre  ses  grands  ne  déplaisait  pas  à  Napoléon, 
elle  l'instruisait;  leur  accord  l'eût  inquiété,  ségph, 
llùt.  de  Sap.  ui,  2.  ||  Un  demi-grand,  un  personnage 
intermédiaire  entre  les  grands  et  ceux  qui  ne  le  sont 
pas.  Héfiéchissant  profondément  sur  le  caractère  des 
grands  et  dos  demi-grands  qui  sacrifient  si  légère- 
ment la  liberté  des  hommes  et  l'honneur  dos  fem- 
mes, volt.  l'Ingénu,  n.  |j  Grand  d'Espagne,  titre  de 


GRA 

la  première  distinction  en  Espagne,  qui  donne,  entre 
autres  privilèges,  celui  de  se  couvrir  devant  le  roi. 
Il  25°  Ce  qu'il  y  a  de  grand,  d'élevé,  de  noble.  I.a 
fausse  gloire  ne  lo  tentait  pas  ;  tout  tendait  au  vrai 
et  au  grand,  boss.  Louis  de  Bourbon.-  Il  y  &  cinq 
sources  du  grand,  l'élévation  d'esprit,  le  pathéticjue, 
les  figures,  la  noblesse  de  l'expression,  la  composition 
et  l'arrangement  des  paroles,  boil.  Longin,  Subliine, 
6,  Ce  style  [des  flatteurs]  sert  au  prince  à  se  conso- 
ler du  grand  et  de  l'excellent  par  le  médiocre,  i  a 
BHuy.  IX.  Et  là  il  commença  l'exécution  d'un  dessein 
qu'il  méditait  depuis  longtemps,  digne  d'un  homme 
accoutumé  au  grand  pendant  tout  lo  cours  de  eJ 
vie,  fonten.  Marsigli.  Démarche  qui,  si  elle  man- 
quait de  succès,  ne  pouvait  être  justifiée  qu'auprès 
du  petit  nombre  de  ceux  qui  reconnaissent  le  grand 
partout  où  il  se  trouve,  m.  Czar  Pierre.  Le  grand, 
le  solide  de  la  religion  prend  la  place,  dans  un  bon 
esprit,  de  tout  le  frivolequi  l'avait  amusé,  mass.  Ca- 
rême, Mot.  de  conv.  Toi  qui  du  grand,  du  pathétique 
As  sur  la  harpe  prophétique  itépandu  le  charme 
vainqueur,  lamotte,  Od.  t.  i,  p.  42»,  dans  pougens. 
Il  [le  czar  Pierre]  aimait  le  grand  et  l'extraordi- 
naire autant  que  Charles  XII,  Gortz  et  ilberoni  ; 
mais  il  l'aimait  en  fondateur  d'un  État,  en  législa- 
teur, en  vrai  politique,  volt.  Rusi.  n,  8.  Je  croyais 
qu'on  allait  faire  Du  grand  et  du  neuf,  bF.bang.  Res- 
taur.  delà  choTWon.  || Terme  de  beaux-arls.  Le 
grand,  ce  qui  se  distingue  par  la  puissance  d'exé- 
cution et  la  grandeur  de  pensée.  ||  Se  dit  aussi  du 
luxe,  de  la  dépense.  Donner  dans  le  grand.  ||  Du 
petit  au  grand,  en  comparant  les  petites  choses  au.\ 
grandes.  Il  Aller  du  petit  au  grand,  commencer  par 
de  petites  choses,  pour  parvenir  à  de  plus  grondes. 
Il  Argumenter  du  petit  au  grand,  tirer  de  ce  qui 
est  petit  une  conclusion  sur  ce  qui  est  grand. 
Il  26°  Terme  de  mer.  Le  grand  de  l'eau,  le  plus  haut 
point  où  une  marée  monte  dans  le  mois.  ||  27°  En 
grand,  loc.  adv.  De  dimension  naturelle.  11  s'est 
fait  peindre  en  grand.  Les  petites  machines  ne  réus- 
sissent point  en  grand,  parce  que  les  frottements  les 
dérangent,  volt.  Polit,  et  législ.  Pens.  admin.  publ. 
26.  Il  En  grand,  avec  toute  l'étendue  que  comporte 
la  chose  dont  il  s'agit.  Les  instruments  nécessaires 
pour  la  culture  en  grand.  ||  Fig.  Puis  en  grand  m'é- 
tant  fait  voleur.  J'eus  d'un  baron  mœurs  et  langage, 
BÉBANG.  Reliques.  ||  En  grand  se  dit  aussi  par  compa- 
raison avec  ce  qui  est  plus  petit.  On  veut  que  l'uni- 
vers ne  soit  en  grand  que  ce  qu'une  montre  est  en 
petit,  fonten.  les  Mondes,  l  "  soir.  Lo  schisme  entre 
Sam.irie  et  Jérusalem  était  en  petit  co  que  le  schisme 
entre  les  Grecs  et  les  Latins  est  en  grand,  volt. 
Dict.  phil.  Alexandre.  \\  Fig.  Travailler  en  grand, 
travailler  sur  un  vaste  plan,  d'après  une  vue  géné- 
rale et  complète.  ||  Penser,  agir  en  grand,  penser, 
agir  d'une  manière  noble,  élevée.  U  y  a —  des 
savants  qui  connaissent,  qui  expliquent  tout;  qui.... 
s'élancent  dans  un  infini  en  grand,  où  ils  ne  peu- 
vent atteindre,  bkrn.  de  st-p.  t"  élude.  Toujoui-s  en 
grand  nous  calculons,  'Vieux  habits!  vieux  galons! 
BÉBANG.  Y.  Iiabits.  Il  En  grand,  en  gros,  en  masse. 
11  avait  vu  en  grand  les  mœurs  des  nations,  leurs 
usages  et  leurs  polices,  mabmontel,  Mém.  vi.  ||  28"  X 
la  grande,  loc.  adv.  X  la  manière  des  grands  sei- 
gneurs. On  ne  peut  voyager  ni  plus  agréablement, 
ni  plus  à  la  grande,  sév.  547.  Un  grand  train,  deux 
carrosses  à  six  chevaux,  un  fourgon,  huit  cavaliers, 
enfin,  à  la  grande,  m.  Letl.  du  1 1  air.  <689.  Devenu 
président  à  mortier,  il  [de  .Mesmcs]  se  persuada 
([u'il  était  un  seigneur  et  vécut  à  la  grande,  st-sim. 
319,  (04.  I|  Proverbes.  Petite  pluie  abat  grand  venl, 
la  pluie  fiit  cesser  le  vent  ;  et  fig.  peu  de  chose  suf- 
fit pour  calmer  un  grand  emportement.  ||  Aux  grands 
maux,  les  grands  remèdes.  ||  Service,  promesse  de 
grands,  voy.  héritage.  ||  Qui  a  grand,  grand  lui 
faut,  les  personnes  riches  se  marient  entre  elles. 

—  RESI.  1.  Grand,  adjectif,  avec  demi  ne  prend 
pas  de  tiret  :  Diviser  le  demi  grand  arc.  Papier  demi 
grand  aigle.  Grand  substantif  en  prend  un  :  Un 
demi-grand.  |i  2.  Un  grand  homme  est  un  homme 
d'un  grand  mérite  intellectuel  et  moral.  Un  homme 
grand  est  un  homme  d'unogrande  taille.  ||  3.  Grande 
avec  femme  ne  signifie  que  la  taille,  et  l'on  ne 
dit  ni  :  c'est  une  grande  femme,  pour  exprimerc'csl 
une  femme  de  gmnd  mérite,  comme  on  dit  c'est  un 
grand  homme;  ni  les  grandes  femmes  de  l'anti- 
quité, comme  les  grands  hommes  de  l'antiquité. 

—  HIST.  x°  s.  Por  0  [pour  cela]  s'  furet  morte 
[elle  serait  morte]  à  grand  honestot,  Eulalie.  K  fa- 
ciebal  grant  iholt  jcliaudj,  Fragm.  de  Vaknc. 
p.  488.  Il  xi°  s.  Deùz  sei-vices  et  luout  granz  amis- 
tez,  Cli.  de  Roi.  m.  Granz  trente  lieues  l'ouirent-il  res- 
pondre  [le  cor  de  Rolaii  Ij ,  ib.  'jxxx.  Veer  fvous]  pocz  les 


GRA 

ins  chemins  poudreux,  Ch.  de  Roi.  cutxiv.  Puis  si 
strie  [Charlemagne]  à  sa  voiz  grant  et  haute,  ib. 
\ii.  llauz  est  li  jurs,  et  par  est  granz  la  feste,  ib. 
.„.i..\xii.  Il  XII"  s.  Granz  quinze  lieues  en  est  la  voix 
allée,  Jlonc.  p.  84.  En  haut  s'escrient  li  petit  et  li 
grant,  ib.  H9.  Grans  fust  ma  joie  et  ma  peine  le- 
ip,  Cottci,  XVIII.  Il  xiir  s.  Et  sachent  bien  li  graut 
li  raenor  [les  moindres]  Que  là  doit-on  faire  che- 
prie,  euES.NES,  Uomancero,  p.  03.  Dont  commença 
«ut  grans  la  guerre  entre  les  François  et  les 
uiieus,  viLLEH.  xcix.  Moult  fu  grans  la  renommée 
par  les  terres,  quant  cil  dui  se  croisiorent,  m.  16.  Que 
'  tout  li  grant  seignor,  li  comte  et  li  marquis,  Berte, 
,  V.  Sages  soies  et  acointables,  De  paroles  dous  et 
!  resnables  Et  as  grans  gens  et  as  menues,  la  Rose, 
'  SH I .  Il  XIV'  s.  Nuls  boulangers  ou  tallemelliers,  ven- 
dans  ou  amenans  pain  dans  Paris  pour  vendre,  ne 
!  pourront  mettre  pain  en  un  sac  de  deux  paires  [es- 
pèces de  bleds],  mais  tout  d'un  grain  et  d'un  grand 
[contenance],  Ordonn.  des  rois,  t.  11,  p.  351.  Mais 
quant  je  serai  grant  et  li  tamps  enterra  [entrera, 
viendra],  Je  arai  tel  cheval  qui  chier  vous  coustera, 
Guesd.  <28.  ||xv'  s.  Histoire  et  matière  de  grand 
louange,  fboiss.  Prol.  Il  envoya  grand  or  et  grand 
argent  à  plusieurs  cardinaux  et  prélats....  id.  i,  i, 
II.  Le  discord  et  les  grands  haines  qui  estoient  en- 
tre....id.  i,  i,  la.  Or  estoit-il d'ordonnance  enl'hos- 
tel  de  Foix,  que  moult  souvent  Gaston  et  Ivain  son 
frère  bastard  se  vestoient  de  cottes  et  d'habits  en- 
semble, car  ils  estoient  aucques  d'un  grand  et  d'un 
ago,  ID.  II,  III,  13.  Ses  grans  affaires  [de  Louis  XIJ, 
COMM.  Prol.  Les  mutations  sont  grandes,  id.  i,  <.  En 
grant  richesse,  id.  i,  2.  Son  artillerie  estait  belle  et 
grande,  m.  ib.  Les  pluyes  les  plus  grandes  qu'il 
est  possible  de  dire,  id.  11,  3.  Or  voyez  vous  la  mort 
de  tant  de  grands  hommes,  en  si  peu  de  temps,  qui 
tant  ont  travaillé  pour  s'accroistre  [hommes  con- 
sidérables, princes],  id.  Coiiclusion.  ïou.s  autres 
princes  et  hommes  de  moyen  estât  qui  ont  vescu 
sous  ces  grands,  id.  ib.  Si  estoie  je  jeune  fille  quand 
elle  esloit  grande  demoiselle.  Les  ib  joies  de  ma- 
riaçje,  p.  29.  ||  xvr  s.  Grands  chaînes  d'or,  dont 
maint  beau  corps  est  ceint,  marot,  i,  i77.  Il  est 
vray  :  mais  si  peut-on  faindre  Aucunes  fois  une 
amytié.  Oui  n'est  pas  si  grand  la  moytié  Comme  on 
la  démontre  par  signes,  id.  ii,  40.  En  si  grand  jeu- 
nesse, iD.i,  210.  Ce  conte  qu'un  grand  me  feitde.... 
MONT.  I,  17.  U  y  a  grand  à  dire  entre  la  cause  de 
celuy  qui....  et  celuy  qui....  ID.  1,  423.  Nous  esti- 
mons grande  chose  nostre  mort,  ID.  11,  381.  Ce  n'est 
pas  si  grand  chose  de  se  tuer,  id.  ii,  383.  Paroles 
grandes  et  dignes  d'un  tel  philosophe,  id.  m,  12. 
Grand  maistre  en  la  science  de  bourrellerie,  id.  ht, 
301.  Il  estoit  encore  grand  jour,  amyot,  Philop.  24. 
Faire  voir  le  grand  père  [prendre  un  jeune  enfant  par 
les  oreilles  et  l'enlever  de  terre],  oudin,  Curios.  fr. 
Grand  bandon  fait  grand  lairon,  cotgrave.  Grands 
bœufs  ne  font  pas  les  grandes  journées,  id.  Il  n'est 
pas  si  grand  jour  qui  ne  vienne  à  vespre,  id.  A 
grand  cheval  grand  gué,  id. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  gran;  portug.  et 
ital.  grande  ;  du  latin  grandis. 

t  GllAND-BKAU  (gran-bô),  *.  m.  Perle  factice 
soufflée  avec  du  cristal  teint. 

t  GRAND-CIIAMBRIER  (gran-chan-bri-é) ,  s.  m. 
Membre  de  la  grand'chambie.  La  torture,  à  laquelle 
de  vieux  grand-chambriers  appliquent  si  légèrement 
les  innocents  comme  les  coupables,  volt.  Lett.  Ser- 
ran, 27  sept.  1769. 

t  GRAND-COMPTE  (gran-kon-f) ,  s.  m.  Sorte  de 
papier  qui  se  fabrique  à  Angoulême. 

GRAND-CROIX  (gran  kvo\),s.f.\\  1°  Dignité  élevée 
dans  un  ordre  de  chevalerie.  Le  roi  donna  à  Contade 
une  grand-croix  de  l'ordre  de  Saint-Louis,  st-sim.  35&, 
189.  Il  2°  S.  m.  Celui  qui  est  revêtu  do  cette  dignité. 
En  partant,  le  roi  litChamlay  grand-croix  de  Saint- 
Louis,  sr-siM.  13,  151.  \\Au  plur.  Des  grands-croix. 

f  GRAND-DUCAL,  ALK  (gran-du-kal ,  ka-r),arij. 
Oui  appartient  à  un  grand-duc.  La  cour  grand-du- 
cale. Los  cours  grand-ducales.  Les  officiers  grand- 
ducaux. 

GRANDELET,  ETTE  (gran-dc-lè,  lè-t') ,  adj.  Terme 
familier.  Un  peu  grand.  Le  temps  coule,  on  n'est 
pas  sitôt  à  la  buvette,  Qu'on  trotte,  qu'on  raisonne, 
on  devient  grandclette,  Puis  grande  tout  à  fait,  la 
FONT.  Coupe. 

—  HIST.  xiv  s.  Si  le  brochet  est  petit,  soit  rosti 
tout  entier;  et  s'il  est  plus  grandelet....  Ménagier, 
II,  6.  Il  XV'  s.  Quand  il  fut  un  peu  grandelet,  le  sage 
roi  Charles  eut  espérance  que  semblablement  le  fils 
seroit  vaillant,  Bouciq.  i,  3. 

—  ÉTY.M.  Diminutif  de  grand;  géiiev.  grandet, 
qui  se  disait  aussi  au  xvi'  siècle. 


GRA 

GRANDEMENT  (gran-de-man) ,  adv.  ||  1"  Avec 
grandeur.  1  os  grandes  choses  doivent  être  gran- 
dement exprimées.  ||  Il  a  fait  les  choses  grande- 
ment, se  dit  d'une  personne  qui  n'a  pas  épargné  la 
dépense,  qui  a  payé  avec  générosité.  ||  2°  Beaucoup. 
U  est  grandement  temps  qu'on  s'occupe  de  cette 
affaire.  Il  lui  reste  une  chose  qui  m'inquiète  gran- 
dement pour  lui,  HAUTEROCHE,  Crispin  méd.  11, 
9.  Il  Largement,  en  abondance.  Il  a  grandement  de 
quoi  vivre. 

—  IIIST.  XII'  s.  Li  reis  Yram  de  Tyr  truvad  al  rei 
Salomun  mairen  de  cèdre  e  de  sap  e  de  cyprès ,  e 
or  granment  à  faire  les  ovres  del  temple  e  de  sun 
demeine  paleis.  Rois,  p.  2G8.  ||  xiir  s.  Puis  ne  tarda 
mie  granment,  après  que  il  leur  avint  une  autre 
mésaventure,  qui  moût  fu  grans,  villem.  cxxu.  Au 
bois  avec  les  bestes,  dont  i  avoit  granment,  Berte, 
xcv.  Nous  oismes  conter  de  certain,  qu'il  avint,  n'a 
pas  gramment,  que  uns  gentix  bons  espousa  une 
serve....  beaum.  xlv,  29.  ||  xiV  s.  En  nous  traiant 
bien  loing  et  grandement  arrière  de  tel  pechié,  nous 
pourrions  venir  au  moien  et  à  la  vertu,  okesme  , 
Eth.  64.  Il  xv  s.  Regardons  la  soubtilleté  de  l'en- 
tendement de  nostre  prince,  comment  gramment 
s'estendy  à  comprendre  et  concepvoir  toutes  choses, 
CHRIST.  DE  PISAN,  Charles  V,  m,  5.  Grandement 
adomagié,  du  cange,  absorbere.  Ung  lymousin  vint 
à  Paris  Pour  aulcuns  procès  qu'il  avoit;  Quand  il 
partit  de  son  pays.  Pas  grammant  d'argent  il  n'a- 
voit,  VILLON,  2'  repue  franche.  \\  xvi*  s.  Mais  certes 
il  se  deult  grammant  De  t'ouir  irreveramment  Par- 
ler d'une  telle  princesse,  mahot,  11,  201.  Hannibal, 
estimant  grandement  sa  prouesse,  le  laissa  aller 
sans  payer  rençon,  amyot,  Marcel.  I4.  On  use  mal 
aussi  de  plusieurs  adverbes  î  la  cour,  comme  je 
vous  aime  horriblement,  on  dit  mesme  grandement 
petit,  d'aub.  Fœn.  m,  22. 

—  ÉTYM.  Norm.  granment;  pic.  gramn^U,gran- 
mem« ;  Berry,  granment;  provenç.  granmen ;  csp. 
et  ital.  grandemente.  Granment,  dans  l'ancienne  lan- 
gue et  les  patois  vient  de  grant,  et  le  suffixe  ment, 
suivant  la  règle  qui  veut  que  l'adjectif  qui  n'a  qu'une 
seule  terminaison  pour  le  mascuUn  et  le  féminin  en 
latin,  se  comporte  de  même  dans  l'ancien  français  ; 
grandement  vient  de  grande,  et  le  suffixe  meni, 
suivant  l'usage  qui  a  tantôt  réformé  et  tantôt  con- 
servé ces  sortes  d'adverbes. 

GRANDESSE  (gran-dè-s'),  s.  f.  Dignité  de  grand 
d'Espagne.  Le  roi  attend  de  vos  nouvelles  pour  se 
décider  sur  votre  grandesse,  maintenon,  Lett.  au 
D.  de  Nnailles,  27  fév.  I7ll.  La  grandesse  et  beau- 
coup d'établissements  furent  proposés  à  mon  père 
de  la  part  du  roi  d'Espagne,  st-sim.  9,  I09. 

—  ÊTYM.  Grind;  provenç.  grande^a,  grannesa; 
espagn.  grandeza;  ital.  grandezsa.  Dans  l'an- 
cienne langue,  grandesse,  très-usité,  a  le  sens  de 
grandeur. 

GRANDEUR  (gran-deur),  s.  f.  \\  i'  Dimension  de 
ce  qui  est  grand.  La  grandeur  d'un  parc,  d'un  vase. 
Ces  deux  hommes  sont  de  même  grandeur.  Nous 
avons  beau  être  convaincus....  que  tel  astre  qui  ne 
nous  paraît  qu'un  point  dans  le  ciel,  surpasse  sans 
proportion  toute  la  grandeur  de  la  terre,  uoss. 
Connaiss.  m,  I3.  ||  Familièrement  et  fig.  Regarder 
du  haut  de  sa  grandeur,  avoir  à  l'égard  des  autres 
des  manières  de  supériorité.  ||  Terme  d'astronomie. 
Grandeur  se  dit  pour  caractériser  les  différences 
d'éclat  des  étoiles  fixes.  Sirius  est  une  étoile  de  pre- 
mière grandeur,  c'est-à-dire  dont  l'éclat  est  le  plus 
grand.  Étoile  de  troisième  grandeur.  Les  six  pre- 
mières grandeurs  comprennent  toutes  les  étoiles 
visibles  à  l'oeil  nu,  a.  ouaLEMiN,  le  Ciel,  p.  370, 
Mais  l'emploi  des  télescopes  les  plus  puissants  per- 
met aujourd'hui  d'apercevoir  des  étoiles  d'un  éclat 
beaucoup  plus  faible,  et  qui  peut  descendre  jus- 
qu'à la  10'  et  à  la  17'  grandeur,  id.  ib.  C'est  celle 
[l'étoile]  d'un  puissant  monarque!....  Va,  mon  fils, 
garde  ta  candeur;  Et  que  ton  étoile  ne  marque 
Par  l'éclat  ni  par  la  grandeur,  bérang.  Étoiles  qui 
filent.  Il  Terme  de  mathématique.  Quantité,  tout  ce 
qui  est  susceptible  d'augmentation  ou  de  diminu- 
tion. Euclide  définit  ainsi  les  grandeurs  homogènes: 
les  grandeurs,  dit-il,  sont  dites  être  da  même  genre, 
lorsque  l'une  étant  plusieurs  fois  multipliée  peut  ar- 
river à  surpasser  l'autre,  pasc.  Espr.  géom.  sect.  1 . 
Il  2°  U  se  dit  quelquefois  pour  longueur.  La  gran- 
deur du  voyage  l'effraye.  ||  3"  Fig.  Importance,  éten- 
due, intensité.  La  grandeur  de  son  crime  et  de  mon 
déplaisir,  CORN.  Poly.  m,  3.  Permettez,  madame, 
que  j'estime  La  grandeur  de  l'amour  par  la  grandeur 
du  crime,  id.  Sertor.  v,  4.  Le  rang  de  l'oflensé,  la 
grandeur  de  l'offense,  id.  Cid,  u,  l.  Et  sans  cela, 
comment  les  justes  auraient-ils  des  pochés  cachés  ? 


GRA 


1917 


comment  serait-il  véritable  que  Dieu  seul  en  con- 
naît et  la  grandeur  et  le  nombre  ?  pasc.  Prnv.  iv. 
Le  duc  d'Ormond  avait  la  confiance  et  l'estime  do 
son  maître  ;  il  en  était  digne  par  la  grandeur  do  ses 
services,  l'éclat  de  son  mérite  et  do  sa  nais,sancc, 
HAMILT.  Gramm.  8.  Nécessité  effiayante  pour  ùr% 
particuliers,  surtout  en  considérant  la  grandeur  dej 
fonds  qu'exigent  ces  entreprises,  raynai.,  Ilist. 
phil.  v,  35.  Il  4°  Puissance,  pouvoir,  dignités,  hon- 
neurs, magnificence.  Cette  grandeur  [do  la  terre] 
périt,  j'en  veux  une  immortello,  corn.  Poly.  iv,  3. 
Il  y  a  dans  le  monde  deux  sortes  de  grandeur;  car 
il  y  a  des  grandeurs  d'établissement  et  des  gran- 
deurs naturelles;  les  grandeurs  d'établissement  dé- 
pendent de  la  volonté  des  hommes,  qui  ont  cru  avec 
raison  devoir  honorer  certains  états  et  y  attacher 
certains  respects....  les  grandeurs  naturelles  sont 
celles  qui  sont  indépendantes  de  la  fantaisie  des 
hommes,  parce  qu'elles  consistent  dans  les  qualités 
réelles  et  effectives  de  l'àme  ou  du  corps,  qui  ren- 
dent l'une  ou  l'autre  plus  estimable,  comme  les 
sciences,  la  lumière  de  l'esprit,  la  vertu,  la  santé, 
la  force,  pascal.  Grands,  i'  dise.  Le  peuple,  qui 
vous  admire,  ne  connaît  pas  peut-être  ce  secret,  il 
croit  que  la  noblesse  est  une  grandeur  réelle,  et  il 
considère  presque  les  grands  comme  étant  d'une 
autre  nature  que  les  autres,  id.  Grands,  t"  dise. 
Nous  déplorerons  éternellement....  qu'une  princesse 
fi  chérie  de  tout  l'univers  ait  été  précipitée  dans  lo 
tombeau,  pendant  que  la  confiance  de  deux  si 
grands  rois  relevait  au  comble  de  la  grandeur  et  de 
la  gloire;  la  grandeur  et  la  gloire?  poavons-nous 
encore  entendre  ces  noms  dans  ce  triomphe  de  la 
mort?BOss.  Duch.  d'Orl.  X  la  grandeur  convien- 
nent les  choses  grandes;  àla  grandeur  la  plus  émi- 
nente,  les  choses  les  plus  grandes,  c'cst-à-)lire  les 
grandes  vertus,  id.  Polit,  v,  iv,  2.  La  très-chré- 
tienne maison  de  France....  après  sept  cents  ans 
d'une  royauté  établie,  sans  compter  ce  que  la  gran- 
deur d'une  si  haute  origine  fait  trouver  ou  imaginer 
aux  curieux  observateurs  des  antiquités,  id.  itarie- 
Thér.  Nous  élever  des  grandeurs  visibles  et  mor- 
telles aux  grandeurs  invisibles  et  éternelles,  iiourd. 
Myst.  Ascens.  de  J.  C.  t.  i,  p.  403.  Nul  n'éleva  si 
haut  la  grandeur  ottomane,  rac.  Baj.  u,  4.  <  n  ne  ■ 
partage  point  la  grandeur  souveraine  ;  Et  ce  n'est 
pas  un  bien  qu'on  quitte  et  qu'on  reprenne,  1». 
Théb.  I,  5.  Plaignez  ma  grandeur  importune; 
Maître  de  l'univers,  je  règ!^  sa  fortune....  Cependant 
de  mon  cœur  je  ne  puis  disposer,  id.  Bérén.  m,  1. 
La  grandeur  est  comme  certains  verres  qui  grossis- 
sent tous  les  objets;  tous  les  défauts  paiaissetit 
croître  dans  ces  hautes  places  où  les  moindres 
choses  ont  une  grande  conséquence,  hSn.  Tel.  x.i. 
Il  laissait  au  prince  Meiizicoll  représenter  par  la 
magnificence  du  favori  la  grandeur  du  maître, 
voxTEN.  Csar  Pierre.  L'union  d'Isabelle  et  de  Fer- 
dinand prépara  la  grandeur  de  l'Espagne,  volt. 
Mceurs,  i46.  Ces  califes  tremblants  dans  leurs  tris- 
tes grandeurs,  iD.  ti>.  i,  2.  {]  Absolument.  Ni  l'or  ni 
la  grandeur  ne  nous  rendent  heureux,  la  font. 
Phil.  et  Haucis.  \(.ius....  Ferez-  monter  aux  gran- 
deurs tous  les  vôtres,  id.  Ilerm.  Elle  vous  dit  par 
ma  bouche  et  par  une  voix  qui  vous  est  connue, 
que  la  grandeur  est  un  songe,  la  joie  une  erreur, 
la  jeunesse  une  fleur  qui  tombe,  et  la  santé  un  nom 
trompeur,  uoss.  Marie-Thér.  X  (]Ui,  Dieu  tout-puis- 
sant, donnez-vous  les  grandeurs  I  volt.  Sémiram. 
I,  3.  Il  5"  Il  se  dit  aussi  de  Dieu.  Tel  est  le  premier 
état  de  la  religion,  qui  dure  jusqu'à  Abraham,  où, 
pour  connaître  les  grandeurs  de  Dieu,  les  hommes 
n'avaient  à  consulter  (jue  leur  raison  et  leur  mé- 
moire, boss.  Uist.  II,  2.  Mais,  Seigneur,  parce  qu'en 
châtiant  les  hommes,  vous  no  cherchez  point  pré- 
cisément à  faire  éclater  votre  grandeur  toute- 
puissante,  et  qu'il  vous  suffit  de  leur  faire  sentir 
les  effets  de  votre  grandeur  souveraine....  bourd. 
Carême,  Sur  la  paix  chrétienne.  J'entends  chanter 
de  Dieu  les  grandeurs  infinies,  rac.  Athalie,  u,  7. 
Il  6°  Élévation  et  noblesse  morales.  La  giandeur  do 
l'homme  est  grande,  on  ce  qu'il  se  connaît  misé- 
rable; un  arbre  ne  se  connaît  pas  misérable;  c'est 
donc  être  misérable  que  do  se  connaître  misérable; 
mais  c'est  être  grand  que  de  connaître  qu'on  est 
misérable;  toutes  ces  misères-là  mêmes  prouvent 
sa  grandeur,  pasc.  Pensées,  art.  i,  »,  édit.  lahuhe, 
1860.  La  vraie  grandeur....  se  courbe  par  bonté 
vers  ses  inférieurs  et  revient  sans  effort  dans  son 
naturel,  la  bruy.  ii.  La  fausse  grandeur  est  faroucho 
et  inaccessible  ;  comme  elle  sont  son  faible,'*ello 
se  cache,  ou  du  moins  ne  se  montre  pas  de  front, 
et  ne  se  fait  voir  qu'autant  qu'il  faut  pour  imposer 
et  ne  çaraltie  point  ce  qu'elle  est,  je  veux  dir»  uns 


1918 


GRA 


Trato  petilosso,  la  bruy.  ii.  Si  la  vraie  grandeur  | 
consiste  à  avoir  reçu  un  puissant  génie  et  s'en  être 
servi  pour  s'éclairer  soi-même  et  les  autres,  un  homme 
comme  M.  Newton  est  véritablement  le  grand 
liomme,  volt.  Dict.  phil.  Fr.  Bacon,  n.  Il  n'y  a  pas 
moins  de  grandeur  à  supporter  de  grandes  injustices 
au'à  faire  de  grandes  actions,  ID.  IMt.  Villette,  juin 
1766.  X  servir  sans  murmure  ils  mettent  leur  gran- 
deur, ID.  Àh.  1,  1.  Que  vous  importent  les  discours 
du  peuple  ?  la  vraie  grandeur  ne  consiste-t -elle  pas  à 
faire  le  bien,  même  en  s'exposant  à  l'ignominie  ? 
niDEnoT,  Règne  de  Claude  et  Nér.  ii,  <U7.  Mais  de 
ces  sages  va4ns  confondons  l'imposture  ;  De  leur 
règne  fameux  retraçons  la  peinture  ;  Et  que  mes 
vers,  enfants  d'une' noble  candeur,  Eclairent  les 
Français  sur  leur  fausse  grandeur,  Gilbert,  i  S'  siè- 
cle. Il  Un  air  de  grandeur,  un  ton,  des  manières 
qui  affectent  la  grandeur.  S'ils  [mes  vers]  osent 
quelquefois  prendre  un  air  de  grandeur,  Serontrils 
point  traités  par  vous  de  téméraires?  la  font.  Fabl. 
vm,  4.  Il  Grandeur  d'ilme,  qualité  d'une  âme  grande. 
Mais  tant  de  grandeur  d'âme  est  au-dessus  de  moi, 
VOLT.  Ali.  V,  7.  Il  est  évident  par  ce  qui  suit,  que 
l'opinion  de  Sénèque  est  la  pure  doctrine  de  Zénon, 
qui  regardait  la  grandeur  d'âme  comme  incom- 
patible avec  la  crainte  et  les  chagrins,  Diderot, 
Claude  et  Néron,  n,  52.  ||  7°  Grandeur  se  dit 
quelquefois,  dans  le  style  élevé  ou  dans  le  style 
plaisant,  pour  pe-^onne  grande  en  dignité,  en 
puissance.  Rendons-lui  donc  visite  ;  et  comme  am- 
bassadeur. Proposez  cet  hymen  vous-même  à  sa 
grandeur,  cors.  Nicom.  n,  4.  Sire  Jupin,  dit-il, 
prends  mon  vœu,  le  voilà  ;  C'est  un  parfum  de 
bœuf  que  ta  grandeur  respire,  la  font.  Fabl.  ix, 
(3.  Mais  ce  voluptueux  [un  grand],  à  ses  vices 
fidMe,  Cherche  pour  chaque  jour  une  amante  nou- 
velle ;  La  fille  d'un  bourgeois  a  frappé  sa  grandeur, 
GILB.  Mon  apolog.  ||  Titre  honorifique  employé  pour 
tous  les  grands  seigneurs  qui  ne  prenaient  point  le 
titre  d'Altesse  ou  d'Excellence  (on  met  un  g  majus- 
cule). Vous  devee  dire:  Votre  Grandeur  saura. — 
Votre  Grandeur  saura  !  c'est  donc  un  géant,  ce 
secrétaire  d'État,  mabivaux,  Double  incotist.  ni,  2. 
Il  Titre  qui  a  été  donné  aux  évéques  depuis  4630. 
•  Monseigneur,  il  plaira  à  Votre  Grandeur.... 

—  SYN.  GRANDEUR  d'ÀME,  MAGNANIMITÉ.    CeS  deuX 

mots  sont  exactement  synonymes,  puisque  magna- 
nimité vient  du  latin  magnus  animus,  grande  âme. 
La  seule  différence  qu'on  puisse  entrevoir,  c'est 
que  magnanimité  a  plus  de  magnificence  et  d'em- 
phase. 

—  HIST.  xu'  s Quels  est  ta  duzur,  Ta  poesté  e 

ta  grandurs,  benoît,  ii,  2165.  ||  xm'  s.  Dune  s'est 
li  asnes  purponseiz,  Ke  melx  dou  chien  vaut  il  as- 
seiz  E  de  biauté  e  de  grandor,  marie,  Fable  )6. 
De  la  grandor  dou  ciel  et  de  la  terre,  prun.  latihi, 
Trésor,  p.  (26. 

—  ÊTYM.  Grand. 

GRANDI,  lE  (gran-di,  die),  part,  poisi  de  gran- 
dir. Qui  est  devenu  plus  grand.  Je  trouve  cet  enfant 
trcs-grandi.  Le  voyageur....  Trouvant  l'herbe  grandie 
ou  le  sentier  plus  rude,  lamart.  Ilarm.  ii,  12.  j]  Fig. 
Qui  paraît  plus  grand.  Des  périls  grandis  par  l'in- 
certitude. Il  Fig.  Qui  a  pris  plus  de  capacité  et  de 
force.  Cet  homme  grandi  par  les  circonstances. 

t  GRANDIFLORE  (graii-di-flo-r'),  od;.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  de  grandes  fleurs. 

—  ÊTYM.  Grand,  et  fleur. 
tGRANDlFOLIÉ,  ÉE   (gran-di-fo-li-é,  ée),  adj. 

Terme  de  botanique.  Qui  a  de  grandes  feuilles. 

—  Ktym.  Grand,  et  le  lat.  folium.  feuille. 
GRANDIOSE    (gran-di-ô-z'),   a(lj.\\  1°  Qui  frappe 

l'imagination  par  son  caractère  de  grandeur,  de  no- 
blesse. Cette  architecture  est  d'un  style  grandiose. 
Depuis  deux  ans,  j'ai  présenté  à  l'Académie  une 
série  de  travaux  sur  la  figure  des  comètes  et  l'accé- 
lération de  leurs  mouvements,  et  j'ai  montré  que 
ws  phénomènes  grandioses  accusaient  nettement 
-ians  les  espaces  célestes  l'existence  d'une  force 
nouvelle  totalement  différente  de  la  gravitation, 
PAYE,  Comptes  rendus,  Acad.  des  se.  t.  l,  p.  894. 
Il  2"  S  m.  Caractère  grandiose.  La  baie  de  Naples.... 
et  toute  cette  terre  virgilienne  présentent  un  spec- 
tacle magique  ;  mais  il  n'a  pas,  selon  moi,  le  gran- 
diose de  la  campagne  romaine,  chateaub.  Italie,  à 
il.  de  Fontanes. 

—  ETYM.  Ital.  grandioso,  dérivé  de  grande,  grand 
(voy.  ce  mot). 

GRANDIR  (gran-dir),  V.  n.  ||  1°  Devenir  grand. 
Les  pluies  ont  fait  grandir  les  blés.  L'histoire  de 
1  Acadcinio  fait  meiiiion  d'un  enfant  des  environs 
i.e  ialaise  qui,  n'étant  pas  plus  gros  ni  plus  grand 
«juun  cnlant  ordinaire  en  naissant,  avait  grandi 


GRA 

d'un  demi-pied  chaque  année  jusqu'à  l'âge  de  quatre 
ans,  et  il  était  parvenu  à  trois  pieds  et  demi  de 
hauteur,  buff.  Suppl.  d  l'hist.  nat.  t.  xi,  p.  94 . 
Il  Fig.  Grandir  en  sagesse,  en  vertu.  Son  pouvoir 
granditdejour  en  jour.  ||2"  7.  o.  Rendre  plus  grand. 
Les  talons  qu'il  porte  le  grandissent.  ||  Faire  pa- 
raître plus  grand.  Ce  vêtement  le  grandit  beaucoup. 
La  défensive,  étant  inquiète  de  sa  nature,  grandit 
souvent  l'offensive,  et  la  crainte,  échauffant  l'ima- 
gination, fait  supposer  à  l'ennemi  mille  projets 
qu'il  n'a  pas,  ségur,  Hist.  de  Nap.  vi,  3.  {|  Fig. 
Donner  de  la  grandeur  morale.  L'adversité  l'a 
grandi.  ||  Exagérer.  Il  grandit  les  moindres  évé- 
nements. ||  3°  Se  grandir,  e.  réfl.  Se  rendre  plus 
grand.  Se  grandir  en  s'élevant  sur  la  pointe  des 
pieds.  Il  Terme  de  manège.  Le  cavalier  se  grandit  en 
levant  la  tête  et  en  soutenant  le  haut  du  corps.  Le 
cheval  se  grandit  lorsque,  coulant  les  hanches  sous 
lui,  il  enlève  le  devant.  ||  Fig.  La  médiocrité  croit 
se  grandir  en  rabaissant  le  mérite.  L'empereur  lui- 
même  s'était  tant  grandi,  qu'il  se  trouvait  à  une  dis- 
tance démesurée  des  détails  de  son  armée;  et  Ber- 
thier,  placé  comme  intermédiaire  entre  lui  et  des 
chefs,  tous  rois,  princes  ou  maréchaux,  était  obligé 
à  trop  de  ménagements,  ségur,  Hist.  de  Napol. 
IX,  7. 

—  REM.  Grandir  se  conjugue  avec  l'auxiliaire 
avoir  quand  il  exprime  l'acte:  Cet  enfant  a  grandi 
rapidement  ;  avec  l'auxiliaire  être  quand  il  exprime 
l'état  :  Cet  enfant  est  bien  grandi. 

—  HIST.  XV*  s.  Il  sied  bien  d'en  faire  mémoire 
(des  défauts  de  Charles  le  Téméraire]....  car  autre- 
ment semb!eroit-il  que,  en  mon  escripre,  je  seroie 
un  menteur  volontaire  et  un  Hatteur  qui  grandiroie 
un  homme  par  bourdes  et  le  feroie  tout  parfait, 
G.  CHASTELLAiN,  Chronique,  vu,  39.  X  dire  vray,  et 
ainsi  sc^  faits  le  monstrerent,  il  [Charles  le  Témé- 
raire] aimoitfort  gloire  et  estre- grandi,  m.  ib. 

—  ÉTYM.  Provenç.  grandir;  ital.  grandire;  du 
lat.  grandire,  de  grandis,  grand. 

t  GRANDIROSTRE  (gran-di-ro-str') ,  adj.  Terme 
d'ornithologie.  Qui  a  un  grand  bec.  ||  S.  m.  pi.  Les 
grandirostres,  famille  de  l'ordre  des  oiseaux  grim- 
peurs comprenant  ceux  qui  ont  le  bec  d'une  gran- 
deur démesurée. 

—  F.TYM.  Lat.  grandis,  grand,  cl  rostrum,  bec. 

t  GRANDISSANT,  ANTE  (gran-di-san,  san-t') , 
adj.  Qui  grandit,  qui  croît  peu  à  peu.  Une  puis- 
sance grandissante. 

t  GRANDISSEMENT  (gran-di-se-man) ,  s.  m.  Ac- 
tion de  devenir  plus  grand.  Le  grandissement  des 
arcs   diurnes,  fonvielle,  Presse  scienlifiiiue,  1864, 

t.  I,  p.  361. 

GRANDISSIME  (gran-di-ssi-m'),  adj.  Terme  fa- 
milier. Très-grand.  Vous  me  ferez  un  grandissime 
plaisir.  Il  ne  faut  point  s'imaginer  que  je  n'aie  été 
en  grandissime  doute  de  ce  que  je  dois  répondre, 
poossiN,  lett.  15  janv.  1638. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  quant  cil  fors  encontremens 
est  de:i  nues  et  des  vens,  et  despiecemenz  de  ton- 
nerre, nature  en  fait  issir  feu  qui  giete  grandisme 
clarté,  BBUN.  lat.  Très.  p.  <20.  ||  xV  s.  Oez,  oez 
l'oneur  et  la  louenge,  Et  des  armes  grantdissime 
prodon,  eust.  desch.  Bail,  du  tournoi.  \\  xvr  s.  Il 
arriva  en  son  camp  où  fust  faict  grandissime  allai- 
gresse  pour  sa  reconvalescence,  carl.  iv,  3). 

—  ÉTYM.  Lat.  grandissimus,  superlatif degrandts, 
grand. 

GRAND'MÈRE  (gran-mè-r') ,  s.  f.  Aïeule.  Ses 
deux  grand'mères.  J'ouvre,  bon  Dieu!  c'était  lui 
[Napoléon  I"]  Suivi  d'une  faible  escorte;  Il  s'asseoit 
où  me  voilà,  S'écriant  :  ohl  quelle  guerre!  11  s'est 
assis  là,  grand'mère,  Il  s'est  assis  là  !  bérano.  Sour. 
du  peuple.  [\0n  dit  quelquefois  mère-grand,  mais 
très-familièrement  et  surtout  dansles  contes  d'enfants. 
Il  Grand'mère  se  dit  aussi  de  femmes  très-vieilles.  Je 
n'ai  trouvé  là  que  deux  ou  trois  vieilles  grand'mèros. 

—  REM.  Sur  grand' pour  grande,  voy.  grand,  n°  22. 
L'erreur  qui  a  mis  et  maintient  une  apostrophe  à 
grand  en  ces  cas  a  produit  la  ridicule  anomalie  d'é- 
crire dos  grand'mères  sans  s,  et  des  grands-pères 
avec  s. 

—  HIST.  xili*  S.  Themis....  Lor  conseilla  qu'il  s'en 
alassent,  Kt  qu'il  après  lor  dos  gitassent  ïantostles 
os  de  lor  grant  mero,  la  Rose,  17K23. 

t  GRANDMONTIN,  s.  m.  Voy.  ghaMMONTIN. 

GRAND-ONCLE  (gran-toii-kî'),  s.  m.  Le  frère  du 
grand-père  ou  de  la  grand'mère.  ||  Au  plur.  Dos 
gninds-oncles,  qu'on  prononce  gran-z  oncles. 

I  GRANDOUL  {gran-doul),s.  m.  Voy.  gei.inotte. 

GKAND-i'ÈRE  (gran-pc-r'),  s.  m.  Aieul.  Gnind- 
père  paternel,  maternel.  Ses  deux  grands-pères. 
Dans  ce  Paris  plein  d'or  et  de  misère^  En  l'an  du 


GRA 

Christ  mil  sept  cent  quatre-vingt,  Chez  un  tailleur, 
mon  pauvre  et  vieux  grand-père.  Moi  nouveau-né, 
sachez  ce  qui  m'advint,BÉRANG.  le  Tailleur  et  laFit. 
Il  Familièrement.  Un  grand-père,  un  vieillard. 

GRAND'TANTE  (gran-tan-f) ,  s.  f.  La  sœur  dn 
grand-père  ou  de  la  grand'mère.  ||  Au  plur.  Des 
grand'tanles. 

—  REM.  Pour  grand',  voy.  la  remarque  à  grand, 
n°  22. 

t  GRANETTE  (gra-nè-f),  t.  f.  Terme  de  botani- 
que. Nom  vulgaire  de  diverses  espèces  de  renouée, 

GRANGE  (gran-j'),  s.  f.  Bâtiment  de  ferme  des- 
tiné au  logement  des  gerbes  et  au  battage  des  grains.  W 
Tous  ses  blés  sont  en  grange.  Dans  la  grange,  tout» 
semble  paille,  le  bon  grain  est  mêlé  et  caché  dedans,! 
Boss.  Pensées  chrél.  29.  Donnez....  [aux  pauvres!, 'j^ 
Afin  qu'un  blé  plus  mûr  fasse  plier  vos  grange», 
V.  HUGO,  F.  d'aut.  32.  ?' 

—  HIST.  XIII*  s.  Et  li  tenans  carca  [chargea]  U^ 
garbes  dessus  dites,  et  les  mena  en  le  [la]  gran|  ' 
de  son  segneur,  beaum.  xxx,  72.  ||  xiv*  s.  D'aul^t 
part  [il]  vit  du  fain  une  grange  moult  pleine,  Gueta, 
20346.  Il  XV*  s.  Se  Diex  vosist,  il  t'euist  fait  Un  la- 
boureur grant  et  parfait  X  une  contenance  estragne. 
Ou  un  bateur  en  une  gragne,  froiss.  Buiss.  de  jo- 
necc.  Parce  que,  passé  a  trois  ans,  ilz  n'ont  eu  ni 
peu  avoir  aucunes  provisions  de  leurs  granches  [mé- 
tairies] et  manoirs,  ne  estre  payez  de  tant  peu  de 
rentes  qu'ils  ont,  Lett.  patentes,  25  juillet  Hiu.  Ces 
deux  maisons  [couvents  d'hommes  et  de  femmes] 
estoient  voisines,  comme  on  dit  de  coustume  :  la 
grange  et  les  batteurs,  louis  xi,  Nouv.  xv.  ||  xvr'  s 
La  grange  est  pleine  avant  la  moisson  [se  disait 
d'une  femme  devenue  grosse  avant  le  mariage] 
ouDiN,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM.  Bourguign.  grainge;  provenç.  granja 
granga;  espagn.  et  portug.  granja;  du  bas-latin 
granica,  dans  la  loi  des  Bavarois,  lieu  aux  grains, 
de  granuru,  grain.  On  trouve  aussi  granea,  dan: 
les  lois  barbares. 

t  GRANGEAGE  (gran-ja-j'),  s.  m.  Terme  d'an- 
cienne  coutume.  Manièrede  donner  une  terreàbail, 
en  prenant  pour  la  rente  moitié  des  fruits.  Et  ne 
pourront  [lesbourgeois  de  Lyon]  prendre  à  ferme  ou 
grangeages  aucuns  biens  dans  le  plat  pays,  à  peine 
d'être  déchus  dudit  privilège  [l'exemption  des  tail- 
les pour  leur  habitation  de  campagne],  Dec/,  du  rot 
n  août  1669. 

—  ÉTYM.  Grange. 

t  GR/VNGÉE  (gran-jée),  s.  f.  Ce  que  contient  un» 
grange. 

t  ORANGER,  ÈRE  (gran-jé,  jè-r'),  s.  m.  et  f.  Ce- 
lui, celle  qui  tient  une  ferme,  à  la  condition  de 
partager  le  produit  des  champs  avec  le  propriétaire. 
Elles  baisaient  de  temps  en  temps  les  mains  de  la 
grangère,  J.  J.  rouss.  Confess.  iv. 

—  HIST.  xvi'  s.  Le  metaier  est  ainsi  appelé  éD 
France  de  métairie;  et  en  Dauphiné,  granger,  de 
grange;  l'un  et  l'autre  édifice,  au  dit  paîs,  signifiant 
une  mesmo  chose,  bien  qu'en  France  la  grange  ne 
soit  que  partie  de  la  métairie,  o.  ijE  slhbes,  ci. 

—  ÊTYM.  Grange. 

t  GRANGERIE  (gran-je-rie) ,  S.  f.  Office  de  gre* 
ger.  Mettre  un  domaine  en  grangerie,  en  confln 
l'exploitation  à  un  granger  ^ 

—  ÉTYM.  Granger.  " 
I  GRANIFËRE  (gra-ni-fè-r),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  porte  un  grain  ou  granule  ;  se  dit  d0 
divisions  internes  du  calice  des  rumex,  etc.  ^^ 

,  —  ÉTYM.  Lat.  granum,  grain,  et  ferre,  porter.   ^ 

f  GRANIFORME   (gra-ni-for-m'i,  adj.  Terme  d| 

botanique.  Qui  a  la  forme  ou  le  volume  d'un  gralB 

lie  blé. 

—  ÉTYM.  Lat.  granum,  grain,  et  forme. 
t  GRANILITE  (gra-iii-li-f),  s.  f.  Terme  de 

ralogie.  Granit  à  petits  grains. 

GRANIT  (gra-ni,ou,  plus  souvent,  gra-nit'),«. 
Il  1°  Roche  composée  do  grains  de  feldspaù  et 
mica  agrégés  ensemble.  Le  granit  est  d'ori^) 
ignée.  Les  granits  recouvrent  encore  aujour- 
d'hui la  plus  grande  partie  du  globe;  et,  quoique 
les  quartz  percent  quelquefois  au  dehors  et  se  mon- 
trent en  divers  endroits  sur  de  fortes  épaisseurs  cl 
dans  une  grande  étendue,  ils  n'occupent  que  de  pe- 
tits espaces  à  la  surface  de  la  terre  en  comparaison 
des  granits,  buff.  ifi'n^r.  t.  i,  p.  143.  Le  granit  dont 
les  crêtes  centrales  de  la  plupart  de  ces  chaînes  sont 
composées,  le  granit,  qui  dépasse  tout,  est  aussi  la 
pierre  qui  s'enfonce  sous  toutes  les  autnés,  ci  vier, 
Réial.  p.  26.  Les  granits  diffèrent  des  porphyres  en 
ce  qu'ils  n'offrent  que  des  rudiments  agrégés  les  uns 
dans  les  autres  sans  qu'ils  aient  aucune  espèce  de 
pâte  qui  les  réunisse,  brard.  Minéral,  appliq.  aux 


GRA 

'Tts,  t.  II,  p.  221.  Il  Fig.  Qu'enfin,  contre  cette  vieille 
'arde,  contre  cette  forteresse  vivante,  contre  cette 
jloiinc  de  granit,  comme  son  chef  l'avait  appelée, 
■s  hommes  étaient  impuissants  et  que  des  canons 
louvaient  seuls  la  démolir,  ségur,  Ilist.  ae  Nap.  x, 
i.  Ces  tribuns  opposant,  lorsqu'on  les  réunit.  Une 
hartede  pUHre  aux  abus  de  granit,  v.  hugo,  Crép. 
.  Il  On  trouve  aussi  granité.  ||  2°  Sorte  d'apparence 
'  innée  à  la  reliure.  De  môme  un  beau  granit  sur 
n  livre  mal  fait,  Ne  pe\it  jamais  produire  un  excel- 
.-nt  effet,  lesné,  la  Reliure,  p.  29. 

—  Ëini.Bat-lat.  gram'lum,  grenu,  du  latin  gra- 
n«m,  grain  ;  ital.  granito. 

GRANITELLE  (gra-ni-tè-l'),  adj.  Marbre  grani- 
:  lie,  marbrai  qui  ressemble  au  granit.  ||  S.  m.  Va- 
':été  de  granit  gris  à  petits  grains  qui  a  été  travaillée 

ir  les  anciens  Romains  comme  du  marbre.  ||  Sorte 

.j  roche,  voy.  protogyne. 

—  ÉTYM,  Bas-lat.  granitellus,  sorte  d'escarboucle; 
:n  granum,  grain. 

t  GRANITELLÉ,  ÉE  (gra-ni-t(M-lé,  léc),  adj. 
■  ermo  d'histoire  naturelle.  Dont  les  couleurs  sont 
lisposées  par  taches,  de  manière  à  imiter  le  granit. 

f  GRANITER  (gra-ni-té),  V.  a.  Imiter  le  granit 
iVec  de  la  couleur. 

—  ÉTYM.  Granit. 

+  GRANITEUX, EUSE  (gra-ni-teû,  teû-z'),  adj.  Qui 
a  rapport  au  granit,  composé  de  granit.  Ce  prétendu 
granit  veiné  est  composé  de  lits  de  gravier  grani- 
teux, stratifiés  près  du  lieu  de  l'origine,  bufk.  Mi- 
ner, t.  11,  p.  H5,  note  <(.!!  Plantes  graniteuses, 
celles  qui  croissent  plus  particulièrement  dans  les 
terrains  granitiques. 

—  f;TY5i.  Granit. 

t  GRANITIN  (gra-ni-tin),  s.  m.  ou  GRANITINE 
(gra-ni-ti-n'),  s.  f.  Terme  de  minéralogie.  Roche  à 
base  de  feldspath  laminaire  et  de  quartz,  qu'on 
nomme  aussi  pegmatite.' 

GRANITIQUE  (gra-ni-ti-k'),  adj.  Qui  est  de  la  na- 
ture du  granit.  Roche  granitique.  Terrains  grani- 
tiques et  schisteux,  buff.  Miner,  t.  viii,  p.  4  57. 

—  ETYM.  Granit. 

t  GRANITOÏDE  (gra-ni-to-i-d') ,  adj.  Terme  de 
géologie.  Qui  ressemble  au  granit.  Plusieurs  va- 
riétés de  ces  pierres  [ponces],  dont  les  unes  sont 
compactes  et  gra7)itoïdes  et  indiquent  le  premier 
passage  du  granit  à  la  pierre  ponce,  buff.  Miner. 
t.  viii,  p.  (40. 

—  ÊTYM.  Granit,  et  eîSoc,  forme. 

t  GRANITONE  (gra-ni-to-n'),  s.  m.  Terme  de 
minéralogie.  Variété  de  roche  antique,  à  base  de 
feldspath  compacte  et  qui  renferme  de  grands  cris- 
taux d'amphibole  d'un  noir  verdûtre. 

—  ÉTYM.  Ital.  granilone,  augmentatif  de  granito, 
granit. 

t  GRANIVORE  (gra-ni-vo-r'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  vit  de  grains.  |1  S.  m.  pi.  Oiseaux  qui  vi- 
ycnt  de  graines,  famille  des  conirostres,  ordre  des 
passereaux.  Il  est  certain  que  ces  animaux  [les  au- 
truches] vivent  principalement  de  matières  végéta,- 
les,  qu'ils  ont  le  gésier  muni  de  muscles  très-forts 
comme  tous  les  granivores,  buff.  Ois.  t.  11,  p.  258. 

—  ÉTYM.  Lat.  granum,  grain,  et  vorare,  man- 
ger. 

t  GRAND-  LAMELLAIRE  (  gra-no-la-mèl-lê-r'  ) , 
adj.  Terme  de  minéralogie.  Qui  est  composé  de 
grains  qui  offrent  des  indices  sensibles  de  joints 
naturels. 

—  ÉTYM.  Grain,  et  lamelle. 

t  GRANULAGE  (gra-nu-la-j') ,  s.  m.  Action  de 
granuler;  résultat  de  cette  action. 

t  GRANULAIRE  (gra-nu-ld-r'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  se  compose  de  petits  grains  réu- 
nis, de  granules. 

GRANULATION  (gra-nu-la-sion),  s.  f.  \\  1°  Opé- 
ration par  laquelle  on  réduit  un  métal  en  grenailles 
plus  ou  moins  fines,  en  le  faisant  fondre,  le  faisant 
passer,  à  l'état  liquide,  à  travers  une  sorte  de  crible, 
et  le  recevant  dans  un  vase  rempli  d'eau.  1|  2°  Agglo- 
mération de  petits  grains.  ||  3°  Terme  de  tjotanique. 
Apparence  granuleuse  de  certaines  substances  végé- 
tales. Il  4°  Terme  d'anatomie.  Granulations  graisseu- 
ses, corps  moléculaires  formés  uniquement  par 
des  principes  gras.  ||  Granulations  méningicnnes, 
petits  corps  blanchâtres,  jauniltres  ou  rougeâtres 
qu'on  voit  à  la  dure-mère.  ||  5°  Terme  de  patho- 
ogie.  Petites  tumeurs  arrondies,  semblables  à  des 
grains.  ||  Granulations  grises  ou  demi-transparentes, 
petites  inégalités  granuleuses  qui  se  forment  à  la 
surface  des  membranes  séreuses  affectées  d'inflam- 
mation aiguë  ou  chronique,  ou  que  l'on  trouve  dis- 
séminées dans  un  poumon. 

—  ÉTYM.  Granuler. 


GRA 

f  GRANULATOIRE  (gra-nu-la-toi-r'),  s.  m.  In- 
strument pour  réduire  les  métaux  en  grenaille. 

—  ÉTYM.  Granuler. 

t  GRANULE  (gra-nu-T) ,  s.  m.  ||  1»  PeUt  grain. 
;!  2'  Terme  de  botanique.  Corps  reproducteur  d'une 
plante  cryptogame.  ||  3°  Terme  de  pharmacie.  Dra- 
gée composée  de  sucre  et  de  gomme,  ne  contenant 
le  plus  ordinairement  qu'une  portion  très-petite  du 
remède,  t  milligramme  par  exemple  sur  40  centi- 
grammes de  sucre. 

—  ÉTYM.  Lat.  granulum,  diminutif  de  granum, 
grain. 

GRANULÉ,  ÉE  (gra-nu-lé,  lée),  part,  passé  de 
granuler.  ||  l"  Formé  de  petits  grains.  Marbre  gra- 
nulé, il  2"  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  renferme 
ou  porte  des  granulations,  ou  qui  en  a  l'apparence. 

GRANULER  (gra-nu-lé),  1;.  a.  Réduire  un  métal 
en  petits  grains,  en  grenailles.  Granuler  de  l'étain, 
(lu  plomb. 

—  ÉTYM.  Granule. 

GRANULEUX,  EUSE  (gra-nu-loii,  leû-z'),  adj. 
lil"  Qui  est  en  petits  grains.  Terre  granuleuse. 
i!  2°  Qui  est  à  surface  rugueuse  et  comme  recou- 
verte de  petits  grains.  H  3"  Terme  de  botanique. 
Qui  porte  des  tubercules  en  forme  de  petits  grains. 
Il  4"  Terme  de  médecine.  Qui  présente  des  granula- 
tions. Poumon  granuleux.  ||  Maladie  granuleuse  des 
ruins,  dite  aussi  maladie  de  Bright  (parce  que  Bright, 
médecin  anglais,  l'a  fait  connaître  le  premier) , 
alTection  caractérisée  par  une  altération  granuleuse 
(lu  rein  et  par  la  présence  de  l'albumine  dans  l'urine. 

—  HIST.  xvi"  s.  Faut  taster  du  doigt  s'ils  ont  des 
tubercules  granuleux,  c'est  à  dire  grains  ronds  et 
durs,  PARÉ,  XXII,  lu. 

—  ÉTYM.  Granule. 

t  GRANULIFORME  (gra-nu-li-for-m'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qui  a  la  forme  (le    granule». 

—  ÉTYM.  Granule,  et  forme. 

t  GRANULOSITÉ  (gra-nu-lô-zi-té),  s.  f.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Qualité  de  ce  qui  est  granuleux. 

—  ÉTYM.  Granuleux. 

f  GRAPELLE  (gra-pè-l'),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  vulgaire  du  grateron,  de  la  lampourde 
et  d'autres  plantes  à  fruits  accrochants. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRAPPIN. 

t  ....GRAPHE,  ....GRAPHIE,  éléments  tirés  du 
grec  Ypâçsiv,  écrire,  décrire,  et  qui  signifient  :  qui 
écrit,  qui  décrit,  et  description,  écriture,  comme 
par  exemple  dans  :  géographe ,  géographie,  télé- 
graphe, télégraphie. 

t  GRAPHIDE  (gra-fi-d'),  s.  f.  Genre  de  la  fa- 
mille des  lichens,  dont  les  espèces  forment,  sur  les 
écorces  des  arbres  et  même  sur  les  pierres,  des  croû- 
tes ou  pellicules  étalées  en  forme  de  taches  blan- 
châtres. 

—  ÉTYM.  rpâçeiv,  dessiner. 

t  GRAPHIOÏDE  (gra-fi-o-i-d'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  ressemble  à  un  stylet. 

—  ÉTYM.  Pporçiov,  Stylet,  et  eîSo!;,  forme. 

t.  GRAPHIQUE  (gra-fi-k'),  adj.  ||  1»  Qui  est  figuré 
par  le  dessin.  Description,  représentation  graphi- 
que d'une  machine.  ||  S.  m.  Le  graphique,  le  des- 
sin de  la  figure,  de  l'ornement,  des  machines,  etc. 
en  tant  qu'il  est  auxiliaire  des  sciences  exactes. 
Il  2"  Qui  appartient  à  l'écriture.  Signes,  caractères 
graphiques.  On  a  trouvé  des  monuments  graphi- 
ques dans  ces  fouilles.  ||  3°  Terme  de  géométrie. 
Opérations  graphiques,  celles  qui  consistent  à  ré- 
soudre des  problèmes  par  le  tracé  des  figures. 
Il  4"  Terme  de  minéralogie.  Se  dit  des  minéraux 
dont  la  coupa  offre  des  lignes  imitant  des  caractères 
d'écriture.  ||  Se  dit  aussi  de  certains  minéraux^assez 
tendres  pour  servir  de  crayon. 

—  ÉTYM.  rpaçizo;,  de  ypâçEiv,  dessiner,  écrire, 
-j-  2.  GRAPHIQUE  (gra-fi-k'),  s.  f.  Art  du   dessin 

et  de  la  peinture.  Les  sculpteurs  grecs  ne  cher- 
chaient pas  le  mouvement,  admis  par  la  graphique 
à  un  beaucoup  plus  haut  degré  que  par  la  plasti- 
que, KONCHAUD,  Phidias,  p.  16. 

—  ÉTYM.   Tpaçuri  {H'/yri),  l'art  du  dessin  (voy. 

GRAPHIQUE  1). 

GRAPHIQUEMENT  (gra-fi-ke-man),  adv.  Par  le 
dessin.  ||  Par  extension.  Oui,  monsieur,  vous  avez 
dépeint  fort  graphiquement,  graphice  depinxisti, 
tout  ce  qui  appartient  à  cette  maladie,  uûl.  Pour- 
ceaugnac,  i,  lt. 

—  ÉTYM.  Graphique,  et  le  suffixe  ment. 

f  GRAPHITE  (gra-fi-t'),  s.  m.  Terme  de  minéra- 
logie. Substance  dite  aussi  plombagine,  qui  est  du 
carbone  presque  pur,  mêlé  d'une  petite  quantité  de 
matière  terreuse  et  d'ocre,  et  dont  on  se  sert  pour 
fabriquer  les  crayons  dits  de  mine  de  plomb. 

—  ÉT'YM.  PpotcpEiv,  dessiner,  écrire. 


GRA 


1919 


t  GRAPHITEUX  ,  EUSE  (gra-fl-teii ,  teû-z'k  ou 
GRAPHITIQUE  (gra  fi-ti-k"),  adj.  Terme  de  miné- 
ralogie. Qui  contient  du  graphite.  Une  matière  gra- 
phiteuse. 

t  GRAPHIUM  (gra-fi-om'l,  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Poinçon,  autrement  nommé  style,  avec  le- 
quel les  anciens  écrivaient  sur  des  tablettes  enduites 
(le  cire. 

—  ÉTYM.  Lat.  graphium,  poinçon  à  écrire,  du 
grec  Ypayiov,  de  ypiçeiv,  écrire. 

t  GRAPHOLITHE  (gra-fo-li-f),  s.  m.  Schiste 
triangulaire  dont  on  se  sert  dans  les  écoles  d'en- 
seignement mutuel,  et  sur  lequel  on  trace  des  ca- 
ractères d'écriture  ou  des  chiffres. 

—  ÉTYM.  Ppiçeiv,  écrire,  et  >,COoç,  pierre. 

GRAPHOMÈTRE  (gra-fo-mè-tr'),  s.  m.  Instru- 
ment pour  mesurer  les  angles  dans  les  opérations 
d'arpentage. 

—  ÉTYM.  Ppaç-J],  ligne,  et  [lÉTpov,  mesure. 

t  GRAPHOMÉTRIQUE  (gra-fo-mé-tri-k') ,  adj 
Qui  appartient  au  graphomètre. 

t  GRAPIGNAN  (gra-pi-gnan) ,  s.  m.  Mot  de  déni- 
grement pour  dire  procureur.  Elle  [une  robe  de 
procureur]  vient  de  l'aïeul  du  père  du  défunt.  In- 
signe grapignan  ou  fripon,  c'est  tout  un,  poisson. 
Procureur  arbitre,  se.  1.  L'on  me  mit  chez  M.  Man- 
neron,  greffier  do  la  ville,  pour  apprendre  sous 
lui,  comme  disait  M.  Bernard,  l'utile  métier  de 
grapignan,  J.  j.  Rouss.  Confess.  i.  Il  était  aussi  pro- 
pre au  métier  d'ambassadeur  que  je  l'avais  été  dans 
mon  enfance  à  celui  de  grapignan,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Mot  forgé  d'un  verbe  fictif  grapiner,  h'. 
même  que  grappiller. 

GRAPIN  (gra-pin),  s.  m.  Voy.  GRAPPIN. 

t.  GRAPPE  (gra-p'),  s.  f.  \\  1°  Assemblage  de. 
fruits  ou  de  fleurs  disposes  par  étage  et  soutenus 
jur  un  axe  commun.  Grappe  de  raisin.  Grappe 
de  groseilles.  Us  coupèrent  une  branche  de  vi- 
gne avec  sa  grappe,  que  deux  hommes  portèrent 
sur  un  levier,  saci.  Bible,  Nombres,  xiii,  24.  La 
vigne  offrait  partout  des  grappes  toujours  pleines, 
BoiL.  ^p.  m.  Il  Vin  de  grappe,  celui  qu'on  recueille 
sans  le  fouler.  ||  Fig.  et  familièrement.  Mordre 
à  la  grappe,  commencera  goiiter  une  idée,  saisi) 
plus  ou  moins  avidement  une  proposition.  Pour  vous 
faire  mordre  à  la  grappe.  Écoutez  te  que  de  bon 
cœur  Je  prétends  donner  au  vainqueur,  scabh.  Virg. 
v.  J'ai  parlé  au  prince,  il  a  mordu  à  la  grappe  [il 
s'agit  de  la  proposition  faite  d'une  maîtresse],  le 
SAGE,  GilBlas,tm,  )  1 .  ||  Familièrement.  Quand  il 
parle  de  cela,  il  semble  qu'il  morde  à  la  grappe,  il 
se  délecte  à  parler  de  cela  (locution  qui  vieillit). 
Il  Terme  de  botanique.  Mode  d'inflorescence  indé- 
finie, dans  lequel  l'axe  primaire  ou  pédoncule  porte 
des  pédicelles  simples  terminés  chacun  par  une 
fleur.  Grappe  simple,  celle  qui  porte  des  fleurs  dont 
les  pédoncules  ne  sont  point  divisés.  ||  2°  Par  exten- 
sion, ilsedit  de  choses  disposées  comme  une  grappe 
de  raisin.  Catesby  dit  avoir  trouvé  des  grappes 
d'oeufs  dans  plusieurs  femelles  [des  courlis],  buff. 
Ois.  t.  XV,  p.  63.  Il  3°  Terme  de  peinture.  Grappe  do 
raisin,  terme  employé  par  le  Titien,  et  devenu  tech- 
nique, pour  exprimer  la  dégradation  dos  lumières, 
des  ombres,  dos  reflets  dans  une  grappe  de  raisin 
exposée  à  la  lumière.  Connaître,  étudier  la  grappe 
de  raisin.  ||  4°  Terme  de  vétérinaire.  Excroissances 
charnues,  comparées  à  des  grappes  de  raisin,  qui_  se 
développent  autour  du  paturon  du  cheval,  de  l'âne 
et  du  mulet.  ||  5°  Terme  d'artillerie.  Grappe  de  rai- 
sin, sachet  de  balles  ou  de  biscalens  qu'on  tire 
comme  mitraille.  ||  6°  Terme  de  zoologie.  Grappe 
marine,  une  holothurie.  ||  Nom  que  les  pôcheuis 
donnent  aux  œufs  de  seiche.  ||  7°  Terme  de  mer. 
Grappe  de  raisin,  goémon  grumeleux  qu'on  voit  flot- 
tant à  la  surface  de  la  mer,  sous  la  zone  torridc. 
Il  8°  /lu  p(«r.  Grappes,  nom  donné  par  les  ouvriers 
au  sable  et  aux  petites  pierres  qui  sont  mêlées  à  la 
mine.  ||  9°  ^dj.  Garance  grappe,  garance  en  pou- 
dre que  l'on  vend  dans  le  commerce  pour  V'em- 
ployer  à  la  teinture.  On  dit  aussi  grappe  de  Hol- 
lande, parce  que  la  Zélande,  qui  en  est  une  pro- 
vince, fournit  une  garance  grappe  fort  recherchée. 

—  HIST.  XII'  s.  E  le  sanc  de  grape  [il]  beust  très 
cler,  Liber  psalm.  p.  244.  Et  vin  qui  fu  de  boene 
grape,  leChev.  au  lyon,  v.  4047.  ||xiii'  s.  Les  vm- 
gnes  quant  les  crapes  sont  copées,  beaum.  xiii,  )8, 
Mais  qui  veult  grape  à  droit  espraindre,  I.a  bonté 
du  vin  en  est  graindre  [plus  grande].  Et  plus  ver- 
tueuse et  plusvive,  j.  be  meung,  ÏV.  427.  ||  xvi«  s.  Les 
grapes  malandres  et  vifves  roignes  [du  cheval]  sonl 
guéries  dans  peu  de  temps  par  ces  remèdes,  0.  r.K 
SERBES,  982.  Toute  grappe  de  raisin  ne  vient  au 
pressoir  faire  vin,  gKnin,  Récréât,  t.  11,  p.  26», 


1920 


GRA 


—  ÉTYM.  Pioaril  et  champ,  crape;  provenç. 
giapa,  crochet;  espagn.  grapo ,  crochet;  ilal. 
ijntpiw,  crochet  ;  bas-lat.  grapa,  grappa,  dans  les 
A(l<tinda  de  Oi'icherat;  do  l'anc.  haut-allcm. 
chrapfo,  crochet,  allom.  mod.  Krappcn;  comp.  le 
kimry  crap.  La  grappe  a  été  ainsi  dite  parce  qu'elle 
a  quelque  chose  de  crochu,  d'accroché. 

t  2.  GRAPPK  (gra-p'),  s.  f.  Tonne  de  maréchal, 
("-ipèce  de  crampon  soudé  en  pince  aux  fers  des 
chevaux  pendant  l'hiver. 

—  lîTYM.  Même  radical  que  dans  grappe  i. 
jGRAPPELER  (gra-pe-lô),    f.   a.   Arranger  en 

torme  de  grappe. 

—  ÉTVM.  Grappe. 

f  GRAPPER  (gra-pé),  V.  a.  Réduire  la  garance 
on  poudre. 

t  GRAPPIER,  lÈRE  (gra-pié,  piè-r'),  adj.  Oui  a 
rapport  à  la  grappe.  Les  yeux  grappiers  de  la  vigne, 
les  bourgeons  fructifères,  raspail,  Études  scienti- 
fiques, (864. 

t  GRAPPILLAGE  (gra-pi-lla-j',  H  mouillées),  s.  m. 
Il  l'Action  d'enlever  les  raisins  qui  restent  attachés 
aux  ceps  après  la  vendange.  ||  2"  Fig.  Petites  volerios. 
Il  Action  de  faire  quelque  petit  gain.  ||  3"  Manière 
d'exploiter  le  plomb,  en  se  contentant  d'enlever  le 
minerai  qui  se  présente  à  la  surface  de  la  terre. 

—  ÉTYM.  Grappiller. 

GRAPPILLÉ,  ftE  (gra-pl-Ué,  liée,  U  mouillées), 
part,  passé  de  grappiller.  Quelque  argent  grappillé 
à  droite  et  à  gauche. 

GRAPPILLER  (gra-pi-llé,  JJ  mouillées,  et  non  gra- 
pi-yé),  V.  n.  Il  1°  Cueillir  les  petites  grappes  lais- 
sées par  les  veni.angeurs.  ||  2°  Figurément.  Faire 
un  petit  gain  secret,  illicite.  Je  vais  devant  mon- 
.siourdire  ce  que  j'en  croi  :  On  grappille  chez  nous, 
et  l'on  pille  chez  toi,  houbsaui.t,  Merc.  gai.  v,  7. 
L'aînée  des  filles  de  Mme  de  Navailles.qui  se  mêlait 
tant  qu'elle  pouvait  de  la  dépense,  grappillait  dessus 
pour  se  donner  un  morceau  en  cachette  avec  ses 
sœurs,  ST-siM.  Vl,  2)8. C'était  à  cette  sage  et  savante 
pratique  de  Louvois  qu'il  fallait  revenir,  au  lieu  de 
tirer  et  de  grappiller  incessamment  sur  les  troupes, 
ID.  483,  207.  Il  3°  T.  a.  Faire  quelque  petit  gain.  Il 
a  grappillé  quelque  chose  dans  cette  affaire.  X  ce  nié- 
uer  [d'imitateurdes  anciens]  d'ailleurs,  sij'aiboniio 
mémoire.  On  peut  encor  parfois  grappiller  quelque 
gloire,  BARWER,  Rev.  des  Deux-Hondes,  mai  (866, 
p.  498.  Il  Fig.  Prendre  au  hasard.  Vous  ne  les  avez 
jamais  lues  [les  Provinciales]  qu'en  courant,  grap- 
pillant les  endroits  plaisants,  sÉv.  607. 

—  ÉTYM.  Diminutif  dérivé  de  l'ancien  verbe  gra- 
pcr,  dérivé  lui-même  de  grappe  i , 

GRAPPILLEUR,  EDSE  (gra-pi-lleur,  lleu-z', 
//mouillées),  s.  m.  et  f.\\  1°  Celui,  celle  qui  grappille. 
U  y  a  des  grappilleurs  ot  des  grappilleuses  dans  cette 
vigne.  Il  2"  Fig.  Celui,  celle  qui  fait  de  petits  pro- 
lits illicites. 

—  ÉTYM.  Grappiller. 

GRAPPILLON  (gra-pi-llon ,  Il  mouillées,  et  non 
gra-pi-yon),  s.  m.  Partie  de  grappe;  petite  grappe. 
Jetez  autour  des  noix  deux  ou  trois  cerises,  et  quel- 
ques grappillons  de  raisin,  diderot.  Salon  de  <70B, 
(JEut).  t.  xiu,  p.  4  27,  dans  pouoens. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  grappe. 

GRAPPIN  (gra-pin) ,  s.  m.  ||  1»  Terme  de  marine. 
Petite  ancre  de  chaloupe  à  quatre  ou  cinq  branches 
recourbées.  ||  2°  Sorte  de  crochet  pour  l'abordage. 
Us  attachaient  à  des  solives  des  crocs  et  des  grap- 
pins, VAUGEL.  Q.  C.  IV,  3.  Les  deux  (lottes  se  cho- 
quèrent avec  toutes  les  armes  de  l'antiquité  ot 
toutes  les  moflernes,  les  flèches,  les  longs  javelots, 
les  lances  à  feu,  les  grappins,  les  canons,  les  mous- 
quets, les  piques  et  les  sabres,  volt.  Mœurs,  iflo. 
De  quelque  grandeur  qu'il  [le  navire]  fiU,  les  lli- 
Dustiers  allaient  sans  délibérer  à  l'abordage  ;  dès 
que  le  grappin  était  une  fois  jeté,  c'était  un  vais- 
.seau  enlevé,  baynal,  Uist.  phil.  x,  (o.  ||Fig.  Je- 
ter, mettre  le  grappin,  son  grappin  sur  quelqu'un, 
se  rendre  maître  de  son  esprit.  La  maréchale  de 
Hochefort,  dame  d'honneur  de  Mme  la  duchesse 
d'Orléans,  avait  le  grappin  sur  la  duchesse  do  Vil- 
Icroy,  ST-siM.  200,  25.  Dès-que  quelque  infortuné 
avait  jeté  sur  moi  le  grappin  d'un  bienfait  reçu, 
J.  I.  Bouss.  Prom.  4.  ||  3°  Nœud  de  grappin,  sorte  dé 
nœud  semblable  à  celui  de  l'étalingure  du  câblot 
d'un  grappin.  ||  4'  Instrument  pour  séparer  une  par- 
tie de  la  rafle  du  grain  de  raisin. 

—  ETYM.  Même  radical  que  dans  grappe  I  (voy. 
ce  n\ot).  On  trouve  dans  Christine  be  pisan,  Dit  de 
Po^ssy,  lo  mot  de  grnppin  au  sens  de  menue  paille. 

t  GRAPPlNER  (gra-pi-né),  v.  a.  l|  1"  Terme  de 
marine.  Attacher  un  vaisseau  avec  des  grappins. 
Il  2"  Torme  do  a  crrier.  Nettoyer  le  verre  en  fusion. 


GRA 

—  {.tvii.  Grappin;  wallon,  fcerjjiner,  gratter  avec 
un  crochet. 

t  GRAPPINEUR  (gra-pi-neur),  s.  ',n.  Ouvrier  qui 
nettoie  le  verre  en  fusion. 

t  GRAPPU,  UE  (gra-pu,  pue),  adj.  Ternie  rural. 
Chargé  de  grappes.  Vigne  grappue. 

—  ÉTYM.  Grappe  *. 

GRAS,  ASSE  (grâ,  grft-s'),  adj.  ||  1°  Semblable, 
analogue  à  la  graisse.  L'huile,  le  beurre  sont  des 
substances  grasses.  Les  parties  grasses  du  corps. 
Il  lerme  de  chimie.  Corps  gras,  corps  neutres,  aci- 
des ou  salins ,  solubles  dans  l'éther  et  l'alcool,  in- 
solubles ou  fort  peu  solubles  dans  l'eau,  et  qui  brû- 
lent avec  une  flammé  volumineuse  en  donnant  du 
noir  de  fumée  sans  ammoniaque  ni  autres  produits 
azotés.  Il  2"  Qui  est  fourni  de  graisse.  Poularde 
grasse.  Une  carpe  très-grasse.  Il  ne  tiendra  qu'à 
vous,  beau  sire,  D'être  aussi  gras  que  moi,  la  fo.nt. 
l'ahl.  I,  6.  Vous  moquez-vous?  il  faut  un  roi  qui 
soit  gros  et  gras  comme  quatre,  mol.  Impr.  de  Vers. 
f.  Vous  n'êtes  point  grasse;  mais  vous  avez  un 
beau  teint,  vcms  êtes  blanche,  vous  êtes  tranquille, 
SÉV.  fett.  du  20  aoilt  1677.  Elle  n'avait  pas  dans  ses 
mouvements  la  pesanteur  des  femmes  trop  grasses  ; 
son  embonpoint  ni  sa  gorge  ne  l'embarrassaient 
pas,  MARIVAUX,  Pays.  parv.  4''part.  Comme  ils  sont 
dodus  et  gras  Ces  bons  citoyens  du  Maine  [chapons]! 
BÉRANG.  t'/(apons.  Il  Fig.  Tuer  le  veau  gras,  voy. 
VEAU.  Il  Lo  bœuf  gras,  bœuf  choisi  qui  figure  dans 
la  pompe  du  carnaval.  ||  Être  gras  comme  un  moine, 
être  gras  à  lard,  c'est-à-dire  être  fort  gras.  Où  j'avale 
tant  de  nectar  Que  je  m'en  trouve  gras  à  lard ,  scar- 
RON,  yirg.  I.  On  y  faisait  très-bonne  chère;  j'y  de- 
vins gras  comme  un  moine,  3.  }.  Rouss.  Confcss.  vu. 

I  Gras  du  bec,  qui  mange  de  bons  morceaux.  Non, 
car  ces  gens  si  gras  du  bec  Votent  l'eau  claire  et  le 
jiain  sec,  bérang.  Enrh.  \\  Dormir  la  grasse  matinée, 
dormir  bien  avant  dans  le  jour.  On  vit  avec  horreur 
une  muse  effrénée  Dormir  chez  un  greffier  la  grasse 
matinée,  noiL.  Ép.  v.  ||  Fig.  Sortir  'lien  gras,  sortir 
fort  gras,  d'un  emploi,  d'une  affaire,  s'y  être  enri- 
chi. Il  Fig.  et  familièrement.  En  serez-vou»"  plus 
gras?  c'est-à-dire  ensercz-vous  plus  riche,  plus  heu- 
reux, plus  avancé?  Quand  j'aurai  fait  le  brave,  et 
qu'un  fer  pour  ma  peine  M'aura  d'un  mauvais  coup 
transpercé  la  bedaine,  Dites-moi,  mon  honneur, 
en  serez-vous  plus  gras?  mol.  Sganarelle,  (7.  ||0n 
dit  de  même  :  Je  n'en  suis  pas  plus  gras  pour  cela. 
Ah  !  vous  voilà  bien  gras  avec  votre  chimère,  des- 
TOUCH.  Phil.  marié,  m,  (3.  ||3°  Il  se  dit  delà 
viande  par  opposition  au  poisson  et  aux  légumes. 
L'Église  défend  les  aliments  gras  en  carême.  Bouil- 
lon gras.  Il  Ij.  soupe  grasse,  la  soupe  faite  avec  du 
bœuf  ou  du  lard.  ||  Choux  gras,  choux  accommodés 
à  la  graisse  ou  au  lard.  ||  Fig.  et  familièrement. 
Faire  ses  choux  gras  de  quelque  chose,  en  faire  ses 
délices,  en  faire  son  profit.  ||  Jours  gras  se  dit,  chez 
les  catholiques,  des  jours  où  il  est  permis  de  man- 
ger de  la  viande,  par  opposition  aux  jours  maigres 
où  il  n'est  pas  permis  d'en  manger.  ||  Plus  particu- 
lièrement, les  jours  gras,  le  jeudi  et  les  trois  jours 
qui  précèdent  le  carême ,  c'est-à-dire  le  diman- 
che, le  lundi  et  le  mardi,  ou  même  tous  les  jours 
du  jeudi  au  mardi.  Nous  avons  passé  ici  les  trois 
jours  gras,  ma  fille,  sÉv.  4iO.||On  joint  l'épithète 
de  gras  à  chacun  do  ces  quatre  jours  :  jeudi  gras, 
dimanche  gras,  etc.  ||  4°  Où  il  y  a  plus  ou  moins  de 
graisse.  Cette   sauce,  cette  soupe   est  trop  grasse. 

II  5°  Sali,  rempli  de  graisse.  Essuyez-vous,  vous  avez 
le  menton  gras.  On  le  trouva  [Jacques  Clément] 
dans  un  profond  sommeil  ;  son  bré^'i^ire  était  au- 
près de  lui,  ouvert  et  tout  gras  au  chapitre  du  meur- 
tre d'Holopherne  par  Judith,  volt.  Hcnr.  v,  note. 
Une  multitude  de  gens  à  pied  suivaient  en  cheveux 
gras  et  en  silence,  m.  Princ-  de  Babyl.  11.116°  Qui 
s  épaissit  trop  avec  le  temps.  De  l'huile  grasse. 
Il  7°  Fromage  gras,  fromage  qui  est  fait  avec  tout  le 
lait  non  écrémé.  ||  Figues  grasses,  figues  qui,  avec 
le  temps,  ont  contracté  une  espèce  de  graisse.  ||  Fi- 
gue gra.sse,  grosse  figue  sèche,  dont  on  se  .sert  pour 
faire  des  tisanes.  |]  Lessive  grasse,  lessive  fortement 
chargée  d'alcali.  ||  Vin  gra.s,  vin  qui  a  pris  la  graisse, 
voy.  graisse,  n*  5.  Gras  se  dit  aussi  en  ce  sens  de 
l'eau-de-vie  et  de  la  bière.  ||  8°  Terme  de  marine. 
Le  temps  est  gras  quand  il  est  humide  et  bru- 
meux. Il  Un  navire  court  à  grasses  boulines  quand 
le  vent  est  assez  favorable  pour  qu'on  puisse  se 
mettre  sous  l'allure  du  largue.  ||  9°  Éclat  gras, 
éclat  d'un  corps  qu'on  dirait  avoir  été  frotté  avec 
une  substance  grasse.  ||  Terme  de  peinture.  Cou- 
leur grasse,  couleur  qui  est  couchée  avec  abon- 
dance. Il  Peindre  à  gras,  retoucher  avant  que  la 
couleur  soit  sèche;  ce  qui  produit  un  trè.vboa  cf- 


GRA 

fet.  ||En  mauvaise  part.  Dessin  gras,  dessin  mou, 
sans  vigueur  et  sans  ton.  ||  10°  Avoir  la  poitrine 
grasse,  être  sujet  à  la  toux  suivie  de  l'exspuitinn  i» 
mucosités  épaisses.  Une  poitrine  grasse  et  flegm». 
tique  se  trouvera  bien  de  l'air  de  Stc-Geneviève  d 
mal  de  celui  des  quais,  saint-foix,  ICss.  Parit, 
(Euv.  t.  III,  p.  416,  dans  pougens.  UToux  grasse, 
toux  dans  latiuelle  on  rejette  des  mucosités,  par  op- 
position à  toux  sèche  où  l'on  n'amène  rien. 
l|  11°  Terre  grasse,  terre  forte,  tenace  et  fangeuse. 
11  s'engagea  dans  des  terres  grasses  où  l'artillerie 
no  put  s'avancer.  La  montée  [à  Miradoux]  est  asseï 
droite  et  fort  longue,  et  les  terres  y  sont  grasses  en 
hiver,  la  bochef.  Mém.  2)5.  ||  Terre  grasse  est  aussi 
le  nom  donné  à  l'argile  qui  sert  à  dégraisser  les 
étoffes,  à  6ter  les  taches.  ||  Argile  grasse,  argile  qui 
contient  peu  de  silice.  |1  Mortier  gras,  mortier  mtf 
contient  trop  de  chaux.  ||  Pierre  gra.sse,  pierre  B^ 
mide.  ||  Par  extension.  Le  pavé  est  gras,  quand  )B 
glisse  dessus,  qu'on  y  marche  difficilement.  Onak 
aussi  :  Il  fait  gras  marcher.  ||  12'  Qui  produit 
abondamment  les  moissons  et  les  herbes.  Altl 
frontières  de  la  Gédrosie ,  pays  gras  et  abondant 
VAUGEL.  Q.  C.  B40.  Nous  vîmes  la  grasse  campags^ 
scARRON,  Yirg.  m.  L'électeur  |de  Bavière]  se  troi|» 
vait  dans  une  abondance  durable  par  les  pays  gril 
et  neufs  dont  il  était  maître,  st-sim.  )35,  246.  Di- 
voust,  tout  brûlant  d'une  colère  qu'il  concentre 
avec  effort,  répond  qu'il  propose  une  retraite  à  tra- 
vers un  sol  fertile,  sur  une  route  vierge,  nourri- 
cière, grasse,  intacte,  dans  des  villages  encore 
debout  et  par  le  chemin  le  plus  court,  ségur,  llist. 
de  Nap.  ix,  4.  ||  Terres  grasses,  terres  très-fertiles. 
Il  Gras  pâturages,  lieux  qui  produisent  de  Iherba 
en  abondance  et  où  les  bestiaux  s'engrais  ni. 
Il  13°  Terme  de  botanique.  Plantes  grasses,  (■  lies 
dont  les  tiges  et  les  feuilles  sont  épaisses,  charnues, 
succulentes,  telles  que  les  cactus.  ||  14°  Avoir  un 
parler  gras,  ou  bien  avoir  la  langue  grasse,  parler 
comme  si  on  avait  quelque  chose  de  gras,  de  lai- 
teux dans  la  bouche.  Un  air  de  béatitude,  avec  un 
parler  gras,  lent  et  nasillard,  faisait  volontiers 
prendre  sa  physionomie  [de  l'évêque  de  Chaïuiisj 
pour  niaise,  st-sim.  "»,  46.  ||  Parler  gras  signifie 
aussi  grasseyer.  ||  15°  Terme  de  vétérinaire.  Ce  che- 
val a  la  vue  grasse,  il  a  la  vue  trouble.  |i  16°  Terme 
(le  charpente.  Pièce  de  bois  grasse,  (,ièce  ;vius 
forte  qu'elle  ne  doit  être  11  17°  Fig.  Licencieux,  {;ra- 
veleui.  Tenir  des  discours  un  peu  gras.  Le  vieux 
commandeur,  avec  tous  ses  contes  gras,  quant  & 
la  substance,  ne  perdait  jamais  sa  politesse  de  h 
vieille  cour,  i.  J.  rouss.  Confess.  vu.  ||  Cause 
grasse,  une  cause  que  les  clercs  du  palais  choisis- 
saient pour  plaider  entre  eux  aux  jours  gras,  el 
(pii  était  remplie  de  choses  plaisantes.  ||  Cause  grasse, 
se. disait  aussi  de  quelque  affaire  plaisante  qu'on 
réservait  pour  la  plaider  aux  jours  gras.  De  même 
que  l'on  plaidait  et  que  l'on  plaide  encore,  je  trois, 
ces  jours-là,  une  cause  grasse  au  Châlelet  et  au  par- 
lement, SAiNT-Foix,  Ess.  Paris,  Œuv.  t.  iv,  p.  407. 
Il  18°  S.  m.  Ijl  partie  grasse  d'une  viande.  Le  gras 
et  le  maigre  d'un  jambon.  Donnez-moi  du  pias. 
Il  Familièrement.  Tourner  au  gras,  prendre  beau- 
coup d'embonpoint.  ||  Absolument.  La  viande.  Il 
aime  le  gras.  ||  Biz  au  gras,  riz  qu'on  a  fait  crever 
dans  un  bouillon  gras.  ||  Légumes  au  pras,  légumei 
accommodés  avec  de  la  graisse.  Êpinards  au  gnik 
Il  19°  Particulièrement,  chez  les  catholiques,  k 
viande,  les  mets  gras.  Le  gras  et  le  maigre.  11  fau- 
dra que  le  prince  mange  tout  seul  en  gras  à  sa  pe- 
tite table,  maintenon,  Leit.  à  U.  d'Aubigni,  i  sep- 
temb.  1677.  Il  Manger  gras,  manger  de  la  viande  les 
jours  maigres.  Sam^li  )0  août  4  686,  le  roi  a  dîné 
et  soupe  gras  dans  son  appartement,  dangeai-,  i, 
309.  Ne  pourrait-il  pas  manger  gras  à  une  table 
avec  les  personnes  qui  ont  le  même  besoin?  main- 
tenon,  Lett.au  card.  de  Noailles,  4  7oo,  t.  iv,  p.  isî, 
dans  POUGENS.  Les  Dalécarliens  demandèrent  qu'on 
fît  brûler  tous  les  citoyens  qui  feraient  gras  le  ven- 
dredi, VOLT.  Mœurs,  4 1».  ||  20°  Le  gras  de  la  jambe, 
la  partie  de  la  jambe  qui  est  fort  charnue,  le  mol 
let.  Voilà  ma  justification,  dont  vous  ferez  part  au 
gros  abbé,  si  jamais,  par  hasard,  il  a  mal  au  gras 
des  jambes  sur  ce  sujet,  sÉv.  4  6  oct.  4  675.  ||  Gras  de 
jambe,  s'est  dit  autrefois  pour  faux  mollet.  Il  m'a 
chassé  de  sa  chambre,  parce  qu'il  s'est  mis  de  mau- 
vaise humeur,  et  qu'il  s'est  imaginé  que  je  lui  avais 
mis  de  travers  son  gras  dejambe,  dancoirt,  i'chap. 
du  Diable  boit,  i,  2.  |{  21"  Maladie  des  vers  à  .soie. 
j  22°  Tourner  au  gras,  se  dit  du  vin  qui  prend  U 
«raisse  (voy.  graisse,  n°  5).  ||  23"  Terme  de  chimie. 
Gras  des  cadavres,  corps  gras  qui  se  forme  par  sa- 
ponification des  tissus  animaux  restés  Icngtempi 


GRA 

plongés  dans  l'eau  ou  enfouis  dans  une  terre  Im- 
luide.  Il  23°  Gras,  adv.  Parler  gras,  grasseyer.  L'on  ne 
peut  être  plus  content  de  lui-même  :  il  s'est  acquis 
une  voix  claire  et  délicate,  et  heureusement  il  parle 
gras,  i.A  BRUYÈRE,  xm.  Elle  affectait  d'être  languis- 
sante, déparier  gras,  hamilt.  Gramm.  10.  ||  Terme 
de  pointure.  Peindre  gras,  avoir  le  pinceau  gras, 
peindre  par  couches  épaisses.  ||  Pain  gras-cuit,  pain 
qui  n'a  pas  levé,  qui  est  pâteux  faute  de  cuisson. 
Il  Terme  de  fauconnerie.  Voler  haut  et  gras,  se  dit 
d'un  oiseau  dont  le  vol  est  hardi.  |{  Terme  de  vété- 
rinaire. Ce  cheval  est  gras-fondu,  il  est  malade  de 
gras-fondure. 

—  HiSï.  XII*  s.  Dune  comença  sun  cors  durement 
à  grever,  E  les  grasses' [grossières]  viandes,  chous  e 
nés  [navets]  à  user.  Th.  te  mart.  83.  Nis  dous  fciz 
(même  deux  fois]  descendirent  jus  des  palefreiz  cras, 
i(;.  tti.  Ilxiii's.  Tout  li  tavernier  de  Paris  pueent 
vendre  tel  vin  come  il  voelent,  cras  ou  bouté,  et  à 
tel  fuer  come  il  voelent,  Liv.  des  met.  29.  Grosses  bre- 
bis et  crasses  vaches,  Ren.  ti473.  Et  sachiez  que 
ses  gras  [de  l'autruche]  est  molt  profitables  à  tou- 
tes dolors  que  on  ait  en  ses  membres,  brun,  latini. 
Trésor,  p.  222.  Et  ge  les  voi,  les  jengleors,  Plus 
cras  qu'abbés  ne  que  priors,  la  Rose,  2568.  ||  xiv*  s. 
Le  bras  estoit  dessous  la  manche  Gras  et  roond, 
Lande  dorée.  Si  le  vin  est  gras  [sorte  de  maladie  du 
vin],  Ménagier,  11,  3.  ||  xv  s.  Le  pays  de  Norman- 
die est  un  des  plus  gras  du  monde,  fhoiss.  i,  i,  2c4. 
leellui  Henriet  jura  gras  et  dete-stables  sermons 
qu'il  ne  buroit  [boirait]  point,  nu  cange,  grassus. 
Et  n'est  loisible  aucunement  Â  homme  ou  femme, 
hault  ou  bas,  De  le  tenir  secrètement,  Ne  aussi  d'en 
faire  ses  choux  gras,  coQuu.  Plaid,  de  la  simple  cl 
de  la  rusée.  Notre  hoste  a  aussi  du  bon  fromage  et 
bien  gras,  louis  xi,  Nouv.  xcix.  ||  xvi"  s.  Un  fas- 
cheux  coi'ps  vestu  d'un  satin  grôis.  Un  satin  gras 
doublé  d'un  fascheux  corps,  mahot,  m,  84.  Se  faire 
arracher  dos  dents  saines,  pour  en  former  la  voix 
plus  molle  et  plus  grasse,  mont,  i,  307.  Un  chien 
enragé  luy  emporta  le  gras  de  la  jambe,  id.  m,  302. 
Je  fois  [fais]  mes  jours  gras  des  maigres,  id.  iv, 
S88.  On  dit  qu'il  avoit  la  langue  un  peu  grasse,  ce 
qui  ne  luy  .seoit  pas  mal;  son  parler  gras....  amïot, 
Aie.  2.  Un  jour  blasmant  quelqu'un  qui  estoit  ex- 
trêmement gras  et  replet,  in.  Calon,  \  8.  Gras  et 
souillé  du  suif  de  la  Sicile,  m.  Nicias,  i.  Il  descou- 
vrit une  source  d'une  humeur  grasse  et  huileuse, 
qui  ne  difîeroit  en  rien  de  l'huile  naturelle,  ayant 
le  lustre  et  la  grassesse  si  semblable,  que  l'on  n'y 
eust  sceu....  m.  Alex.  96.  Et  à  cause  des  terres  qui 
sont  fort  grasses  en  ce  païs-là,  homme  ny  cheval 
ne  pouvoit  marcher  avant  ny  arrière,  cahloix,  ii, 
13.  Au  jeune  le  sang  est  plus  gras  et  gluant  pour 
faire  prompte  union  et  régénération  de  chair,  paré, 
vu,  4.  Matière  cra.sse  et  visqueuse,  id.  i,  29.  Celle 
[maison]  de  son  voisin,  où  la  cuisine  estoit  plus 
,:,'rasse  que  la  sienne,  nobl  du  fail,  Contes  d'Eu- 
trap.î°  18,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  Picard,  cras;  wallon,  crds,  au  fém.  crilse; 
namurois,  crau,  au  fém.  crause;  Hainaut,  cras,  au 
fém.  crasse;  provenç.  et  catal.  gras;  espagn.  graso; 
ital.  gras.so;  du  bas-lat.  grassus,  qui  est  dans  les 
Addenda  de  Quicherat  avec  le  sens  de  gras,  et  qui 
représente  le  latin  crassus,  signifiant  épais. 

GUAS-DOUBLE  (grâ-dou-bl') ,  s.  m.  La  mem- 
brane de  l'estomac  du  bœuf.  Un  plat  de  gras-double. 
Il  Au  plur.  Des  gras-doubles. 

—  ÊTYM.  Gras,  et  double. 

GRAS-FONDU  (grâ-fon-du),  s.  m.  ou  GRAS-FON- 
ODRE  (grâ-fon-du-r'),  s.  f.  Terme  de  vétérinaire. 
Diarrhée,  chez  le  cheval,  accompagnée  d'un  amai- 
grissement considérable,  et  dans  laquelle  l'animal 
rend  des  glaires  tamponnées  et  épaisses.  ||  Se  dit 
d'autres  animaux.  Ils  [les  chardonnerets]  sont  sujets  à 
l'épilepsie,  à  la  gras-fondure,  et  souvent  la  mue  e.st 
pour  eux  une  maladie  mortelle,  buff.  Ois.  t.  vu, 
p.  28(1.  [Le  maréchal  de  NoaiUes]  C'était  un  homme 
d'une  grosseur  prodigieuse  et  entassé,  qui,  précisé- 
ment comme  un  cheval,  mourut  de  gras-fondu, 
ST-PIM.  2 H,  91.  Il  Familièrement  et  ironiquement.  Il 
no  mourra  pas  de  gras-fondu,  se  dit  d'un  homme 
fort  maigre. 

—  ÊTYM.  Gras,  et  fondu. 

+  GRASSANE   (gra-sa-n'),  s.  f.  Variété  de  figue. 

GRASSEMENT  (j,'râ-se-man),  adv.  ||  1°  Fort  à 
l'aise.  Vivre  grassement.  S'il  [le  duc  d'Or^éans] 
élait  homme  à  avoir  besoin  de  gagner  sa  vie,  il  au- 
rait cinq  ou  six  moyens  différents  de  la  gagner 
grassement,  st-sim.  309,  140.  ||  2°  Largement,  sans 
lésinerie.  Récompenser  grassement.  Au  lieu  de 
vingt  écus,  je  t'en  donnerai  trente;  C'est  payer  son 
honneur  et  le  tien  grassement,  boursault,  Mots  à 

mer.   DE  LA  LANGUE  FRANÇAISE. 


GRA 

la  mode,  se.  <5.  Je  t'aiderai  même,  en  cas  de  be- 
soin, pourvu  que  tu  me  fasses  payer  de  mes  peines 
un  peu  grassement,  regnard,  la  Sérénade,  1. 

—  HIST.  XIV"  s.  Il  sembloit  aus  sénateurs  et  aus 
gentils  hommes,  que  ils  deussent  avoir  eu  plus 
grassement  chascuu  pour  soi  que  chacun  du  pueple, 

BERCHEURE,  f"  22,  VerSO. 

—  ÉTYM.  Grasse,  et  le  suffixe  ment;  prove.iç. 
grassament;  ital.  grassamente. 

t  GRASSERIE  (grà-se-rie) ,  s.  f.  Sorte  de  maladie 
des  vers  h  soie. 

GRASSET,  ETTE  (gra-sè,  sè-f) ,  adj.  ||  1°  Qui  est 
un  peu  gras.  Elle  est  grassette.  ||  2°  .S.  m.  Terme 
de  vétérinaire.  Région  du  membre  postérieur  cor- 
respondant au  genou  de  l'homme,  et  ayant  pour 
base  la  rotule  et  les  parties  molles  qui  l'entourent. 
Il  Terme  de  boucherie,  voy.  hampe. 

—  HIST.  XIII*  s.  Complexion  sanguine  fait  home 
grasset,  chantant,  lié  [gai]  et  hardi  et  bénigne, 
brun,  latini.  Trésor,  p.  ion.  Tant  l'a  trové  plain  et 
craset,  Partonop.  t.  i,  p.  44.  ||  xvi*  s.  Ceux  qui  sont 
froids  et  grassets,  ayans  les  veines  petites  et  ca- 
chées, PARÉ,  XX,  28. 

—  ÉTYM.  Diminutif  do  gras;  provenç.  grosse!, 
grazet. 

t  t.  GRASSETTE  (gra-sè-f),  s.  f.  Sarcelle  d'été. 

t  2.  GRASSETTE  (gra-sè-f),  s.  f.  Genre  de 
plantes  aquatiques.  La  grassette  commune  (pi'n- 
guicula  vulgaris,  £.),  famille  des  lentibulariées. 

GRASSEYEMENT  (gra-sè-ye-man) ,  s.  m.  Défaut 
de  prononciation  de  celui  qui  grasseyé.  Le  véritable 
grasseyement  consiste  en  ce  que,  dans  les  mots  où 
la  lettre  r  se  trouve  seule  ou  jointe  à  une  autre 
consonne,  on  fait  entendre  une  sorte  de  roulement 
guttural.  Le  grasseyement  affecté  consiste  à  ne  pro- 
noncer nullement  la  lettre  r,  en  disant  pa-ole, 
Pa-is,  pour  parole,  Paris,  etc. 

—  ÉTYM.  Grasseyer. 

GRASSEYER  (gra-sé-ié.  Vy  grec  se  conserve 
dans  toute  la  conjugaison;  je  grasseyais,  nous  gras- 
seyions, vous  grasseyiez;  que  je  grasseyé,  que  nous 
grasseyions,  que  vous  grasseyiez),  ».  n.  Prononcer 
les  r  d'une  manière  vicieuse.  Ceux  qui  grassoycnt 
ou  parlent  gras  ont  de  la  peine  à  prononcer  la  lettre 
r,  et  ils  lui  substituent  souvent  la  lettre  l.  Je  vois 
Grandval  revenir  grasseyer  à  l'hôtel  des  comédiens 
ordinaires  du  roi,  volt.  Lett.  Damilaville,  4  fév. 
1764.  Il  II  se  dit  aussi  du  grasseyement  affecté. 
Faut-il  grasseyer?  quelquefois  cela  ne  sied  pas 
mal,  PAVART,  Ninette,  ii,  3.  C'est  l'affectation  qui 
grasseyé  en  parlant.  Écoute  sans  entendre  et  lorgne 
en  regardant,  volt.  Dict.  phil.  Pope.  [Au  début  de 
la  Restauration]  On  rêve  non  les  conquêtes,  mais  la 
grande  parade....  le  prince  de  *'*  couche  en  bon- 
net de  police  ;  la  vieille  garde  grasseyé  et  porte  des 
odeurs,  p.  l.  cour.  Lettre  x. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  grassie  ung  petit,  mays  cela 
luy  siet  bien,  palsgh.  p.  6)2. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gras  :  parler  gras. 

t  GRASSEYEUR,  EUSE  (gra-sè-ieur,  ieû-z'),  s. 
m.  et  f.  Celui,  celle  ijui  grasseyé,  qui  parle  en 
grasseyant.  Qu'il  écrivit  en  conséquence  au  gras- 
seyeur  Grandval,  qu'il  instruisit  ledit  grasseyeur 
de  la  permission  de  monseigneur  le  maréchal, 
volt.   Lelt.  Richelieu,  (9  déc.  )764. 

GRASSOUILLET,  ETTE  (gra-sou-llè,  Uè-t' ,  Il 
mouillées,  et  non  gra-sou-yè),  adj.  Diminutif  de 
grasset.  Un  enfant  grassouillet  et  potelé.  Un  petit 
Ragot,  grassouillet  et  rond  comme  une  boule,  hamilt. 
Gramm.  3. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gras.  Ronsard,  <oo,  a  dit: 
grasselet. 

t  GRAT  (gra),  s.  m.  Lieu  où  les  poules  grattent. 
Il  Fig.  Je  l'ai  bien  envoyé  au  grat,  se  disait  pour  : 
je  l'ai  rebuté,  chassé,  envoyé  promener. 

—  HIST.  XV*  s.  Ne  demeurons  plus  si  confuz;  Au 
gratla  terre  estdegelée,viLL0N,Bat7;etiCTite(*oi«pai/e. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRATTER. 

t  GRATGAL  (gra-tgal) ,  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Genre  de  plantes  rubiacces  composé  de  dix  ou 
douze  espèces  d'arbrisseaux  exoti  jues  et  épineux. 

fGRATELIER  (gra-te-lié),  s.  ni.TciTio  de  botani- 
que. Genre  de  térébinthacéos  originaires  d'Amérique. 

GRATERON  (gia-to-roii),  s.  m.  Nom  vulgaire  do 
différentes  plantes  :  le  gaillet  accrochant  {galium 
aparine,  L.)  (rubiacées)  ;  l'aspérule  odorante  (ru- 
biacées)  ;  le  gaillet  crucié  (rubiacées)  ;  la  bardanc 
(arctium  lappa,  L.)  (composées). 

—  IlEM.  L'Académie  écrit  gratter  par  deux  ((,  et 
grateron  par  un  seul.  C'est  manquer  à  l'uniformité. 

HIST.  xvi*  s.  Grateron,  à  cause  que,  par  son 

aspreté,  elle  s'attache  aux    habillements  de  ceux 
qui  l'approchent,  o.  de  serres,  022. 


GRA 


1921 


—  ÉTYM.  Gratter. 

t  GRATICULATION  (gra-ti-ku-la-sk.n),  s.  f.  Ac- 
lion  de  graticulor. 

t  GRATICULE  (gra-ti-ku-P) ,  s.  f.  Châssis  préparé 
pour  réduire  un  tableau. 

—  ÊTYM.  Lat.  craticula,  petite  claie,  petite  grille, 
diminutif  de  crates,  claie. 

GRATICDLER  ((;ra-ti-ku-Ié),t).  n.  Termedepein- 
ture.  Diviser  un  dessin  on  un  certain  nombre  dp 
carreaux  reproduits  en  égal  nombre,  mais  en  petit, 
sur  un  papier  ou  sur  une  toile  ;  au  moyen  do  quoi 
on  consei-ve  exactement  les  proportions  de  l'origi- 
nal. On  dit  aussi  craticuler. 

—  ÉTYM.  Grnticule. 

GRATIFICATION  (gra-ti-fi-ka-sion ;  en  vers,  de 
six  syllabes),  s.  f.  Libéndité  qu'on  fait  à  quelqu'un. 
Nos  étais  donnèrent  des  gratifications  pour  cent 
naille  écus,  sÉv.  83.  Des  gratifications  particulières 
d'environ  quatre  mille  louis  à  Racine ,  volt. 
Louis  XIV,  25.  Depuis  que  l'État  a  accordé  une 
gratification  de  cent  trente-deux  livres  dix  sols  à 
chacun  des  combattants  qui  s'élancerait  sur  un  nr  - 
vire  pris  ou  coulé  à  fond,  raynal,  Hist.  phil.  xix,  5. 
Il  Se  dit,  en  termes  d'administration,  dune  somme 
qu'on  accorde  d'ordinaire  aux  employés  à  la  fin  de 
l'année  comme  récompense  de  leur  travail.  Il  a  eu 
deux  cents  francs  de  gratification. 

—  HIST.  xvi*  s.  En  m'y  condamnant,  ils  effacent 
la  gratification  de  l'action  et  de  la  gratitude  qui 
m'en  seroit  due,  mont,  i,  i  97.  Toutes  gratifications 
ne  sont  pas  bien  logées  en  toutes  gents,  id.  i,  827. 

—  ÉTYM.  Lat.  gratificationem ,  de  gralijicare, 
gratifier. 

GRATIFIÉ,  ÉE  (gra-ti-fi-é,  ée),  part,  passé  de  gra- 
tifier. Gratifié  d'un  don  de  cent  mille  francs.  ||  Iro- 
niquement. Gratifié  d'un  grand  coup  de  pied. 

GRATIFIER  (gra-li-fî-é),  je  gratifiais,  nous  gra- 
tifiions, vous  gratifiiez  ;  que  je  gratifie,  que  nous 
gratifiions,  que  vous  gratifiiez ,  v.  a.  \\  1°  Accorder 
un  don,  une  faveur.  Peu  de  gens,  que  le  ciel  chérit 
et  gratifie.  Ont  le  don  d'agréer  infus  avec  la  vie, 
la  font.  Fabl.  iv,  5.  Pleurez,  Amours,  gens  de  Cy- 
thère;  Celle  que  Vénus  votre  mère  Gratifiait  ilo 
maints  beaux  dons,  Va  passer  des  jours  un  peu 
longs,  iD.  Lett.  xxii.  On  le  félicite  [Louis  XIV]  sui 
des  titres  d'honneur  dont  il  vient  de  gratifier  quel- 
ques grands  de  son  État;  que  dit-il?  qu'il  ne  peut 
être  content  quand  tous  ne  le  sont  pas,  et  qu'il  lui 
est  impossible  que  tous  le  soient  comme  il  le  vou- 
drait, LA  BRUï.  Disc,  à  VAcad.  franc.  Ceux  qui  con- 
naissent le  caractère  du  pape,  son  goilt  et  son  lèle 
pour  les  lettres  ne  sont  point  surpris  qu'il  m'ait 
gratifié  do  plusieurs  de  ses  médailles,  lesquelles 
sont  autant  de  monuments  du  bon  goût  qui  règne 
à  Rome,  volt.  Jlél.  littér.  au  P.  de  la  Tour. 
Il  2°  Ironiquement  et  familièrement.  Attribuer  mal 
à  propos  une  chose  à  quelqu'un.  Il  veut  charita- 
blement me  gratifier  de  ses  bévues.  ||  3"  Se  grati- 
fier, V.  réfl.  S'accorder  l'un  il  l'autre.  Les  adminis- 
trateurs se  sont  gratifiés  de  l'excédant  en  caisse. 
Il  Ironiquement.  Ils  se  sont  gratifiés  ''.38  noms  les 
plus  désagréables. 

—  HIST.  XVI*  s.  Dieu  a  quelquefois  gratifié  à  des  ro- 
questes,  lesquelles  toutcsfois  n'estoyent  point proci;- 
décs  d'un  cœur  paisible  ne  bien  rangé,CALV./niti(.6«u. 
Je  trouveroy  plus  galand  d'imiter  ceulx  qui  entre 
prennent ,  vivants  et  respirants,  jouyr  de  l'ordre  et 
honneur  de  leur  sépulture,  et  qui  se  plaisent  de 
veoir  en  marbre  leur  morte  contenance  ;  heureux  qui 
sachent  resjouyr  et  gratifier  leur  sens  par  l'insensi- 
bilité, et  vivre  de  leur  mort  I  mont,  m,  <8.  J'aimorois 
aussi  cher  qu'il  se  gratifiast  des  bonnetades  qu'on 
lui  faict  [le  prenant  pour  un  autre],  id.  m,  3 12. 
Pisistrates  adjousta  ces  deux  vers,  pour  gratifier 
[être  agréable]  aux  Athéniens,  amyot,  Thésée.,  24. 

—  ÊTYM.  Ut.  ffraei'/ifare,  de sro(M«,  agréable  (voy. 
GRfi),  et  le  suffixe  verbal  ficare  (voy.  fier,  suffixe). 

GRATIN  (gra-tin),  s.  m.  \\  1"  Partie  de  certains 
mets  (lui  s'attache  au  fond  du  vase  dans  lequel 
on  les  a  fait  cuire  et  qu'on  ne  détache  qu'en  grat- 
tant. Le  gratin  d'une  bouillie.  En  mangeant  tous 
les  gratins  des  poêlons  des  petits  enfants,  sÉv.  4uo. 
Il  2°  Apprêt  de  certains  mets  couverts  de  chapelure 
et  cuits  entre  deux  feux  de  manière  à  présenter  eu 
dessus  une  croûte  légère.  Bœuf  au  gratin.  Sole  au 
gratin.  ||  Le  mets  lui-même.  Un  excellent  gratin. 
Il  3°  Matière  adhérente  aux  parois  et  au  fond  d'une 
fosse  d'aisances. 

—  HEM.  L'Académie  écrit  gratter  avec  deux  tt,  et 
gratin  avec  un  seul.  C'est  manquer  à  l'uniformité. 

—  ÉTYSi.  Gratter. 

t  GRATINER  (gra-ti-né),  v.  n.  Terme  de  cui- 
sine. Se  former  en  gratin,  s'attacher  au  fond  du 

I.  —  241 


1922 


GRA 


l'oClon.  Cela  a  gratiné.  La  bouillie  commençait  h 
gratiner.  ||  Faire  gratiner  un  mets,  le  préparer  en 
gratin.  ||  Il  s'emploie  aussi  avec  le  pronom  person- 
nel. Cela  se  gratinait. 

—  ÊTVM.  Gratin. 

GRATIor-E  (gra-si-o-I"),  s.  f.  Genre  de  plantes  de 
la  famille  dos  scrofularinées.  ||  Gratiole  officinale, 
dite  aussi  lierbe  à  pauvre  liommo,  plante  qui  croît 
dans  les  marais  et  est  employée  comme  un  purgatif 
par  les  pauvres. 

—  ÉTYM.  Lat.  gratiola,  petite  faveur,  petite 
chose  agr('able,  diminutif  de  gratta,  grâce. 

t  GUATIOLINE  (gra-si-0-li-n') ,  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Principe  amer,  acre  de  la  gratiole. 

—  ÉTYM.  Gratiole,  et  ine,  qui  signifie  principe. 
GRATIS  (gra-tis"),  adv.  \\  l"  Gratuitement,  par 

pure  grâce,  sans  qu'il  en  coûte  rien.  Ce  m6decin 
traite  les  pauvres  gratis.  lîal  gratis.  Mais  où  les  hale- 
tants gratis  Contentent  tous  leurs  appétits,  scarr. 
Virg.  VII.  Primo,  la  maison  que  j'occupe  appartient 
au  docteur  qui  m'y  loge  gratis;  et  moi,  en  recon- 
naissance, je  lui  promets  dix  pistoles  d'or  par  an 
gratis  aussi,  BEAUMABCH.Borb.  deSév.i,  4.  i  Madrid 
si  j'ai  vendu  cher,  Et  cher  à  Moscou  même,  J'ai 
donné  gratis  à  Pantin,  bérang.  Vivandière.  \\  Spec- 
tacle gratis,  entrée  gratuite  aux  spectacles  accor- 
dée au  peuple  en  certaines  solennités.  Le  bas  peu- 
pin  d'Athènes  entrait  au  spectacle,  et  il  n'y  entre 
pas  chez  nous,  excepté  quand  on  lui  donne  un 
spectacle  gratis,  dans  des  occasions  solennelles  ou 
ridicules,  volt.  Lett.  II.  Walpole ,  *i  juill.  <76ti. 
Il  Fig.  Dire  une  chose  gratis,  avancer  quelque  chose 
sans  on  fournir  la  preuve  (locution  vieillie).  ||  Sub- 
stantivement. Gratis  est  mort,  plus  d'amour  sans 
payer;  En  beaux  louis  se  content  les  fleurettes,  la 
FONT.  F.  avare.  C'est  une  méchante  économie  de 
ne  payer  ni  les  médecins  ni  les  avocats,  parce  qu'ils, 
vous  laisseront  là  quand  ils  trouveront  de  meil- 
leure besogne,  et  c'est  une  périlleuse  marque  de 
distinction  que  de  vouloir  être  distingué  par  des 
gratis,  Anii-menagiana,  p.  <24.  La  justice,  dit-on, 
devait  se  rendre  gratis  avant  la  renaissance  des  an- 
ciens parlements;  quel  gratis  que  quarante  mille 
francs  d'entrée  de  jeu,  et  cela  parce  que  l'on  a  voulu 
vous  volerl  volt.  Lett.  Itichelieti,  25  janvier  (775. 
Il  2°  S. m.  Terme  de  la  chancellerie  romaine.  Remise 
gratuite.  Le  pape  donne  le  gratis  qui  est  de  f  80  ooo 
livres,  sêv.  oo9.  Le  gratis  de  l'abbaye  de  Saint- 
Lucien  m'a  été  accordé  par  le  sacré  collège,  Boss. 
I.Ht.  4  7.  Bissy,  évéque  de  Meaux,  nommé  par  le 
roi  au  cardinalat,  eut  l'abbaye  de  Saint-Germain  des 
Prés,  et  le  gratis  entier,  comme  si  déjà  il  avait  été 
cardinal,  ST-siM.  370,  169.  ||  Dans  l'ancienne  uni- 
versité de  Paris,  l'établissement  du  gratis,  l'éta- 
blissement de  l'instruction  gratuite.  ||3°  Terme  de 
théâtre.  Nom  qu'on  donne  à  ceux  qui  entrent  avec 
des  billets  donnés.  Ce  sont  des  gratis. 

—  IIIST.  Les  hommes  communément  portent  en- 
vie à  ceux  qui  ont  la  gloire  et  la  vertu  gratis,  ou 
sans  qu'il  leur  cousto  guère,  amyot,  dans  le  Dict. 
de  DocuEz. 

—  ÉTYM.  Lat.  gratis,  de  pure  grâce,  de  gratus, 
ngréahle  (voy.  gbé). 

OUATITDDE  (gra-ti-tu-d"),  s.  f.  Sentiment  de 
gré  qu'on  a  à  l'égjird  de  celui  qui  a  rendu  service. 
Mais  pour  vous  expliquer  toute  ma  gratitude,  corn. 
Iléracl.  II,  0 La  belle  en  ses  traverses....  Chan- 
gea huit  fois  de  chevalier;  Il  ne  faut  pas  pour  cela 
qu'on  l'accuse;  Ce  n'était  après  tout  que  bonne  in- 
tention. Gratitude  ou  compassion,  Crainte  de  pis, 
honnête  excuse,  la  font.  Fiane. 

—  SYN.  GRATITUDK,  RECONNAISSANCE.  La  gratitude 

est  le  sentiment  de  gré  qu'on  éprouve  pour  un  ser- 
vice rendu.  La  reconnaissance  est  l'action  de  recon- 
naître un  service.  La  gratitude  indique  donc  plutôt 
le  sentiment  personnel  de  celui  qui  est  obligé;  et 
la  reconnai.ssance ,  le  sentiment  qui  pousse  celui 
qui  est  obligé  à  témoigner  ce  qu'il  ressent.  Mais, 
dans  l'usage,  les  nuances  se  confondent  beaucoup; 
seulement  reconnaissance  est  d'un  usage  plus  habi- 
tuel que  gratitude. 

—  IIIST.  xvi»  s.  Quant  à  la  gratitude,  car  il  me 
semble  que  nous  avons  besoing  de  mettre  ce  mot  en 
crédit....  MONT,  n,  I9î. 

—  ETYM.  Lat.  gralitudincm,  reconnaissance,  de 
gratus,  agréable  (voy.  orK). 

t  GRATON  (gra-ton),  .ï.  m.  Instrument  de  glacier. 

t  GRATTAGE  (gra-ta-j'),s.  m.  Action  de  gratter. 

t  GUATrE  (gra-f),  s.  f.  ||  !•  Terme  de  marine. 
Petite  plaque  de  fer  triangulaire  emmanchée  à  son 
milieu,  et  dont  on  se  sert  pour  gratter  la  carène, 
le  poul,  etc.  Voici  l'eut  exact  de  la  carène,  au  mo- 
nmnt  cù,  mise  à  sec  dans  le  bassin,  elle  allait  être 


GRA 

livrée  à  la  gratte  des  ouvriers,  Comptes  rendus, 
Acad.  des  se.  t.  lu,  p.  520.  ||2°  Dans  l'argot  de.s 
couturières,  l'étolTe  qu'elles  peuvent  s'approprier  sur 
une  robe.  Il  y  a  de  la  gratte.  |{  Il  se  dit  aussi,  dans 
l'argot  des  domestiques,  de  ce  qu'ils  peuvent  re- 
cueillir grâce  à  la  négligence  des  maîtres. 

—  ETYM.  Voy.  GRATTER. 

GRATTÉ,  ÉE  (gra-té,  tée),  part,  passé  de  grat- 
ter.I|  1"  Dont  on  aôté  la  superficie.  La  date  de  l'acte 
est  grattée  et  surchargée.  ||  2°  Frotté  légèrement  de 
manière  à  faire  disparaître  la  démangeaison.  Une 
dartre  grattée  cuit.  ||  3°  Fig.  et  familièrement. 
Flatté.  Gratté  par  ses  parasites. 

j-  GRATTEAC  (gra-tô),  s.  m.  Instrument  de  do- 
reur sur  métal  et  de  fourbisseur. 

—  ÉTYM.  Gratter. 

t  GUATTE-BOËSSE  (gra-te-boè-s'),  s.  f.  Terme 
de  doreur.  Sorte  de  brosse  servant  à  étendre  un 
amalgame  d'or  et  de  mercure,  et  pour  brosseries 
pièces  de  métal  trop  frappées  du  feu.  ||  Terme  de 
monnayeur.  Brosse  à  nettoyer  les  boutons  d'essai. 

—  ÉTYM.  Gratter,  et  bocsse. 

t  GRAITE-BOKSSER  (gra-te-boè-sé) ,  V.  a.  F"rot- 
ter  une  pièce  de  métal  avec  la  gratte-boêsse. 

GRjVTTE-CCL  (gra-te-ku;  VI  ne  se  prononce  ja- 
mais), s.  m.  Le  fruit  du  rosier  et,  en  particulier,  de 
l'églantier  ou  rosier  sauvage.  Ainsi  qu'une  abeille 
au  matin  Va  sucer  les  pleurs  de  l'aurore,  Ou  sur 
l'absinthe  ou  sur  le  thym.  Toujours  travaille  et  tou- 
jours cause.  Et  nous  pétrit  son  miel  divin  Des 
gratte-culs  et  de  la  rose,  volt.  Lett.  envers  et  en 
prose,  53.  Il  Proverbe.  Il  n'est  ))oint  de  si  belle 
rose,  il  n'est  si  belle  rose  qui  ne  devienne  gratte- 
cul,  c'est-à-dire  il  n'est  si  belle  femme  qui  en  vieil- 
li.ssant  ne  devienne  laide.  Quoiqu'elle  ne  fût  pas 
vieille,  les  grâces  et  la  beauté  s'étaient  tournées  en 
gratte-cul,  st-sim.  t\3,  MO.W  Au  plur.  l'Académie 
écrit  des  gratte-culs.  Ou  pourrait  aussi  écrire  des 
gratte-cul. 

—  ÉTYM.  Gratter,  et  cul.  D'après  Ménage ,  la 
bourre  piquante  qui  entoure  ces  graines  se  mettait 
par  méchanceté  dans  le  lit;  elle  piquait  les  fesses; 
et  de  là  le  nom  de  gratte-cul;  mauvaise  plaisanterie 
qui  se  fait  encore  de  nos  jours  dans  les  campagnes. 

t  GRATTELER  (gra-te-lé.  Vl  se  double  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  grattelle),  i).  a.  Grat- 
ter légèrement  un  corps,  afin  de  le  polir. 

—  ETYM.  Dérivé  diminutif  de  gratter. 
GRATTELEUX,  ECSE  (gra-te-leù,   leil-z'),  adj. 

Oui  a  la  grattelle. 

GRATTELLE  (gra-tè-l'),  s.  f.  Menue  gale.  Il  lui 
vient  do  la  grattelle. 

—  HlST.  XVI*  s.  Lors  il  advient  rongne  et  gratcle 
crousteuse,  paré,  Introd.  8. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gratte,  dans  le  sens  de  dé- 
mangeaison (voy.  gratter). 

t  GRATTE-MENTON  (  gra-te-man-ton  ) ,  *.  m. 
Terme  de  plaisamterie  pour  dire,  un  barbier.  On 
comprend  que  l'empereur  [Paul  l"]  ne  pouvait  per- 
mettre à  un  simple  gratte-menton  de  prendre  place 
dans  la  voiture  du  grand  maître  de  Malte  [Paul  1" 
lui-même]  en  des  occasions  aussi  solennelles  que 
des  visites  à  sa  maltresse,  Itevue  moderne,  t.  xxxvi, 

p.   H  4,  janv.   1K6G. 

t  GRATTE-PAILLE  (gra-te-pâ-ir,  U  mouillées), 
s.  f.  Fauvette  d'hiver  ou  mouchet. 

GRATTE-PAPIER  (gra-te-pa-pié),  s.  m.  Terme 
de  dénigrement.  Copiste,  clerc,  expéditionnaire, 
ou  même  chétif  auteur,  écrivain,  journaliste.  ||  Au 
plur.  Des  gratte-papier  ou  papiers. 

GRATTER  (gra-té),  t).  a.  ||  1°  Entamer  légère- 
ment la  superficie.  Gratter  une  écriture  pour  l'efi'a- 
ccr.  Vandales....  qui  viennent....  Tout  restaurer, 
mœurs,  peuple  et  monuments  bclasl  Civiliser  la 
Grèce  et  gratter  Phidias,  v.  hugo,  Cr('p.  I2.  |1  Grat- 
ter une  maison,  enlever  la  couche  noire  mise  par  le 
temps.  On  dit  de  même  :  gratter  un  table.au.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Gratter  le  papier,  le  parchemin, 
gagner  sa  vie  en  travaillant  dans  la  basse  pratique. 
Il  Terme  de  graveur.  Rendre  plus  nourries  des  tail- 
les trop  délicates.  ||  Terme  de  chaudronnier.  Gratter 
le  cuivre,  le  bien  nettoyer  avant  l'étamage,  afin 
que  rétamage  prenne.  ||  Terme  de  relieur.  Gratter  un 
livre,  en  ouvrir  le  dos  avec  un  instrument  de  fer 
dentelé,  pour  y  faire  entrer  mieux  la  colle,  avant 
de  l'endosser.  Il  Terme  de  marine.  Gratter  un  vais- 
seau, racler  le  goudron  qui  est  dessus  et  en  purger 
la  carène.  ||  Terme  de  tailleur.  Tirer  avec  l'aiguille 
le  poil  pour  en  couvTir  quelque  couture.  ||  Terme  de 
manège.  Gratter  le  mur,  se  dit  de  l'élève  qui,  dans 
les  exercices,  approche  trop  du  mur.  ||  i'  Remuer 
avec  ses  ongles,  avec  le  sabot,  en  parlant  de  cer- 
tains animaïu.  Les  poules  grattent  le  fumier  pour 


GRA 

y  chercher  des  grains.  Il  jPégase]  n'est  plus  ci-; 
animal  lougneux  qui  hennit,  gratte  la  terre  du  pied, 
sf  cabre  et  déploie  ses  grandes  ailes,  diderot,  So- 
Innde  nai,  OEuv.  t.  xiv,  p.  234,  dans  pocgen^. 
Il  3°  Par  extension.  Gratter  la  terre  la  lalxiurer  lu- 
(^èrement.  Il  n'a  eu,  pour  ainsi  dire,  qu'à  gratter  la. 
terre  sous  un  ciel  plus  fortuné,  et  cet  avantage  l'a 
plongé  dans  la  misère  et  dans  l'indolence,  hatnal, 
llist.  phil.  XI,  25.  Il  Gratter  la  terre,  se  dit  aussi  de 
tout  labour  de  la  terre.  J'aime  cent  fois  mieux  vivre 
au  fond  de  la  campagne,  Pauvre,  grattant  la  terre, 
auprès  d'une  compagne,  collin  d'hablrville.  Vieux 
cclih.  Il,  2.  Il  Fig.  et  par  exagération.  J'aimeraij 
mieux  gratter  la  terre  avec  mes  ongles  que  de... 
c'est-à-dire  j'endurerais  plutôt  toutes  les  extrémités 
que  de....  114°  Frotter  légèrement  et  à  diverses  re- 
prises la  peau  avec  les  ongles  ou  quelque  chose  de 
semblable.  Gratter  l'endroit  qui  démange.  Et  de  .si 
main  noire  souvent  Le  grattait  derrière  et  devant, 
scakr.  Virg.  vu.  ||  Fig.  Gratter  l'épaule  à  quelqu'un, 
chercher  à  se  le  rendre  favorable.  ||  Se  gratter  la 
tête,  l'oreille,  faire  le  geste  de  se  gratter  comme  si 
la  tête,  l'oreille  démangeait,  ce  qui  est  un  signe 
d'embarras.  N'y  pouvant  rien  gagner,  je  me  gratle 
la  tête,  Régnier,  Sat.  xi.  Lors  je  dis,  me  grattant 
l'oreille  :  Autant  il  nous  en  pend  à  l'œil,  scahk. 
Virg.  II.  ...Je  lui  disais  donc,  en  me  grattant  la  tcte, 
Que  je  voulais  dormir,  rac.  Plaid,  i,  2.  ||  Par  exten- 
sion', faire  une  impression  désagréable  sur  le  sens 
du  goiH.  Ce  vin  gratte  le  gosier.  ||  6°  Fig.  et  fami- 
lièrement. Flatter,  caresser.  Ses  contrôles  perpé- 
tuels sur  le  pain  et  le  vin,  le  bois,  le  sel  et  la  chan- 
delle, ne  sont  rien  que  pour  vous  gratter  cl  vous 
faire  sa  cour,  mol.  VAv.  m,  5.  Il  le  gratte  par  où  il 
se  démange,  ID.  Bourg,  gent.  m,  4.  ||  Un  âne  grailo 
l'autre,  se  dit  de  deux  personnes  de  peu  de  méiii'; 
qui  se  louent  réciproquemenL  ||  6°  V.  n.  Fouiller 
avec  la  patte,  le  pied,  le  sabot,  etc.  Les  poules  ai- 
ment à  gratter.  ||  Fig.  M.  de  Grignan  a  bien  du  ca- 
quet; il  commence  à  gratter  du  pied,  sÉv.  4*0. 
li  Kig.  Faire  de  petits  profils  ou  de  petites  écono- 
i.iios.  C'est  un  homme  qui  trouve  à  gratter  surtout. 
Il  7"  Gratter  à  une  porte,  se  dit  d'une  manière  rcs- 
jcctueuse  d'avertir  qu'on  désire  entrer.  Comme  jo 
commençais  d'entrer  en  matière,  Ondedey  gratta  à 
la  porte,  retz,  iv,  2(3.  Pour  commencer  par  la 
[irirto  de  la  maison  d'un  prince  ou  d'un  grand  sei- 
gneur, ce  serait  incivilité,  en  cas  qu'elle  fût  fermée, 
lie  heurter  fort  et  plus  d'un  coup  ;  à  la  porte  des 
chambres  ou  du  tibinet,  c'est  ne  pas  savoir  V 
monde  que  de  heurter;  il  f.mt  gratter;  et,  quand 
on  gratte  à  la  porte  chez  les  rois  et  chez  les  princes, 
et  que  l'huissier  vous  demande  votre  nom,  il  le  faut 
dire  et  jamais  ne  se  qualifier  de  monsieur,  iVoui'. 
traité  de  la  civilité,  etc.  Paris,  (673,  ch.  4.  Gratter 
du  peigne  à  la  porte  Delà  chambre  du  roi,  mol.  Im- 
promptu, remerdment.  Un  de  la  suite  de  M.  de  Lor- 
raine gratta,  l'huissier  demanda  qui  est-ce?  st-sim. 
72,  (S4.  C'était  une  foule  d'écrivains  de  tout  rang,  de 
tout  état  et  de  tout  âge  qui  grattaient  à  la  porte  et 
qui  priaient  la  critique  de  les  laisser  entrer,  volt. 
Goût.  Il  8'  Par  plaisanterie.  Gratter  de  la  guitare,  grat- 
ter du  piano,  jouer  de  ces  instruments.  ||  Gratter  le 
quatuor,  la  symphonie,  y  faire  une  partie  d'instru- 
ment à  archet.  ||  9"  Se  gratter,  ti.  réfl.  Exercer  un 
frottement  sur  la  peau.  Cet  enfant  se  gratte  sans 
cesse,  il  a  quelque  éruption.  Ce  cheval  se  gratte 
contre  la  muraille.  1|  Fig.  Se  flatter  soi-même.  De 
qui  l'esprit  rogneux  de  soi-même  se  gratte,  réoxier, 
Sot.  IX.  Il  Ce  sont  deux  ânes  qui  se  grattent,  se  dit 
de  deux  ignorants  qui  s'encensent  mutuellement. 
Ces  ânes,  non  contents  de  s'être  ainsi  grattés,  S'ea 
allèrent  dans  les  cités  L'un  l'autre  se  prôner,  la 
FONT.  Fabl.  XI,  6.  Il  Proverbe.  Trop  parier  nuit,  trop 
gratter  cuit. 

—  HIST.  XII'  s.  En  la  cuisine  feroit  meilleur  eau- 
fer  [se  chaufTerJ  :  Quant  lui  plaisoit,  bien  s'i  por- 
roit  gratter,  Guill.  d'Orange,  Variantes,  t.  ii,  p. 
3(0.  Il  xiu'  s.  Et  on  dist  el  proverbe  :  tant  grate  kie- 
vre  [chèvre]  que  mal  gist,  Chr.  de  Hains,  p.  74. 
Nus  ymagicrs  paintres  ne  doit  ne  ne  puet  ven- 
dre chose  pour  dorée,  de  laquele  li  ors  ne  soil 
assis  seur  argent,  et,  se  li  ors  est  a.ssis  .seur  es- 
tain,  et  il  le  vent  pour  dorée  sans  dire,  l'euvre 
est  fausse,  et  doit  l'ors  et  li  estains  el  toutes  les 
autres  couleurs  cstre  gratées  tout  hors,  I.iv.  des 
met.  (58.  Quant  on  voit  que  le  |la|  letre  est  gratée 
etrescrite  el  liu  [lieu]  que  le  [la]  grature  fu,  bkaum. 
XXXV,  0.  Il  XV"  s.  Il  convient  que  trop  parler  nuysc. 
Ce  dit-on,  et  trop  graler  cuise,  cii.  d'orl.  Rondeau 
Il  XVI'  s.  Les  pauvres  maris  s'en  gratent  la  leste, 
voyans  la  pauvreté  venir  en  poste  chez  eux  sur  le» 
pierreries   des  Indes   et  les  toiles  d'or  d'Italie,  ca- 


GRA 

HOUE,  IB2.  Lui,  ayant  senti  se  grater  où  il  lui  de- 

manpooit,  a  incontinent  forgé  en  imagination  un 

:  ssein,  ii>.    166.  Il  y  trouva  entr'iiutres  Kervaqucs 

iit  allaché  à  l'oreille  du  roi,  et  le  roi  attentif  à  son 

ili^cours,  tellement  qu'on  avoit  esté  plus  d'une  hrfure 

pt  demie  à  lui  grattcT  les  pieds  sans  qu'il  pensast  à 

coucher,  d'aib.  tlist.  ii,  1H7.  A  ce  tressaillir,  du 

iaisir  qu'il  [Socrate]  sent  à  gratter  sa  jambe,  après 

Me  les  fers  en  furent  hors,  mont,  h,  12o.  Après  la 

•<ie  on  grale  3ateste[après  avoir  d(!'pensé,  on  se  re- 

'  lit),  COTGRAVE.  Oui  naist  de  geline,  il  aime  à  gra- 

:■  [on  hérite  des  inclinations  de  ses  parents],  m. 

li  suit  les  poules  apprend  à  grater  la  terre,  m. 

—  ËTYM.  Génev.  gratter  la  rogne  à  quelqu'un,  le 
natter;  provenç.  et  espagn.  gratar ;  ital.  gratlare ; 
has-lat.  cratare:  du  germanique  :  anc.  haut-allem. 
chrason;  i.sl.  kralta;  allem.  kratzen. 

t  GRATTERIE  (gra-te-rie),  s.  f.  Action  de  se 
i,Tatter,  habitude  de  se  gratter. 

—  HiST.  XVI"  s.  Si  est  la  graterie,  des  gralifîca- 
'ions  de  nature  les  plus  doulces,  etautantà  la  main; 
mais  elle  a  la  pénitence  trop  importunement  voi- 
sine, MONT.  IV,   370. 

t  GRATTEUR  (gra-teur),  s.  m.  Celui  qui  gratte. 
Un  de  la  suite  de  M.  de  Lorraine  gratta,  l'huissier 
deman<la  :  Qui  est-ce?  Le  gratteur  répondit  :  C'est 
M.  le  duc  de  Lorraine,  st-sim.  72,  1 84.  |!  Gratteur 
de  papier,  mauvais  écrivain.  Sans  craindre  le  scan- 
dale et  les  cris  indiscrets  Des  gratteurs  de  papier, 
des  faiseurs  de  caquets,  barbier,  Rev.  des  Deux- 
Ifondes,  mai  )S&5,  p.  499. 

GRATTOIR  (gra-toir),  s.  m.  ||  1°  Petit  instrument 
propre  à  effacer  l'écriture  en  grattant  le  papier, 
sorte  (!e  canif  à  lame  ovale.  ||  2"  Il  se  dit  de  di- 
vers instruments  qui  servent  à  gratter.  ||  3"  Sorte 
d'instrument  de  labourage.  Comme  le  tabac  fut  la 
première  production  dont  on  s'occupa,  que  ses  raci- 
nes ne  prennent  point  de  profondeur,  et  que  la  moin- 
dre écorchure  le  fait  périr,  on  n'employa  qu'un  sim- 
l'Ie  grattoir  pour  préparer  les  terres  qui  devaient  le 

■cevoir,  raynal,  Hist.  phil.  h,  26. 

—  ETYM.  Gratter. 

t  GRATTDRE  (gra-tu-r'),  s.  f.  Débris  provenant 
ilu  grattage  d'un  corps. 

—  KTYM.  Gratter. 

GRATCIT,  ITE  (gra-tui,  tui-t'),  adj.  ||  1°  Qu'on 
donne  pour  rien.  Consultations  gratuites.  Enseigne- 
ment primaire  gratuit.  Ce  que  l'on  n'obtient  que 
par  le  travail  n'égale  point  les  faveurs  gratuites  de 
la  nature,  fonten.  l'Uospital.  La  possession  même 
Je  la  vertu  n'est  pas  gratuite,  et  tant  mieux,  uider. 
Claude  et  Nér.  i,  06.  Le  contrôleur  général,  à  qui 
j'ai  offert  mes  services  à  condition  qu'ils  seraient 
gratuits,  me  disait  il  y  a  quelques  jours  qu'il  vou- 
drait bien  faire  quelque  chose  pour  moi,  d'alkmb. 
Lett.  au  roi  de  Pr.  io  juill.  (775.  ||  X  titre  gratuit, 
sans  qu'il  en  coûte  rien.  ||  Substantivement.  Établir 
un  milieu  [intermédiaire]  pour  les  personnes  qui 
ne  sont  point  tout  à  fait  indigentes,  entre  le  gratuit 
liumiliant  des  maisons  de  charité,  et  les  fortes  dé- 
penses que  les  maladies  occasionnent  chez  les  par- 
ticuliers, TENON,  Mém.  sur  les  hôp.  Préf.  f°  iv. 
Il  École  gratuite,  école  où  l'enseignement  est  gra- 
tuit. Il  On  dit  quelquefois  élèves  gratuits,  élèves 
qui  ne  payent  rien.  ||  Don  gratuit,  somme  que  le 
clergé  et  certaines  provinces  octroyaient  de  temps 
en  temps  au  roi  pour  les  besoins  de  l'État.  Ce  mot 
et  ce  privilège  de  don  gratuit  se  sont  conservés 
comme  une  trace  de  l'ancien  usage  où  étaient  tous 
les  seigneurs  de  (iefs  d'accorder  des  dons  gratuits 
aux  rois  dans  les  besoins  de  l'Etat,  volt.  Louis  XIV, 
26.  Il  2°  Kig.  Oui  n'a  pas  de  raison  suffisante.  Y  a-t-il 
rien  de  plus  gratuit  que  cette  admiration  pour  les 
mouches  et  que  ces  vues  morales  qu'on  voudrait 
leur  prêter,  que  cet  amour  du  bien  commun  qu'on 
leur  suppose?  buff.  Disc.  nat.  anim.  OEuv.  t.  v, 
p.  368.  C'est  par  l'extension  gratuite  d'une  analogie 
mal  fondée  que  l'on  a  supposé....  ID.  Ois.  t.  xv, 
p.  229.  Il  Supposition  gratuite,  supposition  sans  au- 
cun fondement.  ||  Méchanceté  gratuite,  insulte  gra- 
tuite, méchanceté,  insulte  qui  n'a  été  provoquée  par 
rien,  qui  est  faite  sans  motif  ou  sans  intérêt. 

—  HIST.  xvi*  s.  C'est  un  bénéfice  gratuit  de  sa 
largesse  envers  un  chacun,  calv.  Instit.  493.  Le  ju- 
gement de  la  raison  doit  estre  le  directeur  et  le 
maistre  du  donner  et  de  la  libéralité  gratuite,  non 
pas  la  honte  de  refuser,  amyot.  De  la  mauv.  honte,  n. 

—  ETYM.  Lat.  gratuitus,  gratuit,  dérivé  de  gra- 
tus,  agréable  (voy.  gré)  .  '' 

GRATUFTÉ  (gra-tui-té) ,  ï.  f.  ||  1»  Caractère  de  ce 
qui  est  gratuit.  La  gratuité  de  l'enseignement 
primaire.  J'espérai  qu?  la  réflexion,  venant  sur 
l'elfort  du  sacrifice  [de  Mme  d'Argonton  par  le  duc 


GRA 

d'Orléans],  sur  son  entière  gratuité,  rajnênerait 
ce  prince  dans  l'état  où  il  devait  être  avec  le  roi, 
sT-siM.  2r,4,  )6t.  Il  2°  TPi-mede  théologie.  Ce  qui  est 
pur  don  de  Dieu.  La  gratuité  de  la  prédestination. 

—  HIST.  XV*  s.  Lesquelz  compaignons  atant  se  dé- 
partirent sans  boire  no  recevoir  aucun  don  ne  gra- 
tuité, DU  CANGE,  graluitas.  ||  xvi*  s.  Tout  ce  que  Dieu 
nous  a  eslargi,  nous  le  tenons  de  gratuité,  afin  de 
dépendre  tuusjours  de  lui,  calv.  Imtit.  <08.  Et  si 
prestoit  de  l'argent  à  ses  amis  sans  leur  en  deman- 
der profit  ;  mais  sa  gratuité  estoit  bien  souvent  plus 
fascheuse,  que  s'il  en  eust  demandé  beaucoup  d'u- 
sure, AMY0T,  Cross.  4. 

—  ÉTVM.  Gratuit. 

GRATUITEMENT  (gra-tui-te-man), adv.  ||l»D'une 
manière  gratuite,  pour  rien,  sans  rétribution.  Vous 
êtes  vertueux  gratuitement,  balz.  liv.  vi,  lett.  8.  Sa- 
tan lui  répondit  :  lOst-ce  gratuitement  que  Job 
craint  Dieu?sAci,  Bible,  Job,  i,  9.  Nous  n'avons 
mangé  gratuitement  le  pain  de  personne,  m.  ib. 
St  Paul,  2«  épit.  aux  Thessal.  m,  8.  Nous  croyons 
que  nos  péchés  nous  sont  remis  gratuitement  par 
la  miséricorde  divine  à  cause  de  Jésus-Christ , 
Boss.  Exp.  doctr.  Ëgl.  calhol.  8.  Nous  devons 
sortir  de  cette  vie  comme  d'un  banquet...  en  re- 
merciant la  Divinité  qui  nous  y  invite  gratuite- 
ment, BERN.  DE  sT-p.  Mort,  de  Socr.  \\  2"  Fig.  Sans 
fondement,  sans  motif.  Nul  n'est  mauvais  gratuite- 
ment; il  faut  qu'il  y  ait  une  raison  qui  détermine, 
et  cette  raison  est  toujours  une  raison  d'intérêt, 
MONTESQ.  Lett.  pers.  83.  Je  n'ai  jamais  offensé  per- 
sonne ;  ils  [mes  ennemis]  m'accablent  gratuitement, 
VOLT.  Lett.  Tressan,  9  déc.  4  736.  Cet  homme  si 
gratuitement  célébré  par  le  philosophe  de  Ferney, 
était  à  la  tète  de  la  cabale,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de 
Pr.  22  août  (772. 

—  HIST.  XVI"  s.  Il  donne  gratuitement  ce  qu'il 
donne,  calv.  Instit.  231.  Comme  quelqu'autre  eust 
proposé  une  loy  pour  faire  gratuitement,  sans  rien 
payer,  distribuer  du  bled  à  chaque  citoyen,  il  s'y 
opposa  fortroidement,  amyot,  Marius,  5. 

—  ÉTY.M.  Gratuite,  et  le  suffixe  ment. 

t  GRAUWACKE  (grô-va-k'),  s.  f.  Terme  de  géo- 
logie. Sorte  de  grès  très- fin. 

—  ETYM.  AU.  grau,  gris,  et  Wacke,  nom  d'une 
roche  à  base  de  trapp. 

t  GRAVANCHE  (gra-van-ch'),  s.  f.  ou  GRAVAN 
(gra-van),  s.  m.  Poisson  du  lac  de  Genève,  variété 
du  thymalle  lavaret. 

GRAVATIER  (gra-va-tié;  Yr  ne  se  lie  jamais  ;  au 
pluriel,  l'ï  se  lie  :  desgra-va-tié-z  actifs),  s.  m.  Char- 
retier qui  enlève  les  gravois  ou  décombres. 

—  ÉTYM.  Gravats. 

GRAVATIF,  IVE  (gra-va-tif,  ti-v'),odj.  Terme  de 
médecine.  Qui  consiste  en  un  sentiment  de  pesan- 
teur. Douleur  gravadve. 

—  ETYM.  Dérivé  du  verbe  fictif  grraeer,  quisetrou\e 
dans aggrarer,  etqui  vientdu  latin  gravare,  peser  sur 
(voy.  GRAVE  et  gkief);  provenç.  gret'tad'u, oppressif. 

GRAVATS  (gra-và;  \'s  se  lie  :  des  gra-va-z  en  tas), 
s.  m.  pi.  Synonyme  de  gravois. 

—  ÉTYM.  Voy.  gravois. 

( .  GRAVE  (gra-v'.  Du  temps  de  Chifflet,  Gramm. 
p.  (83,  on  prononçait  grave),  od;.  ||  1"  Terme  de 
physique.  Qui  a  un  certain  poids.  Les  corps  graves. 
il  2°  Fig.  Qui  a  du  poids,  du  sérieux,  de  la  réserve. 
Et  certainement,  messieurs,  je  puis  dire  avec  con- 
fiance que  l'amour  do  la  justice  était  comme  né 
avec  ce  grave  magistrat,  et  qu'il  croissait  avec  lui 
dès  l'enfance,  boss.  le  Tellier.  Toujours  libre  dans 
la  conversation,  toujours  grave  dans  les  affaires, 
ID.  ib.  Une  gravité  trop  étudiée  devient  comique 
....cela  ne  s'appelle  pas  être  grave,  mais  en  jouer  le 
personnage  ;  celui  qui  songe  à  le  devenir  ne  le  sera 
jamais,  la  bhuy.  xii.  Il  en  est  des  manières  et  de  la 
façon  de  vivre  comme  des  modes  :  les  Français 
changent  de  mœurs  selon  l'âge  de  leurs  rois  ;  le 
monarque  pourrait  même  parvenir  à  rendre  la  na- 
tion grave  s'il  l'avait  entrepris,  montesq.  Lett.  pers. 
90.  11  avait  choisi  un  avocat  qu'il  croyait  fort 
grave  et  qui  n'était  que  pesant,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gmtal,  19  juill.  1776.  ||  3°  11  se  dit,  en  ce  sens,  des 
manières,  des  mœurs,  des  pensées,  du  style.  Des 
mœurs  graves  et  simples.  Enfin  d'un  maintien 
grave  et  d'une  voix  altière  Polynice  tout  haut 
pousse  cette  prière,  rotr.  Antig.  lu,  2.  La  pensée 
de  la  mort  ne  rendit  pas  sa  vieillesse  moins  tran- 
quille ni  moins  agréable  ;  dans  la  mémo  vivacité, 
on  lui  vit  faire  seulement  de  plus  graves  réflexions 
sur  la  caducité  de  son  âge,  boss.  le  Tellier.  L'air 
décent  est  nécessaire  partout;  mais  l'air  grave  n'est 
convenable  que  dans  les  fonctions  d'un  ministère 
important,  dans  un  conseil,  volt.  Dict.  phil.  Grave. 


GRA 


1923 


Le  style  grave  évite  les  saillies,  les  plaisanteries  ; 
s]il  s'élève  quelquefois  au  sublime,  si,  dans  l'occa- 
sion, il  est  touchant,  il  rentre  bientôt  dans  cette 
si^esse,  dans  cotte  simplicité  noble  qui  fait  son  ca- 
ractère; il  a  de  la  force,  mais  peu  de  hardics.se,  id. 
ib.  Il  4°  Qui  a  do  l'induence,  du  poids,  de  la  considé- 
ration. Une  autorité  grave.  Ne  pui»-je  pas  dire, 
pour  me  servir  des  paroles  fortes  du  plus  grave  des 
historiens  [Tacite],  qu'elle  allait  être  précipitée  dans 
la  gloire?  boss.  Duch.  d'Orl.  Un  auteur  grave  est 
celui  dont  les  opinions  sont  suivies  dans  les  ma- 
tières contentieuses;  on  ne  le  dit  pas  d'un  auteur 
qui  a  écrit  sur  des  choses  hoi-s  de  doute  ;  il  serait 
ridicule  d'appeler  Euclide,  Archimède  des  auteurs 
graves,  VOLT.  Dicl.  phil.  Grave.  Un  homme  grava 
est  celui  qui  s'est  concilié  de  l'autorité,  plus  par  sa 
sagesse  que  par  son  maintien,  id.  ib.  ||  6"  Impor- 
tant, de  conséquence.  David....  fait  venir  son  fils  et 
son  successeur,  et,  parmi  plusieurs  graves  avertis- 
sements, il  lui  donne  celui-ci  très-considérable.... 
BOSS.  Sermons,  Justice,  2.  Et  garde-toi  de  rire  en  ce 
grave  sujet,  boil.  Lutrin,  i.  Le  rôle  d'une  jolie 
femme  est  beaucoup  plus  grave  que  l'on  ne  pense; 
il  n'y  a  rien  de  plus  sérieux  que  ce  qui  se  pa.s,se  le 
matin  i.  sa  toilette,  au  milieu  de  ses  domestiques, 
monte.sq.  Lett.  pers.  (lo.  Vous  apportez  sans  doute 
à  ce  grave  entretien  Un  cœur  aigri,  blessé,  bien 
difiTérent  du  mien,  c.  delav.  Paria,  ii,  3.  ||  6"  Qui 
peut  entraîner  des  conséquences  fâcheuses.  C'est 
une  affaire  grave.  Affaire  grave,  cas  grave,  se  dit 
plutôt  d'une  cause  criminelle  que  d'un  procès  civil, 
volt.  Dict.  phil.  Grave.  Ces  discussions  prirent, 
dit-on,  un  caractère  plus  grave  vers  la  fin  de  )8i  t  ; 
un  témoin  assure  qu'alors  le  cardinal  Fesch,  jus- 
que-là étranger  k  la  politique,  la  mêla  à  ses  contro- 
verses religieuses,  ségur,  llisl.  deNap.  ii,  3.  ||  Dan- 
gereux. Blessure ,  maladie  grave.  Maladie  gravo 
suppose  du  danger, volt.  Dict.  phil.Grave.\\  7°  Tenue 
de  musique.  Il  se  dit  des  sons  que  produisent  un 
petit  nombre  de  vibrations  en  une  seconde,  par  op- 
position aux  sons  aigus  qui  sont  produits  par  beau- 
coup de  vibrations  en  ce  même  intervalle  de  temps, 
ces  sons  étant  considérés  comme  pesants  par  rapport 
aux  sons  aigus.  La  voix  de  ce  chanteur  est  assez  bclla 
dans  les  cordes  graves.  Le  freux  est  d'une  grosseur 
moyenne  entre  le  corbeau  et  la  corbine  ;  et  il  a  la 
voix  plus  grave  que  les  autres  corneilles,  buff.  Ois. 
t.  V,  p.  76.  Sa  voix  [du  buffle]  est  un  mugisseraenl 
épouvantable,  d'un  ton  beaucoup  plus  for'-  et  plus 
grave  que  celui  d'un  taureau,  m.  Uorc.  ehnisit, 
p.  4  56.  Il  Se  dit  aussi  d'un  mouvement  d'une  cer- 
taine lenteur.  ||  En  grammaire,  on  donne  quelque- 
fois à  tort  le  nom  de  grave  à  une  voyelle  dont  le 
son  est  profond  par  rapport  à  une  autre  dont  le 
son  est  plus  ouvert  ;  ainsi  dans  dge,  à  est  grave  pat 
rapport  à  l'a  dans  sage.  \\  8°  Terme  de  grammaire 
grecque.  Accent  grave,  certaine  modification  de  la 
voix  qui  s'opérait  quand  une  syllabe  finale  d'un  mot 
affecté  de  l'accent  aigu  se  trouvai  t  placée  entre  d'au- 
tres mots  sans  interruption  du  discours.  ||  Accent 
grave,  petit  signe  ainsi  figuré  (\)  qui  indique 
cette  modification  de  la  voix.  ||  Terme  de  gram- 
maire française.  Accent  grave,  accent  qui  est  tourné 
de  gauche  à  droite  (A  ).  L'accent  grave  sert  à  mar- 
i|uer  :  1"  un  e  un  peu  moins  ouvert  que  Ve  pleine- 
ment ouvert:  il  complète;  2*  un  e  absolument  ou- 
vert :  accès,  succès;  3°  à  distinguer  certains  mots 
(le  leurs  homonymes,  comme  la  préposition  à  du 
verbe  il  a,  l'adverbe  où  de  la  conjonction  ou,  l'ad- 
verbe là  de  l'article  la,  etc.  ||  En  ce  sens,  on  dit 
un  a  grave,  un  e  grave,  un  u  grave.  ||  9"  S.  m. 
Terme  de  physique.  Corps  pesant.  Newton  trouve 
que  la  force  qui  fait  tomber  les  graves  sur  la  sur- 
face (le  la  terre  s'étend  jusqu'à  la  lune  et  la  retient 
dans  son  orbite,  buff.  Ilist.  nat.  Preuv.  th.  terre, 
1. 1,  p.  189.  Les  découvertes  de  Galilée  sur  la  chute 
des  graves,  laplacs.  Expos,  v,  1 5.  ||  Nom  donné 
d'abord  au  poids  appelé  depuis  kilogramme. 
Il  10°  Terme  de  littérature.  Pensée,  style  grave. 
Heureux  qui  dans  ses  vers  sait  d'une  voix  légère 
Passer  du  grave  au  doux,  du  plaisant  au  sévère! 
iioiL.  Art  p.  I.  Le  gravo  est  au  sérieux  ce  que  le 
plaisant  est  à  l'enjoué  :  il  a  un  degré  de  plus,  et  ce 
degré  est  considérable,  volt.  Dicl.  phil.  Grave. 
jjll»  Terme  de  musique.  Ton  grave.  Pa.s»cr  de 
l'aigu  au  grave  et  du  grave  à  l'aigu.  Le  désordre 
est  dans  ses  chants  [au  rossignol],  il  saute  du  grava 
Il  l'aigu,  CHATEAUU.  Génie,  i,  v,  5. 

—  REM.  Dans  le  sens  physique,  il  se  met  après  le 
substantif  :  un  corps  grave.  Dans  le  sens  moral  il 
peut  précéder  le  substantif,  un  grave  magistrat,  un 
magistrat  grave. 

—  SYN.  GRAVE,  GRIEF.  Ces  dcux  mots  ne  sont  sy- 


1924 


GRA 


(lOnymes  que  dans  dos  locutions  de  ce  genre  :  bles- 
sure grave,  blessure  griove.  Grief  est  la  forme 
anciniiiiedérivée  du  latin  gravis;  grave  est  la  forme 
moderne  de  ce  même  mot  latin.  Il  n'y  a  donc  entre 
ces  deux  mots  d'autre  nuance  sinon  que  grave  est 
[ilus  habituel  que  grief,  frappéd'une  certaine  désué- 
tude. Il  GRAVE,  siîniEux.  Un  homme  grave  n'est  pas 
celui  qui  ne  rit  jamais  ;  c'est  celui  qui  ne  cho- 
i|UO  point  les  bienséances  de  son  état,  de  son  Sgo 
et  de  son  caractère.  L'homme  sérieux  est  celui  qui 
so  livre  rarement  à  des  mouvements  de  vivacité, 
de  plaisanterie,  ou  bien  qui  s'occupe  en  son  esprit 
de  choses  importantes,  méditations  ou  affaires. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  maladies,  la  pauvreté....  sont 
subjects  graves,  et  qui  grèvent,  mont,  m,  3oa.  Nul 
homme  grave  et  judicieux  ne  peult  faire  estime  de 
ces  choses,  iD.  iv,  7.  Ainsi  l'a  écrit  Corneille  Tacite, 
auteur  bon  et  grave  des  plus  et  certes  croyable,  la 
BOÉTiE,  Serv.  volont. 

■~-  ÉTYM.  Lat.  gravis,  pesant;  sanscrit,  junw, pe- 
sant. 

t  2.  GRAVE  (gra-v'),i.  f.  ||  l»  Terme  des  pêcheurs 
de  Terre-Neuve.  Le  rivage  où  l'on  fait  sécher  les 
morues  au  soleil.  Les  rivages  [de  Terre-Neuve]  sont 
divisés  en  autant  de  parties  qu'il  y  a  de  place  dans 
le  havre;  c'est  ce  qu'on  appelle  grève  ou  grave;  la 
grave,  défrichée  et  nettoyée,  sert  à  étendre  et  à 
faire  sécher  le  poisson,  hautefeuille.  Code  de  la 
pêche  maritime,  p.  230.  ||  2"  Au  plur.  Graves,  nom 
donné  dans  la  Gironde  à  un  terrain  formé  do  gra- 
viers, de  sablon,  de  sable  et  d'argile  qui  couvre  les 
plateaux  et  les  collines. 

—  Ktym.  Le  même  que  grève.  Grave  est  le  terme 
employé  pour  Tcirc-N'euve  dans  l'Ordonn.  d'aoïK 
)08(,  V,  VI,  4. 

t  3.  GRAVE  (gra-v'),  s.  m.  Vin  blanc  provenant 
des  environs  de  Grave,  dans  le  Bordelais. 

GRAVE ,  ÉE  (gra-vé,  vce) ,  part,  passé  de  graver. 
Il  1°  Tracé  au  burin.  Et  que  sur  mon  tombeau  ce 
grand  titre  gravé,  cohn.  Serlor.  m,  4.  Les  vers  de 
Tycho  Brahé  furent  gravés  sur  l'instrument  qui  les  lui 
avait  inspirés,  mauian,  Élog.  de  Ilalley.  Le  groupe 
d'enfants,  la  tête  de  femme,  les  deux  petites  tètes,  la 
femme  qui  dort  avec  son  enfant,  gravés  au  crayon, 
mais  à  plusieurs  crayons,  sont  d'un  effet  vraiment 
surprenant,  dioer.  Salon  de  (767,  CEitw.  t.  xv, 
p.  4  39,  dans  POL'GENS.  Il  Marqué  de  dessins  faits  au 
burin.  Pierre  gravée.  ||  Fig.  Avoir  le  visage  gravé  de 
petite  vérole,  en  être  tout  marqué.  {|  Dans  le  lan- 
gage administratif,  sur  les  signalements.  Gravé,  qui 
porte  les  marques  do  la  petite  vérole.  ||  2°  Fig.  Em- 
preint profondément.  Dont  les  faits....  Dans  les 
cœurs  des  Flamands  sont  encore  graves,  bégnieu, 
.Val.  VI.  La  loi  de  la  nature,  gravée  au  cœur  de  tous 
les  hommes,  nous  parle  intérieurement,  patuu, 
Plaidoyer  9,  dans  bichelet.  Ô  lamentable  aveu- 
glement! rien  n'est  gravé  si  avant  dans  le  cœur 
do  l'homme  [que  l'idée  de  Dieu],  et  rien  ne  lui 
sert  moins  dans  sa  conduite,  Boss.  la  Vallière.  Ce 
qu'il  avait  dit  demeurait  gravé  dans  tous  les  cœurs, 
Ki'N.  /(,'i.  XI.  Ses  bienfaits  sont  toujours  présents 
k  ma  pensée;  Us  resteront  gravés  dans  mon  âme 
oiïonsée,   volt,  l'ancr.  iv,  6. 

t  GRAVELADE  (gra-ve-la-d'),  s.  f.  Un  des  noms 
do  la  clavelée. 

t  GRAVELAfiE  (gra-ve-la-j') ,  i.  m.  Action  de 
graveler.  Le  gravelage  d'une  allée. 

—  ETVM.  Graveler. 

GRAVELÉE  (gra-ve-lce),  adj.  f.  Cendre  gravelée, 
cendre  faite  avec  de  la  lie  de  vin  qu'on  brûle. 

—  HIST.  xiii'  s.  Cendre  clavelée  en  char  doit  qua- 
tre deniers  de  chaucie,  en  charrette  deux  deniers, 
à  .sommier  obole,  Liv.  des  met.  278.  ||  xvi'  s.  Et  du 
(.;ro3  [le  résidu  des  lies  do  vin  pressées]  qui  en 
poïiendra,  faire  cendres  gravelées  ou  autrement 
l'employer,  Ordonn.  déc.  IB85. 

—  ETYM.  Malgré  clavelée  qu'on  trouve  dans  un 
tcxcc  du  xiu'  siècle,  il  n'est  pas  douteux  que  grave- 
Ue  tient  à  gravelle. 

\  GRAVELER  (gra-vc-lé.  VI  se  double  quand  la 
syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  gravelle,  je  gravel- 
lerai),  v.  a..  Couvrir  ilc  gravier.  Graveler  une  allée. 

—  ETYM.  Gravelle. 

\  GRAVELET  (gra-ve-lè),«.  wi.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  grimpereau. 

GRAVELEUX,  ECSE  (gra-ve-leû,  leû-z'),  adj. 
I|l"  Oui  est  mêlé  de  gravier.  ||  Terme  d'agriculture. 
Composé  de  petites  pierres  arrondies,  de  cailloux 
roulés,  mêlés  à  du  sable,  à  du  calcaire  divisé.  Les 
sols  graveleux  sont  généralement  très-perméables, 
et  s  échauffent  beaucoup  au  soleil  ;  ils  laissent  faci- 
lement brûler  les  plantes  et  dépensent  beaucoup 
a  engrais.  Non-seulrmert  les  terres  noires  et  fertiles, 


GRA 

mais  les, argileuses  et  les  graveleuses,  récompen- 
sent l'Iiomme  de  ses  peines,  fén.  Èxist.  i,  <). 
Il  2"  Terme  de  médecine.  Qui  est  relatif  à  la  gra- 
velle, ou  qui  la  dénote.  Affection  graveleuse.  Urine 
graveleuse.  ||  Qui  est  sujet  à  la  gravelle.  Il  est  gra- 
veleux. Il  S.  m.  Un  homme  affecté  de  la  gravelle. 
Les  graveleux  sont  sujets  à  de  violentes  douleurs. 
Il  3-"  Fig.  Oui  fait  sur  l'esprit  le  même  effet  qu'un 
gravier  qu'on  rencontre,  qui  blesse  par  une  sorte 
d'impudeur,  qui  est  trop  libre  et  voisin  de  l'obscé- 
nité. Voulez-vous  un  sujet  gai...?  Oui,  et  même  uu 
peu  graveleux,  uider.  Salon  de  (765,  (JEuv.  t.  xiu? 
p.  (80,  dans  pougens.  Être  un  faiseur  habile  De 
contes  graveleux,  bérang.  Roger  B. 

—  HIST.  XVI"  s.  Qu'on  eslise  plustost  la  terre  gra- 
veleuse, que  la  pierreuse,  o.  de  serbes,  8.  Les  tour- 
mentés de  coliques  graveleuses,  pierres  et  douleurs 
de  reins,  ID.  926. 

—  ÊTYM.  Gravelle. 

t  GRAVELIN  (gra-ve-lin) ,  s.  m.  Un  des  noms  du 
chêne  pédoncule,  chêne  à  grappes. 

GRAVELLE  (gra-vè-1'),  s.  f.  \\  i'  Terme  de  méde- 
cine. Nom  donné  à  de  petits  corps  granuleux  sem- 
blables à  du  sable  ou  à  du  gravier  (|u'on  trouve  réu- 
nis au  fond  du  vase  dans  lequel  l'urine  de  certaines 
personnes  s'est  refroidie.  ||  Maladie  qui  consiste  en 
dos  urines  chargées  de  cette  gravelle  devenue  assez 
grosse  pour  causer  des  douleurs  vives  à  mesure 
qu'elle  va  des  reins  dans  la  vessie.  Son  père  est 
mort  de  la  gravelle,  sÉv.  42).  La  Chalotais  obéit, 
cjuand  la  maréchaussée  le  traîne  en  prison  h  Loches, 
à  l'âge  de  soixante  et  quatorze  ans,  pissant  le  sang, 
ccorché  de  gravelle,  volt.  Lett.  Florian,  7  mars 
(774.  Il  2"  Un  des  noms  de  la  petite  tumeur  des 
paupières  plus  communément  appelée  grêle  ou 
chalazion.  ||  3»  Nom  donné  à  la  lie  de  vin  desséchée. 

—  HIST.  xu«  s.  E  plut  sur  els,  sicume  puldre, 
carz  [et  chair  plut  sur  eux  comme  poudre] ,  et  si- 
cume gravele  de  mer  oisels  empennez,  lAber  psalm. 
p.  <07.  Et  li  douz  sons  du  ruissel  sur  gravele. 
Coud,  xviii.  Il  xiii°  s.  En  un  verger,  lez  une  fonta- 
nelle. Dont  claire  est  l'onde  et  blanche  la  gravelle, 
Romane,  p.  37.  Se  hom  tret  à  son  col  charetce  d'ar- 
rement  ou  de  gravele,  et  il  i  a  devant  cheval,  si 
doit  un  denier,  Liv.  des  met.  294.  ||  xiv  s.  Fol  qui 
édifie  sur  gravelle  sa  maison,  Chr.  de  St-lhi^js, 
t.  I,  f"  30,  dans  LACL'tiNE.  Il  XVI'  s.  La  douleur  de 
reins  qui  provient  de  pierre  ou  de  gravelle,  est  ap- 
pellée  néphrétique  passion,  o.  de  serbes,  925. 

—  ÊTYM.  Wallon,  grèfo(e;namurois,5rar!aie,-  pro- 
vonç.  gravel.  s.  m.;  de  grave  2. 

GRÀVELURE  (gra-ve-lu-r') ,  s.  f.  Propos  trop  li- 
bre et  voisin  de  l'obscénité.  Cet  homme  aime  la  gra- 
velure.  Cet  auteur  a  donné  au  théâtre  un  grand 
nombre  de  comédies  pleines  de  gravelures  et  de 
gros  sel  ;  mais  il  s'en  est  repenti  avant  sa  mort,  lr 
SAGE,  Diable  boit.  chap.  (3,  dans  pougens. 

—  ËTYM.  Voy.  GRAVELEUX. 

GRAVEMENT  (gra-ve-man),  adv.  ||  1°  Avec  gra- 
vité, d'une  manière  composée.  11  s'est  gravement 
avancé  vers  nous.  Et  la  troupe,  à  l'instant  cessant 
de  fredonner.  D'un  ton  gravement  fou  se  mit  à  rai- 
sonner, BOiL.  Sat.  lu.  ...Je  lui  disais  donc  en  me 
grattant  la  tête  Que  je  voulais  dormir  :  présente 
ta  requête  Comme  tu  veux  dormir,  m'a-t-il  dit  gra- 
vement.... RAC.  Plaid,  i,  2.  Cydias,  après  avoir 
toussé,  relevé  sa  manchette,  étendu  la  main  et  ou- 
vert les  doigts,  débite  gravement  ses  pensées  quiii- 
tessenciées,  la  bbuy.  v.  Quand  la  gravité  n'est  que 
dans  le  maintien,  comme  il  arrive  très-souvent,  on 
dit  gravement  des  inepties  ;  cette  espèce  de  ridicule 
inspire  de  l'aversion,  volt.  Dict.  phil.  Grave. 
Il  2°  Dangereusement,  d'une  manière  à  entraîner  de 
f.lcheuses  conséquences.  Il  a  été  gravement  malade. 
Il  s'est  gravement  compromis.  ||  3°  Terme  de  mu- 
sique. Il  indique  un  mouvement  lent,  mais  moins 
lent  que  le  mouvement  indiqué  par  lentement.  On 
dit  et  on  écrit  plus  ordinairement  grave  en  italien. 

—  ÊTYM.  Grave,  et  le  suffixe  ment  ;  bourg,  grni- 
vemarx. 

GRAVER  (gra-vé),  «.  o.  ||  1"  Tracer  quelque  fi- 
gure avec  le  burin,  avec  le  ciseau.  Graver  une  in- 
scription. Ces  caractères  avaient  été  gravés  sur  le 
marbre.  Qui  me  donnera  le  burin  que  Job  désirait 
pour  graver  sur  l'airain  et  sur  le  marbre  cette  parole 
sortie  de  sa  bouche  en  ses  derniers  jours,  que.... 
iioss.  le  Tellier.  Tandis  que  l'ennemi,  par  ma  fuite 
trompé,  Tenait  après  son  char  un  vain  peuple  oc- 
cupé. Et,  gravant  en  airain  ses  frêles  avantages,  De 
mes  États  conquis  enchaînait  les  imagos,  bac.  Mithr. 
m,  ( .  Il  Fig.  Ses  rides  sur  son  front  ont  gravé  ses  ex- 
ploits, CORN.  Cid,  I,  I .  Il  Absolument.  Graver  sur 
l'airain.  Graver  sur  des  pierres  précieuses.  Graver 


GRA  ^ 

en  creux.  Graver  en  relief.  ||S«  Particulièrement.* 
Graver  sur  une  planche  de  cuivre,  sur  le  bois,  la 
copie  d'un  tableau,  d'un  dessin,  de  lettres,  etc.  afin 
que  ce  tableau,  ce  dessin,  ces  lettres,  etc.  soient  re- 
produits plusieurs  fois  sur  le  papier,  sur  la  toile,  etc 
Graver  un  tableau,  un  dessin,  de  la  musique,  des 
exemples  d'écriture.  M.  le  Verrier,  mon  illustre 
ami,  ayant  fait  graver  mon  portrait  par  Drevet,  cé- 
lèbre graveur,  boil.  l'oés.  div.  xi.  Louis  XIII,  ayant  • 
pris  Nancy,  souhaita  que  le  célèbre  Jacques  Callot 
en  gravât  le  siège;  Callot  s'excusa  sur  ce  qu'il  était 
né  sujet  duducde  Lorraine,  saintfoix,  Ess.  Paris, 
OEuv.  t.  V,  p.  385,  dans  pougens.  ||  Absolument. 
Graver  sur  le  cuivre  au  burin.  Graver  en  taille 
douce.  Graver  sur  bois,  et,  activement,  graver  un 
bois.  Les  anciens  gravaient  sur  du  cuivre;  coni- 
ment  n'ont-ils  point  fait  réflexion  qu'en  e.vpri- 
mant  sur  du  papier  ce  qu'ils  avaient  gravé,  ils 
pourraient  écrire  en  un  moment  ce  qu'on  avait 
été  si  longtemps  à  graver  avec  le  burin?  rollin, 
Hist.  anc.  diuv.  t.  x,  p.  407 ,  dans  poigens. 
I  Graver  une  médaille,'  une  monnaie,  graver  le  poin- 
çon avec  lequel  on  frappe  cette  médaille,  cette  mon- 
naie. Il  Graver  des  caractères  d'imprimerie,  graver 
les  poinçons  avec  lesquels  on  frappe  les  matrices 
employées  à  la  fonte  des  caractères  d'imprimerie. 
'i3°Fig.  Empreindre,  marquer.  Gravez  ces  paroles 
que  je  vous  dis  dans  vos  cœurs  et  dans  vos  esprits, 
SACi,  Bible,  Deuteron.  xi,  (8.  Quand  on  est  instruit, 
on  comprend  que,  la  nature  ayant  gravé  son  image 
et  celle  de  son  auteur  dans  toutes  choses,  elles 
tiennent  presque  toutes  de  sa  double  infinité,  pasc. 
Pensées,  art.  m,  '^4,  édit.  LAiii  BE,  (880.  Moi,  je 
l'excuserais!  ah!  vos  bontés,  madame.  Ont  gr.ive 
trop  avant  ses  crimes  dans  mon  ûmo,  bac.  Andr. 
IV,  3.  Oui,  madame,  je  veux  que  ma  reconnaissance 
Désormais  dans  les  cœurs  grave  votre  puissance,  m. 
Prit.  IV,  2.  Ces  morts,  cette  Les bos,  ces  cendres, 
cette  flamme  Sont  les  traits  dont  l'amour  l'a  gravé 
[.•\chille]  dans  votre  âme,  m.  Iph.  Ii,  5.  Il  n'appar- 
tenait qu'à  Dieu  seul  de  graver  la  loi  dans  1  mus 
cfpurs,  MASS.  Avent,  Circonc.  L'instruction  faittout, 
et  la  main  de  nos  pères  Grave  en  nos  faibles  cœurs 
ces  premiers  caractères,  volt.  Zaïre,  i,  l.  Je  grave 
dans  sa  tête  un  très-bon  principe,  c'est  qu'il  vaut 
mieux  faire  une  politesse  gauchement  que  de  ne  la 
point  faire  du  tout,  genlis,  Thédt.  à^éduc.  les  Faux 
amis,  II,  <  I.  Il  4°  Se  graver,  v.  réfl.  Etre  gravé.  Les 
décalques  se  gravent  plus  difficilement  que  les  des- 
sins. Il  Fig.  Être  empreint  profondément.  Ces  pa- 
roles se  gravaient  dans  son  cœur....  fén.  Tél.  xxu. 
Ce  qu'un  autre  nous  dit  se  grave  sur  le  sable  ;  Ce 
que  nous  nous  disons  se  grave  sur  l'airain,  la  motte, 
Fables,  iv,  (9.  ||  5"  Terme  d'artificier.  Se  graver, 
se  percer,  se  fendre.   Une  cartouche  qui  se  grave. 

—  HIST.  XV»  s.  Pour  une  pièce  platte  d'argent  doré, 
et  en  icelle  avoir  fait  escrire  et  graver  en  lettres  es- 
inaillées  :  Rex  Francorum....  de  la  bobde.  Émaux, 
p.  345.  Il  XVI'  s.  Une  pièce  d'or,  où  estoient  gravées 
quelques  figures  célestes,  mont,  i,  96.  L'homme 
nud  et  vuide...  c'est  une  charte*  blatnche  préparée 
i'i  prendre  du  doigt  de  Dieu  telles  formes  qu'il  luy 
plaira  d'y  graver,  m.  ii,  238.  Il  y  feit  mettre  et  gra- 
ver cette  inscription  :  Cornelia  mère  des  Gracques, 
AMTOT,  les  Gracques,  37.  Et  les  corselets  gravez, 
arec  les  bourguignotes  de  mesme,  carloix,  v,  32. 

y-  ÊTYM.  Espagn.  grabar;  de  l'allem.  grabeii, 
creuser  ;  néerl.  graven;  mots  qui  ont  pour  congé- 
nères seribere,  écrire,  scrobs,  fosse,  fpiçEiv,  écrire. 

t  GRAVETfE  (gra-vè-f),  s.  f.  Terme  de  pêche. 
Sorte  de  vers  qui  servent  d'appât 

GRAVEUR  (gra-veur),  s.  m.  |1 1"  Celui  dont  l;i 
profession  est  de  graver.  Un  graveur  en  pierre  fine. 
Graveur  sur  acier,  sur  bois,  sur  métaux.  Le  graveur 
en  taille  douce  est  proprement  un  prosateur  qui 
se  propose  de  rendre  un  poète  d'une  langue  dans 
une  autre,  didebot,  Salon  de  <78.'),  OEuv.  t.  xiu, 
p.  355,  dans  pougens.  ||  Adj.  Apprenti  graveur. 
Il  Bain  graveur,  liquide  qui  sert  à  la  gravure  sur 
cristal  et  sur  verre.  ||  2°  Celui  qui  fait  profession 
de  graver  la  musique. 

—  HIST.  XVI'  s.  Mathée  Dalnassar,  de  Veronne, 
graveur  dudict  seigneur  [le  roi],  Bibl.  des  char.  6' sé- 
rie, t.  i,  p.  478. 

—  ÉTYM.  Graver. 

GRAVI,  lE  (gra-vi,  vie),  pan.  passé  de  graTir. 
Une  pente  raide  et  gravie  à  grand'peine. 

t  GRAVIDE  (gra-vi-d'),  adj.  .Terme  de  médecine 
usité  seulement  en  cette  locution  :  matrice  gravide, 
utérus  gravide,  utérus  qui  contient  un  embryon  ou 
un  fœtus  par  opposition  à  utérus  vide  ou  hors  de 
l'état  de  grossesse. 

—  ÊTYM.  Lat.  gravidus,  qui  se  dit  des  femmes 


GRA 

grosses  et  qui  vient  de  gravis,  pesant ,  la  grossesse 

appesantissant  les  femmes, 
t  GBAVIDISMK  (gra-vi-di-sm'),  s.  m.  Terme  de 
liysiologie.  Ensemble  des  conditions  que  présente 

la  femme  grosse,  en  ce  qui  concerne  tant  l'appareil 

générateur  que  les  autres  appareils. 

—  ÉïYM.  Gravide. 

GHAVIER  (gra-vié  ;  IV  ne  selio  jamais;  au  plu- 
riel, l's  se  lie  :  des  gra-vié-z  aigus),  s.  m.  ||  1°  Gros 
I  sable  mêlé  de  fort  petits  cailloux.  Qu'est-ce  eu  ef- 
fet pour  toi,  grand  monarque  des  Gaules,  Qu'un  tas 
de  sable  et  de  graviers?  Que  faire  de  mon  île?  il 
n'y  croît  que  des  saules,  Et  tu  n'aimes  que  les  lau- 
i'.ers,  BomuN,  Placet  au  roi  pour  les  lies.  Un  tor- 
rent débordé  qui,  d'un  cours  orageux.  Roule  plein 
Je  gravier  sur  un  terrain  fangeux,  boil.  Art  p.  i. 
I^CaliguIa]  monstre  aussi  inconséquent  qu'insensé, 
tu  affectes  le  mépris  pour  les  ouvrages  de  Sénèque, 
lu  les  appelles  des  amas  de  gravier  sans  ciment,  et 
la  le  veux  faire  mourir,  dider.  Claude  et  Nér.  i,  6. 
2^  Petite  pierre  qui  se  trouve  dans  le  sédiment 
des  urines.  Ce  i)etit  gravier  s'étant  mis  là  [dans  les 
voies  urinaires],  il  [Cromwell]  est  mort,  PASC. 
Pens.  <Hv.  20,  édit.  faugèhe. 

-  Hisr.  xii"  s.  X cel  cuntemple,  li  Philistien  s'as- 
semlilerent  à  bataille  senz  numbro,  cume  li  gra- 
viers ki  est  al  rivage  de  mer,  Ilois,  p.  42.  ||  xv*  s.  Le 
duc  do  Lancastre  et  le  roi  de  Portugal  vinrent  à  ce 
passage,  pourtant  que  le  gravier  y  est  bon  et  ferme 
et  sans  péril,  froiss.  ii,  m,  82.  ||xvi'  s.  Il  usera  de 
poissons  de  gravier,  pabé,  v,  26. 

—  ETVM.  Wallon,  gravi,  grève;  provenç.  gra- 
vier ;  de  grave  2. 

t  GUAVIËRE   (gra-viè-r'),  s.  f.  Pluvier  à  collier. 

f  GK  A  VIGRADE  (gra-vi-gra-d'),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  marche  pesamment.  ||  S.  m.  pi.  Ordre  de  la 
classe  <les  mammifères  dont  la  démarche  est  pesante. 

—  ÉTYM.  Lat.  gravis,  pesant,  et  gradus,  marche, 
t  GRAVIMÈTRE  (gra-vi-mc-tr'),  s.  m.  Terme  de 

physique.  Sorte  d'aréomètre  servant  à  peser  tous 
les  liquides,  par  suite  d'un  lest  additionnel,  appelé 
plongeur,  qu'on  peut  ajouter  à  sa  partie  inférieure. 

—  ETYM.  Lat.  gravis,  pesant,  et  mètre,  mesure. 

t  GRAVINCHON  (gra  vin-chon),  s.  m.  Variété  de 
prune  des  environs  d'Amiens. 

GRAVIR  (gra-vir),  v.  n.  ||  1°  Monter  avec  effort  à 
quelque  endroit  escarpé  en  s'aidant  des  pieds  et 
des  mains.  Gravir  au  haut  d'une  muraille.  La  bota- 
nique veut  que  l'on  coure  les  montagnes  et  les  fo- 
rêts, que  l'on  gravisse  contre  des  rochers  escarpés, 
que  l'on  s'expose  aux  bords  des  précipices,  fonten. 
Tournefort.  \  |  Activement.Gravir  une  muraille,  un  re- 
tranchement.il  2°  11  se  ditsimplement  au  sensde  mon- 
ter avec  effort  une  pente  roide.  Gravir  jusqu'au  som- 
met de  la  colline.  Une  pente  de  verglas  y  entraînait 
les  voitures,  elles  s'y  enfonçaient  :  pour  les  en  reti- 
rer, il  fallait  gravir  contre  la  rampe  opposée,  sur  un 
chemin  de  glace,  où  les  pieds  des  chevaux  cou- 
verts d'un  fer  usé  et  poli  ne  pouvaient  pas  mordre, 
sÊGUR,  Ilist.  de  Nap.  ix,  9.  Un  seul  passage  encore  à 
la  fuite  est  ouvert  :  Leurs  enfants  dans  les  bras,  les 
mères  y  gravissent,  lamart.  Harold,  25.  ||  Active- 
ment. Là  [ils]  gravissent  les  monts  et  les  rochers 
arides....  ii.  j.  chén.  Charles  IX,  i. 

—  HIST.  xiii"  s.  Luxure  n'est  de  riens  endormie 
ne  crampe  ;  Partout  queurt  [court] ,  partout  monte, 
partout  gravist  et  rampe,  j.  de  meunO;  Test.  753. 
Ou  [au]  vergier  ot  daims  et  chevrions.  Et  moult 
grant  plenté  d'escoirions  [écureuils],  Qui  par  ces  ar- 
bres gravissoient,  la  Rose,  1384.  ||  xvi"  s.  Il  y  a  des 
rochers  fort  aspres  à  monter,  au  long  desquelz  tou- 
tefois il  gravit  tant,  que....  amyot,  Cam.  44.  Hom- 
mes légers  et  dispos,  accoustumez  de  gravir  aux 
montagnes,  m.  Fab.  is.  Deux  petits  ramereaux  je 
porto  à  mon  Olive,  Dénichez  d'un  grand  orme  à 
gravir  mal-.aisé,  bons.  743. 

-ÉTYM.  Bourguign.  graivi;  Berry,  jrai'er  (Il 
;,'ravoit  as  arbres  comme  ung  chat,  bab.  Garg.  i, 
23).  Origine  incertaine.  Diez  pense  qu'il  vient  d'une 
forme  gradire,  qui  est  italienne  et  qui  dérive  du 
latin  gradus,  pas  :  gra-ir,  d'où  gravir  par  l'inter- 
calation  d'un  v,  comme  dans  povoir  de  l'ancien 
pooiV.  Mais  à  côté  de  gravir  est  la  forme  de  graver 
qui  ne  se  prête  pas  bien  à  une  telle  explication. 

t  GRAVISSET  (gra-vi-sc),  GRAVISSO\  (gra-vi- 
son)  ou  GRAVISSEUU  (gra-vi-seur),  s.  m.  Ondes 
r.oms  vulgaires  du  grimpereau. 

—  ÈTYM.  Gravir. 

t  GRAVITANT,  ANTE  (gra-vi-tan,  ten-t'),  adj. 
Oui  gravite.  Donc  il  n'y  a  dans  toutes  les  planètes 
aucune  partie  moins  grav.'iante  qu'ime  autre,  volt. 
Phil.  Ifewt.  III,  7. 

GRAVITATION  (gra-vi-ta-sion  ;  en  vers,  de  cinq 


GRA 

syllabes),  s.  f.  Terme  de  physique.  Force  en  vertu 
do  laquelle  toutes  les  particules  de  la  matière  pèsent 
les  unes  sur  les  autres  en  rai>:on  directe  do  leur 
mas.so  et  en  raison  iuver.se  du  carré  de  leur  distance. 
Newton  a  calculé  la  gravitation,  m.iis  il  n'en  a  pas 
découvert  la  cause ,  volt.  Lett.  à  il.  L.  C.  23  déc. 
<708.  Le  premier  fait  du  renflement  de  la  terre  à 
l'équateur  et  de  son  aplatissement  aux  pôles  est 
mathématiquement  démontré  et  physiquement 
prouvé  par  la  théorie  de  la  gravitation  et  par  les 
expériences  du  pendule,  bufp.  Époq.  nal.  t.  vu, 
p.  9.  On  trouve  dans  la  Henriade  une  éloquente, 
une  brillante,  une  judicieuse  traduction  en  vers  du 
système  de  la  gravitation,  villemain,  Lilt.  fr.  xviii' 
siècle,   2»  partie,  2"  leçon. 

—  ÈTYM.  Graviter. 

GRAVITÉ  (gra-vi-té),  s.  ^.  ||  1°  Pesanteur.  Le 
corps  ne  manque  jamais  de  se  situer  de  la  manière 
la  plus  convenable  pour  se  soutenir  ,  en  sorte  que 
les  partiesont  toujours  un  même  centre  de  gravité, 
qu'on  prend  au  juste,  comme  si  on  savait  la  méca- 
nique, Boss.  Connaiss.  ii,  13.  La  figure  des  corps  ne 
change  en  rien  leur  gravité;  ce  pouvoir  de  gravita- 
tion agit  donc  sur  la  nature  interne  des  corps,  et  non 
en  raison  des  superficies,  volt.  Phil.  Nevtt.  m,  1 1 . 
'I  Centre  de  gravité,  point  d'un  corps  situé  de  telle 
façon  qu'une  force  appliquée  en  ce  point  tiendra  le 
corps  en  équilibre.  De  ta  chute,  ignorant,  ne  vois-tu 
pas  les  causes,  Et  qu'elle  vient  d'avoir  du  point  fixe 
écarté  Ce  que  nous  appelons  centre  de  gravité?  mol. 
Femmes  sav.  m,  2.  ||  2°  Fig.  Qualité  d'ime  personne 
grave,  ou  d'une  chose  grave.  Je  marquerais  tel  en- 
droit de  Bocace  qui  eût  fait  perdre  la  gravité  à  ***, 

BALZ.  Liv.  VI,  lett.  4 Le  seigneur  fait  frapper  de 

plus  belle.  Juge  des  coups  et  tient  sa  gravité,  la 
FONT.  Paysan.  Le  [un  grave  magistrat]  voilà  prêta 
l'ouïr  avec  un  respect  exemplaire;  que  le  prédica- 
teur vienne  à  paraître  :  si  la  nature  lui  a  donné  une 
voix  enrouée  et  un  tour  de  visage  bizarre,  que  son 
barbier  l'ait  mal  rasé....  je  parie  la  perte  de  la  gra- 
vité de  notre  sénateur,  pasc.  Pensées,  art.  m,  1 1 , 
édit.  LAHURE,  I8C0.  Hérodote  :  Ne  serait-il  pas 
temps  que  ton  ombre  eût  un  peu  de  gravité?  —  Lu- 
cien :  Gravité,  j'en  suis  las  à  force  d'en  avoir  vu, 
FÉN.  Dial.  des  morts  anc.  <4.  Aussi  [à  l'origine]  les 
lois  et  la  morale  étaient-elles  en  vers  ;  sur  ce  pied- 
là,  l'origine  de  la  poésie  est  bien  plus  sérieuse  que 
l'on  ne  croit  d'ordinaire,  et  les  muses  sont  bien  sor- 
ties de  leur  première  gravité,  fonten.  Oracl.  ii,  5. 
Saint  Ambroise,  dans  l'endroit  même  où  il  recom- 
mande que  le  discours  d'un  ecclésiastique  soit  pur, 
simple,  clair,  plein  de  poids  et  de  gravité..  .  rollin, 
Traité  des  Et.  iv,  2.  Le  duc  de  la  Rochefoucauld  a 
dit  que  la  gravité  est  un  mystère  du  corps,  inventé 
pour  cacher  les  défauts  de  l'esprit  ;  sans  examiner 
si  cette  expression  mystère  du  corps  est  naturelle 
et  juste,  il  suffit  de  remarquer  que  la  réflexion  est 
vraie  pour  tous  ceux  qui  affectent  de  la  gravité, 
mais  non  pour  ceux  qui  ont  dans  l'occasion  une 
gravité  convenable  à  la  place  qu'ils  tiennent,  au  lieu 
où  ils  sont,  aux  matières  qu'on  traite,  volt.  Dict. 
phil.  Grave.  Cette  fausse  gravité  sous  laquelle  se 
cachent  toujours  la  petitesse  et  l'ignorance,  in. 
Mahomet,  Lettre.  La  sévérité  de  leurs  caractères  et 
la  gravité  de  leur  maintien,  dider.  Salon  de  (705, 
CEuv.  t.  xiii,  p.  290,  dans  pougens.  {|  Qualité  du 
style  grave.  Il  y  a  de  la  gravité  dans  le  style;  Tito 
Live,  de  Thou,  ont  écrit  avec  gravité,  volt.  Dicl. 
phil.  Grave.  ||  3°  Importance.  La  gravité  du  sujet. 
La  gravité  des  circonstances.  Ces  motifs  ont  beau- 
coup de  gravité.  ||  4°  Caractère  dangereux.  La  gra- 
vité d'une  maladie,  d'une  blessure.  Gravité  d'une 
faute.  Il  S°  Il  se  dit  d'un  son  par  rapport  aux  sons 
plus  élevés.  La  gravité  d'un  son.  La  gravité  de  la  voix. 

—  HlST.  xvi'  s.  Et  pour  toutes  les  gravités  [griefs, 
difficultés]  dont  l'on  m'a  usé,  a  esté  de  me  refuser 
de  demouror  en  sa  compaignie  avecques  troys  fem- 
mes, MARGUER.  Lett.  47.  Brennus  s'esmerveiUa  fort, 
quand  il  veit  ces  hommes  assis  dedans  leurs  chaires 
en  gravité,  sans  mot  dire,  amyot,  Cam.  40.  Ce  qu'est 
le  mouvement  au  ciel  qui  tout  dispose,  La  lumière  au 
soleil,  au  plomb  la  gravité,  nEsromES,  Diane,  u,  7^. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gravitât;  espagn.  gravedad: 
ital.  gravita;  dulat.  gravilatem,  de  gravis,  gTa.ve  i. 

GRAVITER  (gra-vi-té),  v.  n.  Terme  de  physique. 
Tendre  en  pesant  vers  un  point,  être  animé  de  la 
force  dite  gravitation.  Celui  qui  fait  graviter  des 
astres  innombrables  les  uns  vers  les  autres  ;  celui 
qui  fit  la  lumière,  volt.  Oreilles,  4.  Comment  ses 
mains  fécondes  Font  tourner  tant  de  cieux,  gravi 
ter  tant  de  mondes?  ID.  Disc.  4.  Ayant  calculé  le 
carré  de  la  vitesse  de  la  lune  autour  de  son  orbite 
dans  l'espace  d'une  minute,  et  ayant  divi.sé  ce  carré 


GRË 


<925 


par  lo  diamètre  de  l'orbite  lunaire,  il  (Newton) 
Il  ouva  quo  le  quotient  était  quinze  pieds,  et  de  là  il 
drmontra  que  la  lune  gravite  vers  la  terre  trois 
mille  six  cents  fois  moins  que  si  elle  était  près  d« 
la  terre,  in.  Dict.  'phil.  Ignorance.  \\  Dans  un  sens 
moins  précis  et  appliqué  aux  idées  anciennes.  I.cu- 
cippcct  Démocritc  avaient  animé  leurs  atomes  d'une 
même  force  de  gravit-ation  ;  Ëpicure  fit  graviter  les 
siens  diversement,  dider.  Opin.  des  anc.  pliilos. 
Secte  éténtique.  \]  Fig.  Tendre  vers.  La  loi  de  la  na- 
ture, qui  veut  que  toutes  les  sociétés  gravitent  vers 

10  despotisme  et  la  dissolution,  que  les  empires  nais- 
sent et  meurent,  ne  sera  suspendue  pour  aucune, 
RAVNAL,  Ilist.  phil.  XIX,  2.  ||  On  dit  aussi,  un  peu 
improprement  :  graviter  autour.  Tous  ces  intri- 
gants qui  gravitent  autour  du  pouvoir.  ||  11  se  con- 
jugue avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HEM.  Graviter  n'est  dans  lo  Dictionnaire  do  l'A- 
cadémie que  depuis  l'édition  de  (760. 

—  ÉTYM.  Verbe  formé  du  latin  gravis,  pesant. 

t  GHAVOIR  (gra-voir),  s.  m.  Outil  avec  lequel 
le  lunetier  pratique  une  rainure  dans  lo  châssis 
d'une  lunette,  pour  y  insérer  les  verres. 

—  HlST.  xiv°  s.  Une  gravouere  [petit  ustensile  qui 
sorvait  à  faire  la  raie  des  cheveux]  de  cristal,  garnie 
d'or,  DELA  BORDE,  Êmaux,  p.  334. 

—  ÉTYM.  Graver. 

GRAVOIS  (gravot  ;  \'s  se  lie  :  des  gra-vol-z  entas- 
sés), s.  m.  pi.  Il  1°  La  partie  la  plus  grossière  du  plâ- 
tre après  qu'on  l'asassé.  Battre  les  gravois.  N'est-ce 
pas  vouloir  juger  d'un  bâtiment  par  les  gravois,  ou 
de  toute  autre  construction  p.ar  les  recoupes  des  ma- 
tériaux? buff.  i'épit.  nat.  Œuv.  t.  xii,p.  t22.  ||  Fig. 
ot  populairement.  Battre  les  gravois,  venir  manger 
le  lendemain  les  restes  d'un  festin.  Nous  avions  hier 
beaucoup  de  monde  à  dîner;  venez  battre  avec 
nous  les  gravois.  ||  On  dit  aussi  gravats.  ||  2"  Débris 
d'une  muraille,  d'un  bâtiment.  Enlever  les  gravois. 

—  HlST.  xiii'  s.  Quant  delmangier  furent  levé  Et 
li  baron  orent  lavé,  Fors  issirent  sor  li  gravoi.  Lai  de 
Melion.  \\  xiv's.  Que  toutes  manières  de  boes,gravoi.s, 
fussent  ostées  et  mises  hors  des  voiries,  du  cangk, 
chanterium.  \\  xvi's.  Logerl'artillerieen  des  tranchées 
faites  dedans  des  pierres  et  gravois,  castelnau,  (  57. 

—  ÉTYM.  Même  radical  que  dans  gravier  (voy. 
grave  2). 

GRAVURE  (gra-vur'),  s.f.\\i'  L'art  de  graver. 
Gravure  sur  acier,  sur  bois.  La  gravure  en  estampes, 
inventée  à  Florence  au  milieu  du  xv  siècle,  était 
un  art  nouveau  qui  était  alors  dans  sa  perfection, 
VOLT.  Mœurs,  I2t.  Il  est  bien  singulier  et  bien  fâ- 
cheux que  les  Grecs,  qui  avaient  la  gravure  en 
pierre  fine,  n'aient  pas  songé  à  la  gravure  en  cui- 
vre, dider.  Salon  de  <766,  OEuv.  t.  xiii,  p.  354, 
dans  POUGENS.  La  gravure  tue  le  peintre  qui  n'est 
que  coloriste;  la  traduction  tue  l'auteur  qui  n'a  ((ue 
du  style,  ID.  ib.  p.  366.  La  gravure  serrée  peint  mieux, 
donne  de  la  douceur,  la  gravure  lâche  alourdit,  ôte 
la  souplesse  et  fatigue  l'œil,  m.  ib.  p.  358.  La  gravure 
noire  consiste  à  couvrir  toute  une  surface  de  petits 
points  noirs  qu'on  adoucit,  affaiblit,  amatit,  efface, 
ID.  ib.  p.  361 .  La  gravureau  crayon  est  l'art  d'imiter 
les  dessins  au  crayon  ;  belle  invention  qui  a  sur  tous 
les  genres  de  gravure  l'avantage  de  fournir  des  exem- 
ples à  copier  aux  élèves,  ID.  ib.  p.  361.  Je  ne  dirai 
de  la  gravure  en  médaille  qu'une  chose,  c'est  que  la 
gloire  des  souverains  est  intéressée  à  l'encourager,  id. 
ib.  p.  362.  Les  graveurs  se  multiplient  à  l'infini,  et 
la  gravure  s'en  va,  i».  Salon  de  4767,  Of:uv.  t.  xv, 
p.  13B.  Il  Gravure  numismatique,  gravure  en  taille 
douce  d'après  le  relief  ||  Gravure  mate,  gravure  qui 
est  produite  sur  verre  et  sur  cristal  et  qui  est  un 
dépoli.  Il  2"  L'ouvrage  du  graveur.  La  gravure  de 
ces  planches  est  fort  soignée.  ||  S"  Estampe.  Une 
gravure  avant  la  lettre.  Un  marchand  de  gravures. 

11  4°  Terme  d'architecture.  Nom  donné  à  tout  ou- 
vrage de  sculpture  do  peu  de  profondeur.  ||  B»  Terme 
de  cordonnier.  Rainure  faite  autour  de  la  semelle, 
et  dans  laquelle  on  couche  des  points.  ||  6°  Terme 
(le  boucherie.  Gravure  ou  éousson  chez  la  Tache, 
voy.  ÉcnssoN. 

HlST.  XVI*  s.  Comme,  après  avoir  avalé  le  bon 

vin  d'une  belle  coupe,  nous  en  considérons  les  gra- 
veures  et  l'ouvrage,  mont,  iv,  129. 

—  ÉTYM.  Graver.  Au  xiv'  siècle  on  trouve  gra- 
veure  avec  le  sens  de  crevasse ,  du  cange,  crebadura. 

f  GRAVER  (gré-ié) ,  s.  m.  Voy.  gruyer  2. 

f  GRAZIO.SO  (gra-tsi-o-zo).  Terme  de  musique. 
Mot  italien  indiquant  une  exécution  douce  et  gra- 
cieuse, et  un  mouvement  tenant  à  fois  de  l'aiidanlo 
et  de  l'andantino.  Andante  grazioso. 

—  ETYM.  Ital.  graiioso,  gracieux. 

GRÉ  (gré),    s.  m.  Ill"  Ce  qui   plaît,  ce  qui   con- 


19'2G 


GRl!; 


vient,  ce  qui  csl  apréablo  à  la  volonté.  Se  marier 
contre  le  gré  de  ses  parents.  I!  est  allé  de  son  gré, 
contre  son  gré.  Ce  n'a  pas  été  do  son  plein  gré.  On 
la  considère  comme  ayant  agi  contre  son  gré,  pasc. 
l'rov.  i.  Les  affections  sont  aussi  différentes  que  le 
sont  les  caractères,  et  le  gré  de  l'un  est  souvent  tout 
opposé  à  celui  de  l'autre,  bourdal.  Pensées,  t.  », 
p.  481.  Il  Avoir  .|uclque  chose  en  gré,  le  recevoir  en 
gré,  le  prendre  en  gré,  agréer,  trouver  bon  quel- 
que chose,  y  prendre  plaisir.  Si  vous  prenez  pour 
eux  cette  fortune  en  gré,  [ils]  Vous  chériront  encore 
en  un  plus  haut  degré,  maiii.  Sophnn.  v,  2.||Dan3 
le  langage  ascétique.  Prendre  en  gré,  recevoir  avec 
résignation.  Il  faut  prendre  en  grêles  afflictions  que 
Dieu  nous  envoie.  ||  Prendre  en  gré  quelqu'un,  l'a- 
voir pour  agréable,  se  plaire  avec  lui.  ||  Prendi'e  en 
gré  de...,  vouloir,  consentir.  L'évêque  de  Warmie 
prit  en  gré  de  vouloir  faire  la  cérémonie  du  mariage 
dans  Notre-Dame,  betz,  ii,  77.  Mais  s'il  lui  prend  un 
jour  en  gré  de  revenir,  dancourt,  Céphale  et  Pro- 
cris, 11,  7.  Il  i  gré,  agréable,  qui  convient.  Un  lion 
de  haut  parentage....  Rencontra  bergère  à  son  gré, 
la  font.  Fabl.  iv,  t.  Si  notre  compagnie.  Lui  di- 
sent-ils, vous  pouvait  être  à  gré,  id.  Or.  ||  Trouver 
quelqu'un  à  son  gré,  le  trouver  agréable,  trouver 
qu'il  plaît  ;  cela  se  dit  souvent  d'un  homme  à  l'égard 
d'une  femme,  ou  d'une  femme  à  l'égard  d'un 
homme.  Ah!  que  je  suis  heureux  I  et  que  j'ai  de 
plaisir  De  trouver  une  femme  au  gré  de  mon  désir  I 
MOL.  te.  des  mar.  ii,  12.  Je  la  trouve  fort  à  mon 
gré,  SÉV.  38.  Mme  de  Senantes  le  trouvait  à  son 
gré,  HiMiLT.  Gramm.  4.  ||  Au  gré  de,  suivant  la  vo- 
lonté de,  suivant  le  désir,  suivant  ce  qui  plait  à. 
S'en  vont  au  gré  d'Amour  tout  le  monde  courir, 
MALII.  VI,  10.  Pour  moi,  quoique  le  ciel,  au  gré  de 
mon  amour.  Dût  encore  des  vents  retarder  le  retour, 
RAC.  Iphig.  m,  3.  J'ai  pris  sans  étude  et  sans  choii 
les  premières  paroles  que  me  présente  l'Ecclésiaste 
[vanité  des  vanités,  et  tout  est  vanité],  où,  quoique 
la  vanité  ait  été  si  souvent  nommée,  elle  ne  l'est 
pas  encore  assez  à  mon  gré  pour  le  dessein  que  je 
me  propose,  Boss.  Duch.  d'Orl.  Le  ciel  pouvait  me 
i-éserver  une  belle  fille  qui  fùtplusau  gré  du  monde, 
mais  non  pas  nui  fût  plus  au  gré  de  mon  cœur, 
MAiiivAux,  Marianne,  4'  part.  ||  Fig.  Voguer  au  gré 
des  flots.  Et  le  tronc  [le  corps  de  Pompée]  sou.s  les 
flots  coule  dorénavant  Au  gré  de  la  fortune  et  de 
l'onde  et  du  vent,  corn.  Potnp.  ii,  2.  Neptune  frap- 
pait la  terre  et  on  on  voyait  sortir  un  cheval  fou- 
gueux ;  ses  crins  flottaient  au  gré  du  vent,  fén.  Tél. 
XVII.  F.st-il  rien  de  plus  doux  dans  la  vie.  Que  d'al- 
ler, devenir  au  gré  de  son  envie?  collin  d'hable- 
viLLE,  Chat,  en  Espagne,  ii,  3.  ||  Fig.  Au  gré  de.... 
suivant  l'opinion  de....  C'est  se  rendre,  à  mon  gré, 
coupable  mille  fois  Que  d'empêcher  d'agir  la  clé- 
mence des  rois,  dd  kyeh,  Scévole,  v,  5.  Celle  du 
troisième  acte  [la  narration],  qui  est,  à  mon  gré,  la 
plus  ma^'nifique,  corn.  Ex.  de  Pompée.  Les  peines 
qu'on  souffre  pour  le  monde  sont,  à  leur  gré,  plus 
supportables  que  celles  qu'on  soufl're  pour  Dieu, 
FLÉcH.  Serm.  i,  324.  Le  sang,  à  votre  gré,  coule 
trop  lentement,  rac.  Athal.  ii,  6.  ||De  gré  ou  de 
force,  de  bonne  volonté  ou  malgré  soi.  De  force  ou 
de  gré  je  veux  me  satisfaire,  corn.  Iléracl.  i,  2.  Ou 
de  force  ou  de  gré,  nous  verrons  ce  que  c'est,  hau- 
TEBOCHE,  Espr.  (oll.  II,  4.  ||  De  gré  à  gré, à  l'amia- 
ble, en  y  consentant  de  part  et  d'autre.  Nous  pren- 
drons une  autre  place  [de  guerre],  et  ce  sera  pièce  pour 
pièce;  il  y  avait  un  fou  qui  disait  dans  un  cas  pareil  : 
Changez  vos  villes  de  gré  à  gré ,  vous  épargnerez  vos 
hommes;  il  y  avait  bien  de  la  sagesse  à  ce  discours, 
SÉv.  293.  Il  Fig.  Est-il  possible  qu'on  puisse  s'ac- 
commoder de  gré  à  gré  avec  des  maux  si  désagréa- 
bles et  si  dangereux?  sév.  457.  ||  Scarron  a  dit  :  gré 
à  gré.  L'argent  qu'on  leur  donne  ne  s'exige  point, 
mais  se  donne  gré  à  gré,  OEuv.  1. 1,  p.  218.  |1  2"  Bon 
gré,  bonne,  franche  volontêde  faire  quelque  chose. 
Il  [Jésus]  n'a  point  été  traîné  par  force  à  l'autel  ; 
c'est  une  victime  obéissante  qui  va  de  son  bon  gré 
il  la  mort,  Boss.  Euchar.  i,  7.  Aucun  commissaire 
espagnol  ne  trahit  son  correspondant  français  ; 
cette  fidélité,  si  honorable  à  la  nation  espagnole, 
prouve  bien  que  les  hommes  n'obéissent  de  bon 
gré  qu'aux  lois  qu'ils  se  sont  faites  pour  le  bien 
de  la  société,  toLT.  Mœurs,  (45.  ||  Bon  gré  mal 
gré,  volonfciirement  ou  de  force.  Il  faut  bon  gré 
mal  gré  que  l'âme  résolue  Suive  ce  qu'a  marqué  sa 
puissance  absolue,  Tristan,  Mar.  i,  3.  Qui  de  nous 
peut  s'empêcher  de  fermer  les  yeux  ou  de  détourner 
la  tête,  quand  on  feint  seulement  de  nous  y  vouloir 
frapper?  alors,  si  notre  raison  avait  quelque  force, 
elle  nous  ra.s3urerait  contra  un  ami  qui  se  joue  ; 
mais,  bon  gré  mal  gré,  il  faut  fermer  l'œil,  il  faut 


GRf: 

(létojmer  la  tête,  noss.  Cnnnaiss.  v,  3.  .  ..'.  veut 
bon  gré  mal  gré  Ne  se  coucher  qu'en  robe  et  qu'en 
bonnet  carré, bac.  Plaid,  i,  ).||  lîon  gré  mal  gré  qu'il 
en  ait,  c'est-à-dire  qu'il  le  veuille  ou  non.  ||  3°  Grati- 
tude, reconnaissance.  Peut-être  qu'il  eut  peur  De 
perdre,  outre  son  dû,  le  gré  de  sa  louange,  la  pont. 
Fabl.  i,  14.  Que  cette  suite  de  travaux  Pour  récom- 
pense avait,  de  tous  tant  que  nous  sommes.  Force 
coups,  peu  de  gré,  id.  ih.  x,  2.  Heureux  de  ne  devoir 
à  p  is  un  domestique  Le  plaisir  ou  le  gré  des  soins 
qu'ils  se  rendaient,  id.  Phil.  cl  Baticis.  Il  y  a  des 
volontés  de  Dieu  qui  n'exigent  de  nous  autre  chose 
que  le  gré  du  coeur,  bourdal.  Exhort.  sur  la  prière 
de  J.  C.  t.  I,  p.  4)1.  Très- peu  de  gré,  mille  traits 
de  satire  Sont  le  loyer  de  quiconque  ose  écrire, 
VOLT,  lipitre  à  la  duch.  du  Maine.  ||  Savoir  gré,  sa- 
voir bon  gré,  beaucoup  de  gré,  un  gré  infini,  être 
satisfait,  très-satisfait.  Je  lui  en  sais  le  meilleur  gré 
du  monde.  Si  vous  les  trouvez  fort  mauvais  [mes 
vers],  vous  m'en  devez  savoir  d'autant  plus  de  gré,  de 
ce  que,  les  connaissant  comme  vous,  je  n'ai  pas  laissé 
de  vous  1ns  envoyer,  voit.  Lcll.  I2.  Satisfaites  le  ciel 
par  votre  amendement,  Et  sachez-moi  bon  gré  de 
cet  enseignement,  hotr.  Antig.  v,  B.  Les  généreux 
soins  duducd'Enghien  qui  ménagea  cette  grflce  [les 
bonnes  grAces  du  roi  rendues  au  prince  de  Conti], 
ni  le  gré  que  lui  sut  le  prince  [de  Condé]  d'avoir  été 
si  soigneux,  boss.  Louis  de  Ilourbon.  Elle  n'en  sut 
pas  bon  gré  à  Mme  de  Senantes,  hamilt.  Gramm. 
i.  Je  sais  un  gré  infini  à  Collé  d'avoir  mis  Henri  IV 
sur  le  théâtre;  son  nom  seul  attirera  tout  Parispen- 
dant  six  mois,  volt.  Lelt.  d'Argental,  17  avril  1762. 
Le  public  vous  en  saurait  gré,  si  le  public  sait  ja- 
mais gré  de  quelque  chose,  id.  Lett.  Richelieu, 
211  avril  1770.  Il  Se  savoir  gré,  bon  gré  de,  s'applau- 
dir de.  La  belle  se  sut  gré  de  tous  ces  sentiments, 
LA  vont.  Fabl.  VII,  5.  Je  me  sais  quelque  gré  de 
l'avoir  fait  [d'avoir  fait  rire],  rac.  Plaid.  Préface. 
Il  commença  à  se  savoir  bon  gré  de  sa  complaisance, 
HAMILT.  Gramm.  4.  Vous  vous  savez  donc  bon  gré 
d'avoir  eu  bien  des  galanteries?  fonten.  Alex,  et 
Phr.  Il  Savoir  mauvais  gré,  savoir  peu  de  gré,  être 
mal  satisfait.  Je  ne  vous  sais  point  mauvais  gré  de 
m'avoir  abusée,  mol.  Princ.  d'Él.  v,  2.  Je  nepuis 
croire  que  le  public  me  sache  mauvais  gré  de  lui 
avoir  donné  une  tragédie  qui  a  été  honorée  de  tant 
de  larmes,  rac.  Bérén.  Préface. 

—  HlST,  XI*  s.  Sire  compain,  faites  le  vousdegred 
[exprès]?  Ch.  de  liol.  cxlvii.  ||  xu"  s.  La  reregarde 
faites  de  moult  bon  gré,  Ronc.  p.  35.  A  peines  iert 
[sera]  acomplis  Li   servirs  dont  j'atent  gré,  Couci, 

xu Encor  [elle]  me  saura  gré  De  mon  travail  et 

de  ma  longue  peine,  ib.  xiv.  Car  qui  le  sien  done  re 
traanment  [de  mauvaise  grâce].  Son  gré  en  pert... 
ib.  xvi.  Sire  quens  [comte],  fait  li  reis,  bien  sai  par 
vérité.  Quant  servi  sun  seignur  par  si  grant  leauté 
S'eùst  esté  mis  huem,  qu'il  me  servist  à  gré,  Th.  le 
mari.  64.  L'apostolies  [le  pape]  l'asiet  [Thomas]  juste 
lui  erramment,  E  bien  seit  il  venuz,  co  li  ad  dit  su- 
vent;  E  mult  li  seit  bon  gré  que  si  grant  fais  enprent, 
Qu'encontre  rei  de  terre  sainte  iglise  défont,  ib.  58. 
Il  xiii'  s.  Bornart,  quant  ne  somesd'un  gré  [n'étant 
pas  d'accord], Ce  ju  [jeu]  parti  en  envolons  Auoomle 
d'Anjou....  Et  de  juger  droit  le  prions,  le  comte  de 
BRET.  Romancero,  p.  162.  En  celé  amor  la  domoisele 
ont  prise  Si  parent,  et  doné  seigneur  [mari],  Contre 
son  gré  un  vavasseur,  audefh.  le  hast.  ib.  p.  G.  Lors 
parlèrent  ensemble  li  baron,  et  distrent  qu'il  en- 
voieroient  à  Rome  à  rajiostolo,  pour  ce  qu'il  leur 
savoit  mauvais  gré  de  la  prise  de  Jadres,  villeh.  lv. 
Et  il  i  est  venus  volontiers  et  de  gré,  lierle,  xv. 
[Elle]  la  [sa  peine]  prent  pour  Dieu  en  gré  et  loiau- 
msnl  le  sert,  ib.  xxxiv.  Dont  doi  je  prendre  en  gré  se 
l'ai  froid  et  povorte  [painTeté],  ib.  xxxv.  Por  ce  que 
[je]  ne  vous  puis  à  mon  gré  conjoir,  ib.  Lxxxvii.  Et 
manderons  que  on  vous  envoit  les  enfans  à  vingt 
plus  rices  homes  de  Melans  et  les  lairons  en  ost;iges 
desci  adont  que  vostre  grés  sera  fais,  Chr.  de  Rains, 
|).  1 24 .  Diex ,  dist  Renart,  en  ait  les  grez,  Qant  par  moi 
eslcs  respassez  [rétabli],  Ren.  19717.  Au  roy  ensei- 
gna en  son  sermon  comment  il  se  devoit  maintenir 
au  gré  de  sou  peuple,  joinv.  2H8.  Dieu  vous  sceit 
pi;e  gré  d'un  petit  péché,  quand  vous  le  faites,  que 
il  ne  fait  à  nous  d'un  grant  qui  n'en  congnoissons 
point....  ID.  258.  Et  le  roy  leur  devoit  jurer  aussi  à 
leur  faire  gré  de  deux  cens  mille  livres,  avant  que 
il  partisist  du  flum,  et  deux  cens  mille  en  Acre,  id. 
246.||xiv*  s.  Car  la  dame  doit  faire  le  gretà  son 
baron  [ce  qui  convient  à  son  mari],  Beaud.  de  Seb. 
MU,  720.  Il  XV  s.  Icellui  Guillaume  compta  et  fist 
gré  [fit  payement]  à  l'osle  de  l'escot  de  lui  et  de  ses 
compaignons,  DU  canoë,  yralum.  Leur  repondit  que 
c'estoit  bien  son  gré  que  ils  s'en  partissent  quand  il 


Que 


GRE  I 

leur  plairoit,  fboiss.  j,  i,   139.  Dieu  me  veuille  li-    | 
der,j'en  .sai  pire  gré  à  messire  Geffroi  de  Cliargnv    | 
que  à  toi....  m.  i,  i,  326.  Le  duc  de  Bourgogne  pruii    j 
très  mal  en  gré   ces  adveitissements,  comm.  m.  :i 
Il  xvj'  s.  Si  en  quelques  endroicts  ces  fables  ni  ::! 
aucune  conformité  avec  chr.se  croyable,  il  est  bes'i    .; 
que  les  lisans  m'excusent  gracieusement,  recevaii  -  •■<, 
gré  ce  que  l'on  peult  escrire  de  choses  si  ancienii'  ^ 
AMYOT,  This.  1.  Il  la  bailla,  du  bon  gré  et  con.seiui;- 
ment  d'elle  mesme,  à  un  autre,  m.Péricl.  47.  Ce  qui 
restoit  fut  aussi  pillé  par  les  soudards   bon  gré  mil 
gré  que  l'on  en  eust,  id.   Marcel.  28.  N'y  prendt» 
aulcune  chose  que  de  gré  à  gré,  et  en  payant   rai- 
sonnablement, cabloix,  V,  6 Et  bon  gré  mal  grà 

de  toutes  choses  faites  par  raison  et  metliode,  ces» 
matière  a  son  période  et  paroxysme,  pari?,  xxi,  ti 
Comme  je  ne  me  sçais  aucun  gré  du  service  que  j» 
me  fois,  aussi....  mont,  i,  215.  Tout  homme  pecu- 
nieux  est  avaricieux  à  mon  gré  [à  mon  avis],  id.  i, 
316.  On  ne  peult  attribuer  à  punition  ce  qui  vienti 
gré  à  celuy  qui  le  souffre,  id.  il,  258.  lien  fut  fait 
information,  et  me  souvient  qu'un  des  records,  ( 
tant  ouy  en  jugement  de  ceste  force  et  batterie,  di- 
soit  au  juge  :  Monsieur,  je  ne  receus  jamais  si  béai, 
soufflet  à  mon  gré  que  celui  que  me  bailla  un  ' 
ceuz  qui  nous  empescherent  de  mettre  en  prisonj 
boociiet,  Serées,  liv.  m,  p.  92,  dans  lacurne.  Qu 
preste  non  r'a;  si  r'a,  non  tost;  si  tost,  non  tout, 
si  tout,  non  gré;  si  gré,  non  tel,  loïsel,  Instit. 
coutum.  liv.  IV,  lit.  6,  règle  i.  .. 

—  ÉTYM.  Provenç.  grac,  espagn.  port,  et  t.'. 
graio;  du  latin  gratum,  chose  agréable.  Gratus  a 
la  forme  d'un  participe  passif;  d'après  Curtius,  la 
racine  en  est  le  sanscrit  har  (ghar)  désirer,  qui  se 
trouve  aussi  dans  yaipco,  réjouir,  yâçni,  grâce  ;  au 
contraire  Bôthlingck  et  Roth  comparent  gratus  au 
smscrit  gurla,  bienvenu,  agréable. 

I  GRËAGE  (gré-a-  j'),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Action  de  gréer  un  navire. 

—  f.TYM.  Gréer. 

GRÈBE  (grè-b'),  .5.  m.  Oiseau  aquatique  dont  le 
plumage  est  d'un  blanc  argenté.  Je  ne  tirai  (ju'ur. 
seul  coup  sur  un  grèbe  que  je  manquai,  j.  j.  rous.s 
llél.  IV,  16.  Il  .Se  dit  aussi  des  plumes  de  ces  oiseaux. 
Un  manchon  de  grèbe. 

—  ÊTYM.  Allem.  Grèbe. 

t  GRÉBICHE  (gré-bi-oh'),  t.  f.  Sorte  de  porte- 
feuille ou  reliure  volante,  avec  des  fils  tendus  le 
long  du  dos,  où  l'on  passe  des  cahiers  à  volonté. 

GREC,  ECQCEgrèk,  grc-k'},  adj.  ||  l-  Qui  est  de 
(Jrèce,  qui  appartient  à  la  Grèce.  La  nation  grecque. 
Il  Qui  a  rapport  aux  usages,  à  la  langue  des  Grecs. 
La  langue  grecque.  Grammaire  grecque.  Diction- 
naire grec.  Il  Y  grec,  la  pénultième  des  lettres  de 
l'alphabet  français.  1|  Profil  grec,  profil  dans  lequel 
le  front  et  le  nez  se  trouvent  sur  une  ligne  droite 
ou  légèrement  ondulée  à  leur  point  de  jonction , 
comme  dans  les  statues  grecques.  ll  L'Eglise  grec- 
que, l'Église  d'Orient,  qui  difft're  de  l'Église  ro- 
maine sur  quelques  points  du  dogme  et  sur  l'auto- 
rité du  pape.  H  Le  rit  grec,  le  rit  de  l'Église  grecque. 
Il  Terme  de  marine.  Vent  grec,  nom,  sur  la  Médi- 
terranée, du  vent  de  nord-est.  ||  Calendrier  grec, 
calendrier  dont  se  servent  les  Grecs  et  les  Russes, 
et  qui  est  en  arrière  de  douze  jours  sur  le  ca- 
lendrier grégorien.  H  Calendes  grecques,  voy.  ca- 
lendes. Il  Débauche  grecque ,  débauche  contre 
nature,  ainsi  dite  à  cause  du  vice  qui  infectait 
l'antiquité.  Raimond  les  captiva  tous  deux  [Ca- 
nillac  et  Dubois  ] ,  l'abbé  par  l'intrigue  ,  le 
marquis  par  lemcme  goût  d'obscure  débauche  grec- 
que, ST-siM.  437,  75.  ||  2°  S.  m.  et  f.  Grec,  Grec- 
que, celui,  celle  qui  habite  la  Grèce.  Javan  ou 
Ion  (car,  en  hébreu,  les  mêmes  lettres  diffcrem- 
raent  ponctuées  forment  ces  deux  noms),  fils  de 
Japhet  et  petit-fils  de  Noé  ,  est  certainement  le 
]ière  de  tous  les  peuples  connus  sous  le  nom  (I; 
Grecs,  quoiqu'il  soit  demeuré  propre  aux  Ioniens 
dans  cette  nation,  bolun,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  il, 
p.  488,  dans  POUGENS.  Craignez  les  Grecs,  craignez 
leurs  présents  désastreux,  delille.  En.  n.  ||  Celui 
qui  appartient  à  l'Eglise  grecque.  Les  Latins  et  les 
Grecs  durèrent  de  croyance  en  plusieurs  points.  Un 
Grec  latinisé,  un  Grec  qui  adopte  les  sentiments 
de  l'Église  latine.  |{  L'empire  des  Grecs,  l'empire 
d'Orient  ou  Bas-Empire.  ||  3-  S.  m.  Le  grec,  la 
langue  grecque.  Il  n'est  rien  si  commun  qu'un 
nom  à  la  latine;  Ceux  qu'on  babilla  en  grec  on' 
bien  meilleure  mine,  mol.  les  Fâch.  ni,  2.  Il  a  de^ 
vieux  auteurs  la  pleine  intelligence.  Et  sait  du 
grec,  madame,  autant  qu'homme  de  France,  ID. 
F.  sav.  m,  5.  On  verra  qu'il  [R.  Simon]  s'est  ébloui 
lui-même  et  qu'il  veut  éblouir  les  autres  par  son 


GRÉ 

;?rec  et  par  son  hébreu,  Boss.  t"  instr  sur  la  ver- 
sion du  Nouv.  Test.  XXVII,  ?•  passage,  B.  Il  sait  le 
grec,  continua  l'homme  fi'Iîtat,  c'est  un  grimaud, 
l'est  un  pliilosophe;  et  en  effet  une  fruitière  à 
iiines,  selon  les  apparences,  parlait  grec,  et 
r  cette  raison  était  philosophe;  les  Bignon,  les 
Lamoignoa  étaient  de  purs  grimauds,  qui  peut 
en  douter?  ils  savaient  le  grec,  la  bbuy.  xii.  Il 
[Baratier]  sut  le  grec  à  six  ans,  et  l'hébreu  à 
neuf,  VOLT.  Louis  XIV,  Écrivains.  ||  Grec  littéral 
DU  ancien,  la  langue  écrite  et  parlée  par  les 
Grtcs  dans  l'antiquité.  Grec  vulgaire  ou  moderne, 
le  grec  tel  qu'il  est  aujourd'hui  en  usage  parmi 
les  Grecs.  {|  Flg.  Cela  est  du  grec  pour  moi,  je 
n'y  entends  rien.  |j  Fig.  Passez,  c'est  du  grec, 
c'est-à-dire  ne  vous  mêlez  pas  d'une  affaire  oii 
vous  n'entendez  rien  ;  locution  tirée  de  l'ancien 
(  état  (les  lettres  pendant  le  moyen  âge,  oit,  le  grec 
étant  ignoré,  quand  un  passage  grec  se  trouvait 
dans  un  auteur,  on  disait  :  Grxca  sunt,  non  le- 
guntur,  c'est  du  grec,  cela  ne  se  lit  pas.  ||  L'Aca- 
démie écrit  :  Passé  cela,  c'est  du  grec  pour  lui;  ce 
qui  signifierait  :  au  delà  de  cela;  mais  la  vraie  lec- 
:  ture  est  :  passez  cela.  ||  4°  Kamilicrcmont.  Un  grec, 
'  un  homme  habile  dans  la  connaissance  du  grec. 
Nous  avons  perdu  depuis  quelques  mois  l'un  des 
plus  grands  grecs  de  l'Europe;  c'est  M.  Kuhnius, 
qui  est  mort  à  Strasbourg,  bayle,  Lett.  à  U"*, 
i\  mars  (698.  ||  Fig.  Être  grec  en  quelque  chose,  y 
être  hahilo,  trop  habile.  Mais  l'amour,  n'est-ce  pas 
une  ardeur  inquiète?  Car  j'y  suis  grec,  depuis  que 
j'en  tiens  pour  Lisette,  th.  corn.  Amour  à  la  mode, 
IV,  (.  Je  sais  déjà  faire  des  mines;  pour  le  jargon, 
j'y  suis  grec,  baron.  Homme  à  bonnes  fort,  iv,  )4. 
Nous  sommes  un  peu  grecs  sur  ces  matières-là; 
Qui  pourra  m'attraper  bien  habile  sera,  REONABn, 
Fol.  am.  II,  6.  Vous  imaginez  bien  que,  si  je  fis 
cette  observation  à  l'âge  que  j'avais,  ma  marraine, 
qui  était  grecque  sur  ce  chapitre-là,  ne  manqua 
pas  do  la  faire  aussi  de  son  côté,  lesage.  Est.  Gonz. 
B6.  Gardez-vous  bien  de  me  prendre  pour  un  grec 
sur  tout  ce  que  je  vous  dis  là;  car  je  suis  l'homme 
du  monde  le  moins  grec,  volt.  Lelt.  Chabanon, 
9  mars  <772.  Qu'il  s'avise  de  parler  latin,  j'y  suis 
grec,  je  l'extermine,  beadmaboh.  Mar.  de  Figaro,  m, 
4B.  Il  Cet  homme  n'est  pas  grand  grec,  il  n'est  pas 
fort  habile.  ||  Un  grec,  un  homme  qui  filoute  au 
jeu.  Histoire  des  grecs  ou  de  ceux  qui  corrigent  la 
fortune  au  jeu,  titre  d'un  ouvrage  de  p.  bousseau, 
Londres,  (75S.  ||  5°  Un  peu  fort  de  grec,  s'est  dit 
pour  un  peu  risqué,  graveleux.  Si  ce  petit  recueil 
de  chansons],  un  peu  fort  de  grec,  peut  plaire  aux 
personnes  du  bon  ton  qui  veulent  aujourd'hui  tout 
à  la  grecque,  on  en  donnera  une  suite,  collé,  Chan- 
sons joyeuses,  préface.  ||  6°  Â  la  grecque,  à  la  ma- 
nière des  Grecs.  Esthecar  est  précisément  ce  que 
les  Grecs  appellent  Persépolis;  il  plaît  à  nos  Grecs 
d'habiller  tout  l'univers  à  la  grecque,  volt.  Dial.  29. 
Il  [le  maréchal  de  Bellisle  dans  la  retraite  de  Pra- 
gue] ne  perd  que  les  soldat^-qui  ne  peuvent  résister 
à  la  rigueur  extrême  de  la  saison  ;  que  lui  a-t-il 
manqué  ?  une  plus  longue  course  et  des  éloges  exa- 
gérés à  la  grecque ,  m.  Dict.  phil.  Xénophon. 
Il  Reliure  à  la  grecque,  reliure  dont  les  nervures  ne 
paraissent  pas  sur  le  dos.  ||  Vivre  à  la  grecque,  vivre 
dans  le  luxe  et  la  mollesse. 

—  Hisr.  xiu"  s.  Et  quant  Grieu  les  virent  venir, 
si  ordenerent  leur  batailles ,  villeh.  lxv.  Il  ont 
moult  de  peuple  crestien,  qui  croient  en  la  loy  des 
Griex,  joinv.  264.  Hxvi'  s.  Faisant  regrets.  Sem- 
blent Troyens  de  nuict  surprins  des  Grez,  marot, 
n,  271.  Il  n'y  eut  jamais  Grec  de  malice  net,  Le- 
roux de  lincv,  Prov.  t.  i,  p.  289. 

—  ÉTYM.  Lat.  Grxcus,  de  Tpaixoi;,  nom  d'une 
peuplade  hellénique,  qui  donna,  chez  les  Romains, 
non  nom  au  peuple  entier  ;  les  Grecs  eux-mêmes 
se  nommaient  Hellènes,  "EXJ.Tjveç. 

GRÊCISÊ,  ÉE  (gré-si-zé,  zée),  pg,rt.  passé  degré- 
ciser.  Akaliia  est  le  nom  de  Sans-Malice  grécisé. 

ORÉCISER  (gré-si-zé).  ||  1°  F.  a.  Donner  une 
forme  grecque  à  un  mot  d'une  autre  langue.  Ils 
(les  Romains]  n'ont  pas  imaginé  que  le  bœuf  sau- 
vage décrit  par  Aristote  sous  le  nom  de  bonasus 
pouvait  être  l'un  ou  l'autre  de  ces  bœufs,  dont  ils 
venaient  de  latiniser  et  de  gréciser  I^s  noms  ger- 
mains, buff.  Quadrup.  t.  iv,  p.  56,  dans  pougens. 
Il  2°V.  n.  Affecterd'employer  des  locutions  grecques. 

—  HIST.  XVI'  s.  Gréciser,  cotgbave. 

~  ÉTYM.  Grec.  On  disait  aussi  grecaniser  :  Le 
tout  sans  grecaniser  ou  latiniser ,  permettez-moi 
oamsi  le  dire,  pasquieb.  Recherches,  t.  viii,  p.  657, 
dans  lacurne. 

t  GRÉCISME  (gré-si-sm') ,  s.  m.  Synonyme  très- 


GRE 

peu  usité  d'hellénisme.  ||  Nom  d'un  livre  de  gram- 
maire latine,  dans  le  moyen  âge. 

—  KTYM.  Cre'mcr;  provenc.  gressime. 
tGRÉCISTE  (gré-si-sf),  s.  m.  Synonyme  très- 
peu  usité  d'helléniste. 

t  GRÊCITÉ  (gré-si-té),  s.  f.  ||  l-  L'ensemble  de  la 
langue  grecque.  Haute  grécité,  le  grec  ancien. 
Basse  grécité,  le  grec  des  bas  temps  de  l'empire 
d'Orient.  ||  2"  Qualité  de  ce  qui  est  ou  n'est  pas  grec. 
Fixer,  déterminer  la  grécité  d'un  mot,  d'une  phrase. 

—  ÉTYM.  Lat.  grxcitatem,  de  grxcus,  grec. 

t  GRÉCOLISER  (gré-lio-li-zé),  v.  n.  Terme  de 
marine  de  la  Méditerranée.  Se  tourner  du  cûté  du 
vent  appelé  vent  grec. 

t  GRÉCO-ROMAIN,  AL\E  (gré-ko-ro-min,mè-n'), 
adj.  Qui  appartient  aux  Grecs  et  aux  Romains.  Le 
polythéisme  gréco-romain.  L'architecture  gréco- 
romaine.  Il  Empire  gréco-romain,  l'empire  grec  de 
Constantinople. 

GRECQUE  (grè-k'),  s.  f.  ||  1°  Ornement  composé 
d'une  .suite  de  lignes  brisées  à  angles  droits  et 
rentrant  sur  elles-mêmes.  Une  frise  ornée  d'une 
grecque.  ||  î"  Terme  de  relieur.  Petite  scie  dont  on 
se  sert  pour  grecquer  les  livres.  ||  Petites  encoches 
que  l'on  pratique  sur  le  dos  du  livre  pour  y  loger 
les  ficelles  ou  nerfs  sur  lesquels  on  coud  les  livres. 
Le  livre  perd  de  la  marge  du  fond  toute  la  profon- 
deur de  la  grecque,  lesné.  Reliure,  p.  <24.  ||  Petite 
ficelle  qui  sert  à  faire  les  nerfs  des  reliures  à  la 
grecque.  ||  3"  Kom  d'une  coiffe  que  portent  les 
femmes  de  la  campagne,  de  Marseille  à  Valence, 
formée  d'une  bande  de  dentelle  ou  de  mousseline 
fraisée,  et  d'une  calotte  destinée  à  loger  le  chignon. 

—  ÉTYM.  Grec. 

t  GRECQUER  (grè-ké),  V.  a.  Terme  de  relieur. 
Couper  avec  la  grecque  un  livre  sur  le  dos  après 
qu'on  l'a  cousu,  afin  d'y  placer  les  nerfs,  en  sorte 
qu'ils  ne  paraissent  point  en  dehors  quand  le  livre 
est  tout  à  fait  relié.  On  a  trouvé  plus  agréables  les 
reliures  à  la  grecque  et  à  dos  brisé....  on  n'aban- 
donnera jamais  entièrement  cette  méthode  de  grec- 
quer les  livres  et  de  les  coudre  à  deux  ou  trois  ca- 
hiers, parce  qu'un  livre  grecque  est  beaucoup  plus 
aisé  à  coudre  que  celui  qui  ne  l'est  pas,  en  ce  que 
les  trous  pour  passer  l'aiguille  sont  tous  faits, 
LESNÉ,  la  Reliure,  p.   4<5.   Ils  grecquent  jusqu'à 

trois  ou  quatre  lignes  de  profondeur [des  livres] 

grecques  jusqu'à  la  lettre,  id.  ib.  p.  124. 

1.  GRÉDIN,  INE  (gre-din,  di-n'),  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Mendiant,  mendiante  (vieilli  en  ce  sens).  Des 
gredins  du  Parnasse  ont  dit  que  je  vends  mes  ou- 
vrages ;  ces  malheureux  cherchent  à  penser  pour 
vivre,  et  moi  je  n'ai  vécu  que  pour  penser,  volt. 
Lelt.  Panckoucke,  13  févr.  4769.  C'était  un  bon 
temps  pour  les  gredins  que  celui  de  Chapelain,  à 
qui  la  maison  de  Longuoville  donnait  douze  mille 
livres  tournois  annuellement  pour  sa  Pucelle,  m. 
Lett.  d'Argental,  7  mars  (760.  Pour  toute  armée 
une  trentaine  de  gredins  montant  la  garde  avec 
un  parasol  de  peur  du  soleil ,  ID.  la  Princ.  de  Babyl. 
IX.  Pythagore  fut  renversé  par  une  multitmle  de 
gredins  et  de  gredines  qui  couraient  en  criant  : 
c'est  bien  fait,  m.  Avent.  indienne.  ||  2"  Fig.  Une 
personne  qui  ne  mérite  aucune  considération,  qui 
est  sans  bien  et  sans  bonnes  qualités.  J'ai  souvent 
traité  de  gredins.  De  séditieux,  de  badins.  Les 
vents  dont  vous  craignez  l'haleine,  scabron,  Virg. 
V.  Il  semble  à  trois  gredins  dans  leur  petit  cer- 
veau ,  Que,  pour  être  imprimés  et  reliés  en  veau, 
Los  voilà,  dans  l'Ëtat,  d'importantes  personnes,  mol. 
F.  sav.  IV,  3.  Çà,  que  prétendez- vous?  —  De  la 
gloire.  — Gredin,  Sais-tu  bien  que  cent  rois  la  bri- 
guèrent en  vain?  volt,  les  Cabales,  satire.  X  quoi 
servirait-il  d'avoir  tant  d'honnêtes  gens  dans  le  mi- 
nistère si  les  gredins  triomphent  encore?  b'alemb. 
Lelt.  à  Volt.  28  août  1775.  Si  vous  voulez  faire  à 
ces  gredins  l'honneur  de  leur  répondre,  attendez 
ma  demi-feuille  de  Naples,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  384. 

—  HIST.  XVI'  s.  Gredin,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM.  Bourg,  guerdin  ;  lorrain,  gordin;  du 
germanique  :  anc.  scaml.  grdd,  faim;  goth.  grédus; 
angl.  greed.  Comp.  l'ital.  grelto,  avarice,  qui  vient 
du  moyen  haut  ail.  grit,  avidité. 

2.  GREDIN,  INE  (gre-din,  di-n'),  s.  m.  et  f 
Sorte  de  petit  chien  à  longs  poils.  Le  grand  et  le 
petit  épagneul,  qui  ne  diffèrent  que  par  la  taille, 
transportés  en  Angleterre,  ont  changé  de  couleur 
du  blanc  au  noir,  et  sont  devenus,  par  l'influence 
du  climat,  grand  et  petit  gredins,  auxquels  on  rloit 
joindre  le  pyramc,  qui  n'est  qu'un  gredin  noir 
comme  les  autres,  mais  marqué  de  feu  aux  quatre 
pattes,  aux  yeux  et  au  museau,  buff.  Quadrup. 
t.  I,  p.  869.  Cette  petite  chienne  était  âgée  de  treize 


GRE 


1927 


ans,  et  avait  eu  pour  mère  une  gredine  toute 
nuire,  m.  t6.  t.  xii,  p.  215.  Un  beau  jour  je  quittai 
madame  et  ses  gredins,  saurin,  VAnglo}nane,sc.  l. 
t  GREUINEIl  (gre-di-né),  v.  n.  Faire  le  gredin, 
agir  en  gredin. 

—  HIST.  XVI'  s.  Grediner,  oudin,  Dict. 
GREDINEKIE  (gre-di-ne-rie),  s.  f.  Terme  fami- 
lier. Action  de  gredin,  bassesse. 

—  ÉTYM.  Grediner. 

GRÉÉ,  ÉE  (gré-é,  ée) ,  part,  passé  de  gréer.  Terme 
do  marine.  Une  barque  bien  gréée.  ||  Fig.  Dans  lo 
langage  des  marins,  être  bien  gréé,  avoir  beaucoup 
de  bons  vêtements,  et  aussi  être  endimanché. 

GRÉEMENT  ou  GRÉMICNT  (gré-man)  ,  s.  m. 
Il  1°  Terme  de  marine.  L'ensemble  de  tous  les 
cordages  ou  mannuvres  soit  courantes,  soit  dor- 
mantes, qu'il  est  nécessaire  de  placer  et  qui  sont 
actuellement  en  service  dans  un  bâtiment.  Le  feu 
de  l'ennemi  avait  fortement  endommagé  notre 
grément.  ||  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  lo 
gréement  d'un  mât,  d'une  vergue,  d'une  cha- 
loupe. Il  Cordages  nécessaires  au  service  d'une 
bouche  à  feu,  d'une  pompe.  |{  2°  Art,  action  de 
gréer  les  bâtiments.  Traité  du  gréement.  Le  grée- 
ment de  ce  navire  est  achevé.  |{  3"  Manière  de 
gréer.  Les  goélettes  ont  un  gréement  particulier. 

—  ÉTYM.  Gréer. 

GRÉER  (gré-é),  je  gréais,  nous  gréions,  vous 
gréiez;  que  je  grée,  que  nous  gréions,  que  vous 
gréiez,  V.  a.  Terme  de  marine.  Garnir  un  bâtiment 
de  voiles,  poulies,  manœuvres,  etc.  dont  il  a  besoin 
pour  naviguer.  Gréer  un  brick.  ||  Par  extension. 
Gréer  un  mât,  une  vergue.  ||  On  dit  d'un  navire 
qu'il  grée  des  perroquets,  des  cacatois,  des  bonnet- 
tes, lorsqu'il  est  gréé  ou  disposé  pour  porter  des 
perro(iuets,  des  cacatois,  des  bonnettes.  ||  Fig.  So 
gréer,  V.  rdfl.  Travailler  à  se  bien  gréer,  employei 
son  argent  à  acheter  du  linge,  des  vêtements. 

—  ETYM.  Néerl.  gercide,  gerei,  appareil  ;  allera. 
gereiten,  préparer;  mots  dérivés  d'un  radical  red  ou 
reit,  qui  signifie  disposer. 

t  GRÉES  (grée),  s.  f  Terme  de  marine.  Mot  gé- 
nérique qui  comprend  le  gréement  d'un  bâtiment, 
mais  qui  désigne  plus  particulièrement  ses  étais, 
haubans,  galhaubans  et  sous-barbes. 

GRÉEDR  (gré-eur),  s.  m.  Ouvrier  qui  grée  les 
bStimcnts. 

).  GREFFE  (grè-f),  s.  m.  ||  1°  Le  lieu  d'un  tribu- 
nal où  l'on  dépose  les  minutes  des  actes  de  procé- 
dure, et  où  se  font  certaines  déclarations,  ceitains 
dépôts.  Mettre  un  arrêt  au  greffe  pour  l'expédier. 
Produire  au  greffe.  Mettre  sa  production  au  greffe. 
Droit  de  greffe.  La  famille  en  pâlit,  et  vit  en  fré- 
missant Dans  la  poudre  du  greffe  un  poète  nais- 
sant, BOIL.  Épitre  V.  Il  ï'ig.  Le  Mercure  me  paraît 
le  greffe  où  cette  lettre  doit  être  déposée,  volt. 
Lett.  La  Harpe,  <o  avril  1773.  ||  2'  Anciennement, 
droits,  émoluments  qu'on  tirait  du  greffe.  Avoir  les 
greffes  de  tel  lieu.  ||  Greffe  du  gros,  greffe  où  l'on 
expédiait  les  grosses. 

—  ÉTYM.  Grefe  était  un  mot  trc.s-us'ilé  dans  l'an- 
cienne langue  et  signifiant  poinçon  à  écrire.  De  la 
signification  de  poinçon  à  écrire,  on  a  passé  à  celle 
de  lieu  où  l'on  écrit,  où  l'on  conserve  ce  qui  est 
écrit.  Grefe  vient  du  latin  graphium,  poinçon  à 
écrire,  qui  est  le  grec  Ypaçiov,  de  fpà^eiv,  écrire. 

2.  GREFFE  (grè-f),  s.  f.  H  1°  Opération  par  la- 
quelle on  ente  sur  un  arbre  une  petite  branche,  un 
œil  emprunté  à  un  autre  arbre,  afin  que  la  fleur  ou 
le  fruit  de  celui-ci  soit  porté  sur  celui-là.  Celui  qui, 
avant  l'invention  de  la  greffe,  aurait  affirmé  que  les 
arbres  ne  peuvent  jamais  porter  que  des  fruits  do 
leur  espèce,  n'aurait  avancé  qu'une  erreur ,  volt. 
Phil.  Newt.  singul.  nat.  Avoir  trouvé  le  moyen  de 
multiplier  par  la  greffe  ces  individus  précieux  qui, 
malheureusement,  ne  peuvent  faire  une  lignée 
aussi  noble  qu'eux,  ni  propager  par  eux-mêmes 
leurs  excellentes  qualités,  buff.  7«  époq.  nat.  Œu- 
vres, t.  xn,  p.  360.  Il  Greffe  par  approche,  celle  qui 
consiste  à  mettre  à  nu,  sur  les  deux  parties  cor- 
respondantes, les  couches  du  liber  et  la  surface 
de  l'aubier,  à  rapprocher  les  deux  individus  et  à 
les  maintenir  en  contact  à  l'aide  de  matières 
agglutinatives  ou  de  ligatures;  puis,  iorsquo  la 
soudure  est  opérée,  à  couper  au-dessous  de  ce 
point  celui  des  deux  individus  que  l'on  a  voulu 
greffer.  II  Greffe  par  rameaux  ou  scions,  celle  dans 
lai|uelle,  coupant  transversalement  le  sujet,  et  y 
laisant  à  la  partie  .supérieure  une  petite  entaille  ou 
fente,  on  y  introduit  la  base  du  rameau  amincie 
en  biseau.  ||  Greffe  en  fente,  la  même  que  la  greffe 
par  rameaux  ou  scions.  ||  Greffe  en  couronne,  cellJ 
dans  laquelle  on  place  plusieurs  rameaux  ou  scions 


1928 


(ÎRE 


GRË 


autour  du  sujet,  do  manière  à  leur  faire  simuler 
une  couronne.  ||  GrefTe  par  bourgeons,  dite  aussi 
greffe  en  écusson,  cl,  suivant  l'époque,  greffe  a  œil 
poussant  ou  œil  dormant,  greffe  dans  laquelle,  en- 
levant, sur  une  branche  de  la  plante  à  greffer,  un 
petit  disque  d'écorce  portant  à  son  centre  un  œil 
ou  bourgeon  latent,  et  enlevant  sur  le  sujet  un  dis- 
que semblable,  on  substitue  le  premier  dis(|ue  au 
second.  ||  Greffes  en  flûte,  en  sifflet,  en  anneau, 
greffijs'  '•ui  se  font  par  le  transport  d'un  anneau 
d'écorce  muni  d'un  bourgeon.  ||  2°  Jeune  tige  ou 
portion  d'écorce  pourvue  d'un  ou  de  plusieurs 
bourgeons  qu'on  transporte  sur  un  autre  individu, 
à  l'effet  de  réunir  et  de  confondre  en  une  seule 
plante  ces  deux  végétaux  d'abord  séparés.  Une 
greffe  est  une  sorte  de  bouture  plantée  dans  un 
tronc  vivant,  bonnet,  Consid.  corps  org.  Œuv. 
t.  v,  p.  132,  dans  pougens.  Le  suc  nourricier  passe 
alternativement  du  sujet  dans  la  greffe,  de  la  greffe 
dans  le  sujet,  iD.  Us.  feuilles  plant.  5*  mém. 
U.  Duhamel  avait  observé  que  la  greffe  ne  s'at- 
tache point  sur  la  branche  qui  la  porte  comme  les 
plantes  parasites  sar  l'arbre  dont  elles  tirent  leur 
nourriture;  qu'elle  fait  un  même  corps  avec  le 
sujet;  que  leurs  organes  ont  entre  eux  une  véritable 
continuité,  condorcet,  Duhamel.  \\  Greffe  animale, 
nom  que  l'on  donne  à  des  parties  d'animaux  qu'on 
a  insérées  sur  des  animaux  vivants.  On  voit  ici 
[l'implantation  de  l'ergot  dans  la  crête  d'un  coq] 
l'exemple  d'une  véritable  greffe  animale  qui,  comme 
celle  des  végétaux,  exige  que  les  parties  qui  s'u- 
nissent soient  douées  chacune  d'une  force  vitale, 
CONDORCET,  Duhamel. 

—  HIST  xiu'  S.  Quant  est  racine  de  bone  ente, 
Droiz  est  bien  ke  li  fruz  s'en  sente;  Bon  greife 
quant  de  bon  cep  crest,  Li  bons  fruz  par  raisun  en 
nest,  Edouard  le  confesseur,  v.  97.  ||  xvi'  s.  Une 
ente  est  bien  mal  faite  Du  greffe  en  un  bois  sec, 
ïVER,  p.  575.  Ainsi  en  y  mettant  de  bons  greffes, 
on  se  peuple  des  meilleures  races  de  raisins  qu'on 
puisse  choisir,  o.  de  serbes,  177. 

—  ÉTYM.  Comme  on  voit  dans  l'historique,  le 
greffe  servait  à  greffer;  et  le  greffe  se  (iis3.\l  aussi  de 
ce  que  nous  disons  la  greffe;  c'estdonc  le  même  mot 
querancicn  françaisgre/'c, poinçon  (voy.  greffe  i,à 
l'élymologie).  Pic.  graveuse,  greffe;  wallon,  grèfoti. 

OKEFFÊ,  lÎE  (grè-fé,  fée),  part,  passé  de  greffer. 
Inséré  par  greffe.  Un  poirier  greffé  sur  coignassier. 
Un  citron  gros  comme  un  pois,  greffé  par  son  pé- 
dicule sur  un  oranger,  y  prend  tout  son  accroisse- 
ment et  y  conserve  tous  les  caractères  propres  au 
citron,  bonnet,  Consid.  corps  org.  CMuv.  t.  v,  p. 

435,  dans  POUGENS. 

GREFFER  (grS-fé),  t).  a.  ||  1°  Faire  une  greffe.  Si 
l'on  greffe  l'amandier  sur  le  prunier,  la  greffe  ne 
subsistera  que  peu  d'années,  bonnet,  Consid.  corps 
org.  GCuv.  t.  v,  p.  433,  dans  pougkns.  ||  Absolument. 
Il  y  a  plusieurs  manières  de  greffer.  ||  Fig.  La  lé- 
gislation anglaise  est  comme  un  arbre  antique  sur 
lequel  les  légistes  ont  greffé  sans  cesse  les  rejetons 
les  plus  étrangers,  tocqueville,  dans  le  Dict.  de 
POITEVIN.  Il  2'  Se  greffer,  v.  réfl.  Être  greffé.  Le 
pêcher  so  greffe  sur  l'amandier.  Les  folioles  des 
feuilles  composées  se  greffent  assez  souvent  les 
unes  aux  autres,  en  sorte  que  deux  ou  trois  fo- 
lioles n'en  composent  plus  qu'une  seule,  sur  un 
pédicule  commun,  bonnet.  Us.  feuilles  d.  plant. 
6"  miim.  Il  Fig.  C'est  là  que  l'homme  se  greffe  sur 
l'homme,  les  nations  sur  les  nations....  rivarol, 
dans  le  Dict.  de  be.scherelle. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Maintenant  convient  greffer  les 
arbres,  c'est  à  dire  y  loger  les  entes....  les  outils 
pour  enter,  sont....  o.  de  serres,  861. 

—  f.TYM.  Greffe  2;  picard,  graver;  wallon,  grèfi. 
GREFFEtJR  (grc-feur),  s.  m.  Celui   qui  greffe, 

qui  sait  greffer. 

GREFFIER  (grè-fié;  l'rnese lie  jamais;  au  pluriel, 
Vs  so  lie  :  des  grè-fié-z  habiles),  s.  m.  Fonctionnaire 
qui  tient  le  greffe,  écrit  les  minutes  des  jugements, 
des  arrêts,  et  assiste  le  juge  dans  certaines  occa- 
sions. Greffier  civil.  Greffier  criminel.  Le  greffier 
d'une  justice  de  paix.  ||  Autrefois,  greffier  à  peau 
ou  à  la  peau,  le  commis  greffier  qui  écrivait  sur 
parchemin  les  expéditions  des  sentences.  Veuve 
d'un  greffier  à  la  peau,  que  vous  avez  fait  mourir 
do  chagrin,  dancourt,  Fête  de  village,  i,  3.  ||  Gref- 
fier de  l'écritoirc,  celui  qui  recevait  et  expédiait 
les  rapport;.,  des  experts.  ||  Grefûère,  femme  d'un 
greffier.  Je  vous  trouve  admirable,  madame  la  gref- 
fièrc.  —  Grefficre,  monsicuri  supprimez  ce  nom-là, 
je  vous  prie  ;  feu  mon  maricstmort,  la  charge  est  ven- 
due, dancourt,  Bourgeoises  de  qualité,  i,  3.  ||  Pro- 
Terbe.  C'est  le  greffier  de  Vaugirard,  qui  no  peut 


écrire  quand  on  le  regarde,  se  dit  de  quelqu'un  qui 
ne  veut  rien  faire  en  présence  d'un  autre.  Ce  prn- 
verbo  vient  d'un  greffier  à  Vaugirard,  près  Paris, 
qui,  tenant  .son  greffe  en  un  lieu  obscur,  n'y  voyait 
plus  quand  on  le  regardait  par  la  seule  fenêtre  qui 
lui  donnait  du  jour.  , 

—  HIST.  XV'  s.  Nicole  Crante,  prothonotaire  du 
roi  et  graphier  en  son  parlement,  du  cange,  gra- 
phista.  Il  xvr  s.  Pensons  nous  qu'à  chaque  arquc- 
busade  qui  nous  touche,  et  à  chaque  hazard  que 
nous  courons,  il  y  ait  soubdain  un  greffier  qui 
l'cnrooUe?  et  cent  greffiers  oultre  cela  le  pourront 
escrire,  desquels  les  commentaires  ne  dureront  que 
trois  jours  et  ne  viendront  à  la  veue  île  personnes, 
mont.  III,  24.  La  mémoire  est  des  yeux  la  fidèle 
greffiere,  Le  livre  des  paysans,  la  riche  tresorierc 
Qui  tient  comme  endeposttout  ce  que  les  humains, 
Poussés  de  vents  divers,  ont  tenté  de  leurs  mains, 
DUBARTAS,  Semaine,  jour  T.  Ils  [certains  chiens  do 
chasse]  s'appellent  greffiers  pour  ce  que  du  tenais 
du  roy  Louis  XII  on  prcnt  un  chien  de  la  race  des 
chiens  blancs  de  saint  Hubert,  et  en  fait  on  couvrir 
une  braque  d'Italie  qui  estoit  à  un  secrétaire  du  roy 
qu'en  ce  temps  là  on  appelloit  greffier,  chables  ix. 
De  la  chasse,  p.  42,  dans  lac  urne. 

—  ÉTY.M.  Greffe  *.  Greffier  a  signifié  d'abord  un 
fabricant  de  poinçons. 

GREFFOIR  (grè-foir),  s.  m.  Instrument  pour  gref- 
fer, qui  est  une  espèce  de  petit  couteau  à  lame 
mince  et  bien  tranchante;  le  manche  en  est  ter- 
miné par  une  spatule  d'ivoire  ou  d'un  bois  très-dur. 

—  ÉTYM.  Greffer. 

f  GRÉGAIRE  (gré-ghê-r'),  adj.  Terme  de  zoologie. 
Animaux  grégaires,  animaux  qui  vivent  par  trouiic". 

—  ÉTYM.  Lat.  gregarius,  de  grex,  gregis,  trouiieau. 
t  GRÉGALADE  (gré-ga-la-d'),  s.  f  Sur  la  Médi- 
terranée, coup  de  vent  du  nord-est,  dit  vent  grec. 

—  ÉTYM.  Grégalade  se  décompose  en  grecal, 
adjectif  fictif  dérivé  de  grec  (vent  grec),  et  la  finale 
ade  qui  indique  l'action. 

GRËGE  (grè-j'),  adj.  Soie  grége,  celle  que  l'on 
tire  directement  des  cocons  en  les  dévidant.  ||  Sub- 
stantivement. Ces  grèges  [soies  grèges  fournies  |)ar 
le  cocon  du  ver  à  soie  de  l'ailante]  ne  sont  pas  ca- 

,  core  tout  à  fait  propres  aux  usages  de  l'industrie, 
jiarce  qu'il  reste  à  organiser  des  instruments  pour 
a.ssocier  plusieurs  brins  au  moyeu  d'une  certaine 

I  torsion   et  pour  les  mouliner,  guérin-méneville, 

;  Acad.  des  se.  Comptes  rendus,  t.  un,  p.  12B8. 1|  Ou 

[  dit  aussi  le  fil  grége. 

j  —  ÉTYM.  Génev.  soie  grèze ;  de  l'ital.  seta  grcggia. 
Greggio  ou  greiio  signifie  brut  en  italien ,  et  s'ap- 

I  plique  au  métal  tel  qu'il  sort  de  la  mine;  on  en 
comprend  l'application  à  la  soie  telle  qu'elle  sort 
du  cocon;  l'origine  de  greggio  est  inconnue. 

GRÉGEOIS  (gré-jot),  s.  m.  \\  l»  Anciennement, 
nom  du  peuple  dit  aujourd'hui  les  Grecs.  Depuis  la 
ville  où  les  Grégeois  Occirent  tant  de  bons  bourgeois, 

J  scarron,  Virg.  1. 1|  2°  Adj.  m.  Employé  seulement 
aujourd'hui  dans  cette  locution  :  feu  grégeois, 
composition  de  matières  combustibles,  inventée 
dans  le  septième  siècle  par  Callinique,  ingénieur 
d'Héliopolis  en  Syrie,  pour  briller  les  vaisseaux  des 
Sarrasins,  et  ainsi  dit  de  l'usage  qu'en  firent  dans 
la  guerre  les  Grecs  ou  Grégeois.  ||  Fig.  Montrez-leur 
un   feu  grégeois  qui  les  surprenne,  ou  un  éclair 

'  qui  les  éblouisse;  ils  vous  quittent  du  bon  et  du 

I  beau,  LA  BBUY.  i. 

—  HIST.  XII'  s.  Le  feu  grezois  lors  [il]  fet  leans 
jalir  [jaillir],  Aus  grans  palez  et  à  sales  ferir  ;  Vente 

î  li  vens,  li  paley  est  espris;  N'iert  mes  esteint  par 
eve  [eau]  nés  un  dis  [même  en  un  jour],  du  cange, 
ignis.  ||xili's.  Sarrasin  lorardoi  enta  feu  grigoistous 
lor  engiens,  Chr.  de  Rains,  p.  37.  ||  xv"  Ainsi  qu'il 
s'en  alloit  par  mer,  il  rencontre  une  nef  de  Sarazins 
que  le  soud:in  Saladin  envoioit  en  Acre  pour  le  se- 
cours faire  A  ceux  qui  estoient  en  lacité  jetcelo  nef 
avoit  grand  planté  de  fioles  de  voire  pleines  de  feu 
gregois,  du  cange,  ignis. 

—  ÉTYM.  Latin  gra'censis,  de  Crxcus,  Grec;  la 
finale  ois,  eis,  répond  à  la  finale  latine  ensis. 

GRÉGORIEN,  lENNE  (gié-go-riin,  riè-n'),  adj. 
Il  1°  Chant  grégorien,  le  plain-chant  d'Eglise,  par- 
ce que  l'invention  en  est  attribuée  au  pape  Gré- 
goire 1".  Il  So  dit  aussi  du  rit  établi  par  Grégoire  1" 
pour  les  sacrements,  les  bénédictions,  etc.  Office 
grégorien.  Il  2°  Calendrier  grégorien,  réformation 
de  l'ancien  calendrier,  faite  par  l'ordre  du  pape  Gré- 
goire XIII,  en  (583.  Il  3°  Eau  grégorienne,  mélange 
d'eau,  de  vin  et  de  cendre,  qui  sert  à  purifier  les 
églises  polluées.  Il  4"  Code  grégorien.  Deux  juris- 
consultes, Grégoire  et  Hermogène,  firent  un  recueil 
de  droit,  qu'on  appella  de  leur  nom  code  grégorien 


GRÈ 

et  code  hermogénicn;  c'était  une  collection  des  con- 
stitutions des  empcreuis  depuis  Adrien  Jusqu'à 
Diocléticn  et  Maxuuien  en  300,  bollin,  llist.  anc. 
liv.  xxvi,  2*  pari.  ch.  -',  art.  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  Gregorius,  nom  propre,  dérivé  i!ii 
grec  YP'lYopeîv,  être  éveillé,  et  signifiant  propre- 
ment vigilant. 

t  GRÉGOD  (gré-gou),  s.  m.  Synonyme  de  vent 
grec  (voy.  grec).  Le  giégou  est  opposé  au  labeel: 
ou  sud-ouest. 

GRÈGUE  (grè-gh'),  S.  f.  Haut-de-chausses,  c\i. 
lotte;  on  ne  le  dit  plus  qu'au  pluriel.  Dont  le  ra!  :  ' 
est  sale  et  la  chausse  rompue.  Ses  grègues  aux  p 
noux,  au  coude  son  pourpoipt,  Régnier,   Sat.  . 

I]  Tirer  ses  grègues,  s'enfuir Le  galant  aussir 

Tire  ses  grègues,  gagne  au  haut,  la  font,  l'a' 
n,25.  Il  Populairement.  Lai.sser  ses  grègues,  mour.r 
Il  11  a  bien  mis  de  l'argent  dans  ses  grègues,  il 
s'est  enrichi.  ||  Avoir  de  l'argent  en  grègue,  avoir  d' 
l'argent  en  poche,  n'être  jamais  sans  beauœup  il'r 
gent.  Il  II  en  a  dans  ses  grègues,  se  dit  d'un  hora:: 
à  qui  il  est  arrivé  quelque  accident  fâcheux. 

—  REM.  Aujourd'hui  que  le  mot  grègue  est  pr:  : 
connu,  bien  des  gens  y  substituent  le  mot  guélr 
ce  qui  fait  presque  partout  un  contre-sens. 

—  HIST.  xvi*  s.  X  la  fin  on  s'est  mis  à  en  fu; 
[des  chausses]  sans  brayette,  que  les  uns  ont  ;; 
pelé  chausses  à  la  gregesque  ou  à  la  guarguesqi: 
les  autres,  •  tout  en  un  mot,  gregesque  ou  garK' 
que,  ou  garguesque,  n.  est.  Lang.  fr.  ilal.  p.  ■.;  i  - , 
dans  MÉNAGE,  au  mot  grègues. 

—  ÉTYM.  Normand,  gargache,  culotte;  de  l'il  1 
grechesco  (en  provençal  grezesc,  en  catalan  .17/  • 
guesc),  à  la  grecque;  des  grègues  ou  gregucscju, s 
étaient  proprement  des  chausses  à  la  greciii 
comme  il  y  en  avait  alors  à  l'italienne,  à  la  n^po- 
Utaine,  etc.  Grechesco  est  dérivé  de  greco,  gn 

f  GRELAGE  (gre-la-j'),  s.  m.  Voy.  grelouagi:. 

t  GRÊL.4NT  (grê-lan),  adj.  m.  Usité  ancieni 
ment  dans  la  gabelle  en  cette  locution  :  Xmi 
grêlant,  à  minot  duquel  on  a  fait  tomber  avec 
racloire  l'excédant  du  sel,  Lettres  pat.  du  i"  sr; 
1696  (ainsi  dit  sans  doute,  parce  que  le  grain  tom 
comme  la  grêle  lorsqu'on  fait  cette  opération). 

t.  GRÊLE  (grê-l),  adj.  ||1°  Long  et  menu.  Une 
tige  grêle.  Des  jambes  grêles.  Venez,  boucs  mé- 
chants, Psylles  aux  corps  grêles,  Aspioles  frêles, 
Comme  un  (lot  de  grêles,  Fondre  dans  ces  champs, 
v.  HUGO,  Bal.  M.  Il  Terme  d'anatomie.  Intcs  n 
grêle,  la  portion  d'intestin  qui  s'étend  depuis  1'  ^ 
tomac  jusqu'au  caecum  exclusivement.  ||  Muscl.  - 
grêles,  nom  de  certains  muscles  minces  et  loi  - 
Il  2"  Par  extension,  se  dit  de  ce  qui  est  chétif,  iiua 
suffisamment  plein  ou  développé.  Une  physionomie 
grêle.  11  y  a  toujours  quelque  chose  de  grêle  dans 
notre  architecture,  quand  nous  visons  à  l'élégance, 
ou  de  pesant  quand  nous  prétendons  à  la  majesté, 
ciiateaubr.  Hin.  t"  part.  |j  3°  Se  dit  d'une  voix 
aiguë  et  faible.  M.  d'Alembert,  avec  sa  petite  voix 
grêle ,  est  un  excellent  lecteur,  volt.  Lett.  La- 
harpe,  4  sept.  <77l.  La  voix  grêle  des  cymbales  S« 
mêlait  par  intervalles  Aux  bruits  de  la  grande  mor, 
v.  HUGO,  Orient.  1.  {|  Ton  grêle,  le  ton  le  plus  haut 
d'un  cor  ou  d'une  trompette.  ||  Sulislantiveni'i'l 
en  ce  sens.  Sonner  du  grêle  ou  sonner  grtij. 
Il  4°  S.  f.  Lame  d'acier  plate  et  dentelée,  dont  !c 
tabletier  se  sert  pour  grêler. 

—  SYN.  GRÊLE,  FLBET.  Colui  qui  est  fluBt  e.sl 
mince,  celui  qui  est  grêle  l'est  aussi  ;  mais  le  flucl 
l'est  de  sa  nature  et  sans  que  cela  indique  aucun 
amoindrissement  ou  dépérissement;  la  belette  est 
fiuette.  Au  lieu  que,  chez  le  grêle,  il  y  a  dispropor- 
tion ,  amoindrissement  ,  amaigrissement  :  dos 
membres  grêles  sont  des  membres  qui  devraient 
être  plus  gros,  vu  l'âge  du  sujet. 

—  HIST.  XI"  s.  Graisles  es  Mans  et  larges  les  cos- 
toz,  Ch.  de  Bel.  ccxxvii.  |{  xii*  s.  Venim  et  pourro- 
ture  grant  merveille  vomi.  Et  jut  moult  longue- 
ment ;  tous  greilles  sus  sailli  ;  Par  les  mains  al 
saint  hummo  <lc  s'cnferté  (de  sa  maladie]  guari, 
Th.  le  mart.  94.  Trois  fois  le  sonne  [un  cor]  et  en 
grelle  et  en  gros.  Charrois  de  Nymes.  \\  xiii*  s.  Ko- 
nart  fu  grellcs  et  menus,  Muciez  estoit  derier  la 
porte,  Ben.  3670.  ||  xiv  s.  Avoir  la  vois  acue  ou 
grelle,  oresme,  Eth.  (26.  User  de  perdris,  de  fai- 
sans, de  petis  oiseaux  champeslres  0  [avec]  grelle 
bec,  H.  de  mondeville,  f"  os,  verso.  Le  gros  du 
cuer  et  sa  rachine  est  en  haut,  et  le  grelle  en  bas, 
m.  f"  23,  verso.  \\  xv  s.  Je  n'y  cntens  nt  gros  ne 
gresle,  Patelin,  v.  (030.||xvi*  s.  Torquato  Tasso, 
en  la  comparaison  qu'il  faict  de  la  France  à  l'Italie, 
dict  avoir  remarqué  cela,  que  nous  avons  les  jam- 
bes plus  grailes  que  les  gentilshommes  italiens,  et 


en  attribue  la  cause  à  ce  que  nous  sommes  conti- 
nuellement à  cheval,  mont,  iv,  i90. 
i     —  ÉTYM.  Wallon,  gréie;   provenç.  graile;  anc. 
esp.  giicil;  ital.  gracile;  du  lat.  gracilis,  qui  a  l'ac- 
cent sur  gra. 

1.  GRP-LE  (grâ-r)  ,  s.  f.  ||  1°  Météore  aqueux 
formé  par  de  l'eau  qui,  congelée  en  l'air,  tombe 
par  grains  de  glace.  La  plus  belle  moisson  est  su- 
jette à  11  grêle.  Et  souvent  elle  n'a  que  des  fleurs 
pour  du  fruit,  bacan,  Pastor.  Ses  coups  tombent 
dru  comme  grêle,  scarron,  Virg.  v.  Moïse  ayant 
levé  sa  verge  vers  le  ciel,  le  Seigneur  fit  fondre 
la  grêle  sur  la  terre  au  milieu  des  tonnerres  et  des 
feux  qui  brillaient  de  toutes  parts ,  saci.  Bible, 
Exode,  IX,  23.  Les  livres  sur  Evrard  fondent  comme 
la  grêle,  noiL.  Lutr.  v.  Vous  voyez  que  la  grêle 
tombe  sur  les  plus  misérables  arbrisseaux  comme 
sur  les  plus  hauts  chênes;  tout  souffre  en  ce  monde, 
VOLT.  I.elt.  Richelieu,  6  juin  (777.  Hélasl  le  pampre 
vert  protéere  en  vain  son  fruit  ;  La  grêle  affreuse 
tombe  et  l'écrase  à  grand  bruit,  delille,  d'erg,  i. 
Aucun  ftermier  ne  paye  :  ils  ont  tous  à  la  bouche  Le 
mot  grêle....  COLLIN  d'iiarlfv.  Vietixcélib.  ii,  2.  ||  Fa- 
milièrement. On  le  craint  comme  la  grêle,  il  est 
pire  que  grêle,  se  dit  d'un  méchant  homme  qui 
fait  beaucoup  de  mal  en  un  canton,  en  un  pays, 
il  On  dit  aussi  :  Cet  enfant  est  méchant  comme 
grêle.  ||Fig.  La  grêle  est  tombée  sur  votre  jardin, 
sur  vos  vignes,  c'est-à-dire  c'est  un  grand  malheur 
pour  vous,  une  grande  perte.  ||  On  dit  aussi  :  Quelle 
grêle!  c'est-à-dire  quelle  misère!  ||  8°  Fig.  Quantilé 
considérable.  Des  frondeurs  jettent  une  grêle  <le 
grosses  pierres,  fén.  Tel.xvi.  Les  sarcasmes  tombè- 
rent sur  moi  comme  la  grêle,  J.  J.  Rouss.  Con- 
fess.  vin.  Il  Familièrement,  dans  le  même  sens.  Une 
grêle  de  coups.  Nommez  -  vous  l'aventure  une 
bonne  fortune,  Et  la  grêle  de  coups  doit-elle  être 
commune  Avec  moi  qui  ne  sers  ici  que  de  re- 
cors? SCARRON,  D.  Japhet  d'Arm.  iv,  3.  À  la  vue  du 
Fils  unii|ue  de  Dieu,  accablé  sous  une  grêle  de 
coups,  BOUHDAL.  Exhort.  sur  la  flagellât,  de  J.  C. 
t.  II,  p.  88.  Termes  reçut  une  fois  une  grêle  do 
bastonnade  de  quatre  ou  cinq  Suisses,  st-sim.  <29, 
t"7.  Il  S"  Terme  de  médecine.  Tumeur  qui  se  déve- 
loppe dans  le  tissu  des  paupières,  dite  aussi  cha- 
lazion,  et  qui  est  ainsi  nommée  à  cause  de  sa  forme 
et  de  sa  transparence  analogues  à  celles  d'un 
grain  de  grêle.  ||  Proverbes.  De  grêle  n'est  mau- 
vaise année  Qu'aux  lieux  où  plus  elle  est  tombée. 
Jamais  ne  grêle  en  une  vigne.  Qu'en  une  autre 
ne  provigne,  le  roux,   Dict.  comique. 

—  IIIST.  XII"  S.  Et  les  nues  tôt  mesle  mesie  Gi- 
toient  pluie,  noif  et  gresle,  crestien  de  troies, 
Chev.  au  lyon,  v.  44).  {|  xiii*  s.  Volent  saetes,  qua- 
rcus  e  darz  Espessement  cum  gresle  en  marz , 
Edouard  le  confesseur,  v.  4667.  ||  xiv*  s.  Pierre 
de  grelle  [un  gros  morceau  de  grêle],  Chr.  mss.  de 
G.  de  Nangis,  dans  lacurne.  ||  xvi'  s.  Gresle  :  c'est 
une  petite  tumeur  mobile,  ronde  et  lucide  comme 
un  grain  de  gresle,  laquelle  vient  aux  paupières, 

PARÉ,  XV,  B. 

—  ÉTYM.  Bourg,  graule;  picard  (dans  certains 
cantons) ,  grieu,  et  au  plur.  gris,  grêle  ;  prov. 
gressa,  gre%a.  Diez  y  voit  le  même  radical  que 
dans  grésil  (voy.  ce  mot),  c'est-à-dire  un  dérivé  de 
grés  (grés-il) ,  à  cause  de  la  forme  grenue  comme 
le  grès.  Cette  opinion  est  plus  vraisemblable  que 
celle  de  du  Cange,  qui  déduisait  grêle  du  latin 
gracilis,  qnod  minutatim  cadat  grando. 

f  3.  GUPXE  (grê-l'),  s.  m.  Houille  en  morceaux 
gros  comme  des  œufs. 

GRElÉ,  ËE  (grê-lé,  lée),  part,  pass^  de  grêler. 
Il  1°  Frappé  par  la  grêle.  En  Champagne,  en  Bour- 
gogne, Les  coteaux  sont  grêlés,  bérang.  On  s'en  fi,- 
rhe.  Il  Fig.  Avoir  l'air  grêlé,  être  mal  vêtu,  avoir  l'air 
iiiséraWe.  Il  a  l'air  bien  grêlé;  selon  toute  appa- 
;  ",noe.  Cet  homme  n'a  pas  fait  fortune  à  l'intendance, 
.iKSTOUCU.  Glor.  IV,  s.  Les  pauvres  diables  me  pa- 
raissent aujourd'hui  bien  grêlés,  volt.  Lett.  Mme  de 
Fontaine,  14  juin  I70l.  ||  On  dit  aussi  ;  Ce  prédi- 
cateur est  grêlé,  c'est-à-dire  il  est  peu  suivi.  ||  2° Fig. 
Marqué  de  la  petite  vérole.  Il  a  le  visage  tout  grêlé. 
Il  est  fort  grêlé.  ||  Dans  ce  sens  on  dit  substantive- 
ment: un  grêlé,  une  grêlée.  ||  3°  Terme  de  blason.  Il 
se  dit  des  couronnes  de  marquis  ou  de  comte  qui 
sont  chargées  d'un  rang  de  grosses  perles  rondes, 
comme  si  c'était  une  grêle  de  perles  qui  fût  tom- 
bée dessus. 

t  GREleau  (grê-lô) ,  s.  m.  Terme  d'eaux  et  fo- 
rets. Baliveau  au-dessous  d'un  mètre  de  tour  (forêt 
d'Orléans). 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  grêle  i . 

i.  GRÊLER   (grê-lé).  ||  1°  Y   impers.   II  se  dit 

DICT.   ri!î   LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


GRE 

quand  il  tombe  de  la  grêle.  Qu'il  vente  et  qu'il 
grêle,  je  me  moque  de  tout,  scarron,  dans  riche- 
LKT.  Un  paysan  croit  qu'il  a  grêlé  par  hasard  sur 
son  champ  ;  mais  le  philosophe  sait  qu'il  n'y  a 
point  de  hasanl,  et  qu'il  était  impossible,  dans  la 
constitution  de  ce  monde,  qu'il  ne  grêlSt  pas  ce 
jour-là  en  cet  endroit,  volt.  Dict.  phil.  Destin. 
Il  Fig.  Qui  doute  qu'avec  ce  nom  [abbé  d'Athènes] 
il  [Ménage]  n'eût  pu  défier  la  rime  et  la  prose  qui 
ont  tant  de  fois  grêlé  sur  le  sien?  Anti-lfenagiana, 
p.  )8).  Il  Fig.  Grêler  su  le  persil,  exercer  son 
influence,  son  pouvoir,  sa  critique  sur  des  gens 
faibles,  ou  dans  des  choses  de  peu  de  conséquence. 
Entre  nous,  madame,  on  peut  dire  qu'en  matière  de 
doctrine,  on  a  grêlé  sur  le  persil,  maintenon,  Lett. 
à  Mme  de  Dangeau ,  t.  vu ,  p.  77,  dans  pougens. 
Vous  savez  comme  on  grêle  ici  sur  les  personnes 
dont  on  croit  n'avoir  que  faire,  m.  ib.  22  nov. 
(709.  Le  parlement  a  tant  grêlé  sur  le  persil,  qu'il 
ne  faut  plus  qu'il  grêle,  volt.  Lett.  en  vers  et  en 
prose,  146.  Il  2°  F.  o.  Endommager  par  la  grêle.  Je 
crains  que  cet  orage  ne  grêle  nos  vignes.  Ce  canton 
a  été  grêlé.  ||  Il  se  dit  aussi  des  personnes  dont  les 
propriétés  ont  été  dévastées  par  la  grêle.  Presque 
tous  nos  propriétaires  ont  été  grêlés.  |{  Fig.  Sa  mé- 
disante humeur,  grand  obstacle  aux  faveurs.... 
Avait  de  ce  galant  souvent  grjlé  l'espoir,  la  font. 
Fiancée.  \\  Fig.  Cet  homme  a  été  grêlé,  il  a  fait  de 
grandes  pertes,  il  a  eu  de  grandes  infortunes. 

—  lllST.  xii'  s la  tormante  Qui   grausle  et 

pluet  et  tone  et  vante,  crestien  de  troies,  Chev. 
au  lyon,  v.  773.  ||  xiii°  s.  Si  durement  grella  et 
chaïrent  foudres,  que  moult  des  pueples  et  des 
bestes  morut.  Psautier,  {°  127.  ||xvi's.  X  qui  il 
gresle  sur  la  teste,  tout  l'hemisphere  semble  estre 
en  tempeste  et  orage,  mont,  i,  170.  Par  toy  les 
vignes  sont  gelées.  Par  toy  les  plaines  sont  gres- 
lées,  DU  BELLAY,  VII,  19,  vcrso.  Le  diabloton  qui 
estoit  du  nombre  de  ceux  que  les  bonnes  gens  du 
village  disent  ne  sçavoir  que  faire  gresler  le  persil, 
BoucHET,  Serées,  11,  p.  loo,  dans  lacurne.  Un  petit 
diable,  lequel  encores  ne  savoit  ne  tonner,  ne 
gresler,  fors  seutement  le  persil  et  les  choux,  hab. 
Pant.  IV,  45. 

—  ÉTYM.  Grêle  2  ;  bourg,  grôlay. 

\  2.  GRÊLER  (grê-lé) ,  v.  a.  ||  1°  Arrondir  les 
dents  d'un  peigne  sur  toute  leur  longueur.  ||  2"  Ré- 
duire la  cire  en  lanières  ou  rubans,  afin  de  rendra 
le  blanchiment  plus  facile.  On  dit  aussi  grelouer. 

—  ÉTYM.  Grêle  1. 

f  GRELET  ^'^^'e-lè) ,  s.  m.  Marteau  dont  se  ser- 
vent les  maçons. 

f  GRÊLET,  ETTE  (gtt  '°,  lè-t') ,  adj.  Qui  est 
un  peu  grêle. 

—  HIST.  XVI»  s.  L'embonpoint  j'aime  et  j'aime  la 
grelette,  yver,  p.  627. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  grtîe  ). 

f  GRÊLEUX,  EUSE  (grê-leû,  leû-z') ,  adj.. Qui  a 
le  caractère  de  la  grêle.  ||  Terme  d'anatomie.  Os- 
grêleux,  nom  donné  autrefois  à  l'os  cuboïde  de  la 
deuxième  rangée  dutarse,  àcausede  ses  inégalités, 

—  HIST.  xvr  s Essuya  l'air  gresleux  et  plu- 
vieux, RONS.  77. 

—  ÉTYM.  Grêle  2. 

t  6RÊLIER  (grê-lié),  s.  m.  Ancienne  pièce  d'ar- 
tillerie qu'on  chargeait  de  balles  et  de  ferrailles,  ot 
qui  en  cliassail  comme  une  grêle,  lorsqu'elle  était 
tirée. 

—  ÉTYM.  Grêle  2. 

GRELIN  (gre-lin),  s.  m.  Terme  do  marine.  Tout 
cordage  dont  la  grosseur  est  au-dessous  de  ceKe 
du  câble  (le  câble  est  le  cordage  qui  tient  l'ancre). 

—  ÉTYM.  AUem.  Greling. 

t  GRELOIR  (grê-Ioir),  s.  m.  ou  GRËLOIRE  (grê- 
loi-r'),  s.  f.  Vase  de  fer-blanc  percé  de  trous,  pour 
grêler  la  cire. 

—  ÉTYM.  Grêler  2. 

GRËLO.V  (grê-lon),  s.  m.  Grain  de  grêle.  Des 
grêlons  gros  comme  des  œufs  de  poule  d'Inde  ont 
cassé  mes  vitres;  et  les  vôtres?  volt.  Lett.  d'Ar- 
ijental,  24  juin  t754. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  grêle  "i,  avec  la  finale  aug- 
mentative  on. 

GRELOT  (gre-lo  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire  ;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  grelo-z  assour- 
dissants; grelots  rime  avec  repos,  travaux,  etc.), 
s.  m.  Il  1°  Petite  boule  de  métal  creuse  et  percée  do 
trous,  renfermant  un  morceau  de  métal  mobile  qui 
la  fait  résonner  dès  qu'on  la  remue.  Les  grelots  d'un 
cheval.  Dès  l'abord  leur  doyen  [des  rats],  personne 
fort  prudente.  Opina  qu'il  fallait,  et  plus  tôt  que  plu.< 
tanl.  Attacher  un  grelot  au  cou  de  lîodilard,  la  font. 
Fabl.  II,  2.  La  difficulté  fut  d'attaclier  le  grelot;  L'un 


GRE 


1929 


dit  ;  je  n'y  vais  point,  je  ne  suis  pas  si  sot,  lo.  ib. 
A  l'heure  où  l'on  entend  lentement  revenir  Los  gre- 
lots du  troupeau  qui  bêle,  v.  nuGO,  Orient.  2( .  ||  Fig. 
et  familièrement.  Attacher  le  grelot,  faire  la  pre- 
mière tentative  dans  une  affaire  hasardeuse.  Quand 
ce  fut  à  attacher  le  grelot  [demander  le  tabouret 
pour  sa  femme],  il  [Séguier]  demeura  court  et  n'osa; 
sT-siM.  70,  (56.  Il  Trembler  le  grelot,  trembler  si 
fort  que  les  dents  claquent  l'une  contre  l'autre. 
Il  2°  Insigne  que  porte  la  marotte  de  la  folie.  Un 
fou  reçoit  ses  grelots  et  sa  marotte  en  cérémonie. 
volt.  Dial.  XXIV,  4  0.  Cet  asile  Où  tant  de  fois  le  vau- 
deville A  renouvelé  ses  grelots,  bérang. /Icad.  etCav. 
Des  erreurs  de  l'humaine  espace  Dieu  veut  que  ch;i- 
cun  ait  son  lot;  Même  au  manteau  de  la  sagesse  La 
folie  attache  un  grelot,  m.  Couplet.  ||  3°  Terme  do 
liotaniquo.  Fleurs  en  grelot,  fleurs  qui  ont  la  forme 
d'un  grelot.  ||  4°  Espèce  de  clochette  qui  termine  la 
queue  du  serpent  à  sonnettes.  ||  5"  Fil  au  grelot,  es- 
pèce de  fil  ((ui  se  tire  de  Doort  en  Hollande  et  qui 
sert  à  broder  les  toiles  fines. 

— 'HIST.  XVI"  s.  Pendant  que  ces  pauvres  nyais 
sont  là  à  trembler  le  grelot,  Dialogues  de  Tûhureau, 

p.   21,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  paraît  être  un  diminutif  de 
l'ancien  français  grêle  ougraile,  son  grêle,  et  aussi 
trompette.  Diez  préfère  le  latin  crotalum,  peUte  son- 
nette, à  cause  du  sens  de  grelotter,  claquer  des  dents, 
Jaubert,  dans  son  Glossaire,  cite  les  mots  du  Berry 
grclaud,  creux,  vide,  grelot,  grelaud,  petit  pot  do 
terre,  et  il  croit  que  grelot  vient  de  là  ;  ces  mots  du 
ISorry  proviennent  sans  doute  de  graal,  vase  (voy. 
ce  mot).  Saint-Gelais  a  dit  :  trembler  le  grelet  :  Mi- 
nuict  est  pieça  sonné;  Par  Dieu,  c'est  bien  pro- 
mené :  Je  fay  bien  de  leur  vallet,  D'icy  trembler  le 
grelet,  st-gelais,  227. 

t  GRELOTTANT,  ANTE  (gre-lo-tan,  1an-t'),  adj 
Tremblant  de  froid.  Elle  est  toute  grelottante. 

GRELOTTER  (gre-lo-té),  v.  n.  Trembler  de  froid. 
C'est  moi  qui  lui  avais  fait  cacher  sa  chemise  et  ses 
habits  tandis  qu'il  se  baignait,  et  qui  fus  cause  qu'il 
fut  obligé  de  grelotter  dans  la  rivière  pendant  tout 
le  souper  qui  se  faisait  à  ses  dépens,  dancoort.  Re- 
tour des  officiers,  se.  5.  On  dit  que  c'est  bien  pis 
en  Italie  ;  les  maisons  n'y  sont  faites  que  pour  res- 
pirer le  frais;  et,  quand  les  gelées  viennent,  toute 
la  nation  grelotte,  volt.  Lett.  Mme  Denis,  )  8  janv. 
1762.  Les  malheureux  se  traînent  encore  en  grelot- 
tant, jusqu'à  ce  que  la  neige,  qui  s'attache  sous 
leurs  pieds  en  forme  de  pierre,  quelque  débris,  une 
branche,  ou  le  corps  de  l'un  de  leurs  compagnons 
les  fasse  trébucher  et  tomber,  ségur,  Ilist.  de  Nap: 
IX,  H.  Il  Fig.  Il  [Béranger]  grelottait  dans  sa  co- 
quille. Quand  d'un  luth  je  lui  fis  l'octroi,  bérano. 
Épitaphe.  \\  On  dit  quelquefois,  par  une  sorte  de 
construction  active,  grelotter  la  fièvre,  comme  on 
dit  trembler  la  fièvre.  ||  11  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire avoir. 

REM.  Les  verbes  ([ui  ont  un  radical  termine  par 

ot  ne  prennent  généralement  qu'un  (;  les.  excep- 
tions, non  justifiées  d'ailleurs,  sont  garrotter,  gigot- 
ter,  grelotter,  trotter  et  quelques  autres;  il  faudrait 
tout  écrire  par  un  seul  (. 

HIST.  XVI'  s.  Un  sergent  qui  estoit  venu  pour 

me  faire  allumer  la  mèche,  me  voyant  grelotcr 
comme  les  autres,  me  fit  offre  de  son  echarpe. 
tj'aub.  Vie. 

ÉTYM.    Grelot;  le   claquement  des  dents  do 

l'homme  qui  grelotte  étant  comparé  au  son  d'un  gre- 
lot. Gcncv.  greboler,  grenier;  Savoie,  greioler,  dau- 
phinois, gromolii. 

f  GRELOUAGE  (gre-lou-a-j"),  t.  m.  Action  de 
grelouer, 

t  GRELOUER  (grc-lou-é),  v.  a.  Synonyme  de 
grêler  2. 

GRELUCHON  (gre-lu-chon),  s.  m.  Terme  familier 
et  libre.  Amant  favorisé  secrètement  par  une  femme 
qui  se  fiit  payer  par  d'autres.  Sitôt  que  la  bravo 
Fanchon  Voit  aux  prises  son  grcluchon.  Elle  vous 
prend  à  la  cravate  Le  beau  mignon.,.,  le*  Porche- 
citerons,  m,  p.  447,  dans  f.  M:aiEL,i4rffO<.  On  pour- 
rait bien  à  l'aventure  Choisir  un  autre  greluchon. 
Plus  Alcide  pour  la  figure.  Et  pour  le  cœur  plus  Cé- 
ladon, Mais  quelqu'un  plus  aimable?  non,  volt,  lip. 
20.  La  tête  me  tourne;  je  ne  sais  comment  faire 
avec  les  dames,  qui  veulent  que  je  loue  leurs  cou- 
sins et  leurs  grcluchons,  m.  Lett.  Cidrrille^SO  mai 
1746.  Le  page  [Chérubin  dans  le  Mariage  de  Fi- 
garo] est,  pour  bien  dire,  un  fiefl'é  libertin.  Pro- 
tégé par  Suzon,  fille  plus  que  rusée,  Prenant  aussi 
sa  part  du  gentil  favori,  Grcluchon  de  la  femme  et 
mignon  du  mari;  Quel  bon  ton!  quelles  mœurs 
cette  intrigue  rassemble!  Épigr.  contre  Bcaumar- 


1930 


GRE 


ehait,  aux  prcmiJres  représentations  du  Mariage  de 

figaro.  .    .         .       j    „  , 

—  ÉTYM.  D'après  le  Dictionnaire  de  Trévoux,  il 
vient  lie  grelu  qui  se  dit  en  Bourgogne  et  ailleurs 
pour  pauvre,  misérable,  de  peu  de  valeur  ;  on  ne 
■ait  d'où  vient  grelu,  à  moins  qu'il  ne  soit  pour 
grilé.  D'après  Fr.  Michel ,  Argot,  c'est  le  nom  de 
Sainl  Greluchon  ou  Guerluchon,  auquel  les  femmes 
venaient  demander  la  fécondité,  et  dont  il  est  parlé 
dans  H.  Estienne,  Apol.  pour  Hérodote,  t.  ii,  p.  253, 
la  Haye,  (735. 

GRJÎMENT  (gré-man),  s.  m.  Voy.  gréement. 

GKËMIAL  (gré-mi-al),  s.  m.  Morceau  d'étoiïe 
qu'on  met  sur  les  genoux  du  prélat  officiant  quand 
il  s'assied,  et  qui  fait  partie  des  ornements  pontifi- 
caux. Il  Au  plur.  Des  grémiaux. 

—  ËTYM.  Lat.  gremium,  giron. 

GKË.UIL  (gré-mil),  ï.  m.  Plante  de  la  famille  des 
borraginées,  à  graines  nettes  et  très-dures.  Grémil 
officinal,  dit  aussi  herbe  aux  perles,  lithospermum 
offi4:inale,  t.;  gremil  des  champs,  lithospermum 
arvense,  L. 

—  ÊTYM.  On  tire  ce  mot  de  granum  milii,  grain 
de  mil,  à  cause  de  ses  graines.  Mais  Ménage  si- 
gnale la  foime  de  grenil,  et  Lebéricher,  Flore 
popul.  de  Normandie,  addil.  p.  6,  pense  que  gremi 
vient  de  ce  que  la  graine  est  la  partie  la  plus  ca- 
ractéristique de  cette  plante. 

t  GREMILLE  (gre-mi-U',  Il  mouillées) ,  s.  f.  Nom 
donné  par  les  pêcheurs  de  la  Seine  à  la  perche  gou- 
joi"iière. 

f  GRENACHE  (gre-na-ch') ,  s.  m.  Grenache  blanc, 
grenache  noir,  cépages  estimés  des  l'yrénées  orien- 
tales, d'origine  espagnole.  ||  Vin  de  grenache,  vin  de 
liqueur  que  l'on  fait  avec  le  grenache. 

—  HIST.  xiv"  s.  Garnache  deux  (juartes,  c'est  à 
deux  personnes  unechopine,  Ménagier,  u,  4.  ||  xv*  s. 
De  l'isle  de  Candie  il  leur  venoit  très  bonnes  mal- 
voisies et  grenaches,  proiss.  liv.  iv,  p.  81 ,  dans 
i.ACURNE.  Il  xvi°  s.  J'avois  du  tout  laissé  le  creneche; 
mais  j'ay  esté  contrainte  de  le  reprendre,  quant 
c'est  venu  sur  le  terme  des  trois  mois  [de  grossesse], 
MARG.  Lett.  (49. 

—  ÊTYM.  Le  grenache  paraît  originairement  un 
vin  grec;  on  ne  sait  l'origine  de  ce  mot. 

GRENADE  (gre-na-d'),  s.  f.  ||  1°  Fruit  du  grena- 
dier, qui  contient  des  grains  rouges  renfermés 
dans  de  petites  cellules.  Une  grenade  mûre.  Des 
grenades  acides.  ||  11  se  dit  aussi  de  la  fleur  des 
grenadiers  de  nos  jardins  qui  ne  donnent  pas  de 
fruit.  Il  2°  Terme  d'artillerie.  Boule  de  fer  creuse, 
ainsi  nommée  en  raison  de  sa  forme,  qu'on  rem- 
plit d'étoupes  et  de  poudre,  et  à  laquelle  on  met 
le  feu  par  une  fusée,  pour  la  jeter  à  la  main  dans 
un  poste  ennemi.  ||.Grcnade  à  cuiller,  grenade  qui 
se  lançait  avec  des  instruments  en  foime  de  cuiller. 
Il  Grenades  borgnes,  se  disait  de  celles  qu'il  n'était 
pas  nécessaire  d'allumer  et  qui,  étant  jetées  avec 
le  mortier,  s'enflammaient  d'elles-mêmes.  ||  3°  Or- 
nement militaire  qui  représente  une  grenade  et  qui 
se  met  sur  l'habit,  sur  la  giberne  des  grenadiers. 
Il  4°  Grenade  de  mer,  corps  dur,  pétrifié,  qui  naît 
ilans  la  mer  contre  les  roches  et  dont  la  forme  et 
la  couleur  sont  assez  semblables  à  celles  de  la  gre- 
nade. Il  5°  Nom  sous  lequel  les  habitants  des  côtes 
de  la  Flandre  désignent  les  chevrettes  ou  crevettes. 
Huches ,  paniers  et  autres  engins  pour  prendre 
crevettes,  grenades  ou  salicots,  Ordonn.  août  (68). 
Il  6°  Se  disait  aussi  de  la  soie  la  plus  estimée  pour 
la  couture,  les  franges,  etc.  ||  Nom  d'une  étofl"e  qui 
tenait  le  milieu  entre  le  basin  et  la  toile.  La  gre- 
nade était  faite  de  fil  et  de  coton,  et  devait  son 
nom  à  de  petites  mouchetures  en  forme  de  grains. 

—  HIST.  xiii*  s.  Adont  fait  aporter  le  fruit  Li  es- 
tes Daircs  por  déduit,  Puns  [pommes]  de  grenat, 
figes  et  poires,  FI.  et  Bl.  168B.  ||  xvi'  s.  Les  oranges, 
les  grenades,  les  pelotes,  les  pots  et  carreaux  à  feu, 
PARÉ,  IX,  Préf.  De  trois  cspeceslde  grenades  y  a-il, 
des  douces,  des  aigres  et  des  aigres-douces....  Do 
ce  fruit  se  fait  du  vin,  en  exprimant  son  jus  au  pres- 
soir, 0.  DE  SERRES,   697. 

—  ÉTYM.  Lat.  grancttum,  sous-entendu  malum 
pomme  à  grains  ;  de  granum,  grain. 

GRENADIER  (gre-na-dié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  gre-iia-dié-z  en  fleur),  s.  m. 
H 1°  Arbre  originaire  d'Afrii|ue,  de  la  famille  des 
myrtacces,  qui  produit  les  grenades  {punica  grana- 
Uim,  L.)  ;  l'écorce  de  la  racine  est  emplovée  avec 
»ucccs  contre  le  ténia.  ||  S»  Autrefois,  soldat  qui  était 
charge  de  lancer  à  la  main  les  grenades  dont  il  al- 
lumait U  mèche.  On  nous  avait  trop  tôt  mandé  la 
prise  de  I  ouvrage  à  cornes;  il  ne  fut  attaqué  pour 
lu  première  fois  qu'avant-liicr,  encore  fut-il  aban- 


GRE 

donné  un  moment  après  par  le»  grenadiers  du  régi- 
ment des  gardes,  qui  s'épouvantèrent  mal  à  propos 
et  que  leurs  officiers  ne  purent  rclenir  même  en  leur 
présentant  l'épéc  nue,  comme  pour  les  percer,  bac. 
Lctt.  à  Boileau,  3  avril  1091.  Louis  XIV  institua  les 
grenadiers,  d'abord  au  nombre  de  quatre  par  com- 
pagnie dans  le  régimentduroi,  ensuite  il  forma  une 
compagnie  de  grenadiers  dans  chaque  régiment 
d'infanterie,  VOLT.  Louis  17F,  29.  {|  Aujourd'hui,  sol- 
dat d'élite  qui  forme  la  première  compagnie  des 
bataillons  d'infanterie,  et  qui  est  d'une  taille  élevée. 
Il  Soldat  de  bataillons  appartenant  à  la  garde  et 
composés  d'hommes  d'élite  et  de  haute  taille.  L'em- 
pereur appelle  aussitôt  deux  grenadiers  de  sa  garde, 
il  les  place  à  sa  table,  près  de  lui,  il  leur  fait  com- 
mencer l'épreuve  de  cette  nourriture  ainsi  préparée 
[bouillie  de  seigle  préalablement  grillé]  ;  elle  leur 
réussit  mal,  quoiqu'il  y  eût  ajouté  de  sou  propre 
vin,  i|u'il  leur  versa  lui-même,  séqur,  Hisl.de  Nap. 
V,  1.  Il  Jurer  comme  un  grenadier,  jurer  à  tout  pro- 
pos. Il  C'est  un  grenadier,  un  vrai  grenadier,  se  dit 
d'une  femme  de  haute  taille  qui  a  les  manières  li- 
bres et  hardies.  Il  Adjectivement.  Quant  au  maintien 
soldatesque  et  au  ton  grenadier,  J.  J.  rouss.  Uél. 
II,  ïl.  L'air  grenadier,  la  voix  forte,  m.  Conf.  i. 
Il  3°  Autrefois,  compagnie  de  grenadiers  montés, 
créée  par  Louis  XIV,  laquelle  servait  avec  la  maison 
du  roi  et  marchait  en  tête.  Celui  qui  le  tua  était  un 
(les  grenadiers  à  cheval,  nommé  Sans-raison;  voilà 
un  vrai  nom  de  grenadier....  les  ennemis  envoyè- 
rent demander  le  corps,  qui  leur  fut  rendu;  et  le 
grenadier  Sans-raison  rendit  aussi  les  trente-cinq 
l'.istoles  qu'il  avait  prises  au  mort,  en  disant  :  Te- 
nez, voilà  son  argent,  dontjene  veux  point;  les  gre- 
nadiers ne  mettent  la  main  sur  les  gens  que  pour  les 
tuer,  HAC.  Lett.  à  Boileau,  \6  juin  1692.||  SousNa 
poléon  I",  corps  de  cavalerie  de  la  garde  portaiitdes 
bonnets  à  poil.  ||  4°  Terme  de  pêche.  Grand  bouteux 
pour  prendre  les  chevrettes,  dites  aussi  grenades. 

—  liisi'.  xvr  :,.  Imi  niesme  temps  que  le  jujubier, 
faut  planter  le  grenadier,  o.  de  serres,  (i98. 

—  ÉTYM.  Grenade. 

GRENADIÈRE  (gre-na-djè-r'),  «.  {.  \\  1°  Gibecière 
dans  laquelle  autrefois  un  grenadier  portait  des 
grenades.  ||  2°  Nom  de  la  seconde  capucine  d'un  fu- 
sil à  laquelle  s'attache  la  bretelle.  ||  Mettre  son  fusil 
à  la  grenadière,  le  placer  sur  les  épaules  en  là- 
chant  la  bretelle,  ce  qui  se  fait  quand  on  veut  avoir 
les  mains  libres.  ||  3°  Terme  de  pèche.  Petite  seine 
pour  prendre  des  chevrettes. 

—  F.TYM.  Grenadier. 

GRENADILLE  (gre-na-di-11',  Il  mouillées,  et 
non  gre-na-di-ye),s.  f.  Plante  d'Amérique,  dite  aussi 
fleur  de  la  passion,  dont  les  semences  ont  le  goût 
de  la  grenade,  passi/lora  cxrulea,  L.,  famille  des 
passiflorées  (dicotylédones  périgynes). 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  grenade,  à  cause  que  lo 
fruit  ressemble  à  la  grenade. 

GRENADIN  (gre-na-din),  s.  m.  ||  1°  Petit  oiseau 
d'Afrique,  espèce  de  fringille.  ||  2°  Terme  de  cui- 
sine. Volaille  farcie.  ||  3°  Espèce  d'oeillet.  ||  4°  Adj. 
Sirop  grenadin,  sirop  contre  la  toux  fait  avec  du  jus 
de  grenade. 

—  ÉTYM.  Grenade. 

t  1.  GRENADINE  (gre-na-d i-n') ,  s.  f.  Terme  do 
chimie.  Principe  cristallisable,  qu'on  extrait  de  l'é- 
corce et  de  la  racine  du  grenadier. 

—  ÊTYM.  Grenade,  et  la  finale  t'ne,  qui  indique 
un  principe. 

2.  GRENADINE  (gre-na-d i-n'),  s.  f.  Soie  qu'on 
emploie  dans  la  fabrication  de  la  dentelle  noire. 

Barége  de  soie. 

t  GRENAGE  (gre-na-j'),  jt.  m.  ||  !•  Action  de  gro- 
ner  la  poudre  de  guerre  et  de  chasse.  ||  2"  État  du 
sucre,  quand  il  cristallise  en  cristaux  plus  ou 
moins  divisés. 

—  ÉTYM.  Grener. 

GRENAILLE  (gre-nâ-11 ,  Il  mouillées,  et  non  gre- 
nà-ye),  s.  f.  ||  1"  Graine  de  rebut  qui  sert  à  nourrir 
la  volaille.  ||  2°  Métal  réduit  en  petits  grains.  Char- 
ger un  fusil  avec  de  la  grenaille.  ||  S"  On  réduit 
aussi  la  cire  en  grenaille,  pour  la  faire  blanchir. 

—  HIST.  XIV'  s.  Icelluy  Mace  avoit  achaté,  ou 
temps  que  la  ville  de  Poitiers  fu  prise  des  ennemis, 
certaine  quantité  de  ruaux  [paille]  et  grenailles 
[menus  grains]  d'iceulx  ennemis,  du  canoë,  ruere. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  graine  ou  grain. 
GRENAlLLft,  ÉE  (gre-nà-Ué,  liée ,  Il  mouillées), 

part,  passé  de  grenadier.  Du  plomb  grenaille. 
_  t  GRENAILLEMENT  (grc-nâ-Ue-man,   U  mouil- 
Ic'es),  s.  m.  Action  de  grcnaiUcr;  réduction  en  gre- 
nailles. 

—  ÉTYM.  GrenaiUt. 


GRE 

GRENAILLER  (gre-nâ-llé ,  H  mouillées,  et  non 
gre-nà-yé),  v.  a.  Mettre  un  métal  en  petits  grau, s. 

—  ÉTYM.  Grenaille. 

tGRENAILLEUR  ( gre-nâ-lleur,  U  mouillée), 
.?.  m.  Ouvrier  qui  grenaille  les  métaux.  ||  Celui  qa- 
sépare  la  farine  du  son. 

—  ÉTYM.  GrenailUr. 

t  GRENAISON  (gre-nê-zon) ,  t.  f.  Terme  rural. 
Formation  de  la  graine  dans  les  piaules.  La  gre> 
naison  du  blé. 

—  ÉTYM.  Grener. 

t  GRENASSE  (gre-na-s'),!.!/'.  Terme  de  marine,  l'é- 
lit grain,  petit  orage.  Une  grcna.ç.se  de  vent,  de  pluie. 

—  ÊTYM.  Dérivé  de  grain. 

GRENAT  (gre-na  ;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  gre-na-i 
éclatants),  s.  m.  ||  1°  Pierre  fine,  ferrugineuse,  plus 
dure  que  le  quartz  hyalin,  affectant  la  forme  d'un 
rhomboïde  à  douze  faces,  ayant  une  couleur  d'un 
rouge  de  vin  penchant  tantét  vers  le  violet,  tantôt 
vers  l'orangé  et  qu'on  a  comparé  au  rouge  de  U 
grenade,  manquant  la  plupart  du  temps  de  trac>- 
parence.  ||  Faux  grenat,  cristal  d'un  rouge  ohscui. 
Il  2°  Sorte  de  toile  damassée.  ||  3°  Espèce  de  colibri. 
Il  4°  Dit  pour  grenade,  crevette,  voy.  GRE,NADg 
n"  B.  Il  5°  Nom  donné  jadis,  dans  le  commerce  des 
drogues,  à  l'écorce  des  citrons  étreinte  pour  en  ti- 
rer le  jus.  Grenas  ou  citrons  étreints,  le  cent  pesant 
estimé  <00  livres,  Déclar.  du  roi,  nov.  <640,  tarif, 

—  HIST.  xiv«  S.  Y  faut  [manque]  deux  perles  et 
huit  grenez,  du  cange,  grenatus.  ||  xV  s.  Un  grant 
grenat,  taillé  en  manière  d'une  croix  double,  de  i\ 
BORDE,  Émaux,  p.  334.  ||xvi's.  Tu  trouveras  des 
lapidaires  qui  feront  de  fort  belle  couleur  de  rubj 
et  de  grenad,  de  quelque  sang  de  dragon  ou  autru 
matière,  pausst,  289. 

—  ÉTYM.  Provenç.  granal,  s.  m.  eXgranada, s.  f.; 
catal.  granat;  espagn.  granate;  port,  granada; 
ital.  granato;  du  lat.  granatum  (voy.  grenade),  à 
cause  de  la  couleur  de  cette  pierre. 

t  GRENATIQDE(gre-na-ti-k'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Oui  a  rapport  au  grenat. 

—  ÉTV.M.  Grenat. 

GRENADT(gre-nô)  ,s.  m.  Poisson  à  fort  grosse  tête. 

—  REM.  Ce  mot,  qui  ne  se  trouve  pas  dans  les 
dictionnaires  d'histoire  naturelle,  est  sans  doute  un 
nom  local,  et  Tonne  peut  distinguer  ce  poisson  cii- 
tre  tous  les  poissons  à  grosse  tète,  legoarant. 

GRENÉ,  EE  (gre-nc,  née),  part,  passé  de  grener. 
Il  1°  Réduit  en  grain.  Du  tabac  grené.  ||  2°  Grenu. 
Los  antennes  étaient  assez  longues  et  à  filets  grenOs, 
BONNET,  Observ.  38,  Insect.  \\  Cochon  grené,  si> 
dit,  en  quelques  provinces,  du  cochon  atteint  il 
Ladrerie,  à  cause  que  la  ladrerie  se  présente  comme 
des  grains  dans  la  chair.  ||  3°  S.  m.  État  grenu, 
surface  grenue.  Le  grené  d'une  meule.  ||  Terme 
de  dessin.  Les  parties  d'un  dessin,  d'une  gravure, 
etc.  qui  offrent  une  multitude  de  petits  points  très- 
rapprochés  les  uns  des  autres.  Un  beau  grené. 

GRENELÉ,  ÉE  (grè-ne-lé,  lée),  part,  passé  de 
greneler.  Une  peau  grenelée. 

GRENELER  (grè-ne-lé.  VI  se  double  quand  la  syl- 
labe qui  suit  est  muette  :  je  grenelle),  f.  a.  Faire  pa- 
raître du  grain  sur  une  surface,  comme  on  fait  sur 
le  cuir  du  chagrin. 

—  ÉTYM.  Grain,  par  l'intermédiaire  d'un  diminu- 
tif fictif  jraincJ,  petit  grain. 

GRENER  (gre-né.  La  syllabe  gre  prend  un  accent 
grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  le  blé 
grène,  grènera).  ||  1°  F.  n.  Produire  de  la  graine, 
rendre  beaucoup  de  grains.  Les  blés  ont  bien  grené 
cette  année.  Dans  les  terroirs  froids  et  humides,  le 
basilic,  le  persil  de  Macédoine  ne  grènent  pas,  ou 
plutôt  grènent  si  tard,  que  leur  graine  ne  sau- 
rait mûrir,  LA  QUINTINYE,  Jardins,  t.  i,  dans  w.- 
CHELET.  Il  2° Faire  grener  les  cocons  devers  à  soie, 
laisser  la  chnsalide  se  changer  en  papillon,  les  pa- 
pillons sortir  et  faire  des  œufs  qu'on  nomme  graine. 
!|  3"  V.  a.  Réduire  en  petits  grains.  Grener  du  ta- 
liac.  Il  Convertir  en  petits  grains,  en  parlant  d'une 
poudre  qu'on  met  préalablement  en  pâle.  Grener  la 
poudre  de  guerre.  Il  Grener  le  sel,  le  raffiner  pour  le 
1  éduirc  en  sel  blar.c.  ||  4"  Grener  une  peau,  la  rendre 
grenue.  ||  5°  Se  grenrr,  ti.  réft.  On  dit  que  le  sel  se 
grène,  quand  la  superficie  des  marais  se  cristallise 
aux  rayons  du  soleil  et  prend  cette  figure  à  plusieurs 
angles  qu'on  nomme  grain  de  sel. 

—  HIST.  xu'  s.  Et  li  rosier  en  mai  florist  et 
graine,  Couci,  xiv.  ||xiu's.  Ijivic  [mondaine]  C'est 
l'arbre  qui  tostse  desfruite  ;  C'est  ly  cspis  qui  point 
ne  graine,;,  de  meing,  Tr.  t234.  ||  xvi*  s.  Faire 
grener  les  papillons  sur  du  papier,  n'est  le  profit 
de  l'œuyre  oarce  ou'on  n'en  peut  oster  la  graine 


GRE 

on  rasclant  avec  tm  Cousteau ,  dont  beaucoup 
1  casse,  0.  de  seurks,  49I.  Le  temps  de  grener 
ro  paisson]  en   bois  et  forest  commence  à  la 

iict  Kemy  et  dure  jusqu'à  la  sainct  André,  Coust. 

:ér.  t.  I,  p.  210. 

—  ÉTYM.  Graine;  provenç.  et  espagn.  granar ; 
iu.I.  granare. 

f  r.RENETÊ  (grè-ne-té),  s.  m.  Voy.  greneter. 
GRENETER  (grè-ne-lé.  Le  <  se  double  quand  la 
elle  qui  suit  est  muette  :  je  grenette),  v.  a.  \\  1° 
rôle  grain  sur  le  cuir  avec  un  fer  chaud.  ||  2°En- 
lir  d'ornements  en  forme  de  grains.  ||  Dans  le 
ven  âge,  travail  greneté,  ou,  substantivement, 
noté,  travail  fin  qui  formait  le  fond  des  dessins 
■lés  en  vignettes  ;  de  là  l'e.xpression  :  greneté  de 
letures,  de  la  borde,  Émaux,  p.  335. 

—  Hisr.  XIV" s.  Un  hanap  d'or,  ciselé  à  costes  par 
lors  et  l'aiguiere  de  mesme,  ledit  hanap  greneté, 
i.k  DORDE,  Émaux,  p.  336. 

—  ÈTVM.  Grenette,  dimin.  de  graine  ou  de  grain. 

GRÈNETERIE  (grè-nc-te-rie  ;  quelques-uns  pro- 
noncent grèn'-te-rie  ;  mais  il  est  plus  conforme  à  l'a- 
nalogie, qui  ne  souffre  guère  deux  e  muets  de  suite, 
de  dire  grè-nè-te-rie;  comp.  bonneterie  et  papete- 
rie. D'autant  plus  que  des  grammairiens  se  sont 
plaints  qu'on  n'écrivit  pas  grènetterie,  par  deux  », 
comme  coquetterie,  tabletterie),  s.  f.  Commerce  du 
gTL-netier. 

—  ÉTYM.  Grènetier. 

GRÈffETIER,  1ÈRE  (grè-ne-tié,  tiè-r"),  s.  m.  et 
t.  Il  1°  Celui,  celle  qui  vend  des  graines.  Marchand 
grènetier.  jj  2°  Anciennement,  officier  au  grenier  à 
sel,  qui  jugeait,  en  première  instance,  des  diffé- 
rends relatifs  aux  gabelles. 

—  HIST.  xiv  s.  Si  nos  grenfetiers  [officiers  des 
greniers  à  sel]  ont  besoing  de  bois  pour  les  repara- 
fions  de  nos  chastiaux,  il  ne  le  pourront  prenre  en 
nos  forez,  fors  que  par  la  main  des  dits  mestres, 
Ordonn.  des  rois  de  Fr.  t.  ii,  p.  249.  ||  xv»  s.  Et  voit 
on  communément  que ,  quand  un  jeune  homme 
vient  au  service  d'un  gênerai  recepveur  ou  grène- 
tier l'officier  de  greniers  à  sel],  jasoit  ce  qu'il  fut 
("e  petit  estât  et  de  peu  de  science ,  en  peu  de 
tnmps  il  est  fait  riche,  et  maine  grand  et  excessif 
estât,  et  acheté  grans  offices  et  héritages  à  vos  des- 
pons  [du  roi]  ,  monstrel.  ch.  99,  p.  (69,  dans  la- 
CURNE.  Il  XVI"  s.  La  grenetiere  et  soigneuse  fourmy, 
Nuits  de  Straparole,  t.  i,  p.  335,  dans  lacurne. 

—  ÈTYM.  Grenette,  dimin.  tie  graine  ou  de  grain. 
t  GRENP.TINE   (gre-né-ti-n') ,  s.  f.   Gélatine  la 

plus  pure  et  transparente  qu'on  prépare  avec  la 
colle  de  poisson  ou  ichthyocoUe,  ou,  plus  souvent, 
avec  les  os  traités  par  l'acide  chlorhydrique,  ou 
avec  des  peaux  et  cartilages  do  jeunes  animaux. 

—  ÉTYM.  Grenet,  nom  de  l'inventeur. 

GRËNETIS  (grè-nc-tî),  s.  m.  Nom  d'un  petit  cor- 
don, en  forme  de  grain,  qui  enferme  les  légendes 
des  monnaies,  des  médailles.  Le  grènetis  d'une 
pièce  empêche  de  la  rogner.  ||  Poinçon  qui  sert  à 
marquer  ces  petits  grains. 

—  HlST.  XIV"  s.  Pour  une  coupe  d'or  semée  de 
greneiz  de  pierreries,  de  perles  et  d'esmaux,  de  la- 
tORDE,  Émaux,  p.  334. 

—  ÉTYM.  Grainet,  diminutif  fictif  de  grain. 

f  GRENETOIR  (grè-ne-toir),  s.  m.  Outil  qui  sert 
à  greneter. 

GRENETTE  (gre-nè-t'),  s.  f.  ||  1°  Grains  de  pou- 
dre qui  restent  sur  le  tamis  lorsqu'on  passe  la 
poudre  sèche.  1|  2»  Grenette,  ou  grenette.s,  ou  graine 
d'Avignon,  nom  donné  aux  baies  du  nerprun  des 
teinturiers.  C'est  en  pharmacie  et  comme  purga- 
tives que  ces  baies  portent  le  nom  de  graines  d'A- 
vignon. Il  3°  Au  plur.  Grenettes,  petites  graines 
qu'on  fabrique  à  Avignon,  en  pulvérisant  les  baies 
du  nerprun  des  teinturiers  avant  leur  maturité,  et 
en  les  préparant  avec  du  carbonate  de  plomb,  pour 
en  obtenir  une  couleur  jaune  verdâtre  employée 
par  les  peintres  en  miniature  ;  celte  couleur  est 
dite  stil  de  grain. 

—  ÉTYM.  Diminutifde  graine. 

1  GRENEUR  (gre-neur),  s.  m.  Celui  qui  fait  pro- 
duire des  œufs  de  vers  à  soie.  Tious  avons  envoyé 
des  greneurs  au  Japon,     v- 

GRENIER  (gre-nié  ;  l'rne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, l's  se  lie  :  des  gre-nié-z  encombrés),  s.  m. 
Il  1°  Partie  la  plus  haute  d'un  bâtiment,  destinée  à 
serrer  les  blés  et  les  fourrages  ;  et  aussi  la  partie  de 
la  grange  où  l'on  conserve  les  gerbes  avant  le  bat- 
tage; et  aussi  la  partie  des  constructions  où  sont 
déposés  les  foins.  Grenier  à  blé,  à  foin.  Pendant 
que  le  riche  prépare  [en  une  disette]  ses  greniers 
pour  ei.glou'ir  la  nourriture  du  pauvre,  qu'il  lui 
fera  acheter  bien  cner  en  >on  extrême  indigence, 


GRK 

Boss.  Pan(<g.  St  Gorgon,  2.  il  était  un  grenier, 
vaste  dépositaire  Des  riches  trésors  de  Cérès,  i,a 
MOTTE,  Fabl.  v,  11.  Tes  greniers  crouleront  sous 
tes  grains  entassés,  delille,  Géorg.  i.  ||  Grenier 
aérateur,  grenier  dont  les  parois  sont  formées  par 
une  tôle  criblée  de  petits  trous  très-rapprochés, 
d'un  cjlibre  trop  petit  pour  laisser  passer  le  grain, 
mais  assez  gros  pour  livrer  passage  aux  charançons, 
et  dans  lequel  un  gros  conduit,  également  en'  tôle 
et  percé  d'une  infinité  de  petits  trous,  amène  l'air 
d'un  ventilateur  puissant  ;  le  grain  est  agité  et  les 
charançons  fuient  par  les  trous.  ||  On  dit  d'une 
marchandise  qui  est  de  bonne  garde  et  dont  on 
a  bon  débit  :  C'est  du  blé  en  grenier.  ||  Fig.  C'est 
un  grenier  à  coups  de  poing,  se  dit  d'un  enfant 
qu'on  ne  peut  corriger,  quelque  châtiment  qu'on 
lui  inflige,  d'un  polisson  querelleur  qui  reçoit  force 
coups,  et  aussi  d'une  affaire  où  il  n'y  a  que  du 
dommage  à  gagner.  ||  Fig.  En  général,  grenier  à, 
chose  qui  produit  beaucoup  de.  On  dit  que  vous 
protégez  prodigieusement  une  nouvelle  pièce  de 
Palissot,  intitulée  le  Satirique;  c'est  un  beau  gre- 
nier à  tracasserie,  volt,  l.ett.  Richelieu,  25  juin 
1 770.  Il  Terme  de  vétérinaire.  Un  cheval  fait  grenier 
ou  magasin  quand,  après  avoir  mangé,  il  conserve 
des  aliments  mâchés  entre  les  joues  et  les  arcades 
dentaires.  ||  2°  Greniers  publics  ou  greniers  d'abon- 
dance, vastes  magasins  où  l'on  tient  des  grains  en 
réserve  pour  les  temps  de  disette.  Trois  cent  vingt- 
sept  greniers  immenses  étaient  établis  à  Rome  ;  avec 
cette  libéralité  continuelle  on  n'avait  pas  besoin 
d'hôpital,  VOLT.  Dict.  phil.  Charité.  ||  3°  Grenier  à 
sel,  lieu  où  l'on  débitait  le  sel  sous  la  surveillance  de 
l'autorité.  ||  Grenier  à  sel,  ancienne  juridiction  où 
l'on  jugeait  en  première  instance  les  matières  re- 
gardant la  gabelle,  la  ferme  du  sel.  Président  au 
grenier  à  sel.  Ce  mince  emploi,  où  mon  beau-frère 
avait  rétabli  l'ordre,  l'activité,  l'exactitude,  et  qu'on 
lui  avait  permis  de  joindre  à  celui  du  grenier  à  sel, 
marmontel,  Mém.  vu.  ||  4°  Par  extension,  dernier 
étage  d'une  maison,  celui  qui  est  immédiatement 
sous  les  toits.  Vous  devriez....  M'ôter,  pour  faire 
bien,  du  grenier  de  céans,  Cette  longue  lunette  à 
faire  peur  aux  gens,  mol.  F.  sav.  ii,  7.  Je  suppose 
que  vous  êtes  toujours  à  Paris  dans  votre  palais,  et 
non  dans  votre  grenier  de  Versailles,  volt.  LM. 
Richelieu,  8  mai  1772.  Le  président  de  Thou  fut 
persécuté  ;  Corneille  et  la  Fontaine  moururent  dans 
des  greniers,  Molière  fut  enterré  à  grand'peine,  id. 
Lett.  d'Argental,  3  mars  1764.  Quoi!  un  écrivain 
dans  son  grenier  pourra  prononcer  une  diffamation 
que  les  juges  les  plus  éclairés  du  royaume  trem- 
bleraient d'écouter  sur  leur  tribunal!  id.  Dict.  phil. 
Ana.  Un  chantre  est  au  premier.  Au  second  loge 
un  chaudronnier,  Puis  un  gaînicr,  Un  rubanier, 
Puis  au  cinquième  un  garçon  cordonnier!  Je  re- 
prends haleine  et  courage,  Et  j'arrive  enfin  au  gre- 
nier, DÉSAUGiERS,  l'Atelier  du  peintre.  Bravant  le 
monde,  et  les  sots  et  les  sages.  Sans  avenir  ,  riche 
de  mon  printemps ,  Leste  et  joyeux  je  montais  six 
étages;  Dans  un  grenier  qu'on  est  bien  à  vingt  ans! 
BÉRANG.  Grenier.  Mais,  dites-vous,  il  avait  donc  des 
rentes?  F.h!  non,  messieurs,  il  logeait  au  grenier, 
ID.  Ém.  de  Braux.  \\  Familièrement.  Chercher  de- 
puis la  Cdve  jusqu'au  grenier,  chercher  dans  tous 
les  endroits  de  la  maison.  ||  Fig.  Aller  tantôt  à  la 
cave,  tantôt  au  grenier,  descendre  beaucoup,  puis 

remonter  beaucoup et  le  vaisseau,   malgré   le 

nautonier.  Va  tantôt  à  la  cave  et  tantôt  au  grenier, 
MOL.  Dép.  amour,  iv,  3.  ||  Fig.  II  va  du  grenier  à  la 
cave,  se  dit  d'un  homme  qui  a  des  inégalités  dans 
son  humeur,  ou  dont  les  propos  ne  se  suivent  pas. 
Il  11  va  de  la  cave  au  grenier,  se  dit  fréquemment 
(le  celui  qui  n'écrit  pas  droit.  |{  B°  Fig.  Province, 
pays  fertile  dont  on  tire  beaucoup  de  blé.  La  Si- 
cile était  le  grenier  dos  Romains.  La  Beauce  est  un 
des  greniers  de  Paris.  S'emparer  do  Kalougha  et 
de  Toula,  le  grenier  et  l'arsenal  de  la  Russie,  ségur, 
Hist.  de  Nap.  viii,  7.  ||  6°  Terme  de  navigation  flu- 
viale et  de  mer.  Bateau  ou  navire  chargé  à  même, 
c'est-à-dire  sans  rien  qui  serve  à  contenir  ou  pro- 
téger. Un  grenier  de  blé,  d'avoine.  Les  avoines  de 
cette  province  nous  arrivent  en  greniei..  ||  Faire  un 
grenier,  placer  dans  le  fond  d'un  bâtiment  une 
couche  de  gravier  ou  un  lit  de  fagot,  afin  de  tenir 
à  sec  des  marchandises.  ||  Charger  en  grenier,  met- 
tre en  grenier,  embarquer  en  grenier  du  blé,  du 
sel,  du  charbon,  etc.  les  mettre  à  fond  de  cale 
sans  emballer.  ||  Terme  de  pêche.  Sardines  salées  en 
grenier,  celles  qu'on  sale  en  tas,  comme  la  morue. 
—  HIST.  XIII"  s.  Se  mesureur  mesure  aucun 
grain  quel  qu'il  soit,  soit  en  grenier  ou  en  nef,  d 
aura   de  cbascun  mui  (juatre   deniers  du  mesu- 


GRE 


1931 


rer,  liv.  rfc.v  met.  22.  S'en  souirroit  que  11  rice 
home  les  acotassent  [les  grains]  por  inetre  en 
grenier,  et  puis  les  retenis.scnt  sans  vencre,  por 
le  tans  enquierir  [enchérir];  ce  ne  seroit  pas 
à  soufrir,  beaum.  xlix.  ||  xiv"  s.  Il  montoienl 
amont  comme  chat  en  grenier,  Guescl.  6260. 
Il  XV"  s.  Tous  chevaliers  bannières  et  estendarl 
Ont  les  pluseurs  ;  saiges  est  qui  départ  A  tels  ba- 
rons le  sien,  et  fait  grenier  De  tel  trésor;  des 
mauvais  n'a  regart;  Veuillez  lousjours  tel  gent 
accompaigner,  E.  deschamps,  Poésies  mss.  t°  30u. 
Il  xvr  s.  Gran<ls  greniers,  qui  sont  grandes  arches 
appliquées  à  mettre  grains,  pressoirs,  cuves  à  faire 
vin  ou  autres  cho.ses  semblables,  estant  en  aucune 
maison,  sont  censées  choses  immeubles,  Coust. 
génér.  t.  ii,  p.  590.  11  a  esté  au  grenier  sans  chan- 
delle, il  a  apporté  do  la  vesce  pour  du  foin,  ouniN, 
Curins.  fr.  Chacun  se  plaint  que  son  grenier  n'est 
pas  plein,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  ii,  p.  289.  Ra- 
rement et  peu  souvent  Le  vieil  usurier  sans  argent, 
Ville  marchande  sans  fin  larron.  Vieil  grenier  s?jis 
rats  ou  ratton,  m.  ib.  p.  4)1. 

—  ÉTYM.  Bourg,  grenei;  picard,  Berry  et  lor- 
rain, guernier;  provenç.  granier;  cat.  graner ; 
esp.  granero;  port,  granel;  ital.  granaio;  du  lat. 
granarium,  de  granum,  grain. 

t  GRENOIR  (gre-noir),  s.  m.  Crible  pour  grener 
la  poudre  à  canon.  ||  Atelier  où  l'on  convertit  en 
poudre  à  canon  la  matière  tirée  des  moulins. 

—  ÉTYM.  Grejtcr. 

•)•  GRENOUILLARD  (gre-nou-llar,  U  mouillées), 
s.  m.  Espèce  de  busard.  j 

—  ÉTYM.  Grenouille. 

GRENOUILLE  (gre-nou-U',  U  mouillées,  et  non 
gre-nou-ye),  s.  f.  ||  1°  Petit  animal  qui  appartient 
aux  reptiles  batraciens  de  la  famille  des  anoures; 
il  a  quatre  pattes;  l'espèce  la  plus  commune  vit  dans 
les  marais.  Quand  un  pauvre  esprit  travaille  beau- 
coup pour  ne  rien  faire  qui  vaille....  Dieu  lui  en 
donne  une  satisfaction  personnelle  qu'on  ne  peut 
lui  envier  sans  une  injustice  plus  que  barbare; 
c'est  ainsi  que  Dieu,  qui  est  juste,  donne  aux  gre- 
nouilles de  la  satisfaction  de  leur  chant,  garasse, 
dans  PASO.  Prov.  ix.  Aaron  étendit  sa  main  sur  les 
eaux  d'Egypte,  elles  grenouilles  en  sortirent  et  cou- 
vrirent l'Egypte  de  toutes  parts,  saci,  Bible,  Exode, 
VIII,  8.  Une  grenouille  vit  un  boeuf  Qui  lui  sembla 
de  belle  taille;  Elle,  qui  n'était  pas  grosse  en  tout 
comme  un  oeuf....  la  font.  Fab.  i,  3.  Il  s'en  alla 
passer  sur  le  bord  d'un  étang  ;  Grenouilles  aussitôt 
de  sauter  dans  les  ondes.  Grenouilles  de  rentrer  en 
leurs  grottes  profondes,  id.  ib.  u,  )4.  Les  reines 
des  étangs,  grenouilles  veux-jo  dire  (Car  que 
coûte-t-il  d'appeler  Les  choses  par  noms  honora- 
bles?), ID.  ib.  XII,  24.  Vos  plaisirs  nous  coûtent  la 
vie;  Rois,  serons-nous  toujours  des  grenouilles 
pour  vous?  la  motte,  Fabl.  m,  6.  M.  Roesel,  qui  a 
donné  des  preuves  de  sa  sagacité  et  de  ses  rares 
talents  dans  sa  magnifique  histoire  des  grenouilles , 
BONNET,  Consid.  corps  organ.  Œuvres,  t.  vi, 
p.  1 45.  Il  2°  Terme  d'imprimerie.  Partie  creuse  pla- 
cée sur  la  platine  d'une  presse  recevant  le  pivot  do 
la  vis.  Il  3°  Populairement.  La  grenouille,  la  tire- 
lire, la  somme  d'argent  qui  a  été  mise  en  réserve 
par  une  association.  U  a  mangé  la  grenouille. 
Faire  sauter  la  grenouille,  dérober,  escamoter  celle 
somme  d'argent.  Alors  ce  monstre  d'homme  com- 
mence à  me  raconter  comme  quoi  il  a  fait  sauter  la 
grenouille,  reybaud,  Jérôme  Paturot,  i,  6.  ||  Il  .se 
(lit  très-souvent,  entre  soldats,  du  prêt,  de  l'argent 
do  l'ordinaire.  Le  fourrier  a  emporté  la  grenouille. 
1  4"  Nom  populaire  d'une  affection  qui,  propre  aux 
débardeurs,  consiste  en  une  altération  du  derme 
caractérisée  par  un  ramollissement  et  des  gerçures 
dans  les  parties  qui  sont  habituellement  en  con- 
tact avec  l'eau.  ||  B"  Grenouille  de  mer  ou  gre- 
nouille pêcheuse,  la  baudroie.  ||  6"  Terme  de  ma- 
rine. Le  dé  qui  sert  de  garniture  au  milieu  des 
réas  des  poulies.  ||  Proverbes.  11  n'y  a  pas  de  gre- 
nouille qui  ne  trouve  son  crapaud,  c'est-à^lire  si 
laide  que  soit  une  fille,  elle  trouve  toujours  un  mari. 

—  HIST.  XIII"  s.  D'un  eslanc  plain  de  reines,  ou 
(les  reinoiUes ,  marie.  Fable  28.  ||  xiv"  s.  Renoulles  : 
pour  les  prendre,  aiez  une  ligne  et  un  ameçon,  Mé- 
nagier,  u,  5.  ||  xv"  s.  L'eau,  qui  nourrit  la  gre- 
nouille. Me  refroidit  trop  tes  dents;  J'aime  mieux 
qu'elle  me  mouille  Par  dehors  que  par  dedans, 
uasselin,  xlvi.  Le  breuvage  à  grenouille  ne  doit 
eslre  aux  celliers,  id.  xviii.  ||  xvi"  s.  On  commença 
divers  petits  jeux,  comme  escorchef  l'anguille,  bri- 
der l'asne,  prendre  la  grenouille,  et  autres,  yver, 
p.  815.  U  a  des  grenouilles  dans  le  ventre  [son 
ventre  fait  du  bruit|,  oudin,  Curios.  fr. 


1032 


GRE 


—  KTV.M.  rranc-comtoîs,  renoille;  picard  et  lor- 
rain, guernouille;  bourg,  lenouille;  lierry,  rjrennille, 
gurrnoilk;  provenç.  yranoilla,  gramlhn;  i^l.  ra- 
nocchia;  du  latin  ranuntulvs  ou  ranuitcula,  dimi- 
nulirde  rana,  grenouille.  La  forme  primitivo  est 
ranouilk  ou  renouille,  qui  existe  encore  dans  plu- 
sieurs patois;  puis  lY  a  amené  la  prosthcse  d'un  g. 
Les  formes  tirées  directement  de  rana  se  trouvent 
dans  le  picard  et  ailleurs  :  rane,  raine,  raigne. 

tOBENOUILLÊ,  ÉE  (Kre-nou-llé ,  liée,  il  mouil- 
Ides),  adj.  Terme  de  marine.  Se  dit  des  poulies 
qui  sont  garnies  d'un  dû  à  leur  milieu. 

GRE.NOUILI.KR  (gre-nou-Ué,  (2  mouillées,  et  non 
pre-nou-yé),  v.  n.  Terme  populaire  et  vieilli.  Ivro- 
gner.  Nous  voit-on  comme  eux  grenouiller  dans  les 
cab.irets?  Thddlr.  ital.  les  Souhaits,  dans  le  bouï, 
Dict.  comique. 

—  HIST.  XVI"  S.  Pour  toutes  maladies  ils  se  bai- 
gnent, et  sont  à  grenouiller  dans  l'eau,  quasi  d'un 
soleil  à  l'autre,  mont,  ni,  222.  Ces  humeurs  s'a- 
massent au  boyau  nommé  colon  ,  lequel  par  ce 
moyen  se  tend  et  fait  un  bruit  grenouillant  presque 
semblable  aux  cris  des  grenouilles,  paré,  Introd.  6. 

—  ÊTYM.  Grenouille.  Le  sens  propre  est  barboter 
dans  l'eau,  puis  barboter  dans  le  vin,  ivrogner. 

ORENODILLÈRE  (gre-nou-llè-r',  U  mouillées,  et 
non  gre-nou-yè-r'),  s.  f.  ||  1°  Lieu  marécageux  où 
les  grenouilles  se  retirent.  ||  2°  Fig.  Lieu  humide 
et  malsain.  Ce  jardin  est  une  grenouillère. 

—  lilST.  xvr  s.  Si  je  ne  boy,  je  suys  à  sec;  me 
voilà  mort;  mon  ame  s'enfuyra  en  quelque  gre- 
noillyere,  rabel.  Garg.  1,  5. 

—  ÉTYM.  Grenouille. 

GRENOniLLET  (gre-nou-llè,  Il  mouillées,  et 
non  gre-nou-yè) ,  s.  m.  Espèce  de  muguet  sauvage, 
dit  aussi  sceau  de  Salomon,  polygonatum  vulgare, 
L.  Il  II  se  dit  aussi  pour  grenouillette,  plante. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  grenouille,  par  une  assi- 
milation mal  déterminée  qui  avait  produit  en  latin 
ranuneulus,  renoncule,  de  ~ana;  en  grec,  parpâyiov, 
de  BÔTpayoç,  grenouille,    j 

GRENOUILLETTE  (gre-nou-llè-f,  U  mouillées, 
et  non  gre-nou-yè-t') ,  s.  f.  \\  1°  Nom  appliqué 
vulgairement,  comnie  celui  de  bassinet,  aussi  bien 
à  la  renoncule  rampante  qu'à  la  renoncule  acre  et 
à  la  renoncule  bulbeuse,  mais  surtout  appliqué,  à 
l'exclusion  du  nom  de  bà.ssinet  (les  bassinets  ont 
.les  fleur?  jaunes),  aux  renoncules  aquatiques  à 
'.leurs  blanches,  dont  la  plus  commune  est  le  ro- 
nuncuXus  aquatilis,  L.  ||  2°  Terme  de  chimrgie. 
Petite  tumeur  molle  que  le  conduit  excréteur  de  la 
glande  sous-maxillaire,  obstrué  près  de  son  orifice 
par  un  obstacle  et  distendu  par  la  salive,  forme 
BOUS  la  langue. 

—  llIST.  XVI'  s.  Limaçons,  sauterelles,  grenouil- 
lette.i  [petites  grononillesj,  vers,  I'Aré,  xxv,  6. 

—  RTYM.  Diminutif  de  grenouille;  la  plante  ayant 
été  dénommée  d'après  le  latin  ranuneulus,  qui  si- 
gnifie petite  grenouille,  et  la  tumeur  ayant  été 
ninsi  nommée  parce  qu'elle  altère  la  voix  d'une 
manière  comparée  au  cri  do  la  grenouille. 

GRENU,  UE  (gre-nu,  nue),  adj.  ||  1°  Qui  a  beau- 
coup de  grains.  Épi  grenu.  ||  2°  Dont  le  grain  est 
beau  et  pressé,  en  parlant  des  cuirs.  Marocain 
grenu.  ||  Substantivement.  Le  grenu  d'un  cuir,  d'un 
papier.  ||  3°  Ternie  d'histoire  naturelle.  Qui  semble 
composé  de  petits  grains.  Antenne  grenue.  La 
pierre  devient  plus  grenue  et  plus  dure  à  mesure 
<|u'on  descend,  buff.  Ilist.  nat.  Preuv.  Ihéor. 
terre,  Œuvres,  t.  11,  p.  373.  ||  Terme  de  botanique. 
Racines  grenues,  racines  composées  de  petits  tu- 
bercules. Il  4°  Huile  grenue,  celle  qui  est  figée  en 
petits  grains  et  qui  est  la  meilleure. 

—  HIST.  xni'  s.  Que  cil  blez  sont  creû  en  haut, 
Et  cspié  et  tuit  grenu,  Ren.  H989(.  ||  xvi*  s^  Ses  gra- 
pcUettes  grenues  [du  lierre]  Y  renaistront  chacun 
an,  pEBBiN,  Poésies,  p.  80,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Grain;  picard,  gvermi.  On  trouve  aussi 
grenu  dans  le  sens  de  qui  a  une  crinière  :  Ircc- 
ment  s'en  issentsor  les  destriers  grenus,  Ch.  d'Ant. 
viii ,  223.  Mais  ce  grenu  vient  d'une  tout  autre 
racine  :  anc.  fr.  grenon ,  moustache  ;  provenç. 
grcn,  barbî;  eso.  greiia,  cheveux  en  désordre; 
port,  grenha,  cheveux  ;  de  l'anc.  haut-allem.  granf, 
cheveux,  qui,  suivant  la  loi  de  Grimm,  correspond 
&u  lai.  crines. 

t  ORENURK  (gre-nu-r"),  s.  f.\\i'  KUt  du  cuir 
groné.  Il  S»  Terme  de  beaux-arts.  Action  de  grener 
les  ombres  d'une  gravure.  UésuUat  de  cette  action. 

—  ETYM.  Grenu. 

4.  GBËS  (grê  ;  \'s  se  lie  :  du  gré-z  en  pavé),  «.  m. 
Il  1°  Pierre  formée  de  grains  de  sable  fin.  Pavé  de 
grès.  On  mit  auprès  do  lui  fun  niolnc  dans  un  vadc 


GRË 

in  pace]  un  pain  d'orge  et  une  cruche  d'eau  ;  après 
ipioi  on  referma  la  fos<ic,  qui  sn  bouche  avec  un 
largo  plateau  de  grès ,  volt.  Dict.  phil.  Viru. 
Quoique  le  grès  soit  difficile  à  travailler,  il  n'a 
cependant  qu'un  genre  de  dureté,  c'est  de  résister  à 
des  coups  violents  sans  s'éclater  ;  car  le  frottement 
l'use  peu  à  peu  et  le  réduit  aisément  en  sable,  buff. 
Ilist.  nat.  Preuv.  théor.  terre,  t.  11,  p.  29.  ||  Grès 
de  Fontainebleau,  carbonate  do  chaux  quartzifère 
ou  quartz  hyalin  sableux.  Ce  grès  est  nommé  grès 
paf  quand  il  est  propre  au  pavage,  grès  pif  quand  il 
est  trop  dur,  et  grès  pouf  quand  il  est  trop  mou. 
Grès  molaire,  grès  ([ui  sert  à  faire  des  meulières 
frrenues.  Il  Vieux  grès  rouge,  nouveau  grès  rou},'. 
deux  terrains  géologiques  dont  l'un  est  plus  ancic]i 
t|ue  l'autre.  ||  Locution  ancienne  et  populaire.  Cas- 
ser du  grès  à  quelqu'un,  f.,ire  peu  de  compte  do 
quelqu'un.  Cette  petite  arrogante  Qui  me  tient  sous 
.sa  merci,  Gronde  quand  je  lui  présente  Des  oli\es 
de  Poissl;  C'est  trop  faire  do  regrets.  Je  veux  lui 
casser  du  grès,  11  livres  de  chansons,  («27,  dans  fr. 
MICHEL,  argot.  Nous  lui  fai-sons  la  nique  et  ne  la 
craignons  guère.  Et  pour  le  sieur  Caron  nous  lui 
cassons  du  grès,  dassouci.  Rimes  redoublées,  (671 , 
iii-<2,  p.  ta.i.  Il  2°  Pavé  fait  avec  cette  pierre.  M. le 
Prince  dit  qu'il  n'était  pas  assez  brave  pour  s'ex- 
poser à  une  guerre  qui  se  ferait  à  coujis  de  grès  et 
et  de  tisons,  la  rochef.  lllém.  (B7.  Et,  lui  jetant,  s'il 
heurte,  un  grès  par  la  fenêtre,  L'obligiez  tout  de 
bon  à  no  plus  y  paraître,  mol.  Éc.  des  F.  11,  6. 
Il  3°  Poudre  qui  provient  de  cette  pierre.  Nettoyer 
avec  du  grès.  ||  4°  Espèce  do  terre  glaise  naturelle- 
ment mêlée  d'un  sable  fin,  avec  laquelle  on  fait  la 
poterie  dite  de  grès.  Pot  de  grès.  Bouteille  de  grès. 
Il  Poterie,  pots  fabriqués  avec  cette  glai.se.  Tenez 
[enfants],  crayons,  papiers,  mon  vieux  compas  sans 
pointes.  Mes  laques  et  mes  grès  qu'une  vitre  dé- 
fend, Je  vous  livrerai  tout....  v.  iiuGO,  Yoix,  22. 
Il  5*  Terme  de  chasse.  Se" dit  des  deux  grosses  dent.'! 
du  sanglier  qui  se  trouvent  auprès  des  défenses. 

—  HIST.  XII"  s.  [Deux  chevaliers]  Felenessement 
s'antrespruevent,  N'onques  d'un  estai  ne  se  mue- 
vent,N'o  plus  que  feïssent  dui  gres,CRESTiEN  de  TROIES, 
Chev.  au  lynn,  v.  833.  i|  xiu'  s.  Qu'il  sache  aventure 
novele,  Etface  tant  quela  novele  De  l'aventure  par- 
tout aille,  Et  que  son  grés  françois  [il]  détaille 
[taille,  coupe]  Pour  faire  œuvre  plus  déliée.  Fa- 
bliaux ms.  t.  II,  f  (86,  dans  lacurne.  ||  xvi"  s.  Les 
haïquebusades  des  baricades  furent  accompagnées 
de  celles  des  fenestres,  avec  une  gresle  de  carreaux 
qu'ils  appelent  grez,  d'aub.  Ilist.  m,  74.  On  luy  aji- 
pliquera  des  bouteilles  de  grra,  remplies  d'eau  bouil- 
lante,PARÉ,  vi,  22.  Que  les  vaisseaux  soient  de  grais, 
nommée  terre  de  Beauvais,  plustost  que  de  plomb, 

ID.  XXVI,  3. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  gressins,  gresum  ;  de  l'anc.  haut- 
allem.  griMjyrio  s;  allem.  moderne,  Gries,  gravier. 
[.0  celtique  crag,  rocher,  ne  pourrait  donner  grès. 

t  2.  GRÈS  (grê),  s.  m.  Gomme  ou  gluten  écail- 
Icux  qui  enveloppe  la  véritable  soie ,  la  partie  cor- 
née et  transparente  dos  fils  grèges,  et  qui  doit  entiè- 
rement disparaître  au  décreusage. 

t  GRËSIER  (gré-zié),  s.  7n.  Ouvrier  carrier  des 
grésières  de  Fontainebleau. 

—  ÉTYM.  Grès  I. 

t  GRËSIËRE  (gré-ziè-r"),  s.  f.  Carrière  d'où  l'on 
tire  le  grès. 

—  ÉTYM.  Grès  I. 

t  GRÉSIKOUME  {gré-zi-for-m'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Oui  a  l'apparence  du  grès. 

—  ÉTYM.  Grès  I ,  et  forme. 

GRÉSIL  (gré-zill,  H  mouillées),  s.  m.  ||  1°  Variété 
de  grêle,  qui  tombe  au  printemps  et  qui  paraît  for- 
mée de  couches  concentriques  successivement  con- 
gelées autour  d'un  noyau  ou  grêlon  central.  Ah  !  je 
voudrais  qu'on  entendit  Tinter  sur  la  vitre  sonore 
Le  grésil  léger  qui  bondit,  bF-rang.  Maud.  print. 
\\  2' Verre  pilé  et  réduit  en  poudre.  Grésil  ou  verre 
cassé,  le  baril  estimé  20  sous,  Déclar.  du  roi,nov. 
IMO,  Tarif.  ||  On  trouve  aussi  groisil  pour  le  verre 
cassé. 

—  HIST.  XI*  s.  Pluie  et  gresilz  demesuréement, 
Ch.  de  floi.cix.  ||  xii*  s.  IlocistL-n  grisille  les  lur  vi- 
gnes. Liber  psalm.  p  109.  Fus  [feu],  grésille,  neif, 
glace,  ib.  p.  2-29.  |{  xiu"  s.  Li  quatorzièmes  (signe  de 
la  fin  du  monde]  iert  mult  mais,  X  tôt  le  monde  co- 
monals,  De  nois  [neige],  de  gresliz  et  d'orcz,  Et  de 
nierveillos  tempestez,  les  xiv  signes,  dans  adam, 
Mystère,  p.  82.  Se  il  [l'air  froid]  trueve  aucunes  va- 
pors  engeléos,  il  les  enserre  et  endurcit,  et  en  fait 
grésil  moult  gros,  brun,  latini.  Trésor,  p.  (I9  (on 
variante).  ||  xv"  s.  Adonc  commencèrent  les  Sarrasins 
à  traire  vers  eux   par   si  grand  randon  et  si  dru- 


GRE 

m^nt,  que  oncqucs  grésil  n»  cheut  plus  du  ciel, 
Dmtciij.  i,  24. 

-  i:tym.  Wallon,  griiin.  Diez  y  voit  un  dériv< 
de  grès;  ce  qui  paraît  trùs-vraisemblable.  Grandg.i- 
gnago  au  contraire  le  rattache  à  l'anc.  haut-allcuj. 
hrisilôn,  tomber  par  petites  gouttes  serrées. 

GltfiSILLfi,  ÉE  (gré-zi-llé,  liée,  Il  S'auillée), 
part,  passé  de  grésiller.  2.  Du  parchemin  grésillé. 

).  GRÉSILLE.\IENT  (gré-zi-llc-man  ,  Il  mouillées, 
et  non  gré-zi-ye-man),  s.  m.  Action  do  grésillfr; 
état  do  ce  qui  est  grésillé.  Lo  grésillement  du  p;ir- 
cliemin  par  le  feu.  Lorsqu'on  mêle  le  mercure  avec 
le  zinc  en  fusion,  il  se  fait  un  bruit  de  grésill'- 
ment,  .semblable  à  celui  de  l'huile  bouillante  dans 
laquelle  on  trempe  un  corps  froid,  buff.  Min.  t.  v, 

p.  334. 

— -  ÉTYM.  Grésiller  2. 

t  2.  GRÉSILLEMENT  (gré-zi-!le-man ,  U  mouil- 
léos),  s.  m.  Cri  du  grillon.  Des  criquets  jaunes  s'ca- 
volt^nt  sous  les  pieds  en  faisant  entendre  un  |i<:iit 
grésillement  singulier,  MAURICE  SAND,SiimtH('/if  lus, 
iictuc  des  Deux-Mondes,  I5  févr.  )8«2,  p.  937. 

—  ÉTYM.  Même  radical  que  dans  l'ancien  fran- 
çais, gresilhn,  grillon,  qui  vient  du  lat.  grillut 
(voy.  ghillon)  ;  provenç.  grazil,  cri  du  grillon. 

«.GRÉSILLER  (gré^zi-llé,  U  mouillées,  et  non 
gTé-z'\-yé),v.n.  impers.  Il  se  dit  du  grésil  qui  tonile. 
Il  grésillait  toute  à  l'heure.  Il  a  grésillé  toute  la 
journée. 

—  HIST.  xiii"  s.  Il  plut  menuement,  et  grésille  et 
vonla,  Berte,  xxv.  ||  xv  s.  Il  se  print  à  gresilirr 
pierres  aussi  grosses  que  fèves,  et  sembloit  que  lo 
monde  deust  finir,  Percefor.  t.  iv,  f"  33. 

—  ÉTYM.  Grésil. 

2.  GRÉSILLER  (gré-zi-llé ,  Il  mouillées,  et  nr-n 
gré-zi-yé),  f.  a.  ||  1°  Déterminer  un  plissement,  xr.i 
racornissement. Lefeu  grésillele  parchemin. Les ca.'. 
pagnes,  les  jardins  de  la  partie  méridionale  de  lit 
lie  n'ont  ni  ne  peuvent  avoir  l'agrément  des  nûtrcs . 
l'ardeur  du  soleil  grésillerait  bientôt  les  feuilles  do 
nos  arbres  ordinaires,  DUCLOS,  Italie,  Œwres,  t.  vu, 
p.  97,  dansi'OUOENS.  ||  Fig.  Causer  la  ruine,  la-mort. 
U  était  savant  et  honnête  homme;  on  m'a  consulte 
deux  fois  sur  sa  maladie  ;  c'est  une  fièvre  quarte  qui 
la  grésillé,  oui  patin,  lett.  t.  11,  p.  t«i.  ||  2°  Terme 
de  serrurerie.  Se  grésiller,  f.  réfl.  Le  fer  se  grésille 
lorsqu'on  le  chauffant  il  devient  en  petits  grumeaux. 

—  lilST.  xiv"  s.  Mon  conseil  li  donnèrent  li  cui- 
vertlozengier,  Qu'il  fisent,  esfossez,lemarien  [!>  ^; 
grésiller,  Baud.  de  Seb.  ix,  455.  ||  xvi"  s.  Lcsiliis 
nerfs  se  retirent,  comme  on  voit  un  parchemin  so 
retirer  et  grésiller  lorsque  l'on  l'approche  prés  liii 
feu,  paré,  vu,  8....  comme  l'on  voit  qu'un  par.  li  - 
min  se  serre  et  gredille  lorsqu'on  le  mot  trop  1  1  i  s 
du  feu,  ID.  xvui,  87.  Vincence  Zambelle,  à  qui  !  ■< 
■lents  gresiUoient  d'envie  de  manger  quelque  ch'  \ 
Merlin  Cocaîe,  t.  i,  p.  93,  dans  laclrne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  graiilher.  I.e  radical  est  lo 
même  que  dans  le  bas-latin  gradisia,  gril  (voy.  ca 
mot)  ;  grésiller,  c'est  griller. 

t  3.  GRÉSILLER  (gré-zi-llé,  22  mouillées),  f.  n. 
Façonner  les  bords  des  pièces  do  verre  avec  l«  gré- 
soir.  On  dit  aussi  giéser,  groiscr. 

—  ÉTYM.  Voy.  Grésoir. 

t  GRÉSILLIN  (gré  zi-llin ,  «mouillées),  s.  m. 
Nom  des  gouttes  de  pluie  gelées  pendant  leur  chute. 

—  ÉTYM.  Gr^sïJ. 

t  GRÉSOIR  (gré-zoir),  s.  m.  |i  1°  Nom  d'un  instru- 
ment de  for,  fendu  à  ses  deux  bouts,  qui  sert  au- 
vitriers  pour  rogner  les  pointes  du  verre.  ||  On  ilil 
aussi  grugeoir.  ||  2°  Nom  d'une  boîte  où  les  lapi- 
daires mettent  la  poudre  qui  leur  sert  à  tailler  et  à 
polir  les  diamans. 

—  ÉTYM.  Le  radical  qui  est  dans  grès,  et  qui  veut 
dire  petit  fragment. 

G-RÉ-SOL  (jé-ré-sol).  Ancien  terme  de  musique 
par  lequel  on  désignait  le  ton  de  sol.  Je  suis,  ainsi  que 
vous,  membre  de  la  musique,  Enfant  de  G-ré-sol, 
et  de  plus  je  m'en  pique,  regnard,  Fol.  amour.  11,  7. 

—  ÉTYM.  G  est  le  nom  du  sol  dans  la  gamme  al- 
phabétique ;  ré  est  la  dominante  de  ce  ton. 

GRESSERIE  (grè-se-rje) ,  s.  f.  ||  1»  La  carrièred'oJ 
l'on  tire  le  grès.  ||  2°  Pierres  de  grès  mises  en  œu- 
vre. Cette  tour  est  faite  de  gresserie.  ||  3°  Pots,  vases, 
etc.  faits  de  grès.  Cette  gresserie  vient  de  Beauvais. 

—  ÉTYM.  Grès. 

t  GRESSET  (prè-sè) ,  s.  m.  Rainette  verte. 

t  GRFASORII'ÉDE  (grè-sso-ri-pè-d'),  ad;.  Terme 
do  zoologie.  Oi.seaux  gre.ssoripèdes,  oiseaux  dont 
les  trois  doigts  antérieurs,  en  partie  réunis,  for- 
ment une  sorte  de  plante  du  pied. 

—  ÉTYM.  Lat.  fictif,  gressor,  marcheur,  de  gret- 
sus,  pas,  et  pes,  pedis,  pied 


I 


GRE 

^  OREUL  (greiil),  s.  m.  Un  dos  noms  vulguiios 
loir. 

ÉTY5I.  Lat.  glis,  gliris,  loir. 
.  GRÈVE  (grè-v'i,  s.  f.  ||1°  Terrain  uni  et  sa- 
inneui  le  long  do  la  mer  ou  d'une  grande  rivière. 
X  fois  par  jour  la  mer  reçut  ordre  de  se  lover  do 
veau  dans  son  lit  et  d'envahir  ses  grives,  cha- 
DB.  Génie,  i,  iv,  4.  Que  j'aime  à  tontempler  dans 
te  anse  écartée  La  mer  qui  vient  dormir  sur  la 
vo  argentée,  Sans  soupir  et  sans  mouvement  ! 
ÀMAHT.  Jlarm.  i,  <o.  ||  2""  La  Grcve,  place  de 
iris  sur  le  bord  de  la  Seine,  à  côté  de  l'hôtel  de 
'.ille,  où  se  faisaient  les  exécutions  juridiques.  Et 
pour  ses  factions  il  n'ira  point  en  GrJve,  bégnier, 
Sat.  X.  Bien  que  les  spectacles  de  la  Grève  ne 
soient  pas  de  fort  belles  choses  à  mander  à  une 
personne  de  votre  qualité,  je  vous  dirai  pourtant 
par  pure  stérilité  de  nouvelles,  que  l'on  pend  et 
roue  ici  tous  les  jours  de  la  semaine,  scahron, 
Ot'wr.  t.  I,  p.  209.  À  la  fin  tous  ces  jeux,  que  l'a- 
théisme élève,  Conduisent  tristement  le  plaisant  à 
la  Grève,  EOii..  Art  p.  ii.  ||  Ange  de  Grève,  voy. 
ANGE.  Il  Faire  grève,  se  tenir  sur  la  place  de  Grève 
en  attendant  de  l'ouvrage,  suivant  l'habitude  de 
plusieurs  corps  de  métiers  parisiens  (en  ce  sens 
on  met  un  petit  g).  ||  Par  extension  du  sens  de 
se  tenir  sur  la  place  en  attendant  de  l'ouvrage, 
coalition  d'ouvriers  qui  refusent  de  travailler,  tant 
qu'on  ne  leur  aura  pas  accordé  certaines  condi- 
tions qu'ils  réclament.  La  grève  des  maçons,  des 
charpentiers.  Faire  grève,  se  mettre  en  grève,  aban- 
donner les  travaux  en  se  liguant  pour  obtenir  une 
augmentation  de  salaire.  ||  3"  Terme  de  maçonnerie. 
Le  gros  sable  qui  sert  à  faire  du  mortier.  ||  4°  Nom 
donné  aux  bancs  de  sable  qui  se  forment  dans  la 
Loire,  et  que  le  courant  porte  tantôt  d'un  côté, 
tantôt  d'un  autre. 

—  HIST.  xii"  s.  11  orent  un  vadlet  en  la  grève 
trové,  J  cui  un  clieval  unt  pur  uit  deniers  lue, 
Tli.  le  mart.  51 .  ||  xiii"  s.  Maint  ribaus  ont  les  cuers 
si  baus,  Portans  sas  de  charbon  en  Grieve,  Que  la 
poine  riens  ne  lor  grieve,  la  Rose,  6065.  Je  voz  don- 
rai  vingt  tones  de  vin  d'Auchoirre  [Auxcrre]  por 
cent  livres  rendus  en  Grève  à  Paris,  beaum.  xxxiv, 
64.  Ilxv  s.  Il  y  a  très  mauvais  pays  à  chevaucher, 
.pour  les  graves,  froiss.  ii,  iii,  tt.  ||  xvi's.  Une  au- 
tre fois  il  se  promenoit  sur  la  grève  le  long  de  la 
marine....  amyot,  Thémist.  35.  Cette  matière 
gluante,  de  la  quelle  se  bastit  la  grave  et  la  pierre, 
MONT.  III,  2)9.  Fait  cardinal  en  grève  [mis  à  mort 
sur  la  place  de  Grève],  cotgrave. 

—  f'.TYM.  Berry,  grave,  gravier;   génev.  grave, 
:. droit  couvert  de  gravier;  provenç.  grava;  vén. 

grava,  lit  d'un  torrent  ;  grison,  grava,  greva,  plaine 
do  sable  ;  du  radical  grav  ou  grau  qui  se  trouve  dans 
le  bas-breton  grouan,  sable,  le  kimry  grou,  et  dans 
le  sanscrit  grâvan,  pierre. 

j-  2.  GUÈVE  (grè-v'),  s.  {.  Nom  de  la  partie  de 
l'armure',  qui  couvrait  la  jambe.  Pour  les  armes  dé- 
fensives ils  portaient  des  écus,  des  boucliers,  des 
casques,  des  cuirasses,  et  quelquefois  des  grèves 
pour  couvrir  les  jambes,  fleuby.  Mœurs  des  Israél. 
tit.  X!ivi,  2'  part.  p.  330,  dans  pougens. 

—  lilST.  xir  s.  Grève  [la  jambe]  [elle]  avoit  droite 
et  bien  menée,  FI.  et  Blanchefl.  y.  2877.  ||xv'  s. 
Bien, dit  messire  Raoul,  je  le  veuil;  mais  entendez 
à  moi,  car  je  suis  trop  durement  navré;  et  mes 
chausses  et  mes  grèves  sont  jà  toutes  emplieide  sang, 
FRoiss.  11,111,(22.  Il  XVI*  s.  L'os  de  la  grève  ou  tibia, 

PARÉ,  XI,23. 

—  ÉTYM.  Portug.  gréba;  de  l'arabe  djauràb, 
prononcé  en  Egypte  gaurab,  bas,  vêtement  pour 
les  jambes. 

GRKVÉ,  ÉE  (gre-vé,  vée),  -part,  passé  de  grever. 
Il  1°  Oui  a  subi  un  tort,  un  grief,  une  peine.  D'un 
fardeau  si  posant  ayant  l'àme  grevée,  régnieb,  Sat. 

VIII On  cahale,  on  suscite  Accusateurs  et   gens 

grevés  par  ses  arrêts  :  De  nos  biens,  dirent-ils,  il 

■    st  fait  un  palais,  la  font.  Fabl.  x,  10.  ||  2°  Oui 

t  affecté  de  quelque  charge.  Un  héritage,  un  legs 

i!vé  de  quelque  condition  onéreuse.  ||  3°  Terme  de 

ri.sprudence.  Grevé  de  substitution,   qui  est  héri- 

a.;rou  légataire  à  charge  de  substitution.  ||  Stibstan- 

"ivement.  Le  grevé.  Les  enfants  du  grevé. 

t  GREVÉE  (gre-vée) ,  s.  f.  Terme  vieilli.   Ce  qui 

r 've,  ce  qui  aggrave.  La  fièvre  poussa  une  grevée 

usidérablc.  Journal  de  la  santé  du  roi,  p.  <83. 

GREVER  (gre-vé.  La  syllabe  gre  prend  un  accent 

ive,  quand   la  syllabe   qui   suit  est  muette  :  je 

grève,  je  grèverai),  v.  a.  ||  1"  Causer  un  grief,  faire 

tort,  apporter  du  dommage,  faire  du  chagrin En 

l'accès  du  tourment  qui  me  grève,  bégnier,  Dial. 
Ce  grand  prince  [Henri  IV|,  voyant  le  rouci  qui  la 


GRI 

grève  pa  France  personnifiée],  Touché  de  piété,  la 
prend  et  la  relève,  m.  Éptt.  1. 1|  2'  Charger  de  con- 
tributions, d'hypothèques.  11  a  beaucoup  grevé  ses 
propriétés.  ||  Fig.  Grever  son  budget,  s'imposer  une 
lourde  dépense.  |1  3°  Se  grever,  v.  réfl.  S'imposer 
de   lourdes  dépenses. 

—  IIIST.  xii'  s.  Ah!  Dex!  dist  Charles,  corne  ai 
le  cuer  grevé!  Rone.  p.  <83.  N'est  pas  merveilles  se 
m'aïr  [je  m'irrite]  Vers  amor,  qui  m'a  tant  grevé, 
Couci,  III.  Tant  par  nous  a  la  mer  gregiez  E  si  nos 
a  afebleioz.  Que  à  grant  peine  estum  sur  picz,  be- 
noît, v.  1447.  Ilxiii*  s.  La  mort  ne  me  grcveroit 
mie.  Se  ge  moroie  es  bras  m'amie,  la  Rose,  2473. 
Haus  homs  ne  puet  avoir  nul  vice.  Qui  tant  lui 
griet  [pèse]  cum  avarice,  ib.  me.  Le  [la]  contra- 
riétés qui  est  trouvée  contre  autrui  et  non  pas 
contre  sei  ne  me  doit  pas  grever,  beaum.  xn,  42. 
Il  XV*  s.  Lui  manda  que  il  n'auroit  pire  ennemy 
(]ue  luy,  et  le  grevcroit  en  toutes  les  guises  qu'il 
pourroit,  froiss.  i,  i,  54.  11  greva  beaucoup  au  roy 
de  dissimuler  de  ceste  parolle,  comm.  iv,  8.  ||  xvi'  s. 
Le  vice,  la  mort....  sont  subjects  graves  et  qui  grè- 
vent, mont.  III,  305.  1!  permeit  d'appeler  devant 
le  peuple  à  ceulx  qui  penseroient  estre  grevez  par 

les  sentences  des  officiers,  amyot,  Solon,  30 Di- 

sans  estre  rompus  et  grevés   [avoir  une  hernie] , 

PARÉ,   XIX,  23. 

—  ÉTY.M.  Wallon,  grtver,  chagriner;  provenç. 
grevar,  gravar,  greviar;  espagn.  et  portug.  gravar; 
ital.  gravare;  du  lat.  gravari,  être  à  charge,  do 
gravis,  pesant  (voy.  grave). 

GRIANNEAU  (gri-a-nô),  s.  m.  Jeune  coq  de 
bruyère.  Nous  avons  mangé,  l'automne  et  l'hiver, 
des  gelinottes  et  desgrianneaux  que  vous  ne  connais- 
sez guère,  VOLT.  Lett.  Mme  de  Fontaine,  6  mars  1757. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

t  GRIBANE  (gri-ba-n'),  s.  f.  Nom  d'une  barque  à 
màt  et  à  voiles,  de  cinquante  ou  soixante  tonneaux, 
qui  est  en  u.sage  sur  les  côtes  de  Normandie  etde 
Picardie  et  dans  la  navigation  de  la  Seine  mari- 
time, de  Rouen  au  Hawe.  La  gribane  de  bois  à  bâtir 
ou  à  brûler  lo  livres,  et  pour  bateau  contenant  20 
tonneaux,  5  \mes,Arrêt  du  conseil  d' État,  jma  1612. 

—  HIST.  xv  s.  En  aprèï,  iceux  Anglois  du  Crotoy 
avoient  deux  basteaux  nommés  gabannes,  par  le 
moyen  les  quels  ils  travailloient  souvent  ceux  d'Ab- 
beville,  honstrelet,  )436,  dans  jal. 

GRIBLETTE  (gri-blè-f),  s.  f.  Petit  morceau  de 
porc,  de  veau,  de  volaille,  etc.  enveloppé  de  bandes 
de  lard  qu'on  fait  rôtir  sur  lo  gril. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Scheler  pense  que  ffrt- 
blette  est  pour  riblette. 

f  GRIBOU  (gri-bou),a(!r.  Terme  de  marine.  Faire 
gribou,  se  dit,  à  la  côte  d'Afrique,  d'une  pirogue  qui 
chavire  sur  une  barre. 

GRIBOUILLAGE  (gri-bou-lla-j",  Il  mouillées,  et 
non  gri-bou-ya-j'),  s.  m.  Terme  familier.  Mauvaise 
peinture;  écriture  mal  formée.  C'est  ce  griliouil- 
lage-Ià  qui  vous  fait  pleurer,  genlis,  Thédt.  d'éduc. 
la  Lingère,  i,  2. 

—  .ÉTYM.  Gribouiller. 

f  GRUÎOUILLE  (gri-bou-ir ,  Il  mouillées),  s.  m. 
Usité  seulement  dans  cette  locution  :  Fin  comme 
Gribouille  qui  se  jette  dans  l'eau  crainte  de  pluie,  se 
dit  de  celui  qui,  pour  éviter  un  mal,  se  jette  dans 
un  autre.  Se  mettre  nu  pour  se  garder  du  froid,  se 
couvrir  de  fourrures  contre  la  chaleur,  se  jeter  au 
feu  pour  se  guérir  d'une  brûlure,  c'est  [l'homéopa- 
thie] le  jirocédé  de  Gribouille  élevé  à  la  hauleur 
d'une  théorie,  rhybaud,  Jérôme  Paturot,  i,  II. 
Il  On  dit  aussi  :  faire  comme  Gribouille. 

—  ÉTYM.  On  dit  que  gribouille  signifiait  autrefois 
marchand  de  bric-à-brac;  mais  il  est  plus  vraisem- 
blable que  Gribouille  est  un  nom  fictif  tiré  de 
gribouiller  :  celui  qui  gribouille,  qui  confond  tout. 

GRIBOUILLER  jgri-bou-llé ,  Il  mouillées ,  et  non 
gri-bou-yé).  1|  1"  F.  n.  Faire  du  gribouillage.  ||  2°K.o. 
Écrire  en  gribouillage.  Gribouiller  son  devoir.  Une 
lettre  gribouillée.  ||  L'actif  n'est  pas  dans  le  Diction- 
naire de  l'Académie. 

—  ÉTYM.  Wallon,  crabouii,  grabouii;  Hainaut, 
graboulier;  d'après  Grandgagnage,  du  hollandais 
krabbelen,  grillonner,  de  krabben,  gratter,  même 
mot  que  le  haut-allem.  graben,  creuser,  lat.  scribcre. 

GRIBOUILLETTE  (gri-bou-Uè-f,  Il  mouillées,  et 
non  gri-bou-yè-t'),  s.  f.  Jeu  d'enfante  Jeter  une  chose 
à  la  gribouillcttc,  la  jeter  au  milieu  d'enfants  qui  se 
disputent  à  qui  l'aura.  Le  lundi,  la  troupe  royale  Fit 
gribouiUette  générale  Aux  environs  de  Montihéry  ; 
J'en  suis  encor  tout  ihuri.  Piller,  brûler.... /c  Covr- 
rier  burlesque  de  la  guerre  de  Paris,  p.  448.  ||  Fig. 
Jeter  son  cœur  îi  la  gribouiUette,  se  lier  avec  la  jire- 
mière  femme  venue. 


GRI 


1933 


t  GRIBOtTlLLEtTR,  EUSE  (grl-bou-lleur,  UeO  z', 
;.'  mouillées) ,  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  gribouille. 

—  ÉTYM.  Gribouiller. 

t  GRIBOCRI  (gri-bou-ri),  s.  m.  Nom-vulgaire  do 

Viumolpc  do  la  vigne,  dit  aussi  coupe-bourgeon  o 
bi-che  (voy.  ce  mot). 

—  HIST.  xvi*  S.  Griboury  [un  esprit,  un  follet], 
uUDIN,  Dict. 

GRIÈCIIE  (gri-è-ch'),  adj.  Usité  seulement  on 
composition  et  signifiant  douloureux,  méchant  :  or- 
tie-grièche,  pie-grièche  (voy.  ces  mots). 

—  IIIST.  xiii*  s.  Contornix  est  uns  oisiaus  que  11 
François  claiment  grcoches,  parce  que  cle  fu  pre- 
miers trovée  en  Grèce;  et  en  esté  s'en  revont  outre 
mer  grant  torbe  ensemble,  brun.  lat.  Très.  p.  21). 
Il  xv*  s.  C'est  mort  ou  prison  très  griesche,  al.  ciiar- 
TiF.R,  Œuv.  p.  C50.  Il  xvi'  s.  Sans  faire  faute  de  mon 
corps,  non  plus  qu'une  nonain  grie.sche,  Moyen  de 
parvenir,  p.  192,  dans  lacorne.  Perdrix  griesche. 

COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Brunetto Latini  et  0. deScrres  {ortiegries- 
chc  pour  grecque,  par  mot  corrompu,  627)  voient 
dans  ce  mot  un  dérivé  de  grecque;  la  série  des 
.sens  est  difficile  à  trouver  :  serait-ce  le  feu  grec 
ou  grégeois  qui  aurait  fait  passer  à  un  dérive  do 
grec  le  sens  de  pénible,  douloureux?  Les  Anglais 
nomment  greek  nettle,  ortie  grecque,  l'oitie-griéche, 
ce  qui  vient  à  l'appui  do  l'étymologie  do  grec.  Les 
Allemands  nomment  Bunlspecht,  épervicr  tacheté, 
la  pie-grièche;  ce  qui  aiipuiorait  le  sens  de  bariolé, 
attribué  par  quelques  dictionnaires  à  griéctie,  on  no 
sait  du  reste  à  quel  titre. 

1.  GRIEF,  EVE  (gri-èf,  c-v'.  Prononcez  grié,  dit 
au  xvi"  siècle  palsgraye,  p.  02),  adj.  \\  1"  Qui  pèse 
sur  la  personne  comme  un  poids  qui  l'accable.  11  dé- 
fendit sous  de  grièves  peines  d'appeler  Catherine 
reine  d'Angleterre,  maicroix.  Schisme,  1.  i,  dans 
RiCHELET.  C'est  dans  ces  communications  indis- 
crètes que  se  font  une  infinité  de  péchés  de  mé- 
disance, et  très-souvent  do  jugements  téméraires, 
plus  griefs  que  l'on  ne  pense,  boss.  Instr.  aux  ursul. 
sur  le  silence,  1.  Une  bulle  pontificale  où  il  fut 
déclaré  que  ces  propositions  [sur  les  états  d'orai- 
son] étaient  respectivement  hérétiques,  suspectes, 
erronées,  scandaleuses,  blasphématrices,  avec  d'au- 
tres grièves  qualifications  portées  dans  la  même 
bulle,  m.  Ordonn.  sur  les  étals  d'oraison.  M  ce 
n'est  que  le  cas  qui  donnerait  lieu  au  refus  filt  si 
grief,  m.  iett.  rel.  69.  ||  2°  Douloureux.  Non  qu'il 
ne  me  soit  grief  que  la  terre  possède  Ce  qui  me 
fut  si  cher,  malh.  vi,  18. 

—  REM.  Grief  (écrit  aussi  gref)  a  toujours  été 
monosyllabe  dans  l'ancienne  langue;  et  Malherbe  l'a 
encore  fait  tel.  Il  est  très-probable  que  l'ancienne 
prononciation  était  gref;  puis,  quand  on  voulut  pro- 
noncer grief  \.c\  qu'il  était  écrit,  il  y  eut  lutte  entre^ 
l'ancien  usage  de  ce  mot  comme  monosyllabe,  et 
l'impossibilité  de  l'articuler  désormais  d'une  façon 
monosyllabique.  Au  reste  on  remarquera  que  l'an- 
cienne langue  avait  raison  d'y  voir  un  moiiosyUalic, 
car  c'est  une  grave  dérogation  à  l'étymologie  que 
de  représenter  par  deux  syllabes  l'unique  syllabe 
gra  du  latin  gravis. 

—  HIST.  XI'  s.  Dur  sont  li  cop,  et  li  chaples  es; 
griefs,  Ch.  de  Roi.  cxxv.  ||  xii*  s.  Vostre  talens  [vo- 
tre caractère]  est  moult  pesmes  etgriez,  Ronc.  p.  13. 
Cist  maus  ert  grois,  ib.  p.  25.  ||xiv*  s.  Car  puis  er 
ai  soufert  grant  peine  et  grief  tourment,  Berte, 
XLVi.  Car  la  parole  mains  [moins]  est  grieve  X  re- 
tenir quant  ele  est  brieve,  la  Rose.  2237.  |Jxv*s. 
Par  quoy  ce  petit  qu'il  souffroit  contre  sa  nature  et 
accoustumance  luy  estoytplus  grief  à  porter,  comm. 
VI,  H .  Il  XVI'  s.  0  grand'  fortune  I  o  crevecueur  trop 
gref,  MAROT,  IV,  I".  Ce  plus  grief  luy  est,  en  tant 
(|ue  par  toy  et  les  tiens  ont  esté  ces  gricfz  et  tortz 
faictz,  RAB.  Garg.  i,  3i.  Rien  ne  peut  estre  grief 
([ui  n'est  qu'une  fois,  mont,  i,  8».  Il  tomba  en  une 
griefve,  estrangfl  et  perverse  maladie,  amvot,  A'uino, 
36.  Une  peine  griefve,  lu.  Solori,  3.  Ce  qui  fut  grc, 
fi  Hcroiles,  josepiie.  Guerre,  i,  17,  Trad.de  des  es- 

SARS. 

—  ÉTYM.  Provenç.  greu,  grieu;  espagn.  portug. 
et  ital.  grave;  du  lat.  gravis,  pesant,  lâcheux. 

2.  GRIEF  (gri-cO,  s.  "••  Il  i°  Dommage  que  l'on 
reçoit.  Il  a  reçu  des  griefs  dont  il  se  plaint  beau- 
coup. Redresser  les  griefs.  ||  2°  Motifs  de  plainte.  Ex- 
posez vos  griefs.  Calvisson  avait  été  capitaine  aux 
gardes  et  avait  quitté,  c'était  le  grief,  st-sim.  7«,  ». 
Le  peuple  persan  avait  toujours  compté  parmi  ses 
griefs  contre  le  peuple  turc  le  meurtre  d'Aly,  quoi- 
qu'Aly  n'eût  point  été  assa.ssiné  par  la  nation  tur- 
quequ'on  neconnaissait  point  alors;  mais  c'est  ainsi 
que  le  peuple  raisonne,  volt.  Mœurs,  (58.  ||  3"  Au 


193/4 


r.Ri 


phir.  Terme  Je  pratique.  Mémoire  où  l'on  expose  le 
préjudice  résultant  d'un  jugement  dont  on  appelle. 
Donner  des  griefs.  Griefs  et  contredits.  Griefs  d'ap- 
pel. Il  Terme  d'ancienne  pratique.  Griefs  hors  le 
procès,  pi^ce  d'écriture  par  laquelle  on  en  appelait 
à  des  juges  supérieurs. 

—  iilST.  XIII"  s.  Kt  li  baron  respondirent  que  c'cs- 
toit  grans  outrages  que  li  quens  avoit  mandé  ;  car 
il  ostdit  .ses  hommes  et  ne  li  faisoit  on  nul  grief, 
Chr.  deRains,p.  U5.  Home  et  fames'estoientpenUiz 
par  une  pomme,  N'amender  ne  pooient  leur  mcffait 
par  nul  homme,  Si  prist  Diex  char  humaine  pour 
alegier  la  somme  Do  leurs  griés  [péchés]  qui  es- 
loient  greigneurs  que  je  ne  nomme,  J.  de  meung, 
7'cs(.  132.  Il  .Kv' s.  Et  parce  moyen  font  de  grands 
torts,  et  de  grands  griefs  à  leurs  suhjets,  comm.  vi;i, 
«3.  Il  XVI"  s  Dont  tout  à  coup  Phebus  se  repentit 
D'avoir  juré,  et  du  gref  qu'il  sentit  Son  chef  luisant 
Sîcoua  plusieurs  fois,  marot,  iv,  59. 

—  ÉTYM.  Grief  I  ;  provenç.  greug,  greuge. 

t  GRIKU  (gri-eu),  s.  m.  Terme  de  mines.  Syno- 
nyme de  grisou. 

GRlftVEMENT  (gri-è-\eman),  adv.  D'une  ma- 
nière griôve;  excessivement.  Il  n'est  pas  à  croire  que 
Dieu  s'en  tienne  si  grièvement  offensé,  bourd.  Serin. 
20"  dim.  après  laPenlec.  Dominic.  t.  iv,  p.  237. 
On  peut  par  la  seule  attention  qu'on  donne  à  la  mé- 
disance, pécher  très-grièvement,  lo.  Exhort.  faux 
lèmoign.  rendus  contre  J.  C.  t.  il,  p.  24.  Ce  scélé- 
rat devrait  être  poursuivi  au  parlement  de  Paris  et 
Être  puni  plus  grièvement  qu'à  la  cour  des  aides, 
VOLT.  Lett.  Damilaville,  I6  sept.  I76C. 

—  HIST.  xiir  s.  Cil  qui  l'oroient  justicié  seroient 
escommcnié  griement  sans  estre  absols  que  par  l'a- 
postole  fie  pape],  beaum.  xi,  44.  ||  xvi"  s.  Les  dieux 
punirent  griefvement  les  iniques  vœux  d'Œdipus,  en 
les  hiy  octroyant,  mont,  i,  404.  Deucalion,  estant 
griefvement  courroucé  contre  les  Athéniens,  les 
envoya  sommer  de  lui  rendre  Daedalus,  amyot, 
nés.  23. 

—  ÉTYM.  Grièie,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
greument,  greumen,  grieumen;  espagn.  portug.  et 
ital.  graremente.  L'ancien  adverbe  griement  est  ré- 
gulier, étant  formé  de  grié  ou  grief,  terminaison 
unique  pour  le  masculin  et  le  féminin,  comme 
dans  le  latin  gravis. 

GKIÈVETÉ  (gri-è-ve-té),  s.  f.  Énormité.  Le  P. 
Bouhours  a  affecté  une  certaine  prédilection  pour 
grièveté,  qui  ne  plaît  pas  à  bien  des  gens,  vaugkl. 
Nmiv.  Hem.  Observ.  de  M'**,  p.  384,  dans  pougens. 
Le  confesseur,  pour  peu  qu'il  manque  de  pénétration 
et  de  vigilance,  ne  le  connaît  qu'à  demi  [le  péché] 
et  n'en  peut  discerner  toute  la  grièveté,  doird.  Pen- 
sées, t.  I,  p.  322.  Les  pontifes  mettaient  à  l'amende 
selon  la  grièveté  des  cas  ceux  qui  contrevenaient  à 
leurs  ordonnances,  Exil  de  Cicéron,  dans  desfo'n- 

TAINES. 

—  HlST.  xiii"  s.  Et  plus  lui  sembloit  que  toute  la 
grieté  [souffrance]  que  il  avoit  e)  chief  et  el  cuer  de 
la  trislesce  que  il  avoit  devant  s'en  fut  alée  desdiz 
membres,  du  cange,  gravedo.  ||xiv'  s.  Quant  ilap- 
perceurent  la  grieté  de  sa  maladie,  id.  gravatum. 
Pour  relever  les  supplians  des  molestacions,  gries- 
tez  et  oppressions,  Ordonn.  des  rois,  t.  vi,  p.  79. 
Il  XV"  s.  Le  peuple  de  Calais  qui  a  souffert  moult  de 
grievetés,  Fiioiss.  i, i,  3'H. 

—  f.TYM.  Provenç.  grevgetat,  gravitât  ;  espagn. 
gravedad;  portug.  jrori'dadc;  ital.  gravita;  du  latin 
gravitatem,  de  gravis,  pesant,  pénible  (voy.  grave  i  ).  ' 

GRIFFADE  igri-fa-d'),*. /•.  Coup  dégriffé.  Le  chat 
lui  a  donné  une  griffade. 

—  iiiST.  XVI"  s.  Grifade,  monet,  Dict. 

—  ÉTYM.  Voy.  griffe. 

I  GRirFARD  (gri-far),  s.  m.  Aigle  d'Afrique. 

—  ÉTYM.  Grilfe. 

t.  GRIFFE  (gri-f),  s.  f.  \\  1»  Ongle  crochu  de 
certains  quadrupèdes  ou  d'un  oiseau  de  proie.  Les 
pattes  de  cet  animal  sont  armées  de  griffes.  Ou  que 
quelque  lion  descende  Au  milieu  de  toute  la  bande 
Faire  trembler  les  plus  ardents,  En  leur  montrant 
griffes  et  dents,  scahron,  Yirg.  iv.  En  deux  grands 
coups  de  griffe  il  |le  lion]  dépouilla  tout  nu  De  l'u- 
nivers entier  le  monarque  absolu,  volt.  Marseillais 
tl  lion.  Ses  terribles  griffes  [d'un  lion]  semblaient 
capables  de  déchirer  les  trois  rois  à  la  fois,  id.  la 
Vrinc.  de  Habyl.  1. 1|  Fig.  Donner  un  coup  de  griffe 
ï  quelqu'un,  lui  donner  de  la  griffe,  lui  rendre  un 
mauvais  sen-ice,  médire  de  lui.  Le  coup  de  griffe  que 
vous  me  donnez  en  passant,  me  fait  bien  voir  que 
vous  n'avez  pas  perdu  toute  votre  fierté  à  Rouen,  el 
qu'il  TOUS  reste  quelqu'une  de  vos  humeurs,  puis- 
que vous  prenez  plaisir  à  me  tourmenter,  voit. 
Ull.  JB9.  lia»  u  patte  même  qui  est  pourvue  de 


(;ri 

griffes.  Cet  oiseau  est  mort  entre  les  griffes  d'un 
épervier.  Grippeminaud,  le  bon  apôtre,  Jetant  des 
deux  cAtés  la  griffe  en  même  temps.  Mit  les  plai- 
deurs d'accord  en  croquant  l'un  et  l'autre,  la  font. 
Fabl.  VII,  16.  Il  ouvre  seulement  la  griffe  et  la  re- 
ferme, LA  motte,  Fabl.  v,  2.  ||  Se  (lit  quelquefois, 
par  plaisanterie,  de  l'homme  et  du  démon.  La  griffe 
du  diable.  Voilà  qu'un  jour  elle  [la  servante  du 
pocte  Lebrun -Ecouchard]  prend  les  écrits  [les 
manuscrits  de  son  maître].  Et  dans  le  feu,  mégère 
impitoyable,  Les  va  jeter  s'il  n'épouse  demain;  Le- 
brun alors:  Donne  griffes  ou  main;  A  ce  prix-là 
j'épouserais  le  diable,  fayolle,  Épigr.  contre  Lebrun 
qui  avait  épouse  sa  cuisinière.  ||  Fig.OnvoitIa  griffe, 
se  dit  d'une  personne  dangereuse  chez  laquelle  on 
aperçoit  ce  qu'elle  a  de  menaçant.  Ils  ont....  Grands 
cheveux,  belles  dents,  et  d.is  propos  fort  doux;  Mais, 
comme  je  vous  dis,  la  griffe  est  là»dcssous,  mol.  Éc, 
des  f.  m,  t .  Vos  louanges  ont  des  ongles  et  des  grif- 
fes, GILLES  BOILEAU,  Avis  à  Ménage.  \\  3°  Fig.  et  fami- 
lièrement. Pouvoir  injuste  et  tyrannique;  rapacité 
des  gens  de  chicane.  Je  suis  sous  sa  griffe.  Gardez-vous 
de  tomber  sous  la  griffe  des  gens  de  loi.  C'est  vous 
Fun  avocat  au  parlement]  qui  êtes  le  patron  des 
autres  patrons,  vous  qui  défendez  si  éloquemment 
la  mémoire  des  ministres  d'État,  et  qui  la  sauvez 
des  vilaines  griffes  de  l'insolente  calomnie,  costar, 
lett.  12,  t.  I,  dans  richelet.  Allons  tirer  notre  voi- 
sine D'entre  les  griffes  du  mâtin,  la  font.  Fiancée. 
N'arrachez  plus  par  la  griffe  d'un  procureur  un  peu 
de  farine  à  la  bouche  de  la  veuve  et  de  l'orphelin, 
VOLT.  Dict.  phil.  Morale.  ||  4°  Terme  de  jardinage. 
Les  caïeux  de  renoncule,  d'anémone,  etc.  ||  Griffes 
d'asperges,  les  racines  de  l'asperge,  le  plant  d'as- 
perge. ||  5°  Terme  do  botanique.  Appendice  crochu 
à  l'aide  duquel  certaines  plantes  grimpantes,  par 
exemple  le  lierre,  s'attachent  aux  corps  qui  les  en- 
tourent. Il  Griffes  de  girofle,  pédoncules  brisés  du 
giroflier.  ||  6°  Empreinte  imitant  la  signature  d'une 
personne.  Tous  les  exemplaires  sont  revêtus  de  la 
griffe  de  l'éditeur.  ||  L'instrument  qui  sert  à  faire 
cette  empreinte.  Apportez-tnoi  ma  griffe.  ||  7"  Sorte 
d'instrument  en  forme  de  griffe  d'animal  qui  sert  à 
saisir,  à  tenir.  ||  Tenaille  montée  sur  un  morceau  de 
bois,  dont  le  doreur  se  sert  pour  tenir  le  bouton  de 
métal  qu'il  veut  brunir.  ||  Instrument  \  cinq  pointes 
avec  lequel  le  graveur  en  musique  détermine  les 
extrémités  des  portées.  {|  Nom  d'un  instrument 
dont  les  serruriers  se  servent  pour  tracer  les  pan- 
netons des  clefs.  ||  Terme  de  tapissier.  Outil  servant 
à  tendre  les  grands  tapis  en  fortes  étoffes.  ||  Cro- 
chet que  les  essayeurs  d'étain  mettent  sur  les  lin- 
gots pour  en  marquer  la  qualité.  ||  Morceau  de  bois 
taillé  de  manière  qu'il  a  deux  crochets  qui  serve;it 
à  assurer  l'outil  du  tourneur.  ||  8°  X  l'administration 
du  timbre,  griffe  d'oblitération,  instrument  qui  sert 
à  obUlérer  les  timbre;  mobiles.  119°  Griffe  d'ours, 
sorte  de  cendre  gravelée. 

—  HIST.  XIII"  s.  Quant  Tybert  [le  chat]  vit  qu'il 
est  dreciez.  Par  mautalent  est  hericiez....  Puis  done 
un  saut,  sol  liert  des  gris,  La  face  li  a  gratignée, 
Ren.  2590.  Il  XVI"  s.  [11  avait]  Jecté  ses  grifz  sur  la 
queue  au  serpent,  j.  mabot,  v,  03.  Là  fut  Marcou 
[saint  Marc]  despaint  en  leurs  banieres,  Lyon  ram- 
pant, jottant  SCS  griffes  fieres,  L'une  en  ung  livre  et 
deux  autres  sur  terre,  id.  v,  107.  Est  ici  à  souhai- 
ter, d'estre  pourveu  de  plusieurs  mains,  soient 
griffes  ,  cueillers  persées  et  autres  instrumens  ; 
pour,  à  la  fois,  retirer  tout  le  fruit  du  succre,  o. 
DE  serres,  873.  On  cognoist  le  diable  à  ses  griffes, 

COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Piémontais,  grif;  de  l'allem.  Griff,  ac- 
tion de  saisir  (voy.  griffer).  Le  Picard  dit  grau, 
qui  a  une  autre  origine. 

t  2.  GRIFFE  (gri-f) ,  s.  m.  et  f.  Personne  née 
de  l'union  des  nègres  avec  des  mulâtres.  Le  griffe 
est  mulâtre  d'origine  et  noir  de  peau.  Les  enfants 
d'un  mulâtre  et  d'une  noire,  ou  d'un  noir  et  d'une 
mulâtresse  qu'on  appelle  griffes,  buff.  De  l'homme, 
Variétés. 

GRIFFÉ,  ÊE  (gri-fé,  fée),  part,  possède  griffer. 
Enfant  griffé  par  le  chat. 

GRIFFER  (gri-fé),  ».  a.  ||  1° Terme  de  fauconnerie. 
Prendre  avec  la  griffe.  Sept  couples  d'éperviers  pa- 
rurent, lesquels  donnaient  la  chasse  à  deux  cou- 
ples de  vautours,  les  plumaient  et  griffaient  en 
l'air,  p.  L.  œvn.  Prospect,  d'une  trad.  nouv.  d'Ile'- 
rnd.  Il  2°  Donner  un  coup  de  griffe.  Le  chat  l'a  griffé. 
Je  frissonne;  Ce  lutin  qui  tantôt  a  pensé  m'étouffor. 
N'a  pas  besoin  de  voir  pour  me  venir  griffer,  hau- 
teroche,  Espr.  foll.  iv,  2.  ||  3"  Se  griffer,  r.  réfl. 
Se  donner  l'un  à  l'autre  des  coups  de  griffe.  Ces 
enfants  se  sont  griffés. 


GRl 

—  HIST.  XIV"  S.  Le  que!  bailli  fu  grifez  au  viiage,' 
si  que  sang  en  issi,  du  cangb,  grifare.  ||  xvi"  a, 
....  S'est  élevé  un  lyon  ravissant.  Griffant,  mordant 
à  dexlre  et  h  senestre,  j.  marot,  v,  c3.  la  gn 
griffe  Qui  tout  griffe  A  griffé  le  corps  de  Gryplj 
[célèbre  imprimeur  de  Lyon],  le  p.   uenestmB 
Philosophie  des  images,   t.  ii,  p.  306,  dans 

CUBNE. 

—  ÉTYM.  Allcm.  grei/im,  saisir;  anc.  haut-alle 
grifan;  gothique,  greipan  ;  angl.  (o  gripe;  sanscii 
grah,  primitif  grabh,  saisir.  Griffon,  oiseau,  a  \ 
autre  origine. 

t  GRIFFET  (gri-fè),  s.  m.  Un  des  noms  vulgali 
du  martinet. 

).  GRIFFON  (gri-fon),  s.  m.  ||  1»  Oiseau  de  profl 
semblable  à  l'aigle.  Ne  mangez  point  do  ceux  qd 
sont  impurs,  qui  sont  l'aigle,  le  griffon,  l'aigle  a 
mer,  l'ixion,  le  vautour  et  le  milan,  saci,  Bibti 
Deutéron.  xiv,  (2,  (3.  ||  2°  Animal  fabuleux,  mow 
aigle  et  moitié  lion.  Un  ongle  de  griffon,  assis  i 
un  pied  de  griffon,  d'argent  doré....  cette  pièce  ( 
excellente  pour  sa  rareté,  d'autant  que  cet  on 
qui  est  naturel,  est  fort  grand  et  gros,  de  soij 
qu'il  tient  une  pinte  et  sert  de  mesure  et  d'étalq 
pour  la  pinte  de  vin  de  Saint-Denis,  qui  est  grand 
par  ainsi  qu'il  est  aisé  à  juger  que  cet  ois 
nommé  griffon,  à  proportion  d'un  tel  ongle,  fS! 
d'une  monstrueuse  grandeur  et  grosseur,  doublet, 
Invent,  de  St-Denis ,  dans  de  labohde.  Émaux, 
p.  336.  Il  y  a  dans  l'Arabie  heureuse  deux  griffons, 
mes  amis  intimes,  qui  ne  demeurent  qu'à  cent  cin- 
quante milles  d'ici,  volï.  Princ.  de  Babyl.  4.  Sur 
des  chars  qu'emporte  Le  vol  des  griffons,  v.  aoGO, 
Bail.  <4.  Il  II  s'emploie  en  ce  sens  dans  le  blason. 
11  porte  d'or  au  griffon  d'argent.  ||  3"  Nom  d'une 
espèce  de  papier  dont  la  marque  est  un  griffon. 
Il  4°  Nom  donné  aux  différents  points  d'éni'  r- 
gence  des  filets  d'eau  qui  constituent  une  souri  •.'. 
Il  5°  Chien  anglais  (jui  a  les  poils  du  corps  tri.s- 
durs,  et  ceux  de  la  tête  longs  et  hérissés.  ||  6°  Terme 
d'alchimie.  Griffon  des  philosophes ,  l'antimoiiiij. 
Il  7°  Ancienne  espèce  de  pièce  de  canon. 

—  HIST.  XIV'  s.  Item  un  oef  de  griffon,  garnis 
d'argent,  od  [avec]  pié  et  covercle,  de  laborw;, 
Émaux,  p.  336.  Dont  fist  mander  Gaufroi,  qui  cœr 
ot  de  grifon,  Baud.  de  Seb.  vi,  80(. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gtiffo  ;  csp.  grifo  ;  port,  gri- 
pho;  ital.  grifone;  du  lat.  gnjplius,  et  mieux  grij- 
]'us,  dérivé  du  grec  yp^'K  t?^~^i,  vautour. 

t  2.  GRIFFON  (gri-fon),  s.  m.  ||  1"  Un  des  noms 
vulgaires  du  martinet  noir.  ||  2"  Lime  plate  et  den- 
telée sur  les  bords,  dont  se  sert  le  tireur  d'nr. 
Il  3°  Terme  de  pèche.  Hameçon  double  pour  I> 
brochet. 

—  ÉTYM.  Griffe. 
t  3.  GRIFFON,  ONNE  (gri-fon,  fo-n'),  s.  m.  et  (. 

Terme  familier.  Celui,  celle  qui  griffonne,  qui  écrit 
mal.  Petit  griffon. 

—  HIST.  XVI"  s.  Ainsi  peu  près  au  juge  devisay, 
Et  en  parlant  un  griffon  advisay,  Oui  de  sa  croche 
et  ravissante  pâte  Escrivoit  là  l'an,  le  jour  et  la  date 
De  ma  prison,  et  ce  qui  pouvoit  duyre  À  leur  pro- 
pos,   pour  me  fascher  et  nuyre,  marot,  l'Enfer, 

V.  454. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRIFFONNER. 

GRIFFONNAGE  (gri-fo-na-g'),  s.  m.  ||  1"  Écri- 
ture mal  formée  et  illisible.  Je  vous  garde  mon 
griffonnage,  sÉv.  257.  Bélise  :  Qu'est-ce  que  c'est 
que  ce  papier?  —  Marton  :  Du  griffonnage,  madame, 
quelque  bagatelle  apparemment;  car  cela  est  fort 
mal  écrit,  dancourt,  Déroule  du  pharaon,  se.  ". 
Il  2°  Écrit  de  peu  de  valeur.  J'ai  six  volumes  il<' 
mes  griffonnages  ;  c'est  un  ouvrage  informe,  comme 
vous  devez  le  penser,  genlis,  Thédtr.  d'éduc.  le 
Voyageur,  n,  6. 

—  ÉTYM.  GRIFFONNER. 
GRIFFONNÉ,  ÉE   (gri-fo-né,  née),  part,  pns.sé 

de  griffonner.  Monsieur,  un  homme  noir  et  d'habit 
et  de  mine  Est  venu  nous  laisser  jusque  dans  la 
cuisine  Un  papier  griffonné  d'une  telle  façon,  Qu'il 
faudrait,  pour  le  lire,  être  pis  qu'un  démon,  mol. 
Mis.  IV,  t. 

f  GRIFFONNÉE  (gri-fo-née),  î.  ^.  Petit  papillon 
de  nuit  des  environs  de  Paris. 

t  GRIFFONNEMENT  (  gri-fo-ne-man  )  ,  s.  m 
ferme  de  beaux-arts.  Légère  ébauche;  petit  modèle 
de  terre  ou  de  cire. 

—  ÉTYM.  Griffonner. 

GRIFFONNER  (gri-fo-né),  t\  a.  \\  1°  Écrire  mal, 
d'une  manière  très-difficile  à  lire.  Et  déjà  le  no- 
taire a,  d'un  style  énergique.  Griffonné  de  ton  joug 
l'instrument  authentique,  boil.  Sat.  x.  Mon  héros 
griffonne  de  sa  main  des  lettres  qu'à  peine  on  peut 


Ghi 

lire,  VOLT.  Lett.  Richelieu,  9  janv.  (767.  j(  Absolu-/ 
ic.nt.  Mes  douleurs  se  sont  changées  en  enflure, 
■  sorte  que  cette  jauvra  main  droite  ne  peut  plus 
T  servir  à  grifTonnor  comme  ces  jours  passés, 
V.  Lett.  29  janv.  (876.  Je  suis  émerveillé  de  votre 

ly'Ale  écriture,  la  plupart  des  princes  griffonnent, 

pl  Votre  Altesse  sérénissime  aura  peine  à  trouver 

■li^s  secrétaires  qui  écrivent  aussi  bien  qu'elle, 
iLT.  Lett.  prince  de  Prusse,  18.  Surdité  annonce 
cadence;  mais  la  main  va  et  griffonne,  id.  Lett. 

r.lrgental,  i"  avr.  1781.  ||  2°  Fig.  et  familièrement. 

imposer,  rédiger  avec  précipitation  et  négligence. 

:  brûle  tout  ce  qu'il  griffonne,  sÉv.  580.  Je  me  sais 
11  gré  d'avoir  griffonné  dans  ma  vie  tant  de  prose 

■  l  tant  de  vers,  volt.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  41. 

Tandis  que  les  orages  se  formaient  et  se  dissipaient 

;iu-dessous  de  l'entre-sol  de  Quesnai,  il  griffonnait 
^  axiomes  et  ses  calculs  d'économie  rustique, 
■aMONTEL,  Mém.  v.  ||  Absolument.  Est-ce  que  tu 
:.s  aussi  des  vers?  je  t'ai  vu  là  griffonnant  sur  ton 
iiou  et  chantant  dès  le  matin,  eeaumahch.  Barb. 
'  Séxj.  I,  2.  Il  C'est  un  homme  qui  ne  sait  que 
iffonner,  c'est  un  mauvais  écrivain.  ||  3°  Dessiner 
issicrement.  Griffonner  un  croquis. 

—  HIST.  xvi*  s.  Quand  les  peines  et  fatigues  de 
iix  qui  harpient  à  griffonner  l'or,  seroient  plus 

:;indes  que  ne  les  avez  fait,  cholières,  Contes, 

H,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Griffon  l.  Griffonner,  c'e»t  d'abord  sai- 
i  ■  comme  un  griffon,  puis  écrire  comme  un  ani- 
.  ;1  qui  a  des  griffes.  Le  mot  grijfe  a  aussi  influé 
:;■  le  sens;  car  on  a  pensé  que  griffe  ot  griffon 
V  lient  le  mAme  radical. 

GRIFFONNEUR  (gri-fo-neur),  s.  m.  ||  1°  Celui 
li  griffonne.  Voici  une  requête  d'une  autre  espèce, 
e  le  griffonneur  de  la  lettre  vous  présente,  et 
ir  laquelle  il  vous  demande  voire  protection, 
i.T.  Lett.  Richelieu,  9  février  1767.  |1  2°  Par  déni- 
ement.  Auteur  qui  écrit  beaucoup,  à  la  hâte  et 
lis  soin.  Je  n'écris  guère  [de  lettres];  un  malade, 
i  laboureur,  un  griffonneur  n'a  pas  un  moment  à 
i\,  VOLT.  Lett.  Marmontel,  i"  nov.  1769. 

—  HIST.  XVI'  S.  Griffonneur,  oudin,  Curios.  fr. 

—  RTYM.  Griffonner. 

t  GRIFFONNIER  (gri-fo-nié) ,  s.  m.  Mauvais 
livain.  11  y  avait  un  roi  de  la  Chine  qui  dit  un 
iir  à  l'historien  de  l'État  :  Quoil  vous  voulez 
rire  mes  fautes?  Sire,  répondit  le  griffonnier.... 
LT.  I-ett.  d'Àrgental,  8  mai  1763. 

—  Rtvm.  Griffonner. 

t  GKIFFONNIS  (gri-fo-nis'),  î.  m.  Terme  de  dessi- 
nateur. Esquisse  à  la  plume.  |{  Gravure  imitant  un 
di  ssin  à  la  plume. 

t  GRIGNARD  (gri-gnar),  s.  m.  Gypse  cristallisé 
qu'en   trouve  interposé   dans   la  pierre  à  plâtre. 

Sorte  de  grès  fort  dur  qu'on  emploie  à  la  bâ- 
-s.îe. 

t  GRIGNE  (gri-gn') ,  s.  f.  Se  dit  des  inégalitésdu 
feutre.  ||  Terme  de  boulanger.  Fente.  Pain  à  grigne. 

—  Etym.  Berry,  grigne,  miette,  menue  parcelle  ; 
grigner  les  dents,  les  montrer  par  humeur  ou  me- 
nace. Grigne  est  proprement  l'action  de  montrer  les 
dents,  et  dérive  de  l'ancien  haut-allemand  grinan  ; 
allem.  mod.  greinen,  grincer  des  dents;  à  quoi  il 
faut  comparer  le  celtique'  bas-breton,  krina;  irl. 
creinim,  grignoter,  ronger  11  n'est  resté  que  dans 
]'i  technologie  avec  un  sens  figuré 

I.  GRIGNON  (gri-gnon),   s.  m.\\l°  Morceau  de 

ntamure  du  pain,  du  côté  où  il  est  le  plus  cuit. 

2°  Nom  d'un  biscuit  do  mer,  qui  est  en  morceaux, 
ij-us  avoir  la  forme  ordinaire  de  la  galette.  ||  3°Ré.sidu 
du  marc  d'olives,  après  qu'on  a  exprimé  toute  l'huile. 

--  HIST.  XV'  s.  À  la  quelle  fille  le  suppliant  avoit 
accou.stumé  de  donner  des  grignettes  de  pain,  quand 
il  tiroit  le  pain  horsdu  four,  no  cange,  grignolosus. 

—  ÉTYM.  D'après  Diez,  grignoun  signifiant,  dans 
le  provençal  moderne,  pépin,  le  grignon  peut  être 
considéré  comme  le  pépin,  le  noyau,  la  partie  la 
pius  oure  du  pain  ;  il  viendrait  du  lat.  granum,  grain  ; 
II'  sons  est  bien  peu  favorable  à  une  pareille  étymo- 
!o,'ie.  Ce  mot  paraît  avoir  la  même  étymologie  que 
'jrignoter  (voy.  ce  mot)  :  la  chose  qu'on  grignote. 

t  2.  GRIGNON  (gri-gnon) ,  s.  m.  Sorte  de  poire. 

GRIGNOTÉ,  ÉE  (gri-gno-té,  tée) ,  part,  passé  de 

ignoter.  Du  pain  grignoté  par  les  souris. 

GRIGNOTER  (gri-gno-té).  ||  1°  Y.  n.  Manger  dou- 
Lument  en  rongeant.  Cet  enfantne  mange  pas,'il  ne 
fait  que  grignoter.  ||  Fig.  et  populairement.  Faire 
quelque  petit  profit.  11  trouve  à  grignoter  dans  cette 
'"aire.  Il 2  V.  a.  Grignoter  un  morceau  de  pain. 
..un  neuf,  en  maroquin,  et  bien  doré  sur  tranche; 
L'autre  en  parchemin  vieux,  que  les  vers  grigno- 
Saient,  la  mottr,  Fahl.  iv,  9. 


GRI 

—  lliST.  xvi"  s.  Que  peut  espérer  un  homme  de 
mon  estât  en  leurs  affaires?  peut-on  grignotter  en 
leurs  fidèles  et  bizarres  formalités?  d'au».  Conf.  ii, 
6.  La  pine  qui  est  cette  espèce  de  grande  coquille 
qu'on  appelle  nacre....  le  pinothere  mordant  la  na- 
cre, [elle]  ferme  sa  coquille  :  puis  tous  deux  grigno- 
tent et  mangent  leur  proye  ensemble,  paré,  Mons- 
tres, app.  1. 

—  £TYM.  Fréquentatif  de  l'ancien  verbe  grigner, 
montrer  les  dents  (voy.  grigne). 

GRIGNOTIS  (gri-gno-ti),  s.  m.  Terme  de  gravure. 
Travail  du  graveur  qui  consiste  en  points  ou  en 
traits  tremblés. 

—  ÉTYM.  Grignoter. 

GRIGOU  (gri-gou),  s.  m.  Terme  populaire.  Gueux, 
misérable;  homme  avare  et  sordide.  Que  maudite 
soit  l'heure  où  vous  avez  choisi  ce  grigou  1  mol.  la 
Jalousie  du  barbouillé,  6.  Fille  fringante  auprès 
d'un  vieux  grigou,  le  Voyage  d'Asnières,  Bruxelles, 
1748.  Pourquoi  ne  te  maries-tu  pas,  grand  imbé- 
cile, au  lieu  de  vivre  seul  comme  un  grigou? 
SCRIBE,  Zoé  ou  l'Amant  prêté,  se.  4. 

—  ÉTYM.  Origine  incertaine.  On  l'a  fait  venir  de 
grégeois  ou  grigois,  nom  des  Grecs  dans  le  moyen 
âge.  On  a  indiqué  aussi  le  bas-latin  grigulosus,  gri- 
gnolosus, lépreux,  rogneux,  qui  paraît  tenir  à  l'al- 
lemand Grind,  dartre,  croilte. 

t  6BI-GRI  (gri-gri) ,  s.  m.  Un  des  noms  du  proyer, 
oiseau. 

GRIL  (gri  ;  mais  Yl  se  mouille  devant  une  voyelle  : 
un  grill  en  fer  ;  au  contraire  Chifflet,  Gramm. 
p.  208,  dit  que  Yl  ne  se  prononce  jamais,  quoiqu'il 
suive),  s.  m.  ||  1"  Ustensile  de  cuisine  qui  est  formé 
(le  verges  de  fer  parallèles  et  un  peu  écartées  l'une 
lie  l'autre,  et  sur  lequel  on  fait  rôtir  de  la  viande,  du 
poisson,  etc.  Mettre  une  côtelette,  du  boudin  sur  le 
gril.  Le  préfet  de  Rome  fait  cuire  le  diacre  Laurent 
sur  un  gril  de  six  pieds  de  long,  volt.  Phil.  Def. 
de  milord  Ilolingbroke ,  38.  |{  Fig.  et  familièrement. 
Être  sur  le  gril,  être  dans  une  situation  fâcheuse, 
dans  une  grande  inquiétude,  dans  une  grande  im- 
patience. Vous  la  tenez  sur  le  gril,  genlis,  Thcdt. 
d'éduc.  la  Rosière,  ii,  1.112°  Terme  de  marine. 
Sorte  de  chantier  horizontal  au-dessus  duquel  on 
place  un  navire  pendant  la  haute  mer.  ||  3"  Terme 
d'imprimerie  en  taille  douce.  Machine  sur  laquelle 
on  met  chauffer  la  planche  de  cuivre  avant  de  l'en- 
crer. ||  4°  Espèce  de  claire-voie  placée  en  amont 
d'une  vanne,  afin  d'arrêter  les  bûchettes  et  immon- 
dices que  peut  charrier  la  rivière.  ||  5°  Terme  de 
théâtre.  Les  dessus  du  théâtre  de  l'Opéra.  Les  des- 
sus ou  cintres  ;d'où  l'on  règle  toutes  les  toiles  de 
décor  sont  au  nombre  de  trois;  considérés  isolé- 
ment, ils  portent  encore  les  noms  de  pont,  de  gril, 
attendu  qu'ils  sont  à  claire-voie ,  c.  slaze,  Hist.  de 
l'Acad.  de  musique,  n°  xxviii,  t.  ii,  p.  382. , 

—  HIST.  xiii'  s.  Ou  sera  bouillis  en  chaudière.  Ou 
rostis  devant  et  derrière.  Ou  sur  charbons  ou  sur 
greïlles.  Ou  tournoies  à  grans  chevilles,  la  Rose, 
(9477.  Auquanz  en  vit  [il  en  vit  quelques-uns]  arz 
[Tjrùlés]  e  bruis,  Qui  sur  graïl  erent  rostis,  marie. 
Purgatoire,  1095.  ||xiy°  s.  Pour  avoir  fait  et  forgié 
un  gril  d'argent  blanc  pour  servir  en  la  cuisine  du 
roy  N.  S.,  de  la  borde,  Émaux,  p.  33g.  ||  xvi«  s. 
Comme  un  cheval  se  polit  à  l'estriUe,  Et  comme  on 
voit  un  harang  sur  la  grille,  st-gelais,  91.  Ap- 
porte-moi ce  gril  qui  est  là-bas?  L'apprenti  pensoit 
qu'il  demandoit  ce  drap  gris  qui  estoit  resté  du 
manteau....  La  faute  vint  que  l'apprenti  avoit  tou- 
jours ouï  dire  grille,  féminin;  et  non  pas  gril,  des- 
PER.  Contes,  XLViii.  Trop  est  cuit  qui  au  gril  tient, 

PALSGR.  p.  471. 

—  ÉTYM.  Gril  est  la  forme  masculine  de  grille 
[voy.  ce  mot).  On  remarqu6.-a  que,  dans  l'ancienne 
langue,  grdil  ou  greïl  est  de  deux  syllabes. 

GRILLADE  (gri-lla-d'.  Il  mouillées,  et  non  gri- 
ya-d'),  s.  f.  Il  1°  Manière  d'apprêter  certaines  vian- 
des en  les  grillant.  ||  Faire  grillade,  mettre  sur  le 
gril  des  cuisses  de  dinde,  de  poularde  et  autres 
choses  semblables  qui  sont  déjà  rôties.  ||  2°  Viande 
grillée.  Une  bonne  grillade.  Quand  je  suis  avec 
mes  amis,  Je  ne  suis  plus  malade  ;  C'ebt  là  que  je 
me  suis  permis  Le  vin  et  la  grillade;  N'eu  déplaise 
à  monsieur  Thévard  [son  médecin].  Je  n'en  irai 
qu'un  peu  plus  tard  Voir  Jean  de  Vert,  desiiou- 
LiÈBES,  Chanson  sur  Vair  de  Jean  de  Vert. 

—  ÉTYM.  Griller  i 

1 .  GRILLAGE  (gri-lla-j',  Il  mouillées,  et  non  gri- 
ya-j'),  s.  m.  Il  1°  Action  de  griller;  lésultat  de  cette 
action.  ||  2°  Opération  de  métallurgie  qui  consiste  à 
faire  passer  le  minerai  par  plusieurs  feux  avant  de 
le  fondre.  On  donne  à  ces  pyrites  deux,  trois  et  qua- 
tre feux  do  grillage  avant  de  les  fondre,  buff.  Min. 


GRI 


1935 


t.  v,  p.  106.  Il  3°  Terme  de  chimie.  Combustion  d'un 
corps  à  l'air  libre.  ||  4°  Terme  de  confiseur.  Action 
de  faire  griller  des  fruits,  des  noyaux,  dans  du  su- 
cre. Faire  un  grillage  d'amandes.  ||  La  chose  grillée 
Il  6°  Terme  de  manufacture.  Grillage  ou  flambugo 
des  tissus  de  coton,  opération  qui  consiste  à  faire' 
passer  les  toiles  de  coton  par  la  flamme,  pour  le» 
débarrasser  du  duvet  qui  leur  reste  après  qu'elles  ont 
été  tissées. 

—  ÉTYM.  Griller  i. 

2.  GRILLAGE  (gri-lla-j'.  Il  mouillées,  et  nongri- 
ya-j'),  s.  m.  \\  1"  Garniture  de  fil  do  fer  qu'on  met 
aux  fenêtres.  ||  2°  Terme  de  construction.  Treillis  do 
grosse  charpente  mis  dansles  fondations,  dans  l'eau 
ou  dans  un  terrain  glaiseux.  {|  3°  Terme  de  pêche. 
Barreaux  pour  empêcher  le  poisson  de  sortir  d'uu 
étang. 

—  ÉTYM.  Griller  2. 

t  GRILLAGER  (gri-lla-jé,  Il  mouillées.  Le  g  prend 
un  e  devant  o  et  o  :  grillageant,  grillageons),  v.  a. 
Faire,  poser  des  grillages.  Grillager  une'  fenêtre, 
un  soupirail.  Châssis  grillagé. 

—  ÉTYM.  Grillage  2. 

t  GRILLAGEUR  (gri-Ua-jeur,  Il  mouillées),  s.m 
Celui  qui  fait  du  grillage,  qui  le  pose. 

—  ÉTYM.  Grillager. 

GRILLE  (gri-ir.  Il  mouillées,  et  non  gri-ye),  s.f. 
Il  1°  Assemblage  à  claire- voie  de  barreaux  de  fer  ou 
de  bois,  se  traversant  les  uns  les  autres  et  servant  à 
fermer  une  fenêtre,  une  ouverture.  Mettre  une  grille 
à  une  fenêtre.  Les  verrous  et  les  grilles  d'une  prison. 
Et  les  soins  défiants,  les  verrous,  ni  les  grilles, 
Ne  font  pas  la  vertu  des  femmes  ni  des  filles,  mol. 
Éc.  des  mar.  i,  2.  Ainsi  chante  à  travers  les  grilles 
Un  captif....  bérang.  Prisonn.  \\  Être  sous  les  grilles, 
être  en  prison.  Oui,  dit  l'ange,  mais  je  plaidai:  Tu 
ne  fus  qu'un  an  sous  les  grilles,  bérang.  Angegard. 
Il  2°  Barrière  en  petits  carreaux  fort  serrés,  qui  sé- 
pare en  deux  le  parloir  d'un  couvent.  La  grille 
du  parloir.  ||  î'ig.  Épouser  ime  grille,  se  faire  reli- 
gieuse. Vous  souhaitez  qu'elle  épouse  une  grille, 
HAUTEROCHE,  Crispiu  médecin,  dans  le  roux,  Dict. 
comique.  ||  Le  parloir  même.  Ces  religieuses  sont 
toujours  à  la  grille.  ||  Fig.  Les  personne»  qui  sont 
au  parloir.  Toute  la  grille  à  ces  mots  effroyables 
Tremble  d'horreur,  gress.  Vert-vert,  iv.\\  3°  Treillis 
de  fer  qui  sépare  d'avec  le  chœur  ou  la  nef  la 
place  destinée  aux  religieuses.  114°  Clôtures  ou  sé- 
parations formées  de  longs  barreaux  montants  et 
parallèles.  La  grille  du  château.  La  porte  d'une 
grille.  La  grille  du  Carrousel.  Il  [François  I"]  acheta 
la  grille  d'argent  dont  Louis  XI  avait  orné  l'église 
de  saint  Martin  de  Tours;  elle  pesait  C776  marcs, 
deux  onces  moins  un  gros,  volt,  llist.  parlem. 
ch.  XVI.  Il  5°  Barres  de  fer  sur  lesquelles  on  place  le 
charbon  dans  un  fourneau  au-dessus  du  cendrier. 
Il  Ustensile  en  forme  de  grille  qui  sert  à  brûler  le 
jîharbon  de  terre  dans  les  cheminées  des  apparte- 
ments. Il  Grille  de  feu,  ou,  simplement,  grille,  se  dit 
de  chenets  attachés  ensemble  à  quelque  distance  l'un 
de  l'autre,  avec  une  barre  de  fer.  ||  6°  Terme  de  bla- 
son. Barreaux  de  la  visière  d'un  heaume,  qui  ser- 
vaient à  garantir  les  yeux.  L'un  sur  son  écussou 
porte  un  casque  sans  grille.  Dont  le  père  autrefois 
a  porté  la  mandrille,  boursault,  Fabl.  d'Ësope,  m, 
4.  Il  7°  Plaque  de  fer  trouée  qui  est  sur  une  râpe  et 
qui  sert  à  pulvériser  le  tabac.  ||  8°  Terme  de  ma- 
nège. Partie  de  l'étrier  qui  sert  d'appui  au  pied  du 
cavalier.  ||  9"  Terme  de  fonderie.  Châssis  de  fer  qui 
sert  à  porter  le  massif  sur  lequel  s'établit  le  mo- 
dèle, à  soutenir  les  bricaillons  dont  on  remplit  la  fosse 
et  à  lier  les  murs  des  galeries.  ||  Terme  do  doreur. 
Treillis  sur  lequel  on  expose  les  ouvrages  au  feu. 
Il  10°  Terme  de  construction.  Synonyme  de  grillage 
n°  2.  Il  11°  Terme  de  chancellerie.  Parafe  en  forme 
de  grilles  ou  de  barreaux  qui  se  traversent  les  uns 
les  autres,  que  les  secrétaires  du  roi  mettaient 
quand  ils  .signaient  officiellement,  au  devant  deJeur 
parafe.  Signé ,  Goujon ,  avec  grille  et  parafe ,  et 
scellé  du  grand  sceau  de  cire  jaune.  Arrêt  du  con- 
seil dÉtat,  19  janvier  1720.  ||  12°  Terme  de  crypto- 
graphie. Carton  bizarrement  découpé  à  jours,  qui, 
posé  sur  une  dépêche  secrète,  ne  laisse  apparents 
que  les  caractères  nécessaires  et  masque  ceux  de 
pur  remphssage.  ||  13°  Dans  un  jeu  de  paume,  fe- 
nêtre carrée.  ||  14°  Petit  vaisseau  long,  à  l'usage  du 
teinturier  sur  soie.  ||  Terme  de  rubanier.  La  quan- 
tité de  tours  des  mêmes  ficelles  posées  en  tête  des 
hautes-lices,  sur  le  devant  des  deux  porte-rames,  et 
qui  servent  à  faciliter  le  passage  des  rames. 
Il  15°  Terme  de  commerce.  Sorte  de  laine  d'Espa- 
gne très-estimée. 

—  ÉTYM.  Grille  est  pour  graille  et  vient  du  bas- 


1936 


GUI 


latin  grjticula,  corrompu  de  craticula,  diminutif 

do  cralrs,  claie,  grille.  

I  GRILLE,  ÉE  (gri-llé,  liée.  Il  mouillées), part. 
passé  do  griller  ).  ||1°  Cuit  sur  le  gril.  Des  côte- 
lottes  grillée».  Il  Brillé  sur  un  gril.  Esclave  comme 
Montézumo,  Grillé  comme  Guatimozin,  la  motte, 
Fabl.  iv,  40.  Il  Par  exagération.  Trop  chauffé.  Le 
feu  est  bicE  ardent,  j'ai  les  jambes  grillées. 
Il  l'  Brûlé  par  le  soleil.  Ce  raisin  est  tout  grillé. 
Il  5.  m.  Terme  rural.  Le  grillé,  mauvais  état  de  la 
vigne  causé  par  une  trop  longue  et  trop  forte  chaleur. 

2.  GRILLE,  ÉE  (gri-llé,  lice,  Il  mouillées),  part, 
passé  dé  griller  2.  Fermé  avec  une  grille.  Toutes 
les  fenêtres  sont  grillées.  ||  Terme  de  théâtre.  Loge 
grillée,  loge  fermée  du  côté  de  la  scène  par  une 
grille.  Les  prédicateurs  venaient  souvent  à  la  co- 
médie dans  une  loge  grillée  étudier  Baron,  et  de  là 
ils  allaient  déclamer  contre  la  comédie,  volt. 
Louis  XIV,  écrivains,  Baron.  \\  Renfermé  sous  des 
grilles.  Des  filles  grillées. 

4.  GRILLER  (gri-llé ,  Il  mouillées,  et  non  gri-yé), 
V.  a.  Il  1°  Rôtir  [sur  le  gril.  Griller  des  saucisses. 
Aussitôt  des  soldats  affamés  se  jetaient  sur  ces  che- 
vaux abattus  et  les  dépeçaient  ;  puis,  sur  des  feux 
faits  des  débris  de  leurs  voitures,  ils  grillaient  ces 
chairs  toutes  sanglantes  et  les  dévoraient,  ségur, 
llisl.  de  Map.  ix,  9.  ||  Terme  de  métallurgie.  Griller 
des  métaux,  les  faire  chaufifer  à  plusieurs  reprises 
avant  de  les  fondre,  afin  de  les  dégager  des  ma- 
tières étrangères.  ||  2°  Par  extension,  briller  d'une 
façon  quelconque.  Il  s'est  grillé  les  doigts  en  tou- 
chant  une  pincette  trop  chaude.  Le  fer  était  trop 
chaud,  il  a  grillé  la  main  de  la  repasseuse.  Je  veux 
te  poursuivre,  inhumain,  Une  torche  noire  à  la 
main ,  Je  t'en  grillerai  les  moustaches,  Homme  le 
plus  lâche  des  lâches,  ecabhon,  Yirg.  iv.  Le  ton- 
nerre a  grillé  un  poirier  chez  mon  curé,  Boss.  Leit. 
abb.  (OC.  Il  S"  Chauffer  trop  fort.  Ce  feu  grille  les 
jambes.  Il  Absolument.  Ce  feu  est  trop  ardent,  il 
grille.  Il  4°  Il  se  dit  de  l'effet  produit  par  la  chaleur 
du  soleil,  par  la  gelée.  La  grande  ardeur  du  soleil 
a  grillé  les  vignes.  La  gelée  a  grillé  ces  plantes. 
Il  5°  V.  n.  Éprouver  un  excès  de  chaleur.  Vous 
êtes  en  plein  soleil,  vous  grillez.  Condamine  l'ob- 
servateur S'en  va  griller  sous  l'équateur,  volt. 
J^p.  XXXIX.  Il  Fig.  Avoir  un  extrême  désir.  La 
femme  du  pondeur  s'en  retourne  chez  elle  ;  L'autre 
grille  déjà  d'en  conter  la  nouvelle,  la  font.  Fabl. 
VIII ,  6.  Il  Familièrement.  Griller  d'impatience , 
griller  dans  sa  peau,  ou,  absolument,  griller,  être 
en  proie  à  une  vive  impatience.  ||  6»  Se  griller, 
V.  réfî,.  Être  rôti  sur  le  gril.  Le  feu  est  bien  allumé  ; 
ces  côtelettes  se  grilleront  vite.  ||  Avec  suppression 
du  pronom  personnel  :  Faites  griller  ces  côtelettes.  Il 
fMucius  Scévola]  donne  son  bras  en  proie  à  la 
llamme  et  le  laisse  longtemps  griller,  le  p.  catbou, 
dans  DKSFONTAiNES.  |1  Être  brûlé  d'une  façon  quel- 
conque. Mes  cheveux  se  sont  grillés.  Ces  fleurs  se 
grillent  au  soleil.  Les  papillons  viennent  se  griller 
à  la  chandelle.  ||  Par  exagération.  Se  chauffer  trop 
fortement.  Il  se  grille  devant  le  feu. 

—  lllST.  XII'  s.  Raoul  repaire,  fait  ot  le  destor- 
bier;  Les  nonnains  fist  ardoir  et  graaillier,  Uaoul 
de  C.  62.  Il  xvi"  s.  Et,  attendant  graisier  des  chas- 
taignes,  escript  en  foyer  avec  ung  baston,  rab. 
Garg.  i,  28.  La  deiïense  ne  feut  si  toust  faicte 
que  elles  grisloyent  en  leurs  entendements  d'ar- 
deur de  veoir  qu'estoyt  dedans,  id.  Pant.  m,  ai. 
Les  ladres  ont  la  peau  crespie  comme  une  oye  dé- 
plumée, k  sçavoir  aspre,  aride  et  inégale,  icelle  se 
ridant  et  grillant  par  î'adustion  et  siccité  intérieure 
dos  humeurs,  paré,  xxii,  io.  Je  sçais  qu'il  s'est 
trouvé  des  simples  païsans  s'estre  laissez  griller  la 
plante  des  pieds....  avant  que  de  s'estre  seulement 
voulu  mettre  à  rençon,  mont,  in,  <52. 

—  ÊTYM.  6'rii;bourguig.  gruUai;  Berry,  grûlcr. 
2. GRILLER   (gri-llé.  Il   mouillées,  e(   non   pas 

gri-yé) ,  V.  a.  Fermer  avec  une  grille.  Griller 
une  fenêtre.  Et,  pour  ne  craindre  rien  de  leur  noire 
furie,  Je  veux  de  toutes  parts  fermer  la  bergerie  ; 
Faire  avec  soin  griller  mon  chlteau  tout  autour, 
RUGNASD,  Folies  amour,  i,  3.  \\  Griller  une  personne, 
la  tenir  enfermée  dans  un  lieu  muni  de  grilles. 
Allez,  vous  êtes  fou  de  vouloir  à  votre  âge ,  Pour  la 
seconde  fois,  tâter  du  mariage,  Plus  fou  d'être 
amoureux  d'un  objet  de  quinze  ans,  Encor  plus  fou 
doser  la  griller  là  dedans,  REGNARn,Foî.  amour,  i,  3. 
Il  Familièrement.  Griller  une  fille,  la  mettre  au  cou- 
vent. 

—  HIST.  XVI*  s.  La  roine-mere  faillit  à  l'envoyer 
en  prison, quand  son  maislro  estoit  grillé  [enferniél, 
ïv'm'     "*■  "'  '**■  ''^^"'  *°  une  chambre  grillée, 


GRÏ 

—  ÉTYM.  Grille. 

f  I.  GRILLET  (gri-llè.  Il  mouillées),  ».  m.  Gril- 
let  blanc,  espèce  de  narcisse. 

2.  GRILLET  (gri-llè,  Il  mouillées),  s.  m.  ou 
GRILLETTE  (gri-llè-f),  s.  f.  Terme  de  blason. 
Sonnette  ronde  au  cou  des  chiens  et  aux  jambes  de;; 
oiseaux  de  proie. 

—  ÉTYM.  C'est  une  autre  forme  de  grelot. 
GRILLETÉ,  ÉE    (gri-llo-tè,   tée,  Il  mouillées), 

adj.  Terme  de  blason.  Qui  a  des.grilleltes  aux  pieds 
ou  au  cou. 

t  GRILLOIR  (gri-lloir.  Il  mouillées),  s.  m.  Four- 
neau pour  griller  les  étoffes  qui  doivent  être  rases; 
emplacement  où  se  fait  cette  opération. 

—  KTYM.  Griller  t. 

GRILLON  (gri-llon,  Il  mouillées,  et  non  gri- 
yon),  s.  m.  Petit  insecte  de  l'ordre  des  orthoptères 
qui  aime  les  lieux  chauds  et  obscurs  et  qui  fait  en- 
tendre un  certain  bruit.  Ce  bruit  que  font  entendre 
les  seuls  grillons  mâles  (car  les  femelles  sont  muet- 
te.-;) est  produit  par  le  frottement  de  leurs  élytres 
l'un  contre  l'autre.  Le  grillon  du  foyer.  Adieu, 
voisin  grillon,  dit-il,  je  pars  d'ici,  font.  Fabl.  v,  4. 
D'une  voix  plus  modeste,  au  hasard  inspirée.  Nous, 
comme  le  grillon,  chantons  au  coin  du  feu,  A.  de 
MUSSET,  Poésies  nour.  Idylle.  ||  Grillon-taupe,  cour- 
tilière. 

—  HIST.  XIII*  S.  Si  aperçut  un  gresillon,  Jlen.  7985. 
I]  XV'  s.  Es  fables  des  anciens  est  plus  prisée  la  formis 
que  le  grillon  [cigale];  car  la  formis  pourchasse 
l'esté  sa  pourveanco  pour  son  yver,  et  le  grillon  ne 
fait  que  chanter  l'esté  durant,  et  l'yver  s'en  va  mou- 
rant de  faim,  Percefor.  t.  iv,  f°  159.  ||  xvi*  s.  Du 
chevalier  âgé,  qui  fit  sortir  les  grillons  [caprices]  de 
la  teste  de  sa  femme  par  une  saignée — Tandis  que 
le  sang  decouloit  du  bras  de  cette  damoiselle,  son 
mari  sentoit  oculairement  les  grillons  s'affoiblir, 
DESPER.  Contes,  cxxvii.  Ils  rugissent  comme  lions, 
ils  gresillonnent  comme  grillons,  paré.  Animaux, 
25 Les  grésillons  qui  de  leurs  cris  tranchans  Sa- 
lueront les  porteurs  à  leur  retour  des  champs,  rons. 
735.  Femme  mieux  file  en  3a  maison,  quand  elle 
oyt  chanter  le  grillon,  génin,  Récréât,  t.  ii,  p.  23». 

—  ÉTYM.  Bourguign.  gresillon,  charançon.  Diez 
tire  gresillon  du  latin  grylliis,  grillon,  gré-sillon, 
comme  oisillon  â'avis,  et  pu-celle  de  pulla;  avis  a 
donné  aviceUns,  d'où  oisel,  et,  diminutif  secon- 
daire, oisillon;  pulla  a  donné  pullicela,  d'où  pu- 
celle;  gryllns  de  cette  façon  aura  donné  grylli- 
cellus,  d'où  grisel,  gresillon.  Quant  à  jriîion,  el  à 
ses  congénères,  dans  la  ville  de  Genève  et  dans  le 
Berry,  grillet,  grelet,  ce  sont  des  diminutifs  directs 
de  grylius. 

t  t.  GRILLONS  (gri-Uon,  Il  mouillées),  s.  m.  pi. 
Piles  carrée?  qui  servent  d'arcs-boutants  aux  bû- 
ches que  l'on  empile  en  travers  dans  les  chantiers. 
On  dit  aussi  roseaux. 

—  ÉTYM.  Grille.  Dans  l'ancien  français  presiHons, 
et,  par  suite,  grillons  signifiaient  des  menottes,  un 
instrument  de  torture  à  serrer  les  pouces,  et  te- 
naient ainsi  à  grille. 

t  2.  GRILLONS  (gri-llon.  Il  mouillées),  s.  m. 
pi.  Synonyme  de  rillons  (voy.  ce  mot). 

—  ÉTYM.  Griller  t. 

t  t.  GRILLOT  (gri-llo,  Il  mouillées),  s.  m.  Un 
dos  noms  vulgaires  du  grillon. 

t  2.  GRILLOT  (gri-llo,  Il  mouillées),  s.  m.  Per- 
che dont  se  sert  le  fabricant  de  glaces.  ||  Terme  de 
métallurgie.  Cavité  particulière  aux  fers  aigres. 

GRIMAÇANT,  ANTE  (gri-ma-san,  san-t'),  adj. 
Il  1°  Qui  grimace.  Le  barbouilleur  qui  a  joint  ce  ta- 
bleau grimaçant  aux  autres  qui  paraissent  assez 
fidèles,  dit  autant  do  sottises  que  de  mots,  volt. 
Lelt.  àUmcdu  Devant,  20  sept.  1709.  Ses  bustes 
[do  Caracalla]  au  col  de  travers,  à  la  figure  grima- 
çante, sont  ainsi  parce  qu'il  a  exigé  qu'ils  fussent 
ainsi,  ampère,  Ilist.rom.  à  Rome,  Introd.  p.  LViii 
Il  Fig.  Voilà  pourquoi  tout  le  monde  s'est  jeté  dans 
ce  misérable  style  marotique,  dans  ce  style  bigarré 
et  grimaçant ,  où  l'on  allie  monstrueusement  le 
trivial  et  le  sublime,  le  sérieux  et  le  comique, 
VOLT,  dans  le  Dict.  de  bescherelie.  ||  2°  Par  analo- 
gie. Qui  fait  des  plis.  Une  robe  grimaçante.  Ses  sou- 
liers grim:içanLs  vingt  fois  rapetassés,  boil.  Sot.  x. 
Il  Terme  de  botanique.  Oui  offre  des  plis  irréguliers. 

GRIMACE  (gri-ma-s'),  s.  f.{\i'  Contorsion  du 
vi.sage  faite  involontairement  ou  volontairement  et  à 
dessein.  Vous  n'avez  que  faire  de  hocher  la  tête  et 
de  me  faire  la  grimace,  mol.  G.  Dand.  ii,  3.  On  no 
conçoit  la  mort  que  sous  l'idée  de  la  grimace  d'un 
homme  mourant,  sans  y  voir  rien  de  ce  qui  l'ac- 
compagne, MicOLB,  Ess.  mor.  3-  traité,  chap. .''.  Son 
visage  faisait  des  grimaces  hideases.  fên.  Tél.  viii. 


,  » 


GRi 

Il  Fig.  Faire  la  grimace,  témoigner  son  déplaisir.  Ja 
fis  une  grimace  intérieure,  et  je  les  laiss;ii  croire  otû 
([ui  devrait  être,  SÉV.  (303.  Quand  ce  ne   serait  qiif| 
pour  faire  faire  la  grimace  à  Roi,   et  enlaidir  enS 
core  le  vilain,  volt.  Lett.  d'Argental,  29  juill.  I7H 
Un  sauvage  boit  du  vin,  il  fait  la   gripiace,  J. 
nouss.  lim.  ii.  ||  Fig.  Faire  la  grimace  à  quclqu'uB 
lui  faire  mauvais  accueil,  mauvaise  mine.  Une  gri 
mace  ,   une  parole  de   chagrin  nous   mettent  « 
colère,  et  nous  nous  préparons    à    les    repousi 
comme   si  c'était  quelque  chose  de  bien  redoa 
table,!  NICOLE,  Ess.  mor.  <"  traité,  chap.  U.  La  ( 
raédienne  [une  maîtresse  de  Charles  II]  est  au 
nère  que  la  duche.ssc  de  Portsmouth  [autre 
tresse]  ;  elle  la  morgue,  lui  fait  la  grimace,  oll 
l'attaque,  sÉv.  H  sept.  <675.  On  ne  pouvait  l'apaise 
[la  future  de  la  Vrillière],  ni  la  faire  taire    ni  fair 
qu'elle  ne  fit  pas  la  grimace  à  la  Vrillière.  st-sim 
77,  201.  Il  Fig.  et  familièrement.  Faire  la  grimace 
en  parlant  des  vêtements,   faire   de  mauvais  plis. 
Il  2°  Fig.  Feinte,  dissimulation.  Tout  le  secret  n< 
gît  qu'en  un  peu  de  grimace,  corn,    le  Ment,  i. 
Je  dis  franc  ma  pensée,  et  je  fuis  la  grimace,  haD' 
TEROCUE,  Crispin  mus.  ii,  l .  Quoi  I  parce  qu'un  fripot 
vous  dupe  avec  audace  Sous  le  pompeux  éclat  d'unfl 
austère  grimace.  Vous  voulez  que  partout  on  soit  lail 
comme  lui?  MOL.  Tari. y,  \.  X  votre  l^'is,  mes  pères, 
est-ce  par  grimace  et  par  feinte  que  les  juges  chré 
tiens  ont  établi  ce  règlement  ?PASo.Pror.  I4.  Lere 
pontir  que  vous  attendez  n'est  qu'une  grimace  ;  lu 
douleur  que  vous  espérez,  une  illusion  et  une  chimère 
iioss.  2*  serm.  Divinité  de  la  relig.  3.  Eh  quoi!  U 
Dieu  des  chrétiens  est-ce  un  Dieu  qui  se  paye  da 
vaines  grimaces,  ou  qui  se  laisse  corrompre  par  les 
présents?  m.  Paiiég.  SI  Victor,  *■  Qu'il  [Dieu]  soil 
servi  de  bonne  foi  ou  par  pure  grimace,  ce  n'est  pa 
une  affaire  qui  vous  regarde,  mass.  Carême,  InjutI 
du  monde.  Ne  traitez-vous  pas  leur  piété  de  chimère 
ot  de  grimace?  id.  Carême,  Évid.  de  la  loi.  Où 
gaîté  n'est  que  grimace.  Où  le  plaisir  n'est  que  du 
bruit,  FAVART,  Ninelle,  ii,  8.  ||  Au  plur.  Manières  af- 
fectées. L'honnêteté  d'une  femme  n'est  pas  dans  le» 
grimaces;  il  sied  mal  de  vouloir  être  plus  sage  que 
celles  qui  sont  sages,  mol.  Critique,  3.  Le   Tartuffe' 
met  en  vue  les  grimaces  étudiées  des  hypocrites. 
ID.  Tart,  2*  plaeel.  Au  travers  de  toutes  vos  grima- 
ces, j'ai  vu  la  vérité  de  ce  que  l'on  m'a  dit  et  le  peu 
do  respect  que  vous  ave/,  pour  le    nœud  qui  nous 
joint,  ID.  G.  Dand.  ii,  3.  ||  3°  Boite  à  pains  à  cache- 
ter dont  le  dessus  est  une  pelote  pour  ficher  des 
épingles.  C'est  un  petit  trousseau  complet  ;  et  puis 
par-dessus  le  marché  voici  une  jolie   grimace,  ou- 
vrons-la, GENLis,  Veill.  du  chdt.  t.  ii,  p.  2U0,  dans 
l'ûUGENS.  Il  4"  Coquillage  de  mer. 

—  HIST.  xiv*  s.  Les  Franczois  les  firent  viser,  Af- 
lin  qu'il  poussent  s'aviser  De  les  combattre  en  celle 
place;  Jehan  leur  fist  une  grimace,  Liv.  du  bon 
Jihan,  2217.  Il  XVI*  s.  Sur  cette  humeur  d'une  gra- 
vité et  grimace  paternelle,  mont,  u,  82. 

—  ÉTYM.  Berry,  migrace;  espagn.  grimaxo,  pos- 
ture extraordinaire  dans  un  tableau.  Diez  le  tire, 
non  très-affirmativement,  de  l'anglo-saxon  grima, 
masque,  fantôme.  Scheler  préfère  l'ancien  h.  allem. 
grim,  furieux,  colère,  qui  adonné  le  prov.  grim, 
affligé,  grimar,  affliger.  Grimace  paraît  tenir  à 
l'italien  grimn,  ridé  (voy.  grime),  ot  signifieniil 
proprement  grosse  ride,  vilaine  ride. 

GRIMACER  (gri-ma-sé.  Le  c  prend  une  cédille 
devant  o  et  a  :  grimaçant,  grimaçons),  v.  n. 
Il  1°  Faire  une  grimace,  des  grimaces.  Cet  cnf;:i;t 
grimace  continuellement.  Qui,  bâillant,  giinia- 
çaient  d'une  façon  bizarre ,  Régnier  ,  Sat.  xiv. 
Il  Fig.  et  substantivement.  Simulation  de  bons  se  i.- 

timents fausses  bipottes  Qui  tiennent  que  le  K'i- 

macer  Peut  tous  les  péchés  effacer,  scarb.  Virg.  vi. 
Il  2°  Fig.  En  termes  d'arts,  il  se  dit  d'une  expression 
outrée.  Si,  moins  ami  du  peuple,  en  ses  doctes  pein- 
tures, U  [Molière]  n't-ùt  point  lait  souvent  grimacer 
ses  figures,  boil.  Art  p.  m.  Ne  fais  plus  grimacer 
tes  odieux  portraits ,  volt.  Disc.  3.  Le  Laocoon 
souffre,  il  ne  grimace  pas;  cependant  la  douleur 
cruelle  serpente  depuis  l'extrémité  de  .son  orteil 
jusqu'au  sommet  de  sa  tête,  diderot.  Essai  sur  ta 
peint,  ch.  4.  Tout  ce  qui  fait  grimacer  la  nature  ds 
l'homme  me  semble  peu  digne  d'estime,  cuatkaubr. 
Ilinér.  3*  part.  ||  3"  Fig.  U  se  dit  des  vêtements  qui 
font  de  mauvais  plis.  Cet  habit  grimace.  ||  4°  Quel- 
ques auteurs  l'ont  employé  activement.  Débiter  en 
grimaçant.  Qui  par  les  carrefours  vont  leurs  vers 
grimaçant,  Régnier,  Sat.  ii.  IlSimulel  laidement. 
L'on  voit  à  nu  toutes  les  difformités  du  vice  grima- 
çant la  vertu,  buff.  Marteaux  choisis,  p.  357. 

—  ÉTYM   Grimace. 


i 


GRI 

j  fiRIMACERin  (fîri-ma-so-rie),  s.  f.  Action  de 
-.imacer.  Et,  par  plaisir,  la  tiare  essayant,  Il  fit 
uutour   force   grimaceries,   Tours   do  souplesse  et 

!  mille  singeries,  la  font.  Fabl.  vi,  6. 

I      —  f.TYJl.  Grimacer. 

GRIMACIER  ,  ËRE  (gri-ma-sié  ,  siè-r')  ,  adj. 
11  1°  Qui  fait  ordinairement  des  grimaces.  Cet  en- 
fant est  grimacier.  ||  Substantivement.  Un  grimacier. 
Une  grimacière.  Ce  monsieur  du  journal  m'appelle 
jacobin,  homme  horrible,  ordurier,  grimacier,  chif- 
fonnier, p.  L.  COUR.  2»  lettre  particul.  \\  2°  Par  ex- 
tension, qui  a  des  façons  minaudières.  Cette  femme 
est  fort  grimacière.  |1  Substantivement.  Une  grima- 
cière. Il  3°  Fig.  Qui  a  le  caractère  de  l'hypocrisie.  Les 
démonstrations  grimacières  qu'on  me  prodigue,  J.  j. 
nouss.  Prom.  6.  {|  Substantivement.  Ils  donnent 
bonnement  [les  hommessincèrement  vertueux]  dans 
le  panneau  des  grimaciers,  et  appuient  aveuglé- 
ment les  singes  de  leurs  actions,  mol.  D.  Juan,  v,  2. 

—  HIST.  XVI'  s.  En  aucuns  lieux  on  appelle  gri- 
maciers les  statuaires  qui  font  ces  marmousets  qui 
sont  es  riches  bastimens  faisant  mines  comme  s'ils 
portoient  l'arc  d'une  voûte  ou  quelque  autre  poisant 
niiSjLÉoNTRippADLT,  CclthelUnisme,  aumotgri'moce. 

—  ÈTYM.  Grimace. 

GRIMA UD  (gri-mô  ;  le  d  ne  se  lie  pas  ;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  des  gri-mO-z  encroûtés),  s.  m. 
y.  1»  Anciennement,  nom  donné  aux  écoliers  des 
basses  classes,  aux  élèves  les  plus  ignorants.  D'a- 
bord pour  donner  des  leçons  Aux  grimauds  et  pe- 
tits garçons,  Il  apprend  si  bien  la  grammaire.... 
Que  le  mot  le  plus  discordant,  Il  le  conjugue....  le 
Voyage  de  Mercure,  1663,  dans  fb.  michel,  Argot. 
Il  2°  Fig.  Mauvais  écrivain,  mauvais  artiste.  Allez, 
petit  grimaud,  barbouilleur  de  papier,  mol.  /•'.  sav. 
ni,  5.  Ces  musiciens  ne  sont  que  des  grimauds 
auprès  de  lui,  sév.  27 i.  Mais,  bien  que  ses  durs 
vers,  d'épithètes  enflés.  Soient  des  moindres  gri- 
mauds chez  Ménage  siffles.  Lui-même  il  s'applau- 
dit.... BOIL.  Sat.  IV.  On  ne  saurait  croire  combien 
do  mécontents  a  faits  le  choix  du  ministre  [dos 
ge.ns  de  lettres  invités  à  la  table  du  roi  de  Dane- 
mark] ;  il  n'est  point  de  grimaud  qui  ne  se  soit 
imaginé  digne  de  cette  faveur,  et  qui  ne  regarde 
comme  une  injustice  atroce  d'avoir  été  excepté, 
nACHAUMONT,  Mém.  secrets,  t.  iv,  p.  15B.||  3°  Pé- 
dant encroflté.  Il  sait  le  grec,  c'est  un  grimaud, 
LA  BHUï.  xn.  Les  Bignon,  les  Lamoignon  étaient  de 
purs  grimauds;  qui  peut  en  douter'?  ils  savaient  le 
grec,  ID.  XII.  Je  vous  remercie  et  je  vous  félicite 
de  votre  plan  d'études  ;  il  semble  qu'autrefois  les 
collèges  n'étaient  institués  que  pour  faire  des  gri- 
mauds; vous  ferez  des  gens  de  mérite,  volt.  Lett. 
Uohert,  23  févr.  (784.  ||4°  Grimaud,  un  dos  noms 
vulgaires  de  la  cliouetto.  ||  5°  .idj.  Grimaud,  gri- 
maude,  qui  est  d'humeur  chagrine,  maussade. 

—  HIST.  XVI'  s.  Grimaud  [le  père  au  diable] , 
ouDiN,  Curios.  fr.  La  lumière  et  dignité  a  esté  de 
mon  âge  rendue  es  lettres,  et  y  vois  tel  amende- 
ment, que,  de  présent,  à  difficulté  serai  je  recou 
en  la  première  classe  des  petits  grimaulx,  qui,  en 
mon  aage  virile,  estoys  réputé  le  plus  sçavant  du 
dit  siècle,  rabel.  Pant.  ii,  8.  Puys  y  accourut  le 
maistre  d'eschole,  avecques  tous  ses  pédagogues, 
grimaulx  et  escholiers,  id.  ib.  iv,  48. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  grime.  Grimaud  a  deux  sens, 
celui  de  mauvaise  humeur,  qui  se  rapporte  à  gri- 
mer; et  celui  de  mauvais  écolier,  qui  probable- 
ment dérive  aussi  de  grimer;  l'idée  défavorable 
qui  est  dans  grimer  ayant  été  portée  sur  ces  petits 
et  mauvais  écoliers.  Grimaud,  le  père  au  diable, 
dans  Oudin,  paraît  offrir  une  transition.  Au  con- 
traire, Scheler  pense  que  grimaud  en  ce  sens  con- 
tient un  radical  grimer  qui  est  dans  grimoire,  et 
qui  signifierait  griffonner.  Dans  le  xiv"  siècle  on 
nommait  à  Chartres  grimaudus ,  grimault ,  un 
cierge  que  le  doyen  offrait  à  la  Chandeleur. 

_  tGRIMAUDAGE  (gri-mô-da-j') ,  s.  m.  Radotage, 
otez-vous  de  l'esprit  tout  ce  grimaudage  d'une 
r  mme  |elle-mfimo]  blessée  d'une  grande  plaie; 
elle  est  très-petite,  sév.  4  févr.  1685. 

t  GRIMAUDERIE  (gri-mô-de-rie) ,  ï.  f.  Langage 
de  grimaud,  de  pédant,  radotage.  J'employais  ce 
que  je  pouvais  de  temps  à  lire  indifféremment 
toutes  sortes  de  livres,  où  j'appris  plus  en  trois 
mois  que  je  n'avais  fait  en  sept  ans  au  collège  à 
ouïr  les  grimauderies  pédantesques  qui  m'avaient 
de  telle  manière  perdu  le  jugement,  que  je  croyais 
que  toutes  les  fables  des  poêSe»  fussent  des  cnoses 
véritables,  Francion,  1.  iv,  p.  (88. 

—  HIST,  XVI'  s.  Il  avoit  mené  deux  siens  fiis  à 
Poitiers,  pour  estudier  en  grimauderie  fà  l'univer- 
sité], DESPEB.  Contes,  Lxxin. 

DÎCT.    nr.    I.A    I.ANr.TIE    FRANÇAIPE. 


GRI 

—  ÉTYM.  Grimaud. 

GRIME  (gri-m'),  s.  m.  ||  1°  Mauvais  écolier.  C'est 
un  grime.  |1  2"  Terme  de  théfttre.  PorsonnaKe  des 
vieillards  ridicules,  par  opposition  à  père  noble. 
Jouer  les  grimes,  ou,  adjectivement,  les  pères 
grimes.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  :  Cet  acteur  est 
un  excellent  grime. 

—  F.TYM.  Grime  a  deux  sens;  pour  celui  de  vieil- 
lard ridé,  il  vient  de  l'italien  grimo,  ridé  (voy.  ori- 
mer);  quant  à  l'autre,  il  paraît  en  venir  aussi  comme 
grimaud  ;  car  le  cas  est  le  même. 

GRIMÉ,  ÉE  (gri-mé,  mée) ,  part,  passé  do  grimer. 
Un  acteur  grimé  d'une  façon  comique. 

GRIMELIN  (gri-me-lin)'  s.  m.  \\  1°  Petit  garçon. 
Il  2"  Joueur  dont  le  jeu  est  mesquin.  Ce  n'est  pas 
un  beau  joueur,  c'est  un  grimelin. 

—  HIST.  XVI'  s.  Qu'il  n'y  aura  pas  jusqu'aux  pe- 
tits griraelins  qui  ne  se  meslent  d'en  faire  un  af- 
liche  de  collège,  nES  accords.  Bigarrures,  préface. 

—  ETYM.  Diminutif  de  grime. 
GRIMELINAGE  (gri-me-li-na-j'),  s.   m.||l'  Petit 

jeu  mesquin.  ||  2°  Petit  gain  qu'on  se  ménage  dans 
une  afîaire.  Il  a  fait  dans  cette  affaire  quel<jue  gri- 
melinage. 

—  ÉTY51.  Grimeliner. 

GRIMELINÉ,  ÉE  (gri-me-li-né,  née),  part, 
passé  de  grimeliner.  Acquis  par  petits  gains.  C'est 
de  l'argent  grimeliné. 

GRIMELINER  (gri-me-li-né),  v.  n.  ||  1°  Jouer  pe- 
tit jeu  et  mesquinement.  Il  ne  joue  jamais  gros  jeu, 
i!  grimeliné.  ||  2°  Se  ménager  quelque  petit  prolit 
dans  une  affaire.  Il  n'est  pas  dans  les  grandes  af- 
faires, il  ne  fait  que  grimeliner.  ||  Activement.  Je 
vous  remercierai  toujours  des  bontés  dont  vous  m'a- 
vez honoré  auprès  de  cet  épineux  d'Espagnac;  il  de- 
vrait bien  plutôt  songer  à  tirer  le  pays  de  Gex  de  la 
misère,  qu'i\  grimeliner  des  lods  et  ventes,  volt. 
Lett.  Chaurelin,  U  déc.  (759. 

—  HIST.  xvi*  s.  Grimeliner  [étudier  la  grammaire, 
être  écolier],  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Grimelin. 

GRIMER  (SE)  (gri-mé),  V.  réfî.  Terme  de  théâtre. 
.Se  peindre  des  rides,  et  se  donner  la  physionomie 
d'un  vieillard,  d'une  duègne.  Cet  acteur  se  grime  bien. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  l'ital.  grimo,  ridé,  que  Diez 
tire  de  l'anc.  h.  allem.  grim,  colère,  furieux  (avec  le 
front  ridé).  X  Grimo  tient  grima,  ride,  de  l'anc. 
h.  allem.  grimmisôn,  être  courroucé. 

GRIMOIRE  (gri-moi-r'),  s.  m.  ||  1"  Livre  des  sor- 
ciers pour  évoquer  les  démons,  etc.  Ne  soupçonnes- 
tu  point  qu'agité  du  démon  Ainsi  que  ce  cousin  des 
quatre  fils  Aimon  Dont  tu  lis  quelquefois  la  merveil- 
leuse histoire.  Je  rumine  en  marchant  quelque  en- 
droit du  grimoire?  boil.  Ép.  xi.  Il  y  eut  des  livres 
oi"!  les  mystères  des  sorciers  étaient  écrits;  j'en  ai 
vu  un  à  la  tête  duquel  on  avait  dessiné  assez  mal 
un  bouc  et  une  femme  à  genoux  derrière  lui  ;  on 
appelait  ces  livres  grimoires  en  France,  et  ailleurs 
l'alphabet  du  diable, volt. Ct'cf.  phil.  Bouc.  Au  peu- 
ple en  butte  à  nos  larcins,  Tout  grimoire  En  peut 
faire  accroire,  bérang.  Bohémiens.  \\  Fig.  Savoir  le 
grimoire,  entendre  le  grimoire,  être  habile  dans  les 
choses  dont  on  se  mêle.  ||  2"'  Fig.  et  familièrement. 
Discours  obscur,  écriture  difficile  à  lire.  Et  que 
c'est,  mon  ami,  un  grimoire  et  des  mots.  Dont  tous 
les  courtisans  endorment  les  plus  sots,  héonier,  Sal. 
Vf.  Sans  tant  de  contredits  et  d'interlocutoires  Et  de 
fatras  et  de  grimoires.  Travaillons,  les  frelons  et 
nous,  LA  FONT.  Fabl.  i,  2(.  Je  lui  répondis  [au  duc 
d'Orléans]  que  je  n'avais  aucune  aptitude  pour  les 
finances,  que  c'était  un  détail  devenu  science  et 
grimoire  qui  me  passait,  st-sim.  305,  (<8.  Soit  que 
il'un  vieux  papier  timbré  II  débrouille  le  long  gri- 
moire, VOLT.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  42. 

—  REM.  n  a  été  féminin  :  Mais  je  trouve  en  ma 
grimoire  Que  la  foire  Jamais  ne  le  quittera,  Gaus- 
scrie  par  le  sieur  de  Sygognes,  (634,  dans  fr.  Mi- 
chel, Argot. 

—  HIST.  xni*  s.  J'irai  en  l'abeïe  à  nostre  abé  par- 
ler; Si  ferai  le  gramaire  et  lire  et  conjurer,  Hist. 
lia.  ie  la  France,  t.  xxii,  p.  695.  ||  xiV  s.  Et  li  bas- 
tart  s'e.scrie  :  vez  me  chi,  biaus  amis  ;  1  ut  avés  de 
gramare;  je  sui  li  anemis  [le  diable],  Baud.  deSeb. 
XX,  p.  242.  Il  xV  s.  Je  l'os  bien  lire  le  grammaire  ; 
Alons  à  ly  ;  il  nous  appelle.  Mystères  inédits  du  xv»  s. 
jUBiNAL,  t.  I,  p.  69.  Se  fist  traiter  en  homme  de  sça- 
voir.  Leur  promettant  à  leur  faire  asçavoir  Chouses 
cachées,  chouses  hors  de  mémoire  Qui  excédent  et 
logicqv.e  et  grammoyre,  p.  faifeu,  xix.  ||  xvr  s.  Je 
pense  que  ce  sont  des  mots  de  la  grimoire,  des  à"- 
coRDs ,  Bigarr.  équivoques  français. 

—  ÉTYM.  Diez  pense  que  ce  mot  vient  de  l'anc. 
h.  allem.  grima,  spectre.  Mais  la  forme  ancienne  du 


GRI 


1937 


mot,  qui  ostgrnmaire,  gramare,  no  le  rapproche  pas 
de  grima.  Génin  y  voit  une  variété  du  mot  grom- 
maire,  la  grammaire  ayant  été  pri.se  pour  un  livre 
(le  science  occulte  <lans  lequel  on  lisait  pour  évo- 
quer le  diable.  Scheler  y  trouve  un  radical  gri- 
mer ,  signifiant  griffonner;  mais,  comme  pour 
grima,  le  thème  est  gramare  et  non  grimoire;  gri- 
moire n'apparaît  qu'au  xvi*  siècle,  ayant  passé 
p.ar  gramoire.  En  conséquence,  il  vaut  mieux  suivre 
la  forme  et  tirer  gramare  du  bas-latin  gramma, 
lettre;  de  lettre,  on  peut  passer  au  sens  de  gri- 
moire. Gramma  est  le  grec  yçién^a,  de  yp«ç«iv, 
écrire;  et  gramare  représenterait  grammarium. 
L'anc.  anglais  a  dit  glamour,  tiré  du  français. 

GRIMPANT,  ANTE  (grin-pan,  pan-f),  adj. 
1!  1°  Qui  grimpe,  qui  a  l'habitude  de  grimper.  Rien 
ne  peut  arrêter  cet  animal  grimpant  [laclièvre],  la 
font.  Fabl.  XII,  4.  ||  2"  Terme  de  botanique.  Plante 
grimpante,  plante  dont  la  tige,  trop  faible  pour  se 
soutenir  elle-même,  s'élève  le  long  des  corps  voisins, 
soit  en  se  roulant  autour  d'eux,  snit  en  s'y  accrochant. 

t  GRIMPART  (grin-par),  GRIMPEAU  (grin-pO), 
6RIMPENHACT  (grin-pan-bô),  s.  m.  Voy.  OHlii- 
PEHEAU. 

t  GRIMPÉ,  ÉE  (grin-pé,  pée),  part,  passédo  grim- 

pcr.  Monté,  parvenu  sur.  Un  couvreur  grjmiié  sur  un 
toit.  Un  enfant  grimpe  sur  un  Ane.  ||  Fig.  [Un  homme 
de  robe]  Ne  s'énonçant  jamais  qu'avec  poids  et  me- 
sure, Et  qui,  toujours  grimpé  sur  la  magistrature. 
Hors  de  son  tribunal  aurait  cru  déroger,  palissot, 
les  Philosophes,  i,  5. 

GRIMPER  (grin-pé),  V.  n.  \]  i'  Gravir  en  s'aidant 
des  pieds  et  des  mains.  Quand  il  fallut  grimper,  les 
uns  se  soulevaient,  les  autres  se  guindaient  avec 
des  cordes  et  des  nœuds  courants,  vaugel.  Q.  C. 
vu,  <  ( .  Au  bord  de  quelque  bois  sur  un  arbre  je 
grimpe.  Et,  nouveau  Jupiter,  du  haut  de  cet  olympe 
Je  foudroie  à  discrétion  Un  lapin  qui  n'y  pensait 
guère,  LA  font.  Fabl.  x,  (5.  C'est  que  le  juste,  sé- 
vère à  lui-même  et  persécuteur  de  ses  propres  pas- 
sions, se  trouve  encore  persécuté  par  les  injustes 
passions  des  autres,  et  ne  peut  pas  même  obtenir 
que  le  monde  le  laisse  en  repos  dans  ce  sentier  so- 
litaire et  rude  où  il  grimpe  plutôt  qu'il  ne  marche, 
BOSs.  Reine  d'Anglct.  Voyez  grimper  sur  ces  roches 
Ces  athlètes  belliqueux,  boil.  Ode  i.  Les  ennemis, 
qui  craignaient  d'être  coupés,  ont  aban'ionné  dans 
l'instant  tout  le  chemin  couvert,  et,  voyant  dans 
leur  ouvrage  vingt  de  nos  grenadiers  qui  Avaient 
grimpé  par  un  petit  endroit  où  on  ne  pouvait  mon- 
ter qu'un  à  un,  ils  ont  au-ssitOt  battu  la  chamade, 
BAC.  Lettre  à  Boileau,  24  juin  (692.  HP  se  dit  de.« 
animaux  en  un  sens  analogue.  Elle  [la  marmotlcj 
grimpe  sur  les  arbres,  elle  monte  entre  deux  parois 
de  rochers,  entre  deux  murailles  voisines;  et  c'est 
des  marmottes,  dit-on,  que  les  Savoyards  ont  appri.': 
à  grimper  pour  ramoner  les  cheminées,  bupf.  Qua- 
drup.  t.  m,  p.  8.  Il  Fig.  et  familièrement.  On  dit 
d'un  vin  capiteux  qu'il  grimpe  à  la  tête.  ||  Employé 
:ictivement.  Comme  une  chèvre  en  grimpant  un 
rocher,  Régnier,  Sat.  xvi.  Xénophon  ne  jugea  pas 
qu'il  fût  à  propos  de  marcher  en  bataille,  mais  à  la 
lilo,  parce  que  les  soldats  ne  pourraient  garder  leur 
rang  à  cause  de  l'inégalité  du  terrain,  facile  a 
grimper  dans  un  endroit  et  difficile  en  un  autre,  ce 
qui  leur  ferait  perdre  courage,  bollin,  Ilist.  anc. 
Olinv.  t.  IV,  p.  (09,  dans  pougens.  |{  2°  S'élever  en 
s'attachant  aux  corps  voisins,  en  parlant  des  plantes. 
Cette  vigne  a  grimpé  jusqu'au  premier  étage.  ||  3'  En 
général,  monter  sur  un  lieu  haut,  sur  quelque  chose 
d'élevé,  sans  s'aider  des  pieds  ni  des  mains.  Cou- 
langes  a  grimpé  sur  sa  chaise,  sÉv.  682.  Les  uns 
courent  deux  cents  lieues  pour  porter  nos  lettres;  les 
autres  grimpent  sur  les  toits  de  nos  maisons,  pour 
empêcher  que  nous  ne  soyons  incommodés  de  la 
pluie,  quelques-uns  font  bien  pis,  id.  431.  si  vous 
couriez  avec  tant  d'ardeur  lorsqu'il  fallait  grimper 
par  des  précipices,  il  est  hors  de  la  vraisemblance 
que  vous  VOUS  arrêtiez  tout  à  coup  (]uand  vous  aurez 
rencontré  la  plaine,  boss.  Sermons,  impénit.  2.  Je  le 
suis,  nous  grimpons  à  son  cinquième  étage,  montesq. 
Leit.  pcrs.  4  5.  On  grimpe  sur  la  cime  des  monta- 
gnes avec  les  malheureux  qui  s'y  sont  'éfugiés, 
didkr.  Claude  et  Nér.  n,  400.  Cependant  le  bruit 
s'était  répandu  dans  l'Ile  que  la  fortune  avait  visité 
ces  rochers  ;  on  y  vit  grimper  des  marchands  de 
toute  espèce,  bern.  de  st-p.  P.  et  Virg.  Je  grimpe 
derrière  la  voiture,  picard,  Provinc.  à  Paris,  m,  (7. 
Il  4°  Se  grimper,  v.  rffl.  Grimper.  Le  curé  vit  tout 
ce  spectacle  [la  bataille]  du  haut  de  son  clocher 
où  il  s'était  grimpé,  st-sim.  <2,  (37.  ||  Fig.  et  fa- 
milièrement. Il  se  grimpe,  il  affecte  des  senti- 
ments, un  langage  élevé 

i.  -  2/|3 


1938 


GRI 


HisT.  ni*  ».  Par  picqucs  et  eschcUes  les  uns 

montoient  à  mont,  Et  les  autres  gripoient  par  les 
rhaines  du  pont,  J.  mabot,  v,  <2I.  Les  bras  longs  et 
tortus  du  lierre  grimpant,  noNS.  804. 

—  ÊTYM.  Wallon,  griper,  grimper;  lierry,  grim- 
per, saisir.  On  tire  ordinairement  ce  mot  du  ger- 
manique'.  âne.  h.  allem.  klimban,  allem.  mod. 
klimmen,  gravir.  Mais  on  trouve  griper  pour  grim- 
per, et  grimper  pour  gripper;  il  vaut  donc  mieux 
admettre  que  ce  mot  vient  du  hollandais  grippen, 
saisir,  autre  forme  de  l'allemand  greifen ,  saisir 
(vov.  CRiFFF.n)  :  on  s'accroche  pour  grimper. 

GUIMPKREAU  (grin-pe-rô),  s.  m.  Genre  de  pe- 
tits oiseaux  qui  grimpent  le  long  des  arbres. 
I|  Grand  grimpereau,  le  pic  varié.  ||  On  dit  aussi 
grimpart ,  grimpcau,  grimpenhaut. 

—  ÉTYM.  Grimper. 

GRIMPEURS  (grin-peur),  s.  m.  pi.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  {|  l"  Ordre  d'oiseaux  dont  les  doigts 
sont  conformés  de  manière  à  leur  permettre  de 
grimper  facilement  le  long  des  arbres,  etc.  (perro- 
quets, pics,  torcols,  coucous,  grimpereaux,  tou- 
cans, etc.).  ||  2"  Famille  de  l'ordre  des  rongeurs. 
Il  3°  Section  de  la  famille  des  reptiles  ophidiens 
apodes. 

—  f.TYM.  Grimper. 

GRINCEMENT  (grin-se-man)  ,  s.  m.  Action  de 
grincer  les  dents.  Ces  grincements  de  dents,  ces 
gémissements  et  ces  pleurs,  ces  feux  qui  ne  doi- 
vent jamais  s'éteindre,  BotiRaAL.  Myst.  Passion  de 
.1.  C.  1. 1,  p.  ICR.  Il  [le  tigre]  rugit  à  la  vue  de  tout  être 
vivant;  chaque  objet  lui  paraît  une  nouvelle  proie 
qu'il  dévore  d'avance  de  ses  regards  avides,  qu'il 
menace  par  des  frémissements  affreux  mêlés  d'un 
grincement  de  dents,  buff.  Q^iadrup.  t.  ni,  p.  249. 

—  IlIST.  XVI'  s.  Fit  changer  leurs  ris  et  joye  en 
jileurs  et  grincement  des  dens,  calv.  Instil.  B63. 

—  ÉTYM.  Grincer. 

GRINCER  (grin-sé.  Le  c  prend  une  cédille  devant  a 
et  0  :  grinçant,  grinçons).  ||  1°  V.  a.  Serrer  les  dents 
les  unes  contre  les  autres,  de  manière  à  faire  en- 
tendre un  craquement.  Il  s'est  armé  contre  moi  de 
toute  sa  fureur  ;  il  a  grincé  les  dents  en  me  mena- 
çant, SACi,  Bible,  Job,  xvi,  <o.  Les  fanatiques 
grinceront  les  dents  et  ne  pourront  pas  mordre, 
d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  A.i  mai  (769.  Los  dou- 
leurs de  la  néphrétique  lui  feront  grincer  les  dents, 
;.  s.  Rouss.  Èm.  iv.  ||  2"  F.  n.  Grincer  des  dénis. 
,1  Absolument  et  fig.  Et  sa  muse  [de  J.  B.  Rous- 
seau] qui  toujours  grince,  Et  qui  fuit  les  jeux  et  les 
ris,  VOLT.  ÉpU.  LUI.  Il  Par  extension,  on  dit  qu'une 
roue,  qu'une  porte  grince,  quand  elle  fait  un  bruit 
désagréable  en  tournant. 

—  HIST.  xvr  s.  Bien  que  les  reprouvez  souspi- 
ri-nt  ou  grincent  les  dents  sous  les  coups....  calv. 
Instit,  515. 

—  ÉTYM.  Picard,  grincher;  de  l'anc.  haut-allem. 
grcmizôn,  grincer  des  dents  ;  anglo-sax.  grimetan. 

t  GRINCHER  (grin-ché),r.n.  Sediten  parlant  du 
pain  dont  la  chaleur  du  four  fait  trop  lever  la  croûte. 

—  ÉTYM.  Probablement  le  même  que  grincer. 

t  GRINCHEUX,  EUSE  (grin-cheû,  cheu-z'),  ad;. 
Terme  populaire  et  provincial.  Qui  est  revêche,  de 
mauvaise  humeur. 

f  GRINETTE  (gri-nè-f),  s.  f.  Nom  vulgaire  du 
rHlo  de  genêt,  quand  il  est  jeune. 

j  GRI.V'GALET  (grin-ga-lc;  le  (  ne  se  lie  pas), 
s.  m.  Terme  familier.  Homme  faible  de  corps  et 
grêle.  M'est  avis  que  c'était  plutôt....  comme  qui 
dirait  le  gringalet  de  page,  beaumarcii.  Mar.  de 
Fig.  II,  21.  Il  Homme  sans  consistance.  Nous  ne  se- 
rons pas  alors  des  individualités  obscures,  sans 
importance....  des  gringalets,  ajoutait  Malvina  en 
appuyant,  heybaud,  Jérôme  Palurot,  i,  B. 

—  HIST.  XII'  s.  X  une  brance  par  la  resne  Ot  le 
guingalct  arresné,  chrestien  de  troyes,  dans  fb. 
MiciiKL,  Argot  (qui  remarque  qu'ailleurs  le  même 
auteur  dit  toujours  gringalet) .  \\  xni'  s.  Les  armes 
reçut  un  valet.  Uns  autres  prist  lou  gringalet,  Nouv. 
rec.  de  fabliaux  et  contes,  t.  i,  p.  ^3^.  ||  xiv*  s.  Et 
si  estoit  montez  dessus  un  gringalet  (autre  leçon  : 
gingalet)  Qui  l'ambleOre  va  assez  mieux  d'un  mulet, 
Guesclin,  48958.  ||xvi'  s.  Gringalet  [bouffon  amu- 
sant], OUDIN,  IHct. 

—  ÊTVJI.  Â  Genève  on  l'emploie  adjectivement  : 
c/ierol  gringalet,  homme  gringalet.  Origine  incer- 
taine. On  indique  l'allemand  gering,  petit;  mais 
cela,  va  la  forme,  est  bien  douteux.  Dans  les  xii*,  \iii' 
et  xiv  siècles,  un  gringalet  était  une  sorte  de  cheval. 

t  GRINGETTE  (grin-jc-f) ,  s.  f.  Un  des  noms 
vulgaires  do  la  perdrix  grise. 

GRINGOI.fi,  ÉE  (grin-go-lé,  léc),  adj.  Terme  de 
blason.  Il  se  dit  de  certaines  croix  dont  les  cxtré- 


GRl 

mités  aboutissent  en  têtes  de  serpents  dites  autre- 
fois gargouilles. 

—  K  rvM.  Gringole,  corruption  de  gargouille  (voy. 
ce  mot). 

GRINGOTTER  (grin-go-té),  «.  n.  ||  1°  En  parlant 
des  petits  oiseaux,  fredonner.  Un  serin  qui  gringotte. 
Il  2"  Familièrement.  Il  se  dit  des  personnes  qui  fre- 
donnent mal.  Il  Activement.  'Vous  ordonnez  que  je 
gringotte  Quelques  vers  sur  la  ravigotte;  Je  ne  sais 
bonnement  comment  parer  la  hotte;  On  tirera  sur 
ma  calotte,  le  p.  du  cerceau,  dans  desfontaines. 

—  HIST.  XV*  s.  Quant  me  sentys  ainsi  énamouré, 
de  gayeté  me  pris  à  gringoter,  Percefor.  t.  i,  f°  78. 
Comment  il  deschante  et  gnngote,  Uartyre  de 
St  P.  et  de  St  Paul.  1|  xvi"  s.  C'est  une  chanson 
gringottée,  La  musique  en  est  bien  nottée,  Ou  l'as- 
siette de  la  clef  ment,  marot,  ii,  4  28.  Ta  note  Tant 
sotte  Gringote  [médit]  De  nous,  m.  m,  91.  Il  chante, 
il  se  dégoise,  il  gringotte  comme  un  rossignol ,  paré. 
Animaux,  19.  Gringuenotter  une  messe  [la  dépê- 
cher], H.  EST.  Apol.  d'Ilérod.  p.  eie,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue,  à  moins  que  ce  ne 
soit  une  onomatopée  du  chant  des  oiseaux. 

GRINGUENAUDE  (grin-ghe-nô-d'),  s.  ^.  ||  1°  Pe- 
tite ordure  qui  s'attache  aux  émonctoires  et  ail- 
leurs par  malpropreté.  |{  2°  Restes  de  diverses 
choses  bonnes  à  manger.  Des  gringuonaudes  do 
pain,  de  pâté. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

f  i .  GRIOT  (gri-o) ,  i.  m.  Synonyme  de  recoupe 
du  blé.  Les  boulangers  fournissent  aux  amidonniers 
les  griots  et  les  recoupettes  qu'ils  peuvent  employer 
sur-le-champ,  Dict.  des  arts  et  met.  Amidonnier. 

—  ÉTYM.  Même  racine  que  gruau. 

i  2.  GRIOT  (gri-o),  adj.  m.  Le  genêt  griot  (voy. 
genêt). 

4.  GRIOTTE  (gri-o-f),  s.  f.  Espèce  de  cerise  à 
courte  queue,  qui  est  un  peu  aigre,  et  plus  grosso 
que  les  autres. 

—  UEM.  D'après  l'Académie,  la  griotte  est  une 
cerise  à  courte  queue  plus  douce  que  les  autres; 
elle  aurait  dii  dire  :  cerise  aigre,  mais  plus  douce 
que  les  autres  cerises  aigres. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  agriotes  ou  cerizes  aigres 
sont  plus  propres  à  confire  que  les  guines  ou  cerizes 

douces,  0.  DE  SFRIiES,  .857. 

—  ÉTYM.  La  forme  première  est  agriote,  et  sem- 
ble venir  de  àvpio;,  sauvage. 

2.  GRIOTTE  (gri-o-f),  s.  f.  Marbre  tacheté  de 
rouge  et  de  brun.  La  griotte  d'Italie.  ||  La  griotte 
du  Languedoc,  sorte  de  marbre  au  ton  rouge  cerise. 

—  ÉTYM.  Ainsi  dit  de  la  cerise  griotte. 

GRIOTTIER  (gri-o-tié;  l'r  ne  se  lie  pas;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  des  gri-o-tié-z  en  fleurs),  s.  m. 
Arbre  qui  porte  les  griottes. 

—  HIST.  xvr  s.  Le  griotier  à  rozes  est  un  grand 
arbre  semblable  en  bois  et  fueilles  au  cerisier  aigre, 
no  produisant  aucun  fruit,  ains  seulement  des 
rozes  incarnates....  par  enter  l'on  l'engeance  de 
telles  rozes,  les  greffans  sur  des  cerisiers  communs 
aigres  ou  doux,  o.  de  serres,  560. 

—  ÉTYM.  Griotte  1 . 

t  t.  GRIP  (grip),  s.  m.  Terme  de  fauconnerie. 
Oiseau  de  grip,  oiseau  qui  ne  vit  que  de  rapine. 
— HIST.  xvr  s.  Grip  [action  de  prendre] ,  oudin,  Did. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRIPPER. 

t  GRIPET  (gri-pc),  s.  m.  Nom  que  l'on  donne  à 
Montmédy  à  des  rampes  très-rapides  qui  sont  dans 
la  ville;  on  le  dit  aussi  dans  les  Côtes-du-Nord  pour 
un  chemin  roidc. 

—  ÉTYM.  Griper  dit  pour  grimper  (voy.  ce  mot). 
On  dit  dans  d'autres  provinces  gripot. 

t  GRIPHE  (gri-f)  ,  s.  m.  Terme  d'antiquité. 
Énigme,  questions  compliquées  que  l'on  se  propo- 
sait. Notre  incomparable  Saumaise  qui  se  joue  des 
priphes,  ici  sans  espérance  de  passer  outre,  Balzac, 
le  Ilarbon. 

—  ÉTYM.  Lat.  griphus ,  de  -rpî^os,  énigme, 
proprement  filet. 

GRIPPE  (gri-p'),  s.  f.  Il  1°  Terme  familier.Fan- 
taisie,  goût  passager,  capricieux.  [Le  duc  de  Noail- 
les]  C'est  un  homme  de  grippe,  de  fantaisie,  d'im- 
pétuosité successive,  st-sim.  317  ,  4  42.  Il  [le  régent] 
eut  bien  de  la  peine  à  se  contenter  des  trois  mar- 
ches qu'ils  [les  hauts  si/ges]  devaient  avoir;  c'est 
une  grippe,  pour  user  de  ce  mauvais  mot,  que 
je  n'ai  jamais  pu  démêler  en  lui  ,  ro.  BU,  9. 
Il  Prendre  quelqu'un  en  grippe  ,  se  prendre  de 
grippe  contre  quelqu'un,  .se  prévenir  sans  motif 
contre  lui.  Voilà  quel  était  l'homme  qui,  toujours 
par  le  même  motif  peut-être,  me  prit  en  grippe, 
uniquement  sur  ce  que  je  le  servais  fidèlement, 
J.  J.  ROUSS.  Confess.  vu.  Oui,  madame,  j'ai  pris  en 


cni 

grippe  l'amitié  comme  la  médecine,   p.  l.  cors 
Lell.  Il,   62.  Il  2°  Catarrhe  épidémique,   ainsi  «ii 
parce  qu'il  grippe,  saisit  une  foule  de  gens.  Voi: 
avez  peut-être  ouï  parler  de  ces  mauvais  rhum 
épidémiques,  auxquels  les  Français,  qui   'Somm<  ■ 
tout,  ont  donné  le  nom  de  grippe,  qui  est  en  efl 
très-significatif,  bonnet,  Letl.  div.    CKuv.   t.  xi: 
p.  213,    dans  pouGENS.    Ia  grippe,   en  faisant   :; 
tour  du  monde,  a  passé  par  notre  Sibérie,  et  s'i  i 
emparée  un  peu  de  ma  vieille  et  chétive  figur 
volt.  Lett.  C/iahanon,  4  0  janv.  (768. 

—  HIST.  xiii*  s.  Car  lors  Herodes  ly  cuyvers,  0 
tint  estoit  fel  et  divers,  Son  droit  seurnom  esu   '. 
Agrippe,  Mais  no  verrez  plus  maie  grippe,  Hist.  ri.  i 
trois  Maries,  ms.  p.   227,  dans  lacurne.  1|  xvi'  ^ 
Dites  moy  pourquoy  c'est  qu'on  vous  represen 
vous  autres  messieurs  les  avocats  en  la  qualité  qi 
dessus  sous  ce  creon  des  harpies;  cela  ne  noi, 
certifie  autre  chose  sinon  que  vous  aimez  fort  î 
grippe,  CH01.IÈBES,  Contes,  f"  82,  dans  lacubn 

—  ÉTY51.   Voy.  GRIPPER. 

GRIPPfi,  ÉE  (gri-pé,  pée),  part,  passé  de  grippi 
Il  1°  Saisi  avec  la  griffe  ou  comme  avec  la  gri!!_. 
....Maudit  coq,  tu  mourras!  Comme  elles  l'avaicni 
dit,  la  bête  fut  grippée,  la  font.  Fahl.  v,  6.  1|  .Sai^.. 
en  langage  de  mécanismes.  Une  infinité  de  pctii' 
pointes  en  fil  de  laiton,  grippées  dans  la  fonte  [d'i;! 
cylindre  imprimeur],  poncelet,  Rapp.  sur  les  mnch 
et  outils,  t.  I ,  p.   1B5.  Il  2°  Terme  de  médecin" 
Face  grippée,  face  dans  laquelle  los  traits  sont  res- 
serrés et  contractés  sur  eux-mêmes,   de   manière 
qu'ils  semblent  diminués  de  volume.  1|  3°  Atteint 
(le  la  grippe.  Je  suis  grippé. 

t  GKIPPE-AKGENT  (gri-par-jan) ,  s.  m.  Celui 
qui  cherche  à  gripper  do  l'argent,  celui  qui  a  l'h  - 
bitude  d'en  gripper. 

—  mST.  xvi*  s.  Gripp'  argent,  cotgbave. 

t  GRIPPE-COQUIN  (gri-pe-ko-kin),  s.  m.  Nom  pi  li- 
sant donné  à  tous  les  agents  chargés  d'arrêter  les 
malfaiteurs,  particulièrement  aux  gendarmes.  Bravo  ! 
mon  garçon,  un  gendarme  n'aurait  pas  mieux  fait. 
^-  M.  le  juge  de  paix,  répliqua  Rabusson  en  se  re- 
dressant d'un  air  de  dignité  offensée,  il  me  semble 
qu'un  ancien  nn-échal  des  logis  au  deuxième  régi- 
ment des  cuirassiers  de  la  garde  vaut  bien  tous  les 
grippe-coquins  du  monde,  en.  de  bf.rnard,  le  Gen- 
tilhomme campagnard,  ii,  24. 

t  GRIPPE-FROMAGE  (gri-pe-fro-ma-j') ,  t.  m. 
Surnom  du  chat.  Quatre  animaux  divers,  le  chat 
grippe-fromage.  Triste  oiseau  le  hibou....  la  font. 
Fabl.  viii,  22.  Iji.»  plur.  Des  grippe-fromage  ou 
fromages. 

t  GRIPPELER  (SE)  (gri-pe-lé.  VI  se  double  quand 
la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  se  grippelle,  se  grippel- 
lera) ,  r.  réfi.  Se  froncer,  se  crêper,  en  parlant  d'étoffes. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gripper. 

t  GRIPPEMENT  (gri-pe-man) ,  s.  m.  \\  1°  Effet 
que  produisent  sur  elles-mêmes  doux  surfaces 
métalliques  qui  frottent  l'une  contre  l'autre. 
Il  2"  Terme  de  médecine.  Grippement  de  la  face, 
état  de  la  face  grippée,  dans  la  péritonite  et  les 
douleurs  atxiominales  très-aiguës. 

—  HIST.  xvr  s.  Grippement  [action  de  gripper], 
cotgbave. 

—  ÉTYM.  Gripper. 

t  GRIPPEMINACD  (gn-pe-mi-nô) ,  s.  m.  Nom  du 
chat.  Les  voilà  tous  deux  arrivés.  Devant  sa  ma- 
jesté fourrée;  Grippeminaud  leur  dit  :  mes  enfanta, 
approchez,  la  font.  l'abl.  vu,  ta. 

—  lllST.  xvi*  s.  Grippeminaud  [ravisseur,  voleur], 
OUDIN,  Dict. 

—  ÉTYM.  Dérivation  plais.ante  de  gripper,  sans 
doute  avec  minaud,  minet,  nom  du  chat. 

GRIPPER  (i;ri-pé),  v.  a.  '•]  1°  En  parlant  du  chat 
ou  de  tout  autre  animal  à  griffes,  saisir  subtile- 
ment. Le  chat  a  grippé  la  souris  à  la  sortie  du  trou. 
Il  2"  Par  extension  et  familièrement,  dérober,  ra- 
vir le  bien  d'autrui.  On  lui  a  grippé  sa  bourse. 
il  3"  Populairement.  Arrêter,  saisir.  Il  était  avec 
elle.  Monsieur,  quand  au  collet  on  l'est  venu  grip- 
per, th.  corn,  le  Galant  doublé,  iv,  8. 1|  4°  Fig. 
Prévenir  défavorablement.  Comme  il  est  offensé, 
comme  il  est  en  colère....  tout  ce  qu'il  écrit  là-des- 
sus e.st  la  plus  plaisante  et  la  plus  naturelle  chose 
du  monde  ,  et  l'a  tellement  grippé  ,  que  je  ne  sais 
point  du  tout  comme  M.  de  la  Trousse  se  porte, 
sÉv.  611.115°  Se  gripper,  r.  réfl.  En  parlant  des 
étoffes,  sa  retirer,  se  froncer.  Le  crêpe  se  grippe 
facilement.  |1  On  le  dit  aussi  en  ce  sens  au  neutre: 
Cette  étoffe  grippe.  ||  Fig.  et  familièrement.  Se  pré- 
venir défavorablement  et  s,ins  raison.  C'est  un 
homme  sujet  à  se  gripper. 

—  HIST.  XVI'  s.  Approchèrent  la  dite  galère  des 


GW 

François  et  tant  qu'ils  abordèrent  et  commencèrent 

à  eulx  gripper  aux   cordes  et  monter  pour  cuider 

piitrer  dedans,  jean  d'auton,  Annales  de  Louis  XII, 

<.  {°  27,  dans  LACURNE.  Et  plusieurs  autres  clio- 

lers  qui  estoient  plus  aspres  à  ceste  curée  que 

iquanoux  à  gripper,  lanoue,  \H. 

-  ÉTYM.  Goth.  greipan;  anc.  scand.  gHpa;  hol- 
l.iid.  grijpen,  saisir,  autre  forme  de  l'allemand 
ijreifen  (voy.  griffer). 

t  GRIPPERIE  (gri-pe-rie),  s.  {.  Volerie,  pilleric. 

-  HIST.  XVI'  s.  L'Escriture  sainte  nous  donne  de 
i  ricues  témoignages  des  menaces  que  Dieu  fait 
itre  vostre  gripperie,  cholières,  Contes,  f*  85, 

ils  LACtRNE. 

—  ÉTYM.  Gripper. 

GRIPPE-SOIF  (gri-pe-sou) ,  i.  m.  H  1°  Ancienne- 
ment. Nom  qu'on  donnait  à  celui  qui  recevait  à 
l'hôtel  de  ville  de  Paris  les  rentes  des  particuliers, 
et  qui  avait  pour  sa  peine  deux  liards  par  livre. 
Il  2°  Par  mépris.  Homme  qui  fait  de  petits  gains 
sordides.  ||  Au  plur.  Des  grippe-sou  ou  sous. 

—  ÉTYM.  Gripper,  et  sou. 

t  GRIPPECR  (gri-peur),  s.  m.  Terme  familier. 
Celui  qui  grippe,  qui  dérolie. 

—  ÉTYM.  Gripper.  On  a  dit  grippard  au  xvi'  siè- 
cle :  Un  milan  que  je  interprette  un  pillard,  grip- 
pard, et  qui  en  prend  où  il  en  peut  avoir,  st-ju- 
LiEN,  ifesl.  hist.  p.  597,  dans  lacuhne. 

GRIS,  ISE  (grî,  gri-z'),  ad/.  ||  1°  Oui  est  de  cou- 
leur entre  blanc  et  noir,  de  couleur  de  cendre.  Cer- 
taine fée  un  jour  était  souris;  C'était  la  fatale  jour- 
née Où  l'ordre  de  la  destinée  Lui  faisait  prendre 
l'habit  gris,  la  motte,  Fabl.  v,  20.  ||  Papier  gris, 
papier  qui  n'a  pas  de  colle  et  qui  sert  à  filtrer. 
Il  Vin  gris,  vin  très-paillet.  ||  Patrouille  grise, 
ronde  d'agents  de  police  qui  fait  un  service  de  sû- 
reté pendant  la  nuit,  et  qui  ne  porte  pas  d'uni- 
forme, mais  qui  est  couverte  de  manteaux  gris. 
Il  Sœur  grise,  espèce  de  religieuse  qui  sert  les  ma- 
lades, et  qui  porte  un  costume  gris.  Monseigneur 
fut  enseveli,  les  uns  ont  dit  pardes  soeurs  grises,  les 
autres  pardes  frotteurs du  chAteau,  st-sim.  295,20. 
Il  Terme  d'anatomie.  Substance  grise  de  l'encéphale, 
substance  île  couleur  grise  qui  est  distribuée  dans 
certaines  parties  de  l'encéphale.  ||  2°  Il  se  dit  de  la 
nuance  des  cheveux  qui  par  l'âge  perdent  leur  cou- 
leur naturelle.  Les  ridicules  aventures  D'un  amou- 
reux en  cheveux  gris,  malh.  ui,  3.  11  me  sied  bien, 
ma  foi ,  de  porter  tête  grise ,  Et  d'être  encor  si 
prompt  à  faire  une  sottise,  mol.  Et.  11,  6.  Qu'il 
y  a  d'enfants  à  cheveux  gris,  et  qu'il  y  a  d'enfants 
dnns  le  monde,  puisque  nous  n'y  voyons  autre  chose 
que  des  hommes  faibles  en  raison  et  impétueux 
en  désirs!  uoss.  2°  serm.  Purifie.  2.  ||  Familière- 
ment. Être  tout  gris,  avoir  les  cheveux  gris. 
(I  3°  Par  e.xtension,  sombre.  La  nuit  venait,  et 
déjà  ses  mains  grises  Sur  la  nature  étendaient  ses 
rideaux,  volt.  Bégueule.  ||  Temps  gris,  temps 
couvert  et  froid.  ||  Elliptiquement.  Il  fait  gris. 
Il  4°  Terme  d'imprimerie.  Lettres  grises,  grandes 
lellres  gravées  sur  bois  ou  sur  cuivre,  qui  ont  des 
vides  de  manière  à  n'être  pas  tout  à  fait  noires,  et 
dont  on  se  sert  au  commencement  des  chapitres. 
Il  5°  Fig.  Qni  est  déplaisant  comme  quelque  chose 
de  sombre.  Faire  grise  mine  à  quelqu'un,  lui  faire 
mauvais  visage.  L'inconsolable  dame  Élise,  Fai-sant 
une  mine  bien  grise,  scarron,  Virg.  iv.  ||  Populai- 
rement. En  voir  de  grises,  éprouver  de  grandes 
contrariétés.  ||  En  faire  voir  de  grises,  faire  éprou- 
ver de  grandes  contrariétés.  ||  6"  Fig.  et  familière- 
ment. Etre  gris,  être  à  moitié  ivre.  11  est  gris  dès  le 
matin,  deaumarch.  Mar.  de  Figaro,  n,  2(.  C'est 
peu  d'être  gris,  Amis,  soyons  ivres,  bérang.  Scandale. 
Il  7"  S.  m.  La  couleur  grise.  Les  gris  blanc,  gris  .sale, 
gris  brun ,  de  castor,  de  Bréda  et  toutes  autres 
.sortes  (le  gris,  Uèglem.  sur  les  manuf.  août  1669, 
Tftnt.  en  soit,  laine  et  fil,  art.  69.  Gris  de  ra- 
mier, ib.  art.  (6.  Gris  tannés,  ib.  art.  16.  Les  gris 
plombés,  ib.  art.  29.  L'intérieur  était  d'un  gris  de 
souris  fort  lustré,  bonnet,  Observ.  t ,  Insect.  ||  Gris 
de  lin,  couleur  qui  participe  du  blanc  et  du  rouge. 
Dans  les  derniers  tournois,  Monseigneur  portait 
ses  couleurs;  quelles  sont  ses  couleurs?  l'aurore 
elle  gris  de  lin,  genlis,  Jeanne  de  France,  t.  11, 
p.  H,  dans  pouoENS.  ||- Adjectivement  (emploi  où 
le  mot  gris  reste  invarialjle  et  où  l'on  met  un 
Irait  d'union).  Couleur  gris -de-lin.  ÉtolTe  gris- 
brun.  Des  habits  gris-brun.  Étoffe  gris-de-perle, 
n'est-elle  pas  rouge  [la  cassette]  ?  —  Non ,  grise. 
—  Hé  oui ,  gris-rouge,  c'est  ce  que  je  voulais  dire, 
wol.  Avare,  v,  2.  De  quelle  couleur  me  con- 
Si^illes-tu  de  le  prendre?  gris-de-fer  ou  gris-do- 
tnoreT  brueys,  Avoc.  Pat.  i,  3.  Un  cavalier  vêtu  de 


GRI 

velours  gris-blanc,  le  sage,  Diabl.  boit.  13  Dans 
les  pays  du  nord  il  y  en  a  de  toutes  couleurs  [des 
renards],  des  noirs,  des  bleus,  des  gris,  des  gris-de- 
fer,  BUFF.  Quadrup.  t.  11,  p.  218.  Elle  [l'hirondelle 
de  rivage]  a  toute  la  partie  supérieure  gris-de-sou- 
ris, ID.  Ois.  t.  XII,  p.  394.  Sa  lumière  gris-de-perl;; 
[de  la  lune]  descendait  sur  la  cime  indéterminée 
des  forets,  CHATEAUB.  Atala,  le  Récit  des  chasseurs . 
Il  Fig.  Si  les  pensées  n'y  sont  pas  noires,  elles  y 
sont  au  moins  gris-brun,  r6v.  221.  Tu  verras  les  ma- 
ris sourire  avec  un  visage  gris-brun,  dallainval, 
École  des  bourg,  m,  12.  |]  8"  Terme  de  vétérinaire. 
Le  gris,  robe  du  cheval  caractérisée  par  un  mélange 
de  poils  blancs  et  de  poils  noirs.  On  distingue  plu- 
sieurs variétés  :  le  gris  très-clair;  le  gris  clair;  le 
gris  ordinaire  ou  cendré;  le  gris  foncé;  le  gris  ar- 
doisé; le  gris  de  fer.  Les  espèces  gris  tourdille,  gris 
étourneau,  gris  sale,  sont  dues  à  des  modifications 
particulières  de  la  nuance  générale.  ||  Gris  pom- 
melé, se  dit  du  poil  des  chevaux,  qui  est  mêlé  de 
blanc  et  de  noir.  ||  9°  Habillement  gris.  Il  ne  porte 
que  du  gris.  Il  est  un  petit  homme  Tout  habillé  de 
gris  Dans  Paris,  bérang.  Petit  h.  gris.  ||  10°  Petit- 
gris,  voy.  PETIT-GRIS,  à  son  rang.  ||  11°  Gris-perlé, 
sorte  de  mauvais  champignon.  ||  Proverbe.  La  nuit 
tous  les  chats  sont  gris,  voy.  chat. 

—  mST.  XII*  s.  Un  petit  mantel  gris,  Ronc.  p.  24. 
Il  XIII'  s.  Il  la  recouvrent  chaut  et  de  gris  [petit- 
gris]  et  d'ermin,  Berte,  lv.  {|  xV  s.  De  Cisteaux  qui 
est  ordre  grise  [ordre  portant  le  gris  ou  plutôt  le 
blanc],  eust.  desch.  Pote'es  ms.s.  f°  569.  Et  pareil- 
lement ne  exposeront  en  vente  gris  en  bote  qui  ne 
soit  bon  et  loyal;  et  seront  tenus  mectre  gris  d'au- 
musse  fin,  gris  entre  fin  et  le  moindre  gris  chacun  à 
part,  sans  les  mesler  les  ungs  par  les  autres,  Or- 
donn.  juillet  i486.  Faire  grise  mine  et  mauvais  re- 
cueil ausdites  masques,  Aresia  amorum,  p.  4 17, 
dans  LACLRNE.  Il  XVI'  s.  Ventre  saint  gris,  que  tu  es 
aise,  MAROT,  i,  213.  J'ay  bon  vouloir,  respond  la 
teste  grise,  œ.  11,  299.  Quel  visage  eus-tu  d'elle? 
—  Gris,  iD.  I,  202.  Sous  du  gris  ou  du  bureau  habile 
bien  souvent  un  courage  de  pourpre,  calv.  Inslit. 
664.  Laisse  le  gris  [froc]  et  son  austérité,  marg. 
Nouv.  lxiv.  Quatre  grands  roussins  gris-pommelez, 
CARLOlx,  VIII,  28.  Gris  de  lin,  gris  d'esté....  gris  de 
ramier,  gris  perlé,  gris  argenté,  d'aub.  Fœn.  i,  2. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gris;  espagn.  et  portug.  gris , 
petit-gris;  ital.  griso,  grigio  ;  bas-lat.  griseus  du 
IX'  siècle  ;  du  germanique  :  ancien  saxon,  gris,  qui  a 
les  cheveux  blancs;  allem.  mod.  Greis,  vieillard. 
Comme  arec  s'est  dit  gris,  Génin,  Itécréat.  t.  1, 
p.  1.17-144,  a  prétendu  que  gris  venait  de  là;  mais 
l'antiquité  de  griseus  ne  permet  pas  une  pareille 
étymologie  ;  il  a  pensé  aussi  que  gris  dans  le  sens 
d'un  peu  ivre  représentait  le  latin  grxcari,  faire  la 
débauche,  faire  le  grec;  mais  gris  en  ce  sens  paraît 
récent,  du  moins  l'historique  n'en  offre  pas  de  trace; 
il  faut  donc  y  voir  un  mot  de  ]ilaisanterie  pour  in- 
diquer l'état  entre  le  blanc  et  le  noir  et  figurcment 
entre  la  raison  et  l'ivresse. 

t  GRISAGE  (gri-za-j'),  s.  m.  Terme  collectif.  Les 
couleurs  grises.  En  toutes  sortes  de  racinages  et 
grisages,  comme  sont  les  ventres  de  biche,  couleur 
de  cannelle,  etc.  Instr.  gén.  pour  la  teinture,  i  » 
mars  (07i,  art.  74. 

GRISAILLE  (gri-zâ-ir,  U  mouillées,  et  non  gri- 
zâ-ye),  s.  f.  ||  1°  Peinture  qui  se  fait  avec  du  blanc 
et  du  noir,  et  qui  représente  des  objets  supposés 
blancs.  Les  grisailles  sont  une  imitation  du  bas  re- 
lief. Faire  de  la  grisaille.  Travailler  en  grisaille. 
Peindre  eu  grisaille.  {|  2°  Terme  de  peinture  sur 
verre.  Grisailles,  verres  peints  en  tons  légers.  ||  3°  Es- 
quisses préparatoires  où  les  couleurs  locales  ne  sont 
point  indiquées.  ||  4°  Mélange  de  cheveux  bruns  et 
de  cheveux  blancs,  dont  on  fait  des  perruques. 
Il  5'  Espèce  de  papillon  de  nuit.  ||  6°  Peuplier  blanc. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gris. 

GRISAILLE,  ÉE  (gri-zâ-llé,  liée,  Il  mouillées), 
part,  passé  de  grisailler.  Fait  en  grisaille.  Ornés  de 
figures  taillées,  Très-artistementgrisaillées,  SCARRON, 
Virg.  IV.  il  Fig.  Il  est  certain  que  je  trouve  quelque 
chose  d'usé,  de  passé,  de  grisaille,  'linanimé,  de 
froid,  dans  les  auteur»  qui  firent  les  délices  de  ma 
jeunesse,  ciiateaub.  ifém.  t.  \",  p.  367. 

GRISAILLER  (gri-zâ-llé),  Il  mouillées,  et  non 
gri-zâ-yé.  ii  1*  Y.  a.  Enduire  de  gris.  ||  2°  V.  n. 
Prendre  la  couleur  grise.  [Le  carton]  battu  jusqu'.'i 
ce  qu'il  gri«saille,  lksnE,  la  Reliure,  p.  162 

—  ÉTYM.  Grisaille. 

t  GllISARD  (gri-zar),  s.  m.  ||  1°  Blaireau.  ||  2'  Es- 
pèce de  goéland.  Tous  les  grisards,  suivant  les  ob- 
sevalionsde  M.  Bâillon,  sont  dans  le  premier  âge, 
d'un  gris  sale  et  sombre,  buff.  Ois.  t.  xvi,  p.  'M3. 


GRI 


193'J 


Il  3°  Grès  trop  dur  pour  pouvoir  servir  au  paveur,  le 
grès  que  les  ouvriers  appellent  grisard  est  si  dur  et 
SI  difficile  à  travailler,  qu'ils  le  rebutent  même  pour 
n'en  faire  que  des  pavés,  buff.  Min.  t.  i,  p.  207. 

—  ÉTYM.  Gris. 

GRISArRK  {gri-z4-tr'),  adj.  Qui  tire  sur  Ib  gris. 
Un  vêtement  grisâtre.  Ce  ciel  nébuleux  et  grisâtre, 
cette  tristesse  de  l'atmosphère  qui  annonce  encore 
du  mauvais  temps  pour  le  reste  de  la  journée,  ni- 
DER.  Salon  de  1766,  Œuv.  t.  xiii,  p.  236,  danspou- 
GENS.  Par  un  temps  grisâtre  d'automne,  lorsque  la 
bise  souffle  sur  les  champs,  ciiateaub.  Génie,  1,  v,  7. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gris. 

t  I .  GRISÉ,  ÉE  (gri-zé,  zée) ,  adj.  Terme  de  serru- 
rerie. Qui  est  seulement  limé  en  gros. 

—  ÉTYM.  Probablement  .7ns,  vu  que,  blanchi  se 
disant  chez  les  serruriers  du  fer  limé  jusqu'à  ce 
qu'il  ait  tout  son  éclat,  grisé  se  sera  dit  du  fer  limé 
grossièrement. 

2.  GRISÉ,  ÉE  (gri-zé,  zée),  part,  passé  de  griser 
2.  Devenu  à  moitié  ivre.  Grisé  par  un  coup  de 
Champagne.  ||  Fig.  Grisé  par  l'odeur  de  la  poudre. 
Grisé  par  les  louanges,  par  le  succès. 

t  GRISE-HONNE  (gri-ze-bo- V) ,  s.  f.  Variété  de 
poire.  Des  grises-bonnes. 

t  GRISELETTE  (gri-ze-lè-f),  «.  /.  U  grande  hi- 
rondelle de  mer. 

fGRISELLE  (gri-zè-1'),  t.  f.  Nom  de  plusieurs 
poissons. 

t  1  .GRISER  (gri-zé).  1°  ||  F.  a.  Terme  didactique. 
Donner  une  teinte  grise.  Tous  les  tous  [de  couleur] 
compris  dans  lé  plan  circulaire  sont  susceptibles  de 
recevoir  l'addition  du  noir,  ce  qui  grise  ou  rabat  ]i 
couleur,  chevreul.  Comptes  rendus  de  l'Acad.  des  se. 
t.  L,  p.  884.  Il  2°  F.  n.  Devenir  gris.  Les  bleus  célestes 
et  les  autres  bleus  do  nuances  plus  basses,  ne  fe- 
raient que  griser  et  perdre  l'éclat  du  bleu,  liistr.  gén. 
pour  les  teintures  de  laine,  18  mars  1671,  art.  13. 

—  ÉTYM.  Gris. 

2.  GRISER  (gri-zé),  v.  a.  ||  1°  Faire  boire  quel- 
qu'un jusqu'à  le  rendre  demi-ivre.  Je  veux  griser 
un  peu  Mlle  Cateau,  pour  savoir  si  elle  a  le  vin  ten- 
dre, COLLÉ,  Part,  de  chasse  de  Henri  IV,  m,  10. 
Il  2°  En  parlant  do  liqueurs  fortes,  de  la  fumée  de  ta- 
bac, etc.  Porter  à  la  tête,  étourdir.  La  fumée  de  tabac 
me  grise.jj  Fig.  Ces  belles  promesses  l'avaient  grisé. 
Il  3°  Se  griser,*,  re/î.  Devenir  gris.  La  table  est  mise, 
La  chère  exquise.  Que  l'on  se  grise  ;  Trinquons, 
mesamisi  bérang.  Cocapnc. ||  Fig.  S'exalter, deve- 
nir comme  ivre.  II  se  grise  de  ses  propres  paroles. 

—  KTVM.  Gris. 

GRISET  (gri-zè),  ».  m.  ||1'  Jeune  chardonneret 
qui  n'a  encore  que  ses  plumes  grises.  ||  2°  Voy. 
ÉPINE  (épine  luisante). 

—ÉTYM.  Diminutif  de  gris. 

GRISETTE  (gri-zè-f),  i.  f.  ||  1°  Vêtement  d'é- 
toffe grise  de  peu  de  valeur.  Un  haut-de-chausses  de 
grisette,  Un  pourpoint  couleur  de  noisette,  scahh. 
Virg.  VI.  De  jeunes  fillettes.  Aimables,  bien  faites. 
Autant  que  vous  l'êtes.  Font,  dans  leurs  griscttes, 
Bien  plus  de  fracas  Que  de  vieux  appas  En  or  de 
ducats,  DANCOURT,  Fête  de  vill.  Vivertissement. 
Il  2°  Terme  de  marine.  Vice  dans  les  bois  prove- 
nant d'une  fermentation  de  sève  due  au  contact  de 
l'air  par  suite  d'une  blessure.  |{  3°  Jeune  fille  de  pe- 
tite condition,  coquette  et  galante,  ainsi  nommée 
parce  qu'autrefois  les  filles  de  petite  condition  por- 
taient de  la  grisette.  11  avait  à  quatre  ou  cinq  milles 
de  Londres  une  petite  maison  de  campagne,  tou- 
joursmeublée  de  quelques  grisettes,  hamilt.  Gramm. 
10.  Je  suis  las  d'être  bien  batfu  et  mal  nourri;  je 
.suis  las  de  passer  lanuità  la  porte  d'un  lansquenet  et 
le  jour  à  vous  détourner  des  grisettes,  rkgnard,  At- 
tend, s.l'orme,  se.  1 .  Le  maréchal  de  Noailles  était  fort 
accusé  de  n'avoir  pas  renoncé  à  la  grisette,  st-sik. 
211,  92.  Elle  est  jolie,  h  la  bonne  heure;  mais  y 
a-t-il  moyen  de  penser  qu'une  grisette  lui  ait  tourné 
la  tête  ?  car  il  n'est  question  que  d'une  grisette, 
ou  tout  au  plus  de  la  fille  de  quelque  petit  bour- 
geois, qui  s'était  mise  dans  ses  beaux  atours, 
MAHiv.  Marianne,  4'  part.  On  apprend  beaucoup 
dans  le  frivole  volume  de  Fléchier  [sur  les  grand» 
jours  d'Auvergne]  ;  on  y  apprend  même  que  les 
grisettes  étaient  do  jeunes  bourgeoises  de  la  ville 
qui  avaient  une  galanterie  un  peu  hardie,  et  qui  se 
piquaient  de  beaucoup  de  liberté,  en.  labitte,  Rev 
des  Veux-Mondes,  15  mars  I845,  p.  1092.  ||  Particu- 
lièrement. Jeune  fille  qui  a  un  état,  couturière,  bro- 
deuse, etc.  et  qui  se  laisse  facilement  courtiser  par 
les  jeunes  gens.  Mais  vive  la  grisette!  Je  veux,  Li- 
sette, Boire  à  nos  amours,  bérang.  Lisette.  ||  4°  Nom 
vulgaire  de  la  sylvie  cendrée  (Europe)  de  Latham, 
dite  aussi  oiseau  à  gorge  blanche.  |j  Nom  vulgaire 


1940 


GRI 


de  l'alaudo  sénégalienne.  ||  Nom  sous  lequel  on  a 
désigné,  dans  le  jeune  âge,  Vanas  noir,  dit  aussi 
macreuse,  legoarant.  ||  Voy.  marouetie.  ||  5°  Nom 
donne;  par  Geoffroy  à  l'hespérie  Tages  (lépidoptères 
diurnes),  qui  est  l'hespérie  griselte  de  certains  au- 
teurs. (I  Grisette  à  zigzag,  nom  donné  par  GeollVoy 
à  la  phalf:ne  arénée  ou  phalène  sablée  (lépidoptères 
nocturnes).  |{  Nom  spécifique  pour  certains  auteurs, 
du  charançon  humble  (coléoptèresf,  legoarant. 
Il  Un  des  noms  vulgaires  de  l'agaric  élevé  et  de  l'a- 
garic vaginé,  variété  grise,  ID. 

—  IlIST.  XIV'  s.  Le  faucon  doit  avoir  les  sourcilz 
blans  et  la  leste  grisette,  Modus,  f°  lxxvii,  terso. 

—  lîTYM.  Diminutif  de  gris;  bourguign.  grisôtle; 
provenç.  griiela,  sorte  d'étoffe  ;  espagn.  griseta, 
même  sens. 

t  GKIS-FABINIER  (gri-fa-ri-nié),  s.  m.  Agaric 
très-bon  à  manger. 

t  GRIS-GRIS  (gri-gri),  î.  m.  ||  1°  Amulette,  idole 
des  nègres.  ||  2°  Morceau  de  papier  sur  lequel  on 
écrit  des  versets  du  Coran ,  et  que  les  Maures  por- 
tent comme  un  préservatif  universel. 

t  GRISOIR  (gri-zoir) ,  s.  m.  Outil  pour  rogner  le 
verre. 

—  ÉTYM.  Voy.  GRISÉ  4  . 

GRISOLLER  (gri-zo-lé),  V.  n.  Il  se  dit  du  chant 
de  l'alouette. 

—  ÉTYM.  Onomatopée. 

GRISON,  ONNE  (gri-zon,  zo-n'),  adj.  \\  1»  Qui  gri- 
sonne, qui  est  gris.  Barbe,  chevelure  grisonne.  Les 
amours  m'ont  rendu  grison  avant  le  temps,  eé- 
GNiEH,  Sat.  v.  Qu'heureux  est  le  folâtre  à  la  tète 
grisonne!  ID.  Sat.  viii.  J'enflamme  un  campagnard 
grison.  Je  suis  cruelle  et  celui-là  m'épouse,  bérang. 
Cartes.  |{  Substantivement.  La  teinte  grisonne.  Un 
homme  entre  les  deux  âges  Et  tirant  sur  le  gri- 
son, LA  FONT.  Fabl.  1,  )7.  Il  2"  S.  m.  Terme  fami- 
lier. Un  grison,  un  homme  qui  grisonne,  qui  vieil- 
lit. Il  3°  Homme  de  livrée  que  l'on  faisait  babiller 
de  gris  pour  l'employer  à  quelque  mission  secrète; 
c'étaient  des  valets  qui  ne  portaient  pas  de  couleurs. 
Que  de  grisons  en  campagne  pour  la  d'OIonnel  ha- 
MiLT.  Gramm.  6.  Je  suis  le  garçon  de  France  le 
plus  employé  :  valet  de  chambre  de  l'un ,  laquais 
de  l'autre,  grison  de  celle-ci,  espion  de  celle-là, 
DANCCBRT,  Bourg,  à  la  mode,  i,  3.  Son  grison  va 
venir  pour  prendre  la  réponse,  baron,  l'Homme  à 
bonites  fortunes,  i,  6.  Maulevrier  mettait  pied  à  terre, 
s'avançait  seul,  sifflait;  un  grison  sortant  d'un  coin 
lui  remettait  des  paquets,  st-sim.  <57,  68.  ||  4"  Par 
plaisanterie,  grison  s'est  dit  d'un  moine  vêtu  de 
gris Suivaient  de  loin  deux  grisons  bien  dis- 
pos ,  Non  des  grisons  de  l'espèce  indolente  De 
celui-là  qui  porta  sur  son  dos  Le  palfrenier  du  fa- 
meux Rossinante  ;  C'étaient  vraiment  bien  d'autres 
animaux....  deux  cordeUers,  piron.  Le  Moine  bridé, 
conte.  Il  6"  Familièrement.  Un  âne,  un  baudet.  Et  le 
grison  se  rue  Au  travers  de  l'herbe  menue,  la  font. 
Fabl.  VI,  8.  Surtout  quand  le  grison,  cet  âne  sans 
pareil,  D'où  descendront  un  jour  les  mulets  du  so- 
leil, Vous  fut  volé  sous  vous  à  la  montagne  noire, 
DANC0URT,  Sancho  Pança,  i,  12.  ||Se  dit  vulgaire- 
ment d'un  cheval  gris.  ||  6°  Mammifère  d'Amérique. 
Il  7°  Nom,  à  Genève,  de  l'hirondelle  de  rivage. 
Il  8°  Espèce  do  gros  grès  qui  sert  à  faire  des  auges 
et  d'autres  ouvrages. 

—  lllST.  xvi*  s.  Vray  est,  que  yver  foible,  froid 
et  grison  Nuit  à  nature,  et  sa  vertu  reprime,  marot, 
III,  47.  Voilà  un  laquais  tout  grison  en  un  temps  où 
nous  voïons  tant  do  conseillers  sans  barbe,  d'aub. 
Fœn.  1,  6.  Le  bay,  le  fauve,  le  grison,  le  moreau, 
sont  les  chevaux  les  plus  prisés,  o.  de  serres,  301. 
Grison  et  maladif,  rentrer  dessous  la  loi  D'amour, 
0  quelle  erreur  1  Dieux,  merci  je  vous  crie,  ronsaku, 
Sonnets,  u,  26. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gris. 

t  GRISONNANT,  .VNTE  (gri-zo-nan,  nan-t'),  adj. 
Oui  commence  à  devenir  gris.  Tête  grisonnante. 
Portant  en  queue  ses  cheveux  noirs  grisonnants, 
j.  J.  Rouss.  Confess.  ii. 

t  GRISONNEMENT  (gri-zo-ne-man) ,  s.  m.  Qualité 
de  ce  qui  grisonne. 

—  HiST.  XVI'  s.  Les  indices  de  vieillesse  du  cheval 
«ont....  grisonnement  de  poil  à  ceux  qui  de  nature 
''ont  obscur,  o.  de  serres,  303, 

GRISONNER  (gri-zo-né),  v.  n.  Devenir  grison. 
Il  y  a  grande  apparence  que  personne  n'est  excom- 
munié [do  monitoires],  vu  que  tous  tant  que  nous 
sommes  il  n'y  en  pas  un  qui  no  blanchisse  ou  ne 
grisonne,  et  on  dit  que,  quand  un  homme  est  ex- 
communié, il  devient  plus  noir  que  poivre,  gui 
lATiN,  Letl.  t.  II,  p.  4 92.  Kufin  commence  à  gri- 
«onncr.  mais  il  est  sain,  U  a  un  visage  frais  et  un 


GRI 

œil  vif,  qui  lui  promettent  encore  vingt  années  de 
vie,  LA  BRUYÈRE,  XI.  Les  nègres  en  vieillissant  pei'- 
dont  une  partie  de  leur  couleur  noire  ;  ils  pâlissent 
ou  jaunissent,  leur  tête  et  leur  barbe  grisonnent, 
bUFP.  Suppl.  à  l'hisl.  nat.  (JEuv.  t.  xi,  p.  404.  Le 
sang  remonte  à  son  front  qui  grisonne;  Le  vieux 
coursier  a  senti  l'aiguillon,  bérang.  Vieux  sergent. 

—  HIST.  XV'  s.  Déjà  le  poil  me  gi-isonne,  Déjà  la 
goutte  je  sens,  basselin,  xxx.  ||xvi"  s.  Tu  grison- 
neras ainçois  Que  tu  sois  Au  bout  de  ton  navigage, 
iiu  BELL.  IV,  34,  recto.  Les  bons  vieillards  à  testes 
grisonnées,  Les  jouvenceaux  aux  plaisantes  an- 
nées,.... RONS.  698. 

—  ËTY.M.  Grison. 

fGRISONNETTE  (gri-zo-nè-f) ,  s.  /.  Espèce  de 
papillon  do  nuit. 

GRISOU  (gri-zou),  s.  m.  Gaz  inflammable  et  ex- 
plosible  qui  s'infiltre  de  temps  en  temps  dans  les 
mines,  dans  les  houillères,  prend  feu  à  la  lampe  des 
ouvriers,  et  cause  de  graves  accidents.  ||  Àdj.  Feu 
grisou.  On  dit  aussi  feu  brisou  et  feu  terrou. 

—  ÉTYM.  On  a  fait  venir  grisou  de  grec;  ce  se- 
rait, dit-on,  une  forme  wallonne  de  feu  grégeois; 
cette  étymologie,  qui  peut  être  fortifiée  par  griou, 
grieux,  autres  appellations  du  grisou,  est  bien  sa- 
vante. On  pensera  plutôt  que  c'est  un  dérivé  de 
gris,  l'arrivée  du  grisou  donnant  une  teinte  grisâ- 
tre aux  lumières. 

t  GUIS  -  PEND  ART  (gri-pan-darji ,  s.  m.  Pie- 
grièche. 

t  GRISSE  (gri-s"),  s.  f  Le  même  que  grissin. 
On  me  donne  du  lait  caillé  ;  et  avec  deux  grisses  de 
cet  excellent  pain  de  Piémont  que  j'aime  plus  qu'au- 
cun autre....,  j.  i.  bouss.  Conf.  i. 

t  GUISSIN  (gri-sin),  s.  m.  Sorte  de  pains  trcs- 
friables  ayant  la  forme  d'une  baguette  ;  mot  en 
usage  en  Savoie  et  sm'  la  frontière. 

—  ÉTYM.  Ita!.  grissini. 

GRIVE  (gri-v'),  s.  f.  \\  1°  Oiseau  dont  le  plumage 
est  mêlé  de  blanc  et  de  brun,  turdus  musicus,  L. 
appartenant  au  genre  merle,  turdus.  L'abondance  des 
prives  est  telle  alors  sur  la  céte  méridionale  de  la  Bal- 
tique, que,  selon  le  calcul  de  M.  Klein,  la  seule  ville 
(le  Dantzick  en  consomme  chaque  année  quatre- 
vingt-dix  mille  paires,  buff.  Ois.  t.  v,  p.  380.  ||  Fig. 
Ktre  soûl  comme  une  grive,  être  complètement 
ivre,  locution  qui  vient  de  ce  que,  au  temps  des 
vendanges,  les  grives  mangent  beaucoup  de  raisin 
Il  y  avait  l'autre  jour  une  dame  qui  confondit  ce 
qu'on  dit  d'une  grive;  et,  au  lieu  de  dire,  elle  est 
soûle  comme  une  grive,  elle  dit  que  la  première 
présidente  était  sourde  comme  une  grive  :  cela  fit 
rire,"sÉv.  1 16.  ||  2°  Grande  grive,  ou  haute  grive,  ou 
grosse  grive,  la  draine,  turdus  draina,  L.  ||  3°  Pois- 
son de  mer  (labre  paon).  ||  Proverbe.  Faute  de  grives, 
on  mange  et,  plus  souvent,  on  prend  des  merles. 

—  HIST.  xiV  s.  Et  mangez  la  grive  au  diner,  w. 
BiBLESwoRTH,  daus  PALSGRAVE,  p.  28.  ||  XV'  S.  Notre 
ivrogne,  plus  saoul  qu'une  grive  partant  d'une  vi- 
gne, LOUIS  XI,  Nouv.  VI.  Il  XVI'  s.  Il  fait  comme  les 
grives,  il  vit  d'air,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM.  Catal.  griva.  Origine  inconnue.  Peut- 
être  une  onomatopée,  dit  Ménage;  c'est  aussi  l'opi- 
nion de  Buffon.  Génin,  Récréât,  t.  i,  p.  <  40,  y  voit, 
comme  dans  gris,  un  peu  ivre,  et  pour  la  même 
raison,  l'ancien  français  prtu,  qui  signifiait  grec. 
U  y  a  dans  l'ancien  français  une  autre  grite  qui,  si- 
gnifiant couleuvre,  est  une  altération  de  guivre,  et 
n'a  rien  de  commun  avec  l'oiseau. 

i.  GUrVELÉ,  ÉE  (gri-ve-lé,  lée),  adj.  Mêlé  de 
gris  et  de  blanc.  Un  plumage  grivelé. 

—  HIST.  xiii"  s.  Lors  serai  moines  blans  ou  noirs, 
Giivolés,  bruns,  ou  bis,  ou  beges,  nu  cange,  bi- 
gera.  ||xv's.  Cuisses....  Grivelées comme  saulcisses, 
VILLON,  Regrets  de  la  bell«  Heaulmiére.  ||  xvi°  s. 
Gentil  papillon  tremblotant.  Papillon  toujours  vo- 
letant, Grivolé  de  cent  mille  sortes  En  cent  mille 
habits  que  tu  portes,  R.  belleau,  OiCuv.  p.  30.  Le 
jeu  lors  et  les  ris,  les  libres  chansonetes  (Car  tout 
est  de  vendange) ,  et  les  gayes  sometes.  Règne 
entre  les  garçons,  qui,  aux  filles  meslez.  Emplissent 
les  hoteaux  de  raisins  grivelez,  baIf,  OEuv.  p.   6, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  griie,  la  couleur  de  cet  oi- 
seau étant  mêlée  de  gris  et  de  blanc. 

2.  GRIVELE,  ÉE  (gri-ve-lé,  lée),  part,  passé  de 
griveler.  Des  profits  grivelés  par  un  intendant. 

GRIVELÉE  (gri-ve-lée),  s.  f.  Petit  profit  illicite. 
Les  capitaines  ont  eu  leur  part  à  toutes  les  grive- 
lées et  à  toutes  les  friponneries  des  officiers  infé- 
rieurs, BALz.  De  la  gloire. 

—  HIST.  XVI*  s.  Vous  et  moi  couperons  bras  et 
jambes  à  madame  grivclée,  comme  vous  m'avez  dit 


GRI 

tant  de  fois  que  cela  se  pouvoit  fane,  sully,  Uém. 
t.  m,  p.  81,  dans  lacdhne. 

—  ÉTYM.  Grivelé  a. 

GRIVELER  (gri-ve-lé.  La  syllabe  te  prend  un  ac- 
cent grave, quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  jî 
grivèle  ;  l'Académie  ne  conjugue  pas  ce  verbe,  mais 
elle  écrit  grivèlerie),t).n.  Faire  de  petits  profits  secrets 
et  illicites.  ||  Activement.  Griveler  quelque  argent. 

—  ETYM.  Origine  incertaine  ;  peut-être  de  grire, 
à  cause  des  picorées  que  cet  oiseau  fait  dans  les  vi- 
gnes ,  et  par  une  dérivation  semblable  pour  la  forme 
à  celle  de  grivelé  ) . 

GRIVÈLERIE  (gri-vè-le-rie),i.  f.  Actiondegriveler. 

—  HIST.  xvi'  S.  Bertrand  naturellement  cstoit  cn- 
nemyde  toutes  les  grivèleries,  Mém.  s. du  Guese.  te. 

i  GRIVELETTE  (gri-ve-lè-f),  s.  f.  Petite  grivo 
de  Saint-Domingue.  , 

GRFVELEUR  (gri-ve-leur),  s.   m.  Celui  qui  lait   i 
des  grivelées.  j 

tGRIVELIN(gri-ve-lin),«.m.  Espèce  de  gros-bec.  j 

t  GRIVELDRE  (gri-ve-lu-r")  ,  s.  f.  Coloration  en 
gris  et  en  blanc.  Parmi  les  oiseaux  d'Amérique  ap- 
pelés moqueurs,  c'est  celui-ci  qui  ressemble  le  plus 
à  nos  grives  par  les  grivelures  ou  mouchetures  de 
la  poitrine,  buff.  Ois.  t.  v,  p.  449. 

—  ÉTYM.  Gi'.relé  t. 

t  GRIVERT  (gri-vèr),  s.  m.  Oiseau  de  Cayeni.r 

f  GRIVETTE(gri-vè-t'),  s.  f.  Espèce  do  merle.  La 
grivette  d'Amérique  dont  parle  Catesby,  buff.  Ois. 
t.  v,  p.  368. 

t  GRIVIÈRE  (gri-viè-r'),  s.  f.  Volière  à  grives. 
Ces  sortes  de  giivières  étaient  des  pavillons  voûtés, 
garnis  en  dedans  d'une  quantité  de  juchoirs,  vu  que 
la  grive  est  du  nombre  des  oiseaux  qui  se  perchent, 
buff.  Ois.  t.  v,  p.  373. 

GRIVOIS  (gri-voi),  s.  ni.  ||  1'  Au  xvn'  siècle, 
soldat  de  certaines  troupes  étrangères  au  sei 
vice  de  France,  et,  par  extension,  soldat.  Quand 
ils  ont  à  leur  tête  un  joli  général,  11  n'est  pour  les 
grivois  point  de  plaisir  égal,  boursault.  Mots  à  la 
mode,  se.  xi.  Ma  foi,  vive  la  pipe,  c'est  le  salut  du 
grivois,  la  Pille  savante,  4  690,  dans  Théâtre  ilalii  i, 
de  GiiERABDi,  t.  m,  p.  6,1.  Pour  t'avoir,  le  grivois  Ij 
guette,  l'École  des  amours  grivois,  se.  i,  4  744,  d;ui« 
FR.  MICHEL,  Argot.  Par  la  sambleu,  quoique  gr- 
vois.  Je  suis  constant  comme  un  bourgeois,  ib. 
se.  2.  Toujours  prêt,  comme  le  grivois,  Debrusqu'  r 
un  friand  minois,  Jacques  mobkau.  Suite  du  Vir- 
gile travesti,  vui.  Son  adversaire  choisit  pour  le 
sien  un  grivois  de  ses  amis,  le  sage,  Est.  Gon:. 
ch.  46.  Il  S.  f.  Grivoise,  femme  qui  vit  avec  les  sol- 
dats. Celte  cantinière  est  une  bonne  grivoise.  |l  2°  Au- 
jourd'hui, homme  ou  femme  d'un  caractère  li- 
bre, entreprenant,  alerte  à  toute  chose.  C'est  une 
grivoise.  Orfèvres,  marchands  drapiers.  Épiciers, 
aussi  droguistes.  Vous-mêmes,  petits  merciers,  Gri- 
maud  vous  suit  à  la  piste  ;  Car  vous  êtes  des  grivois 
Avec  tous  vos  petits  poids  Et  la  fausse  mesure, 
Chanson  sur  les  corps  de  métiers,  dans  fr.  miciiel. 
Argot.  Mais  force  fut  au  grivois  dépité  D'être  con- 
duit au  gîte  détesté,  gresset,  Vert-Vert,  m.  Un  os 
saim  de  grivois  Buvant  à  leurs  mignonnes,  bérang. 
Grande  orgie.  \\  3°  Adj.  Grivois,  grivoise,  d'une  hu- 
meur libre  et  hardie  ;  leste  en  propos  et  en  actions. 
Des  buveurs  grivois  Les  femmes  lui  cherchaient 
querelle,  bérang.  Mad.  Grég.  ||  Il  se  dit  des  choses 
dans  le  même  sens.  C'est  lui  qui  fait  toutes  les  chan- 
sons grivoises  que  son  maître  vous  chante  quelque- 
fois, DANCOURT,  2'  chap.  du  Diable  boit,  n,  2.  Les 
saillies  de  Piron  et  le  ton  grivois  de  Crébillon  me 
plurent  beaucoup,  duclos,  Mcm.  (JCuv.  t.  x,  p.  lo, 
dans  pougens.  Il  n'est  pas  douteux  que  les  chansons 
militaires,  ou  grivoises,  distraient  et  délassent  l'es- 
prit du  soldat  au  milieu  des  fatigues,  SAmT-Fo;x. 
Ess.  Paris,  OEut).  t.  iv,  p.  <9(,  dans  pougens.  On 
sait  qu'avec  beaucoup  de  noblesse  et  de  fierté  dans 
l'âme,  le  maréchal  de  Saxe  avait  les  mœurs  grivoi- 
ses, MARM0NTEL,  i/cni.  IV.  Ce  théâtre  [les  Variétés] 
jouera  seul  les  pii  ces  qu'on  appelle  grivoises,  c'est- 
à-dire  sales,  p.  L.  COUR.  Livret. 

—  ÉTYM.  Grivoise,  râpe  à  tabac.  La  grivoise  s'in- 
troduisit parmi  les  troupes,  fit  mode,  et  ceux  qui 
s'en  servirent  reçurent  le  nom  de  grivois. 

f  GRIVOISE  (gri-voi-z'),  s.  f.  Ancienne  tabatière 
qui  était  munie  d'une  râpe  servant  à  râper  le  tabac  de 
chacun.  Les  grivoises  vinrent  de  Strasbourg  en  <600. 

—  ÉTYM-  Bas-allem.  Rapp-cisen,  ou  Iteib-eiscn, 
prononcé  en  Suisse  rib-eisen ,  râpe  à  tabac,  mot  à  mol 
Eiscn,  fer,  et  Rapp,  râpe,  ou  reiben,  frotter;  d'où,  avec 
l'épenthèse  du  g,  comme  dans  grenouille,  grivoise. 

\  GRIVOISER  (gri-voi-zé),  ».  »i.  Râper  du  tabac 
avec  une  grivoise. 

—  ÉTYM.  Grivoise.   C'est  un  mot  qui  a  été  pen- 


r.RO 

fiant  un  temps  sien  usa,?"  à  Paris  qu'on  ne  parlait 
<]un  ûo  privoisor;en  queliiuo  endroit  qu'on  setrou- 
yât,  on  entendait  un  vacarme  enragé  de  râpes,  lk 
ROUX,  Dict.  conique. 

GROGr  (grogh),  s.  m.  Boisson  faite  d'eau-de-vie, 
de  rhum  ou  autre  liqueur,  d'eau  chaude,  de  sucre 
et  de  citron,  que  l'on  prend  ordinairement  dans  les 
Clfés.  Un  verre  de  grog,  ou,  absolument,  un  grog. 
On  fait  aussi  des  grogs  avec  de  l'eau  froide  au  lieu 
d'eau  chaude.  ||  11  y  a  aussi  des  grogs  au  vin. 

—  ÊTY.M.  Anglais,  grog. 

t<WOGNANT,  ANTE  (gro-gnan,  gnan-t'),  adj. 
Qui  grogne  par  habitude  ou  naturellement  comme 
le  cochon.  ||  Vache    grognante,  nom  donné  à  une 

i  espèce  de  bison. 

"  GUOGNARD,  ARBE  (gro-gnar,  gnar-d'),  adj. 
Qui  est  dans  l'habitude  de  grogner.  Elle  est  bien 
içrognarde.  ||  11  se  dit  aussi  des  choses.  L'air  gro- 
:nl  et  maussade  des  valets,  J.  J.  Houss.  Prom.  9. 
ubstantivement.  Un  grognard.  Une  grognarde. 
.,1  Chasse  au  vieil  grognart  de  l'antiquité,  162-2 
(titre  d'ouvrage).  {|  Particulièrement.  Nom  donné 
aii.x  soldats  de  la  vieille  garde  sous  le  premier  em- 
pire, et,  en  général,  à  un  vieux  soldat,  le  plus  sou- 
vent en  un  sens  favorable.  Vous  forceriez  cette  pau- 
vre enfant  d'épouser  un  vieux  grognard;  car  que 
suis-je  autre  chose?  CH.  de  Bernard,  le  Gentil- 
homme campagnard,  ii,  §  xjcvi. 

—  HIST.  xvi"  S.  Tristes,  chagrins,  grongnars, 
PARÉ,  Inlrod.  6. 

—  ÉTVM.  Grogner. 

t  GROGNASSERIE  (gro-gna-se-rie)  ,s.f.  Synonyme 
degrogneriedansle  langage  des  médecins  d'enfants. 

GROGNEMENT  (gro-gne-man),  i.  m.  ||  1°  Cn  des 
pourceaux.  Le  grognement  du  cochon.  ||  Par  exten- 
sion. 11  [l'écureuil]  a  de  plus  un  murmure  à  bou- 
che fermée,  un  petit  grognement  de  mécontente- 
ment qu'il  fait  entendre  toutes  les  fois  qu'on  l'irrite, 
BUFF.  Quadrup.  t.  ii,  p.  272.  |j  2"  Familièrement.  Il 
se  dit  des  personnes.  Cet  homme  fit  entendre  un 
grognement.  ||  Manifestation  de  désapprobation  usi- 
tée dans  les  meetings  anglais.  Trois  grognements 
pour  le  ministre. 

—  ÉTYM.  Grogner;  provenç.  gruniment ;  espagn. 
grunimienlo. 

GROGNER  (gro-gné),  v.  n.  \\  1°  11  se  dit  du  cri 
du  cociion.  Le  petit  monstre  [le  lils  de  la  fée 
Dentue]....  se  mit_  àgrogncr  comme  un  cochon  de  ce 
qu'elle  [Fleur  d'Épine]  avait  la  hardiesse  de  rebuter 
ses  familiarités,  hamilton,  Ilisl.  de  Fleur  d'Épiite. 
Il  2°  Fig.  et  familièrement.  Murmurer,  témoigner 
son  mécontentement  par  un  bruit  sourd.  Et  la  muse 
en  grognant  lui  défend  sa  fontaine,  régnier, 
Sat.  II.  Ce  nouvel  Êgiste  grognait  toujours  quand 
il  me  voyait  entrer  cliez  sa  dame,  i.  J.  houss. 
Confess.  u.  \\  3"  V.  a.  Populairement.  Gronder  quel- 
qu'un. Il  ne  fait  que  me  grogner.  ||  Y.  réfl.  Ils  sont 
toujours  à  se  grogner. 

—  HIST.  xir  s.  Queque  li  felun  l'unt  féru  e  de- 
trenchié,  E  del  ferir  se  sunt  durement  esforcié, 
N'aveit  brait  no  groni,  ne  crié  ne  huchié,  Th.  le 
niart.  <50.  ||  xiii»  s.  R  est  une  lettre  qui  graigne  : 
Quant  li  gaignons  [le  chien]  veut  rong>jr  l'os,  S'uns 
autres  chiens  lui  veut  reprendre,  Sans  R  ne  lui 
veut  défendre,  Senef.  de  l'ÂDC,  dans  jub.  t.  il, 
p.  283.  Il  XV"  s.  Quant  mon  fait  cuidu  avancer.  Je 
suis  à  recommancer;  Fortune  tousjours  me  groin- 
gno,  CH.  d'orl.  Rond.  \\  xvi"  s.  Ils  grongnent 
comme  pourceaux,  paré.  Animaux,  25. 

—  ÉTYM.  Berry,  grcugr.er;  bomguig.  grongnai; 
wallon,  groffni; 'provenç.  gronhir,  gronir;  catal. 
grunyir;  espagn.  grunir;  portug.  grunhir;  ital. 
gntgnire  et  grugnare;  du  latin  grunnire;  comp. 
l'anc.  h.  allem..  grunnî,  angl.  groan,  et  le  kimry 
grW7i.  La  forme  régulière  est  grunir  qui  se  disait 
dans  le  xii'  siècle;  plus  tard  le  verbe  a  passé  à  la 
("  conjugaison. 

t  GROGNERIE  (gro-gnc-rio),  s.  f.  Terme  très- 
familier.  Murmure,  plainte,  reproche.  ||  Les  méde- 
cins s'en  servent  souvent  pour  exprimer  lo  grogne- 
ment par  lequel  de  petits  enfants  malades  témoignent 
leur  souffrance  et  leur  mauvaise  humeur. 

—  HIST.  XV*  s.  Grongnorie,  Àresta  amorum, 
p.  410,  dans  lacurne. 

—  ÉTYiw.  Grogner. 

GROGNEDR,  ECSE  (gro-gncur,  gneù-z'),  adj.  Qui 
grogne  souvent  par  mécontentement.  ||  Substanti- 
vement. Un  ennuyeux  grogneur.  Taisez-vous,  pe- 
tite grogneuse. 

—  HIST.  L'escuyer  commença  à  glapir,  contre- 
nisanl  le  chien  comme  paravant.  Ha!  dea,  dit  celui 
de  dehors,  ne  saurai-je  point  qui  est  ce  grognour  ? 

lOL'IS  XI,  NOUV.  XXXI. 


GRO 

GROGNON  (gro-gnon) ,  adj.  des  deux  genres. 
Terme  très-familier.  Qui  est  d'humeur  grondeuse. 
Esprit  grognon.  Caractère  grognon.  Elle  était  bien 
la  vieille  la  plus  grognon  que  je  connus  de  ma  vie, 
j.  j.  rouss.  Confess.  i.  Vous  avez  un  amour  bien 
fantasque  et  bien  grognon,  genlis,  Thédl.  d^édue. 
liai  d'enfants,  ii,  3.  ||  Substantivement.  Un  gro- 
gnon. Une  vieille  grognon. 

—  ÉTYM.  Grogner. 

t  GROGNONNER  (gro-gno-né) ,  «.•  n.  ||  1°  Gro- 
gner comme  le  pourceau.  J'aime  mieux  grognonner 
[moi  Grillus]  que  d'être  aussi  éloquent  que  vous 
[Ulysse],  FÉN.  Dial.  des  morts  anc.  dial.  a.  ||  2'' Faire 
le  grognon,  gronder  habituellement  et  sans  motif. 

—  ÊTVM.  Grognon.  On  trouve  groignoier,  en  un 
sens  a'îsez  semblable,  dans  la  Rose,  20020. 

t  GROGNONNERIE  (gro-gno-ne-rie),  s.  f.  Terme 
très-familier.  Action  de  grognonner  ;  reproches 
il'un  grognon. 

GROIN  (grou-in),  s.  m.  ||  1°  Museau  de  cochon. 
Assurément  [Grillus,  métamorphosé  en  cochon] 
\ous  n'avez  pas  la  taille  belle  ;  un  gros  corps  cou- 
ché vers  la  terre;  de  petits  yeux  à  peine  en tr 'ou- 
verts, un  groin  horrible,  une  physionomie  très- 
désavantageuse,  FÉN.  Dial.  des  morts  anc.  dial.  e. 
H  2'  Par  extension,  laid  visage  que  l'on  compare  à  un 
groin  de  cochon.  Je  raserai  le  gros  visage  Et  le  groin 
De  monseigneur  de  Grtmaudin  Dans  son  château 
du  Gaillardin,  dancourt,  Vacances,  divertissement. 

—  REM.  Groin  a  toujours  été  monosyllabe  dans 
l'ancienne  langue  comme  cela  convenait,  venant 
de  grunn-ire  ;  aujourd'hui  il  est  de  deux  syllaljos. 
Quel  animal  immonde  allonge  son  groin?  de  pus, 
dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  HIST.  XII*  s.  Bous  [colliers]  d'or  en  gruing  de 
porc...  Th.  le  mart.  71.  |{  xiii"  s.  L'autre  panier  a 
assailli,  Son  groig  i  mist,  n'a  pas  failli  Qu'il  n'en 
traisist  fors  des  anguilles,  Ren.  844.  Il  cuide  estre 
do  la  mort  ioiug,  Mes  ele  li  est  près  del  groing,  ib. 
10198.  Contre  Adonis  [le  sanglier]  escout  la  teste. 
Ses  dens  en  l'aine  li  flati,  Son  groing  estort,  mon 
rabati,i!a  Rose,  f59&i.  ||xiv's.  Et  fay  tout  ainsi  com 
le  groing  Du  pourcel  qui  partout  se  boute, 
bruyant,  dans  Hénagier,  t.  n,  p.  23.  Groing  de 
Caux  [le  promontoire  de  Caux],  du  cange,  groui- 
num.  Il  XVI*  s.  Pieds  de  boeuf,  groins  et  oreilles  do 
porc,  pare,  XIII,  29.  Les  autres  se  portent  pour  en- 
nemis de  leurs  espoux,  les  quels  elles  servent  de 
groin  [grognement],  de  chagrin  et  de  reproches, 
CHOLiÈBES,  Contes,  i'  214,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Grogner;  bourguig.  groignô  ;  provenç. 
groing,  grong,  et  au  fém.  groingna  ;  ital.  grugno. 

t  GROISE  (groî-z'),  s.  f.  Nom  donné  dans  la  Lor- 
raine aux  dépôts  de  débris  incohérents  qui  forment 
lies  talus  plus  ou  moins  inclinés  sur  les  pentes  et  au 
[jied  des  escarpements  des  terrains  jurassiques. 

f  GROISIL  (groi-zil) ,  s.  m.  Verre  cassé  (voy. 
grésil). 

t  GROISON  (groi-zon),  «.  m.  Pierre,  ou  craie 
blanche,  réduite  en  poudre  très-fine,  dont  les  mé- 
gissiers  se  servent  pour  la  préparation  du  parchemin. 

GROLLE  (gro-l'),  s.  f.  Espèce  de  corbeau. 

—  HIST.  xvi°  s.  Je  voyois  d'autre  part  cueillir 
les  noix  aux  groles  qui  se  resjoyssoient,  en  prenant 
leur  repas  et  disuer  sur  lesdits  noyers,  palissï,  87. 

—  ÉTYM.  D'après  Diez,  gracidus  ou  gracula; 
dcul  donnant  il  est  vrai  d'ordinaire  ail,  mais  aussi 
oie  ou  eul  comme  dans  l'ancien  français  seule,  de 
sxculum.  Quelques  dictionnaires  italiens  donnent 
grola,  qu'alors  Diez  suppose  tiré  du  français. 

f  GROatiVTlQUE  (gro-ma-ti-k'),  adj.  Terme  d'an- 
tiquité. Qui  se  rapporte  à  l'arpentage;  dont  on  se 
sert  pour  mesurer  un  terrain.  Art  gromatique.  In- 
struments giomatiques. 

—  ÉTYM.  Lat.  gromaticus  ou  grumaticus,  d'ar- 
pentage, de  groma  ou  gruma,  machine  dont  se 
servaient  les  arpenteurs  romains.  Selon  Curtius, 
groma  est  un  mot  défiguré  du  grec  yvâtitùv ,  gnomon. 

f  GROMIER  (gro-mié),  s.  m.  Variété  de  raisin, 
t  GROiJIMELLEMENT  (gro-mè-le-man),  *.  m.  Ac- 
tion de  grommeler. 

—  HIST.. XVI*  s.  Grommellement,  oudi;<,  Dict. 
GROMMELER  (gro-me-lé.  La  syllabe  mel  double 

\'l  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  grom- 
melle, je  grommellerai).  ||  1°  Y.  n.  Terme  familier. 
Murmurer,  se  plaindre  entre  les  dents.  Rameau 
consentit  en  grommelant  et  répétant  sans  cesse  que 
ce  devait  être  une  belle  chose  que  de  la  composition 
d'un  homme  qui  n'était  pas  enfant  de  la  balle  et 
qui  avait  appris  la  musique  tout  seul,  j.  i.  roues. 
Conf.  vu.  [1  2°  Y.  a.  L'on  n'entend  point  ce  qu'il 
grommelle  entre  ses  dents.  Quand  j'eus  bien  re- 
mercié l'académicien   de   l'Académij  des  sciences 


GRO 


1941 


de  m'avoir  mis  au  fait,  je  m'en  allai  tout  pantois 
louant  la  Providence,  mais  grommelant  entru  mes 
dents  CCS  tristes  paroles  :  vingt  écus  <lo  rente  seule- 
ment pour  vivre,  et  n'avoir  que  vingt-deux  ans  à  vi- 
vre, VOLT.  {'//.  aux  40  dcus.  Aventure  avecun carme 

—  HIST.  XV*  s.  Je  voy  envis  rire  et  jouer,  J'ay 
grant  plaisir  à  grumelcr,  eust.  descii.  Poésies  ni«. 
f°  344,  U  s'en  va  si  fort  grumelant  Qu'il  semble 
qu'il  doye  desver,  Patelin,  734.  Tien,  roingno  cl  no 
grumele  mie,  llart.  de  St.  El.  ||  xvi*  s.  Ce  qui  les 
avertit  de  se  lever  fut  un  petit  tonnerre  commen- 
çant à  grumeler,  yver,  p.  626,  ils  voulurent  grou- 
mêler,  disants  avecqucs  grands  blasphèmes,  qu'on 
leur  faisoit  tort,  carl.  ii,  4  8.  F.t  d'un  horrible  tour 
[la  mer]  Se  roule  en  groumelant  aux  rives  d'alen- 
tour, rons.  844.  Tout  le  tourment  qui  me  poinci 
C'est  quand  mon  ventre  groumelle  P'aute  de  ne  boire 
poinct,  ADAM  BiLLAULT,  le  MeiiuisieT  de  Hevers, 
Chansons  bachiques.  C'est  ung  passe  temps,  quand 
jo  bats  le  villayn,  que  de  l'ouyr  grommeler,  quand 
j'ay  le  dos  tourné,  palsgr.  p.  012. 

—  ÉTYM.  Wallon,  groumt;  Berry,  groumelcr, 
grimoner,  grimouner;  lorrain,  grimoner;  une  mère 
grimon,  une  femme  grognon;  bourguign.grtmôiat; 
picard,  grumeler;  Au  germanique  :  dialecte  d'Aix-la- 
Chapelle,  grome,  groumcn,  grommeler;  anc.  allem. 
grummeln;  flam.  grommclen;  angl.  to  grumble. 
Montaigne  a  dit  rommeller  :  Ceulx  que  nous  oyons 
rommeller.  II,  65;  comp.  le  dan.  rumle ;  angl.  ruin- 
hle.  MoBlaigne  a  unssi  grommeler,  iv,  ib7. 

t  GRONDABLE  (gron-da-bl'),  adj.  Qui  mente 
d'être  grondé  ;  qui  peut  être  grondé. 

t  GRONDANT,  ANTE  (gron-dan,  dan-t'),  adj. 
I!  1°  Qui  gronde.  Ce  sont  des  animaux  grondants 
que  les  maris. — Que  vous  les  définissez  bien  !  dan- 
court, Bourg,  à  la  mode,  u,  4.  ||  2"  Qui  lait  enten- 
dre un  bruit  sourd.  Ces  guerriers  intrépides  Percent 
des  flots  grondants  les  montagnes  liquides,  corn. 
Yict.  du  roi,  282.  On  dirait  qu'au  milieu  de  la 
plaine  grondante  S'est  ouverte  soudain  la  bouche  d; 
l'enfer,  v.  bugo,  Bail.  7. 

GRONDÉ,  "ÉE  (gron-dé,  dée),  part,  passé  de  gron- 
der. Qui  a  reçu  une  réprimande.  Cet  enfant  grondé 
par  sa  mère. 

GRONDEMENT  (gron-de-man) ,  s.  m.  ||  l"  Manière 
sourde  et  menaçante  de  faire  entendre  la  voix,  chez 
certains  animaux.  I^  voix  de  l'ours  est  un  gronde- 
ment, un  gros  murmure  souvent  mêlé  d'un  frémis- 
sement de  dents  (|u'il  fait  entendre  lorsqu'on  l'irrite; 
il  est  très-susceptible  de  colère,  buff.  Quadrup. 
t.  m,  p.  3 1 .  Il  2"  Par  extension,  bruit  sourd  et  pro- 
longé. Le  grondement  du  tonnerre. 

HIST.  xvi*  s.  Le  grondement  de  ces  pourceaux 

est  bien  rabhattu  par  saint  Paul,  calv.  Inslit.  768. 

—  ÉTYM.  Gronder. 

GRONDER  (gron-dé),  v.  n.  ||  1"  Faire  entendra 
une  voix  sourde  et  menaçante,  en  parlant  des  ani- 
maux. Le  chien  se  mit  à  gronder.  ||  2°  Par  exten- 
sion, murmurer,  se  plaindre  entre  ses  dents,  en 
parlant  des  hommes.  Grondant  entre  mes  dents,  jo 
barbote  une  excuse,  Régnier,  Sat.  x.  Tandis  que 
dans  un  coin,  eu  grondant  je  m'essuye.  Souvent, 
pour  m'achever,  il  survient  une  pluie,  Boa.  Sal. 
VI.  Tant  que  le  jour  est  long,  il  gronde  entre  ses 
dents,  begnard.  Fol.  am.  i,  4.  Mais  le  sévère  sati- 
rique [Boileau]  Embrassait,  encore  en  grondant, 
Cet  aimable  et  tendre  lyrique  [Quinault],  Qui  lui 
pardonnait  en  riant,  volt.  Temple  du  Coût.  ||  Acti- 
vement. Grondant  quelques  paroles,  Régnier,  Sa«.i. 
Souvenez-vous  bien  de  venir  avec  cet  air  qu'on 
nomme  le  bel  air,  peignant  votre  perruque,  cl 
grondant  une  petite  chanson  entre  vos  dents,  la,  la, 
la,  la,  mol.  Impr.  se.  3.  ||  S"  Faire  un  bruit  sourd, 
cn  parlant  des  choses.  Ce  n'est  pas  en  vain  qu'il 
[Dieu]  lance  le  foudre,  ni  qu'il  fait  gronder  son  ton- 
nerre, Boss.  2*  serm.  Purifie.  1.  Los  vents  gron- 
dent, les  fiots  se  soulèvent,  ID.  Scrmon.i,  Eglise,  ) . 
Dieu  permit  aux  vents  et  à  la  mer  de  gronder  et  do 
s'émouvoir,  et  la  tempête  s'éleva,  FLtm.leTellier. 
La  mer  grondait  sourdement,  fén.  Tél.  vi.  Un  bniil 
redoutable  Gronde  dans  les  airs  ;  Un  voile  effroya- 
ble Couvre  l'univers,  J.  e.  rous^.  Cantate,  Circe. 
Adieu,  chansons!  mon  front  chauve  est  ridé;  L'oi- 
seau se  tait;  l'aquilon  a  grondé,  bérang.  Adieu 
chansons.  Au  milieu  de  ces  préi?aratifs  et  dans  l'in- 
stant où  Napoléon  passait  en  revue,  dans  la  pre- 
mière cour  du  Kremlin,  les  divisions  de  Ney,  tout 
à  coup  le  bruit  se  répand  autour  de  lui  que  le  canon 
gronde  vers  Winkowo,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  vin, 
)  I.  Il  Fig.  Durant  ces  troubles  [lesguerres  des  Hus- 
sitesj,  des  gens  de  métier  qui  commençaient  h 
gronder  dès  le  règue  précédent,  se  mirent  plus  que 
jamais  à  parler  entre  eux  de  la  réforme  de  l'Eglise, 


1942 


GRO 


Boss.  Var.  xi,  <73.  Dès  qu'on  ouït  gronder  l'orage 
qiji  vient  do  fondre  sur  l'Empire  et  la  Hongrie,  n'a- 
jouta-l-elle  pas  à  ses  dévotions  ordinaires  une  heure 
d'oraison  par  jour?  flécii.  Uar.-Thér.  ||  4°  Y.  a.  Ré- 
primander avec  quelque  humeur  dans  le  ton,  dans 
les  parole^.  Hé,  ma.  fille,  comme  vous  voilà  faite! 
Mme  de  la  Fayette  vous  grondera  comme  un  chien  : 
coiffez-vous  domain  pour  l'amour  de  moi,  sÉv.  )2i. 
Je  repassai  chez  Mme  de  Coulanfies;  on  me  gronde 
de  m'en  revenir,  m.  307.  Une  mère  qui  l'oteerve, 
qui  la  gronde,  qui  croit  la  bien  élever  en  ne  lui 
pardonnant  rien,  fén.  Éduc.  filles,  chap.  2.  Je  vous 
ai  toujours  aimé,  et  ne  vous  ai  jamais  manqué;  je 
suis  en  droit,  par  mon  amitié,  de  vous  gronder  vi- 
vement, de  vous  reprocher  votre  humeur  avec  moi, 
VOLT.  Lett.  Mauperluis,  28  mai  (74(.  J'aime  mieux 
gronder  mes  jardiniers  que  de  faire  ma  cour  aux 
rois,  II).  I.eU.  Thiriot,  9  août  1756.  ||  Absolument. 
Cependant  laisse  ici  gronder  quelques  censeurs, 
non..  ÊpU.  VII.  Dites-leur  combien  il  y  a  de  pe- 
titesse d'esprit  et  de  bassesse  à  gronder  pour  un 
potage  mal  assaisonné,  pour  un  rideau  mal  plissé, 
pour  une  chaise  trop  haute  ou  trop  basse,  fén. 
Éduc.  filles,  chap.  <l.  ||  6"  Se  gronder,»,  réft.  Se 
l'aire  à  soi-même  une  réprimande.  Je  me  gronde 
bien  de  ma  paresse,  mon  cher  et  aimable  ami  ; 
mais  j'ai  été  si  indignement  occupé  de  prose  depuis 
un  mois,  que  j'osais  à  peine  vous  parler  de  vers, 
VOLTAIRE,  Lett.  Helvétius,  20  juin  nu.  Laissez-le 
seul  [le  mécontentl,  il  se  gronde  lui-même,  delille, 
Conversation,  ii.  ||  Se  gronder,  se  gronder  l'un  l'au- 
tre. Ils  sont  toujours  à  se  quereller,  à  se  gronder. 

—  HIST.  xn'  s.  Ne  faire  eissillier  [ruiner]  le  paîs, 
Que  sans  contraire  as  tôt  conquis;  Ne  trouveras  jà 
qui  t'i  gronde,  E  qui  le  tôt  ne  t'i  esponde  [remette], 
HE.soiT,  II,  )'i7a6.  Isnelemcnt  font  sans  effroi  Tout 
son  comant  li  jscuier.  Mais  sans  grondre  et  sans 
enuier.  De  ce  qu'il  rueve  s'entremettent,  la  Char- 
rette, 6758.  Il  xiii*  s.  Ne  set  li  las  un  mot  repondre, 
Ne  contre  lui  nen  ose  groindre,  Hen.  4  2580.  Chascun 
a  la  teste  enchinée  ;  N'i  ot  un  seul  qui  osast  gron- 
dre, Li  uns  lest  à  l'autre  respondre,  tb.  (7926.  Si 
que  il  [les  maris]  n'osent  un  tout  seul  mot  grondir, 
IHst.  Hit.  de  la  Fr.  t.  xxiii,  p.  526.  Une  fontaine 
nost  en  mon  champ;  je  la  met  par  mon  champ  et  li 
done  à  boivre  ;  mi  voisin  desoz  en  grondent  ;  et 
l'en  dit  que  ne  le  puis  fere,  Uvre  de  just.  4  42.  Une 
roche  est  en  mer  seans,  Contre  qui  la  mer  gronde 
et  tance,  ia  Rose,  5947.  |lxiv«  s.  [Je]  Ne  sai  comment 
il  mort,  mais  bien  sai  qu'il  scet  grondre,  Girart  dr 
Ross.  v.  4H6.il  XVI"  s.  Ne  marmottoit-elle  pas  des 

oraisons  à  l'oreille  de  l'enfant L'enfant  ne  di- 

soit  que  ce  qu'elle  lui  grondoit  dans  l'oreille, 
n'AUB.  Fœn.  ii,  lO.  I..es  chiens  de  garde  que  nous 
voyons  souvent  gronder  en  songeant,  mont,  ii,  200. 

—  ÉTYM.  Provenç.  grondir;  du  lat.  grundire, 
forme  parallèle  à  grunnire,  grogner.  On  trouve 
aussi  dans  le  xii*  siècle  5r«»idiHer,it6.psoim.  p.  55. 

GRONDEUIK  (gron-de-rie)  ,  s.  f.  Réprimande 
faite  avec  humeur.  J'ai  reçu  ce  matin,  monsieur, 
l'honneur  de  vos  deux  dernières  lettres;  j'en  res- 
pecte la  gronderie,  ST-SIM.  299,  4  46. 

—  HIST.  xvi*  S.  Cependant  les  gronderies  aians 
multiplié....  d'aub.  Uist.  m,  485. 

--  firVM.  Gronder. 

GRONDEUU,  EUSE  (gron-deur,  deù-z'),  adj.  Qui 
aime  à  gronder ,  à  réprimander.  Humeur  gron- 
deuse. Ce  n'est  qu'en  mots  fâcheux  qu'éclate  votre 
ardeur;  Et  je  ne  vis  jamais  un  amour  si  grondeur, 
MOL.  Mis.  II,  4.  Jean  est  grondeur,  mais  je  m'en 
ris,  BÉHANG.  le  Troisième  mari.  \\  Substantivement. 
Un  grondeur.  Une  grondeuse.  Allons  nous  réjouir, 
ot  que  le  grondeur  se  pende  s'il  veut  !  brueïs. 
Grondeur,  m,  20.  Un  gros  homme,  d'une  taille  au- 
dessous  de  la  médiocre,  d'une  allure  assez  pesante, 
avec  une  mine  de  grondeur,  mariv.  Pays.  pari). 
4*  part.  Il  S.  m.  Voy.  ourneau,  poisson. 

—  JIIST.  xvi*  s.  Mettez  la  main  à  la  besongne,  et 
cependant  (|ue  les  grondeurs  et  leurs  confesseurs.... 
d'aub.  Uist.  m,  4 «4. 

GRONDIN  (gron-din),  s.  m.  Nom  do  plusieurs 
poissons  du  genre  trigle,  acanthoptérygiens,  con- 
stituant un  très-bon  aliment.  ||  Nom,  au  Sénégal,  de 
la  baliste  vieille,  plectognathes,  plus  connue  sous 
le  nom  de  vieille.  ■ 

—  Ktym.  Nommé  ainsi  parce  que,  étant  pris,  il 
gronde  comme  le  cochon. 

t  GUOOM  (groum'),  s.  m.  Palefrenier.  ||  On  le  dit 
aujourd'hu,  d'un  petit  laquais,  ordinairement  au 
service  d'un  jeune  homme. 

,  ETVM.  Angl.  groom.  Mais  le  mot  anglais  li'ii- 
niême  provient  de  l'ancien  français,  où  il  exisUit 
;iOUS  la  forme  de  gromel,  domestique,  et  surtout 


GRO 

domestique  de  marchand  de  vin  ;  wallon,  groumè, 
valet  de  meunier  (voy.  gourmet). 

GROS,  OSSE  (gro,  grù-s';  il  est  probable  qu'au 
XVII'  siècle  on  prononçait  grosse  comme  bosse, 
rosse;  du  moins  la  Fontaine,  Fabl.  i,  7,  fait  rimer 
Ornsse  a.\ec  colosse),  adj.  \\  1°  Qui  a  beaucoup  de  cir- 
conférence, de  volume.  ||2"  Il  se  dit  de  la  grosseur 
relative.  ||  3°  De  grosses  lettres.  ||  4"  Grossi,  enflé. 
Il  5°  Au  fémin.  Enceinte.  ||  6'  Soulevé  en  vagues 
fortes.  Il  7°  Oui  surpasse  en  étendue,  en  volume,  en 
importance.  Il  8"  Il  se  dit  pour  renforcer  la  signi- 
fication du  substantif.  ||9°  Fig.  Qui  a  de  la  gravité; 
qui  a  des  suites,  des  conséquences.  ||  10"  Riche, 
opulent,  en  parlant  des  personnes.  ||  11°  Epai'*, 
grossier,  opposé  à  fin,  délicat.  ||  12°  Grosse  voix. 
Il  13°  Grosse  aventure.  ||  14°  Gros,  avec  un  nom 
de  couleur.  Il  15°  Gros  bon.  ||16°  Gros  Guillaume. 
Il  17°  S.  m.  La  partie  la  plus  grosse.  ||  18°  Le  gros 
de  l'eau.  ||  19"  La  partie  la  plus  forte  en  nombre. 
Il  20°  Ce  qu'il  y  a  de  principal  et  de  plus  considé- 
rable. Il  21°  Le  gros  de  l'hiver,  de  l'été.  ||  22°  Il  se 
dit  du  commerce  dans  lequel  on  ne  vend  que  par 
notables  parties.  ||  23°  Terme  de  boucherie,  de  véne- 
rie. ||  24°  Houille  en  gros  morceaux.  H  25°  Cahier 
de  seize  pages.  ||  26°  Revenu  fixe  d'une  cure. 
Il  27°  Droit  que  l'on  payait  au  fermier  des  aides. 
Il  28°  Nom  d'étoffes ,  de  dragées ,  de  duvets. 
Il  29°  Nom  d'un  poids.  ||  30°  Adv.  D'une  manière 
grosse.  Il  31°  Beaucoup.  ||  32°  En  gros.  ||  33°  Tout  en 
gros.  Il  34°  De  gros  en  gros. 

1°  Qui  a  beaucoup  de  circonférence,  de  vo- 
lume; il  est  opposé  à  menu  et  petit.  Gros  homme. 
Grosse  femme.  Gros  bras.  Gros  arbre.  Un  gros 
paquet.  Que  diable  I  te  voilà  grand  et  gros  comme 
père  et  mère,  mol.  Scapin,  i,  2.  ||  Familière- 
ment. Cet  homme  est  gros  comme  un  bœuf,  il 
est  très-corpulent.  ||  Fig.  Gros  comme  le  bras, 
voy.  BRAS.  Tous  les  plus  gros  messieurs  me  par- 
laient chapeau  bas.  Monsieur  de  Petit-Jean,  ah! 
gros  comme  le  bras,  bac.  Plaid,  i,  4.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Il  a  plus  d'esprit  qu'il  n'est  gros, 
il  a  beaucoup  d'esprit.  ||  Il  a  plus  dépensé,  il  a  plus 
criûté  d'or  et  d'argent  qu'il  n'est  gros,  se  dit  dun 
enfant  qui  a  beaucoup  coûté  à  élever,  ou  d'un 
prodigue  qui  a  dépensé  beaucoup  d'argent.  ||  Gros 
et  gras,  qui  a  de  l'embonpoint  et  une  santé  flo- 
rissante. Damilaville  est  mort,  et  Fréron  est 
gros  et  gras;  mais,  que  voulez-vous?  Thersite  a 
survécu  à  Achille,  volt.  Lett.  Grimm,  27  doc.  4  76». 
Il  Familièrement.  Faire  le  gros  dos,  se  dit  des  chats 
lorsqu'ils  relèvent  leur  dos  en  lx)sse.  |{  Fig.  Faire  le 
gros  dos,  faire  gros  dos,  s'enfler  de  vanité,  d'or- 
gueil. Il  Fig.  Faire  sonner  la  grosse  cloche,  voy. 
CLOCHE.  Il  Fig.  Toucher  la  grosse  corde,  voy.  coRnE. 
Il  Fig.  Parler  à  u-n  homme  des  grosses  dents,  voy. 
i>ENT,  n"  4.  Il  Terme  d'architecture.  Les  gros  murs 
d'un  bâtiment,  ceux  qui,  formant  l'enceinte  de  ce 
bâtiment,  portent  les  combles,  les  voûtes,  etc.  par 
opposition  aux  murs  do  refend  et  de  cloison.  ||  Gros- 
ses réparations,  celles  des  gros  murs,  des  voûtes, 
des  couvertures,  etc.  par  opposition  à  menues  ré- 
parations, celles  qui  ne  sont  que  d'entretien.  ||  Gros 
bétail,  les  bœufs,  les  vaches,  etc.  par  ojjposition  aux 
brebis,  moutons,  etc.  ||  Grosse  viande,  voy.  viande. 
Il  La  grosse  faim,  la  faim  la  plus  pressante,  celle  qui 
ne  peut  s'apaiser  qu'avec  la  grosse  viande  ou  chose 
semblable.  11  se  mit  k  table,  et,  quand  la  grosse 
faim  fut  calmée....  Il  Gros  gibier,  les  cerfs,  daims, 
chevreuils,  etc.  par  opposition  aux  lièvres,  perdrix  , 
bécasses.  ||  Gros  fruits,  les  grains,  les  vins,  les 
foins,  etc.  ||  Gros  grains,  se  dit  du  froment,  du  mé- 
teil  et  du  seigle,  par  opposition  aux  grains  que  l'on 
sème  en  mars,  dits  menus  grains,  tels  que  l'orge, 
l'avoine,  le  mil,  la  vesce,  etc.  ||  Grosse  dîme,  voy. 
lÎME.  Il  Gros  décimateur,  celui  à  qui  appartenait  la 
grosse  dlme.  Un  moine  gros  décimateur  avait  in- 
tenté un  procès  à  des  citoyens  qu'il  appelait  ses 
paysans,  volt.  l'IL  aux  40  éciis,  audience  du  con- 
trôleur général.  \\  Gros  bagage,  le  bagage  d'une 
armée,  d'une  troupe  en  marche,  qui  ne  peut  être 
transporté  que  sur  des  voitures,  par  opposition  au 
menu  bagage  qui  peut  être  transporté  sur  des  bêtes 
de  somme.  Il  Grosse  cavalerie,  la  cavalerie  pesam- 
ment armée,  les  cuirassiers,  les  carabiniers,  etc. 
Il  Grosse  artillerie,  l'artillerie  composée  de  pièces 
(l'un  fort  calibre.  ||  Terme  de  serrurerie.  Gros  fers, 
ceux  qui  n'ont  été  travaillés  qu'à  la  forge  et  qui 
servent  à  la  solidité  des  bâtiments.  ||  Terme  d'hor- 
ticulture. Gros  musc,  voy.  musc.  ||  2°  Il  se  dit,  sans 
songer  à  la  grosseur  absolue,  pour  exprimer  la  gros- 
seur relative.  Les  souris  sont  moins  grosses  que  les 
rats.  Le  gros  bout  et  le  petit  bout.  Elle  [la  gre- 
nouille] ,  qui  n'était  pas  grosse  en  tout  comme  un 


GRO 

œuf.  Envieuse,  s'étend  et  «'enfle  et  se  travaill* 
Pour  égaler  l'animal  [le  bœuf)  en  gro».seur,  u 
FONT.  Fabl.  I,  3.  Comprenez-vous  bien  cette  éten- 
due, et  qu'un  million  de  terres  comme  la  nôtre  ne 
seraient  toutes  ensemble  pas  plus  grosses  que  te 
soleil?  la  bruy.  xvi.  |1  Familièrement.  Pas  plus  grcii 
que  rien,  très-petit.  Je  vais  vous  attendre  au  Car- 
navalet, où  il  me  semble  que  je  m'en  vais  voie 
rendre  mille  petits  services ,  pas  plus  gros  qui 
rien,  sÉv.  368.  ||  3°  De  grosses  lettres ,  de  gros  ca^ 
ractères,  des  lettres,  des  caractères  plus  forts  que 
les  caractères  ordinaires.  ||  Terme  d'imprimerie. 
Gros  canon,  caractère  en  usage  dans  les  afficbei 
(voy.  CANON  2).  Gros  œil,  voy.  œil.  ||  Ecrire  en 
gros,  se  dit  des  enfants  q.ue  l'on  exerce  d'abord 
à  former  de  grosses  lettres.  ||  Plume  taillée  en 
gros ,  pour  écrire  en  gros.  ||  4°  Grossi ,  endév 
Avoir  la  joue  gros.se.  Et  l'eau  grosse  et  rapide,  et', 
la  nuit  assez  noire  M'ont  dérobé  la  fin  de  sa  tri 
gique  histoire,  corn.  Cinna,  iv,  2.  L'Eurotas  étJ 
alors  fort  firos  et  fort  enflé  par  la  fonte  des  nciges,J 
ROLLiN,  Uist.  anc.  OEuv.  t.  v,  p.  39«.  ||  Avoir  le 
yeux  gros  de  larmes,  les  avoir  remplis  de  larmes.^_ 
Fi  donc!  une  femme  ne  sort  de  ce  spectacle  quo^, 
les  yeux  gros  de  larmes  et  le  cœur  de  soupirs,  poiN-' 
sinet,  Cercle,  se.  3.  ||  On  dit  aussi  :  De  grosses 
larmes  roulaient  sur  ses  joues.  ||  Fig.  Cœur,  soin 
gros  de  soupirs,  se  dit  d'une  personne  qui  a  besoin 
de  se  soulager  le  cœur  en  soupirant.  Le  sein  gros 
de  soupirs  et  tout  trempé  de  pleurs,  tristan.  II.  de 
Chrispe,  m,  4.  Le  cœur  gros  de  soupirs,  les  san- 
glots à  la  bouche,  corn.  Cinna,  iv,  2.  ||  On  dit  de 
même  :  le  cœur  gros  de  chagrin.  Et  je  m'en  sens 
le  cœur  tout  gros  de  fâcherie,  mol.  Éc.  des  mar.  ii, 
5.  Il  Absolument.  Avoir  le  cœur  gros,  avoir  un  ch.t^ 
grin  profond.  ||  5°  Adj.  f.  Enceinte.  Elle  est  giosso 
à  pleine  ceinture.  Le  corps  [de  Scarron  lui-même 
déformé  par  la  maladie)  à  la  vérité  en  est  fort  irré- 
gulier, comme  vous  l'avez  pu  voir,  et  même  on  me 
défend  aux  femmes  grosses,  scarron,  ttiuu.  (.  i, 
p.  (95,  dans  POUGENS.  La  crainte  de  blesser  sa 
femme  grosse  de  cinq  mois,  sÉv.  20.  Cette  pauvre 
madame  de  Béthune  est  encore  grosse  du  troisième, 
II).  49.  L'historien  du  Mogol  rapporte  qu'Alanku, 
étant  fille,  lut  gro.sse  d'un  rayon  céleste,' volt. 
Mœurs,  intrnd.  premier  homme.  ||  On  dit  qu'une 
femme  est  grosse  de  tel  homme,  quand  cet  homme 
est  le  père  de  l'enfant  qu'elle  porte  dans  le  sein, 
il  On  l'a  dit  figurément,  et  alors  il  a  pu  prendre  le 
masculin.  Le  serpent  qui  est  concentré  dans  le  mal 
et  qui  est  gros  de  la  mort,  diderot,  Opin.  des  anc. 
phil.  Zend-Avesla.  \\  Fig.  Une  nuée  grosse  d'oragn, 
une  nuée  qui  porte  l'orage.  Cette  nuée,  grosse  de 
foudre  et  d'éclairs,  vint  fondre  sur  la  Picardie, 
qu'elle  trouva  à  découvert,  voit.  Lett.  74.  i|  Fig. 
Gros  de,  grosse  de,  qui  entraîne,  qui  porte  comme 
conséquence.  L'avenir  est  gros  de  malheurs.  Le 
présent  est  gros  de  l'avenir,  diderot,  Opin.  des  anc. 
philos.  (Leibnitsianisme).  Cette  année  (762  me  pa- 
raît grosse  de  grands  événements  politiques  et  civils, 
d'alemb.  Lett.  d  Voltaire,  3i  mars  476)!.  ||  F.nviesde 
femme  grosse,  appétits  déréglés,  et,  au  figuré,  goùlâ 
extravagants.  ||  Qui  a  envie  de,  désireux.  La  prin- 
cesse d'Orléans  et  moi,  étions,  comme  on  dit,  gros 
de  nous  voir,  st-sim.  292,  22h.  ||  Être  gros  de,  pour 
avoir  envie  de,  a  été  tout  à  fait  à  la  mode  à  Paris 
dans  le  xvii*  siècle  et  au  commencement  du  xviu* 
siècle.  Cette  locution  passablement  ridicule,  qui 
provenait  du  xvi*  siècle,  est  tombée  en  désuétude. 
Il  6"  Terme  de  marine.  Soulevé  en  vagues  fortes. 
La  mer  est  grosse.  Une  grosse  mer  qui  régnait  au 
large,  malgré  le  calme  dos  vents,  bern.  de  st-p. 
Paul  et  Tirg.  p.  4  74.  ||  Gros  temps,  temps  où  la 
vent  souffle  avec  force  et  soulève  beaucoup  la  mer. 
Plus  un  navire  est  petit,  plus  il  est  en  danger  dans 
les  gros  temps,  mostesq.  Esp.  xxi,  6.  ||  7°  Qui  sur- 
passe en  étendue,  en  volume,  en  valeur,  en  impor- 
tance, la  plupart  des  choses  de  même  genre.  Une 
grosse  rivière.  Polybe,  en  parlant  de  l'un  de  ces 
princes,  marque  en  termes  formels  qu'il  payait  de 
grosses  pensions  à  divers  tyrans  de  la  Grèce,  qui 
étaient  les  ennemis  déclarés  de  la  liberté,  bollin, 
Uist.  anc.  Œuv.  t.  vu,  p.  666.  Il  [Aristomène]  levî 
les  meilleures  troupes  qu'il  put  trouver;  il  envoya 
Scopas  en  Êtolie  avec  de  grosses  sommes  d'argent, 
pour  y  lever  autant  de  troupes  qu'il  pourrait,  m. 
ib.  t.  VIII,  p.  237.  Pindare  ayant  loué  dans  un  de 
SCS  ouvrages  la  ville  d'Athènes,  les  Thébains  le 
condamnèrent  à  une  grosse  amende,  m.  ib.  t  n, 
p.  140.  J'ai  commencé  à  établir  entre  Pétersbourg 
et  ma  colonie  un  a.ssez  gros  commerce,  volt.  Lett. 
Richelieu,  46  déc.  4771.  L'abbé  de  Condillac  reve- 
nait en  France  avec   une   pension    de   dix   mille 


CRO 

livres  ot  l'assurance  d'uno  grosse  abbayo,   volt. 
'./(.  Damilarille,  )l  déc.  )704.  On  composerait  un 
:  )s  livre  de  tout  le  bien  qu'on   peut  faire;  mais 
!i   prince  philosophe   n'a  pas    besoin   d'un    gros 
.,re,   in.  Pol.  et  lég.  La   Voix  du  peuple;.   Cette 
jiération,  qui   triplerait  les  productions,  exige  de 
gros  capitau.x  et  beaucoup  d'esclaves,  baynal,  llist. 
]ihil.  xiii,  39.  11  circulait  un  as.sez  gros  numéraire 
la  lîarbade,  id.  ib.  ix,  9.  ||  Jouer  gros  jeu,  jouer 
■uucoup  d'argent.   Et   d'ailleurs    il   n'est    pas   si 
1  icile   qu'on   pense   D'être    fort   honnête    homme 
pt   de  jouer   gros  jeu,   DESiiouLiÈnES,  t.  i,  p.  (0(i. 
Fig.  Jouer  gros  jeu,  s'engager  dans  une  affaire 
isardeuse.  ||  Un  gros  joueur,  un  homme  qui  joue 
los   jeu.   Il  était   gros   joueur,    raisonnablement 
iiistrait,  hamilt.   Gramm.   9.  ||  Qui  est  supérieur 
rn    nombre.    Un  gros  escadron   de  Parthes  pleins 
i\c.  joie,  CORN,  llodog.  i,  6.  Les  Parthes  à   la  foule 
;iiix  Syriens  mêlés....  Font  leur  suite  assez  grosse.... 
.  ib.  V,  2.  11  y  avait  beaucoup  de  ducliesses,  la 
iir    fort   grosse ,   SÉV.   Lett.    1 7  janv.   1 089.   La 
ir  était  toujours  grosse  chez  la  reine,  hamii.t. 
nmm.   e.    Il   envoya  sur-le-champ  un  gros  dé- 
liement  de  son  armée  contre  Jéi-usalem,  rol- 
>,   Traité  des  Et.  v,  ch.  ii,   2*  part.   art.   2».  11 
ait  amassé  dans  ses  arsenaux  des  arme»  pour 
vquiper  trois  armées  aussi  gro.sses  que  celle  qu'il 
avait  actuellement,   m.   Hist.   ane.    Œuv.    t.    ix, 
13,  dans  pouGENS.  Et  s'étant  fait  accompagner 
me    grosse    escorte,   vertot,   Révol.   rom.  vu, 
208.  Il  Les  gros  bataillons,  les  armées  les  plus 
lissantes.  Un   prince   veut  faire  la   guerre,    et, 
lyant  que  Dieu  est  toujours  pour  les  gros  batail- 
;is....  VOLT.  Singul.  natur.  31.118"  Se  dit  quel- 
icfois  pour  renforcer  la  signification  du  substan- 
l.f  auquel  il  est  joint.  Il  y  a  jusque-là  une  gro.sse 
lieue.   Croyant  se  mettre  à  table,    il  vint  (j'en  ai 
bien   ri)   Une   grosse   heure   après  qu'on  en  était 
sorti,  BoissY,  Babillard,  se.  2.  ||  9°  Fig.  Qui  a  de  la 
gravité;  qui  a  des  suites,  des  conséquences.  Ce  n'est 
pas  une  gro.sse  affaire.  Je  suis  bien  trompée,  ou 
c'est  un  péché  qu'il  fait  contre  les  idées  de  l'a- 
mour, des  plus  gros  qu'il  se  fasse,  siiv.  Lelt.  29  nov. 
1679.  Il  Une  grosse  fièvre,  fièvre  violente.  Un  gros 
rhume.  La  pauvre  Mme  de  Coulanges  a  une  grosse 
fièvre  avec  des  redoublements,  sév.  3)3.  ||  Familiè- 
rement. Grosse  querelle,  querelle  violente  ou  sur 
une  chose  importante.  Il  s'est  fait  une  grosse  que- 
relle avec  un  de  ses  voisins.  ||  Une  grosse  colère, 
îine  colère  violente.   J'ai  été  tenté  de  me  mettre 
dans  une  grosse  colère  à  l'occasion  de  ce  qui  s'est 
pas.sé  à  l'Académie  française,  volt.  Lett.  Condorcct, 
1 1  mai  1772.  Il  10°  En  parlant  des  personnes,  riche, 
opulent.   Une  grosse  héritière.  Je  me  trouvai  au 
palais  avec  bon  nombre   de   noblesse  et  de  gros 
bourgeois,  betz,  iii,  339.  A  placer  sans  raison,  le 
mot  de  gros  partout,   Et  cent  autres  encor  qu'on 
soutient  de    bon   goût ,    hauteroche.    Bourg,    de 
qua^   I.  5.  Ceux  du  loup  [ses  parents],  gros  mes- 
sieurs, l.^t  fait  apprendre  à  lire,  la  font.  Fahl. 
XII,  (7.  Oui  parmi  ses  parents  Pouvait  compter  les 

plus  gros  de  la  ville,  id.  Cal Et  l'on  sait  qu'une 

fille.  Pour  enrichir  un  frère,  en  faire  un  gros  sei- 
gneur. Doit  renoncer  au  monde....  regnard,  Dis- 
'rait,  IV,  2.  Sais-tu  bien  qu'en  temps  de  peste  cette 
fille-là  pourrait  devenir  un  très-gros  parti?  ID.  le 
Retour  imprévu,  se.  2.  Pour  qu'elles  aient  la  rage 
au  cœur  de  voir  Colette  devenir  grosse  madame, 
DANCOURT,  Mari  retrouv.  se.  2.  Un  gros  négociant 
qui  laissa  de  grandes  richesses  à  ses  enfants,  le- 
SAGE,  Diable  boit.  <2.  Ce  gros  marchand,  à  qui 
vous  avez  fait  un  billet  de  neuf  cents  francs  pour 
trente  pistoles  d'étoffe  qu'il  vous  a  fournie,  aurait- 
il  obtenu  sentence  contre  vous?  id.  Crisp.  riv.  de 
ion  maître,  se.  <.  Qu'il  me  laisse  mon  pauvre  Arle- 
quin, qui  n'est  pas  plus  gros  monsieur  que  je  suis 
grosse  dame,  Marivaux,  Doubl.  inconst.  i,  t. 
Grand  financier  signifie  un  homme  très-intelligent 
dans  les  finances  de  l'État  ;  gros  financier  ne  veut 
dire  qu'un  homme  enrichi  dans  la  finance,  volt. 
Dict.  phil.  Grand.  Elle  prenait  le  train  de  de- 
venir bientôt  une  grosse  fermière,  J.  i.  Rouss. 
Confess.  vi.  ||  Fig.  et  familièrement.  Un  gros 
bonnet,  un  personnage  important.  ||  C'est  un  des 
gros  colliers  de  l'ordre,  il  a  une  grande  autorité 
dans  sa  compagnie.  ||  Dans  quelques  provinces, 
substantivement.  Les  gros,  les  notables,  les  riches. 
Il  One  grosse,  maison ,  une  famille  considérable 
par  sa  fortune  et  son  importance.  Vergy  est  une 
grosse  et  ancienne  maison  de  Bourgogne,  et  de 
telle  prééminence,  qu'elle  fut  alliée  à  la  maison 
rie  Bourgogne,  paradin.  Annales  de  Bourgogne, 
t.  Il,  p.  22S.  Il  Une  grosse  maison,  se  dit  d'une  mai- 


GRO 

son  oil  il  y   a  Igaucoup  de  domestiques,  où   il  so 
fait  beaucoup  de  ilépenses.  C'est  bien  à  elle  d'avoir 
seule  une  grosse  maison,  des  habits  magnifiques, 
regnard,   le  Retour  imprévu,  se.  1.   ||  Une  grosse 
maison,  se   dit  encore,  dans  le   commerce,  d'une 
maison  qui  fait  beaucoup  d'affaires.  ||  Une   grosse 
fortune ,  de   grandes  richesses.    11  ne  tenait  qu'à 
vous  Dans  votre  état,  avec  une    grosse  fortune, 
De  trouver  une  femme,  et  dix  mille  pour  une,  col- 
lin  d'harleville.   Vieux  célib.  u,  2,  ||  Gros  air,  air 
d'importance.  ||  Familièrement.  Faire   une  grosso 
figure,  être  dans  un  rang  élevé.  ||  Une  grosse  table, 
une  table  bien  servie  où  l'on  a  beaucoup  de  monde. 
En  perdant  au  jeu  et  en  tenant  une  grosse  table, 
HAMILT.  Gramm.  e.  ||  Faire  du  gros  d'or,  s'est  dit 
pour  :  faire  l'important.  11  est  vrai  qu'il  [FuretièreJ 
fait  du  gros  d'or,  et  qu'il  s'est  donné  un  air  de  di- 
gnité avec  une  canne  que  les  méchants  plaisants 
disent  être  l'instrument  de  son  supplice  ;  et  auprès 
de  lui  les  du  Cange,  les  Alénage  et  tant  d'autres  ne 
sont  que  des  écoliers,  charpentier,  dans  furetièbe, 
factnms,  t.  ii,  p.  2S3.  ||  11"  Epais,  grossier,  opposé  à 
fin,  délicat.  Gros  fil.  Grosse  toile.  Gros  drap.  ||  Gros 
vin,  vin  couvert  et  épais.  ||  Moudre  en  grosse,  voy. 
MOUDRE.  Il  Les  gros  ouvrages,  dans  une  maison,  ce 
qu'il  y  a  de  plus  pénible  dans  le  service,  laver  les 
appartements,  écurer   les  casseroles,    nettoyer   les 
souliers,  etc.  Elle  aura  sous  elle  une  servante  qui 
fera  par  son  ordre  les  gros  ouvrages  de  la  maison, 
Boss.   Règlem.  pour  les   fill.   Propag.    de  la  foi, 
VI,   <l.||  Fig.  Des  choses  grosses,  des  choses  qui 
sont   palpables,   grossières,    que   l'esprit   n'a  au- 
cune peine  à  saisir.  En  l'un  [l'esprit  de  géométrie], 
les  principes  sont  palpables,  mais  éloignés  de  l'u- 
sage commun,  de  sorte  qu'on  a  peine  de  tourner 
la  tète  de    ce   coté-là,   manque  d'habitude  ;  mais, 
pour  peu  qu'on  s'y  tourne,   on  voit  les  principes  à 
plein;  et  il  faudrait  avoir  l'esprit  faux  pour  mal  rai- 
sonner sur  des   principes  si  gros   qu'il  est  presque 
impossible  qu'ils  échappent,  pasc.  Pensées,  art  vu, 
I,  édit.  LAHURE,  1860.  ||  Fig.  et  familièrement.  N'a- 
voir qu'un  gros  bon  sens,  avoir  le  sens  bon  et  droit, 
mais  peu  délicat.  Le  pays  de  Lalleu  n'a  que  de  gros 
laboureurs,  mais  gens  de  bon  sons  et  de  bon  gros 
raisonnement,  st-sim.  473,  92.  Rien  ne  paraît  plus 
éloigné  de  l'aimable  caractère  du  chien  que  le  gros 
instinct  brut  du  cochon,   bufp.   Quadrtip.   t.  viii, 
p.  66.  Il  C'est  un  gros  fin,   se  dit,  par  contre-vérité, 
de  celui  qui  n'est  guère  fin.  ||  Un  gros  lourdaud,  un 
gros  animal,  une  grosse  bête,  un  gros  butor,  c'est-à- 
dire  un  homme  stupide,  maladroit,  grossier.  Les  plus 
habiles  courtisans  peuvent  être  de  fort  grosses  dupes, 
RETZ,  IV,  90.  Il  i  la  grosse,  grossièrement.  C'est  un 
ouvrage  fait  à  la  grosse,  jj  12"  Grosse  voix,  voix  grave 
et  forte.  ||  Faire  la  grosse  voix,  contrefaire  sa  voix  en 
lui  donnant  un  ton  grave.  ||  Terme  de  chasse.  Gros 
ton,  le  ton  bas  de  la  trompe.  ||  Terme  de  vétérinaire. 
Gros  d'haleine,  se  dit  d'un  cheval  qui  devient  faci- 
lement essoufflé  par  l'exercice;  locution  qui  vient 
de  ce  que  le  cheval  a  l'haleine  grosse,  c'est-à-dire 
bruyante.  ||  Bruyant,   éclatant.   Gros  rire.  Grosse 
gaieté.  ||  Fig.  et  familièrement.  Gros  mot,  parole  of- 
fensante ou  de  querelle.  Ce  que  je  sais,  c'est  qu'aux 
grosses  paroles  On  en  vient  sur  un  rien,   plus  des 
trois  quarts  du  temps,  la  font.  Fabl.  xii,  8.  De  part 
et  d'autre  [MM.  de  Rohan  et  de  Chaulnes]  les  gros- 
ses paroles  commencèrent  à  échapper  entre  les  dents, 
ST-siM.  26,  47.  Il  De  gros  mots,  des  jurements.  ||  Fa- 
milièrement. Gros  juron,  jurement  grossier.  Lâcher 
de  gros  jurons.  ||  De  gros  mots,  des  paroles  un  peu 
libres,  qui  sentent  la  gaudriole.  Passez  les  mots  aux 
rieurs  ;   Les  plus  gros  sont   les  meilleurs  Pour  la 
gaudriole,  eéranp.  la  Gaudriole.  ||  Fig.  et  familiè- 
rement. Grosses  vérités,    vérités  dures,  reprochi-s 
graves.  ||  Dire  les  gros  mots,  signifie  aussi  parler 
sans  révérence,  et,  par  une  antiphrase  délicate, 
faire  un  compliment  sous    l'apparence  contraire. 
Eh  bien!  madame,  puisqu'il  faut  dire  les  gros  mots, 
que  ferez-vous  avec  votre  esprit  et  vos  grâces,  si 
Votre  Altesse  n'a  pas  une  demi-douzaine  de  gens 
de  mérite  pour  sentir  le  vôtre?  volt.  Lett.  margr. 
de  Baireuth,   dans  Revue  française,  février  )80C, 
p.  202.  Il  13"  Mettre  à  la  grosse  aventure,  ou,  sim- 
plement, à  la  grosse,   voy.   aventure.  |i  On  dit  de 
même  :  contrat  à  la  grosse,  prêter  à  la  grosse,  prêt 
à  la  grosse.  Les  contrats  à  gros.se  aventure,  autre- 
ment dits  contrats  à  la  grosse  ou  à  retour  de  voyage, 
pourront  être  par-devant  notaires,  ou  sous  signa- 
ture  privée....    l'argent    à  la   grosse   pourra  être 
donné  sur  le  corps  et  quille   du   vaisseau,  etc.  Or- 
donn.  août  I68l.||  14°  Gros  vert,  gros  bleu,  vert 
foncé,  bleu  foncé.  ||  15°  Terme  de  papeterie.   Gros 
bon,   pâte   commune  faite  de  vieux  chiffons,  qui 


GRO 


19/.3 


s'empl.lie   i  faire  le    papier  dit   aussi   gros   lion. 

I  16°Du  gros  Guillaume,  mot  parisien  qui  se  disait 
pour  du  gros  pain  do  ménage.  |{  17°  S.  m.  La  partie 
la  plus  grosse.  Le  gros  de  l'arbre,  le  tronc,  '|  Fig. 
Qu'heureux  est  ce  moment  où  sa  bonté  [dé  Dieu] 
déploie  Sur  un  gros  d'amertume  un  peu  de  ses 
douceurs!  corn.  Imit.  11,  8.  ||  Kig.  Se  tenir  au  gros 
de  l'arbre,  s'attacher  à  l'autorité,  suivre  le  parti 
le  plus  fort,  ne  pas  s'écarter  de  ce  qui  est  établi. 

II  Terme  de  charpente.  Se  dit  d'une  pièce  de  bois 
dont  deux  dimensions  sont  égales.  Poutre  de  quinze 
pouces  de  gros,  poutre  dont  chaque  face  est  do 
quinze  pouces.  ||  Terme  de  jardinier.  Couper  au 
gros,  pousser  le  retranchement  d'un  rameau  jusqu'à 
la  grosse  branche.  ||  18°  Terme  do  marine.  Le  gros 
de  l'eau,  la  pleine  mer  au  temps  des  syzygies  do  la 
lune.  Il  19°  La  partie  la  plus  forte  en  nombre. 
On  voit  naître  de  là  mille  sourdes  pratiques  Dans 
le  gros  de  son  peuple  et  dans  ses  domestiques, 
corn.  Nicom.  11,  (.  Un  des  cavaliers  se  détacha  du 
gros  au  galop,  et  prit  les  devants,  .scarr.  Rom. 
com.  i,  )4.  Judas  en  fut  averti,  et  il  marcha  aussi- 
ti'itavec  les  plus  vaillants  de  ses  troupes,  pour  aller 
attaquer  le  gros  de  l'armée  du  roi  qui  était  à  Em- 
maUs,  SACi,  Bible,  Uachab.  i,  iv,  3.  Le  cardinal  de 
Lorraine  pressait  l'ouverture  du  colloque,  bien  que 
le  gros  des  prélats,  et  surtout  le  cardinal  de  Tour- 
non,  archevêque  de  Lyon,  qui  les  présidait  comme 
le  plus  ancien  cardinal,  y  eussent  une  extrême  ré- 
pugnance, BOss.  Yar.  ix,  §  02.  Les  éléphants  et  les 
chevaux  marchaient  à  la  tête;  il  suivait  avec  le  gros 
de  son  infanterie,  rollin,  Hist.  anc.  Œiuv.  t.  i, 
p.  396.  Il  y  a  des  gens  d'un  très'-grand  mérite  chez 
les  Velches,  mais  le  gros  de  la  nation  est  ridicule 
et  détestable,  VOLT.  Lett.  Mme  du  Duffant,  5déc.  (770. 
Il  y  a  deux  heures  que  j'en  suis  séparé  ;  il  n'était 
point  avec  le  gros  de  lâchasse  quand  je  l'ai  perdu, 
COLI.È,  Part,  de  chasse  de  Henri  IV,  11,  7.  ||  Le  gros 
du  monde,  la  plus  grande  partie  du  monde.  Le  gros 
du  monde  se  comporte  ainsi.  La  nouvelle  comtesse 
de  Mailly,  noble,  magnifique,  mais  glorieuse  à  l'ex- 
cès, désagréable  avec  le  gros  du  monde,  st-sim.  3, 
66.  L'envie  de  voir  de  près  quelques-uns  des  mys- 
tères newtoniens  cachés  jusqu'ici  au  gros  du  monde, 
volt.  Lett.  Pitot,  <7  mai  1737.  |{  Un  gros,  un  grand 
nombre  de,  une  grande  troupe  de.  In  gros  de  cour- 
tisans en  foule  l'accompagne,  cobn.  Poly.  1,  4. 
Suivi  d'un  gros  armé  d'amis  et  de  valets,  m. 
Théod.  V,  8.  Un  chétif  centenior  des  troupes  de 
Mysie  Ou*un  gros  de  mutinés  élut  par  fantaisie,  id. 
Héracl.  1,  2.  Qu'il  est  aisé  de  rompre  ce  gros  de 
désespérés,  fléchier,  Théodose,  iv,  66.  Et  l'on  dit 
que,  suivi  d'un  gros  d'amis  fidèles.  On  l'a  vu  se 
mêler  au  milieu  des  rebelles,  rac.  Mithr.  iv,  6.  Go- 
bert  aurait  eu  bon  marché  de  cette  poignée  de 
gens  trop  éloignés  de  leurs  gros,  st-sim.  29,  se. 
Il  20°  Ce  qu'il  y  a  de  principal  et  de  plus  considé- 
rable. M.  de  Vaugelas  donna  les  siens  [papiers], 
qui  étaient  fort  courts,  et  ne  touchaient  que  le 
gros  de  ce  dessein  [le  plan  du  dictionnaire],  au- 
quel il  offrait  do  nouveau  de  contribuer,  pellis- 
SON,  llist.  Acad.  111.  Il  tombe  ensuite  en  des  pa- 
renthèses qui  peuvent  passer  pour  épisodes,  mais 
qui  font  oublier  le  gros  de  l'histoire,  et  à  lui  qui 
vous  parle,  et  à  vous  qui  le  supportez,  la  bruy.  v. 
Ceux-ci  faisaient  bientôt  passer  le  gros  de  leurs 
discours  au  reste  de  l'armée,  roixin,  llist.  anc. 
Œuv.  t.  XI,  2°  part.  p.  448.  ||  21°  Le  gros  de  l'hiver, 
le  gros  de  l'été,  temps  de  ces  deux  saisons  où  le 
froid,  la  chaleur  a  le  plus  d'intensité.  ||  22°  Le  gros 
se  dit  du  commerce  dans  lequel  on  ne  vend  ([ue  par 
notables  parties,  par  opposition  au  commerce  de  dé- 
tail. Marchand  en  gros.  Tenir  le  gros.  ||  Demi-gros, 
commerce  où  l'on  vend  à  la  fois  en  gros  et  en  dé- 
tail. Cet  épicier  fait  le  demi-gros.  ||  23°  Terme  de  liou- 
clierie.  Gros  de  langue,  nom  d'une  région  du  bœuf, 
maniement  impair,  simple,  commun  aux  deux 
sexes,  qui,  latéralement,  répond  au  bord  inférieur 
de    la  terminaison  du   muscle   sterno-maxillaire. 

Il  Terme  de  vénerie.  Gros  des  nombles,  morce.au  de 
la  cuisse  du  cerf.  On  dit  par  corruption  gros  dé- 
nome ou  gros  d'énome.  ||24°  Le  gros,  se  dit,  dans 
le  département  du  Nord,  de  la  houille  en  grosmor 
ceaux.  Il  25°  Terme  de  relieur.  Cahier  de  seize  pa- 
ges, dans  la  feuille  in-douze.  ||  26°  Le  gros,  le 
revenu  fixe  d'une  cure,  par  opposition  au  casuel. 
Il  Le  revenu  principal  qu'un  chanoine  tire  rie  sa 
prébende,  par  opposition  à  distribution  manuelle 
Il  27°  Droit  que  l'on  payait  aux  fermiers  ries  aides 
pour  chaque  muirt  de  vin  que  l'on  vendait  en  gros. 
Il  28°  Gros  de  Naples,  gros  de  Tours,  étoffes  de  soie 
qu'on  fabrique  à  Naples,  à  Tours,  ainsi  appelées 
parce  qu'elles  sont  à  gros  grains.  ||  Gros  de  Verdun, 


1944 


ono 


nom  d'une  s-rta  do  dragée.  ||  Gros  d'autruche,  ou 
ploc  d'autruche,  le  plus  gros  du  duvet  de  cet  ani- 
mal, qu'on  sépare  du  fin,  pour  l'employer  aux  li- 
sières dos  draps  fins  de  laine  destines  àla  teinture 
on  noir.  ||  29"  Terme  d'ancienne  métrologie.  Lacont- 
vingt-huiticmo  partie  de  la  livre,  ou  la  huitième 
partie  d'une  once.  Un  r.ros  d'argent,  de  soie.  ||  An- 
ciennement, en  Flandres,  livre  de  gros,  monnaie 
de  compte  entre  les  marchands,  qui  valait  six  livres, 
comme  le  sol  de  gros  Valait  six  sols.  ||  30"  Gros,  adr. 
D'une  manière  grosse.  ||  Écrire  gros,  écrire  en  ca- 
nictères  plus  gros  que  d'habitude.  Mon  cher  ange, 
je  suis  presque  aveugle,  j'écris  de  ma  main  et  le  plus 
gros  que  je  peux,  volt.  Lett.  d'Argental,  24  no- 
vemb.  1770.  Il  31"  Beaucoup.  J'ai  vu  dans  le  palais 
une  robe  mal  mise  Gagner  gros....  la  font.  Fabl.  vu, 
(d.M.  de  Duras  n'a  prêté  serment  [de  maréchal] 
que  parce  que  les  gens  du  roi,  qui  en  touchent  gros, 
^aviseront  qu'il  n'avait  prêté  ni  celui  de  maréchal 
lie  I''rancc,  ni  celui  de  gouverneur  de  la  Franche- 
Comté,  ST-siH.  5,  G8.  A  la  fin,  età  force  de  donner 
pros,  le  marché  [entre  Monsieur  et  le  cardinal  de 
Bouillon  pour  le  Dauphiné  d'Auvergne]  fut  conclu, 
m.  24,  28.  Mais  il  est  clair  qu'on  me  donne  en 
échange  De  l'amitié  pour  de  l'amour,  C'est  perdre 
^Tos....  mBERT,  Jaloux  sans  amour,  i,  6.  ||  Cela  coûte 
gros,  cola  coûte  beaucoup  (locution  née  pendant  la 
révolution,  dit  Mme  de  Genlis,  Mém.  t.  v,  p.  91). 
Il  Au  jeu,  coucher  gros,  jouer  gros  jeu.  ||  Fig. 
Risquer  beaucoup.  I!  veut  tout  ou  rien,  c'est  cou- 
cher gros.  Il  II  signifie  aussi  avancer  quelque  chose 
d'extraordinaire.  II  dit  bien  des  gasconnades,  il 
couche  gros.  |{  Fig.  Il  y  a  gros  à  parier  que,  il  y 
a  de  fortes  raisons  de  croire  que.  ||  32'  En  gros,  loc. 
adv.  Par  grande  (|uantité.  Vendre  en  gros.  Mar- 
chand en  gros,  en  demi-gros.  ||  Considéré  ensemble. 
Quand  je  regarde  en. gros  la  longue  alisence  où  il 
me  paraît  que  nous  sommes  condamnés,  j'avoue 
que  j'en  frémis,  sév.  604.  En  gros  j'ai  fait  de  vous 
un  portrait  fort  avantageux,  fén.  Dial.  des  morts 
Jiiod.  dial.  6.  Les  hommes  fripons  en  détail  .sont  en 
gros  de  trùs-honnêtes  gens,  montesq.  Esp.  xxv,  2. 
Il  D'une  manière  sommaire.  Voilà  l'histoire  en 
gros,  MOL.  l'Él.  IV,  I.  Les  autres  péchés  dont  on 
s'accuse  en  gros,  tasc.  Prov.  io.  N'entrez  point 
dans  ce  détail;  mais  dites  en  gros  que  qui  fait 
plaisir  au  frère,  en  fait  à  la  sœur,  sév.  603.  Elle 
savait  en  gros  les  malheurs  de  mon  fils,  id.  464. 
Je  vous  ai  rapporté  en  gros  quelque  chose  do  ces 
prophéties,  boss.  Jlist.  ii,  B.  ||  33°  Tout  en  gros, 
loc.  adv.  Seulement,  pas  davantage.  Il  y  avait  vingt 
personnes  tout  en  gros.  ||  34°  De  gros  en  gros, 
d'une  façon  générale.  Nous  ne  jugeons  ordinaire- 
ment des  êtres  que  par  des  comparaisons  assez 
grossières  ;  nous  les  comparons  de  gros  en  gros 
dans  leur  forme  et  dans  leur  structure,  et,  si  cet 
examen  superficiel  ne  nous  offre  aucun  trait  de  si- 
militude, nous  ne  nous  avisons  guère  d'en  soup- 
çonner, BONNET,  Paling.  philos,  iv,  2.  ||  Proverbes. 
Grosse  tête,  peu  de  sens,  c'est-à-dire  la  grosseur  de 
h  tête  n'indique  pas  la  capacité  do  l'esprit.  ||  Les 
gros  poissons  mangent  les  petits,  c'est-à-dire  les  fai- 
llies souffrent  de  l'injustice  des  puissants. 

—  HEM.  L'habitude  do  dire  un  gros  seigneur,  de 
gros  messieurs,  avait  fait  substituer  généralement 
rjros  kf/rand,  et  l'on  di.sait  un  gros  général  pour 
un  grand  général;  cela  ne  se  dit  plus.  On  dit  ce- 
P"ndant  encore  :  gros  major. 

—  HIST.  XI'  s.  Fendus  en  est  mis  olifans  [mon 
cor]  el  gros  [dans  la  partie  grosse),  Cli.  de  Roi. 
CLXVU.  La  hanste  en  fu  grosse  come  uns  tinci,  ih. 
ccxxvu.  Il  XII'  s.  Par  mi  le  gros  du  pis  [il]  lui  fait 
l'cspié  glacier  [glisser],  Sax.  xi.  Si  m'ait  Diex,  ma 
douce  suer;  A  tort  avez  si  gros  le  cuer,  gautikh 
d'arras,  Ille  et  Galcron.  Car  mult  out  [il  eut]  felun 
qiier  [cœur]  e  gros  e  surqiiidié  [outrecuidant],  E  li 
diables  out  [eut]  dedcnz  lui  pris  sun  sié,  T7i.  le 
mart.  I3i.  Je  sui  grosse  de  vif  enfant;  Nel  puis  or 
mais  celer  avant,  Grégoire  le  Grand,  p.  (2.  ||  xm'  s. 
Nostre  Sires,  au  commencement,  fist  une  grosse 
matière  sans  forme  et  .sans  figure,  brun,  latini, 
Trésor,  p.  <04.  Gros  arbres  est  sovent  crolcz  par 
petit  vent,  et  les  hautes  tours  chicent  [tombent] 
plus  pesamment,  id.  ib.  p.  44s.  Je  dont  [crains] 
qu'à  ce  viegne  [vienne].  Que  France  s'en  plaigne. 
Et  chascuns,  gros  et  menu,  Et  li  jeune  et  li  chenu, 
HUES  DF.  LA  FERTÊ,  Romonc.  p.  190.  Et  s'il  vendoit 
vin  en  gros,  tailliar.  Recueil,  p.  )09.  Ne  ele  ne 
pooit  pas  estre  grosse  del  duc,  que  il  avoit  grant 
pièce  esté  devant  sa  mort  que  ele  ne  l'avoit  vetl, 
Uerlin,  p.  60,  verso.  Où  mainte  grosse  peine  [elle] 
endura  et  soufri,  Berle,  i.  Et  li  vins  de  gros  noirs 
ou  de  goet  [doit  estre  prisiés]   cascuns  muis  six 


GRO 

sous  de  rente,  bkaum.  xxvir,  25.  S'il  vient  à  cort, 
chacuns  l'en  chace  Par  groz  moz  ou  par  vitupères, 
RiiTEB.  22.  Si  oel  [ses  yeux]  sont  gros  pour  le  plo- 
rer,  FI.  et  lil.  2855.  Si  vous  pri,  fist-il,  que  vous  y 
pensez;  et,  pource  que  la  bcsoingne  est  grosse,  je 
vous  donne  respit  de  me  rcspondre,  joinv.  254. 
Il  xiV  s.  [Les  deux  armées  criant  que  Henry  roi 
d'Angleterre  et  Louis  VII  en  vinssent  aux  mains, 
et  celui-ci  le  voulant  bien  :]  à  ce  rospondit  le  roi 
Henry  :  Je  ne  prens  mie  si  en  gros  [je  ne  m'affecte 
pas  tellement],  que  je  perde  pour  telles  paroles  mon 
chasteau,  Chron.  de  St  Denis,  t.  i,  1*  237,  dans  la- 
CURNE.  Et  Bertran  et  sa  gent  à  Saumur  s'en  alerent, 
Grosse  ville  françoise,  et  là  se  reposèrent,  Guescl. 
18582.  Le  gros  du  cuer  et  sa  rachine  est  en  haut, 
II.  DE  MORDEviLLF,,  f°  23,  verso.  ||  XV'  S.  Les  menus 
mostiors  de  la  ville,  voulsissent  ou  non  les  gros, 
se  partirent  du  marché,  fboiss.  n,  ii,  57.  Depuis  la 
grosse  bataille  de  Poitiers,  id.  Prologue.  Le  roy 
l'obertd'Escosse,  qui  moult  preux  avoit  esté,  estoit 
dcmouré  vieil  et  foible  et  si  chargé  de  la  grosse 
maladie  [lèpre],  ce  disoit-on,  que  mourir  luy  con- 
venoit,  id.  liv.  i,  p.  24,  dans  lacukne.  Et  quant  i! 
fut  parvenu  par  devant  le  Soudan,  qui  estoit  assis 
pompeusement  en  une  haute  galerie,  le  fit  estre 
une  grosse  heure  en  bas  ou  environ  en  sa  pré- 
sence, MONSTREL.  H,  37.  Quant  l'esprcvier  vole  bien 
pour  l'aloe  [l'alouette],  Il  souffist  bien,  sans  voler 
pour  le  gros,  eust.  descii.  Poésies  mss.  f°  220.  Nul 
no  pourroit  dire  comment  son  cœur  fut  gros  et  en- 
flé contre  les  Vénitiens,  Bouciq.  11,  9.  Brief,  je  .suis 
gros  de  oeste  pièce  [c'est-à-dire  j'en  ai  envie],  Il 
m'en  convient  avoir....  Patelin.  Pieulz  du  gros  du 
lir.as  et  le  haut  d'un  homme,  llist.  de  I.oys  m  de 
Ilourbon,  p.  93,  dans  lacurne.  Il  ne  fault  doubler 
que  nul  jour  sans  perte  et  gaigne  ne  se  passe  tant 
li'ung  costé  que  d'autre ,  mais  de  grosses  il  n'y 
avoit  riens,  comm.  i,  9.  Son  armée  estoit  très 
grosso,  ID.  II,  2.  Les  ungs  les  rccueilloient  [accueil- 
laient] avec  grosses  paroUcs  et  grosses  menasses,  m. 
u,  3.  Après  la  grosse  pluie  que  la  compagnie  eut 
plus  d'une  grosse  heure  et  demie  sur  le  dos,  on 
arriva  à  l'hostel,  louis  xi,  Nouv.  lxxxi.  ||  xvi"  s. 
Craindre  on  tout  heurt  est  indice  de  gi<oz  et  lasche 
cueiir,  RAB.  Pant.  iv,  22.  Le  tainct  est  gros,  la 
gorge  n'est  plus  telle  Que  quand  d'aimer  vous  re- 
([uis  autrefois,  st-gelXis,  137.  Au  travers  le  gros 
(les  ennemis,  mont,  i,  63.  Je  ne  luicte  point  en 
gros  ces  vieux  champions  là,  et  corps  à  corps,  id. 
I,  167.  Le  but  et  la  visée  d'un  capitaine  doibt  re- 
garder la  victoire  en  gros,  m.  i,  342.  Il  avoit  le 
cœur  trop  gros  [haut]  pour....  id.  ii,  47.  Une  grosse 
et  véhémente  fiebre,  id.  iii,  205.  Qu'il  viene  en  la 
faculté  de  théologie,  et  on  parlera  à  lui  des  grosses 
dents,  LANGUE,  101.  Pour  se  dédommager  et  re- 
compenser, ils  [les  juges]  vendent  en  détail  (comme 
aucuns  ont  dit)  ce  qu'on  leur  a  vendu  en  gros,  m. 

102.  De  grosses  rentes,  m.  IBO Et  la  voyant  [la 

cavalerie]  venir  à  eux  en  gros,  id.  3(4.  Quand  ils 
entendent  que  les  chrestiens  arment  en  gros,  aussi 
font-ils  de  leur  costé,  id.  42 i.  Nicias  s'en  vint  de- 
vers luy,  qui,  en  luy  embrassant  les  genoux,  avec 
les  grosses  larmes  aux  yeux,  le....  amyot,  Marcel. 
32.  Toutefois  les  plus  gros  et  les  plus  gens  de  bien 
do  la  ville,  voyant  le  tort  qu'on  luy  faisoit,  prirent 
sa  cause  en  main,  id.  Arist.  10.  Que  Philippus  vou- 
loit,  à  son  préjudice,  avancer  par  ce  gros  mariage 
Aridaeus,  et  le  laisser  son  successeur  au  royaume, 
ID.  Alex.  16.  Ce  gros  latin  et  ces  vers  grossiers  fu- 
rent.... d'aub.  llist.  m,  203.  Pour  deslayer  et  des- 
tremper le  sang  trop  gros,  paré,  Introd.  6.  No- 
nobstant qu'il  eut  un  gros  esprit  [esprit  épais]. 
Nuits  de  Straparole,  t.  i,  p.  40),  dans  lacurne.  En 
cette  façon  ceux  qui  avoient  esté  gros  seigneurs  en 
ce  monde  icy,  gaignoient  leur  pauvre,  mechanto  et 
paillarde  vie  là  bas,  rab.  u,  3.  Le  gi-effier  pour  son 
registre  et  gros  de  lettres,  dix  sols  parisis,  Coust. 
gén.  t.  I,  p.  648.  Les  barques  ne  pouvoient  s'appro- 
cher de  la  terre  que  d'un  gros  d'eau  [grande  ma- 
rée] qui  ne  vient  que  de  quinze  en  quinze  jours, 
ROHAN,  Mém.  t.  I,  p.  231,  dans  lacurne.  Les  habi- 
tants nous  assurèrent  qu'il  y  avoit  un  autre  gué 
plus  proche  de  l'embouchure  de  la  mer,  et  qu'à 
minuit  précisément  l'eau  seroit  lasse,  et  plus  basse 
qu'elle  n'cstoit  à  midi,  car  c'estoit  gros  d'eau  [le 
plein  de  la  marée],  bassompierre,  ilf^.  t.  m, 
p.  129,  dans  LACURNE.  Se  trouvans  de  gros  chres- 
tiens [mauvais  chrétiens]  qui  estiment  que  l'eau 
beniste  est  un  amusoir  du  peuple,  emprunté  de  cé- 
rémonies payonnes,  pasqdier.  Recherches,  liv.  vui, 
p.  701,  dans  lacurne. 

—  ETYM.  Berry,    grfU  ,    groût,  groris,   grousse  ; 
bourg,  grô;  maçonnais,  grou;  picard,   cros;  csp. 


GRO 

groso,  grueso;  port,  et  ital.  grosso;  du  lat.  grouta, 
qui  se  trouve  dans  la  latinité  de  l'âge  inférieur^, 
comp.  l'allem.  gross;  anc.  baut-allem.  grôz;  angU 
(jreat,  qui  signifient  grand;  c'est  sans  doute,  comm» 
Diez  le  remarque,  de  la  forme  germanique  qiw 
vient  grôt,  groût  du  Berry. 

t  GROS-ARGENTIN  (  grô-zar-jan-tin  )  ,  s.  m, 
'.ymnote.  ||i4uplur.  Des  gros-argentins. 

GROS-BEC  (grô-lfck),  s.  m.  Genre  de  passereau 
qui  ont  le  bec  court,  gros  et  dur.  |1  Le  gros-bec  vu 
gairo,  dit  absolument  g'-os-bec,  choche-pierre,  mt 
louasse,  gros  pinson   et  pinson  royal,  legoaranT 
Il  Au  plur.  Des  gros-becs. 

t  GROS-BIS  (grô-bis'),  s.  m.  Mot  qui  se  trou» 
dans  Rominagrobis,  et  qui  a  signifié  homme  qii 
fait  le  gros  dos,  l'important. 

—  HIST.  XV*  s.  Pour  faire  leur  pain  de  gros  bia| 
coquillart,  p.  176,  dans  lacurne.  j|  xvi'  s.  Ti-anch 
du  grosbis,  o.  crétin,  p.  234,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Gros  bis,  grosse  farine  bise,  dit  met) 
phoriquement  pour  un  important. 

t  GROS-BLANC  (grô-blan),  s.  m.  Mastic  de  blanc' 
et  de  colle.  ||  Au  plur.  Des  gros-blancs. 

—  ÉTYM.  Gros,  blanc. 

t  GROS-COLAS  (grô-ko-là),  s.  m.  Goéland  à  man- 
teau noir. 

GROSEILLE  (gré-zè-11' ,  Il  mouillées,  et  non  grfl- 
zè-ye),  s.  f.  \\  1°  Fruit  du  groseillier.  Gelée  de  gro- 
seille ou  de  groseilles.  Sirop  de  groseille  ou  do  gro- 
seilles. Il  8°  Groseille  se  dit  pour  sirop  de  groseille. 
Buvez  de  la  groseille.  |{  Confiture  de  groseille.  Une 
tartine  de  groseille.  ||  H  se  dit  aussi  de  la  couleur  de 
la  groseille  rouge.  Des  rubans  groseille.  ||  8°  Groseille 
à  maquereau,  ou  groseille  verte,  fruit  vert  ou  rou- 
geàtre  plus  gros  que  la  groseille  ordinaire,  et  c|iii 
vient  sur  un  arbuste  épineux,  ainsi  dite  parce  qu'elle 
entre,  lorsqu'elle  est  encore  verte  et  acide,  dans 
une  sauce  que  l'on  fait  pour  le  maquereau. 

—  HtST.  xiil*  s.  Barbier,  or  vienent  les  groiseles, 
Li  groiselier  sont  boutoné,  euteb.  21  b.  ||  xV  s.  Qui 
me  feit  mascher  ces  groseilles  Fors  Katherine  do 
Vauselles?  villoh,  Double  ballade,  Gr.  testam. 

—  ÉTYM.  Berry,  groiselle,  grouselle,  igrasMe; 
wallon,  grusale;  Hainaut,  ffriisi^ic,  groisiéïe;  cata! 
et  cspagn.  grosella;  pays  de  Come,  crosela;  du  ger- 
manique :  h.  allem.  krausbccre,  kràuselbeere;hû\\. 
kruizbexie,  groseille,  proprement  fruit  crêpé,  de 
kraus,  crêpé,  et  beere,  baie.  L'allemand  dit  Gros- 
selbeere  mot  à  mot  baie  du  grossel  ;  c'est  de  là  que 
vient  le  mot  grossulus  des  botanistes.  Comp.  le  cel 
tique  :  gaélique,  groseid,  groseille;  irl.  grosaid, 
qui,  selon  Diez,  est  emprunté  au  français. 

GROSEILLIER  (grô-zè-llé,  Il  mouillées,  et  non 
grô-zè-yé  ;  Vr  ne  se  lie  jamais  ;  au  pluriel, l's  se  lie  : 
des  grô-zè-Ué-z  en  fleur),  s.  m.  Arbrisseau  du  genre 
ribes,  famille  des  grossulariées  ou  riliésiacées.  Es- 
pèces :  groseillier  épineux,  ribes  uva  crispa,  L;  on 
le  considère  aujourd'hui  comme  le  type  dont  le 
groseillier  à  maquereau,  ribes  grossularia,  L.,  n'est 
que  la  variété  cultivée;  groseillier  commun,  ou 
rouge,  ou  à  grappes,  castillier,  gadellier,  rites  ru- 
brum,  L.;  groseillier  noir  ou  cassis,  ribes  nignim, 
L.;  enfin  groseillier  à  fleurs,  ou  ribes,  le  ribes  san- 
guineum,  Pursh,  arbrisseau  d'ornement. 

—  HIST.  XII"  s.  Ainz  que  entendissent  vos  espincs 
groselier  [prius  quam  intelligerent  spinîe  vcstraa 
rhamnum].  Liber  psalm.  p.  75.  ||  xv*  s.  En  espin- 
çons  [épines]  de  grouselier,  froiss.  Épin.  amour. 
Il  xvi*  s.  Ici  sierra  bien  le  groseiller  ou  vinetier, 
appelle  aussi  espine  benoîte,  0.  de  serres,  B8I. 

t  GROS-  JEAN  (grô-jan),  s.  m.  Nom  propre 
transformé  en  nom  commun  pour  signifier  un 
homme  _  du  commun,  un  paysan,  un  ouvrier. 
Il  Fig.  Être  Gros-Jean  comme  devant,  perdre  une 
espérance,  une  illusion  qu'on  avait  conçue.  Quel- 
que accident  fait-il  que  je  rentre  en  moi-même.  Je 
suis  Gros-Jean  comme  devant,  la  font.  Fabl.  vu,  10. 
Il  Proverbe.  Gros-Jean  remontre  à  son  curé,  celui  qui 
ne  sait  pas  veut  reprendre  ou  corriger  celui  qui  sait. 

t  GROS-MIACLARD  (grô-mi-ô-lar),  s.  m.  Goé- 
land à  manteau  gris.  ||  Au  plur.  Des  gros-miaulards. 

—  ÉTYM.  Gros,  et  miauler,  à  cause  du  cri  de 
cet  oiseau  qui  est  un  miaulement. 

t  GROS-NOIR  (grô-noir),  s.  m.  ||  1°  E.spèce  de 
raisin  noir  à  gros  grains,  {j  2°Espèce  d'ardoise.  ||  Au 
plur.  Des  gros-noirs. 

—  ÉTYM.  Gros,  noir. 

t  GROS-PINSON  (grô-pin-son),  s.  m.  Gros- bec 
ordinaire.  ||  Au  plur.  Des  gros-pinsons. 

—  ÉTYM.  Gros,  pimon. 

t  GROSSANE  (grô-sa-n'),  adj.  f.  Olives  gros.sanes, 
sorte  d'olives. 
1.   GROSSE  (grô-s'),  s.  f.  Douze  douzaines  de 


GRO 

aines  marchanJises.  ||  Une  grosse  de  soie,  douze 

izaincs  d'écheveaux  de  soie. 

-  lllST.  XVI'  s.  De  la  civette,  do  la  ccruse,  une 
536    de  lunettes,  desper.    C'jmbal.   25. 

--  ÈTYM.  Gros. 

•■  GROSSE  (s>-6-s'),s.  f-  Il  1°  P.criture  en  gros  ca- 
rictèies  Cet  enfant  en  est  encore  a  la  grosse. 
I  2"  Terme  de  pratique.  L'expédition  d'un  acte  ou 
1-un  jugement,  d'un  arrêt,  qui,  délivrée  en  forme 
e  écutûire  par  un  notaire,  par  un  greffier,  est  ecn  e 
ordinairement  en  plus  gros  caractères  que  la  mi- 
nute. Grosse  d'un  centrât.  Première  grosse.  Seconde 
grosse.  H  se  dit  également  J^'=,erta.n'ls Jcnju'  s 


GRO 

—  ÊTYM.  Gros;  h&n\ , grousseur ;  provenç.  9''"^^- 
jor;  espagn.  grosor.  Grosseur,  comme  il  a  été  du  à 
GiiossESSE,  a  ou  le  sens  de  grossesse. 

GitOSSl,  lE  (grô-si,  sie),  part,  passé  do  grossir. 
11 1"  Devenu  plus  gros.  C'est  un  torrent....  Qui,  grossi 
des  débris  de  cent  peuples  divers...  RAC.  Alex,  i,  'i. 
Depuis  Thompson,  tout  le  monda  a  été  mélancoli- 
que, tout  le  monde  a  entendu  mugir  les  vents,  les 
torrents  grossis  se  précipiter....  villemain,  LiU-  fr. 
I  s-  siècle,  2"  part.  2-  lec.  Fig.  Mon  cœur,  grossi  par 
mes  pensées.  Comme  tes  ttots  dans  ton  bassin, 
Sent,  sur  mes  lèvres  oppressées,  L'amour  déborder 
de  mon  sein,  lamabt.  llarm.  n.  6.  Il  2-  En  un  sens 


GRO 


1945 


copie;  pour  les  requêtes,  elle  est  1  original 

—  îilST  xv°  s.  Le  dit  menuisier  du  Bust  de- 
mandoit  la  grosse  et  sccel  d'une  obligation,  iean 
TZL,  Chron.  U77.I1XVI-  s.  La  minute  et  la 
crosse  lui  demeurent  [au  notaire],  pource  qu  aucun 
dès  donataires  ne  voulut  bazarder  vingt  sous  pour 
la  façon,  d'al'b.  Fcen.  ni,  17. 

—  ÉTYM.  Gros.  . 
+  GROSSE-DE-FONTE    (grô-se-de-  fon-t  ) ,    S.  f. 

Terme  d'imprimerie.  Groscaractcre  pour  les  affiches. 

iGROSSEMENT  (grô-se-man)  ,  adv.  En  gros 
d'une  manière  non  fine.  Cela  est  grossement  fait. 

-HlST  XIV  s.  Or  est  ainsi  diffinie  élection  grosse- 
ment, et 'non  pas  en  la  manière  que  il  est  ac- 
coustumé  cà  faire  selon  descripcion,  oresme,  m.  c». 

-fTYJl    Grosse,    elle    suffixe   meni  ;  provenç. 


Exagéré.   Des  dangers  grossis  par  l'imagination 

GROSSIER,  lËRE  (grô-sié,  siè-r'),  adj.  ||  1'  -Vol 
formé   de  gros,    qu'on    applique  presque  toujours 
avec  un  sens  défavorable  à  ce  qui  manque  do  tû- 
nuité,  de  finesse,  de  délicatesse.  Un  air  grossier. 
Les    parties   les   plus    grossières   d'une    liqueur 
L'autre  déploie  sur  celle  des  deux  tables  qui  était 
vacante,   un   linge  un  peu   grossier,  mais  blanc 
M.RMONTEL,  ifém.  VI.  |1  Vêtements   grossiers    ceux 
nui  sont  faits  d'une  étoffe  grosse  et  de  peu  de  va- 
leur. Vapeurs  grossières,  celles  qui  paraissent  com- 
nosées  de  grosses  parties  parce  qu'elles  détruiserit 
la  transparence  de  l'air,  jj  Traits  grossiers,  ceux  qui, 
sans  être   irréguliers,  n'ont  pas  la  finesse  ou   la 
grftce  des  jolies  figures.  1|  Terme  de  minéralogie.  Se 
dit  d'un  corps  quand  il  à  un  air  de  rudesse  joint  a 
l'opacité.  H  11  se  dit  des  aliments  peu  recherches, 


GROSSEKIE  {grô-se-ne),s.  f.  .. 
ouvrages  des  taillandiers.  H  2°  Le  commerce  en  gros. 
Marchand  qui  fait  la  grossene.  .„^^,.  , 

-  ÉTYM.  Gros;  angl.  grocenj,  épicerie.  Auxvi»  s 
nro....->  a  le  sens  de  grossièreté  :  La  grossene  et 
lourderiedu  service  de  sa  maison,  amyot  Anton.  23. 

GROSSESSE  (grô-sè-s'l,  s.  f.  L'état  d  une  femme 
enceinte;  la  durée  de  cet  état.  Sa  grossesse  est  fort 
avancée.  Elle  [Mme  de  Montespan]  se  désespéra  a 
la  première  grossesse,  se  consola  à  la  seconde,  et 
porta,  dans  les  autres,  l'impudence  aussi  loin  qu  elle 
peut  kUer,  M-  DE  CAYLUS,  Souvenirs,  p.  sa,  dans 
POUGENS.  Il  Fausse  grossesse,  maladie  qui,  ayant  son 
siège  k  la  matrice,  simule  une  grossesse.    _ 

— HIST  xiii's.  Quand  femme  est  condamnée  a  per- 
dre le  cors  par  jugement,  et  elle  dit  qu'elle  est  grosse.... 
Quant  la  grossesse  apert  i  lui,  beaum.  vn,  12. 

—  ÉTYM.  Gros;  provenç.  grosseza,  grossessa;  es- 
pagn. qrosesa;  ital.  grosscîza.  Grossesses,  signifié 
l'état  de  femme  enceinte,  qui  s'est  dit  aussi  srome  et 
nros'ieur,  et  aeu  en  outre  le  sens  actuel  de  grosseur. 
^TgROSSET,  ETTE  (grô-sè,  sè-f),  adj.  Un  pou 
eros.M  deBrissac  avait  infiniment  d  esprit,  avec 
une  figure  de  plat  apothicaire,  grosset,  basset,  et 
fort  enluminé,  st-sim.  64,  56.  ,     .     , 

1  HIST    xm«  s.  La  face  blanche  et  colorée,  La 
bouche  petite  etgrocete;  S'ot  au  menton  une  fos 
.    *„     _    -n«   ii-.,T«  a    Poe  Tornip.!^  nnt  la  r 


^Igrossamcnte.  l'opacile.  ll  use  ^.lu/  lumènts  grossiers  Nourl  Sainct  Denys,  à  1 
1«  ?rous  les  gros  ou  de  mauvaise  ualité  ^  --'^,|^°-«^,„t  f,,,  p,,,,  t.  ,„,  p.  C83 
-nmopi-fieTi  c-ros.    riture  grosbicrc.  Il  •  .«"' "     .  r         i,:,„„»„™        —  itTVM    Gros: 


mais  je  ne  vous  pardonne  pas  d'être  un  homme 
très-grossier,  qui  a  l'insolence  de  mêler  dans  cette 
querelle  et  de  nommer  des  gens  qui  ne  devaient 
pas  s'y  attendre,  voi.T.  Quest.  miracl.  lett.  4.  ||  H 
est  grossier  comme  du  pain  d'orge,  il  est  très-gros- 
sier; expression  familière  fondée  sur  le  double  sens 
du  mot  grossier,  qui  se  prend  au  moral  pour  la  per- 
sonne, et  au  phvsique  pour  le  pain.  ||  Substantive- 
ment.  C'est  un  grossier.  Quoi  langage  lient  cette 
grossière  I  11  Injures  grossières,  injures  qui  consistent 
en  termes  insultants  et  bas.  Un  défaut  considérable 
qui  en  peut  ternir  beaucoup  l'éclat  [des  harangues 
de  Démoslhène  et  d'Eschinc] ,  et  qui  me  parait  con- 
traire aux   règles  do  la  saine  et  bonne  éloquence, 
ce  sont  les  injures  grossières  que  ces  orateurs  sedi- 
sent  de  part  et  d'autre,  hollin,  llist.   anc.    OKur. 
t.  VI,  p.    130,  dans  pougens.  ||  On  dit  dans  un  sens 
analogue   :  langage     grossier,    propos     grossiers. 
11  7°  Obscène.  Il  était  grossier  dans  ses  propos.  Lti- 
cien,  tout  ingénieux  qu'il  est,  devient  grossier  si- 
tôt qu'il  parle  d'amour,  st-évremont,  dans  mcnE- 
LET.  Il  Discours,   propos  grossiers,  discours,  propos 
contraires   i  la  bienséance,  i  la  pudeur.  118°  Mar- 
chand grossier.  Cette  locution  vieillit;  on  dit  mar- 
chand en  gros.  H  9»  S.  m.  Ce  qui  est  grossi?r.  Le 
grossier  et  le  bas,  bos.  o*  atert.  44. 

—  HIST.  xiii*  s.  Ne  piut  estre  grossiers  [taillan- 
dier! ,  que  il  n'achate  le  mestier  du  roy,  Liv.  des 
met.  44.  Il  xvi"  s.  Les  rencontres  et  brocards  d  An- 
tonius  estoient  fort  grossiers,  amvot,  Anton.  32. 
U  estoit  grossier  et  peu  subtil  de  nature,  m.  tft.  20. 
Un  marchaml  grossier  [en  gros],  demeurant  rue 

_      .  .       —  ^         ,» ; .1..       rry.t\a      TAlimOl* 


à  l'enseigne  du  gros  Tournois... 


—  ÉTYM.'  Gros;  Berry,  ffi'oussicr,  qui  a  de  1  em- 
bonpoint :  une  jolie  fille  biin groussiere  et  bien  fraî- 
che- provenç.  grossier;  catal.  grosso-;  espagn. 
grosero;  portug.  grosseiro;  iud.  grossière,  grosstero. 

GROSSIÈREMENT (grô-siè-re-man),adi-. il  1"D  une 
manière  grossière.  Il  y  avait  dans  la  chaise  un 
jeune  homme  grossièrement  vêtu,  volt.  Jeannotct 
Colin.  Quelques  chilTres  grossièrement  ébauches 
sur  l'écorce  des  ormeaux,  geni.is,  Mlle  de  Clermont, 
p    9  dans  POiGENS.  ||  2°  D'une  façon  opposée  â  ce 


proprement  fait.  Ce  bâtiment  est  d'une  arclntecture 
grossière.  Un  travail  grossier.  Il  faut  convenir  avec 
eux  que  ces  corps  plaisent  plus  à  la  vue  que  des  fi- 
gures grossières,  où  l'on  n'aperçoit  m  umformité 
ni  symétrie,  ni  'unité,  nioP.R.  Rech.  ?"•">[•»"'•  f 
beau,  OEiiv.  t.n,  p.  424,  dans  pougens.  i|  Par  ex- 
tension. Un  essai  grossier  ta't^t'<|,"-„Ç°f '[/'^^^ 
Grossière  ébauche,  rotr.  Behs.  m,  7.  |1  3°  F'g-  '  =^ 
dit  de  ce  qui  n'a  rien  de  délicat,  au  moral.  Mais  au 

lieu  de  goûter   ces  r^^'^^^^^^^^f/^f^^^iieTent  1  ^ 

Cinna,  v,  3.  Que  ce  discours  gjo^^'f,^ '«"'^^^^^^^         ^"es  et  de  l'écriture  me  sert  au  besoin  [dans  l'ab- 

taie  de  l'âme  à  un  objet  grossier,  vain  et  inutile,  est 
ce  qui  fait  le  plaisir  de  tous  les  jeux,  nicolf    Ess 

ZT\"  traité,  ch^X>-  '  *-  Ils  ['«^s  P^oJig«?]  =.°°' ^''K 

grossier  des  peuples  ignorants,  volt.  Sémram  11  7 

n  Les  plaisirs  grissiers,  les  plaisirs  que  peuvent  gou- 

L les  hommes  les  V^^^.^^^^lZT'JlemrX^t    m'empê-cherai  jamais 

î;^S^Sr^c^S'S;;rS^^l    .ère-^ent  abusés.et  q 

d'espi.  N'apprendras-tu  j'amais,  âme  basse  et  gros- 
sit?, cor..  Zdog.  „.  2.  Villon  fuUepi.m,er^.^^ 


ocete;  S'ot  au  menton  une  fos-    ^'"^.•r;^=°"e7/;  1^^^^ 

Ixvi-  s.  Ces  verrues  ont  la  racine     «  ^  ^P  f' 1'°'^'    r  «Lion  dJ  peuples  grossiers, 


.  sete,  la  Rose,  537.  „_  _ 
grcsle  et  la  teste  grossette,  pare,  xvui,  85. 

_  ÉTYM.  Diminutif  de  gros;  provenç.  grosset. 

+  GROSSETTE  (grô-sè-f),  s.  f.  Nom  donne  aux  re- 
tours des  chambranles  dans  les  portes  et  les  fenêtres. 

GROSSEUR  (grô-seur) ,  s.  f.  \\  l' La  circonférence, 
le  volume  de  ce  qui  est  gros.  Elle  [la  grenouille  .... 
Envieuse   s'étend   et   s'enfie  et  se  travaille    Poui 


Envieuse   s'étend   et   senue  ei  »t,   i>». ....■-    L„.a  inii  grossières 

égaler   l'animal   Pe  bœuf]   en  grosseur    ..  P^^^^^    ^^^i^rs^côm;. 


'îdolâtrie  comme  la  religion  des  penj;  es  grossies 
0  la  religion  qui  a  pour  objet  un  être  spirituel, 
comme  celle  des  peuples  éclairés,  montesq  £  p. 
XV  2  Je  fus  instruite  en  ce  grossier  climat  A  sui- 
vre la' vertu  sans  en  chercher  l'éclat,  volt.  Ah.  iv, 
3  Tu  verras  de  chameaux  un  grossier  conducteur, 
ID  Fona(.  I,  4.  Je  viens  après  mille  ans  changer 
'  ib.   II,  5.  De  nos  travaux 


Fabl  I    3.   Et  son  corps,  ramasse  dans  sa  cour  e 
erosseu'r,  Fait   gémir  les  coussins  sous  sa  mo  e 
épaisseur,  v.oiAutr.  i.  La  rapidité  avec  laquelle 
lé  soleil  darde  ses  rayons  est  probablement  eu  pro- 
portion avec  sa  gros.«ur,  qui  surpasse  environ  un 
million  de  fois  celle  de  la  terre,  volt   Phd.  Newt^- 
n    2.   Sa  grosseur  [d'un  homme]   était  si   prodi- 
gieuse que  sept  personnes  d'une  taille   me.hocre 
pouvaient  tenir  ensemble  dans  son  habit  et  le  bou- 
tonner,   KUFF.  Suppl.  à   l'hist.  nat.    Ctuv.  t.  xi, 
D    (18    11  a»  Tumeur.   Il  a  une  grosseur  au  cou. 
Il'  3»  Ancien  terme  de  jardinier.  Etre  en   grosseur, 
se  disait  de  fruits  qui,  après  avoir  acquis  la  Bosseur 
qu'il  faut  pour   entrer  en  maturité,  demeurent  en 
cet  état  sans  avancer,  la  quintinye,  dans  k'.Ç'"'-'-"- 
—  iMST  XIV  S  La  tunique  rétine  fu  sutiUe  pour 
deux  uUUte"  la  premier'e  qu'el  ne  blecast  P- -    gro-ere 


rP3   lois     KrUbSlKiea,    ;u.     •i'-     ■"  j     --     - 

grossiers  les  compagnes  sauvages  Pai-^ff-'«"' ^  ,^- 
^reté  de  nos  mâles  courages,  m.  «"-P''^  .•"•«•„,'"' , 
Rlantivement.  Dans  les  promesses  do  lE\angile,  11 
nTse  parle  plus  des  biens  temporels  par  lesquels 
":„  attirait  ces  grossiers  [les  Juifs]   O"  Ion  amusa, 
ces  enfants,    Boss.   Sermons,  Scptuag.   "-I^    Çu' 
suppose  ignorance,  sottise,  ma  adresse.    Flatteuse 
Uusion,  erreur  douce  et  grossière,  corn.  Ilor.  .u, 
Abus'grossier,  botr.  St  Gcn.  v,  2.  Çh.ez-vous  re- 
courir à  ces  ru^es  grossières?  mol.  ms.  iv,  3.  Je 
veux  bien  en  finissant  cet  avertissement,  parmi  es 
absurdités  infinies  de  ses  vains  discours,  en  rele- 
ver quatre   ou  cinq  des  plus  gro,ssicres,  DOSS    5 

'Zrt   H  49 L'artifice  est  gros.sier.  Tu  te  feins 

c  imnel  pour  te  justifier,  bac.   P/u^d.  iv,   2.  bes 
co  aèmporains,   qui  adoptaient  les  lables  les  plus 


Kroisseur  les  humours...  n.  de  monoeville  f  i'. 
l)uc  [iusqu'j  à  tant  que  la  groisseur  du  milieu  du 
fer  puisse  estre  comprise  0  estrumens  a  ce  conve- 
nables, iD.  38,  verso.  \\  xvi-  s.  Selon  qu  il  estoit  né- 
cessaire à  la  grosseur  de  nostre  esprit  et  a  nostie 
arrogance,  CALVIN,  Inslit.  271.L'Apsus,  en  grosseur, 
en  roideur  et  vitesse  de  cours,  ressemble  assez  au 
Oeuve  de  Peneus,  amyot,  Flam.  4. 

DICT.    DE    LA   LANGUE    FRANÇAISE. 


l-aTa' annonçait,  VOLT.  J/œurs,  M  •..  |  Ignorance 
Lross^ère  grande,  profonde  ignorance.  ||  N  avoir  de 
^  .e  ,,  clLe  qJ'une  idée  grossière,  que  des  no- 
tions Rrossières,  n'avoir  de  cette  chose  qu'une  con- 
nsan°e  sommaire  et  imparfaite.  ||  Dans  un  seris 
an  ik^'iie:  Ne  donner  qu'une  idée  grossière  de  quel- 
que cl  "se  11  6-  Incivil,  malhonnête.  Un  grossier 
'^ë  son  iage."je  vous  panlonne  d'être  un  ignorant, 


sence];  mais  cependant,  ma  fille,  je  vous  avoue 
grossièrement  que  j'ai  une  très-sensible  envie  da 
vous  voir  et  de  vous  embrasser  de  tout  mon  cœur, 
sÉv    461   11  3°  Avec  maladresse.   Il  loue  grossière- 
ment  Il  4"  D'une  manière  qui  suppose  ignorance. 
S'ils  s'emportent  seulement  contre  les  répréhcnsions 
et  non  pas  contre  les  choses  qu'on  a  reprises,  je  ne 
m'empêcherai  jamais  de  leur  dire  qu  ils  sont  gros- 
sièrement abusés  et  que  leur  zèle  est  bien  aveugle 
PASC    Pfov.  XI.  Vous  êtes  donc  grossièrement  e» 
visiblement  trompé,  quand,  au  préjudice  de  cette 
divine  loi,  vous  n'apportez  à  la  pnêve  nul/    prépa- 
ration, BOLRDAL.  6-  dim.  après  f  J;/.  Comm.c,  1. 1  , 
n  2-18  il  5"  Avec  incivilité.  Répondre  grossièrement, 
n  6°  Sommairement,  imparfaitement.  Voilà   gros-- 
1  sièrement  ce  qu'il  a  dit  sur  ce  sujet.  S.  o"  entend 
un  coup  de  canon  ou  le  son  d  une  cloche...,  on 
pourra  juger  grossièrement  delà  f  ^nce  àlaqueUa 
on  se  trouve  du  canon  ou  de  la  cloche  blfk  IM. 
Inthnm    (Fut'    t.  IV,  p.  470.  Content  d'avoir  gros- 
^i'^^em  nt  Ifquiss'é  môn'plan,  je  revins  aux  situations 
de  détail  que  j'avais  tracées,  i.  J.  ROiss.  Confess.  Lv. 
_  HiST  XIV  s.  11  convient  par  aventure  premiè- 
rement i>arler  figuralmentet  grossiei  ement  [en  grosj , 

CZ'm.  x' 1»).  Il  xvf  s.  Je  w  6^-f  «-;;; 

rfl  àauoY  elles  visent,  mont,  i,  «54.  Enfant  nourr) 
grosXement  comm^  il  fault  et  bazardeusement. 

in    I    4Q4 

'"_'  ÉTYM.  Grossière    elle  suffixe  ment 

rROSSifJKETC;  (grô-siè-re-té  ,  s.  f.  Il  1   Laracicro 
,         „,^i  ptt  Bossier    rude,  sans  délicatesse.  La 

ii»Ti«  isé  de  vingt-deux  ans,  se  livra  à  toutes  lei 
débaucl  es  de  la  jeunesse  et  à  toute  la  grossièreU 
des  atlennes  miurs  qui  lui  éUient  si  chères,  .... 
I.  —  211!» 


1946 


GRO 


nutlie.  II,  m.  Il  4°  Impolitesse,  défaut  de  civilité. 
La  grossièreté  de  ce  personnage.  ||  Parole  grossifere, 
malhonnAlB,  action  Incivile.  Il  lui  a  dit  des  gros- 
sitretés.  Il  lui  (il  une  grossièreté  impardonnalile.  Le 
style  du  Tocu  imaginaire  l'emporte  sur  celui  de  .ses 
premières  pièces  en  vers;  on  y  trouve  liien  moins 
de  fautes  de  langage  ;  il  est  vrai  qu'il  y  a  (juehjiies 
grossièretés,  volt.  Vie  de  Molière.  ||  5°  Ce  qui  est 
contraire  aux  sentiments  purs,  aux  choses  spiri- 
tuelles, intellectuelles.  De  ses  grossièretés  on  a 
tant  à  souffrir,  Que  l'entendre  ou  la  voir,  c'est  assez 
pour  mourir,  iiauterociie,  Bourg,  de  quai,  n,  i. 
Pour  avoir  dit  des  grossièretés  sur  l'amitié,  sÉv.  4). 
l'amitié  peut  sulisister  entre  dos  gens  de  différent 
lexe,  exempte  même  de  grossièreté,  la  bhuy.  m. 

—  ÊTYM.  Grossier. 

GROSSIR  (grô-sir),  v.  n.  ||  1°  Devenir  phi's  gros. 
Vous  savez  mieux  que  moi,  (|ue  les  parties  qui  agis- 
sent le  plus,  grossissent  davantage,  bonnet,  I.ell. 
div.  OEuv.  t.  xii,  p.  4«o,  dans  polcf.ns.  Ce  torrent 
qui  grossit  me  ferme  le  chemin,  c.  pelav.  Yê]ir. 
sicil.  v,  2.  Il  Kig.  Afin  que,  grossissant  sous  un  peu 
de  contrainte,  Ce  torrent  de  colère  et  de  ressenti- 
ment Vùl  plus  impétueux....  corn.  Uodog.  iv,  3. 
Il  Recevoir  surcroît,  augmentation.  L'impérieuse  ai- 
greur de  l'Apre  jalou'iie  Dont  en  secret  ilès  lors  mon 
àme  fut  saisie  Grossit  de  jour  en  jour,  corn.  Sertor. 
1, 4.  Nous  verrons  notre  camp  giossir  à  chaque  pas, 
HAC.  Milhr.  III,  t.  La  merveille  grossirait  infini- 
ment par  les  détails  que  nous  supprimerons,  fon- 
TEN.  Littre.  Ils  voient  grossir  aiinuellomcnt  leur 
numéraire  par  la  vente  des  riches  productions  de 
ces  contrées,  raynal,  Uist.  phil.  xi,  ;t3.  ||  Paraître 
plus  gros.  M.  de  Barhézieux  s'abandonna  à  cette 
passion  [la  jalousie],  tout  lui  grossit,  il  crut  voir  ce 
qu'il  ne  voyait  point,  st-sim.  63,  53.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Se  dit  de  l'état  de  la  mer,  lorsque  les  lames 
s'accroissent  à  chaque  instant.  Depuis  une  heure 
la  mer  grossit.  |1  Se  rapprocher.  Ce  bâtiment  gros- 
sissait à  vue  d'oeil.  ||  2"  V.  a.  Rendre  gros,  plus 
gros,  apporter  de  l'augmentation.  Les  pluies  ont 
grossi  la  rivière.  La  vapeur  de  mon  sang  ira  grossir 
la  foudre  Oue  Dieu  tient  déjà  prête  à  le  réduire  en 
poudre,  cobn.  lléracl.  i,  3.  Ses  troupes  malgré  lui 
grossirent  votre  armée,  id.  Sertor.  m,  4.  Ces  mes- 
sieurs [les  premiers  académiciens]  grossirent  leur 
compagnie  de  plusieurs  personnes  considérables 
parleur  mérite,  peliisson,  IHsl.  Acad.  i.  Voici  une 
nouvelle  doctrine  et  de  quoi  grossir  les  Variations, 
SI  on  enseigne  que  le  mariage  contracté  entre  les  fi- 
dèles après  le  baptême  peut  se  rompre  par  le  refus 
de  l'une  des  deux  parties,  boss.  4' orerf.  8.  De  leur 
dépouille  enfin  grossis.sez  vos  trésors,  rac.  E.ith.  ii,  l . 
J'ai  mon  mari  à  la  vérité,  mais  il  ne  sert  qu'à  gros- 
sir ma  famille,  sans  m'aider  à  l'entretenir,  lf.sage, 
Turcaret,  iv,  (2.  On  le  présenta  à  un  vieux  lettré 
qui  n'était  point  venu  grossir  le  nombre  de  ses  pa- 
rasites, COLT.  Dabouc.  Voilà  ce  qui  m'irrite  et 
grossit  mon  injure,  Ducis,  Othello,  m,  B.  ||  Fig.  La 
pensée  ainsi  épurée,  autant  qu'il  se  peut,  de  tout 
ce  qui  la  grossit,  des  ima'îes,  des  expressions,  du 
langage  humain....  boss.  Et.  d'orais.  v,  20.  ||  Gros- 
sir sa  voix,  faire  la  grosse  voix,  prendre  une  voix 
plus  forte  .et  plus  grave.  ||  3°  Faire  paraître  gros. 
Certains  verres  qui  grossi.ssent  les  objets,  fén.  Tél. 
XII.  Il  Fig.  Notre  imagination  nous  grossit  si  fort  le 
temps  prisent,  à  force  d'y  faire  des  réflexions  con- 
tinuelles, et  amoindrit  tellement  l'éternité,  manque 
d'y  faire  réflexion,  que  nous  faisons  de  l'éternité  un 
néant,  et  du  néant  une  éternité,  pasc.  Pensées, 
art.  m,  6,  éd.  LAiiinE,  ihoo.  Prenez  garde  que  l'é- 
loignement  ne  vous  grossis.se  les  objets;  c'est  un 
elTet  .Tssrz  ordinaire,  sF.v.  IH.  L'antiquité  est  un 
objet  d'une  espèce  particulière,  l'éluignemont  le 
grossit, FONTEN.  .S'orrafp,  ilontaigne.  \\  Terme  de  pho- 
tographie. Reproduire  en  plus  grand. li  4"  Fig.  Exa- 
gérer, (.lue  vous  prenez  de  peine  à  grossir  vos  en- 
nuis I  CORN.  Illus.  cotn.  V,  2.  Pourquoi  toi-même,  en 
proie  à  tes  vives  douleurs.  Cherches-tu  sans  raison  à 
grossir  les  malheurs?  boil.  I.iitr.  vi.  [Pharnace, 
qui]...,  me  troublant  par  des  fables,  Grossit,  pour  ^e 
sJiuver,  le  nombre  des  coupables,  bac.  ilillir.  m,  4. 
Ce  qui  nous  regarde,  nous  le  grossi.ssons  toujours, 
Ukss.ArrnI,  AlVict.  Oueli|ues  imperfections  légères 
que  sa  piété  lui  grossil,  in.  Carôme,  Cnnfess.  Dé- 
fiex-vous  de  ceux  qui,  pour  autoriser  les  profusions 
immen.ses  des  rois,  leur  grossissent  sans  cesse  l'o- 
pulence de  leurs  peu|.les,  in.  l'et.  carême,  Tentât. 
il.»*  ^e  grossir,  v.  refi.  levcnir  plus  gros.  La.  ri- 
ricre  s'est  grossie.  Leur  troupe  se  grossit  peu  à 
peu,  HOLLiN,  Ihst.  anc.  Œuv.  t.  viii,  p.  607.  L;i 
cour  Ta  se  grossir....  On  vient,  et  je  vous  quille, 
LANOOE,  Co(/urtle  corr.  i,  l.  ||  Se  faire  plus  gros. 


GRO 

L'orgueil  est  une  enflure  de  cœur  par  laquelle 
l'homme  s'étend  et  se  grossit  dans  son  imagination, 
NICOLE,  Ess.  mor.  t"  traité,  ch.  l.  Tel  qui  se  gros- 
sit à  sa  vue,  Se  croit  quelque  chose,  et  n'est  rien, 
LA  MOTTE,  Fables,  I,  (3.  Il  Paraître  plus  pros.  Les 
verres,  selon  qu'ils  sont  colorés  ou  taillés,  changent 
les  couleurs,  les  granilcurs  et  les  figures  :  l'objet 
ou  se  grossit,  ou  s'apctisse,  ou  se  renverse,  ou  se  re- 
dresse, ou  se  muUijilie,  boss.  Conn.  m,  4.  ||  Fig.  Klre 
exagéré.  Tout  se  grossit  dans  les  propos  de  la  ville. 
Il  Proverbes.  La  peur  grossit  b  s  objets,  on  s'exa- 
gère ce  qu'on  craint.  |i  La  pelote  grossit,  se  gro.ssit, 
c'est-à-dire  le  nombre  grossit,  le  trouble,  la  sédition 
augmente,  les  profits  s'accumulent. 

—  lilST.  XV'  s.  Le  cueur  luy  encommençaà  gros- 
sir au  ventre;  car,  si  ce  ne  fust  pour  l'amour  du 
roy,  tantost  leur  courust  sus,  l'ercefor.  t.  vi,  f°  luo 
Il  xvr  s.  Et  quant  à  mon  ventre,  il  ne  fault  point 
de  grossir,  et  ne  vous  puis  celer  que  je  ne  sente 
souvent  bouger  chouse  qui  a  vie,  maho.  Letl.  cxix. 
Par  imagination  je  grossis  ces  iiicommodiiez  de  la 
moitié,  MONT.  I,  82.  Ces  fureurs  grossissent  leur 
courage  au  dessus  de  la  raison,  lo.  i,  132.  Leurame 
s'estoit  merveilleusement  grossie  et  enrichie  par 
l'intelligence  des  choses,  m.  i,  (41.  Coulx  qui  ont 
le  corps  graile,  le  grossissent  d'einbourrures,  id, 
1,  170.  I.a  saison  commsi-ceoil  fort  à  se  passer,  et 
l'air  à  se  grossir  et  refroidir  après  l'equiiioxe  au- 
tomnal, A.MvoT,.4'i(on.  6U.  Ca;sar,  grossissant  sa  pa- 
role, le  menaça  qu'il  le  tucroit  tout  roide,  s'il  le 
faschoit  d'avantage,  ID.  César,  46. 

—  KTVM.  Gros. 

t  GR0SS1SS.\KT,  ANTE  (grô-si-san,  san-t'),  adj. 
Il  1°  Oui  a  la  propriété  de  grossir,  de  faire  paraître 
gros.  Verres  grossissants.  ||  2"  Qui  devient  plus  gros. 
Dette  grossis.sante. 

GROSSISSK.MENT  (grô-si-se-man),  s.  m.  Action 
de  grossir;  le  résultat  de  cette  action.  Le  grossisse- 
ment des  raisins.  |{  Terme  de  physique.  Rapport, 
dans  les  instruments  d'optique,  entre  la  grandeur 
absolue  de  l'image  et  celle  de  l'objet.  Ces  verres 
produisent  un  grossissement  prodigieux.  ||  Terme 
de  photographie.  Action  de  reproduire  en  plus  grand. 

—  lllST.  XVI'  s.  Ce  lourd  grossissement  de  pour- 
poincts,  qui  nous  faict  touts  aultres  que  nous  ne 
sommes,  mont,  i,  338. 

t  GUOSSO-MODO  (gro-sso-mo-do) ,  lac.  adv.  A  la 
grosse,  sans  entrer  dans  le  détail. 

—  ÊTYM.  Liit.  grosso  modo,  à  la  grosse  manière. 
Cette  locution,  qui  n'est  pas  dans  la  latinité,  se 
trouve,  au  xiv*  siècle,  dans  H.  de  Mondeville,  Bibl. 
impér.  mss.  7)39  fonds  latin,  f°  )&9,  rerso. 

\  GROSSCLARIKES  (gro-ssu-la-ri-ée) ,  s.  f.  pi. 
Famille  voisine  des  cactées,  ne  contenant  que  le 
genre  groseillier. 

—  ÉTYM.  Latin  botanique,  grossulus  (voy.  gro- 

SKILIE.) 

t  GHOSSULINE  (gro-ssu-li-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  La  pectine  des  groseilles. 

—  ETYM.  Lat.  grosulus  (voy.  crossulawées),  et 
la  finale  ine,  qui  indique  un  principe. 

GROSSOVÉ,  EE  (gro-so-ié,  ice),por(.  posté  de 
grossoyer.  Un  acte  grossoyé. 

GltOSSOYER  (giô-so-ié;  plusieurs  disent  grô- 
soi-ié  ;  l'y  se  changeen  «devant  1'^  muet  :  je  gros- 
soie,  je  grossoicrai),  r.  a.  Faire  la  grosse  d'un  acte. 

—  IIIST.  xiv  s.  Lequel  Boileaue  avoit  fait  grous- 
sieret  escripre  une  fausse  lettre,  du  cange,  grossa. 
Il  xv's.  Le  roi  de  France  envoya  en  ce  pays  messire 
Hogerd'Espaigne  et  un  président  de  la  chambre  de 
parlement  de  Paris  et  belles  lettres  grossoyées  et  scel- 
lées, FHOISS.  II,  m,  (  1.  Il  XVI'  s.  Lettres  une  fois  gros- 
soiées ,  ne  peuvent  estre  regrossoiées  sans  appeller 
la  partie,  et  ordonnance  de  justice,  lovsel,  8!I3. 

—  Rtym.  Gros,  avec  le  suffixe  oyer  ou  eyer.  En 
un  autre  sens  :  l.a  mer  grossoyoit  [devenait  grosse], 
a  dit  .loinvillc,  286. 

GltOTKSOUE   (gro-tè-sk'),   adj.  Voy.  grotf.soces. 

CUOTESQUI'.MENT  (gro-tè-ske-man),  odr.  D'une 
manière  giole.s<|ue,  ridicule,  extravagante.  11  est 
giolesquemenl  vêtu. 

—  F.TVM.  Grotesque,  et  le  suffixe  ment. 
GUOTESOUES  (gro-tc-sk'),  s.  f.  pi.  ||  1°  Terme  de 

beaux-arts.  Se  dit  des  arabesques  à  1  imitation  de 
celles  qui  ont  été  trouvées  dans  les  édifices  anciens 
en.sevelis  sous  Icri-e  ice  qui  est  le  sens  primitif). 
Le  sujet  ni  le  dessin  des  grotesques  n'ont  rien  de 
boufl'on.  Il  2°  Par  extension  de  l'idée  de  fanUisque, 
irreguher  ,  qui  est  dans  l'acception  précédente. 
Figures  qui  font  rire  en  outrant  la  natui-e.  Peintre 
de  grole.-iquos.  Enfin  on  peut  compter  plus  de  mines 
burlesques  Que  n'en  grava  jamais  Callot  dans  ses 
grotesijues,  sanlecque,  Poème  sur  le  geste,   dans 


GRO  I 

t 

Poésies,  p.  6«.  Il  Fig.  Imaginations  grotesques  (em-   ! 
ploi   inusité).   Ces    grotesques   sont  si    ridicules, 
qu'elles   re   méritent  pas  qu'on  s'y  arrête,  ^atru,    ; 
l'iaid.  16.  Il  S'  Il  se  prend  adjectivement.  Qui  outre   ! 
et  conlrelail  la  nature  d'une  manière  bizarre.  Des  fi-   \ 
gures,  des  peintures  grotesques.  M.  de  .Saint-Amant 
ferait,  comme  il  s'y  était  oÔTort  lui-même,  la  partie 
comique  du  dictionnaire,  en  recueillerait  les  termet   ' 
grotesques,  c'est-à-dire,  comme  nous  parlerions  auc   i 
jùurd'bui,  burlcsipies,  pellisson,  Uist.  de  i'^lcad.  liu 
Il  4"  Fig.  Ridicule,  bizarre, extravagant.  Qu'y  a-t-ild^ 
plus  propre  à  exciter  le  rire  qqe  de  voir  une  chos» 
au.ssi  grave  que  la  morale  chrétienne  remplie  d'if 
maginations  aussi  grotesques  que  les  vôtres?  pasc< 
l'rov.  XI.  Mais  sa  muse  [de  Hon.sard],  en  français 
parlant  grec  et  lalin,  Vit  dans  l'âge  suivant,  par 
un  retour  grotesque  ,  Tomber  <le  ses  grands  mots 
le    faste    pédantesquc,    boil.    Arl   p.    i.    M/nc    de 
Bouillon  nous  pria  instamment  d'aller  voir  toute  la 
parentelle  nombreuse  et  grotesque  (de  CrozatJ,  .st- 
siM.  il2,  43.  De  l'autre  côté  e.st  Rochemauro   en 
Languedoc,  vieux  cbâte.au  grotesijue,   qui  a  l'air 
d'avoir  été  l.àti  du  reste  des  matériaux  de  la  tc/ur 
de   Babel,   de  brosses.  Lettres  sur  l'Italie,  t    i, 
lett.  ).  Il  5  S.  m.  Ce  qui  est  dans  le  genre  grotes- 
que. 11  ne  faut  pas  mêler  le  sublime  au  grotc-quc. 
Il  6°  Danseur,  boulTon,   et,  par  extension,  figura 
risible.  Des  figures  qui  font  de  cet  homme  un  gr- 
tesque,  LA  URLY.  xii.  C'est  un  poSte  et  le  grotcsq  :3 
du  genre  humain,  montesq.  Lett.  pers.  48. 

—  REM.  1.  Grotesque  venant  de  l'italien  grotlesca, 
et  tenant  à  grotte,  on  ne  voit  pas  pour(|uoi  l'Aca- 
démie qui  n'y  met  qu'un  (,  ne  se  conforme  pa>  à 
l'étymologie,  ou,  ne  s'y  conformant  pas,  pourquoi  elle 
ne  suit  pas  la  même  règle  pour  tous  les  mots  où  la 
double  (  ne  sonne  pas.  ||  2.  On  a  dit  jusque  dans  U 
xvii'  siècle  Grotesque,  comme  dans  le  xvi",  ce  qii 
rapprochait  ce  mot  de  croie,  anciennement  iVX 
pour  grotte.  Avec  cela  il  avait  un  chapeau  pointu  à 
petit  bord,  tellement  qu'il  avoit  une  façon  bu  n 
crotesque,  Francion,  liv.  x,  p.  4U2. 

—  lllST.  XV!'  s.  Le  vuide  tout  autour,  il  le  rem- 
plit de  crotesques,  qui  sont  peinclurcs  fantasques, 
n'ayant  grâce  qu'en  la  variété  et  estrangeté  ;  que 
sont  ce  icy  aussi,  à  la  vérité,  qus  crotesques  et 
corps  monstrueux  [ces  Essais]?  mont,  i,  2uô.  Da- 
moyselle  qui  oncq,  bien  qu'elle  fust  aymée.  Ne 
tourna  ses  pensers  qu'en  grotesque  ou  fumée  :  I.ais- 
sant  le  méritant  pour  prendre  à  .son  appoint  Celuy 
qui  à  part  soy  ne  l'aymoit  d'un  seul  point,  pasqiii::  , 
CIKu».  meslées,  t.  m,  p.  426. 

—  ÉTYM.  liai,  groltesca,  de  gratta,  grotte  (v(,; . 
ce  mot),  à  cause  des  peintures  trouvées  dans  des 
cnptes  ou  grottes  anciennes,  particulièrement  lors 
de  l'exhumation  des  thermes  de  Titus  à  Rome. 

GROTTE  (gro-t'),  s.  f.  Caverne  naturelle  ou  faite 
de  main  d'homme.  Remplissez  l'air  de  cris  en  vos 
grottes  profondes.  Pleurez,  nymjihes  de  Vau\, 
faites  croître  vos  ondes,  la  font.  Éleg.  pour  l'uv.- 
quel.  On  lira  avec  un  plaisir  mêlé  d'horreur  le 
récit  de  leur  descente  dans  la -grotte  d'Aiitiparos, 
c'est-à-dire  dans  trois  ou  quatre  abîmes  an"ieux 
qui  se  succèdent  les  uns  aux  autres,  fontk:  . 
Tournefort.  Qui  est-ce  qui  est  sorti  des  gritt<"J 
d'Arcy,  sans  être  convaincu  par  la  vitesse  ave; 
laquelle  les  stabactites  s'y  forment  et  s'y  reparu  t, 
que  ces  grottes  se  rempliront  un  jour  et  ne  form  - 
ront  plus  qu'un  solide  immense?  uidehot,  Interprit. 
de  la  nal.  n*  37.  Chanter  Pomone  et  Pan,  les  ruis- 
seaux, les  moissons,  Les  vierges  aux  doux  yeux  ; 
les  grottes  muettes,  El  de  l'âge  d'amour  les  ardcu  ; 
inquiètes,  a.  ciienieb,  lAgilcs,  Epilogue. 

—  HIST.  XI'  s.  Ad  Apolin  [ils]  courent  en  une  crutc, 
Ch.  de  /toi.  CLXXxm.  ||  xii'  s.  Par  ces  noveles  furent 
mult  li  moine  esmaié,  E  pur  ço  l'uni  es  crûtes  en- 
terré e  mucié,  7'/i.  le  nxarl.  ibh.  \\  xiii'  s.  11  voit 
Renart  qui  poi  le  doute;  Car  il  s'est  mis  dcdenz  sa 
croûte,  Hen.  7)6.  .^on  sépulcre  et  sa  crois  nous 
avoil  il  laissie;  Jheru.salem  ont  pris  la  pute  gcnt 
haïe,  El  mouslier  n'a  autel  ne  croule  bcneïe,  Que 
lor  palefroi  n'ait  ordée  [salie]  et  cunccîe  [con- 
chiée],  Ch.  dAnt.  i,  82».  ||  xv  s.  En  ce  terme  que 
il  [Eçpaignolet]  le  tint  [le  cliasiel  deCremale),  il  fit 
une  croule  en  terre  qui  vuidoilaux  champs  et  en- 
iroit  en  la  salle,  kroiss.  il,  m,  23.  ||  xvr  s.  Ou  bien 
s'il  a  quelque  soin.  C'est  de  s'endormir  au  coin  De 
quelcpie  grotte  sauvage,  bons.  Odes,  v,  16. 

—  ETVM.  Génev.  ciolnn,  cachot;  provcnç.  crota, 
ctnta,  cropta  ;  ital.  yrnlla  ;  du  lias-lat.  rrupta, 
9ni;i(a,  dans  un  texte  de  887,  qui  représente  le  latin 
crypta,  caverne  (voy.  chypte). 

t  GROrriTi;LE  (gro-tli-to-l) ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Se  dit  d'araignées  qui  se  construisent  des  es- 


GRO 

èces  de  grottes  avec  des  feuilles  qu'elles  entourent 
(fe  leur  toile. 

—  ÊTYM.  Grnlie,  et  le  lat.  tda,  toile. 

î  GROC  (grou),  s.  m.  ou  GROUEITE  (grou-è-f), 
f.   Nom  donné,  en   quelques   provinces,   à  une 
l'Q  argileuse  mêlée  de  pierres,  et  peu  propre  à 
a  culture  des  céréales. 

—  Kty.m.   Dérivé  du  germanique  :  anglo-saion, 
■>it,  farine  grossière  (voy.  cru). 
('.ROUILLANT,  ANTE  (grou-llan,  llan-t'.  Il  mouil- 

s,  et  non  grou-yan,  yan-t'),  adj.  Terme  familier. 

i  grouille,  qui  remue.  Des  enfants  tout  grouil- 
its,  pleins  de  vie.  ||  Qui  fourmille  de.  Sa  barbe 

it  grouillante  de  vermine. 

GROUILLEMENT  (grou-lle-man,  Il  mouillées, 
lion  grou-ye-man),  s.  m.  Mouvement  et  bruit  de 
qui  grouille.  On  entend  tous  les  jours,  dans  le 
uilleraent  des  intestins,  des  sons  qui....  buff. 
<.  t.  VIII,  p.  267. 

BROUILLER  (grou-Ué,  Il  mouillées,  et  non  grou- 
.  V.  n.  Il  1°  Terme  familier.  Se  remuer.   Et  l'on 
nande  l'heure  et   l'on  bâille  vingt  fois  Qu'elle 
uille  aussi  peu  qu'une  pièce  de  bois,  mol.  Mis. 
6  (l'édit.  de   1682,  faite  après  la  mort  de  Mo- 
re, a  :  qu'elle  s'émeut  autant).  Vous  ne  grouillez 
?  in.  Comtease,  8.  ||  La  tète  lui  grouille,  se  dit 
.  me  personne  à  qui  la  tête  tremble  de  vieillesse 
011  par  faiblesse.  Est-ce  que  madame  Jourdain  est 
il/'orépite?   et   la   tête   lui  grouille-l-elle  déjà?  in. 
irg.  gent.  m,  B.  ||  2°  Il  se  dit  du  bruit  des  fla- 
ités  dans  les  intestins.  Les  boyaux  lui  grouil- 
i.||3°  Fourmiller.  Ce  fromage  grouille  de  vers, 
vers  grouillent  dans  ce  fromage.  ]|  Il  se  con- 
jugue avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  HiST.  XVI'  s et  leur  en  faire  gouster,  non 

pas  rosti,  ains  tout  grouillant  et  frétillant,  pour 
leur  donner  plus  de  plaisir,  marg.  Nouv.  xi.  Ces  ca- 
vités estoient  remplies  de  vers  grouslans  et  mou- 
vans,  PARÉ,  viii,  22.  Semblablement  des  asnes, 
quand  ilz  vienent  aussi  à  putréfaction,  grouillent 
des  escharbots,  amvot,  Agis  et  Cléom.  71.  Hz  ont 
groulé  par  dessus  ma  teste  despuis  trois  beurcs  au 
matyn,  palsor.  p.  693.  Arbre  groulant  [s'agitant, 
agité],  DELAPo  iTE,  Epilhètes.  Grouler  des  pois  ou 
febvesfles  faire  cuire  sur  des  charbons],  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Picai-d,  grouiller,  s'affaisser,  en  parlant 
d'une  berge;  Berry,  groiUer,  grouller,  remuer, 
mouvoir.  Diez  le  tire  de  l'anc.  haut-allem.  grubi- 
lôn ,  fouiller,  ou  crewelôn,  grouiller,  démanger. 
Mais  les  emplois  effectifs  du  verbe  grouiller  en  pa- 
raissent faire  une  forme  dérivée  de  crouler  ou  croul- 
ler  (voy  croùlkr),  qui,  dans  l'ancien  français  et  en- 
core aujourd'hui  dans  certains  lieux,  signifie  agiter, 
remuer.  On  remarquera  que  grouiller,  dans  l'his- 
tori  jue,  est  récent;  ce  qui  convient  à  un  verbe  an- 
cien [crouler]  i\\i\  a  pris  une  forme  populaire. 

f  GROULNE  (grou-i-n'),  s.f.  iNom,dan3  les  Vosges, 
d'amas  de  gravier  calcaire.  ||  On  dit  aussi  groise. 

—  ÉTYJl.  Dérivé  de  grou. 

t  GROULMÈUE  (grou-i-niè-r'),  s.  f.  Nom,  dans 
les  Vosges,  des  lieux  où  il  y  a  de  la  grouine. 

1  GROULAKD  (grou-lar),  s.  m.  Nom  vulgaire  du 
traquet  et  du  bouvreuil. 

GROUP  (group),  s.  m.  Terme  de  commerce.  Sac 
d'argent  cacheié  qu'on  envoie  d'une  ville  à  l'autre. 
Il  Peyssonnel  écrit  jroiippe;  Il  convient  de  faire  ve- 
nir les  fonds  dont  on  a  besoin  en  espèces;  la  voie 
la  plus  sûre  est  celle  des  tcboodars  du  kan,  que  ce 
prince  expédie  presijue  toutes  les  semaines,  et  qui  se 
chargeraient  de  remettre  volontiers  des  grouppes 
au  consul  ,  moyennant  une  petite  récompense, 
Traité  sur  le  comm.  de  la  mer  Noire,  i,  211. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue. 

f  GROtj'I'ACiE  (grou-pa-j'),  s.  m.  Terme  de  chemin 
de  fer.  (^acuité  laissée  à  certains  intermédiaires  de 
rassembler  un  nombre  de  colis  et  de  les  présenter 
en  bloc  au  chemin  de  fer. 

GROUPE  (grou-p'),  s.  m.  ||  1°  Un  certain  nombre 
de  personnes  réunies.  Un  groupe  de  curieux.  Dus 
groupes  menaçants  se  formaient  dans  la  rue;  la 
force  armée  les  dissipa.  Ainsi  dans  presque  aucun 
de  ces  groupes  d'enfants  l'oisiveté  n'était  soufferte, 
marmonthl,  iléin.  i.  Ils  furent  bientôt  à  six  cents 
pas  du  groupe  où  la  reine  était  arrêtée,  genlis, 
iB/'c  de.  la  Fayette,  p.  275,  dans  pougens.  ||  'lerme 
de  fouriérisme.  Réunion  d'individus,  attirés  )es  uns 
vers  les  autres  j)ar  une  des  quatre  passions  affec- 
tives. Dans  la  phalange,  les  groupes  sont  les  élc- 
menls  de*  séries.  ||  2°  Terme  de  sculpture  et  de 
peinture.  AssemblaKe  d'objets  lellemeni  rapprochés 
ou  unis  que  l'œil  le»  embrasse  à  la  fois.  Un  groupe 
d'animaux.  Quel  groupe  plus  simple,  plus  beau  que 
celui  du  Laocoon  et  de  ses  enfants?  dideb.  Ess.  sur 


CRU 

la  peint,  chap.  5.  C'est  là  aussi  [aux  Thermes  do  Ti- 
tus] qu'on  a  découvert  le  groupe  do  Laocoon, 
stael,  Corinne,  iv,  6.  ||  Terme  d'architecture.  Se 
dit  de  plusieurs  colonnes  accoujilées.  ||  3"  Terme  de 
musique.  Se  dit  de  plusieurs  notes  réunies  ensem- 
ble par  leurs  queues.  ||  Réunion  de  plusieurs  cordes 
d'un  instrument,  lesquelles  sont  accordées  à  l'unis- 
son ou  à  l'octave  et  doivent  être  attaquées  ensemble. 
Il  4°  Fig.  Réunion  d'objets  formant  un  tout  distinct. 
Le  P.  C.  a  un  soin  ingénieux  de  faire  des  groupes 
des  choses  sous  des  classes  différentes,  if('m.  de 
Trév.  1720,  dans  DESFONTAINES.  L'Islande,  comme  la 
Sicile,  n'est  en  grande  partie  qu'un  groupe  de  vol- 
cans, nuFF.  Add.  théor.  ter.  OEur.  t.  xiii,  p.  (00. 
Il  5°  Terme  de  géologie.  Groupe  crétacé,  roches  du 
terrain  crétacé.  Groupe  oolithiquo,  terrain  juras- 
sique. Il  6"Termede  botanique.  Agrégation,  dite  plus 
communément  sore,  des  petites  capsules  qui  consti- 
tuent la  fructification  des  fougères.  ||  7°  Terme  de 
lexicographie.  La  lettre  ou  les  lettres  placées  en  tète 
des  colonnes  d'un  dictionnaire,  et  servant  d'initiales 
aux  mots  contenus  dans  chaque  colonne.  Le  groupe 
A,  le  groupe  CA,  le  groupe  CRO.;|  Se  dit, par  exten- 
sion, de  tous  les  mots  ayant  pour  initiales  les  lettres 
placées  en  tête  d'une  colonne  :  le  groupe  DE,  tous 
les  mots  commençant  par  ces  deux  lettres. 

—  ÉTYM.  Ital.  groppo,  gruppo,  groupe;  espagn. 
grupo,  gorupo.  C'est  le  même  que  le  mot  croupe 
(voy.  ce  mot),  c'est-à-dire  ce  qui  est  ramassé,  comme 
l'indique  le  radical  qui  est  germanique. 

GROUPÉ,  ÉE  (giou-pé,  pée),  part,  passé  de 
grouper.  111°  Rassemblé,  en  parlant  de  personnes 
ou  de  choses.  Ils  étaient  groupés  autour  de  lui. 
I  2"  Réuni  en  groupe.  Parce  que  ces  figures  .se  tien- 
nent, le  peintre  a  cru  qu'elles  étaient  groupées,  dideh. 
Salon  de  1765,  OImv.  t.  xiii,  p.  <6,  dans  pougens. 
Il  Substantivement.  Le  groupé,  manière  dont  plu- 
sieurs objets  sont  groupés;  disposition  par  groupes. 

f  GROUPEMENT  (grou-pe-man),  s.  m.  Action  de 
grouper,  réunion  d'objets  propres  à  se  grouper. 

GROUPER  (grou-pé),  r.  a.  |]  1°  Réunir,  en  parlant 
de  choses  ou  d'êtres  vivants.  Grouper  des  faits,  des 
mots.  J'aimais  l'essaim  d'oiseaux  funèbres  Qui  sur 
les  toits,  dans  les  ténèbres.  Vient  grouper  ses  noirs 
bataillons,  v.  hlgo,  Odes,  II,  3.  ||  2°  Terme  d'aris. 
Disposer  en  groupe.  On  met  toujours  de  l'ordre  dans 
la  confusion  même;  ainsi  les  peintres  groupent  leurs 
figures,  moniesq.  Goi2(,  plaisir  de  l'ordre.  11  [Wat- 
teau]  a  réussi  dans  les  petites  figures  qu'il  a  dessi- 
nées et  qu'il  a  très-bien  groupées,  mais  il  n'a  ja- 
mais rien  fait  de  grand,  il  en  était  incapable,  volt. 
Temple  du  goût.  ||  En  architecture,  grouper  des  co- 
lonnes, les  réunir  deux  à  deux.  ||  3°  V.  n.  En  termes 
d'art,  être  groupé.  Ces  ligures  groupent  bien.  ||  4°  Se 
grouper,  v.  réfl.  Former  un  groupe.  Ces  danseuses 
se  groupent  bien.  ||  Être  en  groupes.  Les  nuages  se 
groupent  à  l'h  irizon.  La  foule  se  groupa  autour  de 
lui.  Plusieurs  des  hommes  débandés  s'éuient  arrêtés 
subitement;  ceux  qui  les  suivaient,  les  atteignant, 
se  groupaient  avec  eux  ;  d'autres,  déjà  plus  avancés, 
reculaient  sur  les  premiers,  ils  s'attroupaient,  bien- 
tôt ce  fut  une  masse,  sêgur,  Uist.  de  Nap.  x,  *. 

—  HIST.  XV'  S.  Mais  faictes  comme  font  gens  sai- 
ges  Pour  veoir  aullres  bariolaiges  Au  fray  des  dra- 
gons et  serpcns  En  hayneuses  amours  grouppans. 
Traité  d'alck.  )I0. 

—  ETYM.  Croupe. 

\  GROUPET  (grou-pè),  S.  m.  Terme  de  musi- 
que. Traduction  t  ès-peu  usitée  de  l'italien  grup- 
pelto   (voy.  ce  mot). 

I  GROUX  (groù),  s.  m.  Nom  donné  en  Bretagne 
à  une  bouillie  à  l'eau  faite  avec  de  la  farine  de 
sarrasin.  Faire  frire  du  groux. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  gru. 

t  GRU  (gru),  4,  m.  ||  l"Ancien  nom  du  gruau. 
Cru,  le  muid,  mesure  de  Paris,  payera  comme  orge. 
Tarif,  I8  sept.  ie64.  ||  2°  Bouillie  de  farine  d'orga 
ou  d'avoine.  La  Fanchon  me  servit  des  grus,  des 
céracées  (sortes  de  laitages],  1. 1.  Rorss.  Ilél.  vi,  10. 

—  UIST.  xiv*  s.  Grust  (orge  préparée  pour  la 
liierre),  uu  cange,  grutum.  ||  XV  s.  Le  suppliant 
[brasseur]  conduisit  une  charretée  de  grain  ou  gru 
pour  mouldre  au  molin,  m.  \h.  Tu  sasses  le  gruis 
chascun  jour,  eust.  disch.  Poésies  mss.  f"  ;i76. 
Grain,  gru,  hoiibillon  et  autres  matières,  dont  ils 
brasseront,  Ordonn.  fév.  1405. 

—  ÊTYM.  Champagne,  gru,  son;  génev.  grus, 
orge  mondé  ;  proveiiç.  grus,  grain  ;  du  germanique  : 
anglo-sax.  grut;  angl.  grout;  anc.  h.  allem.  gruii; 
alleni.  mod.  Griitie,  grain  mondé. 

I.  GRUAU  (gru-ô),  s.  m.  ||  1°  Grain  mondé  et 
moulu  grossièrement,  de  manière  à  présenter  un 
grain  de  farine  non  réduit  en  poussière,  mais  sans 


GRU 


1947 


trace  de  son.  ||  L'avoine  dépouillée  do  sa  balle  flo- 
rale. Il  2°  Par  extension,  farine  d'orge,  ou  d'avoine, 
séchée  £.u  four,  dont  on  sépare  le  son  sans  blu- 
teau  et  qui  fait  une  nourriture  fort  saine  en  bouil- 
lie tirée  au  clair.  ||  l.a  fine  fleur  de  froment.  Pain 
de  gruau.  ||  3°  Bouillie,  tisane  faite  avec  du  gruau. 
Boire  du  gruau.  ||  4 "  Se  dit  aussi  de  la  pomme  de 
terre  réduite  en  pâle,  puis  en  petits  pains,  dans  un 
moulin  à  meules  espacées,  de  manière  à  lui  donner 
l'aspect  du  sagou. 

—  UIST.  xii'  3.  E  une  femme  estendi  un  drap  sur 
le  puiz,  si  cume  ele  i  sechast  orge  piled  pur  faire 
grucl.  Bois,  p.  (83.  ||  xiv«  s.  A  Paris  les  oyers  [mar- 
chands d'oies]  engrossent  leurs  oies  de  farine,  non 
mie  la  fleur  ne  le  son,  mais  ce  qui  est  entre  deux, 
que  l'on  appelle  les  gruyaux  ou  recoppes,  Uénagitr, 
II,  4.  Avoine  batue  que  l'en  doit  dire  gruyau  d'a- 
voine, ib.  II,  5. 

—  ETYM.  Cru;  picard,  jrut;  génev.  grisse ,  gritxe , 
gruau  d'avoine  ou  d'orge  (c'est  l'allemand  Grûtxe). 

t2.  GRUAU  (gruô),  s.  m.  Petit  de  la  grue.  On 
voyait  communément,  suivant  Turner,  de  petits 
gruaux  dans  les  marchés;  leur  chair  est  en  effet 
une  viande  délicate,  dont  les  Romains  faisaient 
grand  cas,   buff.  Ois.  t.  xui,  p.  42». 

—  ETYM.  Diminutif  de  grue  (. 

1 3. GRUAU  (gru-6),s.m.!]  1"  Petite gruepour  enle- 
ver les  fardeaux.  ||  2"  Vaisseau  pour  transporter  le  sel. 

—  ETYM.  Diminutif  de  grue  2. 

(.GRUE  (grue),  s. /.  Il  1"  Gros  oiseau  voyageur 
de  l'ordre  des  échassiers,  qui  vole  par  bandes.  Les 
grues  portent  leur  vol  très-haut,  et  se  mettent 
en  ordre  pour  voyager;  elles  forment  un  trian- 
gle à  peu  près  isosccle,  comme  pour  fendre  l'air 
plus  aisément,  b;;ff.  Ois.  xiii,  p.  425.  La  grue 
du  philosophe  Leonicus  Thomaeus  dans  Paul  Jove 
est  fameuse  ;  il  la  nourrit  pendant  quarante  ans,  et 
l'on  dit  qu'ils  moururent  ensemble,  m.  ib.  p.  434. 
Il  On  prétend  que,  lorsque  les  grues  sont  à  terre  en 
troupe,  il  y  en  a  une  qui  se  tient  sur  une  seule 
jambe  pour  faire  la  sentinelle.  ||  De  là  fig.  et  familiè- 
rement. Faire  le  pied  de  grue,  attendre  longtemps 
sur  ses  pieds.  Faire  sur  l'un  des  pieds  eu  la  salis 

la  grue,  Régnier,  Sat.  m De  la  me.  Où  jusques 

à  minuit  j'ai  fait  le  pied  de  grue,  nAUTEnociiE, 
Espr.  foll.  V,  9.  Il  Avoir  un  cou  de  grue,  avoir  le 
cou  très-long.  Que  ferez-vous  d'un  pauvre  acteiur 
Dont  la  taille  et  le  cou  de  grue  Et  la  mine  très-peu 
jouflue  Feront  rire  le  connaisseur?  volt,  i^p.xcvi. 
Il  2  Fig.  et  familièrement.  Niais,  qui  se  laisse  faci- 
lement tromper.  Le  monde  n'est  plus  grue  et  ne  sa 
mouche  plus  sur  la  manche,  gui  patin,  Lelt.  t.  ii,  ■ 
p.  186.  Me  prends-tu  pour  une  grue?  brievs,  l'im- 
portan',  i,  6.  Mais  si  c'est  une  grue...  Dans  ma  fa- 
mille, au  moins,  on  ne  voit  point  de  sots,  begnard, 
le  Bal,  8.  Il  Grande  femme  qui  a  l'air-  gauche. 
'13°  Te.-me  d'astronomie.  Constellation  de  l'hémi- 
sphère austral.  ||  4'  Terme  d'antiquité.  Danse  de 
la  grue,  sorte  de  branle  inventé,  dit-on,  par  Thé- 
sée, qui  avait  voulu  peimlre  les  tours  et  détour.-; 
du  labyrinthe  de  Crète,  d'où  il  avait  été  tiré  pai 
Ariane;  c'était  une  fille  qui  conduisait  le  branle. 

—  UIST.  xiii*  s.  Grues  sont  oiseau  qui  volent  à 
eschieles  [bandes] ,  en  manière  de  chevaliers  qui 
vont  en  bataille,  brun.  lat.  Très.  p.  2(5.  Puis-ge 
voler  avec  les  grues.  Voire  saillir  outre  les  nues, 
Cum  fist  le  cine  [cygne]  Socratès?  ia  «ose,  54U. 
Par  envie  mult  le  grevoient,  Tant  i  avoit  venin  et 
liel:  Ceste  prendra  la  grue  au  ciel,  Fesoient-il,  par 

ataine,    buteb.  Il,  165.  ||  xiV  s et  souhaitoit 

([u'il  eust  la  gorge  |ilus  longue  que  le  coul  d'une 
grue,  oresm-î,  Eth.  94.  ||xvi'  s.  Tu  le  cungnois  en 
fient  [fiente]  de  grues,  ton  père  estoyt  pou"»yllier, 

PALSGR.  p.    475. 

—  ETYM.  Provenç.  grua;  espagn.  grulla;  portug. 
grou  ;  ital.  grua;  du  lat.  gnis,  qui,  avec  le  grec  yi- 
oavo.-,  dépend  du  radical . sanser.  j/ar,  crier,. i/tr,  voix  ; 
comp.  le  grec  ynÇ'^;,  voix,  le  lat.  garrire,  bavarder. 

2.  GHUE(grue),  s.  /■.  ||  1°  Grande  in.ichinede  bois 
qui  sert  à  élever  de  grosses  pierres,  ilc  grands  far- 
deaux. Avec  un  ceruin  instrument  Qu'en  français 
une  grue  on  nomme,  scahh.  Virg.  vi.  ||  2'  Ancienne 
machine  de  guerre  qu'on  appelait  aussi  corbeau 
démolisseur.  ||  3°  Anciennement,  instrum'  ni  do  pu- 
nition pour  les  soldats,  composé  de  deux  pièces  de 
fer,  qui  se  terminaient  en  bec  de  grue  par  le  bas, 
et  qui  avaient  la  forme  du  carcan  par  le  haut. 
Mettre  un  soldat  à  la  grue. 

—  HIST.  xiii'  s.  Chil  qui  porte  faus  sans  manche 
doit  deux  deniers;  chil  qui  porte  grues, doux  deniers, 
tailliau,  /lci-uci'/,p.  26.  Il  xV  s.  Pour  trouver  moyen 
de  gagner  la  bastille,  furent  dressez  deux  cas  (chats, 
sorled'enginl  et  deux  grues,  par  le  moyen  de»  quelles 


1948 


CRU 


lus  Françoispeussentapproclieripurs  ennemis,  HATii. 
DE  coucy,  Ilist.  de  Charles  VU,  p.  C05.  ||  xvi*  s. 
CJuiiidez  la  gruf  plus  vistement,  palsgb.   p.  782. 

ÊTYJl.  Crue  I,  par  assimilation  de  forme. 

f  GllUf,  ÈB  (gru-é,  gru-ée),  pari,  -passé de gTntv. 
Réduit  en  gruau.  De  loulos  ces  graines  légumineuses 
les  unes  étant  gruées  servent  à  faire  les  différentes 
soupes  connues  sous  le  nom  do  soupes  farineuses, 
TissoT,  Santé  des  gens  de  Ultres,  §  60.  Ucs  vivan- 
dières allaient  de  feux  on  feux,  proposant  des  gâ- 
teaux de  blé  grue,  cuATEAun.  Hin.  2'  part. 

f  GRUER  feru-é),  V.  a.  Réduire  en  gruau. 

—  ETVJl.  Gru. 

GRUERIIi:  (gru-rie),  s.  f.  ||  1»  Nom  d'une  ancienne 
juridiction  subordonnée  aux  maîtres  des  oaui  et  fo- 
rêts, qui  jugeait  en  première  instance  de  ce  qui  con- 
cernait les  bois.  Quoique  par  arrêt  du  conseil  du  <  4  sep- 
tembre 108»  très-expresses  défenses  ayant  été  faites 
i  tous  seigneurs,  tant  ecclésiastiques  que  séculiers, 
do  se  dire  propriétaires  des  droits  de  verierie, 
gruerie,  grayrie,  et  de  souffrir  prendre  par  les  ju- 
ges ordinaires  les  qualités  de  juges  verdiers,  gruyers, 
grayers,  et  juges  des  eaux  et  forêts....  Ord.  du  gr. 
maître  des  eaux  et  forêts  du  dip.de  Paris,  du28fév. 
1119, àlasuilede  l'arrêt  duconseil  du  14  sept,  icss 
et  pour  l'exécution  d'icelui.  \\  Lieu  où  s'eicrçaitcette 
juridiction.  ||  2°  Droit  de  justice,  que  le  roi  avait 
dans  les  bois  de  quelqu'un,  et  qui,  outre  les  profiti 
de  la  justice,  lui  assurait  dans  les  coupes  une  part 
appelée  tiers  et  danger.  ||  Droitde  gruerie,  permission 
que  les  rois  accordaient,  sousccrlaines  réserves,  de 
laisser  croître  des  bois  en  haute  futaie.  {|  Gruerie 
de  charbon,  droit  royal  sur  les  charbons  de  bois. 

— IllST.xv's.  Cens,  rentes,  revenus  et  droiture  d'or, 
d'argent,  de  bled,  d'avoine,  de  vin,  de  chapons,  de 
gelines,  cire,  poivre,  porcs  et  espices,  gruriesde  bois 
et  d'eau....  godefroy,  Obs.  sur  Cliarlcs  VUI,  p.  400. 

—  ÉTYM.  Voy.  GHUVKR  2. 

GRUGÉ,  ÉE  (gru-jé,  jée),  part,  passé  do  gruger. 
Mangé.  Un  déjeuner  promptement  grugé.  ||  Fig. 
(jrugé  par  ses  amis,  par  ses  parents. 

t  GRUGEON  (gru-jon) ,  s.  m.  Terme  de  com- 
merce. Nom  donné  à  de  gros  morceaux  de  sucre 
compacte  qui  se  trouve  parfois  dans  les  tonneaux  de 
cas.^onade  envoyés  des  Antilles. 

GRUGER  (gru-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a  et  o; 
grugeant,  grugeons),  v.  a.  ||  1"  Briser  quelque  chose 
do  dur  avec  les  dents.  Gruger  du  sucre.  ||  Terme  de 
sculpture.  Briser  avec  un  marteau  à  pointes  de  dia- 
mant certaines  matières  qui  ne  pourraient  être  en- 
tamées par  un  outil  tranchant.  {|  2°  Familièrement. 
Manger.  Perrin  Dandin  arrive;  ils  le  prennent  pour 
juge  :  Perrin  fort  gravement  ouvre  l'huître  et  la 
pruge.  Nos  deux  messieurs  le  regardant,  la  font. 
l'abï.  IX,  9.  Vous  mangerez  tantôt;  voyez  quelle  inso- 
lence !  Gruger  notre  palais  I  i.e  grand,  Tioi  de  co- 
cagne,! 2.  Me  voilà  noble,  je  garde  le  parchemin, 
je  ne  crains  plus  que  les  rats,  qui  pourraient  bien 
gruger  ma  noblesse,  mabivaix.  Double  inconst.  iji, 
4.  Il  Absolument.  Les  autres  cncor  de  gruger  En 
enrageant  ;cela  console,  la  motte,  l'abl.  1,17.113°  Fig. 
Gruger  <|uelqu' un,  lui  dissiper  son  bien  par  toutes  sor- 
tes de  peliti  s  rapines.  Au  lieu  qu'on  nous  mange,  on 
nous  gruge.  On  nous  mine  par  des  longueurs ,  i,a 
FONT.  Fabl.  I,  21.  Quoique  les  auteurs,  nation  in- 
grate et  impolie,  se  moquassent  de  lui  en  le  gru- 
geant, LE  SAGE,  Diable  boit.  chap.  9.  ||  Gruger  son 
fait,  se  dit  d  une  personne  qui,  ayant  peu  de  bien, 
/ait  plus  de  dépense  que  ses  ressources  ne  le  compor- 
tent. ||  Anciennement,  au  chapitre  de  Noire-Dame 
de  Paris,  gruger  une  maison,  c'était,  quand  le  cha- 
noine qui  la  possédait  ne  l'avait  point  résignée,  la 
vendre  et  en  partager  le  prix  entre  les  autres. 

—  IllST.  xvi*  s.  L'estraignit  si  fort  qu'elle  le  gru- 
gea plus  menu  que  n'est  menue  la  poussière,  Kuils 
de  Straparole,  t.  u,  p.  bi,  dans  i.acurne. 

—  ÊTVM.  Génev.  greuger;  wallon,  gruil;  namur. 
grciji;  angl.  togrudgc;  du  Ijaa-allem.  griiicn, écra- 
ser; hollind.  gruisrn,  d'après  Grandgïgnage. 

f  GRl'GElilK  fgru-je-rie),  s.  f.\\l'  Action  do 
gruger.  ||  2'  Parmi  les  chanoines  de  Paris,  partage 
du  prix  d'une  maison  de  chanoine  après  la  mort  du 
possesseur  (voy.  oiil'ger). 

t  GRUGEUR,  EUSE.(gru-jeur,  jeû-z'),  s.  m.  et  f. 
Celui,  celle  qui  gruge,  qui  mange,  qui  dépouille. 
Ceu  un  terrible  grugeur.  Un  grugcur  d'huîtres. 
Les  grugeurs  de  nos  biens. 

—  ÊTVM.  Grug.r. 

GRU.MK  (gru-m'),  s.  m.  Ecorce  laissée  sur  leb  .is 
coupé.  Four  mieux  comparer  la  force  du  bois  des 
arbres  écorcés  avec  celle  du  bois  ordinaire,  j'eus 
som  de  mollre  en.semhie  chacun  de  ces  six  chênes 
<luo  ja\ai;  fait  amener  en  grume,   avec  un  chêne 


GRU 

écoreé  de  même  grosseur  à  peu  près,  biff.  7/i.vt. 
nat.  Introd.  part.  exp.  aîuv.  t.  via,  p.  269.  ||  Bois 
en  grume,  bois  de  charpente  et  de  charronnage  qui 
a  encore  son  écorcc,  qui  n'est  point  équarri,  mais 
qui  pourtant  est  coupé  de  certaines  longueurs.  Fu- 
reticre  avait  reproché  à  la  Fontaine,  qui  était  maî- 
tre des  eaux  et  forêts,  de  ne  pas  savoir  ce  que  c'é- 
tait que  bois  de  grume  et  bois  de  marmenteau; 
celui-ci  lui  répondit  par  cette  épigramme  :  «  Toi 
qui  crois  tout  savoir,  merveilleux  Furotière,  Qui 
décides  toujours  et  sur  toute  matière.  Quand,  de 
les  cliicanes  outré ,  Guilleragues  t'eut  rencontré , 
Et,  frapp.int  sur  ton  dos  comme  sur  une  enclume. 
Eut  à  coups  de  bâton  secoué  ton  manteau,  Le  bâ- 
ton, dis-le-nous,  était-ce  bois  de  grume,  Ou  bien 
du  bois  de  marmenteau?  »  Furetière  publia  lui- 
même  cette  épigramme,  ajoutant  :  «  Nota.  Cette 
épigramme  montre  clairement  que  l'objection 
qu'on  a  citée  au  sieur  de  la  Fontaine,  d'ignorer  la 
nature  du  bois  de  grume  et  du  bois  de  marmen- 
teau, était  bien  fondée  :  le  bois  de  grume  est  du 
bois  de  charpente  et  do  charronnage  débité  avec 
son  écorce ,  et  qui  n'est  point  équarri  ;  le  bois  de 
marmenteau  est  un  bois  de  haute  futaie  qui  est 
conseryé  pour  l'ornement  d'une  maison,  à  laquelle 
il  est  attaché,  eL  qu'il  n'est  pas  même  permis  à  un 
usufruitier  do  couper;  l'un  et  l'autre  bois  n'est  pas 
propre  à  venger  des  traits  médisants.  »  (cdit.  Walc- 
kenaer  de  la  font.  t.  vi,  p.  308). 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  L'italien  gruma  ou 
gromma,  croûte  qui  se  forme  au  fond  d'un  ton- 
neau, pour  lequel  on  indique  le  suédois  grums  de 
même  sens,   s'éloigne  pour  la  signification. 

GRU.MEAU  (gru-mô),  s.  m.  ||  1°  Petite  agglomé- 
ration de  quelque  chose  de  pulvérulent,  de  sablon- 
neux, etc.  On  trouve  du  sel  en  grumeaux  adhérents 
à  de  la  lave  altérée  ou  à  du  sable  vomi  par  les  vol- 
cans, EUFF.  ilin.  t.  VIII,  p.  ne.  Il  arrive  souvent 
qu'en  creusant  sa  trémie,  le  fourmi-lion  rencontre 
de  gros  grains  de  sable  ou  de  petits  grumeaux  de 
terre  sèche,  bonnet,  Contempl.  nat.  xii,  42.  ||  2°  Par- 
ticulièrement, petite  masse  d'albumine,  de  iibrine 
ou  de  caséine,  coagulée  dans  un  liquide  animal, 
tel  que  le  sang,  le  pus,  le  lait.  Des  grumeaux  de 
sang.  Le  lait  a  tourné  et  s'est  mis  en  grumeaui. 
Cette  bouillie  est  pleine  de  grumeaux. 

—  IlIST.  xiii'  s.  Prendés  ferine  d'avaine  et  d'cs- 
peaulre....  et  faites   cuire  à  manière   de  grumiel, 

alebrant,    f°  42.  Il  XVI'   s Tant  à  raison  de   la 

playe,  qu'à  raison  des  gremeaux   de  sang,  qui.... 

TARÉ,  VUI,  32. 

—  ETYM.  Lat.  j/rumeJJiu,  diminutif  de  grumus, 
petit  tas  de  terre  ;  l'espagnol  et  l'italien  ont  le  pri- 
mitif :  grume. 

t  GRUMEL  (gru-mèl),  i.  m.  Fleur  d'avoine  dont 
on  se  sert  dans  le  foulage  des  étoffes. 

—  ÉTV.M.  Autre  forme  de  grumeau. 
GUUMELÉ,  ÉE  (gru-me-lé,  lée) ,  part,  pois^de  gru- 

meler.  Pris  en  grumeaux.  Du  lait  grumclé.  ||  Terme 
de  botanique.  Divisé  en  petites  masses  arrondies, 
en  espèces  de  grumeaux;  par  exemple  le  pollen 
do  quelques  orchidées. 

1 .  GRUMELER  (SE)  (gru-me-Ié.  La  syllabe  mcl 
double  l'i,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  ■:  il 
se  grumelle),  t.  réfl.  Se  mettre  en  grumeaux. 

—  iilST.  xvi*  s.  Tel  bain  lascheet  raréfie  le  cuir, 
fond  et  dissoult  le  sang  grommelé,  paré,  x,  3. 

—  CTYM.  Grumel,  grumeau. 

t  s.  GRU.MELER  (grume-lé.  La  syllabe  mfJ  dou- 
ble 1'/  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  il  gru- 
melle), i'.  n.  Crier  comme  le  sanglier. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  de  grommeler. 
GRUMELEUX,  EUSK  (gru-rae-leû,  leil-z'),  aij. 

Il  1°  Qui  a  de  petites  inégalités  dures,  au  dehors  ou 
dedans.  Bois  grumeleux.  Poire  grumeleuse.  ||  2°  Par- 
ticulièrement. Composé  de  grumeaux.  Du  sang  gru- 
meleux. 

—  IHST.  XVI'  s Une  chair  fort  dense  et  gru- 
meleuse :  en  la  substance  de  laquelle  estoient  infil- 
trés des  corps  estranges,  comme  atheromes,  carti- 
lages et  os,  PARÉ,  XVIII,  41. 

—  ÊTYM.  Grumel,  grumeau.  Paré  a  dit  aussi  gru- 
meux,  XII,  26. 

fGRUMELURE  (gru-me-lu-r') ,  s.  f.  Petit  trou 
dans  une  pièce  de  métal  fondu.  ||  S.  f.  pi.  Terme  do 
chasse.  Très-petites  fumées  mêlées  avec  les  autres; 
elles  désignent  un  vieil  animal. 

—  ÊTYM.  Gnimeler  4. 

t  GRU.'UILI.ON  (gru-mi-Ilon ,  «  mouillées),  s.  m. 
Terme  de  mclallurgie.  Petite  particule  des  maquet- 
tes qui  tombe  lorsqu'on  les  forge. 

—  ÊTYM,  Gniiieau. 

I  GRL'ASTKIN  (grun'-staîn"),  s.  m.  Terme  degco- 


GUE 

gnosie.  Espèce  de  roche,  composée  d'amphibole  et 
de  feldspath. 

—  liTYM.  Allem.  grûn,  vert,  et  Slein,  pierre. 

t  GRUPPETTO  (grou-pè-tto),  s.  m.  Terme  de  mu- 
sii|ue.  Agrément  de  chant  forme  do  trois  ou  quatre 
petites  notes  ascendantes  ou  descendantes,  dont  lit 
valeur  se  prend  en  avant  de  la  note  qui  en  est  af- 
fectée et  quelquefois  sur  cette  note  même. 

—  ÊTYM.  Ital.  gruppeUo,  diminutif  de  gruppa, 
groupe. 

i .  GRUYER,  ÈRE  (gru-ié,  ic-r'),  adj.  Qui  a  rapj .  t 
à  la  grue.  Usité  seulement  dans  ces  locutions  ;  oi- 
seau gruyer,  celui  qui  est  dressé  à  voler  la  grue. 
Faisan  gruyer,  faisan  qui  ressemble  à  la  grue. 

—  lllST.  Xiii°  s.  Et  voit  venir  0  lui  im  escuier  Qui 
sor  son  point  portoitautour  gruier,  bucance,  ailur. 

—  ÊTYM.  Grue  t  ;  provenç.  ffruie(-,9ru«r;espagn. 
gruUero. 

2.  GRUYER  (gru-ié),  i.  m.  ||  1"  Le  seigneur  (j  li 
avait  un  droit  d'usage  sur  la  forêt  de  ses  v^  - 
saux.  Il  2»  Officier  qui  connaissait,  en  première  ii.- 
stance,  des  délits  commis  dans  les  forêts  et  dans  lis 
rivières  de  son  département.  Rodillardde  Choupil  -•, 
Noble  au  bec  do  corbin,  grand  gruyer  de  Ben  y, 
REGNARD,  le  Distrait,  1,  4.  ||  On  a  dit  aussi  grajtr, 

—  HIST.  xiv  s.  Que  li  gruier  gouverneront"  Iti 
eaues  et  les  viviers  en  la  manière  qu'il  souloie.'iî 
faire,  du  cange,  gruarius. 

—  ÉTYM.  Ane.  allem.  gruo,  vert.  Cruypr  avait  un  sy- 
nonyme qui  Cliiilverdier;  ce  quijustifie  l'étymolofie. 

GRUYERE  (gru-iè-r'J,  s.  m.  Fromage  fait  de  lait 
de  vache  qui  a  beaucoup  d'yeux,  et  qui  tire  son  no:u 
de  Griers  ou  Gruyère  ,  bourg  du  canton  de  Fii- 
bourg,  en  Suisse,  où  il  se  fabrique.  Do  bon  gruyère. 
Il  s'en  fabrique  ailleurs  qu'à  Gruyère,  par  cxon- 
plc  dans  le  Jura.  |1  On  dit  aussi  fromage  de  Gruyer,,. 

t  GRYLLIDES  (gril-li-ù') ,  s.  m.  pi.  Terme  de 
zoologie.  Famille  de  la  tribu  des  grylliens ,  de 
l'ordre  des  orthoptères,  distinguée  des  autres  insectes 
de  la  même  tribu  par  des  pattes  antérieures  simj  les. 

—  ÊTYM.  Lat.  gryllus,  grillon. 

t  GRYLLIENS  (grU-Uin),  s.  m.  pi.  Terme  de  zoo- 
logie. Tribu  de  l'ordre  des  orthoptères,  caract.risCe 
par  des  antennes  extrêmement  longues  et  déliée.^. 

fGRYPOSE  (gri-pô-z'),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Incurvation  des  ongles,  que  l'on  remarque  parti- 
culièrement chez  les  plithisiques. 

'—  ÉTYM.  rfUTiaxïiç,  courbure. 

t  GUACIIARO  (goua-cha-ro),  s.  m.  Genre  de 
passereaux  (issirostres  de  la  famille  des  engoulevents. 

—  ÉTYM.  Guacharo,  caverne  oii  habile  cet  oi- 
seau, dans  les  montagnes  calcaires  de  Caripe,  pr^ 
vince  de  Curaana,  Amérique  du  Sud. 

t  GUACINE  (goua-si-n),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  amère,  extraite  du  guaco. 

—  ÊTY.M.  Ginica,  et  la  finale  inc,  qui  indique  un 
principe. 

t  GUACO  (goua-ko),  î.  m.  Nom  donné,  dans  l'A- 
mérique du  Sud,  à  plusieurs  plantes  regardées 
comme  efficaces  contre  la  morsure  des  serpents  ve- 
nimeux, et  particulièrement  à  l'eupaioriwn  satu- 
reixfolium,  L.  mikania  guaco,  llumb.  et  Bonpland. 
Il  On  trouve  aussi  buaco. 

t  GUAIIEUX ,  I.  m.  Voy.  quai;eux. 

j  GUANCUE  (gouan-ch'),  s.  m.  Nom  d'une  an- 
cienne population  dans  l'île  de  TénérilTe,  dont  on 
trouve  les  squelettes  dans  des  caves  sépulcrales. 

t  GUA.MNE  (goua-ni-n'),  ».  (.  Terme  de  chimie. 
Substance  extraite  du  guano. 

—  ÉTYM.  Guano,  et  la  finale  ine,  qui  indique  un 
principe. 

t  GUANO  (goua-no),  $.  m.  Substance  produite 
par  des  amas  de  fiente  d'oiseaux  de  mer,  qui  se  trouve 
dans  les  Iles  de  la  côte  du  Pérou,  et  qui  maintenant 
est  très-employée  en  Europe  comme  engrais  puissant. 

t  GUARAKA  (goua-ra-na),  s.  f.  Nom  donné  A 
une  pâte  ayant  l'aspect  de  cacao  grossièrement 
broyé,  et  qui  est  pii'paréc  par  les  Guaranis  de  l'U- 
ruguay et  du  Para  (les  Guaranis  sont  la  population 
indigène  du  Brésil,  de  l'Uruguay,  etc.). 

f  GUAZUMA  (goua-Eu-ma),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  dicotylédones  de  la  famille 
des  malvacées.  ||  Guazuma  à  leuillos  d'or,  ou  orma 
d'Amérique,  arbre  originaire  des  Antilles. 

t  GUBERNATEUR,  TRICE  (  gu-bcr-na-teur  , 
tri-s') ,  adj.  Terme  latin  francisé  et  peu  usité.  Qui 
gouverne.  L'être  à  cinq  têtes  est  le  dieu  guberna- 
teur,  DiDER.  Opiri,  des  anc.  philos,  tfalabares. 

—  ÊTYM.  LaU  gubernatorem,  de  gubernare,  gou- 
verner. 

GUÉ  (ghé),  I.  m.  Il  !•  Endroit  d'une  rivière  où 
l'eau  est  si  b-isse  qu'on  peut  la  passer  en  marchant. 
On  passe  tous  les  jours  à  gué  notre  rivière  de  Seino, 


GUE 

W.  2»'-  Il  [Théodose]  faisait  cliercher  des  gués  et 

Ue    (les   ponts    avec   une   diligence   incroTable, 

iiCH.  Hist.  de  Théodose,  m,  94.  On  traversait  les 

irs  il'eau  :\  des  gués  bientôt  g.ltés;  les  régiments 

:.  venaient  ensuite  passaient  où  ils  pouvaient;  on 

Il  inquiétait  peu;  l'élat-major  général  négligeait 

^  détails,   sÉGUR,  Hist.  de  Xap.  vi,  2.  Ce  n'était 

iun  gros  ruisseau;  deux  arbres,  autant  de  che- 

.-alets,  et  quelques  planches  suffisaient  peur  en  as- 

irer  le  passage;  mais  le  désordre  était  tel,  et  l'in- 

;iie  si  grande,  que  l'empereur  y  fut  arrêté;  on  y 

va   plusieurs  canons  qu'on  voulut   faire  passer 

gué,  ID.  ib.  IX,  7.  Il  Fig.  Sonder  le  gué,  voir, 
aiit  de  s'engager  dans  une  affaire,  s'il  n'y  a  point 

risque,  pressentir  les  dispositions  des  personnes. 
,  le  maréchal  de  Schomberg,  ayant  voulu  sonder 
Ljué,  n'y  trouva  aucun  jour,  hetz,  i,  57.  ||  2°  Gué 

Jacob,  endroit  où,  suivant  la  tradition,  Jacob 
,>a  le  Jourdain  à  gué  en  revenant  de  la  Mésop'o- 
iiie.  Il  [Jacob]  prit  ses  deux  femmes  et  leurs  deux 
vantes  avec  ses  onze  fils,  et  passa  le  gué  de  Jacob, 
;i,  Bible,  Genèse,  xxxii,  22.  |{  Forteresse  du  gué 

Jacob,  château  que  Baudoin  fit  bâtir  en  (178 
ir  maintenir  les  Arabes  ;  il  fut  détruit  par  Saladin. 

—  HIST.  XI'  s.  Il  le  conquist  es  guez  desous  Mar- 
:ie,  Ch.  de  liol.  ccxiii.  ||  xii*  s.  E  entrèrent  el 

a  e  passèrent  à  gué  devant  le  rei.  Rois,  p.  192. 
xm"  s.  Et  je  chemine,  je  le  boute  [le  bourdon] 
(  Es  fosses  où  je  ne  voi  goûte,  Ausinc  cum  pour  les 
guez  tenter,  la  Rose,  21669.  Si  comme  de  lor  mous- 
tiers  réfère  et  de  lor  caucies  [chaussées]  ramender, 
de  lor  puis  et  de  lor  gués  maintenir,  beaum.  xxi, 
27.  Un  bcduyn  cstoit  venu,  qui  li  avoit  dit  que  il 
«nseigneroit  un  bon  gué,  mes  que  [pourvu  que] 
l'en  li  donnast  cinq  cens  bcsans,  joiNV.  223.  {|  xiv"  s. 
Il  ont  l'eaue  passée,  petis  estoit  li  guez,  Guescl. 
8928.  Il  xvi"  s.  11  se  résolut  de  n'opiniastrer  point  le 
bourg,  si  les  rcITormez  osoient  enfoncer  le  gué  [le 
forcer],  d'aub.  Hist.  m,  48.  J  grand  cheval  grand 

gué,  COTGBAVE. 

—  ÈTYM.  Norm.  vé  ou  vey,  nom  des  estuaires  ; 
wallon,  wé;  provenç.  ga,  gnh,  gua;  anc.  catal. 
juou;  catal.  mod.  gual;  espagn.  vado  ;  portug. 
râo;  ital.  guado;  du  lat.  radum,  avec  inlluence  du 
germanique  wat,  gué  ;  vàdum  se  rattache  à  rddere 
comme  dùcem  à  dûcere;  c'est  le  sanscrit  gâdha, 
de  gâ,  aller. 

f  2.  GUÉ!  (ghé),  interj.  qui  exprime  la  joie  et 
s'emploie  dans  des  refrains  de  chansons  populaires. 
La  bonne  aventure  ô  gué  !  I,a  bonne  aventure. 
Ah  !  la  muse  de  Collé,  C'est  la  gaudriole  ô  gué  ! 
C'est  la  gaudriole,  bébang.  Gaudr. 

—  f.TYM.  Probablement  l'adj.  gai.  On  le  trouve 
écrit.jaî/  dans  les  éditions  de  Molière  :  J'aime  mieux 
ma  mie,  oh  gay  !  J'aime  mieux  ma  mie.  Mis.  i,  2. 

GUÉABLE  (ghé-a-bl'),  adj.  Que  l'on  pe-jt  passer 
i  gué.  On  l'envoya  reconnaître  si  la  rivière  est 
.guéable,  sÉv.  )  52.  ||  Fig.  Il  n'est  plus  de  SaintEvre- 
mond;  Et  ce  chroniqueur  agréable  Du  sérieux  et  de 
h  fable.  Ce  favori  du  sacré  mont,  N'a  pu  trouver  le 
ytc  guéable,  chaulieu,  Épttre  de  M.  d'Ilamilton. 

—  HIST.  XV'  s et  y  passe  la  rivière  de  Somme 

laquelle  n'est  point  guéable,  comm.  iv,  9.  |{  xvi'  s. 
C'est  une  petite  rivière  qui  n'est  gueiable  en  au- 
cune saison,  d'aub.  Hist.  u,  441.  [Château]  flanqué, 
par  les  deux  costez,  de  deux  fleuves  peu  gayables, 
BEAUGiÉ,  Guerre  d'Ecosse,  m,  4. 

—  RTYM.  Criéer. 

GUÈBRE  (ghè-br'),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle  qui  est 
attaclico  à  la  religion  de  Zoroastre.  C'est  un  guèbre. 
Il  épousa  une  guébre.  On  trouvera,  dans  cette  nou- 
velle édition  de  la  tragédie  des  Guèbres,  beaucoup 
de  morceaux  qui  n'étaient  point  dans  les  premiè- 
res, voi.T.  Disc.  hist.  et  crit.  à  l'occ.  de  la  trag. 
des  Guèbres. 

—  ÉTVM.  Persan,  ghebar,  adorateur  du  feu. 
GUËDE    (ghè-d'),  s.  f.  ||  1°  Terme  de   botanique. 

Pastel,  plante  dont  les  feuilles  servent  à  teindre  en 
bleu  foncé ,  isatis  tincloria ,  L.  (crucifère  silicu- 
leuse).  Gucde  ou  poudre  de  guèdes,  le  cent  pesant 
estimé  7  livres  10  sous;  guède  ou  voide,  qui  est 
espèce  de  pastel,  chacune  balle  pesant  200  livres  ou 
environ,  estimé  le  HOO  pesant,  7  livres  lO  sous, 
Décl.  du  roi,  nov.  l64o,  tarif.  ||  Fleur  de  guéde, 
nom  d'un  certain  bleu,  Instr.  gén.  pour  la  teint, 
des  laines,  18  mars  Ifl7(,  art.  3:1.  ||  2°  Terme  de 
teinturier.  Cuve  au  pastel,  pour  teindre  en  bleu. 

Il  On  l'a  fait  aussi  masculin ni  même  en  bleu, 

attendu  que  le  guède  du  pastel  n'est  attribué 
qu'aux  maiti-es  teinturiers  du  bon  teint,  Rcgl.  sur 
les  manuf.  teint,  en  laine,  art.  2.  ||  On  trouve  aussi 
vnuède  :  Nous  avons  en  France  abondance  de  pas- 
tel, vouède,  garance....   Instr.   gén.  pour  la  teint. 


GUE 

des  laines,  IS  mars  <67),  préambule  ;  el  voveide 
ou  plutôt  voueide  :  Pastel,  voveide,  garance,  Instr. 
aux  commis  des  manuf.  30  avril  I67u. 

—  HIST.  xm'  s.  Carete  qui  maine  waide  en  sas 
[sacs],  TAILLIAR,  Rccucil,  p.  10.  Quiconques  est 
toisserans  à  Paris,  il  puet  teindre  i  sa  maison  de 
toutes  couleurs,  fors  que  de  gaide,  Liv.  des  met. 
117.  Il  xvi"  s.  Les  chanvres,  lins,  guesde  ou  pas- 
tel,   garance,   gaude,  chardon  à  bonetier,  0.   de 

SEBRES,    501. 

—  ÉTYM.  picard,  waide;  ital.  guado;  du  ger- 
manique :  anc.  h.  allem.  weit;  anglo-saxon,  tdd; 
allem.  Waid;  angl.  woad. 

GUÉDÉ,  ÊE  (ghé-dé,  dée)  ,  part,  passé  de 
gucder.  ||  1"  Teint  en  guède.  Étoffe  guédée.  {|  2"  Fig. 
Bien  rempli,  rassasié,  soùlé.  Ouf,  je  suis  bien 
guédé  !  par  ma  foi,  la  science  Ne  s'acquiert  point 
du  tout  à  force  d'abstinence,  p.egnard,  Démocr.  iv, 
7.  Si  je  n'étais  pas  guédé  de  vers,  je  crois  que  j'en 
ferais  pour  M.  de  Laudon,  qui  vient  de  prendre 
Schweidnitz,  volt.  Lelt.  Chauvelin,  25.  oct.  <76i. 

GUÉDER  (ghé-dé.  La  syllabe  gu^  prend  un  accent 
grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette;  je  guède, 
excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  je  guéderai  ; 
je  guéderais)  ,v.a.\\l°  Terme  de  teinturier.  Teindre 
avec  la  guède.  Défense  aux  dits  teinturiers  de  les 
guéder  [les  draps]  qu'ils  no  soient  dégorgés,  Règl. 
sur  les  manuf.  août  t069,  teint,  en  laine,  art.  9. 
Il  Fig.  Soûler,  rassasier.  On  l'a  guédé  de  truffes 
et  de  vins  fins.  ||  2"  Se  guéder,  v.  réfl.  Se  rassa- 
sier. Il  s'est  guédé  au  repas  de  noces. 

—  REM.  L'Académie  n'a  guédé,  guéder  qu'au 
sens  de  rassasier,  soûler. 

—  HIST.  xvr  s.  Dont  je  me  suis  tant  guedé  et  rem- 
pli que  j'en  crevé,  Nuits  de  Straparole,  t.  u,  p.  265. 

—  ÉTY.M.  Guède  ;  norm.  être  guedé  (sans  accent) , 
être  gonflé  de  nourriture.  Diez,  dans  le  sens  de 
soûler,  tire  guéder  de  l'allemand  toaiden,  paître,  y 
rattachant  le  wallon  waidi,  paître.  Mais  il  n'est  pas 
besoin  de  séparer  ce  mot  de  guéder  au  sens  propre; 
et  guéder,  rassasier,  est  traiter  le  corps  comme  le 
teinturier  traite  ur.e  étoffe  qu'il  guède. 

t  GUÉDEllON  (ghé-de-ron)  ou  GUÉDHON  (ghé- 
dron),  s.  m.  Ouvrier  qui  dirige  des  cuves  de  guède. 
Le  garanceur  étant  obligé  de  répoi:dre  de  la  cou- 
leur du  guédron,  comme  le  noircisseur  de  la  cou- 
leur du  guédron  et  du  garanceur  tout  ensemble, 
Instr.  gén.pour  la  teint.  (8  mars  1671,  art.  94. 

—  ÉTYM.  Guéder. 

GCÉÉ,  ÉE  (ghé-é,  ée),  pari,  passé  de  guéer.  Une 
rivière  guéée  à  grand'peine. 

GUÉER  (ghé-é),  V.  a.  \\  1°  Traverser  à  gué. 
Guéer  une  rivière.  ||  2°  Baigner,  laver  dans  l'eau. 
Guéer  du  linge.  Guéer  un  cheval,  le  faire  baigner, 
le  laver.  ||  3"  Se  guéer,  v.  réfl.  Être  passé  à  gué. 
Ce  ruisseau  se  guée  difficilement. 

—  HIST.  ïvi*  s.  La  Loire  ne  se  gueoit  point  si  bas, 
et  toutes  les  villes  situées  au  dessus  lui  estoyent  en- 
nemiesi,  lanoue,  674.  Ce  fleuve,  dès  le  lieu  dont  il 
sourt,  s'espand  et  fait  des  marais  navigables,  de 
sorte  qu'il  est  impossible  de  le  gayer,  amyot,  Pélop. 
29.  L'un  faisoit  semblant  de  vouloir  relier  la  cour- 
roie de  son  soulier  qui  estoit  desliée,  l'autre  de  vou- 
loir guayer  son  cheval,  l'autre  boire,  id.  P.  Mm.  37. 

—  ÉTYM.  Gué;  wallon,  wây. 

GUELFE  (ghcl-f),  s.  m.  Dans  le  moyen  âge, 
celui  qui  appartenait  au  parti  soutenant  en  Italie 
les  papes  contre  les  empereurs  d'Allemagne.  La  que- 
relle des  Guelfes  et  des  Gibelins  (on  met  une  majus- 
cule). Il  Àdj.  Le  parti  guelfe.  Cette  ville  était  guelfe. 

—  HIST.  xui"  s.  Puis  ordena  l'empereres  Federis 
son  filz  vicaire  en  Toscane,  qui,  par  le  commande- 
ment son  père,  faisoit  tous  les  maus  qu'il  pooit  as 
guelfes  et  à  tous  ceulz  qui  se  tenoient  de  la  partie 
le  pape,  br'jn.  latini,  Trésor,  p.  oo.  ||  xvi'  s.  Pena- 
che  à  la  Guelfe  [sorte  de  coiffure ,  au  xvi*  s.J,  DB 

BELLAY,  p.  492,  dans  LACUBNE. 

—  ÉTYM.  Allem.  Welf,  nom  d'une  famille  puis- 
sante en  Allemagne ,  qui  prit  le  parti  des  papes  ; 
Weiblingen  (voy.  gibelin)  et  Welfen,  ayant  été 
donnés  pour  cri  do  guerre  dans  la  bataille  de 
Weinsberg,  servirent  plus  tard  à  design  t  les  deux 
partis  ennemis,  dits  Gibelins  et  Guelfes. 

GUENILLE  (ghe-ni-ir,  Il  mouillées,  et  non 
ghe-ni-yc),  s. /■.  ||  1"  Haillon,  chiffon.  Que  faites- 
vous  de  cette  guenille?  ||  Sac  à  guenilles,  sac  oii 
l'on  met  les  chiffons  en  lambeaux.  ||  Fig.  La  du- 
chesse de  Chartres  répondit  qu'elle  aimait  mieux 
être  un  sac  à  vin  que  sac  à  guenilles,  par  où  elle 
entendait  Clcrmont  et  des  gardes  du  corps  qui 
avaient  été  les  uns  chassés,  les  autres  éloignés  à 
cause  d'elle  [la  princesse  de  Conti],ST-siM.  52,  122. 
li  2°  Par  extension  et  surtout  au  pluriel,  toutes 


GUE 


1949 


sortes  de  bardes  vieilles  et  usées.  Il  me  tarJe  déjà 
que  je  n'aie  des  habits  raisonnables  pour  quitter 
vite  ces  guenilles,  moi..  lUar.  forcé,  i.  L'Europe,  qui 
marche  à  béquilles,  Riche  goutteuse,  ne  croit  pas 
.\  Il  vGi-tu  sous  des  guenilles,  bérang.  Hdtons-nout. 

I  En  guenille,  se  dit  d'une  personne  doni  le  vête- 
ment est  tout  délabré.  Ils  [les  jeunes  gentilshom-, 
lues  venant  solliciter  un  brevet  d'ofûcierj  vont  trot- 
tant des  bords  de  la  Charente,  De  ceux  du  Lot..., 
l'.n  botte,  en  guêtre  et  surtout  en  guenille,  voil. 
i'auvre  diable.  \\  Fig.  et  familièrement.  Etre  iprès 
ios  guenilles  de  quelqu'un,  la  poursuivre,  lui  faire 
une  mauvaise  affaire.  Pour  mes  jours  gras  du  yin 
IVaudé  Mit  le  juge  après  mes  guenilles,  berano.  Anje 
nard.  Il  Familièrement.  Troussez  vos  guenilles,  al- 
li'Z-vous-en ,  sortez  d'ici.  Gentil  ambassadeur  de 
(juilles.  Croyez-moi,  troussez  vos  guenilles,  scAR- 
KON,  Gigantom.  1.  {]  3"  Fig.  Chose  de  peu  d'impor- 
tance. Philaminte  :  Le  corps  cette  guenille  est-il 
d'une  importance.  D'un  prix  à  mériter  seulement 
qu'on  y  pense  ?  —  Chrysalo  :  Oui,  mon  corps  est 
moi-même;  et  j'en  veux  prendre  soin....  Gue- 
nille, si  l'on  veut;  ma  guenille  m'est  chère,  mol. 
Femmes  sav.  11,  7.  U  vaut  mieux  qu'il  [Crébillon] 
achève  Catilina  que  de  perdre  son  temps  à  lire  mes 
guenilles,  volt.  Lett.  en  vers  et  en  prose,  26.  Vous 
connaissez  cette  guenille  [^pifre  xxxix],  que  j'a- 
vais écrite  au  comte  Algarotti,  id.  I.elt.  Thiriot, 
30  nov.  1736.  H  est  triste  d'être  obligé  de  parler  à 
un  homme  de  ce  caractère  de  cette  guenille  qu'on 
nomme  appointements  et  argent,  id.  Lett.  ilargr. 
de  Baireuth,  dans  Rev.  franc,  février  isoe,  p.  207 

—  ÉTYM.  On  a  indiqué  le  flapiand  quene,  surtout 
de  laine;  l'anc.  franc,  gone,  robe  {guenille  pour 
gonille).  Lehéricher  cite  un  verbe  normand  guener, 
mendier.  Enfin  du  Cange,  au  mot  guella,  a  les 
Quenelles  des  banieres ,  ce  qui  signifie  banderoles, 
drapeaux.  Tout  cela  est  incertain. 

t  GUENILLEUX,  EUSE  (ghc-ni-Ueû,  lleûz'),ad;. 

II  1°  Terme  familier.  Couvert  de  guenilles.  C'est  ici 
qu'il  faut  voir  [dans  un  tableau  de  Vanloo]  comme 
on  peint  la  mendicité,  comment  on  la  rend  intéres- 
sante sans  la  montrer  hideuse,  jusqu'où  il  est  per- 
mis de  la  vêtir  sans  la  rendre  opulente  ni  guenil- 
leuse,  DIDEROT,  dans  laveaux.  |{  2°  Qui  no  vaut  pas 
plus  qu'une  guenifle.  Croyez-vous  que  les  terribles 
ravages  qu'elle  [la  guerre]  a  causés  dans  les  temps 
passés  et  qu'elle  causera  dans  les  temps  à  venir 
soient  suffisamment  compensés  par  ces  guenilleui 
avantages-là?  didekot,  Entret.  avec  la  maréch.  de'**. 

GDEMLLON  (ghe-ni-llon ,  H  mouillées,  et  non 
ghe-m-yon),«.m.  {{ 1°  Petite  guenille.  Maisqui  pour- 
rait compter  le  nombre  de  haillons.  De  pièces,  de 
lambeaux,  de  sales  guenillons.  Dont  la  femme,  aux 
bons  jours,  composait  sa  parure?  boil.  Sat.  x.  Un 
bal  où  parurent  plus  de  cent  masques  habillés  de 
guenillons  superbes,  volt.  Lett.  en  vers  et  en  prose, 
6.  Il  2"  S'est  dit,  par  extension  et  par  plaisanterie, 
d'un  pettt  morceau  de  papier,  d'un  billet.  Je  voijs 
mandai  avant-hier,  par  un  petit  guenillon  de  billet 
qui  suivait  une  grosse  lettre,  que  madame  de  S'" 
était  exilée,  SÉv.  .195.  ||  Fig.  Petit  écrit,  écrit  de  peu 
de  valeur.  L'ex-jésuite  vous  enverra  ses  guenillons 
à  Pâques,  VOIT,  l.ett.  d'Argental,  20  janvier  )7«C. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  guenille. 

CiL'ENIPK  (ghe-ni-p'),  î.  /'.Terme  très-familier. 
;i  i'  Femme  malpropre,  maussade,  de  très-basse 
condition.  Taisez-vous,  guenipe,  poisson.  Zigzag, 
dans  le  Rorx,  Dict.  comique.  ||  2°  Femme  de  mau- 
vaise vie.  Quoique  je  me  sois  quelquefois  on  ma  vie 

'xposé  à  do  pareilles  aventures  à  celle  du  marquis 
il'Albret,  j'ai  toujours  trouvé  qu'on   était  bien  sot 

le  mourir  ainsi;  mais  il  me  le  parait  aujourd'hui 
plus  qu'il  n'a  jamais  fait  ;  passe  encore  si  on  était 
assuré  d'être  aimé, mais  mourir  pour  une  guenipe! 
iiuHSY,  Lett.  à  Mme  de  Sév.  12  août  1678  (dans  etf. 

édit.   IIÉGNIER). 

—  ÉTYM.  Dauphinois,  ganippa;  du  holl.  knippe, 

lieu  de  prostitution,  d'après  Diez .  qui  remarque  que 
l'i!  a  été  introduit,  comme  l'a  dans  canif  àe  knife. 
GUENON  (ghe-non),  s.  f.  \\  1°  Genre  de  singes  à 
longue  queue.  Piirmi  les  singes  à  queue,  du  genre 
lies  guenons,  il  y  en  a  qui  sont  aussi  de  grands 
jiillards,  et  qui,  très-habiles  à  voler  les  fruits  et  les 
li'gumcs,  les  emportent  dans  leurs  mains  ou  dans 
leurs  bras,  bonnet,  Contcmpl.  nat.  xii,  4'',  note  8. 
i|2'  La  femelle  du  singe.  Une  sultane  de  renom, 
Son  chien,  son  chat  et  sa  guenon,  .Son  perroquet... 
L\  FONT.  Fabl.  viii,  IB.  U  (l'honimet  prend  nos 
amours  pour  modèles;  Mais  nos  guenons  nous  sont 
liilMes,  nÉRANG.  Orangs-tnit.  ||  3°  Une  femme  très- 
laide,  femme  sans  mérite,  sans  agrément.  Ésope, 
selon  toi,  n'est  donc  pas  son  faitî  — Non;  Pour 


1950  GUÊ 

épouser  un  linge  il  faut  être  guenon,  boursaui-t, 
FabUs  dCsnpe,  I,  t.  Je  tiens  celle  que  vous  aimez 
pour  une  guenon,  si  elle  n'est  pas  de  mon  sentiment, 
miu-AUx,  Fausses  confiil.  ii,  2.  A  lie  franches  gue- 
nons, il  fera  politesse,  El  ne  daignera  pas  l'honorer 
d'un  coup  d'(i>i!,  BOissY,  Dch.  tromp.  i,  <•  ||  Une 
femme  de  mauvaise  vie.  Il  ne  hante  que  des  guenons. 
Que  maudite  soit  la  première  guenon  qui  le  mit  en 
réputation!  car,  enfin,  qu'a-t-il  donc  de  si  merveil- 
leux? BAnoN,  lllomme  à  bonnes  fortunes,  li,  17. 

—  HIST.  XVI»  s.  C'est  comme  la  guenon  qui  monte 
de  branche  en  branche  jusqu'au  sommet  de  l'arbre, 
et  puis  montre  le  cul,  charron.  Sagesse,  p.  32a, 
.lans  LAcoHNE. 

—  ÉTYM.  Ano.  haut-allem.  quena,  femme,  d'après 
Prisch;  ou  winja,  amie,  épouse,  d'après  Diez, 
qui  remarque  que  l'italien  moma,  guenon,  est  une 
contraction  de  madonna,  dame.  Ces  étjmologies 
sont  loin  d'être  sûres. 

GUENCCHE  (ghe-nu-ch'),  s.  f.  ||  1- Petite  guenon. 
....  une  lanterne  vive  [lanterne  magique]  Où  des 
oisons  bridés,  guenucbes,  éléphants.  Chiens,  chats, 
lièvres,  renards  et  mainte  étrange  bête  Courent 
l'une  après  l'autre....  Régnier,  Sat.  xi.  La  jeune 
paysanne  se  regarde  au  miroir,  et  se  trouve  plus 
laide  qu'une  guenuchc,  fén.  t.  xix,  p.  5. 1|  Kig.  C'est 
une  guenuche  coiffée,  se  dit  d'une  femme  laide  et 
fort  parée.  ||  2'  Fig.  Femme  petite  et  laide.  Je  con- 
nais de  beaux  et  grands  jeunes  hommes  qui  ont 
pDur  cpoiKes  de  petites  guenuches  de  femmes, 
BRUEYS,  Grondeur,  u,  3.  ||  Fig.  Il  y  a  toujours  des 
guenuches  [d'indignes  favoris]  caressées  dans  le 
cabinet  des  rois  cl  vêtues  de  toile  d'or,  balz.  De  la 
cour,  2*  dise. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  guenon. 

\  GUÉPARD  (ghé-par),  s.  m.  Espèce  de  chat  des 
Inics.felis  jubata,  L. 

GUEPE  (ghê-p')  ,  s.  f.  Il  1°  Terme  de  zoologie. 
Genre  d'insectes  de  l'ordre  des  hyménoptères,  dont 
les  femelles  sont  pourvues  d'un  aiguillon  rétractile 
analogue  à  celui  des  abeilles.  ||  Guêpes  souterraines, 
guêpes  maçonnes,  guêpes  vulgaires,  les  guêpes 
proprement  dites;  elles  habitent  la  terre,  dans  de 
petites  cavernes  qu'elles  se  creusent,  ou  qu'elles 
trouvent  ouvertes  par  des  taupes  et  des  insectes. 
L'exemple  est  un  dangereux  leurre  :  Tous  les  man- 
geurs de  gens  ne  sont  pas  grands  seigneurs;  Où  la 
guêpe  a  passé,  le  mouch'sron  demeure,  la  font. 
Fabl.  Il,  I».  Il  [M.  Lyonet]  a  vu  le  corps  d'une 
guêpe  s'agiter  trois  jours  après  avoir  été  séparé  du 
corselet  :  quand  il  tenait  la  partie  antérieure  de 
cette  guêpe ,  elle  mordait  dans  tout  ce  qu'il  lui 
présentait;  et,  lorsqu'il  touchait  au  corps,  elle  fai- 
sait d'abord  sortir  son  aiguillon,  et  le  dardait  de 
tous  côtés  et  en  tuus  sens  comme  pour  tâcher  de  le 
piquer,  bonnet,  ]list.  nat.  Mém.  Œuv.  t.  m, 
p.  161,  dans  pouGENS.  La  guêpe  cruelle  fond  sur 
l'aheille  laborieuse  qui  revient  à  la  ruche,  chargée 
de  miel  :  elle  sait  puiser  dans  ses  intestins  la  li- 
queur délicieuse  dont  elle  est  avide,  ID.  Contempl. 
nal.  x,  29.  L'k  ver  doit  éclore  de  l'oeuf  que  la 
guêpe  maçonne  a  pondu  au  fond  de  son  trou,  id. 
tb.  XII,  41.  La  giiêpo  connaît  les  vers  qui  ont  été 
appropriés  à  la  subsistance  de  sa  famille;  elle  va  à 
la  chasse  de  ces  vers;  elle  les  saisit  délicatement, 
et  les  transporte  dans  son  nid  sans  les  blesser,  id. 
tt).  ||0n  dit  aussi  mouche-gu'^pc.  i|  La  guêpe-fre- 
lon, le  frelon.  ||  La  guCpe-iclineumon,  voy.  ichneu- 
MON.  Il  Fig.  L'armée  acheva  sa  marche,  qui  fut  en- 
core de  trois  jours,  où  elle  aurait  beaucoup  souffert 
encore  de  ces  cruelles  guêpes  [les  ennemis  qui  har- 
celaient la  rctraile]....  ST-siM.  (60,  08.  |1  Taille  de 
guêpe,  se  dit  en  parlant  d'une  femme  pour  dési- 
gner une  taille  excessivement  fine. 

—  HlST.  XV'  s.  Crosses  wespres,  qui  sont  grosses 
mouches  si  venimeuses....  llist.  de  la  (oi'.von  d'or, 
t.  1,  f  "  9i .  dans  laciirne,  au  mol  wespre.  ||  xvi'  s. 
Comme  la  mouche  guespe  picque  et  olfense  aul'.ruy, 
mais  plus  soy  mesme,  car  elle  y  perd  son  aiguillon 
et  sa  force  pour  jamais,  mont,  u,  *<<. 

—  ÉTYM.  Picard,  rèpr,  wèpe;  Bcrry,  gipe :  gé- 
nev.  vouèpe;  norm.  ii'jw;  haute  Norm.  fr^pe;  lor- 
rain, laisse;  cliampcnois ,  gouipe;  provciiç.  tespo  ; 
osp.  arispa;  ital.  rrxpa;  du  lat.  ïcvpa,  peut-être 
avec  inlliicncc  du  giMinanique  :  anc.  haut-allem. 
xcafsa;  alleiu.  mud.  Wrspe;  iniluencc  qui  serait  té- 
moignée par  gii,  si  toutefois  le  mot  allemand  ne 
vient  pas  du  l.ilin,  comme  Grimra  est  dispose  à  le 
croire.  Les  étyniologislcs  rapprochent  du  gcrm.'»- 
nique  wafsa.  et,  par  conséquent,  du  latin  iTSj/a. 
le  grec  o^r.î,  usiixoi;,  <jçT,i  étant  pour  iiyf.i;  le  £ 
•e  trouve  dans  des  noms  d'.mi maux,  voy.  u.Opu.T,è, 


GUÈ 

tGUÊPIAIRE  (ghê-pi-ê-r'),  s.  m.  Terme  d'ento- 
mologie. Genre  d'in.sectes  hyménoptères. 

—  f.TVM.  Guêpe. 

GUÊPIER  (ghc-pié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, \'s  se  lie  :  les  ghê-pié-z  et  les  guêpes),  ».  m. 
Il  1°  Lieu  où  les  guêpes  construisent  les  alvéoles 
qui  leur  servent  de  nid.  Le  guêpier  est  un  polit 
édifice  à  plusieurs  étages;  et,  comme  la  forme  est 
ovale,  on  comprend  que  les  étages  du  milieu  ont 
plus  d'élendue  que  ceux  des  extrémités,  bonnet, 
Contempl.  nat.  xi,  23,  note  l.  Et  d'un  papier  nou- 
veau qu'il  a  su  copier,  L'homme  doit  le  modèle  aux 
travaux  d'un  guêpier,  uelille.  Trois  règties,  vu. 
Le  cheval  du  drogman  ayant  mis  le  pied  dans  un 
guêpier,  les  guêpes  se  jetèrent  sur  lui,  chateal'BR. 
Ilinér.  3'  part.  ||  Fig.  Tomber,  donner,  se  four- 
rer, mettre  le  pied  dans  un  guêpier,  dans  le  guê- 
pier, être  engagé  dans  une  fâcheuse  affaire;  se 
trouver  au  milieu  de  gens  suspects  ou  menaçants. 
Ils  étaient  tous  contre  moi  ;  je  me  suis  fourré  la 
tète  dans  un  guêpier,  beaumarch.  Darb.  de  Sév. 
IV,  8.  Il  Se  mettre  la  tête  dans  le  guêpier,  s'engager 
dans  une  affaire  où  l'on  court  risque  d'être  dupé. 
jl  On  dit  dans  un  sens  analogue  :  Cette  affaire  est 
un  guêpier.  11  eut  beaucoup  de  peine  à  sortir  de 
ce  guêpier.  ||  2°  Sorte  d'oiseau.  Le  guêpier  mange 
non-seulement  les  guêpes  qui  lui  ont  donné  son 
nom,  mais  il  mange  aussi  les  bourdons,  les  cigales, 
les  cousins  et  autres  insectes  qu'il  attrape  en  vo- 
lant, BUFF.  Ois.  t.  XII,  p.  174.  il  3'  Sorte  de  cham- 
pignon qui  croît  sur  les  arbres  morts. 

HlST.  XVI"  s.  Tout  cela  ensemble  nous  en  pro- 
duit un  exaim  comme  d'abeilles  et  une  guespiere, 
AMYOT,  Comm.  refréner  la  colère,  si.   Guespier, 

COTGRAVE. 

—  f.TYlI.  Gufpc. 

GCERDON  (ghèr-don),  s.  m.  Terme  vieilli.  Ré- 
compense. Dieu  te  doint  pour  guerdon  de  tes  œu- 
vres si  saintes....  régnifb,  Sal.  xiil. 

—  HlST.  XI*  s.  [Je]  Bien  le  conoi,  gueredun  [je] 
vus  en  dei ,  Ch.  de  Roi.  ccxlviii.  ||  xii*  s.  En  gue- 
redon  un  baume  [il]  lui  dona,  Ilonc.  p.  72.  Pleine 
d'orgueil  et  dame  sans  guerdon,  Couci,  u.  ||  xuf  s. 
[Que  Dieu]  Doint  qu'ancor  leur  en  soit  li  guerre- 
dons  rendus,  B^te,  xxiv.  Pour  ce  que  je  ne  veuil 
que  nulz  ne  fasse  jam^iis  bien  pour  le  guerredon  de 
paradis  avoir  ne  pour  la  paour  d'enfer,  joinv.  I58. 
Il  XV*  s.  11  fit  toujours  bien  son  devoir  à  son  pou- 
voir; mais  en  dernier  il  en  eut  pauvre  guerdon, 

FROISS.  1,  l,  77. 

—  ÊTVM.  Provenç.  guaxardon,  guizardon,  gui- 
xerdon,  guierdon;  anc.  cat.  gazardon,  gaiiardon  ; 
esp.  galardon;  port,  galardùo;  ital.  guiderdonc; 
du  bas-latin  widerdonum  (sous  Charles  le  Chauve). 
Suivant  Diez,  le  mol  germanique  d'où  guerredon 
déri.e  est  l'ancien  haut- allemand  widailôn,  de 
widar,  en  retour,  contre,  et  lôn,  récompense,  avec 
cette  remarque  que  le  latin  donum,  don,  a  influé 
sur  la  forme  du  mot.  11  paraît  en  effet  très-probable 
que  c'est  donum  qui  a  donné  le  d  dans  toutes  les 
langues  romanes,  tandis  que  lôn  donnait  la  décli- 
naison; il  y  aurait  eu  guiderdono  en  itaUen  si  do 
num  eût  été  seul. 

GUKRDONNÉ,  ÉE  {ghèr-do-né,  née),  part,  passé 
de  guerdonner. 

GUERDONNER  (ghèr-do-né),  v.  o.  Terme  vieilli. 
Récompenser. 

—  msT.  XII*  s.  Moult  chèrement  [la  trahison] 
sera  gueredonée,  Itonc.  p.  49.  Bien  m'a  amors 
guerredonné  Ce  que  je  l'ai  à  mon  pooir  Servie  sans 
dcsloiauté.  Court,  m.  ||  xvi*  s.  Voslre  âge  est  tant 
de  grâces  gucrdonné.  Qu'à  tous  les  coups  un  prin- 
temps estimable  Pour  voslre  hiver  seroit  aban- 
donné, MAROT,  m,   129. 

—  ÉTYM.  Guerdon;  provenç.  guaxardonar , 
guia^donar;  anc.  cal.  ffaxardonar,  guizrrdonar ; 
esp.  galardonar ;  port,  galardoorf  ital.  guiderdo- 
nare. 

GUÈRE  ou  GUÈRES  (Rhô-r'.  On  n'écrit  guèrrs 
qu'en  vers,  suivant  le  besoin  de  la  rime  ou  de  la 
mesure).  Il  1°  Adv.  signifiant  beaucoup,  mais  qui 
n'est  de  nos  jours  emplové  qu'avec  la  négation; 
combinaison  qui  a  le  sens  de  peu.  Je  ne  puis  m'em- 
pèch'rde  vous  dire  que  cette  générosité  vunsajcnsè 
coûter  bien  cher,  et  qu'il  ne  s'en  est  guère  fallu 
que  CCS  pierres  n'aient  été  des  pierres  de  scandale 
p.-iur  vous,  VOIT.  Lelt.  23.  Une  douleur  si  sage  et  si 
respectueuse.  Ou  n'est  guère  sensible  ou  guère 
impétueuse,  corn.  Ilodog.  u,  4.  On  ne  trouve  guère 
d'ingrats  tant  qu'on  est  en  étal  de  faire  du  bien, 
LA  ROciiEK.  Unx.  3i:t.  Je  reviemli-ai  dans  iicucontoi 
de  puint  en  point  Mes  aventures  à  mon  frère;  Je  le 
dëseanuier»i;  quiconque  ne  voit  guère  N'a  guère  à 


GUÈ 

dire  aussi....  la  font.  Fabl.  ix,  2.  Guère  ne  mit  i 
déclarer  sa  (lamme,  id.  Coc.  Malgré  tous  ces  avan- 
tages, l'Italie  ne  demeura  guère  aux  empereurs, 
iioss.  Hisl.  I,  H.  Il  La  négation  peut  être  dans  le 
membre  de  phrase  principal,  et  guère  dans  le 
membre  relatif.  Ne  donnons,  s'il  se  peut,  à  l'une 
(1j  représentation]  que  les  heures  que  l'autre  rem- 
plit; je  ne  crois  pas  que  Rodogune  en  demande 
guère  davantagn,  corn.  3*  dise.  \\  Guère  se  construit 
avec  rie»!, qui  alors  a  son  sens  propre  de  quelque 
chose.  On  ne  sait  gu're  rien  de  l'ensemble  en 
toutes  choses  qu'à  l'aide  des  détails,  stai :l,  AUem. 
III,  10.  Il  2'  Ne....  guère....,  presque  point.  C'est  un 
don  que  le  ciel  ne  nous  refuse  guère,  rac.  Théb. 
v,  4.  On  remarque  toujouTs  qu'il  n'y  a  guère  de 
grand  homme  qui  n'ait  aimi  les  lettres,  volt. 
Mœurs,  119.  ||  Ne....  guère....  que....,  à  peu  prè» 
seulement.  Il  n'y  a  guère  que  vous  qui  ayez  lu  ce 
livre.  L'émulation  et  la  jalousie  ne  se  rencontrent 
guère  que  dans  les  personnes  du  même  art,  de 
môme  talent  et  de  même  condition,  la  bruy.  xi. 
Il  3"  Guère  précédé  de  la  préposition  d.  Vous  savez 
que  Mademoiselle  a  chassé  Guilloire;  le  pauvre  Se- 
grais  ne  tient  à  guère,  sÉv.  Lelt.  îu  mars  1671. 
Il  4°  Guère  précédé  de  la  préposition  de.  Vous 
voyez  qu'il  ne  s'en  faut  de  guère  que  je  ne  ré- 
clame, balz.  liv.  v,  lett.  2.  L'un  fait  beaucoup  de 
bruit  qui  ne  lui  sert  de  guères  ;  L'autre  en  toute 
douceur  laisse  aller  les  affaires,  moi..  Êc.  des  f.  i, 
I .  Il  5°  Guère  suivi  de  la  préposition  de.  Il  n'a  guère 
d'argent.  Il  [un  certain  principe]  ne  servira  plus  i 
guère  de  gens,  pasc.  Prov.  4.  ||  6°  Dans  le  langage 
très-familier,  on  sous-entend  dans  quelques  cas  la 
négation;  ce  qui  donne  à  guère  le  sens  de  peu.  Je 
vais  vous  verser  du  vin.  —  Guère,  je  vous  prie. 
C'est-à-dire  n'en  versez  guère.  De  la  sorte  le  sens  de 
peu  dans  guère  n'est  qu'apparent.  D'ailleurs,  cette 
locution,  très-familière  et  très-elliptique  ,  ne  pour- 
rail  pas  être  écrite.  ||  On  dit  de  même  elliptique- 
ment et  familièrement  :  La  ville  avait  une  demi- 
lieue  de  tour,  ou  guère  moins.  Dans  le  style  écrit 
on  devrait  dire  :  peu  moins. 

—  REM.  1.  La  règle  donnée  au  mot  bf.aucodp  (il 
s'en  faut  beaucoup,  il  s'en  faut  de  beauconp).  La- 
veaux  conseille  de  l'étendre  à  guère,  et  de  dire  :  il 
ne  s'en  faut  guère  qu'il  ne  soit  aussi  avancé  que 
son  frère;  mais  :  Il  ne  s'en  faut  de  guère  que  et 
vase  ne  soit  plein.  ||  2.  Tandis  que  beaucoup  s'em- 
ploie avec  pas  (je  n'ai  pas  beaucoup  d'argent), 
guère  ne  comporte  pas  cette  particule;  et  l'on  ne  dit 
pas  :  Je  n'ai  pas  guère  d^argent;  mais  :  Je  n'ai 
guère  d'argent.  Cependant  guère  se  construit  avec 
plus  :  Seigneur,  tant  de  grandeur  ne  nous  touche 
plus  guère,  RAC.  Andr.  1,  *.  ||  3.  Dans  les  temps 
composés,  guère  se  met  toujours  entre  l'auxiliaire 
et  le  participe  :  Il  n'a  guère  mangé  ;  il  n'aura  guère 
dormi.  Dans  les  temps  simples,  il  se  met  après  le 
verbe  :  Il  ne  mangea  guère;  il  ne  durmira  guère. 
Il  4.  Les  adverbes  de  comparaison  se  mettent  tou- 
jours après  guère  :  guère  plus,  guère  moins.  On 
ne  lil  guère  jilus  Rampale  et  Ménanlière,  Que  Ma- 
gnon,  du  Souhait,  Corbin  et  la  Morlière,  boil.  Art 
p.  IV.  Il  5  L'Académie,  qui  explique  guère  par  peu, 
se  trompe;  et,  comme  on  voit,  son  explication  ne 
convient  nulle  part,  ni  dans  le  langage  présent,  ni 
dans  le  langage  passé. 

—  HlST.  XI*  s.  Li  quens  Rolanz  ne  li  est  guaircs 
loin,  Cli.  de  R.  cxl.  Et  or  [jej  sai  bien,  n'avuiis 
guairesà  vivre,  ib  cxi.i.  ||  xu's.  Si  melomes  un  icraie 
prochain,  ne  demort  gaire,  l'uissciomes  ensemble 
pour  faire  au  roi  contraire,  Sax.  xxxi.  Si  melomes 
un  jour  prochain,  jusqu'à  ne  gaire,  ib.  xxxl. 
Il  xiir  s.  [Ours]  Oui  mangée  l'auront  ains  que  soit 
guère  lart,  IlerU,  xxu.  Il  n'i  a  si  fol  ne  si  sage.  S'il 
a  guère  esté  en  ménage,  Qu'il  ne  le  doute,  Choses 
qui  faillent  en  ménage.  {|  xiv  s.  S'il  eust  guer  et 
vesqu,  il  eust  conquis  toute  Italie,  Chr.  de  Si  Denis, 

t.  Il,  f"  145,  dans  LACUHNE.  Il  XV*  s Et  que,  s;  je 

demeurais  au  pays  gueres  de  temps,  le  rai,  par 
mauvaise  et  fausse  information,  me  leroit  mourir, 
Fiioiss.  I,  I,  7.  Nous  voyons  nostre  prince  qui  de- 
puis quatre  ans  n'a  cessé  de  voyager  sans  gucrcs 
de  repos,  al.  chirt.  Quadrilogue  inrectif.  Il  ny 
avoit  gueres  que  le  roy  avoil  rachaplé  les  villes.... 
cOMM.  I,  1.  Il  XVI'  s.  Tout  cela  ne  mius  profite  de 
gueres,  jusques  à  ce  que  Dieu  nous  ail  ouiert  les 
yeux  pour  voir,  calv.  Instit.  lO»  Ut  foy  et  la  voca- 
tion n'est  gueres,  sinon  que  la  pi-rsevenincc  soit 
conjointe,  id.  ib.  l'i.  Il  est  malayse  que  l'art  [sans 
la  nature]  aille  gueres  avant,  mont,  i,  ""■  Un 
an  qui  ne  peult  venir  à  li.  cugnoissance  de 
gueres  de  genls,  id.  i,  280.  Si  suisje  trompé,  si 
gueres  d'aultres    donnent....   u>.  i,  ïcu    i'i  '■>* 


GUÉ 

tileplaist  d'en  dire  gueres  oiillre  ce  que  j'en  crois, 
MONT.  1 ,    291.  Oui    y  regarde  privéeraent  ne   se 
trouve  guère  deux  fois  en  mesme  estât,  id.  ii,  6. 
Je  ne  suis  pas  homme  qui  me  laisse  gueres  gar- 
rotter le  jugement  par  préoccupation,   id.  m,  ). 
Heul.t  qui  naissent  roys,  ne  sont  pas  communément 
:ueres  meilleurs,  id.  iv,  357.   Seigneur  d'une  ville 
lion  gueres  grande,  amyot,  Solon,  B6.  Ces  tables 
ne  sont   pas   gueres  certaines,   id.   Thém.  48.   Il 
entortilla  autour  de  son  col  ce  qu'il  avoit  d'habil- 
tements,  qui  n'estoient  pas  beaucoup  ny  de  gueres 
pesans,  ID.  Cam.  44.  Les  plus  grosses  grenades  qui 
e  soient  gueres  veiies  furent  employées  à  cet  as- 
aut,  d'aib.  Ilist.  m,  259.  Ils  jugèrent  bien  qu'en 
peu  de  temps  le  secours  de  la  mer  ne  leur  servi- 
roit   de    gueres,  castelnao,    167.   Je   sçay  qu'un 
prescheur  du  roy  prescha  publiquement,  après  le 
■ombat  de  Antragiiet  et  Quielus,  que  ceux  qui  es- 
'ient  morts  là  estaient  damnez  ,  et  les  vivans  pas 
-uieres  mieux  s'ils  ne  s'amendoient,  brant.   Sur 
es  duels,  p.  (91. 
—  ÉTYM.   Picard,  ouère,   wère;  wallon,   icair ; 
[  provenç.  gaire,  guaire  ;  ital.  gari.  On  l'a  tiré  de 
î  l'allemand  gar,   anciennement  garo,  qui   signifie 
tout  à  f  lit.  Diez,  au  contraire,  remarquant  que  les 
formes  guaire,  gnari,  ouère  répondent  à  un  double 
le  allemand,  propose  l'ancien  liaut-allemand  wdri, 
qui  signifie  trot;  guère  voudrait  dire  vraiment, 
et  de  vraiment  à  beaucoup  il  n'y  a  pas  loin.  Celte 
étymologie,  bonne  pour  la  forme,  ne  l'est  pas  au- 
tant pour  le  sens.  Ai'ssi  Diez  lui-même  est   venu 
i  en  douter,  remar|iiant  qu'il  serait  singulier  que 
icdri,  employé  pour  beaucoup  dans  les  langues  ro- 
manes, n'eût  jamais  eu  cet  emploi  dans  les  langues 
germaniques.  Son  érudition  lui  a  fourni  une  autre 
étymologie,  ce  semble,  meilleure.  Le  moyen  haut- 
allemand  a  ^inwciger,  qui  signifie  pas  beaucoup  et 
qui  suppose  un  simple  iceiger,  beaucoup;  ce  simple 
se  trouve  dans  l'ancien  haut-allemand  ne  veigaro, 
non  beaucoup.  Ici  tout  concorde,  le  sens  et  la  forme; 
et,   comme  Diez    le   remarque,    cette   étymologie 
trouve  un  grand  appui  dans  l'ancienne  forme  pro- 
vençale pnigre,  beaucoup,  Poème  sur  Iloèce,  v.  13. 
GUÈRKT  (ghc-rè;  le  (  ne  se  lie  pas  dans  le  lan- 
gage ordinaire;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  ghé-rè-z 
étendus;  guérets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.), 
t.  m.  Il  1°  Terre  labourée  et  non  ensemencée.  Le 
rasement  des  biltiments  |de  l'ort-Royal],  le  viole- 
ment  des  sépulcres,  la  profanation  de  ce  lieu  saint 
réduit   en  guéret,  excitèrent  l'imlignation   publi- 
que, ST-siM.  4)5,  2il.  J'aime  un  gros  bœuf  dont  le 
pas  lent  et  lourd.  En  sillonnant  un  arpent  dans  un 
jour.   Forme  un  guéret  où  mes  épis  vont  naître, 
VOLT.  Pauvre  Diable.  Il  y  a  des  gens  dont  la  récolte 
ne  craint  ni  temps  ni  grêle,  et  ce  ne  sont  pas  ceux 
qui,  versant,   lalmurant,  font  le  meilleur  guéret, 
mais  qui,  ayant  une  place,  ne  font  nen  ou  font  la 
cour,  p.  L.  couK.  Gazette  du  village.  ||  Lever  ou 
relever   les  guérets  ,  labourer  une   terre  qu'on  a 
laissée  se  reposer  pendant  un  an.  ||  2°  En  langage 
agricole,  ancien  guéret,  la  partie  non  labourée  d'un 
champ  qu'on  est  en  train  de  labourer.  Ainsi,  la 
charrue  versant  à  droite,   le  laboureur  a  l'ancien 
guéret  à  sa  gauche,  la  gauche  est  le  côté  de  l'an- 
cien guéret.  Il   3'  Poétiquement.    Toutes   terres  la- 
bourables.  La  victoire  balança;    Plus  d'un   guéret 
•'engraissa   Du  sang  de  plus  d'une  bande,  la  font. 
Fabî.  IV,  6.  Gérés  s'enfuit  cplorée  De  voir  en  proie 
'  lîorée  Ses  guérets  d'épis  chargés,  boil.  Odes,  i. 

—  IllST.  XI"  S.  Mort  [ils]  le  trestournent  très  en 
mi  un  guaret,  Ch.  de  Ilot.  cvi.  ||  xii'  s.  Andui  s'aba- 
tent  très  enmi  le  garais,  Raoul  de  C.  I0(.  ||  xiif  s 
Fuiant  s'en  va  tôt  un  garet.  Que  grant  peor  ot  des 
gaingnnns  [chiens].  Heu.  2992.  ||  xvi'  s.  En  temps 
sec  on  l'arrouse  aiant  l'eau  commoile,  et  chacune 
année  on  le  serfoue,  pour  tenir  la  terre  en  guéret, 

0.   DE  SRRBES,    Toi. 

—  ÉTVM.  lierry,  garet,  guaret,  guéret,  et  gu&rt, 
labour,  façon;  norm.  rarrt;  provenç.  garag,  garah; 
esp.  barhecho;  port,  barbeilo:  du  lat.  vervaitum, 
jachère.  Verractum  est  manifestement  représenté 
dans  barbrcho,  bnrbeilo;  il  l'est  aussi,  bien  que 
d'une  manière  plus  cachée,  dans  guéret,  garag:  le 
gu  ou  g  est  pour  v,  comme  cela  se  voit  dans  gaine 
de  vagina,  gui  de  viscum,  etc.  ;  et  le  reste  s'explique 
par  la  chute  du  v  intermédiaire,  qui  est  tombé 
comme  beaucoup  de  consonnes  intermédi.iires  (voy. 
meûr  de  maturus,  seoir  de  sedere).  Verractum  est 
le  participe  passif  de  vervagere,  gucreter. 

fGUIÎRETKIl  (ghé-ro-té;  le  (  se  double  quand  la 
lyllabe  qui  suit  est  muette  ;  je  guéielte,  je  guéretle- 
fai),t).  o. Terme  rural  de  quelques  ]irovinces.  Relever 
les  guérets  ;  donner  le  premier  labour  aux  jachères. 


GUË 

GUfiRI,  lE  (ghé-ri,  rie),  part.  pa.Mrf  de  guérir. 
Il  1°  Oui  a  été  rendu  à  la  santé.  Guéri  d'une  blessure 
grave  par  un  habile  chirurgien.  ||  On  dit  qu'un 
homme  est  guéri  de  tous  maux,  pour  signifier  qu'il 
est  mort.  ||  Fig.  Le  péché,  quoique  guéri  par  la 
grâce  justifiante,  laisse  néanmoins  de  si  mauvais 
restes....  boss.  4* sermon,  Circoncision,  2.  ||  2°  Kig. 
Rendu  à  la  santé  de  l'âme  ou  de  l'esprit.  Mon  espé- 
rance est  morte  et  mon  esprit  guéri,  corn.  Cid,  i,  3. 
Tout  esprit  orgueilleux  qui  s'aime  Par  mes  leçons 
se  voit  guéri,  BOIL.  Poés.  div.  xxi.  Enfin,  mal  guéri 
peut-être  encore  de  ma  passion  pour  Mme  d'Hou- 
detot,  je  sentis  que  plus  rien  ne  la  pouvait  rem- 
placer dans  mon  cœur,  j.  j.  rouss.   Conf.  x. 

GCÉRIDON  (ghé-ri-don),  s.  m.  ||  1°  Table  ronde 
à  un  seul  pied,  sur  laquelle  on  place  des  flambeaux, 
des  porcelaines,  etc.  Elle  a  fait  donner  mille  louis 
pour  des  perles;  elle  a  fait  donner  tous  les  chenets, 
les  plaques,  chandeliers,  tables  et  guéridons  d'ar- 
gent qu'on  peut  souhaiter,  sÉv.  433.  Un  imperti- 
nent le  [Ménage]  félicitait  de  ce  qu'il  donnait  tous 
les  soirs  le  feu  et  les  chandelles  à  son  assemblée,  et, 
demandant  encore  s'il  ne  tenait  pas  aussi  table,  il 
lui  répondit  que  non,  et  qu'il  ne  tenait  rue  guéri- 
don, Anli-menagiana,  p.  (39.  Guéridon  éta-»,  de 
tous  les  mots  celui  dont  il  [Ménage]  eût  le  plus 
donné  à  qui  en  eût  trouvé  l'étymologie;  c'était  l'Eu- 
rydice de  cet  Orphée,  qu'il  serait  allé  chercher  jus- 
qu'aux enfers,  ib.  p.  64.  ||  2°  Il  a  signifié  une  pièce 
de  bois  ronde.  Pour  les  guéridons,  morceaux  de 
noyer,  et  autres  d'épaisseur,  ils  seront  réduits  à  la 
toise,  chaque  toise  composée  pour  deux  morceaux, 
et  les  droits  seront  payés  comme  dessus,  Décl.  22  oc- 
tob.  (7)5,  Tarif. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue.  D'après  Richelet, 
guéridon  est  un  mot  apporté  d'Afrique  par  les  Pro- 
vençaux, qui,  d'abord  pris  pour  un  nom  d'homUie, 
donna  lieu  à  une  chanson  trés-répandue  :  Guéri- 
don est  mort!  Depuis  plus  d'une  heure  Sa  lemme 
le  pleure;  Hélas  Guéridon I  et  qui  finalement  fut 
attribué  au  petit  meuble  ainsi  nommé. 

t  GUÉRILLA  (ghé-ri-Ua,  «mouillées),  s.  f.  Nom 
espagnol  des  corps  francs,  des  partisans.  Ce  furent 
des  bandes  de  guérillas  qui  les  premières  devinrent 
redoutables  à  l'ennemi,  carrel,   OEuv.  t.  v.  p.  «7. 

—  ETVM.  Espagn.  guerrilla,  petite  guerre,  di- 
minutif de  guerra,  guerre. 

f  GUfiUlLLERO  (ghc-ri-Uè-rO ,  ÎZmouillées),  s.  m. 
Soldat  qui  fait  partie  d'une  guérilla.  Les  guérilleros. 

—  ÉTYM.  Espagn.  guerrilla. 

GUÉRIR'(ghé-rir.  Au  xvii'  siècle  garir,  forme  an- 
cienne, était  encore  usitée  :  Et  toutes,  pour  garir, 
se  reforçaient  de  boire,  bégsier  Sat.  xi.  La  Mothe 
le  Vayer  assurait  que guari'r  estaussi  bon  que  gué- 
rir, qu'il  appelle  efféminé  et  d'enfant  de  Paris  qui 
change  l'a  en  e;  mais  Vaugelas  constatait  que  guérir 
avait  pris  le  dessus.  Au  xvi*  siècle,  Bèze  disait  :  La 
plupart  prononcent  guarir  et  garison,  maisla  vieille 
prononciation  guairir  et  guairison  me  parait  pré- 
férable), ti.  a.  ||1°  Délivrer  de  maladie,  faire  reve- 
nir en  santé.  Pourtout  Tordu  monde,  il  nevoudrait 
pas  avoir  guéri  une  personne  avec  d'autres  remèdes 
que  ceux  que  la  faculté  permet,  mol.  Pourc.  l,  7. 
Je  ne  vois  rien  de  plus  ridicule  qu'un  homme  qui 
se  veut  mêler  d'en  guérir  un  autre,  in.  ilal.  im.  m, 
3.  Ami,  depuis  trois  jours  tu  n'es  d'aucune  fête,  Dil- 
elle,  que  fais-tu  ?  pourquoi  veux-tu  mourir?  Tu  souf 
fres;  l'on  me  dit  que  je  peux  te  guérir;  Vis  et  for- 
mons ensemble  une  seule  famille  :  Que  mon  père 
ait  un  fils,  et  ta  mère  une  fille.  A,  chénier.  Idylles, 
le  Malade.  \\  Par  extension.  Guérir  un  rhume. 
Le  quinquina  guérit  la  fièvre  d'accès.  ||  Alisolu- 
nient.  Tu  frappes  et  guéris,  tu  perds  et  ressuscites, 
RAC.  Alhalie,  m,  7.  [Sydenham]  guérissait  parce 
qu'il  avait  de  l'expérience  et  qu'il  savait  attendre, 
VOLT.  Dict.  phil.  fièvre.  ||  L'art  de  guérir,  la  mé- 
decine. S'ils  [les  magistrats]  avaient  la  véritable 
justice,  si  les  médecins  avaient  le  vrai  art  de  gué- 
rir, ils  n'auraient  que  faire  de  bonnets  carrés  :  la 
majesté  de  ces  sciences  serait  assez  vénérable  d'elle- 
même,  PASO.  Pensées,  art.  v,  9,  édit.  lauube,  )sco 

!|  Fig.  et  familièrement.  Cela  ne  guérit  de  rien, 
cela  ne  sert  à  rien.  ||  On  dit  de  même  :  De  quoi 
guérira,  de  quoi  me  guérira  cela?  Dequoi  est-ce  que 
tout  cela  guérit?  mol.  Ilourg.  genl.  m,  3.  ||  2°  Fig. 
Gu'rir  quelqu'un,  faire  disparaître  en  lui  ce  qui 
est  comparé  à  une  maladie.  La  main  qui  me  bles- 
sait a  daigné  me  guérir,  corn,  fiorfog.  iv,  3.  Je  vais 
vous  l'expliquer  et  veux  bien  vous  guérir  D'une  er- 
reur dangereuse  où  vous  semblez  courir,  in.  Nicom. 
IV,  5.  Si  l'aveuglement  des  peuples  n'eût  pas  été 
incurable,  elle  |la  reine]  aurait  guéri  les  esprits, 
et  le  parti  le  plus  juste  aurait  été  le  plus  fort,  boss. 


GUË 


1951 


Heine  d'Ànglct.  J'attends   avec    ardeur  Cette    eau 
sainte,  cette  eau  qui  peut  g.iérir  mon  cœur,  vt-lt. 
Zaïre,  ni,  4.  ||  Guérir  quelqu'un  de  quelque  chose, 
lui  ôter  quelque  inclinaf.on,   quelque  habitude  qui 
n'est  pas  bonne.  Le  plaisir  que  je  prenais  à  le  relire 
■sans  cesse  me  guérilun  peu  des  romans,  j.j.  roiis». 
Coitfess.  I.  Il  Guérir  de,  se  dit  avec  un  infinitif.  On 
soupir,  une  larme  à  regret  épandue  M'aurait  iléjà 
guéri  de  vous  avoir  perdue,  cobk.  Poly.  u,  2.  i,  Il 
se  dit  aussi  des  choses  qu'on  guérit.  J'ai  peur  que 
je  ne  vous  épouvante  trop,  et  que  le  remide  dont 
je   veux   guérir  votre  ennui  [chagrin]  ne  soit  plus 
violent  que  le   mal,  voit.  lelt.  )4.  Le  temps,  qui 
guérit  tout,  guérira  tes  douleurs,  godeal'.  Poésies, 
2'  part.  2*  églogue.  Aussitôt  qu'un  État  devient  un 
peu  trop  grand,  Sa   chute  doit  guérir  l'ombrage 
qu'elle  [Rome]  en  prend,  corn,  àicjm.  v,    ).  Du 
prince  la  raison  a  guéri  le  caprice,  roir.  Yencesl. 
III,  6.  Le  trépas  vient  tout  guérir;  Mais  ne  bougeons 
d'où  nous  sommes;  Plutôt  souffrir  que  mourir.  C'est 
la  devise  des  hommes,  la  font.  Pabl.  i,   )6.  Les 
hommes,  n'ayant  pu  guérir  la  mort,  la  misère, 
l'ignorance,  se  sont  avisés,  pour  se   rendre  heu- 
reux, de  ne  point  y  penser,  pasc.  Pensées,  iv,  2, 
édit.  LAHURE,    (860.  Par  le   travail,  oh  charmait 
l'ennui,  on  guérissait  la  langueur  de  la  paresse  et 
les  premières  rêveries  de  l'oisiveté,  boss.  Anne  de 
Gonx.  Le  monde  endort  les  chagrins,  mais  il  ne  les 
guérit  pas,  MASS.  Avent,  Afflict.  J'ai   .évélé  mon 
cœur  au  Dieu  de  l'innocence;  Il  a  vu  mes  pleur» 
pénitents  ;  11  guérit  mes  remords,  il  m'arme  de  con- 
stance; Le?  malheureux  sont  ses  enfants,  gilbert. 
Ode  imitée  de  plusieurs  psaumes.  ||  3°  V.  n.  Recou- 
vrer la  santé.  U  [le  médecin]  m'ordonne  des  rtmfe 
des,  je  ne  les  fais  pas  et  je  guéris,  mol.  Slot  cité  en 
note  ou  troisième  placet  au  roi  sur   le  Tartuffe, 
Œuv.  compl.  édit.  variorum  de  (862.   C'était   de- 
mander à  un  mourant  s'il  voulait  guérir,   volt. 
Louis  XIV,  22.  Il  Fig.  L'auditeur  peut  avoir  de  la 
commisération    pour    Antiochus,   pour  Niromède, 
pour  Héraclius  ;   mais,  s'il  en  demeure  là,  et  qu'i. 
ne  puisse  craindre  de  tomber  dans  un  pareil  mal- 
heur, il  ne  guérira  d'aucune  passion,  corn.  2«  dise. 
Je  guéiis,  et  mon  cœur,  en  secret  mutiné,  S'imposa 
cet  exil  dans  un  séjour  champêtre,  id.  Œdipe,  iv, 
4.  Le  sage  guérit  de  l'ambition  par  l'ambition  même, 
LA  BRUY.  II.  Les  femmes  guérissent  de  leur  paresse 
par  la  vanité  ou  par  l'amour,  id.  m.  Athènes  tom- 
ba, parce  que  ses   erreurs  lui  parurent   ii   douces 
qu'elle  ne  voulut  pas  en  guérir,  montesq.  Rom.  «. 
Il  est  des  blessures  Dont  un  cœur  généreux  peut  ra- 
rement guérir,  volt.  Tancr.  v,  3.  ||  Familièrement. 
On  ne  guérit  point  de  la  peur,  de  l'ivrognerie,  delà 
passion  du  jeu,  etc.  c'est-à-dire  être  peureux,  ivro- 
gne, joueur,  sont  des  défauts  qui  ne  se  corrigent 
pas.   Et  activement  :  On  ne  guérit  point  la  peur, 
l'ivrognerie,  etc.  \',i'  Il  se  dit  des  maladies  qui  s'en 
vont.  Cette  blessure  est  légère  et  guérira  bientôt. 
Il  5°  Se  guérir,  v.  réfl.  Être  guéri.  Il  est  des  mala- 
dies dont  on  ne  peut  se  guérir.  Nous  guérissons  in 
failliblement  tous  ceux  qui  se   guérissent  d'eiu- 
mêmes,   volt.    Dict.  phil.  Ualadie.  \\  Fig.  Par  la 
commerce  ils  se  seraient  éclairés  à  la  Chine,  hu- 
manisés dans  l'Inde,  guéris  de  tous  leurs  préjugés 
avec  les  Européens,  raynal,  Ilist. phil.  u,  7.||6'  Re 
cevoir  gucrison,  en  parlant  de  la  maladie,  de  la  lé 
sion. Son  mal  se  guéri  t.  Ces  fièvres  se  guérissent  par  le 
quinquina.  ||  7"  Se  procurer  la  guérison  à  soi-même. 
Il  s'est  guéri  par  sa  pei-sévérance  à  suivre  le  régime 
qui  lui  avait  été  recommandé.  ||  Fig.  Sitôt  que  sur 
un  vice  ils  pensent  me  confondre.  C'est  en  me  gué- 
rissant que  je  sais  leur  répondre,  boil.  Eptt.  vu. 
Il   Proverbes.  C'est  un  saint  qui  ne  guérit  de  rien,  se 
dit  d'un  homme  qui   a  peu  de  ci  édit.  ||  Médecin, 
guéris-toi  toi-même,  c'ost-à-dire  gardez  pour  vous- 
même  les  avis  que  vous  donnez  aux  autres.  ||  Quand 
on  est  mort,  c'est  pour  longtemps;  On  est  guéri  du 
mal  de  dents,  De  la  potence  et  di;  carcan,  Ane. 
chanson. 

lllST.  xi*  s.  Charles  respond  :   Encor  porrat 

garir  [se  sauver,  se  garantir],  Ch.  de  Ilol.  x.  [Toi] 
Oui  Daniel  des  lions  guaresis,  ib.  cLXXiii.  Assou- 
drai  vous  pur  vos  âmes  guarir,  ib.  Lxxxvii.  Deus  le 
guarit  qu'ai  cors  [l'épieu]  ne  l'a  toché,  ib.  cl.  Nel  puet 
guarir  ses  escuz  ne  sa  broine  [cuira.sse|,  ib.  cxv. 
I  XII' s.  Garisczs'anie  de  peine  et  de  tormcnt,  Ronc. 
p.  (03.  Car  nus  [nul]  n'ert  [ne  scra|  jà  île  ces  doux 
maus  garis.  Se  U  n'est  touz  de  fine  anior  espris 
Coud,  p.  (25.  Mult  malades  |il]  guari  do  sun  relief 
ilcma.ne  [par  son  secours  souverain];  La  lille  à  un 
riche  humine  en  devint  tute  saine,  Qui  oulcsléfie- 
vrose  mainte  liinge  semaine.  Th.  le  mart.  95.  Abisa! 
le  fil  Sarvie  guarid  [garantit]  le  rei  e  ferid  cel  vassal, 


1952 


GUE 


fi  l'oclst,  Rott,  p,  203.  Ysaias  cumandad  que  l'um 
liges  li  porlast,  si  en  fist  un  emplastrc,  e  fist  lamct- 
Ire  sur  un  clou  que  li  rcis  oui  ù  il  se  doloit,  si  en 
guarrid,  ib.  417.  ||  xiii*  s.  Ne  te  gariroit  pas  tout  li 
ors  de  liaviere,  Que  cest  bois  ne  le  soit  à  tousjours 
mais  litière,  Rerle,  xx.  Dopresler  à  usure  moût  bien 
nous  guérirons  [nous  nous  soutiendrons  bien  en 
prêtant),  ib.  lxxvii.  D'une  pierre  fu  li  mordons 
[agrafoj  Oui  garissoit  du  mal  des  dens,  la  Rosr^ 
1084.  Il  XIV*  s.  X  Nicaise  do  Boussut,  qui  fut  navrù 
de  mon.i.  Willaumo  de  Masteng,  pour  li  faire  \va- 
rir....  CAKFUUX,  Abattis  de  mai^ans,  p.  9.  ilxvrs. 
La  chaussure  patricienne  no  guarit  pas  do  la  goutte 
aux  pied.s,  amyot,  Morales,  t.  i,  p.  400,  dans  ray- 
50UABD,  Lexique.  Je  le  pansay,  Dieu  le  guarit,  Mot 
HAmbroisc  Paré. 

—  ÊTYM.  Picard,  garir;  Berry,  garir,  guarir; 
provenç.  garir,  guarir,  guérir;  ital.  guarire;  du 
germanique:  golh.  xcarjan;  anc.  h.  allem.  werjan; 
allem.  mod.  wehren,  défondre,  protéger,  ce  qui  est 
aussi  le  sons  propre  et  primitif  de  guérir, 

GUÉRISON  (ghé-ri-zon),  s. /■.  Il  1»  Recouvrement 
de  la  santé,  chez  la  personne.  La  guérison  d'un  fié- 
vreux. La  mort  suit  de  bien  près  ces  fausses  guéri- 
sons,  coiiN.  llodog.  III,  4.  Il  n'y  eut  qu'un  miracle 
qui  put  opérer  la  guérison,  mass.  Carême,  Tiéd.  2. 
Il  L'action  de  faire  disparaître  la  maladie.  La 
guérison  des  fièvres  par  le  quinquina Des  ma- 
ladies Oui  n'auraient  jamais  guérison,  malr.  il,  i. 
Il  Rendre  la  guérison,  guérir,  ô  Dieu.. ..Achève  ton 
ouvrage  au  bien  do  cet  empire.  Et  nous  rends  l'em- 
bonpoint comme  la  guérison,  malh.  ii,  i.  ||  2°  Fig. 
Action  do  faire  disparaître  ce  qui  est  comparé  aux 
maladies'^  corps.  C'est  presque  guérison  que  de 
vouloir  guérir,  garn.  Ilipp.  ii,  15.  Voici  l'heureuse 
saison  Où  nos  misères  bornées  Vont  avoir  leur  gué- 
rison, malii.  11,4.  Oui,  seigneur,  dans  son  mal  Rome 
est  trop  olistinée,  Son  peuple,  qui  s'y  plaît,  en  fuit 
la  guérison,  corn.  Cinna,  ii,  t.  Nos  maux  de  votre 
main  eurent  leur  guérison,  rac.  Poésies,  l. 

—  IIIST.  XI'  s.  Par  mon  saveir  vin-je  à  guarisun 
[salut],  Ch.de  Roi.  cclixiv.  ||  m*  s.  Escu  ne  broigne 
[cuirasse]  no  lui  fu  garison,  Rortc.  p.  69.  Jamais  par 
mire  [médecin]  il  n'aura  garison,  ib.  p.  H  7.  Et  quant 
je  sai  en  vous  ma  garison  [de  mes  peines].  Se  je 
vousaim,  j'i  assez  ai  raison,  Coud,  ii.  J'aim  [aime] 
mieux  ainsi  souffir  et  endurer  Ces  très  dous  maus 
sans  avoir  garison,  ib.  x.  ||  xiii"  s.  Seignor,  ce  fu  en 
cel  termine  Qna  li  douz  tons  d'esté  define.  Et  yver 
revient  en  saison.  Que  Renart  fu  en  sa  maison  ; 
Sa  garison  [provision] a  despendue,  Btn.  762.  [[xv^s. 
Celle  qui  a  getté  le  dart  Porte  avec  soi  la  garison, 
ALAIN  ciiART.  Ic  Débat  du  réveille  matin. 

—  f.TVM.  Guérir;  provenç.  guerifo;  anr.  catal. 
guarizon  ;  ital.  guarigione. 

GUÉRISSABLE  (ghé-ri-sa-bl') ,  adj.  Qu'on  peut 
guérir.  Des  maladies  qui  ne  sont  pas  guérissables. 

—  HIST.  XIV*  s.  Il  est  ainsi  que  le  desattrempé 
est  non  guérissable  ou  incurable,  oresme,  Eth.  211. 
il  XVI*  s.  Plus  on  attend,  plus  s'enracine  le  mal  ; 
toutes  fois  il  est  encore  guérissable,  moyennant 
qu'on  le  cure  par  les  causes  plus  tost  que  par  les 
accidents,  langue,  264. 

—  ÊTYM.  Guérir. 

t  GUP.RISSEUU  (ghc-ri-seur),  s.  m.  Celui  qui 
guérit.  Il  dit  à  ses  amis  que  je  ne  suis  pas  seule- 
ment son  médecin  guérisseur,  mais  aussi  son  phi- 
losophe et  son  docteur,  et  tout  cela  me  fait  hon- 
neur, GUI  PATIN,  Lett.  t.  Il,  p.  670.  Il  Souvent,  en 
mauvaise  part,  un  médecin  sans  connaissance,  uni- 
quement guidé  par  la  routine.  Une  maladie  dont 
j'avais  dès  l'enfance  senti  les  premières  atteintes, 
s'étant  déclarée  absolument  incurable,  malgré  tou- 
tes les  promesses  des  faux  guérisseurs  dont  je  n'ai 
pas  été  longtemps  la  dupe,  j.  j.  bouss.  2*  lett.  à 
Ualpshrrbes.  Vous  ."^avez  que  j'ai  peu  de  foi  aux 
grands  guérisseurs,  ID.  Lett.  à  duPeyrou,  14  fév.  1707. 

GUÉRITE  (ghé-ri-f),  j.  f.  ||  1"  Refuge;  sens  pri- 
mitif conservé  seulement  dans  cette  locution  :  ga- 
gner la  guérite,  s'enfuir.  Qui  leur  fit  à  la  (in  enfiler 
la  guérite,  bUonier,  Sat.  x.  ||  î"  l'etit  logement  do 
bois  ou  de  pierre,  rond  ou  carré,  (jUi  sert  de  re- 
traite aux  sentinelles,  dans  les  places  de  giinrro,  à 
certains  gardions,  et  partout  où  l'on  fait  faction. 
Le  soldat  dans  sa  guérite.  ||  3»  Petit  donjon  au  haut 
d'un  bâtiment  pour  avoir  do  la  vue.  ||  4"  Dans  une 
marche  4  vent ,  partie  par  laquelle  le  vent  s'in- 
troduit. Il  B"  Terme  de  marine.  Planche  formant 
un  peut  rebord  autour  des  hunes. 
'  —  llisr.  XV*  s.  Finalement  elle  [la  ville]  fut  con- 
qiiise  par  force  d'armes;  et  les  guérites,  (lui  nes- 
loienl  que  de  palis,  rompues  et  brisées,  fhoiss.  i,  i, 
•  03.  Ceux  qui  se  tcnoient  amont  en  leurs  garites 


GUE 

estoient  pourvus  de  pierres  et  de  pièces  de  bois,  id. 
II,  II,  îoo.  Il  xvr  s.  Ils  avoient  fortifié  une  maison 
de  fùssoz,  tours,  et  guérites  de  pierres  de  taille, 
ii'al'B.  Ilist.  m,  20.  S'il  eust  vu  deux  galères  l'ap- 
procher avec  la  yfiilu,  il  se  fust  aidé  de  leur  vent  et 
eus!  pris  la  guérite  (la  fuite],  carloix,  1,  (2. 

—  Etym.  Provenç.  guerida,  refuge,  retraite; anc. 
catal.  guarita  ;  cspagn.  et  porlug.  giiarida.  C'est  le 
participe  féminin  de  guérir,  qui  signifie  protéger, 
défendre: la (/«enVe  est  proprement  un  lieu  défendu, 
fortifié.  Guérite  est  formé  comme  réussite. 

t  GUERLANDE  (ghèr-land'),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Pièce  qui  fortifie  la  proue  et  en  assure  la  ron- 
deur. 

—  ÊTYM.  Le  même  que  guirlande. 

t  GUERLINGUET  (ghèr-lin-ghè),  s.  m.  Nom  dans 
Buffon  d'un  petit  quadrupède  ressemblant  à  l'écu- 
reuil. Le  grand  guerlinguet,  le  petit  guerlinguet, 
BUFF.  Quadr.  t.  xiii,  p.  63  et  64, 

GUERRE  (ghê-r'i,  s.  f.  \\  1°  I.a  voie  des  armes 
employée  de  peuple  à  peuple,  do  prince  à  prince, 
pour  vider  un  ilifi'crend.  Avoir  guerre.  Avoir  la 
guerre.  La  guerre,  la  peste  et  la  famine  sont  les 
trois  fléaux  de  Dieu.  Vous  portâtes  soudain  la 
gue.re'  dans  la  Perse,  corn.  Iléracl.  iv,  4.  Petits 
princes,  videz  vos  débats  entre  vous  :  De  recourir 
aux  rois  vous  seriez  de  grands  fous;  11  ne  les  faut 
jamais  engager  dans  vos  guerres,  Ni  les  faire  en- 
trer sur  vos  terres,  la  font.  Fabl.  iv,  4.  La  guerre 
est  une  chose  si  horrible  queje  m'étonne  comment 
le  seul  nom  n'en  donne  pas  de  l'horreur,  Boss.  Pen- 
sées chrét.  30.  La  guerre  a  ses  faveurs  ainsi  que  ses 
disgrftces,  rac.  Mithr.  m,  i.  Marchons,  et  dans  son 
sein  [de  Rome]  rejetons  cette  guerre  Que  sa  fureur 
envoie  aux  deux  bouts  de  la  terre,  m.  ib.  Dans 
la  guerre  la  distinction  entre  le  héros  et  le  grand 
homme  est  délicate,  la  bbuy.  n.  La  guerre  est  un 
mal  qui  déshonore  le  genre  humain,  pén.  Dial.  des 
morts  anc.  dial.  lo.  Il  n'est  permis  de  faire  la 
guerre  que  malgré  soi,  à  la  dernière  extrémité, 
pour  repousser  la  violence  de  l'ennemi,  id.  ib.  Le 
nombre  infini  de  maladies  qui  nous  tuent  est  assez 
grand,  et  notre  vie  est  assez  courte  pour  qu'on 
puisse  se  passer  du  fléau  de  la  guerre,  volt.  Lett. 
Mme  du  Deffant,  27  fév.  i775.  Vous  alliez  faire  la 
guerre  aux  jésuites ,  allons  la  faire  pour  eux,  id. 
Candide,  M.  Le  plus  déterminé  des  flatteurs  con- 
viendra sans  peine  que  la  guerre  traîne  toujours  à 
sa  suite  la  peste  et  la  famine,  pour  peu  qu'il  ait  vu 
les  hôpitaux  des  armées  d'Allemagne,  et  qu'il  ait 
passé  dans  quelques  villages  où  il  se  sera  fait  quel- 
que grand  exploit  de  guerre,  id.  Dict.  phil.  Guerre. 
La  guerre  est  une  loi  de  sang  et  de  rigueur, 
saurin.  Spart.  1,  2.  Obéir,  à  la  guerre,  est  le  pre- 
mier devoir,  id.  ib.  m,  l.  Toutefois,  dans  ces 
moyens  irréguliers,  il  y  en  avait  que  l'importance 
du  but  pouvait  excuser;  il  s'agissait  de  surprendre 
l'armée  russe,  ensemble  ou  dispersée,  de  faire  un 
coup  de  main  avec  quatre  cent  mille  hommes;  la 
guerre,  le  pire  des  fléaux,  en  eût  été  plus  courte, 
SÉOUB,  Hist.  de  Nap.  m,  2.  On  regarilait  le  duc  de 
Trévise  [laissé  à  Moscou]  comme  un  homme  sacri- 
fié; les  autres  chefs,  ses  vieux  compagnons  dé 
gloire,  l'avaient  quitté  les  larmes  aux  yeux,  et  l'em- 
pereur en  lui  disant  qu'il  comptait  sur  sa  fortune, 
mais  qu'au  reste,  à  la  guerre,  il  fallait  bien  faire  une 
part  au  feu,  id.  ib.  ix,  6.  ||  Guerre  de  mer,  guerre 
maritime,  guerre  qui  se  fait  sur  mer.  Que  devien- 
drait-elle si  à  la  guerre  de  mer  où  elle  est  engagée, 
une  guerre  de  terre  se  joignait  encore?  n'ALEMB. 
Lett.  au  roi  de  Pr.  I6  déc.  1780.  ||  Guerre  civile, 
guerre  intestine,  guerre  entre  les. citoyens  d'un 
même  État.  la  guerre  civile  est  le  règne  du  crime, 
conN.  Sertor.  I,  1 .  Quelle  guerre  intestine  avons  nous 
allumée?  bac.  Estb.  m,  4.  La  guerre  civile  qui  dé- 
solait alors  l'Angleterre  et  qui  fit  tomber  sous  la  ba- 
clio  d'un  bourreau  la  tête  de  Charles  I",  avait  com- 
mencé par  un  imp^'t  dc<ieux  sbellings  par  tonneau 
de  marchandise,  volt.  Ilist.  partrm.  ch.  55.  Les 
guerres  civiles  prennent  leur  esprit  des  causes  qui 
les  ont  fait  naître,  raynal,  Ilisi,  phil.  vu,  7. 
Il  Guerre  étrangère ,  guerre  contre  une  nation 
étrangère.  Il  Guerre  de  religion,  guerre  qui  se  fait 
à  cause  de  la  religion.  Les  guerres  do  religion  dé- 
solrrent  la  France  sous  François  II,  Ch.arles  IX  et 
Henri  III.  ||  Kig.  Guerres  de  religion^  qui'rclles  re- 
ligieuses sur  des  points  do  doclrine.  PliU  à  Dieu 
que  ces  guerres  do  religion  fussent  aussi  près  de 
leur  fin  que  celle  qui  divise  les  princes  de  l'Eu- 
ropel  MAiNTENON,  Lett.  ri  Hinede  Sl-Géran,  i*  août 
1096.  Il  Guerre  sainte,  guerre  qui  se  faisait  autre- 
fois contre  les  infidèles  pour  conquérir  la  terre 
sainte.  Il  Guerre  ucrce,  guerre  que  les  Thébams  et 


GUE 

leurs  alliés  firent  aux  Phocéens  qui  s'étaient  em- 
parés d'une  terre  appartenant  au  temple  de  Dd 
phes.  Il  Fig.    et   par    idaisanterie.  Guerre   saciii:, 
querelle   entre   gens  d'Église.   Pendant  que   :o  I 
conspire  à  la  guerre  sacrée,  boil.  Lutr.  vi.  ||  C  .    . 
à  mort,  guerre  dans  laquelle  on  ne  fait  aucun  ■  r.; 
lier.  Il  On  dit  dans  le  môme  sens  :  guerre  d'i 
mination,  guerre  à  outrance.  |{  Terme   do  I^     . 
lit>     Guerre  du  roi,  guerre  déclarée  par  le  ii,. 
u'     prince   étranger;   elle    susi)endait    toute,   :r 
guerres  particulières.  ||  Obtenir  les  honneurs  <le„ 
guerre,  voy.  iionnelb.  1|  Conseil  de  guerre, 
blée  d'officiers  généraux  d'une  armée.  Le  lion 
sa  tête  avait  une  entreprise  :  U  tint  coose: 
guerre,  envoya  ses  prévôts....  la  font,  l'abt.  v, 
Il  Conseil  de  guerre,  tribunal  qui  exerce  la  justice 
militaire.  {|  Fruit  ou  fruits  de  la  guerre,  les  pavs  dé- 
soles, les  gens  estropiés  et  tout  ce  qui  est  l'effet  des 
désastres  de  la  guerre;  particulièrement  les  bles- 
sures et  les  maladies  que  fait  contracter  l'état  mi- 
litaire, et,  par  extension  plai.sanle,  les  mau.s  qui 
sont  la  suite  d'excès  en  tout  genre,  de  l'ivrognerie, 
de  la  débauche,  du  jeu,  etc.  ||  Poétiquement,  un 
foudre  de  guerre,  grand  homme  de  guerre  qui  t 
remporté  de  grandes  victoires  et  qui  est  terrible 
par  sa  valeur.  Comment  !  des  animaux  qui  tieia- 
blent   devant   moil    Je  suis   donc    un   foudre   de 
guerre  I  la  font.  Fabl.  11,  <4.  ||  Faire  la  guerre  i 
l'œil,    observer  attentivement   les   démarches  de 
l'ennemi.  M.   de  Turenne,    trcs-habile  et  qui  sa- 
vait faire  la  guerre  à  l'œil,  n'avait  pas  manqué  d'y 
jeter  un  corps,  Mém.  pour  servir  à  l'hist.  unit',  di 
l'Europe,  t.  i,  p.  389.  ||  Fig.  Faire  la  guerre  à  l'œil, 
observer  avec  soin  ce  qui  se  fait  afin  de  profiler 
conjonctures.  Dieu  sait  comme  ils  firent  la  gucri 
J'entends  à  l'œil;  car  autrement  Je  parlerai» 
nettement,  scarbon,  Tirg.  vi.  Nous  ferons  guei 
l'œil,  TH.  CORN.  Ge6l.  de  soi-mâme,  iv,  4.  II  n 
porte,  elle  est  amoureuse,  je  te  réponds  de  toi 
tu  n'as  qu'à  faire  la  guerre  à  l'œil  et  à  nous  se- 
conder, Champagne  et  moi,  dancolrt,  la  Folle  in 
chère,  se.  4.  ||  De  guerre  lasse,  quand  on  est  las  de 
la  guerre.  Quand  toutes  les  intrigues,  les  finesse» 
italiennes  sont  épuisées  et  déconcertées,  les  partis, 
assez  forts  pour   combattre  et  trop  faibles  pour 
vaincre,  font  la  paix  de  guerre  lasse,  duclos,  Voy. 
Ital.  OICuv.  t.  VII,  p.  60,  dans  poogens.  |1  Fig.  Faire 
quelque  chose  de  guerre  lasse,  le  faire  après  avoii 
longtemps  résisté.  Je  lui  ai  cédé  de  guerre  lasae» 
Il  Faire  la  guerre  à  ses  dépens,  voy.  dépens.  ||  1*  H 
bonne  guerre,  se  dit  de  ce  qui  se  fait  selon  les  bw 
et  usages  de  la  guerre.  Le  comte  de  Pas  m'aTtp 
obligé  en  me  renvoyant  pour  rien  tout  le  bétail  • 
Commercy  qui  étaità  lui  de  bonne  guerre,  retz.it, 
1 9.  Il  Fig.  De  bonne  guerre,  de  bonne  prise,  légitime- 
ment. Persuadé  qu'en  amour  on  gagne  toujours  de 
bonne  guerre  ce  qu'on  peut  obtenir  par  adresse, 
on  ne  voit  pas  qu'il  ait  jamais  témoigné  le  c.uin- 
dre  repentir  de  cette  supercherie,  hamilt.  Gramm.t. 
Il  Faire  bonne  guerre,  user  de  toute  l'humanité,  de 
tous  les  ménagements  que  les  lois  de  la  guerre  per- 
mettent. Je  n'ai  pour  ennemis   que  ceux  du  liicD 
commun,  Je  leur  fais  bonne  guerre  et  n'en  proscris 
pas  un,  CORN.  .Sertor.  m,  2.  ||  Fig.  Faire  bonne  guoire, 
en  user  honnêtement  dans  une  discussion  d  iiité 
rets;  prendre  ses  avantages  sans  blesser  aucune  des 
bienséances  et  des  règles  de  l'hunnéleté.  Ls  [Luliier 
et  Carloslad]  touchèrent  en  la  main  l'un  de  l'auire, 
en  se  promettant  de  se  faire  bonne  guerre,   Eoss 
l'or.  2.  Il  3'  On  personnifie  quelquefois  la  guc.rc 
dans  le  langage  mythologique  et  poétique.  Bien- 
tôt   ils    défendront....    De    figurer    aux   yeux    la 
Guerre    au    front    d'airain,    boil.   Art   poél.    ;.i. 
Il  i°  Expédition,   campagne.   Dans   les   prcmiiics 
guerres,  il  n'avait  qu'une  scui^  vie  à  offrir;  main- 
tenant il  en  a  une  autre  [son  fi.'s]  qui  lui  est  plus 
chère  que  la  sienne,  noss.  Louis  ie  Bourbon.  Sui- 
vant son  usage,  il  se  promène  devant  les  rangs;  il 
sait  quelles  sont  les  guerres  que  chaque  régiment 
a  faites -avec  lui,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  m,  3.  ,  Faire  la 
guerre  avec  quelqu'un,  servir  avec  lui  dans  le  même 
corps.  Il  En  guerre,  durant  le  temps  de  guerre.  Vous 
devez  en  guerre  être  habillés  de  fer,  la  broy.  m. 
Il  S'en  aller  en  guerre,  partir  pour  une  expédition. 
Le  lion  s'en  allant  en  guerre,  la  font.  Fabl.  v,  (•. 
Ces  temps  où  la  France  s'en  allait  en  guerre  contre 
les  mécréants  et  les  infidèles,  chatealb.  Génie,  il, 
1 ,  6.  Il  Ru.se  de  guerre,  stratagème  employé  dass  la 
guerre.  ||  Fig.  Tour  do  vieille  guerre,  ruses,  adresses 
qui  sont  à  la  disposition  d'un  vieux  ch'tsscur,  d'im 
homme   expérimenté.  Nous  en  savons  plus  d'un, 
dil-il,  en  les  gobant;  C'est  tour  de  vieille  guerre.... 
la  font.  Fabl.  m,  )8.  ||5°  L'art  miliUire,  la  con- 


GUE 

naissance  des  moyens  employés  pour  faire  la  guerre. 
N'in  content  de  lui  enseigner  la  guerre  [à  son  fils], 

mme  il  a  fait  jusqu'à  la  fin  par  ses  discours,  le 
juince  le  mène  aux  leçons  vivantes  et  à  la  pratique, 
Boss.  Louis  de  Bourbon.  Il  savait  faire  la  guerre,  id. 
Ilist.  II,  2.  Quant  à  lui  [Napoléon] ,  sa  tête  est  son 
conseil;  tout  part  de  là;  mais  Alexandre,  qui  le 
conseillera?  qui  opposera-t-il?  il  n'a  que  trois  gé- 
néraux, Kutusof,  qu'il  n'aime  pas  parce  qu'il  est 
Russe;  Beningsen,  trop  vieux  il  y  a  six  ans,  au- 
lourd'hui  en  enfance;  et  Barclay;  celui-ci  ma- 
nœuvrera, il  est  brave,  il  sait  la  guerre;  mais  c'est 
un  général  de  retraite,  ségur,  Ilist.  de  Nap.  iv,  B. 
jl  Homme  de  guerre,  homme  qui  sait  la  guerre.  Je 
ilois  craindre  Licine,  il  est  homme  de  guerre,  tbis- 

iN,  M.  de  Chrispe,  ii,  7.  |{  Gens  de  guerre,  militai- 
■>s,  soldats.  J'ai  vu  des  gens  de  guerre  èpandus 
jiir  la  ville,  cokn.  Rodog.  m,  2.  |1  6°  Ensemble 
d'attaques,  de  défenses,  d'opérations.  Ainsi  la 
(guerre  était  partout,  devant,  sur  nos  lianes,  der- 
rière nous;  l'armée  s'affaiblissait;  l'ennemi  deve- 
nait chaque  jour  plus  entreprenant,  ségur,  Hist.  de 
w/p.  vni,  (0.  Il  Petite  guerre,  celle  qui  se  fait  par 

■tachcmentsou  par  partis,  dans  le  dessein  d'in- 
commoder, de  harceler  l'ennemi  dans  sa  marche. 
I|  Petite  guerre,  simulacre  de  combat  pour  faire 
manœuvrer  et  exercer  les  troupes.  ||  Anciennement. 
I.a  petite  guerre,  la  maraude,  la  picorée.  Une  poule 
1 1  un  oison,  qui  avaient  bien  la  mine  d'avoir  été 
pris  à  la  petite  guerre,  ecarron,  liom.  com.  i,  1. 
,1  7°  Absolument.  Le  département  de  la  guerre,  le 
ministère,  les  bureaux  de  ce  département.  Minis- 
tre de  la  guerre.  Il  travaille  à  la  guerre.  Chef  de 
bureau  à  la 'guerre.  ||  8°  Guerre  ouverte,  hostilité 
iléclarée.  Le  mauvais  vouloir  de  cette  puissance 
linit  par  se  changer  en  guerre  ouverte.  ||  Fig.  Ini- 
mitié, agression,  qui  ne  se  cache  pas.  Mais  sans 
discrétion  tu  vas  à  guerre  ouverte,  hégnier,  Ëlég.  ii. 
Quoi  qu'il  en  soit  enfin,  je  ne  t'abuse  pas;  Je  fais 
la  guerre  ouverte....  regnap.d,  le  Joueur,  i,  2. 
Il  9°  Nom  de  guerre,  nom  que  chaque  soldat  pre- 
nait autrefois  en  s'enrôlant  ;  par  exemple  :  la  Tu- 
lipe, Sans -Quartier.  Louis  [le  dauphin  fils  de 
Louis  XIV]  le  bien  nommé ,  c'est  Louis  le  Hardi  ; 
D'un  pareil  nom  de  guerre  on  traitait  les  neuf 
preux,  LA  FONT.  Poésies  mêlées,  Lxiv  [ballade  sur 
le  nom  de  Louis  le  Hardi).  \\  Fig.  Sobriquet  donné 
par  plaisanterie.  Le  Magnifique  était  un  nom  de 
guerre,  la  font.  Magn.  ||  Prendre  un  nom  de 
guerre,  changer  son  nom  véritable,  prendre  un  nom 
de  fantaisie.  ||  10°  Il  se  dit  en  parlant  des  animaux 
qui  en  attaquent  d'autres  pour  en  faire  leur  proie. 
Le  loup  fait  la  guerre  aux  brebis.  Les  lions  ne  font 
point  la  guerre  aux  lions,  fén.  Tél.  xvu.  Tous  les 
animaux  sont  perpétuellement  en  guerre;  chaqut. 
espè'"e  est  née  pour  en  dévorer  une  autre,  volt. 
Dicl.  phil.  Guerre.  ||  État  de  guerre,  état  d'hos- 
tilité de  tous  contre  tous.  Hobbes....  voulant  prou- 
ver que  les  hommes  naissent  tous  en  état  de  guerre, 
et  que  la  première  loi  naturelle  est  la  guerre 
de  tous  contre  tous,  montesq,  Défense  de  VEs- 
prit  des  lois,  i,  t.\\  Poétiquement.  Faire  la  guerre 
aux  habitants  de  l'air,  aux  habitants  des  forêts, 
chasser.  Je  vais  faire  la  guerre  aux  habitants  de 
l'air,  iioiL.  Êp.  vi.  H  11°  Fig.  Toute  espèce  de  dé- 
bat ,  de  démêlé,  de  lutte.  Cet  homme  est  toujours 
en  guerre  avec  ses  voisins.  Cela  [saisir  l'occasion] 
s'entend  principalement  à  la  guerre  et  des  actions 
militaires;  mais  il  y  a  de  la  guerre,  qui  le  croira? 
même  dans  les  actions  paisibles  et  désarmées;  il 
faut  combattre  partout  de  façon  ou  d'autre,  balz.  De 
la  cour,  i'  dise.  Deux  coqs  vivaient  en  paix  :  ime 
poule  survint,  Et  voilà  la  guerre  allumée,  la  font. 
Fabl.  vu,  )  3.  Il  faut  faire  aux  méchants  guerre  con- 
tinuelle; La  paix  est  fort  bonne  de  soi;  J'en  con- 
viens, mais  de  quoi  sert-elle  Avec  des  ennemis  sans 
foi?  iD.  ib.  III,  (3.  Tenez  entre  eux  divisés  les  mé- 
chants; La  sûreté  du  reste  de  la  terre  Dépend  de  là  : 
semez  entre  eux  la  guerre,  Ou  vous  n'aurez  avec 
eux  nulle  paix,  id.  ib.  vu,  8.  Hircan  et  Aristobule 
eurent  guerre  pour  le  sacerdoce,  boss.  Ilist.  ii,  6. 
Cette  Eglise  à  laquelle  il  avait  fait  une  si  longue 
guerre,  id.  ib.  m,  10.  ||  Familièrement.  Faire  la 
guerre  à  quelqu'un,  lui  faire  souvent  des  répriman- 
des, lui  chercher  querelle.  Ne  lui  faites  point  la 
guerre  sur  tout  ceci,  sÉv.  453.  Mme  de  Pontchar- 
Irain,  à  qui  je  fais  la  guerre  sur  le  jansénisme,  dit 
qu'on  verrait  comme  vous  en  useriez  avec  son  con- 
fesseur, MAiNTENON,  Lett.  au  Cardin,  de  Noailles,  <2 
cet.  IC95.  Elle  ne  cessait  de  lui  faire  la  guerre  sur 
sa  méchante  humeur,  hamilt.  Gramm.  i.  Je  lui  fis 
la  guerre  de  ce  caprice,  J.  J.  Rouss.  hm.  v.  Un 
manque  de  civilité  dont  mon  oncle  ne  cesse  de  me 

UICT.    DE   LA   LANGUE  FRANÇAISE. 


GUE 

faire  la  guerre  depuis  ce  matin,  picard.  Petite 
ville,  m,  <3.  Il  Faire  la  guerre  à  quelque  chose,  s'en 
prendre  à  cette  chose,  l'attaquer,  la  détruire.  Elle 
fait  la  guerre  à  ses  beaux  cheveux,  sÉv.  BB.  ||  Faire 
la  guerre  au  pain,  en  manger  beaucoup.  ||  Faire  la 
guerre  à,  combattre,  lutter  contre.  Notre  société 
[les  jésuites]  a  pour  but  de  travailler  à  établir  les 
vertus,  de  faire  la  guerre  aux  vices,  et  de  servir  un 
grand  nombre  d'âmes,  pasc.  Prov.  x.  Le  vice  auda- 
cieux, des  hommes  avoué,  Â  la  triste  innocence  en 
tous  lieux  fit  la  guerre,  boil.  Sat.  x.  |{  Faire  la 
guerre  à  ses  passions,  combattre,  réprimer  ses  pas- 
sions. Il  Faire  la  guerre  aux  mots,  critiquer  minu- 
tieusement le  style.  ||  12°  Guerre  de  plume,  discus- 
sion, dispute  par  des  écrits  entre  des  hommes  de 
différents  partis.  Je  m'intéresse  plus  à  la  guerre  des 
Russes  contre  les  Ottomans  qu'à  la  guerre  de  plume 
du  parlement,  volt.  Letl.  à  la  marquise  du  Def- 
farU,  6  janv.  <77i.  X  quoi  bon  rendre  guerre  pour 
guerre?  bonnet,  Lett.  div.  Oi'uv.  t.  xii,  p.  iS'>,  dans 
pouGENs.  Il  13°  Fig.  Guerre  se  dit  des  choses  qui 
combattent ,  qui  attaquent,  qui  sont  en  lutte.  Les 
éléments  en  guerre.  Dont  l'air  intempéré  fait  guerre 
aux  animaux,  hégnier,  Sat.  xiv.  Mon  esprit  agité 
fait  guerre  à  mes  pensées,  iD.Élég.  ii.  Allez,  hon- 
neurs, plaisirs,  qui  me  livrez  la  guerre,  corn.  Poly. 
IV,  2.  Si  de  tels  souvenirs  ne  me  faisaient  la  guerre, 
II).  Tite  et  Bér.  ii,  4.  Un  mal  qui  répand  la  terreur,... 
La  peste,  puisqu'il  faut  l'appeler  par  son  nom.  Fai- 
sait aux  animaux  la  guerre,  la  font.  Fabl.  vu,  ), 
Elle  a  dans  la  tête  une  philosophie  Qui  déclare  la 
guerre  au  conjugal  lien.  Et  vous  traite  l'Amour  de 
déité  de  rien,  mol.  Princ  d'Él.  i,  2.  Oii  l'honneur 
a  toujours  guerre  avec  la  fortune,  boil.  Sat.  i. 
Il  14°  Nom  d'un  jeu  qui  se  joue  sur  un  billard.  ||  Pro- 
verbes. X  la  guerre  comme  à  la  guerre,  c'est-à-dire 
il  faut  souffrir  la  fatigue  ou  prendre  du  bon  temps 
selon  les  occasions.  ||  La  guerre  nourrit  la  guerre, 
une  armée  subsiste  aux  dépens  du  pays  où  elle  se 
trouve.  Il  Guerre  et  pitié  ne  s'accordent  pas  ensem- 
ble, à  la  guerre  on  a  peu  de  pitié  et  il  serait  dan- 
gereux d'en  avoir.  ||  Qui  terre  a  guerre  a,  celui  qui 
possède  de  la  terre  est  sujet  à  avoir  des  procès.  Par 
allusion  à  ce  proverbe  Voltaire  a  dit  {Lett.  d'Ar- 
gental,  4  oct.  (748)  :  «  Je  ne  m'attendais  pas  à  ce 
nouveau  trait  de  calomnie  ;  mais  qui  plume  a  guerre 
a  » ,  c'est-à-dire  les  gens  de  lettres  sont  exposés  à 
être  attaqués.  ||  La  guerre  est  bien  forte  quand  les 
loups  se  mangent  l'un  l'autre,  se  dit  quand  on  voit 
deux  personnes  de  même  profession  avoir  querelle. 
Il  On  ne  fait  la  guerre  que  pour  faire  enfin  la 
paix,  c'est-à-dire  il  faut  toujours  finir  par  s'accor- 
der. 

—  REM.  La  locution  de  guerre  lasse  a  été  trou- 
vée par  plusieurs  grammaticalement  inexplicable; 
faire  quelque  chose  de  guerre  lasse,  étant  faire  une 
chose  las  de  la  guerre  ;  aussi  des  grammairiens  ont- 
ils  voulu  la  corriger  et  dire  :  de  guerre  las.  D'autres 
ont  dit  qu'il  fallait  écrire  de  guerre  las  quand  il 
s'agissait  d'un  homme,  et  de  guerre  lasse  quand  il 
s'agissait  d'une  femme  ;  et  que  l'erreur  était  née  de 
la  prononciation  de  l's  dans  las,  comme  plusieurs 
la  font  sentir  dans  hélas  (hé-las').  Il  nous  sem- 
ble qu'il  n'y  a  rien  à  changer,  que  lasse  se  rap- 
porte bien  à  guerre,  et  que  la  locution  représente 
une  figure  hardie  où  la  lassitude  est  transportée  de 
la  personne  à  la  guerre  :  de  guerre  lasse ,  la  guerre 
étant  lasse,  c'est-à-dire  les  gens  qui  font  la  guerre 
étant  las  de  la  faire. 

—  HIST.  XI*  s.  Faites  la  guerre  com  vous  l'avez 
emprise,  Ch.  de  Bol.  xiv.  N'aurez  mais  guerre  en 
tute  vostre  vie,  ib.  xliii.  ||xii'  s.  X  la  mort  [je]  sui. 
se  la  guerre  m'i  [en  cet  amour]  dure,  Couci,  p.  126. 
Nus  [nul]  ne  nous  faisoit  guerre  ne  ne  menoit  dan- 
gier,  Sax.  xvi.  As  parenz  saint  Thomas  [le  roi]  ad 
prise  si  grant  guerre,  Quetuz  les  fist  chacier  hors  de 
tute  sa  terre.  Th.  le  mart.  63.  ||  xin°  s.  X  Pépin  [ils] 
orent  guerre  qu'avez  oui  conter,  Berte ,  m.  Nus 
marcheant  ne  vit  aese:  Car  son  cuer  a  mis  en  tel 
guerre.  Qu'il  art  [brûle]  tous  jors  de  plus  acquerrc, 
la  Rose,  B090.  S'il  prent  à  tout  le  monde  guerre,  Il 
n'a  pooir  de  vivre  en  terre,  ib.  8043.  ||  xiv°  s.  Moult 
gens  crient  maintes  fois  guerre,  guerre,  qui  ne  sçai- 
vent  que  guerre  monte  ;  en  son  commencement  est 
large  et  a  si  grant  entrée  que  chascun  puet  entrer, 
et  l'a  puet  l'en  trouver  legierement;  mais  à  grant 
peine  puet  l'en  sçavoir  à  quel  fin  l'on  en  puet  venir, 
LE  CHEV.  de  la  TOUR ,  Instruct.  à  ses  filles,  f  1 3 , 
dans  LACURNE.  ||  xv°  s.  Et  on  dit,  et  voir  est,  qu'il 
n'est  si  felle  [cruelle]  guerre  que  de  voisins  et  d'a- 
mis, FHOiss.  I,  i,  118.  Il  avoit  dès  sa  jeunesse  for- 
fait le  royaume  [était  banni  du  royaume]  pour  guerre 
d'amis  et  d'uu  homicide  qu'il  avoit  fait  à  St-Omer, 


GUE 


1953 


id.  liv.  I,  p.  («5,  dans  lacurne.  Or  faut  pour  la 
guerre  civile  Advocat  clerc  qui  soit  habile  Pour  le 
droit  des  gens  demonstrer  Aux  juges  en  chascune 
ville,  EUST.  DEscii.  Poés.  mss.  p  79.  Regret  m'as- 
sault,  et  pitiémefaitguerre,  Pleure,  gémis,  et  n'est 
homme  qui  l'oye,  alain  chart.  Ball.sur  la  mort  de 
sa  dame.  Messeigneurs,  y  [il]  fault  adviser,  Que 
guerre  n'est  pas  peu  de  chose,  Uyit.  du  siège  d'Or- 
léans, p.  734.  Item  mon  corps  j'ordonne  et  laisse  i 
nostre  grandmere  la  terre.  Les  vers  n'y  trouveront 
grand  graisse  ;  Trop  luy  a  faict  faim  dure  guerre,  viLX. 
Double  bail.  Testam.  |{  xvi*  s.  Avoir  guerre  contre  les 
Escossois,  MONT.  I,  <B.  Le  mareschal  [prisonnier]  la 
pria  de  luy  faire  bonne  guerre,  et  qu'il  ne  se  souvint 
du  passé,  CARLOix,  viii,  38.  Les  Suisses,  irritez  do 
cest  outrage,  demandèrent  à  monsieur  l'admirai 
qu'il  leur  permist  de  faire  la  mauvaise  guerre 
[guerre  à  mort]  ;  mais  les  Espagnols  ne  cesserentde 
pratiquer  jusques  à  ce  que  la  bonne  guerre  [à  merci] 
fut  accordée,  M.  do  bell.  ioo.  Je  veux  seulement 
parler  des  fortunes  qui  advinrent  au  bon  chevalier 
durant  la  guerre  guerroyable  qu'eurent  ensemble 
François  et  Espaignols,  Vie  du  chev.  Bayard  par  le 
loyal  serviteur,  chap.  xviii.  Aussi  dicton  qu'il  fault 
faire  la  guerre  à  l'œil  ;  et  qui  la  faict  bien  les  yeux 
fermés,  ou  en  absence  et  bien  loing,  est  fort  à  louer, 
BRANT.  Philippe  II.  La  guerre  engendre  pauvreté. 
Pauvreté  humilité,  D'humilité  revient  la  paix,  Ainsi 
retournent  les  humains,  le  houx  de  lincy.  Prof. 
t.  Il,  p.  366.  Homme  mort  ne  fait  guerre,  cor- 
grave.  Mieux  vaut  en  paix  un  œuf  qu'en  guerre  un 
bœuf,  ID. 

—  KTYM.  Bourguig. gare;  provenç.  guerro,ffcno; 
espagn.  portug.  et  itaL  juctto;  bas-lat.  icorro,  mot 
qu'on  trouve  dans  des  textes  du  temps  de  Charles 
le  Chauve,  mais  qui  est  plus  ancien;  du  germa- 
nique: anc.  h.  allem.  werra,  querelle;  anc.  angl. 
wcrre;  angl.  mod.  war,  guerre. 

GUERRIER,  lËRE  (ghè-rié,  riè-r'),  adj.  \\  1°  Qui 
appartient  à  la  guerre.  Revois  ce  cliamp  guerrier 
dont  les  sacrés  sillons  Elevaient  contre  toi  de  sou- 
dains bataillons  corn.  lUédée,  m,  3.  Et  ne  suis-jo 
blanchi  dans  les  travaux  guerriers  Que  pour  voir  en 
un  jour  flétrir  ant  do  lauriers?  jd.  Cid,  i,  7.  Pre- 
nez soin  qu'à  l'instant  la  trompette  guerrière  Dans 
le  camp  ennemi  jette  un  subit  effroi,  rac.  Athal. 
y,  3.  On  n'imaginerait  pas  qu'a.u  milieu  d'une  vio 
si  agitée  et  si  guerrière  il  faisait  un  livre,  fonten. 
Renau.  ||  2°  Qui  est  porté  ou  propre  à  la  guerre.  Un 
prince  guerrier.  On  le  voyait  [le  général  espagnol, 
à  la  bataille  de  Rocroi],  porté  dans  sa  chaise,  et, 
malgré  ses  infirmités,  montrer  qu'une  âme  guer- 
rière est  maîtresse  du  corps  qu'elle  anime,  uoss. 
Louis  de  Bourbon.  Mais  vous,  s'il  était  vrai  que  son 
ardeur  guerrière  Eût  ouvert  à  la  vôtre  une  illustre 
carrière,  rac.  Alex,  iv,  2.  Dans  cette  île  et  guer- 
rière et  chrétienne,  VOLT.  Tancr.i,  4.  Il  n'y  avait  du 
temps  d'Auguste  qu'une  seule  nation,  et  il  y  en 
a  aujourd'hui  plusieurs,  policées,  guerrières,  éclai- 
rées, qui  possèdent  des  arts  que  les  Grecs  et  les 
Romains  ignorèrent,  id.  Louis  XIV,  29.  ||  Avoir 
l'air  guerrier,  la  mine  guerrière ,  avoir  l'air,  la 
contenance  d'un  homme  de  guerre.  ||  8°  S.  m 
Celui  qui  fait  la  guerre.  Un  injuste  guerrier,  ter- 
reur de  l'univers,  boil.  Sat.  xi.  Aux  plus  savants 
auteurs  comme  aux  plus  grands  guerriers  Apollon 
ne  promet  qu'un  nom  et  des  lauriers,  id.  Art  p.  iv. 
Montrez-nous,  guerriers  magnanimes.  Votre  vertu 
dans  tout  son  jour;  Voyons  comment  vos  cœurs  su- 
blimes Du  sort  soutiendront  le  retour,  J.  b.  rou.çs. 
Ode  à  la  Fortune.  Il  [René]  remonta  le  Meschaceba 
jusqu'aux  Natchez,  et  demanda  à  être  reçu  guerrier 
de  cette  nation,  ciiateaubr.  Atala,  Prologue.  ||  Il  se 
dit  au  féminin.  Cette  illustre  guerrière  Ayant  vu 
ses  soldats  gisants  sur  la  poussière,  mairet,  Mort 
d'Asdrub.  v,  2.  ||  Dans  le  style  soutenu,  soldat 
Depuis,  comme  il  arrive  toujours,  l'infortune  ayant 
écrasé  ces  guerriers  [les  soldats  entrés  dans  Mos- 
cou], des  reproches  s'élevèrent;  ch!  qui  ne  sait  que 
de  pareils  désordres  ont  toujours  été  le  mauvais 
côté  des  grandes  guerres,  le  côté  honteux  de  la 
gloire  ;  que  la  renommée  des  grands  conquérants 
porte  son  ombre  comme  toutes  les  choses  de  ce 
monde?  ségur,  Hist.  de  Nap.  vin,  8.  Dans  cette  co- 
lonne [armée  française  sortant  de  Moscou]  de  cent 
quarante  mille  hommes  et  d'environ  cinquante 
mille  chevaux  de  toute  espèce,  cent  mille  combat- 
tants marchant  à  la  tête  avec  leurs  sacs,  leurs  ar- 
mes, plus  de  cinq  cent  cinquante  canons  et  deux 
mille  voitures  d'artillerie,  rappelaient  encore  cet 
appareil  terrible  de  guerriers  vainqueurs  du  monde, 
ID.  ib.  IX,  (.  Il  Fig.  Là,  bornant  son  discoura,  encor 
tout  éoumante,  Elle  souffle  aux  guerriers  [les  cha- 

I.—  24Ô 


1954 


GUE 


noines  de  la  Sainte-Chapelle]  l'esprit  qui  la  tour- 
mente, BOIL.  Lutr.  V.  Il  Caste  des  guerriers,  se  dit, 
dans  l'Égypto  et  dans  l'Inde,  de  la  caste  de  ceux 
qui  portent  les  armes.  La  tribu  des  guerriers,  ou- 
vrage de  SCS  bras  [de  Brama],  Eut  la  force  en  par- 
tage et  courut  aui  combats,  c.  delav.  Pana,  i,  ). 
Il  Proverbe.  Un  guerrier  doit  avoir  assaut  de  lé- 
vrier, fuite  de  loup  et  défense  de  sanglier,  c'est- 
à-dire  assaillir  hardiment,  fuir  lentement,  et  se 
défondre,  quand  il  est  acculé,  comme  le  sanglier. 

—  SYN.  1°  OUERHIER  ,  BELLIQUEUX.  Un  prince 
guerrier  est  un  prince  qui  fait  la  guerre  et,  si  l'on 
veut,  aime  la  guerre.  Un  prince  belliqueux  est  un 
prince  qui  aime  la  guerre.  Un  prince  belliqueux 
peut  n'avoir  ])as  encore  fait  la  guerre;  un  princa 
guerrier  l'a  faite.  ||  2°  guerrier,  martial.  Une  mine 
guerrière,  une  attitude  guerrière  est  la  même  chose 
qu'une  mine  martiale,  qu'une  attitude  martiale.  La 
seule  différence  que  l'usage  ait  mise,  c'est  que 
guerrier  appartient  davantage  au  style  élevé,  et 
martial  au  style  ordinaire. 

—  HIST.  xr  s.  Li  quens  Rolanz  fut  nobile  guer- 
rer,  Ch.  de  Roi.  clii.  ||  xii*  s.  ...l'espée  dan  Gi- 
rart  le  guerrer,  Konc.  p.  BO.  ||  xiii*  s.  Car  aine  en 
nule  manière  [je]  Ne  forfis  Que  fussiez  ma  guer- 
rière [ennemie],  quesnes,  fiomanc.  p.  88.  Gille  [elle] 
ol  nom  et  fu  mère  Rolant  le  bon  guerrier,  Berte, 
cxxix.  Et  li  Turc  sont  sage  et  boin  guerroier,  Chr.  de 
Rains,  p.  202.  Ysengrin,  qui  fu  ses  guerriers  [son  en- 
nemi], Et  qui  le  haoit  [haïssait]  mortelment,  Ken. 
18854.  Il  xiV  s.  11  a  en  France  un  tel  proverlie  :  de 
bon  toumeeur  [homme  de  tournoi]  couart  guerrier, 
oresme,  Eth,  79.  Il  xvi*  s.  Laissant  le  tout  sur  sa 
guerrière  expérience,  carl.  ix,  b.  Je  hais  moins 
l'injure  guerrière  que  pacifique,  mont,  iv,  toi. 
Leurs  chansons  guerrières  [des  peuples  d'Améri- 
que], ID.  I,  246.  Ces  mouvements  guerriers  qui 
nous  ravissent  de  leur  horreur  et  espoventement , 
cotte  tempeste  do  sons  et  de  cris,  id.  ii,  t87. 

—  ÊTYM.  Giterre;  bourguig.  guarrci ;  provenç. 
{/uerrier,  guerrer;  esp.  guerrero  ;  port,  guerrciro; 
ital.  guerrière.  On  remarquera  à  l'historique  le  sens 
de  :  celui  qui  fuit  peine,  mal  à  un  autre;  ce  sens 
se  retrouve  au  verbe  dans  le  dialecte  du  Berry 
(voy.  guerboter). 

+  GUERROYANT,  ANTÉ  (ghè-ro-ian,  ian-f), 
adj.  Qui  aime  à  guerroyer.  Humeur  guerroyante. 
..     —  HIST.  xvr  s.  Guerroyant,  oudin,  Dict. 

GUERROYER  (ghè-ro-ié;  quelques-uns  disent 
ghè-roi-ié;  d'autres  prononcent  les  deux  r  ;  ghî-- 
rro-ié;  mais  ne  prononcer  qu'une  r  est  plus  usité 
et  plus  conforme  à  la  prononciation  de  guerrier. 
L'y  se  change  en  t  devant  un  e  muet  :  je  guerroie, 
je  guerroierai;  à  l'imparfait,  je  guerroyais,  nous 
guerroyions,  vous  guerroyiez;  au  subjonctif,  que 
je  guerroie,  que  nous  guerroyions,  que  vous  guer- 
royiez) ,  V.  n.  Terme  familier  dans  le  langage 
moderne  ;  il  était  du  style  élevé  dans  le  langage  an- 
cien. Faire  la  guerre.  Les  seigneurs  féodaux  guer- 
royaient entre  eux.  Faut-il  guerroyer  dans  le  Nord, 
l'riez  pour  moi;  je  suis  mort,  je  suis  mort,  ré- 
rang. Ifort  riv.  Il  Fig.  Il  est  vrai  qu'elle  [Mme  de 
Genlis]  s'est  mise  à  guerroyer  fort  gratuitement,  et, 
([ui  pis  est,  fort  maladroitement  contre  les  pliilo- 
.sophes,  LA  harpe,  Corresp.  t.  iv,  {"  «3,  dans  pou- 
GKNS.  Il  Activement.  Et  vous  lo  mènerez  guerroyer 
Les  peuples  du  Tibre....  scahron,  Virg.  v.  Venez- 
vous-en  avec  moi,  car  je  veux  guerroyer  le  roi  mon 
seigneur,  volt.  Mœurs,  50. 

—  HIST.  XI*  s.  En  France  irai  pour  Charle  guer- 
reier,  Ch.  de  Roi.  CLXXxix.  ||  xii"  s.  S'il  aura  pais 
ou  devra  guerroier,  Ronc.  p.  32.  Diex!  qu'a  amors, 
qui  tous  les  siens  guerroie?  Couci,  xxi.  Et  se  li 
rois  Henris  ad  sa  custume  enprise,  E  voille  guer- 
roier e  clers  e  saint  iglise,  Th.  le  mart.  93.  {|  xiii"  s. 
Je  ne  voi  orcndroit  nul  home  en  nostre  comun, 
qui,  avant  moi,  vous  scust  conduire  ne  guerroier 
[commander],  villeu.  xxxix.  Que  plus  seurement 
gerroie  cil  qui  a  à  mengier  que  cil  qui  n'en  a 
point,  ID.  Lxii.  Et  comment  pourroit  nus  [nulz] 
ce  faire,  Qu'il  gart  chose  que  tuit  guerroient?  Ren. 
804 1 .  Noz  ne  créons  pas  que  il  soit  nul  si  mal  home 
(lue  ses  cuers  [son  cœur]  ne  soit  guerriés  de  se 
[sa]  conscience  meïsme,  beaum.  Conclusion.  Tout 
soit  il  que  li  gentil  horac,  par  nostre  coustume,  puis- 
sent guerroier  et  ocirre  et  mehaignier  l'un  l'autre 
hors  trêves,  id.  xxxiii,  8.  L'en  ne  doit  pas  Dieu  de 
«es  dons  guerroyer,  jomv.  300.  Vous  savez  que  lo 
roi  de  France  (jorroie  au  roi  d'Engleterre,  ID.  1 97. 
Il  XVI*  s.  So\ibs  l'umbre  d'envoyer  du  secours  aux 
villes  qui  estoicnt  gucrroyées  et  travaillées  par  les 
Syracusaina,  amïot.  Aie.  so.  Celte  doctrine  fut  il- 
lustrée au  treizième  siècle  par  Widef....  depuis  là- 


GUE 

vorisée  par  le  roi  Edouard,  guerroyée  par  Richard.... 
d'aub.  Hist.  I,  07.  Martin  Luther  commença  à  guer- 
royer son  autliorité  [du  pape]  plus  ouvertement, 
m.  ib.  1,  67.  Les  extrêmes  froidures  et  chaleurs,  les 
vents  excessifs  et  bruits  [bruines]  violens,  guer- 
roient aucunement  les  vins,  o.  de  serbes,  243. 

—  ÊTYM.  Guerre,  et  la  finale  oyer;  Berry,  guar- 
reyer,  guerreyer,  attaquer,  poursuivre;  guerrer, 
nuire,  faire  du  mal;  provenç.  guerreiar;  cat.  guer- 
rejar;   esp.  guerrear;  ital.  guerreggiare. 

GUERROYEUR  (guè-ro-ieur  ;  quelques-uns  disent 
ghè-roi-ieur),  s.  m.  Terme  familier.  Celui  qui  sa 
plaît  à  faire  la  guerre. 

—  HIST.  xiii*  s.  Après  yeulz  [eux]  sont  li  guer- 
rieur.  De  toutes  gens  n'est  nul  pieur,  Qui  ardent 
viles  et  moustiers,  ducange,  yuerra.  1|  xv"  s ca- 
pitaine de  Mortaigne  et  moult  isage  guerroyeur, 
FROlss.  I,  I,  136.  Il  XVI"  s.  Ordonnons  que  la  justice 
du  lieu,  seneschal  ou  autres....  prennent  tels  gucr- 
royeurs  [nobles  qui  font  la  guerre  entre  eux]  et  les 
contraignent  sans  delay  par  prinse  de  leurs  coqis  et 
exploitation  de  leurs  biens,  à  faire  paix  et  à  cesser 
du  tout  à  guerre,  Grand  cousl.  de  France,  livre  :, 
p.  46,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Guerroyer;  provenç.  guerreiairc,  guer- 
reyador;  catal.  guerrejador;  espagn.  guerreador; 
ital.  guerregqiatore.  Dans  le  provençal  guerreiaire 
est  le  nominatif,  et  guerreyador  est  le  régime. 

GUET  (ght;  le  l  ne  se  lie  pas  dans  le  parler  or- 
dinaire), s.  m.  Il  1°  Action  par  laquelle  on  oliserve, 
on  épie  ce  qui  se  passe,  ce  qui  se  fait.  Le  guet  dura 
longtemps.  Le  guet  pendant  une  nuit  obscure.  Fais 
bon  guet,  corn.  Illus.  coin,  iv,  2.  Une  compagne  y 
devait  faire  Le  guet  autour  de  nos  amants,  la  font. 
Nie.  Tu  fais  le  guet  pour  eux  et  les  laisses  surpren- 
dre, Tii.  CORN.  Baron d'Albikrac,  m,  l.  Je  vais  faire 
le  guet  ;  Qu'il  est  doux  de  garder  ce  qu'on  aime  ! 
FAVART,  Cherch.  d'esprit,  )«.  ||  Fig.  Un  savantas.... 
qui  veut  rentrer  à  toute  force  dans  la  conver3aiion,et 
qui  est  toujours  au  guet  pour  prendre  au  bond  l'occa- 
sion de  se  remettre  en  danse,  SÉV.  Bi  1.  Il  n'est  point 
de  moment  où  l'on  ne  soit  au  guet  Pour  y  [à  la  cour] 
mettre  à  profit  les  faux  pas  qu'on  y  fait,  boursault, 
Ésope  à  la  cour,  iv,  2.  ||  Avoir  l'œil,  l'oreille  au  guet, 
regarder,  écouter  attentivement  ce  qui  se  passe.  [Il] 
A  l'œil  toujours  au  guet  pour  des  tours  de  souplesse, 
REGNIER,  Sat.  v.  Tout  le  jour  il  avait  l'œil  au 
guet....  la  font.  Fabl.  viii,  2.  Aie  aussi  l'œil  au  guet, 
Nérine,  et  prends  bien  garde  qu'il  ne  vienne  per- 
sonne, MOL.  M.  de  Pourc.  43.  ||  2°  Il  se  dit  de  quel- 
ques animaux.  Le  chat  est  au  guet.  Ce  chien  est  de 
très-bon  guet.  ||  3°  Particulièrement.  Surveillance 
exercée  pendant  la  nuit  dans  une  place  de  guerre 
pour  se  défendre  des  surprises,  dans  une  ville  pour 
y  veiller  au  bon  ordre  (acception  qui  a  vieilli).  Dans 
cette  ville  ce  sont  les  bourgeois  qui  font  le  guet. 
Il  Anciennement,  guet  de  mer,  obligation  de  mon- 
ter la  garde  sur  les  côtes.  Les  habitants  des  paroisses 
sujettes  au  guet  de  mer,  Ordonn.  août  fC8i,iv, 6,6. 
Il  Terme  de  féodalité.  Garde  et  guet,  droit  qui  obli- 
geait les  vassaux  à  faire  le  guet  dans  le  château  , 
et  qui  fut  change  en  une  redevance  en  argent. 
Il  4°  Troupe  chargée  de  la  surveillance  pendant  la  nuit 
dans  une  ville.  Ils  contrefont  le  guet  et  de  voix  ma- 
gistrale :  Ouvrez  de  par  le  roi  !  tout  de  bon  le  guet 
vint,  RÉGNIER,  .S'o(.  XI.  Sur  la  bonne  foi  seule  on  vit 
en  assurance.  Et  le  guet  ne  fait  point  le  calme  de 
nos  bois,  chaUl.  Stances  s>tr  la  retrait/'.  On  ne  bat 
plus  le  guet  à  Paris,  on  ne  casse  plus  de  lanternes, 
dancodrt,  Impromptu  de  Surênes,  se.  6.  Te  voilà 
pris  comme  un  sot;  le  guet  à  cheval  est  à  la  grande 
porte,  et  le  guet  à  pied  à  celle  de  derrière;  re- 
garde par  où  tu  veux  sortir,  m.  la  Femme  d'inr 
Irigues,  v,  se.  dern.  On  voit  par  les  registres  du 
parlement  que  le  guet  de  cette  ville  [Paris]  était 
réduit  alors  à  quarante-cinq  hommes  mal  payés  et 
qui  mémo  ne  servaient  pas,  volt.  Louis  XIV,  2. 
Il  Chevalier  du  guet,  chef  de  la  compagnie  du  guet; 
commandant  des  archers  du  guet.  ||  Mot  du  guet, 
mot  donné  à  ceux  qui  sont  du  guet  pour  qu'ils  puis- 
sent se  reconnaître,  et,  en  généra],  mot  convenu 
entre  certaines  gens  pour  se  reconnaître.  Gardez- 
vous  sur  votre  vie  D'ouvrir  que  l'on  ne  vous  die 
Pour  enseigne  et  mot  du  guet  :  Foin  du  loup  et  de 
sa  race,  la  pont.  Fabl.  iv,  (6.  ||Fig.  Familière- 
ment. Ils  so  sont  donné  le  mot  du  guet,  c'e.st-à-dire 
ils  sont  d'intelligence.  ||6°  Se  disait  autrefois  d'un 
soldat  placé  en  sentinelle  pour  faire  lo  guet.  Asseoir 
le  guet.  Poser  le  guet.  ||  Guet  chez  le  roi,  signifiait 
le  détachement  des  gardes  du  corps  qui  demeurait, 
la  nuit,  près  de  la  personne  du  roi  pour  le  garder. 

—  HIST.  xiu'  s.  Li  mestre  et  li  juré  devant  dit 
sont  quite  du  guet  por  la  paine  et  por  le  travail 


GUE 

que  il  ont  de  guaider  le  meslier  de  talemelerie 
[boulangerie],  if»,  des  met.  <3.  Lors  estoit  chas- 
cuns  aseûr.  Car  li  siens  gaiz  [le  guet  du  surveil- 
lant] valoit  un  mur,  kuteb.  45.  ||  xiv  s.  Parmi  lei 
quatre  qui  alerent  avoec  les  wes  des  ptjrtes,  cap- 
FiAUX,  Abattis  de  maisons,  p.  9.  Pour  la  ville  gar- 
der moult  très  bien  s'apresterent,  Et  firent  moult 
bon  gait,  celle  nuit  le  doublèrent,  Guescl.  (»B7«. 
Il  XV'  s.  Le  capitaine  s'éveilla  .soudainement,  qui 
toute  la  nuit  avoit  dormi  et  fait  trop  povre  gait, 
ta:it  qu'il  le  compara  [paya]  [surprise  du  chiteau 
de  Bervich  par  les  Écossais],  proiss,  ii,  n,  (ï. 
Nostre  guet  estoit  de  cinquante  lances  qui  se  te 
noient  vers  la  grange  auz  merciers,  comm.  1,8 
Revenons  à  nostre  guet  [guetteur],  le  [Uel,  quand 
il  aperçut  tout  ce  qui  fut  fait,  se  leva  de  son 
guet ,  et  s'en  alla  sonner  sa  trompette,  louis  xi  , 
Ao«t>.  Lxxiii.  Il  XVI'  s.  Or  donques  mettons  nous 
en  ordre;  Nabuzardan  vous  sera  pour  mot  du  guet, 
HAB.  l'ant.  IV,  39.  Me  tenant  au  guet  de  ces  gran- 
deurs extraordinaires,  j'ay  trouvé  que  ce  sont  des 
hommes  comme  les  aultres,  mont,  iv,  48.  Avoir  l'œil 
au  guet,  l'oreille  aux  escoutes,  m.  iv,  386.  On  y  mit 
un  guet  tel,  que  les  pauvres  gens,  qui  ne  pensoient 
ennui  mal,  furent  surpris,  maro.  Nouv.  xl.  C'cstoit 
un  guet  [piège]  qu  il  dressoit  à  Metellus  bien  mal 
aisé  à  cschapper,  amyot,  ilarius,  5) .  Ils  entendoient 
six  tambours  battre  la  garde  et  les  trompettes  sonner 
au  guet,  d'aub.  Ilist.  11,  44".  Faire  le  guet  à  Mont- 
faucon  [y  être  pendu],  cotgrave.  Bon  gué  chasse 
malaventure,  id.  11  est  bien  vray  qu'il  [le  connétable 
de  Bourbon]  fut  fort  bien  compris  dans  le  traité  de 
Madrid;  mais  le  roy  [François  I"]  le  rompit  tout  à 
trac,  quand  il  fut  de  retour  en  France,  si  bien  que 
M.  de  Bourbon  fut  du  guet  [fui  la  dupe]  et  eut  la 
cassadc,  brant.  Capestravg.  t.  i,  p.  212. 

—  ÉTYM.  Provenç.  gaeh,  guach,  gag,  gayt,  s.  m  , 
gaita,  gâcha,  s.  f.  ;  du  germanique  :  anc.  h.  allem. 
voahta;  allem.  mod.  Wacht,  guet,  garde. 

GUET-APENS  (ghè-ta-pan) ,  s.  m.\\l'  Embûche 
dressée  pour  assassiner,  pour  dévaliser  quelqu'un, 
pour  lui  faire  quelque  grand  outrage.  On  l'a  tué  de 
guet-apens.  ||  2°  Fig.  Tout  dessein  prémédité  de 
nuire.  Est-ce  de  guet-apens,  ou  bien  de  cas  fortuit 
Qu'on  a  voulu  me  perdre  à  force  de  grand  bruit? 
ECAHRON,  D.  Japhet  d'Arm.  m,  i .  Un  pli  qui  par  ha- 
sard est  resté  dans  ses  draps  Lui  semble  un  guet- 
apens  pour  lui  meurtrir  les  bras,  boubsadlt,  Merc. 
gal.i,  ).  Nous  [des  députés  conservateurs]  faire a.ssis- 
ter  à  un  éloge  de  Robespierre,  c'est  un  guet-apens, 
CH.  de  bern.  un  Homme  s^r.  §  xvi.||  Fig.  C'est  un 
guet-apens,  un  vrai  guet-apens,  se  dit  familièrement 
de  mille  petites  surprises  dans  la  vie  ordinaire.  ||  Au 
plur.  Des  guets-apens.  mais  prononcé  comme  au 
singulier,  c'est-à-dire  sans  tenir  compte  de  Vs. 

—  HIST.  XV"  s.  Tous  lesquels  quatre  do  gueta- 
pensé  et  propos  dehberé  vinrent  assaillir  ledit  Petit 
Jehan,  jean  de  troyes,  Chron.  (477.  Pose  qu'elle 
n'eust  commis  le  cas  à  son  escient,  et  aussi  de 
guet  apensée,  Aresta amorum,xi.  2CI,  dans lacubne. 
Il  XVI'  s.  Cestuy  mary  et  son  filz,  occultemcnt,  en 
trahison,  de  guet  à  pens,  tuarent  Abecé,  rab.PoiK. 
III,  44.  11  semble  que  soyez  icy  de  guet  à  pend 
pour  les  apauvrir  et  du  tout  abaisser,  froumenteau. 
Finances,^'  livre,  p.  424. 

—  ETYM.  Guet  aptmsi,  c'est-à-dire  préméditi',  de 
apens,  qui  a  signifié  attention  comme  on  voit  dans 
ces  vers  :  Mes  ge  métrai  tout  mon  apens  Dès  ore 
en  Bel-Acueil  garder,  la  Rose ,  360».  Apensé  et 
apens  viennent  de  à  et  penser.  Dans  elle....  de  guet 
apensée,  il  n'y  a  point  de  faute,  et  il  ne  faut  pas 
lire  apensé;  c'est  une  inversion:  elle....  apensée  de 
yuet,  méditant  le  guet. 

f  GCÊTRAGE(ghê-tra-j'),f.  m.  Cérémonie  qui  se 
pratiquait  dans  les  ardoisières  d'Angers  pour  rece- 
voir un  apprenti  parmi  les  ouvriers,  et  qui  con- 
sistait dans  l'application,  avec  certaines  façons,  de 
deux  morceaux  de  feutre  liés  en  croix  sur  la  jambe. 

GUÊTRE  (ghê  tr'),  .f.  f.  Chaussure  qui  sert  à  cou- 
vrir la  jambe  et  le  dessus  du  soulier,  et  qui  se  ferme 
sur  le  côte  avec  des  boucles  ou  des  boutons.  Mettre 
ses  guêtres.  J'ai  perdu  une  guêtre.  De  ces  nobles 
sans  nom,  que,  par  plus  d'une  voie,  La  province 
souvent  en  guêtres  nous  envoie,  boil.  Sat.  x.  ||Demi- 
guêtre,  guêtre  montant  à  mi-jambe  en  u.sage  dan» 
l'infanterie  française.  ||  Fig.  et  familièrement.  Ti- 
rer ses  guêtres,  s'en  aller.  ||  Laisser  ses  guêtre» 
quelque  part,  y  mourir.  ||  Tirer,  laisser  ses  guêtres, 
est  dit  par  confusion  avec  grègues  ;  locutions  qui 
étaient  très-exactes  avec  grègues  et  qui  ne  le  sont 
qu'à  moitié  avec  guêtres. 

—  HIST.  XV  s.  Charretiers  vestus  de  roques,  guies- 
très  en  leurs  jambes,  ung  fouait  chacun  en  leurs 


GUE 

mains,  Jnnrnal  de  Paris  sotis  Charles  Vl,  p.  H!>, 
dans  I.ACURNE.  ||  xvr  s.  Vestu  en  vigneron  d'Or- 
léans, avecquos  belles  guestres  de  toille,  une  pa- 
oouoire  et  une  sarpe  à  la  ceincture,RAB.  Pant.  iv,  48. 
—  lîTYM.  Dour,°:uig.  ^dtre;  wallon,  guetl;  Hai- 
naut,  gticiton  ;  champ.  guHe  ;  piémonl.  gheta; 
has-breton,  gxcdtren.  Origine  inconnue.  L'ancien 
français  a  guniireux  ou  gaitiexix,  qui  signifiait 
mendiant;  l'italien  guàliera,  récureuse;  le  vénitien 
guaterone,  lambeau  de  drap.  Ces  mots  semblent 
avoir  quelque  chose  de  commun  avec  guêtre,  sans 
qu'on  puisse  le  déterminer. 

^  GIîRtiiÉ,  ÉE  (ghê-lré,  trée),  part,  passé  de 
guêtrer.  Un  paysan  guêtre.  ||  FamiliÎTement.  Il  est 
bien  guétré,  se  dit  de  quelqu'un  ,dont  les  bas  sont 
mal  tirés.'l  Parironie,jugeguètré,jugedecampagne. 
GUKTRKR  (ijhê-tré),  r.  a.  Mettre  des  guêtres.  ||  Se 
guOtrer,  r.  rf'ft.  Mettre  ses  guêtres. 

t  GL'KTRIKH  (ghê-tri-é),  s.  m.  Ouvrier  qui  fait 
des  guêtres. 

—  HIST.  XVI'  s.  Cinquième  rang,  qui  sont  les  pe- 
tits mesliers,  layetier,  cassetier,  escrinier,  terreur 
d'esguillettes,  guestrier,  Edit,  avril  (697. 

f  GCÈTUON  (ghê-tron),  s.  m.  Guêtre  courte. 

t  GUETTE  (gbè-f),  s.  f.  ||  1°  Action  de  guetter; 
terme  vieilli  qui  ne  subsiste  plus  dans  le  langage 
général  qu'en  cette  locution  populaire  :  un  chien  de 
bonne  guette.  ||  2'  Demi-croix  ilo  Saint-André,  posée 
en  contre-fiche  dans  les  pans  de  bois  de  charpente. 
Il  Poteau  de  pan  de  bois  qui  est  incliné  de  deux  ou 
trois  fois  son  épaisseur. 

—  HIST.  xiii*  s.  Cil  jor,  fist  Henris,  li  frères  au 
conte  Baudoin,  entre  lui  et  ses  gentla  gaite  asen- 
giens,  devant  la  porte  de  Dlaquerne,  villf.ii.  lxxxi. 
Mais  trop  est  malementjanglierres  [médisant]  Male- 
bouche  li  fleûtierres;  Jalousie  l'a  fait  sa  gaite; 
C'est  cil  qui  trestous  nous  agaite,  la  Rose,  I26û5. 

—  ËTVM.  Forme  féminine  de  guet. 

GUETTÉ,  ÉE  (ghè-té,  tée),  part,  passé  de  guetter. 
'Guettés  par  les  voleurs.  Le  voler  r  tourne  tant  qu'il 
entre  au  lieu  guetté,  la  font.  Fabl.  xi,  3. 

GUETTER  (ghè-té),  V.  a.  \\  1°  Épier,  observer,  à 
dessein  do  surprendre,  de  nuire.  Une  souris  crai- 
gnait un  chat  Qui  des  longtemps  la  guettait  au  pas- 
sage, LA  PONT.  Fabl.  XII,  25.  Le  loup  et  le  renard 
sont  d'étranges  voisins!  Je  ne  bâtirai  point  autour 
de  leur  demeure  ;  Ce  dernier  guettait  à  toute 
heure  Les  poules  d'un  fermier....  m.  ib.  xi,  3. 
Je  n'ai  rien  à  me  dire  —  Encore  un  petit  mot  — 
11  ne  me  plaît  pas,  moi  —  Certes  je  t'y  guettais, 
MOL.  Tort.  II,  2.  Diodore  de  Sicile  dit  que,  jour  et 
nuit,  l'iliis  se  promène  sur  la  rive  des  eaux,  guet- 
tant les  reptiles,  cherchant  leurs  œufs  et  détruisant 
en  passant  les  scarabées  et  les  sauterelles,  buff. 
Ois.  t.  XV,  p.  17.  Un  diable  cornard  effronté.  Vi- 
lains, ici  guette  vos  belles,  vERAna.Contr.de  mar. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Observer  quelqu'un  comme 
en  faisant  le  guet,  l'attendre  à  un  endroit  où  il 
doit  passer.  Je  guette  ici  le  ministre  pour  lui  pré- 
senter une  pétition.  Si  ce  n'est  pas  toi  qui  as  parlé, 
il  y  a  donc  ici  qiiel(|u'un  qui  nous  guette,  collé. 
Partie  de  chasse  de  Henri  IV,n,  2.  ||  Absolument.  Je 
r  lis  une  réflexion,  je  suis  une  ctourdiojje  devais  ac- 
compagner Souveraine,  elle  aurait  guetté  de  son  côté 
et  moi  du  mien,  saint-foix,  Oracl.  3.  ||  Guetter  l'oc- 
casion favorable  de  faire  une  chose,  se  tenir  prêt  à 
saisir  l'occasion  quand  elle  se  présentera.  ||  On  dit 
de  même  :  guetter  le  moment  favorable.  Et  vous 
voilà  à  guetter  le  moment  de  son  réveil,  Marivaux, 
Arleq.  poli  par  l'amour,  se.  t .  Occupé  comme  l'a- 
raignée à  tendre  ses  filets  et  à  guetter  l'instant  d'y 
iiivelopper  sa  proiH,  marmontel,  Mém.  x.  ||  Terme 
(le  vénerie.  Guetter  le  relevé,  attendre  le  moment 
1111  la  bête  sort  de  son  abri  pour  aller  repaître,  jl  2°  Se 
;,'uctter,  v.  réfl.  Faire  le  guet  l'un  de  l'autre.  Us  se 

lottaient  réciproquement. 

—  HIST.  XI"  s.  E  si  aveir  [bestiaux]  trespassent 
por  iloc  ù   il    doivent  waiter,   Lois  de   Guill.  32. 

XII' s.  Mil  oschargaite  [sentinelles]  les  gaitent  en 
loillant,  lione.  p.  il  l .  ||  xiu*  s.  Lasgnr  vit  que  Jac- 
ques d'Avesne  n'avoit  mie  grant  gent  et  qu'd  ne  se 
gaitoit  mie  bien,  villeh.  cxxxv.  Et  pour  ce  clamoit 
il  la  terre  et  la  tenoit  encontre  les  Frans,  et  les  gai- 
toit  partout  1,\  où  il  estoient,  in.  oxxix.  Car  dui  lar- 
ron venoient  de  marcheans  guetier,  Berle,  xxxviii. 
Et  fist  si  bien  les  chemins  gaitier,  que  nus  messa- 
ges ne  pooit  issir,  Chr.  de  Rains,  p.  72.  Li  prcu- 
dome  du  mestier devant  ditdient  qu'il  n'avoienton- 
ques  guestié  [fait  le  guet]  au  tans  le  roy  Phelippe, 
ne  puis  le  tans  le  roy....  Liv.  des  met.  78.  ||  xV  s. 
....Guidant  que  ceux  de  la  ville  le  deussent  mectre 
ens  ;  mais  ilz  ne  peurent,  car  ilz  furent  trop  près 
vaitiés,  yENiN,' «413.  IJxvi'  s.  Celuy  qui  tire  ainsi 


GTJÏÏ 

hors  sa  languette,  Destniira  brief  quelcun,  .s'il  ne 
s'en  guette,  marot,  i,  260.  11  semble  que  la  fortune 
quelquesfois  guette  à  poinct  nommé  le  dernier  jour 
de  nostre  vie,  pour....  mont,  i,  06.  11  faut  prévoir 
l'occasion,  la  guetter,  l'attendre,  la  voir  venir, 
CHARRON,  Sagesse,  p.  354,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  l'icard,  Uf!fer,  regarder;  Bar-le-Duc, 
ouaitter ;  iwrm.  guetier,  regarder;  wallon,  uaiti; 
provenç.  yattar,  gachar;  \ta.\.  gtiatare ;  de  l'anc. 
h.  allem.  wahiân,  veiller,  garder. 

GUE'rrEUR  (ghè-teur) ,  s.  m.  ||  1°  Anciennement. 
Employé  qui  se  tenait  dans  le  beffroi  d'une  ville,  pour 
annoncer  par  le  son  d'une  cloche  l'arrivée  des 
troupes,  un  incendie,  etc.  112'  Celui  qui,  placé  à 
une  station  maritime,  télégraphi(|ue  ou  autre,  in- 
dique ce  qui  se  montre  en  mer  ou  ce  qui  survient. 

—  H!ST.  xv's.  J'ay  bien  trois  mille  chevaux  ar- 
■més,  et  auray  bien  sept  mille  guetteurs,  et  bien 
vingt  mille  hommes  d'armes....  fkoiss.  liv.  i,p.300, 
dans  lacurne.  |{  xvi'  s.  'Voleurs  et  guetteurs  de 
chemins  se  prennent  pour  synonymes ,  ii.  est. 
Apol.  d'Jlérod.  p.  271,  dans  lacurne. 

—  KTYM.  Guetter;  provenç.  gaitador. 

t  GUETrON  (ghè-ton),  s.  m.  Terme  de  charpen- 
tier. Petite  guette  qui  se  met  pour  exhausser  un 
châssis  de  fenêtre,  un  chambranle,  etc. 

GUEULARD,  ARDE  (gheu-lar,  lar-d'),  s.  m.  et  f. 
1]  1"  Terme  populaire.  Celui,  celle  qui  a  l'habitude  de 
crier,  de  parler  fort  haut  et  beaucoup.  ||  2"  Celui, 
celle  qui  aime  à  manger.  C'est  un  gueulard.  H  3°  S. 
m.  Terme  de  métallurgie.  Ouverture  supérieure  du 
haut  fourneau,par  laiiuelle  on  projette  la  charge.  L'ou- 
verture du  gueulard  ne  doit  être  que  de  la  moitié  du 
diamètre  de  la  largeur  delà  cage  du  fourneau,  buff. 
llist.  miner,  introd.  t.  viii,  p.  90.  ||  4°  Gueulard, 
nom  donné  à  une  espèce  de  pistolets  dont  la  gueule 
est  évasée.  ||  5°  Adj.  Terme  de  manège.  Cheval 
gueulard,  cheval  qui  obéit  difficilement  à  la  bride 
et  qui  a  l'habitude  d'ouvrir  souvent  la  bouche. 

—  HIST.  XVI*  s.  GueuUard,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Gueule, 

GUEULE  (gheu-1'),  s.  f.  ||  1°  La  bouche,  dans  la 
plupart  des  quadrupèdes  carnassiers  et  des  poissons. 
La  gueule  d'un  brochet.  Ô  le  fâcheux  objet,  sitôt 
qu'on  n'entend  rien.  De  voir  ouvrir  ainsi  tant  de 
gueides  de  chien  !  scarr.  D.  Japhet  d'Arm.  m,  4. 
J'ai  été  délivré  delà  gueule  du  lion,  saci.  Bible, 
St  Paul,  Épit.  à  Timotli.  iv,  )7.  Dans  la  gueule  en 
travers  on  lui  passe  [à  la  tortue]  un  bâton,  la  font. 
Fabl.  X,  i.  [11]  Se  roule  et  leur  présente  une  gueule 
enflammée  Oui  les  couvre  de  feu,  de  sang  et  de  fu- 
mée, RAC.  Phèd.  V,  8.  Il  En  un  tour  de  gueule,  se  dit 
d'un  animal  qui  mange  quelque  chose  avec  promp- 
titude et  voracité.  ||  ferme  de  chasse.  On  dit  i)u'un 
chien  chasse  de  gueule,  pour  dire  qu'il  aboie  sur  ses 
voies;  et  qu'il  a  fait  sa  gueule,  lorsque,  après  avoir 
été  bien  nourri  de  lait,  il  prend  de  la  vigueur  au 
bout  de  cinq  mois.  ||  Sa  gueule  est  faite,  se  dit  du 
porc,  quand  toutes  ses  dents  sont  venues.  ||  Fig.  La 
gueule  du  loup,  voy.  loup.  ||  Terme  de  tératologie. 
Gueule  de  loup,  scissure  congénitale  de  la  voûte  pa- 
latine et  de  la  lèvre  supérieure.  ||  Gueule  pavée,  nom 
donné  par  les  habitants  de  l'ile  Maurice  à  deux  pois- 
sons, l'un  une  daurade,  l'autre  qui  paraît  être  un 
sciéno'ide.  ||  Poétiquement.  Gueule  de  certains  êtres 
mythologiques  ou  monstrueux.  Lorsqu'il  entend  de 
loin,  d'une  gueule  infernale,  La  chicane  en  fureur 
mugir  dans  la  grand'salle,  boil.  Sat.  viii.  ||  2'  Po- 
pulairement et  par  mépris.  La  bouche,  en  parlant 
des  personnes.  lia  la  gueule  fendue  ju.squ'aux  oreil- 
les. Il  Fig.  Quelle  gueule  il  a!  c'e.st-à-dire  comme  il 
bavarde,  comme  il  crie  !  Garder  toujours  un  homme, 
et  l'entendre  crier?  Quelle  gueule!  pour  moi,  je  crois 
qu'il  est  sorcier,  rac.  Plaid,  i,  2.  |]  Donner  sur  la 
gueule  à  quekpx'un,  lui  paumer  la  gueule,  c'est-à- 
dire  lui  donner  un  coup  sur  la  face.  Je  ne  me  sou- 
cie guère  de  lui....  J'ai  bien  pensé  lui  donner 
sur  la  gueule,  hauteroche,  Crispin  médecin, 
I,  8.  J'ai  la  volonté  de  vous  paumer  la  gueule, 
monsieur.de  Lépine,  dancourt,  le  Mari  retrouvé, 
se.  10.  Il  Fig.  Donner  à  quelqu'un  sur  ii  gueule,  le 
faire  taire.  ||  Bassement.  Il  eu  a  menti  p.ir  la  gueule 
ou  par  sa  gueule.  ||  Fort  en  gueule,  bavard  et  inso- 
lent. Vous  êtes,  ma  mie,  une  fille  suivante  Un  peu 
trop  forte  en  gueule  et  fort  impertinente,  mol.  Tari. 
I,  ).  Il  Gueule  ferrée,  homme  qui  a  l'injure  à  la  bou- 
che, qui  a  de  l'impudence.  Il  eût  fallu  y  trouver 
[dans  le  parlement]  des  gueules  bien  fortes  et  bien 
ferrées  pour  vouloir  opiner  haut  contre  les  formes, 
en  face  du  roi,  st-sim.  bi2,  18.  ||I1  a  toujours  la 
gueule  ouverte,  se  dit  d'un  homme  qui  crie  be.au- 
coup.  Il  Avoir  la  gueule  morte,  ne  rien  dire,  être 
triste,  et  être  réduit  au  silence.  ||  Il  n'a  que  la  gueule, 


GUE 


1955 


que  do  j.T  gueule,  il  ne  sait,  ni  ne  peut  que  crier, 
c'est  un  hAbleur.  ||  Fig.  et  bassement.  La  gueule  du 
juge  en  pétera,  il  faut  que  la  gueule  du  juge  en  pète, 
se  dit  quand  on  no  veut  entendre  à  aucun  accom- 
modement sur  une  affaire,  et  qu'on  exige  qu'elle  soit 
jugée.  Il  Venir  la  gueule  enfarinée,  venir  inconsi- 
dérément et  avec  une  sorte  de  confiance.  Cette 
gueule  enfarinée  [une  confi.anco  trop  grande  en 
une  nouvelle],  qui  m'a  obligée  de  vous  dire  de  si  bon 
co"ur  une  fausseté,  ne  m'empêchera  pas  de  vous  en 
mander  peut-être  encore,  car  je  suis  toujours  la  dupa 
des  circonstances,  et  cette  nouvelle  en  était  toute 
pleine,  sév.  Lelt.  du  J"  mat  1686.  ||  3°  Fig.  Gueule, 
en  tant  qu'elle  sert  à  manger.  Les  chiens  du  lieu, 
n'ayant  en  tôte  Qu'un  intérêt  de  gueule,  à  cris, 
à  coups  de  dents  Vous  accompagnent  ces  pas- 
sants [les  chiens  étrangers],  la  font.  Fab.  x,  <5. 
Surtout  certain  hâbleur  à  la  gueule  affamée,  boil. 
Sat.  III.  Il  Avoir  la  gueule  pavée,  manger  très- 
chaud,  ou  des  choses  très-épicécs.  ||  On  dit  aussi  eu 
ce  sens  :  avoir  la  gueule  ferrée.  |{  Ce  ménage  a  la 
gueule  bien  grande,  il  faut  beaucoup  d'argent  poui 
l'entretenir.  Il  Gueule  fraîche,  grand  mangeur,  pa- 
rasite. Il  Venir  la  gueule  fraîche,  venir  avec  un  bon 
appétit.  S'en  reviennent  la  gueule  fi-aîche,  Afin  d'en 
faire  la  dépêche,  scarr.  Virg.  dans  le  roux,  Dict. 
comique.  \\  Gueule  fine,  se  dit  d'une  personne  qui  so 
connaît  en  bons  morceaux.  ||  Des  mots  de  gueule, 
dpsmots  trop  libres,  paroles  déshonnêtes,  qui  so  di- 
sent parfois  dans  les  repas  abondants  et  joyeux.  II 
ne  faut  pas  s'enquérir  comment  il  fut  morfé  [mangé 
goulûment],  ni  combien  on  dit  de  bons  mots  de 
gueule,  francien,  v,  p.  I9|.  Une  farce  garnie  de 
mots  de  gueule,  Prologue  de  Rrusquambille,  Ili.'H. 
du  thédt.fr.  174B,  t.  IV,  p.  4  44.  Il  Une  gueule  béante, 
une  gueule  ouverte,  et  qui  demande  de  quoi  man- 
ger, dévorer.  De  Mesmes,  bien. éveillé,  bien  averti, 
avait  tourné  vers  cette  première  charge  de  la  robe 
[chancelier]  une  gueule  béante,  st-sim.  358,  229. 
Il  4°  Par  aïialogie,  ouverture.  La  gueule  d'un  four. 
La  gueule  de  la  fournaise.  La  gueule  d'une  cruche. 
Là  c'est  l'artillerie  aux  cent  gueules  defonte,v.  auGn, 
Voix,  4.  Il  Futaille  à  gueule  bée,  futaille  défoncée 
par  un  bout.  ||  Gueule  bée,  .se  dit,  dans  quelques 
provinces,  d'un  tonneau  défoncé  par  un  bout,  dans 
lequel  on  jette  le  raisin  quand  on  fait  les  vendan 
gcs.  Il  Terme  d'hydraulique.  Gueule  bée,  décharge 
d'un  bassin  supérieur  qui  fournit  une  nappe  à  un 
réservoir.  Une  usine  marche  à  gueule  bée  quand  la 
vanne  motrice  est  levée  de  toute  sa  hauteur  hors 
de  l'eau;  c'est  l'opposé  de  marchera  vanne  trem 
pante.  ||5°  Terme  de  botanique.  Fleur  en  gueule, 
corolle  gamopétale  divisée  en  doux  lèvres,  la  supé- 
rieure ordinairement  bifide,  l'inférieure  le  plus  sou- 
vent trilobée,  et  présentant  une  forme  comparée  i 
une  gueule.  ||  Guculede  loup,  un  dos  noms  vulgai- 
res donnes  au  muflier  à  grandes  fleurs,  dit  aussi 
muflier  des  jardins  et  mufle  de  veau  {anlirrhinum 
majus,  L.).  ||  Gueule  noire,  fruit  de  l'airellemyrtile 
qui  noircit  les  lèvres  quandon  lemange.  ||  6°  Terme 
d'architecture.  Partie  de  lacyraaise,  dite  aussi  dou- 
cine.  Il  Gueule  de  loup,  entaille  angulaire  faite  dans 
l'extrémité  d'une  pièce  de  bois,  pour  qu'elle  puisse 
embrasser  l'angle  de  deux  faces  adjacentes  d'une 
autre  pièce.  ||  Gueule  de  loup,  coude  de  tuyau  sur 
le  haut  d'une  cheminée,  tournant  sur  un  pivot,  de 
manière  que  la  fumée  sort  dans  la  même  direction 
que  le  vent.  ||  7°  Terme  de  marine.  Pont  sur  gueule, 
le  pont  supérieur.  ||  Gueule  de  loup,  gueule  de  raie, 
sortes  de  nœuds.  ||  8°  Gueule  de  four,  mésange  à 
longue  queue,  dans  la  Sologne.  ||  Proverbe.  La  gueule 
[la  gourmandise]  tue  plus  de  gens  que  l'épée. 

—  HIST.  XII'  s.  Pinabel  ont  .saisi,  qui  gist  goule 
baée,  Bonc.  p.  <96.||xiii'  s.  Sire,  dist  li  escuiers. 
pendez  moi  par  la  geule,  se  ce  n'est  voirs  [vrai], 
Chr.  de  Rains,  p.  172.  Mais  Malc-Bouche  trop  for- 
fait Par  s'ordo  vil  langue  despute.  Qui  ne  puct, 
dès  que  il  l'a  dite.  De  sa  goule  mal  renomée 
Rcstorer  bonne  renomée,  (a  Rose,  7411.  Ou  que 
dedens  sa  goule  trible  Tout  vif  me  transgloutisse 
et  trible,  Cerberus  11  portiers  d'enfer,  ib.  21367. 
Famé  doit  rire  à  bouche  close.  Car  ce  n'est  mie 
bêle  chose  Quant  el  rit  à  geule  estendue.  Trop  sem- 
ble estre  large  et  fendue,  ib.  13665.  S'il  estoit  aperte 
coze  que  mes  cevaus  [mon  cheval]  m'emportast 
par  dure  gole,  ou  par  desroi,  je  me  porroie  escuser 
du  meffet,  beaum.  lxix.  ||  xiV  s.  Ceux  qui  ont  la 
plus  clere  gueule  Chaulent  la  tresble  sans  demeure, 

GAGE  DE    LA   BUIGNE,    Ilist.    liU.    de   la   Fr.  t.    XXIV, 

p.  761.  Il  XV'  s.  Lierres  [voleur],  par  la  vierge  ho- 
nourée,  Vo  gueule  sera  estranglée.  Je  vous  livrerai 
au  frapart  [bourreau] ,  e.  desch.  Poe'siesmss.  f°  236. 
Et  bien  vray  le  commun  dict  des  maistres,  que  la 


1956 


GUE 


gueuUe  tue  plus  de  gens  quî  'es  oousteaulx  ne  foiil, 
Jeh.  de  Sainlré,  cli.  8.  [Les  François]  churent  à  la 
gueule  de  leurs  ennemis,  si  comme  est  le  fer  sur 
l'enclume,  Bouciq.  i,  24.  ||  xvi'  s.  Us  plaisantent  en 
86  moquant  de  Dieu,  mesmes  ils  font  gloire  de  bro- 
carder et  dire  mots  de  gueule  pour  abaisser  sa 
vertu,  CALVIN,  Instil.  <2.  Estant  toute  la  place  en- 
vironnée de  fossés  de  60  pieds  de  gueule,  profonds 
de  demie  pique  d'eau,  d  'aub.  Ilist.  m,  H2,  Muni- 
tions de  guerre  et  de  gueule,  ID.  ib.  m,  )30.  G'estoit 
un  vrai  diable  qui  s'en  vint  trouver  proye,  la  goule 
enfarinée,  beroalde  de  verv.  Moy.  de  parvenir,  dans 
JAUBERT,  Lexique.  Il  [un  maître  d'hôtel]  m'a  faict 
un  discours  de  cette  science  de  gueule  [l'art  do 
manger]  avecques  une  gravité  et  contenance  magis- 
trale.... MONT.  I,  38). 

—  ETYM.  Berry  et  norm.  goule;  provenç.  gola, 
guola,  goulla;  espagn.  portug.  et  ital.  gola;  du  lat. 
gula;  zend,  gara,  gosier;  sanscrit,  gala,  cou. 

GUEULÉ,  ÉE  (gheu-lé,  lée),  part,  passé  de  gueuler. 
Un  lièvre  gueulé  par  le  chien. 

GUEULÉE  (gheu-lée),  s.  f.  Grosse  bouchée,  ce 
qui  tient  dans  la  gueule,  dans  la  bouche. 

—  ETYM.  Gueule;  provenç.  golada. 
GUEULER   (gheu-lé).  111°  V.  n.  Parler  beaucoup 

et  fort  haut  ;  se  plaindre  en  criant.  Au  diantre  la 
bégueule  Avec  son  Solencour  (  voyez  comme  elle 
gueule,  REGNAHD,  Bal,  6.  Morguenne!  à  qui  en 
avez-vous?  comme  vous  gueulez!  dancourt,  le 
Chev.  à  la  mode,  v,  3.  ||  Il  se  conjugue  avec 
l'auxiliaire  avoir.  \\  i"  V.  a.  Terme  de  chasse.  Il  se 
dit  d'un  lévrier  qui  saisit  bien  le  lièvre.  Ce  chien 
gueule  très-bien  son  lièvre. 

—  CTYM.  Gueule. 

GUEULES  (gheu-V),  s.  m.  Terme  de  blason.  La 
couleur  rouge.  Dans  la  gravure,  le  gueules  se 
marque  par  une  suite  de  lignes  parallèles  et  verti- 
cales. Celte  maison  portait  d'argent  à  la  croix  de 
gueules,  givrée  d'or,  st-sim.  i  88,  6. 

—  HIST.  xiir  s.  Â  cinq  labiaus  de  gueule  l'ainsné 
fils  le  porta  [porta  ses  armes^  lierte,  cxxxi.  La  ga- 
lle arriva,  toute  peinte  dcdcns  mer  et  dehors,  à  es- 
cussiaus  de  ses  armes,  lesqueles  armes  sont  d'or, 
aune  croiz  de  gueules  pâtée,  joinv.  2(5.  ||xiv'  s. 
Kués  [fuyez]  celui  qui  pouite  le  noble  escu  bandé 
D'our  et  d'azur  par  tiers,  entour  bourde  do  gueles, 
Girart  de  Ross.  v.  7)8. 

—  ÈTYM.  Du  Cango  tire  ce  mot  du  bas-lat.  gulx, 
collet  ou  bordure  de  pelleterie,  généralement  teinte 
en  rouge  ;  cette  étymologie  est  probable  ;  gute  n'est 
autre  chose  que  le  pluriel  de  ffuia,  gueule,  pris  figuré- 
ment.  Ccpendanton  indique  aussi  lepersanghuZ,  rose. 

t  GUEULETON  (gheu-le-ton),  s.  m.  Terme  tri- 
vial. Banquet  auquel  un  grand  nombre  de  person- 
nes sont  conviées;  grand  gala.  Chacun  d'eux  suivi 
de  sa  femme,  X  l'image  de  Notre-Dame,  Firent  un 
ample  gueuleton,  vadé,  Pipe  cassée,  ii.  Il  y  aura 
noces  et  festins,  jambons  et  pâtés,  volailles  et  godi- 
veaux,  blanquette,  vin  de  Roussillon,  et  punch  en 
abondance,  ce  qu'on  appelle  un  beau  gueuleton, 
r.  souLiÉ,  Mém.  du  Diable,  ii,  4. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gueule. 

t  GUEULETONNER  (gheu-le-to-né),  v.  n.  Terme 
trivial.  Faire  un  gueuleton.  11  est  toujours  à  gueu- 
letonner. 

t  GUEULETTE  (gheu-lè-f),  s.  f.  Terme  de  ver- 
rerie. Ouverture  faite  aux  fours  de  recuisson,  pour 
donner  la  facilité  d'y  manœuvrer  avec  des  outils. 

—  ÉTYM.  Dim\Dul\{  de  gueule. 
GUEUSAILLE   (gheu-zl-ll',  Il  mouillées,  et  non 

gheu-z.1-y'),  s.  f.  Terme  populaire  et  collectif. 
Troupe  do  gueux.  Cette  gueusaille  À  ma  barbe  fera 
gogaille,  SCARR.  Virg.  i. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gueux,  par  la  finale  péjora- 
tive aille. 

GUEUSAILLER  (gheû-zâ-llé.  Il  mouillées,  et 
non  gheû-sâ-yé),  ».  n.  Terme  populaire.  Faire  mé- 
tier de  gueuser. 

—  ÊlYM.  Gueusaille. 

GUEDSANT,  ANTE  (gheû-zan,  zan-t'),  adj.  Qui 
gueuse.  Des  troupes  gueusantes  de  fainéants.  Les 
biens  de  l'esprit  doivent  être  communs  entre  tous 
les  frères  gueusants,  lesage,  Guim.  d'Alfar.  ii,  3. 
Il  C'est  un  gueux  gueusant,  une  gueuse  gucusante, 
locution  vieillie  et  qui  signifie  un  gueux,  une 
gueuse  qui  mendie  actuellepient. 
•iGUEUSARD  (gheù-zar;  le  d  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  Vs  no  se  lie  pas  :  des  gheû-zar  elTrontés; 
cependant  plusieurs  la  lient  :  des  gheù-zar-z  ef- 
frontés), s.  m.  Terme  familier.  Gueux  renforcé. 
Il  Fig.  et  populairement.  Gueusard  de  sort!  sort  qui 
nous  trompe  comme  un  gueusard.  ||  Le  féminin  est 
usité  aussi.  C'est  une  gueusarde. 


GUE 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  gueux. 

I  GUEUSAT  (gheû-za) ,  s.  f.  Terme  de  métallur- 
gie. Petite  gueuse,  saumon. 

—  ÉTYM.  Gueuse  i. 

4.  GUEUSE  (gheû-z'),  s.  f.  ||  l"  Masse  de  fonte 
brute,  de  forme  triangulaire,  qui  se  moule  dans  le 
sable  à  la  sortie  du  creuset  du  haut  fourneau.  Défend 
aux  dits  maîtres  de  forges  de  convertir  les  dites 
gueuses  en  fer  sans  auparavant  les  avoir  fait  peser. 
Arrêt  du  Conseil,  4  juin  |639.  Ordinairement,  on 
fait,  au  bout  de  douze  heures,  ouverture  au  creu- 
set; la  fonte  coule  comme  un  ruisseau  de  feu  dans 
un  long  et  large  sillon  où  «lie  se  consolide  en  un 
lingot  ou  gueuse  de  quatre  cents  à  deux  mille 
livres  de  poids,  buff.  Min.  t.  iv,  p.  23.  ||  2°  Moule 
en  forme  de  gouttière  que  l'on  fait  dans  le  sable 
pour  recevoir  la  mine  fondue.  ||  3°  Terme  de  ma- 
rine. Morceau  de  fonte  de' fer  qui  est  destiné  à  les- 
ter le  navire.  Il  y  a  des  gueuses  de  25  kilogram- 
mes, et  d'autres  de  60  kilogrammes. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  pièces  de  fer  fondu  qui  se 
tirent  des  fourneaux  sont  appelées  guises,  coquille, 
dans  JADBERT,  Glossaire. 

—  ÉTYM.  Génev.  guise  (prononcé  ghize)  ;  Berry, 
guise;  milanais,  ghisa;  de  l'allem.  Guss ,  fonte, 
de  giessen,  verser,  couler  ;  Gusseisen,  fer  de  fonte. 

2.  GUEUSE  (gheû-z'),  s.  f.  Ancien  terme  de  jeu 
de  billard.  Être  en  gueuse,  avoir  de  la  gueuse,  se 
dit,  dans  un  billard  oij  il  y  a  une  passe,  lorsque, 
les  deux  billes  étant  du  même  côté  de  la  passe, 
celle  du  joueur  est  placée  de  façon  que  l'une  des 
branches  du  fer  l'empêche  de  pousser  sa  bille  en 
ligne  droite  sur  l'autre. 

—  ÉTYM.  C'est  sans  doute  gueuse,  féminin  de 
gueua;,pris  figurément  pour  exprimer  une  contrariété. 

t  3.  GUEUSE  (gheù-z"),  s.  f.  Petite  étoffe  de 
laine  qui  se  fabrique  en  Flandre,  et  que  l'on  ap- 
pelle plus  communément  picote. 

GUEUSE,  ÉE  (gheù-zé,2ée),par(.  passé  de  gueu- 
ser. Quelque  argent  gueuse  de  porte  en  porte  par 
un  faux  pauvre. 

GUEUSER  (gheû-zé),  v.  n.  Faire  métier  de  de- 
mander l'aumône.  Puis  les  gueux  en  gueusant 
trouvent  maintes  délices,  Un  repos  qui  s'égaye  en 
quelque  oisiveté,  Régnier,  Sat.  ii.  On  a  fait  un 
hôpital  général,  oii  l'on  a  renfermé  tout  ce  que  l'on 
a  pu  attraper  de  ces  pauvres  gueusant  au  bout  des 
deux  faubourgs  de  Saint-Marceau  et  de  Saint-Vic- 
tor, GUI  PATIN,  Lettres,  t.  ii,  p.  325.  Et  moi  qui  l'ai 
reçu  gueusant  et  n'ayant  rien,  mol.  Tart.  v,  t. 
Quoiqu'ils  demeurent  tous  d'accord  qu'il  faut  de- 
mander la  charité  pour  subsister,  leur  manière  de 
gueuser  étant  différente  ,  il  est  nécessaire  que 
chaque  société  s'en  tienne  à  ses  règlements,  le 
SAGE,  Guzm.  d'Alf.  m,  3.  ||  Activement.  Gueuser 
son  pain.  Aller  gueuser  pension  en  secret ,  HA- 
ciiAUMONT,  Mém.  secrets,  t.  xxxv,  p.  (98.  ||Kig. 
Pour  moi,  je  ne  vois  rien  de  plus  sot  à  mon  sens, 
Qu'un  auteur  qui  partout  va  gueuser  des  encens, 
MOL.  F.  sav.  III,  5.  [Paris  est,  après  les  combats  de 
juillet  1830]  Un  taudis  regorgeant  de  faquins  sans 
courage,  D'effrontés  coureurs  de  salons,  Qui  vont 
de  porte  en  porte  et  d'étage  en  étage  Gueusant 
quelques  bouts  de  galons,  barbier,  ïambes,  Curée. 

—  ÉTYM.  Gueux. 

GUEUSERIE  (gheû-ze-rie),  s.  f.  ||  1»  Condition 
de  gueux,  de  personne  sans  bien,  sans  avoir.  Poli, 
galant,  qui  fait  les  choses  comme  il  faut,  l;;t  dont  la 
gueuserie  est  l'unique  défaut,  th.  corn.  Comtesse 
d'Orgueil,  i,  i.  Je  viens  d'apprendre  que  ta  gueuserie 
rebute  tous  les  partis  qui  se  présentent  pour  notre 
fille,  BRUEYS,  Avocat  Pat.  i,  3.  Quel  est  donc  ce 
brigand  qui,  là-bas,  nez  au  vent,  Se  carre,  l'œil  au 
guet  et  la  hanche  en  avant.  Plus  délabré  que  Job 
et  plus  fier  que  Bragance;  Drapant  sa  gueuserie 
avec  son  arrogance?  v.  iiuco,  Ituy  Blas ,  i,  2. 
Il  2"  Mendicité.  La  gueuserie  en  ce  pays-là  est  d'une 
grande  ressource  pour  les  gens  d'esprit  mal  aisés 
qui  veulent  sacrifier  à  la  paresse,  lesage,  Guim. 
d'Alfar.  m,  2.  Tout  pays  où  la  gueuserie",  la  men- 
dicité est  une  profession,  est  mal  gouverné;  la 
gueuserie,  ai-je  dit  autrefois,  est  une  vermine  qui 
s'attache  à  l'opulence;  oui,  mais  il  faut  la  secouer, 
VOLT.  Ciel.  phi;.  Gueux.  ||  3°  Fig.  Une  chose  vile, 
de  peu  de  prix.  11  n'a  acheté  que  de  la  gueuserie. 
Et  la  fête  de  Pan  parmi  nous  si  chérie  Auprès  de  ce 
spectacle  est  une  gueuserie,  mol.  Mélicerte,  i,  3. 
Il  4°  Confédération  des  gueux,  dans  les  Pays-Bas, 
au  XVI*  siècle. 

—  ÉTYM.  Gueuser. 

t  GUEUSET  (gheû-zô),  i.  m.  Terme  de  métal- 
lurgie. Petite  gueuse. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  gueuse  t. 


GUE 

t  GUEUSETTE  (gheu-zè-t),  s.  f.   Petit  godet  ob 
les  cordonniers  mettent  leur  rouge  ou  leur  noir. 

GUEUX,  EUSE  (gheù,  gheû-z',  Vx  se  lie  :  un 
gheû-z  impudent.  Du  temps  de  Chifllct,  Gramm. 
p.  2(8,  il  ne  se  liait  pas  :  un  gheû  impudent),  adj. 
Il  1°  Qui  est  nécessiteux,  réduit  à  mendier  (ce  qui 
se  dit  avec  un  sens  de  dédain  plutôt  que  de  pi- 
tié). Figurez-vous  l'orgueilleux  Diogène  qui  foulait 
aux  pieds  l'orgueil  de  Platon,  les  presbytériens  d'E- 
cosse ne  ressemblent  pas  mal  à  ce  fier  et  gueui 
raisonneur,  volt.  Dict.  phil.  Presbytériens.  ||  Fa- 
milièrement. Être  gueux  comme  un  rat ,  coma.e 
un  rat  d'église,  comme  un  peintre,  c'est-à-dire 
être  fort  pauvre.  Chartier  [l'éditeur  d'Hippocrale 
et  de  Galien]  est  plus  gueux  qu'un  pauvre  peintre; 
dix  mille  écus  ne  payeront  pas  ses  dettes,  gui 
PATIN,  Leit.  t.  Il,  p.  85.  Tous  ces  blondins  sont 
agréables....  la  plupart  sont  gueux  comme  des  rats, 
MOL.  l'Av.  III,  8.  Il  2°  Qui  n'a  pas  de  quoi  vivre  se- 
lon son  état  ou  ses  désirs.  Mais  il  aime  sa  fille  et 
voudra  s'informer;  S'il  apprend  qu'il  est  gueux? 
HAUTER.  Bourg,  de  quai,  iv,  6.  Il  est  gueux,  archi- 
gucux,  TH.  CORN.  Co7nt.  d'Orgueil,  ii,  i .  Choisir  un 
gendre  gueux...?  —  Taisez-vous,  s'il  n'a  rien.  Sa- 
chez que  c'est  par  là  qu'il  faut  qu'on  le  révère,  mol. 
Tart.  II,  2.  Quoique  ses  parents  ne  soient  point 
gueux,  SÉV.  148.  [Ces  fous]  Qui,  toujours  assignant 
et  toujours  assignés,  Souvent  demeurent  gueux  de 
vingt  procès  gagnés,  boil.  ÉpU.ii.  Riche,  gueux, 
triste  o.'i  gai,  je  veux  faire  des  vers,  id.  Sat.  vu. 
C'est  un  duc  assez  malhonnête  homme  et  fort 
gueux,  MAINTENON,  Lett.  n  l'abbé  Gobelin,  (4  juillet 
1069.  Il  s'offre  deux  partis,  vous  les  chassez  tous 
deux  :  Le  premier  est  trop  riche  et  le  second  trop 
gueux,  REGNARD,  Distrait,  i,  ) .  Grâce  à  moi  [muse] 
qu'il  rendit  moins  folle.  D'être  gueux  il  se  conso- 
lait, BÉRANG.  Épitaphe.  ||  Proverbe.  Un  avare  est  tou- 
jours gueux,  un  avare  se  refuse  le  nécessaire.  ||  3°  11 
se  dit  des  choses  qui  attestent  la  gueuserie.  Un  équi- 
page gueux.  Il  Fig.  Terme  d'architecture.  Corniche 
gueuse,  corniche  dénuée  d'ornements.  ||  4"  S.  m. 
Celui  qui  fait  métier  de  demander  l'aumône.  Mener 
une  vie  de  gueux.  Il  rencontra  un  gueux  œuvert  do 
pustules,  les  yeux  morts,  le  bout  du  nez  rongé.... 
VOLT.  Candide,  3.  Sages  et  fous,  gueux  et  monar- 
ques. Apprenez  un  fait  tout  nouveau,  bérang.  Parq. 
Il  II  est  jaloux  comme  un  gueux  de  sa  besace,  il  est 
très-jaloux.  ||  Fig.  C'est  un  gueux  revêtu,  se  dit 
d'un  homme  de  rien  qui  a  fait  fortune,  et  qui  eu 
est  devenu  arrogant.  ||  Fig.  [Boileau]  N'est  qu'un 
gueux  revêtu  des  dépouilles  d'Horace,  boil.  Sat.  i.t. 
Il  Gueux  fieffé,  mendiant  qui  se  tenait  toujours  \ 
la  même  place.  1|  Gueux  de  l'ostière,  mendiant  qui 
allait  déporte  en  porte.  ||iu  fémin.  Une  gueuse, 
une  mendiante.  Vieilli  en  cet  emploi.  ||  6°  Celui 
qui  est  dans  la  gêne,  dont  les  ressources  sont  au- 
dessous  de  son  état.  C'étaient  des  gueux  adorés  des 
souverains  et  des  peuples,  que  les  consuls  et  les  dic- 
tateurs do  ce  temps-là,  balz.  De  la  gloire.  Diogène 
là-bas  est  aussi  riche  (]u'eux  [ceux  qui  entassent]. 
Et  l'avare  ici-haut,  comme  lui,  vit  en  gueux,  la 
FONT.  Fabl.  IV,  20.  Un  gueux  qui,  quand  il  vint, 
n'avait  pas  de  souliers,  Et  dont  l'habit  entier  valait 
bien  six  deniers,  mol.  Tart.  i,  i .  Et  tout  gueux,  quel 
qu'il  soit,  ne  peutêtre  qu'un  sot,  th.  corn.  D.  César 
d'Avalos,i,  a.  Mon  maître?  fi  donc!  voilà  un  plaisant 
gueux  pour  une  fille  comme  Angélique!  lesage, 
Crispin  riv.  de  son  maître,  se.  2.  Je  n'ai  pas  voulu 
te  parler  au  logis,  de  pour  que  mon  gueux  de  mari 
ne  nous  écoutât,  urleys,  Avoc.  Pat.  l,  2.  Des  gueux 
chantons  la  louange  ;  Que  do  gueux  hommes  de 
bien  !  iiérang.  Gueux.  ||  Ce  qui  a  le  caractère  mes- 
quin. Non  de  ces  gueux  d'avis  dont  les  prétentions 
Ne  parlent  que  de  vingt  ou  trente  millions,  mol.  Fâ- 
cheux, m,  3.  Il  6°  Terme  de  dédain  qu'on  applique 
à  des  gens  de  mauvaise  apparence  ou  de  mauvaise 
conduite.  Je  veux  le  faire,  moi,  mourir  sous  le  bâ- 
ton. Ou  le  gueux  dès  ce  soir  quittera  ma  maison, 
DESTOUCii.  Glor.  III,  8.  Mandrin,  suivi  de  cinquante 
gueux,  met  une  ville  entière  à  contribution  ;  dès 
qu'il  est  entré  par  une  porte,  on  dit  à  l'autre  qu'il 
vient  avec  quatre  mille  combattants  et  du  canon, 
VOLT.  Dict.  phil.  Population.  Les  petits  gueux  [des 
enfants  en  haillons]  quittèrent  aussitôt  le  jeu  en 
laissant  à  terre  leurs  palets,  et  tout  ce  qui  avait 
servi  à  leur  divertissement,  id.  Candide,  ch.  10.  ||  11 
se  dit  au  féminin  dans  le  même  sens.  N'est-ce  pas 
là  cette  gueuse  que  vous  chassâtes  hier?  brueïs, 
Grondetir,  n,  16.  C'est  du  fond  d'un  vieux  carrosse 
traîné  par  deux  chevaux  étiques,  que  cette  gueuse 
de  marquise  m'a  fait  insulter  par  des  laquais  tout 
déguenillés,  dancourt,  Chev.  à  la  mode,  i,  (.  ||  Par- 
ticulièrement. Coquin,  fripon.   Méfiez-vous  de  cet 


GUI 

homipe,  c'est  un  gueux.  ||  Au  féminin.  Très-fami- 
lièremeiit,  une  coquine,  une  temme  qui  vit  mal. 
Monsieur,  défiez-vous  des^ueuses  de  Paris,  iiaute- 
ROCiiE,  Espr.  foU.  I,  i.  La  querelle  [du  fils  aîné  du 
comte  d'Auvergne  et  du  chevalier  de  Quélus]  était 
venue  pour  du  cabaret  et  oes  gueuses,  st-simon,  43, 
J»9.  Il  7"  Gueux  de,  dans  le  langage  populaire, 
s'emploie  comme  diable  de.  Une  gueuse  de  souris 
qui  m'empêche  de  dormir.  Je  souffre  toujours  de 
mon  gueux  de  rhumatisme.  ||  8°  S.  m.  pi.  Les  gueux, 
rom  que  prirent  au  seizième  siècle  les  huguenots 
ûëi  Flandres,  à  l'occasion  du  discours  peu  mesuré 
de  Marguerite  de  Parme,  gouvernante  des  Pays- 
Bas,  qui  avait  dit  en  parlant  des  seigneurs  calvi- 
nistes que  c'était  des  gueux  qu'elle  ne  redoutait 
pas.  Il  Gueux  de  mer,  s'est  dit  des  marins  hollandais 
qui  armèrent  à  laBrielle,  en  i572,  pour  faire  la 
course  contre  les  Espagnols.  ||  Gueux  des  bois,  s'est 
dit,  à  la  même  époque,  des  paysans  armés  qui 
commencèrent  à  faire  la  guerre  en  partisans,  pour 
fonder  l'indépendance  des  Provinces-Unies.  ||  9"  S. 
m.  Espèce  d'oiseau  de  mer. 

—  HIST.  XV*  S.  Le  duc,  trois  gueux  pour  sa  cui- 
sine, chascun  compté  par  quatre  mois,  et  doit  le 
gueux  en  la  cuisine  commander,  ordonner  et  estre 
obéi,  CL.  DE  LA  MARCHE,  Étal  de  la  maison  de 
Charles  le  Hardy,  t.  ii,  p.  620,  édit.  petitot. 
Il  xvi'  s  Les  gueux  ont  leurs  magnificences  et  leurs 
voluptez,  comme  les  riches,  mont,  iv,  258.  Et  avons 
fait  cognoistre  que  nous  ne  sommes  pas  des  gueux, 
comme  l'on  disoit,  et  que  nous  avons  plus  de  moyen 
et  de  force  en  main  pour  faire  service  au  roy  en 
scu  besoin  que  n'ont  avec  toute  leur  suitte  et  pra- 
ticques  ceux  qui  nous  veulent  exterminer,  condé, 
ifémoires,  p.  079. 

—  ÉTYM.  L'exemple  du  xv'  siècle  prouve  que 
gueux  a  signifié  cuisinier  et  est  une  autre  forme  de 
queux(\oy.  ce  mot).  On  peut  aussi  citer  à  l'appui  ce 
passage  de  Voltaire  :  L'Europe  fut  inondée  de  ces 
dignités  héréditaires,  de  maréchaux,  de  grands  ve- 
neurs, de  chambellans  d'une  province;  il  n'y  eut 
pas  jusqu'à  la  grande  maîtrise  des  gueux  de  Cham- 
pagne qui  fut  une  prérogative  de  famille,  Mœurs,  70. 
Ce  mot  a  passé,  par  dénigrement,  des  marmitons 
aux  mendiants,  aux  mauvais  sujets.  Diez  objecte 
que,  si  gueux  représente  queux,  queux,  qui  repré- 
sente coquus,  n'a  Vs  ou  x  qu'à  titre  de  nominatif,  que 
ces  sortes  d's  ne  comptent  pas  dans  la  dérivation, 
et  qu'ainsi  gueux  n'aurait  pu  donner  gueuser, 
gueuserie.  Mais  ces  mots  ne  sont  pas  anciens  et 
ils  ont  été  formés  en  un  temps  où  Vs  de  gueux  va- 
lait une  lettre  radicale.  On  a  donné  une  origine 
hollandaise  [guit,  coquin)  à  la  dénomination  des 
gueux  de  Hollande;  il  se  pourrait  en  effet  que  cette 
dénomination  fût  indépendante  du  mot  français; 
cependant  Schiller  les  appelle  die  Geusen,  ce  qui 
semble  appuyer  fortement  l'étymologie  française. 

f  G0ÉVOIR  (ghé-voir) ,  s.  m.  Abreuvoir,  en  Lor- 
raine et  en  Alsace.  Franz  Sepel  et  bien  d'autres  qui 
glissaient  sur  le  guévoir ,  erckmann-cuatrian, 
Wme  Thérèse,  §  8. 

t  GUGANO  (gu-ga-no),  s.  m.  Nom  d'un  ver  qui 
envahit  les  cacaoyères  et  y  fait  de  grands  ravages. 

1.  GUI  (ghi),  î.  m.  Terme  de  botanique.  Nom  d'un 
genre  de  plantes  de  la  famille  des  loranthacées,  qui 
sont  parasites  et  qui  naissent  sur  les  branches  de 
différents  arbres.  ||  Gui  de  chêne,  ou,  simplement, 
le  gui,  le  gui  blanc  des  botanistes,  nom  qui  vient 
de  ce  que  le  fruit  en  est  blanc.  Avec  les  baies  du  gui 
blanc  on  fait  une  glu  moins  bonne  que  celle  qui  est 
obtenue  de  l'écorce  du  houx.  Le  gui  était  particu- 
lièrement vénéré  des  anciens  Gaulois  et  de  leurs 
prêtres  les  Druides.  Il  s'adressa  d'abord  au  Celte 
comme  au  plus  furieux  ;  il  lui  dit  qu'il  avait  raison 
et  lui  demanda  du  gui ,  volt.  Zadig,  <  2.  La  bien- 
faisante fée  et  la  nymphe  légère,  Cueillant  le  gui 
divin  ou  la  fleur  bocagère,  S'y  montrèrent  souvent 
[dans  les  sombres  vallées]  au  sauvage  Gaulois,  mas- 
SON,  Hehét.  v.  Un  eubagc  vêtu  de  blanc  monta  sur 
le  cliène,  et  coupa  le  gui  avec  la  faucille  d'or  de  la 
druidesse,  chateaudr.  Mart.  ix.  ||  Au  gui  l'an  neuf, 
esp'ce  d'exclamation  qui  paraît  s'être  conservée  en 
mémoire  de  la  cérémonie  où  l'on  distribuait  le  gui, 
chez  les  Gaulois.  Le  grand  sacrifice  du  gui  de  l'an 
neuf  se  fai.sait  avec  beaucoup  de  cérémonies  près  de 
Chartres,  le  sixièmîjourdela  lune,  qui  était  le  com- 
mencement de  l'année,  suivant  leur  manière  de 
compter  par  nuits,  duclos,  Mém.  Druid.  CBuu.  1. 1, 

p.  284,  dans  POUGENS. 

—  HIST.  XIV' s.  El  leur  donneras  à  mengier  avenne 
en  jarbe  ou  yerre  [lierre]  ou  vist  de  pommier,  Mo- 
dus,  T-  Lxxi.  Il  XV*  s.  Unes  patenostres  de  guix  de 
chesne,  Bibl.  des  ch.  6*  série,  1. 1,  p.  434. 


GUI 

—  ÉTYM.  Norm.  vi;  Berry,  gué;  ital.  visco,  vis- 
chio;  du  latin  viscus  ;  grec,  Ué;. 

t  2.  GUI  (ghi),  s.  m.  Terme  de  marine.  Vergue, 
dite  aussi  bôme  sur  laquelle  s'étend  la  ralingue  de 
bordure  de  la  brigantine.  ||  Gui  se  dit  pour  guide, 
en  parlant  de  palans. 

t  GUIBRE(ghi-lir'),  s.  f.  Terme  de  marine.  L'a- 
vant du  navire  où  l'on  sculptait  un  poisson  de  mer. 

—  ETYM.  Le  même  que  guivre  (vov.  ce  mot), 
t  GUICHE   (ghi-ch'),  s.  f.  Synonyme,    dans  le 

nord  de  la  France,  de  bâtonnet,  sorte  de  jeu  d'en- 
fant, dit  aussi  ailleurs,  guillet. 

GUICHET  (ghi-chè  ;  le(  ne  se  lie  pas  dans  le  par- 
ler ordinaire  ;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  ghi-cliè-z 
étroits;  guichets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.), 
s.  m.  Il  1»  Petite  porte  pratiquée  dans  une  grande, 
surtout  en  parlant  des  portes  d'une  ville,  d'une  for- 
teresse, d'une  prison.  Le  guichet  du  fort,  de  la  pri- 
son. La  porte  en  était  basse  et  semblait  un  guichet, 
Régnier,  Sat.  xi.  Trois  autres  démons  adorés  sous 
le  nom  de  furies  ouvrent  le  guiciiet  ardent,  cha- 
teaubh.  Mart.  viii.  ||  Fig.  Être  pris  au  guichet,  être 
pris  au  moment  où  l'on  s'évadait.  ||  2°  Les  guichets 
du  Louvre,  les  portes  qui  servent  de  passage  aux 
voitures  et  aux  gens  de  pied.  J'étais  au  Carrousel, 
passant  avec  la  foule  Qui  par  ses  trois  guichets  in- 
cessamment s'écoule,  V.  HUGO,  F.  d'aut.  3.  ||  3°  Pe- 
tite ouverture  à  hauteur  d'appui,  pratiquée  dans  un 
mur  ou  une  porte,  par  laquelle  on  peut  parler  à 
quelqu'un  ou  lui  faire  passer  quelque  chose  sans 
être  obligé  d'ouvrir  la  porte.  On  leur  apporta  à  dî- 
ner par  un  guichet  [à  la  Bastille],  volt.  VIngénu, 
\0.  Il  4°  Sorte  de  petit  volet  qui  se  ferme  sur  la  ja- 
lousie du  confessionnal  du  côté  du  confesseur. 
Il  5°  Porte  d'une  armoire,  d'un  buffet;  en  ce  sens  il 
vieillit  et  ne  se  dit  guère  que  des  meubles  à  l'an- 
cienne mode.  Armoire  à  quatre  guichets.  ||  6°  Terme 
de  construction.  Guichet  de  croisée,  se  dit  de  l'as- 
semblage qui  porte  le  châssis  de  verre,  et  des  volets 
qui  le  ferment  en  dedans.  ||  1'  Au  jeu  du  cricket 
(voy.  CRIQUET  3),  nom  d'ouvertures  formées  par  trois 
piquets  fichés  en  terre  qui  sont  assez  rapprochés  en- 
tre eux  pour  que  la  balle  ne  puisse  pas  passer  à  tra- 
vers, et  pardeux  petites  traverses  simplement  posées 
sur  leurs  parties  supérieures,  de  manière  que  le 
choc  le  plus  léger  les  fasse  tomber;  le  jeu  consiste 
à  défendre  ces  petits  édifices  contre  la  balle. 

—  HIST.  xi;i'  s.  Onques  un  soûl  n'en  salua,  Par 
un  guichet  leanz  entra,  Tien.  20092.  Car  c'est  celé 
qui  la  bonté  Me  fist  si  grant,  qu'ele  m'ovri  Le  gui- 
chet del  vergier  flori,  la  Rose,  1266.  ||  xiV  s.  Le  wis- 
ket  li  ouvrirent,  qui  fu  cns  ou  [au]  moilon,  Baud. 
de  Seb.  vi,  20.  ||xv*  s.  Et  avoit  couvertement  de- 
mandé au  portier  laquelle  [clef]  defermoit  la  grand 
porte  et  laquelle  le  guichet,  froiss.  i,  1, 131.  Si  trou- 
vèrent d'aventure  le  guichet  [de  la  ville]  ouvert; 
adonc  descendirent  là  messire  Gautier  de  Mauny 
tout  premier  et  aucuns  compagnons,  et  entrèrent  en 
la  porte  tout  coiment,  ID.  i,  i,  79.  Le  suppliant  se 
parti  et  ala  hors  des  dites  prisons  par  le  viquet  d'i- 
celles,  DU  GANGE,  guichetus.  ||  xvi*  s.  Une  matrone 
et  sage  femme  que  le  vulgaire  appelle  madame  du 
guichet,  BOUCHET,  Serées,   liv.  11,  p.  158,  dans  la- 

CURNE. 

—  ÉTYïI.  Norm.  viquet;  Berry,  guichet,  verrou; 
wallon,  wichet;  provenç.  guisquet;  de  l'ancien  scan- 
din.  l'tft,  réduit,  cachette;  anglo-saxon,  fie. 

GUICHETIER  (ghi-che-tié  ;  Vr  ne  se  lie  jamais; 
au  pluriel,  l'sse  lie  :  des  ghi-che-tié-z  actifs),  s.  m. 
Valet  de  geôlier,  qui  ouvre  et  ferme  les  guichets. 
Ces  guichetiers  sont  des  hommes  qui  ont  perdu 
tout  sentiment  humain,  lesage.  Diable  boit.  7.  ||  Par 
extension,  homme  qui  en  garde  un  autre.  Voilà  mes 
guichetiers  en  défaut.  Dieu  merci,  rac.  Plaid,  i,  3. 

—  ÉTYM.  Guichet;  namurois,  ucheli. 
1.   GUIDE  (ghi-d'),  s.  m.  ||  i"  Celui,  celle  qui 

conduit  une  personne  et,  l'accompagnant,  lui  mon- 
tre le  chemin.  Il  a  pris  un  guide  fidèle  et  expéri- 
menté. On  a  des  guides  pour  les  excursions  dans 
les  Alpes  ou  les  Pyrénées.  Elle  voulut  être  mon 
guide,  Dict.  de  l'Académie.  Les  voyageurs  sans 
guide  assez  souvent  s'égarent,  son,.  Sat.  iv.  Qu'a- 
près l'avoir  d'Argos  amenée  en  Aulide,  .Te  refuse  à 
l'autel  de  lui  servir  de  guide,  rac.  Iphig.  m,  l . 
Allez  et  laissez-moi  quelque  fidèle  guide,  id.  Phè- 
dre, y,  I Apollon,  je  périrai  sans  doute.  Si  tu 

ne  sers  do  guide  à  cet  aveugle  errant,  a.  ciiénier. 
Idylle,  l'Aveugle.  ||  2°  Terme  de  guerre.  Personne 
du  pays  qui  connaît  les  routes  et  dirige  la  marche 
d'un  détachement.  Le  roi  leur  commanda  de  l'ac- 
compagner et  de  lui  servir  de  guides,  vaugf.l.  Q  C. 
VIII,  10.  Cette  petite  guerre  avait  été  tout  à  l'avan- 
tage des  Russes,  les  nôtres  ignorant  le  pays,  sa  lan- 1 


GUI 


1957 


gue,  jusqu'aux  noms  des  lieux  où  ils  s'aventuraient, 
enfin  étant  sans  cesse  trahis  par  les  habitants,  et 
même  sans  guides,  ségur,  Ilist.  deNap.  x,  (.  ||  Au- 
trefois, compagnie  de  guides,  hommes  formés  en 
compagnie  pour  ce  genre  de  service.  Il  y  avait  un 
capitaine  général  des  guides  pour  les  voyages  du 
roi.  Il  Dans  les  guerres  du  premier  empire,  les  guides, 
compagnies  ou  escadrons  qui  étaient  comme  les 
gardes  du  corps  d'un  général  en  chef.  Les  guides  ont 
été  rétablis  dans  l'armée  du  second  empire.  ||  Terme 
de  théorie  militaire.  Soldats  sur  lesquels  tous  les  au- 
tres doivent  régler  leurs  mouvements  dans  les  évo- 
lutions. Le  guide  d'un  peloton.  Guide  à  droite,  à  gau- 
che. Il  3°  Fig.  Celui  ou  celle  qui  dirige,  conduit  dans 
la  vie,  dans  les  affaires,  dans  une  entreprise.  Une 
jeune  fille  ne  peut  avoir  de  meilleur  guide  que  sa 
mère,  Dict.  de  l'Académie.  Pour  me  faire  chrétien, 
sers-moi  de  guide  à  l'être,  corn.  Poty.  v,  2.  Dai- 
gnez servir  de  guide  à  mon  aveuglement,  id.  Per- 
thar.  V,  2.  Sous  la  conduite  d'une  reine  qui  lui  ser- 
vait de  mère  par  la  tendresse  et  de  guide  par  son 
expérience,  fléch.  Marie-Thér.  Dans  cette  retraite, 
Frédéric,  passionné  pour  la  langue  française,  pour 
les  vers,  pour  la  philosophie,  choisit  Voltaire  pour 
son  confident  et  pour  son  guide,  condorcet.  Vie  de 
Voltaire.  \\  4»  Tout  ce  qui  dirige  ou  inspire  (|uel- 
qu'un  dans  ses  actions.  La  loi  ïeule  est  mon  guide, 
Dict.  de  l'Académie.  Et  prenant  toutes  deux  leur 
passion  pour  guide,  corn.  Cinna,  v,  2.  Consulte  ta 
raison,  prends  sa  clarté  pour  guide,  mol.  D.  Garde, 
II,  4.  11  n'y  a  personne  qui  ne  demeure  d'accord 
que  la  raison  nous  est  donnée  pour  nous  servir 
de  guide  dans  la  vie,  pour  nous  faire  discerner 
les  biens  et  les  maux ,  et  pour  nous  régler  dans 
nos  désirs  et  dans  nos  actions,  nicole,  Ess.  mor. 
I"  traité,  ch.  il.  L'homme  en  ses  passions  toujours 
errant  sans  guide,  boil.  Sat.  x.  L'audace  et  le  mé- 
pris sont  d'infidèles  guides,  rac.  Alex,  i,  i .  ||  5°  Titre 
de  divers  ouvrages  qui  renferment  des  instructions. 
Le  Guide  des  pécheurs.  Le  Guide  des  teinturiers.  La 
Guide  des  étrangers  à  Paris.  Le  Guide  du  voyageur 
en  Suisse.  Il  6°  Guide  du  lion,  le  caracal,  espèce 
du  genre  chat.  ||  7°  Terme  d'horloger.  Outil  qui 
sert  à  conduire  un  foret.  ||  Terme  de  menuisier. 
Morceau  de  bois  que  l'on  applique  contre  un  outil 
à  fût.  Il  Terme  de  fontainier.  Armature  sur  la- 
quelle est  monté  le  coulisseau  du  piston  pour  une 
cuvette  de  garde-robe.  ||  Terme  de  navigation  flu- 
viale. Balise  qu'on  met  dans  les  passages  diffi 
ciles,pour  marquer  le  véritable coursde  l'eau. Il  Terme 
de  marine.  Cordage  qui  haie  le  palan  d'étai,  etc. 
Guide  de  bassin,  certaines  marques  de  direction 
que  l'on  prend  à  terre.  ||  8°  Perche  qui  tient  le 
filet  de  l'oiseleur.  ||  9°  Terme  de  musique.  La  par- 
tie qui  entre  la  première  dans  une  fugue,  et  qui 
annonce  le  sujet.  ||  Partie  sur  laquelle  on  indique 
toutes  les  entrées  des  instruments  et  qui  sert  au 
chef  d'orchestre  lorsqu'il  ne  conduit  pas  sur  la 
grande  partition.  ||  10°  Guide  des  pécheurs,  se  disait 
d'une  espèce  de  fiacre  dont  les  glaces  étaient  rem- 
placées par  des  planches;  on  s'en  servait  pour  une 
promenade  furtive,  etc. 

—  REM.  Dans  le  xvii*  siècle,  guide  se  disait  au 

féminin Et  la  guide  nouvelle.  Qui  ne  voyait, 

au  grand  jour.  Pas  plus  clair  que  daus  un  four, 
Donnait  tantôt  contre  un  marbre.  Contre  un  passant, 
contre  un  arbre,  la  pont.  Fabl.  vu,  (7.  Ces  pré- 
lats avaient  donné  aux  peuples  la  sainte  parole, 
avec  subordination  à  leurs  pasteurs,  et  sous  la  guide 
des  notes  si  canoniquement  approuvées,  boss.  Avert. 
sur  le  liv.  Ré/lex.  morales,  1.  Demande  aux  hôtes 
de  ces  bois  Si  la  guide  la  plus  fidèle  N'est  pas  la 
pente  natnrelle  Plus  sage  que  toutes  les  lois,  ciiAU- 
LIEU,  Contre  l'csprit.W  C'était  le  féminin  aussi  qu'on 
employait  pour  désigner  des  livres  servant  de 
guide,  d'instruction.  Elle  lit  Saint  Bernard,  la  Guide 
des  pécheurs,  Régnier,  Macette.  La  Guide  des  pé- 
cheurs est  encore  un  bon  livre,  mol.  Sganar,  1 . 

—  HIST.  xii*  s.  Guions  a  fait  de  païsans,  JIrut, 
v.  3031.  Quant  il  vint  en  une  valée.  Que  li  guion 
li  ont  mostrée,  ib.  v.  .1037.  ||  xiii*  s.  Seigneur,  je 
vous  commant,  chascuns  soit  obeïs  Â  dant  Pieron 
l'ermite  qui  vous  est  baus  [baile,  chef]  et  guis, 
Tous  vous  menra  [mènera]  ensamble  à  la  gent 
antecris,  Ch.  d'Ant.  1,  266  ||  xiV  s.  Et  du  costé 
destre  et  senestre  de  la  canne  du  polmon  sont 
grosses  veines  qui  sont  appelées  organiques  ou 
guides,  LANFRANO,  f"  28,  vcrso.  Il  XV"  s.  Messire  Tri- 
vet  et  sa  route  avoient  guides  qui  les  dévoient  me- 
ner, FROiss.  Il,  II,  41 .  Et  ouy  comme  on  demanda  la 
guide  à  ceux  qui  conduisoient  les  enseignes,  et  à 
celuy  qui  faisoit  l'office  de  grand  escuyer  ;  mais 
chascun  respondit  :  Je  n'en  ai  point;  notez  qu'il  na 


1958 


GUI 


falloil  point  de  guide  :  car  Dieu  seul  avoit  guidé  la 
compagnie  au  venir,  comm.  vin,  7.  M.  de  Clermont 
chevaucha  40  lieues  par  une  guide  fils  messire  Hec- 
tor de  Chartres,  Chr.  de  Norm.  p.  4C8,  vallet  de 
viRiviLtE.  Il  XVI*  s.  Si  tu  n'y  mets  grand  ordre  et 
bonnes  guides,  marot,  ii,  37.  La  cour  est  mon  au- 
iheur,  mon  exemple  et  ma  guide,  nu  bf.llay,  ii,  78, 
\-erso.  Que  le  créateur  vous  soit  en  guyde  perpé- 
tuelle, HAB.  Garg.  i,  45.  Nature  est  un  doulx  guide; 
mais  non  pas  plus  doulx  que  prudent  et  juste, 
MONT.  IV,  304.  L'oracle  d'ApoUo  luy  avoit  respondu 
qu'il  prinst  Venus  pour  sa  guide,  amyot,  Thésée,  21. 
....Que  luy  aussi  seroit  tenu  de  donner  bonne  guide 
et  sauve  garde  aux  ambassadeurs  d'Athènes,  m. 
Aie.  02.  Son  guide  le  mena  jusques  à  l'entrée  du 
bourg  de  Coutras,  d'aub.  Yie,  xvii. 

—  lîTYM.  Provenç.  guida, guia,  s.  f.  et  guil,  s.  m.; 
espagn.  et  portug.  gxiia;  ital.  guida  (voy.  guider). 
L'ancienne  langue  disait  guis  au-  nominatif,  et 
guion  au  régime  ;  guion,  guions,  au  pluriel  ;  cela 
représente  un  bas-latin  guido,  guidonis.  Â  côté  il 
y  avait  un  substantif  verbal  féminin,  guida,  guia, 
guide,  qui  signifiait  l'action  de  guider,  et  qui  s'e.st 
conservé  jusque  dans  le  xvii*  siècle;  on  le  prenait 
à  tort,  depuis  longtemps,  pour  le  féminin  de  guide 
masculin.  L'ancienne  langue  disait  aussi  guierre, 
mais  c'était  un  substantif  verbal,  au  nominatif, 
représentant  une  forme  non  latine  guidator. 

2.  GUIDE  (ghi-d'),  s.  f.  Nom  de  lanières  de  cuir 
ou  cordons  de  chanvre  dont  se  servent  les  jos- 
lillons  ou  cochers  pour  diriger  les  chevaux  at- 
telés à  une  voiture.  On  distingue  les  grandes  et 
les  petites  guides.  Que  ce  Dieu  qui  m'entend  me 
garde  d'un  blasphème  1  Mais  je  ne  comprends 
rien  à  ce  lâche  destin  [la  mort  du  duc  d'Or- 
léans] Oui  va  sur  le  pavé  briser  un  diadème, 
Parce  qu'un  postillon  n'a  pas  sa  guide  en  main, 
A.  DE  MUSSET,  Poésics  xiouv.  <3  juillet.  ||  Payer 
les  guides,  payer  au  postillon  le  droit  prescrit  pour 
chaque  poste.  Payer  les  guides  doubles,  payer  le 
double  de  ce  droit.  On  dit  aussi  :  payer  doubles 
guides,  doubler  les  guides.  ||  Courir  en  guide, 
courir  la  poste  à  cheval,  ayant  devant  soi  un  postil- 
lon monté  sur  un  autre  cheval.  ||  Conduire  à  grandes 
guides,  aller  à  toute  vitesse.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Mener  la  vie  à  grandes  guides,  prodiguer 
sans   retenue  sa  fortune,  sa  santé. 

—  f.TVM,  Guide  t. 

GUIDÉ,  ÉE  (ghi-dé,  dée),  part,  passé  de  guider. 
Guidé  à  travers  la  forêt  par  un  bijcheron.  ||  Fig. 
Guidé  dans  cet  embarras  par  des  amis  prudents.  Ils 
[les  mystiques]  se  proposent  certaines  personnes, 
connues  ou  inconnues,  qu'ils  prétendent  guidées  de 
Dieu  d'une  façon  particulière,  Boss.  Inslr.  sur  les 
et.  d'oraison,  préface,  :!. 

GCIDE-ÂN'E  (ghi-dâ-n'),  s.  m.  ||  l"  Terme  fami- 
lier. Tout  ce  qui  contient  des  instructions,  des  rè- 
gles propres  à  guider  dans  un  travail.  ||  2°  Particu- 
lièrement, petit  livre  qui  contient  l'ordre  des  offices 
relatifs  à  chaque  fête.  Le  curé  de  l'île  susdite.... 
N'avait  point  avant  les  étrennes  Fait  apporter  de 
nos  climats  De  guide-ânes  ni  d'almanachs  Pour  le 
guider  dans  ses  antiennes ,  gresset  ,  le  Carême 
impromptu.  ||  3°  Transparent  rayé  employé  pour 
écrire  droit.  1|  4"  Outil  qui  sert  aux  cornetiers  à  faire 
les  dents  d'un  peigne.  ||  5"  Espèce  de  couteau  à 
deux  lames,  dont  l'une  est  placée  plus  bas  que  l'au- 
tre, de  manière  que,  lorsque  l'une  coupe,  l'autre 
marque  la  place  où  il  faut  trancher  au  coup  suivant. 
Il  Auplur.  Des  guide-âne  ou  guide-ânes. 
—  lîTYM.  Guider,  âne. 

t  t.  GUIDEAU  (ghi-dô),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Plate-forme  de  planches  qu'on  échoue  dans  une  po- 
sition inclinée,  en  la  soutenant  sur  des  chevalets, 
pour  diriger  le  courant  do  chasse  dans  les  avant- 
ports  de  la  Manche. 

—  ËTYM.  Guider,  eau. 

t  2.  GUIDEAU  (ghi-dô),  s.  m.  Terme  de  pache. 
Filet  en  forme  de  sac  dont  on  se  sert  à  l'embou- 
chure de  la  Seine.  Faisons  défenses  à  tous  ceux  qui 
feront  leur  pêche  avec  des  guidcaux  de  les  tendre 
dans  le  passage  ordinaire  des  vais.soaux  ....les  pê- 
cheurs dont  les  pieux  et  guideaux  auront  été  ûtés 
comme  nuisibles  à  la  navigation,  Ordonn.  août  l  est, 
liv.  V,  tit.  III,  art.  )2,  art.  15. 

t  GUIDE-MAIN  (ghi-de-min),  s.  m.  Terme  de 
musique.  Esiièce  de  barre  attachée  au  piano  devant 
le  clavier,  destinée,  pour  les  enfants  qui  commen- 
cent jeunes,  à  tenir  les  poignets  droits,  et  à  empê- 
cher qu'on  ne  joue  du  coude. 

-  F.TYM.  Guider,  main. 

GUIDER  (ghi-dé) ,  v.  a.  ||  !•  Accompagner  quel- 
qu'un pour  lui  montrer  le  chemin.  Guider  un  vova- 


GUI 

geur.  ||Fig.  Guider  quelqu'un  dans  le  chemin  de' 
l'honneur,  de  la  vertu,  de  la  gloire.  ||  2°  Il  se  dit  des 
choses  qui  mettent  sur  la  voie,  qui  servent  à  con- 
duire. Il  y  avait  sur  le  sol  des  traces  qui  guidaient 
ceux  qui  le  poursuivaient.  Â  peine  un  faible  jour 
vous  éclaire  et  me  guide,  hac.  Iphig.  i,  1. 1|  i°  Faire 
aller,  diriger.  Il  guidait  mal  le  bateau.  Et  vous  les 
verrez  tous,  prévenant  son  ravage  [de  Rome],  Gui- 
der dans  l'Italie  et  suivre  mon  passage,  rag.  Milhr. 
III,  I.  Qu'un  seigneur  éminent  en  richesse,  en  puis- 
sance. Par  la  bride  guidât  son  superbe  coursier,  id. 
Eslher,u,  5.  Il  en  est  que  le  ciel  guida  dans  cet 
empire  Moins  pour  nous  conquérir  qu'afin  de  nous 
instruire,  volt.  Als.  ii,  4.  Si  parfois,  un  penchant 
impérieux  et  tendre  Vous  guidant  vers  la  tombe  où 
je  .suis  endormi.  Vos  yeux  en  approchant  pensent 
voir  leur  ami,  a.  ciiiîn.  Élég.  vu.  ||  4°  Fig.  Il  se  dit 
de  ce  qui,  personne  ou  chose,  dirige  quelqu'un  dans 
ses  actions,  dans  son  langage,  etc.  Effrontés,  igno- 
rants, n'ayant  rien  de  solide.  Leur  esprit  prend 
l'essor  oii  leur  langue  les  guide,  Régnier,  Sat.  v. 
Quel  chemin  le  plus  droit  à  la  gloire  nous  guide. 
Ou  la  vaste  science  ou  la  raison  solide?  boil.  Ép. 
VI.  Muse,  c'est  à  ce  coup  que  mon  esprit  timide 
Dans  sa  course  élevée  a  besoin  qu'on  le  guide,  id. 
Lutr.  VI.  Mais  ma  force  est  au  Dieu  dont  l'intérêt 
me  guide,  rac.  Athal.  iv,  3.  La  gloire  vous  conduit, 
que  la  raison  vous  guide,  volt.  Adélaïde,  ii,  7.  Mes 
mains  qui  guidaient  des  armées,  id.  Sémir.  v,  2. 
Écoute  seulement  la  pitié  qui  te  guide,  id.  Adé- 
laïde, IV,  -1.  Nul  ne  peut  soupçonner  le  dessein  qui 
le  guide,  m.  Tancr.  v,  i.||5°  Se  guider,  ».  réfl. 
Se  diriger.  Cet  aveugle  se  guide  à  l'aide  d'un  bâton. 
Il  faut  se  guider  d'après  de  bons  exemples. 

—  SYN.  GUIDEB,  CONDUIRE.  Guider  quelqu'un,  c'est 
le  conduire  pour  lui  montrer  le  chemin,  pour  em- 
pêcher qu'il  ne  s'égare.  Conduire,  c'est  l'accompa- 
gner dans  un  trajet,  sans  que  nécessairement  il  soit 
question  de  lui  montrer  un  chemin. 

— HIST.  XI'  s.  En  Roncevaus  guierai  ma  compaigne 
[compagnie],  C/i.  de  Roi.  lxxi.  ||xii*  s.  Si  com  fait 
nés  (nef^  que  vens  guie,  Coud,  m.  Et  cil,  cume  si 
se  sontid  blecicd,  cumandad  erranment  à  celi  ki  le 
curre  [char]  guiout,  que  il  le  menast  hors  del  ost, 
Txois,  p.  339.  Il  XIII"  s.  Et  viennent  aventli  per  [pair] 
Qui  seulent  France  guier,  hues  de  la  feuté.  Ro- 
mancero, p.  <9l.  Son  avoir  à  Montmartre  fist  la 
serve  guier,  Berle,  xcvii.  Nature,  qui  tout  guie, 
BRUN.  LAT.  Très.  p.  244.  ||  XV'  S.  En  tel  temps  doit 
prince  ses  gens  guier.  Et  si  leur  doit  toute  seureté 
querre,  E.  descii.  Rail.  Paix  avec  l'Anglais.  \\  xvi*  s. 
Aucune  fols  avec  ses  damoiselles.  Comme  une  fleur 
assise  au  milieu  d'ellesGuidoitl'aiguille....  BONS.  687. 

—  ÈTYM.  Provenç.  guidar,  guizar,  guiar;  es- 
pagn. etportug.  guiar;  ilaX.  guidare.  Origine  dou- 
teuse qui  parait  germanique  à  cause  de  gu,  sans 
qu'on  puisse  déterminer  exactement  le  radical.  Diez 
propose  le  gothique  vitan,  remarquer,  faisant  ob- 
server cependant  que  le  (  gothique  rendu  par  un  d 
roman  est  contre  l'habitude.  Mais  cela  ne  paraît  pas 
devoir  faire  une  objection  absolue  ;  d'autant  plus 
qu'une  autre  forme  germanique  a  le  d,  danois 
ride.  C'est  le  sens  surtout  qui  fait  l'objection. 

GUIDON  (ghi-don),î.  m.  ||  1°  Autrefois, l'étendard 
d'une  compagnie  de  gendarmerie  ou  grosse  cava- 
lerie, la  cornette  appartenant  à  la  cavalerie  légère. 
Il  Nom  de  l'officier  qui  portait  l'enseigne,  dans  les 
compagnies  de  gendarmes.  ||  La  charge  de  guidon. 
Je  ne  vois  point  comme  toute  cette  charge  se 
pourra  emmancher,  à  moins  que  Lauzun  ne  prenne 
le  guidon  en  payement,  et  quelque  supplément  que 
nous  tâcherons  de  trouver;  car  d'acheter  l'enseigne 
à  pur  et  à  plein,  et  que  le  guidon  nous  demeure 
sur  les  bras,  ce  n'est  pas  une  chose  possible,  sÉv. 
<"déc.  (675.  Le  roi  lui  donna  [à  M.  de  Pons]  pour 
rien  un  guidon  de  gendarmerie,  ST-siu.  461,  259. 
Il  2°  Aujourd'hui,  petit  drapeau  qui  sert  dans  l'ali- 
gnement. Il  3°  Terme  de  marine.  Banderole  plus 
courte  que  la  flamme  et  qui  sert  aux  signaux. 
;1  4°  Bannière  d'une  confrérie,  d'un  corps  quelcon- 
que. Il  [Louis  XI]  ordonna  que  chaque  corps  de  mé- 
tier eût  sa  bannière  ;  que  les  ecclésiastiques,  le  par- 
lement, la  chambre  des  comptes  et  tous  les  gens 
de  robe  eussent  leurs  guidons,  duclos,  Hist.  de 
Louis  XI,  (MCuv.  t.  II,  p.  320,  dans  pougens.  ||  Terme 
de  blason.  Sorte  d'enseigne  étroite,  longue  et  fen- 
due, ayant  deux  pointes  ondoyantes;  elle  est  atta- 
chée à  un  manche  semblable  au  fût  d'une  lance. 
Il  B"  Petit  bouton  de  métal  qui  est  au  bout  du  ca- 
non de  l'arme  à  feu  et  qui  sert  à  guider  l'œil  pour 
tirer  plus  sûrement.  On  dit  aussi  mire.  ||  Ancien 
terme  d'artillerie.  Guidon  de  mire,  voy.  pron- 
TEAU.  Il  6°  Guidon   de   renvoi,    marque  que   l'on 


GUI 

fait  dans  un  écrit  auquel  on  ajoute  quelque  chose  et 
dans  l'ajouté  lui-même,  pour  indiquera  quelle  place 
cet  ajouté  doit  être  mis.  ||  7°  Termede  musique.  Mar- 
que au  bout  d'une  ligne,  pour  indiquer  l'endroit  où 
doit  être  placée  la  note  qui  commence  la  ligne  sui- 
vante. Il  8"  Terme  populaire.  Marque  que  les  filous  S 
font  à  une  carte.  ||  9°  Marque  indiquant  un  filon. 
Dans  une  montagne  d'une  étendue  considérable, 
où  il  paraîtra  une  infinité  de  guidons  et  de  marcas- 
sites  de  tous  les  côtés,  qui  sont  autant  de  marques 
par  lesquelles  on  peut  conjecturer  que  l'on  rencontre 
de  bons  filons  et  de  bonnes  matières,  Lettres  de 
Colbert,  iv,  584.  ||  10°  Anciennement.  Titre  de  cer- 
tains ouvrages  .servant  de  guides.  Prends,  au  lieude 
Platon,  le  Guidon  des  finances,  boil.  Sat.  viii. 
Il  Terme  de  marine.  Guidon  de  la  mer,  ancien  re- 
cueil de  règlements  maritimes. 

—  HIST.  xv  s.  Pour  cornette  ou  guidon  suivre 
plustost  on  doit  Les  branches  d'hierre  ou  d'if  qui 
monstrent  où  l'on  boit,  basselin,  xix.  ||  xvi*  s.  Lais- 
ser faudra  d'amour  les  petits  dons.  Pour  suivre  aux 
champs estendars  etguydons,  marot,  i,328.  Fervac- 
ques,  en  faisant  force  reniements  de  Dieu,  repondit 
de  son  guidon,  u'aub.  Vie,  xxix.  En  cas  de  fracture 
de  la  jambe,  ceste  eminence  te  sert  de  guidon  pour 
la  bien  remettre,  pabé,  iv,  36.  M.  le  mareschal  de 
Brissacluy  donna  son  guidon  de  centhommes  d'ar- 
mes, et  tel  drappeau  ne  se  donnoit  le  temps  passé, 
et  mesme  d'un  si  grand  maresihal-  que  celuy-là,  à 
jeunes  gens  qui  n'eussent  fait  de  fort  signalées 
monstres  de  leur  valeur,  brant.  Cap.  fr.  t.  m,  p  327. 

—  ÉTY.M.  Guidon  est  le  cas  régime  de  guis  fvoy. 
guide  I,  à  l'étymologie). 

t  GUIDONNAGE  (ghi-do-na-j'),  s.  m.  Terme  do 
plaisanterie  dans  Mme  de  Sévigné,  pour  désigner 
la  charge  de  guidon.  Je  lui  dis  l'ennui  que  nous 
avions  dans  notre  guidonnage,  sÉv.  202. 

t  GUIDONNER  (ghi-do-né),  v.  a.  Terme  popu- 
laire. Marquer  une  carte  d'un  signe  particulier  ou 
guidon,  pour  tricher.  Il  a  guidoniié  les  as. 

t  GUIFETTE  (ghi-fè-f) ,  s.  f.  Hirondelle  de  mer. 

GUIGNARD  (ghi-gnar;  le  d  ne  se  lie  jamais), 
s.  m.  Oiseau  du  genre  des  pluviei-s,  dont  la  chair  est 
très-délicate.  Le  guignard  est  appelé  par  quelques- 
unspetit  pluvier;  ilest  en  effet  d'une  taille  inférieure 
à  celle  du  pluvier  doré,  et  n'a  guère  ([ue  huit  pou- 
ces et  demi  de  longueur,  buff.  Ois.  t.  xv,  p,  436. 

—  ÈTYM.  D'après  Ménage,  cet  oiseau  a  été  ainsi 
appelé  d'un  nommé  Jean  Guignard,  bourgeois  de 
Chartres,  lequel,  le  premier,  en  reconnut  la  délica- 
tesse en  4  542. 

t  GUIGNAUX  ou  GUIGNEAUX  (ghi-gnô) ,  s.  m. 
pi.  Terme  de  charpente.  Nom  de  certaines  pièces 
de  bois  qui,  s'assemblant  dans  la  charpente  d'un 
toit  et  sur  les  chevrons,  sont  disposées  pour  laisser 
une  ouverture  à  un  cctrps  de  cheminée.  ||  Petits 
bouts  de  bois  que  l'on  scelle  sur  le  haut  d'un  mur. 

—  ÉTY.M.  Guigner,  à  cause  que  l'ouverture  laissée 
par  les  guignaux  est  comparée  à  un  œil  qui  guigne. 

GUIGNE  (ghi-gn'),  s.  f.  Cerise  douce  d'une  forme 
assez  semblable  au  bigarreau,  mais  plus  petite,  et 
dont  la  chair  est  d'un  rouge  noir  et  très-sucrée. 

—  HIST.  XIV'  s.  Cerises,  merises,  guines,  Uma- 
gier,  ii,  6.  ||  xV  s.  Le  verre  est  le  pinceau  duqinM 
on  t'enlumine  [le  nez]  ;  Le  vin  est  la  couleur  Dont 
on  t'a  peint  ainsi  plus  rouge  qu'une  guigne  En 
beuvant  du  meilleur,  basseun,  Vau  de  Vire,  6. 

—  ÉTY'^M.  Angoumois,  guindou,  sorte  de  ceris> 
très-noire,  très-juteuse  et  très-douce;  l»s-lat. ^uiii- 
dolum,  guina;  esp.  guinda;  ital.  viseiola;  valaque, 
risiuë;  grec  mod.  pidivov;  anc.  haut  allem.  tcih- 
sela;  allem.  mod.  Weichsel  ;  nom  de  cerise  qui, 
selon  Diez,  se  trouve  aussi  dans  les  langues  slaves 
et  dans  lequel  gu  et  e  se  remplacent. 

GUIGNÉ,  ÉE  (ghi-gné ,  gnée),  part,  passé  de 
guigner.  Un  bonbon  guigné  par  un  petit  gourmand. 

GUIGNER  (ghi-gné).  ||  1'  V.  n.  Fermer  à  demi 
les  yeux  en  regardant  du  coin  de  l'œil.  Guigner  de 
l'œil.  Il  2"  V.  a.  Regarder  sans  faire  semblant,  à  la 
dérobée,  guetter.  J'ai  guigné  ceci  [la  cassette  d'Har- 
pagon] tout  le  jour,  mol.  l'Av.  iv,  6.  ||  Fig.  Former 
quelque  dessein  sur  quelque  personne,  sur  quelque 
chose.  Guigner  une  héritière,  un  héritage.  Jupin, 
qui  du  ciel  toujours  guigne  Quelque  femelle  en 
(Iroite  ligne,  scarbon,  Gigant.  i. 

—  HIST.  XIII'  s.  Et  tant  à  suen  lige  [je]  me  tieng, 
....  que  s'el  me  guigne  sol  de  l'ueil....  Faire  m'es- 
toura  son  commant,  Partonop.  ms.  de  St-Germ 
f"  )  03,  dans  lacurne.  La  reine  en  guigna  cons  [le 
comte]  Bertelais,  Gérard  de  Ross.  p.  3«8.  Si  ot 
(Beauté]  le  vis  clair  et  alis,  Et  fu  greslete  et  ali- 
gnie.  Ne  fu  fardée  ne  guignie  [masquée,  dégui.sécl, 
la    Rose,    4008    Cous    tes   manches,    tes    cheveux 


GUI 

pigne,  Mais  ne  te  farde,  ne  ne  guigne,  tb.  2280. 
0  XV  s.  Et  quant  Madame  veit  le  petit  Saintré.... 
ftit  très  joyeuse;  lors,  en  le  guignant,  fist  de  son 
espingle  le  signal,  Jeh.  de  Saintré,  cli.  a.  ||  xvi'  s. 
Il  y  a  mille  discours  que  Plutarque  n'a  que  touchés 
simplement  ;  il  guigne  seulement  du  doigt  par  où 
nous  irons  s'il  nous  plaist,  mont,  i,  469.  Comme  ils 
se  guignoient  [faisaient  signe]  l'un  l'aultre  que 
l'occasion  estoit  propre  à  leur  besongne,  m.  i,  2  56. 
Escliever  tantost  l'un  tantost  l'aultre  des  maux  qui 
nous  guignent  de  suitte  et  assènent  ailleurs  autour 
de  nous,  ID.  iv,  206.  11  lui  dist  en  latin,  en  le  gui- 
gnant de  la  teste  :  accipe,  despeh.  Contes,  Lxxxvi. 

—  KTYîl.  Picard,  guenier,  gagner;  génov.  gigner; 
provenç.  guinhar;  cat.  guinyar;  esp.  guinar;  ital. 
ghignare.  Origine  fort  incertaine  discutée  par  Diez  : 
il  écarte  l'allemand  winken,  faire  signe,  à  cause  que 
r»i  ne  peut  disparaître;  puis,  trouvant  dans  le  picard 
guenier  et  non  wenier,  et  doutant  si  le  gu  est  ici 
germanique,  il  incline  pour  l'ancien  haut-allemand 
kinon,  en  latin  arridere ,  sourire.  Rien  de  tout 
cela  n'est  concluant,  d'autant  que,  dans  l'histori- 
que, guigner  a  aussi  le  sens  de  farder. 

t  GUIGNES  (ghi-gn'),  s.  f.  pi.  Terme  de  pêche. 
Les  ouïes  ou  branchies  des  poissons.  ' 

t  GUIGNETTE  (ghi-gnè-f),  s.  f.  \\  1°  Oiseau,  voy. 
TOTANE.  Il  2°  ferme  de  marine.  Outil  de  calfat. 

GUIGNIER  (ghi-gnié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  ghi-gnié-z  en  fleurs),  s.  m. 
Arbre  qui  porte  les  guignes  et  qui  est  une  variété 
du  prunus  cerasus  pour  Linné,  et  le  cerasus  ju- 
liana  pour  Scringe. 

—  HlST.   XVI"  s Ainsi   qu'au   renouveau  Un 

beau  guinier  par  gros  trochets  fait  naistre  Son  fruit 
touffu,  BONS.  943. 

1—  ÉTY.M.  Guigne;  provenç.  guinier,  guindolier; 
cat.  guinder. 

t  GUIGNOL  (ghi-gnol) ,  i.  m.  Sorte  de  polichi- 
nelle. Le  théâtre  de  guignol. 

t  GUIGNOLE  (ghi-gno-1'),  s.  f.  Petite  latte  à  la- 
quelle on  suspend  les  petites  balances,  à  la  Monnaie. 

—  f.TYM.  Ce  parait  être  dit,  par  altération,  pour 
guindole,  qui  viendrait  de  guinder. 

t  GUIGNOLET  (ghi-gno-lè),  s.  m.  Liqueur  faite  avec 
des  guignes.  Le  guignolet  d'Angers  a  de  la  réputation. 

—  ÉTYM.  Guigne. 

GUIGNON  (ghi-gnonl,  s.  m.  Mauvaise  chance, 
principalement  au  jeu.  C'est,  malheureuse,  toi  qui 
me  portes  guignon,  réômier,  Sat.  xi.  Mais  certes 
jamais  un  guignon  N'arrive  sans  son  compagnon, 
scARRO.-(,  Yirg.  ii.  Ne  croyez  point,  ma  fille,  que 
depuis  trois  mois  vous  ayez  été  en  guignon;  je 
commence  par  le  gain  de  votre  procès....  sÉv.  491. 
Ce  n'est  pas  sans  un  extrême  chagrin  que  je  vois 
ce  guignon  sur  vous  et  sur  lui,  id.  Lett.  4B  nov. 
«684.  Le  cœur  me  dit  que  votre  guignon  [au  jeu] 
ne  changera  pas,  kamilt.  Gramm.  3.  Oh  !  j'ai  tou- 
joui-s  eu  du  guignon  dans  les  rencontres,  Marivaux, 
Doubl.  inconst.  il,  <l.  Ma  foi,  c'est  jouer  de  gui- 
gnon, il  en  faut  convenir,  genlis,  Thédt.  d'éduc.  le 
Magistrat,  ii,  t.  Vous  repartirez  sans  doute  la 
Yeiile  de  mon  retour;  ce  guignon-là,  j'espère,  ne 
me  durera  pas  toujours,  P.  l.  cour.  Lett.  i,  379. 
Il  Guignon  guignonnant,  sorte  de  génie  malfaisant 
employé  dans  les  contes  d'enfant  pour  signifier  ou 
expliquer  des  contrariétés  successives. 

—  HlST.  xvi'  s.  Chercher  guignon,  oudin,  Cu- 
rios.  fr.  Porter  guignon,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Esp.  guinon,  signe  de  l'œil.  Guignon 
vient  de  guigner,  et  se  rapporte  à  quelque  idée  du 
mauvais  œil  qui  ensorcelle,  porte  guignon.  Cepen- 
dant on  trouve  aussi  guiUon  :  Là  vint  un  postillon 
'lui  m'aportoit  guillon.  Me  suivant  à  la  trace,  X  la 
-eule  parole  D'une  femme  trop  folle  ;  Maudite  soit 
sa  race!  marot,  ii,  (62. 

t  GUIGNONANT,  ANTE  (ghi-gno-nan ,  nan-t') , 
ad).  Terme  populaire.  Irritant,  impatientant.  Cela 
est  guignonant. 

—  ÉTYM.  Guignon. 

t  GUIGNOT  (ghi-gno) ,  s.  lîi.  Un  des  noms  vul- 
gaires du  pinson. 

t  GUIGUETTE  (ghi-ghè-f),  s.  f.  Terme  de  ma- 
rine. Ciseau  du  calfat. 

t  GUILANDINE  (ghi-lan-di-n'),  s.  f.  Terme  do 
botanique.  Genre  de  légumineuses.  La  guilandine 
Ijonduc,  vulgairement  bonduc,  chicot  bonduc,  gui- 
landina  dioica,  L.,  gymnocladus  canadensis,  lamk. 

—  ÉTYM.  Melchior  Guilandino,  botaniste  à  Pa- 
•loue,  au  XVI'  siècle. 

GUILDIVE  (ghil-di-v'),  s.  f.  Nom  qu'on  donne, 
dans  les  îles  de  l'Amérique,  à  l'eau-de-vie  qu'on 
tire  des  gros  sirops  de  sucre  et  de  l'écume  dos  pre- 
mières chaudières.  On  dit  aussi  tafia.  L'cau-de-vie 


GUI 

qu'on  tire  des  cannes  est  appelée  guildive  ;  les  sau- 
vages et  les  nègres  l'appellent  tafia,  le  p.  labat, 
Nouv.  voy.  aux  îles  fr.  t.  m,  p.  4(o. 

—  ÉTYM.  Ce  passage  du  P.  Labat  prouve  que 
guildive  est  né  parmi  les  colons  français,  tandis 
que  tafia  appartient  aux  sauvages.  M.  Roullin  a 
fait  quelques  conjectures  supposant  que  guil  repré- 
sente soit  guiller,  fermenter,  soit  giler,  terme  po- 
pulaire, pour  jaillir,  et  dive,  forme  corrompue  de 
diable.  Mais,  dans  ces  cas  où  tout  renseignement 
historique  manque,  on  ne  sait  jamais  si  quelque 
circonstance  spéciale  ,  quelque  nom  propre  ne  sont 
pas  cachés  sous  le  mot  qu'on  veut  expliquer. 

t  GUILDIVERIE  (ghil-di-ve-rie) ,  s.  f.  Nom ,  à 
l'Ile  de  la  Réunion,  de  l'industrie  qui  fabrique  les 
araks  et  les  rhums. 

—  ÉTYM.  Guildive. 

t  GUILDIVIER  (ghil-di-vié),  s.  m.  Fabricant  de 
guildive. 
GUILÉE  (ghi-lée),s.  f.  Giboulée,  pluie  soudaine. 

—  HlST.  XVI'  s.  De  horata,  borée  (qui  est  une 
pluye  qui  ne  dure  qu'une  heure)  ou  guilée,  rob. 
EST.  Gramm.  fr.  p.  125,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Wallon,  walaie,  pour  waslaie,  dit  Diez, 
qui  le  tire  de  l'ancien  haut-allemand  wasal,  pluie. 

GCILLAGE  (ghi-Ua-f,  Il  mouillées,  et  non  ghi- 
ia-j'),  s.  m.  Fermentation  de  la  bière  récemment 
entonnée,  qui  produit  l'écume  nommée  levure. 

—  ÉTYM.  Guiller. 

t  GCILLANT,  ANTE  (ghi-llan,  llan-t',  /'  mouil- 
lées), adj.  Se  dit  de  la  bière  qui  jette  sa  levure.  11 
y  avait  six  harils  qui  étaient  en  chantier  et  pleins 
de  bière  si  nouvelle  et  guillante  qu'ils  en  virent 
sortir  par  la  bonde  d'iceux  la  bioae,Arréldu  Conseil 
d'État,  15  mai  4  722. 

GUILLAUME  (ghi-llô-m'.  Il  mouillées,  et  non 
ghi-iô-m'),  s.  m.  ||1°  Nom  propre  usité  dans  cette 
locution  :  faire  quelque  chose  comme  M.  Guillaume 
inventait  ses  couleurs,  c'est-à-dire  avoir  l'honneur 
d'une  chose  qu'on  ne  fait  pas,  qu'un  autre  fait 
pour  nous.  Paris  c^t  plein  d'amateurs  qui  font  leurs 
ouvrages  comme  M.  Guillaume  inventait  ses  cou- 
leurs. Il  C'est  une  allusion  à  M.  Guillaume,  marchand 
de  drap  et  personnage  de  la  comédie  intitulée  \'A- 
vocat  Patelin  :  sur  ce  que  Patelin  vante  beaucoup 
une  certaine  couleur  marron  et  veut  flatter  M.  Guil- 
laume «n  lui  disant  :  Je  gage,  monsieur  Guillaume, 
que  c'est  vous  qui  avez  inventé  cette  couleur,  celui- 
ci  répond  :  Oui....  avec  mon  teinturier,  legoahant. 
Il  2°  Sorte  de  rabot  qui  sert  à  faire  les  moulures  et 
dont  le  fût  est  fort  étroit  ;  nom  d'homme  donné, 
comme  cela  arrive  quelquefois,  à  un  outil.  ||  3°  Sorte 
de  tamis  pour  ébaucher  le  grenage  de  la  poudre 
à  tirer.  |{  4°  Gros  Guillaume,  voy.  gros. 

—  ÉTYM.  AUem.  Wilhelm,  Guillaume,  de  Will, 
volonté,  et  Helm,  heaume  :  celui  qui  a  sa  volonté 
pour  casque,  c'est-à-dire  sa  bravoure  pour  protection. 

t  GCILLE  (ghi-ir,  U  mouillées),  s.  f.  Nom  donné, 
dans  le  midi,  à  la  canelle  en  bois  qu'on  met  aux 
barriques  et  par  laquelle  on  tire  le  vin. 

—  ÉTYM.  Guille  aurait-il  quelque  rapport  avec  l'ir- 
landais cuille,  tuyau  de  plume,  angl.  guill,  plume? 

t  GUILLEDIN  (ghi-lle-din.  Il  mouillées,  et  non 
ghi-ye-din),  s.  m.  Ancien  nom  d'un  cheval  an- 
glais qui  va  l'amble. 

—  HlST.  XVI'  s.  Quatre  guilledines  d'Angleterre 
bien  choisies,  carloix,  m,  23.  Ceux  dont  les  guille- 
dins  n'estoyent  des  plus  vistes,  estoyent  mal  traitez, 
BEAUGUÉ,  liist.  d'Escosse,  i,  4  3. 

—  ÉTYM.  Anglais,  gelding,  deto  geld,  châtrer. 
GUILLEDOU   (ghi-lle-dou ,    Il  mouillées  et  non 

ghi-ye-dou),  s.  m.  Usité  seulement  dans  cette  locu- 
tion :  courir  le  guilledou,  aller  la  nuit  dans  des 
lieux  suspects.  Car  souvent,  moins  sage  que  fou,  Il 
va  courir  le  guilledou,  scarron,  Gigantom.  xii. 

HlST.  XVI'  s.  Avisez  [vous  Henri  IV]  à  choisir, 

ou  de  complaire  à  vos  prophètes  de  Gascogne  et 
retourner  courir  le  guildrou,  ou  à  vaincre  la  Ligue, 
qui  ne  craint  rien  tant  que  votre  conversion,  d'aub. 
Hist.  m,  22.  Pour  ce  mari  de  louage.  Ce  coureur 
de  garouage.  Ce  trotteur  de  guilledou,  per.un,  J'oé- 
sies,  p.  2(4,  dans  lacorne. 

—  ÉTYM.  Picard,  quilledon.  Guilledou,  d'après 
Ch.  Nisard,  est  une  altération  de  guilledin  (voy.  ce 
mot) ,  et  courir  le  guilledou,  c'est  courir  sur  le 
guilledin,  et  fig.  aller  en  de  mauvais  lieux.  L'exem- 
ple de  Perrin  est  très-fayorable  à  cette  étymologie, 
qu'on  doit  adopter. 

GUILLEMET  (ghi-Ue-mè,  Il  mouillées,  et  non 
ghi-ye-më;  quelques-uns  disent  ghi-le-mè,  sans 
mouiller  II,  à  tort;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel,  Vs 
se  fie  :  les  ghi-Ue-mè-z  et...;  guillemets  rime  avec 
traits,    succès,  paix,  etc.),  s.  m.   Sorte  de  double 


GUI 


1959 


crochet,  ainsi  figuré  «,  très-petit,  qu'on  emploie  en 
tète  et  à  la  fin  d'une  citation,  souvent  même  au 
commencement  de  chacune  des  lignes  dont  elle  est 
composée;  à  la  fin  de  la  citation  c'est  le  même 
signe  tourné  en  sens  contraire,  de  la  sortes.  Mettre 
un  guillemet.  Distinguer  du  texte  une  citation  par 
des  guillemets. 

—  ETYM.  Un  nommé  Guillemet  qui  en  fut  l'inven- 
teur, dit  Ménage  ;  un  nommé  Guillaume,  imprimeur, 
dit  le  Dict.  des  arts  et  métiers,  au  mot  imprimeur. 

GUILLEMETS,  ÉE  (ghi-lle-mé-té,  tée.  Il  mouil- 
lées), part,  passé  de  guillemeter.  Un  passage  guil- 
lemeté. 

GUILLEMETER  (ghi-lle-mè-té.  Il  mouillées,  et 
non  ghi-yc-mè-té.  Le  (  se  double  quand  la  syllabe 
qui  suit  est  muette  ;  je  guillemette,  je  guillemet- 
terai),  v.  a.  Distinguer  par  des  guillemets.  Je  guil- 
lemetterai  ces  trois  lignes.  ||  Guillemeter  au  long, 
ne  pas  mettre  seulement  un  guillemet  au  commen- 
cement et  à  la  fin  de  la  citation,  mais  au  commen- 
cement de  chaque  ligne.  ^ 

jGUILLEMITE  (ghi-Ue-mi-f,  il  mouillées),  s.  m. 
Religieux  de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  de  la  ré- 
forme de  Saint-Guillaume  de  Malaval.  On  les  nom- 
mait aussi  guillelmites  et,  à  cause  de  leur  costume, 
blancs-manteaux. 

1 4.  GUILLEMOT  (ghi-Ue-mo,  Il  mouillée.s),s.  m. 
Nom  vulgaire  d'un  genre  d'oiseaux  palmipèdes  plon- 
geurs (genre  larus).  ||  Petit  guillemot,  nom  sous 
lequel  Buffon  a  décrit  le  cephus  aile,  palmipèdes, 
qui  était  l'alque  aile  de  Linné  (voy.  colombe)  . 

t  2.  GUILLEMOT  (ghi-lle-mo,  W  mouillées),  s. m. 
Variété  de  raisin. 

t  4.. GUILLER  (ghi-Ué,  Il  mouillées),  v.  n.  S«  (iit 
de  la  bière  (|ui  pousse  la  levure  au  dehors. 

—  ÉTYM.  U  y  a  goel,  fermenter,  dans  le  bas-bre- 
ton ;  étymologie  plausible.  Roullin  y  voit  le  verbe 
populaire  giler,  jaillir.  Scheler  croit  que  c'est  une 
contraction  pour  guesiller,  et  le  tire  du  wallon 
guêse,  levure  de  Mère,  du  Scandinave  gdsa,  fermen- 
ter, allemand  gàlircn. 

t  2.  GUILLER  (ghi-llé.  Il  mouillées),  v.  a.  Mot 
ancien  qui  signifie  tromper  et  qui  n'est  plus  usité 
que  dans  ce  proverbe  :  Tel  croit  guiller  Guillot 
que  Guillot  guille. 

—  ÉTYM.  Anglo-sax.  vile,  ruse;  angl.  wile. 

GUlLLEREr,  ETTE  (ghi-lle-rè ,  rc-t.  Il  mouil- 
lées, et  non  ghi-ye-rè;  quelques-uns  disent  ghil-le- 
rè,  sans  mouiller  II,  à  tort),  adj.  ||  1°  Qui  a  une 
pointe  de  gaieté.  Elle  est  tout  à  fait  guillerette. 
Adieu,  grand  prince,  adieu;  tenez-vous  guilleret, 
MOL.  Bouts  rimes.  \\  Fig.  Un  habit  guilleret,  trop 
léger  pour  la  saison.  ||  Ouvrage  guilleret,  ouvrage 
peu  solide.  ||  2°  Un  peu  libre.  Un  conte  guilleret. 

—  HlST.  XVI'  s.  11  a  l'œil  triste,  l'œil  riant,  guil- 
leret, triant,  et  autres  de  telle  marque,  pasquier, 
CEuvres  mêlées,  p.  258,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Origine  incertaine.  Guilleret  est-il  formé 
du  guilleri,  du  chant  du  moineau?  ou  bien  faut-il 
voir  un  dérivé  de  guille  qui  se  dit  dans  quelques 
localités  d'une  pointe?  Genevois,  guilleret,  sommet; 
être  à  la  guillerette  ou  être  en  guillerette,  se  dit 
à  Genève  d'un  objet  mis  dans  une  position  où  il 
risque  de  tomber. 

GUILLERI  (ghi-Ue-ri,  U  mouillées,  et  non  ghi- 
ye-ri),  s.  m.  Chant  du  moineau. 

—  HIST.  XVI'  Guiliery  du  passereau,  pasquier  , 
Recherches,  liv.  viii,  p.  67),  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Onomatopée. 

f  GUILLET  (ghi-llé,  M  mouillces),  s.  m.  Nom,  en 
Bretagne,  d'un  jeu  d'enfants  dit  ailleurs  jeu  du  bâ- 
tonnet et  jeu  de  la  guiche.  Le  guillet  est  un  bâtonnet 
long  d'un  décimètre  environ,  appointé  par  les  deux 
bouts  ;  on  le  pose  à  plat  sur  le  sol,  puis  on  le  frappe 
en  porte-à-faux  sur  la  partie  pointue ,  de  manière  à 
le  faire  rebondir;  le  jeu  consiste  à  frapper  du  même 
bâton  le  guillet  avant  qu'il  retombe  et  à  le  lancer  loin 
du  point  où  l'autre  joueur  a  intérêt  à  le  ramener. 

-f  GUILLOCUAGE  (ghi-llo-cha-j'.  Il  mouillées)  , 
s.  m.  Action  de  guillocher  ;  résultat  de  cette  action. 

—  ÉTYM.  Guillocher. 

t  GUILLOCIiE  (ghi-llo-ch'.  Il  mouillées) ,  s.  f. 
Instrument  avec  lequel  on  guilloche. 

GUILLOCHÉ,  lÎE  (ghi-Uo-ché,  chée.  Il  mouillées), 
part,  passe  de  guillocher.  Une  tabatière  guillochée. 
Il  Par  extension Les  plus  charmants  de  tous  ces  ar- 
bres, les  papayas;  leur  troncdroit,  grisâtre  et  guilloche 
soutient  une  touffe  de  longues  feuilles  à  côtes,  cha- 
teaub.  Voy.  Amer.  Descr.  sites Floria.  H  Terme  de  ma- 
rine. Se  dit  des  poulies  garnies  d'un  déi  leur  milieu. 

GUILLOCHER  (ghi-llo-ché.  Il  mouillées,  et  non  ghi- 
yo-ché),  V.  a.  Fa.re  des  guillochis  sur  quelque  chose. 

—  ÉTYM.  Ainsi  dit,  d'après  Ménage,  d'un  ouvrier 


1960 


GUI 


nommé  Guillot,  qui  aurait  été  l'inventeur  de  ce 
genrn  d'ornement. 

f  GUIIXOCUEUR  (ghi-Ilo-cheur,  Il  mouillées), 
j.  m.  Ouvrier  qui  guilloche.  Bijoutier  guillocheur. 

GUILLOCUIS  (glii-llocW,  U  mouillées,  et  non 
glii-yo-chi),  s.  m.  Ornement  composé  «le  lignes,  de 
traits  qui  se  croisent  avec  symétrie.  {|  Guillochis  de 
parterre,  compartiments  de  buis  ou  de  gazon  diver- 
sement entrelacés. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  poètes,  d'une  petite  ca.ssine  font 
un  magnifique  palais,  qu'ils  enrichissent,  dorent  et 
embellissent  par  le  dehors  de  marbre,  jaspe  et  por- 
phire,  de  guillochis,  ovalles,  frontispices...  roxs.  585. 

f  GUILLOIIIE  (ghi-lloi-r',  U  mouillées),  adj.  f. 
Cuve  guilloire,  cuve  dans  laquelle  s'opère  la  pre- 
nii  ère  fermentation  de  la  bière. 

—  ÉTYM.  Cuiller. 
GUILLOTINE(ghi-llo-ti-n',  Il  mouillées,  et  non  ghi- 

yo-ti-n'),  s.  f.\\  1°  Instrument  de  supplice,  qui  sert  à 
trancher  la  têled'un  condamné.  ||  2°  Terme  d'hippia- 
Irique.  Coupe-queue.  |{  3°  Fenêtre  à  guillotine ,  fenê- 
tre à  coulisse  qui  se  lève  au  lieu  de  s'ouvrir  et  se  re- 
tient en  l'air  au  moyen  d'un  ou  de  deux  houts  de  bois. 

—  ETYM.  Le  docteur  Guûlotin,  médecin,  dont  le 
but,  en  inventant  cette  machine,  fut  d'abréger  les 
souffrances  des  malheureux  condamnés  à  mort. 

GUILLOTINÉ,  ÊE  (ghi-Uo-ti-né,  née.  Il  mouil- 
lées) ,  part,  passé  de  guillotiner.  Condamné  à  mort 
pour  meurtre  et  guillotiné.  ||  Substantivement.  Un 
guillotiné. 

t  GCILLOTINEMENT(ghi-llo-tme-man,  U  mouil- 
lées), s.  m.  Action  de  guillotiner.  Les  guillotine- 
ments  pendant  la  Terreur. 

—  ÉTYM.  Guillotiner. 

GUILLOTINER  (ghi-Uo-ti-né,  Il  mouillées),  t).  o. 
Trancher  la  tête  au  moyen  de  la  guillotine.  ||  V.  réft. 
Se  guillotiner,  s'envoyer  l'un  l'autre  à  la  guillo- 
tine. Les  divers  partis  s'emprisonnaient,  se  dépor- 
taient, se  guillotinaient. 

t  GCILLOTINEUU  (ghi-llo-ti-neur,  Il  mouillées) ,  s. 
m.  S'est  dit,  pendant  la  révolution,  de  celui  qui  faisait 
guillotiner,  ou  approuvait  les  exécutions  sanglantes. 

—  ÉTYM.  Guillotiner. 

GUIMAUVE  (ghi-mû-v'),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Genre  de  plantes  de  la  famille  des  malvacées, 
appelé  en  latin  altho'a.  ||  La  guimauve  ordinaire, 
ou,  absolument,  guimauve,  althica  ofjicinalis,  L. 
Il  Guimauve  potagère,  voy.  corette. 

—  HIST.  xin*  s.  La  racine  de  la  liuvesche  E  de  la 
viemauve  ensement.  Ifs  St-Jean.  \\  xvi°  s.  La  blan- 
cheur aussi  est  désirable  en  ceste  herbe,  la  mauve 
blanche  particulièrement  ditte  guimauve,  estant 
fort  prisée,  o.  de  serues,  623. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  bis  malva  dans  le  capitulaire 
de  Charlemagne  de  villis  :  bis  malvas  id  est  alteas; 
espagn.  malvavisco;  ital.  malvavischio  ;  du  latin, 
malva  ibiscum  (grec  tSidxo;),  d'où,  par  interver- 
sion, ibiscum  malva,  bis  malva,  guimauve,  où  l'on 
remarquera  le  français  gui  ])our  bi  latin. 

GUIMBARDE  (ghin-bar-d'),  s.  f.  \\  1°  Chariot 
long  et  couvert  à  quatre  roues.  Vous  me  ferez  un 
plaisir  extrême  de  m'envoyer  ces  deux  volumes  de 
Mélanges  historiques  par  les  guimbardes  de  Lyon, 
VOLT.  Lett.  Thiriot,  9  août  (769.  ||  2"  Petit  instru- 
ment sonore,  composé  d'une  branche  de  fer,  pliée 
en  deux,  avec  une  languette  d'acier  qui  fait  res- 
sort; on  le  tient  entre  les  dents,  et  l'on  fait  vibrer 
la  languette,  en  la  poussant  du  doigt.  La  guimbarde 
ne  donne  que  les  notes  de  l'accord  parfait  et  a  très- 
peu  de  son.  ||  Familièrement.  Mauvaise  guitare. 
Il  3"  Nom  d'une  ancienne  danse.  ||  4°  Jeu  de  la 
guimbarde,  espèce  de  jeu  de  cartes  appelée  aussi  la 
mariée.  La  guimbarde  est,  à  ce  jeu,  la  dame  de 
cœur,  qui  est  la  carte  la  plus  importante.  ||  6"  Outil 
de  menuisier,  pour  fouiller  des  fonds  parallèlement 
au-dessus  de  l'ouvrage.  ||  6°  Ancien  terme  injurieux 
qui  se  disait  d'une  femme.  Je  trouve  cette  grande  et 
belle  femme...,  une  demoiselle  toute  bouclée,  c'est 
la  huguenotte,  une  autre  guimbarde,  sÉv.  435. 
Vous,  taisez-vous,  guimbarde  ;  11  vous  appartient 
bien  de  dire  vos  raisons.  Et  de  mettre  le  nez  dans 
ce  que  nous  disons,  boursault.  Mots  à  la  mode, 
se.  12.  C'était  autrefois  un  bien  vilain  mot  que 
guimbarde;  mais  vous  savez  que  les  mots  et  les 
idées  changent  souvent  chez  les  Français,  vclt. 
Lett.  Mme   du  Dejfanl,  28  janv.  <770. 

—  msT.  XVI'  s.  À  la  guimbarde,  oudin,  Dict. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

t  GUIMOISSERON  (ghi-moi-se-ron)  ou  GUIMOIS- 
80N  (ghi-moi-son),  s.  m.  Nom  donné,  eu  Normandie, 
au  saumon  à  sonpremierftge,c'cst-à-<lireàdçux  mois. 

—  ETYM.  Gui  pour  bi,  deux,  et  mois. 
GUIMPE  (ghin-p-),  ,.  f.  Il  1-  Toile  dont  les  reli- 


GUl 

gieuses  se  couvrent  la  gorge.  Les  voilà  avec  la 
guimpe  et  le  voile,  et  aussi  religieuses  à  l'extérieur 
qu'elles  le  sont  dans  l'âme,  maintenon,  Lett.  à  Mme 
de  Villctte,  (3  août  4  708.  Souvent  l'essaim  des  fo- 
lâtres amours....  Donne  aux  bandeaux  une  grâce 
piquante.  Un  air  galant  h  la  guimpe  flottante,  gres- 
SET,  Vert-Vert,  1. 1|  Absolument.  La  guimpe,  voile  de 
sainte  Agathe  conser\-é  à  Catane.  ||  2°  Terme  de 
toilette  de  femmes.  Espèce  de  fichu,  ou  chemisette 
en  mou.sselinc,  en  tulle  ou  étoffe  fine,  générale- 
ment froncé  ou  plissé,  qui  se  met  avec  les  robes 
décolletées  et  qui  monte  jusqu'au  cou.  ||  Robe  en 
guimpe,  robe  à  corsage  froncé  et  montant. 

—  REM.  Chateaubriand  a  employé  guimple  en 
termes  de  moyen  âge  :  Si  le  chevalier  voulait  rester 
inconnu,  il  couvrait  son  écu  d'une  guimple  plus 
blanche  que  fieur  de  lys.  Génie,  iv,  v,  4. 

—  HIST.  xiu*  s.  Sans  guimple  [la  dame]  estoit  eche- 
velée.  Et  nu  piez  fut  par  la  rosée,  Lai  del  Désiré. 
Si  fu  [Honte]  humilians  et  simple,  Ele  ot  ung  voile 
en  leu  de  gimple,  Aussinc  cum  nonnain  d'abeïe,  la 
Rose,  3574.  Il  xvi"  s.  C'estoit  plaisir;  car  l'une  en  cotte 
simple  Lors  se  despoille,  et  l'autre  met  sa  guymple 
Dessus  son  chef,  pour  avoir  meilleur  grâce....  j.  ma- 
BOT,  V,  2)2.  Défenses  à  tous  tireurs  d'or  et  d'argent, 
et  à  tous  autres,  de  quelque  qualité  et  condition 
qu'ils  soient,  de  vendre  aucunes  guimpes,  et  autres 
ouvrages  d'or  et  d'argent  traict,  entremeslez  de  faux 
et  de  fin,  Ordonn.  tireurs  et  batteurs  d'or,  etc.  1 586. 

—  ÉTYM.  Ane.  h.  allem.  wimpal,  habit  d'été; 
angl.  wimple,  voile  de  femme. 

t  GUIMPJÎ,  ÉE  (ghin-pé,  pée),  part,  passé  de 
guimper.  Couvert  d'une  guimpe.  ||  Terme  do  menui- 
sier. Doucine  guimpée  ou,  substantivement,  guim- 
péc,  celle  dont  la  baguette  est  plus  élevée  que  le  bas 
du  devant  du  talon  ou  bouvement.  On  trouve  aussi 
doucine  guimbée. 

f  GUIMPER  (ghin-pé),  v.  a.  Ancien  terme  fami- 
lier. Faire  prendre  la  guimpe.  Mettre  au  couvent 
une  femme.  Que  ne  la  guimpez-vous?  hautehoche. 
Bourg,  de  quai,  dans  le  roux,  Dict.  comique. 

—  HIST.  XII'  S.  Hieu  entrad  en  Israël  ;  cume  Je- 
zabol  le  sont  [sut]  que  il  i  vint,  bien  se  acesmad 
[para],  e  bel  se  guimplad,  Bots,  p.  378. 

f  GUINCHE  (ghin-ch'),  s.  f.  Outil  pour  polir  le 
talon  d'un  soulier. 

f  GUINDA  (ghin-da),  s.  m.  Synonyme  de  guindé. 
Guinda  est  une  altération  de  prononciation  de 
guindeau. 

GUINDAGE  (ghin-da-j'),  s.  m.  ||  1°  Action  d'élever 
les  fardeaux  au  moyen  d'une  machine.  ||  2°  Terme 
de  marine.  Action  de  guinder  un  mât;  espace  par- 
couru par  le  mât  guindé.  ||  Frais  de  guindage,  ce 
que  l'on  paye  pour  décharger  un  bâtiment.  ||  Equi- 
page nécessaire  pour  guinder.  Et  le  dommage  ar- 
rivé aux  marchandises  pour  n'avoir  pas....  fourni 
de  bons  guindages  et  cordages,  ou  autrement,  sont 
avaries  simples  qui  tomberont  sur  le  maître,  le  na- 
vire et  le  fret.  Ordonnance,  août  168(. 

—  ÉTYM.  Guinder. 

t  GUINDAL  (ghin-dal),s.  m.  Terme  de  marine.  Ma- 
chine pour  hisser  les  fardeaux  qu'on  doit  embarquer. 

—  HIST.  xn*  s.  Les  uns  s'efforcent  au  vuindas, 
Itoman  de  Brut,  ms.  f°  85,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Guinder. 

GUINDANT  (ghin-dan),  s.  m.  Terme  de  marine. 
La  hauteur  d'un  pavillon  du  côté  où  il  est  attache, 
par  opposition  à  sa  longueur,  qu'on  nomme  le 
battant.  ||  Synonyme  de  guindage,  en  parlant  de  la 
distance  entre  les  poulies  des  palans  destines  à  sou- 
lever un  fardeau. 

—  ÉTYM.  Guinder. 

t  GUINDE  (ghin-d'),  s.  f.  \\  l'  Nom  d'une  petite 
presse  à  moulinet  et  sans  vis,  dont  se  servent 
les  tondeurs  de  draps.  ||  On  dit  aussi  guinda. 
Il  2°  Terme  de  marine.  Machine  à  poulie  pour  éle- 
ver de  gros  fardeaux. 

GUINDÉ,  ÉE  (ghin-dé,  ce),  part,  passé  Ai  guinder. 
Il  1°  Hissé,  porté  en  haut  â  l'aide  de  machines.  Sinon 
il  consentait  d'être  en  place  publique  Guindé  la  hart 
au  col,  étranglé  court  et  net,  la  font.  Fabl.  vi,  10. 
Il  Par  extension.  Dans  quelque  rang  qu'il  soit  des 
mortels  regardé.  Je  le  [Jupiter]  tiendrais  fort  misé- 
rable, S'il  ne  quittait  jamais  sa  mine  redoutable  Et 
qu'au  faîte  des  cieux  il  fût  toujours  guindé,  mol. 
Amph.  Prol.  \\  2"  Fig.  Qui  a  un  caractère  factice 
d'élévation,  et  comme  si  une  machine  avait  contri- 
bué à  cette  élévation.  Les  vers  d'Horace  [tragédie 
de  Corneille]  ont  quelque  chose  de  moins  guindé, 
COBN.  Ex.  de  Cinna.  Vous  me  dépeignez  fort  bien 
ce  bel  esprit  guindé  ;  je  ne  l'aimerais  pas  mieux 
que  vous  ;  mais  je  ne  serais  point  étonnée  que  le 
comte  de  Guiche  s'en  accommodit,  sév.  IaU.  6  avril 


GUI 

1673.  Il  était  guindé  dans  toutes  ses  allures,  hamilt. 
Gramm.  7.  Dufrcsne  [un  acteur]  n'était  nullement 
fait  pour  les  rôles  de  dignité  et  de  force;  je  l'ai  vu 
guindé  d^ns  Athalie,  quand  il  faisait  le  grand  prê- 
tre, VOLT.  Lett.  d'Argental,  47  janv.  (742.  Elles  [des 
dames  anglaises]  étaient  guindées  et  froides,  pre- 
naient du  thé,  faisaient  un  grand  bniit  avec  leurs 
éventails,  ne  disaient  mot,  ou  criaient  toutes  à  la 
fois  pour  médire  de  leur  prochain,  id.  Mél.  littér. 
Lett.  à  If***.  Un  goût  factice  et  guindé  qui  n'est 
plus  que  l'ouvrage  de  la  mode,  j.  j.  Ronss.  Ilél. 
VI,  6.  Que  d'orateurs  guindés  qui  se  disent  profonds, 
Se  tourmentent  sans  fin  pour  enfanter  des  sons! 
GILB.  ie  xvm*  s.  Il  II  est  toujours  guindé,  il  a  l'air 
contraint,  il  veut  paraître  toujours  grave.  Il  n'a 
rien  de  vrai,  ni  de  naturel,  il  est  guindé,  et  oulré 
en  tout,  FÉNEL.  Dial.  des  morts  anc.  Dial.  24. 
Il  3°  Terme  de  manège.  Être  guindé  à  cheval,  s'y  te- 
nir raide,  dans  une  position  gênée  et  avec  affectation. 

•f  GUINDEAU  (ghin-dô),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Grand  treuil,  par  opposition  à  vireveau,  petit  treuil. 

— .  ÉTYM.  Voy.  omNDER. 

GUINDER  (ghin-dé),  V.  a.  \\  1°  Lever  en  haut  par 
le  moyen  d'une  machine.  Nous  admirâmes  les  pei- 
nes qu'ils  [les  ennemis]  eurent  à  guinder  leur  ca- 
non si  haut,  sT-siM.  4o,  220.  11  [le  roi  d'Eldorado] 
donna  l'ordre  sur-le-champ  à  ses  ingénieurs  de  faire 
une  machine  pour  guinder  ces  deux  hommes  ex- 
traordinaires hors  du  royaume  [il  s'agit  de  franchir 
des  montagnes  droites  comme  des  murailles  qui  en- 
tourent Eldorado],  volt.  Candide,  ts.  Vous  avez 
beau  dire  et  beau  faire,  Charles  Quint  n'a  jamais 
brûlé  de  Luthériens  à  petit  feu  ;  on  ne  les  a  pas 
guindés  au  haut  d'une  perche  en  sa  présence,  pour 
les  descendre  à  plusieurs  reprises  dans  le  bûcher, 
ID.  Lett.  Gaillard,  28  avril  4  709.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Synonyme  de  hisser,  en  parlant  d'un  mât. 
Il  Par  extension.  Nous  le  [Condillac]  mènerions  aux 
Délices,  et  de  là  nous  le  guinderions  par  le  mont 
Cenis  à  Turin,  volt.  Lell.  Mine  de  Fontaine,  26  janv. 
4  758.  Il  Fig.  Il  est  quelques  esprits  dont  l'orgueil 
curieux  Jusques  à  mes  secrets  les  plus  mystérieux 
Tâche  à  guinder  l'essor  de  leur  intelligence,  corn. 
Imit.  III,  4.  Les  machines  qui  l'avaient  guindé  si 
haut  par  l'applaudissement  et  les  éloges,  sont  en- 
core toutes  dressées  pour  le  faire  tomber  dans  le 
dernier  mépris,  la  bhuy.  vui.  Les  échasses  de  l'é- 
tiquette Guindent  bien  haut  des  cœurs  bien  bas, 
BÉRANQ.  Vertu  de  Lis.  \\  2°  F;g.  Donner  une  élévation 
factice.  Guinder  son  style.  Se  guinder  l'esprit.  Il  ne 
faut  pas  guinder  l'esprit;  les  manières  tendues  et 
pénibles  le  remplissent  d'une  sotte  présomption, 
PASC.  Géométr.  11.  Ils  font  voir  par  là  que  la  vertu 
ne  leur  est  guère  naturelle,  et  qu'il  leur  a  fallu  de 
grands  efforts  pour  guinder  leurs  âmes  jusques  à 
l'état  où  ils  sont  si  fiers  de  se  faire  voir,  mcolk, 
Essais,  t.  ni,  p.  4  40,  dans  pougens.  Vous  avez 
guindé  la  sculpture,  bérang.  Pauvres  amours. 
Il  3°  Se  guinder,  v.réft.  Se  hisser  soi-même,  se  por- 
ter à  un  lieu  plus  élevé.  Les  uns  se  soulevaient  eux- 
mêmes,  les  autres  se  guindaient  avec  des  cordes, 
VAUGEL.  Q.  C.  VII,  4  4.  Il  Par  extension.  Et  se  guinda, 
quittant  la  terre,  Vers  la  région  du  tonnerre,  scarr. 
Gigantom.  11.  Nous  grimpons  à  son  cinijuièmeétago 
et  par  une  échelle  nous  nous  guindonsàun  sixitiue 
qui  était  un  cabinet  ouvert  à  tousies  vents,  montesq. 
Lett.  pers.  45  ||  Terme  de  fauconnerie.  Se  guinder, 
se  dit  d'un  oiseau  qui  s'élève  à  perte  de  vue.  ||  4*  Fig. 
Prendre  des  airs  de  grandeur.  C'est  vraiment  un» 
plaisante  chose  à  voir  que  cette  cour  [de  Bonaparte], 
et  comme  tout  cela  se  guindé  peu  à  peu ,  p.  l.  cour. 
Lett.  I,  4  25.  |]  Affecter  trop  d'élévation  dans  les  cho- 
ses morales,  dans  les  choses  d'esprit.  Je  trouve  qu'il 
est  bien  plus  aisé  de  se  guinder  sur  de  grands  sen- 
timents, de  braver  en  vers  la  fortune,  accuser  les 
destins  et  dire  des  injures  aux  hommes,  que  d'en- 
trer comme  il  faut  dans  le  ridicule  des  hommes, 
MOL.  Critique,  7.  Toutes  les  fois  qu'on  se  veut  guin- 
der au-dessus  des  nues,  on-  s'y  perd,  ou,  pour  par- 
ler plus  simplement,  on  manque  de  précision  et  de 
justesse,  boss.  Et.  iïorais.  11,  I4.  On  n'a  pas  été 
plus  indulgent  pour  Callisthène,  qui,  en  certains  en- 
droits de  ses  écrits,  ne  s'élève  pas  proprement,  mais 
se  guindé  si  haut  qu'on  le  perd  de  vue,  boil.  Lon- 
gin,  Sublime,  chap.  2.  Il  n'était  pas  comme  les  rois 
de  l'Inde,  Qu'on  ne  voit  point,  qui  craignent  le  grand 
jour.  Et  dont  la  majesté  sur  la  terreur  se  guindé,  la- 
MOTTE,  dans  deseontaines.  Il  est  plus  facile  de 
prendre  l'essor  et  de  se  guinder  sur  de  grands  sen- 
timents, que  d'attraper  une  plaisanterie  fine  et  dé- 
licate, LESAGE,  Diableboit.  4  4.  Il  vaut  mieux  écrir» 
froidement  que  de  se  guinder,  vAuvg.-4.  Dial.  Iso- 
craie,  Démosth.  Ceux  qui  pensent  peu,  s'occupanl 


GUI 

beaucoup  des  mots  et  cherchaat  des  expressions  ex- 
traordinaires, sont  sujets  à  se  guinder  au  delà  du 
Qaturel,  et  donnent  dans  le  ridicule  et  dans  le  phé- 
tius,  LA  HARPE,  Corresp.  t.  u,  p.  308,  dans  pougens. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  prince  despité....  encores  qu'il 
vist  ses  navires  desguarnis  d'hommes,  fit  guinder, 
se  met  aux  trousses  de  Lansac...  d'aub.  Hist.  n,  300. 
l'our  faire  un  corps  bien  espagnole,  quelle  géhenne 
lie  souffrent-elles  [les  femmes] ,  guindées  et  cen- 
glées,  à  tout  de  grosses  coches  sur  les  costez,  jus- 
ques  à  la  chair  vifve?  mont,  i,  308. 

—  ÉTYM.  Wallon,  wainî,  guinder,  monter  un 
c;  espagn.  et  portug.  guindare;  ilaA.  ghindare  ; 
l'anc.  h.  allem.  windan;  angl.  to  wirtd,  hisser. 
r  GUINDERESSE   (ghin-de-rè-s'),  s.  f.  Terme  de 

arine.  Gros  cordage  employé  à  caler  les  mâts. 
,       —  ÉTVM.  Guinder. 

t  GUINDERIE  (ghin-de-rie),  s.  (.  État  d'une  per- 
i   sonne  guindée.  Sa  naïveté  et  sa  jolie  petite  figure 
nous  délassent  de  la  guinderie  de  mademoiselle  Du- 
plessis,  SÉV.  242. 

tGUINDRE  (ghin-dr'),  s.  m.  Petit  métier  pour 
doubler  les  soies,  après  qu'elles  ont  été  filées. 

—  ÉTYM.  Guinder. 

GCINÉE  (ghi-nce),  s.  /".  ||  1°  Ancienne  monnaie 
d'or  anglaise  qui  valait  vingt  et  un  schellings  ou 
vingt-six  francs  cinquante  centimes.  On  trouva  enfin 
de  l'or  sur  les  côtes  de  Guinée,  mais  en  petite  quan- 
tité, sous  le  roi  Jean  II  fde  Portugal]  ;  c'est  de  là 
qu'on  donna  depuis  le  nom  de  guinées  aux  mon- 
naies que  les  Anglais  firent  frapper  avec  l'or  qu'ils 
trouvèrent  dans  le  même  pays,  volt.  Mœurs,  (41. 
Le  grand  point  est  d'avoir  beaucoup  d'argent,  les 
Anglais  ne  réussissent  qu'avec  des  guinées,  et  un 
crédit  qui  les  décuple,  lo.  Letl.  Choiseul,  <3  juil- 
let 1761.  Il  Demi-guinée,  monnaie  d'or  d'Angle- 
terre valant  10  shellings,  6  pence,  ou  13  fr.  24  c. 
Il  2°  Sorte  de  toile  bleue  de  coton.  ||  3°  Terme  de 
commerce.  Cuir  préparé,  buffle. 

—  ÉTYM.  Angl.  Guinea,  nom  d'un  pays  d'Afrique, 
à  cause  que  Charles  II  fit  frapper  les  premières  gui- 
nées avec  de  l'or  venu  de  ce  pays.  Quant  à  la  gui- 
née,  toile,  elle  est  dite  ainsi  parce  qu'elle  sert  au 
trafic  avec  les  nègres. 

t  GDINETTE  (ghi--nè-t'),  s.  f.  Nom  donné  ancien- 
nement à  la  pintade,  parce  qu'elle  venait  de  la  Gui- 
née; d'où  elle  est  appelée  aussi  poule  de  Guinée, 

LEGOABANT. 

tGUINOAN  (ghin-gan),  s.  m.  ||  1°  Étoffe  de  coton, 
fine  et  employée  souvent  à  faire  des  robes  de  femme. 
Il  2°  Toile  de  coton  blanche  de  l'Inde.  Une  centaine 
de  halles  de  mouchoirs,  de  pagnes  et  de  guingans, 
d'un  très-beau  rouge,  que  les  Malabares  fabriquent 
à  Gaffanapatnam,  où  ils  sont  établis  depuis  très- 
longtemps,   RAYNAL,   Hist.  phil.  n,  )5. 

—  ÉTYM.  Guingamp,  ville  de  Bretagne  où  il  y  a 
des  fabriques  de  tissus. 

GUINGOIS  (ghin-goî),  s.  m.  ||  1°  Travers,  ce  qui 
n'est  point  droit,  ce  qui  n'a  point  la  figure  qu'il  de- 
vraitJivoir.'Il  y  a  du  guingois  dans  cette  construction. 
Il  Fig.  11  y  a  du  guingois  dans  cet  esprit-là.  ||  2°  De 
guinguois,  loc.  adv.  De  travers.  Cela  est  tout  de  guin- 
gois. Il  Fig.  Avoir  l'esprit  de  guingois.  Une  chaise 
qu'on  va  rompre,  une  cérémonie  de  guingois,  SÉV.435. 

—  HIST.  XVI*  s.  Il  vous  fault  mettre  le  bonnet  à 
gyngoys,  palsgr.  p.  83 1. 

—  ÉTYM.  Génev.  de  guinguoine  ;  picard,  guingoin; 
Berry,  gimhoixe  :  ce  soliveau  est  tout  de  gimboise, 
et  aussi  de  gingois.  Etymologie  incertaine.  Lamon- 
noye  le  suppose  dit  pour  guignais,  du  verbe  gui- 
gner, regarder  du  coin  de  l'œil.  Diez  le  tire  de 
l'ancien  Scandinave  kingr,  flexion;  guingois  aurait 
été  dit,  par  assimilation  avec  l'autre  g,  pour  guin- 
gois; cela  est  vraisemblable. 

t  GUINGUENASSE  (ghin-ghe-na-s'),  s.  f.  Terme 
de  pOche.  Espèce  do  filet. 

[GUI^GUET  (guin-ghè),  s.  m.  Camelot  léger, 
uni  et  rayé  de  différentes  couleurs  (Amiens). 

* .  GUINGUETTE  (ghi-ghè-f)  ,s.f.\\V  Nom  qu'on 
donne  aux  cabarets  des  environs  de  Paris  et  d'au- 
tres villes,  et  où  le  peuple  va  boire  et  se  réjouir  les 
jours  de  fête.  Vois-tu  près  de  la  guinguette  Folâtrer 
dessus  l'herbctte  Vénus  avec  les  amours?  chaulieu. 
Au  cheval,  de  Bouillon,  1704.  Ces  gentils  compa- 
gnons Oui  les  fêtes,  à  la  guinguette.  Régalant  fa- 
cile grisette  .Avec  trois  maudits  violons.  Pour  Toi- 
non,  Nicoileou  Pcrette  Â  bon  marché  font  des 
rhansons,  iiamilt.  Lelt.  à  M.  de  Mimeure,  datée  :\e 
Sceaux,  <•' juillet  1705.  Moi,  madame,  je  n'ai  point 
d'amant,  mais  on  en  trouve  à  la  guinguette.  —  La 
veuve:  Un  amant  de  guinguette,  la  jolie  chose! 
DANcouRT,  Impr.  de  Surène,  se.  <&.  On  ne  voit 
point,  dans  les  faubourgs  ni  hors  des  murs,  ces 

DICT..   CE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


GUI 

guinguettes  où  nos  artisans  et  le  bas  peuple  vont 
oublier  leurs  travaux  et  se  livrera  une  joie  franche, 
sans  souci  pour  le  lendemain,  duclos,  Voy.  liai. 
OEuv.  t.  VII,  p.  94,  dans  poisgens.  Nos  promenades 
tête  à  tête  hors  de  la  ville  où  je  dépensais  magnifi- 
quement huit  ou  dix  sols  à  quelque  guinguette, 
J.  J.  Rouss.  Confess.  viii.  Deux  poètes  de  l'ancien 
opéra-comique ,  dont  le  génie  était  la  gaieté,  et  qui 
n'étaient  jamais  si  bien  en  verve  que  sous  la  treille 
de  la  guinguette,  marmontel,  Mém.  vi.  ||  2°  Petite 
maison  de  campagne.  Personne  ne  pouvait  com- 
prendre une  dépense  si  prodigieuse  pour  une  simple 
guinguette,  puisque  une  maison  sans  terres,  sans 
revenus,  sans  seigneurie  ne  peut  avoir  d'autre  nom, 
ST-siM.  3H,  (03.  J'ai  vu  le  Skellendorf;  il  a  dîné 
dans  ma  guinguette,  volt.  Lett.  Algarotli,  (6  août 
1760.  A  ce  jardin  était  jointe  une  guinguette  assez 
jolie  qu'on  meubla,  j.  j.  rooss.  Conf.  v.  ||  On  a  dit 
une  maison  guinguette.  Cet  homme  était  retiré  à 
Auteuil;  le  malade  a  emprunté  une  maison  guin- 
guette que  Samuel  Bernard  a  dans  ce  village,  bar- 
bier, Joum.  hist.  dtt  règne  de  Louis  XV,  p.  350. 
Il  3°  Il  s'est  dit  autrefois  pour  grisette.  II  faudra 
que  je  m'en  retourne  à  pied,  comme  une  guinguette 
qui  vient  de  souper  en  ville.  Le  ballet  des  24  heures 
(1722),  se.  6,  dans  fr.  michel,  4rgo(. 

—  ÉTYM.  Génin,  Récréât,  t.  ii,  p.  (46,  le  tire  de 
gigue,  lieu  où  l'on  remue  la  gigue,  où  l'on  danse. 
Il  paraît  plutôt  venir  de  guinguet  ou  ginguet  (voy. 
ginguet)  qui  s'est  dit  d'un  petit  vin  :  lieu  où  l'on 
vend  du  petit  vin. 

t  2.  GUINGUETTE  (ghin-ghè-f),  s.  f.  Espèce  de 
voiture  découverte  à  deux  roues,  que  l'on  a  depuis 
nommée  un  phaéton. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  ginguet. 

t  3.  GUINGUETTE  (ghin-ghè-f),  s.  f.  Pipe  à  petit 
godet. 

f  4.  GUINGUETTE  (ghin-ghè-f),  s.  f.  Jeu  de  la 
guinguette,  espèce  de  jeu  de  caries.  Guinguette  se 
dit,  au  jeu  qui  porte  ce  nom,  de  la  dame  de  carreau. 
Il  Se  dit  aussi,  au  jeu  de  l'hombre,  du  coup  par  le- 
quel Uhombre  gagne  sans  as  noir. 

t  6.  GUINGUETTE  (ghin-ghè-f),  s.  f.  Terme  de 
commerce.  Sorte  de  toile  d'étoupede  lin.  Guinguet- 
tes, chaîne  brin  de  chanvre,  trame  brin  de  chanvre, 
largeur  (/2  aune  et  (/2  seize,  Tabl.  annexé  aux  lett. 
pat.  du  30  sept,  leso.  Tours. 

t  GUINOT  (ghi-no),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  pinson. 

t  GUIORER  (ghi-o-ré),  v.  n.  Se  dit  du  cri  de  la 
souris. 

t  GUIPÉ,  ÉE  (ghi-pé,  pée),  part,  passé  de  gui- 
per. Frange  guipée.  ||  S.  m.  Le  guipé,  certain  dessin 
de  dentelle  tracé  sur  le  vélin. 

t  GUIPER  (ghi-pé),  t).  a.  Terme  de  métier.  Gui- 
per la  frange,  faire  des  franges  torses,  comme  font 
les  passementiers  et  les  rubaniers,  en  les  attachant 
d'un  côté  et  les  tordant  de  l'autre,  avec  l'instrument 
qui  se  nomme  guipoir.  ||  Imiter  sur  le  vélin,  ou  par 
une  broderie,  la  dentelle  appelée  guipure. 

—  ÉTYM.  Goth.  vaipan,  orner  de  guirlandes;  ou, 
mieux,  en  raison  du  sens,  l'anc.  h.  allem.  tcëian, 
tisser;  allem.  mod.  weben. 

f  GUIPOIR  (ghi-poir).  s.  m.  Terme  de  passemen- 
terie. Outil  pour  guiper,   pour  faire  des  torsades. 

—  ÉTYM.  Guiper. 

t  GUIPON  (ghi-pon),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Gros  pinceau  formé  de  morceaux  d'étoffe  de  laine, 
avec  lequel  les  calfats  étendent  le  brai.  ||  Terme  de 
tanneur.  Linge  au  bout  d'un  bâton  pour  mettre  les 
peaux  en  chaux. 

—  ÉTYM.  C'est  peut-être  une  ancienne  forme  pour 
jupon,  qui  s'est  dit  en  effet  gipon.  Mais  Jal  le  tire 
de  l'angl.  to  wipe,  essuyer,  nettoyer. 

GUIPURE  (ghi-pu-r'),  s.  f.  Espèce  de  dentelle 
dans  laquelle  il  n'y  a  pas  de  fond  ;  le  dessin  est  fait 
par  des  brins  très-fins  de  soie  ou  de  fil  entrelacés  de 
façon  à  former  de  petits  b;Uons  réunis  sous  toutes 
sortes  de  formes.  Je  voudrais  bien  qu'on  fît  de  la 
coquetterie  Comme  de  la  guipure  et  dt  la  broderie, 
MOL.  Éc.  des  mar.  n,  9.  Dentelles  de  soie  et  de  guipu- 
res, venant  de  Flandres,  Angleterre  et  autres  lieux, 
la  livre  pesant....  8  livres.  Tarif  du  (8  avril  (667. 

—  ÉTYM.  Guiper. 

GUIRLANDE  (ghir-lan-d'),  s.   f.  \\  1°  Arrange- 
ment de  fleurs,  de  feuilles  ou  d'objets  servant  d'or- 
nement, formant  une   chaîne  flexible  et  pouvant 
s'enrouler,  se  suspendre  selon  le  besoin  ou  le  goût 
des  personnes.  L'amour  paraît   de   l'autre  [coté], 
entouré  de  délices  ;  Et  la  guirlande  qu'il  me  tend  | 
Éclate  sur  des  précipices,  tristan,  M.  de  Chrispe,  | 
II,  (.  Qu'on  vous  couronne  de  fieurs,  qu'on  vous, 
compose  des  guirlandes  ;  ces  fleurs  ne  seront  bonnes  ' 


GUI 


1961 


qu'à  sécher  sur  votre  tombeau,  plëch.  Duch.  de 
Mont.  Aux  autels  d'Apollon  suspendez  vos  guir- 
landes, M.  J.  CHÉN.  Œdipe-roi,  iv,  (.112°  Choses 
qui  par  leur  disposition  imitent  des  festons,  des 
guirlandes.  Une  guirlande  do  pierreries,  de  dia- 
mants. Il  3°  Ornements  de  feuillage  ou  de  fleurs 
peints  ou  sculptés.  ||  Petite  bande  de  métal  façon- 
née, qui  orne  les  bords  d'une  trompette  et  d'un  cor. 
Il  4°  Fig.  Terme  de  littérature.  Choix  de  petites 
pièces  do  poésie.  Une  guirlande  poétique.  ||  5"  Terme 
de  marine.  Se  dit  des  pièces  de  bois  placées  hori- 
zontalement dans  l'intérieur  d'un  bâtiment  pour 
relier  les  membrures.  ||  Amarrage  fait  pour  retenir 
le  congréage  d'un  cordage. 

—  HIST.  XVI*  S.  Le  ciel  ravi,  qui  si  belle  la  voit, 
Roses  et  liz  et  guirlaiulos  pleuvoit,  rons.  60. 

—  ÉTYM.  Provenç.  garlanda,  guarlanda,  guir- 
landa;  espagn.  guimalda;  portug.  guirlanda;\lil. 
ghirlanda.  Origine  douteuse.  Le  moy.  h.  allem. 
wierelen,  border  (anc.  h.  allem.  wiara,  couronne), 
n'est  pas  sans  probabilité,  avec  le  même  suffixe  que 
dans  gtrandc,  girandole,  mais  sans  autre  commu- 
nauté étymologique  avec  ces  mois,  puisqu'il  faut 
une  l  dans  le  primitif,  quel  qu'il  soit.  Il  y  avait  dans 
la  place  Maubert,  à  Paris,  un  lieu  (|ui  s'appelait 
garlende  (Liv.  des  met.  3I(),  et,  à  côté,  une  rue 
dite  guellande,  et  plus  tard  galande;  c'est  très-pro- 
bablement une  ancienne  forme  de  guirlande,  comme 
on  le  voit  par  les  mots  galandage,  garlandage. 

t  GUIRLANDER  (ghir-lan-<ié),  V.  a.  Orner  rie 
guirlandes.  Durant  quatre  mortelles  heures  nous 
n'aperçûmes  que  des  bruyères  guirlandées  de  bois, 
des  friches  à  peine  écrètées,  des  semences  de  blé 
noir  et  d'indigentes  avenières,  ciiateaub.  dans  le 
Dict.  de  BÛCHEZ. 

—  HIST.  xvi*  s.  Guirlande,  cotgrave. 

t  GUISARD  (gui-zar;  ui  comme  dans  huile), 
s.  m.  Partisan  du  duc  de  Guise,  dans  la  lutte  do  ce 
duo  contre  Henri  III  ;  ligueur. 

f  GUISARME  (ghi-zar-m'),  s.  {.  Sorte  d'arme  de 
guerre  dans  le  moyen  âge;  c'était  une  hache  à 
deux  tranchants. 

—  ÉTYM.  Prov.  jusarma,  gusarma;  anc.  esp. 
bisarma;  ital.  giusarma.  Origine  inconnue. 

t.  GUISE  (ghi-z'),  s.  f.  Manière,  façon,  goût, 
fantaisie.  Il  forme  une  vertu  comme  il  plaît  à  sa 
guise,  RÉGNIER,  Sat.  V.  Le  lion  dans  sa  têle  avait  une 
entreprise  :  Il  tint  conseil  de  guerre,  envoya  ses  pré- 
vôts; Fit  avertir  les  animaux:  Tous  furent  du  des- 
sein, chacun  selon  sa  guise,  la  font.  Fabl.  v,  (9. 
Le  sage  l'aura  fait  [un  éléphant  de  pierre]  par  tel 
art  et  de  guise  Qu'on  le  pourra  porter  peutnêtre  qua- 
tre pas,  ID.  Fabl.  x,  (4.  Faisant  gagner  marchands 
de  toutes  guises,  id.  Faucon.  Le  lendemain  notre 
amant  se  déguise.  Et  s'enfarine  en  vrai  garçon  meu- 
.nier.  Un  faux  menton,  barbe  d'étrange  guise.  Mieux 
ne  pouvait  se  métamorphoser,  id.  Mandrag.  Simple, 
jeunette  et  d'assez  bonne  guise,  id.  Fais.  Les  poètes 
font  à  leur  guise,  mol.  Amph.  Prol.  ||  En  guise  de, 
loc.  adv.  X  la  façon  de,  en  manière  de,  à  la  place  de. 
Son  prisonnier  à  son  côté  en  guise  de  limier,  scabh. 
Rom.  com.  i,  (3.  Ce  serait  même  une  fête  adonner 
à  la  cour,  en  guise  de  feu  d'artifice,  volt.  Lett.  d'Ar- 
gental,  i"  janvier  (77(.  ||  i  guise  de,  à  la  manière 
de.  Il  passe  le  tronçon  de  la  sienne  [épée]  en  la  main 
gauche,  à  guise  d'un  poignard,  corn.  Clit.  argum. 

—  HIST.  XI* s.  [Il]  Vait  le  ferir  en  guise  de  baron, 
Ch.  de  Roi.  xcii.  Par  nule  guise  ne  m'aviez  desfié, 
t6.  cxLvii.  Il  XII*  s.  Quant  il  ont  en  bataille  fiché  leur 
estendart,  Ne  se  maintiennent  mie  à  guise  de 
couart,  Sax.  xix.  [Soyez]  Apresté  d'ostoycr  (aller  en 
guerre]  chascuns  selon  sa  guise,  ib.  xxiu  ||  xiii*  s. 
Là  me  souvint  des  gens  de  maie,  guise  Qui  m'ont 
mis  sus  mensonge  à  escient,  quesnes,  Romane,  p.  8U. 
Et  il  fu  voir  que  Assur,  fil  Sem  le  fil  Noé,  avoit 
comencié  en  celui  pais  une  cité,  mais  li  rois  Ninus 
l'acompli,  et  estera  de  grant  guise,  et  en  fist  le 
cliief  de  son  règne,  et  por  le  non  de  lui  est  appelée 
Ninive,  brun.  lat.  Très.  p.  32.  X  guise  de  cheval 
que  on  a  enfrené,  Berte,  xv.  Si  avint  qu'il  vit,  outre 
un  grant  fossé,  im  fouc  [foule]  de  paysans  armés  à 
la  guise  du  pays,  Chr.  de  Bains,  21».  Car  la  vertu 
n'est  mie  mendre  [moindre]  De  bien  garder  et  de 
dcffendre  Les  choses,  quant  el  sunt  acquises.  Que 
del  aquerre  en  quelques  guises,  la  Rose,  8304.  Cil 
bien  sunt  tien  à  droite  guise,  t'i».  63»2.  ||  xiv*  s. 
Touz  biens  ne  sont  pas  d'une  meismo  espèce  ne 
d'une  guise,  oresme,  Eth.  vi.  ||xv*  s.  Et  fit  son 
département  en  guise  de  moine,  et  ainsi  habillé 
s'en  alla,  monstrel.  u,  (65.  El  fit  parler  aux  Vénitiens 
de  les  mettre  à  rançon  aux  guises  de  France  ;  mais 
ils  dirent  que  ce  n'estoitpas  leur  usance,  Bouciq.  u, 
2».  Il  XVI*  s.  Tant  de  villes,  tant  de  guises,  cotcbave. 

1.  —  246 


1962 


GUS 


—  ÉTVM.  Provenç.  guisa,  guia  ;  espagn.  portug. 
et  ital.  guisa;  de  l'anc.  h.  allem.  wtsa,  manière, 
guise;  allem.  mod.  Weise. 

t  a.  GUISE  (ghiz'),  s.  f.  Terme  de  métallurgie. 
l'etite  pla(|ue  de  fonte  dans  laquelle  on  moule  la 
fonte  pour  acier. 

—  KTYM.  Autre  forme  de  gueuse  i . 

t  GlIISEAD  (ghi-z6),  s.  m.  Variété  de  l'anguille 
ordinaire. 

GUITARE  (ghi-ta-r'),  s.f.\\  1°  Instrument  de  mu- 
sique à  six  cordes  et  à  manche  divisé  en  demi-tons 
par  des  touchettes.  La  guitare  est  un  instrument 
e;rave,  et  qui  descend,  à  une  tierce  près,  aussi  bas 
que  le  violoncelle.  La  musique  de  guitare  s'écrit 
sur  la  clef  de  sol  ;  mais  les  notes  représentent  en 
réalité  l'octave  inférieure  des  mêmes  notes  sur  le 
violon  eu  la  flûte.  Il  y  avait  un  certain  Italien  à  la 
cour  [d'Angleterre]  fameux  pour  la  guitare;  il  avait 
du  génie  pour  la  musique,  et  c'est  le  seul  qui 
de  la  guitare  ait  pu  faire  quelque  chose,  hamilt. 
Cramm.  ».  Chanter  sans  guitare  à  Séville,  vous 
seriez  bientôt  reconnu,  ma  foi,  bientôt  dépisté, 
BEAUMARcii.  Dorbicr,  i,  6.  ||  Guitare  tierce,  guitare 
un  peu  plus  petite  que  la  guitare  ordinaire  et  ac- 
cordée une  tierce  mineure  au-dessus.  La  guitare 
tierce  est  surtout  utile,  parce  que,  les  tons  dièses 
étant  plus  favorables  que  les  tons  bémolisés  au  jeu 
de  la  guitare,  elle  permet  de  jouer  en  la,  en  ré, 
en  sol,  ce  qui  est  écrit  en  ut,  en  fa,  en  si  bémol. 
Elle  fait  le  même  effet  que  le  capo  d'astro  à  la 
troisième  position,  mais  sans  étouffer  les  sons  comme 
lui.  Il  Fig.  et  familièrement.  Répétition  ennuyeuse, 
rengaine.  C'est  toujours  la  même  guitare.  ||  2"  Au 
fig.  la  guitare  représente  les  chansons  ou  la  poésie 
badine ,  comme  la  lyre  la  poésie  noble.  Choisis 
quelque  excellente  main  Pour  une  si  belle  aven- 
ture; Prends  la  lyre  de  Chapelain  Ou  la  guitare  de 
Voiture,  sarrasin,  dans  ménage.  ||  3°  Petite  pièce 
de  poésie,  du  genre  des  romances.  ||  4°  Un  des 
noms  sous  lesquels  les  marchands  désignent  la 
coquille  du  murex  pervers  (univalves).  ||  S°  Terme 
de  charpente.  Se  dit  des  assemblages  composés  de 
pièces  courbes. 

—  IIIST.  XIII*  s.  Si  a  guitemes  et  leûs  fluths],  la 
Hase,  21287.  Il  xv  s.  Sus,  tost,  la  royne  des  gui- 
ternes.  Patelin.  ||  xvi*  s.  Les  pieds  comme  une  guin- 
terne,  rad,  Pant.  iv,  3|.  Au  commencement  ceux 
qui  apprennent  à  jouer  de  la  guiterne,  gastent  vo- 
lontiers les  cordes  et  le  fust,  la  uoiiTiE,  (21.  Gui- 
terre,  dans  NicOD,  Dict. 

—  ÉTYW.  Provenç.  guitara;  espagn.  et  portug. 
guilarra;  ital.  chilarra;  du  latin  cilhara;  grec, 
xtOâpa. 

t  GUITARERIE  (ghi-ta-re-rie),  s.  f.  Par  plaisan- 
terie. Les  gens  jouant  de  la  guitare.  Toute  la  guita- 
rerie  de  la  cour  se  mit  à  l'apprendre  [une  sara- 
bande], MAMiLT.  Gramm.  8. 

t  GUITARISER  (ghi-ta-ri-zé),  V.  n.  Jouer  de  la 
guitare.  Il  pense,  quand  la  nuit  il  a  guitarisé,  Que 
j'en  ai  tout  le  jour  le  cœur  martyrisé,  scahho.n,  Jo- 
delet  ducll.  ii,  4. 

—  lIlST.  xiv  s.  L'un  de  eux  dist  à  Jehan  Barre, 
qui  lors  jouoit  de  la  guyterno  :  viens  jouer  et  guis- 
tcrneV  avec  nous,  du  cange,  guilema. 

—  ÉTVM.  Guitare. 

GUITARISTE  (ghi-ta-ri-sf),  s.  m.  Celui  qui  joue 
(le  la  guitare.  Un  bon  guitariste. 

t  GUITERNE  (ghi-tèr-n'),s./'.  Terme  de  marine. 
Arc-boutant  placé  en  arrière  des  machines  à  mater. 

—  ÊTYM.  Ancienne  forme  de  guitare. 

t  GUIT-GUIT  (ghi-gbi),  s.  m.  Terme  d'ornitholo- 
gie. Genre  de  passereaux  ténuirostres. 

t  GCIVRE  (ghi-vr'),  voy.  givre  i. 

t  GUIVRÊ,  ÉE  (ghi-vré,  vrée) ,  adj.  Terme  do  bla- 
son. Orné  de  guivres. 

t  GCLF-STREAM  (golf-strîm'),  s.  m.  Terme  de 
géographie  emprunté  des  Anglais  et  employé  pour 
désigner  le  grand  courant  d'eau  échauffée  qui  se 
rend  du  golfe  du  Mexique  aux  côtes  d'Europe. 

—  ÊTYM.  Anglais,  gulf,  golfe,  et  slream,  courant. 

t  GULPE  (gul-p'),  s.  m.  Terme  de  blason.  Tour- 
teau de  pourpre  qui  tient  le  milieu  entre  le  besant, 
qui  est  toujours  de  métal,  et  le  tourteau,  qui  est  tou- 
jours de  couleur, 

GUMËNE  (gu-mê-n'),  s.  f.  Terme  de  blason.  Le 
c9ble  d'une  ancre. 

—  ÊTYM.  Voy.  GOMÊNE. 

tGDRNARD  (gur-nar),  j.  m.  Poisson,  un  des 
pluscommuns  parmi  les grondins(/n'9Îogumardiw). 

t  GUUNEAU  (gur-nô),  s.  m.  Synonyme  de  gurnard. 

GUSTATIF,  IVE  (gu-sta-tif,  sti-v'),  adj.  Terme 
a  anatomie.  Qui  appartient  à  l'organe  du  goût.  Le 
nerf  gusiatif.  Les  parties  gustatives. 


GUY 

—  HIST.  XVI"  S.  La  faculté  sensitive  est  divisée  en 
risive,  auditive,  odorative,  gustative  et  tactive,  pab6, 
I,  ). 

—  ÉTVM.  Lat.  gustare,  goûter. 

GUSTATION  (gu-sta-sion),  s.  f.  Terme  didacti- 
que. Perception  des  saveurs;  exercice  du  goût. 

—  ÊTYM.  Lat.  guslalionem,  de  gustare ,  goûter. 
t  GUSTUEL,  ELLE  (gu-stu-èl,  è-l'),  adj.  Qui  .se 

rapjiorte  au  goût.  Jouissances  gustuelles,  brillât- 
savarin,  dans  le  Dict.  de  bescherelle. 

—  ÊTYM.  Mot  formé  par  Brillat-Savarin  du  lat. 
gustus,  goût. 

+  GUTTA-PERCOA  (gu-tta-pèr-ka),  s.  f.  SubsUnoe 
différant  du  caoutchouc,  en  ce  qu'elle  n'est  ni  élas- 
tique ni  extensible  bien  que  douée  d'une  grande 
flexibilité;  elle  devient  plastique  à  une  température 
élevée,  se  façonne,  se  soude  alors  comme  une  pâte 
grasse,  et  forme  un  cuir  factice  dont  l'emploi  rend 
de  grands  services  à  l'industrie,  legoarant.  La 
gutta-percha  est  le  produit  du  suc  des  laticifères 
qui  se  trouvent  dans  le  liber  d'un  arbre  forestier, 
isonandra  gutta,  Hooker,  appartenant  à  la  famille 
des  sapotées,  originaire  de  Singaporo  et  répandu 
dans  tout  l'archipel  oriental.  On  se  sert  de  la  gutta- 
percha  pour  envelopper  les  fils  télégraphiques  sous- 
marins. 

—  ÉTVM.  Malais,  getah  pertjah,  de  getah,  gomme, 
et  pertjah,  nom  malais  de  Sumatra  :  gomme  de 
Sumatra.  Gutta  est  l'orthographe  anglaise  iegelah, 
prononcé  avec  un  e  muet  que  représente  Vu  anglais 
suivi  de  deux  consonnes  ;  il  a  ainsi  une  fausse  res- 
semblance avec  le  latin  gutta. 

GUTTE  (gu-f) ,  voy.  gomme-gutte. 

t  GUTTIER  (gu-tié),  «.  m.  Arbre  dit  aussi  gar- 
cinie  cambagie,  cambogie  gutte  (  gutlifères  ) ,  qui 
produit  la  fausse  résine-gutte. 

t  GUTTIFËRE  (gu-tti-fè-r'),  adj.  ||  1°  Terme  de 
géologie.  Oui  présente  des  gouttes,  des  larmes. 
Quartz  guttifère.  |{  2°  Terme  de  botanique.  Qui  pro- 
duit de  la  gomme-gutte.  ||  S.  f.  pi.  Famille  de  plan- 
tes, ainsi  appelées  parce  que  presque  toutes  con- 
tiennent un  suc  gommo-résineux  qui  en  découle  en 
larmes,  et  qui  jouit  de  propriétés  acres  et  purgatives. 

—  étym.  Lat.  gutta,  goutte,  et  ferre,  porter. 

t  GUTTIFORME  (gu-tti-for-m'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  a  la  forme  d'une  goutte  d'eau. 

—  ÉTYM.  Lat.  gutta,  goutte,  et  forme. 

t  GUTTIPENNE  (gu-tti-pè-n') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  les  ailes  chargées  de  taches  blan- 
ches sur  un  fond  brun. 

—  ÊTYM.  Lat.  gutta,  goutte,  et  penna,  aile. 

t  GUTTULAIRE  (gu-ttu-lè-r') ,  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Qui  affecte  la  forme  de  petits  grains  sem- 
blables à  des  gouttes. 

—  ÉTYM.  lat.  gutlula ,  diminutif  de  gutta  , 
goutte. 

GUTTURAL,  ALE  (gu-ttu-ral,  ra-l')  ,ad;.||  1»  Terme 
d'anatomie.  Qui  appartient  au  gosier.  Fosse  guttu- 
rale. Toux  gutturale.  ||  Conduit  guttural  du  tympan, 
la  trompe  d'Eustachc,  qui  fait  communiquer  le  go- 
sier avec  la  cavité  du  tympan.  ||  Poche  gutturale, 
réservoir  existant,  dans  les  solipèdes,  sur  le  trajet 
de  la  trompe  d'Eustache,  et  formé  par  une  dilata- 
tion de  la  muqueuse  de  ce  conduit.  ||  Terme  de  chi- 
rurgie. Hernie  gutturale,  la  bronchocèle.  ||  2°Terme 
de  grammaire.  Qui  se  prononce  du  gosier.  Des  sons 
gutturaux.  Le  j  espagnol  est  une  lettre  gutturale. 
On  y  parie  [à  Sienne]  aussi  purement  l'italien  qu'à 
Florence  et  .sans  l'âpreté  et  l'accent  guttural  du 
florentin,  ddclos.  Foi/.  Ital.  OKurres,  t.  vu,  p.  I7i, 
dans  pougens.  ||  S.  f.  Lettre  qui  se  prononce  du 
gosier.  Les  gutturales  pures  sont  k, g;  prononciation 
gutturale  du  g  français  dans  ga,  go,  gu,  du  c  dans 
ca,  co,  eu,  par  opposition  à  la  prononciation  chuin- 
tante du  g  dans  je,  gi,  et  sifflante  du  c  dans  ce,  ci. 

—  ÊTYM.  Lat.  guttur,  gosier  (voy.  goItre). 

t  GUTTURO-MAXILLAIRE  (gu-ttu-ro-ma-ksil- 
Ic-r'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  au 
gosier  et  à  la  rnSchoire. 

—  ÉTYM.  Lat.  guttur,  gosier,  et  maxillaire. 

t  GUTTUROSE  (gu-ttu-rô-z'),  ad;,  f.  Terme  de 
zoologie.  Antilope  gutturose,  antilope  qui  a  la  gorge 
grosse. 

—  ÉTY.M.  Lat.  gutturostu,  goitreux,  de  guttur, 
gosier. 

t  GUrrURO-TÉTANIQUE  (gu-ttu-ro-té-ta-ni-k") , 
adj.  Terme  do  médecine.  Bégaiement  gutturo-té- 
tanique,  bégaiement  que  produit  la  contraction 
spasmodique  du  gosier. 

—  ÊTYM.  Lit.  guttur,  gosier,  et  tétanique. 

t  GUYAQUILLITE  (gui-ia-ki-li-f;  ui  comme 
dans  huile) ,  s.  f.  Résine  fossile  de  Guyaquil  (Amé- 
rique-Sud). 


GYM 

—  ÉTYM.  Guyaquil,  et  ite  qui  désigna  un  principe, 
t  GUZARATI  (gu-za-ra-ti),  s.  m.  Le  dialecte  in- 
dien du  Guzarate,  contrée  de  l'Inde. 

t  GUZLA  (guz-!a),  i.  f.  Instrument  de  musique 
des  Illyriens,  qui  est  une  espèce  de  violon  monté 
d'une  seule  corde  de  crin,  et  qui  sert  à  accompa- 
gner les  chants  nationaux. 

t  GYMNANDHE  (ji-mnan-dr*),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  a  les  étamines  nues. 

—  ÊTYM.  Gymno....,  et  àvrip,  mâle,  étamine. 

t  GYMNANTUE  (ji-mnan-f),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  les  fleurs  sont  dépourvues  de  toule 
enveloppe. 

—  ÊTYM.  Gymno....,  et  dveo;,  fleur. 
GYMNASE  (ji-mna-z'),  s.  m.  ||  1°  Lieu  où   les 

Grecs  s'exerçaient  à  lutter,  à  jeter  le  disque,  et  au- 
tres jeux  de  force.  Ceux  que  l'on  destinait  à  la  pro- 
fession d'athlète,  fréquentaient,  dès  leur  plus  tendre 
jeunesse,  les  gymnases  ou  palestres ,  qui  étaient 
des  espèces  d'académies,  entretenues  pour  cela  aux 
dépens  du  public,  rollin,  llist.  anc.  Œuv.  t.  v, 
p.  6(,  dans  POUGENS.  Il  2°  Par  analogie,  établisse- 
ment où  l'on  forme  la  jeunesse  aux  exercices  du 
corps.  Il  Gymnase  ou  gymnasium,  nom  que  l'on 
donne  en  Allemagne  aux  collèges  ou  écoles  latines. 
Il  3°  Le  Gymnase  dramatique,  théâtre  de  comédie 
à  Paris.  Les  pièces  du  Gymnase.  I^  genre  du 
Gymnase. 

—  ÉTVM.  ruiivàaiov,  de  yu(ivô«,  nu. 
GYMNASIARQUE   (ji -mna-zi- ar- k') ,    s.    m. 

Il  1°  Terme  d'antiquité.  Chef  du  gymnase,  celui  qui 
en  avait  la  surintendance.  ||  2"  Celui  qui,  dans  les 
écoles  publiques,  dirige  un  système  d'exercices 
gymna.stiques ,  propres  à  développer  les  facnltés 
physiques  de  l'homme. 

—  ÊTYM.  rufivaffiôpxili;,  de  fM\i,^âai<r<i,  gymnase, 
et  âpxeiv,  commander. 

GYMNASTE  (ji-mna-sf),  t.  m.  ||  1°  Terme  d'anti- 
quité. Officier  préposé  dans  le  gymnase  à  l'éduca- 
tion des  athlètes  et  de  ceux  qui  fréquentaient  le 
gymnase.  Le  gymnaste  était  non  celui  qui  ensei- 
gnait les  mouvements,  c'était  le  pédotribe  (voy.  ce 
mot),  mais  celui  qui  savait  approprier  les  divers 
exercices  à  la  constitution  des  individus  dont  il 
dirigeait  le  régime.  ||  2°  Chez  nous,  celui  qui  en- 
seigne par  son  exemple  à  exécuter  les  mouvements 
de  la  gymnastique.  ||  Par  extension,  celui  qui  fait 
des  tours  de  force  et  d'agilité.  Le  gymnaste  Léotard. 

—  ÉTY^M.  ruiiva(n:i?|?,  de  YupivâCEiv ,  exercer  (voy. 

GYMNASE). 

GYMNASTIQUE  (ji-mna-sti-k') ,  adj.  ||  1"  Qui 
concerne  les  exercices  du  corps.  Les  exercices  gym- 
nastiques.  ||  2°  S.  f.  L'art,  l'action  d'exercer  le  corps 
pour  le  fortifier.  La  danse  est  un  des  exercices  du 
corps  que  les  Grecs  ont  cultivés  avec  beaucoup  de 
soin  ;  elle  faisait  partie  de  ce  que  les  anciens  appe- 
laient la  gymnastique,  partagée  suivant  Platon  en 
deux  genres,  l'orchestique,  qui  tire  son  nom  de  la 
danse;  et  le  palestrique  appelé  ainsi  du  mot  grec 
qui  signifie  la  lutte,  rollin,  llist.  anc.  Œuv.  t.  iv, 
p.  B38,  dans  POUGENS.  La  gymnastique  est  la  culture 
régulière  du  corps;  elle  est  pour  lui  ce  que  l'étude 
est  pour  l'esprit,  BARxn.  st-hilaihe.  Préface,  p.  viii, 
de  la  Gymnastique  pratique  de  laisnê.  La  g}mnas- 
tique  bien  comprise  est  une  partie  essentielle  du 
perfectionnement  de  notre  être,  et  l'on  ne  doit  pas 
être  surpris  qu'à  ce  titre  elle  ait  attiré  les  médita- 
tions des  philosophes  les  plus  vénérés  du  genre 
humain,  d'un  Platon,  d'un  Locke,  id.  li».  p.  ix.  Les 
jeux  ordinaires  avec  leurs  inconvénients  désor- 
donnés et  sans  suite  ne  sauraient  remplacer  la 
gymnastique;  et,  réciproquement  la  gymnastique, 
régulière  et  disciplinée  comme  elle  est ,  ne  doit 
point  exclure  les  jeux  où  les  enfants  se  livrent 
à  tous  les  ébats  de  leur  âge,  id.  ib.  p.  ix.  Si  la 
gymnastique  est  distincte  du  jeu,  elle  ne  l'est  pas 
moins  de  l'orthopédie....  elle  prévient  le  mal  en 
affermissant  la  santé  et  en  fortifiant  tous  les  orga- 
nes, qu'elle  exerce  avec  vigueur  et  continuité,  ID 
ib.  p.  IX.  Les  femmes  ont  besoin  de  la  gymnastique, 
plus  même  que  les  hommes;  pour  elles,  les  obstacles 
que  la  vie  civilisée  oppose  au  développement  corpo- 
rel sont  bien  plus  multipliés  et  bien  plus  funestes 
encore,  m.  ib.  p.  xiii.  ||  Fig.  La  déclamation  était 
une  espèce  d'apprentissage  de  l'éloquence  appliquée 
à  des  sujets  anciens  ou  fictifs,  une  gymnastique  où 
l'athlète  essayait  des  forces  qu'il  devait  employer 
dans  la  suite  aux  choses  publiques,  diderot,  Claude 
et  Nér.  i,  t.\\  3°  Par  extension,  le  lieu  où  sont  éta- 
blis les  objets  nécessaires  à  ces  exercices  et  oti  l'on 
va  s'exercer.  Aller  à  la  gymnastique. 

—  Hisr.  xiY*  s.  Travaillements  gymnastique», 
ORESME,  Thèse  de  meunier.  Gymnasticjue,  manière 


GYM 

de  luite  [lutte]  pour  exercitPr  son  corps  en  force  et 
en  vitesse,  id.  ib. 

—  ÉT'ilI.  rujjivaoTixài;,  de  y«11vo<ttJ];  (voy.  GYM- 
NASTE). 

I  t  GYHINÈTES  (ji-mnc-f),  s.  m.  pi.  Terme  d'anti- 
quité. Esclaves  chez  les  Argiens,  ainsi  nommés  pro- 
bablement, de  ce  qu'ils  étaient  mal  vêtus  ou  presque 
'uis  (yuij.vo;,  nu).  Les  gymnètes  étaient  àArgos  ce 
]ue  les  ilotes  étaient  à  Sparte. 

t  GYMNÈTRES  (ji-mnè-tr'),  s.  m.  pi.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  poissons  acanthoptérygiens  de 
la  famille  des  ténioïdes. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  f,Tpov,  bas-ventre, 
t  GYMNÉTllON   (ji-mné-tron),  s.  m.  Terme  de 

zoologie.  Genre  de  coléoptères  tétraniens,  famille 
des  curculionides. 

GYMNIQUE  (gi-mni-k'),  adj.  \\  1»  Terme  d'anti- 
quité. Il  se  dit  des  jeux  où  les  athlètes  combattaient. 
La  ville  de  Sparte  célébrait  actuellement  les  jeux 
gymniques,  et  elle  était  pleine  d'étrangers  que  la 
curiosité  y  avait  amenés,  lorsque  les  courriers  arri- 
vèrent de  Leuctres  avec  la  terrible  nouvelle  de  cette 
défaite,  bollin  ,  Ilist.  anc.  OEu«.  t.  v,  p.  390,  dans 
POUGENs.  Il  2°  S.  f.  La  gymnique.  L'art  des  exercices 
des  athlètes. 

—  ÉTYM.  ruiivtxôî,  de  TV|Avôç,  nu  (voy.  gymno....). 
t  GYMNO....  préfixe  du  langage  didactique  qui 

signifie  nu,  de  yuo.'/'o:.,  nu,  et  qui  paraît  tenir  au 
latin  nudus,  pour  gnudus. 

t  GYMNOBLASTE  (  ji-mno-bla-st' ),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  l'embryon  n'est  point  renfermé 
dans  un  sac  particulier.  Plantes  gymnoblastes. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  pXàoTÔç,  germe, 
t  GYMNOBUANCUE  (ji-mno-bran-ch'),od;. Terme 

de  zoolugie.  Dont  les  branchies  sont  à  nu. 

—  ÉTYM.  Gyynno....,  elbranchie. 
t  GYMNOCARPE  (ji-mno-kar-p'),  adj.  Terme  de 

botanique.  Dont  le  fruit  n'est  attaché  à  aucun  organe 
accessoire.  ||  Champignons  gj'mnooarpes,  les  cham- 
pignons dont  les  corpuscules  reproducteurs  sontpla- 
cés  extérieurement. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  xapito;,  fruit, 
t  GYMNOCAUPIEN,  lENNE  (ji-mno-kar-piin,  piè- 

n'),  adj.  Terme  de  botanique.  Synonyme  de  gymno- 
carpe. 

tGYMNOCAULE  (ji-mno-kô-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  la  tige  est  nue,  sans  feuilles. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  xauW;,  tige, 
t  GYMNOCÉPHALE  (j  i-mno-sé-fa-1') ,  adj.  Terme 

de  zoologie.  Oui  a  la  tête  nue,  sans  poils  et  sans 
plumes. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  xt^tô.ri,  tête. 
t  GYMNOCOCHLYDE    (ji-mno-ko-kli -d'),   adj. 

Terme  de  zoologie.  Se  dit  des  mollusques  qui  ont 
leur  coquille  à  l'extérieur  du  corps. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  xo^Jù;,  coquille, 
t  GYMNODERMATE  (ji-mno-dèr-ma-f)  ouGYM- 

NODERME  (ji-mno-dèr-m'),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Oui  a  la  peau  nue. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  derme. 
t  GYMNODONTE  (ji-mno-don-f),  adj.  Terme  de 

zoologie.  Qui  a  les  dents  à  nu. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  ôooù;,  dent. 
t  GYMNOGOMPHES   (ji-mno-gon-f),  s.  m.  pi. 

Famille  d'animalcules  infusoires  rotifères  dont  les 
dents  ne  tiennent  à  la  mâchoire  que  par  leur  base. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  •(ô^i.çof,  clou. 

t  GYMNOGYNE  gi-mno-ji-n'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  l'ovaire  est  à  nu,  dont  le  pistil  n'est 
point  enveloppé  par  une  corolle. 

—  ÉTYM  Gymno....,  et  ^uvr],  femelle,  pistil, 
t  GYMNOPÉDIE   (ji-mno-pé-die) ,  s.  f.  Terme 

d'antiquité.  Danse  en  usage  à  Lacédémone  et  exé- 
cutée pour  une  fête  annuelle  par  une  troupe  d'hom- 
mes et  d'enfants  nus  qui  chantaient  des  hymnes 
^omposés  à  cet  effet. 

—  ÉTYM.  rujivoxaiSia,  de  •(V^i.-tbi;,  nu,  et  itaï:, 
enfant. 

t  GYMNOPHIDE  (ji-mno-fî-d'),  odj.  Terme  de 
zoologie.  Se  dit  de  serpents  à  peau  nue,  lisse  et  vis- 
queuse. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  ôçi?,  serpent. 

t  GYMNOPODE  (ji-mno-po-d'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  a  les  pieds  nus.  {|  S.  m.  pi.  Famille 
de  reptiles  chéloniens. 

—  ÉTYM.    Gymno....,  etitoO?,  ito5è;,  pied, 
t   GYMNOPOME    (ji-mno-po-m')  ,   odj.    Terme 

d'ichthyologie.  Qui  a  les  opercules  nus.  ||S.  m.  pi. 
Famille  de  poissons  osseux. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  7tû|ia,  opercule, 
t  GYMNOPTËRE    (ji-mno-ptè-r'),  odj.  Terme  de 

zoologie.  Qui  a  les  ailes  nues,  sans  étuis  ni  écailles. 
I|  S.  m.  pi.  Les  gymnoptères,  section  de  la  classe 


GYN 

des  insectes  comprenant  ceux  qui  ont  les  ailes 
nues,  sans  élytres  ni  écailles  farinacées. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  «Tcpàv,  aile, 
t  GYMNORRHIZE  (ji-mno-rri-z'),  adj.  Terme  do 

botanique.  Dont  les  racines  sont  à  nu. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  fiîcx,  racine, 
t  GYMNORRUYNQUE  Oi-mno-rrin-k'),odj.  Terme 

de  zoologie.  Qui  a  le  bec  ou  le  museau  dénué  d'ap- 
pendices. Il  S.  m.  pi.  Terme  d'ichthyologie.  P'amille 
de  poissons  ayant  le  museau  court  et  dénué  d'ap- 
pendices. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  fOy/oç,  bec. 
+  GYMNOSOME    (ji-mno-so-m'),    odj.  Terme  de 

zoologie.  Qui  a  le  corps  nu. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  aû>\t.a,  corps, 
t  GYMN0.S0POIE  (ji-mno-so-fle),  s.  f.  ou  GYM- 

NOSOPUISME  (ji-mno-so-fi-sm'),  s.  m.  Doctrine  des 
gymnosophistes.  À  condition  qu'on  ne  leur  révéle- 
rait rien  des  préceptes  sublimes  de  la  gymnosophie, 
DIDEROT,  Opin.  des  anc.  philos.  { brachmanes) .  11 
[Proclùs]  s'était  rempli  la  tête  de  gymnosophisme, 
de  notions  hermétiques,  homériques,  orphéiques, 
pythagoriciennes,  platoniques  et  aristotéliciennes 
ID.  Opin.  des  anc.  phil.  [éclectisme) . 

—  ÉTYM.  Voy.    GYMNOSOPHISTE. 

GYMNOSOPUISTE  (ji-mno-so-fi-sf),  s.  m.  Philo- 
.sophe  indien  qui  s'abstenait  de  viandes  et  s'adon- 
nait à  la  contemplation.  On  eût  dit  presque  qu'il  [un 
botaniste]  imitait  les  anciens  gymnosophistes  qui 
menaient  leurs  disciples  dans  les  déserts  où  ils  te- 
naient leur  école,  fonten.  Tournefort.  Plusieurs 
d'entre  eux  vivent  tout  nus,  ce  qui  leur  a  fait  don- 
ner par  les  Grecs  le  nom  de  gymnosophistes,  eollin, 
Hist.  anc.  OEuvr.  t.  vi,  p.  5i5,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  r'j|jivo(3oçi(rtr];,  de  Tf^tivoç,  nu,  et  0091- 
cm^;,  sage  (voy.  sophiste). 

GYMNOSPERME  (ji-mno-spèr-m'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  appartient  à  la  gymnospermie.  ||  S.  f. 
Graine  nue  et  paraissant  dépourvue   d'épisperme. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  oitépiiot,  graine. 
GYMNOSPERMIE  (ji-mno-spèr-mie),  s.  f.  Terme 

de  botanique.  Dans  le  système  de  Linné;  premier  or- 
dre de  la  didynamie,  lequel  renferme  les  plantes  dont 
les  fleurs  ont  quatre  graines  nues  au  fond  du  calice. 

t  GYMNOSPERMIQUE  (ji-mno-spèr-mi-k'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  appartient  à  la  gymno- 
spermie. 

t  GYMNOSPORE  (ji-mno-spo-r'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  les  spores  sont  à  l'extérieur. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  spore. 
t  GYMNOSTOME(ji-mno-sto-m'),a6(/.  ||  1°  Terme 

de  zoologie.  Dont  la  bouche  n'offre  aucun  appendice. 
Il  S.  m.  pi.  Les  gymnostomes ,  groupe  d'insectes 
comprenant  ceux  dont  les  parties  de  la  bouche  sont 
nues.  Il  2°  Terme  de  botanique.  Dont  l'orifice  est 
dépourvu  d'appendices.  Capsule  gymnostome. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  (jt6(ii,  bouche, 
t  GYMNOSTYLE   (ji-mno-sti-l'),  odj.  Terme  de 

botanique.  Dont  le  style  est  nu. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  style. 

t  GYMNOTE  (ji-mno-t'),  s.  m.  Gymnote  électri- 
que, poisson  d'une  électricité  très-puissante,  qui 
frappe  d'un  coup  d'électricité  les  autres  animaux, 
et  dont  l'appareil  électrique  est  situé  de  chaque 
côté  de  la  queue. 

—  ÉTYM.  Tuiivô;,  nu. 

t  GYMNCRE  (ji-mnu-r'),  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. Qui  a  la  queue  nue.  ||  .S.  m.  pi.  Les  gymnures, 
section  de  la  famille  des  singes,  comprenant  les 
sapajous  à  queue  nue  et  calleuse. 

—  ÉTYM.  Gymno....,  et  oùpà,  queue, 
t  GYN....  GYNO....  Préfixe  qui  signifie  femme,  et, 

de  là,  pistil ,  et  qui  vient  de  -yuv^i,  femme,  rattaché 
au  radical  sanscrit  jon,  engendrer,  grec,  YiY''°M-«') 
et  au  gothique  qutn,  femme,  angl.  queen,  reine. 

t  GYNANDRE  (ji-nan-dr') ,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  les  étamines  sont  attachées  au  pistil. 
Plantes  gynandres.  |1  Se  dit  aussi  des  étamines.  Éta- 
mines gynandres. 

—  ÉTYM.  Gyn....,  et  àv:^p,  mâle,  étamine. 

GYNANDRIE  (ji-nan-drie),  s.  f.'Ynmeàe  bota- 
nique. Classe  du  système  de  Linné,  qui  renferme 
les  plantes  dont  les  étamines  naissent  sur  le  pistil. 

\  GYNANDRIQUE  [ji-nan-dri-k'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  appartient  à  la  gynandrie. 

t  GYNANTHROPE  (ji-nan-tro-p'),  s.  m.  Terme 
didactique.  Hermaphrodite  qui  tient  plus  de  la 
femme  que  de  l'homme. 

—  ÉTYM.  Gyn...,  et  àvôpwTto;,  homme. 

GYNÉCÉE  (ji-né-sée),  s.  m.  \\  1°  Terme  d'anti- 
quité. Appartement  des  femmes.  ||  2»  Se  dit  parfois, 
parmi  nous,  du  lieu  où  travaillent,  où  se  tiennent 
habituellement  ^sieurs  femmes.  Les  hommes  en- 


GYP 


1%3 


trent  peu  dans  ce  petit  gynécée,  j.  j.  nouss  Hil. 
VL,  10.  Il  3°  Dans  le  moyen  âge,  espèce  de  manufac- 
ture où  les  .seigneurs  faisaient  travailler  leurs  vas- 
sales ou  femmes  de  corps,  à  des  ouvrages  de  laine 
et  de  soie.  ||4"  Terme  de  botanique.  Ensemble  des 
organes  femelles  d'une  lleur. 

—  ËTYM.  TuvaixEiov  (de  Y^^^i  y^'/aty./x;,  femme), 
sous-entendu  oïxTina  :  demeure  des  femmes  (voy, 

GYN....). 

GYNÊCOCRATIE  (ji-né-ko-kra-sie),  s.  f.  ]\  1°  État 
où  les  femmes  peuvent  gouverner.  L'Angleterre  csl 
une  gynécocratie.  ||  2°  Empire  composé  de  femmes. 
Les  prétendues  amazones  offrent  une  gynécocra- 
tie. ||  3°  Par  extension,  réunion  composée  de  fem- 
mes, où  les  femmes  régnent.  La  pré.sence  des  hom- 
mes jette  une  espèce  de  contrainte  dans  cette  pe- 
tite gynécocratie,!.  j.  eouss.  Uél.  11,  21. 

—  H13T.  XVI*  s.  Quittez  ceste  vaine  espérance  de  gy- 
nécocratie [en  France],  Sat.Mén.  Harangue  de  Roie. 

— ÉTYM.  Tuvifi,  Ywatxè;,  femme,  et xpaieïv,  com- 
mander. 

GYNÉCOCRATIQUE  (ji-né-ko-kra-ti-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  la  gynécocratie. 

t  GYNÉCOGRAPUIE  (ji-né-ko-gra-fie),  s.  f.  Sy- 
nonyme de  gynécologie. 

—  ÉTYM.  ruv9),Yvvai/.ô;,  femme,etYpâçeiv, décrire, 
t  GYNÉCOLOGIE  (ji-né-ko-lo-jie),  s.  f.  Terme  di 

dactique.  Histoire  de  la  femme. 

—  ÉTYM.  ruv9),Y\jvaixo;,  femme,  et  Vôyo;,  traité. 
t   GYNÉCOLOGISTE    (ji-né-ko-lo-ji-st) ,    s.    m. 

Médecin  qui  s'occupe  des  maladies  des  femmes, 
des  accouchements. 

f  GYNÉCOMASTE  (ji-né-ko-ma-sf),  s.  m.  Terme 
d'anatomie.  Homme  dont  les  mamelles  sont  aussi 
volumineuses  que  celles  d'une  femme. 

—ÉTYM.ruvr),Yvvaix6;,femme,  et  [laiTÔ;,  mamelle. 

f  GYNOBASE  (ji-no-ba-z'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Base  renflée  d'un  style  unique,  surmontant 
les  loges  d'un  ovaire  divisé;  exemple  :  les  labiées. 

—  ÉTYM.  Gyno...,  et  base. 
t  GYNOBASIQCE  (ji-no-ba-zi-k'),  odj.  Terme  de 

botanique.  Qui  naît  à  la  base  de  l'ovaire;  qui  est 
muni  d'un  gynobase.  Fruits  gynobasiques. 

t  GYNOPUORE  (ji-no-fo-r'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Support  né  du  réceptable  de  la  fieur  et  qui 
ne  contient  que  les  organes  femelles. 

—  ÉTYM.  Gyno....,  et  oopô;,  qui  porte, 
t  GYNOPHORÉ,  EE  (ji'-no-fo-ré,  rée),  odj.  Terme 

de  botanique.  Qui  constitue  un  gynophore.  Récep- 
tacle gynophoré. 

t  G'V'NOPHORIEN,  lENNE  (ji-no-fo-riin,  riè-n'), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  naît  sur  tm  gyno- 
phore. Style  gynophorien. 

f  GYNOPHOROÏDE  (ji-no-fo-ro-i-d'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  ressemble  à  un  gynophore.  Nec- 
taire gynophoroïde. 

—  ÉTYM.  Gynophore,  et  elSo?,  forme. 
t  GYNOPODE  (ji-no-po-d'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Synonyme  de  podogyne. 

—  ÉTYM.  Gyno....,  et  i:oùi;,  itoôô;,  pied. 

t  GYNOSTÈME  (ji-no-stè-m'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Partie  de  la  fleur  des  plantes  orchidées 
qui  porte  les  étamines  et  le  stigmate. 

—  ÉTY.M.  Gyno....,  etoxrinwv,  filet,  étamine. 

t  GYPAÈTE  (ji-pa-è-t'),  s.  m.  Terme  de  zoolo- 
gie. Espèce  d'oiseau  de  proie  intermédiaire  entre 
le  vautour  et  le  faucon. 

—  ÉTYM.  rù»}',  Y""°îi  vautour,  et  àEto;,  aigle. 
GYPSE  Oi-ps'),  s.  m.  La  pierre  à  plâtre,  ou  sulfale 

de  chaux,  qui  e.st  appelé  plâtre  lorsqu'il  est  déshy- 
draté par  la  calcination  et  pulvérisé.  J'avertis  qug 
j'appelle  gypse  ce  que  les  nomenclatcurs  ont  nommé 
sélénite,  buff.  Jftn.  t.  11,  p.  64.  Les  principaux  dé- 
pôts chimiques  du  sol  secondaire  sont  les  silex  el 
les  gypses  :  les  silex,  qui  doivent  incontestable- 
ment leur  origine  à  des  dissolutions  d'hydrate  de 
silice;  les  gypses,  qui  ont  été  précipités  par  la 
réaction  exercée  sur  le  chlorure  de  calcium  de  la 
mer,  soit  par  des  combinaisons  sulfureuses,  soit 
plutôt  par  du  sulfate  de  magnésie,  i..  coRDiER.Xcod. 
des  se.  Comptes  rend.  t.  liv,  p.  297.  ||  Gypse  cunéi- 
forme, gypse  en  fer  de  lance,  sélénite. 

—  HIST.  xvi's.Ilme  nommalegif  etl'alebastre.... 
quand  ils  sont  calcinez,  ce  n'est  autre  chose  que 
piastre....  palissy,  233. 

—  ÉTYM.  Génev.  gy  ou  gi  ;  de  y^'^o;,  plâtre. 
GYPSEUX,    EUSE  (ji-pseù,  pseù-z'),  odj.  Qui  est 

de  la  nature  du  gypse.  Les  matières  gypseuses  ne  de- 
mandent pas,  pour  se  calciner,  autant  de  feu  que 
les  matières    calcaires,   buff.  Ilist.  min.  introd. 

(Euv.  t.  VI,  p.  421. 

—  HIST.  XVI*  S.  Le  4*  phlegme  est  dit  gipseux,  à 
cause  qu'il  adhère  et  s' amas.se  tout  ainsi  que  du 


1964 


GYR 


piastre,  comme  appert  es  jointures  des  doigts,  et 
iui  poulmons,  pahé,  Introd.  e.  Les  eaux  gypseuses, 
ou  avans  la  nature  de  la  crayo,  m.  xxv,  4t. 

t  GYPSIFÈUE  (ji-psi-fe  r'),  adj.  Terme  de  miné- 
ralogie. Oui  contient  du  gypse. 

—  ÊTYJI.  Gypse,  et  le  lit.  ferre,  porter. 

t  GYPSOPUILE  (ji-pso-fi-1'),  adj.  Terme  do  bota- 
nique. Oui  aime  les  lorrains  gypsou.t.  ||  S.  f.  pi. 
Genre  de  la  famille  des  caryophyllées. 

—  ETYM.  Gypse,  et  çiXo;,  qui  aime. 

f  GYRASOL  (ji-ra-sol),  s.  m.  Voy.  cirasol. 
f  GVnATION  (ji-ra-sion),  s.  f.  Voy.  GlRATiON. 
GYRATOIKE   (ji-ra-toi-r') ,  adj.  Voy.  gibatoire. 
1  GYKAIRICE  (ji-ra-tri-s'),  adj.  La  colombe  gy-i 
ratrice,  voy.  tumbler. 

—  ÉTYM.  Lat.  gyrare,  tourner. 

+  GYRIN  (j'-"n)i  *•  "••  Terme  de  zoologie.  Insecte 
coléoptère  nommé  aussi  tourniquet  ou  puce  aqua- 
tique. Il  Têtard,  petite  grenouille. 


GYR 

—  ÉTYM.  rupîvo;,  têtard,  de  •p'poç,  cercle,  boule. 
I  GYROCARPE   (ji-ro-kar-p'),  t.  m.   T3nne  de 

botanique.  Genre   de  plantes  à  (leurs  polycarpes. 
Gyrocarpe  d'Amérique,  bel  arbre  très-élevé. 

—  ÉTYM    rOpo;,  cercle,  et  xapnèi;,  fruit. 
GYROMANCIE  (ji-ro-man-sie) ,  s.  f.    Divination 

qui  se  pratiquait  en  marchant  en  rond. 

—  ÊTYM.  ropoî,  cercle,  rond,  et  (lavreia,  divi- 
nation. 

t  GYROMANCIEN  (ji-ro-man-siin),  s.  m.  Celui 
qui  pratique  la  gyromancie. 

t  GYROIE  (ji-ro-m'),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Réceptacle  orbiculaire  des  organes  reproducteurs 
de  certains  lichens.  ||  Anneau  élastique  qui  entoure 
le  plus  souvent  les  fructifications  des  fougères. 

—  RTYM.  rOpMjia,  ceinture. 

t  GYROPUORE  (ji-ro-fo-r'),  s.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Genre  de  lichens  qui  offre  dos  scutetles 
ou  gyromes. 


GYR 

—  ÉTYM.  rOpo;,  cercle,  et  çopèç,  qui  porte. 

t  GYROSCOPE  Gi-ro-sko-p'),  s.  m.  Appareil  ima- 
giné par  M.  Foucault  en  <852,  pour  démor.t.-er, 
comme  il  l'avait  démontrée  par  le  pendule,  !a  ro- 
tation du  globe  terrestre. 

—  ÉTYM.  ropo;,  cercle,  et  <ncoi:eïv,  examiner. 

t  GYROSELLE  Oiro-zc-l') ,  s.  f.  Jolie  petite 
plante  à  fleurs  roses,  dodecatheon  meadia,  L.  (pri- 
mulacées). 

GYROVAGCE  Qi-ro-va-gh"),  *.  m.  Nom  donné, 
dans  les  premiers  temps  de  l'établissement  du  mo 
nachisme,  à  des  moines  qui  pa.ssaient  leur  vie  à  cou- 
rir de  province  en  province,  de  cellule  en  cellule, 
ne  restant  que  trois  ou  quatre  jours  dans  le  même 
endroit,  et  vivant  d'aumônes.  On  les  nommait  aussi 
messaliens.  ||  Il  se  dit  quelquefois  aujourd'hui  pour 
vagabond. 

—  ÉTYM.  rOpoç,  cerc'e,  et  le  lat.  yagari , 
errer. 


H 


H 


HAB 


HAB 


H  (a-ch'),i.  f.  ou,  suivant  l'épellation  nouvelle 
H  (he),  s.  m.  La  huitième  lettre  de  l'alphabet.  Une 
grande  II.  Une  petite  h.  \\  Dans  la  prononciation, 
A  s'aspire  ou  est  muette.  H  muette  ne  se  prononce 
pas:  habile,  huître,  etc.  dites:  abilo,  ultre  etc. 
H  initiale  aspirée  se  prononce  et  empêche  l'éli- 
sion  des  voyelles  ou  laliaison  des  consonnes,  «,  (,  etc. 
avec  la  voyelle  qui  suit.  Ainsi  on  écrit  et  on  pro- 
nonce: le  hasard,  la  haine,  belle  harangue,  etc.  De- 
vant les  noms  féminins  qui  commencent  par  une  h 
aspirée,  l'adjectif  possessif  ne  prend  jamais  la  forme 
du  masculin  :  ma  hainç,  ta  hauteur,  sa  honte.  Je 
n'aime  pas  les  h  aspirées,  cela  fait  mal  à  la  poi- 
trine, je  suis  pour  l'euphonie  ;  on  disait  autrefois  je 
hésite,  et  à  pré-ient  on  dit  j'hésite  ;  on  est  fou  d'Hen- 
ri IV,  et  non  plus  de  Henri  IV,  voi-t.  Lett.  Hordes, 
40  juillet  4767.  Cette  boutade  de  Voltaire  n'est 
qu'un  caprice  individuel,  l'aspiration  est  un  son 
qui  ne  mérite  aucune  condamnation  et  qui  se 
trouve  dans  les  langues  les  plus  harmonieuses.  Au- 
jourd'hui, surtout  à  Paris,  beaucoup  n'aspirent  pas 
l'h  et  se  contentent  de  marquer  l'hiatus  :  le  éros,  la 
onte,  etc.;  mais,  dans  plusieurs  provinces,  la  Nor- 
mandie entre  autres,  l'aspiration  est  trés-nettement 
conservée,  et  cela  vaut  mieux.  ||  H  placée  au  milieu 
d'un  mot  composé  est  aspirée  quand  le  mot  qui 
entre  on  composition  a,  d'origine,  une  h  aspirée  : 
aheurter,  enhardir  etc.  ;  mais  elle  n'est  pas  aspirée 
dans  cohue,  cohorte,  etc.  ||  Quand  h  est  après  un  t 
ou  une  r,  ce  qui  n'arrive  que  dans  les  mots  tirés 
du  grec,  elle  est  muette  :  théologie,  rhéteur,  rhy- 
thme,  etc.  dites  :  téologie,  retour,  ritme.  ||  H  pré- 
cédée d'un  c  rend  un  son  particulier  et  simple,  qui 
pourrait  être  figuré  par  une  seule  lettre,  et  qui 
correspond  au  sh  des  Anglais  et  au  sch  des  Alle- 
mands: chose,  chute,  cacher,  etc.  ||  Mais  ft  égale- 
ment précédée  d'un  c  forme  une  articulation  équi- 
valente à  k  dans  plusieurs  mots  dérivés  du  grec,  de 
l'hébreu  ou  de  l'arabe  :  chaos,  archange,  etc.  dites: 
kaos,  aïkange,  etc.  ||  H,  précédée  dep,  forme  une 
articulation  équivalente  à.  f  :  philosophie,  Joseph, 
dites  :  filosofie,  josef.  ||H,  sur  les  anciennes  mon- 
naies de  France,  indique  qu'elles  ont  été  frappées 
à  la  Rochelle.  ||  H  surmontée  d'une  couronne  indi- 
que une  pièce  frappée  sous  Henri  III  et  sous 
Henri  IV.  ||  En  chimie,  H  désigne  l'hydrogène. 
Il  En  musique,  H  chez  les  Allemands  désigne  le  si. 

—  HIST.  xni'  s.  Après  vous  conterai  de  l'ache. 
Oui  par  dessous  d'un  pic  se  lace;  Li  uns  dit  ache, 
l'autre  ha;  Sans  mouvoir  langue  dit  on  :  ha,  Sew- 
ftance  de  ('ABC,  dans  jl'BInal,  t.  ii,  p.  278. 

—  ÉTYM.  //  latin,  H  grec,  heth  phénicien.  Le 
sens  et  la  forme  de  helh,  Yf,  sont  d'accord  pour  si- 
gnifier une  haie,  une  clôture;  le  signe  hiérogly- 
phique de  la  haie  est  devenu  le  caractère  de  tous 
le»  mots  commençant  par  le  même  son. 

UA  (ha)!  l'ntfr;'.  qui  exprime  la  surprise  et 
quelquefois  le  soulagement.  Ha  I  ha  I  monsieur  est 
Pers.in  ;  c'est  une  chose  bien  extraordinaire  ;  com- 
ment peut-on  être  Persan?  hontesq.  LcH.  pers.  90. 
Il  S.  m.  Pour  de  l'esprit,  j'en  ai,  sans  doute,  et 


du  bon  goût....  X  faire  aux  nouveautés  dont  je  suis 
idolâtre.  Figure  de  savant  sur  les  bancs  du  théâtre, 
Y  décider  en  chef,  et  faire  du  fracas  X  tous  les 
beaux  endroits  qui  méritent  des  bas,  mol.  Mis.  m, 
).  Le  roi  fit  un  grand  ha!  comme  un  homme  op- 
pressé et  qui  tout  d'un  coup  respire,  st-sim.  94, 
246.  Il  Terme  de  chasse.  Ha,  hai  ou  hahé,  et  aussi 
ha!  tout  bellement,  cri  pour  arrêter  les  chiens 
lorsqu'il  y  a. du  change  ou  qu'ils  s'emportent  trop. 

—  RF.M.  Dans  les  exemples  suivants  de  Molière, 
les  éditions  portent  les  unes  ho.' et  les  autres  ah! 
Ha!  ha!  coquins,  vous  avez  l'audace  d'aller  sur  nos 
brisées!  mol.  Préc.  te.  Ha!  ha!  ha!  cela  est  drôle, 
ID.  Imprompl.  3. 

t  HABEAS  CORPUS  (a-bé-as'  kor-pus') ,  s.  m. 
Terme  de  législation  anglaise.  Bill  d'habeas  corpus, 
loi  rendue  en  mai  te79,  sous  le  règne  de  Charles  H, 
en  vertu  de  laquelle  toute  personne  emprisonnée 
peut  s'adresser  au  lord  chancelier  ou  à  l'un  des 
douze  grands  juges  d'Angleterre  pour  en  obtenir  un 
writ  ou  bref  d'habeas  corpus;  tout  ami  du  prison- 
nier a  le  mémo  droit.  Le  writ  d'habeas  corpus  or- 
donne au  geôlier  d'amener  le  corps  du  prisonnier 
devant  le  juge,  et  de  certifier  par  qui  et  pourquoi 
il  a  été  mis  en  prison;  et  le  juge  à  son  tour  est 
obligé  de  mettre  le  prisonnier  en  liberté  ou  de 
l'admettre  à  donner  caution,  s'il  n'est  détenu  pour 
cas  de  trahison  ou  de  félonie,  spécialement  exprimé 
dans  le  mandat  d'arrct.  jj  Suspension  du  bill  d'ha- 
beas corpus,  bill  qui  suspend  momentanément  la 
loi    relative  à  l'haheas  corpus. 

—  ÉTYM.  Lat.  Iiaheas  corpus,  que  tu  aies  ton 
corps,  ta  personne. 

t  HABENAIRE  (a-be-nê-rT ,  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  de  la  famille  des  orchidées. 

—  ÉTYM.  Lat.  habena,  rêne. 

UABILE  (a-bi-l'),  adj.  ||  l"  Dispos,  apte  à  agir, 
expéditif  (ce  qui  est  le  sens  propre).  Ce  copiste  est 
habile,  il  aura  bientôt  fini.  Mais  demain,  du  matin, 
il  vous  faut  être  habile  Â  vider  de  céans  jusqu'au 
moindre  ustensile,  mol.  Tart.  v,  4.  ||  Adverbiale- 
ment. Habile,  habile!  dépêchez-vous.  ||  2°  Par  exten- 
sion, en  termes  de  jurisprudence,  qui  a  la  capacité, 
le  droit  de  faire  une  chose.  Être  habile  à  succéder. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Être  habile  à  succéder, 
être  vif  et  alerte  pour  ses  intérêts.  ||  Habile  à  se 
porter  héritier,  se  dit  de  l'héritier  présomptif. 
Il  3'  Fig.  Oui  .sait  faire,  capable  d'appliquer  ce 
qu'il  sait.  Être  habile  à  profiter  de  ses  avantages. 
Esdras  vint  de  Babylone  :  il  était  docteur  et  fort 
habile  dans  la  loi  de  Moïse,  que  le  Seigneur  Dieu 
avait  donnée  à  Israël,  SKci,Hible,  Esdras,  i,vii,  «. 
Tu  prétends  être  fort  habile  ;  En  sais-tu  tant 
que  moi?  j'ai  cent  ruses  au  sac,  la  font.  Fabl. 
IX,  4  4.  Nous  nous  croyons  bientôt  les  plus  habiles, 
quand  nous  sommes  les  plus  heureux,  Boss.  Reine 
d'ÀngJet.  Il  tenait  pour  maxime  qu'un  habile  capi- 
taine peut  bien  être  vaincu,  mais  qu'il  ne  lui  est 
pas  permis  d'être  surpris,  m.  Louis  de  Bourbon. 
Du  plus  h.abile  chantre  un  bouc  ^t  le  prix,  boil. 
Art  p.  m.  Je  crois  que  le  plus  hmllo  homme  doit 


se  rendre  le  mai  tre  et  puis  gouverner  sagement,  rÉ.N. 
Dial.  des  morts  anc.  dial.  4).  Il  était  habile  pour  as- 
saisonner une  louange  délicate  qui  filt  bien  reçue  des 
hommes  les  plus  modestes,  id.  Tél.  xvi.  L'honnête 
homme  (au  sens  du  xvii*  siècle;  voy.  honnête)  tient 
le  milieu  entre  l'habile  homme  et  l'homme  de  bien, 
quoique  dans  une  distance  inégale  de  ces  deux  ex- 
trêmes; la  dislance  qu'il  y  a  de  l'honnête  homme  à 
l'habile  homme  s'affaiblit  de  jour  à  autre  et  est  sur 
le  point  de  disparaître;  l'habile  homme  est  celui 
qui  cache  ses  passions,  qui  entend  ses  intérêts,  qui 
y  sacrifie  beaucoup  de  choses,  qui  a  su  acquérir 
du  bien  ou  en  conserver,  la  eruy.  xh.  L'ha- 
bile homme  est  celui  qui  fait  un  grand  usage  de 
ce  qu'il  sait;  le  capable  peut,  et  l'habile  exécute, 
volt.  Dict.  phil.  Habile.  Un  homme  peut  avoir  lu 
tout  ce  qu'on  a  écrit  sur  la  guerre  ou  même  l'avoir 
vue,  sans  être  habile  à  la  faire,  id.  «b.  On  ne  dit 
pas  un  habile  poète,  un  habile  orateur;  et,  si  on  le 
dit  quelquefois  d'un  orateur,  c'est  lorsqu'il  s'est  tiré 
avec  habileté,  avec  dextérité,  d'un  sujet  épineux, 
ID.  i'6.  Un  habile  homme  dans  les  affaires  est  in- 
struit, prudent  et  actif;  si  l'un  de  ces  trois  mérites 
lui  manque,  il  n'est  point  habile,  id.  ib.  Hat'e 
courtisan  emporte  un  peu  plus  de  blâme  que  cre 
louange  ;  il  veut  dire  trop  souvent  habile  llallcur  ; 
il  peut  aussi  ne  signifier  qu'un  homme  adroit  qui 
n'est  ni  bas  ni  méchant,  id.  ib.  ||  Dans  un  sens  pé- 
joratif, il  se  dit  de  celui  qui  a  quelque  industrie  mau- 
vaise, quelque  habileté  fâcheuse.  Un  habile  fripon. 
Car  tu  ne  seras  pas  de  ces  jaloux  affreux.  Habiles  ^  se 
rendre  inquiets  ,  malheureux ,  boil.  Sot.  x.  Habile 
seulement  à  noirci  r  les  vertus,  J.  s.  Rouss.  Ode  contre 
les  hypocrites.  ||  Mal  habile,  voy.  malhabile,  ortho- 
graphe que  l'on  préfère  aujourd'hui.  ||  4*  En  parlant 
des  actions.  Où  il  y  a  de  l'habileté,  qui  témoigne  de 
l'habileté.  Cette  démarche  est  habile.  Et  puisque, 
pour  notre  malheur,  ce  qu'il  y  a  de  plus  fatal  à  la  vie 
humaine,  c'est-à-dire  l'art  militaire,  est  en  même 
temps  ce  qu'elle  a  de  plus  ingénieux,  de  plus  ha- 
bile.... BOSS.  Louis  de  Bourbon.  ||  6*  S.  m.  Celui  qui 
est  habile.  Il  faut  oue  les  habiles  soumettent  leur 
esprit  a  la  lettre,  pasc.  aans  cousm.  Il  y  a  des 
artisans  ou  des  habiles,  dont  l'esprit  est  auss; 
vaste  que  l'art  et  la  science  qu'ils  professent,  la 
BRUY.  I.  Vous  entendez  par  art  et  par  éloquence 
ce  que  tous  les  habiles  d'entre  les  anciens  ont  en- 
tendu,fén.  t. XXI, p.  80.  Il  Demi-habile, celui  qui  n'est 
habile  qu'à  moitié.  Le  peuple  honore  les  personnes 
de  grande  naissance;  les  demi-habiles  les  mépri- 
sent, disant  que  la  naissance  n'est  pas  un  avantage 
de  la  personne,  mais  du  hasard,  pasc.  Pejisiies  div. 
430,  édit.  PAUGÈRE.  Il  Les  habiles,  se  dit  quelque- 
fois, dans  un  sens  péjoratif,  de  ceux  qui  ont  pour 
habileté  l'intrigue.  Les  habiles  en  littérature  sont 
ceux  qui,  comme  les  Jésuites  de  Pascal,  ne  lisent 
point ,  écrivent  peu  et  intriguent  beaucoup,  P.  L. 
COUR.  ifH.  à  M.  Renouard. 

—  HIST.  uv  s.  Li  religieus  seroient  tenut  de 
laissier  trente  pies  de  let  [large],  hablcs  et  souffi- 
sans  pour  charier  au  lés  devers  nos  bos  de  Crespy; 


HAB 

PI!   CANCE,    habilius.    De   tous  le»   langaiges  du 
monde,  latin  est  le  plus  abiUe  pour  mieux  expri- 
mer   et   plus  noblement   son  intention,   oresme, 
ProJ.  ||xv*  s.  Bien  quatre  cent  [compagnons]  tous 
hai)iles  et  légers,  kroiss.  i,  i,  i35.  Et  y  eut  un  An- 
'i "is  qui  cuida  faire  l'habile  et  passa  par  dessus  la 
riere    et   entra    au   champ ,    juven.    des   irs. 
■irles  VI,  H 19.  Il  XVI"  s.  Je  qui  souloye  estre  ha- 
",  Suis  débile,  Cassé  de  corps,  pieds  et  mains, 
\:iOT,  IV,  282.  Tant  la  faveur  qui  les  fautes  efface, 
!':iit  que  le  sot  pour  habile  homme  passe!  rons.  65). 

—  ËTYM.  Bourg,  haubile,  haibile;  wallon,  abèie, 
'    bile,  alerte;  namur.  abie;  provenç.  habil,  abilh; 

.  habil;  ital.  abile;  du  latin  hahÛis,  de  habere, 
lir;  le  sens  propre  de  habilis  est  souple,  dispos; 
là  les  sons  figurés.  La   formation    régulière  est 
'lie  (qui  a  donné  able  à  l'anglais),  de  hâbilis, 
c  l'accent  sur  ha;  habile,  où  il  n'est  plus  tenu 
::ipte  de  l'accent,  est  calqué  sur  le  latin. 
HABILEMENT  (a-hi-le-man),  adv.  ||  l"  Prompte- 
ment,  diligemment.  Il  a  fallu  ôter  le  corps  habile- 
ment de  la  chapelle,  sÉv.  )42.  ||  2°  Fig.  Avec  habi- 
leté, adresse,  intelligence.  Bossuet,  ayant  à  traiter, 
dans  l'oraison  funèbre  du  grand  Condé,  l'article  de 
ses  guerres  civiles,  dit  qu'il  y  a  une  pénitence  aussi 
glorieuse  que  l'innocence  même  ;  il  manie  ce  mor- 
ceau habilement,   et  dans   le   reste  il  parle  avec 
grandeur,   volt.    Dict.   phil.    Habile.    Le    renard 
tourne  tout  à  profit  ;  il  se  loge  au  bord  des  bois,  à 
portée  des  hameaux;  il  écoute  le  chant  des  coqs  et 
le  cri  des  volailles,  il  les  savoure  de  loin,  il  prend 
habilement  son  temps,  biiff.  Quadrup.  t.  ii,  p.  206. 

—  HIST.  XVI'  s.  Il  leur  enjoignit  qu'ils  se  jetassent 
habilement  es  entre  deux,  amyot,  P.  Mm.  33. 

—  ÉTVM.  Habile,  et  le  suffixe  ment. 
HABILETÉ  (a-bi-le-té),   s.  f.   Qualité  de   celui 

qui  est  habile.  L'habileté  à  se  servir  des  conjonctu- 
res. J'aimerais  bien  mieux  lire  le  Tasse;  j'y  suis 
d'une  habileté  qui  vous  surprendrait  et  qui  me  sur- 
prend moi-même,  sév.  64.  Représentez-vous  cette 
île  fameuse  (l'Ile  des  Faisansjoù  deux  hommes  char- 
gés des  intérêts  et  du  destin  des  deux  nations  fai- 
saient valoir  leur  habileté  à  disputer  les  droits  des 
couronnes,  pléch.  Marie-Thér.  Le  savoir-faire  et 
l'habileté  ne  mènent  pas  jusqu'aux  énormes  riches- 
ses, LA  BRUY.  VI.  La  vraie  habileté  consiste  à  com- 
prendre qu'à  la  longue  la  plus  grande  de  toutes  les 
ressources  dans  les  affaires  est  la  réputation  univer- 
selle de  probité,  fén.  Dial.  des  morts  mod.  (Riche- 
lieu, Maiarin).  Son  premier  mouvement  [de  Napo- 
léon] le  porta  à  mépriser  cet  avis  [de  la  marche  de 
l'armée  russe  sur  son  flanc]  ;  car,  soit  fierté,  soit 
expérience,  il  s'était  accoutumé  à  ne  pas  supposer 
à  ses  adversaires  l'habileté  qu'il  aurait  eue  à  leur 
place,  sÉGUR,  Ilist.  de  Nap.  ix,  7. 

—  HIST.  XIV'  s.  L'en  quert  sanité  pour  avoir  puis- 
sance et  habilité  de  faire  ses  besoingnes,  oresmk, 
Elh.  viii  (14).  Il  XV"  Avec  telz  expediens  et  habiUité 
qui  procèdent  de  grant  sens,  font  éviter  grant  pé- 
ril.... COMM.  Il,  3.  Je  veulx  declairer  une  tromperie 
ou  habillité  ainsi  qu'on  l'a  voulu  nommer,  id.  m, 
4.  Il  XVI"  s.  Entre  les  autres  artifices  et  habilitez, 
dont  il  estoit  plein,  amyot,  Aie.  43.  Il  définit  chi- 
rurgie une  habilité  et  industrieux  mouvement  d'une 
main  asseurée  avec  expérience....  paré,  introd.  1. 
Il  ne  tient  jà  qu'à  une  habileté  de  main,  cotgrave. 

—  F.TYM.  Provenç.  habilitât;  espagn.  habilidad; 
Ital.  a!<tWJà;  du  latin  habililatem,  de  habilis,  ha- 
bile. 

t  HABILITANT,  ANTE  (a-bi-li-tan,  tan-t'),  adj. 
Terme  de  pratique.  Qui  rend  une  personne  habile  à 
faire  un  acte.  Formalités  habilitantes. 

t  HABILITATION  (a-bi-li-ta-sion),  s.  f.  Terme  de 
pratique.  Action  d'habiliter.  ||  Terme  d'ancienne  ju- 
risprudence. Sorte  d'émancipation,  par  laquelle  un 
enfant  devenait  habile  à  faire  des  contrats,  et  pou- 
.vait  acquérir  pour  lui-même,  mais  sans  avoir  le  pou- 
voir de  tester  :  en  quoi  l'habilitation  différait  de  l'é- 
mancipation. 

) .  HABILITÉ  (a-bi-li-té),  s.  f.  Qualité  qui  rend 
propre  à,  apte  à.  Nous  n'apportons  point  en  nais- 
sant l'habiUté  àfaire  ces  choses,  boss.  Connaiss.  v, 
3.  Il  II  se  dit  surtout  en  jurisprudence.  Habilité  à 
succéder.  En  se  renfermant  dans  l'unique  conces- 
•ion  du  non-titre,  etc....  des  princes  du  sang  et  de 
l'habilité  après  eux  à  la  couronne,  quel  nom  donner 
devant  Dieu  à  une  telle  récompense  d'une  naissance 
tellement  impure!  st-sim.  361,  20. 

—  étym.  Voy.  habileté,  qui  est  le  même. 

2.  HABILITE,  ÉE  (a-bi-li-té,  tée),  part,  passé 
de  habiliter. 

HABILITER  (a-bi-li-té),  v.  a.  Terme  de  jurispru- 
dence. Rendre  quelqu'un    habile  i  faire  quelque 


HAB 

• 

chose,  lever  les  obstacles  qui  l'en  empêchaient.  Ha- 
biliter un  mineur  à  contracter. 

—  HIST.  xiv"  s.  Nous  loons  tels  pour  les  fair  et 
pour  les  œuvres  à  quoi  ces  choses  les  habil etcnt, 
oresme,  Eth.  27.  Il  xv  s.  En  toutes  vertus  se  vou- 
loir habiliter  et  conjoindre,  Bouciq.  i,  7.  Les  gens 
frequentans  les  armes  et  qui  se  habilitent  à  icelles, 
DUCANGE,  habilitare. 

—  éTYM.  Provenç.  habilitar,  abililar;  espagn. 
habilitar  ;  ital.  abilitare;  du  latin  habilitare,  de 
habilis,  habile. 

t  ILiBILLABLE  (a-lii-Ila-bl',  «mouillées),  adj. 
Qui  peut  être,  qui  doit  être  habillé. 

—  ÊTYM.  Habiller. 

HABILLAGE  (a-bi-lla-j',  Il  mouillées,  et  non  a- 
bi-ya-j'),  «.  m.  Il  1°  Terme  de  cuisine.  Préparation 
des  pièces  qu'on  met  à  la  broche.  L'habillage 
d'une  perdrix.  Il  2°  Terme  de  boucherie.  Opération 
qui  consiste  à  écorcher,  vider,  et  mettre  en  état 
pour  la  cuisine  les  bêtes  tuées.  Habillage  d'un  veau, 
d'un  mouton.  Un  garçon  boucher  ne  pouvait  cire 
reçu  maître,  qu'il  n'eût  travaillé  un  certain  temps 
fixé  à  l'habillage  ou  à  la  vente  des  chairs.  ||  S-Terme 
de  pêche.  Action  d'arracher  les  ouïes  au  poisson  qui 
doit  être  salé.  ||  4°  Action  d'accoupler  les  coupons 
d'un  train  de  bois.  |1  5"  Action  de  passer  le  chanvre 
par  le  séran.  ||  6°  Action  de  couper  un  arbre  à  une 
certaine  hauteur  et  d'en  rafraîchir  les  racines  avant 
de  le  planter.  ||  7°  Action  de  disposer  certaines  mar- 
chandises de  manière  à  les  faire  valoir  aux  yeux  des 
acheteurs.  ||8°  Préparation  qu'une  peau  subit  avant 
d'être  employée.  ||  9°  Action  d'enluminer  les  figures 
des  cartes  à  jouer.  ||  10°  Action  d'ajouter  une  oreille, 
un  manche,  un  pied,  etc.  à  une  pièce  de  poterie. 
Il  11°  Action  de  disposer  convenablement  les  diver- 
ses pièces  du  mécanisme  d'une  montre. 

—  HIST.  XVI"  s.  Habillage  de  poulailles,  cotgrave. 

—  ÈTYM.  Habiller. 

HABILLANT,  ANTE  (a-bi-!lan,  Uan-t',  Il  mouil- 
lées), adj.  Qui  sied,  qui  va  bien.  Etoffe  habillante. 

HABILLÉ,  ÉE  (a-bi-!lé,  liée,  Il  mouillées),  part, 
passé  d'habiller.  ||  1°  Qui  est  couvert  d'un  vêtement. 
Une  demoiselle  habillée  moitié  ville,  moitié  campa- 
gne, SCARR.  nom.  com.  i,  l.  Hé!  laissez-moi  faire; 
nous  ne  sommes  pas  si  sots  que  nous  sommes  mal  ha- 
billés; il  me  croit  plus  niais  que  je  ne  suis,  haute- 
boche,  Crispin  médecin,^,  9.  ||  Fig la  plupart  des 

gens  sont  habillés  en  sots,  Régnier,  Sat.  iv.  ||  Sub- 
stantivement. Cette  épée  sanglante  avec  laquelle  on 
vous  a  saisi,  dit  l'habillé  de  noir,  est  un  article 
fâcheux,  MARIVAUX,  Pays.  parv.  3"  part.  ||  Fig. 
et  populairement.  Un  habillé  de  soie,  un  porc. 
Il  2°  Familièrement.  Un  habit  habillé,  un  habit  de 

cérémonie,  de  grande  toilette il  [Millin]  arrive 

n'ayant  que  trois  habits  habillés....  M.  Millin  projette 
d'aller  jusqu'en  Calabre,  pays  où  l'on  n'a  jamais  vu 
d'habits  habillés  ;  à  peine  y  habiUe-t-on  les  hom-- 
mes,  p.  L.  COUR.  Lett.  ii,  67.  De  fort  honnêtes  gens 
ont  cru  honorer  Hérodote,  en  nous  le  présentant 
sous  les  livrées  de  la  cour,  en  habit  habillé,  id.  Trad. 
d'IUrod.  Pre'/'ace.  Il  3°  Cartes  habillées,  celles  dont 
les  traits  sont  couverts  par  des  enluminures. 
Il  4"  Terme  de  blason.  Se  dit  des  figures  humaines 
couvertes  de  leurs  habits.  ||  Se  dit  aussi  d'un  navire 
qui  a  ses  voiles  et  ses  agrès. 

HABILLEMENT  (abi-Ue-man,  Il  mouillées,  et 
non  a-bi-ye-man),  s.  m.  ||  1°  Tout  ce  qui  sert  à  cou- 
vrir le  corps,  sauf  la  chaussure.  Lélie  :  Pouniuoi  ces 
armes-là?  —  Sganarelle  :  C'est  un  habillement  Que 
j'ai  pris  pour  la  pluie,  MOL.  Sgan.2).  Revêtons-nous 
d'habillements  Conformes  à  l'horrible  fête  Que  l'im- 
pie Aman  nous  apprête,  bac.  Eslh.  i,  6.  L'habille- 
ment des  Orientaux,  des  Asiatiques,  des  Grecs,  des 
Romains,  développe  le  talent  du  peintre  habile,  et 
augmente  celui  du  peintre  médiocre,  dider.  Salon 
de  <767,  QBuu.  t.  XIV,  p.  382,  dans  pougens.  Cette 
révolution  se  fait  remarquer  jusque  dans  l'habille- 
ment des  femmes;  je  ne  puis  ra'accoutumer  à  les 
voir  aux  spectacles,  aux  promenades  sans  collier, 
sans  poudre,  avec  des  robes  à  la  fois  si  négligées  et 
si  recherchées,  genlis,  Adèle  et  Théod.  t.  ii,  p.  )C9, 
dans  poLGENS.  Il  2°  Habillement  de  tête,  s'est  dit 
pour  casque,  armure.  11  fit  signe  avec  les  doigts 
que  Ton  coupât  son  habillement  de  tête  [un  chapeau 
où  sa  tête  s'était  enfoncée]  avec  des  ciseaux,  scarb. 
Rom.  com,.  i,  fo.  ||  3°  Action  d'habiller,  de  pourvoir 
d'habits.  L'habillement  des  troupes.  L'habillement 
des  élèves  d'un  collège.  ||  Officier,  capitaine  d'habil- 
lement, l'officier  qui,  dans  un  régiment,  veille  à 
l'habillement  des  hommes. 

—  HIST.  XIV"  s.  Une  grange  et  pressouer  avec 
toutes  les  cuves  et  cuvierset  autres  abillemens  [ou- 
tils] appartenans  audit  pressouer,  du  cange,  abiJ- 


HAB 


1965 


hamentum.  ||  xv*  s.  Pour  le  plui  contraindre  à  dire 
et  confesser  à  leur  bon  plaisir,  luy  firent  monstrer 
les  habillemens  de  gehainc  et  assembler  trois  ser- 
gens  pour  le  questionner.  Preuves  sur  le  meurtre 
dti  duc  de  Bourg,  p.  276,  dans  lacubne.  Le  roy  à 
tout  son  habillement  de  nuict  sur  sa  teste  vint  à  la 
grand  fenestre,  et  la  royne  aux  treillis,  Petit  Jehan 
deSainlré,  p.  534,  dans  lacurne Ils  ne  les  nour- 
rissent [leurs  enfants]  seuUement  que  à  faire  les 
sotz  en  habillemens  et  en  parolles,  comm.   i,  <0. 

—  ÉTYM.  Wabt'Ker;  provenç.  hoiiif/iomcnt;  e.spag. 
habiUamiento.  Habillement,  dans  l'ancien  français, 
signifie  tout  ce  qui  rend  diipos,  utile  k  un  emploi, 
et,  par  conséquent,  outil. 

HABILLER  (a-bi-l!é.  Il  mouillées,  et  non  a-bi- 
yé),  V.  a.  Il  1"  Rendre  propre  à,  disposer  (sens  pri- 
mitif, conservé  seulement  dans  certains  métiers). 
Il  Terme  de  cuisine.  Dépouiller,  vider  du  gibier, 
du  poisson  pour  l'accommoder.  Habiller  un  lapin, 
de  la  volaille.  Habillez-moi  ces  poissons,  et,  pour  ce 
grand  brochet,  laissez-le  un  peu  jouer  dans  l'eau, 
Port-Royal,  Térence,  Adelphes,u\,  4,  dans  richelet. 
Il  Terme  de  boucherie.  Faire  l'habillage  d'une  bête 
tuée.  Il  Terme  de  pêche.  Fendre  la  morue  que  l'on 
veut  saler  et  en  ôter  l'arête.  ||  Terme  do  jardinage. 
Habiller  un  arbre,  en  écourter  les  branches,en  visi- 
ter les  racines  avant  de  le  planter,  les  rafraîchir 
en  les  taillant  et  retrancher  les  racines  endom- 
magées. Il  Enluminer  les  cartes  à  jouer.  ||  Préparer 
une  peau  de  manière  qu'elle  puisse  être  employée. 
Il  Préparer  un  cuir  pour  le  mettre  au  tan.  ||  Monter 
et  terminer  une  carde.  ||  Passer  le  lin  et  le  chanvre 
par  le  séran  ou  peigne.  ||  Ajouter  une  anse,  un 
pied,  une  oreille  au  corps  d'une  pièce  de  poterie. 
Il  2°  En  un  sens  particulier.  Mettre  sur  quelqu'un 
les  diverses  pièces  d'étoffe  dont  on  couvre  le  corps. 
Habiller  un  enfant.  Un  valet  de  chambre  qui  habille 
son  maître.  On  voit  assez  à  l'air  dont  il  est  habillé. 
Que  c'est  l'original  dont  on  nous  a  parlé ,  regnard, 
Démocrite,  iv,  6.  ||  Il  n'est  pas  achevé  d'habiller, 
signifie  également,  on  n'a  pas  achevé  de  l'habiller, 
ou  il  n'a  pas  achevé  de  s'habiller.  ||  3"  Donner, 
fournir  des  habits  à  quelqu'un.  Tous  les  ans  il  ha- 
bille une  famille  pauvre.  Il  [un  prince  qui  fait  la 
guerre]  trouve  incontinent  un  grand  nombre  d'hom- 
mes qui  n'ont  rien  à  perdre,  il  les  habille  d'un  gros 
drap  bleu  à  cent  dix  sous  l'aune,  borde  leurs  cha- 
peaux avec  du  gros  fil  blanc,  et  marche  à  la  gloire, 
volt.  Dict.  phil.  Guerre.  ||  Fig.  Jésus,  mon  Sauveur, 
qui  dites  que  l'on  vous  habille,  quand  on  couvre  la 
nudité  de  vos  pauvres,  BOss.  Panég.  St  Franc.  d'Ass. 
i.  Il  4°  Faire  des  habits  à  quelqu'un.  C'est  depuis  vingt 
ans  le  même  tailleur  qui  m'habille.  Un  philosophe  se 
laisse  habiller  par  son  tailleur,  et  il  y  a  autant  de  ri- 
dicule à  fuir  la  modo  qu'à  l'affecter,  la  bruy.  xui. 
Il  Absolument.  Ce  tailleur  habille  très-bien.  ||  Fig. 
Habiller  quelqu'un  de  toutes  pièces,  endire  beaucoup 
de  mal.  ||  On  dit  dans  le  même  sens,  simplement,  ha- 
biller. Voilà  comme  ils  vous  habillent,  d'alembebt, 
Lett.  à  Voltaire,  23  janv.  4  767.  ||  6°  Faire  prendre  tel 
ou  tel  costume.  11  y  en  a  eu  [des  empereurs]  qui  ont 
habillé  des  Romains  en  Perses,  afin  de  montrer  des 
captifs  des  provinces  qu'ils  n'avaient  pas  conquises, 
BALZ.  le  Prince,  5.  ||  Fig.  Habiller  une  pensée  en 
vers,  la  mettre  en  vers.  L'un  en  siyla  pompeux  ha- 
billant une  églogue,  BOIL.  Disc,  aurai.  Souvent  j'ha- 
bille en  vers  une  maligne  prose,  m.  Sat.  vu.  Le 
temps  n'est  plus,  mes  vers,  où  ma  muse  en  sa  force. 
Du  Parnasse  français  formant  les  nourrissons,  De 
si  riches  couleurs  habillait  ses  leçons,  id.  Éptl.  x. 
Il  Fig.  Donnera  un  personnage  un  caractère  qui  lui 
est  étranger.  En  vain  certains  rêveurs  nous  l'habil- 
lant en  reine  [la  raison].  Veulent  sur  tous  nos  sens 
la  rendre  souveraine,  Bon..  Sat.  iv.  ||  En  mauvaise 
part,  habiller  à  la  française  les  héros  Je  l'antiquité. 
Il  On  dit  dans  un  sensanalogue:  Ce  traducteur  a  ha- 
billé Déraoslhène  à  la  française.  ||  6°  Il  se  dit  de 
l'effet  que  font  les  habits  qu'on  porte.  Ce  costume 
vous  habille  très-bien.  1|  Absolument.  Celte  étoffe 
habille  bien,  elle  est  souple,  maniable,  s'adapte  aux 
formes  du  corps.  Il  7°  Par  extension,  couvrir,  enve- 
lopper. Habiller  de  ronces  le  tronc  d'un  arbre  pour 
le  préserver  de  la  dent  des  animaux.  Il  e»t  fâcheux, 
grand  roi,  de  se  voir  sans  lecteur.  Et  d'aller  du  ré- 
cit de  ta  gloire  immortelle  Habiller  chez  FrancœiLT 
le  sucre  et  la  cannelle,  doil.  ÊpU.  i.  Eschyle  danslo 
chœur  jeta  les  personnages,  D'un  masque  plus  hon- 
nête habilla  les  visages,  id.  Art  p.  m.  ||  Fife.  Ha- 
biller un  conte,  le  raconter  de  manière  que  ce  qu'il 
peut  renfermer  de  graveleux  ou  de  trop  libre  soit 
caché.  Il  8°  Terme  d'arts.  Draper  les  figures.  Ce  pein- 
tre, ce  sculpteur  ne  sait  pas  habiller  ses  figures. 
Il  9°  S'habiller,  v.  réfl.  Mettre  des  habits.  Je  m'ha- 


1966 


HAB 


bille  et  je  pars.  Il  s'habille  en  berger,  endosse  un 
hoqucton,  Fait  sa  houlette  d'un  bâton,  la  font. 
Fabl.  m,  a.  1|  Se  pourvoir  d'habits.  Il  s'habille  chez 
les  premiers  faiseurs.  ||  Il  sn  dit  de  la  manière  de 
s'habiller.  Il  s'habille  trîjs-bien.  Il  s'habille  à  l'anti- 
que. Cette  femme  ne  sait  pas  s'habiller.  ||  Abso- 
lument, s'habiller,  se  mettre  en  toilette.  Je  vais 
.ilîner  volontiers  chez  eux,  parce  que  je  n'ai  pas 
besoin  do  m'habiller.  ||  Fig.  Se  couvrir.  Quant 
Saint-Marc  s'habilla  des  enseignes  de  Thrace,  eé- 
QNiER,  Sat.  X.  Le  monde  aujourd'hui  n'est  plein.... 
que  de  ces  imposteurs  qui....  s'habillent  insolem- 
ment du  premier  nom  illustre  qu'ils  s'avisent  de 
prendre,  mol.  l'Àv.  v,  B.  ||  10"  S.  m.  L'action 
d'habiller.  Tant  à  son  habiller  qu'à  sa  promenade 
j'observai  soigneusement  son  maintien  [du  roi], 
ST-.SIM.  208,  1 28.  Si  on  lui  faisait  attendre  au  roi 
quelque  chose  à  son  habiller,  c'était  toujours  avec 
patience,  id.  4)o,  <44. 

—  HlST.  XV*  s.  Et  après  s'assemblèrent  la  plus 
grand  partie  des  plus  nobles  et  mieux  habillés  (ar- 
més), MONSTREL.  II,  96.  Le  roy  entra  le  lendemain 
en  la  cité  de  Florence;  et  lui  avoit  ledit  Pierre  fait 
habiller  [tendre]  sa  maison,  comm.  vii,  9.  Vindrent 
aucuns  messagers  qui  avoient  ainsi  veu  habiller 
ces  chanoynes  [il  est  dit  plus  haut  qu'on  en  tua  cinq 
ou  six  et  mit  un  autre  en  pièces],  id.  ii,  7.  Lors  fit 
ainsi  habiller  les  perdrix,  et,  quand  elles  furent  pres- 
tes et  rosties....  le  vin  apporté,  œufs  en  diverses 
façons  habillés  et  mis  à  point,  LOUis  xi,  Nouv.  xcix. 
La  suppliante  se  print  à  habiller  le  disner  d'elle  et 
des  gens  deson  hostel,  du  cange,  habilitare.  Comme 
le  suppliant  est  prest  et  habillé  de  faire  plaisir  et 
service  à  autruy,iD.  ib.U  fut  habillé  et  pen.sé  [pansé] 
ainsi  qu'on  le  peut  faire,  saliony,  Hisl.  de  Char- 
les YIU,  p.  24,  dans  lacuhnk.  Lors  n'eut  povoir 
d'aller  plus  avant,  comme  celluy  qui  tellement  es- 
toit  habillé  [maltraité]  que  il  avoit  perdu  le  povoir 
du  corps,  Lancelot  dulac,  t.  in,f''  )  12,  dansLACUBNE. 
Si  trouva  son  cheval  tout  sellé  que  Brisanne  luy 
avoit  faict  habiller,  ib.  t.  n,  f"  86.  Incontinent  fit 
mondit  seigneur  habiller  un  bateau,  qu'il  fit  bien 
équiper  de  mariniers,  Hist.  d'Àrtus  111,  connest.  de 
France,  p.  77« ,  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  Le  mestier 
d'habiller  à  scupper  et  do  faire  la  cuisine,  ahyot, 
iyc.  et  Numa  comp.  t.  Ne  saichants  par  quel  bout 
y 'commencer,  ils  habillèrent  bien  fort  à  rire  aux 
viels  guerriers,  carloix,  ii,  (8.  Le  chirurgien,  cha- 
cune fois  qu'il  habillera  le  patient,  comprimera  la 
dure  mère  avec  un  tel  instrument j  paré,  viii,  <8. 

—  ÊTYM.  Bourg,  habillé  ;  de  habile  dans  le  sens 
de  commode,  qui  est  à  point,  qui  va.  Habiller  est 
proprement  rendre  dispos,  mettre  à  point,  d'où  vêtir. 

t  HABILLEUR  (a-bi-Ueur,  U  mouillées),  s.  m. 
Il  !•  Celui  qui  habille.  ||  5.  f.  Habilleuse,  se  dit, 
dans  les  théâtres,  des  femmes  qui  sont  chargées 
d'habiller  les  actrices  subalternes  et  les  figurantes. 
Il  S°  Terme  de  pêche.  Se  dit  de  celui  qui  habille  la 
morue.  Le  décolleur,  après  avoir  coupé  la  tête  à  la 
morue,  lui  vide  le  corps,  et  la  livre  à  l'habilleur, 
qui  !a  tranche  et  la  met  dans  le  sel  où  elle  reste 
huit  ou  dix  jours,  raynal,  Uisl.  phil.  xvii,  <3. 
Il  3°  Oirvrier  qui  habille  les  peaux.    - 

—  HIST.  XVI'  s.  Une  bonne  commère,  tirant  un 
peu  sur  l'ago,  estant  tombée,  s'estoit  escroupionnée, 
et  estant  habillée  (pansée],  elle  avoit  dit  à  son  habil- 
leur [chirurgien]  le  quel  avoit  remédié  à  la  disloca- 
tion.... zKjucuer,  Serves,  p.  »  H,  liv.  i,  dans  lacurne. 

—  ÊTYM.  Habiller. 

t  UABILLOT  (a-bi-llo ,  Il  mouillées),  s.  m.  Mor- 
ceau de  l)Ois  qui  accouple  les  coupons,  dans  les 
trains  de  bois  flotté. 

—  ÊTYM.  Habiller,  dans  le  sens  de  disposer. 

t  HABILLURE  (a-bi-llu-r', !J  mouillées),  s. /'.Point 
(le  jonction  d'un  treillage. 

—  ÊTYM.  Habiller. 

HABIT  (a-bi  ;  le  »  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  \'s  se  lie  :  des  a-bi-z  étroits), 
s.  m.  Il  1»  Ce  qui  se  met  par-dessus  la  chemise  et  le 
gilet  pour  couvrir  le  corps,  chez  l'homme,  et,  chez 
la  femme,  ce  qui  se  met  par-dessus  le  jupon.  Un 
habit  bourgeois,  ecclésiastique,  militaire.  Ma  foi, 
les  beaux  habits  servent  bien  à  la  mine,  Régnier, 
KaceUe.  Sous  l'habit  de  Didyme  elle-même  est  sor- 
tie, CORN.  Théod.  IV,  5.  Une  femme  ne  prendra 
point  un  habit  d'homme,  et  un  homme  ne  prendra 
point  un  habit  de  femme,  saci,  Bible,  DeuUron. 
XXII,  R.  Quoique  son  habit  [do  Psyché]  fût  de  deuil, 
c était  aussi  un  haliit  de  noces,  chargé  de  diamants 
""  -faucoup  d'endroits,  et  qui  avait  consumé  deux 
années  du  revenu  de  son  père,  la  font.  PsycM, 
n,  p.  t«t.  Le  deuil  n'est  bien  souvent  que  change- 
ment d  habits,  iD.  Coupe.  Je  tâte  votre  habit  |  l'habit 


HAB 

« 

d'Elmire],  l'étoffe  en  est  moelleuse,  mol.  Tort.  ui,ï. 
L'habit  qu'il  eut  sur  lui  fut  son  seul  héritage,  BOii.. 
Sat.  I.  Quelles  traces  de  sang  vois-je  sur  vos  habits? 
bac.  Théb.  I,  3,  El  lui-même  marchant  en  habits 
magnifiques,  id.  Esth.  n,  5.  Je  l'ai  vu  :  son  même 
air,  son  même  habit  de  lin,  Sa  démarche,  ses 
yeux,  et  tous  ses  traits  enfin,  id.  Athal.  ii,  B.  Lais- 
sez là  cet  habit,  quittez  ce  vil  métier,  id.  ib.  ii,  7. 
Vous  savez  que  l'habit  ne  fait  pas  la  science,  re- 
ONAno,  Folies  am.  i,  5.  Chez  de  certaines  gens,  un 
habit  neuf,  c'est  presque  un  beau  visage ,  mari- 
vaux,  Marianne,  l"  part.  L'or  et  les  diamants  bril- 
lent sur  ses  habits,  volt.  Scythes,  i,  ) .  Les  autres 
sont  armés  sous  un  habit  de  paix,  id.  Irène,  ii,  I. 
Elle  avait  un  habit  de  cheval  qui  dessinait  à  ravir 
l'élégance  de  sa  taille,  stael,  Corinne,  xvii ,  6. 
L'hiver  moscovite  les  attaque  de  toutes  parts  :  il 
pénètre  au  travers  de  leurs  légers  vêtements  et  de 
leur  chaussure  déchirée;  leurs  habits  mouillés  se 
gèlent  sur  eux;  cette  enveloppe  de  glace  saisit 
leurs  corps  et  roidit  tous  leurs  membres,  ségub, 
Hist.  de  Nap.  ix,  H.  ||  Habits  de  chœur,  habils  que 
les  chanoines,  les  ecclésiastiques  et  les  religieux 
portent  durant  l'assistance  aux  offices  de  l'église. 
Il  Terme  de  religieuses  bénédictines.  Habit  de 
chœur,  grande  robe  noire  plissée,  avec  des  man- 
ches longues,  qu'on  porte  aux  cérémonies.  ||  Mettre 
habit  bas,  quitter  son  habit  pour  se  livrer  à  quelque 
travail  manuel.  ||  Fig.  Mettre  habit  bas  pour  jamais, 
mourir.  Je  dois  bientôt,  il  me  semble,  Mettre  pour  ja- 
mais habit  bas;  Attends  un  peu,  nous  finirons  ensem- 
ble. Mon  vieil  ami,  ne  nous  séparons  pas,  bérang. 
Jfon  habit.  ||  Vieux  habits,  vieux  galonsl  cri  des  fri- 
piers ambulants  qui  demandent  à  acheter  de  vieilles 
défroques.  Gens  vêtus  d'or  et  d'écarlate,  Pendant 
un  mois  chacun  vous  flatte  ;  Puis  à  vos  portes 
nous  allons  :  Vieux  habits,  vieux  galons,  bérang. 
Vieux  habits.  ||  Un  habit  qui  montre  la  corde,  un 
habit  tout  à  fait  usé.  Cet  habit  fait  bien  dire  aux 
gausseurs  qu'il  fait  peur  aux  larrons,  en  leur  mon- 
trant la  corde,  cyrano  de  berg.  le  Pédant  joué, 
m,  2.  Il  Grand  habit,  s'est  dit  pour  habit  de  céré- 
monie. Sans  prendre  le  temps  d'aller  à  la  maison 
qu'elle  occupait  à  Paris,  pour  y  quitter  son  grand 
habit  et  son  éclatante  parure,  genlip,  Mlle  de  la 
Fayette,  p.  21,  dans  pougens.  ||  2°  Particulièrement. 
Partie  de  l'habillement  de  l'homme  ouverte  par 
devant,  et  à  basques  plus  ou  moins  larges.  C'est 
un  chef-d'œuvre  que  d'avoir  inventé  un  habit  sé- 
rieux qui  ne  fût  pas  noir,  mol.  Bourg,  gent.  u,  8. 
Vous  avez  tout  à  fait  bon  air  avec  cet  habit,  id.  ib. 
m,  4.  L'ignorance  et  l'erreur  à  ses  naissantes  pièces 
[de  Molière],  En  habit  de  marquis,  en  robes  de 
comtesses,  Venaient  pour  difl'amer  son  chef-d'œu- 
vre nouveau,  boil.  Ép.  vu.  J'ai  à  présent  sous  mes 
yeux  un  paysage  que  Vernct  fit  à  Rome  pour  un 
habit,  veste  et  culotte,  et  qui  vient  d'être  acheté 
mille  écus,  dideeot.  Salon  de  4  7n7,  Œuv.  t.  xiv, 
p.  7,  dans  POLGENS.  Sois-moi  fidèle ,  ô  pauvre  ha- 
bit que  j'aime;  Ensemble  nous  devenons  vieux; 
Depuis  dix  ans  je  te  brosse  moi-même.  Et  Socrate 
n'eût  pas  fait  mieux,  bérang.  Mon  habit.  ||  Par 
antonomase,  celui  des  vêtements  du  haut  du  corps 
que  l'usage  fait  choisir  comme  seul  convenable 
dans  les  réunions  un  peu  cérémonieuses;  c'est  au- 
jourd'hui le  frac.  —  Irez-vous  là  en  redingote?  — 
Non,  je  serai  en  habit.  —  Et  que  mettrez-vous  sur 
votre  habit?  —  Mon  paletot.  ||  Habit  veste,  habit  à 
basques  très-courtes.  ||  8"  Habit  long,  la  soutane, 
habit  des  ecclésiastiques ,  et  aussi  autrefois  de 
quelques  professions.  Le  roi  me  demanda  hier  si 
vous  ne  seriez  pas  toujours  en  habit  long,  main- 
TENON,  Lett.  au  card.  de  Noailles,  6  nov.  (695. 
Il  Habit  court,  l'habit  que  les  ecclésiastiques  por- 
tent quelquefois  au  lieu  de  leur  soutane.  ||  Habit 
court,  s'est  dit  aussi  pour  certaines  gens  qui,  dans 
leurs  fonctions,  portaient  l'habit  long.  Lorsque, 
ayant  quitté  la  robe  consulaire,  vous  êtes  à  Saint- 
Mandc  ou  à  Paris,  dans  votre  chambre,  en  habit 
court,  et  à  peu  près  dans  l'équipage  et  dans  l'hu- 
meur où  se  trouvait  Scipion  quand  il  ramassait  des 
coquilles  au  bord  de  la  mer  avec  son  ami  Lélius, 
SCARRON,  Lett.  Œuv.  t.  I,  p.  2.10.  Tel  rit  d'un  juge 
en  habit  court,  qui  tremiile  au  seul  aspect  d'un 
procureur  en  robe,  BEAUMAiîcn.  Mar.  de  Fig.  m,  4. 
il  4"  Habit  se  dit  du  vêtement  des  religieux  et 
des  religieuses.  De  retour  dans  sa  patrie  il  [Roger 
Bacon]-  prit  l'habit  de  franciscain,  diderot,  Opin. 
des  anc.  phil.  (scholastiques),  CEuv.  t.  vu,  p.  276. 
Il  Absolument.  Prendre  l'habit,  se  faire  religieux, 
religieuse.  Votre  cousine  a  pris  l'habit  à  Montmar- 
tre, SÊV.  300.  Il  Prise  d'habit,  entrée  en  religion. 
Il  Proverbe.  L'habit  ne  fait  pas  le  moine,  on  ne  doit 


HAB 

pas  juger  des  personnes  par  l'apparence.  Cela  se  dit 
aussi  des  personnes  dont  la  conduite  n'est  pas  coo- 
forme  à  leur  état.  Cette  façon  de  parler  est  priM 
des  auteurs  du  droit  canon,  traitant  de  la  capacité 
ou  incapacité  de  posséder  (les  bénéfices;  elle  veut 
dire  au  propre  :  Il  faut  être  profès  et  non  simple 
novice  pour  posséder  un  bénéfice  régulier,  par  ojv- 
position  aux  bénéfices  séculiers,  de  bhieux. 

—  HIST.  XII'  s.  Faites  roi  del  moine  Costant  ; 
Drois  oirs  [légitime  héritier]  est,  tolons  Ii  l'abit, 
WACE,  Brut,  V.  6642.  ||  xiii*  S.  Li  mesdisans  onf 
parlé  Seur  aucuns  amis,  Que,  s'il  se  fassent  mené  En 
simples  habis,  Jà  n'en  fust  issuz  mesdiz  [sortie  mé- 
disance], Mss.  de  poés.  fr.  ar.arU  *300,  i.  iv,  p.  Ul», 
dans  LACURNE.  Note  que  habit  fet  moine;  et  qui  est 
profès  ne  se  pot  marier,  Liv.  de  just.  193.  Moult 
volentiers  [je]  quesisse  une  religion  Où  je  m'ame 
salvaisse  en  bonne  enlention  ;  Mais  tant  voi  en  plu- 
seurs  envie,  elation,  Qu'il  ne  tiennent  de  l'ordre 
fors  l'abit  et  le  nom,  ruteb.  238  ||  xiV  s.  Les  habis 
[habitudes]  naturels  sont  en  enfans  et  en  bestes, 
OBESME,  Eth.  4  89.  Bien  semble  à  leur  abit  une 
poure  maisnie,  Guescl.  3780.  ||  xV  s.  Et  là  sco:t  le 
jeune  roi  en  habit  royal,  froiss.  u,  u,  74.  Ils  ^a 
Gantois]  mirent  tout  hors,  femmes  et  enfans,  el  ks 
envoyèrent  toutes  nues  en  leurs  chemises  ou  os 
plus  povres  et  petits  habits  qu'elles  eussent,  m.  n, 
II,  213.  Trop  de  gens  sont  qui  honouient  l'habit, 
Et  au  corps  font  pour  robe  révérence,  Et  ne  tien- 
nent compte  de  l'osperit,  e.  desch.  Bail.  I.'habit 
ne  fait  pas  l'homme.  Et  entre  tous  ceulx  que  j'ay 
jamais  congneus  [Louis  XI]  le  plus  humble  en 
parolles  et  en  babitz,  comm.  1,  40.  ||xvi'  s.  Il  n'est 
pas  si  fol  qu'il  en  porte  l'habit,  cotgrave.  D'habits 
d'autrui  mal  on  s'honore,  lehoui  de  lincy,  Proi . 
t.  II,  p.  <68.  Perdre  son  habit  en  un  jour  de  Iroid.  11:. 
ib.  p.  370.  Tout  habit  au  pauvre  duit,  id.  16.  p.  427. 

—  ÊTYM.  Bourg,  haibi  ;  provenç.  hobil,  abil  ; 
cat.  habit;  esp.  habito;  ital.  àbito ;  du  latin  fto- 
bitus,  qui  veut  dire  proprement  manière  d'être, 
venant  de  habere,  avoir,  mais  qui  signifie  aus- 
dans  [a  meilleure  latinité  vêtement;  on  comp'eni 
comment,  de  manière  d'être,  le  passage  s'est  fait  à 
vêtement  ;  ce  passage  appartient  non  au  moyen  âge 
scolastique,  mais  à  l'antiçruité  latine.  Habit,  bien 
qu'il  remonte  au  xm'  siècle,  est  fait  sur  le  latin; 
habitus,  ayant  l'accent  sur  ha,  aurait  donné  hâte. 

t  HABITABILITÉ  (a-bi-te-bi-li-té),  s.  f.  Qualité 
de  ce  qui  est  habitable.  La  pluralité  des  mondes 
habités;  étude  où  l'on  expose  les  conditions  d'ha- 
bitabilité des  terres  célestes,  discutées  au  point  de 
vue  de  l'astronomie  et  de  la  physiologie,  Titre  d'un 
ouvrage  de  klammarion,  )862. 

HABITABLE  (a-bi-U-bl'),  odj.  Qui  peut  être  ha- 
bité, oii  l'on  peut  habiter.  Maison,  logement  habi- 
table. Ce  pays  n'est  pas  habitable.  S'il  [NapoléouJ 
y  avait  [à  Vitepsk]  conservé  et  rétabli  son  armée... 
alors  ses  quartiers  d'hiver  eussent  été  habitables; 
mais  aujourd'hui  rien  n'y  est  prêt,  ségur.  Hisl.  dt 
Nap.  IX,  B.  Il  La  terre  hîiiitable,  chez  les  anciens, 
les  continents  et  iles  réelles  ou  imaginaires  qu'ils 
supposaient  dans  les  deux  zones  tempérées,  parce 
qu'ils  regardaient  les  glacicdcs  et  la  torride  commis 
alisolument  inhabitables.  {|  Chez  les  modernes,  !.■ 
partie  du  globe  terrestre  où  les  hommes  peuvcnl 
résider.  Un  pays  plus  charmant  qu'aucun  autre  qui 
soit  sur  la  terre  habitable,  sÉv.  (4  sept.  (67s.  Gen- 
gis  et  ses  fils,  allant  de  conquête  en  conquête,  cni- 
rcnt  qu'ils  subjugueraient  toute  la  terre  habitable, 
volt.  Mœurs,  60. 

—  HIST.  xiv  s.  Ptolémée  dit  que  es  extrémités  de 
la  terre  habitable  sont  gens  sauvages,  oresme,Ï(/i.  81. 

—  ÊTYM.  Provcnç.  et  esp.  habitable;  port,  habi- 
tavel;  ital.  abitabiCe;  du  lat.  habitabilis,  de  habi- 
tare,  habiter. 

HABITACLE  (a-bi-ta-kl') ,  s.  m.  ||  l*  HabiUtion, 
demeure  ;  il  ne  se  dit  guère  que  dans  le  style  sou- 
tenu et  dans  celui  de  l'Ecriture.  L'habitacle  du  Très- 
Haut.  Se  retire  aux  tombeaux,  habitacle  d'horreur,  R. 
GARNiER,  Marc-Antoine,  iv,  r  Un  bourg  était  au- 
tour, ennemi  des  autels.  Gens  barbares,  gens  durs, 
habitacle  d'impies,  la  font.  Phil.  et  Baucis.  Nor 
loin  de  l'armoriquc  plage.  Il  est  une  île,  affreux  ri« 
vage.  Habitacle  marécageux.  Moitié  peuplé,  moitié 
sauvage,  gresset.  Carême  impromptu.  Quels  beaux 
échanges  d'amitié  Font_  digne  de  regrets  l'habitacle 
des  hommes?  a.  chën.  Ïambe  m.  'Le  souverain  des 
hiérarchies  maudites  est  entré  dans  son  habitacle 
impur,  ciiATEAUBR.  Mart.  viii.  ||  Fig.  et  par  plai- 
santerie. L'habitacle  de  la  raison,  la  tète,  le  cer- 
veau. Paris  a  peur  qu'on  ne  lui  fêle  L'habitacle  de 
la  raison,  scarron,  Fi'rg.  v.  ||  2°  Terme  de  marine. 
Armoire  dans  laquelle  est  placée  en  suspension  le 


HAB 


HAB 


HAB 


1!)67 


boussole  ou  compas  de  route.   D'après  Legoarant, 
habitacle,  terme  de  marine,  est  féminin;  l'Acadé- 
1  mie  le  dit  masculin. 

—  HIST.  xii*  s.  Le  habitacle  as  escuiers,  à  ki 
apendeit  le  cors  le  rei  guarder,  Rois,  p.  386.  {|  xm*  s. 
Si  Icssierent  tretuit  les  terres.  Qu'il  ne  porent  sof- 
frir  les  guerres;  As  ciex  firent  lor  habitacles,  N'onc 

I  puis,  se  ne  fu  par  miracles.  N'osèrent  ça  jus  de- 
î  valer,  la  Rose,  6415.  ||xvi'  s.   Leur  excellence  pé- 
rira, le  sepulchre  sera  leur  habitacle,  calv.  Iiistit. 

336 Au  Louvre,  ancien  temple  et  habitacle  des 

roys  de  France,  Sat.  Mén.  p.  3. 

—  ËTYM.  Provenç.  habitacle,  abitacle;  esp.  habi- 
laculo  ;  ital.  abitacolo  ;  du  lat.  habitaculum,  de  Im- 
iitare,  habiter. 

HABITANT,  ANTE  (a-bi-tan,  tan-f) ,  s.  m.  et  f. 
Il  1"  Celui,  celle  qui  habite,  qui  fait  sa  demeure  fixe  en 
un  lieu.  Le  sommes-nous  [touchés]  des  maux  de  la 
Hongrie  et  de  l'Autriche  ravagées?  leurs  habitants 
passés  au  fil  de  l'épée....  boss.  War.-Thér.  Au  pre- 
mier bruit  de  ce  funeste  accident  [la  mort  de  Ma- 
chabéc',  tojtes  les  villes  de  Judée  furent  émues; 
(les  ruisseaux  de  larmes  coulèrent  des  yeux  de  tous 
leurs  habitants,  fléch.  Turenne.  Les  dieux  mêmes, 
'es  dieux,  de  l'Olympe  habitants....  Ont  brûlé  quel- 
quefois de  feux  illégitimes,  bac.  Phèd.  iv,  6.  Je 
n'ai  rien  voulu  imaginer  sur  les  habitants  des  mon- 
des qui  fût  entièrement  impossible  et  chimérique, 
FONTEN.  Mondes,  Préface.  Paul  Jove,  dans  son  His- 
toire de  Léon  X,  rapporte  que  du  temps  de  Clé- 
ment VU,  Rome  ne  possédait  que  32  ooo  liabitants; 
quelle  différence  de  ces  temps  avec  ceux  des  Trajan 
et  des  AntoninI  volt.  Mœurs,  (85.  Elles  [les  voi- 
tures] portent  aussi  des  femmes  françaises  avec 
leurs  enfants  ;  jadis  ces  femmes  furent  d'heureuses 
habitantes  de  Moscou;  elles  fuient  aujourd'hui  la 
haine  des  Moscovites  que  l'invasion  a  appelée  sur 
leurs  têtes;  l'armée  est  leur  seul  asile,  ségup,  Ilisl. 
de  Nap.  ix,  t.  ||  Poétiquement.  Les  habitants  des 
forets,  les  animaux  sauvages.  Les  habitants  de 
l'air,  les  oiseaux.  Les  habitants  des  eaux,  les  pois- 
sons. Que  peuvent  tes  amis  et  leurs  armes  fragiles. 
Des  habitants  des  eaux  dépouilles  inutiles?  volt. 
ilg.  II,  4.  Il  2°  Il  se  dit  de  celui  qui  possède  un  do- 
maine,  une  habitation  dans  une  colonie.  Un  habi- 
tant de  la  Martinique,  de  la  Guadeloupe.  ||  3°  Adj. 
En  termes  de  pratique,  domicilié.  Elle  a  établi  sa 
demeure  en  tel  endroit,  oiielle  est  encore  habitante. 

—  HlST.  xni*  s.  En  tous  tex  cas  ne  doit  nus  [nul] 
astre  espargniés  des  abitants,  beaum.  xlix,  5. 

f  HABITAT  (a-bi-ta) ,'»  ;.  m.  Terme  de  botanique. 
Lieu  spécialement  habité  par  une  espèce  végétale. 
Ces  plantes  ont  différents  habitats  (voy.  habitation). 
Il  On  l'applique  aussi  aux  animaux  et  à-  l'homme, 
considérés  selon  les  diverses  races.  Dira-t-on  que 
les  races  humaines  sont  dirigées  dans  leurs  migra- 
tions par  une  sorte  d'instinct  merveilleux  qui  leur 
fait  pressentir  l'habitat  le  mieux  approprié  à  leurs 
aptitudes  natives  et  à  leurs  besoins  futurs?  coua- 
NOT,  De  l'enchatnement,  etc.  t.  ii,  p.  37o. 

—  ÉTYM.  Lat.  partie,  passif  neutre,  habitatum, 
lie  habitare,  habiter. 

•fHABITATEUR(a-bi-ta-teur), s.  m.Celui  qui  habite. 

—  HlST.  XII"  S.  Dolurs  purtindrent  [eurent  de 
tout  côté]  li  habitedur  de  Filistiim,  Liber  psalm, 
p.  238.  Il  XVI*  s.  Et  d'Athénien  esté  fait  habitateur 
de  l'isle  Andros,  o.  tory,  dans  haynouard,  Lex. 

—  Rtym.  Provenç.  habitaire,  habitador,  esp. 
habitador;  ital.  abitatore;  du  lat.  habitatorem ,  de 
habitare,  habiter.  Le  provençal  habitaire  est  au  no- 
minatif, et  vient  d'habitâlor  ;  habitador  est  au  ré- 
gime, et  vient  i' habitatorem. 

HABITATION  ( a-bi-ta-sion ;  en  vers,  de  cinq 
sylla'iies),  s. /". Il  1°  Action  d'habiter  un  lieu,  séjour 
que  l'on  y  fait  habituellement.  L'habitation  de  cotte 
maison  est  malsaine.  L'Écriture  nous  dit  que  l'ha- 
bitation terrestre  abaisse  l'esprit  qui  pense  à  plu- 
sieurs choses,  NicoLLE,  Ess.  mor.  t"  traité,  ch.  (O. 
Vous  avez  donc  changé  d'habitation  :  je  vous  sou- 
liaite,  quelque  part  que  vous  soyez,  autant  de  bon- 
heur que  de  talents,  volt.  Lett.  la  Harpe,  29  sept. 
1772.  Il  II  se  dit  des  animaux.  Le  tigre  fait  son  ha- 
bitation dans  les  contrées  brillantes.  ||  2°  L'endroit 
où  l'on  demeure,  domicile,  maison.  Celte  habitation 
me  plaît.  Ce  n'étaient  point  des  barbares  cherchant 
de  meilleurs  climats,  des  habitations  plus  commo- 
des, des  spectacles  plus  enivrants,  de  plus  grandes 
richesses,  séodr,  Hist.  de  Nap.  ix,  7.  Il  laissa  der- 
rière lui  quelques  cosaques  pour  brûler  les  fourra- 
ges ;  les  habitations  furent  respectées,  lo.  ib.  vi,  2. 
Il  Terme  de  jurisprudence.  Droit  d'habitation,  droit 
de  demeurer  dans  la  maison  d'autrui  sans  payer  de 
loyer.  Celui  qui  a  un  droit  d'habitation  dans  une 


maison  peut  y  demeurer  avec  sa  famille,  Code  Nap. 
art.  632.  Il  Terme  d'ancienne  législation.  Habitation 
en  cas  de  survie,  droit  que  l'on  conférait,  par  con- 
trat de  mariage,  à  la  femme,  dans  le  cas  où  elle 
survivrait  à  son  mari,  d'habiter  la  maison  conju- 
gale ou  une  maison  propre  au  mari.  ||  3"  Terme 
d'histoire  naturelle.  Climat  que  chaque  être  vivant 
préfère.  On  ne  doit  pas  confondre  l'habitation 
avec  l'habitat,  qui  est  un  lieu  spécial,  tandis  que 
l'habitation  est  un  climat,  une  région.  ||  L'habita- 
tion d'un  animal,  les  lieux  qu'il  fréquente  habi- 
tuellement. Il  4°  L'établissement  qu'une  colonie 
forme  dans  un  pays  éloigné.  Les  Français  ont  éta- 
bli une  nouvelle  habitation  au  Canada.'||  Par  exten- 
sion, bien  possédé  par  un  particulier  aux  colonies. 
Il  avait  cent  nègres  sur  son  habitation.  ||5°  Avoir 
habitation  avec  une  femme,  avoir  avec  elle  un  com- 
merce charnel.  ||  Il  se  dit  aussi  des  animaux.  Ceux 
[œufs]  qu'elle  [la  poule]  a  produits  dans  le  temps  de 
son  habitation  avec  le  mille,  buff.  Ilist.  anim.  (Èuv. 
t.  IV,  p.  77. 

—  IIIST.  XII'  s.  Il  establirent  cited  d'abitaciun, 
Liber  psalm.  p.  <C6.  Que  deviendront  lors  vos  mai- 
sons, Vos  bêles  habitations?  Adam,  Mystère,  p.  76. 
Cil  de  Jérusalem  s'en  foïrent,  et  devint  Jérusalem 
habitacions  d'estranges,  Machabées,  i,  t.Hxiii"  s. 
Il  [le  phénix]  vole  et  s'en  va  à  son  leu  [lieu]  là  où 
s'abitacions  est,  bbun.  latini.  Trésor,  p.  2H.  Am- 
phion....  par  ses  bones  paroles  retraisf  les  homes 
des  sauvages  roches  où  il  habitoient,  et  les  amena 
à  la  commune  habitation  de  cité,  ID.  ib.  p.  469. 
Il  xiv°  s.  Hostelier  doit  savoir  que  quiconques  est 
entré  en  sa  maison  pour  hostelier  et  fait  son  habi- 
tation de  la  maison  son  hoste....  j.  de  vignay, 
Eschecs  moralises,  f"  68,  t^erso.  ||  xvi*  s.  Combien 
que  l'apostre  enseigne  que  Jésus  Christ  habite  en 
nos  cœurs  par  foy,  neantmoins  personne  n'inter- 
prétera que  ceste  habitation  est  la  foy  mesme, 
calv.  Inst.  1097.  Il  lui  sera  nécessaire  d'entretenir 
ses  logis  et  maisons  d'habitation,  o.  de  serres,  t402. 

—  ETYM.  Provenç.  et  esp.  habitacion;  ital.  abi- 
tasione;  du  lat.  habitationem,  de  fta&ifore,  habiter. 

t  HABITATIVITÉ  (a-bi-ta-ti-vi-té) ,  s.  f.  Terme 
du  système  de  Gall.  Faculté  affective  qui  attache 
l'homme  à  une  demeure  fixe, 

—  ÉTYM.  Habiter. 

HABITÉ,  ÉE  (ha-bi-té,tée),  port. passade  habiter. 
Les  lieux  habités.  Cette  île  habitée  par  un  peuple  an- 
thropophage. Une  feuille  d'arbre  est  un  petit  monde, 
habité  par  des  vermisseaux  invisibles....  à  plus 
forte  raison,  ce  me  semble,  une  grosse  planète  sera- 
t-elle  un  monde  habité,  fonten.  Mondes,  3'  soir. 
Il  On  dit  familièrement  d'un  enfant  :  Sa  tête  est 
habitée,  c'est-à-dire  11  a' de  la  vermine. 

HABITER  (a-bi-téj,  V.  a.  ||  1°  Occuper  comme  de- 
meure. Tant  que  nous  sommes  détenus  dans  cette 
demeure  mortelle,  nous  vivons  assujettis  aux  chan- 
gements, parce  que,  si  vous  me  permettez  de  par- 
ler ainsi,  c'est  la  loi  du  pays  que  nous  habitons, 
Boss.  Duch.  d'Orl.  Souffrez  que  pour  jamais  le  trem- 
blant Hippolyte  Disparaisse  des  lieux  que  votre 
épouse  habite,  rac.  Phèd.  m,  5.  Les  déserts,  autre- 
fois peuplés  de  sénateurs,  Ne  sont  plus  habités  que 
par  leurs  délateurs,  id.  Brit.  i,  2.  Abandonnez  ce 
temple  aux  prêtres  qui  l'habitent,  id.  Athal.  ii,  3. 
Tout  ce  peuple  nombreux  dont  il  [le  sérail]  est  ha- 
bité. Assemblé  par  mon  ordre,  attend  ma  volonté, 
iD.  Bajai.  m,  5.  Us  habitent  des  champs,  des  tentes 
et  des  chars,  volt.  Orphcl.  i,  s.  Rome  est  bien  belle 
pendant  le  silence  de  la  nuit  ;  il  semble  alors  qu'elle 
n'est  habitée  que  par  ses  illustres  ombres,  staél,  Co- 
rinne, iv,6.  Il  On  le  dit  aussi  des  animaux  et  des  vé- 
gétaux. Le  renne  habite  les  contrées  du  Nord.  Mille 
oiseaux  effrayants,  mille  corbeaux  funèbres  De  ces 
murs  [la  tour  doMontbIéry]  désertés  habitent  les  té- 
nèbres, BOiL.  Lutr.  III.  Chacun  [végétal]  a  ses  pen- 
chants, sa  saison  et  sa  place.  Habite  les  lieux  chauds, 
ou  se  plaît  sous  la  glace,  delillë,  Trots  règnes,  vi. 
Il  Fig.  La  paix  habite  ce  séjour.  Smyrne  qu'habite 
encor  le  souvenir  d'Homère,  a.  chén.  El.  vi.  ||  Fami- 
lièrement. Ne  pas  bouger  de.  Il  habite  toujours  son 
canapé,  son  fauteuil.  ||  2°  V.  n.  Faire  sa  demeure. 
Habiter  à  la  campagne.  Parlez....  sur  son  tom- 
beau voulez-vous  habiter?  volt.  Sajlhes,  v,  2. 
Cicéron,  Hortensius,  les  Gracques  habitaient  sur  ce 
mont  Palatin  qui  suffit  à  peine,  lors  de  la  déca- 
dence de  Rome,  à  la  demeure  d'un  seul  homme  [Né- 
ron], STAËL,  Corinne,  iv,  B.  L'homme  vit  sur  mille 
points  où  il  n'habite  pas,  dans  mille  moments  qui 
ne  sont  pas  encore;  et,  si  ce  développement  de  sa 
vie  lui  est  retranché....,  laviesoclale  est  mutilée,  la 
société  n'est  plus,  guizot,  Hist.  de  la  civil,  en 
France,  8"  leçon.  ||  11  se  dit  des  animaux  et  des 


plantes.  On  a  vu,  avec  des  lunettes,  de  très-petites 
gouttes  d'eau  rie  pluie  ou  de  vinaigre  ou  d'autres 
liqueurs,  remplies  de  petits  poissons  ou  de  petits 
serpents  que  l'on  n'aurait  jamais  soupçonnés  d'y  ha- 
biter, fonten.  Mondes,  3'  soir.  ||  Kig.  Ce  n'est  point 
sur  ses  bords  [du  Permesse]  qu'lubite  la  richesse, 
BOiL.  Art  p.  IV.  Que  la  terreur  habite  aux  portes  du 
palais,  VOLT.  Zaire,  m,  7.  Mais  vous  qui  m'assu- 
riez, dans  mes  troubles  cruels.  Que  la  paix  habitait 
au  pied  de  ses  autels,  id.  AlS.  I,  4.  On  concevait 
[dans  l'antiquité]  une  liautour  de  vertu  plus  au'hu- 
maine  qui  se  devait  de  ne  jamais  habitei  arec  la 
tyrannie, CARREL,  Œuv.  t.  v,  p.  3H  .  ||  3°  En  termes  de 
dévotion,  il  se  dit  de  l'impression  sanctifiante  que 
Dieu  fait  sur  l'âme.  Ne  savez-vous  pas  que  vous  êtes 
le  temple  de  Dieu,  et  que  l'esprit  de  Dieu  habite  en 
vous?  SACi,  St  Paul,  1"  ipit.  aux  Corinth.  m, .<6. 
Nous  savons  que  les  corps  saints  sont  habités  par 
le  Saint-Esprit  jusqu'à  la  résurrection,  qui  se  fera 
par  la  vertu  de  cet  esprit  qui  réside  en  eux  pour 
cet  effet,  pasc.  Lett.  sur  la  mort  de  son  père. 
Le  Saint-Esprit  revient  habiter  dans  son  âme,  boil. 
ÉpUre  XII.  Dieu  descend  et  revient  habiter  parmi 
nous,  RAC.  Esth.  m,  9.  ||  En  un  sens  contraire,  il  se 
dit  de  l'impression  funeste  du  péché.  Ce  n'est  plus 
moi  qui  fais  cela  ;  mais  c'est  le  péché  qui  habite  en 
moi,  SACi,  Bible,  St  Paul,  Épit.  aux  Rom.  vu,  47. 
Il  4°  Habiter  charnellement  avec  une  femme,  ou, 
simplement,  habiter  avec  une  femme,  avoir  avec 
elle.un  commerce  charnel.  On  dit  qu'Apollon,  épris 
de  la  beauté  de  sa  mère  Périctioné,  habita  avec 
elle,  et  que  notre  philosopha  [Platon]  dut  le  jour  à 
ce  Dieu,  diderot,  Opin.  des anc.  phil.  (Platonisme). 

—  HIST.  XII"  s.  Quant  la  cité  sainte  fu  habitée  en 
bonepais....  Machab.  ii,  3.  E  Jérusalem  non  estoit 
mie  habitée,  ains  estoit  ausi  come  désert,  ib.  i,  3. 
Cil  qui  à  Roem  abitoent,  Ne  qui  el  païs  convei-soent, 
benoît,  II,  308).  Que  je  habite  en  la  maisun  nostre 
segnur  tuz  les  jurz  de  ma  vie,  Liber  psalm.  p.  32. 
Il  xiii"  s.  Chascuns  doit  voidier  son  cor'age  de  la  vo- 
lonté au  charnel  délit  [plaisir]  ;  car  autrement  ver- 
tus n'i  porroit  habiter,  brun,  latini.  Trésor,  p.  370. 
Trop  ai  en  mauves  leu  marchié;  Li  dé  m'ont  pris  el 
emparchié  ;  Je  les  claim  quite  ;  Fols  est  qu'à  lor 
conseil  abite  ;  De  sa  dete  pas  ne  s'aquite,  Ainçois 
s'encombre,  ruteb.  28.  ||xiv'  s.  Homme  et  femme 
ne  habitent  pas  ensemble  tant  seulement  pour  ceste 
cause,  mais  avecques  ce  pour  les  choses  qui  leur 
sont  convenables,  oresme,  Eth.  253.  ||  xv*  s.  Ceste 
complainte  ay  formée  et  escripte.  De  cueur  courcé 
[courroucé]  où  nul  plaisir  n'abile,  alain  chartier. 
Complainte  contre  la  mort.  {{  xvi"  s.  Toutesfois  il  y 
en  a  qui  disent  que  Helpinice  n'habitoit  point  clan- 
destinement, ains  publiquement  avec  son  frère  Ci- 
mon,  AMYOT,  Cimon,  8. 

—  ÉTYM.  Prcvenç.  el  cspagn.  habitar;  ital.  abi- 
tare;  du  latin  habitare,  fréquentatif  de  habere, 
avoir  :  avoir  souvent,  être  souvent,  habiter. 

t  HABITUABLE  (a-bi-tu-a-bl') ,  adj.  Que  l'on  peut 
habituer. 

tHABlTCATION  (a-bi-tu-a-sion),  s.  f.  Action 
d'habituer.  ||  Terme  de  liturgie.  Qualité  de  prêtre 
habitué  dans  une  paroisse. 

—  HlST.  xvr  s.  Est  nécessaire  et  très  utile  avoir 
de  bonne  heure  connaissance  de  sa  complexion,  affin 
que,  si  elle  est  mauvaise,  on  y  pourvoie  par  liabitua- 
tion  et  fréquentation  des  choses  contraires  à  icelle, 
les  Triomphes  de  la  noble  dame,  f"  93,  dans  iacurne. 

HABITUDE  (a-bi-tu-d') ,  s.  f.  ||  1"  'ferme  d'his- 
toire naturelle.  Conformation,  configuration  d'un 
végétal  ou  d'un  animal.  Nous  ignorons  quelle  sorte 
de  respiration  s'opère  dans  la  chenille;  nous  savons 
seulement  qu'elle  ne  saurait  respirer  à  la  manière 
des  grands  animaux,  puisque  les  parties  qui  font 
chez  elle  l'office  de  poumons,  sont  répandues  dans 
toute  l'habitude  du  corps  et  jusque  dans  le  cerveau, 
BONNET,  Contempi.  nat.  m,  20,  note  i.||  Terme  de 
médecine.  Habitude  extérieure,  habitude  du  corps, 
la  constitution,  l'aspect  général  du  corps.  Cette  ha- 
bitude du  corps  menue,  grêle,  noire  et  velue,  mol. 
Pourc.  1,  (I.  Il  Dans  le  langage  général,  habitude 
du  corps,  l'air  qui  résulte  généralement  du  main- 
tien, de  la  démarche,  des  attitudes.  Reconnaître 
quelqu'un  à  l'habitude  du  corps.  ||  2'  Par  extension, 
disposition  acquise  par  la  répétition  des  mêmes  ac- 
tes. Prendre  une  habitude.  Si  le  péché  dont  on 
s'accuse  est  un  péché  d'habitude,  pasc.  Prov.  tc. 
Ceux  qui  sont  dans  les  habitudes  de  crime  contre  la 
loi  de  Dieu,  m.  Prov.  )5.  Encore  qu'elle  [l'âme  du 
pécheur]  ne  sente  pas  ces  charmes  dont  Dieu  ré- 
compense l'habitude  dans  la  piété,  id.  Convers. 
du  pécheur,  édit.  faugère.  L'Espagne  sur  ce  sujet 
[certaines   obsnrvmices|   a  des   couliiinc?    i|ue  la 


ma 


HAB 


France  ne  suit  pas;  mais  la  reine  se  rangea  bienlôt 
A  l'obéissance  ;  l'habitude  ne  put  rien  contre  la 
rftgle,  Boss.  Mar.-TMr.  Ce  qui  forme  les  habitudes, 
ce  sont  les  actes  fréquents  et  réitérés,  bourdal. 
Pensées,  t.  m,  p.  73.  Quand  il  luirait  quelque  rayon 
de  connaissance  [sur  le  lit  do  mort],  les  puissances 
de  l'âme  se  trouvent  ou  liées  par  la  douleur  ou 
usées  par  l'habitude,  FLÉCH.  Uar.-Thér.  Il  met  du 
rouge,  mais  rarement,  il  n'en  fait  pas  habitude, 
LA  BRUY.  xin.  Je  crois  qu'alors  [dans  le  cas  de  chefs- 
d'œuvre]  l'ancienne  école  a  raison,  elle  qui  l'a  si 
rarement  :  habitude  ne  fait  point  passion,  volt. 
nid.  phil.  Ilare.  Lisez  Tacite  sur  les  mœurs  des 
Germains,  c'est  le  tableau  de  celles  des  Hurons,  ou 
plutôt  les  habitudes  de  l'espèce  humaine  entiôre 
.sortant  de  l'état  de  nature,  bufp.  7'  ép.  nat.  Qt'uv. 
t.  XII,  p.  327.  La  force  de  l'habitude,  qui  étouffe  si 
souvent  le  cri  de  la  raison,  et  qui  gouverne  encore 
plus  absolument  les  États  que  les  individus,  raynal, 
Hist.  phil.  vin,  <3.  Je  m'avoue,  non  sans  amertume 
et  sans  regret,  qu'on  a  des  liaisons  d'habitude  dans 
l'âge  avancé;  mais  qu'il  ne  reste  en  nous,  à  côté  de 
nous,  que  le  vain  simulacre  de  l'amitié,  Diderot, 
Claude  et  Nér.  Ii,  Bl.  Les  besoins  répétés  amènent 
l'habitude,  delillf-.  Trois  règnes,  vu.  {|  Habitude  se 
dit  des  animaux.  Nous  n'avons  rien  appris  des  ha- 
bitudes naturelles  de  ces  oiseaux  ;  cependant  celte 
connaissance  seule  anime  le  tableau  des  êtres  vi- 
vants, et  les  présente  dans  la  véritable  place  qu'ils 
occupent  dans  la  nature,  buff.  Ow.    t.  ix,  p.  336. 

I  Familièrement.  C'est  un  homme  d'habitude,  le 
moindre  changement  dans  sa  manière  de  7ivre  le 
dérange.  ||  Fig.  et  familièrement,  et  dans  le  même 
même  sens:  C'est  un  animal,  une  bête  d'habitude. 
Je  suis  bête  d'habitude.  ||  Habitude  avec  la  piéposi- 
lion  de  suivie  d'un  substantif  ou  d'un  verbe.  Ces 
grands  cœurs....  Font  du  commandement  une  douce 
habitude,  conN.  Nicom.  ii,  ).  Je  n'ai  reçu  qu'une 
lettre  de  vous,  ma  chère  fille,  et  j'en  suis  fâchée, 
j'étais  dans  l'habitude  d'en  avoir  deux,  SÉV.  67.  Je 
me  suis  fait  une  habitude  nécessaire  de  vous  voir, 
ni.  (00.  La  dernière  heure  [de  la  vie]  n'en  sera  pas 
moins  insupportable,  et  l'habitude  de  vivre  ne  fera 
qu'en  accroître  le  désir,  iioss.  le  Tcllier.  L'un 
[Louis  XIV]  nourri  dans  ses  camps  et  dans  ses  ar- 
mées commençait  à  prendre  cette  glorieuse  habi- 
tude qu'il  a  de  vaincre,  flécii.  Mar.-Thér.  Vous  vous 
êtes  fait  une  habitude  de  votre  présomption,  bour- 
dal. Sur  la  fausse  conf.  i"  avent,  p.  180.  J'ai  déjà 
vieilli  dans  l'habitude  de  ne  dire  jamais  mon  se- 
cret, et  encore  plus  de  ne  trahir  jamais,  sous  aucun 
prétexte,  le  secret  d'autrui,  fén.  Tél.  m.  |1  Habitude 
avec  la  préposition  à  suivie  d'un  substantif  ou  d'un 
verte.  L'habitude  à  régner  et  l'horreur  d'en  déchoir, 
CORN,  l'ulch.  I,  ) .  Instruit  par  tes  maximes,  Il  s'est 
fait  do  ton  ordre  une  habitude  aux  crimes,  m.  Attila, 
IV,  3.  L'habitude  qu'elle  a  aux  péchés  où  elle  a 
vécu....  PASC.  Conv.  du  pécheur,  édit.  fai'gêbe. 
J'ai  une  si  grande  habitude  à  être  faible,  que,  mal- 
gré vos  bonnes  leçons,  je  succombe  souvent,  sÉv.  (88. 
L'habitude  qu'il  a  à  la  Catterie,  la  bruy.  v.  L'habi- 
tude à  souffrir  pourra  fortifier  Mon  courage  éperdu 
qui  craignait  de  plier,  volt.  Scythes,  m,  4.  ||  Par 
habitude,  pour  obéir  à  ses  propres  habitudes.  M.  de 
Luxembourg  ne  sait  pas  fuir  :  il  gagne  des  batailles 
par  habitude,  maintenon,  Lett.à  Urne  de  St-Géran, 
U  avr.  (89t.  Il  D'habitude,  selon  l'habitude  qu'on  a. 

II  3"  Bonne,  mauvaise  habitude,  se  dit  particuliè- 
rement de  certaines  dispositions  de  corps  ou  d'es- 
prit auxquelles  on  s'habitue.  Prendre  de  bonnes, 
(le  mauvaises  habitudes.  Vous  avez  une  mauvaise 
habitude,  c'est  de  toujours  disputer.  |l  Absolument; 
Avoir  de  mauvaises  habitudes,  se  dit,  par  euphé- 
nisme,  del'onanisme.  ||  4»  Accès  auprès  dequelqu'un, 
fréquentation  ordinaire.  Vous  avez  habitude  avec  ce 
cavalier,  corn.  Suite  du  Uent.  iv,  6.  L'amant  et  lui , 
comme  étant  gens  d'étude.  Avaient  entre  eux  lié 
quelque  habitude,  la  font.  Mandr.  Mon  père  était 
homme  savant  dans  les  mathématiques  et  avait  ha- 
bitude par  là  avec  tous  les  habiles  gens  en  cette 
science,  u"*  pêrier,  Vie  de  Pascal.  Je  vous  avoue 
que  je  n'ai  aucune  habitude  avec  ces  messieurs-là, 
et  que  je  ne  suis  point  les  règles  de  l'art,  mol.  Crit. 
se.  7.  Les  habitudes  qu'il  avait  eues  avec  les  plus 
renommés  politiques,  fléch.  Je  Tellier.  Suivant 
de  Dèmocrite  en  cette  solitude.  Ce  n'est  qu'avec  les 
ours  que  j'ai  quoique  habitude,  rêonard,  Dèmocrite, 
1,  t.  Il  On  dit,  et  surtout  on  disait,  dans  le  même 
sens,  faire  des  habitudes.  Cultiver,  entretenir  ses 
habitudes.  Acquérir  des  habitudes.  ||  Avoir  une  ha- 
bitude, se  dit  quelquefois  d'un  commerce  de  galan- 
terie. Ce  jeune  homme  a  une  habitude  qui  le  dé- 
rangera. Il  6'  Terme  do  liturgie.  Etat  d'un  prêtre 


HAB 

habitué.  ||  Proverbe.  L'habitude  est  une  autre  na- 
ture, une  seconde  nature,  c'est-à-dire  elle  a  beau- 
coup d'influence  sur  l'esprit. 

—  HIST.  XIV*  s.  U  va  hors  de  bonne  habitude  ou 
habilité  do  corps,  oresme.  Thèse  de  meunier.  ||xv's. 
Habitude  est  une  seconde  nature,  barlkte.  Sermons, 
I"  part,  f"  2),  dans  lacurne.  ||  xvi*  s.  Si  c'estoit  une 
habitude  de  vertu,  et  non  une  saillie,  mont,  ii,  7. 
T.  Ouintius  luy  dit  un  jour,  semblant  se  mocquer  de 
l'habitude  de  son  corps  :  0  Philopœmen,  tu  as  bien 
belles  mains  et  belles  jambes,  mais  tu  n'as  point  de 
ventre,  amyot,  Philop.  3. 

—  ÈTYM.  Lat.  habitudinem,  état  extérieur,  ma- 
nière d'être,  de  hab'tum,  supin  de  hahere,  avoir, 
être  en  un  certain  état. 

IIABITDÉ,  ÉE  (a-bi-tu-é,  éc),  part,  passé  de  ha- 
bituer. Il  1°  Habitué  à  vivre  de  peu.  ||  Substantive- 
ment. Celui  qui  va  habituellement  dans  un  lieu. 
C'est  un  habitué  de  la  maison.  J'avais  d'abord  fré- 
quenté ce  café  Procope,  le  rendez-vous  des  habi- 
tués et  des  arbitres  du  parterre,  marmontel,  Mém. 

IV.  Il  2°  Prêtre  habitué,  ecclésiastique  attaché  au 
service  d'une  paroisse,  sans  avoir  charge  ni  dignité 
dans  l'église  de  cette  paroisse.  {|  Substantivement. 
Un  habitué  de  paroisse.  Un  simple  habitué.  Il  y  a 
tant  d'habitués  dans  cette  église.  Je  demande  s'il 
serait  tombé  dans  l'esprit  d'un  seul  curé,  ou  d'un 
seul  habitué  d'excommunier  ces  seigneurs  [qui 
avaient  joué  la  comédie],  volt.  Dial.  2(.  Un  habi- 
tué de  c|iiartiervintavec douceur....  ID.  Caridide,  22. 

HABITUEL,  ELLE  (a-bi-tu-èl,  c-l'),  adj.  Qui  est 
passé  en  habitude.  Un  mal  habituel.  Je  pense  con- 
tinuellement à  vous  ;  c'est  ce  que  les  dévots  appel- 
lent une  pensée  habituelle,  sÉv.  Lelt.  9  février  <fl7). 
Leurs  mouvements  [des  passions],  même  les  plus 
prompts,  dépendent  toujours  de  la  réflexion,  et  ne 
sont  que  des  effets  d'une  volonté  habituelle  de 
l'âme,  BUFF.  Hist.  nat.  hom.  OEuv.'l.  iv,  p.  370. 
Il  Terme  de  théologie.  Grâce  habituelle,  celle  qui 
réside  toujours  dans  le  sujet.  ||  Terme  d'histoire  na- 
turelle. Caractère  habituel,  celui  qui  se  rencontre 
dans  un  être  organisé  sans  différence  de  l'un  à  l'autre 
de  même  espèce.  ||  Terme  de  rhétorique.  Qualités 
habituelles  du  style,  celles  qui  doivent  s'y  trouver 
constamment,  comme  la  clarté,  la  précision,  la  cor- 
rection, le  naturel;  on  les  oppose  aux  qualités  ac- 
cidentelles, comme  la  gaîté,  la  finesse,  etc.  qui  ne 
doivent  se  trouver  que  dans  certains  sujets. 

—  HIST.  XVI'  s.  Habituai,  cotghave. 

—  ÊTYM.  Provenç.  etespagn.  habituai;  ital.  abi- 
tuale;  du  lat.  habitualis,  de  habitus,  manière 
d'être  (voy.  habit). 

HABITUELLEMENT  (a-bi-tu-è-le-man),  adv. 
D'habitude,  d'ordinaire.  Dans  ces  différents  ouvra- 
ges et  dans  quelques  autres  postes  moins  impor- 
tants, sont  habituellement  répartis  deux  régiments, 
RAYNAL,  Hist.  phil.  XIV,  25.  Les  objets  que  nous 
voyons  habituellement  ne  nous  font  pas  apercevoir 
de  la  rapidité  de  notre  vie,  Bernard  de  st-pierre, 
Paul  et  Virg. 

—  ÉTVM.  Habituelle,  et  le  suffixe  ment. 
HABITUER  (a-bi-tu-é) ,  V.  a.  ||  l'  Faire  prendre 

l'habitude.  Habituer  les  jeunes  gens  à  la  fatigue.  Ha- 
bituer les  enfants  à  obéir.  ||  Avec  la  j)iéj)osition  de  et 
un  verbe  à  l'infinitiTT  Souvent  ce  souffle  pur  dont 
l'homme  est  animé....  Redoute  un  autre  ciel,  et  ne 
veut  plus  nous  suivre  Loin  des  lieux  où  le  temps 
l'habitua  de  vivre,  a.  chén.  El.  vi.  ||  2"  S'habituer, 

V.  réfl.  Prendre  l'habitude.  S'habituer  au  travail,  à 
supporter  la  fatigue.  Mais,  lorsqu'à  la  chercher  [la 
rime]  d'abord  on  s'évertue,  L'esprit  à  la  trouver 
aisément  s'habitue,  boil.  Art  p.  1. 1|  3°  S'habituer, 
s'établir  dans  une  colonie,  dans  un  pays  (sens  qui 
commence  à  vieillir).  Ceux  qui  allèrent  s'habituer 
au  Canada  furent,  en  grande  partie,  des  Normands. 
Depuis  que  les  Espagnols  se  sont  habitués  au  Pérou 
et  au  Chili,  on  en  a  tiré  une  immense  quantité  de 
cuivre,  BUFF.  Ift'n.  t.  v,  p.  U6. 

—  lliST.  XIV"  s.  Adont  ala  Henrissez  frerez  adou- 
ber, Il  meîsmcz  aussi  s'ala  il  enarmer;  Et  quant  il 
vil  ses  frerez  ainsi  habituer  [s'habiller].... //uffues 
Capet,  V.  2310.  Celui  qui  est  habitué  en  vertu, 
ORESME,  Eth.  88.  Il  XV'  S.  On  se  pourroil  bien  esmer- 
veiller  en  pays  lointain  et  cstrange  du  noble 
royaume  do  France,  comment  il  est  situé  et  habi- 
tué de  cités,  de  villes  et  de  cUastels  si  très-grand 
foison  que  sans  nombre,  Fnoiss.  ii,  m,  2*.  Le  roy  fit 
départir  le  toumoy  et  crier  que  tous  chevaliers 
d'honneur  venissent  au  bancquet  au  franc  palais  ; 
après  ce  cry  tous  chevaliers  se  retrayrent  en  leurs 
logis  eulx  deiiarmer  et  habituer  de  nobles  vesle- 
ments,  Perceforest,  t.  m,  f°  (24.  ||  xvr  s.  Il  y  avoit 
grande  pi-esse  pour  achepter  des  maisons  à  Theon-  I 


HAC 

ville  et  s'y  habituer,  carl.  vu,  )6.  Son  tempéra- 
ment [de  i'estomachi  aux  hommes  bien  habituel 
[en  bon  état]  est  modéré,  paré,  i,  m.  Il  traitai' 
tout  de  mesme  les  autres,  excepté  un  estranger, 
qui  s'estoit  venu  habituer  à  Athènes,  amyot.  Aie.  » 

—  ÉTYM.  Provenç.  etespagn.  habituar ;  ital.otv 
tuare;  du  lat.  7iatitt«ire,  de  habitut,  manière  d'êlr€ 
(voy.  habit). 

t  IIABITUS  (a-bi-tus'),  î.  m.  Terme  d'histoire  na- 
turelle. Aspect  extérieur,  ensemble  des  particulari- 
tés relatives  à  la  manière  d'être  des  corps  naturels 
et  particulièrement  des  plantes. 

—  F. TYM.  Lat.  habitus,  manière  d'être  (voy.  habit)  . 
IIÂBLER   (hâ-blé),  v.   n.  Parler  avec  vanterie, 

avec  exagération.  Non,  sans  beaucoup  hâbler  et  sans 
faire  des  fanfau'onnades  d'amitié,  scarron,  ÛKur. 
t.  I,  p.  220.  Au  talent  de  hibler  il  joint  l'effronte- 
rie, th.  corn.  C.  Ces.  d'Avalos,  m,  8. 

—  HIST.  xvi'  s.  Ils  estoient  deux  charlatans,  dont 
l'un  habloit  et  haranguoit  mieux  que  l'autre  pour 
mieux  faire  valoir  ses  denrées,  paré,  xxiii,  30.  Une 
très  belle  et  honneste  dame  qui  habloit  un  peu  l'es- 
pagnol et  l'entendoit  très  bien,  brant.  Dames  gai. 
t.  Il,  p.  235.  Quand  Marthe  file  et  Ambrose  hable, 
Leur  cas  est  triste  et  pitoyable,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Espagn.  hablar,  parler;  du  lat.  fabulari, 
parler  (voy.  pablk).  Le  verbe  hablar,  qui  sfgnifie 
parler,  a  pris  un  sens  péjoratif  dans  le  français,  de 
même  que  parlar,  qui  vient  du  français,  a  pris  un 
sens  péjoratif  en  espagnol. 

HÂBLERIE  (hâ-ble-rie),  s.  f.  Langage  de  celui 
qui  hâble.  Sa  hâblerie  plutôt  que  sa  science  lui 
avait  acquis  quelque  réputation  à  faire  des  cures  de 
certaines  maladies,  furetière.  Roman  bourgeois, 
livr.  u,Hist.  de  Charrosselks,p.  229.  En  Amérique, 
aucune  hâblerie  ne  saurait  subsister  [à  cause  des 
journaux]  ;  le  public  n'est  point  trompé,  n'y  ayant  lâ 
personne  en  pouvoir  de  mentir  et  d'imposer  silence  à 
tout  contradicteur,  p.  l.  cour.  Pamphl.  despamplU. 

HÂBLEUR,  EUSE  (hâ-bleur,  bleû-z"),  s.  ni.  et/. 
Celui,  celle  qui  aime  à  hâbler.  Cette  grande  hâ- 
bleuse a  étourdi  tout  le  monde  de  son  caquet,  scar- 
ron, Giuv.  t.  i,  p.  163.  Je  le  tiens  là-dessus  un 
grand  hâbleur....  hauteroche,  le  Soup,  mal  apprêté, 
se.  6.  X  de  pareils  hâbleurs  il  faut  apprendre  à  vi- 
vre, TU.  corn.  D.  Ces.  d'Avalos,  m,  6.  Dans  Flo- 
rence jadis  vivait  un  médecin.  Savant  hâbleur,  dit- 
on,  et  célèbre  assassin,  boil.  Art  p.  iv.  Cependant 
mon  hâbleur  avec  une  voix  haute  Porte  à  mes 
compagnons  la  santé  de  notre  hôte,  ID.  ScU.  m. 

—  SYN.  HABLEUR,  FANFARON.  Hâbleur,  qui  ne  dit 
rien  sans  exagérer,  qui  se  plait  à  débiter  des  men- 
songes. Fanfaron,  qui  se  vante,  qui  exagère  tout  ce 
qui  est  dans  les  intérêts  de  son  amour-propre  et 
surtout  de  sa  bravoure  vraie  ou  fausse. 

t  HABZELI  (ha-bzé-li),  s.  m.  Terme  de  botani- 
que. Arbre  de  la  famille  des  magnoliacées,  dont  les 
baies  sont  nommées  poivre  d'Ethiopie  (arabe,  hab- 
el-ielin,  graines  de  selin  ;  on  n'est  pas  fixé  sur  la 
plante  que  ce  nom  désigne). 

+  HACUARD  (ha-char),  s.  m.  Ciseaux  dont  les 
forgerons  se  servent  pour  couper  le  fer. 

—  f.TYM.  Hache. 

t.  HACHE  (ha-ch'),  t.  f.  \\  i°  Instrument  de  fur 
tranchant,  dont  la  lame  ala  figure  d'un  triangle  plan, 
curviligne,  convexe  par  la  base  et  concave  par  le» 
côtés,  qui  a  un  manche,  et  dont  on  se  sert  pour 
couper  et  pour  fendre  du  bois  et  autres  choses.  Ha- 
che d'un  sapeur.  Mettre  la  hache,  porter  la  hache 
dans  un  bois.  |{  Hache  à  main,  petite  hache  dont  le 
manche  est  court.  H  Hache  de  pierre,  hache  faite 
d'un  silex  taillé  et  dont  se  sont  sersis  les  ancien, 
hommes  et  se  servent  encore  quelques  peuplades- 
sauvages.  Il  I-a  hache  de  la  guerre,  nom  donné,  chcî 
les  sauvages  du  nord  de  l'Amérique  au  tomahawk  ou 
casse-téte.  Depuis  la  paix,  la  hache  de  la  guerre  est 
ensevelie  à  quarante  brasses  de  profondeur... .  raynal, 
Hist.  phil.  xnii,  48.  ||  Familièrement  et  fig.  Ouvrage 
fait  à  coups  de  hache,  ouvrage  fait  très-grossièrement. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Avoir  un  coup  de  hache  à  la 
tête,  ou,  simplement,  avoir  un  coup  de  hache,  être  un 
peu  fou.  Les  grands  aTtistes  ont  un  petit  coup  de  ha- 
che à  la  tête,  DiDER.  Salonde  \  78B,  Œuv.  t.  xiii,  p.  1  s», 
dans  PODGKNS.  |{  2°  Terme  de  marine.  Maître  de  ha- 
che, nom  donné  quelquefois  au  charpentier.  Je  vous 
conjure  de  presser  extraordinairement  le  maître  de 
hache  de  travailler  assidûment,  puisqu'il  ne  manque 
point  de  bois,  au  bâtiment  des  deux  galères  com- 
mencées, Correspond.  deColbert,  m,  J6.  ||  On  a  dit 
aussi  :  charpentier  de  hache.  Une  tombe  guère  sous 
le  sens  que,  ayant  autant  de  bons  maîtres  que  vous 
en  avez,  vous  n'ayez  pu  avoir  jusqu'ici  les  charpen- 
tiers de  hache  nécessaires,  ib.  m,  io3  (les  manu- 


HAC 

scriLs  (In  Colbert  portent  d'hache  et  non  de  hache). 
Il  3"  Instrument  de  supplice  avec  lequel  le  bourreau 
tranche  la  tête.  Les  haches  et  les  croix  sont  lasses 
du  trépas,  hotr.  St  Ge-nest,  ii,  h.  Rhinsaut  achevé  à 
peine  un  si  fatal  serment  Que  la  hache  le  frappe,  et 
sa  tète  expirante,  Aux  pieds  de  son  épouse  éperdue 
et  mourante,  Des  marches  de  l'autel  tombe  et  roule 
en  fumant,  masson,  llelvét.  v.  Sur  les  partis  rivaux 
se  promenant  sans  choix,  Des  bourreaux  fatigués 
la  hache  indifférente  De  leur  sang  confondu  sans 
cesse  était  fumante,  delille.  Trois  règnes,  v.  ||  Fig. 
La  hache  était  suspendue  sur  toutes  les  têtes,  ray- 
NAL,  Jlist.  phil.  XVII,  20.  Il  4°  Terme  d'antiquité. 
Les  haches  (jue  les  licteurs  portaient  avec  les  fais- 
ceaux devant  certains  magistrats  romains.  Sylla 
marche  en  public  sans  faisceaux  et  sans  haches, 
CORN.  Serlor.  v,  2.  ||  Hache  consulaire,  hache  en- 
tourée de  faisceaux  et  de  verges.  ||  Instrument  em- 
ployé pour  tuer  les  animaux  offerts  en  sacrifice. 
Pour  les  fêtes  des  dieux  la  hache  préparée,  volt. 
lUérope,  v,  6.  ||  5°  Hache  d'armes,  sorte  d'arme  of- 
fensive, faite  quelquefois  comme  une  hache,  hormis 
qu'elle  a  le  manche  plus  long,  et  le  tranchant  plus 
large ,  plus  fort  et  plus  acéré  ;  d'autres  fois  elle  a  un 
grand  manche  en  manière  de  hampe  de  pertuisane, 
avec  un  grand  fer  au  bout  en  forme  de  tranchet 
de  cordonnier,  mais  bien  plus  long.  Les  grenadiers 
à  cheval  de  la  maison  du  roi,  dans  l'ancienne  mo- 
narchie, avaient  un  cimeterre,  une  hache  d'armes, 
un  fusil  et  une  gibecière  remplie  de  grenades.  Le 
roi  Jean  se  défendait  en  homme  de  cœur,  avec  une 
hache  d'armes,  à  la  bataille  de  Poitiers,  choisi, 
Hist.  du  rot  Jean,  i,  9.  ||  Hache  d'arme,  nom  d'une 
espèce  de  hache  en  usage  dans  les  combats  d'abor- 
dage sur  mer.  ||  6"  Terme  de  théâtre.  Pas  de  hache, 
danse  fortement  caractérisée,  espèce  de  pyrrhique 
moderne,  exécutée  par  une  troupe  de  soldats,  de 
bacchantes,  etc.  ||  7°  Terme  de  blason.  Hache  da- 
noise, hache  d'argent  au  manche  d'or,  arrondi  ou 
]iloyé.  Il  8»  Terme  d'ardoisière.  Hache  d'ouvrage,  es- 
pèce de  marteau  pour  briser  les  blocs.  ||  9°  Terme 
d'imprimerie.  Imprimer  en  hache,  se  dit  (juand  il  y 
;i  des  notes  ((u'on  commence  à  la  marge  et  qui, 
liant  trop  grandes,  sont  imprimées  au  bas  de  la 
]]age  sous  le  texte  qu'on  retranclie  à  proportion;  se 
dit  aussi  d'un  livre  imprimé  à  deux  colonnes,  dont 
l'une,  plus  abondante,  occupe  toute  la  largeur  de 
la  page  au-dessous  de  celle  qui  a  été  plus  courte; 
ainsi  dit  parce  que  cette  disposition  rappelle  la 
forme  de  la  hache.  ||  10°  Terme  d'arpenteur.  Pièce 
de  teite  en  hache,  pièce  de  terre  qui  pénètre  en 
forme  de  hache  dans  une  autre  pièce.  Cette  pièce 
de  terre  fait  hache  sur  telle  autre,  elle  s'enclave 
dans  telle  autre.  ||  11°  1'erme  de  manège.  Coup  de 
hache,  se  dit  d'un  creux  situé  à  la  jonction  du  cou 
vt  du  garrot.  ||  12°  Terme  de  botanique.  Hache  royale, 
l'asphodèle  blanc  et  l'asphodèle  rameux  dit  aussi 
bâton  royal.  ||  Proverbe.  Aller  au  bois  sans  hache, 
no  pas  se  munir  de  ce  qui  est  nécessaire. 

—  HIST.  xii°  s.  Cil  qui  ot  aze  en  ot  greignor  par- 
tie, Ronc.  p.  U8.  Ainsi  [ils]  fièrent  de  haches  coni 
vilain  de  flael,  Sax.  ix.  ||  xiv*  s.  Portant  une  grande 
hache  à  son  col,  la  quelle  avoit  bien  trente  deux 
posses  [pouces]  d'alemelle  ou  environ,  du  cange, 
hachela.  Gérard  le  frappa  sur  les  espaules  ou  sur  les 
bras  un  seul  petit  coup  du  plat  d'une  petite  hache 
danoise  qu'il  portoit,  m.  ib.  \\  xv*  s.  Furent  apportées 
les  haches  au  seigneur  d'Espiri,  pour  choisir  le  pre- 
mier, comme  c'estoit  la  coustume  ;  et  furent  icelles 

"haches  ferrées,  longues  et  poisantes,  à  grandes  da- 
gues acérées  dessus  et  dessous,  et  furent  les  pre- 
mières haches  à  dagues  dessou»  que  l'entrepreneur 
fit  livrer  en  iceluy  pas,  OL.  ne  la  mahche,  Jfem. 
liv.  I,  p.  266,  dans  lacurne.  Une  longue  guisarme 
ou  hache,  nommée  hache  de  Crequi,  du  cange, 
hadieta.  Haiche  à  martel ,  e.  descii.  Poésies  mss. 
f»  350.  Les  chaulmes  [palissades]  doivent  estre  si 
fortes  que  on  ne  les  puisse  couper  d'une  voulge, 
d'une  haiche,  ne  d'une  coignie  à  fendre  bois,  le  Jou- 
vencel,  f"  82,  dans  lacurne.  Une  hache  à  trois  poino- 
tes  de  dyamant,  nommée  la  hache  de  messire  Ber- 
tranddeClasquin,DELABORDE,^mo«a;,p.  483.11  xvi's. 
Avoir  un  coup  de  hache,  oudin,  Curios.  franc. 

—  BïYM.  Provenç.  apcha,  ayssa;  catal.  axa; 
espagn.  hacha;  portug.  facïia,  acha;  ital.  aecia, 
aizaei  ascia.  Il  y  a  deux  formes  dans  les  langues 
romanes:  l'une  (anc.  franc.  a«, provenç.  ayssa,  ital. 
ascia)  vient  du  lat.  ascio,  doloire  ;  l'autre  (hoc/ie , 
opc/ia,  oia,  hacha,  (acha,  accia,  a%ia)  vient,  d'a- 
près Diez,  de  l'allem.  llacke,  instrument  à  tran- 
cher, anc.  h.  allem.  hacco,  crochet,  anglo-sax. 
iMCcan,  angl.  Imck ,  hacher.  Diez  pense  aussi  que 
c'est  du  français  que  les  autres  langues  romanes 

DICT     DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


HAC 

ont  emprunte  leurs  dénominations  de  la  seconde 
forme.  Selon  Pictet,  ascia  est  le  môme  que  le  grec 
àîCvTi,  hache,  radiail  sanscrit  aksh,  pénétrer. 

2.  IIACIIK  (a-ch'),  s.  f.  Nom  de  la  huitième 
lettre  de  notre  alphabet  (voy.  H). 

UACIIÉ,  ÉE(ha-chc,chée),  part,  passé  Aa  hacher. 
Il  1'  Coupé  par  menus  morceaux.  Viande  hachée. 
Il  2°  Mis  en  pièces.  Les  vignes  hachées  parla  grêle. 
Il  3°Fig.Coupé  par  des  accidenls  de  terrain.  Ce  petit 
archipel  qui,  quoique  haché,  montueux  et  peu  ar- 
rosé, pourrait  donner  toutes  les  productions  du  nou- 
veau monde,  raynal,  hisl.  phil.  xi,  1 8.  ||  4°  Fig.  Style 
haché,  excès  ou  abus  du  style  coupé,  quand  non- 
seulement  les  phrases  sont  incomplètes  et  les  tran- 
sitions supprimées,  mais  que  la  pensée  finit  par 
n'être  plus  compri.se.  Hérodote  mit  plus  d'art  [que 
les  premiers  prosateurs]  dans  sa  diction  moins 
incohérente,  moins  hachée,  p.  l.  cour.  Trad.  d'Ilé- 
rod.  Préface.  ||  5°  Terme  de  dessin.  Qui  a  des  ha- 
chures. Estampe  bien  hachée.  ||  Par  extension.  Un 
gris  bleuâtre  haché  de  petites  ondes  noires  fait  le 
fond  du  manteau....  bufp.  Ois.  t.  xiv,  p.  270. 

t  UACHE-ÉCORCE  (ha-ché-kor-s') ,  s.  m.  Instru- 
ment pour  mettre  l'écorce  de  chêne  en  fragments 
broyés  ensuite  pour  faire  le  tan.  \\Âuplur.  Des  ha- 
che-écorce  ou  écorces. 

t  UACHE-LÉGUMES  (ha-che-lé-gu-m'),  s.  m. 
Instrument  qui  sert  à  couper  menu  les  légumes 
pour  les  juliennes.  ||  Au  plur.  Des  hache-légume^. 

\t.  HACHEMENT  (ha-che-man) ,  s.  m.  Terme  de 
menuiserie.  Action  d'enlever  au  bois  ce  qu'il  a  de  trop. 

—  ÉTYM.  Hacher. 

12.  HACUEMENT  (a-che-man),  s.  m.  Terme  de 
blason.  Liens  de  panaches  à  divers  nœuds  et  lacets, 
et  à  longs  bouts  voltigeants. 

—  ÉTYM.  Fausse  orthographe  d'un  mot  qui  devrait 
être  écrit  acesmement,  d'un  ancien  verbe  accsmer, 
orner. 

HACHE-PAILLE  (ha-che-pâ-U',  /(  mouillées) ,  s.  m. 
Instrument  dont  on  se  sert  pour  hacher  la  paille  que 
l'on  donne  aux  bestiaux.  ||  Au  plur.  Des  hache-paille. 

HACHER  (ha-ohé) ,  v.  a.  ||  1°  Couper  en  petits 
morceaux  avec  une  hache,  un  couperet.  Hacher  de 
la  viande,  de  la  paille.  ||  Hacher  menu  comme  chair 
à  pâté,  mettre  en  pièces.  Vous  les  hachez  menu 
comme  cliair  à  pâté,  cobn.  le  MeM.  iv,  3.  ||  On  dit 
de  même  par  menace  :  Vous  serez  hachés  menu 
comme  chair  à  pâté.  ||  Hacher  en  pièces,  couper  un 
homme  par  morceaux,  sorte  de  supplice.  Ils  con- 
damnent les  deux  infortunés  à  être  hachés  en  piè- 
ces ;  c'est  un  supplice  usité  en  Chine  et  en  Tarta- 
rie  pour  des  parricides,  volt.  Russie,  i,  4.  ||  Par 
exagération.  Hacher  quel  ^ju'un  en  pièces,  le  hacher 
en  morceaux,  le  frapper  de  plusieurs  coups  d'une 
arme  tranchante.  ||  Fig.  Il  se  ferait  hacher  en  pièces, 
il  se  ferait  hacher,  on  le  hacherait,  il  se  laisserait 
hacher,  se  dit  de  celui  qui  est  disposé  à  tout  souffrir 
plutôt  que  de....  Monsieur,  je  me  ferais  hacher  :  il 
faut  qu'une  porte  soit  ouverte,  ou  fermée,  biiueys. 
Grondeur,  i,  6.  Lorsqu'une  fois  ils  [les  chameaux] 
se  couchentavec  leur  charge,  ils  se  laisseraient  plu- 
tôt hacher  que  de  se  relever,  buff.  Quadrup.  t.  vi, 
p.  67.  Il  On  dit  en  un  sens  analogue  :  Je  m'y  ferais 
hacher.  ||  Se  faire  hacher  en  pièces,  se  faire  hacher 
pour  quelqu'un,  être  disposé  à  le  défendre  à  tout 
risque.  Je  fus  enchanté  de  ces  paroles,  qui  m'in- 
spirèrent tout  à  coup  tant  de  zèle  et  d'inclination 
pour  le  doyen  que  je  me  serais  fait  hacher  pour  lui, 
LE  SAGE,  F.slev.  Gong.  ch.  6.  ||  2°  Couper,  découper 
maladroitement.  Cet  écuyer  tranchant  ne  sait  pas 
son  métier,  il  hache  les  viandes.  ||  3°  Par  extension, 
détruire,  ravager.  Le  dernier  orage  a  haché  les  ré- 
coltes. Le  fléau  d'une  grêle  qui  aurait  haché  les 
moissons  de  quelques-uns  de  nos  villages,  raynal, 
Hist.  phil.  XIII,  4t.  De  stupides  hérésiarques  hachè- 
rent à  coups  de  sabre  les  mosaïques  de  l'église  de 
Notre-Dame  de  Constantinople,  chateaubr.  Génie, 
m,  1,  3.  Il  4°  Terme  militaire.  Porter  le  ravage  dans 
une  troupe.  La  mitraille  hachait  le  régiment.  ||  Se 
faire  hacher  en  pièces,  ou,  simplement,  se  faire 
hacher,  combattre  jusqu'à  la  dernière  extrémité.  La 
cavalerie  s'est  fait  hacher  plutôt  que  de  reculer. 
Il  6°  Terme  de  dessin  et  de  gravure.  Faire  des  traits 
qui  se  croisent  les  uns  les  autres.  Hacher  avec  le 
crayon,  avecle  burin.  ||  Faire,  avec  un  petit  pinceau 
et  du  mordant,  des  lignes  sur  la  partie  d'un  orne- 
ment à  laquelle  on  veut  donner  des  clairs  au  moyen 
de  l'or.  Il  Sillonner  de  traits  une  pièce  de  métal. 
Il  6°  Terme  de  lapidaire.  Hacher  la  roue,  y  faire  de 
légères  incisions  pour  y  polir  le  diamant.  |ï  7°  Terme 
de  menuisier.  Dégrossir  le  paremenî  d'une  planche 
avec  le  ciseau.  ||  Terme  de  maçon.  Faire  des  en- 
tailles avec  une  hache  ou  une  hachette.  ||  Hacher 


HAD 


1969 


une  pierre,  unir  avec  la  haclie  le  parement  d'uii« 
pierre  dure.  ||  Détruire  les  anciens  enduits  d'un 
mur.  Il  Hacher  le  plâtre,  le  couper  avec  la  hachette, 
pour  faire  un  enduit  ou  un  crépi.  ||  8°  Fig.  Hacher 
ses  phrases,  son  style,  écrire  en  faisant  des  phra- 
ses trop  courtes  et  insuffisamment  bées.  ||  9°  Se 
hacher,  i'.  réft.  Etre  haché.  Cette  viande  se  hache 
difficilement. 

—  HIST.  xiv  S.  Puis  les  hagiés  bien  menus,  et 
cuisiés  en  huille  d'olive,  h.  de  MONDEvaLE,  i*  49. 
Pour  avoir  refait  de  neuf  un  baciu  d'argent  doré, 
haché  sur  le  bord  de  l'Ave  Maria,  de  lawrde, 
Ëmaux,  p.  337.  Un  petit  gobelet  d'or,  hachié  à 
couronnes  tout  autour,  id.  ib.  {|  xvi'  s.  Le  pigeor> 
soubdain  s'envole,  haschant  [fendant  l'air]  en  in- 
croyable hastiveté,  comme  vous  sçavez  qu'il  n'est 
vol  que  de  pigeon,  quand  il  a  œufs  ou  petitz,  kab 
Pant.  IV,  3.  11  avoit  le.s  bras  et  les  cuisses  toutes 
hachées  de  coups,  amyot,  Eumènes,  14.  S'il  leui 
advient  aultrement  qu'il  [un  devin]  ne  leur  a  pre- 
dict,  il   est  hasché  en  mille  pièces,  mont,  i,  2a8. 

—  ÈTYM.  Hache  i;  picard  et  Hainaut,  héquer, 
wallon,  hacht,  hèchi. 

UACUEUEAU  (ha-chc-rô),  s.  m.  Petite  cognée. 

—  HIST.  XVI'  s.  Hachereau,  cotgrave. 

—  ÊTYM.  Diminutif  de  hache;  hachereau  est  égal 
à  liachercl. 

HACHETTE  (ha-chè-f),  s.  f.  ||  1°  Petite  hache. 
Il  2°  Joli  papillon  de  nuit  d'Kurope. 

—  HIST.  xiif  s.  J'ai  les  hacetes  à  seigncr  [lan- 
cettes], DU  CANGE,  lanceola.  ||  xv*  s.  Espées  ou  bado- 
lairesouhachets  ou  quelque  armure  qu'il  eust,  your?i. 
de  Paris  sous  Charles  VI  et  VII,  p.  3u,  dans  lacurne. 
||xvi°  s.  Hachette  [petite  hache],  mo.net,  Dict. 

—ÉTYM.  Diminutif  de  ftac/ie;  pic. /tequeWe,  copeau. 
+  HACHECR  (ha-cheur),  s.  m.  Ouvrier  qui  pré- 
pare les  .laines  pour  être  employées  aux  tapisseries. 

—  HIST. XIV*  s.  XJehan  d'Abeville,  potierd'estaing 
et  hacbeur  en  orfavrerie,DE  laborde,  Émaux,  p.  337. 

—  ÈTYM.  Hacher.  Au  xiv*  siècle,  hacheur  signi- 
fiait ciseleur. 

t  HACHICH,  s.  m.  Voy.  haschich. 

HACHIS  (ha-chî  ;  Vs  ne  se  lie  pas  :  un  ha-chi  ap- 
pétissant; Chifflet,  Gramm.  p.  2n,  fait  pour  son 
temps  même  remarque),  s.  m.  Mets  fait  avec  de  la 
viande  ou  du  poisson  haché.  11  mangea  deux  per- 
drix Avec  une  moitié  de  gigot  en  hachis,  mol. 
Tart.  i,  5.  Je  ne  puis  manger  d'un  hachis  composé 
de  dinde,  de  lièvre  et  de  lapin,  qu'on  veut  me  laiie 
prendre  pour  une  seule  viande,  volt.  Leit.  d'Au- 
trey,  o  sept.  t76B. 

—  ÉTYM.  Hacher. 

HACHOIR  (ha-choir),  s.  m.\\  1°  Petite  table  de 
chêne  sur  laquelle  on  hache  les  viandes.  )|  2°  Grand 
couteau  pour  hacher.  ||  Il  se  dit  quelquefois  pour 
hache-paille.  ||  3"  Terme  de  chandelier.  Lieu  oïl  l'on 
hache  la  graisse  avant  de  la  faire  fondre. 

t  HACHOTTE  (ha-cho-f),  s.  f.  Outil  du  charpen- 
tier et  du  tonnelier,  qui  sert  à  couper  les  lattes, 
les  cercles.  ||  Outil  de  couvreur  pour  couper  la  latte 
et  l'ardoise. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  hache. 

UACHGRE  (ha-chu-r'),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  dessin 
et  de  gravure.  Traits  ordinairement  croisés  qui  for- 
ment les  demi-tointes  et  les  ombres.  Faire  des  ha- 
chures. Dessiner  par  hachures.  ||  Par  extension.  Le 
fond  de  son  plumage  [de  l'albatros]  est  d'un  blanc 
gris,  biun  sur  le  manteau  avec  de  petites  hachures 
noires  au  dos  et  sur  les  ailes,  où  ces  hachuies  se 
multiplient  et  s'épaississent  en  mouchetures,  buff. 
Ois.  t.  xviu,  p.  3.  Il  2°  Traits  sur  le  cuivre,  le 
fer,  etc.  avant  de  les  dorer  ou  de  les  argcntcr. 
Il  3°  Traits  faits  à  la  roue  du  lapidaire.  {|  4°  Terme 
de  blason.  Traits  ou  points  dont  on  se  sert  dans  la 
gravure  pour  marquer  la  différence  des  couleurs  ou 
émaux  et  dos  métaux.  La  hachure  en  pal  ou  de 
haut  en  bas  désigne  le  gueules;  la  hachure  en 
fasce  qui  traverse  l'écu,  l'azur;  la  hachure  en  pal, 
contre-hachée  en  fasce,  le  sable;  la  hachure  en 
bande,  c'est-à-dire  oblique  de  droite  à  gauche,  le 
sinople;  et  la  hachure  en  barre,  de  gauche  à  droite, 
le  pourpre.  Les  pièces  d'argent  n'ont  point  de  ha- 
chures et  sont  toutes  liUnches,  et  les  pièces  d'or 
sont  désignées  par  un  pointillé. 

—  ÉTYM.  Hacher. 

t  HADELA  (ha-de-la)  !  Terme  de  manège.  Mol 
dont  on  se  sert  pour  faire  ranger  le  cheval  à  droite 
ou  à  gauche. 

f  HAOJI  (ha-dji),  s.  m.  Titre  que  prennent  pour 
le  reste  de  leurs  jours  les  musulmans  qui  ont  l'ail 
le  pèlerinage  de  la  Mecque. 

—  ÉTYM.  Arabe,  châdji,  pèlerin. 

t  UADOCK    (lia-dok)   ou   UADOT  (ha-do),  s.  m. 

r.  —  ^tû 


1070 


HAG 


Rglelin,  poisson.  Seize  sols  sur  le  millier  de  hadots 
el  seiches,  Déclar.  du  roi,  »o  Kv.  (B:f5. 

—  iiisT.  xiii*  S  Hados  et  oitres  [huîtres],  liât, 
de  Caresme.  ||  xvi'  s.  De  chacun  cent  piccesde  hadoux, 
papillons,  solles,  el  autres  tels  petits  poissons  secs, 
Déclaration,  20  sept.  (627. 

f  U^:MA....  HiSMO...  UJEMATO....  préfixes, 
voy.  iiÉMA....  préfixe  ;  voy.  aussi  par  iiKh....  plu- 
sieurs mois  qu'on  trouve  écrits  à  tort  dans  les  dic- 
tionnaires techniques  par  nxM;  la  diphthongue 
grecque  ai  se  rend  en  français  par  é. 

I  11.4FI.E  (ha-fl'),  s.  f.  Un  des  noms  vulgaires  de 
'a  coryphena  hippunis,  poisson  acanthoptérygien. 
HAGAUD ,  ARDE  (lia-gar,  gar-d'),  adj.  ||  1° Terme 
ie  fauconnerie.  Faucon  hagard,  faucon  qui  a  été 
pris  après  plus  d'une  mue  et  qui  ne  s'apprivoise 
pas  aisément.  L'on  appelle  les  vieux  faucons , 
hagards,  qui  ont  beaucoup  plus  de  blanc  que  les 
jeunes,  buff.  Ois.  t.  11,  p.  0.  ||  Se  dit  aussi  des 
autres  oiseaux.  ||2°  Fig.  Qui  a  l'air  farouche  et  sau- 
vage comme  ces  faucons.  C'est  (Bool,  médecin  an- 
glais] un  homme  hagard,  superbe  et  presque  insup- 
portable, qui  se  pique  de  grande  science  de  chimie, 
de  philosophie  nouvelle  non  péripalétique  et  de  po- 
litique, Giii  PATIN,  Letl.  t.  II,  p.  30.  Et  le  barreau 
n'a  point  de  monstres  si  hagards,  Dont  mon  œil 
n'ait  cent  fois  soutenu  les  regards,  boil.  Lutrin,  m. 
Il  11  se  dit,  dans  un  sons  analogue,  du  visage,  du  re- 
gard, etc.  Crispin  :  Ce  qui  m'en  plaît,  monsieur,  sa 
folie  est  gaillarde.—  Albert  :  Elle  a  les  yeux  trou- 
blés et  la  raine  hagarde,  regnard.  Folies  am.  11,  7. 
C'était  [Thyus]  un  grand  homme,  d'une  haute 
taille,  d'un  visage  hagard  et  terrible,  rollin,  Hist. 
anc.  Œuv.  t.  iv,  p.  336,  dans  pougens.  Le  tigre, 
trop  long  de  corps,  trop  bas  sur  ses  jambes,  les 
yeux  hagards,  la  langue  couleur  de  sang,  biiff. 
Quadrnp.  t.  m,  p.  241.  Tantôt  d'un  insensé,  dans 
mes  accts  fougueux,  J'imitais  l'œil  hagard  et  le 
sourire  affreux,  c.  delav.  Vêpres  sicil.  i,  f. 

—  HIST.  xiv  s.  Esprevier  hagart  est  celluy  qui 
est  de  mue  de  bayes,  Ménagier,  m,  1.  ||  xv"  s.  N'e 
soyons  point  si  vilains  et  hagards  Oue  de  laissier 
ce  bon  vin  aulx  souldars  Oui  nous  font  tant  d'ou- 
traige,  basselin,  Vau  de  Vire,  62.  |i  xvi'  s.  Un  re- 
gard inconstant,  farouclie  et  hagard,  pariî,  In- 
trod.  6.  Oyseaux  aguars,  peregrins,  essors,  rapineux, 
rab.  IV,  47.  Ayant  les  lettres  d'elles  mesmes  ceste 
propriété  de  façonner  et  civiliser  les  hommes,  tant 
hagards  et  barbares  soient  ils,  du  verdier,  Btbholh. 
p.  (Il,  dans  LACURNE.  L'habitude  de  l'air  produit 
quand  et  soy  les  esprits  plus  doux  ou  plus  hagards, 
PASQUiER,  lettres,  t.  i,  p.  405. 

—  ÉTYM.  Angl.  hagard.  Les  étymologistes  an- 
glais disent  le  mot  anglais  venu  du  français.  Diez 
en  propose  deux  étymologies  :  i"  vieux  angl.  hanke, 
.lujourd'hui  haick,  faucon,  avec  le  suffixe  péjoratif 
ard;  2"  le  Scandinave  hak-r,  tête  chaude,  avec  le 
même  suffixe.  Huet  avait  proposé  l'allemand  llag, 
bas-latin  hnga  (d'où  haie],  lieu  propre  à  rendre  fier 
celui  qui  l'a  pour  défense  ;  l'explication  est  mau- 
vaise, mais  l'étymologie  esl  bonne,  car  un  au- 
teur du  xiv  siècle  dit  que  le  faucon  hagard  est 
celui  qui  est  de  m'ie  de  haie.  C'est  dans  le  sens  de 
oiseau  hagard  qu'on  trouve  muter  de  haie  :  N'est 
mestiers  c'om  m'apaie  [apaise]  Par  tels  discours; 
ne  sui  muiers  de  haie,  Poésies  mss.  avant  1300, 
t.  II,  p.  829,  dans  LACLBNE.Le  faucon  hagard  est  le 
faucon  qui  mue  de  haie,  c'est-à-dire  dons  les  haies, 
et  non  en  domesticité. 

t  HAGARDEMENT  (ha-gar-de-man),  adv.  D'une 
manière  hagarde.  Je  le  regardai  un  peu  haganle- 
mcnt  et  passai  sans  m'incliner  le  moins  du  monde, 

ST-SIM.  440,  t25. 

—  HIST.  xvrs.  M.  le  connostable  arrivé,  le  roi  lui 
va  dire  assez  hagardement  telles  paroles,CABLOix,v,30. 

—  RTYM.  Hagarde,  avec  le  suffixe  ment. 

t  IIAGÊE  (ha-jée),  s.  f.  Terme  do  botanique. 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  caryophyllées. 
Hagée  de  Ténériffe. 

—  ÊTYM.  Detahaye,  jardinier  fleuriste,  dont  le 
nom  a  été  latinisé  en  lingea. 

t  HAGIASME  (a-ji-a-sm'),  s.  m.  Nom  de  toute 
espèce  de  sacrement  de  l'Église  grecque. 

—  KTYM.  'Ayiar^fib;,  consécration,  de  âvio;,  saint. 
HAGIOGRAPIIE     (aji-0-gra-r).   ||  1"  Adj.    Qui 

traite  de  choses  saintes.  Livres  hagiographes,  les 
(nrres  de  la  Bible  autres  que  ceux  de  Moise  et  des 
prephètes.  ||  2'  s.  m.  Ecrivain  sacré  qui  a  composé 
quetquun  des  livres  hagiographes.  R.  Garanlicl 
leur  prouve  la  résurrection  des  morts  tirée  de  Moïse 
des  prophètes  Cl  des  hagiographe...  mnEROT,  Opin. 
''"  ""<=■  l.>'»'-(J>'iM.  \\3"  Autour  qui  traite di  h.  vie 
tt  de»  actions  des  saints. 


HAI 

—  ÉTYM.  "AYioYpâço;,  de  âyio;,  saint  (que  l'on  rat- 
tache au  radical  sanscrit  ya;,  adorer,  sacrifier),  et 
Ypàseiv,  ccriro. 

t  HAGIOGRAPHIE  (a-ji-0-gra-fie) ,  s.  f.  Traité 
sur  les  choses  saintes.  ||  Science  de  l'iiagiographie, 
science  de  celui  qui  a  écrit  sur  les  saints. 

t  HAGIOGRAPHIQUE  (a-ji-o-gra-fi-k'),  adj.  Qui 
concerne  les  choses  saintes,  l'hagiographie. 

f  HAGIOLOGIE  (a-ji-o-lo-jie),  s.  /'.Discours  sur 
les  saints  ou  sur  les  choses  saintes. 

—  ÉTYM.  'Ayio;,  saint,  et  ).oyo;,  traité. 
HAGIOLOGIQUE   (a-ji-o-lo-ji-k'),  adj.   Qui  con- 
cerne l'hagiologie. 

f  HAGIORITE  (a-ji-o-ri-t') ,  adj.  Moines  liagiori- 
tes,  moines  qui  habitent  la  Sainte-Laure,  sur  le  mont 
Athos. 

—  ÊTYM.  'AfiopUriç,  de  àyio;,  saint,  et  6poç, 
montagne. 

{  HAGIOSIDÈRE  (a-ji-0-si-dè-r'),  s.  m.  Instru- 
ment de  fer  qui  tient  lieu  de  cloche  chez  les  chré- 
tiens grecs,  résidant  en  Turquie,  l'usage  de  la  clo- 
che leur  étant  interdit. 

—  ÉTYM.  "Ayio;,  saint,  et  aîSvipoç,  fer. 

f  HAGLURE  (ha-glu-r") ,  s.  f.  Terme  de  faucon- 
nerie, qui  se  dit  des  taches  que  les  oiseaux  ont  sur 
les  pennes. 

fHAGUlGNÈTES  (a-ghi-gnè-f),  s.  f.  pi.  Mot 
vieilli  et  qui  signifiait  petit  présent,  petite  récom- 
pense. Donner  les  haguignctes,  nE  buieux. 

—  IllST.  xV  s.  Vous  m'avez  promis  de  me  donner 
mes  haguillennes,  ne  me  escondissez  pas,  nu  cange, 
Gtoss.  (r.  au  mot  aguillanntuf.  Le  suppliant  ovt  des 
chalumeaux  ou  mcnestrlers....  et  trouva  des  var- 
lets  ou  jeunes  compaignons....  qui  aloientpar  illec- 
ques  près  qucrant  aguillcnneu  le  dernier  jour  de 
décembre,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  llaguignetes  est  une  altération  de  ha- 
guillenne,  qui  est  aussi  une  altération  deaguitlenneu, 
qui  enfin  représente  au  gui  l'an  neuf  (voy.  gui). 

HAHA  (ha-ha),  s.  m.  ||  1°  Tout  obsiaclo  inter- 
rompant brusquement  un  chemin.  ||  Ouverture  faite 
au  mur  d'un  jardin  avec  un  fossé  en  dehors  pour 
lai.sser  la  vue  libre.  Du  reste,  rassemblant  dans  sa 
seule  personne  Tous  les  originaux  qu'au  théâtre  on 
nous  donne:  Misanthrope,  étourdi,  complaisant, 
glorieux,  Distrait....  ce  dernier-ci  le  désigne  le 
mieux;  Tenez,  s'il  est  ici,  je  gage  mes  oreilles 
Qu'il  est  dans  quelque  allée  à  bayer  aux  corneilles, 
S'approohanl  pas  à  pas  d'un  haha  qui  l'attend ,  Et 
qu'il  n'apercevra  qu'en  s'y  précipitant,  piron,  Mé- 
trom.  i,  I  (Les  éditions  modernes  et  les  comédiens 
remplacent  haha  pav  fossé  en  cet  endroit).  ||  2""  Terme 
de  marine.  Voile  particulière,  qui  est  placée  sous  le 
bout-dehors  de  beaupré,  et  qu'on  rentre  dans  le 
bâtiment  pour  la  serrer.  ||  3"  Au  fém.  Une  vieille 
haha,  une  vieille  femme  qui  arrête  par  sa  laideur 
comme  fait  un  haha.  Vieille  haha,  scarro.n,  dans 
LE  ROUX,  Dict.  comique. 

—  HIST.  xvi*  s.  Ils  oseront  asseurer  impudemment 
que  cette  vieille  haha  a  les  trente  six  conditions  re- 
quises par  Platon  en  la  beauté  d'amour,  Maladie 
d'amour,  p.  28,  dans  lacurne.  On  n'a  pas  la  caille 
pour  haha  crier,  ouiun,  Curios.fr. 

—  ÉTYM.  Ha!  ha! 

HAHÉ  (ha-hé),  s.  m.  Terme  de  chasse.  Cri  pour 
arrêter  les  chiens  qui  prennent  le  change  ou  qui 
s'emportent  trop. 

—  HIST.  xv»  s.  l'ous  les  autres  archers  se  boute- 
ront au  hahay,  et  navrèrent  de  commencement  tout 
pleins  des  garçons  des  Hainuyers,  froiss.  i,  i,  32. 
Si  abattit  tentes  et  logis,  et  en  tua  aucuns,  par  quoi 
le  cri  et  le  hahay  monta  tantost  en  l'ost,  et  cria 
chascun  alarme,  m.  i,  i,  (50. 

—  ÉTYM.  Ha!  hé! 

t  HAI  (hè),  interj.  Exclamation,  la  même  que  hé. 
Climène  :  Les  yeux  les  plus  hardis  sont  effrayés  de 
leur  nudité  [des  ordures  do  l'École  des  femmes].  — 
Élise:  Ah! — Climène  :Hai,  hai,hai,  kol.  Critique ,  3. 
Bélise  :  Moi-même.  —  Ariste  :  Hai,  ma  sœur!  — 
Béliso  :  Qu'est-ce  donc  que  veut  dire  ce  hai?  id. 
Femmes  sav.  11,  3. 

—  ÉTYM.  La  même  que  l'exclamation  hé! 

t .  HAÏ,  ÏE  (ha-i ,  ie) ,  part,  passé  de  haïr.  Qui  est  en 
butte  à  la  haine.  Qui  vit  ha'i  de  tous  ne  saurait  long- 
temps vivre,  CORN.  Cinna,  i.  2.  Il  vaut  mieux  être  in- 
vitéavecaffectionàmangerdes  herbes,  qu'à  manger 
le  veau  gras  lorsqu'on  est  liai,  SAci,  Bib.  l'rov.  de  Sal. 
XV,  n.  Je  l'avouerai,  mon  cœur  ne  veut  rien  qu'ar- 
demment; Je  me  croirais  ha'i  d'être  aimé  faible- 
ment, VOLT.  Zaïre,  1,  2.  Ses  peuples  [de  la  Prusse] 
accoururent  sur  notre  passage  pour  contempler  nos 
blessures..,,  il  fallut  repaître  leurs  avides  regards  de 
nos  misères  et.  traînant  notre  infortune  au  travers 


HAI 

de  leur  odieuse  joie,  marcher  sous  l'insupportable 
poids  d'un  malheur  haï,  sf.Gin,  llist,  de  Nap.  xn,  6. 

t  2.  HAÏ  (ha-i),  s.  m.  Teiine  de  rivière.  Retour 
de  l'eau  qui  tournoie  sur  elle-même  quand  elle 
rencontre  un  ob.stacle. 

1.  HAIE  (hê),  s.  f.  Il  1"  Clôture  faite  d'arbre»  ou 
d'arbustes  ou  d'épines  entrelacées,  et  destinée  à 
protéger  ou  à  limiter  un  champ,  un  jardin.  Couper 
une  haie.  Les  haies  de  citronnier  épaisses  et  tirées 
au  cordeau,  plus  importantes  et  moins  pénétrables 
que  les  clôtures  de  nos  champs;  c'est  là  ce  qui  fait 
la  plus  grande  différence  de  perspective,  entre  les 
campagnes  de  l'Amérique  et  celles  de  l'Europe,  ray- 
NAL,  Hist.  phil.  xiii,  49.  Il  Fig.  Si  elle  mit  une  garde 
de  prudence  sur  ses  lèvres  pour  les  fermer  à  la  mé- 
disance, elle  mit  aussi,  selon  le  conseil  du  .sage, 
une  haie  d'épines  autour  de  ses  oreilles  pour  ar- 
rêter et  pour  piquer  les  médisants ,  fléciiier, 
Dauphine.  ||  Haie  vive,  haie  formée  d'arbustes  épi- 
neux en  pleine  végétation.  ||  Haie  sèche  ou  haie 
morte,  haie  faite  avec  des  branches  de  bois  mort 
ou  des  morceaux  de  bois  fendu.  |1  Terme  de  sport. 
Course  de  haies,  course  de  chevaux  où  il  faut  fran- 
chir des  haies.  ||  Fig.  Trouver  quelqu'un  entre  la 
haie  et  le  blé,  le  trouver  dans  un  endroit  peu  fré- 
quenté. Il  Anciennement,  chasse  à  la  haie,  procédé 
de  chasse  dans  lequel,  formant  entre  des  haies  une 
voie  qui  conduisait  à  des  filets,  on  forçait  le  gibier 
à  l'aide  de  batteurs  à  s'engager  entre  ces  haies.  . 
Il  2"  Fig.  Ce  qui  fait  un  obstacle  comparé  à  une  '' 
haie.  L'inégalité  du  terrain,  et  la  grande  étendue 
du  front  de  la  bataille,  ne  permettant  pas  à  l'enDemi 
de  continuer  partout  cette  haie  de  boucliers  et  de 
piques,  rollin,  Hist.  anc.  ffiuu.  t.  ix,  p.  (29,  dan; 
POUGENS.  Ses  frontières  ne  furent  plus  qu'une  haie 
de  places  fortes,  raynal,  Hist.  phil.  xiu,  68. 
Il  3°  Fig.  File  de  personnes  ou  de  soldats,  rangés 
comme  l'est  une  haie.  Entre  deux  haies  de  troupes 
victorieuses,  fléch.  Mar.-Thér.  Il  est  en  haie 
quand  ils  [les  ambassadeurs]  reviennent  de  leur  au- 
dience, LA  bruy.  vu.  Apparemment  que  mon  his- 
toire avait  éclaté  dans  la  maison;  car  j'y  trouvai 
tous  les  domestiques  assemblés  qui  me  reçurent  en 
haie  sur  l'escalier,  Marivaux,  Pays.  parv.  3'  part. 
En  sorte  que  Sémiramis  éperdue  et  l'ombre  de  Ni- 
nus  sortant  du  tombeau  étaient  obligées  de  traverser 
une  épaisse  haie  de  petits  maîtres,  mahmontel, 
Mém.  IV.  Il  Border  la  haie  et  aussi  former  ou  faire 
la  haie,  être  rangé  en  haie,  en  parlant  de  troupes 
qui  forment  une  longue  ligne  d'un  seul  côté  ou  de 
deux  côtés  sur  le  passage  d'un  personnage  impor- 
tant, d'un  cortège,  etc.  Quand  le  prince  passe,  les 
troupes  bordent  la  haie.  {|  4°  Corvée  qui  consistait 
à  réparer  les  haies  du  seigneur.  ||  B°  La  disposi- 
tion donnée  aux  briques  qu'on  veut  faire  sécher. 
Il  6"  Terme  de  marine.  Long  banc  d'écueil.  Une 
haie  de  rochers.  ||  Proverbe.  Plus  la  haie  est  basse, 
plus  on  y  passe,  c'est-à-dire  une  humeur  trop  facile 
encourage  les  gens  malintentionnés. 

—  HIST.  xiir  s.  En  de  sa  li  heughes  [les  haies] 
des  fossés  tout  entour  là  ù  li  castiaus  [château]  fu 
jadis....  tailliar,  Ilccueil,  p.  tH.  Les  Sarrazins  ont 
tant  trait  de  leurs  pyles  [javelots]  que  il  a  aussi 
comme  une  grant  baye  qui  vient  ardant  (brûlant] 
vers  nostre  chastel,  joinv.  223.  ||  xiv  s.  Pourra  la 
comtesse  de  Roucyhaier  et  faire  haies  pour  la  chasse 
desdits  bois,  peigné  de  la  court.  Chasse  à  la  haie, 
p.  16.  ||xv'  s.  Comme  il  et  ses  gens  chevauchoient 
entre  haies  et  buissons,  froiss.  h,  n,  235.  ||  xvi«  s. 
Les  hayes  d'Allemaigne  [sorte  de  danse],  frisques; 
Passepieds,  bransles,  tourdions,  MVRor,  i,  (89.  On 
luy  diQssoit  des  sentiers  au  travers  des  hayes  de 
leurs  bois,  mont.  1,  247.  On  est  surprins  entre  la 
haie  et  le  fossé;  il  fault  tenter  fortune....  in.  m, 
(6.  L'esquadron  ne  pourra  au  plus  renverser  que 
quinze  ou  seize  chevaux  de  la  trcupe  qui  est  en 
haye,  LANGUE,  288.  Il  n'y  avoit  ni  haye  ni  buisson 
qui  donnast  empeschement,  id.  569.  Tout  le  monde 
estoit  logé  à  l'estoiUe,  et  campoit  à  la  haye,  à  faulte 
de  trouver  villaiges,  carloix,  iv,  25.  Par  le  moien 
d'une  haie  morte  faite  auprès  de  la  vifve,  on  préser- 
vera les  aubespins  de  la  morsure  des  besles,  0.  de 
SERRES,  743. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  hdie;  bas-Iat.  haia,  haga,  de 
l'anc.  h.  allem.  haga,  haie;  allem.  Hag;  angl. 
hedge:  flamand,  haeghe.  Ce  mot  n'a  pas  pénciré 
dans  les  autres  langues  romanes. 

2.  HAIE  (hê),  s.  f.  Terme  de  laboureur.  Syno- 
nyme d'âge,  c'est-à-dire  la  pièce  de  bois  arrondie 
qui  reçoit  l'attelage  à  son  bout  el  les  élançons  sou- 
tenant le  sep. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  haia  carruc.T,  haie  de  char- 
rclle,  ainsi  dit  par  une  assimilation  quelcnuqac, 


haï 

dans  lactiarrette,  avec  la  haie  d'un  champ.  Au  mol 
âge  il  a  été  fait  sur  l'étymulogie  une  conjecturo 
fju'il  faut  remplarer  par  celle-ci  plus  prohable  :  âge 
peut  être  une  altération,  aussi  liien  pour  la  forme  que 
pour  le  sens, du  bas-lat.  haga,  haie;  haie,  ayant  le 
sens  fie  03c,  montre  un  rapport  entre  ces  deux  mots. 

t  3.  HAIE  (ha-yo)!  interj.  Exprime  la  douleur  phy- 
sique. Un  enfant  à  qui  on  tire  les  cheveux  dit  haie! 
haie!  ||  Elle  exprime  aussi  le  chagrin.  Célie  :  Avoir 
ainsi  traité  Et  la  même  innocence  et  la  même  bonté! 
—  Sganarelle  :  Haie  !  mol.  Sgan.  10. 

HAÏE  (ha-ie)  !  ||  1°  Cri  que  font  les  charretiers 
pour  animer  leurs  chevaux.  |{  2°  Fig.  Et  haïe  au 
bout,  et  quelque  chose  par-dessus.  Son  emploi  lui 
vaut  par  ans  mille  francs,  et  haïe  au  bout.  Aimable 
comtesse  pour  qui  tout  le  monde  a  partout  du  res- 
pect et  haïe  au  bout,  scarron,  dans  richelet 

—  ÉTYM.  Haie  n'est  sans  doute  qu'un  cri.  Cepen- 
dant, notez  l'anglais  to  hie,  se  hâter. 

UAILLON  (ha-llon.  Il  mouillées,  et  non  ha-yon), 
s.  m.  Il  1°  Vieux  lambeau  de  toile  ou  d'étoffe.  Quittez 
à  cette  heure  ces  vieux  haillons,  val'gelas,  Q.  C. 
IV,  i .  C'est  Timon  qui  cultive  un  champ  pierreux  ; 
dieux!  comme  il  est  fait,  au  prix  de  ce  qu'il  était 
autrefois  !  le  voilà  tout  crasseux  et  tout  couvert  de 
haillons,  d'ablancourt,  Lucien,  Timon.  La  paresse 
toujours  endormie  sera  vêtue  de  haillons,  saci, 
Prov.  de  Salom.  xxiii,  20.  Il  [le  Tasse]  alla  à  pied, 
couvert  de  haillons,  depuis  Ferrare  jusqu'à  Sor- 
rento,  dans  le  royaume  de  Naples,  trouver  une 
sœur  qu'il  y  avait  et  dont  il  espérait  quelque  se- 
cours, VOLT.  Ess.  poés.  ép.  ch.  7.  Il  secouait  sous 
son  manteau  Un  haillon  de  pourpre  en  lambeau, 
Sur  sa  tête  un  myrte  stérile,  a.  le  mussf.t,  Po^s. 
nouv.  Nuit  de  décembre.  \\  Far  extension.  Les  pom- 
pes du  monde  que  saint  Augustin  appelle  avec  rai- 
son les  haillons  du  diable,  Nicole,  Essais,  t.  m, 
p.  su,  dans  pouGENs.  ||  Fig.  Des  expressions  igno- 
bles dans  la  bouche  d'un  grand  personnage  sont 
des  haillons  qui  couvrent  un  roi,  la  harpe,  Cours 
de  littér.  t.  vu,  p.  87,  dans  pougens.  ||  2°  Terme 
d'ardoisière.  Petite  hutte  où  travaillent  les  ouvriers. 

—  HIST.  xV  s.  Les  prisonniers  estoient  sans  chap- 
poron  tous  nuds  testes,  chascung  ung  poure  hail- 
lon vestus,  tous  sans  chausses  ne  souliers  la  plus 
grande  partie,  Journal  de  Paris  sous  Charles  VI 
et  VII,  p.  191,  dans  lacuhne.  ||  xvi"  s.  Il  fault  re- 
brosser ce  sot  haillon  qui  cache  nos  mœurs  ;  ils 
cnvoyent  leur  conscience  au  bordel  et  tiennent  leur 
contenance  en  règle,  mont,  m,  314. 

—  ETYM.  Ano.  haut-allem.  hadil,  lambeau.  Co- 
quillart.  Droits  nouveaux,  a  dit  haillonnerie. 

t  HAILLON\EUX,  EUSE  (ha-ilo-neû,  neû-z'  , 
Il  mouillées),  adj.  Terme  vieilli.  Couvert  de  haillons. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Il  te  faudra  d'un  habit  haillon- 
neux  Vestir  ton  corps,  rons.  948. 

t  UAIM  ou  HAIN  (In),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Hameçon;  ce  terme  est  beaucoup  employé  par  les 
pécheurs  maritimes  sur  les  cotes  de  Normandie;  il 
l'est  aussi  dans  d'autres  provinces. 

—  HIST.  xiii"  s.  Uns  peschierres  geta  iluec  son 
hain,  et  quand  il  cuida  avoir  pris  un  grand  pois- 
son.... nu  GANGE,  hamatorcs.  \\  xvi's.  Ce  sont  de 
beaux  attraits  despourveus  d'hameçon.  Où  les 
grâces  ne  sont  et  ne  font  compagnie  ;  C'est 
ainsi  qu'un  appas  qui  seulement  convie.  Et  par  faute 
de  l'haim  ne  retient  le  poisson,  amad.  jamin,  Poés. 
p.  ICI,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Lat.  hamus ,  hameçon,  qui  se  rapporte 
sans  doute  au  grec  y.ajioç,  recourbé. 

UAINE  (hê-n'),  s.  /".  ||  1°  Action  de  haïr.  Au  lieu 
de  répondre  par  la  haine  à  la  haine  que  me  portent 
mes  rivaux,  je  sens  que  je  dois  me  venger  d'eux  en 
leur  faisant  du  bien  et  du  plaisir,  poussin,  tc((. 
li  juin  (642.  La  haine  que  les  cœurs  conservent  au 
dedans  Nourrit  des  feux  cachés,  mais  d'autant  plus 
ardents,  corn.  Cid,  11,  3.  Je  n'ai  reçu  de  vous  que 
mépris  et  que  haine,  m.  Pomp.  i,  3.  La  haine 
entre  les  grands  se  calme  rarement,  id.  Jiodog.  i, 
7.  La  haine  confond  tout,  et,  quoiqu'on  lui  pro- 
pose, En  son  propre  aliment  convertit  toute  chose, 
ROTR.  Bélis.  IV,  1 .  L'absence  est  aussi  bien  un  re- 
mède à  la  haine  Qu'un  appareil  contre  l'amnur, 
LA  FONT.  Fabl.  X,  12.  Mais  pour  vingt  mille  francs 
j'aurai  droit  de  pester  Contre  l'iniquité  de  la  nature 
humaine.  Et  de  nourrir  pour  elle  une  immortelle 
haine,  mol.  Mis.  v,  l.  Ils  ont  en  cette  ville  une 
haine  effroyalile  pour  les  gens  de  votre  pays,  m. 
Pourc.  m,  2.  Ces  haines  vigoureuses  Que  doit  don- 
ner le  vice  aux  âmes  vertueuses,  m.  Mis.  i,  i.  Il 
concevait  une  haine  implacable  contre  les  Romains, 
Boss.  llist.  I,  8.  Une  haine  se  mit  entre  les  deux 
peuples ,    iD.  ib.    La   haine   irréconciliable  qu'ont 


HAÏ 

les  hommes  vicieux  contre  ceux  qui  déclarent 
la  guerre  aux  vices,  pléch.  Panég.  11,  p.  210. 
Nous  avons  l'un  et  l'autre  une  haine  obstinée,  rac. 
Théb.  IV,  I.  Combien  je  vais  sur  moi  l'aire  éclater 
de  haines!  ID.  4«dr.  m,  7.  Quoi?  vous  le  soup- 
çonnez d'une  haine  couverte!  id.  Ilrit.  v,  t.  N'al- 
lons point  nous  charger  d'une  hiiine  immortelle, 

iD.  Bérén.  m,  2 Quelle  haine  endurcie  Pourrait 

en  vous  voyant  n'être  pas  adoucie?  m.  Phèdre,  11, 
2.  L'envie  et  la  haine  s'unissent  toujours,  et  se 
fortifient  l'une  l'autre  dans  un  même  sujet;  et  elles 
ne  sont  reconnaissables  entre  elles  qu'en  ce  que 
l'une  s'attache  à  la  personne,  l'autre  à  l'état  et  à  la 
condition,  la  bruy.  xi.  L'amitié  dort,  la  haine  veille, 
FAVART,  Soliman  II,  11,  3.  La  colère  est  une  haine 
ouverte  et  passagère  ;  la  haine,  une  colore  retenue 
et  suivie,  duclos,  Consid.  mœurs,  -14.  Soleil  si 
doux  au  déclin  de  l'automne,  Arbres  jaunis,  je  viens 
vous  voir  encor,  N'espérant  pas  que  la  haine 
pardonne  Â  mes  chansons  leur  trop  rapide  essor, 
BÉRANG.  Adieu.  L'avant-garde  laissa  au  corps  qui  la 
suivait  le  soin  de  les  ramasser  [des  soldats  russes 
restés  à  Moscou]  ;  ceux-là  à  d'autres,  et  ainsi  de 
suite;  de  sorte  qu'ils  restèrent  libres  au  milieu  de 
nous,  jusqu'à  ce  que,  l'incendie  et  le  pillage  leur 
ayant  marqué  leur  devoir  et  les  ayant  lous  ralliés 
dans  une  même  haine,  ils  allèrent  rejoindre  Kutusof, 
SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  viii,  B.  ||  Familièrement.  Haine 
de  prêtre,  haine  implacable.  Ils  [Calvin  et  Servet]  dis- 
putèrent par  lettres;  de  la  dispute,  Calvin  passa 
aux  injures,  et  des  injures  à  cette  haine  théologi- 
que, la  plus  implacable  de  toutes  les  haines,  volt. 
Mœurs,  134.  ||La  Haine  est  quelquefois  personni- 
fiée, et  alors  le  mot  prend  une  majuscule.  Ve- 
nez, venez,  Haine  implacable,  Sorlez  du  goufl're 
épouvantable  Où  vous  faites  régner  une  éternelle 
horreur,  ouinault,  Àrmide,  m,  3.  ||  Objet  de  la 
haine.  Vous  êles  son  amour,  craignez  d'être  sa 
haine,  corn.  Tite  et  Bérén.  ||  Activement.  La 
haine  de...,  sentiment  éprouvé  contre.  La  haine 
des  tyrans.  Cette  vie  de  foi,  de  violence,  de  renon- 
cement, de  haine  de  soi-même,  qui  fait  comme  le 
fonds  de  la  pénitence  et  de  la  piété  chrétienne,  ils 
ne  la  connaissent  pas,  mass.  Carême,  D.  prosp. 
tempor.  ||  Passivement.  Haine  de...,  sentiment 
éprouvé  par.  Je  dois  plus  à  leur  haine  [de  mes  en- 
nemis], il  faut  que  je  l'avoue.  Qu'au  faible  et  vain 
talent  dont  la  France  me  loue,  boil.  Épîlre  vu. 
Mais  sa  haine  sur  vous  autrefois  attachée  Ou  s'est 
évanouie,  ou  s'est  bien  relâchée,  rac.  Phèdre,  i,  >. 
Si  la  haine  peut  seule  attirer  votre  haine,  id.  ib. 
II,  B.  Qu'il  est  aisé  de  supposer  de  nouveaux  crimes 
à  ceux  qui  sont  chargés  de  la  haine  d'un  parti  ! 
VOLT.  Mœurs,  Rem.  xiv.  ||  Haines  nationales,  inimi- 
tiés des  peuples  entre  eux.  Tel  est  donc  un  des 
effets  de  la  haine  nationale  :  on  aime  mieux  se  pri- 
ver d'un  bien  que  de  le  devoir  à  des  étrangers, 
EAYNAL,  Hist.  phil.  IX,  3.  On  ne  connaît  pas  de 
haine  nationale  plus  profonde  et  plus  active  que 
celle  des  Portugais  pour  l'Espagne,  m.  »'!).  ix,  3. 
Il  Terme  de  théologie.  Haine  d'abomination,  l'hor- 
reur pour  le  péché,  sans  aversion  néanmoins  pour 
la  personne  du  pécheur.  ||  2°  Sentiment  d'aversion 
qu'on  éprouve  pour  certaines  clioses.  La  haine  du 
changement.  Ce  sont  là  toutes  choses  que  j'ai  en 
haine,  dit  le  Seigneur,  saci.  Bible,  Zachar.  vin,  19. 
Une  doctrine  qui  les  engageait  à  la  haine  du 
monde,  fléch.  Serni.t.  i,  p.  194.  Je  vous  demande  la 
haine  du  péché,  une  horreur  éternelle  de  l'impiété 
et  du  libertinage,  bouhdaloue,  Instruct.  sur  la 
communion,  Exhort.  f.  11,  p.  409.  J'ai  pris  la  vie 
en  haine  et  ma  flamme  en  horreur,  rac.  Phèdre, 

I,  3 Je  crois  surtout  avoir  fait  éclater  La  haine 

des  forfaits  qu'on  ose  ra'imputer,  m.  ih.  iv,  2.  Rome 
à  ce  nom  [de  roi],  si  noble  et  si  saint  autrefois,  At- 
tacha pour  jamais  une  haine  puissante,  id.  Bérén. 
Mon  cœur  en  belle  haine  A  pris  la  libellé,  bérang. 
Liberté.  \\  Quand  il  s'agit  de  cho.ses,  tandis  que  haïr 
se  dit  même  des  répugnances  physiques,  par  ex. 
ha'ir  le  froid,  haine  ne  se  dit  que  des  grandes  aver- 
sions morales,  et  l'on  ne  dirait  pas  la  haine  du 
froid.  Il  3°  Ce  qu'il  y  a  d'odieux,  l'odieux.  S'il  y 
avait  quelque  bataille  perdue,  s'il  arrivait  quelque 
inondation  ou  quelque  sécheresse,  on  les  chargeait 
[les  chrétiens]  de  la  haine  de  toutes  les  calamités 
publiques ,  BOSs.  Précis  d'un  2«  panég.  de  saint 
Gorgon.  Pour  se  donner  la  gloire  de  la  réussite,  et 
pour  détourner  sur  les  autres  la  haine  d'un  mau- 
vais succès,  LA  Biiuv.  II.  Il  4°  En  haine  de,  loc.  prép. 
En  ha'ïs,sant,  par  animosité  contre.  En  haine  de  ce 
que  son  mari  avait  épousé  Hodogune,  corn.  Ex.  de 
liodog.  En  haine  de  cet  empereur,  Dèce,  qui  le  tua, 
renouvela  la  persécution  avec  plus  de  violence  que  ja- 


HAI 


1971 


mais,  BOSs.  Hist.  i,  lo.  C'est  en  haine  des  .luifs  et 
d'Esdras,  eten  hainedu  premier  et  du  second  temple 
qu'ils  [les  Samaritains]  ont  inventé  leur  chimère  de 
Garizim,  m.  16.  11,  13. 

—  lllST.  xiti"  s.  Bien  lui  monstra  Constance  qu'à 
lui  n'a  pas  haïne  [qu'elle  n'a  pas  de  haine  contre 
elle],  Berle,  lvi.  Se  li  parrastres  ou  le  [la]  mar- 
rastre  maincnt  malvose  vie  as  enfans,  ou  qu'il  lor 
monstre  sanllant  de  hayne,  bhaum.  xxi,  ib.  ||  xiv"s. 
Adès  [toujours]  ha  vielle  haine  novele  mort  [ortée, 
Girart  de  Ross.  v.  885.  ||  xv  s.  Si  s'engendrèrent 
et  nourrirent  en  Gascogne,  pour  ces  besognes,  plu- 
sieurs haines  couvertes,  dont  plusieurs  meschefs 
depuis  en  naquirent,  froiss.  11,  11,  2.  Long  conseil 
orgueil  et  envie,  Grant  haïne,  et  petit  confort, 
E.  DESCH.  Du  noble  royaume  de  France.  Pour  la 
grant  hayne  qu'ilz  avoient  audit  connestable,  comm. 
IV,  1 2.  Il  xvi*  s.  La  haine  n'est  qu'ire  enraciuée,  calv. 
Instit.  302.  Je  n'eusse  rapporté  du  collège  que  la 
haine  des  livres,  mont,  i,  197.  Nous  ne  hayssons 
rien  de  ce  que  nous  delivons;  car,  s'il  y  a  quelque 
chose  à  hayr  en  ce  monde,  c'est  la  hayne  mesnie, 
CHARRON,  Sagesse,  i,  i;7.  Haine  de  prince  signifie 
mort  d'homme,  cotgbav:-.  Nul  bien  sans  haine,  ip. 

—  ÉTYM.  Wall. /laïî/ip, /iciiuf  (voy.  iiaïb).  L'ancien 
français  avait  haûr  et  haenge  à  côté  de  haine. 
Haine,  d'où  par  contr.iction  haine,  vient  de  haïr, 
comme  saisine  de  saisir.  Quant  au  wallon  haïme, 
i'm  y  est  sans  doute  pour  n,  comme  dans  rancunte 
et  rancune.  L'ancien  haenge  représente  une  forme 
fictive  hademia;  enge  équivalant  au  latin  emia, 
comme  on  le  voit  dans  vendange  de  vindemia. 

t  HAINEUSEMENT  (hé-neù-ze-man),  adv.  D'une 
manière  haineuse,  avec  haine. 

—  HIST.  XV"  s.  Prince,  parler  senestrement  D'au- 
trui  et  haineusement  X  juif,  sarrasin,  chrestien  Est 
grant  folie  et  grant  tourment,  e.  desch.  Poés.  v.ss. 
f°  447.  Il  XVI"  s.  Do  quoy  sert  une  antique  race,  De 
quoy  un  gouffre  qui  embra.sse  Mille  trésors  drli- 
deux.  Si,  ne  voulant  à  nessun  plaire.  Presque  à 
soy  mesme  on  veut  desplaire,  Haineusement  amlii- 
cieux?J.  taiiureau,  Poesi'w,  p.  132,  dans  laclmine. 

—  ÉTYM.  Haineuse,  et  le  suffixe  ment. 
HAINEUX,  ECSE  (hê-neù,  neù-z'),  adj.  ||  1"  Qui 

est  naturellement  porté  à  la  haine.  Une  Amo  hai- 
neuse. Haineux  comme  un  faux  dévot,  dès  qu'on 
vous  résiste,  st-foix,  £ss.  Paris,  CEuv.  t.  iv,  p.  358, 
dans  pougens.  M.  de  Saint-Yves  est  un  homme  vio- 
lent, impétueux,  haineux,  imprudent  et  inconsidéré, 
GENLis,  Thédt.  d'éduc.  le  Magistrat,  1,  7.  ||  Substan- 
tivement. Et  si  tout  au  rebours  nos  haineux  nous 
en  piquent,  bégnier,  Sat.  v.  Voilà....  la  véritable 
raison  qui  m'empêchera  de  jamais  me  retirer  à  Ge- 
nève; un  seul  haineux  empoisonnerait  tout  le  plai- 
sir d'y  trouver  quelques  amis,  j.  j.  noi.ss.  I.ett.  à 
Moultou,  26  avr.  (762.  {|  2°  Qui  a  le  caractère  de  la 
haine.  Corinne,  en  lisant  cette  lettre,  fut  ofi'cnsée 
des  préjugés  haineux  qu'Oswald  exprimait  contre  sa 
nation,  staf.l,  Corinne,  vi,  3. 

—  REM.  l.DeCaillières,  (OflO,dit  que hat'îicitt  est 
un  mot  nouveau  et  du  bel  usage.  C'est  une  erreur, 
quant  à  la  nouveauté;  l'historique  en  fait  foi.  ||  2.  On 
lit  dans  Desportes,  poète  du  xvi'  siècle  :  Vous  serez 
par  les  dieux  en  astre  transformée.  Haineux,  rouge 
de  sang....  Sur  quoi  Malherbe  remarque  :  <>  Que 
veut  dire  un  astre  haineux?  car  haineux  ne  se  dit 
point  simplement,  mais  mon  haineux,  son  hai- 
neux, etc."  Comment,  sur  Desportes,  Œuvres,  t.  iv, 
p.  341.  Malherbe  se  trompe  et  ne  constate  qu'un 
emploi  très-particulier;  haineux  s'est  dit  comma 
adjectif  dans  tout  le  cours  de  la  langue. 

—  HIST.  xiii°  s.  Amors  ce  est  paix  haineuse, 
Amors  est  haïne  amoreuse,  la  Rn.'.e,  4  307.  Sergan- 
terie  de  penre  [prendre]  autrui  biens  por  fere  dctea 
paier  est  un  offices  haineus,  beaum.  liv.  Li  aucun 
su".t  si  haineux  et  si  felor  qu'il  vourroient  bien  fere 
damace  à  eus  meismes  por  fere  damace  à  autrui, 
ID.  xxxviii,  10.  Ilxiv  s.  Une  chose  est  haineuse  à 
un  home  et  deicttableà  un  autre,  ores.me,  fjth.  137. 
Il  xv«  s.  François  Acreman  fut  grandement  blasmé, 
et  par  especial  du  seigneur  de  Harselles,  et  Uint  que 
François  s'en  courrouça  au  chevalier,  et  en  pril 
paroles  dures  et  haineuses,  froiss.  ii,  ii,  221.  Petis 
enfans  fait  doubteus  doctriner  ;  Car  doctrine  leur 
est  trop  haineuse,  e.  desch.  Femme  et  enfans.\\  xvf  s. 
....Qui  de  tous  maus  seul  la  souslagcra.  De  ses  hai- 
neux aussi  la  vengera,  mabot,  i,  300.  Pour  toy  je 
suis  aux  libyques  provinces  Faite  hayneuse,  et  aux 
nomades  princes,  do  bellay,  iv,  10,  recto.  D'un  hai- 
neux esiranger  l'envieuse  malice  Exerce  contre  luy 
son  courage  odieux,  id.  vi,  i6,  recto.  Puis  de  hai- 
neux devenus  bons  amis...,  bons.  648. 

—  ÉTYM.  Haine,   avec  le  suffixe  eux.  On  trouve 


<072 


nA[ 


dans   les   anricn'î  fxfcs  htiineur,    celui   (|ui    iKiil 
{haine,  avec  le  suflixe  eur). 

HAÏR  (ha-ir),  je  hais,  tu  liais,  il  bail,  nous  haïs- 
sons, vous  haïssez,  ils  haïssent;  je  haïssais;  je  haïs, 
tu  liais,  il  haït,  nous  liaïmes,  vous  haïtes,  ils  haïrent 
(plusieurs  grammairiens  disent  _que   le  tréma  ne 
dispense   pas  de    l'accent  :    haïmes ,    haïtes)  ;  je 
haïrai;  je  haïrais;  hais,  haïssons,  haïssez;  prés,  du 
suhjonclif  :  que  je  haïsse,  que  tu  haïsses,  que  nous 
haïssions;  imparf.  du  subjonctif  :  que  je  haïsse,  que 
'u  haïsses,  qu'il  haït,  que  nous  haïssions,  (jue  vous 
haïssiez,  qu'ils  haïssent;  haïssant;  haï,»,  a.  |{  l'Avoir 
pour  quelqu'un  un  sentiment  qui  fait  que  nous  lui 
voulons  du  mal.  Rodrigue  :  Ton  mallieureux  amant 
aura  bien  moins  de  peine  X  mourir  de  ta  main  qu'à 
vivre  avec  ta  haine.  —  Chimène  :  Va,  je  ne  te  hais 
point,conN.  Cïd,  m,  4.  Fais-toi  des  ennemis  que  je 
puisse  haïr,  ni.  Ifor.  i ,  i ....  .le  hais  tous  les  hommes, 
Les  uns  parce  qu'ils  sont  méchants  et  malfaisants.  Et 
les  autres  pour  être  aux  méchants  complaisants,  mol. 
Mis.i,  l.Et  jusqu'à  je  vous  hais,  tout  s'y  dit  tendre- 
ment [dans  les  pièces  de  Quinault],  boil.  Soi.  m. Vous 
me  haïssez  trop  pour  ne  me  plus  aimer,  boursault, 
Ésope  à  la  cour,  ii,  l.Elje  souhaiterais,  dans  ma 
juste  colère.  Que  chacun  le  haït,  comme  le  hait  son 
prre,  HAC.  Thib.  i,   B.  L'on  hait  avec  excès  lorsque 
l'on  hait  un   frère,    id.  16.  m,  6.   Ah!  je  l'ai   trop 
aimé,  pour  ne  point  le  haïr,  ID.  Andr.  11,  t.  Si  je  la 
haïssais,  je  ne  la  fuirais  pas,  \d.  Phèdre,  1,  (.  Quand 
vous  me  haïriez,  je  ne  m'en  plaindrais  pas,  id.  ib.  11,  B. 
Mais  le  roiquilehait,  veutque  jelehaissC;  iv.Iphig. 
V,  I.  .le  l'aime  [Mme  de  MontespanJ,  et  ne  puis  me 
persuader   qu'elle  me  haïsse,  maintknon,   Lett.    â 
Mme  de  Sl-Géran,  U  juin  (070.  licgretter  ce  qu'on 
aime  est  un  bien ,  en  comparaison  de  vivre  avec  ce 
qu'on  hait,  la  bruy.  iv.  Tel  vous  aime,  dit-il,  n'en 
croyez  rien,  il  ment;  Vous  dit-on  qu'on  vous  hait, 
croyez-le   aveuglément,   dufbény,    Réconc.    norm. 
H,  7.  Albert;  Vous  ne  m'aimez  donc  pas? — Agathe  : 
Non ,  mais,  en  récompense,  Je  vous  hais  à  la  mort, 
BEGNAnn,  Fol.  amour.  11,  2.  Il  y  a  des  hommes  dont 
il  est  glo-ieux  d'être  haï,  dider.  Claude  et  Nér.11,2. 
On  ne  hait  pas  toujours  ceux  qu'on  rend  malheu- 
reux, LA  ciiAtissSE,  Mélanide,  v,  2.   Et,  pour  se  ras- 
surer, en  vain  il  [Louis  XI]  sacrifie  Ceux  qu'il  hait, 
ceux  qu'il   craint,  ceux  dont  il  se   défie,  masson. 
Ilelv.  11.  Il  Haïr  quoiqu'un  ou  quelque  chose  comme 
la  poste,  comme  la  mort,  le  haïr  extrêmement.  ||  En 
un  sens  particulier,  haïr  quelqu'un  de,  lui  en  vouloir 
à  cause  de.  Mais  je  hais  vos  messieurs  de  leurs  hon- 
teux délais,  MOL.  Amph.  m,  8.  ||  Absolument.  Je  hais 
quelquefois  Et  moins  que  je  ne  veux  el  moins  que 
je  ne  dois,  corn.  Sertor.  m,  4.  Dire  qu'on  ne  sau- 
rait haïr,  N'est-ce  pas  dire  qu'on  pardonne?  moi,. 
Amph.  Il,  (i.  Quand  il  hait  une  fois,  il  veut  haïr 

toujours,  RAC.  Tliéb.  ji,  3 il  faut  désormais  que 

mon  cœur,  S'il  n'aime  avec  transport,  haïsse  avec 
fureur,  ID.  Andr.  i,  4.  On  a  dit  en  latin  qu'il  coûte 
moins  cher  de  haïr  que  d'aimer,  la  biiuy.  iv.  Vous 
ciui  croyez  que  ne  pas  perdre  vos  ennemis,  c'est 
leur  pardonner,  et  qui  bornez  la  loi  qui  vous  or- 
donne d'aimer,  à  ne  haïr  qu'avec  mesure,  mass. 
Or.  (un.  Yillars.  Haïr  est  le  tourment  le  plus  af- 
freux de  tous,  LA  CHAUSSÉE,  Goutem.  n,  8.  Et  pour- 
quoi, monsieur,  voulez-vous  haïr  quelqu'un?  la 
peine  est  toute  du  côté  de  celui  qui  hait,  legrand, 
le  l'hilanthropc,  se.  I4.  (|  Faire  haïr,  rendre  odieux; 
se  faire  haïr,  se  rendre  odieux.  Cela  le  fit  haïr  de 
•ses  voisins.  Ce  roi  s'est  fait  haïr  de  ses  sujets.  Vous 
lui  faites  haïr  ceux  qu'il  devrait  aimnr.  ||  Faire 
haïr  se  construit  aussi  avec  la  préposition  ri.  Quel 
horrible  péché  me  fait  haïr  des  cieux,  desportes; 
je  dirais  plutôt  haïr  aux  cieux;  et,  rie  l'ai'.,  on  dit  : 
Vous  me  l'avez  fait  haïr;  or,  qui  doute  que  me  ne 
soit  datif,  comme  :  Vous  me  donnez;  on  dit  :  Cette 
action  l'a  fait  haïr  au  roi  ;  cela  l'a  fait  haïr  à  tcus 
ceux  qui  l'aimaient,  malh.  Comment,  sur  Des- 
portes, Œuvres,  t.  iv,  p.  .147.112"  En  parlant  des 
choses,  avoir  de  l'aversion,  de  la  répugnance.  11 
n'aimait  que  la  chasse  et  haïssait  fort  l'étude, 
SCAHH0N,  nom.  com.  i,  (.'».  Je  hais  ce  qui  est  faux, 
sf.v.  607.  Haïr  mon  âme,  dit  s.iint  Augustin,  c'est, 
d.ins  le  sens  de  l'Evangile,  haïr  mes  propres  haines 
et  mes  propres  affections,  boorualoue,  3'  dim.  après 
la  Pentecôte,  Dnminic.  t.  11,  p.  370.  Je  ne  peux  pas 
savoir  aujaravant  Si  j'aimerai  le  mariage  ;  Mais  je 
sais  bien  que  je  hais  le  couvent,  imbkbt.  Jaloux 
sans  amour,  11,  5.  |j  II  se  dit  quehpiefois  des  choses 
dont  on  reçoit  quelque  incommodité.  Haïr  le  froid, 

V  n-lf"'''  "  "*'''  ''"*'  ■■^^'^'^  '"  «"''jonclif.  M.  de  la 
Villière  est  mort  je  ne  sais  comment;  je  hais  tou- 
jours q-ic  les  hommes  aient  mal  au  derrière  ;  on 
lui  a  fait  plusieurs  opérations....  sÉv.  )8  oct.  )B78. 


H.\ï 

Il  3"  Haïr  Ti,  .avec  un  infinitif.  Avoir  de  la  répugnance 
jiour.  Je  hais  mortellement  à  vous  parler  rie  tout 
cela;  pourquoi  m'en  parlez-vous?  ma  plume  va 
comme  une  étourdie,  sftv.  44(i.  Tel  qui  hait  à  se  voir 
peint  en  de  faux  portraits,  Sans  chagrin  voit  tracer 
ses  véritables  traits,  boil.  ÉpU.  ix.  Ils  haïssent  autant 
aies  voir  [les  femmes)  avec  de  la  ccruse  sur  le  visage, 
qu'avec  de  fausses  dents,  la  bruy.  m.  ||  4° Haïr  avec 
la  négation  s'emploie  familièrement  dans  le  sens 
d'aimer  assez,  et  alors  il  prend  à  ou  de  quand  il  est 
suivi  d'un  infinitif.  Elles  ne  haïssent  pas  de  primer 
dans  ce  nouveau  genre  de  vie,  la  bruy.  m.  Des 
défauts  dont  nous  ne  haïssons  pas  à  être  raillés, 
m.  v.  La  bonne  dame  ne  haïssait  pas  le  vin  d'Es- 
pagne, IIAMILT.  Gramm.  9.  Peut-être  ne  haïssez- 
vous  pas  des  abus  qui  vous  laissent  tranquilles, 
MASS.  Car.  Mélange.  Mais  à  quoi  jugez-vous  que  la 
comtesse  ne  le  hait  pas?  mabivadx,  le  Legs,  i.  Si 
je  n'étais  pas  canusi  [prêtre  du  Japon],  je  ne  haïrais 
pas  d'être  quaker,  volt.  Dial.  10.  Je  ne  hais  pas  à 
garder  les  dindons,  id.  iMtre  Thibouville,  22  mai 
1768.  Le  bon  vin  me  parait  une  excellente  chose, 
et  je  ne  hais  point  à  m'en  égayer,  J.  j.  rouss. 
Ilél.  I,  23.  Il  5°  Se  haïr,  ».  réfl.  Avoir  de  la  haine 
pour  soi.  Je  me  hais  de  te  voir  ainsi  mésestimée, 
RÉGNIER,  Élégie  11.  Excuse  un  malheureux  qui  perd 
tout  ce  qu'il  aime.  Que  tout  le  monde  hait  et  qui 
se  hait  lui-même,  bac.  Andr.  m,  8.  ||  En  termes  de 
religion,  se  haïr  soi-même,  haïr  en  soi  la  nature 
humaine.  Nulle  autre  religion  [que  la  chrétienne] 
n'a  proposé  de  se  haïr;  nulle  autre  religion  ne  pi?ut 
donc  plaire  à  ceux  qui  se  haïssent  et  qui  cherchent 
un  être  véritablement  aimable,  pascal.  Pensées, 
XI,  4,  édit.  iiAVET.  Ils  [ceux  qui  croient]  ne  veulent 
aimer  que  Dieu,  ils  ne  veulent  haïr  qu'eux-mêmes, 
ID.  ib.  XIII,  7.  Il  Avoir  une  haine  réciproque.  Cessez 
de  vous  haïr. 

—  REM.  1.  «  Ce  fut  Joachim  du  Bellay,  au  xvi" 
«  siècle,  qui  se  permit  l'un  des  premiers  de  dire  je 
'<  hais  pour  je  hais.  11  en  fut  repris  par  Charles 
«  Fontaine,  l'un  de  ses  contemporains,  »  génin. 
Variations  du  langage.  C'est  une  erreur  de  Gé- 
nin ;  on  peut  voir  à  l'historique  que  la  contraction 
remonte  aux  temps  les  plus  anciens,  le  présent 
étant  écrit  je  hé  ou  il  hait.  {|  2.  Voltaire  a  deux  fois 
manqué  à  aspirer  Vh  :  Je  meurs  au  moins  sans  être 
haï  de  vous,  Enf.  prod.  iv,  3.  Et  :  Aurait  rendu 
comme  eux  leur  dieu  même  haïssable,  Ait.  1,  2. 
C'est  une  grosse  faute. 

—  HIST.  XI"  s.  Sous  ciel  n'a  home  que  tant  [il] 
voille  haïr,  Ch.  de  Hol.  xcni.  ||  xii"  s.  Dient  Paien  : 
cist  moût    fait   à   hahir,  Ronc.   p.   74.  Paien  s'en 
fuient,  qui  heent  la  nioslée,  ib.  p.  uo.  En  lui  [elle] 
[il  y]  a  tant  de  vigor  Qu'el  bée  sa  deshonor,  Coud, 
1.   Que  vivre   irez    [irrité]  et  m'amie  haïr,  ib.  ix. 
Pour  ce  [je]  me  hé  et  sui  mes  malveillanz,  ib.  xx. 
Mais  cil  quatre  felun  e  li  Deu  enemi  [les  ennemis 
de  Dieu],  Pur  lur  malvaise  vie  furent  de  Dcu  haï. 
Th.  le  mart.  ( 36.  Tus ceus qui  cest  conseil  li  dunerent 
harra[ilhaïra],  tb.29.Biax  ni  es  [beau  neveu],  dist-il, 
rtiolt  par  ies  de  haut  pris  [lu  es  de  très-haut  prix].  Bien 
hez  de  cuer  trestoz  tes  anemis,  Raoul  de  C.  209. 
E  il  avoit  coraige  de  hayr  le  mal,  Machab.  11,  3. 
Ilxiii"  s.   Et  se  vos  me  laissiés,  li  Grieu  me  heent 
durement  pour  vos,  et  je  reperdrai  la  terre,  villeh, 
Lxxxviii.  Tant  [elle]  fist  que  mortalment  partout  se 
fist  haïr,  Rvrlc,  Lxiii.  Isabel  et  Aiglente  que  Berte 
ne   het  mie,    ib.   cxxviii.   Ainsi   estoit  sa  fille  au 
royaume  haïe,  ib.  lxxii.  Ne  sai  beste  fors  que  Brun 
l'ors  Que  je  tant  haco  conme  vos.   Mais  vos  hai-ge 
de  fine  mort,  Ren.  204(9.  Et  cil  qui  povres  appar- 
ront,  Lor  propres  frères  les  harront,  la  Rose,  8218. 
Li  guerredons  soit  tels  qu'cle  me  die  :  Amis,  bien  sai 
que  [vous|  ne  me  liaez  mie,  leboijean  de  briknne. 
Romane,  p.   (4i.  Haï  me   vous  [me    haïssez-vous] 
que  tant  vous  travailliez.  Qu'aie  mari   et  de  ci  me 
chassiez? /(omanc.  p.  74.  Désormais  haie  je  ceste 
vie.  Quant  j'ai  perdu  ma  douce  amie,  FI.  et  Bl.  784. 
....  Ce  estoit  la  femme  que  vous  plus  haies,  et  vous 
en  portez  tel  duel  [deuil],  joinv.  281.  ||  xiv  s.  De 
moi  [il]  ne  prenderoit  ne  or  fin  ne  argent  ;  Car  il  me 
het  h.  mort,  il  a  jà  longuement,  Guescl.  112.I8.  El 
j'ay  bien  oï  dire  quatorze  ans  accomplis.  Que  d'un 
enfant  haï  n'a  hiau  jeu  ne  biaus  ris,  Raud.  de  Seb. 
XI,  80.  Il  xv  s.  Et  iiiiand  il  rencontroit  un  homme 
qu'il  hcoit  ou  qu'il  avoit  en  soupçon,  il  e.stoit  tan- 
tost  tué....  FROiss.  I,  I,  65.  La  chose  du  monde  que 
plus  il   hayoit   en   son  cucur,  c'cstoit    la    maison 
d'Yorih,  COMM.  I,  5.  Il  XVI'  s.  Amy  de  paix,  zélateur 
de  justice,  Hayant  dehatz,  inventeur  de  concorde, 
J.  MAROT,  v,  IS2.  Pour  ccsfe  foy  serez  persécutez, 
Hays  du  monde,  à  mort  exécutez,  m.  i,  271 .  Ainsi 
cbascun,  quelque  part  que  tu  sois,  Hait  et  hairra 


MAL 

ta  h\v.<^  progenic,  m.  iv,  (59.  Je  nay  la  finesw, 
MONT,  i,  »fl.  Aimez  le  [l'ami]  comme  ayant  quoique 
jour  à  le  haïr;  haïssez  le  [l'ennemi]  comme  ayant 
à  l'aimer,  m.  i,  21B.  Je  hais  à  mort  de  sentir  au 
flatteur,  id.  i,  292.  Les  Gaulois  haïssoient  ces  arme» 
traistresses,  m.  i,  303.  Les  médecins  bayent  le» 
hommes  sains.  Car  rien  par  eux  ne  leur  est  pré- 
senté, st-gelais,  107.  Quiconque  soit  celuy  qu'en 
vivant  il  languisse.  Et  de  chacun  hay  luy  mesme  se 
haysse,  rons.  (9).  Oncques  n'ayma  bien  qui  pour 
si  peu  haït,  cotgrave. 

—  ÊTVM.  'Wall,  hère,  hère;  du  germanique  :  go- 
thique, hatan,  haïr;  anglo-sax.  hatian;  anc.  sax. 
Itelian  ;  allcm.  mod.  hassen;  angl.  to  haie.  La 
forme  en  ir  indique  que  le  mot  vient  plus  particu- 
lièrement de  l'anglo-saxon  hatian;  le  «  est  tombé 
comme  tombe  le  (  ou  le  d  dans  meùr,  du  latin  ma- 
turus,  nnir  du  latin  audire,  etc. 

HAIRK  (hê-r'),  ■v./'.  ||  1"  Petite  chemise  do  crin 
ou  de  poil  de  chèvre  portée  sur  la  peau  par  esprit  de 
mortification  et  de  pénitence.  Laurent,  serrez  ma 
haire  avec  ma  discipline,  mol.  Tart.  m,  2.  Le  moino 
secoua  le  cilice  et  la  haire,  boil.  Lutr.  vi.  Vicieux, 
pénitent,  courtisan,  solit;ure,  11  [le  duc  de  Joyeuse] 
prit,  quitta,  reprit  la  cuirasse  et  la  haire,  volt. 
Henr.  rv.  ||  î'Grosse  étofl'e  pour  les  brasseurs.  |{  Drap 
en  haire,  drap  qui  n'a  point  encore  été  foule. 

—  HIST.  X'  s.  [Ils]  vesteient  haires,  Fragm.  de 
Val.  p.  467.  Il  xii'  s.  E  a.spre  haire  aveit  de  piel  de 
chievre  gros,  Th.  le  mart.  402.  Une  dame  Kespha 
la  fille  Aia  estendid  une  haire  sur  une  pierre,  pur 
les  cors  guarder....  itoîi,  p.  202.  |{  xiii's.  Mfsja  beste 
qui  leans  aille,  N'i  portera  toLson  qui  vaille,  Ne 
dont  l'en  puist  nois  [même]  drap  faire,  Se  n'est 
aucune  orrible  haire,  la  Rose,  20424.  En  l'abeie  du 
Lis  sont  les  hères  que  saint  Loys  portoit,  une  fêle 
à  manière  de  gardecors,  longue  jusque  desouz  la 
ceinture,  et  l'autre  fête  à  manière  de  ceinture; 
trois  ou  quatre  desquelles  les  unes  sont  lées  [larges] 
à  manière  de  la  paume  d'une  main,  et  les  autres  à 
manière  de  la  leesse  [largeur]  de  trois  dois  ou  de 
quatre,  Miracles  St  Loys,  p.  147.  Et  si  estoit  la  haire 
mise  Emprès  la  char  soz  la  chemise,  ruteb.  11,  I76. 
il  XV'  s.  Mes  je  di  Et  affi  Que  sus  mi  N'a  fors  que 
doel,  painne  et  haire,  froiss.  Poésies  m.vï.  p.  20, 
dans  LACi'RNE.  Marie  toy  donc  et  me  croy.  Qu'à 
mener  vie  solitaire  A  l'en  plus  de  mal  et  de  bain' 
[afiliction,  peine].  Mil  fois  plus  que  mariés  n'ont, 
E.  DESCII.  Poésies  mss.  {°  360. 

—  RTYM.  Ane.  haut-allem.  hdra;  scandin.  h.rrn. 
tissu  de  poil  ;  allem.  Haar,  cheveu,  poil.  On  ni 
rapproche  avec  vraisemblance  le  sanscrit  /téi-uiii. 
et  le  latin  crsaries,  chevelure. 

t  IIAIUEMENT  (liè-re-man),«.  m.  Terme  des  dra- 
piers de  Sedan.  Tondre  en  hairement,  ton^ire  un 
drap  pour  la  première  fois. 

—  ÉTYM.  Voy.  HAIRE. 

HAÏSSABLE  (ha-i-sa-bP),  adj.  Qui  mérite  d'èlre 
haï,  c|ui  inspire  la  haine,  en  parlant  soit  des  per- 
sonnes, soit  des  choses.  Voyez  comme  un  rival  i  st 
soudain  haïssable.  Comme  vers  notre  amour  ce  nom 
le  rend  coupable,  corn.  Attila,  iv,  4.  Il  m'est  plin 
inditïércnl  que  haïssable,  scabhon,  Rom.  cnm.  11, 
19.  Les  effets  en  sont  trop  cruels  et  trop  haïssabl  .;, 
sÉv,  50.  H  s'est  avisé  mal  à  propos  de  rendre  !■■ 
vice  haïssable,  lesaoe,  Critique  de  Turcarel.  Qu 
vous  êtes  haïssable!  n'est-on  pas  bien  récompens-  n 
de  l'intérêt  qu'on  prend  à  vous?  mabivalx,  Prèj. 
vaincu,  se.  9. 

—  f;TY>L  Haïr,  par  le  participe  haussant. 
t  IIAÏSSF.UU  (iia-i-seur),  s.  m.   Celui    qui    bail. 

Et  d'un  grand  haïsseur  qui  fut  défunt  son  père, 
DU  frény,  Reconc.  norm.  m,  11.  Que  les  haisseurs 
de  l'Eternel  tremblent  devant  sa  face,  briston, 
Trad.  des  psaumes,  Paris,  <865. 

—  HIST.  XVI'  s.  Timon  cet  insigne  et  beau  haïs- 
seur d'hommes,  Contes  d'Eutrapel,à&ns  le  JHrI.  de 

DOCHEZ. 

—  Rtym.  Hofr,  par  le  participe  haUsant. 
f  HAJE  (ha-j"),  s.  m.  Nom  scientifique  de  l'aspic 

des  anciens  [ripera  haje,  /,.). 

IIALAGK  (ha-la-j"),  s.  m.  ||  1°  L'action  de  halor, 
de  tii-er  un  bateau.  Chemin  de  halage,  chemin  sur 
lequel  se  fait  le  halage.  Halage  à  bras  d'hommes. 
Halage  par  chevaux.  ||  Chevaux  de  halage,  che- 
vaux employés  <à  haler.  |{  2'  Terme  de  corxlerie. 
Cheville  de  halage,  barre  de  fer  qui  sert  d'axe  do 
rotation  aux  rouets  et  aux  dévidoirs. 

—  HIST.  XIII'  s.  En  la  .seconde  partie  entendoni 
nous  .à  trelier  des  chaucies....  d'is  rivages,  des  ha- 
lages,  /.tu.  des  met.  2. 

—  f.TVM.  Ilnler  1. 
t  HALnOCRG  (hal-bour),  s.  «n.  Hareng  que  les 


IIAL 

p.Vheurs  pronnont  hnrs  fie  la  saison  de  la  poche  gé- 
néral". Le  lialhoiirj,'  se  pûche  apri's  la  disparition 
lies  harengs  proprement  dits;  il  n'a  jamais  ni  œufs, 
ni  laite,  et  l'on  ignore  si  c'est  une  espèce  particu- 
lière ou  un  vieil  individu   de    l'espiice  commune, 

LEGOARANT. 

—  ETYM.  I.e  mot  signifie,  dit-on,  hareng  bour- 
geois, ainsi  nommé  figurément  à  cause  qu'il  semble 
on  bourgeois  et  non  un  individu  de  la  foule  com- 
mune; de  hal  pour  har  (hareng),  et  bourg. 

HALBRAN  (hal-bran),  s.  m.  Jeune  canard  sau- 
vage. Ragoût  rie  halbrans. 

—  HIST.  XIV'  s.  Halebrans  sont  les  petits  canets 
ni  ne  peuvent  voler,  jusques  à  tant  qu'ils  ont  eu 
'  la  pluye  d'aoust,  Ménagier,  n,  B.  \\  xvi*  s.  les 
ules  d'eau,  le  héron,  l'otarde,   le  hallebran,  l'ai- 

■ette,   0.   BE  SERBES,  345. 

—  ÉTYM.  Espagn.  albran  ;  de  l'allera.  Ifalbenle, 
mas  querquedula,  de  halb,  demi,  et  Ente,  canard  : 

lii'mi-canard. 

HALBRENlî,  ÉE  (hal-bre-né,  née),  port,  passé 
''"  halbrener.  Terme  de  fauconnerie.  Se  dit  d'un 

eau  de  proie  qui  a  des  plumes  rompues.  ||  Fig.  et 
iiiilièrement.  Fatigué,  harassé,  en  mauvais  équi- 
page. Vieilli   en  ce  sens. 

—  HIST.  xvi"  s.  Le  crocheteur  et  le  savetier  tous 
harassez  et  halbrenez  qu'ils  sont  de  travail  et  de 
faim,  MONT.  III,  5. 

—  ÉTY.M.  Ilalbran.  Le  faucon  halebreni  est  celui 
qui  s'est  cassé  des  plumes  en  chassant  le  halbran  ; 
puis  vient  le  sens  figuré. 

t  HALBRENER  (hal-bre-né),  v.  n.  ||  1°  Chasser 
aux  canards  sauvages.  ||  2°  Terme  de  fauconnerie. 
Rompre  quelques  pennes  à  un  oiseau  de  proie. 

—  ÉTY.M.  Halbran. 

t  HAIXYON  (al-si-on),  voy.  alcyon. 

t  HALDE  (hal-d'),  s.  f.  Terme  de  métallurgie. 
Masse  de  matières  qui  provient  de  la  gangue  ou  des 
minerais  rebutés. 

IIÂLE  (hâ-l') ,  s.  m.  Il  1»  Certaine  constitution  d'air 
sec  qui  dessèche  et  flétrit.  Il  avait  femme,  et  belle 
et  jeune  encor,  Ferme  surtout;  le  hàlc  avait  fait 
tort  X  son  visage,  et  non  à  sa  personne,  la  font. 
Jument.  Kt  le  teint  plus  jauni  que  de  vingt  ans  de 
hâle,  BoiL.  Épitre  xi.  Il  [d'Antin]  était  d'un  fort 
beau  blond,  il  avait  le  visage  fort  rouge  de  hâle, 
ST-siM.  294,  2. 1|  2»  Terme  rural.  Vent  sec  de  l'est  ou 
du  nord,  qui  dessèche  la  terre  et  les  plantes,  et  qui 
est  fort  nuisible.  Les  abris,  les  paillassons,  les  ar- 
rosages préviennent  les  effets  du  hàle. 

—  HIST.  xii*  s.  Tozjorz  la  fit  garder  en  chambre 
Plus  por  peor  que  porle  hasie,  chrestien  de  troies, 
Cliget,  dans  holland,  Chrestien,  p.  48.  ||  xiii"  s. 
[La  femme]  Ore  veut  l'ombre,  or  veut  le  halle.  Or 
veut  repos,  or  veut  labeur.  Contenance  des  femmes. 
Il  xiv  s.  Cler  fu  le  jour,  greveus  le  halle,  G.  guiart, 
t.  I,  p.  (08,  V.  2(72.  Il  XV*  s.  Tant  parla  mauvaise 
garde  du  dit  Guillaume,  comme  pour  le  harle  et  air 
du  temps,  la  dite  playe  porroit  estre  engrinée,  du 
canoë,  incarceratus.  Levez  ces  cuevreschiefs  plus 
hault,  Oui  trop  cuevrent  ces  beaulx  visaiges  ;  De 
riens  ne  servent  telz  ombraiges.  Quant  il  ne  fait 
haie,  ne  chault,  CH.  d'orl.  Chanson,  f03.  ||xvi*s. 
Je  suis  bruslé,  le  Gast,  d'une  double  chaleur.  L'une 
hasIe  mon  front,  l'autre  enflamme  mon  cœur:  Le 
hasle  de  mon  front  se  refraichit  sans  peine,  bons. 
8(4.  La  luzerne,  en  son  commencement,  est  sujete 
au  haie  du  soleil,  o.  de  serres,  272. 

—  ÉTYM.    Voy.  HÂLER. 

(.  HALK,  ËE  (ha-lé,  lée),  part,  passé  de  haler. 
Bateau  halé.  ||  Terme  de  marine.  Se  dit  d'une  ma- 
nœuvre bien  tendue. 

HALIÎ,  tE  (hâ-lé,  lée),  part,  passé  de  hiler.  At- 
teint, affecté  par  le  hâle.  Visage,  teint  hâlé.  Est-il 
vrai  qu'il  n'y  a  que  quatre  ou  cinq  mois  que  vous 
arrivez  do  campagne'?  on  ne  le  croirait  point  à  vous 
voir,  vous  n'êtes  point  hâlé,  vous,  vous  n'avez  point 
l'air  campagnard,  Marivaux,  Pays.parv.  3'  part. 

t  HALE-A-BORD(ha-la-bor),  s.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Hetit  cordage  employé  momentanément  à  ha- 
ler à  bord  un  objet  quelconque  auquel  ce  cordage 
est  fixé.  Il  Au  plur.  Des  hale-à-bord. 

■flIALE-AVANT  (ha-la-van),  s.  m.  Terme  de  pê- 
ehe.  Mitaines  de  grosse  étoffe  dont  se  servent  les 
pêcheurs.  ||  Au  plur.  Des  haie-avant. 

t  HALE-BAS  (ha-le-bâ),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Cordage  sur  lequel  halent  les  matelots  pour  faire 
descendre  une  vergue,  un  foc,  une  voile  d'étai,  etc. 
Il  Au  plur.  Des  haie-bas. 

t  HALE-BOCLINES  (ha-le-bou-li-n'),  s.  m.  Mau- 
vais matelot  (parce  qu'il  ne  faut  que  de  la  force, 
sans  habileté,  pour  haler  les  boulines).  On  trouve 
fort  peu  de  bons  mariniers,  et  on  ne  trouve  que  trop 


HAL 

do  haie-boulines,  c'est-à-dire  de  ceux  qui  tirent  sur 
les  cordes,  le  p.  rené  François  (i(i'J(),  dans  jai.. 
Il^ln  plur.  Des  hale-boulincs. 

t  HALE-BREC  (ha-lc-breu),  .<•.  m.  Terme  de  ma- 
rine. Petit  cordage  employé  en  .sens  inverse  du  haie- 
bas.  Il  Au  plur.  Des  hale-breu. 

t  HALECRET  (ha-le-krè) ,  s.  m.  Ancien  terme  de 
guerre.  Espèce  de  corselet,  de  fer  battu,  composé 
de  deux  pièces,  pour  le  devant  et  le  derrière. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  halecret  sur  le  dos,  le  casque 
en  la  teste,  le  pistolet  au  poing,  sully,  Mém.  t.  ii, 
p.  20,  dans  lacurne. 

t  HALE-CROC  (ha-le-kro),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Croc  pour  haler  à  bord  le  gros  poisson.  ||  Au  plur. 
Des  haie-croc. 

tHALF^DEDANS  (ha-le-de-dan),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Cordage  de  moyenne  grosseur,  fixé  sur  le 
rocambeau  d'un  foc  pour  le  haler.  ||  Au  plur.  Des 
haie-dedans. 

t  HALE-DEHORS  (ha-le-de-hor),  s.  m.  Terme  de 
marine.  Amure  ou  cordage  pour  haler  le  foc  en  de- 
hors, pour  donner  une  certaine  inclinaison  à  la 
voile  par  rapport  au  vent.  ||  Au  plur.  Des  haie-de- 
hors. 

HALEINE  (a-lè-n'),  s.  f.  \\  1«  L'air  qui  sort  des 
poumons,  pendant  l'expiration.  Une  douce  haleine. 
Une  haleine  forte,  une  haleine  qui  a  une  odeur 
désagréable.  Il  y  avait  beaucoup  de  monde  et  les 
haleines  échauffaient  la  salle.  A  grand'peine  ose-t-il 
son  haleine  tirer,  Régnier,  Élég.  r.  Embaumé  d'une 
haleine  Plus  douce  que  l'œillet,  id.  Dial.  Un  homme 
remue  la  langue,  pousse  son  haleine,  desc.  Monde, 
( .  Leurs  yeux  [de  dragons]  sont  tout  de  flamme,  et 
leur  brûlante  haleine  D'un  long  embrasement  cou- 
vre toute  la  plaine,  corn.  Tois.  d'or,  i,  4.  Ma 
femme  a  eu  horreur  de  mon  haleine,  saci.  Bible, 
Job,  XIX,  (7.  La  fraîcheur  de  ses  chairs,  l'éclat  de 
son  coloris,  la  blancheur  de  ses  dents,  la  douceur  de 
son  haleine,  3.  i.  rouss.  Confess.  vu.  ||  Retenir  son 
haleine,  suspendre  momentanément  sa  respiration  ; 
et  fig.  ne  faire  aucun  bruit.  Ne  soufflez  mot,  rete- 
nez votre  haleine;  Tremblez,  enfants,  vous  qui 
jurez  parfois,  bèrang.  Préf.  ||  Par  plaisanterie.  Cet 
homme  serait  bon  trompette,  il  a  l'haleine  forte, 
se  dit,  par  un  jeu  de  mot  sur  haleine,  de  celui  dont 
l'haleine  sent  mauvais.  H  2°  La  faculté  de  respirer. 
Ce  cheval  a  beaucoup  d'haleine  et  de  vigueur.  Tout 
hors  d'haleine  il  prend  pourtant  sa  place,  corn. 
Horace  ,  iv,  2.  Enfin,  perdant  haleine  après  ces 
grands efibrts,iD.  Pomp.  v,s.  Dorante, arrêtons-nous, 
le  trop  de  promenade  Me  mettiait  hors  d'haleine,  et 
me  ferait  malade,  id.  le  Ment,  ii,  6.  Je  me  suis  à 
courir  presque  mis  hors  d'haleine,  mol.  Fdch.  n,  3. 
Oii  courez-vous  ainsi  tout  pâle  et  hors  d'haleine? 
RAC.  Athal.  II,  2.  Il  Sans  haleine,  succombant  à  la 
fatigue,  presque  évanoui.  Malheureux,  laisse  en  paix 
ton  cheval  veiilissant.  De  peur  que  tout  à  coup,  ef-  ■ 
flanqué,  sans  haleine.  Il  ne  laisse  en  tombant  son 
maître  sur  l'arène,  boil.  Épitre  x.  Le  vieillard,  acca- 
blé de  l'horrible  Artamène,  Tombe  aux  pieds  du  pré- 
lat sans  pouls  et  sans  haleine,  id.  l.utr.  v.  ||  A  per- 
dre haleine,  à  perte  d'haleine,  en  allant  jusqu'à 
s'essouffler,  en  faisant  de  grands  efforts.  Riez  si  vous 
voulez  jusqu'à  perte  d'haleine,  Vous  pouvez  en  cre- 
ver, sans  que  j'en  sois  en  peine,  hauteroche,  les 
Appar.  tromp.  m,  8.  La  grandeur  humaine  Est 
une  omhre  vaine  Qui  fuit;  Une  âme  mondaine  A 
perte  d'haleine  La  suit ,  Et  pour  cette  reine  Trop 
souvent  se  gêne  Sans  fruit.  Ancien  lai,  cité  dans 
quelques  traités  de  versification.  Dans  le  bachique 
transport,  Chacun  à  perte  d'haleine  Voudra  faire  un 
rouge  bord,  la  fark,  Ode  8.  Sois  gai  pour  tromper 
l'ennemi.  Et  chante  à  perdre  haleine....  bérang. 
Faridond.  ||  Fig.  Faire  des  discours,  tenir  des  dis- 
cours à  perte  d'haleine,  faire  des  discours  vains  et 
interminables,  ||  Prendre  haleine ,  respirer  à  son 
aise.  Rodrigue  a  pris  haleine  en  vous  la  racontant, 
corn.  Cid,  IV,  5.  Ma  foi,  prenons  haleine  après  tant 
de  fatigues,  mol.  l'Ét.  m ,  B.  Mais  c'est  assez  parlé  ; 
prenons  un  peu  d'haleine,  foil.  Sal.  vu.  Il  laissa 
prendre  un  peu  d'haleine  h  son  chevil,  hamilt. 
Gramm.  6.  ||  Fig.  Prendre  haleine,  prendre  repos 
et  forces.  Laisse-moi  prendre  haleine,  afin  de  te 
louer,  CORN.  Cid,  m,  P.  Au  sortir  de  Pharsale  un 
si  grand  capitaine  Saurait  mal  son  métier  s'il  lais- 
sait prendre  haleine,  m.  Pomp.  ii,  ♦.  Souffrez  que 
nous  prenions  haleine  parmi  le  beau  monde  de 
Paris,  v.cL.  les  Préc.  B.  ||  Reprendre  son  haleine, 
recommencer  à  respirer  après  une  interruption 
accidentelle  plus  ou  moins  longue.  ||  Fig.  Repren- 
ilre  haleine,  se  reposer,  reprendre  des  forces.  J'ai 
pu  reprendre  haleine,  et,  sous  de  faux  apprêts.... 
CORN.  Rodog.  n,  ».  C'est  le  seul  lieu  oii  vous  pou- 


HAL 


1073 


vez  reprendre  haleine,  sév.  404.  En  voilà  a.ssez 
pour  reprendre  haleine,  poss.  I.ett.  abb.  (27.  ||  Don- 
ner haleine  à  son  cheval,  le  mener  quelque  temps 
au  pas,  après  l'avoir   fait  galoper.  ||  3"  Iji  faculté 
d'être  un  certain  temps  sans  respirer.  Il  faut  qu'un 
plongeur  ait   Ijeaucmp   d'haleine.   Avoir  l'haleina 
longue,  l'haleine  courte.  |{  Fig.  Quand  on  demande 
des  grâces  aux  puissants  de  ce  monde,  et  qu'on 
aie  cœur  bien  placé,  on  a  toujours  l'haleine  courte, 
MARIVAUX,   dans    drsfontaines.  ||  Tout  d'une   ha- 
leine, sans  reprendre  haleine.  Boire  un  grand  coup 
tout  d'une  hjjeine.  ||  Fig.  Ne  me  grondez  point  sur 
la  longueur  de  mes  lettres,  je  ne   les  écris  point 
tout  d'une  haleine,  je  les  reprends,  et,  bien  loin 
de  me  donner  de  la  peine,  c'est  mon  unique  plai- 
sir,   sÉv.   33*.  Il  Débiter,  réciter   un  discours  tout 
d'une  haleine,  sans  s'arrêter.  ||  Fig.  D'une  haleine, 
de  suite ,  sans  interruption.  [Eléphant  de  pierre] 
Le  porter,  d'une  haleine,  au  sommet  do  ce  mont 
Qui  menace  les  cieux  de  son  superbe  front ,  la 
FONT.  Fabl.  X,   14.  Voilà  la  carrière  que  vous  par- 
couriez d'une  haleine,  j.  J.  rouss.  Em.  m.  ||  Pé- 
riode de  longue  haleine,  phrase  longue  à  pronon- 
cer. ||  Fig.  De  longue  haleine,   qui  exige  temps  et 
elTorts.  Un  ouvrage  de  longue  haleine.  Je  crains  fort 
de  vous  voir  un  procès  de  longue  haleine   contre 
M.  de  CIteaux,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de  la  Vief- 
ci'He,  (Sjuin  (707.  Les  Italiens  réussirent  surtout 
dans  les  grands  poëmes  de  longue  haleine  ;  genre 
d'autant  plus  difficile  que  l'uniformité    de  la  rimo 
et  des  stances,  à  laquelle  ils  s'asservirent,  semblait 
devoir  étouffer  le  génie,  volt.  Mœurs,   (2(.  ||  D'ha- 
leine, s'est  dit  pour  de  longue  haleine.  Je  suis  tou- 
jours le  même,  haïssant  les  ouvrages  d'haleine,  la 
chapelle,  les  Am.  de  Catulle,  i,   2.  C'est  lors  qu'il 
court  d'haleine  et  qu'en  pleine   carrière,  Quittant 
souvent  la  terre  en   quittant  la  barrière.  Puis  d'un 
vol  élevé  se  cachant  dans  les  cieux.  Il  rit  du  déses- 
poir de  tous  ses  envieux,  corn.  Excuses  à  Ariste. 
Il  Courte    haleine,  essoufflement,  respiration   dif- 
ficile et  fréquente.  Je  suis  quitte  de   la  fièvre,  mais 
non  de  la  courte  haleine  ou  asthme,  Nicole,  Essais, 
t.  VII,  p.  300,  dans    pougens.  L'auteur  n'a  pas  la 
courte  haleine,  s'il  prononce,  sans  respirer,  ses  pé- 
riodes, volt.  ie«.   d'Argenson,  8  fcv.  (746.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Cet  auteur  a  la  courte  haleine  ou 
l'haleine  courte,  il  a  peu  de  facilité  et  d'abondance. 
Il  Terme   de   manège.   Cheval   gros  d'haleine,   ou 
court  d'haleine,   cheval  (|ui  souffle  extraordinaire- 
ment  quand  il  galope,  quoiqu'il   ne  soit  pas  pous- 
sif. Il  4°  Il  se  dit  des  vents.  Les  vents  retenaient  leurs 
haleines,  fén.  Tcl.u.  Sitôt....  Que  des  zéphyrs  nou- 
veaux les  fécondes  haleines....  begnard.  Satire  con- 
tre les  maris.  Quand  des  vents  du  midi  les  funestes 
haleines  De  semences  de  mort  ont  inondé  nos  plai- 
nes, volt.  Loi  natur.  s*  part.  Quand  la   douce  ha- 
leine du  printemps  a  tapissé  les  forêts  de  verdure, 
BUFF.  Morceaux  choisis,  p.  293.  Chaque  saison  lui 
[au  soleil]  doit  les  attraits  qu'elle  étale;  Le  prin- 
temps, les  parfums  que  son  haleine  exhale,   c.  de- 
LAV.  Paria,  i,  B.  Où  vont  ces  rapides  nuages.  Que 
roule  à  flocons  d'or  l'haleine  des  autans"?  lamart. 
llarm.  i,  (O.  ||Dans  le  langage  ordinaire,  haleine  do 
vent,  un  léger  souffle.  Il  ne  fait  pas  une  haleine  do 
vent.  Il  5°  Fig.  Force,  capacité.   On  doit  .selon   sa 
force  entreprendre  la  peine,  Et  se  donner  de  ton 
autant  qu'on  a  d'haleine,  Régnier,  Sat.  vi.  Moi  qui 
n'ai  ni  l'esprit,  ni  l'haleine  assez  forte.  Pour  te  sui- 
vre de  près,  id.  Sat.  ix.  Je  n'eus  assez  d'haleine  à 
si  grand  exercice,  id.  PAég.  iv.  Au  bout  d'une  car- 
rière et  si  longue  et  si  rude ,  On  a  trop  peu  d'ha- 
leine et  trop  de  lassitude,  corn.  Au  roi,  sur  son  re- 
tour  de  Flandre.  ||  6-  En   haleine ,    loc.    adv.  En 
exercice,  en  habitude   de  travailler  soit  de  corps, 
soit  d'esprit.  Pour  me  remettre  en   haleine,  mol. 
Amph.  I,  2.  Son  dessein  est  de  les  [ses  disciples] 
tenir  toujours  en  haleine,  et  de  les  empêcher  d'être 
jamais  satisfaits  d'eux-mêmes,  quelque  fidélité  qu'il» 
puissent  avoir  eue  pour  les  pratiques  de  leur  règle, 
noss.  Panég.  St  Benoit,  3.  Mes  chevaux  s'animèrent 
et  se  mirent  peu  à  peu  en  haleine,  fKnel.  Tél.  v.  Ces 
petitesalTaires-là  tiennent  la  vieillesse  en  haleine,  et 
repoussent  l'ennui  qui  cherche  toujours  à  s'emparer 
des  derniers  jours  d'un  pauvre  homme,   volt.  Lett. 
nichelieu,  20  juin  (77i.   Un  de  mes  centurions  se 
battait  tous  les  matins  contre  son  singe  pour  se  te- 
nir en  haleine,   m.  Memmius,  ix.  Je  crois  qu'un 
ordre  exprès  des  cieux  Tient  en  haleine  la  sagesse, 
BÈBANG.  l>eo  grattas.  ||  Fig.  Tenir  quelqu'un   en  ha 
leine,  signifie  quelquefois  tenir  dans   un  état  d'in- 
certitude mêlé  d'espérance  et  de  crainte.  Détruire 
tout  l'espoir  qui  les  tient  en  haleine,  C'est  les  per- 
dre.... corn.  Serlor.  iv,   a.  Toutes  ces  considéra- 


1974 


HAL 


tion»  tenaient  tout  le  monde  en  haleine,  pour  ap- 
prendre en  quoi  consistait  donc  cette  diversité,  pas- 
cal, ;'ror.  iJi.  Il  Ktro  en  haleine,  être  entrain  de 
faire  (|ueliiuo  chose.  Achevons,  puisque  nous  som- 
mes encore  en  haleine.  ||  Etre  en  haleine,  signifie 
aussi  être  en  bonne  disposition  pour  faire  quelque 
chose.  Il  faut  que  j'interrompe  mon  travail,  je  ne 
suis  pas  en  haleine,  je  n'avance  pas.  Il  ne  faut  d'or- 
dinaire pour  ces  expéditions  que  trouver  les  postes 
bien  fournies,  être  en  haleine,  ou  s'être  pourvu  de 
relais,  iiamilt.  Gramm.  6.  ||  Terme  de  manège. 
N'être  pas  en  haleine,  se  dit  d'un  cheval  qui  est 
demeuré  longtemps  à  l'écurie.  ||  7»  Haleine  de  Ju- 
piter, le  diosme. 

—  HIST.  XI*  s.  Ce  dist  II  reis  :  cel  cor  a  longue 
aleine,  Ch.  de  Roi.  cxxxiii.  ||  xii"  s.  Forz  fu  l'alêne 
[du  cor],  la  voix  en  fut  moult  granz,  Ronc.  p.  84. 
||xiii'  s.  Et  quant  l'aleine  douce  vente  Qui  vient  do 
cel  douz  pais  Où  cil  est  qui  m'atalento....  ZJomc  de 
Faiele,  dans  Coud.  X  cest  mot  [elle]  chet  pasmée 
Bans  vois  et  sans  aleine,  audekr.  le  bast.  Roman- 
cero, p.  te.  Mais  li  vilains  s'est  efforciez.  Si  a  repris 
cuer  et  alaine,  Ren.  24B0.  Tant  qu'il  est  à  la  grosse 
alaine,  la  Rose,  9421.  S'el  set  qu'ele  ait  mauvese 
alaine,  Ne  li  doist  estre  grief  ne  paine  De  garder  que 
jano  jeûne,Nequ'el  ne  parole  jeûne,  Etgart  s'elpuet 
si  bien  sa  bouche,  Que  près  du  nez  as  gens  ne  tou- 
che, tb.  13549.  Douce  alêne  ot  et  savorée,  i6.535 il 

[Narcisse]  ot  soif  por  l'aspreté  Du  chault,  et  por  la 
iasseté  Qui  U  ot  tolue  [ôté]  l'alaine,  ib.  1485.  Li  lox 
[loup]  li  ala  demander  De  s'alene,  s'ele  ert  [était] 
puanz,  Ou  s'ele  estoit  souef  oUIanz  [ayant  odeur 
suave],  MARIE,  Fable  37.  ||  xv"  s.  Là  put-on  voir 
grand  foison  de  beaux  faits  d'armes  et  de  durs  ren- 
contres.... et  en  avoient  le  meilleur  ceux  qui  pou- 
voient  bien  porter  longuement  haleine,  fboiss.  ii, 
III,  33.  Et  poussoient  de  leurs  glaives  si  roidement 
1<\  où  ils  se  atteignoient  que  ils  se  mettoient  jus- 
qucs  à  la  grosse  alaine  [combat  des  Anglais  et  des 
Français  à  la  Rochelle],  ID.  ii,  n,  43.  Plusieurs 
ont  perdu  la  journée,  Mains  barons,  ducs,  contes 
et  roys.  De  n'avoir  alaine  gardée;  Que,  quant  ce 
vient  à  la  meslée.  Et  que  ung  hons  est  hors  d'a- 
laine.  Sa  vertu  si  est  demeurée.  Et  nen  est  sa  force 
certaine,  Hysl.  du  sii'ge  d'Orléans,  p.  780.  Le  Turq 
fist  sa  bataille  arrestor  pour  veoir  l'ordonnance  des 
cbrestiens  et  pour  tenir  eulx  et  tous  leurs  chevaulx 
en  alaine,  X  deSainlré,  ch.  61.  Puis  autrefois  cou- 
roit  ou  alloit  longuement  à  pied,  pour  s'accoutumer 
à  avoir  longue  haleine  et  souffrir  longuement  tra- 
vail, Bouciq.  I,  3.  Alors  le  roy,  qui  l'avoit  souffert 
parler  tout  à  son  ayse  et  d'une  alayne,  chastelain, 
Chron.  1,28.  Le  dit  comte  marcha  tout  d'une  boutée, 
sans  donner  aleyne  à  ses  archiers,  comm.  i,  3. 
Il  XVI'  s.  Quelqu'ung  l'admonesta  à  demye  alaine 
d'ung  grand  hana[i.plain  de  vin,  hab.  Paiit.  ii,  14. 
Je  me  recouppe  si  souvent  à  faulte  de  haleine,  mont. 
I,  io;i.  Nul  loisir  de  se  reposer  et  prendre  haleine, 
m.  I,  3B7.  Il  faut  reserver  d'embcsongnement  et 
d'occupation  autant  seulement  qu'il  en  est  besoin 
pour  nous  tenir  en  haleine,  id.  i,  384.  Se  voiant 
pressé  par  les  Suisses  et  n'ayant  plus  d'haleine,  il 
tourna,  lui  dixiesme,  aux  coups  d'hallebarde,  d'aub. 
Hist.  II,  306.  Ils  ne  prirent  haleine  de  leur  fuitte 
que  quand  leurs  chevaux  la  perdirent,  m.  ib.  m,  55. 
Ils  contoient  les  amorces  sans  ouir  un  seul  coup,  quoi- 
qu'il ne  fit  aucune  haleine  de  vent,  id.  tb.  m,  24o. 
Le  marquis  lui  vint  au  devant  un  peu  en  forte  ha- 
laine,  pour  lui  aprendre  qu'il  venoit  d'e.stre  pressé 
par  400  chevaux,  m.  ib.  353.  ...Si  aussi  elle  a  les 
dents  gastées,  et  si  elle  a  l'haleine  forte,  paré,  xvm, 
83.  Il  avoit  la  langue  empeschée  et  l'haleine  courte, 
AKYOT,  Démoslh.  9.  Il  [Démosthène]  renforça  sa 
voix  à  courir  contre  mont  des  coustcaux  qui  estaient 
droits  et  roides,  en  prononceant  quant  et  quant  à 
la  grosse  haleine  quehjues  harengues,  m.  ib.  (6. 

—  ÉTYM.  Voy.  halener;  Berry,  halein,  s.  m.; 
provenç.  alen,  s.  m.  et  alena,  s.  f.;  anc.  ital.  alena; 
ital.  mnd.  lena. 

t  HALEMENT  (ha-le-man),  s.  m.  Terme  de  char- 
pentier. Nœud  qu'on  fait  avec  le  câble  à  une  pièce 
de  bois  qu'on  veut  élever. 
^—  Etym.  Hâter  i . 

HALENÊ,  ÉE  (a-le-né,  née),  part,  passé  de 
halener.  Un  lièvre  halené  par  les  chiens. 

11AI.ENÉE  (a-le-née),  s.  f.  Une  bouffée  d'air 
qu'on  souffle  par  la  bouche.  ||  Particulièrement, 
celle  bouffée  d'air  accompagnée  d'odeur.  Une  ha- 
lenée  de  vin. 

—  HIST.  xii'  s.  Il  sonne  un  cor  à  molt  grant  ale- 
nee  ,  Raoul  de  C.  7i.  ||  xiv  s.  Et  dit  ung  charreton 
4  moult  haulle  alenéc  :  Sire,  par  celui  Dieu.  . 
Guesci.  4»U.  Il  XVI*  s Car  les  hautbois  l'ont  bien 


HAL 

chanté  anuict,  Et  d'un  accord  et  tout  d'une  aliénée 
Ont  appelé  la  bien  heureuse  nuiot,  marot,  u,  287. 
....Courant  tout  d'une  halenée,  oesper.  Con/es,Lxv. 
Bien  tost  après,  les  Parisiens  sceurcnt  l'arrivée  des 
Espagnols  au  mesme  pais,  desquels  nous  parlerons 
à  une  autre  alenée,  d'alb.  llisl.in,  176. 

—  ÉTYM.  Halené. 

HALENER  (a-le-né.  L'Académie  prétend  que  Vh  est 
aspirée;  cependant  haleine  n'a  point  \'h  aspirée; 
bien  plus  à  halenée,  l'Académie,  ne  disant  rien,  pa- 
rait ne  pas  aspirer  Vh;  il  n'y  a  donc  aucune  raison 
de  l'aspirer  dans  halener;  on  verra  par  un  exemple 
que  Régnier  ne  j'aspirait  pas.  La  syllabe  le  prend  un 
accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  : 
halène,  halènerai),  ».  n.  ||  1°  Pousser  son  baleine. 
Une  grande  difficulté  d'halener.  ||  Activement.  Ex- 
haler (emploi  qui  a  vieilli).  Or  moi,  qui  suis  tout 
flamme  et  de  nuit  et  de  jour,  Qui  n'halêne  que  feu,  ne 
respire  qu'amour,  régnieh,  Sat.  vu.  ||  2"  V.  a.  Sen- 
tir l'haleine  de  quelqu'un.  En  les  halenant,  je  re- 
connus qu'ils  avaient  bu  de  l'eau-de-vie  (vieilli  en 
cet  emploi).  i|  3°  Terme  de  chasse.  En  parlant  des 
chiens  de  chasse ,  prendre  l'odeur  d'une  bête. 
Il  4°  Fig.  Découvrir  comme  en  halenant  (emploi 
qui  vieillit  ;  on  dit  plutôt  flairer).  Te  garder  des 
flatteurs,  qui  ne  t'abandonneront  point  depuis 
qu'ils  auront  halené  une  fois  ton  trésor,  d'ablan 
court,  iunen.  Timon.  ||  Découvrir  ce  qu'une  per- 
sonne a  dans  l'âme,  reconnaître  son  faible.  Dès 
que  ces  fripons  eurent  halené  ce  jeune  homme, 
ils  dressèrent  leurs  pièges. 

—  HIST.  xv*  s.  Us  perdoientle  temps  pour  néant, 
et  alenoient  à  demeurer  là,  et  ne  veoient  ni  tour  ni 
voie  par  quoi  ils  pussent  rien  conquester,  froiss.  i, 

I,  178.  Il  xvi*  s et  prochain  il  est  De  ses  talons, 

que  jà  de  son  alaine  Ses  beaux  cheveux  tous  espars 
il  aleine,  marot,  iv,  4).  Et  lors  [ce  vent]  halena 
souefvement  tout  le  long  du  jour  refreschissant  les 
barbares  et  leur  bestail  aussi,  amyot,  Serlor.  23.  Le 
fleuve  estoit  bien  près  de  là,  ce  qu'il  conjecturoit 
par  un  doulx  vent  humide  qui  les  halenoit,  id.  An- 
ton. 02.  Le  prince  accusé  d'avoir  halené  [flairé]  les 
filles  de  la  roine,  comme  il  parut  depuis,  d'aub. 
Itisl.  i,  191.  Le  conseil  de  France  n'eut  pas  plus 
tost  halené  ce  prince,  qu'il  lui  osta  tous  ses  désirs 
pacifiques,  id.  ib.  il,  <33.  ....Mais  en  aians  veu  cinq 
ou  six  par  terre,  ils  n'hallenercnt  point  les  picques, 
et  se  sauvèrent  comme  ils  purent,  id.  tb.  n,  170. 
u.ande  difficulté  d'halener,  paré,  viii,  32.  Je  ne 
vy  jamais  grand  seigneur  accompagné  de  plus 
grande  prud'  hommie  que  luy ,  et  en  ay  halené 
plusieurs,  pasquieb.  Recherches,  liv.  vi,  p.  485. 
Nous  asseura  que  pour  descouvrir  le  fard,  qu'il  ne 
falloit  que  tenir  en  sa  bouche  du  saffran,  et  que 
veniez  à  halener  une  femme  fardée,  son  fard  n'aura 
pas  si  tost  senty  ce  saffran  qu'il  tombera  de  luy 
mesme,  bouchet,  Serées,  liv.  i,  p.  <5i,  dans  la- 
cUrne. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  catal.  alenar;  ital.  alenare. 
D'après  Diez,  il  vient  du  lat.  anhelare,  par  méta- 
thèse,  alener  pour  aneler.  Mais,  les  métathèses  n'é- 
tant pas  communes,  on  peut  voir  dans  ce  mot 
le  lat.  halare,  souffler,  avec  le  suffixe  cna,  ina,  qui 
n'est  pas  aussi  rare  que  Diez  le  croit;  c'est  cette  ra- 
reté prétendue  qui  l'avait  conduit  à  proposer  la 
métathèse. 

).  IIALER  (ha-lé),  V.  a.  ||  1°  Terme  de  marine. 
Faire  effort  sur  une  corde  attachée  à  un  objet  pour 
produire  un  effet  voulu.  Haler  une  bouée  à  bord. 
Il  Haler  s'emploie  pour  tirer  dans  toutes  les  direc- 
tions, excepté  de  haut  en  bas  ;  auquel  cas  les  marins 
disent  peser.  ||  Haie  à  courir I  haie  ensemble!  haie 
main  1  commandements  préparatoires  que  l'on  fait 
entendre  avant  de  commencer  la  manœuvre. 
Il  2°  Terme  de  métier.  Attacher  avec  une  corde 
quelque  objet  embarrassant  que  l'on  veut  élever. 
Il  Terme  de  batelier.  Haler  à  la  cordelle,  faire  avan- 
cer un  bateau  le  long  d'une  rivière  ou  d'un  canal, 
au  moyen  d'une  corde  tirée  à  force  de  bras  ou  par 
des  chevaux.  Haler  un  bateau.  ||  3°  Terme  de  ma- 
rine. Haler  le  vent  ou  se  haler  dans  le  vent,  s'ap- 
procher de  la  direction  du  vent.  ||  4"  V.  n.  Le  vent 
haie  de  l'avant,  le  vent  change  en  prenant  la  direc- 
tion de  l'avant.  ||  Haler  sur  une  manœuvre,  sur  la 
bouline,  faire  force  dessus  pour  la  tendre  et  la  tirer. 
Il  B°  Se  haler,  v.  réfl.  Être  halé.  Ce  bateau  a  de  la 
peine  à  se  haler. 

—  HIST.  xn*  s.  Boelines  [ils]  sachent  et  baient  ; 
Au  vent  gardent  et  aux  estoiles.  Brut,  ms.  t°  85, 
dans  lacurne.  ||xiv*s.  Là  où  François  font  au  haler 
Leur  nés  [nefs]  vers  Flamens  dévaler,  g.  guiart, 
noyaux  lig.  y.  940o.  ||  xv*  s.  Icellui  varlet  se  ferma 
une  corde  au  con  en  manière  i'une  vereoUe  [bri- 


HAL 

colc]  pour  soutenir  le  limond  du  dit  demi  char;i 
pendant  qu'ils  tiroient  et  halloient  à  la  veroolle,  oui 
CANGE,  vercolenum. 

—  ÉTYM.  Espagn.  halar;  de  l'anc.  h.  allem.  ha- 
(on, tirer,  haler:  anc.  scand.  Iiala;  angl.  to  haie. 

■i.  IIALER  (ha-lé),  i;.  a.  En  parlant  des  chiens, 
exciter.  Haler  des  chiens  après  quelqu'un. 

—  HIST.  XVI'  s.  Je  hasiay  mon  mastin  après  le 
larronneau.  Qui  si  près  le  suivit  qu'il  le  prisl  rej 
manteau,  rons.  743. 

—  ÉTYM.  Angl.  to  hallow,  exciter  par  des  cns 
IIALER  (hâ-lé),  V.  a.  ||1°  Rendre  le  teint  brun 

et  rougeàtre,  en  parlant  du  soleil  et  du  grand  air. 
Le- soleil  hâle  le  teint.  ||  2"  Faire  éprouver  aux  plan- 
tes le  hâle.  Voilà  un  temps  qui  hâle  tout.  |1  3  Se 
hâler,  v.  réfl.  Être  noirci  par  le  hâle.  Il  s'est  beau- 
coup hâlé  au  bord  de  la  mer.  ||  Fig.  Un  ouvrage  se 
bille  au  grand  jour,  le  p.  du  cerceau,  dans  des- 

FO>fTAlNES. 

—  HIST.  XIII'  s.  Au  vent  les  ont  halles  [il  s'agit 
de  corps  morts  qu'on  fait  sécher],  Ch.  dÀnl.  v,50. 
Ot  ambdeus  [toutes  deux]  cousues  ses  manches,  Kt, 
por  garder  que  ses  mains  blanches  Ne  halaissent, 
ot  uns  blans  gans,  la  Rose,  bob.  ||xiv*  s.  Regardez 
qu'il  est  fors,  com  les  poins  a  quarrez.  Il  est  fort 
et  puissant  et  moult  noir  et  hallez,  Guesci.  (022. 
Il  XV*  s.  Si  ne  furent  [les  dames]  ne  noires  ne  ha- 
lées,  christ,  de  pisan.  Dit  de  Poissy. 

—  ÉTYM.  Picard,  herlé,  hâlé  ;  wallon,  aurler, 
dessécher.  Chevallet  a  proposé  le  celtique  :  kimi7, 
haul,  soleil;  bas-breton,  heol;  mais  la  voyelle  a 
n'est  pas  dans  les  mots  celtiques.  Diez  le  tire  du 
flamand  hael,  sec.  Or  un  passage  de  Rutebeuf  où 
hasle  est  adjectif  et  signifie  desséché  (Fors  que 
pain  noir,  dur  et'hasle,Tout  muisi  et  tout  très  sale, 
II,  173),  donne  raison  à  Diez.  En  effet  il  prouve  que 
dans  hdle  est  non  pas  le  sens  de  soleil  ou  de  vent, 
mais  le  sens  de  dessî  cher.  Quant  aux  formes  en  s  ou 
en  r,  elles  s'expliquent  par  la  tendance  de  l'ancienne 
langue  à  intercajer  ces  lettres  parasites  :  arme 
pour  dme,  usler  pour  uller  (aujourd'hui  hurler, 
avec  une  r  de  ce  genre) .  L'ancienne  langue  avait  un 
adjectif  halleus  signifiant  qui  est  de  la  nature  du 
hâle  :  Se  li  airs  est  mult  caus  et  mult  ses  [sec]  et 
mult  halleus,  alebrant,  f"  22. 

HALETANT,  ANTE  (ha-le-tan,  tan-t'),  adj.  Qui 
est  hors  d'haleine.  Queli|ues  restes  de  feu  sous  la 
cendre  épandus.  D'un  souffle  haletant  par  Baucis  s'al- 
lumèrent, LA  FONT.  Phil.  et  Baucis.  Il  s'agissait  do 
représenter  ce  chien  tout  haletant' après  une  longue 
course,  et  la  gueule  encore  pleine  d'écume,  rollin, 
Hist.  anc.  OEuv.  t.  vu,  p.  240,  dans  poige.ss. 
Douze  palais  égaux  où  l'entraîne  le  temps.  Reçoi- 
vent tour  à  tour  ses  coursiers  [du  soleil]  haletants, 
DELAv.  Paria,  1,  5.  |i  Par  extension.  Le  voyageur, 
trompé  dans  son  attente.  Redouble  en  vain  sa  marche 
haletante,  millev.  Élég.Wy.  i,  le  Bois  détruit.  ||  Fig. 
Qui  soupire  pour.  Une  foule  haletante  et  cupide. 

t  HALÈTEMENT  (ha-lè-te-man),  s.  m.  Action 
de  haleter.  Le  halètement  des  chiens. 

—  HIST.  XVI*  s.  Halètement,  cotgrave. 
UALEPER   (ha-le-té.  Le  (  se  double  quand  la 

syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  halette,  je  halettc- 
rai),  V.  n.  {|  1°  Respirer,  comme  quand  on  est  hors 
d'haleine.  Un  pauvre  bûcheron,  dans  rextroriii' 
vieillesse,  Marchait  en  haletant  de  peine  et  de  ilé- 
tresse....  boil.  Poésies  div.  28.  11  revint  tout  hale- 
tant de  tendresse  et  de  joie  ;  il  reconnut  l'Ingénu 
pour  un  vrai  Huron,  volt.  Ingénu,  i.  Deux  jours 
entiers,  jetant  sa  nourriture.  Il  haleta  sous  un  ciel 
embrasé,  millev.  Je  Pauvre  nigre.  ||  Fig.  Sans 
cesse  poursuivant  ces  fugitives  fées,  On  voit  sous 
les  lauriers  haleter  les  Orphées,  boil.  Ép.  u.  L'uni- 
vers haletant  sous  son  poids  formidable  [de  Napo- 
léon], V.  BUGO,  Odes,  II,  4.  Il  2°  Fig.  Soupirer  pour, 
être  désireux  de.  Haletant  vers  le  gain,  les  hon- 
neurs, la  richesse,  a.  chèn.  Élég.  33.  Craignant  rte 
fuir  avec  toi  dans  les  déserts,  et  cependant  hale- 
tant après  l'ombrage  des  bois,  chateaub.  Alal<i, 
le  drame. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  j'oi  [entends]  l'aloele  À  la  ma 
tinée  Qui  saut  et  haleté....  Li  cuers  mi  haleté  En 
joliveté,  cité  dans  coussemaker,  l'Art  harmonique, 
p.  239.  Dex  doint  bon  jor  m'amiete  ;  Li  cuer  poi 
li  me  haleté.  Poésies  fr.  arant  I300,  t.  11,  p.  643, 
dans  lacurne.  |{  xvi*  s.  Hz  demeurent  tousjours 
vuides  de  biens  et  pleins  d'espérances,  haletaiis 
tousjours  après  l'advenir,  et  lais-sans  cependant 
aller  le  présent,  amïot,  Karius,  88.  Père,  t'esba- 
his-tu  de  quoy  je  suis  tremblante,  De  quoy  j'ay  de 
frayeur  la  poitrine  haletante....  rons.  87i.  Agardcz 
comment  ce  cerf  là  halletle,  il  n'en  peult  gayres 
plus,   PALSORAVF. ,  p.   «II.   Sergent   de   bande   qui 


HAL 

-  loit,  poussoit  et  haletoit  pour  mettre  chacun  en 
1  rang  et  ordonnance,  Sat.  Mén.  Abritjé.  des 
'x.  Venus  n'est  pas  si  belle  toute  nue  et  vifve  et 

iin'lante  comme  elle  est  icy  chez  Virgile....  mont. 

;ii,  3(8. 

—  ÊTYM.  Lat.  halitare,  fréquentatif  de  halare, 
so'iffler. 

IIALEDR,  EtJSE  (ha-leur,  leû-z'),  s.  m.  et  f. 
imes  ou  femmes  qui,  moyennant  une  faible  ré- 
iition,  s'attellent  à  la  corde  des  navires  ou  des 
aux  qu'on  veut  faire  entrer  dans  le  port,  chan- 
ge place  ou  remonter  un  fleuve. 

—  ÉTYM.  Ilaler  t. 

IIALI....  HALO....  élément  qui  entre  en  com- 
iiion  dans  certains  mots  scientifiques,  signifie 
,  mer,  el  est  le  grec  Su.;,  àXô;,  lat.  sal  (voy.  six). 

deux  formes  ait....  et  àXo....  sont  usitées  dans 
-rec  en  composition,  avec  cette  distinction  que 

...  se  rapporte  à  l'eau  de  mer,  à  l'eau  salée,  et 
au  sel. 

UALICHÉLIDONES  (a-li-ké-li-do-n'),  ï.  m.  pi. 
l  lerme  de  zoologie.  Famille  d'oiseaux  comprenant 
les  hirondelles  de  mer. 

—  f.TYM.  "A).?,  âXo;,  mer,  et  xe^tSùv,  hirondelle, 
t   HALICHÉLONES    (a-li-ké-ïo-n')  ,    s.    m.    pi. 

Terme  de  zoologie.  Famille  de  reptiles  chéloniens 
comprenant  les  tortues  marines. 

—  Etym.  "A),;,  àXôç,  mer,  et  x^Xtôvri,  tortue. 

t  HAUCOLYMBES  (a-li-ko-lin-b') ,  s.  m.  pi. 
Terme  de  zoologie.  Famille  d'oiseaux  qui  ont  l'ha- 
bitude de  plonger  dans  la  mer. 

—  ÉTYM.  "AX;,  àXo;,  mer,  et  xoXuiiêâv,  plonger. 
I  HALICORACES  (a-li-ko-ra-s'),  s.  m.  pi.  Terme 

de  zoologie.  Famille  d'oiseaux  comprenant  les  cor- 
beaux de  mer,  c'est-à-dire  les  pélicans  et  les  fré- 
gates. 

—  ÊTYM.  "AXç,  âXô;,  mer,  et  xôpaÇ,  corbeau. 

t  HAUËTE  (a-li-è-t'),  s.  m.  Terme  d'ornitholo- 
gie. Genre  de  rapaces,  dans  lequel  on  distingue 
l'haliète  albicille,  qui  est  l'haliète  ossifrage  de  cer- 
tains auteurs,  et  pour  d'autres  l'aigle  pygargue. 

—  ÉTYM.  "AXiaiETOç,  de  âXc,  àXô;,  mer,  et  aieTÔ;, 
aigle. 

t  HALIEUTIQUE  (a-li-eu-ti-k'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  concerne  la  pèche.  |{  S.  m.  pi.  Les 
Halieutiques,  nom  d'un  poème  d'Oppien  sur  la 
pêche.  Il  S.  f.  L'halieutique,  l'art  de  la  pêche. 

—  KTYM.  "AXieuTf/o:,  de  âXiEÙ-r,  pêcheur. 

I  HALIME  (a-li-m'),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Nom  vulgaire  et  spécifique  de  l'arroche  halime 
(chénopodiacées). 

—  ÉTYM.  Lat.  halimus  ou  alimus,  du  grec  âXi- 
(lo;  ou  âXt[i.o;. 

tHALIMÉTRIE,  UALIMÊTRIQUE,  voy.  HALO- 
MixRiE,  HALOMÉTBiQUii,  qui  Valent  mieux,  le  prcfi.ve 
liait  étant  pour  la  mer,  et  le  préfixe  halo  pour  le  sel. 

t  HALINS  (ba-lin),  s.  m.  pi.  Terme  do  marine. 
Jets  ethalins,  voy.  fune. 

—  ÉTYM.  Ualer  (. 

t  HALIOTIDE  (a-li-o-ti-d'),  s.  f.  Genre  de  co- 
quilles, où  l'on  distingue  l'haliotide  tuberculée, 
dite  absolument  l'haliotide,  et  appelée  aussi  oreille 
de  mer  et  oreille  de  Vénus,  vulgairement  ormet  ou 
ormeau. 

—  ÉTYM.  'AXç,  âXo;,  mer,  et  ou;,  (iTÔç,  oreille. 

f  HALIPLES  ja-li-pl')  ,s.  m.  plur.  Genre  d'insectes 
coléoptères,  famille  des  nectopodes. 

—  ÉTYM.  "AX:,  âXo;,  mer,  et  méu,  naviguer. 

t  UALIPTÈNES  (a-li-ptè-n'),  s.  m.  plur.  Famille 
d'oiseaux  de  mer. 

—  ÉTYM.  "AX;,  àXo;,  mer,  et  Tir/ivô;,  qui  vole. 
fUALISAURIEN,  (a-li-sô-riin),  s.  VI.  Terme  de 

zoologie.  Saurien  qui  vit  dans  la  mer. 

--  ÉTYM.  "AX;,  âXoç,  mer,  et  saurien. 

HALITUEUX,  EUSE  ( a-li-tu-eû ,  eû-z'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Couvert  d'une  douce  vapeur 
comparée  à  l'haleine  qui  se  condense.  Peau  hali- 
tueuse.  Il  Chaleur  halitueuse,  chaleur  accompagnée 
d'une  douce  moiteur. 

—  HIST.  xvi*  s.  Telle  acrimonie  peut  estre  modé- 
rée par  la  vapeur  halitueuse  et  douce,  laquelle  est 
meslée  parmy  la  sueur,  parE,  i,  35.  Chaleur  douce, 
halitueuse  et  suave  à  l'attouchement,  id.  xx,  7. 

—  ÉTYM.  Lat.  halilus,  souffle,  haleine. 
HALLAGE  (ha-la-j') ,  s.  m.   Droit   levé   dans  les 

halles  et  dans  les  foires  sur  les  marchandises  qu'on 
y  étale.  La  ferme  du  droit  de  minage,  hallage,  lan- 
gueyage  et  place  du  marché  de  Rebois  en  Brie, 
irrèl  du  conseil  d'État,  )0  avril  1783. 

—  HIST.  xm»  s.  Quiconques  est  toisserans  à  Pa- 
ris.... il  doit  chascun  an,  de  chascun  estai,  cinq 
sols  de  halage,  à  paier  au  roy,  Liv.  des  met.  (23. 

—  ÊTYM.  Halle. 


HAL 

t  HALLA6ER  (ha-la-jé),  s.  m.  Ancien,  nom  de 
celui  qui  percevait  le  hallage.  Les  marchands  qui 
fréquentent  aux  dites  halles  emportent  et  divertis- 
sent souvent  les  boisseaux  des  liallagers  après  la 
halle  finie.  Arrêt  du  conseil  d'État,  <o  avril  (783. 

—  ÉTYM.  Hallage. 

HALLALI  (ha-la-li).  Cri  de  chasse  qui  annonce 
que  le  cerf  est  sur  ses  fins.  ||  S.  m.  Air  de  chasse 
que  les  trompes  exécutent  quand  le  cerf  est  rendu. 
Il  On  l'emploie  aussi  à  la  chasse  du  daim,  du  che- 
vreuil et  du  sanglier. 

—  ÉTYM.  Il  y  a  dans  le  grec  àXaX/i,  cri  de 
guerre;  mais  comment  ce  mot  grec  se  serait-il 
introduit  dans  le  français?  Tout  renseignement  his- 
torique faisant  défaut,  il  faut  suspendre  son  juge- 
ment, à  moins  qu'on  n'y  voi«  une  série  d'interjec- 
tions: ha!  là!  li! 

HALLE  (ha-l'),  s.  f.  ||  1»  Place  publique  ordinai- 
rement couverte,  où  se  tient  le  marché.  Halle  aux 
blés,  aux  cuirs,  aux  huîtres.  M.  de  Nevers  allait 
très-souvent  acheter  lui-même  à  la  halle  et  ail- 
leurs ce  qu'il  voulait  manger,  sx-sm.  173,  58. 
Il  Les  dames  de  la  halle,  les  femmes  qui  vendent  à 
la  halle,  ||  X  Paris,  absolument,  les  Halles,  celles 
où  l'on  vend  les  denrées  alimentaires.  ||  Langage 
des  halles  ,  langage  bas  et  grossier.  Le  Parnasse 
parla  le  langage  des  halles,  iioil.  Art  p.  i.  Ma 
mère,  finissez  vos  proverbes  des  halles,  leghand. 
Famille  extravag.  se.  2.  ||  2°  Magasin  public  où  les 
gens  d'un  même  commerce  tiennent  leurs  produits. 
La  halle  aux  draps  de  Paris.  La  halle  aux  vins. 
Faire  construire  et  édifier  halle,  bancs,  étaux 
et  autres  choses  nécessaires  pour  loger  les  mar- 
chands et  leurs  marchandises,  Lett.  patentes,  juillet 
IGIO.  Il  3°  Fig.  Bâtiment  ouvert  à  tous  les  vents.  Ce 
salon  est  une  halle,  une  grande  halle.  ||  4°  Dans  un 
arsenal,  certains  ateliers  ou  locaux  spéciaux.  ||  5°  Ate- 
lier dont  le  four  de  cuisson  occupe  le  centre,  dans 
une  fabrique  de  glaces. 

—  HIST.  xiii"  s.  Se  il  sont  demorant  es  terres  de- 
vant dites,  et  il  aportent  leur  pain  es  haies,  Liv. 
des  met.  a.  Tele  aie  [foule]  avoit  en  ma  meson.... 
la  Rose,  12979.  Le  roy  tint  celé  feste  es  haies  de 
Saumur,  loiNV.  206.  ||  xiV  s.  Nostre  dit  habitans 
seront  tenus  de  maintenir  les  aules  du  dit  lieu,  eu 
GANGE,  aida.  Il  XV'  s.  .lean  Lyon  et  aulcuns  capi- 
taines de  ses  gens  montèrent  haut  en  la  halle, 
FROiss.  II,  u,  60.  Sans  tenir  ici  halle  de  néant  [dis- 
puter pour  rien],  je  vous  conseille  que  me  baillez 
ma  part,  louis  xi,  Nouv.  xcii.  i|  xvi°  s.  A  chasque 
fort  y  avoit  une  haie  pour  voir  la  compagnie  en- 
tière et  à  couvert,  d'aib.  Ilist.  ii,  148.  La  recher- 
che des  phrases  nouvelles  et  des  mots  peu  cogneus 
vient  d'une  ambition  puérile  et  pedantesque  ; 
pousse  je  ne  me  servir  que  de  ceulx  qui  servent 
aux  baies  à  Paris!  mont,  i,  192.  Par  la  coustume 
l'on  tient  siège  sous  la  halle  d'icelle  ville  trois 
jours  en  chacune  sepmaine  et  à  l'heure  accoustumée, 
si  comme  les  lundy ,  les  jeudy  et  samedy,  où  sont  deux 
eschevins  de  la  dite  ville,  Coust.  génér.  t.  ii,  p,  si27. 

—  ÉTYM.  Ital.  alla,  de  l'anc.  haut-allem.  halla, 
temple;  ail.  mod.  Halle,  sale;  angl.  hall.  Il  paraît 
y  avoir  eu  dans  l'ancien  français  confusion  entre 
halle,  et  le  latin  aula,  cour. 

HALLEBARDE (ha-le-bar-d'), s./".  ||  l°Armed'hast, 
garnie  par  en  haut  d'un  fer  long,  large  et  pointu, 
traversé  d'un  autre  fer  en  forme  de  croissant.  Les 
suissesd'église  portent  lahallebardo.  [Pour  la  marine] 
les  hallebardes  et  pertuisanes  seront  montées  sur  du 
bois  de  frêne;  les  lames  seront  d'un  bon  fer,  r-'t  et 
point  pailleux  ;  celle  de  la  hallebarde  sera  de  neuf 
à  dix  pouces  de  long,  et  celle  de  la  pertuisane  de 
dix-huit  à  dix-neuf,  Ordonn.  de  )689,  xvii,  titre  3. 
Des  barreaux,  des  fossés,  d'inexorables  gardes, 
L'airain  tonnant,  les  traits,  le  fer  des  hallebardes 
En  défendent  l'approche,  eu  repoussent  l'accès  [de 
la  demeure  de  Louis  XI],  masson,  Hehét.  ii.  Sur 
leur  robuste,  bras  [des  Suisses]  la  longue  hallebarde 
Et  la  lourde' massue,  et  l'épée  à  deux  mains  Sem- 
blent teintes  encor  du  sang  des  fiers  Germains,  m. 
ib.  III.  J'y  vois  de  gros  gardes.  Cuirassés  le  bardes. 
Portant  hallebardes  De  sucre  candi,  béhang.  Co- 
cag.  Il  On  lui  a  donné  une  hallebarde,  signifiait  au- 
trefois :  on  l'a  fait  sergent  dans  une  comp.ignie  de 
gens  de  pied.  Si  la  hallebarde  Je  peux  mériter, 
Près  du  corps  de  garde  Je  te  fais  planter,  Ayant  la 
dentelle,  le  soulier  brodé,  La  blouque  [boucle]  à 
l'oreille,  Le  chignon  carilé.  Adieux  de  la  Tulipe, 
vers  attribués  à  volt,  mais  qui  sont  de  manoenot. 
Il  Cela  est  vrai  comme  les  Suisses  portent  la  halle- 
barde par-dessus  l'épaule,  se  disait  d'une  chose 
fausse.  Il  Fig.  Quand  il  tomberait  des  hallebardes, 
c'est-à-dire  quand   même  il  pleuvrait  à  verse  ;  les 


UAL 


1975 


grosses  gouttes  d'eau  étant,  par  exagération,  compa- 
rées à  des  fers  de  hallebarde.  U  va  tomber  des  halle- 
bardes, se  dit  quand  un  gros  nuage  arrive  tout  plein 
d'eau.  Il  On  dit  d'une  mauvaise  rime  :  Ces  mots 
riment  comme  hallebarde  et  miséricorde.  ||  i'  Hal- 
lebarde de  Suisse ,  nom  vulgaire  sous  lequel  les 
marchands  désignent  ([uelques  espèces  de  rostel- 
laires,  et,  particulièrement,  le  pes  pelicani. 

—  HIST.  XV  s.  Ung  baslon  appelle  une  hallebarde 
ou  guisarme,  uu  cange  ,  alabarda.  ||  xvi'  s.  Sept 
ou  huict  sergeans  firent  jouer  la  pertuisane  et  l'Ua- 
lebarde,  d'auh.  Hist.  ii,  25».  Le  halebardier  tienne 
au  poing  sa  halebarde,  La  pique  le  piquier,  et  le 
haquebutier,  Couché  plat  sur  le  ventre,  exerce  son 
mestier,  pons.  034. 

—  ÊTYM.  Bourg,  aulcbnde;  esp.  et  port,  ala- 
barda: ital.  alabarda,  labarda;  pays  de  Coire, 
halumbarl.  Sousa  le  tire  de  l'arabe  al  harba,  com- 
posé de  al,  le,  et  harba,  pointe  de  lance.  Mais  la 
forme  du  mot  s'accorde  mieux  avec  l'étymologie 
germanique  :  ancien  allemand,  helmparle  ou  helm- 
barte,  sorte  de  hache,  de  hclm,  manche,  et  parte 
ou  barte,  hache.  Hallebarde  dans  l'allemand  mo- 
derne ,  hallebard  dans  le  suédois ,  halberd  dans 
l'anglais,  ont  été  pris  aux  langues  romanes. 

HALLEHARDIER  (ha-le-bar-dié  ;  l'r  ne  se  lie  ja- 
mais; au  pluriel,  \'s  se  lie  :  des  ha-Ie-bar-dié-z  en 
faction),  s.  m.  ||  1°  Garde  à  pied  qui  portait  la  hal- 
lebarde. Il  2°  Il  s'est  dit  de  l'homme  qui,  à  l'aide  de 
leviers  et  de  rouleaux,  fait  arriver  les  lourdes 
masses  sur  le  chantier,  Dict.  des  arts  et  métiers, 
Architecte. 

—  HIST,  xv«  s.  Hallebardicrs,  andriî  de  la  vigne, 
Voy.  de  Naples  de  Charles  VIII,  p.  H  8,  dans  la- 
cuRNE.  Il  xvi°  s.  Le  premier  fut  achevé  [tué]  par 
quel  lues  hallebardiers,  d'aub.  Hist.  n,  287. 

—  ÉTYM.  Hallebarde. 

HALLEBRKDA  (ha-le-bre-da),  s.  m.  et  f.  Se  dit 
d'une  personne  grande  et  mal  bâtie.  C'est  une 
grande  hallehreda.  C'est  un  grand  hallebreda.  ||  On 
écrivait  aussi  halbreda.  Entre  autres,  un  grand  lial- 
breda.  Nommé  Mars,  Mavors  ou  Mavos,  Les  dents 
grinça,  jura,  gronda,  Et  dit  rage  contre  d'Avaiu, 
vcit.  Poésies,  Œuvres,  t.  ii,  p.  168. 

—  HIST.  xvi»  s.  Une  halebreda  [une  grande  femme 
mal  faite],  oiidin,  Curios.  fr. 

—  ÉTYM.  Ce  semble  être,  comme  l'a  dit  Ménage, 
une  altération  plaisante  de  hallebarde. 

f  UALLÉRIE  (hal-lé-rie),  s.  /".  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  de  la  famille  des  scrofula- 
riées. 

—  ÉTYM.  Haller,  homme  éminent  dans  la  plu- 
part des  sciences  naturelles,  mort  en  1777. 

4.  UALLIKR  (ha-lié;  l'r  no  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, 1'.?  se  lie  :  les  ha-lié-z  aux  halles),  s.  m.  ||  1"  Ce- 
lui qui  garde  les  marchandises  déposées  dans  une 
halle.  Il  2°  Marchand  qui  étale  aux  halles. 

—  HIST.  xm"  s.  Se  il  se  comportoit  qu'il  i  eust 
estai  vuit,  qu'il  ne  fust  à  cens  ou  à  louage,  li  lialier 
porroient  les  choses  au  comporteeur  mètre  à  estai, 
Liv.  des  met.  4  86. 

—  ÉTYM.  Halle. 

■J.  UALLIER  (ha-lié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel ,  l'ï  se  lie  :  des  ha-lié-z  épais)  ,  s.  m. 
Il  1°  Réunion  de  buissons  fort  épais.  Ils  ne  pour- 
ront manier  leurs  piques  parmi  des  halliers  et  des 
troncs  d'arbres,  d'ablanc.  Tacite,  Ann.  liv.  ii,  dans 
bichk.let.  Les  halliers,  c'est-à-dire  les  lieux  ancien- 
nement défrichés  et  qui  ne  .sont  couverts  que  de 
petites  broussailles,  bukf.  Ois.  t.  viii,  p.  297.  J'ai 
vu  le  Gaulois  devenu  sénateur  embarrasser  sa  toge 
romaine  dans  les  halliers  de  ses  bois,  chateaub. 
Mari.  IX.  Il  2"  Terme  de  chasse.  Filet  dit  aussi  tra- 
mail  que  l'on  tend  perpendiculairement  pour  que 
le  gibier  donne  dedans. 

—  HIST.  XVI*  s.  À  cause  des  bois,  halliers  et 
grosses  houssieres  qui  nous  couvroient  au  sortir  de 
la  ville,  CARLOIX,  v,  6. 

—  ÉTYSi.  Normand,  hasicr;  picard,  liallo;  anc. 
franc,  halot,  branche ,  arbre  en  buisson  (xiv  s.  La 
moitié  de  tous  les  aunois,  sauchois,  halos,  pre:  et 
rentes,  du  cange,  halotu,i].  Ce  mot  a  été  rattaché 
au  bas-latin  hallus  ou  halla,  branche  :  aut  de  ra- 
mis  aut  de  hallis  super  cooperuerit,  Lex  Sal.  XLi, 
4  ;  mais  on  a  rejeté  cette  étymologie  parce  que  hal- 
lis était  une  leçon  douteuse,  et  (|ue  la  plupart  des 
manuscrits  portaient  callis,  pierres;  ce  qui  a  in- 
duit Diez  à  proposer  le  bas-latin  hasia,  branche, 
qui  est  dans  la  Loi  des  Ripuaires  :  in  hasla  Itoc 
est  ramo.  Le  normand  hasier  vient  en  confirma- 
tion de  l'opinion  de  Diez. 

t  UALLOPE  (ha-lo-p'),  s.  m.  Vaste  filet  dî  pèche 
qui  traîne  sur  le  fond.  L'usage  des  filets  appelé» 


1976 


HAL 


hallopes  est  iléffiiiflu  dans  touto  l'étendue  des  pê- 
cheries françaises  à  la  côte  de  Terre-Neuve,  Arrfté 

(in   16  pluv.   an  .XI,  art.  il Que  le  filet  dit 

hallope,  ordinairement  employé  à  la  pêche  du  lan- 
çon et  du  capelan,  fût  prohibé  comme  destructif 
du  fond  de  pêche,  iiautefeuille,  Code  de  la  pêche 
maritime,  35. 

HALr.UClNATIOPr  (al-lu-si-na-sion ;  en  vers,  de 
«il  syllabes),  s.  ^.  Terme  de  médecine.  Perception 
•le  sensations  sans  aucun  objet  extérieur  qui  les 
lasso  naître.  L'hallucination,  dans  cette  conjonc- 
ture. Vous  ôte  les  clartés  d'une  telle  aventure, 
IIAUTER.  Crisp.  music.  iv,  13. 

—  SYN.  HALLUCINATION,  ILLUSION.  1,'halhicination 
se  produit  sans  objet  extérieur;  l'illusion  est  une 
erreur  causée  par  quelque  objotexiérieur.  Un  homme 
qui  a  une  hallucination  Je  l'ouïe  entend  des  sons 
sans  qu'aucun  son  soit  produit.  Un  homme  qui  a 
une  illusion  de  l'ouïe  entend  un  son  qui,  en  effet 
est  produit  au  dehors,  mais  son  oreille  le  trompe 
sur  la  nature  de  ce  son. 

-  Etym.  Lat.  hallucinationem. 

t  UALLUCINÉ,  ÉE  (al-lu-si-né,  née),  part,  passé 
de  halluciner.  Qui  a  des  hallucinations.  Il  S.  m 
et  f.  Une  hallucinée.  Les  hallucinés. 

■f  HALLUCINER  (al-lu-si-né),  V.  a.  Terme  do 
médecine.  Produire  des  hallucinations.  ||  S'hallu- 
ciner,  v.  réjl.  Éprouver  des  hallucinations. 

—  KTYM.  Lat.  hallucinari.  La  bonne  orthogra- 
phe,  d'après  Kieund  ,  est  alucinari ,  alucinatio  , 
qu'il  rapproche  avec  raison  de  à>ûw,  àXvaau),  avoir 
l'esprit  égaré. 

4.  HALO  (ha-lo),  s.  m.  l°Terme  de  météorologie. 
Cercle  brillant  et  ordinairement  coloré  qu'on  aper- 
çoit quelquefois  autour  du  disque  de  soleil,  de  la 
lune  et  des  planètes.  |1  2°  Terme  de  médecine.  Nom 
donné  quelquefois  au  petit  cercle  rouge  qui  est 
autour  du  mamelon. 

—  HIST.  xvi"  s.  Cet  indice  est  remarquable  en  la 
couronne  de  la  lune  appellée  des  Latins  halo,  qui 
se  fait  quand  il  apparoit  un  cercle  grand  ou  petit  à 
l'entour  de  la  lune,  o.  de  sebbes,  50. 

—  RTYM.  Lat.  halos,  du  grec  &Xu>i,  aire. 
t  2.  HALO....  Voy.  hall... 

t  HALOCUIMIE  (ha-lo-chi-mie),  s.  /■.  Partie  de 
la  chimie  qui  traite  de  l'histoire  des  sels. 

—  ÉTYM.  "A),i;,  àXoç,  sel,  et  chimie. 

f  HALOGÈNE  (ha-lo-j6-n') ,  odj.  Terme  de  chimie 
Corps  halogènes,  corps  électro-négatifs,  tels  que  le 
chlore,  l'iode,  le  brome,  etc.  qui  produisent  des  sels 
en  se  combinant  avec  les  métaux  électro-positifs. 

—  ÉTYM.  "AXç,  à),o{,  sel,  et  le  suffixe  gène. 

t  UALOGRAPHIE  (ha-lo-gra-He) ,  s.  /'.Descrip- 
tion des  sels. 

—  ETYM.  'Al:,  à),6;,  sel,  et  ffifti-i,  décrire. 

t  HALOGRAPUIQUE  (ha-lo-gra-fi-lc'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  la  halographie. 

t  UALOÏDE  (ha-lo-i-d'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Sels  haloïdes,  sels  binaires  produits  par  la  combi- 
naison d'un  corps  halogène  avec  un  métal,  tels 
sont  les  chlorures,  les  iodures,  les  bromures,  etc. 

—  ÉTYM.  "Ai;,  Ji).à;,  sel,  et  e'iîo;,  forme. 
UALOIR   (lia-loir),  s.  m.  Lieu   où  l'on  sèche  le 

chanvre. 

—  ÉTYM.  Sans  doute  hdlcr,  bien  que  l'accent  cir- 
conflexe manque  dans  haloir. 

t  UALOLOGIE  (ha-lo-lo-jie), s.  f.  Traitésurles sels. 

—  ETYM.  'AX:,  àXàç,  sel,  et  Xoyo;,  traité. 

t  HALOLOGIQUE  (ha-lo-lo-ji-li'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  la  halologie. 

t  HALOMANCIE  (ha-lo-man-sie) ,  î.  f.  Prétendue 
divination  dans  laquelle  on  employait  le  sel. 

—  ÉTYM.  Ilaln.  ..,  et  navTeiî,  divination. 

t  HALOMÊTRIE  (ha-lo-mé-trie),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Procédé  pour  apprécier  la  qualité  des  solu- 
tions salines  employées  dans  le  commerce. 

—  Etym.  'AXç,  àio;,  sol,  et  [icTpov,  mesure. 

t  UALOMETRIQUE(ha-lo-mé-tri-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  la  halométrie. 

t  UALOPHILE  (ha-lo-fi-r), odj.  Terme  de  bota 
nique.  Qui  aime  le  sel,  qui  croît  dans  les  terrains 
imprégnés  de  sel. 

—  ETYM.  'AX;,  àXo;,  sel,  et  ç'Xo:,  qui  aime. 

t  UALOHAGÉES  (ha-lo-ra-jée),  s.  f.  pi.  Terme 
de  botanique.  Famille  de  plantes. 

HALOT  (ha-lo),  s.  m.  Terme  de  chasse.  Trou  do 
lapins  dans  une  garenne. 

—  ÉTYM.  Peut-être  l'anglo-saxon  hal,  cavité. 
UALOTECHNIE  (ha-lo-ti-knie),  s.  f.  l'artie  de  la 

chimie  iiui  traite  de  la  préparation  des  sels. 

—  ÊTYM.  'A):,  àXoc,  sel,  et  Tc/mt,,  art. 

t  UALOTECHNIQUE  (Ua-lo-lè-kui-k') ,  adj.  Qui 
t  1  ipport  à  la  haioiecUuie. 


HAL 

HALTE  (hal-f),  s.  f.  ||  i'  Station  (jue  font  des 
gens  de  guerre ,  des  chasseurs,  des  voyageurs  dans 
une  marche.  Supposez  autour  du  monticule  sur 
lequel  le  château  s'élève  tous  les  incidents  d'une 
halte  d'armée,  et  vous  aurez  le  tableau  de  Casanove, 
DIDEROT,  Salon  de  (785,  Œuv.  t.  xiii,  p.  )8C, 
ilanspouGENS.  ||  Grande  halte,  la  halte  la  plus  lon- 
gue que  fait  une  troupe  en  marche;  c'est  là  (jue  se 
fait  le  re|ias  du  milieu  du  jour.  |{  Faire  halte,  s'urr.':- 
ter.  La  troupe  fit  halte  pour  laisser  aux  traînards  le 
temps  de  rejoindre.  ||  Faire  faire  halte,  arrêter  le 
mouvement  d'une  troupe  en  marche.  Persée,  sur 
les  dix  heures  du  malin,  ne  se  trouvant  éloigné  du 
camp  des  Romains  que  d'une  petile  demi-lieue, 
fait  faire  halte  à  son  infanterie,  et  s'avance  avec  sa 
cavalerie,  koi.lin,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  ix,  p.  47,  dans 
pouGENS.  Il  2°  Lieu  fixé  pour  la  halte.  Nous  arrivâmes 
à  notre  halte  avant  la  nuit.  ||  Grande  halte,  le  lieu 
où  une  troupe  fait  la  halte  la  plus  longue.  ||  3°  Re- 
pas que  l'on  fait  pendant  la  halte.  Halte  de  chasse. 
11  avait  fait  préparer  une  bonne  halle.  Nous  re- 
tournâmes à  Chamarel,  où  nous  mangeâmes  une 
halte  que  j'avais,  après  avoir  été  douze  heures  à  che- 
val, ST-siMON,  29,  84.  ||  4°  Fig.  Pause,  interrup- 
tion momentanée.  Là  cette  guerre  qui  nous  sui- 
vait depuis  Moscou  se  ralentit....  une  plus  grande 
lutte  [la  campagne  de  1813]  se  préparait,  et  celte 
h.alte  ne  fut  pas  un  temps  qu'on  accorda  à  la  paix, 
mais  qui  fut  donné  à  la  préméditation  du  car- 
nage, SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  xii,  (t.  Tu  demandes 
de  moi  les  haltes  de  ma  vie?  Le  compte  de  mes 
jours?...  mes  jours,  je  les  oublie,  lamart.  Harm. 
m,  6.115°  Halte,  .tn(er;.  dont  on  se  sert  pour 
commander  à  une  troupe  de  s'arrêter.  ||  Halte-là! 
arrêtez-vous,  n'avancez  pas.  jj  II  se  dit  surtout  en 
termes  de  guerre.  Crier  à  une  patrouille  halte-là. 
Il  Halte-là,  signifie  aussi  ne  continuez  pas.  Halte-là 
donc,  ma  plume,  boil.  Sat.  xii.  |{  Se  dit  aussi  pour 
couper  court  à  un  langage  qu'on  ne  peut  pas  ou  ne 

veut  pas  entendre Halte-là,   mon   beau-frère  ; 

Vous  ne  connaissez  pas  celui  dont  vous  parlez,  mol. 
Tart.  I,  6. 

—  REM.  Au  XVII'  siècle,  on  n'aspirait  pus  Vh 
(Chifflet,  Gramm.  p.  si)  •  Allé  un  peu;  retenez  l'ar- 
deur qui  TOUS  emporte,  mol.  l'Èt.  m,  4.  «  Dans 
tous  les  livres  et  dans  toutes  les  relations  qui  se 
sont  faits  en  ces  dernières  guerres,  on  n'a  point  vu 
halte  imprimé  ni  écrit  avec  une  h;  et  ce  n'est  que 
depuis  ce  temps-là  qii'on  a  commencé  à  écrire  ce 
mot,  dont  M.  Coêffeteau  n'a  jamais  osé  se  servir, 
n'étant  pas  encore  en  usage  dans  le  beau  style,» 
VAUGELAS,  Rem.  t.  ii,  p.  4004,  dans  pougens.  Au- 
jourd'hui halte  a  repris  Vh  étymologique. 

—  HlST.  xin*  s.  Tant  est  alez,  que  nuit  que  jors, 
Qu'il  est  venuz  el  hait  [séjour]  des  hors  [ours]  Et 
des  lions  et  des  lieparz,  Partonop.  v.  B7:i9.  ||  xvi"  s. 
Qu'il  [le  duc  de  Guise]  ne  se  peult  excuser  d'avoir 
faict  alte  et  temporisé  [à  la  bataille  de  Dreux]  avec- 
ques  les  forces  qu'il  coramandpit....  mo.nt.  i,  342. 
Le  mareschal  se  contenta  de  voir  tirer  quelques 
harquebusades  à  la  courtine,  et,  après  un  long  halte, 
retourna  à  la  première  place  qu'il  avoit  prise,  u'alu 
Hist.  H,  4BB.  À  l'entrée  de  la  nuict,  qu'on  avoit 
attendue  par  une  longue  halte,  ID.  ib.  m,  40). 

—  ETYM.  Espagn.  et  ital.  alto  ;  do  l'allem.  halten, 
tenir,  s'arrêter;  Hall,  s.  m.,  halte,  station. 

t  UALTER  (hal-té),  r.  a.  Terme  vieilli.  Faire 
faire  halte.  ||  ¥.  n.  Faire  halte.  {|  Se  halter,  v.  réjl. 
Faire  halte.  Les  soldats  s'étant  haltes,  pellisson, 
Letl.  hist.  t.  III,  p.  62.  L'infanterie  n'ayant  pas  eu 
le  temps  de  se  halter,  id.  ib.  t.  H,  p.  354. 

t  HALTÈRE  (hal-tè-r'),  s.  m.  ||  l"Terme  de  gym- 
nastique ancienne.  Poi<ls  qu'on  tenait  dans  les 
mains,  et  qui,  donnant  plus  de  pesanteur  aux  bras 
dans  le  mouvement  qu'ils  exécutent  pour  prendre 
élan,  donnaient  plus  de  force  à  cet  élan  même. 
Il  2"  Terme  de  gymnastique  moderne.  Nom  de  deux 
masses  de  fer  ordinairement  sphériques  réunies 
par  un  petit  arbre  de  fer  que  la  main  embrasse  faci- 
lement. L'exercice  avec  les  mils  doit  être  préféré  à 
l'exercice  avec  les  haltères.  ||  3°  Terme  de  zoologie. 
Balancier  des  insectes  diptères. 

—  ÉTYM.  'A>Tfipj;,  de  àXXo(«.ai,  sauter,  parce  que 
les  sauteurs  prenaient  des  haltères  pour  mieux  sau- 
ter. 'AXXoiJLai,  où  l'esprit  rude  représente  s,  est 
identique  au  latin  salire,  santer. 

t  HALTÈRES  (hal-té-ré),  s.  m.  pi.  Ordre  de  la 
classe  des  insectes  comprenant  ceux  qui  ont  des  ba- 
lanciers. 

—  ÉTYM.  Haltère. 

UALUHGIE  (ha-lur-jie),  i.  f.  Arl  d'extraire  ou  de 
fabriquer  les  sels. 

—  ÊTYM.  'AX;,  4Xo;,  sel,  et  ipYov,  œuvre. 


HAM 

t  HALURGIQUE  (ha-Iur-ji-k"),  adj.  Qui  a  rapport 

à  la  halurgie. 

HAMAC  (ha-mak),  s.  m.\\l'  Termede  marine.  Lit 
composé  d'un  rectangle  de  toileunpeu  plus  long  (pH 
la  gramleur  moyenne  de  l'homme,  qui  est  suspendu 
horizontalement  et  où  couchent  les  matelots. 
Il  2°  Sorte  de  lit  portatif,  fort  en  usage  en  Afrique 
et  eu  Amérique,  qu'on  suspend  entre  deux  arbres, 
pour  se  garantir,  pendant  la  nuit,  des  bètes  faroO' 
ches  et  des  insectes.  Ce  hamac  est  suspendu,  pu 
une  corde,  à  une  grosse  branche  d'arbre,  didïb. 
.Salon  de  1705,  Œuv.  t.  xiii,  p.  25t,  dans  poooeMs. 
Sara,  belle  d'indolence,  Se  balance  Dans  un  hamac, 
V.  HUGO,  Orient.  19. 

—  ÉTYM.  Espagn.  hamaca,  amahaca;  portug. 
maca;  ital.  amaca;  de  l'allem.  Hangematte,  ote 
liangen, élre  suspendu,  et  Halte,  natte  (voy.  nattb); 
holl.  hangmat,  hangmak.  D'après  l'Encyclopédie 
moderne,  ce  mot  vient  de  ce  que  les  Caraïbes  don- 
nent le  nom  de  hamack  à  l'arbre  dont  ils  emploient 
l'écorce  à  tresser  cette  espèce  de  filet  dans  lequel  Us 
se  couchent  et  se  balancent  après  l'avoir  suspendu; 
mais  cela  est  trop  incertain  pour  contre-balancer 
l'étymologie  germanique. 

HAMADRYADE  (a-ma-dri-a-d'),  s.  f.  Terme  de 
mythologie.  Nymphe  des  bois  qui  naissait  et  mou- 
rait avec  l'arbre  dont  la  garde  lui  était  confiée. 

— ETYM.  'AixaSpuà;,  de  ip.»,  avec,  et  5p0;,  chêne. 

t  UAMAMÉLÊES  (a-ma-mé-lée),  s.  f.  pi.  Terme 
de  botanique.  Famille  de  plantes  qui  a  pour  type 
le  genre  hamamélide. 

tH,V»HMÉLIDE  (a-ma-mé-U-d'),  f .  /'.Termede  bo- 
tanique. Genre  de  plantesdicotylértones  de  lafamille 
desberbéridées,  appartenant  à  l'Amérique  du  nord. 

f  HAMAUX  (ha-mô),«.  m.  pi.  Terme  de  cb.i^se 
et  de  pêche.  Tramaux  à  larges  mailles.  Les  rets  de 
la  dreige  auront  les  mailles  d'un  pouce  neuf  lignes 
en  carré,  et  les  tramaux  ou  hamaux,  qui  sont  at- 
tachés des  deux  côtés  du  filet,  auront  les  leurs  de 
neuf  pouces  on  "carré,  Ordonn.  août  test. 

t  HAMAXOBIENS  (a-ma-kso-bi-in) ,  s.  m.  pi, 
ferme  de  géogr^iphie  ancienne.  Peuple  de  la  Sar- 
matie  d'Europe  qui  vivait  sous  des  tentes  placées 
sur  des  chariots.  {|  Adj.  Aujourd'hui  les  Kirgliises, 
qui  logent  dans  des  espèces  de  chariots  ,  sovi 
hamaxobiens. 

—  ÉTYM.  "AiiaÇa,  char,  et  pio;,  vie. 

t  UAMIIOIIRG  (han-bour),  s.  m.  Terme  de  COJB- 
mcrce.  Nom  (|u'on  donne  à  de  petites  futailles  où 
met  le  saumon  salé,  el  qui  en  contiennent  ordii 
rement,  depuis  trois  cents  jusqu'à  trois   cent 
quante  livres.  Pour  chacun  haml)0urg  de  saum( 
dont  les  douze  font  le  lest,  Tarif  de  la  dédar. 
(G  /ré.  (635. 

H.\MEAU  (ha-mô),  s.  m.  Petit  groupe  de  mai: 
écartées  du  lieu  où  est  la  paroisse.  C'est  un  pel 
village  ou  plutôt  un  hameau  Bâti  sur  le  pench.ant 
d'un  long  rang  de  collines,  boil.  Épilre  vi.  Ha- 
meaux et  écarts  qui  ne  sont  pas  sujets  aux  droits  : 
les  onze  maisons  du  hameau  des  Forts,  les  six  feux 
du  hameau  des  Boursis;  l'unique  feu  du  hameau 
aux  Vers,  Arrêt  du  conseil  d'État,  26  oct.  (734.  La 
hameau  de  Fcrney,  qui  n'était  composé  que  de  ijua- 
rante-neuf  habitants,  est  devenu  un  lieu  considé- 
rable possédant  environ  huit  cents  artistes  qui  font 
journellement  entrer  des  espèces  dans  le  royaume, 
volt.  Poiit.  et  lég.  Au  roi,  en  son  conseil.  Comment 
se  persuader  que  tant  de  palais  somptueux  [à  Mos- 
cou), de  temples  si  brillants  et  de  riches  comptoir» 
étaient  abandonnés  par  leurs  possesseurs,  comme  ces 
simples  hameaux,  qu'il  [Napoléon]  venait  de  traver- 
ser ?  sÉGun,  Hist.  de  Nap.  vin,  4.  Dans  cette  marche, 
il  [Napoléon]  se  plut  à  dater  du  milieu  de  la  vieille 
Russie  une  foule  de  décrets  qui  allaient  atteindra 
jusqu'à  do  simples  hameaux  français,  id.  tb.  vu,  2. 

—  SYN.  HAMEAU,  VILLAGE,  BOURG.  Ces  trois  terme» 
désignent  également  un  a.ssemblape  de  plusieurs 
maisons  destinées  à  loger  les  gens  de  la  campagne. 
La  privation  d'un  marché  dislingue  un  village  d'un 
bourg,  comme  la  privation  d'une  église  paroissiale 
distingue  un  hameau  d'un  village,  beauzEe. 

—  HIST.  iiii'  s.  Covertes  ierent  [étaient]  de  ge- 
nestes.  De  foillies  et  de  ramiaus  Lor  bordetes  et  lof 
hamiaus,  la  Rose,  8432.  ||  xV  s.  Entrenientcs  en- 
trèrent ces  gens  eu  ce  pays  des  quatre  mestiers... 
et  n'y  laissèrent  oncques  entière  maison  ni  bamol, 

FHOISS.  II,  11,  232. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'un  radical  ham  qui  est  dans 
le  picard  ham,  hem;  du  germanique  :  anc.  h.  allcm. 
chom;  anglo-saxon,  ham;  angl.  home,  demeure; 
allem.  mod.  Beim;  golh.  heiins.  Dans  le  vieux  fran- 
çais, Jt  luimels  ou  hamiaus,  nominatif;  le  hamel, 
régime.  Ham  ou  cham  répond  au  grec  xiijjiT),  fil» 


HAM 


HAN 


HAN 


1977 


l:ige,  allié  à  xeï(j.ai,  être  couché,  sanscrit  et,  en 
l.ilin  jactre. 

HAMEÇON (a-me-son),i.  m. Il  1*  Petit  crochet  armé 
ilepointes, qu'on metauboutd'une  ligneavecde  l'ap- 
pit  pour  prendre  du  poisson.  Commeles  poissons  sont 
prisa  l'hameçon  elles  oiseaux  au  filet, aussi  leshom- 
mcs  se  trouvent  surpris  par  l'adversité,  lorsque  tout 
d'un  coup  elle  fond  sur  eux,  saci,  Bible,  Ecclùiasie, 
IX,  )2.  Il  Le  poisson  a  mordu  à  l'hameçon,  il  a  saisi 

jipât.  Il  Fig.  Mordre  à  l'hameçon,  se  laisser  séduire 

I  r  l'apparence  de  quelque  chose  d'agréable  ou  d'u- 
i:i(î.  Dès  qu'on  lui  eut  proposé  l'affaire,  il  mordit  à 
l'hameçon.  ||  Hameçon  armé,  hameçon  attaché  aux 
liuTies  avec  un  fil  de  fer,  pour  pêcher  le  brochet,  qui 
alors  ne  peut  couper  la  ligne.  112"  Fig.  Ce  qui  attire 
et  trompe  comme    fait  l'hameçon.    Ces  femmes.... 

irmi  leur  point  coupé  tendent  leurs  hameçons, 
liNiER,  Sat-  IX.  Il  a  pris  l'hameçon,  mol.  l'Él.  m, 

•2.  Tous  deux  également  sont  propres  à  gober  les 

liameçons  qu'on  leur  veut  tendre,   ID.  Pourc.  ii,  3. 

'  '  fut  proposé  de  négocier  avec  le  premier  président; 
LIS  cet  hameçon  fut  modestement  mais  très-fer- 
ment rejeté,"sT-siM.  26,  48.  Il  3°  Outil  de  serru- 
r  que  l'on  appeUe  aussi  archet.  114°  Terme  de  bo- 
nique.  Organe  aigu  et  recourbé  ou  crochu. 
5  '  Terme  de  zoologie.  Hameçon  de  mer,  le  lepto- 

.  iihale  morùien, 

—  HIST.  xm«  s.  [Le  poisson  qui  a  échappé  au  pê- 
cheur] Toz  jors  sera  en  soupeçon  Que  ce  ne  soient 
ameçon,  lioman  de  la  Poire.  ||  xiv*  s.  Lignes  du  long 
à  mettre  amechons,  Ordonn.  des  rois,  t.  vu, p.  779. 
Il  xv  s.  Tant  d'ameçons  et  tant  d'afficqués,  villon. 
Repues  Iranch.  l'Acteur.  ||  xvi's.L'on  prend  aussi  des 
canars  au  hameçon  presques  comme  jioissons,  o.  de 
SEiiRF.s,  09.').  Comme  respondit  ce  philo.sophe  ancien 
à  celui  qui  se  mocquoit  de  quoy  il  n'avoyt  sceu 
gaigner  la  bonne  grâce  d'un  tendron  qu'il  pour- 
chassoit:  Mon  amy,  le  hameçon  ne  mord  pas  à  du 
fromage  si  frais,  mont,  m,  363.  Hamasson  ou  ha- 
maçon  (h  aspirée),  palsgiave,  p.  18. 

—  ÉTYM.  Wallon,  hansin,  anzin,  ainche;  nor- 
mand, haim  et  aingue;  espagn.  anxuelo;  portug. 
anzol  ;  ital.  ancino.  De  ces  formes  les  unes  [hame- 
çon) sont  faites  du  latin  hamus,  avec  le  diminutif 
icionein,  les  autres  [ancino,  hanzin,  etc.)  avec  le 
diminutif  icinus  (voy.  haim). 

t  HAMEÇO.NNÉ,  ÉE  (ha-me-so-né,  née),  adj. 
Il  l"  Pourvu  d'hameçons.  ||  2°  Garni  de  fers  en  ha- 
meçon. Dans  les  tranchées  [faites  auprès  d'AIiso 
Sainte-Reine]  a  été  trouvée  une  pointe  hameçonnée 
de  fer,  extrêmement  curieuse,  en  ce  qu'elle  repré- 
sente exactement  l'un  des  hami  ferrei  [hameçons 
en  fer]  de  César,  de  saulcï,  dans  l'Institut,  nov. 
(86(,  p.  135.  Il  3°Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est 
recourbé  au  sommet,  en  manière  d'hameçon. 

—  HIST.  xvi"  s.  C'est  que  le  ciel  d'atomes  l'a  for- 
gée, Tels  que  sont  ceux  dont  se  forge  une  espée. 
Atomes  durs,  aspres,  hameçonnés.  Qui  pour  tuer 
ont  esté   façonnes,    am.  jamyn.  Poésies,  p. 202. 

—  F.TVM.  Hameçon. 

f  HAMÉE  (ha-mée),s.  f.  Terme  d'artillerie.  Man- 
che de  l'écouvlllon. 

fUAMÉÏDE  tha-mé-i-d'),  s.  f.  Terme  de  blason. 
Fasce  de  trois  pièces  alaisées  qui  ne  touchent  point 
les  bords  de  l'écu.  ||  Quelques  auteurs  disent  ha- 
made,  hamede. 

—  HIST.  XV'  s.  D'ermines,  à  deux  hamedes  de 
gueulles,  FROiss.  liv.  i,  p.  <90,  dans  lacurne. 

t  IIAMÉLIE  (a-mé-lie),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Genre  de  plantes  d'Amérique,  de  la  famille  des 
rubiacées. 

t  UAMIGÈRE  (a-mi-jè-r'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  porte  des  poils  courbes  en  hameçon. 

—  ÉTYM.  Lat.  hamus,  hameçon,  et  gerere,  porter, 
t  HAMIPLANTE   (a-mi-plan-f),   s.  f.  Terme  de 

botanique.  Plante  à  fruits  ou  à  tige  pourvue  de  pe- 
I  tits  crochets  et  s'attachant  aux  vêtements.  Le  grat- 
I  teron  est  une  hamiplante.  ||  Àdj.  Tige  hamiplante. 
*'       —  Etym.  Lat.  hamus,  hameçon,  et  plante. 

HAMPE  (han-p'),  s.  f.  \\  1° Le boisd'une hallebarde, 
'l'une  pertuisane,  il'un  épieu,  etc.  La  hampe  de  sa 
1.1  nce  [de  Goliath]  était  comme  ces  grands  bois 
iloiit  se  servent  les  tisserands;  et  le  fer  de  sa  lance 
pesait  six  cents  sicles  de  fer,  saci,  Bible,  Rois,  i,  xvii, 
T.  Et  la  hampe  jamais  n'ose  aligner  leurs  rangs  [des 
Suisses  du  XV'  siècle],  masson,  Helvét.  m.  ||0n  dit 
de  même  :  la  hampe  d'un  écouvillon ,  d'un  refou- 
liiir.  Il  2°  Terme  de  peinture.  Manche  de  pinceau. 

II  3° Terme  de  botanique.  Long  pédoncule  axillaire, 
nu,  s'élevant  d'un  point  très-rapproché  du  collet. 
H  4°  Terme  de  vénerie.  La  poitrine  du  cerf. 
Il  5°  Terme  de  boucherie.  Hampe  ou  grasset,  ma- 
niement pair  ou  double,  commun  aux  deux  sexes, 

DICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


dont  la  graisse  est  placée  dans  l'épaisseur  du  repli 
musculo-cutané  étendu  de  la  partie  postérieure  et 
latérale  du  ventre  vers  l'extrémité  inférieure  et  an- 
térieure de  la  cuisse. 

—  HIST.  XI*  s.  La  hanste  en  fu  grosse  cume  un 
tinel,  Ch.  de  Bol.  ccxxvn.  ||xiii's.  Et  franchise  qui 
bien  s'en  cuevre,  Brandist  la  hante  de  sa  lance.  Et 
contre  le  vilain  la  lance,  la  Rose,  (6545.  |1  xiv  s.  La 
hante  du  dart,  h.  de  mondeville,  f°  40.  Quant  l'en 
parle  d'un  cerf,  l'os  de  la  poictrine  est  nommé  la 
hampe,  ilf^nagter,  n,  4.  ||  xv's.  Sembloientdeshans- 
tes  que  ce  fust  un  bois,  tant  y  en  avoit  grant  multitude 
et  grant  foison,  froiss.  ii,  ii,  (9fi.  ||xvi'  s.  Flavius 
prit  une  enseigne  en  sa  main,  et  marcha  au  devant 
de  ces  bestes,  à  la  première  desquelles  il  donna  si 
rudement  de  la  hante  de  l'enseigne,  qu'il  la  feit 
tourner  arrière,  amtot,  Uarcell.  44.  Il  rompit  la 
hampe  du  javelot  en  deux,  et  s'en  feit  arracher  les 
deux  tronçons,  l'un  de  çà  l'autre  de  là,  id.  Philop. 
9.  Branlant  au  poing  le  hampe  d'une  hache,  rons. 
679.  La  hante  [d'une  javeline] ,  revestue  d'estouppe 
empoixée  et  huilée,  mont,  i,  362. 

—  ÉTYM.  Norm. hante,  manche  d'un  fouet.  Diez 
distingue  hampe  de  hante;  il  tire  hampe  de  l'alle- 
mand Handhabe,  un  manche  (de  Hand,  main,  et 
haben,  avoir),  d'où  hantbe,  hampe;  et  hante,  d'a- 
près Ménage,  du  latin  âmes,  amitis,  perche,  d'où 
amte,ante  ou  hante,  où  l'h  est  épenlhélique  comme 
dans  hutte  d'otcum.  Il  est  douteux  que  hante  et 
hampe  soient  deux  mots  différents  ;  ils  ont  dans 
l'historique  le  même  sens,  et  le  normand  hante  si- 
gnifie la  même  chose  que  hampe.  Il  est  donc  diffi- 
cile de  les  séparer  par  l'étymologie.  Ajoutez  qu'ils 
ne  paraissent  pas  contemporains;  l'antiquité,  au 
moins  d'après  nos  recherches,  ne  connaît  que  hante; 
et  hampe  n'apparaît  qu'à  la  fin  du  xiv"  siècle  et 
comme  terme  de  vénerie.  On  peut  donc  conclure 
qu'entre  hanle  et  hampe  il  n'y  a  qu'une  altération 
de  prononciation,  et  qu'ils  ne  sont  pas  différents, 
mais  que  l'un  a  succédé  à  l'autre.  Cela  posé,  l'éty- 
mologie de  Handhabe  serait  tout  à  fait  vraisembla- 
ble, si,  à  côté  de  hante,  il  n'y  avait  hanste,  qui 
vient  de  hasta,  lance ,  avec  l'intercalation  d'une 
nasale  ;  il  est  possible  que  hanste  et  hante  soient  le 
même  mot,  venant  de  hoslo,  et  que  le  tout  ait  été 
pris  pour  la  partie,  la  lance  entière  pour  le  bois. 

t  HAMPE,  ÉE  (han-pé,  pée),  adj.  Terme  didac- 
tique. Muni  d'une  hampe. 

t  HAMSTER  (ham'-stèr),  s.  m.  Genre  de  mam- 
mifères rongeurs  commun  en  Europe.  On  trouve  en 
Alsace  le  hamster  commun,  dit  vulgairement  ham- 
ster, mus  cricetus,  L. 

—  ÉTYM.  AUem.  Hamster. 

t  HAMCLEUX,  EUSE  (a-mu-leû,  leû-z'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  est  garni  de  petits  poils 
crochus. 

—  ÉTYM.  Lat.  hamulus,  diminutif  de  hamus,  ha- 
meçon. 

r.  HAN  (ban),  s.  m.  Onomatopée  qui  représente 
le  cri  sourd  et  guttural  d'un  homme  qui  frappe  un 
coup  avec  effort. 

2.  HAN  (ban),  s.  m.  Orthographe  vicieuse  pour 
kan  (voy.  kan  2). 

HANAP  (ha-nap),  s.  m.  Terme  vieilli.  Grand  vase 
à  boire.  Ces  gens  [les  Allemands]  ont  des  hanaps 
trop  grands  ;  Notre  nectar  veut  d'autres  verres,  la 
FONT.  Lett.  XXIII.  [HanapJ  Un  vase  à  boire,  en  général 
une  coupe,  réservé,  ce  semble,  au  principal  convive, 
et  que  le  chevalier  comme  le  poète  ont  sans  cesseà  la 
bouche,  l'un  en  le  vidant  en  toute  rencontre,  l'autre 
en  le  chantant  à  toute  occasion,  de  laborde.  Émaux, 
p.  337.  Il  La  contenance  d'un  hanap.  Elle  demande 
d'être  maintenue  en  la  possession  de  prendre  un 
hanap  ou  boisseau  de  sel  sur  chaque  bateau  de  sel 
qui  passe  devant  Merpins  près  Cognac,  Règl.  3o 
aoiit  1662. 

—  HIST.  XII"  s.  Un  mult  bel  hanap  d  or  ou  doré  li 
offreit  U  reis,  tut  plain  de  vin,  e  beivre  11  roveit. 
Th.  le  mart.  los.  l|xni'  s.  Quiconqucs  veut  estre 
escueliers  à  Paris,  c'est  à  savoir  venderesd'escueles, 
de  hanas  de  fust  et  de  madré....  Liv.  des  met.  <  I2. 
Monseigneur  Geffroi  de  Scigines  Î3  [le  roi]  deffon- 
doit  des  Sarrazins,  aussi  comme  le  bon  vallet  def- 
fent  le  hanap  son  seigneur  des  mouches,  Jomv.  239. 
Il  XIV*  s.  Un  hanap  d'or,  godronné,  esmaillé  par 
dehors  à  ymages,  qui  sont  lettres,  et  à  couronnes 
par  dessus,  et  a,  on  fruitelet,  ung  saphir  et  quatre 
perles,  de  laborde.  Émaux,  p.  338.  ||  ïvi*  s.  Père, 
s'il  est  possible,  que  ce  hanap  [calice]  soit  esté  ar- 
rière de  moy,  calv.  Instil.  398. 

ÉTYM.  Provenç.  eruip;  ital. onappo,  noppo;de 

l'anc.  h.  allem.  hnàpf,  vase;  allem.  mod.  .Vap/".  L'a- 
rabe offrirait  aussi  une  étymologie  :  hanab,  coupe  ; 


mais  le  mot  arabe  ue  pourrait  être  venu  ,jue  par  les 
croisades;  or  hanap  se  trouve  dans  les  Gloses  de 
Cassel,  qui  sont  antérieures  aux  croisades. 

HANCHE  (han-ch'),  s.  f.  ||  1»  Partie  du  corps  qui 
est  formée  par  l'évasemenl  de  l'os  iliaque  et  les 
parties  molles  environnantes,  et  qui  se  conlinue 
avec  la  cuisse  par  l'articulation  du  fémur  ou  os  do 
ce  membre.  Avoir  les  poings  sur  les  h.anches.  Mais 
souvent  sa  main  sur  sa  hanche  Faisait  bien  voir 
ce  qu'elle  était,  scahron,  Œuv.  t.  i,  p.  307.  ||  Avoir 
de  la  hanche,  avoir  les  hanches  prononcées.  Cette 
femme  n'a  point  de  hanches.  1|  Luxation  de  la  han- 
che, luxation  dans  laquelle  la  tête  du  fémur  sort  de 
la  cavité  do  l'os  iliaque.  Harcourt  s'était  démis 
une  hanche  dune  chute  qu'il  fit  du  rempart 
de  Luxembourg  en  bas,  st-sim.  h6,  (6.  1|  Terme 
d'escrime.  Se  mettre  sur  la  hai.cbe,  se  mettre 
en  garde;  et  fig.  prendre  une  attitude  aggressive. 
Il  Fig.  L'écueil  aux  hanches  énormes,  v.  hugo, 
Crépusc.  26.  Il  2°  Terme  de  manège.  Le  train  de 
derrière  d'un  cheval,  depuis  les  reins  jusqu'au 
jarret.  Ce  cheval  a  de  belles  hanches,  les  hanches 
hautes.  Le  cheval  doit  être  sur  la  hanche,  c'est-à- 
dire  hausser  les  épaules  et  baisser  la  hanche  en 
marchant,  biiff.  Quadrup.  t.  i,  p.  30.  ||  Rabaisser 
les  hanches,  forcer  un  cheval  qui  plie  les  jarrets  de 
devant  à  se  redresser  en  baissant  la  croupe.  H  Traî- 
ner les  hanches,  se  dit  de  l'action  d'un  cheval  qui 
change  de  pied  en  galopant,  ou  qui  galope  faux. 
Il  Hanche  gagnée,  se  dit  lorsque  le  cavalier  est 
parvenu  à  diriger  les  hanches.  ||  Mettre  un  cheval 
sur  les  hanches,  le  dresser,  en  sorte  qu'il  se  sou- 
tienne sur  le  derrière  en  galopant.  H  Cheval  allant 
sur  les  hanches,  paré  sur  les  hanches,  cheval  qui 
se  soutient  sur  le  derrière  en  galopant.  ||  3"  Terme 
de  boucherie.  Hanche  ou  maille,  maniement  pair 
ou  double,  commun  aux  deux  sexes,  situé  à  l'angle 
antérieur  et  externe  de  l'ilium.  ||  4°  Chez  les  insec- 
tes, partie  de  la  région  inférieure  de  la  poitrine  et 
du  corselet  qui  reçoit  la  cuisse  ou  la  première  pièce 
des  pattes  antérieures,  moyennes  et  postérieures 
des  insectes.  ||  5"  Terme  de  marine.  La  partie  ar- 
rondie du  vaisseau  qui,  du  flanc,  s'étend  à  l'arrière 
où  se  forment  les  fesses.  Canonner  un  vaisseau  par  la 
hanche.  Il  Hanche  du  vent,  celle  qui  e«t  du  côté  ex- 
posé au  vent;  hanche  sous  le  vent,  l'autre.  ||  6°  La 
partie  arrondie  d'un  vase  qui  unit  le  fond  aux  pa- 
rois. La  hanche  d'une  chaudière. 

—  HIST.  XIII'  3.  Goûtes  do  hankes,  de  g;enous  et 
des  pies,  alebrant,  ^  20.  Torz  fu  e  de  piez  et  de 
hanches,  Et  si  vos  di  en  ses  deus  manches  N'avoit 
pas  deus  aunes  de  drap,  Ren.  22739.  Grailles  les 
fiancs,  basses  les  hances,  Moult  li  siet  bien  sa  destre 
mance,  FI.  et  Bl.  2907.  ||  xiv*  s.  Le  quel  Guillaume 
abati  à  terre  le  dit  Laurens  du  tour  d'une  haute 
hanche  [sorte  de  croc  en  jambe],  du  cange,  hancha. 
Ilxrs.  Paine  mectrai,  d'entente  franche.  Que  l'ayez 
de  croq  ou  d«  hanche,  ch.d'orl.  Beponse  à  Frcdct. 
.  —  ÉTYM.  Bourguig.  ainche  ;  provenç.  espagn. 
portug.  et  ital.  anca;  de  l'anc.  h.  allem.  aiicha, 
jambe,  d'après  Diez;  de  cette  façon,  anche  et  han- 
che sont  le  même  mot;  en  latin,  li'bta  signifie  au.ssi 
jambe  et  tuyau.  Le  latin  ancus,  crochu,  et  le  grec 
d^xT),  courbure,  sont  moins  proches  que  l'étymo- 
logie germanique.  Dans  tous  les  cas,  il  faut  regar- 
der l'h  comme  épenthétique. 

t  HANE  (ha-n") ,  s.  f.  Petite  haie  portative  de 
bruyères  dont  on  borde  les  tables  des  ven  à  soie, 
pour  qu'ils  y  fassent  leurs  cocons  (Provence,  Dau- 
phiné). 

—  ÉTYM.  Hane  aurait-il  quelque  rapport  avec 
l'anc.  franc,  hane,  crochet  (voy.  hanicroche  à  l'é- 
tymologie)? 

HANEBANE  (ha-ne-ba-n'),  s.  f.   La  jusquiame, 

plante. 

—  iilST.  xvi*  s.  Seront  emploiées  en  fomenta- 
tation  les  fleurs  de  bouillon  blanc,  ou  la  feuille  ds 
hannebane,  o.  de  serres,  oao. 

—  ÉTYM.  Angl.  henbane,  de  hen,  poule,  et  bane, 
poison. 

f  HANET  (ha-nè),  s.  m.  Terme  de  marine.  Bout 
de  quarantenier  dont  on  se  sert  pour  prendre  les  ris 
des  voiles,  en  le  passant  sur  la  ralingue  de  fond. 
Il  On  trouve  aussi  hamet. 

HANGAR  (han-gar),  s. m.  Remise  ouverte  de  dif- 
férents côtés,  et  destinée  à  abriter  les  chariots,  les 
instruments  de  labourage,  les  outils,  etc. 

—  ÉTYM.  Ce  mot  écrit  angar  appartient  aux  Fla- 
mands suivant  du  Cange,  qui  le  tire  du  bas-latin  on- 
garium,  lieu  où  l'on  ferre  les  chevaux  ;  angarium 
ayant  passé  de  ce  sens  particulier  au  sens  plus 
étendu  de  hangar;  quant  à  angarium,  il  vient  d'an- 
garia,  station  pour  les  courriers,  qui  faisaient    le 

I.  —  248 


t978 


HAN 


•ervice  des  dépêches  dans  l'empire  romain,  de  &y- 
Yopot, courrier,  lequel  esl  un  mot  persan  (voy.  ange). 
Scheler approuve cmtcétymologic;  Diez  lacoutoste; 
etChevallet  cherche  l'origine  de  ftnngar  dans  l'alle- 
mand hangen,  être  suspendu.  L'étymoiogie  de  du 
Cango  reste  très-vraisemblable;  cependijit,  en  des 
textes  du  quinzième  siècle,  on  le  trouve  écrit  han- 
gardum,  hangardium. 

t  HANICROCIIE  (a-ni-kro-ch'),  s.  f.  Ancienne 
orthographe  d'anicroche  (voy.  ce  mot). 

—  ÉTYM.  La  hanicroche  était  une  sorte  d'arme  ; 
le  mot  semble  formé  de  hane,  sorte  de  crochet,  et 
croche:  Croches  hanes,  dit  E.  Deschamps,  édit.  cha- 
pelet, p.  2H  ,  pour  retirer  de  dessus  le  feu  les  pots, 
les  chaudrons.  Il  faut  corriger  en  ce  sens  ce  qui  est 
dit  à  l'étymoiogie  d'anicroche.  L'origine  de  hane 
est  inconnue. 

t  HANIFITE  (ha-ni-a-f),  s.  f.  Celui  qui  appar- 
tient à  la  plus  ancienne  des  quatre  sectes  réputées 
sunnites  ou  orthodoxes  dans  la  religion  musul- 
mane ;  elle  tire  son  nom  de  son  fondateur  Abou- 
Hanifah  al-nouman,  surnommé  l'iman  illustre. 

HANNETON  (ha-ne-ton  ;  Vh  est  aspirée,  dit  Chif- 
flet,  Gramm.  p.  230;  Palsgrave  le  dit  aussi  pour  le 
XVI*  siècle),  s.  m.  ||  1°  Insecte  de  la  famille  d-es  co- 
léoptères, qui  paraît  au  printemps,  melolonlha 
vulgaris.  On  amassera  vos  dépouilles,  comme  on 
amasse  une  multitude  de  hannetons,  dont  on  rem- 
plit les  fosses  entières,  saci,  Bible,  Isaie,  xxxiii,  4. 
Au  temps  des  guerres  de  religion,  il  a  couru  contre 
les  huguenots  une  chanson  où  ils  étaient  représen- 
tés comme  des  hannetons,  sorte  de  plaie  d'£gypte; 
cette  chanson  est  rapportée  au  t.  xvu*  du  Maga- 
sin pittoresque,  p.  4  93.  ||  Familièrement.  Il  est 
étourdi  comme  un  hanneton,  se  dit  d'un  homme 
très-étourdi  ;  locution  tirée  probablement  de  ce  que 
le  hanneton,  en  volant,  se  cogne  contre  ies  obsta- 
cles et  tombe.  Plus  étourdi  de  peur  que  n'est  un 
hanneton,  Régnier,  Sat.  xvi.  Si  Montreuil  n'était 
pas  douze  fois  plus  étourdi  qu'un  hanneton,  vous 
veniez  bien  que  je  ne  vous  ai  fait  aucune  malice, 
6Év.  à  Ménage,  (666.  |{  Fig.  Un  hanneton,  un  étourdi. 
Son  beau-fils  était  un  petit  hanneton,  grand  dissi- 
pateur, qui  jouait  volontiers,  qui  perdait  tant  qu'on 
voulait,  mais  qui  ne  payait  pas  de  même,  hamilt. 
Gramm.  9.  ||JJ°  En  passementerie,  soucis  ri'hanne- 
lon,  franges  qui  portent  de  petites  houppes  imi- 
tant les  deux  cornes  de  cet  insecte.  L'Académie 
dit  que,  dans  cette  locution,  \'h  n'est  pas  aspirée. 

—  HIST.  xu"  s.  Corsolz  li  dist  deus  moz  par  con- 
tençon  :  Ahi,  Guillaume,  comme  as  cuer  de  félon! 
Ne  valent  mes  ti  cop  un  haneton,  Li  cororteme^is 
Looys,  V.  1060.  Ilxiii»  s.  Beax  fils,  fje]  ne  pris  un 
henneton  Losange  namor  de  bricon,  Fabl.  mss.  de 
St  Germain,  f"  3,  dans  lacurne.  Dieux  dit  ce  et  co- 
manda,  et  vint  lengouste  et  hanetons  de  cui  n'es- 
toit  nombres.  Psautier,  f°  4  27.  Iceste  tempeste  de 
langoustes  et  de  hennetons,  ib.  ||  xv*  s.  Les  atours 
de  femmes  que  l'on  apeloit  hanetons  [sorte  de  coif- 
fure], Hist.  lia.  de  la  France,  t.  xxiu,  p.  249. 
Il  XVI'  s.  Si  ce  sont  hannetons  ou  coussons  qui  par 
leur  grosseur  se  laissent  voir,  o.  de  serres,  )36. 

—  ETYM.  Dérivé ,  d'après  Diez ,  de  l'allemand 
llahn,  nom  du  hanneton  en  quelques  provinces, 
proprement  coq.  Cette  étymologie  est  très-vraisem- 
blable. Mahn  a  indiqué  une  dénomination  très- 
semblable  du  hanneton  en  anglais  :  cock-chafer, 
de  cock,  coq,  et  chafer,  scarabée.  Génin  a  con- 
foi}du  aneton,  qui  veut  dire  un  jeune  canard,  avec 
haneton,  qui  s'est  toujoui-s  écrit  avec  une  h  et  qui 
a  un  tout  autre  sens  ;  l'étymoiogie  qu'il  en  tire  est 
sans  valeur. 

tUANNETONER  (ha-ne-to-né),«.  O.  Terme  rural. 
Secouer  les  arbres  pour  faire  tomber  les  hannetons. 

—  Rtym.  Hanneton. 

t  UANNON  (ha-non),  s.  m.  Nom  vulgaire  de  plu- 
sieurs pétoncles. 

—  HIST.  X!v*  s.  Hanons  au  cive  ou  cuiz  en  eve, 
Ribl.  des  ch.  6«  série,  t.  i,  p.  223. 

t  HANOUARD  ou  HANOUART  (ha-nou-ar),  s. 
m.  Nom  des  anciens  officiers  porteurs  du  grenier  à 

sel  à  Paris Jurés  crieurs  de  corps;  chargeurs  de 

bois;  mesureurs,  hanouarts,  briseurs  et  courtiers 
de  sel....  Édit,  juillet  i68i.  Quand  je  vois  les  ha- 
nouards  ou  porteurs  de  sel,  je  me  rappelle  qu'ils 
avaient  le  privilège  de  porter  sur  leurs  cpauljs  les 
corps  des  rois  jusqu'à  la  prochaine  croix  de  Saint- 
Denis,  MERCIER,  Tableau  de  Paris,  Porteurs  de  sel. 

—  HiST.  XV  s.  Et  cstoit  ledit  corps  porté  en  une 
litière  par  les  henouars  de  Paris,  jean  de  troyes, 
Chronique,  )46i. 

—  ÉTYM.  On  donne  une  étymologie  celtique  à  ce 
mot  :    bas-breton,  halennour,  marchand   de  sgl  • 


HAN 

kiniry,  halenwr;  du  bas-breton  ou  kimry,  hnlen, 
sel. 

HANSCRIT  (han-skri),  s.  m.  Voy.  sanscrit.  On 
ne  dit  jilus  hanscrit. 

I.  HANSE  (han-s' ;  quelques-uns  écrivent  anse, 
dit  l'Académie;  mais  cette  orthographe  est  mau- 
vaise), s.  f.  Il  1°  Hanse  teutonique,  ou,  simplement, 
hanse,  confédération  de  plusieurs  villes  d'Allemagne 
et  du  Nord,  qui  étaient  unies  pour  le  commerce. 
Il  2°  Durant  le  moyen  âge,  en  France,  nom  de  cor- 
porations de  métiers. 

—  HIST.  XV*  s.  L'umble  supplication  des  mais- 
tres  et  pescheurs  hansez  de  nostre  ville  de  Mente.... 
ont  accoustumé  les  dits  supplians  de  recevoir  à  la 
dite  hanse  gens  convenables,  non  blâmez  ne  diffa- 
mez, Ordonn.  sept.  1484. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-allem.  hansa,  troupe,  com- 
pagnie. 

t  2.  HANSE  (han-s'),  s.  f.  Le  corps  d'une  épingle 
avant  que  la  tête  y  soit  mise.  ||  Coupeur  de  hanses, 
ouvrier  qui  coupe  par  le  milieu  un  tronçon  à  deux 
pointes  destiné  à  former  deux  épingles.  ||  On  trouve 
aussi  hause. 

—  ÉTYM.  Hause  ne  s'entend  pas;  mais  hanse  peut 
s'expliquer  par  anse,  indûment  aspiré,  ce  corps 
d'épingle  pouvant  être  considéré  comme  une  anse. 

HANSÉATIQUE  (an-sé-a-ti-k' ;  quelques-uns 
écrivent  anséatique,  dit  l'Académie;  le  fait  est  que, 
bien  que  Vh  soit  aspirée  dans  hanse,  l'usage  la  sup- 
prime dans  hanséatique) ,  adj.  II  se  dit  des  villes 
qui  faisaient  partie  de  la  hanse  teutonique.  Ham- 
bourg est  une  ville  hanséatique. 

HANSIÈRE  (han-siè-r'),  s.  f.  Terme  de  marine. 

Voy.  HAUSSIÈBE. 

HANTÉ,  ÉE  (han-té,  tée),  part,  passé  de  han- 
ter. Pour  revenir  à  ce  que  nous  disions,  Hebrus  est 
un  fleuve  délicieux,  mais  peu  hanté  et  peu  connu 
du  vulgaire,  voit.  Lett.  I93.  ||  Par  extension  et  par 
imitation  d'un  anglicisme  {this  house  is  haunted,  il 
y  a  des  revenants  dans  cette  maison).  Fréquenté  par 
les  esprits  ou  parles  fées.  Maison  hantée.  Bois  hanté. 

HANTER  (han-té),  V.  a.  \\  1°  Visiter  souvent,  en 
parlant  soit  des  lieux,  soit  des  personnes.  Ce  n'est 
pas  grand  effort  de  hanter  sans  querelle  Des  esprits 
doux,  des  gens  de  bien,  corn.  Imit.  ii,  3.  Soit 
qu'elles  fussent  des  oiseaux  Hantant  la  terre  ou 
bien  les  eaux,  scarron,  Virg.  m.  Je  hante  les  pa- 
lais, je  m'assieds  à  ta  table,  la  font.  Fabl.  iv,  3. 
Quatre  animaux  divers,  le  chat  grippe-fromage, 
Triste  oiseau  le  hibou,  ronge-maille  le  rat.  Dame 
belette  au  long  corsage,  Toutes  gens  d'esprit  scé- 
lérat. Hantaient  le  tronc  pourri  d'un  pin  vieux  et 
sauvage,  ID.  ib.  viii,  22.  Comme  une  autre  Diane 
elle  hante  les  bois,  mol.  Princ.  d'Él.  i,  l.  Je  ne 
remarque  point  qu'il  hante  les  églises,  m.  Tart.  li, 
2.  Elle  lit  Rodriguez,  fait  l'oraison  mentale,  Va  pour 
les  malheureux  quêter  dans  les  maisons.  Hante  les 
hôpitaux,  visite  les  prisons,  boil.  Sat.  x.  La  mau- 
vaise compagnie  qu'elle  hantait,  hamilt.  Gramm. 
10.  Il  n'est  pas  connaissable  depuis  qu'il  me  hante, 
REGNAHD,  Retour  impr.  6.  Peu  hanter  nos  seigneurs 
les  sots,  VOLT.  Épit.  60.  Il  Kig.  Dieu  ne  fit  la  sa- 
gesse Pour  les  cerveaux  qui  hantent  les  neuf  sœurs, 
LA  FONT.  Cloch.  Nos  âmes  réunies  Hantent  les 
mêmes  bords,  vivent  des  mêmes  vies,  lamart.  Joc. 
VI,  220.  Il  i"  Y.  n.  Il  hante  en  mauvais  lieux  : 
gardez-vous  de  cela;  Non,  si  j'étais  de  vous,  je  le 
planterais  là,  Régnier,  Sat.  xiii Pourquoi,  sur- 
tout depuis  un  certain  temps,  Ne  saurait-il  souffrir 
qu'aucun  hante  céans?  mol.  Tart.  i,  i.  ||  3°  Se  han- 
ter, V.  réfl.  Se  voir,  se  visiter  réciproquement. 
Il  Proverbes.  Dis-moi  qui  tu  hantes  ,  je  te  dirai 
qui  tu  es,  c'est-à-dire  on  juge  aisément  des  mœurs 
d'une  personne  par  sa  société  habituelle.  ||  Cet 
homme  a  hanté  les  foires,  a  bien  hanté  les  foires, 
c'est-à-dire  c'est  un  vieux  routier,  c'est  un  homme 
qui  a  beaucoup  d'expérience. 

—  HIST.  xii*  s.  Hanter  les  ordeez  [servire immun- 
ditiis],  Unis,  p.  422.  E  tis  pères  ad  mult  guerre  han- 
tée, e  ne  demuriad  pasod  [avec]  ses  cumpaignuns, 
ib.  (82.  Les  seraines  [sirènes]  en  lamerhantent,  Bru(, 
i,  p.  37.  Il  xiir  s.  Car  qui  oiseus  hante  autrui  table, 
Lobierres  [flatteur]  est,  et  sert  de  fables,  la  Rose, 
11525.  Il  est  bon  c'en  se  gart  de  trere  [tirer  de 
l'arc]  es  lix  [lieux]  qui  sunt  hanté  de  gent,  beaum. 
i.xix,  3.  ...ele  [la  forêt]  estoit  hisdouse  [hideuse];  La- 
disme  part  n'en  ert  [était]  antée,  Partonop.  y.  BI6. 
Michelez  [un  malade],  einsi  délivre  el  premier 
jour,  demora  à  Saint  Denis  et  hanta  ledit  tombel 
[de  saint  Louis]  par  neuf  jours.  Miracles  St  Loys, 
p.  (72.  I|  xiv"  s.  Il  [le  cerveau]  est  officiai,  car  il 
hante  l'office  du  sens  et  du  movement,  h.  de  mon- 
DïviLLB,  f"  )&,  verso.    Pour  ee   qu'il    [le  cerveau) 


HAP 

<  peusl  souflsanment  toutes  les  actions  faire  et  hanter, 
m.  ib.  Que  les  hommes  se  hantassent  et  appreissent 
à  traire  en  arcs  et  en  arbalestes,  Chr.  fr.  mss.  p.  2, 
dans  LACURNE.  Adonc  li  dist  Bertran  :  qui  vous  fait 
ci  hanter?  C'est  pour  moi  espier  et  aux  Engloiz  li- 
vrer? Guescl.  1370.  Car  qui  hante  les  bons  à  bonor 
vient  tous  dis.  Et  qui  les  cbetis  suit,  tout  adez  est 
chetis,  ib.  805.  jj  xv*  s.  Je  vous  prie  que  vous  me 
menez  parmi  vostre  pays  et  parmi  chemins  non 
hantés,  en  Angleterre,  froiss.  il,  ii,  236.  Bon  vin, 
qui  nous  fais  rire  et  hanter  nos  amis.  Je  te  tien- 
drai toujour  ce  que  je  t'ai  promis,  basselin,  m. 
Au  saillir  de  mon  enfance  et  en  l'aage  de  pouvoir 
monter  à  cheval,  je  hantay  à  Liste  vers  le  duc 
Charles  de  Bourgongne,  comm.  i,  i  .  Bruges  où  han- 
tent toutes  nations....  m.  ib.  Hz  allèrent  au  lieu  où 
hantoit  cet  ours,  id.  iv,  3.  ||  xvi*  s.  Hanter  mauvaise 
compagnie,  mont,  i,  274.  Il  l'excommunie,  com- 
mandant à  chacun  de  ne  parler  ni  hanter  avec  lui, 
SLEIDAN,  p.  27.  Il  ne  hantoit  en  leur  part  aucune 
navire  pour  y  traffiquer,  amyot,  Lyc.  4.  Hz  han- 
toient  familièrement  ensemble  comme  cousins  ger- 
mains, ID.  Publ.  B.  Ceste  façon  de  rechercher  leurs 
meurs,  et  escrire  leurs  vies,  me  semble  proprement 
un  hanter  familièrement  et  fréquenter  avec  eulx, 
ID.  P.  Mm.  4.  Hantez  les  boiteux,  vous  clocherez, 
hantez  les  chiens,  vous  aurez  des  puces,  boel  du- 
FAiL,  Cont.  lîEulrap.  ch.  xix. 

—  ÉTY.M.  Angl.  to  haunt  ;  allem.  hantieren;  dan. 
hantere.  Origine  très-controversée.  Diez  regarde 
hantieren  comme  venu  du  français,  et  pense  que 
hanter  est  un  mot  introduit  par  les  Normands  dans 
le  français  (ce  qui  est  tout  à  fait  hypothétique),  et 
qu'il  vient  de  l'ancien  Scandinave  heimta  (de  heim, 
chez  soi),  désirer  un  objet  perdu  ou  absent.  Scheller 
y  verrait  le  verbe  fictif  hamitare,  dérivé  du  bas- 
latin  hamus,  hameau,  dérivé  aussi  du  germanique 
heim,  demeure.  Hanter  a,  en  outre,  dans  l'ancienne 
langue,  un  sens  de  exercer,  jiratiquer,  qui  fait  son- 
ger Chevallet  à  l'allemand  Haut  ou  Hand,  main 
(Le  mire  de  legier  hautement,  le  chirurgien  qui 
a  de  l'habileté  de  main,  h.  de  mondeville,  ^  33). 
Comme  le  sens  de  hanter  est  celui  du  latin  versari 
au  propre  et  au  figuré,  le  kimry  et  le  bas-breton  hent, 
chemin,  qui  convient  pour  la  forme,  pourrait  aussi 
par  détournement  avoir  fourni  le  sens  de  rersari. 
Mais,  après  avoir  passé  tout  cela  en  revue,  ce  qui 
reste  de  plus  probable,  c'est  l'étymoiogie  ancienne- 
ment proposée  du  latin  habilare,  habiter;  le  sens 
est  bon,  la  forme  aussi  :  car  habitare,  devenant  haib- 
tare,  a  pris  facilement  une  nasale,  el,  dérivant  de 
habere,  a  eu  dans  la  latinité  et  a  pu  avoir  dans  le 
français  le  sens  de  avoir  souvent. 

f  UANTECll  (han-teui),  s.  m.  Celui  qui  hantQ. 
Le  voilà  [un  centenaire,  le  libraire  Bossange]  qui 
causait  avec  l'élégance  et  la  grâce  d'un  hanteur  de 
Versailles  ou  de  Trianon,  1.  janin,  J.  des  Dibatt, 
6  nov.  4  865. 

HANTISE  (ban-ti-z'),  s.  f.  Action  de  hanter; 
commerce  familier.  Ésaste,  amoureux  de  Mélite,  la 
fait  connaître  à  son  ami  Tircis,  et,  devenu  puis 
après  jaloux  de  leur  hantise....  cobn.  Mélite,  Àrgti- 
ment.  Il  ne  sera  point  dit  qu'une  longue  hantise 
Chez  moi  vous  fera  prendre  aucun  droit  de  maîtrise, 
HAUTEROCHE,  Bourg.  de  quai,  v,  2.  Isabelle  pourrait 
perdre  dans  ces  hantises  Les  semences  d'honneur 
qu'avec  nous  elle  a  prises,  mol.  te.  des  mar.  1,  4. 

—  HIST.  XV*  s.  La  hantise  fait  l'amour,  pioiss.  u, 
m,  40.  En  ce  temps,  messire  Jacques  de  Harcourt, 
qui  se  tenait  au  Crotny  et  faisoit  guerre  aux  Angloil, 
s'abstint  fort  d'avoir  hantise  de  communication  avec 
le  duc  de  Bourgogne,  monstr.  1,  254.  Il  se  pourra 
assez  apercevoir,  s'il  n'est  pas  trop  beste,  que  sa 
hantise  continuelle  ne  lui  plait  pas,  louis  xi,  Ifouv. 
LU.  Il  xvi*  s.  Expérience  et  hantise  du  monde,  char- 
ron. Sagesse,  p.  t70,  dans  lacurne.  Sa  hantise  [du 
souverain]  soit  rare  ;  car  beaucoup  se  monstrer  et 
se  communiquer  ravalle  la  majesté ,  id.  ib.  p.  409. 

—  ÉTYM.  Hanter.  L'ancienne  langue  disait  hartt 
(hant  de  femme.  Rois,  p.  83),  et  hantin  (bantins 
de  gelines  et  de  poussins,  Ren.  43021). 

t  HAPHÊ.MÉTRIQCE  (a-fé-mé-tri-k'),  adj.  Terms 
de  physiologie  et  de  médecine.  Qui  sert  à  mesurer  la 
sensibilité  tactile,  soit  normale,  soit  altérée.  Compas 
haphémétrique,  instrument  destiné  à  cet  usage. 

—  ÉTYM.  'AçT],  tact,  et  [iéTpov,  mesure. 

t  HAPLOPÉTALE  (a-plo-pé-ta-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  la  corolle  est  simple  ou  formée 
d'un  seul  pétale. 

—  ÉTYM.  "AnXoo;,  simple,  et  pétale. 

t  HAPPANT,  ANTE  (ha-pan,  pan-t'),  adj.  Qai 
happe  ou  s'attache  à  la  langue,  comme  par  exeni- 
ple  l'alumine. 


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s,  a 
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HAP 

HAPPE  (ha-p'),  s.  f.  Il  1°  Demi-cercle  de  fer  qu'on 
'  met  au  bout  des  essieux  de  carrosses  pour  empê- 
cher que  la  roue  ne  les  use  à  force  de  tourner. 
Il  1°  Crampon  qui  sert  à  lier  les  pièces  de  bois,  les 
pierres,  etc. Il  3°  Anse  mise  à  chaque  côté  d'une 
chaudicre.il  4"  Outil  du  luthier  pour  tenir  les  pièces 
qu'il  travaille  ou  assemble.  ||  Tenaille  dont  le  fon- 
deur se  sert  pour  retirer  le  creuset  du  feu.  ||  Che- 
ville placée  au  timon  de  la  charrue  pour  arrêter 
la  chaîne  qui  joint  celle-ci  aux  roues. 

—  HlST.  xiu'  s.  Li  cinq  cens  dé  hapes  do'Vent 
obole  de  rivage,  Liv.  des  met.  304.  ||  xvi*  s.  Les  pe- 
tits fagots  taillés  à  la  happe  [sorte  de  serpe],  iVouu. 
eoust.  gén.  t.  ii,  p.  i49. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-allem.  happa,  fauciUe.  Happe, 
au  sens  de  serpe,  vient  de  happa.  Quant  à  happe, 

'au  sens  de  crampon,  de  demi-cercle,  ii  vient  pro- 
bablement du  même  mot,  à  cause  de  la  forme  en 
croissant;  mais  il  peut  venir  aussi  de  happer. 

BAPPÉ,  ÉK  (ha-pé,  pée) ,  part,  passé  de  happer. 
Un  morceau  happé  par  le  chien.  Le  voleur  happé 
par  les  gendarmes. 

t  HAPPE-CHAIR  (ha-pe-chêr),  s.  m.  Personne 
d'une  excessive  avidité.  Cet  huissier  est  un  happe- 
chair.  Il  Au  plur.  Des  happe-chair. 

—  lïTYM.  Happer,  chair. 

f  HAPPE-FOIE  (ha-pe-foî),  s.  m.  Oiseau  de  mer 
très-avide  des  foies  de  morue.  \\Att  plur.  Des  happe- 
foie  ou  foies. 

—  ÉTYM.  Happer,  foie. 

t  HAPPE-LOPIN  (ha-pe-lo-pin),  s.  m.  Gourmand, 
fripon  qui  guette  les  morceaux  pour  les  avaler. 
Il  Terme  de  chasse.  Chien  âpre  à  la  curée.  ||  Au  plur. 
Des  happe-lopin  ou  lopins. 

—  HIST.  XV"  s.  A  nos  amez  happelopin,  Sert  de 
brouet  et  Galopin  ,  eust.  desch.  Poésies  mss. 
[•416. 

—  Rtym.  Happer,  lopin. 
HAPPELOURDE  (ha-pe-lour-d'),  s.  f.  \\  1°  Pierre 

faus.se  qui  a  l'éclat  d'une  pierre  précieuse.  Vous 
voulez  faire  passer  entre  vos  mains  les  happelourdes 
pour  diamants,  iialzac  ,  hv.  vu,  iett.  IB.  Tout  est 
fin  diamant  aux  mains  d';;a  habile  homme  ;  Tout 
devient  happelourde  entre  les  mains  d'un  sot,  la 
PONT,  dans  le  Dict.  de  bescherelle.  ||  2°  Fig.  et 
familièrement.  Personne  d'un  extérieur  agréable, 
mais  dépourvue  d'esprit.  Votre  valet  cent  fois  m'a 
donné  de  ces  bourdes  ;  C'est  nous  prendre  en  un 
mot  pour  franches  happelourdes,  hauterocbe,  le 
Souper,  se.  (9.  Le  duc  du  Maine  usa  pour  elle 
[Mme  la  Princesse]  du  mot  de  happelourde,  du 
-terme  d'imbécile,  st-simon,  378,  UH.  ||  3°  Cheval 
^e  belle  apparence,  mais  sans  vigueur. 

—  HIST.  xvi"  s.  Voulez-vous  en  lapidaire  rusé 
vous  servir  d'une  astuce  pour  faire  plus  priser  vos 
pierres  précieuses,  faites  voir  auparavant  des  hap- 
pelourdes ,  et  je  m'asseure  que  cette  veue  fera  va- 
loir vostre  dessein.  Pèlerin  d'amour,  avis  au  lec- 
teur. 11  est  à  craindre  que  cette  affection  [pour  une 
personne]  ne  vous  fasse  prendre  quelque  happe- 
lourde au  lieu  d'un  bon  capitaine,  montluc,  Mém. 
t.  n,  p.  IBO,  dans  lacuhne.  Par  autant  que  les 
monts  Rhiphées  avoient  eu  celle  année  grande  sté- 
rilité de  happelourdes,  moyennant  une  sédition  de 
ballivernes  meue  entre  les  Barragouins  et  les  Ac- 
coursiers,  bab.  Pant.  n,  II.  Parquoy,  pour  descou- 
vrir et  sçavoir  quelle  est  la  vraye  preud'hommie,  il 
ne  se  faut  arresler  aux  actions,  ce  n'est  que  le 
marc  et  le  plus  grossier,  et  souvent  une  happelourde 
et  un  masque,  charbon,  Sagesse,  n,  3. 

—  .ÉTYM.  Happer,  lourd,  nigaud  :  trompe-ni- 
gaud. 

t  UAPPEMENT  (ha-pe-man),  s.  m.  ||  1°  Action 
de  happer.  ||  2°  Adhérence  que  certaines  substances 
contractent  avec  la  langue  quand  on  les  pose  sur 
cet  organe.  Le  happementde  l'alumine. 

HAPPER  (ha-pé),  V.  a.  111°  Attraper,  saisir,  sur- 
prendre à  l'improviste.  Maint  estafier  accourt  :  on 
vous  happe  notre  homme.  On  vous  l'échiné,  on  vous 
l'assomme,  la  font.  Fabl.  xii,  22.  Si  je  n'avais  fait 
le  brave,  ils  n'auraient  pas  manqué  de  me  happer, 
MOL.  Mal.  imag.  I"  inlerm.  6.  Il  laisse  ma  tante,  il 
me  happe,  Il  m'enlève  comme  un  moineau,  Et  va 
me  vendre  à  son  satrape,  volt.  Trots  manières. 
Il  Absolument.  Respectons  les  gens  du  roi  ou  les 
gens  de  l'empereur  qui  happent  au  nom  du  roi, 
p.  L.  COUR.  UUre  m.  ||  Fig.  N'avons-nous  pas  assez 
des  autres  accidents  Oui  nous  viennent  happer  en 
dépit  de  nos  dents?  mol.  Sgan.  xvn.  ||  2"  Particu- 
lièrement. Prendre  avidement,  en  parlant  du  chien 
et  d'autres  animaux  qui  saisissent  quelque  chose. 
X  ces  mots,  le  premiei  il  fie  chien]  vous  happe  un 
morreau,  la   pont.   Vabl.  viu,  7.  Mon  galant   [le 


HAQ 

loup]  ne  songeait  qu'à  bien  prendre  son  temps, 
Atn  de  happer  son  malade,  m.  ib.  v,  8.  ||  3°  V.  n. 
Happer  à  la  langue,  s'y  attacher,  se  dit  des  sub- 
stances qui  s'y  collent  quand  on  les  essaye.  Elle  se 
présente  comme  une  terre  bolaire  qui  happe  à  la 
langue  et  qui  est  grasse  au  toucher,  buff.  Min. 
t.  m,  p.  141.  Il  Se  dit  aussi  ■  de  l'adhérence  des 
feuilles  d'or  sur  diverses  surfaces. 

—  SYN.  HAPPER,  attraper.  Happer,  c'est  saisir 
à  l'improviste  ;  attraper,  c'est  prendre  comme  dans 
un  piège.  Un  sergent  de  ville  happa  le  voleur  qui 
fuyait;  la  police  a  attrapé  un  malfaiteur  qui  s'était 
évadé  du  bagne. 

—  HIST.  xiii"  s.  Il  estoit  plaidoour  moult  grant. 
Sage  et  gaillart  :  On  l'apeloit  Martin  Hapart  ;  Il  ha- 
poit  de  chïLscune  part,  M.  Hapart,  dans  jubinal,  ii, 
202.  Et  cil  de  Moiemer  hapoient  qu'onques  il  lor 
venoit  deviers  Rains,  Chr.  de  Rains,  H  88.  Quant 
Renart  choisi  [vit]  chantecler,  Il  le  vodra,  s'il  puet, 
haper,  Ben.  1544.  Or  est  Renart  en  maie  trape.  Que 
li  chien  durement  le  hape,  ib.  2070.  Ele  [la  vieille 
caille]  a  bien  autres  rois  [fdets]  veus  Dont  el  s'ert 
espoir  eschapée.  Quant  ele  i  dust  estre  hapée  Par 
entre  les  herbes  petites,  !a  flose,  2(778.  ||  xiv  s. 
Car  quant  telx  gens  se  doublent  d'estre  sovant  mué. 
Happent,  praignent  et  toillent  [ravissent],  c'est 
pillié,  c'est  tué,  Girart  de  Uoss.  v.  29H.  Comment 
porroit  Bernesque  [une  ville]  estre  prise  et  happée 
Par  la  force  d'assaut,  et  sur  une  journée  ?  Guescl. 
8383.  Il  XV*  s.  Philippe,  dit  Piètre  du  Bois,  qui 
happa  la  parole,  proiss.  n,  n,  t02.  Chascun  qui  puet 
[peut]  prent ,  hape  et  pique.  Pour  avoir  grant  estât 
et  mise,  e.  desch.  Poésies  mss.  {°  337.  D'autres  se 
mirent  aux  embusches  pour  happer  quelque  prison- 
nier ou  autre  butin,  comm.  v,  8. 

—  ÉTYM.  Happer  est  ou  le  hollandais  happen, 
mordre,  dont  le  sens  convient  très-bien,  ou,  sim- 
plement, une  onomatopée  tirée  du  bruit  de  la 
bouche  qui  saisit,  qui  happe. 

I  HAPTOGÈNE  (a-pto-jè-n') ,  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Membrane  haptogène,  pellicule  qui  se  produit 
autov"-  d'un  globule  d'albumine  qui  vient  d'être  mis 
en  contact  avec  une  graisse  liquide. 

—  ÉTYM.  "AnTEiv,  s'attacher,  et  le  suffixe  gène. 

f  HAQCE  (À  LA)  (ha-k').  Terme  de  pêche.  Ha- 
rengs à  la  haque,  harengs  préparé»  et  salé»  pour 
servir  d'amorce. 

HAQUENÉE  (ha-ke-née),  s.  f.  \\  1"  Cheval  ou 
jument  docile,  et  marchant  ordinairement  à  l'am- 
ble. Le  roi  Jean,  vaincu  et  prisonnier,  entra  à  Lon- 
dres comme  vainqueur  sur  un  beau  cheval,  avec  le 
prince  de  Galles  à  son  côté  sur  une  petite  haquenée, 
CHOISI,  Hist.  du  roi  Jean,  i,  9.  Il  était  établi  par 
le  cérémonial  romain  que  l'empereur  devait  se 
prosterner  devant  le  pape,  lui  baiser  les  pieds,  lui 
tenir  l'étrier,  et  conduire  la  haquenée  blanche  du 
saint-père  parla  bride  l'espace  de  neuf  pas  romains, 
volt.  Mœurs,  48.  ||  Ce  cheval  va  la  haquenée,  il  va 
l'amble.  ||  Beau  cheval  blanc  que  les  rois  de  Naples 
faisaient  présenter  tous  les  ans  au  pape,  comme  feu- 
dataires  du  saint-siége.  ||  2°  La  haquenée  des  corde- 
liers,  un  bâton.  11  est  venu  sur  la  haquenée  des  cor- 
deliers,  il  est  venu  à  pied,  un  bâton  à  la  main. 
Il  3°  Fig.  et  familièrement.  C'est  une  grande  haque- 
née, c'est  une  grande  femme  mal  faite  et  dégingan- 
dée. 

—  HIST.  XV'  s.  Grans  chevaulx,  roncins,  bague- 
nées,  E.  DESCH.  Miroir  de  mariage,  p.  24.  Sont  les 
chevaliers  et  escuyers  bien  montés  sur  bon  gros  rou- 
cins,  et  les  autres  communes  gens  du  pays  sur  pe- 
tites haquenées,  froiss.  i,  1,  34.  ||  xvi"  s.  Ils  sont  si 
pesans,  qu'on  aurait  plus  tost  apprins  à  un  bœuf  à 
aller  à  la  haquenée,  qu'à  eux  à  danser,  desper. 
Contes,  XL.  Â  cette  descente  ChastiUon  y  court,  tue 
son  haquenée  devant  ses  compagnons....  d'aub. 
Hist.  II,  312.  Les  grandes  haquenées  ne  font  pas  les 
grandes  journées,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  i,p.  177. 

—  ÉTYM.  Espagn.  hacanea;  portug.  facanea; 
ital.  acchinca,  chinea;  de  l'angl.  hackney;  hoU. 
hakkenei,  lesquels  viennent  du  germanique  hack 
ou  hacke,  cheval,  et  de  l'anglais  nag ,  holl.  ncgge, 
bidet.  Legoàrant  fait  remarquer  que  l'amble  porte 
en  bas-breton  le  nom  de  hincané. 

HAQUET  {ha-kè;  le  t  ne  se  lie  pas  dans  le  parler 
ordinaire;  au  pluriel,  l's  se  lie  :  des  ha-kè-z  arrêtés; 
baquets  rime  avec  traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m. 
Charrette  longue,  étroite  et  sans  ridelles,  qui  sert  à 
voiturer  du  vin,  des  ballots,  etc.  Ni  enlever  et  char- 
ger sur  leurs  charrettes  et  baquets,  sans,  au  préala- 
ble, avoir  vu  l'acquit  des  droits  de  la  dite  ferme. 
Arrêt  de  la  cour  des  aides,  lOoct.  1613. 

—  ÉTYM.  Ilaquet  a  signifié  petit  cheval  (Sus,  sus, 
allez  vous  en,  Jaquet,  Et  pensez  le  petit  baquet.  Et 


HAR 


1-970 


lui  faites  bien  la  litière,  coquillart.  Monologue  du 
puits),  nom  qui  a  passé  à  une  sorte  de  charrett* 
basse;  picard,  haguette,  petite  jument  servant  de 
monture.  Haquct  est  le  diminutif  de  haque,  qui  a 
signifié  cheval,  du  germanique  hack  ou  hacke  (voy. 
haquenée). 

HAQUETIER  (ha-ke-tié  ;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  .se  lie  :  des  ha-kc-tic-z  actifs),  s.  m.  Con- 
ducteur de  baquet.  Et  à  tous  charretiers,  baquetiere 
et  tonneliers,  [défense]  de  décharger  ni  faire  mettre 
aucuns  vins  des  dits  bateaux  à  terre  à  heure  indue. 
Arrêt  de  la  cour  des  aides,  10  oct.  (613. 

HARANGUE  (ha-ran-gh'),  s.  f.  ||  1°  Discours  fait 
à  une  assemblée,  à  un  prince  ou  à  quelque  autre 
personne  élevée  en  dignité.  Le  député  vint  donc  et 
fit  cette  harangue  :  Romains,  et  vous,  sénat,  assis 
pour  m'écouter,  la  font.  Fabl.  xi,  7.  Le  coadjuteur 
a  fait  la  plus  belle  harangue  qu'il  est  possible,  sÉv. 
207.  Il  est  des  personnes  qui  blâment  en  général 
dans  l'histoire  les  harangues,"Surtout  celles  qui  sont 
directes,  j'ai  répondu  ailleurs  à  cette  objection,  roll. 
Hist.  anc.  t.  xii,  liv.  26,  ch.  2,  art.  t,  §2'.  Pour 
préférer  les  harangues  de  Démosthène  à  celles  de 
Cicéron,  il  me  semble  qu'il  faudrait  presque  avoir 
autant  de  solidité,  de  force  et  d'élévation  d'esprit, 
qu'il  en  fallut  à  Démosthène  pour  les  composer,  id. 
Trait,  des  Et.  iv,  i,  p.  394.  Notre  temps  nous  est 
cher,  courte  harangue  aux  grands,  hancourt,  San- 
cho  Ponça,  11,  3.  Si  vous  voulez  juger  du  caractère 
de  l'esprit  de  Grotius,  lisez  sa  harangue  à  la  reine 
Anne  d'Autriche  sur  sa  grossesse;  il  la  compare  à 
la  juive  Anne  qui  eut  des  enfants  étant  vieille,  volt. 
Lett.  Linguet,  15  mars  1767.  Les  harangues  sont  une 
autre  espèce  de  mensonge  oratoire  que  les  histo- 
riens se  sont  permis  autrefois  ;  on  faisait  dire  à  ses 
héros  ce  qu'ils  auraient  pu  dire,  id.  liussie.  Pré- 
face, §  7.  Il  2°  Par  extension,  un  discours  quelcon- 
que, il  ne  me  reste  que  la  langue  Pour  vous  faire 
cette  harangue,  Régnier,  Épît.  m.  Je  ne  vous  ferai 
point  de  harangue  importune,  cobn.  i).  Sonc/i.  i,3. 
Eh  I  mon  ami,  tire-moi  du  danger;  Tu  feras  après 

ta  harangue,  la  font.  Fabl.  i,  -l» Notre  époux 

Fit  cette  harangue  à  la  belle,  in.  Pet.  chien.  i|  3"  Fa- 
milièrement. Discours  ennuyeux,  longue  remon- 
trance. Quand  aura-t-il  fini  sa  harangue?  ||  Voy.  à 
DISCOURS,  où  la  synonymie  est  expo.sée. 

HIST.  XV"  s.  Et  par  si  bel  ordre,  si  notable 

arenge,  l'ot  dit  que  tous  en  furent  esmervellliez, 
CHRIST.  DE  PisAN,  Charles  Y,  m,  43.  ||«vi''  s.  Une. 
piteuse  et  lamentable  harangue,  marot,  i,  3 10. 
Ainsi  pour  vray,  que  mon  cueur  et  ma  langue  Di- 
soient d'accord  si  piteuse  harenguo,  in.  m,  278.  Le 
tiers  estât  donna  charge  à  Versoris  [leur  orateur] 
d'ajouster  quatre  points  à  son  harangue,  d'aub. 
Hist.  m,  248.  Son  ministre  l'advertit  de  faire  un 
mot  de  harangue:  à  gens  de  bien  courte  harangue, 
dist  le  bon  homme....  m.  ib.  i,  309. 

—  ÉTYM.  Provenç.  arengua;  espagn.  et  portug. 
arenga;  ital.  aringa,  harangue,  ori»90,lieu  où  l'on 
harangue  ;  de  l'anc.  h.  allem.  hring,  cercle,  assem- 
blée; allem.  mod.  Ring,  cercle,  anneau.  Les  ély- 
mologistps  rattachent  hring  au  latin  circus,  au  grec 
■^■/ilot;,  cercle,  en  sanscrit  çakra,  roue. 

HARANGUÉ,  ÉE  (ha-ran-ghé,  ghée),  part,  passé 
de  haranguer.  Le  prince  harangué  par  le  maire  do 
la  ville. 

HARANGUER  (ha-ran-ghé),  v.  o.  ||  1°  Adresse 
une  harangue.  J'ai  harangué  César  pour  obtenir  U 
grâce  de  Marcellus  et  de  Ligarius,  fén.  Dial.  det 
morts  anc.  {Caton,  Cicéron).  Il  [Mazarin]  exigea  et 
il  obtint  que  le  pariement  vînt  le  haranguer  par  dé- 
putés ;  c'était  une  chose  sans  exemple  dans  la  mo- 
narchie, VOLT,  iouis  XIV,  6.  [Cicéron]  Fait  pour 
haranguer  Rome  et  non  pour  la  venger,  in.  *.  de 
César,  n,  4.  Puis  il  revint  à  sa  vieille  garde,  et, 
s'arrêtant  devant  chaque  bataillon  :  Grenadiers,  leur 
dit-il....  il  fit  haranguer  de  même  ses  autres  trou- 
pes, SÉGUR,  Hist.  de  Nap.  x,  6,  Il  [Murât]  ne  put  se 
mettre  de  côté  ni  s'arrêter  ;  il  fallut  qu'il  chargeât 
devant  ce  régiment,  comme  il  s'y  était  mis  pour  le 
haranguer,  et  en  soldat,  ce  qu'il  fit  de  bonne  grâce, 
ID.  ib.  IV,  7.  Il  Absolument.  Aussi,  durant  le  temps 
qu'a  harangué  Pison,  Ils  ont  de  rang  en  rang  fait 
courir  votre  nom,  uorn.  0(/ion,  iv,  2.  ||  2°  Familiè- 
rement et  absolument.  Parler  beaucoup  et  avec  em- 
phase. Il  harangue  toujours.  ||  3'  Familièrement. 
Réprimander.  Et,  sur  le  ton  grondeur  lorsqu'elle  [la 
femme  revêche]  les  harangue  [ses  valets],  II  faut 
voir  de  quels  mots  elle  enrichit  la  langue,  boil. 
Sat.  X.  Il  4"  Se  haranguer,  v.  réfl.  S'adresser  l'un  à 
l'autre  une  harangue.  Le  président  et  le  récipien- 
daire se  haranguent  à  tour  de  rôle. 

HIST.  xvr  Versoris  pour  le  tiers  estât  demeura 


1980 


HAR 


de  genoux  une  heure  et  demie,  autant  qu'il  liaian- 
gua,  d'aub.  Hist.  ii,  247.  Il  n'harangua  que  de  pro- 
messes et  de  grands  dons  à  ceux  qui  so  signalle- 
roient,  m.  n,  393.  Cleomencs  oyant  un  rhetoricicn 
haranguer  (le  la  vaillance,  mont,  m,  Ul. 

—  ETYM.  Haranguer;  provenç.  espagn.  et  portug. 
arengar  ;  ital.  aringare. 

t  ilARANGUET  (ha-ran-ghc),  et.  m.  Voy.  haren- 

OUET. 

HAKANGUEUR  (ha-ran-glieur),  s.  m.  ||1'' Celui 
qui  harangue.  Si  je  m'étais  trouve  plus  près  De» 
harangueurs  et  des  harangues.  Vous  auriez  en  vers 
quelques  traits  De  ce  qu'ont  dit  ces  doctes  langues, 
LA  FONT.  Lelt.  <.  On  paye  partout  un  certain  nom- 
bre do  harangueurs  pour  célébrer  ces  journées 
meurtrières  [les  victoires],  volt.  Dict.  phil.  Guerre. 
Il  i'  Fig.  et  familièrement.  Celui  qui  parle  beau- 
coup, celui  qui  fait  dos  réprimandes  sur  toutes 
choses.  Et  qu'on  lui  met  en  télé  un  maudit  haran- 
gueur Oui  m'aurait  à  la  lin  fait  mourir  de  lan- 
gueur, scARR.  D.  Japhct  (ÏÀrtn.  m,  i.  Beau  père, 
je  suis  las  D'entendre  un  harangueur  à  qui  je  ne 
plais  pas,  th.  corn.  D.  Ces.  d'Avalos,  v,  4.  Des 
harangueurs  du  temps  l'ennuyeuse  éloquence,  boil. 
Sot.  vm.  Attendez,  madame,  que  j'interroge  un  peu 
ce  harangueur,  Marivaux,  Serm.  indiscr.  i,  3. 
Il  3°  S.  f.  Harangueuse,  femme  qui  harangue. 

—  IllST.  xvi"  s.  La  compagnie  eut  contentement  du 
harangueur  de  la  noblesse,  d'aub.  Ilist.  ii,  247. 

—  Rtym.  Haranguer;  bourguig.  hairangou. 

I.  UAKAS  (ha-râ;  l's  se  lie  ;  un  ha-râ-z  agrandi), 
s.  m.  Il  1°  Lieu  où  l'on  loge  des  étalons  et  des  juments 
pour  élever  des  poulains.  11  y  avait  plusieurs  haras 
en  Perse  et  en  Médie;  mais  dans  cette  dernière  pro- 
vince ceux  du  lieu  nommé  Misée  étaient  les  plus  re- 
nommés, et  c'était  de  là  qu'était  fournie  l'écurie  du 
roi,  ROLLIN,  Hist.  anc.  (Eut),  t.  ii,  p.  404,  dans 
POUGENS.  Les  chevaux  arabes  ont  peuplé  l'Egypte, 
1.1  Turquie  et  peut-être  la  Perse,  où  il  y  avait  au- 
trefois des  haras  très-considérables,  iiuff.  Quadrup. 
t.  I,  p.  <09.  ||2°  Particulièrement.  Etablissement 
dans  lequel  sont  entretenus  les  reproducteurs  de 
l'espèce  chevaline  pour  la  multiplication  et  l'amé- 
lioration. Il  ne  faut  pas  oublier  l'établissement  des 
haras  en  4607;  ils  étaient  absolument  abandonnés 
auparavant,  volt.  Louis  XIV,  29.  ||  Haras  sauvages, 
haras  qu'on  voit  en  Pologne  et  en  Russie,  et  qui 
sont  composés  communément  d'un  millier  de  che- 
vaux de  t»ut  âge,  de  tout  saxe,  poussés,  pendant 
toute  l'année,  de  pâturage  en  pâturage  par  leurs 
conducteurs.  ||  Haras  demi-sauvages,  haras  où  les 
animaux  sont  abandonnés  à  eux-mêmes  pendant 
une  partie  de  l'année,  mais  où  l'homme  intervient 
par  divers  soins.  ||  Haras  parqués,  haras  qui  seuls 
méritent  ce  nom  et  où  tout  est  disposé  pour  la  pro- 
duction et  l'amélioration.  Il  Haras  d'amélioration,  ou 
de  tête,  ou  de  pépinière,  ou  de  souche,  ceux  dans 
lesquels  on  ne  trouve  que  des  reproducteurs  d'élite 
et  susceptibles  d'améliorer  l'espèce.  ||  Haras  de  pro- 
duction, ceux  où  l'on  a  surtout  pour  but  la  multi- 
plication, la  reproduction.  ||  Haras  de  mulet,  lieu  où 
on  fait  des  croisements  d'anes  et  de  juments.  ||  3°  Les 
él.nlons  et  les  cavales,  renfermésdans  le  haras.  Tout 
le  haras  prit  peur.  ||4"  Au  plur.  L'administration 
dos  haras.  Il  est  employé  aux  haras. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  li  comte,  et  11  duc,  et  li  ba- 
ron, et  li  abbé,  et  tout  li  autre  grant  homme  qui 
ont  pasture  suffisant,  tiegnent  haraz  de  jumenz  de 
six  ou  de  quatre  au  mains  [moins],  Bilil.  des  ch. 
3°  série,  t.  V,  p.  (80.  ||xiv*  s.  Il  .s'en  print  à  aler  et 
à  mener  autre  part  son  farat  [troupeau,  haras?], 
BERCHEURE,  ^  9.  ||  XVI'  8.  Les  méridionaux  meurent 
de  jalousie,  à  cause  de  quoy  ils  ont  les  eunuques 
gardiens  de  leurs  femmes,  que  les  grands  seigneurs 
ont  en  grand  nombre  comme  des  haras,  charroNj 
Sagesse,  i,  44.  il  a  toujours  bien  faict  en  sa  charge; 
aussi  estoit  il  de  très  bon  haras  [race],  brant. 
J.  À.  Varia.  Deux  beaux  jeunes  poulains  du  haras 
de  l'abbaye,  des  accords,  Iligarr.  des  entends-trois. 
J'ai  chassé  au  haras  un  vieux  cheval  du  quel,  à  la 
senteur  des  juments,  on  ne  pouvoit  venir  à  bout, 
MONT.  III,  3. 

—  ÊTYM.  Bas-lat.  haracium.  il  y  a  dans  le  latin 
hara,  toit  à  porcs,  et  dans  le  bas-latin  hara  cunicu- 
laria,  garenne  à  lapins;  la  signilication  ne  convient 
guère  Diez  rejette  l'anc.  h.  allem.  hari,  troupe,  parce 
que  la  signification  en  est  trop  générale,  et  qu'il  aurait 
donné  harias  et  non  haras;  mais  il  signale  r  imme 
bien  plus  approprié  l'arabe  faras,  cheval,  dit  collec- 
tivement (comme,  dans  le  provençal  moderne,  ego, 
qui  signifie  proprement  cavale, 'se  dit  collective- 
ment pour  haras).  Toutefois  il  s'objecte  à  lui-même 
que,  pour  justifier  celle  étymologie,  il  faudrait  ou. 


IIAR 

dans  le  français,  faras,  ou,  dans  le  bas-latin,  fara- 
cium.  Voilà  maintenant /'ara*  trouvé  dans  Bercbeure 
(voy.  l'historique)  ;  la  conjecture  de  Diez  devient 
donc  tcwt  à  fait  vraisemblable;  d'autant  plus  que 
l'arabe  faras  a  pénétré  dans  l'Oociilcntde  dillérents 
côtés:  espagn.  alfarat,  cheval  de  la  cavalerie  maure; 
bas-grec,  çipa?,  cheval  de  race;  bas-latin,  farius, 
même  sens,  et  très-probablement  l'anc.  français 
auferant,  coursier. 

2.  IIARAS  (a-ra),  s.  m.  Voy.  ara,  qui  est  beau- 
coup plus  usité. 

t  HARASSE  (ha-ra-s'),  s.  f.  Sorte  de  cage  carrée 
pour  emballer  le  verre. 

—  ÉTYM.  Il  y  avait  dans  l'anc.  franc.  Itarasse  au 
sens  de  grand  bouclier,  Ass.  de  Jérus.  i,  466.  Du 
Cange  suppose  que  harasse  en  ce  sens  vient  de 
harasser,  parce  que  ce  grand  bouclier  harassait; 
on  peut  croire  que  la  liarasse  des  verriers  a  été  dé- 
nommée d'après  quelque  idée  de  ce  genre. 

UARASSË,  ÉE  (ha-ra-sé,  sée) ,  part,  passé 
de  harasser.  Épuisé  de  fatigue.  Mais  je  l'aperçois; 
qu'il  a  l'air  harassé I  regnard.  Joueur,  i,  3.  11  [l'em- 
pereur] ne  dissimula  pas  à  ce  maréchal  qu'il  arri- 
vait à  Smolensk  avec  une  armée  harassée  et  une 
cavalerie  toute  démontée,  ségub,  Hist.  deNap.  x,  2. 

t  HARASSEMENT  (  ha-ra-se-man  ) ,  s.  m.  Etat 
(l'une  personne  harassée. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  loyaux,  soit  pour  leur  haras- 
scment,  soit  pour  estre  prests  de  monter  à  cheval, 
cstans  sans  garde....  d'auh.  m,st.  m,  408. 

HARASSER  (ha-ra-sé) ,  ti.  a.  Fatiguer  à  l'excès. 
Une  longue  route  l'avait  hau-assé.  ||  Se  harasser,  v. 
réfl.  S'épuiser  de  fatigue. 

—  HIST.  XVI*  s.  Le  crocheteur  et  le  savetier,  touls 
harassez  et  hallebrenez  qu'ils  sont  de  travail  et  de 
faim,  MONT.  III,  33B. 

—  ÉTYM.  Normand,  hérasser;  angl.  to  harass. 
Origine  ignorée.  Les  Anglais  font  venir  leur  mot 
du  français.  Nicot  dit  que  harasser  vient  de  haras, 
à  cause  que  l'étalon,  à  force  de  saillir  les  juments, 
se  harasse,  se  fatigue.  On  a  parlé  aussi  du  celtique  : 
gaélique   sàraich,  harasser, 

t  HARCELAGE  (harse-la-j'),  s.  m.  Action  de 
harceler.  Ce  harcelage  dura  longtemps  encore  et 
abrégea  la  vie  du  premier  écuyer  par  le  chagrin  et 
le  dépit,  ST-siM.  474,  69. 

HARCELÉ,  ÉE  (har-se-lé,  lée),  part,  passé  de 
harceler.  Dites  que,  harcelé  par  les  plus  vils  rimeurs. 
Jamais,  blessant  leurs  vers,  il  n'effleura  leurs 
mœurs,  eoil.  Épit.  x.  ||  Fig.  Il  ne  faut  point  se 
hâter  quand  on  veut  bien  faire  :  l'imagination, 
harcelée  et  gourmandée,  devient  rétive,  volt.  Lett. 
d'Argerital,  4  8  nov.  4  735. 

t  UARCËLEMEN'r  (har-cè-Ie-man),  s.  m.  Action 
de  harceler.  Ce  n'est  pas  nous  qui  contesterions.... 
à  M.  Périer  l'esprit  d'opposition  et  de  harcèlement 
le  plus  varié,  le  plus  ardent,  le  plus  fécond  qui  ait 
paru  sur  nos  bancs  de  gauche  depuis  4  8(6,  carhel, 
Œuv.  t.  II,  p.  315. 

—  HIST.  XVI"  s.  Harcèlement,  monet,  Dict. 
HARCELER    (  har-se-lé.  La  syllabe  ce  prend  un 

accent  grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je 
harcèle,  je  harcèlerai),  v.  a.  \\  1"  Tourmenter,  inquié- 
ter par  (Je  petites  mais  de  fréquentes  attaques.  Ln 
avorton  de  mouche  en  cent  lieux  le  harcèle  [le  lion], 
la  font.  Fabl.  Ii,  9.  Si  elle  avait  été  écoutée,  les 
parlements  n'auraient  pas  tant  harcelé  le  roi,  et 
tant  outragé  les  ministres,  volt.  Lett.  Damilaville, 
25  nov.  4  766.  Personne  ne  s'avisa  do  harceler  le 
bon  la  Fontaine,  et  de  lui  faire  un  procès  sur  ces 
expressions  [J'entends  les  esprits  corps  et  pétris  de 
matière] ,  id.  Dict.  phil.  Corps.  Ce  malheureux  Le- 
franc,  qu'il  [Voltaire]  harcelait,  son  médecin  lui 
ayant  ordonné,  disait-il,  pour  exercice,  de  courre  une 
heure  ou  deux  tous  les  matins  le  Pompignan,  mar- 
MONTEL,  Mém.  VII.  Il  Harceler  les  ennemis,  les  in- 
quiéter, les  fatiguer  par  de  fréquentes  attaques.  La 
première  journée  fut  rude,  parce  que,  n'ayant  ni 
cavalerie,  ni  frondeurs,  ils  furent  extrêmement  har- 
celés par  un  détachement  qu'on  avait  envoyé  con- 
tre eux,  ROLLIN,  Hist.  anc.  OEuv.  t.  iv,  p.  4»o,  dans 
poijOENS.  Il  Par  extension.  Il  ne  fallait  pas  non  plus 
nous  objecter  que  nous  harcelons  la  théologie  des 
Pères,  et  que  toutes  les  difficultés  que  nous  faisons 
no  sont  que  des  conséquences  qu'ils  n'ont  pas  vues, 
et  qu'ils  auraient  niées,  boss.  O"  oifrt.  22.  ||î"  Se 
harceler,  t>.  rép.  Se  tourmenter  l'un  l'autre.  Ils  se 
sont  harcelés  de  propos  piquants. 

—  REM.  L'Académie  écrit  je  harcèle  avec  l'ac- 
cent grave,  t^l  je  chancelle  en  doublant  \'l;  pourquoi 
cette  anomalie  entre  deux  verbes  semblables? 

—  HIST.  XVI"  s.  Ung  singe  en  une  famille  est 
tousjours  moc(piô  et  hercelé,  rab.  Garg.  i,  40....  Sa 


HAR 

ceinture  se  rompe,   et  tousjours  de^daigneux  Se» 
mary  la  harcelle  et  luy  soit  rechigncui,  bons.  82:i. 

—  ÉTY.M.  Anc.  franc.  Iiarce,  qui  est  un  diminu- 
tif de  hart  (voy.  ce  mot)  et  qui  signifiait  une  ba- 
guette; harceler,  proprement  frapper  d'une  baguette. 
Cependant  Diez  y  voit  un  dérivé  de  herser,  puii, 
figurément,  tourmenter  comme  la  herse  tourmente 
la  terre;  et  il  cite  à  l'appui  l'anglais  to  harrow,  qui 
signifie  herser  et,  figurément,  tourmenter.  L'histo- 
rique est  insuffisant  pour  trancher  la  question. 

t  HARCELER lE  (har-sè-le-rie  ),  s.  f.  Habitude 
de  harceler;  action  de  harceler.  J'aurais  pu  la  goû- 
ter [une  vie  agréable],  si  elle  n'avait  été  traversée 
par  la  fatigue  de  mes  veilles,  et  par  les  harcèleries 
de  mes  compagnes  jalouses,  staal,  Mèm.  t.  i,  |i.  2a6. 

4.  HARUE  (har-d'),  s.  f  ||  1"  Terme  de  chasse. 
Troupe  de  bêles  fauves.  Il  vit  trois  cerfs  errants 
dans  CCS  sauvages  lieux;  Une  barde  nombreuse  ap- 
paraît à  leur  suite.  Les  reconnaît  pour  chefs,  mar- 
che sous  leur  conduite,  seorais,  Enéide,  i.  Au  lieu 
de  se  mettre  en  bardes  comme  eux  [le  daim  et  le 
cerf]  et  de  marcher  par  grandes  troupes,  il  [le  che- 
vreuil] demeure  en  famille,  buff.  Quadrup,  t.  il, 
p.  78.  Il  2°  Terme  de  fauconnerie.  Troupe  d'oiseaux. 

—  HIST.  XVI"  s.  11  vit  dans  un  fonds  entassez 
Douze  cerfs  en  barde  amassez,  Hauts  de  stature  et 
de  ramage,  pf.rin,   Voésies,  p.  400,  dans  lacurne. 

—  ËTYM.  Allem.  Uerde,  troupeau  ;  goth.  iiairda. 
Il  est  probable  que  herde  se  rattache  au  latin  hara, 
étable. 

2.  UARDE  (har-d'),  s.  f  Terme  de  chasse.  Lien 
qui  attache  les  chiens  quatre  à  quatre  ou  six  à  six. 
Il  Harde  de  chiens,  plusieurs  couples  de  chiens  at- 
tachés ensemble. 

—  HIST.  XVI"  s.  Cette  noble  harde  [attache]  socra- 
tique du  corps  à  l'esprit,  mont,  m,  387. 

—  ÉTYM.  Autre  forme  de  horl. 

I.  HARUË,  ÉE  (har-dé,  dée),  part,  passé  de 
barder  4.  Des  chiens  bardés. 

t2.  HARUË  (har-dé),  adj.  masc.  Œuf  hardé,  œul 
à  coquille  molle  ou  dont  la  coquille  est  remplacée 
p^ir  une  membrane,  et  que  pondent  quelquefois  les 
oiseaux.  11  y  a  des  poules  qui  donnent  dos  œufi 
bardés  ou  sans  coque,  soit  par  le  défaut  de  la  ma- 
tière propre  dont  se  forme  la  coque,  soit  parce 
qu'ils  sont  chassés  de  Voviductus  (voy.  oviduCte) 
avant  leur  entière  maturité,  buff.  Ois.  t.  m,  p.  107. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue. 

t  HARDEAU  (har-dô),  s.  m.  ||  1°  Corde  qui  est  au 
bout  du  frein  d'un  moulin.  ||  2°  Espèce  de  viorne. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  /iar(. 

t  BARDÉES  (har-dée),  s.  f.  pi.  Terme  de  chasse. 
Brèche  que  font  les  biches  (ians  les  taillis  où  elles 
vont  viander.  Nous  découvrîmes  des  bardées. 

—  ÉTYM.  Warde  t. 

4.  UARDER  (har-dé) ,  ».  o.  Terme  de  chasse.  At- 
tacher les  chiens  quatre  à  quatre  ou  six  à  six.  ||  Har- 
der  les  chiens  dans  l'ordre,  placer  chacun  suivant 
sa  force,  pour  aller  de  meute  ou  en  relais.  ||  Se  bar- 
der, v.réfl.  Les  chiens  se  bardent,  lorsqu'ils  s'em- 
barrassent dans  leurs  couples. 

—  HIST.  xvi"  s.  Ancre,  ayant  hardé  la  lieuie- 
nance  de  roy  de  Picardie  avec  celle  de  Normandie, 
SULLY,  Méni.  t.  XII,  p.  340,  dans  lacuhnk. 

—  ÉTYM.  Ilart. 

f  2.  UARDER  (har-dé),  v.  a.  Passer  une  peau  sur 
la  hart. 

—  ÉTYM.  Hart. 

t  HARDERIE  (har-de-rie),  s.  f.  Sulfate  de  fer 
dont  se  servent  les  émaiUeurs, 

UARDES  (har-d),  s.  f.  pi.  Tout  ce  qui  est  d'un 
u.sage  ordinaire  pour  l'habillement.  De  vieilles 
bardes.  De  bonnes  bardes.  [Incommodité  qui]  di- 
minue beaucoup  le  plaisir  qu'ont  les  comédiens 
d'être  quelquefois  empereurs  et  impératrices,  et 
d'être  appelés  beaux  comme  le  jour  quand  il  s'en 
faut  plus  de  la  moitié,  et  jeune  beauté,  bien  qu'ils 
aient  vieilli  sur  le  théâtre ,  et  que  leurs  cheveux  et 
leurs  dents  fassent  une  partie  de  leurs  bardes,  scarh. 
Rom.  eom.  I,  s.  Va  faire  apporter  mes  bardes  à 
l'hôtellerie;  surtout  cache  bien  qui  je  suis,  uautk- 
ROCHE,  le  Cocher,  se.  7. 

—  HIST.  XII"  s.  De  poures  fardes  se  vesti,  Rou, 
ms.  p.  4  82,  dans  lacurne,  au  mot  farde  (l'édition 
par  Frédéric  Pluquet,  Rouen  4827,  écrit  fardres, 
v.  681 1). 

— •  ÊTYM.  Berry,  harde  ;  reprendre  sa  harde,  re- 
mettre son  habit.  On  le  tire  de  hart,  les  hordes 
étant  un  paquet  qu'on  lie  avec  la  hart.  Mais  cela 
est  subtil  et  sans  appui.  L'ancien  fardes,  qui  signi- 
fie hardes,  met  sur  la  voie  :  hardes  est  dit  pour 
farde,  comme  hardel  pour  fardeau,  et  veut  dir» 
ce  qui  charge  (v(jy.  fardeau). 


t 


i 


HAK 


HAR 


HAR 


1981 


HARDI,  lE  (har-(li,  die),  adj.  1|1°  Oui  ose  beau- 
coup. De  hardis  aventuriers.  Hardi  comme  un  lion. 
11  est  très-hardi  auprès  des  femmes.  Un  hardi  ré- 
formateur. 11  ne  fallait  pas  un  cœur  moins  hardi 
que  le  sien  pour  cette  entreprise  [présenter  un 
hommage  à  une  dame],  et  je  ne  sais  encore  com- 
ment elle  lui  réussira,  voit.  Lett.  4.  Un  de  nos  fan- 
tassins, très-bon  nomenclateur,  Du  titre  de  hardi 
baptisant  Monseigneur  fie  fils  de  Louis  XIVJ,  Le 
fera  sous  ce  nom  distinguer  dans  l'histoire ,  la 
FONT.  Poésies  mêlées ,  lxiv.  Stilicon  était  grand 
homme  de  guerre  et  grand  politique,  sage  dans  le 
conseil,  hardi  dans  l'exécution,  adroit  à  ménager 
les  esprits,  pli-ch.  Hist.  de  Théodose,  iv,  76.  Je 
laissa  aux  plus  hardis  l'honneur  de  la  carrière, 
BOIL.  ÉpU.  I.  11  montre  aux  plus  hardis  à  braver  le 
danger,  rac.  Théb.  i,  ).  Narcisse,  plus  hardi,  s'em- 
presse pour  lui  plaire,  iD.  Brit.  v,  8.  D'amis  et  de 
soldats  une  troupe  hardie  Aux  portes  du  palais  at- 
tend notre  sortie,  id.  Baj.  iv,  7.  Peuple  lâche  en 
effet  et  né  pour  l'esclavage ,  Hardi  contre  Dieu 
seul....  ID.  Ath.  m,  7.  Enfin  l'adroit  scalpel,  le 
verre  officieux  Trahirent  ces  secrets;  le  hardi  bota- 
niste Devint  des  végétaux  l'habile  anatomiste,  de- 
LiLLE,  Trots  règnes,  vi.  Mlle  Rose  est  bien  hardie 
d'êlre  sortie  hier  avec  vous,  picarp,  Kiei'He  tanle, 
m,  4.  Il  Hardi  à,  suivi  d'un  infinitif.  Celui-là  (Tu- 
renne],  d'un  air  plus  froid,  .sans  jamais  rien  avoir 
de  lent,  plus  hardi  à  faire  qu'à  parler,  boss.  Louis 
de  Bourbon.  Les  hommes  toujours  hardis  à  juger 
les  autres,  sans  épargner  les  souverains,  m.  Uar. 
Thér.  Mais  un  traître  qui  n'est  hardi  qu'à  m'of- 
fenser,  rac.  Milhr.  il,  4.  ||  C'est  un  hardi  joueur, 
se  dit  d'un  homme  qui  joue  gros  jeu  ou  qui 
tient  avec  petit  jeu.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
être  hardi  au  jeu.  ||  Terme  de  fauconnerie.  Ren- 
dre le  faucon  hardi,  lui  donner  goilt  à  la  chasse. 
Il  2°  Ferme,  intrépide,  assuré.  11  avait  la  mine 
hardie  en  ce  péril.  ||  3°  En  parlant  des  choses,  qui 
dénote  de  la  hardiesse.  Un  projet  hardi.  Une  ac- 
tion ,  une  entreprise  hardie.  Semblable  dans  ses 
sauts  hardis  et  dans  sa  légère  démarche  à  ces  ani- 
maux vigoureux  et  bondissants,  uoss.  Louis  de 
Bourbon Si  de  mon  propre  sang  ma  main  ver- 
sant des  flots  N'eût  par  ce  coup  hardi  réprimé  vos 
complots,  BAC.  Ath.  II,  7.114"  Insolent,  effronté. 
Voilà  un  drôle  bien  hardi.  Hardi  comme  un  page. 
Un  hardi  coquin.  Cette  fille  a  l'air  hardi.  Qui  te 
rend  si  hardi  de  troubler  mon  breuvage?  la  font. 
Fabl.  I,  (0.  Un  fourbe  cependant,  assez  haut  de 
corsage.  Et  qui  lui  ressemblait  [à  l'honneur]  de 
geste  et  de  visage.  Prend  son  temps,  et  partout  ce 
hardi  suborneur  S'en  va  chez  les  humains  crier 
qu'il  est  l'honneur,  boil.  Sat.  xi.  Burrhus  ose  sur 
moi  porter  des  mains  hardies,  rac.  Brit.  iv,  2.  Je 
sais  mes  perfidies,  Œnone,  et  ne  suis  point  de  ces 
femmes  hardies  Oui,  goiitant  dans  le  crime  une 
tranquille  paix.  Ont  su  se  faire  un  front  qui  ne 
rougit  jamais,  id.  Phèdre,  m,  3.  ||  5°  Qu'il  est  dan- 
gereux ou  difficile  de  soutenir,  en  parlant  de  doc- 
trines, d'opinion.s,  etc.  Mettre  en  avant  les  idées  les 
plus  hardies.  Les  doctrines  hardies  des  novateurs. 
Collins,  magistrat  de  Londres,  auteur  du  livre  de  la 
liberté  de  penser  et  de  plusieurs  autres  ouvrages 
aussi  hardis  que  philosophiques,  volt.  Phil.  Ncwt. 
I,  4.  La  philosophie  de  Mcmmius  est  quelquefois  un 
peu  hardie;  on  peut  faire  même  reproche  à  celle 
de  Cicéron  et  de  tous  les  grands  hommes  de  l'anti- 
quité, ID.  Slemmius,  préface.  ||  6°  Terme  de  littéra- 
ture. Heureusement  hasardé.  Pensée,  métaphore 
hardie.  Un  style  hardi.  Il  fallait  que  la  scène  [dans 
l'Orphelin  de  la  Chine]  fût  dans  une  salle  de  Con- 
fucius....  que  tout  fût  neuf  et  hardi,  que  rien  ne 
se  ressentit  de  ces  misérables  bienséances  fran- 
çaises.... VOLT.  Lett.  d'Argental,  <7  sept.  (75B. 
Il  Cela  est  bien  hardi,  c'est-à-dire  c'est  une  licence, 
une  alliance  de  mots  qui  étonne  la  critique  et 
qu'elle  n'ose  ni  approuver  ni  condamner.  |{  En  termes 
d'art  et  de  littérature,  qui  hasarde  avec  succès. 
Pinceau  hardi.  Ce  maître  d'écriture  a  la  plume  har- 
die. Il  faudrait  une  main  plus  hardie  que  la  mienne 
pour  entreprendre  de  leprésenter  ce  qui  est  en 
vous  et  en  elle,  voit.  Lett.  B.  ô  toi....  Qui,  par  les 
traits  hardis  d'un  bizarre  pinceau.  Mis  l'Italie  en 
feu  [lour  la  perte  d'un  seau,  boil.  Lutr.  iv.  ||  C'est 
une  plume  hardie,  il  a  la  plume  hardie,  se  dit 
d'un  auteur  qui  a  un  style  hardi,  et  aussi  d'un  au- 
teur qui  écrit  librement  sur  des  matières  délicates. 
Voltaire  fut  durant  une  grande  partie  du  xviii'  siè- 
cle une  plume  hardie.  ||  7"  Dans  certains  arts,  conçu, 
exécuté  avec  une  aisance  qui  ne  dénote  ni  hésita- 
tion ni  limidifé.  Le  dessin  de  ce  tableau  est  noble  et 
uardi    Une  écriture  hardie.  Le  jeu  de  ce  musicien 


est  hardi.  Exécution  hardie.  Des  traits  hardis.  ||  11 
se  dit  aussi  de  certains  ouvrages  d'art  qui  ont  quel- 
que chose  d'extraordinaire  et  de  grand.  Il  y  a  dans 
ce  tableau  des  poses  très-hardies.  ||  En  architec- 
ture, il  se  dit  des  ouvrages  qui,  malgré  leur  masse, 
présentent  élégance  et  légèreté.  Les  cathédrales 
gothiques  sont  hardies.  Un  clocher  hardi.  Un  es- 
calier hardi.  Ces  angles,  ces  fossés,  ces  hardis  bou- 
levards, VOLT.  Alî.  u,  6.  Ces  hardis  monuments 
que  l'univers  admire....  m.  Sémiramis,  i,  B. 
Il  8°  Terme  de  manège.  Branche  hardie,  branche  du 
mors  dont  le  levier  forme  une  longue  saillie.  Les 
branches  hardies  servent  à  ramener  la  tète  du 
cheval.  ||  9°  Hardi,  loc.  interj.  qui  sert  à  exciter. 
Là,  hardi  !  tâche  à  faire  un  efloit  généreux  En  le 
tuant,  tandis  qu'il  tourne  le  derrière,  mol.  Sgan. 
21.  Il  Proverbe.  Il  n'y  a  rien  si  hardi  qu'une  che- 
mise de  meunier,  parce  qu'elle  prend  tous  les  ma- 
tins un  larron  au  collet. 

—  HIST.  XI*  s.  Sur  tute  gent  est  la  tue  [tienne] 
hardie,  Ch.  de  Kol.  cxxiv.  Li  quens  [le  comte]  Ra- 
bels  est  chevaliers  hardiz,  ib.  ccxLiii.  ||xii'  s.  Et 
de  bataille  hardis  et  enseignés,  Ronc.  p.  6B.  Car  je 
ne  sui  si  forz  ne  si  hardiz  Qu'envers  Amor  [je]  me 
peûsse  contendre.  Coud,  v.  One  n'i  ot  si  hardi  ne 
tremblast  com  larron,  Sax.  xxii.  Li  plus  hardi  des 
trois  voussist  [voudrait]  estre  à  Paris,  tb.  xxiv. 
Il  xin*  s.  Sachiés  qu'il  n'i  ot  si  hardi  à  qui  la  char 
ne  fremesist,  villeh.  lxi.  Mais  plus  hardie  chose 
[que  Pépin]  ne  fut  onque  choisie  [vue] ,  Berte,  ii. 
Ne  cuida  pas  mes  pères  li  rois  au  cuer  hardit,  tb. 
LUI.  Il  estestabli,  et  de  novel,  que  nus  [nul]  sers, 
ne  nule  serve  ne  soit  si  hardis  qu'il  face  de  son  fils 
clerc,  ne  se  [sa]  fille  mètre  en  religion,  be\um. 
XLv,  28.  Et  ce  que  noz  disons  qu'il  soit  hardis, 
c'est  une  vertu  sans  le  [la]  quele  li  baillis  ne  pot 
fere  ce  qui  apartient  à  son  office,  id.  i,  6.  ||  xiv"  s. 
Je  croi  bien  que  Bertran  jà  vieil  ne  vivera,  Car  il 
est    trop   hardis,   occire   se   fera,   Gucscl.    )B823. 

1!  XV*  s U  y  avoit  un  bourgeois  à   Gand   qui 

s'appeloit  Jean  Lyon,  sage  homme,  subtil,  hardi, 
cruel  et  entreprenant,  froiss.  ii,  ii,  B2.  Bon  pain- 
tre  pour  faire  bannière ,  Bon  armurier  fault  que 
l'en  quierre,  Chevaucheur  qui  va  main  et  tart  En 
péril  avant  et  arrière  ;  Chascun  est  hardi  en  son 
art,  E.  DEScii.  Poésies  mss.  f°  256.  Hardi  à  l'es- 
cuelle  et  couart  au  baston,  leroux  de  lincy,  Prov. 
t.  Il,  p.  304.  Il  XVI'  s.  Deux  longs  tertres  te  ceignent, 
Qui  de  leur  flanc  hardi  Les  aquilons  contraignent, 
Et  les  vents  du  midi,  rons.  4(0.  Hardi  gaigneur, 
hardi  mangeur,  cotgrave.  Mieux  vaut  couard  que 
trop  hardi ,  id.  Hardy  de  la  langue ,  couard  de  la 
lance,  leroux  de  lincy,  Prov.  t.  n,  p.  304. 

—  ÉTYM.  Provenc.  ardit  ;  ital.  ardito.  Ilardit  est 
le  participe  du  verbe  hardir,  que  nous  disons 
aujourd'hui  enhardir;  hardir  répond  à  l'ancien 
haut-allemand  harijan,  endurcir,  rendre  fort,  de 
l'anc.  haut-ail.  Iiarti,  dur,  en  parlant  des  choses, 
fort,  hardi,  en  parlant  des  personnes.  La  loi  de 
Grimm  ramène  directement  hor(i  au  sanscrit  kratu, 
celui  qui  achève  et  aussi  puissance;  c'est  le  grec 
xpatOç,  fort. 

HARDIESSE  (har-di-è-s'),  s.  f.  ||  1°  Qualité  de 
celui  qui  est  hardi,  qui  ose  beaucoup.  Et  ce  masque 
trompeur  de  fausse  hardiesse  Nous  déguise  sa  crainte 
et  couvre  sa  faiblesse,  corn.  Nicom.  m,  4.  Fortune 
aveugle  suit  aveugle  hardiesse,  la  font.  Fabl.  x, 
(4.  Avant  lui  [Louis  XIV],  la  France,  presque  sans 
vaisseaux,  tenait  en  vain  aux  deux  mers;  mainte- 
nant on  les  voit  couvertes  depuis  le  levant  jusqu'au 
couchant  de  nos  flottes  victorieuses,  et  la  hardiesse 
française  porte  partout  la  terreur  avec  le  nom  de 
Louis,  BOSS.  ilarie-Thér.  On  sait  fort  bien  que  la 
hardiesse,  accompagnée  de  quehjue  bonheur,  peut 
prendre  impunément  l'ascendant  partout,  bourdal. 
)0«  dim.  après  la  Pentec.  Dominic.  t.  m,  p.  20B. 
Les  gensqui  ont  la  hardiesse  de  dire  la  vérité,  fén. 
Tél.  XXI.  Il  avait  acquis  plus  de  hardiesse  à  ne  point 
ménager  les  préjugés  ordinaires,  font.  Delisle.  Ils 
ne  portent  dans  ces  places  où  ils  entrent  sans  lu- 
mières et  sans  connaissances  comme  sans  vocation, 
qu'une  folle  estime  d'eux-mêmes  et  une  téméraire 
hardiesse  de  décider,  hollin,  llist.  aiic.  fjiuv.  t.  m, 
p.  375.  C'est  au  théâtre  anglais  que  je  dois  la  har- 
diesse que  j'ai  eue  de  mettre  sur  la  scène  les  noms 
de  nos  rois  et  des  anciennes  familles  du  royaume, 
volt.  Lett.  sur  Zaïre.  ||  2"  En  un  sens  défavorable, 
témérité,  insolence.  La  hardiesse  de  ses  manières 
me  déplaît.  N'ayez  donc  plus  la  hardiesse  de  dire 
que  vos  décisions  sont  conformes  à  l'esprit  et  aux 
canons  d^  l'Église,  pasc.  Prov.xiv.  Pour  moi,  dût 
l'empereur  punir  ma  hardiesse....  rac.  Brit.  v,  B.  X 
ce  coupable  excès  porter  la  hardiesse  I  volt.  Zaïre, 


v,  8.  Il  3*  Licence.  Excusez  si  je  prends  la  hardiesse 
de....  Il  est  temps  que  j'arrête  une  fois  pour  toute» 
cette  hardiesse  que  vous  prenez  de  me  traiter  d'hé- 
rétique, qui  s'augmente  tous  les  jours,  pasc.  Prov. 
XVII.  Il  Familièrement.  Cet  homme  prend  des  har- 
diesses qui  ne  lui  appartiennent  pas,  il  s'émancipe 
trop.  Il  4°  Nature  hardie,  caractère  hardi,  en  parlant 
des  choses.  Hardiesse  d'une  entreprise.  La  hardiesse 
d'une  doctrine,  d'une  opinion.  Le  sort  va  de  mes 
coups  servir  la  hardiesse,  ducis,  Lear,  v,  ).  ||  U  y  a 
des  hardiesses  dans  cet  ouvrage,  il  y  a  des  choses 
hasardées  dans  cet  ouvrage.  ||  5°  Il  se  dit  du  stylo, 
des  expressions.  Une  grande  hardiesse  de  style. 
Souvent  dans  son  orgueil  un  subtil  ignorant  Blâme 
des  plus  beaux  vers  la  noble  hardiesse,  boil.  Art  p. 
IV.  Toujours  de  grandes  et  de  belles  idées,  toujours 
vérité  et  variété  dans  les  images;  hardiesse,  ou  plu- 
tôt audace  dans  les  figures;  propriété,  naïveté,  no- 
blesse, énergie  dans  la  diction;  vivacité,  nouveauté 
dans  les  tours  ;  continuité  d'harmonie,  il  y  aurait 
bien  là  de  quoi  faire  un  auteur  divin,  d'olivet, 
Bem.  Rac.  p.  54.||6°  En  certains  arts,  exécution 
hardie.  Une  grande  hardiesse  de  pinceau,  de  ci- 
seau. Cette  écriture  est  d'une  grande  hardiesse.  Le 
jeu  de  ce  musicien  est  plein  de  hardiesse.  Att;iquor 
la  note  avec  hardiesse.  ||  7°  II  se  dit  du  caractère 
d'ouvrages  d'art  qui  présentent  quelque  chose  d'in- 
accoutumé et  qui  n'avait  pas  été  fait  jusque-là. 
La  hardiesse  d'un  pont,  d'une  voûte.  H  8°  Li- 
cence que  se  permet  un  écrivain,  un  artiste.  Il  y  a 
des  hardiesses  heureuses  dans  cet  ouvrage.  On  ne 
peut  trop  leur  redire  [aux  écrivains  en  prose]  qu'ils 
sont  obligés  d'avoir  une  attention  infinie  à  la  pro- 
priété des  termes;  quant  aux  poètes,  sachons-leur 
gré  de  leurs  hardiesses,  lorsqu'elles  sont  dictées  par 
le  goût  et  avouées  par  le  bon  sens,  d'olivet,  Rcrn. 
sur  Racine,  §  42.  Ces  sortes  de  hardiesses  font  un 
merveilleux  effet  dans  la  poésie,  lorsqu'elles  sont 
placées  à  propos  et  de  loin  à  loin,  id.  tb.  §  41.  Ne 
répétez  pas  ces  hardiesses;  qu'elles  soient  rares, 
qu'elles  soient  néces-saires  ;  si  elles  sont  inutilemen' 
prodiguées,  elles  feront  rire,  volt.  Ilél.  littér.  Chan- 
gem.  arrivés  à  l'art  dramatique. 

—  SYN.  HARDIESSE,  TÉMÉRiTiî.  PouT  transfûrmei' 
la  hardiesse  en  témérité,  il  suffit  d'y  adjoindre  une 
épithète  péjorative  :  aveugle  hardiesse,  folle  har- 
diesse. 

—  HIST.  XIV'  s.  Premièrement  quant  est  en  paour 
et  en  hardiesce,  la  vertu  qui  est  ou  moien  est  forti- 
tude,  ORESME,  Eth.  48.  Et  je  di  que  passions  sont 
concupiscence,  ire,  paour,  hardiece,  envie,  joye.... 
ID.  tb.  42.  Il  xV  s.  Les  nobles  François...  leur  cou- 
rurent sus  par  si  grand  vertu  et  hardiesse  que  tous 
les  espouvanterent,  Bouciq.  i,  24. 

—  ÊTYM.  Hardi;  provenç.  ardideza;  ital.  ardi- 
leiia.  La  plus  ancienne  langue  disait /lordemrnt. 

•[UAUDILLIER  (har-di-llé,  Il  mouillées),  s.  m. 
Nom  d'une  fiche  de  fer  à  crochet,  qui  sert  à  soute- 
nir divers  instruments,  dans  la  fabrique  des  tapis- 
series. 

—  ÉTYM.   Voy.  ARDILLON. 

HARDIMENT  (har-di-man),  adv.  ||  1°  Avec  har- 
diesse. Je  feins  hardiment  d'avoir  reçu  de  vous 
L'ordre  qu'on  me  voit  suivre  et  que  je  donne  à 
tous,  CORN.  Cid,  IV,  3.  Les  choquer  hardiment  et 
sans  craindre  la  mort,  Se  présenter  do  front....  id. 
Médée,  i,  5.  Qu'un  vieux  Sertorius  aime  je  ne  sais 
quelle  Viriate ,  et  qu'il  soit  assassiné  par  Perpenna, 
amoureux  de  cette  Espagnole,  tout  cela  est  petit  et 
puéril  ;  il  le  faut  dire  hardiment,  volt.  Orestc,  ÉjAt. 
De  la  hardiesse,  morbleu  I  il  n'y  a  pas  d'homme  qui 
avale  un  verre  de  vin  plus  hardiment  que  toi,  le- 
ghand,  Métamorph.  amour,  se.  4.  ||  2°  Familière- 
ment. Avec  elTronterie,  impudence.  Mentir  hardi- 
ment. On  tenait  devant  le  roi  des  conférences  qui 
peuvent  être  l'origine  des  académies....  Charlema- 
gne  se  nommait  David;  Alcuin,  Albinus;  et  un 
jeune  homme  nommé  Ugebert,  qui  faisait  des  vers 
en  langue  romance,  prenait  hardiment  le  nom  d'Ho- 
mère, VOLT.  Ann.  de  l'Emp.  Charlemagne,  781. 
Il  3"  Librement,  sans  hésiter.  Dites-lui  hardiment 
que  je  n'y  consens  pas.||  4"  Sans  crainte  de  se  trom- 
per, d'aller  au  delà.  Vous  pouvez  hardiment  porter 
cet  article  à  mille  écus. 

—  HIST.  XII'  s.  Hardiement  [ils]  ont  paiens  en- 
vais,  Ronc.  p.  72.  [Trois  messagers]  Qui  fassent  vo 
[votre]  besogne  bien  et  hardiement,  Sax.  \\t.\]  xiii"  s. 
Et  demandés  hardiement,  car  vous  n'i  faurés  mie 
[n'y  serez  pas  déçu],  Chr.  de  Rains,  p.  <08.  Car 
riens  ne  jure  ne  ne  ment  De  famé  [qu'une  femme] 
plus  hardiement,  la  Rose,  (8328.  ||  xvi*  s.  Et  sortez 
(le  céans  hardyment  [vite],  car....  desper.  Cymbal. 
84.  Hardiment  [certes],  il  ne  s'en  fera  rien, puisque 


1982 


HAR 


vous  ne  l'avez  pas  voulu,  id.  ib.  87.  Hardiment 
heurte  h  la  porte  Qui  bonne  nouvelle  y  apporte,  cot- 
BRAVE.  Quant  à  ce  beau  mot  de  quoy  se  couvre 
l'ambition  et  l'avarice  :  que  nous  ne  sommes  pas 
nays  pour  nostre  particulier,  ains  pour  le  public, 
rapportons  nous  en  hardiment  à  ceulx  qui  sont  en 
la  danse,  mont,  i,  272. 

—  ETYM.  Hardi,  et  le  suffixe  ment  ;  provenç.  ar- 
didamen  ;  ital.  arditamenle. 

t  HARDOIS  (har-doî),  s.  m.  pi.  Terme  de  chasse. 
Petites  branches  que  le  cerf  écorche  avec  son  bois 
en  frottant  sa  tête. 

—  ÉTVM.  Dérivé  de  hart. 

t  IIARE  (ha-r'),  interj.  employée  pour  exciter 
les  chiens  de  chasse.  ||  Substantivement.  Les 
chiens  sont  fatigués,  ils  n'entendent  plus  le  hare, 
!ps  hares. 

IIAREM  (ha-rèm'),  s.  m.  ||  1"  L'appartement  des 
femmes,  chez  les  musulmans.  Si  la  magnificence 
et  les  commodités  pouvaient  remplacer  l'amour, 
les  harems  auraient  été  les  demeures  les  plus  dé- 
licieuses, HAYNAL,  Hist.  phil.  IV,  6.  |{  2°  La  réunion 
des  femmes  qui  habitent  un  harem.  Un  harem 
nombreux.  {|  3"  Fig.  Maison  de  débauche. 

—  REM.  On  confond  souvent  harem  avec  sérail. 
C'est  une  erreur  passée  dans  l'usage.  Le  sérail  est 
le  palais  du  sultan,  tandis  que  le  harem  est  l'appar- 
tement des  femmes. 

—  ÉTYM.  Arabe,  charam,  chose  sacrée,  invio- 
lable, parce  qu'il  est  défendu  aux  étrangers  d'y 
entrer. 

HARENG  (ha-ran;  le  g  ne  se  fait  jamais  sentir; 
au  pluriel,  \'s  se  lie  :  des  ha-ran-z  accommodés), 
s.  m.  Poisson  de  mer  de  deux  à  trois  décimètres, 
qui  arrive  du  nord  en  bandes  innombrables  et  qui 
est  un  objet  très-considérable  de  pêche  {clupea  ha- 
rangus,  L.  famille  des  clupes  ou  cyprinoîdes).  Lest 
de  hareng  en  vrac,  dix-huit  barils  pour  lest,  vingt 
sols,  Arrd  du  cons.  d'État,  21  juin  (64  2.  Les  pro- 
priétés spécifiques  du  hareng  contre  la  goutte  sont 
des  brides  à  veaux  et  des  illusions  d'empiriques,  gui 
PATIN,  Lelt.  t.  II,  p.  4  62.  D'épaisses  et  nombreuses 
nuées  de  harengs  transmigrent  de  l'océan  Polaire 
sur  les  côtes  d'Ecosse  et  de  Hollande,  poursuivis 
par  les  grands  poissons  qui  habitent  les  profon- 
deurs de  cet  océin,  bonnet,  Consid.  corps  org. 
(JCuv.  t.  VI,  p.  280,  dans  pougens.  ||  Hareng  blanc, 
hareng  qui  a  été  salé,  mais  non  fumé.  Pour 
chacun  baril  de  hareng  blanc  paqué  en  mer,  dont 
l'on  compte  vingt  barils  pour  lest,  Tarif  de  la  dé- 
dar.  du  (6  févr.  <635.  ||  Hareng  pec,  celui  qui  se 
mange  cru,  après  avoir  été  dessalé.  ||  Hareng  bouffi 
(à  Dieppe) ,  hareng  légèrement  fumé  et  salé,  n'ayant 
pas  subi  la  caque  (ce  qui  fait  qu'il  est  bouffi,  non 
aplati)  ;  fort  recherché  des  gourmets,  mais  ne  se 
conservant  pas.  {|  Harengs  fonciers,  harengs  francs, 
ceux  qui  ne  voyagent  pas.  ||  Harengs  pleins,  ceux 
qui  n'ont  pas  encore  frayé.  ||  Harengs  boussards  ou 
à  la  bourse,  ceux  qui  sont  en  train  de  frayer.  {|  Ha- 
rengs gai.s,  ceux  qui  ont  lâché  leur  laitance  ou 
leurs  œufs  depuis  longtemps.  On  trouve  aussi 
harengs  guais.  {|  Mouler  le  hareng,  le  presser  forte- 
ment entre  les  doigts  pour  en  détacher  les  corps 
étrangers  et  en  ôter  les  écailles.  ||  Être  rangés,  ser- 
rés, pressés  comme  des  harengs  en  caque,  ou,  sim- 
plement, comme  des  harengs,  se  dit  de  personnes 
ou  de  choses  rangées  et  pressées  l'une  contre  l'au- 
tre. Il  11  est  maigre  comme  un  hareng  soret,  comme 
un  hareng  sor,  se  dit  d'une  personne  très-maigre. 
Il  C'est  un  homme  qui  vit  d'un  hareng,  se  dit  d'un 
homme  qui  mange  peu,  qui  vit  sobrement.  ||  Jour- 
née des  harengs,  combat  qui  eut  lieu  près  de  Rou- 
vrai  (1429)  et  dans  lequel  le  comte  de  Clermont 
fut  défait  par  les  Anglais.  |{  Proverbes.  On  vend  au 
marché  plus  de  harengs  que  de  soles,  c'est-à-dire 
on  a  un  plus  prompt  débit  des  choses  communes 
que  des  choses  précieuses.  ||  La  caque  sent  toujours 
le  hareng,  voy.  caque. 

--  HIST.  XIII'  s.  Quiconques  ameine  harenc  à 
Paris  pour  vendre  en  charreite  ou  à  soumier,  il 
convient  que  le  harenc  soit  tout  d'une  suite,  Liv. 
des  met.  270.  Et  le  harenc  sor  et  blanc  et  gisant 
doit  quatre  deniers  de  halage,  et  deux  deniers  du 
millier,  ib.  273.  Harenz  frès  orenl  à  plenté,  Iten.  77B. 
Il  xv  s.  Le  hareng  bientost  pert  la  vie,  Quant  il  se 
sent  hors  de  la  mer;  De  mesme  je  ne  puis  durer 
Lorsque  la  boisson  m'est  faillie ,  basselin  ,  xxi. 
Il  XVI*  s.  Voyez  si  ce  meschant  sceyt  desguyser  le 
haranc-sor  [trame,  complot],  carloix,  vi,  23.  Vos 
enfans  auront  l'esprit  ordinairement  tendu  à  la 
boutique,  finesses  et  intorests  ;  car  la  poche  sent 
toujours  le  hareng,  noel  dufail,  Cont.  d'Eutrapel, 
ch.  I,  P»  14,  dans  roocENS. 


HAR 

—  ÉTYM.  Picard,  h*ring:  provenç.  arenc;  esp 
arenque;  ital.  aringa;  de  l'anc.  haut-allem.  harinc; 
ail.  mod.  Ilering  ;  holl.  haring.  Mais,  bien  que  les 
mots  romans  viennent  de  l'allemand ,  l'allemand 
n'en  a  pas  moins  une  origine  latine,  à  savoir /ia(ec, 
poisson  salé;  de  sorte  que,  pour  entrer  dans  les 
langues  romanes,  un  mot  latin  a  passé  par  la  filière 
germanique. 

t  UAKENGADE  (ha-run-ga-d'),  s.  f.  ||  1°  Voy.  ha- 
RENomÉHE.  Il  2°  s.  f.  pi.  Harengades,  sardines 
pressées. 

UARENGAISON  (ha-ran-ghê-zon) ,  ï.  f.  Temps 
de  la  pêche  du  hareng.  ||  La  pêche  du  hareng.  La 
harengaison  a  été  bonne  cette  année. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  pescheurs  de  la  coste  de 
Normandie,  qui  es  dittes  années  ont  esté  aux  ha- 
rangaisons,  pasquier,  Recherches,  liv.  vi,  p.  483, 
dans  lacurnë. 

—  ËTYM.  Hareng. 

HARENGÈRE  (ha-ran-jè-r'j ,  s.  f.  ||  1°  Celle  qui 
vend  en  détail  des  harengs  et  du  poisson.  Paris  ai- 
mait Monseigneur  ;  les  harengères  des  halles  ima- 
ginèrent de  se  -signaler  [pour  sa  convalescence], 
sT-siM.  9t,  <96.||2°  Fig.  Femme  grossière.  Crier 
comme  une  harengère.  Et  quoique  vous  soyez  per- 
suadée que  la  raison  est  pour  vous,  faut-il  pour 
cela  faire  la  harengère  comme  vous  faites?  dan- 
court,  Chev.  à  la  mode,  m,  u.  [L'héritière  de 
Piney]  C'était  une  grosse  vilaine  harengère  dans 
son  tonneau,  st-sim.  46,  (87.  Sachant  qu'elle  était 
connue  de  tout  le  monde  pour  une  harengère,  J.  J. 
nouss.  Confess.  x. 

—  REM.  Voltaire  n'aspire  pas  l'ft,  ce  qui  est  une 
faute  :  M.  de  Malesherbes  n'a-t-il  pas  été  attaqué 
comme  vous  et  vos  confrères  dans  ce  discours  d'ha- 
rengère?  Lelt.  à  d'Alembcrl,  13  févr.  4  758. 

—  HIST.  xm*  s Toutes  poissonnières  de  mer 

ne  harengères  ne  doivent  riens  au  dict  prevost,  ne 
de  place,  ne  autrement,  Liv.  des  met.  444 .  ||  xv*  s. 
Brettes,  suysses  n'y  sçavent  guercs,  Ne  gasconnes 
et  thoulousannes  ;  Du  petit  pont  deux  harângeres 
Les  conchiroient....  villon,  Ballade  des  dames  de 
Paris.  Il  xvi*  s.  Plus  bavard  qu'une  harangiere  du 
petit  pont,  st  julien,  Mesl.  hist.  p.  273,  dans  la- 
curnë. 

—  ÉTYM.  Hareng. 

t  HARENGERIE  (ha-ran-je-rie) ,  s.  f.  Marché  aux 
harengs. 

—  HIST.  xiii*  s.  La  halle  au  blé,  la  draperie,  la 
harengerie,  du  cange,  harengeria. 

—  ÉTYM.  Hareng;  norm.  harengerie;  une  rue  de 
Rouen  porte  ce  nom. 

t  HARENGUET  (ha-ran-ghè)  ,  ^.  m.  Nom  vul- 
gaire donné  dans  le  nord  de  la  France  à  la  dupée 
spratte,  appelée  ailleurs  esprot  et  melet. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  hareng. 

t  HARENGUIÈRE  (ha-ran-ghiè-r') ,  s.  f.  Terme 
de  pêche.  Palis  pour  prendre  des  harengs.  ||  On 
trouve  aussi  harengade. 

—  ÉTYM.  Hareng. 

t  HARET  (ha-rè),  adj.  Terme  de  chasse.  Chat 
haret,  chat  sauvage,  et  aussi  chat  domestique  qui 
va  dans  les  bois  vivre  de  gibier. 

t  HARGNERIE  (har-gne-rie) ,  s.  f.  Attaque  har- 
gneuse. Le  véritable  respect  qu'on  doit  au  public 
est  de  lui  épargner,  non  de  tristes  vérités  qui  peu- 
vent lui  être  utiles,  mais  bien  les  petites  hargne- 
ries  d'auteurs  dont  on  remplit  les  écrits  polémiques, 
J.  J.  Bouss.  dans  laveaux. 

—  ÉTYM.  Voy.  hargneux. 

HARGNEUX,  EUSE  (har-gneù,  gneû-z') ,  adj. 
Il  l'  Qui  est  d'humeur  chagrine  et  disposé  à  tour- 
menter, à  inquiéter  les  autres.  Il  arrive,  il  reprend, 
hargneux  en  ses  façons,  rKcnikr,  Sot.  v.  Qu'une 
femme  hargneuse  est  un  mauvais  voisin  I  corn. 
Gai.  du  Palais,  iv,  42.  Eh!  madame....  Si  votre 
esprit  est  si  hargneux  Que  le  monde  qui  ne  de- 
meure Qu'un  moment  avec  vous....  Est  déjà  lasse 
de  vous  voir,  la  font.  Fabl.  vu,  2.  La  princesse 
d'Harcourt  commença  la  première  à  devenir  har- 
gneuse,  et  Mme  d'Armagnac  aussi,  st-sim.  64,  62. 
Il  Par  extension.  11  [l'albatrosl  parait  même  n'être 
que  sur  la  défensive  avec  les  mouettes,  qui,  tou- 
jours hargneuses  et  voraces,  l'inquiètent  et  le  har- 
cèlent, BUFF.  Ois.  t.  xviii,  p.  5.  Il  Substantivement". 
L'intention  du  législateur  avait  sans  doute  été  de 
corrig;er  les  querelleurs  et  les  hargneux,  en  les  as- 
sujettissant à  ne  pouvoir  assouvir  leur  colère  que 
comme  les  animaux,  saint-poix,  Ess.  Paris.  €Euv. 
t.  IV,  p.  366,  dans  pougens.  ||  2°  Il  se  dit  des  che- 
vaux qui  mordent  ou  qui  ruent.  Un  chçval  natu- 
rellement hargneux,  ombrageux,  rétif,  produit  des 
poulains  qui  ont  le   même  caractère,  bupf.  Qua- 


HAR 

drup.  t.  I,  p.  66.  Il  II  se  dit  des  chiens  qui  mor- 
dent. Le  tout  pour  un  âne  rogneux.  Pour  un  mou- 
ton pourri,  pour  quelque  chien  hargneux  Dont 
j'aurai  passé  mon  envie,  la  font.  Fabl.  x,  6.  Un 
grand  chien  debout,  maigre,  hargneux,  le  nez 
presque  en  terre,  de  mauvaise  humeur,  dioer. 
Salon  de  (767,  (JCuv.  t.  xiv,  p.  4iO,  dans  pougens. 
Il  Proverbes.  Chien  hargneux  a  toujours  l'oreille 
déchirée,  c'est-à-dire  il  arrive  toujours  quelque  ac- 
cident aux  gens  querelleurs.  ||  X  cheval  hargneux 
il  faut  une  étable  à  part,  c'est-à-dire  il  faut  lais- 
ser seuls  les  gens  hargneux. 

—  SYN.  HARGNEUX,  QUERELLEUR.  Le  hargneux  est 
celui  qui  harcèle  par  de  petites  tracasseries;  le 
querelleur  est  celui  qui  fait  des  querelles;  la 
querelle  est  plus  grave  que  la  tracasserie.  Hargneux 
implique  la  mauvaise  humeur,  mais  n'implique  pas, 
comme  querelleur,  la  dispute  avec  colère. 

—  HIST.  XIV*  s.  Qui  a  à  faire  à  hargneux,  dou- 
leur lui  croist,  Ménagier,  u,  3.  ||  xvi*  s.  Quand 
l'homme  est  sain  ordinairement,  il  n'est  pas  si  nar- 
gneux,  que....  amyot,  Comm.  discem.  le  flatt.  de 
l'ami,  so.  Je  hais  un  esprit  hargneux  et  triste,  qui 
glisse  par-dessus  les  plaisirs  de  la  vie,  et  s'empoigne 
et  paist  aux  malheurs,  mont,  m,  34  2.  Des  hargnes 
ou  grevures,  qui  sont  tumeurs  aux  aines  et  aux 
bourses  des  testicules;  ce  mot  de  hargne  a  esté 
donné  à  ceste  maladie  parce  que  ceux  qui  en  sont 
vexés,  coustumierement  sont  hargneux,  c'est  à  dire 
mal-plaisans  et  criarts,  paré,  vi,  44. 

—  ÉTYM.  Ane.  franc,  hargne,  herne,  hergne, 
mauvaise  humeur,  querelle;  lîerry,  hargne,  que- 
relle, et  aussi  giboulée  :  une  hargne  de  gresi  ;  lor- 
rain, harègne.  Comme  hargne  signifie  aussi  hernie 
(du  latin  hernia),  on  a  dit  que  l'infirmité  physique 
avait  donné  son  nom  à  l'infiimité  morale;  mais  les 
intermédiaires  ne  se  rencontrent  nulle  part.  Diez  y 
voit  l'ancien  haut-allemand  harmjan ,  injurier, 
blesser.  Le  fait  est  que  les  mots  hargner,  harier, 
qui  ontà  peu  près  le  même  sens,  peut-être  harasser, 
peut-être  l'ancien  français  haire,  peine,  chagrin, 
s'il  n'est  pas  la  haire  prise  métaphoriquement  (voy. 
haire  à  l'historique),  semblent  indiquer  un  radical 
har,  analogue  à  l'anglais  to  harry ,  tourmenter, 
anglo-saxon,  hergian. 

t  HARIA  (a-ri-a),  s.  m.  Voy.  aria. 

—  HIST.  xv*  s.  Un  grand haria  caria,  coquili.aiit, 
Enqueste  d'entre  la  simple  et  la  rusée.  ||  xvi*  s.  Ha- 
rias  (h  aspirée),  palsgr.  p.  4  8. 

—  ÉTYM.  Rien  n'ayant  été  dit  à  aria,  il  faut  ajou- 
ter ici  que  haria  paraît  tenir  à  l'ancien  verbe  ha- 
rier, tourmenter,  ve.xer  (voy.  haugneux  à  l'étymo- 
logie). 

4.  HARICOT  (ha-ri-co;  le  (  ne  se  prononce  ja- 
mais et  ne  se  lie  pas),  s.  m.  Haricot  de  mouton, 
ragoût  fait  avec  du  mouton  coupé  en  morceaux, 
des  pommes  de  terre  et  des  navets.  U  faudra  de  ces 
choses  dont  on  ne  mange  guère  et  qui  rassasient 
d'abord;  quelque  bon  haricot  bien  gras....  mol. 
l'Av.  III,  B.  Il  Fig.  et  par  plaisanterie.  Gardez  bien 
qu'il  ne  s'échappe,  il  ferait  un  haricot  de  nos  scien- 
tifiques substances,  cvrano  de  biîhgebac,  le  Péilanl 
joué,  1,  7.  Lorsqu'on  ne  verra  plus  que  côtes  en- 
foncées. Que  gigots  décharnez,  qu'échines  fr.ic.-is- 
sées.  Quel  haricot,  morbleu,  de  jambes  et  de  bnis  ! 
Arlequin  Jason,  théâtre  italien,  4605,  in-8,  p.  I7  1, 

—  HIST.  xiv*  s.  Hericot  de  mouton  :  dospeciez  le 
par  petites  pièces,  puis  le  mettez  pourlwulir  une 
onde,  puis  le  frisiez  en  sain  de  lart,  et  frisiez  avec 
des  oignons  menus  mincies  et  cuis,  et  dellaites  du 
bouUon  de  beuf,  et  mettez  avec  macis,  percil,  ysope 
et  sauge,  et  faites  boulir  ensemble,  Uenagicr,  n,  f>. 
Il  XVI*  s.  Haricot,  dans  cotgrave,  qui  eu  décrit 
trois  modes  de  préparation. 

—  ÉTYM.  D'abord  la  question  se  présente  de  sa- 
voir si  c'est  le  haricot,  ragoût,  qui  a  donné  son  nom 
au  haricnt,  légume,  ou  vice  versa.  Nos  textes  ne 
permettent  que  la  première  alternative;  du  moins 
on  trouve  hericot  de  mouton  dès  le  xiv  s.;  et  nous 
n'avons  de  haricot,  légume,  que  des  exemples  ré- 
cents. Le  haricot  de  mouton  parait  être  un  ternie  de 
boucherie  et  désigner  un  certain  morceau;  dès  Ion 
il  est  plausible  de  le  rattacher  à  l'ancien  français 
haligote,  pièce,  morceau  ;  harigoler,  metire  en 
pièces  ;  mots  dont  Génin  cite  des  exemples,  Récr. 
t.  I,  p.  40  (xu*  s.  Car  si  les  ont  harigotcs  [ils  ont 
tellement  mis  en  pièces  les  boucliers],  chrestien  br 
TROiES,  Chev.  au  lyon,  v.  829)  ;  il  y  voit  des  dérivéî 
du  latin  aliquot;  mais  cela  parait  chimérique.  L''j- 
rigine  de  haligote,  harigoler  est  inconnue.  On  trouve 
dans  le  journal  la  Patrie,  2  sejit.  4  86»  :  Ce  ne  fut 
qu'après  les  croisades  qu'on  commença  à  connailrs 
en  France  l'usage  des  ragoûts;  le  premier  animal 


HAR 


HAR 


HAR 


1983 


que  l'on  fricassa  ainsi  coupé  par  morceaux  fut  le 
mouton,  sans  doute  à  l'imitation  des  Arabes  ;  on 
appelait  ce  mets  une  hali-gole,  et  il  est  probable 
que  c'est  par  corruption  de  ce  vieux  mot  que  nous 
avons  dit  d'abord  un  haligol,  puis  un  haricot  de 
mouton,  COMTESSE  DE  BASSANViLLE,  Du  servicc  des 
tables  d'autrefois.  Mais  le  plus  ancien  texte  nous 
donne  la  forme  hericot  ;  de  plus  haligote  ne  paraît 
pas  être  un  mot  arabe. 

2.  HARICOT  (ha-ri-ko  ;  le  (  ne  se  prononce  pas  et 
ne  se  lie  pas  ;  au  pluriel,  Vs  se  lie  :  des  ha-ri-co-z  en 
rieurs  ;  haricots  rime  avec  sots,  travaux,  repos,  etc.), 
s.  m.  Il  1°  Fève  de  haricot,  ou,  simplement  et  plus  or- 
flinairement,  haricot,  plante  de  la  famille  des  papi- 
lionacées,  genre  phaseolus,  qui  produit  des  semen- 
ces alimentaires.  De  jeunes  haricots  qui  avaient 
été  semés  dans  une  serre,  .s'inclinaient  pendant  le 
jour  vers  la  porte  et  se  relevaient  à  l'approche  de 
la  nuit,  BONNET,  Us.  feuilles,  plantes,  2°  mém. 
Il  Espèces  :  haricot  ordinaire  ou  à  rames,  phaseolus 
vutgaris,  L.  (variété,  haricot  sabre,  à  cosses  très- 
longues)  ;  haricot  de  Soissons,  de  Hollande,  nain, 
phaseolus  eompressus,  D.  C;  haricot  princesse, 
nain  flageolet,  nain  d'Amérique,  phaseolus  tumi- 
dus,  Savi;  haricot  d'Orléans,  de  Prague,  phaseolus 
sphœricus,  Savi;  haricot  d'Espagne  (deux  varié- 
tés :  fleurs  écarlates,  fleurs  blanches),  fleurs  en 
grappes  longues,  phaseolus  multiflorus,  Wild;  ha- 
ricot limaçon,  à  cause  de  ses  fleurs  contournées  en 
spirale,  phaseolus  caracalta ,  t.  cultivé  pour  ses 
fleurs,  comme  le  précédent.  ||  2°  Les  semences 
mêmes  de  la  plante.  Des  haricots  de  Soissons.  Gigot 
aux  haricots.  ||  3°  Des  haricots  verts,  des  haricots 
dont  on  mange  la  gousse  encore  verte.  114°  Par 
plaisanterie.  Hôtel  des  haricots,  la  prison  où  sont 
enfermés  les  gardes  nationaux  de  Paris  condamnés 
par  le  conseil  d€  discipline;  prison  ainsi  dite,  as- 
sure-t-on,  par  corruption  du  nom  du  générai  Dar- 
ricau,  qui  commanda  la  garde  nationale  en  <8(5, 
pendant  les  Cent-Jours,  et  qui  envoyait  souvent  les 
délinquants  à  la  prison.  ||  5°  Haricot  du  Pérou, 
fruit  du  jatropha  curcas  (euphorbiacées),  dit  mé- 
dicinier  cathartique  dans  certains  ouvrages. 

—  ETYM.  Gcnin,  qui  assure  que  haricot  n'a  com- 
mencé à  être  usité  en  ce  sens  que  dans  le  xvii*  s. 
(on  disait  /■?!■(:  jusque-l.'i  ,  et  encore  aujourd'hui, 
on  dit  fève  blanche  en  Normandie)  ,  pense  qu'il 
vient  du  haricot  de  mouton ,  le  haricot  légume 
ayant  été  comparé  aux  morceaux  de  mouton  qui  fi- 
gurent dans  le  haricot  de  mouton.  On  peut  dire 
plutôt  que  cette  fève  a  été  nommée  fève  de  haricot, 
parce  que  le  plat  qu'elle  fournissait  fut  comparé,  à 
cause  de  ses  grosses  qualités,  à  un  haricot  de  mou- 
Ion,  ou  parce  qu'elle  s'unissait  très-bien  avec  le 
mouton  en  haricot  ou  autrement. 

t  IIARICOTER  (ha-ri-ko-té),  v.  n.  Terme  popu- 
laire. Spéculer  mesquinement  au  jeu  ou  dans  les 
affaires,  faire  des  affaires  minimes. 

—  ÉTYSI.  Génin  dit  que  haricoter  est  l'ancien 
verbe  harigoter  (voy.  haricot  i),  qui  signifiait  dé- 
chiqueter. On  a  dit  aussi  que  ce  mot  vient  de  l'u- 
sage de  jouer  en  marquant  avec  des  haricots. 

t  UARICOTEUR  (ha-ri-ko-teur),  s.  m.  Terme  po- 
pulaire. Celui  qui  haricote. 

HARIDELLK  (ha-ri-dc-l') ,  s.  f.  \\  1°  Terme  fa- 
milier. Mauvais  cheval  maigre.  Ce  pauvre  cheval.... 
broncha  si  rudement  que  M.  le  curé  s'en  éveilla, 
et  sa  nii'ce  tomba  du  brancart  sur  la  maigre  croupe 
de  la  haridelle,  scarbon,  iiom.  com.  i,  (4.  Il  [l'abbé 
d'Estrées]  a  un  petit  bénéfice  auprès  de  Ferney;  il 
vint  so  faire  recevoir  prieur,  il  y  a  un  an,  en 
grande  pompe ,  monte  sur  une  haridelle ,  volt. 
Lett.  d'Alemberl,  <9  déc.  <764.  Contraignant  ainsi 
[à  grands  coups  de  fouet]  ses  maigres  haridelles  de 
lutter,  au  risque  d'y  périr,  contre  le  fringant  atte- 
lage de  la  marquise,  CH.  de  bernard,  un  Homme 
sérieux,  S  xviii.  ||  2°  Fig.  et  par  mépris.  Femme 
grande,  sèche  et  maigre,  dont  l'extérieur  est  désa- 
gréable. Il  met  son  ambition  et  ses  désirs  à  la  con- 
quête de  cette  haridelle  de  Churchill,  hamilt. 
Gramm.  io. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  voyant  estre  seul,  il  le  des- 
monta gaillardement,  puis  montant  sur  son  ari- 
ilelle....  DES  ACCORDS,  Bignrr.  équiv.  français.  Mes- 
chante  haridelle  de  cheval,  PASQUiEB,te«.  t.  i,p.724. 

—  ÉTYM.  Wallon,  haridèle,  personne  frivole,  lé- 
gère, harote,  haridelle,  rosse  ;H<iinaut,  haroute,  ha- 
ridelle; norm.  harousse,  haridelle,  harin^  mauvais 
cheval;  angl.  harridan,  haridelle.  Origine  in- 
connue. 

t  HARLE  (har-l'),  s.  m.  Genre  d'oiseaux  palmi- 
pèdes. Il  Le  grand  harle,  nom  vulgaire  du  mergus 
mergaiser  de  Linné,  dit  aussi  vautour  d'Islande. 


t  HARLINE  (har-li-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  cristalllsable  qui  se  trouve  dans  le  charbon 
de  terre  avec  la  hartite. 

t  HARLOU  (har-lou),  interj.  Terme  de  chasse. 
Ferme  dont  le  piquour  se  sert  pour  exciter  les  chiens 
courants   à    la   chasse   du  loup  :   Hariou  chiens! 

t  HARMALINE  (har-ma-li-n') ,  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Substance  qu'on  trouve  dans  les  graines  de 
peganum  harmala,  L. 

t  HARMATTAN  (ar-ma-tan),  s.  m.  Vent  d'Afri- 
que très-chaud,  qui  souffle  en  décembre,  janvier  et 
février,  se  fait  sentir  trois  ou  quatre  fois  par  an  et 
dure  un  ou  deux  jours,  cinq  ou  six  jours,  et  même 
quinze  jours.  iJi  température  de  l'air  que  souffle 
l'harmattan  e.st,  vers  trois  heures  après-midi ,  de 
29  degrés  à  l'ombre  et  de  40  degrés  au  soleil  ;  son 
extrême  sécheresse  porte  au  double  la  vitesse  de 
l'évaporation  de  l'eau,  saigey.  Physique  du  globe, 
ch.  XLvi. 

—  ÉTYM.  On  dit  que  ce  mot  appartient  à  la  lan- 
gue des  Fantis,  peuple  africain. 

t  HARMONIA  (ar-mo-ni-a),  s.  f.  Petite  planète 
découverte  en  <86e. 

HARMONICA  (ar-mo-ni-ka),  s.  m.  ||  1°  Primiti- 
vement, instrument  de  musique  inventé  en  Alle- 
magne, se  composant  de  cloches  ou  tasses  de  verre 
qui  contenaient  de  l'eau  à  des  niveaux  différents  et 
qu'on  faisait  vibrer  en  passant  de.ssus  le  doigt 
mouillé;  il  fut  perfectionné  considérablement  par 
Franklin,  qui  lui  donna  plus  de  sonorité  en  plaçant 
les  coupes  de  verre  dans  un  cylindre  horizontal 
qu'une  roue,  mise  en  mouvement  par  le  pied  du 
joueur,  pouvait  faire  tourner.  Entendait-il  [Fran- 
klin] des  sons  prodiits  par  des  verres  mis  en  vi- 
bration, il  remarquait  que  ces  sonsdifTéraient  selon 
la  masse  du  verre  et  selon  le  rapport  de  celle-ci  à 
sa  capacité,  à  son  évasement  et  à  son  contenu;  de 
toutes  ces  remarques,  il  résultait  un  instrument  de 
musique,  et  Franklin  inventait  l'harmonica,  Mi- 
GNET,  Vie  de  Franklin,  i,  6.  ||  2°  Aujourd'hui,  tout 
instrument  à  touches  de  verre,  voy.  glass-cord. 
Il  3"  Harmonica  à  cordes,  instrument  à  clavier,  in- 
venté en  1788:  c'est  un  piano  accordé  et  uni  avec 
une  espèce  d'épinette  qu'on  peut  jouer  avec  le 
piano.  Il  4"  Harmonica  chimique,  lampe  philosophi- 
que consistant  en  une  fiole  où  se  dégage  de  l'hy- 
drogène, surmontée  d'un  tube  effilé  recouvert  d'un 
autre  tube  de  verre,  lequel  est  mis  en  vibration 
par  la  flamme  de  l'hydrogène  brillant. 

—  REM.  Chateaubriand  a  fait,  contre  l'usage,  har- 
monica du  féminin  :  L'oreille  d'un  mortel  croirait 
ouïr  les  plaintes  d'une  harmonica  divine,  Natch.  iv. 

—  ÉTYM.    Voy.  HARMONIE. 

f  HARMONICORDE  (ar-mo-ni-kor-d')  ,  s.  m. 
Piano  à  queue  posé  verticalement  et  accompagné 
d'un  mécanisme  qui  se  meut  au  moyen  du  pied. 

—  ÉTYM.  Harmonie,  et  corde. 

HARMONIE  (ar-mo-nie),  s.  f.  \\  1°  Jonction  par 
engrenage ,  sens  propre  du  mot  grec  conservé 
seulement  dans  le  langage  anatomique  :  espèce  de 
synarthrose  ou  d'articulation  formée  par  des  dente- 
lures presque  imperceptibles.  ||  i°  Par  extension, 
agencement  entre  les  parties  d'un  tout,  de  manière 
qu'elles  concourent  à  une  même  fin.  L'harmonie 
des  corps  vivants.  Mettre  plusieurs  choses  en  har- 
monie. L'harmonie  des  différentes  parties  d'un  bâ- 
timent. Il  règne  une  savante  harmonie  entre  toutes 
les  parties  de  ce  tableau.  Les  surprenantes  harmo- 
nies De  ces  miraculeux  génies  Savent  tout  balancer, 
savent  tout  soutenir,  corn.  Prol.  de  la  Toison,  m. 
Ses  criminels  attentats  Des  plus  paisibles  États 
Troublent  l'heureuse  harmonie,  rac.  Esth.  m,  ». 
L'harmonie  organique,  l'activité  générale  du  corps 
social  étaient  chaque  jour  entravées,  troublées; 
chaque  jour  la  dissolution  et  la  paralysie  faisaient 
quelque  nouveau  progrès,  guizot,  Hist.  de  ta  civil, 
en  France,  S' leçon.  M.  duTrochet  ne  sépara  jamais 
la  physiologie  animale  de  la  physiologie  végétale.... 
la  vie  est  une;  quiconque  la  divise  n'en  compren- 
dra jamais  les  harmonies  et  les  lois,  coste,  Éloge 
de  du  Trochet.  \\  Harmonie  préétablie,  théorie  de 
Leibnitz,  expliquée  dans  le  passage  suivant  de 
Fontenelle  :  S'il  se  trouve  une  âme  et  un  corps 
tels  que  toute  la  suite  des  volontés  de  l'àme  d'une 
part,  et  de  l'autre  toute  la  suite  des  mouvements 
du  corps  se  répondent  exactement,  et  que,  dans  l'in- 
stant, par  exemple,  que  l'âme  voudra  aller  dans  un 
lieu,  les  deux  pieds  se  meuvent  machinalement  de 
ce  cêté-là;  cette  âme  et  ce  corps  auront  un  rapport 
non  par  une  action  réelle  de  l'un  sur  l'autre,  mais 
par  la  correspondance  perpétuelle  des  actions  sépa- 
rées de  l'un  et  de  l'autre;  Dieu  aura  mis  ensemble 
l'âme  et  le  coms  qui  avaient  entre  eux  cette  cor- 


respondance antérieure  à  leur  union,  cette  harmonie 
préétablie,  pont.  Leibniti.  \\  Harmonie  sociale,  ou, 
absolument,  harmonie,  terme  du  système  des  fou- 
riéristes,  qui  désigne  l'époiiue  de  prospérité  qui  doit 
succéder  à  l'enfance  du  genre  humain,  enfance 
dont,  selon  cette  écolo,  notre  civilisation  actuelle 
fait  encore  partie.  ||  3"  Par  comparaison.  Tout  ce 
qui  va  bien  ensemble  et,  par  cela  même,  parait 
agréable.  Les  ruines  ont  des  harmonies  avec  leurs 
déserts,  chateaubr.  Génie,  m,  v,  4.  ||  Être  en  har- 
monie avec,  être  d'accord  avec,  ne  pas  faire  de 
disparate.  La  poésie,  l'amour,  la  religion,  tout  ce 
qui  tient  à  l'enthousiasme  enfin  est  en  harmonie 
avec  la  nature,  stael,  Corinne,  t.  i,  p.  329,  dans 
poucENS.  Le  rugissement  du  lion  fort,  sec,  âpre, 
est  en  harmonie  avec  les  sables  embrasés,  cha- 
teaubr. Génie,  i,  v,  6.  ||4°  Fig.  11  se  dit  de  ce  qui 
s'accorde.  ||  Concorde.  Ils  vivent  dans  la  plus  parfaite 
harmonie.  L'harmonie  qui  régnait  parmi  eux  a  été 
troublée.  ||  Travail  des  exégètes  pour  concilier  entre 
elles  les  diverses  relations  contenues  dans  les  livres 
saints.  ||  Harmonies  évangéliques,  livres  écrits  pour 
prouver  la  concordance  des  Évangiles.  ||  5°  Terme 
de  littérature.  L'ensemble  des  qualités  qui  rendent 
le  discours  agréable  à  l'oreille.  Il  y  a  dans  les  pé- 
riodes de  l'illustre  d'Ablancourt  une  ceitainc  har- 
monie qui  plaît  autant  à  l'oreille  que  celle  des  vera, 
ST-ÉVREMONT,  Uiflex.  sur  les  trad.  dans  richf.let. 
Des  villes  que  tu  prends  les  noms  durs  et  barba- 
res.... Oui,  partout  de  son  nom  chaque  place  mu- 
nie Tient  bon  contre  le  vers  et  détruit  I  harmonie, 
boil.  Eptt.  IV.  Quatre  ou  cinq  de  nos  poètes  nous 
ont  fait  sentir  parfaitement  que  notre  langue  se 
prêtait  à  l'harmonie;  quelques  morceaux  choisis 
de  nos  orateurs  ne  laissent  pas  lieu  d'en  douter, 
d'olivet,  Prosod.  franc,  art.  v,  §  2.  J'ai  connu 
plus  d'un  Anglais  et  plus  d'un  Allemand  qui  ne 
trouvaient  d'harmonie  que  dans  leur  langue,  volt. 
Dict.  phil.  Langues.  11  faut  distinguer  deux  sortes 
d'harmonie:  l'une  qui  s'amuse  à  flatter  l'oreille 
par  l'heureux  choix  des  expressions  et  par  leur  dis- 
position nombreuse  ;  l'autre,  beaucoup  moins  com- 
mune, qui  a  sa  source  dans  une  âme  sensible  et 
qui  est  inspirée  à  l'écrivain  selon  les  passions  diver- 
ses dont  son  cœur  est  agité,  diderot,  Claude  et  !fér. 
II,  109.  La  Motte  a  trcs-fincment  et  très-justement 
remarqué  que  riiablludc,  non  pas  des  sons,  mais 
de  notre  construction  et  de  notre  syntaxe,  influe 
sur  le  jugement  que  nous  portons  de  l'harmonie 
du  discours,  à  ce  point  qu'elle  nous  fait  mettre  de 
la  difi'érence  entre  des  sons  absolument  semblables 
(par  exemple  le  saint  monarque  plairait  à  l'oreille, 
mais  le  ceint  monarque,  bien  entendu  en  son  sens 
naturel,  la  blesserait) ,  jullien  ,  Gramm.  Table. 
Il  Harmonie  imitative,  arrangement  de  mots  par  le 
son  desquels  on  cherche  à  imiter  un  bruit  naturel. 
Il  Poétiquement.  Harmonie,  le  son  des  vers.  Qui 
que  tu  sois,  Byron,  bon  ou  fatal  génie.  J'aime  de 
tes  concerts  la  sauvage  harmonie,  lamart.  Méd.  i, 
2.  C'est  un  souffle  affaibli  des  bardes  d'Israël,  Un 
écho  dans  mon  sein,  qui  change  en  harmonie  Le 
retentissement  de  ce  monde  mortel,  m.  Harm.  i,  1. 
Tu  ne  répandras  plus  mon  Sme  En  flots  d'harmonie 
et  d'amour;  Mais  le  sentiment  qui  m'enflamme 
Survivra  jusqu'au  dernier  jour.,  m.  i6.  ||  Le  dieu 
de  l'harmonie,  Apollon,  dieu  des  vers.  ||  Les  Har- 
monies, titre  d'un  recueil  de  vers  de  Lamartine. 
Ces  harmonies,  prises  séparément,  semblent  n'a- 
voir aucun  rapport  l'une  avec  l'autre;  considérées 
en  masse,  on  pourrait  retrouver  un  principe  d'unité 
dans  leur  diversité  même;  car  elles  étaient  desti- 
nées, dans  la  pensée  de  l'auteur,  â  reproduire  un 
grand  nombre  des  impressions  de  la  nature  et  de 
la  vie  sur  l'âme  humaine,  lamaht.  Harmon.  Aver- 
tissement.\\\\  se  dit  du  timbre,  de  la  qualité  de 
son  des  tuyaux  d'orgue.  Ce  jeu  a  une  belle  har- 
monie. Il  Table  d'harmonie,  cette  partie  d'un  piano 
sur  laquelle  les  cordes  sont  tendues;  se  dit  aussi  du 
violon  et  des  instruments  de  cette  famille.  ||  6"  Fig. 
Terme  de  musique.  En  général,  tout  ce  qui  est 
agréable  à  l'oreille.  Les  hommes  Furent  par 
l'harmonie  en  troupes  amassés,  ri^gnier,  Sol.  m. 
Oui  tour  à  tour  dans  l'air  poussaient  des  har- 
monies, CORN,  le  Ment,  i,  6.  Apprenez  à  tous  ces 
bergers  les  charmes  de  l'harmonie,  fén.  Tél.  u. 
Ma  voix  avait  une  harmonie  divine,  ID.  ib.  ii.  Ti- 
siphone  désarmée,  la  Parque  oisive.  Mégère  atten- 
drie, le  monarque  des  mânes  lui-même  étonné  de 
se  trouver  sensible;  tellessont  les  images  parlantes 
et  les  éloquentes  allégories  sous  lesquelles  la  pre- 
mière antiquité  se  plaît  à  nous  peindre  la  puissance 
de  l'harmonie  dès  les  temps  héroïques,  oresset, 
Disc,   «ur  l'harmonie.   Les  bruits  opt  éveillé  les 


1984 


HAR 


liruits,  la  forêt  est  tout  harmonie;  es^ce  les  sons 
praves  clo  l'orgue  que  j'entends?  chateaub.  Amé- 
rique, Journal  sans  date.  Lorsque  le  rossignol 
enivré  d'Iiarmonie....  lamart.  llarm.  iv,  3.  ||  Har- 
monie des  sphères,  sons  harmonieux  que,  d'après 
certaines  opinions  antiques ,  rendaient  le»  corps 
célestes  en  se  mouvant  suivant  des  nombres  har- 
moniques. Oui,  je  le  crois,  quand  je  t'écoute.  L'har- 
monie est  l'âme  des  cieux....  L'antiquité  l'a  dit,  et 
souvent  son  génie  Entendit  dans  la  nuit  leur  loin- 
taine harmonie  ,  lamart.  Harm.  iv,  3.  \'\  lOn  un 
sens  spécial.  Succession  d'accords  par  opposition  à 
mélodie;  série  des  sons  simultanés  par  laquelle 
on  peut  accompagner  chacun  de»  sons  du  disooui-s 
musical  pour  en  augmenter  l'eflfet  ou  en  compléter 
le  sena,  d'après  Mugnier,  ou,  d'après  Coussemaker, 
doctrine  ou  science  des  accords  et  des  lois  qui  en 
régissent  les  successions  et  le  système  de  classifica- 
tion. Une  harmonie  savante.  11  y  a  plus  d'harmo- 
nie que  de  chant  dans  ce  chœur.  ||  Absolument. 
L'harmonie,  l'ensemble  des  principes  et  règles  de 
l'harmonie.  Traité  d'harmonie.  ||  Morceau  d'harmo- 
nie, composition  à  plusieurs  parties  considérée  sur- 
tout au  point  de  vue  de  la  succession  des  accords. 
Il  Harmonie  directe,  celle  où  la  basse  est  fondamen- 
tale, et  où  les  parties  supérieures  conservent  l'ordre 
direct  entre  elles  et  avec  cette  basse.  ||  Harmonie 
renversée,  celle  où  le  son  générateur  ou  fondamen- 
tal est  dans  quelqu'une  des  parties  supérieures,  et 
où  quelque  autre  son  de  l'accord  est  transporté  à 
la  basse  au-dessous  des  autres.  ||  Harmonie  figurée, 
celle  où  l'on  fait  passer  plusieurs  notes  sur  un  ac- 
cord. Il  Plus  particulièrement  encore.  La  masse  des 
instruments  à  vent  qui  entrent  dans  la  compo- 
sition d'un  orchestre.  L'harmonie  est  trop  considé- 
rable dans  cet  orchestre.  ||  Concertd'harmonie,  con- 
cert qui  n'est  composé  que  d'instruments  à  vent  et 
d'instruments  de  percussion.  ||  On  dit  de  même  : 
musique  d'harmonie. 

—  HlST.xiii's.  Là  font  entre  eus  lor  armonies.  Qui 
sunteausesdes  mélodies  Et  des  diversités  de  tons,  Que 

racordance  metons  En  toutes  manières  de  chant, 
Rose,  1 7)  5 1 .  Il  xiv  s.  Armonie,  ce  est  à  dire  sons 
melodieus  et  oonsonans,  oresme,  Thèse  de  meunier. 
Il  XVI*  s.  Harmonie  est  faite  quand  les  os  sont  con- 
joincts  et  unis  tellement,  qu'il  n'y  a  qu'une  simple 

ligne,  PARÉ,  IV,  43 Cette  courageuse  harmonie 

de  la  musique  guerrière,  qui  nous  entretient  et  nous 
eschauffe  et  les  oreilleset  l'ame,  charron.  Sagesse, 
I,  59.  Et  le  beau  sein  et  la  bouche  et  les  yeux  De  ma 
déesse,  où  le  ciel  curieux  Mist  de  beauté  la  plus 
douce  harmonie,  am.  jahin.  Poésies,  f"  137.  Les 
gorgelles  des  oyseaux  qui  chantoient  en  douce 
harmonie,  tahureau,  Dialogues,  p.  <9i,  dans  la- 
curne. 

— KTYM.  Provcnç.  et  espagn.  armonta  ;  portug. 
harmonia;  ital.  armonia;  du  lat.  harmonia,  qui 
vient  du  grec  âopiovîa,  signifiant  proprement  arran- 
gement, ajustement,  de  àppio;,  assemblage  (voj. 

HARMOSTE). 

t  HAUMONIEN,  lENNE  (ar-mo-niin,  niè-n'),  adj. 
Terme  de  l'école  fouriériste.  Qui  appartient  à  l'épo- 
que ou  à  l'état  social  appelé  harmonie. 

I  HARMONIER  (ar-mr  nié),  t).  a.  Néologisme. 
Mettre  en  harmonie  (voy.  jiarmoniser). 

HARMONIEUSEMENT  (ar-mo-ni -eû-ze-man) , 
adv.  Avec  harmonie.  Chanter  harmonieusement. 
Il  11  se  dit  aussi  de  l'arrangement.  Des  couleurs  h;ir- 
nionieusement  combinées 

—  ETYM.  Harmonieuse,  et  le  suffixe  ment. 
IIARMON'IECX,  EU.SE  (ar-mo-ni-eù,  eû-z') ,  adj. 

Il  1"  Qui  a  de  l'harmonie,  un  son  flatteur  pour  l'o- 
reille. On  lit  qu'en  Ethiopie  il  y  avait  une  statue 
qui  rendait  un  son  harmonieux  toutes  les  fois  que 
le  soleil  levant  la  regardait,  Régnier,  Épit.  dédie. 
Uni.ssez  en  votre  musique  I^  (lilte  à  la  viole,  et  la 
lyre  aux  tambours;  Que  l'orgue  à  tant  de  sons  mêle 
un  son  magnifique.  Prête  un  harmonieux  secours, 
OOBN.  Trad.  du  ps.  cl.  Est-il  croyable  que  M.  de 
Raumaise  ait  dit  que  les  ouvrages  de  M.  de  Balzac 
étaient  des  sottises  harmonieuses  ?  Ànti-mena- 
giana,  p.  16.  Il  est  un  heureux  choix  de  mots  har- 
monieux; Fuyez  des  mauvais  sons  le  concour.s 
odieux,  BOiL.  Art  p.  i.  La  force  tenait  lieu  de  droit 
et  d'équité....  Mais  du  discours  enfin  l'harmonieuse 
adresse  De  ces  sauvages  mœurs  adoucit  la  rudesse, 
ID.  «6.  IV.  Toi  qui  dis  aux  forêts  :  répondez  au  zé- 
phyrel  Aux  ruisseaux  :  murmurez  d'harmonieux  ac- 
cords! Aux  torrents:  mugissez!  à  la  brise:  sou- 
pire I  X  l'océan  :  gémis  en  mourant  sur  tes  bords  I 
LAHAHT.  Harm.  i,  i.  n  entendit  de  loin  dans  le 
divin  séjour  L'harmonieux  soupir  de  l'rtonipl  amour. 
Les  accents  du   bonheur,  les  saints  concerts  des 


DAR 

anges,  m.  Kéâ.  i,  i.  ||  *•  Par  extension.  En  parlant 
des  personnes,  qui  lit  ou  chante  avec  harmonie. 
Gardez-vous  d'imiter  ce  rimeur  furieux  Oui.  de  ses 
vains  écrits  lecteur  harmonieux.  Aborde  en  récitant 
quiconque  le  salue,  boil.  Art  p.  iv.  Harmonieux 
vieillard,  tu  n'as  donc  point  chanté?  Quelques  jons 
de  ta  voix  auraient  tout  acheté,  A.  ciién.  Idylles, 
l'Aveugle.  \\  Dont  le  style  est  harmonieux.  Le  plus 
harmonieux  des  poètes.  ||  3"  Il  se  dit  des  choses  qui 
sont  en  harmonie  entre  elles.  Des  couleurs  variées 
et  harmonieuses.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses  qui 
sont  en  harmonie  avec  elles-mêmes  et  produisent 
l'effet  de  l'harmonie.  L'harmonieux  éther,  dans  ses 
vagues  d'azur.  Enveloppe  les  monts  d'un  fluide  plus 
pur,  LAMART.  Harm.  ii,  4. 

—  ÉTVM.  Harmonie. 

t  HARMONIFlCte  (ar-mo-ni-flu-t'),  s.  m.  In- 
strument à  vent  et  à  clavier  où  les  touches  faisaient 
résonner  des  tuyaux  à  biseau,  comme  la  flûte;  le 
vent  venait  par  un  soufflet  manœuvré  avec  les 
pieds. 

—  ÊTYM.  Harmonie,  et  flûte. 

f  HARMONIPHON  (ar-mo-ni-fon),  ».  m.  Instru- 
ment à  vent  et  à  clavier,  qui  se  joue  avec  la  bouche 
au  moyen  d'un  tube  élastique  qui  sert  à  introduire 
l'air,  en  même  temps  que  les  doigts  agissent  sur  le 
clavier. 

—  ÉTYM.  Harmonie,  et  çovirfi,  voix. 
HARMONIQUE  ( ar-mo-ni-k'),   adj.   ||  1°  Dont 

toutes  les  parties  concourent  à  un  même  but  ou 
effet.  Le  temps  est  venu  qu'il  faut  remettre  les  an- 
ciens ordres  et  cette  relation  harrooniqjue  qui  doit 
exister  entre  un  commandement  légitime  et  une 
obéissance  -aisonnable,  larochef.  Uém.  26.  Un 
ouvrage  nw  peut  faire  impression  sur  l'esprit  du 
lecteur,  il  ne  peut  se  faire  sentir  que  par  la  dépen- 
dance harmonique  des  idées,  bufk.  Morceaux  chois. 
p.  5.  Il  Terme  de  l'école  fouriériste.  Qui  appartient 
à  l'harmonie,  qui  est  réglé  selon  les  principes  har- 
moniens.  ||  2"  Terme  d'acoustique.  Sons  harmoni- 
ques, sons  produits  par  la  division  spontanée  d'une 
corde  vibrante,  et  qui  s'accordent  avec  le  son  fon- 
damental ;  c'est  l'octave,  la  douzième ,  la  double 
octave,  la  dix-septième,  la  dix-neuvième  et  la  triple 
octave.  On  peut  donner  la  raison  du  plaisir  que 
font  les  sons  harmonique»:  ils  consistent  dans 
la  proportion  du  son  fondamental  aux  autres  sons, 
BUFF.  De  Toute.  ||  Substantivement,  au  masculin. 
Un  harmonique.  Un  son  et  ses  harmoniques.  ||  Fig. 
....Une  tête  était  mal  timbrée,  si  le  son  principal 
qu'elle  rendait  n'avait  dans  la  société  aucun  harmo- 
nique, riiDEROT,  Lett.  sur  les  sourds  et  muets. 
Il  Substantivement,  au  féminin.  Les  harmoniques, 
les  cordes  harmoniques.  ||  Echelle  harmonique, 
succession  de  sons  qui  s'engendrent  suivant  des 
rapports  constants.  ||  Terme  de  musique.  Qui  ap- 
partient à  l'harmonie.  Marche  harmonique.  ||  Sons 
harmoniques,  se  dit  quelquefois  des  sons  fiûtés  que 
l'on  tire  d'un  instrument  par  divers  procédés.  Les 
sons  harmoniques  se  produisent  dans  les  instru- 
ments à  cordes  et  à  archet  en  effieurant  la  corde 
du  doigt,  au  lieu  de  la  comprimer  sur  la  table  du 
manche  comme  on  fait  pour  les  sons  pleins.  ||  Notes 
harmoniques,  notes  formant  la  série  des  nombres 
naturels,  ),  2,  3,  4,  5....  c'est-à-dire  une  série  où 
la  deuxième  note  est  deux  fois  plus  aiguë  que  la 
première,  la  troisième  trois  fois,  et  ainsi  de  suite. 
Il  8"  Terme  de  mathématique.  Division  harmoni- 
que d'une  ligne,  division  telle  que  les  segments 
soient  dans  un  rapport  non  fractionnaire.  ||  Points 
harmoniques,  points  d'une  droite  déterminant  des 
segments  qui  donnent  lieu  à  une  proportion  har- 
monique. Il  Faisceau  harmonique,  lignes  droites 
partant  d'un  même  point  de  l'espace  et  passant 
par  quatre  points  harmoniques.  ||  Proportion  har- 
monique ,  proportion  dans  laquelle  le  premier 
terme  est  au  troisième,  comme  la  différence  du 
premier  et  du  second  est  à  la  différence  du  second 
et  du  troisième. 

—  HIST.  XIV*  s.  Voix  armonique,  ce  est  à  dire 
consonante  et  mélodieuse,  oresme.  Thèse  de  meu- 
nier. Il  xvi*  s Ains  fault  faire  comme  les  harmo- 
niques et  musiciens,  en  rebouchant  tousjours  la 
pointe  des  adverses  par  la  recordation  des  prospères, 
AMYOT,  De  la  tranq.  d'dme,  31. 

—  ÊTYM.  Provenç.  armonie;  espagn.  et  ital.  ar- 
monico;  du  lat.  harmonicus,  qui  est  le  grec  àp|jio- 
ytxà;  {voy.  HARMONre). 

HARMONIQUEMENT  (  ar-mo-nike-man) ,  adv. 
Il  1*  Terme  de  musique.  Suivant  les  lois  de  l'har- 
monie. Le  déchant  [dans  la  musique  du  moyen 
Age]  était  l'art  de  disposer  harmoniquement  deux 
ou  plusieurs  parties  destinées  à  être  chantées  en- 


HAR 

semble,  coossemaubr,  PArt  harmonique,  p.  91. 
Il  2°  Terme  de  géométne.  Ligne  divisée  harmoni- 
quement, de  façon  que  les  segments  donnent  lieu 
à  une  proportion  harmonique. 

—  RTYM.  Harmonique,  et  le  suffixe  ment. 

t  HARMONISATEUR  (ar-mo-ni-za-teur),  s.  m. 
Terme  de  musique.  Celui  qui  harmonise,  qui  met 
en  parties  harmoniques  une  mélodie.  ||  Adj.  Musi- 
cien harmonisateur. 

—  ÊTYM.  Harmoniser. 

t  HARMONISER  (ar-mo-ni-sé),  ».  a.  ||  !•  Néolo- 
gisme. Mettre  en  harmonie,  faire  accordcr.||  2*  Terme 
de  musique.  Mettre  en  parties  harmoniques  une 
méloflie,  coussemaker,  l'Art  harmonique,  p.  48o. 
Il  3°  S'harmoniser,  t.  réfl.  Se  mettre  en  harmonie, 
être  en  harmonie.  ||  On  dit  aussi,  bien  que  plus 
rarement  aujourd'hui ,  harmonier.  C'est  dans  le 
ciel  comme  dans  le  genre  humain  que  s'harmo- 
nient  à  la  fois  toutes  les  couleurs  primitives,  bern. 
DE  ST-p.  Harm.  m,  Harm.  aquatiques.  Une  large 
lisière  de  gazon  d'un  beau  vert  gris  s'harmonie 
d'un  côté  avec  la  verdure  des  bois,  et  de  l'autre 
avec  l'azur  des  fiots,  id.  Élude  6.114°  Terme  de 
musique.  S'harmoniser,  être  mis  en  parties  harmo- 
niques. 

—  ÊTYM.  Harmonie. 

HARMONISTE  (ar-mo-ni-st'),  s.  m.  ||  1°  Musicien 
qui  connaît  les  règles  de  l'harmonie.  ||  2"  Peintre 
qui  entend  l'harmonie  des  couleurs.  Il  y  a  un  pres- 
tige dont  il  est  difficile  de  se  garantir,  c'est  celui 
d'un  grand  harmoniste,  Diderot,  Essai  sur  la  peint. 
II.  Il  3°  Membre  d'une  petite  société  luthérienne  des 
Etats-Unis. 

—  ÊTYM.  Harmonie. 

t  HARMONISTIQUE  (ar-mo-ni-sti-k'),  s.  f.  Con- 
ciliation des  pa.ssages  qui,  dans  le  Nouveau  Testa- 
ment, paraissent  contradictoires. 

—  ÉTVM.  Harmoniser. 

+  HARMONIUM  (ar-mo-ni-om') ,  s.  m.  Orgue 
de  salon ,  espèce  d'orgue  où  les  tuyaux  sont  rem- 
placés par  des  anches  libres  qui  répondent  aux  tou- 
ches d'un  clavier  ;  ce  qui  fait  que  l'instrument  est 
enfermé  dans  un  petit  buffet;  le  vent  est  fourni  par 
un  soufflet  qu'on  manœuvre  avec  les  pieds.  ||  Anti- 
phonel-harmonium,  appareil  inventé  par  Debain 
pour  la  reproduction  fidèle  sur  l'orgue  des  accom- 
pagnements et  morceaux  de  plain-chant.  jj^luplur 
Des  harmoniums. 

—  ÉTVM.  Harmonie. 

t  HARMO.NOMÈTRE  (ar-mo-no-mc-tr'),  s.  m. 
Mot  mal  fait;  il  faudrait  harmoniomètre  (voy.  so- 
nomètre). 

t  HARMOPHANE  (ar-mo-fa-n') ,  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  offre  des  indices  de  joints  natu- 
rels. 

—  ÊTYM.  'Apiii;,  joint,  etçivr,;,  apparent. 

t  HARMOSTE  (armo-sl'),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Nom  des  gouverneurs  imposes  par  Sparte 
aux  pays  vaincus,  durant  son  hégémonie,  surtout 
après  la  domination  de  Lysandre. 

—  ÊTYM.  'Ap[j.o(Tt»i;,  proprement  celui  qui  réu- 
nit, arrange,  de  àppLoUeiv,  arranger,  àppii;,  arran- 
gement. "Apuo;  a  pour  radical  apw,  arranger  ;  l'es- 
prit rude  ne  se  retrouvant  pas  dans  le  primitif  âpo», 
il  est  permis  d'identifier  àp|j.ô(  avec  le  latin  armus, 
épaule,  arma,  armes,  arlus,  membre;  ce  qui  con- 
duit à  la  racine  sanscrite  or,  préparer,  obtenir. 

]  UARMOTOME  (ar-mo-to-m'),  s.  m.  Terme  de 
minéralogie.  Minéral  blanchâtre  dont  les  cristaux 
sont  divises  aux  jointures.  L'harmotome  est  un 
silicate  alumineux,  ditau.ssi  hyacinthe  cruciforme, 
staurolithe  et  andréolithe,  par  abréviation  d'an- 
dréasbergolithe,  parce  que  l'harmotome  a  été  trouve 
à  Andreasbergen,  en  Norvège. 

—  ÉTYM.  "Apfio:,  joint,  et  TO|i:^,  section. 
HARNACHE,  ÉE  (har-na-ché,  chce),  part.passi 

de  harnacher.  Couvert  de  harnais.  Un  cheval  har- 
naché. Il  Kig.  et  familièrement.  Habillé  sans  goût, 
d'une  manière  bizarre.  Comme  vous  voilà  har 
naché ! 

+  IIARNACIIE.MENT  (h.ir-na-che-man),  ».  m. 
\\  1"  Action  de  harnacher.  ||  L'ensemh'.e  des  harnais. 
Il  Equipage  d'uniforme  des  chevaux  de  cavalerie. 
Il  I'  Fig.  Un  costume  lourd  et  ridicule. 

—  HlST.  xvi*  s.  Harnachement,  cotoravr. 
HARNACHER   (har-na-ché),   v.  a.  ||  1*  Mettre  le 

harnais  à  un  cheval.  ||  2°  Fig.  et  familièrement. 
Mettre  des  vêtements  disgracieux  et  dont  les  cou- 
leurs ne  vont  point  ensemble.- Il  3"  Se  harnacher. 
V.  réfl.  Se  vêtir  d'une  manière  ridicule. 

—  HlST.  xiii*  s.  Adont  veissiés  chevaliers  et  ba- 
rons aharnaskiés  de  chevaus  et  d'armeures  et  de 
pavellons  et  de  quanques  il  lor  convenoit,  Chr.  di 


HAR 


HAR 


HAR 


1985 


Rat'ns,  p.  *34.  Il  XV'  s.  Le  sire  Potron  de  Xantraille 
Tout  harnaché  d'orfaverie,  Vigiles  de  Charles  ^11, 

t.  Il,    p.    72,    dans    RAYNOUARD,    GIOSS.    Il    XVI'  s.    Il 

falloit  tant  de  temps  à  les  destacher  et  harnacher 
^certains  chevaux],  MONT,  i,  366. 

—  ÊTYM.  Ilamois;  provenç.  arnescar,  arnesar, 
t  HARIVACHEUR   (har-na-cheui),  s.  m.  Ouvrier 

qui  travaille  pour  les  selliers,  qui  /'ait  des  harnais. 
Il  Valet  qui  harnache  les  chevaux  l|  Marchand  do 
harnais. 

—  HIST.  XV'  s.  Guiot,  hamicheur  [voiturierj  et 
gourmet  de  vins,  du  cange,  hamascha. 

HARNAIS  (har-nê  ;  Vs  se  lie  :  un  har-nê-z  en  bon 
état)  ou  HARNOIS  (har-nol;  cette  prononciation 
n'est  usité  qu'en  poésie;  de  ces  deux  prononciations, 
harnais  est  l'ancienne  prononciation  de  Paris  et  de 
la  Picardie;  harnais  est  l'ancienne  prononciation 
de  la  Normandie  et  de  l'Ouest  ;  au  xvi'  sièc.'e,  H.  Es- 
tienne,  Du  Nouv.  lang.  f.  ital.  p.  667,  déclare  pré- 
férer de  beaucoup  la  prononciation  de  harnais, 
comme  étant  plus  virile,  à  celle  de  harnès),  s.  m. 
Il  1*  Anciennement.  L'armure  complète  d'un  homme 
d'armes.  Il  faut  remettre  encor  le  harnois  sur  le 
dos,  TBi.sTAN,  M.  de  Chrispe,  m,  2.  Savez-vous 
pour  la  gloire  oublier  le  repos,  Et  dormir  en  plein 
champ  le  harnois  sur  le  dos?  boil.  Sat.  v.  ||  En- 
dosser le  harnois,  embrasser  la  profession  des  ar- 
mes. Il  Fig.  et  par  plaisanterie.  Endosser  le  harnois 
ou  le  harnais,  se  dit  d'un  homme  d'Église  ou  de 
robe  qui  revêt  les  habits  de  sa  profession.  ||  Il  sue 
dans  sop  harnois,  dans  son  harnais,  se  dit  d'un 
homme  trop  vêtu.  ||  Fig.  et  familièrement.  Suer 
dans  son  harnois  ou  dans  son  harnais,  être  mal 
à  l'aise.  Don  Mathéo  suait  dans  son  harnois, 
Pressait,  priait,  conjurait  avec  larmes,  la  font. 
Belph.  Il  Cet  orateur  s'échauffe  dans  son  harnois 
ou  dans  son  harnais,  il  parle  avec  beaucoup  de 
chaleur  et  de  véhémence.  Le  duc  de  Noailles  ba- 
varda longtemps  sans  dire  grand'chose  ;  peu  à  peu 
s'échauffant  comme  exprès  dans  son  harnais  :  vous 
n'avez  pas  voulu,  me  dit-il,  des  finances,  st-sim. 
.405,  6.  Il  S'échauffer  dans  son  harnais,  dans  son 
harnois,  signifie  aussi  s'exciter.  Ma  foi,  le  philosophe 
D'un  feu  long  et  discret  dans  son  harnois  s'é- 
chauffe, REGNARD,  Distrait,  ii,  6.  ||  Blanchir  sous  le 
harnais,  sous  le  harnois,  vieillir  dans  le  métier  des 
armes.  Sire,  ainsi  ces  cheveux  blanchis  sous  le  har- 
nois, Ce  sang  pour  vous  servir  prodigué  tant  de 
fois....  CORN.  Cid,  II,  9.  Excusez  un  Tartare,  excu- 
sez un  soldat  Blanchi  sous  le  harnois  et  dans  votre 
service,  volt.  Orphcl.  iv,  2.  ||  Familièrement.  Blan- 
chir sous  le  harnois,  sous  le  harnais,  vieillir  dans 
un  métier  quelconque.  Vous,  qui  avez  blanchi, 
comme  on  dit,  sous  le  harnois,  mol.  Pourc.  i,  (<.  11 
a  vieilli  sous  le  harnois  en  voyant;  il  est  spectateur 
de  profession,  la  bhuy.  vu.  ||  11  faut  mourir  dans 
le  harnois  ou  dans  le  harnais,  se  dit  d'une  profes- 
sion pénible  qu'on  a  embrassée  et  qu'on  ne  peut 
quitter.  H  Par  extension,  toute  espèce  d'habit  mili- 
taire. C'est  à  la  faveur  de  mon  harnais  que  j'ai  par- 
couru l'Italie,  où  l'on  ne  pouvait  voyager  qu'avec 
une  armée,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  Hi6.  ||  2°  flarnais, 
tout  l'équipage  d'un  cheval  de  sellé.  ||  Tout  l'équi- 
page de  cuir  d'une  voiture.  ||  3°  Par  extension,  che- 
vaux et  attirail  d'un  voiturier,  d'un  rouiier.  C'est 
un  chemin  trop  étroit  pour  les  harnais.  ||  Cheval  de 
harnais,  cheval  de  charrette.  ||  4°  Terme  d'oiselier 
et  de  pêcheur.  Tout  l'équipage  qui  sert  pour  la 
chasse  des  petits  oiseaux  ou  pour  la  pèche.  ||  S°  As- 
semblage de  plusieurs  pièces,  dont  le  rubanier  et  le 
gazier  se  servent  pour  confectionner  leurs  étoffes. 
Il  6°  Terme  de  métallurgie.  Double  harnais,  appa- 
reil qui  fait  mouvoir  les  soufllets. 

—  HIST.  XII'  s.  Harnois  [bagage]  et  toute  la  fra- 
paille  Qui  riens  ne  surent  de  bataille,  [il]  Fist  de- 
jouste  le  mont  ester,  Brut,  ms.  f"  94,  dans  lacurne. 
Du  sanc  d«s  bestes  ont  lor  cors  ensanglantez,  Lor 
harneiz  e  lor  bons  en  ontavironnez,WACE, /(ou,  (781. 
Il  xm'  s.  Bien  i  ot  vint  mile  que  homes,  que  femes, 
que  enfans,  et  bien  trois  mile  chars  chargiés  de 
leur  robes  etde  leur  harnois,  sans  leur  autres  proies, 
viLLEn.  cLxv.  Nus  ne  puet  ouvrer  au  diemenche.... 
se  ce  n'est  pour  enarmer  un  escu  au  besoing,  ou 
pour  mètre  uns  eslriez  et  un  poilral  à  une  sele  ou 
un  harnais  à  someatachier,  Liv.  des  met.  2H.  Hom 
quelconques  il  soit,  se  il  vient  de  dehors  Paris  por 
ester  à  Paris,  ou  vait  hors  de  Paris  por  ester  ail- 
leurs et  il  amaine  ou  romaine  le  harnais  de  son  os- 
tel  en  une  nef,  ib.  305.  Et  li  destrier  sorquoi  ielles) 
seoient,  Molt  tost  et  molt  soucf  ambloient  ;  Et  sa- 
chïésbien  que  l'un  bernois  N'csiigast  mie|ne  dédai- 
gnât] uns  riches  rois.  Lai  du  trot.  Il  deit  perdre 
son  harneis  de  chevau  et  d'armeures,  et  deit  estre 

DICT.    DE   LA   LANGUE   FRANÇAISE. 


bani  fors  dou  pays,  Ass.  de  Jér.  i,  î)2.  IjxiV  s.  .le 
vous  donne  congiet,  vos  harnas  est  toursés,  Et 
mille  florins  d'or,  que  vous  de.spenderés,  Baud.  de 
Seh.  IX,  TS.').  Il  xv  s.  iean  Bourcinel  avoit  pourvu 
deux  harnois  d'armes  bons  et  suffisans,  froiss.  ii, 
II,  85.  Appartient  il  que  les  harnas  Porte  un  cor- 
beau ou  un  huas  [chat-huantj  De  l'aigle  et  le  noble 
courroy?  E.  desch.  Poésies  mss.  f'  320.  De  bons  har- 
nois [habits],  de  bons  chaucons  [chaussons]  vestus, 
ib.  f°  234.  Et  y  estoit  portant  le  harnois  le  chance- 
lier de  France,  comm.  i,  2.  Incontinent  qu'il  [le 
duc  de  Bourgogne]  estoit  descendu  de  cheval  au 
lieu  où  il  venoit  pour  loger,  il  ostoit  le  menu  har- 
noys  et  rctenoit  le  corps  de  la  cuyrasse,  id.  v,  8. 
Il  XVI'  s.  Nous  sommes  icy  assez  mal  avitalllés,  et 
pourveus  maigrement  des  harnoys  de  giieulle,  rab. 
Garg.  i,  32.  Benoisl  monsieur,  dit  Panurge  [à  Din- 
denault  qui  s'exaltait  à  vanter  ses  mouton.s],  vous 
vous  eschauffez  en  vostre  harnois,  in.  Pant.  iv,  7. 
La  jeunesse  s'eschauffe  si  avant  en  son  harnois  toute 
endormie,  que mont,  i,  92.  Nous  louons  un  che- 
val de  ce  qu'il  est  vigoreux,  non  de  son  harnois, 
ID.  I,  324.  Harnois  ne  vaut  rien  s'il  n'est  deffendu, 
LEROUX  DE  LiNCY,  Prov.  t.  Il,  p.  (69.  Que  nul  ne 
se  ingère  ou  advanoe  de  pesquier  [pêcher]  d'aucun 
harnas  es  eauwes  de  nostre  dit  pays,  Caust.  gén. 
1. 1,  p.  813. 

—  ÈTYM.  Picard,  harnas,  attelage  de  quatre  che- 
vaux; wallon,  hema;  namur.  hernè;  Berry,  har- 
nas; provenç.  et  espagn.  anics;  portug.  arnei;  ital. 
arnese;  angl.  hamess;  du  celti(|ue  :  bas-bret.  har- 
nei,  ferraille;  kimry,  haiarn,  fer;  irl.  iaran;  mot 
qui  est  de  même  racine  que  le  germanique  :  angl. 
î'ron,  fer;  a.\\em.Eisen;  anc.  h.  allem.  tsarn.  Le 
moyen  h.  allem.  harnasch,  et  l'allem.mod.  Uarnisch 
viennent  des  langues  romanes.  Le  sens  propre  est 
engin  en  fer,  armure  ;  puis  de  là  le  mot  a  passé  au 
sens  de  toute  espèce  d'engin  soit  pour  le  cheval,  soit 
pour  la  chasse,  soit  pour  la  cuisine,  etc. 

HARO  (ha-ro),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  pratique 
dont  on  se  servait  pour  faire  arrêt  sur  quelqu'un 
ou  sur  quelque  chose,  et  pour  procéder  sur-le-champ 
devant  le  juge.  ||  Clameur  de  haro,  opposition  que 
l'on  formait.  Nonobstant  clameur  de  haro,  charte 
i.ormande  et  lettres  à  ce  contraires,  Formulerai  se 
trouve  dans  tous  les  privilèges  du  roi  pour  impri- 
mer. Il  Fig.  et  familièrement.  Crier  haro  sur  quel- 
qu'un, se  récrier  contre  ce  qu'il  dit  ou  fait.  Le  bon 
Jean  crie  au  meurtre,  et  le  docteur,  haro,  Régnier, 
Sat.  .X.  X  ces  mots  on  cria  haro  sur  le  baudet,  la 
font.  Fabl.  VII,  <.  Tous  crient  de  concert  haro  sur 
le  premier  qui  osera  se  moquer  des  sottises  sur  les 
quelles  ils  s'accordent,  d'alemb.  Lett.  à  Volt.  22  fév. 
1764.  Il  Le  haro,  le  cri  qui  s'élève  dans  le  public. 
Affronter  le  haro,  l'indignation  publique'!  pour  qui? 
pour  des  ingrats  qui  vous  payent  d'un  cordon,  et 
disent....  P.  l.  cour.  Lett.  particulière.  La.  canaille 
|dans  le  royaume  de  Naples]  est  le  parti  du  roi  [le 
prince  Bourbon  chassé),  et  tout  propriétaire  est  ja- 
cobin :  c'est  le  haro  de  ce  pays-ci,  id.  Leil.  i,  60. 
Il  Terme  de  droit  féodal.  Droit  de  haro,  droit  qui 
permettait  au  seigneur  haut  justicier  de  faire  payer 
l'amende  à  ceux  qui  laissaient  échapper  un  individu 
sur  lequel  on  avait  crié  haro. 

—  HIST.  xiii'  s.  Puis  escrie  :  haro  le  fu  [feu]  ! 
Cil  delà  vile....  Fabliaux  mss. p.  147,  dans  lacurne. 
Lors  crierez  harou,  qu'ele  vous  veut  meurdrir, 
Berte,  xm.  Et  Blancheflors  s'escrie  :  haro,  traï,  tra'i, 
ib.  Lxxxix.  ||xiv'  s.  Cis  rois  iert  Rous  [Rollon,  qui 
ravageait  la  Neustrie  avant  d'en  être  duc]  ;  pour  ce 
crioient  Normans  que  en  son  tans  fuioient  Droit 
vers  Chartres  comme  garous.  De  toutes  parts  ;  ha 
Rous,  ha  Rous,  G.  guiart,  v.  4721.  ||  xV  s.  Dont 
ceux  qui  le  virent  commencèrent  à  crier  et  à  huer 
et  à  faire  grand  haro,  froiss.  i,  i,  03.  Quand  les 
nouvelles  et  le  haro  en  vinrent  à  Landrecies,  id.  ib. 
1,  i,  H3.  Il  XVI"  s.  Nonobstant  opposition  ou  appel- 
lations, clameur  de  Hà-Raol  et  doléances  quelcon- 
ques, Edit,  sept  1501.  Et  en  ce  faisant  a  déclaré  à 
bonne  cause  le  haro  interjeté  par  ledit  le  Vaillant  sur 
ledit  lia.\s.  Arrêt  du  parlem.  de Tiouen,  (3  mars  i698. 

—  ÉTYM.  L'ancienne  opinion  est  que  haro  repré- 
sente ha  Raoul,  c'est-à-dire  est  un  appel  à  Ballon, 
premier  duc  de  Normandie,  qui  fut  un  grand  jus- 
ticier. Cette  opinion  était  au  commencement  du 
quatorzième  siècle  celle  de  G.  Guiart,  .qui,  il  est 
vrai,  l'interprclait  autrement  et  y  voyait  un  cri 
d'cffrui.  Diez  la  condamne  et  dit  que  ha  n'est  pas 
l'exclamation  qui  devrait  se  trouver  ici;  il  propose 
l'ancien  haut-allemand,  hera  ou  hara,  ancien  saxon, 
herod,  qui  signifie  ici;  de  sorte  que  le  sons  de  haro 
serait  :  viens  ici,  viens  à  mon  secours  j  enfin  herod 
permet  d'expliquer  l'ancien  verbe  luiroder,  harau- 


der,  pous.çer  des  cris;  il  voit  aussi,  dans  harlou,  le 
simple  har,  ici,  avec  loup:  ici  au  loup.  Ces  raisons 
plausibles  ébranlent  beaucoup  l'ancienne  étymolo- 
gie.  Dans  les  foires  de  Champagne,  harel  harel  ou 
are!  are!  était  un  cri  des  sergents  pour  ai-noncer 
ijue  la  foire  était  close;  en  Flandre,  ce  cri  était  aro. 

t  HAROUELLE  (ha-rou-è-l"),  ».  f.  Terme  de  pêche. 
Corde  garnie  de  lignes  latérales  qui  portent  dea 
hameçons. 

t  HARPAGON  (ar-pa-gon),  t.  m.  Personnage 
principal  de  l'^t'arede  Molière.  ||Fig.  Homme  avare 
et  avide.  C'est  un  Harpagon,  j'avais  afTaire  à  un 
Harpagon. 

—  ÉTYM.  Lat.  harpagonem,  voleur,  proprement 
grappin,  du  grec  SpnaS,  qui  ravit,  enlève. 

).tHARPAILLER(har-pâ-llé,  U  mouillées),  p.n. 
Terme  de  chasse.  Prendre  le  change,  se  séparer, 
en  parlant  des  chiens. 

—  ÈTYM.  C'est  probablement  un  dérivé  péjoratil 
de  harperï  :  mal  saisir,  prendre  le  change. 

2.  HARPAILLER  (SE)  (har-pa-llé.  Il  mouillées,  et 
non  har-pa-yé),  ».  re'/I.  .Se  quereller  avec  aigreur. 
Que  reste-t  il  à  faire  après  qu'on  s'est  bien  harpaillé? 
A  mener  une  vie  douce,  tranquille,  et  à  rire,  volt. 
Lett.  Palissot, à-dris  palissot,  Œuvres,  t.  i,  p.  460. 

—  ETYM.  Fréquentatif  de  harper  2;  lorrain,  se 
harpouiller.  Dans  l'ancienne  langue,  harpaillé, 
hetpaille  signifiait  canaille. 

f  HARPAYE  (har-pê),  s.  m.  Nom  vulgaire  du 
circus  roux  (rapaces) ,. appelé  busard  harpaye  par 
certains  auteurs,  et  dont  l'individu  jeune  pris  pour 
une  espèce  particulière  avait  reçu  le  nom  de  bu- 
sard des  marais,  legoarant. 

I.  HARPE  (har-p'),  s.  f.\\  1"  Chez  les  anciens 
Juifs,  instrument  de  musique  triangulaire  et  por- 
tatif avec  des  cordes  graduellement  décroissantes. 
Toutes  les  fois  que  l'esprit  malin  envoyé  du  Sei- 
gneur se  saisissait  de  Saûl,  David  prenait  sa  harpe 
et  en  jouait;  et  Saûl  en  était  soulagé,  saci.  Bible, 
Rois,  I,  XVI,  23.  Ainsi  nous,  quand  nous  donnons 
une  harpe  à  David,  ce  n'est  que  par  conjecture;  ils 
[les  juifs]  avaient  dos  instruments  à  huit  et  à  dix 
cordes',  fleury.  Mœurs  des  Israél.  tit.  xv,  2'  part, 
p.  (93,  dans  pouGENS.  |{  Fig.  et  populairement.  11 
est  pan'.nl  du  roi  David,  et  joue  de  la  harpe,  se 
dit  d'uu  filou,  par  un  jeu  d,e  mots  entre  harpe  et 
harper  2.  Qu'auraient  fait  de  plus  des  filous?  Tu 
sais  donc  jouer  de  la  harpe?  J.  moreau,  Suite  du 
Virgile  travesti,  xii.  ||  2°  Chez  les  modernes,  iu»- 
trument  de  musique  de  forme  semblable  à  la  harpe 
juive,  mais  aussi  haut  que  l'homme,  et  qui  a  une 
quarantaine  do  cordes.  Jouer,  pincer  de  la  harpe.  Un 
autre  instrument  pincé,  qui,  depuis  cinq  à  six  ans 
est  fort  fêté  à  Paris,  c'est  la  harpe,  surtout  telle 
qu'elle  est  travaillée  à  présent,  c'est-à-dire  avec  des 
pédales  qui  la  rendent  chromatique,  Dic(.  des  arts 
et  met.  Luthier  (i707).  ||  3°  Harpe  éoliennc,  instru- 
ment à  cordes  monté  de  manière  à  rendre  des 
sons  quand  le  -ent  vient  à  le  frapper.  Corinne  lui 
dit  que  c'étaient  des  harpes  éoliennes  que  le  veni 
faisait  résonner  et  qu'elle  avait  placées  dans  quel- 
ques grottes  du  jardin,  pour  remplir  l'atmosphère 
de  sons  aussi  bien  que  de  parfums,  stael,  Co- 
rinne,  viii,  4.  \]  4^  Fig.  La  poésie  religieuse,  sans 
doute  par  allusion  à  la  harpe  de  David  et  à  ses 
psaumes.  Ahl  si  jamais  ton  luth  [de  Byron],  amolli 
par  les  pleurs.  Soupirait  sous  tes  doigts  1  hymne  de 
tes  douleurs...,  Jamais,  jamais  l'écho  de  la  céle.ste 
voille,  Jamais  ces  harpes  d'or  que  Dieu  lui-même 
écoute,  Jamais  des  séraphins  les  chœurs  mélodieux 
De  plus  divins  accords  n'auraient  ravi  les  cieux, 
LAMART.  Héd.  1,  2.  Ma  harpe  fut  souvent  de  larmes 
arrosée,  ID.  ib.  ii,  6.  |{  Harpe  se  dit  quelquefois  de 
la  poésie  en  général,  comme  tout  autre  instrument 
de  musique.  Tremble,  mol  et  faible  la  Harpe,  Crains 
l'avenir  où  je  t'attends;  Mon  âpre  luth  vaincra  ta 
harpe.  Mes  vers  durs  dureront  longtemps,  lebruk, 
Epigr.  (C'est  Lemierre,  poète  fort  dur,  qui  est 
censé  parler).  ||  8°  Nom  vulgaire  d'un  poisson,  la 
triple  lyre  de  Linné  (océan  Atlantique,  Méditerra- 
née). Il  Coquille  univalve. 

—  HIST.  xii*  s.  Regehissez  (confessez]  al  segnur 
en  harpe,  en  saltier  de  dis  cordes,  cantez  à  lui,  Li- 
ber psalm.  p.  39.  Il  xm*  s.  Plus  lor  plaist  [la  nou- 
velle] à  ouïr  que  harpe  ne  vielle,  audefr.  le  bast. 
Romancero,  p.  t7.  ||  xv*  s.  C'cstoit  [certains  con- 
seils] la  chançon  et  la  hcrpe  Dont  la  saincte  femme 
le  herse, e.  descu. ifiroir de  mariage,  p.  in.\\  xvi's. 
David  d'une  harpe  on  décore,  j.  marot,  v,  300.  Aux 
saules  verts  nos  harpes  nous  pendismes,  nabot, 

IV,  334. 

—  ETYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  arpa;  portug. 
harpa;  du  bas-lat.  harpa,  qui  désignait  un  instru- 

1.  —  249 


1986 


MAR 


ment  de  musique  usité  chez  les  Gerniains,  et  qui 
vient  (lu  germanique  :  anc.  scand.  harpa;  anglo- 
8ax.  hearpe;  anc.  h.  allem.  harpha;  allcm.  mod. 
Harfe.  Diez  pense  que  harpa  a  été  dit  ainsi  de  sa 
forme  en  crochet,  et  (|ue  c'est  le  même  mot  que 
fiarpe  2  (voy.  harper  2). 

f  2.  HARPE  (har-p'),  s.  f.  ||  1°  Tenne  de  vénerie. 
U  griiïe  d'un  chien.  ||  2°  Terme  de  construction. 
Harpe  de  fer,  morceau  de  fer  coudé,  senant  à  re- 
lier les  poteaux  cormiers  des  pans  de  bois  aux  murs. 
On  fait  aussi  des  harpes  de  bronze.  ||  9"  Terme  de 
maçonnerie.  Harpes,  ou  pierres  d'attente,  ou  nais- 
sanci",  pierres  qu'on  laisse  sortir  hors  d'un  mur, 
pour  faire  liaison  avec  une  autre  muraille.  On  les 
nomme  harpes  parce  qu'elles  saisissent  pour  ainsi 
dire  l'autre  muraille.  ||  Se  dit  également  des  pierres 
qui  sont  dans  les  chaînes  des  murs  et  qui  sont  plus 
larges  que  celles  de  dessus  et  de  dessous.  ||  4"  Harpe 
se  disait,  dans  l'ancienne  fortification,  d'une  es- 
pèce de  herse. 

—  HIST.  XV'  s.  Toutes  jambes  ou  membrures  de 
pierre  de  taille,  parpeignes  assis  au  rez  de  chaussée, 
ou  en  terre  mitoyenne  entre  deux  voisins,  où  il  y 
a  harpes  faisans  partemens  d'une  part  et  d'autre, 
c'est  à  sçavoir,  par  devers  chacun  de  deux  voisins, 
font  borne  et  division  de  moitoyrie  entre  les  des- 
susdits deux  voisins.  Ordonnance,  (485. 

—  ÊTYM.  Voy.  HARPER  2;provenç.  arpa,  griffe. 
,  <.  H.\RPÉ,  ÈE  (har-pé,  pée),  adj.  ||  1°  Terme  de 
vénerie.  Lévrier  harpe,  celui  qui  a  le  devant  et  les 
deux  côtés  fort  ovales  avec  un  peu  de  ventre,  de 
manière  à  pr-îsenter  une  sorte  de  ressemblance  avec 
une  harpe.  Lévrier  bien  harpe.  ||  2°  Terme  de  ma- 
nège. On  dit  d'un  cheval  qu'il  est  bien  harpe  lorsque 
son  estomac  descend  fort  bas  et  que  son  ventre  re- 
monte fort  haut,  parce  que  cette  disposition  repré- 
sente le  côté  courbe  d'une  harpe. 

—  ÉTYM.  Harpe  I. 

t2.  HARPE  (har-pé),  i.  m.  Poisson  du  genre  tho- 
racique. 

a.  IIARPÉ,  ÉE  (har-pé,  pée),  part,  passi  de 
harper  2. 

t  HARPEAC  (har-pô),  s.  m.  Terme  de  mai-ine. 
Grappin  pour  l'abordage. 

—  Etvm.  Harpe  2. 

HARPÉGE  (ar-p5-j')j  s.  m.  Voy.  arpège. 

HARPfiGER  (ar-pé-jé),  v.  n.  Voy.  arpéger. 

t  ».  HARPER  (har-pé),  ti.  n.  Jouer  de  la  harpe. 
Allez-moi  cherclier  quelqu'un  qui  sache  bien  har- 
per, VOLT.  P/it7.  IV,  808.  Il  Voiture  n'a  pns  aspiré  r/i.- 
La  mort  ne  les  peut  écouter;  Car  la  cruelle  est  sans 
oreilles,  Dès  les  vieux  temps  qu'Orphée  harpa.Si  dou- 
cement qu'il  l'attrapa,  voit.  CEuvres,  1. 11,  p.  JO». 

—  HlST.  XIII'  S.  Encanteres  [enchanteur]  esloit 
moult  sages:  Les  bues  [bœufs]  faisoil  en  l'air  voler, 
Et  les  asnes  faisoit  harper,  l'I.  et  Bl.  sio.  ||  xV  s. 
Encommença  le  menestrier  de  harper  le  ley  de  la 
complainte,  Perceforest,  t.  v,  f'  7). 

—  Rtym.  Harpe  1;  provenç.  arpar. 

2.  HARPER  (har-pé),  v.  a.  \\  1°  Prendre  et  serrer 
fortement  avec  les  mains.  ||  2°  Se  harper,  v.  réfl. 
Se  saisir  violemment  l'un  l'autre.  L'Olive  passa  une 
partie  de  la  nuit  à  recoudre  son  habit  qui  s'était 
décousu....  quand  il  s'était  harpe....  avec  Ragotin, 
scARR.  Rom.  com.  11,  9. 

—  HlST.  XVI'  s.  Joinct  que  vous  ne  les.  desprenez 
pas  à  vostre  poste  quand  ils  se  sont  une  foisharpez, 
et  demeurez  à  la  miséricorde  de  leur  combat  [en 
parlant  de  chevaux  fougueux),  mont,  m,  278.  Je  me 
harpe  avecques  si  grande  faim  aux  accointances  qui 
reviennent  à  mon  goust,  id.  m,  278.  Brissac  void  le 
petit  navire  Beaumont  herpé  avec  le  vice-amiral, 
et  à  chasque  main  abordé  de  cinq  ou  six  navires  ou 
gallions,  d'aur.  11,  467. 

—  ÉTYM.  Anc.  haut-allem.  harfan,  saisir;  la  forme 
gothique,  si  elle  existait,  serait  harpjan;  comparez 
le  grec  SpnTi,  croc,  le  lat.  harpagare  et  aussi  rapere, 
ravir. 

3.  HARPER  (har-pé),  v.  n.  Terme  de  manège. 
Un  cheval  harpe  lorsqu'il  Hochit  brusquement  les 
jarrets  dans  l'allure  du  pas  et  du  trot  ;  mouvement 
défectueux  qui  est  l'unique  symptôme  de  l'éparvin 
sec.  Il  Un  cheval  qui  harpe  d'une  jambe  est  celui 
qui  lève  une  jambe  du  train  de  derrière  plus  haut 
que  l'autre,  sans  plier  le  jarret. 

—  HlST.  XVI'  s.  Donc,  sans  les  mettre  à  mort, 
leur  figure  défait;  En  houpeaux  de  poil  roux  leur 
blonde  chcveleure  Se  change,  assauvageant  leur 
douillette  encoleure,  D'ospaule  et  d'estomac  en 
large  se  harpans,  Evidez  par  le  flanc  de.sjà  penchent 
rampans,  iiaïf.  Œuvres,  p.  (87,  dans  lacubne. 

ÊTYM.  Harpe  t,  à  cause  d'une  Comparaison 
»Tec  la  harpe. 


IIAR 

t  HARPEUR  (bar-peur),  s.  m.  Terme  d'antiquité. 
Celui  qui  jouait  de  la  harpe.  Maintenant  qu'on  m'a- 
mène un  hariieur,  volt.  Phil.  iv,  3B8.  |{  Pour  l'ar- 
tiste qui  joue  de  la  harpe  moderne,  on  (lit  harpiste. 

—  HIST.  XIII"  s.  Et  l'autres  fu  harperes,  ot  nom 
maistre  Gontier,  Berte,  xi.  ||  xvi*  s.  Son  harpeurTi- 
molhée  jouant  do  sa  harpe  un  assaut  de  guerre, 
PARÉ,  xvui,  n. 

—  ÉTY.M.  Harper  1.  Dans  l'ancien  français, /lor- 
peres  au  nominatif,  harpeor  au  régime. 

HARPIE  (bar-pie),  s.  f.  ||  1°  Monstre  fabuleux  qui 
avait  un  visage  de  femme,  un  corps  de  vautour,  des 

ongles  tranchants  et  des  ailes Céléno,  la  reine 

des  harpies,  Infecta  ces  beaux  lieux  de  .ses  troupes 
impies,  Depuis  que  Calais  à  leur  brutale  faim  Du 
malheureux  Phinée  arraclia  le  festin....  Leurs  traits 
sont  d'une  vierge:  un  instinct  dévorant  De  leur 
rapace  essaim  conduit  le  vol  errant;  Une  horrible 
maigreur  creuse  leurs  flancs  avides.  Qui,  toujours 
s'emplissant,  demeurant  toujours  rides,  Surchargés 
d'aliments  sans  en  être  nourris.  En  un  fluide  infect 
en  rendent  les  débris,  Et  de  l'écoulement  de  cette 
lie  impure  Empoisonnent  les  airs  et  souillent  la  ver- 
dure, DELiLLE,  Enéide,  m.  \\  Fig.  Je  me  suis  informé 
exactement  des  papiers  qu'on  vous  avait  envoyés 
de  Franche  Comté  [et  qui  n'étaient  pas  parvenusl.... 
apparemment  qu'il  y  a  dans  ce  monde  des  hari)ies 
qui  rhangent  le  dîner  des  philosophes,  volt.  Lett. 
Damilaville,  27  fév.  t7C5.  ||  2°  Fig.  Personne  avide, 
rapace  ou  méchante.  C'est  de  l'oppression  de  toutes 
ces  harpies  qu'il  faut  garantir  ce  précieux  fonds,  je 
veux  (lire  ces  peuples  les  meilleurs  à  leur  roi  qui 
soientsous  le  ciel,  vauban,  D<nie,  237.  [Villars  avait] 
sous  une  magnificence  de  gascon,  une  avidité  de 
harpie,  st-sih.  H),  202.  Vous  vous  plaignez  de 
quelques  tours  qu'on  vous  a  joués  ;  j'aimerais  mieux 
qu'on  vous  eût  volé  deux  cent  mille  francs,  que  de 
vous  voir  déchirer  par  les  harpies  de  la  société, 
voi.T.  Lett.  Villette,  20  sept.  <768.  ||  3°  Familière- 
ment. Femme  méchante  et  acariâtre.  Vous  m'excu- 
serez, s'écria  la  harpie  ;  nous  n'ignorons  pas  vos 
desseins,  Marivaux,  Harianne,  T  part.  ||  4°  Sous- 
genre  de  faucons  d'Amérique.  ||  Genre  de  chauves- 
souris,  genre  céphalote  de  Geoffroy  Saint  Hilaire. 

—  HIST.  xv  s.  Si  porte,  en  lieu  de  cueur  tapie , 
Pensée  qui  m'est  dure  erpie.  Et  n'en  puis  estre  des- 
cherpie,  a.  quart,  le  Livre  des  i  dames.  \\  xvi'  s. 
.Serpens,  lezars,  harpies,  paré,  xix,  16. 

—  ÉTYM.  'Apituia,  de  àpitiiîtiv,  ravir;  comparez 
apTïifi,  croc. 

t  HARPIGNER  (SE)  (har-pi-gné)  ou  HARPILLKR 
(har-pi-llé,  Il  mouillées),  v.  réfl.  Terme  popu- 
laire. S'attaquer  de  la  langue,  de  propos  piquants. 
X  la  fin,  lui  et  la  dame  se  querellèrent  tout  de 
bon  ;  car,  l'ayant  rencontrée  en  une  visite,  ils  se 
harpignèrent,  tallemant  des  réaux.  Historiettes, 
éd.  in-12,  t.  VII,  p.  43.  La  comtesse  et  elle  se  har- 
pignèrent; les  autres  ne  dirent  rien,  id.  ib.  p.  44 1. 
Il  y  avait  quelque  temps  que  cette  fille  et  la  Blake 
se  harpillaient  au  sujet  de  Dongau  que  la  Price 
avait  enlevé  à  cette  dernière,  hamilt.  Gramm.  7. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  harper  2.  Cependant  il  y 
avait  dans  l'ancienne  langue  hacepigner,  dont  le 
sens  était  analogue  :  Dont  Renart ,  qui  le  mont 
[monde]  engigne,  Fiert  [frappe]  mainte  besie  et 
hacepignp,  Ren.  H 621. 

t  HARPIN  (har-pin),  s.  m.  \\  i°  Croc  dont  se  ser- 
vent les  bateliers.  ||  2"'  Nom  donné,  dans  le  midi  de 
la  France,  au  charbon  qui  se  développe  sur  les  mem- 
bres des  bêtes  à  cornes. 

—  ÊTYM.  Harper  2. 

t  HARPIOXS  <har-pi-on),  s.  m.  pi.  Nom  donné 
aux  vers  à  soie  affectés  de  gattine. 

HARPISTE  (har-pi-st"),  s.  m.  et  f.  Celui,  celle 
qui  joue  de  la  harpe. 

—  ÉTYM.  Harpe  t . 

t  HARPOISE  (har-poi-z'),  s.  f.  Terme  de  pêche. 
Pièce  de  fer  recourbée  qui  termine  le  harpon. 
Il  Filin  de  premier  brin  auquel  est  fixe  le  harpon 
employé  pour  la  baleine  et  autres  gros  poissons. 

—  ÊTYM.  Harper  2. 

HARPON  (liar-pon),  s.  «1.111°  Terme  de  ma- 
rine. Instrument  qui  sert  à  piquer  les  gros  pois- 
sons dont  on  fait  la  pêche.  C'est  une  sorte  de  forte 
barre  de  fer  forgé,  au  bout  de  laquelle  est  soudé 
une  sorte  de  dar(i  en  acier  bien  trempé,  pointu 
et  à  trois  tranchants  en  fo  me  de  flèche;  l'autre 
bout  est  enfoncé  dans  un  manche  de  bois  de 
«ix  pieds  de  long  ;  au  bout  du  manche  du  harpon 
il  y  a  un  anneau  de  fer  auquel  on  attache  une 
corde.  Dictionnaire  technologique.  ||  Ancienne- 
ment. F.spèce  do  grappins  tranch.ints  qu'on  fixait 
à  l'extrémité  des  vergues  et  qui  servaient  à  cou- 


HAR 

per  les  cordages  de  l'ennemi  lors  de  l'abordage.  || 
2'  Terme  d'antiquité.  Crochet  do  fer  pour  saisir 
les  nrivires  et  les  aborder.  Nicias  s'était  muni 
lie  harpons  de  fer  pour  les  accrocher,  bolun, 
Ili.1t.  anc.  (Eut),  t.  xi,  2'  part.  p.  666,  dans  pou- 
gens.  ||  3°  Terme  de  construction.  Barre  de  fer 
ou  de  bronze,  coudée  par  un  bout,  qui  sert  i 
fixer  une  pièce  de  bois  contre  une  autre  ou 
dans  la  pierre.  ||Scie  de  me^iuisier  pour  refendre. 
Il  En  termes  de  serrurerie,  main  de  fer.  ||  4'  ferme 
de  médecine.  Harpon  de  Middsldorpff,  irocart  muni 
d'une  fente  latérale  dans  laquelle  s'accrochent 
les  fibres  musculaires,  quand  on  le  plonge  dans 
un  muscle  pour  reconnaître  s'il  est  affecté  de  tri- 
chinose. 

—  ÊTYM.  Voy.  HARPEH  2;  génev.  arpion;  espagn. 
arpon;  portug.  arpào;  ital.  orpignon*,  gros  crochet 

t  HARPO.VNAGE  (har-po-na-j'),  s.  m.  Pêche  avec 
la  fouane  ou  le  harpon. 

—  ÊTYM.  Harponner. 

HARPONNÉ,  ÉE  (har-po-né,  née),  part,  passé 
de  harponner.  Une  baleine  harponnée. 

t  HARPO.NNEMENT  (har-po-ne  man) ,  s.  m. 
Il  1°  Action  de  harponner.  Harponnement  (l'une  ba- 
leine. Il  2°  Terme  de  médecine.  Action  d'emporter  à 
l'aide  du  harpon  un  petit  fai,sceau  de  fibres  muscu- 
laires quand  on  soupçonne  la  trichinose. 

IIARPOXNER  (har-po-né),  r.  a.  Darder,  accro- 
cher avec  le  harpon.  Harponner  une  baleine. 

—  ÉTYM.  ffarpon;  génev.  arpionner. 
HARPONNECK    (har-po-neur),   s.    m.    Matelot 

adroit,  expérimenté,  qui,  debout  à  l'avant  de  la  pi- 
rogue et  armé  d'un  harpon  ou  d'une  lance  garnie  de 
sa  ligne,  épie  le  moment  favorable  pour  piquer  le 
cétacé  poursuivi  par  la  baleinière,  jal. 

—  HIST.  xiv  s.  Jehan  de  Villepointe,  harpeui  de 
marée,  dd  cangp.,  harpagare. 

—  ÉTYM.  Harponner. 

\ HARPONNIER  (har-po-nié) ,s.m.  Héron  crabier. 
Il  Rosier  des  baies  et  plusieurs  plantes  accrochantes. 

—  ÊTYM.  Harpon. 

f  HARRE  (ha-r'),  s.  f.  Terme  de  peaussier.  Forme 
altérée  de  hart  (voy.  hart,  n°  3). 

f  HARRIVEAU  (ha-ri-vô),s.  m.  Poire  précoce,  qui 
est  une  sorte  de  beurré,  nommée  aussi  milan  d'été. 

t  HARROTTE  (ha-rro-f),  s.  m.  Nom  d'une  espèce 
de  faucons  qui  venaient  de  Grenade  et  qui  étaient 
trè.s-bons  pour  la  grue  et  l'outarde. 

—  ÊTYM.  On  le  tire  de  l'espagn.  tagarote,  espèce 
de  faucon  que  du  Guesclin  rapporta  d'Espagne  i 
Charles  V. 

HART  (bar;  le  (  ne  se  prononce  et  ne  se  lie  ja- 
mais :  la  bar  au  cou),  *.  f.  \\  1"  Lien  d'osier  ou  d'autre 
bois  pliant  qui  sert  à  lier  les  fagots.  Bourgean  le  pro- 
mit bien  et  signa;  et  moi,  qui  me  liais  à  cela,  je  m'en 
allai....  persuadé  qu'il  n'oserait  couper  une  seule 
hart  au  delà  de  ce  qui  lui  revenait,  p.  l.  cour,  à 
MM.  les  juges  de  Tours.  \\  i°  La  corde  dont  on  étran- 
glait les  criminels.  Je  croirais  mériter  la  hart,  Ré- 
gnier, Mac.  Guindé  la  hart  au  col.  (Uranglé  court  et 
net,  LA  font.  Fabl.  vi,  19.  Si  je  suis  pjir  vos  soins  à 
l'abri  de  la  hart.  Du  bulin  que  j'ai  fait  vous  aurez 
votre  part,  boursault,  Merc.  gai.  n,  4.  Kn  I63B,  il  fut 
prescrit,  et  sous  peine  de  la  hart,  à  tout  bourgeois 
de  se  faire  raser  la  barbe,  parce  qu'alors  la  longue 
barbe  çlislinguait  les  nobles  et  les  militaires  de 
ceux  qui  ne  l'étaient  point,  saint-foix,  Ess.  Paris, 
t.  4,  p.  254.  Il  8°  Cheville  de  fer,  courbée  en  demi- 
cercle  et  fixée  i  la  muraille,  sur  laquelle  le  gantier 
et  le  peaussier  passent  et  étirent  les  peaux. 

—  HlST.  xii'  s.  Ou  [qu'j  il  l'en  amaint  [amène] 
pris  en  chaaine  ou  en  hart,  Sax.  xix.  Si  com  chascuns 
estoit  eschapez  de  la  hart,  ib.  xxix.  Nus  nus  ves- 
tirums  de  sacs,  e  vcndruns  devant  le  rci,  le  [la]  hart  el 
col.  Rois,  p.  327.  Il  xiii'  s.  Et  mesires  Loeys  fist  crier 
son  ban,  que  nus  n'i  fourfesist  riens,  sous  le  [la] 
hart,  Chr.de  Rairvs,  p.  )56.  A  itantd'ilccsedepart.  Et 
va  el  bois  faire  une  hart  Qu'il  li  volt  mètre  enlor  la 
teste,  Ren.  4448.  De  cordes  de  bars  et  decorre  [cou- 
dre, coudrier],  De  kaïnesetde  carkans  [ils]  Les 
crucofient  en  lor  b,tns,  gui  decamurai,  Bnrl.  et  Jos. 
p.  (  31 .  Fortune  au  gibet  vous  atent.  Et,  quant  au  gi- 
bet vous  tendra  [tiendra]  La  hart  ou  col,  el  reprendra 
La  bêle  corone  dorée  Dont  vostre  teste  est  coronée,  (a 
Rose,  6550.  Il  xiv  s.  Le  lia  fermement  à  quatre  hars 
torses,  Chr.  de  St  Denis,  t.  i,  i°  146,  dans  lacubns. 
Il  XVI'  s.  Hart,  donc,  est  le  lien  d'un  fagot,  ou  dune 
bourrée  à  Paris  ;  qu'on  appelle  une  riorte  en  mon 
benoit  pays;  parquoi  j'entends  que  quand  on  crie  de 
par  le  roi,  sur  peine  de  la  hart  (hart  est  feminml 
generis)  vaut  autant  à  dire  que  sur  peine  de  la  corde; 
je  dis  qu'on  s'aidoit  des  branches  des  arbres  pour 
espargner  le  chanvre.  —  Sentir  la  hart,  vaut  autant 


HAS 

(■     àdireque  chatouilleux  de  la  gorgo,  despfr.  Contes, 

XCVII. 

—  ÉTYM.  Wallon,  /i4re,-  namur.  haurdr;  Hai- 
nmil,  hart,  s.   m.;  rioriu.  hart,  grosse   branche,  et 

'i     arde.  morceau  de  bois;  origine  inconnue.  On  indi- 
que le  celtique  :  bas-breton, -an,  eré,  lien,  attache; 

I      gaél.  ar;  bas-breton  aricin,  et  dans  les  anciens  au- 

I      leurs,    heren,   attacher;    mais   cela    ne    rend  pas 

I      compte  du  t. 

HARUSPICE  (a-ru-spi-s'),  s.  m.  Voy.  aruspice. 
t  HARTITE  (har-ti-f),   s.   f.   Terme  de  chimie. 
Substance  qui  se  trouve  dans  le  charbon  de  terre. 

t  HARViAU  (har-vi-ô),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Anse  de  corde  pour  attacher  un  grand  fileten  chausse 
«ux  arches  des  ponts. 

HASARD  (ha-zar  ;  le  d  ne  se  prononce  pas  et  ne  se 
lie  pas  :  un  ba-zar  heureux;  au  pluriel,  l's  ne  se  lie 
pas  :  des  ha-zar  heureux  ;  cependant  quelques  person- 
nes la  lient  :  des  ha-zar-z  heureux),  s.  m.  \\  1°  Sorte 
de  jeu  de  dés  (sens  propre  et  ancien ,  aujourd'hui 
inusité).  ||  A  quelques  jeux  de  dés,  les  hasards,  cer- 
tains points  fixes  qui  sont  toujours  favorables  à  celui 
qui  tient  le  dé.  ||  Terme  de  jeu  de  quinquenove, 
coup  oil  les  deux  dés  présentent  le  nombre  trois  ou 
le  nombre  onze.  ||  Au  jeu  d'impair,  coup  dans  lequel 
les  trois  dés  présentent  ensemble  le  nombre  quatre 
ou  le  nombre  dix-sept.  ||  Jeux  de  hasard,  jeux  où 
les  combinaisons  volontaires  n'ont  point  de  part. 
Il  Fig.  La  constitution ,  sans  laquelle  tout  ordre 
judiciaire ,  même  avec  des  magistrats  vertueux , 
n'est  qu'un  redoutable  jeu  do  hasard,  Mirabeau, 
Collection,  t.  i,  p.  333.  ||  Fig.  Corriger  le  hasard, 
tricher  au  jeu.  ||X  la  paume,  la  balle  fait  hasard, 
se  dit  quand  la  balle  ne  fait  pas  l'effet  qu'elle  de- 
vait faire,  soit  par  le  défaut  du  carreau,  soit  par 
quelqueautre  cause.  ||  2°  Par  extension  du  sens  de  jeu 
de  dés  aux  chances  de  la  vie.  Evénement  non  lié  à 
une  cause,  imprévu.  Courrons-nous  le  hasard  comme 
désespérés?  malh.  v,  2.  Je  crains  en  ce  cas  pour  leur 
peau  [de  mes  enfants];  C'est  hasard  si  je  les  con- 
serve, LA  FONT.  Fabl.  V,  <8.  Non-seulement  VOUS  ne 
vous  trouvez  fils  d'un  duc ,  mais  vous  ne  vous 
trouvez  au  mo"de  que  par  une  infinité  de  hasards; 
votre  naissance  dépend  d'un  mariage,  ou  plutôt.... 
PASO.  Pensées,  art.  xii,  Sur  la  condition  des  grands. 
Et  c'est  un  grand  hasard  s'il  conclut  votre  affaire  Sans 
plaider  le  curé,  le  gendre  et  le  notaire,  rac.  Plaid,  i,  5. 
Et  bientôt  les  deux  camps  au  pied  de  son  rem- 
part Devaient  de  la  bataille  éprouver  le  hasard, 
œ.  Bajas.  I,  2.  Le  temps  et  d'heureux  hasards  les 
ont  perfectionnés  [les  arts  et  les  sciences],  volt. 
Viat.  13.  Le  ciel  m'a  secouru  dans  ce  triste  hasard, 
ID.  ilérope,  II,  2.  Il  Coup  de  hasard,  événement  tout 
à  fait  fortuit.  i|  Quel  heureux  hasard  vous  amène 
ici?  phrase  polie  qui  se  dit  à  quelqu'un  qui  vient 
et  qu'on  ne  s'»ttendait  pas  à  voir.  |(  3°  Absolument. 
Le  hasard,  l'ensemble  des  événements  non  liés 
à  des  causes,  par  opposition  au  destin,  qui  est 
l'ensemble  des  événements  prédestinés.  Quoi  !  je 
le  haïrai  sans  tâcher  de  lui  nuire?  J'attendrai  du 
hasard  qu'il  ose  le  détruire?  gorn.  Cinna,  i,  2. 
Vraiment,  je  ne  sais  pas  si  c'est  un  bruit  qui  part 
De  quelque  conjecture  ou  d'un  coup  du  hasard, 
MOL.  Tart.  II,  2.  Le  hasard,  qui  est  quelquefois 
plaisant,  nous  fit  tous  rencontrer  au  bout  de  l'ave- 
nue,  sÉv.  323.  Ce  qui  est  hasard  à  l'égard  des 
hommes  est  dessein  à  l'égard  de  Dieu,  boss.  Polit. 
v,  m,  1.  Au  premier  avis  que  le  hasard  lui  porte 
d'un  siège  important,  m.  Louis  de  Bourbon.  Mais 
pourtant  on  a  vu  le  vin  et  le  ha.sard  Inspirer  quel- 
quefois une  muse  grossière,  boil.  Art  p.  ii.  J'au- 
rai devant  les  yeux  je  ne  sais  quel  amour  Que  le 
hasard  nous  donne  et  nous  ôte  en  un  jour,  rac.  Brit. 
IV,  3.  Hé  bien  !  pour  un  enfant  qu'ils  ne  connais- 
sent pas ,  Que  le  hasard  peut-être  a  jeté  dans 
leurs  bras,  id.  Athal.  m,  S.  Attentif  pour  ne  lais- 
ser rien  au  hasard ,  fén.  Tél.  xxii.  Vous  ne  de- 
vez plus  laisser  votre  salut  au  hasard,  mass.  Avent, 
Délai.  Mais  j'ai  trop  d'ennemis  et  trop  d'expé- 
rience Pour  laisser  le  hasard  arbitre  de  mon  sort, 
VOLT.  Hérope,  iv,  (.  Le  hasard  va  souvent  plus  loin 
que  la  prudence,  id.  ib.  iv,  t .  Ce  que  nous  appe- 
lons hasard  n'est  et  ne  peut  être  que  la  cause  igno- 
rée d'un  effet  connu ,  m.  Dict.  phil.  Athéisme.  Sa 
Sacrée  Majesté  le  hasard  décide  de  tout,  m.  Lett. 
Mariott,  28  févr.  I707.  L'idée  du  concours  de  plu- 
sieurs séries  de  causes  indépendantes  pour  la  pro- 
duction d'un  événement  est  ce  qu'il  y  a  de  carac- 
téristique et  d'essentiel  dans  la  notion  du  hasard, 
couRNOT,  Essai,  t.  ii,  p.  53.  Il  4°  Il  s'est  dit  pour  pro- 
babilités. Il  y  a  déjà  soixante-quatre  à  parier  contre 
un  qu'elles  [les  planètes]  n'auraient  pas  eu  ce  mou- 
vement dans  la  même  sens,    si  la   même  cause 


HAS 

ne  l'avait  pas  produit;  ce  qu'il  est  aisé  de  prouver 
par  la  doctrine  des  hasards,  buff.  Hist.  nat. 
Pretires  théor.  terr.  (ttCuv.  t.  i,  p.  196.  ||  6"  Mar- 
chandise de  hasard,  marchandise  qui  n'e.st  pas  de 
première  main,  et  qu'on  trouve  à  acheter  ou  à 
vendre  d'occasion.  ||  Elliptiquement.  Du  hasard,  des 
marchandises  d'occasion.  C'est  un  hasard  qui  vaut 
du  neuf.  Nérine  :  Montrez-nous  votre  écrin.  —  La 
Ressource  :  Volontiers;  j'ai  toujours  quelque  ha- 
sard en  main,  rf.gnard,  .loueur,  v,  2.  J'ai  l'hon- 
neur de  vendre  quelquefois  des  dentelles  et  toutes 
sortes  de  pommades  à  Mme  Dorimène;  je  viens  de 
l'avertir  que  j'aurai  tantôt  un  bon  hasard  ;  mais 
elle  n'est  point  en  argent,  lesage,  Turcarel,  iv,  <2. 
116°  Risque.  Je  vois  dans  le  hasard  tous  les  biens 
que  j'espère,  corn.  Hod.  i,  2.  Je  ne  me  suis  voulu 
jeter  dans  le  hasard  Que....  id.  Iléracl.  ii,  2.  Je 
n'abandonne  plus  ma  vie  et  ma  puissance  Au  ha- 
sard de  sa  haine,  ou  de  ton  inconstance,  id.  Pomp. 
IV,  I .  La  fortune  fait  les  amis,  la  fortune  les  change 
bientôt;  comme  chacun  aime  par  rapport  à  soi,  cet 
ami  de  toutes  les  heures  est  au  hasard,  à  chaque 
moment,  de  se  voir  sacrifié  à  un  intérêt  plus  cher, 
BOSS.  Sermons,  Char.  frat.  ^ .  ||  Courir  hasard,  être 
en  péril.  Si  l'on  te  voit  sortir,  mon  honneur  court 
hasard,  cohn.  Cid,  m,  4.  Mon  honneur,  qui  m'est 
cher,  y  court  trop  de  hasard,  mol.^c.  des  maris, 
m,  2.  Ma  vie  et  mon  amour  tous  deux  courent  ha- 
sard, RAC.  Milhr.  I,  6.  Il  Mettre  au  hasard,  mettre 
eu  hasard ,  faire  courir  péril ,  risque.  Pourquoi 
mettre  au  hasard  ce  [le  salut]  que  la  mort  assure? 
COBN.  Pohj.  II,  B.  Sans  se  mettre  au  hasard  de  s'é- 
garer, m.  Ex.  de  Nicom.  N'est-ce  pas  un  bienfait 
de  Dieu  d'avoir  abrégé  les  tentations  avec  les  jours 
de  Madame,  de  l'avoir  arrachée  à  sa  propre  gloire, 
avant  que  cette  gloire,  par  les  excès,  eût  mis  en 
hasard  sa  modération'?  boss.  Duch.  d'Orl.  Je  me 
mets  au  hasard  de  me  faire  rouer  [|iar  les  voitures], 
boil.  Sat.  VI.  11  mit  peu  de  chose  au  hasard,  mon- 
TESO.  Espr.  X,  14.  Cette  ligue  le  mit  [Louis  XI]  au 
hasard  de  perdre  sa  couronne  et  sa  vie,  volt. 
Mœurs,  94.  ||  Poétiquement,  et  aussi  dans  le  style 
relevé,  les  hasards,  les  périls,  et,  en  particulier, 
ceux  des  combats.  Si  l'espoir  qu'aux  bouches  des 
hommes  Nos  beaux  faits  seront  récités  Est  l'aiguil- 
lon par  qui  nous  sommes  Dans  les  hasards  préci- 
pités, MALH.  III,  1.  Eux  domptés  [les  taureaux],  on 
entrait  dans  de  nouveaux  hasards,  corn.  Midée,  ii, 
2.  Ce  sang....  Qu'au  milieu  des  hasards  n'osait 
verser  la  guerre,  m.  Cid,  ii,  9.  Ce  prince  d'un 
sénat  maître  de  l'univers....  Et  qui  voyait  encore 
en  ces  derniers  hasards  L'un  et  l'autre  consul 
suivre  ses  étendards,  m.  Pomp.  n,  2.  Aussi  capable 
de  ménager  ses  troupes  que  de  les  pousser  dans  les 
hasards,  et  de  céder  à  la  fortune  que  de  la  faire 
servir  à  ses  desseins,  boss.  Louis  de  Bourbon.  Je 
sais  qu'il  ne  se  plaît  qu'au  milieu  des  hasards,  rac. 
Poésies,  I.  Qui,  fidèle  à  ses  rois,  vieilli  dans  les 
hasards,  Avait  du  grand  Henri  suivi  les  étendards, 
VOLT.  Henr.  ix.  ||  7°  Au  hasard,  Inc.  adv.  À  l'aven- 
ture, sans  réflexion,  inconsidérément.  Son  amitié 
ne  se  donnait  pas  au  hasard,  flégh.  Duc  de  Munt. 
Mais  la  postérité  d'Alfane  et  de  Bayard,  Quand  ce 
n'est  qu'une  rosse,  est  vendue  au  hasard,  boil. 
Sat.  V.  Chacun  s'arme  au  hasard  du  livre  qu'il  ren- 
contre ,  boil.  Lutr.  V.  Elle  porte  au  hasard  ses 
pas  irrésolus,  rac.  Phèdre,  v,  B.  Qu'importe  qu'au 
hasard  un  sang  vil  soit  versé?  id.  Athal.  ii,  B. 
On  marche  au  hasard  pendant  toute  la  vie,  fén. 
Tél.  XXIV.  Des  profanes  humains  la  foule  impi- 
toyable Parle  et  juge  en  aveugle ,  et  condamne 
au  hasard,  volt.  Tancr.  m,  6.  ||  Au  hasard  de, 
au  risque  de.  Le  prince  grec  [Ulysse]  au  loup  va 
proposer  l'affaire  :  Il  lui  dit,  au  hasard  d'un  sem- 
blable refus  :  Camarade....  la  font,  l'ahl.  xii,  ). 
Il  voulait  reprendre  ses  exercices  ordinaires  au  ha- 
sard de  retomber  dans  les  mêmes  maux,  boss.  le 
Tellier.  Et  tous  les  jours,  en  me  promenant  d'un  bout 
de  ma  chambre  à  l'autre,  je  suis  au  hasard  do  tom- 
ber et  de  me  casser  la  lête,  boil.  Lett.  à  Brossette, 
3  janvier  17)0.  La  paysanne  choisit  d'abord  pour  cet 
enfant  la  beauté  et  l'esprit  avec  une  couronne,  au 
hasard  de  quelque  malheur,  fén.  Pahl.  28.  Histoire 
de  norise.  Quelques  amis  le  reçurent  [Lycophron], 
au  hasard  de  désobéir  au  roi  [Périandre],,iD.  Pé- 
riandre.  ||  Au  hasard  de  la  fourchette,  se  dit  de  cer- 
taines cuisines  en  plein  vent,  où,  pour  un  prix,  on 
piquait  au  fond  d'une  marmite  ce  qui  se  trouvait 
sous  la  fourchette.  ||  Fig.  et  trivialement.  Au  ha- 
sard de  la  fourchette,  advienne  que  pourra.  ||  Au 
hasard  que....  avec  le  subjonctif.  Au  hasard  qu'il 
rie  péché]  vienne  encore  troubler  votre  paix  , 
FLÉCH.  Serm.  n,    37.  ||  8°  Par   hasard,   (oc.   adv. 


HAS 


1987 


,  Fortuitement.  Si  vous  savez  quelque  chose  par  ha- 

I  sard,  siîv.  67.  Le  roi  arrive  ce  soir  à  Sainl-Gei-main, 
,  et  par  hasard  Mme  de  Montcspan  s'y  trouve  aussi  le 
;  même  jour,  id.  Lett.  8  juillet  I070.  S'honorer  d'un 
\  regard  Que  vous  aurez  sui  eux  fait  tomber  |iar  ha- 
sard, RAC  Brit.  Il,   2.  Il  De  hasard,  même  signifi- 
cation. Un  courrier  allait  de  hasard  retrouver  lîar- 
besieux  en  ce  moment  devant  Namur,  st-sim.  2,  38. 
Il  9°  X  tout  hasard,  loc.  adv.  À  tout  événemcot, 

^  quoi  qu'il  puisse  arriver.  X  tout  hasard  ton  cœur 
me  restera  :  Fais  ce  que  dois,  advienne  que  pourra, 
Mîi.LEV.  Le  refr.  du  vieux  temps.  ||  Dire  quelque 
chose  au  hasard,  à  tout  hasard,  le  dire  sans  être  silr 
de  la  vérité  de  ce  qu'on  dit  ou  siins  y  attacher  de 

,  l'importance.  |{  Jeter  des  propos  au  hasard,  à  tout 

'  hasard,  mettre  des  propos  en  avant  pour  voir  com- 
ment ils  seront  reçus.  ||  Proverbe.  Il  faut  donner, 

]  ou  il  faut  laisser  quebiue  chose  au  hasard,  c'est- 
à-dire  on  ne  peut  tout  prévoir. 

'  —  REM.  1.  Coup  de  hasard  et  coup  du  hasard  se 
disent  également;  seulement,  dans  coup  du  ha- 
sard, il  y  a  une  personnification  du  hasard.  ||  2.  «  Si 
par  hasard  vous  faites  telle  chose....  terme  si  ancien 
qu'il  ne  se  dit  plus  qu'entre  le  petit  peuple,  marg. 
BUFFET,  Obser.  p.  73,  )668.  »  Les  puristes  condam- 

I  naient,  comme  on  voit,  mais  à  tort,  la  locution  par 

I  hasard,  bien  qu'alors  même  elle  fût  employée  par 
les  meilleurs  écrivains. 

!        —  SYN.    1°    hasard,    destin,   FORTUNE,     SORT.    LBS 

j  trois  mots  destin,  fortune,  sort,  ne  sont  examinés 
I  ici  qu'en  opposition  à  hasard  ;  or  tous  les  trois  im- 
'  pliquent  une  idée  de  régularité  ou  d'intention;  le 
destin  est.déterminé  par  un  ordre  immuable  et  fixé 
à  l'avance  ;  la  Fortune  est  une  déesse  qui  a  ses  in- 
tentions, fussent-elles  aveugles  et  changeantes  ;  le 
sort  est  aussi  l'eniiemble  des  événements  consi- 
dérés dans  une  certaine  combinaison  :  Le  sort  qui 
toujours  change  Ne  vous  a  pas  promis  un  bonheur 
sans  mélange,  a  dit  Racine,  Iph.  i,  i.  Mais  hasard 
exclut  ordre  et  intention  ;  c'est  l'ensemble  des 
événements  considérés  indépendamment  de  toute 
espèce  de  causes  et  d'enchaînements.  {|  2"  le  for- 
tuit, le  hasard.  Hasard  est  un  accident  qui  survient 
à  des  choses  projetées,  ou,  absolument,  l'ensemble 
des  événements  fortuits.  Le  fortuit  se  prend  dans 
une  acception  plus  restreinte,  et  signifie  abstraite- 
ment, l'ensemble  des  caractères  du  hasard. 

—  HlST.  xiii'  s.  Comment  le  duc  Godefroi  fu  re- 
quis de  lever  le  siège  de  Hasart,  où  le  jeu  des  dez 
fu  trouvez.  I!  advint,  ne  demora  guieres,  que  Ro- 
doans,  li  sire  de  Halape  [Alep],  ot  contens  [querel- 
les] et  guerre  à  un  suen  baron  qui  estoit  chastelein 
d'un  chastel  qui  a  non  Hasart  [El  Azar],  et  sachiez 
que  de  là  vint  premièrement  li  geus  de  hasart,  et  fu 
trovez  li  geus  de  dez  qui  einsinta  non,  Guillaume 
DE  TYR,  dans  labordf..  Émaux,  p.  247.  Ferri,  li  jeu 
de  hasard  X  qui  vous  estes  sougis.  Vous  a  fait  si 
droit  musard,  Bibl.  des  chartes,  i'  série,  t.  v,  p.  342. 
Gloutonie,  la  suer  Outrage  [la  sœur  d'Outrage,  d'in- 
solence).... Refet  sovent  le  mortier  bruire  Etchiés 
Hasart  le  tavemier,  ruteb.  ii,  38.  Par  foi,  dit  saint 
Pierre,  j'ai  huit;  Se  tu  jettes  après  hasart  [six], 
J'aurai  trois  âmes  à  ma  part,  Fabliaux,  Sl-Pierre  et 
le  }onglet,r.  Dist  li  jougleres  :  or  getez.  Volontiei-s, 
fit-il,  esgardez;  Je  voi  hasart  [six],  si  com  je  cuit, 
ib.  Senio  dicitur  numerus  senarius,  galliee  hasart, 
1.  de  garlande,  dans  Paris  sous  Philippe  le  Bel 
p.  692.  Garde-toi,  povre  douleureuse.  De  toi  bouter 
à  tel  azard  ;  Busche  verte  pas  à  pas  ard.  Songe  doré 
de  la  pucelle .  publié  par  chapelet.  ||  xiV  s.  En  lieu 
de  service  divin  Fault  jetter  hasart  sur  le  vin  [boiro 
et  jouer],  Modus,  ('  Lxiv.  La  sixiesme  branche  d'a- 
varice si  est  le  hazart  :  si  est  quant  on  joue  aux 
dés  pour  gaigner  l'argent  d'autruy,  Ménagier,  i,  3. 

II  XV*  s.  Lors  dit  l'un  :  gettez,  c'est  raison,  Poui 
veoir  qui  le  dez  aura.  Hasart  beau  dé  or  y  parra 
[paraîtra],  Dist  cilz  qui  getta  dix  et  huit,  B.  desch. 
Poésies  mss.  f"  394.  Sur  la  mer  je  ne  veulx  mie  En 
hazart  mettre  ma  vie,  basselin,  lxi.  Craindre  de 
mettre  son  estât  en  hazard  d'une  bataille,  comm.h,  2. 
Et  avant  qu'il  le  souffrist,  mettroit  toutes, choses  en 
péril  et  en  hazart,  id.  iv,  8.  La  femme  dudit  Henry 
dit  aux  diz  Robin  et  Gosselin  :  alez  vous  hors  de 
céans,  vous  n'estes  que  un  hasart;  et  ledit  Robin 
dist  :  je  ne  suis  point  hazart;  cellui  -est  ha- 
zart qui  joue  sa  femme  aux  dez,  du  cange,  hazar- 
dor.  Il  XVI' s.  Au  hazard  du  combat,  mont,  i,  <b. 
Par  hazard,  id.  i,  2t4.  Rien  de  noble  ne  se  fait  sans 
hazard  [risques],  m.  i,  134.  Endurcissez  le  à  la 
sueur  et  au  froid,  aux  hazaids,  id.  i,  <83.  X  celle 
fin  qu'ilz  aimassent  mieulx  essuyer  le  hazard  de  la 
bataille,  amyot.Si/Uo,  3«.  À  tout  hazard,  d'aub.  Hist. 
1, 26B.  Ce  qu'art  ne  peut  bazar  1  lucheve,  leroux  de 


1988 


HAS 


liNCY,  Prov.  t.  Il,  p.  2S*.  Hasard  n'est  pas  sans 
danger,  m.  t6.  p.  304. 

—  F.TYM.  Bourguig.  amr;  provenç.  espagn.  et 
portug.  aiar;  ilal.  la  gara,  anardo.  Beaucoup 
d'étymologies  ont  été  proposées,  toutes  dénuées  de 
preuves;  la  plus  plausible  est  celle  de  M.  Malin: 
arabe,  sehar  et  sâr,  dé,  et  avec  l'article  al,  assahar, 
Bssar.  Mais,  en  l'absence  de  tout  renseignement, 
il  n'y  a  aucune  raison  pour  rejeter  l'opinion  de  Guil- 
laume de  Tyr,  rapportée  dans  l'historique,  à  sa- 
voir que  le  hasard  est  une  sorlo  de  jeu  de  dés,  et 
que  ce  jeu  fut  trouvé  pendant  le  siège  d'un  château 
de  Syrie  nommé  llasart,  et  prit  le  nom  de  cette  lo- 
calité. On  remarquera  que  Guillaume  de  Tyr  est 
du  temps  des  croisades  et  a  vécu  dans  les  lieux  où 
•elles  se  sont  faites;  on  remarquera  en  outre  que, 
primitivement  ,  hasart  signifie  non  pas  dé  en 
général,  ce  à  quoi  s'appliquerait  l'étymologie  de 
M.  Mahn,  mais  un  certain  jeu  de  dés  qui  put 
mieux  recevoir  une  dénomination  accidentelle 
qu'une  dénomination  générale.  Dans  tous  les  cas 
on  voit  par  l'historique  que  le  sens  primitif  de  ha- 
sard est  un  certain  jeu  de  dés;  de  sorte  que  c'est 
le  hasard  jeu  de  dés  qui  a  dénommé  le  hasard, 
chance,  événement  fortuit  ;  et  non  l'événement 
fortuit  qui  a  dénommé  les  jeux  qui  se  jouent  sans 
caîcul.  L'historique  seul  pouvait  apprendre  cet  en- 
chaînement des  significations. 

HASARDE,  ÉE  (lia-zar-dé,  dée),  pari,  passé  de 
Hasarder.  ||  1°  Mis  au  hasard,  au  risque,  en  péril. 
Le  salut  du  pays  hasardé  dans  une  bataille.  Cinna 
n'est  pas  perdu  pour  être  hasardé,  corn.  Cinna,  i, 
2.  Un  sang  hasardé  pour  Cbimène,  ID.  Cid,  v,  7. 
Il  2°  Tenté  avec  hasard,  avec  risque.  Un  effort  ha- 
sardé avec  peu  de  chance  de  succès.  Un  accord  im- 
prévu confondait  nos  soupirs,  Et  d'un  mol  échappé 
la  douceur  hasardée  Trouvait  l'ilme  en  tous  deux 
toute  persuadée,  cobn.  Suréna,  i,  i.||3°  Qui  est 
peu  sûr,  qui  n'a  guère  de  garants.  11  vaut  mieux 
mille  fois  se  taire  et  souffrir  que  de  troubler  la  paix 
par  des  plaintes  hasardées,  volt.  Letl.  l'évêque d'An- 
■necy,  29  avr.  (788.  Cette  idée  sur  la  cause  du  mou- 
vement des  planètes  paraîtra  moins  hasardée  lors- 
qu'on rassemblera  toutes  les  analogies  qui  y  ont 
rapport,  buff.  tlist.  natur.  Preuves,  Théor.  terr. 
(liuv.  t.  I,  p.  )95.  C'est  peut-être.  César,  un  rap- 
port hasardé,  legouvé,  Épichar.  et  Néron,  m,  i. 
Il  4°  Terme  de  littérature.  Oui,  étant  en  dehors  do 
l'usage,  court  risque  de  n'être  pas  bien  accueilli 
des  connaisseurs.  Il  y  a  un  mot  dans  votre  ouvrage, 
qui  est  bien  hasardé,  la  brly.  i.  On  ne  veut  plus 
rien  que  de  nouveau,  de  brillant ,  d'extraordinaire, 
de  hasardé,  rollin,  Traité  des  Et.  Disc.  prêt. 
p.  xcij,  dans  pougens.  On  est  a.ssez  lâche  pour  cé- 
der quelquefois  à  d'impertinentes  critiques  ;  on 
sacrifie  des  traits  noblement  hasardés  auxquels  le 
public  s'accoutumerait  en  quatre  jours,  volt.  Lett. 
d'Argental,  8  mars  (762.  ||5°  Blond  hasardé,  blond 
qui  tire  sur  le  roux.  Il  lui  restait  de  ses  anciens 
charmes  un  air  un  peu  plus  que  hardi,  qui  réveil- 
lait merveilleusement  la  fadeur  d'une  blonde  un 
peu  hasardéç,  duclos,  Confess.  comte  de  "*,  Œuv. 
t.  vin,  p.  (09,  dans  pougens.  ||  6"  Se  dit  aussi  d'une 
pièce  de  boucherie  ou  de  gibier  qui,  trop  gardée, 
commence  à  sentir.  Gigot  hasardé. 

t  HASARDÉMENT  (ha-zar-dé-man),  adv.  Terme 
vieilli.  D'une  manière  hasardée.  Un  homme  par  la 
main  hasardément  me  prit,  bégnier,  Sat.  x. 

HASARDER  (ha-zar-dé),  v.  a.  ||  1°  Exposer  aux 
chances  du  hasard,  du  péril.  L'exemple  est  dangereux 
et  hasarde  nos  vies,  corn.  Aft'c.  iv,  2.  Mais  elle  m'em- 
pêchait de  hasarder  ma  tète,  m.  Hér.  iv,  4.  Je  ha- 
sarde mon  dos,  mes  bras,  mes  jambes,  mon  corps, 
HAUTEKOCHE,  Crisp.  médcc.  III,  (.  Je  hasarderais 
pour  vous  quelque  chose  de  plus  que  la  raillerie  du 
public,  MAiNTENON,  Lett.  à  Mme  de  Ventadour,  (8 
mars  (700.  Un  trône  que  Porus  devait  moins  ha- 
sarder, RAC.  Alex,  m,  'i.  Narbal  ne  jugea  pas  à  pro- 
pos, pendant  la  vie  de  Pygmalion,  de  faire  venir 
Baléazar;  i!  aurait  tout  hasardé  pour  la  vie  du 
prince  et  pour  la  sienne  propre;  tant  il  était  diffi- 
cile de  se  garantir  des  recnercDes  de  Pygmalion, 
FÊN.  Tél.  VIII.  François  1"  voulait  frapper  un  plus 
grand  coup  ;  il  hasardait  la  chrétienté  pour  se  ven- 
ger de  l'empereur,  volt.  Ann.  de  l'emp.  Charles 
Quint,  (637.  Quoi!  regretter  encor  cette  chaîne 
honteuse!  Hasarder  la  vicloireayant  tant  combattu! 
IB.  Zaïre,  iv,  (.  1|  Risquer  de  perdre.  Mes  amis  me 
peuvent  hasarder  sans  me  perdre,  me  peuvent  fâ- 
cher, me  pourraient  offenser  impunémenir.  balz. 
UU.  à  Canrart,  2(  juillet  («63.  ||  Hasaitler  un  pa- 
quet, l'envoyer  par  une  voie  qui  n'est  pas  sûre. 
i  «urai  les  deux  paquets  ensemble  à  Nantes  :  je 


n'ai  point  voulu  les  hasarder  par  une  route  incer- 
taine, puisqu'elle  dépend  du  vent .  SÉV.  Ult.  8 
mai  lOHO.  l|Fig.  et  familièrement.  Hasarder  le  pa- 
quet, mettre  au  hasard  quoique  chose,  faire  épreuve, 
après  avoir  longtemps  hésité.  Hasardons  le  pa- 
quet, poussons  notre  pointe  ,  llecueil  de  pièces 
com.  dans  le  boux,  Dict.  comique.  ||  Hasarder  quel- 
que chose  ou  quelqu'un  à...,  l'exposer  à.  Et  je 
viens  vous  chercher  pour  vous  prendre  en  ma 
garde.  Pour  ne  hasarder  pas  en  vous  la  majesté 
Au  manque  de  respect  d'un  grand  peuple  irrité, 
CORN.  Nicom.  v,  7.  C'est  à  moi  d'obéir  puisque  vous 
commandez  ;  Mais  voyez  les  périls  où  vous  me  ha- 
sardez, ID.  Pot.  i,  4 te  dire  X  quels  troubles  ce 

choix  hasarderait  l'empire,  m.  Pukh.  iv,  2.  L'ar- 
deur de  vous  revoir  l'a  hasardée  aux  flots  ;  Elle  a  pris 
après  vous  la  route  de  Colchos,  lo.  Toison  d'or, 
II,  (.  Il  2°  Tenter  hasardeusement,  témérairemeuL 
Par  là,  vous  pouvez  juger  qu'il  n'y  a  rien  que  je  ne 
hasardasse  pour  vous  faire  souvenir  de  moi,  puisque 
je  vous  hasarde  vous-même,  vous  que  je  tiens  chère 
et  précieuse  entre  toutes  les  choses  du  monde,  voit. 
Lett.  3(.  Au  lieu  de  hasarder  une  bataille  générale, 
Boss.  Jhst.  III,  5.  Gardez  de  hasarder  cette  attaque 
soudaine,  volt.  BruHis ,  m,  2.  ||  3°  S'exposer  à, 
braver.  Â  peine  ils  touchent  le  port,  Qu'ils  vont 
hasarder  encor  Même  vent,  même  naufrage,  la 
FONT.  Fabl.  X,  15.  Les  ambassadeurs  anglais  [près 
de  Pierre  IJ,  qui  n'avaient  pas  le  pied  marin 
pour  hasarder  les  échelles  de  cordes,  s'excusèrent 
d'y  monter,  st-sim.  64,  144.  ||  4°  Émettre  avec 
crainte  et  comme  chose  hasardeuse.  Je  ne  de- 
mande plus  que  pour  de  si  beaux  feux  Votre  absolu 
pouvoir  ha.sarde  un  je  le  veux,  cobn.  Tite  et  Bérén. 
V,  4.  Il  [Charles  XII]  montrait  avec  le  doigt  à  M.  Fa- 
brice les  endroits  qui  le  frappaient  [dans  un  livre 
français];  mais  il  n'en  voulait  lire  aucun  tout  haut, 
ni  hasarder  jamais  un  mot  en  français,  volt. 
Charles  XII,  5.  Je  sens  que  je  hasarde  une  prière 
vaine,  iD.  Orphel.  v,  2.  J'ai  remis  entre  les  mains 
de  Votre  Excellence  une  copie  de  ce  que  je  viens 
de  hasarder,  uniquement  pour  vous,  sur  ce  sujet  si 
terrible  et  si  délicat  de  la  condamnation  et  de  la 
mort  du  czarovitz  [le  fils  de  Pierre  \"'\,  iD.  Lett. 
Schouralnf,  o  nov.  (7ii(.  ||  5"  Terme  de  littérature 
et  de  beaux-arts.  User  de  quelque  chose  qui,  n'étant 
pas  encore  établi,  court  hasard  de  choquer  les  con- 
naisseurs. Hasarder  une  expression,  une  phrase, 
une  façon  de  parler.  ||  6°  V.  n.  Tenter  le  hasard. 
On  s'égare  assez  souvent  quand  on  s'écarte  du 
chemin  battu  ;  mais  on  ne  s'égare  pas  toutes  les  fois 
qu'on  s'en  écarte;  quelques-uns  en  arrivent  plus  tôt 
où  ils  prétendent,  et  chacun  peut  hasarder  à  ses 
périls,  CORN.  Agés.  Préf.  Hasardons  ;  je  ne  vois  que 
ce  conseil  à  prendre,  id.  Théod.  i,  S.  Quand  on  voit 
tout  perdu,  craint-on  de  hasarder?  id.  Tile  et  Bérén. 

I,  3.  si  je  hasarde  trop  de  m'être  déclarée.  J'aime 
mieux  ce  péril  que  ma  perte  assurée,  id.  Sertor. 
V,  (.  Soit  que,  près  du  rivage,  Il  n'osftt  pas  hasarder 
davantage,  la  font.  Cal.  On  ne  ferait  jamais  rien 
dans  ce  monde,  dans  aucun  genre,  si  on  ne  hasar- 
dait pas  un  peu,  VOLT.  I^tt.  d'Argental,  (74b  (t.  lxx, 
p.  383).  Il  Hasaréet  de .  avec  un  infinitif.  Denrées 
qui  se  vendent  Tl-ès-bien  à  dix,  vingt  et  trente 
lieues,  et  qu'on  laisse  perdre  parce  qu'on  n'ose  ha- 
sarder de  les  transporter,  vauban.  Dîme,  p.  32.  La 
régence  de  Stockholm  hasarda  de  demander  de 
l'argent  à  la  F;-ance  épuisée,  dans  un  temps  où 
Louis  XIV  n'avait  pas  même  de  quoi  payer  ses  do- 
mestiques, volt.  Hiissie,  11,  4.  Si  VJt  que  quelques 
soldats  hasardaient  d'aller  puiser  de  l'eau,  id.  ib. 

II,  I.  Il  7°  Se  hasarder,  v.  réfl.  Courir  hasard,  s'ex- 
poser à  un  danger.  On  se  hasarde  à  tout  quand  un 
serment  est  fait,  corn.  Œdipe,  n,  1.  Les  pluies  ont 
été  et  sont  encore  si  excessives,  qu'il  y  aurait  eu 
de  la  folie  à  se  hasarder,  sÉv.  (3.  Mais  mon  père 
défend  que  le  roi  se  hasarde,  rac.  Athal.  v,  t. 
Il  Faire  une  démarche  délicate.  Je  veux  bien  toute- 
fois encore  m'y  hasarder  [à  faire  une  demande], 
cobn.  Pomp.  IV,  2.  il  Se  hasarder  à,  suivi  d'un  infi- 
nitif. Tenter  hasardeusement,  avec  quelque  péril. 
Des  Français,  habitants  de  Moscou,  se  hasardent  à 
sortir  de  l'asile  qui,  depuis  quelques  jours,  les  dé- 
robe à  la  fureur  du  peuple  :  ils  confirment  la  fatale 
nouvelle  [le  projet  d'incendier  Moscou],  ségur, 
Ilist.  de  Nap.  viii,  4.  ||  Se  hasarderde,  même  sens, 
bien  qu'aujourd'hui  moins  usité.  Ceux  qui  se  ha- 
sardaient de  faire  passer  les  chevaux,  vaugelas,' 
Q.  C.  X,  (.  Si  quelqu'un  se  hasarde  de  lui  emprun- 
ter quelques  vases,  LA  bruy.  Théophraste.  xviii.  Je 
me  hasarde  de  dirB  qu'il  se  peut  faire  qu'il  y  ait  au 
monde  plusieurs  personnes  connues  ou  inconnues.... 
ID.   II.  Il  8*  .titre  hasardé.  Le  combat  se   hasarde 


H.AS  , 

maintenant.  Je  veux,  pour  vous  sauver,  que  me» 
jours  se  hasarilent,  quinault.  Mort  deCyrus,  u,  4. 
....Pienezgarde,  Combien  à  l'enfermer  (une  personne 
agitée]  son  repos  se  hasarde,  th.  corn.  Bcrjerexlrat-. 
I,  :i.  Il  Proverbe.  Qui  ne  hasarde  rien  n'a  rien,  c'esl- 
à-dire  il  faut  un  peu  de  hardiesse  si  l'on  veut  réussir. 

—  SYN.  hasarder,  RISQUER.  Le  premier  de  ces 
mots  n'indique  que  l'incertitude  du  succès.  Le  se- 
cond menace  d'une  mauvaise  issue.  X  chances  égales, 
on  hasarde  ;  avec  du  désavantage,  on  risque.  Vous 
hasardez  en  jouant  contre  votre  égal  ;  vous  risquez 
contre  un  joueur  plus  habile.  La  raison  même  ha- 
sarde ;  la  passion  risque,  roudaud. 

—  HIST.  xiv  s.  Que  les  dits  douze  clercs  tiennent 
les  escrits  de  la  dite  Chambre  secrets,  et  qu'ils  ne 
soient  si  hasardez  de  les  porter  hors,  du  cange,, 
haiardor.  \\  xv*  s.  Jehan  le  Picart  qui  ne  servoiti 
d'autre  bien  que  de  bazarder  [jouer  aux  dés|,  ta-^ 
verner  et  bordeler,  id.  ib.  \\  xvi'  s.  Je  hsisarderois 
bien  ma  vie  Près  de  la  bouche  des  canons.  Si,  au  lieu 
de  poudre  ou  de  plomb.  Ils  sont  chargés  de  Malvoi- 
sie, j.  LE  noLX,  V.  Le  capitaine  qui  se  hasarde  trop, 
AMYOT,Pe7op.  3.  Hazarder  la  bataille,  lD..4mt.  28-29. 

—  ÉTVM.  Hasard. 

t  HASARDEUR  (ha-zar-deur),  I.  m.  Celui  qui 
hasarde. 

—  HIST.  XIV'  s.  Et  celui  qui  joue  as  dez,  le  ha- 
sardeur,  ou  qui  acquiert  par  jeux  semblables, 
ORESME,  FAh.  III.  Il  xv»  s.  Pipeur  ou  hezardeur  de 
dez,  VILLON,  Ballade  de  bonne  doctrine. 

IF,4SARDEUSEME.\T  (ha-zar-deù-ze-man),  adv. 
D'une  manière  hasardeuse,  avec  péril. 

—  HIST.  xvi'  s.  Il  avoit  pris  cette  place  avec  dix- 
huit  hommes,  et  hazardeusement,  d'aub.  Hist.  i, 
284.  Et  l'autre,  lent  et  consideratif  comme  un  Fa- 
bius, opina  hazardeusement,  lanouk,  65I.  Ils  [les 
parents]  ne  sont  capables  ny  de  chastier  les  faultes 
[d'un  enfant],  ny  de  le  veoir  nourry  grossièrement 
comme  il  fault  et  hazardeusement,  mont,  i,  (64. 
Nous  raisonnons  hazardeusement  et  inconsiderée- 
ment,  id.  i,  358. 

—  f.TVM.  Hasardeuse,  et  le  suffixe  ment. 
UASAUDEUX,  EUSE   (ha-zar-deii ,  deû-z'),  adj. 

Il  1»  Qui  se  hasarde  volontiers.  Les  barbares  avaient 
espéré  que  le  roi,  qui  était  hasardeux,  y  serait 
pris,  VAUGr:L.  Q.  C.  332.  Si  vous  étiez  moins  hasar- 
deux, j'aurais  plus  de  repos,  sÉv.  (35.  Je  crains 
votre  humeur  hasardeuse;  je  ne  me  fie  ni  à  vous, 
ni  h  M.  de  Grignan,  in.  (38.  De  quel  genre  te 
faire,  équivoque  maudite  Ou  maudit?  car  sans 
peine,  aux  rimeurs  hasardeux.  L'usage  encor,  je 
crois,  laisse  le  choix  des  deux,  boil.  Sat.  xii.  Un 
homme  que  la  perte  trouble  et  intimide,  que  le  gain 
rend  trop  hasardeux,  vauven.  Du  jeu.  Le  marquis, 
homme  tout  simple,  peu  hasanleux  dans  le  discours, 
n'osera  jamais  aventurer  la  déclaration,  Marivaux, 
le  Legs.  3.  ||  Substantivement.  Us  se  gouvernent  par 
le  discours  de  la  raison  qui  conclut  à  l'utile  et  au 
certain,  et  ne  vivent  pas  selon  l'institution  morale 
qui  se  propose  l'honnête  et  le  hasardeux,  balz.  De 
la  cour,  0'  dise.  Sus,  sus.  Mars  et  le  sort  aiment 
les  hasardeux,  maih.  Soliman  III,  (6.  ||  2°  Qui 
tente  des  choses  hasardeuses,  qui  n'est  pas  pru- 
dent. C'est  un  médecin  trop  hasardeux,  d'ablan- 
coiRT,  Àpophth.  p.  554,  dans  bichei.et.  ||  3°  Où  il 
y  a  du  hasard,  du  danger.  Il  sut  bien  se  tirer  d'un  ' 
pas  si  hasardeux,  conN.  Hor.  iv,  2.  Mais,  suivant 
o.'Achillas  le  conseil  hasardeux.  Vous  n'en  gagnez 
aucun  et  les  perdez  tous  deux,  id.  Pomp.  i,  i.  Que 
le  sort  de  tels  esprits  est  hasardeux!  Boss.  Reine 
d'Anglet.  Il  ne  parut  pas  moins  grand  en  demeu- 
rant sans  action,  qu'il  l'avait  paru  en  se  soutenant 
au  milieu  des  mouvements  les  plus  hasardeux,  id. 
le  Tellier.  L'épreuve  en  [de  la  vie  privée]  est  ha- 
sardeuse pour  un  homme  d'État;  et  la  retraite 
presque  toujours  a  trompé  ceux  qu'elle  flattait  de 
l'espérance  du  repos,  id.  ib.  Ainsi  finit  heureuse- 
ment la  bataiMe  la  plus  h.isardeuse  et  la  plus  dis- 
putée qui  fût  jamais  [celle  de  NordlingenJ ,  id. 
Louis  de  Bourbon.  Napoléon,  réduit  à  de  si  ha- 
sardeuses conjectures,  arrivait  tout  pensif  à  Ver- 
eia,  sÉGun,  Hist.  de  Nap.  ix,  «.  ||  4°  Terme  de 
littérature.  Qui  sort  de  l'usage  et  est  au  hasard  de 
choquer  les  connaisseurs.  Traiter  tout  noble  mot  de 
terme  hasardeux,  boil.  ^pft.  x. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  a  tousjours  esté  conseil  hasar- 
deux de....  mont,  u,  7.  Je  tiens  moins  hazardeux 
d'escrire  les  choses  passées  que  présentes,  m.  i, 
103.  Il  faict  bien  piteux  et  hazardeux  despendre 
d'un  aultre,  id.  iv,  97.  Personnage  hasardeux  oultre 
mesure,  et  hardy  sans  discrétion  es  périls  de  la 
guerre,  amyot,  Pélop.  (.  U  commencea  tousjours 
despuis  à  charger  avec  ceste  bende   en  ses  plus 


HAS 

grandes  et  plus  hazardeuses  batailles,  m.  ib.  35. 
....  Do  tant  fl'hazardeux  hommes  qu'il  avoit,  n'en 
trouva  aucun  pour  subir  ce  péril,  d'aub.  Ilist.  m,  3i . 

—  ETYM.  Hasard. 

f  HASARDISE  (ha-zar-tli-z') ,  a.  f.  Néologisme. 
Action  hasardée.  Je  me  suis  décidé  à  tenter  seul  la 
chance;  eh  bien!  cette  hasardise  m'a  réussi. 

t  HASCHISCH  (ha-chich),  s.  ni.||l°Nom  donné 
aux  feuilles  du  chanvre  indien  {cannabis  indica,  L), 
que  l'on  fait  sécher  pour  les  mâcher  ensuite  ou  les 
fumer.  En  Orient,  le  haschisch  se  nomme  aussi 
herbe  des  fakirs.  ||  2°  Préparation  enivrante  faite 
avec  ce  végétal.  Le  haschisch  jette  dans  un  narco- 
tisme  pendant  lequel  se  produisent  des  illusions 
étranges  et  des  images  Tantastiques,  pleines  d'ex- 
tase et  de  ravissement. 

—  lîTVM.  Arabe,  hachich,  herbe  sèche. 

HASE  (ha-z'),  s.  f.  La  femelle  du  lièvre.  J'ai 
fait  élever  des  lapins  avec  des  hases  et  des  liè- 
vres avec  des  lapines,  mais  ces  essais  n'ont  rien 
produit,  BUFF.  Quadrup.  t.  n,  p.  <2).||I1  se  dit 
aussi  de  la  femelle  d'un  lapin  de  garenne.  |]  Popu- 
lairement et  fig.  Vieille  femme  qui  a  fait  beaucoup 
d'enfants. 

—  Ctym.  Ane.  haut-allem.  haso,  lièvre  ;  allem. 
mod.  Hase;  angl.  hare;  sanscr.  çaça,  lièvre,  de  çaç, 
sauter. 

t  HASSART  (ha-sar),  s.  m.  Espèce  de  hache  qui 
aie  tranchant  arrondi.  Haches,  hassarts,  serpes  et 
coins  de  fer,  le  (00  pesant  payera  8  sous,  Tarif, 
(8  sept.  1661. 

—  lilST.  xm"  3.  Et  come  à  sele  à  chaceor  Le 
hausart  et  l'escorcheor,  Partonop.  v.  BI27. 

—  ÉTY.M.  Norm.  hansart.  Origine  inconnue. 
HAST  (ast"),  .V.  m.  Nom   peu  usité  de  la  lance. 

Clodion  et  Mérovée  tenaient  à  la  main,  en  guise  de 
torches,  l'hast  enflammé  de  deux  piques  rompues, 
CHATEAUBR.  Xavt.  II,  2.  ||  Arme  d'hast,  toute  arme 
emmanchée  au  bout  d'un  long  bâton,  comme  la 
pique,  la  hallebarde. 

—  msT.  .\vi*  s.  Et  s'il  ne  l'eust  requis  de  la  vie, 
il  l'eust  assommé  de  l'ast,  carloix,  vi,  b.  Armes 
d'ast,  aultrement  de  long  bois,  comme  hallebar- 
des, etc.  m.  X,  U. 

—  Rtym.  Voy.  HASTE  (  ;  provenç.  ast. 
HASTAIRE  (ha-stê-r'),  s.  m.  Synonyme  de  has- 

tat,  beaucoup  plus  usité.  L'histoire  parthiquerte  Cal- 
limorphe,  médecin  des  hastaires  de  la  sixième  légion, 
d'ablancourt,  Lucien,  comment  écrire  l'histoire. 

—  ÉTYM.  Lat.  hastarius,  do  hasia,  lance  (voy. 
HASTF.  )). 

t  HASTAT  (ha-sta),  s.  m.  Terme  d'antiquité  ro- 
maine. Soldat  armi  d'un  javelot.  L'infanterie  ro- 
maine se  composait  de  hastats,  princes  et  triaires; 
les  hastats  occupaient  la  première  ligne. 

—  KTYM.  Lat.  haslatus,  de  hasia,  lance. 

\.  HASTE  (ha-st'),  s.  f.  \\  1°  Terme  d'antiquité. 
Longue  lance.  ||  2°  Terme  de  numismatique.  Javelot 
sans  fer  ou  sceptre  long,  qui  est  l'attribut  des  divi- 
nités bienfaisantes.  ||  3°  Terme  d'épigraphio.  La 
barre  verticale  dans  les  F,  les  P,  les  R,  etc.  Les 
hastes  de  l'M,  de  l'N. 

—  HIST.  XI"  s.  Entre  ses  poinz  [il]  leneit  s'anste 
fraisnine  [de  frêne],  Ch.  de  Roi.  lv.  ||  xu"  s.  Hansto 
[il]  ot  raout  fort,  li  fors  fu  acerez,  Ronc.  p.  36. 
Droites  les  astes  aus  bons  espiés  moulus,  «6.  p.  45. 
Il  xiv  s.  Pourveu  de  espée,  hâte....  qui  sont  armes 
défendues,  nu  cange,  hasta.  \\  xv"  s.  Adonc  prit  le 
comte  par  la  haste  la  bannière,  Fitoiss.  ii,  ii,  67. 
Durand  Jarrie  portant  à  son  col  une  haste  ouaguillade 
pour  toucher  les  beufz,  nu  cange,  hasta. 

—  ÊTYM.  Provenç.  espagn.  et  ital.  asla;  portug. 
aste;  du  lat.  hasta;  sanscr.  hasla,  main;  Eug.  Bur- 
nouf  supposait  que  le  passage  du  sens  de  main  à 
lance  avait  eu  lieu  à  cause  de  la  forme  du  fer  de 
lance,  semblable  à  une  main  allongée  dont  les  doigts 
sont  rapprochés.  Il  n'est  pas  sûr  que  haste  ou  aiguil- 
lade  soit  le  latin  hasta;  ce  pourrait  être  un  nom 
verbal  de  hâter. 

f  2.  HASTK  (ha-st'),  s.  f.  Anciennement,  broche  à 
faire  rôlir,  et,  par  catachrèse,  pièce  de  viande  rôtie. 

—  lllST.  XIII"  s.  Levez-vos  sus,  dame  Hersent, 
Ke!os  li  un  petit  de  haste  [broche,  rôti]  De  deus  roi- 
gnons  et  d'une  rate,  Ren.  249.  Qui  me  tient  que  je 
ne  vous  froisse  Les  os  cura  poussin  en  paste,  X  ce 
pestel  [piloiij  ouàcest  haste?  laRose,  O4oo.  ||xiv's. 

La  haste  menue,  c'est  la  rate,  ilénagier,  ii,  5 Pour 

les  cuisines  Eault  poz,  paelles,  chauderons,  Cra- 
maulx,  rostiers  et  sausserons.  Broches  de  fer,  hastes 
de  fust,  E.  nEscn.  Poésies  mss.  f°  491. 

—  -  f.TYM.  Haste  t,  ainsi  dit  par  assimilation  de 
forme.  A  la  différence  de  la  hrocite,  qui  était  en  fer, 
la  luisle  paraît  avoir  été  en  bois. 


HAT 

HASTÉ,   ÊE  (ha-sté,  stée),  adj.   \\   l'  Terme  de 

botani(iue.  Qui  a  la  figure  d'un  fer  de  pique,  exem- 
ple :  feuille  de  i'oseille  ou  du  liseron  des  champs. 
Il  2°  S.  m.  Nom  d'un  lutjan,  du  genre  des  pristi- 
pomes  (poissons),  voy.  pique  4. 

—  ÈTYM.  Haste  I. 

t  HASTIFOUÉ,  ÉE  (  ha-sti-fo-li-é,  ée  )  ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  les  feuilles  sont  bas- 
tées. 

—  ÉTYM.  Haste  l,  et  le  lat.  folium,  feuille. 

t  HASTIFOUME  (ha-sti-for-m'),  adj.  Terme  di- 
daclique.  Qui  a  la  forme  d'une  lance  ;  qui  est  en 
forme  de  pique. 

—  ÉTYM.  Haste  I,  et  forme. 

t  HATCUETINE  (ha-tchè-ti-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Substance  qui  se  trouve  dans  des  minerais 
de  fer  d'Angleterre. 

t.  HÂTE  (hà-f),  s.  f.  Activité  à  faire,  prompti- 
tude à  faire.  Vous  avez  trop  de  hâte,  l'Asc.  Prov. 
10.  Cet  empressement,  cette  hâte,  pour  arriver  où 
personne  ne  vous  attend,  cette  agitation  dont  la 
curiosité  est  la. seule  cause,  vous  inspire  peu  d'es- 
time pour  vous-même,  stael,  Corinne,  i,  2.  jj  Avoir 
hâte,  avoir  une  grande  hâte,  avoir  grande  hâte, 
avoir  extrêmement  hâte,  être  très-pressé.  Il  me 
semblait  que  j'avais  une  extrême  hâte  de  partir, 
VOIT.  Lett.  )8.  Il  A  côté  de  grande  hâte,  on  dit 
aussi  grand'hdte  (voy.  grand).  Semeï  de  Bahurim, 
fils  de  Géra,  de  la  tribu  de  Benjamin,  vint  à  grand' 
hâte  avec  ceux  de  Juda  au-devant  du  roi  David, 
SACi,  Hible,  Rois,  i,  xix,  8.  ||  Si  vous  avez  hâte, 
courez  devant,  se  dit  à  un  homme  impatient  ou  (jui 
fait  l'empressé.  ||  En  hâte,  avec  hâte,  loc.  adv.  Promp- 
tement,  en  diligence.  11  partit  en  grande  hâte.  Que 
de  ces  lieux  maudits  en  hâte  elle  s'exile,  corn. 
Œdipe,  v,  to.  Elle  y  revint  à  grande  hâte,  staal, 
Mém.  t.  I,  p.  152  (éd^  (82i).  ||  X  la  hâte,  loc.  adv. 
Avec  précipitation.  Je  lui  dresse  un  bûcher  à  la 
hâte  et  sans  art,  corn.  Pomp.  v,  1.  Elle  bâtit  un 
nid,  pond,  couve  et  fait  cclore  X  la  liàte....  la 
FONT.  Fabl.  IV,  22.  Nous  avons  été  très-contents  de 
vos  remarques  sur  les  Horaces;  beaucoup  moins  de 
celles  de  Cinna,  qui  nous  ont  paru  faites  à  la  hâte, 
d'alembebt,  Lett.  à  Voltaire,  8  sept.  I76i.||  Pro- 
verbe. Mieux  vaut  bonne  attente  que  mauvaise 
hâte,  c'est-à-dire  il  vaut  mieux  attendre  une  bonne 
occasion  que  de  se  presser  et  en  saisir  une  mau- 
vaise. 

—  HIST.  XIII'  s.  Pourquoi  m'as  envoyée  en  grant 
haste  et  en  coite?  Ber(c,  xxix.  Car  qui  est  pleins 
de  foie  haste  S  la  fois  son  bon  tans  en  gaste,  Blonde 
et  Jehan,  1521.  ||  xv  s.  Et  le  fit  on  armer  en  grand 
haste,  FROiss.  i,  i,  no.  ||  xvi"  s.  Le  coup  pour  la 
haste  n'ayant  pas  esté  bien  assené,  mont,  h,  3;(. 
Duicts  à  faire  cinq  lieues  en  cinq  heures,  et  six  s'il 
y  avoit  haste,  m.  u,  90.  Couvrir  un  logis  à  la  haste 
et  le  fortifier,  m.  iv,  6. 

—  ÈTYM.  Wallon,  hdse;  de  l'allem.  Hast;  anc. 
scand.  hastr. 

f  2.  HÂTE  (hâ-f),  s.  f.  Autre  prononciation  de 
haste  2. 

HÂTÉ,  ÉE  (hâ-té,  tée),  part,  passé  de  hâter. 
Il  1°  Qu'on  fait  aller  vite.  Une  civilisation  hâtée  par 
des  circonstances  favorables.  Les  morceaux  trop  hâ- 
tés se  pressent  dans  sa  bouche,  eoil.  Lutrin,  \.  L'i- 
voire trop  hâté  deux  fois  rompt  sur  sa  tête,  m  ib.  v. 
Il  La  saison  est  hâtée,  elle  est  plus  avancée  qu'elle  ne 
devrait.  ||  2°  Qu'on  fait  dépêcher.  Hâté  par  des  or- 
dres pressants.  Le  silence  dos  soldats,  hâtés  du 
froid,  de  la  faim  et  de  l'ennemi,  était  profond, 
CHATEAUBR.  Mémoircs,  t.  v  ,  p.  loo.  ||  3°  Qui  a  hâte. 
11  est  extrêmement  hâté.  Garilez  qu'une  voyelle  à 
I  courir  trop  hâtée  Ne  soit  d'une  voyelle  en  son  che- 
I  min  heurtée,-  boil.  Art  p.  i.  ||  Se  dit,  en  un  sens 
analogue,  des  choses  qui  pressent.  Cet  ouvrage  est 
hâté.  Nous  sortions,  il  s'agit  d'un  fait  assez  hâté, 
MOL.  Éc.  des  mar.  m,  5. 

f  HÂTÉE  (hà-tée),  s.  f-  Terme  de  serrurier. 
Barre  qui  est  coudée  et  contre-coudée  d'équerre. 

f  UÂTELET  (hâ-te-lè),  s.  m.  ||  1"  Petit  ustensile 
en  forme  de  petite  broche  dont  on  se  sert  pour  as- 
sujettir de  grosses  pièces  de  viande  à  la  broche. 
Il  2°  Petite  broche  du  métier  des  ft.bricanls  d'é- 
toffes de  soie. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  hâte  2. 

f  HÂTELETTES  (hâ-te-li'-l') ,  s.  f.  pi.  Terme  de 
cuisine.  Petits  morceaux  délicats  que  l'on  fait  cuire 
â  la  brocholte  avec  un  hâti.det. 

—  RTYM.  Dimin.  de  hâte  2  ;  norm.  hdtelct,  tranche 
de  porc  rôti. 

HÂTER  (hâ-té),  v.  a.  |[  1°  Rendre  plus  rapide, 
plus  prompt,  plus  prochain.  Hâter  les  progrès  des 
arts.  Et  pour  avancer  tout,  hâte  cet  entretien,  corn. 


hAt 


1989 


Nicom.  I,  4.  Le  fils  d'Agamemnon  Tient  hâter  son 
supplice  [d'un  enfant],  bac.  Andr.  l,  4.  Quand  je 
devrais  du  ciel  hâter  l'arrêt  fatal,  m.  Brit.  m,  4. 
J  écrivis  en  Argos  pour  hâter  ce  voyage,  id.  Iphig. 
i,  I.  Vous  hâterez  cet  avenir  par  vos  désins,  mass. 
Carême,  Avenir.  Des  assassins  trop  lents  il  veut 
hâter  les  coups,  volt.  Henr.  ii.  Je  hâte  de  mes 
vœux  et  voudrais  différer  L'instant  que  mon  amour 
doit  craindre  et  désirer,  c.  helav.  Paria,  iv,  l. 
Il  Hâter  le  pas,  marcher  plus  rapidement.  ||  Terme 
de  chasse.  Le  cerf  hâte  son  erre,  le  cerf  fuit  très- 
vite.  Il  Absolument.  Il  faut  hâter,  car  il  faut  qu'elle» 
Ides  religieuses]  aient  pour  cela  plusieurs  années  de 
profession,  pasc.  Lett.  6  juin  1063.  ||  Terme  de  ma- 
nège. Hâtez  !  expression  dont  l'écuyer  se  sert  pour 
avertir  l'élève  qui  fait  des  voltes  que  son  cheval  se 
ralentit.  ||  2"  Terme  de  jardinage.  Favoriser  le  dé- 
veloppement des  fleurs  ou  des  fruits  d'une  plante 
sans  lui  nuire.  ||  Hâter  les  fruits,  en  avancer  la  ma- 
turité. Il  3°  Faire  dépêcher.  Hâter  la  besogne,  le 
dîner.  En  arrêter  le  cours  [de  la  vie  d'un  vieillard] 
Ne  serait  que  hâter  la  parqua  de  trois  jours,  corn. 
Cid,  r,  7.  Je  te  hâterai  bien  si  je  prends  un  bâton, 
SCABB.  Jodelet,iu,  3.  Que  l'on  coure  avertir  et  hâter 
la  princesse,  hao.  Théb.  i,  l.  ||  Il  se  dit  avec  de  et 
un  infinitif.  Hâte-le  de  subir  cette  juste  ordon- 
nance, TRISTAN,  Mort  de  Chrispe,  v,  8.  Hâtez  à  votre 
gré  ce  secours  de  descendre,  corn.  Toison  d'or,  v, 
3.  Il  Fig.  On  l'a  bien  hâté  d'aller,  on  lui  a  fait  une 
rude  réprimande,  on  l'a  corrigé.  Le  cocher,  qui 
n'était  pas  satisfait  d'un  seul  coup  de  fouet,  le  hâta 
d'aller  de  plusieurs  autres,  scarr.  Rom.  com.  n,  I6. 
Il  Fig.  Hâter  d'aller  signifie  aussi  faire  mourir  plus 
vite.  Il  était  fort  malade;  ce  chagrin  l'a  hâté  d'aller. 
114°  Se  hâter,  v.  réfl.  Faire  diligence.  Il  [Dieu]  a 
fait  ce  que  dit  le  Sage:  il  s'est  hâté;  en  effet, 
quelle  diligence  !  en  neuf  heures  l'ouvrage  est  ac- 
compli ;  il  s'est  hâté  de  la  tirci  [Madame]  du  milieu 
des  iniquités,  boss.  Duch.  d'Orl.  Elle  se  hâte  trop, 
Burrhus,  de  triompher,  rac.  Brit.  iv,  3.  Hâtons- 
nous  l'un  et  l'autre  D'assurer  à  la  fois  mon  bonheur 
et  le  vôtre,  m.  Bajas.  n,  i.  Hâtons-nous  aujour- 
d'hui de  jouir  de  la  vie;  Qui  sait  si  nous  serons  de- 
main? m.  Atli.  II,  9.  Il  Sans  complément  verbal. 
Alors  que  je  les  mande,  ils  doivent  se  hâter,  corn. 
Attila,  I,  1.  Je  me  suis  hâté  et  j'ai  crié  de  bonne 
heure,  parce  que  j'ai  beaucoup  espéré  en  vos  pro- 
messes, SACi,  Bible,  Ps.  cxviii,  (47 H  laisse   la 

tortue  Aller  son  train  de  sénateur  ;  Elle  part,  elle 
s'évertue,  Elle  se  hâte  avec  lenteur,  la  font.  Fabl. 
VI,  10.  Moitié  secours  des  dieux,  moitié  peur,  sa 
hâtant,  Sur  un  mont  assez  proche  enfin  ils  arrivè- 
rent, ID.  Phil.  et  Rancis.  Hâtez-vous  lentement;  et, 
sans  perdre  courage.  Vingt  fois  sur  le  métier  remet- 
tez votre  ouvrage,  boil.  Art  p.  i.  Aimons  donc,  ai- 
mons donc!  de  l'heure  fugitive  Hâtons-nous,  jouis- 
sons ;  L'homme  n'a  point  de  port,  le  temps  n'a  point 
de  rive,  U  coule  et  nous  passons,  lamart.  Méd.  i,  13. 

—  SYN.  HiiTER,  ACCÉLÉRER.  Ces  deux  mots  no 
sont  synonymes  que  dans  des  locutions  de  ce 
genre  :  hâter  le  pas,  accélérer  le  pas;  hâter  le  dé- 
veloppement, accélérer  le  développement.  Tous  deux 
signifient  rendre  plus  rapide,  faire  aller  plus  vite  ; 
il  ne  parait  y  avoir  aucune  diflcrence  de  sens;  la  seule 
différence  est  dans  l'emploi,  accélérer  étant  un  \erl>e 
plus  récent  et  ayant  quelque  chose  de  technique. 

—  HIST.  XI*  s.  [U]  Met  sel  sur  pied  et  de  courre 
se  haste,  Ch.  de  Roi.  clxvi.  ||  xii»  s.  Oliviera  voit  la 
mort  le  va  hastant,  Ronc.  p.  92.  Je  prierai  à  Deu 
qu'il  se  hast  dcl  vengier  Les  mais  e  les  injuries  c  le 
grant  reprovierQue  tu  e  li  tuen  funt....  Th.  le  mart. 
76.  Ainz  tierce  l'endcmain  l'ala  treis  feiz  haster  Li 
messagiers  le  rei,  rova  le  à  curt  aler,  ib.  49. 
Il  xiii'  s.  Dont  pristrent  conseil  qu'il  envoieroienl  à 
rencontre  du  conte  Looys  de  Blois  et  de  Chartain 
pour  lui  hasier  et  crier  merci,  villeh.  xxxii.  Man- 
dez lui  qu'à  moi  [il]  vienne;  basiez  que  on  le 
quiere,  B(T(e,  xii.  Dir  forment  le  liasloit  [il  avoit 
hâte]  de  la  chose  achever,  ib.  xvii.  Or  donc,  hastes 
que  vous  ne  soyez  pierchute  [aperçue] ,  Chr.  de 
Rains,  p.  6.  Ha  solaus,  por  Diex,  car  te  heste,  Ne 
sejorne,  ne  ne  t'are.ste,  la  Rose,  25i3.  Et  le  [la] 
cortoisie  qu'il  pot  fere  enjusticbant  à  celi  qui  est 
ses  amis,  si  est  de  U  haster  son  droit,  se  il  a  droit, 
BEAUM.  33.  Il  XV'  s.  La  tierce  bataille  s'en  alla  droit 
au  comte  de  Haynaut,  et  l'eurent  aussi  presque 
surprins,  et  le  hasterent  de  si  près,  qu'à  peine  peu- 
rent  estre  ses  gens  armez,  kboiss.  i,  i,  49.  Et  s'en 
revint  en  la  salle  pour  haster  le  diner,  id.  i,  i,  io7. 
Tant  se  sont  combatus  qu'il  n'y  a  ceiluy  qui  ne  soit 
las  et  travaillé  ;  le  chevalier  a  si  grant  chault  que  à 
peu  qu'il  ne  meurt  d'angoisse  ;  car  Hector  lo  hasie 
si   durement  qu'il  luy  convient  perdre  la  place, 


1990 


hAt 


Lancelot  du  lac,  t.  u,  f"  54,  dans  iacubne.  H  xvi'  s. 
La  pluspart  des  philosophes  ont  ou  prévenu  par 
desseing,  ou  hasté  et  sjcouru  leur  mort,  mont,  i, 
295.  Haster  son  pas,  ID.  il,  (05.  Il  [Jupiter]  me 
'moi  Mercure]  haste  si  fort,  et  me  donne  tant  de 
choses  à  faire  à  ung  coup,  que  j'oublie  l'une  pour 
l'autre,  desper.  Cymbal.  74.  Elle  tira  longuement 
aux  traietsda  la  mort,  jusquesàce  que,  lîacchilides 
la  hastant  d'achever,  elle  mesme  finablement  s'es- 
toufîa,  AMYOT,  LucuU.  32.  Qui  trop  se  haste  en 
cheminant,  en  beau  chemin  se  fourvoyé  souvent, 
COTGBAVE.  Plus  je  me  haste,  plus  je  me  gaste,  OÉ- 
NiN,  Récréai,  t.  il,  p.  248. 

—  ETYM.  Hdle  );  wall.  hdster. 

t  HATEUEAD  (hâ-te-rô),  s.  m.  Ancien  terme 
de  cuisine,  'franche  de  foie  de  porc,  poivrée,  salée 
et  grillée. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  haste  s. 

HÂTEUR  (hâ-teur],  s.  m.  Anciennement,  nom 
d'un  officier  de  cuisine  de  la  bouche  du  roi,  qui 
était  chargé  du  soin  du  rôt. 

—  HIST.  xiu'  s.  Item  asteurs  quatre,  qui  pren- 
dront leur  droit  en  la  cuisine,  ducange,  aslerius. 
Il XV' s.  Potagiers,  hasteurs,  gens  d'espices,  tail- 
leurs, cordouenniers,  secrétaires,  e.  desch.  Poésies 
mss.  f  378. 

—  ÊTYM.  Haste  2. 

HÂTIER  (hâ-tié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
Vs  se  lie  :  des  hâ-tié-z  élégants),  i.  m.  Grand  che- 
net de  cuisine,  à  plusieurs  crochets  de  fer  sur  les- 
quels on  appuie  les  broches.  [Un  gigot]  Accompa- 
gné de  maint  et  maint  pigeon,  L'un  au  hâtier,  les 
autres  au  chaudron,  la  font.  Rem. 

—  HIST.  xui"  s.  Deus  liastiers  firent  de  plançons 
Decodre....  Ren.  922.  Après  à  la  cuisine  [il]  court. 
Où  il  avoit  à  plenté  kueus  [cuisiniers],  Qui  orent 
aguisié  à  Iceus  [pierre  à  aiguiser]  Leurs  coutiaus 
pour  faire  hastiers,  Bl.  et  Jeh.  4598.  ||  xv"  s.  Trou- 
vèrent plus  de  trois  cens  chaudières  faites  de  cuir  à 
tout  le  poil,  pendues  dessus  le  feu,  pleines  de  chair 
et  d'eau  pour  faire  bouillir,  et  plus  de  mille  has- 
tiers pleins  de  pièces  de  chair  pour  rostlr,  fboiss. 
liv.  I,  p.  22,  dans  lacuhne. 

—  ÉTYM.  Haste  2. 

HATIF,  IVE  (hâ-tif,  ti-v'),  adj.  ||  1°  Qui  devance 
le  temps,  en  parlant  de  ce  qui  est  susceptible  d'ac- 
croissement. Croissance  hâtive.  Esprit  hâtif.  La  pu- 
berté est  toujours  plus  hâtive  chez  les  peuples  poli- 
cés, J.  J.  Rouss.  Êm.  IV.  Il  2°  Qui  est  en  avance.  Fruit 
hâtif.  Il  3°  Oui  produit  avant  le  temps.  Terrain  hâtif. 
U  y  a  des  arbres  hâtifs  dans  le  jardin  de  notre  Ëpoux, 
Boss.  i"  serm.  Assompt.  2.  Un  printemps  doux  et, 
par  conséquent,  une  année  hâtive,  toujoura  favo- 
rable à  la  vigne  et  à  la  quaUté  de  son  fruit,  buff. 
Ois.  t.  XII,  p.  133.  Il  Pois  hâtifs,  choux  hâtifs,  etc. 
terme  de  jardinage  pour  désigner  les  variétés  qui 
produisent  plus  tôt  que  l'espèce.  ||  4°  Qui  hâte  (em- 
ploi rare).  Les  fouets  hâtifs  sont  déployés,  j.  B. 
BOUSs.  dans  le  Dict.  de  bescheheli.e. 

'-  SYN.  HÀTIF,  PRÉCOCE.  Ce  qui  est  précoce  est 
mûr  avant  le  temps.  Ce  qui  est  hâtif  marche  vers  la 
maturité  avec  plus  de  rapidité.  La  seule  différence 
entre  ces  mots  est  que  hâtif  indique  plus  particu- 
lièrement le  mouvement  de  développement  ;  pré- 
coce l'état  de  développement. 

—  tllST.  XI*  s.  De  sa  parole  ne  fut  mie  hastifs, 
Ch.  de  Roi.  x.  La  bataille  est  mervelluse  et  hastive, 
ib.  cxxiv.  Il  XII"  s.  Baron,  dit  li  cuens  Hues,  nesoiez 
si  hastif,  Sax.  xxiv.  ||  xiir  s.  Ja  di  que  cil  est  chetis 
Oui  aimme,  s'il  n'est  hastiex  De  joïr  et  volentiex, 
An(.  poésies  fr.  Vatic.  f°  <54,  dans  lacurne. 
Il  xiii*  s.  Juga  par  hastive  sentence  Apius  que,  sans 
atendence,  Fust  la  pucele  au  serf  rendue,  la  Rose, 
B646.  Li  baillis  qui  est  trop  hastis  de  reprendre,  ou 
qui  se  tourmente  et  courrouce  de  ce  qu'il  oit,  n'S 
pooir  de  bien  retenir  ce  qui  est  proposé  devant  li  en 
jugement,  beaum.  i,  5.  Se  le  seignorn'a  besoin  has- 
tif de  chevaliers  por  afaire  d'armes,  Ass.  de  Jér.  i, 
200.  Il  xiv's.  Doublant  qu'il  ne  les  viUenast  ettuast, 
parce  qu'il  estoit  homme  moult  périlleux  et  hastis, 
DU  GANGE,  hastivia.  ||  xv  s.  Tant  fut  ceste  mutation 
hastive  et  soubdaine,  comm.  m,  8.  Si  ne  vousvueil- 
liz  troubler,  gentil  chevalier,  du  langage  de  la  pu- 
celle;  car  coustumierement  elles  sont  hastives  de 
parler,  Perceforest,  t.  v,  f  3.  ||  xvf  s.  Hatif  [pré- 
coce], AMÏOT,  Fab.  3. 

—  CTYM.  lldter;  Berry,  hdti.  Palsgrave remarque, 
p.  40,  que  le  féminin,  écrit /ia«i/i'e,  se  prononçait 
riatife. 

i  HÂTILLE  (hft-ti-U',  «mouillées),  s.  f.  Ancien 
terme  de  cuisine  Morceau  de  porc  frais  bon  à  rô- 
tir, boudin,  saucisse.  ||  Fig.  Donner  de  la  hâtille  à 
quoiqu'un,  lui  donner  des  coups  de  bâton. 


HAU 

I      —  ÉTYM.  Diminutif  de  haste  2.  Jlatille  est  usité 
i  en  Normandie  au  sens  de  tranche  de  porc  frais. 
i      UATIVEAU  (hâ-ti-vô),  s.  m.  Poire  lisse  ([ui  mù- 
i  rit  une  îles  premières.  ||  l'ois  hâtif. 
I      —  HIST.  XVI"  s.  Pour  avoir  des  roses  de  lia.sliveaii 
;  ou  fort  primeraines,  convient  avancer  les  roziers 
;  par  la  chaleur  de  fumier,  o.  de  serres,  552. 
1      —  ÉTYM.  Hâlif. 

HÂTIVEMENT  (hâ-ti-ve-man) ,  adv.\\  1°  Avant  le 
1  temps  ordinaire.   Il  a  fait  venir  ces  fruits  hâtive- 
ment. Il  2°  En  hâte.  Il  partit  hâtivement. 

—  HIST.  xii"  s.  Hastivement  li  est  cheûz  as  piez, 
Ronc.  p.  69,  Il  XIII"  s.  Et  se  vos  ne  les  secorcs  hasti- 
vement, il  sont  pris  et  mort,  villeh.  clxx.  ||  xiv"  s. 
I.a  richesse  hastivement  venue,  hastivemeat  s'en 
va,  Ménagier,  i,  9. 

—  ÉTYM.  Hâtive,  et  le  suffixe  ment. 

H  ATI  VETE  (hâ-ti-ve-té),  î.  f.  Croisiîance  hâtive. 
U  y  a  des  fruits  estimables  pour  leur  hâtiveté,  et 
d'autres  pour  leur  tardiveté,  la  quintinye,  Jardins, 

dans  BICHELET. 

—  HIST.  xiii"  s.  Se  mes  serjans,  par  sa  folie  ou 
par  hastiveté,  meffet  en  cas  de  crieme,  beaum.  xxix, 
3.  Il  XIV"  s.  Meu  de  chaude  cole  [colère]  et  de  hasti- 
veté, fery  d'une  dague  qu'il  portoit  ledit  Provençal, 
DU  GANGE,  haslivia.  Il  XV"  s.  Acomplir  aucune  hasti- 
veté qui  après  vous  tournerait  â  blasme  et  en  venis- 
siez  à  tard  au  repentir,  Perceforest,  t.  v,  f"  54. 
jj  XVI"  s.  Picrocholle,  à  grande  hastifveté,  passa  le 
gué  de  Vede,  rab.  Garg.  i,  28. 

—  ÉTYM.  Hâtif. 

t  HATTELET  (ha-te-lé),  s.  m.  Voy.  hAtelf.t. 

•f  HATTI-CHÊRIF  (ha-ti-ché-rif),  s.  m.  Ordon- 
nance signée  du  sultan  ou  qui  renferme  quelques 
mots  de  son  écriture. 

—  ÉTYM.  Arabe  et  turc,  hattt-i-cherif,  seing  du 
noble,  et,  particulièrement,  rescrit  impérial. 

t  HATURE  (bâ-tu-r'),  s.  f.  Plaque  de  fer  triangu- 
laire, qui  fait  saillie  sur  une  serrure. 

t  HAU  (hô),  inlerj.  Terme  de  chasse.  Hau,  il  bat 
l'eau,  s'emploie  pour  appeler  la  meute,  quand  le 
cerf  e.st  dans  l'eau. 

HAUBAN  (hô-ban),  s.  m.  \\  1°  Terme  de  marine. 
Tout  cordage  dont  la  fonction  est  d'assujettir  les 
mâts  dans  le  sens  latéral  ou  contrôla  chute  vers  l'a- 
vant, tandis  que  les  étais  les  garantissent  de  la 
chute  vers  l'arrière.  Les  haubans,  parfois  isolés,  sont 
le  plus  souvent  rapprochés  par  paires  se  réunissant 
non  à  la  tête  du  mât,  mais  plus  bas,  d'un  septième 
environ  de  la  longueur,  à  l'endroit  appelé  le  ton, 
LEGOARANT.  ||  Faux  hauban,  se  dit  de  deux  couples 
de  haubans  qui  servent  accidentellement  dans  un 
gros  temps,  pour  soulager  l'effort  des  haubans  du 
grand  mât  et  du  mât  de  misaine.  ||  2°  Terme 
de  construction.  Gros  cordage  qui  sert  à  assujettir 
une  chèvre  ou  toute  autre  machine  à  élever  des 
fardeaux. 

—  HIST.  xii"  s.  Estrems  traire,  hobens  fermer 
[rendre  fermes].  Brut,  y.  (M88. 

—  ÊTYM.  Flamand,  hobant,  pour  hoofband,  de 
hoof,  tête,  et  band,  lien  :  lien  de  la  tête,  du  som- 
met du  mât  ;  un  cordage  qui  entoure  la  tête  du  mât 
ne  pouvait  être  mieux  nommé  que  bande  de  tête. 

t  HAUBANER  (hô-ba-né),  t).  a.  Terme  de  ma- 
rine et  construction.  Assujettir  un  mât,  une  chè- 
vre, etc.  avec  des  haubans. 

HAUBERGEON(hô-bèr-jon),  s.  m.  Petit  haubert. 
Il  Proverbe.  Maille  à  maille  se  fait  le  haubergeon, 
c'est-à-dire  en  travaillant  constamment,  mais  peu 
à  peu,  on  m?:ne  à  bout  un  travail. 

—  HIST.  xiv  s.  Armez  de  cotes  à  leurs  tailles  Et 
de  bons  auberjons  à  maille»,  nu  cange,  hahberga. 
Il  XV"  s.  Ouand  il  avoit  lancé  et  il  pouvoit  sacher 
en  fichant  le  havet  en  plates  ou  en  haubergeon, 
FROiss.  I,  I,  (35.  Il  XVI"  s.  [Gargantua]  vouloit  que 
maille  à  maille  on  fist  les  haubergeons ,  bab. 
Garg.  i,  m. 

—  ÉTYM.  Haubert. 

HAUBERT  (hô-bèr;  le  t  ne  se  prononce  et  ne  se 
lie  jamais  :  un  hô-bèr  à  l'épreuve;  au  pluriel,  Vs  ne 
se  lie  pas  :  des  hô-bèr  à  l'épreuve  ;  cependant  plu- 
sieurs la  lient  :  des  hôbèr-z  à  l'épreuve),  s.  m.  Sorte 
d'ancienne  cuirasse.  ||  Cotte  de  mailles  à  manches 
et  gorgerin  que  portaient  autrefois  quelques  sei- 
gneurs. Il  Fief  de  haubert,  le  plus  noble  fief  après 
ceux  de  dignité  et  immédiatement  au-dessous  des 
baronies.  Depuis  qu'il  n'y  a  plus  ni  fief  ni  hau- 
bert ;  qu'affranchis,  peu  s'en  faut,  de  l'antique  ser- 
vitude, nous  travaillons  pour  nous  quand  l'impôt 
est  payé,  nous  ne  saurions  chômer  qu'à  nos  pro- 
pres dépens,  p.  l.  cour.  Pétition  pour  les  villageois 
qu'on  empêche  de   danser. 

—  HIST.  XI"  s.  Halberz  vestus,  alquanz  [quelques] 


HAU 

baumes  fermez,  Ch.  de  Roi.  lui.  ||  xii"  s.  SonauL  :-: 
endossé,  Ronc.  p.  (9.  Guiteclins  le  fiert  si  que  I ,  ' 
berc  lui  déchire,  Sax.  x.  Se  vus  alez  einsi  l'e-spou 
traite  à  curt,  Vostre  hauberc  vestu,  en  main  vostie  ; 
behurt  [lance].  Entre  vus  et  le  rei  e  ire  e  graigne 
en  surt.  Th.  le  mari.  36.  ||  xiii"  s.  Et  deivent  estre 
armés,  ou  champ,  de  hauberc  et  de  chauces  de  fer 
et  de  heaume  à  visière,  ^m.  de  Jér.  i,  )7u.  ||xvi"  a. 
Tous  gentilshommes  ayants  haute  justice  ou  plaù 
fief  de  haubert,  cabloix,  ix,  30. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ausberc  ;  ital.  utbergo;  de 
l'anc.  h.  allem.  halsberc;  anglo-sax.  healsbeorg; 
anc.  scand.  hdlsbiôrg,  de  hais,  cou,  et  berc,  protec- 
tion, allem.  mod.  bergen,  cacher. 

t  HAUDRIETTE  (hô-drt-è-t'),  s.  f.  Nom  de  reli-. 
gieuses  de  l'ordre  de  l'Assomption  de  Notre-Dame, 
fondé  par  la  femme  d'E.  Haudry,  l'un  des  secrétai- 
res de  saint  Louis. 

fUAULÉE  (hô-lée),  s.  f.  Terme  de  pèche.  Filet 
plus  grand  que  la  bastude. 

t  HAUSE  (hô-z'),j.  f  Voy.  hanse  2. 

HAUSSE  (hô-s'),  s.  f.  Il  1°  Ce  qui  sert  à  hausser. 
Mettre  une  hausse  à  des  chaussures.  ||  2"  Ter  me  d'ar 
tillerie.  Espèce  de  targette  graduée ,  adaptée  à  la  eu-  ; 
lasse  d'un  canon,  et  qui,  se  haussant  ou  se  baissant' 
à  volonté,  sert  à  donner  plus  ou  moins  de  portée  i 
la  pièce.  Nous  avions  donné  13  millimètres  de 
hausse.  |j  II  y  a  aussi  des  fusils,  des  carabines  à 
hausse.  ||  La  partie  inférieure  de  chaque  flasque 
d'un  affût,  lorsque  ces  flasques  se  composent  de 
deux  pièces  d'assemblage.  ||  3°  Terme  rural.  Partie 
d'une  ruche  qui  est  composée  de  plusieurs  pièces 
superposées  les  unes  aux  autres.  ||4°  Terme  de  lu- 
thier. Petite  pièce  de  bois  qui  se  place  à  la  poi- 
gnée de  l'archet,  sous  l'attache  des  crins,  pour 
les  éloigner  de  la  baguette.  ||  Terme  de  teintu- 
rier et  de  brasseur.  Cercle  que  l'on  place  immé- 
diatement sur  le  fond  de  la  chaudière.  ||  Petite 
pièce  que  le  fondeur  en  caractères  ajuste  au  man- 
che à  fondre,  pour  faire  certaines  lettres  plus  hautes 
que  les  autres.  ||  5°  Seconde  assise  d'un  fourneau  à 
réverbère.  ||  6°  Terme  d'imprimerie.  Papier  que 
l'on  colle  sur  le  tympan,  aux  endroits  où  il  faut 
renforcer  la  pression,  afin  que  l'impression  vienne 
également.  ||  7°  Terme  de  finance.  Mouvement  d'aug- 
mentation de  valeur  dans  le  cours  soit  des  effets 
publics,-  soit  des  denrées  et  marchandises.  Les  fonds 
sont  en  hausse.  Les  banquiers  spéculent  sur  la 
hausse  et  sur  la  baisse.  Il  s'est  enrichi  k  la  hausse. 
J'aime  mieux  lui  parler  de  la  hausse  de  nos  fonds 
publics,  qui  est  incroyable  depuis  que  le  nouveau 
contrôleur  général  est  en  place,  d'alemb.  Lett.  au 
roi  de  Pr.  27  mai  1776.  ||  Jouer  à  la  hausse,  parier 
avec  quelqu'un  que  des  effets  publics  ou  autres  va- 
leurs, cotés  maintenant  à  la  bourse  à  tel  cours,  au- 
ront un  prix  plus  élevé  à  certaine  époque  détermi- 
née; le  joueur  à  la  hausse  perd,  s'il  y  a  baisse,  une 
somme  relative  à  celle  qu'il  eût  gagnée  dans  l'hy- 
pothèse contraire;  c'est  ce  qu'on  somme  différence. 
Il  8"  Anciennement.  Enchère.  Je  mettrai  ma  hausse 
loutd'un  coup  quand  il  s'agira  d'adjudication,  eiche- 
LET.  Il  9°  S.  f.  pi.  Planches  mobiles  que  l'on  super- 
pose sur  les  vannes  pour  hausser  le  niveau  des  eaux. 

—  HIST.  xvi"  s.  Le  seigneur  bailli,  lieutenant  ou 
sergent,  peut  recevoir  autant  de  hauces  et  rencheres 
qu'on  lui  offre  jusques  au  [  ouce  de  la  chandelle, 
Coust.  génér.  t.  ii,  p.  9)8. 

—  ÉTYM.  Voy.  hausser. 

HAUSSÉ,  ÊE  (hfl-sé-sée),port.  passé  de  hausser. 
Rendu  plus  haut.  Un  mur  haussé  de  trois  pieds. 
1 1  Élevé,  porté  en  haut.  Je  vis  de  votre  amant  la  visière 
haussée,  mairet,  Sofihon.  iv,  4.  Trois  fois  sur  Pé- 
lion  tous  ces  monstres  horribles  Virent  lOssa  haussé 
par  leursefforts  pénibles,  malfil.  Génie  deVirg  .Géorg . 
Il  Terme  de  blason  qui  se  dit  du  chevron  et  de  lafasce, 
quand  ils  sont  placés  plus  haut  qu'à  l'ordinaire. 

t  HAUSSEBECQUER  (hô-se-bè-ké) ,  t\  a.  Vieux 
mot  qui  signifiait  se  moquer.  Mépriser  la  vierge  Ma- 
rie, haussebequer  \cs^nl%.  Statuts  synodaux  de  H.U 
Gou\:emeur,  évêque  de  St-Malo,  titre  21   (en  I6I8). 

—  HIST.  XVI"  s.  Et  désormais  le  colosse  pipeur 
Pour  sa  hauteur  ne  fait  seulement  peur  Qu'au  sim- 
ple sot ,  et  non  à  l'homme  sage.  Oui  haussebeque 
et  mesprise  l'ouvrage,  rons.  "51. 

—  ÉTYM.  Anc.  subst.  hausse-bec,  moquerie,  pro- 
prement action  de  hausser  le  bec  en  signe  de  mo- 
querie. 

HAUSSE-COI,  (hô-se-kol),  s.  m.  ||  I"  Autrefois 
grande  pièce  de  fer  qui  couvrait  la  poitrine  et  le.s 
épaules  des  officiers  d'infanterie  et  qu;  les  dé-  , 
fendait  contre  toutes  sortes  d'arme*.  M.  de  Bris- 
sac  me  fit  remarquer  un  hausse-col,  sur  lequel 
la  figure  du  jïcobin  qui  tua  Henr'  III  était  gra- 


nAU 

l'ïée,  REnt,  n,  139.  Le  maréchal  de  Grammont 
installait  ces  colonels  en  leur  donnant  un  hausse- 
col  doré,  VOLT.  Louis  XIV,  29.  ||  2"  Aujourd'hui, 
petite  plaque  dorée,  en  forme  de  croissant,  que  les 
officiers  d'infanterie  portent  au-dessous  du  cou  lors- 

i  qu'ils  sont  de  service.  Pour  toutes  les  armes  qui 
s'en  servent,  le  hausse-col  est  en  cuivre  doré;  mais 
par  exception  il  porte  au  milieu  un  ornement  ar- 
genté dans  quelques  corps  dont  l'épaulette  est 
blanche,  legoarant.  {{  3°  Espèce  de  colibri,  de  four- 
milier,  de  guêpier,  d'alouette,  de  merle  et  de  pie. 

i  llvlupîur.  Des  hausse- cols.  L'Académie  écritainsi; 

!  mais  on  pourrait  écrire  aussi  des  hausse-col. 

I  —  HIST.  XV  s.  Il  estoit  armé  d'une  petite  salade 
'  ronde  et  avoit  la  visière  couverte   et  armée  d'un 

petit  haussecol  de  maille  d'acier,  ol.  de  la  marche, 
Mém.  liv.  I,  p.  299,  dans  lacl'hne.  ||  xvi*  s.  Elle  se 
vint  jetter  à  genoux  devant  son  espoux  qui  n'avoit 
encores  que  le  hausse-cou  et  le  corselet,  et  le  dé- 
sarma par  ses  prières,  d'aub.  Hût.  ii,  30,  Sa  troupe 
le  trouva  abatu  sous  son  cheval  mort,  et  les  espées 
qui  lui  cherchoient  le  defîaut  du  hausse-col,  id.  ib. 
m,  261. 

—  ÉTYM.  Hausser,  col. 
HACSSEMKNT  (bô-se-man),  s.  m.  ||  !•  Action  de 

{  hausser,  d'élever  quelque  chose.  Le  haussement 
d'un  mur.  {|  Un  haussement  d'épaules,  mouvement 
qu'on  fait  par  dédain  ou  par  mépris.  {|  2°  Fig.  Le 
haussement  des  monnaies,  augmentation  de  leur 
valeur  numéraire.  La  banque  était  épuisée;  ce 
haussement  de  la  valeur  numéraire  des  espèces 
acheva  de  la  décrier,  volt.  Dict.  phil.  Banque. 
Il  Haussement  du  prix  des  denrées,  enchérissement. 
Il  3°  Le  haussement  de  la  voix ,  action  de  parler 
d'une  voix  plus  forte. 

—  HIST.  XVI'  s Tascher  à  rendre  le  salaire  des 

serviteurs  le  plus  petit  qu'on  pourra,  pour  la  con- 
séquence du  haussement  tous-jours  préjudiciable  au 
mesnager,  o.  de  serres,  41. 

—  ETYM.  Hausser. 

t  HAUSSE-PIED  (hô-se-pié),  s.  m.  ||  1°  Ce  qui 
sert  à  hausser  le  pied,  ce  qui  aide,  soutient,  élève. 
Il  Fig.  J'eusse  été  bien  aise  de  pouvoir  pénétrer  si 
cette  proposition  n'était  pas  le  hausse-pied  de  quel- 
que négociation  souterraine,  retz,  Mém.  t.  ii,  liv.  3, 
p.  287,  dans  LACURNE.  112"  En  un  sens  opposé,  ce 
qui  lait  lever  le  pied,  ce  qui  attaque,  renverse.  Nous 
résolûmes  de  donner  au  Mazarin  ce  que  M.  de 
Bouillon  appelait  un  hausse-pied,  c'est-à-dire  de 
l'attaquer  encore  personnellement,  retz,  ii,  373. 
Il  3"  Terme  de  chasse.  Sorte  de  piège  à  nœud  cou- 
lant pour  prendre  le  loup  et  d'autres  tc'maux  nui- 
sibles. Il  4"  Terme  de  fauconnerie.  Nom  qu'on  donne 
à  l'oiseau  qui  attaque  le  premier  un  héron  dans  son 
vol.  Il  Sorte  de  sacre,  oiseau  qui  a  souvent  une  patte 
en  l'air.  ||  Au  plur.  Des  hausse-pied  ou  pieds. 

—  mST.xvi's.  Cela  leur  fut  comme  un  haulsepied 
et  montoir  pour  parvenir  à  grands  grades  et  à  bien 
grands  biens,  st-julien,  Mesl.  hist.  p.  396,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Hausser,  pied. 

)•  HACSSE-OUEUE  (hô-se-keue),  s.  m.  ||  1"  Berge- 
ronnette ou  lavandière.  On  dit  aussi  hochequeue. 

II  2°  Coquille  univalve.  ||  Au  plur.  Des  hausse-queue 
ou  queues. 

HAUSSER  (hô-sé),  V.  a.  ||  1"  Rendre  plus  haut. 
Hausser  un  mur,  une  maison.  Je  ne  doute  pas  que, 
si  quelque  capitaine  des  grands  grenadiers  lit  ja- 
mais cet  ouvrage,  il  ne  hausse  de  deux  grands 
pieds  au  moins  les  bonnets  de  sa  troupe,  volt. 
Micromégas,  ch.  B.  ||  2°  Lever  en  haut.  Hausser  le 
bras.  Il  hausse  la  visière  de  son  casque.  Je  saute  à 
bas  du  lit,  je  cours  à  la  fenêtre,  J'ouvre  et  hausse 
la  vue,  et  ne  vois  rien  paraître,  racan.  Bergeries, 
Alcidor,  i,  l .  Pour  se  corriger  d'un  défaut  qu'il  avait 
contracté  par  une  mauvaise  habitude,  qui  était  de 
hausser  continuellement  les  épaules,  il  [Démos- 
thène]  s'exerçait  debout  dans  une  espèce  de  tribune 
fort  étroite  oïl  pendait  une  hallebarde,  afin  que, 
si  dans  la  chaleur  de  l'action  ce  mouvement  venait 
à  lui  échapper,  la  pointe  de  cette  hallebarde  lui  ser- 
vit d'averti.ssement  et  de  punition,  rollin,  Hist. 
ane.  CEuv.  t.  v,  p.  534,  dans  pougens.  ||  Hausser 
les  épaules,  les  lever  en  signe  de  dédain,  de  mé- 
pris. Vous,  qui  me  prétendez  faire  passer  pour  sot. 
En  me  hau.ssant  l'épaule  et  faisant  la  grimace,  mol. 
Èc.  des  femmes,  iv,  2.  Le  roi  le  vit  [Cavalier,  un  des 
chefs  des  protestants  révoltés  dans  les  Cévennes],  et 
haussa  les  épaules,  volt.  Louis  XIV,  36.  |1  On  dit 
dans  le  même  sens:  hausser  le  dos.  Pourquoi  haus- 
ser le  dos?  est-ce  qu'on  parle  en  faf?  mol.  Éc.  des 
femmes,  iv,  2.  ||0n  dit  aussi  quelquefois  :  hausser 
les  épaules  de  pitié,  de  mépris.  ||  Fig.  et  familière- 


HAU 

ment.  Hausser  le  coude,  boire  beaucoup.  Adieu, 
quand  vous  voudrez,  nous  hausserons  le  coude  ;  Si 
je  vous  y  tenais,  nous  boirions  à  ravir,  boursault, 
Fabl.  d'Ésope,  i,  a.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
hausser  la  gourde,  hausser  le  gobelet;  et,  populai- 
rement, hausser  le  temps  ,  locution  qui  vient  peut- 
être  de  ce  qu'on  dit  :  le  temps  est  haut,  pour  si- 
gnifier :  les  nuages  sont  hauts,  il  n'y  a  pas  manace 
de  pluie,  de  sorte  que  hausser  le  temps  signifierait 
rendre  le  temps  beau,  gai,  en  buvant.  |1  Terme  de 
chasse.  Hausser  le  nez  à  son  limier ,  lui  faire 
rapprocher  une  vieille  voie.  ||  3"  Terme  de  ma- 
rine. Hausser  un  vaisseau,  s'en  approcher  afin  de 
le  reconnaître.  On  dit  de  même  :  hausser  une 
côte,  un  phare,  etc.  ||  Cette  locution  vient  de  ce 
qu'en  approchant  d'un  vaisseau,  d'une  côte,  on 
semble  hausser  ces  objets  qui  de  moment  en  mo- 
ment paraissent  plus  grands.  1|  4°  Terme  de  po- 
tier. Hausser  un  plat,  une  assiette,  étendre  la 
matière  du  centre  à  la  circonférence.  ||  Terme  d'or- 
fèvrerie. Élargir  une  pièce  en  lui  donnant  de  la  pro- 
fondeur. Il  6°  Fig.  Augmenter.  Plus  vous  me  faites 
voir  d'amour  et  de  mérite,  Plus  vous  haussez  le  prix 
des  trésors  que  je  quitte,  cobn.  T'ois,  li'or,  m,  3, 
Le  paysan  [en  Angleterre]  n'a  point  les  pieds  meur- 
tris par  des  sabots,  il  mange  du  pain  blanc,  il  est 
bien  vêtu,  il  ne  craint  point  d'augmenter  le  nombre 
de  ses  bestiaux,  ni  de  couvrir  son  toit  de  tuiles,  de 
peur  que  l'on  ne  hausse  ses  impôts  l'année  d'après, 
volt.  Dict.  phil.  Gouvernement  anglais.  La  com- 
pagnie, ayant  rempli  cet  engagement,  haussa  son 
dividende  à  sept,  et  ensuite  à  huit,  raynal,  Hist. 
phil.  m,  39.  Il  Hausser  la  monnaie,  le  prix  des  mon- 
naies, en  augmenter  la  valeur  numéraire.  Il  [Pierre 
le  Grand]  avait  été  réduit  à  la  mauvaise  ressource 
de  hausser  les  monnaies  ;  remède  qui  ne  guérit  ja- 
mais les  maux  d'un  État,  volt.  Charles  XII,  s. 
Il  6°  Rendre  plus  fort,  en  parlant  de  la  voix.  Mais 
à  peine  il  revit,  qu'elle,  haussant  la  voix  :  Je  n'ai 
pas  résolu  de  mourir  à  ton  choix.  Dit-elle....  corn. 
Théod.  V,  8.  Je  n'ai  qu'à  faire  un  pas  et  hausser  la 
parole....  id.  Tite  et  Bérén.  a,  l.  Contre  qui  as-tu 
haussé  la  voix  et  élevé  tes  yeux  insolents?  saci. 
Bible,  Isaie,  xxxvii,  23.  Après  quelques  moments 
haussant  un  peu  la  voix  :  Dans  Thèbes,  reprit-elle, 
on  conte  qu'autrefois....  la  font.  Filles  de  Minée. 
Sans  éveiller  d'écho  sonore,  J'ai  haussé  ma  voix  fai- 
ble encore,  v.  hogo.  Odes,  ii,  <o.  ||  1'  Terme  de  mu- 
sique. Faire  que  les  sons  rendus  soient  plus  aigus, 
en  parlant  d'instruments.  Hausser  une  guitare. 
Il  Hausser  le  diapason,  prendre  pour  note  du  dia- 
pason une  note  plus  élevée.  ||  Hausser  le  ton  d'un 
morceau  de  musique.  ||  Fig.  Hausser  le  ton,  pren- 
dre un  ton  de  commandementi  de  menace,  éle- 
ver ses  prétentions.  Cette  manière  de  commander 
avec  douceur  et  avec  fermeté,  et  de  répondre  en 
peu  de  paroles  sans  hausser  le  ton,  maintenon,  Lett. 
à  Mme  de....  30  sept.  1693.  ||8.Fig.  Donner  plus  de 
force,  en  parlant  du  cœur,  du  courage.  Cette  place 
lui  a  bien  haussé  le  cœur.  ||  9°  V.  n.  Devenir  plus 
haut,  plus  élevé.  La  rivière  a  haussé.  {|  Avoir  ime 
épaule  qui  hausse,  avoir  une  épaule  plus  haute  que 
l'autre.  ||  Terme  de  marine.  La  terre  hausse,  le  na- 
vire hausse,  nous  pous  rapprochons  de  la  terre,  de 
tel  navire.  ||  Fig.  et  familièrement.  Hausser  d'un 
cran,  augmenter  d'une  petite  quantité.  Son  crédit 
n'a  pas  haussé  d'un  cran.  ||  Fig.  Prendre  une  valeur 
plus  grande.  Les  prix  ont  haussé.  La  rente  continue 
à  hausser.  On  se  plaignait  que  tous  les  acheteurs  al- 
laient à  eux,  et  qu'ils  faisaient  hausser  le  prix  du 
grain,  haynal,  Hist.  phil.  m,  i.  ||  Fig.  Hausser  d'un 
ton,  prendre  un  ton  de  supériorité,  de  menace. 
Il  10°  Se  hausser,  v.  réfl.  Se  rendre  plus  grand.  Se 
hausser  sur  la  pointe  du  pied.||  Fig.  C'est  un  homme 
qui  ne  se  hausse  ni  ne  se  baisse,  c'est  un  homme 
tranquille  qui  ne  s'émeut  pas  facilement.  ||  Fig.  Se 
hausser,  tâcher  de  paraître  avoir  plus  de  mérite, 
plus  de  crédit,  etc.  qu'on  n'a.  ||  11°  Être  haussé. 
Cela  se  baisse  et  se  hausse  à  volonté.  |{  Le  temps  se 
hausse,  il  s'élève,  il  s'éclaircit.  ||  Fig.  Arriver  au 
point  de.  Nos  pères  sur  ce  point  étaient  gens  bien 
sensés.  Qui  disaient  qu'une  femme  eu  sait  toujours 
assez.  Quand  la  capacité  de  son  esprit  se  hausse  X 
connaître  un  pourpoint  d'avec  un  haut-de-chausse, 
mol.  Femmes  sav.  n,  7. 

—  HIST.  XII'  s.  Li  emperere  en  hauce  !o  menton, 
Ronc.  p.  <2.  Il  xiii'  s.  Or  entendes  corne  grans  do- 
mages  ce  fu,  quant  il  ne  furent  avec  aus  [eux] 
ajousté;  tousjors  mais  en  fust  crestienté  haucie, 
VILLF.H.  c.  L'une  se  hauce,  et  ses  voisines  Se  tien- 
gnent  vers  la  terre  enclines,  la  Uose,  578 1 .  Por  ce  ne 
demorra  pas,  quant  li  uns  vaurra  [voudra]  haucier  se 
[sa]  meson,  qu'il  ne  le  [la]  hauce  et  que  cascuns  n'ait 


HAU 


1991 


se  goutiere  par  devers  soi,  beadm.  xxiv,  22.  El 
vraiement,  fist  le  chevalier,  vous  le  comparrez  [paie- 
rez] ,  et  lors  il  hauça  sa  potence  et  feri  le  juif  les 
l'oye  [lez  l'ouie,  près  l'oreille],  jomv.  <98.  Hom 
vrais  est  cil  qui  tient  le  mi  entre  celui  qui  use  ven- 
tance  et  monstre  qu'il  face  grans  choses  et  se  hauce 
plus  qu'il  ne  doit,  et  entre  celui  qui  se  desprise  et  hu- 
milie, brun.  LATiNi,  Trésor,  p.  291.  ||xiv'  s.  Il  vente 
d'un  froi  vent  qui  à  haucier  s'est  pris.  Et  il  pluet 
malement  en  accroissant  tous  dis,  Guescl.  182SB. 
Il  XV" s.  Adonc  l'autre  hausse  et  de  bon  poing  charge 
sur  le  visage  de  sa  compagne,  louis  xi,  Nouv.  c. 
Haussez  [remontez  d'un  cran  à  la  crémaillère]  ce 
pot,  de  par  Dieu  !  —  Eh  bien  !  dit-elle,  je  le  haus- 
serai [enchérirai],  je  le  mets  à  sept  sols;  est-ce 
assez  haut'i'  id.  tb.  xcvii.  ||  xvi'  s.  Pour  avoir  haulsà 
la  main  ou  baissé  la  teste,  mont,  i,  49.  Il  meit  des 
cailloux  dans  cette  cruche  jusques  à  ce  qu'il  eust 
faict  haulser  l'huile  plus  prez  du  bord,  id.  ii,  <76. 
Ayant  les  habitans  haulsé  et  bien  remparé  les  mu- 
railles.... amyot,  Cam.  3.  Le  lac  commencea  à  s'en- 
fler et  se  haulser  à  vue  d'œil,  id.  Cam.  5.  Comme 
l'un  haulsoit  une  hache  pour  luy  en  donner  sur  la 
teste,  id.  ib.  47.  Le  vent  haulsa  la  mer  par  telle 
violence,  que....  ID.  Sertor.  lo.  Il  se  voulut  lever  de 
là;  car  le  cœur  luy  haulsoit,  et  commencoit  à  s'es- 
mouvoir  et  attrister  jusqu'aux  larmes,  carloix,  ii, 
n .  Ce  grand  capitaine  eut  pour  lieutenant  à  sa  com- 
pagnie de  cent  hommes  d'armes  Dom  Diego  de 
Ouinones,  qui  lui  haussa  bien  la  main  [l'assista]  en 
ses  combats  et  victoires,  et  de  vray  luy  fut  bon  et 
brave  lieutenant,  bbant.  Cap.  estr.  t.  i,  p.  (02, 

dans   LACURNE. 

—  ÉTYM.  Picard,  se  heucher;  provenç.  alsar,  au- 
sar  ;  espagn.  alxar;  ital.  alzare,  d'un  verbe  bas-lat. 
fictif  altiare,  de  altus,  haut  (voy.  haut). 

t  HAUSSET  (hô-sè) ,  s.  m.  Pièce  de  bois  qui  sert 
à  retenir  le  chevalet  des  couteliers. 

—  ÉTYM.  Hausser. 

t  HAUSSIER  (hô-sié),  s.  m.  Terme  de  bourse. 
Spéculateur  qui  joue  à  la  hausse  sur  les  fonds  pu- 
blics ,  qui  chei-che  à  en  faire  hausser  le  cours. 

—  ÉTYM.  Hausse. 

HAUSSIËRE  (hô-siè-r'),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  ma- 
rine. Cordage  commis  avec  des  torons  au  nombre 
de  trois  ou  quatre.  ||  On  dit  aussi  au.ssière,  et,  par 
corruption ,  hansière.  Les  câbles  de  son  avant  rom- 
pirent; et,  comme  il  [le  vaisseau]  n'était  plus  retenu 
que  par  une  seule  hansière,  il  fut  jeté  sur  les  ro- 
chers à  une  demi-encâblure  du  rivage,  bern.  de 
ST-P.  Paul  et  Virg.  \\  2°  Terme  de  pêche.  Se  dit,  en 
Provence,  d'une  bordure  de  filet  que  l'on  attache  au 
bout  des  filets  déliés. 

—  ÉTYM.  Angl.  hawser,  haussière.  Le  français 
vient-il  de  l'anglais,  ou  plutôt  l'anglais  ne  vient-il 
pas  du  français,  formé  de  hausser,  dérivation  qui 
peut  convenir  à  tout  cordage? 

t  HAUSSOIR  (  hô-soir) ,  s.  m.  ou  HAUSSOIRE 
(hô-soi-r'),  s.  f.  Clôture  mobile  d'une  écluse.  On  re- 
lève le  haussoir  pour  laisser  travailler  le  moulin. 

—  ÉTYM.  Hausser. 

t  HAUSTELLÉ,  ÊE  (hô-stèl-lé,  lée),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Muni  d'un  haustellum,  ou  suçoir. 
Il  S.  m.  pi.  Les  haustellés ,  insectes  de  la  famille 
des  haustellés. 

—  ÉTYM.  Haustellum. 

t  HAUSTELLES  (hô-stè-1'),  s.  m.  pi.  Terme  de 
zoologie.  Famille  d'insectes  diptères  dans  laquelle 
sont  rangés  ceux  qui  ont  un  haustellum  ou  suçoir 
saillant. 

t  HAUSTELLUM  (hô-stèl-lom') ,  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Nom  scientifique  du  suçoir  chez  les  insectes. 

—  ÉTYM.  Lat.  haustellum,  diminutif  de  haustrum, 
pompe,  de  haurire,  puiser. 

HAUT,  AUTE  (hô,  hô-t'),  adj.  ||  1»  Qui  a  une 
étendue  considérable  depuis  un  point  inférieur  jus- 
qu'à un  point  supérieur.  ||  2°  Qui  est  situé  au-des- 
sus, en  parlant  de  choses  les  unes  par  rapport  aux 
autres.  1|  3°  Qui  s'élève  haut.  |l  4°  Qui  est  à  un  ni- 
veau supérieur,  en  parlant  des  cours  d'eau  ou  des 
régions.  ||  B°  Qui  est  relevé,  dressé.  |1  6°  Profond. 
Il  7"  Terme  de  musique.  Aigu,  élevé.  ||  8°  Retentis- 
sant, qui  s'entend  au  loin,  en  parlant  de  la  voix. 
Il  9°  Qui  a  de  l'éclat,  en  parlant  des  couleurs. 
Il  10°  Éloigné  dans  le  temps.  |i  11°  Il  se  dit  des  per- 
sonnes qui  occupent  les  premiers  rangs  dans  la  so- 
ciété. ||  12°  Grand,  excellent,  distingué  dans  son 
genre.  ||  13°  Ardu  à  comprendre,  à  saisir.  ||  14°  Qui 
a  de  l'élévation  morale  et  de  la  fierté.  ||  15°  En 
mauvaise  part,  excessif  en  son  genre.  ||  16°  Il  se  dit 
des  caries  qui  ont  le  ,plus  de  valeur.  ||17°  Il  se  dit 
des  prix.  ||  18°  S.  m.  pMévation,  hauteur.  ||  IS"  Mon- 
tagne,  éminence.  ||  20°  Le  faite,  le  sommet,    la 


1992 


HAU 


partie  supérieure.  ||  21°  Le  haut  du  jour.  ||  22"  Lu 
haut,  la  partie  supérieure  de  la  ville.  ||  23"  Le  haut 
et  le  lias.  ||  24"  Dans  la  musique,  les  notes  élevées. 
\\2S-A  dv.  Dans  la  partie  la  plus  haute.  ||  26°  Haut,  en 
termes  de  manège.  ||  27"  Haut  le  pied.  |1  28»  A  un 
rang  élevé,  à  un  point  élevé.  ||  29°  Dans  les  temps 
passés.  Il  30°  Kn  termes  de  musique,  dans  un  ton 
haut.  Il  31°  X  haute  voix.  ||  32°  Terme  de  jeux.  Cou- 
per haut.  Il  33°  Monter  liaut,  s'élever  à  une  dépense 
considérable.  ||  34°  Kn  haut.  ||  35°  D'en  liant.  ||  36"  En 
haut  de.  ||  37"  Là-haut.  ||  38"  Ici-haut,  jj  39"  Par  en 
haut.  Il  40°  Par  haut.  ||  41"  Par  haut  et  par  bas. 

1°  Oui  a  une  étendue  considérable  depuis  un  point 
inférieurjusqu'àunpointsupérieur.  Un  haut  clocher. 
Cet  homme  est  haut  de  six  pieds.  J'espère  que  vous 
mettrez  notre  Uille  [Voiture  était  très-petit]  en  hon- 
neur; ce  sera  elle  désormais  qui  sera  estimée  la  riche, 
et  TOUS  nous  relèverez  par-de.ssus ceux  qui  se  croient 
plus  hauts  que  nous,  voit.  Lett.  62.  Le  cheval  étant 
aussi  haut  de  jambes  qu'il  [Ragolin]  en  était  court, 
KCARn.  nom.  corn,  i,  <9.  Ces  hautes  montagnes  dont 
la  cime,  au-dessus  des  nues  et  des  tempêtes,  trouve 
la  sérénité  dans  sa  hauteur  et  ne  perd  aucun  rayon 
de  la  lumière  qui  l'environne,  boss.  Henri  de 
Bourbon.  Un  fourbe  cependant,  assez  haut  de  cor- 
sage, BoiL.  Sal.  XI.  La  ville  de  Syracuse  était  deve- 
nue un  désert,  où  l'herbe  était  crue  si  haute  que 
les  chevaux  y  paissaient,  bollin,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  V,  p.  329,  dans  pougens.  On  voit  ces  hauts  rem- 
parts élevés  par  Cyrus,  volt.  Scythes,  iv,  2.  Il 
croyait  de  sa  cime  [d'une  montagne]  observer  la 
campagne  Et  voir  flotter  aux  vents  les  drapeaux 
bourguignons;  Mais  en  vain  il  franchit  une  im- 
mense étendue,  Toujours  un  mont  plus  haut  vient 
arrêter  sa  vue,  masson  ,  Helv.  ii.  ||  Haut  dais, 
voy.  Dws.  Il  Haute  futaie,  voy.  futaik.  ||  Arbres  à 
haute  tige,  voy.  tige.  ||  Haute  bruyère,  espèce  de 
bruyère  à  haute  tige  dont  on  fait  des  balais. 
Il  Haut  cru,  expression  employée  anciennement 
dans  le  sons  do  haut  lieu,  haut  pâturage.  Bœufs  de 
haut  cru,  se  disait  des  bœufs  destinés  au  travail  ou 
manifestant  peu  d'aptitude  à  un  engraissement  pré- 
coce, parce  qu'ils  étaient  supposés  devoir  se  trouver 
exclusivement  dans  les  contrées  élevées  ou  montueu- 
ses.  Il  Terme  de  l'Écriture  sainte.  Les  hauts  lieux, 
montagnes  ou  collines  où  l'on  sacrifiait  à  Baal.  Jéliu 
sur  les  hauts  lieux  enfin  osant  offrir  Un  téméraire 
encens  que  Dieu  ne  peut  souffrir,  rac.  Athal.  m, 
6.  Il  Terme  de  marine.  Ce  bâtiment  est  haut  de 
bord,  son  bord  est  fort  élevé  au-dessus  de  l'eau. 
Bâtiment  de  haut  bord,  anciennement  tout  bâtiment 
qui  naviguait  au  long  cours,  aujourd'liui  les  vais- 
seaux de  ligne  seulement,  par  opposition  à  bâti- 
ments de  bas  bord  (locution  qui  n'est  pas  usitée), 
les  galères,  galiotes,  brigantins,  frégates  et  tous  les 
navires  latins.  ||  2°  Qui  est  situé  au-dessus,  en  par- 
lant de  choses  les  unes  par  rapport  aux  autres.  Le 
plus  haut  étage  d'une  maison.  Les  hautes  voiles 
d'un  vaisseau.  Les  hautes  régions  de  l'air.  Au  plus 
haut  degré.  Le  cavalier  monta  avec  la  dame  par  un 
grand  escalier  dans  une  salle  haute,  scarkon,  Hom. 
corn.  I,  9.  Il  Le  temps  est  haut,  les  nuages  sont  éle- 
vés, de  sorte  qu'il  n'y  a  pas  à  craindre  la  pluie. 
Il  Le  haut  bout  d'une  chambre,  d'une  table,  la 
place  la  plus  honorable ,  parce  qu'autrefois  ce 
bout  était  en  effet  plus  élevé  que  l'autre  et  le  plus 
éloigné  de  la  porte.  Le  czar  s'assit  dans  le  fau- 
teuil du  haut  bout,  le  régent  dans  l'autre,  st-sim. 
«87,  (40.  Il  Les  hautes  latitudes,  les  latitudes  qui 
s'avancent  vers  le  pôle,  s'éloignent  de  l'équateur, 
ainsi  dites  à  cause  de  l'opinion  ancienne  qui  repré- 
sentait le  nord  comme  plus  élevé  que  le  midi. 
Il  Haut,  se  dit  aussi  de  la  différence  de  niveau  entre 
des  lieux  qui  dominent  et  une  partie  plus  basse, 
plaine  ou  autre.  La  ville  haute.  Là  ils  s'arrêtent 
et  se  resserrent;  Français  et  Italiens,  tous  défen- 
dent avec  acharnement  les  issues  hautes  de  la 
ville,  et  les  Russes,  enfin  rebutés,  reculent  et  se  con- 
centrent sur  la  route  de  Kalougha,  ségur,  Uist.  de 
JVop.  IX,  2.  Il  3°  Oui  s'élève  haut.  Oiseaux  de  haut 
vol.  L'aigle  a  le  vol  très-haut.  ||  Fig.  Prendre  un  vol 
trop  haut,  s'élever  plus  haut  qu'on  ne  doit,  faire 
plus  de  dépense  qu'on  ne  peut.  ||  Terme  de  faucon- 
nerie. Haut  vol  ou  haute  volerie,  chasse  du  faucon 
sur  les  hérons,  les  grues,  etc.  ||4°  Qui  est  à  un  ni- 
veau supérieur,  en  parlant  des  cours  d'eau  ou  des 
régions  considérées  par  rai)port  au  niveau  de  la  mer. 
La  haute  Allemagne.  La  haute  Egypte.  11  part  tous 
les  ans  de  la  ville  de  Maroc,  capitale  de  l'Etat,  une 
caravane,  qui  va  chercher  de  l'or  dans  la  haute 
Guinée,  baynal,  llisl.  plut,  xi,  8.  ||  Le  haut-alle- 
mand, dialecte  allemand  parlé  originairement  dans 
le  sud  de  l'Allemagne  et  devenu  la  langue  littéral  ra 


HAU 

de  ce  pays.  {|  Haut-allemand,  se  dit  quelquefois 
comme  allemand  pour  chose  inintelligible.  Mes 
heures  Oui,  depuis  cinquante  ans  dites  journelle- 
ment. Ne  sont  encor  pour  moi  que  du  haut-alle- 
mand, MOL.  le  Dép.  Il,  7.  Il  I..es  hautes  Pyrénées, 
les  hautes  Alpes,  partie  centrale  de  la  chaîne,  celle 
qui  est  la  plus  éloignée  de  la  mer.  ||  Ouand  ces 
expressions  deviennent  un  nom  de  département, 
on  met  une  majuscule  à  haut  et  un  trait  d'union. 
Les  Hautes-Pyrénées,  les  Hautes-Alpes.  ||  Le  haut 
Rhin,  la  haute  Garonne,  la  haute  Loire,  la  haute 
Marne,  etc.  la  partie  de  ces  cours  d'eau  qui  est  du 
côté  delà  source.  ||  Quand  ces  expressions  devien- 
nent un  nom  de  département,  on  met  une  majuscule 
à  haut  et  un  trait  d'union.  La  Haute-Marne.  Le  jiréfet 
du  Haut-Rhin,  etc.  ||  La  haute  .Seine,  toute  la  partie 
de  la  Seine  qui  est  au-dessus  de  Paris  jusqu'à  la 
source,  par  opposition  à  basse  Seine,  qui  désigne  le 
cours  de  la  Seine  depuis  Paris  jusqu'à  la  mer. 
Il  5°  Oui  est  relevé,  dressé.  Marcher  la  tète  haute. 
Courir  sur  son  adversaire  l'épée  haute.  Ce  cheval 
porte  la  tête  haute.  Ils  s'avancent  au  son  des  trom- 
pettes altières.  Ils  portent  l'arme  haute,  ils  baissent 
les  bannières,  Et  passent  sous  les  yeux  de  leur  fier 
souverain,  masson,  HeMt.  vin.  Et  de  ses  escadrons 
la  formidable  masse  S'ébranle  l'arme  haute  et  vole 
sur  sa  trace,  m.  ib.  \\  Fig.  Il  peut  aller  partout  la 
tête  haute,  le  front  haut,  se  montrer  partout  sans 
rien  craindre.  ||  Haut  à  la  main,  qui  lève  la  main, 
qui  frappe  pour  se  faire  obéir;  et  fig.  Être  haut  à 
la  main,  être  arrogant,  hautain Que  leur  auto- 
rité démesurée  les  avait  rendus  si  hauts  à  la  main 
et  si  présomptueux,  qu'il  n'y  avait  loi  ni  magistrat 
qu'ils  n'eussent  la  hardiesse  de  fouler  aux  pieds, 
MALH.  le  XXXIll'  liv.  de  Tite  Live,  ch.  46.  ||  Terme 
de  manège.  Tenir  la  bride  haute,  la  tenir  courte. 
Il  Fig.  Tenir  la  bride  haute  à  un  jeune  homme,  lui 
laisser  peu  de  liberté.  |1  On  dit  dans  le  même  sens  : 
Tenir  la  main  haute  à  quelqu'un,  ne  lui  rien  pas- 
ser. Je  tiens  qu'il  faut  un  p"u  lui  tenir  la  main 
haute,  Afin  que  son  esprit  reconnaisse  sa  faute, 
TRISTAN,  M.  de  Chrispe,  iv,  i.  La  grammaire  qui 
sait  régenter  jusqu'aux  rois.  Et  les  fait,  la  main 
haute,  obéir  à  ses  lois,  mol.  Fem.  sav.  n,  6.  ||  Te- 
nir la  main  haute  dans  une  affaire,  se  rendre  diffi- 
cile sur  les  conditions.  ||  Avoir  la  haute  main  dans 
une  affaire,  dans  une  société,  y  dominer.  Le  sens 
est  différent  suivant  que  haute  est  devant  ou  après 
main.  ||  Terme  de  blason.  Épée  haute,  épée  droite. 
Il  Terme  de  botanique.  Radicule  haute,  radicule 
tournée  vers  le  sommet  du  fruit.  ||  Terme  de  chasse. 
Hautes  erres,  voies  du  relevé  du  cerf.  ||  Un  cerf  va 
de  hautes  erres  quand  il  y  a  plusieurs  heures 
qu'il  est  passé.  H  6'  Profond.  L'eau  est  fort  haute  en 
tel  endroit.  ||  Dont  l'eau  est  plus  élevée,  qui  a  plus 
d'eau  qu'à  l'ordinaire.  Les  eaux  sont  hautes.  La  ri- 
vière est  haute.  ||  La  marée,  la  mer  est  haute,  se 
dit  de  la  marée  quand  elle  est  à  son  plus  haut 
point.  Il  Hautes  marées  ,  se  dit  de  marées  plus 
fortes  que  les  autres.  Nous  sommes  à  l'époque  des 
hautes  marées.  ||  La  haute  mer,  la  pleine  mer,  la 
mer  loin  du  rivage.  ||  La  mer  est  haute,  signifie 
aussi  la  mer  est  agitée,  c'est-à-dire  que  les  vagues 
y  ont  beaucoup  de  hauteur.  Alors,  la  tempête  était 
haute,  Nous  combattîmes  côte  à  côte.  Tous  deux, 
moi  barque,  toi  vaisseau,  v.  hugo.  Feuilles  d'aut.  9. 
Il  7°  Terme  de  musique.  Elevé,  aigu.  Ton  haut.  Sons 
hauts.  Il  Haut,  se  dit  des  instruments  dans  le 
même  sens.  Cette  llùte  est  trop  haute,  elle  est  plus 
haute  que  l'instrument  qui  donne  le  la  ou  que  le 
diapason;  on  l'accorde  en  allongeant  ou  raccour- 
cissant le  corps  de  pompe.  On  dit  de  même  :  La  chan- 
terelle de  votre  violon  est  trop  haute,  trop  haute 
d'un  quart  de  ton.  {|  Fig.  et  familièrement.  Prendre 
le  haut  ton,  le  prendre  d'un  ton  haut,  sur  un  ton 
haut,  sur  le  haut  ton,  prendre  un  ton  fier,  mena- 
çant, arrogant.  Quoi  I  fallait  il  fulminer  et  le  pren- 
dre d'un  ton  si  haut  pour  abattre  si  peu  de  chose? 
BOss.  la  Vallière.  ||  8°  Retentissant,  qui  s'entend 
au  loin,  en  parlant  de  la  voix.  Avoir  la  voix  haute, 
la  parole  trop  haute.  De  hauts  cris.  Réciter  à  haute 
voix.  Une  montagne  en  mal  d'enfant  Jetait  une 
clameur  si  haute....  la  font.  Fabl.  v,  lo.  L'armée 
à  haute  voix  se  déclare  contre  elle,  bac.  Iphig.  v,  6. 
Il  Fig.  et  familièrement.  Jeter,  pousser  les  hauts 
cris,  se  récrier,  se  plaindre  hautement.  Cette  me- 
sure fit  jeter  les  hauts  cris.  ||  On  dit  aussi  :  Crier  les 
hauts  cris.  Je  le  trouvai  criant  les  hauts  cris,  sfiv. 
32.  Il  Familièrement.  Nous  n'avons  jamais  ca  en- 
semble une  parole  plus  haute  que  l'autre,  nous 
n'avons  jamais  eu  de  querelle  ensemble.  Nous 
n'avons  jamais  eu  une  parole  plus  haute  que 
l'autre    au    sujet    de    Mahomet,    voi.i.   Bababee. 


HAU 

Il  Avoir  la  parole  haute,  parler  fièiemeut.  Si  nou» 
avions  l'esprit  de  nous  faire  valoir,  les  femmes 
n'auraient  point  la  parole  si  haute,  mol.  le  Dép.  iv,  ! 
î.  Mon  maître  a  très-souvent  la  parole  si  hauto,  II  ' 
est  si  suffisant....  destocch.  Glor.  iv,  4.  |j  Ou  dit  ' 
dans  le  même  sens  :  Être  haut  en  parole  ;  Avoir  le 
verbe  haut.  ||  Faire  haute  profession  de,  avoir 
publiquement  la  prétention  de.  Ils  ont  trouvé 
le  moyen  de  surprendre  des  esprits  qui ,  dan» 
toute  autre  matière ,  font  une  haute  profession 
de  ne  se  point  laisser  surprendre ,  mol.  Tart. 
2'  plcLcet  au  roi.  \\  Messe  haute,  par  opposition  à 
messe  basse.  On  dit  plutôt  :  messe  chantée  ou  grande 
messe.  ||  9°  Terme  de  peinture  et  de  teinture.  Cou» 
leurs  hautes,  celles  qui  ont  de  l'éclat,  de  la  vivacité,: 
comme  le  rouge,  le  vermillon,  le  bleu,  etc.  jj  Dante 
le  langage  général.  Être  haut  en  couleur,  avoir  l»; 
teint  très-coloré.  .Sa  fille  Cunégonde,  âgée  de  dix- 
sept  ans,  était  haute  en  couleur,  fraîche,  gra.sse, 
VOLT.  Cand.  i.  jj  10°  Éloigné  dans  le  temps.  Une 
haute  antiquité,  une  antiquité  fort  reculée.  Le  haut 
moyen  âge,  la  partie  du  moyen  âge  la  plus  rap- 
prochée de  l'invasion  des  barbares.  ||  Le  haut  em- 
pire, voy.  EMPIRE  3.  Il  Carême  haut,  carême  tardif,; 
qui  ne  commence  qu'au  mois  de  mars.  Vous  ne , 
ferez  autre  chose  tous  ces  jours  gras,  et  vous  ave» 
beau  vous  dépêcher  de  vous  divertir,  vous  n'en 
trouverez  pas  sitôt  la  fin;  nous  avons  le  carèmef 
bien  haut,  sÉv.  4o7.  ||  Fig.  Mettre  le  carême  bien  ' 
haut,  exiger  des  choses  difficiles.  ||  Mettre  le  carcma 
bien  haut,  signifie  aussi  promettre  des  choses  qui 
n'arriveront  pas  de  longtemps.  ||  Il  nous  donne  le 
carême  bien  haut,  il  prend  un  long  terme,  il  veut 
nous  faire  bien  attendre.  |1 11°  Haut,  se  dit  des  per- 
sonnes qui  occupent  les  premiers  rangs  de  la  so- 
ciété. Très-haut  et  très-puissant  prince,  Très-hauto 
et  très-puissante  princesse,  titres  donnés  dans  les 
actes  et  dans  les  monuments  publics  aux  princes  et 
aux  princesses.  Haut  et  puissant  seigneur.  Haute  et 
puissante  dame;  Très-haut  et  très-puissant  seigneur, 
Très-haute  et  très-puissante  dame  ,  titres  donnés 
aux  grands  seigneurs,  aux  personnes  d'une  qualité 
relevée.  J'étais  donc  encore  destiné  à  rendre  ce 
devoir  funèbre  à  très-haute  et  très-puissante  prin- 
cesse Henriette-Anne  d'Angleterre,  princesse  d'Or- 
léans, BOSS.  Duch.  d'Orl.  L'éloge  que  je  fais  au- 
jourd'hui de  très-haut  et  très-puissant  seigneur 
messire  le  Tellier....  ID.  le  Tellier.  ||  Il  se  dit  en 
parlant  des  bontés,  de  la  bienveillance,  de  la  pro- 
tection qui  émanent  des  princes,  des  souveraini. 
Une  haute  protection.  L'hommage  particulier  que 
je  mets  à  ses  pieds  [de  Sa  Majesté]  pour  les  haute» 
bontés  dont  elle  m'honore,  bufp.  Ifin.  t.  vi,  p.  i6h. 
Il  Le  Dieu  très-haut,  ou,  substantivement,  le  Tr.'s- 
Haut  (avec  deux  majuscules).  Dieu.  Melchisédecli, 
roi  de  Salem,  offrant  du  pain  et  du  vin,  parce 
qu'il  était  prêtre  du  Dieu  très-haut,  saci.  Bible, 
Genèse,  xiv,  is.  Comment  est-il  possible  que  Dieu 
connaisse  ce  qui  se  passe,  et  le  Très-Haut  a-t-il 
véritablement  la  connaissance  de  toutes  choses T 
ID.  ib.  Ps.  Lxxii,  n.  Le  Très-Haut  vous  a  vus  d'un 
regaid  d'indulgence,  c.  delav.  Paria,  ii,  5.  ||  En 
diplomatie.  Les  hautes  puissances  contractan tes,  se 
dit  des  princes  souverains  entre  lesquels  un  traité 
se  conclut.  Il  Absolument.  Hautes  puissances,  titre 
que  prenaient  les  états  généraux  des  Province  — 
Unies.  ||  Les  hautes  classes,  les  classes  de  la  socieic 
qui  tiennent  le  premier  rang  par  leurs  fonction-^ 
par  leurs  richesses,  par  leur  naissance.  I.a  haute 
magistrature.  Le  haut  commerce,  la.  haute  bour- 
geoisie. Il  La  haute  administration,  les  ministres  et 
les  hommes  qui  dirigent  l'administration.  ||  Haute 
police,  voy.  police.  ||  La  chambre  haute,  la  cham- 
bre des  lords  dans  le  parlement  anglais,  et  la 
chambre  des  pairs  en  France,  sous  le  gouverne- 
ment de  la  restauration  et  de  Louis-Philippe.  ||  Haute 
cour  s'est  dit.  sous  la  monarchie  de  Louis-Philipp', 
de  la  chambre  des  pairs  érigée  en  tribunal;  il  s  est 
dit  aussi  d'un  tribunal  institué  en  (848  pour  juger 
les  ministres  et  les  complots  contre  l'État.  {|  An- 
ciennement. Haute  justice,  la  juridiction  d'un  sei- 
gneur dont  le  juge  pouvait  connaître  de  toutes 
causes,  tant  civiles  que  criminelles,  excepté  dea 
cas  royaux.  ||  Seigneur  haut  justicier,  seigneur  au- 
quel appartenait  cette  juridiction.  Tout  seigneur  da 
fief  haut  justicier  pouvait  avoir  dans  son  château 
plein  exercice  da  la  religion  réformée ,  volt. 
Louis  XIV,  36.  Il  L'exécuteur  de  la  haute  justice,  ou 
le  maître  des  hautes  œuvres,  le  bourreau  ||  Haut 
se  dit  aussi  de  la  naissance,  en  parlant  do  la  no- 
blesse. Une  personne  de  haut  parage.  À  des  partis 
plus  hauts  ce  beau  fils  doit  prétendre,  corn.  Cid, 
I,  A.  Vanter  le  faux  éclat  de  sa  haute  naissance, 


i 


HAU 

BOIL.  Sat.  V.  Tout  annonce  à  mes  yeux  votre  haute 
naissance,  volt.  Tancr.  m,  i.  ||  Haut  lieu,  se  dit 
aussi  pour  haut  rang,  haute  noblesse.  Aimer  en 
trop  haut  lieu  une  dame  hautaine,  kégnier,  Ép.  ii. 
Il  En  haut  lieu,  à  la  cour,  chez  le  souverain.  Cela 
a  été  dit  en  haut  lieu.  ||  12°  Grand,  excellent, 
distingué  dans  son  genre.  De  hautes  fonctions. 
Parvenir  aux  plus  hautes  dignités.  Haute  for- 
tune. Haute  estime.  Haute  réputation.  Quoique 
je  ne  trouve  pas  dans  mon  esprit  d'assez  haute 
place  pour  elle  [une  dame],  je  la  puis  assurer  que 
je  l'y  ai  tenue  toujours  présente  dans  tout  ce  qui 
m'est  arrivé,  voit.  Letl.  25.  Don  Rodrigue  surtout 
n'a  trait  en  son  visage  Qui  d'un  homme  de  cœur 
ne  soit  la  haute  image,  corn.  Cid,  i,  ) .  Cette  haute 
vertu  qui  règne  dans  votre  âme....  id.  ib.  11,  5. 
Mais  parmi  tes  hauts  faits  sois-lui  toujours  fidèle, 
ID.  ib.  y,  7.  Je  veux  une  vengeance  et  plus  haute 
et  plus  prompte,  m.  Méd.  iv,  5.  Les  bons  esprits 
trouveront  que  vous  avez  fait  un  haut  chef-d'œu- 
vre de  doctrine  et  de  raisonnement  en  vos  observa- 
tions, ID.  Lett.  apoloy.  Et  je  me  rends,  seigneur,  à 
ces  hautes  bontés,  id.  Cinna,  v,  3.  Rome  vous  per- 
met cette  haute  alliance,  id.  Nicom.  i,  2.  Prenez-en 
aujourd'hui  la  marque  la  plus  haute,  id.  )b.  11, 
2.  Seigneur,  c'est  remporter  une  haute  victoire 
Que  de  rendre  un  amant  capable  de  me  croire,  id. 
ib.  v,  2.  Pour  voir  votre  vertu  dans  son  plus  haut 
éclat,  id.  ib.  v,  lo.  Sous  un  si  haut  appui  [celui  de 
Rome],  nos  rois  humiliés  N'ont  été  que  sujets  sous 
le  nom  d'alliés,  id.  Sertor,  11,  4.  Et  c'est  ce  que 
vient  rendre  à  la  haute  vaillance  Dont  je  ne  fais 
ici  que  trop  d'expérience,  L'ardeur  de  voir....  id. 
ib.  ui,  2.  Ce  généreux  exploit,  ces  nobles  senti- 
ments. Méritent  de  ma  part  de  hauts  remerclments, 
ID.  ib.  V,  4.  Elle  a  le  cœur  trop  bas  pour  un  si  haut 
dessein,  rotr.  Antig.  iv,  i.  Haut  crédit,  id.  Bélis. 
V,  2.  Il  n'est  pas  toujours  bon  d'avoir  un  haut  em- 
ploi, LA  FONT.  Fabl.  I,  4.  L'un  [Turenne],  dès  qu'il 
parut  dans  les  armées,  donna  une  haute  idée  de  sa 
valeur,  boss.  Louis  de  Bourbon.  Cette  élection  di- 
vine [de  David]  avait  un  objet  plus  haut  que  celui 
5ui  paraît  d'abord,  id.  Hist.  11,  4.  Dieu  a  mis  quel- 
que chose  en  nous....  qui  peut  se  soumettre  à  sa 
souveraine  puissance,  s'abandonner  à  sa  haute  et 
incompréhensible  sagesse,  se  confier  en  sa  bonté, 
craindre  sa  justice,  espérer  son  éternité,  id.  Vuch. 
d'Orl.  Oui,  sans  doute,  une  ardeur  si  haute  et  si 
constante  Vous  promet  dans  l'histoire  une  place 
éclatante,  rac.  Alex,  i,  2.  Les  feux  de  ses  regards, 
sa  haute  majesté  Font  connaître  Alexandre,  id.  ib. 
m,  3.  Souvent  avec  prudence  un  outrage  enduré 
Aux  honneurs  les  plus  hauts  a  servi  de  degré,  id. 
Esth.  III,  <.  Le  bonheur  de  le  servir  était,  selon 
lui ,  une  assez  haute  récompense  pour  ceux  qui  le 
servaient,  fén.  Tél.  xvi.  Pour  les  faibles  humains 
quelles  hautes  leçons!  volt.  Sémiram.  1,  t.  Dès 
lors  cette  entreprise  où  il  s'était  si  témérairement 
engagé  [l'expédition  de  Moscou],  terminée  heureu- 
sement et  à  force  d'audace,  sera  le  fruit  d'une 
haute  combinaison;  son  imprudence  sera  sa  gran- 
deur, ségur,  Hist.  de  Nap.  viii,  4.  ||  Haut  appareil, 
grande  magnificence.  ||  Terme  de  chirurgie.  Haut 
appareil,  une  des  manières  de  faire  l'opération  de 
la  taille,  dans  laquelle  on  ouvre  la  paroi  abdomi- 
nale au-dessus  d(,  pubis  ;  ainsi  dit  parce  qu'il 
exige  plusieurs  instruments.  ||  De  haut  goût,  très- 
épicé.  Ce  mets  est  de  haut  goût.  Qu'il  [l'enfant]  ne 
mange  rien  de  haut  goût  qui  l'excite  à  manger 
au  delà  de  son  besoin,  et  qui  le  dégoûte  des  ali- 
ments plus  convenables  à  sa  santé,  fén.  Éduc.  filles, 
ch.  3.  Il  C'est  un  cadet  de  haut  appétit,  voy.  cadet. 
Il  Terme  de  chasse.  Chien  de  haut  nez,  chiendent 
l'odorat  est  excellent,  ||  Le  haut  mal,  l'épilepsie, 
ainsi  dit  à  cause  de  la  gravité  de  cette  affection. 
Fagon,  sujet  aux  atteintes  du  haut  mal,  était  un  mé- 
chant sujet  en  termes  de  chirurgie,  st-sim.  99,  57. 
Il  Haute  pression,  voy.  pression.  ||  Une  haute  tem- 
pérature, une  grande  chaleur.  Le  fer  ne  fond  qu'à 
une  haute  température.  ||  Familièrement.  Emporter 
qiielque  chose  de  haute  lutte,  voy.  lutte.  ||  13°  Ardu 
à  comprendre,  à  saisir.  Ils  répugnent  à  notre  doc- 
trine, parce  qu'elle  leur  semble  trop  haute,  BOSs. 
*"  sermon,  Dim.  de  la  passion,  préambule.  Rendez- 
vous  attentifs  ;  voici  le  nœud  ;  la  matière  est 
haute,  et,  quelque  ordre  qu'on  y  apporte,  elle 
échappe  si  on  ne  la  suit,  id.  6°  avert.  3.  ||  Les  hautes 
sciences,  la  théologie,  la  philosophie  et  les  mathé- 
matiques. Il  La  haute  géométrie,  celle  où  les  démons- 
trations exigent  l'emploi  du  calcul  infinitésimal.  Ce 
qu'est  Newton  â  la  haute  géométrie,  Montesquieu 
Testa  la  haute  politique,  bonnet,  Ess.  analyt.  âme, 
ch.   <».  Il  Dans  les  collèges  et  lycées.  Les  hautes 

DICT.    DE   LA    LANGUE    FRANCAl-SE . 


HAU 

classes,  celles  où  l'on  enseigne  la  rhétorique,  la 
philosophie  et  les  mathématiques  spéciales.  ||  Le 
haut  enseignement  ou  enseignement  supérieur, 
l'enseignement  des  facultés  et  du  Collège  de  France. 
Il  Haut  style,  langage  rempli  de  termes  nobles  et 
d'expressions  riches  et  magnifiques.  Ouvrage  écrit 
dans  le  haut  style.  ||  Ironiquement.  Haut  style,  lan- 
gage ampoulé ,  guindé.  Quel  diable  de  jargon  en- 
tends-je  ici?  voici  bien  du  haut  style,  mol.  Préc.  6. 
li  Haut  comique,  voy.  comique.  Tout  cela  est  à  la 
fois  noble,  intéressant  et  du  haut  comique,  volt. 
Comm.  Corn.  Suite  du  Menteur,  i,  2.  ||  Haut  comi- 
que se  prend  aussi,  dans  le  langage  familier',  pour 
dire  très-ridicule.  De  telles  prétentions,  avec  si 
peu  de  mérite  réel ,  c'était  du  haut  comique. 
Il  14°  Qui  a  de  l'élévation  morale  et  de  la  fierté. 
Achille  à  qui  la  Grèce  a  donné  cette  marque  D'a- 
voir eu  le  courage  aussi  haut  que  les  cieux,  malh. 
V,  2.  Loin  d'en  être  abattu,  son  cœur  en  est  plus 
haut,  CORN.  Poly.  m,  B.  Sur  leurs  hauts  sentiments 
réglons  plutôt  les  nôtres,  lo.  Hor.  m,  t.  lia  le  bras 
fort,  le  cœur  haut,  mol.  Amph.  11,  1 .  Cet  homme 
[le  cardinal  de  Retz]  si  fidèle  aux  particuliers,  si 
redoutable  à  l'État,  d'un  caractère  si  haut  qu'on  ne 
pouvait  ni  l'estimer,  ni  le  craindre,  ni  l'aimer,  ni 
le  haïr  à  demi,  BOss.  leTellier.  César  avait  le  cou- 
rage trop  haut  pour  se  laisser  éblouir  par  un  vil 
intérêt,  vehtot,  Révol.  rom.  .xiii,p.  22B.  Ce  langage 
était  trop  haut,  pour  être  entendu  par  les  politiques 
ordinaires,  st-foix,  Ess.  Paris,  OEuv.  t.  m,  p.  367, 
dans  pouGENS.  Non  pas  dans  le  fond  que  je  craigne 
qu'elle  t'aime  ;  elle  me  paraît  avoir  le  cœur  trop 
haut  pour  cela,  Marivaux,  Jeux  de  l'am.  et  du 
has.  III,  2.  Le  mensonge  n'a  point  de  si  hauts 
sentiments,  volt.  Œdipe,  11,  5.  ||  Qui  annonce  de 
l'élévation  morale.  Puis  c'était  une  repartie  haute 
et  convenable  qu'elle  avait  faite  la  veille  à  cette 
madame  une  telle,  qui  s'oubliait  de  temps  en  temps 
à  cause  qu'elle  était  riche,  Marivaux,  Marianne, 
T  part.  Un  mot  :  que  dites-vous  de  notre  nouvel 
hôte? —  Eh!  mais....  —  11  a  vraiment  la  mine  fière 
et  haute,  collin  d'harleville,  Malice  pour  malice, 
II,  t6.  Il  II  a  le  cœur  haut  et  la  fortune  basse,  se 
dit  d'un  homme  pauvre  mais  fier.  ||  Orgueilleux,  im- 
périeux, qui  a  de  la  hauteur.  C'est  une  femme 
haute.  Libre  dans  mes  discours,  peut-être  un  peu 
trop  haut,  chaul.  à  Lafare.  M.  de  NoaillesetM.  de 
Barbézieux  étaient  fort  mal  ensemble  :  tous  deux 
bien  avec  le  roi,  tous  deux  hauts,  tous  deux  gâtés, 
st-sim.  2B,  35.  Vous  avez  l'humeur  haute,  et  c'est 
cette  humeur-là  dont  il  serait  à  propos  (lue  mon- 
sieur s'alarmât  pour  vous,  Marivaux,  Pays.  parv. 
2*  part.  Il  15°  En  mauvaise  part,  excessif  en  son 
genre.  Il  a  fait  une  haute  sottise.  Haute  efl"ronterie. 
Ce  combat  pour  votre  âme  est  un  nouveau  supplice, 
S'il  vous  laisse  obligée  à  demander  justice,  À  té- 
moigner toujours  ce  haut  ressentiment,  corn.  Cid, 
v,  4.  Par  lui  j'ai  jeté  Rome  en  haute  jalousie,  id. 
Nicom.  1,  B.  Il  Haute  trahison,  se  dit  des  crimes  qui 
intéressent  la  sûreté  de  l'État.  ||  16°  En  parlant  des 
cartes.  Les  hautes  cartes,  celles  qui  ont  le  plus  do 
valeur,  surtout  les  as  cl  les  figures.  ||  17°  Haut  prix, 
valeur  très-élevée.  Les  denrées  sont  à  très-haut  prix. 
y  Kig.  Il  met  ses  services  à  très-haut  prix.  ||  Terme 
de  commerce.  Les  cafés,  les  blés,  les  vins  etc.  sont 
hauts,  ils  sont  à  haut  prix.  ||  L'argent  est  haut,  c'est- 
à-dire  on  n'en  trouve  à  emprunter  qu'à  un  gros  inté- 
rêt. Il  Haute  paye,  voy.  paye.  ||  18°  S.  m.  Haut, 
élévation,  hauteur.  Cette  maison  a  quinze  mètres 
de  haut.  Tomber  du  haut  du  toit.  ||  Tomber  de  son 
haut,  tomber  de  toute  sa  hauteur.  Si  l'enfant  tombe 
de  son  haut,  il  ne  se  cassera  pas  la  jambe,  J.j.  houss. 
Ém.  II.  Il  Fig.  et  familièrement.  Tomber  de  son 
haut,  être  extrêmement  surpris  d'une  chose.  Et  ce  qui 
m'a  vingt  fois  fait  tomber  de  mon  haut,  C'est  da 
vous  voir  au  ciel  élever  des  sornettes  Que  vous  dé- 
savoueriez si  vous  les  aviez  faites,  mol.  Femmes  sav. 
IV,  2.  Mme  Denis  jouait  Zaïre  I  Mme  Denis  compa- 
rée à  Clairon  !  je  tombai  de  mon  haut,  marmontel, 
Mém.  VII.  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  11  a 
failli,  il  a  pensé  tomber  de  son  haut.  Je  faillis  tom- 
ber de  mon  haut  à  un  compliment  Je  cette  nature, 
RETZ,  III,  76.  Il  pensa  tomber  de  son  haut  de  voir.... 
HAMiLT.  Gramm.  tl.  ||  Du  haut  en  bas,  de  l'extré- 
mité supérieure  à  l'extrémité  inférieure.  Madame, 
et  quelques-uns  vous  diront,  au  besoin,  Quels  dieux 
du  haut  en  bas  renversent  les  profanes,  corn.  Ni- 
com. III,  2.  Il  [Razias]  courut  avec  une  fermeté  ex- 
traordinaire à  la  muraille,  et  il  se  précipita  lui-mi'me 
courageusement  du  haut  en  bas,  saci,  Bible,  Machub. 
II,  xiv,  43.  Et  je  vous  verrais  nu  du  haut  jusquesen 
bas.  Que  toute  votre  peau  ne  me  tenterait  pas,  mol. 
Tort,  m,  2    II  On  dit  aussi  de  haut  en  bas.  [Galères 


HAU 


1993 


pourvues]  De  neufs  avirons  et  de  mâts,  Bref,  re- 
faites de  haut  en  bas,  scarron,  Virg.  v.  Lo  voila 
fut  déchiré  de  haut  en  bas,  boss.  Hist  11,  6.  ||  Fig. 
et  familièrement.  Regarder  quelqu'un  de  haut 
en  bas,  le  regarder  avec  un  air  de  mépris.  ||  Ou 
dit  dans  le  même  sens  :  Regarder  quelqu'un  du 
haut  de  sa  grandeur.  ||  Fig.  Traiter  quelqu'un  du 
haut  en  bas,  de  haut  en  bas  (locution  dérivée  de  la 
locution  :  regarder  do  haut  en  bas),  le  traiter  avec 
mépris,  arrogance.  Ces  dragons  de  vertu,  ces  honnê- 
tes diablesses....  Qui,  pour  un  petit  tort  qu'elles  ne 
nous  font  pas,  Prennent  droit  de  traiter  les  gens  du 
haut  en  bas,  mol.  Éc.  des  femmes,  iv,  8,  S'il  est  per- 
mis de  traiter  du  haut  en  bas  les  incrédules,  volt. 
Colim.  3.  Il  Fig.  Voir  les  choses  de  haut,  embrasser 
les  choses  dans  toute  leur  étendue,  saisir  les  rapports 
et  leurs  conséquences.  Yorck  [général  prussien] 
voyait  de  plus  haut  [que  le  reste  des  Prussiens]  ;  il 
était  de  cette  société  des  Amis  de  la  Vertu,  dont  le 
principe  était  la  haine  des  Français,  et  le  but,  leur 
entière  expulsion  de  l'Allemagne,  ségur,  lltst  di 
Nap.  XII,  6.  Il  Voir  les  choses  de  haut,  signifie  aussi 
n'en  avoir  que  des  idées  générales.  Le  prince  ne 
peut  entrer  dans  ces  détails,  il  voit  les  choses  de 
haut.  Il  Terme  de  charbonnier.  Grand  haut,  le  troi- 
sième lit  d'un  fourneau.  Petit  haut,  le  quatrième 
et  quelquefois  le  dernier  lit.  \\Au  plur.  Terme  de 
marine.  Les  hauts  du  navire,  ce  qui,  du  navire,  est 
au-dessus  de  la  flottaison,  f'^  19°  Montagne,  émi- 

!  nence.  Sur  un  haut  vers  cet  endroit  Était  leur  in- 
fanterie, mol.  Amph.  I,  I.  Le  roi  fit  monter  l'électeur 
de  Bavière  seul  avec  lui  dans  son  chariot,  ils  se 
promenèrent  fort  dans  les  hauts  de  Maiiy,  st-sim. 
303,  200.  Paul-Louis  sur  les  hauts  de  Veretz  fait  des 
choses  admirables,  p.  L.  cour.  Gaxelte  du  village, 
n°  4.  Il  Gagner  au  haut,  gagner  le  haut,  s'enfuir,  se 
mettre  en  sûreté.  Le  galant  aussitôt  Tire  ses  grè- 
gues,  gagne  au  haut,  la  font.  Fabl.  11,  <B.  ||  20°  Le 
faîte,  le  sommet,  la  partie  supérieure.  Le  haut  d'une 
tour,  d'une  montagne.  Le  haut  du  corps.  Le  haut 
d'un  tableau.  C'est  quitter,  c'est  trahir  les  droits  du 
diadème  Que  sur  le  haut  d'un  trône  être  esclave 
moi-même,  cobn.  Penh,  i,  4.  Votre  protecteur  est 
celui  qui  monte  au  plus  haut  des  cieux,  saci,  Bible. 
Deutér.  xxxiii,  28.  Pendant  qu'il  [Charles  Gustave  de 
Suède]  rassemble  de  nouvelles  forces  et  médite  de 
nouveaux  carnages,  Dieu  tonne  du  plus  haut  des 
cieux  ;  le  redouté  capitaine  tombe  au  plus  beau 
temps  de  sa  vie,  et  la  Pologne  est  délivrée,  boss. 
Anne  de  Goni.  Il  entena  les  soupirs  de  l'humble 
qu'on  outrage,  Juge  tous  les  mortels  avec  d'égales 
lois,  Kt  du  haut  de  son  trône  interroge  les  rois, 
RAC.  Esther,  m,  4.  Prends  soin,  du  haut  des  cieux, 
d'une  tête  si  chère,  volt.  Zaïre  v,  3.  Tel  qu'un  roc 
suspendu  menace,  au  haut  d'un  mont,  La  terre  de 
sa  chute  et  le  ciel  de  son  front,  masson,  Uetrét.  m. 
Il  Fig.  ...vous  mettre  en  pleine  hoerté  De  monter 
au  plus  haut  de  la  félicité,  coun.  Perlh.  iv,  B.  Ils 
allaient  au  plus  haut  de  la  perfection,  m.  Imit.  t,  n. 
Il  Fig.  Du  haut  de  son  esprit,  c'est-à-dire  en  s'attri- 
buant  un  esprit  supérieur.  Et  les  deux  bras  croisés, 
du  haut  de  son  esprit.  Il  regarde  en  pitié  tout  ce  que 
chacun  dit,  mol.  Mis.  u,  s.  Ar.'^ène,  du  plus  haut  de 
son  esprit,  contemple  les  hommes,  la  bruy.  i.  ||  Crier 
du  haut  de  sa  tête,  crier  aussi  fort  que  l'on  peut.  Et 
cette  autre  personne  honnête  Crierait  tout  du  haut 
de  sa  tète,  la  font.  Fabl.  viii,  1 2.  ||  Terme  d'impri- 
merie. Haut  de  casse,  voy.  casse.  ||  Le  haut  du  pavé, 
la  partie  la  plus  haute  du  pavé.  ||  Fig.  Tenir  le  haut 
du  pavé,  être  au  premier  rang.  ||  21°  Le  haut  du 
jour,  le  temps  où  le  soleil  est  le  plus  haut,  midi. 
....Vous  ne  saurez  pas  qu'avec  magnificence  Le  roi 
vient  honorer  Tempe  de  sa  présence.  Qu'il  entra  dans 
Larisse  hier  sur  le  haut  du  jour,  Qu'à  l'aise  je  le  vis 
avec  toute  sa  cour,  vol.  Mélic.  i,  3.  ||  22°  Le  haut,  la 
partie  supérieure  de  la  ville  à  Genève  où  habitent  les 
gens  riches.   Il  était,  lui,  un  garçon  du  haut,   t.  j. 

j  Rouss.  Coiif  I.  Il  23°  Fig  Le  haut  et  le  bas,  ce  qu'il 
y  a  d'élevé  et  ce  qu'il  y  a  d'infime.  Lechristianisme 
a  fait  voir  le  haut  et  le  bas  de  notrecœur,ciiArEAUB. 
Génie,  11,  ni,  1. 1|  Par  analogie.  Le  jeu  a  ses  hauts 
et  ses  bas.  Il  faut  du  haut  et  du  bas  dans  la  vie, 
mol.  Fourb.Scap.  m,  t.  N'admirez-vous  pascomme 
cette  vie  est  mêlée  de  haut  et  de  bas,  de  blanc  et  de 
noir?  VOLT.  Lett.  Damilaville,  17  fév.  1767.  ||  U  y  a 
du  haut  et  du  bas,  des  hauts  et  des  bas  dans  l'hu- 
meur, dans  l'esprit,  dans  la  conduite,  dans  les  ou- 
vrages de  cet  homme,  c'est-à-dire  on  y  remarque 
de  grandes  inégalités.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
Avoir  du  haut  et  du  bas,  des  hauts  et  des  bas  dans 
l'humeur,  dans  sa  vie,  dans  sa  fortune.  ||  24°  Terme 
de  musique.  Le  haut,  les  notes  élevées.  La  voix  da 
ce  chanteur  e;^  belle  dans  le  haut.||  25°  Adv.  Haut, 

I.  —  Sôû 


1994 


HAU 


lions  la  partis  la  plus  haute.  Monter  haut.  Être  haut 
perché.  Il  demeure  deux  étages  plus  haut.  X  tous 
coups  ils  [ceux  qui  me  bernaient]  me  perdaient  de 
me,  et  m'envoyaient  plus  haut  que  les  aigles  ne 
peuvent  monter,  voit.  Leit.  ix.  |1 11  a  été  pendu  haut 
et  court,  se  disait  d'un  homme  jugé  et  exécuté  en  peu 
de  temps  par  une  justice  expéditive.  ...Sous  peine 
D'être  pendu,  d'être  mis  haut  et  court  En  un  gibet..., 
LA  FONT.  Belph.  Il  Cheval  monté  haut  Ou  haut  monté, 
cheval  dont  le  tronc  est  supporté  par  des  membres 
longs  et  grêles.  ||  Cheval  haut  chaussé,  cheval  chez 
qui  la  balzane  s'étend  jusqu'au  genou  ou  au  jarret, 
ou  au-dessus  de  ces  régions.  ||  Terme  de  manège. 
Haut,  haut,  haut!  Expression  dont  le  maître  se  sert 
lorsque  l'élève  fait  des  courbettes,  pour  l'avertir 
que  son  cheval  ne  Itve  pas  assez  le  devant.  ||  Terme 
de  fauconnerie.  Voler  haut  et  gros,  voler  de  bon  gré 
et  avec  adresse.  ||  Haut  en  bas!  cri  des  ramoneurs, 
qui  rappelle  leur  métier  de  ramoner  les  cheminées 
du  haut  en  bas.  Il  Ancien  terme  d'artillerie.  Haut  le 
bras!  mettez  le  feu  au  canon.  ||  Haut  le  bois!  an- 
cien commandement  militaire  pour  faire  lever  les 
piques.  /|  En  termes  d'arithmétique,  haut  et  bas 
se  dit  des  deux  termes  d'une  fraction.  Divisant 
par  2  haut  et  bas,  c'est-à-dire  divisant  par  2  le 
numérateur  et  le  dénominateur.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Haut  et  bas,  sert  à  exprimer  qu'on  travaille 
partout  à  la  fois.  ||  Haut  la  barre  !  commandement 
qu'on  faisait  autrefois  au  timonier  quand  on 
voulait  qu'il  tînt  la  barre  du  gouvernail  dans  le 
plan  de  la  quille  du  navire;  locution  qui  pro- 
vient d'une  ancienne  disposition  de  la  barre  dans 
les  vaisseaux.  ||  26°  Terme  de  manège.  Mener  un 
cheval  haut  la  main,  tenir  haut  les  rênes.  ||Fig.  et 
familièrement.  Haut  la  main,  avec  autorité,  sans 
difficulté.  Il  mène  ses  gens  haut  la  main.  Vous  l'au- 
riez guéri  haut  la  main,  mol.  Pourc.  ii,  f.  Vous  ga- 
gneriez votre  procès  haut  la  main,  volt.  Dial.  ii. 
Il  Porter  haut  la  tête,  se  dit  du  cheval  qui  porte 
bien  sa  tête.  ||  Porter  haut  la  tête,  être  fier.  ||  Fig.  et 
familièrement.  Cet  homme  le  porte  haut,  il  se  pré- 
tend de  grande  qualité,  et  aussi  il  se  prévaut  de 
l'avantage  qu'il  doit  à  sa  naissance,  à  son  rang,  etc. 
Cela  fut  cause  qu'il  commença  de  se  relever  plus 
que  de  coutume,  de  le  porter  plus  haut  qu'il  ne 
soûlait,  abusé  des  vaines  espérances  qu'il  se  don- 
nait, d'urké,  Astrée,  ii,  «.  Détrompez- vous ,  de 
grâce,  et  portez-lo  moins  haut  ;  Ce  ne  sont  pas  des 
gens  comme  moi  qu'il  vous  faut,  mol.  Mis.  v,  6. 
Mais  il  fait  le  marquis  et  le  porte  fort  haut,  pois- 
son, VAprès-soupé  des  auberges,  dans  le  roux,  Dict. 
comique.  |j  Le  porter  trop  haut,  prendre  un  ton  de 
supériorité,  avoir  des  prétentions  trop  hautes.  Je  j 
l'avoue  entre  nous,  mon  sang  un  peu  trop  chaud  \ 
S'est  trop  ému  d'un  mot,  et  l'a  porté  trop  haut, 
CORN.  Cid,  II,  i.  Il  27°  Haut  le  pied,  en  levant  le  i 
pied.  Haut  le  pied,  belle  Alison,  Pour  gambader,  ] 
rire  et  boire,  nANCOtiRi,  foire  de  Besons,  divert.  i 
Il  Par  extension,  haut  le  pied,  sans  être  chargé. 
Renvoyer  des  chevaux  haut  le  pied,  les  renvoyer 
sans  être  attelés  ni  montés.  ||  Terme  de  chemin  de 
fer  et  de  messagerie.  Train  haut  le  pied,  train  1 
vide  de  voyageurs.  L'indemnité  de  1,875,000  francs  ! 
allouée  à  la  compagnie  des  services  maritimes 
des  messageries  impériales  pour  frais  de  trans- 
port, en  haut  le  pied,  des  navires  affectés  au  ser-  j 
vice  postal  de  l'Indo-Chine,  Rapport  du  baron  de 
Veauce  au  Corps  léfiislatif,  séance  du  (7  avril  <86;t. 
Il  Elliptiquement.  Haut  le  pied!  marchez,  décampez. 
Il  Faire  haut  le  pied,  disparaître  tout  d'un  coup, 
s'enfuir.  Ce  banqueroutier  a  fait  haut  le  pied. 
Mme  Patin  :  Qu'est  devenu  le  chevalier?  —  Lisette  : 
U  a  fait  haut  le  pied,  dès  que  vous  avez  eu  le  dos 
tourné,  dancourt,  Chev.  à  la  mode,  m,  2.  ||  S.  m. 
Un  haut-le-piod,  en  termes  familiers,  homme  qui  ne 
tient  à  rien,  qui  lève  facilement  le  pied,  qui  n'a 
point  d'établissement.  Ne  lui  prêtez  point  d'argent; 
c'est  un  haut-le-pied.  ||  Ancien  nom  de  certains  offi- 
ciers ambulants  des  vivres  et  des  équipages  mili- 
taires, qui  n'avaient  que  la  commission  d'observer, 
sans  être  attachés  à  un  emploi  fixe.  Capitaine,  ou 
commis  haut-le-pied.  Un  duc  et  pair  de  ma  nais- 
sance n'allait  point  servir  comme  un  haut-le-pied 
dans  les  armées,  st-sim.  <02,  89.  ||4u  pjur.  Des 
haut-le-pied.  ||  Il  a  fait  haut-le-corps,  se  disait  d'un 
banqueroutier  qui  s'enfuyait.  ||  Substantivement. 
Un  haut-le-corps,  voy.  hadt-le-corps,  à  son  rang. 
H  28»  Adv.  Fig.  Haut,  à  un  rang  élevé,  à  un  point 
él«Té.  Des  personnes  haut  placées.  Je  te  donne  Emi- 
lie.... qu'ont  mise  si  haut  mon  amour  et  mes  soins 
Qu'en  te  couronnant  roi  je  t'aurais  donné  moins, 
CORN.  Ci'nno,  v,  \.  Ta  fortune  est  bien  haut,  tu 
peux  ce  que  tu  veux,  in.  ib.    Mon  nom  dans   nos 


HAU 

succès  s'était  mis  assez  haut  Pour  taire  quelque 
bruit,  sans  beaucoup  d'injustice,  iD.  le  Ment,  i,  3. 
Élevez  peu  de  gens  si  haut  qu'ils  puissent  nuire, 
rotr.  Vencesl  i,  i .  Ceux  qui  mettent  la  vertu  trop 
haut,  à  qui  toutes  les  faiblesses  paraissent  des  cri- 
mes horribles  ou  qui,  des  conseils  de  perfection, 
font  la  loi  commune  de  tous  les  fidèles,  boss.  Cor- 
net. Que  s'il  [le  pape  saint  Grégoire]  a  parlé  en  ces 
termes  du  temps  du  roi  Childebert,  et  s'il  a  élevé  si 
haut  la  race  de  Mérovée,  id.  Reine  d'Anglet.  Ce 
po",te  orgueilleux  [Ronsard]  trébuché  de  si  haut, 
boil.  Art  p.  I.  Nul  n'éleva  si  haut  la  grandeur  ot- 
tomane, rac.  Baj.  II,  t.  On  met  bien  haut  les  obli- 
gations de  l'Evangile,  mass.  Panég.  J.  Bapt.  ||  Pré- 
tendre trop  haut,  avoir  des  prétentions  trop  élevées. 
Et  s'il  prétend  trop  haut,  je  dois  désespérer,  corn. 
Sniv.  I,  2.  Il  29°  Dans  les  temps  passés.  Quelque  haut 
qu'on  puisse  remonter,  pour  rechercher  dans  les 
histoires....  eoss.  Jletne  Ongiet.  ||  Reprendre  une 
chose  de  plus  haut,  la  raconter  en  la  reprenant 
d'un  temps  plus  éloigné.  Cet  engagement,  qui  de- 
vait lui  tenir  lieu  de  la  vente  exclusive  du  tabac, 
est  un  point  si  important  dans  son  histoire,  qu'on 
ne  le  trouverait  pas  assez  éclairci,  si  nous  ne  re- 
prenions les  choses  de  plus  haut,  raynal,  Hist. 
phil.  IV,  26.11  Ondi:  quelquefois  dans  le  même  sens  : 
remonter  plus  haut.  ||  Reprendre  les  choses  de  plus 
haut,  remonter  à  des  vérités  antérieures,  à  des 
principes  généraux.  ||  Plus  haut,  ci-dessus,  dans 
ce  qui  précèrie.  Ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut. 
Il  30"  Terme  de  musique.  Dans  un  ton  haut.  Sa  voix 
ne  peut  pas  monter  plus  haut.  Vous  l'avez  pris  trop 
haut  en  commençant.  ||  Fig.  Le  prendre  haut,  très- 
haut,  montrer  del'arrogance,dela  présomption.  Mais, 
mon  petit  monsieur,  prenez-le  un  peu  moins  haut, 
MOI.  ilfis.  I,  3.  Elle  le  prit  si  haut  qu'il  parut  confus, 
hamilt.  Gramm.  e.  Vous  le  prenez  bien  haut,  mon- 
sieur! sachez  que,  quand  je  dispute  avec  un  fat,  je  ne 
lui  cède  jamais,  Beaumarchais,  Barb.  de  Sév.  m,  B. 
Il  Le  prendre  haut,  signifie  aussi  rechercher  quel- 
que chose  de  trop  difficile.  Lorsque  nous  vous  pro- 
posons d'imiter  l'exemple  de  ceux  qui,  après  avoir 
mené  une  vie  semblable  à  la  vôtre,  en  ont  connu 
le  danger,  se  sont  retirés  des  plaisirs  et  des  dissi- 
pations du  monde,  et  leur  ont  fait  succéder  la  prière, 
la  retraite,  la  mortification,  la  pratique  des  œuvres 
saintes,  vous  répondez  qu'il  est  dangereux  de  le  pren- 
dre si  haut,  MASS.  Carême,  Riche.  U  ne  faut  pas  le 
prendre  fi  haut,  ID.  Carême,  Tiéd.  ||  31°  A  haute 
voix.  Parlez  haut.  Vous  ne  parlez  pas  assez  haut. 
Crier  très-haut.  Elle  en  parle  tout  haut,  elle  s'en 
vante  à  nous,  corn.  Théod.  ii,  2.  Je  le  dis  donc 
tout  haut  afin  que  l'on  m'entende,  id.  Sertor.  u,  2. 
Chantez  ce  que  vous  voudrez ,  répondit  à  demi 
haut  le  même  personnage,  scabr.  Rom.  com.  i,  (B. 
Nous  avons  ri  aux  larmes  de  cette  fille  qui  chanta 
tout  haut  dans  l'église  cette  chanson  gaillarde 
dont  elle  se  confessait;  rien  au  monde  n'est  plus 
nouveau  ni  plus  plaisant,  sév.  Mt.  4  2  janv.  (876. 
Mayenne,  qui  de  loin  voit  leur  folle  entreprise,  La 
méprise  en  secret  et  tout  haut  l'autorise,  volt. 
Herir.  iv.  ||  Elliptiquement.  Plus  haut!  c'est-à-dire 
parlez  plus  haut.  ||  Par  extension.  Avec  un  bruit 
comparé  à  la  parole  haute.  Il  mange  haut  et  avec 
grand  bruit,  il  roule  les  yeux  en  mangeant,  la  table 
est  pour  lui  un  râtelier,  la  druy.  xi.  {|  Fig.  Parler 
haut,  parler  ouvertement,  sans  réticence  ni  amba- 
ges. Vous  qui  parliez  tantôt,  et  si  haut,  contre  lui, 
corn.  Tais,  d'or,  ii,  2.  Je  l'ai  dit,  et  trop  haut,  pour 
m'en  pouvoir  dédire,  m.  Othon,  iv,  5.  Des  gens 
qui  disent  tout  haut  qu'ils  ne  la  croient  pas, 
BOSS.  Lett.  <37.  La  honte  d'être  si  peu  conséquent 
à  moi-même,  de  démentir  sitôt  et  si  haut  mes  pro- 
pres maximes,  l'emporta  sur  la  volupté,  j.  j.  nouss. 
Confess.  vi.  ||  Parler  haut,  s'exprimer  d'un  ton  dé- 
cidé et  même  arrogant.  Ne  parlez  pas  si  haut  ;  s'il 
est  roi,  je  suis  reine,  corn.  Nicom.  i,  2.  Comment 
vous  nommez-vous,  monsieur,  qui  parlez  si  h.aut? 
VOLT.  l'Ingénv„  ch.  9.  ||  Parler  haut,  parler  libre- 
ment contre  les  abus  des  gouvernements  ou  des  in- 
stitutions. Il  est  très-vrai  qu'on  commence  à  parler 
bien  haut  en  Italie,  et  surtout  à  Venise,  volt.  Lett. 
la  Tourelle,  6  janv.  <770.  ||  Penser  tout  haut,  faire 
connaître  avec  franchise  ses  pensées,  ce  qu'on  a 
dans  l'esprit.  Une  société  peu  nombreuse,  et  qui 
s'aime,  Où  vous  pensez  tout  haut,  où  vous  êtes 
vous-même,  grfsset.  Méchant,  iv,  4.  ||  Fig.  et 
familièrement.  H  faut  chanter  plus  haut,  se  dit  à 
une  personne  qui  mésolTre  d'un  objet  qu'elle  mar- 
chande. Il  Fig.  Haut  et  clair,  franchement,  sans 
ambiguïté,  sans  chercher  des  adoucissements. 
Il  Fig.  et  familièrement.  On  ne  lui  a  pas  dit  plus 
haut  que  son  nom,  voy.  nom.  ||  32°  Terme  do  jeux. 


HAU 

Couper  haut,  couper  avec  un  fort  atout.  ||  33"  Mon- 
ter haut,  s'élever  à  une  somme  considérable.  Lo 
beau  pays,  et  la  jolie  petite  terre!  elle  n'est  pour- 
tant plus  affermée  que  vingt  mille  écus  depuis 
la  misère  du  temps  ;  elle  allait  autrefois  plus  haut, 
SÉV.  349.  J'en  mettrai  haut  le  prix  ;  c'est  à  lui  d'y 
penser,  th.  corn.  Ariane,  iv,  3.  ||  La  dépense 
monte  haut,  elle  est  considérable.  11  ne  croyait  pas 
que  le  compte  montât  si  haut.  ||  34°  En  haut,  lot. 
adv.  Dans  le  lieu  qui  est  le  plus  haut.  Allez,  mon- 
tez en  haut.  Il  Du  côté  supérieur,  du  côté  le  plus 
élevé.  Je  sens  que  je  puis  vouloir,  ou  tenir  ma  main 
immobile,  ou  lui  donner  du  mouvement;  et  cela 
en  haut  ou  en  bas,  à  droite  ou  à  gauche,  avec  un» 
égale  facilité,  BOSs.  Connaiss.  m,  ib.  Quoi!  jamais 
vous  n'écouterez  l'Eglise,  qui  vous  dit  et  crie  de 
toute  sa  force,  à  chaque  sacrifice  qu'elle  offre 
sursum  corda,  le  cœur  en  haut!  m.  Concupisc.  »!. 
Il  Tirer  en  haut,  pousser  en  haut,  tirer,  pousser 
vers  le  haut.  ||  Regarder  en  haut,  regarder  en 
l'air.  De  sorte  qu'ils  [des  gens  qui  me  bernaient] 
demeurèrent  longtemps  en  bas  tendant  la  couver- 
ture, et  regardant  en  haut  sans  se  pouvoir  imaginer 
ce  que  j'étais  devenu,  voit.  Lett.  9.  ||  Terme  de 
marine.  Il  est  en  haut,  il  est  en  vigie  sur  les  barres 
de  perroquet,  etc.  L'ancre  est  en  haut,  elle  est  en 
bossoir.  L'équipage  est  en  haut,  il  est  sur  le  pont. 
1135°  D'en  haut,  d'un  lieu  supérieur.  La  lumière 
vient  d'en  haut  dans  l'atelier.  ||  Du  ciel  même, 
par  la  vertu  céleste.  Mes  prières  n'ont  pas  le  mérite 
qu'il  faut  Pour  avoir  attiré  cette  grâce  d'en  haut, 
mol.  Tari,  m,  3.  Il  a  connu  la  sagesse  que  le 
monde  ne  connaît  pas,  cette  .sagesse  qui  vient  d'en 
haut,  qui  descend  liu  père  des  lumières,  et  qui  fait 
marcher  les  hommes  dans  les  sentiers  de  la  justice, 
BOSS.  le  Tellier.  Ceux  qui  combattaient  auprès  do 
lui  nous  ont  dit  souvent  que,  si  l'on  avait  à  trai- 
ter quelque  grande  affaire  avec  ce  prince,  on  eût 
pu  choisir  de  ces  moments  où  tout  était  en  feu  au- 
tour de  lui;  tant  son  esprit  s'élevait  alors,  tant  son 
âme  leur  paraissait  éclairée  comme  d'en  haut  dans 
ces  terribles  rencontres,  m.  Louis  de  Bourbon.  Jus- 
qu'à ce  que  vous  soyez  revêtus  de  la  force  d'en  haut, 
iD.  Hist.  II,  7.  De  siècle  en  siècle  paraissaient  des 
hommes  justes  suscités  d'en  haut,  mass.  Mystères, 
Passion.  Un  auteur  inspiré  d'en  haut,  ID.  Or.  /un. 
Villeroy.  L'on  était  regardé  comme  le  ministre  d'en 
haut,  et  l'interprète  de  la  volonté  du  ciel,  didek. 
Opin.  des  anc.  philos.  (Égyptiens).  Peut-être  que 
ton  cœur,  ému  de  saints  transports.  S'apaisera  soi- 
même  à  tes  propres  accords.  Et  qu'un  éclair  d'en 
haut  perçant  ta  nuit  profonde.  Tu  verseras  sur  nous 
la  clarté  qui  t'inonde,  lamart.  Méd.  I,  2.  ||  D'en 
haut,  se  dit  aussi  pour  signifier  la  cour,  le  conseil, 
et  autres  autorités  supérieures.  Un  ordre  d'en 
haut.  Il  36°  En  haut  de,  loc.  prép.  Dans  la  partie 
supérieure.  Il  est  tout  en  haut  de  la  maison.  Ecrivez 
ceci  en  haut  de  la  page.  |i  37°  Là-haut,  dans  le  lieu 
qui  est  là  au-dessus.  Ils  sont  là-haut.  Peut-on  vivre, 
direz-vous,  de  cette  sorte  ?  peut-on  renoncer  à  ce 
(jui  plaît?  on  vous  dira  lie  là-haut  [la  grille  où 
était  Mme  de  la  Vallière  devenue  religieuse]  qu'on 
peut  quelque  chose  de  plus  difficile,  puisqu'on  peut 
embrasser  tout  ce  qui  choque,  boss.  la  Yallière. 
Je  vous  quitte  un  moment,  et  je  monte  là-haut, 
begnard.  Distrait,  m,  (4.  Arrangez  tout,  je  vais 
faire  ma  cour  là-haut,  gresset.  Méchant,  m,  ». 
Il  Dans  le  ciel,  par  opposition  à  ici-bas.  Là-haul 
réside  un  juge  incorruptible.  |{  38"  Ici-haut,  dit 
plaisamment,  par  imitation  d'ici-bas,  dans  les  dia- 
logues des  morts,  des  lieux  habités  par  les  vi- 
vants. Les  morls....  raisonnent  mieux  que  nous  des 
choses  d'ici-haut,  fonten.  A  iucien.  ||  39°  Par  en 
haut,  (oc.  ndf.  Par  le  haut.  Passez  par  on  haut 
Il  40°  Par  haut,  en  termes  de  manège.  Ce  cheval 
va  par  haut,  il  fait  un  manège  élevé.  ||  41*  Aller  par 
haut  et  par  bas,  vomir  et  aller  à  la  selle. 

—  REM.  Il  ne  faut  pas  confondre  haut  à  la  main 
et  haut  la  main  :  haut  à  la  main  est  un  adjectil 
qui  signifie  impérieux  ;  haut  la  main  est  une  locu- 
tion adverbiale  qui   signifie  d'emblée,  sans  rcsis 
tance. 

—  SYN.  HAUT,   BAUXAlN,    ALTIER.    COS    tfols   mOtS 

ont  le  même  radical,  le  latin  altus,  haut,  et  ne  dif- 
fèrent que  par  le  suffixe.  Haut  n'a  point  de  suffixe 
et  exprime  l'idée  simple  de  l'élévation  morale;  ce 
n'est  que  par  abus  que  ce  mot  arrive  à  y  mêler  quel- 
que idée  de  blâme.  Il  n'en  est  pas  de  même  de 
hautain  et  d'allier,  qui  sont  toujours  un  excès,  au 
moins  dans  le  langage  moderne.  Hautain  désigne 
un  excès  de  hauteur  d'âme  qui  se  manifeste  par  les 
manières,  par  le  langage;  et  c'est  par  là  surtout 
Qu'est  blessant  l'homme  hautain.  Au  contraire,  altier 


HAU 

désigne  un  excès  do  hauteur  d'âme  qui  se  manifeste 
iuitout  dans  les  sentiments,  les  passions,  les  volontés. 
—  HIST.  XI'  s.  X  saint  Michel  fil]  tiendra  muU 
halte  feste,  Ch.  de  Roi.  iv.  Bon  sont  li  comte,  et 
lor  paroles  haltes,  ib.  lxxxv.  Soixante  mille  [trom- 
pettes] en  i  cornent  si  hait,  ib.  cuv.  Puis  si  s'es- 
.  crie  [Charlemagne]  à  sa  vois  grant  et  halte,  16. 
CCXU.  Halz  est  li  jurs,  mult  par  est  granz  la  feste,  16. 
ccLxxiii.  Il  XII"  s.  Haut  sont  li  pui  [montagnes],  et  li 
val  tenebror,  Ronc.  p.  37.  Li  douze  per  qui  sont  de 
haut  parage,  ib.  p.  65.  Et  le  cors  en  ait  pendre, 
ib.  p,  200.  Sire  clerz,  tout  en  haut  [à  haute  voii] 
nous  dites  la  leçon,  Sax.  xxv.  Mielz  vient  de  basse 
gent  estre  bon  e  munter,  Que  de  halte  gent  estre  e 
en  enfer  aler,  Th.  te  mart.  88.  Devant  le  hait  altel 
fu  li  cors  sainz  portez,  E  de  moines  et  d'altres  fu 
tute  nuit  guardez,  16.  4  53.  Tant  esturent  ensemble 
li  reis  e  saint  Thomas,  Parlèrent  d'un  e  d'el  [autre], 

ore   hait,  ore  bas ib.  Ui.  Et  la  reine  de  si 

haut  Comme  ele  estoit  as  piez  lui  chiet,  la  Char- 
rette, U8.  De  si  haut,  com  il  pot  crier.  Me  co- 
manca  à  desfier,  crestien  detroies,  Chev.  au  lyon, 
T.  487.  Et  la  dame  fu  en  la  tor  De  son  castel  mon- 
tée hait,  ID.  dans  Hist.  litt.  de  la  Fr.  t.  xv,  p.  24) . 
Devant  l'arche  à  l'ait  Deu....  et  sur  els  tuz  plus  hait 
parut  de  l'espalde  en  amunt.  Ane.  trad.  des  livres 
des  rois,  f°  6  et  4  2,  dans  eaynouard,  Gloss.  E  la 
malvese  gent  e  les  fil  de  Belial  eurent  la  plus  halte 
main  envers  Roboam,  iiois,  p.  4  37.  Et  j'ai  plus  haute 
pensée  Que  tuit  li  autre  ameor  [amants],  Couci,  i. 
Que  li  faus  enfes  [enfant]  qui  crie  Pour  la  bêle  es- 
toile  avoir  Qu'il  voit  haut  et  clair  seoir,  ib.  m.  Mais 
fol  désir  fait  souvent  cuer  penser  En  si  haut  lieu 
qu'il  n'i  puet  avenir,  ib.  x.  ||  xiu'  s.  Bêle  Amelot 
seule  en  chambre  filoit,  En   hait  chantoit,  et  son 
ami  [elle]  nommoit,  Romancero,  p.  72.  Nostre  sires 
est  jàvengiésDes  haus  barons  qui  or  lui  sont  failli, 
QUESNES,  Romane,  p.  88.  Se  j'avoie  mon  jouvent 
[jeunesse]  tout  usé,  Si  sui-je  riche  et  de  moult  haut 
parage.   Qu'on    m'aimeroit   à  petit  de  biauté,  ib. 
p.  4  09.  A  vous  me  renc,  s'en  est  li  drois,  Si  haus 
com  prendre  le  volrois  [vous  le  voudrez],  Parto- 
nop.v.  3611.  N'i  a  celui  qui  tant  haut  ceigne  es- 
pée.  Qui  ne  soit  ars   [brûlé]  et  la  poudre  ventée, 
Agolant,  v.  800.  Moult  estoit  haus  homs  et  redou- 
tés et  pleins  de  grant  pooir,  villeh.  xxx.  Que  Ale- 
man  estoient  chevalier  de  haut  prix,  Berte,  v.  Tant 
qu'en  un  bois  [ils]  s'en  vindrent  har.t  et  grant  et 
plenier,  ib.  xix.  Cil  dame  Diex,  fait-elle,  qui  haut 
siet  et  loin  voit,  ib.  xxviii.  Quant  li  très  hauz  de- 
partoit  les  gens....  Psautier,  f"  486.  Cum  venimes 
en  halte  mer,  gaimar,  Haveloc,  v.  682.   Il  est  or- 
dené  que  nus  ne  pourra  ouvrer  à  jour  de  dyeman- 
che,  ne  à  jour  de  feste  que  commun  de  la  ville  doie 
foirier,  s«  ce  n'est  contre  les  hautes  Testes,  comme 
Pasques,    Penthecoste....    I.iv.  des  met.    414.  Lais, 
d'amors  et  sonnés  cortois  Chantoit  chascun  en  son  ' 
patois,  Li  uns  en  haut,  li  autre  en  bas,  la  Rose,  709. 
Si  ot  [Raison]  ou  chief  une  coronne,  Bien  resem- 
bloit  haute  personne,  ib.  2992.  Le  [la]  seconde  ma- 
nière, si  est  quant  on  se  met  du  haut  et  du  bas  el 
dit  en  l'ordenance  de  cix  [ceux]  qui  sunt  esleu  ar- 
bitre, BEAUM.  XLi,  34.  De  ce  tertre  cheoit  le  flum,  et 
leur  sembloit  que  il  y  eust  grant  foison  d'arbres  en  I 
la  montaigne  en  haut,  joinv.  220.  ||  xiv*  s.  Quant  le 
faulcon   qui   vole    est   enmy   son   hault ,   Modus ,  : 
f°  Lxxxv,  verso.  Se  misrent  hault  et  bas  [entière-  j 
ment]  &  sa  merci,  Chron.  de  St  Denis,  t.  1,  f"  4 62,  ^ 
dans  LACURNE.  Comme  il  fust  si  grant  philosophe 
et  si  merveilleux  maistre  en  toute  escripture,  si  es- 
toit il  de  haute  vie  et  aournée  de  bonnes  mœurs  et 
de  haultes  vertus,  ib.  i'  4  28.  Taillables  haut  et  bas 
à  volonté  [gens  à  qui   leurs  seigneurs   pouvaient  ! 
imposer  telle  taille  qu'ils  voulaient],  Ordonn.  des 
rois,  t.  III,  p.  64.  Il  XV"  s.  S'en  affuit  par  devers  ses 
naves  tout  desconfit,  et  ne  remmena  de  bien  sept 
mille   hommes  qu'il  avoit  avec  lui,  plus  haut  de 
trois  cents,  froiss.  i,  i,  i8(.  Et  sentoient  qu'ils  n'a-  j 
voient  raie  pourveances  assez  pour  eux  tenir  plus  1 
haut  de  dix  jours,   iD.  i,  1,  4  90.  Quand  il  fut  haut 
jour  et  ils  purent  connoistre  l'un  l'autre ,  aucuns  ' 
chevaliers  et  escuyers  se  recueillirent  ensemble  et  j 
combattirent  moult  vaillamment  aux  Anglois,  m.  i,  [ 
I,  327.   Chevauchèrent  tant  messire  Thomas  et  son  1 
fils  que  ils  vinrent  à  Mauros  ;  et  là  se  logèrent  de  ' 
haute  heure  pour  rafreschir  eux  et  leurs  chevaux, 
ID.  Il,  II,  4  6.  la  nature  des  Allemans  Est  où  ilz  sce- 
vent  bien  roumans,  Puisqu'il   i  ait  un  seul  Fran-  j 
çois.  Si  demourroit  entre  eulx  dix  ans,  Jà  n'i  parle- 
ront que  thyois   [allemand],  Et  l'esgardent  sur  le  j 
travers;  D'un  hault  langaige  chascun  crie,  e.  desch.  , 
Poésies  mss.  f°  364.  Nulz  ne  voit  [va]  oïr  haulte  • 
messe;  Car  le  diraenche  pour  la  presse  Tous  en-  | 


HAU 

semble  et  chascun  se  passe  Moult  legierement  d'une 
basse,  id.  i'().  f"  408.  Congnoissant  les  haulx  et  les 
bas,  VILLON,  Bail,  des  Écoutants.  Il  se  laissa  cheoir 
du  haut  de  lui,  menant  très  piteux  deul,  en  re- 
grettant sa  bonne  femme,  Louis  xi,  Nouv.  XLVii.  Si 
dist  aux  bonnes  gens  :  où  sont  les  traistres  qui  sont 
du  lignage  Damant  et  qui  en  celle  forest  veulent 
i  faire  du  hault  a.ssis  [trancher  du  souverain]?  Pcr- 
■  eefor.  t.  iv,  f"  133.  Combien,  mais  ne  parlez  point 
I  hault  [ne  dites  pas  un  prix  élevé],  Coustera  toute  la 
marée?  Recueil  de  farces,  p.  4  43.  ||  xvi"  s.  L'incre- 
I  dulité  est  si  haut  enracinée  et  si  fort  attachée  au 
cœur  des  hommes...,  calv.  Instit.  434.  Ce  qui  fayt 
le  quaresme  si  haut,  rab.  Pant.  u,  1 1 .  Là  hault  [au 
I  ciel],  MONT.  I,  68.  On  les  a  veu  voler  d'une  aile  si 
haulte,  que....  id.  i,  444.  Rencontrant    [dans  un 
livre]  une  pièce  haulte,  riche  et  eslevée  jusques 
aux  nues,  id.  i,  4  66.  Le  hault  bout  d'une  table,  id. 
'  I,  4  68.  Consolants  la  mère  de  Brasidas,  de  la  mort 
de  son  fils,  et  le  hault  louants  jusques  dire  que.... 
!  id.  i,  2S4.  Alexandre  dormit  si  profondement  et  si 
j  haulte  matinée....  id.  i,  339.  Le  hault  mal,  id.  m, 
206.  Tomber  de  hault,  id.  iv,  204.  La  folie  d'avoir, 
sur  le  haut  de  son  âge,  prins  une  fille  si  jeune 
'd'ans,  desper.  Contes,  vi.  Et  qu. .nd  ils  verroyent 
les  hautes  payes  qui  leur  seroyeiit  données,  ils  ne 
se  feroyent  gueres  tirer  l'aureiUe,  langue,  267.  Il 
commanda  qu'on  se  mist  en  ordre  sur  un  petit 
haut,  pour  oster  aux  ennemis  la  veue  d'un  vallon, 
ID.  649.  Le  peuple  luy  cria  tout  hault  qu'il  ne  le 
vouloit  point,  AMTOT,  Péricl.  34.  Un  ouvrier  tumba 
d'adventure  du  hault  en  bas,  id.  16.  3.  Voulant 
faire  penser  le  peuple  à  toutes  choses  haultes  et 
grandes,  id.  ib.  37.  Une  sorte  de  navire  bonne  à 
cingler  en  haulte  mer,  id.  ib.  64.  La  mer  par  plu- 
sieurs jours  se  tint  fort  haulte,  et  fut  tousjours  fort 
courroucée,  id.  Timol.  27.  Sa  gloire  s'espandit  par 
toat  jusques  aux  plus  haultes  et  loingtaines  pro- 
vinces de  l'Orient,  id.  Pélop.  54.  Et,  prenant  son 
espée  à  deux  mains  par  le  manche,  il  se  laissa  tom- 
ber de  son  hault  sur  la  pointe  et  se  tua  ainsi,  id. 
Brutus,  63.  Il  luy   demanda  comment  il  dormoit 
ainsi    si  haulte   heure ,   en   homme   qui    a  desja 
vaincu,  ID.  Alex.  60.  Aiant  fait  trotter  l'artillerie 
haut  le  pied,  d'aub.  Hist.  i,  304.  Les  croquans  qui 
eurent  plus   de  courage  tirèrent,  et  sans  passer 
l'oeuil  à  la  mire,  pourtant  presque  tous  firent  haut, 
ID.  ib.  IV,  383.  Les  Suisses  firent,  sur  le  gros  du 
combat,  haut  le  bois  ;  et  ne  fut  pas  possible  de  les 
faire   combattre,    carloix,    i,    44.   Or   aviez  vous 
mandé  par  toutes  les  batteries  que  chacun  char- 
geast,  amorçast  et  pointast  ses  pièces  droit  au  don- 
jon du  chasteau,  tous  prêts  à  faire  haut  les  bras, 
SULLY,  Mém.  t.  IV,  p.  462,  dans  lacurne.  Encores 
aujourd'hui,  adjoustoit-il,  quand  le  turc  passe  par 
les  rues,  on  ne  s'oseroit  tenir  es  fenestres  et  le  re- 
garder du  haut  en  bas;  et  c'est,  ce  me  semble,  que 
ceux  qui  sont  les  plus  hauts  semblent  mespriser  ce 
qui  est  plus  bas  qu'eux,  bouchet,  Serées ,  liv.  m, 
p.  27» ,  dans  lacurne.  Il  l'eust  faict  appeller  [en 
duel]  ;  car  il  estoit  hault  à  la  main  et  prompt  à  la 
vengeance,  brant.  Launoy.  Rigaut  [nom  d'un  chien] 
qui,  de  haut  nez,   est  toujours  le  premier,  Et  qui 
rembuche  mieux  un  cerf  de  haultes  erres,  am.  jamin, 
Poésies,  p.  64,  dans  lacurne.  Qui  plus  haut  monte 
qu'il  ne  doit,  de  plus  haut  chet  qu'il  ne  vouldroit, 
cotgrave. 

—  ÊTYM.  Berry,  hiaut  ;  provenç.  ait,  aut;  cat. 
ait;  e.sp.  port,  et  ital.  alto;  du  latin  altus,  qui, d'a- 
près Festus,  serait  le  participe  passif  de  a/ere,  nour- 
rir, et  signifierait  proprement  accru  par  la  nourri- 
ture. L'/i  est  due  à  la  tendance  qu'a  eue  la  langue 
pour  la  prostbèse  d'une  h:  huile,  huit,  huilre, 
hurler,  etc. 

HACT-Â-BAS  (hô-ta-bâ),  s.  m.  Terme  vieilli. 
Porte-balle,  petit  mercier  qui  porte  sur  son  dos 
une  balle  où  sont  ses  marchandises.  ||  Au  plur.  Des 
haut-à-bas. 

—  ÉTVM.  Haut,  à,  bas,  c'est-à-dire  homme  qui 
met  le  haut,  sa  charge  qu'il  a  sur  le  dos,  d  bas, 
pour  déballer  et  montrer  ses  marchandises. 

HAUT-A-HAUT  (hô-ta-hô),  s.  m.  Cri  de  chassa 
pour  appeler. 

4.  HAUTAIN,  AINE  (hô-tin,  tè-n'),  adj.  \\  1°  Qui 
s'élève  haut  par  sa  fierté  et  sa  magnanimité.  Et 
dans  ces  grands  tombeaux  où  leurs  âmes  hautaines 
[des  rois]  Font  encore  les  vaines,  Ils  sont  mangés 
des  vers,  malii.  i,  3.  Avec  des  qualités,  où  votre* 
âme  hautaine  Trouvera  mieux  de  quoi  mériter  une 
reine,  corn.  Sertor.  v,  4.  Nous  verrons  la  vertu  de 
cette  âme  hautaine,  id.  lléracl.  m,  2.  C'est  le  plus 
prompt  de  tous  comme  le  plus  certain,  Et  le  plus 
digne  aussi  d'un  courage  hautain,  maih.   Sophon. 


HAU 


1995 


m,  2.  Ces  conseils  n«  plairont  qu'à  des  âmes  hau- 
taines, RAC.  Alex.  I,  2.  Il  11  se  dit  aussi  des  choses 
en  ce  sens.  En  cette  hautaine  entreprise  Comnmno 
à  tous  les  beaux  esprits,  malh.  m,  2.  Kt  ce  hautain 
désir  qui  te  fait  mépriser  Plaisirs,  trésors,  gran- 
deurs pour  t'immortaliser,  Régnier,  Sat.  v.  Ainsi 
mon  vol  hautain  attend  un  sort  fuiieste,  tbistan, 
Panthée,  11,  3.  ||  Ce  sens,  qui  est  la  plus  près  du 
sens  primitif,  vieillit.  ||  2"  Qui  pousse  la  hauteur 
d'âme  jus(iu'à  l'arrogance  et  à  la  superbe.  [Le  jeune 
homme]  Hautain,  audacieux,  conseiller  de  soi-même, 
Et  d'un  cœur  obstiné  se  heurte. à  ce  qu'il  aime, 
RÉGNIER,  Sat.  v.  Maintenant  que  je  ne  suis  plus  que 
l'ombre  d'Alexandre,  je  reconnais  qu'Alexandre 
était  trop  hautain  et  trop  superbe  pour  un  mortel, 
FÊN.  Dial.  des  morts  anc.  [Alexandre,  Aristote). 
Kautain  est  toujours  pris  en  mauvaise  part;  c'est 
l'orgueil  qui  s'annonce  par  un  extérieur  arrogant, 
VOLT.  Dict.  phil.  Hautain.  Les  hommes  pardonnent 
quelquefois  aux  femmes  d'être  hautaines,  parce 
qu'ils  leur  passent  tout;  mais  les  femmes  ne  la 
leur  pardonnent  jamais,  id.  ib.  Quand  vous  lisez 
les  lettres  de  Jean  Sobiesky,  vous  le  voyez  conqué- 
rant tracassé  par  une  femme  hautaine;  vous  le 
voyez,  de  la  tente  du  grand  vizir,  du  miUeu  des 
trésors  qu'il  a  conquis ,  écrivant  à  cette  épouse 
dont  il  ménage  l'orgueil,  dont  il  flatte  la  coquette- 
rie, et  lui  promettant  les  riches  dépouilles  du  ha- 
rem du  vizir,  VILLEMAIN,  Litt.  fr.  4  8"  siècle,  i'  part. 
4"  leçon.  Il  Substantivement.  L'insolent  est  à  l'é- 
gard du  hautain  ce  qu'est  le  hautain  à  l'égard  de 
l'impérieux;  ce  sont  des  nuances  qui  se  suivent,  et 
ces  nuances  sont  ce  qui  détruit  les  synonymes, 
VOLT.  Dict.  phil.  Hautain.  |{  Il  se  dit  aussi  des 
choses.  Je  saurai  bien  rabattre  une  humeur  si  hau- 
taine, CORN.  Cid,  II,  6.  Leurs  enfants  ont  déjà  leur 
audacehautaine,  RAC.  4(/iai.  m,  3.  Moins  piqué  d'un 
discours  si  hautain  Que  touché  des  malheurs  où  cet 
État  s'expose,  volt.  Brut,  i,  2.  Vous  voyez  cet  Assur 
dont  la  grandeur  hautaine  Traîne  ici  sur  ses  pas 
un  peuple  de  flatteurs,  id.  Sémiram.  i,  3. 

—  HIST.  XI"  s.  Très  qu'en  la  mer  [il]  conquist  la 
tere  altaigne,  Ch.  de  Roi.  1.  ||  xii"  s.  Jusqu'à  la  mer 
altagne  [la  haute  mer],  Ronc.  p.  4.  Demain  [je]  les 
ferai  pendre  [les  messagers]  par  dessus  cest  rivage, 
Ou  saillir  de  la  tour  du  plus  hautain  estage,  Sas. 
xxvi.  Ou  saillir  contreval  d'une  tour  moult  hau- 
taine, ib.  xxx.  Il  XIII"  s.  Lors  [elle]  crie  de  rechef  et 
plore  à  vois  autaine ,  audefr.  le  bast.  Romane, 
p.  44.  Douce  dame,  en  despit  ne  vos  veigne  Se  vos 
avez  mon  cuer  entièrement;  Se  je  sui  bas  et  vous 
estes  hautaigne  [de  haut  rang],  Servirai  vos  toz 
jors  plus  humlement,  Ifss.  depoés.  fr.  avant  4  3oo, 
t.  I,  p.  83,  dans  LACURNE.  Il  XIV*  s.  Quant  lu  veux 
que  ton  faulcon  soit  hautain  et  prengne  son  hault, 
Modus,  f"  LXXXV.  Helas!  dame,  je  vous  asseure  Qua 
je  ne  suis  jamais  une  heure  Sans  penser  à  ce  haul- 
tain  bien,  Lequel  par  vous  j'entens  très  bien,  l'Al- 
chim.à  nat.  4  39.  ||  xv"  s.  U  [le  comte  de  Flandre] 
n'a  pas  le  cœur  si  dur  ni  si  hautain  que,  quand  il 
nous  verra  en  tel  estât,  il  ne  doie  avoir  merci  [Phi- 
lippe d'Artevelle  aux  Gantois],  froiss.  ii,  u,  4  6.1. 
Incontinent  que  le  mary  d'icelle  Perrine  fut  cou- 
chié,  chut  auprès  d'elle  de  maladie  caduque;  dont 
icelle  print  telle  paour,  qu'elle  fut  en  voye  d'en 
devenir  haultaine  [épileptique],  du  cange,  altéra- 
tus.  Il  XVI"  s.  11  treuve  leur  route  trop  haultaine  et 
inaccessible,  mont,  ii,  4  4  6.  Le  rugissement  liaul- 
tain  et  espovantable  de  ce  lion,  id.  ii,  4»2.  Ceulx 
qui  prennent  mon  silence  pour  une  trop  haultaine 
confiance  ne  m'en  veulent  gueres  moins,  id.  iv, 
203.  Puis,  après  plusieurs  haultaines  [brillantes] 
expéditions,  retourna  en  glorieux  triomphe,  yvkii. 
p.  644 .  Il  avoit,  à  ce  que  l'on  dit,  la  voix  plus  forte 
et  plus  haultaine  qu'homme  qui  fust  en  toute  la 
ville  d'Athènes,  amyot,  Aie.  54. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  haut.  Dans  l'ancienne  lan- 
gue hautain  a  son  sens  pro|ire  :  une  tour  hautaine, 
une  voix  hautaine,  tour,  voix  élevée. 

t  2.  HAUTAIN  (hô-tin),  s.  m.  Bois  vivant  ou 
mort,  mais  beaucoup  plus  grand  qmj  l'échalas, 
et  destiné  à  supporter  la  vigne  dans  certains  pays. 
Vigne  sur  hautain. 

—  HIST.  XVI"  s.  Ces  vignes  taillées,  appellées  es 
Cevennes  de  Vivarez,  hautaignes,  ainsi  dites  pour 
leur  hauteur,  ont  quelque  conformité  avec  les  hau 
tins  qu'on  void  le  long  de  la  rivière  de  Loire,  au 
païs  d'Anjou,  en  Piedmont,  en  Italie  et  ailleurs, 
horsmis  qu'il  n'y  a  aucuns  arbres  pour  aider  à  les 
supporter,   ains  seulement   de  bois  mort,  o.  db 

SF.RRKS,   4  87. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  haut  ;  génev.  hutins,  hutains. 
HADTAINEMENT   (  hô-tÈ-ne-man  ) ,   adv.   D'una 


1996 


HAU 


manière  haulaini'.  Ici  son  insolence  est  un  peu 
réprimée  ;  Assez  haulainement  je  me  suis  expri- 
mée, TRISTAN,  M.  de  Chrispe,  iv,  3. 

—  lllST.  XVI'  ».  Parler  hautalnement,  amyot, 
Pyrrhus,  if, 

—  Etym.  Hautaine,  et  le  suffixe  ment. 

f  HAUTAINETÉ  (hô-tc-ne-té),  s.  f.  Terme  vieilli 
mais  bon  à  remettre  en  usage.  Caractère  hautain. 

—  lllST.  XIV*  s.  Icellui  Mathelin  veant  l'arrogance 
ft  hautaineté  du  dit  Rabaut,  qui   s'efforçoit  de  le 

injurier,  rni  cange,  allitudo.\\xvi'  s Afin  que 

Martius  contre  son  naturel  fust  contraint  de  s'hu- 
milier, et  abaisser  la  haultaineté  et  fierté  de  son 
cueur,  AMYOT,  Aie.  et  Cor.  comp.  e.  Comme  les 
orages  et  tcrapestes  se  piquent  contre  l'orgueil  et 
haultaineté  de  nos  bastiments,  mont,  i,  168. 

—  Etym.  Dérivé  de  hautain  t. 

HAUTBOIS  (hô-boî;  \'s  se  lie  :  un  hô-bo!-z  har- 
monieux), s.  m.  Il  1°  Instrument  à  anche  terminé 
par  un  petit  pavillon,  et  dont  les  sons  rappellent 
ceux  de  la  musette,  mais  avec  bien  plus  de  dou- 
ceur. Lorsque  Ran>eau  donna  son  premier  opéra 
(Ilippnlyte  et  Àrtcie,  <733),  l'instrumentation  avait 
fait  de  grands  progrès  :  la  flflte  traversière,  qu'on 
appelait  alors  flûte  allemande,  avait  remplacé  la 
flûte  à  bec;  les  hautbois  s'étaient  perfectionnés,  se 
jouaient  avec  des  anches  plus  fines  et  avaient  acquis 
plus  de  douceur  et  de  moelleux,  ad.  adam,  Derniers 
souvenirs  d'un  musicien,  Gossec,  §  m.  ||  Par  un 
calembour  sur  hautbois  et  haut  bois ,  jouer  du 
hautboiSj  abattre  une  haute  futaie  avant  le  temps. 
Il  Kig.  Hautbois  désigne  la  poésie  pastorale,  comme 
la  flûte  désigne  la  poésie  douce,  et  la  trompette  la 
poésie  guerrière  et  majestueuse.  Mais  souvent  dans 
ce  style  [le  style  pastoral]  un  rimeur  aux  abois 
Jette  là,  de  dépit,  la  flûte  et  le  hautbois,  Et, 
follement  pompeux  en  sa  verve  indiscrète.  Au  mi- 
lieu d'une  églogue  entonne  la  trompette,  bqil.  Art 
p.  II.  Il  2°  Musicien  qui  joue  du  hautbois.  Oui,  ma 
fille ,  neveu  d'un  trompette ,  et  frère  aîné  d'un 
taml'our;  il  y  a  même  du  hautbois  dans  ma  famille, 
MARIVAUX,  Préj.  vaincu,  se.  i.  ||  3°  Jeu  de  l'orgue, 
compris  parmi  les  jeux  d'anche.  ||  i"  Quinte  de  haut- 
bois, se  dit  du  cor  anglais.  Basse  de  hautbois,  bas- 
son.   Contre-basse  de   hautbois,  contre-basson. 

—  HIST.  xvi*  s.  Jean  d'Estrée  ,  joueur  de  haut- 
bois du  roy,  a  mis  en  notes  de  musique  quatre  li- 
vres de  danseries....  du  verdier,  Biblioth.  p.  688, 
dans  LACunNE. 

—  ETYM.  Haut,  et  bois,  bois  (flûte)  dont  le  ton 
est  haut;  c'est  l'instrument  aigu  de  la  famille  du 
basson  et  du  cor  anglais.  L'italien  oboe  n'est  que  le 
mot  français  prononcé  et  écrit  à  l'italienne. 

t  HAUTBOÏSTE  (hô-bo-i-sf) ,  s.  m.  et  f.  Celui, 
celle  qui  joue  du  hautbois.  C'est  un  bon  hautboïste. 
Il  est  rare  de  trouver  une  hautboïste.  Les  haut- 
boïstes de  l'Opéra  (en  (074)  soufflaient  à  plein 
tuyau  de  toute  leur  force,  produisant  un  son  dur 
<ît  canard  sans  nuances,  c.  blaze,  Hist.  de  l'Acad. 
de  musique,  t.  ii,  p.  344. 

—  ÉTYM.  Hautbois,  et  la  finale  iste. 
HAUT-DE-CHAUSSES   ou    HAUT-DE-CHAUS.SE 

(hô-de-chô-s') ,  s.  m.  Ancien  nom  de  la  partie  du 
vêtement  de  l'homme  qui  le  couvre  depuis  la  cein- 
ture jusqu'aux  genoux  et  qui  était  retenu  par  une 
ceinture  mobile.  On  dit  aujourd'liui  culotte.  ||  Fig. 
Cette  femme  porte  le  haut-de-chausse,  elle  est  maî- 
tresse au  logis,  reliante  est  une  maîtresse  femme, 
et,  si  je  ne  me  trompe,  elle  a  la  mine  de  porter  le 
haut-de-cliausses ,  hauïeboche,  Crispin  médecin,  i, 

t et  nous  voyons  que  d'un  homme  on  se  gausse 

Quand  sa  femme  chez  lui  porte  le  haut-de-chausse, 
MOL.  Femmes  sav.  \,  3.  ||  Auplur.  Des  hauts-de- 
chausse  ou  hauts-de-chausses. 

—  HlST.  XVI*  s.  Tout  cela  ne  va  pas  trop  mal  [il 
s'agit  des  répc  nies  d'un  chef  de  sauvages]  ;  mais  quoy  I 
ils  ne  portent  pasdehault  déchausses,  mont,  i,  247. 

—  Etym.  Le  haut  de  la  chaitsse  ou  des  bas,  pai-ce 
quecette  partie  du  vêtement  se  joignait  aux  chausses 
ou  bas. 

t  HAUTE-BONTÉ  (h4-te-bon-té),  s.  f.  Nom  d'une 
jariété  de  pomme  qui  mûrit  en  automne.  ||  Au 
plur.  Des  hautes-bontés. 

—  Etym.  Haute,  et  bonté. 

HAUTE-COMTRE  (h6-te-kon-tr'.  Ménage  remar- 
que au  mot  basse-contre,  que  de  son  temps  la  pro- 
nonciation était  haute-conte),  s.  f.  ||  !•  Terme  de 
musique.  La  plus  haute  voix  d'homme,  celle  qui  est 
au-<lessus  du  t^nor.  Les  bergers  faisaient  la  haute- 
contre  ou  la  bas,se,  volt.  liabyl.  4.  ||  8°  Celui  qui  a 
une  voix  de  haute-contre.  C'est  une  belle  haute- 
contre.   Il  jluplur.  Des  hautes-contre. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ti  me  semble  qu'encor  j'oy  dans 


H.\U 

un  vert  buisson  D'un  savant  rossignol  la  trembliinlc 
chanson.  Qui,  tenant  or  la  taille,  ore  la  haute-contre. 
Or  le  mignard  dessus,  ore  la  basse-contre,  duhar- 
TAS,  dans  ménage. 

—  ETYM.  Haut,  et  contre,  qui,  en  musique,  se 
prend  souvent  pour  exprimer  ce  qui  est  poussé  à 
un  degré  extrême. 

t  IIAUTE-MSSIER  (hô-te-li-sié),  s.  m.  Ouvrier 
qui  travaille  au  métier  de  haute  lisse. 

—  ÉTYM.  Voy.  LISSE. 

HAUTEMENT  (hô-te-man),  adv.  \\  1"  Avec  hau- 
teur, orgueil.  Le  superbe  entreprend  hautement  les 
choses,  Boss.  2*  sermon.  Démons ,  2.  L'homme,  de 
sa  nature,  pense  hautement  et  superbement  de  lui- 
même,  et  ne  pense  ainsi  que  de  lui-même,  la 
BRUY.  XI.  Il  Avec  hauteur,  gloire.  Ce  choix  pouvait 
combler  trois  familles  de  gloire,  Consacrer  haute- 
ment leurs  noms  à  la  mémoire,  corn,  Hor.  ii,  ). 
Mais  d'Assur  hautement  le  triomphe  s'apprête,  volt. 
Sémiram.  m,  B.  ||  Avec  hauteur,  vigueur.  Pour  les 
mettre  en  déroute,  eux  et  tous  leurs  complices,  Je 
n'ai  qu'à  déployer  l'appareil  des  supplices.  Et  pour 
soldats  choisis  envoyer  des  bourreaux  Qui  portent 
hautement  mes  haches  pour  drapeaux,  corn.  Pomp. 
IV,  B.  Prusias  :  Et  que  dois-je  être  ?  —  Nicoraède  : 
Roi;  Reprenez  hautement  ce  noble  caractère,  id. 
Nicom.iv,  3.  Ma  main  bientôt  sur  eux  m'eût  vengé 
hautement,  id.  Hor.  m,  b.  J'emprunte  du  secours 
et  le  fais  hautement,  id.  Nicom.  m,  8.  Il  [Char- 
les XII]  fit  demander  hautement  à  l'empereur  d'Al- 
lemagne l'exécution  du  traité  d'Altranstad,  volt. 
Charles  XII,  8.||  2"  D'une  manière  manifeste.  César 
en  fut  épris,  et  du  moins  j'eus  la  gloire  De  le  voir 
hautement  donner  lieu  de  le  croire,  id.  Pomp.  I,  3. 
Et  dans  ce  grand  revers  je  l'ai  vu  hautement  Digne 
d'être  mon  frère  et  d'être  mon  amant,  id.  Héracl. 
III,  3.  Montrons-leur  hautement  que  nous  avons  des 
yeux,  ID.  Nicom.  iv,  6.  ||  3°  Hardiment,  librement, 
résolument.  Allons  de  sa  réponse  à  votre  com- 
pliment Prendre  l'occasion  de  parler  hautement, 
corn.  Nicom.  ii,  4.  Et  je  remerctrai  qui  me  dit  hau- 
tement Qu'il  ne  m'est  plus  permis  de  vaincre  impu- 
nément, iD.  ib.  II,  3.  Notre  malheureuse  reine, 
donnons-lui  hautement  ce  titre  dont  elle  a  fait  un 
sujet  d'actions  de  grâces ,  boss.  Heine  d'Anglet. 
Ce  que  vous  dites  vous-mêmes  encore  plus  souvent 
et  plus  hautement  que  moi,  bodrdal.  (4*  dim. 
après  la  Pentec.  Dominic.  t.  iii,  p.  4(4.  Il  a  été, 
parmi  les  hommes  en  place,  un  des  premiers  qui 
aient  hautement  préféré  les  sciences  aux  talents 
frivoles,  les  arts  nécessaires  aux  arts  agréables, 
condorcet,  Maurepas.  \\  4°  X  voix  haute.  Et  dites 
hautement  à  quel  prix  votre  choix  'Veut  faire  l'un 
de  nous  le  plus  heureux  des  rois,  corn.  Rodog.  m, 
4.  J'ai  voulu  l'acheter,  l'édit,  expressément.  Afin  que 
d'Isabelle  il  soit  lu  hautement,  mol.  Éc.  des  mar. 
II,  0.  Elle  [à  l'agonie]  se  conformait  aux  ordres  de 
Dieu,  elle  lui  offrait  ses  souffrances  en  expiation  de 
ses  fautes,  elle  professait  hautement  la  foi  catho- 
lique et  la  résurrection  des  morts,  boss.  Duch. 
d'Orl.  Il  Fig.  Deux  sceptres  en  ma  main,  Albe  à 
Rome  asservie  Parlent  bien  hautement  en  faveur  de 
sa  vie,  corn.  Hor.  v,  3.  La  douleur  d'une  mère  Parle 
plus  hautement  à  ses  sens  oppressés  Que  le  sang  de 
Ninus  et  mes  crimes  passés,  volt.  Sémiram.  v,  i. 

—  HIST.  XI*  s.  Montjoie  [il]  escrie  et  haltement 
et  clair,  Ch.dellol.  CXLV.  l|xii*  s.  Il  parla  hautement, 
bien  fist  oïr  sa  vois,  Sax.  xvni.  David  receut  halte- 
ment les  messages  e  le  mandement.  Rois,  p.  (30. 
Il  XIII*  s.  Les  cloches  de  la  ville  sonnèrent  haute- 
ment, Berte,  ix.  Etli  chevaliers  erraument  [promp- 
tement]  Se  chance,  que  plus  ni  atent;  Puis  est  en 
la  sale  venuz.  Où  hautement  est  receûz,/le?i.  2-2(98. 
Il  XV*  s.  Et  quand  nous  serons  près,  nous  ferirons 
chevaux  des  espérons  et  crierons  nos  cris  hautement, 
PBOiss.  I,  I,  229.  Il  XVI*  s.  Il  s'esmcrveilloit  comme  ilz 
louoientsi  haultement  ce  qui....  amyot,  Péric.  73. 

—  ÉTYM.  Haute,  et  le  suffixe  ment;  provenç.  al- 
tament,  autament;  espagn.  et  ital.  c^ltamenle. 

HAUTESSE  (hô-tè-s'),  s.  f.  ||  1°  Au  sens  propre  qui 
n'est  plus  usité,  élévation,  hauteur.  Ce  mystère  sur- 
passe par  sa  hautesse  la  mesure  de  notre  sens,  Con- 
fess.  de  foi  protest,  dans  boss.  Euch.  i,  4.  ||  2°  Titre 
qu'on  donne  au  sultan  ;  en  cet  emploi,  on  met 
une  majuscule.  J'ai  envoyé  à  la  fois  des  montres 
à  Sa  Hautesse  Moustapha  et  à  Sa  Majesté  Impériale 
russe  qui  bat  toujours  Sa  pauvre  Hautesse,  volt. 
■Lett.  Audibert,  2  oct.  (77(. 

—  HIST.  xiii*  s.  Pour  quoi  je  perderai  la  hautesse 
(le  haut  rang]  et  l'onor,  audf.fr.  le  bast.  Roman- 
cero, p.  33.  Au  noble  et  au  poissant  baron,  à  son 
très  chicr  signer,  à  Thicbaut  par  la  grâce  de  Dieu 
roi  de  Navarre....  Sire,  sache  lavotrcHautcceque.... 


RAU 

DU  CANGE,  altitudo.  Semblant  lor  fait  d'estre  loiaus 
Quant  lor  départ  de  ses  joiaus.  Comme  d'onors  et  il" 
richesses,  Dcdignetés  et  de  hautesces,  la  Rose,  486h 
Il  commença  à  edefier  moustiers  et  pluscursmesoi;, 
de  religion  ;  entre  Icsquiex  l'abbaye  de  Royaumoiii 
porte  l'onneur  et  la  hautesce,  joinv.  298.  L'onor  c; 
la  hautesce  que  chevaliers  et  chevalerie  a  et  deii 
aveir  sortotes  autres  manieresde  gens, .4«.  de ./^r.  i, 
(87.  ||xvi*s.  Reduittesde  la  haultesse  de  tous  biens 
et  tous  honneurs  mondains  à  une  vie  basse  et  pri- 
vée, amyot,  Timol.  22.  Une  grandeur  et  hautesse  de 
courage,  m.  Péric.  7. 

—  ETYM.  Haut;  provenç.  alteia,  auteta;  catal, 
allesa;  espagn.  et  portug.  alteza;  ital.  alteiza.  Dans 
l'ancienne  langue,  hautesse  a  tous  les  sens  que  com- 
porte un  substantif  dérivé  de  haut. 

HAUTE-TAILLE  (h5-te-tà-ll' ,  W  mouillées),  ». /". 
Ancien  terme  de  musique  qui  se  disait  par  opposi- 
tien  à  basse-taille.  C'est  la  taille  ou  ténor.  ||  Av 
plur.  Des  hautes-tailles. 

—  ÉTYM.  Haut,  et  taille,  au  sens  de  ténor. 
HAUTEUR  (hO-teur),  s.  f.  ||  1"  Dimension  d'un 

corps  considéré  du  bas  à  son  sommet.  Cet  ani- 
mal a  trois  pieds  et  demi  de  hauteur.  La  hauteur 
de  la  marée.  Les  eaux  atteignirent  une  h.iuteur  con- 
sidérable. En  Grèce,  M.  Bernoulli  a  déterminé  la 
hauteur  de  l'Olympe  à  I0I7  toises,  buff.  Add.théor. 
tcrr.  Œuv.  t.  xii,  p.  437.  ||  Tomber  de  sa  hauteur, 
tomber  tout  de  son  long.  ||  Fig.  Penser  tomber  de 
sa  hauteur,  être  saisi  de  surprise.  Et  le  pauvre 
voleur,  ne  trouvant  plus  son  gage.  Pensa  tomber 
de  sa  hauteur,  la  font.  Fabl.  x,  6.  ||  Hauteur  d'ap- 
pui, hauteur  suffisante  pour  qu'on  puisse  s'ajjpuyer 
et  qui  est  évaluée  à  un  mètre  environ.  ||  Fig.  Vous 
les  remettriez  bientôt  à  hauteur  d'appui  [à  leur 
place],  sftv.  (((.  Il  Hauteur  de  marche  d'escalier, 
27  centimètres.  ||  Terme  de  construction.  Bâtiment 
arrivé  à  sa  hauteur  ,  bâtiment  dont  les  assise» 
sont  assez  élevées  pour  recevoir  la  charpente.  Le 
roi  alla  faire  le  tour  de  son  nouveau  parc,  et  trouva 
les  murailles  à  hauteur  presque  partout,  danoead, 
I,  4B,  22  août  (684.  Il  Hauteur  du  baromètre,  la 
longueur  de  la  colonne  de  mercure,  qui  varie  sui- 
vant les  lieux  et  les  temps.  ||  Terme  de  géographie. 
Hauteur  absolue,  hauteur  d'une  montagne,  d'un 
lieu  au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  Hauteur  rela- 
tive, hauteur  d'une  montagne  au-dessus  du  sol 
sur  lequel  elle  s'appuie.  ||  Terme  de  géographie 
botanique.  Hauteur  de  la  végétation,  hauteur  à  la- 
quelle les  végétaux  cessent  de  croître.  ||  2*  Il  se  dit 
de  ce  qui  va  en  montant.  Un  chemin  que  sa  hau- 
teur et  son  âpreté  rendent  toujours  assez  difficile, 
Boss.  Reine  d'Anglet.  \\  3°  L'élévation  d'un  corps 
au-dessus  de  la  terre  ou  d'une  surface.  Les  aigles 
volert  à  une  très-grande  hauteur.  La  hauteur  des 
nuages.  ||  Terme  de  géométrie.  Distance  la  plus 
courte  d'un  point  à  une  ligne  ou  à  un  plan.  La  hau- 
teur d'un  triangle  ou  d'une  pyramide  est  la  longueui 
de  la  perpendiculaire  abaissée  du  sommet  sur  la 
base.  Il  Terme  de  marine.  La  hauteur  entre  les  ponts, 
intervalle  qui  sépare  deux  ponts.  ||  4*  Terme 
d'astronomie.  Quantité,  mesurée  par  un  arc  de 
grand  cercle,  dont  un  astre  est  élevé  au-dessus 
de  l'horizon.  La  hauteur  d'un  astre.  La  hauteur  du 
pôle.  Il  Hauteur  méridienne,  la  distance  d'un  astre 
à  l'horizon,  au  moment  où  cet  astre  passe  par  le 
méridien.  ||  Hauteur  du  soleil,  le  point  où  cet  astre 
est  à  midi.  Prendre  la  hauteur  du  soleil,  ou, 
simplement,  prendre  hauteur,  observer  avec  un  in- 
strument la  hauteur  angulaire  du  soleil  sur  l'hori- 
zon. Les  Arabes  n'ont  pas  un  pilote  qui  sache 
prendre  hauteur,  volt.  Hceurs,  loi.  Parler  de  faire 
le  point  ou  de  prendre  hauteur  eût  été  de  l'hébreu 
pour  nos  marins,  ciiateair.  Itin.  [lartie  3*.  ||  Terme 
de  marine.  Être  à  la  hauteur  d'une  île,  d'une  ville, 
être  dans  le  même  parallèle,  dans  le  même  degiL' 
de  latitude;  locution  qui  vient  de  ce  que,  quand 
on  est  dans  le  même  parallèle  que  l'ile,  on  n'est  ni 
au-dessus  ni  au-dessous  de  cette  île^  par  rapport  au 
pôle,  par  exemple.  ||  5°  Colline,  éminenco.  J'ap- 
proche d'une  petite  ville,  et  je  suis  déjà  sur  une 
hauteur  d'où  je  la  découvre;  elle  est  située  i  uii- 
côle,  une  rivière  baigne  ses  mure,  la  Bniiv.  v. 
Chargé  de  m'emparer  d'une  hauteur  voisino  Qui 
voit  le  camp  romain,  le  serre  et  le  domine,  sajuili. 
Spart.  IV,  (.  Enfin  une  dernière  hauteur  reste  .i  dé- 
passer; elle  louche  à  Moscou,  qu'elle  domine;  c'e^l 
le  Mont  du  Salut;  il  s'appelle  ainsi  parce  (]ui'.  do 
son  sommet,  à  l'aspect  de  leur  ville  sainte,  les  Ha- 
bitants se  signent  et  se  pro,sternent,  sêglr,  //i»/.  de 
Nap.  vm,  4.  Il  Fig.  Obstacle  moral  comparé  à  une 
hauteur.  Vous  qui  amolIi.ssiez  devant  lui  les  duretés 
des  cœurs  olislinés,  et  qui  aplanissiez  le;  bauleui  s 


HAU 

iesesprils  superbes,  FLÉCH.  Panég.u,'p.  aso.Triom- 
phez,  par  les  prodiges  secrets  de  votre  grâce,  de  la 
môme  incrédulité  dont  vous  triomphâtes  autrefois 
p,ir  les  opérations  éclatantes  de  votre  puissance,  et 
détruisez,  par  ces  lumières  vives  qui  éclairent  les 
cfPurs,  toute  hauteur  qui  s'élève  encore  contre  la 
sciiince  de  vos  mystères,  mass.  Carême,  Vérité  de 
la  religion.  ||  6°  La  hauteur  d'un  bataillon,  d'un 
escadron,  la  quantité  de  rangs  qui  le  composent. 
11  donna  beaucoup  de  hauteur  à  la  bataille,  d'a- 
CLANCouRT,  Xmen,  dans  richelet.  S'il  passe  en  re- 
vue ses  différents  corps  d'armée,  comme  leurs  ba- 
taillons réduits  ne  lui  offrent  plus  qu'un  front  court 
qu'en  un  instant  il  a  parcouru,  cet  affaiblissement 
'■■nportune;  et,  soit  qu'il  veuille  le  dissimuler  à  ses 
;i;mis  ou  même  aux  siens,  il  déclare  que  jusqu'a- 
;  c'est  par  erreur  qu'on  les  a  rangés  sur  trois 
imes  de  hauteur, que  deux  suffisent;  il  ne  forme 
ic  plus  son  infanterie  que  sur  deux  rangs,  ségur, 
Ilixt.  de  Nap.  viii,  n.  ||  7"  Profondeur.  Us  jetèrent 
la  sonde  pour  prendre  la  hauteur.  Savez-vous  bien 
que  je  suis  entouré  de  quatre  pieds  de  neigeîj'en- 
triids  quatre  pieds  de  hauteur;  car  j'en  ai  quarante 
lirues  en  longueur,  volt.  Lett.  d'Argenlal,  5  mars 
iTC-l.  Il  Fig.  La  hauteur  de  l'abîme  où  je  suis  descen- 
due, VOLT.  Scythes,  v,  4.  ||  8°  Fig.  Ce  qui  est  supé- 
rieur, d'un  ordre  élevé.  Ni  la  hauteur  des  entreprises 
ne  surpassait  son  courage,  ni....  boss.  le  Tellier.  Il 

I  Moïse]  rapporte  ce  que  Dieu  dit,  et  le  fait  parler 
avec  tant  de  hauteur  et  tant  de  bonté  qu'on  ne  sait 
ce  qu'il  inspire  le  plus,  ou  la  crainte  et  la  confusion, 
ou  l'amour  et  la  confiance,  in.  Hist.  u,  3.  Les  ab- 
surdités où  ils  tombent  en  niant  la  religion  devien- 
nent plus  insoutenables  que  les  vérités  dont  la 
hauteur  les  étonne,  m.  Anne  de>Gom.  Ceux  qui 
désirent  que  ce  mystère  [l'eucharistie]  passe  en  sa 
hauteur  toute  la  mesure  du  sens  humain,  veulent 
néanmoins  nous  assujettir  à  résoudre  les  difficultés 
que  le  sens  humain  nous  propose,  id.  Euchar.  i,  *. 
C'est  en  vain  qu'au  Parnasse  un  téméraire  auteur 
Pense  de  l'art  des  vers  atteindre  la  hauteur,  boil. 
Art  p.  I.  Sophocle... .Lui donna  [à  la  tragédie]  chez 
les  Grecs  cette  hauteur  divine  Où  jamais  n'atteignit 
la  faiblesse  latine,  lo.  Art  p.  ui.  ||  Être  à  la  hau- 
teur de...,  être  en  état  de  comprendre,  d'apprécier. 
Peu  d'esprits  sont  à  la  hauteur  de  ce  grand  génie. 

II  Etre  à  la  hauteui'  de,  signifie  aussi  occuper  con- 
venablement un  poste.  Il  n'est  pas  à  la  hauteur  de 
son  emploi.  ||  Être  à  la  hauteur  de  la  situation, 
avoir  les  qualités  nécessaires  pour  suffire  aux 
exigences  de  la  situation.  ||  Etre  à  la  hauteur 
du  siècle,  de  son  siècle,  n'être  pas  étranger  aux 
connaissances,  aux  idées  de  son  temps.  ||  On  dit 
de  même  :  Être  à  la  hauteur  des  connaissances, 
des  idées  actuelles.  ||  Cela  se  dit  aussi  des  ou- 
vrages d'esprit.  Ce  livre  n'est  pas  à  la  hauteur 
des  connaissances  actuelles.  ||  9"  Fig.  Caractère  d'une 
âme  haute,  fière;  magnanimité.  Je  ne  le  cèle 
point,  cette  hauteur  m'étonne,  corn.  Œdipe,  ii,  ). 
11  emporta  l'affaire  d'une  hauteur  extraordinaire, 
et,  en  quelque  état  qu'il  ait  été,  il  a  toujours 
soutenu  un  air  de  grandeur  qui  faisait  assez  com- 
prendre qu'il  n'était  pas  né  pour  les  affaires  ordi- 
naires, m"'  de  montpensier,  Mém.  ann.  <860.  Il 
avait  eu  quelque  démêlé  avec  notre  ambassadeur 
d'Angleterre,  et  le  roi  avait  pris  l'affaire  d'une 
grande  hauteur,  id.  ib.  ann.  (669.  Que  dirai-je  de 
sa  libéralité?  elle  donnait  non-seulement  avec  joie, 
mais  avec  une  hauteur  d'âme  qui  marquait  tout  en- 
semble et  le  mépris  du  don  et  l'estime  de  la  per- 
sonne, Boss.  Duch.  d'Orl.  Il  [Hercule]  avait  une 
hauteur  et  une  majesté  qui  n'avaient  jamais  paru  si 
grandes  en  lui  quand  il  domptait  les  monstres,  fén. 
Tél.  XV.  Voilà  ce  qui  vous  donne  une  âme  assez 
hardie....  Pour  affecter  ici  cette  illustre  hauteur, 
VOLT.  M.  de  César,  i,  3.  On  s'est  plaint  de  ne  plus 
voir  à  la  cour  autant  de  hauteur  dans  les  esprits 
qu'autrefois  ;  il  n'y  a  plus  en  effet  de  petits  tyrans, 
comme  du  temps  de  la  Fronde,  sous  Louis  XIII,  et 
dans  les  siècles  précédents,  in.  Louis  XIV,  29.  Et  le 
dieu  qu'il  annonce  avec  tant  de  hauteur,  Séide,  est 
le  vrai  dieu,  puisqu'il  le  rond  vainqueur,  id.  Fanât. 
IV,  3.  Alberoni  mettait  dansses  démarches  unehau- 
leur  qui  n'était  pas  d'une  âme  commune,  et  qui 
persuadait  à  chacune  des  puissances  que  ce  minis- 
tre pouvait  s'être  assuré  des  autres,  duclos,  ilém. 
nég.  Œiiv.  t.  v,  p.  335.  11  [Chrysippe]  avait  de  la 
hauto'ir  dans  le  caractère  :  il  méprisa  les  honneurs, 
DinEHOT,  Opin.  des  ann.  philos,  (s(otainic).  ||  Hau- 
teur d'estime,  haute  estime  qu'on  a  pour  soi-même. 
Cette  hauteur  d'estime  où  vous  êtes  de  vous,  mol. 
Ifi's.  III,  6.  Il  En  un  sens  analogue.  Hauteur  de 
niaitrs,   hauteur   qui   conviendrait   à    un    maître 


HAU 

en  quelque  science  ou  art..  Il  n'y  a  point  d'an- 
cienne fable,  de  vieille  absurdité  que  quelque  imbécile 
ne  renouvelle,  et  même  avec  une  hauteur  de  maître, 
pour  peu  que  ces  rêveries  antiques  aient  été  autori- 
sées par  quelqueauteur  ou  classique  ou  théologique, 
VOLT.  Dict.  phil.  Fonte.  ||  10°  Sorte  d'orgueil  ou 
même  d'arrogance  qui  se  manifeste  par  le  ton, 
les  manières,  etc.  X  ses  airs  de  hauteur  il  peut 
s'accoutumer,  hauteroche,  Bourgeois  de  qualité, 
1,  2.  Vous  m'avez  vu  en  France  chercher  du  se- 
cours pour  ma  nation,  sans  me  mettre  en  peine  de 
votre  hauteur,  qui  avait  nui  aux  intérêts  de  votre 
maître,  fén.  Dial.  des  morts  mod.  Richelieu,  Oxen- 
sliem.  Les  instructions  de  Lauriston  portaient  qu'il 
ne  devait  s'adresser  qu'à  Kutusof;  il  rejeta  donc 
avec  hauteur  toute  communication  intermédiaire, 
SÉGUR,  Hist.  deNap.vm,  I0.||  Au pJur.  Sentiments, 
actions,  paroles  de  hauteur.  On  vit  en  sa  personne 
également  paraître  Les  grâces  d'un  amant  et  les 
hauteurs  d'un  maître,  corn.  Othon,  m,  3.  Il  con- 
vient qu'il  y  a  de  la  lâcheté  dans  le  procédé  de  son 
ami;  mais  il  soutient  que  vos  hauteurs  diminuent 
sa  faute,  maintenon,  Lett.  à  Mme  Palaiseau,  )6B4. 
Et  nos  humeurs,  et  nos  bizarreries,  et  nos  hauteurs, 
dont  tous  ceux  qui  nous  environnent  souffrent,  nous 
les  ignorons,  MASS.  Panégyriques,  StJean-Dapt.  Les 
emportements,  les  hauteurs,  les  duretés  que  l'on 
honore  du  nom  de  zèle,  elle  [la  charité]  les  désa- 
voue, ID.  Conférences,  Zèle  contre  les  vices.  Et  sa 
présomption  Mérite  qu'avec  lui  prenant  le  ton  de 
père,  Je  fasse  à  ses  hauteurs  une  leçon  sévère, 
DESTOiicHES,  Glor.  IV,  9.  Je  règne  et  je  suis  las,  puis- 
i|u'il  faut  vous  le  dire,  Des  hauteurs  d'un  sénat  qui 
croit  me  protéger,  volt.  Sophon.  ii,  4.  On  ne  le  vit 
jamais  acheter  par  des  bassesses  le  droit  de  faire 
éprouver  des  hauteurs,  condorcet,  Linné.  ||  11°  De 
hauteur,  d'une  manière  grande  et  digne.  Ce  que 
des  députés  la  fameuse  assemblée.  D'intérêts  oppo- 
sés trop  souvent  accablée.  Ce  que  n'espérait  plus  au- 
cun médiateur.  Tu  le  fais  par  toi-même,  et  le  fais 
de  hauteur,  corn.  Aurai,  sur  la  paix  de  IG78.  ||  De 
hauteur,  signifie  aussi  haut  la  main,  d'une  manière 
haute,  de  haute  lutte.  Me  condamnerez-vous  à  voir 
que  Bérénice  M'enlève  de  hauteur  le  rang  d'impéra- 
trice ?  ID.  Tite  et  Bérén.  iv,  3.  La  maison  de  Fond- 
nid  ne  manque  point  de  lustre;  Et  vouloir,  de  hau- 
teur, la  contraindre  à  céder.  C'est  à  quoi  de  plus 
près  vous  devez  regarder,  hauteroche,  Xobles  de 
prov.  I,  t.  Les  tribuns  tentèrent  d'emporter  l'af- 
faire de  hauteur,  vertot,  Rév.  rom.  iv.  ||De  hau- 
teur, arrogarament.  Et  que,  pour  récompense  on 
s'en  vient,  de  hauteur,  Me  traiter  de  faquin,  de  lâ- 
che, d'imposteur,  mol.  VÉt.  i,  10. 

—  SYN.  hautkur,  altitude.  Ce  sont  des  termes 
de  géographie.  Ils  expriment  tous  deux  l'élévation 
d'un  lieu  au-dessus  d'un  certain  niveau.  Hauteur 
est  plus  général,  il  se  dit  aussi  bien  de  l'élévation 
au-dessus  du  sol  que  de  l'élévation  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer.  Altitude  ne  se  dit  que  de  l'éléva- 
tion au-dessus  du  niveau  de  la  mer.  De  plus  alti- 
tude ne  s'emploie  pas  pour  une  évaluation  :  on  ne 
dit  pas  l'altitude  de  cette  monlagne  est  de  tant  de 
mètres,  mais  la  hauteur  en  est  de  tant  de  mètres. 

—  !;iST.  XII"  s.  De  grant  haltor  vendront  [ils  vien- 
dront] en  bas,  Adam,  Mystère,  p.  oo.  Et  malement 
[il  fait]  lever  sus  en  auzor,  Ronc.  p.  39.  ||  xiii"  s. 
Demain  irés  droit  à  lator  Com  se  fuissiésengigneor; 
Quans  pies  est  lée  [large]  mesurés,  Â  la  hautor 
garde  prendés,  FI.  et  Bl.  2(i9.  ||xv°  s.  Je  ne  puis 
apercevoir  ni  entendre  que  le  comte  n'eust  toujours 
plus  aimé  la  paix  que  la  guerre,  réservé  la  hauteur 
de  lui  et  son  honneur,  fhoiss.  h,  ii,  6  2.  ||xvi*  s. 
Les  matelots  se  desroboienl  de  tous  les  navires,  en 
partie  par  la  vieille  querelle  que  nous  avons  ditte, 
eu  partie  pour  estre  allriandéz  à  quitter  les  hau- 
teurs [la  haute  mer],  d'aub.  Hist.  ii,  3(i2.  Nostre  dit 
avocat  pourra  donner  conseil  à  nos  officiers  subal- 
ternes en  chose  qui  concerne  nos  hauteurs  [préro- 
gatives des  fiefs],  droits  et  domaines,  Nouv.  coust. 
génér.  t.  il,  p.  43.  Crime  de  hauteur  [crime  pour  le- 
quel on  devait  aller  au  tribunal  du  prince  souve- 
rain], ib.  p.  57.  Le  demandeur  est  admis  à  affirmer 
la  hauteur  [le  montant]  de  son  deu  par  serment,  ou 
à  le  vérifier  par  tesmoins  ou  autrement,  ib.  t.  i, 
p.  977.  Haulteur  sont  les  degrez  dont  le  soleil,  le 
polie  ou  l'equinoctial  sont  eslevez  sur  l'horison,  ou 
les  degrez  dont  quelque  ville,  citté,  port  ou  isle  est 
loing  de  l'equinoctial,  devaulx  (ib8;i),  dans  jal. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  haut;  prov.  alzor. 
HAUT-FOND  (hé-fon),  s.  m.  Voy.  fond  n°  ♦. 

I  IIAUTIN  (hô-tin) ,  s.  m.  Nom  donné  vulgaire- 
ment à  divers  poissons  de  genres  différents,  savoir, 
une  argentine,   un   cnrégone   et  un   triptéronote. 


HAV 


1997 


IIAUT-LE-COUPS  (hê-le-kor),  t.  m.  ||  1'  Brus- 
que mouvement  du  corps,  tressaillement  involon- 
taire. Elle  était  ridicule  et  faisait  des  haut-le-corps 
qui  nous  faisaient  éclater  de  rire,  sÉv.  77.  Quand 
il  en  fut  à  ces  vers  :  Voltaire  est  à  son  couchant, 
Vous  êtes  à  votre  a'urore  ;  il  fit  un  haut-le-corps, 
et  sauta  de  son  lit  bondissant  de  fureur,  marmontel, 
Mém.  IV.  112°  Terme  de  manège.  Saut,  bond  quo 
fait  un  cheval.  Elles  craignaient  pour  moi  les  ruades, 
et  pour  elles  les  haut-le-corps,  j.  j.  rouss.  Conf, 
IV.  Il  Au  plur.  Des  haut-le-corps. 

t  UAUT-PENDU  (hô-pan-du),  s.  m.  Terme  de 
marin.  Grain  de  pluie  ou  de  vent  qui  passe  très-vite. 

—  ÉTYM.  Haut,  pendu:  c'est-à-dire  grain  qui  est 
suspendu  très-haut  dans  le  ciel  et  qui  ne  se  faii 
sentir  que  peu. 

HAUTURIER,  1ÈRE  (hô-tu-rié,  riè-r'),arfj.  Terme 
de  marine,  peu  usité  aujourd'hui.  Qui  est  de  la 
haute  mer.  Navigation  hauturiiie,  navigation  de 
long  cours  par  opposition  à  cabotage.  ||  Pilote  hau- 
turier,  voy.  pilote. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  haut  ;  qui  va  dans  la  haute  mer. 
t  HAVANE  {ha-va-n'),ï.  m.  Cigare  de  la  Havane. 

D'excellents  havanes. 

HÂVE  (hâ-v'),  adj.  Pâle,  maigre  et  défiguré. 
Quoiqu'ils  eussent  les  faces  hâves.  Il  reconnut  pour- 
tant d'abord  Ceux  d'entre  eux  dont  avant  la  mort 
U  avait  eu  la  connaissance,  scarron,  Virg.  vi.  Un 
jeune  Égyptien....  Arrive  accompagné  d'une  vieille 
fort  hâve,  mol.  l'Ét.  iv,  9.  Enfin  les  ondes  jaunes 
du  Tibre,  des  marais  empestés,  des  habitants  hâves, 
décharnés  et  rares....  volt.  Princ.  de  Babyl.  9. 

—  HEM.  On  a  dit  aussi  havre  dans  le  xvii'  siècle  : 
Voyant  ce  Tarquitte,Oui  de  vivre  paroissoit  quitte.... 
D'une  apostrophe  seulement  II  gracieusa  son  cada- 
vre. Efflanqué,  livide  et  fort  havre,  t"  suite  du 
Virg.  trav.  x.  Havre  s'était  dit  auparavant  dans  la 
xvr  siècle. 

—  HIST.  XII*  s.  De  m'amor  soiez  maz  et  bavas,  Se 
vos  n'iestes  jusqu'à  ce  jor  Céans  avoec  moi  au  re- 
tor,  Chev.  au  lyon,  v.  2678.  ||  xiu*  s.  Car  là  [dans 
la  vieillesse]  te  convient  il  aler.  Se  mort  ne  te  fait 
desvaler  Ou  tens  de  jonesce  en  sa  cave.  Qui  moult 
est  ténébreuse  et  hâve,  la  Rose,  4  518.  ||  xiv  s.  Une 
femme....  Hâve  estoit  et  eschevellée.  Désespérance 
ert  [était]  appellée,j.  bruyant,  dans  Ménagier,t.  ii, 
p.  7.  Il  XV  s.  Ha,  Nostre-Dame  de  MontfortI  Je 
tremble  dent  à  dent,  hareul  Se  j'estoye  un  droit 
leu  gareu,  Si  ay-je  assez  bave  couleur,  Mir.  de 
Ste  Geneviève.  \\  xvi"  s.  Grand  vieillard  sec,  le  visage 
long,  très  ridé,  les  yeux  havres,  la  barbe  blanche  et 
longue,  d'aub.  Hist.  m,  B40.  Regard  bave  et  hi- 
deux, PARÉ,  XXIV,   I. 

—  ÉTYM.  Anglo-sai.  hasva,  desséché,  pâle. 

■j-  UAVEAU  (ha-vô),  s.  m.  Outil  des  sauniers.  On 
dit  aussi  havenet. 

t  HAVELÉE  (ba-ve-lée),  t.  f.  Sillon  dans  l'aire 
que  le  saunier  fait  avec  le  haveau. 

t  HAVENEAU  (ha-ve-nô),  s.  m.  Terme  de  pêche 
Nom  d'un  petit  filet  formant  une  espèce  de  poche 
conique  tenue  ouverte  par  un  cercle  sur  lequel  il 
est  transfilé  ;  un  manche  assez  léger  sert  à  le  diriger 
pour  pêcher  des  crevettes  ou  chevrettes.  ||  On  trouve 
aussi  avano  par  corruption. 

f  HAVENET  (ha-ve-nè),  S.  m.  ||  1°  Synonyme  de 
haveneau.  j|  2°  Synonyme  de  haveau. 

f  UAVERON  (ha-ve-ron) ,  s.  m.  Sorte  d'avoine 
sauvage,  avoine  folle.  Le  haveron  domine  dansées 
avoines. 

—  ÉTYM.  Ane.  haut-allem.  habaro,  avoine;  ou 
peut-être,  malgré  l'/i  aspirée,  areneron,  qui  se 
trouve;  aveneron  aurait  donné,  par  contraction 
et  avec  prosthèse  de  ïh,  havron,  et  viendrait  du 
latin  avena,  avoine. 

f  HAVET  (ha-vè),  s.  m.  Outil  de  fer  terminé  en 
crochet  à  l'usage  des  ardoisiers.  ||  Chez  les  cloutiers, 
clou  à  crochet.  |{  Terme  de  marine.  Grande  four- 
chette dont  lo  cuisinier  du  vaisseau  se  sert  pou. 
retirer  la  viande  de  la  chaudière. 

—  HIST.  XIV'  s.  Leur  ancres  ont  getées  li  ma- 
ronnier  [matelots]  briefment,  X  grans  havès  de  fer, 
qu'il  getent  rudement,  Baud.  de  Seb.  vu,  t«. 
Il  XV'  s.  Ils  avoient  grands  crocs  et  havets  de  fer 
tenansà  chaînes,  fboiss.  i,  i,  I2|. 

—  ÉTYM.  AUem.  Haft,  agrafe,  dérivé  du  gotlii- 
que  hafjan,  soulever;  allem.  mod.  heben. 

\  HAVETTE  (ha-vè-f),  adj.  [.  La  bête  bavette, 
espèce  d'ondine  qui  attire  au  fond  des  eaux  (supei^ 
stition  de  la  Normandie). 

HAVI,  lE  (ha-vi,  vie),  part,  passé  de  ha\ir. 
Viande  havie.  ||  S.  m.  Action  d'une  chaleur  trop  vive 
du  four,  qui  brûle  le  pain.  ||  On  trouve  aussi  en 
ce  sens,  par  corruption,  avi. 


1998 


HAY 


IIAVIR  (ha-vir).  ||  V  V.  a.  En  parlant  de  la  viande 
qu'on  fait  rôtir,  (iftssécher  et  brûler  à  la  surface, 
5ans  obtenir  de  cuisson  à  l'intérieur.  ||  2"  V.  n.  La 
viande  havit  à  un  trop  grand  feu.  ||  3"  .Se  havir, 
V.  réft.  Être  havi.  De  la  viande.qui  s'est  havie. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ne  pouvant  estre  bon  le  fruit 
dont  l'arbre  auroit  esté  efTeuiUc;  ains  tout  havi  de- 
viendroit-il  par  la  chaleur  du  soleil  le  trouvant  sans 

couverture,  o.  de  .serres,  353 Lors  le  pain  est 

bruslé  en  sa  superficie,  la  crouste  havie  empeschant 
l'intérieur  de  se  cuire,  id.  823. 

—  ÊTVM.  havir  n'ayant  point  d'accent  circon- 
flexe, tandis  que  hdve  en  a ,  il  est  plausible  dfe  le 
tirer,  avec  Diez,  de  l'anc.  haut-allem.  heien, 
brûler,  qui  se  rapporte  à  heiss,  chaud,  et  au  grec 
xat'w,  brûler. 

IIAVRE  (ha-vr"),  s.  m.  \\  1°  Anciennement,  port 
de  mer  quelconque.  Employant  ce  Typhis  [pilote] , 
Syrtes  et  Cyanées  Seront  havres  pour  toi,  malh.  ii, 
<2.  Et,  comme  un  marinier  échappé  de  l'orage.  Du 
havre  sûrement  contempler  le  naufrage,  Régnier, 
Éptire  II.  Maldonado,  qui  faisait  tout  son  espoir,  est 
maintenant  reconnu  pour  un  des  plus  mauvais  ha- 
vres qu'il  y  ait  au  monde,  haynal,  Hist.  phil.  vin, 
)0,  Il  Par  extension.  De  petits  écureuils  noirs,  après 
avoir  dépouillé  les  noyers  du  voisinage,  se  sont  ré- 
solus à  chercher  fortune  et  à  s'embarquer  pour  une 
autre  forêt  ;  aussitôt,  élevant  leurs  queues  et  dé- 
ployant au  vent  cette  voile  de  soie,  la  race  hardie 
tente  fièrement  l'inconstance  des  ondes;  la  tempête 
se  lève,  la  flotte  va  périr,  elle  essaye  de  gagner  le  havre 
prochain,  chateaubk.  Génie,  i,  v,  o.||  Fig.  Maisn'est- 
ce  pas  la  loi  des  fortunes  humaines.  Qu'elles  n'ont 
point  de  havre  à  l'abri  de  tout  vent?  malh.  vi,  10. 
Il  Havre  d'entrée  ou  havre  de  toutes  marées,  port 
où  il  y  a  de  l'eau  suffisamment  pour  entrer  en  tout 
temps.  Il  Havre  de  barre  ou  de  marée,  port  où  l'on 
ne  peut  entrer  qu'avec  la  haute  mer.  ||  2°  Aujour- 
d'hui, havre  ne  se  dit  que  de  certains  ports  qui 
sont  à  sec  à  marée  basse.  Les  baies,  les  ports  et  les 
havres,  doff.  Ilist.  nat.  Preuv.  thior.  lerr.  Œu- 
vres, t.  II,  p.  (99. 

—  HIST.  xir  s.  Souz  Alexandre  [Alexandrie],  à  un 
havre  moût  lé  [large],  Ronc.  p.  H8.  ||  xiii"  s.  Al 
havene  vint,  nef  i  trova,  Lai  de  Mélion.  ||  xiv*  s. 
Et  grans  nefs  profondes  et  larges,  Plus  de  cinq  cents 
dedans  le  hable,  guiabt,  dans  du  cange,  haula. 
Il  XV*  s.  Quand  [les  Anglois]  se  départirent  des  ha- 
vres d'Angleterre,  froiss.  ii,  ii,  27.  Mais  que  de- 
mandes-tu? tu  quiers  chemin  à  toy  perdre,  à 
l'exemple  de  moy,  et  veulx  saillir  du  havre  do  seu- 
rsté  pour  toy  noyer  dedans  la  mer,  al.  chart.  le 
Curial.  \\  xvi*  s.  Il  n'est  gallere,  encor  que  le  grant 
dyable  En  fust  patron,  s'elle  approclioit  mon  liable. 
Qu'on  ne  la  mist  par  esclatz  comme  ung  verre 
[c'est  la  ville  de  Gênes  qui  parle],  J.  mabot,  v,  4o. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  haula;  portug.  abra;  du  ger- 
manique :  anc.  scand.  hôfn;  anglo-sax.  hdfen;  dan. 
hafn;  allem.  Ilafen  ;  angl.  haven.  Comparez  le  bas- 
breton  et  le  kimry,  aber,  port. 

t  IIAVRER  (ha-vré),  v.  n.  Terme  de  marine  peu 
usité.  Entrer  dans  un  havre,  y  relâcher. 

HAVRE-SAC  (ha-vre-sak),  s.  m.  ||  1°  Ancienne- 
ment, nom  du  grand  sac  de  peau  que  les  fantassins 
portaient  sur  le  dos  dans  les  marches.  ||  Aujourd'hui 
on  ne  dit  plus  havre-sac,  on  dit  exclusivement  sac. 
Il  2"  Sac  que  les  gens  de  métier  portent  sur  le  dos, 
et  où  ils  mettent  leurs  provisions  et  leurs  ustensiles. 
Il  3°  Terme  de  métallurgie.  Scories  riches  ramassées 
autour  de  l'enclume.  ||  Auplur.  Des  havre-.sacs. 

—  ÈTVM.  Génev.  habre-sac;  de  l'allem.  llaber- 
sack,  sac  à  avoine,  de  llaher,  avoine,  et  Sack,  sac. 

t  HAYE  (ha-ye),  interj.  Terme  employé  par  les 
piqueurs  pour  arrêter  les  chiens  qui  prennent  le 
■change. 

tHAYER(hé-ié),t).  o.  Terme  rural.  Faire  une  haie. 

—  HIST.  xiii*  s.  Car  maintes  foiz  avons  veû,  Qant 
en  un  puis  est  oncheû,Li  pafeant  d'entor  le  baient, 
Que  les  bestes  leens  ne  chaicnt  [tombent],  Ken. 
20351.  Il  xiv"  s.  Mieux  vault  tendre  de  penneaux  que 
de  laz  sans  faire  hayer,  car  leus  [les  loups]  si  re- 
doubtent  la  baye,  Modvs,  f»  xmx,  verso.  \\  xV  s. 
Chevaliers,  escuyers  et  gens  d'armss  se  haierent 
tout  autour  du  roi  et  le  laissèrent  lasser  et  saouler, 
KRoiss.  m,  IV,  2».  Pour  le  danger  des  chemins  qui 
esloient  trop  estroits  et  hayés  en  plusieurs  lieux, 

M0NSTRELET,  II,   <  08. 

—  ÊTYM.  Haie. 

t  UAYETTE  (hè-iè-f) ,  s.  f.  Terme  rural.  Petite 
bêche  qui  sert  à  biner  l'intérieur  des  haies. 

—  ÊTYM.  Haie. 

UÊ  (é),  interj.  qui  sert  principalement  à  appeler. 
Hél  venez  ici.  Ij  Elle  sort  à  donner  de  la  force  à  ce 


HEA 

qui  suit.  II  veut  établu-  ses  richesses  dans  la  pau- 
vreté, ses  délices  dans  les  souffrances,  et  sa  gloire 
dans  la  bas.sesse;  ô  ignorance,  6  folie,  lié  Dieu, 
que  pense-t-il  faire?  6  le  plus  in-sensé  des  hommes 
selon  la  sagesse  du  siècle,  Boss.  Pauég.  St  Fran- 
çois, préambule.  Hé  I  mon  p?Te,  oubliez  votre  rang 
à  ma  vue,  rac.  Iphig.  il,  2.  Vous  en  Aulidc?  vous! 
hé!  qu'y  venez-vous  faire? II).  t'b.u,  e.Héquoil  Ma- 
tlian,  d'un  prêtre  est-ce  là  le  langage?  in.  Àthal. 
II,  5.  Il  II  s'emploie  pour  avertir.  Hé!  prenez  donc 
garde.  {|  Il  se  dit  pour  exprimer  de  la  pitié,  du  re- 
gret, de  la  douleur.  Hé!  mon  Dieu!  Hé!  pauvre 
homme,  que  je  vous  plains!  Hél  qu'ai-jc  fait?  Hé! 
que  je  suis  malheureux!  ||  Il  se  répète  pour  expri- 
mer l'adhésion.  Hé!  hé!  il  n'y  a  rien  à  répondre. 
Il  Hé  bien!  loc.  interj.  qui  exprime  l'étonnement 
et  qui  sert  à  interroger.  Hé  bien!  de  quoi  est-il 
question?  Hé  bien!  quoi?  qu'est-ce?  qu'y  a-t-il? 
Au  diantre  la  sotte  ville  et  les  sottes  gens  qui.... 
MOL.  Pourceaugn.  i,  5.  ||  Il  sert  aussi  à  renforcer  ce 
qui  suit.  Hé  bien!  contentez  donc  l'orgueil  qui 
vous  enivre,  boil.  Épit.  x.  Hé  bien!  madame,  hé 
bien!  il  faut  vous  obéir,  rac.  À?idr.  i,  4. 

—  KEM.  Piron  a  écrit  hée  pour  la  rime  :  Holà, 
bée  I  Que  l'on  aille  chercher  monsieur  de  l'Empy- 
rée,  1/étrom.  m,  6. 

1.  HEAPME  (hô-m'.  D'après  Chifflet,  Gramm. 
p.  202,  heaume  se  prononçait  he-au-me  ;  prononcia- 
tion tout  à  fait  défectueuse,  ét'/mologiquement  et 
d'après  le  plus  ancien  usage'  c'est  au  xiv  et  au 
xv°  siècle  qu'on  se  mit  à  séparer  l'e  de  l'a),  s.  m. 
Sorte  de  casque  élevé  en  pointe  qui  couvrait  la  tête 
et  le  visage,  et  qui  n'avait  qu'une  ouverture  à  l'en- 
droit des  yeux  garnie  de  grilles  et  de  treillis  et  ser- 
vant de  visière.  L'écuyer  suivait  le  chevalier  à  la 
guerre,  portait  son  heaume  élevé  sur  le  pommeau 
de  la  selle,  chateal-b.  Génie,  iv,  v,  4.  ||  Dans  le 
blason,  le  heaume  est  une  pièce  d'armoiries,  mais 
ordinairement  il  sert  de  timbre  ;  il  était  une  mar- 
que de  noblesse  et  des  fiefs  nobles,  et  en  faisait  voir 
les  différents  degrés  suivant  certaines  dispositions. 
Qu'est  devenue  la  distinction  des  casques  et  des 
heaumes?  la  bruy.  xiv. 

—  HIST.  XI'  S.  Tenez  mon  helme,  onque  millor 
[je]  ne  vi,  Ch.  de  Roi.  XLvni.  Il  fiert  Tierri  sur 
l'elme  de  Provence,  ib.  ccLxxxvii.  ||  xui*  s.  Et  furent 
tuit  armé,  et  Ii  hiausme  lacié,  et  Ii  cheval  furent 
tiiit  couvert  et  enselé,  villeh.  lxx.  Maint  hiaume 
découpé,  mainte  targe  percie,  Berte,  cxliv.  Et  doi- 
vent estre  armés  ou  champ  de  hauberc  et  de  chau- 
ces  de  fer  et  de  heaume  à  visière,  Ass.  de  J.  l,  i  "O. 
II  [Louis  IX]  paroit  [paraissait]  desur  toute  sa  gent 
dès  les  espaules  en  amont  [en  haut]  un  heaume 
doré  en  son  chief,  une  espée  d'Alemaingne  en  sa 
main,  jomv.  228.  ||xiv*  s.  Et  esta  son  heaulme; 
celé  lo  vit  à  plain,  Hugues  Capet,  p.  38.  ||  xV  s.  Gens 
d'armes  à  heaumes  couronnés;  en  ce  temps  par- 
loit  on  de  heaumes  couronnés  ;  et  ne  faisoient  les 
seignjurs  nul  compte  d'autres  gens  d'armes,  s'ils 
n'estoient  à  heaumes  et  à  tymhres  couronnés , 
FROISS.  I,  I,  04.  Poulies,  chappons  si  portoient  leur 
heaulme  [étaient  à  l'abri  de  la  maraude].  Vigiles  de 
Charles  VU,  t.  ii,  p.  (77,  dans  lacurne.  Dieux! 
qu'il  a  dessoubz  son  heaume ,  Patelin,  v.  997. 
Il  xvr  s.  Ce  que  nos  anciens  appellerent  heaume, 
on  l'appella  sous  François  I"  armet  ;  nous  le  nom- 
mons maintenant  habillement  de  teste;  qui  est  une 
vraye  .sottise  de  dire  par  trois  parolles  ce  qu'une  seule 
nous  donnoit,  pasquier,  vui,  p.  082,  dans  lacurne. 

—  ÉTTM.  Wallon,  haime;  namur.  heaume;  pro- 
venç.  elme,  elm;  esp.  yelmo;  port,  et  ital.  elmo;  du 
germanique  :  anc.  haut-allem.  helm;  anc.  scand. 
hidlmr;  goth.  hilms. 

\  2.  HEAUME  (hô-m'),  s.  m.  Ancien  terme  de 
marine.  Barre  du  gouvernail. 

—  HIST.  XII'  s.  Aval  le  bel  se  curt  senestre.  En 
sus  le  bel  se  curt  à  destre,  Brut,  dans  jal.  ||  xvi'  s. 
Lo  heaulme  sous  le  vent,  rab.  Pant.  iv,  22. 

—  F.TYM.  Allem.  Helm,  un  manche  ;  angl.  helie. 
t  UEAUMERIE  (hô-me-rie) ,   s.  f.  Ancien  terme 

de  métier.  Art  de  fabriquer  des  heaumes.  {|  Endroit 
où  l'on  fabriquait  des  heaumes.  Rue  de  la  Heau-  j 
merie,  à  Paris. 

t  t.  HEAUMIER,ÈRE(hô-mié,  miè-r'), S.  m.  An- 
cien terme  de  métier.  Celui,  celle  qui  faisait  fabrique 
et  commerce  de  heaumes,  et,  en  général,  d'armes. 
La  belle  Heaumière,  titre  d'une  ballade  de  Villon. 

—  ETYM.  Heaume.         •  | 
t  2.  HEAUMIER   (hô-mié),  s.  m.  Nom  vulgaire  ■ 

du   cerisier  julian  ou  guignier,  cerasus  juliana. 
Il  Variété  du  prunellier. 

—  ETYM.  Probablement  heaume,  à  cause  de  la  ( 
forme  delà  cerise,  en  casque  sans  cimier.  j 


llEJi 


^ 


—  HIST.  XVI'  s.  Cerise  hcaumée  ou  cœur,  et 
heaumier,  cerisier  de  cosur,  o.  nE  serbes. 

tHÉAUTOGNOSE  (é-ô-togh-nô-z') ,  t.  f.  Tenu» 
de  philosophie.  La  connaissance  de  soi-même.        ; 

—  ETYM.  'EauroO,  de  soi-même,  et  Yvûcfiç,  coa* 
naissance  (voy.  gnose). 

HEBDOMADAIRE  (è-bdo-ma-dè-r') ,  adj.  ||1'  Oui 
appartient  à  la  semaine.  C'est  lui  [Bacchus]  qui 
voulut  consacrer  Le  dernier  jour  hebdomadaire  X 
boire,  à  rire,  à  ne  rien  faire,  volt.  Filles  de  Minte. 
Il  2°  Qui  se  renouvelle  chaque  semaine.  Journal 
hebdomadaire.  J'apprends  que  l'on  a  inséré,  dans 
des  papiers  hebdomadaires,  des  lettres  aussi  outra- 
geantes que  mal  écrites  du  poète  Rousseau,  au  su- 
jet de  la  tragédie  de  Zaïre,  volt.  Mél.  lilt.  aux  aut. 
de  la  Biblioth.  rais.  \\  Chroniqueur  hebdomadaire, 
celui  qui,  dans  un  journal,  fait  toutes  les  semaines 
une  revue  ou  chronique.  ||  Dans  les  écoles,  colléget-j 
et  lycées,  notes  hebdomadaires,  notes  que  l'oai 
donne,  à  la  fin  de  chaque  semaine,  aux  écoliers  pour 
leur  travail  et  leur  conduite.  {|  Substantivemeiit.  Un 
hebdomadaire,  un  journal  hebdomadaire.  Je  m'en- 
gageai par  l'espoir  d'un  salaire  À  travailler  à  son 
hebdomadaire,  volt.  P.  Diable. 

—  ÉTYM.  Lat.  hebdomadarius  (qoicheoat.  Ad- 
denda), de  é63o|iàç,  semaine,  lequel  vient  de  Imà, 
sept  (voy.  SEPT). 

t  HEBDOMADAIREMEIiiT  (6-bdo-ma-dê-re-man), 
adv.  Toutes  les  semaines.  Envoyer  hebdomadaire- 
ment des  rapports  circonstanciés  sur  la  marche  de 
la  fabrication. 

HEBDOMADIER  (è-bdo-ma-dié),  s.  m.  ||  !•  Celui 
qui  est  de  semaine  dans  un  chapitre  ou  dans  un 
couvent,  pour  y  faire  l'office  et  y  présider.  \\Adj. 
Chanoine hebdomadier.  ||  i' Au  fim.  Hebdomadière, 
religieuse  qui  est  de  semaine  pour  dire  l'office  et 
présider  la  communauté. 

—  ETYM.  Voy.  hebdomadaire. 

t  nÉBÉ  (é-bé),  s.  {.  Il  1°  Terme  de  mythologie. 
La  déesse  de  la  jeunesse,  qui  était  chargée  de  verse. 
le  nectar  à  la  table  de  Jupiter.  ||  Fig.  Une  jeune  et 
jolie  femme,  particulièrement  celle  qui  ofl"re  à  boire 
dans  un  repais.  C'est  une  Hébé,  une  véritable  Hébé. 
Il  2°  Terme  d'astronomie.  Astéroïde  découvert  en 
(847.  Il  3°  Terme  de  botanique.  Genre  de  plantes 
voisines  des  véroniques.  ||  4°  Terme  de  zoologie. 
Espèce  de  couleuvre.  ||  Espèce  de  papillon. 

—  ETYM.  "Hêri,  jeunesse. 

t  HÉBÉCHET  (hé-bé-chè),  s.  m.  Sorte  de  grand 
panier  fait,  d'après  Dutertre,  dans  son  Histoire  des 
Antilles,  lyec  l'écorce  tissée  d'une  plante  qui  serait 
un  maranla. 

HÉBERGE  (é-bèr-j'),  s.  f.  Endroit  où  deux  bâti- 
ments établis  sur  un  même  mur  commencent  à  se 
séparer,  étant  d'inégale  hauteur.  Tout  mur  servant 
de  séparation  entre  bâtiments  est  présumé  mitoyen 
jusqu'à  l'héberge.  Code  Nap.  art.  853. 

—  HIST.  xvr  s.  Aussi  est  il  loisible  au  voisin  les 
estouper  [fenêtres  de  l'autre  voisin]  en  se  servant 
du  mur,  et  remboursant  son  voisin  de  la  moitié 
d'icelui,  selon  son  héberge,  loisel,  285. 

—  ÉTYM.  Voy. héberger. Héberge,  dans  l'ancienne 
langue  signifiait  logis,  demeure  (xur  s.  Et  nostre 
gent  retornereiit  arieres  en  leur  hcrberges,  villeh. 
Lxxxiii);  de  là,  particulièrement,  le  sens  de  mur 

I  commun  entre  deux  logis. 

!  HÉBERGÉ,  ÉE  (é-bèr-jé,  jée),  part,  passé  d'hé- 
berger. Des  soldats  hébergés  chez  l'habitant. 

t  HÉBERGEMENT  (é-bèr-je-man),  s.  m.  Action 
d'héberger. 

—  HIST.  XV'  s.  Or  me  convient  porter  héberge- 
ment, Pour  reposer  quant  seray  endormi,  Draps  à 

i  couvrir,  chars  et  vaissellement,  Harnois  entier  con- 
tre mon  ennemi,  E.  DKScn.  Poésies  mss.  f  221. 
Il  xvi*  s.  Terre  sans  hébergement  [où  le  maître  n'a 
point  de  logement]  n'est  que  de  demi-revenu,  lot- 
sel,  226. 

—  ÉTYM.  Héberger  ;  Berry,  abergemeni ,  abrège- 
ment. 

HÉBERGER  (é-bèr-jé.  Le  g  prend  un  e  devant  a 
et  o;  j'hébergeais,  nous  hébergeons),  ti.  a.||  1"  Loger, 
recevoir  chez  soi.  Notre  petit  chiteau  espère  tou- 
jours d'avoir  l'honneur  de  vous  héberger,  quand 
vous  prendrez  le  chemin  de  la  France,  volt.  Letl. 
Chaurelin,  t*  févr.  1783.  Présentez-vous  chei  le 
docteur  en  habit  de  cavalier,  avec  un  billet  de  lo- 
gement; il  faudra  bien  qu'il  vous  héberge,  Beau- 
marchais, Rnrb.  de  Sév.  i,  *.  |{  Par  extension.  Chez 
les  loups  qu'hébergeait  ce  lieu  peu  fréquenté,  la 

font.  /'((.  chien.  \\  Fig d'où  vient  qu'aussi  Je  ne 

puis  héberger  cette  capricieuse  [la  Fortune]  ?  n 
pomt.  Fabl.  vu,  4  2.  ||  2' Terme  de  salines.  Héber- 
ger la   muire,  charger  d'eai'  'c  poêle.  ||  3°  V.  n. 


UEB 

implo'.  qui  est  peu  usité).  Nous  avons  passé  plus 
;l(!  dix  ponts  qui  n'étaient  gardés  de  personne,  et, 
jiartout  oi"i  nous  avons  hébergé,  nos  hûtes  n'ont  point 
'lit  de  difficulté  de  prendre  de  l'argent  de  nous,  voit. 

t(.  86.  Il  4°  S'héberger,  V.  réjl.  En  termes  d'archi- 
tecture, s'adosser  sur  et  contre  un  mur  mitoyen. 

—  HlST.  XI"  s.  Franc  se  herbergent  par  tute  la 
ecntrée,  Ch.  de  Roi.  liv.  Dist  l'emperere  :  tens  est 
de  l'herberger,  tb.  CLXxvn.  Desuz  la  rive  sont  Fran- 
ceis  hébergiez,  ib.  cxcvi.  1|  xii"  s.  Chez  un  hoste  [ils] 
herbergent,  qui  moult  estoit  prùdhon,  Sax.  xxii. 
I XIII*  s.  Et  quant  il  furent  hebregié,  si  avint,  au 
tiers  jor,  une  grant  mésaventure  lUuec,  entour  l'eure 
le  vespres,  villeh.  xlix.  Li  quens  [le  comte]  les 
heberja  moût  honorablement,  Berte,  ix.  Saint  Ju- 
liens, fait-ele,  veuillez  moi  hebergier,  ib.  xxxix. 
Ne  purquant  jo  sui  enveiez  Pur  vus  herberger  e 
«ervir,  Lai  del  désiré.  Car  11  leus  [le  lieu]  d'oisiaus 
herbergier  N'estoit  ne  dangereus  ne  chiches,  One 
mes  ne  fu  nus  leus  si  riches  D'arbres,  ne  d'oisillons 
chantans,  la  Rose,  472.  Travail  et  dolor  là  herber- 
gent, tb.  4B39.  Et  en  tex  [telles]  manières  de  cuers 
[cœurs]  ne  se  pot  loiatés  herbegier,  beaum.  i,  7. 
Il  xvi"  s.  Il  délibéra  en  ycelle  ville  se  héberger  soy 
et  ses  gens,  rab.  Garg.  i,  38.  Et  plus  cent  fois  me 
plaisoit  d'ouyr  dire:  Pan,  fais  bon  œil  à  Robin  le 
berger,  Que  veoir  chez  nous  trois  cents  bœufz  hé- 
berger,  MAROT,   I,  222. 

—  ÉTYM.  Berry,  auberger,  aberger  et  héberger, 
couvrir,  abriter  ;  bourguig.  ehorrjé  ;  génev.  aber- 
ger ;  provenç.  alberguar  ;  espagn.  et  portug.  alber- 
gar  ;  ital.  albergare;  dugermanique  :anc.  h.allem. 
heriberga,  campement  militaire,  de  heri,  armée,  et 
berge,  logement  :  proprement  logement  des  gens 
de  guerre,  puis,  par  extension  du  sens,  logis  en  gé- 
néral et  même  auberge  (voy.  ce  mot). 

t  HÉBERTISTE  (é-bèr-ti-sf) ,  s.  m.  Terme  d'his- 
toire de  la  révolution  française.  Partisan  du  membre 
de  la  commune  Hébert,  ultra-révolutionnaire  qui 
rédigeait  le  journal  intitulé  :  le  Père  Duchesne. 

t  HÊBÉTANT,  ANTE  (é-bé-tan,  tan-t') ,  adj.  Qui 
hébète.  Une  occupation,  une  habitude  hébétante. 

t  HÉBÊTATION  (é-bé-ta-sion),s.  f.  Ëtatd'émous- 
sement  des  sens.  La  grossièreté  de  ses  appétits  [du 
cochon]  dépend  de  l'héhétation  des  sens  du  goût  et 
du  toucher,  buff.  Cochon. 

—  ÉTYM.  Lat.  hebelationem,  de  hebetare,  hébéter. 
HÉBÉTÉ,  ÉE  (é-bé-té,  tée),  part,  pois^  d'hébé- 

ter.  J'en  ai  l'esprit  tout  hébété,  Régnier,  Stances  rel. 
Mais  il  est  devenu  comme  un  homme  hébété,  mol. 
Tari.  1,  i.  Je  laisse  aux  doucereux  ce  langage  affecté, 
Où  s'endort  un  esprit  de  mollesse  hébété,  eoil.  Sot. 
u.  11  [Socrate]  était  fort  laid ,  et,  outre  sa  laideur,  il 
irait  dans  sa  physionomie  quelque  chose  d'hébété 
et  de  stupide,  rollin,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  iv, 
p.  387,  dans  POUGENS.  Être  heureux  comme  un  roi, 
dit  le  peuple  hébété,  volt.  Disc,  i .  Les  nations  hé- 
bétées demeuraient  dans  le  silence,  ID.  Mœurs, 
UO.  Tout  le  monde  se  regardait  avec  des  yeux  hé- 
bétés,iD.  Aventuredelamsmoire.W  Substantivement. 
On  institue  des  prêtres,  on  brûle  de  l'encens,  on 
présente  des  sacrifices  à  l'âme  d'un  hébété  [l'empe- 
reur Claude],  balz.  le  Prince,  B.  Écrire  en  sage  et 
vivre  en  hébété....  Muses,  gardez  vos  faveurs  pour 
quelque  autre,  i.  B.  rolss.  Éptt.  i,  * . 

HÉBÉTER  (é-bé-té.  La  syllabe  bé  prend  un  accent 
grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  il  hé- 
bète, excepté  au  futur  et  au  conditionnel:  j'hébéte- 
rai,  j'hébéterais),t).a.  |]  l°Rendre  obtus,  émoussé, en 
parlant  de  l'esprit,  des  sens,  par  comparaison  à  un 
tranchant  qu'on  émousse.  L^s  esprits  ont  dégénéré 
dans  l'Inde  ;  probablement  le  gouvernement  tartare 
les  a  hébétés,  volt.  Mœurs,  3.  La  fade  galanterie 
n'a  point  hébété  ta  raison,  J.  J.  rouss.  Hél.  ii,  *i. 
Il  a-  S'hébéter,  v.  réft.  Devenir  hébété.  Le  remède 
est  de  s'hébéter,  de  ne  point  penser,  sÉv.  B43. 

—  HlST.  XVI'  s.  L'accoustumance  hebete  nos  sens, 
MONT.  I,  (06.  Il  est  un  sot,  son  goust  est  mousse  et 
hebesté,  id.  i,  329.  La  vieillesse,  ou  bien  la  gran- 
deur de  ses  malheurs,  luy  avoient  troublé  le  sens 
et  hebeté  le  sentiment  de  douleur,  amïot,  les 
liracques,  65. 

—  ETYM.  Lat.  hebetare,  de  hebes,  émoussé. 

t  HÉBÉTUDE  (é-bé-tu-d'),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Apparence  hébétée  que  présente  un  malade 
duns  certaines  affections  cérébrales. 

—  ÉTYM.  Lat.  hehetudinem,  état  de  ce  qui  est 
émoussé,  de  hebes,  émoussé. 

HÉBRAÏQUE  (é-bra-i-k'),  adj.  ||  1°  Qui  appartient 
aux  Hébreux.  La  langue  hébraïque.  ||  La  vérité  hé- 
braïque, nom  donné  par  saint  Jérôme  au  texte  hé- 
lircu  de  l'Ancien  TesWment.  ||  2°  Terme  d'histoire 
uaturcllc.  Dont  le  corps  oflre  des  dessins  qu'on  a 


HEC 

comparés  à  des  lettres  hébraïques.  ||  Â'.  m.  Espèce 
d'insecte.  ||  Petit  poisson  du  genre  labre. 

—  ÉTYM.  'Eêpaïxiç,  de  éSp»îo;,  hébreu. 

t  HÉBUAÏQUEMENT  (é-bra-i-ke-man),  adv.  A 
la  manière  des  Hébreux. 

HÉBRAÏSANT  (é-bra-i-zan),  s.  m.  \\  1°  Savant 
qui  s'attache  à  l'étude  de  la  langue  hébraïque. 
Il  2°  En  un  autre  sens,  observateur  trop  scrupu- 
leux des  préceptes  de  la  Bible. 

—  ÉTYM.  Ilébraïser. 

t  HÉBRAÏSER  (é-bra-i-zé) ,  v.  n.  Se  servir  d'hé- 
braïsmes.  ||  Connaître,  étudier  l'hébreu.  ||  Adopter 
les  opinions  des  Hébreux.  Kircher  dit  qu'on  croi- 
rait que  les  Hébreux  ont  tout  imité  des  Égypliens, 
ou  que  les  Égyptiens  ont  hébraïsé,  volt.  Philos. 
Bible  expl.  Nombres,  note  m. 

—  ÉTYM.  'EêpatÇeiv,  faire  à  la  mode  des  Hé- 
breux, de  éêpaîoç,  hébreu. 

HÉBRAÏSME  (é-bra-i-sm'),  s.  m.  Locution  parti- 
culière à  la  langue  hébraïque.  Il  se  firent  un  grec 
raêlé  d'hébraïsmes,  Boss.  Hist.  i,  8. 

—  ÉTYM.  Ilébraiser. 

t  HÉBRAÏSTE  (é-bra-i-st'),  s.  m.  Synonyme  peu 
usité  d'hébraïsant,  au  sens  de  attaché  à  l'étude  de 
l'hébreu. 

HÉBREU  (é-breu),   s.  m.  ||  1»  Nom  du  peuple 
juif.  Les  Hébreux.  On  Hébreu.  ||  Ce  mot  n'a  pas  de 
féminin;   on   ne  dit   pas  les   Hébreues,  mais  les 
Juives.  Il  2°  Langue  hébraïque.  L'hébreu  est  une 
des  langues  sémitiques.  On  verra  qu'il  s'est  ébloui 
lui-même,  ou  qu'il  veut  éblouir  les  autres  par  son 
'  grec  et  par  son  hébreu,  boss.  i"  instr.  sur  la  ver- 
I  sion  du  Nouv.  Test,  xxvii,  T  passage,  5.  ||  Fig.  et 
familièrement.  C'est  de  l'hébreu ,  on  n'y  peut  rien 
comprendre.  C'est  de  l'hébreu  pour  moi,  je  n'y  puis 
j  rien  comprendre,  mol.  l'Ét.  m,  3.  Il  renvoya  le  valet 
'  après  avoir  dit  quelques  paroles  italiennes  qui  furent 
'  de  l'hébreu  pour  moi,  le  sage,  Guxm.  d'Alfar.  m, 
^ .  Parler  de  faire  le  point  eût  été  de  l'hébreu  pour 
I  nos  marins,  CHATEAUB.  Itinér.  partie  3».  ||  3°  Hébreu 
'  carré,  les  caractères  hébraïques  modernes.  |]  4°  Adj. 
m.  Le  texte  hébreu,  le  texte  en  langue  hébraïque. 
Citer  des  passages  hébreux.  ||  Cet  adjectif  est  inusité 
au  féminin;  en  ce  cas  on  le  remplace  par  hébraï- 
que: la  langue  hébraïque,  une  bible  hébraïque. 

—  HIST.  XIII*  s.  De  ci  m'en  vois  :  Or  soiez  vers 
moi  plus  corlois;  Ne  me  traveillez  mes  de  mois. 
Va,  Salatin,  Ne  en  ebrieu  ne  en  latin,  ruteb.  ii,  87. 
Il  XV*  s.  Car  selon  loy  hebrée  et  en  latin,  Tuit  som- 
mes faiz  trespassans  par  ce  monde,  E.  desch.  Poé- 
sies mss.  f°  <06.  Il  XVI*  s.  Parler  en  hebrieu  [parler 
une   langue  qu'on  ne   comprend  pas],  i.  marot, 

p.   204,  dans  LACDRNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  hebrsms,  du  grec  é6païoç,  de 
Heber,  arrière-petit-fils  de  Sem.  Selon  Renan,  Lan- 
gues sémitiques,  p.  29,  4"  édit.  il  vient  de  heber, 
passage,  et  hébreux  veut  dire  oi  itEpaTai,  ceux  d'au 
delà  du  fleuve,  par  souvenir  du  temps  où  une  par- 
tie de  la  population  sémitique  habitait  en  deçà  de 
l'Euphrate,  et  une  partie  au  delà. 

f  HEC  (hèk) ,  s.  m.  Forte  planche  qu'on  pose  sur  la 
vendange  avant  de  la  soumettre  à  l'aciion  du  pressoir. 

—  HIST.  XIV*  s.  Le  suppUant  estoit  à  son  huis 
appelé  sur  son  bec,  qui  fait  aussi  que  demi  closture 
d'un  huis,  nu  cange,  heket.  Hz  aleient  ensemble 
heurter  au  hec  de  l'uis  de  l'ostel  du  dit  Obery, 
duquel  bec  ilz  rompirent  un  ais  ou  deux,  la.  ib. 

—  ETYM.  Origine  inconnue.  Dans  le  xiv*  siècle,  le 
hec  est  une  demi-porte. 

t  HÉCATE  (é-ka-f),  s.f.\]l°  Terme  du  poly- 
théisme. Déesse  des  enfers.  Elle  invoque  à  grands 
cris  tous  les  dieux  du  Ténare  Et  l'inflexible  Hécate 
et  l'horrible  Alecton,  j.  b.  rouss.  Cantate,  Circé. 
Il  La  triple  Hécate,  la  même  déesse,  ainsi  nommée 
parce  qu'elle  était  Diane  sur  la  terre,  la  Lune  au  ciel, 
et  Proserpine  dans  les  enfers.  ||  2»  Terme  de  zoologie. 
Espèce  de  tortue  d'Amérique.  ||  Espèce  de  papillon. 

—  ETYM.  'Exâ-tTi. 

HÉCATOMBE  (é-ka-ton-b'),  s.  f.\\  i°  Sacrifice  de 
cent  bœufs  ou  d'un  grand  nombre  de  victimes. 
Vous  tiendrez  mal  parole,  ou  bientôt,  sur  ma  tombe. 
Tout  le  sang  de  vos  rois  servira  d'hécatooibe,  corn. 
Aïcom.  v,  7.  Ô  homme,  ne  cherchez  plus  l'expiation 
de  vos  crimes  dans  le  sang  des  animaux  égorgés  ; 
dussiez-vous  dépeupler  tous  vos  troupeaux  par  vos 
hécatombes,  la  vie  des  bêtes  ne  peut  point  payer 
pour  la  vie  des  hommes,  boss.  2*  sermon.  Divinité 
de  la  relig.  3.  On  dit  que  Pythagore  immola  aux 
Muses  une  hécatombe  pour  les  remercier  de  la  dé- 
couverte de  ce  dernier  théorème  [celui  du  carré  de 
l'hypoténuse],  ce  qui  prouve  qu'il  en  connut  la  fé- 
condité, niDEROT,  Opin.  des  anc.  philos,  [pytha- 
gorisme).  ||  2°  Fig.  Massacre,  effusion  de  sang  hu- 


HEI) 


1999 


main.  Fais  périr  ou  péris,  préviens,  làcho,  ou  suc- 
combe. Venge  toute  la  terre  ou  grossis  l'hécatomlic, 
coriN.  Attila,  v,  6.  ||  Par  plaisanterie.  Comment  v» 
la  santé  de  Pollion  '?  vous  savez  si  je  m'y  intéresse; 
il  y  a  peu  d'hommes  comme  lui  ;  jo  ferais  une  hé- 
catombe de  sots  pour  sauver  un  rhumatisme  à  un 
homme  aimable,  volt. /,<;«.  Thiriot,i\  octobre  (738. 

—  ÉTYM.  'ExaTOiiên,  de  4xatàv,  cent  (voy. cent), 
et  poù;,  bœuf  (voy.  bœuf). 

t  HCCATOMBÉON  (é-ka-ton-bé-on),  s.  m.  Le 
septième  mois  des  Athéniens,  jusqu'à  l'an  460  av. 
J.  C.  où  il  devint  le  premier  du  calendrier  olym- 
pique. 11  correspondait  à  partie  de  juillet  et  d'août. 

—  ÉTYM.  'Exatopiêaiùv,  le  mois  où  l'on  sacrifiait 
les  hécatombes: 

t  HÉCviTONSTYLE  (é-ka-ton-sti-l'),  s.  m.  Terme 
d'architecture.  Portique,  édifice  à  cent  colonnes.  11 
se  disait  particulièrement  du  grand  portique  du 
théâtre  de  Pompée  à  Rome. 

—  ÉTYM.  "ExaTÔv,  cent,  et  htûXo;,  colonne. 

t  HÈCUE  (hè-ch'),  s.  f.  Espèce  de  ridelle  qui 
garnit  les  côtés  d'une  charrette. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  hec. 

t  HECT....  ou  HECTO....  préfixe  du  nouveau  sys- 
tème métrique  qui  signifie  cent,  et  est  une  contrac- 
tion incorrecte  du  grec  Ixaièv,  cent. 

HECTARE  (è-kta-r'),s.  m.  Mesure  agraire  d'une 
superficie  de  100  arcs. 

—  ÉTYM.  Uect....  préfixe,  et  are. 

t  HECTARER  (è-kta-ré),  v.  a.  Mesurer  à  l'hectare. 

HECTIQUE  (è-kti-k'),  adj.  Terme  de  médecine. 
Qui  consume.  Fièvre  hectique,  fièvre  ordinairement 
continue,  avec  des  exacerbations  le  soir,  ou  rémit- 
tente, et  accompagnée  d'amaigrissement  progressif. 

—  HIST.  xvr  s.  L'affluence  de  sang  défaut  aux 
hectiques  et  phthisiques,  paré,  viii,  io.  La  fièvre 
hectique  survient  assez  souvent  aux  plaies  et  mala- 
dies du  poulmon,  id.  viii,  33. 

—  ÉTYM.  'KxTixoç,  de  Ixe'v,  avoir,  tenir.  Dans 
hectique  \'h  vient  de  l'esprit  rude. 

UECTISIE  (è-kti-zie),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
État  de  ceux  qui  ont  la  fièvre  hectique. 

—  ÉTYM.  Voy.  HECT10UE. 

f  HECTO  (è-kto),  i.  m.  Abréviation  usuelle  d'hec- 
togramme. Trois  hectos  de  viande. 

—  ÉTYM.  Voy.  hectogramme. 

t  HECTOÉnitlE  (è-kto-é-drie),  s.  f.  Terme  de 
minéralogie.  Etat  d'un  cristal  hectoédrique. 

t  HECTOÉIiRlQUE  (è-kto-é-dri-k'),  adj.  Terme 
de  minéralogie.  Qui  a  six  faces. 

—  ÉTYM.  "EÇ,  six,  et  Bpa,  face. 
HECTOGRAMME  (è-kto-gra-m'),  s.  m.  Poids  de 

100  gramme.s,  dans  le  système  métrique. 

—  ÉTYM.  Hect...  ou  hecto....,et  gramme. 
HECTOLITRE  (è-kto-li-tr"),  s.  m.  Mesure  décent 

litres,  dans  le  système  métrique. 

—  ÉTYM.  lied....  ou  hecto....,  et  litre. 

■  t  HECTO.MiïTRE  (c-kto-mè-tr'),  s.  m.  Mesure  de 
longueur  égale  à  loo  mètres. 

—  ÉTYM.  Uect....  ou  hecto....,  et  mètre. 

■f  HECTOMÊTRIQUE  (è-kto-mé-tri-k'),  adj.  Qui 
appartientà  l'hectomètre.  Cote  kilométrique  et  heo- 
tométrique. 

t  HECTOSTËRE  (ê-kto-stè-r'),  s.  m.  Mesure  de 
100  stères. 

—  ÉTYM.  Hect....  ou  hecto....,  et  flère. 

t  UÉDÉRACÉ,  ÉE  (é-dé-ra-sé,  sée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  ressemble  au  lierre.  ||  S.  f.  pi.  Les 
hédéracées,  famillede  plantes  dont  le  lierre  est  le  type. 

—  ÉTYM.  Lat.  hedcra,  lierre  (voy.  ce  mot). 

t  HÉDÉRIFOR.ME  (  é-dé-ri-for-m')  ,  adj.  En 
forme  de  lierre. 

—  ÉTYM.  Lat.  hedera,  lierre,  et  forme. 

f  UÉOÉRINE  (é-dé-ri-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Suc  gommo-résinoux,  dit  improprement  gomme  do 
lierre,  qui  découle  du  tronc  des  vieux  lierres. 

—  ÉTYM.  Lat.  hedera,  lierre  (voy.  lierre). 

t  HEDWIGIE  (hèd-vi-jio),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Genre  de  térébinthacées  contenant  l'hedwigie 
balsamifère  qui  porte  le  nom  de  bois  à  la  baraque  ^ 
Haïti  et  à  la  Jamaïque,  legoabant.  ||  Nom  d'uu 
genre  de  mousses. 

—  ÉTYM.  Uedvoig,  botaniste  allemand  du  siècle 
dernier. 

fHÉDYSARÉES  (é-di-za-rée),  s.  f.  pi.  Terme  de 
botanique.  Tribu  des  légumineuses  papilionacées 
dans  laquelle  se  trouve  le  sainfoin. 

—  ÉTYM.  Hédysaron. 

I  HÉDYSARON  (é-di-za-ron)  ou  HÊDYSARUM 
(é-di-za-rom'),  s.  m.  Terme  de  botanique.  Genre 
de  la  famille  des  papilionacées  qui  contient  beau- 
coup d'espèces. 

—  ÉTYM.  'HSûffaoov ,  sainfoin. 


2000 


HEI. 


t  HIvOEMONIK  (é-jé-mo-iiie),  s.  f.  Suprématie 
qui  appartenait  à  un  peuple  dans  loj  fédérations  de 
"antiquité  grecque.  L'hégémonie  appartenait  primi- 
tivement à  Sparte.  ||  11  s'applique  aussi  aux  Etats 
m(«lernes.  L'Autriche  et  la  Prusse  se  disputent  l'hé- 
gémonie  de  l'Allemagne. 

—  ÉTYM.  'Hyeii-ovia,  dérivé  du  verbe  :?iTeïa6at, 
diriger,  conduire. 

t  HÉGÉSIAQUE  (é-jé-zi-a-k'), *. m.  Disciple d'Hé- 
gésias,  philosophe  cyrénaïque,  qui  enseignait  à 
Alexandrie  vers  3io  avant  Jésus-Christ  et  qui  ap- 
prouvait le  suicide. 

HÉGIRE  (é-ji-r'),  s.  /".L'ère des  Mahométans,  qui 
commence  à  l'époque  oïl  Mahomet  s'enfuit  de  la 
Mecque.  La  première  année  de  l'hégire  correspond 
à  l'an  622  de  Jésus-Christ,  i  sa  fuite  commença  la 
fameuse  hégire,  Boss.  Hist.  i,  )  ( . 

—  ÉTYM.  Arabe,  hejireth,  fuite. 

IIEIDUQUE  (è-du-k'),  s.  m.  ||  1"  Nom  d'une  mi- 
lice de  gens  de  pied  qui,  occupant  quelques  dis- 
tricts de  la  Hongrie,  voisins  de  la  frontière,  est 
chargée  de  les  défendre.  11  faudrait....  tout  braver 
pour  me  voir,  Le  sabre  nu  de  l'heiduque  Et  l'eunu- 
que, v.  HUGO,  Orient.  19.  ||2°  Domestique  vêtu  à 
la  hongroise.  Le  roi  étant  informé  qu'au  mépris  des 
ordonnances  qui  défendent  à  tous  domestiques  de 
porter  aucunes  armes,  épées,  cannes,  etc.  on  en 
voit  tous  les  jours  derrière  les  voitures,  ou  à  pied, 
connus  sous  le  nom  de  cbasseurs,  heiduques,  por- 
tant un  grand  couteau  de  chasse  ou  sabre  pendu  à 
leur  côté;  que  d'autres  ont  des  épaulettes  sur  leurs 
habits,  ce  qui  est  la  marque  distinctivc  de  l'état  mi- 
litaire...., Ord.  duroi,  13  juin  1779. 

—  IIIST.  XIV  S.  Les  hidouques,  qui  sont  gens  de 
pied  de  la  Croacie,  emportèrent  par  surprise  Glissa, 
d'aub.  Hist.  m,  420. 

* —  ÉTYM.  Tchèque  ou  bohème,  hayduk,  forme 
slave  du  vieux  hongrois  hadju,  signifiant  un  fan- 
ta.ssin,  un  garde  à  pied. 

HF.IM  ou  HEIN  (hin),  interj.  familière  qui 
s'emploie  en  guise  d'interrogation,  et  signifie  : 
n'est-ce  pas?  qu'en  dites-vous?  Nous  irons  ce  soir , 
hein?  Cela  est  bien  écrit,  hein?  Et  mes  lettres 
les  as-tu  portées  à  la  poste,  heim  ?  brueys,  Gron- 
deur, I,  G.  Il  Sert  aussi  à  exprimer  l'étonnement. 
Il  Sert  enfin  à  exprimer  le  bruit  qui  accompagne 
chaque  effort  de  l'ouvrier  dans  plusieurs  profes- 
sions. 

—  ÉTYE.  Lat.  hem,  qui  avait  le  même  sens  et 
qui  se  prononçait  peut-être  de  même  :  Non,  her- 
cle,  intelligo. — Non?  hem!  —  Non,  téheuce,  Andr. 
1,  se.  2,  V.  167. 

UÉLAS  (é-lâ;  l's  se  lie  :  é-Iâ-z  il  est  mort;  quel- 
ques personnes  font  entendre  1'*  :  é-las';  cette  pro- 
nonciation n'est  pas  à  recommander;  las  n'étant, 
dans  ce  mot,  que  l'adjectif  las,  qui  ne  se  prononce 
jamais  las'),  interj.  (\m  exprime  la  douleur.  Alors  le 
roi  d'Israël  dit:  hélas,  hélas,  hélas!  le  Seigneur 
nous  a  ici  joints  trois  rois  ensemble  pour  nous  li- 
vrer entre  les  mains  de  Moab,  SACi,  Bible,  Rois,  iv, 
m,  10.  Alors  [en  recevant  le  saint  viatique]  il  se 
souvint  des  irrévérences  dont,  hélas  I  on  déshonore 
ce  divin  mystère,  boss.  Louis  de  Bourbon.  Après 
l'Agésilas,  Hélas!  Mais  après  l'Attila,  Holà!  boil. 
fyiyr.  VII.  Il  Substantivement.  Que  cet  hélas  a  de 
peine  à  sortir!  conN.  Poly.  iv,  3.  Traîtres,  ces  feints 
hélas  ne  sauraient  m'abuser,  ID.  Yeuie,  iv,  3.  Il  fit 
d'une  mourante  voix  Deux  grands  hélas,  les  bras  en 
croix,  scAiiRON,  Yirg.  v.  Un  jour  se  passe  et  deux 
sans  d'autre  nourriture  Que  ses  profonds  soupirs, 
que  ses  fréquents  hélas,  la  font.  Matr. 

—  HIST.  xiii*  s.  Helas!  se  nus  [nul]  se  doit  sau- 
ver dolans  [en  allant  à  la  croisade],  Donc  doit  par 
droit  ma  mérite  estre  grans,  Car  plus  dolans  ne  s'en 
part  nus  [nul]  de  France,  ouesnes,  Romancero,  p.  90. 
Halas!  quel  damage!  car  il  onques  puis  ne  che- 
vaucha que  Cfcle  fois,  villeh.  xxil  Helas  !  or  n'ose- 
rai-je  mais  devant  lui  aler,  Berle,  cxxxix.  ||  xvi'  s.  Je 
tressue  de  grant  ahan;  zalas,  les  vêles  [voiles]  sont 
rompues,  bab.  Garg.  iv,  <8.  i 

—  ETYM.  Hd,  interjection,  et  l'adjectif  las  (voy.  I 
ce  mot),  qui  avait  le  sens  de  malheureux,  affligé  ; 
provenç.  atlas,  hailas;  anc.  ital.  ahi  lasso. 

t  UELCOLOGIE  (èl-ko-lo-jie),  s.  f.  Terme  de  chi- 
rurgie. Traité  sur  les  ulcères.  j 

—  ÊTYM.  "EXxoç,  ulcère  (le  même  que  le  latin  «J- 
««),  etXôfo;,  traité.  ' 

t  UELCOSE  (èl-kô-z'),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Ulcération. 

ÊTYM.  "EXxwTi;,  ulcération. 

+  UELCTIQUE  (èl-kti-k'),  adj.  Terme  de  méde- | 
cine.  Synonyme  d'attractif,  dépispastique. 

_  btvi    "EXxtixi;,  de  {Xxciv,  attirer. 


—  Stym. 


HÈL 

t  HELCVDRION  (èl-si-dri-on) ,  ï.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Ulcération  superficielle  de  la  cornée. 

—  ÉTYM.  'EXxOSpiov,  diminutif  de  ÏXxo;,  ulcère. 
HÉLÉ,  ÊE  (hé-lé,  lée) ,  part,  passé  de  héler.  Le 

vaisseau  hélé  mit  en  panne. 

t  HÉLÈNE  (é-lc-n'),  s.  f.  ||  1°  Nom  de  la  femme 
de  Ménélas,  enlevée  par  Paris,  qui  fut  la  cause  de  la 
guerre  de  Trrie,  et  dont  la  beauté  égalait  celle  des 
déesses.  Elle  fut  la  seule  de  son  sexe,  parmi  tant 
d'enfants  de  Jupiter,  dont  ce  dieu  daigna  se  décla- 
rer le  père;  quelque  tendresse  qu'il  eût  pour  le  fils 
d'Alcmène,  Hélène  lui  fut  encore  plus  chère;  et, 
dans  les  dons  qu'il  leur  fit,  les  plus  précieuses  fa- 
veurs furent  d'abord  pour  sa  fille;  car  Hercule  eut 
en  partage  la  force  à  qui  rien  ne  résiste,  Hélène  la 
beauté  qui  triomphe  de  la  force  même,  P.  L.  cour. 
Éloge  d  Hélène.  ||  2°  Sert  à  désigner  une  beauté  qui 
attire  les  voeux  d'un  grand  nombre  de  prétendants. 
La  gent  qui  porte  crête  au  spectacle  [le  combat  des 
deux  coqs]  accourut;  Plus  d'une  Hélène  au  beau 
plumage  Fut  le  prix  du  vainqueur....  la  font.  Fabl. 
VII,  13.  Il  3°  Nom  d'une  espèce  de  papillon,  de  cou- 
leuvre et  de  murène.  ||  Variété  de  tulipe.  ||  4"  Nom 
donné  anciennement  à  une  variété  de  feu  Saint- 
Elme.  Castor  et  Pollux,  en  météorologie,  est  un 
météore  igné,  qui  paraît  quelquefois  en  mer  s'at- 
tacher à  un  des  côtés  du  vaisseau,  sous  la  forme 
d'une,  de  deux,  ou  même  de  trois  ou  quatre  boules 
do  feu;  lorsqu'on  n'en  voitqu'une,  on  l'appelle  plus 
proprement  Hélène,  mus.schenbroek,  dansJAL. 

—  ÉTYM.  'EXévn  ,  que  Max  Mtlller  a  identifiée 
avec  la  Saramd  védique,  la  déesse  de  l'aurore,  et 
que  Curtius  au  contraire  rapproche  de  éXivn , 
torche. 

t  HÉLÉNIE  (é-lé-nie),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  de  la  famille  des  composées  oii 
l'on  distingue  l'hélénie  d'Hutomne,  plante  d'Amé- 
rique, helenium  aiitumnale,  L. 

—  ÉTYM.  Lat.  helenium, d\i  grec  Wéviov,  ainsi  dite 
parce  que,  suivant  les  Grecs,  elle  était  née  des  pleurs 
d'//c7è»ie. 

t  HÊLÉNINE  (é-lé-ni-n'),«.  f.  Terme  de  chimie. 
Nom  qui  a  été  donné  à  l'inuline. 

t  HÉLÉPOLE  (é-lé-po-r),  s.  /".Terme  d'antiquité. 
Machine  en  forme  de  tour  qui  s'employait  aux  siè- 
ges des  villes. 

—  ÉTYM.  'E).£7to),i«,  de  {Xeïv,  prendre,  et  itô- 
Xi;,  ville. 

HÉLER  (hé-lé.  La  syllabe  hé  prend  un  accent 
grave  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette  :  je  hèle; 
excepté  au  futur  et  au  conditionnel  :  je  hélerai,  je 
hélerais),  V.  o.  ||  1°  Terme  de  marine.  Appeler  un 
navire  avec  un  porte-voix.  ||  2°  Par  extension,  ap- 
peler de  fort  loin.  On  nous  héla  d'une  des  portes  de 
la  ville,  CHATEAUBR.  Ilinér.  l"  part.  ||  3°  Se  héler, 
V.  réft.  S'appeler  l'un  l'autre  en  mer  ou  de  loin. 
Les  marins  des  deux  bâtiments  se  hélaient.  On  se 
hélait,  on  se  saluait. 

—  HIST.  xvi*  s.  Hau  de  la  nef,  hola  hau,  qui  nous 
belle?  j.  PARMENTiER,  Chant  royal,  dans  jal. 

—  ÉTYM.  Norm.  hêler;  de  l'angl.  to  hail,  héler, 
proprement  saluer;  le  sens  primitif  de  to  hail  est 
souhaiter  la  santé,  health,  santé;  allem.  heil,  sain. 
Desroches,  1087,  écrit  heuler,  dit  jal. 

■f  UËLEUX  (hé-leû),  s.  m.  Espèce  de  héron  de 
Saint-Domingue. 

HÉLIANTHE  (é-li-an-f),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  de  la  famille  des  compo- 
sées. Il  Hélianthe  tubéreux,  le  topinambour. 

—  ÉTYM.  "HXio;,  soleil,  et  âv6o;,  fieur. 
HËLLANTHÉME  (é-li-an-tê-m'),  s.  m.  Terme  de 

botanique.  Genre  de  plantes  (famille  des  cistinées) 
dont  la  plus  connue  porte  des  fieurs  d'un  jaune  lui- 
sant disposées  en  épi,  et  est  dite  vulgairement  herbe 
d'or,  hysope  des  garigues. 

—  ÉTYM.  Voy.  hélianthe. 

HÉLLVQUE  (é-li-a-k'),  adj.  ||  1°  Terme  d'astro- 
nomie. Lever  héliaque,  coucher  héliaque,  se  disent 
d'un  astre  qui  se  lève  ou  qui  se  couche  au  moment 
où,  le  soleil  allant  se  lever  ou  venant  de  se  cou- 
cher, il  n'y  a  pas  assez  de  lumière  pour  que  l'astre 
en  question  ne  soit  pas  visible.  {|  2°  S.  f.  pi.  Terme 
d'antiiiuité  grecque.  Les  héliaques,  fête  en  l'honneur 
du  soleil. 

—  ÉTYM.  'HXio;,  soleil.  'HéXio;  est  une  autre  forme 
que  les  hellénistes  regardent  comme  équivalant  à 
àFcXio;,  Cretois  àSéXio:.  Curtius  a  rapproché  ces 
formes  du  mot  sabin  ausel,  soleil,  radical  sanscrit 
ush,  brûler,  à  quoi  tiennent  aurora,  aurore,  et  le 
nom  propre  Aurclius.  Mais  cette  étymologie  ne  rend 
compte  ni  de  l'esprit  rude,  ni  de  ce  que  devien- 
nent l's  de  auscl  et  sh  de  ush;  il  vaut  donc  mieux 
suivre   l'avis   de   Benfey,  qui   voit  dans  i^F<Xto«, 


HÉL 

iëéXio;,  lettre  pour  lettre,  le  sanscrit  sdvary<\, 
forme    développée    de  sûrya,   soleil. 

t  HÉLIAQCEMENT  (é-li-a-ke-man),  adv.  D'uiio 
manière  héliaque. 

HÉLIASTES  (é-li  a-st'),ï.  m.  pZ.  Terme  d'anti- 
quité. Nom  que  portaient  à  Athènes  les  membres 
d'un  tribunal  nombreux,  dont  les  assemblées  com- 
mençaient au  lever  du  soleil. 

—  ÉTYM.  'H'uaarrii,  de  r)Xià!;o(jLat,  s'exposer  au  so- 
leil et  être  juge  ;  :^X'.a(a,  place  ou  galerie  où  se  te- 
nait le  tribunal,  de  ijXio;,  soleil. 

HÉLICE  (é-Ii-s'),  s.f.  |jl'  Ligne  tracée  en  forme 
de  vis  autour  d'un  cylindre.  Il  y  a  dans  l'organe 
de  l'ouïe  un  artifice  bien  sensible,  c'est  une  hélice 
à  tours  anfraclueux,  qui  détermine  les  ondulation» 
de  l'air  vers  une  coquille  formée  en  entonnoir...., 
volt.  Philosophie,  Comm.  sur  Malebr.  Mécanique 
des  sens  ||  Escalier  en  hélice,  escalier  composé  de 
marches  gironnées  attachées  les  unes  sur  les  au- 
tres autour  d'une  colonne  de  bois  ou  de  pierre. 
Il  2°  Petites  volutes  qui  entrent  dans  la  composition 
du  chapiteau  corinthien.  ||  3°  Terme  de  mécanique. 
Tout  appareil  en  forme  de  vis  ou  de  tire-bouchon. 
Il  Hélice  propulsive,  ou,  simplement,  hélice,  appa- 
reil qui  remplace  avec  avantage  les  roues  à  aubes 
dans  les  bateaux  à  vapeur.  Le  Napoléon....  est  le 
premier  bâtiment  français  auquel  est  appliqué  le 
nouveau  système  de  propulsion  consistant  en  une 
vis  ou  hélice  mue  par  la  vapeur,  et  qui,  placée  à 
l'arrière  et  immergée,  tourne  dans  l'eau  avec  une 
vitesse- considérable,  de  manière  à  faire  filer  au  na- 
vire dix  à  onze  nœuds  en  temps  favorable....  Cet 
homme  éta;t  simplement  Sauvage,  l'inventeur  des 
hélices;  Sauvage,  qui,  depuis  treize  ans,  travaille 
et  lutte....  ALPH.  KABR,  les  Guêpes,  juil.  isi). 
Il  4°  Genre  de  coquillages  en  forme  de  spirale; 
ce  sont  les  mollusques  gastéropodes  puluionés  à  co- 
quille, vulgairement  escargots.  ||  6'  Nom  qu'on 
donne  à  la  Grande  Ourse  parce  qu'on  la  voit  toujours 
tourner  autour  du  pôle  dans  un  petit  cercle. 

—  HIST.  XVI*  s C'est  l'avant-vendangeur  [con- 
stellation] De  lumière  pareille  et  pareille  grandeur 
Que  celle  qui  se  voit  par  la  noire  carrière  Sur  la 
queue  d'hélice  espandant  sa  lumière  ;  Cestc  e»- 
toille  est  ardante....  R.  belle/.u,  Poésies,  t.  i, 
p.  179. 

—  ÉTYM.  'EXiÇ,  de  éXtcTffeiv,  enrouler,  primitif 
iXJM,  tourner,  courber;  l'esprit  doux  suppose  un 
digamma  FtXvi»,  d'où  le  rapprochement  naturelavec 
le  latin  volvo,  sanscrit  var,  envelopper. 

t  HÉLICE,  ÉE  (é-H-sé,  sée),  adj.  Ternra  de  con- 
chyliologie. Oui  est  contourné  en  spirale. 

—  ÉTYM.  Hélice. 

t  HÉLICIEN,  lENNE  (é-li-siin ,  siè-n') ,  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  à  l'hélix. 

f  HÉLICIER  (é-li-sié),  s.  m.  Terme  de  zoologie. 
Mollusque  qui  habite  les  hélices. 

.f  HÉLICIN,  INE  (é-li-sin,  si-n'),  adj.  Terme  d'a- 
natomie. Qui  est  en  forme  de  vrille  ou  de  spire. 
Artères  hélicines,  petites  franges  appendues  aux  ar- 
térioles  du  tissu  érectile. 

t  UÉLICINE  (é-li-si-n'),  s.  f.  Mucilage  provenant 
des  limaçons. 

—  éty'm.  'EXi?,  Umaçon. 

t  HÉLICITE  (é-li-si-t'J,  s.  f.  Coquille  fossile  tur- 
binée  en  vis. 

t  HÉLICOÏDAL,  ALE  (é-li-ko-i-dal,  da-P),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Disposé  en  hélice.  Organes  héli- 
coïdaux. 

t  HÉLICOÏDE  (é-li-ko-i-d'),  adj.  ||  !•  Terme  di- 
dactique. Qui  ressemble  à  une  hélice,  jj  Te.'^me  de 
géométrie.  Parabole  helicoïde,  courbe  que  produit 
la  paraboleordinaire,  quand  on  enroule  son  axe  au- 
tour de  la  circonférence  d'un  cercle.  ||  Terme  d'a- 
natomie. Synonyme  d'hélicoïdal.  {|  2°  S.  m.  Un 
hélicoîde,  surface  engendrée  par  une  droite  hori- 
zontale qui  s'appuie  constamment  sur  une  hélice  et 
sur  l'axe  vertical  du  cylindre  droit  où  est  tracée 
cette  courbe. 

—  ÉTYM.  Hélice,  et  eîSo;,  forme. 

UËLICON  (é-li-kon),  s.  m.  ||  i°  Montagne  deBéo- 
tie,  Toisir.e  du  Parnasse,  et  fameuse  parmi  les  poè- 
tes, qui  la  regardaient  comme  un  des  séjours  ordi- 
naires d'Apollon  et  des  Muses.  ||  Fig.  Le  sommet,  le 
haut  de  l'Hélicon,  la  grande,  la  haute  poésie.  Sur  le 
haut  Hélicon  leur  veine  méprisée  Fut  toujours  de* 
neuf  sœurs  la  fable  et  la  risée,  boil.  Disc,  au  roi. 
Il  11  est  au  bas  de  l'Hélicon,  c'est  un  mauvais  poéW. 
Il  La  poésie  en  général.  Connaissez-vous  sur  l'Héli- 
con L'une  et  l'autre  Thalie  [les  deux  genres  de  co- 
médie]? L'une  est  chaussée  pe  comique  larmoyant] 
et  l'autre  non  [le  comique  ordinaire).  Mais  c'est  U 
plus  jolie,  PiRON,  Épigramme  contre  Lachaustét, 


HÉL 

il  2*  Terme  d'astropomie  ancienne.  Une  des  taches 
de  la  lune. 

t  HfiLICOMAPES  (é-li-ko-ni-a-d')  s.  f.  pi.  Les 
Muses,  qui  habitaient  l'Hélicon. 

t  UÉLICpNIKN,  KN\K  (c-li-ko-niin,  niè-n'),  adj. 
Oui  appartient  à  l'Hélicon. 

+  HÉLICOSTÈGUES  (é-li-kc-stÈ-gh'),  s.  w.  pi. 
Terme  de  conchyliologie.  Famille  de  mollusques, 
comprenant  ceux  dont  la  coquille  se  compose  do 
loges  assemWées  sur  un  ou  deux  axes  distincts,  mais 
formant  une  spirale  réguliô'-e. 

—  ftTYM.  Hélice,  et  aTî-fEiv,  couvrir. 

t  HÉLICOTRËME  (é-ti-ko-trê-m'),  s.  m.  Terme 
d'anatomie.  l'etite  ouverture  située  au  sommet  du 
limaçon  de  l'oreille  interne,  et  établissant  une  com- 
munication entre  les  deux  rampes. 

—  Rtym.  "EXiÇ,  limaçon,  et  xpYJaa,  pertuis. 

t  HÉLICCLE  (é-li-cû-r),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Nom  de  certains  vaisseaux  des  plantes  qui  sont 
disposés  en  spirale. 

—  fîTYM.  Diminutif  d'fi^iic«. 

fHÉLINGUE  (é-lin-gh'),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Bout  de  grosse  corde,  qui  est  retenue  d'un  côté, 
nux  manivelles  dans  une  corderie,  et  de  l'autre,  à 
l'extrémité  des  torons  pour  les  tordre. 

f  HÉLIO....  préfixe  qui  signifie  soleil  et  vient  du 
grec -iiXio;  (voy.  héliaqqe). 

HftLIOCENTRIQOE(é-li-o-san-tri-k'),  orf;.  Terme 
d'astronomie.  Rapporté  au  soleil  comme  centre. 
Lieu,  point  héliocentrique  d'une  planète ,  lieu, 
point  de  l'écliptique  où  paraîtrait  cette  planète, 
vue  du  soleil.  La  difi'érence  des  mouvements  de 
Mars  et  de  la  terre  fait  correspondre  la  planète 
à  divers  points  du  ciel,  dans  des  oppositions  suc- 
cessives ;  en  comparant  donc  entre  elles  un  grand 
nombre  d'oppositions  observées,  on  pourra  dé- 
couvrir la  loi  qui  existe  entre  le  temps  et  le  mou- 
vement angulaire  de  Mars  autour  du  soleil,  mouve- 
ment que  l'on  nomme  héliocentrique,  la  place, 
Expos.  II,  4.  Il  Coordonnées  héliocentriiiues,  celles 
qui  ont  pour  point  d'origine  le  centre  du  soleil. 

—  ÉTYM.  Hélio...,  et  centre. 

t  HÉLIOCIIROMIE  (é-li-0-kro-mie),  s.  f.  Sorte  de 
coloration  que  l'on  obtient  à  l'aide  du  soleil  sur  une 
couche  de  chlorure  d'argent  que  porte  une  plaque 
métallique.  La  reproduction  des  couleurs  en  bélio- 
chromie. 

—  ÉTYM.    tiélio...,  et  •/pM!'-a,  couleur. 

t  IIÉLTOCIlROMIQUE(é-U-o-kro-mi-k'),arf;'.  Qui 
a  rapport  à  l'héliochromie.  Couleurs  béliochromi- 
ques. 

t  HÉI-IOCOMËTE  (é-li-o-ko-mè-f) ,  s.  /'.Terme 
de  météorologie.  Phénomène  que  pré.sento  quelque- 
fois le  soleil  couchant  ;  il  consiste  en  une  t,ande  lu- 
mineuse, semtilable  à  la  queue  d'une  comète. 

—  Ktym.  Iliflio...,  et  comète. 

t  HÉLIOORAPUIE  (é-li-0-gra-fie),  s.  f.  Terme 
d'astronomie.  Description 'du  soleil.  j|  Sorte  de  pho- 
tographie. 

—  f.TYM.  llélio...,  et  Ypoccpsiv,  décrire. 

t  HÉLIOGRAPHIQIIE  (é-li-0-gra-fî-k'),  adj.  Gra- 
vure héliographique,  mode  de  gravure  dans  lequel 
on  s'aide  de  la  photographie  pour  tracer  le  dessin 
sur  la  planche.  Appareil  liéliographique. 

t  HfiLIO.MÈTRE  (é-li-o-mè-tr'),  s.  m.  Terme  de 
physique.  Instrument  pour  mesurer  le  diamètre  ap- 
parent du  soleil. 

—  ÉTYM.  HHio...,  et  liÉtpov,  mesure. 

t  HÉHOMEtRIQUE  (é-li-o-mé-tri-k'),  adj.  Qui 
appartient  à  l'héliomèlre. 

t  UÉLIOPUCGE  (é-li-c-fu-j'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  fuit  le  soleil.  La  lame  héliophuge  des 
feuilles  de  l'héliotrope. 

—  ÉTYM.  Ilclin...,  et  çuTT],  fuite. 
fllfiLIOPOLITE  (é-li-o-po-li-f),    adj.  Dynasties 

héliopoli t(!s,  dynasties  égyptiennes  qui,  dans  le  ta- 
bleau de  Manéthon,  sont  la  n*  et  la  lO»,  ainsi  dites 
parce  que  leur  siège  était  à  Héliopolis. 

—  ÉTYM.  Ilèliopolis,  nom  grec  d'une  ville  d'E- 
gypte. 

UIÎLIOSCOPE  (é-li-o-sko-p'),  s.  m.  ||  1°  Terme 
d'astronomie.  Lunette  destinée  à  regarder  le  soleil. 
!|  2"  Instrument  à  l'aide  duquel  on  peut  diriger  l'i- 
mage du  soleil  dans  une  chambre  obscure. 

—  ÉTYM.  llélio...,  et  cxoTteîv,  examiner. 

t  IlftLIOSCOPlE  (é-li-o-sko-pie),  s.  f.  ||  1°  Obser- 
vation du  soleil  a  l'aide  de  Fhélioscope.  ||  2°  Pré- 
tendue divination  h  l'aide  du  soleil.  La  chiromancie, 
métoposcopie,  hélioscopie,  G.  naudé.  Apologie,  p.  ^^. 

t  HÉLIOSCOPIQUE  (é-li-0-sko-pi-k'),  adj.  Terme 
d'astronomie,  yui  appartient  à  l'hélioscope,  à  l'hé- 
lioscopie. 

t  HELIO.SE  (é-li-ô-z'),  s.  f.  Terme  de  médecine. 

DICT.    DK   LA    LANGUE   FRANÇAISE. 


EÎEL 

Nom  donné  quelquefois  h  la  maladie  appelée  coup 
de  soleil. 

—  ÉTYM.  'H).{w(ji;,  exposition  au  soleil,  de  f^i.ai, 
soleil  (voy.  nÉLiAQUEJ. 

t  HftLlOSTAT  (é-li-o-sta),  s.  m.  Appareil  d'op- 
tique par  lequel  un  mouvement  d'horlogerie  main- 
tient dans  une  direction  constante,  malgré  le  mou- 
vement du  soleil,  un  rayon  introduit  dans  une 
chambre  obscure. 

—  ÉTYM.  Hélio...,  et  dTocTo;,  arrêté. 

t  nËLIOSTATIQUE  (é-li-0-sta-ti-k').  ||  i°Adj.  Qui 
appartient  à  l'héliostat.  ||  2»  S.  f.  Doctrine  des  mou- 
vements des  planètes,  d'après  la  position  du  soleil 
au  centre  du  système  planétaire. 

HÉLIOTROPE  (é-li-o-tro-p'),  s.  m.  ||  1°  Genre  de 
planles  de  la  famille  des  borraginées,  oii  l'on  distin- 
gue l'héliotrope,  heliotropium  europâsum,  L.,  dit 
aussi  herbe  aux  verrues,  et  V heliotropium  peruiia- 
num,  L.,  cultivé  pour  la  beauté  et  surtout  pour  la 
bonne  odeur  do  ses  fleurs.  ||  2°  Nom  de  quelques 
plantes  qui  se  tournent  vers  le  soleil  tant  qu'il  est 
sur  l'horizon.  Comme  les  naturalistes  remarquent 
que  la  fleur  nommée  héliotrope  tourne  sans  cesse 
vers  cet  astre  du  jour...,  mol.  Mal.  imag.  ii,  o. 
Il  Adjectivement.  Plantes  héliotropes.  Lame  hélio- 
trope, la  lame  supérieure  de  la  feuille  des  hélio- 
tropes. Il  3°  Pierre  précieuse  qui  est  verdàtrc  et  rayée 
de  veines  rouges;  c'est  une  espèce  de  jaspe  oriental. 
Quelques-uns  de  nos  collaborateurs,  qui  cependant 
ne  craignent  pas  de  multiplier  les  espèces  et  les  sor- 
tes, n'en  ont  fait  qu'une  du  jaspe  sanguin  et  du 
jaspe  héliotrope,  quoique  Boen  de  Boot  les  eût 
avertis  d'avance  que  le  jaspe  sauguin  ne  prend  le 
nom  d'héliotrope  que  quand  il  est  à  demi  transpa- 
rent, BUFF.  Min.  t.  VII,  p.  7.  Il  4°  Terme  de  physique. 
Instrument  qui,  renvoyant  le  rayon  solaire  à  un 
ob.servateur  éloigné,  peut  remplacer  les  signaux 
ordinaires  dans  les  grandes  opérations  géodésiques. 
11  5"  Terme  d'antiquité.  Espèce  de  cadran  solaire. 

—  IlIST.  xvi"  s.  Une  espèce  de  heliotrophon,  ap- 
pellée  aussi  vire  soli,  d'autant  que  sa  fleur  regarde 
tous-jours  le  soleil,  se  tournant  comme  lui,  o.  de 

SERRES,  57B. 

—  ÉTYM.  //e'Ko...,etTpoit^,  tour,  action  de  tourner, 
t  HÉLIOTROPIE  (é-li-o-tro-pie),  s.  f.  Terme  de 

botanique.  Acte  par  lequel  une  plante  se  tourne  pour 
suivre  le  soleil. 

—  ÉTYH.  Héliotrope. 

I  HÉLTOTROPIQUE  (é-li-o-tro-pi-k'),  odj.  Terme 
didactique.  Qui  a  rapport  à  l'héliotrope,  à  l'hého- 
tropisme. 

t  HÉLTOTROPISME  (é-li-o-tro-pi-sm') ,  s.  m.  Terme 
de  botanique.  Propriété  qu'ont  certaines  plantes  de 
tourner  constamment  leurs  fleurs  vers  le  soleil. 

—  ÉTYM.  Héliotrope. 

HÉHX  (é-Iiks'),s.  m.  Terme  d'anatomie.  Le  grand 
bord  replié  de  l'oreille  externe. 

—  ÉTYM.  "E)!?,  hélice  (voy.  hélice). 
HELLANODICES  (èl-la-no-di-s')  ou  HELLANO- 

DIQCES   (hèl-la-no-di-k'),   s.  m.  pi.  Terme  d'anti- 
quité. Officiers  qui  présidaient  aux  jeux  olympiques. 

—  ÉTYM.  'EyimoSUai ,  de  ë),Xav,  forme  dorique 
de  l>,).ïiv  (voy.  hellénique),  et  Sixïi,  justice. 

HELLÉHORE  (èl-lé-bo-r'),  voy.  ellébore. 

f  HELLEHORÉES  (èl-lé-bo-rée),  s.  f.  pi.  Terme 
de  botanique.  Nom  d'une  tribu  des  renonculacées. 

HELLÉBORINE  (èl-lé-bo-ri-n'),  s.  f.  Voy.  EL- 
léborine. 

t  HELLERUT  (hè-le-bu),  s.  m.  Terme  de  pêche. 
Un  des  noms  vulgaires  du  fiet,  poisson  du  genre 
pleuronecte. 

f  HELLÈNE  (èl-lê-n'),  s.  m.  ||  1°  Nom  que  les  an- 
ciens Grecs  se  donnaient  et  que  les  Grecs  d'aujour- 
d'hui se  donnent  encore.  ||  2°  Il  signifie  quelquefois 
païen  dans  les  Pères  de  l'Eglise,  parce  que  toute  la 
Grèce  était  païenne.  Ils  appliquaient  aux  gentils  le 
nom  d'Hellènes,  qui  signifie  proprement  les  Grecs, 
d'oii  vient  que,  dans  saint  Paul,  Grec  et  gentil  est 
la  même  chose,  fleury.  Mœurs  des  Israélites,  tit. 
XXX,  3«  part,  dans  pougens. 

—  ÉTYM.  'EUï)v£,;,  Grecs,  ainsi  dits  de  "EXXyiv,  fils 
de  Deucalion,  et  pèi»9  supposé  de  la  race  grecque. 

t  HELLÊME  (èl-lé-nie),  s.  f.  Terme  de  botani- 
que. Genre  de  plantes  de  la  famille  des  amomacées. 
Hellénie  de  Chine,  hcllenia  chinensis,  Wildenow, 
plante  qui  fournit  le  petit  galanga. 

HELLÉNIQUE  (èl-lé-ni-k'),  adj.  \\  1°  Terme  d'an- 
tiquité grecque.  Qui  appartient  à  la  Grèce.  Corps 
hellénique,  la  confédération  que  formaient  les  cités 
grecques  qui  avaient  droit  d'amphictyonie.  jj  Langue 
hellénique,  la  langue  grecque  ancienne  par  oppo- 
sition au  grec  moderne.  ||  2"  5.  m.  L'iiolléniquc,  , 
le  grec  ancien.  ||  3"  S.  f.  pi.  Titre  que  portaient  plu- 1 


HEL 


2001 


sieurs  histoires  de  la  Grèce.  Les  Helléniques  d^ 
Xénophon. 

—  ÉTYM.  'EUïiviiioî,  de  'EXXrjvei;,  les  Grecs  (voy, 
hellène)  . 

t  HELLÉNISER  (èl-lé-ni-zé).  ||1-  V.  n.  Se  livrer 
à  l'étude  du  grec.  ||  .Suivre  les  opinions  des  Grecs. 
Il  2°  V.  a.  Rendre  conforme  au  caractère  grec. 
Il  S'helléniser,  v.  r/fl.  Prendre  le  caractère  grec. 
Aujourd'hui  les  nouveaux  Pélasges  [les  Albanais 
établis  en  Grèce  vont  s'hellénisant  de  plus  en  plus. 
M'°«  DORA  d'istpia,  dans  Itevue  des  Deux-Mondes, 
mai  isoo,  p.  384. 

—  ÉTYM.  'EXXrivtÇew,  de  "EXXriv,  Grec. 

HELLÉNISME  (èl-lé-ni-sm'),  s.  m.  ||  !•  Tour,  ex- 
pression qui  tient  au  génie  de  la  langue  grecque. 
Il  2°  L'ensemble  des  idées  et  des  mœurs  de  la  Grèce 
Il  3°  Nom  donné  par  l'empereur  Julien  au  paganisme 
renouvelé  dans  le  iv  siècle  au  contact  ries  idées 
chrétiennes. 

—  ÉTYM.  'E)X»ivi<i|x,è<; ,  de  éXXriviCeiv. 
HELLÉNISTE  (èl-lé-ni-sf),  s.  m.  ||  1"  Nom  donné 

aux  Juifs  qui  étaient  dispersés  parmi  les  Grecs,  sur- 
tout à  ceux  qui  habitaient  Ale.xandrie  et  qui  par- 
laient la  langue  grecque.  ||  Adjectivement.  Scaliger 
a  raison  de  dire  que  ce  furent  ces  gens-là  qui  com- 
poseront en  partie  les  synagogues  nombreuses  des 
Juifs  hellénistes,  diderot,  Opin.  des  anc.  philos. 
[Juifs).  Il  2°  Érudit  versé  dans  l'étude  de  la  langue 
grecque.  Je  ne  suis  point  non  plus  helléniste,  ou  je 
ne  me  connais  guère;  si  j'entends  bien  ce  mot,  qui, 
je  vous  l'avoue,  m'est  nouveau,  vous  dites  un  hel- 
léniste, comme  on  dit  un  dentiste,  un  droguiste, 
un  ébéniste,  p.  l.  cour.  Lett.  d  M.  Renouard  li- 
braire (20  sept.  <8io).  Nous  y  vîmes  [dans  une  bi- 
bliothèque de  Florence]  de  quoi  ravir  en  extase 
tous  les  hellénistes  du  monde,  pour  me  servir  do 
vos  termes,  m.  ib. 

—  ÉTYM.  'EXXïivicT-c:?!;,  de  iXXT,vî!;£iv,  helléniser. 

t  HELLÉNISTIQUE  (èl-lé-ni-sti-k') ,  adj.  Qui  ap- 
partient aux  hellénistes,  c'est-à-dire  aux  Juifs  gré- 
cisés.  Il  Grec  hellénistique,  le  grec  alexandrin  et, 
particulièrement,  celui  des  Septante.  Ils  [les  Juifs 
d'Alexandrie]  se  firent  un  grec  mêlé  d'hébraïsmes, 
qu'on  appelle  le  langage  hellénistique;  les  Septante 
et  tout  le  Nouveau  Testament  sont  écrits  en  ce 
langage,  boss.  Hist.  i,  8 

—  ÉTYM.  Helléniste. 

t  HELMINTIIAGOGUE  (èl-min-ta-go-gh') ,  adj. 
Terme  de  médecine.  Synonyme  de  vermifuge.  ||  ,S 
m.  Un  bon  helminthagogue. 

—  ÉTYM.  Helminthe,  et  à.yo)yoi,  qui  expulse. 

t  HELMINTHE  (èl-min-f),  s.  m.  Terme  de  zoo- 
logie. Nom  donné  aux  entozoaires  ou  vers  intesti- 
naux, c!.i-s2  d'animaux  qui  est  la  troisième  et  der- 
nière du  Se  us-embranchement  des  vers. 

—  ÉTYM.  "EXuiv;,  SXiiivOo;,  ver,  rattaché  au  latin 
vermis  (voy.  ver). 

t  HELMINTHIASE  (èl-min-ti-a-z'),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Nom  générique  dos  maladies  causées 
par  la  présence  d'entozoaires. 

—  ÉTYM.  Helminthe,  et  le  suffixe  grec  aiji;,  qui 
signifie  réunion. 

t  HELMINTHIQUE  (èl-min-ti-k'),  adj.  Terme  da 
zoologie.  Qui  ressemble  aux  helminthes. 

t  HELMI.NTHOCORTON  et  mieux  IIELMINTHO- 
CHORTON  (èl-min-to-kor-ton),  i.  m.  Mousse  de 
Corse,  qui  est  un  bon  vermifuge,  gigarlina  helmin- 
thocorton,  lamouroux,  famdle  des  algues. 

—  ÉTYM.  Helminthe,  et  yôfxaq,  herbe. 

t  HELMINTHOGÉNÉSIÈ  (èl-min-to-jé-né-zie) , 
s.  /.  Terme  de  médecine.  Diathèse  vermineu.se. 

—  ÉTYM.  Helminthe,  et  fevecrti:,  engendremenl. 
t   HELMiNTHOGÉS    (  è!-min-to-jé  )  ,    s.  m.    pi. 

Terme  de  zoologie.  Les  helminthogés,  classe  d'ani- 
maux sans  vertèbres,  comprenant  les  hirudinées  et 
les  lombricinés. 

—  ÉTYM.  "EXfiiv;,  ver,  et  xi\,  terre.  Le  mot  est 
mal  fait;  il  faudrait  j^oheZmmfhe.t. 

t  HELMINTHOÏDE  (èl-min-to-i-d') ,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  ressemble  à  un  helminthe.  ||  S.  m. 
pi.  Les  helminthoïdcs,  ordre  de  la  classe  des  pois- 
sons comprenant  ceux  qui  .se  rapprochent  des  vers 
d'ayjrès  leur  mode  de  respiration. 

—  ÉTYM.  "EXuiivç,  EX(j.'.v6o;,  ver,  et  elSoç,  forme. 
t   HELMINTHOLITHE    (èl-min-to-li-f) ,  s.    m. 

Terme  de  minéralogie.  Ver  de  terreou  de  mer  pétrifié. 

—  ÉTYM.  "EXaiv;,  ëXiiivBoç,  ver,  et  )î6oi:,  pierre. 
t  HELMINTlioLOGIE    (èl-min-to-lo-jie) ,    s.    f. 

Branche  de  la  zoologie  qui  traite  spécialement  doa 
vers,  et  surtout  des  vers  intestinaux. 

—  ÉTYM.  Helminthe,  et  X6yo;,  traité. 

t  IIELMINTHOLOGIQUE  (èl-min-tolo-ji-k'),  adj. 
Oui  a  rapport  à  l'helminthologio. 

i.  —  ?:■! 


2002 


HÉM 


t  HKLMINTUOLOGISTE  (èl-min-to-lo-ji-sf),  s. 
m.  Ndturalisto  qui  s'occupe  d'iielminthologio.  ||  On 
(lit  aussi,  bien  que  plus  rarement,  helmintliologuo. 

f  HÉr.OClîRE  (é-lo-sc-r*),  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. Dont  les  antennes  sont  en  forme  de  clou.  {|  S. 
m.  pi.  Les  hélocères,  famille  d-j  coléoptères. 

—  ÉTYM.  'IHiç,  clou,  et  xiftM;,  corne. 

t  HfiLODE  (é-lo-d'),  adj.  Qui  tient  des  marais. 
Fièvres  hélodes,  fièvres  qui  régnent  dans  les  con- 
trées marécageuses. 

—  ÉTYM.  'EàwStii;,  marécageux,  de  ?).o«,  marais, 
t   HÉLOPITHÈOCES    (é-lo-pi-tè-k') ,    s.    m.    pi. 

Terme  de  zoologie.  Famille  de  singes  qui  a  la  queue 
prenante. 

—  ÉTYM.  'EUX-J,  prendre,  et  TutSrixo;,  singe. 

irfiLO.SE  (é-lô-z'),  s.  f.  Mot  médical  donné  par  l'A- 
cadémie, mais  qui  est  barbare  et  doit  être  effacé;  il 
n'existe  pas  dans  le  langage  médical;  il  est  supposé 
signifier  renversement  des  paupières  avec  convul- 
sion des  muscles  de  l'œil  ;  mais  D.wsi;  n'est  pas 
grec,  et  il  faudrait  dire  illose,  d'UXwaiç;  illose  d'ail- 
leurs n'est  pas  usité. 

t  HELVÉTIEN,  lENNE  (èl-vé-si-in ,  si-è-n'),  s. 
m.  et  f.  Se  dit  en  poésie  pour  les  Suisses.  Le  jeune 
Helvétien,  sans  casque  et  sans  armure,  Ëpuisé  par 
l3  sang  qu'a  rendu  sa  blessure,  masson,  HelvéL 
lu.\\Adj.  Les  campagnes  helvétiennes J'ap- 
prends qu'en  tes  discours,  Du  peuple  helvétien  em- 
nrassant  la  querelle.  Tu  brigues  la  faveur  de  com- 
battre pour  elle,  masson,  Helvét.  ii. 

—  ÉTYM.  llehetia,  ancien  nom  latin  de  la  Suisse. 
HELVÉTIQUE  (èl-vé-ti-k'),adj.  Quiappartientàla 

nation  suisse.  Là,  le  peuple  assemblé  dans  les  jours 
solennels,  De  la  liberté  sainte  entoure  les  autels  ; 
Dans  un  ordre  sacré  les  tribus  helvétiques  Y  rè- 
glent, de  concert,  les  affaires  publiques,  masson, 
Helvét.  i.  Il  Corps  ou  ligue  helvétique,  la  confédéra- 
tion de  tous  les  cantons  suisses.  ||  République  hel- 
vétique, celle  qui  fut  proclamée  en  1798  et  que 
formèrent  la  plupart  des  cantons  suisses. 

—  ÉTYM.   Voy.  ni-LVÉTIEN. 

t  HELVÉTISME  {èl-vé-ti-sm'),  s.  m.  Locution 
en  usage  chez  les  Suisses  de  la  Suisse  française. 

—  ÉTYM.  Voy.   HKLVÉTIEN. 

t  HELVIDIEN  (èl-vi-diin),  s.  m.  Membre  d'une 
secte  chrétienne  qui  pensait  que  Marie  avait  eu 
des  enfants  de  s;iint  Joseph. 

-•  ÉTYM.  Helvidius,  auteur  de  cette  secte,  men- 
tionné par  Êpiphane  et  saint  Augustin. 

f  HELXINE  (èl-ksi-n"),  s.  f.  Nom  ancien  de  la  car- 
Une  officinale,  carlina  subacaulis,  DC.  composées. 

—  ÉTYM.  'EXIivri. 

4.  HEM  (hèm'),  interj.  \\  1°  On  s'en  sert  pour  ap- 
peler. Hem,  hem,  venez  çà.  ||  2°  On  s'on  ''.rt  aussi 
pour  interroger.  As-tu  l'effronterie  de  m'assurer 
que  tu  n'as  rien  vu?  hem!  réponds,  parle,  uaute- 
BOCHE,  leCoch.  3.  Beau-père,  ainsi  je  crois  que  je 
suis  gentilhomme;  Hem?  th.  corn.  Comt.  d'Or- 
gueil, II,  <.  On  me  parlait,  je  n'entendais  pas  : 
hem!  quoi,  que  voulez-vous?  voilk  tout  ce  qu'on 
pouvait  tirer  de  moi,  Marivaux,  Marianne,  6'  part. 
Il  3°  On  l'emploie  pour  se  clébarrasser  la  gorge.  La, 
la....  hem,  hem,  écoule  avec  soin,  je  te  prie,  mol. 
Fdch.  I,  5.  Damis  :  Hem,  hem,  hem.  —  Lavigne  : 
Voilà  une  mauvaise  espèce  de  rnume,  dancourt, 
la  Parisienne,  se.  ).  ||  S.  m.  Sa  façon  de  tousser, 
son  hem,  j'attrape  tout,  hautehoche.  Bourg,  de 
qualité,  II,  2.  Il  4°  Hem,  hem,  se  dit  quebjuefois 
pour  faire  comprendre,  sans  l'exprimer,  une  pen- 
sée, et  surtout  une  pensée  défavorable.  Cette  Rai- 
mond  est  assurément  hem,  hem,  avec  cette  coiffe 
que  vous  connaissez,  sÉv.  5  nov.  <676. 

t  2.  HEM  (hèm'),  s.  m.  Terme'  de  médecine. 
Sensation  d'embarras  qui,  se  faisant  sentir  dans 
l'arrière-gorge ,  porte  à  faire  une  expiration  courte 
et  rauque,  et  qui  est  un  des  symptômes  fréquents 
de  l'angine  glanduleuse. 

f  HÉMA....  HÉMO....  HÉM.4T0....  préfixes,  si- 
gnifiant sang,  et  venant  du  grec  alua,  gén.  oîua- 
Toç,  sang.  L'orthographe  de  ce  préfixe  varie;  on 
l'écrit  parfois  par  œ;  mais  la  règle  est  de  repré- 
senter l'ai  grec  par  e  simple  en  français. 

t  HÊMACHROÏNE  (é-ma-kroi-n') ,  s.  f.  Syno- 
nyme d'hémalosinc. 

t  HEMADUOMOMÈTRE  (é-ma-dro-mo-mè-tr"),  s. 
m.  Terme  de  physique.  Instrument  inventé  pour  éva- 
luer la  rapidité  du  sang  dans  les  gros  troncs  artériels. 

—  ÉTYM.  Héma...,  5pô|io«,  course,  et  iiixonv, 
mesure. 

t  HfiMAnVNAMIOUE  (é-ma-di-na-mi-k'),  s.  f. 
Terme  de  physiologie.  Théorie  mécanique  de  la 
circulation  du  sang. 

—  ÉTYM    lléma....,  et  dytiamii/««. 


HEM 

t  HÉMAGOGUE  (é-ma-go-gh') ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Oui  provoque  le  flux  menstruel  oulellux 
hémorrhoidal . 

—  ÉTYM.  lldma....,  et  à^uiyài,  qui  emmène. 

t  HÉ.MALOPIE  (é-ma-lo-pie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Epanchement  de  sang  dans  le  globe  de  l'œil. 

—  ÉTYM.  At|jiàX<i)i{/,  epanchement  de  sang,  tu- 
meur sanguine. 

f  HÉMANTHE  (é-man-f),  s.  m.  Genre  de  plantes 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  de  la  famille  des  nar- 
cisso'ides. 

—  ÉTYM.  Ilémo....,  et  otvOoç,  fleur,  ainsi  nommée 
parce  qu'on  dit  que,  appliquée  sur  la  peau,  elle  en 
fait  sortir  du  sang. 

t  HÉMASTATIQUE  (é-ma-sta-ti-k") ,  s.  f.  Terme 
de  physiologie.  Doctrine  des  lois  d'équilibre  du 
sang  dans  les  vaisseaux. 

—  ÉTYM.  7/^ma....,  et  statique. 

t  HÉMATAPORIE  (é-ma-la-po-rie),s.  f.  Terme  de 
médecine. Cachexie  qui  a  pour  cause  le  défaut  de  sang. 

—  ÉTYM.  Ilémato....,  et  àwopioc,  manque,  de  a 
privatif,  et  nootXv,  fournir. 

t  HÉMATÉINE  (é-ma-té-i-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Corps  obtenu  par  l'action  de  l'ammoniaque 
sur  l'hématine  ou  hématoxyline. 

t  HÉMATÉMÈSE  (é-ma-té-mè-z'),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Vomissement  de  .sang  exhalé  à  la  surface 
de  la  membrane  muqueuse  de  l'estomac. 

—  ÉTYM.  Ilimato....,  et  i\i-t'JK,  vomissement. 

t  HÉMATEUX,  EUSE  (é-ma-teil,  teù-z'),  adj. 
Terme  de  médecine.  Dermatoses  hémateuses,  ma- 
ladies des  vaisseaux  sanguins  de  la  peau. 

—  ÉTYM.  Allia,  a'iiiaTo;,  sang. 

t  HÉMATIDROSE  (é-ma-ti-drô-z'),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Sueur  de  sang. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  tôpuaii;,  sueur. 

t  HÉ.MATIE  (é-ma-tie),  s.  f.  Terme  de  physiolo- 
gie. Nom  donné  aux  globules  ou  disques  rouges  du 
sang. 

—  ÉTYM.  Alaa,  at|j,aTo;,  sang, 
t  HÉMATINE  (é-ma-ti-n'),  s.  f.  \\  1°  Terme  de 

physiologie.  La  matière  colorante  du  sang.  ||  2»  Terme 
de  chimie.  Voy.  hématoxyline. 
•    —  ÉTYM.  Al[ia,  o'i|i.aTo;,  sang. 

t  HÉMATIQCE  (é-ma-ti-k'),  orf/.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  hématique,  matière  que  l'on  obtient  en 
faisant  rougir  du  charbon  de  .sang  avec  de  la  soude, 
et  traitant  ensuite  le  tout  par  l'alcool. 

HÉMATITE  (é-ma-ti-f),  s.  f.  Minerai  de  fer  qui 
est  un  peroxyde  de  ce  métal.  ||  Hématite  brune,  nom 
donné  à  l'hydroxyde  de  fer.  ||  Adj.  Pierre  hématite. 

—  HIST.  XVI*  s.  Terre  scellée,  bol  fin,  pierre  hx- 
matiste,  coral,  paré,  xviii,  68. 

—  ÉTYM.  AljxotTiToc,  de  allia,  sang. 

t  HÉMATOCARPE  (é-ma-to-kar-p'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  les  fruits  tachetés  de  rouge 
comme  le  phaséole  hématocarpe. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  xopTià;,  fruit. 
HÉMATOCÉLE   (é-ma-to-sè-P) ,  S.  /".Terme  de 

chirurgie.  Tumeur  sanguine. 

—  ETYM.  Hémato....,  et  xr,ly\,  tumeur. 

t  UÉMATOCÉPHALE  (é-ma-to-sé-fa-1'),  s.  m. 
Terme  de  tératologie.  Nom  des  monstres  chez  les- 
quels un  epanchement  au  cerveau  a  causé  des  dé- 
formations de  la  tête. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  xeçaX-fi,  tête. 

t  HÉMATODE  (é-ma-to-d'),  adj.  Terme  de  phy- 
siologie. Oui  est  de  la  nature  du  sang,  qui  ressem- 
ble à  du  sang.  ||  Terme  de  chirurgie.  Fongus  hé- 
matode,  variétés  de  cancer  dans  lesquelles  le  ti.ssu 
est  mou,  fongueux,  et  produit  des  hémorrhagies. 
Il  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est  marque  de 
taches  rouges,  semblables  à  des  gouttes  de  sang. 

—  ÉTYM.  AluoTMÔiriç,  de  allia,  sang. 

t  HÉMATOGRAPUE  (é-ma-to-gra-f) ,  s.  m.  Au- 
teur d'une  hématographie;  celui  qui  a  écrit  sur  le 
sang. 

t  HÉMATOGRAPIHE  (é-ma-to-gra-fie)  ,  s.  f. 
Terme  de  physiologie.  Description  du  sang. 

—  ÉTYM.  Hémato...  ,  et -ypiçsiv,  décrire. 

t  HÉMATOÏDE  (é-ma-lo-i-d'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Quartz  hématoîde,  variété  de  quartz  d'un 
rouge  sombre. 

—  ÉTYM.  Hémalo....,  et  ei8oi,,  forme. 

t  HÉMATOÏDINE  (é-ma-to-i-di-n*),  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Principe  d'un  beau  rouge  de  sang  qui 
n'a  encore  été  rencontré  dans  l'économie  qu'au  mi- 
lieu ou  dans  le  voisinage  d'épanchements  sanguins. 

t  HÉMATOLOGIE  (é-ma-to-lo-jie),  s.  f.  Terme 
didactique.  Traité,  description  du  sang. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  ).6yo?,  traité. 

t  HÉMAFOLOGIQUE  (ô-nv>-lo-lo-ji-k'),  ai(j.  Qui 
a  rapport  à  l'hématologie. 


HËM 

t  HÉMATOME  (é-ma-tô-m'),  s.  m.  Terme  de 
chirurgie.  Tumeur  sanguine,  suite  de  contusion,  île 
rupture  de  varices,  etc. 

—  ÉTYM.  AI|ia,  o'iiaTOÇ,  sang. 

t  UÉMATOMPHALE  (È-ma-ton-fa-l'),*.  m.  Her- 
nie ombilicale  dont  le  sac  renferme  de  la  sérosité 
et  du  sang  épanché,  ou  qui  présenteà  sa  surface  def 
veines  variqueuses. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  oiiçaXoç,  ombilic. 

t  HÉMATOMYZIDES(é-ma-to-mi-zi-d'),  ».  m.  pi. 
Terme  d'entomologie.  Famille  de  diptères  compre- 
nant ceux  de  ces  insectes  qui,  comme  les  œstres, 
sucent  le  sang  des  animaux. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  etaOÇciv,  sucer. 

t  UÉMATONCIE  (é-ma  :on-sie),  t.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Synonyme  d'hématome. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  cyxoç  tumeur. 
fUÉMATOPHAGE   (é-ma-to-fa-j'),  adj.  Terme 

de  zoologie.  Qui  vit  de  sang.  La  puce  et  la  punaise 
sont  hématophages. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  çayeïv,  manger. 

t  HÉMATOPHOBE  (é-ma-to-fo-b'),  adj.  Terme 
didactique.  Qui  a  horreur  de  la  saignée.  Médecin 
hématophobe. Il  Substantivement,  un  hématophobe. 
Il  On  dit  aussi  hémophobe.  Le  premier  [Sarrazin, 
médecin],  qui  est  un  hémophobe  recuit,  gui  patin, 
Lett.  t.  II,  p.  4  79. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  çô6oc,  crainte. 

t  HÉMATOPHOBIE  (é-ma-to-fo-bie),  s.  f.  Horreur 
du  sang,  de  la  saignée.  L'hématophobie  est  une  dan- 
gereuse liérésie,  et  laquelle  laisse  bien  mourir  du 
monde  qui  en  pourrait  échapper,    gui  patin,  lett. 

t.  II,  p.  309. 

t  HÉMATOPHYLLE  (é-ma-to-fi-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  les  feuilles  teintes  d'un  rouge  do 
sang,  comme  l'iris  hématophylle. 

—  ÉTYM.- ff^mo<o...., et  çûX)ov,  feuille. 

j-  HÉMATORRHACHIS  (é-ma-to-ra-chis'),  s.  m. 
Terme  de  médecine.  Hémorrhagic  intra-rachidienne. 

—  ÉTYM.  Hémato ,  et  rachis. 

HÉMATOSE  (é-ma-tô-z') ,  .?.  f.  Terme  de  physio- 
logie. Conversion  du  chyle  en  sang  et  du  sang  vei- 
neux en  sang  artériel,  double  opération  qui  consti- 
tue l'hématose  ou  sanguification  et  qui  se  passe 
dans  le  poumon  au  contact  de  l'air  inspiré. 

—  ÉTYM.  A'.iiâTwat?,  de  al|ia,  sang. 

t  HÉMATOSER  (S')  (éma-tô-zé),  l'.  réfl.  Terme 
de  physiologie.  Subir  l'hématose. 

t  IIÉMATOSINE  (é-ma-to-zi-n') ,  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Matière  colorante,  rouge  du  sang. 

—  ÉTYM.  Al|ia,  aîpiaTo;,  sang. 

t  HÉMATOXYLINE  (é-ma-to-ksi -li-n'),  s.  f. 
Terme  de  chimie.  Principe  colorant  du  bois  de 
campêche  [hxmatoxylon  campechianum,  L).  On 
dit  aussi  hématine. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  ÇùXov,  bois. 

t  HÉMATOZOAIRE  (é-ma-to-zo-ê-r'),  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Animal  vivant  dans  le  sang. 

—  ÉTYM.  Hémato....,  et  Çoiipiov,  diminutif  de 
Cûov,  animal. 

HÉMATURIE  (é-ma-tu-rie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Pissement  de  sang. 

—  ÉTYM.  Al|iaToupta,  de  al|ia,  sang,  et  oîppov, 
urine  (voy.  urine). 

t  HÉMATURIQUE  (é-ma-tu-ri-k") ,  adj.  Qui  con- 
cerne l'hématurie. 

t  HÉ.MÉLYTRE  (é-mé-li-tr') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Insectes  hémélytres,  insectes  dont  les 
élytres  ne  sont  cornés  ou  coriaces  qu'à  la  base. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  élytre.' 

t  HÉMÉRALOPE  (é-raé-ra-lo-p'),  s.  m.  elf.  Terme 
de  médecine.  Celui,  celle  qui  est  atteinte  d'héméra- 
lopie.  Il  Substantivement.  Un  hcméralope. 

tHÉMÉRALOPIE(é-mé-ralo-pie),s./'.  Terme  de 
médecine.  Cécité  nocturne,  c'est-à-dire  inaptitude  à 
percevoir  les  faibles  quantités  de  lumière  qui  exis- 
tent la  nuit  ou  pendant  le  crépuscule,  ainsi  que  de 
jour  dans  l'obscurité  artificiellement  établie. 

—  KEM.  Le  sens  de  ce  mot  a  varié,  et  il  a  été  pris 
pour  cécité  diurne. 

—  HIST.  xvi«  s.  Le  contraire  est  quand  on  voit 
mieux  de  nuit  que  de  jour,  et  se  peut  dire  hemeralo- 
pia  en  grec,  œil  de  chat  en  françois,  paré,  xv,  3. 

—  ÉTYM.  'H|i£pa»w7tto,  composition  irrégulicre 
de:î;ii£pa,  jour,  et  wi,  (iitôî,  œil. 

t  HÉMÉROBES  (é-mé-ro-b') ,  s.  m.  pi.  Terme 
d'entomologie.  Genrede  névroplèresqni  ont  de  lon- 
gues antennes  et  des  yeux  fort  brillants. 

—  ÉTYM.  'HjiEpi,  jour,  et  pio;,  vie  :  qui  ne  vil 
qu'un  jour  ou  du  moins  peu  de  temps. 

HÉMÉROCALLE  (é-mé-ro-ka-1'),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Genre  de  plantes  liliacces  remarquables 
par  leur  élégance,  où  l'on  distingue  :  Vhemerorallit 


HÊM 

flava,  L.  némérocalle  jaune,  lis  asphodèle,  belle  de 
jour  ;  Vhemerocallis  fulva,  L.  ;  l'hémérocaile  bleue, 
funkia  ovata,  Spr.  et  l'hémérocaile  du  Japon,  fun- 
kia  subcordata,  Spr. 

—  ÉTYM.  'H(X£poxa).Xk,de<i|ji£pa,  jour,  et  xâXXo;, 
beauté. 

t  HÉMÊROLOGE  (é-mé-ro-lo-j'),  s.  m.  Terme  di- 
dactique. Traité  sur  la  concordance  des  calendriers. 

—  tTYM.  Lat.  hemerologiuvi,  de  ^(iépa,  jour,  et 
Xoyoi;,  doctrine. 

t  HÉMÉROLOGIE  (é-mé-ro-lo-jie),  s.  f.  Art  de 
faire,   de  composer  les  calendriers. 

t  HÉMÉROPATHIE  (é-mé-ro-pa-tie) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Maladie  qui  n'apparaît  que  pendant  le 
jour. 

—  Rtym.  'Hjiépa,  jour,  et  Ttâ6oç,  maladie. 
HÉ.MI....,  mot  qui,  dans  les  composés  d'origine 

grecque,  signifie  demi  ou  la  moitié. 

—  ÉTYM.  'H[ii;  lat.  semi;  anc.  h.  allem.  sdmi; 
sanscrit,  sdmi,  demi,  qui  vient  de  sama,  égal  (le 
même  que  â^a,  ôij.oîo;,  et  simul,  similis);  du  sens 
de  choses  égales  à  celui  de  moitié  la  transition  est 
naturelle. 

t  IIÉMIACÉPHALIE  (é-mi-a-sé-fa-lie) ,  s.  f.  Terme 
de  tératologie.  Monstruosité  dans  laquelle  la  tête  est 
représentée  par  une  tumeur  informe,  avec  quelques 
appendices  ou  replis  cutanés  en  avant,  les  membres 
thoraciques  existant. 

—  ÉTYM.  Ilémi....,  et  acéphalie. 

t  HÉMICARDE  (é-mi-kar-d'),  s.  f.  Terme  de  con- 
chyliologie. Genre  de  coquilles  bivalves. 

—  RTYM.  Ilémi....,  ety.apôia,  cœur. 

t  HÉMICARPE  (é-mi-kar-p'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Moitié  d'un  fruit  qui  se  partage  naturel- 
lement en  deux. 

—  Rtym.  Hémi....,  et  xapTcô;,  fruit. 

t  HÉMICHOKÉE  (é-mi-ko-rée),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Chorée  d'une  moitié  latérale  du  corps. 

—  ÉTYM.  Hémi...,  et  chorée. 

t  UÉMICRANIE  (é-mi-krâ-nie),  s.  (.  Terme  de 
médecine.  Douleur  qui  n'affecte  que  la  moitié  de  la 
tôle,  migraine. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  xpâviov,  crâne. 

j  HÊMICRANIQUE  (é-mi-krâ-ni-k'),  adj.  Qui  a. 
le  c.iractère  de  l'hémicrânie. 

HÉMICYCLE  (é-mi-si-kl'),  s.  m.  \\  i'  Salle  demi- 
circulaire.  L'hémicycle  de  l'école  des  Beaux-Arts  à 
Paris  a  été  peint  par  Paul  Delaroche.  {|  Sorte  de 
siège  en  marbre  dans  les  jardins  de  style  français. 
Il  2°  Terme  d'architecture.  Trait  d'une  voûte  demi- 
circulaire.  Il  Le  cercle  de  bois  qui  sert  à  bâtir  et 
à  conduire  les  arcs.  ||  3°  Terme  de  géographie. 
Nom  de  la  moitié  d'une  mappemonde.  ||  4°  Hémi- 
cycle de  Bérose,  espèce  de  cadran  solaire. 

—  ÉTYM.  'H[i(xv)xXoç,  de  inù  (voy.  hémi),  et  xûxXo;, 
cercle,  cycle. 

t  HÉMICYCLIQUE  (é-mi-si-kli-k'),  adj.  Qui  est 
relatif  à  l'hémicycle,  à  un  hémicycle. 

f-  HËMICYCLOSTOME  (é-mi-si-klo-sto-m'),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Coquilles  hémicyclostomes,  co- 
quilles univalves  dont  l'ouverture  est  à  demi  ronde. 

—  ÉTYM.  Hémicycle,  et  atoiia,  bouche. 

t  HÉMICYLINDRIQDE  (é-mi-si-Iin-dri-k'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  a  la  forme  d'une  moitié  de 
cylindre,  c'est-à-dire  ayant  une  face  plane  et  un 
côté  arrondi,  comme  un  cylindre  divisé  dans  le 
sens  de  son  grand  diamètre.  ||  Terme  de  botanique. 
Se  dit  d'une  hampe  qui  est  plate  d'un  côté  et  con- 
vexe de  l'autre,  ou  d'une  feuille  allongée  dont  une 
des  faces  est  plane  et  l'autre  convexe. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  cylindrique. 

t  HlÎMIDACTYLES  (é-mi-da-kti-1'),  s.  m.  pi. 
Terme  do  zoologie.  Genre  de  reptiles  sauriens  qui 
ont  aux  mains  antérieures  un  pouce  très-court,  at- 
teignant à  peine  l'origine  du  second  doigt. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  SâxTuXoç, doigt. 

t  UÉMI-DODÉCAÈDRE  (é-mi-do-dé-ka-è-dr'),  s. 
m.  Terme  de  minéralogie.  Synonyme  de  rhomboèdre; 
c'est  la  forme  hémièdre  du  dodécaèdre  à  triangles 
«oscèles. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  dodécaèdre. 

t  HÉMIÈDRE  (é-mi-è-dr'),  adj.  Terme  de  miné- 
ralogie. Cristal  hémièdre,  cristal  qui  ne  possède  que 
la  moitié  de  ses  faces.  Le  cube  passe  à  l'octaèdre 
régulier  par  huit  facettes,  qui  remplacent  ses  huit 
angles;  c'est  la  modification  la  plus  ordinaire  du 
cube  sur  ses  angles  ;  dans  quelques  cas  cependant, 
quatre  seulement  de  ces  huit  facettes  se  produisent, 
et,  en  se  combinant  entre  elles,  donnent  un  té- 
traèdre régulier  ;  on  a  ainsi  une  demi-forme,  due  à 
une  modification  incomplète  ;  le  tétraèdre  est  donc 
une  forme  hémièdre,  relativement  à  l'octaèdre. 

—  ÉTYM.  Ilémi....,  et  ê5pa,  face. 


HÊM 

t  HÉMIÉDRIE  (é-mi-é-drie),  s.  f.  Terme  de  mi- 
néralogie. Etat  d'un  cristal  hémiédrique.  ||  Loi 
d'hémiédrie,  loi  caractérisée  par  ceci,  que  certains 
cristaux  ne  présentent  des  modifications  que  sur  la 
moitié  des  arêtes  ou  des  angles  semblables,  et  non 
sur  tous. 

t  HÉMIÉDRIQUE  (é-mi-é-dri-k'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  a  le  caractère  de  l'hémiédrio. 
Prisme  hémiédrique,  prisme  hexagone,  tellement 
construit,  que,  de  sa  coupe  transversale  médiane, 
partent  vers  chaque  pôle  six  faces,  dont  trois  seule- 
ment sont  également  inclinées. 

t  HÉMIÉLYTRE  (é-mi-é-li-tr'),  adj.   Voy.   hémé- 

LYTRE. 

t  HÉMIENCÉPHALE  (é-mi-an-sé-fa-l"),  s.  m.  Terme 
de  tératologie.  Monstre  qui,  n'offrant  aucune  trace 
d'organes  des  sens,  a  un  cerveau  à  peu  près  normal. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  encéphale. 

t  HÉMIGAMIE  (é-mt-ga-mie),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Caractère  des  plantes  graminées  dans  les- 
quelles une  même glumerenfermeàlafoisdes fleurs 
mâles,  des  femelles  et  des  neutres. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  etyot^.»;,  mariage. 

t  HÉMIGAMIQUE  (é-mi-ga-mi-k'),  odj.  Terme  de 
botanique.  Qui  offre  le  caractère  de  l'hémigamie. 

t  HÉMIGONLAIRE  (é-mi-go-ni-ê-r'),  adj.  Fleur 
hémigoniaire,  fleur  métamorphosée  dans  laquelle 
une  partie  seulement  des  organes  mâles  et  femelles 
sont  transformés  en  pétales. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  yôvoç,  engendrement. 

t  HÉMILYSIEN,  lEPfNE  (é-mi-li-ziin,  ziè-n'), 
adj.  Terme  de  géologie.  Terrains  hémilysiens, 
terrains  formés  en  partie  par  voie  de  sédiment,  et 
en  partie  par  voie  de  dissolution  chimique. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  XOm;,  dissolution. 

t  HÉMIMÈLE  (é-mi-mè-r),  adj.  Terme  de  téra- 
tologie. Monstres  hémimèles,  monstres  chgz  les- 
quels les  membres,  soit  thoraciques,  soit  abdominaux, 
sont  terminés  en  forme  de  moignons  et  les  doigts 
nuls  ou  très-imparfaits. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  (is'Xoç,  membre. 

t  UÉMIMÉLIE  (é-mi-mé-lie),  s.  f.  Terme  de 
tératologie.  Etat  des  monstres  hémimèles. 

t  HÉMIMÉROPTÊRE  (é-mi-mé-ro-ptè-r') ,  adj. 
Terme  de  zoologie.  Insectes  hémiméroptères,  insec- 
tes qui  n'ont  que  des  demi-élytres. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  |X6po5,  partie,  et  itTEpôv,  aile. 
HÉMINE  (é-mi-n'),  s.  f.  Mesure  de  capacité  chez 

les  anciens  Romains,  contenant  0  lit.  27. 

—  ÉTYM.  Lat.  hemina,  du  grec  :?i[iiva,  mesure  ainsi 
dite  parce  qu'elle  était  la  moitié  de  l'éxTeùç,  setier. 

|-  UÉMINÉE  (é-mi-née),  s.  f.  Espace  de  terre 
pour  l'ensemencement  de  laquelle  il  faut  une  hé- 
mine  de  grain  (Drôme). 

t  HÉMIOBOLE  (é-mi-o-bo-V),  s.  f.  Chez  les  Grecs, 
moitié  d'une  obole,  ce  qui  était  un  poids  et  une 
monnaie. 

—  ÉTYM.  'HiiKueôXtov,  de  ifini,  demi,  et  ô6oXoiî, 
obole. 

t  HÉMI-OCTAÈDRE  { é-mi-0-kta-è-dr' ) ,  s.  m. 
Terme  de  minéralogie.  Synonyme  de  tétraèdre; 
c'est  la  forme  hémièdre  de  l'octaèdre. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  octaèdre. 

t  HÉMIONE  (é-mi-o-n'),i.  m.  Terme  de  zoologie. 
Espèce  du  genre  cheval,  equus  hemionxis,  Pallas, 
le  même  que  le  dzigguetai. 

—  ÉTYM.  'Hp.iovoi;,  mulet,  de  ifi|iî,  demi,  et  5vo;, 
âne. 

t  HÉMIONITE  (é-mi-o-ni-f),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Genre  de  fougères  que  recherchent  les 
mulets. 

—  ÉTYM.  'H(ii!ovo«,  mulet  (voy.  hémione). 

t  HÉMIOPIE  (é-mi-o-pie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Affection  de  la  vue  dans  laquelle  les  malades 
n'aperçoivent  qu'une  partie  plus  ou  moins  considé- 
rable des  objets  qu'ils  regardent. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  à)<|/,  wtoç,  oeil, vue. 

t  HÉMIORGAMSÉ,  ÉE  (é-mi-or-ga-ni-zé,  zée), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Corps  hémiorganisés,  corps 
tenant  le  milieu  entre  le  principe  'mmédiat  et  le 
tissu  organisé,  par  exemple  les  albumines,  la  fi- 
brine, la  caséine,  etc. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  organisé. 

t  UÉMIPAGE  (é-mi-pa-j'),  adj.  Terme  de  térato- 
logie. Monstres  hémipages,  monstres  de  la  famille 
des  monomphaliens. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  itaYTiî,  assujetti. 

t  HÉMIPALMÉ,  ÉE  (é-mi-pal-mé,  mée),  adj. 
Terme  de  zoologie.  Oiseaux  héraipalmés,  oiseaux 
dont  les  doigts  sont  à  demi  palmés. 

—  KTYM.  Hémi....,  et  palmé. 

t  HÉMIPINIQUE  (é-mi-pi-ni-k'),  adj.  Terme  de 
chimie.  Acide  hémipinique,  produit  de  décomnosi- 


UÉM 


2003 


tion  de  l'acide  opianique  à  chaud  à  l'aide  du  per- 
oxyde de  cuivre. 

—  ÉTYM.  Ilémi....,  et  pinique. 
HÉMIPLÉGIE    (é-mi-plé-jie)    ou   UÉHIPLEXIB 

(é-mi-plè-ksie),  s.  f.  Terme  de  médecine.  Paralysie 
lie  la  moitié  latérale  du  corps. 

—  ÉTYM.  'H(iiiiX»iÇi!i,  de  ^(xi  (voy.  hémi),  et  7tX>i<r- 
ceiv,  frapper. 

t  HÉMIPLÉGIQUE  (é-mi-plé-ji-k'),  adj.  Terme  do 
médecine.  Qui  a  rapport  à  l'hémiplégie.  ||  Substan- 
tivement. Un  hémiplégique,  une  personne  atteinte 
d'hémiplégie. 

t  HEMIPOMATOSTOME  (é-mi-po-ma-to-sto-m'), 
adj.  Terme  de  zoologie.  Coquilles  hémipomato- 
stomes,  coquilles  dont  l'ouverture  est  close  par  une 
moitié  d'opercule. 

—  ETYM.  Hémi itM|ia,  couvercle.,  et  oTÔua, 

bouche. 

t  HÉMIPRISMATIQCE  (é-mi-pri-sma-ti-k"),  adj. 
Terme  de  minéralogie.  Cristaux  hémiprismatiques, 
cristaux  prismatiques  qui  ne  laissent  voir  que  la 
moitié  de  leurs  laces. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  prismatique. 
HÉMIPTÈRES  (é-mi-ptè-r'),  s.  m.  pi.  ||  !•  Terme 

de  zoologie.  Genre  d'insectes  dont  la  bouche  est  en 
suçoir  et  dont  les  ailes  sont  recouvertes  à  moitié 
par  des  élytres  ou  étuis.  ||  Se  dit  aussi  d'animaux 
dont  les  ailes  ou  les  nageoires  sont  courtes,  ou  qui 
ont  quelque  partie  du  corps  chargée  d'une  petite 
aile.  Il  2°  Terme  de  botanique.  Plantes  hémiptères, 
plantes  dont  le  fruit  se  termine  par  ime  aile  mem- 
braneuse. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  itrepiv,  aile. 

t  HÉMIPTÉRONOTE  (é-mi-pté-ro-no-f),  s  m. 
Terme  de  zoologie.  Poisson  thoracique  des  mers 
d'Asie. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  TiTepàv,  aile,  et  vûto;,  dos. 

t  HÉ.MIRRHAMPHE  (é-mi-rran-f),  s.  m.  Terme 
d'ichthyologio.  Genre  de  malacoptérygiens  abdo- 
minaux, formé  aux  dépens  du  genre  ésox,  et  dont 
les  espèces  sont  dites  vulgairement  demi-bec  ;  l'hé- 
mirrhampho  balao,  dont  le  nom  vulgaire,  prononcé 
comme  le  nom  spécifique,  s'écrit  aux  Antilles  ba- 
laau;  l'hémirrhamphe  brésilien  (Inde,  Amérique)  de 
Cuvier,  dit  vulgairement  bécassine  et  bécassine  de 
mer,  legoarant. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  fipiçoî,  bec. 

f  UÉMISALAMANDRES  (é-mi-sa-la-man-dr'),  s. 
f.  pi.  Terme  de  zoologie.  Tribu  de  l'ordre  des  rep- 
tiles batraciens,  comprenant  la  sirène  et  le  prêtée, 
qui  se  rapprochent,  à  beaucoup  d'égards,  des  sala- 
mandres. 

—  ÉTYM.  He'mi...,  et  salamandre. 
HÉMISPHÈRE  (é-mi-sfè-r'),  s.  m.  ||  1"  La  moitié 

d'une  sphère.  Ces  nids  sont  des  hémisphères  creux, 
d'environ  quatre  pouces  de  diamètre,  uukf.  Ois. 
t.  v,  p.  376.  Il  2«  La  moitié  du  globe  terrestre  ou 
céleste.  [Rome]  Une  fière  harpie,  un  aigle  ravis- 
sant. De  qui  le  vol  s'étend  par  tout  notre  hémi- 
sphère, MAiRET,  Sophon.y,  t.  La  lune  se  montre 
quand  le  soleil  est  obligé  d'aller  ramener  le  jour 
dans  l'autre  hémisphère,  fén.  Exist.  18.  J'ai  con- 
quis avec  vous  ce  sauvage  hémisphère  [l'Amérique], 
VOLT.  Ali.  1, 1 .  11  paraît  évident  par  les  échancrures 
de  toutes  les  terres  que  l'Océan  baigne,  par  ces 
golfes  que  les  irruptions  de  la  mer  ont  formés,  par 
ces  archipels  semés  au  milieu  des  eaux,  que  les  deux 
hémisphères  ont  perdu  plus  de  deux  mille  lieues  de 
terrain  d'un  côté,  et  qu'ils  l'ont  regagné  do  l'autre, 
m.  Mœurs,  Inlrod.  Lorsque  Colombo  avait  promis 
un  nouvel  hémisphère,  on  lui  avait  soutenu  que  cet 
hémisphère  ne  pouvait  exister  ;  et,  quand  il  l'eut  dé- 
couvert,on  prétendit  qu'il  avait  été  connu  depuislong- 
temps,  ID.  tft.  M6.  Il  3°  Hémisphères  de  Magdebourg, 
instrument  de  physique  employé  à  démontrer  les 
effets  de  la  pression  atmosphérique  ;  il  se  compose 
de  deux  demi-sphères  creuses,  qui  s'adaptent  exac- 
tement par  leur  ouverture  à  l'aide  d'un  anneau  en 
cuir,  et  qui,  quand  le  vide  y  est  fait,  ne  peuvent 
plus  être  séparées  l'une  de  l'autre  que  par  une 
très-grande  force.  ||  4°  Terme  d'anatomie.  Hémi- 
sphères du  cerveau,  hémisphères  du  cervelet,  les 
deux  moitiés  latérales  de  ces  organes,  bien  qu'elles 
n'aient  pas  exactement  la  forme  que  le  mot  indique. 

—  HIST.  xvi"  s.  Fabrique  d'un  instrument  nommé 
l'emisphere  marine,  par  laquelle  l'on  pourra  trouver 
à  chaque  heure  du  jour  la  haulteur  de  latitude; 
mesmes  la  longitude,  le  solleil  estant  à  son  midi, 
j.  DEVAULx;  dans  jal.  Assez  y  a  en  ceste  nation. 
Sans  discourir  d'un  à  autre  hémisphère.  De  quoy 
trop  plus  qu'à   mes  vœus  satisfaire,  saint-gelais, 

215. 

—  ÉTYM.  Lit.  hemisphxrium,  de  Vjutoçm'piov,  de 


2004 


HÉM 


fi(i.t  (voy.  hBmi),  et  oçoiptov,  diminutif  de  oçaîpo, 
s))h?re. 

HEMISPIIIÎRIOUE  (é-mi-sfé-ri-k'),  adj.  Qui  a  la 
forme  d'une  moitié  de  sphère. 

—  Etym.  Ilémtsplière. 

t  IllvMISPIIÊKOfiUUIQUE  (é-mi-sfé-ro-é-dri-k), 
adj.  Terme  de  minéralogie.  Cristaux  liémisphéroé- 
driques,  cristaux  qui  offrent  l'apparence  d'un  hé- 
misphéroïde. 

—  CTYM.  Ilémitphère,  et  £Spa,  face. 
tnÉMISPHÉROIDAL,  ALE  (é-mi-sfé-ro-i-dal,  da- 

1'),  adj.  Oui  a  la  forme  d'un  hémisphéroïde.  Corps 
liémi.sphéroïdaux. 

t  IIÉ.MISPUÉUOÏDE  (é-mi-sfé-ro-i-d'),«.  m.  Corps 
dont  la  forme  est  à  peu  près  celle  de  la  moitié  d'une 
sphère. 

—  ÉTYM.  Hémisphère,  et  eîSo;,  forme. 
HÉMISTICHE  (é-mi-sti-ch'),  s.  m.  \\  1°  La  moitié 

d'un  vers  alexandrin.  Le  premier  hémisliclie,  le  se- 
cond hémistiche.  Que  toujours,  dans  vos  vers,  le 
sens  coupant  les  mots  Suspende  l'hémistiche,  en 
marque  le  repos,  boil.  Art  p.  i.  Observez  l'hémi- 
stiche, et  redoutez  l'ennui  Qu'un  repos  uniforme 
attache  auprès  de  lui,  volt.  Dict.  phil.  Hémistiche. 
Il  II  se  dit  aussi  de  la  moitié  d'un  vers  de  dix  syl- 
labes, quand  il  est  coupé  en  deux  parties  de  cinq 
syllabes  chacune.  ||  2°  La  syllabe  accentuée,  dite 
aussi  césure,  de  la  première  partie  d'un  alexandrin 
ou  d'un  décasyllabe.  Dans  le  vers  alexandrin,  l'hé- 
mistiche est  à  la  sixième  syllabe;  dans  le  vers  de 
dix  syllabes,  il  est  à  la  quatrième.  Les  autres  vers 
n'ont  pas  d'hémistiche.  ||3°  11  se  dit  aussi  quel- 
quefois ,  mais  inexactement,  pour  des  parties  de 
vers  qui  ne  sont  pas  portions  de  vers  déterminées 
par  l'hémistiche.  À  la  face  des  dieux  est  ce  qu'on 
appelle  une  cheville  ;  il  ne  s'agit  point  ici  de  dieux 
et  d'autels  :  ces  malheureux  hémistiches  qui  ne  di- 
sent rien  parce  qu'ils  semblent  en  trop  dire,  n'ont 
été  que  trop  souvent  imités,  volt.  Comm.  sur  Corn. 
Olhon,  t,  i.  \\  Fig.  En  tout,  ce  discours  est  fait 
comme  les  tragédies  modernes,  avec  des  hémisti- 
ches; et  jamais  plus  belle  occasion  ne  fut  plus  com- 
plètement manquée,  MIRABEAU,  CoWeCi.  t.  I,  p.  <08. 

—  SYN.  HÉMISTICHE,  CÉSURE.  L'hémistiche  est 
proprement  un  demi-vers  :  la  césure  est  une  cou- 
pure faite  dans  un  vers  pour  en  faciliter  la  pronon- 
ciation et  en  augmenter  la  cadence.  Dans  les  vers 
pien  faits,  la  césure  coïncide  avec  l'hémistiche; 
c'est  pourquoi  des  gens  confondent  ces  deux  idées. 
Mais,  dans  un  vers  mal  fait  comme  dans  celui-ci 
des  Plaideurs  de  Racine  :  Ma  foi,  j'étais  un  franc 
portier  de  comédie,  il  est  facile  de  voir  que  les  cé- 
sures naturelles  sont  :  Ma  foi,  j'étais  —  un  franc 
portier  de  comédie,  tandis  que  les  hémistiches  sont  : 
Ma  foi,  j'étais  un  franc—  portier  de  comédie.  Il  y 
a  en  outre  des  césures  qui  ne  coïncident  pas  avec 
l'hémistiche  ;  bien  placées,  elles  donnent  de  la  va- 
riété, de  la  force,  de  l'expression  aux  vers;  c'est  de 
celles-là  que  parle  Voltaire,  Dict.  philos.  Hémis- 
tiche :  Piasicurs  dictionnaires  disent  que  l'hémi- 
stiche est  la  même  chose  que  la  césure; mais  il  y  a 
une  grande  diffférence  ;  l'hémistiche  est  toujours  à 
la  moitié  du  vers  ;  la  césure,  qui  rompt  les  vers,  est 
partout  où  elle   coupe  la  phi-ase. 

—  ÊTYM.  Lat.  hemistichium,  ■JniKrtixtov,  de  iiù 
(voy.  HÊMi),  et  (jxixo;,  ligne,  rangée, 'de  otiCsiv, 
ficher,  piquer  (voy.  stigmate). 

t  UÉMISYNGYNIQDE  (é-mi-sin-ji-ni-k'),  adj.  m. 
Terme  de  botanique.  Calice  hémisyngynique, calice 
qui  est  à  demi  adhérent  avec  l'ovaire. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  oùv,  avec,  et  yuvi^,  femme, 
ovaire. 

t  HÊMITÉRIE  (é-mi-té-rie),  t.  f.  Terme  de  téra- 
tologie. Anomalie  organique  simple  et  peu  grave 
anatomiquement. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  t^pa?,  monstre. 

+  DËMITURËNE  (é-mi-trè-n'),s.  f.  Terme  de  mi- 
néralogie. Sorte  de  roche  amphibolique  calcaire. 

t  HEMITOME  (é-mi-to-m'),  adj.  Terme  de  miné- 
ralogie. Cristaux  hémitomes,  cristaux  composés  de 
deux  parties  distinctes,  lorsque  les  faces  de  l'une 
rencontrent  l'axe  de  la  seconde  à  la  moitié  de  sa 
haut.->ur. 

—  f.TYM.  Hémi....,  et  Toiiri,  section. 

+  UÉ.MITRlGLYPUE(é-mi-tri-gli-r),  s.  m. Terme 
d'architecture.  Demi-lriglyphe,  ornement  de  la  frise 
dori(|ue. 

—  RTYM.Hemi et  triglyphe;  lu.  hemilrigly- 

phus,  do  +,(iiTpiY).v(fo;. 

tHÊ.MmuTÈE  (é-mi-tri-tée),«dj. /•.Terme  de 
raédocine.  Fièvre  hémitritée,  ou,  substantivement, 
I  aémiUilée,  fièvre  demi-tierce  ,  combinaison  de  la 
UcTro  quotidienne  avec  la  fièvre  tierce,  consistant 


HÉM 

cil  un  accès  chaque  jour,  et  un  second  accès  plus 
intense  de  deux  jours  l'un. 

—  HlST.  XVI'  s.  Les  fièvres  humorales  composées 
sont  plusieurs  :  la  demy    tierce  ou  hémitritée.... 

PABÉ,  XX,   8. 

—  ETYM.  'H|j.iTpiToi:o«,  de  f)|jiî  (voy.  hémi),  et 
TpiTaîo?,  tierce. 

+  HÉM1TR0PE  (é-mi-tro-p'),  adj.  Teriae  de  mi- 
néralogie. Cristal  hémitrope,  cristal  forme  de  deux 
moitiés  dont  l'une  semble  avoir  fait  sur  l'autre  une 
demi-révolution. 

—  ÉTYM.  Hémi....,  et  TpoTtri,  tour,  conversion. 

t  UÉMITROPIE  (é-mi-tro-pie),  *.  f.  Terme  de 
minéralogie.  Cristallisation  qui  produit  les  cristaux 
hémitropes. 

t  UEMMER(hè-mmé),  V.  n.  Terme  de  médecine. 
Être  afi'ecté  du  hem.  Pendant  le  traitement  de  cette 
affection,  les  malades  doivent  résister  au  besoin  de 
hemmer. 

—  ETYM.  Hem  2. 

t  HÉMO....  préfixe,  voy.  héma. 

t  HÉMOCUROÏNE  (é-mo-kro-i-n') ,  s.  f.  Voy.  HÉ- 

MATOSINE. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  zp^àj  couleur. 

t  HÊMODIE  (é-mo-die),  s.  f.  Agacement  des 
dents  par  une  saveur  acide,  quelquefois  par  un 
bruit  grinçant. 

—  ÉTYM.  Aipuoîia,  agacement  des  dents,  de  «l- 
|iwÔ£u,  saigner  des  gencives,  avoir  un  goût  de  sang 
dans  la  bouche. 

t  HÊMODORACÉES  (é-mo-do-ra-sées),  s.  f.  pi. 
Terme  de  botanique.  Famille  de  plantes  mouoco- 
tylédonées,  dont  le  type  est  le  genre  hxmodorum. 

—  ETYM.  Al|j.65(<>pov .  nom  d'une  plante. 
tUÊMODYNANOMËTRE(é-mo-di-na-mo-mè-tr'), 

s.  m.  Terme  de  physiologie.  Instrument  manomè- 
trique  destiné  à  mesurer  la  pression  ou  la  force 
avec  laquelle  le  sang  circule  dans  les  vaisseaux 
des  animaux. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  8ûva|j.i;,  force,  et  [iÉTpov,  me- 
sure. 

t  HÉMOPHILIE  (é-mo-fl-!ic),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Disposition  congénitale  et  héréditaire  à  des 
hémorrhagies  difficiles  à  arrêter. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  çiXo;,  ami. 

t  nÉ.MOPHOBE    (è-rao-fo-b'),  s.  m.  Voy.  uéma- 

TOPHOBE. 

t  HÉMOPUOBIE  (é-mo-fo-bie),  s.  f.  Terme  di- 
dactique. Disposition  qui  fait  qu'on  ne  peut  voir 
couler  du  sang  sans  en  ressentir  une  vive  émotion. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  9660;,  crainte. 

t  HÊMOPUTHALMIE  (  é-mo-ftal-mie  )  ,  s.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Ëpanchement  sanguin  dans 
les  chambres  de  l'œil. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  è?9aX|j.èç,  œil. 

I  UÉMOPIS  (é-mo-pis'),  s.  f.  Terme  de  zoologie. 
Nom  d'un  genre  d'hirudinées,  hémopis  chevaline, 
hxmopis  sanguisorba,  savigny. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  ittvEiv,  boire. 

t  HÉMOPLANIE  (é-mo-pla-nie) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Genre  de  maladies  embrassant  les  hé- 
morrhagies supplémentaires. 

—  ÉTYM.  Hémo.. ..,  et  itXâvri,  erreur. 

t  I1É.MOPLASTI0CE  (é-mopla-sti-k') ,  adj.  Terme 
de  physiologie.  Aliments  hémoplastiques,  aliments 
propres  à  fournir  rapidement  à  la  production  du 
sang. 

—  ÉTYM.  Hémo.  ..,  el  plastique. 

t  UÉMOPOÈSE  (é-mo-po-è-z'),  s.  f.  Terme  de 
physiologie.  Production  du  sang  dans  les  vaisseaux. 
Il  II  est  aussi    quelquefois  synonyme  d'hématose. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  7toiT)ai{,  action  de  faire. 

t  HÉMOPOÉTIOI'E  (é-mo-po-é-ti-k') ,  adj.  Qui  a 
rapport  à  la  production  du  sang,  qui  la  favorise. 

UÉMOPTOÏQDE,  adj.  Mot  barbare.  Voy.  hémo- 
PTïiot;E. 

t  HÉ.'tfOPTYIOUE  (é-mo-pti-i-k') ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Qui  est  atteint  d'hémoptysie.  ||  Crachats 
hémoptyiques,  ceux  qui  sont  rejetés  pendant  l'hé- 
moptysie. Il  Foyer,  caillot,  épanchement  hémo- 
ptyiques ,  ceux  qui ,  formés  dans  le  poumon  par 
apoplexie  pulmonaire,  fournissent  le  sang  des  cra- 
chats hémoptyiques. 

—  ÉTYM.  A i(io7CT\;ïx4;,  de  al|j.a,  sang,  et  ittûeiv, 
cracher  (voy.  pttausme).  On  trouve  dans  les  livres 
de  médecine,  et,  par  suite,  dans  le  Dictionnaire  de 
l'Académie,  hémoploique;  à  la  vérité,  des  textes 
d'Alexandre  de  Tralles  portent  oliioitioixo;  ;  mais 
c'est  une  faute  de  copiste ,  itTÙtiv  ne  pouvant  ja- 
mais donner  nxoïxo;.  Ce  barbarisme  médical  n'est 
pas  tellement  entré  dans  la  langue  qu'il  ne  puisse 
Cire  réformé,  d'autant  plus  qu'on  ne  dit  pas  hémo- 
ptosie,  mais  hémoptysie. 


HEM 

HÉMOPTYSIE  (é-mo-pti-zie),#.  f.  Terme  de  mé 
decine.  Crachement  de  sang;  hémorrhagie  de  la 
membrane  muqueuse  du  poumon. 

—  ETYM.  AliiÔTiTuiii;  (voy.  hémoptyique). 

HÉMORRAGIE,  suivant  le  Dictionnaire  do  l'Aca- 
démie, mais  mieux  HÉMORRHAGIE  (é-mo-ra-jie), 
j.  f.  Terme  de  médecine.  Ecoulement  du  sang  hors 
des  vaisseaux  qui  doivent  le  contenir.  ||  Hémorrha- 
gie cérébrale,  épanchement  de  sang  dans  le  tissu 
du  cerveau  par  suite  de  la  rupture  des  petits  vais- 
seaux; ce  qui  est  la  cause  la  plus  fréquente  de  l'a- 
poplexie. Il  Hémorrhagie  active,  hémorrhagie  pas- 
sive, ancienne  division  des  hemorihagics  alors  que 
l'on  pensait  qu'il  pouvait  y  avoir  écoulement  de 
sang  par  exhalaison  sans  déchirure  des  vaisseaux: 
on  admettait  que  l'hémorrhagie  active  était  due  à 
un  excès  de  vitalité,  et  la  passive  à  une  diminution 
de  vitalité. 

—  HlST.  XVI*  s.  Les  emorogies  recommençoient 
à  toutes  les  fois  que  l'escarre  tomboit,  d'aub.  Hist. 

II,  473 Dont  s'ensuit  grande  hémorrhagie  ou 

flux  de  sang,  paré,  viii,  34. 

—  ÉTYM.  Lat.  liscmorrhagia,  de  aiiiofpayta,  de 
alpia,  sang,  et  fay,  radical  de  è^-fàY-r,v,  aoriste 
passif  de  fiîiYvuiii,  faire  éruption. 

t  HÉMORRAGIQUE  et  mieux  HÉMORRUAGIQUE 
(é-mo-ra-ji-k') ,  adj.  Qui  a  rapport  à  l'hémorrhagie. 

t  HÉ-MORRHÉE  (é-mo-irée),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Nom  donné  par  quelques  médecins  aux  pré- 
tendues hémorrhagies  passives  (voy.  hémorrhagie). 

t  HÉMORRHINIE  (é-mo-rri-uie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Saignement  de  nez. 

—  ÉTYM.  Hémo....,  et  fiv,  nez. 

t  UËMORROÏUAIRE  et  mieux  IIÉMORRHOÏ- 
DAIRË  (é-mo-ro-i-dê-r'),  *.  m.  Qui  est  sujet  aux 
hémorrhoïdes. 

UEMORROÏDAL,  ALE,  suivant  le  Dictionnaire 
de  l'Académie,  et  mieux  HÉMORRHOÏDAL,  ALE 
(é-mo-ro-i-dal ,  da-l),  adj.  ||  1°  Terme  de  méde- 
cine. Qui  a  rapport  aux  hémorrhoïdes.  Les  fiux  hé- 
morrhoïdaux.  ||  Paquet  hémorrhoidal,  masse  de  tu- 
meurs hémorrhoidales.  ||  2°  Terme  d'anatomie.  11  se 
dit  des  vaisseaux  de  l'extrémité  anale  du  rectum, 
à  cause  qu'ils  sont  le  siège  des  hémorrhoïdes. 
L'artère  hémorrhoïdale.  La  veine  hémorrhoîdale. 
Il  Substantivement.  L'hémorrhoidale  supérieure , 
inférieure.  ||  3"  Terme  de  botanique.  Chardon  hé- 
morrhoidal, serratula  arvensis,  L.,  aujourd'hui  ci'r- 
stum  arvense,  cassini.  ||  4"  S.  {.  L'hémorrhoidale, 
un  des  noms  vulgaires  de  la  ficaire  renonculoide 
(renonculacées) ,  dite  aussi  ficaire,  renoncule  ficaire, 
herbe  aux  hémorrhoïdes ,  à  cause  de  la  ressem- 
blance de  ses  racines  tubéreuses  avec  un  paquet 
hémorrhoïdal. 

—  HlST.  XVI*  s.  Elle  produit  le  plus  souvent  le 

rameau   nommé  hémorrhoidal divisé   en  cinq 

veines  hemorrhoïdales,  paré,  i,  ai.  Le  sang  pur, 
menstruel  ou  hémorrhoidal,  lo.  vi,  4i. 

HÉMORROÏDES,  suivant  le  Dictionnaire  de  l'A- 
cadémie, mais  mieux  HÉMORRHOÏDES  (é-mo-ro- 
i-d'),  ï.  f.pl.\\i'  Tumeur  des  veines  de  l'anus. 
Il  Hémorrhoïdes  sèches,  hémorrhoïdes  qui  ne  Huent 
pas.  Il  II  se  dit  au  singulier.  Faire  l'ablation  d'une 
hémorrholde.  ||  2°  Il  se  dit  aussi  des  tumeurs  analo- 
gues qui  se  forment  au  col  de  la  vessie,  de  l'uté- 
rus. Hémorrhoïdes  de  la  vessie. 

—  HlST.  XV*  s.  J'ay  ou  cul  lez  esmoroides;  Sy  ne 
puis  chier,  c'est  grant  hides  [peine,  terreur],  Jft'r. 
de  Sle  Genev.  ||  xvi*  s.  Autour  du  rectum  sont  cer- 
taines veines  nommées  hémorrhoïdes,  paré,  i,  (6. 
Tout  ainsi  qu'il  se  fait  des  hémorrhoïdes  au  siège, 
ainsi  se  fait-il  au  col  de  la  matrice,  id.  xvui,  Sb. 

—  ÉTYM.  Lat.  hécmorrhois,  de  ol(io^fot<,  de 
al(ia.  sang,  et  jieîv,  couler. 

HÊMORROÏSSE  (é-mo-ro-i-s') ,  s.  f.  Ne  se  dit 
que  de  la  femme  malade  d'un  fiux  de  sang  qui  fut 
guérie  en  touchant  la  robe  de  Jésus-Christ.  Vous 
enviez,  dit  saint  Jean  Chrysostome,  le  sort  d'une 
hémorroïsse  qui  touche  ses  vêtements  [de  J.  C], 
MASS.  Avent,  Disp.  à  la  communion. 

—  ÉTYM.  Aluopfot;  (voy.  uémorroIdes). 

t  HÉMOSPASIE  (é-mo-spa-zie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Moyen  thérapeutique  qui  consiste  à 
faire  le  vide  sur  de  larges  surfaces  du  corps,  à 
l'aide  d'appareils  particuliers;  ce  qui  y  attire  >m 
afffux  considérable  du  sang. 

—  ÉTYM.  Jlémo....,  et  oitiiiç,  attraction. 

t  HÉMOSPASIQUE  (é-mo-spa-zi-k') ,  ac(j.  Qui  a 
rapport  à  Ihémospasie. 

t  HÉMOSTASE  (é-mo-sta-z') ,  î.  f.  Terme  de 
médecine.  Stagnation  du  sang  causée  par  la  plé- 
thore. Il  Terme  de  chirurgie.  Opération  qui  a  pour 
but  d'arrêter  l'écoulement  du  sang. 


HEN 

—  ÊTYM  •  Aiiioataoi?,  de  aljia,  sang,  et  atàan, 
slase  (voy.  stase). 

HÉMOSTATIQUE  (é-mo-sta-ti-k') ,  adj.  Qui  ar- 
rête   les    liémorrhagies.    Remède    hémostatique. 
I  Substantivement.   Un  hémostatique.  La  saignée 
t  souvent  un  très-bon  hémostatique. 

—  ÊTYM.  At(jLO(7TaTix6; ,  de  ai[AÔ<rTa<Tic ,  hémo- 
stase. 

f  HÉMOTEXIE  (é-mo-tè-ksie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Dissolution  du  sang. 

—  ÉTYM.  Ilémo....,  et  TTiÇi;,  dissolution. 

t  URMOTHORAX    (é-mo-to-raks') ,  s.  m.  Terme 
'  médecine.  Epanchement  de  sang  dans  le  thorax. 

—  RTYM.  Ui'mn....,  et  thorax. 

t  UENDÉCAGONAL,  ALE  (in-dé-ka-go -nal, 
na-l'),  adj.  Quia  onze  angles.  Champ   hendécago- 

il.   Figure  hendécagonale.  Il  Solide  hendécagonal, 

lide  dont  la  base  est  un  hendécagone.  Pyramide 
jiendécagonale.  Prismes  hendécagonaux. 

HENDÉCAGONE  (in-dé-ka-go-n"),  adj.  Terme  de 
• 'oraétrie.  Oui  a  onze  angles  et  onze  côtés.  ||  S.  m. 

1  hendécagone,  un  polygone  de  onze  côtés. 

—  ÉTYM.  'Evôexï,  de  ëv  neutre  de  elç,  un  (voy. 
un)  ,  SixoL,  dix  (voy.  dix),  et  Tfwvo;,  angle. 

tUENDÉOAGYNE  (in-dé-ka-ji-n'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  onze  pistils, 

—  l'.TVM.  'Kv8c/.a,  onze,  et  l'vivi^,  femme,  pistil. 

t  HENDÉCANDRE  (in-dé-kan-dr'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  onze  étamines. 

—  ÉTYM  "EvÔExa,  onze,  et  àvr)p,  mâle,  étamine. 

t  HENDÉCANDRIE  (in-dé-kan-drie),  s.  f.  ClasJe 
du  système  de  Linné  qui  renferme  les  plantes  à  onze 
étamines. 

t  HENDÉCANDRIQUE  (in-dé-kan-dri-k'),  adj. 
Qui  appartient  à  l'hendécandrie. 

t  HENDÉCAPUYLLE  (  in-dé-ka-fi-1'  ) ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  les  feuilles  composées  de  onze 
folioles. 

—  ÉTYM.  "EvSsxa,  onze,  et  çû/Xo-ï,  feuille. 
HENDÉCASYI.LABE  (in-<ié-ka-.'iil-la-b'),  adj.  Qui 

a  onze  syllabes.  Un  vers  hendécasyllabe.  ||  S.  m.  Un 
hendécasyllabe.  ||  Her.  lécasyllabe  phaleuce,  vers  la- 
tin composé  d'un  spondée  et  d'un  dactyle,  suivis  de 
trois  trochées.  Hendécasyllabe  saphique,  vers  com- 
posé d'un  chorée,  d'un  spondée,  d'un  dactyle  et  de 
deux  autres  chorées.  ||  Les  Italiens  appellent  hendé- 
casyllabes  leurs  vers  qui  sont  pareils  à  nos  vers 
décasyllabiques,  parce  qu'ils  comptent  la  dernière 
syllabe  après  l'accent. 

—  ÉTYM.  'Evôexa,  onze,  et  syllabe. 

t  UENDÉCASYLLABIQCE  (in-dé-ka-sil-la-bi-k"), 
adj  Quia  onze  syllabes.  Vers  hendécasyllabique.  Pas- 
quier,  dans  ses  recherches,  nous  apprend  qu'en  l'an- 
née 1556,  le  comte  d'Alsinois  [c'est-à-dire  Nicolas 
Denisot,  qui  déguisait  ainsi  son  nomj  fit  des  vers 
hendécasyllabrques  à  la  louange  d'un  poëme  dont 
lui,  Pasquier,  était  auteur,  d'ouvet,  Prosod.  franc. 
art.  Il,  p.  22,  dans  pougens. 

f  HENNANT  (hè-nnan),  s.  m.  Terme  rural.  Va- 
riété de  raisin. 

t  HENNÉ  (hè-nné),  s.  m.  Plantes  dont  une  es- 
pèce sert  aux  femmes,  en  Asie  et  en  Afrique,  pour 
se  teindre  les  ongles,  lawsonia  inermis,  L.  C'est 
avec  des  feuilles  séchées  et  réduites  en  poudre  que 
les  femmes  arabes  se  teignent  en  jaune-safran  les 
ongles  des  doigts  et  des  orteils.  ||  On  écrit  aussi 
henneh. 

—  ÉTYM.  Mot  arabe. 

t  UENNEBANNE  (ha-ne-ba-n'),  s.  (.  Autre  or- 
thographe de  hanebane. 
t  UENNÉHÉMIMÈRE   (è-nné-é-mi-mè-r'} ,  adj. 

Voy.   SEMI-XOVÉNAIRE. 

—  ÉTYM.  'Evvéa,  neuf,  -^[ii  (voy.  hémi),  et  [lépoi;, 
partie. 

HENNIR  (ha-nir),  e.  n.  Il  se  dit  du  cheval  quand 
il  fait  son  cri  ordinaire.  Ils  sont  devenus  comme  des 
chevaux  qui  courent  et  qui  hennissent  après  les  ca- 
vales ;  chacun  d'eux  a  poursuivi  de  même  avec  une 
ardeur  furieuse  la  femme  de  son  prochain,  SACi, 
BMe,  Jérémie,  v,  8.  Les  seigneurs  s'etant  trouvés  le 
lendemain  au  rendez-vous,  le  cheval  de  Darius  ne 
fut  pas  plutôt  dans  l'endroit  où  il  avait  senti  la  ca- 
vale, qu'il  hennit  :  sur  quoi  Darius  fut  salué  roi  par 
les  autres,  et  placé  sur  le  trône,  rollin,  llisl.  anc. 
Œuv.  t.  II,  p.  a43,  dans  pougens.  On  prétend  que 
les  chevaux  auxquels  on  a  fendu  les  naseaux  ne 
peuvent  plus  hennir;  je  n'ai  pas  été  à  portée  de  vé- 
rifier le  fait,  BiiKF.  Cheval.  On  a  vu  des  chevwux 
abandonnés  dans  les  bois  hennir  continuellement 
pour  se  faire  entendre,  m.  ib.  On  a  remarqué  que  les 
chevaux  qui  hennissent  le  plus  souvent,  surtout 
d'allégresse  et  de  désir,  sont  les  meilleurs  et  les  plus 
généieux,  id.  ib  Renversée,  entraînée,  à  ce  choc  qui 


HEP 

l'étonne,  De  ses  preux  chevaliers  la  troupe  l'aban- 
donne, Et  son  coursier,  blessé,  hennissant,  furieux, 
Se  cabre,  se  tourmente  et  l'emporte  avec  eux,  mas- 
son,  Helvét.  111.  Hennis  d'orgueil,  ô  mon  coursier 
fidèle.  Et  foule  aux  i)ieds  les  peuples  et  les  rois,  bé- 
BANG.  Ch.  du  cosaque.  ||  Il  se  conjugue  avec  l'auxi- 
liaire avoir. 

—  HlST.  XI'  s.  Cil  d'Ociant  i  braient  et  bénissent, 
Ch.  de  Roi.  cCLVii.  ||  xii'  s.  Li  sors  Geris  le  destrier 
pormena;  Trois  fois  se  viutre  [vautre],  sor  les  pies 
se  leva;  Si  fortheni  que  la  terre  sonna,  Raoul  de  C. 
(33.  Il  XIII' Et  seulement  un  palefroi.  Qui  ne  hanisse 
par  effroi,  M'amenez,  et  sus  une  selle  Pourchevau- 
chieràdamoiselle,  Bl.  et  Jeh.  (085.  Son  poitral  li 
laça  qui  fu  de  cuir  bolis,  X  une  grant  estache  l'a- 
resna  d'un  jarris,  Li  chevaus  grate  et  hene;  moult 
fait  grant  pestclis  [piétinement],  Ch.  d'An*,  iv,  (»i. 
Il  XV"  s.  Je  ne  hanis  pour  autre  avoine.  Que  de  m'en 
retourner  à  Blois  ;  Trouvé  me  suis  pour  une  fois 
Assez  longuement  en  Touraine,  cii.  d'ohl.  Rondeau. 
Il  XVI"  s.  En  cestuy  bruyt  fiffres,  tabours  sonnoient, 
Trompes,  clerons,  et  chevaulx  hanissoient,  J.  marot, 
V,  29. 

—  ÉTYM  Berry,  hannir ,  du  latin  hinnire. 

t  HENNISSANT,  ANTE  (ha-ni-san,  san-t'),  adj. 
Qui  hennit.  Des  cavales  hennissantes. 

HENNISSEMENT  (ha-ni-se-man),  s.  m.  Le  cri  or- 
dinaire du  cheval.  I':st-ce  vous  qui  donnerez  au  che- 
val sa  force,  qui  lui  ferez  pousser  ses  hennisse- 
ments? SACi,  Bible,  Job,  xxxix,  I9.  Le  hennissement 
d'allégresse,  dans  lequel  la  voix  se  fait  entendre 
longuement,  monte  et  finit  à  des  sons  plus  aigus, 
BUFF.  Quadrup.  t.  i,  p.  (24.  ||  Kig.  Cette  impétuosité, 
ces  emportements,  ce  hennissement  des  cœurs  las. 
cifs  est  supprimé,  Boss.  Sermons,  Résurrect.  dern.  ) . 

—  HlST.  XIV"  s.  La  terre  tremble  toute  des  grans 
inissements  Des  fors  destriers  courant  et  des  fré- 
missements, Girart  de  Ross.  v.  3773.  ||  xvi"  s.Vaux, 
qui  menoit  les  coureurs  de  catholiques,  aiant  ouï 
un  grand  bannissement  de  chevaux,  sentit  la  fri- 
cassée, d'aub.  Hist.  III,  (0. 

—  ÉTYM.  Hennir. 

t  HÉNOTIQUE  (é-no-tl-k') ,  s.  m.  Édit  que  Zenon, 
empereur  d'Orient,  publia  en  482,  à  l'effet  de  rétablir 
l'unité  de  croyance  dans  l'Église  et  de  réunir  les 
catholiques  et  les  eutychiens.  11  publie  son  bénoti- 
que,  c'est-à-dire   son   décret   d'union,  boss.  Hist. 

1,  H. 

—  ÉTYM.  'EvwTixôç,  de  ivoùv,  unir,  de  ev,  neutre 
de  eIç,  un  (voy.  un). 

t  HENRI  (an-ri).  Ordre  de  Saint-Henri,  ordre  mi- 
litaire institué  en  (736  par  l'électeur  de  Saxe.  La 
marque  en  est  une  étoile  à  huit  pointes,  au  milieu  de 
laquelle  est  le  buste  de  saint  Henri,  empereur.  Elle 
est  attachée  par  un  cordon  d'argent  à  un  ruban 
cramoisi. 

—  ÉTYM.  Henri,  nom  germanique,  dont  la  forme 
dans  le  haut-allemand  est  Heimrih  ,  de  hcini,  mai- 
son, village,  et  n'A,  puissant:  chef  de  village  ou  de 
maison. 

t  HENRLADE  (an-ri-a-d'),  s.  f.  Poëme  épique  de 
Voltaire,  dont  Henri  IV,  roi  de  France,  est  le 
héros. 

f  IIENRICIENS  (an-ri-siin),  s.  m.  pi.  Nom  de  sec- 
taires du  XII"  siècle,  qui  ne  voulaient  aucune  espèce 
de  culte  et  proscrivaient  même  les  chants  d'église  ; 
leur  nom  vient  du  moine  Henri  de  Lausanne. 

f  HENRIOT  (en-ri-o),  s.  m.  Un  des  noms  viUgaires 
de  la  jeune  brème. 

HÉPAR  (é-par),  s.  m.  Nom  que  les  anciens  chi- 
mistes donnaient  aux  sulfures.  Hépars  alcalins,  les 
sulfures  alcalins. 

—  ÉTYM.  'Hnap,  foie,  sans  doute  à  cause  de  la 
couleur  de  certains  sulfures. 

t  HÉPATALGIE  (é-pa-tal-jie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Douleur  névralgique  du  foie. 

t  HÉPATALGIQUE  (é-pa-tal-ji-k'),  adj.  Qui  a  rap- 
port à  l'bépatalgie. 

—  ÉTYM.  'Hnop,   îJTtaTOi;,  foie,  et  i'>-yoi;,  douleur. 

f  UÉPATE  (é-pa-f),  s.  m.  Terme  de  pêche.  Pois- 
son du  genre  des  labres,  dont  la  couleur  approche 
de  celle  du  foie. 

—  ÉTYM  'llTiap,  ijnaro:,  foie. 

HÉPATIQUE  jé-pa-ti-k'),  ad/.  ||  1°  Terme  d'ana- 
tomie.  Qui  appartient  au  foie.  Les  vaisseaux  hépati- 
ques, il  Canal  hépatique,  canal  qui  emmène  la  bile 
du  foie  et  s'anastomose  avec  le  canal  cystir|ue. 
Il  Terme  de  médecine.  Oui  est  dans  le  foie.  Douleur 
hépatique.  ||  2"  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  a  la 
couleur  du  foie,  ou  dont  l'odeur  approche  de  celle 
du  foie  de  soufre  ou  de  l'hydrogène  sulfuré.  ||  An- 
cien terme  de  chimie.  Air  hépatique,  le  gaz  hydro- 
gène sulfuré.  Il  3'  S.  f.  Terme  <le  botanique.  Genre 


HEP 


2005 


do  renonculacées,  où  l'on  distinguo  ;  l'hépatiqua 
commune  ou  des  jardins,  hepalica  triloba,  chaix, 
<iui  a  été  recommandée  contre  les  maladies  du  foie, 
et  une  espèce  d'anémone  prinlanière,  anémone  he- 
patica  (renonculacées).  ||4"  Famille  do  plantes  aco- 
tylédones,  qui  renferme  de  petites  plantes  herbacées, 
rampantes,  terrestres  ou  parasites,  interméUiairo» 
entre  les  lichens  et  les  moflsses. 

—  lllST.  xiv"  s.  Vers  le  coude  se  monstre  aporte- 
ment  la  basilique  que  l'en  appelle  la  epalique,  lan- 
FHANC,  f"  3».  Il  xvi"  s.  Les  patients  avoient  une  vive 
et  naturelle  couleur,  sans  aucun  signe  d'estre  hépa- 
tiques, PARÉ,  VIII,  12.  X  la  constipation  du  ventre, 
n'y  a  meilleur  remède  que  l'aloes  hépatique,  o.  de 

SERRES,  08O. 

—  ÉTYM.  'HuaTixo;,  de  :^nap,  îjiiaTo;,  foie. 

t  HÉPATIRRUÉË  s.  f.  Mot  mal  fait;  voy.  hépa- 

TORRUÉE. 

t  HÉPATISATION  (é-pa-ti-za-sion),  s.  (.  Terme 
d'anatomie  pathologique.  Passage  d'un  tissu  orga- 
ni'iue  à  un  état  tel  qu'il  présente  l'aspect  du  foie. 
L'hépatisation  du  poumon. 

—  ÉTYM.  Uépatiser. 

t  UÉPATISER  (S')  (é-pa-li-zé) ,  V.  réfl.  Terme 
d'anatomie  pathologique.  Subir  l'hépatisation.  Le 
poumon  s'est  hépatisé  rapidement.  Poumon  hépatist. 

—  ÊTYM.  'llTtap,  iiTtaxo;,  foie,  et  la  finale  iser, 
comme  si  les  Grecs  avaient  formé  le  verbe  i^natiÇw. 

HÉPATITE  (é-pa-li-f) ,  j.  f.  ||  1"  Terme  do  mé- 
decine. Inflammation  du  foie.  ||  j°  Pierre  précieuse 
qui  est  de  la  couleur  du  foie. 

—  ÉTYM.  'Hua-rÎTiç,  de  i^itoip,  i[naxoi,  foie. 

t  HÉPATOCÈLE  (é-pa-lo-sè-1'),  t.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Hernie  du  foie. 

—  ÉTYM.  'Huap,  -îinaToi;,  foie,  et  xr;).»),  hernie. 

t  HÉPATO-CYSTIQUE  (é-pa-to-si-sli-k'),  adj.  Qui 
appartient  au  foie  et  à  la  vésicule  du  fiel. 

—  ÉTYM.  'Huao,  Y^îtaxo;,  foie,  et  cystique. 

t  HÉPATO-GASTUlyUE  (é-pa-to-ga-stri-k'),  adj. 
Qui  a  rapport  au  foie  et  à  l'estomac. 

t  HÉPATO-GASTRITE  (é-pa-to-gas-stri-f),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Inflammation  du  foie  et  de 
l'estomac. 

—  ÉTYM.  'Hnap,  i^TtaTo;,  foie,  et  gastrite. 

t  HÉPATOGRAPUIE  (é-pa-to-gra-fie),  s.  ^.Des- 
cription du  foie. 

—  ÉTYM.  'llnap,  finaTii;,  foie,  et  Ypiçsiv,  décrire, 
t  HÉPATO-INTESTINAL,  ALE  (é-pa-to-in-tè-sti- 

nal,  na-l'),  adj.  Qui  appartient  au  foie  et  à  l'intes- 
tin. Il  Canal  hépato-inteslinal,  nom  donné  au  canal 
hépatique  des  .solipèdes. 

t  HÉPATOLOGIE  (é-pa-to-lo-jie),  *.  f.  Traité  sur 
le  foie. 

—  ÉTYM.  'Hnap,  iJTtaToi;,  foie,  et  >OYo;,  traité. 

t  HÉPATOMPUALE  (é-pa-ton-fa-l'),  s.  (.  Terme 
de  médecine.  Hernie  du  foie  par  l'anneau  ombilical. 
Il  On  dit  aussi  hépatomphalocèle. 

—  ÉTY.M.  'H-ap,ii7taio;,  foie,  etitiçaXo;,  OmbiUc. 
.  t  HÉPATORHUÉE  (é-pa-to-rrée) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Déjection  abondante  de  matières  en 
grande  partie  formées  de  bile  presque  pure. 

—  ÊTYM.  'Huïp,  jJTtaTo;,  foie,  et  fcïv,  couler. 

t  HÉPATOSCOPiE  (é-pa-to-sko-pie),  s.  f.  Terme 
d'antiquité.  Art  de  deviner  l'avenir  par  l'inspection 
du  foie  des  victimes;  cette  inspection  elle-même. 

—  ÉTYM.  *Hitop,  ijixaToç,  foie,  et  <rxo7ieîv,  exami- 
ner. 

t  HÉPATOTOMIE  (é-pa-to-to-mie),  s.  f.  Dissec- 
tion du  foie. 

—  ÉTYM.  'Hîiap,  jiïraxo;,  foie,  et  xojiTi,  dis.seclion. 
tUEPUTHÉMI.MÉRE(è-fté-mi-mè-r'),odj.Terme 

d'ancienne  métrique.  Oui  a  la  moitié  do  sept  par- 
ties, c'est-à-dire  trois  mesures  et  demie.  Ce  terme 
de  prosodie  grecque  s'appliquait  :  )°  aux  vers  de 
sept  syllabes,  comme  ceux  d'Anacréon;  2"  aux  cé- 
sures de  trois  pieds  et  demi.  ||0n  dit  aussi  semi- 
septénaire. 

—  ÊTYM.  "Ejcxà,  sept,  i^ijti  (ïoy.  uémi),  et  |upo;, 
partie. 

f  UEPSET  (è-psè),i.  m.  Nom  vulgaire  d'un  pois- 
son qui  est  Vaihérine  hepscte  (acanlhoptérygiens). 

f  HEPT....  ou  UEPTA....  préfixe  qui  signifie 
sept,  et  vient  du  grec  iitxd  (voy.  sept). 

t  HEPTACANTHE  (è-pta-kan-f),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  porte  sept  épines  ou  aiguillons. 

—  ÉTYM.  Hept....,  et  dxavda,  épine. 
UEPTACORDE  (è-pU-kor-d'),  s.  m.  ||  i"  Terme 

de  musique.  Lyre  ou  cithare  à  sept  cordes  des  an- 
ciens. Il  2"  Système  de  sons  composé  de  sept  nutesj 
tel  que  la  gamme.  ||  3"  Adj.  Qui  a  sept  cornes  L>ra 
heptacorde. 

—  ÉTYM.  'ETtxdc/.opôoî,  de  inià,  sept,  et  '/opêi^, 
corde. 


2006 


HEP 


t  HEPTADACTVLE  (c-pta-ila-kti-1'),  adj.  Terme 
do  zoologie.  O»'  a  sept  doigts. 

—  KTYM.  llepta....,  cl  SotxTuJ.oî,  doigt. 

f  HEPTADK  (('-pta-d'),  s.  f.  Groupe  de  sept  cho- 
ses ou  de  sept  personnes.  ||  La  réunion  des  sept 
sages  de  la  Grèce. 

—  lîTYM.  'Eitià,  sept. 

t  HEPTAÈDRE  (è-pta-è-dr'),  s.  m.  Terme  de  géo- 
métrie. Solide  à  sept  faces. 

—  Etym.  Hepta....,  et  êSpa,  face. 

t  HEPTAÉDUIQUE  (è-ptâ-é-dri-k') ,  adj.  Qui  ap- 
partient à  l'heptaèdre. 

t  HEPTAGONAL,  ALE  (è-pta-go-nal,  na-l'),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  appartient  à  l'heptagone. 
Il  Solides  heptagonaux,  solides  dont  la  base  est  un 
heptagone.  Pyramide  heptagonale.  Prismes  hepta- 
gonaux. 

HEPTAGONE  (è-pta-go-n') ,  adj.  ||  1°  Terme  de 
géométrie.  Qui  a  sept  angles  et  sept  côtés,  j]  Sub- 
stantivement. Un  heptagone,  un  polygone  de  sept 
côtés.  Il  2°  Terme  de  fortification.  Ouvrage  com- 
posé de  sept  bastions. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  ywvoç,  angle. 

t  UEPTAGYNE  (fe-pta-ji-n'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  a  .sept  pistils. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  ym-f\,  femme,  pistil. 

■^  HEPTAGYNIE  (è-pta-ji-nie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Classe  renfermant  les  plantes  à  sept 
pistils. 

t  HEPTAMÈTRE  (è-pta-mè-tr'),  adj.  Terme  d'an- 
cienne métrique.  Vers  heptamètre,  ou,  substantive- 
ment, un  heptamètre,  vers  qui  a  sept  pieds. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  (j.Éxpov,  mesure. 
HEPTAMÉRON   (è-pta-mé-ron) ,   s.  m.    Ouvrage 

composé  de  parties  distribuées  en  sept  journées. 
L'Heptaméron  de  la  reine  de  Navarre. 

—  ÉTYM.  Mot  consacré  par  l'usage,  mais  mal 
formé;  il  devrait  être  heplaéme'ron,  de  iTiia-q^LifOi, 
de  éitià,  sept  (voy.  sept),  et  rifiipa,  jour. 

t  HEPTANDRE  (è-ptan-dr'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  a  sept  étamincs. 

—  ÉTVM.  Hept....,  et  àv^p,  mâle,  étamine. 

HEPTANDRIE  (è-ptan-drie),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Classe  du  système  sexuel  de  Linné,  qui  ren- 
ferme les  plantes  dont  la  fleur  a  sept  étamines. 

t  HEPTANÈME  (  è-pta-nè-m') ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  sept  tentacules. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  vtjjjia,  filament. 

+  HEPTANTHÉRÉ,  ÉE  (è-pUn-té-rc,  rée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Qui  a  sept  anthères  ou  éta- 
mines. 

—  ÉTYM.  Hept....,  et  anthère. 

t  HEPTAPÉTALE  (è-pta-pé-ta-F),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  la  corolle  se  compose  de  sept  pé- 
tales. Il  On  dit  aussi  heptapétalé. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  pétale. 

t  HEPTAPUONE  (è-pU-fo-n') ,  adj.  Écho  hepta- 
phona,  écho  qui  répète  sept  fois. 

—  ÉTYM.  Wcpfa....,  et  çuvT),  voix. 

t  HEPTAPHYLLE  (è-pta-fi-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Feuille  heptaphylle,  feuille  pennée  qui 
est  formée  de  sept  folioles. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  çOXÎiov,  feuille. 

+  HEPTARCUIE  (è-ptar-chie) ,  s.  f.  Les  sept 
royaumes  fondés  par  les  Angles  et  les  Saxons  en 
Bretagne,  au  v  et  au  vi°  siècle.  ||  Gouvernement  de 
sept  individus. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  àpyri,  domination. 

t  HEPTARCHIQUE  (è-ptàr-chi-k') ,  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'heptarchie. 

t  HEPTARQUE  (hè-ptar-k') ,  s.  m.  Chacun  des 
rois  d'une  heptarchie. 

t  HEPTASÉPALE  (è-pta-sc-pa-l') ,  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  est  formé  de  sept  sépales. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  sépale. 

•f  HEPTASTAIIE  (è-pta-sta-d'),  s.  m.  Nom  d'une 
digue  à  Alexandrie  d'Egypte,  du  temps  des  rois 
grecs.  César,  pour  en  profiter,  entreprit  d'emporter 
l'île  de  Pharos,  où  il  fit  débarquer  ses  troupes  après 
le  combat,  et  de  se  rendre  maître  de  la  digue  qu'on 
appelait  l'heptastade,  qui  la  joignait  au  continent, 
ROLUN,  Hist.  anc.    Œuv.  t.  x,  p.  32b,  dans  poii- 

QENS. 

—  ÉTYM.  Hepta....,  et  stade. 

t  HEPTASYLLABE   (è-pta-sil-la-b),  adj.  Qui   a 
sept  syllabes.  Inconstitutionnel  est  un  mot  hepta- 
syllabo.  La  cigale  ayant  chante  est  un  vers  hepta- 
syllabe. 
■  —ÉTYM.  Hepta....,  et  syllabe. 

tUEPTATEUQUE  (è-pla-teu-k'),  s.  m.  Les  sept! 
premiers  livres  de  l'Ancien  Testament,  c'est-à-dire 
le  Penuteuque,  le  livre  de  Josué  et  le  livre  des  Ju- 
ges. Il  Ouvrage  divisé  en  sept  livres. 


HER 

—  ÉTYM.  'En-iâ':s.\iyoi,  de  éiità,  sept,  et  teO- 
Xo;,  instrument,  livre,  volume. 

t  UEPTATOME    (c-pta-to-m') ,    adj.   Terme   do 
zoologie.  Qui  est  divisé  en  sept  articles. 
-  —  ÉTYM.  Hepta....,  et  roiir;,  section. 

t  HÈRACLÉES  (é-ra-klée),  s.  f.  pi.  Terme  d'an- 
tiquité grecque.  Fêtes  en  l'Iionneur  d'Hercule. 

—  ÉTYM.  'Hpax/.YJç,  Hercule. 

t  HÊRACLIDE  {é-ra-kli-d') ,  s.  m.  Descendant 
d'Hercule.  Les  Héraclides  s'établirent  dans  le  Pélo- 
ponnèse. Il  Nom  d'une  tache  de  la  lune. 

—  ÉTYM.  'HpaxXeiô-ri:,  do  Mlpay.Xii;,  Hercule. 
HÉRALDIQUE   (é-ral-di-k') ,  adj.  Qui  a  rapport 

au  blason.  L'art  héraldique.  ||  Colonne  héraldique, 
colonne  qui  porte  sur  son  fût  des  écussons  bla- 
sonnés.  ||  Science  héraldique,  celle  qui  traite  des 
armoiries  et  des  anciennes  fêtes  de  chevalerie. 
Il  S.  f.  L'héraldique,  la  science  héraldique,  et  aussi 
l'ensemble  des  emblèmes  de  blason^  L'orange  est 
encore  usité  dans  l'héraldique  anglaise. 

—  ÉTYM.  Héraut,  anciennement  heralt. 

t  HÉRATULE  (é-ra-tu-l'),  s.  f.  Espèce  d'huitre 
fossile  petite  et  oblongue. 

HÉRAUT  (hé-rô  ;  ie  î  se  lie  dans  la  prononciation 
soutenue  :  un  hé-rô-t  envoyé...;  au  pluriel,  ï's  se 
lie  :  des  hé-rô-z  envoyés....),  s.  îïi.  ||1°  Dans  l'an- 
tiquité ,  officier  chargé  de  publications  solennelles, 
et  de  diverses  fonctions  dans  les  cérémonies  publi- 
ques. Le  caducée  d'un  héraut.  La  personne  des  hé- 
rauts était  sacrée.  On  envoya  un  héraut  pour  som- 
mer les  habitants  de  se  rendre,  vaugel.  Q.  C.  m,  i . 
Malheureux,  j'ai  servi  de  héraut  à  sa  gloire  I  rac. 
Esth.  m,  -1.  Il  Fig.  Celui  qui  annonce.  Je  suis  le 
médecin  de  l'âme  et  le  héraut  de  la  liberté  et 
de  la  vérité,  b'ablancourt,  Lucien,  Philosophes 
à  l'encan.  Un  rossignol  tomba  dans  ses  mains  [du 
milan]  par  malheur,  Le  héraut  du  printemps  lui 
demande  la  vie,  la  font.  Fabl.  ix,  )8.  ||2°  Dans 
le  moyen  âge,  officier  qui  faisait  diverses  procla- 
mations ou  messages,  et  dont  une  des  fonctions 
était  de  régler  les  fêtes  de  chevalerie  et  de  tenir 
registre  des  noms  et  des  blasons  des  chevaliers. 
Le  héraut  faisait  les  défis  publics,  les  trêves  et  les 
traités  de  paix,  et  annonçait  les  tournois,  abbé  de 
CHOISI,  Hist.  de  Phil.  de  Vcilois,  dans  eichelet. 
Louis  XII  envoya  un  héraut  d'armes  annoncer  la 
guerre  au  doge  ;  il  redemandait  le  Crémonais,  qu'il 
avait  cédé  lui-même  aux  Vénitiens,  quand  ils  l'a- 
vaient aidé  à  prendre  le  Milanais,  volt.  Moeurs,  )<  3. 
Il  Du  temps  de  l'ancienne  monarchie,  officiers  qui 
servaient  pour  les  cérémonies  des  mariages  et  des 
sacres  des  rois,  des  publications  de  paix,  etc.  Ils 
étaient  au  nombre  de  vingt-huit,  dont  le  premier, 
qui  était  roi  d'armes,  se  nommait  Montjoie  Saint- 
Denis,  ancien  cri  de  guerre  des  Français. 

—  HIST.  XIV'  s.  Li  heraux  est  entrez  en  la  cité 
antie,  Guescl.  <667.  ||  xv*  s.  Si  furent  ordonnés  deux 
moult  vaillans  chevaliers  pour  aller  là,  et  en  leur 
compagnie  trois  hérauts  pour  reconnoistre  leurs 
armes  [des  seigneurs  morts],  et  deux  clercs  pour 
escrire  et  enregistrer  les  noms  de  ceux  qu'ils  trou- 
veroient,  proiss.  i,  i,  2ob.  Je  n'ai  mais  bon  senes- 
chaut.  Ne  pour  moi  louer  herault>  E.  desch.  Poésies 
mss,  î'  "«.  Il  xvi"  s.  Mandant  à  vostre  sœur,  par  ung 
roi  d'armes,  aultrement  le  herault  Valois,  si.... 
CARLOix,  VII!,  32.  Horault  ou  messager  ne  doivent 
estre    en   danger,    leroux  ue  lincï,   Prov.  t.  ii, 

p.  83. 

—  ÉTYM.  Espagn.  haraldo,  heraldo;  anc.  espagn. 
haraute;  porlug.  arauto  et  aussi  faraute;  ital. 
araldo;  angl.  herald;  allem.  Herold;  bas-latin,  he- 
raldus,  haraldus.  Ce  mot  paraît  germanique  ;  et 
Diez  remarque  qu'il  répondrait  à  un  terme  de  l'an- 
cien hauUallemandhartotcaW,  officier  d'armée,  mais 
qu'on  ne  trouve  ce  hariowalt  que  comme  nom  propre: 
Chariovaldus;  saxon,  Hariolt;  scandin.  Haraldr. 

HERBACÉ,  ÉE  (èr-ba-sé,  sée),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  le  caractère,  l'apparence  de  l'herbe. 
Il  Plantes  herbacées,  celles  dont  la  tige  et  les  bran- 
ches, ne  produisant  pas  do  bois,  périssent  après 
quelques  mois  de  végétation.  ||  Se  dit  aussi,  par  op- 
position à  ligneux,  de  toute  partie  des  végétaux  qui 
est  d'un  tissu  vert  comparable  à  celui  des  feuilles. 
Un  gland  qu'on  jette  en  terre  au  printemps,  produit, 
au  bout  de  quelques  semaines,  un  petit  jet  tendre 
et  herbacé,  buff.  Expér.  sur  les  tég.  1"  mém. 

—  ÉTYM.  Lat.  herbaceus,  de  herba,  herbe. 

».  HERBAGE  (èr-ba-j'),  s.  m.  ||  1°  Toute  sorte 
d'herbes.  Le  plus  souvent  une  couronne  de  feuilles 
de  chéue  ou  de  laurier,  ou  de  quelque  herbage  plus 
vil  encore,  devenait  inestimable  parmi  les  soldats 
[romains],  qui  ne  connaissaient  point  de  plus  belles 
marques  que  celles  de  la  vertu  ni  de  plus  noble 


HER 

distinction  que  celle  qui  venait  des  actions  glorieu- 
ses, Boss.  Hist.  m,  6.  Quelques  fruits  dédaignés  de 
la  brute  sauvage.  L'herbage  impur  vomi  par  le  flot 
écumant.  De  nos  corps  épuisés  sont  l'unique  ali- 
ment, millev.  Élég.  ii,  Homère.  ||  2°  L'herbe  de» 
prés,  des  pâturages.  La  biche  [qui  a  perdu  son  faon] 
dissipe  son  chagrin  en  cherchant  d'autres  herbages 
et  d'autres  forêts,  p.  l.  cour.  Lett.  n,  (69.  ||  3"  Par- 
ticulièrement. Pré  destiné  à  l'engrais  des  bœufs  et 
des  vaches.  Cet  herbage  est  d'un  très-grand  revenu. 
Il  4°  Terrain  en  friche  sur  lequel  tout  propriétaire 
de  bestiaux  a  droit  de  les  envoyer. 

—  HIST.  XII'  s.  Sanc  et  cervelle  [il]  fait  voler  en 
l'erbage,  Ronc.  p.  SB.  ||  xiii"  s.  Prestrcs  Marins  cs- 
toit  moult  sages   De  bien  norrir  par  ces  erbages 
Brebis   dont  il  ot  maint  fromage,    Ren.  7396.  N'el 
[les  fleurs]  ne  sunt  point,  sachiés  de  certes.  Ne  trop 
closes,  ne  trop  overtes,  Ains  flamboient  par  les  her- 
bages El  meillor  point  de  lor  aages,  la  Rose,  204«7. 
Il  XVI'  s.  J'apprins  aussi,  allant  aux  pasturages,  X 
éviter  les  dangereux  herbages,  marot,  i,  220.  Et 
est  dit  vif  herbage  [sorte  de  droit  qu'on  payait  au  . 
seigneur  pour  pâture]  quand  le  nombre  des  bestes  j 
est  de  dix  et  au  dessus,  et  mort  herbage  quand  il^ 
est  de  neuf  et  au  dessous,  Coust.  gén.  t.  i,  p.  610 

—  ÉTYM.  Wallon,  yerbage;  bourguig.  arbeige, 
provenç.  erbatge;  espagn.  herbage;  ital.  erbaggio; 
du  bas-lat.  herbaticum,  de  herba,  herbe.  Herbatïcum 
s'employait  surtout  au  sens  de  droit  de  pâturage. 

1 2.  HERBAGE  (èr-ba-j') ,  s.  m.  Ancien  terme  de  ma- 
rine. Éto'fTe  de  laine  grossière  et  de  couleur  brune, 
sorte  de  camelot  dont  on  faisait  des  tentes  pour  les 
navires,  des  cabans  et  des  chaussures  pouf  les  gens 
de  mer,  jal. 

—  ÉTYM.  D'après  Jal,  bas-lat.  arbasus,  de  l'ital. 
arbascio,  de  Àrba,  île  appartenant  aux  Vénitiens, 
où  l'on  fabriquait  Varbascio. 

t  HERBAGER  (èr-ba-jé),  s.  m.  Hl"  Celui  qui  s'a- 
donne à  l'engrais  des  bœufs.  ||  2°  Terme  de  féoda- 
lité. Franc  herbager,  exempt  du  droit  d'herbage. 

—  ÉTYM.  Herbage. 

t  HERBAGEUX,  EUSE  (èr-ba-jeiJ,  jeû-z'),  adj. 
Couvert  d'herbages. Tandis  que  je  tenais  les  yeux  fixés 
sur  l'Asie,  soudain  du  côté  du  nord  des  tourbillons 
de  flamme  et  de  fumée  attirèrent  mon  attention  ;  ils 
coururent  le  long  du  lac  fangeux  d'Azof,  et  furent 
se  perdre  dans  les  plaines  herbageuses  du  Kouban, 
volney.  Ruines,  12. 

—  HIST.  XVI'  s.  Herbageux,  cotgrave. 

t  HERBAILLE  (èr-bâ-11' ,  Il  mouillées),  s.  f.  Nom 
donné,  par  plaisanterie,  à  des  plantes  classées  dan» 
un  herbier.  Voici,  monsieur,  mes  misérables  her- 
baiUes,  j.  j.  Rouss.  dans  le  Dict.  de  beschehelle. 
t  HERBAUT  (èr-bô),  s.  m.  Terme  de  vénerie. 
Nom  que  l'on  donne  souvent  aux  chiens  de  chasse 
qui  se  jettent  durement  sur  le  gibier. 

HERBE  (èr-b'),s. /■.  ||  1°  Toute  plante  qui,  n'étant 
point  arbre,  arbrisseau  ou  arbuste,  est  privée  de 
bourgeons,  soit  qu'elle  ne  vive  qu'un  an,  ou  moins, 
soit  que  ses  racines  vivaces  émettent  chaque 
année  de  nouvelles  tiges  herbacées.  Potage  aux 
herbes.  Le  plonge  en  un  bain  d'eaux  et  d'herbes 
inconnues,  coim.  Médée ,  i,  4.  Ils  sont  devenu» 
comme  le  foin  qui  est  dans  les  champs,  et  comme 
l'herbe  verte  qui  croît  sur  les  toits,  saci,  Bible, 
Rois,  IV,  XIX,  26.  Dieu  dit  encore: Que  la  terre  pro- 
duise de  l'herbe  verte  qui  porte  de  la  graine  et  des 
arbres  fruitiers  qui  portent  du  fruit,  m.  ib.  Genèse, 
1,  H.  Il  Bouillon  d'herbes  ou  aux  herbes,  sorte  de 
bouillon  qu'on  prend  quand  on  se  purge.  ||  Jus 
d'herbes,  suc  de  persil,  de  cerfeuil  et  autres  herbes 
extrait  par  pression,  et  que  le  vulgaire  recommande 
pour  la  dépuration  du  sang.  [[Fines  herbes,  celles 
qui  servent  pour  les  a.ssaisonnements ,  telles  que 
cerfeuil,  persil,  etc.  Omelette  aux  fines  herbes. 
Il  Herbes  médicinales,  herbes  qui  sont  employées 
par  la  pharmacie.  ||  Herbes  potagères  ,  herbes  qui 
se  cultivent  dans  les  jardins  et  sont  bonnes  à  man- 
ger. ||  Herbes  vulnéraires,  herbes  qui,  prises  inté- 
rieurement ou  appliquées  en  topique,  passent  pour 
propres  à  la  guérison  des  coups  et  des  blessures. 
Il  Mauvaise  herbe,  les  herbes  qui  ne  sont  pas  utiles 
à  l'homme  ou  aux  animaux  et  que  la  culture  tend 
constamment  à  extirper.  Ils  avaient  observé  sans 
étude  que  la  décomposition  de  ce  que  nous  ap- 
pelons mauvaises  herbes,  était  nécessaire  à  la  re- 
production des  plantes  qui  leur  étaient  utiles,  rat- 
nal,  Hist.  phil.  X,  3.  Il  Fig.  11  a  marché  sur  une 
mauvaise  herbe,  il  lui  est  arrivé  quelque  chose  qui 
l'a  mis  de  mauvaise  humeur  (locution  tirée  d'une 
superstition  commune  à  la  France  et  aux  pays  ger- 
m.îiiiques  sur  l'herbe  qui  égare  et  qui  a  été  semée 
I)ar  la  foudre  ;  c'est  en  vertu  de  cette  superstition 


HER 


HER 


HER 


2007 


qu'on  dit  dans  les  campagnes  normandes  que  celui 
qui  a  perdu  son  chemin  dans  les  bois  a  marché  sur 
une  mauvaise  herbe).  )|  Fig.  et  familièrement.  Sur 
quelle  herbe  avez-vous  marché  (locution  qui  dé- 
rive de  la  précédente)?  se  dit,  en  plaisanterie,  à 
un  homme,  pour  lui  reprocher  la  mauvaise  hu- 
meur où  il  est,  et  aussi  pour  s'étonner  de  sa 
gaieté  extraordinaire  ou  de  sa  tristesse,  etc.  Quel 
transport?  sur  quelle  herbe  est-ce  qu'il  a  marché? 
DANCOURT,  Trahis,  punie,  iv,  il.  Mme  d'Épinay  se 
tenait  les  côtés  de  rire  ;  je  ne  savais  sur  quelle 
herbe  ils  avaient  marché,  i.  J.  Fouss.  Confess.  ix. 
Il  Herbes  de  la  Saint-.Io;in ,  herbes  odoriférantes 
qu'on  vend  le  jour  de  Ja  Saint-Jean  pour  en  jon- 
cher les  planchers,  et,  primitivement,  herbes  ma- 
giques que  l'on  cueillait  le  jour  de  la  Saint-Jean, 
telles  que  rhypéricum  et  la  racine  de  fougère. 
Il  Fig.  Employer  toutes  les  herbes  de  la  Saint- 
Jean  (par  allusion  aux  herbes  magiques  de  la  Saint- 
Jean),  employer  dans  une  affaire  tous  les  moyens 
dont  on  peut  s'aviser  pour  réussir.  ||  2°  Collecti- 
vement. Toutes  les  espèces  d'herbes  qui  forment 
les  prés,  qui  croissent  dans  les  lieux  peu  fré- 
quentés, et  qu'on  coupe  d'ordinaire  pour  la  nour- 
riture des  bestiaux.  Mettre  un  cheval  à  l'iierbe.  On 
blanchit  les  toiles  sur  l'herbe.  Se  coucher  sur 
l'herbe.  Un  certain  loup,  dans  la  saison  Que  les 
tièdes  zéphyrs  ont  l'herbe  rajeunie,  la  font.  Fait. 
v,  8.  Elle  approche  :  elle  voit  l'herbe  rouge  et 
fumante  |de  sang],  hac.  Phèdre,  v,  6.  Et  de  Jé- 
rusalem l'herbe  cache  les  murs,  in.  Esth.  i,  i .  Ne 
sais-tu  pas....  Que  l'insecte  insensible  enseveli  sous 
l'herbe,  Et  l'aigle  impérieux  qui  plane  au  haut  du 
ciel,  Rentrent  dans  le  néant,  aux  yeux  de  l'Eternel, 

VOLT.  Fanât,  i,  4 Ces  chanteurs  divins,  dont 

les  doctes  prestiges  Ont  aux  fleuves  charmés  fait 
oublier  leur  cours.  Aux  troupeaux  l'herbe  tendre, 
au  pasteur  ses  amours,  a.  chén.  Idylles,  Épil. 
Toute  herbe  aux  champs  est  glanée;  Ainsi  finit  une 
année.  Ainsi  finissent  nos  jours,  lamart.  Harin.  ii,  4. 
Quel  bras  jette  les  tours  sous  l'herbe,  Change  la 
pourpre  en  vil  lambeau?  v.  hugo.  Odes,  m,  3. 
Il  Faire  de  l'herbe,  couper  de  l'herbe.  Faire  de 
l'herbe  poii:  les  lapins. ||  Ce  cheval  aura,  prendra 
quatre  ans,  cinq  ans,  aux  herbes,  c'est-à-dire  au 
printemps  il  aura  quatre  ans ,  cinq  ans.  ||  Fig.  et 
familièrement.  L'herbe  croît  chez  eux,  c'est-à-dire 
personne  n'y  vient,  ils  sont  abandonnés  (locution 
tirée  de  ce  que  l'herbe  croît  dans  la  cour  d'une 
maison  où  personne  ne  vient).  Peu  de  gens  avaient 
affaire  chez  lui  [ChâteauneufJ,  et  l'herbe  croissait 
chez  eux  [lui  et  sa  femme],  st-sim.  77,  259.  Ven- 
dôme se  retira  à  Anet,  oii  l'herbe  commença  à 
croître,  m.  228,  58.  ||Fig.  L'herbe  prise  comme 
comparaison  avec  ce  qui  passe  vite.  Dans  la  plupart 
des  hommes  les  changements  se  font  peu  à  peu, 
et  la  mort  les  prépare  ordinairement  à  son  dernier 
coup  ;  Madame  cependant  a  passé  du  matin  au  soir, 
ainsi  que  l'herbe  des  champs,  Boss.  Duch.  d'Orl. 
Leur  gloire  sèche  comme  l'herbe,  fléch.  Mar.-Thér. 
\\  Fig.  et  familièrement.  Couper  l'herbe  sous  le  pied 
à  quelqu'un,  le  supplanter;  locution  prise  de  l'ani- 
mal qui  paît  et  à  qui  l'on  ferait  tort  si  on  lui  cou- 
pait l'herbe  sous  le  pied.  Tandis  que  le  fils  de  Vénus 
Sous  le  pied  te  va  couper  l'herbe.  Comme  dit  l'an- 
tique proverbe,  scahron,  Virg.  vu.  J'emmène  Marie 
pour  l'empêcher  de  couper  l'herbe  sous  le  pied  de 
sa  mère  :  ces  pauvres  mères!  sÉv.  )44.  La  duchesse 
d'Hanovre  prétendit  que  M.  le  prince  lui  avait 
coupé  l'herbe  sous  le  pied,  st-sim.  4,  65.  ||  3°  En 
herbe,  Sfr  dit  des  céiiéales  lorsque,  encore  vertes, 
elles  s'élèvent  peu  au-dessus  des  sillons  et  que 
l'épi  n'est  pas  encore  sorti.  Blé  en  herbe.  Avoine, 
orge  en  herbe.  Où  en  serais-je,  si  chacun  de  ceux 
à  qui  je  puis  devoir  s'en  venaient  cueillir  avant  le 
temps  mes  fruits  ou  ma  vendange,  et  couper  mon 
blé  en  herbe?  p.  l.  cour,  à  messieurs  les  juges. 
Il  Fig.  Manger  son  blé  en  herbe,  dépenser  son  re- 
venu d'avance.  Achetant  cher,  vendant  à  bon  mar- 
ché, et  mangeant  son  blé  en  herbe,  mol.  l'Avare, 
u,  4.  Il  Fig.  En  herbe,  se  dit  de  ceux  qui,  jeunes 
encore,  étudient  pour  obtenir  quelque  titre,  ou  qui 
sont  en  passe  d'être  élevés  à  quelque  dignité,  à 
quelque  emploi.  Avocat  en  herbe.  Docteur  en 
herbe.  C'est  un  ministre  en  herbe.  ||  Être  wcu  en 
herbe,  avoir  tout  ce  qu'il  faut  pour  le  devenir.  Au 
sort  d'être  cocu  son  ascendant  l'expose;  Et  ne  l'être 
qu'en  herbe  est  pour  lui  douce  chose,  mol.  Éc.  des 
mar.  m,  (O.  ||  En  herbe  et  en  gerbe,  se  dit  pour  ex- 
primer d'un  côté  l'espérance,  de  l'autre  la  joui.ssance. 
Bel  exemple  pour  les  vivants  D'amasser  leur  froment 
en  gerbe,  Au  lieu  de  le  manger  en  herbe,  scabr. 
Virg.  IV.  \\t°  Herbe  entre  dans  plusieurs  noms  vul- 


gaires de  plantes  usuelles.  ||  Herbe  aux  abeilles,  l'ul- 
maire  (spirœa  ulmaria,  L.).  ||  Herbe  d'admiration, 
la  phlomide  zeylanique  (labiées)  de  Linné  (Inde)  ;  le 
nom  vient  de  ce  que  dans  le  pays  les  femmes  en- 
voient cette  plante  aux  personnes  qui  sont  l'objet  de 
leur  admiration.  ||  Herbe  aigrelette,  un  des  noms 
vulgaires  du  rumex  acetosa  (polygonées)  de  Linné, 
lequel  est  notre  oseille  ordinaire.  ||  Herbe  à  l'am- 
bassadeur, herbe  à  la  reine,  le  tabac.  ||  Herbe  d'a- 
mour ,  reseda  odorata,  L.  (résédacées).  ||  Herbe  aux 
ânes,  cenothera  biennis,  L. (onagrariées).  ||  Herbe  an- 
tiépiieptique,  plante  delà  Guiane,  ageraton  cony- 
loïdes  (synanthérées),  dit  aussi  herbe  de  bouc. 
Il  Herbe  à  l'araignée,  phalangium  ramosum ,  L. 
(liliacées).  Il  Herbe  blanche,  diotis  candidistima, 
Desfont,  (composées).  ||  Herbe  aux  blessures,  le  plan- 
tain. Il  Herbe  à  la  bosse,  dite  en  Normandie  con- 
tre-bosse. Il  Herbe  aux  boucs,  chelidonium  majus, 
L.  (papavéracées).  ||  Herbe  caniculaire,  hyoscyamvs 
niger,  L.  (solanées).  ||  Herbe  de  capucin,  la  nigelle 
bleue.  Il  Herbe  à  la  capucine,  la  petite  pervenche. 
Il  Herbe  au  cancer,  herniaria  glabra,  L.  (parony- 
chiées).  ||  Herbe  du  cardinal,  sympliytum  of^cinale, 
L.  (borraginées).  \\  Herbe  à  cent  goûts ,  artemisia 
vulgaris,  L.  (composées).  ||  Herbe  au  chantre,  sy- 
simbrium  officinale,  Scop.  (crucifères).  {|  Herbe 
aux  charpentiers,  achillea  millefolium,  L.  (compo- 
sées). ||  Herbe  aux  chats,  nom  vulgaire  de  la  né- 
pète  cataire  (labiées) ,  dite  aussi  cataire,  et  de  la  ger- 
mandrée  maritime  (labiées),  appelée  encore  marum. 
Il  Herbe  à  chique  ,  nom  (aux  Antilles)  donné  à  la 
lournefortie  brillante  (borraginées).  ||  Herbe  à 
cloque,  physalis  alkekengi  ,  L.  (solanées).  ||  Herbe 
de  Saint-Christophe,  Vactxa  spicata.  ||  Herbe  du 
cocher,  la  mille-feuille.  ||  Herbe  à  cochon  ,  la  re- 
nouée des  oiseaux.  ||  Herbe  cœur,  pulmonaria  of- 
ficinalis,  L.  (borraginées).  ||  Herbe  du  cœur,  la 
menthe  des  jardins.  ||  Herbe  de  consoude,  nom 
donné  dans  les  Antilles,  d'après  Jussieu,  à  une  es- 
pèce de  carmanline  (justicia).  ||  Herbe  de  la  cor- 
neille, herbe  aux  corneilles,  nom  vulgaire  du  fra- 
gonhippoglosse.  ||  Herbe  de  la  couaille,  la  véronique 
chamxdrys  de  Linné.  ||  Herbe  aux  coupures,  la 
grande  consoude,  et  aussi  le  sedum  telephium, 
L.  (crassulacées) .  ||  Herbe  à  cousin,  le  conyza  odo- 
rata. Il  Herbe  aux  cinq  coutures,  plantago  lanceo- 
lata,  L.  (plantaginées).  Il  Herbe  aux  cuillères,  co- 
chlearia  officinalis ,  L.  (crucifères).  ||  Herbe  aux 
cure-dents,  ammi  visnaga,  Lamk.  (ombellifères) . 
li  Herbe  à  dartres,  nom,  en  Amérique,  de  la  casse 
ailée.  ||  Herbe  à  deux  bouts,  le  chiendent.  ||  Herbe  du 
diable,  datura  stramonium,  L.  (solanées).  ||  Herbe 
à  l'éclairé ,  la  grande  chélidoine.  ||  Herbe  à  écu- 
rer,chara  fœlida,  t.(characées).  ||  Herbe  à  éternuer, 
achillea  ptarmica,  L.  (composées).  ||  Herbe  aux 
écus,  lysimachia  nummularia,  L.  (primulacées) . 
il  Herbe  empoisonnée,  atropa  belladona,  L.  (sola- 
nées). Il  Herbe  àl'esquinancie,  asperula  cynanchica, 
L.  (rubiacées),  et  aussi  le  géranium  robertianum,L. 
(géraniacées) .  ||  Herbe  aux  femmes  battues,  tamus 
communis,  L.  (asparaginées).  ||  Herbe  à  la  fièvre, 
petite  centaurée.  Il  Herbe  flottante,  une  fucacée, 
le  sargasse  vulgaire.  ||  Herbe  à  Gérard,  xgopodium 
podagraria,  L.  (ombellifères).  ||  Herbe  du  foie,  he- 
patica  triloba,  Chaix.  ||  Herbe  aux  goutteux,  xgo- 
podium  podagraria,  L.  (ombellifères).  ||  Herbe 
aux  gueux,  la  clématite  (clematis  vitalba ,  L.). 
Il  Herbe  de  Guinée,  le  panic  de  la  Guiane  sou- 
vent confondu  avec  la  fléole  géante,  laquelle  vient 
de  l'Afrique  occidentale,  et  doit  porter  particulière- 
ment le  nom  d'herbe  de  Guinée,  legoarant.  ||  Herbe 
à  l'hirondelle,  slellera  passerina ,  L.  (thymélées). 
Il  Herbe  de  l'hirondelle,  chelidonium  majus ,  L. 
(papavéracées).  ||  Herbe  du  bon  Henri,  blitum  bonus 
Ilenricus,  Rchb.  (chénopodées).  ||  Herbe  à  jaunir, 
le  réséda  jaunissant,  dit  aussi  gaude;  le  genêt  des 
teinturiers.  ||  Herbe  du  javart,  un  des  noms  vul- 
gaires du  géranium  bec  de  grue.  ||  Herbe  au  lait  de 
Notre-Dame,  pulmonaria  officinalis,  L.  (borragi- 
nées). Il  Herbe  des  magiciens,  datura  stramonium, 
L.  (solanées).  ||  Herbe  aux  mamelles,  lampsana 
communis,  L.  (composées).  ||  Herbe  aux  massues, 
lycopodium  clavatum,  L.  (lycopodiacées).  ||  Herbe 
aux  mites,  vcrbascum  blattaria ,  L.  (solanées). 
Il  Herbe  à  la  manne,  glyceria  fluitans,  Ehrbr.  (gra- 
minées), dite  aussi  manne  de  Pologne,  parce  que 
dans  ce  pays  on  en  prépare  les  semences  à  la  ma- 
nière de  la  semoule  ou  du  riz,  et  qu'elle  est  ainsi 
regardée  comme  une  grande  ressource,  legoarant. 
Il  Herbe  aux  mille  florins,  erythrœa  centaurium , 
L.  (gentianées).  Il  Herbe  aux  cent  miracles,  opWo- 
glossum  vulgatum,  L.  (fougères).  ||  Herbe  more  (et 
non  herbe  morte),  nom  vulgaire  de  la  borée   yer- 


vamore  (chénopodiacées),  dont  le  nom  spécifiijuo  • 
veut  dire  herbe  more,  legoarant.  ||  Herbe  au  nom- 
liril,  cynoglossum  linifolium,  L.  (borraginées). 
Il  Herbe  à  la  ouate,  asclepias  syriaca,  L.  (asclépia- 
dées).  Il  Herbe  du  Paraguay,  le  houx  maté.  La  plus 
riche  production  qui  sorte  des  trois  provinces,  c'est 
l'herbe  du  Paraguay;  c'est  la  feuille  d'un  arbre 
de  grandeur  moyenne  qui  n'a  été  décrit  ni  ob- 
servé par  aucun  botaniste;  son  goût  approche  do 
celui  de  la  mauve,  et  sa  figure  de  celle  de  l'oran- 
ger, raynal,  Hist.  phil.  VIII,  (4.  Il  Herbe  à  Paris, 
ou  raisin  de  renard,  ou  parisette,  paris  quadrifolia, 
L.  (asparaginées).  |{  Herbe  à  pauvre  homme,  la  gra- 
tiole.  Il  Herbe  aux  perles,  nom  vulgaire  du  litho- 
spermun  officinale  (borraginées),  dit  aussi  grémil, 
et  dont  les  semences  sont  appelées  graine  perlée. 
Il  Herbe  pied  de  chat,  Vantennaire  diotque  (synan- 
thérées), plus  spécialement  nommée  pied  de  chat. 
Il  Herbe  à  pisser,  la  pyrole  ombellée  (éricacées), 
qui  croît  au  Canada.  ||  Herbe  aux  poumons,  pulmo- 
naria officinalis,  t.  (borraginées).  ||  Herbe  aux 
poux,  la  dauphinelle  staphysaigre  (renonculacées), 
dite  vulgairement  staphysaigre,  et  aussi  herbe  pé- 
diculaire.  Il  Herbe  à  printemps,  chenopodium  bo- 
trys,  L.  (chénopodées).  ||  Herbe  du  grand  prieur, 
tabac.  Il  Herbe  à  la  rate,  scolopendrium  officinale, 
Sm.  (fougères).  ||  Herbe  à  la  reine,  tabac;  dite  aussi 
herbe  sacrée.  ||  Herbe  à  Robert,  géranium  rober- 
tianum,  L.  (géraniacées).  ||  Herbe  de  la  sagesse,  le 
sisymbre  Sophie.  ||  Herbe  Sainte-Apolline,  hyoscya- 
mus  niger,  L.  (solanées).  ||  Herbe  de  Saint-Étienne, 
circea  lutetiana,  L.  (circéacées).  ||  Herbe  de  Saint- 
Félix,  la  scrofulaire  noueuse,  dite  absolument  la 
scrofulaire.  |1  Herbe  Saint-Fiacre,  heliotropium  eu- 
ropxum,  L.  (borraginées).  ||  Herbe  de  Saint  Jac- 
ques, le  séneçon  jacobée.  ||  Herbf  de  Saint-Jean  : 
1°  le  gléchome  hédéracé  (labiées),  dit  lierre  terres- 
tre ;  2°  l'hypericon  perforé  (hypéricacées),  appelé 
mille-pertuis;  3"  l'armoise  vulgaire  (synanthérées), 
dite  armoise;  4°  le  leucanthème  vulgaire  (synan- 
thérées), qui  est  pour  certains  auteurs  le  chry- 
santhème des  pré'*;  6°  la  sauge  sclarée  (labiées), 
nommée  aussi  orvale,  legoarant.  ||  Herbe  de  Saint- 
Innocent,  polygonum  àydropiper,  L.  (polygonées). 
Il  Herbe  de  la  Saint-Jean,  hypericum  perforatum, 
L.  (hypéricinées) .  ||  Herbe  de  Saint-Julien,  satureia 
hortensis,  L.  \\  Herbe  de  Saint-Roch,  pulicaria 
dysenterica,  L.  (composées).  ||  Herbe  sanguine,  le 
rumex  sanguin  (polygonacées).  ||  Herbe  sans  cou- 
ture, ophioglossum  vulgatum,  L.  (fougères).  ||  Herbe 
du  siège,  scrophularia  aquatica,  L.  (scrophularinées). 
Il  Herbe  aux  sonnettes,  fritillaria  imperialis,  L.  (11- 
Uacées).  ||  Herbe  aux  sorcières,  la  même  que 
l'herbe  aux  magiciens.  ||  Herbe  stellaire  ,  le  plan- 
tain coronope.  ||  Herbe  à  la  taupe,  datura  stramo- 
nium, L.  (solanées).  Il  Herbe  aux  teigneux,  tussi- 
lago  petasites,  L.  (composées).  ||  Herbe  de  la  Trinité, 
anémone  hepatica,  L.  (renonculacées).  ||  Herbe  du 
vent,  onemone  pulsatilla,  L.  (renonculacées). 
Il  Herbe  aux  vipères,  echium  vulgare,  L.  (borragi- 
nées). ||  Herbe  aux  verrues,  un  des  noms  vulgaires 
de  l'héliotrope  d'Europe  (borraginées),  dit  absolu- 
ment l'héliotrope  comme  l'héliotrope  du  Pérou. 
Il  Herbe  aux  vers,  tanaisie.  ||  Herbe  à  la  vierge, 
norcissus  poeticus,  L.  (amaryllidées).  1|  5°  Fête  des 
Herbes,  nom  par  lequel  d'anciennes  chartes  dé- 
signent l'Assomption.  |i  6°  Oiseau  des  herbes,  le  tan- 
gara  bleu.  ||  7"  Terme  d'alchimie.  Herbe  médicinale, 
le  mercure  hermétique.  ||  8°  Herbes  filées,  espèce 
d'étofl'e  ou  de  toile  lustrée  que  l'on  fait  de  diverses 
sortes  d'herbes.  Herbes  lâches,  étoffes  des  Indes, 
moitié  herbe  et  moitié  coton.  Herbes  de  soie,  lé- 
gères étoffes  faites  avec  une  espèce  de  chanvre  de 
Virginie.  Taffetas  d'herbes,  tafletas  des  Indes  fabri- 
qué avec  une  matière  soyeuse  qu'on  tire  de  diffé- 
rentes plantes.  ||  Proverbes.  Il  a  bien  fait,  il  aura 
de  l'herbe.  Ce  poète  Malherbe  Qu'on  tient  si  par- 
fait. Il  aura  de  l'herbe,  Car  il  a  bien  fait,  Théo- 
phile, dans  LEROUX  de  lihcy,  Prov.  t.  i,  p.  77.  ||X 
chemin  battu  il  ne  croît  pas  d'herbe,  c'est-à-dire  il 
n'y  a  point  de  profit  à  faire  en  un  négoce  dont  trop 
de  gens  se  mêlent.  ||  .L'herbe  sera  bien  courte  s'il 
ne  trouve  de  quoi  brouter,  se  dit  d'un  homme 
industrieux  qui  sait  se  créer  des  ressources  là  où 
d'autres  ne  trouvent  rien.  |]  Méchante  herbe,  mau- 
vaise herbe  croît  toujours,  se  dit,  par  plaisanterie, 
d'un  enfant  qui  grandit.  Vous  voyez  qu'elle  est 
grande;  mais  mauvaise  herbe  croît  toujours,  mol. 
l'Avare,  m,  <o.  ||  Avalez,  ce  sont  herbes,  se  disait 
autrefois  lorsqu'on  engageait  un  malade  à  pren- 
dre une  potion  médicinale. 

—  HIST.  XI»  s.  Sur  l'erhe  verte  estut  devant  son  tre( 
[tente],  Ch.  de  HoI.  lui.  ||  xii'  s.  [Au  temps]  Que  bois 


2008 


HER 


et  prés  sont  de  mainte  semblance,  Vert  et  vermeil, 
couvert  d'erIJO  et  de  Hor,  Couci,  xvi.||xiM'  s.  Qui 
aloicnt  jouant  sur  l'erbe  qui  verdie,  Herte,  n.  V.n 
croi  sur  l'herbe  drue  doncemenl  se  couchoit,  ib. 
xxviii.  Il  puet  ouvrer  et  faire  ouvrer  de  jours  cl  de 
nuiz  de  (leurs  et  de  herlje-;,  Liv.  des  met.  240. 
La  digneté  de  l'herbe  [une  herbe  m.igir|ue]  ans  u 
fons  la  porta;  Or  est  u  fons  do  l'evc,  si  com  l'en 
dit,  pieclia,  Et  le  jour  saint  Jehen,  ne  le  mescreés 
jà,  Viont  tous  jours  dessus  l'eve,  toute  coie  estera, 
Caufrey,  v.  39B5.||xiv'  s.  Pour  telle  médecine  il 
fault  telle  herbe,  oresme,  Eth.  69.  |j  xV  s.  Pour 
herbe  vert  à  parer  la  sale  [à  manger] ,  Bibl.  des 
chartes,  &"  série,  t.  i,  p.  22B.  Qui  ne  point  [pique] 
en  herbe  ne  point  en  espic,  leroux  de  lincy,  J'rov. 
t.  I,  p.  77.  Il  XVI»  s Et  l'odorant  amome  d'As- 
syrie Sera  commun  comme  herbe  de  prairie,  ma- 
nOT,  I,  228.  Elle  y  avoit  mis  toutes  les  herbes  de 
la  Saint-Jean,  DF.SPEB.  Con(«s,  Lxvi.  Lequel,  faisant 
doucement  ses  approches,  lui  coupoit  l'herbe  sous 
le  pied,  YVER,  p.  688.  Nicotiane  ou  herbe  à  la 
royne  qu'aucuns  maintenant  appellent  petum,  pou- 
CHKT,  Serées,  liv.  m,  p.  I8,  dans  lacurne  D'au- 
cuns des  dits  prez  sont  à  deux  herbes,  on  n'y 
peut  aller  qu'ils  ne  soient  fauchez  deux  fois,  Coust. 
qénér.  t.  i,  p.  913.  L'herbe  qu'on  cognoist,  on  la 
doit  lier  à  son  doigt ,  cotgrave.  En  four  chaud  ne 
croist  herbe,  ID. 

—  ÉïVM.  Berry,  harbe;  wallon,  ièbe;  Hainaut, 
hierbe ;  provenç.  erba,  fterfca ;  espagn.  ycrra;  port. 
herva;  ital.  erba;  du  lat.  herba.  Uerba  paraît  tenir 
au  grec  çipêsiv,  paître,  répondant  au  sanscrit  bharv, 
qui  se  trouve  dans  le  véda  :  bharrati,  il  mange,  et 
dans  l'expression  sûbharids  gdvas,  eûtpopêoi  pôe;, 
bœufs  bien  nourris. 

HERBi;,  ÉE  {èr-bé,  bée),  part,  passé  d'her- 
ber.  Toiles  herbécs.  1|  Les  perruquiers  nomment 
cheveux  herbes,  des  cheveux  châtains  qu'on  a 
fait  devenir  blonds  en  les  mettant  sur  l'herbe,  ex- 
posés au  soleil,  après  plusieurs  lessives  d'eau  li- 
moneuse. 

IIRBBEILLKR  (Èr-bè-Ué,  U  mouillées,  et  non  6r- 
bè-yé),  V.  n.  Terme  de  chasse.  Brouter  l'herbe,  en 
parlant  du  sanglier. 

—  HIST.  XVI"  s.  Faire  paistre  et  herbeyer  leur 
bestail,  Coust.  génér.  t.  11,  p.  687. 

—  ÉTYM.  Herbe. 

t  HERBELINE  (èr-be-li-n') ,  s.  f.  Brebis  étique 
qu'on  met  à  l'herbe. 

—  f.TYM.  Herbe. 

HEKBËR  (èr-bé),  e.  a.  \\  1°  Exposer,  étendre  sur 
l'herbe.  Herber  de  la  10116.112"  Terme  d'ancienne 
maréchalerie.  Appliquer  un  morceau  de  racine 
d'ellébore  au  poitrail  ou  dans  d'autres  endroits  de 
certains  animaux  tels  que  les  chevaux,  les  bœufs  et 
les  vaches,  pour  les  guérir  de  divers  maux,  en  fai- 
sant suppurer  la  partie. 

—  tilST.  xv  s.  La  place  où  jouster  on  devoit, 
estoit  belle,  ample  et  unie,  verte  et  herbée,  froiss. 
m,  IV,  (2. 

—  ÉTYM.  Herbe. 

t  UERBERIE  (èr-be-rie),  s.  f.  Marché  aux  her- 
bes. Il  Lieu  où  l'on  fait  blanchir  les  cires. 

—  HtST.  xvi"  s.  La  plus  grande  gabelle  qui  fust 
lors  à  Rome  estoit  imposée  sur  l'herberie  [plantes 
potagères]  qui  s'y  vendoit,  0.  de  serres,  499. 

—  Rtym.  Herbe;  provènç.  erbaria. 
HERBETTE  (èr-bè-f),   s.   f.    L'herbe    courte   et 

menue  des  champs  (usité  surtout  en  poésie  et  dans 
le  style  pastoral).  [Troupeau}  Vous  qui,  gras  et 
beau.  Me  donniez  sans  cesse,  Sur  l'herbette  épaisse, 
Un  plaisir  nouveau,  desiioulières,  t.  11,  p.  88.  Vos 
pieds  dans  le  satin  N'osent  fouler  l'herbette,  bé- 
lANO.  Ce  n'est  plus  l.isetle. 

—  IIIST.  XIII*  s.  Que  erbelete  poignent  et  pré 
sont  raverdi,  Ilerte,  i.  ||xv'  s.  Pour  quoi  fait  dont 
dame  ne  pucelette  Si  grant  dangier  de  s'amour  à 
ami,  Qui  séchera  souhz  le  pié  com  l'erbctte?  C'est 
grant  foleur....  e.  descii.  Bail.  Profittex  de  la  jeu- 
nesse. Il  xvi*  s.  Semblablement  sur  les  menues  lier- 
bettes  ,  Vit  pastoureaux  garder  leurs  brebiettcs, 
Mahot,  V,  01. 

—  ÊTYM.  Diminutif  à'herb'e;  bourguign.  arbôtte. 
HERBEUX,  ECSE    (èr-beil,   beil-z') ,   adj.    Où    il 

croit  de  l'herbe.  Champs  herbeux.  Contrée  herbeuse. 

—  HIST.  xi*  s.  Garde  [il  regarde]  suz  destre 
parmi  un  val  herbus,  Ch.  de  Itol.  lxxviii.  ||  xui"  s. 
Isnelement  courant  toute  une  voie  herbouse,  Au- 
DKFR.  I.E  HAST.  Romancero,  p.  H  ||  xvi'  s.  Si  que 
paissant  par  les  campagnes  Les  troupeaux  dans  les 
champs  herbeux,  rons.  36ii. 

—  KTYM.  Provenç.  erbos;  esp.  /ifrI)0.îo;  port,  her- 
DMO  ;  liai,  n-hoso;  du  lat.  herbostts,  deherfia.  herbe. 


HEft 

tHERBICOLE  (èr-bi-ko-V),  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Oui  vit  parmi  les  herbes  des  prés. 

—  f.TYM.  Lat.  herba,  herbe,  et  colère,  habiter. 

HERBIER  (èr-bié;  \'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  des  èr-hié-z  en  ordre),  *.  m.  {|  1"  Lieu 
couvert  d'herbes,  sens  qui  ne  se  dit  qu'au  pluriel 
et  en  termes  de  pêche  :  bancs  d'herbes  qui  se  for- 
ment au  milieu  des  eaux,  et  dans  lesquels  le  pois- 
son se  réfugie.  ||  2°  Terme  rural.  Lieu  où  l'on  con- 
serve l'herbe  pour  la  nourriture  des  bestiaux. 
Il  3°  Dans  le  langage  des  botanistes,  collection  de 
plantes  desséchées  et  mi.ses  entre  des  feuilles  de 
papier.  Un  herbier  de  trente  gros  volumes  in-folio 
qu'il  a  laissés,  mairan,  Élng.  de  Pe(t(.  ||  Par  ex- 
tension. Conservé  en  herbier,  conservé  entre  deux 
feuilles  do  papier.  La  peau  de  l'oiseau  fguêpier 
du  Sénégal]  desséchée  et  conservée  en  herbier, 
PUFF.  Ois.  t.  XII,  p.  209.  Il  Herbier  vivant,  expres- 
sion inexacte,  par  laquelle  on  désigne  un  échan- 
tillon de  plantes  conservées  avec  soin  et  dont  on 
se  sert  pour  démontrer  certaines  choses  difficiles. 
Il  4°  Herbier  artificiel,  ou,  simplement,  herbier, 
collection  de  dessins  qui  représentent  des  plantes. 
Il  Livre  qui  traite  des  plantes,  qui  en  contient  la 
description  et  la  figure.  Nous  eûmes  des  herbiers 
chinois,  des  géographies  chinoises,  chateaubr. 
Génie,  IV,  IV,  <•  ||  5°  Le  premier  ventricule  des  ani- 
maux ruminants,  dit  plus  ordinairement  panse 
Il  6"  Terme  de  fauconnerie.  Tuyau  ou  canal  qui  sert 
à  la  respiration  chez  le  faucon. 

—  HIST.  xir  s.  Parmi  le  cors  le  fist  l'espieu  bai- 
gnier;  Plaine  sa  lance  l'abali  en  l'erbier  [l'herbe], 
Raoul  de  G.  (07.||xiii'  s.  Il  sont  tout  descendu  à 
terre  sur  l'erbier,  Berte,  xix. 

—  ÉTYM.  Wallon,  yerbi;  du  lat.  herbarium,  livre 
où  les  herbes  sont  notées  et  décrites,  de  herba, 
herbe.  Herbier,  dans  l'ancien  français,  signifie  lieu 
couvert  d'herbe. 

IIERBIËRE  (èr-biè-r'),  s.  f.  Vendeuse  d'herbes. 
Herbière  des  halles.  ||  Petite  fille  qui  recueille  de 
l'herbe  pour  la  nourriture  des  bestiaux. 

—  ÉTYM.  Herbe. 

t  HERBIFÈRE  (èr-bi-fè-r') ,  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  produit  de  l'herbe. 

—  ÉTYM.  Herbe,  et  le  lat.  ferre,  porter. 

t  HERBIFORME  (èr-bi-for-m'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Poils  herbiformes,  poils  qui  ressemblent  à 
de  l'herbe  sèche. 

—  ÊTYM.  Herbe,  et  forme. 

HERBIVORE  (èr-bi-vo-r'),  adj.  \\  1°  Qui  se  nour- 
rit d'herbes.  Le  cheval  et  le  boeuf  sont  herbivo- 
res. Le  lait  des  femelles  herbivores  est  très-doux, 
j.  J.  rouss.  Ém.  I.  Il  2°  S.  m.  Les  herbivores. 
Il  Terme  d'entomologie.  Famille  de  coléoptères  té- 
tramèrcs. 

—  ÉTYM    Lat.  herba,  herbe,  et  vorare,  manger, 
f  HERBON  (èr-bon) ,  s.  m.  Terme  <le  tanneur. 

Couteau  non  tranch.ant  pour  débourrer  les  cuirs. 

t  HERBORISATEUR,  TRICE  (èr-bo-ri-za-teur, 
tri-s'),  s.  m.  et/.  Celui,  celle  qui  herborise,  qui  f;iit 
des  herborisations.  Un  bon  herborisateur.  Une  ex- 
cellente herborisatrice. 

—  ÉTYM.  Herboriser. 

HERBORISATION  (fr-bo-ri-za-sion  :  en  vers,  de 
six  syllabes),  «.  f.  ||  1°  Action  d'herboriser.  H  Prome- 
nade faite  pour  étudier  sur  place  et  recueillir  des 
plantes.  J'ai  suivi  M.  de  Jussieu  dans  sa  dernière 
herbori.sation,  et  je  la  trouvai  si  tumultueuse  et  si 
peu  utile  pour  moi....  j.  j.  kouss.  Deux  lettres  à  M.  de 
M"*  sur  les  herbiers.  ||  Les  personnes  qui  font  par- 
tie de  cette  promenade.  L'herborisation  parcourut 
la  forêt  de  Fontainebleau.  |1  2°  Le  dessin  d'une 
pierre  herborisée  (en  ce  sens  on  dit  bien  plutôt  ar- 
borisation). Il  se  trouve  des  cailloux  dans  toutes 
les  parties  du  monde_;  on  en  distingue  quelques- 
uns,  comme  ceux  d'Egypte,  par  leurs  zones  al- 
ternatives de  jaune  et  de  brun  et  par  la  singularité 
de  leurs  herborisations,  buff.  Uin.  t.  vu,  p.  27. 

—  ÉTYM.  Herboriser. 

HERBORISÉ,  f.E  (ùr-ho-ri-zé,  zée),  adj.  Syno- 
nyme, présentement  inusité,  d'arborisé.  Le  docteur 
Shaw  parle  du  marbre  herborisé  du  mont  Sinal, 
bukf.  Afin.  t.  Il,  p.  30. 

HERBORISER  (èr-bo-ri-zc),  r.  n.  Aller  dans  les 
champs  rrcueillir  des  plantes.  Il  manquait  à  sa 
classe  pour  aller  herboriser  à  la  campagne  et  pour 
étudier  la  nature  au  lieu  de  la  langue  des  anciens 
Romains,  fonten.  Tournefort.  Qui  peut  se  résou- 
dre à  passir  des  montagnes  sans  herboriser?  J.  J. 
Rouss.  Ém.  V.  Il  Activement.  J'ai  fait  à  Mme  la  du- 
chesse douairière  de  l'urtland  un  envoi  de  plantes 
que  j'avais  été  herboriser  pour  elle  au  mont  Pila, 
J.  J.  ROiîss.  [.elt.  â  Wnullou,  28  mars  1770. 


HER 

—  HIST.  XVI*  S.  Ensemble  des  pioches,  serfourt- 
tes,  bêches,  et  autres  instruments  requis  à  bien 
arboriser,  rab.  Garg.  1,  2;i. 

—  KTYM.  Génev.  arboriser  Ce  mot  est  barbare: 
il  paraît  être  formé  par  une  confusion  de  formes  et 
de  sens  entre  herba,  herbe,  et  arbor,  arbre. 

HERBORISEUR  (èr-bo-ri-zeur),  s.  m.  Terme  fa- 
milier. Celui  qui  s'amuse  à  herboriser.  Une  troup* 
d'herboriseurs, 

—  F.TYM.  Herboriser. 
HERBORISTE  (èr-bo-ri-sf),  s.  m.  ||   !•  Celui  qut 

vend  des  herbes  employées  comme  médicaments.  H 
est  délivré  à  l'herliurisle  un  certificat  d'examen  si- 
gné dans  les  écoles  par  trois  examinateurs  et  dans 
les  jurys  par  tous. les  membres.  Ceux  qui  exercent 
la  profession  d'herhonstc-botaniste,  lesquels  sont 
de  tous  temps  en  possession  de  vendre  des  herbes 
ou  plantes,  seront  soumis  à  la  visite  et  inspcclion 
des  gardes  des  apothicaires,^rrd/i  du  Conseil  d'État, 
30  oct.  1767.  Il  U  se  dit  aussi  au  féminin.  Une  her- 
boriste. Il  2"  Celui  qui  connaît  les  simples  (peu  usité 
en  ce  sens). 

—  KEM.  On  a  dit  pendant  une  bonne  partie  du 
xvu'  siècle  arborisle  :  Mais  las  1  étant  pris  à  U 
piste,  Il  jure  qu'il  est  arborisle,  le  Songe,  stances 
écrites  en  I6i6.  Tu  veux  faire  ici  l'arboriste.  Et  ne 
fus  jamais  que  boucher,  la  font.  Fabl.  v,  8  (dans 
toutes  les  éditions  données  par  lui).  Vespasien  Ro- 
bin, arborisle  du  roi  Louis  XllI,  planta  en  l<>3ii  le 
premier  acacia  ou  robinier  introduit  de  l'Amérique 
septentrionale  en  France,  Jburn.  des  Débals,  i"mai 

1858. 

—  HIST.  XVI'  s.  Médecin,   arboriste,  anatomisle, 

RONS.  683. 

—  ÉTYM.  Voy.  HERBORISER,  la  même  confusion 
ayant  eu  lieu  pour  herboriste  que  pour  herboriser. 
On  a  dit  herbeur  :  Soit  que  tu  sois  pasteur.  Ou  her- 
beur,  enlens-raoi,  bons. 538.  On  a  dit  aussi  herbier: 
En  lieu  d'arboriser,  visitoienl  les  bouti  lues  des  dro- 
gueurs,   herbiers   et  apothicaires,  rabei..  Garg.  1, 

24. 

t  HERBORISTERIE  (èr-bo-ri-ste-rie),  t.  f.  Toutca 
qui  concerne  le  commerce  de  rherborisle.||  Boutique 
d'herborisle. 

HERBU,  UE  (cr-bu,  bue),  adj.\\  l' Couvert  d'herbe. 
Le  patient  Tourville  nourri  dans  les  vallées  herbues 
où  dansent  des  paysannes  à  la  haute  coiffure,  cha- 
teaubr. Natch.  i.  Il  2°  S.  f.  Terme  rural.  He.'-- 
bue,  terre  végétale  qui,  levée  dans  les  pâturages, 
est  employée  à  améliorer  le  sol  d'un  vignoble. 
Il  Terre  légère  et  peu  profonde  qui  n'est  bonne  qu'à 
faire  des  pâturages.  |{  Herbue  froide,  nom  donné, 
dans  la  Bresse,  à  un  certain  sol  qui,  pour  produire, 
demande  des  aménagements  particuliers.  |{  3"  S.  f. 
Terme  de  fondeur.  Herbue,  fondant  argileux  em- 
ployé dans  le  traitement  des  minerais  de  fer  au 
haut  fourneau. 

—  HIST.  xiii*  s.  Diex  vos  i  verra  volentiers.  Car 
toz  est  herhuz  li  sentiers  Qu'on  suet  [on  a  cou- 
tume de]  batre  por  penitance,  ruteh.  61.  |(  xvi'  s. 
Petits  ruisseaux  y  furent  ondoyans,  Tousjourz  fai- 
sant autour  des  prez  herbus  Un  doux  muraiiin', 

MAR0T,  I,  166. 

—  ÊTYM.  Herbe;  provenç.  hcrbtit. 

t  HERCHEUR,  EUSE  (h'èr-cheiir,  cheû-z'),  s.  m. 
et  f.  Ouvrier,  ouvrière  qui  fait  circuler  les  vagin; 
chargés  de  minerai. 

—  ÉTYM.  Herqiie. 

t  HERCLAN  (hiT-klan),  s.  m.  La  tadorne. 

HERCOTECrONIQUE  (  èr-ko-tè-kto-ni-k") ,  s.  f. 
Art  de  fortifier  les  places,  de  faire  des  rctranclie- 
menis,  etc. 

—  ÉTYM.  'Epxoî,  enceinte,  et  texToiz:^,  art  de 
construire. 

HERCULE  (èr-ku-1'),  s.  m.  \\  1°  Terme  du  poly- 
théisme. Nom  d'un  demi-dieu,  fils  de  Jupiter,  et 
célèbre  par  sa  force  et  par  ses  travaux.  Je  ne  sais 
point  au  ciel  placer  un  ridicule,  D'un  nain  faire  un 
Atlas,  ou  d'un  lâche  un  Hercule,  boil.  Disc,  au  roi. 
Tel  Hercule  filant  rompait  tous  les  fuseaux ,  id. 
Lutr.  V.  Hercule  à  désarmer  coûtait  moins  qu'Hip- 
polyte,  RAC.  Phèdre,  11,  1.  ||  2°  Familièrement. 
Homme  fort  et  robuste.  C'est  un  Hercule.  Il  y  a  îles 
hommes  beaucoup  plus  robustes  que  les  autres  ;  il 
y  a  aussi  des  Hercules  en  fait  de  pensées;  mais,  ai" 
fond,  cette  supériorité  est  fort  peu  de  chose,  volt. 
Philos,  iguor.  Quest.  9.  ||  Pcrionnage  des  specta- 
cles forains,  remarquable  par  sa  force.  L'Hercule 
de  la  troupe.  ||  3  '  Terme  d'astronomie.  Constellation 
de  l'hémisphère  boréal. 

—  IlIST.  XVI*  s Sembloit  Hercule  ayant  cueur 

de  lyepart,  j.  marot,  v,  »7.  Jamais  Herculle  n'en 
combattit  deux,  comme  dit  le  proverbe,  qui  pour- 


HER 

tant  est  pedantesque,  buant.  Sur  les  duels,  p.  Î04, 

dans  LACORNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  Hercules,  qu'on  tire  ordinairement 
de  'Hpax),-îi;;  mais  les  étymologistes  doutent  de 
cette  assimilation,  et  croient  qu'Hercules  est  un 
nom  d'origine  latine. 

t  HERCUI.ÉE  (èr-ku-lée),  s.  f.  Variété  de  culipe. 

t  IlERCCLÉEN,  ENNE  (èr-ku-lé-in,  !é-è-n'),  adj. 
Néologisme.  Digne  d'Hercule.  Il  est  d'une  force 
herculéenne.  Taille  herculéenne.  Une  entreprise 
herculéenne. 

*—  ÉTYM.  Hercule.  On  trouve  dans  Marot,  v,  53, 
herculique. 

I  HERD-BOOK  (hèrd'-bouk),  s.  m.  Livre  qui 
constate  peur  les  bestiaux  d'une  manière  officielle 
l'origine  des  individus  de  bonne  race. 

—  ÉTYM.  Angl.  herd-book,  de  herd,  troupeau,  et 
book,  livre. 

1.  nËRE  (hè-r'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  mépris. 
Homme  sans  considération,  sans  fortune.  Vos  pa- 
reils y  sont  misérables,  Cancres,  hères  et  pauvres 
diables,  la  font.  Fabl.  i,  B.  Un  villageois,  un  hère, 
un  pauvre  diable,  m.  Faucon.  Valère  vient  à  nous. 
— Je  plains  le  pauvre  hère,  Sachant  ce  qui  se  passe, 
MOL.  le  Dép.  I,  2.  Le  comte  :  Quel  est  donc  ce 
Basile  qui  se  mêle  de  son  mariage?  —  Figaro  :  Un 
pauvre  hère  qui  montre  la  musique  à  sa  pupille, 
liEAUMABCH.  Barh.  de  Sév.  i,  6.  ||  2°  Espèce  de  jeu 
de  cartes  qui  se  joue  entre  plusieurs  personnes  et 
où  il  n'y  a  qu'un  seul  des  joueurs  qui  gagne,  dit 
aussi  l'as  qui  court.  Je  voudrais  qu'il  mit  les  échecs 
à  la  place  du  hère,  sév.  39B.  Le  (O  janvier  1688,  le 
soir  il  y  eut  appartement;  Monseigneur  y  joua  au 
hère   et    ensuite  au  lansquenet,   dangeau,  i,  283. 

—  HlST.  XV"  s.  Gros  nez,  qui  te  regarde  à  tra- 
vers un  grant  verre  Te  juge  encor  plus  beau;  Tu  ne 
ressembles  point  au  nez  de  quelque  herre  Oui  ne 
boit  que  de  l'eau,  basselin,  vi.  ||  xvi'  s.  Les  haires 
ne  rendent  pas  tousjours  hères  [continents]  ceulx 
qui  les  portent,  mont,  m,  1B7.  Un  renard,  qu'il 
avoit  fait  nourrir  petit;  et  lui  avoit-on  fait  couper 
la  queue,  et  pour  ce  on  l'appeloit  le  hère,  desper. 
Coules,  XXXI.  Je  voy  que  les  généraux  des  finances 
et  des  vivres  ont  eu  beau  loisir  d'y  jouer  dès  le 
matin  au  hère  et  au  malcontent,  d'aub.  Conf.  jv. 
Je  no  m'esbahy  pas,  si  vous  avez  tant  délayé,  et 
tant  fait  troter  de  pauvres  hères  de  députés  après 
vous,  Sat.  ilén.  p.  (85. 

—  ÉTYM.  Haute-Normandie,  la  hère,  la  dame, 
la  maîtresse.  Origine  douteuse.  Diez  pense  qu'il 
vient  de  l'allemand  Jterr,  maître,  seigneur.  Il 
est  silr  que  certains  mots  étrangers  ont  passé  dans 
le  français  avec  un  sens  péjoratif;  par  exemple, 
l'allemand  Ross,  cheval  de  guerre,  coursier,  qui  a 
donné  rosse.  On  peut  mettre  en  avant  le  latin  herus, 
maître;  il  faudrait  aussi  y  admettre  un  sens  péjo- 
ratif. Si  le  mot  est  récent,  il  vient  plutôt  de  l'alle- 
mand que  du  latin  ;  c'est  l'inverse  s'il  est  ancien  ; 
et  sa  présence  en  Normandie  avec  un  sens  hono- 
rable fait  croire  qu'il  est  plus  ancien  qu'il  ne  paraît 
d'après  les  textes. 

2.  HÈRE  (hè-r'),  s.  m.  Terme  de  chasse.  Le  jeune 
cerf  depuis  dix-huit  mois  jusqu'à  deux  ans.  Le  faon 
de  cerf  ne  porte  ce  nom  que  jusqu'à  six  mois  envi- 
ron; alors  les  bosses  commencent  à  paraître,  et  il 
prend  le  nom  de  hère  jusqu'à  ce  que  ces  bosses, 
allongées  en  d^igues,  lui  fassent  prendre  le  nom  de 
daguet,  BUFP.  Cerf. 

-  ÉTYM.  Origine  inconnue.  Est-ce,  dit  M.  Sche- 
ler,  une  expression  métaphorique  {hère,  pauvre 
diable)  ?  Ou  plutôt  n'y  aurait-il  pas  là  le  même  ra- 
dical qui  a  donné  l'ancien  haut- allemand  hiruz, 
allem.  mod.  Hirsch,  cerf. 

Hf.RÉDlTAIRE  (é-ré-di-tê-r') ,  adj.  ||  1°  Oui  se 
transmet,  qui  vient  par  droit  d'hérédité.  Rien  n'est 
héréditaire  en  Pologne  que  les  terres  et  le  rang  de 
noble,  VOLT.  Charles  XII,  2.  Le  système  de  quelques 
spéculateurs  hardis,  qui  ont  regardé  les  propriétés 
héréditaires  comme  des  usurpations  de  quelques 
membres  de  la  société  sur  d'autres,  se  trouve  réfuté 
[lar  le  sort  de  toutes  les  institutions  où  l'on  a  ré- 
duit leurs  principes  en  pratique,  raynal,  Hisl.  phil. 
vu,  0.  Un  champ  héréditaire.  Trempé  de  ses  sueurs, 
larrache  à  la  misère,  M.  J.  ciién.  Gracques,  ii,  3. 
il  2°  Il  se  dit  des  charges,  des  offices,  des  titres,  etc. 
passant  aux  héritiers  de  ceux  qui  en  sont  pourvus. 
Charge  héréditaire.  L'empire  était  chez  nous  un 
bien  héréditaire,  conn.  Héracl.  i,  2.  Le  sacerdoce 
est  rendu  héréditaire  dans  sa  famille,  boss.  Hisl. 
II,  3.  Dans  un  pays  où  la  noblesse  n'est  pas  un  sou- 
venir héréditaire,  mais  une  récompense  personnelle, 
RAYNAL,  Hisl.  phil.  I,  20.  Il  Comme  héréditaire,  en 
parlant  de  charges,  d'offices  qui  restent  longtemps 

PICT.    DE    l.A    LANGUE    FRANÇAISE. 


HER 

dajs  une  même  famille.  Le  bâton  de  maréchal  est 
comme  héréditaire  dans  cette  maison.  |!  Se  dit  aussi 
par  opposition  à  électif.  Une  royauté  héréditaire.  Les 
premiers  successeurs  de  Mahomet  sont  élus;  les  sou- 
dans  d'Egypte,  les  premiers  miramolins  ne  régnent 
que  par  ce  droit,  et  ce  n'est  qu'avec  le  temps  qu'un 
Etat  devient  héréditaire,  volt.  Mœurs,  <«.  ||  Prince 
héréditaire,  celui  qui  doithériterdupouvoir.  ||  Cham- 
bre héréditaire,  pendant  la  Restauration,  la  chambre 
des  pairs,  par  opposition  à  la  chambre  élective  ou 
chambre  des  députés.  ||  Seditdeceuxquisontrevêtus 
de  certaines  grandes  charges,  dont  le  titre  est  con- 
servé, sans  aucune  fonction.  Connétable  héréditaire 
de  Castille.  ||  3'  Oui  se  transmet  des  parents  aux  en- 
fants, aux  descendants,  en  parlant  de  dispositions 
physiques  ou  mentales.  Les  maladies  héréditaires 
souffrent  moins  de  difficultés;  on  conçoit  facilement 
que  ries  sucs  viciés  doivent  altérer  la  constitution 
du  germe,  bonnet,  Consid.  corps  org.  <)i:uv.  t.  v, 
p.  135, dans  POUGENs.  [Le  centaure]  Riphée  Qui  por- 
tait sur  ses  crins,  de  taches  colorés.  L'héréditaire 
éclat  des  nuages  dorés,  a.  ciién.  Idylles,  l'Aveugle. 
Il  Folie  héréditaire,  voy.  folie.  ||  Fig.  Il  se  dit  des 
vertus,  des  vices,  des  passions  qui  se  transmettent 
dans  le  sein  des  familles.  Des  haines  héréditaires. 
C'est  une  sagesse  héréditaire  dans  votre  maison, 
SÉV.  489.  Vous  dont  l'esprit  héréditaire,  Et  par  les 
grâces  même  orné,  Aux  talents  d'un  illustre  père 
Joint  l'agrément  de  Sévigné,  gresset,  Vers  à  If.  /'é- 
véque  de  Luçon. 

—  HlST.  xV  s.  Comme  eux  disans  héréditaires 
du  dit  lieu,  p.  defrex,  à  la  suite  do  monstrelet, 
p.  H4,  dans  LAcuENE.  ||  xvr  s.  La  France  est  une 
monarchie  héréditaire  tempérée  par  les  lois,  loy- 
SEL,  (.  Ceulx  qui  naissent  roys....  font  estât  des 
peuples  qui  sont  soubs  eulx  comme  de  leurs  serfs 
héréditaires,  laboétie,  Servit,  volontaire. 

—  ÉTYM.  Provenç.  hereditari  ;  espagn.  heredila- 
noj'ital.  ereditario;  du  lat.  hereditarius ,  de  here- 
ditas,  hérédité. 

HÉRÉDITAIREMENT  (é-ré-d i-tê-re-man) ,  adv. 
D'une  façon  héréditaire.  Posséder  héréditairement 
une  charge,  une  terre. 

—  HlST.  XVI'  s.  La  surdité  vient  aussi  de  pre- 
mière conformation,  et  héréditairement,  paré,  xvi, 
•20.  Vous  en  voyez  l'espreuve  au  champ  de  Moncon- 
tour;  Héréditairement  ils  ont  depuis  ce  jour  La  rage 
naturelle;  et  leur  rage  ennyvrée  Du  sang  des  vrais 
François,  se  sent  de  la  curée,  d'aub.  Tragiques,  i . 

—  ÉTYM.  Héréditaire,  et  le  suffixe  ment.  Dans 
l'ancienne  langue  on  disait  heritablement,  de  l'ad- 
jectif heritable. 

HÉRÉDITÉ  (é-ré-di-té),  s.  f.  ||  1-  Terme  de  juris- 
pradence.  Qualité  d'héritier.  ||  Droit  de  recueillir  la 
totalité  ou  une  partie  des  biens  qu'une  personne 
laisse  à  son  décès.  Accepter  l'hérédité.  Renoncer  à 
l'hérédité.  ||  2°  En  parlant  de  la  succession  au 
trône,  le  droit  d'hérédité.  Attaquer,  défendre  le 
principe  d'hérédité.  ||  On  disait  aussi  :  l'hércdilé  de. 
la  pairie.  ||  3°  Il  s'est  dit  du  privilège  accordé  à 
un  office  rendu  héréditaire  par  le  roi,  sans  qu'on 
fût  assujetti  à  payer  le  droit  de  prêt  et  d'annuel. 
Il  4°  Tous  les  biens  qu'une  personne  laisse  en  mou- 
rant (sens  qui  a  vieilli).  La  loi  des  Saxons  veut  que 
le  père  et  la  mère  laissent  leur  hérédité  à  leur  (ils, 
MONTESQ.  Esp.  viii,  22.  C'était  une  bonne  loi  que 
celle  qui  défendait  d'avoir  deux  hérédités,  lo.  ib.  v, 
6.  Il  Hérédité  jacente,  héritage  qui  n'a  point  encore 
été  accepté.  ||  5°  Terme  de  physiologie.  Condition 
organique  qui  fait  que  les  manières  d'être  corpo- 
relles et  mentales  passent  des  ascendants  aux  des- 
cendants. Il  Hérédité  originelle  ou  d'incarnation, 
celle  où  les  premières  cellules  génératrices  de  l'o- 
vule sont  modifiées  en  bien  ou  en  mal  ,  selon 
l'état  que  cet  ovule  offre  lui-même.  ||  Hérédité  di- 
recte, celle  qui  provient  soit  du  père,  soit  de  la 
mère  de  l'enfant.  ||  Hérédité  indirecte,  celle  où,  le 
type  du  père  ou  de  la  mère  n'apparaissant  pas,  la 
ressemblance  avec  d'autres  parents  de  la  ligne  col- 
latérale vient  en  prendre  la  place.  ||  Hérédité  en  re- 
tour, celle  où,  un  degré  étant  saule,  l'enfant  res- 
semble non  à  son  père  ou  à  sa  mèie,  mais  à  son 
grand-père  ou  à  sa  grand'mère ,  et  même  plus 
haut.  Il  Hérédité  d'influence,  celle  où  il  y  a  repré- 
sentation des  conjoints  antérieurs  dans  la  nature 
physique  et  morale  des  produits,  c'est-à-dire  que, 
si  une  femme  devient  veuve  et  se  remarie,  il  peut 
arriver  que  les  enfants  du  second  mariage  repro- 
duisent des  traits  et  des  caractères  du  premier  niafi 
mort  avant  la  conception.  ||  Hérédité  d'évolution, 
celle  dans  laquelle  la  mère,  serrant  d'intermédiaire 
entre  le  milieu  extérieur  et  le  nouvel  être,  ou  de 
milieu  pour  celui-ci,  modifie  ce  dernier  pendant 


HÉR 


2009 


son  évolution  en  fournissant  pour  son  développe- 
ment des  principes  modifiés. 

—  SYN.  HÉRÉDITÉ,  HÉRITAGE.  L'hérédité  est  pro- 
prement la  qualité  d'héritier;  l'héritage  est  propre- 
ment le  bien  laissé  par  le  défunt. 

—  HlST.  XI*  s.  0  filz,  cui  erent  [à  qui  seront] 
mes  granz  créditez,  Mes  granz  palais  de  Rome  la 
citetî  St-Alexis,  txxx.  ||xn*  Salf  fai  tun  pople,  »t 
heneisà  latuehereditet,  Liber  psalm.  p.  34. ||  xvi's. 
RufusqueCicero  accuse  pour  avoir  recueilli  une  hé- 
rédité contre  sa  conscience,  mont,  m,  14. 

—  ÉTYM.  Provenç.  heretat;  espagn,  heredad;  ital. 
eredità;  du  lat.  hereditatem,  de  hères,  hoir  (voy.c9 
mot).  On  trouve,  trBS-.souvent,  dans  les  anciens 
textes,  hérité. 

HÉRÉSIARQUE  (é-ré-zi-ar-k'),  s.  m.  Auteur  d'une 
hérésie,  chef  d'une  settc  hérétique.  Comme  les  hé- 
résiarques sont  punis  en  l'autre  vie  des  péchés  aux- 
quels ils  ont  engagé  leurs  sectateurs  dans  lesquels 
leur  venin  vit  encore,  pasc.  Letl.  à  Perier,  ^^  oct. 
(651.  Saint  Grégoire  du  Nazianze  ne  nous  repré- 
sente pas  les  liérosiarques  comme  des  hommes  sans 
religion,  mais  comme  des  hommes  qui  prennent  la 
religion  de  travers,  boss.  Var.  v,  §  t.  Nous  savons 
en  quels  abîmes  cette  dangereuse  présomption  et 
cet  orgueil  a  précipité  tant  d'hérésiarques  et  leurs 
sectateurs,  bolrdal.  Instruct.  Ilumililé  de  la  foi, 
Kxhort.  Le  supplice  de  cet  hérésiarque  ne  fit  que 
fortifier  son  hérésie,  fléch.  llist.  de  Théodose,  m, 
44.  Heureux  les  hommes,  si  tous  les  disputeurs  do 
ce  monde,  si  les  hérésiarques  s'étaient  soumis  avec 
autant  de  modération,  avec  une  douceur  si  magna- 
nime que  le  grand  archevêque  <le  Cambrai,  qui  n'a- 
vait nulle  envie  d'être  hérésiarque!  volt.  Wct.  phil. 
Sottise  de.i  deux  parts. 

—  HlST.  xvi*  s.  On  m'a  dit  qu'un  vieux  hérésiar- 
que a  leu  ce  traité  avec  beaucoup  déplaisir,  d'aub. 
Conf.  II,  6. 

—  ÉTYM.  AlpeoiipxiSi  ^^  oïpeaii,  hérésie,  et 
âp/Eiv,  être  chef. 

HÉRÉSIE  (c-ré-zie),  s.  f.  ||  1°  Opinion  fausse,  en 
matière  de  foi,  condamnée  dans  'es  formes  pres- 
crites par  l'Église.  Je  craignais,  mon  père,  que 
votre  dessein  ne  fut  de  rendre  ces  personnes  héré- 
tiques, sans  qu'ils  le  fussent,  comme  parle  le  même 
pape  [saint  Grégoire]  sur  une  dùspute  pareille  de 
son  temps,  parce,  dil-il,  que  ce  n'est  pas  s'oppo- 
ser aux  hérésies,  mais  c'est  faire  une  hérésie  que 
de  refuser  de  croire  ceux  qui,  par  leur  confession, 
témoignent  d'être  dans  la  véritable  foi,  pasc.  Prov. 
17.  N'est-il  pas  vrai  que,  si  l'on  demande  en  quoi 
consiste  l'hérésie  de  ceux  que  vous  appelez  jansé- 
nistes, on  répondra  incontinent  que  c'est  en  ce  que 
ces  gens-là  disent  :  que  les  commandements  de 
Dieu  sont  impossibles,  qu'on  ne  peut  résister  à  la 
grâce....,  ID.  ib.  17.  Dieu,  qui  permet  les  hérésies 
pour  éprouver  la  foi  de  ses  serviteurs,  boss.  Prem. 
arertiss.  i.  Ce  n'a  pas  été  seulement  les  ariens  qui 
ont  varié  de  cette  sorte  :  toutes  les  hérésies,  dès 
l'origine  du  christianisme,  ont  eu  le  même  carac- 
tère, ID.  Variai,  préface.  L'hérésie  retient  toujours 
sa  propre  nature,  en  ne  cessant  d'innover,  et  le 
progrès  de  la  chose  est  semblable  à  son  origine, 
ID.  ib.  Il  ne  faut  pas  croire  que  les  hérésies  aient 
toujours  pour  auteurs  des  impies  ou  des  libertins 
qui,  de  propos  délibéré,  fassent  servir  la  religion  à 
leurs  passions,  in.  Var.  v,  jj  i.  Nous  avons  des  ca- 
talogues des  hérésies  dressés  par  saint  Épiphane,, 
par  saint  Augustin,  et  par  plusieurs  autres  auteurs 
ecclésiastiques,  id.  ih.  xi,  ^  5.  Quand  Dieu  laisse 
sortir  du  puits  de  l'abîme  la  fumée  qui  obscurcit  lo 
soleil,  selon  l'expression  de  l'Apocalypse,  c'est-à- 
dire  l'erreur  et  l'hérésie,  id.  Reine  d'Anglet.  Je 
n'entreprends  pas,  chrétiens,  de  vous  dire  la  desti- 
née des  hérésies  de  ces  derniers  siècles,  ni  de  mar- 
quer le  terme  falal  dans  lequel  Dieu  a  résolu  do 
borner  leur  cours,  id.  ib.  Quoique  cet  esprit  d'in- 
docilité et  d'indépendance  soit  également  répandu 
dans  toutes  les  hérésies  des  derniers  siècles,  il  n'a 
pas  produit  universellement  les  mêmes  effets,  id. 
ib.  Nos  pères  n'avaient  pas  vu,  comme  nous,  une 
hérésie  invétérée  tomber  tout  à  coup  (par  suite  de  la 
révocation  de  l'édit  de  Nantes],  les  troupeaux  égarés 
revenir  en  foule,  et  nos  égl.ses  trop  étroites  pour 
les  recevoir,  id.  û  TeWer.  Quand  lî  sage  chance- 
lier reçut  l'ordre  de  dresser  ce  pieux  édit  qui  donne 

le  dernier  coup  à  l'hérésie,   id.  ib S'unissant 

contre  toi  pour  l'affreuse  hérésie,  bac.  Esth.  Pro- 
logue. On  ne  peut  que  regretter  la  perte  d'une  rela- 
tion que  Strategius  écrivit  sur  les  hérésies  par 
ordre  de  Constantin,  volt.  Dict.phil.  Hérésie,  3. 
Il  Cet  homme  ne  fera  point  d'hérésie,  locution  pro- 
verbiale qui  se  dit  d'un  homme  de  peu  d'esprit. 

I   —   252 


2010 


HRR 


Il  2»  Par  extension  et  familièrement,  doctrine, 
maxime  en  opposition  avec  les  idées  reçues.  Une 
hérésie  en  litlératuro,  en  médecine.  Ce  que  vous 
dites  là  est  une  hérésie.  ||  Hérésie  en  amour,  locu- 
tion dont  on  se  sert  pour  exprimer  honnêtement 
de»  habiludes  honteuses  ou  la  pédérastie. 

—  HIST.  xn's.  Dementiercs  que  firent  li  fil  à  l'a- 
versier  (les  fils  du  diahlc]  Celé  grant  hérésie  [le 
meurtre  de  Thomas]  dedenz  le  saint  muslier,  Th.  le 
mart.  (5S.  ||xiii*  s.  Pour  ce,  dame,  vous  loe  fje 
vous  conseille]  à  escuser,  Que  cil  no  soient  atains 
de  l'iresie  [suspects  d'hérésie  en  amour],  Oui  désor- 
mais ne  vous  verront  [voudront]  amer,  quesnes, 
llomancero.  p.  109.  Especialement  vilains  seremens 
et  hérésie  fai  abatre  à  ton  pooir,  joinv.  30i.  ||  xV  s. 
George  Vernoys  fut  accusé  de  crime  de  hérésie 
[sorcellerie]  et  de  faire  mourir  et  languir  par  sort 
et  art  magique  plusieurs  gens  et  bestail ,  nu  cange, 
hxresis.  \\  xvi"  s.  Ce  mot  d'heresie,  grec,  depuis 
transplanté  dedans  Rome,  qui  signifioit  opinion,  et 
par  succession  de  temps  nous  l'avons  tourné  en  si 
mauvaise  part,  que  nous  n'en  usons  que  contre 
ceux  qui  nous  contreviennent  à  la  Iby  et  religion 
catholique,  pasquier,  Rech.  liv.  vni,  p.  686,  dans 
LACUHNE.  En  la  comté  de  Boulonnois  confiscation 
de  meubles  et  héritages  a  lieu  en  crime  d'heresie 
et  de  leze  majesté,  Coust.  génér.  t.  i,  p.  6H. 

—  ÉTYM.  Provenç.  heregia,  eretgia;  esp.  here- 
gia;  ital.  eresia;  mot  formé  sur  le  modèle  des 
noms  en  te,  t'o,  et  dérivé  du  lat.  hxresis,  qui  vient 
du  grec  alpeatç,  choix,  opinion,  de  alpeïv,  prendre. 

t  HÉRÉSIOGRAPUE  (é-ré-zi-o-gra-f) ,  S.  m.  His- 
torien des  hérésies. 

t  HÉRÉSIOGRAPHIE  (é-ré-zi-o-gra-fie) ,  s.  (. 
Histoire  des  hérésies. 

—  ÉTYM.  Hérésie,  et  ypôçeiv,  écrire. 

HÉUÉTICITÉ  (é-ré-ti-si-té),  s.  f.  Terme  dogma- 
tique. Qualité  de  ce  qui  est  entaché  d'hérésie.  L'hé- 
réticité  d'une  proposition.  ||  Qualité  d'une  personne 
qui  est  dans  l'hérésie.  C'est,  en  un  sens,  dire  ou 
croire  que  nos  sacrements  changent  de  nature, 
selon  la  foi  ou  l'héréticité  du  ministre,  Trévoux, 
Mém.  «726,  t.  I,  p.  22. 

—  REM.  Ce  mot  est  attribué  par  Richelet  à  Fé- 
nelon. 

—  ÉTYM.  Hérétique. 

HÉRÉTIQUE  (é-ré-ti-k'),  adj.  ||  1°  Qui  appartient 
il  l'hérésie.  Une  proposition  hérétique.  ||  Fig.  Kt, 
sans  distinction,  dans  tout  sein  hérétique,  Pleins  de 
joie  enfoncer  un  poignard  catholique,  boil.  Sat.  xii. 
Il  8°  Qui  professe,  qui  soutient  quelque  hérésie. 
C'est  un  grand  mal  d'être  hérétique;  mais  est-ce 
un  grand  bien  de  soutenir  l'orthodoxie  par  des 
soldats  et  par  des  bourreaux  7  volt.  Vict.  phil.  Hé- 
résie, I.  Il  Fig.  [Le  faux  honneur]  Lui  dit  [à  Claude, 
ministre  protestant  de  Charenton]  :  si  tu  te  rends, 
sais-tu  ce  qu'on  va  dire?  Dans  son  heureux  retour 
lui  montre  un  faux  malheur.  Lui  peint  de  Charen- 
ton l'hérétique  douleur,  boil.  Êpit.  m.  ||  Substanti- 
vement. Un  hérétique.  Cette  jeune  hérétique.  Ter- 
tullien  avait  dit  :  Les  hérétiques  varient  dans  leurs 
règles,  c'est-à-dire  dans  leurs  confessions  de  foi; 
chacun  parmi  eux  se  croit  en  droit  de  changer  et 
de  modifier  par  son  propre  esprit  ce  qu'il  a  reçu, 
comme  c'est  par  son  propre  esprit  que  l'auteur  de 
la  secte  l'a  composé,  boss.  For.  Préface.  Théodose, 
seul  empereur,  fut  la  joie  el  radmira''.on  de  tout 
l'univers  ;  il  appuya  la  religion,  il  fit  taire  les  héré- 
tiques, il  abolit  les  .sacrifices  impurs  des  païens,  id. 
Uist.  I,  u.  Ceux  qui  vous  ont  précédés....  racontent 
qu'avant  qu'il  y  eût  eu  des  empereurs  dont  les  lois 
eussent  été  les  assemblées  aux  hérétiques,  les 
sectes  demeuraient  unies,  et  s'entretenaient  long- 
temps; mais,  poursuit  Sozomène,  depuis  que  Dieu 
suscita  des  princes  chrétiens  et  qu'ils  eurent  dé- 
fendu ces  conventicules,  la  loi  ne  permettait  pas 
aux  hérétiques  de  s'assembler  en  public,  m.  le  Tel- 
lier.  Personne  ne  doute,  dit  Pegna,  scolie  47,  qu'il 
no  faille  faire  mourir  les  hérétiques;  mais  on  peut 
demander  quel  genre  de  supplice  il  convient  d'em- 
ployer.... le  supplice  du  feu  est  la  peine  due  à  l'hé- 
résie, VOLT.  Dict.  phil.  Inquisitim,  i.  \\3°  Par  ex- 
tension et  familièrement,  il  se  dit  de  ceux  qui  ne 
sont  pas  d'accord  avec  le  plus  grand  nombre  sur 
certaines  théories.  Voilà  [l'arrêt  au  septième  vers 
tians  les  stances  de  dix]  la  plus  grande  contesta- 
lion  qu'il  [Racan]  a  eue  contre  M.  de  Malherbe  et 
.ses  écoliers,  et  pourquoi  on  a  été  près  de  le  décla- 
rer hérétique  en  poésie,  pklh&son,  Hisl.  de  l'Àcad. 
ly,  Maijnard.  Contpj  ce  docteur  authentique,  Si  du 
jcùne  II  [liourdalouej  prend  l'intérêt,  Bacchus  le  dé- 
clare hérétique,  El  janséniste  qui  pis  est,  boil.  Poés. 
dtv.    IV.    ^1  Substantivement.  Vous  verrez  bientôt 


IlER 

à  Paris  un  de  vos  affectionnés  qui  va  quitter  celte 
ville;  il  est  de  ces  hérétiques  qui  croient  que  votre 
serviteur  Poussin  a,  dans  la  peinture,  quelque  talent 
qui  n'est  pas  commun,  poussin,  Lett.  3  juin  (047. 
Il  II  se  dit  quelquefois,  dans  le  langage  familier,  pour 
incrédule,  esprit  fort.  |{  Hérétique  en  amour,  se  ditde 
celui  qui  a  des  habitudes  honteuses,  d'un  pédéraste. 

—  SYN.  1.  HÉRÉTIQUE,  HÉTÉRODOXE.  L'hérétique  est 
celui  qui,  difl"érant  dogmatiquement  d'opinion  avec 
une  Église,  s'en  sépare  et  n'en  reconnaît  plus  l'au- 
torité. L'hétérodoxe  est  celui  qui  a,  sur  un  point, 
une  opinion  différente  de  l'opinion  de  l'Église,  sans 
pour  cela  vouloir  ne  plus  y  appartenir.  L'hérétique 
est  nécessairement  hétérodoxe;  mais  l'hétérodoxe 
n'est  pas  nécessairement  hérétique.  ||  2.  hérétique  , 
SCHISMATIQUE.  L'hérétique  est  nécessairement  schis- 
matique,  mais  le  schismatique  n'est  pas  nécessai- 
rement hérétique;  il  suffit  qu'il  se  sépare  de  la 
communion  d'une  Église.  Ainsi,  par  rapport  à  l'É- 
glise romaine,  les  Grecs  sont  schismatiques,  les 
protestants  sont  schismatiques  et  hérétiques. 

—  HIST.  XI*  s.  Cel  Sarazins  me  semble  moût  hé- 
rite, Ch.  de  Roi.  cxii.  ||  xni"  s.  U  n'a  en  tout  cest 
mont  [ce  monde]  ne  bougre  ne  hérite,  Ne  fort  po- 
pelican ,  vaudois  ne  sodomite.  Se  il  vestoit  l'abit  où 
papelars  s'abite.  Qu'on  ne  le  tenist  jà  à  saint  ou  à 

ermite,  rdteb.  (78 Li  hérite  cuident  que  Diex 

fist  le  bien,  et  li  deables  le  mal,  brun,  latini.  Très. 
p.  16.  Et  lors  fu  la  crestienne  loi  conformée,  et  fu 
dampnée  la  créance  des  hereges,  id.  ib.  p.  83. 
Vous,  noble  roi  [Philippe  le  Bel]  sur  tous  autres 
princes,  povez  et  devez  et  estes  tenu  requerre  et 
procurer  que  ledit  Boniface  soit  jugiez  pour  he- 
rege,  Requeste,  dans  Hist.  litt.  de  la  Fr.  t.  rxiv, 
p.  233.  Il  XV*  s.  Le  dit  frère  Thomas  fut  mené  de- 
vei-s  notre  saint  père  le  pape,  lequel  chargea  pour 
l'examiner  les  cardinaux  de  Rouen  et  de  Navarre, 
lesquels  enfin  le  trouvèrent  berese  et  coupable , 
monstrel.  h,  <27. 

—  ÉTYM.  Provenç.  heretge;  esp.  herege;  ital. 
erctico;  du  lat.  hmreticus,  de  hxresis  (voy.  héré-. 
sie).  L'ancienne  forme  est  hérite,  herese  ou  herege, 
formé  d'après  l'accentuation  latine  hxréticus;  au 
contraire,  hérétique  a  été  calqué  sur  le  latin. 

t  HÊRIDELLE  (hé-ri-dè-1'),  s.  f.  Espèce  d'ar- 
doise qui  a  peu  de  largeur,  ne  pouvant  guère  servir 
que  pour  la  couverture  des  clochers. 

t  HÉRIGOTÉ,  ÉE  (hé-ri-go-té,  tée),  adj.  Terme  de 
chasse.  Chien  hérigoté,  chien  qui  a  une  hérigoture. 

—  HIST.  XVI*  s.  Hérigoté,  cotgrave. 

t  HÉRIGOTURE  (hé-ri-go-tu-i'),  s.  f.  Terme  de 
chasse.  Marque  qui  se  présente  quelquefois  aux 
jambes  de  derrière  des  chiens.     « 

—  HIST.  XVI*  s.  Herigoteure,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Origine  inconnue;  cependant  voy.  ha- 
nicoT. 

HÉRISSÉ,  ÉE  (lié-ri-sé,séel,  part,  passé  dehéris- 
ser.  Il  1°  Dressé  en  pointe  aiguë.  [Calchas]  L'œil  farou- 
che, l'air  sombre  elle  poil  hérissérRAC.  Iphig.  v, 
6.  Ses  cheveux  étaient  hérissés,  fén.  Tél.  ix.  ||  Par 
extension.  On  ne  voit  guère  plus  de  javelles  pres- 
sées Que  j'ai  vu  contre  moi  de  piques  hérissées, 
TRISTAN,  Hariane,  i,  3.  ||Fig.  et  familièrement. 
C'est  un  homme  hérissé,  toujours  hérissé,  c'est  un 
homme  difficile  avec  qui  on  ne  sait  comment  trai- 
ter. ||  Style  hérissé,  style  rude  et  déplaisant.  Vous 
savez  avec  quelle  fureur  on  affectait  de  louer  l'Elec- 
tre de  Crébillon,  ces  vers  durs  et  hérissés....,  volt. 
Lett.  la  Harpe,  26  mai  (764.  ||2°  Couvert,  garni  de 
choses  toufl"ue3,  droites,  '  aiguës.  Un  autel  hérissé 
de  dards,  de  javelots,  rac.  Iphig.  m,  ) .  Un  rempart 
hérissé  de  piques  et  de  dards,  volt.  Orphel.  i,  3. 
Depuis  que  la  terre  est  hérissée  de  remparts  bordés 
d'artillerie,  ces  grandes  émigrations  [des  peuples 
barbares]  ne  sont  plus  à  craindre,  id.  Mœurs,  88. 
La  partie  de  l'Ile  qui  donnesonnomà  lacolonie  en- 
tière est  hérissée,  dans  son  centre,  de  rochers  af- 
freux, où  il  règne  un  froid  continuel,  raynal,  Hist. 
phil.  xiii,  27.  Il  Poétiquement.  L'hiver  hérissé  de 
glaçons.  Il  Terme  de  botanique.  Couvert  de  poils  ru- 
des et  fort  apparents.  Tige  hérissée. ||  Terme  de 
zoologie.  Se  dit  d'une  surface  ou  de  poils  assez 
longs,  serrés,  un  peu  roides  et  durs  au  toucher. 
11  3°  Fig.  Qui  est  pourvu  do  certaines  choses,  dé- 
fauts ou  qualités,  que  l'on  compare  à  des  piquants. 
La  dame  en  question  passait  pour  héri.ssée  de  celle 
espèce  de  sagesse-là,  Marivaux,  Pays.  paru.  6*  part. 
Si,  tout  hérissé  d'algèbre,  le  compas  à  la  main, 
vous  aviez  respecté  la  poésie  qui  m'est  chère...,  je 
vous  épargnerais  peut-être,  gii.b.  le  Carnaval  des 
auteurs.  ||  Hérissé  de  grec,  de  latin,  qui  cite  à  tout 
propos  du  grec,  du  latin.  Tout  hérissé  de  grec, 
tout    bouffi    d'ignorance,    boil.    Sat.    iv.    Allez, 


MER 

grande  barbe,  pédant  hérissé  de  grec;  vous  perdez 
le  respect  qui  m'est  dû,  fén.  Dial.  des  morts  mod. 
{Louis  XI,  Bessarion).  Son  précepteur,  qui  était  un 
homme  héri.ssé  de  latin,  citait  des  passages  de  Vir- 
gile et  d'Horace,  le  sage,  Bachel.  de  Salam.  ch.  48. 
Il  II  se  dit  des  choses  en  un  sens  analogue.  La  vie 
est  hérissée  de  ces  épines,  et  je  n'y  vois  d'autre 
remède  que  de  cultivor  son  jardin,  volt.  Lett.  Lu- 
neau  de  Bois  Germain,  21  ocl.  1769.  Un  ouvrage 
sur  Homère  qu'il  [Villoison]  prendrait  la  liberté 
de  présenter  à  Votre  Majesté,  s'il  ne  craignait  que 
le  grec  dont  cet  ouvrage  est  hérissé  ne  la  fit  recu- 
ler deux  pas  en  arrière,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Pr. 
25  avr.  (774.  L'origine  de  la  population  de  l'Amé- 
rique est  hérissée  de  difficultés4nexplicables,  rat- 
NAL,  Hist.  phil.  xvii,  3.  Il  Absolument.  L'érudition 
est  hérissée  dans  les  uns ,  et  agréable  dans  les 
autres,  d'alpmbert,  cité  dans  le  Dict.  de  poitevin 
Il  4°  Terme  d'art  militaire.  Baril  hérissé,  voy.  hé- 
risson foudroyant.  Il  B*  S.  m.  Étal  de  ce  qui  est 
hérissé.  Le  ton  de  la  robe  [d'un  chien],  le  hérissé 
du  poil ,  THÉOPHILE  GAUTIER  cité  dans  le  Dict.  de 
poitevin.  Il  Nom  spécifique  des  poissons  des  genres 
tétrodon  et  baliste,  dits  aussi  hérissons.  ||  8°  .S.  f. 
Hérissée,  chenille  velue  qui  se  tient  sur  l'artichaut, 
et  qui  est  la  chenille  de  la  noctuelle. 

t  HÉRISSEMENT  (hé-ri-se-man),  s.  m.  Action 
des  poils  ou  des  plumes  qui  se  dressent.  ||  État  de 
ce  qui  est  hérissé.  Le  hérissement  des  cheveux. 

—  HIST.  XV*  s.  GemissemensY  sont,  cris,  plours, 
herissemens.  Et  crueulx  amortissemens  De  cueurs, 
AL.  chartier,  le  Livre  de  4  dames. 

—  ÉTYM.  Hérisser;  provenç.  ymioment;  catal.  eris- 
sament;  espagn.  erixamiento ;  ital.  arricciamento. 

HÉRISSER  (hé-ri-sé),  t).  a.  \\  1°  Dresser,  en  par- 
lant du  poil,  des  plumes  ou  des  cheveux.  J'ai  donc 
vu  ce  sanglier  qui,  par  nos  gens  chassé.  Avait  d'un 
air  affreux  tout  son  poil  hérissé,  mol.  Princ.  d'Él. 
1,  2.  Comme  un  coursier  indompté  hérisse  ses  crin», 
j.  J.  Rooss.  Orig.  2.  Inventer  ...  Ce  n'est  pas  sur  la 
front  d'une  nymphe  brillante  Hérisser  d'un  lion  la 
crinière  sanglante,  a.  chén.  /ni'en(ion.  ||  2*  Par 
extension,  il  se  dit  de  choses  aiguës,  saillantes, 
dressées,  qui  couvrent,  qui  garnissent.  Des  roche» 
aiguës  hérissent  les  flancs  de  la  montagne.  Le  char- 
don importun  hérissa  les  gucrets,  boil.  Éplt.  m. 
Parmi  les  forêts  Oui  des  monts  de  l'Arven  hérissent 
les  sommets,  nucis.  Oscar,  ii,  2.  ||  3*  Hérisser  de, 
garnir  de  choses  considérées  comme  aiguës,  poin- 
tues. Hérisser  de  pieux  un  bastion.  Il  [l'hiver]  hé- 
rissé les  monts  de  hautes  pyramides,  roucher,  les 
Mois.  Il  Fig.  Hérisser  son  style  de  termes  nouveaux. 
La  prose  la  (la  pointe]  reçut  aussi  bien  que  le» 
vers;  L'avocat  au  palais  en  hérissa  son  style,  boil. 
Art  p.  u.  Il  4°  Terme  de  construction,  voy.  héris- 
fONNER.  Il  5°  V.  n.  Devenir  hérissé.  Les  cheveux 
lui  hérissèrent  à  la  tête,  Dict.  de  l'Acad.  ||  6*  Se  hé- 
risser, V.  réfl.  Dresser  son  poil ,  ses  plumes.  Ce  coq 
est  furieux,  il  se  hérisse.  Un  mâtin  qui  connaît  ses 
forces  se  hérisse,  s'indigne,  l'attaque  avec  courage 
[le  loup],  tâche  de  le  mettre  en  fuite,  et  fait  tous 
ses  efforts  pour  se  délivrer  d'une  présence  qui  lui 
est  odieuse,  bufp.  Quadrup.  t.  n,  p,  (88.  ||  Il  se 
dit  des  cheveux,  du  poil,  des  plumes  qui  se  dres- 
sent. Des  coursiers  attentifs  le  crin  s'est  hérissé , 
bac.  Phèdre,  v,  6.  Vous  baissez  vos  regards,  vos 
cheveux  se  hérissent,  volt.  Orph.  i,  6  {|  Fig.  Se 
fâcher,  se  montrer  opposé  à.  Mlle  de  Rambouillet 
et  Mlle  Paulet  s'en  hérissèrent  toutes  et  en  rugirent 
horriblement,  et  proposèrent  à  l'heure  même  d'al- 
ler piller  notre  logis,  voit.  (ïh'.uvres,  t.  ii,  p.  225. 
Chamillart  en  parla  [du  mariage  de  son  fils]  à 
Mme  de  Maintenon ,  qui  d'abord  se  hérissa  et  qui 
en  éloigna  le  roi,  st-sim.  «90,  45.  Vous  sentez  que 
je  veux  faire  de  Mme  d'Argenton  le  bouc  émissaire 
de  l'ancienne  loi,  et  vous,  vous  vous  en  hérissez 
comme  d'une  proposition  qui  vous  flétrirait,  id. 
aii2,  (28  II  7°  Devenir  couvert  de  choses  aiguës.  Ces 
champs  incultes  se  hérissent  d'épines.  Les  troupe» 
arrivèrent  et  les  rues  se  hérissèrent  de  baïonnettes. 

—  HIST.  XII*  s.  [Je]  Ne  vuel  pas  sembler  le  gai- 
gnon  [chien]  Oui  se  herice  et  se  reguingne,  Quant 
autres  gaingnons  le  rechingne,  crestien  de  troies, 
Chev.  au  lyon,  v.  C44.  (I  xui*  s.  Tuit  furent  en  granl 
tenebrcr;  Morir  cuident  tuit  li  plusor,  Quar  la  tour- 
mente fu  moult  fort  ;  Et  du  dromont  [sorte  de  na- 
vire] croissent  (font  du  bruit]  li  bord;  Li  ventherico 
el  la  mer  poudre,  Btancharidin,  f"  (8«,  dans  la- 
CURNE.  Car  nus  [nulj  sengler  lot  hericiés.  Quant  de» 
chiens  est  bien  aticiés.  N'est  si  crueus...,  ta  Rose, 
118-25.  Les  denz  a  [Ysengrin]  un  poi  plus  agues  Que 
Renart  et  plus  esmolues;  Contre  Rcnart  moult  se 
herice,  Rwi.  (407.  Quant  j'oy  parler  de  si  lait  vice, 


HÊR 

Par  foi  toz  li  cuers  m'en  herice  De  duel  et  d'ire,  Si 
fort  que  je  ne  sai  que  dire,  ruteb.  (98.  ||  xiv*  s. 
Quant  TOUS  fustes  endorray,  les  cheveulx  me  com- 
mencèrent à  hérisser,  Uénagier,  i,  o.  |{  xvi*  s.  Nous 
ne  commandons  pas  à  nos  cheveux  de  se  hérisser, 
ONT.  1,97.  Au  malheur,  mon  courage  se  hérisse, 
au  lieu  de  s'applatir,  id.  iv,  07.  Quelque  pierre  espi- 
ncuse  et  hérissée  qui  te  poinct  et  escorche  cruelle- 
ment le  col  de  la  verge,  id.  iv,  27  i.  On  eust  dit,  à 
voir  le  bataillon  des  Lacedemoniens,  que  ce  n'estoit 
qu'un  corps,  comme  de  quelque  beste  courageuse 
qui  se  herissoit  et  se  preparoit  pour  combatre, 
AMYOT,  Arist.  42.  Si  nous  oyons  crier  de  nuict 
quelque  chouan.  Nous  hérissons  d'esfroy....  rons. 
8(6.  [La  prêtresse]  hérissant  sa  chevelure,  dubellaï, 
m,  78,  recto. 

—  ÉTYM.  Voy.  HÉRISSON  ;  provenç.  erissar,  hiris- 
sar;  espagn.  erisar;  portug.  erricar;  ital.  arriciare. 
HÉRISSON  (hé-ri-son),  s.  m.  i|l°  Genre  de  mam- 
mifères qui  se  nourrissent  d'insectes  et  de  fruits,  et 
dont  la  peau   est  couverte  de  piquants  longs   et 
roides    formés   de   poils  agglomérés  ,  famille  des 
insectivores;   on  y  distingue  le  hérisson  de   nos 
pays,  erinaceus  europxtis,  L.  Le  renard  sait  beau- 
coup de    choses,    le   hérisson   n'en    sait   qu'une, 
disaient  proverbialement  les  anciens  :  il  sait   se 
défendre  sans  combattre,  et  blesse  sans  attaquer, 
BUFF.    Quadrup.   t.   ii,   p.    3(0.   Un   hérisson  qui 
s'était  glissé  dans  la  cuisine  découvrit  une  petite 
marmite,  en  tira  la  viande  et  y  fit  ses  ordures,  m. 
ib.  p.  312.  Il  Fig.  et  familièrement.  Personne  d'un 
caractère  difficile.  ||  Adj.  et  familièrement.  Hérisson, 
hérissonne,  fâcheux,    difficile,    revêche,   qu'on   ne 
sait  comment  prendre.  La  madame  Grognac  a  l'hu- 
meur hérissonne,  regnard,  le  Distr.  i,  B.  Jamais  de 
la  vie  je  ne  vous  ai  vu  si  hérisson,  Thédt.  ital.  dans 
i.E  ROUX,  Dict.  comique.  \\  2»  Hérisson  de  Madagascar, 
le  tenrec.  ||  Hérisson  de  mer,  oursin.  La  forme  des 
hérissons  de  mer  varie  beaucoup  :  il  en  est  d'arrondis 
ou  de  façonnés  comme  des  boutons  ou  des  turbans,  et 
d'aplatis  comme  des  gâteaux,  etc.  cette  diversité  de 
forme  a  fait  naître  différentes  dénominations  plus  ou 
moins  arbitraires;  on  dit  les  hérissons  en  turl3an,les 
hérissons  en  gâteau,  etc.  bonnet,  Contempl.  vat.  ii, 
23, notes.  Il  Nom  qu'on  donne  aux  poissons  des  genres 
diodon  et  tétrodon.   ||  Hérisson  blanc,  ou   barbet 
blanc,  larve  de   coccinelle.  |{  Hérisson,   nom   vul- 
gaire de  plusieurs  coquilles  du  genre  des  rochers. 
Il  Espèce  de  champignon  rameux,  bon  à  manger,  hyd- 
num  erinaceum,  bull.  ||  S.  f.  Hérissonne,  ou  mar- 
tre, chenille  du  genre  bombyx,  bombyx  caja,  fabb. 
Lorsqu'on   se  promenant   dans  le   poudrier  notre 
hérissonne  venait   à  rencontrer  le  cadavre,  elle  y 
plongeait  de  nouveau  sa  tête  et  ses  premières  jam- 
bes, comme  la  première  fois,  bonnet,  Observ.   (  "•, 
Insectes.  ||  3°  Terme  de  mécanique.  Roue  motrice 
verticale  portant  des  chevilles  ou  mentonnets  dis- 
posés comme  les  piquants  d'un  hérisson.  {|  4"  Terme 
de  guerre.   Barrière  faite  d'une  poutre  armée   de 
quantité  de  pointes  de  fer  qu'on  met  aux  portes  des 
villes  et  qui  tournf  sur  un  pivot  pour  ouvrir  ou 
fermer  le  passage.  ||  Ancien  terme  militaire.  Héris- 
son  foudroyant,  espèce  de  bombe  hérissée  de  pi- 
quants de  fer.  ||  5"  Assemblage  de  pointes  de  fer 
qu'on  met  aux  grilles  pour  empêcher  les  voleurs 
de  les  escalader.  ||  6°  Morceau  de  bois  servant  à  faire 
égoutter  la  vaisselle  lavée.  ||  7°  Rouleau  garni  de 
chevilles,  pour  écraser  les  mottes  de  terre  dans  les 
champs  labourés.  ||  8°  Terme  de  fumiste.  Tige  gar- 
nie tout  à  l'entour  de  lames  de  fer  longues  et  un  peu 
flexibles  servant  à  ramoner  à  la  corde  les  cheminées 
trop  étroites  pour  que  le  ramoneur  y  puisse  mon- 
ter. Il  9°  L'enveloppe    épineuse  de  la    châtaigne. 
Il  10°  Nom  d'un  fruit  des  Indes  orientales  de  la  figure 
et  de  la  grosseur  d'une  poire,  mais  couvert  d'une 
écorce  hérissée  d'épines,  c'est  le  fruit  du  corossol  mu- 
riqué,  anona  murieala,  L.,  anonaoées.  ||  11°  Nom 
d'une  ancienne  coiffure  en  cheveux  que  se  faisaient 
les  femmes.  Il  [le  canard  siffleur  huppé]  a  toute  la 
tête    coiffée    de   belles   plumes  rousses,  déhées  et 
soyeuses  relevées  sur  le  front  et  le  sommet  de  la 
tête  en    une    touffe  chevelue   qui   pourrait  avoir 
servi  de  modèle  à  la  coiffure  en  cheveux  dont  nos 
dames  avaient  un   moment  adopté  la  mode  sous  le 
nom  de  hérisson,  buff.  Ois.  t.  xvii,  p.  26B.  C'est 
ainsi  qu'avec  leur  maudit  hérisson  ils  me  firent  une 
tête   monstrueuse,   genlis,  Thédt.  d'éduc.  la   Co- 
lombe, gc.  3.  Il  12°  Terme  de  construction.  En  héris- 
son, se  dit  des  briques,  des  moellons  plats,  lors- 
qu'ils sont  rangés  de  champ  à  la  partie  supérieure 
d'un  mur.  Poser  des  briques  en  hérisson.  Des  murs 
terminés  en  hérisson. 
—  HIST.  XII*  s.  La  pierre  refuge  as  heriçuns,  Li- 


HÊR 

ber  psalm.  p.  (62.  Dune  [les  Normands]  s'en  cloent 
[de  peaux  de  bœufj  tut  environ,  Cum  se  ce  fust  un 
heriçon,  benoît,  ii,  5945.  Les  bores  esprit  et  aluma, 
Li  vile  art  [brûla]  toute  et  les  mesons;  Murs  abati 
et  herichons  [sorte  de  fortification],  Rou,  ms. 
p.  266,  dans  LACURNE.  Il  XIII*  s.  La  pierre  chevéeest 

refuiz  as  heriçons,  Psautier,  f"  (24 Aucune  or- 

rible  haireQui  plus  est  ague  et  poignans.  Quant  ele 
est  as  costes  joignans.  Que  ne  serait  uns  pelicons 
De  piaus  de  velus  heriçons,  la  liose,  20428.  ||  xv*  s. 
Gens  d'armes  qui  yssoient  de  Paris  touttesfois  qu'ils 
vouloient,  hors  de  Paris  pour  piller;  quant  ils  re- 
venoient,  ils  estoient  aussi  troussez  [chargés)   de 


HIÎR 


2011 


enlevé  de  son  temple  ce  qu'il  y  avait  de  plus  précieux 
pour  enrichir  les  temples  de  ses  idoles,  rollin,  llisl. 
anc.  Œuv.  t.  vi,  p.  294,  dans  pougens.  ||  Par  exten- 
sion. La  terre  sainte.  Le  Seigneur  refuse  sans  doute  à 
mes  infidélités  [c'est  saint  Louis  qui  parle]  la  con- 
solation que  j'avais  tant  souhaitée,  de  délivrer  son 
héritage,  mass.  Panégyr.  saint  Louis.  \\  Fig,  L'héri- 
tage céleste,  le  royaume  des  cieux.  Les  méchants 
n'auront  point  de  part  à  l'héritage  céleste,  à  l'héri- 
tage du  Seigneur.  S'immoler  pour  son  nom  et  pour 
son  héritage  [de  Dieu],  D'un  enfant  d'israèl  voilà  1« 
vrai  partage,  bac.  Esth.  1,  3.  j|  Proverbe.  Promesse 
de  grand  n'est  pas  héritage,  c'est-à-dire  il  ne  faut 


biens  que  fait  le  heriçon  de  pommes,  Joum.  de  jParts  pas  trop  compter  sur  les  promesses  des  grands. 
sous  Charles  VI  et  VU,  (4(7.  ||  xvi*  s.  Le  dehors  î  ||  Service  de  grand  n'est  pas  héritage,  c'est-à-dire 
et  dessus  de  sa  coquille  [de  l'oursin]  est  tout  garny  |  on  n'est  pas  toujours  assuré  de  faire  fortune  auprèt 

A'„n  T^nii  ,(„- of  ,,„,•„„ — . „„i..:  j..._  1 — ._    i  jgj  grands,  et  aussi  de  rester  à  leur  service.  Et 

service  d'autrui  n'est  pas  un  héritage,  mol.  Fem 


d'un  poil  dur  et  poignant  comme  celui  d'un  héris- 
son, aussi  ledit  poisson  s'appelle  hérisson,  pa- 
usSY,  38  et  39.  Il  a  un  hérisson  dans  le  ventre; 
s'il  ne  boit,  il  le  pique,  oudin.  Cur.  fr.  Parez  l'hé- 
risson, il  semblera  baron,  cotgrave. 

—  Etym.  Wallon,  ireson,  ureson,  iureson  ;  nam. 
i^reso»,  ni'éreson  ;  Hainaut,  hirchon,  hurchon ;  pi- 
card, hérichon,  irechon;  génev.  thiresson;  pro- 
venç. erisso,  hirisso;  espagn,  erizo;  portug.  nuriço; 
du  latin  hericius  ou  ericius,  hérisson,  qui  est  de 


sav.  II,  6. 

—  HIST.  xu*  s.  [Il  nous  faudra]  Maint  destroiten 
contrer  et  maint  autre  passage,  Ains  qu'il  nous 
toille  rien  de  no  [notre]  droit  eritage,  Sax.  xxvi. 
Il  xiii*  s.  Diex  est  assis  [assiégé]  en  son  saint  iretage 
[la  terre  sainte] ,  ouesnes,  Romancero,  p.  »3.  lincor 
le  [ce  blason]  porte  cil  qui  l'héritage  en  a,  Berte, 
cxxxi.  Et  aussi  lor  doit  on  [aux  enfants]  rendre  conte 


même  racine  que  le  grec  x^ip,  hérisson.  L'espagnol    de  lor  muebles  et  de  lor  héritages  vilains,qui  le  tient 


eriio  et  autres  viennent  de  hericius;  le  français 
hérisson  vient  d'une  forme  augmentée,  hericionem. 

t  HÉBISSONE  (hé-ri-so-n'),  s.  f.  Voy.  hérisson 
n°  2. 

HÉRISSONNE,  ÉE  (hé-ri-so-né ,  née),  adj. 
Il  1°  Terme  de  blason.  Se  dit  d'un  chat  ou  d'un  au- 
tre animal  ramassé  et  accroupi.  ||  2°  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  est  couvert  d'épines  ou  d'aiguil- 
lons grêles,  flexibles,  nombreux  ou  rapprochés. 

—  ÊTYM.  Hérisson. 
,  t  HÉRISSONNEMENT    (hé-ri-so-ne-man) ,  s.   m. 

État  de  ce  qui  est  hérisonné. 

—  HIST.  XVI'  s.  Un  petit  frisson  et  horripilation, 
ou  herissonnement  en  tout  le  corps,  paré,  xviii,  5. 

—  ÉTYM.  Iléris-ionner. 

f  HÉRISSONNER  (SE)  (hé-ri-so-né),  v.  réfl.  Re- 
dresser son  poil  ou  ses  plumes.  Ce  faucon  se  héris- 
sonne. Il  V.  a.  Terme  de  maçonnerie.  Hérissonner 
un  mur,  le  recrépir,  le  recouvrir  de  mortier  ou  de 
plâtre.  On  dit  aussi  hérisser. 

—  HIST.  xvi*  s.  D'un  parler  enroué,  d'un  poil  hé- 
rissonne, rons.  S24.  Quand  on  lisoit  quelque  chose 
de  la  saincte  Escriture  devant  lui  [un  possédé],  il 
se  herissonoit,  se  souslevoit,  et  se  tourmentoit 
bien  plus  qu'auparavant,  paré,  xix,  32. 

—  ËTYM.  Hérisson. 
t  HÉRITABLE    (é-ri-U-bl') ,   adj.  Terme   vieilli 

qu'on  a  essayé  de  rajeunir.  Dont  on  peut  devenir 
possesseur  par  droit  de  succession. 

—  HIST.  XV'  s.  Cent  livrées  de  terre  à  l'esterlin, 
heritables  à  celui  qui  premier...,  fhoiss.  1,1,  40. 

—  ÉTYM.  Hériter. 
HÉRITAGE  (é-ri-ta-j'),  s.  m.  \\  l"  Ce   qui  vient 

par  voie  de  succession.  Faire  un  grand   héritage. 
L'habit  qu'il  eut  sur  lui  fut  son  seul  héritage,  boil. 
Sat.  i.  Il  [Bernard  de  Weimar]  meurt  de  maladie  à 
la  fleur  de  son  Age,  le   (8  juillet...  ;  il  laissait  pour 
héritage  son  armée  et  ses  conquêtes,  volt.  Ann.  de 
ï Empire, -Ferdinand  III,  t63».  ||  Héritage  se   dit 
aussi  d'un  trône  qui  passe  de  rois  en  rois  dans  une 
même    famille.  Vous  lui   avez,   dites-vous,   rendu 
l'héritage  de  ses  pères,  comme  si  les  hommes  pou- 
vaient être  légués  et  possédés  ainsi  que  des  terres  et 
des  troupeaux,  raynal,  Hist.  phil.  iv,  2(.  ||  2°  Parti- 
culièrement. Les  immeubles  réels,  comme   terres, 
maisons.  Elle  [Judith]  était  parfaitement  belle,  et  son 
mari  lui  avait  laissé  de  grandes  richesses,  un  grand 
nombre  de  serviteurs  et  des  héritages  où  elle  avait 
de  nombreux  troupeaux  de  bœufs  et  de  montons, 
SACi,  Bible,  Judith,  vni,  7.  Garde7.-vous,  leur  dit-il, 
de  vendre   l'héritage  Que  nous  ont  laissé  nos  pa- 
rents; Un  trésor  est  caché  dedans,  la  font.  Fofci. 
v,  9.  ([Terme  de  jurisprudence.  Bail  d'héritage,  se 
dit  des  baux  à  rente  perpétuelle  ou  à  très-long  terme. 
Il  Héritage  féodal,   héritage  qui  était  tenu  en  fief 
et  relevant  d'un  suzerain.  Héritage  ruturier,  héri- 
tage possédé  à  cens  ou  censive ,  ou  autres  charges. 
Il  3°  Fig.  Ce  qui  arrive,  comme  arrive  un  héritage. 
Vous  n'avez  pas  la  vie  ainsi  qu'un   héritage,  cohn. 
Poly.  IV,  3.  Le  crime  d'une  mère  est  un  pesant  far- 
deau ;  Pour  mes  tristes  enfants  quel  affreuxhéritage  ! 
RAC.  Phèd.  III,  2.  Mourir  digne  devons,  voilà  mon  hé- 
ritage, volt.  Mérope,  iv,  2.  ||  4"  En  style  de  l'Écri- 
ture, l'héritage  du  Seigneur,  les  objets  précieux  qui 
étaient  dans  le  temple  à  Jérusalem.  Elle  s'était  en- 


por  eus,  el  tans  qu'il  sont  sousaagié  [mineurs], 
BEAUM.  XIV,  30.  L'eritage  si  sont  cozes  qui  ne  poent 
estre  mues  et  qui  valent  par  anées  as  signeursà  qui 
il  sont,  :d.  xxiii,  3.  Quant  li  pies  naist  d'eritagea 
amortis  qui  est  d'Eglise,  id.  lxiii,  i6.  Ame  n'est 
mie  faite  pour  tousjors  sejorner  En  ce  mescheant 
monde  qu'en  voit  tout  bestorner.  Mes  ai  bien  et  si 
bel  s'i  doit  el  atorner,  Qu'en  son  droit  heritaige 
puisse  tost  retorner,  J.  de  meung.  Test.  300.  ||  xiv*  s. 
Les  delettacions  corporeles  ont  aussi  comme  pris 
par  héritage  le  non  de  delettacion,  oresme,  Eth.  223. 
il  XV*  s.  Ce  fut  grand  pitié  quand  il  leur  convint 
[aux  habitants  de  Calais  expulsés  par  Edouard] 
guerpir  leurs  beaux  hostels,  leurs  héritages  [pro- 
priétés] ,  leurs  meubles  et  leurs  avoir  ;  car  rien 
n'emportèrent,  froi.ss.  i,  i,  323.  Je  vous  advertis 
que  amours  de  femme  n'est  pas  héritage;  ello» 
ayment  aujourd'huy  ung  homme  et  demain  ung 
aullre,  Percefor.  t.  vi,  f'  42.  ||  xvi'  s.  Partie  de  ces 
terres  se  bailloit  à  ferme  ou  à  rente  aux  pauvres 
citoyens  qui  n'avoient  point  d'héritage,  amyot,  les 
Gracques,  (O.  De  jeune  advocat  héritage  perdu, 
COTGRAVE.  Vie  n'est  pas  héritage,  id. 

—  ÈT^U.  Hériter  ;  provenç.  heretalge  ;  anc.  esp. 
heredage  ;  ital.  ereditaggio.  Au  xvi'  siècle,  on  pro- 
nonçait heritaige,  dit  Paisgrave,  p.  8. 

HÉRITÉ,  ÉE  (é-rité,  tée),  part,  pax^^  d'hériter. 
Un  domaine  hérité  des  aïeux.  ||  Fig.  Mais  disposer 
d'un  sang  que  j'ai  reçu  sans  tache  I  Avant  que  le 
souiller,  il  faut  qu'on  me  l'arrache;  J'en  dois 
compte  aux  aïeux  dont  il  est  hérité,  X  toute  leur 
famille,  à  la  postérité,  corn.  D.  Sanche,  m,  4. 

HÉRITER  (é-ri-té),  v.  n.  ||  1°  Recueillir  une  suc- 
cession. Il  hérite  beaucoup,  «ol.  l'Ét.  11,  3.  Théra- 
mène  était  riche  et  avait  du  mérite;  il  a  hérité,  il 
est  donc  très-riche  et  est  d'un  très- grand  mérite; 
voilà  toutes  les  femmes  en  campagne  pour  l'avoir 
pour   galant,   et   toutes  les   filles  pour  épouseur, 

LA  BRUY.  VII Procréez  des  enfants  Qui  puissent 

hériter  de  vous  en  droite  ligne,  regnard,  Légat,  v, 
8.  Ah!  doit-on  hériter  de  ceux  qu'on  assassine'/ 
CRÉB.  Rhad.  II,  2.  Ses  parents  seulement  étaient 
affligés,  car  ils  n'héritaient  pas,  volt.  Zadig,  t. 
Il  Devenir  propriétaire  d'une  chose  par  droit  de  suc- 
cession. Il  a  hérité  d'une  maison.  I|  Fig.  Roi,  je 
n'hérite  point  des  différents  du  prince,  rotr.  Fen- 
cesl.  v,  9.  Il  me  semble  que  l'amour  que  nous 
avions  pour  mon  père  ne  doit  pas  être  perdu,  et 
que  nous  devons  principalement  hériter  de  l'affec- 
tion qu'il  nous  portait,  pour  nous  aimer  encore  plus 
cordialement  s'il  est  possible,  pasc.  Lett.  sur  ta 
mort  de  son  père.  De  votre  injuste  haine  il  n'a  pas 
hérité,  BAC.  Phèdre,  v,  3.  Le  désir  d'hériter  de  sa 
gloire  [d'Achille]  dans  cette  guerre  [de  Troie]  m'en- 
gageait [moi,  Néoptolème]  à  suivre  les  Grecs,  fén. 
Tél.  XV.  Elle  [cette  noblesse]  manque  et  s'éteint  en 
nous,  dès  que  nous  héritons  du  nom  sans  hériter 
des  vertus  qui  l'ont  rendu  illustre,  uass.  Pet.  car- 
Grand,  de  J.  C.  Il  2°  Il  s'emploie  activement  aussi. 
C'est  une  maison  qu'il  a  héritée  de  son  père,  la 
BRUY.  Théophr.  xxiii.  ||  Fig. Vous  avez  hérité  ce  nom 
de  vos  aïeux,  cohn.  Sertor.  lu,  2.  11  (Apinus  Clau- 
dius]  avait  hérité  de  son  père  son  altacliement  in- 
violable pour  les  intérêts  du  sénat,  vertot,  Jl<'to^ 
rom.  liv.  iv.  Père  aveugle  et  barbare!  impitoyable 


core  emparée  de  l'héritage  du  Seigneur,  et  avait   mère!  Pauvres,  vous  fallait-il  mettre  au  jour  un 


2012 


HÉR 


cnfent  Oui  n'héritJt  de  vous  qu'une  afTieuse  imli- 

gencc,  oiLH.  Plaintes  du  malheureux La  gloire 

au  prix  du  s;ing  I  Les  eiifanls  héritant  l'iniquité  du 
père!  lamart.  Ilédit.  i,  7. 

—  lilST.  xii'  s.  Sa  fille  à  femme  li  dona,  Et  de  sa 
terre  l'irela,  Brut,  t.  i,  p.  (3o.  H  xiu"  s.  11  avient 
liien  que  li  pères  et  le  [la]  mère  aiment  tant  l'un 
de  lor  enfans  plus  des  autres,  qu'il  vorroient  qu'il 
(least  cstre  hérités  du  tout  le  lor,  beaum.  xiv,  I5. 
L'air  [hoir]  qui  irrite  as  biens  de  celui  qui  est  plege 
et  dette,  est  tenus  par  la  raison  de  la  detterie  de 
respondre  li  ont  [de  lui  en  répondre]  et  paier  le 
corne  autre  dette,  Ass.  de  Jérus.  i,  205.  Miex  les 
hériteras  [les  enfants]  se  tu  bien  les  doctrines,  Que 
se  tu  leur  Icssoies  d'or  et  d'argent  dix  mines,  i.  iiE 
MEUNG,  Test.  :i»3.  Il  XVI*  S.  Ayant  hérité  à  la  sei- 
gneurie de  son  feu  père,  yveb,  p.  032.  Tu  n'as  pas 
les  mortels  favorisez  ainsi,  Que  tu  as  héritez  de 
peine  et  de  souci,  De  vieillesse  et  de  mort,  qui  est 
leur  vray  partage... ,  rons.  838.  Or  ay  je  un  frère  au 
quel  la  coustumc  donne  tous  les  biens  de  nostre 
maison  ;  par  quoy  me  voiant  jeune  et  peu  hérité, 
me  suis  mis  à  suivre  les  aventures,  D.  Floret  de 
Grèce,  f"  cxvi,  daus  i.acurne. 

—  ÊTYM.  Provenç.  heretar  ;  espagn.  heredar  ; 
portug.  herdar;  ital.  eredare;  du  lat.  heredilare,  de 
hères  (voy.  hoir).  Dans  l'historique,  hériter  a  sou- 
vent le  sens  de  rendre  héritier. 

I.  HÉRITIER,  1ERE  (é-ri-tié,  tiè-r'),  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Celui,  celle  qui,  d'après  la  loi,  hérite  ou  qui 
doit  hériter  de  quelqu'un.  Héritier  naturel,  légitime. 
Quoiqu'étant  sortis  de  la  boue,  ils  (certains  favoris] 
no  soient,  à  bien  dire,   parents   de  personne,   ils 
croient  être  héritiers  de  tout  le  monde,  Balzac,  De 
la  cour,  7'  dise.  Je  le  fais  roi  de  Pont  et  mon  seul 
héritier,  corn.  Nicom.  iv,  4.  Je  ne  veux  d'héritiers 
/juc  votre  Rome,  ou  vous,  id.  Sertor.  v,  7.  Recon- 
nais l'héritier  et  le  vrai  fils  d'Atrée,  rac.  Iphig.  v, 
4.  Déplorable  héritier  de  ces  rois  triom|>hants,  id. 
Athal.  I,  1.  L'héritier  prodigue   paye  de  superbes 
funérailles  et  dévore  le  reste,  la  bruy.  vi.  Tous  les 
hommes,  par  les  postes  différents,  par  les  titres  et 
par  les  successions,  se  regardent  comme  héritiers 
les  un»  des  autres,  et  cultivent  par  cet  intérêt,  pen- 
dant tout  le  cours  de  leur  vie,   un  désir  secret  et 
enveloppé  de  la  mort  d'autrui,  id.  ib.  Que  me  sert-il 
d'avoir  une  avide  cohorte  D'héritiers  qui  toujours 
veille  et  dort  à  ma  porte.  De  gens  qui,  furetant  les 
clefs  du  coffre-fort.  Me  détendront  mon  lit  peut-être 
avant  ma  mort?  ebgnard.  Légat,  i,  4.  Non,  je   ne 
connais  pas  de  plus  charmant  plaisir  Que  de  voir 
d'héritiers  une  troupe  affligée.  Le  maintien  interdit 
et   la  mine  allongée.  Lire  un  long  testament  où, 
pâles,  étonnés.  On  leur  laisse  un  bonsoir  avec  un 
pied  de  nez,  id.  tft.  Tous  les  descendants  qui  vi- 
vaient sous  la  puissance  du  pcre  qu'on  appela  héri- 
tiers-siens, MONTESQ.  Esp.  xxvii,  1. 1|  Héritier  béné- 
ficiaire, celui  qui  accepte  la  succession  sous  bénéfice 
d'inventaire.     Héritier    fidéicommissaire,    héritier 
institué  pour  rendre  la  succession  à  une  autre  per- 
sonne. Il  Héritier    présomptif,    voy.    présomptif. 
Il  Adjectivement.   Car  telle  est  la  gent  héritière; 
Vous   lui   laissez  des   monceaux  d'or;   Elle  plaint 
au  défunt  le  bûcher  ou  la  bière,  la  motte,  Fabl. 
,  )9.   Il  2°  Il  se  dit  par  rapport  à  la  chose  dont 
jn    hérite.    Héritier  d'une  grande  fortune.  On  la 
regardait  [Marie -Thérèse]   en   Espagne   non   pas 
comme  une  infante,  mais  comme  un  infant;  car 
c'est  ainsi  qu'on  y  appelle  la  princesse  qu'on  recon- 
naît comme  héritière  de  tant  de  royaumes,  Boss. 
Mar.-Thér.  Le  crime  d'en  avoir  dépouillé  l'héritière 
[du  trône],  rac.  Brit.  u,  3.  ||  Fig.   Se  montrer  le 
digne  héritier  de  la  gloire  de  ses  ancêtres.  Ces  deux 
syllabes  précieuses  Qui   font  ensemble  votre  nom 
[Condé],  Seront  [après  votre  mort]   de  tout  votre 
renom  Les  héritières  glorieuses,  voit.  Œuvres,  t.  n, 
p.  SOI.  Il  est  né  l'enfant  du  miracle.  Héritier  du 
sang  d'un   martyr,    lamart.  ilédit.  i,  )5.  ||  3°  Se 
dit   pour   enfant,   à   cause   que   les  enfants   sont 
les  héritiers  naturels.    Sa   femme   ne    lui  a   point 
donné   d'héritier.  Talestris,   reine  des  Amazones, 
avoua  à  Alexandre  qu'elle  se  croyait  digne  de  don- 
ner des  héritiers  à  son  empire,  vaugelas,  Q.  C.  vi, 
6.  Latin  d'héritier  n'avoit  point.  Oui  portât  chausse» 
et  pourpoint;  Mais  il  avait  une  héritière,  Kille  sans 
tache  et  fort  entière,  scarron,  Virg.  vu.  L'empire 
vainement  demande  un  héritier,  bac.  Brit.  ii,  2. 
Ma  famille   ne  craint  rien  tant  que  de  me  voir  un 
petit  héritier,  et  je  fais  tout  mon  possible  pour  leur 
donner  ce  chagrin-là,  dancourt,  la  Gazette,  se.  il. 
Il  4"  S.  f.  Héritière,   fille  unique   qui  doit  hériter 
d'une  grande   succession.  Cette  belle  vaut  mieux 
que  la  plus  grande  héritière  de  France,  sEv.  8.  La 


HER 

plupart  des  riches  héritières,  pour  qui  1  équitable 
nature  semble  avare  de  ses  richesses,  à  mesure 
qu'elles  sont  comblées  de  celles  de  la  fortune,  iia- 
MiLT.  Gramm.  7.  Mme  de  Richelieu  était  franche 
héritière,  c'est-à-dire  riche,  laide  et  maussade, 
ST-siM.  353,  157.  ||  B°  S.  f.  Héritière,  nom  donné 
successivement  à  plusieurs  plantes,  en  souvenir  du 
botaniste  l'Héritier.  ||  Proverbe.  Il  a  affaire  à  la 
veuve  et  aux  héritiers,  c'est-à-dire  il  a  affaire  à 
plusieurs  parties,  il  faut  qu'il  réponde  à  plusieurs 
personnes. 

—  HIST.  xii*  s.  Tant  qu'en  France  mourut  li  rois 
sans  héritier,  Sax.  iv.  ||  xiV  s.  C'est  [la  lèpre]  une 
maladie  contagieuse  et  héritière,  car  elle  passe  d'un 
à  autre  et  en  héritage,  lanfranc,  f"  44.  ||  xv"  s.  Et 
veoient  [ceux  d'Évreui],  si  voir  vouloient,  leur 
jeune  héritier  [c'est-à-dire  qui  tenait  leur  ville  en 
héritage]  Charles  de  Navarre,  froiss.  ii,  ii,  27. 
Il  xvi"  s.  L'héritier  à  plain,  c'est  à  dire  héritier  sim- 
ple, n'est  tenu  d'acquiescer  au  testament  du  dit 
deffunt  et  iceluy  accomplir  en  ce  que  le  testateur  au- 
roit  disposé  outre  et  par  dessus  ce  qui  leur  est  per- 
mis par  la  ditte  coustume,  Coust.  génér.  1. 1,  p.  524. 

—  ÊTYM.  Provenç.  heretier,  eretier;  espagn.  he- 
rcdero;  portug.  Iterdeiro;  du  lat.  hereditarius,  de 
hereditare,  hériter. 

t  2.  HÉRITIER  (é-ri-tié),  s.  m.  Morceau  en 
pointe. Il  Richelet  dit  que  c'est  une  corruption  pour 
arêtier. 

t  HERMANDAD  (èr-man-dad)  ou  SAINTE-HER- 
IMANDAI),  s.  f.  Sorte  de  confrérie  formée  en  Es- 
pagne vers  le  xvi"  siècle  contre  le  meurtre  et  le 
pillage,  et  qui  fut  plus  tard  organisée  administra- 
tivement. 

—  Érv.M.  Espagn.  hermandad,  fraternité,  de  her- 
mano,  frère,  du  latin  germantis,  frère. 

HERMAPHRODISME  (èr-ma-fro-di-sm'),  s.  m. 
Il  1°  Terme  de  tératologie.  Réunion  de  quelques- 
uns  des  caractères  des  deux  sexes  dans  un  seul  in- 
dividu. Il  2°  Terme  d'histoire  naturelle.  Réunion  des 
deux  sexes  chez  certains  animaux  des  classes  infé- 
rieures et  dans  certaines  plantes.  ||  On  dit  aussi  her- 
maphrodie. 

—  ÉTYM.  Voy.  HERMAPHRODITE. 
HERMAPHRODITE    (èr-ma- fro-di -f),    s.     m. 

Il  1»  Terme  de  mythologie.  Personnage  divin,  fils 
de  Mercure  et  de  Vénus.  ||  Se  dit  de  statues  antiques 
couchées  dans  lesquelles  se  trouvent  combinées  les 
formes  et  les  beautés  de  l'homme  et  de  la  femme. 
L'hermaphrodite  de  Polyclète  était  très-célèbre  dans 
l'antiquité.  ||2"  Par  extension,  être  humain  auquel 
on  attribue  les  deux  sexes.  La  pieuse  Mme  de  Bouri- 
gnon  était  sûre  qu'Adam  avait  été  hermaphrodite, 
comme  les  premiers  hommes  du  divin  Platon,  volt. 
Dict.  phil.Adam.  ||  3°  Terme  de  tératologie.  Individu 
humain  qui  réunit  quelques-uns  des  caractères  des 
deux  sexes.  L'on  n'a  aucun  fait  avéré  au  sujet  des 
hermaphrodites,  et  la  plupart  des  sujets  qu'on  a  cru 

être  dans  ce  cas  n'étaient  que  des  femmes buff. 

//t»(.  antm.  ch.  10.  Il  Fig.  Du  langage  français  bi- 
zarre hermaphrodite.  De  quel  genre  te  faire,  équi- 
voque maudite  Ou  maudit?  boil.  Sot.  xii.  ||  Terme 
d'alchimie.  Se  dit  du  mercure,  que  les  alchimistes 
regardaient  comme  susceptible  de  se  multipUer, 
comme  contenant  en  soi  le  mâle  et  la  femelle. 
114°  Adj.  Terme  de  zoologie.  Qui  a  les  deux  sexes. 
Pourquoi  un  autre  animal  est-il  hermaphrodite, 
sans  pouvoir  néanmoins  se  féconder  lui-même? 
BONNET,  Consid.  corps  org.  Œuv.  t.  vi,  p.  iifl, 
dans  POLGENS.  ||  Terme  de  botanique.  Se  dit  d'une 
plante  qui  réunit  les  deux  sexes  dans  une  même 
fleur.  Dans  les  espèces  de  plantes  les  plus  commu- 
nes, les  deux  sexes  sont  réunis  sur  une  même  fleur, 
à  laquelle  on  a  donné  le  nom  de  fleur  hermaphro- 
dite, coxDORCET,  Linné. 

—  HIST.  nu'  s.  L'en  demande  à  qui  l'en  doit  com- 
paigner  hermofronditus,  qui  ot  nature  d'ome  et  de 
famé?  et  je  respons  :  à  la  partie  dont  il  i  a  plus, 
il»,  de  just.  55.  Il  XVI*  s.  Des  hermafrodites  ou  an- 
drogynes,  c'est  à  dire  qui  en  un  mesme  corps  ont 
deux  sexes....  et  partant  sont  appelés  en  nostre  lan- 
gue fi-ançoise  hommes  et  femmes....  Hermafrodite 
masle....  Femme  hermafrodite....  Hermafrodites  qui 
ne  sont  ni  l'un  ni  l'autre....  pare,  xix,  n. 

—  ÉTYM.  Provenç.  hermafrodita;  ital.  ermafro- 
dito;  de  "EpjiaçpiSito;,  personnage  mythologique 
aj-ant  les  deux  sexes,  de  'Epy.f,.,  Hermès,  et  'Afpo- 
8iT»i,  Vénus  (il  était  fils  de  Mercure  et  de  Vénus). 

t  HERK;îLLE  (èr-mè-P),  s.  f.  Terme  d'helmin- 
thologie.  Genre  de  vers  à  sang  rouge. 

HERMÉNEUTIQUE  (èr-mé-neu-li-k'),  adj.  Terme 
de  philologie.  Qui  interprète  les  textes  sacrés.  L'art 
herméneutique.  ||  S.  f.  L'herméneutique  sacrée,  ou, 


HER 

simplement,  l'herméneutique,  l'art  d'interpréter  les    ' 
livres  sacrés.  ||  L'herméneutique,  se  dit  aussi,  en  ju- 
risprudence,   de   l'interprétation    des  sources    du 
droit. 

—  ÉTYM.  'Ep|j.Tiv£Ûeiv,  interpréter,  de  'Eiiii);,  Mer- 
cure, à  cause  que  ce  dieu  est  le  dieu  de  la  parole. 

HERMÈS  (èr-mês'),  î.  m.  ||  1*  Terme  de  sculp- 
ture. Gaine  portant  une  tête  de  Mercure.  ||Se  dit, 
en  général,  d'une  statue  de  Mercure.  1|  2"  Hermès 
trismégisle,  c'est-à-dire  Hermès  trois  fuis  grand, 
personnage  auquel  on  attribuait  une  très-haute  an- 
tiquité, et  un  livre  composé  d'idées  religieuses  et 
philosophiques  de  source  égyptienne  et  grecque;  ce 
livre  est  postérieur  à  l'ère  chrétienne.  ||  3°  L'art 
d'Hermès,  ainsi  dit  d'Hermès  trismégiste,  la  pierre 
philosophale,  l'alchimie.  ||  Le  minéral  d'Hermès,  le 
mercure.  Là  de  l'antique  Hermès  le  minéral  fluide 
S'élève  au  gré  de  l'air  plus  sec  ou  plus  humide,  co- 
lardeau,  Ép.  à  Duhamel.  ||  4*  Titre  d'une  gram- 
maire de  James  Harris,  grammairien  anglais,  mort 
en  1780.  Il  Titre  d'un  recueil  périodique,  l'Ilermet 
romanus.  \\  5°  Terme  d'astronomie.  La  26*  tache  de 
la  lune. 

—  ÉTYM.  'EÇ'V.fii,  Mercure,  qui  répond  au  san- 
scrit Sarameyas,  chien  céleste,  fils  de  Saramâ, 
conduisant  les  âmes  des  morts  à  leur  dernière  de- 
meure. 

f  HERMÉTICITÉ  (èr-mé-ti-si-té) ,  s.  f.  Qualité  de 
ce  qui  est  clos  hermétiquement.  L'herméticité  com- 
plète d'un  apparelL 

HERMÉTIQUE  (èr-mé-ti-k'),  adj.  ||  1*  Terme  d'ar- 
chéologie. Colonneshermétiques,  colonnes  surmon- 
tées d'un  hermès.  ||  Terme  d'architecture.  Colonne 
hermétique,  colonne  qui  a  une  tête  d'homme  au 
lieu  de  chapiteau.  ||  2*  Oui  appartient  aux  doctrines 
d'Hermès  trismégiste.  Science,  philosophie  hermé- 
tique. Livres  hcnnétiques.  Cosmogonie  hermétique. 
]|  3°  Qui  appartient  à  la  science  du  grand  œuvre,  à 
ia  connaissance  de  la  transmutation  des  métaux,  à 
l'alchimie.  ||  Médecine  hermétique  ou  spagirique, 
médecine  surtout  chimique  dont  on  supposait  que 
les  moyens  de  guérison  qu'elle  employait  avaient 
été  trouvés  dans  les  livres  d'Hermès.  ||  4°  Fermeture 
hermétique,  fermeture  parfaite  que  l'on  obtient  en 
faisant  fondre  les  bords  du  vase  que  l'on  veut  clore 
ces  fermetures  viennent  de  l'art  hermétique  ou  al- 
chimie. Il  Appareils  hermétiques,  appareils  dont  la 
clôture  est  parfaite. 

—  ÊTYM.  Hermès. 

HERMÉTIQUEME.VT  (èr-mé-ti-ke-man),  adv. 
Terme  de  chimie.  Fermer  un  vase  hermétiquement, 
le  sceller  de  sa  propre  matière  par  le  moyen  du 
feu.  afin  que  rien  n'en  puisse  sortir  ni  s'en  déga- 
ger. Il  Par  extension.  Un  vase  est  hermétiquement 
fermé,  lorsqu'il  est  clos  de  manière  à  ne  pas  per- 
mettre l'entrée  de  l'air  et  à  ne  rien  laisser  échapper 
de  ce  qu'il  contient,  même  les  principes  les  plus  vo- 
latils. Il  Par  une  autre  extension,  il  se  dit  de  toutce 
qui  est  bien  fermé.  Une  fenêtre  hermétiquement 
fermée.  ||  Fig.  Jamais  rien  de  si  hermétiquement 
bouché  [que  d'Aguesseau]  en  fait  de  finances  ni  de 
si  incapable  d'y  rien  entendre,  st-sim.  480,  217. 

—  ÊTYM.  Hermétique,  et  le  suffixe  toctU. 

f  HERMI  (èr-mi),  s.  m.  Voy.  marquette,  bIlr  t. 

f  HERMIEN  (èr-miin) ,  s.  m.  Sectateur d'Hermias, 
hérétique  du  ii*  siècle  qui  disait  Dieu  corporeL 

HERMINE  (èr-mi-n'),  s.  f.  ||  1°  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  marte  blanche  (mammifères  digitigra- 
des), dont  la  peau  fournit  une  belle  fourrure.  La 
belette  à  queue  n^  ire  s'appelle  hermine  et  roselet, 
hermine  lorsqu'elle  est  blanche,  roselet  lorsqu'elle 
est  rousse  ou  jaunâtre,  buff.  Quadrup.  t.  ii,  p. 286. 
Une  hermine ,  un  castor,  un  jeune  sanglier.  Cadets 
de  leur  famille  et  partant  sans  fortune.  Dans  l'es- 
poir d'en  acquérir  une  Quittèrent  leur  forêt,  leur 
étang,  leur  hallier,  flobian,  Fabl.  m,  13.  (|  2°  Four- 
rure faite  avec  de  la  peau  d'hermine.  Nos  magistrats 
ont  bien  connu  ce  mystère  [pouvoir  de  l'imagina- 
tion] :  leurs  robes  rouges,  leurs  hermines  dont  il» 
s'emmaillottent  en  chats  fourrés...,  pasc.  Puiss. 
trompeuses,  Imagin.  2,  éd.  facgèrf..  Endosser  l'c- 
carlate  et  se  fourrer  d'hermine,  boil.  Sat.  viu. 
Sans  sortir  de  leurs  lits  plus  doux  que  leurs  her- 
mines, ID.  Lutr.  i.  Il  Fig.  Une  robe  d'hermine,  une 
innocence  sans  tache.  |{  8"  Terme  de  blason.  Une 
des  deux  fourrures,  comme  le  vair  est  l'autre;  c'est 
un  champ  d'argent  semé  de  petits  triangles  de 
sable.  Les  ducs  de  Bretagne  portaient  d'hermine. 
Il  4°  Nom  vulgaire  du  cOne  capitaine,  sorte  de 
coquille,  disent  certains  auteurs,  tandis  que  d'au- 
tres ont  un  cdne  capitaine  et  un  cône  hermine, 
legoarant. 

—HIST.   XIII*  s.  Cief  a  [elle  a  la   tête]  reond  et 


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HËR 


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2013 


blonde  crine,  Plus  blanc  le  front  que  n'est  hermine, 
t'I.  et  Bl.  2876.  Il  xv  Draps  fourrés  d'ermine,  froiss. 
1,  I,  273.  Luy  et  son  destrier  tout  housse  de  très 
fines  armines,  Jeh.  de  Saintré,  ch.  Bo.  ||  xvi'  s.  Au- 
cune fois  aux  fosses  devalloye  Pour  trouver  là  des 
gistes  des  fouines.  Des  hérissons  ou  des  blanches 
hermines,  mahot,  i,  2)7. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ermini;  espagn.  armino; 
ital.  armellino,  ermellino;  du  latin  armenius,  ar- 
ménien, parce  que  cette  sorte  de  fourrure  venait 
d'Arménie.  On  disait  aussi  ermin,  adj.  et  subst. 

HERMINE,  ÉE  (èr-mi-né,  née),  part,  passé 
d'herminer.  ||  1°  Fourré  d'hermine.  C'est  [le  couvre- 
chef]  une  coiffure  basse,  de  simple  toile  de  Hol- 
lande, fort  longue,  mais  plus  courte  de  beaucoup 
que  la  queue  herminée  de  la  robe  [de  veuve],  st- 
siM.  262,  7.  Il  2°  Terme  de  blason.  Pièces  hermi- 
nées,  pièces  dont  le  fond  est  d'argent  moucheté  de 
noir.  J'ai  pris  un  lion  hermine,  quand  j'ai  vu  que 
ce  sont  nos  véritables  armes,  maintenon,  Lett.  à 
M.  d'Aubigné,  6  oct.  4682.  ||  3"  Terme  de  manège. 
Balzane  herminée,  balzane  présentant  des  taches 
noires,  simulant  celle  de  la  fourrure  d'hermine. 

f  UERMINÉE  (èr-mi-nce),  s.  f.  Espèce  de  phalène. 

■fuERMlNER  (èr-mi-né) ,  V.  a.  Fourrer  d'hermine. 

—  HIST.  XVI"  s.  Ceux  delà  Jousseliniere  descendus 
du  mesme  estoc  ont  depuis  hermine  leur  lion,  d'aub. 
Tie,  7). 

—  ÉTYM.  Hermine. 

HERMINE'rTE(èr-mi-nè-t'),s./'.  Voy.  erminette. 

t  HERMINITE  (èr-mi-ni-f),  s.  f.  Terme  de  bla- 
son. Fond  blanc  tacheté  de  noir,  avec  mélange  de 
rouge  dans  chaque  tache  noire. 

UERMITAGE,  s.  m.  Voy.  ERMITAGE. 

HERMITE,  s.  m.   Voy.  ermite. 

tHERMODACTE  (èr-mo-da-kt')  ou  HERMODATTE 
(èr-mo-da-f),  s.  f.  Nom  donné,  dans  le  commerce 
de  la  droguerie,  à  dos  tubercules  qui  sont  apportés  du 
Levant  par  Marseille,  et  que  beaucoup  pensent  pro- 
venir d'une  espèce  de  colchique.  ||  Fausse  hermo- 
dacte  ou  faux  hermodactyle,  nom  donné  aux  rhi- 
zomes secs  de  l'iris  tubéreux  de  Linné. 

—  HIST.  XVI'  s.  Au  lieu  du  sabin  on  prendra  de 
la  pouldre  de  hermodacte  bruslée,  rAnÉ,  v,  i. 

—  ÉTYM.  'Epno8di/.TU>,ov,  quintefeuille,  de  'Epiiîji;, 
Mercure,  et  6ixxu).oi;,  doigt. 

t  HERMODACTYLE  (èr-mo-da-kli-l'),  s.  m.  Voy. 
HEHMODACTE. 

t  HERMOGÉNIEN  (èr-mo-jé-niin) ,  s.  m.  ||  1°  Dis- 
ciple d'Hermogène,  qui  vivait  en  Afrique  au  com- 
mencement du  III"  siècle  et  qui  rejetait  la  Trinité. 
Il  8°  Adj.  Code  hermogénien,  supplément  ajouté  au 
Code  grégorien  par  le  jurisconsulte  Hermogène. 

t  HERMOGRAPHIE  (èr-mo-grafie),  s.  f.  Des- 
cription de  la  planète  Mercure. 

—  ÉTYM.  Hermès,   Mercure,  et  ypiçEiv,  décrire. 

t  HERNANDIE  (èr-nan-die),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Genre  de  plantes  d'Amérique  de  la  famille 
des  laminées. 

UËRMAIRE  (hèr-ni-ê-r'),  adj.  Terme  de  chirur- 
gie. Oui  appartient  aux  hernies.  ||  Sac  herniaire, 
portion  du  péritoine  qui  se  prolonge  sous  forme  de 
sac  au  devant  des  parties  herniées.  |i  Chirurgien  her- 
niaire, chirurgien  qui  s'occupe  du  traitement  des 
hernies.  ||  Bandages  herniaires,  bandages  destinés  à 
contenir  les  hernies. 

—  ÉTYM.  Hernie. 

HERME  (hèr-nie),  s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Tu- 
meur produite  par  la  sortie,  hors  du  ventre,  d'une 
anse  intestinale,  d'une  portion  d'épiploon,  ou  d'une 
partie  d'un  viscère  abdominal.  De  vives  et  fréquen- 
tes attaques  de  mes  rétentions  se  compliquèrent 
avec  l'incommodité  nouvelle  d'une  hernie  qui  mo 
tourmentait  depuis  quelque  temps,  sans  que  je  susse 
que  c'en  était  une,  j.  j.  rolss.  Confess.  x.  ||  Réduire 
une  hernie,  faire  rentrer,  à  l'aide  du  tasis,  dans  le 
ventre  les  parties  sorties.  ||  Hernie  étranglée,  hernie 
dans  laquelle  les  bords  de  l'ouverture  se  resserrent 
sur  la  partie  échappée,  la  serrent  et  y  produisent 
un  étranglement.  Opérer  une  hernie  étranglée.  ||  Par 
extension,  toute  tumeur  formée  par  le  déplacement 
d'un  viscère,  ou  d'une  portion  de  viscère  qui  s'é- 
cliappe  de  sa  cavité  naturelle  par  une  ouverture 
quelconque.  Hernie  du  poumon.  Hernie  du  cerveau. 

—  HIST.  XVI* s.  Réduisant  une  hargne,  si  on  oit 
des  vents  comme  un  gargouillement,  on  la  juge  in- 
testinale, PABÉ,  Introd.  2a. 

—  ÉTYM.  Provenç.  et  espagn.  fterma;  ital.  ernia; 
(lu  lat.  hcrnia,  hernie.  Hargne  s'est  dit  jusqu'au 
XVII"  siècle  :  Quoique  bien  fort  incommodé  D'une 
hargne...,  ecakr.  Virg.  vi;  il  était  conforme  à  l'ac- 
centuation du  latin  hérnia,  tandis  que  hernie  n'en 
est  que  le  calque. 


t  HERNIE,  ÉE  (lièr-ni-é,  ée),  adj.  Sorti  par  her- 
nie. Une  anse  d'intestin  herniée.  Le  taiis  fit  rentrer 
les  parties  herniées. 

t  HERNIER  (hèr-nié),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Morceau  de  bois  cylindrique  suspendu  par  une  pou- 
lie et  percé  de  trous  dans  lesquels  passent  les  petits 
cordages  destinés  à  soutenir  la  toile  d'une  tente. 

t  HERNlEUX,EUSE(hèr-ni-eû,  eù-z'),aJj.  Terme 
de  chirurgie.  Qui  est  incommodé  d'une  hernie. 

—  HIST.  xvi"  s.  Un  goutteux,  un  hernieux,  mont. 

IV,    275. 

—  ÉTYM.  Lat.  herniosus,  de  hernia,  hernie. 

UERNIOLE  (hèr-ni-o-r),  ».  f.  Terme  de  botani- 
que. Petite  plante  à  Heurs  verdâtres,  qu'on  appelle 
aussi  turquette,  herbe  au  cancer,  hemiaria  gla- 
bra,  L.  (paronychiées). 

—  HIST.  XVI"  s.  Herbe  au  turc,  appelée  aussi  her- 
mole,  aime  terre  sablonneuse  et  sèche,  o.  de  serres, 

624. 

—  ÉTYM.  Herriie,  à  cause  que  cette  plante  a  été 
employée  en  cataplasme  contre  cette  affection;  s'il 
en  est  ainsi,  hermole  dans  0.  de  Serres  serait  une 
faute. 

t  HERNIOTOMIE  (lièr-ni-o-to-mie),  s.  f.  Terme 
de  chirurgie.  Opération  de  la  hernie  étranglée. 

—  ÉTYM.  Hernie,  etTojir),  incision. 
UERNUTE  (hèr-nu-f),  s.  m.  Nom  donné  à  des 

sectaires  chrétiens  qui  se  distinguent  par  une  grande 
pureté  de  mœurs.  On  les  appelle  aussi  frères  mo- 
raves.  Un  honnête  hernute.  Une  jeune  hernute. 

—  ÉTYM.  Allem.  Herrenhuter,  de  Herrenhul,  lo- 
calilédelahaute  Lusace,  où  les  frères  moraves  com- 
mencèrent à  former  une  colonie  autour  du  village 
de  liethelsdorf  appartenant  au  comte  de  Zinzendorf, 

t  HERNUTISME  (hèr-nu-ti-sm'),  s.  m.  Docirine 
(les  hernutes;  leur  manière  de  vivre  qui  est  une 
sorte  de  roramunisme, 

HÉRODIENS  (é-ro-diin),  s.  m.  pi.  Gens  qui,  chez 
les  Juifs,  faisaient  profession  d'honorer  la  mémoire 
du  roi  Hérode,  qui  avait  rebâti  le  temple  ;  il  en  est 
fait  mention  dans  l'Évangile  de  saint  Matthieu  et 
dans  celui  de  saint  Marc. 

t  HÉROÏClTÉ(é-ro-i-si-té),  s.  f.  Qualité  de  ce  qui 
est  héroïque.  L'héroïcité  du  mérite  se  déclare,  le  p. 

COURBEVILLE,  dans    DESFONTAINES. 

—  ÉTYM.  Héroïque. 

HÉROÏ-COMIQUE  (é-ro-i-ko-mi-k') ,  adj.  Qui  tient 
de  l'héroique  et  du  comique,  LeLutrinest  un  poème 
héroï-comique.  Le  Voyage  de  Charlemagne  à  Jéru- 
salem, composition  du  xii*  siècle,  est  un  poëme 
héroi-comique, 

—  ÉTYM,  Héroïque,  et  comique.  Héroico-come'die, 
mot  introduit  en  4650,  Hist.  du  th.  fr.t.  vu,  p.  273. 

HÉROÏDE  (é-ro-i-d'),  s.  f.  ÉpUre  amoureuse  en 
vers  composée  sous  le  nom  de  quelque  héros  ou 
d'un  pereonna^ïe  fameux.  Mon  petit  la  Harpe  a  fait 
une  réponse  à  l'abbé  de  Rancé  ;  cet  abbé  de  Rancé 
avait  écrit  ce  qu'on  appelle,  je  ne  sais  pourquoi,  une 
héroide  à  ses  moines;  M.  de  la  Harpe  fait  répondre 
un  moine  qui  assurément  vaut  mieux  que  l'abbé, 
VOLT.  Lett.  Chabanon,  48  mars  1767.  En  insérant 
dans  le  ifercureune  héroïde  deColardeau,je  fis  sen- 
tir combien  le  style  de  ce  jeune  poète  approchait, 
par  sa  mélodie,  sa  pureté,  sa  grâce  et  sa  noblesse, 
de  la  perfection  de  l'art,  marmontel,  Mém.  vi. 

—  ÉTYM.  'Hptùiç,  i]fu>tëoi,  femme  de  héros,  hé- 
roïne, de  -iipwî,  héros.  C'est  Ovide  qui  a  imaginé  le 
premier  ce  genre  de  poésie,  prenant  pour  sujet  les 
lettres  des  femmes  ou  maîtresses  des  héros  à  leurs 
maris  ou  amants;  il  a  intitulé  ces  pièces  héroides, 
c'est-à-diro  héroïnes;  c'est  ce  mot  d'héroïdes  que 
nous  avons  détourné  de  son  sens  propre  pour  lui 
faire  signifier  un  genre  de  poésie. 

HÉROÏNE  (é-ro-i-n'),  s.  f.\\i°  Femme  qui  a  un 
grand  courage,  une  grande  noblesse  de  sentiments. 
S'il  n'aplusde  héros,  il  a  des  héroïnes,  cobn.  Attila, 
I,  2.  Dieu,  qui  rapporte  tous  ses  conseils  à  la  con- 
servation de  sa  sainte  Eglise  et  qui,  fécond  en 
moyens,  emploie  toutes  choses  à  ses  fins  cachées, 
s'est  servi  autrefois  des  chastes  attraits  de  deux  sain- 
tes héroïnes  pour  délivrer  ses  fidèles  des  mains  de 
leurs  ennemis,  boss.  Reine  d'Anglet.  Donnez  à  Dieu 
vos  affections....  vous  pourrez  hardiment  mépriser 
la  mort  à  l'exemple  de  notre  héroïne  chrétienne, 
ID.  Duch.  d'Orl.  Elevé  dans  le  sein  d'une  ch;:ste  hé- 
roïne, BAC.  Phèdre,  iv,  2.  La  célèbre  Amélie  de  Hanau, 
landgrave  douairière,  l'héroïne  de  son  temps,  en- 
tretenait, à  l'aide  de  quelques  subsides  de  la  Franco, 
une  armée  de  dix  mille  hommes....  jouissant  à  la 
fois  de  cette  considération  que  donnent  toutes  les 
vertus  de  son  sexe  et  do  la  gloire  d'être  un  chef  de 
parti  redoutable,  volt.  Annales  de  l'Empire,  Ferdi- 
nand III,  1639.  Il  Adjectivement.  C'était  (Marguerite 


d'Anjou]  une  femme  entreprenante,  inébranlable, 
héroïne,  volt.  Hirurs,  H  4 .  ||  2"  Kig.  I.a  femme  qui 
figure  comme  principal  personnage,  dans  un  poëme, 
un  roman,  une  pièce  de  théâtre,  .le  n'avais  [jetée 
à  la  Bastille]  que  la  cornetle  qui  était  sur  ma  tète, 
et  pas  plus  do  chenjises  qu'une  héroïne  de  roman 
enlevée,  staal,  ilém.  t.  ii,  p.  (oo  L'héroïne  s'a- 
perçoit avec  surprise  qu'elle  n'aime  plus,  ou,  pour 
mieux  dire,  qu'elle  n'a  jamais  aimé,  genlis,  Adèle 
et  Théod.  t.  i,  lett.  xi,  p.  361,  danspouoENS.  Si  les 
héroïnes  de  Richardson  ne  sont  pas  des  êtres  ima- 
ginaires, ID.  ib.  t.  m,  lett.  xlvi,  p.  322.  ||  Par  exten- 
sion, femme  qui  figure  dans  un  événement.  C'est 
elle  qui  est  l'héroïne  de  l'aventure. 

—  ÉTYM.  Lat.  heroina,  du  grec  -fifuttri,  de  ^pûjj, 
héros. 

HÉROÏQUE  (é-ro-i-k'),  adj.  ||  1"  Qui  appartient 
aux  anciens  héros  mythologiques.  Âges  héroïques. 
Le  fanatisme  usé  des  siècles  héroïques,  volt.  Ca- 
tilina,  iv,  4.  ||  Terme  d'antiquité.  Honneurs  héroï- 
ques, cérémonies  funèbres  en  mémoire  des  héros. 
Il  2°  Il  se  dit  de  la  poésie  primitive  qui  chanta  les 
héros.  L'Iliade  et  l'Odyssée  sont  les  plus  beaux  mo- 
numents de  la  poésie  héroïque.  ||  Par  extension,  il 
se  dit  d'une  poésie  noble  et  élevée.  ||  Ternie  de  pein- 
ture. Genre  héroïque,  nom  donné  par  quel(]ues 
critiques  à  la  peinture  qui  représente  les  faits 
et  les  personnages  des  temps  héroïques.  ||  3"  Vers 
héroïque,  vers  employé  dans  la  poésie  primitive 
qui  chanta  les  héros.  Chez  les  anciens,  c'est  le  vers 
hexamètre.  ||  Chez  nous ,  dans  le  moyen  âge , 
le  vers  héroïque  était  le  vers  de  dix  syllabes,  con- 
sacré aux  chansons  de  geste.  Aujourd'hui  c'est  le 
vers  alexandrin  qu'on  désigne  par  le  nom  de  vers 
héroïque.  ||  Poème  héroïque,  le  poëme  épique. 
Il  Comédie  héroïque,  comédie  où  les  personnages 
sont  d'un  rang  élevé.  Comédie  héroïque,  genre 
mitoyen  qui  peut  avoir  ses  beautés,  volt.  Com- 
ment. Corn.  Don  Sauche ,  Préface.  \l  S.  m.  L'en- 
joué est  mêlé  à  l'héroïque  dans  le  Lutrin,  richelet. 
Il  4°  Qui  appartient  aux  héros,  aux  hommes  d'une 
âme  grande,  aux  capitaines  illustres.  Constance  hé- 
roïque, TRISTAN,  l'anthée,  iv,  4.  J'ai  vu  tous  les 
plaisirs  de  son  âme  héro'njue  N'avoir  rien  que  d'au- 
guste et  que  de  magnifique,  corn.  Attila,  ii,  5, 
.,,, Voilà  l'illustre  place  Où  le  brave  Moron,  d'une 
héroïque  audace,  Affrontant  d'un  sanglier  l'impé- 
tueux effort.  Par  un  coup  de  ses  dents  vit  terminer 
son  sort,  mol.  Princ.  d'Él.  i,  2  Toute  la  discipline 
militaire  n'est-elle  pas  fondée  sur  l'obéissance,  et 
sur  l'obéissance  la  plus  héroïque  jusqu'à  braver  les 
périls,  jusqu'à  répandre  son  sang?  bourv.  Pensées, 
t.  II,  p.  485.  Qu'en  lui  jusi|u'aux  défauts  tout  se 
montre  héroïque,  boil.  Art  p.  m.  Combien  Homère 
est  héroïque  lui-même  en  peignant  le  caractère  d'un 
héros  !  id.  Sublime,  7.  Une  héroïque  ardeur  brillait 
sur  son  visage,  bac.  Theb.  m,  4.  Vous  vous  piquiez 
de  je  no  saisquoi  d'héroïiiue  dans  vos  passions,  uass. 
Avenl,  Concept.  La  piélé  est  l'effort  le  plus  héroï- 
que du  cœur  et  l'usage  le  plus  noble  et  le  plus 
sensé  de  la  raison,  lo,  Panégyr.  St  Louis.  On  se 
fait  honneur  même  de  leur  (aux  princes]  débiter 
les  maximes  les  plus  sévères  et  les  plus  héroïques 
de  la  sagesse,  m.  ib.  Ô  Rome!  ô  rigueur  héroï- 
que! VOLT.  M.  de  César,  m,  l.  Vous  avez  dit 
sérieusement  ce  que  M.  de  Bougainville  disait  au 
combat  de  la  Grenade,  dans  un  moment  de  gaieté 
héroïiiue  ;  les  boulels  roulaient  sur  son  bord  ;  il 
cria  à  ses  officiers:  Ce  qu'il  y  a  d'aimable,  mes- 
sieurs, c'est  que  nous  ne  sommes  point  en  guerre; 
»t  en  effet  la  guerre  n'était  point  déclarée,  Mirabeau, 
Collection,  t.  ni,  p.  371.  Qu'est-ce  qu'une  action 
héroïque'?  c'est  une  action  utile  et  généreuse  et  que 
cependant  le  devoir  n'exige  pas,  gknuis.  Veillées  du 
chdt.  t.  I,  p.  35»,  dans  pougkns.  ||  Ironiquement 
et  par  moquerie.  Je  sais  que  pour  un  sou,  d'une 
ardeur  héroïque.  Vous  vous  feriez  fesser  dans  la 
place  publi(iue,  regnard.  Légat,  m  ,  2.  ||  5"  Il  se 
dit  des  personnes  qui  montrent  de  l'héroïsme.  Celte 
héroïque  femme,  pléch.  lime  d'Aig.  Cet  héroïque 
vieillard,  mass.  Or.  (un.  Louis  XIV.  Ils  sont  dans 
nos  forêts,  et  leur  foule  héroïque  Vient  périr  sous 
ces  murs  ou  venger  l'Amérique,  volt,  Ali.  n,  4, 
Pour  vous  de  mes  travaux  compagnons  héroïques..,, 
Ducis,  Macbeth,  ii,  t.  Qui  nous  rendra,  dit  cet  homme 
héroïque.  Aux  bords  du  Rhin,  à  Jemmapo,  à  Fleu- 
ras, Ces  paysans,  fils  de  la  république.  Sur  la  fron- 
tière à  sa  voix  accourus?  bkiiang  Vieux  sergent. 
Il  6°  Terme  de  médecine.  Très-puissant,  très-effi- 
cace. Un  médicament  héroïque.  ||  Fig.  Dans  le  lan- 
gage ordinaire,  un  remède  héroïque,  un  parti  hé- 
roïque, une  grande  résolution  qui  tranche  une 
situation  très-difficile. 


2014 


HER 


HIST.  iiv  3.  Ainsi  est-il  racompté  et  escript 

du  roy  Preant  (Priam]  es  vers  lieroïqiies  que  de  ce 
fistHomerus  le  poêle,  oresme,  Eth.  22.  X  bestialité 
l'en  peut  bien  dire,  que  sa  contraire  est  une  vertti 
qui  est  par  sus  nous,  appellée  heroyque  et  divine,  id. 
ib.  (81.  Il  XVI'  s.  Hampant  au  limon  de  la  terre,  je 
ne  laisse  pas  de  remarquer  jusques  dans  les  nues  la 
haulteur  inimitable  d'aulcunes  anies  héroïques, 
MONT.  I,  2B3.  Vers  de  dix  syllabes  que  nous  appel- 
ions héroïques,  pasquier,  vu,  p.  605,  lacurse. 

—  ÊTYM.  Lat.  heroicus,  de  ^fipuixôç,  de  <ipu>;, 
héros. 

HÉROÏQUEMENT  (é-roï-ke-man) ,  adv.  D'une  ma- 
nière héroïque.  Se  conduire  héroïquement. 

—  ÊTYM.  Héroïque,  et  le  suffixe  ment. 
IIÉKOÏSME    (é-ro-i-sm'),   s.  m.  ||   1»  Ce  qui  est 

propre  aux  héros.  L'héroïsme  est  le  caractère  des 
hommes  divins,  dideeot,  Opin.  des  anc.  philos, 
{philos,  péripatét.).  En  loi  je  n'ai  pu  voir  avec 
tranquillité  Tant  d'héroïsme  joint  à  tant  d'huma- 
nité, SAURiN,  Spart.  III,  6.  Ney  s'était  mis  hors 
de  sa  portée  [de  l'envie]  ;  pour  lui,  dans  tout  cet 
héroïsme,  il  était  si  peu  sorti  de  son  naturel,  que, 
sans  l'éclat  de  sa  gloire  dans  les  yeux,  dans  les 
gestes  et  dans  les  acclamations  de  tous,  il  ne  se 
serait  point  aperçu  qu'il  avait  fait  une  action  su- 
blime, SÉGUR,  llist.  de  Nap.  x,  0.  ||  2°  Grandeur 
d'âme  peu  commune.  Pousser  la  vertu  jusqu'à  l'hé- 
roïsme. 

—  ÉTYM.  Héros. 

UËRON  (hé-ron),  s.  m.  ||  1°  Grand  oiseau  de 
l'ordre  des  échassiers,  qui  a  le  bec  fort  long  et  les 
jambes  très-hautes,  héron  cendré  ou  grand  héron, 
ardea  major,  L.  Dn  jour,  sur  ses  longs  pieds, 
allait  je  ne  sais  où  Le  héron  au  long  bec  emmanché 
d'un  long  cou,  la  pont.  Fabl.  vu,  4.  Le  héron 
nous  présente  l'image  de  cette  vie  de  souffrance, 
d'anxiélé,  d'indigence,  n'ayant  que  l'embuscade 
.  pour  tout  moyen  d'industrie;  il  passe  des  heures, 
des  jours  entiers  à  la  même  place,  immobile  au 
point  de  laisser  douter  si  c'est  un  être  animé, 
liUFF.  Ois.  t.  XIV,  p.  62.  Il  Dans  le  genre  héron,  on 
distingue  encore  la  grande  aigrette,  la  petite  ai- 
grette, le  crabin  de  Mahon  ou  héron  caiot,  ardea 
comata,  Pallas,  le  butor,  le  bihoreau.  ||  Héron 
blanc,  grand  héron  que  l'on  trouve  sur  les  côtes 
de  Bretagne.  Héron  châtain,  petit  héron  qui  n'a 
presque  pas  de  queue.  ||  Masse  de  héron,  amas  ou 
bouquet  des  plumes  de  la  queue  du  héron.  ||  2°  Hé- 
ron, plume  noire  de  héron,  dont  les  plumassiers 
font  usage.  ||  Z°  Héron  de  mer,  sorte  de  poisson  ; 
dans  quelques  endroits  on  nomme  ainsi  Vheniochus 
cornu;  dans  d'autres,  l'espadon. 

—  HI.ST.  xiv  s.  Plus  désirent  la  guerre  qu'espri- 
vier  le  hairon,  Guescl.  I4007.  ||  xv»  s.  Et  là  veoient 
le  faucon  qui  chassoit  hérons  et  cibattoit  et  se  com- 
liattoit  à  eux  et  eux  à  lui,  fboiss.  11,  11,  104. ||  xvi's. 
Quand  le  héron  vole  fort, haut,  il  dénote  beau 
temps,  PARÉ,  Animaux,  2. 

—  ÊTYM.  Berry,  aigueron,  aigron;  génev.  ai- 
gron;  provenç.  aigros ;  espagn.  agro ;  ilal.  aghi- 
rnne;  de  l'anc.  hautallem.  heigerc;  suédois,  haeger. 

HÉRONNEAU  (hé-ro-nô) ,  s.  m.  Petit  héron.  On 
tirait  quelque  produitde  ces  héronnières  par  la  vente 
des  petits  héronneaux  que  l'on  savait  engraisser, 

liUFE.  Ois.  t.  XIV,  p.  68. 

—  ÉTYSI.  Diminutif  de  héron. 

t  UÉRONNER  (hé-ro-né) ,  c.  n.  Terme  de  faucon- 
nerie. Chasser  le  héron  avec  le  faucon. 

—  HIST.  xiv*  s.  Oui  veult  faire  son  faulcon  hai- 
ronner,  Modus,  f.  lxxxvi,  verso. 

—  ÉTYM.  W^ron. 

HÉROXNIER,  lÈHE  (hé-ro-nié,  niè-r') ,  adj. 
Il  1"  Terme  de  fauconnerie.  Faucon  héronnier,  celui 
qui  est  dressé  à  la  chasse  du  héron.  {|  2°  Oiseau  hé- 
ronnier, celui  qui  est  sec,  vite  et  ausbi  peu  chargé 
de  graisse  qu'un  héron.  ||  Kig.  et  familièrement. 
Cuisse  héronnière,  cuisse  sèche  et  maigre.  ||  Femme 
héronnière,  femme  maigre  et  sèche,  qui  a  les  han- 
ches fort  hautes.  Cette  locution  a  vieilli. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  jambes  gresles  et  minces,  les 
cuisses  heronnieres,  paré,  Licorne,  i. 

—  ÊTYM.  Héron. 

UÉRO.NNIKRE  (hé-ro-niè-r'),  t.  f.  Lieu  où  les 
hérons  se  reliient.  ||  Endroit  où  on  élève  les  hérons, 
le  roi ,  après  son  déjeuner,  alla  voler  avec  Ma- 
dame.... il  résolut,  durant  la  chasse,  de  casser  la 
niilanière  et  la  héronnière  qui  était  à  Noisy,  parce 
quo  depuis  six  ans  il  n'avait  volé  ni  milan  ni  lié- 
ron.  et  d  lui  en  coûtait  loooo  francs  pour  entre- 
tenir ce»  aircs-là,  dangeau,  i,  148,  4  avril  tisb. 
«elon  parle  avec  une  sorte  d'enthousiasme  des  hé- 
ronnières que  François  1"  avait  fait  élever  à   Fon- 


HER 

tainebleau,  et  du  grand  effet  de  l'art  qui  avait  sou- 
mis à  l'empire  de  l'homme  des  oiseaux  aussi  sau- 
vages, DUFF.  Ois.  t.  xiv,  p.  58. 

—  HIST.  XV*  s.  Ne  nulz  ne  vit  plus  belle  héron- 
nière Qu'à  St  Aubain  ne  d'oiseaux  de  rivière,  eust. 
DESCH.  Poésies  mss.  t°  434.  ||  xvi*  s.  Les  hommes 
de  ce  temps  cy  ayant  inventé  la  manière  de  faire 
certaines  loges  haultes  eslevées  en  l'aer,  fermées 
le  long  de  quelque  ruisseau,  seulement  couvertes 
à  claire  voye,  les  ont  nommées  en  françoys  heron- 
nieres, et  sur  lesquelles  les  lierons  ont  si  bien  ap- 
prins  à  dresser  leur  aire,  que  les  petits  qui  sont  dé- 
nichez de  là  dessus  vallent  un  grand  denier,  p. 
DELON,  De  la  nature  des  oiseaux,  liv.  iv,  p.  (89.  Le 
grand  roy  Françoys  |1"]  lit  faire  deux  bastiments, 
qui  durent  encor  à  Fontainebleau,  qu'on  nomme 
les  heronnieres,  ID.  ib. 

—  ÊTYM.  Héron. 

t  HÉROOGONIE  (hé-ro-o-go-nie),  s.  f.  Titre  d'un 
poëme  perdu  d'Hésiode,  qui  contenait  la  filiation  et 
l'histoire  des  demi-dieux. 

—  ÊTYM.  'HpuoYovia,  de  îipu;,  héros,  et  yo- 
vi'a,  naissance. 

t  UfiROON  (hé-ro-on) ,  s.  m.  Terme  d'antiquité. 
Monument  élevé  en  mémoire  d'un  héros  ou  d'une 
héroïne. 

—  ÊTYM.  "Hpûov,  de  j^pu;,  héros. 

HÉROS  (hé-rô;  l's  se  lie:  un  hé-rô-z  illustre), 
s.  m.  Il  1°  Terme  d'antiquité.  Nom  donné  dans 
Homère  aux  hommes  d'un  courage  et  d'un  mérite 
supérieur,  favoris  particuliers  des  dieux,  et  dans 
Hésiode  à  ceux  qu'on  disait  fils  d'un  dieu  et  d'une 
mortelle  ou  d'une  déesse  et  d'un  mortel.  Ce  héros 
[Achille]  si  terrible  au  reste  des  humains....  Elle 
l'a  vu  pleurer  et  changer  de  visage,  hac.  Iphig.  iv, 
\.  Le  peuple  lui  décerna  [à  Gélon]  les  honneurs 
qu'on  rendait  alors  aux  demi-dieux,  appelés  autre- 
ment les  héros,  bollin,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  m, 
p.  455,  dans  pouoENS.  L'histoire  nous  dit  que  les 
premiers  héros  n'ont  été  que  des  destructeurs  de 
bêtes,  BUFF.  Anim.  dom.  \\  2°  Fig.  Ceux  qui  se  distin- 
guent par  une  valeur  extraordinaire  ou  des  succès 
éclatants  à  la  guerre.  C'est  un  sujet  de  consola- 
tion pour  notre  pauvre  humanité,  de  voir  qu'il  y  a 
eu  de  l'homme  dans  les  héros,  balzac,  De  la 
cour,  6*  dise.  Un  héros  arrêté  n'a  que  deux  bras 
à  lui,  CORN.  Suréna,  iv,  (.  La  tendresse  n'est  point 
la  vertu  des  héros,  id.  ib.  v,  3.  Loin  de  nous  les 
héros  sans  humanité  !  ils  pourront  bien  forcer  les 
respects  et  ravir  l'admiration,  comme  font  tous  les 
objets  extraordinaires;  mais  ils  n'auront  pas  les 
cœurs,  Boss.  Louis  de  Bourbon.  Ce  qui  fait  le  hé- 
ros, ce  qui  porte  la  gloire  du  monde  jusqu'au 
comble,  valeur,  magnanimité,  bonté  naturelle, 
voilà  pour  le  cœur;  vivacité,  pénétration,  grandeur 
et  sublimité  de  génie,  voilà  pour  l'esprit...,  in.  ib. 
Il  nous  a  dit  qu'un  héros  était  un  voleur  qui  fait  à 
la  tète  d'une  armée  ce  qu'un  voleur  fait  tout  seul, 
MAiNTENON,  ie(«.  à  l'abbé  Gobelin,  9  février  )C"5. 
Ce  héros  [Mithridate]  dans  mes  bras  est  tombé  tout 
sanglant,  rac.  Mithr.  v,  4.  11  semble  que  le  héros 
est  d'un  seul  métier,  qui  est  celui  de  la  guerre,  et 
que  le  grand  homme  est  de  tous  les  métiers,  ou  de 
la  robe,  ou  de  l'épée,  ou  du  cabinet,  ou  de  la  cour, 
LA  bruv.  II.  On  traite  de  héros  un  homme  qui  fait 
la  conquête,  c'est-à^iire  qui  subjugue  injustement 
les  pays  d'un  État  voisin,  fén.  t.  xxu,  p.  286.  11  y  a 
une  infinité  de  gens  de  guerre  qui  sont  des  héros  dans 
l'action,  et  hors  de  là  ne  font  guère  de  réflexions 
sur  leur  métier,  fonten.  Ressens.  Il  est  assez  ordi- 
naire à  ces  héros  qui  brillent  dans  les  combats  et 
dans  les  actions  guerrières,  de  paraître  très-faibles 
et  très-médiocres  dans  d'autres  temps,  et  par  rap- 
port à  d'autres  objets,  bollin,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  11, 
p.  207,  dans  pouGENS.  Montrez-nous,  héros  magna- 
nimes. Votre  vertu  dans  tout  son  jour;  Voyons 
comment  vos  cœurs  sublimes  Du  sort  soutiendront 
le  retour,  J.  b.  rouss.  Ode  à  la  Fortune.  Mais  au 
moindre  revers  funeste.  Le  masque  tombe,  l'homme 
reste,  Et  le  héros  s'évanouit,  m.  «6.  Charles  XII, 
qui  fut  un  héros,  n'eut  pas  la  prudence  qui  en  eût 
fait  un  grand  homme,  volt.  Fragm.  sur  Fhist. 
art.  28.  On  appelait  ces  assassins  des  héros;  leur 
brigandage  élait  de  la  gloire,  id.  Princ.  de  Babyl. 
Un  roi  soldat  est  appelé  un  héros....  un  monarque 
législateur,  fondateur  et  guerrier  est  le  véritable 
grand  homme  ;  et  le  grand  homme  est  au-dessus 
du  héros;  je  crois  donc  quo  vous  serez  content 
quand  je  ferai  cette  distinction,  ID.  Letl.  Schouva- 
lof,  )7  juin.  (758.  Et  qu'est-ce  qu'un  héros? —  Mon 
enfant,  c'est  le  brave,  ducis.  Oscar,  iv,  (.  Les  voilà 
ces  héros  si  longlemps  invincibles  [les  soldats  de  'Wa- 
terloo] I  Us  menacent  encor  les  vainqueurs  étonnés; 


HEU 

Glacés  par  le  trépas,  que  leurs  jeux  sont  terriblesl 
Que  de  hauts  faits  écrits  sur  leurs  fronts  sillonnés!  | 
DELAV.  Messéniennes,  Waterloo.  Il  [Ney]  donna  trois 
heures  au  ralliement  ;  et,  sans  se  lai.sscr  agiter  par  1 
l'impatience  et  le  péril  de  l'attente,  on  le  vit  s'enve- 
lopper de  son  manteau,  et,  ces  trois  heures  si  dange- 
reu.ses,  les  passer  à  dormir  profondément  sur  le  Iwrd 
du  fleuve;  tant  il  avait  le  tempérament  des  grands 
hommes,  une  àme  forte  dans  un  corps  robuste,  et 
cette  santé  vigoureuse  sans  laquelle  il  n'y  a  guèrk 
de  héros!  sëgur,  Hist.  de  Nap.x,».  [Le  duc  de 
Bordeaux]  Sourd  aux  leçons  eCTéminées  Dont  le  siècle 
aime  à  les  nourrir  [les  princes].  Il  saura  que  les 
destinées  Font  roi  pour  régner  ou  mourir;  Que  de» 
vieux  héros  de  sa  race  Le  premier  titre  fut  l'audace. 
Et  le  piemier  trône  un  pavois,  lahart.  Médit,  i, 
(5.  Il  Adjectivement.  Guise  avec  plus  d'éclat  [que 
Mayenne]  éblouissait  les  yeux.  Fut  plus  grand, 
plus  héros,  mais  non  plus  dangereux,  volt.  Henr.  m. 
Il  3°  Tout  homme  qui  se  dislingue  par  la  force  du 
caractère,  la  grandeur  d'âme,  une  haute  vertu. 
C'est  du  fils  d'un  tyran  que  j'ai  fait  ce  héros,  corn. 
Héracl.  iv,  6.  Ouvrez  les  yeux,  chrétiens,  et  regar- 
dez ce  héros  dont  nous  pouvons  dire  comme  saint  | 
Paulin  disait  du  grand  Théodose,  que  nous  voyons  | 
en  Louis,  non  un  roi,  mais  un  serviteur  de  Jésus-  " 
Christ,  et  un  prince  qui  s'élève  au-dessus  des  hom- 
mes plus  encore  par  sa  foi  que  par  sa  couronne, 
boss.  Mar.-Tliér.  L'amour  peut  bien  remuer  le  cœur 
des  héros  du  monde  [louis  XIV],  il  peut  y  soulever 
des  tempêtes  et  y  exciter  des  mouvements  qui  fas- 
sent trembler  les  politiques,  et  qui  donnent  des  es- 
pérances aux  insensés  ;  mais  il  y  a  des  âmes  d'un 
ordre  supérieur  à  ses  lois... ,  m.  Mar.-Thér.  On  peut 
être  héros  sans  ravager  la  terre,  boil.  Épit.  1.  La 
grâce  a  ses  héros,  mass.  Pet.  car.  Drapeaux.  Le 
juste  a  la  réalité  de  toutes  les  grandes  vertus  dont 
le  héros  mondain  n'a  souvent  que  la  réputation  et 
l'image ,  id.  Panégyr.  St  Louis.  Tu  [Brutus]  veux 
être  un  héros,  va,  tu  n'es  qu'un  barbare,  volt.  M.d» 
Ces.  Il,  i.  Le  vulgaire  est  content  s'il  remplit  son 
devoir  ;  11  faut  plus  au  héros,  id.  Tancr.  v,  3.  [|  On 
l'emploie  quelquefois  en  ce  sens  par  plaisanterie.  Il 
a  pris  médecine  en  héros.  ||  4°  Terme  de  littérature. 
Personnage  principal  d'un  poëme,  d'un  roman,  d'une 
pièce  de  théâtre.  Achille  est  le  héros  de  l'Iliade. 
....Un  écrivain  qui  s'aime  Forme  tous  ses  héros 
semblables  à  soi-même,  boil.  Art  p.  m.  ||  Le  per- 
sonnage qu'on  loue  dans  une  solennité.  La  solen- 
nité des  éloges  veut  presque  être  soutenue  par  le 
faste  du  héros  qu'on  loue;  et  il  semble  que  l'ora- 
teur n'a  jamais  plus  besoin  d'art  que  lorsqu'il  n'a 
qu'à  louer  la  vérité  et  la  juslice,  mass.  Yillars. 
Il  Héros  de  roman,  héros  qui  figurent  dans  les  ro- 
mans de  Mlle  Scudéry  [la  Clélie,  le  Cyrus]  et  dont 
Boileau  s'est  moqué.  Elle  y  perdait  [dans  la  lecture  de 
l'histoire]  insensiblement  le  goût  des  romans  et  de 
leurs  fades  héros,  boss.  Duch.  d'Ort.  Tous  ces  héros 
sont-ils  connus  dans  l'histoire?—  Non;  il  y  en  a  beau- 
coup de  chimériques  parmi  eux.  — Des  héros  chimé- 
riques! et  sont-ce  des  héros?— Comment!  Si  ce  sont 
des  héros  I  ce  sont  eux  qui  ont  toujours  le  haut 
bout  dans  les  livres  et  qui  battent  infailliblement 
les  autres,  boil.  Héros  de  romans.  ||  Par  extension. 
Héros  de  roman,  personnage  à  qui  i!  est  arrivé  des 
aventures  extraordinaires.  Le  comte  deGuiche  e.st  ii 
la  cour,  tout  seul  de  son  air  et  de  sa  manière  :  un 
héros  de  roman,  qui  ne  ressemble  point  au  reste  des 
hommes,  sév.  89.  ||  Le  héros  d'une  aventure,  celui  à 
qui  elle  est  arrivée.  ||  6*  Le  héros  d'une  chose,  celui 
qui  y  brille  d'une  manière  excellente  en  bien  ou  en 
mal.  Des  pécheurs  qu'on  regardait  comme  des  hé- 
ros dans  l'impiété,  mass.  Carême,  Évid.  Protecteur 
de  mon  sang,  héros  de  l'amitié,  volt.  Oresie,  v,  7. 
Nous  avons  vu  périr  successivement  tous  ceux  qui 
ont  eu  part  à  ces  expéditions  (mesures  d'un  degré 
du  méridien]  ;  M.  le  Monnier  reste  seul  ;  il  a  réu.ii 
sur  sa  personne  lous  les  sentiments  qu'un  zèle  si 
généreux  et  si  noble  nous  avait  inspirés  pour  cet 
héros  de  l'astronomie,  condorcet,  Maurepas.  Cha- 
cun de  ces  derniers  jours  avait  eu  ses  hommes  re- 
marquables; entre  autres  celui  du  I6,  Eugène,  celui 
du  '7,  Mortier;  mais  dès  lors  tous  proclamèrent  Ney 
le  héros  de  la  retraite,  sëgur,  Hist.  de  A'ap.  z,  > 
Il  Le  héros  du  jour,  l'homme  qui,  en  un  certain  ma 
ment,  attire  sur  soi  toute  l'attention  du  public. 
Il  Le  héros  de  la  fête,  celui  pour  qui  elle  se  donne. 
On  dit  qu'un  autre  que  moi  est  le  héros  de  la  fête, 
FAGAN,  Pupille,  23.  [j  Familièrement.  C'est  son  hé- 
ros, c'est  l'objet  de  son  admiration.  Aux  encens 
qu'elle  donne  à  son  héros  d'esprit,  mol.  Ftmmes 
sav.  i,  3.  Le  chevalier  était  son  héros,  hauilt. 
Gramm.  6.  ||  6*  Papillon  diurne.  {|  Proverbe.  Il  n'y 


IIER 

a  point  de  héros  pour  son  valet  de  chambre,  ceux 
qui  vivent  très-près  d'un  homme  connaissent  les 
faiblesses,  les  défauts,  les  vices  qui  échappent  à  la 
■  vue  du  public. 

—  HEM.  Vh  est  aspirée  dans  héros;  mais  elle  ne 
l'est  dans  aucun  des  dérivés. 

—  HlST.  XIV'  s.  Héros,  telz  sont  comme  Diei  ou 
anges,  oresme.  Thèse  de  meinier.  ||  xvi"  s.  Telle 
troupe  d'héros,  l'eslite  de  la  Grèce,  Accompagnoient 
Jason  d'un  cœur  plein  d'allégresse,  bons.  840. 

—  ETYM.  Lat.  héros,  de  -iipa);,  héros,  qui  se  rat- 
tache au  sanscrit  rira,  héros,  lat.  vir;  iipwç  est  du 
petit  nombre  des  mots  où  l'esprit  rude  représente 
un  V  et  non  une  s. 

t  HÉROSTRATE  (  é-ro-stra-t' ) ,  .?.  m.  Éphésien 
qui,  pour  parvenir  à  la  postérité,  incendia  le  tem- 
ple de  Diane  à  Éphèse  ("HposTpaTo;).  ||  Kig.  Un  Hé- 
rostrate,  un  dévastateur,  un  incendiaire. 

t  HÉROtJET  (hé-rou-è),  s.  m.  Variété  de  pomme. 

t  HERPAILLE  (hèr-pâ-ir,  «mouillées),  s.  f.  Voy. 

H*RPAILLE. 

t  HERPALECTORIDES  (èr-pa-lè-kto-ri-d'),  i.  m. 
pi.  Terme  de  zoologie.  Famille  d'oiseaux  qui  com- 
prend les  pigeons. 

■ — ÉTYM.  'EpTOiv,  ramper,  etàXéxTtop,  coq. 

t  f.  HEUPE  (hèr-p'),  s.}.  Terme  de  chasse.  Chien 
de  bonne  herpe,  chien  qui  a  de  bonnes  griffes. 

— r  ÉTYM.  Voy.  HAPPER,  saisif. 

t  2.  HERPE  (hèr-p'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Pièce 

de  bois  recourbée  qui  sert  à  lier  l'éperon  au  navire. 

Il  Ornement  de  sculpture  que  l'on  met  sur  la  herpe 

à  plat-bord . 

j       — Etym.  Bas-breton,   harp,  et  le  verbe  harpa, 

!    appuyer,  d'aprfs  Jal. 

t  3.  HERPE  (her-p'),  s.  f.  Terme  rural.  Sorte  de 
crible  à  trémie  et  en  plan  incliné. 

t  HERPÉ,  ÉE  (hèr-pé,  pée),  adj.  Terme  de  chasse. 
Chien  bien  herpé,  chien  qui  a  des  ongles  solides. 

—  ETYM.  Herpe  t. 

HERPES  (hèr-p'),  s.  f.  pi.  Terme  vieilli.  Herpès 
marines,  certaines  matières  que  la  mer  jette  sur  ses 
bords,  telles  que  l'ambre  gris  et  le  corail. 

—  ETYM.  Herper  ou  harper,  saisir  (voy.HABPER). 
_  f  HERPÈS  (èr-pês'),  s.  m.  Terme  de   médecine. 

Eruption  vésiculeuse  caractérisée  par  de  légères  éle- 
vures  transparentes. 

—  HIST  XVI'  s.  Us  sont  subjets  aux  herpès,  erysi- 
peles  et  autres  pustules  cholériques,  paré,  Introd.  6. 

—  ÉTYM.  "EpKTiî,  dartre,  ulcère  rongeant.  "Ep- 
mn;  se  rattache  à  Ipitu,  lat.  serpere,  s'étendre  en 
rampant,  les  maladies  herpétiques  gagnant  de 
proche  en  proche. 

f  HERPESTE  (èr-pè-sf),  s.  m.  Terme  de  zoolo- 
gie. Ichneumon  ou  mangouste. 

t  HERPÉTIQUE  (èr-pé-li-k'),  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Oui  est  de  nature  dartreuse.  Eruption  her- 
pétique. Diathèse  herpétique. 
IJL  —  ÉTYM.  Herpès. 

'y  tHERPÉTISME  (èr-pé-ti-sm"),  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Diathèse,  le  plus  souvent  de  nature  gout- 
teuse, qui  produit  des  éruptions  de  caractères  divers. 

—  ETYM.  Herpès. 

t  HERPÉTOGRAPHIE  (èr-pé-to-gra-fie),  s.  f. 
Terme  didactique.  Description  des  reptiles.  1|  On 
écrit  aussi  erpétographie,  à  tort. 

—  ÉTYM.'EpTtexàv,  reptile,  et  -cpâipeiv,  décrire. 

1 1.  HERPÉTOLOGIE  (cr-pé-to-lo-jie),  s.  f.  Partie 
de  l'histoire  naturelle  qui  traite  des  reptiles.  ||  L'Aca- 
démie écrit,  mais  moins  correctement,  erpétologie. 

—  ÉTYM.  'ICpTiETov,  reptile,  et  >,6yoi;,  traité. 

+  2.  HERPÉTOLOGIE  (èr-pé-to-lo-jie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Traité  sur  les  dartres. 

—  ÉTYM.  Herpès,  et  Xoyo;,  traité. 

t  UERQtlE  (hèr-k'),  s.  /^.Râteau  de  fer  pour  ra- 
masser le  charbon  de  bois  ou  le  charbon  de  terre. 

—  ÉTYM.  Allem.  Harke,  râteau. 

HERSAGE    (hèr-sa-j'),  s.   m.  Action  de   herser. 
-   Il  Travail  fait  avec  la  herse. 

—  ETYM.  Herser. 

t  UERSCHELL  (hèr-chèl) ,  s.  m.  Terme  d'astro- 
nomie. Nom  que  l'on  donna  d'abord  à  la  planète 
Uranus  découverte  par  Herschell  ea  4781. 

HERSE  (hèr-s'),  s.  f.  Il  1°  Instrument  d'agricul- 
ture, composé  de  pièces  de  bois  qui  se  croisent  et 
qui  par-dessous  sont  armées  de  pointes  propres  à 
diviser  la  superficie  du  sol,  à  l'égaliser,  et  principa- 
lement à  recouvrir  les  semences  immédiatement  après 
l'ensemencement.  Passer  la  herse  sur  un  champ. 
il  S"  Terme  de  pêche.  Instrument  semblable  à  la 
herse  ordinaire,  auquel  on  attaclio  des  bœufs  ou  un 
cheval  qui  le  traînent  sur  le  sable  à  la  basse  mer 
pour  en  faire  sortir  le  poisson.  ||  3°  Terme  de  fortifi- 
cation. Contre-porte  armée  de  pointes  de  fer  par  le 


HËS 

bas,  qui,  étant  suspendue  à  une  corde,  peut  être  14- 
chée  à  propos  pour  fermer  le  passage.  ||  Terme  mi- 
litaire. Herse  d'attrape,  herse  posée  les  donts  en  l'air 
au  milieu  d'un  chemin  pour  en  interdire  le  pa.ssago. 
Il  4°  Barrière  devant  les  grandes  maisons.  ||  6"  Ks- 
pèce  de  candélabre  servant  à  mettre  plusieurs  cier- 
ges aux  grandes  cérémonies  de  l'église.  ||  X  l'Opéra, 
tablette  cachée  au  spectateur,  sur  laquelle  on  met- 
tait des  lampions  pour  éclairer  vivement  un  point 
de  la  décoration.  ||  6°  Terme  de  parcheminier.  Ap- 
pareil pour  tendre  les  peaux  avant  de  les  faire  sé- 
cher. Il  7°  Terme  de  marine.  Corde  quf  sert  à  atta- 
cher les  poulies.  ||  8»  Terme  de  charpente.  L'épure 
d'un  comble.  ||  Herses  de  la  croupe,  pièces  de  bois 
qui  se  croisent  dans  la  charpente  d'un  pavillon 
carré.  ||  9°  Terme  de  botanique.  Le  genre  herse,  voy. 
TBiBULB.  Il  10°  Espèce  de  poisson  du  Nil. 

—  HIST.  xii*  s.  En  celé  place,  à  bues  [bœufs]  e  à 
herce  severerent  [séparèrent]  furmentde  la  paille  su- 
lunc  l'usage  del  pais,  Itois,  p.  218.  ||  xiv  s.  Services 
deherceset  de  charrues,  nu  CANOË,  heraa.  ||  xv  s.  Et 
le  rangèrent  en  leurs  batailles,  celle  du  prince  tout 
devant,  leurs  archers  mis  eu  manière  d'une  herse  et 
les  gens  d'armes  au  fond  de  la  bataille,  froiss.  i, 
i,  287.  Une  grande  croix  d'or,  ouvrée  à  œuvre  de 
Damas,  en  laquelle  a  du  fust  de  la  vraye  croix,  et  en 
la  herse  a  du  clou  dont  fut  cloué  Nostre  Seigneur 
en  la  croix,  de  la  borde.  Émaux,  p.  340.  |]xvi'  s. 
En  une  herse  bien  dentée  n'y  fault  [manque  |  nulle 
dent,  LEROUX  de  lincy,  Prov.  t.  i,  p.  77. 

—  ETYM.  Wallon,  {pe,  ipre;  namur.  hipei  Hai- 
naut,  hierse;  Dauphiné,  herpi;  bas-lat.  /lercia;  ital. 
erpice  ;  du  lat.  hirpex,  hirpicis,  qui  était  une  herse 
particulière  pour  les  mauvaises  herbes. 

HERSÉ,  ÉE  (hèr-sé,  sée),  part,  passé  de  herser. 
Champ  hersé.  ||  Porte  hersée,  porte  avec  une  herse. 
Il  Terme  de  blason.  Château  hersé,  château  qu'on 
représente  avec  une  herse.  |{  S.  m.  Nom  d'un  mor- 
myre,  poisson. 

I  HERSEMENT  (hèr-se-man),  s.  m.  Action  de 
herser. 

—  HIST.  Hersement,  cotgrave. 

UERSER  (hèr-sé),  v.  a.  Passer  la  herse  dans  un 
champ.  Il  Se  herser,  v.  réfl.  Être  hersé.  A  cette 
époque,  la  terre  se  herse  difficilement. 

—  HIST.  XII'  s.  De  loing  li  lancent,  si  l'ont  point 
et  hersé;  En  quinze leus  [lieux^  eUst  le  cors  navré 
Ne  fust  l'auberc  qu'il  avoit  endo.ssé.  Bat.  d'Àles- 
chans,  v.  6u9i.  ||xiii'  s.  Kt  kiconques  fait  markiet 
[marché]  de  tiere  ahaner  [labourer],  li  ahaniers  doit 
porter  le  [la]  semence  à  cans,  et  si  ercera  de  loial 
erse  de  vint  dens  et  à  deus  kevaus,  tailliar.  Re- 
cueil., V.  407.  Il  XIV"  s.  Huit  corvées  de  hercier  à  un 
cheval,  nu  cange,  hercia.  Si  tost  que  les  fèves  poi- 
gnént,  l'en  les  doit  harser  et  rompre  le  premier 
germe,  Ménagier,  u,  2. 

—  ÉTYM.  Herse. 

HERSEUR  (hèr-seur),  s.  m.  Celui  qui  herse. 
Il  Xd;.  f.  Terme  de  zoologie.  Araignée  herseuse,  arai- 
gnée qui  a  le  bout  des  tarses  garni  d'une  espèce  de 
brosse. 

—  HIST.  Herseur,  rob.  est.  Dict. 

—  ÉTYM.  Herser. 

t  HERSILLON  (hèr-si-llon ,  Il  mouillées)  ,  s.  m. 
Terme  d'art  militaire.  Table  de  charpente  garnie  de 
clous,  la  pointe  en  haut  ;  elle  se  place  sur  une  brèche 
ou  sur  le  chemin  de  la  cavalerie  ennemie. 

—  ÉTYM.  Dérivé  de  herse. 

\  HÉSITANT,  ANTE  (é-zi-tan,  tan-t'),  adj.  Qui 
hé.site.  C'est  une  femme  toujours  indécise,  toujours 
hésitante.  ||  Qui  prononce  avec  difficulté.  Voix  hé- 
sitante. 

HÉSITATION  (é-zi-ta-sion;  en  vers,  de  cinq  sylla- 
bes), t.  f.\\i°  Doute,  indécision  dans  ce  qu'on  doit 
faire.  Toutes  ces  paroles  que  l'empereur  venait  de 
prodiguer  ne  prouvaient  que  son  désappointement 
et  qu'une  grande  hésitation  le  ressaisissait;  car  en  lui 
le  bonheur  était  moins  communicatif,  et  la  décision 
moins  verbeuse,  ségur,  Hist.  de  Nap.  vi,  5.  ||  2°  Par- 
ticulièrement. Incertitude  dans  l'énonciation.  Par- 
ler avec  hésitation. 

—  HIST.  XVI*  s.  Ma  hésitation,  mont,  i,  42. 

—  ÉTYM.  Provenç.  heysitacio;  espagn.  hesila- 
cion;  ital.  esitaiione;  du  latin  hâssitationem,  de 
hxsilare,  hésiter. 

HÉSITER  (é-zi-té),  r.  n.  ||  1°  S'arrêter  incertain 
au  sujet  de.  Il  hésitait  entre  le  désir  et  la  honte, 
VAUGEL.  Q.  C.  X,  6.  La  plupart  des  gens  sur  cette 
question  n'hésitent  pas  beaucoup,  mol.  Bourg,  ger.t. 
ni,  (2.  Elle  flotte,  elle  hésite,  en  un  mot  elle  est 
femme,  rac.  Athal.  m,  3.  Mon  époux,  inflexible  en 
sa  fidélité.  N'a  vu  que  son  devoir  et  n'a  point  hésité, 
VOLT.  Orphel.  m,  s.  Vous  ne  sauriez  croire  à  quel 


HET 


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point  j'ai  été  affligé  que  vous  ayez  pu  hésiter  .sur 
mes  sentiments  pour  vous,  que  j'ai  manifestés  dans 
toutes  les  occasions  de  ma  vie,  m.  Voiserion,  lO 
oct.  (774.  Il  y  eut  dos  endroits  où  il  fallut  franchir 
de  larges  crevasses  et  sauter  d'une  glace  à  l'autre, 
au  risque  de  tomber  entre  deux  et  de  disparaître 
pour  jamais  ;  les  premiers  hésitèrent,  mais  on  leur 
cria  par  derrière  de  se  hâter,  sèG'JR,  Hist.  de  Nap. 
x,  0.  Ce  pamphlétaire  (P.  L.  Courier],  qui  ne  se  gê- 
nait d'aucune  vérité  perilleuseàdire, hésitaitsur  un 
mot,  sur  une  virgule,  semontraittimide  àtoute  façon 
de  parler  qui  n'était  pas  de  la  langue  de  ses  auteurs, 
c\RREL,Œuvres,  t.v,p.  21 1  .||  Hésilerà,aveo  l'infinitif. 
Et  dont  mon  cœur  hésite  à  lui  parler,  volt.  If.  de 
César,  1, 1.  Il  n'hésita  pas  à  favoriser  son  évasion  au 
risque  de  s'en  faire  un  dangereux  ennemi,  j.  i.  rouss. 
Ém.  IV.  Il  Hésiter  de,  avec  un  infinitif.  Hésiter  d'o- 
béir, tarder  à  obéir,  remettre  à  obéir,  c'est  faire  l'œu- 
vre de  Dieu  avec  négligence,  bourdal.  Exhort.  tur 
Vobéiss.  relig.  Ils  n'hésitent  pas  de  critiquer  des 
choses  qui  sont  parfaites,  l\  bruy.  xi.  Je  n'ai  pas  hé- 
sité de  vous  soumettre  mes  doutes  sur  celle  ma- 
tière, VOLT.  Leit.  roi  de  Prusse,  28.  ||  Avec  un  infi- 
nitif, on  dit  habituellement  hésiter  à;  mais  hésiter  de 
est  correct  aussi.  ||  Sans  hésiter,  sans  la  moindre 
tergiversation.  Dans  ce  grand  naufrage,  l'armée, 
comme  un  vaisseau  battu  par  la  plus  horrible  tem- 
pête, jetait,  sans  hésiter,  à  cette  mer  de  neige  et 
de  glace  tout  ce  qui  pouvait  appesantir  ou  retarder 
sa  marche,  ségur,  Hist.  de  Nap.  ix,  )2  ||2°  Particu- 
lièrement. Ne  pas  trouver  facilement  ce  qu'on  veut 
dire.  Si  est-ce  que,  hésitant,  tremblant,  il  ne  dit 
que  bien  peu  ce  qu'il  avait  prémédité,  vaugel.  Q.  C. 
VII,  (.  Le  nouveau  Cicéron  tremblant,  décoloré. 
Cherche  en  vain  son  discours  sur  sa  langue  égaré; 
....Il  hésite,  il  bégaie..-,  boil.  Lulr.  vi.  ||  Il  .se  con- 
jugue avec  l'auxiliaire  avoir. 

—  REM.  Vh  était  aspirée  dansle  xvi' siècle  comme 
on  voit  par  Montaigne  au  mot  uésitation;  et  Cor- 
neille l'a  encore  aspi  rée:  Ne  hésiterjamais  et  rougiren- 
cor  moins.  Ment,  m,  4.  Sur  quoi  Voltaire  remarque: 
«  JVe  hé  est  dur,  on  ne  fait  plus  de  difficulté  de  dire 
aujourd'iiui,  j'hésite,  je  n'hésite  plus.  »  11  n'y  avait 
point  de  dureté  à  aspirer  Vh  de  ce  verbe  ;  mais  la 
fait  est  que  l'usage  en  a  changé  la  prononciation. 

—  ÉTY5I.  Lat.  hœsitare,  fréquentatif  de  hxrere, 
être  attaché,  adhérent. 

f  HESPER  (è-spêr),  s.  m.  Nom  donné  parfois  à  la 
planète  Vénus,  lorsqu'elle  brille  après  le  coucher  du 
soleil. 

—  ÉTYM.  Lat.  hesperus,  l'étoile  du  soir,  du  grec 
Iffitepo;,  l'occident,  le  couchant  (voy.  vêpres). 

f  HESPÉRIDÉES  (è-spé-rinlée),  î.  f.  pi.  Les  hes- 
péridées,  famille  de  plantes  dite  aussi  aurantiacées, 
à  laquelle  l'oranger  appartient. 

—  ÉTYM.  Hespérides. 

t  HESPÉRIDES  (è-spé-ri-d') ,  s.  /".  p(.  Terme  de 
mythologie.  Nom  de  trois  sœurs,  filles  d'Hespérus. 
.Le  jardin  des  Hespérides  est  fameux  dans  la  Fable, 
parce  qu'il  produisait  des  pommes  d'or  gardées  par 
un  dragon,  et  que  ces  trois  sœurs  y  nourrissaient 
des  moutons  donlla  toison  était  d'or.  ||  Terme  d'as- 
tronomie. Un  des  noms  donnés  aux  Pléiades,  parce 
que  les  poètes  les  disent  filles  d'Atlas  et  d'Hespé- 
ris  ;  elles  sont  aussi  appelées  Atlantides; 

—  ETYM.  'EaTttpoç,  le  couchant.  On  a  souvent  en- 
tendu que  les  pommes  d'or  du  jardin  des  Hespé- 
rides étaient  des  oranges. 

tHESPÉRIDINE  (è-spé-ri-di-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Principe  découvert  dans  la  partie  blanche 
qui  recouvre  les  fruits  des  hespéridées. 

tHESPÉRIQUE  (è-spé-ri-k'J,  ad;.  Terme  de  géo- 
graphie. Péninsule  he.spérique,  l'Italie. 

—  ÉTYM.  Lat.  hesperus,  l'occident. 

t  HESSE  (liè-s'),  I.  f.  Un  des  noms  vulgaires  de 
la  vesce. 

t  IIÉSCS  (é-zu»'),  s.  m.  Voy.  Ésus. 

j  HÉSYCHIASTES  (é-zi-ki-a-sf) ,  s.  m.  pi.  Nom 
d'une  secte  de  l'Église  d'Orient,  née  au  xii*  siècle 
dans  les  monastères  du  mont  Athos,  et  où  l'on  en- 
seignait, d'après  l'abbé  Siméon,  que,  pour  s'élever 
à  la  science  des  choses  divines,  il  faut  se  recueillir 
dans  la  solitude,  incliner  la  tête  sur  la  poitrine  et 
regarder  attentivement  son  nombril;  que  là  sont 
concentrées  toutes  les  forces  de  l'âme,  que  d'abord 
on  n'y  trouve  que  ténèbres,  mais  que  peu  à  peu  la 
lumière  naît,  éclate  et  rayonne. 

—  ETYM.  'Hiru/iaurfi;,  qui  cherche  le  repos,  de 
^<jvX'">  repos. 

t  Hétaïre,  hétairie,  voy.  hétêue,  hétérie. 

f  HÉTER....  ou  hétéro....  préfixe  qui  signifie 
autre,  difl'érent,  de  plusieurs  genres,  et  vient  du 
grec  txifoi,  autre. 


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HIÎT 


t  llP.TÉRADF.LPIIE  (é-té-ra-dèl-f  ) ,  a4j.  Terme  de 
tératologie.  Monstres  hétéradelphes,  monstres  ddU- 
Mes  chez  lesquels  le  sujet  accessoire,  três-i  m  parfait, 
est  implanté  sur  la  surface  antérieure  du  corps  du 
sujet  principal. 

—  ETYM.  Hétér....,  elàStlcfài,  frère. 

t  HÉTÉHADELPIIIE  (é-té-ra-dèl-fie),  ».  f.  État 
d'un  monstre  hétéradelphe. 

t  IIIÎTÉRADÊNIQUE  (é- té-ra -dé-ni -k'),  adj. 
Terme  d'anatomie  pathologique.  Tissu  hétéradéni- 
que,  tissu  pathologique  qui  se  rapproche  du  tissu 
des  glandes. 

—  BTYM.  Hétér....,  et  à5f,v,  glande. 

tHfiTÉRAUEN  (é-té-ra-liin),  adj.  Terme  de  té- 
ratologie. Monstres  hétéraliens,  monstres  doubles 
chez  lesquels  le  sujet  accessoire,  très-petit,  s'insère 
l)rès  de  l'ombilic. 

—  P.TYM.  lIHér....,  et  SXm;,  aire  (de  l'ombilic). 

t  IlfiTÉRANDUE  (é-té-ran-dr'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Plante  hétérandre,  plante  dont  les  an- 
thères ou  les  étamines  sont  de  forme  différente. 

—  ÊTYM.  H^(^r....,etàv9)p,  mile,  et  de  là,étamine. 

t  HÉTÊRANTHE  (é-té-ran-f),  adj.  Tenue  de  bo- 
tanique. Dont  les  fleurs  ne  se  ressemblent  pas.  Le 
gui  hétéranthe. 

—  F.TYM.  llélér et  âvOoç,  fleur. 

t  HÉTÈRE  (é-tù-r'),  S.  f.  Terme  d'antiquité  grec- 
que. Courtisane.  ||  On  écrit  quelquefois  hétaire;  c'est 
une  mauvaise  orthographe. 

—  ÉTYM.  'E-raipa,  compagne. 

t  UÉTÉRIE  (é-té-rie),  s.  f.  Certaines  associa- 
tions politiques,  publiques  ou  secrètes. 

—  KTYM.  'EToiptoi,  association. 

•f  IIÉTÉRISTE  (é-té-ri-sf),  s.  m.  Membre  d'une 
hétérie. 

t  HÉTÉROBAPHIE  (é-té-ro-ba-fie) ,  s.  f.  État  d'un 
corps  dont  la  surface  est  de  deux  ou  de  plusieurs 
couleurs. 

—  KTYM.  IIM.rn....,  et  paçi?i,  teinture. 

t  HfiTÉROBRANCHE(c-té-ro-bran-ch').  1|  l'Adj. 
Terme  de  zoologie.  Dont  les  branchies  varient. 
Il  2"  S.  m.  pi.  Tribu  de  la  famille  des  siluroïdes  com- 
prenant des  poissons  dont  les  branchies  sont  ac- 
compagnées d'appendices  ramifiés.  ||  Ordre  de  la 
liasse  des  mollusques  acéphalophores  dont  les  bran- 
chies varient  quant  à  la  forme.  ||  Ordre  de  crustacés 
dans  lequel  on  range  ceux  dont  les  branchies  sont 
rès-diversifiées. 

—  f.TYM.  Jh'lérn....,  et  branchies. 

t  IlftTfiROCARPE  (é-té-ro-kar-p"),  adj.  Ternie  de 
botanique.  Qui  porte  des  fruits  divers.  Le  desmode 
hétérocarpe. 

t  HÊTEROCARPIEN,  IENNE  (é-té-ro-kar-piin, 
piè-n'),  adj.  Terme  de  botanique.  Dont  le  fruit  ré- 
sulte d'un  ovaire  modifié  par  quelque  partie  acces- 
soire, le  pédoncule,  le  disque  ou  le  calice. 

—  t.TiM.  Uétéro....,  et  xapiio«,  fruit. 

t  HÉTÉROCÈRES  (é-léro-sè-r'),  s.  m  pi.  Genre  de 
coléiiplcri!spenlamères(/i^téro...,  et  xipa;,  antenne.) 

t  UÊTÉROCERQUE  (é-té-ro-sèr-k'),  od;.  Dont  la 
queue  est  inégalement  bilobée,  en  parlant  des  pois- 
sons (hétéro.,.,  et  xspxoç,  queue).- 

t  IlÉTÉROCHËLES(é-té-ro-kè-l').  s.  m.pl.  Crus- 
tacés décapodes  chez  lesquels  les  serres  des  mâles 
sont  plus  loflgues  que  celles  des  femelles. 

—  ÊTYM.  Hétéro....,  et  X'i'^l»  serre. 
UfiTÉROCLITE  (é-té-ro-kli  t'),  adj.  ||  1°  Terme  de 

grammaire.  Oui  s'écarte  des  règles  de  l'analogie 
grammaticale.  Substantif  hétéroclite,  par  exemple 
délice,  masculin  au  singulier,  féminin  au  pluriel. 
Adjectif  hétéroclite.  ||  Terme  de  diplomatique.  Bul- 
les hétéroclites ,  bulles  qui  sont  irrégulières  dans 
quelques-uns  de  leurs  éléments.  ||  Il  s'est  dit,  mais 
ne  se  dit  plus,  des  maladies  à  marche  irrégulière. 
L'auteur  soutient  que  ,  quelque  hétéroclite  que  soit 
cette  maladie  [la  peste],  le  médecin,  qui  agit  avec 
discernement,  a  un  grand  avantage  sur  l'empirique, 
Trévoux,  Mém.  t'ss,  t.  i,  p.  80.  ||  2°  Il  se  dit  de 
certaines  choses  qui  s'écartent  des  r^gles  de  l'art, 
ou  semblent  de  nature  contraire.  Un  bflliment  hé- 
téroclite. Souvent  je  bâille  au  trapitiue  bourgeois, 
Aux  vains  efforts  d'un  auteur  amphibie  Qui  défigure 
et  qui  brave  à  la  fois  Dans  son  jargon  Melpomène 
et  Thalie....  Fu»-tu  joué?  ton  drame  hétéroclite 
Eut-il  l'honneur  d'un  peu  de  réussite?  volt.  Poutre 
diable.  ||3'Fig.  et  familièrement.  Ridicule,  bizarre. 
Ahl  te  voilà,  Thaler?  la  min?  hétéroclite  Me  ré- 
jout  l'esprit,  beonar»,  Di'mocrile,  iv,  2.  Ahl  ma- 
dane,  feu  mon  oncle  était  l'homme  le  plus  bizarre 
<ît  le  plus  hétéroclite  qu'on  ait  jamais  vu,  nANC0i.BT, 
Impromptu  de  garnison,  se.  12.  Je  ne  la  crois  pas 
RI  bétéroclitc  que  d'être  fâchée  qu'on  l'aime,  id. 
Bourg,  à  la  mode,  m,  ».  Tant  pisl  Unt  pisi  mais 


HÉT 

voilà  une  pensée  bien  hétéroclite!  karivaui,  Jeux 
de  l'am.  et  du  has.  i,  i.  Us  parcouraient  donc  mon 
hétéroclite  figure;  et  je  pense  qu'il  n'y  avait  rien 
(le  si  sot  que  moi,  id.  Pays.  parv.  6'  part.  ||  4°  S.  m. 
pi.  Terme  d'ornithologie-  Les  hétéroclites,  genre  de 
l'ordre  des  gallinacés,  famille  des  palmipèdes;  es- 
pèce unique,  l'hétéroclite  de  Tartane,  qui  est  d'un 
type  bizarre. 

—  HlST.  xvi'  s C'est  à  dire  en  leur  jargon, 

fantasques,  bizarres,  hétéroclites,  chai\ron,  Sa- 
gesse, préf.  de  la  2'  édit. 

—  ËTYM.  ETep6x).iT0î,  de  êTEpo;,  autre,  et  r.y.i- 
vEiv,  fléchir  :  dont  la  flexion  est  irrégulière. 

t  HÉTÉRODACTYLES  (é-té-ro-da-kti-l'),s.  m.pl. 
Terme  d'ornithologie.  Famille  de  l'ordre  des  grim- 
peurs, comprenant  des  oiseaui  dont  le  doigt  externe 
est  versatile. 

—  ÈTY.M.  Hétéro....,  et  8âxTu).oc,  doigt. 

t  HÉTÉRODERMES  (é-té-ro-dèr-m'),  s.  m.  pi. 
Famille  de  reptiles  ophidiens  renfermant  ceux  qui 
ont  des  écailles  sur  le  dos  et  des  plaques  sous  la 
queue  et  le  ventre. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  derme. 

t  HÉTÉRODONS  (é-té-ro-don),  s.  m.  pi.  Sous- 
genre  de  dauphins  comprenant  les  espèces  qui  dif- 
fèrent entre  elles  par  leurs  dents. 

—  f.TYM.  Uétéro....,  et  6Soùç,  ôôovto;,  dent. 

HTîrÉRODOXE  (é-té-ro-do-ks'),  adj.  Qui  est  con- 
traire aux  sentiments  reçus  dans  une  religion,  par 
opposition  à  orthodoxe.  Opinion  hétérodoxe.  Doc- 
teur hétérodo.ve.  ||  Botaniste  hétérodoxe,  nom  donné 
par  Linné  aux  botanistes  qui  ont  pris  toute  autre 
partie  que  celle  de  la  fructification  pour  base  de 
leurs  classifications. 

—  ÉTYM.  'EtepoSoÇoç,  de  êtepoç,  autre,  et  865», 
opinion. 

HfiTfiRODOXlE  (é-té-ro-do-ksie),  s.  f.  Caractère 
hétérodoxe;  opposition  aux  sentiments  orthodoxes. 
On  irrite  l'hétérodoxie  par  la  persécution,  didebot, 
Opinion  des  anc.  philos.  (Macarius). 

—  ÉTYM.  Hétérodoxe. 

t  HÉTÉRODOXITÉ  (é-té-ro-do-ksi-lé) ,  s.  f.  Ca- 
ractère de  ce  qui  est  hétérodoxe;  mot  de  Fénelon, 
d'après  hichelet. 

—  ÉTYM.  Hétérodoxe. 

t  HÉTÉRODROME  (é-té-ro-dro-m'),  adj.  Terme 
de  mécanique.  Levier  hétérodrome,  levier  du  pre- 
mier genre  dont  le  point  d'appui  est  entre  la  ré- 
sistance et  la  puissance.  » 

—  ÉTYM.  Uétéro....,  et  Spôuo;,  course,  parce  que 
la  puissance  et  le  poids  se  meuvent  en  sens  dill'érents. 

t  UfiTERODYME  (é-té-ro-di-m'),  adj.  Terme  de 
tératologie.  Monstres  hétérodymes,  monstres  dou- 
illes, chez  lesquels  le  sujet  accessoire,  très-impar- 
fait, est  réduit  aune  tête  incomplète,  portée  sur  la 
face  antérieure  du  corps  du  sujet  principal. 

—  ÉTYM.  Wt't^ro....,  et  dymc,  pour  ôc'ôujioç,  ju- 
meau. 

t  HfiTÉRODYMIE  (é-té-ro-di-mie) ,  s.  f.  État 
des  monstres  hétérodymes. 

t  HÉTÉROGAME  (é-té-ro-ga-m'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Plantes  hétéroganies,  plantes  qui  ont 
des  fleurs  monoïques,  dioîqucs  ou  polygames. 

—  ÉTYM.  Uétéro....,  et  yâv-oi,  mariage. 

t  HÉTÉROGAMIE  (é-té-ro-ga-mie),  s.  f.  Ternie 
de  botanique.  État  d'une  plante  hétérogame. 

UÉTÉROGÈNE  (é-té-ro-jè-n'),  od;.  ||l°Oui  n'est 
pas  de  la  même  nature  qu'une  autre  chose.  Les  ali- 
ments trop  peu  digérés  mettent  dans  la  masse  du 
sang  d'un  homme  des  parties  hétérogènes  qui  l'al- 
tèrent, FiîN.  t.  XXI,  p.  182.  Quelle  raison  a  eue  Dieu 
d'unir  deux  êtres  aussi  hétérogènes  [le  corps  et 
l'âme]?  VOLT.  Newton,  :,  7.  ||  Pascal  a  dit,  et  cela 
peut  en  effet  se  dire,  hétérogène  à.  On  trouvera 
un  pareil  rapport  [comme  celui  de  zéro  à  une  quan- 
tité) entre  le  repos  et  le  mouvement,  et  entre  un 
instant  ot  le  temps;  car  toutes  ces  choses  sont  hé- 
térogènes à  leurs  grandeurs,  parce  qu'étant  infini- 
ment multipliées,  elles  ne  peuvent  jamais  que  faire 
des  indivisibles,  pasc.  Esprit  gcom.  sect.  i.  îj  Terme 
d'arithmétique.  Nombres  hétérogènes,  nombres 
composés  d'entiers  et  de  fractions.  ||  Nombres  sourds 
hétérogi'nes,  ancienne  dénomination  de  ceux  qui 
sont  afl"cctés  de  différents  signes  radicaux.  ||  Terme 
de  physique.  Corps  hétérogène,  corps  dont  toutes 
les  parties  n'ont  pas  la  même  densité.  ||  Terme 
de  minéralogie.  Roche  hétérogène ,  roche  dont  les 
parties  constituantes  diffèrent  entre  elles  de  na- 
ture ou  d'aspect.  ||  Terme  de  grammaire.  Substantif 
hétérogène,  substantif  qui  est  d'un  genre  au  singu- 
lier et  d'un  autre  au  pluriel,  par  exemple  calum,  au 
singulier,  et  coeli,  au  pluriel.  ||  2°  Fig.  Qui  n'est  pas 
de  même  nature  intellectuelle  ou  morale.  Ixirsque 


HET 

Richelieu,  avec  cette  précipitation  impérieuse  qui 
veut  tout  mûrir  en  un  moment,  avait  commandé 
le  dictionnaire  de  la  langue,  on  ne  savait  encore 
où  prendre  cette  langue;  elle  n'était  plus  dans  l'in- 
culte  liberté  et  la  confusion  hétérogène  du  xvi'  siè- 
cle, on  ne  la  voyait  pas  encore  dans  les  génie* 
rares  et  contestés  des  commencements  du  xvii'  siè- 
cle, vii.LEMAiN,  Dict.  de  tAcad.  Préface,  p.  xii. 
Il  8*  S.  m.  pi.  Ordre  de  zoophytes. 

—  ÉTYM.  'ErspofCvT!;,  de  ëtepo;,  autre,  et  fé- 
voç,  genre.  Au  xvi"  siècle,  on  trouve  ët^og<*n(ie  : 
L'affliction  preignante  reserra  leurs  coeurs  à  la  con- 
fidence, comme  le  froid  resserre  les  choses  etero- 
genées,  d'aub.  Hist.  i,  02.  ...Pour  enfler  leur  p&rty 
de  pièces  heterogenées,  l'aymant  mieux  gros  que 
sain,  ID.  Conf.  n,  6. 

HÉTÉROGÉNÉITÉ  (é-té-ro-jé-né-i-té),  s.  f.  Qua- 
lité de  ce  qui  est  hétérogène. 

—  ÉTYM.  Hétérogène.  ,F.therogeneitas  (sic)  se 
trouve,  au  xiv*  siècle,  dans  Bernard  de  Gordon,  D» 
conserratione  vitx  humanx,  cap.  )3. 

t  HÉTÉROGÉNÉSIE  (é-té-ro-jé-né-zie) ,  t.  f. 
Terme  de  médecine.  Nom  collectif  de  toutes  les 
déviations  organiques  dans  lesquelles  il  existe  une 
anomalie. 

—  ÉTYM.  Hitiro....,  et  Tréveuts,  production. 

t  UÉTÉROGÉNIE  (é-té-ro-jé-nie),  s.  f.  Terme 
didactique.  Production  d'êtres  vivants  par  des  sub- 
stances organiques  ou  inorganiques,  sans  germes  ni 
ovules,  dite  aussi  génération  spontanée. 

—  ÉTYM-  Hétéro....,  et  le  suffixe  génie,  engen- 
drement. 

t  HÉTÉROGÉNISTE  (é-té-ro-jé-ni-sf) ,  s.  m. 
Parti.sah  de  l'hétérogénie.  î 

t  HÉTÉROGYNE  (é-té-ro-ji-n'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Se  dit  d'animaux  dont  l'espèce  se  com- 
pose de  mâles,  de  femelles  et  de  neutres,  exemple  : 
les  abeilles,  les  fourmis. 

—  ÉTYM,  Hétéro....,  et  fy'ri,  femelle. 

t  HÉTÉROÏDE  (é-té-ro-i-d'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Parties  hétéroïdi's,  parties  qui  varient  par 
la  forme  sur  un  même  individu. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  eWo;,  forme. 

t  HÉTÉROLOGCE  (é-té-ro-lo-gh'j ,  adj.  Terme 
d'anatomie  pathologique.  Tissus  hétérologues,  tis- 
sus morbides  appelés  par  d'autres  pathologistes  tis- 
sus sans  analogue  avec  les  tissus  du  corps. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  Wyoç,  rapport. 

t  HÉTÉROMÈRES  (é-té-ro-mè-r'),  s.  m.  pi. 
Terme  de  zoologie.  Nom  d'une  section  des  insecte» 
coléoptères  comprenant  ceux  dont  les  tarses  n'ont 
pas  le  même  nombre  d'articles  à  toutes  les  pattes. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  (lépo;,  partie. 

t  IIÉTÉROMORPHE  (é-té-ro-mor-T)  ,  adj. 
Il  1°  Terme  d'histoire  naturelle.  Dont  la  forme  pré- 
sente des  différences  dans  les  diverses  parties. 
Il  2°  Terme  de  chimie.  Corps  hétéromorphes,  corps 
qui  contiennent  un  même  nombre  d'atomes  des 
mêmes  éléments,  mais  autrement  arrangés,  d'où 
résultent  des  différences  dans  leurs  propriétés  chi- 
miques et  d.ins  leurs  formes  cristallines.  ||  3°  S.  m. 
pi.  Terme  de  zoologie.  Sous-règne  dans  lequel  on 
range  les  animaux  qui  ont  une  forme  irrégulièrc, 
tels  que  les  éponges,  les  infusoires,  les  coral- 
lincs,  etc. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  (lopifi),  forme. 

t  HÉTÉROMORPHISME  (é-té-ro-mor-fi-sm'),  *. 
m.  Qimlité  de  ce  qui  est  hétéromorphe. 

t  HÉTÉRONOME  (é-té-ro-no-m'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Cristaux  hétéronomes,  cristaux  formés 
par  des  lois  qu'on  ne  retrouve  point  ailleurs. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  v6ixo;,  loi. 

t  HÉTÊRONOMIE  (é-lé-ro-no-mie) ,  s.  f.  Terme 
de  philosophie.  Nom  donné  par  Kant  aux  lois  que 
nous  recevons  de  la  nature,  à  la  violence  qu'exer- 
cent sur  nous  nos  passions  et  nos  besoins  ;  par  op- 
position à  autonomie. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  vÔ|jloç,  loi. 

I  HÊTÉRONYME  (é-té-ro-ni-m') ,  adj.  Ouvrage 
hétéronyme,  ouvrage  publié  sous  le  nom  véritable 
d'un  autre.  ||  Auteur  hétéronyme,  auteur  qui  publie 
un  livre  sous  le  nom  véritable  d'une  autre  personne. 

—  ÉTYM.  Hétéro et  ôvojia,  nom. 

t  HÉTÉROPAGE  (é-té-ro-pa-j'),  adj.  Terme  do 
tératologie.  Monstres  liétéropages,  monstres  dou- 
bles chez  lesquels  le  sujet  accessoire,  très-impar- 
fait, mais  pourvu  d'une  tête  distincte,  a  le  corpj 
implanté  sur  la  face  antérieure  du  corps  du  sujr.t 
princip.il. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  irayE!;,  fixé. 

t  HÉTÉROPAGIE  (é-té-ropa-jie),  s.  f.  Etat  des 
monstres  hétéropages. 

t  HÉTÉROPATHIE   (é-té-ro-pa-tie),  *.  f.  Terme 


HËT 

de  médecine.  Mode  de  traitement  dans  lequel  \n\ 
état  morbide  est  écarté  en  introduisant  un  état  mor- 
bide différent. 

—  f.TYM.  Hétéro....,  et  TtdOot;,  maladie. 

t  IIÉTÉROPKS  (é-té-ro-p'),  s.  m.  pi.  Famille  de 
l'ordre  des  crustacés  brancUopodes,  comprenant 
ceux  dont  les  quatre  derniers  pieds  au  moins  sont 
mutiques  et  propres  à  la  natation. 

—  ÉTYM.  Hétéro et  itoO;,  pied. 

t  HÉTÉROPÉTALE  (é-té-ro-pé-ta-1' ) ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Plante  hétéropétale,  plante  dont  les 
pétales  sont  différents  entre  eux. 

—  ÈTYH.  Hétéro....,  et  pétale. 

t  ItÊTÉROPULEGMASIQUE  (é-té-ro-flè-gma-zi- 
k'),  adj.  Terme  de  médecine.  Substances  hétéro- 
phlegmasiques ,  substances  auxquelles  la  théorie 
attribue  le  pouvoir  de  substituer  un  mode  particu- 
lier d'irritation  à  un  autre. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  phlegmasie. 

t  UÉTÉROPUYLLE  (é-té-ro  fi-l'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Plante  hétérophylle ,  plante  dont  les 
feuilles  ou  folioles  sont  dissemblables. 

—  ËTYM.  Hétéro....,  etçûUov,  feuille. 

t  HÉTÉROPHVLLIE  (é-té-ro-fil-lie) ,  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Etat  d'une  plante  hétérophylle. 

t  HÉTÉROPLASIE  (é-té-ro-pla-zie),  s.  f.  Terme 
de  pathologie.  Génération  de  produits  morbides 
étrangers  à  l'économie  animale,  par  exemple  le  tu- 
bercule. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  ■nlâan,  action  de  former, 
t   HÉTÉROPLASME    (  é-té-ro-pla-sm'  )  ,    s.    m. 

Terme  de  pathologie.  La  substance  formant  toute 
production  morbide  étrangère  à  l'économie. 

—  !;tym.  Hétéro....,  et  jtXâtrfia,  formation. 

t  HÉTÉROPLASTIQUE  (é-té-ro-pla-sti-k'),  adj. 
Oui  a  rapport  à  l'hétcroplasie. 

t  HÊTEROPORE    (été  ro-po-r'),  adj.    Terme   de 

zoologie.  Polypier  bétéropore,  polypier  dont  les  ou- 

*  vortures  des  cellules  sont  dirigées  dans  tous  les  sens. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  pore. 

t  UÉTÉROPSIDE  (é-té-ro-psi-d'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  se  présente  sous  un  aspect  propre 
à  déguiser  les  propriétés  spéciales  et  caractéristi- 
ques (le  la  substance. 

—  ÉTYM.  Hélér....,  et  ôi^i;,  vue,  apparence. 

t  UÉTÉROREXIE  (é-té-ro-rè-ksie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Dépravation  de  l'appétit. 

—  ÉTYM.  Hétér....,  et  ôpeEt;,  appétit. 
llfiTËROSClENS  (é-té-ro-ssi-in),  s.  m.  pi.  Terme 

de  géographie.  Nom  qu'on  donne  aux  habitants  des 
zones  tempérées,  parce  que,  le  soleil  étant  toujours 
pour  eux,  ou  méridional,  ou  septentrional,  les  om- 
bres méridiennes  des  uns  portent  au  nord,  tandis 
que  celies  des  autres  portent  au  midi. 

—  ÉTYM.  'Etepôsxioi;,  de  eTEpo?,  autre,  et  <7xià, 
ombre. 

t  UÉTÉROSOMES  (é-té-ro-so-m') ,  s.  m.  pi.  Fa- 
mille de  poissons  bolobranches  dont  le  côté  droit  et 
le  côté  gauche  du  corps  ne  se  ressemblent  pas. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  !Tœ(j.a,  corps. 

t  HÉTÊROSTRÔPUE  (é-té-ro-stro-f),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  tourne  en  sens  inverse  du  sens 
ordinaire. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  (jTpÉ|eiv,  tourner. 

+  UÉTÉROTAXIE  (é-té-ro-U-ksie)  ,  s.  f.  Terme 
de  tératologie.  Anomalie  complexe,  non  apparente  à 
l'oxléfieur,  ne  mettant  obstacle  à  aucune  fonction, 
et  qui  consiste  en  des  transpositions  d'organes,  par 
exemple  quand  la  rate  est  à  droite  et  le  foie  i 
gauche. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  tàÇt;,  arrangement. 

t  llÊrÊROTUÉTiqUE  (  é-té-ro-té-ti-k'  )  ,  adj. 
Terme  de  la  philosophie  de  Kant.  Transcendamt.  Mé- 
taphysique hétérothétique,  science  des  choses  ab- 
solues. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  OEtixè;,  qui  pose  :  thèse 
des  choses  qui  sont  de  l'autre  côté  de  l'expé- 
rience. 

t  UÉTÉROTOME  (é-té-ro-to-m'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  les  divisions  n'ont  pas  la  mOme 
forme.  Corolle  liétérùtome. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  xotiri,  section. 

t  IIÉTJÎROTOPIE  (é-té-ro-to  pie),  s.  f.  Terme 
d'anatomie  pathologique.  Hétérotopie  plastique , 
formation  de  tissus  simples  ou  composés  en  des 
endroits  du  corps  où,  à  l'état  normal,  on  ne  les 
rencontre  point. 

—  ÉTYM.    Hétéro....,  et  TÔno;,  lieu. 

t  HÉTÉKOTROPE  (é-té-ro-tro-p'),  adj.  Terme  de 
liotanique.  Embryon  hétérotrope,  embryon  à  radi- 
cule éloignée  du  bile  sans  lui  être  diamétralement 
opposée. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  et  TpoTiJ),  conversion. 

uiCT.    DE    LA    LANGUE   ÏRANCAtSE. 


HEU 

t  UÊTIÎROTYPIEN  (été-ro-ti-piin),  adj.  Terme 

de  tératologie.  Monstres  hétérotypiens,  monstres 
doubles  chez  lesquels  le  parasite  est  suspendu  à  la 
paroi  antérieure  du  corps  du  sujet  principal. 

—  ÉTYM.  Hétéro....,  etTÙTto;,  type. 
UETMAN  (hè-tman),  s.  m.  Titre  de  dignité  chez 

les  Cosaques. 

—  ÉTYM.  Mot  russe. 
tHÉTOCDEAO  (bé-tou-dô)  ou   HÉTOCRDEAD 

(hé-tour-dô),  s.  m.  Terme  vieilli.  Le  jeune  chapon  et 
le  poulet  assez  gros  pour  être  chaponné. 

—  mST.  xiv  s.  Rost  :  cinq  cochons,  vingt  he- 
toudeaux,  Ménagier,  ii,  4.  ||  xv"  s.  Pour  trois  heton- 
deaulx,  quinze  sols,  Btbl.  des  chartes,  5'  série,  1. 1, 

p.  220. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  haistaldus,  colon;  de  l'anc. 
haut-aUem.  hagastalt,  célibataire,  apprenti.  D'après 
du  Gange,  le  W(ourdeaM  a  été  ainsi  nommé  duhai's- 
taldus,  qui  le  fournissait  à  ses  maîtres;  d'après 
Diez,  le  nom  de  haistaldus,  célibataire,  novice,  a 
été  transféré  par  plaisanterie  au  chapon. 

t  HÉTRAIE  (hé-trê) ,  s.  f.  Lieu  planté  de  hêtres. 

HÊTRE  (hê-tr'),  s.  m.  Grand  arbre  de  la  famille 
des  amentacées,  qui  porte  un  fruit  appelé  faine, 
fagus  sylvatica,  L.  Et,  dans  mon  cabinet  assis  au 
pied  des  hêtres,  Faire  dire  aux  échos  des  sottises 
champêtres,  boil.  Sat.  ix.  Etendu,  cher  Tityre,  à 
l'abri  de  ce  hêtre,  Tu  médites  des  airs  sur  ta  flûte 
champêtre,  tissot,  Trad.  des  bucol.  de  Virg.  i. 

—  HlST.  xiH'  s.  Desous  un  haistre  rameit  [garni 
de  rameaux],  Ai  un  doulc  cant  escouteit  De  gentille 
pastorclle,  Hist.  litt.  de  la  Fr.  t.  xxiii,  p.  669.  ||  xvi'  s. 
Les  pins,  sapins,  hestres  ou  fousteaux  dits  aussi 
faux,  et  les  charmes,sont  arbres  de  montagne  froide, 

0.  DB  SERRES,  787. 

—  ÉTYM.  Wallon,  hèse  ;  du  flamand  hecster,  hes- 
ter,  arbrisseau  ;  bas-allem.  hcster,  jeune  hêtre;  al- 
lem.  Heister,  jeune  arbre  de  bosquet. 

■\i.  HEUI  (lieu),  interjection  qui,  répétée,  ex- 
prime le  doute,  une  secrète  pensée.  Heul  heu! 
vous  croyez  qu'il  réussira.  Comment  va-t-il?  —  Heu  I 
heu  1 

t  2.  HEC  (heu),i.  m.  Ancien  terme  de  marine. 
Moyen  vaisseau  qui,  pour  l'ordinaire,  avait  l'arrière 
rond,  et  qui  n'avait  qu'un  grand  mât  avec  une  voile 
extraordinaire,  jal. 

—  ÉTYM.  Flamand,  hui;  hoU.  hxilk. 

f  HEDCHËRE  (heu-chè-r'),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  saxifragées  d'Amérique  dé- 
dié au  botaniste  allemand  Heucher  (1687-1747). 

t  HEUGUENON  (heu-ghe-non),  s.  m.  Variété  de 
poire  à  cidre. 

HECR  (eur),  s.  m.  Bonne  fortune,  chance  heu- 
reuse. Rendant  tout  l'univers  de  son  heur  étonné, 
MALH.  II,  i .  Ils  tiennent  à  grand  heur  de  ce  que  tes 
ancêtres...,  régniek,  Sat.  vi.  Je  ne  craindrai  pas 
de  dire  que  je  pense  avoir  eu  beaucoup  d'heur  de 
m'êlre  rencontré  dès  ma  jeunesse  en  certains  che- 
mins qui  m'ont  conduit  à  des  considérations  et  des 
maximes  dont  j'ai  formé  une  méthode...,  desc. 
Méth.  1,  3.  Si  j'ai  ci-devant  trouvé  quelques  vérités 
dans  les  sciences...,  je  puis  dire  que  ce  ne  sont  que 
des  suites  et  des  dépendances  de  cinq  ou  six  prin- 
cipales difficultés  que  j'ai  surmontées,  et  que  je 
compte  pour  autant  de  batailles  où  j'ai  eu  l'heur  de 
mon  côté,  id.  ib.  vi,  4.  Qui  l'eût  dit?  Que  notre  heur 
fût  si  proche  et  sitôt  se  perdît ,  cokn.  Cid,  m,  i.  Tu 
l'en  souviens,  Cinna;  tant  d'heur  et  tant  de  gloire 
Ne  peuvent  pas  sitôt  sortir  de  tamémoire,  id.  Cinna, 
v,  i.  Puisse  le  juste  ciel,  content  de  ma  ruine, 
Combler  d'heur  et  de  jours  Polyeucle  et  Pauline  ! 
ID.  Poly.  Il,  2.  Ne  vous  offensez  pas  si  cet  heur  de 
vos  armes.  Qui  me  rend  tant  de  biens,  me  coûte 
un  peu  de  larmes,  id.  l'omp.  v,  5.  Le  prince  An- 
tiochus,  devenu  nouveau  roi.  Sembla  de  tous  côtés 
traîner  l'heur  avec  soi,  id.  Rodog.  l,  i .  L'heur  de 

vous  obéir  flattera  sa  douleur,  ID.  ib.  m,  4 Je 

puis  fermer  par  l'heur  de  ses  exploits  Le  temple 
qu'un  même  heur  n'a  fermé  qu'une  fois,  rotr. 
Bélis.  V,  8.  Expliquez-vous,  Ascagne,  et  croyez  par 
avance  Que  votre  heur  est  certain,  s'il  est  en  ma 
puissance,  mol.  Dép.  am.  ii,  2.  Je  \oi.s  épouse, 
Agnès,  et  cent  fois  la  journée  Vous  devez  bénir 
l'heur  de  votre  destinée,  id.  Éc.  des  f.  m,  2.  Heur 
se  plaçait  où  bonheur  ne  saurait  entrer;  il  a 
fait  heureux  qui  est  français  et  il  a  cessé  de 
l'être,  LA  BBUY.  XIV.  Ce  mot  d'heur,  qui  favorisait 
la  versification,  et  qui  ne  choque  point  l'oreille,  est 
aujourd'hui  banni  de  notre  langue,  volt.  Rem.  sur 
Corn.  Il  il  se  dit,  en  parlant  des  personnes,  de  celle 
qui  fait  le  bonheur  de.  Reine,  l'heur  de  la  Franco  et 
de  tout  l'univers.  Qui  voyez  chaque  jour  tant  d'hom- 
mages divers  Que  présente  la  muse  aux  pieds  de 


HEU 


2017 


votre  image,  malh.  iv,  8.  Ahl  mon  heur,  il  est 
vrai,  si  tes  désirs  secondent  Cet  amour  qui  parait 
et  brille  dans  tes  yeux,  Je  n'ai  rien  désormais  à  de- 
mander aux  dieux,  coiiN.  Mélite,  v,  4.  ||  l'roverbes. 
Il  n'y  a  qu'heur  et  malheur  en  ce  monde,  c'est-à-diio 
ce  qui  fait  la  fortune  des  uns  cause  la  ruine  des  au- 
tres; et,  plus  souvent,  tout  dépend  de  la  chance.  ||  1' 
a  plus  d'heur  que  de  s:igesse,  plus  d'heur  que  do 
science,  se  dit  d'un  homme  qui,  malgré  son  neu  d'in- 
dustrie ou  de  prudence,  ne  laisse  pas  de  réussir. 

—  REM.  Quoique  ce  mol  soit  peu  usité,  commo 
il  reste  dans  la  locution  heur  et  malheur,  il  n'est 
pas  impossible  de  le  bien  employer  en  poésie  ou 
dans  la  prose  élevée. 

—  SYN.  UEUH,  BONHEUR.  L'heur,  qui  a  le  sens  da 
chance  heureuse  ou  malheureuse,  comme  le  prouve 
malheur,  n'a  plus  que  celui  de  bonne  chance;  lo 
bonheur  est  la  continuité  do  l'heur.  Cette  nuance 
se  trouve  bien  marquée  dans  ces  vers  :  Je  découvrd 
sans  peine....  Qu'un  péril  .suit  souvent  la  conquête 
d'un  cœur.  Et  que  l'heur  d'être  aimé  n'est  pas  tou- 
jours  bonheur,  quinaulï,  Amalasonle ,  iv,  «. 

—  HIST.  XII' s.  EQrs,servirsettalens  [désir]  Me  por- 
ront  encor  valoir,  Couci,  xii.  Si  j'atendrai....  Joie 
d'amour,  se  bon  eUr  m'i  maine,  ib.  xiv.  |{  xiii*  s. 
[Que]  Dame  Diex  par  sa  grâce  lui  renvoit  bon 
eûr,  Berte,  xli.  Le  roy  les  fist  apeler,  et  leur 
demanda  que  il  leur  sembloit  de  cest  heur  [aven- 
ture], JOiNV.  286.  Il  XIV*  s.  Hercules,  estendue 
sa  main,  dist  que  il  acceptoit  bien  celi  aùr  [augu- 
rium\,  BERCHEURE,  f»  9,  lerso.  Force,  hardiment 
d'eschever  [je]  Li  doin  pour  son  eur  eslever,  ma- 
CHAUT,  p.  22.  Il  xv°  s.  Quaut  11  fut  ué,  je  sceus  que 
sou  heur  ne  gisoit  point  en  Bretaigne;  car  mesad- 
venture  luy  fust  advenue  pour  luy  et  pour  ses  amys, 
Perceforest,t.  ly,  f"  14I.  11  sembloit  que  toutes 
choses  allassent  à  son  plaisir,  mais  aussi  son  sens 
luy  aydoit  bien  à  luy  faire  venir  cest  heur,  comm. 
VI,  6.  Il  XVI"  s.  Dieu  vous  doint  la  fortune  et  Iheur, 
Meilleur  que  n'a  esté  le  mien,  mabot,  ii,  (88.  Nous 
navigasmes  par  troys  jours  ;  on  quatriesme,  en  bon 
heur,  approchasmes  de  Lanternoys,  bab.  Pant.  v, 
32.  Rapportants  leur  heur  ou  malheur  à  la  raison 
divine,  mont,  i,  248. 

—  ÉTYM.  Wall,  aweure,  chance  heureuse  ou 
malheureuse,  présage;  provenç.  auguri,  augur, 
agur  ;  espagn.  agiiero;  portug.  agouro;  ital.  aucu- 
ne ;  du  lat.  augurium  (voy.  augure  l).  Aux  conjec- 
tures proposées  à  l'article  d'augure,  ajoutez  que  cer« 
tains  étymologistes  tirent  augurium  de  avis,  oiseau, 
et  d'un  radical  qui  est  dans  le  latin  garrire,  bavar- 
der, et  dans  le  sanscrit,  gar  ou  gri,  crier.  Certains 
étymologistes  ont  tiré  heur  de  hora,  heure  ;  mais 
les  anciennes  formes,  qui  sont  toutes  dissyllabiques, 
ne  permettent  pas  une  pareille  étymologle  ;  le  sens 
primitif  dé  présage  était  encore  si  persistant,  qu'au 
XIV*  siècle  Bercheure  traduit  augurium  par  aûr.  Lu 

■  premier  exemple  de   heur  monosyllabe  est,    dans 
notre  historique,  au  xiv*  siècle,  chez  Macliaut. 

HEURE  (eu-r'i.  S-  f.  Il  1°  La  vingt-quatrième  par- 
tie du  jour,  c'est-à-{lire  d'une  révolution  complète  do 
la  terre  sur  elle-même.  L'heure  se  divise  en  soixante 
minutes.  Les  vingt-quatre  heures  du  jour.  Douze 
heures  de  jour  et  douze  heures  de  nuW  II  y  a  une 
heure  que  je  vous  écoule;  est-coque  nous  jouons 
ici  une  comédie?  mol.  Pourc.  i,  H.  Ce  peu  d'heu- 
res [au  moment  de  mourir]  saintement  passées 
parmi  les  plus  rudes  épreuves  et  dans  les  senti- 
ments les  plus  purs  du  christianisme  tiennent  lieu 
toutes  seules  d'un  âge  accompli,  boss.  Duch.  d'Orl. 
Donnons  à  ce  grand  œuvre  [la  destruction  du  lu- 
trin] une  heure  d'abstinence;  Et  qu'au  retour  tantôt 
un  ample  déjeuner....  boil.  Lutrin,  iv.  Avec  eu», 
dans  une  heure,  il  nous  réconcilie,  rac.  Iphig.  m, 
3.  La  nuit  arrive  alors,  une  nuit  de  seize  heures; 
mais,  sur  cette  neige  qui  couvre  tout,  on  ne  sait  où 
s'arrêter,  où  s'asseoir,  où  se  reposer,  où  trouver 
quelques  racines  pour  se  nourrir,  séoub,  Hist.  du 
Nap.  IX,  H.  Mais  jusque  dans  le  sein  des  heures 
fortunées  Je  ne  sais  quelle  voix  que  j'entends  ralen- 
tir, Me  poursuit...,  lamart.  Méd.  ii,  )0.  jj  En  une 
heure,  se  dit,  d'une  façon  indéterminée,  pour  un 
court  espace  de  temps.  L'empereur  ayant  eu  besoin 
d'argent,  il  trouva  en  une  heure  par  leur  moyen  [des 
financiers]  ce  qu'il  n'aurait  pas  eu  en  six  mois  par  les 
voies  ordinaires,  VOLT.  Babouc.  ||  Une  heure  de  che- 
min, ou,  simplement,  uneJieure,  l'espace  que  Ion 
parcourt  en  une  heure  do  marche.  Nou?  étions  à 
huit  heures  de  Paris,  sÉv.  202.  ||  Heure  légale,  celle 
qui  est  donnée  par  l'horloge  communale  j|  Terme 
d'astronomie.  Heures  solaires  moyennes  et  égales, 
heures  dont  chacune  est  la  vingt-quatrième  partie 
d'un  jour  moyen,  c'est-à-dire  d'un  retour  moyen  du 

t.  —  2'-ii 


2018 


HEU 


soleil  au  mériilii  n.  Houres  solaires  vraies,  celles  qui 
sont  mapcjuéos  sur  nos  cadrans  tolaires,  et  qui  va- 
rient à  raison  des  inégalités  do  la  marche  du  globe 
terrestre.  ||  Terme  do  marine.  Heure  de  Paris,  heure 
que  l'on  compte  à  Paris  (où  passe  le  premier  mé- 
ridien) à  l'instant  d'une  observation  faite  à  bord. 
Il  Heure  de  Paris  se  dit  aussi  de  l'heure  telle  qu'elle 
est  à  Paris  et  sur  laquelle  on  règle  toutes  les  hor- 
loges des  chemins  de  fer.  ||  Heure  de  grâce,  quart 
d'heure  de  grâce,  délai  accordé  au  delà  du  terme 
fixé.  Il  Être  à  l'heure,  être  employé  à  tant  par  heure. 
Il  Preudre  un  ouvrier,  un  homme  de  peine,  un  fia- 
cre, un  cabriolet  à  l'heure,  s'en  servir  à  tant  par 
heure.  ||  Être  à  l'heure,  avoir  l'heure  exacte.  Étes- 
vous  à  l'heure?  Votre  montre  est-elle  à  l'heure?  Se 
mettre  à  l'heure.  Il  Être  i  l'heure,  arriver  juste  au 
moment  convenu.  ||  Avoir  l'heure,  avoir  une  monti-e 
sur  soi.  Il  Avoir  l'heure,  se  dit  aussi  de  l'heure  que 
marque  la  montre.  Quelle  heure  avez-vous?  ||  Fa- 
milièrement. N'avoir  pas  une  heure  à  soi,  être  tel- 
lement occupé  qu'on  ne  peut  disposer  d'une  heure. 

I  On  dit  de  même  :  n'avoir  pas  une  heure  de  repos, 
de  relâche.  |1  Elliptiquement.  Des  heures  entières, 
ou,  simplement,  des  heures  se  dit  pour  :  pendant 
plusieurs  heures.  Ils  restent  des  heures  sans  rien 
se  dire.  ||  En  ce  sens,  Mme  de  Sévigné  a  dit  les 
au  lieu  de  des.  Elle  est  jolie  de  tout  point  ;  je  m'y 
amuse    les  heures  entières,    Lett.    20   mai    1872. 

II  Dans  la  liturgie  catholique,  les  prières  de  qua- 
rante heures,  des  quarante  heures,  ou,  elliptique- 
ment, les  quarante  heures,  prières  qui  durent  qua- 
rante heures  et  qui  se  font  pendant  trois  jours,. 
temps  durant  lequel  le  saint  sacrement  est  exposé 
oans  l'église.  ||  Demi-heure,  la  moitié  d'une  heure. 
Ceux-là  ne  sauraient  l'entretenir  une  demi-heure 
sans  te  dire  cent  fois  que  le  roi  arme,  Balzac,  Uv.  m, 
lett.  3.  Louis  XIV  disait  à  Boileau  :  Souvenez-vous 
que  j'aurai  toujours  une  demi-heure  à  vous  donner, 
viLLEMAiN,  LUI.  fr.  18°  siècle,  2«  part.  2"  leçon. 
Il  Dans  demi-heure,  se  dit  par  abréviation  pour  dans 
une  demi-heure,  MARMONTEL,ilfe'm.v.||  Quartd'heure, 
le  quart  d'une  heure.  [La  reine]  tantôt  sauvée,  tantôt 
presque  prise,  changeant  de  fortune  à  chaque  quart 
d'heure,  boss.  Reine  d'Anglel.  ||  Fig.  Mauvais  quart 
d'heure,  bon  quartd'heure,  quart  d'heure  de  Rabelais, 
voy.  QUART.  Il  2°  Au  plur.  Dans  le  langage  élevé  et 
poétique,  les  heures,  le  temps,  la  durée.  Aussitôt 
(ju'on  cesse  pour  nous  de  compter  les  heures  et  de 
Inesurer  notre  vie  par  les  jours  et  par  les  années, 
BOSS.  Duch.  d'Orl.  'Tu  voudrais  cependant  que  sur 
un  cénotaphe  La  gloire  t'inscrivît  ta  ligne  d'épi- 
taphe.  Et  promît  à  ton  nom  de  temps  en  temps  cité. 
Ses  heures  de  mémoire  et  d'immortalité,  lamakt. 
Ilarm.  11,  )2.  ||  La  fuite  des  heures,  le  cours  rapide 
du  temps.  ||  3°  Il  se  dit  des  divers  moments  du  jour, 
comptés  depuis  minuit  ou  depuis  midi.  On  dîne  à 
six  heures.  Quelle  heure  est-il?  Venez  à  telle  heure. 
Il  Être  sujet  à  l'heure,  ne  pouvoir  disposer  de  son 
temps.  Je  ne  suis  point  sujet  à  l'heure.  ||  Â  deux 
heures  de  nuit,  deux  heures  après  le  coucher  du 
soleil.  X  deux  heures  de  jour,  deux  heures  après  le 
laver  du  soleil.  ||  Quand  on  parle  des  heures  com- 
prises entre  minuit  et  midi,  on  ajoute  les  mois  du 
matin  pour^s  spécifier.  Il  s'est  levé  à  trois  heures 
du  matin.  Il  s'est  retiré  du  bal  à  deux  heures  du 
matin.  ||  Quand  on  parle  des  heures  comprises  entre 
midi  et  minuit,  on  ajoute  de  l'après-midi  pour  les 
premières  heures,  et  du  soir  pour  les  dernières. 
Venez  à  une  heure,  à  deux  heures,  à  trois  heures  de 
l'après-midi.  Il  est  sept  heures,  dix  heures  du  soir. 
Il  Mme  de  Sévigné  a  dit  douze  heures  du  soir  pour 
minuit  :  Nous  n'arrivâmes  ici  qu'après  douze  heures 
du  soir,  SÉv.  430.  ||  Terme  de  pratique,  i  l'heure  de 
midi,  à  midi,  i  deux  heures  de  relevée,  à  deux 
heures  de  l'après-midi.  ||  L'heure  est  avancée,  se 
dit  quand  il  s'est  fait  lard.  On  leva  la  séance,  vu 
l'heure  avancée.  ||  Heure  indue,  heure  à  laquelle 
tout  le  monde  est  ordinairement  rentré  chez  soi. 
Que  viens-tu  faire  en  cette  maison  à  des  heures 
indues?  —  Heure  induel  monsieur  voit  bien  qu'il 
est  aussi  près  du  matin  que  du  soir,  beaumahch. 
Ilarbier,  iv,  s.  ||  Heure  indue  signifie  aussi  heure  peu 
convenable.  ||  Ironiquement.  Vous  venez  à  une  belle 
heure,  à  belle  heure,  il  est  belle  heure  pour  venir, 
la  belle  heure  pour  arriver,  se  dit  à  quelqu'un  qui 
s'est  fait  attendre  et  arrive  trop  tard.  ||  Nous  faisons 
commencer  la  division  des  heures,  ou  h  midi  lorsque 
le  soleil  est  à  notre  méridien,  ou  à  minuit  que  nous 
regardons  comme  le  commencement  du  jour  et  qui 
s'appelle  malin.  En  Italie,  tout  le  cadran  dos  hor- 
loges est  divisé  en  vingUiuatre  parties,  do  sorte 
que  l'aiguille  ne  fait  qu'un  seul  tour  en  vingt-quatre 
heures,  et  l'on  y  suppose  que  le  jour  commence  au 


HEU 

coucher  du  soleil.  Les  Babyloniens  faisaient  com- 
mencer le  jour  au  lever  du  soleil.  De  là  la  distinc- 
tion des  heures  babyloniqucs,  des  heures  italiques 
et  (les  heures  françaises.  {|  4°  Indication  de  l'heure 
donnée  par  un  cadran,  par  une  horloge,  par  une 
montre.  L'horloge  a  sonné  deux  heures.  Il  est  trois 
heures  vingt  minutes.  Quelle  heure  est-il?  Il  est  une 
heure  ;  il  est  deux  heures  sonnées.  Je  vendis  ma 
montre,  en  me  disant  avec  une  joie  incroyable  : 
Grâce  au  ciel,  je  n'aurai  plus  besoin  de  savoir 
l'heure  qu'il  est,  J.  J.  Bouss.  Confess.  viu.  ||  Popu- 
lairement. Il  est  venu  sur  les  deux  heures.  j|  Avancer 
l'heure,  relarder  l'heure,  avancer,  retarder  l'hor- 
loge. Il  Prendre  l'heure,  régler  sa  montre  sur  une 
horloge  qui  va  bien.  ||  On  dit  dans  le  même  sens  : 
mettre  une  montre  à  l'heure.  ||  Une  heure  d'horloge, 
une  heure  que  l'attente  ou  une  raison  quelconque 
fait  paraître  longue;  ainsi  dite  pour  marquer  qu'on 
ne  parle  pas  par  exagération  en  la  nommant  ainsi. 
J'y  suis  resté  trois  heures  d'horloge.  ||  On  dit  dans 
le  même  sens  :  une  heure  de  temps.  Ceux  qui  amu- 
sent une  conversation  pendant  deux  Tieures  de 
temps  sans  qu'il  soit  possible  de  retenir  un  mot  de 
ce  qu'ils  ont  dit,  montesq.  I.elt.  pers.  82.  ||  Il  compte 
toutes  les  heures,  il  s'ennuie  beaucoup.  ||  Pièce 
de  huit  heures,  se  disait  autrefois  de  l'aloyau,  parce 
qu'on  le  mangeait  à  déjeuner.  ||  Fig.  et  familière- 
ment. Chercher  midi  à  quatorze  heures,  voy.  qua- 
torze. Il  Ils  vont  chercher  midi  où  il  n'est  qu'onze 
heures,  se  disait,  par  allusion  à  l'habitude  de  dîner 
à  midi,  des  écornifieurs  allant  de  bonne  heure  re- 
tenir à  dîner.  ||  8°  Signes  d'un  cadran  qui  servent 
à  indiquer  les  heures.  Les  heures  sur  ce  cadran 
sont  en  chiffres  romains.  Les  heures  de  ce  cadran 
sont  effacées.  La  petite  aiguille  est  sur  telle  heure. 
Il  Pierre  des  heures,  dit  aussi  cadran  d'Achaz,  ca- 
dran solaire  dont  il  est  fait  mention  dans  la  Bible 
{Rois,  IV,  20).  Il  6°  Moments  de  la  journée,  par  rap- 
port à  la  manière  dont  on  les  emploie.  Régler,  mé- 
nager ses  heures.  Passer  agréablement  ses  heures. 
Avoir  ses  heures  d'étude,  de  promenade.  Ni  les  di- 
vertissements, ni  les  fatigues  des  voyages  ne  fai- 
saient perdre  à  Marie-Thérèse  ces  heures  particu- 
lières qu'elle  destinait  à  la  méditation  et  à  la  prière, 
Boss.  Mar.-Thér.  ||  Toutes  ses  heures  sont  marquées, 
chacune  de  ses  occupations  a  son  temps  marqué. 
Il  Heures  de  loisir,  heures  libres,  heures  perdues,  mo- 
ments inoccupés  d'une  pei'sonne  fort  occupée  d'ordi- 
naire. Je  lirai  cet  ouvrage  à  mes  heures  de  loisir,  à 
mes  heures  perdues.  Les  he\ires  qu'il  avait  libres 
furent  remplies  de  bonnes  lectures,  BOss.  le  Tellier. 
\\  Faire  quelque  chose  à  ses  heures  dérobées,  déro- 
ber quelques  moments  à  des  occupations  habituelles 
et  pressantes  pour  faire  quelque  chose.  ||  Moment  où 
une  cho.se  se  fait  habituellement.  Il  est  l'heure  de  se 
coucher.  Aux  heures  des  repas.  Les  heures  d'au- 
dience d'un  ministre.  Avancer  l'heure  du  dîner. 
Il  Familièrement.  Il  ne  fait  rien  qu'à  ses  heures,  il 
ne  se  dérange  pas  de  son  train  de  vie  ordinaire.  Il 
vivait  de  régime  et  mangeait  à  ses  heures,  la  font. 
Fabl.  VII,  4.  Il  7"  Terme  de  liturgie."Heures  cano- 
niales, diverses  parties  du  bréviaire,  comme  ma- 
tines, vêpres,  etc.  qu'on  récite  aux  diverses  heures. 
Il  Les  petites  heures,  prime,  tierce,  sexte  cl  none. 
Il  Livre  d'heures,  ou,  simplement,  heures,  livre  où 
ces  prières  sont  contenues.  Mme  la  duchesse  de 
Bourgogne  vous  est  bien  obligée  de  penser  à  elle, 
et  sera  ravie  d'avoir  vos  heures,  mainte.non,  Lett. 
ou  card.  de  Noailles,  3  oct.  nui.  \\  Populaire- 
ment. Une  paire  d'heures,  un  livre  d'heures. 
Il  8°  Moment  précis  fixé  pour  un  rendez-vous, 
pour  une  affaire.  Donner  son  heure.  Choisir  une 
heure.  Nous  sommes  convenus  de  cinq  heures  du 
soir.  L'heure  du  rendez-vous.  Le  lendemain,  à 
l'heure  marquée,  il  fallut  réveiller  d'un  profond 
sommeil  cet  autre  Alexandre,  boss.  Louis  de  Bour- 
bon. Voici  notre  heure  :  allons  célébrer  ce  grand 
jour,  bac.  Athal.  11,  <.  ||  Prendre  heure,  fixerl'heuro 
d'un  rendez-vous.  Son  ami....  Prend  heure  avec  elle 
au  matin,  la  font.  Nie.  Et  l'on  vous  mandera 
quand  l'heure  sera  prise,  moi..  Éc.  des  f.  iv,  2. 
Il  Mon  heure,  signifie  ''heure  qu'on  m'a  fixée.  En 
public,  à  mon  heure,  on  m?  donne  audience,  rac. 
Brit.  1,  ) .  Il  Mon  heure,  signifie  d'autres  fois  l'heuro 
qui  me  convient.  Il  s'ensuivit  de  là  que  je  ne  lui 
faisais  plus  de  visite  à  mon  heure,  mais  à  la  sienne, 
I.  1.  Bou.ss.  Confess.  ix.  1|  9°  Un  temps,  un  moment, 
une  #pO(iue  quelconque.  Heure  favorable.  Heure 
propice.  Elle  n'attend  [ilus  que  l'heure  d'accoucher. 
Les  chagrins  avancèrent  l'heure  de  sa  mort.  X  cette 
heure  [pendant  le  bernemont]  j'avais  la  tête  en  bas, 
VOIT.  Lett.  ».  Voyez  ce  qu'en  ces  lieux  il  venait  de- 
mander, S'il  est  heure  .si  tard  de  faire  une  visite, 


HEU 

coRfi.SuitedullerU.lv,  i Et  ce  lieu  c'est  la  cour  ; 

Là  donc  pour  quelque  temps  il  fixe  son  séjour,  Se 
trouvant  au  coucher,  au  lever,  à  ces  heures  Que 
l'on  sait  être  les  meilleures,  la  font.  Fabl.  vu,  12. 
À  quelque  heure  et  de  quelque  côté  que  viennent 
les  ennemis...,  BOSS.  touiVde  Bourbon.  Enfin  l'heure 
est  venue  Qu'il  faut  que  mon  secret  éclate  à  votre 
vue,  BAC.  Miihr.  m,  1.  Il  faut  les  secourir,  mais  les 
heures  sont  chères,  ID.  Eslh.  1,  3.  ||Ilge  dit,  dans 
le  langage  élevé,  d'un  moment  fixé  par  Dieu.  Grand 
Dieul  voici  ton  heure,  on  l'amène  la  proie,  bac. 
Alhal.  V,  3.  Il  X  l'heure  où  je  vous  parle,  en  ce  mo- 
ment même.  ||  Fig.  et  familièrement.  C'est  un  hom 
me,  un  ami  de  toutes  les  heures,  se  dit  d'une  per- 
sonne qu'on  est  toujours  bien  aise  de  voir,  et  aussi 
d'une  pe'rsonne  sur  la  bonne  volonté  de  laquelle  oji 
peut  toujours  compter.  On  disait  d'un  courtisan  d'Au- 
guste que  c'était  un  homme  de  toutes  heures;  cet 
éloge  appartenait  légitimement  à  mon  cher  ami,  il 
était  propre  pour  les  bonnes  et  pour  les  mauvaises, 
costar,  Véf.  des  œuvres  de  Voiture.  Cet  ami  de  toutes 
les  heures,  Eoss.  Serm.  Char.  (rat.  1. 1| D'heure  en 
heure,  d'heure  à  autre,  d'une  heure  à  l'autre,  d'un 
moment  à  l'autre.  Ce  que  vous  y  avez  vu  d'aimable, 
d'admirable  et  de  charmant  a  toujours  augmenté 
d'heure  en  heure,  et  on  découvre  tous  les  jours  en 
elle  de  nouveaux  trésors  de  beauté,  de  générosité 
et  d'esprit,  voit.  Lett.  «7.  L'espérance  du  pillage 
multiplie  d'heure  à  autre  le  nombre  de»  révoltés, 
PATHU,  Plaidoyer  7,  dans  bichelet.  ||  D'une  heure 
à  l'autre  n'est  pas  français,  dit  vaugelas.  Rein.  1. 11, 
p.  842,  dans  POUGENS.  N'en  déplaise  à  Vaugelas,  la 
locution  est  correcte,  et  l'usage  l'a  conservée.  ||  Je 
vis  l'heure  que....  Voy.  voir.  ||  D'heure  en  heure, 
toutes  les  heures.  Prendre  une  potion  d'heure  en 
heure.  ||  Fig.  L'heure  du  berger,  l'heure  propice  aux 
amants  ;  locution  tirée  de  ce  que ,  dans  le  geme 
pastoral,  berger  se  prend  pour  amant.  Trouver 
l'heure  du  berger,  trouver  l'occasion  favorable  pour 
obtenir  d'une  belle  une  faveur  particulière.  Humeur 
friponne  Chez  la  pouponne  Se  glissa  lors  en  tapinois; 
Son  œil  me  dit  en  son  patois  :  Berger,  berger,  ton 
heure  sonne,  la  font.  Poésies  mêlées,  v.  1|  La  der- 
nière heure,  l'heure  dernière,  l'heure  suprême,  l'in- 
stant de  la  mort.  Mon  Polyeucte  touche  à  son  heure 
d:ruière,  corn.PoZi/.  iv,  5.  Un  philosophe  vous  dira 
en  vain  que  vous  devez  être  rassasiés  d'années  et  de 
jours....  la  dernière  heure  n'en  sera  pas  moins  in- 
supportable, et  l'habitude  de  vivre  ne  fera  qu'en 
accroître  le  désir,  boss.  le  Teilier.  Peut-être  nou« 
louchons  à  notre  heure  dernière,  bac.  Athal.  v,  i 
Mais  vous!...  Ah!  croyez-moi  ;  quand  voire  heure 
est  prochaine,  Comme  un  poids  importun  déposez 
votre  haine,  c.  delav.  Paria,  v,  2.  ||  10- Heure,  em- 
ployé absolument  et  avec  un  adjectif  possessif,  si- 
gnifie le  temps,  le  moment  où  quelque  chose  doit 
arrivera  quelqu'un.  On  voulait  la  marier  depuis  long- 
temps, mais  son  heure  n'était  pas  venue.  Personne 
ne  mit  la  main  sur  lui,  parce  que  son  heure  n'était 
pas  encore  venue,  saci.  Bible,  Év.  St  Jean,\n,  30. 
Ahl  seigneur,  si  votre  heure  est'une  fois  marquée, 
BAC.  Phèdre,  i,  ( .  Son  heure  n'était  pas  encore  ve- 
nue, J.  C...  MASS.  Arent,  liisp.  C'en  est  fait;  je  vois 
bien  que  mon  heure  est  venue,  destouches,  Phil. 
marié,  iv,  6.  ||  Son  heure  est  venue,  le  moment  où 
il  va  mourir  est  arrivé.  Ma  fille,  il  faut  céder  :  votre 
heure  est  arrivée,  bac.  Iphig.  iv,  4.  La  mesure  est 
comblée  et  votre  heure  est  venue,  volt.  Orplxel.  v, 
6.  Il  11'  Terme  de  mythologie.  Divinités  au  nombre 
de -trois,  Eunomie,  Dicé  et  Irène,  qu'on  repré- 
sentait ordinairement  accompagnées  de  la  Justice, 
et  soutenant  des  clepsydres  ou  horloges  d'eau.  Les 
Heures  étaient  chargées  d'ouvrir  et  de  fermer 
les  portes  du  ciel.  ||  On  met  une  majuscule  à 
Heure  en  ce  sens.  ||  12°  Bonne  heure ,  moinent 
convenable  pour  faire  quelque  chose.  Voici  la 
bonne  heure  pour  caeilÙr  les  fraises.  ||  Familiè- 
rement. Arriver  à  la  bonne  heure,  arriver  à  propos. 
Il  X  la  bonne  heure,  formule  de  souhait,  heureuse- 
ment, avec  un  bon  succès.  ....Puisqu'il  plaît  auciii 
que  par  vos  yeux  je  meure,  Vous  direz  qu'en  mou- 
rant je  meurs  à  la  bonne  heure,  bégnieb,  tléq.  1. 
Voilà  votre  petit  frère  qui  arrive  :  le  cardinal  ilo 
Retz  me  fait  dire  qu'il  est  arrivé;  arrivez  donc  tous 
à  la  bonne  heure,  sÉv,  (SB.  Que  s'il  est  vrai  que 
Marie  ne  règle  son  amour  que  sur  celui  du  l'i:o 
étemel,  allez,  6  fidèles,  allez  à  la  bonne  heure  à 
celte  mère  incomparable,  boss.  s*  serm.  Compass 
de  ta  Sie  Vierge,  2.  ||  Par  extension.  X  la  lionne 
heure,  locution  qui  exprime  l'.ipprobation,  soit,  j'y 
consens.  X  la  bonne  heure,  contentez  s'il  se  peut 
l'honneur  et  la  dignité  de  la  couronne,  balï.  <" 
dise,  sur  la  cour.  S'ils  [les  philosophes]  se  sentent 


HEU 

leins  de  sentiments  pour  l'aimer  [Dieu]  et  l'adorer 
jt  qu'ils  y  trouvent  leur  joie  principale,  qu'ils  s'es- 
timent bons,  à  la  bonne  heure,  pasc.  Grand,  et  mi- 
sère, Syst.  des  philos,  ta,  éd.  faugêre.  Si  Baal  est 
votre  dieu,  adorez-le  tout  seul,  à  la  bonne  heure, 
MASS.  Carême,  Inconst.  Quand  ces  devoirs  seront 
remplis,  faites-vous-en,  à  la  bonne  heure,  de  surcroît, 
ID.  Carême,  Yérit.  culte.  \\  Ironiquement.  Il  me  me- 
nace, dites- vous;  à  la  bonne  heure!  cela  m'est  égal. 
Il  X  la  bonne  heure  que....  signifie  je  consens 
que....  i  la  bonne  heure  que  notre  zèle  ne  soit  pas 
assez  héroïque  pour  conquérir  de  nouvelles  nations 
et  ajouter  de  nouvelles  terres  à  son  héritage,  nous 
devons  du  moins  cultiver  celle  que  nos  prédéces- 
.seurs  lui  ont  acquise,  mass.  Confér.  Zèle  contre  les 
scandales.  ||  Terme  de  marine.  X  la  bonne  heure, 
réponse  qui  se  fait  au  porte-voix,  d'un  b&tiraent  à 
un  autre,  pour  annoncer  qu'un  ordre  a  été  entendu. 
Il  De  bonne  heure,  au  matin.  Venez  de  l)onne 
heure.  Il  nous  faudra  partir  de  meilleure  Jieure 
qu'hier.  Il  est  venu  de  trop  bonne  heure.  ||  Il  est 
encore  de  trop  bonne  heure,  le  jour  est  peu  avancé. 
Il  II  est  bonne  heure,  se  dit  quelquefois  pour  il  est 
de  bonne  heure;  correctement,  puisque  bonne  heure 
signifie,  par  métaphore,  matin.  Ah  !  pour  cela  tou- 
jours il  est  assez  bonne  heure,  mol.  le  Dép.  iv,  i . 
il  Par  extension.  De  bonne  heure,  tôt,  par  opposi- 
tion à  tard.  Ces  graines  n'ont  pas  été  semées  d'assez 
bonne  heure.  Vous  pouvez  cependant  faire  munir 
ces  places.  Disposer  de  bonne  heure  un  secours  de 
Romains,  corn.  Nicom,  ii,  3.  Je  ne  manquerai  pas 
d'arriver  de  bonne  heure,  boss.  Lelt.  Corn.  H7.  11 
les  conjurait  [ses  enfants]....  de  l'avertir  de  bonne 
heure,  quand  ils  verraient  sa  mémoire  vaciller  ou 
son  jugement  s'affaiblir,  id.  le  Tellier.  ||  Â  une 
époque  peu  avancée.  Vous  êtes  née  avec  tant  de 
qualités  pour  commander,  il  vous  importe  extrê- 
mement de  vous  accoutumer  de  bonne  heure  de 
haïr  l'injustice,  voit.  Lett.  9.  La  jeunes.-,e  appre- 
nait (le  bonne  heure  la  science...,  BOSS.  I[ist.  m,  5. 
Ô  bienheureux  mille  fois  L'enfant  que  le  seigneur 
aime.  Qui  de  bonne  heure  entend  sa  voix  I  rac. 
Athal.  II,  9.  Il  On  entend  souvent  dire  :  Il  est  venu 
trop  de  bonne  heure.  C'est  une  faute  contre  le  bon 
usage  ;  il  faut  dire  :  de  trop  bonne  heure.  ||  X  bonne 
heure,  tôt.  Mangez  un  morceau  et  couchez-vous  à 
bonne  heure,  hamilt.  Gramm.  3.  ||  Cette  locution 
est  condamnée  par  les  grammairiens.  Pourtant  elle 
est  correcte  ;  elle  a  été  employée  par  de  bons  au- 
teurs ;  mais  il  est  vrai  d'ajouter  (jue  l'usage  l'aban- 
donne. Il  X  bonne  heure,  s'est  dit  aussi  pour  heureu- 
sement. Qu'à  bonne  heure  défait  d'un  masque  et 
d'une  épée,  J'ai  leur  crédulité  sous  vos  habits  trom- 
pée !  COBN.  dit.  II,  3.  Il  13°  Mauvaise  heure,  heure 
défavorable.  C'est  la  mauvaise  heure  pour  lui  par- 
l»r.  Ceux  qui  eurent  besoin  de  son  secours  trouvJ- 
rent-ils  jamais  entre  eux  et  lui  des  barrières  impé- 
nétrables? fallut-il  essuyer  à  sa  porte  de  mauvaises 
heures  pour  attendre  un  de  ses  moments  commo- 
des ?  FLÉCH.  Lamoignon.  \\  Des  heures  inégales,  des 
heures  où  se  manifeste  de  l'inégalité  d'humeur.  Point 
de  refus  pour  moi,  point  d'heures  inégales,  corn. 
Place  roy.  i,  4.  ||  X  la  maie  heure,  formule  d'impré- 
cation. Va-t'en  à  lamalo  heure...,  malh.  iv,  )4.  Et 
bien  à  la  maie  heure  est-il  venu  d'Espagne  Ce  cour- 
rier, que  la  foudre  ou  la  grêlo  accompagne  I  mol. 
VÉt.  II,  13.  Il  14»  X  l'heure  que,  loc.  adv.  au  mo- 
ment où.  X  l'heure  que  je  parle,  un  jeune  Égyp- 
tien..., MOL.  l'Ét.  IV,  0.  Il  A  l'heure  qu'il  est,  dans 
le  moment  actuel.  X  l'heure  qu'il  est,  on  délibi^re 
sur  le  sort  de  la  France,  de  l'Espagne,  sur  le  sort 
de  toute  l'Europe,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de  St-Gé- 
ran,  t.  ii,  p.  )5i,  dans  pougens.  Il  m'est  dû  plus  de 
vingt-cinq  mille  francs,  à  l'heure  qu'il  est,  nANCooRT, 
La  désolation  des  joueuses,  se.  9.  X  l'heure  qu'il 
est,  qu'y  a-t-il  qui  puisse  vous  excuser?  mass.  Ca- 
rême, Prod.  Il  X  l'heure  qu'il  est,  signifie  aussi  dans 
le  temps  où  nous  sommes.  Cela  n'est  plus  de  mode 
à  l'heure  qu'il  est.  ||  X  l'heure  qu'il  est  que,  aujour- 
d'hui que.  X  l'heure  qu'il  est  que  les  bienséances 
,  exigent  de  vous  des  mœurs  plus  sérieuses...,  mass. 
Carême,  Samar.  \\  15°  Â  cette  heure,  maintenant. 
Vois-tu  comme  tu  as  fait  la  même  chose  dont  tu  te 
moquais  à  cette  heure?  VAtOEL.  Q.  C.  459.  Si  je 
vous  écris  à  cette  heure,  ce  n'est  pas  tant  par  crainte 
que  par  une  véritable  affection  et  une  inclination 
naturelle  que  j'ai  à  vous  obéir,  voit.  Lett.  67.  Je 
comprends  cela  à  cette  heure,  mol.  le  Bourg,  i,  2. 
Je  puis  même,  en  secret,  lui  parler  à  cette  heure, 
VOLT.  Scmir.  i,  ).  ||D'à  celte  heure,  du  temps  pré- 
sent. Un  même  soin  n'a  garde  d'animer  les  nymphes 
d'à  cette  heure,  eensebade,  dans  hichelet.  ||  X  cette 
heure  que....,  aujourd'hui   que....   X  cotte    heure 


HEU 

qu'elle  est  damedu  palais,  sÉv.  181.  ||  X  cette  heure- 
là  que,  en  ce  moment  où.  Elle  [une  belle  princesse] 
arriva  en  un  bois  où  il  y  avait  plus  de  cent  ans  que 
le  jour  n'était  entré  qu'à  cette  heure-là  qu'il  y  entra 
avec  elle,  voit.  Lett.  <o.  ||16°  Dans  cette  heure, 
tout  de  suite.  Je  vous  ferai  toucher  argent  dans  cette 
heure,  pasc.  Prov.  viii.  (Locution  peu  usitée  jiré- 
sontement.)  ||  17°  Dès  cette  heure,  aussitôt.  Tu  me 
retiens  en  vain,  et  dès  cette  même  heure  II  faut  que 
je  la  voie  ou  du  moins  que  je  meure,  rac.  liaj.  v,  8. 
1 1  On  dit  dans  le  même  sens  :.Dès  à  cette  heure,  aussi- 
tôt. Qu'il  ne  se  présente  plus  devant  moi,  je  le  chasse 
dès  à  cette  heure,  la  bruy.  xi.  {|  18°  Tout  à  cette 
heure,  aussitôt,  présentement.  Allez-vous-en  donc, 
monsieur,  tout  à  cette  heure,  retz,  iv,  24o.  Ne  m'a- 
vez-vous  pas  dit  tout  à  cette  heure,  que  vous  voulez 
de  l'ordre  dans  la  méthode  pour  instruire?  fén.  t.  xxi, 
p.  8C.il  19°X  toute  heure,  à  chaque  instant,  continuel- 
lement. [Dans  la  chambre  bleue  de  l'hôtel  de  Ram- 
bouillet] je  serai  servi  et  traité  magnifiquement 
huit  jours  durant  par  deux  demoiselles  qui  ont  été 
cause  de  ce  malheur  [mon  bemement]  ;  à  un  des 
coins  de  la  chambre  on  fera  à  toute  heure  des  con- 
fitures, voit.  Lett.  9.  Le  froid  et  les  neiges  des  mon- 
tagnes d'Alsace  les  transissent  [vos  amis  de  Paris] , 
et  les  font  trembler  tous  les  jours  dans  les  plus 
grandes  assemblées,  et  la  crainte  des  embûches  des 
Cravates  leur  donne  l'alarme  à  toute  heure  dans 
Paris ,  m.  Lett.  67.  Le  reste  dont  le  nombre  aug- 
mentait à  toute  heure...,  corn.  Cid,  iv,  ».  II  arrive 
à  toute  heure,  dans  les  discours  familiers  et  dans 
les  discours  de  science,  des  occasions....  pasc.  Es- 
prit géom.  sect.  < .  J'aime  à  vous  entretenir  à  toute 
heure,  sêv.  24.  Que  vous  me  permettiez  de  vous 
voir  à  toute  heure,  hac.  Brit.  iv,  2.  Dieu  veut- 
il  qu'à  toute  heure  on  prie,  on  le  contemple? 
ID.  Athalie,  ii,  7.  ||  20°  Tout  à  l'heure,  loc.  adv. 
Dans  un  moment,  il  n'y  a  qu'un  moment.  Je 
suis  à  vous  tout  à  l'heure.  Que  disiez-vous  tout 
à  l'heure?  Léontine  :  Depuis  quand  ?  — Exupère  : 
Tout  à  l'heure,  corn.  Iléracl.  ii,  6. 1|  Aussitôt,  tout 
de  suite,  sur-le-champ  (emploi  qui  vieillit).  Il  se 
resserra  tout  à  l'heure  Au  plus  bas  lieu  de  sa  de- 
meure, MALH.  II,  3.  Il  [l'Hymen]  représente  ce  por- 
trait [de  la  reine]  aux  yeux  de  la  Discorde  et  de 
l'Envie,  qui  trébuchent  aussitôt  aux  enfers,  et  en- 
suite il  le  présente  aux  chaînes  qui  tiennent  la  Paix 
prisonniôre,  lesquelles  tombent  et  se  brisent  tout 
à  l'heure,  cohn.  Toison  d'or,  Prol.  se.  4.  Je  ne  dis 
pas  que  tout  à  l'heure  Une  condition  meilleure 
Change  en  des  noces  ces  transports,  la  font.  Fahl. 
VI,  2 1. Eh!  madame,  reprit  son  époux  tout  à  l'heure. 
Si  votre  esprit  est  si  hargneux...,  lo.  ib.  vu,  2. 
Je  dis  que  je  veux  avoir  de  l'argent  tout  à  l'heure, 
mol.  Préc.  8.  Je  vous  ai  commandé  de  partir  tout  à 
l'heure,  rac.  Mithr.  m,  i .  J'approuve  ce  conseil,  s'é- 
cria le  licencié;  c'est  le  ciel,  Gonzalez,  qui  vient  de 
te  l'inspirer,  et  je  le  veux  suivre  tout  à  l'heure,  le- 
sage,  EsJ.  de  fions,  i,  6.  ||  21°  Sur  l'heure,  à  l'instant 
même.  Rodrigue,  as-tu  du  cœur?—  Tout  autre  que 
mon  père  L'éprouverait  sur  l'heure,  corn.  Cid,i,8. 
Toutes  les  dignités  que  tu  m'as  demandées  Je  te  les 
ai  sur  l'heure  et  sans  peine  accordées,  m.  Cinna, 
V,  (.  Un  corbeau,  témoin  de  l'affaire....  En  voulut 
sur  l'heure  autant  faire,  la  font.  Fabl.  ii,  *e.  Juges 
injustes,  ne  faites  pas  des  lois  sur  l'heure,  pasc.  dans 

COUSIN Vous  vous  déclarez  ses  mortels  ennemis. 

Si  cet  enfant  sur  l'heure  en  mes  mains  n'est  remis, 
RAC.  Athal.  m,  4.  Et  les  vers  qui  le  [Hérode]  dé- 
vorent sur  l'heure,  nous  laissent  comprendre  quel 
fut  l'excès  de  son  impie  vanité,  puisqu'elle  mérite 
d'être  punie  d'un  si  affreux  supplice,  hass.  Carême, 
Prospér.  temp.  ||  Autrefois  on  di.sait  aussi  :  toutsur 
l'heure.  ||  22°  Familièrement.  Pour  l'heure,  loc. 
adv.  Pour  le  moment.  Je  trouve  que  pour  l'heure  il 
n'est  pas  à  propos  De  conter  comme  quoi  je  perdis 
le  repos,  mair.  Soliman,  l,  2.  ||  23°  X  l'heure,  pré- 
sentement, sans  tarder.  X  l'heure  même  encor  nous 
avons  eu  querelle  Sur  l'hymen  d'Kippolyte  où  je  le 
vois  rebelle,  moi..  L'Ét.  i,  9.  Et  je  souhaite  fort,  pour 
ne  rien  reculer.  Qu'à  l'heure  de  ma  part  tu  l'ailles 
appeler,  m.  Fâch.  i,  \o.\\X  l'heure  que,  au  mo- 
ment où.  A  l'heure  que  chacun  est  rentré  chez 
soi.  Il  24°  De  grande  heure,  tôt.  Cette  petite  cour 
arriva  de  très-grande  heure,  le  18  février,  st-sim. 
481,  227.  Il  Cette  locution  n'est  plus  usilée.  ||  Pro- 
verbes. En  hiver,  les  jours  n'ont  point  d'heures, 
c'est-à-dire  ils  sont  si  courts,  qu'on  n'a  pas  lo 
temps  de  faire  ses  affaires.  ||  C'est  peu  de  se  lover 
matin,  mais  c'est  tout  de  partir  à  l'heure.  1|  11  est 
comme  la  mule  du  pape,  qui  ne  boit  et  mange 
qu'à  ses  heures.  ||  X  la  bonne  heure  nous  a  pris  la 
pluie,  c'est-à-dire  nous  avons  eu  le  temps  de  nous 


HÈU 


'2019 


mettre  à  couvert;  et  fig.  de  nous  garantir  de  maux 
qui  nous  menaçaient.  ||  Il  sait  mieux  ses  heures  que 
ses  matines,  il  est  habile  à  saisir  les  moments  fa- 
vorables. 

—  HIST.  xi«  s.  [Des  péchés]  Que  je  ai  fait  dé3 
l'ure  que  nés  [je]  fu,  C/i.  de7lo(.  clxxu.  ||  xii*  i. 
D'ores  en  altres  [il]  va  s;i  coulpe  battant,  Bonc. 
p.  92.  Ore  est  bien  raison  et  heure  Que  [je]  m'I 
doie  retourner.  Coud,  iv.  Et  dites  lui  [que]  de 
maie  hore  [je]  fui  nez,  ib.  xiv.  Quatorze  rois  i  ot  à 
ore  de  souper,  Sax.  xiii.  Ainz  erra  une  lieue  qu'il 
volsi.st  arester;  Hors  voie  se  turna  pur  ses  hures 
chanter.  Th.  le  mnrt.  1 17.  ||  xnr  s.  Et  l'en  demain 
de  haute  heure  vinrent  à  une  bonne  ville  que  l'en 
apele  Afilie,  viileu.  xcix.  L'eure  soit  beneoile  que 
je  onque  vous  vi,  Berte,  lix.  Il  n'est  si  grans  max 
[mal]  qui  n'ait  [n'aide].  Ne  bien  qui  ne  nui^e  par 
eures,  Ben.  )626).Adès  me  plot  à  demorer  X  la 
fontaine ,  et  remirer  Les  deux  cristaus  qui  m9 
monstroient  Mil  choses  qui  ilec  estoient  ;  Mes  do 
fort  hore  m'i  miré;  Las!  tant  en  ai  puis  souspiré, 
(a  Tîose,  1616.  Envie  ne  fine  nule  hore  D'aucun 
blasme  as  gent  mètre sore,  t&.  267.  Et  en  tele  manière 
se  combatirent  bien  l'ore  d'une  liue  d'un  home  à 
pié,  tant  qu'il  plot  au  roi  que  pesfu  fête,  bf-acm.  lxi. 
Il  xiv  s.  Car  tout  quanque  barat  [fraude]  aune 
[amasse]  En  vingt  ans,  anientist  fortune  En  une 
seule  heure  de  jour,  bruyant,  dans  Ménagier,  t.  n, 
p.  28.  Le  lundi,  à  heurede  remontée  [après  midi],  nu 
GANGE,  hora.  Environ  heure  de  entre  riote  [goûter] 
et  cœuvrefeu ,  id.  ib.  Telz  desconfit  au  soir  son  ad- 
verse partie  Qu'au  jour  d'ui  perdera  les  membres  et 
la  vie;  Une  heure  est  de  gaignier,  et  l'autre  ne  l'est 
mie,  Guescl.  4457.  jlxv»  s.  Il  est  heure  de  taire,  et 
si  est  heure  de  parler,  fboiss.  ii,  ii,  f>2.  Une  heure 
perdoient  les  uns,  autre  heure  perdoient  les  autres 
[tantost  les  uns,  tantôt  les  autres],  id.  i,  i,  3)3. 
L'endemain  ils  s'en  vinrent  loger  de  grand  heure 
de  lez  une  grand  court  d'abbaye,  m.  i,'i,  44.  Lo 
chevalier  repondit  :  à  la  bonne  heure;  il  s'ordonna 
tantost  et  fu  prest,  m.  m,  iv,  u.  Et  ceulx  qui  ont 
tout  le  temps  labouré  [travaillé]  Et  qui  ont  sens  et 
diligence  bonne.  Sont  soufraiteux  et  de  dure  heure 
né.  Car  ils  ne  sont  remeris  [récompen.sés]  de  per- 
sonne, eust.  DEScn.  Poésies  mss.  f°  28.  Et  si  le  roy 
eust  envoyé  d'heure  [à  temps],  il  eust  pris  le  chas- 
tcau,  coMM.  viii,  I.  Toutesfois  ils  arrivèrent  encores 
à  heure,  lU.  viii,  6.  Que  je  ne  nommeray  pas  pour 
ceste  heure  pour  briefveté,  m.  i,  2.  X  l'eure  qu'il 
[Louis  XI]  vint  à  la  couronne,  id.  i,  3.  L'an  mil 
quatre  cens  septante  print  vouloir  au  roy  de  se 
revencher  du  duc  de  Bourgongne  et  luy  sembla 
qu'il  estoit  heure,  id.  m,  ).  Dès  l'heure  commença 
le  roy  à  praticquer  les  gouvernemens  do  Gand,  m. 
VI,  7.  Sire,  dist  Lyonnel,  tant  y  ay  conquesté,  que 
jamais  ne  sera  heure  que  je  n'en  soye  plus  preux  et 
plus  hardy,  Perceforest,  t.  ii,  f°  08.  Elle  me  meino 
jusques  à  la  rivière,  et  puis  je  ne  garde  l'heure  que 
je  suis  outre  [et  puis  tout  aussitôt  je  suis  outre] , 
ib.  t.  I,  f*  34.  Heure  de  l'ansery  [heure  du  soir], 
DU  CANGK,  hora.  Icellui  de  Salheras,  le  samedi 
après  ensuivant  heure  tarde  [le  soir],  ala  de  vie  à 
trespassement,  m.  ib.  ||  xvr  s.  Il  lui  dit  :  ils  sont 
trois  heures  après  minuit  passées,'  mabg.  Nouv. 
LUI.  II  amusa  toutes  ses  heures  dernières...,  mont. 
I,  <7.  Sur  l'heure  de  sa  fin,  id.  i,  *».  Assigner 
l'heure  et  le  lieu,  in.  i,  24.  Tout  sur  l'heure,  ID.  i,  - 
B9.  Comme  nous  comptons  à  cette  heure,  m.  i,  73. 
Nul  ne  meurt  avant  son  heure,  m.  i,  88.  Il  estoit 
à  cette  heure  là  vieil  et  point  marié,  m.  i,  92.  Les 
battailles  ne  sont  asture  [à  cette  heure]  que  routes, 
ID.  I,  36).  Nous  osons  à  cetl'  heure  et  parler  et  es- 
crire,  id.  ii,  42.  X  cette  heure  le  chagrin  prédomine 
en  moy,  à  cette  heure  l'alaigresse,  id.  ii,  3^4.  Le 
roy,  l'ayant  ouy  parler,  ne  luy  respondit  rien  à 
l'heure,  combien  qu'il  eust  en  grande  admiration 
son  bon  sens  et  sa  hardiesse,  amtot,  Thém.  5). 
Cleandrides,  s'en  estant  fouy  de  bonne  heure,  fut 
par  contumace  condamné  à  mourir,  m.  Péric.  43. 
Vous  voyez  comme  en  un  moment  d'heure  nous 
avons  abattu  et  mis  sous  noz  picdz  la  maison  d'A- 
lexandre le  Grand,  id.  PrA'm.  4R.  Et  à  l'heure  mesme 
le  roy  des  Gaulois  l'ayant  apperceu....  id.  Marcell. 
8.  Hz  l'eurent  traversée  en  peu  d'heure,  pour  la  di- 
ligence et  l'effort  que  feirent  les  vogueurs  de  ramer, 
m.  Lysand.  20.  Un  horloge  à  cognoistre  les  heures 
au  soleil,  m.  Dion,  38.  Si  je  m  en  fusse  apperçu 
d'heure  [à  temps] ,  j'y  eusse  pourveu  plus  tost, 
UKSPER.  Contes,  vi.  Par  espreuve  je  sens  que  les 
amoureux  traits  Blessent  plus  fort  de  loin  qu'à 
l'heure  qu'ils  sont  près,  rons.  269.  Fais  tien  sans 
demeure  ;  En  peu  de  temps  passe  l'heure,  leroux 
DE  LiNCY,  Prov.  t.  i,  p.  10).  Ilcure  de  nuit,  heure 


2020 


HEU 


(|i^  iour  sonl  toutes  bonnes  en  amour,  leroiix  de 
i.iNCY  Prov.  t.  I,  p.  *0l.  Comme  les  heures  de 
noslrè  cur#,  cela  va  sans  dire,  oudin,  Cur.  fr.  add. 

—  ÉTYM.  Provenc,  hora,  ora;  espagn.  hora;  ilal. 
fira;  du  lat.  hora;  grec,  wpa  ;  comparez  le  germa- 
nique :  goth.  jér;  allem.  Jahr,  année;  et  le  cel- 
tif|iie  :  gaél.  uair  ;  bas-bret.  eur,  ur;  Itimry,  awr; 
zcnd,  yàri,  année,  ydiri/a,  annuel  ;  comparez  aussi  le 
sanscrit  ydlu,  temps,  cours,  marche,  de  yâ,  aller. 
Di'ze,  au  xvi*  siècle,  recommande  de  ne  pas  pro- 
noncer hure;  c'est  cette  prononciation  qui  fait  ((u'on 
trouve  dans  Montaigne  asture  pour  à  cette  heure. 

f  HEURETTK  (eu-rè-t"),  s.  f.  Division  de  l'heure 
en  usage  en  Flandre,  qui  est  la  demie.  Je  vous 
dirai  que  depuis  le  Quenty,  à  force  d'entendre  des 
horloges  qui  sonnent  l'heure,  l'heurette,  le  quart 
d'heure,  le  demi-quart  avec  leurs  carillons  divers; 
depuis  le  Quenty,  dis-je,  à  force  d'entendre  toutes 
ces  horloges,  je  n'ai  jamais  pu  comprendre  quelle 
hoiire  il  était,  pelusson,  Lett.  hist.  t.  i,  p.  44,  dans 

LACURNF. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  heure. 
HEUREUSEMENT  (eu-reû-ze-man;,adr.|l  1°  D'une 

manière  heureuse.  Vivre  heureusement.  Vous  ver- 
rez votre  crainte  heureusement  déçue,  cobn.  Cid, 
I,  ).  Ainsi  finit  heureusement  la  bataille  la  plus  ha- 
sardeuse et  la  plus  disputée  qui  fut  jamais,  boss. 
fouis  de  Bourbon.   Plût  au  ciel  que  sa  main  heu- 

I  eusement  cruelle  Eût  fait  sur  moi  l'essai  de  sa  fu- 
reur nouvelle!  hac.  Brit.  y,  7.  Mais  un  de  leurs 
sujets  heureusement  coupable  M'a  fait  abandonner 
les  foyers  paternels,  M.  J.  chén.  Œdipe-roi,  iii,  4. 

II  Être  né  heureuseînent,  ou,  heureusement  né, 
être  né  avec  de  bonnes  dispositions  morales  ou 
intellectuelles.  Plus  vous  étiez  nés  heureusement, 
plus  vous  êtes  coupables  d'avoir  rompu  la  digue  que 
la  nature  elle-même  semblait  avoir  opposée  à  votre 
faiblesse,  mass.  Panég.  Ste  Agnès.  \\  Avec  succJs. 
l'elix  Sylla,  l'heureux  Sylla,  un  Alexandre  VI,  un 
duc  de  Borgia,  ont  heureusement  pillé,  trahi,  em- 
poisonné, ravagé,  égorgé;  mais,  s'ils  se  sont  crus 
des  scélérats,  il  y  a  grande  apparence  qu'ils  étaient 
très-malheureux,  volt.  Dict.  phil.  Heureux.  ||  2°  Par 
bonheur;  en  ce  sens  il  se  met  souvent  en  tête  de 
la  phrase.  Son  épée  en  vos  mains  heureusement  lais- 
sée, RAC.  Phèd.  m ,  3.  On  a  voulu  priver  le  public  de 
ce  dictionnaire  utile  [l'Encyclopédie];  heureusement 
on  n'y  a  pas  réussi,  volt.  Dict. phil.  heureux.  Heu- 
reusement il  y  a  toujours  d'honnêtes  gens  parmi 
les  monstres,  et  des  gens  de  goût  parmi  les  sots, 
ID.  Lett.  Thiriot,  19  déc.  4  756.  ||  Dans  ce  sens,  il  est 
quelquefois  suivi  de  que,  en  sous-entendant  quel- 
que verbe  d'un  sens  très-général,  comme  il  arrive, 
il  est  arrivé.  Heureusement  pour  lui  que  son  père 
ne  l'aperçut  pas.  ||  3°  Avantageusement.  La  Cata- 
logne est  un  des  pays  les  plus  fertiles  de  la  terre  et 
les  plus  heureusement  situés,  volt.  Louis  XIV,  23. 
Il  4°  Terme  de  littérature  et  d'arts.  D'une  manière 
habile,  originale.  Cela  est  heureusement  conçu,  ex- 
primé. Versifier  heureusement.  Rien  n'est  plus  dif- 
ficile que  de  terminer  heureusement  une  scène  de 
politique,  volt.  Comment.  Corn.  Sert,  i,  3. 

—  iiisr.  xvi"  s.  Messeigneurs  d'Orléans  et  d'An- 
goulesme,  voz  très  heureusement  nez  enfans,  que 
Dieu  bonie,  amyot,  Épil.  Tant  de  hault  faicts  qu'il 
avoit  heureusement  achevez,  id.  Cam.  03.  Amyot  a 
développé  si  heureusement  l'iutarque,  mont,  u,  *i. 
Moyens  iiu'il  n'api)artient  qu'à  la  fortune  de  César 
de  heureusement  conduire,  m.  m,  <62. 

—  ETYM.  Heureuse,  et  le  suffixe  ment. 

t  UEUREUSETÉ  (eu-reû-ze-té),  s.  f.  État,  qualité 
de  ce  qui  est  heureux.  L'abbé  de  Vauxelles  s'est  mo- 
qué, dans  le  Mercure,  des  heureusctés  que  le  néo- 
logue  Mercier  voulait  introduire  dans  la  langue  et 
des  pensées  fécondatrices  de  sa  longue  préface. 
Cité  dans   U  Diction,    de   heschebelle. 

—  lllST.  XVI'  s.  Heureuseté,  cotgrave. 

—  F.TYM.  Heureux. 

HEUREUX,  ECSE  (eu-reû,  reû-z'),  adj.\\i'  Qui 
promet  de  l'heur,  de  la  bonne  chance,  de  la  bonne 
fortune.  Un  heureux  pronostic.  Il  [le  prince  Edouard 
de  Bavière]  connut  bientôt  les  erreurs..,,  heureux 
présages  pour  la  maison  palatine!  sa  conversion  fut 
suivie  do  celle  de  la  princesse  Louise  sa  sœur,  Doss. 
Annr  de  Cons.  U  fallait  consulter  les  entrailles  des 
victimes  pour  voir  si  Trophonius  trouvait  bon  que 
l'on  descendit  dans  son  antre;  mais,  quand  elles 
auraient  été  toutes  les  plus  heureuses  du  monde, 
ce  n'était  encore  rien,  fonten.  Oracles,  i,  15. 
Il  i"  Oui  procure  de  l'heur,  do  la  bonne  chance, 
de  la  bonne  fortune.  Heureux  hasard.  Chance  heu- 
reuse. Occasion  heureuse.  Il  est  heureux  que  vous 
layez  évité.  C'est  heureux,  c'est  fort  heureux  pour 


HEU 

vous.  Et  vous  avez  montré  par  une  heureuse  au- 
dace Que  le  fils  seul  d'Achille  a  pu  remplir  sa  place, 
RAC.  Andr.  i,  2.  L'heureux  empressement  qui  vous 
porte  à  me  voir,  m.  ib.  ii,  2.  Mais  un  heureux  des- 
tin le  conduit  en  ces  lieux,  m.  t6.  ii,  3.  Avez-vous 
dans  le  sein  la  cicatrice  heureuse...  ?  volt.  Zaïre, 
II,  3.  Il  Ironiquement.  C'est  bien  heureux,  se  dit  fa- 
milièrement et  ironiquement  pour  exprimer  la  sa- 
tisfaction qu'on  éprouve  d'une  chose  qui  n'aurait 
pas  dû  tarder,  être  refusée,  etc.  Je  vous  crois.— Vous 
me  croyez?  c'est  bien  heureux.  ||  Heureux  à,  qui 
procure  une  bonne  chance  à.  Le  Japon  ne  fut  pas 
plus  heureux  à  cet  homme  Que  le  Mogol  l'avait  été, 
la  font.  Fabl.  vu,  <2.  ||  Figurément.  Être  né  sous 
une  heureuse  étoile,  réussir  dans  toutes  ses  entre- 
prises. Il  Faire  une  heureuse  rencontre,  une  rencon- 
tre heureuse,  trouver  par  hasard  ce  que  l'on  cherchait 
et  que  l'on  n'espérait  pas  trouver  sitôt.  ||  C'est  une 
rencontre  heureuse,  se  dit  d'un  bon  mot,  d'un  trait 
d'esprit,  d'une  pensée  ingénieuse.  ||  Choix  heureux, 
conseil  heureux,  choix,  conseil  suivi  d'un  bon  suc- 
cès. Il  Ce  joueur  a  la  main  heureuse,  il  gagne  sou- 
vent, et  en  un  autre  sens,  à  certains  jeux  de  cartes, 
il  est  avantageux  d'être  sous  sa  coupe,  de  lui  don- 
ner à  couper.  ||  Figurément.  Avoir  la  main  heureuse, 
réussir  ordinairement  dans  les  choses  qu'on  entre- 
prend. Il  3°  Oui  a  de  l'heur,  de  la  bonne  chance,  de 
la  bonne  fortune,  en  parlant  des  personnes.  Il  est 
né  heureux.  Être  heui-eux  au  jeu.  Être  heureux  en 
affaires.  Vous  êtes  une  heureuse  mère.  Que  nous 
nous  croyons  bientôt  les  plus  éclairés  et  les  plus  ha- 
biles, quand  nous  sommes  les  plus  élevés  et  les  plus 
heureux!  boss.  Reine  d' A ng kl.  \msi  notre  reine 
heureuse  par  sa  naissance  qui  lui  rendait  la  piété 
aussi  bien  que  la  grandeur  comme  héréditaire,  id. 
llarie-Thér.  Le  cardinal  Mazarin ,  plus  heureux 
de  l'avoir  trouvé  [le  Tellier]  qu'il  ne  le  crut  alors, 
ID.  ib.  Heureux  si ,  averti  par  ces  cheveux  blancs, 
du  compte  que  je  dois  rendre  de  mon  adminis- 
tration, je  réserve  au  troupeau...,  m.  Louis  de 
Bourbon.  Roi,  père,  époux  heureux,  fils  du  puissant 
Atrée,  bac.  Iph.  i,  i.  Heureux  dans  mes  malheurs 
d'en  avoir  pu  sans  crime  Conter  toute  l'histoire  à 
ceux  qui  les  ont  faits,  id.  Bérén.  i,  4.  Quand  on  dit 
un  heureux  scélérat,  on  n'entend  par  ce  mot  que 
ses  succès,  volt.  Dict.  phil.  Heureux.  Puis,  comme 
les  hommes  longtemps  heureux,  ce  qu'il  [Napoléon] 
désire,  il  l'espère,  ségur,  Hist.  de  Nap.  viii,  9.||  l'Ius 
heureux  que  sage,  plus  heureux  qu'un  honnête 
homme,  se  dit  pour  expliquer  une  bonne  chance 
peu  méritée.  Vous  êtes  plus  heureux  que  sage;  te» 
nez,  voilà  une  fortune  que  je  vous  ai  ménagée,  dan- 
coubt,  Impromptu  de  garn.  se.  <5.  Allez,  fripon, 
allez,  vous  êtes  plus  heureux  qu'un  honnête  homme, 
lesage.  Est.  Gonz.  ch.  36.  ||  Heureux  en  amour,  se 
dit  de  celui  qui  réussit  auprès  des  femmes.  ||  Je  ne 
fus  pas  plus  heureux,  je  ne  réussis  pas  mieux.  Je  le 
priai  de  me  dire  s'ils  [les  molinistes]  ne  condamne- 
raient pas  au  moins  cette  autre  opinion  des  jansé- 
nistes.... mais  je  ne  fus  pas  plus  heureux  en  cette 
seconde  question...,  pasc.  Prov.  1. 1|  Favorisé  de  la 
fortune,  du  sort,  en  parlant  des  choses.  Heureuses 
sont  les  entrailles  qui  vous  ont  porté,  et  les  mamelles 
qui  vous  ont  nourri,  saci.  Bible,  Évang.  StLuc,xi, 
27.  On  peut  compter  parmi  les  plus  grands  philoso- 
phes Hippocrate,  le  père  de  la  médecine,  qui  éclata 
au  milieu  des  autres  dans  ces  heureux  temps  de  la 
Grèce,  boss.  Hist.  i,  8.  Je  voudrais  des  chrétiens  voir 
l'heureuse  contrée,  volt.  Zaïre,  v,  3.  ||  4°  Par  exten- 
sion de  l'idée  de  bonne  chance  qui  est  dans  heur, 
qui  jouit  du  bonheur,  qui  possède  ce  qui  le  contente. 
Je  mourrai  tout  ensemble  heureux  et  malheureux, 
CORN.  Cinna,  i,  4.  Ni  l'or  ni  la  grandeur  ne  nous 
rendent  heureux,  la  font.  Phil.  et  Bauc.  Amants , 
heureux  amants,  voulez-vous  voyager  ?  Que  ce  soit 
aux  rives  prochaines,  in.  Fabl.  ix,  2.  Un  homme.... 
heureux  dans  sa  personne  et  dans  sa  famille,  noss. 
le  Tellier.  L'heureux  vieill.-ird  jouit  jusqu'à  la  fin  des 
tcndressesde  sa  famille,  où  il  ne  voit  rien  de  faible, 
m.  ib.  Ces  veuves  jeunes  et  riantes  que  le  monde 
trouve  si  heureuses,  id.  Anne  de  Goni.  Heureuse 
qu'elle  était  de  connaître  et  d'aimer  celui  qui  se 
connaît  et  s'aime  éternellement,  l'âme  raisonnable 
a  voulu...,  ID.  La  Vallière.  Combien,  en  un  moment, 
heureux  et  misérable!  bac.  Mithr.  ii,  6.  Heureux 
qui,  satisfait  de  son  humble  fortune.  Libre  du  joug 
superbe  où  je  suis  attaché,  Vit  dans  l'état  obscur  où 
les  dieux  l'ont  caché  1  m.  Iph.  i,  ( .  Heureux  le  peu- 
ple qui  est  conduit  par  un  sage  roi!  fén.  Tél.  xi. 
L'homme  qui  dit  qu'il  n'est  pas  heureux,  pourrait 
du  moins  le  devenir  par  le  bonheur  de  ses  amis  ou 
de  ses  proches,  la  druy.  xi.  11  y  a  une  espèce  de 
honte  d'être  heureux  i  la  vue  de  certaines  misères, 


HEU 

iD.  ib.  Je  veux  que  tous  les  cœurs  soient  heureux  df 
ma  joie,  volt.  Zaïre,  m,  ) .  Prétendre  être  toujours 
heureux  est  la  pierre  philosophale  de  l'âme;  c'est 
beaucoup  pour  nous  de  n'être  pas  longtemps  dans 
un  état  triste,  in.  Dict.  phil.  Heureux.  U  suit  de 
cette  observation  importante,  que  le  moyen  d'ètie 
heureux  c'est  de  se  conformer  à  l'ordre  ou  aux  rap- 
ports qui  sont  entre  les  choses,  bonnet.  Causes  prem. 
H'  part,  concl.  Je  me  levais  avec  le  soleil  et 
j'étais  heureux  ;  je  me  promenais  et  j'étais  heureux; 
je  voyais  maman,  et  j'étais  heureux;  je  la 
quittais  et  j'étais  heureux,  j.  j.  bouss.  Confess. 
VI.  Nous  .sommes  trop  heureux,  me  disait  ma  femme, 
il  nous  arrivera  quelque  malheur, marmontrl.  If 6n. 
XI.  Il  Être  heureux  comme  un  roi,  être  très-heu- 
reux, nager  dans  l'abondance.  Être  heureux  r/jmme 
un  roi,  dit  le  peuple  hébété,  volt,  i"  dise.  \\  Être 
heureux,  se  dit  d'un  homme  marié,  d'une  femme 
mariée  qui  jouissent  du  bonheur  dans  leur  ménage. 
Le  marquis  :  Et  que  ses  qualités,  ses  ctiarmcs  et 
son  âge  Méritaient  un  sort  plus  heureux. —  La  com- 
te-sse  :  Plus  heureux  !  quel  est  ce  langage?  mais  je 
suis  très-heureuse,  imbert,  Jaloux  saTis  amour, 
m,  9.  Il  Amant  heureux,  amant  qui  est  écouté,  fa- 
voris';. Il  Être  heureux,  obtenir  les  dernières  faveurs 
d'une  femme.  Il  5e  servit  des  droits  que  son  état  de 
crocheteur  lui  donnait  à  la  brutalité;  il  fut  brutal  et 
heureux,  volt.  Crocheteur  borgne.  ||  6"  Il  se  dit 
quelquefois  simplement  pour  satisfait.  Hippolyte 
est  heureux  qu'aux  dépens  de  vos  jours  Vous-même 
en  expirant  appuyiez  ses  discours,  bac.  Phèdre,  m,  a. 
Content  et  trop  heureux  d'avoir  encore  assez  de  vie 
pour  témoigner  au  roi  sa  reconnaissance,  Boss. 
Louis  de  Bourbon.  Elle  n'était  heureuse  ni  pour 
avoir  placé  auprès  d'elle  sa  chère  fille,  ni  pour  l'a- 
voir placée  dans  une  maison  où  tout  est  grand , 
ID.  Ann.  de  Com.  \\  Par  formule  de  polilesbc.  Je 
serai  heureux  de  vous  recevoir  chez  moi.  ||6°  Dans 
quoi  on  jouit  du  bonheur.  L'âge  heureux  de  l'en- 
fance. Une  condition  heureuse.  Une  heureuse 
vieillesse.  Le  plus  heureux  jour  de  la  vie,  boss. 
le  Tellier.  ô  moment  heureux  où  nous  sortirons 
des  ombres  et  des  énigmes  pour  voir  la  vérité  ma- 
nifeste! ID.  ib.  Je  fus  intimement  lié  avec  lui 
[  Joseph  Saurin  ]  dans  le  temps  de  sa  vie  heu- 
reuse, c'est-à-dire  ignorée,  retirée,  occupée,  fru- 
gale, austère,  \olt.  Mél.  lilt.  Béfut.  d'un  écrit 
anonyme.  ||  Faire  une  heureuse  fin,  mourir  dans  les 
sentiments  d'un  bon  chrétien.  ||  Qui  procure  du 
bonheur,  du  plaisir.  Heureuse  destinée.  Heureux 
séjour.  Règne  heureux.  Quand  on  y  lit  [dans  1  Évan- 
gile] cet  heureux  retour  du  prodigue  retrouvé,  boss. 
Mar.-Thér.  Dans  un  temps  plus  heureux  ma  juste 
impatience  Vous  ferait  repentir  de  votre  défiance, 
RAC.  Bril.  III,  7.  C'est  moi....  Qui  me  suis  appliquée 
à  chercher  les  moyens  De  lui  faciliter  tant  d'heu- 
reux entretiens,  ID.  Bajai.  iv,  4.  Je  rends  grâces  au 
ciel  que  votre  indifférence  De  mes  heureux  soupirs 
m'apprenne  l'innocence,  id.  Andr.  iv,  6.  Je  revien- 
drai bientôt  par  un  heureux  baptême,  T'arracher 
aux  enfers  et  te  rendre  à  toi-même,  volt.  Zaïre, 
m,  4.  [Ils]  Vont  d'un  esprit  moins  fier,  et  d'un  cœur 
plus  facile  Sous  votre  joug  heureux  baisser  un  front 
docile,  ID.  ib.  i,  <.  X  t'en  payer  le  prix  ma  fortune 
épuisée....  m'ôte  l'espoir  heureux  De  faire  ici 
pour  moi  ce  que  je  fais  pour  eux,  m.  «6.  i,  4. 
Il  7°  Qui  est  couronné  de  succès.  Heureuse  tenta- 
tive. Nos  soins  sont  souvent  heureux  sur  des  âmes 
criminelles,  mass.  Carême,  Sur  la  rechute.  ||  Qui  se 
fait,  qui  a  lieu  sans  accident.  Une  heureuse  naviga- 
tion. Heureux  retour.  Des  couches  heureuses. 
Il  8"  U  se  dit  de  quelque  accident  qui  n'a  pas  de 
suites  fâcheuses,  au  même  qui  en  a  d'heureuses 
Une  chute  heureuse.  Oui  sans  doute;  et  jamais  plus 
juste  empressement  Ni  plus  heureuse  erreur  ne 
surprit  un  amant,  rotr.  Bélis.  m,  (.  Oui,  je  bénis, 
seigneur,  l'heureuse  cruauté,  rac.  Andr.  u,  6.  ||  U 
se  dit  quelquefois  en  ce  sens  des  personnes.  Un 
heureux  coupable.  U  |le  roi]  se  plaint  qu'à  ses  vœux 
un  autre  amour  s'oppose  ;  Quel  heureux  criminel  en 
peut  être  la  cause?  rac.  Mithr.  n,  6.  ||  9°  Il  se  dit 
des  qualités  favorables  des  lieux,  des  climats.  Sous 
un  ciel  plus  heureux  et  plus  digne  de  vous,  id.  id. 
i,  3.  La  situation  de  Tyr  est  heureuse  pour  le  com- 
merce, FÉN.  Tél.  m.  La  Nouvelle-Hollande  est  une 
terre  peut-être  plus  étendue  que  toute  notre  Eu- 
rope, et  située  sous  un  ciel  encore  plus  heureuv, 
BUFF.  Suppl.  à  l'hist.  nai.  (JEuv  '  t.  xi,  p.  373. 
Il  10°  Il  se  dit  des  bonnes  qualités  tant  physi  |uei 
que  morales.  U  a  la  mémoire  heureuse.  Un  génie 
heureux.  Comme  son  heureuse  fécondité  redoublait 
tous  les  jours  les  sacrés  liens  de  leur  amour  mutuel, 
BOSS.  Reine  <ï Anglet.  JoalRs  deux  [Anne  d'Autriche 


HEU 

et  Marie-Thérèse]  d'une  si  heureuse  constitution, 
qu'elles  semblaient  nous  promettre  le  bonheur  de 
les  posséder  un  siècle  entier,  boss.  Mar.-Thér.  Il  y  a 
des  tempéraments  heureux  qui  se  consolent  de  tout, 
BAMiLT.  Gramm.  7.  J'aurai  dénaturé  cet  heureux 
naturel,  ducis,  Lear,  ii,  4.  ||  D'heureuse  mémoire, 
se  dit  des  princes  morts  depuis  peu  et  dont  la  mé- 
moire est  en  vénération.  ||  11°  Fig.  Il  se  dit  de  ce 
que  l'on  compare,  dans  les  choses  d'esprit  et  d'art, 
au  succès  d(!  l'heur,  de  la  bonne  chance.  Repartie 
heureuse.  Heureuse  expression.  Vers  heureux. 
Rime  heureuse.  0n  tour  heureux.  Il  est  un  heureux 
choix  de  mots  harmonieux  ;  Fuyez  des  mauvais 
fons  le  concours  odieux,  boil.  Art.  p.  i.  Devise 
d'autant  plus  heureuse  qu'elle  est  véritable,  ménage, 
Kenagiana,  p.  446.  Ces  mots  heureux  que  l'appro- 
bation transmet  à  la  postérité,  hamilt.  Gramm.  \. 
Il  II  se  dit  des  personnes  dans  un  sens  analogue. 
J'ai  été  assez  heureux  à  les  inventer  [des  machi- 
nes], et  à  leur  donner  place  dans  la  tissure  de  ce 
poëme ,  CORN.  Andromède ,  Argument.  Prompt 
à  concevoir  les  matières  les  plus  élevées,  heu- 
reux à  les  exprimer  quand  il  les  avait  une  fois 
conçues,  fléch.  Lamoignon.  Grand  orateur,  surtout 
vif  et  heureux  à  la  réplique,  anquet.  Ligue,  i,^.  H5. 
Il  12°  Fig.  Qui  prévient  favorablement.  Non  je  ne 
croirai  pas  que  mon  fils  inflexible.  Sous  des  dehors 
heureux  cache  un  cœur  insensible,  nrcis,  Abufar, 
II,  7.  Ceux  dont  les  physionomies  sont  du  nombre 
de  celles  qu'on  appelle  heureuses  parce  qu'elles  an- 
noncent en  caractères  ineffables  la  bienfaisance, 
BERN.  DE  sT-p.  Harm.  liv.  v,  Harm.  anim.  ||  13°  Sub- 
stantivement. Celui  qui  est  dans  le  bonheur.  Il  se 
voit  de  ces  idoles  [indignes  favoris]  en  pays  même 
de  chrétienté;  ily  a  toujours  eu  d'indignes  heureux, 
BALZ.  De  la  cour,  2'  dise.  L'homme  aime  la  mali- 
gnité, mais  ce  n'est  pas  contre  les  malheureux, 
mais  contre  les  heureux  superbes,  pasc.  Pens.  i,  9. 
Voyez  un  heureux....  lisez....  au  travers  d'un 
calme  étudié  et  d'une  feinte  modestie  combien  il 
est  content  et  pénétré  de  soi-même,  la  bhuy.  viii. 
Le  plaisirqu'on  doit  sentir  àfairedes  heureux,  mass. 
Carême,  Aum.  Je  prévois  que  ce  jour  fera  bien  des 
heureux,  M.  j.*:;hén.  Fénelon,  iv,  4.  ||  Les  heureux 
du  monde,  les  heureux  de  la  terre,  et,  dans  le  lan- 
gage de  la  chaire,  les  heureux  du  siècle,  ceux  qui 
sont  dans  la  richesse,  dans  la  puissance.  Ils  ont  été 
les  seuls  heureux  de  la  terre,  mass.  Avent,  Bonh. 
des  justes.  Aussi,  mes  frères,  il  n'est  presque  que  les 
grands  et  les  heureux  du  monde  qui  se  plaignent 
de  l'excès  de  leurs  malheurs  et  de  leurs  peines,  ID. 
Arent,  Ajfliclions.  \\  Les  heureux  du  jour,  les  hom- 
mes en  place,  en  crédit,  en  faveur.  ||  Familière- 
ment et  par  exagération.  Faire  un  heureux,  faire 
des  heureux,  procurer  un  avantage,  grand  ou  petit. 
J'ai  acquis  vos  billets  à  moins  de  vingt  pour  cent, 
et  j'ai  fait  des  heureux,  encore,  picard,  Duhaut- 
cours,  V,  i2.  Il  Particulièrement.  Faire  un  heureux, 
se  dit  d'une  femme  qui  satisfait  les  vœux  d'un 
amant.  Quand  d'un  cœar  amoureux  Vous  prisiez  la 
conquête.  Vous  faisiez  dix  heureux.  Et  n'étiez  pas 
coquette,  bérang.  Lisette.  \\  Froverljes.  X  l'heureux 
l'heureux,  la  fortune  vient  ordinairement  à  celui 
qui.  est  heureux.  Il  II  n'est  heureux  que  celui  qui 
croit  l'être.  On  n'e.st  heureux  qu'autant  qu'on  le 
croit  être,  TH.  cobn.  Ariane,  i,  i.  Quand  je  songe, 
je  suis  le  plus  heureux  des  hommes.  Et,  dès  que  nous 
croyons  être  heureux,  nous  le  sommes,  collin  d'iiar- 
LEViLLE,  Chdt.  en  Espagtie,iu,  7. 

—  IIEM.  Heureux  en  :  heureux  en  affaires.  Heu- 
reux dans  :  heureux  dans  ses  entreprises.  Heureux 
de  :  heureux  du  bonheur  d'autrui.  Heureux  de,  avec 
un  infinitif  ;  heureux  de  vivre.  Heureux  à  :  esprit 
heureux  à  exprimer  ce  qu'il  conçoit.  Heureux  que.... 
avec  le  verbe  au  subjonctif  :  je  suis  heureux  que 
rous  acceptiez  mon  offrande. 

—  Hisr.  xiv*  s.  Oui  che  biau  bacheler  aroit  en  sa 
baillie,  Eiireuse  seroit,  car  de  chevalerie  Est  li  plus 
souverains  de  ceste  mortel  vie,  Baud.  de  Seb.  viii, 
•67  Le  plus  preu  de  son  corps  que  nulz  porroit 
trover.  Et  eureux  de  ce  dont  se  veut  entremêler, 
Guescl.  18318.  Il  XV*  s.  Qui  en  amours  veut  estre 
heureux.  Faut  tenir  train  de  seigneurie,  vill.  Nouv. 
bail.  Il  xvi«  s.  Heureuse  la  mort  qui...  I  mont,  i,  90. 
R'amenant  presque  tous  les  siens  blessez,  plusieurs 
de  coups  d'espée,  lui  avec  six  harquebusades  heu  reu- 
ses desquelles  l'une  le  blessa  derrière  l'oreille,  d'aub. 

IKst.  II,  268. 

—  ÉTYM.  Heur;  bourguign.  heurou;  picard,  hu- 
reux;  Berry,  hureux;  wallon,  ureu.  .Selon  Bèze,  au 
XVI»  siècle  :  «  Tout  ce  qui  prononce  bien  en  France 
prononce  hureux.  »  Et,  au  xvii"  siècle,  Chifflet, 
Gramm.  p.  203,  dit  qu'on  prononce  également  heu- 


HEU 

reux  ou  hureux.  L'ancienne  langue  disait  plutdt 

beneûré. 
t  IIEURISTIQDB  (eu-ri-sti-k')  ou  HÉVRISTIQUE 

(é-vri-sti-lc'),  s.  f.  ||  1°  Terme  didactique.  L'art  d'in- 
venter, de  faire  des  découvertes.  ||  2°  Adj.  La  mé- 
thode heuristique. 

— ÈTVM.  liOpi(TTix:?i  Te/vu,  l'art  de  trouver,  de  eûpEîv, 
trouver.  Heuristique  ou  hévristique,  parce  que  l'u 
grec  se.rend  d'ordinaire  par  v  et  quelquefois  par  u. 

HEURT  {heur.  Chifflet,  Gramm.  p.  217,  dit  que 
le  t  se  prononce;  aujourd'hui  il  ne  se  prononce 
plus),  s.  m.  Il  1°  Coup  donné  en  heurtant  contre 
quoique  chose.  La  porte....  Et,  s'ouvrant  à  mon 
heurt,  je  tombai  sur  le  ventre,  Régnier,  Sat.  x.  Un 
heurt  survient;  adieu  le  char,  la  font.  Fabl.  vu, 
1 1 .  L'un  [rat]  se  mit  sur  le  dos,  prit  l'œuf  entre  ses 
bras;  Puis,  malgré  quelques  heurts  et  quelques 
mauvais  pas,  L'autre  le  traîna  par  la  queue,  in. 
ib.  X,  < .  Il  Fig.  Le  heurt  que  le  Génie  du  christia- 
nisme donna  aux  esprits  fît  sortir  le  xix°  siècle  de 
l'ornière,  et  le  jeta  pour  jamais  hors  de  sa  voie, 
ciiATEAUBR.  daus  le  Vict.  de  dochez.  ||  2»  La  mar- 
que que  le  coup  a  laissée.  Ce  cheval  a  un  heurt  au 
pied  de  devant.  ||  3°  Terme  de  maçonnerie.  L'endroit 
le  plus  élevé  d'une  rue  ou  d'un  pont  de  pierre,  d'où 
l'on  commence  h  donner  de  la  pente  des  deux  côtés, 
pour  l'écoulement  des  eaux;  sens  qui  se  rattache 
au  sens  d'éminence  qu'a  eu  heurt  dans  l'ancienne 

langue Qu'il  sera  fait  un  heurt  dans  la  rue  de 

l'Université  entre  celle  de  Poitiers  et  celle  de  Belle- 
chasse,  vis-à-vis  la  maison  du  S'  Jouvenet,  de  la 
hauteur  convenable  pour  écouler  les  eaux  d'un  côté 
dans  la  rue  do  Poitiers,  et  de  l'autre  dans  celle  de 
Bellechasse,  par  où  elles  se  déchargeront  dans  la  ri- 
vière, ^rrf(  du  conietid'£ta(,  17  mai  <  701.  Il  En  quel- 
ques villes,  on  nomme  heurts  publics  les  endroits 
désignés  par  l'administration  municipale  pour  aller 
y  décharger  les  tombereaux  de  décombres,  de  gra- 
vats, etc. 

—  UIST.  xiV  s.  L'exposant  bouta  ou  heurta  le  dit 
Jehan  une  fois  ou  deux  de  l'espaule....  et  combien 
queledithurtou  bouteure...,  nu  CANGE,ft«rtare.  Un 
premier  hurt  [coup  de  cloche]  de  prime,  m.  î6.  Comme 
renommée  puist  estre  acomparée  à  la  fleur  que  nous 
appelions  lis,  lequel  est  blanc,  tendre  et  souef  flai- 
rant, mais  de  moult  petit  huit  froissé  et  tachié, 
CHRIST.  DE  PISAN,  Charles  V,  i,  4.  Ainsi  voyla  desja 
une  des  hurtes  de  l'adversité,  et  ung  grant  homme 
mué  qui  avoit  envoyé  une  si  grande  et  solennelle 
ambassade,  n'y  avoit  que  trois  sepmaines,  co.mm.  v, 
2.  Il  XVI'  s.  Ainsi  la  royne  a  sceu  les  grans  effectz, 
Heurz  et  combatz  qui  au  camp  furent  faictz,  j.  ma- 
ROT,  V,  142.  [PyrrhonJ  attendant  le  heurt  des  char- 
rettes, MONT.  II,  234.  Si  elle  [l'amitié]  n'est  que- 
relleuse, si  elle  craint  le  hurt  et  a  ses  allures 
contrainctes,  ID.  iv,  37.  Ils  s'estoient  avancez  jusques 
sur  un  petit  heurt  [éminence]  qui  regardoit  la  cita- 
delle, Mém.  d'Angoulesme,  p.  <03,  dans  laclrne. 
Vous  fustes  chargez  par  quatre  autres  escadrons 
qui  vous  ramenèrent  plus  viste  que  le  pas  jusqu'à 
un  petit  heurt,  sully,  Mém.  t.  1,  p.  323,  dans  la- 
cl'RNE.  Tout  a  heurt,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Voy.  heurter;  ital.  urto. 

t  HEURTE  (heur-t'),  s.  f.  Amas  pyramidal  de  ma- 
tières qui,  dans  une  fosse  d'aisances  pleine,  se  trouve 
sous  les  poteries. 

^  ÉTYM.  Heurt,  dans  le  sens  d'éminence. 

HEURTÉ,  ÉE  (heur-té,  tée)  ,  part,  passé  de 
heurter.  ||  1"  Qui  a  reçu  un  heurt,  un  ch&c.  [Votre 
pied  sous  la  table]  Dont  Trufaldin,  heurté  de  deux 
coups  trop  pressants ,  A  puni  par  deux  fois  deux 
chiens  très-innocents,  mol.  Et.  iv,  5.  Poursuivis, 
menaçants,  l'un  par  l'autre  heurtés,  delav.  Vépr. 
sicil.  V,  2.  Il  2°  Fig.  Offensé,  blessé.  Heurté  par  des 
paroles  si  désobligeantes.  ||  Contrarié.  Des  préju- 
gés heurtés  par  la  philosophie.  ||  3"  Terme  de  pein- 
ture. Dont  les  teintes  ne  sont  pas  fondues,  les  con- 
tours adoucis.  Dos  tons  heurtés.  Sa  touche  est 
lourde,  sa  manière  est  pénible  et  heurtée,  dider. 
Salon  de  <767,  Œuv.  t.  xiv,  p.  380,  dans  pougens. 
Une  vapeur  particulière  [en  Italie]  répandue  dans 
les  lointains  arrondit  les  objets  et  dissimule  ce 
qu'ils  pourraient  avoir  de  dur  ou  de  heurté  dans 
leurs  formes,  chateaub.  Italie,  à  M.  de  Fontanes. 
Il  Fait  avec  une  grande  liberté  et  qui  n'est  touché 
que  de  coups  hardis,  en  parlant  soit  de  la  pein- 
ture, soit  de  la  sculpture.  Composition  libre,  fa- 
cile,  vigoureuse  et  dans  la  manière  heurtée,  ni- 
DER.  Salon  de  1767,  Œuv.  t.  xv,  52.  11  faut  être 
un  graveur  de  la  première  force  pour  graver  d'a- 
près le  genre  heurté,  in.  ib.  p.  65.  ||  Par  exten- 
sion. Le  pigeon  heurté,  c'est-à-dire  masqué  comme 
d'un   coup  de  pinceau  noir,  bleu,  jaune  ou  rouge. 


HEU 


2021 


au-dossus  du  bec  seulement  et  jusqu'au  milieu 
de  la  tête,  avec  la  queue  de  la  même  couleur 
et  tout  le  reste  du  corps  blanc,  est  un  pifjcon 
fort  recherché  des  curieux,  uuff.  Ois.  t.  iv,  p  .139. 
Il  4°  Terme  de  littérature  Style  heurté,  style  dont 
les  pensées  ne  se  suivent  pas  ou  se  lient  difficile- 
ment, dont  les  expressions  font  entre  elles  des  con- 
trastes durs. 
tHEURTEMENT  (heur-te-man) ,  s.  m.  \\  l'Action 

de  heurter Le  vaisseau  public   recevrait  san: 

doute  une  grande  secousse  sur  l't'cueil  où  son  pilote 
chéri  l'aurait  laissé  toucher;  mais  ce  heurteraent 
ne  vous  découragerait  pas  ;  vous  seriez  là,  mes- 
sieurs, votre  crédit  serait  intact....  mirabeau.  Col- 
lection, t.  Il,  p.  (71.  Il  2°  Rencontre  de  deux  voyel- 
les, hiatus.  Je  fais  une  grande  différence  entre  le 
concours  des  voyelles  et  leheuriemeiit  des  voyelles; 
il  y  a  longtemps  que  je  vous  aime  :  cet  il  y  a  est 
fort  doux  ;  il  alla  A  Arles  est  un  heurtement 
affreux,  volt.  Lett.  d'Alembert,  os  (19  mars  177»). 

—  HlST.  XVI'  s.  Entre  les  choses  temporelles,  qui 
sont  sujettes  à  plusieui-s  heurtemens  de  fortune,  le» 
plus  seures  sont  les  plus  médiocres,  lamoue,  49». 

—  ËTYM.  Heurter. 

t  HEURTEQUIN  (heur-te-kin),  s.  m.  Saillie  que 
porte  un  essieu  de  fer,  et  contre  laquelle  vient  se 
heurter  le  moyeu  de  la  roue.  ||  Nom  de  deux  mor- 
ceaux de  fer  battu  qui  se  placent  sur  l'extrémité  de 
l'essieu  d'affilt  d'une  pièce  d'artillerie 

HEURTER  (heur-té),  v.  a.  ||  1°  Toucher  ou  ren- 
contrer rudement.  Heurter  quelqu'un  en  passant. 
Se  heurter  la  tête  contre  un  mur.  [Un  valet]  Heur- 
tant table  et  tréteaux,  verse  tout  [un  plat]  sur  mes 
chausses,  «iîgnier,  Sat.  x.  L'un  me  heurte  d'un  ais 
dont  je  suis  tout  froissé,  boil.  Sat.  vi.  Leur  allure 
[des  tapirs]  est  brusque,  et,  sans  chercher  à  offen- 
ser, ils  heurtent  rudement  tout  ce  qui  se  rencontre 
devant  eux,  buff.  Quadrup.  t.  x,  p.  5.  Un  jour  le 
laboureur  dans  ces  mêmes  sillons  Où  dorment  les 
débris  de  tant  de  bataillons.  Heurtant  avec  le  soc 
leur  antique  dépouille...,  delii.le,  Géorg.  1. 1|  Fig.  Il 
se  dit  des  choses  qui  se  contrarient.  Dont  la  téta 
est  si  troublée  et  les  idées  sont  à  tel  point  décousues 
que  dans  la  même  page  une  assertion  sensée  est 
heurtée  par  une  assertion  folle  et  une  assertion  folle 
par  une  assertion  sensée,  diderot.  Règne  de  Claude 
et  Néron,  11,  §  0.  ||  2°  Par  extension.  Se  dit  de  la  ren- 
contre des  voyelles.  Gardez  qu'une  voyelle  à  courir 
trop  hâtée  Ne  soit  d'une  voyelle  en  son  chemin  heur- 
tée, BOIL.  Art  p.  I.  Il  3°  Fig.  Blesser,  offenser,  en 
parlant  des  personnes  qu'on  heurte.  Et  gardez  que, 
heurtant  ce  cœur  inaccessible.  Vous  ne  vous  y  bles- 
siez pensant  le  secourir,  botrou,  St-Gen.  m,  7. 
Rien  ne  nous  heurte  plus  rudement  que  cette  doc- 
trine [le  péché  originel),  et  cependant,  sans  ce 
mystère  le  plus  incompréhensible  de  tous,  nous 
sommes  incompréhensibles  à  nous-mêmes,  pvsc. 
Grandeur  et  misère,  .'iyst.  des  phil.  5,  éd.  PAtiGÈRE. 
L'abbé  Testu  était  fort  difficile  à  pardonner,  et 
même  à  ne  pas  poursuivre  quiconque  l'avait  heurté, 
st-sim.  )60.  (06.  Il  Contrarier,  en  pailant  des  choses 
que  l'on  heurte.  11  ne  pourra  heurter  votre  pouvoir 
suprême,  rotrou,  Vencesl.  m,  7.  Heurter  de  front 
ses  sentiments,  c'est  le  moyen  de  tout  gâter,  mol. 
Avare,  i,  8.  Cette  grande  roideur  des  vertus  des 
vieux  âges  Heurte  trop  notre  siècle  et  les  commun» 
usages,  m.  Mis.  i,  (.  Il  eut  soin  de  manier  l'esprit 
du  jeune  tyran  avec  une  adresse  merveilleuse,  évi- 
tant de  heurter  de  front  ses  passions,  rollin,  Hist. 
anc.  Œuv.  t.  v,  p.  249,  dans  pougens.  Quand  on 
veut  vivre  dans  un  pays,  il  n'en  faut  pas  heurter  le» 
préjugés,  BEADM.  Mère  coup,  i,  6.  Les  gens  du  peu- 
ple ont  des  formes  asser  grossières,  surtout  quand 
on  veut  heurter  leur  manière  d'être  h.;l)iluclle, 
STAEL,  Allem.  I,  (.  Le  son  du  cor,  le  bruit  des 
armes  n'ont  rien  qui  heurte  le  goût,  chateaub.  Cr- 
nie,  II,  II,  ((.  ||4'Terme  de  peinture.  Peindre  rude  - 
ment.  Heurter  un  tableau.  On  dit  qu'un  dessina 
teur  heurte  son  ouvrage,  pour  exprimer  qu'il  n'y 
met  pas  la  dernière  main.  |{  6"  V.  n.  Donner  un  choc, 
recevoir  un  choc.  Heurter  contre  une  pierre.  Qu'il 
[Jésus-Christ]  sera  une  pierre  d'achoppement  à  la- 
quelle plusieurs  heurteront,  pasc.  l'roph.  24,  éd. 
PAUGÈRE.  Là,  Xénophondans  l'air  heurte  rentre  un 
La  Serre,  boil.  iu<r.  v.  [Le  vaisseau]  Heurte,  s'ou- 
vre et  se  brise  entre  d'affreux  rochers,  lemkrc.  Aga- 
memn.  i,  1.  ||  Fig.  Qui  prend  soin  d'assortir  les  vo- 
lontés tellement  ensemble  qu'elles  ne  heurtent  point 
les  unes  contre  les  autres,  bourd.  Pentéei,  t.  11, 
484.  Il  Fig.  C'est  heurter  de  la  tête  contre  la  mu- 
raille, c'est  se  heurter  la  tête  contre  un  mur,  que 
do  vouloir  lui  persuader  quelque  chose,  se  dit  d'un 
homme  très-difficile  à  persuiider.  ||  6'  Particulière- 


2022 


HEU 


ment.  Frappera  la  porto.  On  a  lieurlé  deux  coup.?. 
J'ai  heurti!  par  trois  fols.  Kt  je  no  tromlilo  point 
quand  on  heurte  à  la  porte,  réonier,  Sat.  v.  On  avait 
lieau  heurter,  et  mYiter  son  chapeau,  On  n'entrait 
point  chez  nous  sans  graisser  le  marteau,  luc.  Plaid. 
I,  ,1.  Tout  est-il  mort  ici,  valet,  laquais,^  servante? 
J'ai  beau  heurter,  crier,  aucun  ne  se  présente,  be- 
ONARD,  Légataire,  m,  2.  ||  Heurter  en  maître,  frap- 
per à  la  porte  d'une  maison  comme  si  l'on  en  était 
le  maître.  ||  Fig.  Heurter  à  toutes  les  portes,  em- 
ployer toute  sorte  de  moyens,  solliciter  tout  le 
monde.  ||  Fig.  Il  a  heurté  h  la  porte  du  paradis,  se 
dit  de  quelqu'un  qui  réchappe  d'une  grande  mala- 
die. Il  Fig.  Il  n'y  a  qu'à  heurter  à  la  porto,  se  dit 
d'une  personne  savante,  liabile,  qu'il  n'est  besoin 
que  d'interroger  pour  en  recevoir  d'utiles  informa- 
tions. Un  si  bon  sens  partout,  que  je  dis  plus  que 
jamais  qu'il  n'y  a  qu'à  heurtera  la  porto  surtout  ce 
qu'on  veut,il  yrépond  parfaitement, sÉv.  B76.||  7° Se 
heurter,  v.  réfl.  Se  frapper  contre  quelque  chose. 
Elle  s'est  heurtée  contre  la  table.  Celui  qui  mar- 
che la  nuit  se  heurte  parce  qu'il  n'a  point  de 
lumière,  SACi,  Bible,  Év.  St-Jean,  ch.  xi,.  v.  lo. 
Quand  le  prince  russe  et  son  armée  qu'Alexandre 
appelait  vers  le  nord,  poussèrent  sur  Sida,  ils  se 
heurtèrent  contre  Davoust  et  furent  forcés  de  se 
replier  sur  eux-mêmes,  ségur,  Uist.  de  Nap.  iv,  o. 
Il  Fig.  Il  [JurieuJ  marche  à  tâtons,  se  heurtant  à 
chaque  pas  et  contre  tous  les  principes  de  la  reli- 
gion, Boss.  6'  avert.  <9.  ||Fig.  Dans  les  arts  et  la 
littérature,  se  heurter  se  dit  des  couleurs,  des  ex- 
pressions qui  forment  une  opposition,  un  contraste 
trop  brusque.  ||  S"  Se  rencontrer  en  se  choquant  l'un 
l'autre.  Assurément  la  tête  de  leurs  chevaux  se  heur- 
tera en  arrivant  à  Paris,  chacun  de  son  côté,  sÉv.  230. 
Des  bataillons  armés  dans  les  airs  se  heurtaient,  dk- 
LiLLE,  Géorg.  1. 1|  9°  Fig.  Se  contrarier.  Ces  deux 
hommes  se  heurtent  en  toute  occasion.  Déjà  contre 
le  mien  son  pouvoir  s'est  lieurté,  delav.  Paria,  i,  2. 

—  REM.  Régnier  a  dit  se  heurter,  pour  s'attacher 
&  :  Hautain,  audacieux,  conseiller  de  soi-même.  Et 
d'un  cœur  obstiné  se  heurte  à  ce  qu'il  aime,  Sat.  v. 
Aujourd'hui  se  heurter  ne  s'emploie  plus  en  ce  sens; 
l'on  dit  s'aheurter. 

—  HiST.  xii"  Et  se  heurteront  et  de  cor  et  de  pis 
Ipoitrine],  Carin  le  Loh.  t.  i,  p.  167.  Trois  fois  [il] 
le  heurte  [pique  son  cheval] ,  si  fait  les  sans  menus, 
'llonc.  p.  64.  Il  XIII"  s.  Heurte  le  bien,  si  qu'il  can- 
cele,  l'artonop.  v.  2997.  Celle  part  [elej  est  alée,  s'a 
[si  a]  à  l'huissct  hurté,  Berle,  xlv.  â  un  grant  arbre 
[il]  s'est  hurte/.,  Arcre  chet  tut  reversez,  Lai  del  dé- 
siré. Li  flots  lahurtent  et  debatent,  Et  tous  jors  à  li 
se  combatent,  la  Rose,  5949.  Ainsi  comme  nous  en 
allons  à  pié  et  à  cheval,  une  grant  route  do  Turs  vint 
hurter  à  nous,  et  me  portèrent  à  terre,  joinv.  225. 
Dont  il  avint  ainsi  que  notre  nef  hurta  à  une  queue 
de  sablon  qui  estoit  en  la  mer,  id.  283.  ||  xiv«  s.  Et 
comme  les  chiens,  quant  il  oent' [entendent]  hurter, 
il  allaient  tantost,  oresme,  Eth.  205.  Lequel  Montfau- 
con,encor  plus  corrodez....  le  bouta  tellement,  qu'il 
li  fist  ulter  de  la  teste  contre  une  paroiz  ;  après  le- 
quel ultement...,DUCANGF.,  ullare.  ||xv"s.  Il  hurtoit 
grands  coups  à  l'huis  ou  aux  fenestres  do  la  cham- 
bre, FROiss.  II,  III,  22.  Le  bon  serviteur,  sans  effroi 
ne  bruit,  vint  heurter  à  la  porte,  et  au  heurter  qu'il 
fit  on  le  connut  tantost,  LOUIS  xi,AroMV.xxvii.||  xvi's. 
Heurtez,  et  la  porte  vous  sera  ouverte,  calv.  Instil. 
085.  De  quoy  leur  profite-il  de  heurter  contcfi  ce 
roc?  in.  ib.  880.  Pour  avoir  heurté  du  pied  contre  le 
seuil  de  son  huis,  mont,  i,  74.  Ma  maison  n'est  pas 
close  à  personne  qui  y  heurte,  m.  m,  8.  Qu'il  se 
souvienne  qu'il  est  périlleux  de  heurter  contre  la  fu- 
reur françoise,  laquelle  pourtant  s'escoulera  soudain, 
LANGUE,  680.  Il  le  heuTla  au  visage  avec  son  escu  si 
rudement  qu'il  le  feit  trébucher,  amyot,  Cam.  47. 
Trop  tost  heurte  à  la  porte  qui  maulvayses  nouvelles 
apporte,  palsgr.  p.  480.  Hardiment  heurte  à  la  porte 
qui  bonnes  nouvelles  apporte,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  urtai;  Berry,  hurter  ;  pro- 
vcnç.  uriar  ;  ital.  urtare;  néerlandais,  hurten  ;  angl. 
to  hurl.  D'après  Diez,  les  mots  germaniques,  faisant 
défaut  dans  les  vieux  dialectes,  viennent  des  mots 
romans,  et  non  ceux-ci  de  ceux-là.  Des  lors  l'éty- 
mologie  reste  ignorée;  Scheler  indique  le  kimry 
hwrdh,  bouc  et  choc,  d'où  hyrdhu,  frapper,  heurter. 

t  IIKURTES  (heurt'),  s.  m.  pi.  Termede  blason. 
Se  dit  des  tourteaux  d'azur. 

—  Ktym.  Heurt,  dans  le  sens  d'éminence. 
ireUIVrOIR  (heur-loir),  s.  m.   \\   !•  Le  marteau 

d'une  porto.  Vieux  en  ce  sens.  On  dit  marteau. 
Il  8"  Anciennement,  ligure  hideuse  à  laquelle  on  at- 
tachait le  marteau  dune  porte.  J'en  fais  un  heur- 
toir de  grand'porte,  vadé,  lo  Pipe  cassée,  p.  3o. 


HEX 

Il  3°  Pi(  ce  mobile  qui  vient  frapper  sur  une  autre. 
Il  4'  Terme  d'artillerie.  Pièce  do  bois  qui  empêche 
que  les  roues  de  raiïùt  n'endommagent  le  revêle- 
ment de  gabions  d'une  batterie.  1|  Coin  de  bois  pour 
arrêter  le  recul ,  ou  pour  empêcher  la  piùce  de  re- 
venir en  batterie  après  le  recul.  ||  5°  Terme  de  con- 
struction. Pièce  de  fer  scellée  dans  le  seuil  d'une 
porte,  pour  arrêter  les  battants  d'une  porte  cochère. 
Il  6°  Terme  de  ponts  et  chaussées.  Face  verticale  d'une 
écluse,  contre  laquelle  les  portes  viennent  s'appuyer. 

—  ETYM.  Heurter. 

f  HKCSE  (heû-z') ,  s.  f.  Terme  de  marine.  Piston 
d'une  pompe;  il  est  en  bois  et  affecte  la  forme  d'une 
boite  cylindrique,  percée  dans  sa  hauteur,  et  garnie 
d'une  soupapequi  laisse  àl'eau  un  passage  nécessaire 
lorsqu'elle  monte  dans  le  corps  de  la  pompe. 

—  KTYM.  Hollandais,  hooscn,  puiser.  Cependant 
il  y  a,  dans  l'ancien  français,  heuse  qui  signifie 
jambe,  botte,  et  qui  aurait 'pu  donner,  par  assimi- 
lation de  forme,  la  heuse  do  la  marine. 

t  HiîVE  (hè-v'),  s.f.  Nom,  en  Basse  Normandie, 
do  rochers  creusés  en  dessous  et  où  les  pêcheurs 
poursuivent  les  crabes. 

t  HCVÉE  (é-vé) ,  s.  m.  Terme  de  botanique.  Ar- 

I  re  de  l'Amérique  méridionale  qui  produit  le  caout- 
chouc, heveaguyanensis,  aublet,  atropha  clastica, 
L.,  siphonia  guianensis  ,  adb.  de  jdssieu,  euphor- 
biacées  (voy.  caootciiouc). 

—  f.TYM.  Hheve,  nom  donné  à  cet  arbre  par  les 
indigènes  du  Para. 

t  HÉVÉENE  (é-vé-è-n'j,  s.  m.  Terme  de  chimie. 
Matière  découverte  dans  les  produits  de  la  distilla- 
tion du  caoutchouc. 

—  fiTYM.  Ucvée. 

t  HEX....  HEXA....  préfixe  qui  signifie  six,  et 
vient  du  grec  é'Ç  (voy.  six). 

t  HEXACANTHE  (è-gza-kan-f) ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Qui  a  six  épines  ou  aiguillons.  Le  diptérodon 
hexacantho,  poisson. ||  Embryon  hcxacantbc,  ou pros- 
colex,  embryon  de  certains  trématodes  etcestoïdes. 

—  fiTY.M.  Hex....,  et  âïiavOa,  épine. 

t  UEXACORDE  (è-gza-kor-d'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de 
musique  ancienne.  Instrument  à  six  cordes.  ||  4dj. 
fnstrument  hexacorde.  ||  i'  L'intervalle  dit  aujour- 
d'hui sixte. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  xop^^i,  corde. 

t  IIEXACYCLE  (è-gza-si-kl'),  adj.  Qui  a  six  roues. 
Voitures  hexacycles. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  y.i-ù.o:,,  cercle,  roue. 

t  HEXADACTYLE  (è-gza-da-kti-l') ,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  six  doigts  ou  six  rayons  aux  na- 
geoires pectorales. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  SâxTuioç,  doigt. 

HEXAÈDRE  (è-gza-è-dr'),  adj.  Terme  de  géomé- 
trie. Oui  a  six  faces.  Prisme  hexaèdre.  ||  S.  m.  Corps 
régulier  à  six  faces,  dont  chaque  face  estun  carré. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  Kpa,  face. 

t  IIEXAÉDRIQUE  (è-gza-é-dri-k') ,  adj.  Qui  se 
rapports  à  l'hexaèdre. 

t  HEXAÉMÉROiy  (è-gza-é-mé-ron) ,  s.  m.  Com- 
mentaire sur  les  premiers  chapitres  de  la  Genèse  et 
les  six  premiers  jours  de  la  création.  L'Hexaéméron 
de  saint  Basile. 

—  ÉTYM.  Lat.  hexaemeron,  du  grec  âïariaepo;,  de 
ËÇ,  six.  et  ^iiiÉpa,  jour.  Hexaméron,  qu'on  trouve 
imprimé,  est  vicieux  d'après  l'étymologie,  comme 
décaméron;  mais  décaméron  est  fort  employé,  et 
on  ne  peut  y  toucher;  au  lieu  que  Iwxaméron,  peu 
employé,  peut  être  corrigé. 

t  HEXAGONAL,  ALE  (è-gza-go-na!,  na-1'),  adj. 
Qui  se  rapporte  à  l'hexagone.  Terrain  hexagonal. 
Figure  hexagonale.  ||  11  se  dit  d'un  solide  dont  la 
base  est  un  he,xagone.  Pyramide  hexagonale.  Pris- 
mes hexagonaux.  Il  Terme  de  minéralogie.  Cristaux 
hexagonaux,  cristaux  prismatiques  ayant  pour  base 
un  hexagone.  Quelques  autres  de  ces  officiers  [dans 
la  retraite  de  Moscou] remarquaient  avec  une  cu- 
rieuse attention  la  cristallisation  régulière  et  hexa- 
gonale de  cliacune  des  parcelles  de  neige  qui  cou- 
vraient leurs  vêtements,  ségur,  Hisl.  de  Nap.  xi,  lO. 

HEXAGONE  (è-gza-go-n') .  ||  1°  Àdj.  Terme  de 
géométrie.  Qui  a  six  angles  et  six  côtés.  ||  2°  S.  m. 
Figure  composée  de   six  angles  et  de   six   côtés. 

II  Hexagone  régulier,  celui  dont  tous  les  côtés  sont 
égaux,  ainsi  que  les  angles.  Les  ruches  des  abeilles 
étaient  aussi  bien  mesurées  il  y  a  raille  ans  qu'au- 
jourd'hui, et  chacune  d'elles  [abeilles]  forme  cet 
hexagone  aussi  exactement  la  première  fois  que  h 
derniÎTe,  tasc.  FraginerU  d'un  traité  du  vide.  Ces 
cellules  des  abeilles,  ces  hexagones  tant  vantés, 
tant  admirés,  me  fournissent  une  preuve  de  plus 
contre  l'enthousiasme  et  l'admiration;  cette  figure, 
toute  géométrique  et  toute  régulière  qu'elle  noui 


HEX 

pwait  et  qu'elle  est  en  elTet  dans  la  spéculatio.i . 
n'est  ici  qu'un  résultat  mécanique  et  assez  imp^ir- 
r.iit...,  bUFF.  Disc,  sur  la  nat.  des  anim.  ||  Terme  de 
fortification.  Ouvrage  composé  de  six  bastions. 

—  ÉTYM.  Hexa  ...,  et  y'''vo:,  angle. 

t  HEXAGRAMME  (è-gz.vgra-m'),  s.  m.||  1°  Terme 
didactique.  Assemblage  de  six  lettres  ou  carac- 
tères. Il  2°  Terme  de  mathématique.  Hexagramme 
mystique,  nom  d'un  certain  théorème  de  Pascal  : 
si  un  hexagramme  est  inscrit  dans  une  section 
conique ,  les  points  de  rencontre  des  côtés  opposés 
sont  en  ligne  droite. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  Ypinn»,  lettre  dans  le  pre- 
mier sens,  ligne  dans  le  deuxième. 

t  HEXAGTfNE  (è-gza-ji-n'),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  a  six  pistils. 

—  ÉTYM.  Vexa....,  et  Y'jvyj,  femelle,  pistil 

t  HEXAGYNIE  (è-gza-ji-nie),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Classe  comprenant  les  plantes  qui  ont  six 
pistils. 

HEXAMÈTRE  (è-gza-mè-tr"),  adj.  Terme  de  ver- 
sification grecque  et  latine.  Qui  a  six  pieds.  ||  Dans 
un  sensspécial  qui  a  fait  presque  disparaître  l'autre, 
vers  hexamètre,  vers  grec  ou  latin  composé  de  six 
pieds ,  les  quatre  premiers  étant  dactyles  ou  spon- 
dées indifféremment, le  cinquième  étant  un  dactyle, 
et  le  sixième  un  spondée.  Et  certainement  tous  ceux 
qui  ont  repris  Tacite  d'avoir  commencé  ses  annales 
par  un  vers  hexamètre  :  Urbem  Uomam  a  principio 
reges  habuere...,  vaugelas.  Rem.  t.  ii,  p.  "«o,  dans 
POUGENS.  Il  S.  m.  Un  hexamètre.  ||  Par  abus.  Hexa- 
mètre, vers  français  qui  a  six  pieds  de  deux  syl- 
labes chacun,  c'est  l'alexandrin.  Apamis  raconta  ses 
malheureux  amours  En  mètres  qui  n'étaient  ni  trop 
longs  ni  trop  courts;  Dix  syilaies  par  vers  molle- 
ment arrangées  Se  suivaient  avec  art  et  semblaient 
négligées  ;  Le  rhythme  en  est  facile,  il  est  mélo- 
dieux, L'hexamètre  est  plus  beau,  mais  parfois  en- 
nuyeux, VOLT,  les    Trois  manières. 

—  ÉTYM.  "E^âiitxpoc,  de  é$,  six,  et  [iéTpav,  mesure, 
t  HEXANBRE  (è-gzan-dr) ,  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  a  six  étamines. 

—  ÉTYM.  Hex....,  et  iv9)p,  àvSpèc,  mâle,  étamine. 
HEXANDRIE  (è-gzan-drie),  s.  f.  Terme  de  boU-, 

nique.  Classe  du  système  .se,\uel  de  Linné,  qui  com- 
prend les  plantes  dont  la  fleur  a  six  étamines. 

tHEXANDRIQUE  (è-gzan-<iri-k') ,  ad/.  Terme  d* 
botanique.  Qui  appartient  à  l'heiandrie. 

ti  HËXAPÉfALE   (è-gza-pé-ta-1')   ou   UEXAPÉ 
TALÉ,  ÉE  (é-gza-pé-ta-lé,  lée) ,  adj.  Terme  de 
taniquo.  Qui  a  six  pétales.  Corolle  hexapétale. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  pétale. 
fHEXAPHYLLE  (è-gza-fi-1'),  adj.  Terme  del 

nique.  Qui  a  six  feuilles  ou   folioles.  Calice  h« 
phylle. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  9JX),ov,  feuille. 
HEXAPLES  (è-gza-pV),  s.  m.  pi.  Ouvrage  pu 

par  Origène,  contenant,  en  six  colonnes,  six 
sions  grecques  du  texte  hébreu  de  la  Bible  :  la  i 
sion  des   Septante,  celles  d'Aquila,  de  Théodotio 
de  Symmaque,  une  version  trouvée  à  Jéricho  et  r 
à  Nicopolis. 

—  ÉTY.M.  'EîaTiiô,  de  éîànXou;,  sextuple,  de 
six,  et  jiÀôo;,  qui  signifie  plié  :quia  six  plis  ou  fai 

t  HEXAPODE  (è-gza-po-d'),  adj.  Terme  de  : 
logie.  Qui  a  six  pattes.  ||  S.  m.  Nom  d'un  group 
d'insectes  aptères. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  5I0Û;,  itoîèç,  pied, 
t  UEXAPOLE   (è-gza-po-1'),  s.  f.  Terme  d1»ij 

toire.  Confédération  qui  se  composait  de  six  viU 
doriennes. 

—  ÉTYM.  Hexa et  tréJiiç,  ville. 

t  HEXAPTÈRE  (è-gza-ptè-r'),  adj.  Terme  d'hi» 

toire  naturelle.  Qui  est  muni  de  six  ailes. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  îtTspov,  aile. 
t  UEX  APTOTE  (è-gza-pto-t) ,  adj.  Terme  de  gri 

maire  latine.  Nom  hexaplute,  ou,  substanlivemoa 
hexaptote,  nom  qui  a  six  cas  ou  terminaisons  diflil 
rentes  au  singulier.  Les  grammairiens  latins  citi 
comme  hexaptote  umw,  uuius,  uni,  ununi,  un«,  uno' 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  titutA:,  qui  tombe,  qui  se 
termine,  en  parlant  des  noms. 

tUEX.VSÈPALE  (è-gza-sé-pa-r),  arfj.  l'orme  da 
botanique.  Qui  est  formé  de  six  sépales. 

—  ÉTYM.  Hrra....,  et  sépale. 

t  HEXASPERME  (c-gza-spèr-m") ,  adj.  Terme  do 
botanique.  Qui  renferme  six  graines.  Fruit  hexa- 
sperme. 

—  ÉTYM.  Hexa....,  et  osépjjia,  graine. 

t  HEXASTIQUE  (è-gza-sti-k'l,  adj.  Terme  de  lit- 
térature. Qui  est  com]X)sé  de  six  vers.  Épigramnic 
hexastiquc,  et,  substantivement,  un  hexastique. 

—  ÉTYM.  Uexu et  oti/.o;,  rangée,  vers 


iim 

t  UEXASTOME  (è-gza-sto-m'),  adj.  Terme  (io 
zoologie.  Oui  a  six  bouches  ou  six  orifices. 

—  Ktym,  Ilexa....,  et  oxôcj-a,  bouche. 

\  UIÎXASTYLE  {è-gza-sti-1'),  adj.  Terme  d'ar- 
chitecture. Portique  hexaslj-le,  portique  à  six  co- 
lonnes de  face. 

—  ÈTYM.  Hexa....,  et  <jtù),o;,  colonne. 

t  UEXASYLLABE  (è-gza-sil-la-b") ,  adj.  Terme 
à{'.  grammaire.  Oui  est  composé  de  six  syllabes. 
!|  S.  m.  Mot  ou  vers  de  six  syllabes. 

—  Ér\M.  Hexa....,  et  syllabe. 

f  UEXODON  (è-gzo-don),  s.  m.  Genre  de  coléo- 
ptères de  Madagascar. 

—  ÉTYM.  'El,  six,  et  ô5où;,  dent. 

t  HI,  BI,  m,  sorte  d'interjection  qui  e.xprime 
tantôt  le  rire,  tantôt  les  pleurs.  Hi,  hi,  hi,  comme 
vous  voilà  bâti,  MOL.  Bourg,  gent.  m,  2.  De  grâce, 
monsieur,  je  vous  prie  de  me  laisser  rire;  hi,  hi,  hi, 
>D.  ib.  III,  2.  La  C...  passa  devant  la  B....  :  Ah  !  dit 
la  B....,  voilà  une  mijaurée  qui  a  eu  pour  plus  de 
cent  mille  écus  de  nos  hardes  ;  la  C...  se  retourne, 
et,  comme  Arlequin  :  hi,  hi,  hi,  hi,  hi,  lui  fit-elle  en 
lui  riant  au  nez,  voilà  comme  on  répond  aux  folles, 
sÉv.  129.  Il  Faire  des  hi  et  des  ho,  témoigner  un 
gnnd  étonnement.  ||  Point  de  hi,  point  de  ha,  point 
(le  souffrance ,  d'obstacle.  La  mienne  [santé]  est  par- 
faite; point  de  main  extravagante;  point  de  hi,  point 
de  ha,  une  machine  toute  réglée,  sÉv.  6  déc.  1688. 

—  ÉTYM.  Onomatopée. 

t  HIANTICONQDE  (i-an-ti-kon-k'),  adj.  Terme  de 
conchyliologie.  Se  dit  des  mollusques  dont  la  co- 
quille bivalve  est  bâillante.  ||  S.  f.  pi.  Section  de 
l'ordre  des  conchifères  tubulipalles,  comprenant 
ceux  de  ces  animaux  dont  la  coquille  est  très-bâil- 
lante,  du  moins  à  l'une  de  ses  extrémités. 

—  ÉTYM.  Lat.  hians,  bâillant,  et  concha,  conque. 

HIATUS  (i-a-tus'),  s.  m.  \\  1°  Terme  de  versifica- 
tion grecque  et  latine.  Rencontre  de  voyelles. 
Quand  doux  voyelles  se  rencontraient  dans  un  vers, 
l'une  à  la  fin  d'un  mot,  l'autre  au  commencement 
du  mot  suivant,  la  première  ne  comptait  pas  dans 
la  mesure  du  vers;  c'était  la  règle  chez  les  Ro- 
mains, et  elle  était  beaucoup  plus  étroite  que  chez 
les  Grecs  ;  mais,  quand  les  poètes  avaient  besoin, 
pour  la  mesure  du  vers,  de  compter  cette  der- 
nière syllabe ,  on  disait  qu'ils  faisaient  un  hiatus. 
Il  2°  Dans  la  langue  française,  son  produit  par  la 
rencontre,  sans  élision  possible,  de  deux  voyelles 
dont  l'une  finit  un  mot,  et  l'autre  commence  le 
mot  suivant.  11  y  a  des  hiatus  choquants,  il  y  en 
a  d'agréables.  Notre  poésie  même  me  paraît  ridi- 
cule sur  ce  point;  on  rejette  :  j'ai  vu  mon  père 
immolé  à  mes  yeux  ;  et  on  admet  :  j'ai  vu  ma  mère 

.  immolée  à  mes  yeux,  quoique  l'hiatus  du  second 
vers  soit  beaucoup  plus  ridicule,  d'alemb.  Lett.  à 
Voltaire,  il  mars  )770,  Ne  devrait-on  pas  dire  que 
c'est  une  puérilité,  et  souvent  un  défaut  contraire  à 
la  simplicité  et  à  la  naïveté  du  style,  que  le  soin 
minutieux  d'éviter  les  hiatus  dans  la  prose  comme 
le  pratique  l'abbé  de  la  Bletterie?  id.  ib.  Vous  serez 
bien  aises  de  savoir  que  j'arrivai  ici  hier  (voilà  un 
affreux  hiatus  dont  je  vous  demande  pardon) ,  p.  l. 
coun.  Lett.  i,  ao5.  ||  Demi-hiatus,  rencontre  de  deux 
voyelles  dissimulée  par  une  élision;  par  exemple, 
la  joie  éclate  en  ses  yeux.  ||  3'  Fig.  Lacune  dans 
un  ouvrage.  ||  Endroit  d'une  pièce  de  théâtre  oii  la 
scène  reste  vide.  ||  Interruption  dans  une  généa- 
logie. Il  4°  Nom  donné  par  les  anatomistes  à  quel- 
ques   ouvertures. 

—  REM.  Dans  la  Comédie  des  Académicien^,  i,  2, 
Saint-Évremond  fait  dire  à  Godeau,  à  propos  de  ses 
vers:  Manqué-je  en  quelque  endroil  à  garder  la  cé- 
sure? Y  peut-on  remarquer  une  seule  hiature?  dans 
l'édition  revue  par  l'auteur  ;  la  première,  celle  de 
1650,  donne  rature  au  lieu  de  hiature. 

-  SYN.  HIATUS,  BÂILLEMENT.  Hiatus  Signifie,  en 
latin,  bâillement.  Dumarsais  a  donc  eu  raison  de 
dire  aue  ces  deux  mots  étaient  synonymes.  La  seule 
différence,  c'est  qu'aujourd'hui  hiatus  est  plus  en 
usage  que  bâillement. 

—  ÈTYM.  Lat.  hiatus,  de  hiare,  être  béant,  parce 
que  la  bouche  s'ouvre  dans-rtaafuî. 

t  HIBERNACLE  (i-bèr-na-kl'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Toute  partie  servant  à  envelopper  les  jeu- 
nes pousses  et  à  les  garantir  du  froid. 

—  ÉTYM.  Lat.  hibernaculum,  construction  pour 
l'hiver ,  de  hihernare  (voy.  hiverner). 

t  IIIIIERNAL,  ALE  (i-bèr-nal,  na-l'),  adj.  Terme 
d'histoire  naturelle.  Oui  a  lieu  pendant  l'hiver.  Le 
lopos  hibernal  des  plantes.  ||  Terme  de  botanique, 
'jui  fleurit  en  hiver. 

—  ÉTYM.  iJt.  hibernalis  (quicherat,  Addenda), 
'Irrivé  de  Mbernus,   qui  appartient  à  l'hiver  (voy. 


HIB 

hiver).  Est-ce  à  Mbemal  qu'il  faut  rapporter  ha- 
bernau,  nom  donné,  en  Dauphiné,  aux  porcs  nés  au 

mois  d'octobre  ? 

t  UIBERNANT,  ANTE  (i-bèr-nan ,  nan-t') ,  adj. 
Teïme  de  zoologie.  Animaux  hibernants,  animaux 
qui  passent  une  partie  de  l'automne  et  l'hiver  dans 
un  état  d'engourdissement  et  de  léthargie  d'oil  ils 
ne  sortent  qu'à  l'entrée  du  printemps. 

—  ÉTYM.  Hiberner. 

\  HIBERNATION  (i-bèr-na-sion) ,  s.  f.  Terme  de 
zoologie.  Engourdissement  ou  sommeil  d'hiver  de 
certains  animaux. 

—  ÉTYM.  Hiberner. 

f  HIBERNER  (i-bèr-né),D.  n.  Terme  de  zoologie. 
Être  dans  un  étatd'engourdissement  pendant  l'hiver. 

—  ÉTYM.  Lat.  hibernare,  passer  l'hiver  (voy.  ni- 
verner). 

\  HIBERNIE  (i-bèr-nie),  s.  m.  Insecte  dont  la 
chenille  est  très-nuisible  aux  arbres  fruitiers. 

t  UIBISCÉES  (i-bi-ssée),  s.  f.  pi.  Nom  d'une 
tribu  de  la  famille  des  malvacées. 

t  HIBISCUS  (i-bi-skus"),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Nom  scientifique  du  genre  ketmie  (malva- 
cées). On  y  distingue  l'hibiscus  abelmoschns,  L.,  dit 
graine  de  musc  ou  graine  musquée ,  ambrette  et 
guimauve  veloutée;  Vhibiscus  tiliaceus,  L.,  dit  co- 
tonnier de  Mahot,  bois  de  flot,  bois  siffleux,  bois 
à  fléau,  bois  liège;  Vkibisms  syriacus,  L.,  nommé 
aussi  guimauve  royale  et  althcea,  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  la  guimauve  officinale  (malvacées) 
appelée  également  althaîa  ;  cet  hibiscus ,  ketmie 
des  jardins  de  certains  auteurs,  porte  encore  les 
noms  vulgaires  de  guimauve  en  arbre,  mauve  royale 
et  mauve  en  arbre,  legoarant;  l'hibiscus  miUabi- 
lis,  L.,  la  fleur  éphémère  en  est  blanche  le  matin, 
rose  à  midi,  ponceau  le  soir;  enfin  l'hibiscus  rosa 
sinensis,  L.,  dit  rose  de  Chine  à  fleurs  rouges. 

—  ÉTYM.  Lat.  hibiscum;  grec,  îêîtixo;. 
HIBOU    (hi-bou),  s.   m.  \\  l'  Dans   le   langage 

commun,  oiseau  de  proie  nocturne.  L'un  [l'aiglej 
jura  foi  de  roi,  l'autre  foi  de  hibou,  Qu'ils  ne  se 
goberaient  leurs  petits  peu  ni  prou,  la  font. 
Fabl.  V,  <8.  On  abattit  un  pin  pour  son  antiquité. 
Vieux  palais  d'un  hibou,  triste  et  sombre  retraite 
De  l'oiseau  qu'Atropos  prend  pour  son  interprète, 
ID.  ib.  XI,  0.  Hier  au  soir  nous  vînmes  ici  gais 
comme  des  pinsons;  nous  y  venons  aujourd'hui 
plus  tristes  que  des  hiboux,  le  sage,  Bachel.  de 
Salamanque,  cb.  78.  Autrefois  un  hibou,  formé 
par  la  nature  Pour  fuir  l'astre  du  jour  au  fond  de  sa 
masure.  Lassé  de  sa  retraite,  eut  le  projet  hardi  De 
voir  comment  est  fait  le  soleil  à  midi,  volt.  Le 
père  Nicodéme.  De  tous  les  hiboux,  le  grand-duc  est 
le  seul  que  l'on  dise  faire  un  nid,  et  c'est  aussi  de 
tous  celui  qui  est  le  moins  oiseau  de  nuit,  puisqu'il 
voit  assez  clair  en  plein  jour  pour  voler  et  fuir  à  de 
grandes  distances,  buff.  Ois.  t.  xii,  p.  238.  La  sub- 
tilité raisonnée  des  hiboux  qui  savent  ménager  leur, 
provision  de  souris  en  leur  coupant  les  pattes  pour 
les  empêcher  de  fuir  [allusion  à  la  fable  de  la  Fon- 
taine, XI,  9,  où  cela  est  dit  comme  vrai],  id.  Disc, 
nat.  anim.  t.  v,  p.  384.  ||  Fig.  J'ai  vu  dans  ma  vie  bien 
des  hiboux  se  croire  aigles,  volt.  Lett.  d'Argental, 
H  janv.  <760.  Vous  êtes  un  aigle  enfermé  dans  une 
grande  cage,  un  aigle  gardé  par  des  hiboux,  m. 
Lett.  Miranda,  lo  aoiit  I707.  Ce  sont  [certains  criti- 
ques de  l'Anti-Machiavel]  des  hiboux  offensés  du 
grand  jour;  et  malheureusement  il  y  a  trop  de  ces 
hiboux  dans  le  monde,  id.  Lett.  au  roi  de  Prusse, 
23  (12  oct.  <740).  Il  II  vit  seul  comme  un  hibou, 
il  vit  dans  la  solitude,  dans  une  retraite  morose. 
Il  C'est  une  retraite  de  hiboux,  un  nid  de  hiboux, 
se  dit  d'une  vieille  masure  inhabitée.  ||  Fig.  C'est  un 
hibou,  se  dit  d'un  homme  mélancolique  et  qui  fuit 
la  société.  Où  vas-tu  si  tard,  charmante  Marine?  Où 
vas-tu  toi-même  à  l'heure  qu'il  est,  hibou?  brueys, 
Muet,  II,  3.  Je  suis  hibou,  je  l'avoue;  mais  je  ne 
laisse  pas  que  de  m'égayer  quelquefois  dans  mon 
trou,  VOLT.  IMt.  d'Argental,  22  avr.  (768.  ||  On  dit 
aussi  en  ce  sens  :  Il  fait  le  hibou.  ||  2°  Dans  le  lan- 
gage de  la  zoologie,  nom  commun  des  oiseaux  de 
nuit  do  la  famille  des  strigidés.  ||  En  iiarticulier,  le 
genre  hibou,  otus,  qui  se  distingue  par  ses  aigrettes 
de  plumes;  il  comprend  le  hibou  commun,  otus 
communis,  lesson,  ou  moyen  duc,  et  le  hibou  à 
aigrettes,  otus  brachyotos,  cuvier,  ou  grande  che- 
vêche. Le  caractère  distinctif  de  ces  deux  genres 
[hibou  et  chouette],  c'est  que  tous  les  hiboux  ont 
deux  aigrettes  de  plumes  en  forme  d'oreilles  droites 
de  chaque  côté  de  la  tête,  tandis  que  les  chouettes 
ont  la  tête  arrondie,  sans  aigrettes  et  sans  aucunes 
plumes  proéminentes,  buff.  Ois.  t.  ii,  p.  HU. 
113»  On  applique  encore,  non  scientifiquement,  le 


HID 


2023 


nom  de  hibou  au  grand-duc,  buboeuropxus,  lesson, 
ou  grand  hibou;  au  duc  de  Virginie,  bubo  virgi- 
niaiius,  bueum,  ou  grand  hibou  à  cornes;  au  bubo 
ascalaphius,  savigny,  ou  grand  hibou;  enfin  au 
nyctaetus  tacleus,  is.  J.  st-iiilaire,  ou  hibou  lacté. 

—  REM.  Hiboux,  au  pluriel,  s'écrit  par  uni;  tandis 
qu'on  écrit  fous,  licous,  trous,  etc.  par  une  s.  Il 
serait  mieux  d'écrire  uniformément  par  s  tous  ces 
mots  semblables. 

—  Hisr.  XVI'  s.  On  ne  peut  faire  de  hibou  espar- 

vier,  COTGRAVK. 

—  ÉTYM.  Ce  paraît  être  une  onomatopée.  Cepen- 
dant comparez  lo  germanique:  anc.  haut-alîem. 
huwo  ;  anglo-sax.  uuf. 

HIC  (ik;  mais,  bien  que  l'/i  ne  soit  pas  aspirée,  on 
n'élide  pas  l'emuetde  l'article),  s.  m.  Terme  fami- 
lier. Le  nœud  ou  la  principale  difficulté  d'une  af- 
faire. Voilà  le  hic.  Ils  ont  connu  mon  innocence,  ils 
m'ont  remis  en  liberté  :  oui,  mais  répliqua-t-il, 
vous  ont-ils  restitué  vos  effets?  c'est  là  le  hic,  lr 
sage.  Est.  Conz.  ch.  44. 

—  ÉTYM.  Lat.  hic,  ici,  c'est-à-dire  hic  est  quxs- 
tio,  là  est  la  question.  Dans  l'ancien  français  on 
s'est  servi  de  hic,  hec  pour  dire  l'homme  et  la 
femme  :  La  gramaire  hic  à  hec  accouple.  Mais  na- 
ture mal  dit  la  copie.  Quant  hic  et  hic  joignent  en- 
semble [il  s'agit  de  sodomie],  Hist.  de  Ste-Leoc.  f"  ''0, 

dans  LACUHNE. 

f  HICARD  (hi-kar) ,  s.  m.  Oiseau  de  la  grosseut 
d'une  pie,  qu'on  met  au  rang  des  oiseaux  de  rivière, 
parce  qu'il  les  fréquente,  et  qui  est  commun  dans  lo 
Canada. 

t  HIC  ET  NUNC  (hi-kè-tnunk').  Terme  de  prati- 
que et  de  langage  familier.  Sans  délai. 

—  ÉTYM.  Lat.  hic,  ici,  clnunc,  maintenant. 

f  HICKORY  (i-ko-ri),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Sorte  d'arbre;  c'est  un  noyer  d'Améri(|ue,  carya 
alba,  NUTT.  amentacées  juglandées. 

HIDALGO  (i-dal-go),  s.  m.  Titre  des  nobles  es- 
pagnols qui  se  prétendent  descendus  d'ancienne 
race  chrétienne,  sans  mélange  de  sang  juif  ou 
maure.  Les  hidalgos. 

—  ÉTYM.  Espagn.  hidalgo, de  hijo,  fils  (voy. fils), 
et  de  de  algo,  de  quelque  chose  {algo  répondant  à 
l'ancien  français  alque,  auque,  de  même  radical  que 
aucun)  :  fils  de  quelque  chose,  de  bonne  maison. 

f  HIDEUR  (hi-deur),  s.  f.  Ancien  mot  fort  né- 
cessaire. État  de  ce  qui  est  hideux.  La  mort  dissi- 
mulait sa  face.  Aux  trous  profonds,  au  nez  camard, 
Dont  la  hideur  railleuse  efTace  Les  phimères  du  cau- 
chemar, TU.  GAUTHIER,  Émaux  et  camés,  bûchers  et 
tombeaux,  p.  222. 

—  HIST.  XII*  S.  Quand  il  esguardeit  si  le  banap 
tout  entur,  E  vit  le  vin  si  trouble  qu'il  en  out  grand 
hisdur....  Th.  le  mort.  I05.  ||  xiii*  s.  Par  grant  hi- 
deur fut  soutiUiée,  Et  elle  estoit  entortillée  Hideu- 
sement d'une  toaille,  la  Rose,  (40.  Hxv  s.  Un  si 
grant  effroi  et  telle  peur  et  hideur  les  prit  générale- 
ment que...,  KROiss.  1,1,  (42.  Ijxvi'  s.  La  langue 
s'enfle,  en  sorte  qu'elle  ne  peut  demeurer  en  la 
bouche,  ains  sort  dehors  avec  une  grande  hideur, 

PARÉ,  XXIlI,  44. 

—  ÉTYM.  Le  primitif  est  l'ancien /iidc,  qui  signi- 
fiait frayeur  :  Moult  est  U  clers  en  grant  freour. 
Moult  a  grant  hide  et  grant  peour,  du  cange,  hida. 
Diez  conjecture  que  ce  mot  vient  do  l'ancien  haut 
allemand  egidi,  horreur;  delà  sorte  l'/i  serait  ad- 
ventice, ainsi  que  l's  quand  elle  se  rencontre;  car 
l'orthographe  hisde  et  hisdeur  se  trouve.  D'autres 
ont  pensé  quehtdcua:  venait  du  latin  hispidosus, 
hérissé,  d'où  se  serait  dégagé  un  substontif  hisde 
ou  hide;  cela  est  possible  et  conforme  aux  analo- 
gies; ce  qui  appuie  cette  opinion,  c'est  l'î  qu'on 
trouve  dans  un  texte  du  xu*  siècle  :  hisdur. 

HIDEUSEMENT  (hi-dcû-ze-man),  adv.  D'une 
manière  hideuse.  Elle  est  hideusement  défigurée. 
Aux  crins  de  ses  coursiers  hideusement  traînée, 
LEMEBC.  Frédég.  etBr.  m,  6. 

— HIST.  XIII'  s.  En  l'autre  nuit  après,  se  l'histoira 
ne  ment.  Descend!  uns  orages  de  devers  ocident.  En 
l'ost  aus  Sarrasins  cheî  [tomba]  hideusement,  Ch. 
d'Ant.  VIII,  54».  Il  XIV  s.  Li  païsapt  s'enfuient,  n'i 
font  arrestemcnt,  Entré  sont  en  la  ville,  criant  hi- 
deusement, Baud.  de  Seb.  x,  H  8.  I!  xvi'  s.  Elle  hurle 
fort  hideusement,  paré,  Kumie  et  licorne,  dédie. 

—  ÉTYM.  Hideuse,  et  le  suffixe  ment. 
HIDEUX,  EUSE  (lii-deù, deû-z'),  adj.  Difforme  à 

l'excès  ;  très-dés.agréable  à  voir.  Une  chose  hideuse 
à  voir.  Une  femme  hideuse.  Des  hommes  hideux 
sortant  de  bouges  infects.  Chaque  instant  m'est  un 
jour,  tout  objet  m'est  hideux,  rotr.  Iferc.  mour.  m, 
4.  Sous  la  figure  de  la  mort  qui  vous  paraît  si  hi- 
deuse, il  [Jésus-ChristJ  vous  apporte  sa  grâce,  son 


2024 


HIK 


royaume,  la  félicité  élernelle,  boss.  Méd.  rur  l'Év. 
Dem.  sem.  du  Sauveur,  88*  jour.  Sous  les  pieds  des 
chevaux  celle  reine  foulée....  Et  de  son  coqis  hi- 
deux les  membres  déchirés,  kac.  Alliai,  i,  (.  Dieu! 
quel  spectre  hideux  redouble  mon  effroi!  M.  J.  chén. 
Charles  IX,  v,  4.  Klle  (l'armée  du  maréchal  Victor] 
regardait  avec  effroi  défiler  ces  malheureux  soldats 
décharnés,  la  visage  terreux  et  hérissé  d'une  barbe 
hideuse,  sans  armes,  sans  bonté,  marchant  confu- 
sément...., sÉGUR,  Jlist.  de  Nap.xi,  3.  [|  Fig.  Ce.  ma- 
gistrat de  hideuse  mémoire,  boil.  Sat.  x.  Regarde- 
la:  le  crimoapeint  sur  son  visage  De  ses  penchants 
hideux  une  sinistre  image,  lemerc.  Frédég.  et  Br.  m, 
a. 

—  HIST.  XIII*  s.  Oue  si  hideuse  beste  osas  onc 
adeser  [ai)procher],  Berte,  m.  Et  la  nuis  estoit  moult 
et  hideuse  et  oscure,  ib.  XLii.  De  touaiUes  [toiles] 
sont  enforleillcesleur  lestes  [des  bédouins],  qui  leur 
vont  par  desous  le  menton,  dont  ledes  gent  et  hy- 
deuses  sont  à  regarder,  lomv.  230.  ||  xvi*  s.  Sur  l'au- 
tre sont  les  murs  vieux.  Hideux  de  ronces  et 
d'hierre,  du  Bellay,  vu,  20,  verso.  Regard  hâve  et 
hideux,  paré,  xxiv,  \. 

—  ETYM.  Voy.  HIDEUR. 

t  HIDROTIQUE  (i-dro-ti-k"),  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Oni  provoque  la  sueur. 

—  ETYM  'ISpMTixoç,  de  iSpw;,  sueur,  qui  répond 
au  sanscrit  stit'rf,  lat.  sudare,  suer,  et  n'a  rien  de 
commun  avec  <iS<,)p,  eau. 

HIE  (hie),  s.  f.  Billot  de  bois,  qui  sert  à  enfoncer 
des  pavés  ou  des  pilotis,  et  qui  se  nomme  aussi  de- 
moiselle dans  le  premier  de  ces  deux  usages  et  mou- 
ton dans  le  second. 

—  HIST.  xu"  s.  A  hie  lièrent  [frappent]  plus  de  cent 
chevalier,  Si  que  les  huis  font  des  gons  arachier, 
Garin  le  Loh.  t.  i,  p.  (35.  ||  xiii"  s.  Et  li  prostrés  si 
ovri  l'uis,  Si  entrent  enz  à  une  hie  [en  masse],  Ren. 
3479.  Du  Saint  Esperit  c'est  la  hie  [force,  volonté] 
Qui  froisse,  desrompt  et  esmie  [brise]  Orgueil  et  yre 
où  Dieu  n'est  mie,  j.  de  meung,  Tr.  402.  Les  murs 
[ils]  assaillent  pardeforset  à  hie,  du  cange,  hiator. 

—  ÉTYM.  Ilie,  instrument,  répond  au  hollandais 
hei,  hie,  hcijen,  hier.  L'ancien  hie  qui  signifia 
force,  effort,  se  rattache  au  flamand  hijghen,  respi- 
rer fortement;  angl.  to  hie,  se  presser;  anglo-saxon, 
hige,  zèle.  Diez,  et  probablement  avec  raison,  pense 
que  les  deux  mots  n'en  sont  qu'un,  et  que  l'instru- 
ment a  été  ainsi  nommé  dé  l'effort  que  le  manie- 
ment en  exige. 

UIËBLK  (iè-bl'),  s.  f.  Sureau  h.  tige  herbacée,  sam- 
bucus  ebulns,  /..,  caprifoliacées. 

—  REM.  L'Académie  fait  hièble  du  féminin;  mais, 
kyèble,  d'où  elle  renvoie  à  hièble.  elle  le  fait  mascu- 
lin ;  il  y  a  à  hièble  ou  à  yèble  une  faute  d'impres- 
sion. Le  fait  est  que  hièble  est  féminin  dans  Riche- 
let,  dans  Paré  et  dans  le  langage  des  botanistes; 
et  c'est  cela  qu'il  faut  suivre.  Castel  dans  son 
poëme  des  plantes,  l'a  fait  masculin  ;  Et  l'hièble 
touffu  domine  dans  les  plaines.  II  y  a  une  faule  à 
partager  la  diphthonguc  te  en  deux  syllahes,  car 
elle  répond  à  la  syllabe  unique  eb  dans  le  latin. 

-  HIST.  XIV»  s.  L'en  doit  quérir  les  perdris  es 
grans  chaumes  et  yebles  et  bruieres,  Ménagier,  m , 
2.  Ilxvi"  s.  N'adjoustant  de  rechef  des  hiebles,  après 
(|ue  les  premières  seront  desseichées,  paré,  xxi,  22. 
L'herbe  de  hièble,  qu'en  Languedoc  on  appelle  au- 
gue  et  eue,  croit  es  champs  estans  en  friche,  et  sa 
graine  est  meure  en  mesme  temps  que  les  raisins, 

G.  DE  SERRES,  054. 

—  ÊTYM.  Berry,  tièble,  licble ,  jèble,  rieube  ; 
provenc.  evol;  ilal.  ebbio;  du  lat.  ebulum. 

tHIEMAL,  ALE  (i-é-mal,  ma-l'),  adj.\\l'  Terme 
de  botaniciue.  Oui  appartient  à  l'hiver,  qui  croît  en 
hiver.  Plantes  hiémales.  ||  2"  Terme  de  géographie. 
Montagnes  hiémales,  toujours  couvertes  de  neige  el 
do  glace. 

_  —  KE.M.  L'Académie  écrit  hyémal,  par  unt/ymais 
1  orthographe  de  hyems  est  fautive,  et  on  ne  met 
pas  d'y  grec  à  hiver. 

— ÊTYM.  Lat.ht'cmoiù,  de  hiems,  hiver  (voy.  ca  mot). 

t  UIÉMATION  (i-é-ma-sion),  s.  f.  Terme  didacti- 
que. Action  de  passer  l'hiver.  ||  Propriété  des  plan- 
tes qu:  croissent  en  hiver. 

7"  ÉTYM.  Lat.  hiemationem,  de  hiemare,  passer 
I  hiver,  de  hiems  (voy.  hiver). 

tlIlEMENT  (hi-man),s.  m.  ||  f  Action  d'enfon- 
cer avec  la  hie.  ||  ï-  Bruit  que  fait  une  machine  & 
élever  des  fardeaux.  ||  8»  Terme  de  construction. 
Mouvement  produit  dans  une  construction  en  char- 
pente par  l'effet  dun  elTort  horizontal. 

—  msr.  XVI'  s.  Hiomeat,  oudin,  Dict. 

—  F.TVM.  Hier  I. 

i  I.  lUER  (hi-é).  Il  !•  r.  a.  Enfoncer  avec  la  hie. 


HIÉ 

Hier  des  pilotis.  ||  2"  Y.  n.  Faire  entendre  le  bruit 
appelé  hiement. 

—  HIST.  xiii'  s.  X  la  tour  sont  venu;  chascuns  i 
fiert  et  hie,  Tant  que  par  force  en  ont  la  porte  pe- 
çcïe,  Ch.  d'Ant.  m,  514. 

—  ÉTYM.  Hie. 

2.  HIER  (i-ér),  adv.  de  temps.  \\  i'  11  se  dit  du 
jour  qui  précède  immédiatemenl  celui  où  l'on  est. 
Hier  matin.  Hier  soir.  Hier  au  matin.  Hier  au  soir. 
Absent  d  hier  au  soir,  la  pont.  l'Eunuque,  m,  7. 
Je  l'observais  hier  et  je  voyais  ses  yeux  Lancer  sur 
le  lieu  saint  des  regards  furieux,  bac.  Athal.  i,  i. 
Il  Avant-hiei',  le  jour  avant  celui  d'hier,  ||  D'hier  en 
liuit,  d'hier  en  quinze,  c'est-à-dire  dans  huit  jours, 
dans  quinze  jours,  à  compter  d'hier.  ||  2°  11  se  dit 
d'une  époque  indéterminée,  mais  récente.  11  n'est 
que  d'hier  dans  sa  place.  Il  semble  que  nous  soyons 
sortis  avant-hier  du  chaos,  et  hier  de  la  barbarie, 
VOLT.  Princ.  de  Babyl.  ch.  <t.  La  Saiut-Barthélemy 
me  fait  autant  de  peine  que  si  elle  était  arrivée  hier, 
iD.  Lett.  d'Argental,  25  mai  1767.  Le  monde  est 
vieux,  mais  l'histoire  e.st  d'hier;  celle  que  nous 
nommons  ancienne  et  qui  est  çn  effet  très-récente, 
ne  remonte  guère  qu'à  quatre  ou  cinq  mille  ans, 
ID.  Pyrrhon.  hist.  ch.  5.  Aussi  notre  amitié  ne  date 
pas  d'hier,  collin  d'harleville,  Chdt.  en  Espagne, 
I,  2.  Il  Fig.  et  familièrement.  Il  est  né  d'hier,  il  est 
fait  d'hier,  il  est  sans  expérience.  Je  ne  suis  pas  fait 
d'hier,  moi,  vadé,  Nicaise,  se.  H.  Voilà  ce  que  me 
dit  mon  voisin;  mais,  moi,  tous  ces  discours  me 
persuadent  peu  ;  je  ne  suis  pas  né  d'hier,  et  j'ai  mes 
souvenirs,  p.  L.  cour.  Lett.  v.  ||  C'était  hier,  il  me 
semble  que  c'était  hier,  se  dit  d'un  temps  assez 
éloigné,  mais  dont  le  souvenir  est  vif  et  présent. 
Il  me  semble  que  c'était  hier,  et  c'était  cependant 
au  commencement  de  «788,  la  harpe.  Prédiction  de 
Coïotfc.  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  C'estd'hier. 
Il  me  semble  que  c'est  d'hier  que  nous  sommes 
mariés;  il  n'y  a  pas  le  plus  petit  changement,  en 
vérité,  picard,  Xanie  de  briller,  ii,  <(.||  Homme 
d'hier,  un  parvenu.  ||  3°  Substantivement.  Vous 
aviez  hier  tout  entier  pour  vous  décider.  Hier  passé, 
la  trêve  était  rompue. 

^  —  REM.  1.  Dans  l'ancienne  langue  /lier  était  mo- 
nosyllabe, et  il  continua  de  l'être  pendant  une  partie 
du  xvii*  siècle,  et  même  plus  tard.  Hier  j'étais  chez 
des  gens  de  vertu  singulière,  mol.  Mis.  m,  5.  Oui,  hier 
il  me  fut  lu  dans  une  compagnie,  id.  Femmes  sav. 
111,5.  Pourceluiqui  vinthierdeux  heures  après  nous, 
coLLiN  d'iiarlev.  Chdt.  enEsp.  iv,)2.  Êtymologique- 
ment,  hier  doit  être  en  effet  monosyllabique;  car  l'i 
n'y  est  qu'une  adjonction  fortifi.ante  à  une  syllabe  ac- 
centuée, comme  dans  singulier  de  singularis,  el 
tant  d'autres.  ||  2.  Hier  reste  monosyllabe  dans  avant- 
hier  :  Le  bruit  court  qu'avant-hier  on  vous  assassina, 
boil.  Ép.  VI,  bien  que  Boilcau  fasse  Wcr  de  deux  syl- 
labes :  Hier,  dit-on,  de  vous  on  parla  chez  le  roi,  ib. 

—  HIST.  XI"  s.  Er  main  [hier  matin]  sedeit  l'em- 
pereres  suz  l'ombre,  Ch.  de  llol.  xxviii.  Un  [j'] 
en  aveie,  cil  fut  ocis  her  seir,  ib.  cxcm.  ||  xiii'  s. 
Uns  miens  amis  me  vint  dès  er  soir  acointer,  Berte, 
XI.  Par  noient  à  moi  la  sachasse,  Quej'oi  lautrier 
[l'autre  hier]  la  jambe  qasse,  Ren.  068.  Je  puis  bien 
afermer  de  voir  [de  vrai]  Que  je  l'essaiai  bien  er 
soir  [hier  soir],  ib.  <6267.  Ce  n'est  mie  ne  d'ui  ne 
d'ier,  Que  riches  gens  ont  grant  puissance  De  faire 
ou  aide  ou  grevance,  la  Rose,  (03o.  ||  xiVs.  Tu  me 
cuidas  arsoir  [hier  soir]  faire  batre,  du  cange,  ab 
heri.  \\  xv  s.  Elle  vint  au  supliant  et  lui  dit  :  0  Ber- 
tran,  je  fu  a.sseoir  [hier  soir]  bien  batue  pour  vous 
et  sans  cause,  id.  ib.  Et  non  pourtant  n'est  mie 
d'aujourd'huy  ne  d'hier  que  la  force  des  envieux  in- 
grats a  nui  aux  bons  ;  car  de  ce  sont  les  escriptures 
toutes  plaines,  Bouciq.  ni,  1 2.  ||  xvi'  s.  Monseigneur, 
je  vins  arsoir  [hier  soir]  en  ce  lieu  do  Monfrin,  où 
est  la  compaignie  du  roy  de  Navarre,  marg.  Letl. 
27.  M.  d'Isernay,  avant  hier  je  reçus  vos  lettres  du 
18"  de  ce  mois,  auxquelles  hier  je  vous  fis  responce, 
ID.  ib.  160.  L'autr'hier  le  vy  aussi  sec,  aussi  palle. 
Comme  sontceui  qu'au  sepulchre  on  devallc,  marot, 
II,  212.  Je  ne  l'ay  pas  seulement  veu  en  face,  Sinon 
l'autre  hyer,  je  le  vy  sur  la  place,  amïot,  Nicias,  7. 

—  ETYM.  Bourguig.  hié;  Berry,  hiar;  provenç. 
her,  hier,  er,  ter;  anc.  catal.  t/r;  espagn.  ayer  ; 
ital.  ter;  du  lat.  hcri,  pour  hesi,  comme  on  le  voit 
dans  le  dérivé  hes-temus,  et  dans  les  langues  con- 
génères :  grec,  x9';,  iy.OÈ;  ;  allem.  gesiern  ;  angl. 
yesler-day  ;  s.insc.  hyas,  hier,  /iyo>(an<i,  d'hier.  Le 
sanscrit  hyas  est  pour  hi-dyas,  le  jour  d'alors,  le 
jour  pa'isé,  d»  ht,  et  dyas,  divas,  jour  (voy.  jour). 

t  HIÉRACITE  (i-é-ra-si-f),  s.  m.  Membre  d'une 
secte  chrétienne  fondée  en  Egypte  (m*  siècle)  par 
un  certain  Hiérax,  qui  niait  U  résurrection  descorps, 


HIË 

improuvait  le  mariage  et  prétendait  que  les  enfai  '- 
moils  avant  l'âge  de  raison  n'étaient  pas  héritiers  ue 
la  vie  éternelle. 

lilËRARCUIE  (i-é-rar-chie;  bien  que  \'i  ne  soit 
pas  aspiré,  on  n'élide  pas  l'a  de  l'article  :  la  hicrar-  ' 
chie  ;  on  ne  lie  pas  les  con.sonnes  :  les  troi  hiérar- 
chies, et  non  les  troî-z  hiérarchies.  Chifflet  et 
Bouhours  remarquent  qu'on  prononce  de  leur 
temps  jérarchie;  c'était  l'ancienne  prononciation; 
voy.  l'historique),  s.  f.  ||  1°  L'ordredes  divers  degrés 
de  l'état  ecclé.siastique.  La  hiérarchie  de  l'Église.  La 
hiérarchie  ecclésiastique.  ||  2"  Particulièrement. 
L'ordre  et  la  subordination  des  différents  chœur» 
des  anges.  Il  y  a  trois  hiérarchies  d'anges  :  U 
première  contient  les  séraphins,  les  chérubins  et  les 
trônes  ;  la  seconde  est  composée  des  dominations, 
des  puissances  et  des  principautés;  la  troisième, 
des  vertus,  des  archanges  et  des  anges.  Après  cela,  6 
Marie,  quand  j'aurais  l'esprit  d'un  ange  et  à» 
la  plus  sublime  hiérarchie,  mes  conceptions  se- 
raient trop  ravalées ,'  pour  comprendre  l'union 
très-parfaite  du  Père  éternel  avec  vous,  BOss.  î* 
serm.  Compass.  de  la  sainte  Vierge,  i .  Il  [Dieu]  a 
créé,  dans  le  ciel,  des  esprits  dégagés  de  toute  ma- 
tière, qui  vivent  et  se  nourrissent  d'une  pure  con- 
templation; c'est  ce  que  nous  appelons  les  anges, 
que  Dieu  a  divisés  en  leurs  ordres  et  hiérarchies;  et 
c'est  de  cette  race  que  sont  les  démons,  id.  t"  serm. 
Démons,  2.  {|  3°  Par  extension,  subordination  de 
pouvoirs,  d'autorités,  de  rangs.  La  hiérarchie  so- 
ciale. Il  4°  Fig.  Subordination  de  ceruines  choses 
les  unes  aux  autres.  Deux  expressions  qui  convien- 
nent à  la  même  chose  ne  conviennent  pas  au  même 
ordre  de  choses;  et  c'est  à  travers  celle  hiérarchie 
des  styles  que  le  bon  goût  sait  marcher,  bivarol, 
Dict.  univ.  de  la  langue  [ranç.  p.  25. 

—  HIST.  xv  s.  Les  escuyers  en  une  chambre  pre- 
mière, les  chevaliers  après  en  une  autre  chambre 
seconde  et  les  grans  chambelans  les  plus  l'rochains 
qui  entroient  en  sa  chambre  :  c'estoient  les  trois 
gerarcies,  chastel.  Chron.  de  Bourg,  m,  ***. 

—  ÊTYM.  Provenç.  ierarchia,  yerarchia  ;  espagn. 
gerarquia;  portug.  jerarquia ;  ilal.  gerarchia;  du 
iat.  hierarchia,  qui  vient  du  grec  Upip./.îa,  de 
îepo;,  saint  (voy.  hiératique),  et  âp/,eiv,  comman- 
der (voy.  archonte). 

HÈÉRARCHIQUE  (i-é-rar-chi-k';  l't  est  traité  comme 
s'il  était  aspiré  :  le  hiérarchique  arrangement) ,  adj. 
Oui  appartient  à  la  hiérarchie.  Ordre  hiérarchique. 

—  HIST.  xV  s.  Totale  confusion  et  destruction  de 
l'ordre  iherarcliique  de  saincte  Eglise,  tuomas 
BASiN,  Pour  le  rétablissement  de  la  pragmatiqu* 
sanction,  t.  iv,  p.  70,  éd.  i.  quichsrat. 

—  ÉTYM.  l.at.  hierarchicus  (quichebat,  Ad- 
denda), de  hierarchia.  hiérarchie. 

HIÉRARCHIOUEMENT  (i-é-rar-clii-ke-man),  adv. 
D'une  manière  hiérarchique. 

—  ÉTYM.  Hiérarchique,  et  le  suffixe  ment. 

f  HIÉRARCHISATION  {i-é-rar-chi-za-sion),  ».  f. 
Néologisme.  Action  do  hiérarchiser;  résultat  de  cetti 
action. 

t  HIÉRARCHISER  (i-é-rar-chi-zé) ,  v.  a.  Néolo- 
gisme. Établir  une  hiérarchie.  Administration  hié- 
rarchisée. 

—  ÉTYM.  Hiérarchie. 

UIÉRATIOUE  (i-é-ra-ti-k'),  ctdj.  Qui  concerne  les 
choses  sacrées,  qui  appartient  aux  prêtres.  ||  Terme 
de  sculpture  et  de  peinture.  Style  hiératique,  style 
dans  lequel  la  religion  impose  à  l'artiste  des  for- 
mes traditionnelles.  |i  Écriture  hiératique ,  signes 
hiératiques,  écriture  cursive,  qui  est  une  abré- 
viation de  l'écriture  hiéroglyphique  et  dont  les  si- 
gnes sont  dérivés,  signe  à  signe,  descaraclcres  hié- 
roglyphiques. Il  S'est  dit,  dans  l'antiquité,  d'une  des 
espèces  de  papier  d'Egypte. 

—  ÉTYM.  'IspoTixôi;,  dérivé  de  lepo;,  sacré,  qui 
parait  avoir  eu  primitivement  le  sens  de  fort  (iepô; 
ctpazôi,  lepov  ôiçpov,  iepiri  i;  Tr,Xtti.i^oio);d'où,  par 
extension,  divin,  sacré  ;  sanscrit,  ishara,  fort  ;  l'es- 
prit rude  serait  inorganique. 

f  UIERCUECR  (ièr-cheur),  «.m.  Voy.  hercueur. 

j  HIÉRODRAME  (i-è-ro-dra-m'),  s.  m.  Repré- 
sentation des  actions  d'un  dieu  qui  se  donnait  dans 
les  temples  des  païens.  ||  S'est  dit  quelquefois  d'un 
oratorio  ou  d  un  drame  dont  le  sujet  est  emurunlé 
à  l'histoire  sainte. 

—  ETYM.  'Upo:,  sacré,  et  drame. 

t  HIÉROKULE  (i-é-ro-du-l'),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Serviteur  attaché  à  un  temple. 

—  ÉTYM.  'ItpéSoviXo;,  de  Itpô;,  sacré,  et  8oû)o;, 
esclave. 

HIÉROGLYPHE  (i-é-ro-gli-f) ,  s.  m.  Nom  donné 
a'ix  signes  que  les  Egyptiens  employaient  pour  ex- 


HiE 


HIL 


HIt> 


2025 


imer  leurs  idées  par  l'écriture.  Les  caractères  qui, 
Jcà  l'origine,  composèrent  le    système    entier   de 
l'écriture  sacrée,  furent  des  imitations  plus  ou  moins 
exactes  d'objets  existants  dans  la  nature;  ces  carac- 
tères, consistant  en  images  de  choses  réelles,  repro- 
dditss  dans  leur   ensemble   ou  dans  quelques-unes 
i!i:  leurs  parties,    reçurent  des  anciens  auteurs   le 
nom  de  fpijipiaTa  lepà,  caractères   sacrés,  et,  plus 
p.irticulièrement,  celui  de  YpiiijioiTa  lEpoyXujitxà,  ca- 
ractères sacrés  sculptés  ;  de  là  est  dérivé  le  nom  d'hié- 
oglyphes  ou  de  caractères  hiéroglyphiques  qu'on 
nr  a  conseryé  jusqu'à  notre  temps,  champollion, 
iramm.  égypt.  p.  (.  Lenora  d'hiéroglyphes  ne  doit, 
la  rigueur,  être  appliqué  qu'aux  seuls  caractères 
icrés,  sculptés  ou  peints,  représentant  des  objets 
naturels  dessinés  ou  sculptés  avec  quelque  soin,  id. 
1(1.  Il  Hiéroglyphes  linéaires,  méthode  abréviative  de 
'^urer  les  hiéroglj-phes,  qui  consiste  à  réduire  le 
i'ssin  de  l'objet  à  de  simples  lignes.  ||  Par  exten- 
■  m.  X  M.  M.  M.  M.  madame....  ces  quatre  lettres 
iéroglyphiques  vous   embarrasseront   aussi   bien 
que  les  autres....,  corn.  Àndr.  Dédie.  ||  Fig.  Ce  sont 
lies  hiéroglyphes  pour  moi,   c'est-à-dire  c'est  une 
chose  à  laquelle  je  ne  comprends  rien. 

—  REM.  Chateaubriand  a  aspiré  Vh,  mais  à  tort, 
/ne  statue  de  bronze....  dont  la  base  soit  chargée 

(le  hiéroglyphes,  Gén.  i,  ii,  2. 

—  ÉTYM.  'Upo-fXuçoi;,  de  Upo;,  sacré,  et -yWçetv, 
graver . 

UiÉROGLYPHIQUE  (i-é-ro-gli-fi-k'),  odj.  ||l»Qui 
appartient  aux  hiéroglyphes.  Figure  hiéroglyphique. 
[i  Écriture  hiéroglyphique,  écriture  desanciensÊgyp- 
tiiîns,  qui  est  composée  de  signes  idéographiques, 
de  signes  valant  une  syllabe  et  de  lettres  simples. 
I!  Fig.  C'est  la  connaissance  ou  plutôt  le  sentiment 
vif  de  nos  expressions  hiéroglyphiques  de  la  poésie, 
perdues  pour  les  lecteurs  ordinaires,  qui  décourage 
les  imitateurs  du  génie,  Diderot,  Lelt.  sur  les  sourds 
et  muets,  CEuv.  t.  ii,  p.  325,  dans  pougens.  ||  2°  Terme 
de  zoologie.  Se  dit  d'un  corps  qui  est  marqué  de  lignes 
colorées  sinueuses.  ||  3"  S.  f.  Hiéroglyphique  ,  sys- 
tème d'écriture  qui  emploie  les  hiéroglyphes.  Les  Phé- 
niciens qui,  plus  tard,  employèrent  les  lettres  de  leur 
alphabet  comme  signes  numériques,  eurent  d'abord 
une  hiéroglyphique  des  nombres,  très-comj*arable  à 
l'hiéroglyphique  égyptienne,  dareste,  Ilist.  de  la 
numération,  llev.  german.  t.  xxi,  p.  228.  ||  4°  S.  m. 
Les  lignes  et  les  autres  parties  de  la  paume  de  la 
main,  que  l'on  consulte  dans  la  chiromancie. 

—  REM.  On  trouve,  substantivement, /itVrog^ypftt- 
ques,  au  lieu  de  hiéroglyphes,  dans  une  lettre  de 
Ch,  de  Sévigné.  Ce  n'est  plus  de  l'écriture  [une 
lettre  de  Mme  de  Grignan],  ce  sont  des  ûgures  tantôt 
d'une  façon,  tantôt  d'une  autre;  ce  sont  des  hiéro- 
glyphiques d'une  si  grande  et  si  belle  variété....  Tel 
est  le  texte  de  la  lettre  667,  éd.  de  1737;  mais  l'édi- 
tion de  Régnier  a  hiéroglyphes. 

—  ÉTYM.  Hiéroglyphe. 
t  niEllOGRAMMATE     ( i-é-ro-gra-mma-t' )      ou 

HlÉllOGUAMMATlSTE    (i-é-ro-gra-mma-ti-sf) , 
t.  m.  Terme  d'antiquité.  Scribe  égyptien. 

—  ÉTYM.  ■lEpoYP«|Ji.iA«£Ù(;,  de  ieoà-,  sacré,  et 
Ypd^peiv,  écrire. 

t  UIÊUOGRAMMATIQUE  (i-é-ro-gra-mma-ti-k'), 
adj.  Syaonyme  de  hiératique,  en  parlant  des  écri- 
tures égyptiennes. 

—  ÉTYM.  Iliérogramme. 

t  UIÉIIOGRAMME  (i-c-ro-gra-m'),  s.  m.  Carac- 
tère propre  à  l'écriture  hiératique. 

—  ÉTYM.  'lepoc,  sacré,  et  ypâ^iia,  écriture, 
t  UIÉROGRÀPUIE  (i-é-ro-gra-fie),  s.  f.  Descrip- 
tion des  différentes  religions. 

—  ÉTYM.  "lEpi:,  sacré,  et  ypixçeiv,  décrire, 
t  UIÉROGRAPUIQUE   (i-é-ro-gra-fl-k') ,  adj.  Qui 

a  rapport  à  l'hicrographie. 

flUÉROLOGIE  (i-é-ro-lo-jie),  s.  f.  Étude,  con- 
naissance des  diverses  religions.  ||  Terme  de  litur- 
gie. Se  dit,  particulièrement,  de  la  bénédiction  nup- 
tiale chez  les  chrétiens  grecs  et  chez  les  Juifs. 

—  ÉTYM.  'l£pàc,sacré,  et  Xé^oîi  doctrine,  discours, 
t  UIÉROLOisiQUE  (i-é-ro-lo-ji-k') ,  adj.  Qui  ap- 
partient à  l'hiérologie. 

UlÉROSIQUE  (i-é-ro-ni-k"),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Vainqueur  dans  un  des  quatre  jeux  sacrés, 
olympiques,  isthmiques,  etc. 

—  ÉTYM.'iEpovixï):,  de  Upo;,  sacré,  etvtxTi,  victoire, 
t  UIÉRONYMIQUE  (i-é-ro-ni-mi-k'),  adj.  Qui  ap- 

Ipariient  à  saint  Jérôme. 
—  ÉTYM.  'Icpiovvi(j.o;,  Jérôme,  de  Ispi;,  saint,  et 
Ivuiia,  nom. 
t  HIÉRO.VYMITES  {ic-ro-ni-mi-t'),  s.  m.  pî.  Nom 
d'une  congrégation  religieuse  qui,  formée  dans  le 
JUv*  siècle  en  Espagne,  prit  saint  Jérôme  pour  pa- 
I 


tron,  tout  en  luivant  la  règle  de  Saint-Augustin  ; 
leur  premier  supérieur  fut  Pierre-Ferdinand  Pécha , 
chambellan  de  Pierre  le  Cruel. 

—  ÉTYM.  'lEpwvuiio;,  Jérôme  (voy.  hiéuonymique). 
t  IUfiROPÉ  (i-é-ro-pé) ,  s.  m.  Terme  d'antiquité. 

Nom,  à  Athènes,  d'un  oflicier  chargé  de  veiller  à  ce  que, 
dans  les  sacrifices  publics,  les  victimes  fussent  irrépro- 
chables. A  Eleusis  a  été  trouvée  une  inscription  rela- 
tive au  sacrifice  que  les  dix  hiéropés  officiels  y  accom- 
plissaient tous  les  cinq  ans,  au  nom  de  la  république. 

—  ÉTYM.  'Upoitoiô;,  de  lepi;,  sacré,  et  noieïv, 
faire.  On  écrit  hiéropée  ;  mais  la  finale  pée  repré- 
sente Koia  et  non  tioio;. 

UIÊROPUANTE  (i-é-ro-fan-f) ,  ï.  tn.  Terme  d'an- 
tiquité. Titre  du  prêtre  qui  présidait  aux  mystères 
d'Eleusis,  et  qui  enseignait  les  choses  sacrées  aux 
initiés.  Celui  qui  présidait  à  la  cérémonie  s'appelait 
hiérophante,  et  il  était  revêtu  d'un  habit  singulier; 
il  ne  lui  était  point  permis  de  se  marier,  folun, 
Ilist.  anc.  Œuv.  t.  v,  p.  )  8,  dans  pougens.  Je  vois 
du  temple  saint  l'auguste  hiérophante,  volt.  Olyinp. 
V,  2.  L'hiérophante  leur  apprenait  (aux  initiés] 
qu'au  lieu  d'adorer  Cérès,  ilfallait  adorer  le  dieu 
qui  nourrit  les  hommes,  id.  Uoeurs,  Uyst. 

—  ÉTYM.  lEpoçdtvTTi;,  de  Upb;,  sacré,  et  çai'vsiv, 
montrer  (voy.  phénomène)  :  celui  qui  montre  les 
choses  sacrées. 

t  IIIÉROPUANTIDE  (i-é-ro-fan-ti-d') ,  s.  f.  Terme 
d'antiquité,  l'rêtresse  de  Cérès  à  Athènes,  subor- 
donnée à  l'hiérophante. 

—  ÉTYM.  'lEpooàvTiç  (voy.  hiérophante). 

t  niÊROSCOPIE  (i-é-ro-sko-pie),  s.  f.  Terme 
d'antiquité.  Divination  fondée  sur  l'inspection  des 
victimes,  et  de  ce  qui  se  passait  dans  les  sacrifices. 

—  ÉTYM.  'lepèî,  sacré,  et  (txoiieîv,  examiner. 

t  niLAIRE  (hi-lè-r'),  adj.  Terme  de  botanique. 
Qui  a  rapport  au  bile. 

—  ÉTY51.  //(le. 

t  HILARANT,  ANTE  (i-la-ran,  ran-t')  ou  HILA- 
RIANT,  ANTE  (i-la-ri-an,  an-t'),  adj. Terme  de  chi- 
mie. Gaz  hilarant  ou  hilariant,  protoxyde  d'azote. 
Le  protoxyde  d'azote  est  impropre  à  la  respiration; 
introduit  dans  les  organes  respiratoires,  il  produit 
une  sorte  d'ivresse  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
gaz  hilariant,  pelouze  et  frémy,  Abrégé  de  chi- 
mie. Il  Dans  le  langage  ordinaire  et  néologique.  Qui 
égayé.  Voilà  qui  est  hilarant. 

—  ÉTYM.  Voy.  hilarité, 

HILARITÉ  (i-la-ri-té) ,  s.  /.  ||  1°  Joie  douce  et 
calme.  Une  physionomie  pleine  d'hilarité.  Con- 
tentez-vous de  lui  souhaiter,  du  fond  du  cœur, 
prospérité,  hilarité,  succès  en  tout,  volt.  Lctt 
Mme  de  Choiseul,  20  mai  176».  Dans  l'asile  volup- 
tueux qu'il  s'était  fait,  il  nous  reçut  avec  cette  hi- 
larité gasconne  à  laquelle  contribuait  l'aisance  d'une 
fortune  honnête,  marmontel,  Méin.  vu.  ||  2°  Gaieté 
subite.  Un  mouvement  d'hilarité.  Ces  paroles  exci- 
tèrent l'hilarité  de  l'assemblée. 

—  HIST.  ïv*  3.  La  voix  de  joie  se  nomme  autre- 
ment liesse,  volupté,  jocondité,  hilarité,  gehson, 
dans  le  Dict.  de  dochez.  ||  xvi*  s.  Hilarité  [person- 
nage allégorique],  cartheny.  Foi/,  du  chev.  errant, 

f»  39,  dans  LAClRNE. 

—  ÉTYM.  Lat.  ftt'iaritatem.giee,  iXapèç,  favorable. 
UILE  (hi-1'),  s.  m.  Il  1°  Terme   de  botanique.  Le 

point  d'attache  par  où  la  graine  adhère  au  funicule, 
et  en  reçoit  les  sucs  nourriciers.  ||  2°  Terme  d'ana- 
tomie.  Le  point  généralement  déprimé  oîi  un  viscère 
parenchymateux  reçoit  ses  vaisseaux.  Hile  du  foie, 
du  rein,  du  poumon,  du  placenta,  etc. 

—  ÉTYM.  Lat.  hilum ,  petit  point  noir  au  bout 
des  fèves. 

j  UILIËRE  (i-liè-r'),  t.  f.  Espèce  de  bergamote 
commune. 

t  IIILIFËRE  (hi-li-tê-r'),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Qui  porte  un  hile. 

—  ÉTYM.  Uile,  et  le  lat.  ferre,  porter. 

t  UILOIUE  (hi-loi-r'),  t.  f.  Terme  de  marine.  Fort 
bordage  qui,  allant  de  l'avant  à  l'arrière  du  navire, 
dans  toute  sa  longueur,  et  s'enroulant  sur  tous  les 
baux,  est  une  liaison  pour  les  solives  et  pour  le 
pont  qu'elles  supportent,  ial. 

—  ÉTYM.  Corruption,  faite  dans  le  milieu  du  xvii* 
siècle,  de  l'ancien  eslure,  qui  représente  l'espagnol 
esloria,  dont  l'origine  est  inconnue,  jal. 

f  IIILON  (lii-lon),  s.  m.  Terme  de  chirurgie.  Her- 
nie de  l'iris  au  travers  de  la  cornée  perforée,  ainsi 
nommée  de  son  analogie  grossière  avec  le  hile  noir 
de  la  fève  de  marais. 

t  UILOSPER.'UE  (hi-lo-spèr-m')  ou  niLOSPER- 
MÉ,  ÉE  (hi-lo-spèr-mé,  mée),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Dont  la  graine  a  un  très-large  hile. 

—  ÉTYM.  Uile,  et  (jTtÉpiJia,  graine. 


DICT.    DE    LA    LANGUK    FRANÇAISE. 


t  niLOTE  (i-lo-f),  voy.  ilote. 
t  UIMANTOCËRE  (i-man-to-sè-r'),  adj.  rerme  de 
zoologie.  Dont  les  antennes  sont  en  forme  de  lanière. 

—  ETYM.  'Ipin;,  t|iavTo;,  lanière,  et  «<?«<,  corne. 
'Ip.»;  tient  au  sanscrit  ji,  lier;  comparez  l'allem. 
Seil,  corde. 

t  UIMAXTOPODE  (i-man-to-po-<n,  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  les  jambes  ircs-loiigue».  ||  Oi- 
seaux himaiitopudes,  oiseaux  à  cuisses  et  jamtes  Ion 
gués  i  moitié  nues. 

— ÉTYM.  'Itiui;, luàvTo:,  lanière,  et  tioûç,  nciSi;, pied. 

t  HINDI  (in-di)  ou  III.NDGUSTAM  (in-dou-sta-ni) 
ou  IllNDOUVI  (in-dou-vi),  s.  m.  Langue  dérivée 
du  sanscrit  et  qui  se  parle  dans  les  villes  principale! 
de  l'Inde  ;  elle  est  aussi  employée  comme  langue 
littéraire. 

—  ÉTYM.  Ilindoustan, Ilinde,  Hindou,  écrit  aussi 
Indouslan,  Inde,  Indou. 

t  IILXGUET  (hin-ghè),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Voy.  lingl'et. 

t  HIXSE  (hin-s'),  s.  f.  Terme  de  marine.  Comman- 
dement qui  se  fait  pour  dire  hisse  ou  tire  en  haut. 

t  UIPP....  ou  HIPPC...  mot  qui  signifie  cheval; 
il  sert  de  préfixe  en  beaucoup  de  mots,  et  vient  du 
grec  îituoc,  cheval;  éolien,  tnno;;  lat.  equus  (voy. 
équestre);  persan,  aspa;  sanscr.  Ofta.  Àçva  vient 
du  radical  aç,  qui  a  fait  açu,  rapide,  en  grec  cixO;. 

t  UIPPACE  (i-ppa-s'),  s.  f.  Nom,  chez  les  Grecs, 
du  fromage  que  les  Scythes  faisaient  avec  le  lait  de 
jument. 

—  ÉTYM.  'Iirità/.Ti,  de  ÎTtiio;,  cheval. 

I  UIPPANTUROPIE  (i-ppan-tro-pie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Espèce  de  monomanie  dans  laquelle 
le  malade  se  croit  métamorphosé  en  cheval. 

—  ÉTYM.  Ilipp....,  et  âvdpMno;,  homme. 

t  UIPPARQUE  (i-ppar-k'),  s.  m.  Terme  d'anti- 
quité. Nom,  chez  les  Grecs,  des  généraux  de  cavalerie. 

—  ÉTYM.  Ilipp....,  et  (îp/.Eiv,  commander. 

j-  IIIPPE  (i-p'),  s.  f.  Genre  de  crustacés  macroures 
dont  la  forme  a  quelque  rapport  avec  la  tête  du  cheval. 

—  ÉTYM.  "Itittoç,  cheval. 

t  HIPPÉE  (i-ppée),  s.  f.  Terme  d'astronomie.  Co- 
mète chevelue. 

—  ÉTYM.  "iTtîtoç,  cheval. 

t  UIPPÊI.APUE  (i-ppé-la-f),  s.  m.  Terme  de  zoo- 
logie. Cerf  d'Aristote;  on  le  trouve  au  Bengale,  à 
Java  et  à  Sumatra.  ||  C'est  pour  Cuvier  le  nom  spé- 
cifique d'un  autre  cerf  de  l'Inde. 

—  ÉTYM.  'IuTtÉXaçoç,  de  tnTto;,  cheval,  et  ÎXoçoî, 
cerf. 

I  UIPPIATRE  (i-ppi-a-tr'),  s.  m.  Celui  qui  exerce 
l'art  de  gui':rir  les  malailics  des  chevaux  et  des  bes- 
tiaux; synonyme  de  vétérinaire. 

—  ÉTYM.  'iTtitiatpo;,  de  îitTto;,  cheval,  cl  iatpi;, 
médecin. 

t  lUPPLATRIE  (i-ppi-a-trie),  s.  f.  Médecine  des 
chevaux. 

—  ÉTYM.  Ilippiatre. 

IIIPPLATRIQUE  (i-ppi-a-tri-k'),  s.  f-  Médecine 
des  chevaux,  art  de  conuAltro  et  de  traiter  leurs 
maladies.  \\Adj.  Qui  a  rapport  à  l'hippialrie. 

—  ÉTYM.  'iK-toxpuï),  sous-entendu  TE/vri,  l'art  de 
soigner  les  maladies  des  chevaux  (voy.  hipiiathe). 

t  HIPPIE  (i-ppi),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  synanthérées.  L'hippie  frutescente. 

f  HIPPIEN,  lENNE  (i-ppiin,  ppiè-n'),  adj.  Terme 
d'antiquité.  Qui  a  rapport  aux  chevaux.  ||  ^'cptune 
hippien,  Neptune  considéré  comme  le  dieu  qui  in- 
venta l'art  de  dompter  les  chevaux.  ||  Minerve  hip- 
pienne.  Minerve  considérée  conune  ayant  inventé 
l'art  d'atteler  les  chevaux. 

—  ÉTYM.  "Ikiio;,  cheval. 

t  HIPPIQUE  (i-ppi-k'),  adj.  Qui  a  rapport  au 
cheval.  Connaissances  hippiques. 

—  ÉTYM.  "Ijtitixiî,  de  feito;,  cheval. 

f  UIPPIUS  (i-ppi-us'),  s.  m.  Terme  de  métrique 
ancienne.  Le  pied  nommé  plus  souvent  épitrite. 

—  ÉTYM.  Lat.  hippitts,  grec  titirtoc. 

t  HIPPOBDELLE  (i-ppo-bdè-l'),  t.  f.  Terme  de 
zoologie.  Sangsue  du  cheval,  sorte  de  sangsue. 

—  ETYM.  Ilippo....,  et  pSÉX/.a,  sangsue. 

I  HIPPOBOSOUE  (i-ppo-bos-k'),  s.  f.  Espèce  de 
mouche  nuisible  aux  chevaux,  aux  bœufs,  etc. 

—  ÉTYM.  '1  Ttito 600x6; ,  celui  qui  fait  paître  les 
chevaux,  de  îktio;,  chefal,  et  poo/ctiv,  faire  paître; 
la  mouche  est  ainsi  dite  parce  qu'elle  accompagne, 
comme  un  pasteur,  le  cheval  dans  la  prairie. 

t  HIPPOCAMPE  (i-ppo-kan-p') ,  t.  m.  ||  1*  Tcrnio 
de  mythologie.  Nom  donné  aux  chevaux  marins  qui 
traînaient  Neptune  et  les  autres  divinités  de  lu 
mer,  dans  leurs  chars.  ||  2"  Terme  de  zoologie.  Che- 
val marin  ou  syngnathe,  jj  3"  Terme  d'anatomiu. 
Grand  hippocampe,  dit  aussi  corne  d'Ammon,  petit 

(.  —  25i 


?02r. 


HIP 


hippocampe,  dit  aussi  ergot,  noms  d'éminonces  qui 
sont  dans  le  cerveau. 

—  ÊTYM.  'Iiricôxiiijio; ,  de  tmtoî ,  cheval ,  et  xâ)!- 
itot,  un  gros  poisson. 

t  IIIPPOCA.STANfiKS  (i-ppo-ka-sta-née),  s.  f.  pi. 
Terme  de  botanique.  Nom  d'une  famille  de  plantes 
dont  le  type  est  le  marronnier  d'Inde,  qui  com- 
prend les  marronniers  d'Inde  et  les  pavia,  et  qui 
est  voisine  des  acérinées  (érables). 

—  ETYM.  llippo....,  et  xàotava,  châtaigne  :  châ- 
taigne lie  cheval. 

IIIPPOCEXTACRE  (i-ppo-san-td-r'),î.  m.  Animal 
fabuleux,  moitié  homme  et  moitié  cheval.  Vous  voyez 
ici  les  romans,  dont  les  auteurs  sont  des  espèces 
de  poètes,  et  qui  outrent  également  le  langage  de 
l'esprit  et  celui  du  cœur;  ils  passent  leur  vie  à 
chercher  la  nature,  et  la  manquent  toujours;  leurs 
liéros  y  sont  aussi  étrangers  que  les  dragons  ailés 
et  les  hippocentaures,  montesq.  Lett.  pers.  4  37. 
Il  On  dit  plus  souvent  centaure. 

—  ÉTYM.  'iTtitoxévTaupo;,  de  ÏTOtoç,  cheval,  et 
xévTauoo;,  centaure. 

t  niPPOCOLI.E  (i-ppo-ko-1'),  s.  f.  Gélatine  qu'on 
extrait  de  la  peau  de  cheval  ou  d'âne  et  qui  fait  la 
base  de  plusieurs  médicaments. 

—  ÊTYM.  llippo....,  et  colle. 
tniPPOCRATE   (i-ppo-kra-t'),  s.  m.    Nom   d'un 

lélèbre  médecin  grec,  dit  le  père  de  la  médecine,  el 
qui  vivait  dans  le  V  siècle  avant  l'ère  chrétienne. 
Hippocrate  dit  oui,  mais  Galien  dit  non,  rf.gnard, 
Fol.  amour,  m,  7. 

t  niPPOCRATÉE  (i-ppo-kra-tée),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Genre  de  plantes  des  deux  Indes  et  de 
l'Afrique. 

t  UIPPOCRATIQUE  (i-ppo-kra-ti-k') ,  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  concerne  Hippocrate  ou  sa  doc- 
trine. Les  médecins  hippocratiques,  ceux  qui  sui- 
vent la  doctrine  d'Hippocrate.  ||  Face  hippocra- 
tique,  face  profondément  altérée  et  qui  annonce 
une  mort  prochaine;  ainsi  dite,  parce  qu'Hippocrate 
en  a  donné  une  description  dans  son  Pronostic. 

—  fiTYM.  Hippocrate. 

t  niPPOCRATLSER  (i-ppo-kra-ti-zé) ,  V.  n.  Sui- 
vre le  système  d'Hippocrate. 

—  ÉTYM.  Hippocrate. 
tniPPOCRATISME(i-ppo-kra-ti-sm'),.î.m.Terme 

de  médecine.  Doctrine  qui  s'attache  à  l'imitation 
d'Hippocrate,  donnant  à  cette  Imitation  le  sens  par- 
ticulier de  suivre  la  nature,  c'est-à-dire  d'étudier 
les  efforts  spontanés  qu'elle  fait  et  les  crises  qu'elle 
produit. 

t  IIIPPOCRATISTE  (i-ppo-kra-ti-sf),  s.  m.  Celui 
qui  adopte  l'hippocratisme. 

HIPPOCRftNE  (i-ppo-krè-n"),  s.  f.  Fontaine  du 
mont  Hélicon,  consacrée  aux  Muses,  que,  selon 
la  Fable,  Péga.se  fit  jaillir  d'un  coup  de  pied,  et  qui 
passait  pour  inspirer  les  poêles.  Mais  quand  je  lis  ces 
vers  par  votre  onde  [les  eaux  de  Bourbon]  inspirés, 
Il  me  parait,  admirable  fontaine.  Que  vous  n'eiUes 
jamais  la  vertu  d'Hippocrène,  boil.  Épig.'xYin.\\  Fig. 
Il  a  bu  les  eaux  de  l'Hippocrène,  il  a  le  génie 
poétique.  Je  sais  que  Charles  XII,  et  Gustave  et  Tu- 
renneîS'ont  point  bu  dans  les  eaux  qu'épanche  l'Hip- 
pocrène;  Mais  enfin  ces  guerriers,  illustres  igno- 
rants, En  étant  moins  polis,  n'en  étaient  pas  plus 
grands,  volt.  Épil.  Lii. 

—  HIST.  XVI*  s.  J'appelle  Melpomene  en  sa  vive 
fureur.  Au  lieu  de  l'Hypocrene,  esveillent  cette  sreur 
Des  tombeaux  rafraischis  dont  il  faut  qu'elle  sorte 
Affreuse,  eschevelée...,  d'aub.  Tragiques,  i. 

—  ÉTYM.  'IitTtoxpiîvri,  de  tTtnoç,  cheval,  et  xprivïi, 
source. 

UIPPODROME  (i-ppo-dro-m'),  s.  m.  ||  l'  Chez  les 
anciens,  lieu,  cirque  disposé  pour  les  courses  de 
chevaux  et  de  chars.  ||  2»  Aujourd'hui,  terrain  stir 
lequel  se  font  les  courses  plates  des  chevaux. 
Il  3"  Terme  d'arcliitecture.  Espace  oblong,  dressé 
à  peu  près  de  niveau,  et  terminé  aux  deux  bouts 
par  deux  hémicycles,  comme  les  hippodromes  qui 
servaient  aux  courses  des  chevaux. 

—  ÉTYM.  'ImtéSpoiioç,  de  titno?,  cheval,  et  Spé- 
|Jio;,  course. 

t  HIPPODROMIE  (i-ppo-dro-mie),  t.  f.  Course 
de  chevaux  ;  art  de  diriger  les  chevaux. 

—  ÉTYM.  Hippodrome. 

jHIPPOGLOSSE  (i-ppo-glo-sT,  «•  ">•  Poisson  du 
genre  des  pleuronectcs.  L'hippoglosse  vulgaire,  dit 
plierjule,  et  connu  aussi  sous  le  nom  de  plétau, 
CBst  le  pleuroneele  limandc'ide  de  certains  auteurs, 

/.EGOABANT. 

T7..^IP'-  "''PP" «'  YXo.a»a,  langue. 

IlIPPOr.RIKPK  (i-ppogri-n,  s-  "'■  Monstre  fabu- 
1eu.xail*,  moitié  cheval  cl  moitié  grillon,  célébré  par 


HIP 

l'Arioste  qui  s'en  servit  pour  conduire  Astolphe  dans 
la  lune.  Si  j'avais  l'hippogriffe  à  mon  commande- 
ment, je  m'en  irais  causer  avec  vous  de  toutes  les 
farces  qui  se  sont  faites  ici  entre  les  Grignans  et 
les  Fourbins...,  sév.  Au  comte  de  Guitaut,  t.  in, 
p.  407,  édit.  RÉGNIER.  Un  jour  Astolfe....  se  trouva 
dans  le  paradis  terrestre....  où  son  hippogriffe  l'a- 
vait porté,  FONTEN.  Les  Mondes,  2'  soir.  Nous  avons 
couru  à  Mcako,  à  la  terre  d'Yesso,  à  la  Californie: 
nous  irions  à  la  lune  avec  Astolphe,  si  nous  avions 
un  hippogriffe,  volt.  Dict.  phil.  Japon. 

—  F.TYM.  llippo....,  et  griflon. 
niPPOLlTHE  (i-ppo-li-f),  s.  f.  Pierre  jaune  qui  se 

trouve  dans  les  intestins  et  dans  la  vessie  du  cbeval. 

—  REM.  L'Académie  fait  hippolitbe  du  féminin; 
mais  la  plupart  des  composés  de  (i(/ie  sont  mascu- 
lins ;  il  n'y  a  point  de  raison  po'ur  faire  ici  une  ex- 
cepiion. 

—  ÉTYJI.  llippo....,  et  ).i6o?,  pierre. 

t  HIPPOLOGIE  (  i-ppo-lo-jie  ) ,  s.  f.  Étude, 
science  du  cheval. 

—  ETYM.  llippo....,  eDôyoç,  doctrine. 

t  niPPOLOGIODE  (i-ppo-lo-ji-k'),  adj.  Oui  a 
rapport  à  l'hipnologie. 

t  UIPPOLOOUE  (i-ppo-lo-gh'),  s.  m.  Celui  qui 
s'occupe  d'hippologie. 

t  IlIPPOMANCIR  (i-ppo-man-sie),  s.  f.  Prétendue 
divination  par  le  henni.ssement  et  les  mouvements 
des  chevaux  consacrés. 

—  ÉTYM.  llippo...,  et  le  suffixe  mande. 
t.niPPCMANE  (i-ppo-ma-n'),  s.  /".  ||1°  Suivant 

les  anciens,  fluide  muqueux  qui  découle  de  la  vulve 
des  cavales  en  chaleur,  et  qui  e.vcite  l'ardeur  des 
chevaux.  Il  On  trouve  aussi  hippomancs.  C'est  cette 
liqueur  que  les  Grecs  ont  appelée  l'hippomanès  de 
la  jument,  et  dont  ils  prétendent  qu'on  peut  faire 
des  filtres,  surtout  pour  rendre  un  cheval  frénétique 
d'amour,  buff.  Quadrup.  1. 1,  p.  es.  ||  2°  Nom  donné 
à  des  corps  libres  ou  pédicules,  de  forme  variable, 
ovoîdale  ou  aplatie,  qui  flottent  dans  le  liquide  al- 
lantoïdicn,  ou  sont  suspendus  à  la  face  interne  de 
l'allantoîde  de  la  jument. 

—  ÉTYM.  'l7i7to|jiavi?];,  de  tnnoç,  cheval,  et  (iscl- 
vEiv,  rendre  fou. 

f  2.  niPPO.MANE  (i-ppo-ma-n'),  s.  m.  Terme 
de  botanique.  Nom  du  manceniUier,  hippomane 
mancinella,  L.  euphorbiacées. 

t  3.  niPPOMANE  (i-ppo-ma-n'),  .i.  m.  Celui  qui 
a  une  passion  pour  les  chevaux,  qui  monte  très-sou- 
vent à  cheval. 

—ÉTYM.  llippo....,  et  [latvEtv,  être  fou. 

t  IUPPOMArrfiES  (i-ppo-ma-nce),s./'.  pi.  Terme 
de  botanique.  Nom  d'une  tribu  de  la  famille  des  eu- 
phorbiacées, qui  a  pour  type  le  manceniUier. 

—ÉTYM.  Ilippnmane  2. 

f  IIIPPOMANIE  (i-ppo-ma-nie),  s.  f.  ||  1°  Goût 
passionné  pour  les  chevau.x.  I|  2°  Espèce  de  frénésie 
ou  de  rage  qui  attaque  quelquefois  les  chevaux. 

—  ÉTYM.  Hippomane  3. 

t  IIIPPONACTE  (i-ppo-na-k-f)  ou  IHPPONAC- 
TÉEN  (i-ppo-na-kté-in) ,  adj.  masc.  Vers  hippo- 
nacte,  esjièce  de  vers  îambiquo  trimètre  dont  le 
dernier  piod,  au  lieu  d'être  un  ïambe,  est  un  spon- 
dée. On  l'appelle  plus  .souvent  scazon  ou  cboliambe. 
Il  .Se  dit  d'un  vers  ïambique  auquel  on  ajoute  un 
antibacchique,  c'est-à-dire  une  brève  et  deux  lon- 
gues. 115.  m.  Un  hipponacte. 

—  ETYM.  Ilipponax,  poète  grec,  qui  est  regardé 
comme  l'inventeur  de  ce  vers. 

f  niPPOXE  (i-ppo-n'),  s.  f.  Terme  de  mythologie. 
Divinité  qui  présidait  aux  chevaux  et  aux  élables, 
et  qui  était  honorée  par  les  gens  de  la  campagne. 

—  ÉTYM.    'I-ITiiva,  (le  înnoî,  cheval. 

I  HIPPOPATHOLOGIE  (i-ppo-pa-to-lo-jie),  *.  f. 
Pathologie  du  cheval. 

—  ÉTYM.  llippo....,  el  pathologie. 

f  HIPPOPE  (i-ppo-p'),  s.  m.  Nom  spécifique 
d'une  huître.  L'hippope  maculé,  la  seule  espèce  du 
genre,  était  la  tridacne  hippope,  et  plus  ancienne- 
ment la  chame  hippope.  On  appelle  vulgairement 
grand  bénitier,  l'hippope,  pour  le  distinguer  du 
peigne  bénitier  dit  petit  bénitier.  Les  noms  d'hip- 
popo  chou  et  feuille  de  chou  ayant  été  donnés  par- 
fois à  l'hippope  maculé,  certains  auteurs  ont  à  tort 
parlé  de  l'hippope  chou  comme  d'une  espèce  parti- 
culière, LEGOAHANT. 

—  ÉTYM.  llippo....,  et  r.oOc,  pied  :  pied  de  cheval. 

t  niPPOPHAÉ  (i-ppo-fa  é| ,  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. Gf^nre  de  plantes  appartenant  à  la  famille 
des  élcagnées;  l'unique  espèce  en  est  Vhippophae 
rhamnoidcs,  L.,  dit  vulgairement  argousier. 

ETYM.  Linné  a  pris  soit  XTt-xoyxii,  plante  incon- 
nue, soit  lirnôçtwç,  sorte  de  plante  épineuse. 


HIR 

t  HIPPOPHAGE    (i-ppo-fa-j'),  t.   m.    Celui   qui 

mange  delà  chair  de  cheval.  ||  Jtdj.  Population  hii- 
pophago. 

—  ÉTYM.  Hippo....,  etçayeîv,  manger. 

t  lUPPOPHAGIE  (i-ppo-fa-jic),  t.  f.  Alimenia- 
tion  par  la  viande  de  cheval. 

—  ÉTYM.  Hippophrtae. 

t  niPPOPHAGiyUE  (i-ppo-fa-ji-k'),  adj.  Oui  a 
rapport  à  l'hippopbagie. 

HIPPOPOTAME  (i-ppo-po-ta-m'j,  i.  m.  Nomd'ui, 
genre  de  mammifères  pachydermes,  dans  lequel  on 
connaît  deux  espèces  vivantes  :  l'hippopotame  am- 
phibie et  l'hippopotame  du  .Sénégal.  Federico  Ze- 
renghi ,  chirurgien  de  Narni  en  Italie,  fît  imprimer 
à  Naples  l'histoire  de  deux  hippopotames  qu'il  avait 
pris  vivants  et  tués  lui-même  en  Egypte,  dans  une 
grande  fosse  qu'il  avait  fait  creuser  aux  environs  du 
Nil,  BUFP.  Quadrup.  t.  v,  p.  <89.  On  a  vu  des  hip- 
popotames de  seize  ou  dix-sept  pieds  de  longueur, 
sur  sept  de  hauteur  et  quinze  de  circonférence, 
BONNET,  Conlempl.  nat.  m,  26.  ||  Il  y  a  des  hippo- 
potames fossiles.  L'hippopotame  do  cette  époque 
[antédiluvienne]  est  assez  commun  dans  les  pays 
qui  forment  aujourd'hui  la  France,  l'Allemagne 
et  l'Angleterre  ;  il  l'était  surtout  en  Italie  ;  sa  res- 
semblance avec  l'espèce  actuelle  de  l'Afrique  était 
telle  qu'il  faut  une  comparaison  attentive  pour  en 
saisir  les  distinctions,  cuviER,  Hétol.  p.  331.  ||  Fig. 
et  familièrement.  C'est  un  hippopotame,  se  dit  d'un 
homme  trcs-pesant.  ||  Souffler  comme  un  hippopo- 
tame, se  dit  d'un  gros  homme  qui  respire  pénible- 
ment et  bruyamment. 

—  iiiST.  xiu'  s.  Ypotame  est  un  peissons  qui  est 
apelez  cheval  fiuviel,  parce  que  il  naist  el  (lun  de 
Niie,  BRUN.  LAT.  Très.  p.  t»9. 

—  ÉTYM.  'lîtTcoTtÔTaijo;,  de  ïitno;,  cheval,  et  ito- 
Ta|io;,  fleuve. 

t  niPPOPOTAMIEX  ,  lENNE  (i-ppo-po-ta-miin  , 
miè-n'),  adj.  Terme  de  zoologie.  Qui  ressemble  à 
l'hippopotame.  ||  S.  m.  pi.  Les  hippopotamiens, 
classe  de  mammifères  ayant  pour  type  le  genre 
hippopotame. 

t  HIPPOrOMIE(i-ppo-to-mie),î.  f.  Anatomiedu 
cheval. 

—  ÉTYM.  llippo....,  et  TO|i.Ti,  dissection. 

t  HIPPURATE  (i-ppu-ra-f),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie.  Nom  générique  des  sels  formés  par  l'acide  hip- 
purique. 

t  UIPPURIDE  (i-ppu-ri-d') ,  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Genre  de  plantes  aquatiques  d'Europe  qui 
appartient  à  la  lamiU,'  des  haloragécs. 

t  UIPPURIE    (i-ppu-rie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Nom  donné  à  la  présence  accidentelle  de  1'»- ' 
cide  hippurique  ou  des  hippurates  dans   l'urine  déi 
l'homme. 

—  ÊTYM.  "Ittoo;,  cheval,  et  oOpà,  queue  :  queue  i 
de  cheval. 

t  HIPPURIOUE  (i-ppu-ri-k') ,  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  hippurique,  acide  de  plusieurs  sels  par- 
ticuliers de  l'urine  des  mammifères  herbivores  et 
même  de  l'homme. 

—  ETYM.  Hipp....,  et  oùpov,  urine. 

t  HIPPCRITE  (i-ppu-ri-f),  s.  f.  Genre  de  co- 
quilles univalvcs  qui  n'ont  encore  été  trouvées  qu'à 
l'état  fossile. 

t  UIRCLV,  IXE  (ir-sin,  si-n'),  adj.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Qui  tient  du  bouc,  qui  dépend  du 
bouc. 

—  ÉTYM.  Lat.  hircinus,  de  hiroi»,  bouc. 

t  HIRCIXE  (ir-si-n'j,  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Principe  qui  est  dans  les  graisses  de  bouc  et  de 
mouton. 

—  ETYM.  Hircin. 

t  HIRCIPELLE  (ir-si-pè-l') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie. Velu  comme  un  bouc. 

—  ÉTYM.  lal.  hircus,  bouc,  et  pellis,  peau. 

t  UIRCIQUE  (ir-si-k'),  adj.  Terme  de  médecine. 
Acide  hircique,  produit  de  la  saponification  de 
l'hircine. 

—  ETYM.  Lat.  hircus,  bouc. 

f  lîIRCISME  (ir-si-sm'),  s.  m.  Terme  didactique. 
Odeur  désagréable  qui  s'exhale  dos  aisselles  chez 
certains  hommes. 

—  ÉTYM.  Lat.  hircus,  bouc. 

t  lURCOCERF  (ir-ko-scrf),  s.  m.  ||  1°  Animal  & 
bilieux,  moitié  bouc  et  moitié  cerf.  Vous  roili 
tombé  dans  la  possibilité;  dans  celte  possibdité, 
vous  trouverez  les  choses  de  raison,  les  hircocerfs, 
les  hippocenlaures  et  mille  autres  figures  bizarres, 
Ff.N.  t.  xix,  n  4  42.  Il  2°  Fig.  Chose  qui  n'existe  pas. 
Il  [Alberonij  était  persuadé  que  la  cour  de  Londres, 
ayant  mis  toute  son  étude  à  tromper  le  roi  d'E-spa- 
gne   par  un  projet  idéal  que  le  cardinal  nommait 


HIR 

ail    hircocerf,  alteiidait  seulement  !<■  momenl  di; 
se  déclarer  en  faveur  Je  rempereui-,  st-sim.  40i>, 

221. 

—  ETYM.  Lat.  hircus,  bouc,  et  cerf. 

t  IlIRONDEAU  (i-ron-/lû),  s.  m.  Petit  d'hiron- 
delle. Aussi  fait-on  une  grande  consommation  des 
hirondeaux  de  rivage  en  certains  pays,  par  exemple 
à  Valence  en  Espagne,  buff.  Ois.  t.  xii,  p.  304. 

—  HIST.  XV'  s.  Ainsi  veulent  Flamands  estre  mcné.s, 
ni  on  ne  doit  tenir  entre  eux  compte  de  vies  d'hom- 
mes, ni  avoir  pitié  non  plus  que  de  arondeaulx  ou 
de  allouettes  qu'on  prend  en  la  saison  pour  manger, 

PROISS.  II,  II,  (01. 
HIRONDELLE  (i-ron-dc-l'),  s.  f.  ||  !•  Oiseau  de 
.  passage  qui  parait  au  printemps.  Je  m'en  vais  pas- 
ser l'été  en  un   pays   [l'Afrique]  où  les  hirondelles 
passent  l'hiver,  voit.  iett.  30.  Une  hirondelle  en  ses 
voyages  Avait  beaucoup  appris,    la  font.  Fahl.  i, 
8.  Autrefois  Progné  l'hirondelle  De  sa  demeure  s'é- 
carla,  Et  loin  des  villes  s'emporta  Dans  un  bois  où 
chantait  la  pauvre  Philomèle,  ID.  ib.  m,  16,  Vos  hi- 
rondelles auront  beau  m'appeler,  sÉv.  92.  M.  Adan- 
son  a  vu  et  tenu,  à  la  côte  du  Sénégal,  des  hiron- 
delles arrivées  le  9  octobre,  c'est-à-dire  huit  ou  neuf 
jours  apris  leur  départ  d'Europe,  bltf.  Ois,  1. 1,  p 
i4.  Une  mère  hirondelle,  revenant  au  nid  chargée 
de  provisions,  et  trouvant  la  maison  où  elle  l'avait 
bâti,  embrasée,  sa  précipita  au  travers  des  flammes 
pour  nourrir  et  secourir  ses  petits,  bonnet,  Contnnpl. 
nat.  XI,  7,  note  B.  Captif  au  rivage  du  Maure,  Un 
guerrier,  courbé  sous  ses  fers.  Disait  :  je  vous  revois 
encore,   Oiseaux  ennemis  des  hivers;  Hirondelles 
que  l'espérance  Suit  jusqu'en   ces  brûlants  climats. 
Sans  doute  vous  quittez  la  France  ;  De  mon  pays  ne 
me  parlez-vous  pas  ?  dérang.  Uirond.  Voilà  l'errante 
hirondelle  Qui  rase  du   bout  de   l'aile  L'eau  dor- 
mante des  marais,   lamart.  Ilarm.  u,  l.  La  vie  a 
dispersé,  comme  l'épi  sur  l'aire,  Loin  du  champ  pa- 
ternel les  enfants  et  la  mère  ;  Et  ce  foyer  chéri  res- 
semble  aux   nids  déserts   D'où  l'hirondelle  a   fui 
pendant  de  longs  hivers,  id.  ib.  m,  2.  ||  Venir  avec 
les  hirondelles,  venir  au  printemps;  partir  avec  les 
hirondelles,  partir  en  automne.  ||  Pierre  d'hiron- 
delle, pierre  trouvée  dans  le  nid  d'une  hirondelle  et 
qu'on  croyait  bonne  pour  les  yeux,  parce  qu'on  s'i- 
maginait que  les  yeux  des  petits  des  hirondelles  se 
guérissaient  après  avoir  été  crevés.  ||  Terme  de  zoo- 
logie. Genre  de  la  famille  des  hirondmées,  dans  la 
grande  section  des  passereaux  daeodactyles  et  fissi- 
rostres;  on    y    "Jistingue    surtout   l'hirondelle   de 
cheminée,  hirundo  rustica,  /,.;  l'iiirondolle  des  fe- 
nêtres ou  petite  hirondelle, /liVundo  urhica,L.;  l'hi- 
rondelle de  rivage, /un/ndo  riparia,  L.  ||  Hirondelle 
esculonte  ou  hirondelle  comestible,  hirundo  escu- 
leida,  L.,  dite  surtout  salangane,  celle  dont  les  nids 
se  mangent  en  Chine,  et  qui  appartient  au  genre 
hirondelle.  ||  2'  Hirondelle  de  mer,  se  dit  de  cer- 
tains oiseaux  de   mer  qui  ont  de  la  ressemblance 
avec  l'hirondelle.  Dans  le  grand  nombre  des  noms 
transportés,   pour  la  plupart  sans  raison,  des  ani- 
maux de  la  terre  à  ceux  de  la  mer,  il  s'en  trouve 
quelques-uns     d'assez     heureusement    appliqués, 
comme  celui  d'hirondelle  qu'on  a  donné  à  une  pe- 
tite famille   d'oiseaux  pêcheurs   qui    ressemblent  à 
nos  hirondelles  par  leurs  ailes  et  leur  queue  lour- 
chue,  BUFF.  Ois.  t.  xvi,  p.  67.  Il  Hirondelle  de  mer, 
nom  d'un  oiseau,  le  sterne,  stema  arctica,  Tem- 
minck,  famille   des   larides.  ||  Hirondelle  de  Ter- 
nate,  l'oiseau  de    paradis,   paradisea   apoda,    L. 
Il  3°  Hirondelle  de  mer,  nom  de  quelques  poissons 
volants.  Il  Coquille  bivalve  des  pays  chauds,  avicula 
hirundo.  \\  4°  Kond  de  fer  plat  et  mobile   qui  en- 
toure  l'essieu.  ||  5°  Hirondelle  de   carême,    nom 
donné  autrefois  aux  sœurs  converses  de  la  congrc- 
gation  de  Sainte-Claire,  qui,  parcourant  la  France 
pendant   le   carême,   quêtaient  pour  leur  couvent. 
Il  6°  Nom  de  navires,  probablement  à  rames,  qui 
figuièrent  au  siège  de  la  Rochelle  dans  la  flotte  de 
Richelieu,  et  sur  lesquels  on  ne  sait  rien  de  plus.  S 
récamp,  le  sieur  du  Mè  a  fait  bâtir  deux  vaisseaux 
pour  le  roi,   de  300  tonneaux,  et  deux  hirondelles, 
llapport  de  Leroux  d'Infréville  à  Richelieu,  en  4  629, 
ch.  6,  citédans  j.  caillet,  l'Àdm.  en  France  sous 
nichelieu,  ii,  32,  Paris,  <860.||  Proverbe.  Une  hiron- 
delle ne  fait  pas  le  printemps,  c'est-à-dire  il  n'y  a 
pas  de  conséquence  à  tirer  d'un  seul  cas,  d'un  fait 
isolé. 

—  REM.  Au  xvii*  siècle,  on  variait  entre  diverses 
formes  :  Arondelle,  hirondelle,  herondelle  sont  tous 
trois  bons;  herondelle  estle meilleur,  marg.  buffet, 
Ohserv.  p,  63.  Vos  esprits  étant  plus  légers  Que  les 
volages  arondelles,  Puisque  nous  sommes  infidèles. 
Nous  ne    sommes  pas  étrangers,  porchères   d'ah- 


HIS 

BAUD,   dans  jaubkrt,  Glossaire.   Cette    variété   de 
forme  existe  encore  dans  aronde  (voy.  ce  mot). 

—  HlST.  XI'  s.  Plus  est  isnels  qu'csprevier  ne  ar- 
runde,  Ch.  de  liai.  cxv.  ||  xu'  s.  Se  do  ta  char  ne  fas 
[je  ne  fais]  vilain  maisel.  Je  ne  me  pris  vaillant  un 
arondel,  Haoulde  C.  183.  ||  xui'  s.  11  |'lobic]enseve- 
lissoit  les  mors  de  sa  main  ;  puis  avugla  par  le  fien 
d'une  arondele,  qui  li  chaï  es  els  [yeux|,  bkun.  lat. 
Très.  p.  00.  Il  XVI'  s.  Ils  puputent  comme  les  hup- 
pes, ils  gazouillent  comme  hirondelles,  paré,  ani- 
maux, 26.  Les  poules  et  les  arondelles  mangent  les 
abeilles,  o.  de  serres,  433.  Le  printemps  ne  se  fait 
d'une  seule  arondelle,  rons.  279.  C'est  toy,  cour- 
tois et  gentil,  Qui  d'exil  Retire  ces  passagères,  Ces 
arondelles  qui  vont  Et  qui  sont  Du  printemps  les 
messagères,  r.  b^leau,  dans  jaubert,  Glossaire. 

—  Ety.M.  Berr*  aronde,  arondelle,  liarondelle  ; 
bourg.  airondeUe;  picard,  haroudelle;  wallon, 
aronde,  aronge  ;  Hainaut,  arondiele;  provenç.  hij- 
runda,  irunda,  yrundre,  irondella,  ysrundella, 
randola;  espagn.  go/ojitin'no;  portug.  andorinha; 
ital.  rondine.  Hirondelle  et  les  formes  congénères 
sont  des  diminutifs  d'oronde,  iroude  et  formes  con- 
génères, lesquelles  viennent  du  latin  hirundinem. 
Curtius  admet  que  hirundo  est  le  même  que  le  grec 
XcXiSwv  :  hir-undo,  xeX-iSwv;  pour  cela  il  supoose 
un  ancien  italo-grec  ^ÉpevSov.  Complétant  l'étymo- 
logie  ddsdeux  mots,  (iirssen  les  rattache  au  radical 
sanscrit  har,  ghar,  prendre ,  (|ui  a  fait  le  grec  yelp, 
la  main  considérée  comme  preneuse,  et  le  latin  ar- 
chaïque hir,  la  main;  dans  cette  hypothèse,  l'hi- 
rondelle serait  la  preneuse  (de  mouches). 

t  UIRONDINÉES  (i-ron-di-née) ,  s.  f.  pi.  Terme 
de  zoologie.  Famille  d'oiseaux  à  laquelle  appartient 
l'hirondelle. 

t  HIRSUTE  (ir-su-f) ,  adj.  Terme  d'histoire  natu- 
relle. Oui  est  garni  de  poils  longs  et  nombreux. 

—  ÉTYM.  Lat.  hirsutus,  velu, 
t  IIIRTIPÈDE  (ir-ti-pè-d') ,  adj.  Terme  de  zoolo- 
gie. Oui  a  les  pattes  garnies  de  poils. 

—  ÉTYM.  Lat.  hir'.us,  velu,  et  pes,  pedis,  pied. 
■(■  niUUDICULTEUR  (i-ru-di-kul-teur),  s.  m.  Voy. 

IIIRUDINICULTEDR. 

t  UIRUDICULTURE  (i-ru-di-kul-tu-r'),  s.  f.  Voy. 
hihddiniculture. 

t  mUUDIXÉ,  ÉE  (i-ru-di-né,  née)  ou  IHRUDIM- 
FORME  (i-ru-di-ni-for-m'),  adj.  'ferme  de  zoolo- 
gie. Oui  ressemble  à  une  sangsue.  ||  S.  f.  pi.  Les 
hirudinées,  nom  du  quatrième  ordre  de  la  classe 
des  annélides,  caractérisé  par  l'absence  de  pieds  et 
de  soies,  une  ventouse  en  avant  du  corps,  l'autre  à 
l'extrémité  postérieure. 

—  ETYM.  Dérivé  du  lat.  hirudo,  hirudinis,  sang- 
sue. 

t  niRCDINICULTEUR  (i-ru-di-ni-kul-teur),s. m. 
Celui  qui  s'occupe  d'hirudiniculture. 

t  IIIRUDIXICULTURE  (i-ru-di-ni-kul-tu-r'),  s.  f. 
Art  d'élever  et  de  multiplier  les  sangsues. 

—  ÉTYM.  Lat.  hirudo,  hirudinis,  sangsue,  et' 
culture. 

t  HISPANIQUE  (i-spa-ni-k'),  adj.  Qui  appartient 
à  l'Espagne  ou  aux  Espagnols. 

—  ETYM.  Lat.  llispanus,  Espagnol, 
t  HISPANISJIE   (i-spa-ni-sm') ,   s.   m.   Locution 

propre  à  la  langue  espagnole. 

HISPIDE  (i-spi-d'),  adj.  Terme  de  botanique.  Cou- 
vert de  poils  rudes  et  épars.  Tige  hispide. 

—  ÉTYM.  Lat.  hispidus,  hérissé  de  poils, 
t  UISPIDITÉ  (i-spi-di-té),  s.  f.  Terme  de   buta- 
nique.  État  d'une  surface  hispide. 

HISSÉ,  ÉE  (lii-sé,  sée),  part,  passé  de  hisser.  Le 
pavillon  hissé  au  haut  du  mât. 

HISSER  (hi-sé),  V.  a.  ||  1"  Terme  de  marine.  Éle- 
ver un  objet,  quel  qu'il  soit,  ancre,  tonneau,  vergue, 
canot,  etc.  au  moyen  d'un  cordage  simple  ou  d'un 
palan.  Hisser  une  voile.  H  2°  En  général,  tirer  en 
haut.  Ce  fut  un  beau  spectacle  que  leur  départ,  et 
la  manière  ingénieuse  dont  ils  furent  hissés  eux  et 
leurs  moutons  au  haut  des  montagnes,  volt.  Cand. 
ch.  18.  Il  3' Se  hisser,  v.  réfl.  S'élever  avec  effort. 
Se  hisser  jusqu'à  la  fenêtre.  Il  [Jacob]  vit  ses  fils, 
quelqu'un  l'assure,  Sur  l'échelle  aussi  se  hisser, 
EÉHANG.  Échelle. 

—  HIST.  XVI'  S.  Comme  ceux  de  la  caraque  lui 
commandèrent  de  ameiner,  il  abat  et  amure  sa 
grand  voile  tout  d'un  coup,  et  hinsant  la  civadiere, 
le  vent  n'afraischit  pas  assez,  il  fait  prendre  les  ra- 
mes, d'aub.  llist.  II,  50. 

—  ÉTYM.  Espagn.  et  portug.  iiar;  ital.  issare;  du 
germanique  :  anc.  scaudin.  htsa;  suédois,  hissa; 
allem.  hissen;  danois,  heise;  ancien  anglais,  hoyse. 

fUISSON  (hi-son),  s.  f.  Terme  de  marine  du 
Levant.  Drisse  de  lantenne  de  trinquet. 


HIS 


20-27 


]  HISTIODKOHIE  (i-sti-o-dro-mie),  t.  j.  Terme 
didactique.  Art  de  la  navigation  à  voiles,  .^n  co 
quatrièine  livre  traitant  de  l'histiodromie,  stevin, 
QKuvres  malhématinues,  t.  ii,  p.  (42. 

—  ÉTYM.  'Icttiov,  voile  de  navire,  et  6po|jio«, 
course. 

t  UISTIOLOGIE  {i-stio-lo-jie),  ».  f.  Voy.  histo- 
logie. 

—  ÉTYM.  'loii'ov,  tissu,  et  Xoyo;,  doctrine 
t  UI.STIOPUORE  (i-sti-o-fo-rO,  t.  m.  ||  1"  Terme 

de  zoologie.  Nom  d'un  genre  de  mammilires  chi- 
roptères. Il  2°  Genre  de  poissons  acantlioptérygiens 
oïl  l'on  dislingue  l'histiophore  gladifère  (mers  des 
Indes)  de  Lacépède,  dit  bécasse  de  mer,  et  qui  était 
le  xiphias  vélifère  de  Schneider. 

—  ÉTYM.  'IffTiojopo;,  de  lirciov ,  toute  sorte  de 
tissu,  et,  en  particulier,  une  voile,  et  çopé;,  qui 
porte. 

fUISTOCIILMIE  (i-sto-chi-mie),  t.  [.  Terme 
d'anatomie.  Etude  chimique  des  principes  immé- 
diats des  tissus  organiques. 

—  ÉTYM.  'loTo;,  tissu,  et  chimie.  'laiiit,  tient  au 
radical  1,  qui  est  le  sanscrit  si,  attacher. 

t  UISTOGÉNIE  (i-sto-jé-nie),  s.  f.  Formation  des 
tissus  organiques. 

—  ÉTYM.  *I(jTO;,  tissu,  et  le  suffixe  sr^ni'e. 
t  HISTOGRAPHIE  (i-sto-gra-fie),  î.  f.  Description 

des  tissus  organiques. 

—  ÉTYM.  'IdToç,  tissu,  et  Ypifeiv,  décrire. 
HISTOIRE   (i-st3i-r'),  j.  f.   ||    1'  Récit  des  faiU, 

des  événements  relatifs  aux  peuples  en  particulier 
et  à  l'humanité  en  général.  11  a  fallu,  avant  toutes 
choses,  vous  faire  lire  dans  l'Ecriture  l'histoire  du 
peuple  de  Dieu,  qui  fait  le  fondement  de  la  religion; 
on  ne  vous  a  pas  laissé  ignorer  l'histoire  grecque  ni 
la  romaine  ;  et,  ce  qui  vous  était  plus  important,  on 
vous  a  montré   avec  soin   l'histoire   de  ce  gran 
royaume  que  vous  êtes  obligé  de  rendre  heureux, 
Boss.  Hist.  préface.  Quand  on  considère  do  plus  prè 
l'histoire  de  ce   grand  royaume  [l'Angleterre],  m 
Reine  d'Anglel.  Si  l'histoire  de  l'Église  garde  cher 
ment  la  mémoire  de  cette  reine,  notre  histoire  [cell 
de  la  France]   ne  taira  pas  les  avantages  qu'elle 
procurés  à  sa  maison  et  à  sa  patrie,  id.  ib.  11  avai 
fait  toute  l'histoire  du  siège,  id.  Ilist.n,  8.  11  [Molsej 
meurt  et  laisse  aux   Israélites  toute  leur  histoire 
qu'il  avait  soigneusement  digérée  dès  l'origine  du 
monde  jusqu'au  temps  de  sa  mort,  id.  t6.  i,  4.  'Nul] 
Ne   leur  [aux  Romains]  a  fait  plus  cher  acheter  'a 
victoire,  Ni  de  jours  malheureux  plus  rempli  leur 
histoire,   rac.  Mithr.  v,  B.    Tous  les   peuples  ont 
écrit   leur  histoire  quand  ils  ont  pu  écrire,  volt. 
Dict.  phil.  Histoire,  B.  La  véritable  histoire  est  celle 
des  mœurs,  des  lois,  des  arts   et  des  progrès  de 
l'esprit  humain,  id.  Lett.  Tott,  23  avr.  1707.  Telles 
ont  été  dans  toute  la  terre  toutes  les  histoires  des 
anciens  temps;  c'est  la  preuve  de  ce  que  nous  avons 
dit  souvent  que  la  Fable  est  la  sœur  ainée  de  l'his- 
toire, ID.  Dict.  phil.  Zoroastre.  Les  premiers  fonde- 
ments de  toute  l'histoire  sont  les  récits  des  pères 
aux  enfants,   transmis  ensuite  d'une  génération  i 
une  autre,  id.  Dict.  phil.  Histoire,  ).  J'entreprends 
de  tracer  l'histoire  de  la  grande  armée  et  de  son 
chef  pendant   l'année   <8I2,  sÉotR,  Uist.  de  Nap. 
dédicace.   Puis,    s'appesantissant,   ils   Ip    voyaient 
[Napoléon  à  Moscou]  passer  ses  longues   heures  à 
demi  couché,   comme  engourdi,  et  attendant,  un 
roman  à  la  main,  le  dénoûment  de  sa  terrible  his- 
toire, ID.  Uist.  de  Sap.  viii,  <l.  C'est  là  [à  la  Mos- 
kowa]  que  nous  avions  tracé  avec  le  fer  et  le  sang 
l'une  des  plus  grandes  pages  de  notre  histoire,  id. 
ib.  IX,  7.  Il  Histoire  sainte  ou  sacrée,  l'ancien  et  le 
nouveau  Testament.  ||  Histoire  profane,  celle  des 
peuples  païens.  ||  Histoire  fabuleuse,  les  lécits  my- 
thologiques. Il  Histoire  ecclésiastique,  celle  des  évé- 
nemenlsqui  appartiennent  à  la  religion  chrétienne. 
Il  Histoire  politique,  histoire  civile,  celle  des  diffé- 
rents gouvernements  politiques.  ||  Histoire  univer- 
selle, histoire  générale  do  l'esjièce  humaine.  Celte 
manière  d'histoire  universelle  est,  à  l'égard  des  his- 
toires de  chaque  pays  et  de  chaque  peuple,  ce  qu'est 
une  carte  générale  à  l'égard  des  cartes  particulières, 
Boss.  Uist.  préface.  \\  Dans  les  collèges  et  lycées,  his- 
toire ancienne,  comprenant  l'histoire  sainte,  l'histoire 
des  anciennes  monarchies  d'Asie,  l'histoire  grec- 
que et  l'histoire  romaine.  Histoire  ancienne  propre- 
ment dite,  comprenant  l'histoire  des  ancici.nes  mo- 
narchies d'Asie  et  l'histoire  sainic.  riistoire  grec- 
que.  Histoire    romaine.    Histoire   du  moyen   âge 
depuis  30B  jusqu'à  1453.  Histoire    moderne.  ||  His- 
toire contemporaine,  l'histoire  du  temps  présent. 
Il  Histoire  interne,  histoire  externe,  voy.  interne 
et  EXTERNE.  U  La  philosophie  de  l'histoire,  les  lois 


2028 


nis 


générales  qui .  obtenues  par  induction  de  l'étude  des 
événements  historiques,  servent  à  en  apprécier  la 
raarche  et  à  discerner  ce  qu'ils  oiïrent  de  régulier 
d'avec  ce  qu'ils  offrent  d'accidentel.  ||  J'Absolument. 
I.'liistoire,  les  ouvrages  liistoriques,  les  faits  rap- 
portés par  les  tiistoriens.  Ceux-là  s'abusent  qui  divi- 
sent l'histoire  en  deux  parties,  l'utile  et  le  délectable, 
et,  pour  cela,  y  comprennent  les  louanges,  d'ablan- 
COLBT,  Lucien,  Comment  écrire  l'histoire.  L'histoire 
ne  s'accorde  pas  avec  la  poésie  qui  n'a  pour  bornes 
que  la  fantaisie  du  poète,  id.  ib.  L'histoire,  des 
grands  cœurs  la  plus  chère  espérance,  hotr.  St- 
àen.  1,  4.  Son  fils  prétendait  pour  cela  Qu'on  le 
dût  mettre  dans  l'histoire,  la  font.  Fabl.  vi,  7.  ,Si 
j'apprenais  l'hébreu,  les  sciences,  l'histoire,  in.  ib. 
VIII,  25.  Là  [dans  l'histoire]  notre  admirable  prin- 
cesse étudiait  les  devoirs  de  ceux  dont  la  vie  com- 
pose l'histoire;  elle  j  perdait  insensiblement  le  goût 
des  romans  et  de  leurs  fades  héros,  boss.  Duch. 
d'Orl.  C'était  le  dessein  d'avancer  dans  cette  étude 
de  sagesse  qui  la  tenait  si  attachée  à  la  lecture  de 
l'histoire,  qu'on  appelle  avec  raison  la  sage  conseil- 
lère des  princes,  i».  «6.  Quand  l'histoire  serait  inu- 
tile aux  autres  hommes,  il  faudrait  la  faire  lire  aux 
princes....  es  histoires  ne  sont  composées  que  des 
actions  qui  les  occupent,  et  tout  semhle  y  être  fait 
pour  leur  usage,  id.  Hist.  préface.  Mais  un  roi  iTai- 
ment  roi,  qui,  sage  en  ses  projets,  Sache  en  un 
calme  heureux  maintenir  ses  sujets,  Qui  du  bonheur 
public  ait  cimenté  sa  gloire,  Il  faut  pour  le  trouver 
courir  toute  l'histoire,  boil.  Éptt.  i.  Boileau,  qui, 
dans  ses  vers  pleins  de  sincérité,  Jadis  à  tout  son 
siècle  a  dit  la  vérité.  Qui  mit  à  tout  blâmer  son 
étude  et  sa  gloire,  A  pourtant  de  ce  roi  parlé  comme 
l'histoire,  id.  ib.  ii.  Oui,  sans  doute,  une  ardeur  si 
haute  et  si  constante  Vous  promet  dans  l'histoire 
une  place  éclatante,  bac.  Alex,  i,  2.  Ces  gens  lisent 
toutes  les  histoires  et  ignorent  l'histoire,  la  bbuy. 
xm.  L'histoire  doit  avouer  les  fautes  des  grands 
hommes;  ils  en  ont  eux-mêmes  donné  l'exemple, 
FONTEN.  Czar  Pierre.  La  partie  la  plus  essentiellede 
l'histoire,  et  qui  doit  le  plus  intéresser  les  lecteurs, 
est  celle  qui  fait  connaître  le  caractère  et  les  mœurs 
tant  des  peuples  en  général,  que  des  grands  hom- 
mes en  particulier  dont  il  y  est  parlé,  et  l'on  peut 
dire  que  c'est  là  en  quelque  sorte  l'Ame  de  l'histoire, 
au  lieu  que  les  faits  n'en  sont  que  le  corps,  rollin, 
Uist.  une.  (Muv.  t.  iv,  p.  457,  dans  poucens.  Ce 
n'est  pas  sans  raison  que  l'histoire  a  toujours  été 
regardée  comme  la  lumière  des  temps,  la  déposi- 
taire des  événements,  le  témoin  fidèle  de  la  vérité, 
la  source  des  bons  conseils  et  de  la  prudence,  la 
règle  de  la  conduite  et  des  mœurs,  m.  Traité  des 
Et.  liv.  v,  av.  prop.  J'ai  toujours  pensé  que  l'his- 
toire domand?  le  même  art  que  la  tragédie,  une 
exposition,  un  nœud,  un  dénoûment,  et  qu'il  est 
nécessaire  de  présenter  tellement  toutes  les  figures 
du  tableau,  qu'elles  fassent  valoir  le  principal  per- 
socnage,  sans  affecter  jamais  l'envie  de  le  faire  va- 
loir, VOLT.  Lett.  Schouvalof,  i7  juill.  ma.  Pour 
bien  écrire  l'histoire,  il  faut  être  dans  un  pays 
libre,  id.  Lett.  Prusse,  22  (27  mai  4  737).  Quaiid 
l'histoire  n'est  qu'un  amas  de  faits  qui  n'ont  laissé 
aucune  trace,  quand  elle  n'est  qu'un  tableau  confus 
d'ambitieux  en  armes  tués  les  uns  par  les  autres, 
autant  vaudrait  tenir  des  registres  des  combats  des 
bêtes,  ID.  Polit,  et  législ.  Fragm.  hist.  sur  l'Inde, 
art.  33.  Dans  l'histoire,  comme  dans  l'optique,  l'é- 
loignoment  rapproche  les  objets  entre  eux,  duclos, 
Œuvres,  t.  i,  p.  32t ,  dans  pobgens.  De  la  crédule 
histoire  il  montre  les  erreurs,  Il  peint  de  tous  les 
temps  les  esprits  et  les  mœurs,  saint-lambert, 
Saisons,  hiver.  J'ai  pour  la  mi.ssion  de  l'histoire  un 
tel  respect,  que  la  crainte  d'alléguer  un  fait  inexact 
me  remplit  d'une  sorte  de  confusion,  thiers.  Aver- 
tissement de  lllistoire  du  Consulat  et  de  l'Empire. 
Il  Les  histoires,  les  livres  d'histoire.  Si  quelque  mar- 
que, Alvare,  est  due  à  mes  victoires,  Laissons  faire 
le  peuple  et  parler  les  histoires,  botr.  Bélis.  i,  t. 
Quelque  haut  qu'on  puisse  remonter  pour  recher- 
cher dans  les  histoires  les  exemples  des  grandes 
mutations,  fioss.  Reine  d'Angl.  Les  chrétiens  qui 
s'enfuirent  [à  l'approche  de  la  ruine  de  Jérusalem], 
comme  marquent  les  histoires,  id.  Méd.  sur  ÏÉrang. 
Dern.  semaine  du  Sauveur,  85"  ;our.  ||  L'histoire  de 
Thucydide,  l'histoire  composée  par  Thucydide.  Les 
Histoire?  titre  d'une  portion  de  l'ouvrage  histori- 
que du  Tacite*  l'autre  étant  intitulée  Annales.  ||  On 
1  emploie  souvent  par  une  sorte  de  personnification. 
Interroger  l'histoire.  Le  témoignage  de  l'histoire. 
Les  fastes  de  l'histoire.  Le  burin  de  l'histoire.  ||  11  se 
dit  absolument  par  opposition  à  la  l'able,  aux  fic- 
tions. U  Fable  et  l'histoire.  L'histoire  est  le  récit 


[IIS 

des  faits  donnés  pour  vrais,  au  contraire  de  la  Fa- 
b'e  qui  est  le  récit  des  faits  donnés  pour  faux,  volt. 
Dicl.  phil.  Histoire,  l.  ||Familiùrement.  X  ce  que  dit 
l'histoire,  ou,  simplement,  dit  l'histoire,  à  ce  que 
l'on  raconte.  Rossinante,  la  fleur  des  coursiers  d'I- 
bérie,  Qui,  trottant  nuit  et  jour  et  par  monts  et  par 
vaux,  Galopa,  dit  l'histoire,  une  fois  en  sa  vie,  boil. 
Po('s.  div.  XXV.  Il  Le  tribunal  de  l'histoire,  le  juge- 
ment que  l'histoire  porte  sur  les  hommes  et  leurs  ac- 
tions. Il  Tribunal  d'iiisloire  ou  des  historiens,  tribu- 
nal institué  chez  les  Chinois  et  chargé  de  recueillir 
les  actions  et  les  discours  des  empereurs,  des  princes 
et  des  grands.  ||  3"  Peintre  d'histoire,  celui  qui  re- 
présente quelque  action  mémorable,  fournie  soit  par 
l'histoire,  soit  parla  Fable,  la  poésie  ou  les  romans, 
soit  par  l'imagination  même  du  peintre.  ||  On  dit 
dans  le  même  sens  :  peindre  l'hiSloire;  un  tableau 
d'histoire  ;  un  sujet  d'histoire.  ||  4°  Récit  d'actions, 
d'événements  que  l'on  compare  aux  actions,  aux 
événements  de  l'histoire.  Et  de  cette  victoire  Ap- 
prends-moi plus  au  long  la  véritable  histoire,  corn. 
Cid,  IV,  3.  Ignorez-vous  encor  la  moitié  de  l'his- 
toire [du  combat  des  Horaces  et  des  Curiaces]?  id. 
lier.  IV,  2.  Au  lieu  de  l'histoire  d'une  belle  vie,  nous 
sommes  réduits  à  faire  l'histoire  d'une  admirable 
mais  triste  mort,  boss.  Duch.  d'Orl.  Je  m'arrête  à 
considérer  les  vertus  de  Philippe,  et  ne  songe  pas 
que  je  vous  dois  l'histoire  des  malheurs  d'Henriette, 
11).  Reine  d'Anglet.  Viens-je  faire  ici  l'histoire  san- 
glante des   combats  deM.de  Montausier?  flécii. 

Duc  de  ilant Cousin  des  quatre  fils  Aimon  Dont 

tu  lis  quelquefois  la  merveilleuse  histoire,  boil. 
ÉpU.  XI.  Servons  tous  trois  d'exemple  à  l'univers 
De  l'amour  la  plus  tendre  et  la  plus  malheureuse 
Dont  il  puisse  garder  l'histoire  douloureuse,  bac. 
Rérén.  v,  7.  Mais  vous  savez  trop  bien  l'histoire  de 
ma  vie,  id.  llithr.  m,  l.  Peut-on  de  nos  malheurs 
leur  dérober  l'histoire  t  id.  Alh.  ii,  7.  Télémaque  lui 
fit  l'histoire  de  son  départ  de  Tyr,  fén.  Tél.  viii.  Ils 
nous  racontent  l'histoire  de  leur  vie;  mais  ils  igno- 
rent celle  de  leur  cœur,  mass.  Carême,  Confess. 
Il  Fig.  Ne  proposant  cet  écrit  [Discours  de  la  Mé- 
thode] que  comme  une  histoire  ou,  si  vous  l'aimez 
mieux,  comme  une  fable,  en  laquelle,  parmi  quel- 
ques exemples  qu'on  peut  imit/T,  on  en  trouvera 
peut-être  aussi  plusieurs  autres  qu'on  aura  raison 
de  ne  pas  suivre,  j'espère  qu'il  sera  utile  à  quel- 
ques-uns sans  être  nuisible  à  personne,  et  que  tous 
me  sauront  gré  de  ma  franchise,  desc.  Méth.  i,  6. 
Il  Ce  n'est  pas  le  plus  bel  endroit  de  son  histoire,  le 
plus  beau  de  son  histoire,  c'est-à-dire  ce  fait,  cette 
action  n'est  pas  ce  qu'il  y  a  de  plus  honorable  pour 
lui.  Il  Ce  n'est  pas  le  plus  beau  de  son  histoire,  si- 
gnifie aussi  :  ce  n'est  pas  ce  qu'il  y  a  de  plus 
avantageux,  de  plus  agréable  pour  lui.  {|  Le  plus 
beau  de  l'histoire,  le  fait  le  plus  remarquable, 
le  plus  singulier  d'un  récit,  d'une  aventure.  ||  Fa- 
milièrement. Je  sais  bien  son  histoire,  c'est-à- 
dire  c'est  un  homme  dont  je  connais  toute  la  vie. 
Il  C'est  mon  histoire  que  vous  contez  là,  voilà  mon 
histoire,  il  m'en  est  arrivé  tout  autant.  ||  Cet  homme 
a  fini  misérablement,  c'est  l'histoire  de  tous  les 
joueurs,  c'est-à-dire  il  en  arrive  autant  à  tous  les 
joueurs.  ||  C'est  toute  une  histoire,  se  dit  d'un  ré- 
cit qui  sera  long.  ||  Familièrement.  C'est  une  autre 
histoire,  ou,  elliptiquement,  autre  histoire,  c'est- 
à-dire  il  ne  s'agit  pas  de  cela.  ||  Voilà  bien  une  autre 
histoire,  c'est-à-dire  voilà  un  nouvel  embarras, 
un  nouvel  incident.  Secondement,  voici  bien  une 
autre  histoire-:  la  pièce  de  l'avocat  du  Roncel  a  été 
lue  aux  comédiens,  qui  en  ont  été  émerveillés  et  qui 
l'ont  reçue  avec  acclamation,  volt.  Lett.  Vesselicr, 
28  mars  1772.  ||  5»  Récit  de  quelque  aventure  par- 
ticulière. Une  plaisante  histoire.  Une  histoire  mé- 
morable. Les  histoires  du  quartier.  Et  je  ne  vous 
les  apprendrai  [les  maximes  des  casuistes]  qu'à  la 
charge  que  vous  ne  me  ferez  plusd'histoiies,  pasc. 
Prov.  G.  Un  souvenir  fâcheux  apporte  en  mon  es- 
prit Ces  histoires  de  morts  lamentables,  tragiques. 
Dont  Paris  tous  les  ans  peut  grossir  ses  chroniques, 
BOIL.  Sat.  X.  Il  tombe  ensuite  en  des  parenthèses, 
qui  peuvent  passer  pour  épisodes,  mais  qui  font 
oublier  le  gros  de  l'histoire  et  h  lui  qui  vous  parle, 
et  à  vous  qui  le  supportez,  la  bruy.  v.  Nous  venons 
de  faire  un  empereur,  et,  pour  ma  part,  je  n'y  ai 
pas  nui  :  voici  l'histoire,  p.  l.  cour.  Lett.  i,  60. 
Il  L'histoire  du  jour,  le  récit  des  événements  de 
chaque  jour,  et,  particulièrement,  des  petits  événe- 
ments qui  se  passent  dans  le  beau  monde.  Il  n'y  a 
certainement  d'agréable  et  d'utile  que  l'histoire  du 
jour;  toutes  les  hi.stoires  anciennes,  comme  le  di 
sait  un  de  nos  beaux  esprits,  ne  sont  que  des  fa- 
bles  convenues,   volt.  Jeannot  et  Colin.   ||  6*  Il 


HIS 

se  dit  des  ouvrages  dans  lesquels  on  racont'^ 
le  développement  des  lettres,  des  sciences,  .les 
arts,  etc.  L'histoire  des  mathématiques,  de  la  mé- 
decine, de  la  peinture.  L'histoire  des  arts  [méca- 
niques] peut  être  la  plus  utile  de  toutes,  quand 
elle  joint  à  la  connaissance  de  l'invention  et  du 
progrès  des  arts  la  description  do  leur  mécanisme, 
VOLT.  Dict.  phil.  Histoire,  l.||  Histoire  littéraire, 
tableau  ou  annales  de  la  littérature.  ||  7°  Récit  men- 
songer. C'est  une  histoire.  Ce  sont  des  histoires. 
Oui!  ouil  vous  nous  contez  une  plaisante  histoire! 
MOL.  Tart.  II,  2.  Une  histoire  à  plaisir,  un  conte  dont 
Lélie  A  voulu  détourner  notre  achat  de  Célie,  ID. 
Et.  rj,  2,  On  vous  a  fait  une  histoire,  cenlis, 
Thédt.  d'éduc.  Ennemis  génér.  l,  B.  ||  Elliptiquement. 
Histoire  que  tout  cela,  c'est-à-dire  tout  cela  est 
controuvé.  ||  8°  Fig.  et  familièrement.  Affaire, 
chose  dont  on  s'occupe.  Ne  parlez  point,  vous 
gâteriez  l'histoire,  la  font.  Rich.  ||  Voilà  bien  des 
histoires,  c'est-à-dire  voilà  bien  des  façons,  des 
difficultés.  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  Que 
d'histoires!  Il  Familièrement.  Cela  a  fait  une  belle 
histoire,  c'est-à-dire  a  excité  beaucoup  de  rumeur, 
de  colère,  rie  scandale,  etc.  Cette  chanson  qui  fit 
une  si  belle  histoire,  gresset.  Méchant,  i,  4. 
Il  9°  Fig.  Analyse,  étude.  L'histo.re  de  l'esprit 
humain.  De  ces  particularités  [sur  le  monde]  elle 
[l'âme]  compose  l'histoire  de  la  nature,  dont  les 
faits  sont  toutes  les  choses  qui  frappent  nos  sens, 
BOSS.  Conn.  m,  8.  Oui,  mes  frères,  outre  l'his- 
toire extérieure  de  nos  mœui-s  qui  sera  toute 
rappelée  [lors  du  jugement  dernier],  ce  qui  nous 
surprendra  le  plus,  ce  sera  l'histoire  secrète  de 
notre  cœur  qui  se  déploiera  alors  tout  entière  à 
nos  yeux,  mass.  Avent,  Jugem.  univ.  Ce  que  nous 
prenons  pour  l'bi.stoire  delà  nature,  n'est  que  l'his- 
toire très-incomplète  d'un  instant,  dider.  Interprét. 
de  la  nat.  l"  question.  \\  10"  Fig.  Description  des 
choses  naturelles.  L'histoire  des  planies,  des  miné- 
raux, des  animaux.  La  perdrix  blanche,  dont  nous 
avons  donné  l'histoire  sous  le  nom  de  lagopède, 
BUFF.  Ois.  t.  IV,  p.  471.  ||  Absolument.  Histoire  na- 
turelle, science  d'application  (|ui  étudie  les  diverses 
parties  de  chacun  des  corps  existants  à  la  surface  et 
dans  l'intérieur  de  la  terre,  organisés  ou  non  orga- 
nisés. Cours,  cabinet  d'histoire  naturelle.  L'histoire 
naturelle  est  la  meilleure  logique,  parce  qu'elle  est 
la  science  qui  perfectionne  le  plus  l'esprit  et  lui  en- 
seigne le  mieux  à  suspendre  ses  jugements,  bonnet, 
I"  lett.  Hist.  nat.  ||  11°  Dans  le  langage  le  plus  fa- 
milier, il  se  dit  pour  un  objet  quelconque  qu'on  ne 
peut  ou  ne  veut  pas  nommer.  Montrez-moi  cette 
histoire.  Elle  est  tombée  si  malheureusement  qu'on 
a  vu  toute  son  histoire. 

—  HIST.  ;iii'  s.  Cil  qui  volent  [veulent]  savoir 
l'estoire,  Wac/iab.  ii,2.Làtroverez  en  istoire  lisant..., 
Ronc.  p.  G8.  Por  remembrer  des  anccssours  [ancêtres] 
Li  fez  e  li  diz  e  11  mours  [mœurs],  Deit  l'en  11  livres 
e  li  gestes  E  li  estoires  lire  as  festes,  wace,  Rou, 
V.  t.  Il  XIII'  s.  Les  armes  e  chivalerie  Dol  tut  despit 
il  e  ublie.  Des  hestoires  n'enquort,  ne  n'ot  [n'ouït], 
Ne  d'ancienne  geste  un  mot,  Edouard  le  confes- 
seur, V.  4495.  Estoire  est  raconter  les  anciennes 
choses  qui  ont  esté  veraiement,  mais  eles  furent  de- 
vant nostre  tens  loing  de  nostre  mémoire,  brun. 
latini.  Trésor,  p.  BI8.  Cil  qui  ccste  estoire  traita  ne 
sait  se  ce  fut  à  tort  ou  a  droit  ;  mais  il  en  oi  blas- 
mer  un  chevalier  qui  Ansiaus  de  Rémi  avait  nom, 
viLLEii.  CLXxiv.  Que  le  livre  as  ysloircs  [il]  me  mon- 
tra, où  je  vi....  Berte,  i.  Si  ot  porlrailes  i  orfrois 
[broderies]  Estoires  de  dus  [ducs]  et  de  rois,  la  Rose, 
I0G7.  Il  XIV*  s.  Les  bystoires  dient  que  Milon  meu- 
goit  un  beuf  en  un  jour,  oresme.  Eth.  44.  ||xvi'  s. 
Près  de  la  porte  y  avoit  une  histoire  [tableau],  Où 
y  avoit  maincts  riches  personnages,  Qui  demostroit 
de  Gènes  la  victoire,  j.  mabot,  v,  3S.  Non  seule- 
ment esdites  enseignes,  mais  aux  esguieres,  saliè- 
res, et  toutes  autres  espèces  de  vaisseaux,  et  autres 
histoires,  lesquelles  ils  se  sontadvisez  de  faire  [les 
émaiUeurs].  —  On  donnoit  pour  deuxliards  chacune 
de.sdite3  histoires  [images  imprimées  de  N.  D.], 
combien  que  ta  pourtraiture  fut  d'une  belle  inven- 
tion, PALissy,308.  Jean  de  Gourmont  tailleur  d'his- 
toires [sculpteur],  paré,  xviii,  94. 

—  ÉTYM.  Lat.  historia,  du  grec  lutopia,  dont  le 
sens  propre  est  information,  recherche  intelligente 
de  la  vérité.  "IdTwp  veut  dire  le  savant,  le  témoin, 
et  se  rattache  à  eïow,  Uiù,  thème  inusité  de  o!So, 
EÎôov,  signifiant  savoir,  voir,  le  même  que  le  latin 
videre,  et  le  siinscrit  vi'd. 

t  UISTOLOGIE  (i-sto-lo.jie),  s.  f.  Histoire  des 
lois  qui  président  à  la  formation  et  à  l'arrange- 
ment des  tissus  organiques.  Il  II  se  prend  souvent, 


1 


lus 

-  abusivement,  pour  l'Iiistoire  des  parties  élé- 
iitaires  tant  des  tissus  que  des  humeurs. 

—  ÉTYM.  'l(TTo:,  tissu,  et  Xôyo;,  traité. 

}  UISTONOMIE  (i-sto-no-mie),  s.  f.  Terme  de 
liif.logie.  Ensemble  des  lois  qui  président  à  h  gêné- 
M'ion  et  à  l'arrangement  des  tissus  organiques. 

—  fiTYM.  'Itto;,  tissu,  et  vo[io;,  loi. 
IIISTOnrAL,  ALK  (i-sto-ri-al,  a-l'),  adj.  Oui  est 

r-  lalifà  l'histoire.  Usité  seulement  dans  ce  titre  d'ou- 
\ri!;e  :  le  Miroir  historial  de  Vincent  de  Beauvais. 

—  IIIST.  XVI'  S.  Je  surpasse  en  religion  supersti- 
ise  toute  foi  historiale,  mont,  i,  (03. 

KTYM.  Lat.  hisloHaiis,  de  historia,  histoire. 

HISTORIÉ,  ÉE  (i-slo-ri-é,  ée),  part,  passé  d'his- 
torier.[|  1'' Enjolivé  de  petits  ornements.  Les  moindres 
nifuliles  sont  d'ivoire  Historiés  d'ébône  noire,  scarr. 
/.  !.  Il  Terme  d'imprimerie.  Lettres  historiées  , 
nettes  historiées,  celles  qui  sont  gravées  .sur  du 
cuivre  ou  du  bois  avec  quelques  ornements  qui  ont 
rapport  au  sujet  du  livre.  ||  2°  Terme  de  peinture. 
Un  tableau  bien  historié,  un  tableau  où  est  bien 
observé  tout  ce  qui  regarde  Ihistoire. 

HISTORIEN  (i-sto-ri-in),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui  écrit 
rhi.stoire,  Jjui  a  écrit  une  histoire,  des  histoires. 
L'historien  ne  doit  avoir  pour  but  que  l'utilité  qui 
te  tire  d'une  narration  véritable,  et,  s'il  mêle  quel- 
que agrément  dans  son  ouvrage,  il  ne  faut  pas  que 
ce  .soit  pour  en  corrompre  la  vérité,  mais  pour  la 
faire  mieux  recevoir,  d'ablancourt,  Lucien,  Com- 
ment écrire  l'histoire.  Je  ne  suis  pas  ici  un  histo- 
rien qui  doit  vous  développer  le  secret  des  cabinets 
ni  l'ordre  des  batailles  ni  les  intérêts  des  partis  :  il 
faut  que  je  m'élève  au-dessus  de  l'homme  pour  faire 
trembler  toute  créature  sous  les  jugements  de  Dieu, 
Boss.  Reine  d'Anglet.  Pour  me  servir  des  fortes  pa- 
roles du  plus  grave  des  historiens  [Tacite],  id. 
Duch  d'Orl.  La  première  époque  vous  présente  un 
grand  spectacle  :  Dieu  qui  crée  le  ciel  et  la  terre 
par  sa  parole  et  qui  fait  l'homme  à  son  image;  c'est 
par  où  commence  Moïse,  le  plus  ancien  des  histo- 
riens, le  plus  sublime  des  philosophes  et  le  plus  sage 
des  législateurs,  id.  Ilist.  i,  l.  On  eiige  des  histo- 
riens modernes  plus  de  détails,  d'js  faits  plus  con- 
statés, des  dates  plus  précises,  des  autorités,  plus 
d'attention  aux  usages,  aux  lois,  aux  mœurs,  au 
commerce,  à  la  finance,  à  l'agriculture,  à  la  popu- 
lation, VOLT.  Dict.  phil.  Histoire,  4.  Il  n'est  que  trop 
ordinaire  aux  historiens  de  louer  de  très-méchants 
hommes  qui  ont  rendu  service  à  la  secte  dominante 
ou  à  la  patrie,  id.  ib.  6.  Nous  ne  savons  autre  chose, 
sinon  qu'avant  les  plus  anciens  historiens,  il  y  avait 
de  quoi  faire  une  histoire  ancienne,  id.  t'b.  i  .  ||  Fami- 
lièrement. Je  ne  suis  qu'historien,  c'est-à-dire  je  ra- 
conte simplement  les  faits.  ||  Kig.  et  au  féminin.  La 
raison  est  historienne;  et  les  passions  sont  actrices, 
HivAROL,  dans  le  Dict.  de  bescherelle.  ||  2°  Par  ex- 
tension, celui  qui  raconte  quelque  événement.  De 
leurs  dérèglements  historiens  fidèles,  Avec  un  front 
d'airain  ils  [les  jeunes  gens  d'aujourd'hui]  feront 
mille  foi*  Un  odieux  détail  des  plus  affreux  endroits, 
DESuouL.  t.  I,  p.  90.  Sans  tous  CCS  ornements  [do 
la  Fable]  le  vers  tombe  en  langueur....;  Le  poète 
n'est  plus  qu'un  orateur  timide,  Qu'un  froid  histo- 
rien d'une  fable  insipide,  boil.  Art  p.  m.  Notre 
ami  s'est  fait  à  table  D'un  brigand  bien  redoutable 
Le  fidèle  historien,  bérang.  Hiver.  \\  3°  À  l'École 
normale,  historien  se  dit,  en  particulier,  de  ceux 
qui  étudient  spécialement  l'histoire.  Il  veut  entrer 
dans  la  section  des  liistoriens. 

—  HIST.  XV'  s.  Et  imagina,  si  comme  je  vis  lesap- 
parencespar  ses  paroles,  que  j'estoie  un  historien, 
FROiss.  IM,  IV,  4i.||xvi'  s.  L'hystorien,  c'est  un 
gi'effier  tenant  registre  des  arrcsts  de  la  cour  et  jus- 
lice  divine,  les  uns  donnés  selon  le  style  et  portée 
de  nostre  foible  raison  naturelle,  les  autres  procé- 
dant de  puissance  infinie  et  desapience  incompré- 
hensible à  nous,  AMYOT,  Préface. 

—  ÉTYM.  Histoire. 

niSTORIER  (i-sto-ri-é),  j'historiais,  nous  histo- 
riions,  vous  historiiez;  que  j'historie,  que  nous  his- 
loriions,  que  vous  historiiez,  v.  a.  \\  1°  Décrire,  ra- 
conter  Sans  historier   le   tout    par   le   menu, 

RÉGNIER,  Snt.  X.  Il  Peu  usité  en  ce  sens,  qui  est  le 
sens  primitif.  ||  2"  Terme  de  peinture.  Observer  tout 
ce  qui  regarde  l'histoire.  Bien  historier  un  tableau. 
Il  Historier  un  portrait,  le  représenter  sous  un  cos- 
tume emprunté  à  l'histoire  ou  à  la  Fable;  montrer 
le  personnage  qu'il  représente  occupé  à  quelque  ac- 
tion qui  donne  de  l'intérêt  et  du  mouvement. 
Il  3*  Enjoliver  de  divers  petits  ornemeiits.  Historier 
un  lambris  trop  nu.  ||  Historier  un  récit,  l'enjoliver 
de  détails  faux. 

—  HIST.  y.-i'  s   Pour  historier  et  croniser  toutes 


ms 

chose»,  FROiss.  II,  m,  2».  ||  xvi*  s.  En  la  dixiesme 
tapisserie  estoit  fort  bien  historiée  la  prisa  de  la 
ville  de  Saint-Denys,  par  le  chevalier  d'Aumale,  Sat. 
Mén.  p.  25.  La  parole  de  l'nomme  ressemble  pro- 
prement à  une  tapisserie  historiée  et  figurée,  auyot, 
Thém.  52. 

—  ÉTYM.  Histoire,  pour  le  sens  de  raconter;  quant 
à  celui  d'enjoliver  un  livre,  il  vient  de  ce  que  his- 
toire a  eu  le  sens  de  tableau,  dessin,  représentation 
(voyez  l'historique). 

HISTORIETTE  (i-sto-ri-è-f) ,  i.  (.  Récit  d'une 
aventure  plaisante,  ou  d'un  fait  de  peu  d'impor- 
tance. Les  Historiettes,  titre  du  livre  de  Tallemant 
des  Réaux.  C'est  grand  signe  que  je  vieillis,  puis- 
que je  suis  conteur  d'historiettes,  BounouRS,  JVouu. 
rem.  Les  nouvellistesde  Paris  ne  sont  pas  si  scrupu- 
leux en  fait  d'historiettes,  que  je  le  suis  en  fait 
d'histoire,  volt.  Lett.  Chaperonnier,  ("juin  1768. 
11  [la  BeaumelleJ  débite,  sur  les  maréchaux  de  Vil- 
lars,  de  Villeroi,  sur  les  ministres,  sur  les  femmes, 
des  historiettes  ramassées  dans  des  cabarets,  m. 
Dict.  phil.  Histoire,  3.  11  compile,  chaque  matin. 
Quelque  sentence  ou  quelque  historiette;  Puis, 
quand  il  a  rassemblé  son  butin,  De  salon  en  salon,  à 
quiconque  l'approche,  De  son  savoir  d'emprunt  il 
prodigue  l'ennui,  delille.  Conversation,  i. 

—  REM.  Nous  avons  fait,  dit  Bouhours,  depuis 
quelques  années  historiette,  qui  ne  se  disait  point 
du  temps  de  Ronsard. 

—  ÉTYM.  Diminutif  d'histoire. 
niSTORIOGRAPnE(i-sto-ri-o-gra-r),  s.  m.  Celui 

qui  a  charge  d'écrire  l'histoire  du  temps.  Le  P.  Da- 
niel en  tira  [de  son  histoire]  2000  fr.  de  pension, 
avec  le  titre  d'historiographe  de  France,  st-sim. 
346,  45.  On  nomme  communément  en  France  his- 
toriographe l'homme  de  lettres  pensionné  et,  comme 
on  disait  autrefois,  appointé  pour  écrire  l'histoire, 
VOLT.  Dict.  phil.  Historiographe.  Il  y  eut  souvent  de 
ces  historiographes  de  France,  et  l'usage  fut  de  leur 
donner  des  brevets  de  conseillers  d'Etat  avec  les  pro- 
visions de  leur  charge,  id.  16.  L'historiographe  tient 
plus  de  l'annaliste  simple,  et  l'historien  semble  avoir 
un  champ  plus  libre  pour  l'éloquence,  ID.  ib.  Le  vieux 
Bélus,  roi  de  Babylone,  se  croyait  le  premier  homme 
de  la  terre,  car  tous  ses  courtisans  le  lui  disaient, 
et  ses  historiographes  le  lui  prouvaient,  id.  Princ. 
de  Babylone,  1.  J'ai  regardé  le  caractère  d'histo- 
riographe comme  indélébile  [Voltaire  ava't  eu  le 
titre  d'historiographe]  ;  mon  Siècle  de  Louis  XIV 
avance,  ID.  Lett.  d'Argcntal,  27  avr.  <75i.  Peu  de 
temps  après,  l'Académie  perdit  Duclos;et,  à  sa  mort, 
la  place  d'historiographe  de  France  me  fut  donnée 
sans  aucune  sollicitation  de  ma  part,  marmontel, 
SIém.  IX. 

—  SYN.  HISTORIEN,  niSTORiOGBAPnE.  Peut-être  le 
propre  d'un  historiographe  est  de  rassembler  les  ma- 
tériaux, et  on  est  historien  quand  on  les  met  en 
œuvre,  volt.  Dict.  phil.  Historiographe.  Etymolo- 
giquement,  l'historiographe  n'est  pas  autre  chose 
que  l'historien  ;  mais,  dans  l'u.sage,  l'historiographe 
remplit  une  charge,  l'historien  compose  un  ouvrage. 

—  lllST.  xiv  s.  Si  comme  recite  uns  anciens  hys- 
toriografes,  bercheure,  f°  22,  recto.  Et  pour  ce  que 
je  croy  plus  à  Fabie  l'istoriographe,  iD.f"  26,  verso. 
Il  XV*  s.  Touchant  cestui  très  noble  et  très  glorieux 
royaulme,  dont  indigne  historiographe,  voudroie 
bien  garder  l'onneurde  Dieu  et  des  personnes,  ciias- 
tel.  Expos,  sur  vérité  mal  prise. 

—  ÉTYM.  'loToptoYçâço:,  de  Idtopt'a,  histoire,  et 
Ypâsiiv,  écrire. 

t  IIISTORIOGRAPIIER  (i-sto-ri-0-gia-fé),  V.  n. 
Terme  de  plaisanterie  forgé  par  Voltaire.  Remplir 
les  fonctions  d'historiographe.  Votre  historiographe 
n'a  pu  vous  faire  sa  cour  comme  il  le  désire;  il  passe 
son  temps  à  souflfrir  et  à  historiographer,  volt,  dans 
\eDict.  de  bescherelle.  ||  Historiographier  eût  été 
plus  correct. 

t  IIISTORIOGRAPHIQUE  (i-sto-ri-o-gra-fi-k')  , 
adj.  Qui  concerne  l'historiographe. 

HISTORIQUE  (i-sto-ri-k'),  adj.  ||  1°  Qui  appartient 
à  l'histoire,  qui  a  rapport  à  l'histoire.  Une  narration 
historique.  Le  style  historique.  Toute  certitude  qui 
n'est  pas  démonstration  mathématique  n'est  qu'une 
extrême  probabilité;  il  n'y  a  pas  d'autre  certitude 
historique,  volt.  Dict.  phil.  Histoire,  3.  ||Temps 
historiques,  se  dit,  par  opposition  à  temps  fabuleux, 
de  ceux  où  les  événements  sont  appuyés  sur  des  do- 
cuments. Il  Nom  historique,  nom  oui  a  quelque  cé- 
lébrité dans  l'histoire.  Il  porte  iiu  nom  historique. 
Il  Terme  de  géologie.  Terrains  historiques,  couches 
terrestres,  qui  existaient  à  la  surface  du  globe  à  l'é- 
poque où  commence  l'histoire.  ||  Peinture  histori- 
que, peinture  qui  représente  une  action  empruntée 


HIS 


2029 


à  l'histoire  sacrée  ou  profane,  à  la  mythologie  ou  à 
l'allégorie.  ||  Terme  d'architecture.  Colonne  histori- 
que, colonne  dont  le  fût  est  orné  d'un  bas-relief  con- 
tenant l'histoire  d'un  homme  illustre  ou  de  quelque 
événement  célèbre.  La  colonne  delà  place  Vendôme 
est  une  colonne  historique.  ||  2°  Il  se  dit  d'actions, 
d'événements  qui  ne  sont  point  un  produit  do  l'ima- 
gination. Le  fond  de  ce  roman  est  historique.  Sujet 
historique.  ||  Pièce  historique,  roman  historique, 
pièce,  roman  dont  le  sujet  est  tire  de  l'histoire,  ou 
se  rattache  à  l'histoire.  Ivanhoë  est  un  roman  his- 
torique. Je  suis  persuadé  que  cette  pièce  [le  Fran- 
çois II  du  président  Hénault]  vaudrait  mieux  que 
toutes  les  pièces  historiques  de  Shakespeare,  cl 
qu'on  pourrait  traiter  les  principaux  événements  de 
notre  histoire  dans  ce  goiit,  volt.  Lett.  Mme  du 
Deffant,  (9  août  1703.  ||  On  dit  dans  un  sens  ana- 
logue :  personnage  historique.  ||  Familièrement.  Cela 
est  historique,  cela  s'est  passé  comme  je  vous  le 
raconte.  ||  3"  Qui  est  digne  de  l'histoire.  Lorsque 
j'extrais  de  tels  détails  des  notes  que  je  recueillais 
alors  presque  chaque  jour,  je  ne  me  défends  peut- 
être  pas  assez  contra  cette  espèce  d'intérêt  que  les 
plus  simples  rapports  avec  un  homme  si  extraordi- 
naire [Napoléon  I"']  laissent  à  ceux  qui  l'ont  appro- 
ché ;  il  n'y  a  rien  d'historique  dans  cette  foule  de 
faits  minutieux  que  je  rappelle,  mollien,  Mémoires, 
t.  I,  p.  358.  Il  4»  5.  m.  Simple  narration  des  faits 
dans  leur  ordre  et  avec  leurs  circonstances.  Voilà 
l'historique  de  cette  afi'aire.  Cet  historique  très- 
curieux  [de  l'instruction  sur  les  Elats  d'Oraison] 
apprit  des  choses  infinies  et  fil  lire  le  dogmatique, 
st-sim.  46,  23.  Il  Faire  l'historique  d'une  science, 
exposer  l'origine  et  le  développement  .successif  de 
cette  science.  ||  L'historique  d'un  mot,  la  collection 
d'exemples  de  ce  mot  dans  les  différents  siècles  de 
la  langue.  ||  U  se  dit  aussi  en  histoire  naturelle. 
Les  anciens  ont  bien  traité  rhistoric|ue  de  la  vie  et 
des  mœurs  des  animaux,  de  la  culture  et  des  usages 
des  plantes,  ries  propriétés  et  de  l'emploi  des  miné- 
raux, BUFF.  Hist.  nat.  i"  disc.f  lHiuv.  t.  i,  p.  70. 

—  ÉTYM.  Lat.  historicus,  de  historia,  histoire. 
niSTORipUEMENT{i-slo-ri-ke  laan), adv.U  l'D'un 

style  histori(iue,  sans  aucun  ornement  étranger,  p;ir 
opposition  à  oratoiremcnt.  Raconter  un  fait  histo- 
riquement. Je  vous  fis  savoir,  il  y  a  huit  jours,  le 
mauvais  état  où  j'étais,  et  vous  le  fis  savoir  histo- 
riquement, sans  user  de  figure,  sans  rien  ajoutera 
la  vérité,  balz.  Lett.  à  Conrart,  21  juillet  <C53. 
Il  2°  En  se  conformant  aux  faits  véritables.  Il  [l'em- 
pereur] s'est  plaint  amèrement  de  la  conduite  de 
M.  le  maréchal  de  Broglie;  il  l'accuse  d'ètie  seul 
cause  de  la  perte  de  ses  l?tats,  qu'il  a  voulu  aban- 
donner sans  y  être  forcé....  je  ne  fais  que  rapporter 
historiquement  i  Voire  Majesté  ce  qui  m'a  été  dit 
par  l'empereur  [(743],  Corresp.  de  Louis  ÎV  et  de 
Noailles,  t.  i,  p.  (33.  En  admettant  que  le  mariage 
des  prêtres  eût  été  toléré  dans  la  primitive  Église, 
ce  qui  ne  peut  se  soutenir  ni  historiquement,  ni  ca- 
noniquement...,  chateaub.  Génie,  i,  1,  6.  ||  Suivant 
les  règles  de  l'histoire.  Il  n'est  plus  question  ici 
que  d'examiner  historiquement  si  Jésus...,  volt. 
Phil.  m,  «53. 

—  ÉTYM.  Historique,  et  le  suffixe  ment. 

t  niSTOTUIPSIE  (i-sto-tri-psie),  s.  f.  Terme  d» 
chirurgie.  Ecrasement  linéaire,  c'est-à-dire  opéra- 
tion dans  laquelle  on  écrase  les  tissus  avec  un  lien 
extrêmement  ténu. 

—  ÉTYM.  liioç,  tissu,  et  Tp;<j/i;,  écrasement. 

t  UISrOTRIPTEL'R(i-sto-tri-pteur),  s.  m.  Jermo 
de  chirurgie.   Instrument  servant  à    l'histotripsie. 

t  HISTOTROMIE  (i-sto-tro-mie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Contraction  fibnllaire  qui  s'oteene  sur 
différents  muscles,  mais  surtout  aux  paupières. 

—  ÉTYM.  'IdTÔ;,  tissu,  et  Tpôjjio;,  trembloment 
HISTRION  (i-stri-on),  s.  m.  ||  l'  Nom,  chez  les 

Romains,  des  acteurs  qui  jouaient  dans  les  bouf- 
fonneries grossières  importées  d'Etrurio.  Il  esl 
comme  cet  histrion  qui,  jouant  devant  Auguste, 
prenait  pour  lui  les  applaudissements  qu'on  prodi- 
guait à  l'empereur,  volt.  Quest.  miracl.  Lettre  6'. 
Il  2°  Aujourd'hui,  comédien,  mais  avec  un  sens  de 
mépris.  Un  vil,  un  misérable  histrion.  Je  l'ai  vue 
sortir  de  la  maison  do  cet  histrion,  où  l'amour  la 
conduit  assez  souvent,  lesage,  Est^v.  Ooni.  ch.  2«. 
Saint  Thomas  d'Aquin,  dont  le»  mœurs  valaient 
bien  celles  de  Calvin  et  du  P.  Quesncl,  saint  Tho- 
mas qui  n'avait  jamais  vu  de  bonne  comédie  et  qu: 
ne  connaissait  que  de  malheureux  histrions,  devine 
pourtant  que  le  théâtre  peut  être  utile,  volt.  Dict. 
phil.  Police  des  spettacles.  ||  Fig.  Éphémère  histrion 
qui  sait  son  rôle  à  peine,  Chaque  homme,  ivre 
d'audace  ou   palpitant  d'effroi,  Sou*  le   sayon  du 


2030 


HIV 


pfttre  ou  la  robe  du  roi,  Vient  passer  à  son  tour 
son  heure  sur  la  scène,  v.  nuGo,  Odes,  iv,  H. 
Il  8*  Poisson  du  genre  chironecto.  ||  Canard  à  collier 
de  Terre-Neuve,  anas  hislHonica,  !.. 

—  ÉTYM.  Lat.  histrio,  mot  étrusque  qui  signi- 
fiait joueur  de  (lûle.        '' 

t  illSTRlOXAGE  (i-stri-o-na-j"),  s.  m.  Par  plai- 
santerie, métier  de  comédien.  Un  peu  d'histrionage 
partage  encore  mon  temps;  nous  avons  joué  une 
pièce  nouvelle...,  volt.  LM.  Cidcvillc,  3  mars  «758. 
.Me  voilà  plus  que  jamais  dans  l'histrionage;  j'envoie 
Amélie  à  Paris,  et  je  reçois  la  Coquette  punie,  m. 
Lelt.  d'Argental,  3  juin  1762. 

—  ÉTYM.  llislrion. 

t  mSTUIONlE  (i-stri-o-nic),  s.  f.  Néologisme  qui 
»e  dit,  par  dénigrement,  de  l'état  d'histrion,  du  mé- 
tier de  comédien.  Il  y  a  tel  de  ces  mots  qui  vient, 
en  droite  ligne,  du  royaume  d'histrionie  et  du  puis- 
sant empire  du  cabotinage,  montègut,  Revue  des 
Deux-Mnndes,  \"  mars  1869,  p.  222. 

—  ÉTYM.  Histrion. 

t  mSTUlONIQUK  (i-stri-o-ni-k'),  adj.  Qui  con- 
cerne les  histrions,  les  comédiens.  Je  crois  que 
l'aiéopage  histrionique  n'est  pas  riche  en  comédies; 
ious  les  jeunes  gens  qui  ont  la  rage  des  vers  font 
des  tragédies  dès  cju'ils  sortent  du  collège,  volt. 
iMt.  Thiriol,  28  avr.  1769. 

t  UISTRIONXER  (i-stri-0-né),  v.  n.  Terme  de 
plaisanterie.  Jouer  la  comédie.  J'histrionne  pour 
mon  plaisir,  sans  avoir  ni  cabale  à  craindre  ni  ca- 
price à  essuyer,  volt.  Lell.  Mme  de  Graffujny,  te  mai 
i7t)8.  La  cour  de  Wurtemberg  revient  ici  pour  his- 
trionner  avec  nous,  la  mahgb.  de  baihel'TH,  à  Vol- 
taire, dans  Hev.  française,  février  ib06,  p.  208. 

—  ÉTYM.  Histrion. 

UlVEll  (i-vêr),  s.  m.  ||  1°  Saison  qui  suit  l'au- 
tomne et  précède  le  printemps.  ||  L'hiver  astrono- 
mique, qui  commence  au  22  de  décembre  et  finit 
au  20  de  mars.  ||  L'hiver  météorologique,  qui  com- 
mence à  la  lin  de  novembre  et  se  termine  en  fé- 
vrier, et  qui  est  la  plus  froide  des  saisons;  c'est  le 
sens  populaire.  Je  connais  un  vieillard  dont  les  se- 
crets divers  Ont  fait  naître  des  fleurs  au  milieu  des 
hivers,  roïrou.  Hercule  mour.  u,  2.  Je  me  cou- 
chais sans  feu  dans  le  cœur  de  l'hiver,  mol.  Sgan. 
1-.  Cet  hiver  est  épouvantable,  sÉv.  \'i.  Rien  ne  se 
pa^.^e  si  insensiblement  qu'un  hiver  à  la  campa- 
gne, cela  n'est  alTreux  que  de  loin,  id.  oo3.  Les 
cœurs  sont  saisis  d'une  joie  soudaine  par  la  grâce 
inespérée  d'un  beau  jour  d'hiver....  on  ne  laisse 
pas  de  préférer  au  plus  beau  jour  d'hiver  la  con- 
stante sérénité  d'une  saison  plus  bénigne,  Boss. 
Marie-'fliér.  Gand  tombe  avant  qu'on  pense  à  le 
munir;  Louis  y  vient  par  de  longs  détours  ;  et  la 
reine,  qui  l'accompagne  au  cœur  de  l'hiver, 
joint  au  plaisir  de  le  suivre  celui  de  servir  se- 
crètement à  ses  desseins,  m.  ib.  Philisbourg  est 
aux  abois  en  dix  jours,  malgré  l'hiver  qui  appioche, 
IB.  Loui.'!  de  Bourbon.  Dans  les  nécessités  extra- 
ordinaires sa  charité  faisait  de  nouveaux  efforts; le 
rude  hiver  des  années  dernières  [l'orateur  parle  en 
)(î86]  acheva  de  la  dépouiller  de  ce  qui  lui  restait 
de  sujjerilu,  id.  Anne  de  Cous.  Je  consens....  Qu'à 
Paris  le  gibier  manque  tous  les  hivers,  boil.  Sat.  m. 
L'été  n'a  point  de  feux,  l'hiver  n'a  point  de  glace,  id. 
I.utr.  II.  Vous,  dont  le  pinceau  téméraire  Kepré- 
Eonle  l'hiver  sous  l'image  vulgaire  D'un  vieillard 
faible  et  languissant,  J.  u.  bouss.  Cantate,  Hiver. 
Le  cruel  hiver  de  t7oa  força  le  rui  de  remettre 
aux  peuples  neuf  millions  de  tailles  dans  le  temps 
qu'il  n'avait  pas  de  quoi  payer  ses  soldats,  volt. 
Louis  XIV,  30.  L'hiver  de  1709  avait  détruit  la 
germe  des  moissons;  la  misère  fut  e-xtrême  dans 
les  campagnes,  danj  les  villes  et  jusque  dans  Pa- 
ris, DUCLOS,  Règne  de  Louis  XIV,  (Jliuv.  t.  v,  p.  27, 
dans  pouGKNs.  On  n'a  pas  oublié  le  froid  si  long  et 
si  rigoureux  de  l'hiverde  l74o,  il  avaitpresque  égalé 
en  intensité  celui  de  4  709  et  l'avait  surpassé  en  du- 
rée, bonnet,  Obscrv.  42'  insect.  L'a.stre  brillant  du 
jour  sourit  à  leur  audace  [des  monts  sourcilleuxl , 
Et  de  leur  front  superbe  éclaire  les  déserts;  De  la 
pourpre,  de  l'or,  du  lis  et  de  la  rose  11  donne  à  ces 
frimas  les  reflets  éclatants  ;  Sur  son  trône  glacé 
l'hiver,  qui  s'y  repose,  Y  paraît  couronné  de  l'éuiail 
du  printemps,  lussoN,  Uelvét.  ii.  L'hiver  était  si 
près  de  nous  qu'il  n'avait  fallu  qu'un  coup  de  vent 
de  quelques  minutes  pour  l'amener  ,1pre,  mordant, 
dominateur;  on  sentit  aussitôt  qu'en  ce  pays  il  était 
indigène  et  nous  étrangers,  sÉouR.  Hist.  deAo/).  ix, 
7.  Ces  Uu3.ses  ajoutèrent  qu'ils  s'étonnaient  surtout 
de  notre  sécurité  à  l'approche  de  leur  puissant  hi- 
ver :  c  était  leur  allié  naturel  et  le  plus  terrible  ;  ils 
I  attcndaicntdp  moment  en  moment;  ils  nous  plai- 


IIIV 

gnaient,  ils  nous  pressaient  de  fuir;  dans  quinze 
jours,  s'écriaienl-ils,  vos  ongles  tomberont,  id.  ib. 
VIII,  to.  Il  Habits,  costume  d'hiver,  habits,  costume 
qu'on  prend  en  hiver  pour  se  défendre  du  froid. 
Il  Fruits  d'hiver,  fruits  qui  n'achèvent  do  mûrir 
qu'en  hiver;  ceux  qu'on  mange  ordinairement  en 
hiver.  Il  Semestre  d'hiver,  semestre  qui  commence 
après  les  vacances  ou  à  quelque  autre  époque 
de  l'hiver,  suivant  les  différentes  compagnies,  où 
il  est  d'usage  de  diviser  le  service  par  semestre. 
Il  Terme  de  guerre.  Quartier  d'hiver,  l'intervalle 
entre  deux  campagnes.  ||  Quartier  d'hiver,  lieu  où 
l'on  met  les  troupes  en  cantonnement  pendant  l'hi- 
ver. L'armée  va  prendre  ses  quartiers  d'hiver.  C'est 
à  cent  lieues  plus  loin  que  Smolensk,  c'est  à 
Minsk  qu'il  lui  faut  [à  Napoléon]  aller  chercher  des 
quartiers  d'hiver,  dont  quarante  march'is  le  sépa- 
rent, SÉGL'R,  Hist.  de  Nap.  ix,  5.||2°11  se  dit  par 
rapport  au  froid  qu'il  fait  en  hiver.  L'hiver  est 
avancé.  L'hiver  est  tardif.  L'hiver  est  long.  Tous  les 
grands  hivers  augmentent  la  mortalité,  buff.  Prob. 
de  la  vie,  Œuv.  t.  x,  p.  BOS.  1|  Il  n'y  a  point  eu  d'hi- 
ver, c'est-à-dire  il  n'y  a  point  eu  de  grands  froids  cette 
année.  II  Fig.  Il  n'a  pas  besoin  d'un  fort  hiver,  se  dit 
d'un  homme  d'une  complexion  faible  et  délicate,  et 
aussi  d'un  homme  qui,  étant  mal  dans  ses  affaires, 
peut  é're  ruiné  par  le  moindre  accident.  ||  Tempé- 
rature froide.  Des  neiges  qui  font  un  hiver  perpétuel 
sur  le  sommet  des  montagnes,  fén.  Tél.  ii.  ||  Fig. 
Voyez  si  de  son  teint  les  roses  et  les  lis  Dans  l'hiver 
de  la  mort  sont  bien  ensevelis,  mairet,  Sophon.  v, 
8.  Il  3°  Fig.  L'hiver  de  l'ilge,  des  ans,  la  vieillesse. 
Puisqu'on  a  vu  Siphax  en  l'hiver  de  son  âgeConce- 
voir  tant  de  feux  pour  un  si  beau  visage,  mairf.t, 
Sophon.  1,  4.  Je  sais  que  vos  appas  encor  dans  leur 
printemps  Pourraient  s'effaroucher  de  l'hiver  de  mes 
ans,  VOLT,  ilérope,  i,  3.  Et  ses  soins  caressants, 
Tendres,  réchaufferaient  l'hiver  de  mes  vieux  ans, 

COLLIN   d'iiableville,    Vicux   célib.  IV,  u Les 

goûts  purs,  innocents,  Jusque  dans  leur  hiver  sui- 
vent les  bonnes  gens,  picard.  Amis  de  collège,  ii,  2. 
Qu'il  coule  gaiement  son  automne  ;  Que  son  hiver 
soit  encor  loin,  béhang.  Doct.  et  mal.  \\  L'hiver  de 
C6  siècle,  la  sombre  et  triste  condition  des  hommes 
sur  la  terre.  Ne  t'impatiente  pas,  ô  homme  de  bien; 
laisse  passer  l'hiverde  ce  siècle,  où  toutes  choses  sont 
confondues,  boss.  Sermons,  Providence,  l.||  4"  An- 
née, dans  le  langage  poétique,  quand  il  s'agit  soit 
d'un  âge  avancé,  soit  de  quelque  période  sombre 
et  triste.  Quand  le  sort  t'a  laissé  compter  cinquante 
hivers,  deshoulières,  t.  i,  p.  405.  Là,  depuis  trente 
hivers  un  hibou  retiré,  boil.  Lutr.  m.  Cinquante  hi- 
vers ont  liasse  sur  ta  tête;  J'ai  de  bien  près  cheminé 
sur  tespas,  bF,rang.  Bonsoir.  ||  B°  Terme  de  marine. 
Bfttons  ou  mâts  d'hiver,  mâts  de  perroquet  sans 
flèche.  Il  6"  Terme  d'alchimie.  Temps  de  l'humidité 
delà  pierre.  Il  Proverbes.  Mi-mai,  queue  d'hiver, 
c'est-à-dire  le  froid  se  fait  souvent  sentir  au  mois  de 
mai.  Il  Autant  de  jours  tl'hiver  passés,  autant  d'enne- 
mis renversés.  ||  Serein  d'hiver,  pluie  d'été  ne  font 
jamais  pauvreté.  ||  L'hiver  n'est  jamais  bâtard  ;  s'il 
ne  vient  l6t,  il  vient  tard,  c'est-à-dire  l'hiver  est  de 
la  famille  des  saisons,  ce  n'est  point  un  bâtard,  il 
a  toujours  sa  place. 

—  HIST.  xiii"  s.  Que  li  mutidz  [le  monde]  est  re- 
nuvelez  ;  S'en  va  ivern,  e  vent  [vient]  estez,  Edouard 
le  confesseur,  v.  1389.  Einsi  sejorna  li  os  [l'armée] 
de  France  à  Jadres  tout  l'iver,  villeh.  liv.  Or  est 
yvers  entrés,  et  nos  ne  poons  mais  de  ci  movoir 
devant  la  Pasque,  id.  xlix.  ||  xV  s.  Le  roi  Henri  de 
Castille  assiégea  très  en  hiver  la  cité  de  Bayonno, 
FBOiss.  II,  II,  28.  Comment  vous  [l'amant  voulant  se 
faire  cordelier]  qui  avez  gousté  Tant  d'honneur  au 
monde  et  de  gloire,  Prendriez-vous  yver  pour  esté, 
Et,  au  lieu  de  bon  temps,  misère?  l'Amant  rendu 
cordelier,  p.  !)4  9,  dans  lacubne.  ||  xvi'  s.  Ayant  re- 
passé les  Alpes,  et  estant  venu  faire  son  hyveren  la 
ville  de  Luques,  ahyot,  Pomp.  72.  En  hiver  au  feu, 
et  en  este  au  bois  et  au  jeu,  li  roux  de  lincy,  Prov. 
t.  I,  p.  loi.  Soleil d'hy ver,  amour  de  paillarde,  Tard 
vient  et  peu  tarde,  id.  ib.  p.  I03.  Hiver  est  fort  bonne 
saison,  quand  on  a  pour  faire  tison,  id.  ib.  p.  402. 

—  ÉTYM.  Wallon ,  ivier';  bourguig.  hiVar;  pro- 
venç.  ivern;  espagn.  invierno;  ital.  iHt'crno;  du 
lat.  b'tbernus ,  dans  lequel  ht  représente  hie  de 
hiems,  hiver;  grec,  x-'M^a;  sanscrit,  htma,  neige. 
Hibernus  paraît  se  décomposer  en  hi,  neige,  ber, 
qui  apporte,  et  niiî,  suffixe  participial. 

t  HIVERNACUE  (i-vèr-oa-ch'),  s.  m.  Voy.  hiver- 
nage. 

HIVERNAGE  (i-vèr-na-j'),  s.  m.  ||  1-  Terme  de 
marine.  Saison  des  tempêtes  et  des  pluies  dans  cer- 
tains pays.  Il  Le  temps  de  relâche  des  b,1timenls  pen- 


HO 

d.'int  la  mauvaise  saison.  ||  Port  oien  abrité  ou  U 
bâtiments  relâchent.  ||  2°  l'orme  d'agriculture.  La 
bour  qu'on  donne  aux  terres  avant  l'hiver.  |{  Hivi:r 
nache  ou  hivernage,  mélange  de  seigie,  de  Ironieut, 
d'avoine   ou    d'orge,  semé  de  bonne  heure  en  au- 
tomne pour  avoir  un  pâturage  d'Iiiver.  En  Flandre 
et  en  Normandie,  on  nomme  ainsi  un  mélange  de 
vesce,  de  seigle  ou  d'orge  qu'on  sème  de  bonne 
heure  en  automne  et  qu'on  coupe  en  juillet.  ||  Ré- 
gime de  la  st.'thulation  pour  les  animaux  qui  passent 
l'été   et  l'automne  dans  les  pâturages.  Jl  3°   Saisoa 
pluvieuse  des  régions  équinoxiales. 

—  HIST.  xiii«  s.  C'est  [l'amour]  chartre  [prison] 
qui  prison  [le  prisonnier]  soulage,  Pnntems  plains 
de  fort  yvernage,  la  Rose,  4313.  Blé  yvernaigr',  uu 
GANGE,  hybernalicum.  Il  ne  me  chaut  d'esté  ni  de 
rouséa,  De  froidure  ne  de  tems  d'hivernage,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  hibernaticum, duas  un  texte  du 
vm*  siècle,  de  hibernus {Moy.  hiver). 

UIVERNAL,  ALE  (i-vèr-nal,  na-1'),  adj.  ||  !•  Qui 
appartient  à  l'hiver.  Les  froids  hivernaux.  |{  2°  5.  m. 
pi.  Terme  rural.  Les  hivernaux,  les  grains  qu'on 
sème  pendant  l'hiver. 

—  HIST.  XVI*  s.  Les  neiges  hyvernales,  du  uellaï, 
m,  4  8,  recto.  On  y  pourra  semer  toutes  sortes  do 
bleds  hyvernaux  qu'on  voudra,  o.  de  serbes,  7». 

—  ÉTYM.  Lat.  hibernalis  (quicherat,  Addenda], 
de  hibernus  (voy.  uiver). 

t  UIVERNATION  (i-vèr-na-sion),  s.  f.  Voy.  hi- 
bernation. Il  Temps  froid  pendant  l'été. 

—  ÉTYM.  Ilirer. 

IIIVERNË,  ÉE  (i-vèr-né,  née),  pari,  passé  d'hi- 
verner. 111°  Terme  d'agriculture.  Des  terres  hiver- 
nées  et  bien  préparées.  ||  2°  Terme  de  marine.  Cûlo 
hivcrnéo,  côte  qui  s'est  couverte  de  neige. 

t  UIVERNEJIENT  (i-vèr-ne-man),  s.  m.  Se  dit 
quelquefois  pour  hibernation. 

UIVERXER  (i-vèr-né),  v.  n.  ||  l"  Passer  l'hiver, 
la  mauvaise  saison  ;  il  se  dit  des  troupes,  des  na- 
vires. Comme  le  port  n'était  pas  propre  pour  hi- 
verner, la  plupart  furent  d'avis  de  se  mettre  en  mer, 
6AC1,  jBi6/e,  Actes  des  ap.  Xïvii,  1 2.  Les  galères  re- 
vinrent à  l'embouchure  de  la  Seine,  mais  elles  n'y 
pouvaient  pas  hiverner,  parce  qu'il  était  nécessaire 
de  mettre  de  temps  en  temps  les  bassins  à  sec  pour 
éviter  la  corruption  des  eaux,  fonten.  Ckazelles. 
Il  2°  Passer  l'hiver,  en  parlant  de  certains  ani- 
maux. Cette  manière  d'hiverner  sous  la  neige  res- 
semble fort  à  celle  de  la  perdrix  blanche,  dont  nous 
avons  donné  l'histoire  sous  le  nom  de  lagopède, 
buff.  Ois.  t.  IV,  p.  474.  Il  3"  V.  a.  Terme  d'agiicul- 
ture.  Hiverner  des  terres,  leur  donner  un  labour 
avant  l'hiver  ||  4°  S'hiverner,  v.  réfl.  S'exposer  aux 
premiers  froids,  afin  de  s'y  accoutumer. 

—  HIST.  xiu's.  Si  [jej  vospri  que  vos  retornez  vers 
les  pleins  [plaines]  d'Andrenople  et  ilueques  vos  yver- 
nez,  où  il  a  grant  planté  de  tous  biens,  Hist.  occid. 
des  croisades,  t.  i,  u,  4  0.  Bues  [bœufj  mal  ivernez 
En  mars  est  lassez.  Si  chiet  [tombe]  en  la 'voie. 
Nouveau  recueil  de  fabliaux  et  contes,  t.  i,  p.  4  4». 
Les  brebitz  valdroient  le  moins  et  seroient  le  plus 
perilloses  à  iverner,  Bibl.  des  chartes,  *•  série, 
t.  II,  p.  374.  Et  toute  la  terre  d'entor  se  rendi  à  lui, 
et  il  iverna  en  cel  pais,  villeu.  clxviii.  ||  ivi*  s. 
Après  la  retraitte  de  Xerxés,  s'estant  toute  la  flotte 
de  l'armée  des  Grecs  retirée  pour  hyvernei  au  port 
de  Pagases,  AsiYor,  Thém.  39.  Lors  on  rehouera  la 
vigne  de  la  sorte  de  labounage,  dite  hyverner,  pour 
la  saison,  o.  lk  serres,  468.  Et  sont  rcputez  lesdits 
bœufs  ou  bestes  avoir  esté  yvernez  en  une  dismerio 
quand  ils  ont  logé  et  ont  esté  levans  et  couchans 
durant  l'yver,  posé  qu'ils  ayent  prins  leur  paslare 
autre  part,  Coiu(.  gén.  1. 1,  p.  883. 

—  ETYM.  Provenç.  iveniar;  espagn.  tnveriiùf, 
ital.  invernare;  du  lat.  hibernare  (voy.  hiver). 

HO  (ho),  intcrj.  ||  1»  Sert  à  appeler,  à  avertir. 
Ho!  venez  ici.  Holà!  ho  I  quelqu'un.  ||  î°  Ex- 
prime aussi  l'étonnement ,  l'indignation.  Ho  !  quel 
coup!  Il  En  ce  sens,  il  se  confond  quelquefois  avec 
oh ,  et  le  plus  souvent  on  le  redouble.  Ho  I  ho  ! 
quelle  égrillarde,  mol.  M.  de  Pourc.  ii,  6.  Hol  hol 
qui  des  deux  croire?  id.  Et.  i,  4.  Ce  n'est  pas  là 
proprement  permettre  le  duel;  au  contraire,  il  le 
croit  tellement  défendu,  que,  pour  le  rendre  permis 
il  évite  de  dire  que  c'en  soit  un. — Ho  !  ho  !  dit  la  père 
vous  commencez  à  pénétrer,  j'en  suis  ravi,  pasc. 
Prot.  VII.  Il  Ho,  commandement  des  charrotion 
pour  faire  arrêter  leurs  chevaux.  ||  3°  Faire  des  hi 
et  des  ho,  voy.  m.  ||  4°  Terme  de  vénerie.  Ho,  lo,  lo, 
lo,  loooo!  cri  que  le  valet  de  limier  emploie  le  matin 
quand  il  est  au  bois,  pour  exciter  son  cbienà  aller  de- 
vant et  à  sa  rabattre  des  bêtes  qui  passeront.  ||  Ho  a 
ho,  cri  par  lequel  un  veneur  appelle  un  camarade 


HOC 

—  IIIST.  Jtv»  s.  Angloisd'uncostéetEscots  d'autre 
"  isié  sont  trrs  bonnes  gens  d'armes,  et,  quand  ils 

■  trouvent  ou  encontrent  en  partie  d'armes,  c'est 
suns  espargner;  il  n'y  a  entre  eux  nul  ho,  froiss. 
Il,  m,  (21. 

t  HOBBISME  (ho-bi-sm'),  s.  m.  Système  de  Th. 
Ilobbes,  philosophe  anglais  du  xvii'" siècle,  d'après 
cijuel  l'état  de  guerre  est  l'état  naturel  à  l'homme. 

—  REM.  Raynal  n'aspirait  pas  l'A:  Vous  avez 
hobbisme  en  horreur  dans  votre  voisinage;  et  ce 
meste  système  qui  fait  de  la  force  la  suprême  loi, 
ous  le  pratiquez  au  loin,  Ilisl.  phil.  xiii,  4  3. 

HOBEREAU  (ho-be-rô),  s.  m.  ||  1°  Petit  oiseau  de 
roie  qui  était  surtout  employé  à  la  chasse  des 
-ilûuettes.  Il  Hobereau  proprement  dit,  falco  sub- 
buteo,  LiNN'É;  c'est  lui  qu'on  dressait  à  la  chasse 
aux  alouettes,  espèce  française  chassant  aujour- 
d'hui pour  son  propre  compte.  ||  Hobereau-moineau, 
falco  cvrulescens,  gmelin,  le  plus  petit  des  oiseaux 
do  proie  connus;  habite  l'Inde.  ||  Le  hobereau  des 
pigeons,  falco  columbarius ,  gmeun,  espèce  de  l'A- 
mérique du  Nord.  ||  Hobereau  huppart,  nom  sous  le- 
quel on  a  désigné  le  sophote  indique  (rapaces)  de  Les- 
son.  ||2"Fig.  et  par  dénigrement,  petit  gentilhomme 
campagnard.  Que  tous  ces  hobereaux  restent  ense- 
velis..., NOUGUiER,  Odyssée  à  la  mode,  p.  U6.  On 
y  met  notre  tête  [des  loups]  à  prix  ;  Il  n'est  hobe- 
reau qui  ne  fasse  Contre  nous  tels  bans  publier, 
I.».  FONT.  Fabl.  X,  5.  Dans  quelques-unes  de  nos 
provinces,  on  donne  le  nom  de  hobereau  aux  petits 
.wigneurs  qui  tyrannisent  leurs  paysans,  et,  plus  par- 
ticulièrement, au  gentilhomme  à  lièvre  qui  va 
chasser  chez  ses  voisins  sans  en  être  prié,  et  qui 
chasse  moins  pour  son  plaisir  que  pour  le  profit, 
BUFF.  Ois.  t.  II,  p.  44. 

—  REM.  On  a  dit  houb'^-'eau  :  Je  ne  vous  entends 
point.  —  A-t-il  des  houbereaux  1  —  Encore  moins, 
scARRON,  D.  Japhet  d'Arm.  ii,  4 .  Cela  convient  bien, 
ma  foi,  à  ces  petits  houbereaux,  Marivaux,  l'axjs. 
parv.  6»  part.  ||  On  a  dit  aussi  bobreau  :  Ce  nom  de 
hobreau  appliqué  aux  gentilshommes  de  campagne, 
BUFF.  Ois.  t.  II,  p.  45,  noie  6. 

—  HiST.  XIV*  s.  Ceux  [oiseaux]  qui  volent  à  tour 
hault  sont  le  faulcoi),  le  lasnier,  le  sacre  et  le  hobe, 
Modus,  f"  Lxxvi,  verso.  Et  qui  veult  son  enfant  ap- 
prendre à  all'aitier  et  gouverner  faulcon,  si  luy  baille 
hobes  pour  alTaittier,  th.  f.  ci,  verso.  ||  xvi*  s.  Du  mot 
hobreau,  on  ne  peut  douter  qu'il  ne  vienne  de  là, 
quand  on  dit  d'un  petit  gentilhomme  qui  a  bien  peu 
de  moyen  :  c'est  un  hobereau,  ii.-est.  Précell.  p.  93. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  l'anc.  franc,  hobe,  petit 
oiseau  de  proie.  D'après  Diez,  hobereau  vient  da 
l'angl.  hobby,  signifiant  à  la  fois  un  petit  vautour  et 
une  sorte  de  cheval.  Évidemment,  hobe  et  hobby  sont 
le  même  mot;  mais  on  ne  sait  lequel  vient  de  l'autre. 
Comme,  d'après  le  Dictionnaire  de  Trévoux,  le  ho- 
bereau se  dit  aussi  aubrier,  comme  il  se  dit  albanel 
en  provençal,  on  a  conjecturé  que  hobe  pouvait  être 
pour  aube,  et  que  cela  signifiait  l'oiseau  blanchâtre. 
Pour  que  cette  conjecture  prît  de  la  consistance,  il 
faudrait  qu'on  trouvât,  en  d'anciens  textes  français, 
aube  pour  hobe.  Â  la  vérité,  on  a  l'exemple  de  ho- 
bin  changé  en  aubin,  (voy.  ce  mot)  ;  mcis  cela  ne 
justifierait  pas  l'étymologie  par  aube,  et  tendrait 
seulement  à  montrer  que  le  hobby  anglais  est  entré 
dans  le  français  au  moins  avec  son  sens  de  che- 
val. , 

I  nOBIN  (ho-bin),s.  m.  Nom  d'une  race  de  cho- 
raux d'Ecosse  qui  vont  naturellement  le  pas  qu'on 
appelle  l'amble  (voy.  aubin). 

HOC  (hok),  s.  m.  ||  l*  Sorte  de  jeu  de  cartes.  Au 
hoc,  les  quatre  rois,  la  dame  de  pique,  le  valet  do 
carreau,  et  toutes  les  cartes  au-dessus  desquelles 
il  ■  ne  s'en  trouve  point  d'autres,  comme  les  six 
quand  tous  les  sept  sont  joués,  sont  hoc  ;  et  en  les 
jouant  on  dit  hoc,  parce  qu'elles  .sont  assurées  au 
joueur.  J'ai  vu  aujourd'hui  Sa  Majesté  jouer  au  hoc 
toute  l'aprcs-dînée,  et  je  ne  suia  pas  plus  gai,  voit. 
Lett.  1 14.  On  te  tient  inventeur  du  hoc.  Ou  beau  jeu 
de  trente  et  quarante,  scarron,  Maxarin,  (Euv. 
1. 1,  p.  284.  Il  Terme  du  jeu  de  la  comète.  Interrup- 
tion de  la  suite  des  cartes.  Si  l'on  n'a  pas  de  six 
après  avoir  joué  le  cinq,  c'est  un  hoc.  ||  2°  Fig.  Ce 
qui  est  assuré  à  quelqu'un.  Bonne  chasse,  dit-il, 
qui  l'aurait  à  son  crocl  Ahl  que  n'es-tu  mouton; 

car  tu  me  serais  hoc,  la  font.  FaU.  v,  8 Mon 

congé  cent  fois  me  fùt-il  hoc,  La  poule  ne  doit  pas 
chanter  avant  le  coq,  mol.  F.  sav.  V,  3.  Quand  tu 
combats,  la  victoire  t'est  hoc,  df.siioul.  Ballade  à 
■  U.  Charpentier.  Heureux  sont  les  esclaves  incon- 
nus à  leur  maître  ;  ce  bonheur-là  vous  est  hoc,  cl 
t'est  là  peut-être  de  quoi  vous  enragez,  p.  l.  couh. 
Un.  II,  20.  Il  3°  Ad  hoc,  à  la  chose  même.  C'est  une 


HOC 

réponse  ad  hoc.  ||4°  Ab  hoc  et  ab  bac,  voy.  cette 
locution  à  son  rang  alphabétique. 

—  ÉTY.M.  Lat.  hoc,  cela,  c'est  cela. 

nOCA  (ho-ka),  s.  m.  Sorte.de  jeu  de  hasard  com- 
posé de  trente  points  marqués  de  suite  sur  une 
table,  et  se  jouant  avec  trente  petites  boules  dans 
chacune  desquelles  on  enferme  un  billet  de  parche- 
min où  il  y  a  un  chiffre  ;  quand  on  joue,  on  remue 
ces  boules  dans  un  s.ic,  on  en  tire  une  dont  on  fait 
sortir  le  billet  qu'on  déplie  pour  voir  ce  qui  est 
perdu  ou  gagné.  Pendant  que  le  hoca  fut  à  la  mode, 
et  avant  que  le  roi,  par  sagesse,  eût  défendu  un 
jeu  aussi  dangereux.  M"'  de  caylus,  Souvenirs, 
p.  (54,  dans  pouGENS. 

—  REM.  Mme  de  Scvigné  n'aspire  pas  Vh  :  Elle 
[Mme  de  Montespan]  est  très-occupée  de  ses  ou- 
vriers, et  va  à  .''aint-Cloud  où  elle  joue  à  l'hoca, 
Lelt.  7  juin  (075.  La  reine  perdit  la  messe  l'autre 
jour,  et  vingt  mille  écus  avant  midi;  le  roi  lui  dit  : 
Madame,  supputons  un  peu  combien  c'est  par  an. 
Et  M.  de  Montausier  lui  dit  le  lendemain  :  Hé  bien. 
Madame,  perdrez-vous  encore  aujourd'hui  la  messe 
pour  Vhocul  Lelt.  24  nov.  1675. 

—  ÉTYM.  Mot  catalan,  d'après  Richelet,  qui  dit 
que  ce  jeu  vient  de  Catalogne. 

flIOCCO  (hok-ko),  s.  m.  Terme  de  zoologie.  Genre 
de  gallinacés  de  la  famille  des  nudipèdes.  ||  Nom 
vulgaire  du  crax  alector,  L.,  dit  aussi  crax  rouge. 
Il  Hocco  du  Mexique,  nom  sous  lequel  Brisson  dé- 
crit l'ourax  casqué  (gallinacés),  quie.st  pour  Buffon 
le  pierre  de  Cayenne,  legoarant. 

HOCHE  (ho-ch'),  s.  f.\\l°  Coche  faite  sur  une 
taille  pour  tenir  le  compte  du  pain,  du  vin,  de  la 
viande,  etc.  qu'on  prend  à  créciit.  ||  2"  En  termes 
de  couture,  patite  entaille.  ||  3°  Brèche.  Ce  couteau 
a  des  hoches.  ||  4°  Petits  montants  de  bois  qu'on 
scelle  dans  les  murs  ,  pour  tordre  des  lignes  ou 
cordeaux ,  et  qui  servent  à  en  constater  l'épaisseur. 

—  HlST.  XIII*  s.  Quant  ces  gens  ont  à  faire  l'un 
avec  l'autre,  il  prennent  un  pou  de  fust,  et  le  fen- 
dent ;  et  en  chascune  moitié  si  font  deux  oches  ou 
trois,  et,  quant  il  se  paient,  il  prennent  la  moitié 
du  fust....,  MARC  FOL,  p.  401.  ||  XVI*  S.  Ladite  verge 
aura  en  son  extrémité  une  cavité  et  une  petite 
boclie  comme  un  fourchon,  qui  embrassera  et  cou- 
lera jusques  à  l'extrémité  de  la  première,  paré, 

XV,  45. 

—  ÉTYM.  Origine  fort  incertaine.  Diez  le  tire  de 
l'allemand  dialectique //ôcft ,  pli  du  jarret;  acgl. 
hock.  Scheler  demande  si  hoche  n'est  pas  une 
forme  wallone  de  coche,  ou  ne  tient  pas  au  bas- 
latin  hocus,  flam.  hock,  angl.  hook ,  crochet,  ou 
enfin  ne  se  rattache  pas  au  latin  occare,  herser 
(avec  une  h  prosthétique). 

HOCHÉ,  EE  (ho-ché,  chée) ,  part,  passé  de  ho- 
cher < .  Sa  tête  hochée  d'un  air  méprisant. 

HOCHEMENT  (ho-che-man),  s.  m.  Action  de  ho- 
cher. Un  hochement  de  tête. 

—  HIST.  XVI*  s.  Une  risée,  un  clin  d'oeil,  un  ho- 
chement de  teste,  mettent  plusieurs  en  cholere, 
amyot,  Comm.  refrén.  la  colère,  6. 

—  ÉTYM.  Hocher  i . 
nOCHEPIED  (ho-che-pié;  le  d  ne  se  lie  jamais), 

t.  m.  Il  1°  Terme  de  fauconnerie.  Nom  qu'on  donne 
au  premier  des  oiseaux  qui  attrape  le  héron  dans 
son  vol,  ou  qu'on  jette  seul  après  le  héron  pour  le 
faire  monter.  ||  2°  Pièce  de  fer  qui  s'ajuste  au  man- 
che de  la  bêche,  près  de  la  douille,  et  sur  laquelle 
on  pèse  pour  faire  entrer  l'outil  dans  les  terrains 
compactes. 

—  ÉTYM.  Hocher  t ,  et  pied. 
HOCHEPOT  (ho-che-po  ;  le  (  ne  se  lie  pas) ,  s.  m. 

Terme  de  cuisine.  Espèce  de  ragoût  fait  de  bœur 
haché  et  cuit  sans  eau  dans  un  pot,  avec  des  mar- 
rons, des  navets  et  autres  assaisonnements.  {|  On 
fait  aussi  des  hochepots  avec  des  oies  grasses  et  des 
canards. 

—  HIST.  xiv's.  Hochepot  de  volaille,  Ménagier,  li ,  6. 

—  ÉTYM.  Hocher  i ,  et  pot;  wallon,  hosf-pot,  bouil- 
lie ;  angl.  hodge-podge,  holch-potch,  de  l'anc.  dam. 
huts-pot;  dialecte  d'Aix-la-Chapelle,  hoetschpntt; 
holland.  huispot,  du  flamand  hutien, secouer,  eipot. 

HOCHEQUEUE  (ho-cbe-keù),  s.  m.  Un  des  noms 
de  la  bergeronnette,  ainsi  dite  parce  que,  lorsqu'elle 
marche,  elle  ne  ce.sse  de  remuer  sa  queue  relevée. 

r  HOCHER  (ho-ché).  ||  1°  V.  a.  Secouer,  remuer. 
Hocher  un  prunier  pour  en  faire  tomber  les  pru- 
nes. 11  [un  coucou]  hoche  la  queue  et  change  sans 
cesse  de  place,  bufp.  Ois.  t.  xu,  p.  82,  ||  Hocher  la 
tète,  la  secouer  en  signe  de  désapprobation.  Qui 
no  font  que  s'en  rire  et  que  hocher  la  tête,  ré- 
ONICB,  Sat.  V.  Vous  n'avez  que  faire  de  hocher  la 
tête,  MOL.  G.  Dand.  il,  3.  ||  Hocher  le  mors  à  un 


HOC 


203» 


cheval,  le  secouer  fréquemment  pour  exciter  le 
cheval.  Il  Fig.  Hocher  le  mors,  hocher  la  bride  à 
quelqu'un,  essayer  de  l'animer,  de  l'exciter.  ||  2°  Y. 
n.  Terme  de  m.inége.  Hocher  avec  la  bride,  se  dit 
du  cheval  lorsqu'il  hausse  et  baisse  alternativemen: 
le  bout  du  nez  pour  faire  jouer  le  mors  dans  si 
bouche.  Il  Fig.  Hocher  du  nez,  témoigner  par  un 
mouvement  de  visage  son  mécontentement,  sa  dés- 
approbation. Que  cet  artiste  hoche  du  nez  quand 
je  me  mêlerai  du  technique  de  son  métier,  à  la 
bonne  heure,  mdeh.  Salon  de  »7«7,  Œuv.  t.  xiv, 
p.  <3,  dans  pouGENS. 

—  HIST.  xir  s.  Cist  Dex  de  gloire  qui  tôt  a  à  ju- 
gier,  Il  saut  et  gart  [qu'il  sauve  et  garde]  ce  mes- 
tre  cuisinier!  Bien  ii  avient  cis  pestiaus  [pilon]  à 
hocier.  Bot.  d'Àlesch.  v.  3809.  ||  xiir  s.  Li  Turs  fu 
sor  le  mur  qui  moult  grant  paor  a,  Buiemont  en 
apele,  l'eschiele  li  hocha,  Ch.  d'Ant.  vi,  623.  Ho- 
cliier  testes  et  battre  mains.  Batailles  des  sept  arts. 
Il  XIV*  s.  Hocher  le  pot  et  les  pois  ensemble,  iléna- 
gier,  n,  5.  ils  comencierent  à  jouer  ensemble  à 
hoissier  à  plus  croix  ou  plus  pile,  du  cange,  hochia. 
Icelluy  Estienne  ainsi  qu'il  tenoit  et  hocoit  les  dez, 
ID.  ib.  Il  XV*  3.  Je  voy  [c'est  un  lépreux  qui  parle] 
venir  de  gent  foison  ;  Mes  cliquettes  me  fault  ho- 
chier,  Myst.  Barlaam  et  Josaphat ,  dans  gui  de 
CAMBRAI,  p.  382.  ||  XVI*  S.  Minos,  qui  a  la  charge 
principale  de  la  toiture,  hoche  l'urne  fatale,  du 
BELLAY,  IV,  62,  recto.  Les  gents  d'entendement  ho- 
chent du  nez  vostre  incrustation  empruntée,  mont. 
I,  <57.  11  ne  falloit  grandement  hoclur  la  bride  aux 
autres  princes,    pasquier  ,    Recherches,    livre   vi, 

p.  459,  dans  LACURNE. 

— ÉTYM. Wallon, /losi;  du  flamand,  ftufsen, secouer. 

t  2.  HOCHER  (ho-ché),  v.  a.  ||  1°  Faire  une  ho- 
che sur  une  taille  de  bois.  Hé!  vraiment  [dit  un 
boucher  élevé  à  la  charge  d'élu] ,  si  je  ne  sais  écrire, 
je  hocherai,  voulant  dire  que,  comme  il  faisait  des 
hoches  sur  une  taille,  pour  marquer  les  livres  de 
viande  qu'il  livrait  à  ses  pratiques,  il  en  ferait  au- 
tant sur  du  papier  pour  lui  tenir  lieu  de  signature, 
furetière,  Boman  bourgeois,  Uist.  de  Charros- 
selles,  p.  232.  Il  2°  Terme  de  couture.  Faire  de  pe- 
tites entailles  au  bord  d'une  étoffe,  d'une  lisière, 
soit  pour  qu'elles  godent  un  peu,  soit  pour  empêcher 
que  le  bord  ne  soit  resserré.  Hocher  une  lisière. 

—  ÉTYM.  Hoche. 

1.  HOCHET  (ho-chè;  le  (  ne  se  lie  pas;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  des  ho-chè-z  en  os),  s.  m.  ||  1°  Jouet 
qu'on  donne  aux  petits  enfants  pour  qu'ils  le  pres- 
sent entre  leurs  gencives  pendant  le  travail  de  la 
dentition.  En  lui  donnant  pour  hochet  quelques 
corps  durs,  J.  J.  rouss.  Ém.  i.  Aux  enfants  tout 
sert  de  hochet,  beaumarch.  Ifar.  de  Fig.  iv,  8.  Des 
sceptres  étaient  mes  hochets  [au  fils  de  Napo- 
léon I"],  Mon  bourlet  fut  une  couronne,  bRuano. 
les  Deux  cousins.  ||  Fig.  A  ses  doux  songes  [de  l'es- 
pérance] asservie,  Vous  serez  heureuse  en  effet,  Si 
pour  chaque  âge  de  la  vie  Elle  vous  réserve  un  ho- 
chet bêrang.  Annirers.  ||  2"  Fig.  Chose  futile,  qui 
flatte,  qui  amuse.  Rien  de  plus  commun  qu'un 
vieillard  qui  meurt  avant  que  d'avoir  vécu  ;  la  plu- 
part des  hommes  meurent  le  hochet  à  la  main, 
DiDER.  Claude  et  Nér.  ii,  I.  On  ne  satisfait  pas  avec 
les  hochets  de  la  vanité  les  âmes  dominées  par 
l'ambition  de  régner  sur  les  esprits ,  condorcet, 
Vie  de  i^ultaire.  U  nous  berçait  encor  de  ces  mots 
révérés.  Vains  hochets  du  vulgaire  et  fantômes  sa- 
crés, M.  J.  cuÉN.  Tib.  1,1 l'homme  qui  louche 

à  son  adolescence,  Brise  les  vains  hochets  de  sa 
crédule  enfance,  lamart.  Harold,  1. 1|  Proverbe.  U 
y  a  des  hochets  pour  tout  âge,  c'est-à-dire  chaque 
âge  a  ce  qui  l'amuse  (adage  qui  n'est  dans  le  Dic- 
tionnaire de  l'Académie  qu'à  partir  de  l'édition  de 
1835,  et  qui,  comme  on  voit  par  ce  qui  suit,  pro- 
vient probablement  de  Fonlenelle).  A  la  fin  de  ce 
poSme  [de  l'Anglais  Prior],  on  voit  ce  vers  char- 
mant de  Fonlenelle  :  Il  est  des  hochets  pour  tout 
âge;  Prior  prie  la  fortune  de  lui  donner  des  hochets 
pour  sa  vieillesse  ;  et  il  est  bien  certain  que  Fonte- 
nelle  n'a  pas  pris  ce  vers  do  Prior,  ni  Prior  de 
Fonlenelle  ;  l'ouvrage  de  Prior  est  antérieur  de 
vingt  ans,  et  Fonlenelle  n'entendait  pas  l'anglais, 
VOLT.  Dict.  phil.  Bouffon. 

—  HIST.  XIV*  s.  Pour  avoir  refait  tout  de  neuf 
un  hochet  d'argent,  pour  jouer  et  esbatlre  madame 
Jehanne  de  France,  de  labohdk.  Émaux,  p.  34(. 
Qu'il  ne  soit  nuls  que  de  ce  jour  en  avant,  qui 
joue  ens  le  clostre  aux  deiz,  aux  scous,  aux  hochez 
ou  aux  autres  jeux  ciue  on  appelle  tremerealz,  nu 
cangk,  hochia.  I|  xvi*  s.  Les  nourrices  font  adjouster 
au  hochet  de  petites  sonnettes,  qui  leur  servent  de 
jouet,  et  de  folastrer  avec  eux,  pari!,  xvin,  Vi. 


2032 


HOl 


_  ETYM.    Iloeher   <  ,    parce    qu'on    hoche    co 

^""^a.  HOCHET  (ho-ch5) ,  s.  m.  ||  1»  Sorte  de  bêche 
usitée  dans  les  terrains  légers.  ||  2»  Les  formes  dans 
lesquelles  on  moule  la  houille. 

—  ÊTYM.  Ildclier  2. 

t  HOCUKUR  (ho-chour),  s.  m.  Terme  de  zoolo- 
logie.  Espèce  de  singe  d'Afrique. 

—  ÉTYM.  Hocher  I. 

t  UOOOGUAI'UIQUE  (o-do-gra-fi-k'),  adj.  Qui 
indique  les  routes. 

—  ÉTY.M.  'Oîo;,  route,  et  fpâçpsiv,  écrire. 

t  UODOMÈTRE  (o-do-mè-tr') ,  s.  m.  ||  1°  Instru- 
ment, dit  aussi  compte-pas,  et,  plus  souvent,  comp- 
teur, composé  ds  plusieurs  roues,  avec  une  aiguille 
extérieure,  etc.  dont  le  mouvement  est  propor- 
tionné à  un  certain  nombre  de  pas  d'homme,  pour 
servir  à  mesurer,  en  marchant,  U  distance  d'un 
lieu  à  un  autre.  ||  Appareil  servant  à  mesurer  la  lon- 
gueur du  chemin  parcouru  par  une  voiture. 
Il  2"  Instrument  qui  sert  à  faire  compter  le  nombre 
de  tours  de  manivelle  exécuté  par  des  ouvriers. 

—  KEM.  L'Académie  écrit  odomètre,  orthographe 
moins  bonne  à  cause  de  l'esprit  rude. 

—  ÉTYM.  'OSo|i£Tpov,  de  éôo;,  chemin,  et  [iéTpov, 
mesure.  '056;  tient  au  radical  sanscrit  sad,  aller, 
arriver. 

t  UODOMÉTRIE(o-domé-trie),  «./■.  Art  de  mesu- 
rer les  distances  parcourues,  de  faire  des  hodomètres. 

t  UODOJIÉTRIQUE  (o-do-mé-tri-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'hcdomÈtre  ou  à  soh  emploi. 

t  UOELI  (ho-é-li)  ou  UOELl  (hé-li) ,  s.  m.  Pois- 
son de  la  mer  Rouge  à  nageoires  pectorales,  trans- 
parentes et  falciformes,  appelé  par  Forskal  scomber 
ferdau,  legoarant. 

HOGNER  (ho-gnél,  t).  n.  Terme  populaire,  peu 
usité  d'ailleurs.  Gronder ,  murmurer  entre  ses 
dents.  Il  Gronder,  en  parlant  des  chiens. 

—  IllST.  XIII*  s.  Dist  li  vilein  :  renart,  ne  hoin- 
gne,  Ren.  aoei.  ||xiv«  s.  Pour  ce  que  la  charrete 
du  dit  exposant  pignoit,  ce  qui  est  à  dire  selon  la 
langage  du  pays,  huignoit  [criait],  le  dit  Colin 
lui  dist  qu'elle  avoit  bien  mestier  d'oindre.  Icelluy 
Perrenot  dist  au  suppliant  :  Se  tu  en  hognes,  encore 
seras  tu  battu,  du  cange,  hugnare.l\x\'  s.  S'il  est 
ainsi,  sur  moi  metez  la  besongne  ;  car,  s'il  hongne, 
je  le  payerai  tellement  qu'il  ne  sçaura  que  res- 
pondre,  Pcrceforest,  t.  iv,  f°  U2.  \\  xvi'  s.  Elle  fon- 
gna  au  clerc  plus  d'un  jour  et  une  nuit,  desper. 
Contes,  XVI.  Grongnars,  fongnars ,  liongnars  je 
prive;  Les  biens  leur  sont  mal  employez,  hogeh  de 
COLLERYE,  Œuvrcs,^.  (27,  daus  LACURNE.  Hongno 
qui  voura  [voudra] ,  Devise  de  la  maison  de  Mailly, 

dans  LACURNE. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  Normand,  honer, 
chanter  entre  ses  dents,  houiner,  higner,  hinncr, 
ouiner,  crier,  se  plaindre. 

tnOllO(ho-ho),  interj.  Voy.  no. 

t  nOUOn  (ho-hou),  s.  m.  Espèce  de  héron  du 
Mexique,  ainsi  appelé  de  son  cri. 

HOIR  (oir),  s.  m.  Terme  de  pratique.  Syno- 
nyme d'héritier.  Nous  signâmes  deux  oppositions 
à  ce  que  nul  hoir  mâle  sorti  du  feu  maréchal  de 
Luxembourg  ne  fût  reçu  au  parlement  en  qualité 
de  pair  de  France,  st-sim.  28,  45.  U  lui  semblait 
que,  sous  les  hoirs  de  saint  Louis,  un  évêque  marié 
ne  serait  jamais  silr  de  sa  place,  chateaub.  J/t'm. 
t.  VI,  p.  43B.  Recomposez  un  peu  l'ancien  fief,  et 
que  chaque  portion  retourne  du  propriétaire  laliou- 
reur  à  ce  bon  seigneur  adoré  de  ses  vassaux,  pour 
être  substitué  à  lui  et  à  ses  hoirs,  de  mâle  en  mâle, 
à  perpétuité;  ses  hoirs  ne  laboureront  pas,  ses  vas- 
saux peu,  p.  L.  COUR.  Lelt.  v.  ||  Terme  d'ancienne 
jurisprudence.  Hoir  de  quenouille,  fille  qui  hérite. 

—  IlIST.  XI*  s.  Et  Jurfaret  qu'est  ses  filz  et  ses 
heirs,  Ch.  de  liol.  xxxvii.  ||  xu"  s.  Li  oir  qui  en  is- 
sirent  [du  mariage]  furent  fier  et  félon,  Sax.  m. 
Et  jo  te  di  devant  que  heirs  te  durrai  [donnerai]. 
Bois,  p.  144.  ||  xiii*  s.  Comme  droit  hoir  de  France 
[ils]  font  Pépin  couroner,  Derte,  m.  Se,  après,  mes 
parens  moroit  sans  hoir  de  son  cors,  beaum.  vi,  20. 
On  doit  savoir  que  luit  cil  sont  loiel  oir,  qui  sont 
nés  et  conceus  en  loiel  mariage,  m.  xviii,  2.  Bien 
savés  que  par  maulvais  hoir  Dechicent  [déchoient] 
viles  et  manoir,  i.ekoux  de  lincy,  Prov.  t.  ii, 
p.  250.  Ce  roy  Richart  pourchassa  tant  que  il 
donna  au  conte  Henry  de  Champaigne  qui  estoit 
demouré  avec  li,  la  royne  de  Jérusalem,  qui  estoit 
droit  lier  [héritière]  du  royaume,  joinv.  203.  Dieu, 
qui  vous  meut  à  ce  vouloir?  Pour  quel  cause  of- 
fristes  vous  l'oir  De  paradis  i  mort  pour  homme? 
I.  DE  MEUNO,  Très.  388.  |i  XV*  S.  Ainssy  fu  le  com- 
mencement de  celle  noble  nacion  trançoise,  cou- 


HOL 

ronnée  d'ancienne  noblece,  laquelle.  Dieux  mercis, 
d'hoir  en  hoir  eit  continuée,  christ,  de  pisan, 
Charles  V,  i,  B. 

—  ETYM.  Provenç.  her,  du  latin  hères,  héri- 
tier. Itères,  héritier,  et  herus,  maître,  sont  le  même 
mot  et  tiennent  au  radical  sanscrit  har,  prendre. 

HOIRIE  (oi-rie),  s.  f.  Terme  de  pratique.  Héri- 
tage, succession  directe.  Une  pareille  somme  est 
comptée  dans  les  coffres  pour  chacun  de  ses  enfants 
qu'il  doit  pourvoir;  et  il  a  un  grand  nombre  d'en- 
fants; ce  n'est  qu'en  avancement  d'hoirie,  il  y  a 
d'autres  biens  à  espérer  après  sa  mort,  la  bruy.  vi. 

—  HIST.  xV  s La  comté  d'Evreux  qui  sied  en 

Normandie  estoit,  par  droite  hoirie  de  succession  do 
leur  mère,  revenue  aux  enfans  du  roi  de  Navarre, 

FBOISS.  Il,  11,  *'■>. 

—  ÉTYM.  Hoir;  génev.  loirie,  par  adhérence  de 
l'article,  comme  lierre  pour  le  ierre. 

t  UOIRIN  (oi-rin)  ou  UORIN  (o-rin),  s.  m.  Ancien 
terme  de  marine.  Bouée  ;  bois  qu'on  laisse  flotter 
pour  indiquer  le  lieu  où  l'ancre  est  mouillée.  Les 
maîtres  et  patrons  de  navires  qui  voudront  se  tenir 
sur  leurs  ancres  dans  les  ports  seront  obligés  d'y 
attacher  hoirin,  bouée  ou  gaviteau  pour  les  mar- 
quer, Ord.  d^août  tesi,  iv,  i,  5. 

HOLA,  (ho-la),  interj.  ||  1°  Sert  pour  appeler. 
Holà,  laquais!  laquais,  mol.  Comt.  d'Esc.  4.  Holà! 
gardes ,  qu'on  vienne ,  rac.  Bajai.  ii ,  < .  ||  2°  Se 
dit  aussi  pour  avertir  de  ne  pas  aller  si  vite,  de  ne 
pas  s'emporter.  Holàl  ne  pressez  pas  si  fort  la  ca- 
dence, MOI..  Prie.  <3.  Eh!  messieurs,  quel  ver- 
tige ?  Holà  donc  ;  calmez-vous  un  peu ,  la  motte, 
Fabl.  II,  9.  Il  II  signifie  aussi  :  qu'on  l'arrête,  qu'on 
l'empêche.  Après  l'Agésilas,  Hélas  I  Mais  après  l'At- 
tila, Holà!  boil.  Êpigr.  vu.  ||  Substantivement.  Attila 
est  au-dessous  des  pièces  de  Danchet;  je  m'en  tiens 
auholàdeBoileaii,voLT.  Lelt.  d'Alemb.  iOt  (12  juill. 
1702). Il  3°  Holà  ho!  interjection  qui  sert  à  appeler 
quelqu'un.  Holà!  ho  I  cocher,  petit  laquais,  mol. 
Pourc.  III,  2.  Holàl  ho!  seigneur  don  Cléofas,  debout, 
LESAGE,  Diable  boit.  ch.  21.  ||  4°  Terme  de  manège. 
Expression  du  maître  de  manège  pour  avertir  l'élève 
de  finir  sa  reprise.  ||  5°  Terme  de  marine.  Interjec- 
tion de  réponse  aux  appels.  ||  6°  Holà  I  Ligondé, 
locution  qui  se  disait  autrefois  pour  reprendre  quel- 
qu'un qui  se  vante  ou  s'en  fait  accroire.  Elle  venait 
de  ce  que  M.  de  Ligondé,  dont  le  régiment,  très- 
beau,  fut  loué  devant  lui  à  la  cour,  eut  la  hardiesse 
de  dire  que  la  maison  du  roi  n'était  pas  plus  belle 
que  son  régiment  ;  tous  ceux  qui  étaient  là  présents 
se  mirent  à  crier:  holàl  Ligondé.  ||  7°  S.  m.  Fami- 
lièrement. Mettre  le  holà  ou  les  holà,  faire  cesser 
des  gens  qui  se  querellent,  qui  se  battent.  Tant 
l'honorable  bourguemestre,  Grondant  ici,  caressant 
là.  Dans  la  ville  met  le  holà,  scarron,  Virg.  I.  La 
chose  allait  à  se  battre  et  à  renverser  la  nacelle ,  si 
Charon  n'eût  mis  le  holà  à  coups  d'aviron,  la  fon  i  . 
Psyché,  II,  p.  191.  Il  Craindre  le  holà,  craindre 
d'être  rappelé  à  l'ordre.  Un  clerc  pour  quinze  sous, 
sans  craindre  le  holà.  Peut  aller  au  parterre  atta- 
quer Attila,  BOIL.  Sat.  IX. 

—  HIST.  XV*  s.  Si  lui  dis-je,  mon  cueur,  holà  I 
Mais  conte  n'en  tint,  sur  mon  ame,  en.  u'obl.  Chan- 
son, 52.  Il  XVI'  s.  La  pluie  fit  le  holla  [entre  des 
comhatlants],  d'aub.  Ilisl.  i,  289.  La  royne  mère, 
qui  aymoit  les  troubles  pour  se  rendre  nécessaire  et 
estre  employée  à  faire  le  hola,  Sat.  ilén.  Harangue 
de  d'Aubray.  La  reyne  estimant  pour  ce  hola  et  tai- 
sible  reconciliation  toutes  choses  luy  estre  asseurées, 
PASQUiER,  Recherch.  liv.  vi,  p.  648,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  II 0,  là. 

t  nOLACANTUE  (o-la-kan-f) ,  adj.  Terme  d'ich- 
thyologie.  Qui  est  entièrement  couvert  de  piquants. 
Il  S.  m.  pi.  Les  holacanthes,  genre  de  poissons 
thoraciques. 

—  ÊTYM.  "OXo;,  entier,  et  âxav6o,  épine. 

t  UÔLEMENT  (hô-le-man),  s.  m.  Cri  de  la  hu- 
lotte et  autres  oiseaux  nocturnes.  Le  cri  du  chat- 
huant  est  plutôt  une  voix  haute,  un  bôlemont  qu'un 
grincement,  buff.  Ois.  t.  ii,  p.  165. 

f  uOleR  (hô-lé),  V.  n.  Crier  comme  la  hulotte. 

—  ÉTYM.  Onomatopée. 

t  HOLLANDAIS  (ho-lan-dê),  s.  m.  La  langue  par- 
lée dans  la  Hollande,  qui  appartient  aux  idiomes 
germaniques.  ||  Le  Hollandais  ou  le  Voltigeur  hol- 
landais, vaisseau  fantastique  qui  hante  les  parages 
du  cap  de  Bonne -Espérance. 

t  HOLLANDAISE  (ho-lan-dê-z'),  t.  f.  Espèce  de 
machine  d'épuisement. 

t  HOLLANDE  (ho-lan-d') ,  ».  ;.  ||  1"  Toile  très-fine 
et  très-serrée  qui  se  fabrique  en  Hollande.  De  la 
hollande.  ||  Demi-hollande,  toile  de  Hollande  de 
basse  qualité.  ||  2°  Porcelaine  de  Hollande.  ||  3"  Es- 


HOi. 

pcce  de  groseille.  ||  Passe-hollande,  autre  espèce  di: 
groseille.  ||  4°  Espèce  de  pomme  de  terre  jaune, 
grosse  et  farineuse.  Vendre  de  la  hollande  au  bois- 
seau. ||  5°  S.  m.  On  dit,  par  ellipse,  du  nollaude, 
pour  du  fromage  de  Hollande. 

—  ÊTYM.  Allem.  Ilottand,  dehohl,  creux,  et  Land, 
terre  :  Pays-Bas.  On  a  dit  aussi  ijue  l'ctymologie  est 
holl-land,  terre  boisée,  de  holt,  bois,  nom  d'une 
île  oii  est  située  Dordrecht,  et  qui  s'étendit  au  reste 
du  pays.  On  a  dit  enfin  que  celle  dénomination  ve- 
nait de  hélium  ou  helle,  ancien  nom  de  l'embouchure 
principale  de  la  Meuse  :  Uoll-land  pour  IleUland. 

HOLLANDE,  ÉE  (ho-lan-dé,  dée),  part,  passé  de 
hoUander.  Plume  hollandée.  ||  Batiste  hoUandée, 
batiste  plus  forte  et  plus  serrée  que  la  batiste  or- 
dinaire. 

HOLLANDER  (ho-lan-dé),  e.  a.  Passer  le  tuyaa 
d'une  plume  à  écrire  dans  de  la  cendre  chaude  ou 
dans  une  lessive  pour  eu  ôter  la  graisse  et  l'humi- 
dité, opération  ainsi  dite  parce  que  ce  sont  les  Hol- 
landais qui,  les  premiers,  ont  trouvé  pour  cela  un 
bon  procédé  qu'ils  tinrent  longtemps  secret. 

—  ÊTYM.  Hollande. 

t  HOLLANUISER  (ho-lan-di-zé),  v.  a.  Donner  à 
quelque  chose,  à  quelqu'un  le  caractère,  les  mœun 
hollandaises.  On  n'a  pu  hoUandiser  la  Belgique. 

f  HOLO....  préfixe  qui  signifie  entier,  et  qui  est 
le  grec  ô).o;;  ionien,  oùXoç;  osque,  soUus  ;  sanscr. 
sarra,  tout. 

t  HOLORRANCHE  (o-lo-bran-ch'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  des  branchies  complètes. 

—  ÊTYM.  Ilolo....,etbranchic. 

t  HOLOCARPE  (o-lo-kar-p') ,  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  le  fruit  reste  entier,  ne  s'ouvre  point. 

—  ÊTYM.  IIolo....,  et  xapno;,  fruit. 
HOLOCAUSTE  (o-lo-kô-sl') ,  s.  m.   ||  1"  Chez  le» 

Juifs,  sacrifice  où  la  victime  était  entièrement  con- 
sumée par  le  feu.  Abraham,  levant  les  yeux,  aperçut 
derrière  lui  un  bélier  qui  s'était  embarrassé  avec 
ses  cornes  dans  un  buisson,  et,  l'ayant  pris,  il  l'of- 
frit en  holocauste  au  lieu  de  son  fils,  sau.  Genèse, 
xxn,  13.  Il  Fig.  Ouicon(|ue  fait  la  volonté  d'au trui 
par  un  renoncement  sincère  à  la  sienne,  fait  une 
excellente  oraison  et  un  sacrifice  d'holocauste  qui 
monte  en  odeur  de  suavité  jusqu'au  trône  de  Dieu, 
Boss.  Serm.  Oblig.  de  l'état  relig.  3.  Noire  sacrifice 
n'est  point  un  simple  sacrifice,  mais  c'est  un  holo- 
causte où  toute  la  victime  doit  être  consommée, 
BouRD.  Pen.^ées,t.u,  p.  427.  Consumez,  transportez, 
anéantissez  mon  cœur,  faites-en  l'holocauste  parfait; 
FÉN.  t.  xvui,  p.  306.  Il  2°  La  victime  ainsi  sacrifiée. 
Mettre  l'holocauste  sur  l'autel.  ||  3"  Sacrifice  en  gé- 
néral. Jésus-Christ  s'est  ofl'ert  en  holocauste  pour 
nos  péchés. 

—  REM.  Au  XVII*  siècle,  holocauste  était  indiffé- 
remment masculin  ou  féminin  :  Ces  saintes  holo- 
caustes ne  sont  plus  des  holocaustes,  s'il  en  rcst» 
quelque  chose,  PATRU,P(aidoj/cr  I5,  dans  richelet. 

—  HIST.  XII'  s.  Holocaustes  dist  allant  [autant] 
com  toz  arz  [brûlé].  Job,  p.  443. 

—  ÉTYM.  'Ooxauff-to;,  de  6),o;,  entier,  et  xa« 
oToç,  brûlé. 

tHOLOCAUSTER  (o-lo-kô-sté),  ti.  a.  Terme  burles- 
que. Offrir  en  holocauste.  Comme  s'ils  se  fussent  dou- 
tés Qu'ils  devaient  être  holocaustes,  SCARRON,  Vïrj.  VI. 

t  HOLOCENTRE  (o-lo-san-tr'),  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  poissons  thoraciques  qui  présen- 
tent un  nombre  considérable  d'épines. 

—  ÊTYM.  'O/o;,  entier,  et  xê'vipov,  piquant. 

t  UOLOËDRE  (o-lo-è-dr'),  s.  m.  Terme  de  miné- 
ralogie. Cristal  qui  a  toutes  ses  faces,  par  opposilioa 
à  hémièdre.  Quelques-uns  disent  homoèdre. 

—  ETYM.  llolo....,  etîSpa,  face,  pan. 

t  HOLOËDRIE  (o-lo-é-drie) ,  ».  f.  Terme  de  mi- 
ncraloRÎe.  État  d'un  cristal  holoédrique. 

t  HOLOÉDRIQUE  (o-lo-é-dri-k'),  adj.  Terme  de 
minéralogie.  Qui  a  le  caractère  de  l'holoèdre. 

HOLOGRAPHE  (o-lo-gra-F),  adj.  Terme  de  ju- 
risprudence. Testament  holographe,  testament  écrit 
en  entier  de  la  main  du  testateur.  ||  On  dit  aussi 
pièce  holographe. 

—  ItEM.  L'Académie  renvoie  de  holographe  à  olo- 
graphe ;  il  vaut  mieux  renvoyer  de  olographe,  qui 
est  une  orthographe  vicieuse,  à  holographe,  qui  est 
l'orthographe  correcte. 

—  ÉTYM.  'OXoYpayo;,  de  6).oî  ,  entier,  et  Tpi- 
fEiv,  écrire. 

t  HOLOGRAPHIER  (o-Io-gra-fi-é),  v.  a.  Terme 
de  pratique.  Ecrire  de  sa  main  un  testament. 

t  UOLOMÈTRK  (o-lo-mè-tr') ,  s.  m.  Terme  d'as- 
tronomie. Instrument  qui  sert  à  prendre  les  hau- 
teurs d'un  point  au-dessus  de  l'horizon;  il  est  com- 
posé de  trois  règles  ciobiles,  dont  les  ouvertures  «t 


HOM 

l'exposition  donnent  i  la  fols  les  trois  angles  du 
triangle 

—  F.TYM.  Holo....,  et  n=Tpov,  mesure. 

t  IIOLOPÉTALAIRE  (o-lo-pé-ta-lê-r'), ad;.  Teime 
(le  botanique.  Il  se  dit  d'une  fleur  dont  toutes  les 
parties  se  sont  transformées  en  pétales. 

—  f.TYM.  Ilolo....,  et  pétale. 

t  HOLOPHRASTIQCE  (o-lo-fra-sti-k') ,  ad;.  Terme 
de  grammaire.  Langues  holophrastiques,  langues  où 
la  phrase  tout  entière,  sujet,  verbe,  régime  et  même 
incident,  est  agglutinée  comme  en  un  seul  mot. 
Les  langues  holophrastiques  du  nouveau  monde. 

—  ETYM.  Uoln....,  et  ypâ-ji;,  phrase. 

+  nOLOTHCRIDES  (o-lo-tu-ri-d') ,  s.  m.  plur. 
Classe  du  règne  animal  ayant  le  genre  holothurie 
pour  type. 

tUÔLOTUCRIE  (o-lo-tu-rie),  s.  {.  Terme  de 
zoologie.  Genre  de  radiaires,  semblables  à  des  mas- 
ses informes. 

—  Etym.  'OXoeo'jptov,  de  ôXo;,  tout  entier,  et 
6oûpiov,  diminutif  de  60pa,  porte. 

tHOLOTONIQUE  (o-lo-to-ni-k'),  adj.  Terme  de 
médecine.  Tétanos  holotonique,  tétanos  qui  attaque 
toutes  les  parties  du  corps. 

—  ktym.  Holo....,  et  tonique. 

UOM  (hom'),  interj.  Qui  exprime  le  doute,  la  dé- 
fiance. Hom  I  celle-ci  n'a  pas  tant  de  goût  pour  la 
danse,  destouch.  Irrésolu,  m,  6.  Hom!  le  pauvre 
homme!  il  me  fait  grand'pitié,  volt.  Prude,  i,  5 

tUCyALO....  préfixe  qui  signifie  plan,  plat, 
et  vient  du  grec  6(j.a).ci;,  lequel  vient  de  6^6?,  réuni, 
le  même  que  le  sanscrit  sama,  ensemble. 

t  HOMALOGRAPUIQUE  (o-ma-lo-gra-fi-k') ,  adj. 
Terme  de  géographie.  Projection  honialographique, 
projection  à  parallèles  rectilignes. 

—  EtY.M.  Homalo ,  etypà^uw,   tracer. 

f  HOMALOÏDE  (o-ma-lo-i-d') ,  adj.  Terme  de  zoo- 
logie Qui  a  le  corps  aplati  et  semblable  à  une  plaque. 

—  tïTYM.  Homalo....,  et  eîSo;,  forme. 

t  UO-MALOrHYLLE  (o-ma-lo-fi-l'),  od;'.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  des  feuilles  planes. 

—  étym.  Uomalo....,  et<f\il\oi,  feuille. 

t  UOMALOSOME  (o-ma-lo-so-m'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  a  le  corps  aplati. 

—  RTY.M.  Homalo....,  et  <j<5|jia,  corps. 
UOMARD  (ho-mar;  le  d  ne  se  lie  jamais  :  un  ho- 

mar  excellent  ;  au  pluriel,  l's  ne  se  lie  pas  :  des  ho- 
mar  excellents;  cependant  quelques-uns  la  lient  : 
des  ho-mar-z  excellents),  s.  m.  Grosse  écrevisse  de 
mer,  crustacé  décapode  macroure,  de  la  famille  des 
astaciens,  ne  vivant  que  dans  la  mer,  où  il  peut  at- 
teindre 50  centimètres  de  long,  astacus  marinus, 
Fabr.;  homarus  vulgaris ,  Milne  Edwards.  Le  ho- 
mard diffère  de  la  langouste,  palinurus  rulgaris, 
latreille,  avec  laquelle  on  le  confond  souvent,  par 
ses  deux  premières  pattes  énormes  et  en  forme  de 
pinces.  t|  Familièrement.  Rouge  comme  un  homard, 
très-rouge  d'embarras,  de  honte,  etc.  ||  Le  homard, 
étant  fort  employé  en  cuisine,  sert  souvent  de  com- 
paraison. Si  vous  me  tuez,  je  préfère  reposer  dans  de 
bonne  terre  végétale,  et  non  dans  cette  glace  [les 
glaciers  de  la  .Suisse,  où  un  mari  jaloux  l'avait  en- 
traîné pour  se  battre  en  duel  sans  témoins],  où 
j'aurais  l'air  d'un  homard  que  l'on  conserve,  en. 
DE  BERNARD,   le  Paratonnerre. 

—  HIST.  xvi*  s.  Homar,  oums,  Dict. 

—  ÉTYM.  Danois,  hommer;  allem.  ffummer;  avec 
un  d  épenthétique  dans  le  français. 

HO.MBRE  (om-br'),  s.  m.  Jeu  de  cartes  pris  des 
Espagnols  qui  se  joue  à  deux,  à  trois,  à  quatre,  à 
cinq  personnes,  avec  40  cartes,  après  avoir  ôté  du 
jeu  les  huit,  les  neuf  et  les  dix,  et  avoir  donné  à 
cliaque  joueur  neuf  cartes  trois  à  trois  et  par  ordre. 
Puis  sur  une  autre  table,  avec  un  air  plus  sombre, 
S'en  aller  méditer  une  vole  au  jeu  d'hombre,  boil. 
Snt.  X.  On  compte  sur  lui....  pour  un  tiers  ou  pourun 
'inquième  à  l'hombre  ou  au  reversis,  la  bruy.  vu. 
Madame  regardait  à  peine  une  partie  d'hombre  à  la- 
quelle elle  s'était  mi.se,  ST-siM.2,46.  Il  2°  Se  dit  aussi, 
à  ce  jeu,  de  celui  qui  fait  jouer.  Qui  est  l'hombre? 

—  lîTY.M.  Espagn.  hombre,  homme  (voy.  homme); 
comme  si,  dit  Richelet,  ce  jeu  était  si  excellent 
qu'il  dût  porter  le  nom  d'homme.  Ou  plutôt,  celui 
qui  fait  jouer,  s'appelant  hombre,  l'homme,  n'est-ce 
pas  son  nom  qui  a  passé  au  jeu  ? 

HO.MÉLIK    (o-mé-lie),  s.  f.\\l'   instruction  sur 

l'Evangile   ou  sur   des  matières  de  religion,  qu'on 

nomme  aussi  prône.  ||  Fig.  Homélies  de  l'archevêque 

de  Grenade,  ouvrage  dans  lequel  l'auteur  donne  des 

signes  de  décadence;  par  allusion  au  passage  de  Gil 

I  Blas  (VI!,  4)  où  l'archevêque  de  Grenade,  après  une 

'  attaque  d'apoplexie,  fait  des  homélies  très-inférieu- 

'  les  à  celles  qu'il  composait  auparavant.  ||  .4u  plur. 

DICT.    DE    LA    LANGUI!    FRANÇAISE. 


flOM 

Leçons  du  bréviaire  extraites  des  homélies  des  Pères, 
et  qu'on  chante  au  troisième  nocturne  des  matines. 
Il  2°  Fig.  et  par  dénigrement.  Ouvrage  ou  discours 
ennuyeux  par  sa  morale  affectée. 

—  SYN.  noMÉLiE,  SERMON.  L'homéllo  est  destinée 
à  exposer  les  matières  de  la  religion  et  principalement 
l'Évangile  ;  le  sermon  a  un  objet  moins  restreint, 
il  a  surtout  pour  but  d'annoncer,  d'expliquer  la  pa- 
role de  Dieu,  et  d'exciter  à  la  pratique  de  la  vertu. 

—  HIST.  XV' s.  Quant  donc  par  plaisir  volontaire 
Chanté  me  fut  ceste  homélie,  Estoit-il  temps  lors 
de  me  taire?  villon,  Bail,  de  son  appel.  \\  ivi'  s.  On 
pourra  prendre  cela  des  livres  des  autres,  et  princi- 
palement des  homélies  des  anciens  docteurs,  c'est  à 
dire  sermons  populaires,  calv.  Instit.  B34. 

—  ÉTYM.  "Oijiaia,  conversation,  de  ôfiiXo;,  foule, 
rassemblement;  ôniXo;  (i  long)  vient  de  6(jio;, 
ensemble,  et  tUw,  presser,  faire  entrer.  Notre  an- 
cienne langue,  n'aimant  pas  la  même  voyelle  dans 
deux  syllabes  consécutives,  a  dit  homélie  an  lieu 
de  homilie,  comme  fenir  \io\it  finir. 

]  UOMÉO....  préfixe  qui  signifie  semblable,  et 
vient  du  grec  8|j.oio;,  qui  dérive  de  due;;  compa- 
rez le  sanscrit  samayâ,  ensemble. 

t  nOMÉOCATALECTE  (o-mé-o-ka-ta-lè-kf),  s.  m. 
Terme  de  grammaire.  Nom  commun  des  homéo- 
ptotes  et  des  homéotéleutes. 

—  ÉTYM.  Uoméo....,  et  xataî.riYEiv,  se  terminer,  de 
xaTà,  à,  et  >r,yeiv,  cesser. 

t  IIOMÉOCATALEXIE  (o-mé-o-ka-ta-lè-ksie),s./'. 
Terme  de  grammaire.  Consonnance. 

—  ÉTYM.  Voy.  homSocatalecte. 

t  HOMÊOMËRE  (o-mé-0-më-r'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Qui  est  formé  de  parties  semblables. 

—  ETYM.  Homéo....,  et  (iÉpo;,  partie. 

t  nOMÉOMÉRIE  (o-mé-o-mé-ric)  ,  s.  f.  Terme 
didactique.  Parties  semblables.  Anaxagore,  l'auteur 
du  système  des  homéoméries,  soutenait  que  les 
corps  étaient  composés  de  parties  similaires,  sa- 
voir les  os,  d'os  extrêmement  petits,  les  chairs,  de 
chairs  extrêmement  petites,  etc.  [L'âme]  C'était 
une  harmonie,  une  homéomérie,  une  entéléchie, 
volt.  Princ.  d'action,  )0. 

—  ÉTYM.  Voy.  homéomère;  grec,  ô|jioio|jL£pEia. 

t  HOMÉO.MORPUE  (o-mé-o-mor-f),  od;.  Terme 
de  pathologie.  Humeurs,  tissus  homéomorphes,  hu- 
meurs, tissus  morbides  constitués  par  des  éléments 
anatomiquesde  même  espèce  que  ceux  qu'on  trouve 
dans  les  tissus  et  les  humeurs  normales. 

—  ÉTYM.  Homéo....,  et  (i-opyri,  forme. 

t  HOMÊO.MORPHISME  (o-mé-o-mor-fi-sm' ),  s. 
m.  État  de  ce  qui  est  homéomorphe.  - 

t  IIOMÉOPATHE  (o-mé-o-pa-f),  s.  m.  Partisan 
du  système  de  l'homéopathie.  ||  Adj.  Médecin  ho- 
méopathe. 

—  ÉTYM  Homéo....,  et  Ttâlo-,,  maladie. 

t  HOSIÉOPATHIE  (o-mé-o-pa-tie),  s.  f.  Système 
de  médecine  mventé  par  Hahnemann  de  Leipsick,  et 
qui  consiste  à  traiter  la  maladie  par  des  remèdes 
qu'on  suppose  avoir  la  propriété  de  produire  des 
symptômes  semblables  à  cette  maladie,  et  qu'on  ad- 
ministre à  dose  infiniment  petite. 

—  ÉTYM.  Homéopathe. 

t  UOMÉOPATUIQUE  (o-mé-o-pa-ti-k'),  ad;'.  Qui  a 
rapport  à  l'homéopathie. 

+  HOMÉOPLASIE  (o-mé-0-pla-zie),  s.  f.  Terme 
de  pathologie.  Génération,  dans  les  maladies,  de 
tissus  nouveaux,  analogues  et  même  identiques  aux 
tissus  normaus. 

—  ÉTYM.  Homéo....,  et  TcXânseiv,  former. 

t  I10.MÉ0PLASTIQCE  (o-mé-0-pla-sti-k') ,  adj. 
Qui  se  rapporte  à  l'homéoplasie. 

t  UOMÉOPTOTE  (o-mé-o-pto-f),  s.  m.  Terme  de 
grammaire.  Chute  semblable  ou  bas  semblable.  Les 
iioméoptotes  consistent  à  composer  la  phrase  de 
mots  semblablement  arrangés  et  qui  se  répondent 
en  quelque  sorte  les  uns  aux  autres  dans  les  mem- 
bres où  ils  entrent,  par  les  cas  dans  les  noms,  par 
les  personnes  dans  les  verbes. 

—  ÉTYM.  'OiJioiouTMTo;,  de  ô(ioio;,  semblable,  et 
itTiDTÔ;,  qui  tombe. 

t  UO.MÉOSE  (o-mé-ô-z') ,  s.  f.  ||  1°  Terme  de  rhé- 
torique. Se  dit  quelquefois  pour  comparai -on,  assi- 
milation, parabole.  ||  2°  Terme  de  physiologie.  Assi- 
milation. 

—  ÉTYM.  •Oij.oiwTi;,  assimilation. 

t  UOMÉOTÉLEUTE  {o-mé-0-té-leu-t'),  î. /■.  Terme 
do  grammaire.  Désinence  semblable.  Les  homéoté- 
leutes diffèrent  deshomr'optotes;  ce  sont  des  formes 
de  langage  par  lesquelles  on  place  à  la  fin  des 
phrases  ou  des  membres  de  phrase  des  mots  de 
même  finale.  On  en  a  un  exemple  dans  le  Malade 
imaginaire  (lu,  7),  quand  M.  Purgon  menace  Ar- 


HOM 


•2033 


gan  de  le  faire  tomber  dans  la  bradjpepsic  ;  de  bi 
bradypepsio  dans  la  dyspepsie  ;  de  la  dyspepsie 
ilans  l'apepsie;  de  l'apepsic  dans  la  lienteric;  delà 
lienterie  dans  la  dyssenteric  ;  do  la  dyssenlerie 
dans  l'hydropisie;  et  de  l'hydropisie  dans  la  priva- 
tion de  la  vie. 

—  ÉTYM.  Homéo et  TeXeuTi^,  finale. 

t  nOMÉOTÉRE  (o-mé-o-tè-r'),  adj.  Terme  Je  géo- 
graphie. Mot  emprunté  à  Clauile  Plolémée  pour 
désigner  une  projection  géographique  dont  il  est 
l'auteur. 

—  ÉTYM.  *0(«)iÔTepo;  ,  comparatif  de  S|jioio; , 
semblable. 

t  UOMÉRIDE  (o-mé-ri-d'),  s.  m.  Membre  d'une 
école  de  rhapsodes  qui  se  forma  d'abord  dans  l'ionic 
et  qui  chantait  les  poèmes  d'Homère.  ||  Les  poète» 
qui  traitèrent  des  sujets  analogues  à  ceux  qu'avait 
traités  Homère. 

—  ÉTYM.  '0|xripi5ri;,  de  'OfiTipo;,  Homère. 

t  UOMÉRIOCE  (o-raé-ri-k'),  adj.  ||  !•  Qui  a  rap. 
port  .1  Homère.  L'Angleterre  jalouse  et  la  Grèce 
homérique,  Toute  l'Kurope  admire  [les  Journée-i  de 
Juillet] ,  V.  HUGO,  Crép.  i.  Montés  au  même  char, 
comme  un  couple  homérique,  Nous  tiendrons  pour 
lutter  dans  l'arène  lyrique,  Toi  la  lance,  moi  les 
coursiers,  m.  d  Lamard'ne.  ||  Hymnes  homériques, 
se  dit  des  hymnes  à  Vénus,  à  Apollon,  etc.  que 
l'on  place  ordinairement  à  la  suite  des  poSmes 
d'Homère.  ||  Sorts  homériques,  divination  qui  se 
pratiquait  en  ouvrant  un  poème  d'Homère  au  ha- 
sard, et  en  prenant  le  premier  vers  comme  un 
oracle.  ||  Rire  homérique,  rire  très-bruyant  et  de 
bon  cœur,  ainsi  dit  à  cause  du  rire  qu'excita 
parmi  les  dieux  Vulcain  le  Iwiteui  servant  d'é- 
chanson  (voy.  le  l"  chant  de  l'Iliade).  X  cette  pom- 
peuse déclaration,  un  rire  homérique  s'empara-de 
tous  les  assistants,  en.  de  bernaud,  la  Chasse  aux 
amants,  §  m.  ||  2°  Qui  ost  partisan  d'Homère.  Per- 
rault l'antipindarique  Et  Despréaux  l'homérique 
Consentent  à  s'emljrasser,  boil.  Épigr.  xxix.  M.  do 
Bitaubé  l'homérique  est  venu  à  Fcrney  comme 
Ulysse  alla  voir  les  ombres  dans  l'Odyssée  ;  je 
n'ai  jamais  été  si  ombre  qu'à  présent,  volt.  UU. 
d'Alembert,  I02,  27  oct.  (777. 

—  ÉTYM.  'Ou.7ioiy.à;,de''0(i-r;po;,  Homère. 

t  IIOMÉRISTE  (o-mé-ri-sf) ,  s.  m.  Imitateur 
d'Homère.  ||  Synonyme  de  rhapsode. 

—  ÉTYM.  '0(iT;p;<3TV)(;,  de  'Oiir.poc,  Homère. 
(.nOMIClDE(o-mi-si-d'),s.m.et/".  ||  l'Celui, celle 

qui  tue  un  être  humain.  Homicide  point  ne  seras. 
Tout  l'Ërèbe  entendit  cette  belle  homicide  S'excuser 
au  berger  qui  ne  daigna  l'ouïr,  la  font.  Fabl.  xii, 
28.  Pleure,  Jérusalem,  pleure,  cité  perfide.  Des  pro- 
phètesdivins  malheureuse  homicide,  hac.  Athal.  m, 
7.  Ces  fameux  lévites  Qui....  De  leurs  plus  chers  pa- 
rents saintement  homicides,  Consacrèrent  leurs 
mains  dans  le  sang  des  perfides,  m.ib.  iv,  3.  Quoi! 
Marianne  est  morte,  et  j'en  suis  l'homicide!  volt. 
Marianne,  v,  7.  ||  2"  Homicide  de  soi-même,  celui 
qui  commet  un  suicide,  qui  se  tue  lui-môme.  !|  Fig. 
Homicide  de  soi-même,  personne  qui  ne  se  ménage 
pas  assez  et  qui  ruine  sa  santé.  Je  vous  avertis  que 
je  vous  croirai  janséniste,  si  vous  n'avez  plus  soin  da 
vous  :  il  n'y  a  qu'un  hérétique  qui  puisse  être  ho- 
micide do  soi-même,  baintf.non,  Lett.  au  card.  de 
Noailles,  2  nov.  4705.113»  Fig.  Celui,  celle  qui 
cause  la  perte  de  quelqu'un.  Malheur  à  vous,  homi- 
cide des  âmes,  qui  par  vosartifices  et  vos  scandales 
faites  périr  celles  queje  suis  venu  racheter,  boi;bual. 
Mijst.  Pass.  de  J.  C.  Ces  paroles  de  malignité,  de 
haine,  d'amertume  qui  éteignent  en  nous  l'esprit  de 
charité  et  nous  rendent  homicides  de  nos  frères,  MASS. 
Confér.  ModeMe  des  clercs.  \\  *°  Adj.  Employé  sur- 
tout dans  le  style  soutenu.  Qui  tue  dans  les  com- 
bats. Lorsque  dans  son  vaisseau,  prisonnière  timide, 
Vous  voyiez  de«mt  vous  ce  vainqueur  homicide, 
RAC.  Iphig.  H,  ).  Vieillards,  femmes,  enfants,  trou- 
peau faible  et  timide  Dont  n'a  point  approché  cette 
guerre  homicide,  volt.  Orphel.  i,  i .  ||  Qui  a  commis 
un  meurtre.  Sur  le  point  d'attaquer  une  reine  ho- 
micide, RAC.  Alhal.  1,  2.  Il  Qui  est  relatif  au  meur- 
tre. Penser  homicide,  mair.  Sophon.  i,  3.  Cessez  ; 
repentez-vous  de  vos  vœux  homicides,  rac.  Phèdre, 
V,  3.  J'ai  senti  tout  à  coup  un  homicide  acier  Que 
le  traître  en  monseina  plongé  tout  entier,  id.  Alhal. 
II,  B.  Regard  homicide,  i.  B.  rouss.  Odes,  iv,  ». 
Trompons  des  meurtriers  l'espérance  homicide,  volt. 
Ah.  IV,  4.  Il  Fig.  Qui  cause  la  mort,  la  perle.  Rois, 
prenez  soin  de  l'absent  Contre  sa  langue  homicide 
[de  la  calomnie],  bac.  Estli.  ni,  3,  Chagrins  homi- 
cides, m.  1.  CHÉN.  Tibère,  u,  2.  Vents  homicides,  DU- 
eis,  Abufar,  ii,  7. 

—  HIST.  xiu'  s.  Mengier  ne  bien  avoir  ne  doMqui 

I.  —  255 


2034 


IIOM 


no  g'aîde  [s'aide],  .vins  tieng  [je  tiens]  de  soi  meïs- 
mes  celui  à  lioinieide  Oui  so  pert  par  perecu,  J.  de 
IIEUN3,  Test.  <M9.  Home  de  sang  apele  l'Escriture 
omicide  que  Dnux  het,  Psautier,  f"  )0.  ||  xiV  s.  En- 
core est  bains  [ban]  fais  et  dis  par  jugement,  que 
tout  li  liomecide  qui  ont  pris  le  [la]  franchise  de 
ceste  ville....,  caffiaix,  Abattii  de  maisons,  p.  24. 
il  XVI'  s.  S'ele  n'a  grâce,  on  ne  prise  ung  festu  .Ses 
dictz  et  faictz,  et  tost  est  abbatu  Son  bruyl  et  los 
dont  elle  est  homicide,  Sans  beau  maintien....,  j.  ma- 
BOT,  V,  (97.  LebonThebain  [Hercule],  des  monstres 
homicide,  du  bellay,  v,  44,  verso.  11  ne  le  daigna 
pas  seulement  saluer,  pensant  que  ce  seroit  àluy  un 
grand  pesché,  que  de  parler  à  l'homicide  de  son 
père,  amyot,  Brut.  4.  Tous  les  maulx  qui  n'ont  au- 
tre dangier  que  du  mal,  nous  1ns  disons  sans  dan- 
gier  :  celui  des  dents  ou  de  la  goutte,  pour  griof 
qu'il  soit,  d'autant  qu'il  n'est  pas  homicide,  qui  le 
met  en  compte  de  maladie?  mont,  i,  302. 

—  ÊTYM.  Provenç.  homecida,  omicida;  du  latin 
horrticida,  de  homo,  homme,  et  cxdere,  tuer. 

2.  HOMICIDE  (o-mi-si-d'),ï. m.  ||  1» Meurtre.  Sans 
que  vous  donniez  la  mort  à  votre  ennemi,  vous  le 
tuez  déjà  par  votre  haine,  qui  porte  toujours  dans 
l'ime  une  disposition  d'homicide,  Boss.  2'  sermon. 
Dimanche  de  la  passion,  (.  Sitôt  que  Séide  Aura 
rougi  ses  mains  de  ce  grand  homicide,  volt.  Fanât. 
IV,  <.||2"  Homicide  de  soi-même,  ancienne  péri- 
phrase pour  dire  suicide,  qui  n'existait  pas.  Il  tenait 
dans  sa  main  une  espèce  de  manifeste  pour  justi- 
fier l'homicide  de  soi-même,  segrais,  Princesse  de 
Paphlagonie,  t.  ii,  p.  221.  La  religion  païenne  dé- 
fendait l'homicide  de  soi-même,  ainsi  que  la  chré- 
tienne ;  il  y  avait  même  des  places  dans  les  enfers 
pour  ceux  qui  s'étaient  tués,  volt.  Dict.  phil.  Suicide. 

—  lllST.  xii*  S.  Dame,  fait-el,  por  Deu  le  grant. 
Mi  sire  par  est  leaus  [loyal]  tant.  Que  j<à  n'en  iert 
conte  ne  plait  Qu'omicidcs  par  lui  seit  fait,  Grégoire 
le  Grand,  p.  20.  Le  tuer  sanz  murtre  est  homecide, 
Ass.  de  Jér.  i,  (40.  Omicides,  si  est  quant  aucun  tue 
aucun  en  caude  mellée,  beaum.  xxx,  6. 

—  ÊTYM.  Provenç.  homicidi  ;  espagn.  bomicidio; 
tial.  omicidio;  dulat.  homicidium  (voy.HOMiciDE  t). 

nO.MICIDft,  ÉE  (o-mi-si-dé,  dée),  part,  pa-m 
d'Iiomicider.  Un  voyageur  homicide  par  des  voleurs. 

IlO.'ilIClDER  (o-mi-si-dé),  v.  a.  ||  l°Terme  vieilli. 
Tuer,  commettre  un  homicide  sur  quelqu'un.  |]  Ab- 
solument. Comme  après  le  coup  fait  vous  étiez  évadé, 
On  n'accusait  que  moi  d'avoir  homicide,  th.  corn. 
Galant  doublé,  i,  <.  ||  îoS'homicider,  v.  réfl.  Se  tuer 
soi-même. .Vous  savez  ce  qu'on  fait  à  quiconque  se 
tue,  Et  que  s'homicider  est  chose  défendue,  scar. 
D.Japhet  d'Arm.  iv,  5. 

—  lllST.  XVI'  s.  On  dit  que  tous  ceux  qui  meur- 
drirent  Jules  César  en  plein  sénat  moururent  de- 
puis de  mors  violentes;  semblables  discours  font 
quelques  uns  contre  ceux  qui  homiciderent  dedans 
Blois  le  duc  de  Guise,  pasquier,  Lett.  t.  ii,  p.  330. 

—  ÊTYM.  Homicide  \. 

t  HOMILÏ;riOUE(o-mi-Ié-ti-k'),  s.  f.  Théorie  de 
l'éloquence  de  la  chaire. 

—  ÊTYM.  '0|ii),r)TixTi  (t$x''''i),  ''art  de  parler,  do 
4|j.i)eïv,  discourir  (voy.  homélie). 

t  IIOMIUAIRE  (o-mi-li-ê-r'),  s.  m.  Terme  de  li- 
turgie. Recueil  d'homélies  qu'on  lit  à  l'église. 

—  ÊTYM.  Homélie. 

f  IIOMI.VE.M  (AD)  (a-do-mi-nèm'),ioc.  lat.  Argu- 
ment ad  hominem,  autrement  dit  argument  per- 
sonnel, argument  qui  oppose  à  un  adversaire  ce 
qu'il  a  dit,  ce  qu'il  a  fait,  sa  position  présente,  ou 
sa  situation  passée.  L'argument  ad  hominem  ne 
prouve  rien,  mais  il  embarrasse  souvent  l'adversaire. 

—  ÊTYM.  Lat.  ad  hominem,  à  l'homme. 

t  UO.MINICOLE  (o-mi-ni-ko-l'),  adj.  Adorateur 
do  l'homme,  nom  que  les  apoUinaristes  donnaient 
a>ix  catholiques  qui  soutenaient  que  Jésus-Christ 
était  homme-Dieu. 

—  ÊTYM.  Lat.  homo,  hominis,  homme,  et  colère, 
vénérer. 

t  IIOMINIDES  (o-mi-ni-d'),î.m.pi.  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Famille  de  l'ordre  des  mammifères 
primates  qui  renferme  le  genre  homme. 

—  ÊTYM.  Lat.  homo,  hominis,  homme. 

HO.MMAGE  (o-ma-j'),  «.  m.  \\  1°  ferme  de  féoda- 
lité. Promesse  de  fidélité  et  de  devoirs  faite  au  sei- 
gneur par  le  vassal  ou  homme.  Hommage  simple. 
Hommage  de  bouche  et  de  mains.  Guillaume  ré- 
gnait paisiblement  en  Normandie,  et  la  Bretagne 
lui  rendait  hommage,  volt.  Mreitrs,  4t.  ]]  Hommage 
plein  ou  lige,  promesse  de  défendre  son  seigneur 
envers  et  contre  tous,  à  la  différence  de  l'hommage 
simple,  qui  n'emportait  pas  de  si  étroites  obliga- 
tions. On  attendait  M.  de  Lorraine  pour  rendre  au 


noM 

roi  son  hommage  lige  du  duché  de  Bar,  st-sim.  72, 
178.  |]  Kig.  Comme  le  disait  Colbert  dans  un  de  ses 
rapports,  l'intelligence  fit  hommage  lige  au  roi,CA- 
PF.FiouE,  Ilichelieu,  Masarin,  t.  viii,  p.  346.  ]]  Hom- 
mage de  fief,  hommage  qui  n'obligeait  qu'à  la 
fidélité.  |]  Remettre  ou  amortir  l'hommage,  affran- 
chir le  vassal  de  son  engagement.  ]]  Fig.  Rendre 
hommage  d'une  chose,  la  rapporter  à  celui  do  qui 
on  l'a  reçue.  Il  vient  en  apporter  la  nouvelle  en  ces 
lieux,  Et  par  un  sacrifice  en  rendre  hommage  aux 
dieux,  CORN.  Poly.  i,  4.  ]|  Fig.  Rendre  hommage  à 
la  vérité,  s'en  reconnaître  pour  ainsi  dire  le  vassal, 
la  reconnaître,  la  dire,  la  déclarer.  ||  2°  Soumission, 
vénération,  en  parlant  des  personnes  à  qui  l'hom- 
mage est  rendu.  Je  suis  bien  aise  de  voir  que  les 
beaux  esprits  lui  rendent  toujours  l'hommage  et  la 
reconnaissance  qu'ils  lui  doivent,  voit.  Lett.  25. 
Grâces  à  ma  victoire,  on  me  rend  des  hommages, 
CORN.  Pomp.  III,  2.  Ah  !  qu'il  dissiperait  un  dange- 
reux orage,  S'il  voulait  à  nos  dieux  rendre  le  moin- 
dre hommage  I  m.  Théod.  v,  i .  Recevez,  comme 
roi.  notre  premier  hommage,  in.  D.  Sanche,iv,  2. 
Beck,  qui  s'était  flatté  d'une  victoire  assurée,  pris 
et  blessé  dans  le  combat,  vient  rendre  en  mourant 
un  triste  hommage  à  son  vainqueur  par  son  déses- 
poir, BOSS.  Louis  de  Bourbon.  Aux  feux  inanimés 
dont  se  parent  les  cieux.  Il  rend  de  profanes  hom- 
mages, RAC.  Esth.  II,  9.  Il  verra  le  sénat  m'appoi- 
ter  ses  hommages,  id.  Bérén.  i,  5.  Pour  moi  je 
suis  plus  fière,  et  fuis  la  gloire  aisée  D'arracher  un 
hommage  à  mille  autres  offert,  iii.  Phèdre,  ii,  (. 
[I  So  dit  aussi  des  choses  qu'on  vénère.  Je  viens 
pour  rendre  hommage  aux  cendres  d'un  héros, 
CORN.  Pomp.  V,  2.  A  mes  attraits  chacun  rendait 
hommage,  la  font.  Court.  Toujours  à  sa  vertu  vous 
rendiez  quelque  hommage,  rac.  Brit.  ii,  6.  ||  3°  Res- 
pects, civilités;  dans  ce  sens  il  se  dit  le  plus  sou- 
vent au  pluriel.  Présenter,  offrir,  rendre  ses  hom- 
mages à  quelqu'un,  lui  adresser  de  respectueuses 
civilités.  Je  lui  ai  fait  des  hommages  soumis  de  tous 
mes  vœux,  mol.  Am.  magn.  i,  2.  Je  crains  d'être 
fâcheux  par  l'ardeur  qui  m'engage  X  vous  rendre 
aujourd'hui,  madame,  mon  homm.nge,  lo.  F.  sav. 
111,6.  Il  On  termine  souvent  une  lettre,  surtoutécrite 
à  une  dame,  par  :  agréez,  recevez  mes  hommages 
respectueux.  ]|  4°  Don  respectueux,  offrande.  Faire 
hommage  à  quelqu'un  d'une  chose.  Ses  conquêtes 
pour  moi  sont  des  objets  de  haine  ;  L'hommage  qu'il 
m'en  fait  renouvelle  ma  peine,  cohn.  Perihar.  i,  i. 
Il  fait  aux  évêques  un  hommage  respectueux  de  sa 
dignité,  MASS.  Panég.  St  Bern.  Recevez  l'hommage 
de  mon  livre.  |{  Faire  hommage  d'un  livre,  a  deux 
sens  :  <°  Faire  cadeau  d'un  exemplaire  à  une  per- 
sonne que  l'on  respecte;  2»  Lui  en  faire  la  dédicace. 

—  HEM.  Dans  rendre  hommage,  hommage,  pris 
sans  article,  ne  peut  être  représenté  ensuite  par  un 
pronom;  c'est  une  irrégularité  de  ce  genre  qu'on 
trouve  dans  ce  vers  de  Corneille  :  Allez  lui  rendre 
hommage  et  j'attendrai  le  sien,  Pomp.  ii,  3. 

—  lllST.  XII*  s.  Ne  perdez  pas  del  conte  vostre  ho- 
menage,  Gérard  de  Boss.  p.  3U.  Celle  que  [à  qui] 
j'ai  de  cucr  fait  lige  hommage.  Coud,  xix.  L'arce- 
vesque  respunt  senz  ire  et  senz  desrei  :  Richars,  tu 
es  mis  huem;  si  me  deis  porter  fei.  —  Richarz  li 
respundi  :  mon  humage  vus  rent  [je  dégage  ma  foi]; 
Jo  nel  prestai  pas...,  Th.  (e  mnrf.  m.||  xiii*  s.  Je  n'ai, 
ce  croi,  de  sens  demie,  Ainsfis  grant  folio  et  grant 
rage.  Quant  au  dieu  d'amers  fis  hommage,  la  Rose, 
4 142.  Et  se  aucun  tient  partie  de  fié,  et  soit  en  bo- 
menage,  liv.  de  jusl.  238.  Il  firent  convenance 
entre  li  et  sou  fil  en  tele  manière  qu'il  me- 
troit  son  fil  es  homages  de  toute  se  [sa]  terre , 
BEAUM.  xxxiv,  49.  Et  qui  plus  a  s'est  li  plus  chiches, 
Ouar  il  a  fet  à  son  .avoir  Hommage,  ce  vous  faz  sa- 
voir, r'jteb.  228.  Il  xv's.  Quand  ledit  duc  entrera  en 
hommage  du  roy  de  France,  froiss.  i,  i,  63.  Il  avoit 
bien  envoyé  paravant  un  secrétaire  pour  traiter  que 
le  duc  de  Milan,  son  nepveu,  fust  receuà  hommage 
à  Gènes  par  procureur,  comm.  vu,  2.  {|  xvr  s.  Qui- 
conque a  hommage  pour  raison  de  aucune  chose 
est  fondé  d'avoir,  sur  icelle,  jurisiliction,  si  ce  n'es- 
toit  hommage  de  dévotion,  comme  celuy  qui  est 
donné  en  franche  aumosne  à  l'église;  lequel  hom- 
mage de  dévotion  n'emporte  fief  ne  jurisdiclion  ne 
autre  devoir,  Coust.  génér.  t.  ii,  p  579.  Le  vassal 
doit  faire  hommage  simple  à  son  seigneur  nue  teste, 
les  mains  jointes,  et  le  baiser,  et  celui  qui  doit 
hommage  lige,  le  doit  faire  mains  jointes  sur  les 
évangiles,  une  teste,  desceint,  et  le  baiser  en  fai- 
sant les  sermons  requis,  ib.  p.  9. 

—  ÊTY.M.  Bourguig.  hômeige ;\no\Qnç.  homenalge, 
homcnage  ;  Ksp3gn.  homenage ;  porlug.  nnmenagem; 
ital.   omaggio;   'lu  bas-latin    hominattcum   (dans 


HOM 

un  texte  de  l'an  1035), de  homo,  hominit ,  homme, 
parce  que  celui  qui  faisait  hommage  devenait 
l'homme  du  seigneur.  Hominaticum  serait  d'aiUeur.- 
retrouvé  par  la  forme  ancienne  qui  est  homenage 
et  non  homage,  et  par  la  finale  âge,  atge,  qui  est 
l'équivalent  du  latin  aticus. 

nO,MMAGfi,  ÉE  (o-ma-jé,  jée) ,  adj.  Terme  de 
féodalité.  Tenu  en  hommage. 

—  HIST.  XVI'  s.  En  lui  faisant  justice  il  homma- 
géra  sous  vostre  majesté  sa  vie,  ses  biens,  et  los 
personnes  qui  lui  sont  acquises;  mais  son  honneur, 
sire,  il  ne  l'asservira  ni  à  vous,  ni  à  prince  vivar^, 
tant  qu'il  aura  un  pied  d'espée  dans  le  poin,  d'alb. 
Ilist.  II,  415.  Tous  les  nobles  de  son  royaume,  ayant» 
terres  et  seigneuries  fieffées  et  hommaigées,  cab- 

LOIX,  V,    \. 

UOMMAGER  (o-ma-jé;  \'r  ne  se  lie  jamais). 
Il  1°  S.  m.  Celui  qui  devait  l'hommage.  ||  i'Adj.  Vas- 
sal hommager. 

—  HIST.  XVI'  s.  Seigneuries  et  souverainetez  tri- 
butaires et  hommageres  à  la  couronne  de  France, 
d'aub.  Ilist.  III,  487. 

t  HO.MMAGIAL,  ALE  (o-ma-ji-al,  a-l"),  adj. 
D'hommage.  Serment  hommagial. 

—  ÊTYM.  Hommage. 

HO.MMASSE  (o-ma-s'),  culj.  ||  1°  Qui  a  l'appa- 
rence d'un  vilain  homme.  Des  traits  bommasses, 
une  figure  hommasse,  en  parlant  de  l'un  et  l'autre 
sexe.  Il  2°  Plus  particulièrement  et  plus  souvent, 
il  se  dit  d'une  femme  qui  a  les  traits,  la  voix,  les 
manières  d'un  homme.  Des  manières  bommasses. 
Un  ton  hommasse.  Cette  Sylvie  éLait  mauvaise, 
Hommasse,  fort  gourmande  d'aulx,  scarpos,  Virg. 
VII.  La  comtesse  de  Furstemberg  avait  été  fort  belle, 
mais  grande  et  grosse,  hommasse  comme  un  cent- 
suisso  habillé  en  femme,  st-sim.  7«,  239. 

— HIST. XVI' s. Une  beauté  naîfve,  active,  généreuse, 
non hommasse,mais  virile, mont.  1,170.  Pourla peine, 
elle  l'enduroit  très-bien,  fut  à  pied,  fut  achevai, 
s'y  tenant  de  meilleure  grâce,  ne  sentant  pour  cela  sa 
dame  bornasse  en  forme  et  façon  d'amazone  bizarre, 
mais  sa  gente  princesse  belle,  bien  agréable  et  douce, 
bhant.  Dames  m.  p.  73.  Mais  malheureux  celui  qui 
vit  esclave  infâme  Soubz  une  femme  hommace  el 
soubz  un  homme  femme!  d'aub.  Tragiques,  u. 

—  ÊTYM.  Homme,  avec  la  finale  péjorative  asse 
ou  ace, 

t  HO.MMASSEMENT  (o-ma-se-man),  adv.  D'une 
manière  hommasse. 

—  HIST.  xiv  s.  Elles  marchent  hommassement 
et  se  maintiennent  laidement  devant  la  gent  sans 
en  avoir  honte,  iléruigier,  i,  I. 

t  IlOMMASSER  (S')  (o-ma-sé),  v.  réfl.  S'est  dit 
d'une  femme  c|ui  imite  les  manières  des  hommes. 
La  femme  qui  s'hommasse  n'a  plus  d'empire  sur  les 
hommes,  bern.  de  st-p.  dans  \eVict.  de  bescherelle. 

—  ÊTYM.  Hommasse. 

HOMME   (o-m'),  s.    m.  Il  1°  Animal  raisinnablo 
qui  occupe  le  premier  rang  p.irmi  les  êtres  orga- 
nisés, et  qui  se  distinguo  des  plus  élevés  d'entre  eux 
par  l'étendue  de  son  intelligence  et  par  la  faculté  d'a- 
voir une  histoire,  c'est-à-dire  la  faculté  de  dévelop- 
per, d'agrandir  sa  nature  grâce  à  la  communication 
avec  les  ancêtres  et  d'augmenter  ses  richesses  intel- 
lectuelles et  morales  (en  ce  sens,  c'est  un  terme 
d'espèce  qui  comprend  les  deux  sexes).  Les  diffé- 
rentes races  d'hommes:  l'homme  blanc;  l'homme 
noir;  l'homme  jaune;  l'homme  roujie.  Les  hommes 
du  Nord.  Les  hommes  du  Midi.  Je  ne  laisse  pas  de 
recevoir  une  extrême  satisfaction  du  progrès  que  jo 
pense  avoir  déjà  fait  en  la  recherche  de  la  vérilé, 
et  de  concevoir  de  telles  espérances  pour  l'avenir 
que  si,  entre   les  occupations  des  hommes  pure- 
ment hommes,  il  y  en  a  quelqu'une  qui  soit  soli- 
dement bonne  et  importante,  j'ose  croire  que  c'est 
celle  que  j'ai  choisie,  desc.  Me'th.  i,  3.  Se  plaindre 
de  mourir,  c'est  se  plaindre  d'être  homme;  Chaque 
jour  le  détruit,  chaque  jour  le  consomme,  rot». 
Si  Genest,   v,    2.   Il   [Dieu]   dit  ensuite  :  Faisons 
l'homme  à  notre  image  et  à  notre  ressemblancei 
SACi,   Bible,  Genèse,   i,  2f..   L'homme  est,  je  vous 
l'avoue,  un  méchant  animal,  mol.  Tartuffe,  v,  t. 
Il  n'en  est  pas  de  même  [comme  des  animaux]  de 
l'homme,  qui   n'est  produit  que  pour  l'infinité;  it 
est  dans  l'ignorance  au  premier   .Ige  de  sa  viej; 
mais  il  s'instruit  sans  cesse  dans  son  progrès; car 
il  tire  avantage  non-seulement  de  sa  propre  expé- 
rience, mais  encore  de  celle  de  ses  prédécesseurs,^. 
delà  vient  que,  par  une  prérogative  particultîni, ' 
ncn-seulement    chacun   des    hommes  s'avance  de 
jour  en  jour  dans  les  sciences,  mais  qun  tous  les 
hommes  ensemble  y  font  un  continuel  progrès  i 
mesure  que  l'univers   vieillit;    puisque  la  mêin 


HOM 

chose  arrive  dans  la  successiou  des  hommes  que 
dans  les  âges  différents  d'un  particulier;  de  sorte 
que  toute  la  suite  des  hommes,  pendant  le  cours  do 
tant  de  siècles,  doit  être  considérée  comme  un 
môme  homme  qui  suhsisle  toujours  et  qui  apprend 
continuellement,  pasc.  Fragment  d'un  traité  du 
vide.  Que  deviendrez-vous  donc,  ô  homme,  qui 
cherchez  quelle  est  votre  véritable  condition  par 
votre  raison  naturelle?  vous  ne  pouvez  fuir  une  do 
ces  sectes,  ni  subsister  dans  aucune,  m.  Pensées, 
t.  I,  p.  293,  édit.  LAiiuRE.  L'homme  n'est  ni  ange 
ni  bête ,  et  le  malheur  veut  que  qui  veut  faire 
l'ange  fait  la  bête,  m.  ib.  art.  vu,  13,  édit.  havet. 
Quelle  chimère  est-ce  donc  que  l'homme?  quelle 
nouveauté,  quel  monstre,  quel  chaos,  quel  sujet  de 
contradiction,  quel  prodige!  juge  de  toutes  choses, 
imbécile  ver  de  terre,  dépositaire  du  vrai,  cloaque 
d'incertitude  et  d'erreur,  gloire  et  rebut  de  l'uni- 
vers, ID.  ib.  art.  viii,  i,  édit.  havet.  L'homme  est 
né  pour  penser;  aussi  n'est-il  pas  un  moment  sans 
le  faire;  mais  les  pensées  pures,  qui  le  rendraient 
heureux  s'il  pouvait  toujours  les  soutenir,  le  fati- 
guent et  l'abattent,  id.  Passions  de  l'amour.  Il  y 
a  dans  l'homme  un  sentiment  si  vif  et  si  clair  de 
son  excellence  au-dessus  des  bêtes,  que  c'est  en 
vain  que  l'on  prétend  l'obscurcir  par  de  petits  rai- 
sonnements et  de  petites  histoires  vaines  ou  fausses, 
NICOLE,  Ess.  de  mor.  i"  traité,  ch.  2.  De  quelque 
superbe  distinction  que  se  flattent  les  hommes,  ils 
ont  tous  une  même  origine,  et  cette  origine  est 
petite,  D0S3.  Duch.  d'Orl.  Laissons-lui  [l'Ecclésiaste] 
égaler  le  fol  et  le  sage  ;  et  même,  je  ne  craindrai  pas 
de  le  dire  liautement  dans  cette  chaire,  laissons-lui 
confondre  l'homme  avec  la  bête,  m.  ib.  Nous  cédons 
et  on  nous  cède  ;  tout  ce  qui  s'élève  d'un  côté  s'abaisse 
de  l'autre  ;  c'est  pourquoi  il  y  a  entre  tous  les 
hommes  une  es|ièce  d'égalité,  ii).  \"  sermon,  Visi- 
tation, t.  L'homme  de  la  nature  est  le  chef  et  le 
roi,  BOiL.  Sat.  vm.  De  tous  les  animaux  qui  s'élè,- 
vent  dans  l'air,  Qui  marchent  sur  la  terre  ou  na- 
gent dans  la  mer,  De  Paris  au  Pérou,  du  Japon 
jusqu'à  Rome,  Le  plus  sot  animal,  à  mon  avis, 
c'est  l'homme,  id.  ib.  Croyez-vous,  dit  Candide,  que 
les  hommes  se  soient  toujours  naturellement  mas- 
sacrés comme  ils  le  font  aujourd'hui,  qu'ils  aient 
toujours  été  menteurs,  fourbes,  volages,  lâches, 
envieux,  gourmands,  ivrognes,  avares,  ambitieux, 
sanguinaires,  calomniateurs,  débauchés,  fanati- 
ques, hypocrites  et  sots?  Croyez-vous,  dit  Martin, 
que  les  éperviers  aient  toujours  mangé  de^  pigeons 
quand  ils  en  ont  trouvé?  volt.  Candide,  21. 
L'homme  y  [dans  la  Cafrerie]  parait  si  différent  ; 
ils  sont  d'un  beau  jaune,  n'ont  point  de  laine,  leur 
tête  est  couverte  de  grands  crins  noirs,  id.  Métaph. 
I.  Tous  les  hommes  qu'on  a  découverts  dans  les 
pays  les  plus  incultes  et  les  plus  affreux,  vivent  en 
société  comme  les  castors,  les  fourmis,  les  abeilles 
et  plusieurs  autres  espèces  d'animaux,  id.  Dict. 
phii.  Homme.  De  la  raison,  des  mains  industrieuses, 
une  tête  capable  de  généraliser  des  idées,  une  langue 
assez  souple  pour  les  exprimer,  ce  sont  là  de  grands 
bienfaits  accordés  par  l'Être  suprême  à  l'homme  à 
l'exclusion  des  autres  animaux,  m.  ib.  On  ne  peut 
douter  qu'on  n'ait  rencontré,  dans  l'Amérique  mé- 
ridionale, des  hommes  en  grand  nombre,  tous  plus 
grands,  plus  carrés,  plus  épais  et  plus  forts  que  ne 
le  sont  tous  les  autres  hommes  de  la  terre,  buff. 
6*  époq.  nat.  '.Muvres,  t.  xii,  p.  305.  Je  crois  qu'on 
pourrait  dire  qu'il  n'y  avait  pas  dans  toute  l'Amé- 
rique, lors(]u'on  en  fit  la  découverte,  autant  d'hom- 
mes qu'on  en  compte  actuellement  dans  la  moitié 
de  l'Europe,  id.  Quadrup.  t.  m,  p.  177.  Il  s'agis- 
sait [dans  les  hôpitaux]  de  l'homme,  et  de  l'homme 
malade  :  sa  stature  règle  la  longueur  du  lit,  la  lar- 
geur des  salles;  son  pas,  moins  étendu,  moins 
Ubre  que  celui  de  l'homme  sain,  donne  la  hauteur 
des  marches,  tenon,  Mém.  sur  les  hôp.  préface, 
p.  IX.  On  [en  Grèce]  voit  croître  l'homme  et  sa  pen- 
sée :  d'abord  enfant,  ensuite  attaqué  par  les  pas- 
sions dans  la  jeunesse,  fort  et  sage  dans  son  âge 
mûr,  faible  et  corrompu  dans  sa  vieillesse;  l'État 
suit  l'homme,  passant  du  gouvernement  royal  ou  pa- 
ternel au  gouvernement  républicain,  et  tombant  dans 
ledespolisme  avec  l'âge  de  ladécrépitude,CHATEAUit. 
Génie,  m,  m,  2.  Borné  dans  sa  nature,  infini  dans 
ses  vœux,  L'homme  est  un  ^^u  tombé  qui  se  sou- 
vient des  cieux,  LAMART.  Méd.1,2.  ||  Fig.  Ce  n'est  pas 
un  homme,  c'est  un  ange,  c'est-à-dire  c'est  un  homme 
qui  a  une  extrême  douceur,  une  pieuse  et  touchante 
résignation.  ||  Ce  n'est  pas  un  homme,  c'est  un  diable, 
et  dit  -l'un  homme  très-méchant.  ||  Les  hommes  de 
cileaj,  les  mulâtres.  ||  Il  n'y  a  tête  d'homme  qiii 
entreprendre  de  faire  telle  chose,  c'est-à-dire  il 


HOM 

n'est  personne  qui  ose....  ||  On  dit  dans  le  même 
sens  :  Homme  vivant,  homme  qui  vive  n'oserait. 
Il  2°  Absolument.  I.'horame,  l'être  Tmmain  en  gé- 
néral. L'iiomme  faible  et  léger  sans  un  secours  di- 
vin, TRISTAN,  Panthée,  m,  6.  Crains  Dieu  et  garde 
ses  commandements ,  car  c'est  là  tout  l'homme, 
Boss.  Duch.  d'Orl.  Cette  grandeur  que  nous  admi- 
rons de  si  loin  comme  quelque  chose  au-dessus  da 
l'homme,  touche  moins  quand  on  y  est  né,  id. 
Mar.-Thér.  L'homme  en  ses  passions  toujours  er- 
rant sans  guide  A  besoin  qu'on  lui  mette  et  le 
mors  et  la  bride,  boil.  Sat.  x.  Non,  crois-moi, 
l'homme  est  libre  au  moment  qu'il  veut  l'être, 
son.  Brutus,  n,  l.  L'homme  est  trop  faible,  hé- 
las! pour  dompter  la  nature,  id.  Orphel.  i,  7.  Tout 
en  lui  nous  parut  être  au-dessus  de  l'homme, 
SAURiN,  Spartac.  iv,  i.  Voilà  peut-être  l'homme 
parfait;  mais  l'homme  parfait  est-il  l'homme  de  la 
nature?  didf.r.  Claude  et  Nér.  ii,  68.  L'homme,  et 
surtout  l'homme  instruit,  n'est  plus  un  simple  in- 
dividu, il  représente  en  grande  partie  l'espèce  hu- 
maine entière,  buff.  Quadrup.  t.  iv,  p.  xxv. 
L'homme  n'est  homme  que  parce  qu'il  a  su  se  réu- 
nir à  l'homme,  id.  Nature  des  anim.  Quand  on  vit 
loin  de  l'homme,  on  croit  l'hobime  meilleur,  m.  j. 
CHÉN.  Gracq.  m.  Ahl  l'homme  en  vain  se  rejette 
en  arrière,  Lorsque  son  pied  sent  le  froid  du  cer- 
cueil, BÉRANG.  Treize  d  table.  L'instinct  de  sa  fai- 
blesse [de  l'homme]  est  sa  toute-puissance;  Pour 
lui  l'insecte  même  est  un  objet  d'effroi;  Mais  le 
sceptre  du  globe  est  à  l'intelligence,  L'homme  s'u- 
nit à  l'homme,  et  la  terre  a  son  roi,  lamart.  Uarm. 
H,  10.  Tu  vois  qu'aux  bords  du  Tibre  et  du  Nil  et 
du  Gange,  En  tous  lieux,  en  tous  temps,  sous  des 
masques  divers,  L'homme  partout  est  l'homme.... 
ID.  Méd.  I,  12.  Aimons  donc,  aimons  donc;  de 
l'heure  fugitive  Hâtons-nous,  jouissons;  L'homme 
n'a  point  de  port,  le  temps  n'a  point  de  rive;  Il 
coule  et  nous  passons,  id.  ib.  i,  13.  Ce  réveil  in- 
certain d'un  être  qui  s'ignore,  Cet  espace  infini 
s'ouvrant  devant  ses  yeux ,  Ce  long  regard  de 
l'homme  interrogeant  les  cieux,  id.  ib.  i,  is. 
Il  L'homme  innocent,  Adam  et  Eve  avant  le  péché. 
L'homme  innocent  aurait  fait  toutes  ses  déhces  de 
s'entretenir  avec  Dieu ,  maes.  Carême ,  Prière. 
Il  3°  Absolument,  au  pluriel,  les  hommes,  la  so- 
ciété, les  rapports  des  hommes  entre  eux.  Loin  du 
commerce  des  affaires  et  de  la  société  des  hommes, 
ces  âmes  sans  force  aussi  bien  que  sans  foi  qui  ne 
savent  pas  retenir  leur  langue  indiscrète!   boss. 

Duch.  d'Orl Dans  le  siècle  où  nous  sommes,  Il 

faut  fuir  dans  les  bois  et  renoncer  aux  hommes, 
BEGNABD,  le  Distr.  IV,  2.  Il  y  a  une  grande  diffé- 
rence entre  la  connaissance  de  l'homme  et  la  con- 
naissance des  hommes:  pour  connaître  l'homme  il 
suffit  de  s'étudier  soi-même,  duclos,  Considér. 
mœurs,  Introd.  Œuvres,  t.  i,  p.  64,  dans  polgens. 
Il  Devant  Dieu  et  devant  les  hommes,  formule  des 
déclarations  du  jury,  il  4°  L'être  humain  considéré 
dans  ce  qu'il  a  de  supérieur  à  la  bête.  Et  son  salut 
[de  Rome]  dépend  de  la  perte  d'un  homme ,  Si  l'on 
doit  le  nom  d'homme  à  qui  n'a  rien  d'humain,  A 
ce  tigre  altéré  de  tout  le  sang  romain,  corn.  Cinna, 
I,  3.  Un  païen  nous  l'apprend ,  tout  chrétiens  que 
nous  sommes  :  Je  n'ai  jamais,  dit-il,  été  parmi  les 
hommes  Que  je  n'en  sois  sorti  moins  homme  et 
plus  brutal,  id.  Imil.  i ,  20.  Eh  bien  !  que  veux- 
tu?  parle;  As-tu  le  cœur  d'un  homme?  es-tu  fils 
de  César?  volt.  M.  de  Ces.  m,  4.  11  y  a  des  natu- 
rels violents  dont  la  férocité  se  développe  de  bonne 
heure  et  qu'il  faut  se  hâter  de  faire  hommes  pour 
n'être  pasobligé  de  les  enchaîner,  i.  j.  rouss.  Ém.  ii. 
Il  Ce  n'est  pas  être  homme,  c'est-à-dire  c'est  être  bar- 
bare, c'est  n'avoir  nul  sentiment  d'humanité.||  5"  Dans 
le  style  de  l'Écriture.  Les  enfants  des  hommes,  les 
hommes.  Qu'est-ce  que  l'homme,  ô  grand  Dieu, 
que  vous  vous  en  souvenez?  ou  que  sont  les  en- 
fants des  hommes,  que  vous  leur  faites  l'honneur 
de  les  visiter?  boss.  I"  sermon,  Visitation,  l. 
Il  Particulièrement,  ceux  qui  vivent  dans  l'iniquité. 
Il  6°  Homme  se  dit  de  Jésus-Christ,  par  a'iusion  a.u 
mystère  de  l'Incarnation.  Le  Fils  de  Dieu  s'est  fait 
homme.  Il  est  vrai  Dieu  et  vrai  homme.  ||  L'Homme- 
Dieu,  Jésus-Christ  Sans  cette  mission  de  Dieu,  et 
de  Jésus-Christ,  son  Fils  unique  et  l'Homme-Dieu, 
BOURDAL.  Dim.  de  la  Seiagés.  Dominic.  t.  i,  p.  387. 
Un  adorateur  Homme-Dieu  rend  plus  de  gloire  à 
la  divinité,  que  tous  les  siècles  et  tous  les  peuples 
idolâtres  ne  lui  en  avaient  été,  mass.  Àvent,  Nocl. 
J'outrageai  d'un  rire  inhumain  L'Homme-Dieu  res- 
pirant à  peine,  béiiang.  Juif  errant.  ||  Le  Fils  de 
l'Homme,  Jésus-Chiist.  Infidèles!  vous  trahissez  le 
Fils  do  l'Homme  par  un  baiser,  mass.  Carême,  Pas- 


IIOM 


203Î 


it'on.  Il  L'Homme  de  douleur,  Jésus-Christ  dans  ' 
Passion.  0  mon  Sauveur!  vous  n'auriez  donc  été 
l'Homme  de  douleur  que  pour  nous  autoriser  à  être 
des  hommes  voluptueux  et  .sensuel*',  mass.  Carême, 
7'assion.  Il  7"  Terme  de  dévotion.  L'homme  inté- 
rieur, l'homme  spirituel,  la  partie  de  l'homme  qui 
appartient  à  la  spiritualité;  l'homme  charnel,  la 
partie  qui  appartient  à  la  chair  et  aux  sens.  ||  C'est 
un  homme  fort  intérieur,  c'est  un  homme  très-re- 
cueilli. Il  Le  vieil  homme,  l'état  de  l'homme  pé- 
cheur avant  qu'il  soit  renouvelé  par  la  pénitence  et 
la  grâce.  Sachant  que  notre  vieil  homme  a  été 
crucifié  avec  lui,  saci,  Bible,  Saint  Paul,  Épitre 
aux  Bom.  vi,  6.  Il  ne  faut  pas  attendre  la  liberté 
et  la  retraite  pour  vaincre  le  vieil  homme,  rtn. 
t.  xviii,  p.  207.  Il  Dépouiller  le  vieil  homme,  se  dé- 
pouiller du  vieil  homme,  se  défaire  des  inclinations  de 
la  nature  corrompue,  et,  dans  le  langage  familier, 
renoncer  à  ses  vieilles  et  à  ses  mauvaises  habitu- 
des. Il  On  retrouve  toujours  le  vieil  homme,  se  dit 
d'un  homme  qui  garde  toujours  l'empreinte  de  ce 
qu'il  est  au  fond.  ||  Nouvel  homme,  ou  homme 
nouveau,  le  chrétien  régénéré  par  la  grâce.  Nous 
nous  trouverons  tout  d'un  coup  dans  la  prière  de 
nouveaux  hommes,  mass  ■  Carême,  Prière  t. 
Il  8°  Il  se  dit  par  rapport  aux  sentiments,  aux  pas- 
sions, aux  infirmités  inhérentes  à  la  nature  de 
l'homme.  Ce  qu'ils  [les  rois]  peuvent  n'est  rien  ;  ils 
sont,  comme  nous  sommes.  Véritablement  hommes, 
Et  meurent  comme  nous,  malh.  i,  3.  Ma  raison  s'est 
troublée  et  mon  faible  a  paru  ;  Mais  j'ai  dépouillé 
l'homme,  et  Dieu  m'a  secouru,  corn.  Théod.  v,  3. 
Ah  !  pour  être  Romain  je  n'en  suis  pas  moins 
homme  :  J'aime,  et  peut-être  plus  qu'on  n'a  jamais 
aimé,  ID.  Sertor.  iv,  (.  Mais  parmi  tant  d'honneurs 
vous  êtes  homme  enfin,  rac.  Iphig.  i,  <.  Je  suis' 
père,  mais  homme;  et  malgré  ta  fureur...,  volt. 
Ah.  V,  5.  11  suffit  qu'il  soit  homme  et  qu'il  soit 
malheureux,  id.  Mérope,  ii,  2.  Mon  empire  est  dé- 
truit si  l'homme  est  reconnu,  id.  Fanât,  v,  4.  ||  Il 
entre  bien  de  l'homme  dans  ce  qu'il  fait,  dans  ce 
qu'il  dit,  etc.  c'est-à-dire  il  se  livre,  bien  qu'il  fasse 
profession  de  sagesse  ou  de  piété,  à  di'S  mouve- 
ments de  passion  ou  d'intérêt.  ||  11  y  a  toujours  de 
l'homme ,  il  se  mêle  toujours  de  l'homme  dans 
nos  actions,  c'est-à-dire  quelque  sage  qu'on  soit, 
on  montre  toujours  quelque  faiblesse.  ||  9°  L'homme, 
le  fonds  humain.  Quand  on  voit  le  style  naturel, 
on  est  tout  étonné  et  ravi;  car  on  s'attendait  de 
voir  un  auteur,  et  on  trouve  un  homme,  pasc. 
Pensées ,  t.  I ,  p.  290 ,  édit.  lahure.  L'homme 
perce  dans  le  philosophe  Sénèque;  la  philoso- 
phie n'anéantit  pas  l'homme,  diderot,  Claude  et 
Nér.  I,  120.  Il  11  se  prend  quelquefois  adjectivement 
en  ce  sens.  11  n'y  a  que  le  roi  de  Prusse  que  je  mets 
de  niveau  avec  vous,  parce  que  c'est  de  tous  les 
.rois  le  moins  roi  et  le  plus  homme,  volt.  Lett.  à 
ilaupertuis,  22  juin  1740.  ||  10"  Uu  individu  de  la 
race  humaine.  Tous  les  siècles  ne  sont  pas  si  heu- 
reux que  celui  d'Auguste,  et  l'homme  dont  le  monde 
a  besoin  n'est  pas  quelijuefois  encore  né,  balzac.  Des 
minisires  et  du  ministère.  Il  n'y  a  point  d'hommes  si 
hébétés  et  si  stupides,  qu'ils  ne  soient  capables  d'ai- 
ranger  ensemble  diverses  paroles  et  d'en  composer 
un  discours,  DEtc.  IHélh.  v,  ».  Pour  grands  que  soient 
les  rois,  ils  sont  ce  que  nous  sommes;  Ils  peuvent  se 
tromper  comme  les  autres  hommes,  corn.  Cid,  i,  6 
Quand  un  homme  une  fois  a  droit  de  nous  haïr,  id. 
Fuly.  v,  i .  C'est  loin  de  ses  parents  qu'un  homme 
apprend  à  vivre,  m.  OEdipe,i,  6.  Ce  fut  alors  que  Louis 
[le  roi]  parut  le  plus  grand  de  tous  les  hommes,  tant 
par  les  prodiges  qu'il  avait  faits  en  personne,  que 
par  ceux  qu'il  fit  faire  à  ses  généraux,  boss.  Louis 
de  Bourbon.  C'a  été  dans  notre  siècle  un  grand 
spectacle  de  voir  dans  le  même  temps  et  dans  les 
mêmes  campagnes  ces  deux  hommes  [Coudé  et  Tu- 
renne]  que  la  voix  commune  de  toute  l'Europe  éga- 
lait aux  plus  grands  capitaines  des  siècles  passés...., 
ID.  ib.  Ce  ne  lui  est  rien  [à  Louis  XIV]  d  fctre 
l'homme  que  les  autres  hommes  admirent:  il  veut 
être  avec  David  l'homme  selon  le  cœur  de  Dieu; 
c'est  pourquoi  Dieu  le  bénit,  ID.  Mar.-Thér.  Il  n'y 
avait  livre  qu'il  ne  lût,  il  n'y  avait  homme  excel- 
lent ou  dans  quelque  spéciilation  ou  dans  quelque 
ouvrage  qu'il  n'entretînt,  id.  Louis  de  Bourbon. 
N'attendez  pas,  messieurs,  que  je  suive  la  coutume 
des  orateurs  et  que  je  loue  M.  de  Turcnne  comme 
on  loue  des  hommes  ordinaires,  fléciiier,  Turenne. 
Comment  est  mort  cet  homme  puissant  qui  sauvait 

le  peuple  d'Israël?  id.  ib Il  viendra  me  deman- 

iler  peut-être  Un  grand  homme  sec,  là,  qui  me  sert 
de  témoin,  Et  qui  jure  pour  moi  loi-sque  j'en  ai 
besoin,  rac.  Plaid,  i,  6.  Il  appa-alt    r!e  temps  en 


2o;^c 


HOM 


temps  sur  la  surface  de  la  terre  des  hommes  rares, 
exquis,  qui  brillent  par  leur  vertu  et  dont  les  quali- 
tés éminentc!!  jettent  un  éclat  prodigieux,  la  bbuy.  ii. 
D'un  jeune  hommo  !  mon  sang  s'est  glacé  dans  mes 
veines,  vni.T.  Mérojie,  ii,  2.  Voyageons  dans  leur 
9ga  [des  anciens],  où  libre,  sans  détour,  Chatiue 
liomme  ose  être  un  hommo  et  penser  au  grand  jour, 
A.  cnÉNiKH,  Vlnveraion.  ||  Autant  qu'homme  du 
monde,  plus  qu'homme  du  monde,  autant,  plus  que 
qui  que  ce  soit.  Il  entend  raillerie  autant  qu'homme 
de  France,  mol.  Femmes  sav.  iv,  3.  ||  Un  saint 
liommo,  un  homme  dont  la  vertu  et  la  piété  sont 
exemplaires.  |{  Par  plaisanterie.  C'était  un  chat  vi- 
vant comme  un  dévot  ermite,  Un  chat  faisant  la 
chattemite.  Un  saint  homme  de  chat,  hien  fourre, 
gros  et  gras.  Arbitre  expert  en  tous  les  cas,  la 
FONT.  Fabl.  VII,  <6.  Il  C'est  un  homme  de  Dieu, 
tout  de  Dieu,  tout  en  Dieu,  homme  fort  pieux,  fort 
dévot,  et  qui  fait  beaucoup  de  charité,  qui  s'occupe 
des  pauvres.  ||  Familièrement.  C'est  un  homme  sans 
façon,  c'est  un  homme  qui  ne  fait  pas  de  cérémonie, 
qui  est  commode  à  vivre,  et  aussi  c'est  un  homme 
qui  ne  se  gêne  pas  assez  avec  les  autres.  ||  Familière- 
ment. C'est  un  bon  cœur  d'homme,  une  bonne  pftte 
d'homme,  c'est  un  homme  bon,  doux,  facile  à  vi- 
vre. Il  C'est  une  bonne  tête  d'homme,  c'est  un 
homme  qui  a  une  bonne  tête,  de  la  force  d'esprit. 
|l  On  ne  sait  quel  homme  vous  êtes,  on  ne  connaît 
pas  votre  humeur.  {|  Un  homme  tout  d'une  pièce, 
un  homme  qui  ne  se  plie  pas  aux  circonstances. 
Il  C'est  le  roi  des  hommes,  se  dit  d'un  homme 
très-bon,  très-bienfaisant.  ||  C'est  le  dernier  des 
hommes,  c'est  le  plus  vil,  le  plus  méprisable  de  tous 
les  hommes.  ||  C'est  un  pauvre  homme,  c'est 
un  homme  sans  capacité.  ||  Familièrement.  C'est 
un  peti'  bout  d'homme,  un  plaisant  homme,  se 
dit,  par  mépris,  d'un  homme  sans  consistance. 
Il  Fig.  Un  homme  nouveau,  celui  qui  a  fait  sa 
fortune  et  sa  réputation.  ||  Fig.  C'est  toujours  le 
même  homme,  il  n'a  pas  changé;  et,  en  un  sens  con- 
traire, ce  n'est  plus  le  même  homme,  il  a  changé, 
il  est  tout  autre.  Qu'il  marchAt  avec  une  armée 
parmi  les  périls,  ou  qu'il  conduisît  ses  amis  dans 
ces  superbes  allées  [de  ChantillyJ  au  bruit  de  tant 
de  jets  d'eau  qui  ne  se  taisaient  ni  jour  ni  nuit, 
c'était  toujours  le  même  homme,  et  .sa  gloire  le 
.suivait  partout,  boss.  Louis  de  Bourbon.  \\  ï'ig. 
Un  autre  homme,  se  dit  pour  exprimer  qu'en  cer- 
taines circonstances  un  homme  semble  agir  sous 
des  impulsions  qui  ne  sont  pas  siennes.  Vous  diriez 
qu'il  y  a  en  lui  un  autre  homme  à  qui  sa  grande 
àme  abandonne  de  moindres  ouvrages  où  elle  ne 
daigne  se  mêler,  boss.  Louis  de  Bourbon.  \\  11°  Plus 
particulièrement.  L'être  qui,  dans  l'espèce  humaine, 
appartient  au  sexe  m&le.  L'homme  et  la  femme. 
Voilà  notre  pouvoir  sur  les  esprits  des  hommes, 
CORN.  Poly.  I,  3.  Ayez  toujours  une  fille  qui  tra- 
vaille dans  votre  chambre  quand  vous  êtes  avec  un 
homme  ;  défiez-vous  des  plus  sages,  maintenon, 
Lettre  à  Mme  de  Caylus,  <706,  t.  vi,  p.  4,  dans 
POUGF.NS.  Il  faut,  pour  que  la  nature  et  l'ordre  social 
se  montrent  jans  toute  leur  beauté,  que  l'homme 
soit  protecteur  et  la  lémme  protégée,  stael,  Co- 
rinne, VI,  3.  Il  Le  premier  homme,  Adam.  Leur  in- 
nocence n'a  guère  plus  duré  à  la  cour  que  celle  du 
premier  homme  dans  le  paradis  terrestre,  balzac. 
De  la  cour,  2*  dise.  ||  En  homme,  en  habits  d'homme. 
X  ce  voyage  elle  était  à  cheval  et  en  homme,  i.  i. 
nouss.  Confess.  ix.  ||  Un  demi-homme,  un  homme 
efféminé,  qui  est  presque  une  femme.  ||  Fig.  La 
vertu  seule  est  libre  :  honneur  de  notre  histoire, 
Notre  immortel  opprobre  y  vit  avec  ta  gloire 
[Chariotte  Corday]  ;  Seule  tu  fus  un  homme,  et 
vengeas  les  humains,  a.  chén.  Ode  ix.  ||  12"  Celui 
qui  est  parvenu  à  l'âge  de  virilité.  C'est  un  homme 
fait.  11  se  fait  homme.  C'est  un  enfant,  mais  quand 
il  se  fera  homme....  ||  N'être  pas  homme,  être  im- 
puissant, être  incapable  d'engendrer.  ||  Absolument 
et  fig.  Homme,  homme  de  cœur,  de  fermeté.  Se  mon- 
trer homme.  Je  veux  que  l'on  soit  homme,  et  qu'en 
toute  rencontre  Le  fond  de  notre  coeur  dans  nos 
discours  se  montre,  mol.  Mis.  i,  ).  Et  l'esclave  dun 
roi  va  voir  enfin  des  hommes,  volt.  Brutus,  i,  ). 
Allons,  reprends  tes  sens,  sois  homme,  ducis,  Ahuf. 
IV,  5.  Il  Par  mépris.  Ce  n'est  pas  un  homme,  c'est 
un  être  faible,  sans  fermeté.  ||  13°  Populairement. 
Mari.  J'irai  avec  mon  homme  souper  chez  vous. 
Mon  Diou,  la  charmante  fille,  que  je  l'aimerai  quand 
le  serai  son  homme!  la  seule  pensée  m'en  fait 
mourir  d'aise,  mabivaux,  Paysan  parv.  3'  part. 
1 14  Homme  soumis  au  commandement  d'un 
autre,  et,  particulièrement,  soldat,  ouvrier.  Le  ca- 
pitaine rassejnbla   ses  hommes.    Cet  entrepreneur 


HOM 

donne  tant  à  ses  hommes  par  jour.  Une  armée  de 
cent  mille  hommes.  Envoyez-moi  un  de  vos  hom- 
mes. Il  Hommes  de  recrue,  soldats  de  nouvelle  levée. 
Il  Remplaçant  militaire.  Simon  Gabelin,  ne  voulant 
point  aller  à  l'armée,  a  vendu  tout  son  bien  pour 
acheter  un  homme,  cl  se  fait  remplacer,  p.  l.  cour. 
Gazette  du  rillage,  n°  4.  ||  Marchand  d'hommes, 
celui  qui  se  chargeait  de  fournir  des  remplaçants. 
Il  Terme  de  marine.  Un  homme  à  la  mer!  cri  que 
l'on  fait  entendre  quand  un  homme  tombe  à  la  mer. 
Il  15°  En  jurisprudence  féodale,  vassal.  Homme  lige. 
Homme  et  femme  de  corps,  gens  de  condition  servile 
et  niainmortable.  Homme  de  foi,  vassal  qui  tenait  un 
fief.  Homme  de  froment,  celui  qui  payait  ses  rede- 
vances en  froment.  Homme  de  justice,  vassal  soumis 
à  la  juridiction  du  seigneur.  Homme  de  poursuite, 
celui  que  le  seigneur  avait  le  droit  de  poursuivre  et  de 
réclamer  partout.  Homme  sans  moyen,  celui  qui  re- 
levait immédiatement  du  roi.  Homme  vivant,  mou- 
rant et  confiscant,  homme  que  les  corps  loainmor- 
tables  présentaient  au  seigneur  dominant  pour  les 
représenter  dans  leur  propriété,  afin  que  cette  pro- 
priété ne  tombât  pas  à  l'état  de  mainmorte;  ce  qui 
aurait  fait  perdre  au  seigneur  les  droits  de  re- 
lief, etc.  Il  Autrefois,  hommo  à\i  roi,  celui  qui 
avait  quelque  commissiun  du  roi  soit  au  de- 
dans du  royaume ,  soit  au  dehors.  L'homme  du 
roi  auprès  des  états  du  Languedoc.  ||  Aujourd'hui 
et  par  extension  du  langage  féodal.  Il  est  l'homme 
d'un  tel,  c'est-à-dire  il  est  pré.>enté,  commis,  rétri- 
bué par  lui.  ||  16°  Un  grand  homme,  un  homme 
distingué  par  des  qualités  éminentes.  Admirons  ce- 
pendant le  destin  des  grands  hommes;  Plaignons-les 
et  par  eux  jugeons  ce  que  nous  sommes,  corn. 
Pomp.  II ,  2.  C'est  prolonger  la  vie  des  grands 
hommes  que  de  poursuivre  dignement  leurs  entre- 
prises, FONTF.N.  Leibnitl.  Vous  savez  que  chez 
moi  les  grands  hommes  vont  les  premiers,  et  les 
héros  les  derniers;  j'appelle  grands  hommes  tous 
ceux  qui  ont  excellé  dans  l'utile  ou  dans  l'agréable, 
VOLT.  Lett.  Thiriot,  16  juill.  )735.  Callicrate  :  Voilà 
un  grand  homme  bien  petit.  —  Evhémère  :  Il  n'y 
en  a  guère  d'autres;  ils  sont  comme  l'aimant  dont 
j'ai  découvert  une  propriété,  c'est  qu'il  a  un  côté 
qui  attire  et  l'autre  qui  repousse,  id.  Dial.  '29.  Le 
grand  homme  est  celui  qui,  pour  des  objets  grands 
et  utiles,  proportionne  les  moyens  aux  entreprises, 
les  couronne  par  le  succès,  et  peut  s'applaudir  des 
événements  puisqu'il  a  su  les  prévoir,  les  préparer 
et  les  amener,  duclos,  Mém.  Rég.  Œuvres,  t.  v, 
p.  3(2,  dans  POL'CF.NS.  Ceux  qui  l'ont  méconnu  pleu- 
reront le  grand  homme,  lamart.  Médit,  i,  M. 
Il  Voltaire  adit  grand  homme,  en  parlantdela  reine 
Elisabeth  d'Angleterre  :  ....L'Europe  vous  compte 
au  rang  des  plus  grands  hommes,  Ilenr.  m.  ||  Bon 
homme,  voy.  bon,  aux  n"*  13  et  1 4,  et  à  la  synony- 
mie, voy.  aussi  bonhomme.  |1  Par  familiarité  ou  par 
hauteur.  On  dit  parfois  bonhomme  en  parlant  à  un 
homme  du  peuple  ou  de  la  campagne,  quel  que  soit 
son  âge.  ||  Aller  son  petit  bonhomme  de  chemin,  voy. 
CHEMIN,  n°  1.  Il  lUave  homme,  voy.  rrave  aux  n°'  I 
et  2,  et  aux  remarques.  ||  Un  honnête  homme,  voy. 
honnête.  Il  17°  Homme  suivi  de  la  préposition  de 
sans  article  sert  à  marquer  la  profession  ,  l'état,  la 
qualité.  Homme  d'épée,  d'Église,  de  robe,  de  let- 
tres, de  génie,  de  goiit,  etc.  Don  Rodrigue  surtout 
n'a  trait  en  son  visage  Qui  d'un  homme  de  cœur  ne 
soit  la  haute  image,  cohn.  Cid,  i.  4.  Je  l'avais  bien 
prévu  que  pour  un  tel  ouvrage  Cinna  saurait  choi- 
sir des  hommesde  courage,  ID.  Cinna,  i,  3.  Homme 
de  lettres,  homme  d'érudition,  mol.  Mar.  forcé,  <t. 
Homme  de  suffisance,  homme  de  capacité,  m.  ib. 
c.  Vous  êtes  homme  d'accommodement,  ID.  Pourc. 
m,  6.  Un  homme  d'esprit,  et  qui  est  né  fier,  ne 
perd  rien  de  sa  fierté  et  de  sa  raideur  pour  se  trou- 
ver pauvre,  la  bruy.  v.  Le  chrétien  est  donc  un 
homme  de  prière,  mass.  Carême,  Prière  t.  Mon 
cher  ange,  la  vie  d'un  homme  de  lettres  n'est  bonne 
qu'après  sa  mort,  volt.  Lett.  d'Argental,  17  sep- 
temh.  1755.  Il  Homme  de  qualité,  homme  qui  ap- 
partient à  la  noblesse.  ||  Familièrement.  Cela  sent 
son  homme  de  qualité,  cela  marque  un  homme  de 
qualité,  en  est  digne.  ||  Homme  d'État,  homme  qui 
régit  les  affaires  publiques.  Puissions-nous  voir  en 
lui,  malgré  tous  ses  malheurs.  L'homme  d'État  heu- 
reux, quand  le  père  soupire,  volt.  Tancr.  v,  t. 
Il  Homme  d'ordre,  de  progrès,  d'avenir,  d'action, 
homme  qui  est  attaché  à  l'ordre,  qui  favorise  le 
progrès,  qui  a  de  l'avenir  et  donne  des  espérances, 
qui  est  propre  à  agir.  ||  Homme  de  bien,  homme 
qui  obéit  .i  toutes  les  lois  de  la  morale.  Tu  n'as 
fait  le  devoir  que  d'un  homme  de  bien,  corn.  Cid, 
m,  4.  Un  homme  de  bien  ne  saurait  empêcher  par 


noM 

toute  sa  modestie,  qu'on  ne  dise  de  mi  ce  qu'un 
malhonnête  hommo  fait  dire  de  soi,  la  bruï.  v.  L« 
plus  homme  de  bien  est  celui  qui  travaille,  collik 
n'HARLEViLi.F,,  Vieux  célib.  iv ,  3.  ||  Familièrement. 
Homme  de  bien,  se  dit  quand  on  adre.'se  la  parole 
à  quelqu'un  qu'on  ne  connaît  pas.  Homme  de  bien, 
qui  voyez  tant  de  choses.  Voyez-vous  point  mon 
veau?  dites-le-moi,  la  font,  le  Villageois.  ||  Homme 
de  confiance,  homme  en  qui  on  a  pleine  confiance 
Il  Homme  d'honneur,  homme  qui  se  comporte  en 
tout  suivant  les  lois  de  l'honneur.  Ne  lu  recevez  point 
en  meurtrier  d'un  frère,  Mais  en  homme  d'honneur 
qui  faitcequ'ildoit  faire,  CORN. //or.  11,4.  ||  D  homme 
d'honneur,  en  homme  d'honneur,  se  dit  pour  affir- 
mer quelque  chose.  ||  Homme  d'imporUince,  homme 
qui  jouit  de  crédit,  d'inOuence,  de  richesse,  de  pou- 
voir. On  y  fait  l'homme  d'importance  Et  l'on  n'est 
souvent  qu'un  bourgeois,  la  font.  Fabl.  viii,  (6. 
Il  Homme  de  loi,  un  avocat,  un  avoué.  ||  Autrefois, 
homme  d'afïaires,  homme  employé  dans  les  affaires 
de  finance  et  particulièrement  dans  les  fermes  du 
roi.  Il  Aujourd'hui,  homme  d'affaires,  agent  d'af- 
faires, et  aussi  homme  qui  a  soin  des  affaires  d'una 
grande  maison.  ||  Fig.  et  familièrement.  Homme  de 
paille,  homme  sans  consistance,  sans  fortune,  qui 
ne  présente  aucune  garantie  ;  et,  par  extension,  ce- 
lui qui,  prêtant  son  nom  dan»"  une  affaire,  mais  ne 
possédant  -rien,  n'offre  aucune  garantie  à  ceux  quj 
ont  sa  signature.  ||  Autrefois,  homme  de  chambre, 
domestique  employé  au  service  de  la  chambre.  On 
dit  aujourd'hui  valet  de  chambre.  ||  Homme  de 
guerre,  militaire.  Un  grand  homme  de  guerre,  un 
général  qui  a  remporté  d'éclatants  succès.  ||  Homme 
de  mer,  homme  qu'une  pralique  longue  et  intelli- 
gente a  familiarisé  avec  les  choses  de  la  mer.  N'ous 
voilà  insensiblement  engagés  dans  l'histoire  d'un  ex  ^ 
collent  homme  de  mer,  d'un  voyageur  illustre,  d'un 
habile  ingénieur,  et  presque  d'un  homme  d'État 
HAiRAN,  Éloge  de  //(li/ri/.  ||  Homme  de  mer  signi- 
fie aussi  simplement  matelot.  Que  ferait  aujourd'hui 
l'Angleterre,  si,  au  lieu  de  quarante  mille  hommes 
de  mer,  elle  avait  quarante  mille  moines?  volt. 
Vil.  aux  ioécus,  moines.  \\  Homme  de  pied,  soldat  d'in- 
fanterie. Il  Homme  de  cheval,  soldat  de  cavalerie. 
Il  C'est  un  bon  homme  de  cheval,  un  bel  homme 
de  cheval,  il  manie  bien  un.  cheval,  il  a  bonne 
grâce  achevai.  ||  Anciennement,  homme  d'armes, 
cavalier  armé  de  toutes  pièces.  ;  |  Homme  de  peine, 
homme  employé  aux  gros  travaux  fatigants,  à  por- 
ter des  fardeaux,  à  balayer,  etc.  ||  Homme  de  sac  et 
de  corde,  un  mauvais  garnement.  ||  Homme  de  Dieu, 
prophète,  homme  inspiré  de  Dieu.  Voici  le  quart 
d'un  sicle  d'argent  que  j'ai  trouvé  sur  moi  par  ha- 
sard :  donnons-le  à  l'homme  de  Dieu,  afin  qu'il  nous 
découvre  ce  que  nous  devons  faire,  sAci,  Bible,  Rois, 
!,  IX,  8.  Il  Terme  mystique.  Homme  de  péché,  pé- 
cheur. Lui  [à  Dieu]  demander  avec  une  foi  vive 
qu'il  détruise  en  elle  jl'àme]  cet  homme  de  péché 
qui,  malgré  ses  plus  fermes  résolutions,  lui  fait  faire 
tous  les  jours  tant  de  faux  pas  dans  la  voie  do 
Dieu,  MASS.  Carême,  Prière  i.||18°  Homme  de, 
avec  l'article  défini.  Celui  qui  appartient  à,  qui  est 
propre  à.  Il  n'est  roi  que  pour  être  l'homme  des  peu- 
ples, FÉN.  Tél.  V.  Le  gaide-champétre  est  l'homme 
du  maire,  comme  le  maire  est  l'homme  du  préfet, 
p.  L.  COUR.  Pierre  Clavier  aux  juges  de  Blois.  Celui 
de  nos  chefs  que  jusque-là  on  avait  vu  le  plus  ri- 
goureux pour  le  maintien  de  la  discipline,  ne  se 
trouve  plus  l'homme  de  la  circonstance,  sÉGun, 
Jlist.  de  fiap.  ix,  n.  ||  Homme  du  vieux  temps,  du 
temps  passé,  homme  qui  conserve  les  mœurs,  les 
manières  antiques.  ||  Homme  du  jour,  homme  à  la 
mode.  Ne  soyez  plus  ami,  ne  soyez  plus  amant, 
Soyez  l'homme  du  jour,  et  vous  serez  charmant, 
BOissY,  Deh.  tromp.  v,  i.||  Homme  du  monde, 
homme  qui  vit  dans  le  grand  monde.  L'homme  du 
monde  du  meilleur  esprit,  que  le  hasard  a  porté  au 
milieu  d'eux  [une  société  particulière,  une  coterie], 
leur  est  étranger,  la  bruy.  vu.  L'homme  du  monde 
est  né  pour  ne  tenir  à  rien,  boissy,  Deh.  tromp.  i, 
0.  Il  Homme  du  monde,  se  dit  aussi  par  opposition 
aux  savants,  aux  artistes,  etc.  Le  savant  et  l'homme 
du  monde.  Il  19"  Homme  qui,  homme  capable  de, 
susceptible  de.  Il  ne  fuyait  qu'en  homme  Qui  savait 
ménager  la  fortune  de  Rome,  corn.  Uor.  iv,  2.  Vous 
êtes  homme  qui  savez  les  maximes  du  point  d'hon- 
neur, MOL.  G.  Dand.  i,  8.  Je  suis  homme  qui  aime 
à  m'acquitter  le  plus  tôt  que  je  puis,  id.  Bourg,  gent. 
m,  4,  Il  n'est  pas  homme  qui  s'accommode  des  mé- 
diocres consolations,  sÉv.  593.  ||  20° Homme  4,  suifi 
d'un  infinitif,  capable,  qui  peut  faire  quel(|ue chose 
soit  en  bien  soit  en  mal.  Il  est  homme  à  tout  ten- 
ter. Il  n'est  pas  homme  à  endurer  un  affront.  Il  est 


liomme  à  s'en  venger.  ||  Suivi  d'un  substantif,  il  si- 
-iiifie  celui  qui   accepte,  qui  s'accommode  à.  Aldo- 

I  :;mdin  était  homme  à  présents,  la   font.    Hagn. 

N'être  homme  à  cela  près,  ne  pas  attacherd'impor- 
tiice  aune  chosequi  en  blesserait  un  autre.  ...Neher- 
.';d  n'était  homme  X  cela  près...,  la  font.  Diable  en 
enfer.  \\  FamiliÎTement.  C'est  un  homme  à  tout,  c'est 
un  homme  propre  à  différents  genres  de  besognes,  de 
services.  Ce  domestique  est  fort  intelligent,  c'est  un 
homme  à  tout.  ||  Homme  à,  exprimant  de  quoi  un 
liomme  est  digne  soit  en  bien  soit  en  mal;  dans  cet 
'emploi  au  lieu  dédire:  il  est  homme  à,  on  dit  d'or- 
'linaire  :  c'est  un  homme  à.  C'est  un  homme  à  noyer, 
i  pendre,  à  ménager,  à  employer.  Un  homme  à  na- 
sardes,àétrivières.  |{  21°Aveclesadjectifs  possessifs, 
homme  propre  et  convenable  à  ce  qu'on  veut.  C'est 
mon  homme.  Je  ne  suis  pas  leur  homme.  Adieu 
donc,  mes  pauvres  troupeaux;  Le  bon  Guillot  n'est 
plus  votre  homme,  la  motte,  Fahl.  ii,  )0.  Mon- 
sieur, vous  êtes  mon  homme,  votre  famille  m'est 
connue,  et  je  vous  donne  ma  nièce  en  mariage,  le- 
GRAND,  Mélnmorph.  amour,  se.  dern.  ||  Je  suis  votre 
homme,  je  vous  suis  tout  dévoué.  ||  Ironiquement. 

II  a  trouvé  son  homme,  il  a  trouvé  quelqu'un  qui 
lui  a  rivé  son  clou,  qui  est  plus  fort,  plus  habile  que 
lui.  Parbleu,  chevalier,  te  voilà  mal  ajusté;  ....tu 
as  trouvé  ton  homme,  mol.  Critique,  7.  {|  L'homme 
dont  il  s'agit,  dont  on  parle.  Je  n'ai  pas  trouvé  mon 
homme.  Il  courut,  mais  son  homme  avait  pris  les 
devants.  Et  le  second  qu'il  tâta  d'aventure  Était  son 
homme,  la  font.  Mulet.  ||  .Se  dit  de  la  manière  dont 
quelqu'un  est  traité  par  un  autre,  de  l'action  que 
certaines  choses  exercent  sur  quelqu'un.  C'est  un  duel- 
liste qui  ne  manque  pas  son  homme.  Ce  charlatan  a 
bientôt  expédié  son  homme.  La  fièvre  jaune  tue 
souvent  son  homme  en  quelques  heures.  Il  ne  se 
battait'  jamais  sans  avoir  le  malheur  de  tuer  son 
homme,  hamilt.  Gramm.  4.  Qui  est  coupable  d'une 
fraude  pieuse  pourrait  l'être  également  d'une  fraude 
à  faire  pendre  son  homme,  volt.  Lett.  d'Argent. 
7  juillet  1769.  Il  a  toujours  tué,  blessé  ou  désarmé 
son  homme,  J .  j.  nouss.  Hél.  i,  B7 .  ]  I  22°  Homme  d'in- 
telligence, sorte  de  gnostique  du  xv  siècle  (Pays- 
Bas).  Il  23»  Homme  des  bois,  l'orang-outang;  et,  par 
plaisanterie,  un  homme  rustre,  gauche,  etc.  C'est 
un  homme  des  bois,  un  véritable  homme  des  bois. 
Il  Homme  marin,  nom  donné  à  des  phoques  et  à  des 
lamantins.  ||  Homme  de  guerre,  un  des  noms  donnés 
au  tachypète  aigle  (palmipèdes),  dit  aussi  frégate,  et 
oiseau  guerrier,  parce  qu'il  en  combat  plusieurs  au- 
tres pour  se  saisir  du  poisson  qu'ils  enlèvent,  le- 
goarant.  Il  24°  Homme  rouge,  être  surnaturel  qui, 
selon  les  habitants  de  la  basse  Bretagne,  parcourt  les 
côtes  de  ce  pays  et  précipite  dans  la  mer  les  voya- 
geurs qu'il  rencontre.  {|  Petit  homme  rouge,  être 
surnaturel  qui,  suivant  une  superstition  parisienne, 
hantait  les  Tuileries  et  annonçait  malheur  à  leurs 
habitants,  comme  Mélusine  à  la  maison  de  Lusi- 
gnan.  Comme  balayeuse  on  me  loge  Depuis  qua- 
rante ans.  Dans  le  château,  près  de  l'horloge;  Or, 
mes  enfants,  sachez  Que  là  pour  mes  péchés.  Du 
coin,  d'où  le  soir  je  ne  bouge,  J'ai  vu  le  petit 
homme  rouge,  Saints  du  paradis.  Priez  pour  Char- 
les-dix, BÊRANG.  Petit  homme  rouge.  ||  25°  L'homme 
d'Auvergne,  sorte  de  jeu  de  cartes.  ||  26°  Terme  de 
marine.  Homme  de  bois,  sorte  de  mât  très-court. 
Il  Proverbes.  Jamais  cheval  ni  méchant  homme  n'a- 
menda pour  aller  à  Rome,  voy.  cheval.  ||  Il  y  a 
grande  difTérence  d'homme  à  homme.  ||  11  doit  à 
Dieu  et  aux  hommes,  se  dit  d'un  homme  fort  en- 
detté. ||  Face  d'homme  porte  vertu,  c'est-à-dire  la 
présence  d'un  homme  sert  bien  à  ses  afaires.  ||  Bon- 
iiomme,  garde  ta  vache,  voy.  vache,  {j  Tout  homme 
fst  menteur.  ||  Tant  vaut  l'homme  tant  vaut  la  terre, 
les  terres  rapportent  en  proportion  de  l'habileté  de 
celui  qui  les  fait  valoir;  chacun  réussit  selon  sa 
capacité.  ||  L'homme  propose  et  Dieu  dispose,  c'est- 
à-dire  qu'on  fait  des  projets,  mais  que  l'exécution 
dépend  de  la  volonté  de  Dieu. 

—  REM.  Plusieurs  adjectifs  ont  un  sens  différent 
suivant  que  le  mot  homme  suit  ou  précède.  Un 
grand  homme,  homme  éminent  par  le  génie  ;  un 
homme  grand,  un  homme  de  haute  taille.  Un  hon- 
nête homme,  homme  de  probité;  un  homme  hon- 
nête, un  homme  civil,  cependant  il  a  aussi  le  s"ns 
d'homme  probe.  Un  bon  homme,  homme  commode 
et  qui  se  laisse  faire;  un  homme  bon,  homme  qui 
a  de  la  bonté.  Un  brave  homme,  homme  de  loyauté; 
un  homme  brave,  homme  qui  a  de  la  bravoure.  Un 
pauvre  homme,  homme  sans  capacité  et  sans  res- 
sources d'esprit  ;  un  homme  pauvre,  homme  qui 
est  dans  la  pauvreté. 

—  SYN.  1°   HOMME    DE    BIEN,    HOMME    d'hONNEUR, 


ROM 

honnête  homme.  L'homme  de  bien  est  celui  qui 
pratique  le  bien.  L'homme  d'honneur  est  celui  qui 
est  fidèle  aux  lois  de  l'honneur.  L'honnête  homme 
est  celui  qui  sa  règle  par  l'honnêteté.  Toute  la  dif- 
férence est  donc  dans  bien,  honneur  et  honnêteté. 
Le  bien  est  ce  qu'il  y  a  de  plus  universel.  L'hon- 
neur a  certaines  parties  de  convention  qui  n'appar- 
tiennent pas  à  l'idée  de  bien.  Enfin  l'honnêteté 
d'une  part  n'implique  pas  ce  qu'il  y  a  de  conven- 
tionnel dans  l'honneur,  et  d'autre  part  a  moins  de 
généralité  que  le  bien.  ||2°homme  de  sens,  homme 
DE  bon  sens.  Homme  de  sens  dit  plus  qu'homme  de 
bon  sens.  Le  bon  sens  est  ce  qui  est  supposé  ap- 
partenir à  la  plupart  des  hommes.  Le  sens  au;  con- 
traire implique  une  certaine  profondeur  ou  supé- 
riorité dans  le  jugement. 

—  IlIST.  XI"  s.  Hom  [je]  sui  Rolant  [je  suis  homme 
de  Roland],  je  ne  lui  dei  faillir,  Ch.  de  Itol.  Lxii. 
Il  xir  s.  Jamais  par  home  ne  fut  tex  [telle  bataille] 
esgardée  [vue],  Ronc.  49.  Et  li  viel  home  et  li  jeune 
mesquin  [garçons],  ib.  p.  <56.  Nus  [nul]  homs  de 
char  n'i  oïst  Deu  tonnant,  ib.  p.  <66.  Membrer 
vous  doit  que  laide  cruauté  Fait  qui  ocist  son  lige 
homme  demaine,  Couci,  xix.  Grant  péché  fait  qui 
son  homme  veut  prendre  Par  beau  semblant  mons- 
trer,  tant  que  bien  tient,  ib.  xxi.  Dont  [pour  cela] 
[ils]  firent  la  bataille  sur  deus  homes  jugier  [re- 
mettre la  bataille  à  deux  champions],  Sax.  iv.  Ne 
remest  [reste]  à  semondre  chevaliers  ne  frans  hom, 
ib.  XXV.  Â  prendre  lui  convient  [il  faut]  vie  d'omme 
sauvage,  Et  gésir  mainte  nuit  au  vent  et  à  l'orage, 
ib.  XXVI.  (Que  chaque  baron  aille]  Pour  aprester  ses 
homes,  son  cors  et  son  afaire,  ib.  xxxi.  Nous 
[paysans]  sûmes  homes  come  il  [les  nobles]  sont  ; 
Tex  [tels]  membres  avon  com  il  ont,  wace,  Rou, 
6975-6074.11  xiii's.  Tous  H  Clergé,  et  11  home  d'eage, 
quesnes.  Romancero,  p.  94.  11  n'avoient  mie  plus 
de  vint  mil  homes  à  armes,  vilieh.  cviii.  Alonscele 
terre  conquerre,  et  ce  que  vos  m'en  voldrez  doner, 
je  le  tenrai  de  vous,  et  en  serai  vostre  hom  liges, 
ID.  cxxxiil.  Et  dient  cil  qui  morir  le  virent,  que  co 
fu  uns  des  homes  du  monde  qui  plus  bêle  fin  fist, 
ID.  xxiii.  Là  fu  mors  uns  haus  bons  de  Flandres,  qui 
avoit  nom  Giles  de  Landast,  ID.  L.  Dit  [il]  lui  a  qu'ai 
retour  riche  homme  [il]  le  fera,  Berte,  cxxii.  La 
quarte  manière  de  desaveu,  si  est  quant  li  bons  de 
cors  se  desaveue  de  son  segneur,  parce  qu'il  dist 
qu'il  est  frans...,  bf.alm.  xlv,  b.  Et  toz  jors  dit-on 
que  bons  jugiés  ne  pot  jugier  autrui,  id.  xxxiv,  42, 
78.  Si  come  s'il  li  requiert  qu'il  le  reçoive  à  home 
de  fief,  ID.  VI,  (3.  Je  vous  weil  demander  comment 
vous  feustes  si  hardi  que  vous  qui  estes  un  joenes 
bons,  m'osastes  loer  [conseiller]  ma  demeurée  [de 
rester  en  Palestine],  joinv.  2r,6.  Si  com  li  hom  ot 
la  seignorie  des  autres  créatures,  br.  latini.  Tré- 
sor, p.  335.  Il  XIV'  s.  Et  chescun  indifféremment 
aussi  bien  un  homme  bestial  comme  un  très  bon 
homme  peut  user  de  corporeles  delettacions, 
OEESME,  Eth.  3)3.  Il  XV'  s.  Cils  se  tindrent  fran- 
chement et  richement,  et  dirent  qu'ils  ne  se  ren- 
droient  à  homme,  fhoiss.  i,  i,  244.  Tantost  après, 
le  roy,  par  le  conseil  de  ses  hommes,  fit  madame 
sa  mère  enfermer  en  un  bel  chastel,  ID.  i,  i,  60. 
Comment  et  de  quoy  le  roy  d'Angleterre  devoit  es- 
tre  homme  du  roy  de  France,  id.  i,  i,  B2.  J'ai  servi 
au  roi  Philippe  son  aïeul  et  au  roi  Jean  son  tayon 
[grand-père]  et  au  roi  Charles  son  père  bien  et  loyale- 
ment; ni  oncques  cils  trois  rois....  ne  me  sçurent  que 
demander;  et  aussi  ne  feroit  celui-ci  s'il  avoit  âge  et 
connaissance  d'homme,  id.  ii,  ii,  205.  Si  c'estoit  un 
plus  riche  hom  dix  fois  que  il  ne  soit,  si  ne  sera-t- 
il  jamais  hors  de  nostre  prison,  id.  ii,  ii,  52.  Si 
comme  ils  le  proposèrent,  ils  le  firent:  et  envoyè- 
rent un  homme  de  bien  et  unes  lettres  scellées 
closes  devers  messire  Roger  d'Espaigne,  id.  m,  iv, 
23.  Et  tout  le  demeurant,....  tous  hommes  d'hon- 
neur, se  boutèrent  à  la  couverte  dedans  le  bois,  m. 
III,  IV,  60.  Le  roy  de  France  à  bien  vingt  mille 
hommes  d'armes,  qui  sont  soixante  mille  testes  ar- 
mées, m.  liv.  Il,  p.  '-iis,  dans  lacurne.  On  dit  com- 
munément qu'un  homme  en  vaut  cent,  et  cent 
n'en  vallent  pas  un  ;  et,  au  vray  dire,  aucunes  fois 
il  advient  que  par  un  homme  un  pai»  e-t  raddrecé 
et  resjoui  par  son  sens  et  sa  prouesse  ;  d'un  autre 
un  pals  tout  perdu  et  désespéré,  id.  liv.  i,  p.  364. 
Foulz  est  vieulz  bons  qui  jeune  femme  prant,  E. 
DESCII.  Fou  est  vieux  homme,  etc.  Or  vive  co  bon 
breuvaige ,  Qui  mon  homme  [mari]  en  santé  met, 
Et  nous  faict  Vivre  en  paix  en  mariage,  bassi-l.  Vau 
de  Vire,  36.  Jà  lui  semble  qu'il  soit  homme,  Bouciq. 
I,  0.  Tout  homme  couroit  vers  le  duc  d'Orieans,  à 
qui  advenoit  la  couronne  comme  au  plus  prochain, 
coMM.  vin,  20.  11  [le  duc  de  Bourgogne]  n'est  pas 


HOM 


2037 


homme  pour  jamais  se  saouler  d'une  entreprise,  in, 
IV,  I.  Je  ne  scey  que  faire,  et  ne  m'en  scey  chevir, 
tant  est  mal  homme  et  divers.  Les  <5  joyes  de  ma- 
riage, p.  29.  Si  vindrent  l'un  contre  l'autre  de  tel 
randon  que  Nero  atteint  son  homme  si  vertueuse- 
ment qu'il  le  porta  par  terre,  l'erceforest,  t.  v,  f"  3o. 
Donner  à  Dieu  n'apovrist  homme,  leroux  de  lincy, 

Prov.  t.  I,  p.  <9.  Il  XVI'  s Que  franchement  j'ay 

ouvertes  mes  portes  X  vingt  mil  homps,  avec  leurs 
capitaines,  j.  marot,  v,  n.  Bacchus  lavante,  et  dit 
qu'elle  est  séante.  Et  convenante  à  Noéle  bon  hom 
Pour  en  tailler  la  vigne  en  la  saison,  marot,  ii,  362. 
Malligny  qui  n'est  pas  plus  homme  de  bien  qu'eux, 
CONDÉ,  Mémoires,  p.  565.  Honnne  de  guerre,  mont. 
I,  25.  Nous  ne  sommes  hommes  que  par  la  pa- 
role, ID.  I,  36.  Il  estoit  homme  pour  [à]  devenir..., 
m.  I,  70.  Homme  de  lettres,  id.  i,  (74.  Il  l'envoya 
subjuguer  le  monde  à  tout  seulement  3o,ooo  hom- 
mes, id.  i,  180.  Hommes  faicts,  ils...,iD. i,  (81.  En- 
fant, homme,  vieil,  j'ay  tousjours  creu...,  id.  i,  (83. 
Il  deffia  au  combat  d'homme  à  homme  le  plus  vail- 
lant des  Gaulois.  —  Les  Gaulois,  ayant  veu  desfaire 
leur  homme,  envoyèrent  un  herault  à  Rome  pour 
accuser  ce  Fabius,  amyot,  Numa,  22.  lUuy  tua  deux 
mille  cinq  cens  bons  hommes,  et  en  feit  six  cens 
prisonniers,  w.P.£m.  <3.  Un  homme  de  cheval,  in. 
Arist.  35.  C'estoit  un  personnage  parfaittement  droit 
et  juste  es  choses  privées  d'homme  à  homme,  id.  16. 
6 1  .Hommeassailli, àdcmi  vaincu,  cotgrave.  Homme 
endormi,  corps  enseveli,  id.  Homme  matiuBUx.sain, 
alaigre  et  soigneux,  m.  Homme  mort  ne  fait  guerre, 
ID.  Homme  mutin,  brus.)ue  roussin,  flacon  de  vin 
prennent  tost  fin,  id.  Homme  rusé,  tard  abusé,  id. 
Homme  seul  est  viande  aux  loups,  id.  Celui  est 
homme  de  bien,  qui  est  homme  de  biens,  id.X 
grand  homme  grand  verre,  id.  De  meschant  liomme 
bon  roy,  id.  Le  bœuf  par  la  corne,  l'homme  par  la 
parole,  id.  Une  science  requiert  tout  son  homme,  id. 
Le  fait  juge  l'homme,  leroux  de  lincy,  Prov.  1. 1, 
p.  263.  L'on  ne  peut  homme  nud  despouiller,  id.  ib. 
p.  256.  On  ne  doit  juger  d'homme  et  de  vin,  sans 
les  esprouver  soir  et  matin,  id.  ib.  t.  Ji,  p.  :)G  1 .  Si  tu 
veux  cognoi-stre  quel  soit  l'homme,  donne  luy  of- 
fice, charge  ou  somme,  id.  ib.  p.  416.  Autant  vaut 
l'homme  comme  il.s'estime,  rab.  ii,  29. 

—  ÊTYM.  Berry,  houme;  provenç.  hom,  home, 
om;  catal.  /iomc;espagn.  jfiomhre  ;  portug.  homem; 
ital.  uomo;  du  lat.  hominem.  Dans  l'ancien  fran- 
çais, au  nominatif  hom  ou,  moins  correctement, 
homs,  au  régime  home  ;  au  pluriel  nominatif,  li 
home,  régime  les  homes.  C'est  du  nominatif  singu- 
lier hom  que  dérive  notre  nom  indéfini  l'on,  on. 
Palsgrave,  p.  7,  au  xvi'  siècle,  dit  qu'on  prononce 
honme,  c'est-à-dire  hon-m'.  Sur  l'origine  de  Iwmo  il 
n'y  a  que  des  conjectures  :  Bopp  indique  le  sanscrit 
bhûman,  créature,  de  bhû,  être,  mais  on  aurait  eu 
en  latin /'u mon;  d'autres  indiquent  ftîiWMj,  la  terre, 
homo  -signifiant,  dans  cette  hypothèse,  le  terrestre. 

t  HOMMEAU  (o-mô),  4-.  m.  Diminutif  vieilli.  Pe- 
tit homme.  Le  bon  bommeau  des  coups  se  consola, 
LA  FONT.  Coc. 

—  HIST.  XVI'  s.  Non  pas  d'un  Hercules  ne  d'un 
Samson,  mais  d'un  seul  bommeau,  mont,  iv,  348. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  homme.  Paré,  m,  693,  a 
dit  hommet. 

t  HOMMÉE  (o-mée),  s.  f.  Terme  rural.  Quantité 
qu'un  homme  peut  labourer  en  un  jour;  travail 
d'une  journée.  ||  En  Lorraine,  une  division  de  la 
terre.  Ce  champ  contient  dix  hommées. 

—  ÉTYM.  Homme. 

t  nOMO....  préfixe  qui  signifie  le  même,  sem- 
blable, et  qui  vient  du  grec  éjiôi;. 

t  HOMOBRANCIIE  (o-mo-bran-ch'),  adj.  Terme 
de  zoologie.  Qui  a  les  branchies  semblables.  ||  S.  m. 
pi.  Les  homohranches,  ordre  de  la  classe  des  cru- 
stacés comprenant  ceux  qui  ont  les  branchies  en 
pyramide. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  branchie. 

t  HOMOCENTRE  (o-mo-san-tr') ,  s.  m.  Terme  de 
géométrie.  Centre  commun  de  plusieurs  cercles. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  centre. 
HOMOCENTRIQCE  (o-mo-san-tri-k'),  adj.  Terme 

de  géométrie.  Qui  a  même  centre;  concentrique 

—  ÉTYM.  Homocentre. 

f  OOSIOCENTRIQUEMElVT(o-mo-san-tri-ke-man), 
adv.  D'une  façon  homocentrique  ;  sans  changer  de 
centre.  Se  mouvoir  homocentriquement. 

t  HOMOCEKQUE  (o-mo-sér-k'),  adj.  A  queue 
également  bilobée  (poissons),  (xép».oç). 

t  HOMODERMES  (o-mo-derm') ,  s.  m.  pi.  Fa- 
mille de  reptiles  ophidiens  comprenant  ceux  dont 
la  peau  est  recouverte  partout  d'écaillés. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  derme. 


2038 


HOM 


t  HOMODROME  (o-mo-(iio-m') ,  adj.  Ancien 
terme  de  mécanique.  Levier  homodrome,  levier 
ndans  lequel  la  résistance  et  la  puissance  sont  l'une 
cl  l'autre  du  môme  côté  du  point  d'appui. 

—  Etym. //oinu et  ôpoiAo;,  course. 

f  UOMOE....  Voy.  parHOMÉ....  les  mots  écrits  sou- 
Yont  par  liomoe. 

t  IlOMOÈDRE  (o-mo-è-dr'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Synonyme  de  holoèdre. 

-■  ÉTYM.  Homo....,  et  Sôpa,  face. 

tUOMOFOCAL,  ALE  (o-mo-fo-kal,  ka-l'),  adj. 
Terne  de  géoojétrie.  Qui  a  un  même  foyer. 

—  ÉTYM.  Mot  hybride  fait  de  homo....,  et  focal. 

t  IlOMOGAME  (o-mo-ga-m'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Plante  homogame,  plante  dont  toutes  les 
Heurs  sont  du  même  sexe.  Capitules  homogames. 

—  ÉTYM.  Uomo....,  et  Yâ(io;,  mariage. 

t  HOMOGAMIE  (o-mo-ga-mie),  s.  f.  Terme  de  bo- 
tanique. État  d'une  plante  homogame. 

HOMOGÈNE  (o-mo-jè-n'),  adj.  ||  1°  Qui  est  da 
même  nature,  de  même  genre  qu'un  autre  objet. 
Formé  d'une  substance  homogène  à  la  sienne,  J.  J. 
Bouss.  Ém.  1. 1|2"  Formé  de  parties  semblables. 
Un  tout  homogène.  ||  Terme  de  mathématique. 
Quantités  homogènes,  celles  qui  indiquent  des  ob- 
jets de  même  nature.  ||  Euclide,  qui,  pour  des  raisons 
particulières,  ne  mettait  pas  l'unité  au  rang  des 
nombres,  avait  une  définition  spéciale  des  gran- 
deurs homogènes  :  Euclide  définit  ainsi  les  gran- 
deurs homogènes  :  les  grandeurs,  dit-il,  sont  dites 
être  de  même  genre,  lorsque  l'une,  étant  plusieurs 
fois  multipliée,  peut  arriver  à  surpasser  l'autre 
(par  opposition  à  l'unité  qui,  multipliée  par  elle- 
même,  donne  toujours  un) ,  pasc.  Espr.  géom. 
sect.  I.  Il  Terme  d'algèbre.  Quantités  homogènes, 
quantités  qui  ont  le  même  nombre  de  dimensions  : 
i',  l'y,  xys  sont  des  quantités  homogènes,  parce 
qu'elles  ont  chacune  trois  dimensions.  ||  Équations 
homogènes,  équations  où  les  variables  ont  le  même 
nombre  de  dimensions  dans  tous  les  termes.  |{  An- 
cien terme  d'algèbre.  Homogène  de  comparaison, 
le  dernier  terme  d'une  équation,  composé  de  quan- 
tités toutes  connues.  ||  Terme  de  physique.  Lumière 
homogène,  lumière  dont  les  rayons  sont  également 
réfrangibles  et  réflexibles. 

—  ETYM.  "0|xoYEvï);,  de  ôfiè; ,  pareil,  semblable, 
et  Ytvr,;,  formé,  de  yiverjOcxi  (comp.  genre). 

+  UOMOGÊNÉISER  (o-mo-jé-né-i-zé),  v.  o.  Ren- 
dre homogène. 

—  HIST.  XIV"  s.  D'une  seule  et  vile  matière  Ho- 
mogenée,  en  seul  vaisseau  Bien  clos,  et  en  un  seul 
fourneau,  Kat.  à  l'alch.  err.  796 

—  ÉTYM.  Homogène. 

HOMOGÉNÉITÉ  (o-mo-jé-né-i-té),  s.  f.  Qualité 
de  ce  qui  est  homogène.  On  peut ,  sans  craindre 
aucune  erreur,  admettre  l'homogénéité  des  élé- 
ments do  la  matière,  pourvu  que  l'on  entende  par 
masses  égales  des  masses  qui,  animées  de  vitesses 
égales  et  directement  contraires,  se  font  équilibre, 
i.APLACE,  Expos.  III,  3.  L'homogénéité  de  la  terre 
étant  exclue  par  les  observations,  il  faut,  pour  dé- 
terminer sa  figure,  considérer  la  mer  comme  re- 
couvrant un  noyau  dont  les  couches  diminuent  de 
densité,  du  centre  à  la  surface,  m.  ib.  iv,  8.  Cette 
émigration  étrangère,  qui  coule  sans  ces,se  dajis 
leur  population  de  toutes  les  parties  de  l'Europe, 
no  délruira-t-elle  pas  à  la  longue  l'homogénéité  de 
leur  race  [États-Unis]  ?  cuateaub.  Amer.  Conclu- 
tion,  États-Unis. 

—  ÉTYM.  Homogène,  et  la  finale  d'origine  latine 
ité,  ce  qui  fait  un  assez  mauvais  mot  hybride;  il 
aurait  fallu  dire  hoinogénie. 

j  HOMOGÈNEMENT  (o-mo-jè-ne-man  ),  adv. 
D'une  manière  homogène. 

t  HOMOGÉNIE  (o-mo-jé-nie),  s.  f.  Terme  de 
physiologie.  Mode  de  génération  d'uu  eire  qui  est 
produit  par  des  parents,  c'est-à-dire  par  des  êtres  de 
même  espèce  que  lui,  par  opposition  àhélérogéniè. 

—  ÉTYM.  '0[i.o-ii,iia,  de  6|jiOYi:vr,5,  homogène. 

t  HO.MOGRAMME  (o-mo-gra-m') ,  adj.  Terme  de 
grammaire.  Mots  homogrammes,  mots  qui,  s'ccri- 
vant  de  la  même  manière,  se  prononcent  différem- 
ment :  par  exemple,  le  président  et  ils  président. 

—  ETYM.  '0|j.6Ypap.|j.o;,  de  6|j.àç,  semblable,  et 
Yp(i(ji(ia,  lettre. 

i  HOMOGRAPHE  (o-mo-gra-f),  adj.  Synonyme 
moins  bon  de  homogramme. 

ETYM.  Homo et  Ypiçsiv,  écrire. 

i  HOMOGRAPHIE  (o-mo-gra-fie),  s.  f.  Terme  de 
géométrie  introduitpar  M.Chasles.  Dépendanceentre 
deux  lignes  telle  qu'à  un  point  de  l'une  correspond 
un  point  de  l'autre.  Théorie  de  l'homographie. 
T\Aï      ,...,„        et  Y'-^çtiv,  tracor. 


—  ÉTYM.  //nlllo.. 


HOM 

t  HOMOGRAPHIQUE  (o-mo-gra-fi-k') ,  adj.  Qui 
a  rapport  à  l'homographie.  Lignes  homographiquos. 

t  HO.MOÏUE  (o-mo-i-d),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Parties  homoïdes,  parties  qui  ont  la  môme 
forme  que  leur  enveloppe  ou  tégument.  ||  Terme  de 
zoologie.  Métis  homoide,  métis  né  de  deux  races 
ou  variétés  de  la  même  espèce. 

—  ÉTYM.  '0(iO£i5riî,  de  6(101;,  le  même,  et  cîSo;, 
forme. 

t  UOMOLOGABLE  {o-mo-lo-ga-bl')  ,  adj.  Qui 
peut  être,  qui  doit  être  homologué. 

t  UOMOLOGATIF,  IVE  (o-mo-lo-ga-tif ,  ti-v') , 
adj.  Terme  de  droit.  Qui  produit  une  homologa- 
tion, qui  homologue.  Arrêt  homologatif. 

HOMOLOGATION  (o-mo-lo-ga-sion),  s.  f.  Action 
d'homologuer.  Poursuivre  une  homologation.  Ju- 
gement d'homologation. 

—  ÉTYM.  Homologuer,  comme  s'il  y  avait  un 
verbe  latin  homolngare. 

+  I .  UO.MOLOGIE  (o-mo-lo-jie),  s.  f.  ||  1°  Terme  de 
chimie.  Propriété  des  corps  hoii.ologues.  ||  2°  Terme 
d'anatomie.  Rapport  d'organes  qui,  d'une  espèce  à 
l'autre,  doivent  être  considérés  comme  identiques, 
quelle  qu'en  soit  la  forme,  en  raison  des  con- 
nexions et  de  la  structure,  à  la  différence  de  l'ho- 
motypie,  qui  est  le  rapport  des  organes  analogues 
dans  le  même  individu.  Déterminer  les  homologies 
des  organes  dans  un  genre  d'animaux. 

—  ÉTYM.   Voy.  HOMOLOGUE. 

t  2.  HO.MOLOGIE  (o-mo-lo-jie),  s.  f.  Terme  de 
rhétorique.  Concession. 

—  ÉTYM.  'Ono'AOYia,  aveu,  de  ô(iô{,  le  même, 
semblable,  et  )6yo;.  discours. 

■\  HOMOLOGIQUE  (o-mo-lo-ji-k') ,  adj.  Terme 
d'anatomie.  Qui  a  rapport  à  l'homologie.  Anatomie 
homologique,  synonyme  d'anatomie  comparée. 

—  ÉTYM.  Homologie  l. 

+  UOMOLOGIQUEMENT  (  o-mo-lo-ji-ke-man  ) , 
adv.  D'une  manière  homologique. 

HOMOLOGUE  (  o-mo-lo-gh') ,  adj.  ||  1°  Terme 
de  géométrie.  Il  se  dit  des  côtés  qui,  dans  des  fi- 
gures semblables,  se  correspondent,  et  sont  opposés 
à  des  angles  égaux.  ||  2*  Terme  de  chimie.  Corps 
homologues,  se  dit  de  substances  organiques  qui 
remplissent  les  mêmes  fonctions,  suivent  les  mêmes 
lois  de  métamorphose.  ||  3°  Terme  d'anatomie.  Par- 
ties homologues ,  parties  qu'on  peut  considérer 
comme  étant  les  mêmes  d'une  espèce  à  l'autre, 
quelles  que  soient  d'ailleurs  les  variétés  de  forme 
et  de  volume.  |1  Terme  d'anatomie  pathologique. 
Tissus  homologues,  tissus  morbides  analogues  à 
ceux  qu'on  trouve  dans  les  organes  de  l'état  normal. 

—  ÉTYM.  '0|j.6XoYo;,  qui  se  rapporte,  s'accorde, 
de  6(10;,  semblable,  et  Xôyo;,  rapport,  raison. 

HO.MOLOGUÉ,  ÉE  (o-mo-lo-gbé,  ghée),  part, 
passé  d'homologuer.  Qui  a  reçu  l'homologation.  La 
séparation  [de  M.  et  de  Mme  de  Biissac]  se  fit  entre 
les  mains  de  M.  le  Prince,  homologuée  au  parle- 
ment, ST-SIM.   to,  1(6. 

HOMOLOGUER  (  0-mo-lo-ghé),  j'homologuais, 
nous  homologuions,  vous  homologuiez;  que  j'ho- 
mologue, que  nous  homologuions,  que  vous  homo- 
loguiez, V.  a.  Terme  do  jurisprudence.  Confirmer, 
par  autorité  de  justice,  unactefaitentre  particuliers. 

—  KEM.  Ménage  recommande  de  ne  pas  dire 
émologuer,  qui  était  en  effet  la  forme  du  xvi*  siè- 
cle, née  du  penchant  de  la  langue  à  éviter  les 
mêmes  voyelles  dans  des  syllabes  consécutives. 

—  lllST.  XVI'  s.  Les  deux  rois  touchèrent  à  la 
main,  prometlans,  de  parole  seulement,  une  trefve, 
qui,  pource  qu'elle  ne  fut  publiée  qu'à  la  fin  d'a- 
vril, ni  emologuée  de  deux  mois  après...,  d'aub. 
Hist.  m,  108.  Sa  Majesté  fit  depescher,  émologuer 
et  vérifier  en  la  cour  les  lettres,  carloix,  i,  3  i  . 
Omologuer,  m.  ix,  6t. 

— ETYM.  "0(io),OYetv ,  de  6(iôXoyo!  (voy.  homologue)  . 

t  HOMOMORPHE  (o-mo-mor-f) ,  adj.  Terme  di- 
dactique. Parties,  corps  homomorphes ,  parties, 
corps  qui  ont  la  même  forme. 

—  ÉTYM.  Homo....,  etiiopçr],  forme. 

t  HO.MONCULE  (o-mon-ku-1') ,   J.   m.  Voy.   iio- 

MUNCULE 

t  UOMONOME  (o-mo-no-m'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Qui  obéit  en  tous  points  à  une  méma  loi. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  vd[j.o;,  loi. 
HOMONYME  (o-mo-ni-m'),  adj.  ||  I"  Qui  a  même 

nom.  Il  Substantivement.  Il  se  dit  de  ceux  qui  por- 
tent le  même  nom.  11  est  votre  homonyme.  ||  2"  Terme 
de  grammaire.  Mots  homonymes,  mots  qui  se  pro- 
noncent de  même,  bien  que  l'orthographe  ou  l'o- 
rigine du  mot  diffèrent.  Chêne  et  chaîne  sont  homo- 
nymes, ainsi  que  Saintes  ville  de  France,  et  saintes 
dans  saintes  femmei^.  I|  Iliinc  homonyme,  rime  des 


HOM 

mots  homonymes.  ||  S.  m.  Un  traité  d'homonymes. 
Les  Homonymes  de  Poitevin. 

—  HIST.  XV"  s.  Ces  quatre  vers  homonymes  ou 
léonins,  pour  parler  avec  le  vulgaire,  al.  chartier, 
Bist.  de  Charl.  VI  et  Charl.  YII,  p.  ) ,  dans  lacuhhe. 

—  ÉTYM.  "Oiuivup.o;,  de  4(i.o; ,  semblable,  et 
6vu|j.a,  nom. 

HOMONYMIE  (o-mo-ni-mie) ,  s.  f.  Terme  de 
grammaire.  Caractère  de  ce  qui  est  homonyme. 
Il  Jeux  de  mots  fondés  sur  la  ressemblance  des  sons. 

—  ÉTYM.  Homont/me. 

t  UO.MOPÉTALÉ  (o-mo-pé-ta-l') ,  adj.  Terme  de 
botanique.  Dont  les  pétales  se  ressemblent.  Corolle» 
homopé  taies. 

—  ÉTYM.  Homo....,  el  pétale. 

t  HOMOPHONE  (o-mo-fo-n'),  adj.  ||  1"  Terme  de 
grammaire.  Mots  homophones,  mots  qui  se  pro- 
noncent de  môme.  ||  2°  Hiéroglyphe  homophone, 
hiéroglyphe  représentant  le  son  ou  l'articulation 
qui  commence  le  mot  par  lequel  l'objet  figuré  est 
dénommé  dans  la  langue  vulgaire,  {j  3"  Dans  les 
écritures  cunéiformes,  signes  homophones,  signes 
qui  se  prononcent  de  même.  ||  S.  m.  Un  homo- 
phone, un  signe  homophone. 

—  ÉTYM.  Homo....,  etcpiuvf,,  voix. 
UOMOPHONIE  (o-mo-fo-nie),  i.  f.  (|  1"  Terme  da 

musique.  Espèce  de  musique  qui  s'exécutait  par 
diverses  voix  ou  par  divers  instruments  à  l'unisson 
ou  à  l'octave.  ||  2"  Terme  de  grammaire.  Son  sem- 
blable de  mois  qui  se  prononcent  de  même.  ||  3"  Dans 
les  hiéroglyphes  et  les  écritures  cvméiformes,  qua- 
lité d'un  signa  homophone. 

—  ÉTYM.  Homophone. 

t  HOMOPUONOGRAPHE  (  0-mo-fo-no-gra-r  ) , 
adj.  Mots  homophonographes,  mots  qui,  différant 
par  le  sens,  ont  la  même  orthographe  et  une  pro- 
nonciation semblable,  tels  que  aimant,  s.  m.  et  oi- 
mant,  adj. 

—  ÉTYM.  Homo....,  çuvT),  voix,  et  Ypâçs'v,  écrire. 

t  UO.MOPHYLLE  (o-mo-fi-l'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Dont  toutes  les  feuilles  ou  folioles  sont 
semblables. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  çû).),ov,  feuille. 

t  UO.MOI'TËRES  (o-mo-ptè-r'),  s.  m.  pi.  Terme 
d'entomologie.  Nom  d'une  tribu  des  hémiptères. 

—  ÉTYM.  Homo....,  etuTEpov,  aile. 

t  HOMORGANIQUE  (o -mor-ga-ni -k'),  adj. 
Il  1°  Terme  de  grammaire.  Lettres  liomorganiques, 
lettres  qui  procèdent  d'un  même  organe,  par  exem- 
ple d  et  ».  Il  En  grammaire  comparée,  consonnes  hi>- 
morganiques,  se  dit  des  consonnes  qui  sont  sem- 
blablement  organiques ,  c'est-à-dire  qui  jouent 
un  rôle  semblable  dans  des  mots  de  môme  radical 
appartenant  à  des  langues  de  même  souche. 
Il  2°  Terme  d'anatomie.  Qui  est  semblable  par  son 
organisation. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  organe. 

t  UOMOTHALAME  (o-mo-ta-la-m'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  les  corps  reproducteurs  sont  de 
même  nature  que  la  couche  qui  les  supporte. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  OiXaiJo;,  lit,  couche. 

I  UOMOTUER.MAL,  ALE  (o-mo-tèr-mal,  ma-l'), 
adj.  Terme  de  physique.  Qui  a  une  même  tempéra- 
ture. Couche  homothermale,  couche  qui,  dans  l'o- 
céan, formée  de  l'eau  la  plus  pesante,  conserve  une 
température  uniforme. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  thermal. 

t  HOMOTONE  (0-mo-to-n'),  adj.  Ancien  terme  de 
médecine.  Fièvre  homotone,  fièvre  qui  n'a  ni  pa- 
roxysmes, ni  rémissions,  mais  qui  conserve  toujours 
la  même  teneur. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  tôvoç,  ton,  teneur. 

i  UOMOTROPE  (o-mo-tro-p'),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Parties  homotropes,  parties  qui  affectent 
la  même  direction.  L'embryon  végétal  est  homo- 
trope  quand  il  a  la  même  direction  que  la  graine, 
et  que  sa  radicule  correspond  au  hile. 

—  ÉTYM.  Homo....,  ettpoTtTj,  action  de  se  tourner, 
t  HO.MOTYPE  (o-mo-ti-p'),  adj.  Terme  d'analo- 

mie.  Organes  homotypes,  organes  qui,  dans  un 
même  individu,  sont  l'analogue  l'un  de  l'autre  ; 
par  différence  avec  les  homologues  qui  sont  des 
organes  comparés  d'espèce  à  espèce.  Ainsi  l'humé- 
rus est  liomotype  du  fémur.  ||  S.  m.  Les  homotypes, 
les  organes  homotypes. 

—  ÉTYM.  Homo....,  et  type. 

t  HOMOTVPIE  (o-mo-ti-pie),  s.  f.  Terme  d'ana- 
tomie. Caractère  des  organes  homotypes.  ||  Compa- 
raison chez  le  même  individu  des  organes  analogues. 

t  HOMOTYPIQUE  (o-mo-ti-pi-k'),  adj.  Qui  se 
rapporte  à  l'homolypie. 

t  HOMOTYPIQUEMENT  (o-mo  ti-pi-ke-iaaiO, 
adv.  Avec  le  c:; racler.';  homotypiqiic. 


HON 

t  UOMOUSIEN  (o-mou-ziin),  s.  m.  Nom  que  les 
,  ariens  donnaient  aux  catholiques,  parce  que  ceux-ci 
pensent  que  le  Fils  est  consubstantiel  à  son  Père. 

—  ETYM.  Homo....,  et  oOoia,  essence. 

t  UOMC^'CULE  (o-mon-ku-r)  ou  UOMONCULE, 
s.  m.  Néologisme  et  terme  familier.  Petit  homme. 
Ce  singe  eùt-il  été  encore  plus  ressemblant  à 
l'homme,  les  anciens  auraient  eu  raison  de  ne  le 
regarder  que  comme  un  homoncule,  un  nain  man- 
qué, un  pygmée  capable  tout  au  plus  de  combattre 
avec  les  grues,  buff.  Quadrup.  t.  viii,  p.  3. 

—  ÉTYM.  Lat.  homunmlus,  diminutif  de  homo, 
homme. 

t  UON  (hon),  interj.  Cri  de  mécontentement. 
Il  Quelquefois  il  se  répète  et  s'emploie  pour  mar- 
quer la  surprise,  l'irrésolution.  Hon  !  hon  !  ii  a  re- 
mis là  à  payer  ses  créanciers?  mol.  Pourc.  ii,  3. 
Hon,  hon,  vous  êtes  un  méchant  diable,  lo.  Crit. 
v..Hé  quoi  donc?  les  battus,  ma  foi,  paieront  l'a- 
mende I  Voyons  ce  qu'elle  chante  :  hon <  sixième 

janvier.  Pour  avoir  faussement  dit  qu'il  fallait  lier.... 
RAC.  Plaid.  II,  4. 

—  niST.  XV'  s.  Ha,  qu'il  a  maint  bon  chapitre  De 
Testât  des  hommes,  bon!  hon  !  coquillaht.  Droits 
nouveaux. 

HONCIIETS  (hon-chè),  s.  m.  Autre  forme  de  jon- 
chets. 

—  HEM.  J.  .1.  Rousseau  n'a  pas  écrit  \'h  :  On  joue 
au  volant,  aux  onchets,  Uél.  vi,  lo.  Au  reste,  en  ce 
mot,  le  changement  du  j  en  li.  est  barbare. 

t  UOXESTA  (o-nè-sta),  s.  f.  Terme  familier.  Nom 
propre  d'une  femme  dans  un  conte  de  la  Fontaine, 
laquelle  est  d'une  vertu  farouche  et  tourmentante 
pour  ceux  qui  vivent  avec  elle.  Il  n'est  pas  sûr 
qu'Honesta  ne  fît  rien  ;  Ces  prudes-là  nous  en  font 
bien  accroire,  la  font.  Belph.  Le  père  dit  que  ma- 
dame Honesta,  C'était  son  nom,  avait  eu  jusques-là 
Force  partis...,  id.  ib.  Que  voudriez-vous  qu'il  [le 
courtisan]  fit  d'une  dame  Honesta,  sans  amants, 
sans  intrigues,  qui,  sous  prétexte  de  vertu,  claque- 
murée dans  son  ménage,  s'attacherait  à  son  mari  ? 
p.  L.  COUR.  Simple  discours. 

—  ÉTYM.  Lat.  honesta,  sous-entendu  mulier  ; 
femme  honnête. 

f  UONG  (hongh'),ï. m. Compagnie  de  marchands 
chinois  à  Canton,  qui  ont  le  privilège  do  commercer 
avec  les  Européens. 

HONGRE  (hon-gr'),  adj.  m.  F.n  parlant  d'un  che- 
val, châtré  par  l'enlèvement  ou  la  destruction  des 
testicules.  Un  cheval  hongre  n'a  plus  la  puissance 
d'engendrer,  mais  il  peut  encore  s'accoupler,  et  l'on 
en  a  vu  des  exemples,  buff.  Quadrup.  t.  i,  p.  123. 
Il  II  se  dit  aussi  d'autres  animaux.  Les  chameaux  de 
travail  sont  ordinairement  hongres,  buff.  Quadrup. 
t.  V,  p.  33.  Il  Substantivement.  Les  chevaux  entiers 
ont  le  cou  plus  gros  que  les  juments  et  les  hongres, 
buff.  Quadrup.  t.  i,  p.  4».  ||  Par  extension,  homme 

châtré Ouatre   hautes-contre,  huit  faussets  et 

douze  dessus,  moitié  entiers  et  moitié  hongres, 
RÉONARD,  Sérén.  ii,  iK  Le  Chang-ti  se  plaît  beau- 
coup à  entendre  les  voix  claires  de  ces  cinquante 
hongres,  volt.  Dial.  xv,  5. 

—  HIST.  xvi"  s.  Il  est  hongre,  oudin,  Curios.  fr. 

—  ETYM.  Hongrie,  à  cause  qu'on  amenait  de  ce 
pays  beaucoup  de  chevaux  ainsi  mutilés  ;  wallon, 
honk.  Hongrois  se  disait  hongre  :  Les  Hongres  très- 
belliqueux  combattants...,  mont,  i,  242. 

HONGRE,  ÉE  (hon-gré,  grée),  part,  passé  de 
hongrer.  Cheval  hongre. 

t  HONGRELINE  (hon-gre-li-n') ,  s.  f.  Ancienne 
sorte  de  justaucorps.  Les  femmes  y  sont  honnêtes, 
civiles  et  de  peu  de  malice;  la  coquetterie  n'y  est 
point  en  usage  ;  elles  sont  simples  en  leurs  mœurs 
et  pompeuses  en  leurs  habits,  qui  sont  une  jupe 
et  un  grand  justaucorps  ou  hongreline  qui  ferme 
depuis  le  col  jusqu'à  la  ceinture  et  tombe  fort  bas, 
LE  LABOUREUR,  Gouveru.  de  Pologne,  p.  <I6,  dans 
LACURNR.  Puis  sa  frayeur  étant  passée,  Et  sa  hongre- 
line endossée,  scarron,  Virg.  iv. 

—  ETYM.  Sans  doute  Hongrie. 

HONGRER  (hon-gré),  v.  a.  Châtrer.  En  Perse, 
.;n  Arabie  et  dans  plusieurs  autres  lieux  de  l'Orient, 
rin  nest  pas  dans  l'usage  de  hongrer  les  chevaux, 
comme  on  le  fait  si  généralement  en  Europe  et  à  la 
Chine,  BUFF.  Quadrup.  t.  i,  p.  121.  Il  Hongrer  ne 
se  dit  guère  qu'en  parlant  de  chevaux. 

—  ETYM.  Hongre. 

UONGRIECR  (hon-gri-eur)  ou  HONGROYECR 
(lion-gTo-ieur),  s.  m.  Ouvrier  qui  façonne  le  cuir  de 
Hongrie. 

—  ETYM.  Hongrie. 

\  HONGROIEÙIE  (hon-groî-rie),  s.  (.  État,  com- 
iiierci!  du  hongroveur  ■  atelier  où  l'on  hongroie. 


HON 

t  HONGROIS  (hon-groî),  s.  m.  Langue  parlée  par 
ceux  des  habitants  de  la  Hongrie  qui  sont  Magyars. 
Le  hongrois  ou  magyar  est  une  des  langues  ôura- 
liennes. 

HONGROYEUR  (hon-gro-ieur),  s.  m.  Voy.  iiON- 

GRIEUR. 

t  HONGCETTE  (hon-ghè-f),  f.  f.  Sorte  do  Ciseau 
carré  qui  se  termine  eu  pointe,  employé  en  sculp- 
ture. 

HONNÊTE  (o-nê-f;  dans  le  xvi'  siècle,  tantôt  l's 
(honneste)  s'est  prononcée  :  o-nè-st',  et  tantôt  elle  ne 
s'est  pas  prononcée),  adj.  \\  1°  Conforme  à  la  bien- 
séance (sens  le  plus  voisin  du  second  sens  du  latin 
honestus,  beau  au  propre  et  au  figuré;  le  premier 
sens  était  :  qui  a  obtenu  des  honneurs,  qui  est  no- 
ble, de  distinction).  Il  n'est  pas  honnête  de  se  louer 
soi-même.  Cela  n'est  pas  honnête  à  un  homme  de 
votre  âge.  Paroles  qui  ne  sont  pas  honnêtes  dans  la 
bouche  d'une  femme.  Maintien  honnête.  Tout  cou- 
rageux qu'il  est,  sans  doute  il  ne  souhaite  Que  de 
faire  en  effet  une  honnête  retraite,  rac.  Théb.  m,  3. 
I  Don,  présent  honnête,  don  qui  convient  à  celui 
qui  le  fait  et  à  celui  qui  le  reçoit.  ||  Habit  honnête, 
habit  qui  convient  à  la  position  de  celui  qui  le 
porte.  Havi  d'avoir  lait  un  si  bel  échange,  d'un  ha- 
bit honnête  contre  un  autre  tout  déchiré,  il  parait 
tout  joyeux,  habillé  en  pauvre,  boss.  Panég.  St- 
Franç.  d'Assise,  <.||0n  dit  de  même:  équipage 
honnête.  Ce  meuble  n'est  pas  magnifique,  mais  il 
est  honnête.  Ce  qu'ils  avaient  de  linge  plus  hon- 
nête, LA  FONT.  Faucon.  Sa  table  toutefois  sans  su- 
perfluité  N'avait  rien  que  d'honnête  en  sa  frugalité, 
uoiL.  Sat.  X.  Vous  vous  avisez  donc  enfin  d'écrire 
d'une  écriture  lisible,  sur  du  papier  honnête,  de  ca- 
cheter avec  de  la  cire...,  VOLT.  Lett.  d'Arnaud,  20 
nov.  )  742.  Il  Cet  habit  est  honnête,  il  est  encore  as- 
sez bon  pour  être  porté.  ||  Prix  honnête,  prix  pro- 
portionné à  la  juste  valeur  des  choses.  ||  On  dit  dans 
un  sens  analogue  :  récompense  honnête.  Récompense 
honnête  à  celui  qui  ramènera  le  chien  perdu.  ||  2°  En 
ce  sens  de  conformité  aux  bienséances,  il  se  dit 
des  personnes  dans  certaines  locutions.  Honnête 
homme,  celui  qui  a  toutes  les  qualités  propres  à  se 
rendre  agréable  dans  la  société  (sens  très-usité  au 
xvii*  siècle  et  qui  ne  l'est  plus  guère  aujourd'hui  ; 
voy.  plus  bas  l'autre  sens  d'honnête  homme).  Sans 
mentir,  monseigneur,  ce  fut  un  grand  malheur 
pour  moi,  lorsque  je  vous  rencontrai  ici  plus  ha- 
bile, plus  savant  et  plus  honnête  homme  que  jamais, 
et  en  puissance  et  en  volonté  de  me  faire  du  bien  et 
de  l'honneur,  voit.  I.ett.  <45.  Les  comédiens  furent 
bien  reçus  du  maître  de  la  maison,  qui  était  hon- 
nête homme,  et  des  plus  considérés  du  pays,  scarr. 
nom.  com.  I,  21.  Un  honnête  homme  peut  être 
amoureux  comme  un  fou,  mais  non  pas  comme  un 
sot,  LARocHEFOuc.  Réftcx.  353.  La  guerro  est  le  plus 
beau  métier  du  monde,  il  en  faut  demeurer  d'ac- 
cord; mais,  à  le  bien  prendre,  un  honnête  homme 
n'a  point  de  métier;  quoiqu'il  sache  parfaitement 
une  chose,  et  que  même  il  soit  obligé  d'y  passer 
sa  vie,  il  me  semble  que  sa  manière  d'agir  ni  sou 
entretien  ne  se  font  point  remarquer,  mébé,  t.  i, 
p.  4  90,  dans  PASCAL,  édit.  iiavet.  On  n'apprend  pas 
aux  hommes  à  être  honnêtes  hommes,  et  on  leur 
apprend  tout  le  reste;  et  ils  ne  se  piquent  jamais 
tint  de  savoir  rien  du  reste,  comme  d'être  honnêtes 
hommes,  pascal,  Pens.  vi,  édit.  havet.  On  ne  s'i- 
magine Platon  et  Aristote  qu'avec  de  grandes  robes 
de  pédants;  c'étaient  des  gens  honnêtes  et  comme 
les  autres,  riant  avec  leurs  amis,  id.  ib.  vi,  S2. 
L'honnête  homme  est  un  homme  poli  et  qui  sait  vi- 
vre, BUSSY,  Lett.  à  Corbinelli,  e  mars  4  679,  dans 
sÉv.  t.  V,  p.  629,  édit.  RÉGNIER.  Le  père  Prieur  a 
plus  d'esprit  que  je  ne  pensais,  quoique  je  le 
trouvasse  un  fort  honnête  homme,  sÉv.  321.  Ses 
lettres  sont  aussi  d'une  manière  que,  si  on  les 
trouve  jamais  dans  ma  cassette,  on  croira  qu'elles 
sont  du  plus  honnête  homme  do  mon  temps,  id. 
Lett.  2  juin  4672.  Son  mari,  à  qui,  tout  malade  et 
tout  couché  qu'il  était.  Je  trouvai  l'air  d'un  hon- 
nête homme,  je  veux  dire  d'un  homme  qui  a  de 
la  naissance,  Marivaux,  Pays.  parv.  5"  part.  Je 
lisais  je  ne  sais  quel  livre  sérieux,  que  je  n'enten- 
dais point  trop,  que  je  ne  me  souciais  p.is  trop  d'en- 
tendre, et  auquel  je  ne  m'amusais  que  pour  imiter 
la  contenance  d'un  honnête  homme,  id.  ib.  &'  part. 
Le  bruit  est  pour  le  fat,  la  plainte  est  pour  le  sot. 
L'honnête  homme  trompé  s'éloigne  et  ne  dit  mot. 
LANOOE,  Coquette  corr.  i,  3.  ||  Le  pluriel  est  honnêtes 
gens,  et  encore  présentement  honnêtes  gens  est 
souvent  pris  dans  ce  sens.  Ne  confondons  pas  les 
honnêtes  gens  avec  les  gens  de  bien.  La  lecture 
de  tous  les  bons  livres  est  comme  une  conversation 


HON 


2o:]{) 


avec  les  honnêtes  gens  des  siècles  passés,  qui  en 
ont  élé  les  auteurs,  dksc.  Méth.  i,  7.  U  convcrsit- 
-tion  des  honnêtes  gens  est  pleine  d'hiatus  volonlai- 
res,  qui  sont  tellement  autorisés  par  l'usage,  que,  si 
l'on  parlait  autrement,  cela  serait  d'un  pédant  ou 
d'un  provincial,  d'olivet,  Prosod.  fr.  art.  m,  §  6 
Il  Familièrement.  Honnête  débauché,  homme  qu: 
aime  lo  plaisir,  mais  sans  se  livrer  aux  excès  do  Ij 
débauche.  ||  3°  Par  renforcement  du  sens  précédent. 
Honorable.  Cherchons,  aux  yeux  d'Othon,  un  trépas 
à  leur  tête.  Pour  lui  plus  odieux,  et  pour  nous  plus 
honnête,  corn.  Othon,  v,  2.  La  retraite  est  aussi 
peu  sûre  qu'honnête  pour  les  Français,  pellissom, 
Hist.  de  louis  XIV,  liv.  il.  Syllacri\qu'ilétait  pluj 
honnête  de  combattre  les  ennemis  de  l'Etat  que  de 
ruiner  les  affaires  de  la  république  par  une  ven- 
geance précipitée,  vertot,  Itéiolut.  rom.  x,  p.  72 
Il  4°  En  particularisant  le  sens  dlionoruble.  Con 
forme  à  la  probité,  à  la  vertu,  en  parlant  des  cho- 
ses. Action  louable  et  honnête.  Conduite  honnête. 
Des  vues  honnêtes.  Ne  tenir  que  des  discours 
honnêtes.  Pensées  honnêtes.  L'art  aussi  utile 
qu'honnête  de  représenter  les  tragédies  et  les  co- 
médies, volt.  Lett.  Jabincau  de  la  Youle,  4  fév. 
1766.  X  ses  yeux,  tout  moyen  pour  me  perdre  est 
honnête,  saurin.  Spart,  m,  4.  ||  Ironiquement.  Une 
honnête  maison,  un  lieu  de  débauche.  ||  6"  Qui  se 
conforme  à  la  probité,  à  la  vertu,  en  parlant  des 
personnes.  Ame  honnête.  Cœur  honnête.  11  faut  être 
honnête  pour  soi,  quoique  souvent  ceux  à  qui  l'on 
parle  ne  méritent  pas  qu'on  le  soit  pour  eux, 
MARIVAUX,  Marianne,  1 1'  part.  ||  X  qui  il  n'y  a  rien 
k  reprocher.  Famille  honnête,  ou  honnête  famille. 
Il  On  dit  de  même  être  né  de  parents  honnêtes, 
il  Honnête  homme,  homme  d'honneur  et  de  pro- 
bité. Jamais  notre  Rome  N'a  produit  plus  grand 
cœur  ni  vu  plus  honnête  homme,  corn.  Polijeucte, 
I,  3.  Pour  paraître  honnête  homme,  en  un  mot,  il 
faut  l'être,  boil.  Sat.  xi.  L'argent  en  honnête  homme 
érige  un  scélérat,  id.  Épit.  v.  Monsieur,  pardonnez- 
moi,  je  suis  fort  honnête  homme,  rac.  Plaid,  ii,  4. 
Si  tu  n'avais  pas  été  un  roi  trop  puissant  et  trop 
heureux,  tu  aurais  été  un  assez  honnête  homme, 
FÉNEL.  Dial.  des  morts,  Xerxès,  Uonidas.  Il  n'est 
rien  de  plus  aisé,  quand  on  est  riche,  îjue  d'être  hon- 
nête homme,  et  c'est  quand  on  est  pauvre,  qu'il  est 
difficile  de  l'être,  brueys,  Avoc.  Pat.  i,  il.  ||  Vol- 
taire l'a  dit  d'une  femme  :  Une  femme  sensible  et 
que  l'amour  engage.  Quand  elle  est  honnête  homme, 
à  mes  yeux  est  un  sage,  volt.  J?pi(rM,  lxxxv.  ||  Fig. 
Or  donc  je  puis  braver  le  regard  pudibond  ;  Mon 
vers  rude_  et  grossier  est  honnête  homme  au  fond, 
BARBIER, /am6«,  prol.  ||  Le  pluriel  d'honnête  homme 
est  honnêtes  gens.  C'est  ainsi  que  se  conduisent  les 
honnêtes  gens.  ||  Cependant  honnête  homme  se  dit 
aussi  au  pluriel,  surtout  quand  ce  pluriel  est  distri- 
butif.  M.  de  Beauvilliers  a  fait  en  cette  occasion  le 
personnage  d'un  des  plus  honnêtes  hommes  du 
monde,  et  celui  de  bon  ami  qui  n'est  pas  moins 
estimable  et  qui  n'en  saurait  être  séparé,  sév.  Lett. 
du  27  cet.  4691.  Spinosa,  qu'on  dit  avoir  été  un  des 
plus  honnêtes  hommes  de  la  Hollande,  volt.  Jenni, 
«.  Il  Honnête  homme  se  dit  quelquefois  par  civilité 
de  tout  inconnu  qui  paraît  de  condition  honnête. 
Un  honnête  homme  demande  à  vous  parler.  Il  y  a 
là-bas  un  honnête  homme  qui  vous  attend.  ||  Fami- 
lièrement. Honnête  garçon,  garçon  bien  élevé,  de 
mœurs  douces  et  honnêtes.  |i  Ironiquement.  Hon- 
nête coquin.  Honnête  usurier.  Il  a  emprunté  les 
deux  mille  écus  en  question  de  l'honnête  fripon  que 
vous  voyez,  beonard,  Retour  imprévu,  §  4  2.  ||  Hon- 
nête femme,  honnête  fille,  celle  qui  est  irréprochable 
dans  sa  conduite,  quant  à  la  chasteté.  Ces  dragons 
de  vertu,  ces  honnêtes  diablesses  Se  retranchent 
toujours  sur  leurs  sages  prouesses...,  MOL.  .Éc.  des  f. 
IT,  8.  Vous  méritez  bien  cela,  monsieur,  voilà  ce 
que  c'e.st  que  de  faire  le  libertin  comme  vous  faites, 
et  de  vous  adresser  à  d'honnêtes  femmes,  dancourt, 
Vert  galau,  se.  25.  ||  6*  Par  amoindrissement  du 
sens  précédent.  Civil,  poli.  Il  est  honnête  avec  tout 
le  monde.  Les  procureurs  du  roi  ne  sont  pas  seule- 
ment d'honnêtes  gens,  ce  sont  encore  des  gens 
fort  honnêtes,  p.  L.  cour.  Lett.  )v.  ||  Familière- 
ment. Vous  êtes  trop  honnête,  vous  êtes  bien  hon- 
nête, vous  me  comblez  de  trop  de  politesses.  Dire  : 
quel  honneur  vous  me  faites!  Messieurs,  vous  êtes 
trop  honnêtes,  bêrano.  Acad.  et  Caveau.  ||  En  ce 
sens,  il  se  met  toujours  après  le  nom  de  la  per- 
sonne :  un  homme  honnête;  c'es»  une  personne 
fort  honnête.  ||  Il  se  dit  aussi  des  choses  en  ce 
sens.  Un  langage  honnête.  Des  paroles  fort  hon- 
nêtes. Le  procédé  est  honnête.  Les  bruits  nous 
ont  annris  avec  Quelle  allégresse  Et  quel   honnête 


2040 


HON 


accueil  vous  a  reçu  la  Grèce,  RorROU,  Antig.  ii,  4. 
Il  7°  Fondé  sur  quelque  apparence  de  raison  de  bien- 
eéancc,  spécieux.  Kxcuse,  prétexte,  refus  honnête. 
Sa  prudence  a  toujours  rougi  de  tous  les  prétextes 
honnêtes  des  engagements  dcshonnètes,  où  il  n'a 
pas  épargné  le  fer  et  le  feu  pour  éviter  les  périls 
des  occasions  prochaines,  Boss.  Cornet.  \\  8*  Kig. 
Oui  n'est  beaucoup  ni  au-dessus,  ni  au-dessous  d'un 
certain  taux,  d'un  certain  niveau,  suffisant.  Hon- 
nête grosseur.  Largeur  honnête.  Il  faut  que  votre 
discours  soit  d'une  longueur  honnête.  J'ai  l'honneur 
d'être  réuni  avec  les  jansénistes  par  une  honnête 
aversion  pour  la  cour  de  Rome,  volt.  Lett.  en  vers 
et  en  prose,  •>!.  Je  voudrais  bien  que  ma  fortune  fût 
assez  honnête  pour  leur  rendre  la  vie  plus  agréable, 
m.  ib.  32.  Il  Naissance  honnête,  condition  honnête, 
naissance,  condition  qui  n'a  rien  de  bas  ni  de  fort 
élevé.  Il  Famille  honnête,  famille  qui  n'appartient 
ni  à  la  basse  classe,  ni  à  la  classe  élevée.  11  s'est 
informé  de  votre  naissance,  on  lui  a  dit  qu'elle  était 
honnête;  le  mot  honnête  est  fort  équivoque  à  l'o- 
reille d'un  gentilhomme,  3.  3.  rolss.  llél.  i,  22. 
Il  Honnête  aisance,  fortune  qui  permet  de  vivre 
agréablement  et  avec  une  certaine  indépendance. 
Il  On  dit  de  même  une  fortune  honnête,  des  appoin- 
tements honnêtes.  ||  9"  S.  m.  Ce  qui  est  moral, 
vertueux.  Ne  vous  attachez  pas  de  telle  sorte  à 
cet  honnête  sauvage,  rigoureux  et  philosophique, 
que  vous  ne  le  quittiez,  si  la  nécessité  l'exige, 
pour  un  autre  honnête  plus  humain ,  plus  doux 
et  plus  populaire,  balzac.  De  la  cour,  6"  dise. 
Qu'eussé-je  fait,  Pollux,  en  cette  extrémité,  Oui 
commettait  ma  vie  avec  ma  loyauté?  Car,  sans 
doute,  à  quitter  l'utile  pour  l'honnête,  La  paix  allait 
se  faire  aux  dépens  de  ma  tête,  corn.  Médée,  i,  4. 
Ce  sont  des  amitiés  réprouvées  de  Dieu,  qui,  par 
un  progrès  insensible  mais  infaillible,  conduisent 
enfin  de  l'honnête  apparent  à  l'impur  et  au  criminel, 
nouRDAL.  Myst.  Pentec.  1. 1,  p.  459.  jj  Proverbe.  11  y 
a  des  honnêtes  gens,  il  y  a  d'honnêtes  gens  partout, 
on  trouve  d'honnêtes  gens  dans  tous  les  pays, 
dans  toutes  les  professions. 

—  REM.  1.  Un  parfait  honnête  homme  :  cette  lo- 
cution a  été  contestée;  mais  on  peut  considérer 
honnête  homme  comme  un  seul  mot,  et  alors  par- 
fait est  recevabte.  La  Rochefoucauld  a  dit  :  un  vrai 
honnête  homme.  C'est  par  cette  raison  qu'on  dit  :  il 
y  a  des  honnêtes  gens  partout  aussi  bien  que  il  y  a 
d'honnêtes  gens  partout.  Dans  le  premier  cas,  hon- 
nêtes gens  est  considéré  comme  un  seul  mot;  dans 
le  second  comme  deux.  ||  2.  Le  sens  varie  suivant 
que  )wnnête  précède  ou  suit  homme.  Un  honnête 
homme,  d'honnêtes  gens,  un  homme,  des  gens  qui 
observent  les  lois  de  la  morale.  Un  homme  hon- 
nête, des  gens  honnêtes,  un  Homme,  des  gens  qui 
observent  les  lois  de  la  civilité.  ||  3.  L'Académie  met 
à  tort  deux  n  à  honnête,  puisqu'il  n'y  en  a  qu'une 
dans  honestus  et  dans  honorer. 

—  SYN.  HONNÊTE,  CIVIL,  POLI.  Nous  sommes  hon- 
nêtes par  l'observation  des  bienséances  et  des  usa- 
ges de  la  société.  Nous  sommes  civils  par  les  égards 
que  la  société  exige  et  que  nous  rendons.  Nous 
sommes  polis  par  les  façons  llatteuses  que  nous 
avons  dans  la  conversation  et  dans  la  conduite  pour 
les  personnes  avec  qui  nous  vivons,  guizot. 

—  HIST.  xir  s.  Les  mains  fmoinsj  honestes  men- 
bres  [du  clergéj  deit  l'um  jJus  honurer  Sulunc  l'a- 
postle,  e  plus  d'onur  envoluper.  Th.  le  mart.  88. 
Se  me  refuzes,  tost  t'en  venroit  grans  perte.  Car 
mort  m'avez  un  mien  cousin  oneste;  Raous  ot 
non...,  ifoou!  de  C.  224.  ||  xiii"  s.  Cozes  [choses] 
prestées  qui  sunt  demandées  du  presteur  el  tans 
qui  n'est  pas  honestes,  beaum.  xxxvii,  2.  De  la  que- 
relle qui  est  entre  honeste  et  profitable,  bhun.  lat. 
Trésor,  p.  46i.  ||  xv*  s.  Les  gens  dudit  duc  di- 
soient que  ces  Allemans  estoient  ordz,  et  qu'ils 
gectoient  leurs  houseaulx  sur  les  licts  richement 
parez  et  qu'ils  n'estoient  point  honnestes  comme 
nous,  coMM.  II,  8.  Il  XVI*  s.  Nous  voyous  des  hon- 
nestes hommes  [probes]  d'ailleurs...,  mont,  i, 
27.  Touts  moyens  honnestes  de  se  garantir  des 
maulx,  ID.  I,  48.  La  mort  nous  attrape  fuyant 
et  poltron  aussi  bien  qu'honneste  homme,  jd.  i,  76. 
Tout  beau  et  honneste  que  vous  estes  [une  femme 
vous  refuse  et  cède  à  un  muletier],  id.  ii,  5.  Des 
estranges  privautez  avecques  des  honnestes  fem- 
mes, ,n.  H,  17.  Nous  parant  des  plus  honnestes 
vesiements  que  nous  ayons,  m.  ii,  337.  Il  fault  faire 
dilference  entre  les  choses  utiles  et  les  honnestes, 
ID.  m,  241.  Eu  telles  choses  il  n'est  point  desho- 
neste  de  recevoir,  mais  encore  est-il  plus  honeste 
de  ne  point  prendre,  amyot,  rimol.  et  P.  jEm. 
comp.  ».  Les  cognoissant  de  si  bonne  vie  et  si  hon- 


IION 

nestes  de  leurs  corps  que  rien  jilus,  Nuits  de  Stra- 
parole,  t.  i,  p.  370,  dans  lacurne.  De  notre  temps 
ce  mot  d'honneste,  auquel,  en  ma  jeunesse,  j'ay 
veu  prononcer  la  lettre  de  s,  s'est  maintenant  tourné 
en  un  e  fort  long,  pasquieii,  Rech.  hv.  viii,  p.  cto, 
dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Wall,  oniès' ;  provenç.  honest;  espagn. 
honesto  ;  ital.  onesto  ;  du  lat.  honestus,  de  même 
radical  que  honor,  honneur. 

HONNÊTEMENT  (o-nô-te-man),  adv.  \\  i'  Avec  les 
bienséances  qu'exige  la  société.  Il  lui  a  parlé  fort 
honnêtement.  11  l'a  reçu  le  plus  honnêtement  du 
monde.  Je  veux  vivre  honnêtement  avec  tous  ces 
messieurs  quand  j'en  rencontrerai,  sans  jamais  dis- 
puter avec  eux,  volt.  Principe  d'action,  Diatribe. 
Il  2°  D'une  manière  honnête,  honorable.  Vivre,  se 
conduire  honnêtement.  Si  je  "pouvais  honnêtement 
abandonner  ce  qui  me  revient  en  Angoumois,  balz. 
Liv.  VI,  lett.  2.  Ils  [les  Perses]  traitaient  honnête- 
ment les  rois  vaincus,  noss.  Ilist.  m,  6.  Et  cette 
pension,  madame,  est-elle  forte? — Je  n'en  vivrais, 
monsieur,  que  trop  honnêtement,  rac.  Plaid,  i,  7. 
Il  En  honnête  homme,  au  sens  du  xvii'  siècle.  C'est 
[la  Fontaine]  un  homme  unique  dans  les  excellents 
morceaux  qu'il  nous  a  laissés  :  ils  sont  en  grand 
nombre,  ils  sont  dans  la  bouche  de  tous  ceux  qui 
ont  été  élevés  honnêtement,  volt.  Dict.  phil.  Fabl. 
Il  3°  Suffisamment,  passablement.  Cette  chambre 
était  alors.  Dieu  merci,  honnêtement  remplie  de 
monde,  iiamilt.  Gramm.  s.  On  a  rejoué  Zaïre,  il  y 
avait  honnêtement  du  monde,  volt.  Lett.  envers  et  en 
prose,  22.  Il  Ironiquement.  Ils  sont  fort  honnêtement 
crottés.  Quand  on  a  dit  à  Machiavel  honnêtement 
d'injures,  on  pourrait  s'en  tenir  aux  raisons,  volt. 
Lett.  Prusse,  106.  Vous  me  tiendrez  lieu,  vous  et 
votre  aimable  société,  de  toute  une  nation  honnê- 
tement ingrate,  ID.  Lett.  d'Argental,  4i  juill.  1752. 
Vous  êtes  comme  un  autre  emporté,  violent,  Et 
vous  vous  fâchez  même  assez  honnêtement,  gres- 
SET,  le  Méchant,  i,  2. 

—  HIST.  xu'  s.  Honestement  faisoit  le  damne  deu 
mestier  [le  service  du  Seigneur  Dieu],  Th.  le  mart. 
tôt.  Il  xiii*  s.  Ses  biens  vous  ofTri  liement,  Mais  que 
ce  fust  honnestement  ;  D'onesteté  cure  n'eustes,  la 
Rose,  4  5064.  Il  XIV'  s.  Morons  honestement,  c'est  en 
nous  deffendant;  Car  se  nous  enfuions,  mal  nous 
est  convenans,  Hugues  Capet,  v.  3U32.  |lxv'  s.  Ils 
s'accordèrent  [les  barons  et  les  chevaliers]  que....  et 
que  le  père  [Edouard  II]  fust  bien  gardé  et  honeste- 
ment tenu,  tant  que  vivre  pourroit,  selon  son  estât, 

FROISS.  I,  I,   26. 

—  ÊTYM.  Honnête,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
honestamen;  espagn.  honestamente ;  ital.  onesla- 
mente. 

UONNËTETÉ  (o-nê-te-té),  s.  f.  \\  i°  Conformité  à 
ce  qui  est  honnête,  bienséant.  Blesser  les  règles  de 
l'honnêteté.  Accorde  à  ma  prière  Ce  que  l'honnê- 
teté doit  à  ta  prisonnière,  du  ryer,  Scévole,\,  6. 
Il  2°  Conformité  à  l'honneur  et  à  la  probité.  L'hon- 
nêteté de  son  âme,  de  sa  conduite,  de  ses  principes. 
Et  pour  venir  à  bout  de  mon  honnêteté.  Il  met  tout 
en  usage  et  crime  et  piété,  rotrou,  Venceslas,  ii,  i . 
C'est  après  avoir  connu  l'honnêteté  de  ma  flamme 
qu'elle  m'a  aidé  à  persuader  vjtre  fille  de  me  don- 
ner sa  foi  et  de  recevoir  la  mienne,  mol.  Avare,  m, 
6.  Il  Ensemble  des  qualités  qui  font  l'honnête 
homme,  l'homme  accompli  selon  le  monde.  Il  n'y 
a  que  la  religion  chrétienne  qui  rende  l'homme  ai- 
mable et  heureux  tout  ensemble;  dans  l'honnêteté, 
on  ne  peut  être  aimable  et  heureux  tout  ensemble, 
PASCAL,  Pens.  xxv,  3»,  édit.  havet.  ||  3°  Pudeur, 
modestie,  chasteté.  L'honnêteté  d'une  femme  n'est 
pas  dans  les  grimaces,  mol.  Crit.  3.  Le  latin  dans 
les  mots  brave  l'honnêteté.  Mais  le  lecteur  fran- 
çais veut  être  respecté,  boil.  Art  p.  ii.  Ce  serait 
acheter  trop  cher  le  plaisir  de  rire  soi-même  ou 
de  faire  rire  les  autres,  que  de  l'acheter  aux  dé- 
pens de  l'honnêteté,  rollin,  Hist.  anc.  Œuv.  t.  iv, 
p.  <39,  dans  POUOENS.  ||4°  Observation  des  bien- 
séances de  la  société.  Il  n'a  pas  eu  l'honnêteté 
d'aller  le  voir.  Son  sexe  et  l'hospitalité  De  la  part 
de  ces  coqs,  peuple  à  l'amour  porté.  Lui  faisaient 
espérer  beaucoup  d'honnêteté,  la  font.  Fabl.  x,  8. 
Briard  fut  choisi  peur  l'ambassade  de  Turin,  et, 
quand  l'alTaire  fut  faite,  le  roi  en  dit  un  mot  d'hon- 
nêteté à  M.  le  Prince,  ôt-sim.  44,  4.  ||  Acte,  parole 
d'honnêteté.  Les  honnêtetés  qu'il  veut  bien  que 
vous  me  disiez  de  sa  part,  me  font  croire,  ouqu'il  est 
extrêmement  civil,  ou  qu'il  a  assez  bonne  opinion 
de  moi,  voit.  Le».  t25.  Pour  faire  une  honnêteté  au 
premier  président,  sÉv.  B74.  Je  vous  remercie  ries 
honnêtetés  que  vous  avez  faites  à  la  Brosse,  id.  6o. 
Le  P.   Roslet,  à  qui  je  vous  prie  de  faire  bien  des 


HON 

honnêtetés  de  ma  part,  boss.  lAitt.  quiét.  224.  Il  ino 
laissa  souper  au  bout  de  la  table,  loin  du  feu,  sans 
me  faire  la  moindre  honnêteté,  J.  J.  rouss.  Confcss. 
IX.  Il  5°  Manière  d'agir  obligeante.  L'honnêteté  do 
son  procédé.  ||  6°  Cadeau  qu'on  fait  par  reconnais- 
sance. Cela  méritait  bien  une  honnêteté. 

—  REM.  Pour  les  deux  nn  à  honnêteté,  voy.  hon- 
nête. 

—  HIST.  X'  s.  Por  0  [pour  cela]  s'furet  morte  [elle 
serait  morte]  à  grand  honestet,  Eulalie.  \\  xii'  g. 
Li  priur  del  munt  deu,  huem  [homme]  de  grant 
honeste,  Arcevesque  et  evesque  e  priur  e  abé.  Th.  le 
mart.  106.  ||xm*  s.  Cou  [ce]  Hst  li  empereres  pour 
plus  grant  honeste.  Dont  li  nostre  François  fus- 
sent plus  honoré,  th.  d'Ant.  ii,  201.  Tulles  |Ci- 
céron]  dit  :  Cil  est  honestes  qui  n'a  nulle  laide 
teche;  car  honestes  n'est  autre  chose  que  honor 
estable  et  permanans,  brun.  lat.  Trésor,  p.  338. 
Il  XIV*  s.  Li  evesque  fu  cians  [céans]  dont  vous  oy 
avez.  Au  bon  duc  de  Berry  montra  moult  d'onnes- 
icz,  Guescl.  variantes  des  vers  20783  à  20844.  ||  xvi*s. 
Si  n'estoit  point  ce  peintre  Polygnotus  homme  me- 
chanique  ny  mercenaire,  qui  peignist  ce  portique 
pour  gaigner  de  l'argent,  ains  feit  libéralement 
ceste  honesteté  à  la  chose  publiijue,  amvot,  Cimon, 
8.  Lucullus  avoit  des  son  jeune  eiage  appris  par 
honesteté  les  lettres  humaines,  id.  Lucull.  2.  L'hon- 
nestetc  de  ses  mœurs,  mo.nt.  jii,  520. 

—  ÉTY.M.  Provenç.  honestat,  honestetat;  anc. 
espagn.  honeslad,  espagn.  mod.  honestitad;  ital. 
oneslà;  du  latin  honeslatem,Ae  honestus,  honnête. 
Honeste  représente  honestatem,  honesteté teprésenio 
honestitalem  (quiciierat.  Addenda). 

HONNEUR  (o-neur),  s.  m.  ||  1°  Estime  glorieuse 
qui  est  accordéeà  la  vertu,  au  courage,  aux  talents. 
Trop  peu  d'honneur  pour  moi  suivrait  cette  victoire, 
CORN.  Cid,  II,  2.  Et  l'exécrable  honneur  de  lui  don- 
ner un  maître  [à  l'univers],  id.  Cinna,  1,  3.  L'hon- 
neur des  premiers  faits  se  perd  par  les  seconds,  id. 
Hor.  V,  2.  Ensemble  nous  cherchons  l'honneur  d'un 
beau  trépas,  id.  Cinna,  v,  2.  Ce  n'était  pas  assez 
[pourFouquet]....  de  tourner  toutes  finances  en  dé- 
penses impudentes  et  en  acquisitions  insolentes  qui 
ne  regardaient  ni  son  honneur  ni  son  service  [du 
roi],  chapelain,  Lett.  à  Mme  de  Sévigné,  dans  feuil- 
let DE  CONÇUES,  Variétés  d'histoire  et  d'art.  Votre 
fils  s'était  acquis  bien  de  l'honneur  dans  celte  cam- 
pagne, sÉv.  496.  Tous  les  arts  venaient  à  leur  per- 
fection [chez  les  Égyptiens]  ;  l'honneur,  qui  les 
nourrit,  s'y  mêlait  partout,  boss.  Hist.  m,  3.  N'al- 
lons point  à  l'honneur  par  de  honteuses  brigues, 
boil.  Art  p.  IV.  Notre  natioc,  ou  plus  vaine  ou  plus 
frivole,  comme  on  l'en  accuse,  ou,  pour  parler  plus 
équitablement  et  lui  faire  plus  d'honneur,  plus  atta- 
chée à  ses  maîtres  et  plus  respectueuse  envers  les 
grands,  mass.  Petit,  car.  Exemples.  Le  pécheur  est 
souvent  élevé  en  honneur,  id.  Aveni,  Jug.  L'hon 
neur  de  secourir  les  peuples  qu'on  opprime  Sera 
toujours  brigué  par  les  braves  Français,  uasson, 
Helv.  H.  Désormais  son  nonj  [de  Rostopcliine]  ap- 
partient à  l'histoire;  toutefois  il  n'eut  que  la  plus 
grande  part  à  l'honneur  de  ce  grand  sacrifice  [l'a- 
bandon de  Moscou]  ;  il  était  déjà  commencé  dès 
Smolensk,  lui  l'acheva,  sÉcun,/yii(.  deNap.  viii,  2. 
Il  II  se  dit  elliptiquement  et  par  exclamation.  Hon- 
neur aux  braves  !  c'est-à-dire  rendons  honneur  aui 
braves.  ||  Soutenir  l'honneur  du  corps,  soutenir  les 
prééminences,  les  privilèges  de  son  corps,  de  sa 
compagnie.  Il  Par  analogie  et  plaisanterie.  Mme  de 
Sully  soutiendra  l'honneur  de  la  danse,  sEv.  46». 
Il  II  n'y  a  ni  honneur  ni  profit  à  faire  une  telle 
chose,  c'est-à-dire  elle  n'est  ni  utile  ni  honnête. 
Il  Moins  d'honneur  et  plus  de  profit,  c'est-à-dire 
l'honneur  ne  suffit  pas,  il  faut  aussi  du  profit.  ||  En 
honneur,  en  estime  et  réputation Ma  muse  im- 
parfaite eut  en  honneur  la  tienne,  Régnier,  Sat.  a. 
Il  met  en  honneur  toute  la  tendresse  des  enfants, 
sÉv.  413.  Toutes  les  sciences  ont  été  en  grand  hon- 
neur parmi  eux  [les  Egyptiens],  BOSs.  Hist.  m,  s. 
J'ai  vu  partout  le  labourage  en  honneur,  fén.  Tél. 
XXII.  Il  Faire  honneur  à,  procurer  estime  et  réputa- 
tion, considération  glorieuse.  Faire  honneur  à  son 
pays.  Chez  ces  anciens  Romains,  ce  n'était  point  la 
maison  qui  faisait  honneur  au  maître,  mais  le  maî- 
tre qui  faisait  honneur  à  la  maison,  rollin.  Traité 
des  et.  V,  I,  2.  Un  homme  qui  fait  maintenant 
honneur  à  l'Espagne  et  qui  en  ferait  à  quelque  na- 
tion que  ce  pût  être,  M.  Campo  Mânes,  -^aynal, 
Hist.  phil.  xn,  H.  ||  Faire  honneur  à  sa  naissance, 
en  soutenir  l'éclat.  ||  Faire  honneur  à  son  éducatiotr, 
répondre  aux  soins  qu'elle  a  coûté.  ||  Faire  honneur 
à  une  lettre  de  change,  à  sa  signature,  payer  tme 
lettre  de  change,  payer  l'engagement  qu'on  a  sous- 


HON 

crlt.  Il  Paire  honneur  à  ses  affaires,  tenir  tous  ses  en- 
gagements. Il  Kig.  FaJsant  honneur  à  la  résolution 
que  j'avais  prise,  sÉv.  159.  ||  Faire  honneur  à  quel- 
qu'un (l'une  chose,  la  lui  attribuer.  ||  On  le  dit  dans 
le  même  sens,  en  parlant  de  choses.  Vous  faites 
honneur  de  votre  irréligion  à  la  force  de  votre  es- 
prit, MASS.  Carême,  Vérité  de  la  relig.  Des  singu- 
larités dont  on  fait  honneur  à  la  grâce,  m.  Panég. 
SU.  Bapt.  Il  Faire  honneur  à  la  vérité,  la  confes- 
ser. Voilà  ce  que  je  voulais  vous  dire  pour  faire  hon- 
neur à  la  vérité,  sÉv.  287.  ||  Champ  d'honneur,  un 
champ  de  bataille.  Richard  demeura  maître  du 
champ  d'honneur,  volt.  Mœurs,  68.  ||  Mourir  au  lit 
d'honneur,  mourir  les  armes  à  la  main,  dans  la 
guerre.  Cet  amant  fortuné,  ce  prodige  en  bonheur 
Pour  dernier  avantage  est  mort  au  lit  d'honneur, 
TRISTAN,  Panthée,  y,  i.  Je  demande  sa  mort,  mais 
non  pas  glorieuse....  Non  pas  au  lit  d'honneur,  mais 
sur  un  échafaud,  corn.  Cid,  iv,  6.  ||  On  dit  plus  sou- 
vent mourir  au  champ  d'honneur.  Mort  au  champ 
d'honneur,  est  la  formule  consacrée  dans  les  billets 
de  faire  part  de  la  mort  des  militaires  tués  sur  le 
champ  de  bataille.  ||  Mourir  au  lit  d'honneur,  se  dit 
aussi  d'un  homme  qui  meurt  dans  l'exercice  d'une 
profe.ssion  honorable.  ||Par  plaisanterie,  mourir  au 
lit  d'honneur,  se  dit  d'un  ivrogne,  d'un  joueur,  etc. 
qui  continuent  à  boire,  à  jouer  jusqu'au  dernier  mo- 
ment. Il  Par  antiphra.se.  Lieu  d'honneur,  lieu  de  dé- 
bauche. Parlons  un  peu  de  votre  frère....  il  est 
d'une  faiblesse  à  faire  mal  au  cœur;  il  plut  hier  à 
trois  de  ses  amis  de  le  mener  souper  dans  un  lieu 
d'honneur;  ilyfut,  sÊv.22avril  )67<.  ||  2°  Le  besoin 
d'avoir  de  l'honneur,  des  distinctions,  des  préféren- 
ces. [Dans  le  gouvernement  monarchique]  l'hon- 
neur, c'est-à-dire  le  préjugé  de  chaque  personne  et 
de  chaque  condition,  prend  la  place  de  la  vertu  po- 
litique et  la  représente  partout;  il  y  peut  inspirer  les 
plus  belles  actions  ;  il  peut,  joint  à  la  force  des  lois, 
conduire  au  but  du  gouvernement  comme  la  vertu 
même,  montesq.  Esp.m,  6.  La  nature  de  l'honneur 
est  de  demander  des  préférences  et  des  distinctions; 
il  est  donc,  par  la  chose  même,  placé  dans  le  gou- 
vernement monarchique,  id.  ib.  in,  7.  Ce  n'est 
point  l'honneur  qui  est  le  principe  des  États  despo- 
tiques :  les  hommes  y  étant  tous  égaux,  on  n'y  peut 
se  préférer  aux  autres  ;  les  hommes  y  étant  tous  es- 
claves, on  n'y  peut  se  préférer  k  rien,  id.  ib.  m, 
8.  Le  mot  célèbre  du  duc  d'Orléans  régent  suffit  pour 
détruire  le  fondement  de  VEsprit  des  lois  :  c'est  un 
parfait  courtisan,  il  n'a  ni  humeur  ni  honneur,  volt. 
Dict.  phil.  Honneur.  ||  3°  Le  sentiment  qui  fait 
que  l'on  veut  conserver  la  considération  de  soi- 
même  et  des  autres.  Les  affronts  à  l'honneur  ne 
se  réparent  point,  corn.  Cid,  n,  3.  Impitoyable 
honneur,  mortel  à  mes  plaisirs,  Que  tu  vas  me 
coûter  de  pleurs  et  de  soupirs  I  id.  t!>.  ii,  3.  Et 
d'autant  que  l'honneur  m'est  plus  cher  que  le  jour, 
ID.  ib.  m,  6.  Je  vois  que  votre  honneur  demande 
tout  mon  sang,  Que  tout  le  mien  consiste  à  vous 
percer  le  flanc,  m.  Hor.  ii,  ».  L'amour  n'est  qu'un 
plaisir,  l'honneur  est  un  devoir,  id.  Cid,  m,  6. 
Lorsque  l'injure  a  une  fois  éclaté,  notre  honneur 
ne  va  point  à  vouloir  cacher  notre  honte,  mais  à 
faire  éclater  notre  vengeance,  mol.  D.  Juon,  m,  5. 
Encore  a-t-on  son  honneur  à  garder,  sév.  Lett.  16 
sept.  1671.  Les  injures  et  les  duretés  qu'il  [le  mau- 
vais serviteur]  leur  dit  [aux  hommes  qui  lui  sont 
confiés],  qui  sont  une  espèce  de  plaie  à  la  réputa- 
tion et  à  la  vie  de  l'honneur,  boss.  Méd.  sur  l'Évang. 
dern.  semaine  du  Sauveur,  88»  jour.  Combien  de  fois 
arréta-t-elle  par  autorité  le  coup  mortel  qu'une 
langue  cruelle  allait  porter  à  l'honneur  ou  à  la  for- 
tune d'une  famille?  fléch.  Dauphine.  L'honneur 
d'un  gentilhomme  me  paraît  quelque  chose  de  si 
délicat  que  je  n'ai  pu  refuser  ma  protection  à  celui- 
ci  ,  MAINTENON,  Lett.  au  maréchal  de  Chdteau-Be- 
naud,  t.  v,  p.  2B8,  dans  pougens.  Mais  l'honneur 
en  effet  qu'il  faut  que  l'on  admire.  Quel  est-il,  Va- 
iincourt,  pourras-tu  me  le  dire?  L'ambitieux  le  met 
souvent  à  tout  brûler,  doil.  Sat.  xi.  L'honneur  est 
comme  une  île  escarpée  et  sans  bords;  On  n'y  peut 

plus  rentrer,  dès  qu'on  en  est  dehors,  id.  ib.  x Le 

seul  honneur  solide.  C'est  de  prendre  toujours  la 
vérité  pour  guide,  id.  ib.  xi.  Marchez,  courez,  volez 
où  l'honneur  vous  appelle,  id.  Lutr.  m.  L'honneur 
parie,  il  suffit;  ce  sont  là  nos  oracles,  rac.  Iphig. 
1,  2.  Ou'esl-ce  que  l'honneur?  c'est  la  force  de  l'âme 
iinimée  ou  réveillée  par  le  devoir,  et  qui,  quelque- 
fois même,  nous  porte  au  delà  de  ce  qu'il  prescrit, 
EAiNT-FOix,  Ess.  Paris,  (£uv.  t.  iv,  p.  336,  dans 
POUGENS.  Cet  honneur  étranger,  parmi  nous  in- 
connu. N'est  qu'un  fantôme  vain  qu'on  prend  pour 
la  vertu  :  C'est  l'amour  de   la  gloire,   et  non  de 

DlCT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


HON 

la  justice,  La  crainte  du  reproche,  et  non  celle  du 
vice,  VOLT.  Ali.  IV,  3.  On  a  perdu  bien  peu  quand 
on  garde  l'honneur,  id.  Adel.  du  Guescl.  m,  < .  Nous 
lui  devions  nos  jours,  nos  services,  notre  être.... 
Mais  l'honneur  est  un  bien  que  nous  ne  devons  pas, 
ID.  Orphel.  IV,  6.  Un  pouvoir  qui  se  fonde  Sur  les 
faux  préjugés  du  faux  honneur  du  monde,  iD.  Irène, 
m,  *.  Des  lois  que  nous  suivons  la  première  est 
l'honneur,  id.  Œdipe,  m,  3.  C'est  une  nation  de 
héros  [les  Polonais] ,  se  faisant  valoir  au  delà  de  la 
vérité,  mais  ensuite  mettant  leur  honneur  à  rendre 
vrai  ce  qui  d'abord  n'avait  été  ni  vrai  ni  même  vrai- 
semblable, sÉGUB,  Hist.  de  Nap.  m,  3.  Son  colonel 
[d'un  régiment],  le  jeune  Fezensac,  sut  ranimer  ces 
hommes  à  demi  perclus  de  froid....  toute  sensation 
physique  portait  à  se  rebuter  et  à  fuir,  la  nature  le 
conseillait  de  ses  cent  voix  les  plus  pressantes,  et  pour- 
tant quelques  mots  d'honneur  suffirent  pour  obtenir 
le  dévouement  le  plus  héroïque,  id.  ib.  ix,  13.  Mais, 
toutes  ces  horreurs  [d'un  champ  de  bataille],  il  les 
couvrit  de  gloire  ;  sa  reconnaissance  transforma  ce 
champ  de  mort  en  un  champ  de  triomphe,  où  pen- 
dant quelques  heures  régnèrent  seuls  l'honneur  et 
l'ambition  satisfaits,  m.  ib.  vi,  8.  Les  dernières  pa- 
roles de  l'empereur  à  Lauriston  [envoyé  auprès  du 
général  russe]  furent  :  Je  veux  la  paix,  il  me  faut 
la  paix,  je  la  veux  absolument  ;  sauvez  seulement 
l'honneur,  id.  ib.  viii,  io.  ||  Il  se  dit  aussi  en  par- 
lant des  nations.  Dans  cette  grande  crise,  Rostop- 
chine  vit  surtout  deux  périls  :  l'un  qui  menaçait 
l'honneur  national,  celui  d'une  paix  honteuse  dic- 
tée dans  Moscou  et  arrachée  à  son  empereur;  l'au- 
tre..., ID.  ib.  viii,  2.  Il  Perdre  quelqu'un  d'honneur, 
lui  ôter  toute  l'estime  dont  il  jouit.  Il  le  perd  d'hon- 
neur, CORN.  D.  Sanche,  v,  6.  Je  suis  perdu  d'hon- 
I  neur,  voici  un  affront  que  je  ne  supporterai  point, 
I  SÊV.  47.  Il  Piquer  d'honneur  une  personne,  lui  per- 
'  suader  que  son  honneur  est  engagé  à  faire  ou  à  ne 
pas  faire  une  chose.  |l  Se  piquer  d'honneur,  montrer 
dans  une  occasion  plus  de  qualités  qu'on  n'a  cou- 
tume d'en  faire  paraître;  et  aussi  faire  une  chose 
comme  si  l'on  y  él  it  engagé,  ou  par  émulation. 
Il  Point  d'honneur, *C9  qui  pique,  excite,  en  fait 
d'honneur,  et  oblige  à  ne  pas  céder,  à  ne  pas  re- 
culer. Leur  passion  est  ce  point  d'honneur  qui  les 
engage  à  des  violences,  PASC.  Prov.  7.  Martyr  glo- 
rieux d'un  point  d'honneur  nouveau,  boil.  Lutr.  m. 
Je  conçois  bien  qu'un  scélérat,  associé  à  d'autres 
scélérats,  cèle  d'abord  ses  complices  ;  les  brigands 
s'en  font  un  point  d'honneur  ;  car  il  y  a  de  ce 
qu'on  appelle  honneur  jusque  dans  le  crime,  volt. 
Ilenr.  Diss.  sur  la  mort  de  Henri  IV.  ||  Prendre  tout 
au  point  d'honneur,  avoir  trop  de  susceptibilité  sur 
le  point  d'honneur.  ||  Par  extension.  Se  faire  un 
point  d'honneur  de  quelque  chose,  y  mettre  un 
soin  comparé  au  soin  qu'on  a  de  son  honneur.  Elle 
s'en  fait  un  point  d'honneur,  boss.  i««.  abb.  99. 
Il  Terme  de  blason.  Point  d'honneur,  place  de  l'écu 
située  entre  le  chef  et  la  fasce.  Quartier  d'honneur, 
le  premier  quartier  ou  canton  du  chef.  ||  Familiè- 
rement. Réparation  d'honneur,  se  dit  à  quelqu'un 
à  propos  de  qui  on  reconnaît  avoir  cru  une  chose  dés- 
avantageuse laquelle  n'est  pas.  ||  Affaire  d'honneur, 
débat,  démêlé  où  les  parties  croient  leur  hon- 
neur engagé,  et,  danïun  sens  plus  restreint,  duel. 
Il  Dettes  d'honneur,  dettes  de  jeu.  ||  4°  Qualité  qui 
nous  porte  à  faire  des  actions  nobles  et  courageu- 
ses; vertu,  probité.  C'est  un  homme  plein  d'hon- 
neur. L'honneur  français.  Les  lois  de  l'honneur.  Il 
aime  l'honneur,  ne  craignez  pas  qu'il  fasse  une 
mauvaise  action.  On  sait  que  ce  pied-plat,  di- 
gne qu'on  le  confonde.  Par  de  sales  emplois  s'est 
poussé  dans  le  monde....  Son  misérable  honneur  ne 
voit  pour  lui  personne,  mol.  Mis.  i,  i.  Entendons 
discourir  sur  les  bancs  des  galères  Ce  forçat  ab- 
horré même  de  ses  confrères;  Il  plaint  par  un  arrêt 
injustement  donné  L'honneur  en  sa  personne  à  ra- 
mer condamné,  boil.  Épil.  xi.  Ce  n'&st  plus  avoir  de 
l'honneur,  que  de  laisser  espérer  aux  gens  qu'on  en 
manquera,  Marivaux,  If artonne,  part.  <.||  Homme 
d'honneur,  homme  qui  a  probité,  franchise  et  gé- 
nérosité. Et  tout  homme  d'honneur  doit  souffrir  le 
trépas  Plutôt  que  de  promettre  et  de  ne  tenir  pas, 
MAiR.  Mort  d'Asdrub,  i,  i.  Ne  le  recevez  point  en 
meurtrier  d'un  frère,  Mais  en  homme  d'honneur 
qui  fait  ce  qu'il  doit  faire,  corn.  Hor.  u,  i.  Je  veux 
qu'on  soit  sincère  et  qu'en  homme  d'honneur  On 
ne  lâche  aucun  mot  qui  ne  parte  du  cœur,  moi.. 
Jfis.  i,  I.  Trahi  de  toutes  parts,  accablé  d'injusti- 
ces, Je  vais  sortir  d'un  gouffre  où  triomphent 
les  vices.  Et  chercher  sur  la  terre  un  endroit 
écarté  Où  d'être  homme  d'honneur  on  ait  la  li- 
berté, ID.  ib.  v,  8.  C'était  une  personne  d'honneur  | 


HON 


2041 


qui  nous  contait  cette  histoire,  pasc.  Prov.  e.  \]Au 
plur.  On  dit  des  gens  d'honneur.  Tous  deux  pour 
leur  pays  sont  morts  en  gens  d'honneur,  corn.  Hor. 
IV,  2.  Je  crains  que  leur  probité  ne  soit  de  celle  des 
sages  du  monde....  qui  s'imaginent  avoir  rempli  les 
devoirs  de  la  vertu  lorsqu'ils  vivent  en  gens  d'hon- 
neur, BOss.  Coméd.  ||  Par  honneur,   comme  si  on 
était  engagé  par  les  lois  de  1  honneur.  Vous  qui 
prêtez  l'oreille  au  mensonge,  et  qui,  par  honneuj 
ou  par  conscience,  renonçant  à  débiter  les  médi- 
sances, vous   êtes   ré.servé   le  droit  de  les  croire, 
FLÉCH.  Dauphine.  Lorsqu'on  a  poussé  l'exagération 
ou  la  fiatterie  jusqu'à  un  certain  point,  on  se  croit 
obligé  par  honneur  à  la  soutenir,  genlis,  Veillées 
du  chàl.  t.  ni,  p.  165.  Il  Avec  honneur,  en  restant 
fidèle  à  l'honneur.  Pour  faire  subsister  sa  famille 
avec  honneur,  PASc.  Prov.  8.  Mais,  n'étant  point 
unis  par  un  lien  si  doux  [l'hymen] ,  Me  puis-je  avec 
honneur  dérober  avec  vous?  rac.  Pkèd.  v,  (.||En 
honneur,  même  sens.  Qui  sait,  lorsi|ue  le  sang  du 
martyre  l'arrose,  Si  je  puis  en  honneur  abandonner 
sa  cause  [du  Seigneur]  ?  lamart.  Jocel.  iv,  )B8.  ||  En 
tout  bien  et  en  tout  honneur,  en  tout  bien  et  tout 
honneur,  i  bonne  fin,   à  bonne  intention.  Il  ne 
prétend  à  vous  qu'en  tout  bien  et  en  tout  honneur, 
MOL.  Fourber.  m,  ( .  ||  Par  serment.  Sur  l'honneur, 
sur  mon  honneur,  en  honneur,  en  vérité,  assuré- 
ment. Sur  l'honneur,  en  honneur,  je  n'en  puis  rien 
faire.  ||  Foi  d'homme  d'honneur,   ou,   elliptique- 
ment, d'honneur,  même  sens.  D'honneur,  je  ferai 
ce  que  vous  désirez.  |{  Parole  d'honneur,   yromesse 
faite  sur  l'honneur.  ||  Dans  la  conversation,  ma  pa- 
role d'honneur,  ou,  simplement,  parole  d'honneur, 
se  dit  pour  affirmer.  Je  serai  exact  au  rendez-vous, 
parole  d'honneur.  ||  6°  Honneur  ,  en  parlant  d'une 
femme,  la  chasteté  ouïe  mariage  légitime.  Rcndio 
l'honneur  à  une  femme,  l'épouser  après  l'avoir  eue 
pour  maîtresse.  Ces  vieux  contes  d'honneur,  invi- 
sibles chimères,  Qui    naissent  aux   cerveaux   des 
maris  et  des  mères,  malh.  v,  4.  Ha  !  que  ne  siiis- 
je  roi  pour  cent  ou  six  vingts  ans  ?  Par  un  édit  pu- 
blic qui  fût  irrévocable,  Je  banniiais  l'honneur 
ce  monstre  abominable.  Qui  nous  trouble  l'esprit 
et  nous  charme  si  bien  Que  sans   lui  les  humain.s 
ici  ne  voient  rien,  Qui  trahit  la  nature,  et  qui  rend 
imparfaites  Toutes  choses  qu'au  goût  les  délices  ont 
faites,  RÉGNIER,  Sat.  vi.  L'honneur  est  un  vieux  saint 
que  l'on  ne  chôme  plus,  m.  Uacetlc.  L'inquiétude  que 
vous  donne  cette  maudite  affaire  du  suiintendanl 
est  la  marque  de  la  délicatesse  de  votre  honneur, 
CHAPELAIN,  Lett.  à  Urne  de  Sévignc,  dans  feuillet 
DE  C0NCHES,  Variétés  d'hist.  et  d'art.   Notre  hon. 
neur  est,  monsieur,  bien  sujet  à  faiblesse.  S'il  faut 
qu'il  ait  besoin  qu'on  le  garde  sans  cesse,  mol.  Éc. 
des  mar.  i,  2.  Je  ne  vois  rien  de  si  ridicule  que 
cette  délicatesse  d'honneur  qui  prend  tout  en  mau- 
vaise part,  donne  un  sens  criminel  aux  plus  inno- 
centes paroles,  et  s'offense  de  l'ombre  des  choses, 
iD.  Critique,  3.  C'est  l'honneur  qui  les  doit   [les 
femmes]  tenir  dans  le  devoir.  Non  la  sévérité  que 
nous  leur  faisons  voir,  id.   Éc.  des  maris,   i,   2. 
Il  Femme  d'honneur,  femme  qui  se  conduit  bien. 
Une  femme  d'honneur  peut  avouer  sans  honte  Ces 
surprises  des  sens  que  la  raison  surmonte,  id.  Pohj. 
1,  3.  Il  Familièrement.  Faire  faux  bond  à  son  hon- 
neur, forfaire  à  son  honneur,  se  dit  d'une  femme 
qui  manque  à  la  chasteté.  ||  6"  Honneur,  en  parlant 
d'un  mari,  la  bonne  renommée   qui  rejaillit  .sur 
lui  de  la  fidéUté  de  sa  femme.  Quand  j'aurai   fait 
le  brave,  et  qu'un   fer,  pour  ma  peine.   M'aura 
d'un  vilain  coup  transpercé  la  bedaine....  Dites 
moi ,  mon  honneur,  en  serez-vous  plus  gras  ?  mol. 
Sgan.  I7.   Quoi  que  sur  ce  sujet  votre   honneur 
vous  inspire,  id.  Éc.  des  f.  iv,  8.  De  l'honneur  ot- 
toman ses  successeurs  jaloux,  rac.  Bajai.  ii,   4. 
Il  7°  Démonstration  extérieure  de  respect,  d'estime. 
Au  vainqueur,  non  à  moi,  vous  faites  tout  l'hon- 
neur, CORN.  Pomp.   m,  t.  L'honneur  qu'on  rend 
aux  morts  est  une  vieille  loi,  rotr.  Antig.  iv,  5. 
L'honneur  qu'on  porte  aux  siens  devient  illégitime, 
id.  ib.  v,  2.  On  vous  fait  des  honneurs  extrêmes, 
il  faut  répondre  à  tout  cela ,  vous  êtes  accablée, 
SÉV.  24.  Je  voudrais  savoir  si  vous  êtes  entière- 
ment insensible  à  tous  les  honneurs  qu'on  vous 
fait;  pour  moi,  je  vous  avoue  grossièrement  qu'ils 
ne  me  déplairaient  pas,  id.  Lett.  13  mai  1671.  11 
reçoit  de  ces  peuples  les  honneurs  divins,  BOss. 
IHst.  I,   4.   Jetez  les  yeux  de  toutes  parts;  voilà 
tout  ce  qu'a  pu  faire  la  magnificence  et  la  piété 
pour  honorer  un  héros  :  des  litres,  des  inscriptions, 
vaines  marques  de  ce  qui  n'est  plus....  rien  enfin 
ne  manque  dans  tous  ces  honneurs  que  celui  à  qui 
on  les  rend,  id.  touts  de  Bourbon.  Lui-même  il 

I.  —  256 


2042 


HON 


\VB\l  été  reconnaître  les  rivières  et  les  montagnes 
qui  servirent  à  ce  grand  dessein  [la  prise  de  l'armée 
de  Labiéniis  en  Espagne  par  César]....  les  capitaines 
des  siocles  futurs  lui  rendront  un  honneursemblable, 
Boss.  Louis  de  Bourbon.  Il  [CondéJ  rendait  au  roi 
d'AnKleterre  et  au  duc  d'York  tous  les  honneurs  qui 
lejr  étaient  dus,  id.  ib.  Ne  me  rends  pas  un  hon- 
neur que  je  n'ai  pas  mf'rité,  à  moi  qui  n'en  voulus 
jamais  rendre  qu'au  vrai  mérite,  fléch.  Ihic  de 
Mont.  L'honneur  seul  peut  flatter  un  esprit  géné- 
reux, RAC.  Esth.  II,  5.  Je  vois  mes  honneurs  croître 
et  tomber  mon  crédit,  id.  Jtrit.  i,  <.  Et  ne  préférez 
pas  à  la  solide  gloire  Des  honneurs  dont  César 
prétend  vous  [Junie]  revêtir  La  gloire  d'un  refus 

sujet  au  repentir,  id.  ib.  il,  3 Que  ma  bouche 

et  mon  cœur,  et  tout  ce  que  je  suis,  Rendent  hon- 
neur au  Dieu  qui  m'a  donné  la  vie,  id.  Esth.  ii,  9. 
On  nous  reçut  avec  honneur,  fén.  Tél.  v.  En  ren- 
dant l'honneur  et  le  tribut  aux  puissances  établies 
de  Dieu,  M\ss.  Carême,  Aumône.  En  rendant  à  une 
fausse  vertu  l'estime  et  l'honneur  qui  ne  sont  dus 
qu'à  la  vertu  véritable,  ID.    Carême,  Injustice   du 
monde.  Les  traîtres  le  saisirent,  le  lièrent  avec  des 
chaînes  d'or  pour  faire  honneur  à  sa  qualité  de  roi, 
et  prirent  le  chemin  de  la  Bactriane,  le  conduisant 
dans  un  chariot  couvert,  bollin,  Hist.  anc.  Œuv. 
t.  VI,  p.  389,  dans  pougens.  Un  jour  qu'il  [Virgile] 
vint  à  paraître  au  théâtre,  après  qu'on  y  eut  récité 
quelques-uns  de  ses  vers,  tout  le  peuple  se  leva 
avec  des  acclamations,  honneur  qu'on  ne  rendait 
alors   qu'à    l'empereur,    volt.   Ess.  sur  la  poésie 
épique,  3.  Non  moins  exigeant  pour  l'honneur  qui 
m'était  dû,  qu'attentif  à  rendre  celui  que  je  devais 
aux  autres,  j.   J.  houss.  Confess.  vu.  ||  Sans  hon- 
neur,  avec  ignominie.  Faut-il  que  sans  honneur 
l'Euphrate  vous  revoie?  rac.  Bérén.  i,  3.  Il  me  faut 
sans  honneur  retourner  sur  mes  pas,  id.  Iphig.  ii, 
5.  Et  traîné  [Hector]  sans  honneur  autour  de  nos 
murailles,  m.   Andr.  m,  8.  ||  Les  honneurs  suprê- 
mes, les  derniers  honneurs,  les  honneurs  funèbres, 
les  honneurs  du  cercueil,  de  la  sépulture,  les  funé- 
railles. Ces  montagnes  de  morts  privés  d'honneurs 
suprêmes,  corn.  Pomp.  i,  i .  J'entends  qu'avec  ma 
cour  toute  la  ville  en  deuil.  Demain  rende  au  der- 
nier [Étéocle]  les  honneurs  du  cercueil,  botr.  An- 
tig.  IV,  t .  Le  prétexte  de  l'ambassade  fut  de  rede- 
mander le  corps  de  Gratien,  pour  lui  rendre  les 
derniers  honneurs,  fléch.  Hist.  de  Théod.  m,  7). 
Il  Terme    militaire.   Obtenir   les   honneurs    de  la 
guerre,  ne  pas  rendre  ses  armes  en  abandonnant 
une  place;  autrefois,  c'était  sortir  par  la  brèche, 
enseignes    déployées ,    mèche   allumée ,   balle    en 
bouche;  aujourd'hui,  c'est  sortir  avec  armes  et  ba- 
gages, ne  déposant  les  armes  qu'aux  avant-postes 
ou   sur  les   glacis.  ||  Fig.   Sortir   d'une   querelle, 
d'un  procès,  d'une  discussion  avec  les  honneurs  de 
la  guerre,  en  sortir  honorablement,    avec  succès. 
Il  Une    garde   d'honneur,   voy.   garde   4,    n*  <3. 
Il  Les  gardes  d'honneur,  jeunes  gens  qui,  sous  le 
premier     empire,  s'étant    rachetés    de    plusieurs 
conscriptions,  furent  appelés  au  service   militaire 
et  formèrent  des  régiments  de  cavalerie  ||  Place 
d'honneur,  la  place  réservée  dans  une  cérémonie, 
dans  un  repas,  à  une  personne  qu'on  veut  hono- 
rer d'une  distinction.  ||  Cour  d'honneur,   la   cour 
principale  d'une  maison.  On  dit  de  même  l'e.scalier 
d'honneur.  ||  Les  cours  d'honneur,  sorte  de  tribunaux 
dans  le  genre  des  cours  d'amour,  qui  décidaient 
les  questions  du  point  d'honneur.  ||  En  l'honneur  de, 
à  l'honneur  de,  pour  faire  honneur  à.  Il  avait  com- 
posé des  hymnes  à  l'honneur  des  enfants  de  Lalone, 
FÉN.  Tél.  XVII.  Vous  me  demandez  les  pièces  de  vers 
qu'on  a  faites  à  mon  honneur  et  gloire;  je  conserve 
peu  de  ces  pièces  fugitives,  volt.  Lett.  26  mars  i772. 
Votre  Majesté  croira-t-elle  qu'on  a  fait  la  défense  la 
plus  rigoureuse  à  tous  les  journalistes  de  dire  un  seul 
mot  à  l'honneur  de  M.  de  Voltaire?  d'alemb.  Leit. 
ou  roi  de  Prusse,  t"  juillet  (778.  On  voyait  aussi 
des  pères  insensés  se  jeter  au  milieu  des  flammes 
en  l'honneur  de  leur  idole,  dider.  Opt'n.   des  anc. 
phil.  (Jui/î).  Il  Faire  les  honreurs  d'une   maison, 
recevoir  selon  les  règles  de  l.i  politesse  ceux  qui 
viennent  dans  la  maison.  Je  vais  faire  pour  vous, 
mon  père,  les  honneurs  de  votre  logis,  mol.  l'Av. 
m,  t*.  Elle  a  été  tout  |le  jour  dans  une  chambre 
faisant  l'honneur  du  logis,  sÉv.  48.  Une  jolie  femme 
vient  nous  faire  les  honneurs,  id.  2«a.   Le  duc  a 
fait  les  honneurs  de  son  gouvernement  au  roi  d'An- 
gleterre, m.  52».  Il  lui  laissait  le  soin  de  faire  les 
honneurs  de  la  table,  uamilt.   Gramm.  i.  Elle  Ht 
les  honneurs  de  cher  elle  à  merveille,  stakl,  Co- 
rinne, xii,  I.  iJKig.  Faire  les  honneurs  de  son  es- 
prit, montrer  de  l'esprit.  Faisons  bien  les  honneurs 


HON 

au  moins  de  notre  esprit,  mol.  F.  sav.  m,  4.  ||  Faire 
les  honneurs  de  quelqu'un,  en  parler.  Je  n'eus  pas 
le  courage  de  faire  les  honneurs  de  vous,  sÉv.  1)5. 
Il  Ironiquement.  Faire  les  honneurs  de  quelqu'un, 

eu   mal    parler La  bête  est  si   bonne.  Soit  dit 

sans  vous  fâcher.  —  Ah  !   je    vous   l'abandonne, 
Kaites-en  les  honneurs...,  ghesset,  Séchant,  ii,  3. 
Il  Faire  les  honneurs  d'une  chose  à  quelqu'un,  en 
disposer  en  faveur  de  quelqu'un.  La  part  qui  me 
revient  de  cette  gloire  ou  de  cette  honte  est  si  pe- 
tite, que  je  ne  cours  pas  après,  et  que  j'en  fais  les 
honneurs  à  qui  voudra,   d'alf.mb.  Lett.   au  roi  de 
Prusse,  16  mai  < 772.  ||  Familièrement.  Faire  hon- 
neui  à  un  repas,  y  bien  manger.  ||  Terme  de  ma- 
rine. Faire  honneur  à  un  banc,  à  une  roche,  en 
passer  près,  mais  sans  le  toucher  et,  pour  ainsi 
dire,  en  se  tenant  à  une  distance  respectueuse. 
Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  ranger  à  l'honneur 
les  roches,  un  écueil,  etc.  ||  8°  Distinction  qui  flatte, 
qui  honore.   J'emporte  avec  moi   le  regret  de  ne 
pouvoir  vous  dire  à  combien  d'honneur  je  reçois 
l'offre  que  vous  me  faites,  balz.  liv.  vu,  lett.  2.  Par- 
lons-en  mieux,  le  roi  fait  honneur  à  votre  âge, 
CORN.  Cid,  I,  6.  Nourris  ensemble  et  compagnons 
d'école;  C'était  beaucoup  d'honneur  au  jeune  per- 
roquet; Car  l'enfant  était  prince  et  le  père  monar- 
que, LA  FONT.  Fabl.  X,  12.  Ce  nous  serait  honneur, 
ID.  Or.  Vous  leur  fîtes,  seigneur.  En  les  croquant 
[les  moutons],  beaucoup  d'honneur,  id.  Fabl.  vu, 
1.  Il  L'honneur  du  jias,  la  préséance.  ||  Honneur  se 
met  en  ce  sens  avec  de  et  un  verbe  à  l'infinitif. 
L'honneur  d'appartenir  à  l'Académie.  Il  ne  m'a  pas 
fait  l'honneur  de  me  regarder.  Il  a  l'honneur  d'être 
admis  à  la  table  du  prince.  De  tous  ces  meurtriers 
te  dirai-je  les  noms?  Procule,  Glabrion....  Le  reste 
ne  vaut  pas  l'honneur  d'être  nommé,  cobn.  Cinna, 
v,  ).  Il  II  se  dit  en  ce  sens  par  civilité  et  par  com- 
pliment. Je  pourrais  prendre  de   la  vanité  de  la 
lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de  m'écrire, 
BALZ.  liv.  I,  lett.  4.  Je  me  suis  donné  l'honneur  de 
vous  écrire  une  grande  lettre,  Boss.  Lett.  u.  Elle 
lui  dit  qu'elle  aurait  l'honneur  de  l'accompagner, 
hamilt.  Gramm.  4.  ||  J'ai  l'honneur  de  vous  saluer, 
aujourd'hui  la  plus  sèche  des  formules  de  civilité 
au  bas  d'une  lettre,  fl  Tenir  à    honneur,   regarder 
comme  une  distinction.  Je  tiens  à  honneur  de  lui 
être  présenté.  Je  tiens  son  alliance  à  singulier  hon- 
neur, MOL.  F.  sav.  II,  4.  Les  druides  ont  tenu  la 
chasteté  à  honneur,  chateaub.  Génie,  i,  i,  ».  ||Se 
faire  un  honneur,  regarder  comme  honorable.  Le 
sénat  se  faisait  un  honneur  de  défendre  les  dieux, 
BOss.  Hist.  m,   I .  Dans  ce  temps-là,  les  premières 
personnes  de  l'Êtat.et  les  empereurs  môme,  se  Tai- 
saient un  honneur  et  un  plaisir  d'assister  aux  le- 
çons des  grands  philosophes  et  des  rhéteurs  de  ré- 
putation, ROLLIN,  Hist.  anc.  liv.  xxv,  ch.  2,  art.  i, 
§  2.  Il  II  y  a  honneur  et  plaisir  à,  c'est  une  chose 
qui  procure  estime  et  plaisir.  Voilà  d'excellent  vin, 
monsieur  Lucas,  et  il  n'y  a  qu'honneur  et  plaisir  à 
travaillera  vos  vignes,  dancourt.  Vendanges,  se.  B. 
Il  Se  faire  honneur  de  quelque  chose,  s'en  honorer, 
s'en  parer.  Aux  zèles  indiscrets  tout  paraît  légi- 
time, Et  la  fausse  vertu  se  fait  honneur  du  crime, 
CORN.  Tile  et  Bérén.  v,  5.  Vertueux  sans  vouloir  se 
faire  honneur  de  sa  vertu,  fléch.  Lam.   Elle  lui 
promit   de   s'en   faire    honneur  au   bal,   hamilt. 
Gramm.  7.  Ils  ne  doutèrent  pas  que  je  ne  me  fusse 
fait  honneur  du  travail  d'autrui,  i.  ).  Rouss.  Con- 
fess. V.  Il  II  aime  à  se  faire  honneur  de  ce  qu'il  pos- 
sède, il  dépense  une  partie  de  son  bien  d'une  ma- 
nière utile  ou  agréable  aux  autres,  en  dîners,  en 
soirées  de  musique,  etc.  ||  Fig.  Faire  honneur  d'une 
chose  à...,  l'attribuera....  Ce  n'est  pas  que  le  carnaval 
n'ait  été  d'une  tristesse  excessive,  vous  pouvez  vous 
en  faire  honneur,  sÉv.   )».  ||  Ironiquement.  Faire 
beaucoup  d'honneur  à  quelqu'un,  lui  faire  bien  de 
l'honneur,  le  traiter  mieux  qu'il  ne  mérite.  On  fait 
bien  de  l'honneur  à  des  hommes  si  dignes  de  pitié, 
mass.  Carême,  Doutes.  De  la  manière  dont  ces  peu- 
ples étaient  faits,  c'était  leur  faire  trop  d'honneur  que 
de  les  fourber  avec  quelque  précaution,  ponten. 
Oracles,  i,  ib.  ||  Elliptiquement  et  dans  le  même 
sens  ironique.  Vous  croyez  donc  que  le  roi  ou  la 
province  donne  quelque  chose  à  mon  fils  pour  nour- 
rir ou  instruire  cette  noblesse;  rien  du  tout,  je 
vous  assure;    encore  trop  d'honneur,   sEv.    5C3. 
Il  Ironiquement.  Vous  me  faites  bien  de  l'honneur, 
vous  me  faites  là  un  bel  honneur,  c'est  beaucoup 
d'honneur,  c'est  trop  d'honneur  que  vous  me  faites, 
signifie  :  vous  avez  une  bien  mauvaise  opinion  de 
moi.  Vous  me  croyez  capable  d  une  aussi  mauvaise 
action,  vous  me   faites   bien  de   l'honneur.  ||  Fig. 
Avoir  l'honneur  de,  venir  à  bout  de....,  faire  que.... 


OON 

[L'a-ssemblée]  Se  donne  entière  à  l'oialeur.  Un  trait 
de  fable  en  eut  l'honneur,  la  font.  Fabl.  viii,  4. 
Mme  de  Langeron  doit  avoir  l'honneur  de  ce  chan- 
gement, SÉV.  44u.  Oue  ce  sacrifice  soit  à  la  fois 
utile  à  votre  réputation,  à  votre  Iwnheur,  à  celui 
de  la  reine,  qu'il  soit  volontaire,  que  la  religion  en 
ait  tout  l'honneur,  genlis,  Urne  de  ilainlenon,  1. 1, 
p.  282,  dans  POUGENS.  Il  Fig.  Â....  honneur,  avec  un 
pronom  possessif,  heureusement,  avec  succès.  ,\ 
son  honneur  elle  en  sortit,  la  font.  Fiancée.  Fai- 
tes comme  vous  pourrez,  mes  anges;  mais  venons- 
en  à  notre  honneur,  volt.  Lett.  d'Argental,  ii>  mai 
1767.  Enfin,  malgré  l'aî  qui  mousse.  J'en  veux  venir 
à  mon  honneur,  béhang.  Hab.  de  cour.  1]  9"  Légion 
d'honneur,  ordre  institué  en  France  pour  récom- 
penser les  .services  militaires  et  les  talents  distin- 
gués. Il  Familièrement.  La  croix  d'honneur,  l'in- 
signe lie  la  Légion  d'honneur.  ||  On  dit  dans  le 
même  sens  :  l'ordre  d'honneur.  Enfin  les  lanciers 
russes  se  rebutèrent  ;  leur  fuite,  les  cris  de  joie  de 
notre  armée,  l'ordre  d'honneur  que  l'empereur  en- 
voya sur  le  champ  même  aux  plus  braves,  tout  ap- 
prit à  ces  vaillants  soldats  leur  gloire,  qu'ils  n'ap- 
préciaient pas  encore,  les  belles  actions  paraissant 
toujours  simples  à  ceux  qui  les  font,  ségur,  Hist. 
de  Sap.  IV,  8.  ||10"  Chevalier  d'honi-eur,  dame 
d'honneur,  personnes  de  qualité  attachées  au  ser- 
vice d'une  princesse.  ||  Enfants  d'honneur,  s'est  dit 
de  jeunes  gens  de  qualité  qui  étaient  nourris  au- 
près d'un  prince,  pendant  .son  enfance.  ||  Garçon, 
fille  d'honneur,  celui,  celle  qui,  pendant  la  céré- 
monie nuptiale ,  assistent  le  marié ,  la  mariée. 
Il  Président  d'honneur,  président  honoraire.  |{  Mar- 
guillier  d'honneur,  marguillier  d'un  état  supérieur 
à  celui  des  marguilliers  ordinaires.  Le  mar- 
guillier d  honneur  n'est  point  comptable.  ||  Cheva- 
lier d'honneur,  s'est  dit  de  conseillers  d'épée  qui 
avaient  séance  et  voix  délibérative  dans  les  cours 
souveraines.  ||  Conseillers  d'honneur,  conseillers 
qui  avaient  séance  et  voix  délibérative  dans  cer- 
taines compagnies,  quoiqu'ils  n'eussent  point  de 
charge.  ||  11"  Dans  le  langage  poétique  ou  élevé,  au 
pluriel,  les  honneurs,  l'éclat  de  la  gloire.  Loin 
donc,  honneurs  de  la  terre,  tout  votre  éclat  couvre 
mal  nos  faiblesses  et  nos  défauts;  il  ne  les  cache 
qu'à  nous  seuls  et  les  fait  connaître  aux  autres, 
BOSS.  la  Vallière.  Que  la  nature  donc  soit  votre 
étude  unique.  Auteurs  qui  prétendez  aux  honneurs 
du  comique,  boil.  Art  p.  m.  Détruisons  ses  hon- 
neurs [de  Home]  et  faisons  disparaître  La  honte  de 
cent  rois  et  la  mienne  peut-être,  bac.  Jfi(/ir.  m,  ). 
Partez;  à  vos  honneurs  [d'Achille  partant  pour 
Troie]  j'apporte  trop  d'obstacles,  m.  Iphig.  v,  2. 
On  verra  de  David  l'héritier  détestable  Aljolir  tes 
honneurs  [de  Dieu],  profaner  ton  autel,  Et  venger 
Athalie,AchabetJézabel,iD. /Ithai.  v,6.||  ii' Auplur. 
Dignité,  charge.  Voilà  celui  qui  nous  menait  dans 
les  hasards;  sous  lui  .se  sont  formés  tant  de  renommés 
capitaines  que  ses  exemples  ont  élevés  aux  premiers 
honneurs  de  la  guerre,  boss.  Louis  de  Bourbon. 
Élevé  sans  empressement  aux  premiers  honneurs, 
il  y  a  vécu  aussi  morleste  que  grand,  in.  le  Tellier. 
Lorsqu'on  se  voit  tout  d'un  Coup  élevé  aux  places 
les  plus  importantes,  et  que  je  ne  sais  quoi  nous  dit 
dans  le  cœur  qu'on  mérite  d'autant  plus  de  m 
grands  honneurs  qu'ils  sont  venus  à  nous  comme 
d'eux-mêmes,  on  ne  se  possède  plus,  ID.  ib.  Les 
honneurs  sont  institués  pour  récompenser  le  mé- 
rite, pour  exercer  la  sagesse  et  pour  être  des  occa- 
sions de  faire  du  bien,  fléch.  Duch.  de  ilontausier. 
Tant  de  gens  échangent  volontiers  l'honneur  contre 
les  honneurs,  alph.  karr,  les  Gufpes,  juin  (842. 
Il  13°  Les  honneurs  du  Louvre,  se  disait  de  cm- 
taines  distinctions,  et  particulièrement  d'entrer  à 
cheval  ou  en  carrosse  dans  la  cour  du  Louvre  et 
dans  celles  des  autres  maisons  où  le  roi  était  logé. 
11  a  les  honneurs  du  Louvre  par  sa  charge,  sêv. 
200.  Il  Les  honneurs  de  l'Rglise,  les  prééminencrs 
et  les  droits  honorifiques  qu'on  a  dans  l'Êgli-so. 
Il  14°  Les  honneurs,  se  dit,  en  certaines  grandes 
cérémonies,  telles  que  le  sacre  des  rois,  etc.  des 
pièces  principales  qui  servent  à  la  cérémonie  , 
comme  le  sceptre,  etc.  Ah!  que  l'on  porte  ailleurs 
les  honneurs  qu'on  m'envoie;  Importune,  peux-tu 
souhaiter  qu'on  me  voie?  bac.  Phèdre,.  3i,  ». 
Henri  IV  [au  baptême  de  Louis  XIII!  nomma  le 
maréchal  de  Bouillon,  quoique  huguenot,  pour 
porter  les  honneurs,  st-sim.  i07,  238.  ||  Les  sei- 
gneurs eux-mêmes,  qui  portent  ces  pièces.  {|  15*  Fig. 
Il  se  dit  de  ce  qui  fait  l'ornement.  X  Porsenne, 
à  ce  roi  l'honneur  des  souverains,  du  ryer,  Scé- 
vole.  II,  3.  Pour  vous,  ma  chère  sœur,  sage  el 
pieuse  fille,  Gloire  du  sang  d'Œdipe,  honneur  de  sa 


I 


BON 

fimille,  BOTB.  Anlig.  u,  2.  Corbulon  fit  tout  l'iion- 
.lour  de  ce  rtgne  par  ses  victoires,  doss.  llist.  i,  lo. 
...La  grêle  Oui,  dans  un  grand  jardin,  à  coups  im- 
pétueux, Abat  l'honneur  naissant  des  rameaux  fruc- 
lueux,  BOiL.  Lutr.  v.  11  respecte  en  Pyrrhus  l'hon- 
neur du  diadème,  rac.  Andr.  v,  2.  Les  hêtres  qui 
sont  l'honneur  des  forêts,  fén.  Tél.  xvii.  Tel  lut 
18  sort  d'Hypatie,  l'honneur  de  son  sexe  et  l'étonne- 
raont  du  nôtre,  diderot,  Opin.  des  anc.  philos. 
Idclectisme).  1116°  Au  jeu,  la  partie  d'honneur,  la 
troisième  partie  que  l'on  joue,  quand  chacun  des 
deux  joueurs  en  a  gagné  une.  |]  Absolument,  l'hon- 
neur, la  partie  d'honneur.  Quant  à  nous,  partie, 
revanche  et  l'honneur,  et  nous  venons  entendre 
mademoiselle,  picard,  Dmx  Philibert,  ii,  4.  ||  Ne 
jouer  que  l'honneur,  que  pour  l'honneur,  ne  pas 
jourr  d'argent,  jouer  seulement  pour  passer  le 
temps.  Il  17°  Terme  de  jeu  de  cartes.  Les  figures  d'a- 
tout. J'ai  un  honneur.  J'ai  deux  honneurs.  ||  Au 
whist,  au  boston,  etc.  les  figures  et  l'as  d'atout. 
Il  18°  Terme  de  féodalité.  Mode  de  propriété  libre 
au'iuel  étaient  attachés  des  droits  seigneuriaux. 
Il  19°  Votre  Honneur  est  en  Angleterre  un  titre 
qu'on  donne  par  respect  à  certaines  personnes  de 
ijualité.  Il  20°  Populairement  et  par  civilité.  Sauf 
votre  honneur,  sauf  le  respect  que  je  vous  dois. 
Il  Proverbes.  Les  honneurs  changent  les  mœurs, 
c'est-à-dire  un  pauvre  enrichi  est  sujet  à  se  mécon- 
naître. Tienne  qui  voudra  pour  sentence  Que  les 
honneurs  changent  les  moeurs;  Je  crois  plutôt  que 
les  honneurs  Mettent  les  mœurs  en  évidence,  pons 
(de  Verdun),  Poésies.  ||  S  tous  seigneurs  tous  hon- 
neurs, à  tout  seigneur  tout  honneur,  c'est-à-dire  il 
faut  rendre  honneur  à  qui  il  appartient.  On  dit  aussi  : 
aux  seigneurs  les  honneurs. 

—  REM.  Ce  mot  ne  devrait  s'écrire  qu'avec  une  n  ; 
ni  le  latin,  ni  l'antique  orthographe,  ni  la  pronon- 
eiation  ne  justifient  les  deux  nn. 

—  IIIST.  XI'  S.  Serez  ses  hom  [son  homme]  par 
honur  et  par  ben,  Ch.  de  Roi.  m.  X  lui  lais-je  mes 
honiirs  et  mes  fiefs,  ib.  xxiii.  Se  lui  servez  [Maho- 
met], l'onur  du  champ  ert  [sera]  nostre,  ib.  lxxii. 
Conseil!ez-mei  à  droit  et  à  honur,  ib.  clxxiv.  Je 
n'aurai  jà  qui  soustiene  m'onur,  ib.  cciv.  En  plu- 
surs  gestes  de  lui  sont  granz  honurs  [éloges],  ib. 
ccxxviii.  Il  XII"  s.  En  l'onor  Deu,  le  fil  sainte  Marie, 
Roncisv.  p.  69.  Tant  que  Dex  voille,  du  champ 
aions  l'onor,  ib.  p.  108.  En  douce  France  dont  les 
honors  [fiefs]  tenez,  ib.  p.  143.  Li  rois  l'enmene, 
qui  moût  lui  faitonors,  ib.  p.  448.  N'a  droit  au  lieu 
ne  à  l'onor,  Qui  se  combat  à  son  seignor,  du  cange, 
honor.  Si  li  devons  moult  gran  onor  porter,  Garin  le 
loh.  dans  nu  cange,  honor.  N'oublierai  ceste  honor 
D'amer  toute  la  meiUor,  Coud,  i.  Jà  n'i  croistra  vos 
los  ne  vos  honors,  ib.  vu.  Se  sauve  l'onor  Du  Crea- 
tor Estoit,  tout  temps  [jej  voudroie  [qu'il]  Nuit  feist 
du  jor;  Jamais  dolor  Ne  pesance  [jeJ  n'auroie.  Ro- 
mancero, p.  68.  Mais  [que]  cil  en  ait  l'onor,  cui 
Dex  voudra  aidier,  Sax.  iv.  Mais  cil  qui  pert  honor, 
vaurruit  mieux  mors  que  vis,  ib.  xxvi.  Si  nous  por- 
tera Charles  honor  et  seignorie,  ib.  xxxii.  ||  xai'  s. 
Uns  griex  [un  Grec],  qui  moût  estoit  sires  dou 
pais....  si  vint  à  lui,  li  iist  moût  grant  oneur,  puis 
li  dist...,  viLLEH.  cx.xxiii.  Quant  de  si  haute  honor 
Ije]  sui  cheûe  en  la  boue,  .Berte,  xxxiii.  L'onor  n'est 
pas  autre  chose  que  guerredon  de  vertu  et  merci 
dou  bien  receu,  brun,  latini.  Trésor,  p.  316.  A  li 
[courtoisie]  se  tint  uns  chevaliers  Acointables  et 
tiiaus  parliers  Qui  sot  bien  faire  honor  as  gens,  la 
Rose,  1256.  Le  roy  me  dit  que  ce  moustier  estoit 
fait  en  l'onneur  du  miracle  que  Dieu  fist  du  dyable 
que  il  geta  hors  du  cors  de  la  fille  à  la  veuve  femme, 
JoiNv.  279.  Messire  Erart,  il  me  semble  que  vous 
fériés  vostre  grand  honeur,  se  vous  allez  querre 
aide  pour  nos  vies  sauver,  id.  226.  Sire,  fist  le  preu- 
domme,  vous  me  faites  grant  honeur,  la  vostre 
merci,  m.  216.  X  ton  père  et  à  ta  mère  porte  hon- 
neur et  révérence,  et  garde  leur  commandement, 
ID.  301.  Et  les  honneurs  changent  l'entencion. 
Poésies  mss.  av.  <300,  t.  iv,  p.  1385,  dans  lacuhne. 
Je  voil  bien  que  tu  saches  que  tu  n'anporteras  jà 
plus  de  cest  siegle  que  honor  et  aumosne,  Merlin, 
f"  69,  ferso.  Il  xiv  s.  Se  combatans  en  souverain 
honneur  pour  l'empire  roumain,  bercheube,  f"  3», 
recto.  Honneur  est  grains,  richesse  est  paille:  Donc 
qui  a  honneur,  il  est  riches,  machaut,  p.  I02.  Ne 
au  père  ne  doit  l'on  pas  le  honneur  que  l'en  doit  à 
un  sage  comme  à  son  dotteur  ou  maistre,  obesme  , 
Eth.  262.  |;  XV  s.  Nous  Sera  l'honneur  cent  fois  plus 
grande  que  ce  que  nous  eussions  le  confort  des 
Angliiis,  FROiEs.  II,  u,  (91.  Adonc  retourna  le  comte 
de  Foix  devers  monseigneur  de  Berne,  qui  lui  fit 
grand  chère  et  bonne  ;  ce  fut  raison ,  car  il  lui  avoit 


HON 

sauvé  .son  honneur,  îd.  ii,  m  li.  Là  fut  pris  le  ca- 
pitaine et  tous  ceux  d'honneur  qui  devers  lui  es- 
toient,  ID.  1,  I,  254.  Pourvus  da  grand  sens  ot  de 
parfaite  honneur  [Guillaume  de  Hainaut),  id.  i,  i, 
12.  Et  fet  à  la  roine  d'Angleterre  toute  l'honneur  et 
révérence  qu'il  put...,  in.  i,  i,  (3.  Il  me  re.5pondit 
qu'il  auroit  affaire  en  chemin,  mais  que  l'honneur 
luy  en  demeureroit,  comm.  vui,  2.  Venez  y  tous, 
bons  pardonneurs.  Qui  sçavez  faire  les  honneurs, 
Aux  villages,  de  bons  pastés,  villon,  Uepues  fran- 
ches. Or  est  le  chevalier  à  grant  meschef  ;  car  il 
se  doubte  que  la  pucelle  ne  le  daigne  désormais  re- 
garder ;  car  les  honneurs  muent  souvent  les  meurs, 
Perccforest,  t.  vi,  f"  60.  Gérard  sachant  tous  hon- 
neurs mondains  [les  civilités]  autant  que  homme  do 
son  aage,  Gérard  de  Nevers,  2'  part.  p.  1 1 1 ,  dans 
LACURNE.  Un  sien  amy  de  cognoissance  que  la 
dite  dame  aimoit  en  tout  bien  et  en  tout  honneur, 
Àresta  amorum,  p.  184,  dans  lacuene.  ||  xvi*  s. 
Frère  Jan  des  Entommeures  avoyt  saulvé  le  clouz 
[clos]  à  son  honneur,  radel.  Garg.  i,  28.  Vous, 
m'amye,faictesvoz  honneurs  comme  vouidrez;  vous 
avez  en  voz  mains  et  conserve  tous  mes  thesaurs, 
id.  Pant.  IV,  13.  Le  roy  feit  mettre  à  l'honneur  le 
roy  d'Arragon  [lui  donna  la  place  d'honneur],  J. 
d'auton,  Ann.  de  Louis  XII,  p,  307,  dans  lacurne. 
Il  permit  aux  gentils  femmes  de  sortir,  leur  hon- 
neur sauve,  MONT.  I,  2.  Honneurs  décernez  à  Talva, 
ID.  I.  10.  Disposer  l'honneur  et  la  corimonie  d'un 
enterrement,  id.  i,  17.  Celuy  a  l'honneur  de  la 
guerre,  qui  en  a  le  proufit,  id.  i,  25.  Je  pensois 
faire  honneur  à  un  seigneur,  de  m'enquerir  à  luy..., 
ID.  I,  186.  Il  l'escrivit  à  l'honneur  de  la  liberté  con- 
tre les  tyrans,  id.  i,  206.  L'art  gaigne  le  poinct 
d'honneur  sur  la  nature,  id.  i,  234.  Femme  de  bien, 
et  femme  d'honneur  et  de  vertu  [femme  chaste] , 
ID.  Il,  67.  Sortir,  à  son  honneur,  d'une  entreprinse, 
ID.  II,  68.  Il  fut  nourri  enfant  d'honneur  de  serenis- 
sime  princesse  madame  Loyse  de  Savoye,  carloix, 
I,  2.  Je  vous  fais  presenl  de  cestuy-cy....  pour  vous 
suivre  et  faire  service  toute  sa  vie  comme  à  son 
père  d'honneur...,  id.  m,  6.  Comme  il  fut  pressé 
de  son  honneur  [pressé  par  un  besoin  naturel],  on  la 
mena  es  prives,  des  accords,  Escratgnes  dij.  p.  43, 
dans  LACURNE.  Faire  honneur  au  soleil  [ne  se  lever 
qu'après  qu'il  e.st  levé],  oudin,  Dict.  Qui  d'honneur 
n'a  cure,  honte  est  sa  droiture,  cotgrave.  Qui  n'a 
honte,  il  n'aura  jà  honneur,  id.  Au  desespoir  s'ou- 
blie l'honneur,  leboux  de  lincy,  Prov.  t.  u,  p.  232. 

—  ÉTYM.  Provenç.  honor,  onor  ;  espagn.  honor; 
ital.  onore;  du  lat.  honorem.  Au  xvi*  siècle,  d'après 
Paisgrave,  p.  62,  les  deux  n  se  prononçaient.  Dans 
l'ancienne  langue,  honor  est  du  féminin,  comme 
tous  les  noms  tirés  des  substantifs  latins  abstraits 
en  or.  Vers  le  xiv"  et  le  xv"  siècle,  le  genre  devient 
incertain,  et  finalement  il  se  fixe  au  ma.sculin. 

HONNI,  IK  (ho-ni,  nie),  part,  passé  de  honnir. 
Notre  famille  ne  sera  point  honnie  pour  ce  coup, 
sÉv.  330.  J'ai  le  malheur  d'aimer  mieux  les  Scythes 
qu'aucune  de  mes  tragédies;  premièrement,  parce 
qu'ils  ont  été  honnis  ;  en  second  lieu,  parce  qu'elle 
est  pleine  de  vers  naturels  que  tout  le  monde  peut 
s'appliquer,  volt.  Lctt.  d'Argental,  4  juin  1767.  Je 
suis  quelque  fois  honni  dans  ma  patrie  ;  les  étran- 
gers me  consolent  ;  on  a  joué  à  Londres  une  tra- 
duction de  Tancrède  avec  un  très-grand  succès, 
id.  ib.  8  juill.  1772.  Petits  sultans  honnis  même 
dans  leur  sérail,  dorât.  Feinte  par  amour,  ii,  2. 
Il  Honni  soit  qui  mal  y  pense!  devise  de  l'ordre 
anglais  de  la  Jarretière. 

HONNIR  (ho-nir),  v.  a.  ||  1°  Faire  honte  à  quel- 
qu'un, blâmer  en  faisant  honte.  On  le  honnira  s'il 
abandonne  son  parti.  Sa  conduite  a  été  partout  hon- 
nie. Je  suis  comme  ces  Grecs  qui  renonçaient  à  la 
cour  du  grand  roi  pour  venir  être  honnis  par  lo 
peuple  d'Athènes,  volt.  Lett.  Maupertuis,  16  oct. 
1743.  Par  leur  belle  détrompée  Les  félons  seront 
honnis,  v.  hugo.  Odes,  iv,  12.  ||  Absolument.  On  ne 
l'écoutait  pas,  on  sifflait,  on  honnissait,  on  bafouait, 
DIDEROT,  Salon  de  1767,  OF.uv.  t.  xv,  p.  157,  dans 
pouGENS.  Il  2°  Couvrir  de  honte,  déshonorer.  Quoi! 
ne  tient-il  qu'à  honnir  des  familles  V  l'our  vos  ébats 
nous  nourrirons  nos  filles?  la  font.  Ben.  Au  retour 
d'une  campagne,  ces  drôles-là  ne  s'embarrassent 
non  plus  de  honnir  une  femme  de  robe...,  dancourt, 
Vacances,  se.  8. 

—  S'VN.  honnir,  bafouer,  VILIPENDER.  Hounir, 
c'est  faire  honte.  Dans  bafouer,  l'idée  de  quelque 
chose  de  honteux  n'existe  pas  ;  c'est  celle  de  mo- 
querie outrageante  qui  y  domine.  Vilipender,  c'est 
traiter  comme  quelqu'un  ou  quelque  chose  de  vil. 

—  HIST.  XI*  s.  Par  quel  n.esure  le  peûssions  hu- 
nir,  Ch.  de  Roi.  XLviii.  ||  xii*  s.  Se  tus  nel  délivrez. 


HON 


2043 


nus  sûmes  mal  bailli  ;  Li  reis  et  saint  iglise  e  nus 
iermes  [serons]  huni,  Th.  le  mart.  42.  Outre,  cui- 
versl  [que]  li  cors  Deu  te  honnie,  Ronc.  p.  58. 
Il  xiu'  s.  Honnis  soit-il  [Quesnes  de  Béthune]  et  ses 
preechemens.  Et  bonis  soit  qui  de  lui  ne  dit  fi  ! 
iiuesd'ois!,  Romancero,  p.  103.  Alons  à  eux....  et 
leur  prions,  por  Dieu,  qu'il  aient  pitié  d'eus  meis- 
mes  tout  avant  et  de  nos  après,  et  qu'il  no  se  ho- 
nissent  mie  ne  toillent  [n'empêchent]  la  rescousse 
de  la  sainte  terre  d'outre-mer,  villeii.  xviii.  Or 
somes  nous  bonis,  se  nos  ne  leur  aidons  à  prendre, 
ID.  Que  du  cors  [je]  me  laissasse  honnir  ne  ver- 
gonder  [il  s'agit  d'une  femme],  Rerte,  XLiii.  Et  je 
soie  honnie  se  je  bien  ne  vous  paie,  ib.  lviii.  Cels 
serve  ot  en  Franco  la  terre  si  honnie  [maltraitée, 
affligée],  ib.  lx.  Or  vous  dirons  dou  mauvais  roi 
Jehan  d'Engletere,  qui  honnissoit  ses  homes  et  gi- 
soit  avec  les  femmes  et  avec  les  filles,  Chr.  di 
Rains,  154.  Une  autre  manière  d'aliancos  ont  esté 
letcs  moult  de  fois,  par  lesqueles  moult  de  viles  ont 
esté  destruites  et  maint  segneur  honni  et  déshérité, 
BEAUM.  XXX,  63.  Nulz  chevaliers  ne  poures  ne  riches 
ne  peut  revenir  [de  la  terre  sainte]  que  il  ne  soit 
honni,  se  il  laisse  en  la  main  des  Sarrazins  le  peu- 
ple menu  nostre  Seigneur  en  laquelle  compaingnie 
il  est  aie,  join\'.  265.  ||  xV  s.  Ces  deux  avec  leurs 
compagnons  honnissoient  et  gastoicnt  tout  le  pays 
de  là  entour.*..,  fhoiss.  i,  i,  176.  Il  est  si  honny  do 
boue,  qu'il  n'a  en  luy  nulle  congnolssance  [qu'il 
n'y  a  en  lui  rien  qui  le  fasse  reconnaître],  Perccfo- 
rest, t.  i,  f°  69.  Il  xvi*  s.  Mais  est  il  riens  qui  princes 
tant  honnisse  [que  l'avarice]?  j.  marot,  v,  202.  [Il 
faut  que  l'âme]  S'estant  infuse  en  la  chair  corpo- 
relle, Elle  se  souille  et  honnisse  aux  péchez  Dont 
les  humains  ont  les  corps  entachez,  bons.  045.  [Chil- 
déric]  luy  honnira  sa  femme  Pour  le  loyer  de  l'avoir 
bien  reçeu,  rons.  647. 

—  ETYM.  Provenç.  aunir;  de  l'anc.  haut  allem. 
hônjan;  allemand  mod.  /lôftjien,  moquer,  faire  honte. 

t  HONNISSEMENT  (ho-ni-se-man),  ».  m.  Action 
de  honnir,  ignominie. 

—  HIST.  XVI'  s.  Honnis.sement,  oudin,  Dict. 

t  HONNISSEUR  (ho-ni-seur) ,  s.  m.  Celui  qui 
honnit.  Par  ma  foi,  co  géant  est  un  grand  honnis- 
seur  de  pucelles.  Don  Quichotte,  dans  le  houx,  Dict 
comique. 

t  HONORABILITÉ  (o-no-ra-bi-li-té) ,  s.  f  Qualité 
d'une  personne  honorable. 

—  HIST.  XIII'  s.  Que  il  resgardent  à  la  noblesse 
de  son  cuet  et  à  la  honorableté  de  ses  meurs  et  do 
sa  vie,  brun,  latini.  Trésor,  p.  579.  ||  xiv*  s.  Hono- 
rableté est  honnestement  gouverner  sa  chose  fami- 
liaire  et  tenir  estât,  et  pour  ce  ceulz  qui  tiennent 
grant  estât  et  le  pevent  faire  sont  de  la  grant  hono- 
rableté. —  Pluseurs  qui  sont  de  petite  honorableté, 
ORESKE,  Thèse  de  hkunier.  ||  xV  s.  Aristote  veult 
dire  que  noblesse  est  une  bonnorableté  de  urogeni- 
teurs,  Hist.  de  la  Tois.  d'or,  1. 1,  f"  1 . 

HONORABLE  (o-no-ra-bl'),  adj.  ||  1"  Qui  attire  da 
l'honneur  et  du  respect,  en  parlant  des  choses.  Un 
destin  favorable  M'offrait  en  ce  danger  un  sujet 
honorable  D'acquérir,  par  ma  perte,  un  triomphe 
à  ma  foi,  malh.  r,  4.  J'y  vois  de  vos  vertus  les 
preuves  honorables;  J'y  vois  la  haute  estime  où 
sont  vos  grands  exploits,  corn.  I).  Sanche,  1,  3. 
Les  reines  des  étangs,  grenouilles  veux -je  dire, 
Car  que  coûte-t-il  d'appeler  Les  choses  i)ar  noms 
honorables?  la  font.  Fabl.  xii,  24.  J'oserais  quasi 
assurer  que  c'est  quelque  mauvais  démon  qui , 
voulant  rendre  la  pauvreté  tout  à  fait  insupporta- 
ble, a  trouvé  le  moyen  d'attacher  aux  richesses 
tout  ce  qu'il  y  a  d'honorable  et  de  plaisant,  »oss. 
Panég.  St  Franc.  d'Assise ,  1.  Et  ces  noms,  ces  res- 
pects, ces  applaudissements  Deviennent  pour  Titus 
autant  d'engagements  O'Ji,  le  liant,  seigneur,  d'une 
honorable  chaîne....  Fixent  dans  son  devoir  ses 
vœux  irrésolus,  rac.  Bérén.  v,  2.  Souffrez,  si  quel- 
que monstre  a  pu  vous  échapper,  Que  j'apporte  à 
vos  pieds  sa  dépouille  honorable,  id.  Phèdre,  m,  6. 
[Un  ambassadeur]  Ce  n'est  qu'un  ennemi  sous  un 
titre  honorable,  volt.  Brutus,  1,  1 .  C'est  la  mollesse 
qui  s'épouvante  et  n'ose  faire  l'échange  de  son  re- 
pos contre  des  périls  honorables,  raynal.  Hist.  phil. 
xviii,  41.  Il  Terme  d'architecture.  Colonne  honora- 
ble, colonne  élevée  en  l'honneur  d'un  homme  illus- 
tre. [[Terme  de  blason.  Pièces  honorables  de  l'écu, 
les  pièces  principales  et  ordinaires  qui,  en  leur 
juste  étendue,  peuvent  occuper  le  tiers  du  champ. 
i|  2°  Digne  d'estime,  qui  mérite  d'être  honoré,  en 
parlant  des  personnes.  De  la  main  de  ton  père  un 
coup  irréparable  Déshonorait  du  mien  la  vieillesse 
honorable,  corn.  Cid ,  m,  4  (dans  les  variantes). 
La  sage  et  honorable  vieillesse  de  Mme  Yolande 


2044 


HON 


Doss.  Yol.  de  Monlerby.  Mais  nous  autres  faiseurs 
(le  livres  et  d'écrits,  Sur  les  bords  du  Permesso  aux 
louanges  neurris,  Nous  ne  saurions  briser  nos  fers 
et  nos  entraves,  Du  lecteur  dédaigneux  honora- 
bles esclaves,  boil.  Ép.  vi.  X  toute  l'honorable 
compagnie  présente  et  à  venir,  salut,  dancourt, 
la  Folle  enchère,  se.  22.  Sur  ce  pied-là  ce  n'est  pas 
grand'chose  que  d'être  honoré,  puisque  cela  ne  si- 
gnifie pas  qu'on  soit  honorable,  Marivaux,  Double 
inconst.  i,  10.  Je  ne  suis  née  moi-même  que  de  pa- 
rents honorables  et  non  pas  connus,  ID.  Pays.  parv. 
2*  part.  Il  3°  Qui  vit  noblement ,  grandement.  C'est 
un  homme  fort  honorable.  ||  On  dit  de  même  :  Il 
tient  une  maison  honorable;  il  fait  les  choses  d'une 
manière  honorable.  114"  Honorable  homme,  qualité 
que  les  simples  bourgeois  prenaient  autrefois  dans  les 
actes  publics.  ||  Honorable  est  aujourd'hui  un  terme 
de  politesse  qui  se  dit  d'un  membre  de  la  chambre 
des  communes  d'Angleterre,  ou  de  la  chambre  des 
députes  de  France.  L'honorable  M.  N.  L'honorable 
préopinant.  ||  S.  m.  C'est  un  de  nos  honorables. 
Il  6°  Amende  honorable,  peine  infamante,  consistant 
en  ce  que  le  bourreau  conOuit  en  de  certains  lieux 
un  criminel  nu  en  chemise,  la  corde  au  cou  et  une 
torche  ardente  à  la  main ,  pour  y  confesser  son 
crime  et  en  faire  réparation.  Faire  amende  honora- 
ble. Il  Par  extension.  Amende  honorable,  espèce  de 
réparation  d'honneur  qu'on  fait  à  quelqu'un,  quand 
on  reconnaît  qu'on  a  eu  lort  à  son  égard.  ||  Fig.  Faire 
amende  honorable,  rétracter  une  erreur,  une  parole 
légère,  inconvenante. 

—  HIST.  xii*  s.  E  honurable  le  num  de  els  devant 
lui.  Liber  psalm.  p.  9t.  Alez  à  Chartres,  à  Paris 
l'enorable  ;  Lessiez  li  Rome,  qui  est  ses  héritages, 
H  Coronemens  looys,  v.  2395.  ||xui'  s.  Bêle  esliés 
et  honorable,  Et  as  besoigneus  secourable,  FI.  et 
Bl.  741.  !1  XIV*  s.  Donques  s'ensuit  il  que  il  est  en 
nostre  volenté  et  posté  estre  honorables  et  bons  ou 
malvais  et  vicieux,  oresme,  Eth.  7).  ||  xv*  s.  Il  qui 
estoit  moult  honorable,  jeune  et  désirant  d'aquerir 
honneur  et  prix,  kroiss.  i,  i,  13.  Et  y  estoye  [je] 
honorablement  receu,  car  les  Anglois  sont  fort  ho- 
norables, coMM.  m,  6.|lxvr  s.  Titus  n'en  rappor- 
tera [de  la  mort  d'Annibal]  jà  victoire  qui  luy  soit 
gueres  honorable  ny  digne  des  anciens  Romains, 
AMYOT,  Ftam.  4).  Encores  ne  coustera-il  rien  de 
nommer  les  choses  pour  noms  honorables,  d'aob. 
Fœn.  I,  1.  Cela  lui  estant  assuré  avec  honorable  et 
bonne  recompense,  id.  Vie,  vu.  J'ay  autrefois  veu 
feu  monsieur  d'Eguilli,  et  le  chevalier  de  Puygref- 
fier,  honnorables  vieillards,  demeurer  l'espace  d'un 
long  jour  armez  de  toutes  pièces,  langue,  280.  La 
mort  en  bien  aimant  est  tousjours  honorable,  des- 
portes, Diane,  i,  69. 

—  ÉTYM.  Provenç.  honorable,  honrable,  ondra- 
ble;  espagn.  honorable;  ital.  onorevole;  du  latin 
honorabilis,  de  honorare,  honorer. 

HONORABLEMENT  (o- no-ra-Ue-man)  ,  adv. 
Il  1°  D'une  manière  honorable.  Parler  honorable- 
ment de  quelqu'un.  Mais  puisqu'il  est  ainsi  que  le 
sort  nous  emporte,  Oui  voudrait  se  bander  contre 
une  loi  si  forte?  Suivons  donc  sa  conduite  en  cet 
aveuglement;  Qui  pèche  avec  le  ciel  pèche  honora- 
blement, RÉGNIER,  Sat.  ni.  L'évêque  Ulphilas,  qui 
avait  le  secret  de  l'ambassade,  se  rendit  en  dili- 
gence au  camp  d'Andrinople,  où  il  fut  reçu  honora- 
blement, VLÉCH.  Ilist.  de  Théodose,  i,  66.  |{  2»  D'une 
manière  qui  fait  honneur.  Il  a  été  enterré  très- 
honorablement. 

—  uiST.  xiu'  s.  Et  chascun  se  doit  appareiller  au 
plus  honorablement  que  il  porra,  que  ainsinc  doivent 
cil  faire  qui  vont  devant  lor  seigneur,  Merlin,  t°  50, 
verso.  Phelipes  rois  de  France....  le  saint  cors  du 
benoiet  saint  Loys,  qui  estoit  ensevelis  en  l'église  de 
monseigneur  saint  Denis  en  France,  fist  esiever  et 
translater  et  mètre  en  une  chasse  ennorablement 
sus  le  grant  autel,  MiraclesSt  Loys,  p.  <89.  [Othon] 
entra  en  Rome,  etfu  receus  partout  honorablement, 
et  fu  couronnés  à  roi  et  ampereor  de  Rome,  brun. 
i.ATiNi,  Trésor,  p.  88.  ||xiv  s.  Le  puepla  le  conveia 
(usques  à  son  hostel  en  le  loant  très  honorablement, 
BEBCHEURE,  ^  39,  reclo.  ||xv'  S.  Si  vint  au  siège  de 
Calais  messire  Robert  de  Namur,  honorablement 
accompagné  de  chevaliers  et  d'escuyers ,  froiss.  i, 
I,  312.  ilxvi'  s.  Puis  feit  honorablement  brusler  et 
inhumer  la  teste  et  le  corps  de  Pyrrhus,  ahïot, 
Pyrrhus,  77.  Qui  meurt  pour  le  public  meurt  ho- 
norablement, DESPORTES,  Amours  d'Hippolyte,  ix. 
Fantaisie. 

—  ÊTVM,  Uonorable,  et  le  suffixe  ment. 

*.  IlO.N'OnAIUE  (o-no-rC-r'),  adj.  \\  1=  Qui,  après 
avoir  exercé  longtemps  une  charge,  en  conserve  le 
litre  ot  les  prérogatives  honorifiques.  Un  président 


noN 

honoraire.  Un  recteur  honoraire.  ||  Chanoine  hono- 
raire, se  dit  ou  d'un  chanoine  qui  s'est  démis  de  son 
canonicat,  ou  de  celui  qui,  .sans  l'être  ou  l'avoir  été 
réellement ,  jouit  des  prérogatives  de  chanoine. 
Il  Tuteur  honoraire,  celui  qui ,  préposé  pour  veiller 
aux  intérêts  d'un  pupille,  ne  prend,  à  la  différence 
du  tuteur  ordinaire,  aucune  part  à  la  gestion  des 
biens  du  pupille.  |1  Fig.  et  par  plaisanterie.  La 
Branche  :  Et  toi  Crispin,  travailles-tu  toujours?  — 
Crispin  :  Non,  je  suis,  comme  toi,  un  fripon  hono- 
raire, LE  SAGE,  Crisp.  riv.  de  son  mailre,  se.  2. 
Il  2°  S'est  dit  d'un  degré  qui  se  donnait  dans  l'an- 
cienne Académie  des  sciences.  Académicien  hono- 
raire. Il  Substantivement.  Un  honoraire.  Au  renou- 
vellement de  l'Académie  en  IC9»,  M.  de  Malézieu  fut 
un  des  honoraires,  fonten.  Malésieu.  M.  de  Mau- 
repas  devint,  en  (725,  un  de  nos  honoraires;  il  fut 
le  premier  des  ministres  chargé  de  ce  département 
[les  Académies]  que  nous  ayons  vu  occuper  une 
place  parmi  nous,  et  tous  ses  successeurs  ont  suivi 
son  exemple,  cONnORCET,  Maurepas.\\3'  Qui  n'est 
que  pour  l'honneur.  Une  femme  se  fait  quelquefois 
à  elle-même  des  reproches  honoraires,  et  sa  faiblesse 
s'en  augmente,  Marivaux,  dans  desfontaines. 

, —  HIST.  XVI*  s.  Chevaliers  honoraires,  cotgrave. 
Elle  [la  fortune]  m'a  faict  quelques  faveurs  venteu- 
ses, honoraires  et  titulaires,  sans  substance,  mont. 

IV,  <43. 

—  ÉTYM.  Lat.  honorarius,  de  honorare,  honorer. 
2.    HONORAIRE   (o-no-rê-r') ,  s.   m.  [[  1°  Terme 

d'cinliquilé  romaine.  La  somme  d'argent  que  le  ma- 
gistrat municipal  devait  donner  pour  reconnaître 
l'honneur  qu'on  lui  faisait  en  le  nommant.  Si  les 
dignités  municipales  étaient  si  recherchées  à  Pom- 
péi,  ce  n'est  pas  pour  les  profits  qu'on  en  retirait; 
aucun  des  magistrats  ne  recevait  de  traitement  ;  au 
contraire  ils  payaient  pour  être  élus;  la  différence 
entre  ces  magistrats  et  les  nôtres,  à  ce  sujet ,  est 
bien  marquée  nettement  par  le  sens  qu'avait  alors  le 
mot  d'honoraires  et  celui  qu'il  a  pris  chez  nous  ;  il 
signifie  aujourd'hui  le  salaire  dont  on  paye  le  travail 
d'un  fonctionnaire  public;  c'était  alors  la  somme 
d'argent  qu'il  devait  donner  pour  reconnaître  l'hon- 
neur qu'on  lui  faisait  en  le  nommant,  honoraria 
summa,  o.  boissier,  La  vie  de  province  sous  l'Em- 
pire, dans  la  Revue  des  Deux-Mondes,  \"  avril  1806, 
page  380.  Il  2°  Chez  nous,  rétribution  qu'on  donne 
pour  leurs  services ,  à  ceux  qui  exercent  une  pro- 
fession qualifiée  d'honorable,  tels  que  les  prêtres, 
les  avocats ,  les  médecins,  etc.  Dissertation  sur 
l'honoraire  des  messes,  4  748,    cité  dans  richelet. 

Oui   me  vola Mon   honoraire  ,  en  me  parlant 

d'honneur,  volt.  Pauvre  diable.  Les  gens  de  let- 
tres ont  fait  un  fonds  pour  donner  à  M.  Pigal 
un  honoraire  convenable  [pour  la  statue  de  Vol- 
taire], .D.  Lclt.  d'Argence,  3  aoijt  (770.  Ne  l'ayant 
plus  revu  depuis  lors,  j'ai  perdu,  avec  l'honneur  que 
méritait  mon  ouvrage,  l'honoraire  qu'il  devait  mé 
produire,  J.  J.  holss.  Confess.  vu.  ||  Aujourd'hui  il 
s'emploie  le  plus  souvent  au  pluriel,  sans  avoir  la 
signification  du  pluriel.  Il  a  reçu  ses  honoraires. 
Les  honoraires  d'un  médecin.  ||  8°  Terme  de  chan- 
cellerie. Droit  d'expédition  et  de  signature. 

—  ÊTYM.  I^t.  honorarium,  de  honorare,  ho- 
norer. 

I  HONORARIAT  (o-no-ra-ri-a) ,  t.  m.  \\  1°  La  qua- 
lité d'honoraire.  Plusieurs  anciens  professeurs  de  la 
facultédes  lettres  ont  obtenu l'honorariat.  ||  2"Terme 
de  pratique.  Ce  qui  est  dû  pour  les  honoraires  d'un 
notaire ,  d'un  avoué,  d'un  huissier,  etc. 

—  ÊTYM.  Pour  le  premier  sens ,  honoraire  *  ; 
pour  le  deuxième  sons,  honoraire  2. 

HONORÉ,  ÉE  (o-no-ré,  rée),  par(.  poss^  d'hono- 
rer. Qui  reçoit  honneur,  en  parlant  des  personnes  ou 
des  choses.  Un  prince  est  dans  son  trône  à  jamais 
affermi  Ouand  il  est  honoré  du  nom  de  son  ami  [de 
Rome],  CORN.  Nicom.  ni.  2.  Ouo  celui  qui  n'est  ho- 
noré que  pour  son  bien  prenne  garde  de  ne  pas  de- 
venir pauvre,  saci.  Bible,  Ecclésiastiq.  x,  24 Les 

lieux  Honorés  par  les  pas,  éclairés  par  les  yeux  De 
l'aimable  jeune  bergère  Pour  qui,  sous  le  fils  de  Cy- 
thère.  Je  servis,  engagé  par  mes  premiers  ser- 
ments, LA  font.  Fab.  IX,  2.  ô  sainte  pénitence,  au- 
trefois si  honorée  dans  l'Église,  en  quel  endroit  du 
monde  t'es-tu  maintenant  retirée  ?  boss.  2*  panég. 
S.  Fr.  de  Paule,  2.  X  quoi  donc  sert  la  vertu  si  l'on 
voit  tant  de  méchants  honorés?  volt.  Philosophie, 
Nouv.  test,  hérodiens.  ||  Il  s'emploie  par  politesse 
entre  les  personnes  de  la  même  profession.  Mon 
honoré  confrère.  Mon  savant  ethonoré  maître.  ||  Très- 
honorée,  titre  que  les  rois  de  P'rance  donnaient  à 
la  reine  mère.  Notre  très-honoréo  dame  et  mère. 

HoVoUER  (o-no-ré),  f.  o.  ||  1"  Pendre  honneur 


IION 

et  respect.  C'est  là  que  sur  mon  trône  avec  plus  do 
splendeur  Je  puis  honorer  Rome  en  son  ambassa- 
deur, CORN.  Nicom.  m,  1.  Honorez  moins,  seigneur, 
une  âme  criminelle,  id.  Cinna,  v,  3.  Pour  honorer 
saintement  la  mère  de  Dieu,  il  faut  l'honorer  judi- 
cieusement, BOURDAL.  Assompt.  de  la  Vierge,  Myst. 
Craignez  Dieu  et  honorez  les  puissances,  i».  6'  dim. 
après  l'Épiphan.  Dominic.  Auguste  votre  aïeul  ho- 
nora moins  Livie,  rac.  Brit  i,  t.  Honore  ton  père 
et  ta  mère,  si  tu  veux  vivre  longuement  ;  j'oserais 
dire  :  honore  ton  père  et  ta  mère,  dusses-tu  mou- 
rir demain ,  volt.  Dict.  phil.  Pères,  mères.  Paraissez 
innocent;  il  me  sera  bien  doux  D'honorer  dans  ma 
cour  un  héros  tel  que  vous,  id.  Œdipe,  n,  4.|H1 
se  dit  aussi  des  choses  auxquelles  on  accorde  hon- 
neur. C'est  en  vain  qu'on  croit  honorer  la  mémoire 
des  gens  de  bien  qui  sont  décédés,  si  l'on  ne  va  re- 
cueillir les  restes  de  leur  esprit  sur  ces  tombeaux  où 
l'on  rend  les  honneurs  funèbres  aux  tristes  dépouil- 
les de  leur  corps  mortel,  fléciiier.  Lamoignon. 
C'est  ainsi  que  le  roi  Honore  le  mérite  et  couronne 
la  foi,  RAC.  Eslh.  11,  5.  Seigneur,  honorez  moins  une 
faible  conquête,  id.  Iphig.  i,  2.  Nérestan,  ChâtiUon, 
et  vous....  de  qui  les  pleurs  Dans  ces  moments  si 
chers  honorent  mes  malheurs,  volt.  Zaïre,  n,  3. 
Mes  mains  peuvent  d'un  père  honorer  le  tombeau, 
id.  Oresle,  i,  t.||2°  Accorder  des  marques  d'hon- 
neur, des  distinctions.  C'est  ainsi  que  sera  honoré 
celui  qu'il  plaira  au  roi  d'honorer,  saci,  Bible,  Es- 
ther,  VI,  9.  Il  veut,  pour  m'honorer,  la  tenir  [Her- 
mione]  de  ma  main,  rac.  Andr.  m,  < .  ||  Absolument. 
Le  roi  ne  sait  que  c'est  d'honorer  ilemi,  corn. 
Hor.  IV,  2.  Il  Fig.  La  lune  s'était  levée  avec  son  crois- 
sant d'un  argent  si  l)eau  et  si  vif  que  les  yeux  en 
étaient  charmés;  elle  semblait  vouloir  honorer  le 
soleil  en  paraissant  claire  et  lumineuse  par  le  côte 
qu'elle  tournait  vers  lui,  noss.  Concupisc.  32. ][  3'  Ac- 
corder comme  une  distinction ,  comme  une  faveur. 
Les  deux  que  j'honorais  d'une  si  haute  estime,  corn. 
Cinna,  iv,  1,  J'eus  soin  de  vous  nommer,  par  un 
contraire  choix,  Des  gouverneurs  que  Rome  hono- 
rait de  sa  voix,  bac.  Brit.  iv,  2.  De  cette  autre  en- 
treprise honorez  mon  audace,  m.  Mithr.  m,  t Sa 

beauté,  sa  grâce  tant  vantée.  Présents  dont  la  na- 
ture a  voulu  l'honorer,  id.  Phèdre,  il,  i .  Il  embrasse 
les  genoux  de  cet  homme  qu'il  ne  daignait  pas,  une 
heure  auparavant,  honorer  d'un  de  ses  regards, 
fén.  Tél.  XIV.  Honore  d'un  regard  ton  épouse  fidèle, 
volt.  Tancr.  v,  c.  Si  tes  yeux  [de  Dieu]  quelquefois 
Honorent  d'un  regard  les  peuples  et  les  rois,  id. 
Henr.  x.  ||  11  se  dit  de  la  chose  accordée  comme 
honneur.  Votre  confiance  m'honore.  ||  4°  Avoir  beau- 
coup d'estime  pour  quelqu'un.  Comme  je  leur  dirai 
de  vos  nouvelles,  je  vous  supplie  très-humbleracnt, 
mademoiselle,  d'en  dire  des  miennes  aux  personnos 
que  vous  savez  que  j'honore  et  que  j'aime  le  plus, 
voit.  Lett.  38.  Vous  voudriez  bien  savoir  qui  est  la 
personne  qui  en  écrit  de  la  sorte;  mais  contentez- 
vous  de  l'honorer  sans  la  connaître;  et,  quand  vous 
la  connaîtrez,  vous  l'honorerez  bien  davantage. 
PASC.  Rep.  aux  2  premières  lettres.  Un  homme  que 
j'honore,  en  qui  je  remarque  les  plus  beaux  talents, 
BOURDAL.  Instruct.  Prudence  du  salut,  Exhort.  Ouoi  I 
Rome  et  l'Italie  en  cendre  .Me  feront  honorer  Sylla  ! 
J.  B.  Rouss.  Ode  à  la  Fort.  \\  6°  Donner  un  carac- 
tère honorable  à  une  chose.  Pour  ce  qui  touchait 
sa  personne,  on  voyait  qu'il  prenait  à  tâche  d'hono- 
rer le  seul  nécessaire,  par  un  retranchement  eiïcc- 
tif  de  toutes  les  superfiuités,  uoss.  Cornet.  Des  âmes 
oisives  qui  n'achètent  ces  titres  vains  d'occupation 
et  de  dignité  [des  charges]  que  pour  satisfaire  leur 
orgueil  et  pour  honorer  leur  paresse,  fléch.  le  Tel- 
lier.  Chose  à  la  vérité  incroyable,  mais  qui  a  été 
honorée  de  la  foi  des  Romains,  Ilist.  des  Veslaies, 
dans  desfontaines.  ||  Fig.  et  familièrement.  Hono- 
rer l'aventure,  y  ajouter  des  circonstances  qui  l'em- 
bellissent. Ce  tremblement  de  terre....  a  été  mis  là 
pour  tenir  compagnie  aux  foudres  et  pour  honorer 
l'aventure,  fonten.  Oracles,  ii,  3.  ||  6°  Faire  hon- 
neur à,  être  l'honneur  de.  Aux  temps  les  plus  fé- 
conds en  Phrynés,  en  Lais,  Plus  d'une  Pénélope 
honora  son  pays,  boil.  Sat.  x.  ||  Il  se  dit  aussi  des 
choses  qui  font  honneur.  I.a  mort  de  son  fils  même 
honora  mon  courage,  volt.  Farutl.  i,  ).  Qu'il  est 
doux  de  porter  un  nom  qui  nous  honore,  u.  j.  ciiEK. 
Gracqucs,  i,  4.  ||  7°  Dans  l'ancien  langage  de  la  po- 
litesse, ténioigicr  ses  respects.  Si  je  ne  m'efforçais 
de  me  donner  à  vous  encore  plus  que  jamais  et  d'a- 
jouter quelque  chose  à  l'afi'ection  dont  je  vous  ai 
honoré  toute  ma  vie,  voit.  Leit.  (68.  M.  de  Pom- 
pone  a  passé  le  jour  ici,  il  vous  aime,  et  vous  ho- 
nore, et  vous  estime  parfaitement,  siSv.  416.  J'ho- 
nore de  tout  mon  coeur  madame  votre  sœur,  noss. 


BON 


BON 


HON 


2045 


Iptt.  abb.  <7i.  Dites  à  Mme  de  Ventadour  combien 
l'honore,  maintenon,  Lell.  à  Mme  de  St-Géran, 
:u)ût  1704.  Il  On  ne  dirait  plus  maintenant  comme 
nul  Voilure,  honorer  de  son  ajfection;  cette  tour- 
nure serait  prise  à  contre-sens,  parce  que  honorer 
emporte  l'idée  d'honneur  cliez  celui  (pii  honore,  et 
que  personne  ne  veut  se  faire  co  compliment  à  soi- 
même.  ||  Aujourd'hui,  la  formule  de  politesse  où 
entre  honorer,  est:  La  lettre,  la  visite  dont  vous 
m'avez  honoré.  Je  suis  pénétré,  monsieur,  de  tous 
les  sentiments  que  je  vois  dans  la  lettre  dont  vous 
m'honorez  de  Versailles,  premier  de  février,  volt. 
iett.  à  M.  Dupont,  u  fév.  1776.  ||  8»  Terme  de 
commerce.  Accepter  et  payer  avant  la  remise  des 
fonds.  S'il  vous  revient  quelqu'une  de  mes  lettres 
de  change  protestées,  je  vous  prie  de  les  honorer. 
Il  S-"  Dans  le  langage  moderne,  honorer  un  avocat,  un 
médecin,  lui  payer  ses  honoraires.  ||10'  S'honorer, 
i'.  réft.  Faire  une  chose  qui  honore.  Il  s'est  honoré 
par  cette  action.  |j  S'attirer  de  la  considération.  Et 
pour  comble  d'horreur,  elle  a  cru  s'honorer  I  volt. 
Tancr.  iv,  2.  ||  Tirer  vanité,  honneur  d'une  chose. 
Attachés  sur  vos  yeux,  s'honorer  d'un  regard  Qua 
vous  aurez  sur  eux  fait  tomber  au  hasard,  bac. 
Brit.  II,  2.  Et  qui  de  ma  faveur  se  voudrait  hono- 
rer? ID.  Iphig.  V,  2.  On  vient  dans  ce  temple  saint, 
non  pas  honorer  le  Dieu  qui  l'habite,  mais  s'honorer 
souvent  soi-même  d'un  vain  extérieur  de  piété, 
MASS.  Carime,  Respect  dans  les  temples.  Souffrez 
que  dans  cet  heureux  jour  Je  m'honore  à  vos  yeux  du 
prix  de  mon  courage,  ducis,  Roméo,  i,  3.  ||  11°  Avoir 
une  estime  réciproque  l'un  pour  l'autre.  Ces  deux 
hommes  se  sont  toujours  honorés  l'un  l'autre. 

—  HIST.  xu's.  Franc,dist  Rolaut,bone  gent  hono- 
rée, Ronc.  p.  48.  Certes,  dame ,  moult  s'oneure  Qui 
courtois  est  contre  tort,  Coud,  iv.  Car  c'est  ados 
toute  m'intention ,  Dame,  de  vous  honourer  et  ser- 
vir, ID.  XIII.  L'arcevesques  Thomas  sovent  le  mercia 
De  son  bel  acuilleir,  e  que  tant  l'onura,  Th.  le  mart. 
&8.  Sun  estriu  li  teneit  li  reis  al  remunter  ;  E  quant 
li  arcevesqucs  le  voleit  refuser  :  Nel  lairrai,  faiseit 
il ,  à  ceste  feiz  ester  :  Mes  père  [mon  père]  estes 
en  Deu,  je  vus  dei  bonurer,  ib.  4  14.  {{  xm'  s.  Li 
arcevesque  a  la  messe  cantée  ;  D'une  once  d'or 
l'a  li  cons  [comte]  honorée,  Roman  de  Itoncevaux, 
dans  DU  cange,  Gloss.  fr.  Quant  il  oïrent  que  li  mar- 
chis  venoit,  si  alerent  encontre  li  et  l'ennorerent 
moult  durement,  villeh.  xxvii.  [Ceux  qui  firent  la 
loi]  honneurent  ceulx  qui  bien  font,  brun.  lat. 
Très.  p.  278.  Dames  honeurt  [qu'il  honore]  et 
damoiseles.  Mes  ne  se  fie  trop  en  eles,  la  Rose, 
(88S9.  Il  xV  s.  Ils  prirent  congé  [les  Hainuyers]  au 
roi,  à  madame  sa  mère,  qui  grandement  les  hono- 
rèrent; et  les  fit  le  roi  accompagner  de  douze  che- 
TOliers,  FROiss.  i,  i,  44.  ||  xvi"  s.  Des  nobles  qui  par 
leur  ,-ertu  honorent  leur  noblesse,  mont,  i,  130.  Ta- 
bleau qui  honorcrera  tout  le  reste  de  cette  beson- 
gne,  ID.  i,  200.  Cela  me  faict  honorer  à  merveille 
la  response  de  ce  soldat...,  in.  i,  217.  J'honore  le 
plus  ceulx  que  j'honore  le  moins  [dans  mes  lettres, 
ceux  à  qui  je  donne  le  moins  de  formules  de  poli- 
tesse], ID.  I,  292.  Près  de  luy  les  approche,  et  les 
rend  vénérables  [les  savants],  S'honorant  d'honorer 
les  hommes  honorables,  rons.  063.  Car,  durant  mes 
travaux,  je  prendroy  patience,  Voire  et  m'honoreroy 
de  beaucoup  endurer....,  desportes,  Diane,  i,  08. 

—  RTYM.  Berry,  honorer  {han  prononcé  comme 
dans  l'an);  provenç.  honorar,  honrar,onrar,  hon- 
drar;  espagn.  et  portug.  honrar;  ital.  onorare;  du 
latin  honorare.  Dans  le  xvi"  siècle,  Palsgrave, 
p.  58,  dit  que  dans  honnorer  (ainsi  écrit)  les  deux 
n  se  prononcent. 

HONORES  (AD)  (a-do-no-rès).  Se  dit  de  certains 
litres  qui,  n'apportant  aucun  revenu,  et  ne  deman- 
dant aucun  travail,  n'ont  que  l'apparence  dont  on  se 
fait  honneur.  Une  place  ad  honores. 

—  ÉTYM.  Lat.  ad,  pour,  et  honores,  les  honneurs. 
UONOUIFIQUE    (o-no-ri-fi-k'),  adj.  Oui   procure 

(11-*  honneurs.  Titre  honorifique.  ||  Il  se  dit  particu- 
lircment  des  droits  qui  appartenaient  aux  seigneurs 
'■t  aux  patrons  dans  les  églises. 

—  ÉTYM.  Lat.  honorificus,  de  honor,  honneur, 
et  facere,  faire. 

t  UONOKIFIQUEMENT  (o-no-ri-fi-ke-man) ,  adv. 
D'une  manière  honorifique.  Voilà  un  exemple  qui 
TOUS  fait  connaître  que  nous  [les  docteurs  en  méde- 
cme]  sommes  ici  en  bonne  posture  pour  les  pré- 
séances, et  il  n'y  a  aucun  marchand  qui  ne  nous 
cède  honorifiquement,  oui  patin.  Lettres,  t.  ii,  p.  5io. 

t  HONOVEU  (o-no-vèr),  s.  m.  Le  verbe  créateur 
dans  la  religion  de  Zoroastre. 

—  ÉTYM.  Zend,  ahunavairya,  do  ahuna,  magis- 
tial ,  divin,  et  vairya,  désir. 


HONTE  (hon-l'),  s.  f.  ||  1"  Déshonneur,  opprobre, 
humiliation  (co  qui  est  le  sons  étymologique  et  an- 
cien). Se  plaindre  est  une  honte  et  soupirer  un 
crime,  CORN.  Ilor.  iv,  4.  La  gloire  d'une  mort  qui 
nous  couvre  de  honte,  m.  l'omp.  ii,  2.  Mais  pour 
braver  Marcelle  et  m'alTranchir  de  honte,  11  est  une 
autre  voie  et  plus  sûre  et  plus  prom|)te,  id.  Théo- 
dore, m,  3.  Dans  la  nuit  du  tombeau  j'enfermerai 
ma  honte,  ^kc.  Iphig.  ii,  i.  J'ai  déclaré  ma  honte 
aux  yeux  de  mon  vainqueur,  id.  Phèdre,  m,  l. 
Déjà  de  sa  présence  [de  Phèdre]  avec  honte  chassée, 
Dans  la  profonde  mer  Œnone  s'est  lancée,  id.  ib.  v, 
5.  II  y  aurait  de  la  honte  à  m'abandonner,  fên. 
Tél.  XV.  Il  fait  à  l'homme  de  bien  une  honte  de  la 
vertu,  MASS.  Pet.  car.  Triomph.  Et  si  je  n'écoutais 
que  ta  honte  et  ma  gloire,  volt.  Zaïre,  m,  4.  Tu  vois 
mon  sort,  tu  vois  la  honte  où  je  me  livre,  id.  ib.  v,  8. 
Va,  la  honte  serait  de  trahir  ce  que  j'aime,  id.  ib. 
IV,  3.  La  honte  est  dans  l'offense,  et  non  pas  dans 
l'excuse,  la  chaussée,  Préjug.  à  la  mode,  v,  «.Ce 
n'est  pas  ce  que  voulait  madame  Kaufmann  :  il  lui 
fallait  savourer  la  honte  de  sa  rivale,  la  voir  humi- 
liée, perdue,  insultée,  fr.  sodlié,  les  Forgerons, 
§  II.  Il  Par  exclamation,  ô  honte ,  qui  jamais  ne 
peut  être  effacée!  rac.  Esth.  m,  i.  \\  Etre  la  honte, 
faire  la  honte  do  sa  famille,  de  son  pays,  de  son 
siècle,  lui  faire  un  grand  déshonneur.  Divorces  et 
séparations  si  ordinaires  aujourd'hui  dans  le  monde, 
et  que  nous  pouvons  regarder  comme  la  honte  de 
notre  siècle,  surtout  parmi  des  chrétiens,  bourdal. 
2*  dim.  apr.  VÊpiphan.  Dominic.  ||  X  la  honte  de, 
en  causant  déshonneur.  Où  des  fils  de  la  terre  La 
rage  ambitieuse  à  leur  honte  parut,  malh.  ii,  (2. 
Épargnez-moi  des  pleurs  qui  coulent  à  ma  honte, 
CORN.  Poly.  II,  2.  Combiei),  de  chrétiens,  disons 
mieux,  combien  de  mondains,  à  la  honte  du  chris- 
tianisme qu'ils  professent,  vivent  aujourd'hui  dans 
la  mâme  ignorance  !  bourdal.  lUyst.  Pentec.  Mille 
bruits  en  courent  à  ma  honte,  rac.  Brit.  iv,  2. 
Enfin  il  [Galilée]  fut  condamné,  à  la  honte  de  la 
raison,  volt.  Phil.  Newl.  Singul.  nat.  19.  ||  Fami- 
lièrement et  par  exagération.  C'est  une  honte,  c'est 
grand'honte,  il  ne  convient  pas,  il  est  messéant.  Kt 
que  c'est  honte  au  roi  de  ne  leur  donner  rien,  Ré- 
gnier, Sat.  II.  Car  c'est  honte  de  vivre  et  de  n'être 

amoureux,  iD.  Épit.  ii C'est  grand'honte  Qu'il 

faille  voir  ainsi  clocher  ce  jeune  fils,  la  font. 
Fabl.  m,  t.  ||  Il  se  dit  aussi  au  pluriel  (Voltaire  a 
condamné  cet  emploi  ;  mais,  outre  les  autorités,  la 
raison  et  l'usage  n'empêchent  pas  d'employer  ce 
mot  abstrait  au  pluriel).  Les  soins  que  cette  amour 
nous  donne  en  cette  vie  Ne  peuvent  aussi  bien  nous 
élever  si  haut,  Que  la  perfection  la  plus  digne 
d'envie  N'y  soit  toujours  suivie  Des  hontes  d'un  dé- 
faut, CORN.  Imit.  1,  3.  Mais  tu  sais  quel  orgueil  ont 
lors  montré  les  comtes;  Combien  d'affronts  pour  lui, 
combien  pour  moi  de  hontes!  id.  D.  Sanclie,  ii,  ). 
Pour  réserver  sa  tête  aux  hontes  du  supplice,  id. 
Pomp.  V,  3.  La  plus  brillante  fortune  ne  mérite  point 
ni  le  tourment  que  je  me  donne,  ni  les  humiliations, 
ni  les  hontes  quej'essuie,LABRUY.  viii.  11  aurait  fallu 
prévoir  les  écueils  d'un  tel  succès,  et  empêcher  les 
méfaits  et  les  hontes  dont  le  monarque  délivré  al- 
lait charger  sa  couroime,  et,  jusqu'à  un  certain 
point,  la  responsabilité  de  ses  libérateurs,  villem. 
la  Tribune  franc.  Chateaubriand ,  ch.  I4.  ||  Fami- 
lièrement. Faire  mille  hontes,  faire  cent  hontes, 
accabler  d'outrages.  Dans  les  bras  de  ce  fils  on  lui 
fait  mille  hontes,  corn.  D.  .Sanche,  v,  4.  Je  vous 
conjure  que  ce  soit  en  particulier  que  je  lui  de- 
mande pardon,  parce  que  sans  doute  il  me  ferait 
cent  hontes,  cent  opprobres  devant  tout  le  monde, 
MOL.  Médecin  volant,  se.  tB.  ||  2"  Sentiment  pénible 
qu'excite  dans  l'âme  la  pensée  ou  la  crainte  du 
déshonneur.  Seigneur,  ce  que  je  suis  ne  me  fait 
point  de  honte,  corn.  D.  Sanche,  i,  3.  La  honte  se 
met  entre  la  vertu  et  le  péché  pour  empêcher  qu'on 
ne  la  quitte;  puis  entre  le  péché  et  la  vertu  pour 
empêcher  qu'on  ne  la  reprenne,  boss.  Pensées  chr. 
viii.Il  n'eut  point  de  honte  d'écrire  que...,  id.  Ifist. 
II,  3.  Ce  lui  serait  une  honte  de  se  dire...,  id.  ib.  6. 
Elle  lui  pardonna  son  crime  [au  gouverneur  qui 
avait  fait  tirer  sur  la  reine],  le  livrant  pour  tout 
supplice  à  la  honte  d'avoir  entrepris  sur  la  vie  d'une 
princesse  si  bonne  et  si  généreuse,  id.  Reine  d'Anglet. 
La  nature,  dit  Tertullien,  a  couvert  tout  le  mal  de 
crainte  ou  de  honte,  id.  Sermons,  Vaines  excuses  des 
pécheurs,  i.  La  honte  est  une  passion  que  la  nature 
raisonnable  excite  en  nous  et  (jui  nous  détourne,  sans 
que  nous  remanjuions  même  ni  comment  ni  pour- 
(juoi.de  tous  les  excès  et  de  toutes  les  impuretés  d  i 
vice,' BOURDAL.  Exhort.  sur  la  flagellât,  de  J.  C.  Et 
que,  pour  retourner  à  Dieu,  vous  repreniez  cette 


honte  du  péché  que  vous  aviez  perdue,  id.  <3*  dim- 
aprè.1  la  Pentec.  Dominic.  La  honte  du  bien,  dit  saint 
Bernard,  est  on  nous  la  source  de  tout  mal,  et  la 
honte  du  mal  est  le  principe  de  tout  bien,  id.  Exli. 
sur  la  Flagellât,  de  J.  C.  t.  ii,  p.  7».  Combien  de 
fois  une  honte  criminelle  vous  a-t-elle  fermé  la  bou- 
che dans  des  occasions  où  il  fallait  s'expliquer 
hautement  I  id.  Myst.  Êpiphan.  t.  i,  p.  <<2.  Je 
pourrais  la  décrire  dans  ces  lieux  sombres  et 
retirés,  où  la  honte  tient  tant  de  langueurs  et  da 
nécessités  cachées,  versant  à  propos  des  bénédic- 
tions secrètes  sur  des  familles  désespérées  qu'une 
sainte  curiosité  lui  faisait  découvrir  pour  les  sou- 
lager, FLÉcii.  Aiguillon.  Je  veux  voir  son  désordre 
et  jouir  de  sa  honte,  rac.  Bajai.  iv,  6.  La  sagesse 
n'a  point  de  honte  de  paraître  enjouée,  fén.  Tél. 
VIII.  Personne  n'a  jamais  mieux  su  .«oulager  et  les 
besoins  d'autrui  et  la  honte  de  les  avouer,  fonten. 
des  Rillettes.  La  honte,  compagne  de  la  conscience 
du  mal,  était  venue  avec  les  années,  j.  j.  bouss. 
Confess.  m.  || Avoir  honte,  éprouver  de  la  honte. 
J'ai  honte  de  montrer  tant  de  mélancolie,  cohn. 
Ilor.  i,  2.  Monsieur,  vous  vous  moquez;  j'aurais 
honte  à  la  i)reiidre  [une  bague],  mol.  le  Dép.  am. 
I,  2.  [L'envie]  est  un  orgueil  lâche  et  timide  qui  se 
cache,  qui  fuit  le  jour,  qui,  ayant  honte  d'elle- 
même...,  BOss.  2'  serm.  Démons,  2.  Il  eut  honte  da 
se  voir  vaincu,  fiîn.  Tél.  iv.  J'ai  honte  à  ma  fortune, 
en  regardant  la  tienne,  a.  c\iÈti.  Idylles,  le  Mendiant. 
Ij  On  le  dit  aussi  au  pluriel  en  ce  sens.  J'aurais  toutes 
les  hontes  du  monde  s'il  fallait  que...,  mol.  Préc.  to. 
Il  Faire  honte  à  quelqu'un,  être  pour  lui  une  cause 
de  honte.  Ne  l'entreprenez  pas,  votre  offre  me  fait 
honte,  CORN.  Médée,  iv,  «.  J'ai  peur  qu'elle  ne  fasse 
honte  à  ses  parents,  sév.  398.  Sainte  institution  qui 
fait  honte  aux  chrétiens,  boss.  Uist.  m,  8.  Songez- 
vous  que  toute  autre  alliance  Fera  honte  aux  Césars, 
auteurs  de  ma  naissance?  rac.  Brit.  ii,  3.  ||  Poéti- 
quement. Faire  honte,  éclip.ser.  A  quelles  roses  ne 
fait  honte  De  son  teint  la  vive  fraîcheur?  malh.  v,  (8. 
La  belle  enfin  découvre  un  pied  dont  la  blancheur 
Aurait  fait  honte  à  Galathée,  la  font.  Scam.  Ses 
trésors,  sous  vos  pas  confusément  semés,  Ont  de  quoi 
faire  honte  à  l'abondance  même,  mol.  l'sych.  iv,  2. 
Il  Faire  honte,  faire  des  reproches  qui  causent  de 
la  honte ,  de  la  confusion.  Je  lui  dis  qu'if  me  fait 
mal  au  cœur,  je  lui  fais  honte,  je  lui  dis  qua  ce 
n'est  point  la  vie  d'un  honnête  homme,  sÉv.  44. 
Elle  soupa  le  soir,  et  [la  Voisin,  empoisonneuse] 
recommeuça,  toute  brisée  qu'elle  était,  à  faire  la 
débauche  avec  scandsde;  on  lui  en  fit  honte,  et  on 
lui  dit  qu'elle  ferait  bien  mieux  de  penser  à  Dieu , 
ID.  407.  Qu'il  sache  faire  honte  à  tous  ceux  qui  ai- 
ment une  dépense  fastueuse,  fén.  Tél.  xxii.  ||  Vous 
devriez  mourir  de  honte,  se  dit,  par  exagération,  à 
quelqu'un  qui  a  commis  une  action  trcs-répréhon- 
sible.  Les  Ribalier  et  les  Cogé  devraient  mourir  da 
honte  s'ils  n'avaient  pas  touto  honte  bue,  volt. 
Lett.  Damilaville.  28  sept.  1707.  ||  Avoir  perdu  toute 
honte,  être  insensible  au  déshonneur.  |{  On  dit  dans 
le  mémo  sens  :  mettre  bas  touto  honte,  et  avoir 
toute  honte  bue.  Cartholomée  ayant  ses  hontes  bues, 

LA  FONT,  le  Calendr Soit  que,  sentant  son  cas, 

Simone  encor  n'ait  toute  honte  bue,  id.  Richard, 
Honte  bue  à  présent,  ma  foi,  sur  l'inconstance,  du 
FRÉNï,  Réconcil.  norm.  iv,  3.  Puisque  Pigalle  m'a 
sculpté,  il  faut  bien  que  je  souffre  qu'on  me  peigne, 
j'ai  toute  honte  bue,  volt.  Lett.  Florian,  3  août 
(770.  Il  3"  Courte  honte,  insuccès.  Pour  lais.ser  le 
marquis  avec  sa  courte  honte,  uauterocue,  Bourg. 

de  quai  m,  i Tu   me  vois  avec   ma  courte 

honte,  TH.  CORN.  D.  Bertr.  de  Cigarral,  iv,  ï.  La 
chat  court,  mais  trop  lard,  et  bien  loin  de  son 
compte,  N'eut  ni  lard  ni  souris,  n'eut  que  sa  courte 
honte,  LA  MOTTE,  Fabl.  iv,  8.  ||  Un  homme  s'en 
retourne,  s'en  revient  avec  sa  courte  honte  quand 
il  a  reçu  l'affront  do  n'avoir  pu  réussir  en  quelqv.o 
entreprise.  Cette  locution  est  singulière;  et,  comme 
elle  manque  d'historique,  on  no  sait  comment  l'ex- 
pliquer avec  quelque  sûreté.  Provisoirement,  on 
peut  penser  que  courte  honte  signifie  proprement 
honte  à  court  délai,  honte  qui  arrive  tout  de  suite. 
Il  4'  Mauvaise  honte,  fausse  honte  de  ce  qui  n'est 
pas  blâmable,  et  quel(|uefois  même  do  ce  qui  est 
louable.  Par  je  ne  sais  quelle  bonté,  ou,  si  Ton 
veut,  mauvaise  honte,  je  n'ai  pas  la  îirce  de  rien 
refuser  de  ce  que  l'on  me  demande  avec  opiniâ- 
treté, scARBON,  UfiidTci,  t.  I,  p.  (77.  Mais  aucun 
de  ces  maux  n'égala  les  rigueurs  Que  la  mauvaisa 
honte  exerça  d.ans  les  cœurs;  De  ce  nid  à  l'instant 
sortirent  tous  les  vices,  boil.  Ép.  m.  La  mauvaise 
honte  est  le  mal  le  plus  dangereux  et  le  plus  pressé 
à  guérir,  fénel.  Éduc.  des  filles,  cli.  9.  Ce  n'est  pas 


J046 


HON 


le  vrai  honneur,  c'est  une  mauvaise  honte  qui  me 
retient,  ték.  Dial.  desmorts  anc.  dial.  4r>.  Il  [Char- 
les Xllj  avait  conservé,  dans  l'inflexibilité  de  son 
caractère,  cette  timidité  qu'on  nomme  mauvaise 
honte,  VOLT.  Charles  XII,  8.  ||  Fausse  honte,  timi- 
dité mal  placée,  honte  non  justifiée.  Je  me  sens 
retenu  par  cette  fau.sse  honte,  la  chaussée,  Préj. 
à  la  mode,  u,  i.  ||  Sotte  honte,  synonyme  de  fausse 
honte.  Je  crois  qu'il  y  eut  en  cette  occasion  plus 
d'orgueil  à  parler  qu'il  n'y  aurait  eu  de  sotte  honte 
à  se  taire,  J.  J.  Houss.  Confess.  vui.  ||  5"  Dans  le 
langage  biblique,  la  honto,  les  parties  que  l'on 
doit  cacher.  C'est  pourq;ioi  j'ai  relevé  vos  vête- 
ments sur  votre  visage,  et  on  a  vu  votre  honte, 
SACl,  Bible  Jérémie,  xiii,26.  ||  Proverbes.  Que  honte 
ne  vo'js  fasse  dommage,  c'est-à-dire  il  ne  faut  pas 
qu'uiio  mauvaise  honte  empêche  de  faire  une 
chose  qui  n'est  point  blâmable  et  qui  peut  être  utile. 
Il  Un  peu  do  honte  est  bientôt  passé,  on  surmonte  faci- 
lement un  sentiment  de  honte  pour  quelque  avantage. 

—  REM.  I.  On  dit  également  :  je  n'ai  point  honte 
d'avoir  fait  cela,  et  je  n'ai  point  de  honte  d'avoir 
fait  cela.  Dans  la  première  phrase,  honte  est  pris 
dans  un  sens  général  et  indéterminé;  dans  la 
deuxième,  honte  est  pris  dans  un  sens  partitif.  En 
effet  la  honte  est  un  sentiment  susceptible  de  plus 
et  de  moins.  ||  2.  Avoir  honte  à,  avoir  honte  de.  On 
a  essayé  d'établir  une  distinction,  disant  qu'on  se 
sertdeà  quandle  verbe  exprime  une  action,  et  de  de 
quand  il  exprime  un  état  :  il  a  honte  à  mentir,  il  a 
honte  d'avoir  menti  ;  mais,  avec  quelque  soin  qu'on 
examine  ces  deux  locutions,  on  ne  peut  voir  aucune 
différence  appréciable  de  sens,  et  c'est  l'oreille  qui 
doit  déterminer  le  choix.  ||  3.  Avoir  ses  hontes  bues, 
locution  singulière,  mais  dont  on  verra  l'origine  à 
l'historique.  Un  poète  du  xiii"  siècle  représente  l'ante- 
christ  faisant  verser  à  pleinsbrocs  \a.honle;  il  insiste 
sur  cette  fiction  et  sur  cette  figure  de  la  honte  bue. 
Cette  fiction  et  cette  figure  ont  eu  assez  de  crédit  pour 
introduire  dans  la  langue  la  locution,  qui,  si  on 
n'avait  le  poëme  d'où  elle  provient,  demeurerait  in- 
explicable. C'est  Génin  qui  a  trouvé  cette  excel- 
ente  explication.     > 

—  SVN.  HONTE,  PUDEUR.  Los  rcproches  de  la  con- 
science causent  do  la  honte.  Les  sentiments  de  mo- 
destie produisent  la  pudeur.  Elles  font  quelquefois 
l'une  et  l'autre  monter  le  rouge  au  visage,  mais 
alors  on  rougit  de  honte  et  l'on  devient  rouge  par 
pudeur,  gihaud. 

—  IIISTi  XI"  s.  Si  me  gardez  et  de  mort  et  de 
hunte.  Cil.  de  Roi.  ii.  Là  mourrez  vous  à  hunte  et 
à  viltet,  ib.  xxxii.  Por  venger  vostre  hunte,  ib. 
cCLviu.  Il  XII*  s.  ïex  [telle]  honte  leur  avint  devant  le 
roi  de  France,  Ronc.  p.  1 97.  Mais  honte  i  aurez,  pour 
voir  [vrai].  Coud,  iv.  Jamais  [nous]  n'aurons  tel 
aise  [facilité]  de  nos  hontes  vengier,  Sax.  vi.  Sei- 
gneur, dit  l'aposloles,  moult  est  cist  hontes  lais,  ib. 
XV.  Du  tort  et  de  la  honte  |je]  mevorroie  vengier, 
ib.  XVI.  Car  grant  honte  li  faites  [au  roi]  quant  en 
sa  curt entrez,  Cum  en  feu  e  en  flambe  de  vostre 
cruiz  [croix]  armez,  Th.  le  mari.  39.  Erramment 
passa  mer  senz  cungic  de  vescunte.  Ne  list  à  sun 
prélat  n'a  saint  iglise  hunte  ;  Set  ans  fu  en  eissil, 
ib.  B«.  Il  xiii"  s.  Irons  venger  la  honte  doloreuse  Dont 
cbascuns  doit  estre  ires  et  honteux,  quesnes,  Ho- 
manc.  p.  94.  Et  (]uant  uns  seul  en  remanoit  de  ça 
[n'allait  pas  à  la  croisade],  11  [Quesnes]  lui  disoit  et 
honte  et  reprouvier,  nUF.s  d'oisi,  ib.  p.  4  04.  Et  s'en 
alerent  passer  à  Marseille,  dont  il  reçurent  grant 
honte  et  moult  en  furent  durement  blasmé,  vilieh. 
xxxi.  Que  ne  me  fassiez  chose  <iui  à  honte  me  père 
[ne  se  manifeste  à  ma  honte],  Berle,  cxiii.  Ge  tiens 
à  grant  honte  ..,  la  Rose,  6801."  Ele  meisme  le  ra- 
conte. Et  esorit,  et  n'en  a  pas  home,  Â  son  ami..., 
ib.  8816.  Ele  [l'Envie]  est  trop  lie  [joytuse]  en  son 
corage,  Quant  cl  voit  aucun  grant  lignage  De- 
cheoir  étaler  à  honte,  ib.  247.  Et  chil  à  ci-.i  cius 
hontes  [cette  honte]  sera  fais,  tailliah.  Recueil, 
p.  4»:' un  entremcs  i  ot  D'une  merveilleuse  fri- 
ture Des  péchés  fais  contre  nature....  D'une  tonne 
do  honto  plaine  Convint  Ventremès  abeuvrer;  Car 
cens  en  convenist  crever,  Qui  orent  la  friture  eue, 
S'il  n'eussent  honte  beûe,  huoues  de  mery,  le  Tour- 
noiement de  Vnnlechrisl.  Qui  plus  craint  mort  que 
honte  n'a  droit  en  seigneurie,  Ch.  d'Ant.  viii,  179. 
Il  iiv"  s.  Car  uns  proverbes  nous  raconte,  Que  tels 
cuide  vengier  son  honte.  Qui  l'acroist,  et  ensi 
avient,  j.  de  condet,  p.  35.  Ce  sera  honte  à  nous, 
onques  toile  ne  fu.  Se  de  ci  en  alons  à  loi  de  re- 
créa, Guescl.  I9'.i37.  ||xv  II  sera  tantost  jour,  ot 
puis  sauldrons  tous  ensemble,  et  verrons  enlour 
nous;  car  la  nuyt  n'a  point  de  honte,  le  Jouvencel, 
P  SB,  dans  LACUBNK.  Et  puisqu'il  enquiert  ot  str- 


HON 

che  sa  honte  et  il  la  trouve,  il  est  bien  raison 
qu'il  endure  le  mal  qu'il  a  serché  et  quis,  l,e.t  15 
joies  de  mariage,  p.  06.  Qui  a  toutes  ses  hontes 
heues.  Il  ne  lui  chault  que  l'en  lui  die  ;  .S'en  le 
hue  parmi  les  rues,  La  teste  hoche  à  chicre  lie,  eu. 
d'ohl.  Rondeau.  ||  xvi*  s.  Ayez  honte  et  respect  de 
vous-mesmes,  mont,  i,  286.  N'as-tu  pas  honte  de 
chanter  si  bien?  id.  i,  289.  Platon  advertissoit  les 
vieux  d'avoir  honte  des  jeunes,  à  fin  que  les  jeunes 
se  maintinssent  on  leur  endroit  avec  honte  et  ré- 
vérence, la  boëtie,  31  2.  Femme  qui  perd  sa  honte 
est  sans  estime  et  conte,  cotgrave.  Il  ne  va  pas  du 
tout  à  honte,  qui  de  demie  voye  retourne,  id.  Qui  a 
honte  de  manger,  a  honte  de  vivre,  id.  Qui  n'a 
honte,  il  n'aura  jà  honneur,  id.  Qui  vit  à  compte 
vit  à  h'into,  id.  Vieil  péché  fait  nouvelle  honte,  id. 
Il  a  passé  par  devant  l'huis  d'un  pasticier,  il  a  ses 
hontes  perdues,  oudin,  Curios.  franc. 

—  ÉTYM.  Bourg,  onte  ;  provenç.  ancta,  amta, 
anta;  ital.  onta;  de  l'anc.  h.  allem.  hônida;  vieux 
■saxon,  honda,  déshonneur,  de  même  radical  que 
honnir.  Honte  a  été  des  deux  genres.  Un  dérivé 
liontage  a  été  très-usité. 

HONTEUSEMENT  (hon-teû-ze-man),  adv.  D'une 
manière  honteuse,  ignominieuse.  Vous  irez  à  la  fin 
honteusement  exclus  Trouver  au  magasin  Pyrame  et 
Kégulus,  BoiL.  Épit.x.  Malgré  mes  vœux,  seigneur, 
honteusement  déçus,  rac.  Androm.  iv,  3.  Enfin, 
quand  il  [Tigrane]  fut  assez  près  de  Pompée,  pre- 
nant .son  diadème,  il  voulut  le  mettre  à  ses  pieds, 
et,  se  prosternant  honteusement  à  terre,  lui  embras- 
ser les  genoux,  rolun,  Uist.  anc.  Œuv.  t.  x,  p.  260, 
dans  POUGENS.  Il  [un  empereur  de  la  Chine]  établit 
le  premier  des  prix  pour  la  vertu  ;  les  lois,  partout 
ailleurs,  étaient  honteusement  bornées  à  punir  les 
crimes,  volt.  Princ.  de  Babyl.  B. 

—  Ilisr.  xiii"  s.  En  celle  bataille  ot  moult  de  gens 
de  grant  bobant,  qui  s'en  vinrent  moult  honteuse- 
ment fuiant,  JOiNV.  219.  Il  XV'  s.  Ainsi  finit  hon- 
teusement monseigneur  'Waflart  de  la  Croix,  proiss. 

I,  I,  134. 

—  ÉTYM.  Honteuse,  et  le  suffixe  ment. 
HONTEUX,  EUSE  (hon-teû,  leû-z'),  odj.  ||  1°  Qui 

cause  de  la  honte,  de  l'ignominie.  Cessez  d'appré- 
hender de  voir  rougir  mes  mains  Du  poids  honteux 
des  fers,  ou  du  sang  des  Homains,  corn.  Hor.  i,  4. 
Ton  épée  est  à  moi,  mais  tu  serais  trop  vain  Si  ce 
honteux  trophée  avait  chargé  ma  main,  id.  Cid,  i,  3. 
A  ces  honteux  moyens  gardez  de  recourir,  id  Rodog. 
m,  2.  J'ai  cru  honteux  d'aimer  quand  on  n'est  plus 
aimable,  id.  Sertor.  iv,  2.  Pour  écouter  jamais  une 
offre  si  honteuse,  rac.  Alex,  i,  l.  Seul  d'un  honteux 
affront  votre  frère  blessé  A-t-il  droit  de  venger  son 
amour  offensé?  id.  Iph.  iv,  6.  Continuez,  brûlez 
d'une  honteuse  flamme,  ID.  Mithr.  m,  6.  Et  cet 
aveu  honteux  où  vous  m'avez  forcée,  id.  ib.  iv, 
4.  Je  te  laisse  trop  voir  mes  honteuses  douleurs,  id. 
Phèdre,  l,  3.  Nul  moyen  de  vaincre  ne  paraissait 
honteux  à  Philippe  :  jamais  Alexandre  ne  songea  à 
employer  la  trahison,  rollin,  llisl.  anc.  Œuv.  t.  vi, 
p.  0O8,  dans  pougens.  Garde-toi  de  penser....  Que 
d'un  maître  absolu  la  superbe  tendresse  M'offre 
l'Iionneur  honteux  du  rang  de  sa  maîtresse,  volt. 
Zaïre,  i,  1 .  Ce  n'est  pas  qu'à  mon  âge,  aux  portes 
de  ma  vie.  Je  porte  à  Mahomet  une  honteuse  envie, 
ID.  Fanât.  I,  l.  La  mort  la  plus  honteuse  est  ce 
qu'on  te  prépare,  id.  Orphcl.  v,  5.  ||  Être  honteux 
à,  causer  de  la  honte  à.  Toute  excuse  est  honteuse 
aux  esprits  généreux,  corn.  Cid,  m,  3.  De  sorte  que, 
par  une  pure  fiction,  il  leur  [aux  aiomes]  donne  en 
même  temps  un  léger  mouvement  de  déclinaison, 
dont  il  [Êpicure]  n'allè!.'ue  aucune  raison;  ce  qui 
est  honteux  à  un  physicien,  rollin,  Ilist.anc.  t.  xili, 
liv.  XXVI.  ch.  3,  art.  2,  §  2.  ||  U  est  honteux  que, 
avec  le  subjonctif.  U  est  honteux  qu'une  pareille  loi 
ne  soit  pas  encore  abrogée.  ||  Digne  d'ignominie,  en 
parlant  des  personnes.  De  nos  honteux  soldats  les 
phalanges  errantes  Â  genoux  ont  jeté  leurs  armes 
impuissantes,  volt.  Orphel.  i,  3.  112"  Qui  a  de  la 
honto,  de  la  confusion.  Mais  de  cette  faiblesse  un 
grand  cœur  est  honteux,  corn.  Hor.i,  1.  Il  lui  fal- 
lut à  jeun  retourner  au  logis.  Honteux  comme  un 
renard  qu'une  poule  aurait  pris,  la  font.  Fabl.  i, 
18.  Le  corbeau  honteux  et  confus  Jura,  mais  un  peu 
tard,  qu'on  ne  l'y  prendrait  plus,  ID.  ib.  i,  2.  ...J'au- 
rais honte  à  la  prendre  [une  bague]. —  Pauvre  hon- 
teuse, prends  sans  davantage  attendre,  mol.  Dépit 
amour,  i,  2.  L'Ame,  honteuse  de  sa  senitude,  vient 
à  considérer  pourquoi  elle  est  née,  Boss.  la  Val- 
lière.  Honteux  de  rabaisser  par  cet  indigne  usage 
Les  héros  dont  encore  elles  [les  aigles  romaines] 
portent  l'image,  rac.  Bril.  iv,  2.  Qui,  moi,  j'aurais 
voulu,  honteuse,  méprisée.  D'un  peuple  qui  me  hait 


H(*)P 

soutenir  la  risée?  ID.  Birén.  iv,  5.  Honteux  da 
n'être  encor  fameux  que  par  ses  charmes.  Avide  de 
la  gloire,  il  volait  aux  alarmes,  volt.  Ilenr.  vin. 
Il  Honteux  de  soi-même,  qui  éprouve  de  la  confusion 
pour  quelque  action  qu'il  a  faite.  Et  je  dfcmeure  con- 
fus et  honteux  de  moi-même  après  avoir  parlé, 
VOLT.  Hisl.  (Sun  bon  bramin.  ||  Familièrement.  N'6- 
tes-vous  pas  honteux?  se  dit  à  quelqu'un  qui  a  com- 
mis un  acte  répréhensibic,  un  acte  de  faiblesse,  etc. 
Il  3°  Qui  éprouve  facilement  le  sentiment  de  la  con- 
fusion. L'amour  est  avec  vous,  et  cet  enfant  hon- 
teux N'aime  pas  les  témoins  et  se  tait  devant  eux, 
rotr.  Ilerc.  m.  i,  5.  Il  faut  que  les  jeunes  gens  qui 
entrent  dans  le  monde  soient  honteux  ou  étourdis; 
un  air  capable  et  composé  se  tourne  d'ordinaire  en 
impertinence,  LA  rochef  ifax.  496.  Ne  sois  donc  pai 
si  honteuse,  Annette,  redres.se-toi ,  fa vaRT, à  nnette et 
Lubin,  se.  10.  Naturellement  honteux,  décontenancé, 
n'ayant  jamais  vu  le  monde,  j.  j.  rouss.  Confess.  u. 
Allons,  mademoiselle,  une  contenance  agréable, 
modeste,  ne  soyez  pas  honteuse  et  timide,  et  sa- 
chez parler  à  propos,  picard.  Petite  tille,  m,  8 
Il  Fig.  Le  Nil  qui  meurt  si  vain  et  qui  naît  si  hon- 
teux, rotr.  Bélis.  v,  B.  Il  Pauvres  honteux,  les  pau- 
vres qui  n'osent  faire  connaître  publiquement  leur 
misère.  Et  vous,  pauvres,  quelque  nom  que  vous 
portiez,  pauvres  connus,  pauvres  honteux,  malades, 
impotents,  estropiés,  eoss.  Uar.-Thér.  Mme  de 
Pontchartrain  était  toujours  en  quête  de  pauvres 
honteux,  de  gentilshommes  et  de  demoiselles  dans 
le  besoin,  st-sim.  69,  124.  ||  Par  extension,  honteux 
se  (lit  de  celui  qui  n'ose  avouer  publiquement  une 
opinion  qu'il  approuve  secrètement.  Si  vous  le  pré- 
sentez à  quelqu'un  de  nos  sociniens  honteux,  gar- 
dez-vous bien  de  prononcer  mon  nom,  d'alkmb. 
Lett.  à  Volt.  27  sept.  1759.  ||  Qui  exprime  la  con- 
fusion, la  timidité,  en  parlant  de  l'air,  des  manières. 
Si  vous  aviez  la  bonté  d'aller  vous-même  lui  parler 
pour  moi,  vous  me  feriez  grand  plaisir,  ajoutai-je 
d'un  air  niais  et  honteux  ,  mariv.  Pays.  parv. 
4"  part.  Il  Fig.  et  familièrement.  Le  morceau  hon- 
teux, le  dernier  morceau  qui  reste  dans  un  plat, 
et  auquel  personne  n'ose  toucher,  de  crainte  qu'on 
ne  l'accuse  d'en  priver  les  autres.  ||  4° Mal  honteux, 
maladie  honteuse,  la  maladie  syphilitique.  ||  6°  Les 
parties  honteuses,  les  parties  de  la  génération. 
Il  Fig.  11  est  la  partie  honteuse  de  cette  compa- 
gnie, de  ce  corps,  il  fait  déshonneur  à  la  compa- 
gnie, au  corps  dont  il  est  membre.  ||  Terme  d'anato- 
mie.  Artères  honteuses,  veines  honteuses,  nerfs 
honteux,  artères,  veines,  nerfs  qui  appartiennent 
aux  parties  de  la  génération.  ||  Proverbes.  U  n'y  a 
que  les  honteux  qui  perdent,  c'est-à-dire  souvent 
on  ne  réussit  pas  faute  de  hardiesse.  ||  Jamais  hon- 
teux n'eut  belle  amie,  c'est-à-dire  en  amour  il  faut 
être  entreprenant. 

—  lllST.  xii*  s.  Seigneur,  dit  l'apostoles,  moult 
est  honteus  cis  fais,  Sax.  xv.  Et  se  la  temptacion 
ravist  alcune  foiz  la  pense  [pensée]  juske  al  délit 
[à  la  volupté],  isnelement  sunt  hontous  de  l'engin 
del  délit,  Job,  p.  4B2.  ||  xiii*  s.  Moult  ert  et  pros 
[preux]  et  coragos.  Et  dois  et  humleset  hontos.  Par- 
tonopex,  V.  ftib.  ||  xv*  s.  Si  le  fist  le  roy  asseoir  au- 
près de  luy  ;  et  il  s'i  assoit  moult  envis,  comme  ccl- 
luy  qui  est  le  plus  honteux  du  monde  ;  mais  le  fisl 
pour  la  volunté  du  roy  acomplir,  Lancelot  du  hic, 
t.  II,  f"  110,  dans  LACURNE.  De  moy  se  devroicnt 
bien  moquier;  Honteux  suy  d'y  estre  venu,  Nativité 
de  J .  C.  Hystére.  Je  suis  votre  more,  à  qui  ne  devez 
rien  celer  et  de  qui  ne  devez  estre  honteuse,  louis  xi, 
Nouv.  XX.  Il  XVI*  Le  bon  seigneur  que  voici,  averti 
de  notre  pauvreté  honteuse,  m'a  fait  dire...,  des- 
PER.  Contes,  VIII.  Il  faut  que  d'un  péché,  comme 
d'une  maladie  honteuse,  la  descouverture  et  la 
correction  soit  secrette,  non  pas  publique,  amvot, 
Com.  dise,  le  fiait,  de  l'ami,  55.  Pœtus  se  frappa 
tout  soubdain  de  ce  mesme  glaive  [dont  Arria  s'é- 
tait frappée],  honteux,  à  mon  advii,  d'avoir  eu  bc 
soiiig  d'un  si  cher  et  précieux  enseignement,  mont. 
m,  182. 

—  ÉTYM.  Honte;  provenç.  anctos;  ital.  ontoso. 

I  HOP  (hop'),  interj.  dont  on  se  sert  pour  appe- 
ler. ||  Hop  sert  aussi  pour  faire  sauter  un  enfant, 
un  cheval.  Hop  là! 

HÔPITAL  (o-pi-tal  ;  l'accent  circonflexe  ici  ne  ?a 
fait  pas  sentir),  s.  m.  \\  1°  Établissement  oii  l'on 
reçoit  gratuitement  des  pauvres,  des  infirmes,  des 
enfants,  des  malades.  L'hôpital  des  orphelim. 
Nous  avons  à  Paris  un  hôpital  unique  en  sun 
genre  :  cet  hôpital  est  l'Hôtel-Dieu  ;  on  y  est  reçu 
à  toute  heure,  sans  acception  d  âge,  de  sexe,  de 
pays,  do  religion;  les  fiévreux,  les  blessés,  les 
contagieux,  les  non-contngieux,  les  fous  suscep- 


HOP 


tibles  de  traitement,  les  femmes  et  les  filles  en- 
ceintes y  sont  admis  ;  il  est  donc  l'hôpital  de 
riumime  nécessiteux  et  malade ,  nous  ne  disons 
pas  seulement  de  Paris  et  de  la  France,  mais  du 
reste  de  l'univers,  tenon,  Mém.  sur  les  kôp.  Pré- 
face, p.  I.  I!  s'agissait  d'étudier  les  hôpitaux  dans 
les  liôpitaux  mêmes,  et  d'y  saisir  ce  qu'une  longue 
expérience  avait  indiqu*,  comme  nuisil)le,  ou  mar- 
qué du  sceau  de  l'utilité,  id.  *.  p.  x.  11  y  a  dans 
Ainadabad,  capitale  de  Guzarate,  deux  ou  trois  hô- 
pitaux d'animaux  où  l'on  nourrit  les  singes  estro- 
piés, invalides,  et  même  ceux  qui,  sans  être  mala- 
des, veulent  y  demeurer,  buff.  Quadrup.  t.  vu, 
p.  163.  Il  Mettre  une  fille  de  mauvaise  vie  à  l'hôpi- 
tal, la  inellre  dans  une  maison  de  correction. 
Il  2°  Particulièrement,  dans  le  langage  administra- 
tif, maison  de  charité  établie  pour  donner  des  soins 
gratuits  aux  malades  indigents ,  par  opposition  à 
.hospice  où  on  ne  reçoit  pas  les  malades.  Le  second 
de  nos  saints  choisit  les  hôpitaux;  Je  le  loue,  et  le 
soin  de  soulager  les  maux  Est  une  charité  que  je 
préfère  aux  autres,  la  font.  Fabl.  xii,  27.  Qui  ne 
sait,  messieurs,  que  l'établissement  d'un  grand  hô- 
pital dans  cette  capitale  du  royaume  qui  renferme 
tant  de  grandeurs  et  tant  de  misères  tout  ensemble, 
a  été  un  des  plus  grands  ouvrages  du  siècle?  fléch. 
Duch.  d'Aiguillon.  11  entra  dans  les  hôpitaux  où 
l'on  transportait  les  blessés,  dont  la  plupart  expi- 
raient par  la  négligence  inhumaine  de  ceux  mêmes 
que  le  roi  de  Perse  payait  chèrement  pour  les  se- 
courir, VOLT.  Babouc.  Il  [RascsJ  prit  quelque  tein- 
ture de  médecine,  et  s'établit  dans  un  hôpital;  il 
crut  que  c'était  là  le  grand  livre  du  médecin,  m- 
nEB.  Opin.  des  anc.  philos.  {Sarrasins).  Smolensk 
n'était  plus  qu'un  vaste  hôpital,  et  le  grand  gémis- 
sement qui  en  sortait  l'emporta  sur  le  cri  de  gloire 
qui  venait  de  s'élever  des  champs  deValoutina,  sÉ- 
GUR,  Ilist.  de  Nap.  vi,  8.  ||  Hôpital  miUtaire,  établis- 
sement 011  sont  reçus  et  traités  les  militaires  ma- 
lades. Il  Hôpital  ambulant,  réunion  de  personnes  et 
d'un  matériel  qui  suivent  une  armée  dans  ses  mou- 
vements pour  donner  les  premiers  secours  aux  ma- 
lades et  aux  blessés,  en  attendant  qu'on  puisse  les 
transporter  dans  les  hôpitaux  fixes.  ||  Vaisseau-hô- 
pital, vaisseau  disposé,  dans  une  flotte,  dans  une 
escadre,  pour  recevoir  et  traiter  les  malades. 
Il  Plèvre  d'hôpital,  typhus.  ||  Par  extension.  Le 
monde  est  un  grand  hôpital  de  tout  le  genre  hu- 
main qui  doit  exciter  votre  compassion,  fén.  t.  xix, 
p.  205.  Il  C'est  un  hôpital,  se  dit  d'une  maison  dans 
laquelle  plusieurs  personnes  sont  malades.  J|  Fig.  Il 
s'est  dit  d'un  seul  malade  chargé  de  maladies.  Hô- 
pital allant  et  venant.  Des  jambes  d'autrui  chemi- 
nant, Des  siennes  n'ayant  plus  l'usage,  scaiiron, 
Requête  à  la  reine.  \\  3»  Fig.  Misère,  pauvreté. 
Mettre  quelqu'un  à  l'hôpital.  Malherbe,  en  cet  âge 
brutal,  Pégase  est  un  cheval  qui  porte  Les  poètes  à 

l'hôpital,  MAV.NAnn,  Stances  à  Slalhcrbe Ce  docte 

cheval  [Pégase],  De  la  richesse  ennemi  capital. 
Qui  d'Hélicon  fit  naître  la  fontaine.  Tout  d'une 
traite  et  presque  d'une  haleine  Porte  souvent  son 
homme  à  l'hôpital,  benserade,  dans  bichelet.  Un 
homme  qui  me  réduit  h.  l'hôpital,  mol.  Mcd.  m.  lui, 
I,  I .  Souviens-toi  de  ton  livre  et  de  son  peu  de 
bruit.  —  Et  toi  de  ton  libraire  à  l'hôpital  réduit, 
m.  F.  sav.  m,  5.  Il  est  vrai  que  du  roi  la  bonté 
secourable....  Va  tirer  désormais  Phébus  de  l'hô- 
pital ,  BoiL.  Sat.  I.  Vous  êtes  trop  honnête  homme 
pour  MUS  marier  dans  le  dessein  d'envoyer 
une  femme  et  des  enfants  à  l'hôpital,  uainte- 
non,  Lett.  à  M.  d'Aubigné,  26  sept.  t.  i,  p.  i46, 
dans  POUGENS.  Je  payai  cher  ma  brillante  sottise; 
En  quatre  mois  je  fus  à  l'hôpital,  volt.  P.  Diable. 
Il  Prendre  le  chemin  de  l'hôpital,  courir  en  poste  à 
l'hôpital,  se  ruiner  par  des  dépenses  excessives  ou 
-nT  de  mauvaises  spéculations.  Hélas!  ces  pauvres 
uverneurs,  que  ne  font-ils  point  pour  plaire  à 
ir  maître?  avec  quelle  joie,  avec  quel  zèle  ne 
■urent-ils  pointa  l'hôpital  pour  son  service?  sÉv. 
ir..  Cette  vertu  sauvage  Qui  court  à  l'hôpital  et  n'est 
l.lus  en  usage,  boil.  Sat.  1. 1|  i"  Terme  de  marine. 
Infirmerie.  ||  5°  Cornet  de  papier  dans  lequel  on 
'ace  les  vers  à  soie  trop  faibles  pour  monter  sur 
,  ramées.  ||  6"  Il  a  été  pris  au  sens  de  demeure, 
us  étymologique  qu'il  n'a  plus.  La  terre  Qui 
int,  avant  le  temps  que  survinrent  ces  maux.  Un 
hôpital  commun  à  tous  les  animaux,  Quand  le 
mari  do  Hhée,  au  siècle  d'innocence.  Gouvernait 
doucement  le  monde  en  son  enfance  ,  bégnier,  Sat. 
VI.  Les  froides  horreurs  cJe  l'enfer,  Cette  nuit,  ces 
vieux  lits  de  fei ,  Où  se  vont  coucher  les  Furies,  Ce 
(çros  chien  qui  jappe  au  portai,  Ces  grandes  plaines 
'ic  voiries,  Sont  leur  éternel  hôpital,  TUÉOPun-E, 


IIOQ 

Œuvres,  p.  3t,  Paris,  (666.  ||  Proverbe.  L'hôpital 
n'est  pas  pour  les  chiens,  se  dit  quand  on  veut  se 
justifier  de  se  présenter  dans  un  hôpital.  Mais  enfin 
que  deviendrez-vous?  —  L'hôpital  n'est  pas  pour 
les  chiens,  je  m'y  ferai  admettre. 

—  HIST.  XII*  s.  Juste  Cantorbire  unt  leprus  un 
hospital.  Th.  le  mart.  I6».  ||  xiii'  s.  El  non  del  pero 
esperitable  Fonda  iluec  un  hospital;  lluec  couchoit 
à  grant  honor  Mult  de  povres  nostre  seignor,  ruteb. 
II,  (06.  Il  XIV'  s.  Li  sires  qui  gardoit  l'ospital  dont 
je  dis  Fist  lever  Baudevin,  iiui  tant  est  al'oiblis, 
Ileaud.  de  Seb.  xii,  H8.  Chapellenie  ou  hospital 
pour  faire  le  divin  service,  Ordonn.  des  rois  de  l'r. 
t.  ni,  p.  584.  Il  xvi»  s  La  mer  ne  flotte  Où  elle  sou- 
loit  estre,  Et  aux  lieux  vuides  d'eaux  (Miracle 
estrange  1)  on  la  void  soudain  naistre  Hospital  do 
bateaux,  hons.  404.  Messieurs,  vous  savez  que  le 
vray  hospital  de  la  noblesse,  c'est  le  temporel  du 
clergé,  FROUMENTEAU,  Finances,  3"  livre,  p.  424. 

—  ÊTYM.  Provenç.  hospital,  espital;  esp.  et  port. 
hospital;  ital.  ospedale;  du  lat.  hospitale,  lieu 
hospitalier,  de  hospes,  h6te(voy.  ce  mot).  Hospital 
a  été  refait  sur  le  latin  très-anciennement;  mais,  à 
l'origine ,  hospitale  avait  donné  régulièrement 
hoslel. 

t  (.  HOPLITE  (o-pli-f),  s.  m.  Soldat  grec  d'in- 
fanterie, pesamment  armé,  c'est-à-dire  ayant  pour 
armes  défensives  un  casque,  une  cuirasse,  un  bou- 
clier rond  et  des  bottines  garnies  de  fer;  pour 
armes  offensives,  une  longue  pique  et  une  épée. 
J'ai  voulu  rendre  les  hoplites  plus  redoutables;  ils 
sont  dans  une  armée  ce  qu'est  la  poitrine  dans  le 
corps  humain,  babthél.  Anach.  ch.  lo.  Dans  les 
armées,  un  soldat  hoplite  ou  pe.samment  armé  est 
accompagné  d'un  ou  de  plusieurs  ilotes  ;  à  la  ba- 
taille de  Platée,  chaque  Spartiate  en  avait  sept  au- 
près (le  lui,  ID.  ib.  ch.  42. 

—  ÈTYM.  'OtiXittiç,  de  6-n>.ov,  arme.  Le  sens  pri- 
mitif de  5it)ov  est  attirail,  appareil  complet. 

t  2.  IIOPLITE  (o-pli-t'),  s.  f.  Terme  de  minéra- 
logie. Pierre  revêtue  d'une  couche  de  matière  mé- 
tallique luisante,  qui  lui  donne  l'aspect  d'une  ar- 
mure polie. 

—  ÉTYM.  Hoplite  t. 

t  UOPLOMACHIE  (o-plo-ma-chie) ,  s.  f.  Action 
de  combattre  avec  une  armure  pesante.  ||  Art  de 
combattre  avec  cette  armure;  action  de  s'y  exer- 
cer. 

—  REM.  L'Académie  écrit,  à  tort,  opiomachie. 

—  ÊTYM.  'O-nloti-txyM,  de  Srf.ov,  arme,  et  |iâ- 
XtdOai,  combattre. 

"  t  nOPLOMAOPE  (o-plo-ma-k')  ,  s.  m.  Terme 
d'antiquité  romaine.  Nom  de  gladiateurs  qui  com- 
battaient avec  une  armure  pesante. 

—  ÉTYM.  Lat.  hoplomachus,  de  6n),o[jLâxoî  (voy. 
hoplomachie). 

i  HOPLOPIIORE  (o-plo-fo-r'),  adj.  Terme  d'ich- 
thyologie.  Qui  porte  des  armes  défensives.  ||  S.  m. 
Terme  d'entomologie.  Genre  de  coléoptères  dont  le 
nom  est  omis,  même  par  d'Orbigny,  qui  le  cite  tou- 
tefois dans  son  article  cérosterne,  legoarant. 

—  ÉTYM.  "OtiXov,  arme,  et  9opo;,  qui  porte. 

t  HOPLOPODE  (o-p!o-po-d')  ,  adj.  Terme  de 
zoologie.  Dont  les  pieds  sont  garnis  de  sabots. 

—  ÈTYM.  "OtiXti,  sabot,  et  itoO;,  no5o;,  pied. 
HOQUET  (ho-kè;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 

l's  se  lie  :  des  ho-kè-z  et....  ;  hoquets  rime  avec 
traits, paix,  succès,  etc.),  s.  m.  ||  1" Contraction  spas- 
modique  du  diaphragme,  avec  secousse  brusque, 
bruit  inarticulé  tout  particulier,  et  resserremfent 
subit  de  la  glotte.  Avoir  le  hoquet.  La  vieille,  après 
cette  hyperbole,  Pour  un  temps  perdit  la  parole. 
Et  puis,  ayant  fait  un  hoquet,  Reprit  en  ces  mots 
son  caquet,  scarr.  Virg.  vi.  Mme  de  Durfort  se 
meurt  d'un  hoquet  d'une  fièvre  maligne,  sëv.  52). 
N'êtes-vous  point  de  ceux  [de  ces  galants]....  X  qui 
beaucoup  de  vin  fait  sortir  la  tendresse,  Qui  vont 
en  cet  état  aux  pieds  de  leur  maltresse  Exhaler  les 
transports  de  leurs  bnllants  désirs.  Et  pousser  des 
hoquets  en  guise  de  soupirs?  regnard,  Démoerile, 
IV,  7.  Il  [Molière]  voulut  jouer  dans  le  tragique, 
mais  il  n'y  réussit  pas;  il  avait  une  volubilité  dans 
la  voix  et  une  espèce  de  hoquet  qui  ne  pouvait 
convenir  au  genre  sérieux,  mais  qui  reiidait  son 
jeu  comique  plus  plaisant,  volt.  Vie  de  Molière. 
Quant  à  M.  Agnant  [un  personnage  du  Déposi- 
taire), il  n'est  point  un  ivrogne  à  balbutiements 
et  à  hoquets,  c'est  un  buveur  du  quartier....,  id 
lett.  d'Argental,  4  juin  1770.  ||  Le  hoquet  de  la 
mort,  le  hoquet  qui  survient  souvent  aux  mou- 
rants. Il  n'y  a  plus  rien  à  espérer  de  ce  malade; 
il  est  dans  le  dernier  hoquet  de  la  mort,  richk- 
let.  ||Fig.    Par  bor|"Rts,  à  bâtons  rompus.  M.  le 


HOR 


2047 


duc  d'Orléans  voyait  Stairs  au  Palais-Royal  par 
les  derrières;  il  m'en  parla  [de  la  triple  alliance] 
tard  et  par  hoquets,  st-sim.  430 ,  2U7.  {[  î"  Fig. 
Choc,  heurt.  [Le  i)Ot  do  fer  et  le  pot  de  terre]  L'un 
contre  l'autre  jetés  Au  moindre  hoquet  qu'ils  trou- 
vent, LA  FONT.  Fabl.  V,  2.  ||  Par  extension,  empê- 
chement. M.  de  Retz  se  disposa  à  se  faire  recevoir 
au  parlement;  il  y  trouva  un  hoquet  auquel  il  n'a- 
vait pas  lieu  de  s'attendre;  son  habit  fut  contesté 
par  les  magistrats,  st-sim.  264,  38.  ||  3"  Terme  de 
la  musique  du  moyen  âge.  Phrase  harmonique 
dans  laquelle  une  ou  plusieurs  parties  étaient  en- 
trecoupées ou  interrompues  par  des  silence» , 
coussemakeh,  l'Art  harmonique,  p.  83. 

—  Hisr.  xiv*  s.  Les  uns  vont  chantant  le  motet. 
Les  autres  font  double  hoquet,  gage  de  la  buigne, 
Hist.  litt.  de  la  France,  t.  xxiv,  p.  75i.  Iceluy  Per- 
rinet  fist  un  petit  hoquet  de  sa  main  au  menton  du 
dit  Simon,  nu  cange,  hoquetus.  Si  eux  se  complai- 
gnent  do  ceux  qui  se  sont  entremis  des  imposi- 
tions au  temps  passé  ou  d'aucuns  nos  officiers , 
faites  leur  sommerement  et  de  plain  ester  tous 
houquez  [difficultés],  fuites  et  cavillations ,  Or- 
donn. des  rois,  t.  u,  p.  658.  ||rv*  s.  On  fait  de 
quatre  causes  mille,  Escriptures  de  grant  argent, 
Onques  ne  fut  tant  de  ho  [uès  [obstacles,  chicanes] 
Qu'il  y  a,  et  finablement  Onques  ne  vy  tant  da 
procès,  E.  DESCHAMPS,  Poésies  mss.  f"  326.  Icellui 
Caton  getta  un  sien  baston  à  bergier,  appelle  ho- 
quet, au  suppliant,  nu  cange,  hoquetus. 

—  ÉTYM.  Wallon,  hikéte  ;  génev.  loquet  (où  l'ar- 
ticle le  s'est  confondu  avec  le  mot,  faute  d'aspirer 
\'h)  ;  sanscrit,  hikk,  avoir  le  hoquet  ou  soupirer,  en 
bl'm  singultire.  D'après  Dioz,  c'est  une  onomatopée; 
bas-breton,  hok,  hik;  aiigl.  hickup.  En  ce  cas,  il 
faut  penser  que  hoquet  signifiant  coup,  difficulté, 
chicane,  et,  dans  la  Fontaine,  choc,  a  pris  ces  sens 
métaphoriques,  parce  que  le  hoquet  lui-même  est 
un  coup  ou  choc  que  le  corps  éprouve  très-sensi- 
blement. 

t  HOQUETER  (ho-ke-té),  V.  n.  Avoir  le  hoquet, 

RICHELET. 

—  HIST.  XV*  S.  Quant  le  suppliant  ne  trouvoit 
point  l'huis  ouvert,  il  faisoit  tant  en  le  hoquetant 
et  sourdant,  que  il  ouvroit,  du  cange,  hoquetus. 
Il  xvi'  s.  Hoqueter  [avoir  le  hoquet],  cotgrave. 

HOQUETON  (hu-ke-ton) ,  s.  m.  |1 1°  Casaque  bro- 
dée que  portaient  les  archers  du  grand  prévôt,  du 
chancelier,  etc.  et  aussi  les  gardes  de  la  manche. 
Il  Par  extension,  archer  qui  était  revêtu  du  hoque- 
ton ,  bas  officier  de  ville.  L'on  méditait  quelque 
chose  contre  le  public,  on  voyait  aller  et  venir  des 
hoquetons,  retz,  h,  (38.  Mme  la  duche.sse  s'avisa 
d'en  envoyer  enlever  [des  ouvriers]  par  des  hoque- 
tons de  chez  le  duc  de  Rohan,  stsim.  '■>!,  105.  Le 
chancelier  Séguier  se  transportait  au  parlement, 
précédé  d'un  lieutenant  et  de  plusieurs  hoquetons, 
volt.  Louis  XIV,  4.  Il  2"  Casaque,  en  général.  Il 
mourut,  et  c'est  tout  vous  dire....  J'en  ai  pris  le 
noir  hoqueton,  soarh.  Virg.  m.  11  s'habille  en 
berger,  endosse  un  hoqueton,  LA  font.  FM. 
m,  3. 

—  HIST.  XII*  S.  Blanche  [il]  ot  la  barbe  aussi 
come  auqueton,  Ronc.  p.  12;..  ||  xiu*  s.  D'un  dart 
envenimé  |il]  l'eri  le  \iro\i  Odon,  Qu'il  li  fausa  l'au- 
berc  en  après  l'auqueton,  Dedens  le  cors  li  tronche 
le  foie  et  le  pormon,  Ch.  d'4n(.  vni,  910.  Bien 
chaucié  et  vestu  d'un  paile  d'auqueton,  ib.  vu,  767. 
Il  XV*  s.  Mais  perça  la  targo,  les  plates  et  l'auque- 
ton, et  lui  entra  dedans  le  corps  et  peignit  droit  au 
cœur,  FROiss.  i,  1,  «u.  Leur  vestirent  blanches 
chemises  et  leurs  hocquelons  dessus  et  leurs  hau- 
bers,  Perce forest,  t.  i,  f  87.  ||  xvi*  s.  Qui  a  le  loup 
pour  compaignon,  porte  le  chien  sous  l'hocton, 
cotgrave. 

—  ÉTYM.  Provenç.  alcato;  esp.  algodon,  aleo- 
tnn;  port,  alcolô.  11  y  a  dans  l'ancien  français 
houque,  sorte  de  cape,  et  des  étymologistes  ont  tiré 
de  là  hoqueton.  Mais,  outre  qu'une  telle  dérivation 
ne  serait  pas  très-facile,  elle  est  mise  à  néant  pa.r 
les  formes  ouquelon.  alcoto,  algodon,  qui  condui- 
sent à  l'arabe  :  article  ai,  le,  et  colon  (voy. 
coton).  Remarquez  en  confirmation  que,  dans  plu- 
sieurs passages  de  l'historique,  auqueton  a  le  sens 
d'étoffe,  non  de  casaque. 

t  HOQUFnTK  (ho-kè-f),  s.  f.  Ciseau  de  scul- 
pteur. 

HORAIRE  (o-rê-r'),  adj.  Terme  didactique. 
Qui  a  rapport  aux  heures.  Les  lignes  horaires 
d'un  cadran.  |i  Cercles  horaires,  cercles  de  la  sphère 
céleste  qui  passent  jar  les  pôles,  et  qui,  en  arrivant 
au  méridien  du  lieu,  marquent  les  heures  du  temps 
vrai.  Il  Mouvement  horaire,  quantité  dont  un  astro 


2048 


HOR 


»arih  dans  l'espace  tl'uno  heure,  soit  en  longitude, 
•oit  en  laliliiile.  ||  Kleur  horaire,  fleur  (jui  ne  vit 
iîufere  plus  d'une  heure. 

—  Rtym.  I.at.  horarius,  do  hora,  heure. 
HORDE  (hor-(l') ,   s.  f.  ||  1°  Troupe  de  Tartares 

réunis  et  de  même  race,  qui,  n'ayant  pas  d'habi- 
tation fixe,  mènent  une  vie  vagabonde,  et  campent 
sous  des  tentes,  ou  sur  des  chariots,  dans  les  lieux 
où  ils  trouvent  de  quoi  nourrir  leurs  troupeaux. 
Toute  la  Tartine,  excepté  la  Chinoise,  no  renferme 
plus  que  des  hordes  misérables  qui  seraient  trop 
heureuses  d'être  conquises  à  leur  tour,  s'il  ne  va- 
lait pas  encore  mieux  être  libre  que  civilisé,  volt. 
Mœurs,  88.  ||  Grande  horde  ou  horde  d'or,  la  plus 
puissante  tribu  des  Mongols.  Horde  d'or  se  dit 
aussi  do  la  plus  noble  tribu  des  Calmouks.  ||  2°  Par 
extension,  peuplade  errante,  troupe  nombreuse 
d'hommes  en  société  mais  sans  établissement  fixe. 
La  horde  qui  survenait,  chassait  ou  exterminait 
celle  qui  était  déjà  établie,  baynal,  Nist.phil.  m, t. 
Il  3°  Troupe  d'hommes  indisciplinés  et  livrés  à  toute 
sorte  de  désordres.  Une  horde  de  brigands.  Une 
horde  d'aventuriers.  ||  Il  se  dit  aussi,  par  mépris, 
d'une  foule  quelconque.  11  eût  été  honteux  à  ja- 
mais pour  la  France  qu'une  horde  infâme  d'usuriers 
escrocs  eût  accablé  en  justice  la  vertu  d'un  maré- 
chal de  camp  qui  a  servi  la  patrie  avec  honneur, 
ainsi  que  tous  ses  ancêtres,  volt.  Polit,  et  ligisl. 
Lett.àMM.  de  la  noblesse  du  Gévaudan,Lett.  4.  J'ose 
lui  répéter  [à  Votre  Majesté]  que,  plus  elle  le  con- 
naîtra [le  comte  de  Grillon],  plus  elle  l'en  trouvera 
digne  [de  ses  bontés],  et  qu'elle  le  distinguera  fa- 
cilement de  cette  horde  de  jeune  noblesse  fran- 
çaise qui  lui  a  donné  à  si  juste  titre  si  mauvaise 
opinion  du  reste,  d'alemb.  Lett.  au  roi  de  Prusse, 

25  avril  1774. 

—  REM.  La  Harpe  a  prétendu  que  Voltaire  avait 
le  premier  employé  ce  mot.  On  le  voit  à  l'histori- 
que usité  dès  le  seizième  siècle. 

—  HIST.  XVI"  s.  Les  autres  Tartares  qui  habitent 
le  pals  plus  froid  logent  en  pavillons  et  par  hordes, 

D'AUB.  Ilist.  I,  42. 

—  ÉTVM.  Mongol,  ordotl,  le  camp  et  la  cour  du 
roi. 

t  HORDÉACÉ,  ÉE  (or-dé-a-sé,  sée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  ressemble  à  un  grain  ou  à  un  épi 
d'orge. 

—  ETVM.  Lat.  hordeaceùs,  de  liordeum,  orge. 

t  HORDÉATION  (or-dé-a-sion),  s.  f.  Terme  de 
vétérinaire.  Nom  donné  à  la  fourbure  produite  par 
l'abus  du  grain  d'orge  pris  comme  aliment. 

—  ETYM.  Lnt.  liordeum,  orge. 

h  HORDÉIFORME  (or-dé-i-for-m'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Oui  ressemble  à  l'orge. 

—  ÊTYM.  Lat.  hordeum,  orge,  et  forme. 

t  HORDËINE  (or-dé-i-n'),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Matière  pulvérulente  qu'on  a  retirée  de  la  farine 
d'orge. 

—  ÊTYM.  Lat.  hcrdewn,  orge,  et  la  finale  ine 
qui  indique  un  principe. 

f  HORIDICTIQUE  (o-ri-di-kti-k'),  adj.  Terme  d'as- 
tronomie. Quart  de  cercle  horidictique,  celui  sur 
lequel  sont  tracées  les  lignes  horaires. 

—  ÊTYM.  "Opoc,  heure,  et  Seixtixo;,  qui  montre. 
HORION  (hori-ou) ,  s.  m.Hl-Coup  rudementdé- 

chargé.  Quoique  j'attrapasse  force  horions ,  i.  i. 
rouss.  Conf.  i.  Les  battus  n'ont  point  porté  de 
plainte  :  l'un  garde  son  soufflet ,  l'autre  ses  ho- 
rions, p.  L.  COUR.  Gaz.  du  village,  n°  4.  (|  i'  Sorte 
de  maladie,  voy.  tac. 

—  REM.  Scarron  n'a  pas  aspiré  Vh,  et  il  a  fait 
le  mot  do  deux  syllabes  :  Qui  pis  est,  les  méchantes 
[furies]  raillent  X  chaque  horion  qu'elles  baillent, 
scARn.  Virg.  vi. 

—  HIST.  XIV  s.  [II]  A  rassené  «on  glaive  tout  droit 
sous  le  blazon  Où  il  avoit  féru  le  premier  horion, 
Gucsclin,  (821.  Il  XV*  s.  Et  donnoicnt  les  horions  si 
grands  (avec  des  leviers  de  chêne]  que  nul  ne  les 
o.soit  approcher,  froiss.  i,  i,  31.  On  mit  tout  d'un 
horion  [tout  d'un  coup]  quatre  sièges,  Vigiles  de 
Charles  17/,  t.  ii,  p.  us.  Le  vint  occire  et  tuer  de 
horions  de  lance,  tant  qu'il  lui  passa  outre  parmi 
le  corps,  et  retira  sa  lance,  et  la  rapporta  à  son  col, 

MONSTREL.   t.    I,  ch.  39,  p.  37,  dans   LACUBNE.  Ha! 

devant  que  je  vous  le  die.  Donnez-moi  à  boire  un 
horion  [un  coup],  Itee.  de  farces,  etc.  p.  <94. 

—  ÊTYM.  Picard,  homiote,  petit  coup;  normand, 
hwrgne,  coup  de  poing  ;  Mortagne  et  Bayeux,  ho- 
rion, gros  rhume.  Origine  inconnue. 

t  HOUISTlOUE(o-ri-sti-k'),  ad;.  Terme  didacti- 
que. Grammaire  hoHstique,  la  grammaire  propre- 
ment dite,  celle  qui  définit  les  espèces  de  mots,  et 
donne  les  règles  auxquelles  ils  sont  TOumis. 


HOR 

—  ÉTYM.  'OpwTixi;,  qui  définit,  de  ipiiidv,  dé- 
finir, borner  (voy.  horizon). 

nORIZO.N  (o-ri-zon) ,  s.  m.  ||  !•  Ligne  circulaire, 
variable  en  chaque  lieu,  dont  l'observateur  est  le 
centre  et  où  le  ciel  et  la  terre  semblent  se  joindre. 
Pour  ne  rien  entreprendre,  Bel  astre,  qu'il  n'eût  vu 
descendre  Ta  lumière  sous  l'horizon,  maih.  ii,  4. 
Le  dernier  de  nos  jours  est  dessus  l'horizon,  ID. 
v,  6.  Une  saison  Où  nulles  funestes  journées  Ne 
verront  jamais  l'horizon,  ID.  vi,  3.  Rodogune  a 
paru,  sortant  de  sa  prison.  Comme  .un  soleil  levant 
dessus  notre  horizon,  corn.  Rodog.  l,  8.  Quand 
l'astre  du  jour  Aura  sur  l'horizon  fait  le  tiers  de 
son  tour,  rac.  Athal.  i,  2.  La  mort  nous  paraît 
toujours  comme  l'horizon  qui  borne  notre  vue,  s'é- 
loignant  de  nous  à  mesure  que  nous  en  approchons, 
MASS.  Dauphin.  On  a  d'abord  observé  les  astres 
avec  les  yeux,  l'horizon  a  été  le  prfmier  instrument, 
turoot.  Ébauche  du  i'  dise.  Progrès  de  l'esprit 
humain,  p.  289.  La  lune  cependant,  montée  à  l'ho- 
rizon. Couronne  les  rochers  que  son  disque  déborde, 
MAssoN,  Helv.  II.  Si  pendant  une  belle  nuit  et  dans 
un  lieu  dont  l'horizon  soit  à  découvert,  on  suit 
avec  attention  le  spectacle  du  ciel,  on  le  voit  chan- 
ger à  chaque  instant,  la  place.  Expos,  i,  1. 1|  Fig. 
Croire  tout  découvert  est  une  erreur  profonde. 
C'est  prendre  l'horizon  pour  les  bornes  du  monde, 
LEMiERRE,  l'Utilité  des  découvertes.  Je  plane  en 
liberté  dans  les  champs  du  possible;  Mon  àme  est 
à  l'étroit  dans  sa  vaste  prison  :  11  me  faut  un  sé- 
jour qui  n'ait  pas  d'horizon,  lamart.  Médit,  i,  28. 
Il  Être  sur  l'horizon,  être  visible  dans  la  portion 
du  ciel  que  l'observateur  embrasse;  et  fig.  se  mon- 
trer, être  en  représentation.  Vous  êtes  toujours  sur 
l'horizon,  vous  ne  vous  reposez  jamais,  sÉv.  88. 
Il  2°  La  partie  de  la  surface  terrestre  où  se  ter- 
mine notre  vue;  la  partie  du  ciel  qui  en  est  voi- 
sine. L'horizon  est  chargé  de  nuages.  Un  horizon 
étendu.  Un  horizon  borné.  On  apercevait  de  loin 
des  collines  et  des  montagnes  dont  la  figure  bi- 
zarre formait  un  horizon  à  souhait ,  fén.  Tél.  i. 
Au  bnut  de  l'horizon,  mes  désirs  et  mes  yeux  Re- 
culaient pour  te  suivre  et  la  terre  et  les  cieux,  Du- 
cis,  Abufar,  m,  2.  ||  Terme  de  marine.  Horizon 
fin ,  ciel  pur  et  dégagé  de  vapeurs.  Horizon  gras, 
ciel  brumeux.  ||  3°  Terme  d'astronomie.  Horizon 
sensible  ou  apparent,  plan  que  l'on  suppose  toucher 
la  terre  au  point  où  est  l'observateur;  il  est  perpen- 
diculaire à  la  verticale  ;  horizon  rationnel  ou  astro- 
nomique, plan  parallèle  au  précédent  et  qui  passe 
par  le  centre  de  la  terre.  Trouver  en  un  instant 
donné  les  points  de  l'écliptique  qui  sont  dans  le 
méridien  et  dans  l'horizon,  fmancœdr,  Uranogra- 
phie,  n°  229.  ||  C'est  dans  cette  acception  qu'on  dit  : 
prendre  la  hauteur  d'un  astre  sur  l'horizon;  il  doit 
y  avoir  une  éclipse  sur  notre  horizon.  ||  Horizon 
oriental ,  la  partie  de  l'horizon  où  les  astres  parais- 
sent se  lever.  Horizon  occidental,  celle  où  ils  pa- 
raissent se  coucher.  1|  4°  Horizon  artificiel,  instru- 
ment composé  d'une  glace  circulaire ,  servant  à 
observer  la  hauteur  des  astres.  ||  5°  Fig.  Étendue. 
Plus  on  s'élève,  plus  l'horizon  s'agrandit.  Le  tran- 
quille horizon  qui  borde  nos  États,  volt.  Scythes, 
IV,  2. Il  6°  Fig.  Espace  dans  lequel  l'esprit,  l'intelli- 
gence agit.  L'horizon  historique.  L'horizon  de  l'hu- 
manité s'agrandit.  Ce  désert  de  la  vie....  Où  tou- 
jours re.spérance,  abusant  ma  raison,  Me  montrait 
le  bonheur  dans  un  vague  horizon,  lamart.  Méd. 
1,  18.  Il  L'horizon  politique,  ou,  elliptiquement, 
l'horizon,  l'état  des  affaires  politiques.  L'horizon 
se  rembrunit.  ||  7°  Terme  de  peinture.  Ligne  qui 
termine  le  ciel  d'un  tableau.  ||  Hauteur  à  laquelle 
le  peintre  a  placé  le  point  de  vue.  L'horizon  est 
trop  haut,  est  trop  bas.  ||  8°  Horizon  se  dit,  en  géo- 
logie, de  couches  superposées.  La  craie  glauconieuse 
présente  un  certain  nombre  d'horizons  qui  sont 
en  allant  de  bas  en  haut  :  glauconie  sableuse...., 
Hébert,  Acad.  des  se.   Comptes  rendus,  t.  lviii, 

p.   476. 

— ETYM.  'Opi'uv,   ôpîsovToi;,   qui  borne,  et,  sub- 
stantivement, horizon. 

HORIZONTAL,  ALE  (o-ri-zon-tal,  tal'),  od;. 
Il  1*  Qui  est  parallèle  à  l'horizon  (au  sens  astrono- 
mique). Terrains  horizontaux.  ||  Plan  horizontal, 
plan  parallèle  à  l'horizon.  ||  Ligne  horizontale,  droite 
tirée  du  point  de  vue  dans  la  perspective  parallè- 
lement à  l'horizon,  ou  intersection  du  plan  du  ta- 
bleau et  du  plan  horizontal.  ||  Cadran  horizontal, 
cadran  sur  un  plan  parallèle  à  l'horizon.  ||  Familiè- 
rement. Se  mettre  dans  la  position  horizontale,  .se 
coucher.  ||  Terme  de  géologie.  Stratification  hori- 
zontale, celle  des  ma-ssifs  dont  le.s  couches  sont  gc 
néralement  peu  inclinées.  ||  Terme  de  botanique. 


HOR 

Anthères  burizontales,  anthères  qui  sont  placées  en 
travers  sur  le  filet.  Racines  horizontales,  racines  qui 
courent  entre  deux  terres,  parallèlement  au  plan  de 
l'horizon.  Il  Terme  d'entomologie.  Ailes  horizontales, 
ailes  qui,  étant  étendues,  forment  un  angle  droit 
avec  le  corps.  ||  2°  Qui  se  rapporte,  qui  a  lieu  à  l'ho- 
rizon. Parallaxe,  réfraction  horizontale.  ||  S"  Terme 
de  paléographie.  Écriture  horizontale ,  celle  dam 
laquelle  les  lignes  sont  écrites  horizontalement,  soit 
de  gauche  à  droite,  soit  dans  le  sens  contraire. 

—  F.TYM.  Horizon. 
HORIZONTALEMENT  (o-ri-zon-U-le-man),  adv. 

Parallèlement  à  l'horizon.  Il  est  démontré  qu'un 
boulet  de  canon  tiré  horizontalement  décrit,  dans 
Ihypothèse  de  la  pesanteur  constante,  une  para- 
bole terminée  à  un  certain  point  par  la  rencontre 
de  la  terre,  fonten.  Newton. 

—  ETYM.  lloriionlale,  et  le  suffixe  ment. 

t  HORIZONTALITÉ  (o-ri-zon-ta-li-té),  s.  f.  Terme 
didactique.  Qualité  de  ce  qui  est  horizontal. 

—  ÊTYM.  Ilorixontal. 

HORLOGE  (or-lo-j') ,  ».  f.  ||  1°  Instrument  des- 
tiné à  marquer  les  heures.  Horloge  solaire,  cadran 
solaire.  On  disait  aussi  :  horloge  au  soleil.  ||  2°  In- 
trument  qui  marque  les  heures  à  l'aide  de  l'eau  ou 
du  sable.  Il  Horloge  de  sable,  voy.  sablier.  ||  Hor- 
loge d'eau,  ou  horloge  à  eau,  voy.  clepsydre. 
Il  Terme  de  marine.  Sablier  qui  vide  une  de  ses 
bouteilles  dans  l'espace  d'une  demi-heure  ;  et,  par 
suite,  l'espace  d'une  demi-heure.  ||  3*  Machine  des- 
tinée à  marquer  et  à  sonner  les  heures,  et  senant  à 
un  usage  public.  L'horloge  du  palais  vint  à  frapper 
onze  heures,  Régnier,  Sat.  vui.  Quand  les  animaux 
montrent  dans  leurs  actions  tant  d'industrie,  saint 
Thomas  a  raison  de  les  comparer  à  des  horloges  et 
aux  autres  machines  ingénieuses,  boss.  Connaiss. 
V,  2.  Ou  le  temps  qui  s'enfuit  une  horloge  à  la 
main,  boil.  Art  p.  m.  Le  présent  que  le  calife 
Aaroun-al-Raschid  fit  à  Charlemagne  d'une  horloge 
sonnante  fut  regardé  comme  une  merveille,  volt. 
Mreurs,  m.  ||  Fig.  Les  athées  n'ont  jamais  répondu 
à  cette  difficulté  qu'une  horloge  [le  monde]  prouve 
un  horloger  [Dieu],  volt.  Lett.  la  Villerieille  , 
26  août  1768.  Il  Monter,  remonter  une  horloge,  en 
bander  les  ressorts  ou  en  hausser  les  poids.  ||  Dé- 
monter une  horloge ,  en  désassembler  les  pièces. 
Il  Régler  une  horloge,  la  mettre  à  l'heure  d'après 
le  soleil.  IJ  II  est  réglé  comme  une  horloge,  c'est 
une  horloge,  il  est  régulier  dans  ses  habitudes  ||  Fa- 
milièrement. Une  heure  d'horloge,  une  heure  com- 
plète, mesurée  sur  une  horloge,  une  grande  heure. 
Je  vous  ai  attendu  une  heure  d'horloge.  ||  4"  Hor- 
loge marine,  voy.  montre  marlne.  ||  6°  Horloge  de 
Flore,  plantes  rangées  par  ordre  et  qui  indiquent 
par  leur  ouverture  et  leur  clôture  successives 
l'heure  qu'il  est.  Les  convolvulus  s'ouvrent  le  matin 
et  se  ferment  le  soir;  les  mauves  ne  s'ouvrent  que 
vers  les  dix  à  onze  heures  du  matin  ;  la  belle  de 
nuit,  les  géranions  tristes,  etc.  ne  s'ouvrent  que 
le  soir;  c'est  ce  qui  a  fait  imaginer  au  Pline  de 
la  Suède  [Linné]  son  ingénieuse  horloge  botanique, 
bonnet,  Contempl.  nat.  x,  3i.  ||  6°  Terme  d'astro- 
nomie. Constellation  méridionale.  ||  7°  Horloge  de 
la  mort ,  nom  populaire  d'un  insecte  qui ,  ron- 
geant le  bois,  fait  entendre  im  bruit  semblable 
à  celui  du  mouvement  d'une  montre,  et  qui  est  un 
anobion  (coléoptères),  particulièrement  l'atiofeton 
marqueté,  nommé  vrillette  commune  par  certains 
auteurs  (legoarant).  ||  Proverbes.  C'est  l'horloge  du 
palais,  elle  va  comme  il  lui  plaît.  |{  11  demande 
quelle  heure  il  est  quand  l'horloge  commence  à 
sonner,  se  dit  d'un  impatient.  |{  Il  n'est  jamais  tard 
à  son  horloge,  se  dit  d'un  paresseux,  d'un  homme 
lent  à  tout  ce  qu'il  fait. 

—  HIST.  XII'  s.  E  li  prophètes  li  respundi  :  Jo  te 
frai  demunstrance  ;  e  il  i  out  uns  oriloges  par  uni 
l'um  veist  cume  l'ure  del  jur  veneit,  e  quant  ele 
passeit,  iîoif,  p.  <7.  ||  xiii*  s.  Durement  furent  esbahi 
Qu'il  n'orent  oî  sonner  cloche  Ne  champenelle  ne 
reloge,  ruteb.  315.  Et  refait  sonner  ses  orloges 
Par  ses  sales  et  par  ses  loges,  X  roes  trop  sotive- 
ment  De  pardurable  mouvement,  la  Rose,  21289. 
Ki  velt  faire  le  [la]  maizon  d'une  ierloge  vesent 
[voient]  ci  une  que  jo  vi  une  fois,  de  laborde. 
Émaux,  p.  4)4.  Il  XIV*  s.  Cestuy  maistre  Jehan  des 
orloges  a  fait  de  son  temps  grandes  œuvres,  entre 
le.squels  oeuvres  il  a  fait  un  instrument,  par  au- 
cuns appelé  sphère,  ou  orloge  du  mouvement  du 
ciel  :  auquel  instrument  sont  tous  les  mouvements 
des  signes  et  des  planètes  —  et  est  faite  si  souhti- 
lement  cette  sphère  que,  nonobstant  la  multitude 
des  roes,  qui  ne  se  pourroient  nomhrer  bonnement 
.sans  défaire  l'instrument,  tout  le  mouvement  d'i- 


HOR 

relie  est  gouverné  par  un  tout  seul  contrepoids, 
DE  LABOiiDK,  Emaux,  p.  414.  Un  reloge  d'argent 
tout  entièrement,  sans  fer,  qui  fut  du  roy  Phelippe 
le  Bel  avec  deux  coiitrepoix  d'argent  emplis  de 
plom,  II).  ib.  p.  415.  Puis  qu'ainsi  la  ville  me  loge 
Sur  ce  pont  pour  servir  d'auloge,  Je  Teray  les  heu- 
res ouïr  Pour  le  commun  peuple  esjouir,  Inscription 
du  gros  horloge  de  Caen,  (314,  dans  leiiériciikr, 
llisl.  et  gloss.  du  normand,  ii,  p.  406.  Pour  faire 
sablon  à  mettre  à  horloges,  Ménagier,  n,  6.  |]  xv  s. 
Louis  Carel,  maistre  faiseur  de  mouvemens  d'or- 
loige,  DE  LABOBDE,  Émaux,  p.  4)6.||xvi'  s.  Le 
soir,  environ  la  troisième  horloge  [demi-heurej  du 
second  quart,  le  vent  changea,  J.  parmentifh, 
Jnurn.  de  voyage,  dans  jai. à  quoi  ils  ne  fail- 
lirent d'une  seule  minute  d'horloge,  desper.  Corxl. 
cxxviii.  11  n'est  horloge  plus  juste  que  le  ventre, 
COTGHAVE.  Horloge  entretenir,  jeune  femme  à  son 
gré  servir,  vieille  maison  à  réparer,  c'est  toujours 
à  recommencer,  lehocx  de  lincy  ,  Proiv.  t.  ii, 
p.  305.  S'accorder  comme  des  horloges, iD.it.  p.  4(4. 

—  ÉTYM.  Berry,  reloge,  r'ioge,  s.  m.  ;  bourguig. 
reloge;  du  lat.  horologiam,  qui  vient  de  lipoioYiov, 
de  wpa,  heu'^,  et  Xoy.ov,  indication,  de  ),6to;  (voy. 
logique). 

HORLOGER  v"f-lo-jé;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au 
pluriel,  l's  se  lie  :  des  or-lo-jé-z  habiles),  î.  m.  Ce- 
lui qui  fait,  qui  répare  les  horloges,  les  pendules, 
les  montres.  Les  horlogers  prétendent  qu'ils  ne 
doivent  point  le  droit  pour  leurs  boites  de  montres, 
Arrêt  du  Cons.  (3  mai  1673.  Mon  père,  après  la 
naissance  de  mon  frère  unique,  partit  pour  Con- 
stantinople,  où  il  était  appelé,  et  devint  horloger  du 
sérail,  j.  j.  Rouss.  Confess.  1. 1|  S.  f.  Horlogère,  la 
femme  d'un  horloger. 

—  IlEM.  Ménage  recommande  de  ne  pas  dire 
horlogeur,  qui  était  usité  de  son  temps  et  dans  le 
siècle  précédent:  Tant  lesdits  orfèvres  que  les  four- 
bisseurs,  orlogeurs,  fondeurs,  et  autres  qui  em- 
ployent  les  matières  d'or  et  d'argent ,  Hèglcment 
du  30  déc.  (079.  On  court  à  l'horlogeur;  elle 
[l'horloge]  demande  en  grâce  Qu'il  la  tire  de  ce 
malheur,  la  font.  Œuvres  inédites  publiées  par 
Paul  Lacroix  ((863),  p.  17.  ||  On  disait  aussi  horlo- 
giei-  :  N'ayant  point  d'horlogiers  au  lieu  de  sa  de- 
meure, CORN.  lient.  II,  5. 

—  HIST.  XIV"  s.  X  nostre  amé  orlogeur,  Pierre 
de  Sainte  Bealté,  de  ladorde.  Émaux,  p.  4i5. 
Il  XV"  s.  Encores  poet  moult  bien  selonz  m'entente 
Li  orlogiers,  quant  il  en  a  loisir.  Faire  sonner  les 
clocheles  petites.  Sans  derieuler  [dérégler]  les  heu- 
res dessus  dites,  fhoiss.  Poésies  mss.  p.  67,  dans 

LACUHNE.  Il  XVI"  s à  fin  que  chacun  serrurier  ou 

horologeur  les  puisse  entendre,  et  faire  bras  ou 
jambes  artificielles  semblables,  paré,  xvii,  (2. 

—  ÉTYM.  Horloge. 

IIORLOOKRIE  (or-lo-je-rie),  s.  f.  \\  1°  Art  de  faire 
des  horloges,  des  pendules,  des  montres.  ||  2°  Les 
ouvrages  d'horlogerie.  Dispersez  dans  un  vaste  terri- 
toire tous  les  arts  qui  concourent  à  la  fabrication 
i!i!  l'horlogerie,  et  vous  perdez  Genève  avec  tous  les 
métiers  qui  la  font  vivre,  raynal,  Hist.  phiL  xix, 
«,  Il  Commerce  d'horlogerie.  ||  Lieu  où  l'on  fabrique 
les  horloges,  les  montres. 

—  ÉTYM.  l/or/oger. 

t  UOUML\  (or-min),  s.  m.  Terme  de  botanique. 
l'espèce  de  sauge,  salvia  horminum,  L. 

—  i:tym.  "Upnivov. 

HORMIS  (hor-mî;  1'^  se  lie  :  hor-mi-zune  pièce). 
Il  1°  Prép.  Excepté.  Hormis  toi,  tout  chez  toi  ren- 
contre un  doux  accueil,  boil.  Sat.  x.  Et  lui  pro- 
mettez tout,  hormis  le  diadème,  rac.  TMb.  m,  6. 
[  Avec  un  infinitif.  En  cette  extrémité,  que  préten- 
dez-vous faire?  —  Phinée  :  Tout,  hormis  l'irriter; 
tout,  hormis  lui  déplaire,  corn.  Androm.  v,  (. 
Il  2»  Il  se  prend  adverbialement.  J'étais  si  fort  en 
peir.?  de  votre  sanlé,  que  j'étais  réduite  à  souhaiter 
que  vous  eussiez  écrit  à  tout  le  monde,  hormis  à 
moi,  sÉv.  60.  Je  croirai  Mme  de  Miossens  comme 
un  article  de  foi  en  toutes  choses,  hormis  en  celles 
do  la  religion,  maintenon,  Lett.  à  U.  d'Axibigné, 
5  fév.  (682.  Il  3°  Hormis  que,  loc.  conjonct.  Si  ce 
Il  est  que.  11  ressemblait  à  M.  de  Beaufort,  hormis 
ilii'il  parlait  mieux  français,  sÉv.  49. 

-—  lllST.  xiii"  s.  Li  rois  a  doné  à  son  meslre  pa- 
netier  la  mestri.se  des  talemeliers....  et  la  petite 
justice  et  les  amendes....  des  bateurcs  sanz  sanc  et 
de  clameur,  hors  mise  la  clameur  de  propriété,  Lir. 
des  met.  9.  Il  xv°  s.  Dont  tout  le  pays  communément 
eut  grand  joie,  hors  mis  aucuns  qui  estoientde  la  fa- 
veur dudit  messireHue  le  dépensier,  fbois.  i,  i,  21. 

—  ETYM.  Hors,  mis  :  mis  hcrs.  Dans  l'origine, 
tiormis  était  un  vrai  participe  qui  s'accordait. 

DICT.    UK    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


HOR 

t  HORNBLENDE  (horn'-blin-d'),  s.  f.  Terme  de 
minéralogie.  Sorte  d'amphibole.  La  hornblende  et 
le  feldspath.  ||  On  le  trouve  aussi  masculin. 

—  ÉTYM.  Ail.  Hornblende,  de  Horn,  corne,  et 
bhnden,  éblouir,  .à  cause  d'un  brillant  do  corne 
que  cette  pierre  présente. 

t  HORODICTIQUE  (o-ro-di-kti-k'),  adj.  Se  dit 
des  instruments  qui  servent  à  trouver  l'heure. 

—  ÉTYM.  "Opa,  heure,  et  Ssixtixô;,  qui  montre. 
HOROGRAPinE  (o-io-gia-fie) ,  s.  f.  Art  de  faire 

dos  cadrans,  nommé  autrement  gnomonique. 

—  ÉTYM.  "Dpa,  heure,  et  le  suffixe  graphie. 

t  HOROGRAPHIQUE  (o-ro-gra-fi-k') ,  ad}.  Qui  a 
rapport  à  l'horographie. 

t  UOROPTÈRE  (o-ro-ptè-r'),  s.  m.  Terme  d'op- 
tique. Ligne  droite  tirée  du  point  où  les  deux  axes 
optiques  concourent,  et  qui  est  parallèle  à  celle  qui 
joint  les  centres  des  deux  yeux  ou  dos  deux  pu- 
pilles. Il  Plan  de  l'horoptère,  plan  qui,  passant  par 
i'horoplère,  est  perpendiculaire  à  l'axe  optique.  Le 
plan  de  l'horoptère  est  la  limitede  la  vision  distincte. 

—  REM.  Horoptère  a  un  e  final,  bien  que  venant 
de  bnvrip,  comme  haltère  de  â).xr,p,  et  à  l'imitation 
de  caractère. 

—  ÉTYM.  "Oooç,  limite,  et  ô-Krfip,  qui  voit. 

t  HOROPTËRIQUE  (o-ro-pté-ri-k'),  adj.  Qui  ap- 
partient à  I'horoplère.  Surface  horoptérique.  Cercle 
horoptérique. 

(.  HOROSCOPE  (o-ro-sko-p'),  s.  m.  ||  1°  Le  point 
de  l'écliptique  qui  se  trouve  à  l'horizon  quand  un 
enfant  naît.  La  superstition,  qui  persuada  que  les 
événements  sont  liés  aux  phénomènes  célestes  et 
ramenés  périodiquement  avec  eux,  fit  croire  que  le 
point  de  l'écliptique  qui  se  lève  lors  de  la  naissance 
d'un  enfant,  devait  présager  sa  destinée  future; 
cette  erreur  rendit  célèbre  ce  point,qu'on  nomma 
l'horoscope  ,  francœur  ,  Uranographie  ,  n°  229. 
Il  2°  Connaissance  que  les  astrologues  prétendaient 
tirer,  pour  l'avenir,  de  la  situation  où  se  trouvent  les 
planètes  et  certaines  étoiles,  au  moment  de  la  nais- 
sance d'un  homme  ou  d'une  femme.  Charlatans,  fai- 
seurs d'horoscope.  Quittez  les  cours  des  princes  de 
l'Europe,  Emmenez  avec  vous  les  souffleurs  tout  d'un 
temps  ;  Vous  ne  méritez  pas  plus  de  foi  que  ces 
gens,  LA  FONT.  Fabl.  11,  C).  Je  ne  veux  plus  faire 
de  ces  actions  sans  faire  tirer  l'horoscope  de  ceux 
pour  qui  je  les  fais,  sÊv.  (74.  L'on  soufire  dans  la 
république  les  chiromanciens  et  les  devins,  ceux 
qui  font  l'horoscope  et  qui  tirent  la  figure,  ceux 
qui  connaissent  le  passé  par  le  mouvement  du 
sas...,  LA  BRL'Y.  XIV.  On  ne  peut  trop  répéter  qu'Al- 
bert le  Grand  et  le  cardinal  d'Ailli  ont  fait  tous 
deux  l'horoscope  de  Jésus-Christ;  ils  ont  lu  évi- 
demment dans  les  astres  par  quel  genre  de  mort  il 
devait  finir;  mais,  malheureusement,  ces  deux  sa- 
vants astrologues  n'ont  rien  dit  qu'après  coup, 
VOLT.  Dict.  phil.  Astronomie.  ||  3°  Eig.  Ce  qu'on 
prédit  par  simple  conjecture  sur  une  personne  ou 
sur  une  chose.  Vous  ne  changerez  point,  écoutez 
Calliope  [Bourbon-Conti]  ;  Elle  a  pour  votre  hymen 
dressé  cet  horoscope,  la  font.  Poésies  mêlées,  62. 
Il  n'est  pas  difficile  de  faire  l'horoscope  d'un  mari 
qui  a  épousé  sa  femme  en  dépit  d'elle,  dancourt, 
Colin-maillard,  se.  2. 

—  HEM.  Le  genre  d'horoscope  a  été  longtemps 
incertain;  les  grammairiens  du  xviii*  siècle  le  di- 
saient des  deux  genres  (L'horoscope  de  quelqu'un 
qui  naît  dans  une  aussi  mauvaise  fortune  que  la 
mienne  se  fait  toute  seule,  staal,  Mém.  t.  i,  p.  2B6, 
édit.  (821)  ;  aujourd'hui,  il  est  masculin. 

—  lIlST.  XVI"  s.  En  ccste  manière  disent  les  ma- 
thématiciens un  mesme  horoscope  estre  à  la  nativité 
des  rois  et  des  sots,  rabel.  dans  le  Dict.  de  dochez. 

—  ÉTYM.  "Qpoaxoiteîov,  de  ûpa,  heure,  et  <rxo- 
itsïv,  examiner. 

t  2.  HOROSCOPE  (o-ro-sko-p'),  s.  m.  Nom  d'un 
prêtre  égyptien  qui  marchait  après  le  chantre  et 
tenait  en  main  une  horloge  et  une  palme,  symboles 
de  l'astronomie. 

—  ÉTYM.  'QpoiTxô^to;  (voy.  HOROSCOPE  (  ).  Diderot 
nomme  horoscopistes  ces  horoscopes;  mais  ûpoaxo- 
TtitTTi'iî  n'est  pas  grec. 

t  HOROSCOPIE  (o-ro-sko-pie),  s.  f.  Manière  de 
tirer  des  horoscopes. 

t  HOROSCOPIQUE  (o-ro-sko-pi-k') ,  ad).  Qui 
concerne  l'horoscope.  Calcul  horoscopique. 

I  UOROSCOPISER  (o-ro-sko-pi-zé),  v.  n.  Tirer 
l'horoscope. 

—  niST.  XVI"  s.  Horoscopiser,  Deffense  pour  Est. 
Pasquicr,  p.  B8,  dans  lacurne. 

—  ÉTYM.  Horoscope.  " 
I  HOROTROPE  (0-ro-tro-p') ,  s.  m.  Terme  d'op- 
tique. Plan  courbe  ou  cercle  qui  est  déterminé  par 


HOR 


2049 


trois  points,  à  savoir  les  deux  yeux  et  le  point  oi\ 
la  vision  .se  fixe.  Toutes  les  fois  qu'un  objet  ne  se 
trouve  pas  placé  dans  l'horotrope,  l'image  en  tombe 
sur  des  points  dilférents  des  deux  rétines,  au  lieu 
de  tomber  sur  des  points  correspondants,  et  il  est 
vu  double. 

—  ÉTYM.  "Opoc,  limite,  ot  Tpj'neiv,  touroer. 

t  UORREAU  (ho-rô),  s.  m.  Nom  du  maquereau 
sur  quelques  côtes. 

—  HIST.  Horreau,  coronAVE. 

HORREUR  (o-rreur),  s.  f.  ||  1°  U  sensation  phy- 
sique qui  fait  que  la  peau  devient  chair  de  poule  et 
que  les  cheveux  se  hérissent.  La  peau,  se  retirant 
sur  elle-même,  fera  dresser  les  cheveux,  dont  elle 
enferme  la  racine,  et  causera  ce  mouvemont  qu'on 
appelle  horreur,  noss.  Conn.  11,  12.  D'une  subite 
horreur  leurs  cheveux  se  hérissent,  boil.  I.ulr.  m. 
Il  2"  Se  dit  des  choses  qui  causent  un  sentiment 
d'effroi  mêlé  d'admiration,  de  respect,  etc.  Après 
cela,  docteur,  va  pâlir  sur  la  Bible....  Perce  la 
sainte  horreur  de  ce  livre  divin,  boil.  .Sa»,  viii. 
Et,  dans  la  sacristie  entrant,  non  sans  terreur.  En 
percent  jusqu'au  fond  la  ténébreuse  horreur,  m. 
I.utr.  m.  Le  ciel  brille  d'éclairs,  s'entr'ouvre,  et 
parmi  nous  Jette  une  sainte  horreur  qui  nous  ras- 
sure tous,  RAC.  Iph.  v,  6.  Il  est  saisi  d'une  horreur 
divine,  fRn.  Tél.  xviii.  Saisie  d'une  horreur  de  reli 
gion  à  la  seule  présence  du  sanctuaire,  mass.  Av. 
Disp.  Mais,  quand  il  m'accablait  de  cette  sainte 
horreur,  La  persuasion  n'a  point  rempli  mon  coeur, 
VOLT.  Fanât,  iv,  2.  Tout  en  fait  sentir  la  religieuse 
horreur  |de  l'église  gothique],  ciutkauur.  dénie, 
m,  I,  8.  [Byronj  La  nuit  est  ton  séjour,  l'horreur 
est  ton  domaine,  i.amart.  Médit.  1,  2.  ||  3°  Mouve- 
ment accompagné  de  frémissement  et  causé  par 
quelque  chose  d'affreux.  Ce  spectacle  nous  glaça 
d'horreur.  Et  délivre  mes  yeux  de  l'horreur  de  te 
voir,  coiiN.  Ilcracl.  m,  2,  Mais  par  la  sainte  hor- 
reur que  vous  fait  l'infamie,  m.  Théod.  m,  3.  Malgré 
la  juste  horreur  que  son  crime  me  donne,  hac. 
Andr.  iv,  3.  Quel  jour  mêlé  d'horreur  '  ient  ellrayer 
mon  âme  !  id.  Eslh.  ni,  4.  Le  ciel  avec  horreur  voit 
ce  monstre  sauv?ge,  id.  Phèdre,  v,  6.  Dans  l'infi- 
dèle sang  baignez-vous  sans  horreur,  id.  A  thaï,  iv, 

3.  Sais-tu  l'excès  d'horreur  où  je  me  vois  livrée? 
VOLT.  Merope,  iv,  4.  La  pitié,  non  l'horreur,  doit 
régner  sur  la  scène,  id.  Prude,  prol.  (Ce  prologue 
a  été  attribué  à  la  Prude  dans  l'édit.  de  Kehl;  il 
appartient  à  la  comédie  de  \'l\change).  On  sut  par 
lui  [un  général  blessé  et  abandoniiéi  ce  crime  :  un 
frémissement  d'horreur  se  propagea  dans  la  colonne, 
il  parvint  jusqu'à  l'empereur,  ségi'r,  Ilist.  de  Xap. 
IX,  8.  Il  Sentiments  d'horreur.  Que  d'horreurs  vous 
me  jetez  dans  l'âme  !  corn.  Sur.  v,  4.  ||  Faire  hor- 
reur, exciter  le  sentiment  de  l'horreur.  Trouvez- 
vous  doux  les  noms  de  perfide  et  do  traître  1  —  Je 
sais  qu'aux  généreux  ils  doivent  faire  horreur,  corn. 
Iléracl.  m,  b.  Cette  âme  qui  s'est  tant  aimée  et 
tant  cherchée,  ne  se  peut  plus  supporter  aussitôt 
qu'elle  est  seule  avec  elle-même  ;  sa  solitude  lui 
fait  horreur,  boss.  la  Vallière.  Dont  les  proscrip- 
tions font  horreur  en  les  lisant,  id.  Ilist.  i,  B.  Vices 
qui  font  horreur  à  la  nature,  id.  ib.  11,  (2.  Elle  a 
craint  qu'Hippolyte,  instruit  de  ma  fureur,  No  dé- 
couvrit un  feu  qui  lui  faisait  horreur,  rac  Phèdre, 
v,  7.  Va,  je  la  désavoue,  et  tu  me  fais  horreur,  id. 
Andr.  v,  3.  Les  rameurs  chantaient  à  l'honneur  da 
Vénus  et  do  Cupidon  des  vers  qui  devaient  faira 
horreur  à  ceux  qui  aiment  la  vertu,  fên.  Tél.  iv.  La 
vice  grossier  fait  horreur,  id.  ib.  vu.  ||  Familière- 
ment et  par  exagération.  Cela  fait  horreur^  est  i 
faire  horreur,  se  dit  d'une  chose  extrêmement 
laide,  ou  faite  sans  goût,  sans  habileté.  Vous  êtes 
aujourd'hui  coiffée  à  faire  horreur,  gresset,  Méch. 
I,  6.  Il  Familièrement.  C'est  une  horreur,  c'est  una 
personne,  une  chose  affreuse.  ||  Fi  !  l'horreur  1  se  dit 
pour  marquer  la  répugnance.  ||  Ah!  l'horreur,  se  dit 
dans  le  môme  sens.  L'une  d'elles,  qui  le  connais- 
sait un  peu,  dit  en  le  regardant  de  côté  [Memnon 
devenu  borgne):  Ah!  l'horreur!  volt.  Memnon. 
il  4"  Haine,  aversion,  dégoût,  exécration.  L'injuste 
horreur  qu'elle  [Rome]  eut  toujours  des  rois,  cobn. 
Pomp.  IV,  3.  Que  la  vertu  du  fils....  Vainque  la 
juste  horreur  que  vous  avez  du  père,  id.  llérad.  i, 

4.  Vous  avez  aimé  cette  erreur  Pour  qui  vous  ue 
deviez  avoir  que  do  l'horreur,  uoL.  Psyché,  iv,  B. 
F.Ue  [l'Église]  a  pour  le  meurtre  une  horreur  toute 
particulière,  pasc.  Prov.  (4.  Sait-il  toute  Vhorreur 
que  ce  Juif  vous  inspire?  rac.  Esth.  m,  (.  Burrhuj 
pour  le  mensonge  eut  toujours  trop  d'horreur,  id. 
Brit.  I,  2.  Vous  trouverez  partout  l'horreur  du  nom 
romain,  id.  Uithr.  m,  (.11  te  manquait  encor  ces 
perfides  amours  Pour  être  le  supplice  et  l'horreur 

1-  -  iil 


2050 


HOR 


de  mes  jours,  me.  Mithr.  m,  <.  J'ai  pris  la  vie  en 
haine  et  ma  (lumme  en  horreur,  m.  Phèdre,  i,  3. 
Ouelle  innoccnctj  I  quelle  verlu  !  quelle  horreur  du 
vice!  FÉN.  Tél.  VII.  Il  ll'éléphant]  a  une  horreur  si 
grande  pour  le  cochon,  que  le  seul  cri  de  cet  ani- 
mal l'émeut  et  le  fait  fuir,  buff.  Quadrup.  t.  xiv, 
p.  Î9I.  Trosque  toutes  les  femmes  ont  une  horreur 
invincible  pour  les  araignées,  les  crapauds,  les  cou- 
leuvres, GF.Ni.is,  ylrfc/e  et  Théud.  t.  i,  p.  HO,  dans 
pouGENS.  Il  Avoir  horreur  de,  éprouver  une  aversion 
mêlée  de  dégoiit.  Celles  de  ma  naissance  ont  hor- 
reur des  hasscsscs,  corn,  llodog.  m,  3.  Les  infa- 
mies qu'il  [le  nouveau  quiétisme]  a  héritées  de  la 
secte  des  béguards....  je  pourrais  dire  d'abord 
qu'on  a  horreur  de  traiter  de  telles  matières,  iioss. 
Et.  d'orais.  x,  3.  On  frémirait  en  le  prononçant,  et 
l'on  aurait  horreur  de  soi-rocme,  BOURn.  9"  dim. 
après  la  Penicc.  Dont.  Le  roi  eut  horreur  de  tout  ce 
qu'il  entendait,  fén.  Tél.  xiv.  ||  Être  en  horreur  à 
quelqu'un,  lui  inspirer  une  haine  mêlée  d'horreur. 
David  m'est  en  horreur,  bac.  Alhal.  ii,  7.  Baal 
est  en  horreur  dans  la  sainte  cité,  ID.  ib.  v,  6.  Il 
nous  croit  en  horreur  à  toute  la  nature,  id.  Esth. 
I,  3.  Ma  mémoire  est  en  horreur,  fénel.  Télém. 
XVIII.  Il  Objet  d'horreur.  Il  ne  peut  endurer  que 
l'horreur  de  la  Grèce  Pour  prix  de  ses  forfaits 
épouse  la  princesse,  corn.  ilcd.  il ,  6.  11  devint 
l'horreur  du  genre  humain,  boss.  IHst.  i,  to. 
Il  6°  Horreur  du  vide,  antipathie  par  laquelle  on  sup- 
posait que  la  nature  tendait  toujours  à  combler  les 
vides  à  mesure  qu'ils  se  formaient.  Que  la  pesanteur 
de  la  masse  de  l'air  produit  tous  les  effets  qu'on  a 
jusques  ici  attribués  à  l'horreur  duvide,  pasc.  Pes. 
de  l'air,  ii.  C'est  d'un  semblable  raisonnement  que 
l'horreur  de  la  nature  pour  le  vide  et  cent  autres 
chimères  prirent  naissance,  mairan,  Élog.  abbé  de 
Molières.  ||  6"  Ce  que  certaines  choses  ont  d'efr.ayant, 
de  sinistre.  L'horreur  d'un  cachot.  L'horreur  des 
combats.  Après  que  j'aurai  vu  trébucher  son  orgueil 
De  son  char  de  triomphe  en  l'horreur  du  cercueil, 
ROTR,  liélis.  II,  17.  L'hiver  est  ici  dans  toute  son 
horreur;  je  suis  dans  les  jardins  ou  au  coin  de  mon 
feu;  on  ne  peut  s'amuser  à  rien,  sÊv.  22  nov.  iC7t. 
Ces  secondes  vies  que  noire  faiblesse  nous  fait  in- 
venter pour  couvrir  en  quelque  sorte  l'horreur  de  la 
mort,  BOSS.  le  Tellier.  Partez  ;  mais  à  ces  mots  les 
champions  pâlissent.  De  l'horreur  du  péril  leurs 
courages  frémissent,  BOii..  Lutrin,  iv,  vers  suppri- 
més. Mais  à  mes  tristes  yeux  votre  mort  préparée 
Dans  toute  son  horreur  ne  s'était  pas  montrée, 
BAC.  Ilaj.  II,  5.  C'était  pendant  l'horreur  d'une 
profonde  nuit  :  Ma  mère  Jésabel  devant  moi  s'est 
montrée.  Comme  au  jour  de  sa  mort  pompeuse- 
ment parée,  id.  Ath.  n,  B.  Et  que  les  mêmes  coups 
Dans  l'horreur  du  tombeau  nous  réunissent  tous, 
VOLT.  Adél.  IV,  5.  Il  n'y  a  pas  trois  cents  ans  que  je 
[Phénix]  vis  ici  la  nature  sauvage  dans  toute  son 
horreur,  m.  Princ.  de  Babyl.  6.  Ainsi  de  Mahomet 
vous  regrettez  les  fers,  Le  tumulte  des  camps,  celte 
horreur  des  déserts,  m.  I'anat.i,2.  Quoi!  j'ai  percé 
l'horreur  de  cette  nuit  profonde,  c.  delav.  Paria, 
I,  2.  Il  L'horreur  d'un  supplice,  la  cruauté  d'un  sup- 
lice.  il  Fig.  Il  se  dit  des  souffrances  morales.  Vous 
ne  connaisse/,  pas  toute  l'horreur  de  sa  situation. 
Pour  comble  d'horreur.  L'horreur  de  ma  misère. 
Il  Une  belle  horreur,  se  dit  des  choses  qui  font 
éprouver  un  sentiment  d'effroi  mêlé  d'admiration. 
La  belle  horreur  d'un  orage.  Bien  que  les  poêles 
excellents,  qui  ont  quelquefuis  le  secret  de  nous 
faire  sentir  des  chagrins  délicieux  et  des  tristesses 
agréables,  aient  encore  celui  do  nous  faire  voir  de 
belles  horreurs,  bhêbeuf,  Pharsale,  Arert.  sur  la 
3'  partie.  Enfin  le  jour,  un  jour  sombre  parut;  il 
vint  s'ajouler  à  cette  grande  horreur  [l'incendie  de 
Moscou],  la  pillir,  lui  ôter  son  éclat,  ségur,  llisl. 
de  Nap.  viii,  o.  |1  11  se  dit  au  pluriel  dans  un  sens 
analogue.  Les  horreurs  de  la  guerre,  de  la  famine. 
Être  en  proie  aux  horreurs  de  la  misère.  Il  a  dans 
ces  horreurs  [les  agitations  d'une  insomnie  cruelle] 
passé  toute  la  nuit,  bac.  Esth.  u,  l.  Lucrèce,  chez 
les  Romains,  avuit  fait  son  poème  de  la  nature; 
Virgile,  ses  Bucoliques;  Ciccron,  ses  livres  do  phi- 
losophie, dans  les  horreurs  de  la  guerre  civile, 
VOLT.  Uceurs,  82.  Peux-tu  mêler  l'amour  à  ces  mo- 
ments d'horreurs?  m.  AU.  iv,  4.  ô  frère,  ô  trisle 
objet  d'un  amour  plein  d'horreurs,  id.  Fanât,  v,  4. 
Tu  [France]  ne  sens  point  du  nord  les  glaçantes 
horreurs,  a.  ciién.  Ihjmite  à  la  l-rancc.  ||  Les'  hor- 
reurs oj  la  mort,  les  angoisses  de  l'agonie.  ||  Par 
extension  Le  duc  de  Grammont  était  lors  dans  les 
horreurs  de  la  taille  [l'opération  p.ir  laquelle  on  ex- 
trait la  pierre  de  la  vessie],  st-sim.  3!,  (20.  ||  7"  L'é- 
oormité  d'une  action  cruelle,  infâme.  Quelle  horreur 


HOK 

d'embrasser  un  homme  dont  l'épée  De  toute  ma 
famille  a  la  trame  coupée  !  corn.  Ilor.  v,  3.  On  fait 
plus,  on  m'impute  un  coup  si  plein  d'horreur  Pour 
me  faire  un  passage  à  vous  percer  le  cœur,  m,  Itnd. 
v,  4.  Un  tel  excès  d'horreur  rend  mon  âme  inter- 
dite, bac.  Phèdre,  iv,  2.  La  multitude  et  l'horreur 
de  vos  iniquités,  mass.  Carême,  Fausse  conf.  Hélas! 
le  crime  veille  et  son  horreur  mo  suit,  voi.T.  Zaïre, 
V,  8.  Dans  quel  palais  profane  a-t-on  vu  plus  d'hor- 
reur! ID.  Olympie,  v,  7.  Tant  d'horreur  n'entre 
point  dans  une  âme  si  belle,  m.  Tancr.  m,  3.  Il  se 
trame  ici  quelque  horreur,  beaumabch.  Mère  coup. 
I,  2.  Il  11  se  dit  au  pluriel  dans  le  même  sens.  La  vie 
de  ce  tyran  n'est  qu'un  tissu  d'horreurs.  U  faut  que 
le  courroux  du  ciel  l'accable  quelque  jour....  il  me 
fait  voir  tant  d'horreurs  que  je  souhaiterais  qu'il 
fût  déjà  je  ne  sais  oii,  mol.  D.  Juan,  i,  (.  Mon  es- 
prit no  se  résoudrait  jamais  à  se  jeter  parmi  tant 
d'horreurs  [les  excès  des  révolutionnaires  anglais]. 
Si  la  constance  admirable  avec  laquelle  cette  prin- 
cesse a  soutenu  ces  calamités  ne  surpassait  de  bien 
loin  les  crimes  qui  les  ont  causées,  BOSS.  Reine 
d'Anglct.  Et  je  l'ai  vue  aussi  cette  cour  peu  sincère 
Des  crimes  de  Néron  approuver  les  horreurs,  bac. 
Ilérén.  II,  2.  De  toutes  les  horreurs,  va,  comble  la 
mesure,  m.  Athal.  m,  B.  Il  retrace  vivement  à  notre 
imagination  les  horreurs  d'une  vie  entière  de 
crime,  mass.  Carèmt,  Lasare.  C'était  un  déborde- 
ment de  l'armée  qui  se  mit  à  piller,  violer,  massa- 
crer, et  l'aire  toutes  les  horreurs  que  la  licence  la 
plus  effrénée  in.spire,  st-sim.  29,  88.  On  ne  con- 
naît que  trop  les  étonnantes  horreurs  d'Alexan- 
dre VI,  VOLT.  Jenni,  il.  Les  horreurs  qui  accompa- 
gnèrent la  conquête  de  cet  Etat  et  la  tyrannie  qui  la 
suivit  en  firent  un  désert,  baynal,  llist.  phil.  u,  )9. 
Si  l'ennemi  échappait  à  ce  danger  (l'incendie  de 
Moscou],  du  moins  n'aurait-il  plus  d'asile,  plus  de 
ressources  ;  et  l'horreur  d'un  si  grand  désastre,  dont 
on  saurait  bien  l'accuser,  soulèverait  toute  la  Rus- 
sie,'=égor,  Uist.  de  Nap.  viu,  2.  ||  8°  Les  choses 
déshonorantes  qu'on  attribue  à  quelqu'un.  On  m'a 
dit  des  horreurs  de  cet  homme-là.  Pour  moi  qui, 
quoique  très-jeune  alors,  ai  vu  naître  toutes  ces 
horreurs  [libelles  diffamatoires],  je  sais  très-bien 
que  l'envie  en  fut  la  seule  cause,  volt.  Mélang. 
litt.  Mém.  sur  la  satire,  la  sat.  après  Despréaux. 
Existe-t-il,  a-t-il  jamais  existé  un  méchant  assez  ar- 
tificieux pour  donner  de  la  consistance  aux  horreurs 
qu'il  débite  d'autrui  par  les  horreurs  qu'il  confesse 
de  lui-même?  DIDEROT,  Claude  et  Nér.  i,  SI.  Y  pen- 
sez-vous, monsieur?  quoi  1  Florise  et  Géronte  Vous 
comblent  d'amitié,  de  plaisirs  et  d'honneurs.  Et 
vous  mandez  sur  eux  quatre  pages  d'horreurs!  gres- 
SET,  méchant,  ii,  i.  Rasile  :  bc  toutes  les  choses 
sérieuses,  le  mariage  étant  la  plus  bouffonne,  j'avais 
pensé....  —  Suzanne  :  Des  hoireurs,  DEAi:MAhcn. 
Mar.  de  Fig.  i,  0.  ||  Par  extension  et  plaisanterie. 
On  m'a  dit  mille  horreurs  do  celte  montagne  de 
Tarare,  sÉv.  23,  ||  9°  Très-familièrement.  Injure.  11 
nous  a  dit  des  horreurs.  (|  Propos  obcènes.  U  s'ap- 
proclia  de  cette  femme  et  lui  débita  mille  horreurs. 

—  HIST.  XII"  s.  De  potlr  [de  peur]  li  cuilverz  trcs- 
tremble,  Fremist,mue  colorssovent....  Quant  de  l'or- 
ror  sis  cuers  [son  coeur]  s'effreie,  bknoit,  ii,  (2380. 
El  liorror  [en  l'horreur]  de  la  nocturneil  vision, 
cant  li  songes  suet  [a  coutume  de]  parpenre  les 
hommes....,  Joî),  p.  48t.  ||  xiv  s.  Et  comme  je  pleins 
de  paour  et  de  horreur  o  [avec]  grant  révérence..., 
bercueure,  f"  12.  Il  XV'  s.  Li  crcstien  n'ont  pas  hor- 
reur De  mariage,  ains  à  honneur  Le  tiennent  et  à 
chose  honneste,  Mystère  de  Darl.  et  Josaph.  dans 
GUI  DE  CAMBRAI,  p.  410.  ||  XVI*  S.  Encores  qu'il  n'y 
eust  point  d'enfers,  si  a  elle  [l'âme]  horreur  de  l'of- 
fenser [Dieu],  CALV.  Instit.  6.  Ainsi  combien  que 
de  propos  délibéré  il  s'estudiast  à  mespriser  Dieu, 
si  falloit-il  que  maugré  ses  dons  il  l'eust  en  horreur 
[en  eût  peur],  id.  ib.  7.  Estans  prests  de  commettre 
toute  vilenie  et  turpitude,  sinon  que  l'horreur  de 

la  loy  les  restreint,  in.  ib.  203 ce  qui  est  fait 

pour  nous  engendrer  un  plus  grand  horreur  de 
toutes  autres  espèces  d'en  abuser,  id.  ib.  280.  0  la 
belle  cho.se  que  ce  seroit,  de  ne  voir  point  le  païsan 
s'effrayer  des  gens  de  guerre,  qui  sont  aujourd'hui 
l'horreur  des  villages!  langue,  271.  En  celle  in- 
constance que  les  horreurs  de  la  mort  lui  appor- 
toiciit,  il  lui  eschappa  que,  si  le  coup  cstoit  à  faire, 
il  le  feroit  encore,  d'aub.  llisl.  i,  (8(.  L'horreur  est 
moindre  que  la  rigueur  :  aussi  elle  n'esbranle  que 
la  peau  et  le  cuir,  paré,  xx,  20.  Sain,  j'ay  eu  les 
ma.adies  beaucoup  plus  en  horreur  que  lors..., 
i^.n.  I,  82. 

—  ÉTYM.  Provcnç.  horror ,  orror ;  espagn.  horror  ; 
ital.  orrorc  ;  du   lat.    lurrorem,  horrerc,  avoir  en 


HOR 

horreur,  se  hérisser,  causatif  du  radical  sanscrit 
harsch,  hérisser.  Suivant  un  mauvais  désir  de  lati- 
nisme, on  tenta,  au  xvi"  siècle,  de  faire  horreur  du 
masculin  comme  tant  d'autres  noms  en  eur. 

UORRinLE  (o-rri-bl"),  adj.  \\  1"  Qui  fait  horreur, 
qui  révolte.  Spectacle  horrible.  Y  a-l-il  rien  de  si 
horrible  que  celte  injustice?  sÉv.  Leit.  28  janvier 
(00.5.  I,oin  de  trembler  devant  les  autels,  on  y  mé- 
prise Jésus-Christ  présent....  gens  du  monde,  vous 
ne  pensez  pas  à  ces  horribles  profanations,  BOSS. 
Louis  de  Bourbon.  C'est  une  chose  horrible  de  tom- 
ber entre  les  mains  du  Dieu  vivant,  w.  Anne  de 
Gon%.  Non,  quoi  que  vous  disiez,  cet  horrible  des- 
sein Ne  fut  jamais,  seigneur,  conçu  dans  votre  sein, 
RAC.  Brit.  IV,  3.  La  chute  désormais  ne  peut  être 
qu'horrible,  ID,  Esth.  m,  1.  Hélas!  l'état  horrible 
oii  le  ciel  me  l'offrit  [un  enfant,  Joas]...,  m.  Athal. 
I,  2.  Les  protestants,  persécutés  par  l'abbé  Chaila, 
le  massacrèrent  ;  ce  fut  là  l'origine  de  la  guerre 
horrible  des  Cévennes,  volt.  Mœurs,  rem.  xvi. 
Quelle  serait  sur  l'ennemi  l'effet  de  cette  barbarie 
[le  meurtre  des  prisonniers  russes]  ?  ne  lui  laissions- 
nous  pas  nos  blessés,  une  foule  de  prisonniers"'  lui 
manquerait-il  de  quoi  exercer  d'horribles  représail- 
les? SÉGUR,  Uist.  de  Nap.  ix,  8,  i|2°  Très-mauvais. 
Les  chemins  sont  horribles.  Tout  l'état-major  qui  a 
mesuré  cette  chaîne  horrible  de  rochers  [le  Saint- 
Eernard],  volt.  Physique,  colimaçons,  3'  lettre. 
Il  3°  Familièrement.  Extrême,  excessif.  Il  fait  un 
froid  horrible,  l'aire  une  dépense  horrible.  Cela 
m'ennuie  et  me  donne  des  vapeurs  horribles,  façon 
de  parler  des  femmes  de  cour,  de  cailliêres,  (690. 

—  HIST.  xiir  s.  El  la  nuit  estoit  moult  et  orrible 

et  dosperte,  Berte,  xxxv.||  xv  s lequel  pape  jeta 

une  sentence  et  un  excommuniement  en  Flandre  si 
grand  et  si  horrible,  qu'il  n'estoit  prestre  qui  osast 
célébrer  ni  faire  le  divin  service,  pioiss.  i,  i,  (0«. 

—  ETYM.  Provenç.  horrible,  orrible  ;  espagn.  hor- 
rible; portug.  horrirel;  ital.  orribile;  du  lat.  horri- 
bilis  (voy.  iiobrfur). 

HORRIBLEMENT  (o-rri-bleman),  adi'.li  1°  D'une 
manière  horrible.  Des  corps  mutilés  horriblement. 
Ij  Familièrement.  Très-mal.  Je  suis  distrait  ;  jeperds; 
je  joue  horriblement,  bartiie,  Fausses  infidél.  se.  0. 
Il  2°  Familièrement.  Extrêmement,  excessivement. 
Elle  est  horriblement  laide.  Il  a  horriblement  souffert. 

—  HIST.  xiv  s.  Signeur,  teste  bataille  fu  ce  jour 
maintenue  Assez  horriblement,  c'est  chose  Lien 
seuwe  [sue],  Jlugues  Capet,  v.  3754.  ||  xv  s.  Le 
comte  fit  adono  prendre  grand  foison  de  ceux  qu 
servoient  son  fils...  mais  il  en  fit  mourir  jusques  à 
quinze  très  horriblement,  froiss.  11,  m,  <•).  |i  xvi'  s. 
On  use  mal  aussi  de  plusieurs  adverbes  à  la  cour, 
comme  je  vous  aime  horriblement,  d'aub.  Fœn.  m, 
22.  Il  fait  lever  une  vieille  horriblement  maigre, 
ID.  ih.  m,  24. 

—  ÉTYM.  Horrible,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
horriblamen;  espagn.  hnrriblemente  ;  ilal.  orribil- 
mente. 

t  IIORRIFIQUE  (o-rri-fi-k') ,  adj.  Terme  du  style 
marolique.  EIVrayant,  hideux,  qui  cause  l'horreur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Ils  ont  appelé  ceste  fièvre  horri- 
lîque  [qui  cause  le  frisson],  à  cause  des  rigueurs  et 
horreurs  qu'elle  apporte  en  ses  redoublemens,  p*mé, 
XX,  32.  Puis  [Gargantua]  buvoit  un  horrifique  trait 
de  vin  blanc,  bab.  i,  2(. 

—  Rtvm.  Lat.  horrificu.^,  de  horrere,  avoir  hor- 
reur (voy.  horreur),  et  fncere,  faire. 

IIORRIPILATIOX  (o-rri-pi-la-sion  ;  en  rcrs,  de 
six  syllabes),  s.  f.  Terme  de  médecine.  Frissonne- 
ment général  qui  précèile  la  fièvre,  et  pendant  le- 
quel les  poils,  se  dressant  sur  la  surface  du  corps, 
produisent  l'état  qu'on  nomme  chair  de  poule. 

—  HIST.  xvi"  s.  Elle  sent  un  petit  frisson  et  hor- 
ripilatioD ,  ou  berissonnement  en  tout  le  corps,  parS, 
xvni,  6, 

—  ÈTYM,  Provenç,  horripilacio  ;  espagn,  horripù 
Incion;  du  lat.  horripilationew .  de  horrere,  se  hé- 
risser (voy.  iiobueur),  cl  pilus,  poil  (voy.  poil). 

t  UORRIPILER  (o-rri-pi-lé),  r.  a.  Néologisme 
et  terme  familier.  Causer  un  sentiment  de  crainte 
ou  d'irrilalion  comparé  à  l'horripilation.  Ce  projxjs 
l'horripila,  ||  S'horripiler,  v.  réfl.  Devenir  horripilé, 
il  s'horripile  pour  un  rien, 

—  ÉTYM.  Lat.  hiirripilare,  avoir  le  poil  hériss 
(voy,  iiorripilation), 

HORS  (hor;  \'s  ne  se  lie  pas  :  hor  un  seul), 
Il  1°  Adv.  X  l'extérieur  (l'emploi  adverbial  est  l'em- 
ploi étymologique).  Mettre  vos  meubles  hors,  et  faire 
place  .à  d'autres,  mol  Tari,  v,  4,  Ou  ne  pourra  mettra 
hors  les  filles  ainsi  obligées,  à  moins  qu'elles  n'aient 
commis  quelque  faute  notable,  boss,  Règl.  pour  let 
filks  de  la  propag.  de  la  foi,  i,  3.  ||  Terme  de  mè- 


\ 


lOR 


I  tallurgie.  Mettre  hors,  arrêter  le  fourneau,  cesser 
le  travail  pour  quelque  temps,  vider  le  fourneau. 
Il  Fig.  Si  ce  n'est.  Vous  commandez  à  tout  ici  hors 
à  vou.s-môme,  beaumabcii.ms,  Mar.  de  Figaro,  v,  )2. 
Il  S.  m.  Le  dehors,  l'extérieur;  peu  usité  présente- 
ment en  ce  sens.  Le  cardinal  de  Noailles  trempait 
dans  un  état  de  disgrâce  intérieure  qui,  pour  ne 
pas  paraître  au  hors,  n'en  était  pas  moins  doulou- 
reux, ST-siM.  (56,  3i.||Terme  de  manège.  Le  hors 
du  montoir,  le  côté  droit  du  cheval.  ||  2°  Prép.  Â 

l'extérieur  de Sur  le  haut  du  jour,  Nulle  des 

sœurs  ne  faisait  long  séjour  Hors  le  logis,  la  font. 
Wniet.  Il  y  avait  hors  la  porte  de  la  cour  une  ter- 
rasse, J.  J.  Bouss.  Con(.  I.  Il  Terme  de  chamoiseur. 
Peaux  hors  l'eau,  peaux  qui  ne  sont  plus  humides. 
Il  Terme  de  manège.  Hors  la  main,  se  dit  d'un 
cheval  qui  n'ohéit  point  à  la  bride.  ||  Fig.  Mettre 
hors  la  loi,  se  dit  d'un  pouvoir  souverain  ou  dicta- 
torial qui,  mettant  un  homme  hors  de  la  protection 
de  la  loi,  déclare  qu'il  suffira  de  constater  son  iden- 
tité pour  l'envoyer  au  supplice  sans  jugement.  La 
Convention  mit  hors  la  loi  plusieurs  de  ses  mem- 
bres. Il  3°  Fig.  Excepté.  ...hors  les  fils  d'Horace  il 
n'est  point  de  Romains,  corn.  Ilor.  ii,  t.  Nul  n'aura 
de  l'esprit,  hors  nous  et  nos  amis,  mol.  F.  sav.  m,  2. 
Tout  nous  est  étranger  hors  le  dieu  que  je  sers, 
VOLT.  Fanât,  i,  2.  Tel  est  le  néant  des  choses  hu- 
maines, que,  hors  l'être  existant  par  lui-même,  il 
n'y  a  rien  de  beau,  j.  j.  Rouss.  Ilél.  vi,  8.  Hors  moi, 
je  n'ai  vu  que  lui  seul  de  tolérant  depuisque  j'e.xiste, 
ID.  Confess.  vu.  ||  Hors  que,  avec  un  verbe  à  l'in- 
dicatif, ou  au  conditionnel,  excepté  que.  Langhde 
a  pensé  mourir  à  Fresne  de  la  même  maladie  de 
Mme  de  Coulanges,  hors  qu'il  fut  plus  mal  encore, 
sÉv.  3i7.Voilàqui  sent  le  roman,  hors  qu'il  faudrait 
que...,  HAMiLT.  Gramm.  3.  ||  Hors  que....  ne,  avec 
un  verbe  au  subjonctif,  signifie  à  moins  que.  Hors 
qu'un  commandement  exprès  du  roi  ne  vienne  De 
trouver  bons  les  vers  dont  on  se  met  en  peine,  Je 
soutiendrai  toujours...,  mol.  Ilis.  ii,  7.  Tout  pro- 
priétaire veut  l'ordre,  la  paix,  la  justice,  hors  qu'il 
ne  soit  fonctionnaire  ou  pense  à  le  devenir,  p.  l. 
COLR.  Lett.  V.  Il  Hors,  avec  un  verbe  à  l'infinitif  pré- 
cédé de  la  préposition  de,  signifie  à  l'exception  de. 
Hors  de  se  trouver  au  conseil,  il  n'avait  aucune 
fonction,  st-sim.  60,  89.  Ton  esprit  fasciné  par  les 
lois  d'un  tyran  Pense  que  tout  est  crime  hors  d'être 
musulman,  volt.  Fanât,  m,  8.  ||  4"  Hors  de,  loc. 
prép.  exprimantexclusiondu  lieu  et  des  choses  con- 
sidérées comme  ayant  quelque  rapport  au  lieu.  Il 
peut  faire  trembler  la  terre  sous  ses  pas.  Mettre  un 
roi  hors  du  trône,  et  donner  ses  États....  Mais  le 
cœur  d'Emilie  est  hors  de  son  pouvoir,  corn.  Cinna, 
m,  4.  Car  hors  de  l'Arménie  enfin  je  ne  suis  rien, 
ïD.  Nicom.  III ,  ) .  Hors  de  Paris  il  n'y  a  point  de  sa- 
lut pour  les  honnêtes  gens,  mol.  Préc.  se.  <o.  Le 
roi  part  demain;  il  y  aura  cent  mille  hommes  hors 
de  Paris;  on  a  fait  ce  calcul,  sÉv.  434.  Hors  de 
chez  eux,  ils  ne  voyaient  rien  qui  ne  leur  fît  pitié, 
BOUBDAL.  Homél.  sur  Vaveugle-né,  Domm.  Dès  cette 
vie  nous  trouverons  notre  souverain  bien,  qui  ne 
peut  être  hors  de  Dieu,  id.  Myst.  Épiphan.  t.  i, 
p.  139.  Misérables  jouets  de  notre  vanité  Nous  cher- 
chons hors  de  nous  nos  vertus  et  nos  vices,  boil. 
Épit.  m.  J'ai  commencé,  et  je  continue  d'être  par 
quelque  chose  qui  est  hors  de  moi,  la  bruy.  xvi.  Un 
cœur  heureux  ne  cherche  plus  rien  hors  de  lui, 
MACS.  Carême,  Prosp.  temp.  \\  Elliptiquement.  Hors 
d'ici,  hors  de  là,  sortez  d'ici,  retirez-vous  de  là.  Hors 
d'ici  tout  à  l'heure  et  qu'on  ne  réplique  pas;  allons, 
qu'on  détale  de  chez  moi,  mol.  Avare,  i,  3.  ||Fig. 
Être  hors  de  soi,  être  dans  un  état  d'agitation  ex- 
i  trème.  Je  suis  si  aise,  que  je  suis  hors  de  moi,  sÉv. 
(9  déc.  1664.  Un  homme  transporté  hors  de  lui- 
même,  Boss.  Uist.  II,  2 Mon  cœur  hors  de  lui- 
même  S'oublie  et  se  souvient  seulement  qu'il  vous 
aime,  rac.  Bérén.  iv,  6.  Zadig,  hors  de  lui-même,  et 
"■omme  un  homme  auprès  de  qui  est  tombé  le  ton- 
rre,  marchait  au  hasard,  volt.  Zadig,  ch.  2i. 
.Mettre  quelqu'un  hors  de  lui,  l'impatienter,  l'ir- 
ter.  Oueldiable  d'homme!  il  m'a  mishors  de  moi, 
lAMPFORT,  Marchand  dcSmyrrte,  se.  7.  jjTerme  de 
il  liais.  Mettre  hors  de  cour,  ou  hors  de  cour  et  de 
piocès,  renvoyer  les  parties  en  déclarant  qu'il  n'y 
[las  lieu  de  prononcer  un  jugement.  j|  Mettre  hors 
:  cause,  déclarer  qu'une  personne  ne  doit  pas  être 
jiartie  au  procès.  ||  Dans  un  .sens  analogue.  Être  hors 
th:  cause,  l]  Fig.  Cela  est  hors  de  cause,  il  n'est  pas 
question  décela,  c. la  n'entre  p.as  dans  le  débat.  ||  Au- 
trefois, en  matière  criminelle,  hors  de  cour  signifiait 
qu'il  n'y  avait  pas  assez  de  preuves  pour  condamner. 
|l  Substantivement.  Un  hors  de  cour,  un  jugement 
qui  met  hors  de  cour  (cette  locution  vieillit).  ||  Hors 


UUH 

d'œuvre,  et  hors-d'œuvre,  voy.  œuvre.  US"  Fig, 
Hors  de,  exprimant  l'exclusion  de  la  chose  indiquée 
par  le  complément,  sans  aucun  rapport  au  lieu.  Kn- 
fin  nous  voyons  nos  tètes  Hors  de  l'injure  du  sort, 
malh.  II,  2.  Nos  champs  même  ont  leur  abondance 
Hors  de  l'outrage  des  voleurs,  m.  m,  3.  Voyez  dos 
maux  sans  nombre  et  hors  de  guérison,  corn.  Agés. 
I,  2.  L'amour  hors  d'intérêt  s'attache  à  ce  qu'il 
aime,  ID.  Pukh  ii,  l.  Un  pas  hors  du  devoir  peut 
nous  mener  bien  loin,  id.  Suréna,  iv,  3.  Le  plein 
calme  est  un  bien  hors  de  notre  puissance,  id.  Imit. 
I,  22.  Mais  du  moins  votre  esprit  est  hors  de  ses 
alarmes,  id.  Pohj.  ii,  3.  Et  je  vais  égayer  mon  sé- 
rieux loisir  À  mettre  Amphitryon  hors  de  toute  me- 
sure, MOL.  Amph.  m,  2.  On  n'y  peut  plus  souffrir 
ses  vertus  hors  de  mode,  boil.  Sal.  xi.  Pour  me  met- 
tre hors  de  servitude,  fén.  Tél.  xiii.  Les  belles  cho- 
ses le  sont  moins  hors  de  leur  place;  les  bienséan- 
ces mettent  la  perfection,  et  la  raison  met  les 
bienséances,  la  bruy.  xiv.  Il  me  semble  qu'il  [uu 
critique]  ne  pardonne  pas  assez  à  un  minisire  [Col- 
bert]  qui  fut  jeté  hors  de  toutes  ses  mesures  par  les 
guerres  de  Louis  XIV  et  par  la  magnificence  de  ce 
monarque,  volt.  I.ett.  Pamilaville,  2|  fév.  t'co. 
Il  Hors  de  dispute,  incontestable.  S'il  y  a  quelque 
contestation  pour  le  nom  de  l'auteur  [de  l'Imitation], 
il  est  hors  de  dispute  que  c'était  un  homme  bien 
éclairé  du  Saint-Esprit,  corn.  Imit.  Préf.  éd.  (770. 

Il  Hors  d'haleine,  essoufflé Tout  hors  d'haleine 

il  prend  pourtant  sa  place,  corn.  Ilor.  iv,  2.  ||  Ce 
malade  est  hors  d'affaire  ,  il  ne  court  plus  aucun 
danger.  La  petite  Saint-Valeri  est  hors  d'affaire  pour 
sa  vie,  mais  sa  beauté  est  fort  incertaine,  sÉv. 
(0  juillet  1676.  Il  Hors  de  prix,  d'un  prix  excessif.  Le 
vin,  depuis  la  maladie  du  raisin,  est  hors  de  prix. 
Il  Être  hors  de  combat,  n'être  plus  en  état  de  com- 
battre. Il  Fig.  Il  est  hors  de  combat,  se  dit  d'un 
homme  réduit  à  l'irapnssibilité  de  continuer  une 
lutte,  une  entreprise.  ||  On  dit  dans  les  deux  sens  : 
mettre  hors  de  combat.  ||  Être  hors  de  service,  se 
dit  d'une  chose  qui  ne  peut  plus  servir.  Ce  meuble 
est  hors  de  service. ||  6°  Fig.  Hors  de  là,  sorti  de  là, 
cela  ôté,  à  part  cela.  Sévère  dans  l'exercice  de  ses 
fonctions,  hors  de  là  très-indulgent.  Si  cette  fai- 
blesse d'un  homme  public,  si  ce  vice  secret  a  influé 
sur  les  affaires  publiques...  ,  votre  devoir  est  de  dé- 
mêler ce  petit  ressort  caché  qui  a  produit  de  grands 
événements  :  hors  de  là,  vous  devez  vous  taire,  volt. 
Ilist.  Russ.  Préf.  hist.  ||  7°  Hors  de,  exprimant  l'ex- 
clusion par  rapport  au  temps.  Nous  voilà  hors  de 
l'hiver.  Il  ne  mange  point  hors  des  repas,  parce  que 
c'est  surcharger  l'estomac,  pendant  que  la  digestion 
n'est  pas  finie,  fén.  Éduc.  filles,  ch.  2.  ||  Être  hors 
de  page,  avoir  accompli  le  temps  de  son  service 
comme  page.  ||  Fig.  Être  hors  de  page,  être  tout  à 
fait  son  maître.  Il  n'a  pas  de  tuteur,  il  est  hors  de 
page.  Il  On  dit  dans  le  même  sens  :  il  s'est  mis  hors 
de  page.  Il  Substantivement.  Le  hors  de  page,  la  ré- 
compense accordée  aux  pages  qui  sortaient  du  ser- 
vice. Il  Terme  de  manège.  Hors  d'école,  se  dit  d'un 
cheval  qui  n'a  pas  été  exercé  depuis  longtemps  dans 
un  manège. 

—  REM.  Voltaire  a  blâmé  Corneille  d'avoir  dit  : 
Votre  esprit  est  hors  de  ses  alarmes  ;  assurant  qu'il 
faut  hors  d'alarmes.  Mais  Corneille  s'est  très-bien 
exprimé  et  ce  sont  deux  sens  différents:  l'esprit  est 
hors  d'alarmes,  quand  iln'aplus  rien  qui  l'inquiète; 
il  est  hors  de  ses  alarmes,  quand  ce  qui  l'inquiétait 
s'est  dissipé. 

—  SYN.  HORS,  HORMIS,  EXCEPTÉ.  Hors  et  hormis 
sont  exactement  synonymes,  puisque  hormis  n'est 
que  la  préposition  hors  renforcée  du  participe  mis. 
Reste  excepté.  Hors  signifie  en  dehors  de;  excepté 
signifie  à  l'exception  do.  La  suionymie  est  com- 
plète, sauf  la  seule  nuance  qui  résulte  de  la  signi- 
fication étymologique;  on  emploiera  hors,  quand 
on  voudra  exprimer  la  même  idée  ijui  est  rendue 
par  en  dehors  de  ;  et  excepté,  quand  on  voudra  sur- 
tout insistersur  l'idée  abstraite  quiestdansexception. 

HIST.  xii*  s.  Tant  sui-je   hors  de  peine  et  de 

tourment,  Couci,  x.  Se  j'ai  esté  long  temps  hors  du 
païs,  ib.  p.  (24.  Parles  ordenez  Deu  (do  Dieu],  qui 
furent  establi,  Fu  getez  hors  del  temy.^.e.  Th.  le 
mart.  74.  |,xni«  s.  Après  a  fait  la  vieille  toute  gent 
hors  issir,  Berte,%m.  Jamais  par  huis,  ne  par  fe- 
nestre,  Ne  metra  hors  neïs  [même]  le  chief,  la 
Rose,  (6207.  Li  pères  et  le  [la]  mère  poent  mètre 
lor  eu  fans,  à  le  [la]  mesure  qu'il  viennent  en 
aage,  hors  de  lor  main  et  hors  de  lor  pain  et  de 
lor  pot,  BEAUM.  xxi,  20.  Ll  mosiax  [le  lépreux]  pot 
mètre  en  sa  deffense  qu'il  est  hors  de  le  [la]  loy  mon- 
daine, noqu'il  n'est  pas  tenus  à....,iD.  Lxiii,  lO.Et 
y  fesoit  nostredatoc  moult  grant  mirac'es,  dont  en- 


HOS 


2051 


tre  le»  autres  il  avoit  un  hors  du  sens  qui  avoit  lo 
(lyable  ou  cors,  joinv.  280.  ||  xiv  s.  Les  autres  y  ad- 
jousient  et  mettent  habundance  des  biens  de  hors, 
comme  sont  ricliesccs  et  puissance  civile,  orks.me, 
Fth.  18.  Quant  un  home  est  mort  et  ilcslhorsde  touz 
maulz  et  de  toutes  infortunes,  id.  ib.  22.  ||  xv»  s. 
Ils  [les  Gantois]  s'enorgueilleront  tellement  que  Dieu 
se  courroucera  et  leur  remontrera  leur  orgueil, 
avant  que  l'année  soit  hors,  fkoiss.  ii  ,  ii,  im.  ||  ne 
scet  rien  qui  ne  va  hors,  E.  deschamps,  l'oés.  mss. 
f-  250.  El  le  roy  print  le  hanap,  et  le  mist  en  sa 
bouche,  et  bcul  tout  hors,  car  moult  luy  sembla  de- 
licieus  à  boire,  Perceforest,  t.  il,  f"  27.  AfUn  que  on 
ne  dye  pas  que  je  soye  horsde  faire  ce  que  je  doys, 
ib.  1. 1,  f"  30.  Ils  nous  vouloient  attendre  au  plein 
pays,  afin  que  rien  n'eschapast;  car  il  leur  sem- 
bloitquedes  montagnes  en  hors,  on  eiist  peu  fuir 
vers  Pise,  comm.  vin,  5.  ||  xvi*  s.  J'ai  bon  besoin  do 
repos,  ce  <]ue  je  voys  [vais]  prendre  hors  d'avccques 
ma  fille,  car  elle  est  si  endemenée  que  je  no  sau- 
rois  reposer  auprès  d'elle,  maug.  Lelt.  07.  Il  se  jecta 
hors  la  ville,  mont,  i,  Cl.  De  là  en  hors  (depuis 
lors],  ID.  I,  94.  Hors  de  propos,  id.  i,  98.  Ce  qui  est 
hors  les  gonds  de  la  coustumc,  id.  i,  no.  Ui.e 
femme  hors  d'aage,  m.  i,  220.  Ils  beuvoient  hors  du 
manger,  id.  i,  237.  Furieux  et  hors  de  soy,  id.  i, 
278.  Hors  d'haleine  et  de  force,  id.  ii,  13i.  Grattant 
sa  jambe  aprez  que  les  fers  en  feurent  hors,  id.  h, 
120.  Comme  le  soleil  espand  du  ciel  en  hors  sa  lu- 
mière, ID.  u,  295.  Tous  deux  engendrez  à  la  desro- 
bée  et  hors  légitime  mariage,  amvot,  Thés.  2.  11 
n'estime  ny  ne  prise  personne  hors  luy,  id.  Com. 
disccrn.  le  fiait,  de  l'ami,  33.  Les  fumiers  qui  se  fe- 
ront do  Noël  en  hors,  seront  serrés  pour  les  bleds 
hyvernaux,  o.  de  serres,  (02.  Si  la  donation  n'est 
faite  hors  part,  ils  sont  tenus  de  rapporter  le  dit  don, 
en  venant  à  la  succession,  Nouv.  coust.  génér.  t.  ii, 

p.  607. 

—  ÉTVM.  Autre  forme  de  fors  (voy.  ce  mot),  par 
une  transformation,  très-rare  en  fiançais,  réguUèra 
en  espagnol,  de  Vf  latin  en  h;  wallon, /'oïl. 

U01l§-D0EUVUE,  voy.  œuvre. 

t  IIORS-FO.VDS  (hor-fon),î.  m.  Terme  d'ancienne 
finance.  Dans  les  pays  d'États,  fonds  excédant  la 
somme  que  le  roi  avait  demandée  à  la  province.  Le 
l-.ors-fonds  était  censé  appliqué  aux  besoins  de  la 
localité. 

.—  f,TYM.  Hors,  et  forids. 

IIORTENSIA  (or-tan-si-a) ,  s.  m.  Terme  de  bota- 
nii]ue.  Arbrisseau  du  Japon  {hortensia  rose),  dit 
aussi  rose  du  Japon,  qui  est  cultivé  commd  plante 
d'agrément,  hydrangea  hortensia,  DC.  famille  des 
saxifragées;  il  porte  des  fiours  qui  naissent  en  co- 
rymbes  touffus;  il  a  été  importé  en  Europe  dans 
les  dernières  années  du  xviii*  siècle. 

—  ÊTVM.  Le  nom  de  cette  plante  vient  de  ce  que 
Commei'son  la  dédia  à  une  amie  appelée  Ilorletise, 
qui  fut  la  femme  de  Lepeaute,  célèbre  horloger 
de  Paris,  legoahant. 

t  UOUTICOLE  (or-ti-ko  1'),  adj.  Oui  a  rapport  à 
l'horticulture,  qui  concerne  les  jardins.  Revue  hor- 
ticole. Il  Terme  de  zoologie.  Qui  frequenlo  les  jar- 
dins. Les  insectes  horticoles. 

—  ETYM.  Voy.  iiohticulture. 
IIOUTICULTEUU  (or-li-kul-teur),  s.  m.  Celui  qui 

s'occupe  de  la  culture  des  jardins. 

—  ETYM.  Voy.  HORTICULTI  RE. 

t  IIOUTICULTUUAL,  ALE  (or-ti-kul-tu-ral,ra-r), 
adj.  Qui  a  rapport  à  l'horticulture.  Les  procédés 
horticulturaux. 

IIOUTICULTCRE  (or-ti-kul-tu-r'),  s.  f.  L'art  de 
cultiver  les  jardins.  Exposition  d'horlicullure. 

—  ETYM.  Lat.  hortus,  jardin,  et  culture.  Ilortus 
paraît  être  de  même  radical  que  le  grec  y.op-.o;,  en- 
clos; et,  à  son  tour,  -/.opio;  est  de  même  radical 
que  le  latin  chors,  choriis,  enclos  rural,  d'oil  vient 
le  l)a.s-latin  curtis,  d'où  le  français  cour,  s.  f.,  écrit 
anciennement  court. 

t  HORTILI.ON  (or-ti-llon,  ll  mouillées),  t.  m. 
Nom  qu'on  donnait  autrefois  aux  maraîchers.  Nom 
des  jardins  maraîchers  aans  la  Picardie. 

—  ETYM.  Lat.  /ior(u.s,  jardin  (voy.  hobticultuiif.). 
f  UOSAN.NA  (o-/.a-una),  s.  m.  ||  1"  Prière  que  les 

Juifs  prononcent  pendant  la  fête  des  Tabernacles. 
Il  2°  Terme  de  liturgie.  Hymne  qui  se  chante  la 
jour  desHameaux  et  qui  commence  par  le  mot  ho- 
sanna.  ||  Le  dimanche  hosanna,  le  dimanche  deaRa- 
mcaux.  Il  3"  Par  extension,  louange,  bénédiction, 
cri  de  joie.  Tant  ceux  qui  marchaient  devant  que 
ceux  qui  suivaient,  ci  iaicnt  :  Hosanna,  salut  et 
gloire,  SACi,  Bible,  SI  Marc,  xi,  9.  Les  séraphius 
sont  invités  à  répéter  avec  le  chœur  des  fiilèlesl'ho- 
sanna  éternel,  chateaub.    Génie,  iv,  i,  fl.  Choque 


:or)2 


HOS 


lieure  a  son  tiibiit,  son  encens,  son  hommage, 
Qu'elle  apporte  en  mourant  aux  pieds  de  Jéhova  ; 
Ce  n'est  fju'un  même  sons  dans  un  divers  langage  ; 
Le  malin  et  le  soir  lui  disent  :  hosanna!  lamart. 
Ilarm.  ii,  6.  Quelque  chose  de  grand  s'épandra  dans 
les  deux!  Ce  sera  l'iiosanaa  de  toute  créaturel 
V.  niîoo,  Crép.  22.  Il  Au  ■plur.  Des  liosannas. 

—  ETYM.  Mot  tiébreu,  formé  de  hoscha,  sauve, 
vcrlie  à  l'impératif,  venant  de  ischa,  salut  (d'où  le 
nom  de  Jésus) ,  et  na,  présentement. 

HOSPICE  (o-spi-s"),  s.  m.  \\  1°  Lieu  où  l'on  donne 
l'hospitalité  (sens  primitif  mais  vieilli).  Donner 
l'hospice  à  quel<iu'un,  Dict.  de  l'Acad.  Les  traite- 
ments que  j'éprouve  en  ce  pays  sont  trop  contrai- 
res ...  aux  intentions  du  grand  prince  qui  m'a 
donné  cet  hospice,  J.  i.  ROiss.  Lett.  au  marquis  de 
Hiraheau,  12  août  1707.  ||Fig.  Vos  divers  édifices, 
Des  animaux,  des  fleurs  agréables  hospices,  deulle, 
Jardins,  iv.  |{  2°  Particulièrement.  Maison  où  des 
religieux  donnent  l'hospitalité  aux  ptlerins,  aux 
voyageurs.  L'hospice  du  mont  Saint-Bernard.  La 
charité  engagea  les  religieux  du  monastère  latin 
[établi  par  les  Amalfitains  à  Jérusalem,  avant  la 
conquête  par  Godefroy  de  Bouillon]  à  former  un  hos- 
pice, dédié  à  saint  Jean  l'aumônier,  pour  les  pèle- 
rins tant  malades  qu'en  santé,  tous  réduits  à  une 
extrême  misère,  Art  de  vérifier  les  dates,  t.  1,  p.  51 2. 
Il  11  se  disait  aussi  d'un  petit  couvent  bâti  par  des 
religieux  dans  une  ville  pour  y  recevoir  les  reli- 
gieux du  même  ordre.  ||  Il  se  disait  encore  d'une 
maison  bâtie  dans  une  gr.ande  ville  pour  y  retirer 
pendant  la  guerre  les  religieux  ou  les  religieuses 
des  couvents  bâtis  dans  la  campagne.  ||  3°  Dans  le 
langage  administratif  d'aujourd'hui,  maison  de  cha- 
rité où  l'on  nourrit  et  entretient  des  pauvres,  des 
vieillards,  des  infirmes,  des  enfants.  Hospice  de  la 
vieillesse,  des  incurables,  des  enfants  trouvés,  e'.c. 
Il  4°  Il  se  dit  d'établissements  destinés  aux  ma- 
ladies mentales.  Hospice  des  aliénés ,  Dict.  de 
l'Acad.  Il  Hôpital  se  dit  aussi  en  parlant  des  aliénés. 

—  SYN.  nospiCK,  HÔPITAL.  Les  hôpitaux  sont  par- 
ticulièrement destinés  à  la  guérison  des  malades; 
les  hospices,  aux  infirmes,  aux  vieillards,  etc.  L'hô- 
pital est  un  asile  momentané  où  l'on  cherche  la 
guérison  d'une  maladie;  l'hospice  est  un  asile  per- 
pétuel où  l'on  passe  tout  ou  partie  de  son  existence. 
Cette  distinction  est  purement  administrative.  Au- 
trefois il  n'y  avait  qu'hôpital  qui  s'appliquait  à  tous 
les  lieux  destinés  à  recevoir  des  pauvres  malades  ou 
non  malades. 

—  ÊTYM.  Lat.  ho.ipilium,  de  même  radical  que 
hospes,  hôte  (voy.  hôte). 

HOSPITALIER,  1ÈRE  (o-spi-ta-lié,  liè-r'),  adj. 
Il  I"  Qui  a  rapport  aux  soins  des  malades  ou  des  in- 
firmes dans  un  établissement,  hôpital  ou  hospice, 
qui  leur  est  ouvert  (sens  qui  est  le  premier  dans  l'an- 
cien usage  français,  hospitalier  venant  de  hospita- 
larius  et  non  de  hospitalis).  Les  soins  hospitaliers. 
Les  maisons  hospitalières.  ||  X  titre  hospitalier, 
comme  digne  d'être  reçu  dans  un  hôpital.  Admis  à 
titre  hospitalier  dans  le  dépôt  de  Villers-Cotterets. 
Il  Hygiène  hospitalière,  partie  de  Ihygiènt'  qui 
traite  de  la  construction,  de  l'aménagement  et  du 
service  des  hôpitaux  et  hospices.  ||  2°  Heligieux  hos- 
pitaliers, ou,  sub.stantivement,  les  hospitaliers,  ordre 
militaire,  de  l'observance  de  saint  Augustin,  astreint 
aux  trois  vœux  monacaux  et  en  outre  au  soin  des  pè- 
lerins en  terre  sainte,  malades  et  infirmes;  ils  prirent 
le  nom  de  frères  hospitaliers  de  saint  Jean  de  Jérusa- 
lem ;  c'étaient  des  chevaliers,  et  il  fallait  faire  preuve 
de  noblesse  pour  entrer  dans  leur  ordre.  L'Italie,  la 
France,  l'Espagne  sont  soutenues  parles  braves  hos- 
pitaliers, cnATEAunn.  Génie,  iv,  v,  i.  ||  Dans  l'ordre 
de  Malte,  grand  hospitalier,  le  troisième  en  di- 
gnité après  le  grand  maître,  et  dont  l'office  est  de 
préaider  à  l'hôpital  de  l'Ile.  ||  X  côté  de  ces  religieux 
militaires,  il  se  forma  un  ordre  de  religieuses  hos- 
pitalières pour  le  service  des  pèlcriw;  elles  faisaient 
leurs  preuves  de  noblesse  comme  les  chevaliers. 
Il  Aujourd'hui ,  sœurs  liopitalières,  ou,  substan- 
tivement, les  hospitalières,  les  filles  de  la  Charité 
ou  S'aura  grises  ||  Soeurs  hospitalières  se  dit,  en 
général,  de  toutes  les  religieuses  dos  orures  chari- 
tables. Hospitalières  de  Saint-Joseph.  Hospitalières 
de  la  Miséricorde  de  Jésus.  Une  telle  s'est  faite  hos- 
pitalière, elle  est  entrée  aux  hospitalières.  Ce  ma- 
lade est  mort  aux  hospitalières.  ||  Au  masculin  et 
par  plaisanterie.  Celui  qui  donne  des  soins  aux  ma- 
lades dans  un  hôpital.  Les  malades  d'alors  étant 
tels  que  les  nôtres,  Donnaient  de  l'exercice  au  pau- 
vre hospitalier,  la  font.  Fabl.  xii,  27.113°  Qui 
exerce  volontiers  l'hospitalité  (sens  qni  est  moderne 
répondant  non  à  hoiipiialarius,  mais  à  hospialis). 


HOS 

....Où  l'on  vit  sans  luxe  on  est  hospitalier,  m.  j. 
ciii?N.  Gracrjucs ,  II,  3.  ||  Se  dit  des  choses  dans 
le  même  sens.  Ils  virent  h  l'écart  une  étroite  ca- 
bane. Demeure  hospitalière,  humble  et  chaste  mai- 
son ,  LA  FONT.  Phil.  et  Uaucis.  Dans  ce  beau  lieu 
où  do  grands  pins  et  de  grands  peui'liers  joignent 
amoureusement  leur  ombre  hospitalière,  oacifr, 
Trad.  d'Horace,  Odes,  11,  3.  Vous  ne  reverrez  plus 
la  tribu  de  mon  père,  Les  fils  do  Samuel,  la  tente 
hospitalière,  ducis,  Abufar,  i,  6.  Il  n'a  point  oublié 
les  .services  d'Êvandre,  Sa  table  hospitalière  et 
son  accueil  si  tendre ,  delille  ,  En.  x.  Regarde 
un  étranger  qui  meurt  dans  la  poussière,  Si  tu  ne 
tends  vers  lui  ta  main  hospitalière,  a.  cuên.  Idylles, 
le  Mendiant.  La  jeune  enfant  approche,  il  rit,  lui 
tend  la  main  :  Car  c'est  toi,  lui  dit-il,  c'est  loi  qui 
la  première.  Ma  fille,  m'as  ouvert  la  porte  hospita- 
lière, ID.  il.  La  décoration  soignée,  lès  parures  et 
la  bonne  intention  des  petites  demeures  ont  quelque 
chose  d'hospitalier,  stael,  AUem.  i,  <.  Vous  qui 
voulez  prendre  la  place  Des  anciens  maîtres  de  ces 
lieux.  Imitez-les,  faites  comme  eux:  Si  chacun  ici 
les  révère,  C'est  que  leur  porte  hospitalière  S'ouvrait 
toujours  aux  malheureux,  scribe,  la  Dame  blanche, 
II,  4.  Il  4°  Poétiquement.  Protecteur  de  l'hospitalité, 
ô  dieux  hospitaliers,  que  vois-je  ici  paraître?  Dit  l'a- 
nimal chassé  du  paternel  logis,  la  font.  Fabl.  vu,  <  fl. 

—  REM.  On  a  pris  tout  récemment  hospitalière  sul)- 
stantivement,  au  sens  de  celle  qui  donne  l'hospita- 
lité; l'emploi  est  hardi  et  non  encore  autorisé.  Com- 
pris dans  les  condamnations  et  proscriptions  de  <  848, 
il  trouva,  avec  ses  autres  compagnons  d'infortune,  un 
asile  à  Turin,  la  grande  hospitalière  de  ces  glorieux 
réprouvés,  makc  mon.nier  ,  Revue  german.  t.  xxv, 
p.  121. 

—  HIST.  XIII'  S.  L'aumône  que  ma  dôme  Teeline 
avoit  feit  à  De  [Dieu]  e  aus  hospitaulers  de  la  mai- 
sum  de  Launei...,  Jiihl.  des  chartes,  ;f"  série,  t.  v, 
p.  87.  Boban  d'hospitaliers  [orgueil  des  chevaliers 
de  Jérusalem],  leroux  de  lincy,  Proï.  t.  i,  p.  30. 
Il  XVI"  s.  N'est  loisible  à  gens  d'église,  marguiiliers, 
administrateurs  d'églises,  hospitaliers  de  maladre- 
ries,  d'acheter,  prendre  et  tenir  en  leurs  mains  fief 
ou  rentes  sur  iceui,  Nouv.  coust.  génér.  1. 11,  p.  686. 
Tout  ce  qui  y  cstoit  [dans  ma  maison,  lors  d'une 
peste]  estoit  sans  garde  et  à  l'abandon  de  qui  en 
avoit  envie;  moy,  qui  suis  si  hospitalier,  feus  en 
1res  pénible  queste  de  retraicte  pour  ma  famille; 
une  famille  esgarée  faisant  peur  à  ses  amis  et  à  soy 
mesme...,  mont,  iv,  208. 

—  Etym.  Lat.  hospilalarius  (voy.  quicherat. 
Addenda] ,  dérivé  de  hospitalis,  lequel  vient  de  ftoi- 
pes  (voy.  hôte).  Au  xvi'  siècle  on  ne  connaissait 
guère  hospitalier,  au  sens  de  donnant  l'hospitalité, 
propre  à  l'hospitalité  (dans  l'exemple  de  Montaigne 
le  sens  n'est  pas  très-précis);  on  disait  hospital:  Au- 
près de  riiospitalo  ombre,  nu  bei.lay,  ii,  67,  fcr^o. 

t  HOSPirALlÈRE.Mr.NT  (o-spi-ta-liè-re-man  ) , 
adv.  D'une  façon  hospitalière. 

t  HOSPITALISATION  (o-spi-ta-li-za-sion),  s.  f. 
Terme  d'administration.  Admission  et  séjour  à  l'hô- 
pital. 

HOSPITALITÉ  (o-spi-ta-li-té),  s.  f.  \\  1°  Chez  les 
anciens,  société  contractée  entre  deux  ou  plusieurs 
personnes  de  différents  lieux,  entre  des  familles  et 
môme  des  villes  entières,  en  vertu  de  laquelle  on 
se  logeait  mutuellement  dans  les  voyages,  et  l'on  se 
rendait  toutes  sortes  de  services La  reconnais- 
sance et  l'hospitalité  Sur  les  âmes  des  rois  n'ont 
qu'un  droit  limité,  corn.  Pomp.  I,  1.  Je  voulais  des 
grands  dieux  implorer  la  bonté.  Surtout  de  Jupiter, 
dieu  d'hospitalité,  a.  ciién.  Idylles,  l'Aveugle.  Il  me 
donna  jadis  (ce  bien  seul  m'est  resté)  Sa  marque 
d'alliance  et  d'hospitalité,  id.  «6.  {|  2°  Libéralité 
qu'on  exerce  en  logeant  gratuitement  les  étrangers. 
Il  [Abraham]  mena  toujours  une  vie  simple  et  pas- 
torale, qui  toutefois  avait  sa  magnificence,  que 
ce  patriarche  faisait  paraître  principalement  en 
exerçant  l'hospitalité  envers  tout  le  monde,  boss. 
Ilist.  1,  3.  Télémaque  lui  demanda  l'hospitalité,  fên. 
Tél.  IV.  Cette  hospitalité  est  un  des  plus  sûrs  indi- 
ces de  l'instinct  et  de  la  destination  de  l'homme 
pour  la  sociabilité,  raynal,  Hist.  phll.  xix,  5.  Mais 
j'y  vois  la  sagesse  auprès  de  la  beamté.  Qui  m'offre 
son  asile  et  l'hospitalité,  masson,  Ilelv.  11. ||  3°  Obli- 
gation où  sont  certains  religieux  de  recevoir  les 
voyageurs.  Il  y  a  hospitalité  dans  celte  abbaye. 

— Etym.  l'rovcnç.  hospilalitat,ospilalitM;  esp.ign. 
hospitalidad  ;  iial.  ospilalità  ;  du  lat. /lOspifaWa- 
tem,  de  hospitalis,  qui  vient  de  hospes  (voy.  hôte). 

yoSPODAR  (o-spo-dar),  s.  m.  Titre  de  dignité 
qui  se  donne  à  certains  princes  vassaux  du  grand 
soigneur.  L'hospodar  de  Valachie 


HOS 

—  REM.  Voltaire  aspirait  l'h  :  le  sultan  (Maho- 
met IV]  dans  .sa  lettre  no  traitait  le  souverain  de» 
Hussies  que  de  hospodar  chrétien,  et  s'intitulait 
très-glorieuse  Majesté,  roi  de  tout  l'univers,  Hutsit, 
I,  3. 

—  ETYM.  Mot  slave  :  bohémien,  hospodin,  sei- 
gneur; russe,  gospodar;  lithuanien,  gaspadnnu.  0» 
mot  parait  tenir  au  lithuanien  jaspada;  polonais, 
gospoda,  hôtellerie,  d'où  gospodnrz,  hôtelier,  et  da 
ià  hôte,  maître.  Pictet  tire  gospoda  du  sanscrit, 
gôshpada  signifiant  station  des  vaches,  lieu  où  s'ar- 
rêtaient les  voyageurs  dans  un  temps  où  les  auberge» 
étaient  inconnues.  Quant  à  voir  dans  hospodar  le 
sanscrit  jdspati,  maître  de  famille,  Max  Mûller  ob- 
jecte que  le  (sanscrit  ne  se  change  pas  en  (i  en  slave. 

t  HOSPODARAT  (o-spo-da-ra),  s.  m.  Charge,  di- 
gnité d'hospodar.  ||  Palais  de  l'hospodar.  ||  Temp» 
que  dure  le  gouvernement  de  l'hospodar. 

—  ETVSr.  Hospodar. 

HOSTIE  (o-stie),  s.  f.  Il  1°  Toute  victime  que  le» 
anciens  Hébreux  offraient  et  immolaient  à  Dieu.  Il 
mettra  la  main  sur  la  tête  de  l'hostie,  et  elle  sera 
reçue  de  Dieu  et  lui  servira  d'expiation,  s,\ci,  Bible, 
Lévit.  I,  4.  Les  hosties  des  méchants  sont  abomi- 
nables, parce  qu'ils  les  offrent  du  fruit  de  leurs 
crimes,  m.  il).  Prov.  de  Salom.  xxi,  27.  Salomon 
pour  hosties  pacifiques  égorgea  et  immola  au  Sei- 
gneur vingt-deux  mille  bœufs,  et  vingt  mille  brebis, 
ID.  ib.  Itois,  III,  VIII,  63.  Il  Fig.  La  justice  vaut  mieux 
devant  Dieu  que  de  lui  offrir  des  victimes,  car 
quelle  plus  sainte  hostie,  quel  encens  plus  doux, 
quelle  prière  plus  agréable  que  de  faire  entrer  de- 
vant soi  la  cause  de  la  veuve...?  Boss.  le  Teilier. 
Il  Terme  d'antiquité  romaine.  Victime  en  général. 
Il  2°  Fig.  Dans  la  poésie  et  le  style  élevé.  Victime. 
En  est-ce  fait,  Julie, et  que  m'apportez-vous?  Est-ce  la 
mort  d'un  frère  ou  celle  d'un  époux?  Le  funesto 
succès  de  leurs  armes  impies  De  tous  les  combat- 
tants a-t-il  fait  des  hosties?  corn.  Ilor.  m,  2.  Père 
barbare,  achève,  achève  ton  ouvrage  :  Cette  seconde 
hostie  est  digne  de  ta  rage;  Joins  ta  fille  à  ton  gen- 
dre..., lu.  Polyeucte,  v,  5.  Du  céleste  courroux  tous 
furent  les  hosties,  la  font.  Phil.  et  U.  Hostie  ne  se 
dit  plus,  et  c'est  dommage;  il  ne  reste  plus  que  le 
mot  de  victime  ;  plus  on  a  de  termes  pour  expri- 
mer la  même  chose,  plus  la  poésie  est  variée,  volt. 
Comment.  Corn.  Uorace,  m,  2.  ||  En  termes  de  dé- 
votion. Personne  qui  consacre  à  Dieu  tout  ce  qu'elle 
est.  Convertissez-vous  de  bonne  heure  ;  que  la  pen- 
sée en  vienne  de  Dieu  et  non  de  la  fièvre,  de  la  rai- 
son et  non  du  trouble,  du  choix  et  non  de  la  force  tt 
de  la  contrainte;  si  votre  corps  est  une  hostie,  c  m- 
sacrez  à  Dieu  une  hostie  vivante,  boss.  Bourgoing. 
Hostie  vivante  de  Jésus-Christ,  elle  avait  dressé  do 
ses  propres  mains  le  bûcher  où  elle  devait  consom- 
mer son  sacrifice,  fléch.  Mar.-Tliér.  C'est  le  re- 
ligieux qui,  lui-même  et  en  personne,  dans  ta 
profession  des  vœux,  tient  la  place  d'hostie  et  de  vic- 
time, BOURD.  Pensées,  t.  11,  p.  4 18.  les  vrais  fidèles 
qui,  dans  les  hauts  rangs  où  Dieu  les  a  fait  mon- 
ter, ne  se  sont  jamais  regardés  que  comme  des  hos- 
ties vivantes,  pour  alléger  tout,  pour  porter  tout, 
pour  se  dévouer  à  tout,  id.  Carême,  t.  i,  p.  542.  Ac- 
ceptez, ô  mon  Dieu,  le  .sacrifice  ■  ^ue  je  vous  f;iis 
aujourd'hui  de  moi-même;  ne  regardez  pas  les  im- 
perfections de  l'hostie  qui  s'offre,  mass. Pro/'.  rWi'g. '•. 
Il  3°  Le  pain  sans  levain  que  le  prêtre  offre  et  con- 
sacre à  la  messe,  et  dans  lequel  Jésus-Christ  s'offre 
comme  victime.  La  substance  de  l'hostie  se  change 
au  corps  de  Jésus-Christ.  Recevoir  la  sainte  hostie. 
A  l'é'évation  de  l'hostie.  Le  prêtre  prit  autant  d'hos- 
ties qu'il  y  avait  de  communiants  et  les  consacra. 

—  IIIST.  xiv*  s.  Les  quarante  sous  de  parisis  que 
me  dame  Béatrice  me  taie  [ma  tante]  donna  pour 
Diu  en  aumosne  à  l'église  de  Clermaresch  peu: 
vin  et  oistes  à  chanter  messe...,  tailliar,  Reruei' . 
p.  SO8.  Hosties  greigncurs  esloient  certains  sacre- 
fices  que  l'en  fesoit  pour  aucunes  grandes  aventu- 
res, et  le  fesoit  on  des  plus  grans  bestes  si  comme 
estoient  buefs  et  vaches,  behcheure,  f°  2,  verso. 
Il  ivi*  s.  Qui  marche  au  premier  rang  des  hosties 
rangées.  Qui  prendra  le  devant  des  brebis  égor- 
gées? d'aub.  lesTrag.  v. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  hostia,  ital.  oslia; 
du  lat.  hostia,  victime,  qui  paraît  être  de  même  r.i- 
dical  que  hostire,  frapper,  et  hostis,  ennemi  (voy. 
noSTiLF.).  Oi's'c  est  la  forme  ancienne  et  française 
d'origine,  hoslia  ayant  l'accent  sur  o. 

HOSTILE  (o-sti-r),  adj.  \\  l' Qui  est  d'un  ennemi, 
qui  caractérise  un  ennemi.  Entreprise  hostile.  ||  Il 
se  dit  aus.si  des  inimitiés  privées.  Je  ne  puis  vous 
norabrcr  les  louanges  et  les  tendresses  de  Ba- 
rillon;  je  ne  sais  où  vous  avez  pis  qu'il  ait  été 


HÔT 


hostile  pour  vous,  sàv.  Lett.  )2juin  <C75.  ||Fig. 
Il  y  avait  danr.  la  naturs  quelque  chose  d'hos- 
tile, M"'  DE  STAKL,  Corinne,  xiv,  i.\\i°  Dans 
le  langage  de  la  politique.  Opposé,  contraire.  L'opi- 
nion est  hostile  au  ministère.  Les  journaux  hostiles 
au  gouvernement. 

—  REM.  Hostile  ne  se  trouve  pas  dans  la  t"  édi- 
tion du  Dictionnaire  de  l'Académie. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Manière  hostile  De  perdre  gens, 
0.  CRETIN,  Poésies,  p.  122.  Quelque  sens  particu- 
lier.... qui  advertit  les  poulets  de  la  qualité  hostile 
qui  est  au  chat  contre  eul.t,  et  à  ne  se  desfier  du 
chien,  mont,  ii,  359. 

—  ÉTYM.  Lat.   hostilis,   de  hostis,   proprement 
'  ennemi,  et,  par  suite,  étranger,   d'après  Corssen, 

qui  rattache  ce  mot  à  Jwstia,  victime,  et  hostire , 
frapper,  faisant  venir  tous  les  trois  du  sanscr.  ghas, 
dévorer,  manger,  et  aussi  blesser,  frapper;  hostia 
serait  la  frappée,  et  hostis  le  frappant.  Les  étymolo- 
gistes  en  rapprochent  aussi  le  germanique  :  goth. 
gasts;  allem.  Gast;  angl.  guest,  hôte,  étranger,  du 
même  sanscrit  ghas,  mais  au  sens  de  manger  :  le 
mangeur  qu'on  reçoit  chez  soi,  l'étranger. 

HOSTILEMENT '(o-sti-le-man),  adv.  D'une  ma- 
nière hostile,  en  ennemi.  Ils  [les  Français]  trou- 
vaient, à  quelques  werstes  de  la  route  [de  Moscou], 
tous  les  villages  hahités,  et  n'y  étaient  pas  reçus 
trop  hostilement,  ségub,  Hist.  de  Nap.  vu,  ). 

—  HIST.  XVI*  Quelle  furie  t'esmeut  maintenant, 
toute  alliance  brisée,  envahir  hostillement  ses  ter- 
res, sans  en  rien  avoir  esté  par  luy  ni  les  siens  cn- 
dommaigc,  in'ité  ny  provocqué?  bab.  Garg.  i,  ai. 

—  lîTVM.  Hostile,  et  le  suffixe  ment. 
HOSTILITÉ  (o-sti-li-té),  s.   (.  ||  1°  Acte  d'ennemi 

qu'un  État  fait  exercer  contre  un  autre.  On  com- 
mença les  hostilités.  Commettre  des  actes  d'hosti- 
Uté.  La  Russie  possédait  quelques  forts  vers  le  fleuve 
d'Amour,  à  trois  cents  lieues  de  la  grande  muraille; 
il  y  eut  beaucoup  d'hostilités  entre  les  Chinois  et 
les  Russes  au  sujet  de  ces  forts,  volt.  Russie,  i,  7. 
L'hostilité  sans  déclaration  de  guerre  contre  un 
peuple  voisin  qui  sommeille  tranquillement  sur  la 
foi  des  traites...,  baynal,  llist.  phil.  x,  14.  ||Fig. 
Disposition  à  l'inimitié.  Procurez-vous  sa  haine  et 
son  hostilité  Plutôt  qu'une  amitié...,  sotrou,  Bélis. 
IV,  6.  Il  2°  Disposition  hostile  des  États  et  gouverne- 
ments. L'hostilité  de  la  Restauration  contre  le  gou- 
vernement révolutionnaire  d'Espagne  finit  par  la 
guerre.  ]|  Sentiment  d'opposition  hostile,  quant  à  h 
politique  et  aux  affaires  puhliques.  L'hostilité  des 
journaux  contre  le  nouveau  ministère. 

—  lllST.  XVI"  s.  Par  voye  et  hostilité  de  guerre, 
Lettres  de  Louis  XII,  1. 1,  p.  si,  dans  lacuhne.  Le 
temps  de  minorité  et  hostilité  qui  auroit  esté  telle 
que  durant  icelle  on  n'auroit  peu  agir  ny  deffendrc, 
Coust.  génér.  t.  i,  p.  604.  Déclarant  criminels  de 
ieze  majesté  tous  ceux  qui  en  forme  d'hostilité  ont 
pris  les  armes  contre  le  roy  en  son  royaume,  conué. 
Mémoires,  p.  685.  Jamais  l'ambition,  jamais  les  iiii- 
mitiez  publicques  ne  poulserent  les  hommes  les 
uns  contre  les  aultres  à  si  horribles  hostilitez  et  ca- 
lamitez  si  misérables  [qu'en  Amérique  les  Espa- 
gnols], MONT.  IV,  20. 

—  ÈTYM.  Provenç. /losdiifaj;  espagn.  hostilidad; 
ital.  ostilità;  du  lat.  hostilitalem  (quicuerat.  Ad- 
denda), qui  vient  de  hostilis,  hostile. 

I  IIOSTISE  (o-sti-z'),  s.  f.  Terme  de  féodalité. 
Nom  donné  à  des  chaumières  habitées,  moyennant 
redevance,  par  des  paysans. 

—  HIST.  XIII"  s.  Si  avint  que  deus  de  ses  ostes 
[serfs]  vindrent  pledior  par  devant  li  de  l'iretage  de 
lor  ostize,  bkaum.  vi,  34. 

—  Etvm.  Hôte,  hosie,  au  sens  de  serf. 

UOtE,  esse  {ô-f,  tè-s'),  s.  m.  et  f.  \\  1°  Celui, 
■■elle  qui  reçoit  et  traite  quelqu'un  sans  rétribution, 
[ui  lui  donne  l'hospitalité,  par  humanité,  par  ami- 
tié, par  bienveillance.  Nous  remerciâmes  notre  hôte 
do  l'accueil  qu'il  nous  avait  fait.  Mon  hôte,  mainte- 
iidnt  que,  sous  tes  nobles  toits.  De  l'importun  be- 
-  i;in  j'ai  calmé  les  abois,  A.  chén.  Idyll.  le  Mendiant. 
il  II  sest  dit  des  paysans  ou  bourgeois  qui  étaient 
contraints  de  loger  les  soldats,  les  officiers  du  roi. 
Il  Fig.  Tous  autres  nœuds  brisés,  Seul  hôte  de  toi- 
même  et  maître  de  la  place,  corn.  Iniit.  Il,  8.  Et  que 
peu  de  beaux  corps,  hôtes  d'une  belle  âme.  Assemblent 
l'un  et  l'autre  point,  la  font.  Fabl.  vu,  2.  ||  2°  Celui, 
celle  qu'on  reçoit  et  qu'on  traite  bien.  Régaler  ses 
'iôtos.  Le  fameux  Scipion  de  qui  vous  fûtes  l'hôte, 

CORN.  Sophon.  IV,  2 Notre  bonne  commère  [la 

grenouille)  Seliorcede  tirer  son  hôte  au  fonddel'eau, 
LA  KONT.  l'nbl.  17,  il.  Lycus  lui-même  emplit  une 
coupe  profonde,  Venm'.e  à  l'étranger  :  salut,  mon 
liùte.bois,  A.ciiÉN.  Idiillc^le  Mendiant.  Pour  boire 


HOT 

à  Jupiter,  qui  nous  daigne  envoyer  L'étranger,  de- 
venu l'hôte  de  mon  foyer,  id.  th.  Mon  hôte,  tu  fran- 
chis le  seuil  de  ma  famille,  A  l'heure  qui  jadis  a  vu 
naître  ma  fille,  m.  ib.  ||  Dans  l'ordre  des  chartreux, 
se  disait  d'un  religieux   qui  demeurait  dans  une 
chartreuse  dont  il  n'était  oas  profès.  ||  Par  exten- 
sion. Nos  hameaux  Seront  bientôt  remplis  de  nos 
hôtes  nouveaux,  volt.   Scythi-s,  i,  5.  ||  Fig.  C'est 
l'ordinaire  effet  de  son  épanchement  [de  la  grâce 
divine],  Que  d'enfanter  le  zèle  et  semer  l'allégresse; 
C'est  l'accompagnement  de  cette  grande   hôtesse, 
CORN.  Imit.  Il,  9.  La  folle  inquiétude  en  ses  plaisirs 
légère,  Des  lieux  où  l'on  la  porte  hôtesse  passagère, 
LA  FONT.  Élégie  v.  L'inconstance  d'une  Sme  en  ses 
plaisirs  légère.  Inquiète  et  partout  hôtesse  passa- 
gère, ID.  Poésies  mêlées,  lxix.  ||  3°  Familièrement. 
Les  animaux  qui  fréquentent,  habitent  la  demeure  do 
l'homme.  Les  rats  sont  des  hôtes  incommodes.  1 1  4°  Ha- 
bitant. Et  vous,  hôtes  du  ciel,  saintes  légions  d'an- 
ges.... BOTROU,  St-Genest,  iv,  5.  ||  Les  hôtes  des  bois, 
les  animaux  qui  les  habitent.  Vous  êtes  le  phénix  des 
hôtes  de  ces  bois,  la  font.  Fabl.  i,  2.  Nous  offrons 
cependant  à  sa  troupe  brillante  Des  hôtes  de  nos 
bois  la  dépouille  sanglante,  volt.  Scythes,  i,  t.  Le 
divers  langage  des  hôtes  du  désert  nous  paraît  cal- 
culé sur  la  grandeur  ou  le  charme  du  lieu  oii  ils  vi- 
vent, cHATEAun,  Génie,  i,  v,  6.  HB"  Celui,  celle  qui 
tient  une  auberge ,  une  hôtellerie.  L'hfte ,  l'hôtesse 
du  Cheval  blanc.  T'ai-je  encore  décrit  la  dame  bre- 
landière  Qui  des  joueurs  chez  soi  se  fait  cabaretière. 
Et  souffre  des  affronts  'lue  ne  souffrirait  pas  L'hô- 
tesse d'une  auberge  à  dix  sous  par  repas?  DoiL.  Sat.x. 
Il  Table  d'hôte,  table  où  plusieurs  personnes  réunies 
mangent  à  heure  et  à  prix  fixes.  Vivre  à  table  d'hôte. 
A  table  d'hôte?  je  vous  entends,  tant  par  tête;  com- 
bien êtes-vous,  s'il  vous  plaît?  danxouht,  Maison  de 
camp.  se.  30.  ||  Fig.  Il  est  l'hôte  et  l'hôtellerie,  se 
dit  d'un  homme  qui  fait  toutes  sortes  de  fonctions 
dans  une  maison,  qui  se  mêle  de  toutes  sortes  d'af- 
faires. Il  6°  Celui  qui  vient  manger  ou  loger  dans 
une  hôtellerie,  une  auberge.  Cet  aubergiste  a  en  ce 
moment  des  hôtes  qui  payent  bien.  |i  7"  Celui  qui 
donne  à  loyer  une  portion   de  sa  maison.  L'hôte 
est  tenu  des  grosses  réparations.  ||  Celui  qui  tient  à 
loyer  une  portion  de  maison.  Ce  propriétaire  a  chez 
lui  des  hôtes  commodes.  ||  Hôte  a  vieilli  dans  ces 
deux  sens;  on  dit  aujourd'hui  :  propriétaire  et  loca- 
taire. Il  8°  Terme  de  pêche.  Hôte  ou  bourgeois,  celui 
à  qui  appartient  le  bateau  pêcheur.  ||  Proverbes.  Il 
n'y  en  a  point   de  plus  foulé  que  l'hôte,   se  dit  en 
parlant  de  certaines  parties  de  plaisir  où  chacun 
porte  son  plat  pour  aller  dîner  chez  quelqu'un  de 
la  société.  ||  Qui  compte  sans  son  hôte  compte  deux 
fois,  se  dit  de  celui  qui  fait  son  compte  en  l'absence 
de  la  personne  qui  y  est  intéressée.  !|  Compter  sans 
son  hôte,  se  méprendre,  compter  sur  une  chose  qui 
ne  se  fait  pas.  Quand  j'y  veux  demeurer,  je  compte 
sans  mon  hôte.  Ils  me  donnent  toujours  quelque 
commission,   hauteroche,  les  Appas  tromp.  i,  3, 
Il  lion  visage  d'hôte,  bon  accueil  de  celui  qui  donne 
à  manger  chez  lui,  qui  reçoit  et  héberge  ses  amis. 
—  HIST.  XII"  s.  Chez  un  hoste  [ils]  hébergent, 
qui  moult  estoit  prudhom,  Sax.  xxii.  [Elle]  Crioit 
en  haut  :  aïe,  aie.  Chevaliers,  tu  qui  es  mes  ostes, 
laCharrelte,  i070.  Tant  qu'il  aert  parmi  les  temples 
[saisit  par  les  tempes]  Celui  qui  efforçoit  s'ostesse , 
ib.  115'-.  Il  xiii"  s.  Du  cuer  toute  grieté  [chagrin] 
[il,  l'amour]  lui  oste;  Près  du  cuer  lui  héberge  un 
oste  Que  on  appelle  vrai-confort,  Bl.  et  Jeh.  1 329. 
La  première   nuit  que  ele  fu   venue  en  la  meson 
de  s'ostesse,  Miracles  St-I.oys,  p.  Ul.  Hoste  fu  |je 
fus  étranger]  ;  vous  me  recueillistes,  J.  de  mf.ung, 
Tr.  t4l9.|l  XV*  s.  Vrayoment,  s'il  vous  plaisoit,  je 
seroye  aujourd'hui   vostre   hoste,'  et  vous  feroye 
tout  ayse  de  ce  que  nous  avons.  Perce fortst,  t.  i, 
f>  32.  SebiUe  dist  au  roy,  qui  à  son  dextre  costé 
seoit  :  Beau  sire,  je  seray  ceste  nuyt   vostre  hos- 
tesse  ;  or  je  vous  pry  que   me  diez  vostre  nom  et 
vostre  pays,  ib.  t°  3B.  ||  xvi*  s.  Les  soldats  donnè- 
rent si  brusquement,  que  qui  voulut  faire   teste 
paia  l'hoste,  d'aub.  Hist.  i,  296.  Belle  hostesse  c'est 
un  mal  pour  la  bourse,  cotorave.  Une  fois  faut 
compter  à  l'hoste,  m.  L'hoste  et  le  p.iisson,  passé 
trois  jours,  puent,  in.  Tel  hoste,  tel  hostel,  id.  De 
me.scbant  hoste,  bon  reconduiseur,  id.  Il  se  peut 
bien  seoir  sans  contredit,  qui  se  met  là  où  son  hoste 
lui  dit,  ID. 

—  ETYM.  Provenç.  hoste,  oste,  osde;  espagn. 
huesped;  portug.  hospede ;  ital.  oste;  du  lat.  hospi- 
Jem,  dont  on  conjecture  deux  étymologie.î  :  sanscrit, 
gosha,  station  des  vaches,  et  pa(t, maître;  le  maître 
de  la  station  des  vaches  où  s'arrête  le  voyageur;  ou 
bien  ghaspati,  le  maître  qui  donne  à  manger.  Des 


hOT 


2033 


étymologistes  l'ont  aussi  rattaché  à  un  radical  qui  se 
trouve  dans  les  langues  slaves:  lithuanien,  gnsjyadn, 
hôtellerie;  mais  voy.  à  hospodar  ce  qui  fait  objection. 
uOriCL  (ô-tel),  s.  m.  Il  1°  Demeure  somptueuse 
d'une  personne  éminente  ou  riche.  Avtjir  un  hôtel. 

I  Petit  hôtel,  s'est  dit  d'un  petit  bâtiment  contigu 
à  un  hôtel  et  destiné  au  logement  des  officiers  et  à 
quelques  usages  subalternes.  ||  Aujourd'hui ,  petit 
hôtel,  hôtel  qui  n'est  pas  grand.  A  louer  un  petit 
hôtel  entre  cour  et  jardin  |{  2°  Absolument.  L'hô- 
tel signifiait  la  maison  du  roi.  Grand  prévôtde  l'hô- 
tel. Maître  des  requêtes  de  l'hôtel.  Comptes  de 
l'iiôtel  des  rois  do  France  aux  xiv"  et  xv*  siècles, 
publiés  par  M.  Douët  d'Arcq.  ||  Autrefois,  l'hôtel 
de  la  Comédie  française,  à  cause  que  IhAtcl  de 
Bourgogne  servit  longtemps  aux  représentations  du 
Ibéâtre- Français.  ||3°  Maître  d'hôtel,  officier  qui  di- 
rige le  service  de  table  d'un  prince,  d'un  seigneur, 
d'un  riche  particulier.  Premier  maître  d'hôtel  du 
roi.  Maître  d'hôtel  ordinaire  du  roi,  de  chez  le  roi. 

II  En  parlant  du  premier  maître  d'hôlil  du  roi,  on 
disait  le  premier  maître  de  l'hôlel.  ||  4°  Terme  de 
pratique  et  de  procès-verbal.  Demeure  d'un  con- 
seiller ou  d'un  autre  officier  de  justice.  ||  5°  Autre- 
fois, hôtel  abbatial,  la  maison  destinée  au  logement 
de  l'abbé.  ||  6°  Grand  édifice  destiné  à  des  établisse- 
ments publics.  Hôtel  du  ministère  des  finances. 
Il  Hôtel  des  monnaies,  l'établissement  où  l'on  fa- 
brique les  monnaies.  ||  7*  Hôtel  de  ville,  l'édifice  où 
siège  l'autorité  municipale.  Socratedit  qu'il  croyait 
mériter  d'être  nourri  le  reste  de  sa  vie  dans  l'hôtel 
de  ville  [prytanéej,  fén.  5ocr.  Il  [FélibienJ  est  le 
premier  qui,  dans  les  inscriptions  de  l'hôtel  de  ville, 
ait  donné  à  Louis  XIV  le  nom  de  grand,  volt. 
Louis  XIV,  Écrivains,  Félibien.  Le  conseil  général 
des  dieux  se  tenait  dans  une  grande  salle  à  laquelle 
on  allait  par  la  voie  '.actée  ;  car  il  fallait  bien  que 
les  dieux  eussent  une  salle  en  l'air,  puisque  les 
hommes  avaient  des  hôtels  de  ville  sur  la  terre,  ID. 
Dict.  phil.  Ciel  des  anciens.  ||  Dans  la  révolution 
française.  L'hôtel  de  ville,  le  pouvoir  municipal. 
Il  A  Paris,  hôtel  de  ville,  siège  de  la  préfecture  du 
département  de  la  Seine.  ||  8°  Hôtel-Dieu,  nom  du 
principal  hôpital  d'une  localité  (avec  une  H  ma- 
juscule). La  vertu  n'a  ni  feu  ni  lieu  Autre  part 
que  dans  l'Hôtel- Dieu,  mainabu,  Épigr.  dans 
BiCHELET.  Que  la  noblesse  coure  en  poste  à  l'Hôtel- 
Dieu,  RÉGNIER,  Sat.  VI.  J'ai  bien  peur,  si  le  temps 
dure ,  qu'on  n'en  trouve  [des  gens  de  lettres]  à 
l'Hôtel-Dicu  de  quoi  faire  une  académie  com- 
plète, scabhon,  Épil.  dédie.  OEuv.  t.  i,  p.  H9. 
Vous  avez  dans  Paris  un  Hôtel-Dieu  où  règne  une 
contagion  éternelle,  où  des  malades  entassés  les 
uns  sur  les  autres,  se  donnent  réciproquement  la 
peste  et  la  mort,  volt.  Lett.  Paulct,  22  avr.  1788. 
Le  roi  lègue  cent  livres  de  compte  à  deux  cents  Hô- 
tels-Dieu, ID.  Mœurs,  Bi.  Paris  s'accroît,  l'Hôtel- 
Dieuest  son  infirmerie  naturelle,  il  n'est  plus  de 
proportion  entre  la  ville,  ses  environs  et  leur  infir- 
merie, tenon,  Méin.  sur  les  hôp.  Préf.  p.  m.  Nous 
citerons  Desgodets,  architecte  des  bâtiments  du  roi 
sous  Louis  XIV,  le  premier  qui  produisit  un  plan 
d'Hôtel-Dieu  en  rayons,  id.  ib.  ||  Fig.  L'amitié  seule 
y  donne  place  [dans  une  maison  d'ami]  ;  Moi  j'en 
ai  fait  mon  Hôtel-Dieu ,  bF.rano.  M.  de  santé. 
Il  9*  Maison  garnie,  auberge.  Il  est  descemlu  à  l'hô- 
tel du  Grand-CerL  Un  hôtel  bien  tenu.  L'hôtel  du 
Louvre. 

—  REM.  Hôtel-Dieu  est  un  archaïsme  pour  hôtel 
de  Dieu  :  dans  Pancien  français,  le  rapport  de  pos- 
session se  marquait,  sans  de,  par  le  cas  régime; 
dieu  était  au  sujet  diex,  et  au  régime  dieu;  de  la 
sorte  hôtel-dieu  représentait  ce  que  nous  dirions 
maintenant  hôtel  de  Dieu. 

—  SVN.     MAISON,    hôtel,    palais,    CIlATEAt'.     Les 

bourgeois  occupent  des  maisons;  les  grands,  les 
riches,  à  la  ville,  occupent  des  hôtels;  lus  rois,  les 
princes,  les  évèques  y  ont  des  palais;  les  seigneurs, 
les  riches  ont  des  châteaux  dans  leurs  terres. 

HIST.  XI*  s.  Tut  te  durrai   [donnerai],  boens 

hom,  quanque  m'as  quis.  Lit  et  ostcl  e  pain  e  carn 
c  vin,  S.  Alexis,  xlv.  Guenes  li  quens  [le  comte] 
s'en  vait  à  son  ostel,  Ch.  de  Roi.  xxvi.  ||  xu*  s.  Il 
avoit  à  hostel  [chez  lui]  les  messages  [messagers] 
Carlon,  Sax,  xxii.  Pesé  moi  [il  me  pèse,  je  suis  af- 
fligé] quant  [je]  fui  onques  en  son  ostel  nourris, 
Puis  qu'estre  me  convient  [il  faut]  ses  mortex  ene- 
mis,  ib.  XXVI  Par  cliascun  ostcl  est  cil  deniers  par 
an  pris,  Où  il  a  de  cinc  solz  de  vif  aveir  le  pris,  Th. 
lemart.  68.  Li  reis  mandad  Semeî,  si  vint  devanc 
lui,  c  il  li  dist:  hostels  te  fai  en  Jérusalem,  Rois,  f. 
232.11  XIII*  s.  Chascuns  prist  ostel  tel  come  lui  plot, 
car  assés  i  en  avoit,  villeh.  cvii.  Lors  assemblèrent 


2054 


Hor 


Il  baron  et  li  dus  de  Venise  en  un  palais  où  li  dus 
estoitàostcljVii.LKii.u.Ilii'ontpas  hoslel  en  maison, 
Ains  l'ont  en  un  bel  pavcl.on,  Partonop.  v.  "sr.,'i.  X 
lor  ostiot  [ils!  s'en  voni,  chascuns  est  descendus, 
Bertp,  XXIV.  Povre  liostel  ot  la  dame  [llerte  aban- 
donnée dans  la  forêt],  quant  vint  à  l'anuilier,  ib. 
xxxvm.  Ouanque  chascuns  en  v.  usist  feie  [du  cheva- 
lier], En  pcûst  ferc  enlor  oslel  [dans  la  raaison,dans 
la  paix];  Mes  aus  armes  autre  que  tel  Le  trovissiez 
queje  ne  di,  Estout  et  ireus  et  hardi,  Lai  de  l'ombre. 
Ainz  quepartunanet  demi,  M'aurez  vous fet  si  preu 
et  tel  Et  auxarmesetà  l'ostel,  16.  Nus  [nul],  s'il  n'est 
moines  ou  hermites,  Ne  puctceenz avoir  ostel,  Tien. 
(1)21 .  S'il  sun  t  àl'Oslel-DIeu  porté,  la  Rose,  H  44 1 .  Puis 
que  li  sergant  dient  qu'il  firentle  [la]  semonse  à  lor 
persone  meisme  ou  à  lor  ostel,  braum.  11,12.  ]{  xiv  s. 
Oua  nul  ne  nulle  ne  souslicnne  mauvais  hostcl  [mau- 
vais lieu],  ne  bourieur,  ne  houriere,  jeu  de  dez,  sur 
l'amende  de  soixante  sols,  bouteiller,  Sommerural, 
titre  88.  I]  XV'  s.  Ainsi  comme  ils  [des  gens  de  guerre] 
passoient  et  qu'ils  venoicnt  prendre  hostel  en  la 
ville  de  Vilvort...,  fiioiss.  i,  1,  7S.  Si  entrèrent  les 
gens  dedans  [la  ville  do  Haspre],  et  trouvèrent  les 
gens,  hommes  et  femmes,  en  leurs  hoslcls  (car 
n'cstoient  les  gens  en  aucun  doute,  et  en  ne  les 
avoit  point  avisés  ni  escriés  de  nulle  guerre),  ID.  i, 
I,  (00.  Et  SI  vous  bien  y  advisez,  Nous  cuidons  que 
appercevrez  El  que  vous  voirrez  par  vos  yeux  Le  feu 
bien  près  de  vos  bosteux,  monstrel.  i,  274.  Vous  i]ui 
estes  encore  ung  paige,  bien  que  soyez  de  bon  ho- 
stel. Petit  J.  de  Saintré,  t.  i,  p.  127.  Boucicaut,  re- 
tenu de  l'hostel  du  duc  de  Bourbon,  cousin  du  roy, 
est  fait  depuis  de  la  cour  du  roy,  llisl.  de  J.  de 
lloucic.  liv.  I,  p.  68.  ]]  XVI'  s.  La  belle  chère  amende 
beaucoup  l'hostel,  cotokave.  Qui  tost  vient  à  son 
hostel,  mieux  luy  en  est  à  son  souper,  id. 

—  ÊTY.M.  Bourguig.  hoté,  ôliu,  maison;  franc- 
<  omlois,  o»(foi(;  wallon,  os(^,  hoslé;  provenç.  hos- 
tal,  oslal,  ostau;  espagn.  hoslal;  \ldL\.  ostello  ;  du 
latin  hospilalis,  pris  neutralement  dans  les  langues 
romanes,  au  sens  de  demeure,  llospitalis  vient  de 
hospes  (voy.  hôte).  L'italien  ostello  paraît  plutôt 
venir  d'une  forme  hospitallitm.  L'ancien  français 
di.sait  quelquefois  hoste  pour  hôtel  :  Le  seigneur  de 
l'hoste,  l.ancelot  du  lac,  t.  m,  f"  H9.  C'est  à  hosle 
pris  en  ce  sens  que  répond  le  genevois  outa,  cui- 
sine; vau(k.v    ou(o,  oito;  valais,  outlo. 

f  IIÔTELEK  ^ô-te-lé),  i'.  a.  Loger,  recevoir  chez 
soi,  LEBOux,  Dict.  comique. 

—  lllST.  Xi*  s.  Les  diz  messages  [messagers]  a 
fait  enz  hosleler,  Ch.  de  Roi.  xi.  \\  xu'  s.  Chiés  dan 
Jacob  s'esteit  od  [avec]  les  suens  [siens]  ostelez, 
Th.  mari.  60.  ]]xiii'  s.  Ennuit  [ce  soir]  1  ai  esté  po- 
vrement  ostclée,  Berte,  xlvi.  |]  xV  Vertu  est  reposte 
et  celée,  Nulz  ne  veult  honour  hosteler,  E.  desch. 
Poésies  mss.  f.  283. 

—  KTYM.  Hôtel;  provenç.  oslalar. 
HÔTELIER,    1ÈRE  (ô-te-lié,   liè-r'),  *.   m.  et  f. 

\\  1°  Celui,  celle  qui  tient  une  hôtellerie.  Tous  ceux 
qui  logent  des  étrangers  sont  réputés  hôteliers,  et 
par  conséquent  sujets  aux  droits,  Arrêt  du  conseil 
d'Étal,  )8  mars  )7)0.  ]|a"  Dans  quelques  abbayes, 
hôtelier,  religieux  chargé  de  recevoir  et  de  nourrir 
les  hôtes,  les  passagers. 

—  llisr.  xiu*  s.  Et  se  li  couratier  [courtier]  est  hos- 
telier,  il  puet  avoir  deux  tonniaux  de  vin  en  son  hos- 
tel pour  SOS  hostes,  Liv.  des  mit.  357.  ]|  xv'  s.  Let- 
tres accordées  par  frère  Jehan  Chertier  (J.  Charlier 
l'historien],  commandeur  et  hostellier  de  l'abbaye  de 
St-Deiiis,  à  Guillaume  Ganneron  et  sa  femme  pour 
exercer  le  menu  mostier  de  la  ville  de  Saint-Denis 
(voy.  menu),  Bibl.  des  ch.  4'  série,  t.  m,  p.  482. 
Il  XVI'  s.  Luy  dist  en  riant,  maisc'estoit  ris  d'hoste- 

lier,  tESPiii.  Contes,  t.  11,  p.  H7,  dans  lacdr.ne. 

—  ÊTYM.  Hôtel;  provenç.  hostalicr,  ostelier;cî- 
tal.  hoslaler;  anc.  espagn.  hostalero.  On  disait  aussi 
hostelain, 

UÔTELLERIE  (ô-tfc-lerie),  «.  /•.  |]  1°  Maison  où 
les  voyageurs  sont  logés  et  nourris  pour  leur  argent. 
Il  y  trouva  une  assez  bonne  hôtellerie,  parce  qu'elle 
était  sur  le  grand  chemin,  scabr.  Rom.  com.  11,  4. 
H  Fig.  Tout  cela  n'est  rien  encore,  si  l'âme  ne  re- 
vient dans  riiôtcllerio  [son  corps],  vclt.  Mœurs, 
ilir.  Il  2»  Dans  les  grosses  abbayes,  corps  de  logis 
destiné  à  recevoir  les  étrangers. 

—  lliST.  xiii'  s.  Et  autel  [semblable]  doit  on  fere 
le  [la]  ginle  des  osleleries  qui  sunt  fêtes  et  estaulics 
por  herliegier  les  povres,  beaum.  lvi,  6.  ]]  xiv  s. 
Tant  qu'au  logis  en  nostre  hostellerie  Feusincs  ve- 
nus cnunegallerie,  christ,  de  pisan.  Vit  dePoissy. 
Toutes  personnes  tenans  et  exerçans  hostellerie  et 
logeans  en  leurs  hostels  gens  cstrangers  et  surve- 
nans;  lcsi|uels  s'ils  vendent  vin  on  détail,  durant  le 


HOU 

temps  qu'ils  bostelleront  et  logeront  gens,  il  sera 
tenu  et  réputé  vendre  en  assiette  et  taverne,  Dicl. 
du  roi,  10  août  1408 

—  KTYM.  Hôtelier;  provenç.  osMîarto. 
HOTESSE  (ô-tè-s'),  s.  f.  Voy.  hôte. 

IIOTTE  (ho-f),  s.  f.  Il  1°  Ouvnigo  de  vannier, 
sorte  de  panier  qui  a  des  bretelles  et  qu'on  porte 
sur  le  dos.  Porter  la  botte.  Hotte  d'un  chiffonnier. 
Il  portait  son  petit  neveu,  Et  tous  nos  dieux  en  une 
hotte,  kCWiR.  Virg.  11.  ||  Il  n'est  'i/on  qu'à  porter  la 
hotte,  c'est  un  homme  incapable.  ||  Fig.  Les  délices 
dont  M.  et  Mme  de  Marsan  jouissent  présentement, 
méritent  bien  que  vous  les  voyiez  quelquefois,  et 
que  vous  les  mettiez  dans  votre  botte;  et  moi  je 
mérite  d'être  dans  celle  oïl  vous  mettez  ceux  qui 
vous  aiment;  mais  je  crains  que  vous  n'ayez  point 
de  botte  pour  ces  derniers,  sÉv.  Lett.  du  2»  mars 
(096.  Il  Hottes  battues,  ou  hottes  poissées,  les  hottes 
qui  servent  à  porter  le  vin  du  pressoir  dans  les  ton- 
neaux, elles  sont  battues,  ou  serrées,  ou  poissées 
de  manière  que  le  vin  ne  coule  pas  au  travers. 
Il  2°  Cuvette  recevant  les  eaux  des  cuisines  et  des 
combles.  ||  3"  Louchet  d'un  instrument  à  draguer. 

I  4°  Nom  qu'on  donne  à  la  pente  intérieure  d'une 
cheminée,  en  forme  de  hotte  renversée,  dans  les 
cheminées  des  cuisines.  ||  Partie  inférieure  et  évasée 
d'une  cheminée,  qui  recouvre  un  fourneau  de  la- 
boratoire, une  forge,  et  qui  doit  faciliter  l'élévation 
des  principe-!  volatils  ou  gazeux  (|ui  s'en  échappent. 

II  Fausse  hotte,  hotte  sans  issue,  élevée  perpendicu- 
lairement sur  le  manteau  d'une  cheminée.  ||  5°  En 
Normandie,  nom  d'un  petit  tombereau  à  porter  le 
fumier  sur  les  terres. 

—  HIST.  xiii'  s.  Le  roy  meismes  y  vis-je  mainte 
foiz  porter  la  hotte  aus  fossés,  pour  avoir  le  pardon, 
joiNv.  269.  Or  voil  ge  que  tu  m'ensaignes  comment 
ge  porrai  la  terre  ostcr.  Et  Merlins  dist  :  à  chevax  et 
à  charretes,  et  à  homes  à  cox,  et  porter  loig  à  bo- 
tes, Merlin,  f»  37,  verso.  ||  xV  s.  X  ung  portefays 
qui  porta  en  une  hôte  le  dict  chien  es  grèves  et  l'en- 
terra.... Comptes  de  l'hôtel  de  ville  de  Tours,  Bibl. 
des  chart.  4'  série,  t.  i,  p.  t09.  Ij  xvi"  s.  Là  il  arriva 
qu'une  femme  en  deschargeant  sa  hotte  eut  le  col 
couppé  d'une  coulevrine,  et  pour  ce  que  sa  charge 
tomba  sur  sa  teste  séparée,  on  disoit  qu'elle  avoit 
enterré  sa  teste,  d'aub.  Hist.  i,  174. 

— •  ÉTYM.  Génev.  lotie  (par  fusion  de  l'article  V]  ; 
du  suisse  hutte,  hotte;  allemand  provincial,  Uotse, 
corbeille. 

UOTTÉE  (ho-tée),  s.  f.  Ce  que  contient  une  hotte. 
Une  hottée  de  terre,  de  légumes. 

—  IlIST.  XVI"  s.  Il  faut  corriger  là  ce  qui  est  dit 
de  la  hottée  de  poudre...,  d'aub.  llist.  m,  4  44. 

—  ÉTYM.  Hotte. 

\  UOTTENTOT  (ho-ttan-to),  s.  m.  Langue  des 
Hottentots,  remarquable  par  une  grande  quantité 
d'articulations  singulières  plus  ou  moins  voisines 
de  notre  T. 

]  UOTTER  (ho-té),  t).  a.  Porter  avec  une  hotte. 
Il  y  avait  dix  vendangeurs,  neuf  qui  coupaient,  un 
qui  bottait. 

—  iiiST.  XVI'  s.  Hotter,  cotgr*ve. 

t  HOTTEREAU  (ho-te-rô),  s.  m.  Espèce  de  hotte 
grossière. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  hotte. 

UOTTECR,  KUSE  (ho-teur,  teû-z'),  s.  m.  et  / 
Celui,  celle  qui  porte  la  botte.  En  vendanges,  le 
liotteur  gagne  le  double  des  coupeurs.  Les  botteuses 
Ai  la  halle. 

—  IlIST.  XV  s.  Entre  les  autres  vendengeurs  et 
vendengeresscs  et  hotleurs,  nu  cangr,  fiiidcmintor. 
Il  XVI'  s.  Le  lieutenant  de  Vachonniere,  aiant  donné 
à  la  contr'escarpe,  et  reconnu  que  par  le  chemin 
des  hotleurs  qui  faisoient  un  esperon,  on  pouvoit 
aller  mesler,  en  donne  incontinent  advis  à  Lanoue, 
d'aub.  Hisl.  II,  258. 

—  ÉTYM.  Hotte. 

t  IlOTTOXE  (o-tlo-n')  ou  HOTTOXIE  (0  tto-nie), 
s.  f.  Terme  de  botanique.  Genre  de  la  famille  des 
primul.icées. 

—  ÉTYM.  Hotlonn,  botaniste  hollandais. 

t  IIOU  (hou),  inlerj.  Exprime  que  l'on  poureuit 
quelqu'un  ou  qu'on  se  moque  de  lui.  Je  te  ferai 
partout  hou,  hou,  Je  te  ferai  devenir  fou,  scab- 
BON,  V'irg.  IV.  /Enéas  en  rit  comme  un  fou,  Et  fit 
après  eux,  hou,  hou,  hou,  m.  t'i;.  vi.  ||  Il  se  dit  aussi 
pour  faire  honte.  Hou,  levilainl  ]|  Terme  de  ma- 
nège. Exclamation  dont  le  cavalier  se  sert  quel- 
quefois pour  faire  arrêter  son  cheval  sans  tirer  la 
bride.  ||  Terme  <lo  chasse.  Hou,  hou,  après  l'ami,  cri 
que  fait  entendre  le  valet  de  limier  pour  exciter  son 
chien  quand  celui-ci  détourne  les  bétes  fauves. 

t  HOUACHE  (ou-a-ch')  et  HOUAICHE  (ou-è-ch"), 


HOU 

t.  f.  Il  1*  Terme  de  marine.  Trace  bouillonnante  que 
le  navire  laisse  derrière  lui  pendant  sa  marché,  cl 
qui  en  indique  la  vraie  direction.  ||  Tirer  un  vais- 
seau en  houache,  le  remorquer  avec  un  autre  vais- 
seau. Il  Traîner  un  pavillon  ennemi  en  houache,  le 
traîner  pendant  à  l'arrière  d'un  vaisseau.  ||  2°  Petit 
morceau  d'étamine  passé  dans  les  trous  de  la  lipi 
de  loch,  à  une  distance  du  bateau  du  loch  (\ 
loch)  égale  à  la  longueur  du  bâtiment. 

—  REM.  L'Académie  écrit  ouaiche  sans  h,  et  n'a  pai 
la  forme  houache.  Les  livres  techniques  mettent  l'/i. 

—  ÉTYM.  Angl.  wake,  houache,  de  l'anglo-sax 
wxcan,  être  animé,  excité,  poussé. 

t  I.  HOUAGE  (bou-a-j'),  s.  m.  Terme  d'agricul- 
ture. Action  de  houer,  de  travailler  à  la  houe.  Ce 
houage  est  bien  fait. 

—  ÉTYM.  Houer  >. 

t  2.  IIOUACE  (hou-a-j'),  s.  m.  Dans  les  mines  de 
charbon  minéral,  longueur  du  terrain  que  parcou- 
rent les  veines  en  superficie  et  en  profondeur. 

—  ÉTYM.  Serait-ce  le  même  que  houache,  terme 
de  mer? 

t  3.  IIOUAGE  (hou-a-j'),  s.  m.  Action  de  houer 
les  draps. 

—  ÉTYM.  Houer  2. 

HOUBLON  (bûu-blon),  s.  m.  Plante  grimpante  de 
la  famille  des  urticées,  dite  aussi  vigne  du  nord, 
humulus  lupulus,  L.  Dans  le  houblon  c'est  le  cône 
et  non  la  idante,  qu'emploie  la  fabrication  de  la 
bière.  Il  Houblon  do  montagne,  ornitUogale  des 
Pyrénées. 

—  IlIST.  XV'  S.  Lesdits  brasseurs  seront  tenuz 
faire  bonnes  et  loyalles  servoiscs  et  bierrcs,  sans  y 
mectre  que  bon  grain,  eau  et  boubillon,  réservé 
bicy,  dont  ils  ne  pourront  user  sans  l'autorité  do 
justice,  Ordonn.  févr.  I49.S.  ||  xvi'  s.  Chicorée, 
houbelon,  violette  de  mars,  paré,  v,  28.  Du  hou- 
blon, outre  le  plaisir  de  la  ramcure  pour  ombrage 
tire-on  ce  prolit,  que  d'en  manger  en  la  [  rimevere 
les  tendres  cimes  des  jetions  en  divera  appareils; 
sa  fleur  et  sa  semence  sont  aussi  utiles  à  la  bière 
0.  DE  serbes,  B02.  Uu  houbelon  rampant,  à  brai 
longs  et  retors,  bons.  71». 

—  ÉTYM.  Génev.  obelons;  wallon,  hoûbion;  anc. 
wallon,  hubillon;  du  hollandais  hoj),  houblon,  i 
l'aide  d'une  formation  diminutive  :  hop-c-lon,  hub- 
i-llon,  etc.  d'après  Grandgagnage.  Quant  au  las- 
latin  humuto,  humulus,  il  tient  au  flamand  hom- 
mel ;  anc.  .scand.  humall,  houlilnn. 

UOCBLONNÉ,  £E  (hou-blo-né,  née),  parl.paat 
de  houblonner.  Cette  bière  est  trop  houblonnce. 

UOCDLONNER  (hou-blo-né),  t?.  o.  Mettre  du 
bouillon  dans  une  boisson. 

UOUBLONNIÈRE  (bou-blo-nic-r'),  t.  f.  Champ 
planté  de  houblon.  Chaque  escadron  délila  par  où 
il  put,  à  travers  les  haies,  les  jardins,  les  houblon- 
nières,  st-sim.  12,  (37. 

—  ETYM.  //ou6/on;  wallon,  hoûWre;  namur.  hou- 
bionère. 

HOUE  (houe),  s.  f.  Il  1°  Instrument  de  petite  cul- 
ture, composé  d'un  manche  en  bois  long  d'environ 
un  mètre  et  d'une  lame  do  fer  fixée  au  manche  par 
une  douille,  et  faisimt  avec  lui  un  angle  plus  ou 
moins  aigu;  queliiucfois  ta  lame  est  liivisée  en  deux 
parties.  ||  Houe  à  cheval,  petite  charrue  à  un  ou 
jilusieurs  socs  triangulaires  employée  surtout  à  des 
binages.  |]  Houe  bident  ou  tranche,  outil  pour  le 
défrichement  ries  terrains  forts  de  l'Anjou  et  de  la 
Bretagne.  ||  2°  Terme  de  charpentier.  Espèce  de 
chevalet  sur  lequel  on  place  les  pièces  de  bois  pour 
les  débiter  en  long.  |]  3°  Instrument  pour  «orroyer 
le  mortier.  |{  4°  Nom  de  ferrements,  dits  aussi  houil- 
les, avec  lesquels  les  faïenciers  remuent  la  couverte 
dans  les  baquets. 

—  IlIST.  XII'  s.  E  ces  de  Israël  veneient  as  Phi- 
listiens  pur  aguiser  e  adrecier  e  le  soc  e  le  picois  e 
la  cuignéc  e  la  houe.  Bois,  p.  44.  ]|  xiv  s.  Et  des 
marteaux  de  fer  [ils]  vont  le  tour  drpecier  ;  X  niques 
et  à  houes  fiercni  li  soudoier,  Guescl.  6251.  ||  xV  s. 
Et  le  fiappa  d'une  hoe,  du  cange,  ayssada. 

—  ÉTYM.  Wall,  haxce;  namur.  houie;  du  germa 
nique  :  anc.  haut-allcm.  houico;  allem.  Haue,  houe, 
primitivement  hache,  de  hauen,  frapper. 

IIOUÉ,  ÉE  ('.lou-é,  ée),  part,  passé  de  houer  ( 
Une  vigne  bouée. 

I  UOCEMENT  (hoû-man),  «.  m.  Terme  d'agri- 
culture.  Action  de  houer. 

—  lliST.  xvi'  s.  Et  tant  fouilla  sa  vigne  par  pro- 
fonds et  réitères  beschcmcus  et  houemens,  que, 
dans  quelques  années,  elle  se  rendit  très  fertile,  0. 

DE  SEHBES,   I4C. 

—  ÉTYM.  Wouer  (. 

(.  HOUER  (hou-é),  t'.  a.  Labourer  une  terre  avec 


IIOU 

la  houe,  il  Absolument Tantôt   fendre  du  l)ois, 

Tantôt  fouir,  houer...,  la  font.  Fabl.  m,  8. 

—  msT.  xiii's.  Car  ele  crt  [était]  aussi  blanche 
comme  croie  fcraie]  qu'on  hoe,  Berte,  xxiii.  ||  xv"  s. 
Et  là  [les  Anglois]  liouoient  et  picquoicnt  de  pics 
et  de  boyaux  à  leur  pouvoir,  froiss.  ii,  ii,  I3). 
/|  XVI'  s.  Le  marrer  ou  bouer  par  ces  divisions,  en 
est  aussi  rendu  plus  aisé,  o.  he  serbes,  <54. 

—  ËTVM.  Ilouc;  namur.  houver:  pic.  heuer. 

t  2.  UOUEn  (hou-é),  V.  a.  Terme  de  foulon.  Lâ- 
cher un  drap  à  l'eau  et  l'en  retirer  plusieurs  fois  à 
petit';  plis,  etc. 

I  IIOIIERIE  (hoii-rie),  s.  f.  Terme  d'agriculture. 
I.aliour  à  la  houe.  Le  vigneron  se  sert  pour  cette 
opération  de  la  houe  plutôt  que  de  la  bêche;  ce 
premier  labour  s'appelle  houerie,  Dict.  des  arts  et 
met.  Vigneron. 

—  ÉTVM.  Ilouer  I. 

t  nOUETTE  (hou-è-f),  s.  f.  Terme  d'agriculture. 
ivtitc  houe. 

—  IllST.  XIV*  s.  Jehan  Laisné  envoia  querre  une 
houete  pour  esrachier  et  oster  une  pierre,  du 
CANGE,  lioellus. 

—  ÉTVM.  Diminutif  de  houe. 

t  UODEUR  (hou-eur),  s.  m.  Celui  qui  houe. 

—  lllST.  XV"  s.  Et  furent  mineurs  et  bouilleurs 
mis  en  besogne  [il  s'agit  d'ouvriers  qui  se  servent 
de  la  boue  pour  creuser  la  terre],  froiss.  ii,  ii,  32. 

—  r.TYM.  Ilouer  ). 

f  I.  IlOUnOU  (hou-hou),i.  f.  Terme  burlesque. 
Vieille  boubou,  personne  décrépite  et  grondeuse. 
Vieille  boubou,  vieille  baha,  scarron.  Poésies,  cité 
dans  BiCHEUCT.  Elles  sont  plus  noires  que  des  tau- 
pes, plus  laides  que  des  guenons,  plus  sottes  que  des 
houhous,  CHAPELAIN,  Trad.  de  Guzm.  d'Alfar.  cité 
dans  scHELER.  Voudrais-tu  que  je  prisse  une  vieille 
houhou ?Par<rsan  ditpd,  dans  le  roux,  Dict.  comique. 

—  HIST.  XVI»  s.  Houhou  [vieille  sorcière],  oodin, 
Dict. 

—  ÉTVM.  Sans  doute  l'interjection  hou,  répété. 
Cependant  Scheler  incline  à  penser  que  c'est  le  Uhu 
des  Allemands,  qui  signifie  hibou. 

•j-2.  nOUllOC  (bou-bou),  s  m.  Espèce  de  coucou 
d'Afrique. 

t  IlOUILLAGE  (bou-Ua-j',  Il  mouillées) ,  s.  m. 
Action  de  la  liouille  sur  les  fers. 

.-  ÈTYM.  Houille. 

nOUlLLE  (bou-ir,  !ï  mouillées  ,  et  non  hou-ye), 
s.  f.  Il  1°  Anciennement,  sorte  de  terre  considérée 
comme  un  mauvais  charbon  de  terre  et  annonçant 
le  bon.  Nous  n'adoptons  avec  M.  de  Gensanne  le 
nom  de  bouille  que  pour  les  terres  noires  et  com- 
bustibles qui  se  trouvent  souvent  au-dessus  et 
quelquefois  au-dessous  des  veines  de  charbon,  et 
qui  sont  l'un  des  plus  sûrs  indices  de  la  présence 
de  ce  fossile,  blff.  ilin.  t.  ii,  p.  2i8.  ||  2°  Aujour- 
d'hui, nom  générique  de  tous  les  fossiles  appelés 
improprement  charbon  de  terre.  Les  bouilles  sont 
formées  de  débris  de  végétaux,  surtout  des  prèles, 
fougères  et  lycopodes  de  grande  taille,  qui  parais- 
sent avoir  subi  l'action  de  la  chaleur  sous  une  forte 
pression.  Ces  fameux  amas  de  charbons  do  terre  ou 
de  houille,  ressource  de  l'âge  pré.sRnt  et  reste  des 
premières  richesses  végétales  qui  aient  orné  la  face 
du  globe...,  CUV.  liévol.  293.  ||  Houille  compacte, 
nom  donné  à  une  variété  de  houille  très-hydro- 
génée. Il  Houille  d'engrais,  sorte  de  lignite  terreux, 
renfermant  du  fer  sulfuré. 

—  ÉTYM.  Wall,  hoie;  bas-lat.  hullœ,  dans  des 
textes  de  la  fin  du  xif  siècle.  L'origine  de  ce  mot  est 
inconnue,  llull.v  se  trouve  en  des  textes  du  pays 
de  Liège;  est-il  germanique?  et,  s'il  l'est,  peut-on 
le  rapprocher  du  (;<'lhique  hanrja,  charbon  ?  Oh  ne 
sait  ce  que  signifie  charbon  de  terre  en  houille  dans 
le  texte  suivant:  Charbon  de  pierre,  la  banne  payera 
4  sols;  charbon  de  terre,  le  cent  de  barils  payera 
8  livres;  charbon  de  terre  en  houille,  la  charretée 
chargée  de  cinq  poinçons  2/3  payera  22  sols,  Tarif 
du  18  sept.  <0G<. 

IIOUILLEU,  ÈRE  (hou-llé,  Uè-r' ,  Il  mouillées,  et 
non  hou-yc,  yè-r'),  adj.  Terme  de  géologie.  Qui 
r'^nferme  des  couches  de  bouille.  Terrains  houil- 
lers.  Il  Formation  houillère,  ensemble  des  couches 
qui  renferment  la  houille. 

HOUILLERE  (hou-llè-r'.  Il  mouillées,  et  non 
hou-yè-r'),  s.  f.  Mine  de  houille. 

—  ÉTVM.  Iloxtillcr. 

IIOUILLEUR  (hou-lleur.  Il  mouillées, et  non  bou- 
your),.ç.  m.  Ouvrier  qui  Iravailleaux  mines  de  hou  il  le. 

HOL'ILLEUX,  EUSE  {hou-lleù,  ileii-z',  Il  mouil- 
lées, et  non  hou-ycù,  yeû-z') ,  adj.  Terme  de  géolo- 
fri".  Oui  contient  de  la  bouille 

—  ETYM.  Houille. 


MOU 

t  nociLLITE  (hou-lli-f,  Il  mouillées),  j.  f.  Un 
des  noms  de  l'anthracite. 

t  UOUKA  (hou-ka) ,  s.  m.  Pipe  turque  ou  per- 
sane, peu  différente  du  narghileh. 

UOULAiV  (hou-lan),  s.  m.  Voy.  UIILAN. 

I.  UOULE  (hou-r),  i.  f.  Il  1°  Mouvement  d'ondu- 
lation que  la  mer  conserve  après  une  tcmpèle.  Il  y 
a  de  la  boule.  La  houle  est  proprement  le  creux,  la 
vallée  large  et  quelquefois  profonde  qui  e.viste  en- 
tre les  crêtes  de  deux  lames  que  le  calme  n'a  pas 
encore  aplanies,  jal.  Une  grossehoulevenait  du  cou- 
chant, bien  que  le  vent  soufllàt  de  l'est,  cuaieaub. 
Génie,  i,  vi,  li.  ||  2"  Grosses  ondes  formées  par  la 
boule.  Les  boules  secouaient  la  frêle  embarcation. 

—  lUST.  XVI*  s.  Souvent  mis  sur  lecousté  par  la 
première  houlle,  et  par  la  seconde  relevé,  d'adb. 
Ilist.  I,  Préf.  6. 

—  ÉTYM.  Espag.  o(a;portug.  folla;  afoUadomar 
era  tanla,  dans  jal.  Origine  incerUine.  Scheler  le 
tire  du  celtique  :  kimry,  hoeval,  mouvement  de 
l'eau;  bas-breton,  houl,  vague.  Mais  .lai  avec  vrai- 
semblance le  tire  du  hoU.  holle,  creux,  à  quoi  on 
peut  ajouter  le  danois  hunl,  creux,  huulsce,  mer 
houleuse,  de  huul,  et  se",  mer. 

t  2.  HOULE  (hou-r),  i.  f.  Nom,  à  Harlleur,  d'une 
espèce  de  cliien  de  mer. 

t  UOUL'EAU  (hou-lo),  inlerj.  Terme  de  chasse.  Cri 
employé  par  les  veneurs  pour  faire  boire  les  chiens. 

HOULETTE  (hou-lè-f),  s.  f.  ||  1"  B;Uon  que  porte 
le  berger,  et  au  bout  du(|uel  est  une  plaque  de  fer 
en  forme  de  gouttière,  qui  sert  pour  lancer  des  mot- 
tes do  terre  aux  moutons  qui  s'écartent,  et  de  la 
sorte  les  faire  revenir.  11  [le  loup]  s'habille  en  ber- 
ger, endosse  un  boqueton,  Fait  sa  boulette  d'un 
liiton.  Sans  oublier  la  cornemuse,  la  font.  Fabl. 
in,  3.  Il  Fig.  Oue  je  vous  regrette  !  Mais  il  faut  cé- 
der; Sans  chien, sans  houlette  l'uis-je  vous  garder"? 
deshouliêres,  à  ses  filles.  Vous  êtes  appelés  au- 
jourd'hui à  la  défense  de  la  patrie  céleste;  trou- 
peau chéri  que  le  ciel  a  confié  à  mes  soins,  c'est 
peut-être  la  dernière  fois  que  votre  pasteur  vous 
rassemble  sous  sa  houlette,  chateaub.  Mart.  xiv. 
Du  bercail  ils  chassaient  les  loups,  Sans  abuser  de 
la  boulette,  bérang.  Pet.  fée.  \\  Kig.  Poétiquement, 
l'état,  la  condition  de  berger.  Pour  prendre  le  fer 
j'ai  quitté  la  houlette,  Roraou,  St-Genest.  i,  4.  F.t  le 
soit  prend  plaisir,  d'une  chaîne  secrète,  D'allier 
quelquefois  le  sceptre  et  la  houlette,  begnard,  Dé- 
mocrite,  m,  2.  |]  Depuis  le  sceptre  jusqu'à  la  hou- 
lette, depuis  les  rois  jusqu'aux  bergers.  ||2°  Terme 
de  jardinage.  Ustensile  dont  on  se  sert  pour  lever 
de  terre  les  oignons  de  fieurs.  ||  3°  Outil  de  fer  avec 
lequel  le  chandelier  hache  le  suif.  ||  Cuiller  avec 
laquelle  le  glacier  prépare  les  sorbets  et  les  glaces. 
Il  Pelle  dont  les  fondeurs  de  monnaies  se  servent 
pour  porter  la  cuiller  pleine  de  métal  fondu.  ||  4°  Co- 
quille bivalve  de  la  mer  Kouge. 

—  IllST.  xiii'  s Robinet  Donné  m'a  ceste  pa- 
netière. Cette  boulette  et  ce  couteau,  ADAM  le  bossu, 
dans  leDict.  de  DOcnEZ.  ||  xv's.  Et  pas  n'oublions  nos 
bolettcs.  Ne  nos  panetières  bien  fetles,  fboiss. 
Pastourelle.  \\  xvi'  s.  Taschoient  l'un  l'autre  à  se 
rendre  défaits  Â  coups  de  goy,  de  houlette  et  de 
fonde,  marot,  m, 302. 

—  ÈTYM.  "Wallon,  holèle.  Origine  incertaine. 
Grangagnage  le  rattache  au  verbe  wallon  holer,  se 
rmuer,  s'agiter.  Scheler.  qui  d'abord  y  avait  vu  un 
diminutif  de  .'louc  (houe-leile,  contracté  en  houlette), 
revient  au  latin  agolum,  houlette,  d'où  un  dimi- 
nutif ouîcKc,  muni  de  l'/i  par  assimilationavec  houe. 

HOULEUX,  EUSE  (hou-leû,  leû-z'),  adj.  Terme 
de  marine.  Agité  par  la  boule,  en  parlant  de  la  mer. 
Les  courants  de  l'Eubée  rendaient  encore  la  mer 
plus  houleuse,  ciiateaub. /(m.  part.  2'. 

—  ÉTYM.  Houle  I. 

t  UOULQUE  (boul-k'),  s.  f.  Terme  de  botanique. 
Genre  de  plantes  graminées  dont  plusieurs  espèces 
sont  alimentaires;  on  y  distingue  :  la  boulque  sor- 
gho {holcus  sorghum,  i.),  grand  millet  d'Inde, gros 
millet  dura    duro;  la  boulque   saccharine    {hol- 
cus saccharatus,  £.),   millet  de  cafrerie,  gros  mil 
dont  la  tige  peut  fournir  du  sucre;  la  houlque  en 
épi   [holcus  spicatus,  /..),  couscou,  milkt  à  chan-  1 
délie,  à  panicule  serrée  presque  en  épi  ;  et  la  houl- 
que d'Alep  {holcus  halepensis,  /,),  qui  cruît  sponta-  } 
nément  dans  le  midi  de  l'Europe,  en  Syrie,  à  Cuba; 
la  houlque  laineuse,  holcus  Uiuatus,  L  qui  est  l'es-  ] 
pèce  la  plus  commune  dans  notre  pays.  ||  On  dit  , 
aussi  houque.  1 

—  ÉTYM.   Lat.   holcus,   orge   sauvage,   du  grec, 
n),xè;,  qui  tient  à  t).xw,  tirer.  | 

t  UOUP  (houp),  interj.  Sert  pour  appeler  ou  hou- 
per  quelqu'un,  ou  pour  exciter  un  cheval.  j 


IIOU 


2055 


HOUPfi,  ÈR  (hou-pé,pée),pnrt.  pajî(f  de  houpcr. 

L'n  chasseur  boupé  par  les  piqueurs. 

t  UOUPE.ME\T  (bou-pe-man),  s.  m.  Action  de 
houper. 

—  lllST.  XVI'  s.  Vous  entendislcs  un  grand  bruil 
do  plusieurs  voix  confuses,  divers  cris  et  houpe- 
inens  de  personnes  qui  scmbloicnt  s'enlrcappeler 
les  unes  les  autres,  hannisscmeiis  de  chevaux,  et 
ensuite  des  hourdonnemens  do  tambours  et  rcten- 
tis.scmen5  de  trompettes,  sllly,  Kém.  t.  ii,  p.  2ai>. 

HOUPER  (boupé).  t).  a.  Terme  de  chasse.  Appe- 
ler son  compagnon  par  un  houp.  ||  Se  houper,  r. 
ré/l.  S'appeler  réciproquement. 

—  ÉTYM.  Iloiip. 

t  HOUPEROX  (hou-pe-ron),  s.  m.  Un  des  noms 
du  re  |uin. 

t  HOUPETTE  (houpè-f),  s.  f.  Tangara  noir 
huppé  de  Caycnne  (oiseau). 

HOUPPE  (bou-p'),  s.  f  II  1°  Assemblage  de  fils  de 
laine,  de  soie,  formant  un  bouquet,  une  touiïe.  La 
bouppe  d'une  ceinture.  Une  houppe  à  poudrer. 
J  Terme  de  blason.  Toufl"e  de  soie  qui  termine  un 
cordon  de  soie  entrelacé  et  pendant  du  chapeau; 
elle  sert  de  timbre  au  chapeau  des  cardinaux,  arche- 
vêques, évêques  et  protonotaires.  ||  2'  Terme  de  zoo- 
logie. Flocon  de  plumes  que  certains  oiseaux  portent 
sur  la  tête.  ||  Petite  toulTe  étalée  de  poils  en  quelque 
partie  du  corps  d'un  animal.  ||  Terme  île  botanique. 
Petite  touiïe  de  poils  étalés  à  l'extrémité  d'une 
graine.  ||  3"  Par  extension,  chez  les  hommes,  toutl'e 
de  cheveux  sur  le  devant  de  la  tète.  Piquet  à  la 
houppe,  Con(c  de  Perrault.  ||  4"  La  houppe  d'un  ar- 
bre, sa  tête,  son  faite,  sa  cime.  ||  5"  Terme  d'ana- 
tomie.  Houppes  nerveuses,  les  terminaisons  des 
nerfs  formant  les  papilles.  ||  Houppe  du  menton, 
petit  muscle  épais  situé  au  menton.  ||  6°  Toison  la- 
vée et  préparée  pour  être  filée.  ||  7"  Boutfde  fil  d'or, 
d'argent  ou  de  ruban  etfilé  qui  déborde  le  fer  de 
l'aiguillette.  ||  8°  Houppe  blanche,  houppe  des  ar- 
bres, divers  champignons. 

—  IllST.  XV' s.  Une  troussouere  d'or  faicteà  corde- 
lières, où  il  y  a  au  bout  une  houppe  d'or  et  à  l'au- 
tre bout  un  crochet,  Bibl.  des  ch.  O'  série,  t.  i, 
p.  428.  Il  XVI'  s.  Et  les  picques  de  Byscaye,  aux  poi- 
gnées de  velours,  houp|>es  de  franges  de  soye,  car- 
Loix,  V,  32.  H  est  nécessaire  que  toutes  alouettes 
aient  la  bouppe  sur  la  teste,  comme  dit  Simonidcs, 
AMVOT,  Timol.  48.  Arbres  montans  en  houpe  [s'é- 
Icvant],  Kouv.  coust.  gin.  t.  i,  p.  094. 

—  ÉTYM.  Le  môme  que  /iiippc;  wallon, /lope, 
hnupe,  sorte  de  bouppe  qui  vient  i  l'extrémité  des 
fèves;  norm.  choupe,  houppe. 

HOUPPE,  ÉE  (hou-pé,  pée),  part,  passé  Ae  houp- 
per.  De  la  soie  houppée.  |]  Terme  de  botanique. 
Graine  houppée,  graine  surmontée  d'une  houppe 
de  poils.  Il  Terme  d'histoire  naturelle.  Qui  est  dis- 
posé en  façon  de  houppe. 

f  HOUPPftE  (hou-pée),  s.  f.  Terme  de  marine. 
Écume  légère  qui  jaillit  de  vagues  se  heurtant  l'une 
contre  l'autre.  ||  Prendre  la  houppée,  saisir  le  mo- 
ment où  la  vague  est  haute,  pour  approcher  d'un 
vaisseau,  ou  pour  descendre  d'un  bitimcnt  dans 
une  embarcation. 

—  ÉTYM.  Houppe,  l'écumfi  qui  couronne  la  vague 
étant  comparée  <à  une  houppe 

HOUPPELANDE  (hou-pc-lan-d'),  s.  f.  F.spèce  de 
douillette  ou  vêtement  long,  ouaté,  non  ajusté,  à 
manches,  i  col  plat,  que  les  hommes  mettaient  par- 
dessus leur  bahit,  et  que  les  prêtres  portent  encore 
l'hiver  par-dessus  leur  soutane.  Sous  sa  houppe- 
lande Logeait  le  coeur  d'un  dangereux  paillard, 
LA  FONT,  ilerm.  Le  sire  Jean  de  Monlagu  fut  con- 
duit du  petit  château  aux  halies,  haut  assis  sur  une 
charrette,  vêtu  de  sa  livrée,  à  savoir  d'une  houp- 
pelande mi-partie  de  rouge  et  de  blanc,  le  chaperon 
do  même,  une  chausse  rouge  et  l'autre  blanche, 
des  éperons  dorés,  les  mains  liées,  deux  trompettes 
devant  lui,  saint-foix,  Ess.  Paris,  ÛKur.  t.  IT, 
p.  H 3,  dans  poucf.ns.  ||  En  général,  vêtement  large 
qui  se  met  par-dessus  l'habit. 

lllST.  XIV*  s.  Deux  ceintures  d'or  de   broderie 

qui  sont  assises  sur  l'espaullo  senestre  de  deux 
houppelandes,  de  lauorpe,  Émaux,  p.  los.  L'autrt 
porte  une  houpelande.  L'autre  un  pourpoint,  l'autre 
un  lodior,  MACHAUT,  p.  tt».  ||  xV  s.  Le  comte  se 
tourna  en  une  ruelle,  et  là  se  fit  desarmer  par  un 
sien  varlet;  et  jeter  toutes  ses  armures  à  val,  et 
vestit  la  bouppelanile  de  son  varlet,  froiss.  ii,  h, 
I5«.  Il  XVI'  s.  La  dicte  dame  esioil  vcstue  de  grant 
robbo  de  veloux  cramoisy,  et  sa  hopelande  de  drnp 
d'or,  p.  CHOQUE,  dans  leroux  de  lincy,  ttibl.  dts 
chartes,  5'  série,  t.  il,  p.  187.  C'est  assavoir  'I  ■ 
houpelandes   plaines  de  drap  de   laine  et  do  soye, 


2056 


HOU 


les  unes  longues,  les  autres  à  my  jambes,  les  autres 
au-dessus  du  genouil  et  les  autres  cortes  ;  et  aussi 
de  semblables  houpelandcs  entaillées  mcnuement 
ou  grossemcnl,  Ordonn.  6  fév.  4  694. 

ÊTYM.  Hourg.(5/)eronde.  Huctle  tirede  Vpland, 

province  suéfloise;  mais  il  n'indique  rien  qui  dé- 
montre cette  étymologie,  peu  vraisemblable  en  soi. 
M.  J.  Ouicberat,  rappelant  que  les  Italiens  se  ser- 
vaient d'un  habit  dit  palando,  se  demande  si  houp- 
pelande n'en  serait  pas  venu. 

IlOUPPER  (hou-pc),  V.  a.  Mettre  en  houppes. 
Houpperdela  soie.  ||  Houpper  de  lalaine,  la  peigner. 

—  IIIST.  XVI"  s.  Linge  blanc,  ceinture  houppée, 
Le  chappcron  fait  en  poupée,  marot,  i,  202. 

—  ÉTYM.  Houpper. 

t  HOUPPETTE  (hou-pb-f),  s.  f.  Petite  houppe. 
Il  Espèce  de  petite  houppe  qui  se  plaçait  sur  le  cha- 
peau militaire  pour  désigner  le  bataillon  ou  la 
compagnie.  ||  Oiseau  de  Caycnne. 

—  lllST.  XV'  s.  Chapeau  de  bievre  gris  fourré  de 
satin  vermeil  avec  une  houppette  dessus  de  fil  d'or 
et  de  soye,  Mathieu  de  coucï,  Uist.  de  Charles  YII, 

p.  694,  dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  hovppe. 

f).  IIOUPPIER  (hou-pié),  s.  m.  Ouvrier  qui 
houppe.  Il  Celui  qui  vend,  prépare  ou  emploie  les 
toisons  appelées  houppes. 

—  ETYM.  Houppe. 

t  2.  IIOUPPIER  (hou-pié),  s.  m.  \\  1°  Terme  rural. 
Arbre  ébranché  au']uel  on  n'a  laissé  que  sa  houppe. 
Il  2°  La  houppe  même  de  l'arbre,  son  faîte.  Les  jeunes 
sapins  croissent  et  prospèrent  tant  qu'ils  ne  sont 
point  parvenus  à  la  hauteur  où  commence  le  houp- 
pier  des  anciens  arbres,  dralet,  Traité  des  forêts 
d'arbres  résineux,  p.  105.  ||  3°  Maladie  des  arbres 
qui  attaque  la  cime. 

—  lllST.  XV*  s.  Là  où  je  regardoye  croistre  aucun 
arbre  plus  hault  que  ceuh  d'entour,  il  me  fut  advis 
que  je  veisse  Ifs  houppiers  muez  en  chair  d'homme, 
et,  après,  les  branches  en  bras  et  en  jambes,  Perce- 
foresi,  t.  v,  {°  08. 

—  f.TYM.  Houppe. 

t  UOUPPIFÈRE  (hou-ppi-fè-r*),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Qui  porte  une  huppe  ou  des  houppes  de 
poils. 

—  P.TVM.  Houppe,  et  ferre,  porter. 

t  UOUQUfc  (bou-k'),  s.  f.  Voy.  iioulque. 

t  IIOUR  (hour),  s.  m.  Espèce  de  hangar  ou  d'a- 
telier destiné  à  travailler  le  bois  pour  le  sabo- 
tage, etc. 

—  HIST.  XIV'  s.  Hour  do  cloe,  du  cange,  crati- 
culatum.  Il  xv  s.  Quant  ilz  vindrenl  près,  ilz  trou- 
vèrent que  on  y  avoit  fait  grandi  nombre  de  loges  et 
hours  sur  la  praerie,  Perce forest,  t.  i,  f"  <07. 

—  f.TYM.  Voy.  nouRDEii;  wall.  hoûr,  échafaudage 
dont  se  servent  les  scieurs  de  long. 

UOURA  (bou-ra),  s.  m.  Voy.  iiouhra. 
UOURAILLER  (hou-râ-llé.  Il  mouillées,  et  non 
hou-râ-yé),  v.  n.  Chasser  avec  des  hourets. 

—  ÉTYM.    Voy.  HOCHET. 

t  UOURAILLERIE  (hou-râ-lle-rie.  Il  mouillées) , 
».  f.  Action  de  chasser  avec  des  hourets,  avec  de 
mauvais  chiens. 

UOUUAILLIS  (hou-rà-lli,  Il  mouillées,  et  non 
hou-râ-yi),  s.  m.  Terme  de  chasse.  Meute  qui  dépérit, 
parce  qu'il  s'y  trouve  quantité  de  mauvais  chiens. 

—  f.TYM.  Hourailler. 

IIOURDAUE  (hour-da-j'),  s.  m.  ||  1°  Maçonnage 
grossier  de  moellons  et  de  plâtras.  ||  On  dit  aussi 
liourdis.  Il  2°  La  couche  de  gros  plâtre  qu'on  met 
sur  un  lattis  pour  former  l'aire  d'un  plancher. 

—  F.TYM.  Hourder. 

UOURDR,  ÉE  (hour-d&,  dée),  part,  passé  de 
hourder.  Plancher  hourdé. 

UOURDER  (huur-dé),  t).  a.  ||  1°  Te^-pe  de  ma- 
çonnerie. Faire  un  ouvrage  grossier  et  sans  enduit, 
en  plâtre  comme  en  mortier.  ||  2°  Hourder  un  plan- 
cher, en  faire  l'aLre  avec  des  lattes.  ||  3°  Relier,  avec 
le  mortier,  des  moellons,  des  briques,  etc.  pour  don- 
ner plus  de  solidité  aux  murs.  ||  Hourder  à  bain, 
employer  le  plâtre  ou  le  mortier  en  plus  grande 
quantité  qu'à  l'ordinaire. 

—  HlsT.  .MU'  s.  Et  quant  li  Grieu  [les  Grecs]  so- 
rent  ce,  si  recommencèrent  la  vile  à  hourder  [for- 
tifier] par  devers  cls,  villeii.  ci.  Moy  et  mes  che- 
valiers nous  meismes  ensemble  et  acordames,  quant 
il  scroit  anuilé,  que  nous  enporterions  les  pierres 
dont  il  se  hourdoicnt,  joiNV.  231.  Cest  cortil  fut 
moult  très  bien  clos  De  piez  [pieui]  de  chesne  agus 
et  gros,  Hordcz  estoit  d'aubes  espines,  Renart,  )29l. 
M  xv  s.  Si  fut  envoyé  en  la  cité  de  Pamiers,  lui 
bien  hourdé  de  cent  lances  et  de  bonnes  gens  d'ar- 
mes, messire  Espaing  de  Lyon,  froiss.  ii,  m,  68. 


HOU 

Nostro  bon  chevalier,  voyant  cette  meunière  tris- 
belle  et  en  bon  point,  mais  de  sens  assez  cschar- 
seracnt  hourdée,  se  pensa  de  bonnes,  LOi;is  xi, 
Nouv.  m.  Par  la  morbieu  !  dit-il,  j'en  suis  si  hourdé 
[bourréj  que  plus  n'en  puis  ;  il  me  semble  que  je 
ne  vois  que  pastés,  ID.  ib.  x. 

—  ETYM.  Wall,  horder,  échafaudcr;  du  germa- 
nique :  gothique  haurds,  porte;  allem.  Hûrde,  claie; 
flam.  horde;  imgl.  hurdle.  On  voit  dans  l'historique 
que  hourder  a  aussi  lésons  de  garnir,  rournif;en  ce 
sens,  Grandgagnage  le  rattache  au  moyen  haut-allem. 
horden,  entasser,  accumuler;  /ior(,  amas,  provision. 

t  IIOCUDI  (hour-di),  s.  m.  Terme  de  marine. 
Le  dernier  banc  ou  la  dernière  pièce  de  bois  de 
l'arrière  d'un  vaisseau,  qui  sert  à  affermir  la  poupe. 

—  f.TYM.  Hourder. 

IlOCRDIS  (hour-dl),  s.  m.  Synonyme  de  hourdage. 

—  IIIST.  XIII*  s.  De  celle  bataille  de  ïui-s  à  che- 
val estoient  descendus  à  pié  VIII  de  leur  chievetains 
moult  bien  armés,  qui  avoient  fait  un  hourdeis 
fretranchement]  de  pierres  taillées,  pource  que  nos 
arbalcstriers  ne  les  bleçassent,  joiNV.  23i.  ||  xiv*  s. 
Y  faire  guérites  et  ourdeys,  du  cangs,  hurdicium. 
Il  XV*  s.  Là  où  vous  voyez  ce  pavillon,  avoit  ung 
hourdis  de  pieux,  Lancelot  du  lac,  t.  11,  f°  <29,  dans 

LACURNE. 

—  ETYM.  Hourder. 

t  UOURE  (hou-r'),  s.  f.  Échafaud  d'ardoisier. 

—  ETYM.  Autre  forme  de  hour. 

nOURET  (hou-rô;  le  t  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  des  hou-rè-z  éclopés;  hourets  rime  avec 
traits,  succès,  paix,  etc.),  s.  m.  Mauvais  petit  chien 
de  chasse.  De  ces  gens  qui,  suivis  de  dix  hourets 
galeux.  Disent  ma  meute  et  font  les  chasseurs  mer- 
veilleux, MOL.  Fdcheur,  11,  6. 

—  ETYM.  Dioz  en  rapproche  l'anglo-saxon  horadr, 
maigre.  Cela  est  fort  douteux. 

IIOURI  (hou-ri),  s.  f.  Nom  de  beautés  célestes  qui, 
selon  l'AIcoran,  seront  dans  le  paradis  les  épouses 
des  musulmans  fidèles.  Ils  [les  Turcs]  se  voient  dans 
le  neuvième  ciel  entre  les  bras  de  leurs  houris, 
VOLT.  Balnjl.  3.  ||  Fig.  Femme  tiès-allrayante.  Mon 
paradis  s'arrange.  Dieux!  et  l'oiseau  se  change  En 
piquante  bouri,  bérang.  Colibri. 

—  ETYM.  Arabe ,  hour  el  aïn ,  vierge  aux  yeux 
dont  le  blanc  et  le  noir  sont  très-marqués,  de  là 
le  persan  houry,  d'où  le  français  est  tiré  directe- 
ment, d'après  Pihan. 

IIOUKQUE  (hour-k'),  s.  /'.Ancien  navire  hol- 
landais de  transport  à  fond  plat,  dont  l'avant  et 
l'arrière  sont  arrondis.  ||  Par  dénigrement.  Navire 
mal  construit  et  mauvais  marcheur. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  pourtant  lurent  cent  de  la  ville 
qui  fournirent  chacun  toc  cscus,  ce  (|ui  fut  le  pre- 
mier emploie  à  mettre  en  guerre  quelques  hour- 
gues  flamendes  qui  estoient  en  Crouage,  d'alb. 
Hist.  II,  276.  Ils  quittèrent  une  grande  hourque  de 
600,  qui  devoit  servir  d'amiral,  ID.  t6.  *67. 

—  ETYM.  Holl.  hulk. 

IlOURRA  (hou-ra),  s.  m.  \\  1'  Cri  des  troupes 
russes,  et  particulièrement  des  cosaque.i,  marchant 
à  l'ennemi.  Ce  qui  -augmenta  le  péril,  c'est  qu'on 
prit  d'abord  ces  clameurs  pour  des  acclamations,  et 
ces  hourras  pour  des  cris  de  vive  l'empereur;  c'é- 
tait Platof  et  six  mille  cosaques...,  sêgur,  Hist.  de 
Nap.  IX,  3.  Il  Attaque  imprévue  que  font  des  cosa- 
ques, et,  en  général,  des  troupes  légères  en  pous- 
sant des  cris.  Nous  eAmes  à  essuyer  trois  hourras 
de  cosaques.  ||  2°  Cri  de  joie  que  poussent  les  ma- 
rins anglais  en  l'honneur  de  leurs  commandants  ou 
de  quelque  grand  personnage  qui  visite  le  vais- 
seau. ||  3°  Par  extension,  imprécations,  malédic- 
tions. Un  hourra  général  s'éleva  contre  lui.  {|  En  un 
sens  contraire,  cris  d'acclamation.  Il  fut  salué  par 
des  hourras.  ||  4"  Terme  de  marine.  Cri  pour  agir 
ensemble  lorsque  plusieurs  marins  font  force  sur 
un  cordage.  ||  Plusieurs  écrivent  houra. 

—  ETYM.  Allem.  hurrah;  angl.  horrah,  hurraw  ; 
du  slave  hu-raj,  au  paradis,  d'après  l'idée  que  tout 
homme  qui  meurt  en  combattant  vaillamment  va 
en  paradis. 

I  IIOURS  (hour),  s.  m.  pi.  Chevalets  qui  sou- 
tiennent l'arbre  sur  lequel  travaillent  des  scieurs  de 
long. 

—  ÉTYM.  Le  même  que  hour,  houre. 

nOURVAKI  (hour-va-ri),  s.  m.  ||  1°  Cri  des  chas- 
seurs pour  ramener  b^s  chiens  qui  sont  tombés  en 
défaut,  l'e  n'est  pas  iâ  le  cerf  de  meute,  hourvari, 
hourvari,  lkgrand,  la  Chasse  du  cerf,  11,  n.  ||  2"  Par 
extension  ,  ruse  des  bêtes  qui,  après  avoir  longé 
quelque  cent  pas,  reviennent  à  l'endroit  d'oil  ell»s 
sont  parties  et  mettent  ainsi  les  chiens  en  défaut 
fort  souvent.  La  bête  a  fait  un  hourvari.  |]  8"  Fig.  et 


HOU 

familièrement.  Grand  bruit,  grand  tapage.  Il  y  a  eu  un 
étrange  hourvari.  ||  Contre-temps.  Hicron  [I/)uisXlV 
et  Mme  de  Montespan]  alla  ensemble  à  Versaillet, 
accompagnés  de  quelques  damei  ;  on  fut  bien  aiw 
de  le  visiter  avant  que  la  cour  y  vienne;  ce  seia 
dans  peu  de  jours,  pourvu  qu'il  n'y  ait  point  d* 
1  ourvari,  sÉv.  10  juillet  1070.  ||  4°  Nom  d'un  veat 
de  terre,  qui  se  lève  tous  les  jours  au  soir  dans  quelp 
qucs  îles  de  l'Amérique,  et  qui  est  ordinairement 
accompagné  de  tonnerre  et  de  pluie. 

—  HIST.  XVI'  s.  Que  j'embousche  le  cor,  quelqtie 
houiyary  qu'il  fasse,  La  soif  mourra  bientostj. 
ou  quittera  la  place,  Prens,  prcns.  Boy,  boy. 
Happe,  happe,  jean  le  uoux,  Yau  de  tire,  23.  Qo 
ne  sçeit  cncores  laquelle  des  deux,  au  vray,  l'empe- 
reur vouldra  attacquer,  pour  les  ruses  fainctes  et 
hourvaris,  dont  il  a  coustume  d'user  en  toutes  ses 
entreprises,  carloix,  v,  9. 

—  ÊTYM.  Origine  inconnue.  Il  semble  qu'une  . 
mime  finale  tari  se  trouve  dans  ce  mot  et  daiwJ 
charirari.  § 

UOtSARD  (hou-zar),  s.  m.  Voy.  hussard.  I 

UOCSÉ,  ÉE  (hou-zé,  zée),  adj.  Vieux  mot  qui  si-^ 
gnifie  botté.  ||  Fig.  Crotté.  11  est  arrivé  tout  housé. 

—  HIST.  xni"  s.  Li  ménestrel  trestuit  huczé  S'en 
vinrent  droitàl'espousé,  kuteb.  292.  |]xv*  s.  Je  veiz 
un  homme  houzé  et  prest  à  partir  qui  jà  avoit  plu- 
sieurs lettres,  comm.  ii,  9. 

—  f.TYM.  Voy.  HOUSEAUX. 

IlOUSEAUX  (hou-z6),  s.  m.  pi.  Sorte  de  chaus- 
sure de  jambes  contre  la  pluie  et  la  crotte.  ||  Fig. 
Laisser  ses  houseaux  quelque  part,  y  mourir.  Mais 
le  pauvret,  ce  coup,  y  laissa  ses  houseaux,  la  fo.'ît. 
Fabl.  xn,  23. 

—  HIST.  xiii*  s.  Et  fu  de  bons  housiaus  chaucie, 
Et  de  robe  à  homme  vestue,  ruieb.  205.  ||xv*  s.  Du- 
rant lequel  temps  il  y  eut  un  noble  chevalier  de  Pi- 
cardie qui  dit  à  son  poursuivant  une  joyeuseté,  par 
manière  de  gaberie,  touchant  la  mort  du  roi  d'An- 
gleterre [Henri  V]  ;  ce  fut  messire  Sarrazin  d'Arly.... 
Messire  Sarrazin  lui  demanda  [à  son  poursuivant], 
par  sa  foi,  s'il  l'avoit  bien  avisé  [le  corps  exposé 
de  Henri  V],  et  il  repondit  qu'oui.  Or  me  dis,  par 
ton  serment,  s'il  n'avoit  point  ses  housseaux  chaus- 
sés. —  Ah!  monseigneur,  dit-il,  nenni,  par  ma  foi. 
—  Lors,  lui  dit  messire  Sarra^'in,  beau  ami,  jamais 
ne  me  crois  s'il  ne  les  a  laissés  en  France,  mons- 
tbelet,  I,  274.  Que  ces  .Mlemands  estoient  ords 
et  qu'ils  jetoicnt  leurs  housoaulx  sur  les  Uts  riche- 
ment parés,  coMM.  11,  8.  ||  xvi*  s.  Quant  aulcun  se 
vouldra  passer  maistre  du  dict  mestier  de  cordon- 
nier, sera  tenu  de  faire  une  botte  ou  houzeau, 
deux  paires  de  souliers  à  usage  d'homme...,  5iaru(i 
des  cordonniers  de  Coulommiers,  Bulletin  du  comité 
de  la  langue,  t.  m,  p.  671. 

—  Ety.m.  Diminutif  de  l'ancien  français /loîc,  boV 
te  ;  du  germanique  :  anc.  h.  allem.  hosa,  chausse  ; 
allem.  mod.  Hose.  Le  celtique  a  aussi  ce  mol  : 
kimry,  hos  ;  bas-breton,  heûi. 

UOCSPILLfi,  ÊE  (hou-spi-Ilé,  liée.  Il  mouillées), 
part,  passé  de  houspiller.  ||  1°  Vous  paraissez  bien 
houspillé;  vous  est-il  arrivé  quelque  chose  de  fielleux, 
monsieur  Moufflard?  dancoubt,  Citr.  Con.piignc , 
se.  4  4.  Il  Fig.  I!  ne  faut  pas  s'étonner,  si  un  pau\Te 
homme  houspillé  par  quatre-vingt-deux  ans,  par 
quatre-vingt-deux  maladies,  et  par  autant  d'affaires 
désagréables,  a  tant  tardé  à  vous  répondre,  volt. 
Lctt.  Villevieille,  )0  nov.  t77fl.  ||  2°  Attaqué  par  1» 
parole,  par  la  satire.  Pour  moi  je  m'intéresse  plus 
aux  Sirven  qu'aux  Scythes:  je  n'avais  fait  cette  pièce 
que  pour  mon  petit  théâtre  et  pour  mes  Genevois 
qui  y  sont  un  peu  houspillés,  volt.  Lett.  Florinn, 
4  mars  <767. 

t  UOCSPILLEJIENT  (hou-spi-lle-man,  U  mouil- 
lées), s.  m.  Action  de  houspiller. 

—  HIST.  ivi*  S.  Houssepillement  ou  houspiUe- 
ment,  cotgrave. 

UOCSPILLER  (hou-spi-llé ,  Il  mouillées,  cl  non 
hou-spi-yé),  t'.  o.  [|  1'  Tirailler  et  secouer  quelqu'un 
pour  le  maltraiter,  pour  le  tourmenter,  m  remar- 
quez-vous cinq  ou  six  qui  houspillent  une  espèce  de 
manœuvre  qui  a  été  emprisonné  aujourd'hui?  le- 
sage.  Diable  boiteux,  ch.  7,  dans  pougens.  On  ne 
pouvait  entrer  aux  spectacles  sans  être  bourré  par 
ses  soldats  [du  roi  de  Prusse],  à  moins  qu'on  n'eût 
quelque  pauvre  marque  qui  mtt  à  l'abri  ;  deman- 
dez à  Darget  comme  il  fut  un  jour  repoussé  et  hous- 
pillé ;  il  avait  beau  crier  :  je  suis  secrétaire  ;  on  le 
bourrait  toujours,  volt.  Lett.  d'ÀrgmIal,  3  déc. 
I7.''.7.  Il  Fig.  Un  malheur  continuel  [au  jeu]  pique  et 
otfenso;  on  hait  d'être  ainsi  houspillé  par  la  foi- 
tune,  sÉv.  |2P>.  Il  2°  Fig.  Maltraiter  quoiqu'un  de  pa- 
rôles,  le  réprimander  avec  aigreur,  avec  mali  P  il 


HOD 

se  trouva  là  le  marquis  de  Condorcet,  qui  l'a  surtout 
houspillé  de  la  bonne  sorte,  bachaumont,  Mém.  se- 
crets, t.  XXXII,  p.  it».  Il  3°  Se  houspiller,  ti.  réfl.  Se 
tourmenter  l'un  l'autre.  Ils  se  sont  houspillés  vive- 
ment. 

—  HIST.  XIII"  s.  Onques  nus  hons,  tant  fust  chai- 
tis,  N'en  terre  de  sarrazins  pris.  Ne  fu  si  bien  hou- 
cepingniez  Con  Renart  fu  et  laideugiez,  Iten.  776). 
Li  lous  le  prent  par  grant  aïr;  Â  dans  le  houcepain- 
gne  et  mort,  ib.  24488.  ||  xiv"  s.  Ils  vinrent  courir 
sus  au  dit  Raguetet  tellement  le  houspignerent  par 
le  chaperon,  qu'il  perdist  leans  sondit  chaperon,  DU- 
CANOE,  housia.  ||  xV  s.  Jacques  le  Leu  dist  aux  sup- 
plians  que  se  il  les  avoit  houssepillié,  encore»  les 
houssepilleroit  il,  id.  ib. 

—  ÉTYM.  Norm.  gouspiller.  Diez  conjecture  qu'il 
dérive  de  l'anglo-saxon  hyspan,  injurier;  Cheval- 
let,  de  l'anglo-saxon  utspillcn,  maltraiter,  de  ut,  ute, 
hors,  et  spillen,  spillan,  gâter,  détruire.  Scheler 
croit  que  gouspiller  est  la  forme  primitive,  et  est 
disposé  à  le  rattacher  au  latin  cuspicula,  pointe, 
aiguillon ,  de  sorte  que  gouspiller,  houspiller  serait 
aiguillonner.  Mais  il  est  possible  d'arriver  à  quel- 
que chose  de  plus  plausible.  La  forme  ancienne  est 
houcepigner;  la  forme  subséquente  est  houssepil- 
ler;  on  doit  donc  y  voir  le  mot  housse,  houce, 
composé  avec  pigner  ou  piller;  et  le  tout  signi- 
fiera peigner  ou  piller  [saisir]  la  housse,  le  vête- 
ment de  dessus,  et,  figurément,  battre,  tourmen- 
ter, secouer;   c'est  ainsi    qu'on  dit   populairement 

omber  sur  le  casaquin  de  quelqu'un. 

t  IIOUSPILLON  (hcu-spi-llou,  Il  mouilées),  s.  m. 
Mot  tombé  en  désuétude  et  qui  signifiait  un  petit 
coup  de  vin  ou  de  liqueur  versé  dans  le  verre  de 
celui  qui  vient  de  boire  un  grand  coup.  Il  ne  re- 
fuse pas  le  houspiUon,  richelet. 

—  ETYM.  Houspiller.  C'est  à  peu  près  l'équivalent 
de  ce  qu'on  nomme  populairement  la  rincette,  nou- 
veau coup  qu'on  se  fait  verser,  soi-disant  pour  rincer 
le  verre. 

nOUSSAGE  (hou-sa-j'),«.m.  ||  1°  Action  de  hous- 
ser.  ||2°  Nitre  de  houssage,  voy.  nithe.  |1  3°  Nom 
qu'on  donne  à  la  clôture  d'un  moulin  à  vent. 

—  ÉTYM.  Housser. 

nOCSS.ilE  (hou-sê),  ».  f.  Lieu  où  il  croît  beau- 
coup de  houx. 

—  ÉTYM.  Iloux. 

nOUSSARD  (hou-sar),  j.  m.  Voy.  hussard. 

HOUSSE  (hou-s'),  »./.  Il  1°  Sorte  de  couverture 
attachée  à  la  selle  et  couvrant  les  parties  postérieu- 
res et  latérales  du  ventre  ducheval.  Housse  de  drap. 
Housse  de  velours.  ||  Housse  de  pied,  ou  housse  en 
souliers,  housse  qui  non-seulement  couvre  en  partie 
la  croupe  ducheval,  mais  dont  les  côtés  descendent 
plus  bas  que  la  jambe  du  cavalier.  ||  Housse  en  bot- 
tes, housse  qui  ne  couvre  que  la  croupe  du  cheval. 
Il  Housse  traînante,  housse  de  cheval  qui  pend 
presque  jusqu'à  terre  par  les  côtés.  Chevaux  de  main 
ornés  de  brides  à  plaques  et  clous  d'argent....  d'é- 
triers  dorés  et  quelquefois  d'argent  massif,  avec  de 
grandes  housses  traînantes,  à  la  manière  des  Turcs, 
VOLT.  Charles  XII,  2.  ||  Housse  du  collier,  la  peau  de 
mouton  ou  autre  qui  couvre  souvent  cette  partie  du 
harnachement  des  chevaux  de  trait.  ||  En  housse,  à 
clicval.  Le  vice  qui,  pompeux,  tout  mérite  repousse 
Et  va,  comme  un  banquier,  en  carrosse  et  en  housse, 
RÉGNIER,  Sat.  II,  7.  Que  dit-il  [l'âne]  quand  il  voit, 
avec  la  mort  en  trousse,  Courir  chez  un  malade  un 
assassin  en  housse?  boil.  Sai.  viii.  ||  La  couverture 
du  siège  du  cocher.  ||  Housse  de  carrosse,  couver- 
ture de  velours  ou  d'écarlate  que  les  princesses  et 
les  duchesses  faisaient  mettre,  quand  il  leur  plai- 
sait, sur  l'impériale  de  leur  carrosse.  ||  3*  Couver- 
ture d'étolTe  légère  dont  on  se  sert  pour  garantir  les 
meuMes  de  prix.  Une  housse  de  fauteuil.  ||  4°  An- 
ciennement, couverture  que  les  paysannes  se  met- 
taient sur  la  tête  et  les  épaules  pour  se  garantir  de 
la  pluie  et  du  froid.  ||  5°  Anciennement,  lit  en  housse, 
lit  qui  avait  des  pentes  descendant  jusqu'en  bas,  et 
non  des  rideaux  se  tirant  sur  des  tringles.  On  tira 
les  housses  de  son  lit  [du  ro]  et  de  celui  du  maré- 
chal de  Villeroy,  st-sim.  513,  39. 116°  Enveloppe  qui 
couvrait  le  bouclier  des  chevaliers.  Si  le  chevalier 
voulait  rester  inconnu,  il  couvrait  son  écu  d'une 
housse,  ciiATEAUB.  Génie,  iv,  v,  4. 

—  IIIST.  xii"  s.  Riches  bliaux,  riches  manteaux. 
Riches  huches,  riches  ancaux.  Mainte  pelice  vaire 
et  grise,  ttrut,  f°  79,  dans  lacurne.  ||  xiii*  s.  Et  fu- 
rent ostées  les  housées  des  escus,  et  furent  pendus 
au  bort  des  nefs,  vuleii.  lxii.  S'en  fist  faire  cote  et 
sorcot  i:t  une  houce  grant  et  large  Forrée  d'une 
noire  sargc,  ruteii.  ii,  74.  Et  me  conta  le  roy  que 

1  estoit  monté  sur  un  petit  roncin,   une  houce  de 

DICT.    DE    LA    LANGUE    FRANÇAISE. 


HOU 

soye  vestua,JOiNV.  239.  ||xv*».  Quant  elle  vint  près  et 
elle  veit  les  escus  dont  les  housses  estoient  deschi- 
rées  par  les  coups  qu'ilz  avoient  receuz,  elle  porccut 
l'aigle  noirqueleroyportoit, Pïrce/'orcsf,  1. 1,  C  H4. 

—  ÉTYM.  Bas-lat.  housia,  houcia,  hucia,  Missia. 
Diez  le  tire  du  bas-latin  hulcia,  hulcilum,  qu'il  rat- 
tache à  l'anc.  haut-allem.  hulst,  fourreau.  On  ne 
trouve  pas  hulcia,  hulcitum,  dans  du  Cange  ;  néan- 
moins la  conjecture  de  Diez  est  probable;  à  côlé 
on  peut  aussi  mentionner  le  kimry  hws,  couverture. 

t.  IIOnSSÉ,  ÉE  (hou-sé,  sée),  part,  passé  de 
housser.  Des  habits  housses  et  brossés. 

2.  HOPSSÉ,  ÉE  (hou-sé,  sée),  odj.  Couvert  d'une 
housse.  Monsieur  se  mit  à  sa  fenêtre  et  toute  sa 
cour,  pour  voir  cette  belle  voiture  [de  Mme  d'Ai- 
guillon] houssée,  ST-siM.  (42,  72.  Il  Terme  de  bla- 
son. Cheval  housse,  cheval  qui  a  sa  housse. 

—  HIST.  xiv*  s.  En  laquelle  besongne,  pour  hous- 
ser ladite  chappelle  et  armoierie  dessus  dicte,  a 
esté  mis  et  employé  par  ledit  Colait  de  Laon.  pain- 
tre,  sept  pièces  de  cendaulx,  de  laborde,  Émaux, 
p.  341.  ||xv'  s.  Housse  de  sa  robe  longue,  louis  xi, 

NOUV.   LXXVII. 

—  ÉTYM.  Housse. 

t  lIOrSSEAU  (hou-s6),  s.  m.  Nom  de  grosses 
épingles  propres  à  attacher  ensemble  plusieurs  dou- 
bles d'étoffe. 

f  IIOCSSÉE  (hou-sée),  s.  f.  Peau  de  mouton  que 
le  mégissier  travaille  en  laine,  et  qui  sert  à  faire  des 
housses. 

—  ÉTYJI.  Housse. 

HOUSSER  (hou-sé),  v.  a.  Nettoyer  avec  un  hous- 
soir.  Housser  une  tapisserie,  un  meuble.  ||  Absolu- 
ment. A-t-on  housse  partout?  ||  Se  housser,  r.  réfl. 
Être  housse.  Ces  meubles  se  houssent  tous  les  jours. 

—  HIST.  xni*  s.  S'ele  est  preus  et  bien  enseignie. 
Ne  lest  entor  nule  iraignie  [toile  d'araignée] ,  Qu'el 
n'arde  ou  rée,  errache  ou  housse,  la  Rose,  (3543. 
Il  XVI'  s.  On  luy  a  housse  le  derrière,  ouniN,  Curios. 
fr.  add. 

—  ÉTYM.  Iloux;  normand,  housser,  maltraiter; 
dans  le  Berry,  housser  signifie  plier  en  faisant  res- 
sort :  Une  verge  de  houx  housse  bien. 

t  HOUSSETTE  (hou-sè-f),  «.  f.  Serrure  de  coffre 
qui  se  ferme  quand  on  laisse  retomber  le  couvercle. 

HOUSSINE  (hou-si-n'),  s.  f.  Baguette  flexible  de 
houx  ou  de  tout  autre  arbre,  qui  sert  à  faire  aller 
un  cheval  ou  à  battre  des  habits,  des  meubles,  etc. 
Il  se  fit  apporter  une  houssine  d'ébène,  balz.  ie Bar- 
bon. M.  de  St-Louis  avait  eu  un  œil  crevé  du  bout 
d'une  houssine  en  châtiant  son  cheval,  st-sim.  (C9, 
132.  On  a  dit  que  ces  ailes  avaient  été  données  au 
casoar  pour  l'aider  à  aller  plus  vite  ;  d'autres,  qu'il 
pouvait  s'en  servir  pour  frapppr  comme  avec  des 
houssines,  bufp.  Ois.  t.  ii,  p.  314.  J'ai  commencé 
par  les  croquignoles,  je  continuerai  par  les  coups  de 
houssine,  ensuite  viendront  les  coups  de  gaule,  et 
je  finirai  par  les  coups  de  bâton,  d'aleub.  Lett.  à 
Voltaire,  27  avril  <7eB. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  tout  incontinent,  il  laisse  sa  li- 
mande et  print  une  houssine  en  la  main,  qui  n'es- 
toit  pas  plus  grosse  que  le  doigt,  longue  d'une  aune 
ou  environ,  desper.  Contes,  xx. 

—  ÉTYM.  Iloux. 

HOUSSLVÉ,  ÉE  (hou-si-né,  née),  part,  passé  de 
houssiner.  Ce  polisson  houssine  par  son  père. 

HOUSSINER  (hou-si-né),  v.  a.  Battre  avec  une 
houssine.  Houssiner  dos  meubles.  ||  Fig.  et  familiè- 
rement. Battre  quelqu'un  avec  violence.  Il  a  été  vi- 
goureusement houssine. 

—  HIST.  XVI'  s.  Houssiner,  onnm,  Dict. 

—  ÉTYM.  Houssine. 

HOnSSOIR  (hou-soir),s.m.  Dalaidehoux  ou  au- 
tres branchages,  et,  le  plus  souvent,  de  plumes.  Ils 
[les  brossiers]  vendent  aussi....  des  raquettes,  qu'il 
leur  est  loisible  de  faire  eux-mêmes;  toutes  espèces 
de  balais  et  houssoirs  de  soie  ou  de  plume...  do- 
roirs  à  pâtissiers....  goupillons  à  laveries  brocs.... 
Dict.  des  arts  et  met.  Brossier.  ||  Houssoirde  plumes, 
espèce  de  pissenlit. 

—  ÉTYM.  Hausser. 

nOUSSON  (hou-son) ,  s.  m.  Voy.  noux. 

f  HOUSTONE  (hou-sto-n'),  s.  f.  Tt-rnie  de  bota- 
nique. Genre  de  gentianées  renfermant  plusieurs 
espèces  des  États-Unis.  Houstone  à  fleur»  bleues. 

\  HOUVET  (hou-vè) ,  s.  m.  Nom  du  crabe  tour- 
teau, à  Granville  et  aux  environs. 

HOUX(hoi!l),î.m.||  l"Arbre  toujours  vert  dont  les 
feuilles  sont  luisantes  et  armées  de  piquants.H  Houx 
panaché,  espèce  de  houx  dont  la  feuille  est  tachetée 
de  jaune.  ||  Il  se  dit  aussi  d'une  canne  de  boux. 
Vous  avez  là  un  joli  houx. ||  Terme  de  botanique. 
Genre  ho-jx,  ilex,  type  de  la  famille  des  ilicinéos. 


mic 


2057 


où  l'on  distingue  :  !•  le  houx  commun  {ilex  agui- 
foliutn,  umf.)  ;  2"  le  houx  maté,  dit  aussi  herbe  ou 
thé  du  Paraguay,  des  jésuites,  de  saint  Barthélémy, 
petit  arbre  glabre  {ilex  paraguayensis,  Lambert)  ; 
les  feuilles  en  sont  employées  en  quantité  considé- 
rable, dans  l'Amérique  méridionale,  sous  forme 
d'infusion  théiforme,  à  titre  de  boisson  stimulante. 
!|  2°  Houx-frelon,  dit  aussi  petit  houx,  housson,  fra- 
gon  piquant  {mscus  aruleatus,  L),  famille  des  li- 
liacées  asparagées,  arbrisseau  à  rameaux  aplatis, 
simulant  des  feuilles  toujours  vertes  et  piquantes, 
et  dont  les  racines  passent  pour  diurétiques  et  apé- 
ritives  (voy.  frelon). 

—  MIST.  XIII'  s.  Quant  iloqucs  vint  un  vilain  Qui 
tint  un  baston  en  sa  main  Qui  ert  [était]  grant  et 
gros  et  de  hous,/I?n.  24401.  ||  xiv  s.  Pour  faire  glus, 
il  convient  peler  le  houx  quant  il  est  en  sa  scve,  Mé- 
nagier,  11,  B.  ||  xvi'  s.  Chaudcaux  faits  de  poulailles 
cuites  aux  racines  de  persil,  ozeille,  petit  houx. 
PARÉ,  XX,  25.  Brusc  autrement  dit  housiîon,  0.  db 
SERRES,  «08.  Le  houx  ou  mesplier  sauvage  est  du 
rang  des  ilex,  m.  795. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  hus,  hous;  namur.  heûs;  du 
germanique  :  anc.  h.  allem.  hûlix;  allem.  hùlte, 
angl.  holhi. 

t  HOUZURE  (hou-zu-r'),  s.  f.  Terme  do  chasse. 
Espèce  de  croûte  que  le  sanglier  laisse  sur  les  bran- 
ches où  il  se  frotte,  et  qui  fait  connaître  la  hauteur 
de  l'animal. 

HOYAU  (ho-iô;  plusieurs  disent  hoi-iô) ,  ï.  m. 
Houe  à  lame  forte,  aplatie,  taillée  en  biseau,  em- 
ployée au  défoncement  des  terrains  et  aux  façons  de 
la  petite  culture  qui  demandent  le  plus  de  force. 
N'allez  pas  croire  que  Pomone  et  Vertumne  vous 
sachent  beaucoup  de  gré  d'avoir  sauté  en  leur  hon- 
neur.... il  n'y  a  d'autre  Pomone  ni  d'autre  Vertumne 
que  la  bêche  et  le  boyau  du  jardinier,  volt.  Dict. 
phtl.  Superstition,  iv. 

—  HIST.  xiv  s.  De  piques,  de  hoeaux  [ils]  furent 
bien  pourveû,  Kt  de  leviers  de  fer  afilez  et  agu, 
Guescl.  10948.  Il  XV'  s.  Et  là  houoient  (les  Anglois] 
et  picquoient  de  pics  et  de  boyaux  à  leur  pouvoir, 
FROiss.  II,  II,  431.  Et  les  boyaux  à  racler  parche- 
mins, E.  DESCH.  Poésies  mss.  f"  385. 

—  ÉTYM.  Diminutif  de  houe,  avec  changement  da 
genre. 

t  HO'VÉ  (ho-ié),  adj.  Terme  de  pèche.  Poissou 
hoyé,  poisson  meurtri,  secoué  dans  le  filet  ou  atta- 
qué par  des  poissons  voraces. 

t  UU  (hu),  interj.  Voy.  hue. 

t  IIUACO  (hu-a-ko),  s.  m.  Voyez  goaco. 

t  HUAGE  (hu-a-j),  s.  m.  Terme  de  chasse  et  de 
pêche.  Action  de  huer,  de  crier,  pour  effrayer  le 
gibier  ou  le  poisson. 

t  UUAILLE  (hu-â-ll'.  Il  mouillées),  s.  f.  Canaille, 
cohue.  Ne  pourriez-vous  pas  mortifier  la  huaillo  sa- 
cerdotale? VOLT.  Lett.  roi  de  Prusse,  )»5. 

—  ÉTYM.  Huer. 

UUARD  (hu-ar;  le  d  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
l's  ne  se  lie  pas  :  les  hu-ar  et...;  cependant  quel- 
ques-uns la  lient  :  les  hu-ar-z-ct....),  s.  m.  Nom  vul- 
gaire du  col'jmbe  arcligue  (oiseaux  palmipèdes),  ap- 
pelé encore  plongeon  arctique,  lumme  et  plongeon 
iumme,  legoarant. 

—  HIST.  XVI'  s.  Huard,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Huer,  à  cause  des  cris  qu'il  pousse. 

t  UUAD  (hu-ô),  s.  m.  Terme  de  chasse.  Êpou- 
vantail  fait  avec  les  deux  ailes  d'une  buse  ou  d'un 
milan,  et  trois  ou  quaire  grelots  de  fauconnerie. 

t  HUBERT  (hu-bèr),  ».  m.  Insecte  coléoptère  qui 
attaque  la  vigne. 

HUBLOT  (liu-blo;  le  (  ne  se  lie  pas;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  les  hu-blo-z  ouverts) ,  ».  m.  Terme  de 
marine.  Synonyme  de  hulot,  dont,  d'après  Jal,  Il 
est  une  corruption. 

HUCHE  (hu-ch'),  s.  f.  \\  1*  Grand  cofl're  de  bois 
pour  pétrir  ou  serrer  le  pain.  Se  niche  et  sa  i^lottit 
dans  une  huche  ouverte,  la  font.  Fabl.  m.  4  8. 
Chez  les  paysans,  la  huche  et  le  fruitier  sont  tou- 
jours ouverts,;.  J.  Rouss,  Êm.u.  ||  2°  Huche  de  mou- 
lin, coffre  de  bois,  où  tombe  la  farine  en  sorlant  de 
dessous  la  meule.  ||  3'  Terme  de  pèche.  Caisse  que 
l'on  enfonce  dans  l'eau  et  dans  laquelle  on  dépose 
le  poisson  que  l'on  doit  consommer.  ||  4"  Terme  de 
métallurgie.  Auge  qui  reçoit  les  minerais  bocardés. 
Il  5°  Terme  de  marine.  Navire  en  huche,  navire  k 
poupe  élevée. 

—  HIST.  XIII'  s.  Chascune  huche  nuevc,  se  elle 
vaut  douze  deniers  ou  plus,  doit  oliole  de  rivage,  et 
la  viez  huche  ne  doit  rien,  L'v.  des  v<ét.  lui.  Le 
tiers  cas,  si  est  si  comme  s'aucuns,  qui  ne  soit  pas 
mes  sires,  brise  mes  huces  ou  mes  cambres,  beaum. 
XXXIX,  69.  Come  un  ons  [un  homme]  meist  ses  de- 

I.  —  2.'S8 


2058 


HUE 


ncrs  en  un  mostor,  en  une  uiche  qu'il  aporta,  uns 
clers  emWa  ces  deniers  ,  et  s'enfoï,  l.iv.  dejusl.  <  84. 
Ses  anemis  ne  prise  gaires,  Qu'ele  a  baillis,  provos 
et  maires,  Kt  si  a  juges  lit  de  deniers  plaines  ses 
huges,  BUTFB.  504.  Si  tost  comme  je  fu  avalé  là  où 
le  trésor  estoil,  je  demandé  au  trésorier  du  Temple, 
qui  là  estoit,  que  il  mebalUast  les  clefs  d'une  huche 
qui  estoit  devant  mby,  jomv.  250.  ||  xiv  s.  Qu'il 
[l'estomac]  soit  huche  de  la  viande  de  tout  le 
cors,  II.  nE  MONDEVJLLE,  f»  26,  vevso.  En  la  cha- 
pelle, emprès  l'estude  du  roy,  fut  trouvé  en  une 
iiuscheles  bijoux  qui  ensuivent,  de  LABOBDE,.ëmatM!, 
p.  342.  Il  XV'  s.  Rompre  nos  huches,  effondrer  nos 
tonneaux  de  vin,  fkoiss.  ii,  m,  t».  Si  tout  l'avoir 
qui  est  dessoubz  le  firmament,  estoit  dedans  leurs 
huches,  Perceforest,  t.  iv,  f"  20.  ||  xvi*  s.  Poissons 
mis  en  huches,  sauvouers  ou  reservouers,  sont 
meubles,  l  jysel,  24  5. 

—  ÉTYM.  Maine,  uge;  wallon,  houche;  du  bas- 
latin  hutica;  angl.  hulch;  là  s'arrête  l'étymologie 
certaine.  Diez  demande  si  hulica  n'est  pas  un  dérivé 
(le  l'ail.  Hutte,  hotte.  D'autres  y  voient  le  mot  anglo- 
sjixon  hvàcca,  armoire;  mais  on  ne  pourraity  trou- 
ver le  t  de  hulica.  Uutica  explique  les  deux  formes 
huche  et  huge. 

IIDCIIÉ,  ÉE  (hu-ché,  chée),  part,  passé  de  bû- 
cher. Longtemps  huche,  il  répondit  enfin. 

t  HUCIIEMENT  (hu-che-man),  s.  m.  Action  de 
bûcher. 

—  IIIST.  XYi'  s.  Il  sera  procédé  contre  eux  par 
proclamation  et  huchement,  Coust.  génér.  t.  i, 
p.  H63. 

UUCIIER  (hu-ché),  t)  a.  Ijl»  Appeler.  La  prê- 
tresse en  voix  de  fausset  Devant  la  porte  de  l'église 
Hucha  les  gens  du  fils  d'Ancbise,  scahr.  Virg.  vi. 
Il  2"  Particulièrement,  en  termes  de  chasse,  appeler 
en  criant  ou  en  sifflant.  ||  8°  Se  hucher,  v.  réfl. 
S'aiipeler  l'un  l'autre. 

—  illST.  xii*  s.  X  haute  voix  commençai  à  hu- 
chier,  Jlonc.  p.  t6<.  Que  que  Ii  fclun  l'unt  féru 
et  detrencbié,  E  del  ferir  se  sunt  durement  esforcié, 
N'aveit  brait,  ne  groni,  ne  crié,  ne  buchié,  Ne  pié 
ne  main  n'aveit  à  sei  trait  ne  sachié.  Th.  le  mart. 
4  ao.  Il  xni*  s.  Symons  huche  sa  femme,  Constance  o 
lo  corsgent,  Berte,  XLvii.  Li  mestre  quiprent  apren- 
tiz,  il  doit  huchier  au  convenances  du  marché  deux 
des  mestres  et  deus  des  vallés  por  oîr  les  convenan- 
ces faites  entre  le  mestre  et  l'aprentiz,  Ii».  des  met. 
02.  Quant  chascuns  a  chape  forrée,  Et  de  denier  la 
grant  borsée,  Les  plains  coffres,  la  plaine  huche. 
Ne  li  chaut  qui  por  Dieu  le  huche.  Ne  qui  riens  par 
Dieu  li  demande,  buteb.  221.  ||xv"  s.  Il  commence 
à  huchier  :  portier,  avalle  ton  pont,  laisse  moy  en- 
trer dedans,  Perceforest,  t.  i,  f°  49.  ||xvi*  s.  Je  me 
tiendray  prez,  huschant  en  paulme,  je  me  rendray  à 
vous,  HAB.  Garg.  i,  6. 

—  ETYM.  Wallon,  houki;  Hainaut,  Vmfcer;  picard, 
huquer;  lîcrry,  hucher,  appeler,  crier;  provenç. 
huchar,uchar,  ucar ;  bas-latin,  huccus,  uccns  (qui 
ad  ip.sos  uccos  cacurrerunt).  Diez  le  tire  de  l'ad- 
verbe latin  hitc,  ici  :  de  sorte  que  hucher  serait  ap- 
peler ici,  faire  venir  ici.  Le  bas-latin  huccus,  cri 
d'appel,  donne  grand  crédit  à  cette  étymologie.  Ce 
mol  se  trouve  aussi  dans  le  germanique  :  ancien 
flamand,  hune;  et  dans  le  celtique  :  kimry,  hxcchw. 

UUCHET  (hu-cbc;  le  t  ne  se  lie  pas  ;  au  pluiiel, 
lise  lie  :  les  hu-chè-z  et...;  huchcts  rime  avec  traits, 
succès,  paix,  etc.),  s.  m.  Cornet  pour  avertir  de  loin. 
Dieu  préserve,  en  chassant,  toute  sage  pci-sonne 
D'un  porteur  de  buchet  qui  mal  à  propos  sonne, 
MOL.  les  Fdch.  11,  8.  ||  Terme  de  blason.  Représen- 
tation d'un  cor  de  chasse   dans  les  armoiries. 

—  IIIST.  xvi*  s.  L'un  [chien]  engraissé  à  la  cui- 
sine, l'autre  accoustumé  par  les  champs  au  son  de 
la  trompe  et  du  buchet,  la  boetie.  Servitude  vo- 
lontaire. Les  enfans  perdus  commençoient  à  accom- 
molcrlepoulevrin,quandun  courrier  arrivant  entre 
les  deux  armées  fit  donner  deux  mots  du  buchet  à 
son  postillon  à  fin  qu'on  ne  le  tirast  pas,  d'aub. 
Ilist.  II,  315. 

•—  ÊTYM.  Hucher. 

t  UUCUIER  (hu-chié),i.  m.  Nom,  dans  le  moyen 
(Ige ,  de  celui  qui  travaillait  le  bois,  qui  faisait  les  hu- 
ches ;  et,  comme  tous  les  meubles  étaient  ornés  de 
sculpture,  le  huchier  représentait  le  sculpteur  en  bois. 

—  ÊTYM.  Huche. 

HUE  (hue),  mo'  dont.-Jo  servent  le?  charretiers  pour 
faire  avancer  les  chevaux.  |{  Ils  s'en  servent  aussi 
pour  les  faire  tourner  à  droite;  mais  en  ce  sens  ils 
emploient  bien  plus  souvent  bubaut  ou  hurhaut. 
li  Proverbe.  L'un  tire  à  hue  et  l'autre  à  dia  (voy.  dia). 

—  IIIST.  xvi'  s.  A  dy  ay  et  hori  bo,  noel  dufail. 
Contes  d  Eutrap.  cb.  ix. 


HUE 

—  ÊTYM.  D'après  Pictet,  en  Suisse,  dioveut  dire 
à  droite,  et  hue  veut  dire  à  gauche  ;  là-dessus 
.1  rattache  dia  au  bas -breton  (voy.  dia),  et 
h  le,  à  l'armoricain  sou  ou  sa,  terme  de  charretier 
voulint  dire  à  gauche,  dan.i  lequel  il  voit  le 
kimry  aseu,  asioij,  asw,  gauche;  sanscrit,  savija, 
gauche.  Etymulogie  prol)lématique  et  contriire  au 
sens  da  dia  et  hue  en  France. 

HUÉ,  ËE  (hu-é,  ée),  part,  possède  huer.  Le  loup 
hué  par  les  paysans.  ||Terme  de  pêche.  Poisson  hué, 
poisson  qu'on  a  pris  en  le  huant. 

UUÉE  (hu-ée),  s.  f.  Il  1°  Le  bcuit  que,  dans  une 
battue,  les  paysans  font  après  le  loup.  ||  Cris  que 
font  les  chasseurs  après  que  le  sanglier  est  pris. 
Il  2°  Fig.  Cris  de  dérision  qu'une  réunion  de  gens 
fait  contre  quelqu'un.  Lesa.ssistants  qui  moins,  qui 
plus.  Firent  une  grande  huée  Qui  fut  longtemps 
continuée,  scabr.  Virg.  v.  X  ces  mots  il  se  fit  une 
telle  huée  Quele  pauvre  écourtè  ne  put  être  entendu, 
LA  FONT.  Fabl.  V,  6.  Et  Socratc  par  lui,  dans  un 
chœur  de  nuées.  D'un  vil  amas  de  peuple  attirer  les 
huées,  BOIL.  Art  p.  m.  Vous  ne  savez  peut-être  pas 
son  histoire  [de  Chiantpot-la-Perruque]  ;  c'était  un 
homme  qui  quitta  Paris,  parce  que  les  petits  gar- 
çons couraient  après  lui;  il  alla  à  Lyon  par  la  dili- 
gence, et,  en  descendant,  il  fut  salué  d'une  huée  de 
polissons,  VOLT.  Lett.  d'Argental,  23  sept.  i750.  Je 
me  promenais  tranquillement  dans  le  pays  avec  mon 
cafetan  et  mon  bonnet  fourré,  entouré  des  huées 
de  la  canaille  et  quelquefois  de  ses  cailloux,  J.  J. 
Rouss.  Confess.  xii. 

—  HIST.  XII"  s.  Lors  recommence  li  cris  et  la 
buée,  lionc.p.  (43.  [[xVs.  Il  m'est  advisquele  che- 
valier doit  avoir  le  pris  ou  la  buée  de  cesle  journée 
pour  très  excellent  fait  d'armes,  Perceforest,  t.  i, 
f"  92.  Il  xvi's.  Lorsqu'aprez  une  longue  queste  la  beste 
vient  en  sursault  à  se  présenter  en  lieu  oii,  à  l'ad- 
venture,  nous  l'espérions  le  moins,  cette  secousse  et 
l'ardeur  de  ces  huées  nous  frappe...,  mont.  11,  427. 

—  ÉTYM.  Hué.  On  disait  aussi  le  hu  .•  Et  quant  il 
se  parti  de  la  cambre  le  rei,  L'escrierent  en  bault 
à  hu  e  à  desrei  :  Li  traîstrcs  s'en  vait...,  Th.lemart. 
te.  Dans  le  Berry,  huée  est  le  cri  qui  sert  de  signal 
aux  ouvriers  pour  s'avertir  que  la  journée  est  linie. 

HUER  (hu-é),  13.  a.  \\  1"  Faire  des  huées  après  le 
loup.  Il  Terme  de  pêche.  Huer  le  poisson,  le  faire 
tomber  dans  les  filets  en  poussant  de  grands  cris. 
Il  2°  Fig.  Pousser  des  cris  de  dérision  contre  quel- 
qu'un. Il  se  fit  huer  de  tout  le  monde.  Et  bientôt 
vous  verrez  mille  auteurs  pointilleux....  Traiter  tout 
noble  mot  de  terme  hasardeux.  Et,  dans  tous  vos 
discours,  comme  monstres  hideux,  Huer  la  méta- 
phore et  la  métonymie,  uoil.  ÉpU.  x.  Figurez-vous 
que  Zaïre  fut  huée  dès  le  second  acte,  que  Séniira- 
mis  tomba  tout  net,  qu'Oreste  fut  à  peu  près  sifflé..., 
VOLT.  Lett.  Chabanon,  22  déc.  I760.  ||  Absolu- 
ment. Le  public  a-t-il  paru  approuver  le  trait  sati- 
rique lancé  contre  les  femmes?  —  Il  s'est  contenté 
de  huer,  genlis.  Veillées  du  chdt.  t.  m,  p.  20 1,  dans 
rouGENS.  Il  3°  V.  n.  Terme  de  fauconnerie.  Crier 
comme  le  hibou.  La  chouette  hue.  ||  4°  Se  huer, 
V.  réfl.  Se  huer  l'un  l'autre.  Des  deux  côtés  on  s'in- 
sultait, on  se  huait. 

—  lllST.  XII*  s.  Cumme  fel  fait  il  li  [comme 
félon  il  lui  dit]  :  mal  traîtres,  t'en  vas.  Sil  hua 
Huewac  tant  qu'il  fu  près  tut  las.  Th.  le  mnrt.  48. 
Ainz  [auparavant]  erent  [ils  étaient]  chevalier,  or 
sunt  vil  et  hué  ;  Riche  erent  ainz,  or  sunt  cbaU 
[tombés]  en  dolente,  ib.  454.||xiii*  s.  Et  li  Com- 
main  retomerent  seur  els  et  coramencierent  à 
huer  et  à  traire  [tirer  de  l'arc] ,  ville»,  cxliii. 
Les  lous  [elle]  ouït  huiler,  et  li  huans  [chat-huantj 
hua,  Berte,  xxv.  Moult  tost  se  l'est  mis  à  la  fuie, 
E  li  vilain  forment  le  buie,  Qui  moult  se  tient 
à  engingnié,  Ren.  2os4.  Neis  [même]  cil  qui  du 
sien  vivent  le  rampouent  et  buient;  Fols  sont  qui 
jusque  lors  à  bien  faire  s'estuient,  j.  de  meung.  Test. 
4  87.  Cil  gluz  et  laz  et  rois  [rets]  fist  tendre  Por  les 
sauvages  bestes  prendre,  Et  lor  buia  les  chiens  pre- 
miers, Dont  nus  n'iert  avant  couslumiei-s,  la  Rose, 
20343.  Le  bon  conte  de  Soissons  en  ce  point  là  où 
nous  estions,  se  msquoil  à  moy  et  me  disoit  :  se- 
ncschal,  lessons  huer  ceste  chicnnaille,  joinv.  223. 
Il  XV*  s.  Je  crois  que  j'ai  huy  vu  mon  messager  ;  je 
me  repens  de  ce  que  j'ai  buyé  et  fait  huier  mes 
chiens  sur  lui;  fort  y  a,  si  je  le  vois  jamais,  froiss. 
II,  lii ,  22.  Il  xvi*  s.  Il  fut  hué,  dont  de  douleur  se 
pasme,  j.marot,  v,  230.  Le  premier  qui  hue  I9  lou 
[crie  au  loup]  anime  tous  les  autres  pastres  et  pay- 
sans à  faire  le  semblable,  carloix,  i,  44.  Là  l'espiru 
dans  la  main,  courageux  je  devance  Ma  chasse  de 
vingt  pas,  je  la  tance  et  retance.  Je  la  presse  et  la 
hue,  allant  tout  à  l'entour,  rons.  670. 


ncG 

—  ETVSl.  Picard,  huyer,  crier  avec  force;  wallûi: 
liomcer,  huwer.  .Suivant  Diez,  c'est  une  onomalo 
pée,  formée  de  l'exclamation  hu.  Scbeler  pense  qui; 
c'est  la  forme  française  du  verbe  dont  huchar  esl  1 1 
forme  provençale  (d'où  le  français  hucher);  et  il  !■ 
fait  venir  du  latin  hue,  ici.  Enlin  il  y  a  lo  kimry 
hwa,  appeler.  L'opinion  de  Diez  est  la  plus  vrai- 
semblable. • 

t  HUERIE  (hu-rie),  s.  f.  Se  dit,  dans  quelques 
provinces,  de  l'action  de  crier  :  Le  roi  boit,  à  la  fête 
des  Rois. 

—  HIST.  xiii's.  Ettel  cri  et  tel  huerie,  Ren.  45984. 
!  XV'  s.  Ix)rs  y  eut  grand  huerie  des  Anglois,  quand 
ils  les  veirent  ainsi  à  la  descouverte,  froiss.  liv.  ui, 

p.  4  12,  danSLACURNE. 

—  ETYM.  Huer. 

t  HCÉRON  (hu-é-ron),  s.  m.  Un  des  noms  vul- 
gaires de  la  huppe,  oiseau. 

t  nUET(bu-è),  s.  m.  Synonyme  de  huette. 
HUETTE  (hu  c-f),  s.  f.  Hulotte.  ||  Petit  duc. 

—  IIIST.  xvi*  s.  Huele,  moset,  Dict. 

—  ETYM.  Huer. 

t  HUEUR  (hu-eur),  s.  m.  Celui  qui  hue. 

—  ÊTYM.  Huer. 

t  nUGOLÂTRE  (u-go-lâ-tr'),  s.  m.  Partisan  aveu- 
gle des  ouvrages  et  des  théories  littéraires  de  Victor 
Hugo. 

t  UOGOJJ  (hu-goo)  ou  HUGUET  (hu-gbè),  t.  m. 
Espèce  de  revenant  qui  se  montrait  dans  la  ville  de 
Tours  et  dont  on  efTiayait  les  enfants.  On  l'appelait 
souvent  le  roi  Hugon  ou  le  roi  Huguet. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Tours,  où,  comme  quelques  uns 
ont  voulu,  les  huguenots  avoient  pris  leur  nom  à 
cause  de  la  tour  Hugon  où  ils  s'assembloient,  ou 
d'un  luthin  du  mesme  nom,  du  quel  on  menace  les 
enfants  en  cette  ville,  d"aub.  Hist.  i,  96. 

—  ÉTYM.  Nom  propre  qui  vient  de  l'anc.  bauUall. 
hugu,  intelligence  :  hugon,  homme  d'esprit. 

t  UUGO.MACÊES  (hu-go-ni-a-sée),  s.  f.  pi.  Terme 
de  botanique.  Nom  d'une  famille  de  plafttes  des  In- 
des à  10  étamines,  placée  entre  les  malvacées  et  les 
bjUnériacées. 

—  ÊTYM.  Le  genre  hugonia,  dédié  par  Linné  au 
médecin  botaniste  anglais  Hugo,  son  contemporain. 

HUGUENOT,  GTE  (hu-ghe-no,  no-t'),  s.  m.  et  f. 
Sobriquet  que  les  catholiques  de  France  donnèrent 
autrefois  aux  calvinistes.  L'autre  jour,  touchant 
cette  affaire,  Le  chevalier  de  Silleri,  En  parlant  de 
ce  pape-ci  [qui  tenait  le  parti  des  puissances  pro- 
testantes]. Souhaitait  pour  la  paix  publique  Qu'ils* 
fut  rendu  catholique.  Et  lo  roi  lacques  [d'Angle- 
terre] huguenot;  Je  trouve  assez  bon  ce  bon  mot,  la 
font.  Lett.  .\xiii.  Nous  avons  ici  une  petite  hugue- 
note, qui  dit  que  les  enfants  morts  sans  baptême 
vont  droit  en  paradis  sur  la  foi  de  leurs  pères,  sév. 
435.  M.  de  Sully,  qui,  tout  zélé  huguenot  qu'il  était, 
non-seulement  déclare  au  roi  qu'il  tient  infaillible 
qu'on  se  sauve  étant  catholique,  mais  nomme  en- 
core à  ce  prince  cinq  des  principaux  ministres  qui 
ne  s'éloignent  pas  de  ce  sentiment,  Boss.  3*  ot-ert. 
§  (0.  Avant  qu'un  tel  dessein  m'entre  dans  la  pen- 
sée. On  pourra  voirla  Seine  à  la  Saint-Jean  glacée, 
Ariiauld  à  Charenton  devenir  huguenot,  Saint-Sorlin 
janséniste,  et  .Saint-Pavin  dévot,  boil.  Sat.  1.  Si 
Dieu  conserve  le  roi,  il  n'y  aura  pas  un  huguenot 
dans  vingt  ans  ,  maintenon,  Lett.  à  Mme  de  Va- 
lette, 6  avril  <p82.  Le  comte  de  Galloway  se  distin- 
gua en  haine  contre  le  roi  et  contre  la  France,  quoi- 
que le  seul  huguenot  qu'on  y  laissât  jouir  de  ses 
biens,  st-sim.  43,  2iJi.  Pie  IV  offre  à  Catherine  de 
.Médicis,  régente  de  France,  cent  mille  écus  d'or  et 
cent  mille  autres  en  prêt,  avec  un  corps  de  Suisses 
et  d'Allemands  catholiques,  si  elle  veut  exterminer 
les  huguenots  de  France,  faire  enfermer  dans  la 
Bastille  Montluc,  évêque  de  Valence,  soupçonré  de 
les  favoriser,  et  le  chancelier  de  l'Hospital,  fils  d'un 
Juif,  mais  qui  était  le  plus  grand  homme  de  France, 
si  ce  titre  est  dû  au  génie,  à  la  science  et  à  la  pro- 
bité réunies,  volt.  Uceurs,  i'2.\\Àd}.  Avez-vous 
renversé  le  parti  huguenot,  que  j'avais  affaibli? 
FÉN.  Dial.  des  morts  mod.  Richelieu,  Mazarin. 
M.  Louvois  demanda  au  roi  la  permission  de  faire 
passer  dans  les  villes  les  plus  huguenotes  un  régi- 
ment des  dragons,  m** de  caylius.  Souvenirs,  p.  S', 
dans  poUGENS.  Après  la  correction  des  endroits  trop 
huguenots  [dans  un  ouvrage],  bayle,  Leti_  à  Rou, 
49  avril  1686.  J'ai  établi.  Dieu  merci,  chez  moi  cin- 
quante familles  huguenotes  qui  vivent  comme  frè- 
res et  sœurs  avec  les  fa  milles  papistes,  volt.  Lett.  For- 
i  meij,  26  août  4771,  Soyez  très-sûr  que,  si  on  ne  re- 
médie pas  au  mal,  la  contagion  est  à  craindre,  nous 
I  sommes  obligés  d'alandonner  le  château  de  Ferney 
1  immédiatement  après   l'avoir  achevé,   et  de  nous 


HUG 

K'fugier  en  terre  Imguenote,  m.  Utt.  Senac,  6  dèc. 

—  REM.  Voltaire  n'aspire  pas"  Vh  dans  huguenot. 

—  HIST.  XVI'  s.  Que  si  les  termes  (le  papiste  et  do 
hupienot  se  lisent  en  quelque  lieu,  ce  sera  en  fai- 
sant parler  quelque  partisan  passionné  et  non  du 
stil  de  l'nutheur,  d'aub.  JHst.  i,  49.  Il  alla  parmi 
eux  contrefaire  l'huguenot,  ID.Î&.  99.  Les  protestants 
depuis  .s'appellerent  huguenots  en  France  :  dont  l'é- 
tymologie  fut  prise  à  la  conjuration  d'Amboise  lors- 
que ceux  qui  devaient  présenter  larequeste,  comme 
esperdus  de  crainte  fuyoient  de  tous  costez;  quel- 
ques femmes  des  villages  dirent  que  c'estoient  pau- 
vres gens,  qui  ne  valloient  pas  des  huguenots,  qui 
ostoit  une  fort  petite  monnoye,  encore  pire  que  des 
mailles,  du  temps  de  Hugues  Capct;  d'où  vint  en 
usage  que  par  mocquerie  l'on  les  appeloit  huguo- 
nols,  et  se  nommèrent  tels  quand  ils  prirent  les  ar- 
mes, CASTi-LNAÙ,  41.  La  religion  huguenote,  id.  (56. 

■  Le  nom  daignes  que  les  Eglises  réformées  avoyent 
usurpé,  CONDÉ,  Uém.  p.  038.  Les  fidèles  de  l'Eglise 
reformée  qu'ils  nomment  huguenots,  id.  ib,  p.  665. 
Huguenots  qui  courez  la  France,  De  grâce  faites- 
moi  vengeance  D'une  au.ssi  mauvaise  que  vous,  des- 
portes, Diane,  u,  40. 

—  Etyjl  On  a  donné  un  grand  nombre  d'étymo- 
logies  de  ce  mot.  Voyez  celle  qui  est  rapportée  à 
l'historique  de  hugon,  et  qui,  avant  d'Aubigné,  est 
donnée  aussi  par  Pasquier:On  a  commencé  de  don- 
ner à  tout  le  nouveau  monde  de  ceste  faction  le 
nom  et  tiltre  de  huguenaux;  d'autant  que  la  pre- 
mière descouverte  que  l'on  en  a  faite  a  esté  en  la  ville 
de  Tours,  o\\  ils  ont  opinion  qu'il  yaunrabast  [esprit] 
qui  revient  de  nuit,  qu'ils  appellent  le  roy  Hugon, 
et  y  appelle  l'on  dès  pieça  hugenaux  tous  ceux  qui 
sont  de  la  secte  de  Calvin,  pour  faire  leurs  assem- 
blées et  convcnticules  de  nuit  comme  si  en  cecy  ils 
fu.ssent  disciples  et  sectateurs  de  cest  esprit,  Lett.  1. 1, 
p.  180.  Voyez  aussi  l'étymologie  que  donne Casteinau 
ci-dessus.  D'après  de  Brieux,  un  orateur  protestant 
commença  ainsi  sa  harangue:  Hue  nos  venimus, 
hue  nos...,  et  resta  court;  de  là  Huguenot.  Tout 
cela  est  sans  fondement.  Une  étymologie  plus  vrai- 
semblable qu'on  a  indiquée  est  lemot  allemand  Eidge- 
nossen,  confédéré,  de  Jîid,  serment,  et  Cenosse, 
compagnon  ;  la  forme  aignos  dans  les  Mémoires  de 
Gondé  l'appuie.  Mais  on  a  objecté  que  le  sens  n'é- 
tait pas  favorable  à  cette  étymologie,  confédérés 
s'appliquant  mal  à  une  secte  religieuse  ;  que  ce  mot 
ne  constituerait  pas  un  terme  d'injure  comme  les 
calvinistes  l'envisageaient  eux-mêmes,  et  qu'il  ne 
pourrait  s'appliquer  qu'aux  Suisses  protestants,  qui 
pourtant  n'ont  jamais  porté  ce  nom  ;  eidgenossen 
est  le  titre  que  se  donnent  les  citoyens  de  la  Suisse, 
tant  protestants  que  catholiques.  Ce  qui  achève  de 
la  ruiner,  c'est  que  huguenot,  du  moins  comme 
nom  propre,  est  antérieur  de  deux  siècles  à  la  ré- 
forme; on  le  trouve  dans  un  texte  du  xiv  siècle  : 
Le  7  octobre  fiST,  Pascal  Huguenot  de  .Saint  Junien 
en  Limousin,  docteur  en  décret,  flist.  litt.de  la  Fr. 
t.  XXIV,  p.  307,  Ce  fait  donne,  on  peut  dire,  la  cer- 
titude à  la  conjecture  de  Mahn,  qui  sans  le  connaî- 
tre, a  dit  que  huguenot  est  un  tliminutifde  Hugues, 
et  que  le  nom  ,  en  tant  que  terme  d'injure,  se  rat- 
tache à  quoique  hérétique  de  ce  nom.  Ce  mot,  au 
sens  6b  calvinistes,  parait  se  trouver  pour  la  pre- 
mière fois  sous  la  forme  de  huguenaulx,  dans  une 
lettre  du  comte  de  Villars,  lieutenant  général  en 
Languedoc,  du  <  l  novembre  )  560  (voy.  vaissette, 
llist.  du  Langued.  t.  v). 

HUGUENOTE  (liu-ghe-no-f) ,  s  f.  Terme  de  cui- 
sine. Marmite  de  terre  sans  pieds  où  l'on  fait  cuire 
les  viandes  sans  bruit,  sur  un  fourneau,  parce  qu'on 
prétend  que  les  huguenots  de  France  avaient  cette 
précaution  pour  éviter  le  scandale  aux  jours  défendus. 
Il  Petit  fourneau  surmonté  d'une  marmite  ||  Œufs 
à  la  huguenote,  œufs  cuits  dans  du  jus  de  mouton. 

—  Ilisr.  XVI'  s.  Huguenotte  à  faire  cuire  la 
viande,  oiinm,  Dict. 

t IICGUENOTERIE  (hu-ghe-no-te-rie),  s. /'.Terme 
de  dénigrement.  Parti,  faction  des  ûuguenols.  Pour 
moi,  je  crois  avec  beaucoup  de  gens  d'esprit  que  la 
huguenoterie  court  fortune,  par  toute  l'Kurope, 
d'être  voisine  de  sa  fin;  toutes  les  apparences  vont 
là,  MALH.  lelt.  Il,  30. 

—  lliST.  XVI*  s.  Le  bruit  fut  iju'il  y  avoit  [dans  la 
conspiration  d'Amboise]  plus  de  raaicontentement 
que  de  huguenoterie.  Journal  de  l'rulart,  cité  dans 
!  nirn.  des  sav.  août  1802,  p.  490. 

i  llUGUENOTIQUE    (bu- ghc-iio-ti-k'),   aij.  Qai 
'Mt,  qui  appartient  aux  huguenots. 

—  HIST.  XVI'  s.  Huguenothique,  cotgrave. 
HUGCE>OTISME  (bu-ghe-no-ti-sm"),  s.  m.  Atta- 


nui 


»ui 


2059 


de 
neno'iHuio 


chementàla  religion  réformée.  Son  mari  [.le  Mm 
Langeais!  s'appelait  Cordouan;  le  luigiienoli 
avait  fait  ce  mariage,  st-sim.  453,   103. 

—  ÈTYM.  Huguenot. 
IIUUAU  (hu-hfl),  voy.  nUE. 
IJUI  (ui),  adv.  de  temps  servant  à  marquer  le 

jour  où  l'on  est.  Vous  serez  le  parrain,  des  hui  je 
vous  en  prie,  la  font.  Mandr.  Dans  dix  mois  d'hui, 
je  vous  fais  père  enfin,  m.  ib.  \\  Eu  ternips  de  pra- 
tique, ce  jourd'hui,  les  chambres  assemblées. ||  Hui 
a  vieilli,  on  dit  aujourd'hui  ;  il  est  malheureux  qu'on 
ait  changé  ce  mot  pour  un  équivalent  si  lourd. 

—  HIST.  X' s.  Quant  oi  [aujourd'hui]  comenciest 
[vous  commencez]....,  Fragm.  de  Val.  p.  46». 
Il  XI'  s.  Rolans  mis  niez  [mon  neveu]  hoi  cest  jour 
nous  défaut  [nous  manque,  est  moil] ,  Ch.  de  Roi. 
CLiv.  Conquis  [il]  l'ara  d'oi  cest  jour  en  deus  meis, 
ib.  cxciii.  Il  xiv  s.  Hui  est  li  jor  que  les  convient 
mourir,  Itonc.  p.  60.  D'ui  cest  jour  en  un  an  sciez 
prest  d'ostoier  [aller  en  guerre],  Sax.  xvi.  De  grant 
hunte  nus  a  damne  Deus  wi  esters  [tirés],  Th.lemart. 
U19.  Ilxiii's.  Lasse  I  comme  aurai  hui  souffert  pesant 
tournai!  Cer(e,  XXVI.  [J']Estoie  hui  main  [ce  matin] 
venue  pour  la  messe  escouter,  ib.  cxii.  Ce  n'est  mie 
ne  d'ui  ne  d'ier  Que  riches  gens  ont  grant  pois- 
sance  De  faire  ou  aide  ou  grevance,  la  Rose,  Ui28. 
Noz  voz  ajornons  à  d'ui  en  quin.sc  jors,  en  tel  liu, 
BEAUM.  II,  3.  Sire,  fist  il,  c'est  pour  ce  que  en  [on] 
prise  si  pou  [peu]  les  excommuniemens  hui  et  tous 
les  jours,  joinv.  200.  ||  xvi'  s.  Ce  n'est  pas  dhuy  ne 
de  l'autre  sepmaine.  Que  tout  à  plat  j'ay  fait  de  vous 
refi'us,  j.  MAROT,  V,  256.  Qu'il  soit  ainsi  plustost  huy 
que  demain,  m.  11,  233.  U  est  encore  pour  le  jour 
d'hui  à  ou'ir  des  nouvelles  de  lui  et  de  ces  cent 
escus,  DESP.  Contes,  civ 

—  ÉTYM.  Wallon,  ouie;  provenç,  hoi,  huey,  huoi, 
oi,- catal.  ftuy/espagn.  hoy  ;  portug.  ho/c;  ital.  0391; 
du  lat.  hodie,  contracté  de  hoc  die,  ce  jour.  Hui, 
qui  est  tombé  en  désuétude,  ne  reste  employé  qu'a- 
vec des  prépositions,  et  ne  semble  plus  être  un  ad- 
verbe, mais  il  l'est  pleinement  dans  l'ancienne  lan- 
gue, à  même  titre  que  hodie,  en  latin. 

f-HUILAGE  (ui-la-j'),  s.  m.  Action  d'huiler,  d'en- 
duire, de  frotter  d'huile.  L'huilage  d'une  mèche 
permet  de  l'enHammcr  plus  facilement. jj  Immersion 
du  coton  dans  un  mélange  d'huile  d'olive  et  d'eau 
alcaline.  ||  Trempe  des  limes  dans  un  bain  d'huile. 

—  ÉTYM.  Huiler. 
HUILE  (ui-l'),  s.  f.  Il  1°  Liqueur  grasse  tirée  de 

l'olive.  Je  ne  saurais  vous  plaindre  de  n'avoir  point 
de  beurre  en  Provence,  puisque  vous  avezde  l'huile 
admirable  et  d'excellent  poisson,  sév.  Lett.  du  46 
mars  1072.  Deux  salades....  Dont  l'huile  de  fort  loin 
saisissait  l'odorat.  Et  nageait  dans  des  flots  de  vi- 
naigre rosat,  noiL.  Sat.  m.  Sur  les  trépieds  ardents 
l'huile  à  grands  flots  ruisselle,  delav.  Paria,  m,  a. 
La  charité  qui  ne  met  que  de  l'huile  sur  la  plaie  in- 
vétérée, MASS.  J.  Rapt.  N'est-ce  pas  lui  qui  a  versé, 
de  l'huile  sur  vos  plaies?  lu.  Carême,  Respect  hum. 
Il  Huile  vierge,  huile  d'olive  de  première  expression 
à  la  température  ordinaire.  ||  Huile  de  froissage, 
huile  obtenue  par  un  premier  pressurage.  |{  Huile 
grenue,  huile  figée  en  petits  grains.]]  Huile  ompha- 
cine,  huile  amère  tirée  des  olives  encore  vertes. 
Il  Huile  sautée,   espèce  de  ragoût  provençal   fait 
avec  de  l'huile  très-chaude.  ||  Huile  d'onction,  huile 
sainte,  huile  dont  les  Juifs  se   servaient  pour  con- 
sacrer. Il  prit  au.ssi  l'huile  d'onction,  dont  il  mit 
sur  le  tabernacle  et  sur  toules  les  choses  qui  ser- 
vaient à  son  usage,  sact,  Rible,  Lévit.  vi,  (0.  Le 
grand    prêtre  a   sur    lui    répandu   l'huile  sainte, 
RAC.  Athal.  v,   1.  Venez,  de  l'huile  sainte  il  iaut 
vous  consacrer,   id.  ib.  iv,  3.  Samuel  avait  versé 
de  l'huile  sur  la  tète  de  SaOl,  volt.  Maurs,    \3. 
Il  Les  saintes  huiles,  celles  dont  on  se  sert  pour  le 
chrême  et  l'extrètne-onction.  Venez,  prêtres  du  Sei- 
gneur, venez  soutenir  mon  infirmité  de  votre  huile 
adoucissante,     purifiante    et    confortative,    Boss. 
Prépar.  à  la  mort,  7.  Le  cardinal  de  Rohan  en- 
voya chercher  les  saintes  huiles  [pour  le  roi],  st- 
sim.  405,  42.  Il  2°  Par  extension,  nom  donné  à  tous 
les  corps  gras  (y  compris,  bien  entendu,  l'huile 
d'olive)  qui  conservent  l'état  liquide  à  partir  de 
la  température  de  16»  à  20»  centigrades  ;  ils  portent 
également  les  noms  d'huiles  grasses,  d'huiles  fixes. 
Huile  de  sésame.  Huile  d'arachide.  Les  huiles  ne 
gèlent  pas  parfaitement,  et,  au  lieu  d'augmenter 
de  volume  h  la  gelée,  comme  l'eau,  elles  en  dimi- 
nuent lorsqu'elles  se  figent,  bîjff.  Exp.  sur  les  régit. 
4»  mém.  Il  Huiles  douces,  huiles  fixes  alimentaires 
ou  médicinales  non  purgatives.  ||  Huile  d'amandes 
douces,  huile  préparée  par  la  compression  des  aman- 
des douces  oiitre  deux   plaques  chaufl'ées  à  l'eau 


bouil.anle  ;  et  aussi  par  la  compres-iion  dns  amandei 
amcros  et  des  noyaux  des  ro,sacéos.  ||  Huile  de  cadc, 
substance  oléagineuse  préparéo  on  brûlant  le  cade 
dans  un  fourneau  sans  courant  d'air.  ||  Huile  de  chè- 
nevis,  huile  extraite  des  semences  du  chanvre  cul- 
tivé, après  une  légère  torréfaction.  ||  Huile  de  colza 
et  de  navette,  huile  produite  par  les  graines  écra- 
sées, chaufl'ées  et  comprimées  du  broisica  campes- 
tris  et  du  brassica  napus.  ||  Huile  de  faine,  huile 
tirée  de  la  fatne  et  qui  peut  remplacer  au  bcsoiu 
l'huile  d'olive  pour  l'usage  alimentaire  et  médical. 
Il  Huile  de  noix,  huile  préparée  avec  l'amande  au 
(mil  iin  jugions  regia,  à  froid  ou  à  chaud,  elle  est 
d'un  jaune  verdStrc ,  d'une  odeur  et  d'une  saveur 
spéciales,  peu  prononcées  lorsqu'elle  a  été  prépa- 
rée à  froid.  L'huile  exprimée  de  nos  noix  encore 
fraîches  avait  une  saveur,  une  odeur  que  nous  pré- 
férions au  goùl  et  au  parfum  de  celle  do  l'ohve, 
MABMONTEL,  Mém.  I,  p.  (2.  ||  Huile  d'œillelte  ou  do 
pavot,  dite  aussi  huile  blanche,  huile  alimentaire 
obtenue  en  broyant  et  en  soumettant  à  la  presse  les 
graines  contenues  dans  les  capsules  du  pavot  indi- 
gène. Il  Huile  de  poix,  produit  surnageant  le  gou- 
dron après  sa  fabrication,  et  qui  ressemble  à  l'huile 
de  cade  véritable,  d'où  il  a  été  appelé  abusivement 
huile  de  cade.  ||  Huile  do  rebat,  nom  donné  à  l'huile 
que    fournit    une    graine    oléagineuse   mise   une 
deuxième  fois  sous  le  pilon  et  battue  de  nouveau. 
]|  Huile  du  Sénégal,  synonyme  d'huile  de  palme. 
Il  Huile  de  palma-cnristi,  huile  de  castor,  l'huilo 
de  ricin.  i|  Huile  de  jaunes  d'œufs,  huile  qu'on  re- 
tire des  jaunes  d'œufs  en  les  mettant  en  presse  en- 
tre  deux  pla(|ues  de  fer  préalalilement  chaufl'ées 
dans  l'eau  bouillante.  {{ Huile  de  baleine  ou  de  cé- 
tacés, dite  à  tort  huile  de  poisson,   grais,se   liquide 
naturellement,  employée  dans  les  arts,  et  qui  pro- 
vient du  lard  de  plusieurs  cétacés,  et,  dit-on,  de 
certains  poissons.  ||  Huile  de  foie  de  morue,  huile 
retirée  du  foie  de  certains  poissons,  entre  autres 
des  morues,  et  employée  en  médecine.  ||  Fig.  Jeter 
de  l'huile  dans  le  feu  ou  sur  le  feu,  exciter  une 
passion  déjà  très-violente.  ||  C'est  une  tache  d'huile, 
elle  ne  s'en  va  jamais,  se  dit  d'une   mauvaise  ac- 
tion qui  demeure  indélébile,  d'un  affront  qui  ne 
s'efface  pas.  |{  C'est  une  tache  d'huile  qui   s'étend 
toujours,  se  dit  de  certaines  choses  mauvaises  i|ui 
vont  toujours  en  s'aggravant.  ||  3°  Huile  à  briller, 
huile  provenant,  soit  de  matières  minérales,  soit  de 
matières  végétales,  soit  de  matières  animales,  et 
qu'on  brûle  pour  l'éclairage.  Les  cinq  qui  étaient 
folles,  ayant  pris  leurs  lampes,  ne  prirent  point 
d'huile  avec  elles,  saci,  Rible,  Év.Sl  Matih.  xxv,3. 
Il  On  a  dit  longtemps  huile  à  quinquet  pour  huile 
à  brûler.  ||  Cet  ouvrage  sent   l'huile,  on  a  brûlé 
beaucoup  d'huile  dans  la  lampe  pour  le  faire,  c'est- 
à-dire   il  est  très-travaillé,   et.  quelquefois,  trop 
travaillé.  A  la  lueur  d'une  petite   lampe ,  il  [Dé- 
mosthène]    composa    ces   harangues    admirables, 
dont  ses  envieux  disaient  qu'elles  sentaient  l'huile, 
pour  marquer  ^'elles  étaient  travaillées  avec  trop 
de  soin,  rollin,   Wisl.   anc.    CJKur.  t.  v,  p.  538, 
dans  pouGENS.  {|  Il  n'y  a  plus  d'huile  dans  la  lampe, 
se  dit  d'un  honjme  qui  s'éteint  de  vieillesse.  Mon 
père   était  mort  qu'à   peine    s'ecriait-on    qu'il   se 
trouvait  mal  ;  il  n'y  avait  plus  d'huile  à  la  lampe,  st- 
sim.  6,  77.  Il  Remettre  de  l'huile  dans  la  lampe,  rani- 
mer une  vie  qui  s'éteint.  ||4'  Huiles  siccatives,  hui- 
les fixesqui,  au  lieu  de  rancira  l'airen  absorbant  une 
petite  quantité  d'oxygène,  se  combinent  avec  une 
grande  quantité  de  ce  gaz  en  prenant  une  appa- 
rence résineuse  pour  finir  par  .se  solidifier  tout  à 
fait  II  Huiles  cuites,  huiles  siccatives  bouillies  sur 
sept  ou  huit  fois  leur  poids  de  litbarge.  ||  B°  Cou- 
leurs à  l'huile,  couleurs  broyées  i  l'huile  pour  les 
peintres.  ||  Peindre  à  l'huile,  peindre  avec  des  cou- 
leurs broyées  à  l'huile.  Tableau,  peinture  à  l'huile. 
L'invention  de  peindre  à  l'huile  est  du  quinzième 
siècle,  et  vient  de  Jean  de  Bruges,  peintre  flamand. 
L'huile  grasse  forme  sur  ces  couleurs  un  éclat  cho- 
quant qui  anéantit  les  clairs  et  rehausse  les  ombres, 
DIDEROT,  Peinture  en  cire,    Œuv.   t.  iv,  p.  389. 
Il  Peinture  à  l'huile,  la  matière  colorante  broyée  à 
l'huile  qu'on  e.nploie  pour  la  peinture  en  bâtiment. 
Il  6°  Huiles  pyrogénées  ou  empyreumatique»,  pro- 
duits liquides  noirs  et  infectants  qui  résultent  de  la 
distillation,  à  feu   nu,  des  substances  organiques. 
Il  7°  Huiles  minérales,  huiles provenaïtde*  schistes 
bitumineux  et  des  sources  naturelles  de  pétrole 
Il  Huile  de  pétrole,  ou,  simplement,  pétrole,  ou  huiie 
de  terre,  huile  de  pierre,  huile  minérale,  sorte  de  bi- 
tume moins  liquide  que  le  naphte.  Dans  la  Thél>aïde, 
du  côté  de  l'est,  on  trouve  une  montagne  appelée 
Gebel  el  Moel  ou  montagne  de  l'huile,  à  cause  qu'elle 


20fiÛ 


nui 


fournit  lie-ucoup  d'iiuile  de  pétrole,  bupk.  Mm. 
t.  III,  p.  30.118"  Dans  le  langage  très-populaire 
et  figuré,  de  l'huile  signifie  de  l'argent.  11  faudra 
que  votre  bourse  fasse  les  frais  de  votre  curiosité  ; 
il  faut  de  la  pécune,  il  faut  de  l'huile,  la  fausse 
coquette,  ii,  7,  dans  le  Théâtre  italien  de  Gherardi, 
t.  V,  p.  442  ....Le  Kanal  dos  peuples....  étant  par- 
venu à  tirer  un  pou  d'huile  des  coffres  du  roi,  Tour- 
tciirar  en  ittrapa  qucli|uos  gouttes,  louis  veuillot, 
Les  libres  penseurs,  I85u,  in-18,  liv.  ii,n"'xvi,p.  lis. 
Il  9°  Populairement.  De  l'huile  de  cotrct,  des  coups 
de  Mton.  On  l'a  fiotté  d'huile  de  cotret.  ||  De  l'huilo 
de  coude,  le  frottage.  Ca  meubles,  madame,  ne 
veulent  pas  devenir  brillants.  —  C'est  que,  ma  mie, 
tu  y  as  sans  doute  économisé  l'huile  de  coude, 
IIUMHEHT,  Gloss.  gt'net).  Il  10°  Huiles  médicinales, 
coml)inaisons  d'une  huile  li.\e  avec  une  huile  vo- 
latile, ou  dissolutions  de  diverses  substances  médi- 
camonleuses  dans  l'huile  fixe.  Huile  d'absinthe. 
Huile  de  fleur  d'orange,  jj  Huile  de  scorpion,  huile 
d'olive  dans  laquelle  on  a  fait  mourir  des  scorpions. 
Il  Huile  antique,  espèce  de  cosmétique.  ||  11°  Huiles 
volatiles,  huiles  essentielles,  nom  donné  autrefois  à 
des  substances  qui  n'ont  rien  d'oléagineux,  qui  no 
sont  pas  des  huiles,  et  qu'on  nomme  aujourd'hui 
essences.  Ils  mêleront  à  leur  huile  essentielle  de 
térébenthine  quelques  gouttes  d'une  essence  aro- 
matique, DIDEROT,  Peinture  en  cire,  t.  xv,  p.  352, 
dans  .'OUOENS.  Il  Huile  douce  .du  vin  ou  huile  de 
vin,  substance  pesante  d'apparence  oléagineuse, 
qui  se  produit  dans  l'éthéiification.  ||  Huile  de  cam- 
phre, produit  d'apparence  huileuse,  qu'on  obtient 
en  traitant  le  camphre  par  l'acide  azotique.  ||  Huile 
du  lircsil,  baume  de  copahu.  ||  12°  Nom  de  plu- 
sieurs liqueurs  de  dessert,  ainsi  dites,  parce  qu'é- 
tant fort  sucrées,  elles  n'ont  pas,  quand  on  les 
verse,  la  liquidité  de  l'eau,  de  l'eau-de-vie,  du  rhum. 
Huile  d'anis.  Huile  de  vanille.  |j  13°  Huile  de 
charbon  de  terre  ou  de  houille,  liquide  de  con- 
sistance huileuse  qui  se  produit  dans  la  fabrication 
du  gaz  d'éclairage  par  la  distillation  de  la  houille. 
ji  Huile-gaz,  huile  lourde  extraite  du  goudron  de 
houille;  on  la  brûle  dans  une  lampe  au  moyen 
d'un  courant  d'air  entretenu  par  un  ventilateur  ou 
un  gazomètre.  ||  14°  Dans  l'ancienne  chimie,  nom 
donné  à  dos  substances  ijui  n'ont  rien  de  commun 
avec  les  huiles,  sinon-l'appareuce  physique,  parce 
qu'elles  filent  quand  on  les  verse,  ij  Huile  d'arsenic, 
chlorure  d'arsenic.  ||  Huile  de  chaux,  ancien  nom  du 
chlorure  de  calcium  tombé  en  déliquescence. ||  Huile 
de  mercure,  solution  alcoolique  de  sublimé  corrosif, 
et  aussi  un  sulfate  de  mercure,  devenu  liquide  par 
le  contact  de  l'air.  ||  Huile  de  Saturne,  solution  à 
chaud  d'acétate  de  plomb  dans  l'essence  de  téré- 
benthine. Il  Huile  desoufre,  l'acide  sulfureux.  I|  Huile 
de  tarîre  par  aéfaillancc,  sous-carbonate  de  potasse 
liquéfié  par  l'humidité  de  l'air.  ||  Huile  de  Vénus, 
nitrate  de  cuivre  en  deliquium.  ||  Huile  de  vitriol, 
acide  sulfurique  très-concentré.  ||  15°  Terme  d'alchi- 
mie. L'huilo  (le  mars,  la  pierre  philosophale.  ||  Pro- 
verbes. Il  tirerait  de  l'huile  d'un  mur,  il  tirerait  de 
l'huile  des  pierres,  se  dit  d'un  homme  hardi  et  en- 
treprenant H  qui  tout  semble  réussir,  qui  sait  tirer 
profit  de  tout.  Il  On  tirerait  plutôt  de  l'huile  d'un 
mur  que  de  l'argent  de  cet  homme-là,  se  dit 
d'un  homme  avare  et  tenace,  ou  d'un  homme  qui 
ne  peut  payer,  et  aussi,  en  général,  d'une  chose 
impossible. 

—  HIST.  xii  s.  11  fait  lesfons  aprester  au  mostier, 
Kt  oile  et  cresme,  por  l'enfant  presaigner,  Haoul  de 

C.  7.  Il  xiii"  s Et  a  une  tourniele  biele  et  grant, 

où  il  art  nuit  et  jour  une  lampe  plaine  d'oile  d'o- 
live, Chr.  de  liains,  p.  (  I3.  Les  liqueurs,  si  comme 
vins,  oele  et  miel,  beaum.  xxvi  ,  Ifl.  Li  leus  [le 
lieu)  de  l'uille  soit  contre  midi  et  soit  bien  garniz  por 
le  froit,  cnuN.LAT.  Trésor,  p.  177.  ||  xv"s.  Le  chastel 
,1oit  estre  garni  de  quantité  d'oyle,  de  poisetde  sou- 
fre ,  pour  ardoir  les  engins  de  leurs  adversaires. 
ciinisT.  DE  pisAN,  Ilist.  de  Ch.  r,  u,  38.  Disoit  le 
dit  demandeur  qu'il  ha  esté  fort  malheureux  en 
amjurs,  par  co  qu'il  ha  eu  affaire  aux  femmes  qui 
tirent  huille  de  la  noix,  à  quoy  ne  pouvoient  con- 
tenter les  dons,  Aresta  amorum,i:  (06,  dans  la- 
ciRNE.  Il  XVI*  s.  '\n  lireroit  plustost  de  l'huile  d'une 
pierre  que  de  nous  une  seule  bonne  œuvre,  calv. 
Instil.  006.  Huila  de  fourmenl,  de  soulphre,  paré, 
V,  21.  Huile  de  vitriol,  id.  ib.  L'huile  (le  jaune] 
d'œufs,  ID.  ib.  2».  Huile  laurin,  de  lis,  do  vers,  de 
sauge,  etc.  ii.  viii,  4o.  Quand  on  veut  faire  huiles 
chaudes,  comme  huile  des  philosophes,  ou  l>ene- 
dicla,  il  faut  prendre  de  l'huile  douce  et  bien  meure, 
ou  vieille,  in.  xxv^  24.  c'est  vouloir  extraire  de  Phnile 
d'un  mur,  m  xxvi,  4.  Toute  cesle  huile  qu'on  jota 


HUI 

sur  ce  feu  lu  ranima  si  fort  que  Pierre  fil  pendre  ce 
chevalier,  Hem.  s.  du  Guescl.  (5.  Huile  de  septem- 
bre [vin],  ouDiN,  Dict.  Oui  mesure  l'huile ,  il  s'en 
oingtles  mains,  cotguave. 

—  ÊTY.M.  Wallon,  Ole;  Hainaut,  oie:  picard,  eu  Je; 
provenç.  ol  ;  espagn.  olio;  portug.  oleo;  ital.  oii'o; 
du  lat.  oleum;  grec,  D.a.ov. 

IICILÉ,  ÉE  (ui-!é,  lée),  part,  passé  d'huiler.  Oint 
d'huile.  Papier  huilé.  ||  Par  plaisanterie  ou  sar- 
casme, huilé  se  dit  quelquefois  pour  oint Le  fils 

d'un  insensé  [Charles  VI] ,  Huilé  dans  Rheims  et 
par  l'Anglais  pressé,  volt.  Lett.  roi  dePrusse,  432. 

f  IIUII.E.MENT  (ui-le-man),  J.  m.  Action  d'huiler. 

—  illST.  xvi"  s.  nullement,  cotgrave. 
miILER  (ui-lé),  V.  a.   \\  1°  Oindre,  frotter  avec 

de  l'huile.  Il  [Milon]  se  tenait  si  ferme  sur  un  dis-  ] 
que  qu'on  avait  huilé  jiour  le  rendre  plus  glissant, 
qu'il  était  impossible  de  l'y  ébranler,  rollin,  Ilist.  I 
anc.  Œuv.  t.  m,  p.  485,  dons  pougens.  ||  2°  V.  n.  , 
Terme  d'horticulture.  Une  plante  huile,  quand  elle  | 
est  affectée  d'une  maladie  qui  la  fait  paraître  comme  i 
imbibée  d'huile.  ||  3°  .S'huiler,  v.  réfl.  Se  frotter 
d'huile. 

—  HIST.  XVI'  s.  On  doit  un  peu  huiler  ladite  tré- 
pane, à  celle  fin  qu'elle  coule  mieux  et  plus  douce- 
ment, PARÉ,  VIll,  iO. 

—  ÉTYM.  Huile;  wall.  wilé;  provenç.  oliar;  es- 
pagn. olear. 

t  HUILERIE  (ui-le-rie),  s.  f.  Fabrique  d'huile. 
Il  Cellier,  magasin  à  huile.  ||  Moulin  à  huile. 

—  HIST.  xvi°  s.  Huilerie,  oudin,  Dict. 

—  ÊTYM.  Huile. 

HUILEUX,  EUSE  (ui-leù,  leû-z'),  adj.  ||  1°  Oui 
est  de  la  nature  et,  quelquefois,  de  la  consistance 
de  l'huile.  Substance  huileuse.  ||  2°  Qui  est  comme 
imbibé  ou  frotté  d'huile.  Une  peau  huileuse.  Ce 
garçon  [J'Aubigné]  était  d'ailleurs  pauvre,  cras- 
seux et  huileux  à  merveille,  st-sim.  87,  4  28 
Il  3°  Terme  de  cuisine.  Sauce  huileuse,  sauce  mal 
liée  et  devenue  grasse  en  chauffant. 

—  IIIST,  xvi"  s.  On  se  gardera  d'appliquer  un  mé- 
dicament huileux,  PARÉ,  VIII,  44. 

—  ÉTYM.  Lat.  oleosus. 

4.  HUILIER  (ui-lié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, \'s  se  lie  :  des  ui-lié-z  en  argent),  jî.  m.  Ustensile 
portant  les  burettes  à  l'huile  et  au  vinaigre.  Un 
huilier  d'argent,  de  cristal,  de  porcelaine. 

—  ETYM.  Jluile. 

12.  HUILIER  (ui-lié), s.  m.  Fabricant  d'huile  dans 
les  pays  où  l'on  fabrique  de  l'huile  de  colza  ou  de 
navette.  C'est  un  de  nos  principaux  huiliers.  ||  Mar- 
chand d'huile. 

—  HIST.  xiii*  s.  Huiliers  de  Paris  qui  achate 
huille  dehors  Paris  et  la  porte  à  Paris,  si  doit  à 
Petit  Pont  son  paage  corne  autres  marchans,  Liv. 
des  met.  292. 

—  ÉTYM.  Jluile. 

t  UUILIËRE  (ui-Iiè-r';,  s.  f.  Terme  de  marine. 
Vase  qui  sert  à  contenir  et  à  conserver  l'huile  des 
lampes. 

—  HIST.  XVI'  s.  Cela  avient  comme  une  huiliere 
à  coiffer  une  reine,   Moyen  de  parvenir,   p.    IC7, 

dans  LACURNE. 

—  ÉTYM.  Huile. 

t  HUILURE  (ui-lu-r'),  s.  f.  Terme  rural.  Maladie 
des  poiriers. 

—  ÉTYM.  Huiler. 

t  UUIR  (huir),  V.  n.  Terme  de  fauconnerie.  Se 
dit  du  cri  du  milan. 

HUIS  (ui;  Vs  se  lie  :  à  ui-z  ouvert;  l'/i  n'est  pas 
aspirée,  l'huis;  mais,  par  exception,  l'on  dit  le 
huis  clos,  la  fin  du  huis  clos,  ce  huis  clos),  s.  m. 
Il  1°  Terme  vieilli  qui  signifie  porte.  Or  comme  à 
coups  de  pied  l'huis  s'était  presque  ouvert,  Ré- 
gnier, Sat.  XI.  Et  qu'on  leur  avait  fermé  l'huis,  De 
crainte  de  quelque  surprise,  scabron,  Virg.  vu.  On 
frappe'à  l'huis,  la  font.  Rém.  Voulut  sortir  et  ne 
put  ouvrir  l'huis,  lu,  Berc.  ||  Huis  coupé,  porte  dont 
le  haut  peut  s'ouvrir  pendant  que  le  bas  reste 
fermé.  Ces  règlements  portent  que  les  marchands 
de  vin  ne  peuvent  vendre  en  détail  qu'à  huis  coupé 
et  pot  renversé.  Correspond,  de  Cnlbert,  11,  4  68. 
Il  2°  Terme  de  palais,  usité  dans  celte  locution  :  A 
huis  clos,  sans  que  le  public  soit  admis.  Audience 
à  huis  clos.  Heureux,  cent  fois  heureux  ceux  que 
Laubardemont  faisait  condamner  à  huis  clos  par 
ordre  de  Son  Êminence  I  ils  étaient  opprimés,  mais 
non  déshonorés,  p.  l.  cour.  Réponse  aux  anonymes. 
Il  Dans  le  langage  général.  En  réunion  privée. 
La  pièce  [le  Mondain],  tout  innocente  qu'elle  est, 
n'était  pas  faite  assurément  pour  être  publique; 
vous  savez  d'ailleurs  que  je  n'ai  jamais  fait  impri- 
mer aucun  de  cex  petit»  ouvrages  de  société  qui 


HUI  i 

sont.,  comme  les  parades  du  prince  Charles  et  du 
duc  de  Nevers,  supportables  à  huis  clos,  volt.  UU. 
Tressan,  9  déc.  I730.  ||  Fig.  Rien  n'est  plus  dange- 
reux dans  leurs  petits  complots  Que  ces  femmes  de 
bien  qui  le  sont  à  huis  clos,  Qui  des  moindres  plai- 
siis  condamnent  l'innocence  Et  trouvent  tout  per- 
mis en  sauvant  l'apparence,  boubsault,  Ésope  à 
la  cour,  II,  4.  Il  Substantivement.  Le  huis  clos. 
Demander  le  huis  clos,  demander,  requérir  qu'une 
affaire  soit  jugée  à  huis  clos,  ji  3'  A  huis  ouvert,  le 
puolic  étant  admis.  Les  pairs  ont  toujours  été  reçus 
au  pariement  jusqu'à  la  mort  de  Louis  XIII,  à  la 
grande  audience  à  huis  ouvert,  st-sim.  374,  40. 

—  HIST.  XII'  s.  [Elle]  Ferma  les  huis  et  serra  du- 
rement, Ronc.  p.  4  72.  A  'Wincestre  est  li  mes  [le 
messager]  l'arcevesque  venu?..  Mais  li  uis  de  la 
chambre  li  fu  mult  defenduz,  Th.  le  mart.  4  28. 
Mais  cil  qui  guarda  l'uis  ne  li  laissa  entrer,  ib.  49. 
I|xiii'  s.  J'iroie  ains  d'uis  en  huis  mes  aumosnes 
rouver  [demander],  Berle,  xliu.  Car  li  dui  [les 
deux]  qui  tel  honte  en  orcnt,  Quant  il  virent  que  tuit 
le  sorent  [surent],  Firent  dès  lors  à  huis  overt  Ce 
qu'il  faisoienten  covert,  la  Rose,  4  4371.  Neporquant, 
si  tost  qu'il  yssent  de  lor  wis  sor  les  voies,  il  sont  sor 
le  [la]  justice  le  conte,  beaum.  xxv,  0.  Cil  qui  i  va  à 
borse  vuide,  Est  bien  fols,  se  trover  i  cuide  Biau 
geu,  biau  ris  ne  bêle  chiere;  De  vuide  main  vuide 
proiere  ;  Quar  vous  oez  dire  à  U  ^ent  :  X  l'uis,  à 
l'uis,  qui  n'a  d'argent,  ruteb.  ii,  44.  ||  xiV  s.  N'y 
convint  nul  portier,  n'y  ont  us  clous  [clos,  fermé] 
ne  porte,  Girart  de  Rossillon,  v.  2021).  ||  xV  s.  Cinq 
sous  font  aultant  Quant  on  est  content  Et  qu'on 
jette  les  ennuys  Derrière  l'huys,  bassklin,  Vau  de 
Vire,  39.  Et  gaignerent  une  maison  et  prindrent 
deux  ou  trois  liuys  et  s'en  servirent  de  pavovs, 
COMM.  I,  3.  Il  XVI'  s.  Tu  vas  à  Rome  quérir  ce  que 
tu  as  à  ton  huis,  génin,  Récréât,  t.  Il,  p.  254.  Con- 
stantin favorisa  à  huis  ouvert  la  religion  chres- 
tienne,  au  desavantage  du  paganisme,  pasquier, 
Recherches,  liv.  v,  p.  430,  dans  lacurne.  Enfonceur 
d'huis  ouverts,  oudin,  Curios.  fr.  Le  diable  n'est 
pas  toujours  à  un  huis,  cotgrave.  Tant  de  povres  ne 
sont  pas  bons  à  un  huis,  id. 

—  ÉTYM.  Génev.  à  vis  outerics,  à  portes  ouvertes  ; 
wall.  ouh;  namur.  uche ;  pic.  hu ;  norm.  hus,  us; 
provenç.  uis,  u.i  ;  ital.  uscio;  du  l.nt.  oslium,  porte. 

HUISSERIE  (ui-.'^e-rie),  s.  f.  Toutes  les  pièces 
de  bois  qui  forment  l'ouverture  d'une  porte. 

—  HIST.  XII'  s.  Et  muad  erramment  sa  chiere 
[face]  echancelout  entre  lur  mains  e  hurtout  asus- 
series  des  portes,  Jtoi's,  p.  86.  ||  x.i' s.  Il  ordonna  que 
les  couvertures  des  maisons  se  feisscnt  avec  la  co- 
gnée, et  les  huisseries  avec  la  scie  seulement, 
AMY0T,  Lyc.  2.1.  En  mur  mitoyen,  on  ne  peut,  sans 
le  consentement  de  celuy  qui  a  part  au  dit  mur, 
faire  fenestres,  huissenes  ou  autres  choses  sem- 
blables, Coust.  génér.  t.  i,  p.  398. 

—  ÉTYM.  Huis;  wallon,  ouherèie;  namur.  uche- 
rie;  bourguig.  usserie,  porte;  Berry,  husserie. 

4.  HUISSIER  (ui-sié;  l'r  ne  se  lie  jamais;  au  plu- 
riel, Vs  se  lie  :  des  ui-sié-z  actifs),  s.  m.  ||  1"  Offi- 
cier dont  la  principale  charge  est  d'ouvrir  et  de 
fermer  une  porte.  Huissier  du  cabinet.  Huissier  de 
la  chambre.  Huissier  de  l'antichambre.  Huissier  de 
salle.  Il  Huissier  de  la  chambre  du  roi,  officier  qui 
entrait  dans  la  chambre  du  roi  peu  après  que  le 
roi  était  levé,  et  qui,  tenant  la  porte  jusqu'à  ce  que 
le  roi  eût  pris  la  chemise,  laissait  ensuite  entrer. 
H  2°  Ceux  qui  se  tiennent  dans  l'antichambre  des 
ministres,  des  hauts  fonctionnaires,  etc.  et  qui  in- 
troduisent les  personnes  admises  à  l'audience. 
Huissier  au  ministère  de  l'intérieur.  ||  3°  Gens  pré- 
posés pour  le  service  de  certains  corps.  Les  huis- 
siers du  Corps  législatif.  Les  huissiers  de  l'Institut. 
Valet  souple  au  logis,  fier  huissier  à  l'église,  BOir. 
Lutr.  IV.  Il  4°  Officiers  de  justice  chargés  de  signi- 
fier les  actes  de  procédure,  et  de  mettre  à  exécu- 
tion les  jugements,  etc.  et  dont  plusieurs  font  le 
service  des  .audiences  du  tribunal  auquel  ils  appar- 
tiennent. Huissier  au  parlement.  Huissier  près  la 
cour  royale.  L'huissier  qui  appelle  les  causes. 
Un  sergent!  un  sergent!  —  Un  huissier!  un  huis- 
sier! BAC.  Plaid.  I,  8.  Il  Huissier  audiencier,  huis- 
sier près  le  tribunal  de  première  instance.  ||  Huis- 
siers à  verge,  se  disait  autrefois  des  sergents  royaux 
reçus  au  Châtclet.  Je  m'appelle  Loyal,  natif  de 
Normandie ,  Et  suis  huissier  i  verge  en  dépit  de 
l'envie,  mol.  Tan.  v,  4.  ||  Huissiers  à  cheval,  ceux 
qui  avaient  coutume  d'exploiter  à  la  campagne. 
Mon  père  était  huissier.  Mais  huissier  à  cheval; 
c'est  comme  chevalier,  begnard,  Joueur,  v,  4. 
Il  Huissiers  à  la  chaîne,  officiers  qui  portaient  au 
cou  une  chaîne  d'or  avec  la  médaille  du  roi,  cl  qui 


nui 

faisaieut  exéculcr  les  arrêts  dii  conseil.  ||  5°  Au- 
trefois, huissier  nsiteur,  petit  officier  établi  pour 
(kire  la  visite  Ues  vaisseaux  marchands,  soit  à  la 
sortie,  soit  à  l'entrée  des  ports.  ||  6°  Avant  l'étahlis- 
sement  des  commissaires-priseurs,  il  y  avait  des 
huissiers-priseiirs.  ||  7°  Huissiftre,  au  féminin,  s'est 
dit  figurément  pour  portière.  Deux  portes  sont  au 
cœur;  chacune  a  sa  valvule  ;  Le  sang,  source  de 
vie,  est  par  l'une  introduit  ;  L'autre  huissière  per- 
met qu'il  sorte  et  qu'il  circule,  la  font.  Quin- 
quina, I. 

—  HIST.  xir  s.  Ussier  le  rei  esteit,  e  fu  bien  co- 
neûz;  Ne  li  furent  les  portes  ne  nul  des  uis  tenuz  ; 
Car  pur  le  rei  esteit  e  riutez  e  cremuz.  Th.  le  mart. 
(63.  ||xiii'  s Et  monta  amont,  ses  huissiers  do- 
rant lui,  comme  grant  sires,  Chr.de  liains,  p.  ("O. 
C'est  à  savoir  charpentiers,  liuichiers,  huissiers, 
tonneliers,  charrons,  couvreurs  de  mesons  et  toutes 
manières  d'autres  ouvriers  qui  euvrent  du  tren- 
chant  en  merrien,  Liv.  des  met.  4  04.  Quand  les 
huissiers  veoient  venir  la  royae  fmère]  en  la  cham- 
bre le  roy  son  fUz  [Louis  IX] ,  il  batoient  les  huis 
de  leur  verges,  jomv.  323.  ||  xv*  s.  Et  fut  huissier 
d'armes  du  roi  de  France  et  en  grand  honneur 
de-lez  le  roi,  froiss.  i,  i,  324. 

—  ÉTYM.  Génnv.  hussier;  wallon,  ouhi;  namur. 
McWr,-bourguig.  hucftier,  hussié;  Hcny,  hussier;  du 
lat.  ostiarius,  portier,  de  oslium,  huis.  L'huissier 
est  primitivement  ou  bien  un  fabricant  d'huis,  ou 
bien  un  gardien  d'huis;  puis  le  gardien  des /mw 
des  tribunaux  est  devenu  un  officier  de  justice. 

t  2.  HUISSIER  (ui-sié),  s.  m.  Nom  d'un  navire 
usité  dans  le  moyen  âge,  qui  avait  une  porte  au- 
dessus  de  la  flottaison,  pour  l'embarquement  des 
chevaux. 

—  ÉTYM.  Huis,  porte. 

HUIT  (ui  ;  le  t  se  lie  :  ui-t  hommes  ;  le  t  ne  se 
prononce  pas  devant  une  consonne  :  ui  chevaux, 
excepté  quand  huit  est  substantif  :  un  uit'  de  chif- 
fre; quand  huit  finit  un  meinore  de  phrase  :  ils 
sont  uit';  et  quaad  huit  est  seul  :  cinq,  six,  sept, 
huit.  L'/i  n'est  pas  aspirée  dans  huit;  cependant 
l'article  le  ne  prend  pas  d'apostroi)he  et  se  pro- 
nonce :  le  huit;  on  dit  de  même  ce  huit  et  non  cet 
huit,  un  énorme  huit  et  non  un  énorm'  huit.  Les 
consonnes  qui  \°,  précèdent  ne  se  lient  pas  avec  huit  : 
i  un  huit,  excepté  dans  les  nombres  composés  avec  dix 
I  ou  vingt  et  huit  :  dix-huit,  dites  di-z  ui,  vingt-huit, 
dites  vin-t  ui;  ces  composés  se  comportent  ensuite 
.  comme  huit  lui-même  :  di-z  ui-t  hommes,  di-z  ui 
I  chevaux,  ils  sont  di-z  uit'),  adj.  numérique. 
Il  1°  Deux  fois  quatre.  On  peut  parier  (I86i  contre 
t64  ou  77  contre  )  qu'un  enfant  de  huit  ans  vivra 
in  an  de  plus,  iuff.  Prohah.  de  la  vie,  Œuvres, 
i.  X,  p.  270.  Il  D'aujourd'hui  en  huit,  dans  huit 
jours.  De  lundi,  de  mardi  en  huit.  Je  retournerai 
d'aujourd'hui  en  huit  à  Paris,  doss.  Lelt.  quiét. 
392.  Il  2°  Huitième.  Page,  chapitre  huit.  Charles 
huit.  Henri  huit.  ||  On  écrit  plus  ordinairement  : 
Charles  VIII,  Henri  VIII.  ||  3°  S.  m.  Le  nombre  ex- 
primé par  huit.  Le  produit  de  huit  multiplié  par  six. 
Il  On  dit  do  même  :  le  nombre  huit.  |j  4° Le  huitième 
jour  de  chaque  mois.  Le  huit  de  février,  et,  par  el- 
lipse, le  huit  ffevrier.  ||  On  dit  de  même  :  le  huit  de 
la  lune.  ||  6°  Le  chiffre  qui  marque  huit.  Ce  huit  est 
mal  fait.  Huit  cent  quatre-vingt-huit  s'écrit  par 
trois  huit  (888).  Il  On  dit  de  même  :  le  numéro  huit. 
Il  6"  Terme  de  jeu  de  cartes.  La  carte  qui  con- 
tient huit  fois  le  signe  de  la  couleur.  Un  huit  de 
cœur.  Il  lui  est  rentré  trois  huit.  ||  7°  Terme  de 
chirurgie.  Un  huit  de  chiffre,  bandage  dans  lequel 
les  tours  de  bande  s'entre-croisent  en  forme  de  8  ;  tel 
est  celui  que  l'on  applique  après  la  saignée  du  bras. 

—  UEM.  Descartes  a  dit  :  En  cette  septième 
figure,  comme  elles  sont  en  la  huit  ou  neuvième, 
Monde,  i3.  En  ce  cas,  la  finale  ième  de  neuvième 
sert  pour  huit  où  elle  est  sous-entendue.  Cela  se  dit 
encore  aujourd'hui. 

—  Misr.  XI'  s.  E  pur  un  porc  un  dener  [denier], 
■3  isi  [ainsi]  fresque  [jusqu'à]  uit....  e  ne  durra  [don- 
nera] que  oit  deners,  iois  de  Guill.  o.  ||  xiii"  s.  Ar- 
brissiaus  [il]  i  avoit,  ne  sai,  ou  sept  ou  huit,  Berte, 
XXXVI.  Il  XVI'  s.  La  nécessité  qui  m'a  contrainte  de 
venir  en  ce  païs  de  liretaigne  a  esté  si  pressée, 
que,  si  j'eusse  failly  d'huit  jours,  le  seigneur  et  la 
dame  de  Blain  cstoient  ruinés,  mabg.  Lett.  xcix. 

—  ÉTYM.  Bourguig.  veuit ;  wallon,  uit;  pro- 
venç.  oil,  ucil;  espagn.  oc/io  ;  portug.  oito;  ital. 
otlo;  du  lat.  octo;  grec,  oxtw;  allem.  acht;  angl 
ct'j/if;  persan,  /lescftf;  sanscrit,  asiuan. 

UUITAIN  (ui-tin;  l'/i,  sans  être  aspirée,  fait 
qu'il  n'y  a  pas  d'élision  ni  de  liaison  :  le  huitain, 
les  liuitiins),  s.  m.  Petite  pièce  de  poésie  compo- 


HUi 


HUL 


2061 


I  .Slance  de  huit  vers  dans  un  plus 


sée  de  huit  vers, 
long  ouvrage. 

—  ÉTYM.  Huit. 

UUITAINK  (ui-tii-n'i  bien  que  l'/i  no  soit  pas 
aspirée,  il  n'y  a  ni  élision  ui  liaison  :  la  huitaine, 
les  huitaines),  s.  f.  \\  1°  Terme  collectif.  Nombre  de 
huit  ou  environ.  Une  huitaine  d'hommes.  Une  hui- 
taine d'œufs.  Il  î°  Absolument.  Huit  jours.  Je  lais- 
serai passer  une  huitaine.  Le  parlement  ne  fit  ja- 
mais de  représentation  que  dans  la  huitaine,  volt. 
Lattis  XIV,  30.  Je  me  mis  en  devoir  de  sortir  mes 
effets,  déterminé  à  les  laisser  en  plein  champ  plu- 
tôt que  de  ne  pas  donner  les  clefs  dans  la  huitaine, 
J.  1.  Houss.  Confess.  ix.  ||  En  style  de  pratique.  La 
cause  a  été  remise  à  huitaine.  Les  présidents  ren- 
voyant les  an"aires  disent  :  à  huitaine,  pour  tout 
délai.  Un  aigle,  sur  un  champ  prétendant  droit 
d'aubaine.  Ne  fait  point  appeler  un  aigle  à  la  hui- 
taine, BOiL.  Sat.  viii. 

—  HIST.  XIII'  s.  Il  doit  pour  toutes  ces  choses, 
chascun  an,  six  deniers  de  coutume  au  roy,  à  poier 
quatre  deniers  aux  huitenes  de  la  foire  Saint  De- 
nis..., Liv.  des  met.  34.  ||  xvi«  s.  Donner  delay  de 
huictaine,  mont,  i,  74. 

—  ÉTYM.  Huit;  provenç.  uchena. 

t  HUITANTE  (ui-tan-t'),  nom  de  nombre.  Oua- 

I  tre-vingts.  La  Révolte  des  femmes,  ballet  où  Marie 
Taglioni  brillait  au  premier  rang,  entourée  de  hui- 

j  tante  amazones,  s'escrimant  de  la  lance  et  de  l'ar- 

I  quebuse,  obtint  un  succès  prodigieux,  castil-blaze, 
Hist.  de  l'Académ.  de  musique,  t.  n,  p.  240.  ||  Il  a 

i  vieilli  et  c'est  dommage  ;  car  il  entrait  dans  la  série  : 
[cinquante,  soixante,  et  disait  en  un  mot  ce  qu'on 
dit  en  deux. 

I  —  HIST.  xiv*  s.  Donné  à  Paris  le  vingt  unième 
I  jour  de  janvier,  l'an  mil  trois  cent  huilante  deux. 
Lettre  du  dit  jour  portant  instruction  sur  les  aides. 
I     —  ÉTYM.  Lat.  ocloginta,  de  octo,  huit. 

HUITIÈME  (ui-tiè-m';  bien  que  l'/i  ne  soit  pas 
aspirée,  il  n'y  a  ni  élision  ni  liaison  :  le  huitième 
jour  les  huitièmes).  ||  1°  Adj.  ordinal  de  huit.  Le 
huitième'  siècle.  Tous  les  huitièmes  jours,  vous 
viendrez.  Il  Le  huitième  jour  du  mois,  ou,  ellipti- 
quement, le  huitième  du  mois.  ||  Terme  d'ancienne 
législation.  Huitième  denier,  droit  qu'on  faisait 
payer  tous  les  trente  ans  aux  engagistes  des  biens 
aliénés  des  ecclésiastiques.  |{  2"  S.  m.  La  huitième 
partie.  Il  n'a  reçu  que  le  huitième  de  sa  créance. 
11  n'avait  qu'un  huitième  dans  la  ferme,  patku, 
Plaidoyer  6,  dans  eichelet.  ||  On  divisait  l'aune  en 
huit  huitièmes.  ||  Droit  de  huitième,  droit  d'aide 
qui  se  levait  autrefois  sur  les  vins  en  détail. 
!|  3°  S.  f.  Terme  du  jeu  de  piquet.  La  séquence  des 
huit  cartes  de  la  même  couleur,  dite  aussi  dix- 
huitième,  parce  que  l'on  compte  dix-huit.  ||4'S.  f. 
La  plus  basse  classe  des  collèges  ;  le  lieu  où  le 
maitre  et  les  écoliers  de  cette  classe  s'assemblent. 

II  S.  m.  Écolier  de  huitième.  Un  bon  huitième. 

—  HIST.  XI'  s.  Et  l'oidme  eschele  [escadron]  a 
Naimes  establie,  Ch.  de  Rot.  ccxxi.  Hxii'  s.  L'uime 
est  d'Anage,  et  la  nueme  de  noz ,  7ionc.  p.  t27. 

II  xiii*  s.  Et  quant  ces  parties  sont  fêtes,  il  demeure 
en  l'iretage  un  witisme,  beaum.  xiii,  )8.  i|xiv'  s. 
L'an  de  grâce  1322,  le  mercredi  apiè«  les  huitième 
[l'octave]  de  feste  St  Martin  d'esté,  du  cange,  oc- 
tava. 

—  ÉTYM.  Huit;  wallon,  utalmm ;  provenç. 
ochen,  uchen,  oche.  La  très-ancienne  forme  oidme, 
uime,  représente  un  type  octimus;et  witisme,  hui- 
tième, un  type  octesimus. 

UUITIË.WE.MENT  (ui-tiè-me-man  ;  bien  que  l'A 
ne  soit  pas  aspirée,  il  n'y  a  pas  de  liaison  avec  les 
mots  précédents) ,  adv.  En  huitième  lieu. 

—  ÉTYM.  huitième,  et  le  suffixe  ment;  wallon, 
ulaimmain. 

t  HUIT-PIEDS  (ui-pié) ,  s.  m.  Terme  de  musique. 
Un  huit-pieds,  orgue  dont  les  tuyaux  les  plus  grands 
ont  huit  pieds  do  long  (2»,oa).  Des  huit- pieds. 

HUÎTRE  (lii-tr'),  s.  f.\\  1°  Mollusque  acéphale 
hermaphrodite,  renfermé  dans  une  coquille  à  deux 
valves  dissemblables  réunies  par  un  ligament.  Un 
jour  deux  pèlerins  sur  le  sable  rencontrent  Une 
huître  que  le  flot  y  venait  d'apporiei  i.A  font. 
t'abl.  II,  9.  L'huître  est  pour  le  juge;  Les  écailles 
pour  les  plaideurs,  m.  ib.  i,  2i.  Des  sottises  d'au- 
trui  nous  vivons  au  Palais;  Messieurs,  l'huttre  était 
bonne:  adieu,  vivez  en  paix,  boil.  ^pi(.  u.  Mme  Denis 
mangera  demain  vos  huîtres  ;  je  pourrai  bien  en 
manger  aussi,  pourvu  qu'on  les  grille;  je  trouve 
qu'il  y  a  je  ne  sais  quoi  de  barbare  à  manger  un 
.aussi  joli  petit  animal  tout  cru,  volt.  Lett.  Chaba- 
non,  21  décembre  WC.  I.'liuitre  ouvre  son  écaille, 
et  reçoit,  avec  l'eau  de  la  mer,  des  corpuscules  et 


des  insectes  de  dilTérenls  genres,  lonnet,  Consid. 
corps  org.  CIt'u».  t.  v,  p.  152,  dans  pouoens.  Moi, 
s'écria  Garnier  d'une  voix  tonnante,  j'arrive  du 
Havre  où  m'avait  appelé  la  nouvelle  de  la  mort  de 
mon  oncle,  que  j'ai  trouvé  à  déjeuner,  mangeant 
sa  huitième  douzaine  d'huîtres,  en.  de  bernabd,  la 
Femme  de  quarante  ans,  §  ix.  ||  Genre  ostrea,  type 
de  la  famille  des  oslracées,  où  l'on  dislingue  :  l'hui- 
tre  comestible  ,  dite  simplement  huître,  c'est  celle 
qui  est  servie  sur  les  tables,  ostrea  edulis,  t.; 
l'huître  pied  de  cheval,  ostfea  hippopus,  i.;  l'huî- 
tre virginique,  appelée  vulgairement  pirogue  ;  l'iiui 
tre  crête  de  coq,  connue  sous  le  nom  de  crête  de 
coq,  aussi  bien  que  le  strombe  crclo  de  coq 
Jl  Huître  perlièie,  huître  où  l'on  trouve  les  perle». 
On  sait  que  c'est  à  la  classe  des  huîlres  qu'appar  - 
tient  ce  riche  coquillage,  dont  la  coquille  est  in- 
crustée de  nacre  et  qui  fournil  les  perles,  bo.nnet, 
Contempl.nat.  xii,  20,  noteo.  ||  2°  Huître  à  l'écaillé, 
se  disait  autrefois  de  l'huître  qu'on  mange.  Vous 
n'avez  jamais  vu  la  mer  que  dars  une  huître  à 
l'écaille,  cyrano  debebgerac.  Pédant  joué,  1,  4. 
Il  Fig.  C'est  une  huître  à  l'écaille,  c'est  une  bêle. 
Il  3  "Fig.  et  familièrement.  Personne  slupide.  Quelle 
huître!  ||  11  chante,  il  joue  comme  une  huître,  il 
chante,  il  joue  très-mal.  ||  4°  Huître  épineuse,  es- 
pèce de  coquillage  marin  à  fond  blanc.  ||  Huitre 
fouillée,  autre  espèce  do  coquillage,  tacheté  de 
pourpre. 

—  REM.  On  dit  l'écaille  et  non  la  coquiQe  d'une 
huître. 

—  ÉTYM.  xiii*  s.  En  riens,  fors  en  bien  faire,  ne 
se  vuellent  acroistre.  Car  ne  prisent  le  munde  la 
montance  d'une  oislre,  3.  de  meung.  Test.  <I08. 

||xiv*  s Les  bestes  imparfeties  sont  qui  ne  se 

meuvent  d'un  lieu,  comme  moules  et  oyslrcs, 
oiiESME,  Elh.  30.  Il  xV  s.  Faut-il  endurer  ce  sanglot 
[mal,  offense]  Ainsi  comme  huistres  de  Quancal- 
les?  iff/sf.  du  siège  d'Orléans,  p.  ae.l.  Les  aultres 
sont  entrez  en  cloistres  De  Celeslins  et  de  Char- 
treux,  Bollos,  housés  coin  pescheurs  d'oystres  ; 
Voylà  Testât  divers  d'entre  eulx,  villon,  Gr.  Tes- 
tam.  Il  XVI'  s.  Coquille  d'œufs,  coquille  de  limas- 
sons,  escaiUes  d'ouistres,  0.  de  sebbes,  905. 

—  ÉTYM.  Wallon,  witt,  s.  f.  ;  provenç.  et  espagn. 
ostra;  ital.  ostrica;  du  lat.  ostrea  ou  osireum,  qui 
vient  du  grec  ô^Tpeov. 

t  HUÎTRIER  (ui-lri-é;  Vr  ne  se  lie  jamais),  t.  m 
Terme  de  zoologie.  Genre  d'oiseaux  qui  vivent  de 
coquillages.  On  y  distinguo  i'Iixmatopus  oslralegus, 
L.,  de  l'ordre  des  échassiers,  dit  aussi  pie  de  mer. 
L'huîtrier  n'a  son  bec  en  hoche  que  pour  ouvrir 
les  écailles  d'entre  lesquelles  il  tire  sa  pâture,  blfp. 
Ois.  t.  XVI,  p.  266. 

—  ÉTYM.  Ilutlre. 

f  HUÎTRIËRE  (ui-tri-è-r'),  s.  f.  Place  de  la  mer 
où  se  trouve  un  banc  d'huîtres.  Iluîlrière  naturelle. 
Huîtrière  artificielle.  ||  Adj.  L'industrie  huîtrière, 
celle  qui  s'occupe  de  la  pêche,  de  l'élève  et  de  la 
vente  des  huîlres. 

—  ÉTYM.  Huitre. 

Hl'LAN  (hu-lan),  s.  m.  Voy.  diilan. 

t  HULLA  (ul-la),  s.  m.  Nom  que  l'on  donne  en 
Turquie  à  celui  qui  devient  pour  un  seul  jour  l'é- 
poux d'une  femme  répudiée,  afin  que  le  premier 
mari  puisse  légalement  la  reprendre.  Il  y  a  dans 
cette  ville  beaucoup  dé  gens  qui  ne  demanderaient 
pas  mieux  que  d'être  choisis  pour  huilas  en  celte 
occasion,  petis  de  lacroix,  lef  Mille  et  un  jours, 
t.  I,  p.  322.  Gulistan  ou  le  huila  de  Saniarcande, 
Titre  dun  opéra  comique  d'Etienne  et  Dalajrac. 

I  I.  UULOT  (hu-lo),  s.  m.  Autre  nom  du  liuet. 

f  2.  IIULOT  (hu-Io),  s.  m.  Terme  de  marine.  Pe- 
tite ouverture  ronde  ou  carrée,  percée  dans  la  mu- 
raille d'un  navire  ou  dans  le  niantelet  d'un  sabord. 
Il  Hulot  d'embossure,  ouverture  pratiquée  à  la  mu- 
raille du  navire,  en  arrière  du  grand  cabestan,  pour 
le  passage  des  cordages  ou  des  chaînes  qui  servent 
d'embossure. 

—ÉTYM.  Dan.  huui, creux; allem.  hohl,  d'aprèsjAL. 

HULOTTE  (hu-lo-f),  s.  f.  Espèce  de  gros  oiseau 
de  nuit,  strix  aluco,  de  l'ordre  des  rapaces  noc- 
turnes. La  hulotte,  qu'on  peut  appeler  aussi  la 
chouette  noire  et  que  les  Grecs  appelaient  nycti- 
corax  ou  le  corbeau  de  nuit,  est  la  plus  grande  do 
toutes  les  chouettes,  biff.  Ois.  t.  11,  p.  lâs.  Tout 
aurait  été  silence  sans  le  gémissement  de  la  hu- 
lotte, chateaubb.  Génie,  i,  v,  12.  ||  On  dit  aussi 
huette. 

—  ÉTYM.  Wall,  houlote;  du  lat.  ulula,  cBouette, 
qui  tient  à  ululare  (voy.  hurler).  Coiup.  le  germa- 
nique :  anglo-sax.  ulc;  angl.  ovol;  néerl.  uyl;  anc. 
haul-allem.  hiurUa:  illem.  mod.  EuU. 


2062 


HUM 


f  HCM  (hom"),  vtiterjcclinn  qui  manfiic  iloiile, 
réticence,  imjialience.  L;i  comlnsso  :  Allez  pnrtcT 
ma  lettre.  —  r.isetlo  à  part  :  lliim!  il  y  a  ici  'lucl- 
que  chose.  MAniVAUX,  le  /,«/«,  .se.  8. 

flIlIM.MtLK  (u-ma-hl'),  ch/J.  Oui  peutêtre  iiumé. 

—  IIIST.  xvr  s.  Humalilo,  ouwN,  liict. 

—  KTYM.  Humer. 

IIUM.ArN,  AINE  (u-min,  mè-n'),  adj.  ||  1°  Oui 
concerne  l'homme,  qui  appartient  à  l'homme  en 
général,  qui  a  le  caractère  de  l'humanité.  La  vie 
liumaine.  C'est  ici  une  véritable  variation  dans 
leur  doctrine  [de.ç  protestants),  et  un  effet  de 
la  perpétuelle  instabilité  qui  doit  faire  considérer 
leur  réforme  comme  un  ouvrage  de  la  nature  de 
ceux  qui,  n'ayant  rien  que  d'humain,  doivent  être 
dissipés,  selon  la  ma-xime  de  Gamaliel,  boss.  Var.  x, 
§  62.  En  un  mot,  ils  ont  pu  facilement  ou  se  trom- 
per, ou  tromper  les  autres;  car  il  n'y  a  rien  de 
plus  humain,  ID.  Ilist.  ii,  (3.  Ce  n'est  pas  un  ou- 
vrage humain  que  je  médite;  je  ne  suis  pas  ici  un 
historien  cjui  doit  vous  dévelojiper  le  secret  des  ca- 
binets, ni  l'ordre  des  batailles,  m.  Iteine  d'Anglet. 
Encore  que  la  sagesse,  après  l'avoir  gouvenié  dès 
son  enfance,  l'ait  porté  aux  plus  grands  honneurs  et 
au  comble  des  félicités  humaines,  m.  le  Tellier. 
La  grandeur  et  la  gloire?...  je  ne  puis  plus  soutenir 
ces  grandes  paroles,  par  lesquelles  l'arrogance  hu- 
maine l.lcho  de  s'étourdir  elle-même  pour  ne  pas 
apercevoir  son  néant,  id.  Duch.  d'Orl.  Notre  corps 
[dans  la  tombe]  prend  un  autre  nom  ;  celui  même  de 
cadavre,  dit  Terlullien,  parce  qu'il  nous  montre  en- 
core quelque  forme  humaine,  ne  lui  demeure  pas 
longtemps,  in.  ib.  Il  [Théodose]  jugea  que  ceux-là 
ne  seraient  pas  fermes  dans  la  foi  qui  s'y  enga- 
geaient par  des  motifs  si  faibles  et  si  humains, 
Fi.Écii.  Ilist.  de  TModose,  \v,iT.  Une  considération 
toute  humaine  les  a  retenus,  bourdal.  Serm.  20" 
dim.  après  la  Pcntec.  Domin.  t.  iv,  p.  229.  Prenez 
garde  seulement  île  ne  rien  mêler  de  faible  et  d'hu- 
main à  la  piété,  mass.  Carême,  Resp.  hum.  Il  saura 
bien  vous  dédommager  par  des  consolations  secrites 
de  toutes  ces  amertumes  humaines,  jn.  ib.  les  at- 
tentions, les  respects,  les  offrandes  les  flattent  sans 
les  corrompre  [les  éléphants]  ;  ils  n'ont  donc  pas 
une  Ime  h'>maine;  cela  seul  devrait  suffire  pour  le 
démontrer  aux  Indiens,  buff.  Quadrup.  t.  iv, 
p.  (98.  Tous  les  arts  sont  unis:  les  sciences  hu- 
maines N'ont  pu  de  leur  empire  étendre  les  do- 
maines Sans  agrandir  aussi  la  carrière  des  vers, 
x.  cntmEii,  l'Invention.  Ah!  périssent  plutôt  ces 
princes  orgueilleux,  Ainsi  qu'un  vil  bétail  traitant 
la  race  humaine!  masson,  llehét.  n.  ||  Le  genre  hu- 
main, l'ensemble  des  êtres  humains.  Oue  servirait 
à  Louis  d'avoir  étendu  sa  gloire  partout  où  s'étend 
le  genre  humaine...  tout  le  genre  humain  demeure 
d'accord  qu'il  n'y  a  rien  de  plus  grand  que  ce  qu'il 
fait,  si  ce  n'e.st  qu'on  veuille  compter  pour  plus 
grand  encore  tout  ce  qu'il  n'a  pas  voulu  faire,  et 
les  bornes  qu'il  a  données  à  .sa  puissance,  boss. 
Mar.-Tlii'r.  Du  genre  humain  saluons  la  famille. 
Mais  qii'ai-je  dit  ?  pourquoi  ce  chant  d'amour'?  Aux 
feux  des  camps  le  glaive  encor  scintille;  Dans 
l'ombre  à  peine  on  voit  poindre  le  jour,  bérangeb, 
les  Quatre  âijes.  'i\  L'ami  du  genre  humain,  un 
homme  qui  prodigue  à  tout  le  monde  une  amitié 
banale.  Je  veux  qu'on  me  «distingue,  et,  pour  le 
trancher  net.  L'ami  du  genre  humain  n'est  point 
du  tout  mon  fait,  mol.  Mis.  \,  \.  ||  Les  choses  hu- 
maines, toutes  les  choses  auxquelles  l'homme  prend 
part.  L'inconstance  des  choses  humaines.  On  n'en 
dit  plus  qu'un  mot  [d'un  poisson  renommé  dans  la 
cuisinoj  ;  jugez  par  là  ce  que  c'est  que  de  la  gloire 
des  choses  humaines,  et  quel  cas  on  en  doit  faire 
après  cela,  voir.  Lctt.  )28.  Vous  verrez  dans  une 
seule  vie  toutes  les  extrémités  des  choses  humaines, 
BOSS.  Reine  d'Anglet.  ||  Moyens  humains,  voies  hu- 
maines, moyens,  voies  dont  l'homme  peut  se  servir. 
Il  n'est  moyen  humain  qui  puisse  la  sauver,  corn. 
néracl.  IV,  4 .  Ménagements  qu'une  prudence  hu- 
maine m'aurait  inspirés,  boss.  Leit.  abb.  (55. 
Il  Eaits  humains,  les  faits  qui  appartiennent  à  l'or- 
dre natureL  Comme  je  n'écris  pas  une  histoire  ec- 
clésiastique, mais  celle  des  hommes  de  mon  temps, 
je  ne  rapporterai  que  des  faits  purement  humains, 
uucLOs,  Règne  de  Louis  XIV,  (tlCuvres,  t.  v,  p.  (32, 
dans  pouGENs.  ||  Lettres  humaines,  par  opposition  à 
théologie,  connaissance  de  la  littérature,  gram- 
maire, poésie,  rhétorique,  histoire,  etc.  Les  lettres 
humaines  sont  de%enues  très-inhumaines;  on  in- 
jurie, on  cabale,  on  calomnie,  on  fait  des  couplets, 
VOLT.  Œdipe,  ietl.  an  P.  l'orée.  WFig.  et  fami- 
lièiement.  N'avoir  pas  figure  humaine,  forme  hu- 
maine, être  difforme  ou  défiguré,   excessivement 


HUM 

laid.  Il  Dans  le  langage  des  moralistes,  les  actes  hu- 
mains. On  distingue  les  actes  humains  et  les  actes 
de  l'homme  :  les  premiers  sont  les  actions  qui  se 
font  avec  connaissance  et  libellé,  telles  que  de 
rendre  un  service  par  générosité,  etc.  ;  les  actes  do 
l'homme  sont  les  actions  indélibérées,  telles  que  de 
se  soutenir  dans  une  chute  dangereuse,  de  crier 
dans  la  douleur,  etc.  ||  Respect  humain,  voy.  bks- 
PECT.  Il  2"  Plus  qu'humain,  qui  excède  la  portée  or- 
dinaire des  forces  humaines.  Une  intelligence  plus 
qu'humaine.  Il  fallait  une  vertu  plus  qu'humaine, 
BOSS.  Ilist.  II,  7.  Il  3"  Dans  l'orgue,  voix  humaine, 
voy.  VOIX.  Il  4  '  Sensible  à  la  pitié,  bienfaisant,  doux. 
Cet  homme  est  humain.  Un  vainqueur  humain.  Et  tu 
crois  que,  pour  moi  plus  humain  que  son  père,  Hip- 
polyte  rendra  ma  chaîne  plus  légère?  bac.  Phèdre, 
II,  t.  Le  ciel  les  fit  [les  Français]  humains,  Ivospi- 
taliers  et  bons,  Amis  des  doux  plaisirs,  des  festins, 
des  chansons,  a.  chén.  Hymne  à  la  France.  \\  Il  se 
dit  aussi  dos  choses.  Et  leur  dévotion  est  humaine 
et  traitahle,  mol.  Tart.  i,  o.  Hazael,  me  regardant 
avec  un  visage  doux  et  humain,  me  tendit  la  main 
et  me  releva,  fénel.  TéUm.  iv.  ||  Avoir,  montrer  des 
sentiments  humains,  montrer  de  la  sensibilité, 
de  la  bienveillance.  ||  Ironiquement.  Et  je  verrais 
mourir  frère,  enfants,  mère  et  femme,  Que  je  m'en 
soucierais  autant  que  de  cela.  —  Les  sentiments 
humains,  mon  frère,  que  voilà!  mol.  Tart.  i,  (5. 
Il  N'avoir  rien  d'humain,  être  dur,  impitoyable.  Je 
rends  grâces  aux  dieux  de  n'être  pas  Romain,  Pour 
conserver  encor  quelque  chose  d'humain,  corn. 
Hor.  Il,  3.  Si  l'on  doit  le  nom  d'homme  à  qui  n'a 
rien  d'humain,  m.  Cinna,  i,  3.  Rien  d'humain  ne 
battait  sous  son  épaisse  armure,  lamart.  MM.  11, 
7,  Ilnnnparte.  ||  Familièrement.  Une  femme  hu- 
maine, une  femme  qui  a  peu  de  rigueurs  pour  ses 
adorateurs.  Cette  belle  est  fort  humaine.  ||  S°  Terme 
d'astrologie.  Signes  humains,  constellations  qui  re- 
présentent quelque  figure  \iumaine ,  comme  la 
Vierge,  Orion,  etc.  ||6°S.  m.  L'humain,  la  nature 
humaine,  les  forces  humaines.  Sans  doute  vos 
chrétiens  qu'on  persécute  en  vain  Ont  quelque 
cho.se  en  eux  qui  surpasse  l'humain,  cor\.  Poly. 
V,  6.  Il  7°  S.  m.  pi.  Dans  le  langage  élevé  et  poé- 
tique, les  humains,  les  hommes.  La  chasteté  déjà, 
la  rougeur  sur  le  front,  Avait  chez  les  humains 
reçu  plus  d'un  afl'ront,  BOii..  Sat.  x.  Vous  verriez  à 
regret  marcher  à  votre  suite  Un  indigne  empereur, 
sans  empire,  sans  cour,  Vil  spectacle  aux  humains 
des  faiblesses  d'amour,  hac.  Bérén.  v,  6.  On  ne  voit 
plus  pour  nous  ses  redoutables  mains  De  merveilles 
sans  nombre  effrayer  les  humains,  id.  Athal.  1,  (. 
Minos  juge  aux  enfers  tous  les  pâles  humains,  id. 
Phèdre,  iv,  6.  p"aut-il  toujours  combattre  ou  tromper 
les  humains!  volt.  Fanât,  v,  1.  Je  sais  que  les  hu- 
mains sont  nés  égaux  et  frères,  id.  Scythes,  i,  3.  Les 
fortes  âmes  de  ceux-ci  [les  Romains  et  les  Grecs] 
paraissent  aux  autres  [les  modernes]  des  exagéra- 
tions de  l'histoire,...  ils  existèrent  pourtant,  et  c'é- 
taient des  h  umains  comme  nous  ;  qu'est-ce  qui  nous 
empêche  d'être  des  hommes  comme  eux?  J.  J.  Rotiss. 
Pologne,  2.  Vivre  comme  jadis,  aux  champs  de  Ba- 
hylone.  Ont  vécu,  nous  dit-on,  ces  pères  des  hu- 
mains Dont  le  nom  aux  autels  remplit  nos  fastes 
saints,  a.  ciién.  Élégies,  14.  Mais  plaignons  les  hu- 
mains, et  laissons  les  tyrans  S'environner  d'acier, 
s'entourer  de  méchants,  masson,  Helv.  11.  {|  Fami- 
lièrement, au  singulier.  C'est  un  bon  humain.  Le 
meilleur  humain  du  monde.  Calment  avec  la  gri- 
sette  D'un  président,  bon  humain.  Cette  folle,  à  la 
buvette,  Répétait  le  verre  on  main...,  bérang. 
Muse  en  fuite.  ||  Quelquefois  il  se  dit  en  ce  sens  au 
pluriel.  C'était  un  de  ces  humains  débonnaires  qui 
aiment  tous  ceux  à  qui  le  sang  les  lie,  le  sage, 
/■'.v(.  Gons.  ch.  65.  Il  II  se  dit  aussi  au  singulier, 
dans  le  style  élevé.  Ces  fleuves,  ces  bergers,  Eden 
aimé  des  cieux.  Et  du  premier  humain  berceau 
délicieux,  A.  CIIÉN.  Élégies,  (4. 

—  REM.  Dans  le  sens  de  sensible,  bienveillant, 
humain  ne  se  met  qu'après  son  substantif. 

—  HîST.  xii"  s.  De  sun  gré  le  sufîri  Deus  pur  l'u- 
main  pe.schié.  Th.  le  mart.  46.  ||  xiii*  s.  Congié  [je] 
demant  toutprcmerainX  celui  qui  plus  m'est  umain 
Et  dont  je  niiex  louer  me  doi,  Fabliaux, -i'  éd.  (35. 
Cors  et  ame,  membre,  héritage  Y  pert  [à  boire] 
souvent  l'umain  lignage,  Guersai.  Si  bon  signor  ni 
si  humain  N'auront  jamais  si  com  il  (lient,  l'Escou- 
fle.  Che  sont  humaines  passions  [souffrances].  Quant 
la  matere  est  corrompue,  Ki  rtel  cors  d'omme  est  dis- 
solue, GUI  Dt:  CAMBiiAi,  p.  2«.  {|  xV  S.  Si  est  que  pour 
le  sang  humain  Eviter  et  garderd'espandre...,  Mysl. 
du  siège  d'Orl.  p.  737.  ||xvi'  s.  [.a  plus  commune 
des  hum.aines  erreurs,    i'ont    i     (I.    La  race  bu- 


HUM 

maine,  id.  i,70.  Les  lettres  humaines  elles  sciences 
libérales,  amyot,  Lucull.  2.  Si  quebju'ennuy  ne  vient 
ramentevoir  Le  povre  humain  d'invoquer  Dieu  qui 
l'ame  'l'aime]...,  mabot,  ii,  2c6.  Les  anges,  voyanj 
les  humains  hors  les  troubles  et  sollicitudes  ter- 
riennes, les  saluent...,  bab.  Pant.  m,  24.  Ces  mots 
[lèze  majesté]  s'entendent  seulement  de  la  majesté 
humaine  et  non  divine,  Coust.  génér.  t  i,  p.  226. 

—  ÉTYM.  Provenç.  human,  «man;catal.  huma, 
espagn.  humano;  ital.  umano;  du  latin  humanui, 
do  homo,  homme. 

HUMAINEMENT  (u-mè-ne-man),  odt).  ||  l' Com- 
me un  homme,  comme  il  convient  à  un  homme.  X 
la  table  s'asseoir,  manger  humainement,  ri-gnier, 
Snt.  VI.  Il  me  semble  qu'un  roi  qui  s'entretient  avec 
son  capitaine  des  gardes  parle  un  peu  plus  humai- 
nement et  ne  prend  guère  ce  ton  de  démoniaque, 
MOL. /mp.  de  Versailles,  1.112°  Suivant  la  portée, 
la  capacité,  le  pouvoir  de  l'homme.  Je  vous  parle 
humainement,  à  cause  delà  faiblesse  de  votre  chair, 
SAci,  Bible,  St  Paul,  Ëpit.  aux  Rom.  vi,  (O.  Les 
parents  [de  la  jeune  fille]  firent  humainement  co 
qu'ils  purent  pour  lui  ôter  cette  idée  de  l'esprit  [d'é- 
pouser Cratès],  fén.  Cratès.  N'est-ce  pas  pen.sertrop 
humainement  d'un  Dieu  qu'on  nous  fait  si  grand* 
MASS.  Carême,  Avenir.  \\  Humainement  parlant,  en 
se  conformant  aux  idées  communes,  reçues.  Pour 
parler  plus  humainement  et  plus  intelligiblement, 
il  était  entre  cinq  et  six,  ecarr.  Tlom.  com.  i,  (. 
Il  Humainement  parlant,  en  parlant  suivant  l'ordre 
de  la  nature,  par  opposition  à  surnaturellement.  En 
parlant  même  humainement,  nous  ne  pouvons  pé- 
rir, PASC.  Prov.  3.  Dans  un  climat  si  sec  et  si  égal 
[l'Egypte],  ce  qui  a  subsisté  quarante  siècles  en  peut 
subsister  cent,  humainement  parlant,  volt.  Lois  de 
Minos,  Notes.  \\  3" Avec  humanité, avecbonté.  Alexan- 
dre traita  humainement  les  Miiésiens  et  vendit  ce 
qu'il  y  trouva  d'étrangers,  rollin,  Ilist.  anc.  (lEuv. 
t.  VI,  p.  206,  dans  POUGENS.  ]|  Ironiquement.  Albe- 
roni  lui  écrivit  liumainement  que  les  soldats  sont 
faits  pour  mourir  quand  cela  convient,  DUCLOs.ifiim. 
rég.  (H'MV.  t.  v,  p.  336,  dans  pougins. 

—  HIST.  xvi*  s.  Humainement  [doucementl, 
AMYOT,  Pyrrh.  77.  Qu'il  se  veoid  plus  souvent  cette 
faulte,  que  les  théologiens  escrivent  trop  humaine- 
ment, que  cette  aultre,  que  les  humanistes  escri- 
vent trop  peu  thcologalemeut,  mo\t.  1,  40(. 

—  ÊTYM.  Humaine,  et  le  suffixe  ment;  wallon, 
'umainnmain . 

t  IICMANISATION  (u-ma-ni-za-sion),  t.  /'.Action 
de  rendre  humain,  plus  humain.  Tandis  que  cette 
amélioration  des  mœurs  des  peuples  qui  constitue 
la  civilisation,  avarit  eu  une  si  heureuse  influence 
sur  l'humanisation  des  guerres  politiques,  mollien, 
Mèm.  d'un  ministre  du  trésor,  t.  11,  p.  280. 

HUMANISÉ,  ÉE  (u-ma-ni-zé,  zée),  part,  passé 
d'humaniser.  ||  1°  Qui  a  pris  la  nature  humaine.  Le 
péché  est  humanisé  en  lui  [le  pécheur]  ;  c'est  un 
homme  devenu  péché,  il  perd  tout  bien,  boss.  Pen- 
sées chrét.  9.  Il  2°  Rendu  humain,  doux,  moins  sé- 
vère. La  vertu  chez  elle  est  fort  humanisée,  mol. 
Éc.  desmar.  m,  6. 

HUMANISER  (u-ma-ni-zé) ,  ti.    a.  ||  1°  Donner  If 

nature  humaine Je   crus  dans  ce  pain  [hostie] 

que  notre  foi  consomme  Humaniser  le  verbe  et  di- 
viniser l'homme,  lamart.  Joe.  v,  (00.  Il  Donner  ie 
caractère  humain.  Il  [Socrate]  fut  le  premier, 
comme  dit  Cicéron,  qui  s'avisa  de  faire  descendre 
la  philosophie  du  ciel,  de  la  placer  dans  les  villes, 
de  l'introduire  même  dans  les  maisons  particuliè- 
res, l'humanisant,  pour  ainsi  dire,  et  la  rendant 
plus  familière,  plus  à  l'usage  do  la  vie  commune, 
plus  à  la  portée  des  hommes,  rollin,  Hist.  anc. 
(Jiuv.  t.  IV,  p.  360,  dans  pougens.I|  2"  Rendre  bon, 
humain  ;  civiliser.  Ils  trouvaient  leur  maître  tout 
changé  depuis  que  la  comédie  l'avait  humanisé, 
SCAB.  Rom.  com.  11, 3.  Déjoce  fut  si  occupé  à  adou- 
cir, à  humaniser  les  moeurs  de  la  nation,  et  à  faire 
des  lois  pour  le  gouvernement,  qu'il  n'entreprit  ja- 
mais rien  contre  ses  voisins,  rollin,  Hist.  ane. 
mCur.  t.  Il,  p.  75.  Son  règne  [d'Edouard  IV]  huma- 
nisa un  peu  les  mœurs  de  la  nation,  vclt.  Mœurs, 
(  17.  Il  3°  Rendre  plus  traiLable,  plus  favorable.  On  a 
fait  ce  qu'on  a  pu  pour  adoucir  cet  homme;  dans 
un  terme  plus  nouveau,  on  dit  :  on  a  fait  ce  qu'on  a 
pu  pour  l'humaniser,  maro.  buffet,  Observ.  p.  36, 
t68.s.  Il  Par  extension.  Ne  paraissez  point  si  savant, 
de  grâce  ;  humanisez  votre  discours .  et  par'ez  i>our 
être  entendu,  mol.  Crit.  de  l'Éc.  des  f.  se.  7. 
Il  4"  S'humaniser,  v.  réfl.  Devenir  plus  doux,  plus 
traitablc.  Il  n'est  plus  si  revêche,  il  commence  à 
s'humaniser.  Que  d'un  peu  de  pitié  ton  âme  s  hu- 
manisa. MOI..  .\mph.  m,  7.  Il  5"  Se  dépouiller  d'une 


HUM 

trop  grande  sévénlé  de  sentiments,  d'une  façon  de 
vivre  trop  austère.  Il  s'humanise  peu  à  peu,  il  ne 
.  fuit  plus  le  monde  comme  il  faisait.  Et  vous  n'igno- 
rez pas  que  ce  maître  des  dieux  Aime  à  s'humaniser 
pour  des  beautés  mortelles,  moi..  Amph.  Prologue. 
M.  le  duc  s'humanisa  en  compliments  flatteurs  qui 
n'étaient  guère  de  son  style ,  st-sim.  258,  206. 
Quand  on  a  peur,  tout  orgueil  s'humanise,  volt. 
llégucule.  \\  6°  Se  conformer,  s'accommoder  à  la 
portée  des  autres.  Il  est  vrai  que  son  mérite  [d'une 
dame]  s'est  fort  humanisé  :  elle  en  a  toujours  eu 
beaucoup  pour  ceux  qui  la  connaissaient;  mais 
cette  lumière,  qui  était  sous  le  boisseau,  éclaire 
présentement  tout  le  monde,  sÉv.  306.  Je  ne  suis 
lilus  dans  ce  dialogue-là  le  divin  Platon,  ou  du 
moins  je  me  suis  bien  humanisé,  fonten.  Jugem. 
de  Platon.  Joignez-y  [à  certaines  personnes  réu- 
nies] un  ou  deux  Anglais  pensants  qui  sont  ici,  et 
qui,  dit-on,  s'humanisent  jusqu'à  parler,  volt. 
Lett.  Thiriot,  ib  mai  1735. 

—  mST.  xv!"  s.  Tu  admires  et  estimes  Socrates 
co.Time  personnage  qui,  par  sa  ronde  simplicité, 
sans  fard  ni  vanité  quelconque,  a  plus  humanisé, 
par  manière  de  dire,  c'est  à  dire  attribué  à  la  rai- 
son humaine,  la  philosophie,  amyot,  dans  le  Dict. 
de  DOciiEZ. 

—  ETYM.  Humain. 

HUMANISTE  (u-ma-ni-sf),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui 
étudie  les  humanités  dans  un  lycée,  collège.  {|  2°  Celui 
qui  sait,  qui  enseigne  les  humanités;  en  ce  sens  il 
ne  se  dit  guère  qu'avec  une  épithète.  Un  bon,  un 
savant  humaniste.  Jeune  encore  et  grand  huma- 
niste, nouvellement  appelé  par  l'électeur  Frédéric 
pour  enseigner  la  langue  grecque,  il  [Mélanchthon] 
n'avait  guère  pu  apprendre  d'antiquité  ecclésiastique 
avec  son  maître  Luther,  Boss.  Variât,  iv,  §  3( . 
li  3°  En  Allemagne,  les  humanistes,  ceux  qui  font 
de  l'étude  des  langues  cla.ssiques  la  base  de  l'ensei- 
gnement; par  opposition  à  réalistes,  ceux  qui  se  li- 
vrent à  l'industrie. 

—  HlST.  xvi*  s.  Qu'il  se  veoid  plus  souvent  ceste 
faulte,  que  les  théologiens  escrivent  trop  humaine- 
ment, que  cette  aultre,  que  les  humanistes  escri- 
vent trop  peu  theologalement,  mont,  i,  4oi. 

—  f.TYM.  Voy.  HUMANITÉS. 

t  UCJIANITAIRE  (u-ma-ni-tê-r'),  ady.  Néolo- 
gisme. Qui  intéresse  l'humanité  entière.  ||  S.  m.  Par- 
tisan de  l'humanité  considérée  comme  un  grand 
être  collectif. 

—  ÉTYM.  Voy.  Hl'MANITÉ. 

+.  UUMANITAIRERIE  (u-ma-ni-tê-re-rie) ,  s.  (.  La 
(îcnt  humanitaire ,  mot  de  plaisanterie  et  de  déni- 
grement forgé  par  A.  de  Musset  :  Le  monde  sera 
propre  et  net  comme  une  écuelle;  L'humanitairerie 
en  fera  sa  gamelle,  Dial.  de  Dupont  et  Durand. 

t  UUMANITARI.SME  (u-ma-ni-ta-ri-sm'),  s.  m. 
Néologisme.  Système,  doctrine  humanitaire. 

HUMANITÉ  (u-ma-ni-té),  s.  f.  ||  1°  Nature  hu- 
maine. Doncques  si  de  parler  le  pouvoir  m'est  ôté, 
Pour  moi  j'aime  autant  perdre  aussi  l'humanité,  mol. 
Ddp.  am.  11,  8.  Sachant  que  nous  sommes  grossiers, 
il  nous  conduit  ainsi  à  l'adoration  de  sa  divinité 
présente  en  tous  lieux  par  celle  de  son  humanité 
présente  en  un  heu  particulier,  pasc.  Prov.  ta.  Il 
s'élève  au-dessus  de  l'humanité,  boss.  Ilist.  11,  4. 
J'ai  [moi  Jésus]  pris  votre  joug  sur  rhoi,  en  me  re- 
vêtant de  votre  chair  mortelle  et  de  votre  humanité, 
bocrdal.  Exhort.  sur  J.  C.  portant  sa  croix,  t.  11, 
p.  (59.  Ne  cache  pas  tes  pleurs,  cesse  de  t'en  dé- 
fendre. C'est  de  l'humanité  la  marque  la  plus  ten- 
dre, VOLT.  Ah.  Il,  2.  Je  ne  finirais  point  sur  de  pa- 
reilles anecdotes;  mais  elles  me  peignent  l'huma- 
nité trop  en  laid,  et  j'aime  mieux  les  oublier,  id. 
Lelt.  Prévost,  juin  )740.  ||  Cela  est  au-dessus  de 
l'humanité,  cela  passe  la  portée  ordinaire  des  forces 
de  l'homme.  On  ne  vous  demande  pas  de  vous  ré- 
crier :  c'est  un  chef-d'œuvre  de  l'esprit ,  l'humanité 
ne  va  pas  plus  loin,  la  bbuv.i.  ||  Fig.  Payer  le  tribut 
à  l'humanité,  commettre  quelque  faiblesse,  et  aussi 
Dourir.  {|  Familièrement.  Reposer  son  humanité,  se 
(eposer  ;  celte  locution  vieillit.  ||  En  humanité,  de 
.  part  des  hommes.  Duplicité  du  sieur  Gedda  où  je 
"lie  connais  rien  ;  mais  il  faut  bien  s'accoutumer  à 
lout  croire  en  humanité,  d'argenson,  Journ.  et 
Mém.  t.  II,  p.  5î.  Il  2"  Sentiment  actif  de  bienveil- 
lance pour  tous  les  hommes.  Remplir  un  devoir 
d'humanité.  Sous  un  faux  semblant  d'un  peu  d'hu- 
jnanitc,  corn.  Perthar.  v,  3.  Loin  de  nous  les  hé- 
sans  humanité  !  boss.  Louis  de  Bourb.  Ou  re- 

ncez,  seigneur,  à  toute  humanité,   bac.  Bérén. 

[7.  A  mon  cœur  éperdu  l'humanité  parlait,  volt. 
fiat.  IV,  3.  Quand  je  vous  demande  compte  de 
nie  que  vous  m'avez  donnée,  je  crois  vous  invi- 


IIUM 

ter  à  remplir  un  devoir  de  l'humanité,  j.  j.  V\ou3s. 
Lclt.  à  Saiin-lMmbcrl,  i  .sept.  <7;.7.  l'arlerai-jo d'I- 
ris? chacun  la  prône  et  l'aime;  C'est  un  cœur,  mais 
un  cœur....  c'est  l'humanité  même,  Gilbert,  Le 
IH"  s.  Il  Votre  Humanité,  s'est  dit,  par  une  flatterie 
respectueuse  sous  l'apparence  de  la  familiarité,  à  un 
roi  au  lieu  de  Votre  Majesté.  Je  ne  sais  point  quit- 
ter mes  amis  pour  des  rois,  et  je  l'ai  mandé  tout  net 
à  ce  charmant  prince  quej'appelle  Voire  Humanité 
au  lieu  de  l'appeler  Votre  Majesté  [Frédéric],  volt. 
Lett.  d'Argenson,  isjuin  1740.  ||  3°  Kn  un  sens  as.sez 
nouveau  etc|ui  n'est  pas  dans  le  latin,  le  genre  hu- 
main, les  hommes  en  général  considérés  comme 
formant  un  être  collectif  plus  grand  que  la  patrie. 
Va,  va,  je  te  le  donne  pour  l'amour  de  l'humanité, 
MOL.  D.  Juan,m,  2.  Que  ne  doit  point  le  royaume  à 
un  prince  [Condé]  qui  ahonoré  la  maison  de  France, 
tout  le  nom  français,  son  siècle,  et,  pour  ainsi 
dire,  l'humanité  tout  entière,  boss.  Louis  de  Bour- 
bon. J'ai  fait....  Gémir  l'humanité  du  poids  de  mon 
orgueil,  volt.  Ah.  v,  7.  Servons  l'humanité;  Après 
nous  rendrons  grâce  à  la  dinnité,  m.  j.  chén.  l'énel. 
m,  6.  Va,  fuis,  l'humanité  te  rejette  loin  d'elle, 
DELAV.  Paria,  iv,  6.  L'humanité  manque  de  saints 
apôtres  Oui  leur  aient  dit-:  enfants,  suivez  sa  loi  ; 
Aimer,  aimer,  c'est  être  utile  à  soi  ;  Se  faire  aimer, 
c'est  être  utile  aux  autres,  bérang.  le  Suicide.  Hu- 
manité, règne,  voici  ton  âge,  Que  nie  en  vain  la 
voix  des  vieux  échos,  m.  les  Quatre  âges.  \\  i'Auplur. 
Classes,  dans  les  collèges  et  lycées,  con^prenant  l'en- 
seignement au-dessus  de  la  grammaire  jusqu'à  la 
philosophie  exclusivement,  et  dites  aujourd'hui  clas- 
ses des  lettres.  Il  a  fait  ses  humanités.  Us  [les  mé- 
decins] savent  pour  la  plupart  de  fort  belles  huma- 
nités, savent  parler  en  beau  latin,  mol.  Mal.  im.  m, 
3.  Le  P.  Sanlecque,  religieux  de  Sainte-Geneviève, 
excellait  à  régenter  l'éloquence  et  les  humanités, 
ST-siMON,  352,  131.  Il  [M.  Halley]  fit  ses  humanités 
dans  l'école  de  St-Paul  sous  le  fameux  Thomas  Gale, 
MAiRAN,  Éloges,  Halley. 

—  HIST.  xii"  s.  [Jésus]  uel  [égal]  al  père  sulunc 
la  divinitet,  mendre  del  père  [moindre  que  le  père] 
sulunc  la  humaineté.  Liber  psalm.  p.  268.  Hunur  e 
sueurs  e  humanited  me  firent,  quant  jo  m'en  fui  pur 
tun  frère  Absalon,  Roù,p.  228.  Par  le  ministère  de  sa 
humaniteitoffret  il  permanablesacrefice,  Job, p. 492. 
I!  xui*  s.  Donc  doit  l'en  plainement  noier  [nier]  Que 
les  euvres  d'umanité  Aviengnent  par  nécessité,  la 
Rose,  17401.  Loons  et  essauçons  la  sainte  Trinité, 
Par  qui  li  doulz  filz  Dieu  prist  nostre  humanité,  J.  de 
MEUNG,  Test.  118.  Aucuns  d'eulz  avalèrent  leurs  braies 
etmonstrerent  leur  derrière  et  toute  l'humanité  que 
il  portoient,iiu  cange,  humant'los.  Comme  plusieurs 
defl'uns,  au  temps  que  il  avoient  humanité  [qu'ils  vi- 
vaient], id.  ift.  Ilxiv's  Ceus de Calaisayantesté  forcez 
parles  Anglois  après  une  très  vigoureuse  résistance, 
ils  se  retirèrent  auprès  du  roi  de  France  qui  les  ré- 
cent moult  agréablement  et  leur  fit  faire  moult  de 
humanités,  Chr.  de  St  Denis,  {°  221,  dans  LAcmiNE. 
Il  xvr  s.  Et  n'usa  pas  LouysXI  de  plus  grande  hu- 
manité envers  le  fils  qu'il  avoit  faict  envers  le  père, 
sAYssicL,  Louis  XII,  p.  84,  1616.  Or  je  veux  en 
mon  sage  une  preud'hommie  essentielle  et  invin- 
cible, qui  tienne  de  soy-mesmc,  et  par  sa  propre  ra- 
cine, et  qui  aussi  peu  s'en  puisse  arracher  et  séparer 
que  l'humanité  de  l'homme  ,  charron  ,  Sagesse, 
II,  3.         .  • 

—  ÉTYM.  Provenç.  humanat,numanttat;  espagn. 
humanidad;  ital.  umanilà;  du  lat.  humanitatcm, 
de  humanus,  humain. 

t  HUMANTIiV  (u-man-tin),  S.  m.  Terme  d'ichthyo- 
logie.  Sous-genre  de  squales,  dont  une  espèce  est 
appelée  cochon  marin. 

t  UUJIATILE  (u-ma-ti-l'),  adj.  Terme  de  géolo- 
gie. Corps  humatiles,  corps  organisés  qui  ont  été 
enfouis  depuis  qu'il  y  a  de  l'humus. 

—  ÉTYM.  Lat.  humus,  terre. 

HUMBLE  (un-bl'),  adj.  ||  1°  Oui  a  de  l'humilité. 
Un  homme  humble.  Une  femme  humble.  Apprenez 
de  moi  que  je  suis  doux  et  humble  de  cœur,  et  vous 
trouverez  le  repos  de  vos  âmes,  saci.  Bible,  Érang. 
St  Math.  XI,  29.  Tout  humble  chrétien  se  conten- 
tera aisément  de  la  même  certitude  sur  la  justice 
que  sur  le  salut  éternel,  boss.  Var.  xv,  §  I5i.  Elle 
accomplit  tous  ses  devoirs  .sans  présomption,  et  fut 
humble  non-seulement  parmi  toutes  les  grandeurs, 
mais  encore  parmi  toutes  les  vertus,  m.  Marie- 
Thérèse.  Peut-être  n'est-il  pas  moins  rare  dans  le 
siècle  oîi  nous  sommes  et  jusque  parmi  ceux  qui 
sont  les  plus  sévères  pour  eux-mêmes,  de  trouver 
des  hommes  à  couvert  de  l'orgueil  et  humbles  d'es- 
prit et  de  cœur,  bouhd.  SMr.  étang.  2«  avent, 
p.  438.  Peut-être  je  devrais,  ulus  humble  en  ma 


HUM 


^\ 


2063 


misère,  Me  souvenir  du  moins  que  je  parle  à  son 
frère,  rac.  Milhr.  i,  2.  Humble  dans  le  bonheur, 
grand  dans  l'adversité,-  Dans  la  seule  vertu  trou- 
vant la  volupté,  DESTOUCiiKs,  Phil.  marié,  m,  3. 
Il  Substantivement.  Un  vrai  humble  est  aussi  soi-  • 
gneux  de  cacher  son  humilité  que  toutes  ses  autres 
vertus,  BOURU.\L.  Pensées,  t.  Il,  p.  147.  Heureux 
donc  les  humbles  de  cœur!  ID.  t'b.  t.  11,  p.  I86.  Il 
prend  l'humble  sous  sa  défense,  bac  listh.  1,  5. 
Il  entend  les  soupirs  de  l'humble  qu'on  outrage, 
ID.  ib.  III,  4.  La  grâce  est  réservée  aux  humbles,  à 
ceux  qui  se  défient...,  mass.  Carême,  Fam.sc  conf. 
\\  2"  Qui  a  le  caractère  de  l'Immilité,  en  parlant 
des  cho.ses.  Une  humble  supplication.  Par  de  pro- 
fonds respects,  par  d'humbles  sacrifices,  corn.  Ser- 
tor.  ir,  4.  Sa  confession  fut  humble,  pleine  de 
com])onction  et  de  confiance,  boss.  Louis  de  Bourb. 
Il  3"  Dont  la  déférence  est  excessive.  Être  humble 
devant  les  granils.  Demandez  à  ceux  qui  ont  dans 
le  cœur  quelque  passion  violente,  s'ils  con.servent 
quelque  orgueil  ou  quelque  licrté  en  présence  di' 
ce  qu'ils  aiment;  on  ne  se  soumet  que  trop,  on 
n'est  que  trop  humble,  boss.  la  Vallière.  Cet  hum- 
ble adorateur  se  déclare  mon  maître,  hac.  Alex. 
m,  1.114"  En  termes  de  civilité.  Faire  de  très- 
humbles  remerclments.  Rendre  de  très-humbles 
grâces.  Assurer  de  ses  très-humbles  re3|)ccls.  ||  On 
termine  souvent  une  lottre  par  ces  mots  :  Votre 
très-humble  serviteur;  Votre  très-humble  servante. 
Il  Selon  mon  humble  opinion,  formule  exagérée  de 
modestie,  assez  souvent  employée.  ||  5°  "  se  dit 
quelquefois  pour  modeste.  D'humbles  vertus.  Telle 
aimable  en  son  air,  mais  humble  dans  son  style ,  ^ 
Doit  éclater  sans  pompe  une  élégante  idylle,  boil. 
Art  p.  11.  Il  6°  Qui  a  peu  d'apparence,  pou  d'éclat, 
peu  de  force.  L'humble  violetle.  Les  humbles 
bruyères.  Cependant  l'humble  toit  devient  temple, 
et  ses  murs  Changent  U'ur  fièle  enduit  aux  mar- 
bres les  plus  durs,  la  font.  Philém.  et  Baucis. 
Touchée  de  ces  sentiments  [le  renoncement  aux 
grandeurs],  elle  aima  cette  humble  maison  [des  re- 
ligieuses de  Sainte-Marie  de  Chaillot]  plus  que  ses 
palais,  boss.  Beine  d'Angt.  Le  luxe  n'y  fait  point 
d'outrages  X  l'humble  médiocrité,  la  motte,  Od. 
t.  1 ,  p.  1S6,  dans  pougens.  Enfin  de  Mahomet  les 
sublimes  desseins  Que  n'ose  approfondir  l'humble 
esprit  des  humains,  volt,  fanal.  11,  1. 1|11  se  dit, 
en  tin  sens  analogue,  des  personnes.  L'humlile  la- 
boureur. Il  Absolument  et  poétiquement.  L'humble 
toit,  la  demeure  des  paysans,  des  gens  du  peuple. 
Ni  l'or  ni  la  grandeur  ne  nous  rendent  heureux  ; 
Ces  deux  divinités  n'accordent  à  nos  vœux  Que  des 
biens  peu  certains,  des  plaisirs  peu  tranquilles  ; 
Des  soucis  dévorants  c'est  l'éternel  asile....  L'hum- 
ble toit  est  exempt  d'un  tribut  si  funeste,  la 
FONT.  Phil.  et  Baucis.  On  parlera'ide  sa  gloire 
Sous  le  chaume  bien  longtemps  ;  L'humble  toit, 
dans  cinquante  ans,  Ne  connaîtra  plus  d'autre  his- 
toire, BÉiiANG.  Souv.  du  peuple.  ||  7°  Fig.  Peu  re- 
levé. Remplir  les  fonctions  les  plus  humbles. 
L'humble  condition  de  gardeur  de  moutons.  Heu- 
reux qui  satisfait  (le  son  humble  fortune,  Libre  du 
joug  superbe  où  je  suis  attaché...  rac.  Iphig.i,  l. 
Ces  chaumes,  ces  déserts,  où  des  pompes  des  rois 
Je  vous  vis  descendue  aux  plus  humbles  emplois, 
VOLT.  Scythes,  111,  4.  Il  8°  Terme  d'anatomie.  Muscle 
humble,  le  droit  inférieur  de  l'œil,  à  cause  de  son 
mode  d'action  sur  le  globe  oculaire,  qu'il  abaisse. 

—  IIIST.  xii»  s Le  puissant  seigneur  Qui  l'or- 

guihis  abat,  met  l'umhle  en  sié  [siège]  liaucur 
[plus  haut].  Th.  le  mart.  74.  ||  xiii*  s.  Si  doit  estre 
[le  prêtre]   humeles,  bénignes,  larges,  du  cange, 

humilis.  ||  xiv  s Tous  ceux  qui   sont  blandi- 

seeurs,  humbles  et  serviables  et  veulent  à  chescun 
plere,   il   sont    flateurs   et  de   servile    condicion , 

ORE.SME,    Eth.    124.  ||xvi«  S Qui  aux   humbles 

pardonne.  Aux  fiers  porte  rigueur,  j.  marot,  v, 
163.  Et  bon  courage  et  espoir  lui  donras,  Prestanl 
l'oreille  à  son  humble  oraison,  ip,  iv,  246.  Ce 
qui  près  tov  me  rend  bas  et  humile,  id.  m,  277. 
Demande  à'Marot  tant  habile  Si  humile  Doibt  jKjur 
humble  {sic)  en  francoys,  Crit.  de  Marot,  vi,  «3. 

ETYM.  Provenç.   liumil,  omil  ;  esp.  humilde  ; 

ital.  omik;  du  lat.  humilis,  qui  vient  do  humus, 
terre  {voy.  humus). 

HCMULE.UENT  (un-ble-man) ,  adv.  ||  1"  Avec 
des  sentiments  d'humilité.  Il  faisait  des  soupirs, 
de  grands  élancements,  Et  baisait  humblement  la 
terre  à  tous  moments,  mol.  Tart.  1,  6.  Je  me  confie 
pour  Madame  en  cette  miséricorde  |  de  Dieu  ) 
qu'elle  a  si  sincèrement  et  si  humblement  récla- 
clamée,  boss.  Duch.  d'Orl.  Combien  de  fois  a-t-«lle 
en  ce  lieu  reircrcié  Dieu  humblement   de  deu» 


lim 


nuivi 


grandes  grâces... .  Boss.  Reine  d'Ànglet.  \\  2°  Avec 
respect  et  soumission .  Je  supplie  humblement  Votre 
Majesté.  S'incliner  humblement.  Toutes  les  nations 
voisines  /;laicnl  eiïrayées,  et  lui  envoyaient  des  dé- 
•  pûtes  sur  sa  route  pour  lui  demander  humblement 
la  pai.t,  Fi.Kcii.  Hist.  de  Théod.  i,  32.  Le  noble.... 
Humblement  du  faquin  rechercha  l'alliance,  boil. 
Sal.  V.  Il  En  termes  de  civilité.  Je  vous  salue  très- 
humblement.  Il  3°  Modestement.  Elle  a  vécu  hum- 
blement et  est  morte  oubliée.  |{  Fig.  La  violette 
qui  se  cache  humblement  sous  les  bois. 

—  HIST.  xii'  s.  Cume  il  vint  devant  Helye,  mult 
humlement  devant  lui  s'agenuiUat,  si  li  dist.... 
Rois,  p.  346.  Dune  respundi  li  bers  [l'excellent 
homme]  humblement  à  cel  ure...,  Th.  le  mart.  36. 
Il  xiu'  s.  Il  n'ont  cure  d'orguel  ensivre,  Tuit  se 
vuelent  humblement  vivre,  la  Jlose,  MOGC.  ||  xv  s. 
Et  servoit  tousjours  le  prince  au  devant  de  la  table 
du  roy  et  par  toutes  les  autres  tables  aussi  hum- 
Dlement  comme  il  pouvoit,  fbois.s.  livre  i,  p.  197, 
dans  LACi  RNK.  ;|  xvi°  s.  Mais  humblement  elle  fai- 
soit  sans  cesse  Veux  et  offrandes  à  Venus  la  déesse, 

MAROT,  IV,   (05. 

—  ÈTYM.  Humble,  et  le  suffixe  ment;  provenç. 
humilmen;  esp.  humildemenle;  ital.  umilmente. 

UUMË,  ÉE  (hu-raé,  mée) ,  part,  passé  de  humer. 
Un  œuf  frais  humé. 

HUMECTANT,  ANTE  (u-mè-ktan,  ktan-f),  adj. 
Terme  de  médecine.  Qui  augmente  la  liquidité  du 
sang  et  humecte  nos  organes.  Aliments  humectants. 
Tisanes  humectantes.  |;  S.  m.  pi.  Des  humectants. 

—  HIST.  XVI'  s.  Bouillons  et  coulis  humectans, 

PAPÉ,  VH,    10. 

IIUMFXTATION  (u-mè-kta-  sion  ;  en  vers,  de 
cinq  syllabes),  s.  f.  Action  d'humecter.  |{  Effet  des 
substances  humectantes.  ||  Ëtatd'un  corps  humecté. 

—  HIST.  XIV*  Oignemens,  humectacions,  H.  de 
HONDEviLLE,  f°  96.  ||  XVI'  S.  Ces  glandcs  peuvent  ser- 
vir à  l'humectation  de  la  mandibule,  paré,  iv,  io. 

—  ÉTYM.  Provenç.  humeclacir  ;  espagn.  humec- 
taeion;  du  lat.  humectalionem,  de  humectare ,  hu- 
mecter. 

UUMECTÉ,  ÉE  (u-mé-ktéjktée), port. p<us^  d'hu- 
mecter. Le  fer  moissonna  tout,  et  la  terre  humectée 
But  à  regret  le  sang  des  neveux  d'Érechthée,  rac. 
Phèdre,  ii,  f.  Les  terres  profondément  humectées  du 
Nil,  du  Zaïre  et  de  la  Gambie,  buff.  Quadrup.  t.  x, 
p.  88.  Il  Rafraîchi.  D'un  breuvage...  Gilotin,  avant 
tout,  le  veut  voir  humecté,  boil.  Lutr.  v.  ||  Populai- 
rement. Un  peu  gris.  Il  est  passablement  humecté. 

UUMECTEU  (u-mè-klé),  V.  a.  ||  1°  Rendre  hu- 
mide, mouiller.  C'est  [les  montagnes]  une  chaîne 
de  hauts  aqueducs  continuels  qui,  en  s'ouvrant  en 
plusieurs  endroits,  laissent  aut  fleuves  et  aux  bras 
de  mer  l'espace  dont  ils  ont  besoin  pour  humecter 
la  terre,  volt.  Physique,  Changements  arrivés  dans 
notre  globe.  Je  l'avais  lu  trois  fois  de  suite,  et,  à  la 
quatrième  lecture,  j'en  humectais  encore  les  feuil- 
lets de  quelques  larmes,  dider.  Claude  et  Nér.  ii, 
67.  Il  Rafraîchir.  S'humecter  la  poitrine.  S'humec- 
ter le  gosier,  boire.  ||  2°  S'humecter,  v.  réft.  Deve- 
nir mouillé.  La  terre  s'est  bien  humectée.  Et  mon 
regard  long,  triste,  errant,  involontaire,  Les  suivait 
et  de  pleurs  sans  chagrin  s'humectait ,  lamart. 
Ilarm  ii,  2.  ||  Populairement.  S'humecter,  boire. 

—  HIST.  xvi*  s.  Je  mouille,  je  humette,  je  boy; 
et  tout  de  paour  de  mourir,  rab.  Garg.  i,  5.  J'en- 
tends bien  qu'il  y  a  quelque  simple  qui  humecte, 
quelque  aultre  qui  asseicbe,  mont,  m,  206. 

—  ETYM.  Provenç.  et  espagn.  humectar;  ital. 
umcttare;  du  lat.  humectare,  du  radical  hum.... 
qui  est  dans  humer  (voy.  hl'Meur). 

tllU.MECTEUR  (u-mè-kteur),  adj.  m.  Qui  hu- 
mecte. Appareil  humecteur,  appareil  employé  dans 
la  meunerie  pour  humecter  les  blés  trop  secs.  |{  S. 
m.  Ustensile  en  usage  dans  les  papeteries. 

IIUMEK  (hu-mé),  V.  a.  \\  l'  Avaler  quelque  chose 
de  liquide  en  retirant  son  haleine.  Humer  un  bouil- 
lon, un  œuf.  Disant  ces  mots,  son  gosier  altéré  Hu- 
mait un  vin  qui,  d'ambre  coloré,  Sentait  encor  la 
grappe  parfumée  Dont  fut  pour  nous  la  liqueur  ex- 
primée, voi.T.  Défense  du  mondain.  ||  Humer  l'air, 
le  veni,  le  faire  pénétrer  dans  les  poumons.  Par  un 
doux  zéphyr  réjouie  [l'huître],  Humait  l'air,  respi- 
rait, était  épanouie,  la  font.  Fahl.  vin,  9.  ||  Humer 
le  brouillard,  s'y  exposer.  ||  Humer  l'odeur  des  mets, 
les  llairer  avec  délices.  |)  Aspirer  par  le  nez.  Humer 
unp  prise  de  tabac.  ||  Kig-  L'air  précieux  n'a  pas 
seulement  infecté  Paris;  il  s'est  aussi  répandu 
dans  les  provinces,  et  nos  donzolles  ridicules  en  ont 
humé  leur  bonne  part,  mol.  Préc.  rid.  i.  L'âme 
est  contente  et  hume  tout  l'encens  [de  la  natterie] 
en  elle-même,  boss.  Peniéet  ehrit.  ï2.  Voil*,  voilà 


HUM 

pourtant  l'air  fétide,  empesté  [l'immoralité  de  cer- 
taines pièces  de  théâtre],  L'air  malsain  que  Paris, 
comme  une  odeur  divine,  Vient  humer  chaque  soir 
de  toute  sa  poitrine  I  barbier,  ïambes,  t(elpomène,2. 
Il  2°  Se  humer,  v.  réfl.  Être  humé.  Un  œuf  frais  se 
hume  aisément. 

—  HîST.  xiii'  s.  Ccus  [les  œufs]  retint  Rossel  à 
son  oes  [à  son  service,  pour  lui]  Trestoz,  que  nul 
n'en  i  lessa,  L'un  après  l'autre  les  huma,  Ren.  23392. 
Il  semble  la  langue  li  arde,  Et  moult  piteusement 
esgarde  Tybert  qui  le  let  hume  et  boit,  ib.  2763. 
Tant  ot  mangié  bon  buef  as  ans  [à  l'ail)  Et  du  cras 
humé  qui  fu  chaus...,  ruteb.  282.  ||  xiv  s.  S'on 
vous  fiert  en  la  teste,  tantost  Tarez  copée  ;  Vous 
estes  abilliez,  pour  bien  humer  porée,  Baud.  de 
Seb.  VIII,  24  3.  En  la  fin  leur  convient  faire  humer 
caudel  [boire  le  bouillon,  en  passer  par-là],  id.  vi, 
493.  Il  XV*  s.  B.  D'honneur  assez  — M.  Chascun  en 
hume,  VILLON,  Baillèrent  et  Malepaie.  \\  xvi*  s.  Nous 
les  humons  [les  préjugés]  avec  le  laict  de  nostre 
naissance,  mont,  i,  t)6.  Leurs  esclairs  [des armes], 
rayons  et  treluisements  nous  esblouyssoient ,  et 
humoient  la  veue,  carloix,  vi,  39.  Les  bouillons 
trop  chaudement  humés  nuisent  beaucoup  aux 
dents,  0.  de  serres,  904.  Qui  ne  peult  manger, 
hume  bouillie,  genin,  Récréât,  t.  li,  p.  248. 

—  ÉTYM.  Wallon,  houmer  ;  picard ,  heumer.  Ori- 
gine inconnue.  Diez  demande  si  ce  n'est  pas  une 
onomatopée.  En  tout  cas,  le  sens  primitif  dans 
l'historique  est  avaler,  en  retirant  son  haleine,  des 
œufs,  du  lait,  du  gras,  de  la  porée.  Il  y  a  dans  l'espa- 
gnol husmear,  flairer;  mais  ni  le  sens  ni  la  forme 
(le  verbe  français  n'ayant  point  d's)  ne  conviennent. 

UUMÉRAL,  ALE(u-mé-ral,ra-r),  adj.  Termed'a- 
natomie.  Qui  appartient  au  bras,  ou  à  l'os  humé- 
rus. Les  ligaments  huméraux.  |{  Terme  d'entomolo- 
gie. Angle  humerai,  l'angle  externe  de  la  base  des 
élytres. 

—  HIST.  XVI*  s.  L'axillaire  fait  la  dixième  distri- 
bution de  la  veine  cave  ascendante,  ainsi  que  l'hu- 
raerale  l'onzième,  PARÉ,  ir,  45. 

—  ÉTYM.  Humérus.  ^ 
t  IIUMÉRO-CUBITAL,  ALE  (u-mé-ro-ku-bi-tal, 

ta-l') ,  adj.  Terme  d'anatomie.  Muscle  huméro-cu- 
bital,  le  muscle  court  tléchisseur  de  l'avant-bras, 
chez  le  cheval. 

—  ETYM.  Humérus,  et  cubital. 
UUMÉUO-OLÉCRANIEN,   EIVNE  (u-mé-ro-0-lé- 

kra-niin,  niè-n'),  adj-  Terme  d'anatomie.  Muscles 
huméro-olécranicns,  externe,  interne  et  petit,  mus- 
cles court,  moyen  et  petit  extenseurs  de  l'avant-bras. 

—  ÉTYM.  Humérus,  et  olécranien. 
HUMÉRUS  (u-mé-rus'),  s.  m.  Terme  d'anatomie. 

L'os  du  bras  depuis  l'épaule  jusqu'au  coude.  ||  Terme 
d'entomologie.  Le  troisième  article  des  pattes  anté- 
rieures ou  bras,  chez  les  hexapodes. 

—  HIST.  xvi*  s.  Telle  est  la  jointure  de  l'os  de 
l'espaule,  qu'on  dit  humérus,  avec  le  palleron,  paré, 

IV,  43. 

—  ÉTYM.  Lat.  humérus,  épaule;  de  même  ra- 
cine que  le  grec  wiio;,  épaule.  L'esprit  étant  doux 
dans  wp.o;,  l'A  du  latin  humérus  est  inorganique. 

t  UUMESCENT,  ENTE  (u-mè-ssan,  san-f),  adj. 
Terme  didactique.  Qui  devient  humide. 

—  ÉTYM.  Lat.  humescens,  de  même  radical  que 
humor,  humeur. 

(.  UUMEUR  (u-meur),  s.  f.  ||  1*  Toute  espèce  de 
liquide;  inusité  en  ce  sens  qlii  est  le  sens  propre, 
excepté  dans  cette  phrase  du  métier  de  la  tannerie  : 
Faire  prendre  humeur  aux  peaux,  les  humecter, 
afin  de  leur  donner  une  préparation.  ||  2°  En  un  sens 
plus  restreint.  Toute  substance  liquide  ou  demi- 
liquide  qui  se  trouve  dans  un  corps  organisé.  Par 
l'exercice,  on  dissipe  les  humeurs  superfiues,  fén. 
Tél.  xvn.  Trois  humeurs  de  différente  densité,  lo- 
gées chacune  dans  une  capsule  transparente,  par- 
tagent l'intérieur  du  globe  de  l'œil  en  trois  parties, 
BONNET,  Contempl.  nat.  v,  (0.||  Terme  d'ancienne 
médecine.  Les  quatre  humeurs,  les  humeurs  fon- 
damentales qui  étaient  supposées  exister  dans  le 
corps  humain,  et  dont  le  juste  tempérament  consti- 
tuait la  santé.  Ces  humeurs  étaient  le  sang,  le 
phlegme  ou  pituite,  la  bile  et  la  bile  noire  ou  mé- 
lancolie ou  atrabile.  {|  Il  s'est  dit  pour  larmes.  Ses 
beaux  yeux....  N'ont  plus  rien  de  divin  comme  ils 
souloient  avoir;  Ains  tout  chargé,s  d'humeur,  gab- 
NIER,  Hippolyte.  Mes  yeux  toujours  mouillés  d'une 
humeur  continue  [de  larmes],  Régnier,  Plainte. 
Il  3°  Vulgairement,  il  se  dit  des  humeurs  viciées  du 
corps.  Humeur  acre,  maligne.  Fondre,  évacuer  les 
humeurs.  C'était  une  humeur  qui  vous  tombait  sur 
la  poitrine,  sêv.  356.  Je  ne  sais  si  cette  traite  à  pied 
[du  comte  de  Mailly]  lui  aigrit  l'humeur  de  la  goutte 


HUM 

qu'il  avait  quelquefois,  st-sim.  ce,  too.  Peut-on 
avoir  une  humeur  dartreuse,  et  avoir  l'humeur  si 
douce?  volt.  ie(t.  d'Argental,  20  juin  <707.  ||Les 
humeurs  froides,  les  écrouelles.  ||4"  Disposition  du 
tempérament  ou  de  l'esprit,  soit  naturelle,  soit  acci- 
dentelle  ;  signification  tirée  de  ce  que  la  disposi-  i 
tion  du  tempérament  ou  de  l'esprit  elait  attribuée  à  * 
la  qualité  des  humeurs  qui^sont  dans  le  corps.  Le  ' 
sonnet  est  fort  beau;  j'y  ai  remarqué  que  celui  qui 
l'a  fait  devait  bien  connaître  l'humeur  de  la  per- 
sonne [Mlle  de  Rambouillet]  à  qui  il  écrivait,  puis- 
qu'ayant  perdu  un  amant,  il  ne  lui  en  dit  pas  un 
mot  de  consolation,  voit.  Lett.  25.  Je  saurai  bien 
rabattre  une  humeur  si  hautaine,  coiiN.  Cid,  u,  ». 
J'en  voudrais  connaître  un  de  l'humeur  dont  il  e.st, 
ID.  .Suite  du  Mevt.  in,  *.  Qu'un  peu  de  votre  hu- 
meur ou  de  votre  vertu  Soulagerait  les  maux  de  ce 
cœur  abattu,  id.  Poly.  ii,  2.  Je  sais  quelle  est  l'hu- 
meur et  l'esprit  d'un  chrétien,  id.  ib.  m,  3.  Sei- 
gneur, telle  est  l'humeur  de  la  plupart  des  femmes, 
m.  Tite  et  Bcrén.  iv,  4.  Il  y  a  plus  de  défauts  dans 
l'humeur  que  dans  l'esprit,  la  bochef.  Réft.  mor. 
n°  290.  Les  fous  et  les  sottes  gens  ne  voient  que  par 
leur  humeur,  m.  ib.  n°  4)4.  Un  certain  homme 
avait  trois  filles,  Toutes  trois  de  contraire  humeur, 
LA  FONT.  Fabl.  II,  20.  Mais  le  désir  de  voir  et  l'hu- 
meur inquiète  L'emportèrent  enfin,  id.  ib.  ix,  2. 
Des  hommes  en  amour  d'une  humeur  si  souffrante 
[endurante].  Qu'ils  vous  verraient  sans  peine  entre 
les  bras  de  trente,  mol.  Fdch.  ii,  4.  Nous  joindront 
après  nos  forces  pour  attaquer  la  dureté  de  son  hu- 
meur, ID.  l'Avare,  i,  2.  De  l'humeur  dont  je  les  con- 
nais, ID.  Impr.  .3.  Vous  êtes  dans  une  humeur  dés- 
obligeante, ID.  Sicil.  7.  Si  vous  êtes  encore  de 
l'humeur  dont  vous  étiez,  sÉv.  27.  Qu'on  ne  dise 
pas  que  c'était  une  chose  aisée  à  deviner  à  qui  con- 
naissait l'humeur  de  la  nation,  boss.  Hist.  u,  ». 
Mais,  direz-vous,  j'ai  à  converser  avec  une  soeur 
qui  est  d'une  humeur  si  rustique  et  si  insupporta- 
ble, qu'il  me  faut  toute  ma  patience....  id.  Instr. 
aux  ursuJ.  de  ileaux,  sur  le  silence,  2.  Ces  humeurs 
farouches  sont  fortà  charge... ., in.  tb.  Pourquoivois- 
je  parmi  vous  des  haines  bizarres,  des  oppositions 
d'humeur  à  humeur  et  de  personne  à  personne  ?JD. 
Méd.  sur  l'Év.  la  Cène,  75°  ;our.  Nous  agissons  par 
humeur  et  non  par  raison  ;  c'est  pourquoi  l'ambi- 
tion ni  l'avarice  ne  se  changent  pas  pour  avoir  ce  ■ 
qu'elles  demandent,  parce  que  l'humeur  demeui» 
toujours,  ID.  Pensées  détachées,  30.  Les  tempéra- 
ments ne  sont  pas  les  mômes,  et  rien  n'est  plus  dif- 
férent que  les  humeurs  ;  il  y  a  des  humeurs  doucei 
et  paisibles,  et  il  y  en  a  de  /iolentes  et  d'impétueu- 
ses, BOURDAL.  Instruct.  Paix  avec  le  proch.  Exhort. 
t.  II,  p.  341.  Les  climats  font  souvent  les  diverses 
humeurs,  boil.  Art  p.  m.  Tout  a  l'humeur  gasconne 
en  un  auteur  gascon,  ID.  ib.  Le  temps,  qui 
change  tout,  change  aussi  nos  humeurs,  in.  ib. 
Votre  état  est  de  fâcher  tout  le  monde,  et  votre  hu- 
meur de  ne  mécontenter  personne,  maintenon, 
Lett.  au  card.  de  Hoailles,  30  avril  <097.  Je  lis  sur 
son  visage  Des  fiers  Domitius  l'humeur  triste  et 
sauvage,  bac.  Brit.  i,  4.  Le  fruit  de  leur  longue 
vertu  était  d'avoir  si  bien  domplé  'euis  humeurs, 
qu'ils  goûtaient  sans  peine  le  doux  et  noble  plaisir 
d'écouter  la  raison,  fén.  Tél.  v.  Dire  d'un  bomm» 
colère,  inégal,  querelleur,  chagrin,  pointilleux,  ca- 
pricieux,c'est  sonhumeur,n'esl  pas  l'excuser,  comme 
on  le  croit,  la  bruy.  xi.  Ils  avaient  l'humeur  libé- 
rale et  magnifique,  hamilt.  Cramm.  î.  L'esprit  qui 
ne  nous  apprend  pas  à  vaincre  notre  humeur  de- 
vient inutile,  M-*  DE  CAYLUS,  Souvenirs,  p.  87,  dans 
poiiCENS.  Son  humeur  [du  prince  d'Orange]  était 
froide  et  sévère;  son  génie  actif  et  perçant,  volt. 
Louis  XIV,  to.  Le  tigre  s  irrite  de  tout;  le  temps, 
loin  de  l'amollir  en  tempérant  ses  humeurs  féroces, 
ne  fait  qu'aigrir  le  fiel  de  sa  rage,  buff.  Tigre.  On 
attribue  les  combats  de  gladiateurs  à  un  esprit  po- 
litique :  c'était,  dit-on,  pour  entretenir  l'humeur 
guerrière  parmi  les  Romains;  mars  l'humeur  guer- 
rière et  l'humeur  meurtrière  sont  très-dill'irentes  : 
l'humeur  guerrière  est  généreuse,  c'est  l'honneur 
et  l'amour  de  la  patrie  qui  l'inspirent,  st-foix,  £«. 
Pans,  Œuv.  t.  iv,  p.  226,  dans  iougkxs.  ||  Etr« 
d'humeur  à,  être  habituellement  disposé  i  Je  ne 
suis  fias  d'humeur  à  mourir  de  constance,  CORI». 
Ment.  II,  2.  Mon  père  est  d'une  humeur  à  consentir 
atout;  Mais  il  met  peu  de  poids  aux  choses  qu'il  ré- 
sout, MOL.  F.  tav.  I,  3.  Je  ne  suis  point  d  humeur  i 
payer  les  violons  pour  faire  danser  les  autres,  U>. 
Comtesse,  2i.  Les  Carthaginois  rétablis  n'étaient 
plus  d'humeur  à  céder,  boss.  Hist.  i,8,  p.  67. ||  Être 
en  humeur  de,  être  actuellement  disjKisé  à....  E« 
humeur    de   nous   luire  un   assez   mauvaU  tour, 


HUM 

nÉGNiER.  Sal.  XI.  J'étaissui-lc  tliéàtre  en  liumeur  d'i- 
couter,  MOL.  Fâcheux,  i,  I.  Ou  n'est  pas  en  humeur 
(io  se  promener,  sÉv.  185.  Elle  n'est  pas  toujours  en 
humeur  de  souffrir  ces  hauteurs,  m.  5si.  Jamais  je 
ne  fus  tant  en  liumeur  lie  rire,  montfi..  Fille  capt. 

I,  I.  Une  fois  mis  en  humeur  de  conter  (Car  on  se 
plail  à  conter  à  cet  ftge),  malkil.  Narcisse,  ch.  ii. 
il  Humeur  de,  disposition  à.  Ce  n'est  point  une  hu- 
meur de  médire  Qui  m'ait  fait  rechercher  cette  fa- 
çon d'écrire,  Régnier,  Sat.  xii.  Je  n'écouterai  plus 
celte  humeur  de  conquête,  corn.    Iltus.  comique, 

II,  3.  Et  [je]  trouverai  pour  vous  quelques  autres 
vengeances,  Quand  l'humeur  me  prendra  de  punir 
tant  d'ofl'enses,  id.  Attila,  v,  3.  ||  Être  eu  humeur 
de  bien  faire,  être  en  bonne  disposition  pour  tra- 
vailler d'imagination,  pour  composer  ;  se  dit  des 
poêles,  des  musiciens,  des  peintres.  On  dit,  dans 
le  sens  contraire  :  N^être  pas  en  humeur.  Ces  locu- 
tions vieillissent.  ||  Être  en  humeur,  se  dit  aujour- 
d'hui, surtout  par  plaisanterie,  de  gens  qui  se  met- 
tent à  table  avec  un  grand  appétit.  Nous  étions 
tous  en  humeur  de  bien  faire.  ||5"  Belle  humeur, 
disposition  de  gaieté  et  de  satisfaction.  Hier,  dans 
sa  belle  humeur,  elle  entretint  Valère,  corn.  Hor. 
I,  t.  Elle  ne  nous  a  pas  consolées,  quoi(]u'elle  fût 
dans  ses  belles  humeurs,  sÉv.  35.  Jugez  par  la 
longueur  de  la  lettre  si  je  suis  de  belle  humeur, 
MAINTENON,  Lettre  à  l'abbé  Gobelin ,  s  mai  (675. 
Je  ne  suis  pas  en  belle  humeur  :  les  affaires  de 
Flandres  prennent  un  mauvais  tour,  id.  Lett.  au 
duc  de  Noailles,  <6  août  i'ii.  Il  se  mit  de  la  plus 
belle  humeur  du  monde,  hamilt.  Gramm.  t.  Le  ! 
chevalier  sortit  de  belle  humeur,  m.  ib.  4.  Il  avait 
toujours  remarqué  que  cette  belle  humeur  est  in- 
compatible  avec   la   cruauté,  volt.  l'Ingénu,   19. 

Il  Bonne  humeur,  bonne  disposition  de   lame  qui 
se  manifeste  par  le  ton,  les  manières,  le  langage. 


HUM 


HUM 


20C5 


7°  Caprice,  bouderie,  fantaisie, 
à  des   humeurs  qu'éviter  je  ne 


meur  de  dogue. 
....Je  suis  Enclin 

puis,  RÉGNIKK.  Sat.  y.  Je  suis  plus  ami  de  la  vé 
rite  que  de  votre  humeur,  balz.  liv.  vi,  Lclt.  4.  Mon 
humeur  ne  dépeiid  guère  du  temps  :  j'ai  mes 
brouillards  et  mon  beau  temps  au  dedans  de 
moi,  PASCAL,  Pens.  art.  iv,  47,  édit.  iiavet.  Les 
tristes  humeurs  d'une  femme  grondeuse,  flé.;ii. 
Serm.  i,  3)0.  Combien  de  superbes  humeurs  faut-il 
essuyer!  id.  ib.  32 1.  Supportez  certaines  petites  hu- 
meurs fâcheuses  du  prochain,  id.  Panég.  ii,  p.  499. 
Des  humeurs  qui  échappent,  et  sur  lesquelles  il  est 
malaisé  d'être  toujours  en  garde  contre  soi-même  , 
MASS.  Carême,  Pardon  des  offenses.  La  vertu  pru- 
dente et  solide  tient  toujours  un  milieu  juste  et 
équitable  ;  c'est  l'humeur  toute  seule  qui  aime  les 
extrémités,  id.  Carême,  Vérit.  culte.  Montrons  au 
monde,  en  mettant  chaque  chose  à  sa  place  dans 
nos  actions,  que  la  piété  n'est  pas  une  humeur  ou 
une  faiblesse,  mais  la  règle  de  tous  les  devoirs,  m. 
ib.  Nos  humeurs  éternelles  dont  ils  souffrent  tant, 
id.  Carême ,  Dégoût.  Les  humeurs  qui  nous  possè- 
dent, les  inégalités  qui  nous  entraînent,  id.  Ca- 
rême, Pâques.  11  ne  vous  eût  pas  été  permis  de 
vivre  d'humeur,  de  tempérament,  et  de  ne  prendre 
que  ce  qui  vous  plaît  pour  la  règle  de  ce  que  vous 
devez  faire,  id.  Profess.  relig.  serm.  3.  Fort  rai- 
sonnable, à  quelques  petites  humeurs  près  qui  se 
passaient  à  pleurer,  J.  i.  Rotjss.  Confess.  iv.  Ses 
duretés,  ses  humeurs,  ses  caprices  affermissaient  la 
constance  de  sa  maîtresse,  duclos,  Mém.  rég.  Œu- 
vres, t.  V,  p.  389,  dans  pougens.  ||  Par  humeur, 
par  caprice,  en  se  piquant.  On  se  sépare  par  hu- 
meur, on  se  réunit  par  politique,' Boss.  Var.xv, 
§  4  24.  Il  C'est  un  homme  d'humeur,  c'est  un  homme 
capricieux,  inégal.  L'un  se  fait  philosophe,  un 
autre  plaisant,  un  troisième  homme  d'humeur,  du 


Je  no  suis  pas  d'assez  bonne  humeur  pour  lui  ré-    clos,  Consid.  sur  les  mœurs,  ch.  ix.  ||  En  un  sens 


pondre,  sfiv.  83.  Soit  qu'il  ait  su  le  prendre  en 
bonne  humeur,  boss.  Var.  4.  Je  voudrais  qu'on 
rassemblât  beaucoup  d'enfants  de  bonne  humeur, 
j.  j.  Riii;s3.  Ém.  II.  Il  Mauvaise  humeur,  mauvaise 
disposition  de  l'âme ,  qui  se  manifeste  également 
par  le  ton,  les  manières,  le  langage.  Une  mauvaise 
humeur,  un  peu  de  jalousie,  corn.  Hor.  m,  4.  La 
plupart  sont  entrés  en  mauvaise  humeur,  pasc. 
Prov.  3.  Mais,  dites-vous,  cette  sœur  est  si  ombra- 
geuse et  pointilleuse,  q\ie  la  moindre  chose  la  met 
en  mauvaise  humeur,  boss.  Instr.  aux  ursul.  de 
Meaux,  sur  te  silence,  2.  Quand  elle  est  dans  sa 
mauvaise  humeur,  id.  ib.  Ces  objets  l'irri'.èrent  et 
allumèrent  en  lui  [Lally]  cette  mauvaise  humeur 
qui  sied  si  mal  à  un  chef  et  qui  nuit  toujours  aux 
affaires,  volt.  Louis  XV,  34.  ||  Humeur  noire,  mé- 
lancolie, tristesse,  locution  tirée  de  ce  qu'on  attri- 
buait la  tristesse  à  l'humeur  noire  ou  bile  noire, 
dite  aussi  mélancolie  ou  atrabile,  qui  était  supposée 
avoir  son  siège  dans  la  rate.  Là,  par  un  saint  motif 
et  non  par  humeur  noire.  Notre  ermite  nouveau..., 
LA  FONT.  Oies.  Quant  à  cette  humeur  noire,  vous  ne 
devez  en  attendre  la  guérison...,  boss.  Lett.  abb. 
1 4G.  Il  6"  Absolument.  Humeur  se  dit  pour  mauvaise 
humeur,  disposition  chagrine,  impatience.  Ce  qu'on 
appelle  humeur  est  une  chose  trop  négligée  parmi 
les  hommes,  la  bruy.  xi.  L'humeur  est  de  tous  les 
poisons  ',e  plus  amer  ;  les  fripons  sont  emmiellés; 
faut-il  que  les  honnêtes  gens  soient  difficiles?  volt. 

-  Lett.  d'Argens.  (752.  Ce  qui  me  donne  de  l'humeur, 
c'est  qu'on  ne  les  regarde  jamais  que  du  mauvais 
côté,  DiDER.  Pens.  phil.  l .  En  lui  l'humeur  gâtait  tout, 
et  cette  humeur  était  quelquefois  hérissée  de  ru- 
desse et  de  brusquerie,  marmontel,  Kim.  v.  ||  Avoir 
de  l'humeur,  être  mécontent,  piqué,  en  colère. 
Notre  Salomon  a  de  l'humeur,  et  je  le  crois  mécon- 
tent ou  malade,  d'alemb.  Lett.  à  Voltaire,  27  dé- 
cembre (777.  Elle  avait  quelquefois  de  l'humeur 
dont  elle  faisait  toujours  de  la  tristesse,  stael,  Co- 
rinne, XII,  I.  Quant  à  l'Ilissus,  il  est  sans  eau; 
Chandler  sort,  à  cette  occasion,  de  sa  modération 
nrturelle,  et  se  récrie  contre  les  poètes  qui  donnent 
à  rilissus  une  eau  limpide  et  bordent  son  cours  de 
saules  touffus  ;  à  travers  son  humeur,  on  voit  qu'il 
a  envie  d'attaquer  un  dessin  de  Leroy...,  cha- 
teaub.  Itin.  part.  i.  Morbleul  qui  n'aurait  de  l'hu- 
meur En  pensant  que  madame  De  monsieur  fera  le 
I  onheur.  Bien  qu'elle  soit  sa  femme?  béharg.  Cé- 
Hb.  Il  Prendre  de  l'humeur,  s'irriter,  concevoir  de 
la  colère,  du  mécontentement.  Oui,  ma  tante  sou- 
vent prend  de  l'humeur  pour  rien,  collin  d'iiar- 

lEv.  Optimiste,  i,  2.  1|  Par  menace.  Je  lui  ferai 
passer  son  humeur.  ||  î'amilièrement.  Humeur  de 
dogue,  humeur  de  chien,  trc3-mauvai.se  humeur. 
Cl  ne  pput  lui  (larler,  il  est  ce  matin  d'une'  hu- 

OICT.    DE    LA    LANGUE    FRANCAISS. 


contraire.  C'est  un  homme  qui  n'a  point  d'humeur, 
qui  est  sans  humeur,  c'est  un  homme  égal,  qui  n'a 
point  de  caprices,  d'impatiences,  de  violences  in- 
attendues. ||  Familièrement.  N'avoir  ni  humeur  ni 
honneur,  n'être  pas  touché  des   affronts   et  être 
privé  des   sentiments  de  l'honneur.  Tiens,  Gotte, 
j'ai  lu  dans  un  livre  relié  que,  pour  faire  fortune 
dans  le  monde,  il  suffît  de  n'avoir  ni  honneur,  ni 
humeur,sÉDAiNE,  Gageure  imprévue,  se.  (B.  ||  8°  Pen- 
chant à  la  plaisanterie,  originalité  facétieuse,  à  peu 
près  dans  le  sens  de  l'anglais  humour  (voy.  ce  mot), 
qui  est  d'ailleurs    un    empnint   fait  à  la  langue 
française.    [  Matamore ,  achevant    de   vanter    ses 
hauts  faits,  voit  approcher  sa  maîtresse  en  compa- 
gnie de  son  rival;  tout  de  suite  il  tourne  les  talons]. 
Clindor  :  Où  vous  retirez-vous?  —  Matamore  :  Le 
fat  n'est  pas  vaillant;  Mais  il  a  quelque  humeur 
qui  le  rend  insolent,  corn.  Illus.  com.  ii,  2.  Cliton  : 
Par  exemple,  voyez,  aux  traits  de  ce  visage  Mille 
dames  m'ont  pris  pour  homme  de  courage.  Et,  sitôt 
que  je  parle,  on  devine  à  demi  Que  le  .sexe  jamais 
ne  fut  mon  ennemi.  —  Cléandre  :  Cet  homme  a  de 
Ihumeur.  —  Dorise  :  C'est  un  vieux  domestique 
Qui,  comme  vous  voyez,  n'est  pas  mélancolique, 
ID.  Suite  du  Ment,  m,  i.  De  ce  qu'elles  ont  moins, 
c'est  dont  plus  je  les  loue  :  Aux  sottes,  de  l'esprit; 
aux  vieilles,  de  l'humeur,  scarron,  Jodelet  duel- 
liste, I,  ).  Ils  [les  Anglais]  ont  un  terme  pour  signi- 
fier cette  plaisanterie,  ce  vrai  comique,  cette  gaieté, 
cette  urbanité,  ces  saillies  qui   échappent   à    un 
homme  sans  qu'il  s'en  doute;  et  ils  rendent  cette 
idée  par  le  mot  humeur,  humour,  qu'ils  prononcent 
xjumor,  et  ils  croient  qu'ils  ont  seuls  cette  humeur, 
que  les  autres  nations  n'ont  point  de  terme  pour 
exprimer  ce  caractère  d'esprit;  cependant  c'est  un 
ancien  mot  de  notre  langue,  employé  en  ce  sens 
dans  plusieurs  comédies  de  Corneille,  volt.   Mé- 
langes littér .  Lettre  à  l'abbé d'Olivet,  2i  avriU7a2. 
Il  Humeur  a  vieilli  en  ce  sens  ;  cependant  le  voisi- 
nage du  mot  anglais  humour  lui  a  redonné  faveur; 
et  déjà  Diderot  avait  recommencé  à  l'employer.  Toute 
la  scène  du  confessionnal  voulait  être  mieux  dessi- 
née; cela  demandait  plus  d'humeur,  plus  do  force, 
DIDER.  Salons,  dans  génin,  Récréât,  t.  i,  p.  2i3. 
La  gaieté,  chez  M.  de  Chateaubriand,  n'a  rien  de 
naturel -et  de  doux;  c'est  une  sorte  d'humeur  ou  de 
fantaisie  qui  se  joue  sur  un  fond  triste,  ste-deuve, 
Causeries,  (8  mars  <850.|l  Belle  humeur  s'est  dit 
en  ce  sens.  L'Ovide  en  belle  humeur  de  d'Assouci. 
Il  Par  humeur,  s'est  dit   pour  :  par  inspiration  ori- 
ginale.   Un   auteur,    né    copiste....   doit....    éviter 
comme  un  écueil  de  vouloir  imiter  ceux  qui  écri- 
vent par  humeur,  que  le  cœur  fait  parler —  la 
bruy.  I.  Ceux  qui  écrivent  par  humeur  sont  sujets 
à  retoucher  leurs  ouvrages  ;  comme  elle  n'est  pas 


toujours  fixe  et  qu'elle  varie  en  eux  selon  les  occa- 
sions, ils  se  refroidissent  bientôt  pour  les  expres- 
sions et  les  termes  qu'ils  ont  le  plus  aimés,  lu.  ib. 

—  UEM.  On  lit  dans  Raynal  :  Si  M.  Pitt  quitta 
sa  place  par  humeur,  il  est  bhlmablo  de  ne  l'avoir 
pas  étouffée  ou  maîtrisée,  raynal,  llist.  phil.  x, 
20.  Raynal  a  ici  péché  contre  la  règle  qui  veut 
qu'un  nom  pris  indéterminément,  sans  article,  ne 
soit  pas  représenté  snbséquemmcnt  par  lia  pro-' 
nom.  Il  faut  éviter  cette  tournure,  qui  quehiues 
fois  et  à  la  rigueur  peut  s'admettre,  quand  le  sen- 
est  clair,  mais  qui  ici  est  mauvaise,  surtout  à 
cause  de  place,  autre  substantif  féminin  auquel  on  ' 
croit  d'abord  que  le  pronom  féminin  se  rappoite. 

—  SYN.  HUMEUR,  CAPRICE.  Ces  dcux  mots,  en 
tant  que  synonymes,  désignent  un  sentiment  vif  et 
passager  dont  nous  sommes  affectés,  sans  que  la 
cause  soit  égale  à  l'effet.  Il  y  a  cette  différence  que 
le  caprice  n'implique  pas  nécessairement  quelque 
chose  de  déplaisant,  tandis  que  la  déplaisance  est 
inhérente  à  l'humour. 

—  IIIST.  XIII"  s.  Li  fust  [les  arbres]  del  champ 
seront  saoulé  d'humor,  Psautier,  f"  (24.  L'une  na- 
ture est  de  complexion  sanguine,  l'autre  de  mélan- 
colie ou  de  fiemme  ou  de  colère,  sclonc  ce  que  les 
humorshabondent  plus,  brun,  latini,  Trésor,  p.  lOfi. 
Li  semere  [semeur]  a  apparillic  Autre  semcnche  k'il 
sema,  Mais  deseur  pierre  le  |la]  jeta;  Quant  sa  ra- 
chine  dut  conquerre,  Si  lor  failli  humeurs  et  terre, 
GUI  DE  cambrai,  Barl.  et  Jos.  p.  34.  ||  xv  r..  Chan- 
tre de  table  et  buveur  M'est  injure  ordinaire;  Mais 
chascun  a  son  humeur;  Je  n'y  sauroy  que  faire, 
HASSEL.  x.  Faulte  d'humeur  nos  choux  sont  morts 
En  nos  jardins  par  seicheresse,  id.  xvii.  ||  xvi'  s. 
Quand  on  purge  du  cors  humain  quelque  humeur 
nuysant,  avant  sa  concoction,  bab.  Pant.  m,  4i. 
On  y  retrouvera  aucuns  traits  de  mes  conditions  el 
humeurs,  mont.  Au  lecl.  p.  H.  Parmi  ses  humeurs 
il  avoit  cette  cy...,  id.  i,  (6.  Je  veoy  louer  cette  hu- 
meur [fantaisie],  id.  i,  <7.  Malice  ennemie  de  mon 
humeur,  id.  i,  34.  Ce  feut  une  liumeur  prompte  «t 
curieuse  qui  me  convia  à  tel  effet  esloingné  de  ma 
nature,  id.  i,  90.  Diogenes  estoit,  à  mon  humeur, 
juge  plus  poignant  que  Timon,  id.  i,  379.  Touces 
les  fièvres  putrides  sont  faites  d'humeurs  putréfiés 
et  corrompus  au  corps  humain ,  paré,  Introd.  o. 
Quels  sont  les  humeurs,  telles  sont  les  inclinations 
des  moeurs,  id.  ib.  L'humeur  péchant,  m.  v,  I3. 
Nettoyant  la  ville  des  plus  scdilieux  et  plus  mutins, 
ne  plus  ne  moins  que  dune  superfiuité  do  mau- 
vais humeurs  qui  causoient  ccste  maladie,  amyot, 
Cor.  (7.  Il  descouvrit  une  source  d'humeur  grasse 
et  huileuse,  id.  Alex.  90. 

—  Étym.  Picard,  himcur,  humeur,  souffrance 
physique;  wallon,  imeûre;  Berry,  himeur;  bourg. 
heumeu  ;  provenç.  humor,  iminr,  ymor;  espagri. 
humor;  ital.  umore;  du  lat.  humorem,  liquide,  hu- 
meur; comp.  y_\ni.o;,  humeur,  yyv-a,  effusion;  au 
contraire,  Curtius  le  rattache  à  uy(.oç,  supposant  un 
radical  ug  (sanscrit  uk-shSmi,  arroser)  ;  humor  se- 
rait pour  hiig-mor.  Au  xvi'  siècle,  on  essaya,  par 
latinisme  et  contre  l'analogie  française ,  de  donner 
à  humeur  le  genre  masculin. 

t  2.  UUMEUR  (humeur),  s.  m.  Celui  qui  hume. 
WAufém..  Les  humcuses  de  gin.  ||  Adj.  f.  pi.  Hu- 
meuses,  se  dit  de  certaines  pierres  qui  se  forment 
dans  les  serres  humides. 

—  HIST.  xiv  s.  Un  humeur  de  broez  [brouet]  et 
lecheurprioit  as  diex  et  souhaidoit  que  il  eust  la 
gorge  plus  longue  que  le  col  d'une  grue,  oresme, 
Eth.  94.  Il  XV*  s.  Se  tu  deviens  povre  de  corps  et 
de  biens  et  tu  as  esté  homme  de  court,  chacun 
dira  :  Vêla  le  mengeur  de  soupe  et  le  humeur  de 
brouets  de  court,  leJouvencel,  f-"  te,  dans  lacurne.    . 

_  ETYM.  Humer. 

f  UUME-'VENT  (hu-me-van),  s.  m.  Celui  qui 
erre  de  tous  côtés  et  est  exposé  aux  inlcmpéries 
des  saisons.  J'allais  essuyant  le  pavé  de  Rome,  de- 
venu vagabond    et    hume-vent,   le  saue,  dans  le 

DiCl.  de  BESCHERF.LLE. 

—  ÉTYM.  Humer,  cent. 

HUMIDE  (u-mi-d') ,  adj.  ||  1°  Qui  lient  de  la  na- 
ture de  l'eau  (sens  auquel  il  se  dit  surtout  dans  la 
style  élevé  et  poétique).  Les  humides  contrées  de 
l'air,  ROTBOU,  SI  Genest,  m,  2.  Mais  vous  [roseau] 
naissez  le  plus  .souvent  Sur  les  humides  bords  des 
royaumes  du  vent,  la  font.  Fabl.  i,  2S..  Il  |le 
Rlïin]  voit  fuir  à  grands  pas  ses  naïades  craintives 
Qui  toutes  accourant  vers  leur  humide  roi.  .,  boil. 
i'p.  IV.  Cependant  sur  le  dos  de  la  plaine  liquide 
S'élève  à  gros  bouillons  une  montagne  humide. 
HAC.  Phèdre,  y,  6.  ||  L'humide  élément,  l'eau.  IILe.s 
humides  plaines,  l'humide  sein  de  l'onde,  l'humide 

î.  —  259 


2066 


HUM 


empire,  la  mer.  ||  2"  Imprégné  de  vapeurs  aqueu- 
ses. Un  air  liiimide.  Un  linge,  une  chambre  hu- 
mide. Mme  de  Coulanges  me  disait  l'autre  jour  : 
Quittez  vos  liiimidos  Kochers;  je  lui  répondis  : 
Humide  vous-même  ;  c'est  Brévanes  qui  est  hu- 
mide, sÉv.  602.  Une  humide  froidure  Aigrissait 
tout  à  coup  les  tourments  que  j'endure,  M.  J. 
ciiP.N.  Fén.  II,  3.  Il  Yeux  humides,  yeux  mouillés 
de  larmes.  Irai-je  l'aborder....  L'œil  humide  de 
pleurs  par  l'ingrat  rebutés?  rac.  Phèdre,  m,  3. 
ouelques  pleurs  s'échappaient  de  sa  paupière  hu- 
mide, Dicis,  Oscar,  i,  2.  .Sur  un  vaisseau  rapide 
Vers  la  France  entraîné,  II  s'assied,  l'œil  humide 
Kt  le  front  incliné,  bérang.  Erilé.  ||  Un  regard  hu- 
mide, se  dit  du  regard  d'un  œil  qui  est  légèrement 
mouillé,  ce  qui  lui  donne  quelque  chose  de  doux 
et  de  brillant  à  la  fois.  ||  Dans  le  langage  vulgaire, 
cerveau  humide,  se  dit  de  la  membrane  qui  tapisse 
les  narines  quand  elle  abonde  en  mucosités.  ||  Tem- 
pérament humide,  tempérament  qui  abonde  en  pi- 
tuite. Il  3°  S.  m.  Terme  de  physique  ancienne.  Une 
des  quatre  premières  qualités,  opposée  au  sec.  Le 
chaud  et  le  froid,  le  sec  et  l'humide,  senties  quatre 
principes  actifs  d'Aristote,  ceux  qui  déterminent 
ses  quatre  éléments.  Ou  que  Bernier  compose  et  le 
sec  et  l'humide  Des  corps  ronds  et  crochus  errant 
parmi  le  vide,  boil.  Êp.  y.  ||  Terme  de  l'ancienne 
médecine.  L'humide  radical ,  le  lluide  unique  mais 
imaginaire  qu'on  supposait  le  piMicipo  de  la  vie 
des  êtres  organisés  et  le  générateur  do  toute  l'éco- 
nomie, ou  le  liquide  qui,  se  rendant  parla  circula- 
tion aux  divers  ti.ssus  organiques,  leur  donne  la 
consistance  et  la  flexibilité  convenables.  L'humide 
radical  dans  mon  cœur  se  dissipe.  Mon  esprit  s'en 
altère,  et  mon  corps  s'en  constipe,  scabhon,  D.  Ja- 
phet,  I,  4.  Les  anciens  physiciens  auraient  dit 
qu'une  chaleur  excessive  enlevait  l'humide  radical 
de  la  plante;  celle  expression  a  passé  de  mode 
chez  nos  physiciens  modernes  :  on  pourrait  néan- 
moins lui  donner  un  sens  irès-raisonnable ,  bonnet, 
iett.  div.  OEuv.  t.  xn,  p.  Mi,  danspouGENS.  ||  Terme 
d'alchimie.  Humide  radical  de  la  nature,  le  mer- 
cure  prépafé  et  purifié. 

—  HIST.  XVI'  s.  Et  sans  craindre  la  froidure. 
Dessus  l'humide  verdure  Baie  au  serain  de  la  nuict, 

DU  BELLAY,   III,  80,  fersO. 

—  ÉTYM.  l'rovenç.  humid,  hnmit;  esp.  hûmcdo; 
port,  humido;  liai,  umida ;  du  lat.  humidus,  de 
litimor,  humeur. 

liUMIDliiMENT  (u-mi-dc-man),  adv.  Dans  un 
lieu  humide.  Il  est  logé  humidenienl. 

—  ETYM.  Uamide,  et  le  suflixe  ment;  wallon, 
umidmain. 

t  HUMIDIER  (u-mi-dié),  V.  a.  Chez  les  batteurs 
d'or,  humccler  les  parchemins,  les  feuilles  de  vé- 
lin. Il  Chez  les  mégissiers,  humecter  les  peaux  afin 
de  leur  donner  une  préparation. 

—  ÉTYM.  Humide. 

t  HUMIDIFIER  (u-mi-di-fic),  V.  a.  Terme  bur- 
lesque. Rendre  humide.  Ouelque  lanne  à  la  déro- 
bée, Sans  son  consentement  tombée,  Peut  sa  face 
humidifier,  scabron,  Virg.  iv. 

—  ETYM.  Humide,  et  le  suflixo  fier. 

t  UUMIDIFUGE  (u-mi-di-fu-j'),  adj.  Terme  di- 
dactique. Oui  repousse  l'humidité,  qui  a  la  pro- 
priété de  ne  pas  s'imbiber  d'eau.  Cordes  humidifugcs. 

—  Etym.  Humide,  et  le  lat.  fugare,  mettre  en  fuite. 
UUMIDinî  (u-rai-di-té) ,  s.  f.  ||  1°  Qualité  de  ce 

qui  est  humiile,  état  d'un  corps  qui  est  imbibé 
d'eau.  L'humidité  de  l'air,  de  la  terre.  ||  L'immidilé 
du  regard,  qualité  du  regard  humiile.  ||  Absolument. 
L'humidité,  l'état  de  moiteur  de  l'air,  du  lieu.  Qu'il 
fait  ici  d'humidité  !  l'oin,  votre  habit  sera  gâté,  la 
roNT.  Nie.  L'excès  de  l'humidité  ruine  les  semences, 
et  la  sécheresse  enfante  des  maladies  dangereuses, 
RAYNAL,  Uisi.  phil.  VII,  21.  ||  2"  Au  plur.  Himiidités, 
se  dit  d'une  abondance  excessive  d'humeurs  dans  le 
tempérament.  Les  humidités  du  cerveau. 

—  HlST.  xiv«  s.  Celle  moisteur  ou  humidité  est 
gastée  par  l'excès  de  la  chaleur,  oresme,  Thèse  de 
.MF.UNiEii.  Il  XVI'  s.  Du  chauld  et  de  l'humidité  Pro- 
cède la  fécondité  Des  semences  du  monde,  nu  Bel- 
lay, V,  5S,  rcrso. 

—  Ety.m.  Provcnç.  humiditat;  ital.  umi'dilù;  du 
lat.  humidilatem,  de  humidus,  humide. 

t  UUMIFCSE  {u-m\-{u-7.' •,  adj.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Oui  s'étale  en  tous  sens  sur  le  sol,  sans  pous- 
ser de  radicules. 

—ETYM.  Lat.  /iunii(f,tcrre,etfuTOî,  répandu,  étalé. 

HUMILIANT,  AXTE  (u-mi-li-an,  an-t'),  adj.  Oui 
humilie,  qui  cause  de  la  confusion.  11  est  humi- 
liant dèlre  ainsi  démenti.  Des  infirmités  sensibles 
çt  humili.inies,  fléchiek,  Mme  de  JfoiK.  Auisi  hu- 


HUM 

miliant  que  singulier,  M"*  de  caylus.  Souvenirs,  I 
p.  161,  dans  poiiGENS.  Allons,  caclioiLS  surtout  au 
reste  de  l'empire  Le  trouble  humiliant  dont  l'hor- 
reur me  déchire,  volt.  Sémiram.  i,  8.  Quand  un 
noble  polonais  avait  tué  un  paysan  appartenant  à 
un  autre  noble,  la  loi  d'honneur  l'obligeait  d'en 
rendre  un  autre;  ce  qu'il  y  a  d'humiliant  pour  la 
nature  humaine,  c'est  qu'un  tel  privilr;  o  subsiste 
encore,  ID.  Mœurs,  n9.  Plusieurs  d'entre;  les  nobles 
étaient  révoltés  d'exercer  les  emplois  les  plus  hu- 
miliants auprès  de  leurs  maîtres,  baynal,  Hist. 
phil.  VI,  II. 

—  HlST.  XIII'  s.  Honte  s'est  lores  avant  traite. 
Oui  moult  se  crient  estre  meffaite  ;  Si  fu  humilians 
[humble]  et  simple,  la  Jio.sc,  3573. 

HUMILIATION  (u-mi-li-a-sion  ;  en  vers,  de  six 
syllabes),  s.  f.  \\  i'  Action  par  laquelle  on  est  hu- 
milié; état  d'une  personne  humiliéo.  Son  humilia- 
tion ne  saurait  se  décrire.  La  reine  aimait  tout  dans 
la  vie  religieuse,  jusqu'à  ses  austérités  et  ses  hu- 
miliations, Boss.  Mar.-Thér.  Son  cœur,  toujours 
nourri  dans  la  dévotion.  De  trop  bonne  heure  ap- 
prit l'humiliation,  boil.  Sat.  x.  Ces  messieurs  pas- 
saient pour  être  des  nouveaux  disciples  de  saint 
Augustin,  qui  n'étaient  pas  fâchés  de  procurer 
quelque  humiliation  salutaire  aux  disciples  de  saint 
Ignace,  volt.  Polit,  et  tégisl.  Probabil,  en  fait  de 
justice.  11  faut  avouer,  pour  l'humiliation  de  la  phi- 
losophie, que  c'est  de  ce  raisonnement  si  peu  phi- 
losophique [les  planètes  présentant  au  soleil  tantôt 
un  côté  ami,  tantôt  un  côté  ennemi],  qu'il  [Kepler] 
avait  conclu  que  le  soleil  devait  tourner  sur  son 
axe,  ID.  Newton,  m,  5.  |{  2°  Ce  qui  cause  de  la  con- 
Cusion,  de  la  mortification.  Il  ne  lui  épargna  pas 
les  humiliations.  Il  a  e.ssuyé  une  grande  humiliation. 
Des  douleurs  vives  et  longues  tout  ensemble,  les 
humiliations  de  l'esprit  jointes  à  celles  du  corps, 
j  FLÉCH.  Dauphine.  Il  n'y  a  que  vous  qui  connais- 
siez toute  la  mesure  de  mes  humiliations,  bourdal. 
Exhort.  sur  la  flagellât,  de  J.  C.  t.  ii,  p.  76.  La  gloire 
(le  sa  mort  [de  la  sainte  Vierge]  qui  répare  les 
humiliations  qui  l'avaient  toujours  accompagnée 
sur  la  terre,  mass.  Myst.  Àssompt.  Un  pénitent  ne 
voit....  dans  les  humihations  qui  lui  arrivent,  que 
la  peine  de  son  péché,  id.  Carême,  Ëlus. 

—  HlST.  XVI'  s.  Le  jusne,  quand  il  est  signe 
d'humiliation,  convient  plus  à  tout  un  peuple  en 
public,  qu'il  ne  fait  à  un  homme  seul  en  privé, 
CALV.  Inslit.  996.  Un  prédicateur  de  la  cour  osa  se 
servir  du  mot  humiliation  fondé  d'analogie  expresse 
en  notre  langue  ;  il  sut  que  les  dames  s'en  estoma- 
quoient,  dont  il  se  soucia  moins  que  si  elles  eus- 
sent fait  caprioles  pour  resjouir  le  cerveau  des  pas- 
sants, m""  de  gournay. 

—  Ety'M.  Provenç.  humiliatio;  espagn.  humilla- 
cion;  ital.  umiliazione ;  du  lat.  humiliationem,  de 
humiliare,  humilier. 

HUMILIÉ,  ÉE  (u-mi-li-é,éo),  por(.  pais^d'humi- 
lier.  Il  1°  Qui  areçu  mortification,  confusion.  Je  ne  puis 
voir  sous  eux  [les  Romains]  les  rois  humilies...,  cohn. 
Nie.  Il,  3.  Elle  aété  plongée  dans  la  mer,  la  mer  l'a 
vue  toute  nue, et  sa  fierté  en  est  augmentée,  j'entends 
do  la  mer;  car,  pour  la  belle,  elle  en  était  fort  hu- 
mihée,  sÉv.  l"  avr.  167).  Un  homme  humilié  par 
son  bienfaiteur  est  bien  plus  à  plaindre  qu'un  bien- 
faiteur qui  ne  trouve  que  des  ingrats,  di'clos, 
Considér.  mœurs,  ch.  16.  Pendant  qu'il  [Davoust] 
avançait  de  quelques  pas  et  jetait,  sans  le  savoir,  la 
terreur  chez  les  Russes,  la  grande  armée  étonnée  leur 
tournait  le  dos,  elle  marchait  les  yeux  baissés,  comme 
honteuse  et  humiliée,  sKgur,  Uist.  de  Nap.  ix,  6. 
Il  2°  S.  m.  Les  humiliés,  un  des  noms  des  Vaudois. 

HUMILIER  (u-mi-li-é),  j'humiliais,  nous  humi- 
liions, vous  humiliiez;  que  j'humilie,  que  nous  hu- 
miliions, que  vous  humiliiez,  v.  a.  ||  1°  Rendre 
humble.  Humilier  son  cœur.  Elle  croyait  voir  par- 
tout dans  ses  actions  un  amour-propre  déguisé  en 
vertu....  ainsi  Dieu  l'humiliait  par  ce  qui  a  coutume 
de  nourrir  l'orgueil,  et  lui  faisait  un  remède  de  la 
cause  de  .son  mal,  boss.  Anne  de  Gons.  ||  2'  Donner 
de  la  confusion ,  de  la  mortification.  Moab  fut  hu- 
milié en  ce  jour-là  sous  la  main  d'Israël,  saci, 
Ilihle,  Juges,  m,  30.  Ne  puis-jo  pas  d'Achille  hu- 
milier l'audace?  bac.  Iphig.  iv,  8.  Je  n'ai  point.... 
Assez  humilié  votre  orgueil  téméraire,  volt.  Orph.' 
v,  4.  Racine  sentait  bien  son  extrême  supériorité 
sur  Kuripiile,  mais  il  louait  ce  poëte  grec  pour  hu- 
milier Perrault,  m.  Dict.  phil.  Anciens  et  mod. 
....Mais  les  nièces  prudentes  Aiment  hien  mieux 
tromper  qu'humilier  leurs  tantes,  lk^ove,  Coquette 
corr.  II,  1.  Tenez,  monseigneur,  n'humilions  pas 
l'homme  qui  nous  sert  bieu,  crainte  d'en  faire  un 
mauvais   valet,   beaumarcu.   Mar.  de  l'ig.   m,   5. 


HUM 

Il  3'  S'humilier,  ï.  rd/Z.  Avec  la  prép.  à,  conde.s- 
ccndre  humblement.  J'ai  obéi  à  mon  père  et  à  mi 
mère  ;  je  leur  ai  cédé  ;  je  me  suis  humilié  à  leurs 
volontés  raisonnables  ou  déraisonnables,  malh.  h 
Traité  des  bienf.  de  Sénéque,  m,  38.  ||  Absolument 
Se  rendre  humble,  s'abaisser.  Que  celui  qui  s'humi- 
lie en  votre  présence  ne  soit  pas  renvoyé  couvert  de 
confusion,  saci.  Bible,  Psaum.  lxxiii,  21.  Notre 
grand  maître  a  eu  cette  vertu  [l'humilité]  pendant 
sa  vie  ;  mais,  parce  qu'il  s'est  humilié,  il  faut  qu'il 
soit  glorifié  après  sa  mort,  boss.  Cornet.  Humi- 
lions-nous devant  notre  Dieu  d'être  coupables  de 
ce  crime  énorme  [l'idolâtrie],  id.  Panég.  St  Victor, 

1 Il  croit  dans  sa  folie,  Qu'il  faut  que  devant 

lui  tout  d'abord  s'humilie,  boil.  Sat.  v.  Aux  pieds 
de  l'Éternel  je  viens  m'humilier,  rac.  Esth.  i,  t. 
Vous  voulez  que  le  roi  s'abaisse  et  s'humilie,  id. 
Mithr.  m,  l.  Ses  paupières  s'en  humiliaient  par  pu- 
deur, IIAMILT.  Gramm.  7.  Il  s'est  humilié  sous  la 
main  de  Dieu,  mass.  Or.  fun.  Louis  XIV.  |{  S'infiiger 
des  humiliations  réciproques.  Ils  se  sont  tour  à 
tour  humilies. 

—  HIST.  xu'  s.  De  son  fieu  [flef]  ne  se  daingne 
vers  vous  humelier,  Rou,  v.  4427.  Charles  le  recon- 
forte et  vers  lui  s'umelie,  lionc.  p.  4»7.  De  grant 
outrage  faire  nus  hom  ne  monteplie  [prospère], 
Ainz  se  monte  et  essauce  qui  son  cuer  humelie, 
Sax.  xxxii.  Li  reis  Henris  idunc  de  tant  s'umiliad, 
0 'e  par  s'umilité  en  plur  [pleurs]  tuz  les  turnad, 
Th.  le  mari.  16(.  Nostre  sires  est  dreituriers,  et 
humilièrent  sel  devant  nostre  seignur,  iîot's,  p.  296. 
Il  XIII'  s.  Sagement  s'est  vers  lui  [le  roi]  Symons 
humiliés  [a  fait  les  salutations  convenables],  Berie, 
cxx.  Quant  sa  mère  le  vit  si  humihé,  si  fu  meute 
[mue]  en  pitiet,  Chr.  de  Bains,  222.  Renart  vuit 
bien  ne  puet  guenchir,  Ne  nule  part  ne  puet  foir  ; 
Vers  son  oncle  moult  s'umelie,  Et  doucement  merci 
li  prie,  Ben.  7734.  ||  xiv'  s.  Se  comme  par  aventure, 
se  ung  grant  segneur  estoit  prins  et  se  il  se  humi- 
liet  devant  son  adversaire  par  paour  de  mort, 
oresme,  Eth.  49.  Il  XV'  s.  Adonc  le  roy  [Alexandre 
le  Grand]  lui  mesme  alla  prendre  le  chevaUer 
entre  ses  bras,  et  l'ayda  à  mener  en  son  pavillon, 
et  l'assit  en  son  propre  siège,  et  le  frôla  devant 
beau  feu,  et  l'eschauffa  pour  le  faire  revenir  ;  et 
ainsi  ce  noble  empereur  humilia  la  grandeur  de  sa 
majesté  par  pitié  et  miséricorde,  Bouciq.  iv,  ch.  9. 
||xvr  s.  Nous  tenons  nos  entendemens  captifs  et 
les  humilions,  à  ce  qu'ils  n'entreprennent  point  de 
s'eslever  ou  gronder  contre  l'authorité  de  Dieu, 
CALV.  Instit.  1118. 

—  ETYM.  Provenç.  humiliar,  umiliar,  omdiar, 
espagn.  humiliar;  ital.  umiliare;  du  lat.  humi- 
liare, de  humilis  (voy.  humble). 

HUMILITÉ  (u-mi-li-té),  s.  f.  ||  1°  Vertu  qui  nous 
donne  le  sentiment  de  notre  faiblesse  et  do  notre 
insuffisance,  qui  nous  fait  concevoir  de  bas  senti- 
ments de  nous-mêmes.  Pratiquer  l'humilité,  se 
montrer  humble.  Ce  précepte  de  se  connaître 
soi-même,  qui  est  pour  tous  les  autres  une  leçon 
d'humilité,  doit  avoir  pour  votre  regard  un  effet 
tout  contraire  et  vous  oblige  de  mépriser  tout  ce 
qui  est  hors  de  vous  [Balzac],  voit.  Lclt.  i.  C'est  un 
artifice  de  l'orgueil  qui  s'abaisse  pour  s'élever,  et  qui 
n'est  jamais  plus  capable  de  tromper  que  lorsqu'il  se 
cache  sous  la  figure  de  l'humilité,  la  rochefouc, 
lyft.  mor.  254.  L'amour  de  Dieu  fait  naître  toutes 
les  vertus;  et,  pour  les  faire  subsister  élemelle- 
ment,  il  leur  donne  pour  fondement  l'humilit/. 
BOSS.  la  Vallière.  Le  maître  de  l'humilité  [Jésus' 
paraîtra  bientôt  sur  la  terre,  id.  Abrégé  d'un  ser- 
mon pour  le  3'  dim.  de  t'Avent.  Si  l'humilité  de 
cœur  n'a  part  dans  notre  modestie ,  il  [Dieu]  ré- 
prouve notre  modestie  comme  une  vertu  chinu'- 
rique,  bourd.  [nstr.  Oct.  de  l'Ass.  Exhort.  t.  n, 
p.  315.  Sans  une  solide  humilité,  i!  n'est  pas  pos- 
sible de  conserver  unn  foi  bien  pu  e,iD.  Instruct. 
Humilité  de  la  foi,  Exhort.  t.  11 ,  p.  380.  L'effet 
propre  de  l'humilité  est  de  faire  en  nous  ce  vide 
mystérieux  et  salutaire,  qui  consiste  dans  l'oubli  do 
nous-mêmes,  id.  Annonciat.  de  la  Vierge.  Myst. 
t.  II,  p.  6*.  L'humilité  à  l'épreuve  de  la  grandeur 
est  le  plus  infaillible  ouvrage  de  la  grâce,  m. 
ib.  p.  82.  L'ambition  partout  chassa  l'humilité, 
boil.  Lutrin,  vi.  .Nous  nous  bornerons  à  dire  que 
l'humilité  est  la  modestie  de  l'âme,  volt.  Dicl.  phil. 
humilité.  Epictète  en  vingt  endroits  prêche  l'humi- 
lité, m.  th.  Il  Fig.  Que  j'aime  le  silence!  que  j'en 
aime  l'humilité,  la  tranquillité,  le  sérieux,  le  rccuei- 
lement,  la  douceur!  boss.  /,c;t.  abb.  60.  ||2"'Act. 
d'humilité.  Non,  ne  descendez  pas  dans  ces  humilie 
tés.  Et  laissez-nous  juger  ce  que  vous  méritez,  mol. 
Mélic.  IV.  Il  3°  Familièrement.  En  toute  humilité. 


HUM 

aussi  humblement  <]ii'il  est  possible.  X  présont  que 
l'ai  eu  l'honneur  de  vous  prouver  en  passant  que 
vous  aviez  ce  petit  avantage  [ilans  la  traduction 
d'un  vers  latin]  sur  Boileau ,  il  n'est  plus  surpre- 
nant que  je  vous  dise,  monseigneur,  en  toute  hu- 
milité, qu'il  y  a  dans  votre  épitre  plusieurs  vers 
que  je  serais  bien  glorieux  d'avoir  faits,  volt. 
Lettre  au    prince  royal    de   Prusse,  février  )740. 

—  HIST.  XI'  3.  Ce  senefiet  pais  et  humilitet,  Ch. 
de  Roi.  v.  Il  XII"  s.  Se  par  mal  conseil  as  contre  Deu 
meserré.  Par  Deu  ne  traie  à  tei,  chée  [tombe]  en 
humilité,  Th.  le  mart.  73.  En  grant  humilité  devez 
à  curt  aler,  Que  nuls  ne  vus  en  puisse  reprendre  ne 
blasmer,  tii.  36.  ||  xiii'  s.  Ahi  !  Diexl  fait  Bertin,  rois 
pleins  d'umilité,i?er(e,  xv.  La  terre  moult  souvent 
par  humbleté  [elle]  baisoit,  ib.  xxvui.  Pour  Dieu,  vous 
pri  k'avoec  vo  grant  biauté  Ke  voelliés  tant  d'orguel 
accompaignier,  K'umelités  no  vous  puist  justicier, 
Bibl.  des  chartes,  t.  v,  4"  série,  p.  486.  ||  xiv*  s.  Et 
aucune  foiz  faignent  il  et  font  teles  humilités  pour 
vaine  gloire,  oresme,  Eih.  135.  ||  xV  s.  Adonc  fit  la 
noble  roine  d'Angleterre  grand  umilité....  et  pleu- 
roit  si  tendrement  de  pitié  qu'elle  ne  se  pouvoit 
soutenir,  rnoiss.  i,  i,  32i.||xvi's.  Les  seigneurs 
de  Crémone  en  toute  humilité  Vindrent  devers  le 
roy,  lequel  moult  révérèrent,  i.  marot,  v,  162. 
Tousjours  l'humilité  gaigne  le  crrur  de  tous  ;  Au 
contraire,  l'orgueil  attize  le  courrons,  rons.  6G;s. 
Humilité  à  tout  homme  bien  sied  ;  qui  plus  bas  se 
tient,  plus  haut  on  l'assied,  leroux  de  linct,  Pror. 
t.  II,  p.  306. 

—  ÉTVM.  Provenç.  humilitat,  omilitat;  espagn. 
humildad;  Ital.  umiltà;  du  lat.  humilitatem ,  de 
Immilis,  humble  (voy.  humble).  Bien  que  humilité 
soit  très-ancien,  la  forme  d'origine  et  régulière  était 
Immhleté.  On  trouve  aussi  humhlcsse,  humiliance, 
humiliemenl. 

tHUMINE  (u-mi-n') ,  s. /■.  Terme  de  chimie.  Corps 
obtenu  en  cuisant  longtemps  (00  parties  de  sucre, 
200  parties  d'eau,  et  2!i  parties  d'acide  sulfurique, 
ainsi  nommé  parce  que,  traité  par  les  acides  puis- 
sants, il  se  transforme  en  acide  humique. 

—  ÉTYM.  Humus,  et  la  finale  chimique  ine,  qui 
indique  un  principe 

1  HUMI0U3  (u-mi-k'),  adj.  \\  1°  Qui  a  rapport  à 
l'humus.  Les  produits  humiques.  La  matière  orga- 
nique ne  devient  active  pour  la  nitrification  qu'a- 
près avoir  subi  la  transformation  humique,  millon, 
Àcad.  des  se.  comptes  rendus,  t.  Lix ,  p.  232. 
Il  2°  Terme  de  chimie.  Acide  humique,  acide  qu'on 
a  cru  trouver  dans  le  terreau  ,  et  qui  <l'ailleurs 
s'obtient  en  traitant  du  sucre  ou  des  débris  végé- 
taux par  l'acide  chlorhydrique. 

—  ÉTYM.  Lat.  humus,  terre. 

t  Iin.MOPINIQUK  (u-mo-pi-ni-k'),  adj.  Terme  de 
chimie.  Acide  humopiniijue,  corps  qui  se  forme  en 
chauffant  la  narcotine  à  220  degrés  sur  un  bain 
d'huile. 

nU.^IORAn,  ALE  (u-mo-ral,  ra-l'),  adj.  Terme 
de  médecine.  Oui  a  rapport  aux  humeurs,  qui  vient 
des  humeurs.  Les  maladies  humorales. 

—  HIST.  XIV'  s.  Hargne  humorale  est  aposteme 
engendrée  d'un  ou  plusieurs  humeurs  assemblés  au 
scrotum...,  paré,  vi,  <8. 

—  ÉTYM.  Humeur. 

t  nUMORIQUE  (u-mo-ri-k'),  adj.  Terme  de  pa- 
thologie. B.uit  humorique,  bruit  qu'on  entend 
quand  on  percute  un  organe  rempli  de  liquide  et  de 
gaz. 

—  ÉTYM.  Humeur. 

iniMORlSME  (u-mo-ri-sm"),  s.  m.  Terme  de 
médecine.  La  doctrine  des  médecins  humoristes. 

—  ÉTYM.  Humeur. 

HUMORISTK  (u-mo-ri-sf),  adj.  ||1°  Oui  a  sou- 
vent de  l'humeur,  difficile  à  vivre  (peu  usité  en  ce 
sens).  Le  philosophe  Saint-Lambert,  naturellement 
sévère  et  même  un  peu  humoriste,  la  harpe. 
Correspond,  t.  m,  p.  393,  dans  pougens.  ||  Sub- 
Uvntivement.  Cet  humoriste  Dont  la  hargneuse  dé- 
raison Dans  la  société  vient  verser  son  poison,  be- 
lille,  Convers.  ii.  ||  2°  Enclin  à  une  sorte  de 
gaieté  railleuse  et  originale.  ||  Écrivain  humoriste, 
celui  qui  traite  avec  gaieté  une  matière  sérieuse; 
celui  qui  a  de  la  fantaisie,  une  vivacité  originale. 
Henri  Heine  est  un  écrivain  humoriste.  ||  S.  m. 
Membre  d'une  académie  de  Rome,  fondée  par  Paul 
Mancini,  et  gui  prit  pour  devise  la  chute  d'une 
douce  ro.sée.  Ceux  qui  ont  parlé  de  l'académie 
des  humoristes  de  Rome  disent  qu'elle  naquit  for- 
tuitement aux  noces  de  Lorenzo  Mancini  ;  (|ue  plu- 
sieurs personnes  d'entre  les  conviés  se  mirent  à 
réciter  des  sonnets,  des  comédies,  des  discours, 
ce  qui  leur  fit  donner   le    nom   de   belli   humnr' ;\ 


HliP 

qu'enfin,  ayant  pris  gniit  à  ces  exercices,  ils  réso- 
lurent de  former  une  académie  de  belles-lettres, 
qu'alors  ils  changèrent  le  nom  de  belli  humori  en 
celui  ^'humorisli...,  pei.lisson,  Hist.  de  l'Àcad.  i. 
Paul  Ma...cini  revint  à  Rome,  s'adonna  à  l'étude,  et 
l'académie  des  humoristes  prit  naissam-e  dans  sa 
maison,  st-sim.  357,  2)7. 113°  Terme  de  médecine. 
Oui  appartient  à  un  système  dans  lequel  on  attri- 
bue la  cause  des  maladies  à  l'altération  primitive 
des  humeurs.  Los  théories  humoristes.  ||  S.  m.  Les 
humoristes,  les  partisans  de  ce  système. 

—  ÉTYM.  Humeur. 

t  HUMORISTIQUE  (u-mo-ri-sti-k'),  adj.  Terme 
de  littérature.  Où  il  entre  de  l'humour.  Une  bou- 
tade humoristique.  ||  Écrivain  humoristique,  syno- 
nyme d'écrivain  humoriste. 

—  ÉTYM.  Humoriste. 

t  HUMOUR  (  iou-meur  ;  quelques-uns  pronon- 
cent A  la  française  :  u-mour),  s.  m.  Mot  anglais  qui 
signifie  gaieté  d'imagination,  veine  comique. 

—  ÉTYM.  Angl.  humour,  qui  est  le  français  hu- 
meur, pris  anciennement  en  ce  sens  et  revenu  au- 
jourd'hui en  usage  (voy.  humeur,  n°  8). 

t  HUMULIXE  (u-mu-li-n') ,  s.  f.  Terme  de  chi- 
mie. Synonyme  de  lupuline. 

—  ÉTYM.  Lat.  humulus,  nom  botanique  du  hou- 
blon (voy.  houblon)  ,  et  la  finale  ine. 

HUMUS  (u-mus'),  s.  m.  Il  1°  Terre  végétale.  Une 
couche  épaisse  d'humus.  ||  2°  Terme  de  chimie. 
Matière  brune  peu  soluble  dans  l'eau,  soluble  dans 
les  alcalis,  provenant  de  la  décomposition  et  de  la 
combustion  lente  des  substances  organiques  dans 
le  sol  ou  à  sa  surface. 

-  ÉTYM.  Lat.  humus,  terre.  Ce  mot,  qu'on  a  as- 
similé avec  le  sanscrit  bhûmi,  terre,  et  qui  ne  peut 
y  être  assimile  à  cause  que  u  est  long  dans  bhûmt 
et  bref  dans  hîimus,  est  rattaché  par  Curtius  au 
grec  x""!"-*'!  à  '^rre ,  locatif  d'un  substantif  hors 
d'usage  qui  a  signifié  terre. 

HUNE  (hu-n'),  s.  f.  Terme  de  marine.  ||  1°  Plate- 
forme établie  horizontalement  au  sommet  d'un  mât 
qui  la  traverse,  et  qui  sert  principalement  à  soutenir 
les  hommes  chargés  des  manœuvres  hautes. 
Il  Grand'hune,  hune  du  grand  mât.  ||  Mâts  de  hune, 
les  mâts  qui  surmontent  immédiatement  les  ba.s 
mâts.  Il  2"  Grosse  pièce  de  bois  terminée  par  deux 
tourillons,  et  à  laquelle  une  cloche  est  suspendue. 

—  HIST.  XIII*  s.  Nus  cordier  ne  puet  ne  ne  doit 
faire  chaable  de  quelque  maniore  qu'il  soit,  ne 
hunes,  c'est  à  savoir  cordes  par  lesqueles  les  vallés 
et  li  cheval  traient  les  nefs  contremont  les  iaues..., 
Liv.  des  met.  42.  ||xv'  s.  Kit  [le  comte  Rouge]  au 
lez  du  grant  enseigne  du  roy  [Philippe  de  Valois], 
qui  en  cilz  navire  estoit  en  la  poincte  du  mast  ex- 
levez  dessus  la  hune,  seoir  et  mectre  ses  baniere, 
pannon  et  estandart,  Chron.  du  comte  Itouge,  dans 
JAL.  Une  neuf  [nef]  à  quoquilles  de  perles....  avec- 
ques  la  couverture  faite  en  manière  d'une  hune 
garnye  de  perles ,  Bibl.  des  ch.  6'  série ,  t.  i , 
p.  429.  Il  XVI'  s.  Là  [sur  le  môle  à  Gênes]  vit 
[Louis  XII]  les  matelots  monter  les  pieds  amont 
du  bas  des  navires  jusque  dedans  les  hunes,  et 
descendre  la  teste  contre-bas  jusques  au  fond  des 
navires,  J.  d'auton,  Chron.  iv,  )9. 

—  ÉTYM.  Esp.  huno;  de  l'island.  Aun,  tête  du 
mât. 

HUNIER  (hu-nié  ;  1'  r  ne  se  lie  jamais;  au  pluriel, 
l's  se  lie  :  les  hu-nié-z  et  les  mâts),  s.  m.  ||  1°  Terme 
de  marine.  Voile  du  mât  de  hune.  ||  Grand  hu- 
nier, la  voile  du  grand  mât;  petit  hunier,  celle  du 
mât  de  misaine.  {|  Avoir  les  huniers  dehors,  avoir 
les  huniers  au  vent  pour  le  recevoir.  ||  Hunier  à 
mi-mât,  se  dit  quand  la  vergue  n'est  hissée  qu'à 
la  moitié  du  mât.  ||  2°  Terme  de  pêche.  Sorte  de 
filet. 

—  ÉTYM.  Hune. 

f  UUON  (hu-on),  s.  m.  Un  des  noms  vulgaires 
du  chat-huant. 

f  UUOT  (hu-o) ,  s.  m.  Autre  nom  du  huet. 
'    t  HUPPARD  (hu-par),  s.  m.  Espèce  d'aigle  d'A- 
frique. 

HUPPE  (hu-p'),  s.  f.  Il  1°  Oiseau  de  la  grosseur 
d'un  merle,  qui  a  une  petite  touffe  de  plumes  sur 
la  tète,  upupa  cpops,  Liimé,  ordre  des  passereaux. 
Ce  fut  sur  ce  tombeau  [de  Térée]  que  la  huppe 
parut  pour  la  première  fois;  on  en  conclut  que 
Térée  avait  été  changé  en  cet  oiseau,  chateaub. 
//in.  t"  part.  ||  Sale  comme  une  huppe  ,  très- 
sale.  On  a  beaucoup  répété  que  la  huppe  endui- 
sait son  nid  des  matières  les  plus  infectes  ,  de 
la  fiente  de  loup,  de  renard,  de  cheval....  c'est  de 
là  sans  doute  qu'est  venu  le  proverbe  :  sale  comme 
une  huppe;  iii;iis  ce  proverbe  induirait  en   erreur 


HUR 


2007 


si  l'on  voulait  en  conclure  que  la  huppe  a  le  goût 
ou  l'habitude  de  la  malpropreté,  buff.  Ois.  t.  xii, 
p.  131  et  p.  133.  Il  2"  Toufi'o  de  plumes  que  certains 
oiseaux  ont  sur  la  tête.  .Sa  huppe  [de  l'oiseaumou- 
che  huppé,  ornismyia  omata,  LessonJ  est  comme 
une  émeraude  du  plus  grand  brillant;  c'est  ce  qui 
le  distingue;  le  reste  de  son  plumage  est  assez 
obscur,  BUFF.  Ois.  t.  xi,  p.  3o.  ||Fig.  Uabattre  la 
huppe,  mortifier.  Ce  coup  inopiné  vous  rabattra 
la  huppe;  Franchement,  vous  pensiez  que  je  fusse 
une  dupe,  th.  cobn.  Comtesse  d'Orgueil,  y,  7. 
Il  3°  Terme  de  marine.  Foyer  de  pourriture  qui  se 
trouve  dans  une  pièce  de  bois. 

—  HIST.  xiii'  s.  Hupe  est  uns  oisiaus  qui  a  sor 
son  chief  une  creste,  brun.  lat.  Très.  p.  216. 
Il  XV  s.  Exemple  en  avons  et  figure  D'un  oisel  de 
douce  nature  Qui  hupe  a  nom  en  no  langaige, 
E.  DESCHAMPS,  Poésies  mss.   f"   635. 

—  ÉTYM.  Berry,  itbe,  dube;  provenç.  upa;  port. 
poupa;  ital.  upupa;  milanais,  buba ;  Romagne, 
poppa;  du  lat.  upupa,  allié  au  grec  £itoi{/. 

HUPPÉ,  ÉE  (hu-pé,  pée),  odj.  ||1°  Oui  a  une 
huppe  sur  la  tète,  en  parlant  des  oiseaux.  Alouette 
huppée.  Le  faucon  huppé  des  Indes,  buff.  Ois. 
t.  II,  p.  23.  Il  2»  Fig.  et  familièrement.  De  haut  pa- 
rage,  notable  par  la  richesse  ou. par  le  rang;  il  ne 
se  dit  guère  qu'avec  le  mol  plus.  11  trouve  à  se 
fourrer  parmi  les  plus  huppés,  hauterociie,  Bourg, 
de  quai,  n,  4.  Combien  en  as-tu  vu,  je  dis  des  plus 
huppés...  !  RAC.  Plaid,  i,  4.  Avec  tous  nos  défauts 
[nous  femmes],  nous  gouvemon?  /es  hommes, 
Même  les  plus  huppés,  destouches,  Phi7.  tnar.  i, 
4.  Ma  foi,  madame,  sans  vanité,  on  en  peint  tous 
les  jours,  et  des  plus  huppées,  qui  ne  me  valent  pas, 
MARIVAUX,  Fauss.  confid.  ii,  9.  Plusieurs  Français, 
non  des  plus  huppés,  tiennent  table  ouverte  à  tous 
venants,  p.  l.  cour.  LcU.  i,  36.  ||  Proverbialement. 
Les  plus  huppés  y  sont  pris,  ceux  qui  se  croient  les 
plus  habiles  y  sont  attrapés.  Bien  huppé  qui  pourra 
m'attraper  sur  ce  point!  mol.  Ec.  des  femmes,  i,  t. 

I  —  HIST.  xiii'  s.  Faut  le  matin  estrc  au  moustier, 
Et  là  oïr  le  Dieu  mesticr,  En  leur  manliaux  enve- 

]  lopées.   Sans   estre   ceintes   ne  houpées,  Hist.  des 

'trois  Maries,  ms.  p.  348,  dans  lacdrne.  ||  xiv  s. 

[  Nul  d'iceulx,  tant  soit  il  huppez.  Soit  philosophe 
ou  médecin.  Rien  n'i  entend  en  tel  brassin  [affaire], 

\l'Alchim.  à  nat.  520.  ||xv"  s.  Mon  cheval  feray 
baigner  en  fange  Des  François  jusques  à  la  sangle, 
En  leur  sang,  de  ce  me  fais  fort;  N'y  aura  privé 
no  estrange  Ne  sy  hupé  que  je  ne  plange,  Et  que 
je  ne  le  boule  à  mort.  Siège  d'Orléans,  p.  632. 
Le  traict  des  galées  de  bombardes  et  de  viretons 
qui  abatoient  à  tas  les  plus  huppés,  Bouciq.  ii, 
ch.  22.  Pour  attraper  les  plus  huppés,  villon.  Re- 
pues franches,  l'Acteur.  \\  xvi*  s.  Parmi  les  pigeons 
pattes,  s'en  treuvent  des  huppés,  qui  ont  une 
creste  à  la  teste,  assavoir  un  lloton  de  plume  es- 
levé  en  arrière,  o.  de  serres,  404.  Le  plus  hault 
huppé  d'entre  eux,  Dial.  de  Tahureau,  p.  39,  dans 

LACURNE. 

—  ÉTYM.  Huppe. 

f  HUPPE-COL  (hu-pc-kol),  s.  m.  Nom  d'un  oi- 
seau-mouche de  la  Guyane,  à  huppe  et  à  collerette, 
ornismyia  omata,  Lcsson. 

t  nUQUE  (hu-k') ,  s.  f.  Anciennsment,  sorte  de 
toque.  Ils  reconnaissaient  l'étendard  de  Jeanne 
d'Arc,  et  la  distinguaient  à  sa  huque  d'écarlate. 
bordée  d'or  et  d'argent,  de  barante,  dans  le  Dict. 
de  POITEVIN. 

—  HIST.  XV'  s.  Le  suppliant  print  une  huque 
noire  qui  estoit  à  son  dit  maistre,  DU  canoë,  huca. 

t  HURASSE  (hu-ra-s'),  s.  m.  Terme  de  métal- 
lurgie. Anneau  qui  supporte  le  bout  du  manche  du 
marteau  de  forge. 

HURE  (hu-r'),  s.  f.  ||  1'  Tête  hérissée  et  en  dés- 
ordre. Il  11  a  une  vilaine  hure,  se  dit  d'un  homme 
qui  a  les  cheveux  mal  peignés  et  hérissés.  ||  2°  Tête 
(le  quelques  animaux.  Une  hure  de  saumon,  de 
brochet.  [Le  lion]  Ayant  courage,  intelligence  Et 
belle  hure  outre  cela,  la  font.  Fabl.  iv ,  ) .  Le 
sanglier,  dont  la  hure  est  plus  longue  et  plus 
forte  que  celle  du  cochon,  fouille  plus  profondé- 
ment; il  fouille  aussi  presque  toujours  en  ligne 
droite  dans  le  même  sillon,  bupf.  Quadrup.  t.  i, 
p.  299,  Il  Particulièrement.  La  tête  lorsqu'elle  est 
coupée.  Anaxandride,  cité  par  Athénée,  déclare  que 
Nérée  seul  a  pu  le  premier  imaginerde  manger  la 
hure  de  cet  excellent  poisson[lcglaucusj,  chateaub. 
Itinér.  ("part.  ||  La  hure,  en  charcuterie,  prépa- 
ration faite  principalement  avec  la  chair  de  la 
hure.  Des  saucisses,  de  la  galantine,  de  la  hure 
fraîche.  ||  3"  Espèce  de  brosse  garnie  de  tous  les 
côlés  cl  adaptée  à  un  manche,  ||  4"  Hure  de  loup, 


2068 


IIUR 


nom,  dans  les  environs  de  Coutanccs,  de  la  carotte 

_  iiisT.  xii'  s.  Knz  el  chief  de  l'espee  giantcûlp 
li  (à  Thomas]  vait  duner,  Si  que  de  la  curune  le 
iiiliel  cnporla,  h  la  hure  abati  e  granment  entama, 
ï'/i.  tfviart.  160.  Il  xm's.  Ils'eslaisse,prentle  maufé 
[le  diat)le),l'armi  la  huie  aniont  l'a  pris,  Parlonop. 
ms.  f"  KiO,  dansLACUBNE.  Etii  vilains  croie  la  hure, 
Et  se  forcené,  et  sor  sains  jure  Qu'il  l'occira  sans 
nul  respit,  'a  llose,  I55H7.  Mes  moult  i  brait  et  se 
démente  Li  chalman  o  sa  grant  hure,  ib.  6999. 
Il  XV'  s.  Groin  et  cheveux  com  hure  de  sanglier, 
K.  DEsciiAMPS,  l'ociies  viss.  f"  220.  Lequel  Bernart 
faisoit  la  hure  [signe  de  moquerie]  au  dit  Panquaut 
par  manière  de  dérision,  du  cange,  hura.  La  hure 
de  sanglier  notable  Sera  au  milieu  de  la  table,  Rec. 
de  farces,  aie.  p.  331.  Au  cappitainc  Jehan  Iliou,  Je 
donne  six  hures  de  lou,  villon,  Gd  tat.  \\  xvi'  s. 
....C'est  que  lu  te  gardes  de  rymer  les  mots  mani- 
festement longs  avec  les  brefs  aussi  manifestement 
brefs,  comme  un  passe  et  trace,  un  maistre  et  met- 
tre, une  chevelure  et  hure,  un  b.ist  et  bat,  et  ainsi 
des  autres,  dubellay,  i,  30,  recto.  Tout  renversé 
dans  la  caverne  obscure.  Auquel  [Cerbère]  voyant 
jà  hérisser  la  hure  De  gros  serpcns...,  m.  iv,  Bt, 
verso.  En  la  mesme  feuille  ont  mis  aussi  la  figure 
de  la  divine  infante,  couronnée  en  royne  do  France, 
comme  vous,  vous  regardant  huze  à  huze  l'un  l'au- 
tre, Sat.  Mén.  p.  )04,  éd.  charp.  (les  Parisiens  dans 
le  xvi' siècle  prononçaient  des  «  pour  des  r  ;  huze 
pour  hure).  Heure  [hure],  palsgrave,  p.  46,  qui  le 
prononce  comme  heure,  hora,  sauf  l'aspiration  de 
l'h. 

—  ÉTVM.  Origine  inconnue.  Ce  mot  a  signifié  le 
poil  qui  couvre  la  tête,  comme  on  le  voit  par  l'exem- 
ple de  Thomas  martyr,  et  aussi  tête  d'homme  ou 
tête  de  bête.  Diez  essaye  quelques  conjectures,  mais 
elles  sont  si  pou  appuyées,  qu'il  est  inutile  de  les 
rapporter  ici.  11  y  a.'ait  l'ancien  adjectif  huré,  qui 
signifiait  hérissé:  Hurces  ont  les  testes  et  barbes  et 
grenons,  li  Romans  d'Alixandre,  p.  337,  v.  21.  Ce 
moi  de  liuré  était  encore  usité  dans  le  xvir  siècle  : 
Estant  proche  de  la  porte  D'un  vieux  huré  paysant. 
Je  luy  a  y  dit  de  la  sorte  :  Fait  on  vendange  céans? 
l'Eslite  des  chansons  les  plus  belles,  àa.ns  fr.  micbel, 
Argot. 

1  UUREBEC  (hu-re-bck) ,  s.  m.  Ancien  nom  de 
la  chenille  de  la  vigne. 

IltJRUAU  (hur-hô),  voy.  huhaut.  La  partie  bru- 
tale alors  veut  prendre  empire  Dessus  la  sensitive, 
et  l'on  voit  que  l'un  tire  Â  dia,  l'autre  à  hurhaut, 
BOL.  Dép.  am.  jv,  i. 

—  HEM.  Les  précédentes  éditions  du  Dict.  de 
l'Académie  écrivaient  hurhaut  (avec  un  (),  et  l'on 
pourrait  faire  observer  que  la  finale  haut  de  ce 
terme  marquait  .a  droite  (puisiju'on  le  dit  pour  que 
le  cheval  aille  à  droite),  comme  l'adjectif  bas  in- 
diquait la  gauche  dans  le  terme  de  marine  bas- 
bord,  LEGOARANT. 

—  iliST.  xvi*  s.  Un  chartier  sans  fouet  qui  ne  dict 
dea  ne  hurehaut,  roger  de  colleuye,  Œuv.  p.  82, 
dans  i.ACURNE. 

1 IIUKLADE  (hur-la-d'), j. /.Grand cri.  Jemeserais 
contenté  de  donner  des  sérénades  à  trois  ou  quatre 
personnes,  faire  cinq  ou  six  hurlades,  et  puis  pas- 
ser, VOIT.  Lett.  28. 

—  ETVM.  Hurler. 

t  HUULANT,  ANTE  (hur-lan,  lan-t'),  adj.  Qui 
hurle.  Le  dernier  [avis  du  parlement  d'aller  aux 
•  Tuileries  à  pied]  prévalut,  dans  l'espoir  d'émou- 
voir le  peuple  et  d'arriver  aux  Tuileries  avec  une 
foule  hurlante,  st-sim.  5i2,  33. 

IIUKLE,  f.E  (bur-lé,  lée),  part,  passé  de  hurler. 
Dit  en  hurlant.  X  leurs  prêtres  échevelés  Laissez  le 
style  des  miracles  Et  l'obscurité  des  oracles  Sur  le 
trépied  menteur  hurlés,  pahnï,  mélanges,  à  quelques 
poètes. 

HURLEMENT  (hur-le-man) ,  s.  m.  ||  1°  Le  cri 
prolongé  que  fait  le  loup  et  que  le  chien  fait  quel- 
quefois aussi.  Les  dogues  gémissants,  en  hurle- 
ments funèbres,  Appellent-ils  leur  maître  errant 
dans  les  ténèbres?  Ducis,  Oscar,  i,  2.  ||  2°  Par  ex- 
tension. Le  hurlement  de  l'ours.  Sa  voix  [de  l'hoa- 
zin,  sorte  d'oiseau]  est  très-forte;  et  c'est  moins  un 
cri  qu'un  hurlement  :  on  dit  qu'il  prononce  son 
nom,  apparemment  d'un  ton  lugubre  et  effrayant, 
éUKF.  Ois.  t.  IV,  p.  147.  Il  Par  analogie.  Cri  fort  et 
prolongé.  Allez  donc  de  ce  pas  par  de  saints  hurle- 
ments Vous-mêmes  appeler  les  chanoines  dor- 
mants, BOiL.  Lutr.  IV.  Il  Cris  do  douleur,  de  colère. 
Poussez  des  cris  et  des  hurlements,  parce  que  le 
j)ur  du  Seigneur  est  proche,  saci,  Bible.  Tsafe, 
xni,  «.  De»  enfants  de  Lévi  la  troupe  consternée  En 


IIUR 

poussa  vers  le  ciel  des  hurlements  affreux,  bac. 
Athal.  m,  3.  Quelquelois  elle  [Astarté]  semblait  se 
ranimer;  mais  cen'était  que  pour  pousser  des  hur- 
lements, FÉN.  Tél.  VIII. 

—  HIST.  xu'  s.  Morz  est  li  dux,  e  teinz  e  pale  Del 
sang  qui  del  cois  li  dévale;  Od  brais,  od  cris,  od 
uslemenz  L'en  unt  aporté  à  ses  genz,  benoît,  ii, 
(  2405.  Il  XVI'  s.  Tant  fut  dur  le  chapplys  [le  combat], 
qu'on  oyoit  par  dehors  Les  hurlemens  et  cris  des 
misérables  corps,  j.  MAROT,  v,  (57 Et  des  som- 
mets mainte  nymphe  cstonnée  Par  huUemens  a 
chanté  l'hymenée,  dubellay,  iv,  h,  recto.  Je  n'en- 
tendy  que  les  voir  très  hydeuses,  Et  hurlemens  de 
bestes  dangereuses,  marot,  ii,  6. 

—  ÉTYM.  Hurler;  Berry,  ioûlement  ;  provenç. 
udolament.  On  a  dit  aussi  huilée,  hurlée. 

UURLEK  (hur-lé),  v.  n.  ||  1°  Pousser  des  hurle- 
ments, en  parlant  du  loup,  du  chien.  Us  [les  chiens 
mulets]  hurlaient  plus  fort  et  plus  souvent  aux  ap- 
proches de  la  pluie  et  dans  les  temps  humides,  que 
dans  les  beaux  temps  ;  les  loups  dans  les  bois  ont 
ce  même  instinct,  et  on  les  entend  hurler  dans  les 
mauvais  temps  et  avant  les  orages,  buff.  Quadriip. 
t.  III,  p.  260.  Il  2°  Par  analogie.  11  se  dit  des  cris  ai- 
gus et  prolongés  que  l'on  pousse  dans  la  colère, 
dans  la  douleur,  etc.  laissons  hurler  là-bas  tous  ces 
damnés  antiques,  boil.  Sat.  xu.  Eh  1  quel  objet  en- 
fin à  présenter  aux  yeux  Que  le  diable  toujours  hur- 
lant contrôles  cieux?iD.  Art  p.  m.  Je  vois  hurler  en 
vain  la  chicane  ennemie,  lo.  Lutr.  vi.  Il  a  prouvé 
qu'on  pouvait  être  tragique  sans  hurler,  laiiarpe, 
Corresp.  t.  m,  p.  <93  ,  dans  pougens.  Ces  trois 
sœurs  qui,  d'Odin  ranimant  les  soldats.  Couraient, 
volaient,  frappaient,  hurlaient   dans  les   combats, 

DLCis,  Kacbelh,   i,   f Il  faut  au  ministère  Des 

gens  qui  parlent  toujours.  Et  hurlent  pour  faire 
taire  Ceux  qui  font  de  bons  discours,  bérang.  Ven- 
tru. Il  Par  personnification.  Hurlez,  sapins,  parce  que 
les  cèdres  sont  tombés,  saci,  Rible,  Zacharie,  xi,  2. 
L'éclair  croise  l'éclair,  l'air  mugit,  le  ciel  gronde, 
La  tempête  en  hurlant  creuse  et  soulève  l'onde,  du- 
cis. Oscar,  m,  1. 1|  Fig.  Lui  [le  public],  qui  dix  ans 
proscrivit  Athalie,  Qui,  protecteur  d'une  scène  avi- 
lie. Frappant  des  mains,  bat  à  tort  à  travers  Au 
mauvais  sens  qui  hurle  en  mauvais  vers,  volt.  Ép. 
64.  Il  Fig.  Hurler,  se  dit  de  choses  qu'on  accouple 
malgré  leur  incompatibilité.  Des  mots  qui  hurlent 
de  se  voir  accouplés.  ||  3°  Fig.  Parler  avec  empor- 
tement, avec  le  ton  de  la  fureur.  Une  tourbe  fa- 
natique hurlait  contre  lui.  Dis-moi  donc,  laissant 
là  cette  folle  hurler...,  boil.  Sat.  x.  Si  les  jésuites 
crièrent  à  l'impiété,  les  jansénistes  hurlèrent;  il  se 
trouva  un  convulsionnaire  nommé  Abraham  Chau- 
meix,  qui  présenta  à  des  magistrats  une  accusation 
en  forme  intitulée  Préjugés  légitimes  contre  l'En- 
cyclopédie, volt.  Mél.  litt.  Lett.  à  S.  II.  le  prince 
de  *'*,  Lett.  8.114°  V.  a.  Prononcer  avec  un  ton 
d'emportement  ou  de  colère  qu'on  assimile  au  hur- 
lement. Mme  de  Roquelaure  dès  la  porte  se  met  à 
hurler  les  reproches  les  plus  amers,  st-sim.  <99, 
(59.  Un  essaim  frémissant....  Hurle  .son  chant  bar- 
bare aux  monts  hyperborécs,  delille,  Enéide,  xi. 
Les  prêtres  de  Pluton....  Hurlent  en  chants  de 
mort  leurs  funèbres  cantiques,  legouvé,  Trad.  d^un 
morceau  de  la  Pharsale.  [Le  p?uple]  Il  s'enivre  de 
vin  dans  l'or  des  saints  calices.  Hurle  en  dérision 
les  chants  des  sacrifices,  lamart.  Joc.  ii,  71.  ||  Pro- 
verbe. 11  faut  hurler  avec  les  loups,  c'est-à-dire  il 
faut  s'accommoder  aux  manières,  aux  opinions  des 
gens  avuc  qui  l'on  vit.  Pourquoi  le  voyez-vous?  — 
Oui  donc  voir?  il  faut  bien  hurler  avec  les  loups, 
TU.  CORN.  Coml.  d'Orgueil,  iv,  6.  Il  faut  hurler  avec 
les  loups,  d'autres  disent  braire  avec  les  ânes,  p.  l. 
COUR.  Lett.  II,  33.  Il  On  dit  de  même  :  apprendre  à 
hurler  avec  les  loups,  finir  par  s'accoutumer  aux 
mœurs  de  ceux  avec  qui  oii  vit.  Tous  ces  Nor- 
mands voulaient  se  divertir  de  nous  :  On  apprend 
à  l.urler,  dit  l'autre,  avec  les  loups,  rac.  Plaid,  i,  i. 
Comme  on  apprend  à  hurler  avec  les  loups,  malgré 
la  terrible  vie  que  ces  bandits  menaient,  je  ne  lais- 
sai pas  de  lii'accoutumer  à  vivre  avec  eux,  lksage, 
Guim.  d'Alf.  IV,  9. 

—  REM.  Au  commencement  du  xvii'  siècle,  on 
disait  souvent  heurler  :  11  se  leva  heurlant  comme 
un  homme  furieux,  scarii.  Rom.  com.  i,  6. 

—  IIIST.  xiii*  s.  Les  lous  [elle]  oît  uller,  et  li 
huans  hua,  Ilerte,  xxv.  i  bien  petit  qu'il  ne  se 
pasme  ;  Il  ulle  el  brait  corne  devez,  Ren.  493.  Paicn 
uslcnt  et  braient,  grans  i  fu  la  bondie,  Ch.  d'Ant. 
m,  (81.  Il  XV'  s.  Il  faut  heurler  avec  les  leux,  e. 
DESCH.  Poés.  msx.  (°  B06.  Ijxvi'  S.  Puis  crient  cl 
uller.t  comme  diables,  BAn.  Panl.  m,  23.  Toy  Hé- 
cate par  les  cantons  huilée.  Quand   d'issus  nous  la 


HUS 

niiict  est  devalléo,  dubellay,  iv,  24,  recto.  Ils  hn 
lent  comme  chiens  leurs  barbares  chansons,  id.  v  . 
3.'>,  verso.  On  les  bur'oil  et  mauldissoit  (les  gladj. 
leurs],  si  on  les  voyoit  cstriver  à  recevoir  la  mo:i, 
MiNT.  III,  (01.  Les  loups  suivant  la  trace  hurleni 
Ton  ombre  par  les  bois,  bons.  4(3.  Tellement  la  dou- 
leur la  ferut.  Que  par  les  champs  hurlante  elle  cou- 
rut, id.  635. 

—  ÉTYM.  Picard,  heuter;  wallon,  hoûler;  norm. 
hûler,  heuler;  Berry,  ûter,  hiler,  io&ler;  provcnc. 
ul\dar,ullular,  udoior;  catal.  udo/ar;  espagn.  et 
liortiig.  ulular  ;  ilal.  uiuJare,  uloiare,  uriar;  du 
latin  ululare;  comparez  o>.i>i<iX,iù ,  crier,  sanscrit 
uiuUs,  hurlement,  ulûka,  hibou  ;  le  radical  est  ul, 
onomatopéique,  redoublé  pour  renforcer  l'onoma- 
topée. La  forme  ancienne  et  correcte  est  uller, 
ou,  avec  prosthèse  d'une  h,  huiler  ;  l'r  dans  hurler 
est  une  corruption. 

I  HURLERIE  (hur-le-iie),  s.  f.  Cria  comparés  à 
des  hurlements. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Remplir  l'air  de  ses  crieries.  De 
ses  bruyantes  hurleries,  Dial.  de  Tahureau,p.  I08, 
dansLAcuRNE. 

t  IICRLECR  ,  ECSE  (hur-leur,  leû-z'),  s.  m.  etf. 
Il  1°  Celui,  celle  qui  hurle,  qui  pousse  des  cris  de 
colère,  de  passion ,  etc.  Je  prêchais  toujours  mes 
hurleurs,  qui  criaient  :  Mort  aux  Jacobins,  P.  L. 
COUR.  Lett.  I,  68.  Il  2'  Terme  de  zoologie.  Se  dit 
d'un  animal  dont  le  cri  ressemble  à  un  hurlement. 
Ils  [les  ouarines]  ne  sont  pas  féroces,  mais  ils  cau- 
sent de  l'épouvante  par  leurs  cris  réitérés  et  presque 
continuels,  qu'on  entend  de  fort  loin  et  qui  leui 
ont  fait  donner  le  nom  de  hurleurs,  buff.  Quadrup. 
t.  XII,  p.  130.  Il  Hurleur  ourson,  hurleur  noir,  etc. 
le  mycétès  noir,  le  mycétès  caraya,  etc.  singes 
de  l'Amérique. 

—  ÉTYM.  Hurler. 

HURLUBERLU  (hur-lu-bèr-lu),  s.  m.  Celui  qui 
est  inconsidéré,  brusque,  étourdi.  C'est  un  hurlu- 
berlu. Il  II  se  dit  aussi  des  femm'cs.  Mademoiselle 
[fille  du  frère  de  Louis  XIII],  grand  hurluberlu, 
qui  se  trouvait  partout  avec  son  imagination,  écri- 
vit à  Rancé  el  lui  demanda  quelques  religieux, 
CHATEAUB.  Vie  de  Rancé,  i"  édit.  Paris,  4844, 
p.  i«7. 

—  REM.  1.  Mme  de  Sévigné  a  dit  hurlubrelu,  et 
appliqué  ce  mot  aune  sorte  de  coiffure  de  femme: 
Elle  est  coiffée  hurlubrelu;  cette  coiffure  est  faite 
pour  elle,  Lett.  du  20  mai  (072.  Les  coiffures  hurlu- 
brelu m'ont  fort  diverties,  il  y  en  a  que  l'on  vou- 
drait souffleter,  ib.  ("avril  (07(.||2.Ondit,  à  tort, 
dans  le  peuple  :  hustuberlu. 

—  HIST.  XVI'  s.  Car  je  vous  jure,  mon  grand  hur- 
luberlu, que  si....  bab.  Panl.  v.  Prologue 

—  iJTVM.  Origine  inconnue.  Ri chclet  prétend  qu'il 
vient  de  l'allemand,  mais  sans  dire  de  quel  mot. 
C'est  peut-être  un  mot  de  fantaisie,  comme  four- 
lourou  pour  petit  soldat  qui  fait  le  beau. 

f  HURLUPÉ,  ËE  (hur-lu-pé,  pée),  adj.  Hérissé, 
ébouriffé.  Enfin  dès  six  heures  du  matin  tout  est  en 
l'air,  coiffure  hurlupée,  poudrée,  frisée,  sév.  35G. 
Tout  cela  fait  une  petite  tête  de  chou  ronde,  sans 
nulle  chose  nar  les  côtés  ;  toute  la  tête  nue  et  hur- 
lupée, ID.  (8  mars  (67). 

—  ÉTVM.  Ce  mot  paraît  être  une  altération  de 
l'ancien  mot  hurepé,  qui  signifiait  hcris.sé,  et  dans 
lequel  entrait  probablement  le  mot  hure,  au  sens  de 
poil  de  la  tête. 

t  (•  UURON,  ONNE  (hur-on,  o-n'),  s.  m.  et  f. 
Il  1°  Homme,  femme  appartenant  à  une  nation  de 
sauvages,  autrefois  nombreuse  et  puiss;inte,  éta- 
blie au  nord  du  lac  Huron,  dans  l'Amérique  du 
nord.  Il  Fig.  Un  Huron,  un  homme  grossier.  C'est 
un  vrai  Huron.  Voyez  ce  portier  inflexible.  Oui, 
payé  pour  être  terrible.  Et  muni  d'un  cœur  de 
Huron...,  gheeset,  Us  Ombre.?.  ||  2»  Le  huron,  la 
langue  des  Hurons.  Le  huron  est  sans  labiales;  on 
le  parle  du  gosier,  et  presque  toutes  les  syllabes 
sont  aspirées. 

f  2.  HURON  (hu-ron),  s.  m.  Ancien  nom  des 
hommes  qui  étaient  chargés  de  miner,  dans  les 
sièges.  Il  Nom  que  l'on  a  donné  aux  paysans  qui 
firent  la  Jacquerie. 

—  HIST.  xiV  s.  Comme  Allâmes  de  Maresquiel 
fust  détenus  prisonniers,  pour  le  souppechon  de 
avoir  esté  en  l'ost  et  bataille  des  hurons  nommez 
jaques  bonzhommes,  à  rencontre  îles  nobles,  on 
cange,  Jaquci. 

—  ETVM.  Huron  est  le  nom  du  furet  en  ispagiiol; 
et  le  français  huron  parait  être  le  même  mot  (voy. 
furet). 

t  HCRRA  et  HURRAH,  voy.  bouiiha. 
HUSSARD  (hu-sar;  \f  d  ne  se  lie  pas:  au  pluriel, 


HUT 

l's'  nese  lie  pas  :  dos  hu-sar  inlrépidos;  cepondant 
<]uol<|ues-un3  la  lient  :  des  hu-sar-z  intrépides),  s. 
m.  Il  i'  Cavalier  hongrois.  ||  En  Pologne,  nom  donnô 
(lopuis  Etienne  Balhori  à  Oes  escadrons  de  gentils- 
hommes, revêtus  d'uneannure  complète,  et  suivis, 
comme  nos  gendarmes  du  moyen  âge,  de  plusieurs 
serviteurs  gentilshommes  eux-mêmes.  ||  2°  Aujour- 
d'hui, soldat  de  cavalerie  légère  dont  l'uniforme 
ressemble  à  colui  de  la  cavalerie  hongroise.  Plu- 
sieurs des  meilleurs  hussards  du  8',  engagés  sans 
()tre  soutenus  dans  un  bois,  venaient  d'y  périr  sous 
les  efforts  de  la  garde  russe,  séghr,  Ilist.  de  Nap. 
IV,  2. '....le  hussard  rapide,  Parant  de  gerbes  d'or 
sa  poitrine  intrépide,  v.  hugo,  Odes,  v,  9.  |1  Hus- 
sards de  la  mort,  hussards  noirs,  nom  de  régi- 
ments de  hussards  dans  l'armée  prussienne.  Le  zèle 
des  hussards  noirs  et  des  dragons  prussiens  parut 
redoubler;  le?  liussards  russes  furent  sabrés  et  cul- 
butés dans  Kclm,  ségdr,  Jlist.  detiap.  xii,  8.  ||  Kig. 
Les  hussards,  comme  les  dragons  et  les  grenadiers, 
sont  souvent  donnés  comme  le  type  des  mœurs  ou 
du  langage  militaires  et  du  sans-gêne  ou  même  de 
la  grossièreté  qu'ils  comportent.  Mettez  ici  de  côlé 
tous  ces  propos  de  hussard.  || Hussard  en  jupon, 
une  r=mme  qui  affecte  une  tenue  ou  des  goûts  mi- 
lilaircs.  Vous  vous  figurez  que  je  suis  une  espèce 
de  hussard  en  jupon,  en.  de  Bernard,  la  Peau  du 
lion,  S  0.  Il  2°  Couper  les  crins  des  chevaux  à  la  hus- 
sarde, les  laisser  depuis  le  bas  de  l'encolure  jusqu'à 
la  moitié,  et  couper  le  reste  jusqu'à  la  tête.  ||  'Vivre 
à  la  hussarde,  vivre  de  pillage.  ||  3°  Fig.  À  la  hus- 
sarde, à  la  housarde,  à  la  façon  des  hussards,  sans 
retenue.  Le  curé  ayant  appris  que  j'avais  une  femme 
jeune  et  jolie  fit  là-dessus  des  commentaires  à  la 
housarde,  p.  l.  cour.  Lelt.  ii,  100. 
'  —  KEM.  On  dit  aussi  quelquefois  housard  et,  plus 
rarement,  lioussard.  Jelui  pardonne  cette  opération 
rie  housard,  s'il  ne  nous  prend  pas  tout  le  reste, 
voi.T.  ietl.  duc  de  Richelieu,  2U  jaiWet.  I77i.  Avant 
lui  [Louis  XIV]  on  ne  connaissait  les  houssards  que 
chez  les  ennemis,  in.  Louis  XIV,  29.  L'habillement 
de  houssard  [qu'on  donnait  souvent  aux  enfants  dans 
le  xvni"  s.],  loin  de  remédier  à  cet  inconvénient 
[la  stagnation  des  humeurs  par  compression],  l'aug- 
mente, et,  pour  sauver  aux  enfants  quelques  ligatures, 
les  presse  par  tout  le  corps,  J.  3.  Rouss.  Ém.  ii. 

— ÉT'ïM.  AUem.  Ilusar  ;  du  hongrois  hus::ar,  le 
vingtième,  de  husz,  vingt,  parce  que,  dans  les 
guerres  contre  les  Turcs,  chaque  village  devait  four- 
nir, sur  vingt  hommes,  un  homme  équipé. 

t  HUSSARDE  (h4i-sar-d'),  s.  f.  Espèce  de  danse 
d'origine  hongroise. 

—  f.TVM.  Hussard. 
t  HCSSITE  (hu-ssi-f),  s.  m.  Membre  d'une  secte 

fondée  par  Jean  Hus,  qui  renouvela  les  doctrines 
des  Vaudois.  Viclef  était  le  grand  docteur  de  Jean 
Hus,  aussi  bien  que  de  tout  le  parti  des  hussites, 
BOss.  Var.  XI,  IC4. 

f  UCSTINGS  (hu-stingh'),s.  m.  pi.  En  Angleterre, 
estrade  d'où  les  candidats  à  la  chambre  des  com- 
munes font  leur  profession  de  foi  ;  et,  par  e.xten- 
sion,  assemblée  électorale  tumultueuse  et  en  plein 
air  dans  laquelle  les  candidats  viennent  haranguer 
les  électeurs. 

—  ÉTYM.  Angl.  hustings,de  l'anglo-sax.  hustinge, 
palais  de  justice. 

f  UUTIN  (hu-tin),  adj.  m.  Vieux  mot  qui  signi- 
fiait entêtéj_^opiniâtre,  et  qui  ne  s'est  conservé  que 
comme  surnom  d'un  roi  de  France  :  Louis  X,  dit 
Louis  le  Hutin. 

—  ÈTVM.  "Wallon,  hustiner,  maltraiter;  anc. 
franc,  huslin,  querelle  ;  mots  que  Grandgagnage 
rattache  au  flamand  hutselen,  secouer,  tirailler. 

t  HUTINET  (hu-ti-né),  s.  m.  Petit  maillet  de  ton- 
nelier. 

HUTTE  (hu-f),  s.  f.  Petite  cabane  faite  de  bois, 
de  terre,  de  paille,  etc.  La  hutte  d'un  sauvage.  Il 
n'y  avait  pas  [à  Moscou]  une  seule  maison  de  pierre; 
leurs  huttes  de  bois  étaient  faites  de  troncs  d'arbres 
«induits  de  mousse,  volt.  Mœurs,  <(9.  ||  Terme  de 
ichasse.  Loge  ambulante  dans  laquelle  l'oiseleur  se 
icache  pour  la  pipée. 

IIIST.  xvi«  s.  Il  me  prend  si  grande  frayeur.... 
je  me  mets  à  hutte  [je  m'enfuis]  plus  viste  que  le 
■vent,  d'aub.  Fœn.  ii,   )0.  Venir  de  la  maison  aux 

|lllUttes,  COTGRAVE. 

—  ÉTYM.  Wallon,  houle;  du  germanique  :  anc. 
allem.  hutta;  allem.    UiUte;  dan.  hylte;  suéd. 

dda;  angl.    hut;  ces  mots  tiennent  au  gothique 
]hjo,  chambre,  lequel,  conformément  à  la  loi  de 
mm,  est  de  même  racine  que  le  sanscrit  ci,  grec 
:(jiai,  latin  cuhare  .-c'est la  chambre  à  coucher. 
Butte,  ÉE  (hu-té,  4e),  pnrt.  passi  de   butter. 


HYA 

Logé  dans  une  hutte.  Ce  qu'il  y  avait  d'habitants 
[dans  le  Palatinat]  étaient  huttes  sous  ses  ruines 
ou  demeuraient  dans  les  caves,  st-sim.  22,  262. 

UUTTEK  (SE)  (hu-té),  v.  r(!/I.||  1»  Faire  une  hutte 
pour  se  loger.  Les  troupes  se  buttèrent.  ||  Aujour- 
d'hui, en  parlant  de  soldats,  on  dit  plus  ordinaire- 
ment :  se  baraquer.  ||  2°  V.  a.  Ancien  terme  do 
marine.  Hutler  les  vergues,  les  amener  jusqu'à  la 
moitié  du  mât  et  les  mettre  en  croix,  afin  que  les 
voiles  prennent  moins  de  vent. 

—  HIST.  xvi'  s.  .Sur  le  haut  de  votre  colline  vous 
estiez  fort  commodément  hutte  près  de  vos  deux 
pièces,  sully,  Mém.  t.  u,  p.  î42,  dansLACURNE. 

—  ÉTYM.  Hutte. 

t  UUTTEUR  (hu-teur),  s.  m.  Terme  de  chasse. 
Celui  qui  chasse  à  la  hutte. 

HYACINTHE  (i-a-sin-t),  s.  m.  ||  1'  Plante  bul- 
beuse, voy.  JACINTHE.  Et  le  sang  d'Adonis  et  la 
blanche  hyacinthe,  a.  ciién.  Fragm.  d'un  poëme 
sur  l'art  d'aimer.  \\  2°  Pierre  précieuse  d'un  jaune 
tirant  sur  le  rouge.  {|  Terme  de  joaillier.  Se  dit  de 
variétés  de  topaze  ou  de  grenat,  quelquefois  même 
de  quartz  d'une  couleur  jaune  de  miel.  ||  Terme  de 
pharmacie.  Confection  d'hyacinthe,  préparation  qui 
contenait  de  l'hyacinthe,  du  safran,  des  substances 
absorbantes  et  des  substances  excitantes  ;  aujour- 
d'hui cette  confection  ne  contient  plus  d'hyacinthe, 
qui  est  complètement  inerte.jl  Adj.  Oui  est  d'un 
bleu  tirant  sur  le  violet.  La  couleur  hyacinthe. 
j]  3°  Terme  d'antiquité.  Étoffe  couleur  de  cette 
pierre.  De  l'hyacinthe,  de  la  pourpre,  de  l'écarlate 
teinte  deux  fois,  saci.  Bible,  Éxode,  xxv,  4.  Ils  en- 
velopperont aussi  l'autel  d'or  d'un  drap  d'hyacinthe, 
ils  étendront  par-dessus  une  couverture  de  peaux 
violettes,  w.  ib.  Nomb.  iv,  H. 

—  HIST.  XVI'  s.  Des  confections  d'alkermès  et  de 
hyacinthe,  o.  de  skrres,  887.  Le  rubi,  l'esmeraude, 
la  jacinthe,  le  saphir,  le  grenat,  in.  945. 

—  ÉTYM.  Tâxtvôo;,  nom  d'un  personnage  mytho- 
logique tué  par  Apollon  et  transformé  par  lui  en 
fleur.  Le  nom  de  la  fleur  a  passé  à  la  pierre. 

t  H'ï'AClNTUIiNE  (i-a-sin-ti-n'),  s.  f.  Espèce  de 
pierre.  • 

HYADES  (i-a-d') ,  s.  f.  pi.  ||  1°  Terme  de  mytho- 
logie. Filles  d'Atlas  qui  pleurèrent  tant  leur  frère 
Hyas,que  Jupiter  les  transporta  au  ciel  et  les  chan- 
gea en  astres.  ||  2°  Terme  d'astronomie.  Constella- 
tion de  sept  étoiles  à  la  tête  du  Taureau  et  dont  les 
anciens  croyaient  que  le  lever  et  le  coucher  étaient 
toujours  accompagnés  de  pluie.  Les  sombres,  les 
tristes  Hyades.  Cérès  s'enfuit  éplorée  De  voir  en 
proie  à  Borée  Ses  guérets  d'épis  chargés;  Et  sous  les 
urnes  fangeuses  Des  Hyades  orageuses  Tous  ses  tré- 
sors submergés,  doil.  Ode  sur  la  prise  de  Namur. 
Il  Depuis  longtemps  ces  locutions  ont  cessé  d'être  en 
rapport  avec  l'état  du  ciel  :  les  hyades  se  lèvent  et 
se  couchent  aujourd'hui  en  d'autres  saisons  qu'alors. 

—  ÉTYM.  'tâôe;,  de  ûeiv,  pleuvoir. 

t  HYALE  (i-a-r),s.  f.  Terme  de  conchyliologie. 
Genre  de  mollusques  de  la  famille  des  ptéropodes, 
qui  ont  une  coquille  cachée  par  le  manteau. 

t  HYALIN,  INE  (i-a-lin,  li-n'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Oui  a  l'apparence  ou  la  diaphanéité  du  verre. 
Quartz  hyalin,  le  cristal  de  roche. 

—  ÉTVM.  TaX&ç,  verre. 
tHYALITE(i-a-li-t'),ï.  /".Terme  de  minéralogie. 

Variété  de  quartz  qui  ressemble  à  du  verre. 

—  ÉTYM.  TaXoî,  verre,  et  la  finale  ite  qui  désigne 
une  substance. 

t  HYALOGRAPHE  (i-a-lo-gra-f),  s.  m.  Instru- 
ment propre  à  dessiner  la  perspective  et  à  donner 
des  épreuves  d'un  dessin. 

t  HYALOGRAPUIE  (i-a-lo-gra-Qe),  s.f.  Art  de  se 
servir  de  l'hyalographe.  ||  Peinture  à  l'aide  ou  au 
travers  d'un  carreau  de  vitre. 

ÉTYM.  'ToXoc,  verre,  et  -fpàçeiv,  dessiner. 

f  HYALOÏDE(i-a-lo-i-d'),  adj.  Terme  didactique. 
Oui  ressemble  a  du  verre;  vitré.  ||  Terme  d'anato- 
mie.  Substance  ou  humeur  hyaloide  ou,  simple- 
ment, l'hyaloide,  l'humeur  vitrée  de  l'œil. 

—  ÉTYM.  "Xaloc,  verre,  et  eIîoç,  forme. 

t  HYALOÏDIEN,  ENNE  (i-a-lo-i-diin.  diè-n'), 
adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  apparUent  à  1  hyaloide 
ou  humeur  vitrée. 

f  HYALOSOME  (i-a-lo-so-m') ,  od;.  Terme  de  zoo- 
logie. Dont  le  corps  est  trans'ucide  comme  du 
verre. 

ÉTYM.  "YaXoi,  verre,  et  aCni.a,  corps. 

t  HYALOTECUNIE  (i-a-lo-tè-knie),  s. /".  Art  de 
travailler  le  verre. 

—  ÉTYM.  "1"œ).')i;,  verre,  et  Te-/vri,  art. 

■j-  UYALOTECHNIQUE  (i-a-lo-tè-kni-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  ii  l'hyalotechnie. 


HYD 


2060 


t  HYALURGIE  (i-a-lur-jie) ,  t.  f.  Terme  didac- 
tique. Art  de  fabriquer  le  verre. 

—  ÉTYM.  "VaXoi;,  verre,  et  l'.yoi,  travail. 

t  HVBRinATlON  (ibri-da-.sion),  j.  f.  TormB 
d'histoire  naturelle.  Production  de  plantes,  d'ani- 
maux hybrides.  Tandis  que  plusieurs  ont  pensé  que 
l'hybridation  ne  pouvait  donner  i,ais.sance  à  de» 
formes  permanentes,  quelques-uns  ont  admis  qu'un 
hybride,  agissant  par  son  pollen  sur  son  propre  pis- 
til, peut  produire  d-is  plantes  qui  lui  rcs.scmblent  par 
tous  le»  caractères  essentiels  pendant  une  série 
peut-être  indéfinie  de  générations,  biancuarij, 
Acad.  des  se.  Comptes  rendus,  p.  lv,  p.  954. 

HYBRIDE  (i  bri-d'),odj.  ||  1°  Terme  d'antiquité. 
On  appelait  hybrides  les  enfants  d'un  père  étranger 
ou  d'une  mère  étrangère,  dideh.  Claude  et  Nér.  i,  ). 
n  2"  Terme  de  physiologie.  Qui  provient  de  deux 
espèces  différentes.  ||  Plantes  hybrides,  plante» dont 
la  graine  provient  d'un  végétal  qui,  au  lieu  d'être 
fécondé  par  sa  propre  espèce,  l'a  été  par  une  autre. 
Il  Animal  hybride,  animal  né  de  deux  animaux  de 
<lifférentes espèces,  comme  lemulet.  ||  S.  m.llarrivo 
ordinairement  que  les  hybrides  ne  donnent  pas  de 
graines  fertiles.  Chez  les  animaux,  il  est  rare  que 
les  hybrides  se  reproduisent.  ||  3°  Terme  de  gram- 
maire. Mots  hybrides,  mots  composés  d'éléments 
provenant  de  langues  différentes.  Minéralogie  est 
hybride,  composé  de  minéral,  mot  français,  et 
XoYo;,  mot  grec. 

—  ÉTYM.Lat. /i!/bn'daeti6rtdo;dugrecû65i(;,Tiol. 
t  HYBKIDISME  (i-bri-di-sm') ,  s.  m.  Synonyme 

d'hybridité. 

t  UYBRIDITIÎ  (i-bri-di-té) ,  s.  {.  \\  V  Terme  d'his- 
toire naturelle.  Condition  d'un  être  organisé, 
plante  ou  animal,  qui  est  le  produit  de  deux  es- 
pèces di.fférentes.  ||  Fig.  U  y  a  plutôt  combinaison 
que  mélange  dans  les  cas  d'hybridité  entre  des  races 
Hâtivement  distinctes,  cournot,  De  l'enchaînement 
de  nos  connais,  t.  ii,  p.  43.  La  même  échelle  moné- 
taire a  été  portée  par  ies  Normands  en  Angleterre, 
où  elle  s'est  associée  aux  noms  saxons  de  pound, 
de  schilling  et  de  penny,  comme  pour  mieux  consta- 
ter l'hybridité  du  nouveau  type  produit  par  la  con- 
quête, ID.  Princ.  de  la  théor.  des  richesses,  n'  (03. 
Il  2°  Terme  de  grammaire.  Qualité  d'un  mot 
formé  d'éléments  empruntés  à  deux  langues. 

—  ÉTYM.  Hybride. 

t  UYDARTHRE  (i-dar-tr) ,  s.  m.  ou  HYDAR- 
TIIROSE  (i-dar-trô-2'),  s.  f.  Terme  de  chirurgie. 
Hydropisie  articulaire. 

—  ÉTYM.  TSMp,  eau,  et  âpOpov,  articulation. 

t  HYDATIDE  (i-da-ti-d') ,  s.  f.  ||  1"  Terme  de  pa- 
thologie. Nom  donné  d'abord  à  une  petite  tumeur 
enkystée  de  la  paupière  supérieure,  puis  à  toutes 
les  tumeurs  enkystées  qui  contiennent  un  liquide 
aqueux  et  transparent.  Il  2'  Sorte  de  parasites  ca- 
ractérisés par  des  vésicules  libres  de  toutes  parts, 
vivant  d'une  vie  propre,  et  renfermant  ou  ne  ren- 
fermant pas  un  animal. 

—  ÉTYM.  TôtxTii;,  vessie  pleine  d'eau,  deûîwp, 
uôaTO!;,  eau. 

t  UYDATIDIN  (i-da-ti-din),  ».  m.  Terme  de  chi- 
mie. Substance  organique  trouvée  dans  les  h  ydatides. 

f  HYDATIDIQUE  (i-da-ti-di-k') ,  adj.  Synonyme 
J'hydatique. 

—  ÉTYM.  Hydatide. 

t  HYDATIDOCËLE  (i-dati-do-sè-l'),  s. /■.  Terme 
de  médecine.  Tumeur  contenant  des  hydatides. 

—  ÉTYM.  Uydalide,  et  -/.Ti),r],  tumeur. 

f  HYDATIFORME  (i-dati-for-m'),  adj.  Qui  est 
en  forme  d'bydatide  ou  qui  en  a  la  transparence. 
Tumeur  hydati  forme. 

t  HYDATIGÈRE  (i-da-li-jc-r'),  s.  f.  Terme  de 
zoologie.  Synonyme  de  cysticerque. 

—  ÉTYM.  Hydatide,  et  le  lat.  yerere,  porter. 

t  HYDATINIEN,  ENNE  (i-da-ti-niin ,  niè-n'), 
adj.  Synonyme  d'hydatique. 

f  HYDATIQUE  (i-da-ti-k'),  adj.  Oui  appartient 
aux  hydatides.  Kyste  hydatique.  ||  Frémissement 
hydatique,  voy.  krémissemknt. 

UYDATISME  (i-da-ti-sm'),  s.  m.  Terme  de  mé- 
decine. Bruit  causé  par  la  Uactuation  d'un  liquida 
dans  une  cavité. 

—  ÉTYM.  TSup,  jSïtoç,  eau. 

t  UYDATOÏnE  (i-da-to-i-d'),  adj.  Terme  d'ana- 
tomie. Membrane  hydatoïde,  membrane  de  l'hu- 
meur aqueuse. 

ÉrYM.  "TSiop,  OSïTo;,  eau,  et  etSo;,  forme. 

f  HYDATOI.OGIE  (i-da-to-lo-jiej,  s.  f.  Synonyme 
d'hydrologie. 

—  ÉTYM.  "Tôtop,  ûôato?,  eau,  et  \6yoi,  doctrine. 
t  UYDATOSCOPIE   (i-dato-skg-pie),  s.  f.   PK- 

tendue  divination  au  moyeu  de  l'eau. 


2070 


HYP 


IIYÎ) 


IIYI) 


—  ÊTYM.  'rîup,  fiJottoc,  eau,  et  oxoitiTv,  exa- 
miner. 

t  HYDATULK  (i-da-tu-l'),  *.  f.  Synonyme  de 
cysticcrque. 

t  IIVOR....  ou  HVDRO....  préfixP,  du  grec  Oôp.... 
Équivalant  à  ûcwp,  eau  ;  comparez  le  latin  udnr,  \\\\- 
midité,  uduî,  humide;  sanscr.  wan.  Comparez  aussi 
le  sanscrit  an-uiira,  anhydre,  «nadnit,  unddmi, 
mouiller,  et  le  !al.  unda,  onde;  la  racine  est  iid, 
ou,  en  forme  plus  forte,  \ad,  qui  se  ratlaclic  alors 
au  gothique  xalo;  allem.  Wasser;  angl.  water,  eau. 

I  IIYDKACIDE  {i-dra-si-d'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Acide  qui  résulte  de  la  combinaison  d'un 
corps  simple  ou  composé  avec  l'hydrogène. 

—  ÉTYM.  Hydr....,  ahrégé  de  hydrogène,  et 
acide. 

HYDRAGOGUE  (i-dra-go-gh') ,  adj.  Terme  de 
médecine.  Oui  a  la  propriété  d'évacuer  la  sérosité. 
Il  .S',  m.  Un  bon  hydragogue. 

—  mST.  XVI'  s.  Les  médicaments  hydragogues, 
c'est-à-dire  qui  vident  l'eau  tant  par  les  selles  que 
par  les  urines,  paré,  vi,  12. 

—  ÊTYM.  TôpaY wyèî ,  de  OSp....  eau,  et  âysiv, 
chasser. 

t  HYDRALCOOL  (i-dral-ko-ol) ,  s.  m.  Alcool  à 
22  degrés  centésimaux,  ou  contenant  moitié  envi- 
ron de  son  volume  d'eau,  appelé  vulgairement  eau- 
de-vie. 

—  ETYM.  Ilijdr...,  et  alcool. 

t  nVDRALI.ANTE  (l-dral-lan-f),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Hydropisie  de  l'allantoïde. 

—  F.TYM.  Hydr....,  et  allantoide. 

t  HYDRASIMOS  (i-dra-mni  os')  ,  s.  m.  Terme 
de  médecine.  Variété  d'hydropisie  utérine,  carac- 
térisée par  l'abondance  dos  eaux  de  l'amnios. 

—  ETYM.  Ilydr....,  et  amnios. 
tHYDRAN'GfÎES   (i-dran-jée),  s.   ^.pt.  Terme  de 

botanique  Genre  de  la  famille  des  sasifragées,  se 
compo-sant  d'arbrisseaux  élégants,  originaires  de 
l'Amérique  septentrionale ,  du  Japon ,  etc.  L'hor- 
tensia est  une  hydrangée. 

—  ETYiM.  Hydr....,  et  âyyo;,  vaisseau. 

t  HYDRARGYRE  (i-drar-ji  r') ,  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Ancien  nom  du  mercure. 

—  ftTYM.  'rSpâpirupo;  ,  de  03p....  eau  ,  et  âp- 
yupog,  arpent  :  argent  liquide. 

t  DYDRARGYRinES  (i-drar-ji-ri-d'),ï.  m.  pi.  Fa- 
mille de  corps  dont  l'hydrargyrc  ou  mercure  est  le 
type. 

—  ÉTYM.  Ilydrargyre,  et  ewoi;,  forme. 

t  IIYDRARGYRIE  (i-drar-ji-rie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Éruption  cutanée  produite  par  l'admi- 
nistration des  préparations  mercurielles,  et  carac- 
térisée par  de  petites  vésicules. 

—  f.TY.'d.  Ilydrargyre. 

t  HVDRARGYRiQUE  (i-drar-ji-ri-k'),  adj.  Oui 
appartient  ou  se  rapporte  à  l'hydrargyre  ou  mer- 
cure. Il  Oui  appartient  à  l'hydrargyrie.  Accidents 
hydrargvriques. 

t  HYDRARGYRO-CYANATE  (  i-drar-ji-ro-si-a- 
na-t'),  s.  m.  Terme  de  chimie.  Sel  produit  par  la 
combinaison  de  l'acide  hydrargyro-cyani(|ue  avec 
une  base. 

t  HYORARGYRO-CYANIQUE  (i-drar-ji-ro-si-a- 
ni-k'),  adj.  m.  Terme  de  chimie.  Acide  hydrargj-ro- 
cyanique,  acide  produit  par  la  combinaison  du  cya- 
nure de  mercure  avec  l'hydrogène. 

—  ÉTYM.  Ilydrargiire,  et  cyanique. 

t  IIYDRARGVRO-PNEUMATIQUE  (i-drar-ji-ro- 
pneu-ma-ti-k'  ) ,  adj.  Cuve  hydrargyro-pneuma- 
tique,  cuve  pleine  de  mercure,  dans  laquelle  est 
disposée,  au-dessous  de  la  surface  du  métal,  une 
tablette  propre  à  soutenir  des  cloches  sous  les- 
quelles on  fait  passer,  à  l'aide  d'un  tube  conduc- 
teur, les  gaz  que  l'on  veut  recueillir. 

—  ÉTYM.  Ilydrargyre,  et  pneumatique. 

t  IIYPRAROYROSE  (i-drar-ji-rô-z'),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Friction  mercurielle. 

—  ÉTYM.  Ilydrargyre. 

t  HYDRARGYRURE  (i-drar-ji-ru-r'), ,?.  m.  Terme 
de  chimie.  Amalgame  de  mercure  avec  un  autre 
métal . 

—  ÉTYM.  Ihidrargyre. 

t  HYDRATABLE   (i-dra-ta-W),  adj.  Terme  de 
himie.   Oui   est   susceptible   de   se  convertir  en 
hydrate,  de  se  combiner  avec  l'eau  en  proportions 
défines.  .  t     i 

t  HYDRATATION  (i-dra-to-sion),  s.  f  Terme  de 
chimie.  Conversion  en  hydrate. 

U'irORATR  (i-dra-f),  i.  m.  Terme  do  chimie. 
Combinaison  d'un  oxyde  métallique  et  d'eau,  dans 
laquelle  cette  dernière  joue  le  rôlo  d'acide,  par 
exemple  l'hydrate  do  chaux  qui  est  la  .baux  éteinte 


ou  d'un  acide  i-t  d'eau,  dans  laquelle  celle-ci  joue 
le  r'''le  de  b.ase  (définition  de  Borzelius). 

—  ÉTYM.  Ili/dr.... 

HYDRATfi,  ÉE  (i-dra-té,  léc),  part,  patsé  d'hy- 
drater. Oui  contient  de  l'eau  à  l'état  de  combi- 
naison. Il  Acide  hydraté,  se  dit  souvent  d'un  acide 
contenant  de  l'eau  qui  n'est  pas  combinée. 

j  HYDRATER  (S')  (i-dra-té),  t'.  ri^/î.  Terme  de 
chimie.  Prendre  le  caractère  des  hydrates. 

—  ÉTY.M.  Hydrate. 

t  UYDRAriQUE  (i-dra-ti-k'),  adj.  Terme  de  chi- 
mie. Oui  a  quelques-uns  des  caractères  des  hy- 
drates. Il  Ether  bydratique,  nom  qu'on  .a  proposé 
pour  l'éllier  sulfurique. 

—  ÉTYM.  Hydrate. 

t  HYDRAULICIEN  (i-drô-li-siin),  s.  m.  Ingé- 
nieur qui  s'occupe  de  l'hvdraulique. 

t  HYDRAUI.ICITÉ  (i-drô-li-si-té),  i.  f.  Oualilé  des 
mortiers  hydrauliques.  L'hydraulicité  des  ciments. 

t  HYDRAULICO-PNEUMATIOLE  (  i-drfl-li-ko- 
pneu-ma-ti-k'),  adj.  Oui  élève  l'eau  par  le  moyen 
de  l'air. 

—  ÉTYM.  Hydraulique,  et  pneumatique. 
UYDRAULl'oUE  (i-drô-li-k'),  adj.  ||  f  Qui   se 

meut,  joue  par  de  l'eau  conduite  en  des  tuyaux. 
Orgue  hydraulique.  ||  2°  Oni  a  rapport  aux  mouve- 
ments de  l'eau  dans  des  tuyaux  et,  en  général,  aux 
mouvements  quelconques  des  liquides.  Travaux  hy- 
drauliques. Il  Architecture  hydraulique,  celle  qui 
a  pour  objet  les  constructions  dans  l'eau  ou  le  mou- 
vement des  eaux.  ||  Machine  hydraulique,  machine 
qui  élève  l'eau.  ||  Presse  hydraulique,  presse  dans 
laquelle  la  pression  est  produite  par  de  l'eau. 
Il  Bélier  hydraulique,  voy.  biSi.if.r.  ||  Terme  d'archi- 
tecture. Colonne  liydraulique ,  colonne  du  haut  de 
laquelle  .sort  un  jet  auquel  le  chapiteau  sert  de 
coupe,  d'où  l'eau  retombe  autour  du  fût.  ||  Mortier 
hydraulique,  mortier  qui  a  la  propriété  de  durcir 
dans  l'eau.  ||  Cliaux  hydraulique,  silicate  de  ch?ux 
produit  par  la  calcination  ménagée  d'un  calcaire 
contenant  une  certaine  quantité  de  silice  très-di- 
visée;  cette  chaux  durcit  sous  l'eau  en  un  temps  plus 
ou  moins  long.  ||  3"  S.  f.  Science,  art  qui  enseigne 
il  conduire  et  à  élever  les  eaux.  Alors  il  était  fort 
question  de  conduire  des  eaux,  et  l'on  a  l'obliga- 
tion à  celles  de  Versailles  d'avoir  porté  à  un  haut 
point  la  science  du  nivellement  et  l'hydraulique, 
KONTEN.  la  Hire.  \\  V.n  général,  partie  de  la  physique 
qui  traite  de  tous  les  phénomènes  ayant  rapport 
aux  mouvements  des  liquides. 

—  ÉTYSi.  'rSpauXi?,  orgue  qui  marchait  par  le 
moyen  de  l'eau,  de  08p....  eau  (voy.  hydr....),  et 
oOXo;,  tuyau. 

HYDRE  (i-dr') ,  s.  f.  ||  1°  Terme  de  mythologie. 
Hydre  de  Lerne,  serpent  fabuleux  à  sept  têtes  et 
à  qui  elles  renaissaient  dès  qu'on  lui  en  avait 
coupé  une.  Vous  savez  que  les  flèches  d'Hercule, 
qui  tua  ce  perlidc  centaure  [Nessus],  avaient  été 
trempées  dans  le  sang  de  l'hydre  de  Lerne,  et  que 
ce  sang  empoisonnait  ces  llèches,  en  soi  te  que  toutes 
les  blessures  qu'elles  faisaient  étaient  incurables, 
FÉN.  Tel.  XV.  Ne  faudrait-il  pas  recommencer  tous 
les  jours  ?  —  Je  recommencerais.  —  Ce  serait  l'his- 
toire de  l'hydre  de  Lerne,  CH.  nK  bernahd,  la 
Chasse  aux  amants,  §  2.  ||  Fig.  Rome  a  pour  ma 
ruine  une  hydre  trop  fertile.  Une  tête  coupée  en 
fait  renaître  mille,  corn.  Cinna,  iv,  3.  Des  riens 
devenaient  des  hydres  dont  lui-même  [le  duc  d'Or- 
léans] se  trouvait  souvent  fort  embarrassé,  st-sim. 
436,  62.  11  faut  savoir  séduire,  Flatter  l'hydre 
du  peuple,  volt.  Uérnpe ,  i,  4.  Un  homme  de 
lettres,  pour  peu  qu'il  ait  de  réputation,  est  un 
Hercule  qui  combat  des  hydres;  prêtez-moi  votre 
massue,  j'ai  plus  de  courage  que  de  lorce,  m.  Lett. 
Damilaville ,  8  août  4  767.  Les  Français  combat- 
taient dans  les  alliés  une  hydre  toujours  renaissante, 
ID.  lj}xi.is  XIV,  46.  Au  lieu  de  couper  les  têtes  de 
l'hydre,  ils  se  bornent  à  lui  mordre  la  queue,  m. 
Lett.  Schouvalnf ,  3  déo.  (768.  Lorsque  Bossuet 
descendit  dans  la  carrière ,  la  victoire  ne  de- 
meura pas  longtemps  indécise,  l'hydre  de  l'hérésie 
fut  de  nouveau  terrassée,  chateaub.  Gén.  i,  i,  t. 
Il  L'hydre  de  l'anarchie,  les  factions  et  les  doc- 
trines, considérées  comme  multiples  et  renais- 
santes, qui  menacent  l'ordre  établi.  ||  2"  Terme  de 
blason.  Se  dit  quelquefois  d'une  coulemTe  ou  d'un 
serpent  d'eau  à  sept  têtes.  )i  3°  Terme  d'astronomie. 
Constellations  australes  .  l'Hydre  mâle  ou  Serpent 
austral,  et  l'Hydre  femelle  ou  Couleuvre.  ||  4"  ferme 
de  zoologie.  Genre  de  reptiles  ophidiens  correspon- 
dant présentement  à  une  section  des  hydrophides, 
ou  serpents  d'eau.  ||  6"  Genre  de  polypes,  où  l'on 
distingue  l'hydre  verte  de  Lmné.  Une  hydre  est  un 


composé  rie  plusieurs  personnes  sur  un  tronc 
commun ,  bonnet,  Cnnsidér.  corps  org.  OExw.  t.  v:, 
p.  109,  dans  pouGENS.  ||  6°  Terme  de  bfrtinique. 
Plante  du  genre  comifle  {ceratophyllum  demer- 
tum,  L.)  (ceratophyllées).  ||7"  Hydre  hydraulique, 
machine  qui,  au  moyen  d'un  puiu  ou  d'une  petite 
source,  procure  une  chute  d'eau  assez  considérable 
pour  être  utilisée.  ||  8"  Terme  d'alchimie.  L'hydn» 
des  sages  ou  pierre  des  sages,  la  pierre  pbilosophale 

—  IiEM.  Ouelques  auteurs  ont  fait  hydre  mas- 
culin :  11  avait  fait  un  fort  ample  recueil  De  tous 
les  tours  que  le  sexe  sait  faire;  Pauvre  ignorant! 
comme  si  cette  affaire  N'était  un  hydre,  à  parler 
franchement,  la  font.  On  ne  s'avise....  La  voix  de 
l'intérêt,  de  la  raison  et  de  l'équité  prévalut  sur  1"$ 
cent  bouches  et  les  cent  mains  de  l'hydre  fiscal, 
RAYNAi.,  Hist.  phil.  xviu,  37.  [ô  duchesse  de  Benyj 
L'hydre  des  factions  qui,  sorti  des  ténèbres,  A  mar- 
qué pour  ta  sœur  tant  d'époques  funèbres,  Te  fait 
aussi  ton  jour  de  deuil,  v.  hugo.  Odes,  l,  7. 

—  ÉTYM.  "YcfO.  (voy.  HYDR....). 

t  UYDRÉLEON  (i-dré-lé-on),  s.  m.  Terme  île 
médecine.  Mélange  d'eau  et  d'huile. 

—  ÉTYM.  Hydr....,  et  Oatov,  huile. 

t  HYDRÉ.MIE  (i-dré-mie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Prédominance  du  plasma  sanguin  sur  les  glo-_ 
bules  du  sang. 

—  ÉTYM.  Hydr....,  et  al|ia,  sang. 
t  HYDRÉOLE  (i-dré-o  1'),  s.  f.  Terme  de  mé 

nique.  Machine  pour  faire  monter  de  l'eau  aun" 
sus  de  son  niveau  au  moyen  d'une  combinais 
d'air  et  d'eau. 

—  ÉTYM.  Hydr....,  et  Éole,  roi  des  vents. 
t  HYDRIATRIE   (i-dri-a-trie),   s.   f.    Terme 

médecine.  Partie  de  la  thérapeutique  qui  s'occu 
de  l'emploi  des  eaux  douces,  salées  et  minérale 
en  bains,  douches,  boisson. 

—  ÉTYM  Hydr....,  et  taipeia,  médecine, 
t  HYDRIODATE,   liYDRIODIQUE ,  voy.  lODHT- 

ni\ATP.,  lODIIVORIOUE. 

t  HYDRIODURE  (i-dri-o-du-r'),  *.   m.    Combi- 
naison d'iode  qui  est  assimilée  aujourd'hui  à 
iodhydrate. 

t  ÏIYDRION  (i-dri-on),  *.  m.  Terme  d'antiquiti<1 
Nom  donné  par  les  Grecs  d'Egypte  au  vase  à  eau 
lustrale. 

—  ÉTYM.  'Tîpiov,  cruche,  de  ûîmo,  eau. 

f  IIYDRIOCE  (i-dri-k'),  adj.  Terme  de  chimie. 
Se  dit  des  composés  d'un  corps  simple  avec  l'hy- 
drogène. Oxyde  hydrique,  l'eau. 

—  ÉTm.  Hydr....  pour  hydrogène. 
t  HVDRO....  préfixe,  voy.  uydr.... 

f  HVDROAÉRIOOE  (i-dro-a-é-ri-k),  adj.  Terme 
do  médecine.  Qui  tient  de  l'eau  et  de  l'air.  ||  Bruit 
ou  son  hydroaérique,  celui  que  donnent,  à  la  per- 
cussion ou  à  l'auscultation,  des  cavités  dans  les- 
quelles se  trouvent  à  la  fois  de  l'air  et  un  liquiiie 
séreux  ou  muqueux. 

—  ÉTYM.  Hydrn....,  et  le  latin  oer,  air. 

f  HYDROARION  (i-<lro-a-ri-on) ,  ».  m.  Terme  de 
médecine.  Hydropisie  de  l'ovaire. 

— ET  VM./ii/dr....,  et  ùiipiov,  diminutif  de  wôv,eeuf. 

I  HYDROBASCULE  (i-dro-ba-sku-1') ,  s.  f.  Appa- 
reil pour  éviter  les  pertes  d'eau  occasionnées  par  le 
passage  des  bateaux  dans  les  écluses. 

—  ÉT'YM.  Hydro....,  et  bascule. 

t  HVDROBATRACIENS  (i-dro-ba-tra-.siin),  s.  m 
pi.  Terme  de  zoologie.  Famille  de  reptiles  batr.i- 
ciens,  comprenant  ceux  qui  vivent  habituellemt  i!t 
dans  l'eau  ou  dans  les  lieux  humides. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  batrarien. 

t  HYDROBIE  (i-dro-bie),  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Oui  vit  dans  l'eau. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  pîo;,  vie. 

t  HYDROBRA>'CHE  (i-dro-bran-ch'),  adj.  Terme 
do  zoologie.  Qui  a  des  branchies  propres  à  respire; 
l'eau. 

—  ÉTY^M.  Hydro....,  et  branchie. 

t  UYDROBRO.MATE  (i-dro-bro-ma-f)  ,  s.  vi. 
Terme  de  chimie.  Nom  génériiue  des  sels  produits 
par  la  combinaison  de  l'acide  hydrobromique  avec 
les  bases.  On  dit  aujouni'hui  bromhydrure. 

t  HYDROBROMIQUE  (i-dro-bro-mi- k'),  adj. 
Acide  bydrobromique,  acide  produit  par  la  combi- 
naison de  l'hydrogène  et  du  brome.  On  dit  aujour- 
d'hui bromhydrique. 

—  ÉTYM.  Hydrogène,  et  brome. 

t  HYDROCARBOXATE  (i^lro-kar-bo-na-l'),  ï.m 
Terme  de  minéralogie.  Carbonate  qui  contient  da 
l'eau  à  l'état  de  combinaison  chimique. 

—  ÉTYM.  Hydro...,  et  carbonate. 

t  HYDROCARBURE  (i-dro-kar-bu-r),  s.  m. Terme 
de  chimie.  Synonyme  d'hydrogène  carboné. 


HYD 

HYDROCei,K  (i-dro-sè-r),  s.  f.  Terme   de  chi- 

I  iirgie.  Tumeur  formée  par  un  amas  de  sérosité, 
soit  dans  le  lissu  cellulaire  du  scrotum,  soit  dans 
une  dos  enveloppes  du  testicule  ou  du  cordon  des 
vaisseaux  spermatiques. 

—  IIIST.  xvi's.  L'hydropisie  particulière osbourses 
est  nommée  hydrofcele,  paré,  vi,  (t. 

—  ÈTYM.'r8po7.r]),ï),dev5p....  eau, et  xr|),Tij  tumeur. 
HVDROCÉPUALE(i-dra-sé-fa-l'),  s.  f.  |]  1°  Terme 

lie  médecine.  Hydropisie  de  la  tête.  |]  2°  Adj.  Qui 
est  affecté  d'une  hydrocéphale.  Un  enfant  hydrocé- 
phale. Il  Substantivement.  Uu  hydrocéphale. 

—  IIIST.  XVI*  s.  Trépaner  afin  de  vaiiler  le  sang 
tombé  sur  les  méninges,  ou  quelques  aqiîosités,  ou 
hydrocéphales,  PARÉ,  Introd.  2. 

—  ÉTYM.  TSpoxiçaXoç,  de  ùSp....  eau,  et  xeçoXr,, 
iête. 

t  HYDROCÉRAME  (i-dro-sé-ra-m'),  s.  m.  Sorte 
de  poterie  poreuse,  qui  sert  à  se  procurer  de  l'eau 
fraîche  en  été. 

—  f.TY!».  Wî/dro...,  et  xéoot(ioç,  poterie. 

t  HYDROCÉRAMIQUE  (i-dro-sé-ra-mi-k'),  adj. 
Qui  est  du  genre  de  l'hydrocérame.  Poterie  hy- 
drocéramique. 

t  HYDROCHARIDÉES  (i-dro-ka-ri-dée),  s.  f.  pi. 
Terme  de  botanique.  Famille  de  plantes  monoco- 
tylédonée";  aquatiques,  voisine  des  alismacées. 

t   UYDROCUINONE   (i-dro-ki-no-n'),  s.   f.    Voy. 

HYIIIIOQUINONF. 

HVDROCHLORATE,  HYDROCHLOUIQUE,  voy. 

CHLOHHYDRATE,  CHLORHYDRIQUE. 

—  ÉïVM.  Ilydro....,  et  chlorate,  chlorique. 

\  UYDROCIRSOCÈLE  (i-dro-sir-so-sè-l')  ,  s.  (. 
Terme  de  chirurgie.  Complication  d'une  cirsocèle 
avec  une  hydrocMe. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  cirsocèle. 
UYDROCOTYLE  (i-dro-ko-ti-P) ,  s.  f.   Terme  de 

botanique.  Genre  de  plantes  ombellifèies,  parmi 
lesquelles  est  l'écuelle  d'eau. 

—  ÉTYM.  Ilydro...,  et  xotûXt),  écuelle. 

t  HYDROCYANATE  (i -dro-si-a- na-t'),  s.  irt. 
Terme  de  chimie.  Nom  générique  des  sels  produits 
par  la  combinaison  de  l'acide  cyanhydrique  avec  les 
bases.  On  peut  les  con.sidérer  comme  des  cyanures. 

t  HYDROCYAMQUE    (i-dro-si-a-ni-k'),   adj.  m. 

Voy.  CYANHYDEIQL'E. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  cyanique. 

\  HYDROCYSTE  (i-dro-si-sf) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Kyste  séreux. 

—  lîTYM.  Ilydro...,  et  cysle  ou  kyste. 

t  HYDRODERME  (i-dro-dèr-m'),  s.  m.  Terme  de 
médecine.  Synonyme  inusité  d'ana.sarque. 

—  Rtym.  Ht/dro...,  et  Scptiot,  peau. 
HYDRODYNAMIQUE  (i-dro-di-na-mi-k'),  s.  f. 

II  \°  Terme  de  physique.  Partie  de  l'hydraulique 
opposée  à  l'hydrostatique,  science  du  mouvement 
des  fluides  et  îles  lois  de  leur  pression.  ||  i'Adj.  Qui 
a  rapport  aux  lois  du  mouvement  des  fluides. 

—  ÉTYM.  Ilydro...,  et  dynamique;  mot  introduit 
par  Daniel  Bernouilli  (Traité  d'hydrodynamique). 

t  HYDROÉLECTRIQUE  (i-dro-é-lè-ktri-k'),  adj. 
Terme  de  physique.  Courants  électriques  obtenus 
à  l'aide  de  piles  à  eau  ou  à  liquides,  en  opposition 
avec  les  courants  thermo-électriques. ||  Chaînes  hy- 
dro-électriques, piles  portatives  d'une  grande  éner- 
gie et  utiles  pour  l'usage  médical. 

—  ÉTYM.  Hydro..  .,  et  électrique. 

t  HYDRO-ENCÉPUALOCËLE  (i-dro-an-sé-fa-lo- 
sW) ,  s.  f.  Terme  de  médecine.  Tumeur  produite 
par  l'hydrocéphale.  On  dit  aussi  hydrencéphalocèle. 

—  ÉTYM.  Ilydro...,  et  encéphalocèle. 

t  UYDROFÈRE  (i-dro-fê-r') ,  s.  m.  Instrument  à 
l'aide  duquel  trois  ou  quatre  litres  de  liquide,  ré- 
duits en  poussière  (voy.  pulvérisation),  rempla- 
cent, pour  une  balnéation  par  afTusion,  les  deu.x  ou 
trois  hectolitres  d'eau  contenus  dans  ime'baignoire 
ordinaire. 

—  ÉTYM.  Mot  hybride,  formé  de  hydre...  et  du 
lat.  ferre,  porter.  Il  faudrait  dire  hydrophore. 

t  HYDUOFERROCYANIQUE  (  i-dro-fc-rro-si-a- 
ni-k'),  adj:  Terme  de  chimie.  Acide  hydroferrocya- 
nique,  acide  copule,  oMenu  par  action  réciproque 
du  cyanure  rouge  de  fer,  de  l'acide  chlorhydrique  et 
de  l'élher. 

t  UYDROFLUATE  ,  UYDROFLUORIQUE  ,  voy. 

FLUORHYDRATE,  FI.UOHHYDBIQUE. 

fHYDROFL'GE  (i-dro-fu-.j'),  a</j.  Qui  chasse  l'iiu- 
midito.  Agents  hydrofuges.  Alastic  hydrofuge. 

—  RrvM,  Mot  hybride,  dohydrn....,  et  lat.  fugare, 
mettre  en  fuite. 

t  IIYDROGAI.E  (i-dro-ga-r),  s.  m.  Lait  coupé 
avec  de  l'eau. 

—  ÉTY,M.  'l'ôpÔY»'»,  do  03p....  eau,  et  ^àXa,  lait. 


HYn 

t  UYDROGASTRE  (i-dro-ga-.^r') .  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Synonyme  inusité  d'ascite. 

—  ÉTYM./Zi/dro....,  et  ya^TTip,  ventre. 
tlIYDUOGÉNATION(i-dro-jé-na-sion),  s.f.  Terme 

de  chimie.  État  d'un  corps  qui  s'imprègne,  qui  est 
imprégné  d'hydrogène. 

—  ÉTYM.  Ili/drogéiier. 

HYDROGÈNE  (i-dro-jè-n'),  s.  m.  \\  1°  Terme  da 
chimie.  Corps  simple,  aériforme,  dont  la  combi- 
naison avec  l'oxygène  forme  do  l'eau.  |{  On  dit  aussi 
gaz  hydrogène.  I|  Hydrogène  sulfuré,  arsénié,  etc. 
hydrogène  comb  né  avec  du  soufre,  de  l'arsenic  etc. 
Il  Hydrogène  bicarboné,  produit  de  la  décomposi- 
tion de  la  houille  par  la  chaleur,  et  formant  en 
grande  partie  le  gaz  de  l'éclairage.  ||  2°  Dans  le  lan- 
gage ordinaire,  l'hydrogène,  l'hydrogène  bicarboné 
qui  sert  à  l'éclairage.  |{  3"  Hydrogène  liquide,  dit 
aussi  gaz  liquide,  mélange  pour  l'éclairage  qui  se 
compose  d'alcool  et  d'essence  do  térébenthine,  et 
qu'on  a  abandonné  parce  qu'il  était  trop  facilement 
explosible. 

—  ÉTYM.  Ilydro...,  '3t  le  suffixe  gène. 
HYDROGÉNÉ,  ÉE  (i-dro-jé-ué,  née),  part,  passé 

d'hydrogéner.  Qui  est  combiné  avec  de  l'hydro- 
gène. ||  .Substances  hydrogénées,  substances  orga- 
niques dans  lesquelles  l'hydrogène  est  prédomi- 
nant, comme  dans  les  essences,  les  corps  gras,  les 
résines,  etc. 

t  UYDROGÉNER  (i-dro-jé-né.  La  syllabe  gé  prend 
un  accent  grave  quand  lasjllabequi  suit  est  muette: 
j'hydrogcne;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  : 
j'hydrogénerai,  j'hydrogénerais) ,  v.  a.  Terme  de 
chimie.  Combiner  avec  l'hydrogène. ||  S'hydrogéner, 
ti.  réfl.  Se  combiner  avec  l'hydrogène. 

t  HYDROGÉNIE  (i-dro-jé-nie) ,  s.  f.  Théorie  sur 
la  formation  des  masses  d'eau  répandues  sur  notre 
globe. 

—  ÉTY'^M.  Ilydro...,  et  le  suffixe  génie. 

,  t  HYDROGÉOLOGIE  (i  -  dro -je- 0-lo-gie) ,  s.  f. 
Etude  des  eaux  répandues  à  la  surface  du  globe. 

—  ÉTYM.  Ilydro...,  et  géologie. 

t  HYDROGLOSSE  (i-dro-glo-s'),  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Synonyme  de  grenouillette. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  ylûaaa.,  liingue. 

t  UYDROGNOMONIE  (i-drogh-no-mo-nie),  s.f. 
Art  de  découvrir  les  sources  cachées,  au  moyen 
d'une  baguette. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  fvwu.wv,  qui  connaît. 

f  UYDROGNOSIE(hy-drogh-no-zie),  s.f.  Étude 
des  eaux  répandues  sur  la  terre. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  Y^'woi;,  connaissance. 
HYDROGRAPHE  (i-dro-gra-f),  s.  m.  Celui  qui 

est  versé  dans  l'hydrographie.  ||  Adj.  Ingénieur  hy- 
drographe. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  ypâ?"^!  décrire. 

HYDROGRAPHIE  (i-dro-gra-fie),  i.  f.\\i'  Des- 
cription des  eaux  éparses  à  la  surface  du  globe. 
112°  ParticuUèrement.  Science  qui  enseigne  à  me- 
surer et  à  connaître  la  mer,  comme  la  géographie 
enseigne  à  connaître  la  terre.  M.  l'abbé  Bignon,  le 
protecteur  général  des  lettres,  le  fit  nommer  en 
1697  professeur  royal  d'hydrographie  à  Rochefort, 
FONTEN.  Lagny. 

—  ÉTYM.  Hydrographe. 
HYDROGRAPHIQUE   (i-dro-gra-fi-k'),   adj.    Qui 

appartient  à  l'hydrographie.  ||  Carte  hydrographique 
ou  marine,  relevé  des  côtes,  mouillages,  sondages 
et  rumbs  de  vent. 

f  HYDROL  (i-drol),  s.  m.  Terme  de  pharmacie. 
Nom  proposé  pour  désigner  tous  les  composés  appe- 
lés eaux  minérales. 

—  ÉTYM.  Mot  fait  de  hydro....,  sur  le  modèle 
d'alcool. 

f  HYDROLAT  (i-dro-la),  s.  m.  Terme  de  phar- 
macie. Nom  donné  aux  liquides  incolores  qu'on  ob- 
tient en  distillant  de  l'eau  sur  des  fleurs  odorantes 
ou  sur  d'autres  substances  aromatiques. 

ÉTYM.  Ilydrol,  et  la  finale  at,  en  latin  atus, 

indiquant  le  résultat  d'une  opération. 

f  HYDROLATURE  (i-dro-la-tu  r'),  i.  f.  Terme  de 
pharmacie.  Nom  donné  aux  teintures  aqueuses,  li- 
quides, qui  résultent  de  l'action  do  l'eau  sur  des 
substances  végétales  ou  animales. 

t  HYDUOLÉ  (i-dro-lé),  s.  m.  Terme  de  pharma- 
cie. Médicament  liquide  formé  d'eau  et  de  principes 
médicamenteux  qid  y  sont  unis  en  totalité. 

HYDROLOGIE  (i-dro-lo-jie),  i.  f.  Partie  de  l'his- 
toire naturelle  (|ui  traite  des  eaux  et  de  leurs  dillé- 
rentes  espèces. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  Myo;,  traité. 

f  IIYDROLOGIQUE  (i-dro-lo-ji-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'hydrologie.  ||  La  littérature  hydrologi- 
que, les  livres  concernant  les  eaux  minérales. 


IIYT) 


2071 


t  HYDROLOGUE  (  i-dro-lo-gh'),  s.  m.  Celui  qui 
sait,  qui  enseigne  l'hydrologie. 

t  HYDROLYTIC  (i-dro-li-t'),  adj.  Terme  de  mi- 
néraloaio.  Qui  se  dissout  dans  l'eau. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  X«oi;,  solublo. 

t  HYDRO.MANCIE  (i-dro-man-sie),  s.  f.  Art  pré- 
tendu de  prédire  l'avenir  à  l'aide  da  l'eau.  Il  On 
trouve  aussi  hydromanceet  hydromantique. 

—  ÉTYM.  Ilydro.  ...,vl  le  suffixe  moMte. 

t  IlYDROMANCIEN  (i-dro-man-siin),  s.  m.  Celui 
qui  pratique  l'hjdromanc'e. 

—  IIIST.  XVI'  s.  Autres  sont  nommés  hydi-oman 
ciens,  parce  qu'ils  devinent  par  l'eau,  pare,  xix,  3). 

t  UYDRO.\LANIE  (i-dro-ma-nie),  J.  f.  \\  l'  Terme 
de  médecine.  Délire  avec  penchant  de  se  nojer. 
Il  2"  Polydipsie,  soif  excessive. 

—  i-.TYM.  Ilydro et  manie. 

t  HYDROMÉCANIQL'E  (i-dro-mé-ka-ni-k"),  ad). 
Où  l'eau  est  employée  comme  moyeu  de  transmet- 
tre la  puissance.  Presse  hydromécmique. 

—  ÉTY.M.  Ilydro....,  cl  mécanique. 
HYDROMEL    (i-dro-mèl),   s.    m.  Breuvage   fait 

d'eau  et  de  miel;  on  fait  fondre  le  miel  dans  dix 
ou  douze  fois  son  poids  d'eau;  cette  solution,  n'é- 
tant pas  susceptible  de  se  conserver,  se  prépare  au 
moment  d'être  bue.  ||  Hydromel  vineux,  hydromel 
qui  a  éprouvé  une  espèce  de  fermentation.  ||  Terme 
de  pharmacie.  Liquide  sirupeux  formé  d'eau  et  de 
miel  :  32  grammes  pour  500  grammes  de  liquide. 

—  ÉTYM.  'Ï5p6ii£>i,  de  i5po....  eau,  et  (liXt, 
miel. 

t  IIYDROMELLÉ  (i-dromêl-lé),  s.  m.  Terme  de 
pharmacie.  Nom  générique  des  médicaments  formés 
d'hydromel  et  de  parties  cxtractivcs. 

t  HYDROMÉTÉORE  (i-dro-mé-té-o-r')  ,  s.  m. 
'ferme  de  météorologie.  Météore  produit  par  l'eau  à 
l'état  de  vapeur,  de  liquide  ou  de  glace.  On  dii 
aussi  météore  aqueux. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  météore. 

I.  HYDROMÈTRE  (i-dro-mè-tr'),  s.  m.  Instru- 
ment propre  à  mesurer  l'épaisseur  de  la  couche 
d'eau  qui  tombe  chaque  année  sur  la  surface  de 
la  terre  en  un  lieu  donné. 

—  ÉTYM.  Ilydro  ...,  et  (iETpov,  mesure. 

t  2.  HYDRO-MÈTRE  (i-dro-mè-tr'),  s.f.  Terme 
de  médecine.  Hydropisie  de  la  matrice,  collection 
d'un  liquide  séreux  dans  l'utérus. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  iii^tpa,  matrice. 
HYDROMÉTRIE  (i-dro-mé-lrie) ,    s.   f.    Science 

qui  apprend  à  mesurer  la  densité,  la  vitesse,  la 
force  des  liquides,  et,  particulièrement,  de  l'eau. 
Bologne  fonda  dans  son  université,  en  test,  une 
chaire  de  professeur  d'hydromctrie  qu'elle  lui 
donna;  le  nom  d'hydrométrie  était  nouveau  aussi 
bien  que  la  place,  et  l'un  et  l'autre  rappelleront  tou- 
jours la  mémoire  de  celui  qui  en  a  rendu  l'éta- 
blissement nécessaire,  fonten.  Guglielmini. 

—  ÊTYM.  Ilydrométre  t. 

t  HYDROMÉTRIQUK  (i-dro-mé-tri-k'),  a4}.  Qui 
appartient  à  Thydrométrie. 

f  HYDROMINÉRAL,  ALE  (i-dro-mi-né-ral,  ra-l"), 
adj.  Qui  appartient  à  une  eau  minérale.  Le  traite- 
ment hydrominéral. 

—  ÉTVBI.  Ilydro....,  et  minéral. 

\  HYDRO.MPIIALE  (i-dron-fa-l') ,  s.  f.  Tumeur 
qui  se  forme  à  l'ombilic  chez  quelques  ascitiques. 
Il  Tumeur  formée  par  un  amas  de  sérosité,  dans  le 
sac  d'une  hernie  ombilicale. 

—  ÉTYM.  Ilydr et  àj^œXoî,  nombril. 

I  HYDROMYE  (i-dro-mie),  s.  f.  Terme  d'ento- 
mologie. Nom  de  certains  diptères,  dont  les  larves 
vivent  dans  l'eau. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  (luïa,  mouche. 

f  UYDRONÉPHROSE  (i-dronc-fra-z'),f. /".  Terme 
de  médecine.  Distension  lente  du  ba.ssinet  du  rein, 
par  une  accumulation  d'urine,  qui  résulte  de  l'in- 
terception de  l'uretère. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  yé^pot,  rein. 

f  HYDROOI'llORlE  (i-dro-o-fo-rie) ,  t.  f.  Terme 
de  médecine.  Synonyme  d'hydroarion. 

—  ÉTY'M.  Ilydr....,  wov,  œuf,  et  çop6{,  qui  porte 
{oophore,  l'ovaire). 

t  HYDROPATHE  (i-dro-pa-f),  t.  m.  Terme  vul- 
gaire et  de  plaisanterie.  Celui  qui  traite  les  mala- 
dies par  l'hydrothérapie.  Voici  les  hydropathcs,  nou- 
velle invention ,  école  de  Prie>snitz  l'allemand  , 
REYBAUD,  Jérôme  Paturot,  i.  II. 

t  HYDROPATUIE  (i-dro-pa-tic) ,  ».  f.  Terme  non 
employé  en  médecine,  mal  fait  ;  il  signifierait  les 
m^dadics  de  l'e.iu;  on  l'emploie  vulgairement  pour 
désigner  le  traitement  dans  le  ]uel  on  combat  certai- 
nes maladies  par  l'usage  de  l'eau;  on  dit,  en  méde- 
cine, hydrolhérapcutique  ou  hydrothérapie.  En  tom- 


2072 


HYI) 


bant  du  haut  d'uno  montagne,  mon  brave  Pness- 
nitz  BO  brise  trois  côtes  et  il  invente  l'hydrOpathie, 
c'est-à-dire  l'art  de  guérir  les  humains  avec  de 
l'eau  claire,  iiEYBAun,  Jérôme  Paturot,  i,  *t. 

—  ÉTYM.  llydrn....,  et  itiOo;,  maladie. 

f  HVUnOPÉUfcSE  (i-dro-pé-dc-r'),  s.  f.  Terme 
de  mi'decine.  Sueur  excessive. 

—  ETYM.  Ilijdro....,  et  irr,5T)(7i;,  jaillissement. 

t  HYDROPf.KICAnDE  (i-dro-p6-ri-kar-d'),  s.  m. 
Terme  de  méilecine.  Hydropisie  du  péricarde. 

—  ÊTYM. //t/dro....,  el  péricarde. 

t  nYDBOPUANE(i-dro-fa-n'),  adj.  Terme  de  mi- 
néralogie. Qui  est  translucide  dans  l'eau.  Pierre 
hydropliane.  |1  S.  f.  Nom  d'une  pierre  siliceuse  qui 
est  translucide  lorsqu'elle  est  imbibée  d'eau.  C'est 
l'opale  hydrophane,  variété  d'opale. 

—  ÉTYM.  Ilydro....,  et  çaiveiv,  briller. 

t  HYDUOPUIDE  (i-dro-fi-d') ,  s.  m.  Terme  de 
zoologie.  Nom  des  seipents  qui  vivent  dans  l'eau. 

—  ETYM.  Ihjdr....,  et  «yii;,  serpsnt. 

t  HYDROPHILE  (i-dro-fi-l'),  adj.  Terme  didacti- 
que. Qui  aime  l'eau. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  ipiXoç,  ami. 
HYDROPHOCE  (i-dro-fo-b'),  S.  m.  et  f.  Terme  de 

médecine.  Celui,  celle  qui  a  les  liquides  en  hor- 
reur; et,  par  extension,  comme  l'horreur  des  liqui- 
des est  un  symptôme  de  la  rage,  enrage.  ||  Adjec- 
tivement. Un  malade  hydrophobe. 

—  ETYM  TSpoçéêo;,  de  OSpo....,  eau,  et  foêeiv, 
craindre. 

HYDUOPHOBIE  (i-dro-fo-bie) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Horreur  de  l'eau  et  des  autres  liquides, 
affection  qui  se  rencontre  dans  des  cas  qui  n'ont 
rien  de  commun  avec  la  rage.  {|  Abusivement,  la 
rage  même. 

—  lllST.  XVI'  s.  Ceux  qui  estant  mords  de  chiens 
enragés  tombent  en  hydropbobie,  paré,  xxii,  )0. 

—  ETYM.  'irSoo3o6ia  (voy.  hydbophobe). 

t  UYDROPHOBIQUE  (i-dro-fo-bi-k') ,  adj.  Oui  a 
rapport  à  l'hydrophobie.  Les  accidents  hydrophobi- 
ques. 

t  HYDROPHORE  (i-dro-fo-r'),  adj.  Terme  didac- 
tique. Qui  charrie  de  l'eau  ou  de  la  sérosité.  Vais- 
seaux hydropbores,  les  trachées  des  plantes. 

—  ÉTYM.  Hijdro....,  et  ipopè;,  qui  porte. 

t  UYDROPÙOSPHATE  (  i-dro-fo-sfa-t'),  s.  m. 
Terme  de  minéralogie.  Phosphate  combiné  avec  de 
l'eau. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  phosphate 

t  UYDROPIIOSPHURE  (i-dro-fo-sfu-r'),  s.  m. 
Terme  de  chimie.  Combinaison  d'hydrogène  phos- 
phore avec  une  base. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  phosphure. 

t  HYDROPHRACTIQUE  (i-dro-fra-kti-k'),  adj. 
Terme  didactique.  Imperméable  à  l'eau. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  çpaxTixo;,  qui  empêche, 
fait  obstacle  à. 

t  UYDROPHTHALMIE  (i-dro-ftal-mie) ,  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Hydropisie  de  l'œil. 

—  ÉTYM.  Ilydr et  è96a),iiè;,  œil. 

+  HYDROPUTUORIQUE  (  i-dro-fto-ri-k' ) ,  adj. 
Terme  de  chimie.  Synonyme  de  fluorhydrique. 

—  ETYM.  Wydro et  phlhore. 

t  HYDROPUYLLÉES  (i-dro-fil-lée),  s.  f.  pi.  Nom 
d'une  famille  de  plantes  détachée  des  borraginées. 

t  HYUROPHYSOCÈLE  (  i-dro-fi-z.o-sè-l') ,  s.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Hernie  qui  contient  de  l'eau  et 
du  gaz. 

—  HIST.  XVI'  s.  S'il  y  a  du  vent  et  do  l'eau  en- 
semble [dans  la  hernie  des  bourses],  elle  prendra 
le  nom  des  deux,    et  se  nommera  hydrophysocele, 

PARÉ,   VI,  U. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  çûua,  vent,  et  x^)iirj,  hernie, 
t  HYDROPUYTE  (i-dro-fi-f),  s.  f.  Plante  qui  vit 

dans  l'eau.  Cette  plante  est  une  hydrophyte.  ||  Al- 
gues qui  se  montrent  dans  les  eaux  douces  ou  sa- 
lées, ou  dans  les  lieux  inondés.  {{  Adjectivement. 
Plantes  hydrophytes. 

—  ÉTYM.  Hydro et  çuTèv,  plante. 

t  HYDROPIIYTOGRAPUIE  (i-dro-fi-to-gra-fie), 
f.  f.  Description  des  hydrophytes. 

—  ÉTYM.  Hydrophyte,  etfoôyeiv,  décrire. 

t  HYDROPIIYTOLOGIE  (i-dro-fi-to-lo-jie) ,  t.  f. 
Histoire  des  hydrophytes. 

—  ÉTYM.  Hydrophyte,  et  ).6yo;,  traité. 

t  UYDROPIPER  (i-<lro-pi-pèr),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Plante  nommée  aussi  poivre  d'eau  et 
curage,  polygonum  hydropipcr,  L 

—  ÉTYM.  Hydro....,  el  lo  lat.  piper,  poivre,  à  cause 
du  goût  trhs-poivré  de  cette  plante  dès  qu'on  en  a 
miche  une  feuille,  ou  simplement  dès  qu'on  porte 
.1  sa  bouche  un  doigt  qui  en  a  touché. 

HTDROPIQDE  (i-dro-pi-k'),  adj.  Terme  de  méde- 


HYD 

cine.  Oui  est  malade  d'hydropisie.  {|  Substantive- 
ment. Un  hydropique.  Une  hydropique. 

—  lllST.  xiii*  s.  Car  Iccherie  si  les  pique,  Ou'il  en 
sunt  tretuit  ydropique,  la  Hose,  6022.  {|  xv*  s.  Ad- 
viscz  vous,  toutes  gens  de  pratique,  Marcbans 
d'argent,  exigeurs  de  finance  ;  Qui  en  estes  devenus 
ydropiques,  Purger  vous  fault,  vivre  par  ordon- 
nance, E.  DESCH.  Poésies  mss.  f°  33 1. 

—  ETYM.  "irSpMTiixi;,  de  ûSpcoïV,  hydropisie,  formé 
de  iiSp....  eau  (voy.  hydr...  ). 

HYDROPISIE  (i-dro-pi-zie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Accumulation  de  sérosité  dans  une  partie 
du  corps  (cavité  ou  tissu  cellulaire).  [Vous  tom- 
berez) de  la  dyssenterie  dans  l'hydropisie  ....  et  de 
l'hydropisie  dans  la  privation  de  la  vie,  mol.  Ual. 
imag.  m,  e.  ||  Hydropisie  articulaire,  voy.  hydab- 
TiiKOSE.  Il  Hydropisie  enkystée,  espèce  d'hydropisie 
où  les  eaux  sont  renfermées  dans  une  poche  ou  sac 
particulier.  ||  Hydropisie  de  la  trompe,  oblitération 
d'une  ou  des  deux  trompes  utérines,  avec  distension 
par  le  mucus  qu'elles  continuent  à  sécréter.  ||  Hy- 
dropisie ventriculaire,  production  de  sérosité  en 
quantité  trop  grande  dans  les  ventricules  cérébraux. 
Il  Particulièrement,  dans  le  langage  ordinaire, 
l'ascite.  ||  Fig.  et  vulgairement.  Une  hydropisie  de 
neuf  mois,  une  grossesse. 

—  lllST.  xn'  s.  Un  des  convers  as  monies  [moi- 
nes], ne  le  m'unt  pas  nummé.  Dut  mult  esté  grevé 
de  grant  enfermeté,  E  out  d'idropisie  le  ventre  mult 
enflé,  Th.  le  mart.  9*.  ||  xiir  s.  Biau  coopère,  venez 
avant.  Et  si  veez  ma  maladie;  Je  sui  touz  plains 
d'idropisie,  lien.  4  9930.  ||xiv'  s.  Lequel  Rolant,  qui 
estoit  infers  [malade]  d'une  maladie  nommée  ytro- 
pice,  DU  GANGE,  morftus  S.  Eutropii.  ||  xvi*  s.  La 
royne  d'Angleterre  estoit  décodée  de  sa  maJadie  in- 
curable, qui  estoit  hydropesie  formée,  carlo:x,  vu, 
20.  Hydropisie  humide  du  ventre  ou  asciles.... 
seiche  ou  tympanites....  générale  ou  anasarca  ou 
leucophlegmasia,  paré,  vi,  ti. 

—  ÉTYM.  'rSpwTtiot;,  hydropisie,  de  OSpo»}',  même 
sons,  qui  vient  de  iiôup,  eau. 

t  HYDROPISINE  (i-dro-pi-zi-n'),  s.  f.  Terme  de 
chimie.  Substance  organique  qui  doit  être  rangée 
dans  les  matières  albuminoîdes,  et  qu'on  trouve 
dans  les  épanchements  morbides  de  la  plèvre  et  du 
péritoine,  et  dans  la  sérosité  normale  de  ces  mem- 
branes. 

—  ÉTYM.  Hydropisie,  et  la  finale  ine,  qui  indique 
un  principe. 

HYDROPNEUMATIQUE  (i-dro-pneu-mati-k'),od/. 
Terme  de  chimie.  Cuve  hydropneumatique,  appareil 
qui  sert  à  recueillir,  sur  une  cuve  d'eau,  les  gaz 
insolubles  dans  l'eau. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  pneumatique. 

t  HYDROPNEUMOTUORAX  (i-dro-pneu-mo-to- 
raks'),  s.  m.  Terme  de  médecine.  Pneumothorax 
compliqué  d'un  épanchement  de  liquide  dans  la 
plèvre. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  pneurriothorax. 

t  HYDROPOTE  (i-dro-po-l'),  s.  m.  Buveurd'eau, 
celui  qui  ne  boit  que  de  l'eau. 

—  ÉTYM.  'VèpoTiÔTY);,  de  û8po....  eau,  et  irÔTi-.;, 
buveur,  de  to'veiv,  boire. 

t  HYDROPTÉRIDÊES  (i-dro-pté-ri-dée)  ,  s.  f.  pi. 
Terme  de  botanique.  Synonyme  de  rhizocarpées. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  irTEpi;,  fougère. 

t  HYDROPYRIQUE  (i-dro-pi-ri-k'),  adj.  Terme  de 
géologie.  Volcans  hydropyriques,  volcans  qui  lan- 
cent de  l'eau  et  du  feu. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  jtOp,  feu. 

t  UYDROQL'IXO.VE  (i-dro-ki-no-n'),  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Corps  obtenu  par  distillation  sèche  de 
l'acide  quinique. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  quinone. 

t  HYDRORACHIS  (i-dro-ra-chis'),  *.  m.  Terme 
de  médecine.  Hydropisie  du  canal  rachidien 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  rachis. 

t  HYDRORRUÉE  (i-dro-rrée),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Tout  écoulement  lent  et  chronique  d'un 
liquide  aqueux.  ||  Premier  état  de  l'oplithalmie  égyp- 
tienne, dans  lequel  il  y  a  un  écoulement  de  larmes. 

—  ÉTYM.  Hyaro et  ^eïv,  couler. 

HYDROSCOPE  (i-dro-sko-p'),  s.  m.  ||  1°  Celui  qui 

pratique  l'art  de  rechercher  les  sources,  les  eaux 
souterraines.  ||  2°  Particulièrement.  Celui  que  l'on 
suppose  avoir  la  faculté  de  sentir  les  émanations 
des  eaux  so'Jterraiues. 

—  ÉTYM.  'V5po<Txôitoç,  de  bSpo....  eau,  et  0x0- 
it£ïv,  examiner. 

HYDROSCOPIE  (i-dro-sko-pie),  s.  f.  ||  1-  Art  de 
rechercher  les  sources,  les  eaux  souterraines. 
Il  i°  Particulièrement.  Faculté  que  certaines  gens 
prétendent  avoir  de  sentir  les  émanations  des  eaux 


HYD 

souterraines.  1|  8°  Art  de  pronostiquer  les  météoie» 
aqueux,  d'après  rexpérionce,  .surtout  en  mer. 

—  ÉTYM.  Hydroscope. 

t  IIYDROSif;Lfi.MATE,  HYDROSÉLF.MQUB,  VOy. 

SF.LÉNUYnRATE,  SÉLÉNMÏDRIQUE. 

t  HYDROSILICATE  (i-dro-si-li-ka-f),  t.  m.  Terme 
de  minéralogie.  Silicate  qui  contient  de  l'eau  à  l'iHat 
de  combinaison. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  silicate. 

t  HYDROSILICEUX,  EUSE  (i-dro-si-li-seû,  soft- 
z'),  adj.  Terme  de  minéralogie.  Qui  contient  de 
l'eau  et  de  la  silice. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  el  siliceux. 

t  HYDr.OSPIROLIQUE  (i-dro-spi-ro-li-k"),  adj. 
Terme  de  chimie.  Acide  hydrospirolique,  nom 
donné  à  l'huile  volatile  extraite  des  lieurs  de  la  spi- 
rée  ulmaire. 

HYDROSTATIQUE  (i-dro-sta-ti-k') ,  s.  f.  ||  1° Partie 
de  la  mécanique  qui  traite  de  l'éiiuilibre  des  liqui- 
des, des  conditions  de  leur  éiiuililire  et  des  pressions 
qu'ils  exercent  sur  les  parois  des  vases;  elle  est  op- 
posée à  l'hydrodynamique.  Tous  les  corps  vivants 
sont  composés  de  leviers,  de  poulies  qui  agissent  ■ 
suivant  les  lois  de  la  mécanique,  de  liqueurs  que  J 
les  lois  de  l'hydrostatique  font  perpétuellement  cir- 
culer, VOLT.  Dial.  XMV,  17.  II?"  Adj.  Qui  a  rapport 
à  l'hydrostatique.  Vraie  machine  hydrostatique,  le 
poisson  fait  voir  mille  phénomènes  au  moyen  d'une 
simple  vessie,  chateaubr.  Ci^nie,  i,  v,  3.  ||  Balance 
hydrostatique  ,  voy.  balance.  ||  Lampe  hydrostati- 
que, voy.  LAMPE. 

—  ÊTYM.  Hydro....,  et  statique. 
HYDROSULFATE,    HYDROSULFURE,    HYDKO- 

SCLFURIQUE,  voy.  sulfiiyurate,  sulkhydhiotie. 

t  HYDROTACIIYMÈTRE  (i-dro-ta-ki-mè-tr') ,  s. 
m.  Terme  de  physique.  Instrument  pour  mesurer  la 
vitesse  de  l'eau. 

—  ÊTYM.  7/i/)iro....,Taxù;,  vite,  et  jjiîTpov ,  mesure. 

t  HYDROTECII.VIQUE  (i-dro-tè-kni-k'),  s.  f.  Par- 
tie de  la  mécanique  qui  a  pour  objet  la  direction  et 
la  conduite  de  l'eau. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  té/vt,,  art. 

t  HYDROTHfiRAPEUTIQÙE  (i-dro-té-ra-peu-ti-k") 
ou  HYDROTHÉRAPIE  (i-dro-té-ra-pie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Mode  de  traitement  des  maladies,  spé- 
cialemeri  de  certaines  maladies  chroniques,  par 
l'usage  da  l'eau  froide  en  applications  extérieures 
diversement  modifiées. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  thérapeutique  ou  thérapie 
\  HYDROTHER.MI0UE  (i-dro-tcr-mi-k'),  adj.  Qui 

a  rapport  à  l'eau  et  à  la  chaleur.  L'origine  hydro- 
thermique de  certaines  roches. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  eésuT),  chaleur. 

t  HYDROTIIIO.VEUX  (i-dro-ti-o-nel3) ,  adj.  m. 
Terme  de  chimie.  Acide  hydrothioncux,  acide  oil  il 
y  a  moins  d'hydrogène  que  dans  l'acide  hydrothio- 
nique. 

—  ÊTYM.  Voy.  HYDROTniONIQUE. 

t  HYDROTUIONIQUE  (i-dro-ti-0-ni-k') ,  adj.  m. 
Terme  de  chimie.  Acide  hydrothionique,  aride  pro- 
duit par  la  combinaison  de  l'hydrogér.e  et  du  soufre 

—  ÉTYM.  Hydro....  pour  hydrogène,  et  Osio», 
soufre. 

f  HYDROTHORAX  (i-dro-to-raks') ,  s.  m.  Terme 
de  médecine.  Hydropisie  de  poitrine,  collection  de 
sérosité  dans  la  cavité  de  l'une  des  plèvres  ou  dans 
les  doux  cavités  des  plèvres. 

—  ÉTYM.  Hydro....,  et  thorax. 

t  UYDROTI.'»lÈTRE  (i-dro-ti-mè-tr'),  s.  m.  In- 
strument servant  à  l'hydrotimétrie,  et  consistait 
en  un  flacon  gradué  de  telle  sorte  qu'on  y  puisse 
mesurer  exactement  le  volume  de  l'eau  soumise  à 
l'expérience,  et  en  une  burette  tubulaire,  également 
graduée,  contenant  une  solution  d'un  décigramine 
de  savon  par  un  litre  d'eau  distillée. 

—  ÉTYM.  Mot  si  mal  fait  qu'on  n'en  peut  déter- 
miner les  éléments;  il  faut  peut-être  y  voir  iiîpotTi;. 
humidité,  et  iietpov,  mesure. 

t  HYDROTIMfiTRIE  (i-dro-ti-mé-trie) ,  s.  f.  Em- 
ploi de  l'hydrotimèlre  pour  déterminer  la  quantité 
des  sels  calcaires  ou  terreux  contenus  dans  l'eau; 
emploi  qui  se  fonde  sur  ce  fait  que  l'eau  blanchit 
lorsqu'on  y  verse  de  l'eau  de  savon  sans  produire  la 
mousse  du  blanchissage,  tant  que  lo  savon  n'a  p.is 
précipité  la  totalité  des  sels  calcaires  en  dissolution. 

t  HYDROTI.^lfiTRIQUE  (i-dro-ti-mè-tri-k'),  adj. 
Qui  a  rapport  à  l'hydrotimétrie.  Degrés  hydrotimé- 
triques. 

HYDROTIOUE  (i-dro-ti-k'),  adj.  Terme  de  mé- 
decine. Synonyme  d'hydragogue. 

—  ÉTY.M.  Mot  barliare  et  qui  mérite  d'être  effacé. 
'V5pta-ixo;  ou  ùopoTixèc  n'est  pas  grec,  et,  s'il  l'é- 
tait, il    n'aurait    pas   h-    sens  d'hydragogue    Ot> 


HYG 

rouvo  Ai/drodcus  dans  Libavius,  auteur  de  traités  chi- 
miques, qui  paraît  avoir  forgé  et  très-mal  forgé  ce  mot. 
t  UYDROTITE  (i-dro-ti-f),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Hydropisie  de  l'oreille  moyenne  ou  cavité  du 
tympan. 

—  RTYM.  Ibjdr....,  et  oîç,  wtôç,  oreille. 

t  IIYDROTO.UIE  (i-dro-to-mie),i.  f.  Terme  d'a- 
iiatomie.  Procéaé  par  lequel,  poussant  dans  les  ar- 
tôres  de  l'eau  quitranssude  par  pression,  on  infiltre 
les  tissus,  on  écarte  les  fibres,  et  on  sépare  les  divers 
organes  les  uns  des  autres. 

—  ÉTYM.  Uxjdro et  xo\i.^,  dissection. 

t  HYDROXYDE  (i-dro-ksi-d'),  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Combinaison  d'eau  et  d'un  oxyde  métallique. 

—  ÉTY.M.  Hydr....,  et  oxyde. 

UYDRURE  (i-dru-r'),  s.  m.  ||  1°  Terme  de  chimie, 
l'omposé,  qui  n'est  ni  gazeux  ni  acide,  d'hydrogène 
l't  d'un  autre  corps  simple  non  gazeux.  L'hydrure 
le  soufre.  112°  Nom  donné  à  certaines  huiles  vola- 
i;les,  telles  que  celles  d'amandes  amères,  de  can- 
nelle, etc.  qui  paraissent  résulter  de  la  combinaison 
ilo  l'hydrogène  avec  un  radical,  le  bensoyle,  le 
(innamyle,  etc. 

—  ÉTYM.  Hydr....  pour  hydrogène,  et  la  finale 
chimique  ure,  qui  désigne  la  combinaison  de  deux 
corps  simples. 

IIYÉM,\L,  ALE  (i-é-mal,  ma-I'),  adj.  Voy.HlÉMAL. 

HYÈNE  (i-è-n';  quelques-uns  aspirent  l'A,  à  tort), 
s.  f.  Quadrupède  de  l'Asie  et  de  l'Afrique,  qui  a 
l)eaucoup  de  rapport  avec  le  loup  par  son  naturel 
carnassier.  ||  Genre  de  mammifères  carnassiers  di- 
gitigrades, selon  Cuvier. 

—  HIST.  xiii"  s.  Hiene  est  une  beste  qui  une  foiz 
est  masles  et  autre  femele,  et  habite  es  cimetières 
as  homes,  et  manjue  les  cors  des  mors,  bkdn.  lat. 
Très.  p.  246. 

—  ÊTYM.  Proyenç.  hiena,  yenna,  iana;  espagn. 
hiena;  ital.  teno/du  grec  ûo'.va,  de  ùç,  porc,  par 
assimilation  de  forme. 

t  HYÉNIDÉS  (i-é-ni-dé),  s.  m.  pi.  Terme  de  zoo- 
logie. Groupe  d'animaux  auquel  appartient  l'hyène. 

t  UYÉTOMÈTRE  (i-é-to-mè-tr'),  s.  m.  Synonyme 
peu  usité  de  pluviomètre. 

—  ÉTYM.  'IfeTÔ;,  pluie,  et  (léTpov,  mesure. 

t  HYÉTOSCOPE  (i-é-to-sko-p'),  s.  m.  Synonyme 
d'hyétomètre. 

—  ÉTYM.  TExè;,  pluie,  et  (jxoiteîv,  examiner. 

t  UYGIE  (i-jie),  s.  f.  ||  1°  Terme  de  mythologie. 
la.  déesse  de  la  santé.  ||  2°  Terme  d'astronomie.  Pla- 
nète télescopique  découverte  en  1849. 

—  ÉTYM.  'T"Yi£Îa,  de  ûf'^îj  sain,  en  santé;  com- 
parez le  sanscrit  ugra,  fort,  ôjas,  force,  et  le  latin 
vigeo,  vigor. 

HYGIÈNE  (i-jiè-n'),  s.  f.  Partie  de  la  médecine 
qui  traite  des  règles  à  suivre  pour  la  conseryation 
de  la  santé  dans  les  différents  âges,  les  différentes 
constitutions,  les  différentes  conditions  de  la  vie  et 
les  différentes  professions.  Encore  l'hygiène  est-elle 
moins  une  science  qu'une  vertu,  J.  J.  rouss.  Ém.  i. 
Il  Hygiène  publique,  l'ensemble  des  connaissances 
qui  assurent  la  santé  des  populations  considérées  en 
masse.  |{  Hygiène  professionnelle,  celle  qui  convient 
à  chaque  profession.  ||  Hygiène  militaire,  hygiène 
navale,  celle  qu'il  convient  d'appliquer  aux  troupes 
de  terre  pendant  la  paix  et  en  campagne,  et  aux 
hommes  de  mer  dans  les  vaisseaux ,  dans  les  navi- 
gations, dans  les  relâches.  ||  Hygiène  rurale,  con- 
ditions de  salubrité  pour  les  gens  de  la  campagne 
quant  à  leurs  logements,  à  leurs  travaux,  aux  fu- 
miers, aux  eaux,  etc.!  ||  Hygiène  administrative, 
partie  de  l'hygiène  dont  les  prescriptions  sont  sou- 
mises à  des  mesures  et  i  des  règlements  du  domaine 
de  l'administration.  ||  Hygiène  industrielle,  partie  de 
l'hygiène  dite  administrative  qui  concerne  les  éta- 
blissements industriels.  ||  Hygiène  cérébrale,  régime 
à  suivre  dans  les  lectures,  les  méditations  et  les 
divers  travaux  pour  entretenir  les  facultés  intel- 
lectuelles dans  le  meilleur  état.  ||  Hygiène  morale 
ou  hygiène  de  l'âme,  application  de  la  physiologie  à 
la  morale  et  à  l'éducation  publique  et  privée.  \\  Dans 
le  langage  ordinaire,  on  dit  souvent  :  Voilà  mon 
hygiène,  voilà  le  régime  que  je  suis.  Il  suit,  il  a 
une  mauvaise  hygiène. 

—  HIST.  xvi°  s.  La  contemplation  des  choses  non 
naturelles  appartient  à  la  seconde  partie  de  la  mé- 
decine qui  se  nomme  hygiaine,  ou  diaitetique,  à 
cause  qu'elle  tasche  à  garder  la  santé  par  l'usage 
raisonnable  de  telles  choses,  paré,  Introd.  3. 

—  ÉTYM.  'r-ftaîveiv,  se  bien  porter. 
HYGIÉNIQUE  (i-jié-ni-k'),  adj.  ||  1°  Qui  a  rapport 

à  l'hygiène.  ||  2°  S.  f.  Médecine  préservatrice.  ||  Peu 
usité  en  ce  sens  ;  on  dit  hygiène. 

—  ÉTYM.  Hygiène. 

DICT     DE   LA  LANGUE   FRANÇAISE. 


HYG 

t  HYGIÉNIQUEMENT  (  i-jié-ni-kc-man  ) ,  adr. 
Conformément  aux  principes  de  l'hygiène. 

t  HYGIÉNISTE  (i-jié-ni-sl'),  *.  m.  Médecin  qui 
s'occupe  d'hygiène. 

t  HYGIOCÉRAME  (i-ji-o-sé-ra-m"),  s.  m.  Poterie 
dans  la  couverture  de  laquelle  il  n'entre  aucune  sub- 
stance nuisible  à  la  santé- 

—  ÉTYM.  Tyir)?,  sain,  et  xÉpaiio;,  poterie. 

t  HYGIOLOGIE  (i-ji-o-lo-jie),  s.  f.  Histoire  de  la 
santé,  c'est-à-dire  des  actes  normaux  de  l'écono- 
mie. 

—ÉTYM.  Tyiric,  sain,  et  Wfoc,  doctrine. 

f  HYGRO....  préfi.'te  qui  signifie  humide  et  vient 
du  grec  ûypô;.  Curtius  y  rattache  le  sanscrit  ug, 
d'où  uksha,  arroser,  et  même  le  latin  humor,  pour 
hugmor. 

t  HYGROBATES  (i-gro-ba-f) ,  s.  m.  pi.  Terme 
d'ornithologie.  Famille  de  l'ordre  des  échassiers, 
comprenant  les  oiseaux  auxquels  leurs  longues 
jambes  permettent  de  marcher  dans  l'eau. 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  pàvri;,  qui  va,  de  paiveiv, 
aller. 

t  HYGROBIE  (i-gro-bie) ,  adj.  Terme  d'histoire 
naturelle.  Qui  vit  dans  l'eau. 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  pîoi;,  vie. 

t  HYGROBIÉES  (i-gro-bi-ée),  s.  f.  pi.  Terme  de 
botanique.  Nom  d'une  famille  de  plantes  séparée  des 
onagrariées. 

fHYGROBLÉPHARIQPE  (i-gro-blé-fa-ri-k'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Conduits  hygrobléphariques, 
conduits  excréteurs  de  la  glande  lacrymale.  ||  Orifi- 
ces hygrobléphariques,  orifices  par  lesquels  ces  con- 
duits versent  les  larmes  au-dessous  do  la  paupère 
supérieure. 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  p>£9apov,  paupière. 

t  HYGROCOLLYRE  (i-gro-kol-li-r'),  s.  m.  Terme 
de  médecine.  Collyre  liquide. 

—  ÉTYM.  fft/jro....,  et  collyre. 

t  HYOROLOGIE  (i-gro-lo-jie),  s.  f.  ||  1°  Terme  di- 
dactique. Histoire  de  l'eau  ;  traité  sur  l'eau  et  les 
fluides.  Il  2*  Terme  de  médecine.  Traité  sur  les  flui- 
des du  corps  humain. 

—  ÉTYM.  Hygro....  et  Xàyoi,  traité. 

t  HYGROMA  (i-grô-ma)  et  HYGROME  (i-grô- 
m'),  s.  m.  Terme  de  chirurgie.  Hydropisie  des  bour- 
ses muqueuses  sous-cutanées,  particulièrement  au 
genou,  devant  la  rotule. 

—  ÉTYM.  "Typ*?!  humide,  liquide. 
HYGROMÈTRE  (i-gro-mè-tr'),  s.  m.  Instrument 

de  physique  qui  sert  à  mesurer  le  degré  d'humi- 
dité atmosphérique.  11  y  a  deux  sortes  d'hygromè- 
tres :  l'un  qui  accuse  l'humidité  sensible,  tel  est 
l'hygromètre  de  Saussure  ;  l'autre  qui  fait  connaître 
la  quantité  d'eau  contenue  dans  l'air,  lors  même 
qu'il  semble  absolument  sec,  tel  est  celui  de  Da- 
niell.  Il  Par  extension.  L'hygromètre  le  plus  simple 
et  le  plus  approprié  pour  juger  de  l'humidité  de 
l'air  de  ces  sortes  de  fours  [où  l'on  fait  éclore  des 
œufs],  c'est  un  œuf  froid  qu'on  y  introduit  et  qu'on 
y  tient  pendant  quelque  temps  lorsque  le.juste  de- 
gré de  chaleur  y  est  établi,  boff.  Ois.  t.  m,  p.  12». 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  mètre,  mesure. 

t  HYGROMÉTRICrrÉ  (i-gro-mé-tri-si-té) ,  i.  f. 
Qualité  de  ce  qui  est  hygrométrique;  propriété 
qu'offrent  les  solides  de  s'imbiber  des  liquides  avec 
lesquels  ils  se  trouvent  en  contact. 

—  ÉTYM.  Hygrométrique. 
HYGROMÉTRIE   (i-gro-mé-trie),   s.  f.  Partie  de 

la  physique  qui  s'occupe  de  déterminer  l'état  d'hu- 
midité de  l'air,  la  <piantité  d'eau  en  vapeur  contenue 
dans  l'air  ou  dans  un  gaz  quelconque. 

—  ÊTYM.  Hygromètre. 
HYGROMÉTRIQUE  (i-gro-mé-tri-k'),  adj.  Qui  est 

sensible  aux  changementsd'humidité  de  l'air.  ||  Sub- 
stances hygrométriques,  substances  susceptibles 
d'éprouver  des  changements  proportionnés  aux  di- 
vers degrés  de  l'humidité  de  l'air  atmosphérique. 
Il  État  hygrométrique,  quantité  plus  ou  moins  con- 
sidérable de  vapeur  aqueuse  qu'un  corps  contient. 

—  ÉTYM.  Hygromètre. 

t  HYGROMÉTRIQUEMENT  (1- gro-mé- tri- ke- 
man),  adt).  D'une  manière  hygrométrique, 

—  ÉTYM.  Hygrométrique,  et  le  suffixe  ment. 

]  HYGROPHOBIB  (i-gro-fo-bie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Aversion  des  liquides. 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  ifôêo;,  crainte. 

t  HYGRO?UTUALMIQUE  (i-gro-ftal-mi-k'),  adj. 
Terme  de  physiologie.  Qui  sert  à  humecter  l'œil. 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  6ç9aXjiii;,  œil. 

I  IlYGRORNITIIES(i-gror-ni-t'),  s.  m. pJ.  Terme 
de  zoologie.  Ordre  d'oiseaux  vivant^ans  l'eau. 

—  ÉTYM.  Hygro....,  et  4pv^,  oiseau. 

t  HYGROSCOPE  (i-gro-sko-p'),  s.  m.   Terme  de 


HYM 


2073 


I>liysique.  Instrument  propre  à  faire  connaître  l'exis- 
tence de  la  vapeur  d'eau  dans  l'air. 

—  ÉTYM.  Hygrn et  axoiceïv,  examiner. 

t  HYGUOSCOPICITÉ  (i-gro-sko-pi-si-té),  i.  f.  Pro- 
priété d'i'lre  livgroscopiqup,  d'indiquer  l'humidité. 

t  HYGRCSCOPIE  (i-gro-sko-pie),  ».  f.  Emploi  de 
riiygroscope. 

t  HYGROSCOPIQUE  (i-gro-sko-pi-k').  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'hygroscopie.  Observations  hygroscopi 
ques. 

t  HYI-ARCHIQUE  (i-lar-chi-k') ,  adj.  m.  Esprit 
hylarchique,  esprit  universel  qui,  selon  quelques 
philosophes,  régit  la  matière  première. 

—  ÉTYM.  'rXiT),  matière,  et  Spy.eiv,  régir. 

t  HYI.É  (i-lé),  s.  f.  Terme  philosophique  employé 
quelquefois  pour  désigner  la  matière  première. 

—  ÉTYM.  'Ylrt,  matière. 

t  HYLÉMIDE  (i-lé-mi-d'),  adj.  Terme  d'entomo- 
logie. Insectes  hylém  Ides,  insectes  diptères  qui  vi- 
vent dans  les  taillis  et  les  haies. 

—  ÉTYM.  'Uri,  bois,  taillis. 

t  HYLOBATRACIEN,  lENNE  (  i-lo-ba-tra-siin  , 
sic-n'),  adj.  Terme  de  zoologie.  Se  dit  de  reptiles 
batraciens  qui  vivent  dans  les  taillis. 

—  ÉTYM.  'r>.r\,  bois,  taillis,  et  hatracien. 

t  HYLOBIENS(i-lo-bi-in),î.  m.  Nom  grec  de  cer- 
tains philosophes  indiens  qui,  vivant  solitaires  dans 
les  bois,  s'y  livrent  à  la  contemplation. 

—  ÉTYM.  "rXri,  bois,  et  pîot,  vie. 

t  HYLOGÉNIE  (i-lo-jé-nie),  t.  f.  FormaUon  ae  la 
matière. 

—  ÉTYM.  "n-n,  matière,  et  le  suffixe  génie. 

t  HYLOTOMES  (i-lo-to-m'),  s.  m.  pi.  Terme  d'en- 
tomologie. Genre  d'hyménoptères  qui,  à  l'aide  d'une 
tarière  en  forme  de  scie,  pratiquent  des  entailles 
dans  le  bois  pour  y  déposer  leurs  œufs. 

—  ÊTYM.  TX-m,  bois,  etTO|iï|,  section. 
tHYLOZOÏSME    (i-lo-zo-i-sm'),   s.  m.    Système 

philosophique  qui  attribue  à  la  matière  une  vie  pri- 
mitive et  inhtrente. 

—  ÉTYM.  TXr],  matière,  et  Cwttv,  vivre. 

i .  HYMEN  (i-mèn',  d'après  l'Académie  et  Chifflet 
au  XVII*  siècle  qui  veulent  qu'on  prononce  l'n; 
d'autres  prononcent  i-min;  les  deux  prononciations 
sont  usitées;  les  poètes  le  font  rimer  avec  des  rimes 
en  m  ou  en  ain),  s.  m.  ||  !•  Nom  de  la  divinité 
païenne  qui  présidait  aux  noces.  ||  2*  Par  exten- 
sion et  dans  le  langage  poétique  ou  élevé,  mariage, 
union  conjugale.  L'hymen  qui  nous  attache  en 
une  autre  famille,  corn.  llor.  m,  4.  Les  flambeaux 
de  l'hymen  viennent  de  s'allumer,  m.  Puly.  i,  t. 
}%  ne  demande  plus  d'où  partait  ce  dédain.  Quand 
j'ai  voulu  vous  faire  un  hymen  de  ma  main.  lo.  D. 
Sanehe,  iv,  6.  L'hymen  sur  un  époux  donne  quel- 
que puissance,  ID.  Othon,  m,  i.  J'ai  vu  beaucoup 
d'hymens,  aucuns  d'eux  no  me  tentent,  la  font. 
Fdbl.  vu,  2.  Comme  il  a  volonté....  De  me  déter- 
miner à  l'hymen  d'Hippolyte ,  mol.  l'Ët.  ii ,  ». 
Chercher  dans  l'hymen  d'une  douce  et  sage  per- 
sonne la  consolation  de  quelque  nouvelle  famille, 
ID.  l'Av.  V,  6.  Ainsi  que  ses  chagrins,  l'hymen  a  ses 
plaisirs,  boil.  Sat.  x.  Jamais  hymen  formé  sous  la 
plus  noir  auspice  De  l'hymen  que  je  crains  n'égala 
le  supplice,  rac.  Uithr.  i,  2.  L'hymen  n'est  pas 
toujours  entouré  de  flambeaux,  id.  Phèdre  v,  ) .  En- 
fin l'hymen  est  fait,  je  suis  dans  l'esclavage,  volt. 
Scythes,  m,  4.  Et  l'hymen  le  plus  doux  est  toujours 
une  chaine,  collin  d'harlevii  le,  Chdl.  en  Espagne, 
II,  3.  Plus  loin  on  voit  un  cirque  et  le  peuple  ro- 
main. Des  Sabines  en  pleurs  l'involontaire  hymen, 
DELiLLE,^n.  via.  Il  Les  fruits  de  l'hymen,  les  enfants. 
Il  Fig.  Toute  l'année  n'est  qu'un  heureux  hymen  du 
printemps  et  de  l'automne,  qui  semblant  se  donner 
la  main,  fé».  Tél.  viii.  Et  la  rose  et  le  lis,  qu'un 
doux  hymen  assemble,  Animent  son  beau  teint,  y 
confondent  ensemble  Leur  coloris  vermeil  et  leur 
vive  blancheur,  baoor-lobm.  Jér.  délit,  vi.  La 
terre,  après  tant  de  désastres.  Forme  avec  le  ciel 
un  hymen.  Et  la  loi  qui  régit  les  astres  Donne  la 
paix  au  genre  humain,  bêraho.  f oi«.  1|  8"  Jeu  de 
l'hymen,  jeu  analogue  au  jeu  de  l'oie. 

—  ÉTYM.  Lat.  Hymen,  de  TiiTiv,  dieu  du  mariage 
(mot  qui,  en  grec,  ne  se  trouve  que  dans  la  locution 
0|i<|v  ûiiévaio;),  et  chant  de  mariage.  Parmi  les  éty- 
mologistes,  les  uns  le  rattachent  à  ipi-riv,  membrane, 
ce  qui  est  peu  probable,  les  autres  à  û(ivo;,  hymne. 

2.  HYMEN  (i-min  et  aussi  i-mèn"),  *.  m.  Terme 
d'anatomie.  Repli  membraneux  qui,  chez  les  vierges, 
se  trouve  ordinairement  à  l'entrée  du  vagin.  ||  Terme 
de  botanique.  Petite  peau  qui  enveloppe  le  bouton 
des  fleurs  et  qui  se  sépare  lors  de  l'épanouissement. 

—  HIST.  ivi"  s.  Celle  tunique  que  l'on  appelle  hy- 
men ou  pannicule  virginal,  pabé,  i,  »4.  Ils  cuident 

I.—  260 


2074 


HYM 


qu'il  n'y  a  nullo  vierge  qui  n'aye  ladite  hymen,  qui 
(!st  la  porte  Tirginale,  mais  ils  s'abusent,  id.  xviii, 
4».  , 

ÊTYM.  'ir|i:^v,  membrane,  que  l'on  tire  d  un 

radical  0,  qui  se  trouve  dans  le  latin  tuere,  coudre, 
et  dans  0?';;,  tissu. 

IIVMfiNf.E  (i-mc-néc),  s,  m.  111"  Nom  delà  di- 
vinité païenne  qui  présidait  aux  mariages.  Hyménée 
et  l'Amour,  par  des  désirs  constants,  Avaient  uni 
leurs  cœurs  dès  leur  plus  doux  printemps,  la  font. 
l'hil.  etBaucis.  ||  2°  Mariage,  union  conjugale.  Mais 
après  l'hyménée  ils  [les  hommes]  sont  rois  à  leur 
tour,  CORN.  Poly.  i,  3.  Et  ne  savez-vous  pas  qu'il 
est  des  hyménécs  Que  font  sans  nous  au  ciel  les 
belles  destinées?  id.  Pulchér.  v,  «.  Avant  qu'on  eût 
conclu  ce  fatal  hyménée,  bac.  Andr.  v,  t.  [Lisette] 
Oui  des  chaînes  de  l'hyménée  Veut  charger  mes  bras 
caressants,  bébano.  Indép. 

—  ÉTYM.  TiiÉvaio;,  chant  de  mariage,  dieu  du 
mariage,  dérivé  de  ù(iriv,  hymen  l. 

t  IIYMÉNÉLYTRE  (i-mé-né-li-tr') ,  adj.  Terme 
d'entomologie.  Qui  a  les  élytres  membraneux. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  élytre. 

t  UYMÉNION  (i-mé-ni-on)  ou  UYMÉNIUM  (i-mé- 
ni-om'),  s.  m.  Terme  de  botanique.  Couche  mem- 
braneuse superficielle  portant  les  organes  de  la  fruc- 
tification dans  les  champignons. 

—  ÊTYM.  Hymen  2. 

t  UYSIÊNOCAUPE  (i-mé-no-kar-p') ,  adj.  Terme 
de  botanique.  Oui  a  le  fruit  membraneux. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  xapito;,  fruit. 

t  nVMÉNOGRAPUIK  (i-mé-no-gra-fie)  ,  s.  f. 
Terme  d'anatomie.  Description  des  membranes. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  ypiçEi^,  décrire. 

t  HYMÉNOLÉPIDOPTÈRE  (i- mé-no-lé-pi-do- 
ptè-r')  ,  adj.  Terme  de  zoologie.  Insectes  hymcnolé- 
pidoptères,  insectes  qui  ontdes  ailes  membraneuses 
et  couvertes  d'une  poussière  écailleuse. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,>e7ttç,  écaille,  et  XTepôv,  aile. 
tHYMÉNOLOGIE    (i-mé-no-lo-gie),    s.  f.  Traité 

des  membranes. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  Xôyoç,  traité. 

t  HYMÉNOMYCES  (i-mé-no-mi-s')  ou  HYMÉNO- 
MYCÈTES  (i-mé-no-mi-sè-t'),i.  m.  pi.  Ojdre  de 
champignons  qui  ont  un  hyménium. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  |iûx<i;,  champignon. 

t  UYMÉNOPIIORE  (i-mé-no-for'),  s.  m.  Terme 
de  botanique.  Partie  du  champignon  qui  supporte 
l'hyménium. 

—  ÉTYM.  Hxjmeni,  et  çopo;,  qui  porte. 

t  HYMÉNOPUYLLÉES  (i-mé-no-fil-lée),  s.f.  pi. 
Terme  de  botanique.  Nom  d'une  tribu  de  la  classe 
des  fougères. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  çOXXov,  feuille. 

t  HYMÉNOPODE  (i-m.é-no-po-d'),  adj.  Terme  de 
zoologie.  Oiseaux  hyménopodes,  oiseaux  qui  ont  les 
doigts  à  moitié  réunis  par  une  membrane. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  itoùç,  pied. 
HYSIÉNOPTËRES    (i-mé-no-plè-r'),    s.    m.    pi. 

Terme  d'entomologie.  Ordre  de  la  classe  des  insec- 
tes, comprenant  ceux  qui  ont  quatre  ailes  membra- 
neuses et  nues,  telles  que  les  abeilles,  les  guêpes, 
les  fourmis,  etc.  {|  Adj.  Insecte  hyménoptère. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  TCTepèv,  aile. 

t  UYMÉNOPTÉROLOGIE  (i-mé-no-pté-ro-lo-jie), 
î.  f.  Partie  de  l'entomologie  qui  traite  des  hymé- 
noptères. 

—  ÊTYM.  Hyménoptère,  et  Xoio;,  traité. 

t  HYMÊNORRIIIZE  (i-mé-no-rri-z"),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  a  des  racines  membraneuses. 
L'ail  hyménorrhize. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  f  îÇa,  racine. 

t  UYMENOTUÉCIEN,  IENNE  (i-mé-no-té-siin, 
siè-n') ,  adj.  Terme  de  botanique.  Champignons  hy- 
ménolhéciens,  champignons  pourvus  dune  mem- 
brane qui  contient  les  corpuscules  reproducteurs. 

—  ÊTYM.  Hymen  2,  et  er,xiri,  loge. 

t  UYSIÉNOTOMIE  (i-mé-no-to-mie),  s.  f.  Dis- 
section des  membranes. 

—  ÊTYji.  Hymen  2,  et  to|i^,  dissection. 

t  UYMNAIRE  (i-mné-r'),  s.  m.  Recueil  d'hy- 
mnes. 

—  ETYM.  Hymne. 

HYMNE  (i-mn'),  s.  m.  ||  1»  Chez  les  anciens, 
po6me  en  l'honneur  des  dieux  ou  des  héros. 
Il  2°  Cantique  en  l'honneur  de  la  dirinité.  Peuples 
de  toute  la  terre,  poussez  vers  Dieu  dos  cris  d'jJlé- 
grcsse  ;  chantez  un  hymne  à  la  gloire  de  son  nom, 
et  relevez-la  par  vos  louanges,  saci.  Bible,  psaume 
Lxy,  ï.||3°  En  général  et  poétiquement,  chant.  Ces 
bois  vont  retentir  des  hymnes  du  matin,  c.  delav. 
Porta,  1,3.  Dans  l'hymne  do  la  nature,  Seigneur, 
chaque  créature  Forme  h  son  heure  en  mesure  Un 


HYP 

son  du  concert  divin,  lamart.  Harm.  i,  3.  ||  4°  S. 
f.  Tenue  de  liturgie.  Prière  en  strophes  conformes 
à  la  prosodie  latine,  que  l'on  chante  dans  l'église. 
Une  belle  hymne. 

—  KEM.  La  distinction  qui  fait  hymne  du  fémi- 
nin en  parlant  des  hymnes  de  l'Eglise,  n'a  rien  qui 
se  justifie,  soit  dans  l'étymologie,  soit  dans  l'histo- 
rique du  mot. 

—  iilST.  XII*  s.  Bels  sires,  entend  à  l'ureisun  de 
tun  serf,  et  oi  le  ymne  e  la  prière  que  jo  te  faz. 
Rois,  p.  281.  Il  XVI*  s.  Vostre  hynne  e.st  achevé,  je 
ne  vous  lou'ray  plus,  hors.  846.  Chanter  l'hymne 
du  cygne,  cotgrave. 

—  ÉTYM.  Provenç.  hymne;  esp.  htmno;  ital. 
inno;  du  lat.  hymnus,  qui  vient  du  grec  Oii-joç. 
Les  étymologistes  le  tirent  de  flôw,  chanter,  bien 
que  u  soit  long  dans  ûiivoç  et  bref  dans  05(o.  Au 
contraire,  d'après  Curtius,  ûfivo;  est  de  même  ra- 
cine que  Oçiw,  tisser,  Oç-^,  Ospo;,  tissu;  à- l'époque 
reculée  où  l'écriture  était  inconnue,  la  plupart  des 
mots  qui  servent  à  indiquer  une  composition  poé- 
tique étant  empruntés  à  l'art  du  tisserand,  du  con- 
structeur, etc. 

t  UYMNIQCTE  (i-mni-k'),  adj.  Qui  a  rapport  à 
l'hymne  ;  qui  est  du  genre  de  l'hymne. 

—  ÉTYM.  Hymne. 

t  HYMNODE  (i-mno-d'),  s.  m.  et  f.  Terme  d'an- 
tiquité. Celui ,  celle  qui  chantait  des  hymnes  dans 
les  solennités  religieuses. 

—  ÉTYM.  'r|j.vtj)ôà:,  de  viiivo;,hymne,otti5i?i,  Chant, 
t  HYMNOGRAPHE  (i-mno-gra-f),  s.  m.  Auteur 

qui  compose  des  hymnes.  Santeuil  est  un  de  nos 
meilleurs  hymnographcs. 

t  nYMNOGRAPUIE  (i-mno-gra-fie) ,  s.  f.  Genre 
de  poésies  qui  comprend  les  hymnes.  |{  Traité  biblio- 
graphique des  hymnes. 

—  ÉTYM.  Hymne,  et  ypâçEiv,  décrire. 

j  HYMNOLOGIE  (i-mno-lo-jie) ,  s.  f.  Traité  sur 
les  hymnes.  Il  Terme  de  liturgie.  Récitation  ou 
chant  des  hymnes. 

—  ÉTYM.  Hymne,  et  Xé^oç,  discours. 

t  nYMNOLOGUE  (i-mno-lo-gh'),  s.  m.  Auteur 
d'une  hymnologie. 

t  HYO-ÉPIGLOTTIQUE  (i-o-é-pi-glo-tti-k'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  appartient  à  l'hyoïde  et  à 
l'épiglotte.  Muscle  hyo-épiglottique,  ou,  substanti- 
vement, l'hyo-épiglottique ,  muscle  impair  fixé  sur 
le  milieu  du  corps  de  l'hyoïde,  et  s'insérant  à  la 
base  de  l'épiglotte. 

—  ÉTYM.  Hyoïde,  et  ipigloUe. 

t  HYO-GLOSSE  (i-o-glo-s'),  s.  m.  Terme  d'ana- 
tomie. Muscle  pair  qui  s'attache  à  l'os  hyoïde  et  à 
la  langue. 

—  ÉTYM.  Hyoïde,  et  flûiaaa,  langue. 
nYOÏDE  (i-o-i-d'),  adj.  Terme  d'anatomie.  L'os 

hyoïde,  et,  substantivement,  l'hyoïde,  os  situé 
entre  la  base  de  la  langue  et  le  larynx. 

—  IIIST.  xvi*  s.  La  figure  de  cet  os  est  telle  que 
de  la  lettre  grecque  X,  au  moyen  de  quoy  il  est  ap- 
pelle hyoïde,  paré,  iv,  i\. 

—  ÉTYM.  La  lettre  grecque  u,  et  elôoç,  forme. 

t  HYOÏDIEN,  ENNE  (i-0-i-diin,  diè-n'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  à  l'os  hyoïde. 

t  UYO-PHARYNGIEN,  ENNE  (  i-o-fa-ria-jiin  , 
jic-n'),  adj.  Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  à 
l'hyoïde  et  au  pharynx.  Muscle  hyo-pharyngien,  et, 
substantivement,  l'hyo-pharyngien ,  le  constricteur 
moyen  du  pharynx. 

—  ÊTYM.  Hyoïde,  et  pharyngien. 

t  irYOSCYAMlNE  (i-o-ssi-a-mi-n'),  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Substance  découverte  dans  les  semences 
de  la  jusquiame  [hyoscyamus  niger,  L.). 

—  ÊTYM.  Lat.  hyoscyamim  (voy.  jusquiame). 

t  HYOSPONDYLOTOMIE  (i-0-spon-di-lo-to-mie), 
s.  f.  Terme  de  vétérinaire.  Ponction  des  poches 
guttvrales. 

—  ÉTYM.  Hyoïde,  oitôvîuXoi;,  vertèbre,  et  tout], 
incision. 

t  IIYOSTERNAL  (i-o-ster-nal),  s.  m.  Terme  d'a- 
natomie. Troisième  pièce  du  sternum.  ||  Pièce  du 
sternum  des  tortues. 

—  ÉTYM.  Hyoïde,  et  stemal. 

tnYP....  ou  IIYPC...  préfixe  qui  vient  de  la 
préposition  grecque  vice,  et  qui  signifie  sous  (voy. 
sous),  et  exprime  souvent  une  diminution;  il  est 
opposé  à  hyper....,  voy.  ce  mot. 

UYPALLAGE  (i-pal-la-j"),  s.  f.  Terme  de  gram- 
maire. Figure  par  laquelle  on  paraît  attribuer  à 
certains  mots  d'une  phrase  ce  qui  appartient  à  d'au- 
tres mots  de  <;ette  phrase,  sans  qu'il  soit  possible 
de  se  méprendre  au  sens.  Exemple  :  Enfoncer  son 
chapeau  dans  sa  tête,  pour  enfoncer  sa  tétc  dans 
son  chapeau. 


HYP 

—  ÉTYM.  'ritaXXay^,  de  iicè,  et  iXXàaativ,  chan- 
ger. 

t  HYPANTHE  (i-pan-f),  t.  m.  Terme  de  1)0U- 
nique.  Partie  inférieure  du  calice.  i|  Nom  donné  au 
mode  d'infiorescence  que  présente  le  figuier. 

—  ÊTYH.  Hyp....,  et  (îv«oî,  fleur. 

t  HYPANTIIÉ,  ÉE  (i-pan-té,  tée),  adj.  Terme 
de  botanique.  Dont  le  calice  et  la  corolle  s'insèrent 
sous  l'ovaire. 

—  ÉTYM.  Hxjpanlhe. 

t  UYPATE  (i-pa-f),  s.  f.  Terme  de  musique  an- 
cienne. La  corde  la  plus  grave  do  la  lyre  et  des 
deux  tétracordes  les  plus  bas. 

—  ÉTYM.  TxiXTn,  la  dernière  corde. 

t  UYPER....  préfixe  qui  représente  la  préposition 
grecque  iiTièp,  et  signifie  au-dessus,  au  delà  (voy. 
SUR,  prép.)  ;  il  exprime  en  général  l'excès,  le  plus 
haut  degré  ;  il  est  opposé  à  hypo.  Dans  le  langage 
chimique,  ces  deux  prépositions  portent  non  sur 
l'élément  exprimé  qui  les  suit,  mais  sur  l'oxygène 
qui  est  Rous-cntendu  ;  ainsi  hypoazotique  veut  dire 
non  qu'il  y  a  moins  d'azote,  mais  moins  d'oxygènc- 
que  (ians  Vaxotique;  et  hyperchlorique  veut  dire 
non  qu'il  y  a  plus  de  chlore,  mais  plus  d'oxygène 
dans  le  chlorique. 

t  HYPERACCSIE  (i-pèr-a-ku-zie) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Exaltation  de  l'ouïe;  perception  con- 
fuse et  douloureuse  de  certains  sons,  surtout  de 
ceux  qui  sont  élevés  et  aigus. 

—  REM.  On  trouve  dans  des  livres  de  médecine 
hypercousie,  ce  qui  est  une  double  faute,  a  ne  pou- 
vant être  supprimé,  et  la  diphthongue  ou  se  rendant 
en  latin  et  en  français  par  u. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  ixoiirriç,  action  d'entendre 
t    ITYPERALBCMINOSE    (i-pér-al-bu-mi-nô-z'), 

s.  f.  Terme  de  médecine.  Augmentation  de  la  quan- 
tité d'albumine  du  sang. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  albumine. 
HYPERBATE    (  i-pèr-ba-f) ,     s.   f.    Figure  de 

grammaire.  Inversion.  L'hyperbate  est  un  tour  par- 
ticulier qu'on  donne  à  une  période,  et  qui  consiste 
principalement  à  faire  précéder  une  proposition 
par  une  autre  qui ,  dans  l'ordre  naturel,  aurait  dû 
la  suivre;  par  exemple,  dans  c^  vers  de  Racine  : 
Que,  malgré  la  pitié  dont  je  me  sens  saisir.  Dans 
le  sang  d'un  enfant  je  me  baigne  à  loisir  {Andr. 
I,  2),  DUCLOS,  Gramm.P.  R.  Œuvres,  t.  ix,  p.  2<(), 
dans  pouGENS.  ||  Particulièrement.  Figure  qui  con- 
siste à  intervertir,  à  renverser  brusquement  l'ordre 
naturel  du  discours  pour  exprimer  une  violente 
affection  de  l'âme. 

—  ÊTYM.  TuÉpSaTov,  de  Ciitip,  au  deE,  et  pa(- 
vctv,  aller. 

HYPERBOLE  (i-per-bo-I'),  s.  f.\\  i'  Figure  de 
rhétorique  qui  consiste  à  augmenter  ou  à  diminuer 
excessivement  la  vérité  des  choses  pour  qu'elle 
produise  plus  d'impression.  Parlons  sans  hyperbole 
et  sans  plaisanterie ,  id.  Sat.  x.  Et  bientôt  vous 
verrez  mille  auteurs  pointilleux,  Pièce  à  pièce 
épluchant  vos  sons  et  vos  paroles.  Interdire  chez 
vous  l'entrée  aux  hyperboles,  boil.  Épitre  x.  Juvé- 
nal,  élevé  dans  les  cris  de  l'école,  Poussa  jusqu'à 
l'excès  sa  mordante  hyperbole,  id.  Art  ;>.  il.  L'hy- 
perbole exprime  au  delà  de  la  vérité  pour  ramener 
l'esprit  à  la  mieux  connaître,  la  brut.  i.  Les  es- 
prits vifs,  pleins  de  feu,  et  qu'une  vaste  imagina- 
tion emporte  hors  des  règles  et  de  la  justesse,  ne 
peuvent  s'assouvir  de  l'hyperbole,  id.  i.  Le  cynisme 
des  mœurs  doit  salir  la  parole.  Et  la  haine  du  mal 
enfante  l'hyperbole,  barbier,  ïambes,  prologue. 
Il  2°  Terme  de  mathématique.  Courbe  telle  qu'en 
menant  d'un  quelconque  de  ses  points  des  rayons 
à  deux  points  fixes  nommés  foyers,  la  diflTérence  de 
ces  rayons  est  toujours  la  même;  elle  est  une  dos 
sections  coniques,  celle  qui  est  engendrée  par  un 
plan  coupant  obliquement  un  cône  droit,  de  ma- 
nière à  pouvoir  couper  aussi  un  second  cône  sem- 
blable au  premier  et  qui  lui  .serait  opposé  ;  elle  est 
formée  de  deiu  branches  indéfiniment  ouvertes  et 
se  tournant  mutuellement  leur  convexité.  Nicolas 
Mercator  publia  en  1068  sa  logarithmolechnie,  où 
il  donnait,  par  une  suite  ou  série  infinie,  la  quadra- 
ture de  l'hyperbole,  fonten.  Newton.  Il  Hyperbole 
équilatère,  celle  dont  les  axes  sont  égaux. 

—  ETYM.  Lat.  hyperbole,  de  imepSoXii,  de  încèp, 
au  delà,  et  piXXsiv,  jeter. 

t  HYPERBOLIFORME  (i-pèr-bo-li-for-m") ,  adj. 
Terme  de  géométrie.  Oui  se  rapproche  de  l'hyper- 
bole. Courbes  hyperboliformes,  nom  que  des  géo- 
mètres ont  donné  à  des  courbes  dont  les  équations 
ont  une  forme  analogue  à  celle  de  l'hyperbole  or- 
dinaire. 

—  tryts.  Hyperbole,  et  forme. 


HYP 

HYPERBOUQUE  (i-pèr-bo-li-k"),  adj.  ||  1°  Qui 
exagère  beaucoup.  Je  dois  rejeter  tous  les  doutes  do 
ces  jours  passés,  comme  hyperboliques  et  ridicules, 
particulièrement  cette  incertitude  si  générale  tou- 
chant le  sommeil,  que  je  ne  pouvais  distinguer  de 
la  veille,  desc.  ifédit.  vi,  23.  Après  tout,  son  fran- 
çais [de  Balzac],  combien  que  trop  hyperbolique, 
est  encore  meilleur  et  plus  agréable  que  son  latin, 
GUI  PATIN,  Letl.  t.  Il,  p.  25.  Il  II  se  dit  des  personnes 
dans  le  même  sens.  Homme,  personne  hyperbo- 
lique. Il  2°  Terme  de  mathématique.  Qui  a  la  forme 
de  l'hyperbole,  ou  qui  dépend  de  ses  propriétés. 
Figure  hyperbolique.  Après  avoir  traversé  le  verre 
hyperbolique,  DESc.  Dioptr.  8.  Il  [Descartes]  con- 
clut que  les  verres  elliptiques  et  hyperboliques  sont 
les  meilleurs  de  tous  pour  rassembler  les  rayons, 
BUFF.  Hist.   min.  Introd.  Œuvres,  t.  vu,  p.  <85. 

—  REM.  J.  S.  Rousseau  a  cru,  à  tort,  hyperboli- 
que un  mot  nouveau  et  créé  par  lui  :  Les  louanges 
hyperboliques  et  outrées  dont  vos  deux  lettres  sont 
remplies,  Lett.  à  Urne  de  li  ouf  fiers,  23  mai  )760. 
Le  mot  est  en  italiques,  et  Rousseau  dit  dans  une 
notp  :  Voici  encore  un  mot  pour  le  dictionnaire  ; 
hélasl  pour  parler  de  ma  destinée,  il  faudrait  un 
vocabulaire  tout  nouveau  qui  n'eût  été  composé 
que  pour  moi. 

—  HIST.  XVI'  s.  Maintenant  il  convient  parler  de 
meslinges  hyperboliques,  c'est-à-dire  excessifs,  que 

.  la  superstition  amis  sus,  calv.  InsHl.  H02. 

—  ÊTVM.  Hyperbole. 
HYPERBOLIQUEMENT  (i-pèr-bo-li-ke-man),  adv. 

Il  l"  Avec  exagération.  Elle  est  donc  belle?  —  Belle 
hyperboliquement,  th.  corn,  le  Berger  extravagant, 
I,  2.  112°  Terme  de  géométrie.  Couper  un  cône  hy- 
perboliquement, le  couper  de  manière  à  former  une 
hyperbole. 

—  f.TVM.  Hyperbolique,  et  le  suffixe  ment. 

f  nYPEKBÔLISER  (i-pèr-bo-li-zé),  V.  n.  Parler 
par  hyperboles. 

—  HlST.  xvi*  s.  Quand  on  vient  à  contempler 
celles  fies  dames]  qu'ils  ont  tant  hyperbolisées  (pour 
user  du  mot  de  leur  plus  riche  figure  et  sans  laquelle 
leur  poésie  demeure  fort  seiche),  carloix,  m,  7. 

—  ÉTYM.  Hyperbole. 

t  HYPERBOLISME  (i-pèr-bo-li-sm'),  s.  m.  Néo- 
logisme. Emploi  abusif  de  l'hyperbole. 

—  f.TYM.  Ilyperboliser. 

t  HYPERBOLOÏDE  (i-pèr-bo-io-i-d'),  adj.  Terme 
de  géométrie.  Qui  se  rapproche  de  l'hyperbole. 
Courbes  hyperboloîdes.  ||  S.  m.  Solide  produit  par 
la  révolution  d'une  h^Tierbole. 

ÉTYM.  Hyperbole,  et  eîôoî,  forme. 

IIYPERBORf.E  (i-per-bo-rée),  adj.  Qui  est  situé 
tout  à  fait  au  nord.  Peuples  hyperborées.  Les  pâles 
habitants  de  ces  froides  contrées.  Qu'assiègent  de 
glaçons  les  mers  hyperborées,  volt.  Henr.  vu. 
Peuples  que  Dieu  fit  naître  aux  portes  du  soleil, 
Vous,  nations  hyperborées,  m.  Pour  et  contre.  Al- 
lons dans  cette  immense  région  hyperborée  [la 
Russie],  qui  était  si  barbare  il  y  a  quatre-vingts 
ans,  et  qui  est  aujourd'hui  si  éclairée  et  si  invin- 
cible, ID.  Voyage  de  la  raison. 

—  ÉTYM.  Lat.  hyperboreus,  de  ûitEf  êôpso; ,  de 
iîtèp,  au  delà,  et  SopÉaç,  Borée. 

HYPERBORÉEN,  ENNE  (i-pèr-bo-ré-in,  e-n), 
adj.  il  1°  Synonyme  d'hyperborée.  On  ne  comprit 
plus  sous  la  dénomination  de  Scythie  que  les  ré- 
gions hyperboréennes  situées  aux  extrémités  de 
l'Europe,  dider.  Opin.  des  anc.  philos.  (Scythes). 
Il  Plantes  hyperboréennes  ,  plantes  qui  croissent 
dans  des  lieux  très-froids.  \\  i'  S.  m.  pi.  Les  Hyper- 
boréens,  nom,  chez  les  Grecs,  d'un  peuple  mythi- 
que, vivant  dans  l'extrême  septentrion,  aimé  d  A- 
poll'on,  et  renommé  pour  sa  piété  et  son  bonheur. 

t  HYPERCATALECTE  (i-pèr-ka-ta-lè-kf),  s.  m. 
Terme  de  prosodie  grecque  et  latine.  Vers  qui  a 
une  syllabe  de  plus. 

—  ÉTYM.  'rjtcpitxaTa)TixTixà;,  de  viitEp,  au  delà, 
et  xaTd).r,y.To;,  final,  de  xaTà,  et  ).TiYetv,  finir. 

t  HYPEUCATALECTIQUE  (i-pèr-ka-ta-lè-kti-k  ), 
aaj.  Vers  hypercatalectique ,  synonyme  d'hyperca- 

talecte. 

tBYPERCATIIARSIE  (i-pèi-ka-tar-sie),!.^.  lerme 
de  médecine.  Superpurgation. 

—  ÉTYM.    'rTCEpv-àôapot;,    de   ûirèp,   au    dcia,  et 

xaGaipEiv,  purger. 

+  IIYPERCllLORATE  (i-pèr-klo-ra-f),  «.m.  lerme 
de  chimie.  Sel  produit  par  la  combinaison  de  1  a- 
cide  byperchlorique  avec  une  base. 

—  t.TiM.  Hyper....,  et  chlorate. 

+  HYPERCULORIQUE  (i-pèr-klo-ri-k  ) ,  adj .  m. 
lerme  de  chimie.  Se  dit  d'un  des  oxacides  du  chlore. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  chlorique. 


HYP 

t  HYPERCIUNIE  (i-per-kri-nie) ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Augmentation  plus  ou  moins  considé- 
rable d'une  sécrétion. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  xpiveiv,  sécréter,  séparer. 

t  UYPERCRISK  (i-pèr-kri-z'),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Crise  plus  forte  qu'on  ne  l'observe  commu- 
nément. 

—  ÈTYil.  Hyper. ...j  et  crise. 
HYPERCRITIQUE  (i-pèr-kri-ti-k'),  s.  m.  Censeur 

outré,  critique  qui  ne  pardonne  rien.  X  nosseigneurs 
académiques.  Nosseigneurs  les  hypercritiques.  Sou- 
verains arbitres  des  mots,  ménage,  ttequéte  des  dic- 
tionnaires à  VAcadémie.  L'affiche  des  comédiens 
du  Petit  Bourbon  qui  marquait  qu'après  les  Pré- 
cieuses ridicules  on  devait  jouer  :  Ménage  hyper- 
critique,  le  faux  savant  et  le  pédant  coquet,  Anti- 
menagiana,  p.  i  "0.  La  lettre  que  vous  m'avez  fait 
l'honneur  de  m'écrire,  monsieur,  doit  vous  valoir 
le  nom  d'hypercritique  qu'on  donnait  à  Scaliger  ; 
vous  me  paraissez  bien  redoutable,  volt.  Mérope, 
Lettre. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  critique. 

t  UYPERDIACRISIE  (i-pèr-di-a-kri-zie),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Sécrétion  excessive. 

—  ÉTYM.  i/yper.  ..,et  ôtâxpiuiç,  sécrétion,  de  3ià, 
et  xpiffiç,  séparation. 

f  UYPERDORIEN  (i-pèr-do-riin) ,  adj.  m.  Terme 
de  musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Mode  hy- 
perdorien,  mode  qui  était  d'une  quarte  au-dessus 
du  dorien. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  dorien. 

t  UYPERDRAMATIQUE  (i-pèr-dra-ma-ti-k'), odj. 
Trop  dramatique,  où  les  moyens  dramatiques  sont 
exagérés. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  drame. 

HYPERDULIE  (i-per-du-lie),  s.  f.  Terme  de  théo- 
logie. Culte  qu'on  rend  à  la  sainte  Vierge,  par  oppo- 
sition à  dulie,  le  culte  que  l'on  rend  aux  saints. 
Il  Fig.  et  en  plaisantant.  La  nôtre  [famille]  se  met 
toujours  à  l'ombre  de  vos  ailes,  et  je  vous  adore  du 
culte  d'hyperdulie  ;  et,  si  les  roués  [le  rriumDira(| 
réussissent,  j'irai  jusqu'à  latrie,  volt.  Lett.d'Ar- 
gcntal,  15  déc.  <7(î3. 

—  ÉTYM. //t/per....,  etduiie. 

I  UYPERELLIPTlQUE(i-pèr-èl-li-pti-k'), od;'. 
Terme  de  mathématique.  Fonction  hyperelliptique 
ou  ultra-elliptique,  fonction  formée  par  une  inté- 
grale dont  la  différentielle  contient,  sous  un  radical 
du  second  degré,  un  polynôme  de  degré  supérieur 
au  quatrième.  Jacobi  et  Abel  ont  créé  la  théorie 
des  fonctions  hyperelliptiques. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  elliptique. 

f  DYPERÉMIE  (i-pèr-é-mie),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Surabondance  de  sang  dans  une  partie  quel- 
conque. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  olita,  sang. 

f  HYPERÊMIÊ,  ÉE  (i-pèr-é-mi-é,ée),por-(.  passé 
d'hyperèmier.  Qui  est  le  siège  d'une  hypercmie. 

\  HYPERÊMIER  (i-pèr-é-mi-é),  v.  a.  Produire 
une  hyperémie.  ||  S'byperémier,  v.  réfl.  Devenir  hy-' 
perémié. 

t  HYPERENCÉPIIALE  (i-pèr-an-se-fa-1  ),  s.  m. 
Terme  de  tératologie.  Nom  de  monstres  qui  ont 
l'encéphale  situé  en  très-grande  partie  hors  de  la 
boite  cérébrale,  et  au-dessus  du  crâne. 

—  ÉTYM. Hyper....,  ei  encéphale. 

t  HYPERENXfiPnALIE  (i-pèr-an-sé-fa-lie),  s.  f. 
Anomalie  qui  caractérise  les  hypérencéphales. 

t  HYPERENCÉPUALIEN,  ENNE  (i-pèr-an-se-fa- 
liin,  liè-n'),  adj.  Qui  a  le  caractère  de  l'hyperen- 
céphalie.  Monstres  hyperencépbaliens. 

+  HYPERÉOLIEN  (i-pèr-é-0-liin),  odj.  Terme  de 
musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Mode  hyper- 
éolien,   mode   qui  était  d'une  quarte  au-dessus  de 

l'éolien. 

—  ÉTYM. //yper....,  et  dolicn. 

+  UYPERESTUÉSIE  (i-pèr-è-sté-zie) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Sensibilité  excessive  et,  par  cela,  dou- 
loureuse. -vi-iA 

—  ÉTYM.  Hyper..  ..,  et  oKjOtiiii;,  sens,  sensibilité. 
t  HYPERGENËSE   (i-pèr-je-nè-z') ,    s.   f.  Terme 

dp  médecine.  Altération  caractérisée  par  un  excès 
dans  la  production  des  parties  constituantes  du  corps. 

—  ÉTYM   Hi/per....,  etfEvEcTii;,  producnon. 

f  HYPERGÊNÊTlOtTE  (i-pèr-jé-né-ti-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  l'hypergenèse.  ,    ,  „, 

+  UYPÉRICINÉES  (i-pèr-i-si-née),  s.  f.  pi.  Terme 
de  botanique.  Famille  de  plantes  dicotylédonees 
nolYPélales  hypogynes  dont  l'hypéricon  est  le  type. 

f  UYPÉRICON  (i-pèr-i-kon),  s.  m.  Nom  moderne 
du  genre  mille-pertuis.  ,     „,.  . 

--  ÉTYM.  "rittpixov.  L'fcypencum  de  Pline  est 
rojuga  reptans,  L. 


HYP 


2075 


t  UVPERIDROSE  (i-pèr-i-drô-7,'),  j.  f.  Terme  de 
médecine.  Supersécrélion  de  sueur. 

—  ETYM.  Hyper....,  et  lôpwc,  sueur. 

t  IlYPERINOSE  (i-pcr-i-nô-z'),  *.  {.  Terme  de 
médecine.  Augmentation  de  la  quantité  de  la  fi- 
brine. 

—  ÉTYM.  Hyper etîc,  ivo;,  fibre. 

t  UYPERIODATE  (i-pèr-i-0-da-f),  t.  m.  Terme 
de  chimie.  Nom  générique  des  sels  d'acide  hyperio- 
dique. 

t  HYPERIODIQUE  (i-pèr-i-0-di-k'),  adj.  Terme 
de  chimie.  Acide  hyperiodique,  acide  qui  contient 
plus  d'oxygène  que  l'acide  iodique. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  ei  iodique. 

t  UYPÉRIONIEN  (i-pèr-i-o-niin),  adj.  Terme  de 
musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Mode  hypé- 
rionien,  mode  qui  était  d'une  quarte  au-dessus  do 
l'ionien. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  lOfit'cn. 

t  HYPERLYDIEN  (i-pèr-li-diin) ,  adj.  m.  Terme 
de  musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Mode  hy- 
perlydien,  mode  qui  était  d'une  quarte  au-dessus  du 
lydien. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  lydien. 

t  HYPERLYMPIIIE  (i-pèr-lin-fie) ,  *.  f.  Terme 
de  médecine.  Augmentation,  surabondance  de  la 
lymphe. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  lymphe. 

t  UYPERMËTRE  (i-pèr-mè-tr*),  t.  m.  Terme  d»- 
prosodie  grecque  et  latine.  Vers  hexamètre  terminé 
par  une  syllabe  surabondante. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  el  mètre. 

t  DYPERMIXOLYDIEN  (i-pèr-mi-kso-li-diin) , 
adj.  Terme  de  musique  ancienne.  Le  plus  aigu 
des  modes  de  la  musique  grecque.  L'opinion  qui 
commence  à  prévaloir  admet  treize  modesà  un 
demi-ton  de  distance  l'un  de  l'autre,  rangés"  dans 
cet  ordre  en  commençant  par  l'hypodorien  qui  est 
le  plus  grave  :  hypodoricn,  si....  hypermixolydien 
si  (à  l'octave  du  premier),  bartuélemy,  Anachars 

ch.  27. 

t  UYPEBMYOPIK  (i-pèr-mi-o-pie),  t.  f.  Myopie 

très- prononcée. 

—  ÉTYM.  //i/per....,  etmi/opic. 

t  llYPEROPIE(i-pèr-o-pie),  s.  /'.Vision  d'un  ob- 
jet au  delà  de  l'accommoiialion  naturelle  de  l'reil, 
elle  est  dite  ordinairement  presbytie.  ||  Hyperopie 
artificielle,  essai  de  voir  un  objet  au  delà  de  l'ac- 
commodation naturelle  de  l'œil. 

—  ÉTYM.  Hyper et  ûx";,  vue. 

t  HYPEROSTOSE  (i-pèr-0-stô-z'),  s.  f.  Terme  do 
médecine.  Développement  anomal  et  excessif  do 
certaines  parties  osseuses. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  iatém,  os. 

f  IIYPEROXYDE  (i-pèr-o-ksi-d"),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  Oxyde  qui  contient  un  excès  d'oij- 
gène. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  oaryoe. 
fnYPERPURYGIEN(i-pèr-fri-jiin), adj. m.  Ternie 

de  musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Mode  hy- 

perphrygien,  mode  qui  était  d'une  quarte  au-dessus 

du  phrygien. 

—  ÉTYM.  Hyper et  phrygien. 

t  UYPERPUYSIQI'E  (i-pèr-fi-zi-k'),  adj.  Qui  est 
au  delà  de  la  nature,  supérieur  à  la  nature.  Ce  fut 
pour  répondre  aux  théosophes  gnostiques  qui  trou- 
blaient la  foi  des  fidèles  de  l'Asie  Mineure,  qu  il 
[saint  Paul]  sentit  le  besoin  de  s'e.vpliqucr  sur  la 
nature  hyperphysique  du  Sauveur,  micuel  Nicolas, 
Revue  german.  ("avril  (863,  p.  208. 

—  ÉTYM.  Hi/per....,  etp/iysiç«e. 

+  IIYPERPLASIE  (i-pèr-pla-zie),  s.  f.  Terme  do 
médecine.  Synonyme  plus  précis  d'engorgcmcnU 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  «).àai;,  formation. 

t  IIYPERPLASTIQUE  (i-pèr-pla-stik  ),  adj.  OU  In 
plasticité  est  en  excès.  Tis.su  hypcrplastique. 

t  UYPERPRESBYOPIE  (i-pèr-prè-sbi-0-pie),  s.  f 
Presbyopie  trcs-prononcée. 

—  ÉTYM.  Hyper et  presbyopie.  _ 

+  IIYPERSARCOSE  (i-pèr-sar-Bô-z  ),  «■  T  Terme 
de  médecine.  Développement  trop  rapide  et  trop 
considérable  des  bourgeons  charnus  d  ""^  P'aie. 

—  HIST.  XVI'  S.  Hypersarcose  ou  chair  supcrcroiî- 

sarte,  paré,  xvi,  40.  .      .   t    «i,.;, 

_  ÉTYM.  Hyper....,  et  uspxwst; ,  de  oopÇ,  cnair. 
+  UYPERS6nORE  (i-pir-so-no-r'),  adj.  Dont  la 

sonorité  est  excessive. 

—  ÉTYM.   Mot  hybride  formé  de  ftyper.. 


,  et  so- 


"  t  hypersONORITÊ  (i-pèr-so-no-ri-té),  $.  A  Dé- 
faut de  ce  qui  est  hypersonore.  -.    „.  j 
t  hyperstÈNE   (i-pcr-stè-n'),  t.  m.  Terme  de 


2076 


HYP 


iniDéralogie.  Substance  dans  laquelle  la  pyramide 
supérieure  des  cristaux  est  terminée  par  dos  faces 
très-étroites. 

—  ETYM.  Hyper...., el  orevoç,  étroit. 

f  HYPERSTUÉNIE(i-pèr-sté-nie),  s.  f.  Terme  de 
mi'decino.  Exalution  des  forces  qui,  dans  le  sys- 
tème du  brownisme,  accompagne  les  maladies  sthé- 
iiiques. 

—  ETVM.  Hyper....,  et  oOévoî,  force. 

f  HYPERSTOMIQUE  {i-pèr-sto-mi-k'),odj.  Terme 
d(>  botanique.  Qui  s'insère  au-dessus  de  l'orifice  du 
caiice. 

—  ftTYM.  Ih/per....,  et  0TÔ|jia,  orifice. 

t  IIYPERSTYLIOUE  (i-pèr-sti-li-k'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  s'insère  au-dessus  du  style. 

—  r.TYM.  Hyper....,  et  style. 

t  IIYPERSÙLFURE  (i-pèr-sul-fu-r'),i.  m.  Terme 
de  chimie.  Sulfure  au  maximum  de  soufre. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  sulfure. 

t  UYPERTUYRON  (i-pèr-ti-ron),  s.  m.  Terme 
d'architecture  ancienne.  Espèce  de  table  en  forme 
de  frise  au-dessus  du  chambranle  dans  les  portes 
doriques. 

—  ÉTYM.  TTtipOupov,  de  Oitèp,  au-dessus,  et 
Oûpa,  porte. 

t  HYPERTONIE  (i-pèr-to-nie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Excès  de  ton  dans  les  solides  organiques. 

—  fclYM.  Hyper....,  et  ton,  s.  m. 

t  HYPERTROPHIE  (i-pèr-tro-fie),  s.  f.  Terme 
de  méiiecine.  Accroissement  excessif  d'un  organe 
ou  d'une  portion  d'organe,  sans  altération  réelle  de 
sa  texture  intime.  Hypertrophie  du  cœur. 

—  ÉTYM.  Hyper....,  et  Tpoçr),  nourriture,  nutri- 
tion. 

t  HYPERTROPHIÉ,  ÉE  {i-pèr-tro-fi-é,  ée),  part, 
passé  d'Iiypertrophier.  Qui  a  pris  trop  d'accrois- 
sement, de  volume.  Le  cœur  hypertrophié. 

t  HYPERTROPHIER  (i-pèr-tro-fi-é),  t).  o.  Causer 
l'hypertrophie.  Les  obstacles  à  la  circulation  hyper- 
trophient  le  cœur.  {|  S'hypertrophier,  v.  réfl.  Deve- 
nir hypertrophié. 

t  HYPERTROPHIOCE  (i-pèr-tro-fi-k') ,  adj.  Qui 
se  rapporte  à  l'hypertrophie. 

HYPÈTURE  (i-pè-tr'),  s.  m.  Terme  d'architec- 
ture. Edifice,  temple  découvert.  \\A.dj.  Temple  hy- 
pètre. 

—  ÉTYM.  TTraiOpov,  de  Oitô,  sous,  et  aî6pa,  ciel 
découvert,  de  même  radical  quealÔTip  (voy.  éther). 

t'UYPHASME  (i-fa-sm'),  s.  m.  Terme  de  bota- 
nique. Portion  étalée  et  floconneuse  de  certains 
champignons. 

—  ÉTYM.Tçauna,  tissu;  Oçr],  0(po;,  Oepâù);  sanscr. 
vabha,  tisseur,  radical  vabh,  tisser;  allem.  weben, 
tisser. 

+  UYPHÉMIE  (i-fé-mie),  s.  f.  Terme  de  méde- 
cine. Diminution  du  sang. 

—  ÉTYM.  "Y"?',  uità,  au-dessous,  et  al|j.o. 

t  UYPHEN  (i-fcn');  s.  m.  Chez  les  Grecs,  trait  en 
forme  d'arc  renversé  indiquant  la  réunion  de  deux 
mots  en  un  seul  composé.  Comme  les  anciens  ne 
séparaient  pas  leurs  mots,  s'il  y  avait  par  exemple 
antevclans ,  on  pouvait  croire  qu'il  y  avait  deux 
mots,  ante  el  volans;  l'hyphen  indiquait  que  c'était 
un  seul  mot;  il  était  opposé  à  la  diastole.  " 

—  ÉTYM.  'V?',  Otto,  sous,  et  ïw,  un. 

t  HYPHO.MYCES  (i-fo-mi-s'),  s.  m.  pi.  Terme  de 
botanique.  Classe  de  champignons  renfermant  ceux 
qui  ont  'o  thalle  fioconneux. 

—  ÉTYM.  Tç^i,  tissu,  et|iOxri;,  champignon. 

t  HYPUOSPORES  (i-fo-spo-r') ,  adj.  Terme  de 
botanique.  Se  dit  des  lichens  qui  ont  la  forme  do 
filaments. 

—  ÉTVM.  Tfri',  tissu,  filament,  et  spore. 

t  HlfPN....,  UYPNO....,  premier  membre  d'un 
certa.n  nombre  de  composés  qui  signifie  sommeil, 
du  grec  Oitvo;,  représentant  exactement  le  lat. 
sopnus,  somnus,  le  sanscr.  svaprui,  radical  svap, 
dormir. 

t  HYPNAGOGIQUE  (i-pna-go-ji-k'),  adj.  Qui 
conduit  au  sommeil.  !|  Hallucinations  hypnagogi- 
qucs,  visions  que  l'on  a  lorsque,  moitié  éveillé, 
moitié  endormi,  on  est  près  d'entrer  dans  le  som- 
meil. 

—  ÉTYM.  "Vitvo;,  sommeil,  et  àytofè;,  qui  amène, 
t  HYPNIATRE  (i-pni-a-tr') ,  s.  m.  Somnambule 

oui,  dans  le  sommeil  magnétique,  prescrit  des  re- 
mcuiis  à  lui-même  ou  aux  autres. 

—  ÉTYM.  "Virvoç,  sommeil,  et  laTpô;,  médecin. 

t  UYPNIATRIE  (i-pni-a-trie),  s.  f.  Traitement 
des  maladies  par  un  hvpniatre. 

t  HYPXOBATE  (i-pno-ba-l') ,  s.  m.  Synonyme 
peu  usité  de  somnambule. 

—  ÉTYM.  'Virvoi;,  sommeil,  et  Paivtiv,  marcher. 


HYP 

t  HVPNOBATÈSE  (i-pno-ba-tè-7.'),  s.  f.  Synonym'^ 
peu  usité  de  somnambulisme. 

—  ÉTVM.  Hypnobale. 

t  HYPNOBLEPSIE  (i-pno-blè-.psie),(./'.  Somnam- 
bulisme lucide. 

—  ÉTYM.  "Vitvo;,  sommeil,  et  p).i7teiv,  voir. 

t  HVPNOGRAPHIE  (i-pno-gra-fie),  s.  f.  Descrip- 
tion du  sommeil. 

—  ÉTYM.  Trvos,  sommeil,  et  -ypiçciv,  décrire. 
t  ff\'PNOLOGIE  (i-pno-lo-jie) ,    s.  f.  Étude   du 

sommeil,  traité  sur  le  sommeil. 

—  ÉTYM.  "Y-nyoi.  sommeil,  et  'i.ifo;,  traité. 

t  HYPNOLOGIQCE  (i-pno-lo-ji-k'),  adj.  Qui  a 
rapport  à  l'hypnologie. 

t  UYPNOPUOBiE  (i-pno-fo-bie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Crainte  de  dormir  ;  terreur  durant  le 
sommeil. 

—  ÉTYM.  Tnvo;,  sommeil,  et  çô6o;,  crainte. 

f  HYPNOPHO.VE  (i-pno-fo-n') ,  s.  m.  Celui  qui 
parle  dans  le  sommeil  magnétique. 

—  ÉTYM.  Tirvo;,  sommeil,  et  (pti)v:?|,  voix. 
HYPNOTIQUE  (i-pno-ti-k'),   adj.  ||  1"  Terme  de 

médecine.  Qui  procure  le  sommeil.  ||  Substantive- 
ment. Les  hypnotiques.  ||  2°  Qui  a  rapporta  l'hypno- 
tisme. 

—  HIST.  xvi"  s.  Des  juleps  hypnotiques....  il  n'est 
pas  à  propos   de  donner  toujours  des  hypnotiques, 

PARÉ,  XXI,  3. 

—  ÉTVM.  'ïwvwTixô;,  de  Ouvôw,  endormir ,  qui 
vient  de  Oitvoç,  sommeil  (voy.  hypn....). 

t  HYPNOTISÉ,  ÉE  (i-pno-ti-zé,  zée) ,  part,  passé 
d'hypnotiser.  Hypnotisé  en  regardant  fixement  un 
porte-lancette  en  argent. 

t  HYPNOTISER  (i-pno-ti-zé),  r.  a.  Jeter  dans 
l'hypnotisme. 

f  HYPNOTISME  (i-pno-ti-sm'),  s.  m.  Terme  de 
physiologie.  Sorte  d'état  magnétique  que  l'on  pro- 
voque en  faisant  regarder  par  une  personne  un 
corps  brillant  qu'on  tient  très-près  des  yeux. 

—  ÉTYM.   Voy.  HYPNOTIQUE. 

HYPO....,  voy.  HYP....  Pour  l'emploi  de  hypo...., 
en  chimie,  voy.  hyper.... 

t  HYPOAZOTIQCE  (i-po-a-zo-ti-k') ,  adj.  m. 
Terme  de  chimie.  Acide  hypo-azolique,  acide  ob- 
tenu en  distillant  l'azotate  de  plomb  sec,  et  qui 
semble  être  un  composé,  à  équivalents  égaux,  d'a- 
cide azoteux  et  d'acide  azotique  ;  car  il  ne  donne 
pas  de  sels  propres  (hypo-azotates)  avec  les  bases, 
mais  des  azotates  et  des  azotites. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  azotique.' 

t  HYPOAZOTITE(i-po-a-zo-ti-t'),ï.  m.  Terme  de 
chimie.  Synonyme  d'azotite. 

t  HYPOBLASTE,  s.  m.  Terme  de  botanique. 
Corps  charnu  supportant  le  blaste. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  p^oKjTo:,  germe. 

f  HYPOBOLE  (i-po-bo-l'),  s.  f.  Terme  de  rhéto- 
rique. Figure  plus  connue  sous  le  nom  de  subjec- 
tion  ou  anticipation. 

—  ÉTYM.  'VitoSoXri,  de  Oito,  sous,  et  pà),).Eiv,  jeter, 
t  HYI'OBRANCIIE  (i-po-bran-ch') ,  adj.  Terme  de 

zoologie.  Qui  a  les  branchies  sous  le  corps. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  branchie. 

t  HYPOCALICIE  (i-po-ka-li-sie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  État  des  plantes  dont  le  calice  est  infé- 
rieur à  l'ovaire. 

—  ÉTYM.  Hypo  ...,  et  calice. 

t  HYPOCARPE  (i-po-kar-p'),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Partie  de  la  plante  sur  laquelle  le  fruit 
repose. 

—  ÉTVM.  Hypo et  /etpno;,  fruit. 

t  HYPOCARPOGÉ,  ÉE  (i'-po-kar-po-jé,  jée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Plantes  hypocarpogées,  plantes 
dont  les  fruits  mûrissent  sous  la  lerre  :  tels  sont 
l'arachide,  le  trèfie  souterrain. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  xapjto;,  fruit,  et  -pi,  terre. 

t  HYPOCATHARSIE  (i-po-ka-tar-sie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Purgation  trè.s-faible. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  xà^otpai;,  purgation. 

t  UYPOCAÙSTE  (i-po-kô-st'),  s.  m.  Terme  d'an- 
tiquité. Fourneau  souterrain,  dans  les  thermes. 

—  ÉTYM.  "rno/.ay(îTOv,  de  Oità,  SOUS,  et  xai'eiv, 
brûler. 

t  HYPOCHILE  (i-po-ki-!";  ou  HYPOCHILION 
(i-po-ki-li-on),  s.  m.  Terme  de  lx)ianique.  Partie  in- 
férieure du  tablier  des  orchidées. 

—  ÉTVM.  Hypo....,  etytîXoc,  lèvre. 

t  HYPOCIIllORATE    (i-po-klo-ra-f),  s.  m.    Voy. 

HYPOCHLOIUOUK. 

t  UYPOCIII,OREUX  (i-po-klo-reû),o4('.  m.  Terme 
de  chimie.  Acide  hypochloreux,  un  des  oxacides  du 
chlore. 

t  HYPOC1II.ORIQCE  (i-po-klo-ri-k'),  adj.  Terme 
de  chimie.   Acide  hypochlorique,  acide  obtenu  en 


HYP 

décomposant  le  chlorate  de  potasse  par  l'acide  su'.- 
furique;  il  est  synonyme  d'oxychlorique,  et  parait 
formé,  à  équivalents  égaux,  d'acide  chlorique  et 
d'acide  chloreux;  car  il  ne  donne  point  de  sels  pro- 
pres (hypochlorates) ,  mais  des  chlorates  et  des 
chlorites. 

—  ÉTYM.  Hypo et  chlorique. 

t  UYPOCULOBITE  (i-po-klo-ri-f),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  Nom  générique  des  sels  formés  par  l'a- 
cide hypochloreux,  dont  plusieurs  sont  employés 
pour  désinfecter.  {|  Hypochlorite  ou  chlorite  de  po- 
tasse, eau  de  Javelle.  ||  Hypochlorite,  ou  chlorite  de 
chaux,  ou  chlorure  de  chaux,  ou  poudre  de  Tennant, 
composé  complexe  de  chlorite  et  de  chlorate  de 
chaux,  de  chlorure  de  calcium  et  de  chaux  hydratée, 
qui  se  prépare  en  grand  dans  le  commerce.  |{  Hypo- 
chlorite, chlorite  ou  chlorure  de  soude,  dit  aus.si 
liqueur  de  Laharraque,  liquide  désinfectant. 

t  UYPOCISTE  (i-po-si-sf),  s.  f.  Terme  de  bota- 
nique.  Plante  parasite  {cytinus  hypocistis,  L),  dont 
on  obtient  le  suc  d'hypociste,  qui  prend  la  consis- 
tance d'extrait  par  son  exposition  au  soleil,  famille 
des  aristolochiées.  , 

—  ÉTYM.  'rrroxiaTt;. 

HYPOCONDRB  (i-po-kon-dr') ,  î.  m.  ||  1"  Terme 
d'anatomie.  Chacune  des  parties  latérales  de 
l'abdomen  situées  sous  les  fausses  côtes.  ||  J"  Homme 
mélancolique,  ainsi  nommé  parce  que  l'hypocon- 
drie était  supposée  avoir  son  siège  dans  les  hypo- 
condres.  Des  biens  que  l'hypocondre  en  ses  vapeurs 
promet,  Régnier,  Sat.  xi.  ||  Adj.  Il  devient  hypo- 
condre.  ||  Fou,  extravagant.  Jamais  la  dame  la  plus 
belle  Ne  charma  tant  son  favori  Que  fait  cette  épouse 
nouvelle  Son  hypocondre  de  mari,  la  font.  Fab!. 
II,  t8.  Non,  mais  cent  fois  la  béte  a  vu  l'homme 
hypocondre  Adorer  le  métal  que  lui-même  il  fit 
fondre,  boil.  Sat.  viu.  Est-ce  par  goût  hypocondre 
que  cette  femme  aime  un  valet?  la  rruy.  m. 

—  Rp;m.  On  ne  voit  pas  pourquoi  l'Académie  a 
supprime  Vh  étymologique  en  ce  mot  qui  devrait 
s'écrire  hypochondre. 

—  IIIST.  xvt'  s.  En  l'epigastre  faut  considérer 
deux  parties  latérales,  les  hypochondres  dextre  et 
senestre....  sous  l'hypochondre  droit,  h  plus  grands 
partie  du  foie,  paré,  i,  <. 

—  ÉTYM.  'TjTOXOvÇpiov,  de  ûito,  sous,  et  yôv- 
êpo:,  les  cartilages  des  côtes. 

HYPOCONDRIAQUE  (i-po-kon-dri-a-k')  ,  adj. 
\\i°  Terme  de  médecine.  Qui  appartient  à  l'hypo- 
condrie. Les  affections  hypocondriaq-jcs.  ||  2°  Qui 
est  atteint  d'hypocondrie.  Un  malade  hypocon- 
driaque. Il  Substantivement.  Un  hypocondriaque. 
Il  3°  Par  extension ,  fou,  insensé.  Vous  avez  Lien 
ouï  parler  de  quelques  reines  hypocondriaques  qui 
ont  eu  de  l'amour  pour  un  nain  et  pour  un  maure, 
rai.zac,  8'  dise.  La  cour.  ||  Substantivement.  Sem- 
blable aux  hypocondriaques  dont  la  fantaisie  bles- 
sée se  repaît  du  simulacre  et  du  fonge  d'un  plaisir 
vain  et  chimérique,  boss.  Pensées  chr.  33. 

—  HIST.  xvi*  s.  Les  dysenteries,  melancholies, 
hypochondriaques,  diarrhées...,  taré,  v,  ta.  Ceux 
que  nous  appelions  hypochondriaques.  Lien  qu'ils 
soient  affiigés  d'une  mesme  maladie  de  mclancbo- 
lie....,  ID.  XX,  30. 

—  ÉTYM.  Hypocondrie. 

HYPOCONDRIE  (i-po-kon-drie),  s.  f.  ||  !•  Terme 
de  médecine.  Sorte  de  maladie  nerveuse  qui,  trou- 
blant l'intelligence  des  malades,  leur  fait  croire  qu'ils 
sont  attaqués  des  maladies  les  plus  diverses,  de 
manière  qu'ils  passent  pour  malades  imaginaires 
tout  en  souffrant  beaucoup,  et  qu'ils  sont  plongés 
dans  une  tristesse  habituelle.  ||  2"  En  général,  tris- 
tesse, mélanccîie. 

—  ÉTYM.  Hypocondre,  parce  qu'on  supposait  que 
la  cause  de  l'/ii/pocondrie  dépendait  des  viscères 
logés  dans  les  hypocondres. 

t  UY'POCOPlioSE  (i-po-ko-fô-z'),  s.  f.  Terme  do 
médecine.  Surdité  incomplète,  dureté  de  l'ouie. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  xciçtooi;,  surdité. 

I  HYPOCOROLLÉ,  ÉE  (i-po  ko-rol-Ié,  lée),  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  la  corolle  s'insère  sous 
l'ovaire. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  corolle. 

{  UYPOCOROLLIE  (i-po-ko-rol-lie) ,  f .  f.  Terme 
de  botanique.  Classe  de  plantes  comprenant  les  di- 
cotylédones monopétales  à  corolle  hypogviie. 

t  IIYPOCRÂNE  (i-po-krâ-n'),  t.  m.  Terme  Co 
chirurgie.  Abcès  situé  entre  le  crâne  et  la  dure- 
mère. 

—  ÉTYM.  Hypo et  crâne. 

HYPOCRAS  (i-po-kras") ,  .«.  m.  Infusion  de  can- 
nelle, d'amandes  douces,  d'un  peu  do  musc  et  d'am- 
bre, dans  du  vin  édulcoré  avec  du  sucre.  Que  vou. 


HYP 

■^l'embarrassez  avec  votre  grenouille  Qui  traîne  à 
^es  talons  le  doux  nom  d'hypocras,  mol.  Bouts- 
riinés  commandés  sur  le  bel  air.  - 

—  HIST.  XV'  s.  Pour  trois  chopines  d'ipocras,  neuf 
sols,  Sïbl.  des  chartes,  5"  série,  t.  i,  p.  228.  Après 
il  print  les  esguieres,  Le  vin,  le  claire,  Tj-pocras, 
VILLON,  Franches  repues.  ||  xvi'  s.  Il  fut  six  scp- 
laaines  prisonnier  dans  un  engein  de  bois  pointu 
par  le  bas,  que  les  questionnaires  [bourreaux]  ap- 
pellent chausse  d'hypocras,  d'aub.  Uist.  i,  76. 

—  ÉTYM.  Cette  préparation  étant  appelée  vinum 
ppocraticum  (vin  d'Hippocrate)  dans  les  anciens 
viques  médicaux,  hypocras,  malgré  la  fausse  or- 
thographe, doit  venir  de  hippocratictis,  dérivé  de 
Ilippocrates,  nom  du   fameux  médecin  grec   qui 
vivait  dans  le  v*  siècle  avant  l'ère  chrétienne. 

t  HYPOCRATÉRIMORPHE  (i-po-kra-té-ri-mor-r), 
adj.  Terme  de  botanique.  Qui  a  la  forme  d'une  sou- 
coupe. Corolle  hypocratérimorphe. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  cratère,  tasse  (sous-tasse, 
soucoupe),  et  ii.op<ff\,  forme. 

HYPOCRISIE  (i-po-kri-zie),  s.  f.  'Vice  qui  con- 
siste à  affecter  une  piété,  une  vertu,  un  noble  sen- 
timent qu'on  n'a  pas.  Il  pass-i  pour  un  saint  dans 
votre  fantaisie;  Mais  son  fait,  croyez-moi,  n'est  rien 
qu'hypocrisie,  mol.  Tartuffe,  i,  ) .  11  n'y  a  plus  de 
honte  à  cela  maintenant  :  l'hypocrisie  est  un  vice  à 
la  mode,  et  tous  les  vices  à  la  mode  passent  pour 
vertus,  iD.  D.  Juan,  v,  2.  Que  de  conversions  faus- 
ses! le  péché  vaut  encore  mieux  que  l'hypocrisie, 
MAiNTENON, /,c«.  au  card.  de  NoaiUes,  mars  1700. 
L'hypocrisie....  c'est,  comme  on  dit,  un  hommage 
que  le  vice  rend  à  la  vertu,  volt.  Polit,  et  législ. 
Dial.  entre  un  mourant  et  un  homme  qui  se  porte 
bien.  L'hypocrisie  est  de  toutes  les  conditions;  mais 
où  ce  vice  doit-il  être  le  plus  commun,  si  ce  n'est 
dans  celle  où  les  mauvaises  mœurs  seraient  le  plus 
scandaleuses?  diderot,  Claude  et  Néron,  xl,  50.  La 
charlatanerie  espèce  d'hypocrisie  qui,  née  du  goût 
pour  les  sciences,  croît  avec  elles  et  se  multiplie  à 
mesure  qu'elles  se  répandent,  condorcet,  Duhamel. 
Il  Hypocrisie  de  mœurs,  affectation  de  s'indigner 
'e  tout  ce  qui  semble  porter  atteinte  aux  mœurs,  à 
a  chasteté.  Cette  hypocrisie  de  mœurs,  vice  pavti- 
.îulier  aux  nations  modernes  de  l'Europe  et  qui  a 
contribué  plus  qu'on  ne  croit  à  détruire  l'énergie 
de  caractère  qui  distingue  les  nations  antiques, 
CONDORCET,  Vie  de  Voltaire,  p.  <  (4.  ||  Hypocrisie  se 
prend  quelquefois  dans  un  sens  moins  odieux,  sur- 
tout dans  le  style  léger,  pour  désigner  en  uj  mo- 
ment donné  l'affectation  de  sentiments  qu'on  n'é- 
prouve pas.  Abusée  par  la  sentimentale  hypocrisie 
du  vicomte,  elle  ne  doutait  plus  du  triomphe,  cii. 
BE  BEHNARn,  un  Homme  sérieux,  §  I9. 

—  mST.  xii'  s.  Il  donne,  selon  l'évangile,  Sanz 
ypocrisie  et  sans  guile,  chbestien  de  troies,  dans 
holland,  Chrestien  von  Troies,  p.  7.  ||  xiv"  s.  Ypo- 
crisie est  quant  la  personne  fait  semblant  par  dehors 
qu'elle  est  pleine  de  vertus  par  dedans,  Ménagier, 
i,  3.  Il  XV  s.  Donnez  pour  Dieu;  faictes  secrètement 
Vos  aumosnes,  non  par  ypocrisie,  e.  desch.  Con- 
seils aux  dames.  Il  XVI*  s.  Mais  je  me  double,  et 
à  ma  fantaisie,  Que  là  estoit  cachée  hypocrisie, 

MAROT,  I,   276. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ypocritia;  espagn.  hipocre- 
sia;  ital.  ipocrisia;  du  lat.  hypocrisis,  qui  vient  de 
ûxôxpt(xi;,  signifiant  rôle  joué,  et,  figurément,  hy- 
pocrisie (voy.  HYPOCRITE).  Le  xvi*  siècle  avait  un 
verbe  /lypocn'ser,  faire  l'hypocrite,  qui  est  perdu. 

H^ÏTOCRITE  (i-po-kri-f),  adj.  ||  1°  Oui  a  de  l'hy- 
pocrisie, qui  affecte  des  apparences  de  piété,  de  pro- 
bité, de  douceur,  etc.  Quoi  !  la  feinte  douceur  de 
cette  âme  hypocrite  Vous  fera  démentir...,  mol.  Tart. 
111,6.  ô  cieii  qu'entends-je  ici!  il  ne  vous  manquait 
plus  que  d'être  hypocrite  pour  vous  achever  de  tout 
point,  et  voilà  le  comble  des  abominations,  id.  D. 
Juan,  V,  2.  {I  Se  dit  aussi  des  choses.  Ce  doucet.... 
sous  son  minois  hypocrite  Contre  toute  ta  parenté 
D'un  malin  vouloir  est  porté,  la  i'ont.  Fabl.  vi,  6. 
De  ces  femmes  pourtant  l'hypocrite  noirceur  Au 
moins  pour  un  mari  garde  quelque  douceur,  boil. 
Sat.  X.  Assez  longtemps  l'étiquette  des  cours  a  pro- 
clamé des  deuils  hypocrites,  mibabeau.  Collection, 
t.  III,  p.  394.  D'une  bouche  hypocrite  il  regrettait 
son  fils.  M.'/.  CHÉN.  Tibère,  iv,  3.  ||  2°  Substanti- 
vement. Un  hypocrite,  une  hypocrite,  un  homme, 
une  femme  hypocrite.  Lorsque  vous  priez,  ne  res- 
semblez pas  aux  hypocrites,  qui  affectent  de  prier 
en  se  tenant  debout  dans  les  synagogues  et  aux 
coins  (les  rues  pour  être  vus  des  hommes,  saci, 
Bible,  ttanq.  St  Math,  vi,  5.  Notre  ermite  Les  ren- 
voya, fit  le  bon  hypocrite,  la  font.  Ilerm.  La  pro- 
fession  d'hypocrite   a  de   merveilleux    avantages  : 


HYP 

c'est  un  art  de  qui  l'imposture  est  toujours  res- 
pectée, et,  quoiqu'on  la  découvre,  on  n'a  rien  à  dire 
contre  elle,  mol.  D.  Juan,  v,  2.  Les  hypocrites  n'ont 
point  entendu  raillerie  ;  ils  se  sont  effarouchés  d'a- 
bord, et  ont  trouvé  étrange  que  j'eusse  la  hardiesse 
déjouer  leurs  grimaces,  id.  Préf.  du  Tart.  Il  y  a 
des  hypocrites  qui  ont  dessein  de  tromper;  il  y  a 
des  hypocrites  qui  trompent  et  n'en  ont  pas  précisé- 
ment le  dessein,  mais  qui  agissent  par  bienséance 
et  ne  veulent  point  donner  de  scandale  ;  les  pre- 
miers sont  plus  dangereux  pour  les  autres,  et  les 
seconds  pour  eux-mêmes,  Boss.  Pensées  détachées, 
i.  Un  homme  [Cromwell]  s'est  rencontré  d'une 
profondeur  d'esprit  incroyable,  hypocrite  raffiné 
autant  qu'habile  politique ,  m.  Heine  d'Ànglel. 
J'appelle  hypocrite  quiconque,  sous  de  spécieuses 
apparences,  a  le  secret  de  cacher  les  désordres 
d'une  vie  criminelle,  bourdal.  Jugem.  dem.  2'  Av. 
p.  Stis.  Un  dangereux  hypocrite,  s'il  écrit  ce  qu'il 
ne  pense  pas,  diderot,  Claude  et  Nér.  ii,  4.  ||  Par 
antiphrase.  Hypocrite  de  vice,  celui  qui  feint  d'avoir 
un  vice  qu'il  n'a  pas.  On  ne  voyait  jadis  que  des 
hypocrites  de  vertu  ;  on  trouve  aujourd'hui  des  hy- 
pocrites de  vice,  duclos,  Consid.  mœurs,  ch.  5. 

—  HlST.  xm*  s.  Une  ymage  ot  emprès  escrite  Qui 
sembloit  bien  estre  ypocrite  ;  Papelardie  est  apelée, 
la  Rose,  408.  Li  papclart  et  li  fans  ypocrite,  qui 
monstrent  ce  que  il  ne  sont,  por  décevoir  Dieu  et 
le  monde,  brun,  latini.  Trésor,  p.  423.  ||  xv  s. 
Combien  que  le  faulx  hypocrite  que  les  cardinaux 
de  la  partie  de  là  eslurent  dernièrement,  se  mons- 
tra  bonne  et  sainte  per.sonne,  Bouciq.  m,  i.  ||  xvi"  s. 
Nietatio,  clignement  d  œil,  œil  d'hypocrite,  paré, 
XV,  6.  La  nuict  est  plus  propre  pour  les  hypocrites 
de  guerre  que  le  jour  qui  de  son  beau  soleil  es- 
claire  nos  vices  et  vertus,  brant.  Marignan. 

—  ÉTYM.  Provenç.  ypocrita;  espagn.  et  ital.  ipo- 
crita  ;  du  lat.  hypocrita,  qui  vient  du  grec  ûitoxpiTr,!;, 
comédien,  de  OjtoxpîvEfyCr/.:,  jouer  un  personnage, 
répondre,  de  ÛTtà,  sous,  et  xpiveiv,  juger.  Marot  a 
dit  hypocritique. 

t  HYPOCRITEMENT  (  i-po-kri-tc-man) ,  adv. 
D'une  manière  hypocrite. 

—  HIST.  XVI'  s.  Hypocritement,  cotgbave. 

t  HYPOCYCLOÏDAL ,  ALE  (  i-po-si-klo-i-dal , 
da-1'),  adj.  Qui  appartient  à  l'hypocycloîde.  ||  En- 
grenage hypocycloïdal ,  engrenage  où  une  roue 
dentée,  armée  d'un  bouton  à  manivelle  poussant 
en  droite  ligne  une  bielle,  roule  intérieurement  à 
une  roue  pareille  d'un  diamètre  double. 

t  HYPOCYCLOÏDE  (i-po-si-klo-i-d'),  s.  f.  Terme 
de  géométrie.  Sorte  de  courbe  transcendante. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  cycloïde. 

t  HYPODÀCTYLE  (i-po-da-kti-l'),  s.  m.  Terme 
de  zoologie.  Le  dessous  de  chaque  doigt  de  la  patte 
d'un  oiseau. 

—  ÉTYM.  Uypo et  8âxrj),o;,  doigt. 

t  UYPODERMAÏOMIE  (i-po-dôr-mato-mie),  s.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Section,  incision  sous-uutanée.. 

—  ÉTYM.  Ui/po....,  SÉpijia,  peau,  et  tojiô,  incision. 
f  HYPODEUME  (i-po-dèr-m'),  s.  m.  \\i°  Terme 

d'entomologie.  Peau  qui  garnit  les  élytres  des  co- 
léoptères. Il  2°  Adj.  Qui  vit  sous  la  peau.  ||  S.  m.  pi. 
Les  hypodermes,  les  œstres  cuticoles. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  derme. 

t  HYPODERMIEN,  ENNE  (i-po-dèr-miin,  miè-n'), 
!  adj.  Terme   de   botanique.    Qui   croît   sous  l'épi- 
derme  des  végétaux. 
t      —  ÉTYM.  Ilypo....,  et  derme. 

t  IIYPODORIEN  (i-po-do-riin),  adj.  m.  Terme 
de  musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Mode  hypo- 
dorien,  mode  qui  était  d'une  quarte  au-dessous  (lu 
ton  dorien.  C'était  le  plus  grave  des  modes  grec?, 
BARTIIIÎLFMY,  Anach.  ch.  27. 

—  P^TYM.  Hypo....,  et  dorien. 

t  HYPOÉOLIEN  (i-po-é-o-liin),  adj.  m.  Terme 
de  musique  ancienne.  Mode  hypoéolien,  mode  qui 
était  d'une  quarte  au-dessous  de  l'éolien. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  éolien. 

\  HYPOGALA  (i-po-ga-la),  s.  m.  Collection  d'un 
liquide  blanc  comme  du  lait  dans  les  chambres  de 
l'œil. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  fàXa,  lait. 
HVPOGAS'rUE  (i-po-ga-str'),  s.  m.  Terme  d'ana- 

tomie.  La  partie  inférieure  du  ventre. 

i      HIST.  xvi*  s.  En  l'hypogastre  faut  considérer 

deux  parties  latérales,  à  sçavoir  les  deux  iles,  défi- 
nies des  os  des  iles  et  os  barré,  pahiî,  i,  i. 

I  —  ÉTYM.  'VTtofotdTptov,  de  Cno,  sous,  et  -^a- 
t7-r,p,  estomac. 

,      HYPOGASTRIQUE   (  i-po-ga-stri-k'  ) ,  adj.   Qui 

j  appartient  à  l'hypogastre. 

I      —  HIST.  xvi"  s.  L'action  desdits  muscles  ast  d'ap- 


UYP 


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procher  les  parties  hypogastriques  aux  precordiale* 
ou  hypochondriales,  parr,  i,  n. 

t  HYPOGA.STIIOCÈLK  (l-po-ga-stro-sè-1';,  t.  f. 
Terme  de  chirurgie.  Hernie  formée  à  la  région  hy- 
po^'astrique,  à  travers  l'écartement  de  la  partie  in- 
férieure de  la  ligne  blanche. 

—  ÉTY.M.  Hypoqastre,  et  x:i>,T),  hernie. 

t  UYPOGASTRODIDV.ME  (i-po-ga-stro-di-di-m"), 
X.  m.  Terme  de  tératologie.  Nom  des  monttrei 
doubles  soudés  par  l'hypogastre. 

—  ÉTYM.  Hypogaslre,  et  êt^'j|jio<,  jumeau. 

t  HYPOGÉ,  ÉE  (i-po-jé,  jée),  adj.  Terme  de  bo- 
tanique. Qui  reste  ou  sa  développe  sous  terre;  op- 
posé à  épigé.  Il  Cotylédons  hypogés,  ceux  qui  res- 
tent sous  terre  lors  de  la  germination. 

—  ÉTYM.  Hypo et  Yîi,  terre. 

HYPOGÉE  (i-po-jée),  s.  m.  Terme  d'architecture. 
Excavation,  construction  souterraine  où  les  ancicni 
déposaient  leurs  morts.  Les  hypogées  des  environs 
de  Thèbes  en  Egypte. 

—  ÉTYM.  'Virofaiov,  de  Oui,  sous,  et  -(r\,  terre. 
t  UYPOGÈNE  (i-po-jè-n'),  adj.  Terme  de  géo- 

gnosie.  Roches  hypogènes,  nom  donné  aux  roches 
platoniques  et  métamorphiques,  en  tant  qu'occupant 
la  place  inférieure  dans  l'ordre  de  la  superposition. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  le  suffixe  gène. 
HYPOGLOSSE  (i-po-glo-s'),  adj.  \\  1°  Terme  d'a- 

natomie.  Lencrfhypoglos.se,  ou,  substantivement, 
l'hypoglosse,  le  nerf  qui  se  distribue  aux  muscles 
de  la  langue  et  du  pharynx,  et  qui  préside  aux 
mouvements  de  ces  parties.  |l  2°  Terme  de  botani- 
que. Qui  porte  une  languette  sur  le  milieu  de  ses 
feuilles.  Il  S.  m.  Nom  du  bislingua  {ruscui  hypo- 
glossum,  L.),  asparaginécs,  dont  la  racine  est  em- 
ployée comme  celle  du  petit  houx,  espèce  du  même 
genre. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  fWodi»,  langue. 

t  HYPOGLOrriDE  (i-po-glo-tti-d') ,  s.  f.  Prépa- 
ration pharmaceutique,  pilule  ou  tahlette,  qu'on 
tenait  sous  la  langue  jusqu'à  ce  qu'elle  fût  fondue. 

—  ÉTYM.  'YTzoyy.oùTzii ,  de  ùîiè,  sous,  et  iXûTsa 
ou  YÎû'îoa,  langue. 

t  UYPOGNATUE  (l-pogh-na-f),  t.  m.  Terme  do 
tératologie.  Nom  des  monstres  qui  ont  une  tète  ac- 
cessoire très-incomplète  attachée  à  la  mâchoire  in- 
férieure de  la  tète  principale. 

—  ÉTYM.  Hypo et  yvôDoç,  micboire. 

t  HYPOGNATUIE  (i-pogh-na-tie),  x.  f.  Etat  des 
monstres  liypognathes. 

t  HYPOGYNE  (i-po-ji-n"),  adj.  Terme  de  bota- 
nique. Qui  s'insère  au-dessous  de  l'ovaire.  CoroUo 
hypogyne. 

—  KTYM.  Hypo....,  et  •(Myi),  femme,  ovaire. 

t  HYPOGYNIE  (i-po-ji-nie),  x.  f.  Terme  de  bota- 
nique. Ëtat  d'une  partie  de  la  fleur  qui  s'insère 
sous  l'ovaire. 

t  HYPOGYNIQUE  (i-po-ji  ni-k'),  adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  a  le  caractère  de  l'hypogynie. 

f  UYPOÉMA  (i-po-é-ma),  x.  m.  Terme  de  chirur- 
gie. Épanchement  de  sang  dans  les  chambres  de 
l'œil. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  aî|xa,  sang. 
fHYPOlO.MEN  (i-po-i-o-niin),  adj.  m.  Terme 

de  musi(|ue  ancienne.  Modo  hvpnionien ,  modo 
qui  est  d'une  quarte  au-dessous  de  l'ionien;  c'était 
la  même  chose  que  l'hypophrygion  grave;  il  ré- 
pondait au  ton  d'ut  selon  Barthélémy. 

—  ÉTYM.  Hijpo....,  et  ionien. 

t  HYPOLYDIEX  (i-po-li-diin),  adj.  m.  Terme 
de  musique  ancienne  et  de  plain-chant.  Modo  hypo- 
lydien,  mode  qui  est  d'une  quarte  au-dessous  du 
ton  lydien. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  lydien. 

t  HYPOLYMPUIE  (i-po-lin-fie),  x.  f.  Terme  de 
médecine.  Diminution  de  la  lymi)he. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  lymphe. 

t  HYPO-VARTHÉCIE  (i-ponar-lé-sie),  x.  f.  Terme 
de  chirurgie.  Mode  dedéligation  pour  les  fractures 
qui  consiste  à  tenir  en  suspension  le  membre  frac- 
turé. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  v(xpOnÇ,  attelle. 

t  HYPONIOBIQUE  (i-po-ni-o-bi-k"),  adj.  Terme 
de  chimie.  Acide  hyponiobique,  acide  moins  oxy- 
géné que  l'acide  niobique. 

t  UYPO.MTREOX  (i-po-ni-treû) ,  adj.  m.  Sj-no- 
nyme  d'azoteux. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  nitreux. 

t  UYPO.NITKITE  (i-po-ni-tri-f),  s.  m.  Terme  de 
chimie.  Synonvme  d'Iroo-azotile. 

t  UYPOPÉTÀLÉ,  ÉÉ  (i-po-pé-la-lé,  léc),  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  les  pétales  s'insèrent 
sous  l'ovaire. 

—  ÉTYM.  Hypo  ...,  et  pétaU. 


2078 


HYP 


t  HYPOPÊTALIK  (i-po-pé-U-lie),  s.  f.  Terme  de 
botanique.  Etat  d'une  plante  dont  la  corolle  s'in- 
sère sous  l'ovaire.  ||  Classe  de  plantes  comprenant 
les  dicotylédones  polypétales  à  étamines  hypo- 
gynes,  d'après  la  terminologie  de  A.  P.  de  Can- 
dolle. 

t  HYPOPIIARYNX  (i-po-fa-rinks'),  s.  m.  Terme 
d'entomologie.  Appendice  du  pharynx  de  quelques 
hyménoptères. 

—  ÊTYM.  Ihjpo....,  et  pharynx. 

t  IIÏTOPIIASE  (i-po-fa-z'),  s.  {.  Terme  de  mé- 
decine. Espèce  de  clignement  ou  étal  des  yeux 
d.ms  lequel  ils  sont  presque  entièrement  fermés,  de 
manière  qu'on  n'aperçoit  qu'une  partie  du  blanc. 

—  ÊTYM.  'rii6|>a'jtç ,  de  Oni ,  sous,  un  peu,  et 
çaîvstv,  paraître. 

t  IIYPOPULÉODK  {i-po-né-o-d'),  adj.  Terme  do 
botanique.  Qui  croit  sous  l'épiderme  des  végétaux. 

—  ÉTYM.  JIijpo....,  et  if),o'.èî,  écorce. 

t  I.  IIYPOPIIORE  (i-po-fo-r'),  s.  f.  Terme  de 
rhétorique.  Partie  de  la  figure  dite  prolcpse  ou  an- 
téoccupation,  et  dans  laquelle  on  cite  et  énumèro 
les  objections. 

—  ÉTYM.  "Vitoyopo,  de  <jizà ,  sous,  et  çjpeiv,  por- 
ter, action  de  pré.senter. 

,'2.  IIYPOPUORE  (i-po-fo-r'),  s.  f.  Terme  de 
chirurgie.  Ulcère  profond,  fistuleux. 

—  ÉTYM.  'ÏTtosopà,  de  Oità,  sous,  et  çEoeiv,  por- 
ter :  action  de  cheminer  sous.... 

t  IIYPOPUOSPIIATE  (i-po-fo-sfa-f),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  Sel  produit  par  la  combinai-son  do  l'a- 
cide hypophospiiorique  avec  une  base. 

I  UYPOPUOSPUITE  (i-po-fo-sfi-f),  s.  m.  Terme 
de  chimie.  Sol  produit  par  la  combinaison  de  l'a- 
cide hypophosphoreux  avec  une  base. 

t  UyPOPHOSPUORECX  (i-po-fo-sfo-reû),  adj. 
m.  Terme  de  chimie.  Se  dit  du  premier  des  oxa- 
cides du  phosphore. 

—  ÉTYM.  Itypo....,  et  phosphoreux. 

t  HYPOPIIOSPUORIQUE  (i-po-fo-sfo-ri-k'),  adj. 
m.  Terme  do  cliimie.  Se  dit  d'un  des  oxacides  du 
phosphore. 

—  ÉTYM.  ll!ipo....,etphosphorique. 

t  0YPOPI1UVGIEN  (i-po-fri-jiin),  adj.  m.  Terme 
de  musique  ancienne  et  de  plain-cliant.  Mode  hy- 
pophrygien,  mode  qui  est  k  une  quarte  au-dessous 
du  mode  phrygien;  il  y  en  avait  deux,  selon  Bar- 
thélémy, Anach.  ch.  xxvii  :  le  grave  qui  répondait 
à  notre  ton  d'ut,  et  l'aigu  qui  répondait  à  notre 
ton  d'ut  dièze. 

—  ÉTYM.  Hi/po....,  et  phrygien. 

t  IIYPOPHTIIALMIE  (i-po-ftal-mie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Inflammation  de  la  partie  inférieure 
de  l'œil,  au-dessous  de  la  paupière  inférieure,  ou 
bien  inflammation  de  la  paupière  inférieure  elle- 
même. 

—  ÉTYM.  Hijpo....,  et  içOaXiiô;,  œil. 

t  HYPOPHYI.LE  (i-po-fi-l').  Il  1°  Adj.  Terme  de 
botanique.  Qui  est  situé  ou  inséré  sous  la  feuille. 
112"  S, m.  Petite  gaine  représentant  la  véritable 
feuille,  comme  dans  l'asperge. 

—  ÉTYM.  Jlypo....,  et  90).).ov,  feuille. 

t  UYPOPIIYLLOCARPE  (i-po-lil-lo-kar-p'),  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  le  fru.t  naît  au-ilessous 
de  la  feuille;  telles  sont  les  fougères. 

—  ÈTVM.   Ilypo fOUov,    feuille,  et  xapità;, 

fruit. 

t  HYPOPHYSE  (i-po-fi-7.'),  s.  f.  Terme  d'anato- 
mie.  Nom  donné  quelquefois  à  la  glande  piluitaire. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  et  fJCTtt,  production  ;  ainsi  dite 
à  cause  de  son  siège  à  la  face  inférieure  du  cer- 
veau. 

■f  HYPOPYGE  (i-po-pi-j'),  s.  m.  Terme  d'ento- 
mologie. Dernier  segment  ventral  de  l'abdomen  des 
insectes. 

—  ÉTYM.  Ilypo etiruy^,  derrière. 

t  UYPOPYON  (i-po-pi-on),  s.  m.  Terme  de  chi- 
rurgie. Ëpanchement  de  pus  ou  de  matière  puri- 
forme  dans  la  chambre  antérieure  de  l'œil,  et  fré- 
quemment aussi  dans  la  postérieure. 

—  ÉTYM.  'l'Ttonuov,  de  ÙTto,  sous,  etiiùov,pus. 

t  HYPORRUYTHME  (i-po-rri-tm'),  î.  m.  Terme 
d'ancienne  métrique.  Vers  hexamètre  sans  césure, 
ou  dont  tous  les  pieds  tombent  un  à  un,  comme  ce 
vers  d'Ennius;  Sparsis  hastis  longis  campus  splcn- 
det  et  horret. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  et  fv6ni;,  rhythme  :  rhythme 
diminué,  insuffisant. 

t  IIYPORYCTIQUE  (i-po-ri-kti-k'),  adj.  Terme 
didactique.  Oui  se  fait  au  mnycn  des  mines,  ou  de 
la  guerre  souterraine.  Travaux  hyporyciiques. 

—  ÊTYM.  Hyp.  ..,  et  ipûffueiv,  creuser. 

t  HYPOSCËNIUH  (i-po  ssé-ni-om'),  s,  m.  Terme 


HYP 

d'antiquité.  Le  dessous  delà  scène.  ||  Le  mur  i  hau- 
teur d'appui  qui  supportait  le  plancher  du  théilre 
ou  le  proscenium.  |]  La  place  .située  au  pied  de  ce 
mur  où  l'on  plaçait  les  musiciens. 

—  ÉTV.M.  Ht/po....,  et  scène. 

t  UYPOSPADE  (i-po-spa-d'),  adj.  m.  Terme  de 
médecine.  Qui  est  afl'ecté  d'hypospadias. 

t  HYPOSPADLAS  (i-po-spa-di-as"),  t.  m.  Terme 
de  médecine.  "Vice  de  conformation  des  parties  gé- 
nitales du  sexe  masculin,  consistant  en  ce  que  l'u 
rctre  s'ouvre  au-dessous  de  la  verge,  en  un  point 
quelconque. 

—  ÉTYM.  TitooTtaît'oi;,  de  ûici ,  au-dcssous ,  et 
le  radical  cTtaS,  qui  signifie  espace,  ouverture,  et 
qui  vient  de  anàu>,  déchirer  :  qui  a  une  ouverture 
à  la  face  inférieure  do  la  verge. 

tHYPOSPATHISME(i-po-spa-ti-sm'),«.m.  Terme 
d'ancienne  chirurgie.  Opération  pratiquée  dans  cer- 
tains cas  d'ophtlialmie  chronique,  et  consistant  à 
faire  trois  incisions  sur  le  front  jusqu'au  péricrâne, 
et  à  passer  ensuite  une  spatule  entre  les  chairs  et 
le  péricrâne,  afin  do  mettre  celui-ci  à  nu  dans  une 
certaine  étendue. 

—  ÉTYM.  'ï'Tco(T7ta6i<j|jL4{,  de  ùiro,  dessous,  et 
onâO/i,  spatule. 

fHYPOSPHAGME  (i-po-sfagh-m"),  s.  m.  Terme 
de  chirurgie.  Ëpanchement  de  sang  sous  la  conjonc- 
tive ;  ecchymose  de  l'œil. 

—  ÉTYM.  TîtôorçaYiiia,  sang  épanché,  de  ÛTtè,  et 
(j<poiiT(juv,  verser  le  sang. 

t  HYPOSTAMINÉ,  ÉE  (i-po-sta-mi-né,  née) ,  adj. 
Terme  de  botanique.  Dont  les  étamines  s'insèrent 
sous  l'ovaire. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  etetamine. 

t  HYPOSTAMINIE  (i-po-sta-mi-nie),  s.  f.  Terme 
de  botanique.  État  d'une  plante  à  étamines  hypogy- 
nes.  Il  Classe  de  plantes  comprenant  les  dicotylédo- 
nes monopélales  à  étamines  hypogynes,  d'après  la 
terminologie  ds  A.  P.  de  Candolle. 

1 .  HYPOSTASE  (i-po-sta-z') ,  s.  f.  Terme  de 
théologie.  Suppôt,  personne.  Il  y  a  en  Dieu  trois  hy- 
postases  et  une  seule  nature. 

—  HlST.  XVI*  s.  Quand  l'apostre  nomme  Jésus 
Christ  image  vivo  de  l'hypostase  de  son  père,  il  at- 
tribue à  chacun  quelque  hypostase,  en  laquelle  il 
diffère  l'un  d'avecl  autre  ;  or  ce  mot  emporte  suh- 
sistencc,  qui  réside  en  un  seul  Dieu,  CALv./nf(t(. 70. 

—  ÉTYM.  'ÏTtÔ7Ta<jc4,  devTtà,  sous,  et  OTiaii;,  ac- 
tion de  se  tenir. 

2.  H'ÏTOSTASE  (i-po-sta-z'),  s.  f.  Terme  de  mé- 
decine. Dépôt,  sédiment  dans  les  urines. 

—  HlST.  xvi"  s.  Au  commencement  distillera  une 
eau  claire  aceteuse,  à  laquelle  ordinairement  se 
concret  une  hypostase,  paré,  xxvi,  a. 

—  ÉTYM.  TTiédTao!!,  dépôt,  de  imà,  sous,  et  axi- 
vai,  être,  se  tenir. 

t.  UYPOSTATIQUE (i-po-sta-ti-k'), adj. Il  1° Terme 
de  théologie.  Qui  a  rapport  à  l'hypostase.  ||  Union 
bypostatique,  celle  des  natures  divine  et  humaine 
dans  la  personne  de  Jésus-Christ.  Les  saints  Pères 
ont  déclaré  Nestorius  hérétique,  parce  qu'il  niait 
l'union  bypostatique  du  Verbe  avec  l'humanité 
sainte  et  qu'il  mettait  deux  personnes  en  Jésus- 
Christ,  PASc,  Lett.  de  Nicole  au,  P.  Annal.  Comme 
le  Verbe  divin  est  homme  par  ce  genre  d'union  que 
les  théologiens  ap|)ellent  ijersonnelle  ou  bypostati- 
que, Boss.  Var.  ii,  3.  ||  2»  Terme  d'alchimie.  Le 
principe  bypostatique,  la  réunion  des  trois  éléments 
que  les  alchimistes  admettaient. 

—  lllST.  XVI'  s.  Les  anciens  ont  nommé  ceci 
union  bypostatique,  entendans  par  ce  mot  que  les 
deux  natures  ont  esté  conjoinctescn  une  personne..., 
CAI.V.  Instit.  372.  Cette  forme  de  parler  fut  trouvée 
et  mise  en  usage  pour  abolir  la  resverie  de  Nesto- 
rius, ID.  i6. 

—  ÉTYM.  'ÏTCoaTaTi/ôç,  de  ùizo'na.ai; ,  hypo- 
stase I . 

t  2.  HYPOSTATIOUE  (i-po-sta-ti-k') ,  adj.  Terme 
de  médecine.  Oui  a  rapport  à  l'hypostase.  ||  Conges- 
tion bypostatique,  celle  qui  se  produit  par  accumu- 
lation du  sang  dans  les  ca|)illaire3,  alors  que,  ccss;int 
d'être  sulfisamment  soumis  à  l'action  du  cœur  et  de 
la  contraction  des  vaisseaux,  il  cède  aux  lois  de  la 
pesanteur. 

—  ÉTYM.  TTcoffTattxè;,  de  ûité<rca<nç,  hypostase  2. 
HYPOSTA'HQUE.'UENT  (i-po-sU-li-ke-man) ,  adv. 

Terme  de  théologie.  D'une  manière  bypostatique.  11 
n'y  en  a  aucune  [àme]  d'existante  ou  de  possible 
qui  n'cilt  été  au  même  état  de  perfection  où  est 
celle  de  Jésus-Christ  si  elle  avait  été  unie  hypostati- 
quement  au  Verbe  dans  l'instant  de  sa  création, f£n. 
t.  ui,  p.  8. 

—  ÉTYM.  Ilyposiatiqut  i.  et  le  suffixe  meni. 


HYP 

t  HYPOSTERNAL  (i-po-stèr-nal),  t.  m.  Terme 
d'anatomie.  Pièce  du  sternum  des  tortues. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  cl  sternal. 

t  HYPOSnifiXIK  (i-po-sté-nie),,i.  f.  Terme  de 
médecine.  Diminution  des  forces. 

—  ÉTYM.  Ihipo et  oOÉvo;,  force. 

t  HYPOSTHÉNIQUE  (i-po-sté-ni-k'),  adj.  Terme 
de  médecine.  Qui  est  relatif  à  l'iiyposthénie. 
Il  Substances  hyposthéniques,  substances  auxquel- 
les les  rasoristes  supposent  la  propriété  de  rabais- 
ser l'énergie  des  forces  vitales. 

t  HYPOSTHÉNISANT,  ANTE  (i-po-sté-ni-/an  , 
zan-t')  ,  adj.  Qui  hyposthénise.  ||  .S.  m.  Les  hypo- 
slhénisants.  L'émétique  est  un  byposthénisant. 

t  HYPOSTU£.\ISER  (i-po-sté-ni-zc),  ».  a.  Terme 
de  médecine.  Procurer  l'hyposthénie. 

t  HYPOSTOME  (i-po-st"o-m'),  s.  m.  Terme  d'en- 
tomologie. Partie  de  la  tête  des  insectes. 

—  ÉTYM.  Ilypo.... ,  et  Gtôfia,  bouche. 

t  HYPOSTROME  (i-po-stro-m'),  s.  m.  Terme  do 
botanique.  Base  sur  laquelle  reposent  les  pédoncu- 
les supportant  les  corpuscules  reproducteurs  dan; 
certaines  plantes  cryptogames. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  et  oTpûiia,  lit,  couche. 

t  HYPOSTYLE  (i-po-sti-l'),  adj.  Terme  d'archi- 
tecture. Se  dit  d'un  appartement  dont  le  plafond  est 
soutenu  par  des  colonnes.  La  salle  hyposlyle  de 
l'Osymandiéum  avait  200  pieds  à  chaque  côté,  u- 
TRONNE,  Uonument  d' Osymandias ,  §  u. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  et  (jtO).ç.;,  colonne. 

t  HYPOSULFATE  (i-po-sul-fat-f),  *.  m.  Tenne 
de  chimie.  Sel  produit  parla  combinaison  de  l'acide 
hyposulfurique  avec  une  base. 

t  HYPOSULFITE  (i-po  sul-fi-t'),  s.  m.  Terme  do 
chimie.  Sel  produit  par  la  combinaison  de  l'acide 
hyposulfureux  avec  une  base. 

■fnYPOSULFDREUX  (i-po-sul-fu-reux)  ,  adj.  m. 
Terme  de  chimie.  .Se  dit  du  premier  des  oxacidea 
du  soufre. 

—  ÉTYM. //ypo....,  eisulfureux. 

t  HYPOSULFURIQUE  (i-po-sul-fu-ri-k'),  odj.  m. 
Terme  de  chimie.  Se  dit  du  troisième  des  oxacides 
du  soufre,  celui  qui  est  moins  oxygéné  que  l'acide 
sulfurique. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  et  sulfurique 
HYPOTÉNUSE    (i-po-té-nu-z') ,   s.  f.  Terme  de 

géométrie.  Le  côté  qui  est  opposé  à  l'angle  droit 
dans  un  triangle  rectangle.  Pythagore  a  démontré 
qu'en  tout  triangle  rectangle  le  carré  de  l'hypoté- 
nuse est  égal  au  carré  des  deux  autres  côtés,  fên. 
Pylhag.  Pythagore  immola  cent  bœufs  pour  avoir 
découvert  la  propriété  du  carré  de  l'hypoténuse, 
DIDER.  Opin.  des  anc.  phil.  [Égyptiens). 

—  ÉTYM.  TitoTâvouca,  proprement  ligne  sous- 
tendante,  de  ûjt6,  sovis,  et  Ttiveiv,  tendre  (yoy.  ten- 
dre, V.  a). 

t  HYPOTHALASSIQCE  (i-po-ta-la-ssi-k'),  adj. 
Qui  se  fait  sous  l'eau  de  la  mer.  Navigation  hypo- 
thalassique. 

—  ÉTYM.  Ilypo....,  etOiXauia,  mer. 

t  HYPOTUALLE  (i-po-ta-l'),  I.  m.  Terme  de  bo- 
tanique. Couche  interne  ou  inférieure  des  lichens. 

—  ÉTYM.  Ilypo.... ,el  thalle. 

t  HYPOTHÉCABLE  (i-po-té-ka-bl'),  adj.  Qui 
peut  être  hypothéqué.  Bien  hypothécable. 

HYPOTHÉCAIRE  (i-po-té-ké-r'),  ndj.  Terme  de 
jurisprudence.  Qui  a  droit  d'hypothèque.  Créancier 
hypothécaire.  ||  Dette  hypothécaire,  dette  qui  donna 
hypothèque.  ||  Inscription  hypothécaire,  inscription 
d'hypothèque.  ||  CaLsse  hypothécaire,  caisse  fondée 
pour  venir  au  secours  de  la  propriété  foncière, 
moyennant  hypothèque,  et  procurer  ainsi  aux  ca- 
pitalistes un  placement  sûr. 

—  mST.  ivi'  s.  L'effet  de  l'obligation  person- 
nelle est  que  le  détenteur  en  peut  estre  exécuté  en 
tous  ses  biens;  et  de  l'hypothécaire,  que  l'héritage 
obligé  peut  estre  saisi  et  adjugé,  sans  qu'il  soit  be- 
soin de  discuter  ceux  du  principal  obligé,  loïsel, 
519.  Sur  les  immeubles,  les  premiers  [créanciers] 
hypothécaires  sont  devant,  ID.  C80. 

"—  ÉTYM.  Lai.  hypothecarius,  de  hypolheca,  hypo- 
thèque. 

HYPOTHÉCAIREMENT  (i-po-té-kô-re-man),  adv. 
Terme  de  jurisprudence.  Avec  hypothèque,  ou  p.ir  rap- 
port à  l'hypothèque.  U  est  obligé  hypolhécaircment. 

—  HlST.  XVI'  s.  Les  héritiers  sont  tenus  des  faits 
et  obligations  du  défunt,  personnellement  chacun 
pour  sa  part,  et  hypothécairement  pour  1»  tout,  loï- 
sel, 327. 

—  ÉTYM.  Hypothécaire,  et  le  suffixe  ment. 

t  HYPOTHÉCION  (i-po-lé-si-on),  s.  m.  Terme  de 
botanique.  Base  du  thalame  des  lichens. 

—  ÉTYM.  «ypo et  er'Ti.  loge. 


HYP 

HYPOTHÉNAR  (i-po-té-nai),  s.  m.  Terme  d'a- 
natomie.  Saillie  musculaire  à  la  paume  de  la  main 
1 1  dans  >a  direction  du  petit  doigt. 

—  HIST.  XVI'  s.  Le  second  muscle  interne  de  la 
main  est  appelé  hypotenar,  à  cause  de  sa  situation, 

PAHÉ,  IV,   29. 

—  ÈTYM.  Itypo....,  et  thénar. 

1.  HYPOTUfiQCE  (i-po-tè-k') ,  i.  f.  ||  l'  Terme  de 
Jurisprudence.  Droit  réel  qui  grève  les  immeubles 
iifTectés  à  la  sûreté,  à  l'acquittement  d'une  obliga- 
tion, d'une  dette  et  qui  les  suit  en  quelque  main 
qu'ils  passent.  Consentir  une  liypothèque.  Hypothè- 
que privilégiée.  Sur  quelle  vigne  à  Reims  nous  avons 
liypothèque,  boil.  Lutr.  iv.  L'hypotiicque  est  un 
droit  réel  sur  les  immeubles  affectés  à  l'acquitte- 
ment d'une  obligation,  Cod.  Nap.  art.  2114.  L'hy- 
pothèque légale  est  celle  qui  résulte  [directement 
et  immédiatement]  de  la  loi  ;  l'hypothèque  judi- 
ciaire est  celle  qui  résulte  des  jugements  ou  actes 
judiciaires;  l'hypothèque  conventionnelle  est  celle 
qui  dépend  des  conventions,  et  de  la  forme  exté- 
rieure des  actes  et  des  contrats,  ib.  art.  2H7.  ||  Pre- 
mière hypothèque,  celle  qui  prime  les  autres.  ||  Hy- 
pothèque générale,  hypothèque  qui  frappe  tous  les 
biens  présents  du  débiteur,  ainsi  que  ses  biens  à 
venir.  ||  2°  Populairement.  Se  dit  de  quelque  ma- 
ladie chronique.  Mauvaise  hypothèque. 

—  HIST.xvi*  s.  Les  mineurs  et  les  femmes  ont  hy- 
pothèque taisible  et  privilégiée  sur  les  biens  de 
leurs  tuteurs  et  maris ,  du  jour  de  la  tutele  et  du 
contrat  de  mariage ,  loysel,  497.  Adjudication  par 
décret,  faite  pour  nettoyer  les  hypothèques,  id.  6.39. 

—  lïTYM.  Provenç.  hypoleca,  ypotheca;  espagn. 
hipoteca;  ilal.  ipoteca;  du  lat.  hypolheca,  qui  est 
le  grec  ÙTto9T)xTi,  de  înroTiÔEdOat,  mettre  en  gage, 
de  Oirà,  sous,  et  TÎOeffOat,  mettre. 

2.  HYPOTHÈQUE  (i-po-tè-k') ,  s.  f.  Terme  vieilli. 
Composition  faite  avec  do  l'eau-de-vie,  du  sucra  et 
des  fruits,  qu'on  buvait  après  le  repas. 

—  ÉTYM.  Ménage  dit  :  «  On  appelle  ainsi  à  Paris, 
depuis  peu  d'années,  une  eau-  de-vie  ass.aisonnée 
avec  des  cerises,  des  framboises ,  du  clou  de  girofle, 

e  la  cannelle  et  du  sucre,  je  n'en  sais  pais  la  rai- 
son. » 

HYPOTHÉQUÉ,  ÊE  (ipo-té-ké,  \ée),  part,  paisc 
d'hypothéquer.  ||  1°  Soumis  à  une  hypothèque. 
Biens  hypothéqués.  ||  Fig.  Il  est  hypothéqué  à  mes 
consultations  ;  et  un  malade  ne  se  moquera  pas 
d'un  médecin,  mol.  Poure.  n,  2.  ||2°  Fig.  et  fami- 
lièrement. Être  hypothéqué,  être  mal  hypothéqué, 
et,  ironiquement,  être  bien  hypothéqué,  avoir  une 
santé  délabrée,  des  infirmités;  et  aussi  être  dans 
l'embarras. 

HYPOTHÉQUER  (i-po-té-ké.  La  syllabe  tU  prend 
l'accent  grave,  quand  la  syllabe  qui  suit  est  muette: 
j'hypothèque;  excepté  au  futur  et  au  conditionnel  : 
j'hypothéquerai,  j'hypothéquerais),  v.  a.  Terme  de 
jurisprudence.  Soumettre  à  l'hypothèque,  donner 
pour  hypothèque.  Hypothéquer  une  terre,  une  mai- 
son. Je  viens  de  faire  bltir  dans  le  faubourg  une 
grande  maison  qui  me  revient  à  plus  de  quarante- 
cinq  mille  francs;  vous  n'avez  qu'à  l'hypothéquer, 
je  TOUS  la  prête,  dancourt,  Agiot.  m,  9.  Il  n'est 
pas  inouï  de  voir  des  États  hypothéquer  leurs  fonds 
pendant  la  paix  même,  montesq.  Esp.  xiii,  17. 
Il  Fig.  Mais,  ajoute-t-il  pour  justifier  le  P.  Bauny, 
vous  qui  reprenez  cela,  attendez,  quand  un  péni- 
tent sera  à  vos  pieds ,  que  son  ange  gardien  hy- 
pothèque tous  les  droits  qu'il  a  au  ciel  pour  être  sa 
caution,  PASC.  Prov.  15.  ||  S'hypothéquer,  ti.  r^/J. 
Être  hypothéqué.  Ces  biens  ne  peuvent  s'hypothé- 
quer. 

—  HIST.  xvr  Opinion,  secte,  à  laquelle  ils  se  trou- 
vent hypothéquez,  asservis  et  collez,  mont,  ii,  232 
Celuy  qui  a  hypothéqué  au  monde  son  livre,  je 
trouve  apparence  qu'il  n'yaye  plus  de  droict,  id.  iv, 
90  Je  n'aime  pas  que  ma  volonté  demeure  hypo- 
tliéquée  par  filtre  de  gratitude,  m.  ib.  94. 

—  ÉTYM.  Hypothèque  *  ;  provenç.  et  espagn.  hipo- 
tecar  ;  ital.  ipotecare. 

HYPOTHÈSE  (i-po-tè-z"),  s.  f.  \\  1°  Terme  de  phi- 
losophie. Supposition  d'une  chose  possible  ou  non 
de  laquelle  on  tire  une  conséquence.  Aristote,  au.ssi 
grand  philosophe  que  Platon  et  bien  meilleur  phy- 
sicien, au  lieu  de  se  perdre  comme  lui  dans  la  ré- 
gion des  hypothèses,  buff.  Ilist.  anim.  ch.  v,  Œuv. 
t.  m,  p.  H7.  Pour  ébranler  une  hypothèse,  il  ne 
faut  quelquefois  que  la  pousser  aussi  loin  qu'elle 
peut  aller,  dider.  Inlerprét.  de  la  nal.  n°  50. ||  Hy- 
pothèses vérifiablcs,  celles  que  l'on  prend  dans  un 
domaine  où  l'expérience,  l'observation,  l'induction 
peuvent  pénétrer,  s'assurant  de  la  sorte  si  l'hypo- 
thèse proposée  est  réelle  ou  fausse.  ||  Hypothèses 


HYP 

invùrifiable.s,  celles  qui  appartiennent  à  un  domaine 
où  ne  peuvent  pénétrer  ni  l'expérience  ni  l'obser- 
vation. Il  Par  extension ,  dans  le  langage  général. 
Je  fais  mes  préparatifs  dans  l'hypothèse  que  vous 
viendrez.  ||  2°  L'assemblage  do  plusieurs  choses  ima- 
ginées pour  parvenir  à  l'explication  de  certains  phé- 
nomènes. L'hypothèse  de  Ptolémée.  L'hypothèse 
des  tourbillons.  Il  3"  Proposition  particulière  com- 
prise sous  la  thèse  générale.  Réduire  la  thèse  à 
l'hypothèse. 

—  ETYM.  TiTÔ'ieot?,  de  Ciitè,  sous,  et  Oeoic,  thèse. 
HYPOTHÉTIQUE  {i-po-té-li-k'),  adj.  Qui  est  fondé 

sur  une  hypothèse.  Un  raisonnement  hypothétique. 
Nous  autres,  juges....  qu'avons-nous  affaire  de  tous 
ces  volumes  de  lois?  presque  tous  les  cas  sont  hy- 
pothétiques et  sortent  de  la  règle  générale,  mon- 
tesq. Leit.  pers.  es.  Dans  une  matière  aussi  téné- 
breuse que  l'est  la  mécanique  des  idées,  on  est 
souvent  forcé  de  se  contenter  de  ce  qui  n'est  qu'hy- 
pothétique, BONNET,  Ess.  psychol.  /nlrod.  Il  Sub- 
stantivement. Il  entre  de  l'hypothétique  dans  cette 
supposition  sur  laquelle  j'ai  néanmoins  fondé  la 
seconde  base  de  mes  calculs,  buff.  Théor.  terr. 
part.  hyp.  Œuv.  t.  ix,  p.  344.  ||  Dans  le  système 
de  Kant.  Forme  hypothétique,  la  forme  d'un  rai- 
sonnement dans  lequel  l'attribut  n'est  réuni  au 
sujet  que  par  une  supposition.  Jugement  hypothéti- 
que, réunion  de  deux  propositions,  l'une  exprimant 
une  condition  antécédente,  l'autre  une  conséquence 
soumise  à  cette  condition. 

—  ÉTYM.  Tito'JiTixo;,  de  Oitôôeffi;,  hypothèse. 
HYPOTHÉTIQUEMENT  (i-po-té-ti-ke-man),  odv. 

Par  hypothèse,  par  supposition. 

—  ÉTYM.  Hypothétique,  et  le  suffixe  ment. 

t  HYPOTUIONIQCE  (i-po-ti-o-ni-k'),  adj.  Syno- 
nyme d'hyposulfurique. 

—  ETYM.  Ilypo... ,  et  Geïov,  soufre. 

t  HYPOTRACHÉLION  (i-po-tra-ké-U-on),  s.  m. 
Ancien  terme  d'architecture.  Le  col  d'une  colonne, 
c'est-à-dire  l'endroit  le  plus  menu  qui  touche  au 
chapiteau. 

—  ÈTYM.  'rxoTpaxiiXiov,deiità,  sous,  et  Tpâxi^o?i 
cou. 

fHYPOTUOPHIE  (i-po-tio-fie),  s.  f.  Terme  de 
pathologie.  Nutrition  insuffisante.  L'hypotrophie 
(l'un  muscle. 

—  ÉTYM.  Hypo....,  et  TpoyJ),  nourriture. 

IlYPOTYPOSE  (i-po-ti-pô-z'i,  s.  f.  Terme  de  rhé- 
torique. Description  animée,  vive  et  frappante,  qui 
met,  pour  ainsi  dire,  la  chose  sous  les  yeux.  L'hy- 
potypose  est  un  mot  grec  qui  signifie  image,  ta- 
bleau; c'est  lorsque,  dans  les  descriptions,  on  peint 
les  faits  dont  on  parle  comme  si  ce  qu'on  dit  était 
actuellement  devant  les  yeux,  dumarsais,  Tropcs, 
II,  9.  Poussez  à  Mircassus,  poussez  à  Marcellus 
[députes  attachés  au  parti  royaliste  sous  la  Rostau- 
tion]  la  métaphore,  l'antithèse,  l'hypotypose,  p. 
L.  COUR.  Lelt.  X.  Il  Les  llypotyposes,  titre  d'un  livre 
de  Sextus  Empincus.  Tout  ce  que  Sextus  Kmpiricus 
et  Huet  disent  contre  la  raison,  l'un  dans  ses  Hy- 
potyposes,  l'autre  dans  son  traité  de  la  faiblesse  de 
l'esprit  humain,  ne  vaut  pas  un  article  choisi  du  dic- 
tionnaire de  Bayle,  dideb.  Opin.  des  anc.  philos. 
(phil.  pyrrhonienne] . 

—  ÉTYM.  'TîtoTÛitwai;,  do  Ottô,  sous,  et  TÛTto;, 
type. 

t  UYPOXANTUINE  (i-po-ksan-ti-n'),  s.  f.  Terme 
de  chimie.  Substance  extraite  de  la  rate. 

—  ETY.M.  //i/po...,  et  îïvôi;,  jaune:  un  peu  jaune, 
f  HYPOXYDE  (i-po-ksi-d') ,  s.  m.  Terme  de  chi- 
mie. Oxyde  au  plus  bas  degré,  sous-oxyde 

—  ÉTYM.  llyp....,  et  oxyde. 

t  HYPOXYDÉES  (i-po-ksi-dée),f.  f.  pi.  Terme  do 
botanique.  Famille  de  plantes  herbacées,  voisine 
des  amaryllidées. 

t  UYPOXYLÉS  (i-po-ksi-lé),  s.  m.  pi.  Terme  de 
botanique.  Nom  d'un  groupe  de  champignons  se 
développant  spécialement  sous  l'ccorcedu  bois  mort. 

—  ETYM.  Ilypo....,  et  Ç'JXov,  bois. 

t  UYPOZO'IQUE  (i-po-zo-i-k'),  adj.  Terme  de 
géologie.  Terrains  hypozoiques,  terrains  inférieurs 
à  ceux  où  l'on  trouve  des  débris  de  corps  organisés. 

—  ÉTYM.  Ilypo et  Cwov,  anima'. 

t  HYPSOGKAPHIE  (i-pso-gra-fie),  i  f.  Terme 
technique.  Description  des  lieux  élevés. 

—  ÉTYM.  T'^o;,  hauteur,  et  Ypâyeiv,  décrire. 

t  HYPSOMÈTUE  (i-pso-mè-tr') ,  s.  m.  Instrument 
de  physique  qui  fait  connaître  la  hauteur  d'un  lieu 
d'après  la  température  à  laquelle  l'eau  y  entre  en 
ébullilion. 

—  ÉTYM.  "y^oi,  hauteur,  et  uéxpov,  mesure.  Dans 
Cio;  est  le  radical  uït,  de  Cmèo,  sur. 

f  HYPSO.MÉTRIE  (i-pso-mé-lrie),  s.  f.  Art  de  me- 


HYS 


2079 


surer  la  hauteur  d'un  lieu  quelconque  par  des  ni- 
vellements ou  des  observations  l)aromélriqucs,  ou 
des  opérations  géodésiques. 

—  ÊTYM.  Voy.  HYPSOMÈTUE. 

t  HYPSOMÉTRIQUE  (i-pso-mé-tri-k'),  adj.  Qui 
a  rapport  à  l'hypsomélrie. 

t  HYPSOPTÈNES  (i-pso-plè-n"),  t.  m.  pi.  Nom 
d'un  ordre  en  ornithologie. 

—  ÉTYM.  T^""'?!  hauteur,  et  itmvoc,  qui  voie. 

t  UYRAX  (iraks'),i.  m.  Terme  de  zoologie.  Nom 
moderne  du  genre  daman  (pachydermes),  dans  le- 
quel on  distingue  l'hyrax  du  Cap,  dit  vulgairement 
daman,  dont  la  taille  approche  de  celle  du  lapin. 

—  ÉTYM.  "Vpa;,  souris. 

HYSOPE  (i-zo-p')  ou  HYSSOPE  (i-so-p"),  I.  /. 
Terme  de  botanique.  Plante  aromatique,  hyssopus 
officinalis,  !..  labiées.  Et  traita  aussi  de  tous  les 
arbres,  depuis  le  cèdre  qui  est  sur  le  Liban,  jusqu'à 
l'hy-ssopo  qui  sort  de  la  muraille,  saci.  Bible,  Hoit, 
m,  IV,  33.  Il  Fig.  Mes  petites  affaires  me  paraissent 
de  l'hysope  en  com[iaraison  do  vos  grands  c6dres, 
sÉv.  597.  Il  Fig.  Depuis  le  cèdre  jusqu'à  l'hysope, 
ou  depuis  l'hysope  jusqu'au  cèdre,  depuis  ce  qu'il 
y  a  de  plus  grand  jusqu'à  ce  qu'il  y  a  de  plus 
petit-  Les  comédiens  et  les  auteurs,  depuis  le  cèdre 
jusqu'à  l'hysope.sont  diablement  animés  contre  lui, 
MOL.  Impr.  3.  Depuis  l'hysope  jusqu'au  cèdre  et  de- 
puis la  terre  jusqu'au  ciel,  est-il  rien  do  si  secret, 
soit  dans  l'art,  soit  dans  la  nature,  où  l'on  n'ait 
pénétré'?  bourdal.  Pensées,  t.  ii,  p.2i&.  ||  Fig.  Il  sait 
tout  depuis  le  cèdre  jusqu'à  l'hysope,  c'est  un  homme 
fort  instruit  dans  les  sciences  naturelles,  connais- 
sant les  plus  petites  choses  comme  les  plus  grandes. 

—  HIST.  xiu*  s.  Et  aumaiies  [armoires]  de  sa- 
pience.  Et  ysopes  d'umilitei,  buteb.  u,  16. 

—  ÉTYM.  'Wallon,  izibe,  lixibe,  lizipe  ;  provenç. 
isop,ysop;  espagn.  hisopo;  ital.i'sopo  ;  du  lat.  hys- 
sopus, qui  est  le  grec  ûgouito;,  de  l'hébreu  exob, 
qui  signifie  plutôt  origan. 

t  HYSOPINE  (i-zo-pi-n*),  s.  f.  Terme  de  chimie. 
Substance  extraite  de  l'hysope. 

t  UYSSON  (hi-son),i.  m.  Voy.  thé.  |iP«au  dliys- 
son,  les  feuilles  de  rebut  du  thé  hysson. 

t  HYSTASPIDE  {i-sla-spi-d') ,  s.  m.  Les  Hystaspi- 
des,  les  descendants  d'Hystaspe,  qui  ont  été  rois  do 
Perse  depuis  Darius  I"  jusqu'au  Darius  détrôné  par 
Alexandre,  et  qui  ont  régné  de  62(  à  331. 

—  ÉTVSI.  Inscription  cunéiforme  de  RehistouD, 
Vistdspa,  Hystaspe,  où  il  y  a  probablement  açpa, 
cheval  ;  on  ignore  ce  qu'est  l'iî. 

t  HYSTÉHALGIE  (i-sté-ral-jie),  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Douleur  plus  ou  moins  vive,  mais  non 
inflammatoire,  qui  se  fait  sentir  à  la  matrice. 

—  ETYM.  'TcTépo,  matrice,  et  àltoi,  douleur. 

t  HYSTÉRANDRIE  (i-sté-ran-drie),  s.  f.  Terme 
de  botanique.  Classe  de  plantes  qui  ont  plus  de 
vingt  élamines  insérées  sur  un  ovaire  infère. 

tHYSTÉRANDRIQrE(is-té-ran-dri-k'),  adj.  Terme 
de  botanique.  Qui  appartient  à  l'hystérandrie. 

t  HYSTÉRANTHE  (i-slé-ran-f)  et  HYSTÉRAN- 
THÉ,  ÉE  (i-sié-ran-té,  tée),  adj.  Terme  de  botani- 
que. Dont  les  fleurs  paraissent  après  les  feuilles. 

—  ETYM.  "riTTspov,  après,  et  ôv9o;,  fleur. 

t  UYSTÉRICISME  (i-sté-ri-si-sm"),  s.  m.  Terme 
de  médecine.  Grande  susceptibilité  aux  attaques 
d'hystérie. 

—  ÉTYM.  Hystérique. 

HYSTÉRIE  (i-sté-ric),  s.  f.  Terme  de  médecine. 
Mala<lie  nerveuse  qui  se  manifeste  par  accès  et  qui 
est  caractérisée  par  des  convulsions,  la  sensation 
d'une  boule  qui  remonte  de  la  matrice  dans  la 
gorge  et  la  sulfocalion. 

—  ÉTYM.  Tcrrépa,  matrice. 
U\'STÉRIQUE(i-sté-rik'),ad;.  ||  !•  Terme  d'anato- 

mie.  Qui  a  rapport  à  la  matrice.  Les  parois  bystéri- 
ques.ll  2°  Terme  de  médecine.  Qui  appartient  à  l'hys- 
térie. Il  Clou  hystérique,  douleur  très-vive  qui  se  fait 
sentir  à  la  tête  dans  l'hystérie,  comme  un  clou  qu'on 
enfonce.  ||  3°  Qui  est' attaqué  de  l'hystérie.  Une 
femme  hystérique.  ||  S.f.  Une  hystérique,  une  femme 
atteinte  d'hystérie. 

—  ÉTYM.  Hystérie. 

HYSTÉRITE  (i-sté-ri-t"),  ï,f.  Terme  de  médecine. 
Synonyme  peu  usité  de  métrite. 

—  ETYM.  'r<néça,  et  la  finale  médicale  ile  qui  in- 
dique inflammation,  maladie. 

t  UYSTÉRO-CATALEPSIE  (i-sté-ro  ka-ta-lè-psie), 
I.  f.  Terme  de  médecine.  Atiaque  d'hystérie  com- 
pliquée de  symptômes  de  catalepsie. 

—  ÉTYM.  'l'aTÉpa,  matrice,  et  catalepsie. 
HYSTÉROCÈLE    (i-slé-ro-sè-l),  s.   f.  Terme  de 

chirurgie.  Hernie  de  matrice. 

—  ÉTYM.  "roTtpa,  matrice,  et  xi^Xti,  hernie 


2080 


HYS 


t  IIYSTRBOCYSTIOUE  (i-sté-ro-si-sti-k'),  adj. 
Terme  d'anatomie.  Qui  a  rapport  à  la  matrice  et  à 
la  vessie. 

—  f.TYM.  'Tiripa,  matrice,  clxûuTtç,  vessie. 
fIIVSTfinOCVSTOCP.LK(i-sté-ro-si-sto-sc-l'),jî./". 

Ternie  de  ctiiriirgie.  Hernie  dans  laquelle  se  trou- 
vent l'utérus  et  la  vessie  urinaire. 

—  ÊTYM.  TffTépa,  matrice,  xûutc;  vessie,  et 
et  x-f{>.ri,  hernie. 

t  UVSTÉRO-f.PII-EPSIE  (i-stc-ro-é-pi-lè-psie), 
s.  f.  Terme  de  médecine.  Hystérie  compliquée  d'ac- 
cès épileptiTormes. 

t  IIYSTÉROGnAPUIE  (i-sté-ro-gra-fie),  ».  f.  Des- 
cription de  la  matrice. 

—  ETYM.   'roTÉpa,  matrice,  et  ypôçsiv,  décrire. 
nYSTfinOLlTlIE  (i-sté-ro-li-f),  s.  f.  ||  1"  Terme 

de  minéralogie.  Pétrification  qui  offre  une  repré- 
sentation assez  exacte  des  parties  de  la  femme. 
Il  2°  Terme  de  médecine.  Concrétion  calcaire  formée 
dans  les  parois  de  la  matrice. 

—  nEJI.  Presque  tous  les  noms  composés  de  lithe 
sont  masculins,  comme  aérolithe,  etc.;  pourquoi 
l'Académie  fait-elle  une  exception  pour  hystéro- 
lillie? 

—  ÉTYM.  TcFTÉpœ,  matrice,  et  XiOoc,  pierre. 

t  HYSTfiROLOGIE  (i-sté-ro-lo-jie),  i.  f.  Terme 
de  rhétorique.  Défaut  d'arrangement  dans  le  dis- 
cours, qui  fait  placer  d'abord  la  circonstance  ou  le 
détail  qui  devrait  être  après.  Virgile  a  fait  une  hys- 
térologie,  quand  il  a  dit  (vCn.  ii,  v.  353)  :  iloria- 
mur  et  in  média  arma  ruamus.  Moriamur  devrait 
être  placé  après  ruamus,  puisqu'on  ne  peut  pas 
s'élancer  apr's  qu'on  est  mort. 

—  ÉTVM.  TdTtpov,  en  dernier  lieu,  et  ),6foi;,  dis- 
cours. Cette  figure  se  nomme  aussi  hystéro-pro- 
ton. 

t  HYSTÉROLOXIE<i-sté-ro-lo-ksie),  s.  f.  Terme 


HYS 

de  médecine.  Obliquité  delà  matrice,  déviation  à 
laquelle  cet  organe  est  assez  sujet  pendant  la  gros- 
sesse. 

—  ÉTYM.  'r(rr<pa,  matrice,  et  >o?4î,  oblique. 

t  IIYSTÉRO.MAr.AClË  (i-sté-ro-ma-la-sie),  s.  f. 
Terme  de  médecine.  Kamollissement  des  tissus  de 
la  matrice,  lequel  rend  l'organe  sujet  à  se  rompre 
durant  l'accouchement. 

—  ÈTY.M.  'XntéooL,  matrice,  et  (j.a).oxèi;,  mou. 

+  UYSTf-ROMANIE  (i-sté-ro-ma-nie),  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Fureur  utérine  ou  nymphomanie. 

—  ÊTYM.  'ïpTspa,  matrice,  et  monte. 

t  IIYSTÉROSIËTKE  (i-slé-ro-mè-tr'),t.  f».  Sonde 
utérine,  instrument  destiné  à  sonder  l'utérus  et 
à  le  ramener  à  sa  direction  normale,  lorsqu'il  est 
dévié. 

—  ÉTYM.  'TaTEpa,  matrice,  et  mètre. 

t  HYSTÊROPUYSE  (i-sié-ro-fi-z') ,  s.  f.  Terme  de 
médecine.  Distension  de  l'utérus  par  des  gaz. 

—  ÉTYM.  'T(rcépi,  matrice,  et  çO-ja,  air,  gaz. 

t  IIYSTfiRO-PROTON  (i-sté-ro-prô-ton)  ou  UYS- 
TÉRO-PROTEROiV  (  i-sté-ro-pro-té-ron  ) ,  s.  m. 
Terme  de  rhétorique.  Synonjtne  d'hystérologie. 
Il  ne  fallait  pas  qu'un  cardinal  envoyé  par  le  pape 
Dour  faire  rentrer  le  duc  de  Bourgogne  dans  mes 
bonnes  grâces  allât  le  voir  avant  que  de  venir  chez 
moi.  —  J'avais  cru  pouvoir  suivre  l'usteron-prote- 
ron  des  Grecs,  fKnel.  Dial.  des  morts,  Louis  XI  et 
le  card.  Bessarion. 

—  ÉTYM.  "VffTepov,  dernier,  et  TtpÛTOv  ou  npi- 
Teoov,  premier. 

t  IlYSTÉROPTOSE  (i-sté-ro-ptô-z'),  s.  f.  Terme 
de  chirurgie.  Chute  de  la  matrice. 

—  ÉTYM.  'TTsTÉpa,  matrice,  et  Ttrûatc ,  chute. 

t  UYSTÉRORRllÉE  (i-sté-ro-rrée) ,  s.  f.  Terme 
de  médecine.  Synonyme  inusité  de  leucorrhée. 

—  ÊTYM.  Tatépa..  matrice,  et  ^etv,  couler. 


BYS 

t  UYSTÉROSCOPE  (i-sté-ro-sko-p") ,  s.  m.  Sy- 
nonyme  inusité  de  spéculum  utérm. 

—  ÉTYM.  'IVTépa,  matrice,  et  ijxoitcïv,  examiner 
t  HYSTÉROSTOMATOME  (i-sté-ro-sto-ma-to-m') 

s.  m.  Terme  de  chirurgie.  Nom  de  deux  instruments  ' 
pour  fendre  le  col  de  la  matrice,  qui  ne  permet  p»» 
à  l'accouchement  de  s'opérer. 

—  ÉTVM.  *r<iTépa,  matrice,  oT6|ia,  orifice,  et 
TO[iTi,  incision. 

t  HYSTÉROTOCOTOMIE  (i-sté-ro-to-ko-to-mie), 
s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Opération  césarienne. 

—  HIST.  XVI*  s.  Traité  de  l'hysterotokotomie  pai 
Rous.set  en  4  58 1. 

—  ÉTYM.  ToTÉpa,  matrice,  TÔxtx,  accouchement, 
et  TO|iiî|,  incision. 

DYSTÉROTOME  (i-sté-ro-to-m'),  ».  m.  Terme  de 
chirurgie.  Instrument  propre  à  pratiquer  l'hysté- 
rotomie. 

—  ÉTYM.  "VuTEca,  matrice,  et  toiiti,  section. 
nYSTftROTO.MlE(i-sté-ro-to-mie),x.  f.  jj  l'ierme 

d'anatomie.  Dissection  de  la  matrice.  ||  2*  Terme  de 
chirurgie.  En  général,  l'opération  césarienne.  ||  Par- 
ticulièrement. Opération  qui  consiste  à  inciser  le 
col  de  la  matrice  et  même  les  parois  de  cet  organe, 
en  pénétrant  par  le  vagin. 

—  ÉTYM.  llystérolome. 

t  UYSTÉROTOMOTOCIE  (i-sté-ro-to-mo-to-sie), 
s.  f.  Terme  de  chirurgie.  Accouchement  procuré 
par  l'incision  de  la  matrice. 

—  ÉTYM.  ■T<rt£pa,  matrice,  toif^,  incision,  et 
TÔxoç,  accouchement. 

t  IIYSTRICIENS(i-stri-siin),  ».  m.  pi.  Terme  de 
zoologie.  Famille  de  mammifères  rongeurs,  ayant 
pour  type  le  genre  porc-épic. 

—  ÊTYM.  Lat.  hystrix ,  porc-épic,  du  grec 
ûorpiï,  de  î;,  porc,  et  6p'i?,  xpix^ç,  poil  :  qui  a  det 
soies  de  porc 


PIN   DU  TOME   PREMIER. 


COBBEIL,    TÏP.    ET  STÉR.    DE   CRÉTÉ   FILS. 


BINDINGS^^f.  JUN6    1966 


PC 

L6 
1883 
t. 2 
cop,6 


Llttré,   Sinlle 

D-îctionnaire  de  la  langue 
franjai  se 


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